From the Est:té of Prcfesscr H;::J.s: Van Cleeve VATURAL 741 STORY | Y. À a LE Digitized by the Internet Archive. té ; in 2071 with ne from … VAE Gi pe DRŸ 20 PR EE fous ie nr Hiott ; dé Vu bai des NA Me jt | AT. : . ; l « — is Ca. ” ‘& Fe + Ms ’ Juil ñE re Ft aps sen b ” £ + 2 SE t & LS F : à hi suive: AE É. x Ans Ru: k À oi ! os g 1) # HAE à CRE F an HA MEN has 10 Le 1e A ben d CAVE VE AS 59 .s'1. / D'E LA GENERATION DESVERS DANSLECORPSDE L'HOMME, DE LA NATURE ET DES ESPECES de cette maladie ; des Moyens de s'en préferver & de la guérir. FROISTE ME EDITION. Confidérablement augmentée , & formant. un Ouvrage nouveau; avec Figures, PAR M. ANDRY ,; CONSEILLER DT ROT ; Lecteur ç& Profeféur en Médecine an Collège Royal, Docteur Régent, dr ancien Doyen de la Faculté de Médecine de Paris , dre. ATOME PRIVMIER, GED A PARIS, la Veuve AL1x , au-deflus de la rue Chez des Noybrs , au Griffon, de D LAMBERT & Duraxp , à la Sagefe Jacques, & à faint Landry. NE: CC: SCORE: AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DV ROI: Vermiculi vrvos nos torquent , à mor- zuos confumunt ,ut vere. Job. Cap. VIII. v. $. Caro mea undique verminofa eff. Thom. Barth. A@a Med. & Philofoph. M V.T Les Vers nous tourmentent pendant notre vie, & nous confument après no- tre mort : Ce qui confirme bien la pa- rolede Job, chap. VIII. v. $. Ma cHAIR NEST QUE POURRITURE. Thom. Barth. Ad. de Med. & de Philofoph. T. F. * Ce paffage n'efi pas dans la Vulgate , [elon les mêmes termes que le cite ici Bartholin. Elle porte : CARO MEA REPLETA EST PUTREDINE ; MA CHAIR EST PLEINE DE POURRITURE. Mais l'Hébreu porte : MA CHAIR EST CHARGE E DE VERS; @ la Verfion des Sepiante, Mon cORPS EST COUVERT DS FOURRITURE ET DE VERS, A MESSIRE RUXCRESCENT : FAGO N: - CONSEILLER D'ETAT ORDINAIRE, E T PREMIER MEDECIN BE KR O:Y. > : JoONSIEUR, VOICI vx Ouvrage ‘qui vous ef? di ab{olument. _ Tome I. a FE PTT RUE Quand taus les Jentimens de reconnoiffance , qui m at- cachent 4 vous , ne me Papprendrotent pas , l’occa- fion qui me l’a fait compo- fer, Jufiroit pour m'en con- vaincre. C'efé la guérifon d'un malade , redevable de la vie au foin que j'at tou- jours ew de vous étudier. avoirs long-temps regardé comme un problème s'il con- venoit de purger au com- mencement des maladies : Mais je me dérerminai bien- r, quand j'appris quelle étoit fur cela wutre Prati= que. Elle me confrma dans la Doétrine d'Hippocrate , qui recommande alors les BAPIT RE purgatifs , dès que Les bu- mburs en fougue menacent d'attaquer les principales parties du corps. fe trai- sois un pleuretique , auquel étoit furvenu un tranfport an cerveau : Le mal com- mençoit , j'en CxXaminat LORS les [ymptômes ; g) apres avoir remarqué une ferimen- tation violente d'humeurs , je crus qu'il falloit recou- rir au purgatif, Je le fs, MONSIEUR , perfuadé qu'on ne pouvoit Je tromper avec vos maximes, qui font les fruits d'une [? longue expérience, € d'ine médi- tation f? profonde Ce pur- gatif, pris avant la coétion | a ij EPAIT RUE: des humeurs, auroit d& , fe. lon quelques gens prévenus, caufer la mort au malade : Mais loin de lui ôter La vie , 11 la lui rendit , em le délivrant d'un Ver plar, UE de plus de quatre au- .. C'eft de ce. Fer ; dont a vous prefentai l Efampe 11 y a plufieurs mots, Mo N- SIEUR. ÿC me fouviens que vous me frites l'honneur de me dire a ce [ujet , qu'en différentes rencontres vous aviez vu des Vers [embla. bles : Ce qui doit ramener que. lques efpries opiniätres, qui ayantggui parler de ce. lui ci, n'ont ph croire le fait poffible. La circonftan- ÉPLTRE. ce de’cette guérifon eft ce qui a donné lieu au Traité que je vous préfente : Il ne paroîtra ‘point [ans vo- tre confentement , M O N- SIEUR. Mais j'efpere que vous ne me. Le refuferez pas , quand vous confidere. rex que je ne cherche en ce- c1 que l'avantage du Public: car c'efe Là le principal motif qui peut vous faire agréer un Ouvrage , comme c'eft un des principaux motifs de tou- res vos altions. En effet ;: MONSIEUR, quand fe pe Je tout ce que vous fai- , je ny irouve vien qui ne a une preuve de votre aéle pour l'urilité publique. à ii] ÉERET RE S2 vous travaillez avec tant de confiance à l'avancement de la Médecine | c'eft que vous ne goûte? pas de dou- ceur plus grande que de con- tribuer au plus grand bien des Citoyens , en perfeltion- nant un Art qui ne tend qu'a le leur conferver. Si vous éloignez les impofteurs, ces gens [ans avem | qui, dans une profeffion toute cha. ritable, ne fongent qu'a con- tenter leur avarice, c'eft que vous fonffrez avec douleur, que le Peuple, incapable de difcerner par lui - même la vérité , foit le jouet , on, pour micux dire , la wibti- me du menfonge. Si vous EPITREÉ. “employez l'autorité du Sou- Verain , pour empêcher cer Laines Facultés du Royau- me d'accorder indiffinéte- ment des décrés à quicon- que fe préfente, c'ef que vous ne voulez pas qu'on | dreffe ainfi des pieges a la vie des hommes , en prodi- £uant à des jenorans les t1- tres d'une dira: , qu ils ne poffedent pas. Si " OR VOUS LE ff attentif à conferver la fanté du monde la plus précieufè , Eÿ confiée a vos foins pour le bonbeur de la France, c'eff que vous f[ça- vez qu'en Vous acquitant d'un devoir fi indifpenfa- ble | avons affurez le repos div EPATIR ES €5 le [alut de l'Etat. Enfin f vous protegez avec tant de bonté notre Compagnie, votre vue ef? de l'animer à rendre [es Ecoles de jour en jour plus florifflantes ; vous vous en êtes expliqué , MonsiEuURr, æ c'eff le témoignage qu'elle vous a donné elle - méme dans ce Remerciment [olemnel , que par Jon ordre j at traduit en notve Langue avec tant de plaifir. On peut dire qu'elle remplit avec fuccès VOS 1ntentions : Vous voyez, qu'elle s'applique unique- ment à former des Médecins fages , éclairés , laborieux, € qui envifagent moins leun ÉPITRE intérér que le foulagement de leurs malades. Auffi , MONSIEUR, tout for but ef? de faire des Méde- cins capables de vous imi- ter : Elle ne propofe a fes Eleves d'autre modéle que le defintéreffement , la géné. rofite , la droiture , les prin- cipes de probité g) de re- ligion, que l'on remarque en toute votre conduite : Eîile leur remet devant les yeux cette élevation de Génie , cette grandeur d'Ame, cette profondeur d'Erudition ff ho- norables au difcernement dw Prince, qui les a dignement recompenfées en vous au gré de tons fes Peuples. Elle ÉPETIKLE leur préfente ces [çavantes Thefes , vu la délicatefle de vos expreffions n'ôte rien à la folidite de vos penfées , æ) où l'une €$ l'autre enfem- ble prefcrivenr les regles [a- lutatres d'un Art, qui de- mande tant de circon/pec- tion g) de prudence. La der- niere de ces Théfes, entre auires , m'a paru f; achevée, qu'après en avoir cité plu- fieurs endroits dans mon Li- vre, je n'ai pu m'empêcher de l'y traduire toute entie- ve ; non par l'efperance , MONSIEUR, d'en pou- voir exprimer les beautés, mais par le defir d'en don- 2er au moins une legere idée EPITRE. a ceux a qui le fecours des traduitions eft néceffaire. La Faculté enfin n a d'autre vo- lonté que la vôtre. Elle vous chérit comme fon Proteëteur, g) vous révere comme [on Oracle, Ce que je dis d'elle en général, Je peut dire en particulier, de tous ceux qui la compofent , ou fi quel- qu'un de nous étoit affez malheureux pour mériter une exception , le Corps le défavoueroit , € ne le re- garderoit plus comme un de fes membres. Te ne cours point ce rique , Mon- SIEUR , car dans le def- {ein commun de nous former € de nous régler [ur vous, EPYTRE. ff je nai pas le talent des autres pOur y parvenir , nul au MOINS 4 plus de vené- ration & de deference que mot pour vos fentimens , &) pour votre 1llufire Perfon- ne. Te [uis avec un profond refpeét, MONSIEUR, Votre très-hümble , très-- obéiflant & très-obligé” | Serviteur , ANDRY, A Parisce premier Novembre 1699. . REPONSE DE M. LE PREMIER MEDECIN. A Verfailles le 24, Novembre 1699. M onsteur, Si je ne vous invitois pas a don- ner promptement au Public, l'utile 7 fçavant Ouvrage , que vous voulez que j approuve ; non-feule- ment je ne répondrois point au Por- trait dont vous me flatez , mais je reconnotrois fort mal l'honneur que vous me faites de me l'adreffer , en m'oppofant à celui que l'occafion de ce Traité , © la maniere dont il ef? compofé , doivent faire à votre ju- gement & à votre érudition. I] n'y a que l'excès des Eloges ; dont votre Epitre eff remplie, qui m'obligeroit à Vous prier de la retrancher , fi je pouvois m'imaginer que quelqu'un me crêt affez vain , pour être capa- ble de me les agtribuer. Je les resar- de, MONSIEUR , comme une de ces idées parfaites ; aufquelles on afpire fans y pouvoir atteindre ; © je veux bien donner une preuve du zèle que je vous avoue d'avoir pour le bien public; en fouffrant que vous propofiez pour exemple, à ceux qui ont envie d'y contribuer, une co- pie qui me reffemble fi peu: Mais je Jouhaite en même-temps qu'on me connoiÎfe véritablement par l'eflime infinie que je fais de votre mérite ; 7 par la difpofition où vous me trouverez toujours, de vous marquer dans les occafions de le publier, € de vous fervir, queje [uis affurement ; MONSIEUR, Votre trés-humble & très- À affectionné Serviteur , FA G ON. Comme cette réponfe fi digne de la générofité & de Ja modeftie de fonilluftre Auteur, lui :end avec ufure les juftes Elogrs qu’il retufe, & qu’elle mai qu: en mé- me temps le foin qu’ilprend d'encourager ceux qui tâ- chent de contribuer en quelque chofe à l'avantage du Public ; on n’a pas réfifté à la tentation de la rapporter ici , pour ‘uppléer à tout ce que les bornes d’une Epî= tre n'ont pu permettre de dire, “ J} E=Te) shess ST NZ EL FE DR PE VE 6 Le PQ PQ) LS L Ve KV DE DK 7 + ES DE PREFACE. E répeterai ici d'abord ce que J'ai déja dit dans les pré. cédentes éditions ; fçavoir, 1°. Qu’encore que les maladies cau- fées ; ou entretenues par les Vers , ne foient pas aufli fré- quentes que fe l’imaginent quel- ques perfonnes préocupées ;, qui font dépendre des Vers , pref. que tous les maux qui afigent le Corps Humain ; un Méde- cin eft néanmoins obligé de s'appliquer à connoître ces ma- ladies , s’il veut s'acquitter com- me il faut d'une Profeflion qui le doit rendre utile à toutes for- ÿ. PRE FTASE tes de Malades. 2°. Que c’eft ce qui m'a porté à ne point fé- parer cette étude du grand nom- bre de celles que la Médecine exige. 3° Que fi l'on me de- mande pourquoi j'ai écrit fur les Vers , préférablement à tant d’autres matieres qui paroiflent beaucoup plus importantes, J’a- vertis que ce qui m'y a princi- palement déterminé ; eft le peu d'attention que Jai vu que l’on faifoit à un mal qui devient fou- vent funefte , quand il eftemé- gligé. 4°. Que cette raïfon , D. te à l’occafion que je vais rap- porter, ne ma pas femblé in- différente. Le quatriéme de Juin de l’an- née 1698. je fus appellé dans la rue S. Denis pour voir un jeune Homme attaqué depuis ce jour- là d'une forte fiévre , accompa- gnée d’une preflante douleur de côté | PRÉRACE. côté, d’un crachement de fadg , & d’une grande difhculté de refpirer. Je commencçai d’abord par la faignée , que Je fis réite- rer le lendemain. Le troifiéme jour je procurai au Malade une fueur qui le foulagea confidera- blement.. Le quatriéme il parut beaucoup mieux ;-mais la nuit du quatriéme au cinquiéme , il’ eut un tranfport au cerveau qui ne finit que fur les fept heures du matin. J’ordonnai le lenëe- main, qui étoit le fixiéme jour, une potion purgative ; le Ma- lade , une heure après l'avoir: prife , fentit quelque chofe-s’a- _giter dans fon-corps. Cette agi-- tation dura environ deux heu- res , & fe termina par la for- is du Ver repréfenté dans la- anche fuivante. Ce Ver eft plat comme un: ruban , & long. de quarre-aul- Tome I. mm EREFFRACE nes trois pouces ; fans y com: prendre l'extrémité qui s’eft {é- parée , & qui s’eft perdue. Il à une tête , & eft forti vivant. IL. eft mince & étroit vers la tète ; épais d'un écu ; & large de demi-pouce vers le milieu de fa longueur. Il à la tête noire .. plate , un peu arondie (A), où font quatre ouvertures , deux d'un côté ,; & deux autres au côté oppolé ; le corps tout blanc , diftingué par plufeurs. emboettures (B }) , & les côtés garnis de mammelons (€) dans chacun defquels paroït une petite-ouverture ,; avec un petit vaifleau bleuâtre ; qui traverfe jufqu'à la moitié de la largeur COrps. Ces mammelons font inéga- lement rangés : il y en a tan- tôt deux d’un côté , & un de Fautre ; tantôt trois d’un côté ak Î ! 1j ZE LT a pag de la Prefice “ FRERACE. Ÿ faps qu'il y en ait aucun de l'autre , &c. Ce Ver eft forti noué ; (D) je le conferve en cet état dans de leau-de-vie. Le Malade fe trouva guéri peu après l'avoir rendu. | Quelques Médecins ayant vu l'eftampe de cet infeéte ;-que je fis aufli-tôt graver, traiterent [a chofe de fable ; d'autres ayant vu le Ver même, firent courir le bruit que javois chaflé du: corps d'un Malade un Ver mon- ftrueux , qui ne s’étoit jamais vu. Les uns &ê les autres fe font également trompés. J'avertis les premiers que je garde l'infeéte en queftion, avec un 1 grand nom- bre d'autres de même genre , que j'ai depuis fait fortir , la plüpart encore plus longs ) & dont je donne la figure dans cette nouvelle édition. Ainfi: b à ny PREFFACE on pourra s’éclaircir de la véri- té quand on fouhaitera.. Les derniers verront dans cet: Ouvrage , que le Ver dont il: s'agit , neft point nouveau, & qu'il a été connu aux anciens. Médecins, à Hippocrate entre. autres, & à Ariftote, & que dans: les Livres des Modernes on en: trouve plufieurs exemples. J'a- jouterai que M. Fagon , Pre- mier Médecin de Louis XIV... m'a dit avoir. vu plufieurs Vers dé cette nature en diverfes ren-- contres. Ils y apprendront de plus, que c'eft un Ver commun. en Hollande ; où il s'en trou- ve de beaucoup plus longs que celui-ci, comme me la mandé d’'Amfterdam M... Hartfoeker ,. par une Lettre. que je rapporte. dans ce Livre. Au refte, ce n’eft pas la pre-- muiere fois qu'on a traité de mon: PRÉFACE. vi: fres ces fortes de Vers. On: verra dans une Lettre de Guil-- laume Fabricius ,; citée dans ce. volume , qu'à Payerne , une- Femme ayant rendu un Ver- femblable , le bruit courut auili-- tôt dans toute la Suifle & dans’ toute la Bourgogne, qu'il étoit. fort un monftre épouvantable. du corps d'une Femme. On parloit par-tout de ce prétendu. monftre ; & on ne l'appelloit. que le monftre de Payerne. Voi- là comme ies uns refufent de. Troire tout ce qui leur paroit. extraordinaire , & comme les. autres fe plaifent même à l'exa-- gérer. Quant au Ver que je fis for-- tir du corps de ce jeune Hom- me ; chez qui je fus appellé ,, rue S. Denis , je confiderai cet. infeéte en préfence de plufeurs petfonnes ; & l'ayant mefuré- vÿ) PRÉFACE. avec l’aulne d’un Marchand ;, nous le trouvèmes de quatre auines trois pouces, fans y com- prendre l'extrémité, qui, comme nous l'avons remarqué > S'étoit . rompue ; & na pu être trouvée. M. Mery ; de l'Académie des Sciences , à qui je montrai cet infeûte ;, a cru que les”ou- vertures qui font aux deux cô-- tés de la tête, & que je prends. pour des yeux ; font des nari- nes ; c'eft ce que nous exami- nerons ailleurs : je vis un col, extrémement mince , dont les” articles , vers le commence- ment , fe touchoient prefque ;. & un corps long qui alloit en élargiffant vers le milieu de fon: étendue , & dont les articles. étoient diftants d’un pouce ; er un mot , je vis le Tænia(a).. (4 Tania, mot Grec qui fignifie Rubams . auf ce Ver fe. il fait comme un Rwhax.: PURE FACE. ,0 que quelques Auteurs , comme _ Arnauld de Villeneuve , entre autres , nomment Soum, ( je ne fçai pourquoi )} & que J'ap- pellerai Solitaire ; parce qu'il eft ordinairement feul de fon efpé- ce dans le corps où il fe trou-- ve , ainfi que nous l’obferve- rons plus bas. Ce Ver, dit Hippocrate , de- meure fi opiniatrement dans les corps où il eft , qu'a moins d'un remede fpécifique pour le: faire fortir, il vieillit avec fon: hôte , & l'accompagne jufqu'au: tombeau. | La tête de ces fortes de Vers, tenant à un cou fort mince, fe fépare aifément , & refte pref- que toüjours dans le corps du: Malade. Aiïnfi la têre de celui- ei , le rend plus particulier. Quant au Malade , il fe trou- va. beaucoup mieux fitôt qu'il x PRE RACE fut délivré d’un tel hôte. Le lendemain , qui étoit le feptié- me Jour de la maladie, il n’eut plus de fiévre , & le jour d’a- près il fut guéri : nous n’oublie- rons pas de remarquer que le Ver fortit noué ; cette circon- lance que nous avons déja ob- fefvée , doit faire juger qu'il fit: bien des mouvemens aupara- vant, & qu'’ainfi le Malade ne- pouvoit manquer de fentir alors: beaucoup d'agitations. Si quelques perfonnes_ont: traité de fable ce Ver, comme nous lavons obfervé , d’autres: ont été à une extrémité oppo- fée ; & ont dit que c'a été de: tout temps un chofe fi commu ne, qu'elle ne méritoit pas feu- lement la moindre attention. Comme je veux croire que ce: langage eft fincere , je prie ceux qui l'ont tenu , de jetter les yeux: {ur PRE FACE. x . fur ce Traité. Ils y verront com- me les Médecins qui nous ont devancés , ont pris foin de fai- ‘re remarquer ces fortes de faits, lorfqu’il leur eft arrivé d’en dé- couvrir quelqu'un. Ils y verront entre autres , comme Guillau- me Fabricius , Philibert Sarra- cenus ; Amatus Lufitanus , Spi- gelius ; Tulpius , nous en décri- vent jufqu'aux moindres circon- ftances , & comme Fabricius , en parlant d'un Ver femblable, dit qu'il le conferve dans fon cabinet parmi (a) fes raretés. Ils y apprendront , par l’exemple . des plus fçavans Médecins , qu'on ne fçauroit faire trop d’ob- fervations en Médecine , & que ce qui fouvent ne paroït pas di- gne de curiofité aux yeux de cer- tains efprits, eft ce qui occupe (a) Ego Lumbricum hunc exficcaium in fer rara mea refervo. Cent. II. Obferv. 70, Tome I. C xj PREFAÇCE le plus les perfonnes fcavantes. Quelques-uns fe font éton- nés fur-tout , que j'aye fait gra- ver leftampe d'un aufli vil in- ete queft un Ver , & que jaye marqué toutes les particu- larités qui en regardent la ftru- &ure ; mais je les prie de faire réflexion à ce que dit Pline le Naturalifte ; que c’eft fouvent dans les plus vils animaux que la nature eft plus admirable , & que quand ï s’agit de la con- templer comme il faut, il n’eff point de petites circonftances. Je les exhorte donc , en me fervant des paroles de ce même Auteur, à ne pas tout-à-fait s’en fier à leur dégoût fur ce qui leur déplaira dans les détails que je fais , n’y ayant Jamais rien de fuperflu dans ce qui fert à nous faire connoître la nature (a). (a) Turrigeros Elephantorum miramur hs- MERE FACE xÿ Pour ce qui eft d’avoir fait graver le Ver dont il s’agit, loin de me corriger Rà - deflus dans cette nouvelle Edition, jy en ai fait graver plufieurs autres, dont j'ai délivré divers Mala- des , & j'ai fuivi en cela l'exem- ple de Spigelius , de Sennert ; de Fabricius, de Tulpius, &c. qui ont fait defliner avec foin, les Vers plats qu'ils ont vüs ; afin que fi ces Vers étoient dif- férens de quelques autres de ce genre, on püt aifément s’en inftruire par la confrontation des figures ; & c'eft ce qui ar- rive en cette occafion ; où l’on verra la figure de ceux-ci, dif. meros, Taurorumque collz, Ge truces in fu- blime jaëtus Tigrium vapinas , Leonum ju- bas , com rerum natura nufquam magis quèm in minimis totæ [it Quapropter quafo, ne hac legentes, quoniam ex his fpernunt #ulta, etiam relata fafidio damnent, cum in con templatione nature nihil pofit videri [uper- vacuum, Plin. Hift. nat. Lib. XII. Cap. 2. ci iv PRÉFACE férente de celle qui eft dans Spigelius , (4) & que voici dans cette planche, fig, 1. d’une au- tre qu'on voit dans aldrovandus & dans le même Spigelius, tra- cée ici fig. 2. de la même plan- che ; d'une autre que nous a laiffée Fabricius , marquée dans cette autre planche, fig. 1. & d’une autre qu'on trouve dans Tulpius, où la tête eft prefque faite comme celle d’un poiffon. Voyez ici fig. 2. Aurefte le deflein que je me propofe dans cet Ouvrage, eft de donner un Traité entier fur les Vers du corps humain ; d'expliquer comment ils s’en- gendrent ; d'en expofer les différentes efpéces ; d'en dé- clarer les fignes , leseflets , les prognoftics ; de marquer Îles meilleurs remédes contre ce (a) Spigel. de Lumbrico lato. Pas XI de la Prepace LT PL de celle pare 2 line qui élire 0777777, [= PNTÉCUAE Pia Z. ap ol SAT PC AIN ef —pnmne ES 7 Ldrorandus (2 das Le méine À Spua elius ps pee ol RS lobes ml ie à vid) à ns FE em = ea De ; F il 2 pv me A EL OR RE DL ne Ê g ! ù - « ; e æ ns : en A os à + Ce pr SV SUPREME TA PSE LEE : PL . 7 “Es ù 7 Éri( ? j ; = be er 4 5 i er ; + Ÿ , } . Te . : { - L : ï » j, < 4 * e + 2 ü « =: S À LG # a \ A arr dar cc À ab dut 7 nié LS MR sa ä s “ à ” FE ee y F e È e - u SU $ ( « Lay XIF., de la Preface QE PL de cette Pagé (REY LE RE LE | Là Le # ; PRE FACE vx al; de faire voir que quelque- fois ces Animaux caufent ou entretiennent des maladies dans lefquelles on n'a pas coûtume de les foupçonner ; & qu'il y a des pleuréfies , des phthifies , des jaunifles, &c. qui ne peu- vent bien fe guérir que par des remédes vermifuges. _ Je ne me borne pas ici aux Vers des inteftins ; je parle de tous ceux auxquels les différen- tes parties du cerps font fujet- tes. J'ai foin d'éviter toutes les fables qu'on à coûtume de dé- biter fur ces matiéres , & de ne rien rapporter qui ne foit di-. gne de la créance des Lelteurs éclairés ; car ,; pour le remar- “quer en paffant , on fait tous les’ jours fur les Vers, cent hiftoi- res différentes , qui, examinées de près ; fe trouvent très-éloi- gnées de la vérité J'en ai vu Ci]. x PRE FACE. bien des exemples : en voici un entre autres , qu'il ne fera pas inutile de rapporter. Dans la rue St Denis, pro- che l'Eglife Ste Opportune , chez un Marchand de T'apifle- rie, étoit une petite fille mala- de, que lon croyoit avoir des Vers. Cette petite fille , une heure après avoir rendu un Îa- vement , fut portée auprès du feu. On ne l'y eut pas laïflée un moment debout , que parut à fes pieds ; un Infeéte affez ex- traordinaire , qui fe trainoit fur le plancher. Il n’en fallut pas davantage pour faire croire que cette petite fille venoit de le rendre ; & que c’étoit un effet du reméde. On appella du mon- de ; on confidéra cet Infe&te , que l’on trouva affez femblable à une Ecrevifle. Le bruit fe ré- . pandit auflitôt dans tout le voi- PRFFACE. xvÿ finage , qu'il étoit forti une Ecrevifle du corps d’une petite fille. L’Apothicaire qui avoit compofé le lavement, n'aver- tit fur l'heure : je me difpofois à aller chez les parens de len- fant pour feavoir la vérité du fait; mais j'appris qu'on avoit jetté l’'Infeéte dans fe feu. Cela fut caufe que je remis à uné autre fois +; à m'informer de la chofe. Quelques femaines après, { c'étoit le 30. de Juillet de Fan- née 1699.) je fus voir lés pa- rens , lefquels me dirent qu'ils avoient découverts depuis peu de jours dans du bois auw'ils te- noient à lacave, des bêtes tou tes femblables à celles-là ; & que lorfque cet Animal fut trou- vé dans la chambre , on venoit d'y apporter du bois de la cave our faire du feu. Cela ne me Lits pas balancer fur ee qu'ii C 1V xviy) PRÉFACE. falloit juger du bruit qui s'étoit répandu ; & je balançai d’autant moins , que de la maniere dont on m'avoit déja dépeint cet In- fe&te , il m'avoit paru être de ceux qu’on trouve fouvent par- mi le bois;lefquels ont deux cor- nes a la tête ; deux piquans à la queue , quatre pattes aflez gran- des, & un corps écaillé. Mais rien ne montre mieux combien 1l faut examiner les chofes , que la prétendue hiftoire de deux Couleuvres, dont nous parlons page 285. de ce Traité :nous y renvoyons. Je ne me contente pas d’é- viter les hiftoires fauffes ou fuf _pectes ; mais comme je décris ici plufieurs remédes, Jeprends. garde de n’en rapporter aucun qui ne foit marqué au fçeau de la bonne Médecine. Enfin je tache de n'aflurer rien fans l'a- PRÉFACE. xix voir bien examiné, & j'eftime avec Pline le jeune, qu'on ne fçauroit être trop circonfpe& ; quand il s’agit de donner quel- que chofe au Public. (a) Pour être plus en état d’ob- ferver cette exactitude dans tout ce qui concerne ce Livre; j'ai tâché de ne m’entèêter d'aucune opinion , & J'ai cru que je de- vois beaucoup me regler fur ce que dit Galien : ,, Que la Mé- » decine ne peut arriver à fa » perfection que par un grand » nombre d'Obfervations faites » de fiecle en fiecle : que ceux » qui travaillent les premiers ;. ne peuvent tout enfemble ;. »& commencer & achever; » & que c’eft à la poftérité, à » accroïtre par de nouvelles dé-- (a) Nihil cure mer fatis eff : cogito auam: © ft magnum dure aliquid in manus hominunes. Plia.. Lib. VII. Epilt. 126. x PREFACE: couvertes, le fonds de fes >» Perés, (a); Ce Traité comprend quatorze Chapitres ; qu'il eft bon delire de fuite , parce qu’ils ont pref- que tous , liaifon les uns avec les autres. | J'explique dans le premier ce que c’eft que Ver, & cequ'on entend par ce mot. Dans le fecond , comment ces Animaux s’engendrent en nous. J'enexamine lesefpéces dans le troifiéme , & les effets dans le quatriéme. On voit au cinquiéme tous les fignes de cette maladie; & au fixiéme, les moyens des’en “garantir. Le feptiéme contient les circonftances qui font à confi- dérer dans la fortie de ces In- (a) Galen. Comment. in Aph, L. CORRE EE 4 C Ex fetes , & les prognoftics bons ou mauvais quon en peut ti- rer. Le huitiéme eft fur le danger de certains remédes qu'on em- ploye d'ordinaire contre les Vers, & qu'il faut éviter. __ On trouve dans le neuvié- me , ce qu'il eft à propos de pratiquer pour la guérifon de cette maladie. | Le dixiéme , qui eft une fui- te du précédent, renferme des remarques importantes fur lu- fage de la purgation. On voit dans le onziéme ; quelles précautions il faut ob- ferver quand on fait des remé- des contre les Vers. Jetraite, par occafon , dans le douziéme , de certains Vers nommés Spermatiques , dont plufieurs Phyficiens croyent que font formés. tous les Animaux. fi PRÉFACE Le treiziéme confifte ex quelques A phorifmes , qui font comme une récapitulation de l'Ouvrage. Le quatorziéme offe un: éclarciflement fur divers en- droits du Livre. Voila tout ce que c’eft que ce Traité. Le Volume en pa- roïtra peut-être un peu gros ; mais le Traité n’en eft pas pour cela plus long : car je nemy éloigne point de ia matiere que je traite. Or je crois que quand on fe renferme dans fon fujet , on n’eft jamais long. C'eft la remarque de Pline le jeune , à la fin d'une lettre où il employe plufieurs pages à décrire fa mai-- fon de campagne : ,, Pourvu ;: » dit-il à fon ami, que la defcri- » ption que je viens de vous 5 faire, ne contienne rien qui: »ioit hors de mon fujet , ce . PIRE F AC E: xxi 3sn'eft pas ma lettre que vous »» devez trouver grande, mais 3» mamaifon. (4) J'en dis autant de ce Traité : pourvu que je n'y ayerien ame- né d’étranger ; & que tout ce qui y eft, convienne à ce que je me fuis propofé d'écrire , ce n'eft point mon Traité qu’on doit accufer de longueur , mais la matiere que je traite. | Au refte trois Auteurs ont écrit contre cet Ouvrage. Le premier eft M. Lemery ; le fecond , M. Hecquet, tous deux Doëteurs Régens de la Facul- té de Médecine de Paris ; & le troifiéme , M. Valifnieri Méde: (2) Sciat Jeriptor , ff inaterisimmoretur , non effe longum ; longifimum, fi aliquid accer- fit atque attrahit. Similiter nos quum totam villam oculis tuis [ubjicere conamur , f; nihil indudium quifi devium loquimur , non epi- ftola qua defcribit, |ed villa que ‘deftribitur donga ejt. Phn. jun. Lib. V. Ep. 101. xxiv PREFACE.. cin de Padoue. je réponds à M. Lemery dans le quatorzié- me Chapitre. Quant au fecond, je me contente de rapporter fimplement fa critique à la fin de ce Volume , parce qu’elle ne mérite pas d'autre réponfe. A l'égard de M. Valifnieri, ce qu'il dit , roule principalement fur le Tænia ; mais fes objetions | nous ont convaincus , qu'il n'a jamais vu de ces fortes de Vers, ni vivans, niavec latête. Auff ne paroit-il nullement au fait de cette matiere. C'eft pourquoi nous avons cru qu'il étoit plus à propos de ne lui point répon- dre du tout. | Il dit que ce que je prends pour la tête de ce Ver, n'eft apparemment qu'une glaire & un mucilage. Mais il décide au hafard , puifqu'il parle de ce qu'il n’a point vu, & dontil n'y PRE FACE. xx a que les yeux qui puïllent ju- ger ; enforte quon peut à ce {ujet , lui appliquer ces paroles mêmes de M. le Clerc fon par- tifan. Qui de V’ermibus iffis à fe eunquam vifis verba faciunt ; ido- rei eÎfe tefies non poffunt. Ceux qui parlent de ces fortes de Vers fans les avoir vus, n'en fauroient ren- dre un témoignage jufie. (a) M. le Clerc non plus n'a pas vu affez de Vers plats , ou Lx- nia , pour pouvoir juger de ce que c'eft que cette forte de Ver, Il avoue dans fon Hiftoire des Vers plats ; que depuis plus de quarante ans qu'il exerce la Médecine , il n'en a vu qu’un feul , & qu'encore ç'a été par hafard & en pañlant. Cucurbitini, (zx) M. Daniel le Clerc, dans fon Li- vre intitulé : Hifforia naturalis or medica latorum lumbric. 1715. in-4°. zx PRÉFACE. ut © aliud latorum lumbricorum genus tam raro apparent ; ut Me- dicorum plurimi, vel nunquam , vel femel rantum , iterumue, per toram vitam eos videre poffint Ad me quod attinet, [patio qua- draginta amplius annorum ; quo medicam artem , haëtenus exercuis nunquam Cucurbitinos iflos ab “aliquo excretos vidifle ; ingenue fateor ; donec tandem eorum in- Jpiciendorum copiam nuper cafus cmihi primum f'écerit , TC. On ne doit pas s'étonner après cela qu'il paroiffe auffi peu in- ftruit fur cet article, qu'il Le pa- roît dans fon Livre. 42) Il ne nous eft pas arrivé fur ce fuget , la mème chofe qu'à M. le Clerc & à M. Valifnie- (a) Damielis Clerici, Med. Docforis, bifloris naturalis de medica | latorum lum- bric. Genev. apud fratres de Tournes. 171$. m-4°, fi: — PREFACE. xxvij ri : le grand nombre que nous avons vu de ces Vers, nous a mis en état d'en juger , & nous. en avons un cabinet garni ;. c'eft de quoi le Public eft té- moin. Mais ce quil y a de plus , c’eft que nous les avons. fait fortir du corps même des Malades qui les ontrendus. À lafin de ce Volume font trois Lettres qui m'ont été écri- tes fur le fujet des Vers ; les deux premieres d'Amfterdam. » par M. Hartfoëker , de l'Aca- démie Royale des Sciences. La troifiéme , de Rome , par M. Baglivi ; Doëteur en Mé- decine , & Profefleur d’Anato-- mie dans la Sapience.. On verra dans la premiere Lettre ; des remarques curieu- {es fur la longueur extraordi: naire du Ver plat, ou, comme j'ai cru le devoir nommer , du Tome LI. d xxviy: PR FE A ACCES ler Solitaire, nom que je lui a donné le premier, & qui lui con- vient véritablement pour la rai- fon que nous avons rapportée au commencement de cette Préface. On verra dans la feconde Lettre , des réfléxions impor- tantes , fur les remedes contre les Vers, & fur les effets des Vers. Dans la troifiéme , qui eft celle de M. Baglivi , on trouvera plufieurs expériences fur ce qui peut chafler outuer ces Animaux; divers exemples de maladies vermineufes , & des raifonnemens folides tou- chant la produétion. des Infe- tes , la longueur exceflive du Solitaire , & la maniere dont il {e forme dans le fœtus. Comme ces trois Lettres font recom- mandables non-feulement par le nom & le mérite de leurs PRE FACE. xxix Auteurs ; mais encore par la ma- niere dont elles font écrites ;, & par le fond des chofes qu’el- les contiennent , J'ai cru que je n'en devois pas priver le Public. J'a fait dans cette nouvelle Edition , un grand nombre de réformes. J’en ai banni plufieurs articles, qu'un nouvel examen m'a convaincu devoir. être ab- folument retranchés ; & afin qu'on voye le foin que je me fuis donné là-deflus, jai mis à la fin du Volume une lifte exacte de ces réformes. Il m'a fallu être ici mon Cenfeur moi- même ; ceux qui ont Écrit con- tre mon Livre ;- n’y ayant rien repris dont Jaye pu profiter. Dans l'Edition précédente ; javois renvoyé les planches à un Volume in-42. où je les avois fait graver à part; mais ss: PRE FLAQCREE ici elles font renfermées dans: lecorps du Livre , fans renvoi à un autre Volume , & elles fe préfentent fous les yeux cha- cune en particulier , à mefure que le fujet le demande ; ce qui eft bien plus commode pour les Lecteurs, & leur épargne en même temps de la dépenfe , n’é- tant point obligés, comme ils l'étoient auparavant ; d'acheter d'un côté un Livre in-12. &. de lautre un Livre in-42. s'ils. vouloient avoir l'Ouvrage com-- plet. es Critique que Mr Hecquet * a faite du Traité de la Généra- tion des Vers, & que nous avons promis dans la Préface de rapporter ici. * Auteur du Livre de la Génération des Vers, doit [e défier de cet air de préférence qu'il voudroit s'attirer dans le monde , auquel volontiers :l feroit enten- dre qu'il n'efl pas comme le refle des hom- mes , "2 comme les autres Médecins , qu'il ne faigne pas comme eux, * qu'à l’aide au contraire de la purgation ç> de quelques fpécifiques , il a trouvé l’art de guérir les veaux Les plus opimiatres fans faigner. C’efi un fecret qui lut eff venu depuis qu'il a dé- couvert au centre du corps, au milieu dr bas-ventre ; La caufe banale de toutes les maladies , que cette caufe n'eft autre qu'un amas de fucs croupiffans & inutiles, à * Dans le Livre intitulé, Explication Phyfique és Méchanique des effets de la faignée €7 de la Loir dans la cure des maladies | imprimé à Chamb:ry en 1707. Vol. in-12, - æOn ne trouvera aucune Edition du Traité de {a énération desVers , où je donne fculement le moin- se lieu à ce reproche, Zome I. (S Critique chacun defquels 1l [ait approprier la pur- £etion. On fçait encore, &: le Public en ejt averti, que quand bien même ces fucs fe £âteroient , & que devenus vermineux , 1ls paferoient en pourriture &> en Vers 5 on fait; dis-je , que cet Auteur promet des Jpécifiques éprouvés pour en exterminer l’en- geance, & un volatile merveilleux pour fortifier les entrailles contre cette vermine, pour en prévenir jufqw'aux germes d en éteindre La race , car 1l attribue La caufe de prefque toutes les maladies aux Vers, € prétend avoir des fpécifiques pour les tuer & Les détruire. ? Cet Auteur eff pas moins habile en Anatomie. Il efl des parties qu'il connoit Lien mieux que d’autres, le bas-ventre, par exemple , eft de celles qu'il a fingulie- rement étudiées ; il en connoît les réfer- voirs, la Capacité dy tous les réduits, au point que la moindre glaire ne f[cauroit s’y micher à [on infçt , ni le moindre vermif- feau échaper à [a connoifance. Au refle, 1l ne paroit pas familier avec S'anétorius 3 [a Médecine aufli-bien eft-elle trop embar- a Le reproche qu’en me fait ici de croire que pref- que toutes les maladies viennent de vermine, eft f cppofé à ce que j'ai dit d'un tel fentiment dans le Livre de la Gé ération des Vers , que je n’ai aul &&- foin de me juitifier là-deffus. | Jar les Vers. _ #raffante. Que de minuties en effet, que de foins à fe pefer ou pefer les autres, pour s'affurer des caufes des ma- ladies ! Un homme occupé par d'illu- fîres emplois auroit trop à faire 3 Les Vers amorbifiques ; @ les contre-Vers altératifs G* évacuaus font plus commodes ; avec un peu d'adreffe à trouver ou à mettre des Vers par-tout , on [e fait une Médecine abrégée. Le même Auteur du Livre de la Gé- nération des Vers ef étonné que pour expli- gM@P Les filtrations , on ne recoure ni aux devains , #1 aux configurations différentes des pores; c’efl apparemment un regret ou une plainte qu'il fait contre ceux qui ofent faire main baffle fur les levains. Quelle perte en effet pour La Médecine, dont on enléve ainfi Les idoles ! Quelle défolation pour ces Philofophes Mirons & pour ces Médecins boutllans de levains | certes après cela les baffes entrailles farcies de crudités , vont fourmiller de Vers. L’'Au- teur, accoturie qu'il cf aux dégats gw'ils caufent , peut-1l ne Je pas ren‘re [enfible à cette défolation ? Heureux donc le genre bumainde ce qu'en cas d'un femblable malheur , il trouvera une refource affu- tée , Gr un fhécifique infaillible contre ces i € i Critique Tnfeites entre les mains de notre Auteur. On a foñrenu aux Ecoles de Médecine “ne Thefe [ur la Boifon, où l’on mon- tre que la boiffon eff un grand remede, foit pour conferver la fanté, foit pour la ré- tablir ; maisil efl mal aife que cette Thefe se trouve quelque adverfatre en fon che- min. Car enfin, dira-t'on, faut-1l aban- donner le monde à des maxäümes fr contrat- res à fa confervation? Le laiffera-t'on per- Juader qu'on ne doit ufer que de boiffons dimples & fades , peut-être d'ean [ele ? ÆFut-1l rien de plus capable d'expofè?eles boimines d'aujourd'hui , comme les Egyp- tiens autrefois, à fe voir défolés par les grenouilles , qui déformais viendroient pu- duler dans nos corps ? La matiére eft trop curieufe , & l'occafion trop sntérefante, pour ne point exciter le zéle & la plume de l'Auteur du Traité de la Génération des Vers. Le beau titre , en effet , à rem- plir ou à exécuter , que celui de la Géné- ration des grenouilles dans le corps humain! Jamais ilne réfiflera à cette tentation : car lui peut-il venir une occafion plus naturelle d'augmenter fon Ouvrage de ce fecond Vo- lume ? Il feroit auffi utile au Public que le premier , @ ne feroit pas moins recher- ché. Cependant quoi qu'il en coute à cette . fur les Vers. Thefe fur la Boifon, on en rifque l'im- preffion en Francois , perfuadé que [on Auteur gagnera toujours beaucoup , s’il efi afèz heureux pour attirer 44 Public d'auffi belles chofes [ur les grenouilles ; qwil lui en efl venu d’utiles fur les Vers. Un Médecin comme l Auteur du Traité de la Génération des Vers, ne fait cas que de colles c> de glaires dans Les inteflins. Car fon imagination accoñtumée à (e falir de ces images groffieres, croit ne rien ap- percevoir f1 elle ne voit des crafles > des * ordures. Mais on [e flate qu'avec des idées plus nobles , & plus digues de ls DMajeflé de la Nature, il fortira de la crafe de la Médecine; © qu'ilen fecoueræ. La vernsime. Telle eftla critiqué que Mr Hec- quet a faite du Traité de la Géné- ration des Vers. On laifle aux Le- éteurs à juger , fi ce n’eft pas y avoir fuffifamment répondu , que de l'a- Voir rapportcc. ei | ALP RO B :AFT O NS de la premiére Edition de ce Livre. Approbation de Meffire Guy CRESCENT FAGoON, Confeiller d'Etat ordinaire, € premier Médecin du Roi. E fujet de ce Livre demandoïit toute lé- loquence, qui a fouvent attiré à fom Auteur , dans de célébres occafons , les juftes applaudiffemens de fes Auditeurs. Un: des plus vils animaux du monde y eft exa- miné avec une fi noble érudition , que‘ l’on perd d’abord l’idée de fa baffefe : Et tout le dégoût que cette matiere pourroït caufer cede à l’agréable diverfité des faits, & à l’é- legance avec laquelle ils font rapportés. Ce feroit donc envier au Public un plaifir très- utile, de lui refufer l’'impreflion de cet Ou- vrage , qui me paroït aufli important pour la pratique de la Médecine , que curieux pour lhiftoire naturelle. Fait à Verfaiiles ce 24. Novembre 1699 FAGON. Approbation de Monfieur DobparT, de lA- cadémie Royale des Sciences , Doéteur Régent de la Faculté de Médecine de Paris, € Me- decin de S. A. S. Madame la Princeffe de Conti, Douairiere. ?Ai vù avec beaucoup de fatisfaétion le Livre intitulé , de la Génération des Vers dans le corps de l'homme ; non feulement par- ce que ce qui en fait Le fujet principal y eft érès-bien traité; mais auffi parce qu’on YŸ trouve en plufeurs endroîts, des ouvertures confidérables pour l'augmentation de la Phy- fique Hiftorique & dela Médecine Pratique. Je croi donc que la publication de cet Ou- vrage fera très-utile au Public, & que la leure en plaira à proportion que les Le- éteurs auront plus de connoiflance de la Phyfque & dela Médecine expérimentale. Fait à Paris ce premier de l’An mil fept cent. DODART. Æpprobation de Monfieur BOURDELOT, Con- feiller ordinaire du Roi, Premier Médecin de Madame la Duchefe de Bourgogne | & de Monñ[eigneur le Chancélier, Dofteur Régent de la Faculté de Medecine de Paris , Commis par Monfeigneur le Chancélier, à lexz. snen de ce Livre. ’Ai lù , par l’ordre de Monfeigneur le } Chancéiier , & avec beaucoup de fatisfa- éion , ce Manufcrit, intitulé , De la Géné- yation des Vers dans le corps de l'homme. A Se- ve le 30. Septembre 1699. BOURDELOT. Permiffion de Monfieur le Doyen de la Faculté de Médecine de Paris. i Ous Médecin ordinaire de Madame la Ducheffe de Bourgogne , Doyen & Doéteur Régent de la Faculté de Médecine de Paris : Oui les Rapports fuivans de Mef- fieurs Berger, de Saint-Yon , Maillard, eiv _ Fournefort , & Tauvry , auffi Doteurs Ré- gens de ladite Faculté, commis par elle à l'examen d’un Livre qui a pour titre, De l4 Génération des Vers dans le corps de l'homme , compofé par Mr Andry , auffi Docteur de la même Faculté , confentons qu’il foit impri- mé. Fait à Verfailles ce 27. Décembre 1699. BOUDIN, Doyer. Approbation de Monfieur le Doyen à l' Auteur. S I une Approbation comme la mienne pouvoit faire valoir le mérite d’un Ou- vrage aufli utile & aufli beau, je vous la donnerois plus authentique. Je me retran- che donc à vous féliciter du fuccès qu'a vo- tre Livre , & de celui qu’il aura dans la fuite , dont je fuis très-perfuadé, parce que je fçai que les bonnes chofes ne perdent point de leur bonté par le temps. Je vous exhorte aufli, Monfeur , à employer quel- ques momens à de pareilles Produétions qui font honneur à notre Compagnie, & à Fa Médecine. À Verfailles ce 18. Février 1700. BOUDIN, Doyen dela Facul- té de Médecine de Paris. Approbation de Monfieur BERGER, Acier Doyen de la Faculté de Médecine de Paris, commis par ladite Faculté à l'examen de ce Livre. ’Aitrouvé Île Livre que Mr Andry a fait fur La Génération des Vers dans le corps de l'homme , fi élégant & fi plein d’érudition , que je croi qu’il fera auffi-bien recû du Pu- blic, qu’il m’a donné de fatisfaction en le lifant. Ce 2. Décembre 1699. BERGER. . Approbation de Monfieur de S AIN T-YON; Médecin ordinaire du Roy, Doëteur Régent de la Faculté de Médecine desParis ; Pro- fefleur en Chymie dans le fardin du Roi, commis par ladite Faculté à l'examen de ce Livre. L Es gens aïfés mangent & boivent f épouventablement , & les miferabies vivent fi pauvrement, qu’il eft impoñlble que dans les uns & dans les autres, il ne s’engendre une très-grande quantité de tou- tes fortes de Vers. Le Traîté que Monfieur Andry mon Confrere | donne au Public fur cette matiere, eft fi plein d’érudition, il eft écrit fi poliment , il y a dedans tant dere- cherches, & ileft rempli de fi bons reme- des , qu'après l'avoir lù attentivement, je fouhaite qu’il paroïifle au plütôt dans le Pu- blic. À Paris, ce 4. Décembre 1699. DE SAINTIT-YON. Approbation de Monfienr MAILLARD , Doiteus Régent de la Faculié de Médecine de Paris, commis par ladite Faculié à l'examen de ce Livre. À maniere dont Monfieur Andry expli- que ici lz Génération des Vers dans le corps humain ; La difiérence des caufes & des fignes qu'il en rapporte avec tant d’exaétis tude : la prudence, avec laquelle il nous en défigne les remedes : fes recherches & fes obfervations: curieufes fur cette maladie ; font connoître que ce Livre eft digne de la plume de fon Auteur, de la leéture des Sçavans , & de Papprobation des Doëteurs en Médecine. À Paris ce 3. Décembre 699% "MA ILLARD: c Approbation de Monfieur TOURNEFORT , de l'Acadèsie Royale des Sciences |; Doëteur Régent de la Faculié de Médecine de Paris ,: x Profeffeur en Botanique dans le fardin du Rof , commis par ladite Faculie | à l'exa- men de ce Livre, E Traité de la Génération des Vers dans y le corts de l'homme, €rc. compofe par Monfieur Andry, Do&eur en Médecine de la Faculté de Paris , contient une Doëûtrine très-folide , fondée fur ce qu’il y a de mieux établi dans la Fhyfque touchant la Géné- ration des Vers, appuyée par ur grand nom- bre a’cbfervations très-exates fur les mala- dies qu’ils produifent , & fortifiée par l’ex- périence de plufeurs remedes finguliers très- propres pour les guérir. À Paris ce 6. De- cembre 1699. TOURNEFORT. : Approbation de Monfieur T A UVRY, de PA- cadémie Royale des Sciences | Docteur Re= gent de la Faculté de Médecine de Paris, commis par la mème Facahé à l'examen de ce Livre. ’Ailü avec plaifir le Livre de la Génération ] dés Vers' dans le corps de l'homme, compo- fé par Monfeur Andry , Doéteur de la Fa- culté de Médecine de Paris, où j'ai trouvé beaucoup d’exa@titude & d’érudition. Les faits qui y font rapportés peuvent étre d’une grande utilité aux Médecins ; car outre que l'Auteur expofe avec netteté, les caufes & les fignes des maladies qui font accompa- gnees de Vers, il y joint des xéfléxions très- judicieufes fur les remedes dont on fe doit fervir. Les explicatiors qu’il donne, & les obfervations des Modernes qu’il rapporte, rendent cet Ouvrage aufli curieux qu’il eft utile, À Paris, ce 18. Novembre r699. D. TAUVR Y. Epifola GEorGir BaGLivi, Medic. Theo- © rc. in Romano Archylic. Profefforis , Socie- tatis Regia Londinenfis, Academie Imper, Eeop. Collega. AUTHORI. À Ggreflus fum legere tuum de Jumbri- cis libellum , mirificè profe&o placuit. Genüs enim fcribendi non minus utile ac neceflarium , quèm nova experiendi mer E thodo concinnatum complexus es : Valde delettabar ordine , valde etiam genere ora- tionis tuæ, Res verd ipfa ita me affecit ; ut quafi feminia quædam veræ praxeos ; quæ fruétum non mediocrem aliquando ferent, in animo meo reliquifle videatur. Quare cum eximii ingenii, doétrinzque opibus abundet, me certe judice, magnam om- fium approbationem commendationemque promeretur. Datum Romæ, 3. Nonas ju- nias 1701. GEORG. BAGEIVUS. £ … : APPROBATIONS de la feconde Edition de ce Livre. Approbation de Monfieur DOUTE ; Doëteur Régent de ancien Doyen de la Faculté de Médecine de Paris. ME Livre n’a pas befoin d’un nouveau _y fuffrage pour avoir cours dans le Pu- blic. La profonde érudition de l’Auteur , la grande exaétitude dans fes remarques, la {olidité de fes réfiéxions, le bon ordre dans ce qu'ilécrit, la beauté de fes expreflions , & fon difcernement pour le vrai, lui ont atti- ré autant d'Approbateurs que de Leéteurs. II poffede des mieux le talent de relever à Pefbrit les chofes qui paroïflent bafles aux yeux du corps. Que fon Traité des Vers prouve bien qu’il n’eft rien dans la nature qui foit indigne de l’attention du Médecin ? Qu'on lui auroit obligation d’étendre fa plume fur certains Auteurs de nos jours , qui comme une vermine infeétent la Médecine f À Paris, le 3. Juillet 1714 DOUTE. EE) Approbation de Monfieur D'UFRESNE , Da- teur Régent , C Profeffeur en Pharmacie de la Faculté de Paris. L E jugement avantageux que d’illuftres Approbateurs ont porté du Livre de la Génération des Vers, fitôt qu'il a commencé de paroitre 2: les éloges finguliers que cet Ouvrage s’eft enfuite attiré de plufieurs Sça- vans de diverfes Nations b : l’efliime avec laquelle des Auteurs célébres l'ont cité de- puis dans leurs ecrits c : le grand nombre d’Editions qu'il s’eneft fait , non-feulement en France , maïs dans les Pays Etrangers, où il a été traduit en différentes Langues d: & le peu de fuccès qu'ont eu les Cenfeurs qui l'ont voulu attaquer e : font des témoi- gnages fi authentiques du mérite de ce Li- A Voyez cy-deflus Îes Approbations de Monfieux Fagon, de Monfisur Dodard , de Monfieur Boudin, de Moïifieur Bourdelot, de Monfeur Tournefort , de Monfieur Maillard , de Monficur Baglivi, &c. b Dans tous les Journaux , tant des Pays Etrane gers que de France, c Conrad. Barchu/en Hifloria Medicina ,Amferode- mi 1710. Francifei Redi de .Animalculis que in corpo= ribus animalium vivorum reperiuntur obfervationes , ex errmrfcis in Latinas verfæ | Autore Petro Corte .Am- freledami , 1708. in Præfat. Hiftoire de l’Académie Royale des Sciences , année 1709, Hifloria Infeëto- rum , Authore Joanne Raïo. Opus pofthumum juffn Regiæ Societ. Londinenfis Editum , Londini , 1710. d Imprimé diverfes fois à Amfterdam, à Lon- dres, à Naples. . e Voy:z la Lettre cont'e c: Livre, inlerée dans les Mémoires de Trévoux du mois de Novembre 1703, & le Livret intitulé : Explication Phyfique @ Mécha: vre , que mon fuffrage feroit ici fort inutile, Je me contenterai donc d’obferver que Mon- fieur Andry nous donne aujourd’hui le même Ouvrage enrichi de quantité de remarques \ . nouvelles très-importantes , lefquelles ren- dent cette Edition d'autant plus utile au Public, qu’elles font toutes appuyées fur l'expérience , & ne peuvent que contribuer confidérablement à l’avancement dela Mé- decine Pratique. Fait à Paris ce 5. Juillet Z714. DUFRESNE. nique des effets de la Saignée €> de La Boiflon dans le cure des maladies, €rc. Imprimé en 1707. à Cham- bery. Voyez encore FPEcrit intitulé, Differtation far La nourriture des Os, où l'on explique la nature €p d'ufage de la moëlle avec trois Lettres [ur le Livre delz Génération des Vers dans le corps de l'homme, Impri, mé à Paris , chez Pierre Witte en1704. Leitre de Monfieur CorPERO , Doéteur € Profeffemr en Médecine à Londres , à l'An teur de ce Livre. Pdonsitmm. J'ai 1ù votre Traité de la Génération des Vers dans Le corps de l'homme | dès la premiere Edition qui s’en fit à Paris où j'étois alors : J'en aiété fatisfait au-delà de tout ce que je puis vous dire, tant pour le fond que pour la méthode. Je ne fçai cependant fi “ous devriez en laifler paroitre encore une nouvelle Edition, après tant d’autres. qui en ont déja été faites ; car ne voyez-vous pas que fi vous avez excité contre vous la plume de quelques Cenfeurs , c’eft parce que ce Taité à force de remettre devant Jes yeux qu'il fe produit des Vers dans les premieres voyes de notre corps , donne at- teinte au fyfteme de la Trituration? Com- ment en effet, lorfqu’on fait réfléxion à la produétion de ces animaux en nous, vou- Jez-vous que l’on conçoive que l’eftomac & les inteftins aidés du diaphragme & des muf- cles du bas-ventre , broyent ayec tarit de force ce qu’ils renferment , que cette force aïlle à plus de deux cent foixante un miile cent quatrevingt-fix livres, comme le pré- tend Mr Hegçquet. Dites-moi , je vous prie, fi de foibles Vers contenus dans le bas-ven- tre , peuvent réfifter à une telle force. Les coétions qui s’accompliflent dans nos Infeitis , quis- quis ef vitalis buimor, bicerit c> fanguis (a). Or comme il n’y a point d’infeéte qui n'ait en foi une humeur vitale qui s’anime , il n’y a point non plus d'In- fecte qui n'ait du fang. Un Auteur moderne { 2) écrit que dans les premiers temps de l'Eglife : un grand nombre de Chrétiens ne s’accordoient que de petits poiflons qui fuflent dépourvüs de fang , com- me des Moules, des Huitres, & des Ecrevifles. Cet Auteur, comme on voit, donne ici dans l'erreur ancien- ne , & ne reconnoît que du fang TOULE, (a! Plin. ibid. (b) Traité des difpenfes de Carème ; premiere pars L$te Chap. 2Qe * des Pers. F Une autre caufe de la méprife des Anciens fur ce fujet, eft a penfée où ils étoient ie n’y avoit point de cœur en plufieurs Infe@es; mais on fait aujourd’hui par les découvértes qui ont été faites avec le fecours des microfcopes., que fiquelques Infectes ont plufieurs poumons, il y en a auffi - qui ont plufeurs} cœurs; tel eft, par exemple, lé Ver à foye, dans lequel ïl s'en trouve un fi grand nombre, que ce n’eft prefque qu'une chaîne de cœurs , depuis la tête jufqu’à l'extré- miteé du corps. Ces obfervations nous convain- quent que les Infetcs ne font point des ébauches de la nature, ni des animaux incomplets , comme fe le font imaginé quelques Philofophes ; puifque bien loin de manquer de parties , il s’en trouve qui en ont plus que les autres animaux , ainfi quoi 1e peut voir encore, 1°. Dans l’Arar- gnéc vulgaire qui a huit yeux. 2°. Dans la Mouche qui a une trompe comme un Eléphant , fix jambes di- finguées chacune en quatre mem- bres , dont les extrémités fe divifent aufli en plufieurs parties, & font ar- mées de deux pinces , entre lefquelles | À ii] ë De l8 Génération on appercoit de petites pointes, par le moyen de ve cet animal satta- che aux moindres inégalités des corps même les plus polis. 3°. Dans la Puce , où l’on découvre fix jambes , ayant chacune trois jointures diverfe- ment articulées. Les articles des deux jambes de devant entrent tout-à-fait Fun dans l’autre, & ceux des jambes du milieu ont leur étendue féparée. Mais les jambes de derriere ont leurs articles pliés l’un fur l’autre, comme la jambe & la cuifle de lhomme. Quand la puce veut fauter, elle étend en même temps toutes fes jambes ; & alors les différens articles venant à fe débander à la fois, font l'effet d’au- tant de reflorts , & produifent ce fault qui l'éleve en l'air , à la hauteur de deux cens fois celle de fon corps, ainfi que le remarque M. Hook dans fa Micrographie,& qu'il a été remar- qué dans le Journal des Savans , du Lundi 20. Décembre 1666. Voyezla planche ey-jointe, où par occafion , nous avons marqué plufieurs autres particularités concernant cet Infcéte , lefquelles font très-dignes d’obfer- vation. 4° Dans la Chenille qui a feize pieds, fix devant , huit au mi- Oeufs L la Puce LUS »ar Le AMrcrose 724 Coque produte par ui. Ve’ do e/71 crentlaPuce veu JP” Z Fair Em LU}, Tir douvientliP. UCE VE Fa LA Larvseope D rs {1 gt SM ms 2 he CARS t D d D : | : : eh) ne. 20 £ ai 2 ÿ A ÿ SJ épis | LARE ; = 4 d ° . or e ar = : sd “Ain PAT mt nt ES - UC 0 DT ” { Leg. Von, dis à à UE Ÿ au sg me pt fi 1 4 "A is < ÿ ES J “ “4 A 6 F y | } D 1 ÿ | k 4 des Vers. ? lieu, & deux derriere, fans parler de plufeurs autres parties qu’on dé- couvre fur le corps de quelques-unes ; tels que font deux efpéces de bou- uets de plume noire, fitués autour À à la tête, deux petits avirons ran- gés de chaque côté , dont les filets reflemblent à ceux des: plumes , & une peau parfeméc de petits poils: bruns, féparés les uns des autres, en- tre lefquels on voit plufieurs petites: plumes ; toutes parties dont chacune, fans doute , a fon ufage , quoique nous ne le connoiflions pas. | On peut dire cependant, que le grand nombre de parties qui compo- fent un Animal, n’eft pas toüjours ce qui en fait la perfeétion; car pourvû que cet Animal ait celles qui lui font néccflaires pour être complet dans. fon efpéce , & qu’elles foient placées: felon la fituation qui leur eft propre. il eft parfait. Le Serpent, par exem- ple, qui n’a point d pieds , eft par: fait; & le Limaçon qui jette fes ex-- crémens par le col, quirefpire par là, . & quia dans ce même endroit, les parties deftinées à la propagation de’ fon efpéce, eftun Animal parfait. Je.ne cite point ici l'exemple de la’ À 1v. $ De la Génération Taupe, que quelques-uns croyent étre fans yeux, car elle a un chry- ftallin & tout ce qu'il faut pour voir. Nous pouvons obferver, en paf- fant , qu’il n’eft pas étonnant que quelques Philofophes ayent regardé les Infeétes comme des Animaux im- parfaits, puifqu’il s’en eft trouvé qui {e font égarés jufqu’au point d’avan- cer que le corps de la femme étoit un ouvrage imparfait, une ébauche formée contre l'intention de la natu- re ; comme fi un corps parfaitement proportionné , où l’on ne remarque aucune irrégularité ; un corps qui n€ manque d’aucune partie néceflaire, qui n’en renferme aucune de fuper- flue , & qui l'emporte méme encela fur celui de lemme, où l’on en trouve en quelque facen d'inutiles, telles que font les mammelles, pou- voit étre un corpsimparfait , & com- me fi, d’ailleurs, un fexe fi nécefai- re pour la produétion de homme, & dont la nature fe fert pour fe con- ferver elle-même , pouvoit étre con- tre l'intention de la nature. Il faut avouer ici avec Cicéron (4*) , que c'eft une chofe étonnante qu'il n'y (a) Neftio gromodo mihil tam abfurdè dici potef des Vers. g ait point d’abfurdité fi étrange , qui n'ait été foëtenue par quelque Phi- lofophe. En voil# fuffifamment pour don- ner une idée générale de ce que c’eft qu'Infeéte. Les Infe&es fe divifent en grands & en petits. Les premiers font com- pris fous le nom général d’Infeétes, comme la Couleuvre , PAfpic , a Vipère , le Scorpion, la Grenouil- le, &c. Les autres le font fous le nom particulier de Vers, comme la Chenille , le Papillon, la Fourmi, la Puce , les Vers de terre , ceux qui s’engendrent dans le corps de l’hom- me, dans celui des autres Animaux, dans les fruits, dans les plantes, dans le bois , dans les étoffes , dans les li- queurs , & dans tous les différens mixtes. Les petits Infetes meurent pref- que tous fur la fin de l’Automne ; mais ils laiflent une infinité d'œufs qui fe confervent pendant l’'Hyver, & qui, aux approches du Printems, s'ouvrent en foule, & laiffent éclorre les petits Animaux qu’ils renferment. god non dicatur ut ab aliguo Philofophorum. Cic.lib. I: ge Livinatione, 10 De la Génération | La naïffance du petit Infe&te, à ces: premieres chaleurs du Printems, eft ce qui l’a fait nommer enlatin., Ver- mis , COMME qui diroit, vere micans ,. & en françois Ver, du mot latin Ver. qui fignifie, Printems. De ces Vers, les uns font reptiles .. c’eft-à-dire, fe traînent fur le ventre. comme les Vers de terre , & la plü- part de ceux qui s’engendrent dans: les inteftins , ou qui fe trouvent dans: les fruits ; les autres non reptiles , comme la Mouche , le Haneton, la Fourmi, l'Efcarbot , la Cigale , le: Cloporte, &c. Les reptiles Vers fe meuvent par: des fibres fpirales, comme lesautres. reptibles ; mais avec cette différence, que les fibres tant antérieures que po- ftérieures {e:raccourciflent , & font: faire par cette contraction générale. une petite voute au corps du Ver;: après quoi elles s’unifent, & les par- ties qui-compofent cette voute , étant: tirées , s'étendent du côté où elles: font tirées, & font ainfi mouvoir le: Ver par un mouvement d'ondula- tion. Un grand nombre de perfonnes: font fajettes aux vers ; mais comment. des Vers. 11 ees vers peuvent-ils fe produire dans le corps de l'homme? C'elt ce que nous allons examiner dans le Chapi- tre fuivant. CHAPITRE IL. Comment s’'engendrent les Vers dans: le corps de l'homme. Es Vers s’engendrent dans le corps de l’homme, & dans ce- lui des autres Animaux, par le moyen d’une femence qui y eft entree, & dans laquelle ils font renfermés. Car: tous les Animaux , ainfi que nous Île: dirons plus bas, s'engendrent d'une femence qui les contient , & le Ciron: même, tout petit qu'il eft, fort tout parfait de fon œuf , après quoi il croît infenfiblement. Il s’agit d'expliquer comment cetre femence de Vers peut être portée dans l’homme; mais fi l'on confidére la multitude des œufs des Chenilles, des Mouches, & des au- tres petits Infees, avec le nombre. prefque infini de ces petits animaux que les microfcopes nous découvrent 12 De la Génération dans les liqueurs , & prefque dans tous les mixtes, on reconnoitra aifé- ment qu'il n’y a rien dans la nature où les femences des {nfeétes ne fe puiflent iafinuer, & qu'il en peut entrer une grande quantité dans te corps de l’homme , aufli bien que dans celui des autres animaux, par le moyen de l'air & des alimens. Or comme la chaleur faffit pour faire éclorre les Vers contenus dans ces œufs , quand ces mêmes œufs rencon- trent une matiere convenable, il eft facile de comprendre qu'it en peut éclorre de diverfes efpecés dans le corps de l'homme , felon les diverfes matieres qui s’y trouvent , ces œufs étant comme les graines des. végé- taux , dont Îles unes serment dans de certaines terres, & les autres dans d’autres. Enforte qu’une perfonne dont le corps abondera en une cer- taine humeur , fera éclorre des Vers ‘d’une certaine forte ; celui dont le corps abondera en une autre humeur, en fera éclorre d’une autre forte; & celui enfin eniqui il n’y aura aucune humeur propre pour les œtns des Vers, n’en fera éclorre aucun , & fera exempt de Vers; fembiable en cela, des Vers. ; 1$ Zune terre qui n'étant pas propre pour certains grains, En pourra étre toute . {emée fans qu'il en paroiffe aucun. s Quelques Philofophes prétendent que les Vers & plufieurs autres Infec- tes s'engendrent le Îa feule corrup- tion , par une combinaifon fortuite de matiere , fans aucune femence. Mais fi ces Philofophes pouvoient ex- pliquer deux chofes ; l’une , comment le À re du hazard peut arranger avec tant d'ordre Îes organes d’un ani- mal, & l'autre , d’où vient qu’on ne voit fe produire aucune efpéce nou- velle d’Infedtes, comme cela devroit néceffairement arriver dans leur fyfté- ac, leur opinion pourroit paroitre fupportable. La terre, dira-t-on , produit bien quelquefois des Rats par la feule cor- ruption de la matiere, puifque Dio- dore de Sicile rapporte que dans la Thébaide on en a trouvé quelquefois d’imparfaits où on ne voyoit qu’une moitié d'animal & une moitié de ter- re, & que néanmoins ce demi animal fe mouvoit. Je répons à cela, que fi FHiftor.en qui rapporte ce fair, avoit eu quelque teinture d’Anatomie, & qu'il eut vü une feule difieétion du 14 De la Génération corps de l'animal , il eût compris ai- fément que cette génération étoit im- poflible , & qu'avant que lanimal puifle mouvoir ou fa tête ou fes pieds, il faut que fon corps foit , finon par- fait, du moins achevé. Car on f{çait bien qu'il y a des corps imparfaits qui viennent au monde manquant de quelque partie, & qui ne laiflent pas de vivre & de fe mouvoir ; on voit des perfonnes fans bras , d’autres fans pieds , d’autres fans doigts, &c. on voit des Chiens n'avoir que deux pa- tes; mais comme ces corps font ainfi de naiffance, je dis qu'ils fontachevés & non parfaits. az Ce qu’on allégue ordinairement des Grenouilles , qu’elles fe produifent de la pluye , & ce qu'on dit des Ma- creufes, qu’elles s’engendrent du bois pourris des vieux vaiffeaux , feroit fa- vorable à ces Philofophes, s’il étoit vrai. Il tombe quelquefois de petites Grenoüilles avec la pluye , lorfqu'il fait de l'orage ; mais il ne s'enfuit pas -qu’ellesfoient engendrées dela pluye: _ Ja tempête peut enlever ces Grenouüil- les nouvellement éclofes , & la pluye mêlée avec la poufliere, leur fervir de nourriture , les enfler, Îles groflir & des Vers. 1$ Îes augmenter aufli promptement que des Champignons ; en‘orte que les Voyageurs foient quelquefois tout Æurpris d'en trouver fur leurs cha- peaux , lefquelles femblent croître comme à vue d'œil. Il peut arriver méme quelquefois , qu’ils ne décou- vrent d'abord qu’une Grenotiille im- parfaite en apparence, à laquelle, un moment apres pouflent des jambes ; ce qui fait croire au D PS ces Grenotüilles s'engendrent effcétive- ment de la pluye. Mais il fauc fcavoir que ces jambes étoient déja renfer- mées dans la Grenouille , & que quand elles paroiflent , ce n’eft qu'un développement qui fe fait d’une cho- {e cachée ; les jambes des Grenotiilles croiflant & poufñfant au dehors, de- même que les boutons de fleurs hors de leurs tiges , ainfique l’a remarqué Swammerdan, ce qui s'accorde avec ce que dit Jacobœus dans fes obferva- tions fur les Grenouilles , & avec ce qu'on remarque tous les jours dans les baflins des fontaines ; fcavoir , que cet animal ne paroît d’abord que tête & queuë. : Quant aux -Macreufes , on à crû qu'elles s’engendroient de l’écume de 16 De la Génération la mer, ou des planches pourries des vicux vaifleaux , aufquelles on#les trouve, dit-on, attachées par lebec, & d’où elies fe détachent enfuite lorf{- qu’elles font bien formées ; mais elles viennent d’un œuf couvé, comme les autres oifeaux , ainfi que l’a fait voir M. Childeré dans fon Livre des Mer- veilles d'Angleterre, & que nous l’a- vons expliqué au long dans notre Traité des Alimens de Carême , en parlant de cet Oifeau , par rapport à la nature de fa chair, pour ce qui re- garde l'abftinence. Cela polé , je dis que les femences de tous les Animaux ont été créées par le premier Eftre, & mifes dans les remiers individus des efpéces ; en- Fe qu'au moment que ce premier Eftre commanda à la terre de produi- re toutes fortes de Reptiles & d’Ani- maux , chaque animal recut de quoi fe multiplier , comme les Plantes, dont l’Ecriture dit en termes exprès, ue Dieu ordonna à la terre de pro- ee de l'Herbe & des Arbres qui renfermaflent chacun leur femences en eux-mêmes pour fe reproduire (4). J1 faut remarquer que cette femence (a) Genef. Lib, I. des | des Vers. M 4 des Animaux contient en racourci, Panimal qui en doit fortir , & les mi- erofcopes nous l'y decouvrent quel- uefois tout formé. On peut voir là- deffus les obfervations curieufes du célébre M. Hartfocker , fcavant Phy- ficien d'Amfterdam , dans le Journal des Sçavans de l’année 1678. & les Lettres du fameux Antoine de Le- Wenhoek. Chaque femence des Plan- tes contient de même en abregé la plante qui en doit venir, & à l'infini toutes celies qui en peuvent naître. : Nous obfcrverons ici que les fe- mences dont nous-parions , peuvent être confiderées felon leurs. entités. & felon leurs diverfités. Selon leurs entités , le nombre en ef infini, ce qui fait qu'il fe produit tous les jours en chaque efpéce tant d'individus nouveaux. Selon leurs diverfités , elles font bornées à un certain nom- bre, ce qui eft caufe qu’il ne s’engen- dre aucune efpéce nouvelle d’ani- maux , ni de plantes, ni de mine FAUX. Lucrece a reconnu lui-même la né- éeflité d'admettre les femences, pour expliquer cette conftance de la natue xe dans fes produions. Ne croyez Zaue L B 15 De la Génération pas, dit-il, (4) que toutes chofes fe puifflent combiner en toute maniere. Si cela étoit, il fe feroit tous les jours. des générations bizarres , qui ne fe: font point. On verroit communé- ment paroître des monftres moitié hommes & moitié brutes ; on verroit des branches d'arbres naître au corps: des animaux, des membres de poif- fons s'unir avec des membres d’ani- maux terreftres , & des chimeres ra- vager Îes campagnes par les feux qu'elles vomiroient. Que S'il n'arrive rien de tel, pour- fuit ce Philofophe, il faut neceflaire- ment avouer que c’eft que toutes cho- fes naïflent de certaines femences qui les fixent, & qu'il y a en tout cela une caufe déterminante qui ne peut varier, Cette caufe n’eft autre chofe, fe- Jon le même Lucrece, que les femen- ces mêmes (#) qu’on doit regarder : comme autant de formes inaïtérables limitées dans le nombre de leurs dif- férences , & fans limites dans celui de leurs individus , lefquelles demeur- (a) Non zamen cmnimodis conne&i polfe putandum eff emnia, &c. Lucret. de Rerum Natura, Lib. FH. Carmm 6 08. # b) Primordiarerum , &cc. Lucret. Ibid. Carm. 17. des Vers... 19 rent cachées dans (4) tous les êtres , & font dit-il, comme autant-de {ceaux & de caracteres invariables , d’où. viennent toutcs les figures diféren-- tes qui conftituent les efpéces. Chaque animal a donc en foi une: maticre propre à produire un animal fon femblable , foit par l’accouple-- ment , foit fans accouplement. Cette: matiere multiplie plus ou moins , fe-. lon la nature du lieu où Panimal fe: rencontre. Les Infectes par exemple, . fe trouvant dans un lieu propre. à: leur nourriture, y dépolent quantité d'œufs, ces œufs produifent d’autres: Infeétes , ces Infeétes d’autres œufs. & toujours ainfi jufqu’à l'infini. Or comme ces œuis font fort petits &' fort legers, il eft facile de juger qu'ils: peuvent être épars dans l'air , dans: l’eau & fur la terre, par lemoyen des: vents & des pluyes , & que fe confer-- vant de la même maniere dont fe con- fervent les graines dés plantes , ils fe: reveillent aufli-tot qu'ils trouvent une’. » maticre & uné chaleur convenable.Ill s'enfuit que ces œufs peuvent s’intro- duire fouvent dans les mixtes , qu'ils (a) Irvenies igitur muliarum femina rerim ; éorpora sœlare € varias cobibere figuras , ibid. Carm. 675. B 1j 20 De la Générarion peuvent entrer dans les fruits ; non feulement par dehors , maisavecle fuc que la plante tire de la terre, & _c'eft par ce moyen qu'on peut expli- quer d'où vient qu'on voit des Vers dans certains fruits, fans qu'il parole fur la peau de ces fruits, aucune trace de piqûre. Ils'enfuit de fa même rai- fon , que ces œufs peuvent venir dans notre corps avec les alimens & avec l'air. Les femences dont il s’agit, étant ainfi mélées partout , ow produifent, ou fe confervent , ou fe détruifent fe- lon que le lieu où elles font leur ef , oupropre, ou indifférent, ou contrai- re. Car fi la matiere furabondante croupifloit en attendant que la cha- leur vitale du mixte vint à l’aflujetir & à la tranfimuer, il eft hors de dou- te qu'il fe feroit une fermentation étrangere, & contre nature, qui, par le levain de la matiere inutile infec- teroit toute la mafle. Mais elles ne: s'infinuent pas feulement par lemoyen de l'air & des alimens, elles entrent encore trés-fouvent dans les chairs par dehors , & s'y arrêtent d'autant plus facilement qu’elles font fort fubtiles., & qu'en comparaifon de leur fubtili- té, la plus fine peau du corps elt três- LR : Lulu | des Vers. ZT grofliere. Ajoutons à cela que cette peau eft remplie de cavités , dont les unes font pleines de fueur , les autres de petites écailles , & toutes plantées . d'un petit poil ; ce qui fait que ces fe- mences. s'y engagent aifément , & -qu'elles y produifent de petits ani- maux qui rongeant les cellules étroi- tes dans lefquelles ils font éclos , ou- vrent les vaifleaux imperceptibles épars fur la peau, & par cette ouver- tare font échapper la liqueur conte- nue dans ces mêmes vaifieaux , la- quelle par fon féjour , fermente, ou fe change en pus, & forme plufeurs pe- tites galles fous lefquelles ils fe tien- nent couverts. C’eft ainfh que les Ci- rons & plufieurs autres fortes d’infec- tes s'engagent dans la chiair. L’expc- rience le fait voir en ceux qui manient long-temps des Hanctons ou des Vers à foye , car ris ne manquent pas d’a- voir bientôt fa galie , parce que ces Infetes, ainfi que tous les autres, font chargés de la femence de plufieurs autres Infeétes moindres qu'eux , la- quelle eft par eux dépoféc dans la main qui les touche. Et comment ne feroient-ils pas chargés de ces femen- ces, puifqu'ils font tout couverts d’a- 22° De la Géneration nimaux imperceptibles qui les ron- gent ? ainfi qu'on le remarque dans: l'Efcarbot licorne , fur lequel le mi- crofcope découvre une infinité de pe-- tits pous. On voit la méme chofe dans: plulieurs autres Infeétes , lefquels fonc tout occupés à fe debarrafiër d’une: vermine importune qui les dévore:. Telle eft la Mouche , par exemple, qui nettoye continuellemrent fes aîles, . a tête, fes picds, & s’épluche fans cefle. Car fi on la confidere avec le’ microfcope , on y difcerne fouvent: divers animaux qui la fucent. Ces ani- maux font fans doute encore fucés par d’autres, & ces autres par d’autres ,. felon ce qu'il y a de matiere corrome pue en chacun d'eux pour nourrir quelque autre efpéce d'animal dont la: femence s’y puife arrêter. Qu'on n’objecte pas que comme on° voir des Vers de différentes efpéces dans les matieres différentes dont ils. fe nourriffent , il y a lieu de croire que ces Vers tirent leur premiere ori- gine de la matiere même dans laquelle on les voit, car c’eft une difficulté que: nous avons déja prevénue , en dur qu'il en eft des femences des Vers, . comme des graines des plantes, dons des Vers. z3: les unes ne peuvent poufler qu’en cer- taines terres, & les autres dans d’au-- tres. Ainfi les Vers qui mangent les: pois font différens de ceux qui: man- gent les cerifes ; & la vermine des: Brebis differente de celle des Oifeaux,. parce qu’il y a dans chacun de ces fu-- jets, une matiere propre à faire éclo- re une telle efpéce de Vers, & non: une autre. Qu'on ne dife point que la quantité. extraordinaire de Vers qui fe trou- vent dans certaines chofes pourries ,. fait voir évidemment qu’il n’y a point d’autre femence de ces Vers que la matiere même où ils naiffent, laquelle: fe transforme en ces animaux ; car ii’ arrive ici à l'égard de ces Infe&es, ce: qui arrive à l'égard des troupeaux : Où font les bons paturages, là fe trou- vent des Bœufs & des Brebis en abon-- dance. Mais comment concevoir ,. dira-t-on , qu’il fe puiffe former par autant de femences, un nombreauñfff: extraordinaire d’Infectes qu’il en fort: de la chair corrompue de certains ani-- maux ; par exemple une quantité auf: prodigieufe d’Efcarbots & de grofles Mouches qu'il s’en produit à la cam- pagne dans la ficnte des Vaches, dans 24 De la Génération celle des Brcbis , des Mulets & des Afnes ? Je réponds que les herbes étant toutes couvertes de petits Infeétes & d'œufs d’Infectes, les Bœufs & les Va- ehes en broutant l'herbe , fe remplif- {ent de ces femences. Cela fuppolé, je dis que ces femences étant différen- tes dans leurs efpéces , &8c par confé- quent dans leurs figures & dans leurs mafñles , celles qui ont plus de lege: reté, & dont la figure eft proportion- née aux conduits.par lefquels doit en- trer le fuc nourricier de ces animaux, font portées dans les chairs, où elles fe confervent quelque temps , toutes prêtes à produire ce qu’elles contien- nent, fi-tôt que l'animal mort fera corrompu ; & celles qui ont trop de mañe , ou dont la figure n’a pas de proportion avec ces conduits, font re- jettées avec les excremens , & pouf: {ent enfuite leurs Vers de la même. maniere que nous voyons dans le fu mier , certains grains d'orge & d’avoi- ne fortis du ventre du Cheval , pouf- fer l'herbe qu'ils contenoient. De plus, les Mouches venant à fe pofer fur cet- te chair & fur cette fiente, peuvent encore y laifer plufieurs œufs propres à produire diverfes fortes d'animaux > ŒERE des Vers, 25 car c’eft quelque chofe d’incroya- ble que la quantité d'œufs que font les Mouches. La femelle des Abe:il- les ;, que l’on appelle le Roy, en jette plus de fix mille par an ; Jean de Hoorn , fameux Anatomifte , a fait plufcars obfervations curieufes {ur ce fujet. ES On rémarque que la poudre de Viperé fe remplit de Vers quand elle a été gardée quelque temps, en forte qu'on eit obligé, pour la conferver , de la réduire en pâte, avec une fufifante quantité de mu- filage de gomme adragant, & d’en former des trochifques, qu'on fait [6. cher au foleil pour les pulvérifer fe- lon le befoin. Ce fait n’eft pas plus contraire à notre fentiment que les autres que nous avons rapportés , rien n'empê- chant de penfer que ces Vers fe pro duifent dans la poudre de Vipere par des fémences qui étoient enga- gées dans la chair de la Vipere lorf- que l’animal vivoit , & cela confor- mément à l'explication que nous ve- nons de donner au fujet des Infeétes qu'on voit naître du cadavre des au- Zome I. 26 De la Génération tres animau x. M.Rédi prétend que f l'on tient enfermé dans un vaiffeau bien bouché, de la chair fraîche , ou quelqu'une des autres chofes où il vient ordinairement des Vers, il n’y en naîtra aucun ; d’où l’on conclud ue ces Vers ne s’engendrent que par Le fémences qu'y laifent les Mou- ches en fe pofant deflus. L’expérien- ce qu'apporte M. Rédi ne prouve rien, puifqu’en Eté , par exemple, quelque fraîche que puiffe être la viande , il eft impoflible qu'il ne s’y pofe toujours quelques Mouches, & qu’elles n’y laiffent par conféquent des œufs ; en forte que fi alors on énferme cette viande , & qu'il ne s'y produife point de Vers , il faut conclure au contraire que ce ne font pas les Mouches précifément qui produifent les Vers dans la viande , mais que ce font d’autres caufes avec celles-là : en effet ne fe peut-il pas faire que le vaiffleau étant trop étouf- fé empêche les Vers d’éclorre ? Ce- pendant la poudre de Vipere que on conferve toujours fermée , fe remplit de Vers fi l’on n’a pas foin d'apporter les précautions que nous des Vers. 27 avons dites. D'où s'enfuit que pour expliquer la génération des Vers qui naïiflent de la chair morte des ani- maux , il eft plus naturel de recou- rir à des fémences qui y foient en- crées dès le vivant de l’animal , fans nier cependant que les Mouches n’y en puiflent apporter de nouvelles, fi elles fe pofent deffus. Il nous relte à examiner quelle eft la matiere la plus propre à faire éclorre des Vers dans le corps de Homme , & à les y nourrir quand ils y font une fois éclos. Si l’on con- fidere que les enfans font Les plus fu- jets aux Vers, & que leur principa- le nourriture eft de lait & d’autres alimens doux qui fe tournent aifé- ment en aigre, On n'aura pas de pei- ne à trouver la véritable caufe qui fait éclorre les Vers dans le corps. En effet puifque le lait s'aigrit pour l'ordinaire dans l’eftomac de ceux qui en boivent fouvent , & que ceux qui font accoûtumés à cette nourri- ture , font prefque toujours attaqués de Vers, il eft naturel de conclurre que c’eft un aigre qui fait éclorre les Vers dans le corps ; mure aigre 1} 48 De la Génération quel qu'il foit , car il y a des aigres qui les tuent ; mais un aigre qu'on peut appeller aigre-doux, tel que ce- lui qui s'engendre dans nos corps par la corruption du lait, & par lacor- ruption des fruits. Cet aigre - doux excite une fermentation infenfible, très-propre par fon mouvement à développer les parties du Ver enco- re enfermé dans fon œuf , & à lui procurer quand il eft éclos , Pac- croifflement néceflaire. Que faut-il pour faire naître un Ver dans les in- teftins ou dans quelque autre partie, finon une matiere qui fermente dou- cement, & qui communiquant une legere raréfa@ion à l'humeur de l'œuf, dans lequel le Ver eft renfer- mé , dégage infenfiblement les pe- tites parties de ce Ver , &c les nour- rifle en s’y introduifant peu à peu >? Gr on ne trouvera dans le corps de l'homme aucune matiere plus pro- pre à produire cet effet, que l’aigre- doux , qui étant un acide embarraflé dans des parties terreftres & fulphu- reufes , ne fcauroit être que trés-ca- pable d’exciter les mouvemens in- fenfibles dont nous parlons ;. & c’eft des Vers. 29 cé que l'expérience confirme , puif- que ceux qui ufent fans modération de certains alimens doux faciles à s’aigrir , comme de lait , de fucre, de fruits , de miel , font plus fujets aux Vers que les autres. Aufli remar- que-t- orÿ que tes remédes qui corri- gent les acides , font tous contraires aux Vers. C’eft pour cela que certains amers font fi bons pour guérir & pour prévenir cette maladie. En voi- à aflez pour fa produétion des Vers en général ; voyons en particulier comment , felon les principes que nous avons polés, le Ver , qui a dori- né occafion à ce Traité ,a pu fe pro- duire dans le Malade qui l'a rendu. 11 femble d’abord qu'il fuffife pour comprendre la produétion de ce Ver , de fuppofer que le Malade ait bü ou mangé quelque chofe en quoi le germe de cet Infeéte fût renfer- mé, foit que le Ver qui aura jetté cet- te fémence air vécu dans le corps d’un autre homme , ou ailleurs, foit qu'il ait été aufli long , ou qu'il l'ait été moins, tant pour n'avoir pas _ achevé fon accroiflement faute de temps, que pour ne Favoir pu faure C üij. 30 De la Génération de nourriture ; car comme il eft des animaux qui ne pañlent pas une cer- taine mefure , il en eft d’autres qui croiflent toujours felon l'abondance & la qualité de l'aliment qu'ils trou- vent. C’eft pour cela que l'on voit des Mouches prefque aufli groffes que des Hannetons, & que les Vers prefque imperceptibles qui font dans les bouteilles de vinaigre deviennent beaucoup plus longs & plus gros dans les tonneaux des Vinaigriers. Je dis donc que pour la génération du Ver dont il s'agit, il a fuffi que le Malade ait avalé quelque chofe en quoi füt la fémence de cet Infec- te : & fi l’on me demande comment ectte fémence pourroit fe trouver dans les alimens , je répondrai qu'il n’eft pas plus difficile qu’elle s’y trou- ve , que la fémence d’une infinité d’autres Vers qui font dans les fruits, dans le fromage, dans les herbes, &c.. cependant pour ne point défendre un fentiment qui a fes difficultés , ne pourroit-on point dire , au cas que la fémence de ce Ver ne fût pasen- trée avec les alimens dans le corps du Malade, qu’elle y a peut-être paf- des Vers. GE fé avec la fubftance même du pere dès le temps de la conception ? Car comme l’on ne voit nulle part , foit fur la terre , {oit dans l’eau, des Vers fi longs , pour donner lieu de croire que les germes en puiflent être étran- gers à l'homme, ne fe pourroit -1l pas faire que ces mêmes germes euf- fent été créés dans ceux de l’hom- me , avec l'Homme même , ainfi qu'on le peut penfer des germes des poux qui ne fe trouvent qu’à lhom- me , & dont l’efpéce feroit détruite fi celle de l'homme (4) venoit à man- ri En forte que ce Ver ne fe pro- uit peut-être en nous , que parce qu'il a déja fon germe tout créé dans 1 matiere qui produit l'homme ; femblable à ces plantes (4) qui croif- fent fur d’autres de différente nature, & qu'on ne voit jamais venir ail- leurs; car il y a bien de l'apparence Rio ont leur fémence renfermée ans celle des arbres même ou elles s'engendrent. Le germe de ce Ver peut donc avoir été dans celui du fæœ- tus. (a) Voyez La Lettre de M, Hartfoeker, à la fin de ce: ZLirre. : (b) Le Gui, € iv 32 De la Génération Ainfi lorfque cet Infcée a été in- troduit dans le corps, foit par les ali- mens, ou de la maniére que nous venons de dire , il eft à fuppofer qu'il y a rencontré toute la nourri- ture néceflaire à fon aecroiflement, & que par ce moyen, ileft parvenu à la longueur extraordinaire dent nous l'avons trouvé. Peut-être même que s'il ne {e füt pas rompu, l’au- roit-on vüû de toute la longueur des inteftins, qui eft , felon Hippocrate, la mefure qu'il a coûtume d’avoir dans ceux qui ont atteint l’âge de puberté, ou qui font prés d’y en- trer (4). Le même Hippocrate niant que quand ce Ver eft parvenu à cette étendue , il croît toujours comme auparavant, ce qui favorife le fenti- ment de Pline {b) qui dit, qu'on en a vü quelquefois de plusde trente pieds, & ce:-qui eft confirmé par des exemples récens encore plus ex- traordinaires ;. car M. Hartfoeker m'a mandé (c) d’Amfterdam , que M. Ruiïfch, célébre Profefeur d’A- (a) Hipp. Liv. IF. des Mal:dies, €b)Plin Hift. nat. Lh. FI, ch. 33. (c) Voyez la Lettre de M. Hartiocker à la fin de ce livre, des Vers. | hatomie dans cette Ville-fà , lui en avoit fait voir deux, dont l’un avoit plus de quarante-cinq aulnes de France. M. de Montabourg, celc- bre Médecin de la Faculté de Paris, & Médecin à Saint Germain en- Laye, m'a éerit le 30. Mars 173 5. - qu'iltraitoit dans cette Ville-là, une pauvre fille tourmentée d’un Ver {o- htaire , dont elle avoit rendu des lambeaux qui pouvoient fe monter à la longueur de 40..aulnes. Cette étendue ne doit point furprendre, puifque de la maniere dont ce Ver ND = KKKÈ ÈS PE >" l | 2) ) Ù) A SAN roma RSR 2 7 A EZ ge = A NS À NS ds AE WA Q\ % 1! 1 NN d », H ie T ni S “ A \\ j ( K : RHBEUS f TT ZA J LAN \ N N p PE IK / ml ] 1} ZA o te Z qi! ff Ÿf NS om, 2°: MIS: : 1 ARODROR D h pl ] y / D nat à 7SS LR Fe 1 ë eZ {} Wu # 2? Fe \ FE #. D] RC Z d | {/ , _ N CDS | l} Ze N SEEN 4, EN à l y / ft articulé, il lui eft facile de fe 34 De la Génération raccourcir , & de s’accommoder at lieu qui le renferme. Aufñli fait-il plufieurs mouvemens différens , juf: ques-là qu'il fe roule quelquefois tout en pelotton, comme dans la figure ci-devant. Nous en rappor- terons plufeurs exemples dans la fuite. Nous pouvons obferver ici que Fopinion d’Hippocrate : que fou- vent ce Ver s'engendre dans len- fant au ventre de la mere, paroît trésvrai-femblable , en ce que l'on voit des enfans nouveaux nés en rendre de cette forte, qui font ex- “trémement longs, & cela dès la pre- miere fois que leur ventre fe purge, ainfi que l’a remarqué le même Hip- pocrate. Or il n’y a paslieu de croi- re qu'un animal d’une longueur fi extraordinaire püt croître en aufli peu de temps qu’il le faudroit pour fortir fi long du corps d’un enfant nouveau-né , fans y avoir été pro- duit dés le ventre de la mere : c’eft le raifonnement d'Hippocrate (4), & cela paroît trés-concluant. On à vü des enfans très-jeunes en rendre (4) Hipp. div, IV. des Maladies, des Vers. D; qui avoient plus de quatre aulnes ; & Gafpard Wolpius dans fes Obfer- vations , cite l'exemple d'une petite fille à la mammelle , qui en rendit un de cette longueur , par le moyen d’un purgatif qu’il lui ft prendre à ce deffein. Sennert (4) dit que ce Ver s’en- gendre dans l’homme à toute forte d'âge ; il rapporte pour le prouver, l'exemple d’une fille de douze ans, celui d’une femme de vingt-trois , & celui d'un vieillard de quatre- vingt , qui furent délivrés de Vers femblables ; mais ces exemples font voir feulement que le Ver dont il s'agit, fe peut trouver en toute forte d'âge, & non qu’il s’engendre à tout âge. Ce vicillard , par exemple, pouvoit avoir apporté le fien en naïflant , felon ce qu'écrit Hippo- crate (b), que c’eft un Infc@e qui vieillit avec bi hôte. Il ne fera pas difficile de com- prendre que ce Ver fe puifle engen- drer dans l'enfant au ventre de læ mere , fi l’on fait réfléxion à l’a- (a)Senn. Prax. Med, lib. TITI. part, 1. cap. 30. € 2.) Hipp. Liv, IF .des Maladies, 36% De la Génération bondante nourriture que reçoit ke fœtus, puifqu’il fe nourrit 1°. parle cordon umbilical. 20, Par la bouche. 3°. Par les pores de la peau , enforte qu'il eft difficile qu'une nourriture fi abondante ne foit fujette à fe cor- rompre pour peu que l'enfant man- que des conditions néceflaires à une parfaite digeftion. dan Il eft vrai que le fœtus croiffant infiniment plus vite dans le fein de fa mere que lorfqu'il eft né, (car sil croifloit autant après {a naiffance qu'auparavant , ce feroit à quatre ans un géant énorme , ) il lui faut alors une quantité extraordinaire de nour- riture pour fournir + um accroifle- ment Ê prompt; mais il faut auñli que l'enfant la puiffe digérer parfai- tement , fans quoi le fuperflus de ce fucnourricier f tournant en corrup- tion , peut donner heu à la généra- tion du Tænia, ou Solitaire, qui eft le Ver dont il s’agit, & fuffife en- fuite pour le nourrir , quelque lon- gueur qu'ilacquiert. | Nous remarquerons avant que de finir ce Chapitre, que lorfque ce Ver ef une fois forti.du corps, ilne des Vers. 37 s'y en engendre plus de femblable ; c’eft le fentiment de Spigelius & de tous lesMedecins , qui ont examiné avec attention, la nature de cet In- fete, dont nous allons confidérer encore plusexactement l’efpece dans: le Chapitre fuivant , où nous avons à parler des différentes fortes de Vers qui fe produifent dansle corps humain. CHAPITRE IIL Des différentes efpéces de Vers qui s’engendrent dans le corps de L'homme, © par occafion, de quelques-unes de celles qui s’en- gendrent dans les minéraux, dans les végétaux © dans les ani- maux. N voit tant d’efpéces différen- O tes parmi les Vers, qu'on peut dire qu’il n’y à pas de genre d’ani- maux où l’on en remarque un fi 38 De la Génération grand nombre. Il s’en engendre de plufieurs fortes dans les animaux, dans les végétaux & dans lesminé- raux. Je ne parle point de ceux que les Anciens ont cru qui naifloient & qui fenourrifloient dans le feu , qui voloient à travers la flamme fans fe bruler , & qu'ils ont appellés pour ce fujet Pyraufles , d'un nom grec qui fignifie à l’épreuve du feu , car ce fait eft une fable; il n’y a point d’autres Pyrauftes que ces petits Ver- mifleaux ailés, qu'on voit voltiger fouvent autour des bougies & des chandelles allumées , dont ils tra- verfent quelquefois Îa flamme, à laquelle ils fe * brulent le plus fou- vent. Ce font fans doute ces animaux qui ont donné occafion à Ariftote & à Pline de dire, que dans l'Ifle de Chipre on voit aux fourneaux des forgerons, des Infeétes volans, gros comme de groffes mouches, jefquels font engendrés du feu, & meurent fitôt qu'ils s’en éloignent ; parce qu’en effet, dès que ces petits animaux ont brulé l'extrémité de leurs aîles , ils tombent auprés de . des Vers. 39 l'endroit où ils fe font brulés. Je ne parle point non plus, de ceux que le même Pline dit qui s’en- gendrent dans la neige ; on trouve quelquefois des Vers fous la neige, comme on y trouve de petites her- bes verdoyantes ; mais il ne s’enfuit pas que ces Vers foient engendrés de la neige. On lit dans le Journal des Sçavans , du Lundi 13. Décem- bre 1677. que le 20. Novembre de la même année, il tomba avec de la neige, une fi prodigieufe quanti- té de dix ou douze efpéces de Vers, que tout le pays en fut allarmé. Monfieur l'Abbé Galois, alors Au- teur du Journal, donne la figure de huit efpeces de ces Vers. On y peut recourir. . J'ai dit qu’il s'engendroit des Vers dans les minéraux , dans les végé- taux & dans les animaux. Quant aux minéraux , on voit des Vers qui rongent les pierres mêmes ; ces der- niers font longs d’environ deux li- gnes, larges de trois quarts de lignes, enfermés dans une coque grifâtre, ayant une tête fort srofe, des yeux noirs & ronds , quatre efpeces de 49 De la Génération mâchoires difpofées en croix, qu'ils remuent continuellement , lefquel- les s'ouvrent & fe ferment comme un compas à quatre branches(#}, & trois picds de chaque côté vers la tête. | Le mortier ? Or pourquoi ce qu'une goutte de li- queur , par le mouvement de fes par- ticules. tranchantes , eft-capable de faire fur un corps folide , une petite machine animée comme le Ver, ne l'y pourra-r-elle pas faire, fup- polé que cette machine ait des dents d'une finefle, & d'une figure propre. à- s’infinuer entre les parties de ces corps? ajoütons que la plupart des In- feétes ont unc falive corrolive, qu'ils répandent fur tout ce qu’ils touchent, & par le moyen de laquelle ils vien- nent à bout de réfoudre des ma- tiéres extrêmement dures, 1fques- R même , qu'à la Chine (-c’eft un fait avéré.)( 4 il y.a des Fourmis,. qui percent en-une. nuit des portes de cabinets & d’armoires, & qui rongent même le cuivre, l’argent, (a) Mémoire du Pere le Comte Jéfuite, fix l’étas æréfent de la Chine;’ Tome I. D. "4 42 * De la Génération. &z le fer, fur quoi on difcerne quel: quefois les traces de leurs petites. dents , ce qu'on ne peut attribuer u'à la qualité particuliere de leur dise , qui eft comme une efpéce- d’eau-forte. | Pour ce qui eft des végétaux, if n'y a guère de plante qui n'ait {on Ver , fa Chenille, fon Papillon. On remarque que l'arbre qui produit la €ochenille, noufrit en même temps. dans cette coque, de petits Vermif- feaux d’une elpéce particuliere , lef- quels en fortent en forme de Mou- cherons quand elle eft féche, & qui Jui ont fait donner le nom de Ver- millon.… Cette coque eft formée du fuc même de la plante par la piquure d'un Ver, comme il arrive au Ker- mes (4 ) ; fur quoi il ne fera pas inu- tile de remarquer qu’un Ver de pa- reille nature, en piquant les feuilles. de chêne , & s’enfermant dans le fuc ui en fort, donne occafion aux Aufes noix de galle qu’on y trouve: {-«y L'origine du Kermés par Îa piquure d’ün Ver, eft une découverte due à M. Fagon, premier Méde- gim de Louis XIV. - des Vers © 43 que ce qu'on appelle pommes de chéne, {e forme aufli du fuc que jettent les petites branches que des Vers ont 6 45 ; que la même çau- fe produit le Bedeguar Arabum , où Péponge del'Eglantier, & cette ex- croiflance qui vient aux chardons. parmi les avoines, laquelle on porte fur foi comme un préfervatif contre les hémorrhoïdes ; que le lierre ter- reftre eft fouvent chargé de tuber- cules femblables , dans lefquels .. comme dans tous les précédens, on trouve des Vers, ou les trous par lefquels ils font fortis, quand l’en- droit piqué, lequel fe cicatrife à la: fin, n’a plus fourni à ces Vers le fuc- qu'ils tiroient.. PS On trouve des Vers à la pimpre- nelle, à l’abfynthe , & à plufieurs: autres herbes, lefquels font tous dif- férens ; & parmi ces Vers qui vien- nent aux plantes, les uns font parti- culiers à la tige; lesautres aux feuil-- les ; les autres , à la fleur ; les autres, à à racine; lesautres, 4 la graine’, & font tous autant d’efpéces à part. J'ai obfervé à Plombieres, où le: Deronic à feuilles de Plantaia croît Di; 44 De Îa Génération en abondance, qu'il n’y a pas une fleur de cette plante , dans le-fond de laquelle on ne trouve cinq à fix Vers fort vifs. Ces Vers font blancs, Tongs & ronds, & quand ils ont de- meuré quelques jours dans la fleur , ils deviennent féves. Ces féves ou coqués font noires; & aprés plu- fieurs jours il en fort de chacune une Mouche, dont les aïîles font mar- quées de taches jaunes , leurs têtes {ont añez grofles, & ce qu'il y a de remarquable , e’eft qu'on voit ces têtes s’allonger, fe raccourcir, di- minuer & groflir comme une veflie: dans laquellé on introduiroit du vent, & d’où enfuite on le retire- roit , ce qu'on obferve très-fenfi- . blement avécle microfcepe. Quand cette Mouche f6rt de fa féve, ele tire d’abord fa tête dehors ; enfuite deux jambes, puis Îles autres avec tes aîles & le refte du corps. C’eft quelque chofe de curieux que les efforts qu’elle fait pour fe dégager de {à prifon. Elle eft bien deux heures dans ce travail, & j'ai eu la patience de m'en donner le fpeétacle. La fève ou coque , comme j'ai dit , €ft noire des Fers. 4$ en dehors:,. mais le dedans eft reve- tu d’une membrane blanche. Cette membrane qui h comme-une efpé- ce de fatin doux, fe fépare de la co- que par parties , à mefure que la Mouche fort, & quelquefois lani- mal en entraîne avec foiune portion, de laquelle il a de Ja peine à fe de- barrafer. J'ai fouvent vü danse poi- vre long, de petits Vers blanchâtres qui ont comme un mufeau de Co- chon, le corps reluifant , fix pattes. & la tête comme une petite perle d’ambre : pour les trouver il faut prendre du poivre entier, qui foit un peu vieux, & le cafer errtravers, on y voit alors ces Vers enfermés dans des-niches , où ils font pliés comme en rond. Louis Hanneman- aus dit avoir vü du poivre (4) tout rongé de Vers; il décrit ces Vers, & dit qu'ils ont la tête rouge & le corps tout blanc (4). J'en ai vû dans de la Rhubarbe à 42) Thom. Barthol. Aa Meédica er Philofoph.. Af- aienfia. Cap. TI. vol. 2. (b) Piperata acria Vermium generationi refflere cre- dantur: contrarium antem expertus [um , dum eten:m an- 2e dies aliquot in fchedam aliquam inciderim , in qua pa. per sonfervainm, reperi albas vermes, capitibiss rubris.s 46 De la Génération qui reflémbloient à des Hannetons : Il y a quelques années qu'étant aux Eaux de Plombieres avec M. le Duc: de S. Simon , le Gardien des €apu- cins de ce lieu-là vint me confulter- fur une indifpofition qu'il avoit ; je lui confeillai de fe purger avec de la. Rhubarbe ; il me dit qu'il en avoit de bonne ; je la voulus voir , & Fayant examinée , je lui annonçaï qu'il alloit trouver des Vers dans. cette Rhubarbe s'il la coupoit , ow s'il la rompoit. Il la fendit auffi-tôr en divers endroits, & à vit avec fur- prife , la vérité de ce que je lui avois. dit. Ces Vers avoient des aïîles com me des Hannetons. If en tira plus de: douze , qu’en ma préfence il enfer- ma par curiofité dans une boëte. Au Bréfil. Îles cannes à fucre font fouvent endommagées par un petit Ver qui en mange les racines, & qui par-là fait fécher fur pied toute 14 plante. Les Brafiliens appellent ce Ver Guirapeacoia, les Portugais Pao de: Galinha.- qui non folum arreferwnt piper , [ed co: in pollinem redï. gerant Job. Lud l:anneman. apud Thom, Barthof!.. A&. Med, & Philofoph.Hafnienfa; Vol, IE cap, CXI, des Vers. 47 L’Auteur qui rapporte ce fait dit que l’Infeéte dont il s’agit , eft une efpéce de Grillon , & qu'il ena vu de deux fortes , l’un qui a des aïîles,. & l’autre quirampe; il ajoute qu'il en avoit nourri un de chaque forte l'efpace d’un mois , avec du fucre brute , dans lequel on les lui avoit envoyés des Indes. Ce Ver, à ce qu'il remarque , étant mis dans du ris, en fait auñli fa pâture , le fucre brute lui convient mieux que le raf- finé. Ce dernier à caufe de la forte leffive par laquelle il a pañlé & qui Pa rendu blanc, efttrop chaud & trop âcré pour le pouvoir nourrir: long-temps ( 4 ). Les fucs des fruits, comme le vin. le vinaigre , le cidre, font quelque- fois fi pleins de Vers, qu’on yen dé- couvre des milliers avec le microf- cope , tous différens en efpéces felon la diverfité des fucs ou ils s’'engen- drent. : " Le bois le plus dur eft aufli man- _gé de Vers, & ils’en produit dans les planches des Navires de plus gros (a) Marc. Gravius. b. 2. Hiflor. Braf. cap. x6:- Zh. Barth. affa Med, € Philef, Hafnierfis, lib. 4, 43 De la Génération que des Vers àfoye: ils font tendtes & reluifans, ils ont la tête noire & dure, & trouent les piéces de bois les plus épaifles, ce qui met en grand danger les Vaifleaux. Il y a dans le Journal des Scavans de 1666. par M. l'Abbé Gallois, l'extrait d’une lettre écrite d’Amfterdam, dans la- quelle on marque que les Vers dont il s'agit, trouent tettement les œu- vres vives des Vaifleaux qui vien- nent des Indes dans ce Port-là , que les Vaifleaux prennent eau de tous côtés; 8 qu’on ne fcait comment prévenir un fi grand-mal. On a.cru d'abord y réuflir en doublant de mes de fer blanc ou de plomb , les œuvres vives des Vaifeaux , mais cela n’a fervide rien. On s’eftenfuite avifé d’'ycattacher des têtes de cloux fi proche lesunes des autres, qu'il n'y eût point d’efpace entre deux. Çe moyen à été auffi inutile que le premier » foit que les Vers fe Rita rcés des routes inconnues , foit qu'en mettant les cloux dont il s’a— git, on'ait enfermé ces Vers ou leurs œufs fous les planches & fous les cloux , comme des Loups dans I bergerie. des Vers. 45 Bergerie. Un troifiéme moyen 2 été mis en ufage ; c'a été de revé- tif d’ais de fapin, ces œuvres vi- ves, & de mettre entre les aix du bordage , & ceux du doublage, beaucoup de bourre, de cendre, de chaux, de moufle & de charbon; mais cet expédient n’a pas empêché les Vers de pénétrer jufqu’au corps du vaifleau. C’eft en général quel- que chofe d’incroyable que la fa- gacité des Vers à éluder vous les obftacles qu'on leur oppofe, & ce que font ici les Vers des vaifleaux , eft une image naturelle de ce que font dans les inteftins & dans d’au- tres parties , les Vers du corps. On a beau employer toutes fértes de remedes, pour s’en garantir, ou pour s’en délivrer , on n’en vient à bout qu’à peine,& à moins de quel- ques remedes fpécifiques , tels que nous en indiquerons dans ce Trai- té, c’eft toujours à recommencer. Les Vers des vaiëaux font mol- laffes & très-tendres ; mais comme ils ont à ronger un bois trés-dur, la nature femble avoir voulu pour- voir fur cela à leurs befoins, en leur Tome I: E ça De la Génération donnant une tête très-dure, armée de deux coquilles pointues par le bout comme le fer d’un villebre- -quin de Menifier , & garnies cha- Cune d’un croc , par le moyen de quoi ils s’attachent aux planches &c les percent. Ces coquilles , {e- Jon la remarque de M. Deslandes, “Commiflaire (4) & Controlleur de la Marine, lequel à examiné plufieurs de ces Vers, ont le dou- ble avantage de pouvoir jouer fé- «parément & différemment l’une de Yautre. Tout le travail du Ver , tout ce qui peut lui procurer & le loge- ment & la nourriture , dépend de ces deux coquilles, & de la ma- niere dent elles fe meuvent, fi par hazard leurs pointes viennent à s'émoufler , le Ver meurt, parce qu'il ne peut plus fe creufer de lo- gement faute d'outils convena- bles, ni fe préparer une nouvelle nourriture. (b) Il y a unc autre efpéce de Vers qui rongent le bois des vaif- {eaux ; ceux-là ont une infinité de a Recueil de différens Traités de Phyfique. ‘b Ibidem, des Vers st attes armées de crochets. M. Def. Aude que nous venons de citer, conjecture que ces pattes leur fer- vent pour fe cramponer aux fibres du bois, afin qu'étant bien appuyés, ils puiflent travailler avec plus de foreer 1 Il y en a une troifiéme efpéce ; qui n'ont m jambes , ni crochets, mais qui fuppléent à ce défaut par une liqueur gluante avec laquelle ils fe collent aux fibres du bois. Cette liqueur eft non -feulement gluante , mais pierreufe , ce qui fait que le chemin quefe trace chaque Ver de cette efpéce, paroît revêtu d'un conduit pierreux , & de la même nature que les coquilles de leur tête. En voilà affez pour ce qui con- cerne les Végétaux. Quant aux Animaux , il n’en eft prefque point où ilne fe trouve des Vers, & tous d’autant d’efpéces dif. férentes que les Animaux où ils naiflent , font différens. Il y en a dans prefque tous les poiflons, & on en découvre dans les Hu'’tres de brillans ou lumineux, qui font Eij 42 De La Génération d’un rouge blanchätre , longs de cinq à fix lignes, & gros comme de petits fers d’aiguillettes. [ls:ont cinquante pattes , vingt-cinq de chaque côté, & le doscommeune anguille écorchée. | Les Tanches font fort fujettes aux Vers : on y en trouve de plats qui font fort longs , & qui reflem- blent au Tænia ou Solitaire de Fhomme pour la longueur , peur la largeur, & pour la couleur. Ils ne {ont point articulés comme le Tænia de l'homme; mais ils ont une efpéce de fillon ou de pli tout le long du milieu du corps, depuis une extrémité jufqu’à Pautre ; l’une de ces extrémités eft mouflue & affez large 5 l’autre plus pointue & étroite. Tout le corps du Ver eft aflez épais, & un peu plus ordinai- rement, que le plus épais Tænia de l'homme. J'en ai confervé quatre pendant plufieurs années dans de l'eau-de-vic. Si-tôr que je les eus, jen fis graver deux, qui font ceux qu'on voit dans la planche fui- vante. . Monfieur Rongeard, Médecin à 1 UUI mi === NT cu fil lets se el lum 7 CR EL LE æ des Vers. 53 Eaïgle en Normandie , homme curieux & fçavant , ayant lu cette Obiervation dans la derniere édi- tion de mon Traité, a ouvert & fait ouvrir un graud nombre de Tanches , dans l4 plüpart defquel- les fe font trouvés effectivement des Vers tels que ceux-là; ce qui lui a donné lieu de’ faire des Obfer- vations qui ne foñt pas indifféren- tes , & qu’il m'a côémmuniquées. » Je vous envoyc', me mañde-t-11, » un Verde l’efpéce de ceux que le » Carème dernier, Fontrouvoiteñ » ce pays, dans la capacité du ven- »tre de la plüpart des Tanches qui » fe vendoient dans notre poifflon- »nérie ; Car j'en fis ouvrir une fort » grande quantité. Ces Vers ne »font point renfermés dans les »“boyaux du poiflon, ils font de- »hors & flottent avec eux dans la » capacité du ventre. J’ai mêmere- » marqué qu'ils ne tiennent à rien. »Ils font minces comme des ru- » bans. Celui-ci, quand il fut tiré, » étoit large d’un demi-pouce, & »avoit prés d’un pied de long. Il y #cn avoit dans quelques autres E iij $4 De la Génération » Tanches, de plus & de moins lar- »ges, comme aufli de plus longs » & de plus courts. Ils étoient tous »trés-blancs , & remuoient encore » trois ou quatre heures après avoir » été enlevés du corps du poiflon. M. Rongeard ayant une remarque qui ne fert pas peu à autorifer le nom de Solitaire que j'ai donné au Tænia, c’eft qu'il n’a jamais trouvé qu'un de ces Vers dans chaque T'an- che , » enforte, dit-1l , qu’on pour- » roit à jufte titre appeller ce Ver, » le Soliaire des Tanches, & peut- »être aufli le Solitaire des Lapins, » s'il eft vrai , comme l’aflurent » quelques. perfonnes, qu'il y en » ait de tout femblables à ceux-là, » dans les Lapins. UE M. Rongeard a cherché avec foin , par où l’Infeéte en queftion pouvoit prendre fa nourriture dans la Tanche ; mais il aflure n'avoir pu y découvrir aucun conduit. IÏ penfe que ce Ver de la Tanche fe nourrit des humidités dont eft ar- rofée la membrane qui revêt le dedans des vifcéres de ce poiflon ; humidité qui peut s’infinuer par les | des Vers. : $5 pores imperccptibles du corps de l'Infe&e. Quand ce Ver, qui étoit un peu plus court dansla Tanche avant qu'il mourut, eut été mis dans une- phiole par M. Rongeard pour m’é- tre envoyé , 1l étoit plus mince, dit M. Rongeard , & tomba au fond: de la bouteille en un petit tapon ,, fans aucun mouvement ; mais fi tôt qu'on y eut verfé de l’eau-de-vie- pour le conferver ; le Ver , qui de- puis 24. heures paroïifloit tout-à- fait mort , commença à fe mou- voir , & s’étendit en formant deux. demi cercles ;: après quoi il mou- rut dans la même fituation. Comme ces Vers font fort com- muns dans les Tanches qui fetrou- vent à Laigle , M. Rongeard me’ promet de faire de nouvelles re- cherches la-deflus, & s’il trouve: quelque chofe de nouvéau, de m'en: informer foigneufement. Si lon fait réfléxion qu'il n’y a: guëre de poiflons qui fe plaifent plus dans l’eau bourbeufe, que la: Tanche, & dont la chair abonde davantage en fucs vifqueux , on E:1v: s6 De la Génération n'aura pas de peine à comprendre _ comment ce poiflon peut être fujet au Solitaire , puifqu'on remarque que le Ver folitaire de Fhomme ne fubfifte que dans les corps où regnent des humeurs de cette na- ture. La Tanche eft un poiflon fivif- A , qu'à raifon de cette vifco- té, quelques Auteurs ont cru qu'il n’avoit d'autre origine que le limon même. Cette opinion eft tout-à- fait contraire à la bonne Phyfique, & il eft furprenant que Schroder, Gontier & quelques autres Méde- cins trés-Éclairés d’ailleurs, ayent pu donner dans cette imagination. Le premier prétend quela Fanche a quelquefois pere & mere; mais que quelquefois aufli elle fe pro- duit d'elle-même. Tirca , dit-il, (a) pifeis eff mucofus excrementitius , amans aquas paluftres, cœnofas , lutofas , vivens cœno. Generatur tum ex traduce , um fponte. | | Cette erreur a été aveuglément fuivie par quelques Naturaliftes , qui prétendent que les Tanches où { a) Schrod, des Vers. lon trouve des Vers , font celles qui ont pris naiffance du limon , & que celles où l’on n’en trouve pas ont été produites par mâle & fc- melle. Gontier (4) poufe l'erreur plus loin ; il croit qu'il n’y a point de Tanche qui ne vienne du limon feul : Cœnofis quippe locis & limolis fponte proveniunt Tince. Ce poiflon étant donc fi vif- queux , que quelques Médecins même fe font perfuadés que ce ne pouvoit être qu'un limon animé, on ne doit pas s'étonner qu'il foit fujet à celui de tous les Vers dont la fubftance eft aufli la plus vif- queufe. Comme peu de gens ont con- noiflance de ce Ver , la plüpart de ceux qui en mangeant des Tanches viennent à le rencontrer, ne font point difficulté de le manger,le pre- nant pour la laite du poiflon. Des deux Vers repréfentés dans la planche ci-devant , le fecond eft tout-à-fait femblable à celui que m'a envoyé M. Rongeard. Ils font (a) Petr. Gont, { 58 De la Génération deffinés felon la longueur qu’ils ont prife en mourant, car ces {ortes de Vers, aufli bien que les autres s’al- longent toujours alors de quelques: lignes. Nous avons fait toutes ces remar- ues dans le Journal des Scavans de Lundi 15. Février 1723. Nous ne faifons que les rappeller ici Les coquillages méme les plus durs font percées de Vers ; il s’en produit d’une efpéce fur le corps des animaux , d’une autre au-dedans de leur corps, & entre ces derniers ,. les uns s'engendrent dans une par- tie, les autres dans une autre, & font autant d’efpéces particulieres.. Il en naît dans les inteftins, dans le: foye, dans les reins & ailleurs. Les Chiens en rendent quelque-- fois de tout femblables au Tænia: de l'homme , comme on Île va voir: par l'exemple fuivant. De l’eau de fougere que je don-- nai par cffai à une petite Chienne le 12. Février 1701. lui fit rendre’ le Ver repréfenté dans la planche fuivante. Mademoifelle de Goello tante de M. le Prince de Soubife, . PAR ANR EEE À 22 PL NP OPEN y & Û ‘ CON DÉS 0 TPS COR CCIEE COURS SL LE 4, Ps LS De ARTS AT A er nr qu ris as drift as ——s + TT art g D 4, B ADDX Do des Vers. : s® & à qui cette petite Chienne ap- _partenoit , m’envoya le Ver le len- demain avec ce billet. » Je vous. »envoye , Monfieur , un Ver que » ma petite Chienne a rendu, qui »”M€ paroît extraordinaire ; c'eft » par l'effet de votre eau, j'efpere » qu'elle lui aura fauvé la vie. Je » vous donne le bon jour. Goello. » 13. Février 1701. Srtôt que j'eus ce Ver, qui eft un véritable Tænia, je le fis graver tel qu'on le voit ici repréfenté ; il eft defliné au naturel. Le 26. Janvier 1738. un dome- ftique m'a caflé la phiole où étoit le Ver, & la écrafé par mégarde:: je le confervois dans de lefprit de vin. Il avoit plus de demi-aulne, je n’y ai point vu detête , non qu’il n’en eût une, mais c’eft qu’elle s’eft féparée fans doute , lorfqu’il a été rendu , elle devoit être du côté marqué À , fuivant la firuéture du Ver. Ce qui rend cet Infeëte plus. fingulier , eft la différente confor- mation de fes parties; les unes. font rondes & font une ligne entié- re, C; les autres {ont longues & 60 De la Génération | font une ligne que les rondes iriter- rompent en B D; les rondes font. égales par-tout , & les longues plus étendues au milieu du Ver qu’ait- leurs ,. ainfi qu'if paroît en E : tout le Ver étoit plat, blanc, mince & tranfparent comme du parchemin: Les portions font liffés, unies & difpofées de maniére, que la poin- te de chacune regarde le côté A: C'eft par cette difpofition qu'on peut juger du côté ou étoit la tête: H y a de l'apparence que la queuc n'eft pas toute entière, & qu'elle s’eft rompue en F. M. Rédi donne la figure d’un T4- n4, ou Ver Solitaire forti du corps d’un Chien , laquelle eft différente de celle-ci. Il donne auffi celle d’un Tænia forti du corps d'un Chat, la- quelle n’eft pas moins différente; les voici dans la planche fuivante, on les peut confronter. Le même M. Rédi dit avoir trou: vé une infinité de Vers dans les in- teftins d’un Serpent à deux têtes qu’ ouvrit vivant (4): la plüpart (a) Franc. Redide animal. qua in corporib. animals. VEUVOrHmM reperinntur. : ; LIVE | é ; } Aù] da ÿ. Li . i ART 7e A LL y A paid rates AE try s rt a ÿ Préreens aP à or (née) ; M pa 7-60 , [ee Pa Chie La LIL X UN NS. = des Vers. 61 de ces Vers étoient très-blancs : une chofe extraordinaire, c’eftqu'il n’y en avoit aucun qui ne füt vi- vant , quoique le Serpent eût été trois femaines fans manger. . On trouve des Vers dans l’efto- mac & dans les inteftins de-prefque toutes les Vipéres. On en trouve aufi danses Lézards. Les poumons des Hériflons de terre, ceux des Re- nards, des Belettes , en font quel- quefois tout remplis ; & M. Rédi ouvrant un jour un de ces Hériflons, ÿ trouva dans les bronches de la trachée artére , plus de quarante Vers. Il y en a quelquefois beau- coup dans les inteftins des Tortues ; & le même M. Rédi aflure en avoir vu une qui en avoit de fort petits, dont le nombrealloit à plus dc foixante & douze mille , com- me il le reconnut par un caïcul qu'il eut la patience de faire, & qu'il rapporte dans fon Livre. On trouve quelquefois un grand nombre de Vers dans les inteftins des Veaux , & ces Vers donnent à la chair de ces animaux une fort mauvaife odeur , enforte que quand Gz De la Génération ‘on la mange, elle a un goût très-déf: agréable. Ils font ronds & longs -comme les ftrongles de l'homme, (4 ) mais plus minces. M. Valifnie- ri a donné une ample defcription de leurs organes dans une Lettre Italienne écrite fur ce fujet à M. Lancifi, & rapportée en Latin par M. le Clerc, dans fon ÆHifhoire des Vers larges , Ch. XIII. p. 222. vol. n-quarto. | Il y a dans le foie de quelques Moutons , une forre de Vers aflez finguliers , doncil eft fait mention dans le Journal des Scavans de 1668. On a obfervé que ces Vers ne fe trouvent que dans les Mou- tons.qui ont brouté d’une certaine herbe , appellée par les Botaniftes , Sideritis glabra arvenfis, qui eft une ef. péce de Crapaudin:. Mais une obfer- ation encore plus curieufe , c’eft que les Vers dont il s'agit , font tout- à-fait femblables pour la for- me , à la feuille de cette herbe, étant plâts & d'une figure ovale un peu pointue vérs l'une des extrémi- (a) Strongles, c'eit-à-dire, comme nous le ver- sons plus bas, ronds & longs, des Vers. 63 tés, ayant la tête à l’autre extrémité - qui s’avance un peu, & qui repréfen- te la queue de la feuille. Ils font blanchîtres fous le ventre , & fe- més fur le dos de plufieurs tâches _ & filets d’un gris obfcur. La tête a ‘un bec percé d’un petit trou , com- inc on voit dans les figures fuivan- 1. 2. tes , gravées d’après le Journal que nous venons de citer La premiere figure repréfente le Ver tourné fur le dos; la feconde le repréfente couché fur le ventre; & la troifiéme eft la figure de la feuille de Sideritis , telle qu'elle eft dans l'Hiftoire des Plantes de Banbhin Pour les reins, ce font dans tous es animaux , des parties afez fujet- tes aux Vers. Feu M. Meri de l’Aca- demie des Sciences , m'en a fait voir un de demi auine de long , & t 6x De la Génération | de la groffeur du petit doigt, qui avoit été tiré du rein d’un Chien. Kerckring ( 4) dit qu'en difléquant un Chien de chafle , il y trouva dans un des reins, un Ver-d’une aul- ne & un quart. Georg. Wolf. Wé- delins , Profefleur d'Anatomie à jêne , diffléquant , en 1675. le 23 Février, un gros Chien, lui trouva dans le rein gauche , un Ver long de plus d’an pied, & de la groffeur du petit doigt. _ Ce qu'il y.a ici de fingulier , c’eft que la fubftance du rein étoit abfo- lument confumée , & que ce Ver étoit rempli d’autres Vers tout vi- vans(£). | Mathrole :à remarqué qu'il y a des Vers dans la tête de tous les Cerfs , que ces Vers s’y engendrent @rdinairement fous la langue , & (a) Kerckring. Oblervation L'VIT. & LIX. {b) Thom. Barth. .4a Med. € Philofoph: AJ- nienfia, Tom III. Chap. LVIII. Ex Lirteris D. Georg. Wolf. Wedelii , Profefforis Medici Jenenfrs. Jenæ , 23. Febr. 1675. Nuper in canis finiffro Rene Vermis magnus pedens ere fuperans , minimi digiti craffilie ; repertus fuit , yullo ibi de Renis fubffantia , [eu parenckymate , conf- picuo vefhigio 5 fol tantum tunicä adipo[ fuperflie cumque integente. Ipfe verd ripletus eraé infinitis aliès Permiculis vivis. awils | des Vers. 6$ qu'ils font comme les plus gros de ecux que produifent les chairs pour- FICS (4). Au refte , ce n’eft pas feulemert dans les Mineraux , dans les Végé- taux , & dans les Animaux qu'il y a des Vers: L'air en cft encore tout rempli , comme nous Favons re- marqué plas haut. Je ne fcaurois être cependant de lopinion d’un Auteur moderne , qui croit que ces feux qu'on voit quelquefois volti- ger dans l'air pendant la nuit, & qu'on appelle Feux follers, ne font que de petits-Vers luifans attroupés, lefquels ont des aîles , & volent au- tour des Paflans ( & ). Cet Auteur croit aufli que fe: bois pourri qui brille Ka nuit, n'eft lumineux que parce qu'il renferme plufieurs pe- tits phofphores vivans, qui lui ont été fournis.par l'air. {a) V’ermes cerui omnes- continent in CApite iVOS y qui nafci folent fub lingua ; in concavo , circiter verte- Drum qua cervici innechitur caput , magnitudine band minores iis , quosmaximos Carnes putres ediderint. Gi- gni univerfi atque contigu: folent numero aded circiter viginti. Marhiol: Cômmear, in Libr.fecundum Diof- coridis. Cap. LIII. p. 290. 1. 11. €b) Chrifi. Francifc. Panlini Difquifitio curiofa , #r mors naturalis plerumque fit fnbflantia Vermino[a® Teme J. 66 De la Génération Mais revenons à notre fujet, c'eft- à-dire , aux Vers de l'Homme. De tous les Eftres vivans, c’eft celui qui eft le plus attaqué de Vers. Il n’y à prefque pas de partie dans fon corps qui n'en foit la proye. Enforte que celui qui commande aux Bêtes les plus énormes en groffeur,, celui qui aflujettit à fes ufages, le Cheval, le Chameau , l'Elephant , celui qui dompte la férocité du Lion & du Tigre, fe trouve fouvent réduit à périr par les dents, ou par le vénim d’un petit Infeéte, dont ilne peut fe défendre. 5 Les Vers du corps humain naif- fent , ou dans les inteftins, entre lef- quels je comprends l’eftomac ; ow hors des inteftins. Nous parlerons premierement de ceux qui naiffent hors des inteftins ; puis de ceux qui viennent dans les inteftins, & com- me les uns & les autres prennent quelquefois en vieilliffäntdes figu- res différentes, nous traiterons dans. un article à part, des différentes mé- tamorpholes de ces Vers. Ce qui fera en tout trois articles, des Vers. - 67’ am. _ © —— —— ARTICL EPREMIER. Des Vers du Corps Humain qui naifent bors des Inteflins. . ES Vers qui naïfflent dans: _J l'Homme, hors des inteftins, : font de diverfes efpéces ; ou plutôt fe réduifent fous diflérentes claffes. J'en compte de quatorze fortes en : général ; fçavoir , les Encéphales, : les Pulmonaires , les Hépatiques , Iés Spléniques, les Cardiaires , les : Péricardiaires , les Sanguins , les Véficulaires , les Helcophages , les Cutanés , les Umbilicaux , les Vé- nériens , lés Oefophagiens & les Spermatiques. Nous en allons par- ler de fuite. s il Les Encéphales naiflent dans la tête; on les appelle ainfi du mot Grec Kephale, qui fignifie tére. I y en a de cinq fortes; {cavoir, les En- céphalées proprement dits, qui vien- nent dans le cerveau, ou fur fes membranes; les Rinaires, qui vien- nentdans le nez; les Ophthalmiques, Fij 63 De la Génération | qui viennent au grand angle de Pœil; les Auriculaires , qui vien- nent dans les oreilles ; les Dentai- res , qui viennent aux dents ; & les Salivaires , qui font dans la falive: Les Enccphales proprement dits, font rares; maisil y a certaines ma- ladies où ils regnent , & l’on a vü des fiévres peftilentielles ne proce- der que de là. Celle qui fit tant de ravage à Bénevent, & dont prefque tout le monde mouroit , fans qu'on y püt apporter aucun remede, en ef un grand témoignage. Les Méde- cins s’aviferent enfin d'ouvrir le corps d’un Malade qui ctoit mort de cette contagion, & ils lui trou- verent dans le cerveau, un petit Ver vivant , tout rouge & fort court. Ils effayerent divers remedes fur € Ver, pour découvrir ce qui le pourroit tuer ; tout fut inutile , excepté le vin de Malv. dans quoi on fit bouillir des raiforts. On n’en eut pas plütôt jetté deflus , que lé Ver mourut. On donna enfuite dé ce remede à tous les autres Mala- des (4), & ils échapperent prefque {a ) Foreff. Lib, IX, de maris Capitis dolerib. @bfer. I]. in fchol. des Vers. 69 tous. Appien Alexandrin rapporte que les Romains, dans la guerre contre les Parthes (4), fous la con- duite de Marc-Antoine , furent ré- duits , faute de vivrés, à rmnanger les herbes des champs, & fe trouve- rent enfuite attaqués d’une maladie épidemique, confiftant dans une fu- reur qui leur faifoit fouir la terre à belles mains , & rouler de grofés jerres, comme fi c’eùt été pour les Eire fervir à Gr grand deflein. IL ajoute que la plüpart moururent faute de vin. qui étoit, dit-il , le feul remede à cette maladie. Je re- marquerai que cette fureur pouvoit bien venir de quelques Vers engen- drés dans la tête , par le mauvais fuc des herbes qu’on avoit été obli- gé de-manger. Schenkius écrit qu’en 1571. dans a marche d’Ancone , regna une ma- fadie épidemique , qui caufoit des vertiges furieux , & dont on mou- roit le troïfiéme jour , & au plütard le quatrième. Tous les Médecins du lieu avouerent qu’ils ne connoif- foient point ce mal , & par confe- {b) ,4pp. Cap. V. de Bell, Partb, ” 76 De la Génération quent qu'ils ne fcavoient quels ré=- . mcdes y apporter. Un jeune Hom- me de 22.ans, extrémeméntriche, . craignant d'en être attaqué, à caufe d’une douleur périodique qu’il com- mencoit à fentir dans la tête, & ef: C: P au 3 a frayé de cer aveu des Médecins, crut qu'il n’y avoit pas de meilleur parti à prendre pour lui, que de quitter promptemerit le pays, & de fe retirer à Venife , où étoient alors : des Médecins-trés-fameux. Il n’y fut pas plütôt, qu'il fit veñir tout- ce qu'il y avoir de plus fçavans Hommes dans la Médecine, & en- ire autres , le célcbre Nicolas de S. Michel , lequel foutint que c'étoit un Ver qui caufoit dans le cerveau les douleurs périodiques dont ce jeune Homme fe plaignoit , lef- quelles , fans troubler la raïfon , ni là mémoire, faifoit fouffrir fi cruel- lement le Malade , que dans les ac- cès, il lui fembloit qu'on lui per- çoit la tête avec un fer. On lui fit divers remedes ; mais on ne put le fauvér, & le troifiéme jour de fon arrivée , il mourut. Georges Carne- rus, lun des Médecins qui l'avoient | des Vers. 71: traité , pria les parens de lui per- mettre d'ouvrir la tête du mort; ce qu'il fit le lendemain 19. de No- vembre. Il n'eut pas plutôt levé la. dure mere , qu'il appcrçut du côté. droit , la tête d’un Ver tout vivant, qui, à caufe de l'air froid , s’enfuit aufli-tÔôt dans la fubftance du cer- veau. Carnerus découvrit alors les ventricules du cerveau , & iltira ce Ver, qui étoit tout rouge, de la lon- gueur du doigt indice, & avoit une tête pointue , toute noire, & un col vélu. II le prit avec des pincettes, & le mit fur du papier , où le Ver mourut aufli-tôt. Schenkius rappor- te ce fait dans fon Traité des Dou- leurs de Tête. k On prétend qu’il fe trouve des Vers juiques dans la glande pineale, | & qu'il n’y a prefque point de rc- duit dans la tête, où l’on s'en ait vu. Dans le fond du conduit qui va au quatriéme ventricule du cer- veau , €ft une éminence appellée Apophyfe vermiforme , que quelques Auteurs eroyent fe changer en Ver; mais c’eft une pure fable; l’apophy- {e dont il s’agit , n’eft nommée Ver- 77 De la Génération miforme | qu’à caufe qu’elle a com me la figure d’un Ver. Les Rinuires quis’engendrent dans la racine du nez, font ainfi appellés du mot , qui en Grec, fignifie na- rinc. Borelli les appelle Maficoles , c'elt-a-dire, Habitans du nez ( a), Is fortent quelquefois d'eux-mé: mes par les narines , comme on l’a vü arriver en plufeurs oceafions ;. quelquefois ils demeurent engagés dans le fond du nez, & font tom- ber en fureur les Malades. Ceux qui ont lü Fernel , fcavent l’hiftoire de ce Soldat malade, qui (b) mou- rut le vingtiéme jour de‘fa maladie, après être devenu furieux , & dans Je nez duquel on trouva deux Vers vélus & cornus. Ambroife Paré nous a donné la figure de ces Vers , (c) on la voit aufli dans Aldrovan- dus, en fon Livre des Infectes ; mais pour épargner aux Lecteurs curieux la peine de Fy chercher , nous l'a- vons mife ici. {a ) Borell, Obferv. Medicoph. CIII. Obferv, XLW. € b) Fernef, Pathol. Lib. V. Cap. 7. a) ,Ambr, Par, Liv. XX, Chap, 3. LL Kerckrin e des Vers. . 195 ge 2, Vers Jortis Kerckring dans fes Obfervations Anatomiques , donne encore la fi- ure d'un Ver vélu & cornu, qui artit du nez d’une femme d’Amf- terdam , le 11. Septembre 1668. & qu'il conferva vivant jufqu'au 3. d'O&obre , fans lui donner aucune pâture. En voici la figure dans cette page. Il ajoute une circonftance di- gne de remarque , c’eft que ce Ver étant {orti , en produifit un autre avant que de mourir. Ver Sorti du LUZ Æ Antoine Benivenius dans fes Ob- Tome I. G TA. De la Génération férvations Médicinales |, raconte J'hiftoire d’un Malade de fes amis, qui, attaqué d’un violent mal de té- te , accompagné d’éblouiffemens , de vomiflemens , d'extinction de voix, d’aliénation d’efprit, & d’un froid général de tout le corps , fut réduit à l'extrémité le feptiéme jour, & ce même jour , lorfqu’on ne lui efpéroit plus de vie , rendit par la parine droite un Ver long d’un pal- me & plus , & fe trouva auffi-tôt “gucr1 (4 ). | Je pourrois rapporter un grand nombre d’autres exemples de Vers fortis par le nez. Maïs les de::x fui- vans qui fe lifent dans l’'Hiftoire de l'Académie Royale des Sciences, font aflez confidérables pour pou- _ =(ta)-Solet-snterdem “acntes -dotor-in -capite ekci- ari, quem Græci cephalalgiemvocent ; {ed talem ÿuo chligent oculi, alienetur mcrs, citetur vomitus , M mautur vox , frigefcat corpus ; C7 ipfa denique defiäias | atima. Rarum ef} videre $ wam €7-u0s amicum habui- ms, qui cum bis otmibss agerétur mais, Co adventan- tedie feptimo , mors ipfa, nullis ecnferemtibus auxiliis, fm jam adeffe videretur; vi tandem robuftioris nature, Vermem è dextra nare palmo longioremejecit. Quo pro- Pällo , omnis flatim cum eo amotis éfflanguor. k Anton. Benivenii Hlorentin: , Medicinalium Obfer- VAE EREMPLA | Cuin annotationibus Rembert. Dodonær. Cap.cC, : à des Vers, 75 voir fuffire après ceux qui viennent d’être rapportés. | Une femme bien conftituée , & qui, à ce qu’obferve l'Hiftorien , ne: connoifloit point les maux de tête, (4) commença à l’âge de 36. ans en 1708. à fentir une douleur fixé au bas du front, du côté droit & près du nez. Cette douleur g ne tenoit d’abord qu'un petit efpace , s’étendit peu à peu tua la tem- ple du même côté; & au lieu que dans les commencemens elle avoit de grandes intermiflions , elle de- vint au bout de deux ans prefque continue , accompagnée de convul- fions , & d’une infomnie prefque perpétuelle. Enfin la violence de la douleur augimenta fi fort , que la Malade en fut deux ou trois fois à l’agonie , & eut la raifon fort attaquée dans les grands accès. Au bout de quatreans, après avoir fait envain toutes fortes de remets, elle y renonca , fe con- tentant de fuivre un bon régime, & » de prendre par le nez du tabac en (4) Hiftoire de l'Academie Royale des Sciences, années 1708, & 1733: il Gi} 76 De la Génération poudre , dont elle efperoit quelque Toulagement. Elle n’en avoit encore ufé que pendant un mois, lorfqu’un matin, ayant éternué avec effort, elle mou- cha, parmi un peu de fans , un Ver tout ramaflé en peloton. Elle fentit cefler alors , & tout à coup, une fi longue & fi cruelle douleur ; fon ef- prit fe remit dans fon affiette natu- relle, & la guérifon fut entiere , fi ce n’eft que pendant deux ou trois jours il coula un peu de fang du nez. _ Feu M. Littre, de l’Academie des Sciences , & Docteur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris , au- quel on doit cette obfervation , aeu rar d’avérer exaétement tous ces faits ; aufli-bien que ceux qui vont fuivre , lefquels font tout de même rapportés dans l’'Hiftoire de l’Aca- . demie des Sciences , année 1708. Le Ver étoit vivant, & quand il $'allongeoit autant qu'il le pouvoit, il avoit fix poulces, mais feulement deux lorfqu'’il fe replioit en zic-zac, ce qui étoit fa figure ordinaire : il avoit deux lignes de largeur , & 1 + dépaifleur dans l'endroit le plus Lis _ * ‘des Vers. 77 gros de fon corps ; fçavoir, vers le milieu ; il étoit de couleur de caffë €lair , convexe par-deflus, & plat par-deflous | couvert par-tout , ex- cepté à la tête, d’écailles annulaires, larges d’une ligne, & toutes {épa- rées les unes des autres par de petits intervalles , de chacun defquels il fortoit , tant à droite qu'à gauche, cinquante-fix pattes, longues d’une ligne, & grofles comme des che- veux. Ilparoïtpar-là, que ce Ver étoit de lefpéce de ceux que lon appelle Centipedes. La tête étoit lon- gue d’environ deux lignes, on y dif- inguoit facilement deux yeux , deux cornes | une pince faite de deux branches , plus éloignées l’une de l’autre % leur racine , que vers leur extrémité, & une gucuic entre cs deux branches. La queue étoit armée de deux efpéces d’aiguillons égaux, plus longs & plus gros que les pattes. I1 fut enfermé dans une . phiole vuide , où on le trouva vi- vant dix-huit heures après. Enfuite on s’avifa d'y verfer de l'eau-de-vie, & il ne laïffa pas de vivre encore deux ou trois heures. G ii 78 De la Génération Le fiège de la douleur fixe que fentoit la Malade, montroit aflez , comme l’obferve l'Hiftorien, que le Ver devoit étre dans une cavité fi- tuée au-deflus du nez , appellée par les Anatomiftes Sinus frontal , & qui ef pratiquée fous le fourcil, dans un os que les mêmes Anatomiftes nom- ment Coromal. Elle à près de deux poulces de long , fur huit à dix li- gnes de large , & par conféquent elle pouvoit contenir l'animal re- plié. I paroît par l'inclination qu’il avoit à prendre cette figure, qu'il y devoit être fort accoûtumé. Il y a entre le finus frontal , dont ils’agit, & la narine, un trou de communication par où le finus re- coit de Pair, à chaque moment que l’on refpire ; enforte qu’une forte refpiration peut y avoir fait entrer avec l'air, l'œuf invifible où cet ani- mal étoit renfermé en petit. Ce mê- me œuf pourroit aufli être entré par la bouche avec quelque aliment, & avoir fuivi la longue & tortueufe route de la circulation du fang. Mais toujours, comme le remarque l'Hiftorien , 1l eft certain que l’ani- desVers 79 mal n’a pu fortir que par ce trou de communication. À la vérité, le dia- metre en eft plus perit que n'étoit: celui du corps de lanimal : mais comme ce trou elt formé immédia- tement par une membrane , le Ver a pu la dilater peu à peu, lorfqu’il + voulu fortir”, & même les goutes: de fang qui ont paru‘, marquent. qu'il l’avoit un peu déchirée. L'œuf, obferve encore P'Hifto- rien". avoit trouvé dans la cavité dont il s’agit, fcavoir , dans le finus frontal , la chaleur, l'humidité, la Jymphe , enfin tout ce qui lui étoit néceffaire pour éclorre, & l'animal tout ce qu’il lui falloit ; non-feule- ment pour fa fubfiftance, mais pour un accroiflement auquel apparem- ment il ne füt jamais parvenu fur la: terre, puifqu’il n’y eût été ni fi bien nourri, ni autant à l'abri d’une infi- nité d’accidens qui ne permettent guère quatre années de vie à ces ef- péces d'animaux ; chaque mouve- ment qu'il faifoit ( c’eft toujours l'Hiftorien qui parle ) devoit caufer à la membrane délicate, dont le fi- aus frontal eft tapiffe, une irritation GK 80 De la Génération d'autant plus cruelle , que l’Infeété, avec fes deux cornes, fes deux aï- guillons , & fes cent douze pattes, ébranloit, & pour ainfidire , atta- quoit en détail, chaque petite fibre nerveufe de ka membrane ; enforte ue plus il fe fortifioit, plus le mal À être violent &-infupporta- ble. La grandeur de l'animal, la- quelle vint à lui rendre le lieu où il étoit, trop incommode , & felon toutes les apparences , l'odeur du tabac qui lui étoit contraire , ainfi qu'a un grand nombre d’autres In- fectes , l’obligerent enfin à cher- cher les moyens de fortir. Les fymptômes qu'a eû la Mala- de , feroient affez aifément recon- noître un pareil accident. En cecas, M. Littre juge qu’il faudrait d’a- bord prévenir Finflammation de la membrane du finus, par les moyens ordinaires que Fon pratique contre les inflammations. 1 refte enfuite à attaquer le Ver. On le peut faire, remarque-t-il, & par les remédes intérieurs qui font en ufage contre les Vers, & en même-temps par des remédes extérieurs , puifque ce | … des Vers. &r Ver-là feroit dans un lieu où de tels remédes pourroient aller. Ileft déja à préfumer que le tabac convien- droit, mais on pourroit encore ti- rer fortement par le nez des fucs âcres ou acides que l’on jugcroit, ou que l’on reconnoîtroit les plus capables d’incommoder l'animal. M. Littre croit que rien ne feroit plus propre à le tuer, quede l'huile, parce que l’on fcait qu'elle Ôte la refpiration aux Infeétes, en bou- chant les ouvertures de toutes les trachées ; enfin fi rien ne réuflifloit, il en faudroit venir à une opération Chirurgique fur l'os coronak M: Littre aflure qu’elle ne feroit ni dan- gereufe ni difficile. L'autre exemple d’un Ver Nazaï ou Rinaire , eft rapporté dans l’'Hif- toire de l’Académie des Sciences, année 1733. Un Officier de chez lé Roy, fentoit depuis trois ans, au bas du front, du côté gauche , & prés de à racine du nez, une douleur vive, plus violente dans des temps qe dans d’autres, laquelle s’êten- oit vers l'œil du même côté , & devenoit quelquefois f1 exceflive , 3z De la Génération que le Malade craignoir d’en perdre œil. 11 avoit en mêéme-temps dans Poreille un bourdonnement confi- dérable. Pour remédier à ce bour- donnement, il fe fit verfer, étant aw lit, quelques goutes d’huile d’a- mandes douces dans l'oreille affec- tée , & fe tint pendant quelque temps couché fur autre. Deux jours: après 1l fentit dans la narrine gau- che une grande démangeaifon, des picotemens ,. des tiraillemens , de fréquentes envies d’éternuer, 8 mé- me en fe mouchant, quelque chofe qui remuoit dans fon nez, & qu'il n'en put tirer tout à-fait , qu'en y portant le bout du doigt C’éroit un Ver. Ce Ver, dit l'Hiftorien, cou fut aufli-tôt fur la main du Malade: avec une extrème vitefle, quoique couvert d’une mucofité parfemée de tabac; parce que cet Officier en pre- noit beaucoup. On mit le Ver dans une tabatiere où il y avoit du tabac, &c il y vécut cinq ou fix jours. Tous les accidens du Malade , continue PHifterien, cefferent aufli-tôt après la fortie de lInfc&e. M. Maloet ; Doéteur-Régent de: des Vers. 8% la Faculté de Médecine de Paris, a eu ce Ver entre {es mains, mort & defléché : il le trouva du genre des Centipedes , & de l’efpéce des Sco- lopendres terreftres : il en fit une defcription qu’on ne rapporte point dans ce volume de l'Hiftoire de PAcademie des Sciences, parce que dans celui de 1708. on a rappor- té une defcription affez femblable d’un autre Ver, rendu de même par le nez , qui eft celui dont nous avons parle ci-devant. Ces deux Vers, obferve l'Hifo- rien , ne différent que par la gran- deut. Le dernier n’avoit que feize ligncs de long , & l’autre avoit fix pouces. Il eft vrai que le plus grand avoit cent douze pattes, & l’autre cent feulement , mais fi le petit eût vêcu, peut-être en auroit-il eu da- vantage. Enfin , remarque l'Hifto- rien , c’eft le grand nombre de pat- tes, & non le nombre déterminé de cent , qui fait les Centipcdes. Une autre différence que le mé- me Hiftorien obferve entre les deux Vers dont il s’agit, c’eft que celui de 1708. fut , felon les apparences... &4 De lu Générañion chafté en un mois, par l’ufage du ta-" bac , au lieu que le dernier , mal- gré l’ufage continuel que la Malade faifoit de’ ce remede , avoit vêcu trois ans dans le nez. Il vécut même encore cinq à fix jours dans une ta- batiere pleine de tabac , ce qui, comme le dit en paffant, & fort à propos l’'Hiftorien , rend au moins fort douteufe la: bonté du tabac contre les Vers. : Les deux Vers-étoient dans les finus frontaux , le’ srand dans le droit, & le petit dans le gauche. Différence que l'Hiftorien rappor- te, mais en reconnoiffant qu’à pre- prement parler , ce n’en eft pas une: La route que feu M. Littre failoit tenir à {on Ver pour entrer dans le finus, & pour en fortir, doit , fans doute, étre la même que celle qu'a tenue le Ver de M. Maloet. Mais voici une différence trés-eflentielle que remarque l’Hiftorien , & qu cit le point principal de l'obferva- tion de M. Maloet; c’eftque le Ver de M. Maloet paroît n'avoir été chafñfé que par l'huile verfée dans Voreille la difculté cependant, cit des Vers. $s que.cette huile ait pu parvenir juf- qu'au Ver enfermé dans le finus al ; car elle ne s’eft.répandue que dans le conduit extérieur de l'oreille , lequel eft très-exaétement ‘fermé en dedans, par la membrane du tympan : comment a-t-elle donc ere au travers de cette mem- drane? Et en cas qu'elle y ait pañé, peut-on.concevoir quel chemin elle a pris pour cela ? Puifqu’il y a enco- re bien loin de cette membrane au finus frontal. M. Maloet reconnoît que d'appliquer fur le nombril diffc- rentes huiles pour agir contre les Vers des inteftins ,-eft un bon reme- de pour les chaffer , & cela polé, il fait le raifonnement fuivant : Ces huiles ainfi appliquées fur le nom- bril , n’y agiffent qu'après avoir pé- nétré la peau , la membrane adi- peufe , Le péritoine, l'épiploon & les membranes des intefkins ; donc à plus forte raifon une huile intro- duite dans l'oreille pourra pénétrer le tympan, qui eft fi fin & fi delié. A la vérité il n’y a que les parties les plus fubtiles de l'huile qui-puif- Jent pénétrer la membrane dont if 86 De la Génératios s'agit , quelque fine qu'elle foit , mais il n’en faut pas beaucoup pour {e faire fentir à un fi petit Ver, fur- tout dans l’efpace de deux jours. L'Hiftorien de lAcademie re- marque ici que s’il y a toujours à la membrane du tympan une petite ouverture échancrée que Rivinus a découverte, & que M. Maloet dit avoir effectivement vüe deux fois, ou que fi feulement elle s’eft trou- vée par une efpéce de hazard dans le tympan du Malade, en queftion, l'huile aura eu encore , fans compa- raifon, plus de facilité à pañer. Quant au chemin qu’elle aura te-- nu , il juge qu'après avoir été recuc dans la cavité du tympan, elle fe fera portée , par le moyen de Ia trompe d'Euftache , appellée com- munément l’aqueduc, jufqu’aux fof- {es nazales , d'ou, à caufe de fa fub- tilité , elle aura pu aifément s’éle- ver au finus frontal. Nous ne devons pas oublier ici les réflexions fages que le {cavant Hi- ftorien fait enfuite fur la circonftan- ce de cette suérifon. 1°. Ce fut par une efpéce de has des Vers. 87 zard , & uniquement par rapport au bourdonnement , que le Malade attaqué de ce Ver fans le fcavoir, {e fit verfer de l'huile dans l'oreille. 2°. S'il eüt connu fon Ver, & le lieu que cet Infeéte occupoit, il fe feroit fans doute avifé de tirer cette huile par le nez, afin qu’elle allât attaquer le Ver par cette route aifée, & route ouverte. Cependant il auroit très-mal fait de fuivre cet- tc indication , toute naturelle qu'’el- lé étoit. En effet, remarque judi- cieufement M. de Fontenelle, le Ver attaqué du côté du nez, n’au- roit pas manqué de fuir du côté oppolé , & fe feroit par ce moyen, cantonné dans des endroits d’où il n’auroit pu fortir. 3°. Si par quelque empêchement que ce foit, il n’avoit pu fuir, il fe- roit mort infailliblement dans le finus où il étoit, & par la pourri- ture de fon cadavre , il auroit pu caufer de Ficheux accidens. Heu- reufement lattaque qu’on faifoit d’un côté le détermina à fuir de l'autre , où la fortie étoit facile ; & il s'aidoit outre cela de toutes fes 83 De la Génération forces pour fortir , ce qui eftenco- re un avantage quand on tire les Vers vivans. 4°. Il réfulte de là une regle de pratique pour tous les Vers qu'on jugera être dans les finus fron- taux. 5°. Conformément à ces idées, on fuit fort à propos deux métho- des pour les Vers des inteftins : ils ne peuvent guêre fortir que par bas, & pour les chafler par cet- te voye , on employe des chofes ou qui les.contrarient, ou qui les at- tirent : les premieres {e prennent par la bouche, & les fecondes en lavement. Nous rappellerons tout cela en parlant des remedes contre les Vers. | | Les VERS OPHTHALMIQUES, ainfi nommés du mot grec Ophthalmos , qui fignifie, œil, fe trouvent dans le grand angle de l'œil. Ces Vers {ont très-rares, & Amatus Lufita- nus qui en rapporte un excmple, dans fa feptiéme Centurie , Cure LXIIT. dit que cet exemple eft fin- ulier , & mérite pour cette raifon d'être publié : qu'on a bien vu des Vers | des Veps. 8» Vets fortir par lenez, maïs qu'on en ait vu fortir par les yeux, c’eff; ce qui eft extraordinaire. Voici les. propres paroles de Lufitanus,tradui- tes mot à mot. » Une petite fille. » de trois mois, fe portant bien & »ne fentant pas le moindre mal, » rendit par la partie antérieure de. »# l'œil, appellée communément le » grand angle , un Ver dont la tête “commença d'abord à: paroître. » Des perfonnes qui fe trouverent- “là, voyant cette tête, fe hâte- rent detirer le Ver avec les doigts, » & furent fort furprifes de voir 5 fortir de l'œil de cet enfant, un: »Infe&te vivant long d’un demi. palme, de la grofieur d’une li- » gne, & tout blanc, fans que l'œil > parut endommagé en rien. Le cas. » €ft furprenant & mérite d’être » écrit. On à vu fortir des Vers par » le nez, & j'en ai vu plufieurs fois #fortir ; mais qu’il en foit forti par les yeux , c'eft un fait des plus ra- >» res. Eff certe cafus hic mirus & dignus chartis dart, per nares vero lumbricos: fluxos:, nowrard nos & alt varii vide runt: f Tome I. H so De la Génération : M.Vrayet Médecin d’Abbeville, dont nous rapporterons cy-après. deux lettres au fujet des Vers fan- guins ,me mande dans la derniere, qui eft du 31. Juillet de l’année 1736. avoir tiré 1] y a vingt ans du grand angle de l’œil d’un enfant de fix mois, un Ver firongle, c’eft- à-dire , long & rond , qu'il mit aufli-tôt dans de l’efprit de vin, & qu’il y a confervé plus de fix ans. Ce Ver, dit-il, étoit de la lon- gucur du doigt , de la groffleur d’une plume de Pigeon, & venoit certainement des premieres voyes. Cette réfléxion de M. Vrayet , que: ce. Ver venoit des premieres voyes, c'eft-a-dire , des inteftins , eft um point à examiner. On voit bien quelquefois des Vers fortir par le nez après y être montés des inte- fins ; le’pañlage de communica- tion qui va du gofer au nez, rend la chofe facile a comprendre ; mais qu'un. Ver remonté des inteñlins dan la bouche, puiffe de là pañler aux veux, c'eft ce qu'on ne com- prend pas de même, les embou- chures du canal nazal & du fac la- - ARNRA des Vers: gi: ctyimal ctant fort petites. La chofe: cependant examinée à la-rigueur, ne paroît pas impoñlible. Les Verts auriculaires s'engen- drent dans les orcilles, & font ainfi: nommés. du mot latin: qui: figaifie- reille. sv gi its n Silvaticus dans fes Confultations;: (a) parle d’un enfant de douze ans qui tous les matins étoit fourd de l'oreille gauche, &: cefloit de l'é- tre apres le diner, lequel rendit: dix petits Vers par cette orcille, & enfuite vingt autres , a moyen d’une fumée d’herbes bouillies dans: du vin, fur laquelle on lui faifoit- tenir l'oreille. Ces Vers étoient vi- vans, & vécurent un mois: La cir- conftance que rapporte Silvaticus,. fcavoir, que la furdité cefloit après : je dîner, a quelque chofe de fin- gulier. il prétend que le mouve- ment des dents Qui Blot par la maftication’, débarrafloit l'oreille d’une humeur qui s’y étoit amafée pendant la nuit , & qui caufoit la: furdité. - (a) Bened. Silvaticus, «onfilia dr refponfa. Cent. 2. Confult, 10. ji H 1j f 92 De la Génération Tharantanus dit avoir vu fortir de oreille d’un jeune homme ma- lade d'une fiévre aigue, deux où trois Vers qui reffembloient à des : graines de pin. Panarolus( #:) parle d'un Malade , qui, aprés avoir été tourmenté d'une violente douleur d’oreitle , rendit par cette partie, enfuite d’une injeion qui y fut faite avec du lait de chevre, plu- fieurs Vers fembables à des mites de fromage, après quoi la douleur ceffa. Kerckring donne la figure de cinq Vers qu'un homme rendit par l'oreille en 1663. dans un Bourg nommé Quadiich:, lefquels étoient faits comme des Cloportes, fi ce n’eft qu'ils n’avoient que dix pieds: Voyez-les dans les cinq figures cy- deflous. Jortis de l'oreille. | M. Winflow m'a écrit depuis peu, avoir trouvé il y a quelques années 4) Jacolog. Pentec 4. Obferv. 27. des Vers. CE un-Ver dans Ie tympan de l'oreille d'une fille de trois ans, mais avee des circonftances qui rendent le fait aflez fingulier. Voici fa lettre. » Vous avez fouhaité que je vous »communiquaffe l'Obfervationque »j'ai faite autrefois d’un Ver dans » le cadavre d’une fille detrois ans, »voici ce que c'eft. En 1716. aw » mois d'Octobre, comme je fai- » fois l'anatomie de la tête de’cette »enfant , je trouvai au haut du »pharynx , derriere la luctte , un » Verlong & rond comme les Vers »Ordinaires des inteftins , lequel »-avoit une de fes extrémités dans » le pharyng même, & s’étoit glif- »{6 dans la trompe d’Euftachius, - » jufques dans la cavité du tympan, » OÙ l’autre extrémité étoit engagée »-entre les offelets de l’ouie: Je ne » doute point, Monfieur, quece Ver “ne vint. des inteftins , & ne fût » monté par l'æfophage. Il avoit en- » viron cinq pouces de long, & lé- » paifleur d’une petite plume à écri- » re. Ce que j'ai trouvé defingulier, »c'eft qu'ayant ce volume, ilaie »pu s'engager dans un pañlage fi gx De la Génération »étroit ; & je ne fcaurois deviner » ce qui peut avoir déterminé cet # Infcéte à aller plütôt là, que dans. » la narine attenante , qui eft bien: » plus fpatieufc. Vous ferez là-deflus. 5 vos réfléxions. Je {uis, &c: Winf » low. Ce 4: Septembre 1736:.. Les: VERS DENTAIRES , ainfi nommés , parce qu’ils s'engendrent aux dents , fe trouvent d’ordinaire: fous la carie des dents. Jacobæus rapporte qu'un homme tourmenté d’un violent mal de dents , fans que les remedes. ordinaires y euflent fervi de rien, guérit enfin apres avoir enlevé de deflus fa dent , une carie fous laquelle.fe trouva enfer- mé un Ver qui s'agita ee , &z (2 )dont la niche étoit creufée: dans le corps de la dent. Ce mal de dent étoit périodique , & le Mala-- de fentoit parintervalles, quelque chofe qui treflailloit fur fa dent. Au (a) Quiderm odontalgia immani ac periodica ve- xarus fenfit in dente quid [aliens pertemporum inter- valla | cuiremedia plure incaffum adhibita 3 ‘abrafa demum carie dentis in vafculum f[uljetfum vermenr expuit, qui capite ad catdam reflexo faltus varios steravit , foramine infign? per quod exierat wermis ;, in dente confpicuo. Thom. Barth, a&. Med, & Phil. Tom. V. Cap. 8. Vol. s. . des Vers. 95: refte il n’eft pas rare de trouver des Vers aux dents.(#) | Les Pulmonaires fe forment dans. les poumons. Ces Vers font rares, mais cependant il s’en trouve, & Fernel (b )diten avoir vu des exem-- ples. Ce qu'il y a de certain, c’eft: que des Malades en ont jetté quel- . quefois en touflant , qui étoient tel- Iement enveloppés dans les cra- chats , qu’on ne pouvoit foupconner- qu'ils vinfent d’ailleurs que de la: poitrine, comme le remarque Braf- funolus (c). De ces Vers , les uns reffemblent à des Moucherons, fe- lon le rapport d’Avenzoard (4), &: - de Alfaharavius { e) ; d’autres font faits comme des Pignons , felon: lobfervation de Thomas de Vei- gue ( f) » & d’autres comme de pe: utes Punaifes, felon la remarque de (a) In dentibus verd reperiri vermes band infre- quens ef. Antomii Benivenii , Medicinalium Obfer- vat : exempla , cum annotationibus Bemberti Dodo- næi. Cap. 100. p. 194. lig. 1. in annotatione, (b) Fern. Pathol. de morb. inteffz. (c) Braffav. Comment. ad .Aphor. 47. lib. IV: Hipp. (d) .Avenfoard , Lib.I. Traë. IT. Cap. 3. (e).Alfahar, Cap. I. Tra&. XIII Prat. € £) Thom. à Veiga , Comm, ad Cap. $, Lib. I. Galeni de locis aff, 96 De 14 Génération | Joachim Camerarius, dans Scheñ= kius. | | Les HErATrIQUuESs fe trouvent dans le foie , & font ainfi appellés du mot Latin Æepar, qui lignifie Foie. Tous les Médecins ne con- viennent pas que ces fortes de Vers fe forment dans ce vifeëre , & plu- fieurs Auteurs cftiment qu'ils y viennent d’ailleurs , parce que la bile du foie femble devoir empé- cher les Vers de s’y engendrer. Ce- pendant comme le foie eftfujet x des hydropifies, dans lefquelles if eft fouvent plus rempli d’eau que * de bile, il ne paroît pas impoñli- ble qu'alors il ne s'y engendre des Vers , & ce n’eft guëre non-plus, , que dans ces occafions'qu'il eft arri- vé d’y en trouver , ainf que le re- marque Hartman, & que nous le verrons ailleurs. Gafpard Bauhin , { 4) rapporte à ce fujet, une Confultation qui vient trop à propos, pour que nous de- vions l'omettre. En 1578. au mois d'Oûobre dans l'Hôpital de Pa- doue, en préfence de plufieurs M£- Ga) Gafp. Banh. de Obfers. propriis… É decins , des Vers. 97 decins, & entr'autres du célébre M. Emilien de Champ-long, alors Profefleur à Padoue, & de Gafpard Bauhin ; il fut trouvé dans le foie d’un enfant de deux ans, mort de la petite vérole , plufieurs petits Vers: Voici comment la chofe fe pafla : On étoit en: peine de f{ça- voir fi le venin de la maladie n° ‘+4 voit point endommagé les parties nobles : Emilien de Champ-long , que nous venons de nommer, vou- lut s'en éclaircir par fes yeux , & pour cela fit ouvrir le corps. Com- me on vifitoit le foie, on trouva dans les rameaux de la veine-porté, & dans les propres rameaux du foie, un grand nombre de Vers, les uns vivans, les autres morts. Ces Vers'étoient rouges, ronds, un peu longs , & affez mous au tou- cher. Les Médecins qui affifterent à ouverture , furent de différens fen- timens fur le lieu où.ces Vers s’é- toient engendrés ; les uns foure- noient qu'ils avoient été formés dans les :inteftins, de-là’ conduits ar les veines mézéraiques, jufqu’à < veine-porte, & de cette. veine Tome L 98 De la Génération dans les autres vaifleaux du foie ; d’autres ; qu'ils s’étoient véritable- ment formés dans le foie ; mais que ce n'avoit été qu'aprés la mort du malade ; & d’auires, qu'il ne falloit pas douter qu'ils n’euflent été formés dans le foie du vivant méme de l'enfant: ce_qui fut l'avis de Bauhin. Ce dernier fentiment pa- roît aflez. vraifemblable ; vu qu’il y a des occalions où la bile du foie dégénére fi fort , que perdant pref- que toute fon amertume, elle de- vient propre ‘à laïfler éclorre des Vers , lorfqu'il s'y en rencontre des œufs. Les SrLeniques fe produifent dans larate , & font ainfi appellés au latin Splen., ur fignifie , Ra- te. Quelques Médecins cependant croyent gel ne fe produit jamais de Vers dans cette partie, & que c'e la feule de tout le corps, qui en foit exempte ; c’eft une queftion à examiner. Les Carpraïrrs font dans le cœur ; ils fe nomment ainfi d’un mot grec , qui fignifie cœur. I y en a de deux fortes : les Cardiaires t des Vers. 9> proprement dits , & les Péricar- diaires. Les premiers font dans le cœur même, & les autres dans le éricarde, c'eft-à-dire, dans la Boëte du cœur. Il y a eu des pe- ftes où l’on trouvoit de ces Vers dans la plupart des corps que l’on ouvroit, ainfi que l'écrit Vidius. ( 4} Ils caufent de grandes douleurs & uclquefois des morts fubites. On Paniers peut-être, comment il peut yavoir des Vers dans une par- tie dont le mouvement «ft fi con- fidérable ; mais il fuffit de faire ré fléxion à la ftruéture de ce mufcle , pour connoître que cela eft très. fa- cile. On fçait qu'à la bafe du cœur font deux cavités faites en forme de cul-de-fac, l’une à droite, l’au- tre à gauche, que l’on appelle les ventricules ; que ces ventriculeg font remplis de petites colomnesg charnues, produites par les fibres droites du cœur, & ont plufieurs enfoncemens & plulieur$s petites fentes qui rendent la furface inter- ne de ce même ventricule rude, & (a) Pidins junior , Bb. VII. cap. 2. de curæ. membror. ARR li 100 De ia Generation inégale ; or c'eft dans ces inégalités ue-les Vers font retenus , nonob- fant le mouvement centinuel du fans qui entre dans le cœur & qui en fort. Les PERICARDIAIRES font dans ke péricarde, c’eft-à-dire, dans la capfule ou boëte du cœur. Ils cau- fent quelquefois des convulfions extraordinaires , dont les attaques durent peu , mais recommencent fans cefle ; ces convulfions font ac- compagnées d’une päleur effroya- ble de vifage , d’un abbatement en- tier de tout le corps , de violentes douleurs d’eftomac & de poitrine. I1 fe rencontre quelquefois de ces Malades infortunés, & le célé- bre Baglivi Médecin de Rome, n'a fait part là-deflus, d’une obfer- vation importante & Curieufe que voici. | Un Cavaliere di 40. anni frego lati mel vivere, commincio a patire di dolor: . gagliardi di flomaco e di parti circonvici- ne doppootto giorni 1: fopra. Giunfe un fravagantiffimo moto convulfivo , cioe ogni er ro quarto d'ora era forpreffo da un momentanea moto convullivo per tuttoi + des Vern :- 161 corpo con pallore di volto , e pofirazione di force. Ceffato il quale , retornava detto moto convulfivo ogni mezxo quarto d’ora giorno e notte , che maggior puntualita non aurebbe ofervato l'orologio, doppo otto gtorni di quefii travagli [s fermo per due ore il moto convulfivo, doppo le quali vi fopragiunfero dolori acerbiffimi di floma- co ; e di petto per violenza de qsali poco doppo mori. Diceva lanalato nel morire fentirfi flrappare 1! cuore e Le vifcere dalli cam. Aperto il cadavere [1 retrovo nella cavita del pericaïdo vicino 4 cuore ,. un verme vivo longo d’un palmo, nero e pe- lofo | &> il cuore alquanto livido. Il reflo delle vifcere f; ritrovava nello flato natu- rale,. C'eft-à-dire : Un Gentilhoim- me de quarante ans, peu reglé dans fon vivre, commença à fentir des douleurs très-fortes dans l’eftomac & dans les parties voifines. Huit jours aprés furvinrent des mouve- mens convulfifs extraordinaires, qui revenoient à chaque demi- quart d’heure, & qui le prenoient tout-à-coup par tout le corps : ïl devenoit alors extrémement pâle, & étoit fans force : l'accès fini,.le Malade reprenoit fes forces , & {e J 1j ro2 De la Génération portoit aufli bien qu'auparavant. Ces accés pendant huit jours re- tournerent fi ponétuellement à cha- que demi-quart d'heure , tant du: jour que de la nuit, qu'une horloge _mauroit pas été plus jufte. Les huit jours étant pañlés, les mouyemens convulfifs ne revinrent que de deux. heures en deux heures, & peu de temps enfuite le Malade fut atta- qué de douleurs de poitrine & d’e- flomac fi violentes , qu'il en mou- rut. I] difoit en mourant qu'il fe. fentoit déchirer le cœur & les en- trailles comme par des chiens. Quand il fut mort on l’ouvrit, & on lui trouva dans le Péricarde un: Ver vivant, long d’un palme, tout noir & velu , le cœur un peu livi- de , & toutes les autres parties dans leur état naturel. Ce genre de Ver dont parle M. Baglivi, peut caufer quelque- fois des morts fubites ; & Sphéré- rius raconte qu'un. Gentilhomme de Florence, s’entretenant un jour avec un Etranger, dans le Palais du Grand Duc de Tofcane , tomba mort tout d'un coup ; que comme: des Vers: tôi ôn craignit qu’il n’eût été empoi- fonné, on l’ouvrit , & qu'on lui trouva dans la capfule du cœur, (4) ün Ver tout vivant. Les Sancuins, fe trouvent dans le fang ; ils fortent quelquefois par les faignées, comme l’aflürent Rho- äins, (&) Riolan , (c ) Ettinuller (d) & plufeurs autres Auteuts. . J'ajoute à cela, que M. de Saint Martin, fameux Chirurgien à Pa- ris, m'a atrefté que faifant une fai- gnée par l'ordonnance de M. Quar- ticr Médecin de Paris , le fang s’é- tant arrêté tout à coup, il remar- qua en écartant les lévres de l’ou- verture , un corps étranger qui en bouchoit le paflage ; qu'il fit auffi- tôt faire un léger détour au bras , & qu'en même ternps, il vit {ortir avec le fans , qui s’élança alors avec violence , un Ver cornu de la lon- gueur d'un Pérce- oreille. Feu M, Daval, Doë@eur-Régent de la - (4) Schenekins | Obfervar.: Medic. Kb. 11. dé corde, | (b) Rod. Cent. 3. Obferv. 6. (c) Riol. Encheir. Anat. p. 147. (d) Etimnl, Schrod. dilucid, Phif. Cla]. II. de’ #ceto.. I iv ro4 De la Génération Faculté de Médecine de Paris, & pere de M. Daval d'aujourd'hui, nouveau Docteur de la même Fa- culté , m'a afluré avoir vu plufieurs fois fortir des Vers par les faignées, & que M. fon pere en vit.un jour fortir deux par une même faignée , lefquels avoient chacun de lon- gueur , environ un tiers d’aulne. On raconte du fameux Pere Se- nault Prêtre de l'Oratoire , de qui nous avons le Traité des pañlions, que quelques jours 4vant:fa mort, on trouva dans du fang qu’on venoit de lui tirer, un petit Ver forti par la veine, lequel avoit des aîles. Je n’oferois donner ce fait pour cer- tain; car il fe pourroit bien faire qu’on eût pris pour un Infeéte en- gendré dans le fang , quelque Mou- cheron tombé par hafard dans une des palettes. C’eft fouvent à des méprifes femblables que nous de- vons quantité d’hiftoires qu’on nous rapporte comme vraies , & qui examinées de près, ne font que des preuves de la trop SRNdEl - plicité de ceux qui s'en difent les témoins. . des Wers, ï - Les Vers qui s’engendrent dans le fang , ne font pas tous de même fi- gure ; cependant ceux qu’on y trou- ve ordinairement, fe refemblent affez. La maniere dont ils font faits, mérite d'être remarquée. Leur corps eft figuré comme une feuille de myrthe , & tout parfemé de fi- lamens femblables à ceux qu'on remarque fur les feuilles naiffantes des arbres. Ils ont fur la tête une cfpéce d’évent comme en ont les Baleines , par lequel ils rejettent le: fang dont ils fe font gorgés. Ces. Vers qui fe remarquent quelque- fois dans le fang de l’homme, fe trouvent aufli dans celui des ani- maux, & pour les voir, il faut rendre des foies de veau où de Pb , tout récemment tirés du corps, les couper en petits mor- ceaux, puis les jetter dans de l’eau, On en verra fortir alors avec le fang , plufieurs Vers qui aurontun . mouvement fort fenfible , fi les foies font bien frais. Ces fortes de Vers font connus aux payfans du Languedoc , qui les appellent Dalberes , du nom T06 De la Génération d’une herbe qui pañle chez eux pour produire dans lé corps beaucoup de cette vermine. On peut voir là- deflus M. Borell (4) dans fes Ob- fervations de Phylique & de Mé- decine ; la chofe paroît avoir beau coup de rapport avec ce que nous avons remarqué ci-devant des Vers des Moutons page 27. Mais pour revenir aux Vers fanguins de l'hom- me, comme on he fcauroit avoir R-deflus trop de faits bien confta- tés, nous croyons devoir joindre encore ici les cinq fuivans : le pre- micr , attefté par une lettre de M. Charollois, Médecin de l’'H6- pital de Châlons für Saone; le fe- cond , par une lettre de M. Vrayet, alors Médecin à Compiegne, & aujourd'hui à Abbeville; le troi- fiéme , par une lettre de M. Col- laflon, Maître Chirurgien à Vatan, & les deux derniers par une nou- velle lettre du même M. Vrayet , qui m'a écrit tout récemment fur ce fwjet. Les voici telles qu’elles. nYont été écrités ; je n’en airetran- (4) Borel, Cent, 3. Obferv. 4, | des Vers. 107 ché que les complimens. Elles mé- ritent d’être lues. Lettre de M. CHaroLLois, Mé- decin de l'Hôpital de Chälons- Jur-Saone , au [ujer d'un Ver Janguin. Monsieur, » IT eft jufte que je vous fañe » part d’un fait extraordinaire con- » cernant un Ver Sanguin. Ce Ver » Eft forti par la veine médiane d’un: » homme de 66. ans, attaqué d’une » Maladie dont je vous ferai l'hiftoi- »re par la fuite. Je n’ai point vu » dans votre Livre de la Géné- » ration des Vers , ni dans aucun: » Auteur cité ; non plus que dans. ».ceux dont j'ai connoiïffance , qu'il » y aiteu de Ver Sanguin de cette: » grofieur. 11 eft de celle d’un tuyaw: » de plume à écrire : il a le corps: » comme variqueux, rouge dans le » dedans & en quelques endroits de: »- la fuperficie. Il eft rond dans toute :fa longueur, qui a près de cinq pou-- #08 De La Génération » ces : on y diftingue três-bien-la té- » te & la queue. Je ne puis, Mon- » fieur , vous marquer d’autres cir- » conftances, manquant de micro{- » copes pour cela. Jai mis le Ver » dans de l’eau de vie, & vous lai » deftiné. Je vous l’enverrai par la » Diligence, fitôt que vous m’aurez »témoigné le fouhaiter. J'ai pris à » Paris quelques-unes de vos Lecons » aux Ecoles de Médecine , après #avoir recû le Bonnet de Docteur » à Montpellier. Je n’avois encore ntrouvé aucune occafion de vous » remercier, je {uis ravi que celle-ci » fe préfente pour vous aflurer que » je fu is. &c.- CHaArorzots, Aédecin de l'Hôpital de Chälons-fur- Saone en Bourgogne. » Para premiere Diligence qui » partira d'ici, je vous ferai remet- »tre en main propre ce dont il s’a- » git, avec l’hiftoire de la maladie, » qui eft trés-finguliere. 4 Chälons-fur-Saone, ce.15. ay 1723. es Vers. 469 Seconde Lettre de M. CHaRo1- Lois, Médecin de l'Hôpitalde Chälons-[ur-Saone , au [ujer du Ver Sanguin, dont il ef parlé dans da précédente. M oxsteur, » JE vous envoye, comme .je » vous lavois promis , le Ver dont “je me fwis donné l'honneur de » vous Écrire. Vous ie trouverez un » peu changé en longueur , groffeur » @&c couleur,par le féjour qu'il a fait » dans l’eau-de-vie. :Le Malade au- » quel on letiraeft mort aprés avoir » eu dans unc maladie chronique » três-longue , des douleurs uni- » verfelles , une infomnie , un dé- #goût, un Ctoufflement erratique, sun pouls inégal, dur & concen- » tré, un crachement de fang noir, » mélé de bîle, des enflures de jam- » bes, unetenfion douloureufe , & » à diverfes reprifes , dans la région #du foie ; des urines briquetées , rod) De la Génération » quelquefois de la fievre, une dif. » ficulté de demeurer au lit pendant #les premiers jours de la maladie ; » en un mot, une affemblage con- » fus de différentes maladies , qui + m'a empéché de caraétérifer celle- #»nci, & de la réduire fous aucune » claffe particuliere. » Vous obferverez, Monfieur, #que le Malade, pendant rout le » cours de fa maladie, n’a rendu que » trois Vers par les déjections ; en- » core a-ce été un jour de Médeci- “ne, quoique je l'aye purgé plu- » fieurs fois , & que j'aye employé » les antivermineux, regardant tou- »jours le fond de vermine comme “ caufe conjointe. S'il fe préfente » quelque autre fait fingulier, je me » ferai un fenfible plailir de vous » le communiquer , & de vous af- “furer que je fuis, MONSIEUR, Votretreès, &tc. CHAROLLO1IS. A Chalons-fur-Saone, ce 2 5. May 1723. V des Vers. 11f Lettre de M. VRAYET, Méde- el À ., - cin à Compiègne ; fur un Ver Sanguin. Monsieur. » JE ne compte pas vous faire » rien voir de nouveau, en vous en- » voyant un Ver forti de la veine du _»bras par une faignée que je fis fai- » rC hier à une Dame attaquée d’un » rhumatifme univerfel. Le Chirur- » gien , En ouvrant le vaifleau qui »avoit été piqué la veille , tira ,en »ma préfence , avec la tête d’une » épingle , le Ver que je vous en- »voye. [left rompu, & nous n’en 5» AVONS EU QUE CE QUE VOUS VOYEZ , » quoiqu'il füt peut-être de la » même longueur que ceux que » M. Daval le pere a vu fortir par » la faignée, & dont vous parlez » dans votre Traité des Vers. » La tête & le corps étoient rou- » ges, & le col blanc; il étoit de »la groffeur d’une petite plume ” d'oye; de forte qu'il avoit pref- 112 De l4 Génération » que le diamètre de la veine d’où »ila été tiré. à :» Je l'ai mis dansun bout de plu- #me pour qu'il ne fe rompe pas. » J'aurois du le conferver dans de #»Veau-de-vie, afin que vous l'euf- » fiez pû voir tel qu'il étoit; mais “je ne fçavois à qui le confier. Je » fuis , Fe MONSIEUR, Votre, &c. VrRaAveT,Médecin. 4 Compiegne, ce 2 3. Novembre 1724. Lettre dd M. COLLASSON, Maître Chirurgien à Watan ; far un Ver Sanguin. Moxsreur, » JA: l'honneur de vous écrire » au fujet d’un phénomene de Mé- » decine, que j'ai vu le 15, de ce » mois de Septembre 1726. en fai- » gnant de Ja céphalique M. Gigot, Chanoine des Vers. 113 »Chanoine deS. Laurian de Vatan, » de la veine duquel il eft forti un » Ver long comme cette raye. » gros comme une petite ficelle, & » que j'ai vu fe mouvoir ; ce qui fut » fuivi‘de quelques portions de fang »çaillé. Le lendemain, j'ouvris au 5 Malade la médiane du même » bras. Le fang fortit avec impétuo- »fité, & l'ouverture fut aufi-tôt » bouchée par du fang caillé. Je fus » obligé alors de dégager , avec la “tête d’une épingle, ce qui bou- » choit le vaifleau, & je tirai une » grande quantité de fang comme _»congelé, &c. Je fuis, MONSIEUR, Votre , &c. Cozrasson , Maître Chi- rurgien à Vatan. De Vatan ce 27. Septembre 17216. . Ce que me mande dans cette let- tre M. Collaflon , Maître Chirur- gien à Vatan, fe trouve confirme Tome Z. K Y1 4: De la Génération & éclairci dans une autre: qu'il’ vient de m'écrire, en réponfe à: quelques queftions que je lui ai fai-- tes depuis peu à ce fujet, en luian- noncant que jallois donner une: troiliéme édition de mon. Traité des Vers; & que s’il avoit quelques. remarques nouvelles à me com- muniquer , je me ferois un grand: plaifir de les inférer dans mon Li- vré âvec la premiere dont il m’a- voit fait part.. Voici donc fa répon-- fe, qui me paroît d'autant plus di-- gne d'attention , qu’elle fert à con- fater un fait curieux &'important: dans la Médecine. Monsieur, » Le cas d’un Ver forti par la fai » gnée , €ft trop fingulier , pour être: » ordinaire, auffi n'en ai-je pas vu: » de femblable depuis que j'ai eu: » l'honneur de vous écrire, & mêé- » me je n'ai rien vu en fait de Vers. » & des accidens dont ils font fui- » vis , qui mérite de vous être rap-- # porté aujourd'hui. Quoiqu'il en. ' on des Vers 11$ .#{oit , le Chanoine qui donna lieu #à l’obfervation que je fis danslé “temps, fur le Ver forti par la fai- » gnce , éft encore au monde. Il cft- » réel que lorfque je le faignai il fe #préfenta un Ver à l'ouverture de’ 5 Ja veine, & qu'il n’en fortit qu'à > l'aide de mon ongle. Sa longueur s#étoit de deux bons travers de: sdoigt ; {à figure étoit ronde, & » fa grofieur de celle de la queue: » d’une poire de bon chrétien. Au: » fortir de la veine on apperçut fon # mouvement circulaire , ou fpiral.- » On le conferva quelque temps » dans de Peau-de-vie , après quoi’ » on négligea de renouveller l’eau. » & de garder plus longtemps cet: »“Anfcûte, &c. Failhonneur d’être, 28. de Ci L'ASS ON Ve Maitre Chirurgien. AE Vatan, ce $. Août:1736.. Iyaici une remarque particu:- liere à faire fur la premiere Lettre’ de M. Vrayet, qui cft que depuis” Ki; 116 De la Génération É onze ans qu'il m'a envoyé dans an bout de plume le Ver Sanguin dont 11 me parle, j'avois négligé de l’e- xaminer , & que-ce n’eft qu’au mois de Juin de Fannée 1736; que je me fuis avifé de le tirer du tuyau de plume où il étoit. Je l'ai trouvé, comme on peut croire, fort deffé- ché, ce qui m'a obligé de le mettre dans de l’eau pour l'humeéter , :& en mieux difcerner les parties ; mais je n’y ai rien vu de bien diftin&.Ce qui m'a frappé & à quoi je ne m'at- tendois pas, c’eft qu’au bout de quelques heures , 1l a teint en cou- leur de fang, toute l’eau où.je la- vois jetté, laquelle étoit afñlez abon- dante ; le lendemain j'ai ôté l’eau qui étoit encore plus rouge, & en ai remis d'autre , qui en une nuit eft devenue de la même couleur de fang. J'ai recommencé une troifié- me fois , & la même chofe eft arri- vée. Ce qui fait voir qu'il falloit ue ce Ver füt bien pénétré de ang , pour pouvoir colorer ainfi l'eau, onze ans après avoir ététiré de la veine. A Jai voulu réiterer, l'expérience des Vers. “17 une quatrième fois , mais elle n’a plus réufli, & le Ver s’eft tourné en colle. | Quant au Ver Sanguin dont me parle M. Charollois dans fa Lettre, & quim'a été qu Le en premier lieu , je le laiffai perdre par mégar- de ; ainfi je n’ai pu le mettre dans de l'eau , comme j'y ai mis celui de M. Vrayet ; mais il y a toute ap- parence , que comme 1] m’avoit été envoyé dans de l’eau - de-vie, il n'auroit pu rougir l’eau commune , parce que le fang en devoitétre trop coagulé par l’eau-de-vie. Dans le moment que j'écris ceci, je viens de recevoir une Lettre du même M. Vrayet , datée du 3. Juil- let de la préfente année 1736. dans laquelle il me parle de deux autres Vers Sanguins. Comme ces fortes: de faits ne {cauroient être trop con- nus, je crois qu'on ne fera pas fâché de voir ce que ce fcavant Praticien me mande encore fur ce fujet. T1 De la Génération: | Monsieur, » C’eft à Abbeville où je fuisétaz- »bli à préfent , que m'a été remife: “la Lettre que vous m'avez adref-- sÂée à Compiégne, où a été faite par mes foins, l’obférvation fur ST Ver Sanguin que je vous aien-- » VOYÉ En 1704. >, Je vous dirai pour répondre à: ,; Votre Lettre , que j'en ai vu fortir’ sun autre‘il y à huit ans au Quélu;. ,, prés la Ville d'Eu, en faifant faï- ,, gner Madame de Freflennéville .. >; laquelle autant qué je puis m'en: »fouvenir , étoit attaquée d’une: ;tièvre maligne , dont elle eft mor-- te. Mais je négligeai de conferver” , cet Infecte, & d'en faire la def- » Cription. Je croïs cependant qu'il :; réflembloit à un petit Vera foye tels qu'on les trouve dans leur Coque quand ils font dépouillés: ,; de leur peau , & qu'ils font en 5 féve. | | ,; Nous avons encore obfervé ici; sil y afix ans, entre trois Méde- des Vers: 119 »Cins , M. Poultier, M. Hecquet ,. 8 moi, un Ver Sanguin.,. qui avoit la figure d'une petite Tan- ,; Che ou: petit poiflon, long d’un: » peu’ plus d’un travers de’doigt,. » forti comme on faignoit Madame: :; de l’Epine enceinte de fept mois. attaquée. de pleuréfie', laquelle: >; guérit par le moyen de cinq ou: » fix faignées , de quelques convul- »fons, & accoucha quinze jours: 5 aprés: ,, Si vous inférez mon Obferva- » tion de Compiégne & ces deux: autres dans votre nouvelle édi-- »tion du Traité De la Générarion des: » Vers, je vous prie que ec foit fans: », affeétation par rapport à moi, qui ,, ne prétends tirer aucune gloire de: »Ceci, puifque ces obfervations: ,, font un effet du hafard. Cette Lettre de M. Vrayet con-: tient plufeurs autres particularités : que nous fupprimens , parce qu'el- les regardent des fujets différens de* celui-ci. Au refte il n’eft pas éton-- nant qu’il puifle y avoir des Vers- dans le fang ,; la pcriteffe de leurs: œufs , qui, à raifon de.cette extré-- t:0 De la Générätion me petitefle', s’infinuent dans Îes cndroits: les plus impénétrables., rend la chofe facile à comprendre. L'ordre demande que nous ve- nions à prélent aux Vers Véficu- laires, & aux autres qui naifent. hors des inteftins; après quoi nous. parlerons de ceux qui fe produifent dans les inteftins mêmes. C’elt. le plan. que nous nous: fommes pro- pofé au commencement , & qu'il faut fuivre. Les Vers VE’SICULAIRES s’en- gendrent dans la veñlie, & dans les reins , & fortent avec l'urine ; il y en a de plufieurs figures différentes : Tulpius parle d’un Ver (4) {orti de la veflie , qui étoit long. & rond comme les Vers ordinaires des in- teftins, & rouge comme du fang ; il y en à d’autres où l’on découvre . ur nombre prefque inombrable de pieds, une queue pointue, marquée d'un point noir au bout , & une té- te large, avec deux petites éminen- ces aux deux côtés , le deflus du corps rond & Hfe, & le ventre hé- rifflé. Un Médecin d’'Amfterdam , Ca) Tulp. Obferv. Médie, Lib, 11, Cap, 49. « dont ‘des Vers. 121 dont Tulpius (4) fait mention , en rendit dix - neuf de cette forte dans l'efpace de huit jours, en urinant, & cela après. avoir été guéri d’une fié- vre tierce : il les rendit au refte, fans aucune douleur. Ils avoient autant de pieds que des Cloportes. Le mé- me Tulpius en a donné la figure dans le fecond Livre de fes Obfer- vations ; la voici. Louis Durert, ce fameux Interpré- te d'Hippecrate , en:rendit par les grines , après une longue maladie, de femblables à ceux-là , felon ce qu'écrit Ambroife Paré (b). On en voit d’autres qui n’ont que fix pieds , trois de chaque côté vers Jatète , & qui, durefte, font tout blancs , & refflemblent à des mites de fromage , comme ceux que ren- (a) Tulp. Obferv. Lib. TT. cap. so. (b)Ambr. Par, Liv. XX, Chap. 3. Tome I. 122 De la Génération dit une femme de cinquante ans, dent -parle aufi Tulpius (4). Il y en a d’autres qui font faits comme des Sangfues, à cela près, qu'ilsons deux têtes; l’une à un bout, & l’au- tre à l'autre. Ces Vers vivent quel- quefois fort long-temps après étre aris , pourvii qu'on les tienne dans dc l'eau tiéde , comme on fit ce- Jui dont parle Balduinus Ronfeus (4), Jlequel par ce moyen, fut confervé vivant plus de fept mois. Il y en 2 d’autres qu'on prendroit pour des Sauterellés : le Comte Charles de Mansfeld, malade d'une fiévre con- tinue à l'Hôtel de Guïife, en jetta un de cette efpéce par les urines ; on en trouve la figure dans Ambroi- 4e Paré (c) 5 la voici. : Thomas Bartholin parle d'un Po- (2) Talp. Obferv. Medic. Lib. II. cap. 49. (b) Bald. Ronf. in Epif. + {c) Atmbr, Par, Liv, XX. Chap. 3. des P'ers. 123 onois , qui , après avoir ufé pen+ dant long-temps, d'un médicament contre la gravelle , jetta par les uri- nes quantité de fable mêlé de Vers noirâtres , faits comme des Scor- pions, mais plus petits (4). Le fept du mois d'Avril r713.une Demoifelle de qualité, âgée de fepr ans , Penfionnaire chez les Dames de la Vifitation Sainte Marie, rue du Bac , rendit par les urines quatre petits Vers blancs , aprés avoir bû de l'eau de fougere , que je lui fis prendre contre les Vers. Ces Vers étoient ronds, menus, & fans pieds: Les EccormAces naiflent dans les ulcéres , dans les tumeurs, dans les apoftumes. Ils font äinfi appellés des deux mots Grecs ELKOS & Phaguein , dont le premier fignifie ulcére , & le fecond , manger. Les grains de læ petite vérole en. font quelquefois tout remplis, com- me l’a obfervé M. Borelli (é). Les charbons , les bubons peftilentiels en contiennent un grand nombre, (a) Thom. Barth. Hifior. Anat, Cent. IP. (b) Petr, Borel, Hiflor. Obferv, Medic, Phyfic. Cene. II. Obferv, 7ts = > “om 6 eh L 1} 424 DelaGénération 4:25 chairs gangrénées en font ordi- nairement toutes pleines. Haupt- man rapporte qu'un de ces Vers ayant été mis fur du papier après avoir été tiré d'une partie gangré- née , en produifit fur le champ cin- quante autres, ainfi qu'on le remar- qua par le microfcope. Ambroife Paré , Chapitre 3, du XX. Livre, au Traité de la petite Vérole & de la Lepre, parle d'un Ver vélu qui avoit deux yeux & deux cornes, avec une queue fourchue ; lequel fut trouvé dans une apoflume à la cuifle d’un jeune homme. Le fa- meux Jacques Guillemeau tira lui- même ce Ver, & le donna à Am- broife Paré ,'‘qui le conferva vivant plus d’un mois dans un vaifleau de verre, fans lui donner aucune nour- riture. Voyez la figure ci-jointe, où ZE =STS HS Se STE pe TISS TE Ver velu Sorti dune ap a la Cuisse dun jeune homme, a des Pers. fzÿ left repréfenté tel qu'Ambroife Paré le décrit dans l'endroit cité. Les CurTaxwez naïflent fous [4 peau, entre chair & cuir , & fonc ainfi nommés: du Latin Curtis , qui fignifie peau. H y en aide plufieurs fortes ; les prmcipaux font les Cri- nons , les Cirons , les Bouviers , les. Soyes , les Talpiers & les Toms. Les CriKkoxs, en latin Crmones , font ainfinomimés, parce que quand: its fortent ;. ils reflemblent à de pe- tits pelotons de ctin Ces Vers vien- nent aux bras, aux jambes , & prin- cipalement au dos des petits enfans: Hs font fécher leur corps, de mai- greur; en confumant le fuc qui eft porté aux parties : c’eft la remarque de Schenchins (4). Kufner (b), Montuus(c), Ambroi- £ Paré (d), Ettmuller(e), Reufner(f), Borelli(g), font mention de ces Vers (a) Schench. Obf. Med. Lib. V.. de Phthiriafi, OEf. 8. (b) Kufn. cap. 12... 4ppend. ad Lib. Leonelli. Favent. de morb. puer (c) Mont. de Infant. Febrib. (td) 4mb. Par. Lib. 7. cap. 21. Chiturg, (e) Eftmull. de morb. Infant. (f) Hier. Reufner. in difpnt. Medica babità Bafileæ: Ann. 15821. (g\ Borel, Hiffor. @ Obferv. Med. Phyfic. Cent. TI, Objeru, 8. a Li} 126 De la Génération: qui ont été inconnus aux Anciens = Ettmuller en à parlé afflez au long dans fx pratique fpé- ciale , & nous en a donné une exacte defcrip- tion avec figu- res. Ces Vers ; felon ce qu'ils paroiflent dans. le microfcope ,. ont de grandes queues , le corps gros, & font tels qu'on les voit ici repréfentés. A: les repréfente- comime ils pa- A. Ca ef 86 Æ 8 as) St DUAL OMR K 1 4 CAP Cod 44 VAE e 2 DA L DE PE TL 7 SVP IAE 4 Hé 5e Le ALLIE LG LÉ ss , IN 7 aod fa von \ a wou COLE RPTS) . roiffent fans mi- + : AN crofcope ; & B, comme ils pa- roiflent avec le- microfcope. Ils font auf- fi appellés par- Ettmuller, Dracuncali, petits Dra- 5 "> S - (ei uen Pers. 7 LÉLT gons; mais cet Auteur Îes confond mal-à-propos avec d’autres Vers qui portent ce nom , & dont nous parlerons dans wh moment. Les Crinons n’attaquent guère que les enfans à la marimelle : ils s’en- gendrent à la faveur d’une humeur: éxcrémenteufe arrêtée dans les po- res de la peau, & qui eft aflez ordi: aire en cet âge. | Les enfans attaqués de cette ver- mine tombent en chartres, & ce- pendant tettent ,.& dorment bien, leur maigreur ne venant, comme nous avons dit, que de ce que ces Vers dévorent prelque tout le fuc nourricier qui eft porté par le fang aux parties. Ïl y améanmoins des en- fans que ces Vers émpéchent de dor- mir, & qui en font fi toërmentés qu'ils crient jour & nuit. M. Borelli dit (4) qu’il avoit un frere attaqué de cette maladie, lequel pouffa des cris continuels jufqu’a ce que ces Vers füflent dehors. I1 remarque qu’on: les fit fortir avec un peu de mief: dont on frotta le corps de l'enfant. Ifajoute que ces Vers dès qu’ils fen-- (2) Petr, Borell. ibid, ac fupra, Liv 128 De la Génération tirent le miel commencerent à mon: trer leurs têtes , & qu’enfuite ils. tomberent tous par le moyen d’un linge rude qu’on pafa fur le dos du petit Malade. Le Crron cft un Ver qui pañle pour le plus petit des Animaux , quoiqu'il y en ait de bien au-deflous de celui-là. On lapselle en Latin Acarus, d'un mot Grec qui fignifie très-petit (4). On le nomme Ciron en François, parce que la Cire y et fujette quand elle eft vieille. Le Ci- ron fe traîne fous la peau qu'il ron- ge peu à peu. Il y caufe de grandes. demangeaifons , & de petites am- poules , fous lcfquelles on le trouve caché quand on les pique. On a dé- couvert par le microfcope toutes les parties du Ciron.: il a fix pieds pla- cés deux à deux prés delatête, avec lefqueis il creufe de longs fillons fous l’épiderme. Ce Ver a été connu aux Anciens, & Ariftote en parle dans le Chap. 31. du Livre V. de fon Hiftoire des Animaux. Voyez- le repréfenté dans les figures fui- (2) axèpos.quod præ exiguitate dividi non poteff : qui ne peut être divifé à caufe de fa petitefle. © des Vers. 129 vantes , où il eft defliné comme il paroît par le microfcope. Vu par le Microscope. Les Bouviers font ainfi nom- més , parce que les-Bœufs. y font fujets : ces Vers fe traînent fous la, peau comme les Cirons , mais ils: font plus gros , & caufent des de- mangeaifons prefque univerfelles ; ils fortent fouvent d'eux-mêmes, & percent la peau en divers endroits. Alfaharavius, Avenzoar, & Albu- calis., font mention de ces fortes de Vers. La maladie qu’ils caufent s’ap- pelle Paffio Bovina | douleur Bovine. Elle a befoin d’un prompt fecours , fans quoi il en peut arriver de fà- cheux accidens. Les Soyes font des Vers qui ncfe 130 De la Génération voyent point dans ces pays (4), mais: qui {ont communs dans l'Ethiopie & dans les Indes. Is reflemblent à de petits cordons de foye rorfe, & naiflent ordinairement aux jambes: & aux cuifles. Ils font d’une lon- gueur extraordinaire , les uñs ayant: üne aulne , les autres deux, les au- tres trois , & quelquefois quatre; les Negres d'Afrique y font fort fu-- jets , & les Américains contractent cette maladie par la contagion des: Negres qu’ils fréquentent. Elle fe’ communique même fouvent à des: perfonnes qui ne font ni d’Améri que, ni d'Afrique, & M. le Comte: de Scaghen , Hollandois, m'a dit avoir vu dans l'Amérique Occiden-- tale, un Soldat d'Utrech , qui avoit: aux jambes vingt-trois de ces Vers, qu'il tira de fuite les uns après les au- tres, & dont quelques-uns avoient: plus de deux aulnes. Ces Vers cau- fent des douleurs detête, & des vo- miflemens ; mais quand on en eft une fois délivré , on fe porte bien. : Lorfqu'ils font en état d’être tirés, . on le connoît par une petite apoftu-- (a} Paul, Æginet, Lib. IF. cap. 58. des Vers. 131 me qui fe forme à l'endroit où aboutit une des extrémités du Ver. On perce alors cette apoftume , & puis on prend un petit morceau de ais rond , long de la moitié du doigt , & fort ménu , auquel on tortille d’abord ce qui fe préfente: du Ver. . On tourne enfuite ce bois com- me une bobine , & le corps du Ver fe roule à l’entour comme du fiF qu'on devideroit. C’eft ainfi que ce: Soldat tira les fiens en la préfence de M. le Comte de Seaghen. On sy prend de la forte de: peur de le rom- pre , parce qu'il eff fort délié, & qu'il y a du rifque à ne le pas tirer entier; car la partie qui refte caufe: des fiévres dangereufes. Deux chofes. font à remarquer dans ce Ver-:: r°. Il à deux têtes. non à côte l’une de l’autre , mais fi- tuces lune à un bout, & l'autre à: l'autre , comme en certaines Che- nilles. 2°. Il y a toujours unc de ces. deux têtes qui eft comme morte .. tandis que l’autre paroît vivante. ; Lagmaniere dont on tire ce Ver: eft. repréfentée dans la planche fui- E32 De la Génération vante , fig. L. laquelle eft copiée de Velfchius, qui a fait un traité ex- prés fur cette forte de Ver. Il vient à la cuiffe des Chardon- nercts un- Ver prefque fémblable. Spigclius dit erf avoir vu un:à Lx cuifle d'un de ces Oïffeaux , lequel avoit un pied de long. Cette lon- guewx paroît d’abord incroyable , mais la maniere dont le Ver eft fi- té, rend la chofe facile’, vü qu'it eft difpofé eziczac , comme on le voitici, fig. rx. & c’eft ainfi qu'étoit celui que Spigelius dit avoir remar- qué (4); c’eft auffi de la même ma- nicre à peu près , que font difpofes ceux dont rous venons de parler . qui viennent aux jambes des Ethio- piens. Celui des Chardonnerets eff mince cemme une petite corde de Euth: Lorfqu’il eft parfait & qu'it commence à fe mouvoir, il perce Ja- peau’ & fort quelquefois de lui- même. Le plus fouvent l’Oifeau le tire avec le bec. « Quelques Auteurs ont douté que les Soyes fuflent de véritables Vers. mais Thomas de Veigue prétend, (a). Spigelins de lumbrico late. des Vers. 133 . que ceux qui font dans ce doute, n'ont pas examiné la chofe d’aflez près. En effet , le Vier dont il s'agir, a du mouvement, & M. le Comte de Scaghen, que j'ai cité plus haut , m'a affuré en avoir apperçu ‘dans plufieurs de ceux :que ce Soldat avoit tirés. Les Arabes, & entre au- tres, Avicenne (4), appellent ce Ver du nom de eñie, parce qu’il reflera- ble à une petite veine. Thomas de Veigue dit qu'Albucafis en a vu qui avoient jufqu'à vingt palmes de long: Quant à la couleur, il eft rougcâtre. Amatus Lufitanus parle dece Ver, & décrit-la maniere dont on s’y prend pour le tirer, laquelle s'accorde avec ce que nous venons de dire là-deflus , p. 131. Mais il y a une circonftance finguliere dans «ce qu'il en rapporte, a eft que quelquefois il faut plufieurs jours pour parvenir à le tirer entier fans le rompre; ce qui arrive apparemment Jorfqu'on s'y prend trop tôt , & avant que le Ver foit , pour ainfi dire, mûr , &en état d’être tiré. (à) Vena Medena, Avic.Fen, 3, Lib.IP. 134 De la Génération » Un Ethiopien , dit-1l (4), gt * de 18. ans , Efclave d’un Inten- » dant de Marine , ayant été ame- » né de Memphis à Theffalonique, » fe plaignit d’abord d’une grande » douleur dansunecuifle : il lui vînt # prés du talon un petitulcere, dans » lequel paroifloit comme le bout{(i) » d’une veine. Les Turcsayant con- » fideré ce mal , le connurent , & “dirent que c'étoit une maladie » dangereufe , ordinaire en Egypte ss & aux Indes. Un Médecin qui fe » connoifoit à cette forte de mala- » die, fut appellé, & fe conduifit » ainfi pour la guérir. I1 prefcrivit » d'abord une maniere de vivre con- » venable, puis il prit l'extrémité s» de cette veine, ou plürôt de cette » efpéce de corps nerveux , la lia à » un petit bâton fort ménu, qu’il ,, tournoit de temps en temps , & ,, fort doucement, jufqu’à ce qu’en ,, fin au bout de quelques jours , il ;, parvint à l’autre extrémité , c’eft- »a-dire, qu'il eût tiré environ la (a) Amat. Lufit. Curationum Medicinalium centvr. fept.curat. LXIV. in qua agitur de Dracunculo, in tibia maito.quem Arabes venam mitenam appellant. (b} In quorvenæ modo , caput confpicicbatur, des Vers. 131$ 4, longueur de trois coudées , par le ,, moyen de quoi l’Ethiopien fut ,» guéri de fes douleurs & de fa ma- , ladie , fans l'application d'aucun ,, Cataplafme , & fans aucune fo- », mentation. Voilà ce que rapporte Lufitaous. | On diroïit à ces paroles, qu’il fup- pofe que ce Ver n'eft qu’un corps membraneux , ou nerveux , & non un animal; mais immédiatement après il déclare le contraire bien €expreflément. (4) » Les Auteurs, » dit-1l, font en balance fur 1a na- » ture de ce mal ,'& nefçavent fi » c'eft une veine, un nerf, ou un » Ver ; pour moi je fuis témoin ocu- :, laire de la chofe, & par confé- » quent plus à croire que ceux qui » n’en ont qu'entendu parler. J’aflu- 1e que cela paroît être un Ver » blanc fort délié, & de la figuré >, d'une foye torfe, lequel fort de- > hors, & dont la partie qui paroît, ,, reflemble à un nerf defléché. Si >, Cette portion vient à fe rompre , & à fe détacher du refte , le Ma- » lade en reffent de grandes dou- : {a) In fchol, bic curat. [abject. 3 36 De la Génération , leurs dans le corps, &'de gran- ,, des perplexités dans l’efprit (4). Ce Ver s'appelle autrement perir Dragon , en Latin Dracunculus , nom qu'Ettmuller donne mal-à-propos aux Crinons , qui font très-différens de celui-ci. Ambroife Paré , après avoir rap- porté fur cette maladie le fenti- ment de da plüpart des Grecs , & avoir , comme il fe left imaginé, bien refuté là-deflus les Anciens, dit que le petit Dragon, ou comme il Pappelle , le Dragoneau , n'eft ni un Ver , ni rien d’animé , mais (b) feulement-un abfcès caufé par un fang trop chaud. De plus, il en par- le comme d’une maladie commune (a) An nervus vel lumbricus morbus hix fit, in du- bivum vertunt ,Autores. Ego verd oculatus teflis, multis auritis verior . teflor morbum bunc tanquam lumbricum confpici , album , [ubtilem, lines contortæ. modo, qui cx Je foras prodir, Cr pars extra miffa Cm arefcit , cam nervum exficcatum quivis dicet : qui fi abrumpi contin- gat, intenfos excitat. dolores, €° non lenes animi an- guffias concitat. Nafcitur autem morbus bic frequenter apud Ægyptios, Indos, C7 Arabes : fed præcipue apud Mediam juxte Perfiden | unde nomen venæ Medenæ #raxit. Amat. Lufitan, Curation. Medicinal. centuria fepti- ma. 1n [chol. de b) Ambr. Par, Chap. 13. des Tumeurs enparti- cuUier, L dans des Vers. 137 dans toutes fortes de pays , en quoi ilife trompe ; ce mal , felon le rap- port unanime des Grecs, & de tous les Arabes , étant particulicf"aux Indiens & aux Ethiopiens. Am- broife Paré ne s’eft pas foucié ici du témoignage des yeux, lui qui avan- ce cependant que dansles chofes qui tombent fous les fens , on ne doit rien avancer fans en avoir été té- moins. Schenchius (2) dit là-deffus, que cet Auteur a voulu apparem- ment confondre la France avec les Indes & l'Ethiopie. Quelques autres mettent ce mal dans le‘genre des Varices, &' ne fe trompent pas moins ; d'autres le confondent avec le Crinon , ainfi que fait Ettmuller ; & c’eft, com- me Fobferve Schenchius , vouloir . comparer une Mouche avec un Eie- phant , les Crinons étant fort pe- tits, & les Soyes, oupetits Dra- gons, dont il s’agit, étant d’une lon- gueur extraordinaire, Us: Les Tazriers , font ainfi nem- més, parce qu'on diroit qu'ils che- À )'Schene. Obferv, Medic. Lib. III. de Phtivia Ob. 7. Tome I. M 138. De la Génération minent fous la peau, comme chemi- nent fous terre les Taupes ; ils fe: tiennent ordinairement cachés dans- des tumeurs où des cals qu'ils: femblent faire élever , comme les: Taupes font élever au-deflus d’el- les des boffés de terre. Ce font de: petits Infectes , qui, par quelques- uns des accidens qu'il caufent , pa- roiflent avoir affez de rapport avec- Iés Soyes , mais qui en font d’ail-- leurs 2e différens.. Les Efpagnols nomment cette: forte d’infeûte Pique ; & les Indiens. Guaranis qui y font fort fujets, le: nomment 7 4#g. I n’eft pas plus gros: qu'une Puce, comme Île remarque: lé Pere Chomé dans la pénultiéme- Lettre du vingt-deuxiéme Recueil: des Lettrés Edifiantes & Curicufes,. p.411. en quoi ce Ver diffère bien des. Soyes ou pétits Dragons , qui ont quelquefois plulieurs aulnes. Le Pere Chomé, aprés avoir dit que le Ver en queftion , eft de la groffeur d’une petite Puce, ajoute qu'il s’'in- finue peu à: peu entre cuir & chair,. principalement fous les ongles C dans les endroits ou il y a quelque ; frmferss AL |: #3> ealus ; que là il fait fon nid & laiffe- fes œufs. Mais n’y a-t-1l pas apparence que’ c'eft plutôt le’ Ver lui-même qui caufe-ces cals ou tumeurs. Au refte, de la maniere dont parle le Pere Chomé ; quand il avance que le Ver dont il s’agit , s’infinue peu à peuentre cuir & chair, & que là il fait fon nid & laiffe fes œufs, il fem- ble que ce Ver ne fe produife pas dans l’homme-même , mais qu'il y vienne de dehors ; ce qui eft un fait à examiner, & non à fuppofer.. D'ailleurs pourquoi ce Ver cher- cheroit 1l plutôt ies calus pour s'in-- finuer dans la peau, que les endroits qui font plus tendres & plus faciles a pénétrer >» De plus, fi le Pique, comme lé nomment les Efpagnols,. ou le Tang, comme le nomment les: Indiens , vient du dehors ; pour- quoi n’en trouve-t-on pas aufüi fur terre > Du moins on n'entend pas dire qu'ils yen trouve ; cette diffi- culté n’eft pas facile à réfoudre.- Mais la queftion eft peu importan- _te, venons à quelque chofe de plus 1ntéréffant. Si lorfqu’on eft artaqué: | Mi, 140 De l4 Génération de ce Ver , ce qui fe reconnoît par une violente démangeaifon qu'il caufe dans l’endroit où il eft, on n'a pas foin de le tirer prompte- ment , il gagne pays, fe répand au long , & produit de fâcheux acci- dens ; tels entre autres, que deren- dre les pieds ou les bras perclus , fe- Jon l'endroit où il fe cantonne Pour {e délivrer de cet ennemi, il faut miner peu à peu fa petite loge avec la pointe , non d’une épingle , de peur d’envenimer la peau, mais d’u- ne aiguille , do le tirer de là tout entier ; nous difons tout entier , car À foit fort petit, it arrive ouvent qu’on n’en tire que Ja moi- tié, ou moins encore, ce qui rend la playe dangereufe, & tout le corps fort malade ; accident qui eft aflez femblable à celui que caufent les Soyes , lorfqu’en voulant les tirer dehors on en laïffe en dedans quel- que portion. Les Toms font de petits Vers ui viennent aux pieds , où ils cau- rs des tumeurs douloureufes , groffes comme des féves. On ne trouve de ces Vers que dans l’Amc- des Vers. F4 rique: Thevet rapporte. dans l’'Hif- toire de ce pays-là,. que lorfque les Efpagnols y ch ils devinrent fort malades de ces fortes de Vers , par -plufieurs tumeurs qui s’éleve- rent fur lours pieds, 8 que quand. ils ouvroient ces tumeurs, ils y-trou- voient un petit animal blanc. Les Habitans du pays s'en guériflent par Ic-moyen d'une huile qu'ils tirent d'un: fruit nommé Ghibou , & Cachi- bou , Iequel n'eft pas bon à manger : ils confervent cette huile dans-de petits vaifleaux faits avec des fruits, appellés chez eux Carameno. Ils en mettent une goutte fur les tumeurs, & le mal guérit en peu de temps. Ezs Vers Umgiicaux font des Vers , qui, à ce que prétendent quelques Auteurs , viennent au nombril des enfans , & qui les font beaucoup fouffrir. Ils leur caufent une maigreur confidérable, & les jettent dans une langueur univer- félle. Les lévres pâliflent; la cha- leur naturelle diminue , & tout le corps tombe dans labbattement. On n'a point. d'autre figne de ce Ver, dit Ettmuller, finon qu'ayant M: 142 De la Génération hé fur le nombril de l'enfant, wi: de ces poiflons, qu’on nomme Goujons , on trouve le lendemain: une partie de ce poiflon rongée. On: en remet un autre le foir, & l’on: rèitere la chofe jufqu'à trois ou quatre fois, tant pour s'aflürer du féjour du Ver, qué pour Fattirer: par cet appas. | Enfuite on prend fa moitié d’une coquille de noix, dans laquelle on. mêle avec un peu de‘miel, une pou- dre faite avec du chryftal de Veni- fé & de la Sabine. On applique cette coquille fur le nombrif ; le Ver vient à Fordinaire, & attiré: parle miel, mange de cette mix: tion qui le tüe ; après quoi‘ on fait: avaler à l’enfant quelque médica- ment abfterfif pour entraîner le Ver. | _ J'aurois beaucoup de penchant ‘traiter ce Ver de fable, fans le témoignage d’Ettmuller { 4 ) &, de Sennert, (à ) qui me font fufpendre mon jugement. Le premier affüre : (a) Etimull. de morb. Tnfant. {b) Sezncrt. Lib, III. Part. I. de Morb. Abders, Capau Ù des Vers. 143: que Michael a gucri de ce Ver plu: fieurs enfans , en obfervant la mé- thode ci-deflus Le fecond rapporte: aufli Pautorité d’un témoin ocu- laire, quieft Bringgerus | (4) lequel dit qu’une petite fille de fix mois. ayant une fievre dont elle ne pou- voit guérir , la mere foupconna- que c’Ctoit un Ver au nombril, & que pour l'en: délivrer, elle mit. tout vivant fur le nombril de l’en- fant , un deces Goüjons , Ielia avec: des linges, & Fy laiffa vinst-qua- tre heures; que le Ver mangea le poiflon , & n’y ayant laffié que les. arêtes ; {e retira dans la veine , ce font fes termes : que là mere rénou- vcllant tous lès jours Fappas , Ia: même chofe arrivoit ; que haitou dix jours enfuite, les linges appli-- qués fur le nombril étant tombés, entraînerent le poiflon & le Ver: qui le mangeoïit ; que ce Ver n'ayant: pu rentrer dans le vaiffleau umbili- cal, futtrouvé mort fur le ventre: de l'enfant ; qu’il étoit rond & jau- nâtre ; avoit un demi-pied de Iong, _(a) Bringg.in Epiflolä. Obferv, D, Philipp, Hoerfle- ri Decads 6, annexés 44 De la Génération 8 une peau plus dure que celle des Vers ordinaires. | Rupert , ami familier de: Sen= nert (4), rapporte une hiftoire fem- blable, d’un enfant de même âge. lequel pañloit les nuits dans de gran- des agitations., crioit fans cefle, & rendoit des- maticrès- vertes, fouvent cendrées , qu'on: autoit prifes pour de la chair hachée. Il dit qu’on fit à cet enfant, plufieurs: remcdes inutiles, après lefquels on fe détermina à lui appliquer fur le nombril un Goujon ; qu’au bout de deux-heures., le poiffon fut ror- gé & creufé à pouvoir mettre un poids dans ce creux ; qu’on appli- qua enfuite un autre Goujon , qui fe trouva le lendemain fi rongé , qu’il n'avoit que l’arrête; que comme on eut remarqué cet effet, on ap- pliqua fur le nombrit, la moitié d'une coquille de noix , remplie d’une pâte faite avec du chryftal de Venife pik , du miel & de la fabi- ne ; que Le lendemain on trouva une partie de cette pâte mangée ; que l'ayant renouvellée trois jours (a) Sennert, Lib. III, Part: X; Cab, 4, de des Vers. : 145 de fuite, la même chofe arriva les deux premiers jours ; mais que le troifiéme , on'tira la mixtion toute entiere ; que cc figne ayant fait ju- ger que le Ver toit mort, on fit avaler à l'enfant de la poudre de corne de Cerf dans de l’eau de 7 4- naïfie ; & qu'ayant aprés vifité fes langes, on Ï trouva le Ver {qui étoit forti fans doute, par l'anus) & dont la tête s’étoit féparée ; que ce Ver avoit un palme de long ; que la tête, qui étoit faite comme celle d’une Mouche, paroifoit fort dure; qu'on y voyoit des yeux, & aupres de ces yeux , une trompe fort bien figurée ; que quand le Ver fut forti, tous les Pipeomes de la maladie cefferent. Voilà ce que rapporte Ruppert, (4) . lequelajoute que l’on confervoit la tête de ce Ver, & qu'on la mon- troit par curiofité. | Il y à dans ce récit, une circon- flance qui nc me paroïît pas vrai- femblable ; c’eft la forrie du Ver par les inteftins ; car fi l’Infe@&e étoit dans quelqu'un des vaiffeaux (a) 4pud Sennert ; Lib, TT. part, 10. Cap. 4, Tome L. 146 De la Génération umbilicaux ,- foit dans la veine du foie, foit dans l’une des deux ar- téres. umbilicales ; ou fi l'on veut, dans, le ligament nommé Ouraque ; qu'on ne doit pas cependant mettre ici au rang des vaifileaux umbili- caux , puiiqu’il n’eft pas creux dans l'homme; on ne peut concevoir que la force d'aucun médicament ait pu l’entraîner de-là dans le con- duit inteftinal pour le chaffer avec les déjcétions ; à moins qu'on ne fuppole que ce Ver ait percé les in- teftins pour y entrer. Ne feroit-il pas plus vraïfemblable de penfer que ces prétendus Versumbilicaux, ne {ont point des Vers particuliers engendrés dans lumbilic; mais des: Vers inteltinaux , lefquels perçant Yinteltin & les tégumens. com- muns , fe font: un chemin jufqu'à Tumbilic qu'ils percent auf, & d’où ils retournent dans. les inte- fins ; ce qui ne féroit pas un cas fi fingulier , y ayant-eu plufieurs Ma: lades à qui les Vers des inteftins font ainfi: fortis par le nombril, comme Je témoionent { 4) Fore- (a) Forefi. Lib, 21. Objerv, 26. im fcheh des Vers. 147 fus, & plufieurs autres Auteurs Ettmuller (4) cependant & Sennert parlent de cet Infeéte , comme d’un Ver qui fait une efpéce à part. Le premier dit que perfonne, excepté $Sennert & lui, n’en a fait men- tion. ÿ Les Vers VenerteNs, font des: Vers que l'on dit fe trouver dans prefque toutes les parties du corps de ceux qui font atteins de la mala- die vénérienne. M. Hartfocker dans la feconde Lettre qu’il m'a écri.- te, & qui eft inférée dans ce Livre, cft de fentiment qu'ils caufent tous les ravages qui arrivent dans les: maladies Vénériennes ; qu’ils mor- dent & rongent tout ce qu’ils trou- vent. Il y a des Vers dans plufieurs maladies Vénériennes , le fait eft conftant ; mais que ces maladies. viennent de Vers , comme le pré- tend entrautres l’Auteur d’une Thefe foutenue à Montpellier aw mois de Juillet 1713. laquelle à pour titre : 4n lues venerea à Vermi- bus ? c’eft ce qu'il cft difficile de prouver. Aufñi l'Auteur de cette {a) Ettmuller, de Morbo infantum. N ij 148 De la Génération ‘Fhéfe n’appuie-t-il d’aucuné preu- vé convainquante le fentiment qu’ advance. Il y a bien plus d’apparen- ce queles Vers qu'on nomme Vé- ñériens , font l’efict plütôt que la caufe des défordres de cette mala- die. Il'eft vrai qu'ils peuvent aug- inenter le mal ; mais de foutenir ils en font la fource , c’eft vou- loir deviner. - M. de Sault, dans fa réponfe à M. Aftruc, eft d'opinion que la caufe des maladiesvénériennes font les Vers. Voici fur quoi il fe fonde. 1°. dit-il, le microfcope découvre des Vers dans les ulcères vénériens. 2°. Le Mercure qui eft un fouve- rain remede contte la maladie vé- nérienne , eft aufli un fouverain re- mede contre les Vers. 3°, On lit dans l'Ecriture , que Cezur qui s£ JOINT AUX FEMMES PROSTITUEES, SERA MANGE’ DES VERS, Qu fe jangit fornicarus , erit nequam , putredo & vermes bereditabunt illum. (4) Il peut fe trouver des Vers dans les ulcéres vénériens ; mais il ne s'enfuit pas que ces Vers foient la £a) Ecclefiait, 6. 19. v. 3, | ? des Vers. 149 caufe des ulcéres où ils fe trou- vent ; ils peuvent en être l'effet, & rien plus. : Quant au‘Mercure , il guérit Ie mal vénérien ; mais de ce qu’il guc- rit aufli les maladies qui viennent de Vers, il ne s'enfuit pas qu'ilne gucrifie les maux vénériens , que : parce qu’il eft contraire aux Vers. Pour ce qui eft du paflage de l'Ec- cléfiaftique , fçavoir , que celui qui s'abandonne aux femmes. dcbau- chées , fera mangé des Vers, M. De- fault lui-même avoue que ce témor- gnage ne prouve pas abfolument que lzmaladie dont il s’agit foit cau- fl par les Vers du corps. Les Vers de l’homme , comme ceux de Îa plüpart des animaux , fe diftin- por en Zoophages & en Zoophiles. es premiers font ennemis de Fani- mal & le dévorent ; ce qui fait qu’on les appelle Zoophages , du mot grec Zoon, qui fignifie animal , & du mot grec Phaguein, qui fignifie manger, dévorer. Ceux dont nous avons fait jufqu'ici mention dans ce Chapitre, & ceux dont nous parlerons dans l'Article des Vers: sk N üÿ “ #50 De la Génération des inteltins , font de cenombre. * Les feconds, loin de nuire à l'a- nimal, en font amis; ce qui fait qu'on les appelle Zéophiles , du - même mot grec Zoom, qui fignifie ,. animal , & du mot grec Philos, qui fignifie ami. Tels font les Ocfopha- giens & les Spermatiques. : H femble que j'aurois du pañfer fous filence, ces fortes de Vers qui n’ont rien de commun avec les au- tres; fi, comme on le prétend, ils font amis de l’animal : mais com- me je me fuis propofé de traiter univerfellement de tous les Ani- maux qui fe produifent dans le corps ; ce ne feroit pas remplir mon. deffein, que d’obmettre ceux-ci. Il eft vrai que dans le titre de ce Livre , après avoir annoncé que je: vais traiter de Ia Génération des Vers du corps humain, j'annonce tout de fuite, que je traiterai de la nature & des efpeces de cette ma- Jadic ; mais il ne s'enfuit pas pour cela que je me reftraigne à ne faire mention que des Vers qui font nui- fibles au corps. Je vais donc parler: des Vers que l’on nomme Oefophs- des Vers. IST giens , & de ceux que l'on nomme “Spermatiques. - ! Les OrsornAcrens font des Vers que quelques Auteurs prétendent s'engendrer dans une glande du golier, laquelle par le moyen de certaines fibres fiftuleufes qui vont s'introduire dans lœfophage , a communication avec l’œfophage même, &.y verfe un fue vermi- neux , qui opcre la digeftion des: alimens. M. Vercelloni Médecin Piémontois , (4) eft de cette opi- ñion , dans un Livre latin qu'il a. donné fur les Glandes conglome- rées de l'œfophage , impriméà Aft en 1711. Sa principale raifon ef. qu'on voit, à ce qu'il dit, un grand nombre de Vers dans cette glande ;' & qu'afin que les alimens fe dige- rent, ces mêmes alimens doivent {e changer enun fuc vivifiant. Or un: fuc, dit-il, ne peut devenir vivi- fiant ; que par quelque chofe qui le viviñe, & ce quelque chofe ne fçauroit étre qu’une matiere ani- (a) Jacobi Fercelloni pedemontani , de glandulis: œfophagi conglomeratis , Jo vero nutritio ,: C9 Ver= mibus, Differtatio Anatomico Medica! Afhe 17sr: Niv #5$2 De Lx Génération -mée , telle que font des Vers. Mais, je demande à cet Auteur, fi les Vers qui , felon lui, font en nous la di- geftion, n’ont pas befoin d’autres Vers pour faire la leur propre ? Le Médecin de Piémont , répondra fans doute qu’oui ; on ne peut dans Adn fyftême, lui prêter d'autre ré- ponfe. Je lui demande enfuite, fi ces Vers, par le moyen defquels les Vers mêmes font leur digeftion,, n’ont pas aufli befoin d’autres Vers pour digérer : M. Vircelloni eft fans doute encore obligé de répondre qu'oui , s’il veut parler conformé- ment à fon fyftème. Cela pofe , on le fera remonter ainfi à l'infini, ce qui cft d’une abfurdité vifible. Les VERS SreRMATIQUES font des Vers qui fe remarquent par le moyen du Microfcope, en cette humeur qui eft contenue dans les tefticules des animaux mâles & au- tres de leurs parties fervant à la génération. Comme cette humeur €ft l'humeur fpermatique des Ani- maux , c’eft-à-dire, celle qui fert à la propagation de l’efpece ; il eft naturel d’appeller du même nora | des Vers. 153 de Spermatiques , les Vers qui sy trouvent. M. Hartfocker, (4) & après lui, M. Lecwenhock, préten- dent que ces Vers font à l'homme & à tous les animaux, ce que les germes des ee font aux plan- tes, c’eft-à-dire , que c’eft par eux que fe fait la génération. Voici le fyftême. Dans tous les Animaux mâles; on remarque avec le Microfcope , : €n cette humeur que renferment les tefticules & les autres parties deftinées à la génération, un nom- bre incroyable de vermifieaux , qu'on appelle, pour ce fujet, ainfi que je vicns de le dire, Vers Sper- matiques. C’eft un fait dont on peut aifément fe convaincre par Fexpérience. Si l’on ouvre un Coq vivant , qui depuis quelques jours mait été par- mi les Poules , & qu’on examine avec le Microfcope l'humeur con- tenue dans les tefticules de cet ani- mal & dans les autres parties de la génération , on verra dans cette humeur , quand on n’en prendroib (a) Effai de Dioptrique, 154 De la Génération : ‘qu'une portion de la groffeur d’un grain de fable , plus de cinquante mille Animaux vivans, reflemblans à des anguilles ; & tous dans un mouvement continuel. Pour bien réuflir dans cette expérience, il faut d’abord ouvrir au Coq la veine ju- gulaire , afin de n'être point em- barraflé par l'abondance du fans. Si l'on fait couper un Chien, & - qu'après enavoir pris un-tefticule , on examine par le Microfcope lhumeur qui fortira du vaifleau deférent , ôn y découvrira un nom- bre fi énorme de petits Vers vi- vans , qu’à peine pourra-t-on croire fes yeux. Difféquez enfuite Ie vaif- feau deférent , vous y trouverez un fi grand nombre de Vermif- feaux, que dans une portion de cette humeur, qui ne fera pas:plus _groffe qu'un grain de pouflicre , vous enverrez plus d’un million. Comme cette expérience ne fe peut faire fans qu’il fe mêle quelques gouttes de fang avec Fhumeur qu'on examine, vous appercevrez parmi ces Vers, plufieurs petits globules , qui font les parties du fang ; car elles font ainfi figures. | des Vers. Ts Diffléquez les Epididymes, ou fes Paraftates , vous y verrez encore Ja méme quantité de Vers. Ces Vers ont une longue queue , & un: corps compofé de plufeurs ron- deurs l’une fur l’autre. (4) Voyez la planche fuivante , fig. r. Quand ils font morts , ils ont une autre figure. Voyez même planche, fig. 2. Ver Spermatique du Low, Les laites de Mcrlue iont toutes. pleines de Vers Spermatiques : fé- _ parez-en une particule, groffe com- me la pointe d’une aiguille ; exa- minez cette particule avec le Mi- fa). Voyez Lecw/enhock , part, 3.p. 165. 156 De la Génération crofcope, vous y verrez plus de dix mille animauxàlonguesqueuess tous vivans. Du refte c’eft le plus, fi cent de ces particules, pofées les unes prés des autres, font la Ian- gucur d’un poulce ; d’où s'enfuit qu'à calculer jufte, il faut que dans ces läites, qui ont bien quinze poul- ces , 1l y ait plus de cent-cinquante milliars d'animaux, c’eft-à-dire, plus qu'il ny à d'hommes fur a terre. Leewenhoek dit qu’il éventra un: jour un Loir , & qu’en ayant Ôté les. tefticules avec les vaifleaux defé- rens, il vit dans la liqueur conte- nue en ces vaifleaux , un. nombre: innombrable d'animaux vivans reflemblans à des Anguilles. If en donne la figure, voyez-la dans la planche ci-devant, fig. 3. Il rompit plufieurs fils de ces tefticules, &il obferva avec foin , la matiere dont ces fils étoient remplis; il les trou- va pleins d’une humeur chryftalti- ne & huileufe , compofées de plu- fieurs parties irrégulieres , & d’un nombre infini de ces Vermifileaux, dont plufieurs étoient répliés fur «des Vers 17 eux-mêmes, & fans mouvement , ne. paroiflanse pas encore tout-à-fait dévelopés ; 11 ajoute que ces Vers Spermatiques étoient fi petits , que’ dix mille enfemble, ne tenoient pas l'efpace du plus petit fil de ces tetti- cules (4). Il a fait la même expérien- ce plufieurs fois, & il a toujours dé- couvert la même chofe, Dans les Animaux trés-vieux on n'en trouve AUCUN, OU Que trés-peu, & ce peu paroît fans vie. Il ya des Animaux qui n’en ont point, & ce défaut eft en eux une marque & une: caufe de ftérilité On ne trouve point de ces Vers dans les Animaux que les maladies rendent ftériles. Et: pour le remarquer en paflant , com- me les maladies vénériennes ren- dent ordinairement l’homme ftéri- le, il s'enfuit qu’ordinairement il ne doit point y avoir de Vers Sper- matiques dans Les hommes attaqués de ces fortes de maladies. Dans les animaux trop jeunes, ces: Vers paroiflent informes, étant tout repliés en eux-mêmes , à peu prés comme certains infeétes envelopés: : {a} Leevvenhock, p.26. 155 De la Génération encore dans leurs nymphes. L'homme & les autres animaux commencent à devenir capables de produire leurs femblables , lorfque ces pctits Vers , auparavant immo- biles dans les tefticules , prennent par la fuite du temps,une nourriture plus forte. Ils fe dévelopent alors, & commencent à fe mouvoir. Dans l'humeur fpermatique tirée d’un animal qu’on vient d'ouvrir vi- vant , ils vivent trois ou quatre jours ; après quoi leurs petits cada- vres flottent {ur l'humeur. Dans un homme mort de mort violente , les tefticules & les véfi- cules, nommées féminaires, en laif- {ent voir quelquefois vingt-quatre heures aprés la mort,qui font enco- re ViVans. Il y a toute apparence que le Ver Spermatique eff le racourci de l’ani- mal qui doit naître ; enforte, r°. que fi le Ver eft mâle, il en vient un animal mâle, & que s’il eft femel- le, il en vient un animal femelle. 20. Que quand il eft entré dans la matrice de la femme, il y prend fon accroiflement par le moyen d'un s des Vers. 169 œuf qui y tombe de l'ovaire, & cù il s’infinue en la maniere que nous tâcherons d'expliquer dans la fuite ; il {Cjourne dans cet œuf le temps ar- rêté par la nature pour s’y déveloper peu à peu , y prendre la forme d’en- fant | & y croître jufqu’a une cer- taine mefure , enfuitede quoi , de- venu plus vigoureux , il force les membranes de l'œuf, & prend naif: fance. Mais comment ce Ver Sper- matique s’engage-t-il dans l'œuf ? Comment, fur-tout , parmi tant de Vermificaux qui entrent dans la ma- trice de la femme , n’y en a-t-il or- dinairement qu'un qui prenne la forme d’enfant ? Pour répondre à cette queftion , il n’eft pas néceflai- re de fe déclarer avec Leewenhoek, contre la doctrine des Ovaires & des Oeufs , & de dire qu’il n’y a or- dinairerment dans toute la matrice de la femme, qu'un feul point pro- pre à nourrir & a entretenir ce Ver Spermatique ; enforte que de tous ces Vers, il n'y a que celui qui vient à rencontrer ce point , lequel croif- fe & devienne enfant , & que les autres meurent enfin faute de nour 60 De la Génération riture , comme des grains qui ne font pas en bonne terre. Il elt plus naturel de fuppofer le fyftême des œufs , & de leur donner l'ufage que voici , qui eft premierement de recevoir, & puis d’enveloper & de nourrir le Vermifleau. Or la chofe fe peut entendre ainfi. + | Quand l’œsf s’eft détaché de l'o- vaire , & qu'il eft tombé dans la matrice , ces Vers Spermatiques, qui font tous dans un mouvement continuel , fe répandent dans la capacité de la matrice , ils rencon- trent cet œuf, ils courent fur fa {u- perficie , & comme l'endroit par lequel l'œuf s’eft détaché de l'ovai- re , reflemble à celui par lequel les grains de railin fe détachent de leur grappe, c’eft-à-dire que cetendroit laifle une petite ouverture ; left ai- fé de comprendre qu'entre tant de Vers, il n’eft pas poñlible qu'il n’en entre quelqu'un dans l'œuf par cette ouverture. Or, la cavité de l'œufeft petite alors, & proportionnée au volume du Ver, qui ne fc peut re- plier paur fortir, enforte qu'il eft obligé de demeurer enfermé dans | l'œuf , des P'ers. T6 Fœuf , où en même-temps ïl ne peutentrer d'autre Ver, à caufe dela petitefle du lieu occupé. S’il tombe pluficurs œufs dans la matrice, it entre un Ver dans chaque œuf, & alors la femme devient groffe de plulieurs enfans. Ces enfans ayant chacun leur œuf, doivent par con- féquent être enfermés chacun dans. des envelopes à part, & c’eft ce que l'expérience fait voir. | La femme n'eft.pastoujours grof- fe du même jour qu’elle à conçu: Par conception, j'entends la premiez- reaction par laquelle l'humeur fper- matique cft retenue dans la matrice après que l'œuf y eft tombé. Ea matrice fe ferme alors exatemens gomme l’on fcait, & la matiere qui y eff contenue ne peut s’en échaper.. Voilà ce qui fait la conception. La groflefle arrive lorique ie Ver eft entré dans Fœuf , car il y crofr alors, & y devient fœtus: or, iln’y entre pas toujours aufli-tôt que la: femme a concu, il {e pañle quelque: fois pluficurs jours , & c’eft ce qui fait que les femmes fe trompent fi fouvent ; lorfqu’elles veulent juger” . Tome J. | O. 162 D: l4 Génération du temps de leur groffeffe ,. parce: SHARE ne la comptent jamais que u jour auquel elles croyent avoir. concu. Il n’eft pas même impofñlible ue ces Vers demeurent pluficurs. Ste dans la matrice avant qu’il. en entre un dans l'œuf, car ils ne meurent pas fi-tôt. Or, il peut arri- ver de-là qu'une femme, dontle mari fera mort peu de temps aprés, le jour ou elle aura conçu de [ui ,. n'accouchera néanmoins que le on- ziéme ou ie douziéme mois, & uelquefois méme que le treizié- me , parce que le Ver ne fera entré dans l’œuf qu'un mois , que deux: mois , & peut-être que trois mois après la conception. J'avoue que: le cas eft difficile ; 1°. parce que le nombre de ces Vers Spcrmatiques: paroît trop grand pour qu’il fe puif- pañlèr un fi long-temps fans qu'il . en entre quelqu'un dans l'œuf; 20.. parce qu'il ne peut guère arriver que ces Vers vivent an fi grand nombre de jours dans la feule ma- trice ; mais la chofe pour être diffi- cile , ne paroît pas impoflible. Auf- fia-t-on vu quelquefois de ces {or- des Vers … 68, tes d'accouchemens, fans qu'ils fui {ent l’effler du crime. Quand le Ver Spermatique eft entré dans l'œuf que renferme la matrice, il y devient fœtus , fes par- ties croiflent , & {e dévelopent in- fenfiblement ,.& quand elles ont at- teint toute la grandeur qu'elles doi- vent avoir dans l'œuf, qui croît avec elles jufqu’à un certain temps, le fœtus fait. violence à la prifon trop étroite qui le renferme , & prend naiffance, commenous avons: déja dit. | Les Vers Spermatiques-ont tous: de longues queues , mais ils quit- tent ces queues lorfqu'ils devien-- nent fœtus ; il en eft de cela comme: des petites Grenouilles , qui ne font d’abord que tête & queue, & qui: enfuite perdent cette queue, lorf- u'elles commencent à prendre la: orme fenfiblé de Grenouilles. H1 ne faut pas conclure de ce fyf-- tème , que lhumeur fpermatique” des Chiens , renferme de petits’ Chiens; celle des Coqs, de petits: Poulets ; celle de l'Homme , de pe- tits Enfans; c'eft une opinionqwen: O ij: 164 Dé la Génération a attribuée mal-à-propos à Lee: Wenhock , dans un Livre intitulé : Collelanez Medico-Phyfica , Cent. s.p. 8. & de laquelle cet Auteur fe dé- fend avec raifon : en effet, comme il le remarque fortbien , de même qu'on ne peut pas dire que les petits animaux que le microfcope décou- vre dans prefque toutes les eaux, foient des Mouches & des Papil- Jons , quoiqu'ils deviennent tels dans la fuite, ni que le pepin d’une poire foit un poirier , parce qu'il en doit fortir un poirier ; de même nous ne devons pas dire que les. Vers Spermatiques de FHomme qui font encore- dans le corps du mâle, foient de petits Enfans, quoi- qu'ils doivent devenir téls quand ils feront entrés dans là matrice; où plütôt dans l’œuf contenu dans la matrice. | Je prévois ici la penfce de quel- ques Lecteurs ; il me femble leur entendre dire que c’eft une chofe in- croyable que dans l'homme, par exemple, un fi petit Ver foit, finon &n Enfant, du moins l’abregé d’un Enfant, & que ce que nous appel des Vers. TG $: -lons formation du fœtus, ne foit: qu'un fimple dévelopement, & un {imple accroiflement de parties ; que pour cela il faudroit fuppofer une infinité de parties organiques dans ce Ver, & admettre par con- féquent que ces parties font d’une petiteffe infinie ; que d’ailleurs dans ce fyftême il faudroit. néceflaire- ment fuppofer que le Ver Sperma- tique, non-feulement renferme l’a- bregé de, l'animal qui doit naître, mais qu’il renferme encore l’abre- sc de tous ceux qui naïîtront de cet. animal, & x Aa Fabregé de: tous. ceux-là , mais encore de tous les autres qui viendront de la hgnée de celui-là ; ce qui paroît impoñlble , à caufe: de la petitefle extrème dont il faudroit que fuf- fent ces petits corpsorganifes ; peti- tefle qu'on ne peut nt imaginer ni comprendre , & qui , par confé- quent, femble devoir faire rejetter le fyftème dont elle eft:une fuite. Je réponds à cela , que fi lon ne peut ni imaginer, ni comprendre cette pctitefe, il eft impoñlible néan- moins qu'on ne CAMpPrenne QUE LOU 166 De la Génération | te inimaginable & incompréhenfi-- ble qu'elle eft , elle doit néceflai- rement étre admife ; & pourcela .. il ne faut que s’en rapporter au té- moignage des yeux : voici com ment. Les Vers Spermatiques font cha- eun dix mille fois plus petits que le: plus petit graïn de fable qui eft pref- que invifible. Ce font nos yeux qui: nous en convainquent , puifqu'ils nous en font voir plus de cinquante mille dans une portion de matiere ui n'eft pas fi-sroffe qu'un grain de ble , ainfique nous l'avons remar- qué en parlant de ce que le microf- cope découvre dans Fhumeur fper- matique du Coq, du Chien, & d’au- tres animaux : or ,.que l'on concoi- ve, li l'on peut, ce que c’eft qu'un: grain de fable divifé en cinquante mille parties ; mais n’en mettons pas tant , contentons-nous de dire: en mille parties , pour n'eéffrayer perfonne ; il faut donc admettre: qu'il y a des Vers mille fois plus pe- tits qu'un grain de poufliere:, qu'à peine pouvons-nous voir. Ce n'eft: pastout , ces Vers mille fois plus- des Vers. ICT petits qu'un grain de fable, ontun mouvement comme les autres ani- . maux. Ils ont donc des mufcles pour: {e mouvoir, des tendons, &'unein- finité de fibres dans chaque mufcle ;: enfin du fang , ou une humeur équi- valente , & des efprits animaux. pour remplir & pour faire mouvoir ces mufcles, fans quoi ces petites. machines animées ne pourroient fe: tranfporter d’un lieu à un autre. Il: faut donc admettre des parties en- core plus petites que ces petites ma- chines, puifque la partie doit être: plus petite que le tout. L’imagina- tion fe perd dans cette penfée , elle s'étonne d’une fi étrange petiteffe ;. mais elle a beau fe révolter., la rai-- fon nous convainé ici de l’exiften- ce de ce que nous ne pouvons ima- giner. Ce qui fait notre erreur fur ce- joint, c’eft que notre vue étant très- rense , nous penfons que l'étendue: left aufli ; cependant au contraire, Pétendue eft infinie en un fens, & une petite portion de matiere qui: fe cache à nos yeux, eft capable, gomme dit un célebre Philofo- 168 De. la Genération phe,(4) de contenir un monde; dans: lequel il fe trouveroit autant de chofes , quoique plus petites à pro: portion , que dans le monde où nous vivons. Tous les animaux ont d’autres animaux qui les dévorent , & qui leur font peut-être invilibles; de for te que ce qu'un Ciron’eft à notre égard, .ces animaux le font à un Cie ron ;.& peut-être ,. comme dit fi bien encore le même Auteur, qu’il y en a dans la nature de plus petits, & de plus petits à l'infini, felon cet- te proportion étrange d’un Ciron à un Homme. On a des démonftra- tions dela divifibilité de la matiere à l'infini, & cela fuffit pour faire comprendre qu’il peut y avoir des animaux plus petits , & plus petits a l'infini. | Après tout, y a-t-il quelque por- tion de matiere dont la petitefle., pour extrême qu'on la Épeute ï puifle borner le pouvoir de Dieu dans la formation de ces petits ani: maux, non-plus que d'aucune autre créature ? (a) Le Pere Malebranche , Recherche delà Vérité L'expérience des Vers. 169 L'expérience nous a déja détrom- pés en partie , en nous faifant voir des animaux mille fois plus petits qu'un Ciron , pourquoi voudrion nous qu'ils fuflent les derniers en petitefle , comme le dit encore fi Eee lemême Philofophe? Ineparoît donc pas déraifonna- “ble de penfer que ‘dans un feul Ver Spermatique il y ait une infinité de corps organifés propres à produire, en fe dévelopant , une infinité d’a- nimaux.. De forte que felon cette penfée ; qui ne peut paroître bizar- ‘re qu'à ceux qui mefurent les mer- veilles de la puiffance infinie de Dieu, felon les idées de leurs fens & de leur imagination , on pourroit dire que dans un feul Ver Sperma- tique il y auroit des corps organifés propres à produire des fœtus & des _«enfans pour des fiécles infinis , tou- jours fuivant la proportion de plus petit en plus petit. : La nature, c’eft-à-dire l’ordre éta- bli de Dicu dans le monde par des loix inviolables de mouvemens , ne fait qué déveloper ces petits corps organilés, donner IN accroif- 470 De.la Génération fement fenfible à celui qui eft hors ‘de fon envelope, &c des accroifle- mens infenfibles, maïs non moins réels, à ceux qui font encore ren- , A dans leur envelope. On voit un Poulet dans le germe d’un œuffrais, & qui n’a point été couvé : on voit des Grenotüilles dans ‘les œufs des Grenotüilles ; ‘8z ‘on verroit fans doute encore d’au- tres animaux dans leurs germes , fi l’on avoit aflez d’adrefñle & d'expe- rience pour les découvrir. Ïl y a donc apparence que tous Jes corps des animaux qui font nez depuis le commencement du mon- de , & qui naïtront jufqu’a la con- {ommation des fiécles , ont été crées dans les premiers individus mâles de chaque efpéce. On pour- roit poufler plus loin cette penfée, fi l'on ne craignoit, avec l’Auteur de da Recherche dela Vérité, de por- ter trop avant la curiofité dans ce qui concerne les merveilles de Dieu. Tenons-nous en à ce princi- pe effentiel , que rien n’eft grand ni petit en foi; qu'il ne l'eft que par rapport à la mefure quemous attri- des Vers, 17E buons à notre corps, & qu'ainfi #ien n'eft grand ou petit abfolu- ment , puifque notre corps n’eft pas une mefure certaine fur laquelle il faille juger de ce que peut être l'é- tendue des autres corps. Nous fom- mes nous-mêmes trés-petits par rap- port à la terre , encore plus petits par rapport à l’efpace contenu entre nous & les éroiles fixes, plus petits encore & plus petits à l'infini , par rapport à des efpaces immenfes que nous pouvons imaginer toujours plus grands, & plus grands à l'infini, Dieu auroit pu faire des Hom- mes ( & en tout ceci nous entrons dans les judicicufes réflexions du Philofophe que nous avons cité , ) à l'égard defquels nous ne ferions que la milliéme partie d’un Ciron. Il en auroit pu faire d’autres à l’é- gard defquels ceux-là mêmes fe- roient petits. Que ferions-nous par rapport à ces plus grands ? Ils nous chercheroiïent peut-être avec des microfcopes , & ne nous trouve- roient pas. Notre petitefie leur fe. roit incompréhenfible , & fi quel- ques Philofophes parmi Ne , les | ij 172 De la Génération vouloient aflurer de notre exiflen- ce, ils regarderoient fans doute les difcours de tels Philofophes com- me de belles imaginations. -Met- tons-nous à la place de ces hom- mes , confiderons l'erreur où nous ferions de regarder comme im- poffible qu'il y eût des hommes fi petits | par rapport à ce que nous ferions, & avouons que nulle pctitefle , quelque inconcevable qu'elle foit, ne doit nous so a ù . & que s'il n'y a pas d'autre difiicul- té que celle-là dans le Syftême de la Génération des Animaux par les Vers Spermatiques , rien ne doit nous empêcher de l'embraffer. Feu M. Tauvri, de l'Académie Royale des Sciences, & Doceur- Régent de la Faculté de Médecine de Paris , a fait dans fon Traité de la Génération du Fœtus , imprimé à Paz ris chez Barthelemi Girin , rueS, Jacques, plufieurs Objeétions con- tre ce Syftême de ia Génération des Animaux par les Vers Spermati- ques. On ne fera peut-être pas fâché de voir.ici ces Objeions , & les Réponfes qu'on y peut faire. Les yoici en peu de mots, des Vérs. 173 —, ; OBJECTIONS CONTRE LE SYSTEME de la Génération de | Homme par les Wers Spermatiques : & Réponfes à ces Objec- tions. PREMIERE OBJÉCTION, S I l'on fuppofe des animaux em- _} boëtés les uns dans les autres, on verra qu'on ne peut aller bien loin fans fuppofer une petitefle au- deflous de toute imagination. Il fau- dra pourtant des organes dans cet- te petite tendue, & aep-ne voit pas: uelles feront les liqueurs capables: a tes arrofer & de les entretenir. Pag, $.. RE PONSE, La matiere étant divifible à l’in- fini, comme Mr Tauvry le recon- noît dans le Livre même où'il fait P ii 174 De la Génération cette Objeétion, rien n'empêche de concevoir des parties liquides tou- jours plus petites, & qui foient pro- portionnées à là petirefle de ces. animaux , fur-tout après que nous avons appris de l'expérience qu’il y a des animaux fort au-deflous du Ciron. Car on ne peut nier que ces. petits animaux n’ayent des organes, & par conféquent qu'il n’y ait des liqueurs capables d’arrofer & d’en- tretenir ces mêmes organes. Or de quelle petitefle ne faut-il point que foient ces partics de liqueurs pour humecter des organes fi fins. Cette petitefle pafle l'imagination , l’ef- prit n’y trouve point de prife , & cependant l’expérience nous empé- che d'en douter. | IT OBJECTION. La matiere eft divifible à l'infini. mais on ne la fcauroit imaginer ac- tucllement divifée. Pag. 5. RE PONSE,: Auffi ne dit-on pas que ces petits des Ver. f7$ ahimaux foient aétuellement fépa- rés & divifés les uns d'avec les au: tres ; on les fuppofe au contraire, tous les uns dans les autres, & on: prétend feulement qu'ils fe dévelo- pent & fe féparent enfuite fuccefli- vement, pour la propagation des- efpéces. IILOBJECTION. Il faudra expliquer comment le’ Ver Spermatique s'attache à l'œuf. Il ne ie pas de le faire entrer par un trou de l'œuf, & de lui faire fermer ce trou avec fa queue, il faut une union de fes parties avec celles de l'œuf. Pref. | REPONSE. Le Ver Spermatique peut s’attaz cher à l'œuf, comme l’œuf s'attache à la matrice ; on ne peut rien dire’ pour l'explication de l'un , qui ne ferve pour l'explication de l’autre: L’œuf ne tient point à la matrice’ quand il y tombe , non-plus que le Ver ne tient point à l'œuf quand il e 1V 76 De la Génération ventre , & cependant l'œuf sunit intimément à la mgtrice. IV. OBJECTION. Mais fans parler de ces difficul- tés , on peut dire que ce fyftême eft tout-à-fait contraire aux loix de la nature : elle affeéte par-tout une fimplicité furprenante , on ne dé- ‘couvre rien d’inutile dans fes eu- vrages, & lorfque je vois qu’il faut, pour faire naître un homme, qu’elle facrifie plufieurs millions de ger- mes, je ne puis penfer qu'elle ait pris cette voye. Pref. RE’ P-O"N:S°E: Ce nombre innombrable de ger- mes, ou de petits animaux, n’eft point inutile , puifqu’il eft caufe qu'immanquablement il entre un Ver dans l'œuf, & qu’ainfi la géné- ration s’accomplit infailliblement. I} n’eft point oppofé non-plus, à la fimplicité de la nature ; car cette fimplicité ne confifte qu’à employer des voyes qui ne foient pas différen- + . - des Vers! dr d tes. Un Mécanifte, qui par un feul moyen multiplié, pourvoit à quel- que inconvénient qui pourroit l'em- pêcher de parvenir à fa fin, agit plus fimplement que celui qui em- ploye plufieurs moyens de différen- teefpéce pour arriver à la même fin. Or ict, l’Auteur de la Nature n’em- ploie qu'un moyen fort fimple, il le multiplie feulement , & par cet- te multiplicité, il fait voir fa provi- dence & fa fagefle , puifque par là, il aflüre Fa génération; en forte mé- me que quelque nombre d'œüùfs qui fe trouvent mûrs à la fois , ïl ne fe peut faire qu'ils ne reçoivent cha- cun leur germe, & qu'ainfhi ils ne foient tous fécondés, comme il ar- rive dans les animaux qui ont un grand nombre de petits à la fois. Quant à ce qu’on ajoute, fçavoir, il n'ya pas d'apparence que pour bite naître un homme, il faille que tant de germes foient facrifiés , on doit confiderer que ce facrifice n’eft rien, puifque ces germes ne coûitenEt rien à PAuteur de la Naturc. 178 De la Génération! V. OBJECTION. Les petits animaux, ou les petits: Vers qu’on croit voir avec le mi- erofcope dans l'humeur fpermati- que des animaux, ne prouvent rien , puifque dans le vinaigre’, dans l'eau: de pluye , dans l'eau commune, & prefque dans toutes kes liqueurs , on croit voir différens animaux avec le microfcope , quoique ces liqueurs ne foient propres à aucune généra- tion. Pref. | KE’ P:O:N:-$: EE; Ces mots , oz croit voir , font juz- ger que feu Mr Tauvry n'étoit pas tout-à-fait perfuade qu'il y eût des Vers dans ces liqueurs : mais il ne faut qu'’ouvrir les yeux pour fe con-- vaincre qu'il y en a; & méme dans le vinaigre on en découvre des mil-- liers fans qu’il foit néceffaire de mi- crofcope : on n’a qu'a mettre en Efé quelques goutes de vinaigre au fond d’un verre , & regarder au Soleil ce vinaigre à travers ie verre, des Vers 170 on fera alors convaincu que cette li- queur eft toute remplie de Vers. Quant au fond de l’obje&ion, il faut remarquer que ce n’eft pas à caufe qu’il fe trouve des Vers dans l’hu- meur fpermatique des animaux , qu'on dit que la génération fe fait par le moyen de ces Vers, mais: que c’eft à caufe des circonftances. avec lefquelles on les y trouve, & que nous avons rapportées ; CES Vers n'étant vifibles ni avant ni aprés l’âge propre à la génération , CC. VE:0 BJECTTION. €e qui peut encore fervir à dé- truire ce fyflême , eftce qu'avance un des Partifans de cette opinion, qui eft l’Auteur même du Livre de Ja Génération des Vers, lequel dit: que dans les Maladies Vénérien- nes, les Vers féminaires font Le plus: fouvent morts. Nous fcavons que- es Maladies Vénériennes n’ôtent- point la fécondité ni dans les hom- mes, ni dans les femmes; or felon: ce fyftéme, elles l’ôteroient. Pref.. 180 De le Génération RÉPONSE. Pour pouvoir dire politivement qu’on fçait que les Maladies Véné- riennes n’ôtent point la fécondité, il faudroit avoir confulté là-deflus- un trés-crand nombre de perfon- nes , qui étant fortement attaquées de ces Maladies , n’euflent pas laiflé d’avoir des enfans. Je dis un très- grand nombre, car en fait d’induc- tion, quelques exemples ne fufh- fent pas. Or il eft très-dificile dé recueillir les voix fur ce fujet. Si FAuteur avoit dit qu’on fçait que les maux Vénériens n’ôtent pas tou- jours la fécondité , il auroit parlé plus-jufte ; mais auffi 1] n’auroit pas attaqué le fentiment qu’il a voulu combattre, puifque ce {entiment eft que dans les Maladies Vénérien- nes les Vers Spermatiques font le plus fouvent morts ; car il s'enfuit de-là, que quelquefois ils ne font pas morts, & qu'ainfi quelquefois ceux qui font attaqués de ce mat peuvent avoir des enfans. L’objec- &ion va donc à dire que les maux des Vers. 181 Vénériens .n’Otent jamais la fécon- dité ; c'eft ce qu'il eft difficile de __ prouver, & ce qu'on trouvera com- battu dans les ouvrages des plus cé- Iébres Médecins, & entre autres de Fernel & de Perdulcis, qui mettent les Gonorrhées & les Maux Véné- riens au rang des Caufes de la Sté- rilité. Viria que flerilitatem accerfunt , dit Fernel , #n vsris quidem numerantur pudendi Paralyfis & Atonta, Gonorrhea , cc. Fernel Pathol. lib. V1. cap. XVI. de morb. mulier. Caufe externe, dit Perdulcis , fut frequens vonus , varius concubitus, Go- morrhea. Perdul. cap. X1. lib. XIII. Interdum ea imbecillitas ex impuro cou- cubitu contrahitur propter auram virulen- tam fe fe in vala fpermatica infinuastein, que non modo eorum vires naturales exol- vit , fed quidquid in ea confluit co:nquinat _@ corrompit. Perdul. ib. XI. cap. IIT. de Gonorrhea. VEEL OBJECTION. Si la génération fe fait par Île moyen des Vers Spermatiques , & que les Maladies Vénériennes tuent 182 De la Génération ces Vers , elles ne rendront pas feulement l’homme ftérile dans le temps qu’elles l'afligeront , mais encore aprés ; car dans la fuite , on ne conçoit pas CE qui pourroit pro- duire à un homme de nouveaux Vers. Pref. REPONSE. _ Lefroid de l’'Hyver, qui tue les Vermifleaux dans les campagnes , n'empêche pas qu’au Printemps il ne s’en reproduife de nouveaux , par des œufs qui fe font confervés pendant l’'Hyver. De méme les for- tes Maladies Vénériennes qui tuent les Vers Spermatiques déja dévelo- pés, n’empêchent pas que ceux qui se encore envelopés , ne fe con- fervent pour éclore aprés la guéri- fon du Malade. Car les Vers Sper- matiques font les uns hors de leurs envelopes , & les autres encore en- fermés dans leurs envelopes. VIH. OBJECTION. L'efprit pourroit cependant en- des Vers. 183 trer dans cette hypothéfe , malgré la réfiftance de l'imagination , fi nous concevions bien par là com- ment les hommes n’ont point ence- se diminué de grandeur. P4g. 5. REP O NS E, Le terme de l'accroiflement ne e tient pas tout de la part des ger- -mes, il fe tient encore de la part des fucs nourriciers, & l’on ne voitrien qui empêche de penfer que l'Au- teur de la Nature pouvoit fournir à l'homme des alimens, dont les {ucs auroient pu le rendfe d’une ftature ou plus grande ou plus petite que celle dontileft, & cela fans chan- ger la premiere fabrique des ger- mes. Ainfi tous ces germes emboc- tés, quelques petits qu’ils foient, peuvent avoir par leur ftruéture de quoi permcttre aux animaux qui en viennent, de croître fort au-delà de a mefure où ils arrivent. En forte que fi les animaux ne pañlent pas une certaine grandeur , cela vient peut-être autant de la qualité de Îeur nourriture , que de la petiteffe 184 DelaGénération de leurs germes. En effer, ce n’eft oint le volume des fémences qui décide de la grandeur des produc- tions. Le germe contenu dans la fé- ve eft plus gros que celui qui eft dans le pepin de la poire, & ce- pendant quelle difproportion entre la grandeur du poirier & celle de la plante qui porte la feve. Quoiqu'il foit denc vrai que les Vers Sperma- tiques emboëtés foient plus petits que ceux qui les emboëtent , il ne s'enfuit pas pour cela, qu’ils doivent produire des animaux plus petits. IX. OBJECTION. I! faudroit encore expliquer d’où vient. que de l’accouplement d’ani- maux différens , il vient une troi- fiéme efpéce. P. 5. RE PO NSE. Cette différence d’efpéce vient de la différence des fucs nourriciers ue le fœtus trouve dans la matrice d'un femelle qui eft d’une autre ef- péce ; car cette différence de fucs | eft des Vers. 185 €ft propre à donner à certaines par- ties plus ou moins d’accroiflement que ces parties n'en auroient pris par les fucs qu’elles auroient trou- Vés dans la matrice d’une femelle de même efpéce. Il en eft de cela commæde quelques plantes, qui felon les terres où elles font nour- ries, deviennent plusou moins gran- des. Les melons d'Europe plantés dans le Pérou croiflent en arbre, & durent plufieurs années, à ce qu'écrit Pierre Laurembergius. Pe- pones nv Peruvia plantati , radice ac cau- dice Isgnofo arbote[cunt, arbore ad'mul- tos annos fuperfhte. Herts culture lib. 1. cap. 13. On peut donc dire, par exemple , que les fucs que le Ver Spermatique du Cheval trouvedans Ja matrice de l’Anefle, étant pro- pres à donner plus d’accroiflement aux oreilles du fœtus, que n’en au- roient pü donner les fucs que ce même Ver Spermatique auroit trous vé dans la matrice d’une Cavale, il doit arriver que ces oreilles foient plus longues qu'elles n’auroient été 5 & d’un autre côté, que ces oreilles n'étant pàs originairement d'un@ Lome TI. Q: 186 De l4 Génération ftrudure capable de tout l’accroiffe- ment qu'une telle nourriture peut donner , elles doivent étre un peu plus longues que celles du Cheval, & en méme-temps plus courtes que celles de l’Ane. On peut étendre cette explication à tous les autres changemens qui arrivent par l’ac- couplement d'animaux de différen- te cfpéce. X.ET DERNIERE OBJECTION. L’efprit pourroit enfin entrer dans cette hypochefe , fi nous conce- vions bien par-là, comment fe for- ment certains organes dans la ma- trice & certaines parties dans l'œuf. Pr:$ REPONSE. Cette Objetion regarde généra- lement tous les fyftêmes qu’on peut propofer fur la génération, puif- qu'il n’y en peut point avoir d’aflez clairs pour faire concevoir nette- ment comment fe forment tous les organes de la matrice & toutes les garties de l'œuf. Il ne s'enfuit donc des Vers: 187 pas qu'un fyftème foit faux, de ce’ qu'il renferme quelque obfcurité.. L’Auteur de laNature s'eft-il engagé à ne rien faire qui pût pañer l’in-- telligence de l'Homme ? Feu M. Gcoffroy , Do&eur-Ré- gent de la Faculté de Médecine de Paris, a fait foutenir en 1704. aux- Ecoles de Médecine, une Thefe que nous avons traduite’, dans la-- quelle il prend la défenfe de ce {y- fiême , que j’avois propofé trois an nées auparavant dans la premiere édition de ce Livre. 11 y allegue par rapport aux Vers Spérmatiques ,. les mêmes preuves que nous; avec cette différence , qu'il y ajoute di- verfes raifons étrangères, tirées de la génération des Plantes ; ce qui, pour le remarquer en paflant, nous a obligés en traduifant la Thele, d'y fuppléer bien des chofes', pour’ onner à ces raifons un rapport plus fenfible avec leur fujet. Ceux: qui feront curieux de voir cette Thefe ou Diflértation, la pourront lire à la fin de ce Volume , où nous avons trouvé plus à propos de la: renvoyer. Il n’a été particuliere- Q ï 188 De la Génération ment queftion jufqu ‘ici, que des Vers qui naïffent hors des inteftins. Il eft temps de venir à ceux qui naifent dans les inteftins mêmes. ARTICLE SECOND: Des Vers des inteflins. Es. VERS. DES INTESTINS font de trois fortes, fçavoir : les ronds & longs ; les ronds & courts, &c les plats. Les ronds & longs, autrement appellés Srrongles ,. da mot grec (4) Strongulos, qui figni- fie Iong.& rond , s’engendrent dans les inteftins gréles,, & pour l'ordi- naire dans celui de ces inteftins, que les Anatomiftes nomment Dw- denum , qui cft le premier de tous. Si l’on confidere à quel amas d’hu- mcurs le Duodenum eft expolfé, Pon ne fera pas furpris qu'il puife être ainf1 fujet aux Vers. On peut voir là-deflus la fçavante Differta- (a) sofiaes tauwre, Hipp. lib. IV. dés Mala- dies, Aït, 27, | db des Vers: 189" tion du doéte Frideric Hofmann. (4) Ces Vers reflemblent à des Vers de tetre pour la forme extérieure ; mais ils en‘font fort différens pour les parties du dedans , ainfi que Edouard Tyfon (4) & plufieurs au- tres Auteurs l’ont oblervé. Nous nentrerons point ici dans l'examen de cês différences , ce n’en eft pas le lieu ; les uns veulent que ces Vers, uoique différens en plufieurs cho- és , d'avec les Vers de terre, pour ce qui regarde les: vifceres , foient cependant hermaphrodites comme eux, & comme le font les Sang- fues , les Limaces nues, les Domi- portes, ou Limacons à coquilles, les Huitres, & quelques autres Ani- maux. : Parmi ces Vers Strongiles , il y en a qui méritent une attention particuliere. Tel eft par exemple, _celui de la planche fuivante, rendu en 1701. le mois de Janvier par “une fille de feize ans, que je trai- (a) Frider. Hofmanni Differtationnm Phyfico- Me- _ dicar: feleélior. Decas. Lb ) Edouard Ty‘on, dans fa Differtation fus Les Vers plats, écrire en Anglois, À 199 De la Génération se rois chez M. Lohel Perruquier au: Carrefour des Barnabites à Paris. Cette fille étoit devenue muette it: y avoit quinze jours, & depuis un: mois , étoit tourmentée fans relà-- che, de violentes convulfons, qui: lui caufoientun rire involontaire, de la nature de celui que l’on ap-- pelle, Rire Sardonique. Ce Ver pa- roît différent des Strongles ordinai- res ,en ce qu'il eft plein de rides & de plis, & a une efpéce de gueule aflez apparente. Je je fis fortir du’ corps de cette fille par le moyen de quelques prifes d'eau de fougere: que je lui ordonnai. | | Les Vers Srrowcezes font quel-- quefois d’une longueur confidéra- ble. J'en conferve un qui a plus: d’un tiers d’aulne , lequel eft forti le 21. de Juillet de lannce 1736. du corps d’une jeune Sœur du Mona- ftere de l'Affomption , apres lui: avoir caufé de grands tourmens , & lavoir prefque réduite à la mort. Les enfans, & furtout ceux que l’on fevre, rendent fouvent beau-: coup de ces Vers Strongles; je dis. les enfans que l’on fevre; car quoi- ‘4 7 to + < ; 7 . # 0 que LME d LP Us h#v jan » des Vers. 191' qu’alors ils n’ayent ordinairement pas plus de Vers qu'ils en avoient auparavant , ils en rendent plus. fouvent & en plus grande quantité ; parce que la nourriture folide que ces enfans qui ne tettent plus, com-- mencent à-prendre , étant moins: propre à nourrir leurs Vers , que: n'étoit le lait, oblige ces Infe@es à chercher une autre demeure, au lieu qu'auparavant ils Ctoient tran- quilles au milieu du lait dont ils fe’ nourrifloient; c’eft ce qui eft caufe- que la plüpart des enfans qui {or- tent de nourrice, font fi fiers 4 rendre des Vers. * Les peres & les meres voyant alors leurs enfans fi malades de: Vers , s’imaginent que ces Vers s’engendrent feulement alors; & ïls ne prennent pas garde que ce- font les mêmes Vers d'auparavant, qui étant devenus affamés faute: d’une nourriture qui leur foit con- venable, piquent & dévorent Îe lieu où ils font. Cette réfiléxion doit obliger les peres & les meres à tenir une con- duitetoute différente de celle qu'ils. 19% De la Génération tiennent ordinairement dans cette” occafion; car au lieu de refufer alors toute forte de laitage à leurs enfans , ils doivent au contraire eur en accorder un peu, de temps Eh temps , afin d’amufer , pour ainfr dire, les Vers, & les empêcher de faire aux inteftins tendres & déli- Cats de ces pauvres enfans, des pi- quures qui caufent quelquefois des convulfions mortelles. Cela foit dit en paffant. Nous en parlerons plus en fon lieu dans le Chapitre des re- medes contre les Vers. | Les Vers de terre, comme nous avons dit, font diffiérens pour 14 fructure intérieure , d'avec les Strongles du corps. Mais pour cê qui regarde le dehors , ils font les uns & les autres tellement fembla- bles, que fi on avoit mêlé enfem- ble un Ver dé terre Gun Ver du corps, tous deux vivans, & qu'on donnät à deviner à quelqu'un quel eft le Ver deterre, & celui du corps, il feroit difficile à la perfon- ne d’en faire la différence , que par 1c moyen fuivant , à moins que de Is diféquer. C’eft de mettreun peu des Vers. 193 de lait dans deux petites tafles; de jetter l’un de ces Vers dans l’une, & l’autre dans l'autre, & de les y laifler quelques heures ; car le Ver de terre rendra des excrèmens qui feront de la terre même , ce que ne fera pas l’autre. Cet expédient peut avoir lieu en quelques occafions, pour déméler certaines trompe ries. On voit fouvent fous l’herbe ; dans les jardins &c à la campagne, de petits rouleaux de terre, mou- lés en façon de vis; ce font les ex- crémens des Vers de terre. I] y au- roit bien des réfléxions à faire 1à- deflüs , par rapport à la confor- mation intérieure de leurs inteftins, & à la mécanique de leurs mou- vemens. Mais cela nous écarte- roit. Les VERS RONDS ET couRTs des inteftins , {e produifent dans l’inte- fin nommé Reétum , qui elt le der- nier de tous. On les nomme Afca- rides , du mot grec Aftarifein, qui fignifie , s’agiter ; parce que ces pe- tits Vers font dans une agitation continuelle. 11 y a des perfonnes, Tome I. R 194 De la Génération qui en rendent tous les jours à fec ; des milliers par bas. Le Ver plat refemble à un grand tuban ; il fe nourrit dans les menus inteftins, & fe nonune Ten, du mot grec, Tenia, qui fignifie un cordon plat & long. Il eft plat, blanc, fort long, & à le corps tout articulé. I y en a de deux HE étr; celui de la premiere , a les articles fort éloignés les uns des autres, vers le milieu de fon étendue, & fort ferrés aux deux extrémités , principalement à celle où'eft la tête ; car ce Ver a une tête. Le col où tient cette tête qui réflemble à un petit pois applati , mais quin’en aau plus que le tiers du volume, eft extrémement délié & étroit. On remarque tout le long du corps de ce Ver, après chaque articula- tion, direétement au milieu de la diziere, tout-à-fait au bord, uñ mammelon fort bien figuré , au bout duquel j'ai découvert une ou- verture, dans laquelle fe voit un vaifleau bleuâtre, qui, de cette ou- verture traverfe jufqu'à la moitié de la largeur du corps ; & c’eft de CAES RE A MP DL TOME SA TRS PL 1] fs ? JU Ho Dell A1) PTLU) A mr UE qu) EM: CLnitn ll \ Il nt C LL fl { NT Tue] T0 "(] ] , j MN 4 } TT UT fan à r \ D pm) RTS, wi arr (TP ( nul a M à ul jui # \ è … des Vers. 19$ çe Tænia que j'ai donné la figure dans la page 4. de la Préface. Ces mammelons & ce petit vaifleau y font marqués fort diftintement à la lettre C. L'autre Tænia, que je regarde comme une feconde efpece, & qui n'eft venu à ma connoiffance que plufieurs années aprés la premiere a les articulations moins relevées, &z beaucoup plus preflécs les unes vers les autres ; il a des mamme- lons prefque imperceptibles, & outre cela , une longue fuite de nœuds, ou grains raboteux, qui s'é- tendent en forme d’épine, tout le long du milieu de fon corps, en- dedans, depuis le commencement jufqu'à la fin, ainfi qu'on le voit repréfenté en cette planche. Je con- ferve avec plufieurs Tænia de la premiere cfpéce , un grand nombre de cette feconde, que j'ai fait fortir du corps de divers Malades. Il y a donc deux cfpéces de Tæ- nia , {cavoir, le Tænia fans épine, & le Tænia à épine. Les grains ou nœuds de l’épine dont il s’agit, ne font pas toujours R ij 196 De la Génération d’égale groffeur, comme ils {ont repréfentés dans cette planche. H y a des Tænia de cette efpéce , dont les grains de lépine font d’une grofieur & d'une épaifleur diffé- rente. | Je conferve dans des phioles d’ef prit de vin, plufieurs de ces Tænia de la feconde efpéce. la planche qui fuit, repréfente parfaitement les grains inégaux dont:je parle; & iln’y a rien à défirer fur cela pour l’exaétitude. J'ai cru long- temps que le Tænia de la feconde efpéce, que j'appelle autrement Tæ- nia à épine ,n’avoit point de mæn- melons. Mais un nouvel examen m'a convaincu du contraire ; il n’y a qu'à confidérer le Ver de bien près ; & pour y mieux réuflir, le fufpendre dans une phiole pleine d’eau, & leregarder attentivement à travers la phiole. On y difcerne- ra des mammelons très-réels , & fitués de la méme maniere que dans le Tænia fans épine. Ils font moins apparens , il cft vrai; mais c'eft soute la différence qui s’y trouve. Dans quelques-uns de ces Tænia, Ï y} [ {Lui ru RE AS Dr ss JM AN NE S à D \\ NS fl NE wi \ hat En! (1) L f UL ‘ ut st nl il ] UE PAUL 1h 1 AI! Ponge TR RAM LU y | \ on LA ati LA \ “se mi. We Si rime ER mm CT qu, 1% TT it r “| Van: ra] FU a “{ DL d QUITTÉ ati }] SD ss A6, if Du AE ur at = TE mL D { rs il VB \ Asuntnt] fi, |) Ac Jui nl ui \ } L A: url Pin = MN . :% ma on 4] ill, ] me À | ü Gun 4 Ne ne in lé eq JUN ji A: cf 1 QE nl a Æ n A fi “ol ji, Ai ul s nr Le ft x MLLLA: AA Ai Qi) A a PAALLE OL pb 1 nr mt MILLE D 4 jh j Ste à A il Kynli el (( Mn 7 * ul Su TL, MD UT 1 gui * A (Hi girl fu L Ds | cu " a | i N ANS 4 VÆ sf SUN re ITA INIR El lons SORLINArQUEZ: Y.# mu: Les marmmelons à 07 7 X?74 lu 772: de Lautre SON IraLrqUez . A.B. dès Vers: 197 Jes. petits mammelons fe laiffent appercevoir ; j'en conferve un où ils font fort vifibles, en voici la fi- gure qui le repréfente trés-exacte- ment. On y trouve une irrégula- rité digne d'attention ; c’eft qu'il a par endroits, deux mammelons à chaque ventre , non-l'un à côté de l'autre , comme dans quelques Tæ. nia de la premicre efpéce, & entre. autres , dans celui de la planche d’a- près celle-ci; cequin'eftpas moins particulier; mais fitués à l'oppofite l’un de l’autre, c’eft-à-dire, lun: à côté d’un ventre, & l’autre à l’au- tre. J'entends ici par ventre, cha- que efpace contenu entre deux ar- ticulations. Voici donc la figure d'un Tænia à épine, lequela des maminelons trés-vifibles ; & outre cela par intervalles, deux mamme- lons. à l’oppofite l’un de l’autre. Nous venons de dire en paffant, que parmi les Tænia de la premiere ef- péce, c'elt-à-dire , parmi ceux qui font fans épine , il y en a qui ont à chaque ventre , deux mammelons à côté l’un. de lPautre; ce fait efk aflez remarquable pour mériter une R ii}. 198 De la Génération É planche exprès. En voici une où lon verra, outre cela, plufeurs autres circonftances fingulieres. M. de la Solaye, rue S. Severin à Paris , a rendu les deux morceaux qui y font marqués. Le premier qui eft repréfenté figure 1. a par en- droits, deux mammelons près lun de l'autre. Voyez la lettre C. Il a de plus, une épaiffeur & une confi- ftance, que la plüpart des autres Tænia n'ont pas. Nous le confer- vons depuis plufieurs années. L'on: y voit encore deux demi interfe- étions qui paroïflent être des déchi- rures qui {e font cicatrifécs. Voyez les lettres BB, & une efpéce de vaifleau ou conduit, difpofé tout. dutrement que ceux que l’on re- marque aux mammelons. Voyez la. lettre D. | | Ces efpéces de cornes marquées d’une étoile * étant bien exami- nées , ne paroiffent que des portions déchirées par quelque effort que le Ver a fait dans le corps du Mala- de ,ouenen fortant. Il arrive aufli queïquefois de ces déchirures au Tænia de la feconde efpéce ; ce qui: geo 6 , PuILE ne T ar \il CHU | des Vers. 199 a impofé à quelques-uns qui ont ris ces déchirures pour de vérita- les cornes, & l'extrémité ouelles: fe trouvent , pour la tête du Ver. Le morceau marqué figure 2. n’eft pas moins fingulier par les deux fingularités E. & F. Une autre fingularité bien digne de remarque , c’eft qu'il y a des. Tænia de la premiere efpéce ; fca- voir , de ceux fans épine , lefquels font plats d’un côté, & un peu vou- tés & boflus d l'autre , reflem- blans en,cela à Ïa Sole , à la Liman- de, au Carrelet, & à d’autrespoif- fons plats, quifont convexes d’un: côté , & ne le font point de lau-- tre. FRA ds | Ces Tænia ainfi boffus d’un feul côté , font très-tares ; & parmi le grand nombre de Tænia que je con- ferve ,je n’en ai qu’un qui foit ainfi formé. Le même M. de la Solaye, dont nous avons déja parlé , la rendu le 27. Octobre «700: Ce Ver cft plat , de maniere qu'ilaun: ventre & un dos, ou, ce qui eftla même €hofe, un deflus & un def- fous, comme les Poifflons que nous: KR iv 200 De la Génération | . venons de nommer. Voyez la pré- fente planche. Le côté plat y eft marqué par la lettre A, & fe côté bofflu par la lettre B. Quant aux deux cornes notées de cette éroile*, ce ne font que de fimples déchiru- res, non plus que celles de la plan- che précédente. Voyez ce queneus avons dit de ces prétendues cornes dans l'explication de la même plan- che précédente. Une autre fingularité encore, mais qui regarde legl ænia à épine, ou de la feconde efpéce , eft ce qui {e voit dans le Tænia fuivant , ren- du le 15. Juillet 1700. par une De- moifelle au Cimetiére S. Jean, nommée Mademoifelle Boileau. Le cordon qui en partage la largeur eft fait d’une facon depuis B, juf- u'à C, d’une autre depuis C, juf- qu'à D, & d’une autre depuis D, jufqu'à E. Ce Ver eft précifément de la même dimenfion & de la même firuture dont il eft repréfenté ici. Ce cordon au refte , paroît avoir aflez d’affinité avec celui du Tæ- ia, rendu par unc petite Chienne, LPL.de la Pag: 200. Voye z l'errata ce_ . NE À ’ 4 y ji ) NN vis d À ui \M in \| À \ ao D À HP j LH) "IL C2 GS es Qu A: NES D UT D'ir…. 0 [SES rabat D 0 nie 0) A a ce Sade le ar, OP TT CR EE "enr er AA, ‘hi Pay 200 Seco | Pa 5 CARRE | PELLE | \ mm ( ° re ‘en. y NN Ÿ pe N ccmmmmeresr | TS SC 74 PPS é F re LA £ Pay 200 Seconde planche de lapage 200 22222 A LA) 22e CRE — G se ke . se E ELEC PTT NT) EX. CReEEE Y + & RES ous De et : Sub di ESS À CA SIT AE — as AA Je, Pi (Ni ed T (l } 1114) (ILE (| | 7 CT I Me, A ! Il@, uni] Te lit TD s des Vers. xor duquel nous avons parlé ci-devant à la page 58. & 59. _ Le Tænia ,ainfi quén le voit par: les planches eiï-deflus , eft tout ar- ticulé ; mais il arrive quelquefois que ces articulations ou interfe- tions , au lieu d’étreentieres , com- me elles le font ordinairement, ne: font que des demi-articulations , ou comme on voudra, des demi-in- terfections ;-la planche fuivante: fera mieux entendre ce que c’eft. Les demi-articulations dont il s’a- git, font marquées dans la premiere figure par la Lettre H. & la lettre I. & dans.la feconde figure par les lettres A, B,C,D,E,F,G.L'en” droit marqué L,n'eft,à ce que je penie , qu'une déchirure. Ce Ver., comme on voit , eft le: Tænia à épine, ou de la feconde efpéce. On trouve bien des irrégulari- tés dansia ftruéture extérieure de ces Vers, tant dela premiere que: de la feconde efpéce. En voici une entre autres, dans un Tænia de la premiere, laquelle m'a paru méri- ter aufli une planche à part, Les: 202: De la Génération figures de Tænia rapportées dans les pages précédentes, renferment de même, plufieurs irrégularités confidérables ; on peut y recourir , pour les confronter avec celle-ci. | Ces examens fcrupuleux ne font point inutiles quand on veut con- noître à fond, ce que c’eft que le Tænia ; Infcéte des plus furprenans: peut-être qui foient dans la na- ture. | Nous fommes perfuadés que les: Phyficiens , & ceux qui aiment l'Hiftoire naturelle , ne nous fcau- ront pas mauvais gré d’entrer dans tous ces détails ; du moins c’eft Dour eux que nous y entrons. L'irrégularité dont il s’agit , eft marquée À. Quant à l'endroit mar- qué B , il y a toute apparence que c'eft une déchirure. Au refte, ce Ver, dans les pre- mieres éditions de ce Livre, eft re- préfenté avec une tête , & noué; ce qui vient d’une méprife. Nous avons à caufe de cette erreur re- tranché ici cette tête, & ces nœuds: qui n'appartiennent qu'au Ver de la planche que l’on voit à la page N. dedaDrehee nes AN 11048 : { | 1 Hi!| RS | h à NL | MH AN ALL | [ ati È | TR | CE| TE 1 | fi h [B … ennieun Ce POS crncamneer ss enterrement aient à vapor rm tiehatt tt VE, 0 ot mt en jo te ce A me de MES Nr mn sr gr on à on nm nn à tee te Le des Vers, 10$ Le Tænia, ou Ver folitaire, fe rompt aifément en fortant du corps; & {1, aprés s'être rompu, l'extré- mité à laquelle tient la tête, vient à rentrer , Cette extrémitC rompue croît & repoufle comme une plan- te. C’eft pourquoi l’on voit des Malades rendre des portions de ce Ver pendant plufieurs années , juf- qu'à ceque la tête foit fortie, & en rendre d'une longueur fi extraor- dinaire , qu’il n’eft pas vraifembla- ble qu'elles puiflent tenir toutes. enfemble dans les inteftins.. Quand. Ie Ver eft forri, l'endroit où il a repouflé fe reconnoît à un petit al- longement coudé, ou à une efpéce de cicatrice qui imite aflez bien ce qu'on remarque quelquefois aux arbrifleaux dans les endroits où ils. ont repoufié aprés avoir été taillés. C’elt ce qui fe peut voir dans la planche ci-après, page 204. & dans celle de la page 205. aux lettres. Ee | Ce que je dis ici de la répullula- tion du Tænia après s’étre rompu, demanderoit que l’on tentit l’expc- rience fuivante ; ce feroit de tra=- 304 De la. Génération verfcr d’un fin cordon de foie ;- mélé de cheveux pour réfifter à la. corruption, le premier morceau de Ver qui fe préfenteroit ,.& de le tra- verfer par le moyend’une aiguille, le plus haut qu’il fe pourroit, lorf- que le Tænia , au lieu-de continuer. à fortir, commenceroit à rentrer .. puis de faire au cordon, un nœud er forme de gance.un peu large, com- me on le voit reprélenté dans la planche ci-après, à la lettre A, & fans attendre que le Ver fe rompe de le cafer trois doigts au-defflous du cordon ; enforte que la portion traverfée. par le fil, puiffe rentrer dans le corps du Malade avec le cordon; donner un mois après au Malade, quelque chofe de propre contre ce Ver ; & lorfque l'Infe&e fortiroit , examiner sil fortiroit avec la portion percée du cordon à. & en cas que cela fût, bien confi- dérer fi aprés ce fil, le Ver auroit plus de longueur qu’il n’en avoit à ce bout-là , lorfqu’après avoir été café, on l’a laïflé rentrer ; car fi alors il a plus de longueur , ce fera une marque qu'il aura recru. Ju | € A} Er2 200 #4 (EL D à AT “ des Vers. 20: Mais pour que le Médecin foit bien für de la chofe, il faudroit qu'il examinät lui-même le Ver au moment de fa fortie. Car les Ma- lades, aufli bien que les Afliftans, peuvent aifément manquer d’exa- étitude la-deflus, & dans leur récit donner fouvent plus à l’imagina- tion , qu'a la vérité, comme il eft arrivé dans cette-rencontre ; enforte que fi nous avions été ne {crupu- Jeux à examiner la chofe , nous n’aurions pas avance ainfi que nous Vavons fait dans les éditions précé- dentes, en donnant la même plan- che dont il s’agit ici, que le Mala- de qui avoit rendu ce Ver, avoit fait l'expérience du cordon |, & qu'elle lui avoit réufli parfaitement ; aufliavons-nous foin à préfent , de retrancher.cet article. Au refte ie Ver gravé dans la préfente figure, paroît s'être rompu à l'endroit marque B. Il y a deux efpéces de Tænia , comme nous l’avons déja dit & re- dit; les articulations de lun & de l'autre , font difpofées du même ens que les écailles des poiflons, 206 De la Génération c'eft-à-dire, qu'en paflant le doigt tout le long du Ver, & le repafant enfuite par un mouvement oppofé, on fent la fuperficie du Ver glifänte & unie d’un côté , & raboteufe de l’autre ; c’elt par cet arrangement d’articulations, que lorfqu'un Ma- Jade rend un morceau de Tænia, fans que la tête y tienne, on peut d’abord connoître de quel côté étoit la tère. Ce Ver reflemble par ces articulations ou nœuds, à la plante nommée en latin Equifetum, en françois queue de Cheval , ou à ces rofeaux dont le jet eft inter- rompu par plufieursnœuds , & dont les efpaces contenus entre ces nœuds , font emboettés les uns dans les autres par une de leurs ex- trémités. On peut le comparer en- core au figuier d'Inde, dont cha- que feuille en poufle une autre à fon extrémité. Les efpaces contenus entre les nœuds du Ver de la premiere efpé- ce, ont chacun à l’un des côtés, un petit mammelon fort vifible ,ainfi que nous l'avons déja remarqué ; mais ce n’eft que dans les endroits des Vers. 20% où ce Ver a plus de largeur ; du moins on n'en remarque point au col ni à ja queue. Ce petit mam- melon paroït ouvert en dehors, comme nous l'avons encore remar- ue, & on y difcerne un petit con- duis qui commence à quelques li- gnes de cette ouverture, & qui va jufqu'au milieu de lefpace. Il fe perd là, & l’on ne voit ht Fi quoi il communique. L'ufage de ces petits mammelons, dont nous avons déja tant parlé jufqu’ici , n’eft pas encore. bien connu. Quelques Auteurs prétendent que ce font au- tant de bouches ; d’autres, comme nous l'avons déja dit plus haut, au- tant de poumons ; d’autres enfin, ce que nous n'avons pas ENCOrE remar- qué , autant d’Anus. Il eft difficile de rien déterminer de certain fur ce fujet, non plus que fur les qua- tre ouvertures qui font à la tête, lefquelles font prifes par quelques- uns pour des narines ; par d’autres pour des yeux ; & par d’autres, pour de petites bouches par lef- quelles il tire fa nourriture. Nous venons de remarquer que 208 De la Génération des ventres ou efpaces contenus en- tre lesnœuds ou articles du Ver de Ja premiere efpéce, ont chacun un petit mammelon fort vifible ; mais nous avertiflons ici que quelquefois ces mammelons font doubles, -en- forte que dans un même ventre il s’en trouve deux enfemble du même côté , ainfi que nous Le verrons plus bas dans une planche. és" Au regard des articulations , elles font, comme on vientde dire, dif pofées du même fens que les nœuds d'un rofeau ; mais il eft à remar- quer que cela ne fe trouve pas tou- jours vrai; & le Ver qui elt gravé dans la planche ci-devant, Ver que nous confervons avec Îles autres, laiffe voir deux articulations op- pofées l’une à l’autre, lefquelles fe regardent par leur côté raboteux; ces deux articulations font mar- quées par les lettres C. D, ce qui eft aufli fingulier , que fi dans un rofeau le même efpace contenu en- tre deux nœuds , fe trouvoit em- boetté par l’une & par l’autre de fes extrémités, au lieu de ne l'être que par une feule. x NAN ESA des Pers 209 U faut donc bien remarquer dans cette figure le ventre C, qui eit em- boetté par {es deux extrémités, & le ventre D , qui ne l’eft ni par l'u- ne , ni par l’autre, mais qui reçoit au contraire par l’une, celui qui le précéde , & par l'autre , celui qui le. fuit ; ce qui eft très-extraordinai- re, chaque ventre du Ver Tænia, étant régulierement emboetté par une extrémité dans celui qui le pré- cède, & emboettant par l’autre, ce- lui qui le fuit. La fingularité dont ik s’agit, m'auroit échappée fans le Graveur, qui m'en fit appercevoir. Après que cette planche a été tirée; Je me fuis apperçu , en confide- rant de nouveau ce morceau de Ver, que la même irrégularité d’em- boctture fe trouve répétée quatre travers de doigts plus bas. Ce Ver eft forti fanstête , quoi- que dans la précédente édition, le: . Definateur y en ait mis une par ac- compagnement, en fe réglant fur la planche qui eft à la page IV. de la Préface, oùilyenaune, &oû it en faut une effcétivement; au lieu qu'ici il n’en faut point, puifque le Tome I. S FTO De la Génération + Ver dont il s’agit , eft forti fans cet 1e partie. Les deux endroits de cette plan- che , qui font marqués E, F, font encore très-dignes d'attention. Quelques Auteurs admettent une- autre forte de Vers plats, qu'ils nomment cucurbitaires , lefquels font forts courts. Jai vu un grand. nombre de ces prétendus Vers tout vivans, & j'en conferve plufieurs dans des phioles ; mais je puis certi- fier que ce ne font que des mor- ceaux du Tænia de la premiere ef- péce, comme je le ferai voir plus: bas. Ce Tænia de {a premiere efpéce a une tête bien formée , & on y re- marque quatre ouvertures à l’oppo- fire l’une de l’autre. Feu Mr Méry, de l’Académie des Sciences, auquel je montrai celui que j'ai fait graver dans 1 premiere planche , page V. de la Préface , & qui examina avec la loupe , les ouvertures dont il s’a- git , que je prenois pour des yeux, fut d’un autre fentiment, & me dit qu’il les trouvoit fort reffemblantes a def nafcaux ; mais ce qui mg per- des Vers. ; 21 ï: faade que ce font des yeux, c'eft: qu'avant que jeufle mis l'infeéte. dans de l’eau-de-vie , ces parties. que j'appelle des yeux , étoient con- vexes en dehors, au lieu que s'étant depuis defléchécs , elles fe font en- foncées comme dés trous de nari-- nes. En cas que ce foient des yeux, il ne faut pas s'étonner qu’il y en ait: quatre , puifque l’Araignée vulgai- re en a huit, qu'entre les Scorpions, les uns en ont quatre, les autres fix .. Îcs autres autant que l’Araignée vul-- ‘gaire, & que les (4) Lithophages.. qui font des Vers qui rongent la. pierre, defquels nous avons parlé: plus haut , en ont jufqu’à dix. D'ail- leurs fi ce font des narines , il y a: autant de lieu de s'étonner qu'il y en ait quatre, puifqu’il femble que: la plüpart des animaux foient au- tant fixés à deux narines, qu’à deux: CUX:.. Plufieurs Auteurs ont décrit la tè-- te du Tænia de la premiere efpéce’, c’eft-à-dire, du Tænia qui a des: mammelons tres-fenfibles le long: (4) Mot compo‘ de Lithos, qui en Grec fignifièr- Pierre, & de Fago, quifignifie jemange, S-1}: 212 De la Génération du corps; car pour la feconde efpé- ce, qui eft le Tænia à épine, onn'ya point encore trouvé de tête. Quoi qu'ilen foit , la defcription que di- vers Auteurs donnent de la tête du . premier, fe rapporte fort à ce que nous avons vu de nos propres yeux. L’Auteur du Traité de Partium Mor- bis & Sympt. Lib. VI. Cap. 1e. (a) dit avoir vu à un Ver plat de fix aulnes de long , rendu par un Soldat, une tête faite en forme de poirreau où verrue. Cum capite Verrucofo. N ajoute en avoir vu un autre de plus d’une aulne , lequel avoit à la tête de pe- tites ouvertures en forme d’yeux. Edouard Tyfon , dans fa Difer- tation Angloife fur le Ver plat, dit qu'à la tête de ce Ver, onne voit nulle ouverture , pas même avec le microfcope: Mais il ne parle de la forte, que fur Fexamen qu'il a fait des Vers plats des Chiens , oùen ef- fet, on ne voit point detête. Mais pour nous qui avons obfervé des Vers plats fortis du corps de diver- fes perfonnes , & qui en avons avec la tête, tel que celui, par exem.- (à) D. Reinholdi Wagner Obferv. des Vers. 21% ple, qui eft repréfenté dans la plan- che qui fe voit à la page IV. de la Préface, nous pouvons aflurer qu'il Y a à cette tête, quatre ouvertures ien diftinétes & bien formées. Aurefte , ce Ver de la premiere planche, ainfi que nous l’avons dit, n'eft pas forti entier, & felon tou- tes les apparences , il auroit ewen- core plufieurs aulnes , fi le refte ne s'étoit pas rompu ; car comme læ queue de ces fortes de Vers eft fort mince & étroite, il eft aife de ju- ger que l'endroit ou celui-ci s’eft rompu , étant aflez large, il falloit qu’il y eût encore une grande éten- due de-là jufqu’à la fin, étant vrai- femblable que cette fin alloit en étreciflant peu à peu, avec la même proportion que le col. Je conferve ce Ver dans de l’eau-de-vie avecun grand nombre d’autres que j'ai fait ortir depuis. Son corps eft tout ar- ticulé, ainfi que nous l'avons remar- qué , c'eft-à-dire, tout articulé d’ef- pace en efpace , comme un rofeau , fi ce n’eft que le rofeau eft rond , & que le Ver eftplat ; en forte qu'on peut comparcer les anneaux de ce ZI 4 De la Génération: Ver à ceux d’un rofeau qui feroit- applari. L’efpace contenu depuis un: anneau jufqu’à Pautre , eftcomme un petit ventre un peu enflé fur le milieu de la largeur. À chacun de: ces ventres , il y a toujours un des. bords auquel on remarque une émi- nence en. forme de mammelon , ayant au bout une ouverture pref- que impcrceptible, qui fe difcerne: en approchant les yeux de près, &: qui eft le commencement d’un petit. vaifeau bleuâtre qui-fe voit à tra-- vers le mammelon en dedans. Ces. mammelons font inégalement ran- gs , comme nous l'avons déja ob- fervé dans notre premiere édition , y en ayant tantôt trois d’un côté, &: deux de l’autre, tantôt un d’un côté, & deux ou trois de l’autre , & pref- que jamais autant d’un côté que de Pautre , ainfi qu’on le peut voir dans la planche qui eft à la page V. de la- Préface. Il y a apparence que ces. mammelons font autant de pou- mons qui reçoivent lair par les pe- tites ouvertures dont nous venons de parler, lefquelles par conféquent font autant detrachées. Cé grand: des Vers. TEST fombre de poumons dans un même animal , n’eft point une chofe: extraordinaire , les perfonnes qui: ont quelque connoifflance ,de la: ftruûure des Vers, fçavent que plu-- fieurs en ont un nombre confidera- ble , & que fouvent tout leur corps, depuis le commencement jufqu’à la: fin , eft une chaîne de poumons. If: faut voir ce qu'a écrit là-deflus M. Malpighi dans fon Traité du Ver à: Soye. La peau du Ver dont nous. parlons , em fait prefque toute la fubftance ; on peut le comparer en: cela à certains arbres ; aux Saules. par exemple, qui, différens des au-- tres arbres, n'ont prefque que l’'é-- corce , quoique d’ailleurs très-fains.… Cette peau eft fort dure, fort life, & extremement blanche. Elle eft _ outre cela , tranfparente comme je _Fai déja dir. On voitautravers de: ectte même peau, bien diftinéte- ment, le petit vaifleau blenâtre dont: nous venons de parler , lequel s’é- tend jufqu’à la moitié de la fargcur- du corps ; on y apperçoit aufli dans: chaque ventre , mais moins facile- men: , des ramifications faites. em 216 De la Génération forme de peignes, defquelles nous parlerons plus bas. Fe croyois en ouvrant le Ver qui a donné-occafion à ce Traité, que. jy découvrirois quelque organe, & pour cela, je priai M.Mery de l’'Aca- démie des Sciences , fi habile pour les Diffeétions les plus fines & les. plus délicates , de m'en diffequer: une partie : nous EN -COUPÈMES un morceau que nous examinämes foi- gneufement en préfence de M. de: Fermithuy , alors Doéteur de la Fa- culté de Médecine de Montpellier , 8&c depuis de celle de Paris, hom- me extrémement ver{é dans la Phy- fique & dans FAnatomie 5 mais nous ne pâmes rien découvrir, & le. fecours des meilleurs microfcopes nous fut inutile : le petit vaifleau blenâtre , & les ramifications dont je viens de parler, ne furent pas plus vilibles , parce que j'avois mis le Ver depuis plufieurs jours dans de: leau-de-vie pour le conferver, & que l’eau-de-vie avoit fait difparot- tre ces parties tendres & délicates. Nous appercümes feulement dans toute l'étendue du Ver un amas infi- ni des Vers. 217 ni de petits corps globuleux , ref- femblans à des grains de millet, mais très-ronds. Je ne fçaurois mieux comparcr l’amas de ces pe- tits globules , que j'ai regardés de- puis avec un nouveau foin par le microfcope , qu’à ces amas d'œufs qui fe trouvent dans les carpes. Ils paroiflènt entaflés de la même ma- niere , & tous diftingués les uns des autres. Ils font en fi grand nombre dans ce Ver, que fi on les touche avec la pointe d’une épingle, ce qui demeure attaché à l’épingle, ne füt- il pas plus gros que le plus petit grain de poufliere , paroît par le mi- crofcope un amas incroyable de pe- tites boules. M. de Belleftre , Doc- teur- Régent de la Faculté de Méde- cine de Paris , & fi éclairé dans la Phyfique , examina avec moi ces globules , & conje&tura que c’é-? toicnt autant d'œufs. Les perfonnes qui ont ce Ver, rendent ordinaires ment dans leurs déjections, de ces petits corps cucurbitaires dont nous venons de parler. Ils font ainf nommés , parce qu’ils reflemblent en quelque forte à des graines de Tome I. 4 24 8: De la Génération Concombre ou de Cucurbite. Is ont du, mouvement , & M. de la Solaye, Avocat , dont j'ai déja par- 1, en rendoit une fi grande quanti- té, qu'il m'en apportoit quelque- fois une grande tabatiere toute plei- ne, ou je les voyois s’agiter en plu- fieurs manieres.. J'ai dit dans ma premiere édition , que .ces petites portions cucurbitaires n’étoient au- tre chofe que les œufs du Tænia, lefquels groflifloient après être for- tis du ventre du Ver ; mais un nou- vel examen m'a fait changer de fen- timent , comme je l'ai déja dit dans Edition de 1714. Je-fuis de- puis long-temps convaincu .de ce. qu'avance Hippocrate, lorfque par- lant des prétendus Vers Cucurbi- taires dont il s’agit , il; dit que ce font des portions qui fe détachent du corps du Tænia ; en effet fi l’on. examine de quelle maniere ce Ver eft conftruit , & que l’on compare ces petites portions cucurbitaires avec les efpaces contenus entre les articulations ou anneaux , on verra qu'elles ne font que des portions de; ce Ver, lefqueiles fe font rompues, des Vers. 219 dans les endroits des articulations , à peu près de la même maniere que les pattes des Hannetons fe rom- pent plus aifément dans les endroits des jointures qu'ailleurs. À chacune de ces portions eft un petit mam- melon, comme à celles du corps du Ver ; elles ont la même figure , la même couleur , . la même confiftan- ce , la même épaifleur. Mais pour s’en convaincre davantage , iln'y a qu'à tirer aflez fortement quelques portions du corps du Ver pour les détacher les unes des autres, & on verra que ces efpaces contenus en- tre les interfections ou articles , étant ainfi féparés, ne feront en rien différens des petites portions cu- curbitaires dont il s'agit. Nous avons dans des phioles d’eau-de- vie,plufieurs de ces petites portions _ féparées , lefquelles ont été rendues ar divers Malades attaqués du Ver dont il s’agit, & nous les avons examinées foigneufement , elles {ortent fouvent vivantes, & avec un mouvement trés-fenfible. Mais ce mouvement , quoique trés fenfi- ble, n’eft point tel que le décrit Mr Ti 230 De la Génération Barrés dans une (4) Diflertation im- primée à Paris en 1734:,, H n’y a » pas long-temps , dit-1l, qu'un de »mes Malades de la campagne, ren- » dit par bas, un grand nombre de » petits Vers plats, de couleur blan- “che, de figure quarrée | mais un » peu convexefur les côtés, & dont » la sroflèur répondoit au lobe d’u- »ne petite féve. Leur mouvement » me parut fingulier : tantôc ils s’é- “lancoient , & failoient de petits # faults , tantôt ils fe rouloient vi- » goureufement ,-pour tâcher de fe » rattraper & de fe rejoindre. On »en voyoit parmi ceux-ci , qui fe » tenant accrochés par leurs extrèmi- » tés, formoient une petite bande » d’un demi-picd de long, où l’on » pouvoit compter, par autant d’in- » terfections afez fenfibles, quanti- “té de ces ammaux , fifortement » liés entr'eux , qu'on avoit beau » coup de peine à les féparer. En cf. {a) Diffestarion de M. Barrés, Doéteur en Méde- cinc de la Faculté de Montpellier , fur la Nature du Yer Solitaire. A Paris , 1724. Mercure de France , mois de Décembre , chez Guillaume Carvelier , rue S, Jacques 3 la Veuve Piflot, Quay de Conti i Jean de Mulli, au Palais. FER US my U # des Vers. ZT * fet, à mefure que je tâchois moi- »” même, d'en venir à bout , leur 5 peau s’étendoit & fe prétoit fi fort, » qu’elle étoît für le point de fe dé- » chirer , & alors des mouvemens » fi violens , caufant indubitable- » ment de grands tourmens à cette » traînce de Vers , n’a-t-on pas tout » fujet de penfer que la douleur dé- » montoit leurs reflorts, & leur fai- » foit lâcher prife ? C’eft aufli dans » CCt état, qu'on les remarauoit fi » irrités par des mouvemens violens 8 irréguliers , qui ne finifloient » qu'aprés que ces animaux avoierit » repris la place d’où on les avoit » arrachés. » Cét exercice fe fit pendant # quelque peu de temps que la vi- » guCur de ceux qu’on rerenoit dans » l'éloignement pour les empêcher » de fe reprendre , devenant infen- » fiblement foible & languiffante’, » fe perdit bientôt avec la vie. » Je remarquai avec furprife , le » bon ordre que ces Vers fem # bloient garder dans leur arrange- » ment : rien de plus merveilleux » que de les voir autour de cette T'üÿ 222 De la Génération » chaîne vermineufe, fans avoir de » débat pour gagner leur pofte, ce- » der , pour ainfi dire, tout le droit » de fe prendre le premier, à celui » qui fe trouvoit le plus à portée, . » dans le temps que les autres plus » éloignés , attendoient que leur > tour füt venu de fe ranger de fui- » te. Cependant le temps qui fe paf- » fa dans cette opération fut de très- » courte durée , puifque dans un pe- » tit inftant le nombre de ceux qui » {e mirent de la partie , augmenta » beaucoup la longueur de Ia chaï- 2 NE «cc. M. Barrés termine ce difcours en difant que l’obfervation, dont il s’a- git, a été faite le 16. d'Avril 1734. à Paulian , petite Ville du Diocele de Beziers ; après quoi il s’écrie, comme tran{porté d’admiration : + Que peut-on penfer [ur cette efpèce de deférence qui regnoit parmi ces petits am- maux ? ù Nous ne ferons aucune réflexion fur cette prétendue hiftoire , racon- tée par A1. Farrés, Doëteur en Méde- cine de la Faculté le Montpellier ; c'eft une puerilité qui ne mérite pas la moindre réfutation. : des Vers. 133 : Quoi qu'il en foit , nous ne fçau- rions mieux comparer le mouve- ment que nous avons vu faire aux petités portions cucurbitaires dont nous avons parlé, qu’à celui du col des Limaçons , lequel s’allonge , fe racourcit , & fe replie. Ces petites portions font repré- fentées d’après nature, dans la flan- che fuivante, & pour les faire def- finer bien exaétement , nous avons profité de l’occafion que voici. M. de la Solaye, dont il a été dé- ja tant parlé , & que je traitois ma- Jade , rendoit par trentaines, de ces petits corps cucurbitaires, qu'il en- fermoit quelquefois dans une peti- te boete. Le 30 O&obre 1700. il m'en apporta un grand nombre’ qu'il venoit de rendre ,; & qui étoient toutes vivantes. Je les por- tai fur le champ chez Mr l'Evèque, Deflinateur & Graveur, rue S. Se- _verin , lequel les deffina auffi-tôt en ma prélence , & exprima au natu- rel les divers mouvemens qu’il leur vit faire ; après quoi il les grava comme on les voit dans la planche: Æuivante. ke} Tiv 224. De la Génération Le mouvement de femblables portions cucurbitaires , & plufieurs circonftances qui les regardent, font trés-bien expofés dans une Lettre qui m'a été écrite de Bayonne Île 21. Juillet 1731. par Mr Deftandau , premier Médecin de la Reine pre- miere Douairiere d’Efpagne. Il s’agit ici de faits, qui, par rap- ‘port à ce qui concerne le Tænia, ne Açauroient être trop conflatés. C’eft pourquoi je rapporterai la Lettre même de ce fcavant Médecin. » Un des principaux Officiers de » cette Cour , we mande-t-1l , jeune » homme de trente-cinq à trente-fix »ans , d’un temperament pitui- »teux & fanguin, d’une complexion » robufte , & adonné à toutes foites » d'exercices violens , fe plaignit à » moi, il y a plus d’un an; 1°. qu'il » fentoit defréquens maux de tête, » accompagnés de quelques affadif- » femens"& foiblefies d’eftomac , # où maux de cœur, fur-tout quand » il reftoit quelque temps fans man- » ger. | » 2°, Qu'il rendoit par bas , cer- » tains pelottons blancs qui lui US B B (| = rene Pier (RL | ER Pr 7) ER Porhons cucurhitrires que rendentceux qui onkle Tru el AS Espe 2 | . ALaes porhons ds ed =; CLILLIILEES VeUEE 4 quantelles SE PARIS AA, racourtssent B.Quand elles SUTSTÉC Quar. Lales serplur < esnmemes 1riortes Dontquelque uILeES D.éerneurentL orgues, Qu elg Les cuttres E -ccouraes F. le porhon 2 ” LA So1Le percee pote? PEUR LE ER NBA, had Eure LEURS #: : À + * 4 { RL Lt PR arm PR Te es up des Vers. 21$ » étoient inconnus. Je remarquai » qu'il avoit beaucoup perdu de Fes embonpoint ordinaire , & » de fes couleurs ; mais avant que de + me déterminer à lui faire aucun » remede , je voulus fcavoir au juf- » (C, ce que c'étoit que ces pelottons » blancs; il m'en fit voir trois ou » quatre, que je reconnus être des » Vers plats ou cucurbitaires. In- » ftruit par votre Livre, & par ma » propre expérience, je ne bafançai » pas à l’aflurer qu’il avoit dans fe » corps le Ver Solitaire. Alors , » fans perdre de temps, je mis le 5 Malade dans l’afage des remedés » propres à chaffér ce Ver , & me , fervis pour cela, de purgatifs, de , vomitifs, & de contrevcrs, dont ,, Javois vu déja de bons effets en ,, Cas pareil , ayant fait rendre juf- ,, qu'ici quatre Vers de cette efpéce. , 11 y a huit à neuf mois que le ,, Malade rendit environ deux aul- ,, nes & demi de Ver plat, large de ,, trois lignes , & épais de plus d’u- ,, ne demi-ligne. Ce Ver avoit des ,, nœuds ( à intervalles nrefque >, égaux ) d'environ trois lignes, & 7 116 De La Génération ;, il me parut tout femblable à ce- » lui qui eft gravé dans la premiere >, planche de votre Livre. Le Mala- » de fe trouva à merveille après » avoir rendu cette portion de Ver, ,, & fut prés de fix mois fans jetter ; aucun Ver Cacurbitaire. Il reprit » {es couleurs & fon embonpoint. » Mais après quelques mois de cal- » me , il s'appercut qu'il recom- » mençoit à rendre des Vers Cu- ,, curbitaires, & il me vint dire que ion Ver travailloit , ( c’étoit fon ,, expreflion ) en effet ils commen- ,, cerent à fortir en fi grande abon- » dance , qu'il en étoit incommo- » dé , cespetits Vers Cucurbitaires: , avoient un mouvement fenfible » d'abord après être fortis. Ils fe re- » trécifloient , ils fe replioient en arc, & fembloient vouloir mar- » Cher Bientôt aprés ils s’allon- >, geoient , & demeuroient immo- biles. Je fis d’abord recommencer ;, les remedes au Malade , & après ,, lui avoir fait ufer de quelques pur- » gatifs, je le mis dans l’ufage dela » poudre de fougere , mélée avec: » une préparation de mercure. Le des Vers. 227 ;, fecours que j'en tirai , fut qu'in- » {enfiblement le Malade ne rendit » plus de Vers Cucurbitaires. Enfin, » Au commencement du Printemps, » aprés lui avoir donné une bonne >, prife de tartre émerique, je le mis » dans l’ufage d’une tifanne purgati- , VE & vermifuge, dont je lui fis » prendre deux verres par jour pen- » dant 40. jours. 11 rendit EMA AN » légeres portions de Vers pendant » l'ufage de cette tifanne. Son Ver » ne travailla plus, & le Malade ;, récouvra fon embonpoint & fa ;» bonne mine. Jelui confeillai alors » d'aller prendre des Eaux Minera- » les qui font à trois lieues d'ici, & » qui purgent aflez bien ; je lui en » fis continuer l’ufage pendant ur » mois , & par le fecours de ces » Eaux, ïl a rendu à trois ou quatre: » reprifes , environ douze aulnes de » Vef , comme le précédent, avec ,, cette difference, que les deux der- »niers morceaux qu’il a rendus , , dont l’un eft de trois aulnes & de- » mie, & l’autre de deux aulnes, ,; Ont diminué de la moitié de la » largeur ; en forte que le bout du 228 De la Génération Le >, dernier morceau , eft, à peu prés; ,, comme la fin de la pénultiéme ,, branche de votre même planche. ,, Au refte, toutes les fois que le ,, Malade a rendu de ce Ver, 1l s'eft ,, appercu d’un mouvement fenfi- ,, ble dans la portion rompue ou ) coupée ; ce mouvement duroit ,, tantôt plus , tantôt moins, & pen- ,, dant que le Ver étoit encore en- ,, tier, & qu'on tächoit de le tirer , doucement , on fentoïit effort , qu'il faifoit pour rentrer. La por- ,, tion qui étoit en dehors racourcif- ,, foit beaucoup. Un jour qu'il y en avoit environ fix auines dehors, & que cette longueur tenoit en- Core à ce qui étoit refté en de- , dans , le Malade fit faire un nœud ,, coulant à ce qu’il y avoit de forti. > I vit alors avec étonnement, que 3, leWer) 2 force de fe aller, , défit le nœud. ,, Depuis que le Malade à fini fes ;, Eaux, il ne rend plus de Vers plats, ,, il a repris fon appetit & fa cou- ; eur naturelle. Il ne refte plus ni ,, foiblefles , ni maux de cœur, lors » même qu'il refte long-temps fans des Vers. + + 229 #» prendre d’alimens. Enfin il fe , trouve auf leger , & aufñli propre ,, à toutes fortes d'exercices , qu’à » l'âge de vingt-cinq ans. Mr Deftandau , aprés ce récit, qui n’eft pas moins utile que cu- rieux , par rapport à la Médecine, ajoute , avec grande raifon , que le Ver dont il s'agit, a véritable- ment vie, pe dife Mr Lan- cifi. Je pañle en faveur de la brieve- té, mais avec regret , le refte de Ia Lettre de ce fçavant Médecin, pour venir à ce que m'ont écrit, fur un fujet femblable , deux autres té- moins , dont l'autorité eft ici d’au- tant plus grande , qu'ils font eux- mêmes les Malades dont ils me par- lent. Le premier eft Mr de Long- champ , homme de diftinétion, & Officier du Roy à Orbec. ; », Vous prétendez , me dit-il, dans » fe Lettre, ( qui eff du 7. Janvier mil », Jept cent trente-quatre ) que Îles pe- , ts Vers plats que je rends depuis ,, cinq ans, & fur lefquels je vous ai » demandé votre avis , ne font que ,, des portions du VerSolitaire , & que Mr *#* , Médecin de cette 230 De la Génération » Vilie , s’eft trompé de vouloir que »> ces portions fuflent autant de Vers ,, particuliers , quoiqu'il convienne ,, cependant que les trois bouts arti: ,, culés , & de huit à dix pouces de , longueur, que Îles remedes m'ont ,, fait rendre , foient efleétivement ., des portions d’un grand Ver norñ- ,, mé 7'ania.Ce Médecin m’engagea il y a quelques jours,de faire venir 3, Mr Dubois, Médecin de Lizieux, , qui fe trouvoit alors dans certe , Ville : ce dernier examina, par le » fecours des loupes de verre, & » des microfcopes que j'ai , un de » ces Vers,fur le papier , dans l’eau, » & fur fa main, dont la chaleur le » ranimoit, & alors il décida har- » diment que cette prétendue por- » tion { la voilà ici deffinée }) étoit » un Ver entier, que le bout qui pa- » roît comme quatre, étoit la tête » de ce Ver , & que l’autre bout » qui paroît arrondi , en étoit la 52 queue. . : PMR» » Mes Vers Cucurbitaires font des Vers. 231 4 très-plats , trés-blancs , & d’une » chair fatinée , qui dre huileufe “ quand ils fortent de mon corps ; : C'eft ce que jai trouvé aprés les » AVOIr EXaminés mieux que jamais, » avec ces Médecins, par le moyen » de mes loupes & de mes microf- # COPES. », J'ai reconnu par ce nouvel exa-. » men , qu'au bout marqué [. il y a :, quatre petites élevations rondes, » & perlées avec quatre autres ,; femblables par-deflous ; qu'entre ,; Ces deux rangs il regne un creux: » de 3.en 4. qui n’a de profondeur, , que’ce que lui en laïffent les huit: ,, élevations qui le bordent. Ce O0O0OO 0000 y bout n'eft pas fi épais, à beaucoup 232 De la Génération , près. Je n’y ai rien vu de plus. ,, Mr Dubois, Médecin de Lizieux, ,, veut donc que ce foit là la tête , & ,, que de 1. à 2. ce foit un Ver en- ,, tier. I y a vu, à ce qu'ildit, deux. , veux & deux cornes , &c eft mé- ,, me en doute, à l'égard des cor- ,, nes, s'il n’y en a pas 4. Il a vu de , plus , & nommé anatomique- > ment une trentaine de parties de , ce Ver , tandis que pour moi, je ,, n’y entendois & n’y voyois rien, » fi ce n’eftun petit boyau noirâtre, » comme en 5. I conclud que c’eft , un Verentier, organifé de toutes les parties qui lui font propres & , néceïaires , qu’il multiplie en » moi, & qu'il n'a aucun rapport » avec le Ver Solitaire. Mr de Longchamp pañle de ce ré- cit, à ce qui concerne le mouve- ment de ces petits corps cucurbitai- res , ce qu'il en dit étant comparé, 19. AVEC Ce que j'ai marqué dans la planche qu'on vient de voir à la pa- 8€ 224. 20. AVEC CC qui eft dit fur le même fujet, dans la Lettre de Mr Deftandau , copiée ci-devant; 30. avec une autre Lettre que nous rap-. portcrons des Vers. 233 porterons de M. Pitois, Médecin de Beaune , peut beaucoup fervir à éclaircir cette matiere. Voici donc comme M. de Longchamp s’expli- que fur les mouvemens qu’il a re- marqués dans les petites portions cucurbitaires qu’il a rendues. I ny a pas un mot à perdre de ce qu'il dit fur cet article : ,, Quoique je » défére tout-à-fait, me dit-1l, à ce » que vous penfez , je fuis tellement » dans l’ufage de dire mes Vers, & #non pas les bouts de mon Ver Solitai- 57e; que vous me pañlerez volon- “tiers de fuivie encore mon an- » Cicnne habitude à cet égard: Je 5 vous dirai donc que dés que mes » petits Vers font fortis, le bout 21: ns'éleve & remue de tout fens, » comme cherchant un féjour qui _» lui foit propre, tel qu’étoit çelui » qu'il vient de quitter. Il s’allonge » en SCtréciflant, ou fe gonfle en » S'élargifant; & alors la matiere » qu'il a dans le corps, fe raflemble » dans fon milieu, & paroît plus » épaifle que quand il eft allongé. » Qu'on mette ce Ver dans l’eau , if prend une figure ovale, qui fait Tome Z. F2. De la Génération » croire à M. * * Médecin de cette: » Ville, qu'il eft de l’efpéce faite »en forme de graine de courge. » Après qu'il a été quelque temps. » dans l’eau, il s’y allonge; mais if » n’y ft jamais fi long ni fi large. » que lorfque je viens de le rendre. » En cet état, fes bords font ridés ;. » & ces rides ont été autant de: » parties fort curieufes pour mes. » Médecins , qui étoient char- » més de les avoir découvertes; tan-- » dis que de mon côté, j'avois la: » fimplicité de croire qu’elles n’é- »toient que l’efet du racourciffe- » ment de ce Ver. M. Dubois: » l'ayant mis fur fa main, il y re- >» prit vigueur ; mais languiffant, 8 » aprés être revenu plulieurs fois à » fa figure naturelle , il fe gonfla » fucceflivement à fes extrémités. »Je crus que ce n'étoit que des. » convulfions , & qu’il combattoit,. » pour ainfi dire, contre la mort; » mais ces mouvemens firent voir à: »ces Meflicurs, des cornes , des. » yeux, & une trompe, dont je ne: » vis pas la moindre apparence. M. De Longchamp par ces der- des Vers. | 235 ieres paroles fait affez entendre ce qu'il faut penfer de ces cornes , de ces yeux , & de cette trompe, qui ne font en effet rien de reel ; fe portions cucurbitaires dont il s’a- git , n'ont niCOfnes, nl yeux, ni trompe ; mais voici, ainfi que nous: Pavons déja remarqué dans les pré-- cédentes éditions , ce qui-peut don- ner lieu la-deflus à la méprife. Le corps du Tænia,eft tout arti- culé d’efpace en efpacec: Chaque: efpace dansle Tænia de la premiere efpéce, c’eft-à-dire, dans celui fans épine, reflemble. en quelque forte’ par fa figure ovale, platte, un peu convexe en {on milieu’, à la graine du fruit nommé Cucurbite, où Courge. - .. Ces efpaces, quand on les tire: avec les doigts pourles déboetter , . car ils font rous emboettés les uns: dans les autres par leurs extrémi- F1 tés, ne différent en rien des por-- tions incurbitaires dont il s’agit , . lefquelles ne font en effet que des: détachés du Ver Solitaire ou Tænia, . qui fe rompt par endroits dans Îes- corps où il habite. Or voici ce qui fe remarque LS ANS 236 De [4 Génération quand on les fépare les uns des au- tres en les tirant avec les deux doigts : on voit dans la portion où l'autre eft emboettée , un petit en- foncement au milieu de l’extré- mité qui férvoit d’emboetture. Cet enfoncement , comme on le recon- noît en lexaminant , n’eft qu'une petite fofle , que Ja portion déta- chée laifle dans l'endroit où elle tenoit; à peu prés comme la tige d'un œillet , lorfqu’on la cafe dans les nœuds ou elle eft emboettée , Rife voir dans ces nœuds, une pe- tite cavité, qui cft le lieu de Fem- boetture. If arrive aufli quelque- fois, comme nous Favons encore remarqué dans les précédentes édi- tions , que cette extrémité emboet- tée Ctant dégagée de celle qui la re- ccvoit, paroît avoir comme deux cornes vers les côtés, ce qui vient d’une déchirure qui fe fait prefque toujours en cette occalion: Voil4 fans doute ce-qui a impofé à ces Meflieurs dont parle M. de Long- champ. Mais revenons au mouve- ment de ces portions cucurbitaï- XCS. | # & | des Vers. 237 » J'ai cXaminc, continue tout de fuite 5 M. de Longchamp, un de ces Vers » à la lueur d’une chandelle, & j'ai » remarqué qu'en lapprochant de » la lumiere, la chaleur le faifoit » allonger de tout ce qu'il pouvoit. » Sa peau au refte m'a paru alors » trés-unie & très-fatince deflus & » deflous, comme à fes deux bords. » Plus je fe chauflois , plus il re- » muoit , & toujours du bout mar- ER SR STE ME MES squé chifire 2. jufqu'a lendroit 5 marqué chiffre $. Enfin je le mis » fi prés de la lumiere , que la gran- » de chaleur fit faire un mouve- » ment au bout 1. que je n'avois » jufques- [à , jamais vü remuer. 5 L'autre bout s’y inclina , & la * mort s'en fuivit. Cette figure eft » celle que la trop grande chaleur » lui fit prendre. | _ Tellkes font les Obfervations de M. de Longchamp fur le mouve- ment des portions cucurbitaires LA Le 239 De la Génération qu'il a rendues, Obfervations véri- tablement curicufes, & qui doi- vent être regardces comme un ex- cellent fuppleinent à la planche que: j'ai mile page 224. Peut-on douter aprés cela , que les portions cucur- bitaires que rendent ceux qui ont le Tænia de la premiere efpéce, ne foient des portions qui fe détachent vivantes du corps du Ver? M. Pitois, fcavant Médecin de: Beaune en Bourgogne, lequel étoit attaqué du Ver Solitaire, & qui rendoit de ces portions faites en: forme de graines de citrouille , ow de cucurbite, m'écrivit à-deflus le 15. Mars 1736. d’une maniere toute conforme à ce que je viens: de rapporter :voici fa lettre. Mo NSIEUR ; » Je lifois, il y a environ deux: »ans, Votre Traité de la Généra- »tion des Vers dans le corps de »lHomme. Je ne m'imaginois pas- alors, étre Hôte de la plus fâcheu: #{c efpéce de ces Infe@es ; mais des Ver. 239 » per après je m'apperçus, que je » rendois quelquefois de ces petits: » corps blancs en forme de graines. » de concombre , lefquels fem- » bloient fe mouvoir; j'exaniinaf » ces corps avec foin , & jt recon-- » nus bientôt, que c’étoient des por- “tions du Tænia; je fis provifion: » de racine de fougere femelle & » de murier ; jai ufé de ces reme- » des à différentes fois, de la ma- » nicre dont vous leprefcrivez, & “toujours avec fuccés ; c’eft-a- » dire , que toutes les fois que je » me fuis fervi de ces racines, il'eft: » forti une plus grande quantité de: » portions du Solitaire ; mais je n’aï » point été aufli heureux que beau- » Coup d’autres perfonnes que jaï »traitées , felon votre mérhode:, & » qui ont été délivrées totalement » de ce monftrueux animal. Ea tête, » & fans doute , une bonne partie: 5 du corps de celui que je loge , eft » reftée opiniâtrément dans moï.. » L’eau de fougere dont vous vous: » êtes réfervé la recette, acheveroït_: »indubitablement la cure que j'a commencée fous vos aunfpices.. 140 De la Génération | » Ainfi jefpére que vous voudrez » bien m'envoyer la quantité de 5 Cette EAU QUE VOUS jUSErEZ CONVE- »nable, & y joindre un mémoire » de la maniere de s’en fervir. Voi- » ]à appliquées fur ut morceau de »VCITE, trois portions de’ Tænia 5 que j'ai rendues aprés avoir pris » un bol purgatif où j'avois mis le » Mercure doux ; les ramifications » des vaifleaux m'ont paru fingulie- sres. Je fuis, + MONSIEUR, Votre, &c:. A Beaune en Bourgogne,le s.Mars1736. Telle eft la lettre que M. Pitois m'écrivit du 15. Mars 1736. par fiquelle il me prioit de lurenvoyer de l’eau de fougere : je ne manquaï point de lui en faire tenir, & voici fa répcafe fur ce fujet. des Vers. 241 À Beaune le 16. Juillet 1736. Monsieur, » J'A1 commence à prendre l’eau » de fougere le 2. dece mois. J'ai » continué jufqu'à la fin de l'eau, & »jai rendu par fon ation, cent s quarante-huit portions du Tænia » toutes mortes. Il y en avoit plu- » fieurs de féparéet. J'en ai auffi » trouvé des morceaux de 25. à 30. » articulations réunies; jai remar- » qué bien diftinétement fur quel- »ques-unes , les rofettes & les » mammelons figurés dans la plan- »“che que vous avez bien voulu » nenvoye r. J'ai obfervé fur-tout, » que toutes les parties étoient plus » épaifles , plus charnues, plus lar- » ges , que celles que je rendois » avant que d’avoir pris l’eau de » fougere. Quoi qu’il en foit , la »partie principale , j'entends la » tête de cet animal , eftreftée dans. » mon corps ; penfez-vous qu'il foi »à propos pour le détruire abfolu Tome LI. X 2,42 De la Génération » meñnt que Je prenne encore de » l'eau de fougere ? Je fuis, &c. Prtorzrs. Les ramifications de vaifleaux & les rofettes dont parle M. Pitois dans fes deux lettres, font chofes qu'on ne fcauroit bien comprendre fans avoir auparavant confulté la planche que je luienvoyai, & qui elt ci-après. _ Ces ramificafons & ces rofettes font amplement décrites dans cette planche ; je m'abitiens d’en parier jufqu'à ce que nous foyions arrivés à l’Article où je la rapporte. Le SozitaiRe fe nourrit vers le ylore, c'eit-à-dire , vers l’iflue de be ; c'eft-là qu’il tient fa tête : d'ou il eft facile de juger qu'il con- fume aifément la meilleure partie du chyle, parce qu'il prend cette liqueur avant qu’elle foit parvenue aux veines laétées. Il trouve Là un chyle qui n’eft point encore mélangé de bile; ce qui peut bien être la caufe du fe- jour qu'il y fait: car plus bas la bile des Vers. 24$ du foie fe déchargeant dans le duo- denum , qui eft le premier des in- teftins, & {e mélant avec le chyle, donne à ce fuc une amertume qui le rend moins propre à nourrir le Ver; ce qui s'accorde avec le fen- timent de quelques,Modernes, & entre autres d’Hartman , (4) qui dit que l’obitruétion du foie eft ce qui entretient les Vers plats. En ef- fe on peut dire en géncral, que le fiel eft contraire à tous les Vers; & fi quelques-uns de ces Infeétes mon- tent quelquefois des inteftins dans l'eftomac, cela n'arrive , comme le remarque Fabricius , (4 ) qu’à ceux dans lefquels il y a obftruétion au conduit de la bile. Il cft vrai qu'on a trouvé quel- quefois des Vers dans la veflie du fiel ; mais il faut remarquer que c’étoit à des perfonnes mortes d’hy- dropifie , dans lefquelles cette vefliz étoit plutôt remplie de pituite que de fiel , ainfi que l’obferve le même Auteur. La plüpart des Infectes craignent (a) Hartm. Prat. Chym. pag. 201. (b) Guillelm, Fabric. centur. 24 Objerv. 72e X 1} 244 De laGenération le fiel. C’eft ce qu'on peut recon- noître par pluficurs expériences, & entre autres en mettantdes Sang- fues dans une écuelle pleine d’eau, dont je deflus des bords foit frot- té de fiel, car il n’en fortira pas une. Je ne prétends pas cependant conclurre abfolument de-là, qu'à cet égard le plus grand nombre des Infeétes foient comme les Sang- fues. Nous avons dit plus haut, que quelquefois il y avoit des Vers dans le foie, jufques même dans la veflie de ce vifcére ; & pour expli- quer comment la chôfe pouvoit fe faire , nous avons fuppolé que c’eft qu’alors la bile étoit dégénérée , & n’avoit plus d’amertume ; mais nous ne donnons pas cette explica- tion comme certaine. Il s’engen- dre des Vers fur l’abfynthe comme fur les plantes les plus douces ; ainfi il pourroit bien s’en engendrer dans la bile, fans que pour cela elle eût dégénéré. On a vu des Perce-oreil- les entrer dans l’orcille, y faire leur demeure, & y produire d’au- tres Perce-orcilles, fans qu'il y eût lieu.de croire que l'oreille füt dé- des Vers. 14$ pourvue de ce fuc amer dont elle eft naturellement enduite. Nous traiterons cet article dans le Cha- pitre des remedes contre les Vers, en parlant desremedes contre Jes Vers Auriculaires. Revenons aû Tæni1a. ni Quoique ce Ver ait fon col & fa tête vers le pylore , il ne fort néanmoins prelque jamais par la bouche. La raifon eneft que le refte du corps du Tænia eft trop large & trop long pour pouvoir remon< ter par le pylore de l’eftomac. Ce que je vieris de dire fur la maniere dont ce Ver confume le chyle, doit faire voir qu'il nya rien d'étonnant dans €e que nous avons avancé plus haut, que cet Jnfe&te , ainfi que l’añure Spige- lius («), eft ordinairement feul de fon efpèce , dans le corps où fl habite. use Au refte ce ne font point les Mo: dernés qui ont obfervé les pre- miers, que ce Ver étoit ordinaire- ment feul de fon efpéce dans le corps où il fe trouvoit ; Hippocraté (a) Spigel, de Lumbrico lato; X if 246 De la Génération l'a reconnu; & c’eftun fait dont il doutoit fi peu , que loin de le met- tre en queftion , il le fappofe com- me indubitable ; car voulant prour- ver que ces portions cucurbitaires , ne font pas les œufs de ce Ver, il dit qu'il ne feroit pas poflible que d’un feul animal, ilpüt fortir un fi grand nombre de produétions; ce qu'il n’auroit pas dit fans doute, s’il eût penfé qu'il y eût eu plufieurs Vers de cette forte dans un même corps. Quelques Modernes , comme nous l'avons déja infinué, croient que le Tænia n’cft qu'un amas de petits Animaux à part, qui fetien- nent quelquefois les uns aux autres comme les chaînons d’une chaîne. Fernel, (4 ) Perdulcis, (b ) & plu- fieurs autres fe le font imaginé ; mais un peu d’examen-fuffit pour faire voir la vérité de ce que nous avons déja remarqué : fcavoir , que ce ne font que des portions du So- litaire , lefquelles en fe rompant (a) Fernel, de Morb. intefhnor. pathol. Lib. VI. Cap. 10. (b) Perdul, unsverf. Medicin, Lib. XTII. Cap. 224. des Verse 247 fe détachent du corps du Ver; car lc Tænia eft fi long , qu’il n’eft pas poñlible qu’il ne fe cafe de temps en temps, fur-tout étant articulé comme il left. Car ces articles, ainfi que nous l'avons déja dit, fe rompent avec la même facilité que ceux qui font aux pattes des Han- netons. Spigelius ( 4) & Sennert, (b )re- connoiflent que le Solium ou Soli- taire, eft un Animal unique, & non une chaîne de Vers. Quelques- uns , dit Sennert, s’émaginent que les interfhces de ce Per plat, font autant de Vers ; maïs tous ces interflices enfemble ne compolent qu'un [eul Ver , lequel a plu- fieurs nœuds ou articles. Benivenius dit avoir vu un de ces Vers plats, & il ajoute que c'é- toit autant de Vers liés & unis en- femble ; mais Sennert fé moque de ce fentiment,& foutient que ce Ver étoit unique & ne faifoit qu’un feul corps. Le même Sennert reprend. Gabucinus de la même erreur : » Comme Gabucinus , dit-il , a vu (a) Spigel. de Lumbric. lato. Cap. III. (b) Sennert, Lib, III. part, 2.fect. 1. Cap. 3: -1V 248 De la Génération » que le mouvement de ce Ver étoit » plus fenfible dans les entrenœuds » qu'ailleurs , 1l a cru que ce n'étoit » pas un feul Ver qui remuoit , » Mais que ce mouvement étoit ce- » lui de plufieurs Vers cucurbitaires »joints enfemble. Cependant ces » entrenœuds ne font point des Vers » particuliers , mais autant de por- »tions d'un même Ver plat. C’eft ainfi que s'explique Sennert : nous ajouterons à cela que puifqu'il n'yaici qu'une tête & un col, il faut ncceflairement convenir que ce n’eft qu'un même Animal.M.Va- lifnieri dans fon Traité intitulé: Confiderazioni el Efpérienze , érc. pré- tend que le Tænia n’eft point un feul Ver ; que c’eft un amas de plu- fieurs Cucurbitaires qui fe tiennent les uns aux autres , à peu prés, dit- il, comme on voit que fe tiennent les Singes quand ils pañlent une ri- viere. On peut là-deflus demander à M. Valifnieri, comment ces Vers Cucurbitaires fcavent fe ranger ain- f avec tant d’ordre dans le Tænia. Car le col du Tænia, ou Solitaire, eft très-mince & étroit, & va tou- des Vers. 249 jours en s’élargiflant à mefure qu'il s'éloigne de la tête. Il faut donc fuppofer que ces prétendus Vers conviennent enfemble que les plus petits fe mettront les premiers, puis ceux qui font un peu plus grands & les autres fucceflivement par étage. Si c’étoient plulieurs Vers unis , on n’y verroit pas une fi grande proportion; car çe Ver .va en clargiffant depuis la tête, avec une telle juftefle , qu'ikn’eft pas pol- fible de rien trouver de plus jufte, & deux hgnes qu'on auroit tirées avec la regle , ne pourroient pas $tre plus régulieres. Si les portions du Tænia ou Soli- laire , étoient autant d’Animaux attachés enfemble , il arriveroit , quand ces prétendus Animaux fe- roient morts , une chofe qui n’arri- ve point. C’eft qu'ils fe déboette- roient lesuns d’avec les autres, & cependant ils tiennent alors fi fort enfemble , que lors même qu’on les tire , ils fe rompent plutôt que de fe détacher ; c’eft ce que j'ai éprou- vé plufieurs fois. Le Tænia dont nous parlons, 250 De la Génération peut être, ainfi que nous l'avons déja dit, comparé à la plante nom- mée Equifetum , où queue de Cheval , hquelle ef toute remplie de nœuds: on peut encore micux la comparer au figuier d'Inde , qui eft tout com- pofé de portions ovales, plattes & ventrues , firuées les unes fur les au- tres , & qui ‘e tiennent bout à bout, comme on les voit repréfen- tées dans la fi- gure c1-iOinte. Qui diroit que ces par- ties du figuier d'Inde , ainfi pofées les unes fur les autres, font autant de plantes à part , fe tromperoit fans doute.Ce- lui qui croit que les portions qui compofent le Tænia, font autant d’Animaux à part, eft dans une er- reur femblable. Enfin dire que les portions du Tænia contenues entre les nœuds ou articles de ce Ver, des Vers. 2S% font autant d’Animaux, c’eft dire que les efpaces contenus entre les nœuds d’un rofeau, font aytant de rofeaux , & ne compofent pas en- femble un rofeau unique. Mais voici un fait qui termine la que- ftion : c’eft que dans le Ver Soli- taire , il y a un vaifleau de commu- nication qui s'étend tout le long du corps de ce Ver, fans être inter- rompu par les nœuds ou jointures dont le Ver paroît entrecoupé. Ce vaiffleau confifte en un conduit uni- forme très-délié & tranfparent , qui , par le moyen de la louppe pa- roit du diamétre d’une petite foie de Cochon. Il renferme une li- queur tres-claire, femblable à celle qui {e voit dans les vaiffleaux fan- guins des Limaces, des Limacons & des Vers de terre. Quand on in- jeéte dans ce vaifleau , par le moyen d’un tuyau extrémement fin, une matiere coulante , on la voit en- filer en ligne droite, ce même conduit ou vaifleau , & l'enfiler tout le long du Ver, précifément entre les deux bords fous la mem- brane externe ; fans être arrétée.par 2 52 De [a Génération les nœuds ou jointures dont nous venons de parler. Après une telle découverte, om né doit plus douter que le Tænia ou Solitaire, ne {oit un feul Ver, & non un amas de plulieurs Vers joints enfembic ; c’eft au fçavant M. Winflow qu'eft due cette dé- couverte, ainfi qu'on le va voir par la lettre fuivante qu'il m'a écrite {ur ce fujet , en réponfe à une autre qu’il avoit recue de moi. Monsieur, » Le vaifleau de communicationt » que jai découvert dans les Vers » Solitaires que vous me donnâtes » lannce derniere , & que je vis » tout vivans chez vous, confifte, » ainfi que je lai rapporté à l’Aca- » démie des Sciences, en un con- » duit uniforme très-délié & tran£ » parent , lequel , par le moyen: de » ma loupe, me parut du diamétre #d'une petite foie de Cochon: Il » contenoit une liqueur très-claire, » pareille à celle que j'ai vue autre- des Vers. 253 s fois dans les vaifleaux fanguins des »%Limaçons, des Limaces, & mé- » me des Vers de terre. J'ai injecté » dans ce vaifleau , par le moyen » d'un tuyau extrémement fin, & » femblable à peu prés, à ceux dont » on fe fert depuis quelque temps » pour faire des injections médica- » mentcuf£s dans les points lacry- » Maux , une matiere très-coulan- » te, dont je ferai part dans quel- » que temps à l’Académie des Scien- » ces , & en pouflant cette maticre, » je l'ai vue enfiler ce même con- » duit ou vaifieau , en ligne droite, » tout le long du Ver, précifément » entre les deux bords, fous la mem- » brane externe , fans être arrêtée » par les nœuds owjointures, dont »# ce Ver paroît entrecoupé. Com- » me l’Académie, lorfque je lui rap. » portai le fait , me recommanda » de fuivre cetre expérience , & » qu'elle vient encore tout récem- » ment de mele recommander, j'a- » vois deflein de vous prier , com- » me il vous arrive fouvent de faire » fortir de ces Verstout vivans , de » vouloir bien m’avertir quand il 264 … De la Génération » vous en viendroit quelques-uns, » afin que je puifle fatisfaire à l’en- » gagement que jai pris là-deflus » avec l'Académie. Mais comme il » faut un beau foleil pour faire l’ex- » périence dont il s’agit , j'attendrai »jufqu'au Printemps , où J'efpere » que vous voudrez bien m’accor- » der la grace que vous m'avez de- » ja faite. Je fuis, &c. MONSIEUR, Votre, &c. WINSLO w. À Paris , ce 20. Décembre 1730. + Que répondront à ce témoignage. de Mr Winflow , ceux qui veulent quele Ver Solitaire foit, non un {eul Ver, mais une chaîne de Vers, qui fe tiennent attachés les uns aux autres ? R Luftanus ( 4) rapporte lhiftoire d’une Dame qui rendit un Ver aflez (a) Amat. Lufitan, Curat. Medicin. Cent, 6, Curat, 74. fr. 630. CF 631 É des Vers. 25$ femblable au Solitaire dont il s'agit: » Une Dame, dit-1l, qui d’ailleurs fe » portoit bien, fe fentit attaquée » d’une petite toux , & peu aprés, » rendit par la bouche un Ver tout » vivant , mais fi extraordinaire , » pourfuit-1l, Que je n’en avois jamais » Vu un pareil ; 1l Ctoit long de qua- » tre coudées, large de la moitié de » l’ongle, fort blanc, femblable à la » fubftance des inteftins, & ayant je » ne fçai quoi, qui fembloit tenir de » la dépouille d’une Couleuvre. I1 » avoit une tête en forme de poi- » reau, & depuis cette tête, un corps » tout plat , qui alloit en étreciflant » vers laqueue. Ce Ver, sjoute-t-1l, » n’étoit qu’un feul corps, ayant plu- » fieurs articles, & ce qui étoit com- » pris entre ces articles, reflembioit » à des graines de cucurbite. Ces » portions en forme de graine de » cucurbite , ne renfermoient rien + au dedans, parce que le Ver eft » cxXtrémement plat La peinture que fait ici Lufitanus, répréfente affez bien notre Ver, dans lequel , à la referve de ces pe- tits corps en forme de globules, 256 De la Génération dont nous avons parlé plus haut, nous n'avons pu rien découvrir non plus. Celui-ci dont parle Amatus Lufitanus, fortit par la bouche, ce ui arrive rarement , car le Tænia Ms prefque toujours par bas. Amatus Lufitanus ajoute que fe- lon Hipoocrate , le Ver dont ii s’a- git , neMcauroit produire ces pré- tendus Vers Cucurbitaires , que quelques Médecins du temps de ce grand homme , afluroient être les produ&ions du Ver plat. Hippocra- te, continue t-il, appuie fon fentiment fur plufeurs raifons , dont deux principalement paroiïffent éviden- tes. La premiere , eft que le Tænia fe rompt par endroits, & que les portions qui s’en détachent , font femblables à des graines de cucur- bite ; enforte qu’en comparant les unes avec les autres , on n'y apper- coit aucune différence : la feconde, que la capacité du corps de ce Ver eft trop petite pour pouvoir conte- nir un fi grand nombre de portions cucurbitaires. Voilà ce que dit Lu- fitanus , & qui eit très-conforme à ce que les yeux découvrent. Ronde- let des Vers. 257 fet (4) fait mention d'un Ver fem- blable , que la Femme d’un Soldar rendit étant au Camp de Perpi- gnant, & qu'il fit fécher pour le conferver. Thaddæus Dunus écrit qu'une jeune Femme ayant été ma- lade (b) trois ans d’un Ver plat, lui en envoya un morceau qu'elle avoit rendu , tequel étoit de plus de cinq aulnes de long ; que cela lui fit d'autant plus de plaifir, qu'il n’a- voit encore jamais vu de ces fortes de Vers. [l ajoute qu’en r$7r. cette Femme mourut, & rendit quelques jours auparavant, un autre morceau de Ver qui avoit plus de 20.aulnes, w'on le lui montra aprés l'avoir ss fécher dans un four , pour le eonferver. : {Gefner dit en avoir lui-même ren> du deux qui avoient treize coudées de long (rc). Quinzius rapporte dans fes Obfervations , qu'ayant purgé un Gouteux par précaution, pour prévenir les douleurs de la Goute , il lui ft rendre un Ver plat , als (à) Rondelet, Lib. Disnof. Morb. cap. 17. (0) Thadd. Dunus , cap. 25. Mifcell. V'edies- €) Gefner. Lib. LIT, Epif, ad Fabrie.… Tome I. 258 De la Génération vue duquel il ne put s'empêcher d'admirer l'ignorance de certains Médecins modernes , qui ofent ac- cufer Pline (4) de menfonge, pour avoir écrit qu'il s'étoit trouvé des. Vers plats detrente pieds de long & davantage. M. Hartioeker, comme: je lai déja dit dans le Chapitre {e- cond, m'a mandé en avoir vu un à: Amifterdam , qui avoit plusde 45. aulnes de France, ce qui juftifie bien: Pline. Il y à quelques années qu'a FHôtel de Soubize j'en fis fortir du: corps, d'un Gentilhomme nommé M. Coqueret, plus de vingt auines: en trois ou quatre morceaux ; C’eft. de quoi toute la Maifon fut témoin, & Monfieur le Prince de Soubize: lui-même fe fit un plaifir d'en gar- der un morceau pour le montrer. If a quelques années aufli que chez: onlicur l'Abbé Bignon, je déli- vrai d'un Ver Solitaire qui avoit plus de huit aulnes , M. le Marquis. de Montendre, alors nouvellement arrivé des Indes. Ce Ver {fortitavec: la tête , & cette tête , qu'on laifix perdre , étoit comme celle que j'aë (a)Plin. Hiff. Nat, Lib. II. cap. 33. des Vers. 29 fait graver dans la premiere plan- che, pages 1V. & V. de la Préface. Je ferois à charge aux Lecteurs fi je voulois rapporter tous les exem- ples de cette nature dont J'ai été té- moin. L’hiftoire d’un riche Mar- chand de Melun , nommé M. Be- nard , qui vint ici à Paris pour fe: faire délivrer d’un femblable Ver dont on le foupconnoit malade , & à qui j'en fis rendre plus de 35. aul- nes en quatre où Cinq Morceaux feroit ici un long article, par les cir- conftances fingulieres dont cette: maladie éroit accompagnée; mais: je fupprime ce récit. | Quelques Auteurs en décrivant: le Ver dont nous parlons, difent qu'il elt Squameux , Squamofus , non: qu'effetivement , ilait desécailles,. mais c'eft qu'il eft tout articule ; car ces articles font difpofés comme des: efpéces d’écailles. Aufli Thaddeus. Dumas , en parlant de cette forte de: Ver, dit qu'il cft Sqvameux , ou plutôr tout articulé (a). Mercurial prétend: que le Tenia n’eft point un Ver, mais: (a) Sqmimefus , nifi reins geniculätes dicatars- UT 260 De la Génération {eulement une apparence de Ver {4 Il ef facile de voir combien cet Au- teur fetrompe, puifque le Ver dont parle Lufitanus , & le nôtre , ont une tête , qu'ils font fortis vivans À que nous en avons vu plufieurs au- tres aufli vivans , & faire des mou vemens trés-fenfibles ; ce que di- vers Auteurs atteitent aufli avoir re- marqué dans des Vers de cette mé- me elpéce, qu’ils affurent avoir vus. Gabucinus fait mention d’un 74- ni , Ou Solitaire | qui Vêcut un jour dans un chaudron plein d’eau(L), & Spigelius (c) rapporte qu’en 1608. au mois d’Août, une: Dame Aille- mande ayant mangé à fouper d’une Salade de Laitue , fut failie d’ur frifon violent , fuivi de fiévre, & d’une grande colique :Que comme la Malade fe prefloit le ventre avec les mains , à caufe de la force du mal, il lui furvint un cours de ven- tre, qui, avec quantité d’eau & de bile , entraïna un morceau de Ver plat , long de cinq coudées : Que (a) Sed quidypram animal refere”s, mercur: Lib, III” ie Morb. Pueror. cap. 1. {b) Gabacinus, cap. 3. Comment, de Lsmb., {e) Spigcl, de Lumb.iare, des Vers. 261 cette Malade avoit auprès d’elle une Sœur , qui craignant que ce ne füt une portion des inteftins, au lieu de tirer le Ver tout-à-fait, ef- faya de le faire rentrer , & à force de le violenter , le rompit ; Qu'on Jetta fur le carreau ce qui s’étoit dé- taché ; qu'aufli-tôt ce morceau de Ver fe tourna en plufieurs figures. fpirales ; qu’enfuite On le jetta dans de l'eau , où il € mit en cercle, & ne remua plus. Mouvemens qu'il n’auroit pu faire fans doute , s’il n'eût été animé. On pourroit croire que Mercu- ria} ne prétend parler que de quel: que membrane, quand il dit que le: Ver plat n’eft pas un animal ; mais il fe fert d’une autorité d'Hippo- crate, par laquelle on voit évidem- ment qu'il parle du Ver, dont le même Hippocrate fait mention au quatriéme Livre des Maladies , qui elt celui que je nomme Solitaire , le- quel eft véritablement animé. - Cc prétendu Ver, écrit Mercu- trial , n’eft point animé , mais quel- que chofe qui femble l'être , & comme la dit Hippacrate, pour- GT De la Génération fuit-il, une matiere formée dans les: inteftins , laquelle repréfente en: quelque façon la figure d’un ani- mal. Cet Auteur fait voir par ces paro- les, bien peu d’exa@itude dans fa: citation ; Hippocrate ne dit point que c’eft une matiere qui reAemble: à unanimal , mais au contraire, que c’eft un animal quigefflemble à une peau blanche qui fe feroit féparée: des inteftins ; ce qui eft bien difé- rent. Hippocrate appelle même ce: Ver un animal d’une grandeur ex— traordinaire (4) , aprés quoi il dit que le Ver dont il parle , reflemble- à une peau blanche qui fe feroit dé- tachce des inteftins. Voulant enfui-- te expliquer comment ce même Ver peut fe former dans le fœrus , il dit que lorfque le lait & le fang de la mere viennent à fe corrompre: par la trop grande asondance , ils donnent lieu à la production de cet infecte. On voit par là, comme il ne faut pas toujours fe repofer fur les cita- (a) Gor mteëror prasqon Hipp. Liv, IV. des Ma Bad; chap. 27, des Vers. 263! cions d'Hippocrate. Chaque Méde- cin le veut avoir pour foi, & com- me fi c'étoit un crime d’avouer- qu'on eft d’un autre fentiment que lui, on aime fouvent mieux lui im- puter ce qu'il n’a jamais penfé. Je dis ceci parce que Mercuria! n’eft pas le feul Auteur de Médecine qui en ait ufé de la forte. Spigelius & Sennert penfent mieux fur ce point , que ne fait Mercurtal , qui, pour le remarquer: en pañlant , {e contredit vifible- ment quelques Chapitres après. » On ne fçauroit douter (4), dit >, Sennert > que cette forte de Tania >, ne foit un animal, cela paroît par » fon mouvement ;, qui, quoique: >, plus lent que celui qu’on remar- » que dans les Vers ordinaires, ne: >, life pas d’être un véritable mou- », Vement, ainfi que l'ont obfervé ,, plufieurs Auteurs ; cna même vu » quelquefois ce Ver tout en une: 5, boule, étant chaflé par quelque: , médicament , & c’elt fans doute- » €n faveur de ce mouvement , que: » la nature lui a donné ces articula-- CG} Sennert, Lib. III, Part. II, Se. I. cap, 7. ZGA De la Génération | ,, tions, cesnœuds & ces interftices: » par lefquels il ef diftingué en tra- ,, Vers , à la maniere des autres in- ,,{eétes , & que certaines perfonnes ,{e font imaginées- être autant de ,, Vers à part. "1 Hippocrate a remarqué le mou- vement de ce Ver: ,, St, dit-il, on , traite un Malade qui ait le Ver » plat, & qu’on lui donne quel- ,, que médicament pour l'en déli- ,, vrér , le Ver fe met quelquefois ,, en rond, & fort tout en une bou- ,, le, après quoi le Malade recou- ,, vre la fanté. Schenckius dans Île troifiéme Li- vre de fes Obfervations , au Traité: des Lumbrics . dit en avoir vu un encore tout palpitant, qu'une Dame venoit de rendre par la bouche , le- quel étoit ainfi tout en une boule. Il ajoute qu’on dévelopa ce Ver, & qu’il fut trouvé de trois aulnes de lon. Nous avons déja rapporté plus haut , l'exemple d'un Tænia forti. par la bouche, ce qui eff trés-digne de remarque ; ce Ver , ainfi que nous l'avons obfervé ,. ne fortant prefque des Vers. 265$ prefque jamais que par bas. Pour ce qui eft de fortir en boule, ou en pe- lotton , la chofe arrive quelquefois. On en trouve divers exemples chez les Auteurs, & on peut joindre le fuivant à ceux que nous venons de rapporter là-deffus. Henry (4) Brechtfeld écrit qu’é- xerçant la Médecine à Hildesheim , il y vitun Vicillard de quatre-vingts ans , de ayant té long-temps ma- Jade, fut guéri cout d’un coup, après avoir rendu un Ver plat , roulé en pelotton , & qui avoit fept aulnes. Voyez la planche qui eft à la page C’eft quelque chofe de curieux que la Rrudure intérieure du Tænia. }l y en a une efpéce où l’on remar- que, comme nous l'avons déja dit, une forme d’épine qui s'étend tout le long de fon corps. Mais nous ob- ferverons ici que cette épine eft tou- te compofce de petits grains rabo- teux & anguleux, qui réfiftent au toucher comme de gros grains de fable. Pour bien voir ces grains, & (a) Thom. Barth. AG, Med, > Philofephica Hafn : Cap. 21. V.1. Tome I. Z 266 De la Génération en examincr la figure , il faut éten- dre le Ve: fur un morceau de verre. I! s’y colle tout d’un coup de lui-mé- me , & aprés qu’il s’y eft féché, on y difcerne cette épine, laquelle pa- roit élevée fur le corps du Ver , & laifle voir ces grains , dont chacun eft compofé de trois ou quatre au- tres , tous fort durs, Voyez la plan- che ci-jointe, L'autre efpéce de Tænia, qui eft a premiere, n’a point d’épine le long du corps, comme nous l’avons affez repeté , & la ftruéture en eft toute différente. Pour voir cette ftruéture , il faut étendre tout de même iur un morceau de verre un Jambeau du Ver, l’y laifler fecher , & enfuirte l’examiner à travers le verre, qu'on expolfe perpendiculai- rement au grand jour. On y décou. vre alors dans chaque ventre ou ef- pace contenu entre lesarticulations, certaines ramifications de vaifleaux, dont je ne fçaurois mieux comparer la difpofition, qu'a celle des dents d’un peigne. Ces ramifications fe terminent en une efpéce de bou- con fait en forme de rofette, lequel 7 der = me * 4° 4 J : ; * # 2 0 2 age er a de pe Med ' cu LE - SE Ç des Vers. 267 fe trouve à l’une des extrémités de chaque ventre. On en jugera mieux par la planche inferée ici, page 266. On peut , au lieu d'appliquer l’in- fe&e {ur un morceau de verre, le fufpendre das de l’eau où l’on au- ra fait difloudre de l’alum. Car au bout de vingt-quatre heures, plus ou moins , lalum ayant rongé la fubftance la plus tendre du Ver, laifle voir diftinement les vaif. feaux dont je parle, parce que ces vaifleaux étant d’une pi a plus ferme & plus folide , réfiftent davantage à l’action de l’alum. Le morceau de Ver repréfente dans la planche fuivante , eft le mê. me qui eft repréfenté fig. 2. dans la planche de la page 198. avec cette différence, que dans la planche de la page 198. on le voit comme il étoit dès qu’il fut forti; au lieu qu'ici il eft repréfenté comme il a paru en- fuite après que je l’eus fufpendu dans une phiole pleine d’eau où javois mis de l’alum. L'endroit marqué D, & E, eft celui, qui , dans la planche de la page 198. eft marqué F, & l'endroit G, & H, le même, qui, Z ij 246$ De la Géération dans cette planche-là, eit marqué E, Ce morceau de Ver a été rendu par Mr de la Solaye , Avocat au Parlement , rueS. Severin. Je le fis defliner par Mr Simon, Peintre dés Gobelins , demeurant alors rue du Foare ; puis graver par Mr l'Evèque, même rue S. Severin. Aprés quoi. Vayant fufpendu dans de l’eau d’a- lum , qui en fit paroïître tous les vaifleaux , je le fis deffiner par Mr Bonnard , ruesS. Jacques, tres-habi- le Deflinateur, qui le repréfenta au naturel, comme il paroifloit dans cette eau, & enfuite graver fur ce deffein par le méme Mr l'Evêque , rucS. Severin. On ne peut rien ajou- ter à l'exactitude avec laquelle il eft sepréfenté : il le faut fuppoferMu£ pendu, & flottant daus la phiole pleine d’eau. L'arbre qui le foutient n'eft que de la fantaifie du Deffina- teur. Voici l'explication de la plan- che : À, vaifileaux difpofés en for- me de dents de peigne. B, interval- les entre les dents de ces peignes , vis-à-vis chaque mammelon. € , rofettes formées par le contour des vaifcaux. Les portions qui compo: A het SE IS VA LS RES HE Ni D 7 fu, t o & nous découvrimes que la ‘tu- »meur étoit caufte par un amas » d’alimens non digérés, mélés de » quelques Vers +: ayant vu cela, n & craignant que l'eftomac ne fût » endommagé , nous en fmnes l’ou- » verture. Nous y trouvâmes des » pelottons de petits Vers, & au » côté gauche près du fond, un » trou à pañler le doist, que ces » Vers avoient fait, & par lequel »vune partie des alimens ; avant » que d’être digérés, & quelques- uns de ces Vers Étoient tombés ,, vers Ja région du pubis, ou ils ,,avoient caufés cette tumeur ; car nous vifitimes les inreftins , & nous les trouvâmes fains & en- > TIEFS.( 4) | Je pañle plufieurs autres exemples, de peur d’être trop long für un fu- jet que je n'ai dü traiter qu’en paf- fant. Venons à préfent, fuivant notre projet , aux diverfes formes que prennent les Vers dans le corps de l'homme. (a) Apid Guillelm, Fabric, Cent... Obferu. 7. ARTICLE des Vers. 281 RRPECLE TROISIEME. Des differentes formes que presnent les Vers. Y Es Vers qui s’'engendrent dans le corps de l’homme, tant ceux des inteftins, que ceux qui vien- nent aux autres parties, prennent fouvent envieilliflant, des figures. extraordinares ; les uns deviennent comme des-Grenouilles ; les autres- comme des Scorpions , les autres comme des Lefards. Aux uns il poufle des cornes , aux autres ïl vient une queue fourchue, aux au- tres une efpéce de bec comme à dés Oifeaux ; d’autres fe couvrent de poils , & deviennent tout velus, d'autres fe couvrent d’écailles & rcf- femblent à des efpéces de Poiflons. Divers Auteurs rapportent des exemples de ces Vers monftrueux , comme Wierus, (+) Montuus,(b) Benivenius , Rulandus , Gabuci-- (a) Tiers, Lib, 1V. Cap. 16. de praflig. Damari. 4b ) Mentuus, Lib, IV, Cap.19..4rat. morb.. Torre I A à. 18% De la Génération nus , (4) Monardus , (b) Benive- nius , (c) Rhodius , (4) Panaro- lus ,(e) Marcellus, Donatus, (f) Gefner , (g) Dodonée ,(h) Hol- lier, (2) Borelli, &c. Cornelius Gemma entre autres parle d’une fille de quinze ans, qui en rendit un comme une Anguille , à cela prés qu'il avoit la queue pa- nachce & route velue. On en voit Ja figure dans Aldrovandus , p. 764. de fon Livre des Infeétes. Nous l’a- vons mile ici. er rendu par une Jeune Fille. (a) Gabacin. Comment, de Lumbric, Cap: ra (b) Monard. Lib. III, de fimplic, medicam. ex zov. ob. delatis. | (c) Beniv, de abdit. Cap.2. (d) Rhod, Cent. 3. Obferv. 19. (€) Panar. Pentocoft. $. Obferv. 13. (£) Marcell, Donat. Hifi, mirab. Lib. IV. Cap. 16, ($) Gefner, Lib. VIII. Epiff. p. 94. (h) Dodcn. [Annot. ad Cap. 58. (i) Holl, Lib, I, de morb. intern. 1, des Vers. . 283 Ces fortes de Vers monftrueux fe divifent en plufieurs clafles ; {ça- voir , les Grenouilles, les Lefards, les Serpens , les Anguilles, les Vers à queue fourchue , ceux à cent “PE , les Efcarbots , les Chenilles, les Scorpions , les Poiflons. Non que ces Vers foient effe@ivement des Scorpions, des Grenouilles, &c. Mais c’eft qu'ils ont une apparence qui à l’aide de l'imagination de ceux qui les voyent, les fait ref- fembler en quelque chofe à ces Animaux. Or toutes ces différentes méta- morpholes , ainfi que je viens de le dire, leur arrivent quand ils vieil- liflent; & comme la barbe ne fort à l'homme qu'à un: certain âge, que les cornes ne poufñlent à plu-- fleurs Animaux que quelque temps. après leur naïfance, que les Four- mis prennent des aîles avec letemps,. que les vieilles Chenilles fe chan- gent en Papillons , que le Ver à foie fubit un grand nombre de changemens que tout le monde connoît ; il n’y a pas lieu de s’é- tonner que les Vers du corps puif. À'a i — 284 De la Génération {ent prendre au bout d’un certair temps, toutes ces figures extraor- dinaires qu'on y remarque quel- uefois. Au refte il ne faut point com- prendre. ici ces Animaux qui peu- Vent entrer par la bouche dans le corps, puifqu'ils ne font point en- gendrés en nous. : Hippocrate (4) rapporte l’exem- ple d'un jeune homme, qui étant yvre , s'endormit (apparemment {ur l'herbe) & dans la bouche du- quel il entra pendant le fommeil un Serpent qui lui alla jufques dans Peftomac, & qui le fit mourir avec de grandes convulfions. On trouve plulieurs faits femblables dans les Livres âes Médecins; maisces {or- tes de faits doivent être bien exa- minés. Il y a quelquefois des gens, qui croyant avoir avalé des Infe- étes, qu’ils n’ont cependant point avalés, & venant enfuite à s’exci- ter au vomifiement pour les ren- ire, prennent aifément pour {or- tis de leurs corps, des Infe@tes qu’ils voyent par hafard mélés dans ce {s«) Hipp. des Malad, Epid. Liv. P.. Lrqrpi mer à es , Le x 0 0, te Pag.285 des Vers. 28 qu’ils viennent de rendre, quoique ces Infectes fuflent déja dans l’en- droit ou ils croyent lesavoir Jettés de leur eftomac. Voici une planche où font gra- vées deux Couleuvres, qui dans le recueil des planches de la derniere Edition de ce Livre , font repréfen- tées comme étant forties de l’efto- mac d’une fille qui s’étoit endor- mie fur l'herbe, & les avoit ava- ICes. Celle qui eff marquée À , dit-on: dans l'explication de cette planche, eff fortie vivante, &* [e traïnant fur le plancher de la chambre, fut tuée par La me- re de la Malade, qui, avec une pelle à Jeu , la partagea par la moitié , & lui ecrafa la tête. Nous aurions pû retranchier ici cette planche , qui fe trouve parmi celles qui ont été imprimées en 1718. #n-4°. dans un recueil à part ; car ces Couleuvres n’étoient point entrées dans le corps, & un exa-" men férieux que nous avons fait de la chofe, nous oblige à donner cet avertiflement. Nous confervons : depuis plufieurs années dans de l'eau-de-vie ces deux petits Ser- 286 De la Génération pens ; mais nous fcavons certainc- ment qu'ils ne font fortis du corps de perfonne , non plus que cette Ecrevifle, dont nous avons rappor- té l’hiftoire dans la préface , pages. xvi & fuiv. & qu'on prétendoit être fortie du corps d’une petite fille. Les Malades font fouvent les: premicrs trompés dans ces fortes de cas; & croyent avoir rendu ce qu'ils n’ont point rendu. Voici fur ce fujet, un exemple qui mérite d’é- tre rapporté. Une ‘perfonne de confidération { M. de Sommerive ) n'étant venu confulter fur des Vers, que par er- reur , il croyoit avoir rendus ; il me les apporta dans une boette, & je les trouvai tout femblables à ceux qui fe trouvent ordinairement dans la vieille farine. La chofe me parut extraordinaire aufli-bien qu'à fui; mais le hafard peu de jours après , découvrit l'erreur, commé on va voir par la lettre fuivante que Ja perfonne m'écrivit aufli-tôt avec une grande furprife. | des Vers. 187 » Je ne doute point, Monficur .. »que vous ne foyiez aufli furpris: »que moi, d'apprendre que je n'ai » point jetté de Vers, ayant cru fer- »# mement moi-même en avoir jet »tés. Voici le dénouement & la: » preuve de la chofe. Me fentant » Étouffé la nuit du Lundi au Mar- » di comme à monordinaire , fans: » Cependant avoir eu les trefaille— » MENS que j'avois éprouvés la der-- » niere fois ; je réfolus de faire com- » me j'ai de coûtume , dans la crain-. » te que je neles eufe ; & d’ailleurs: » lorfque je m'endors avec les op- » preflions, c’eft un fommeil tres- »tourmentant & trés-mauvais, Je » réfolus donc de vomir , ce que je: » fis; je confiderai cela attentive- » ment pour voir s'il y avoit des. » Vers, & je n’en trouvai aucan.. »Le matin, mon Laquais mit fur »CE que j'avois vomi , une poufliere » ramaflée & formée par la poudre: » qui tombe dans l'endroit , où il naccommode ma perruque. Vers: »les 10. heures M'< de Somme- » tive trouve comme la premiere: 2838 De la Génération » fois, mon vomiffement plein de: > Vers, & me le dit comme eile » me l’avoit afluré l’autre. » Je réfléchis qu'ayant examiné » le vomiflement dès le matin à huit heures, & qu'il n’y avoit alors » point de Vers, il ne fe pouvoit » pas qu'il y en eût à dix ; & pour »m'en convaincre micux j'allai » chercher moi-méme de cette » poufliere formée par la poudre, » & je vis les mêmes Vers que je » croyois avoir jettés, & pareils à » CEUX que je vous ai portés. Ainfi »je n’en ai point rendus, &c. Je fuis, Monfieur .. Votre , &c. SOMMERIVE . rue Beaubours , à l'Hôtel d'Elbeuf. ce 21.Av. 1726. En voilà aflez fur ce fujet ; reve- nons aux différens éhangemens que prennent les. Vers dans le corps hu- main. Quand” ils fubifflent ces change- mens , cela n'arrive que par un fim- ple accroiflement de parties, qui forcent. & rompent la peau dont _ Jlnfeûe- 14 RS TES 0 | des Vers. 289 lInfeéte eft couvert, & que les Na- turaliftes appellent Nymphe. Malpi- ghi & Svammeidam , ont été les premiers après André Libavius , qui ont rejette la trangformation chimérique de la Chenille en Pa- sillon , & de quelques autres fem- lables, & ont fait voir que toutes les parties du Papillon étoient ren- fermées fous la nymphe de la Che- nille. En effet , le changement qui arrive aux Infectes, ne diffcre en rien de celui des plantes ; l’Infeéte eft renferme dans la nymphe com- me une fleur dans {on bouton. Tout ce que nous venons de dire peut fervir à faire voir ce qu'il faut juger de certaines hiftoires qu’on nous fait’ d'Animaux extraordinai- res, comme de Serpens & de Dra- gons , engendrés dans le corps de l’homme : par exemple, de ce que nous lifons dans Plutarque , (4) que les Gardes qui veilloient le corps de Cléomene attaché à la potence, virent un Serpent qui fortoit de fon corps, & qui faifoit plufieurs circonvolutions fur la tête se mort, { a) Plut. in Eleam. Tome J. Bb 290 De la Génération & en couvroit tout le vifage; que Prolomée , à qui la chofe fut rap- portée, s Étant imaginé que c'étoit un prodige qui marquoit que .le mort cCtoig,cher aux Dieux , & d’une nature au-deflus de celle des autres hommes , les Sages qui fu- rent con ultés, le tirerent de fon erreur, en lui difant, que comme les cadavres de certains Animaux produiloient des Guépes, d’autres des Efcarbots , d’autres des Abeïil- les, de même le propre de celui de l’homme étoit de produire quel- quefois des Serpens. Nous rou- vons aufli de la même maniere , juger de ce qu'on nous raconte de ces Serpens qui furent trouvés dans le tombeau de Charles Martel , & qu , dit-on , s’étoient engendrés e fon corps. Prefque tous les Vers qui fe pro- duifent dans l'Homme vivant, le rendent fujet à diverfes maladies ; nous allons examiner les effets qu'ils produifent. des Vers. 298 Bebe he he dede dde de Sete de dd de DE DE Ge CHAPITRE IV. Des effets des Vers dans Je corps humain. Eux ArTrcrésdiviferont ce Chapitre. Dans le premier, nous expoferons les effets que pro- duifent les Vers qui naiflent hors des inteftins; & dans le fecond, ceux que produifent les Vers qui naiïflent dans les inteftins. ss ARTICLEPREMIER. E s Vers qui viennent hors des intefins ue , comme nous l'avons déja obfervé, 1°. les Encé- phales ; fcavoir , les Encéphales, proprement dits, les Rinaires, les Ophthalmiques, les Auriculaires, les Dentaires & les Salivaires, 2°. Les Pulmonaires, les Hépati- ques , les Spléniques, les Cardiai- Bbij 282 De la Génération res, les Pcricardiaires, les Sanguins, les Véficulaires , les Elcophages , les Cutanés , les Umbilicaux , les Vénériens , les Oclophagiens , & les Sper matiques. Les EFFETS que produifent les Encéphales, proprement dits, font des douleurs extraordinaires de tête , quelquefois des fiévres vio- lentes , ainfi qu’il a été obfervé dans le Chapitre précédent , Article pre- mier. : | Les effets que produifent les Ri- naires , les Ophrhalmiques , les Au- riculaires & les Dentaires , font fuifamment marqués dansle même Chapitre, Article premier; il faut y recourir. _ Les PULMOGNAIRES peuvent exci- ter des toux violentes : monter quelquefois dans la trachée-artére , & y caufer par leurs picottemens des efforts femblables à ceux que lon a coûtume de faire quand il eft entré quelque goutte de boiflon dans le larynx. Ils rongent quel- quefois les poumons, & y peuvent produire des ulcéres. | Les Hépatiques doivent caufer Le des Vers. 297 #réceflairement des pefanteurs de de foye , avec des élancemens dans le côté droit. Ils peuvent aufli cau- fer quelquefois un fentiment excef- fif de chaleur dans tout le corps, avec une grande mélancolie, s'ilen faut juger par le fait fuivant. On lit dans les Obfervations de Borelli , qu’un Chien, qui avoit un gros Ver dans le foye, ainfi qu'on Je reconnut après en l’ouvrant , (4) alloit, toutes les fois qu’il pleuvoit, fe mettre fous les goutieres , & s'y plaifoit tant , qu’on ne l’en pouvoit chaffer : que ce Chien étoit outre cela fort mélancolique , & fuyoit tous les autres Chiens. Ce fut M. Tardin , Médecin de Tournon, qui ouvrit le Chien, & qui y trou- va le Ver. , Les Cardiaires & les Péricardiai- res cauient fouvent des {yncopes, - & quelquefois cette maladie , ap- pellée Paflion Lunatique, attribuce: fauflement à la Lune: ils caufent fou- vent des morts fubites , & quel- quefois des Epilepfies. Voyez là- (a) Borell, Obferu. Medico-Phyfic, Cent. II. Obfero. 23. Bb ii LA 294 De la Génération deflus les pages 99. & 100. où les maux que ces Vers produifent, font décrits au long. Les Vers Sanguins ne font fentir aucuné douleur, ils fe tiennent tran- quilles dans les vaifleaux, & nagent au milieu du fang , comme les Vers du vinaigre nagent dans le vinaigre. Ces Vers font ordinairement très- menus, & il y a de l'apparence qu’a- prés avoir été portés au cœur avec le fang , 1ls entrent dans les artéres avec ce même fang , & font con- duits dans les chairs , d’où ils font repris par les veines. I eft vraifem- blable aufi qu'étant quelquefois trop gros pour pouvoir fe dégager des filieres extrémement fines des chairs , & pañler de-là dans les vei- nes , ils reftent dans ces mêmes chairs, où ils produifent des furom- cles, desélevures, & fouvent ces gales univerfelles qui afigent tout” le corps. Les Cardiaires pourroient bien. être de ces Vers Sanguins , arrêtés dans les inégalités des ventricules du cœur , où enfuite ils srofliflent , & acquicrent par l'accroiflement des Vert. 296 affez de force pour ronger le cœur. Les Véficulaires , qui s’engen- drent dans les reins , & qui fortent par la veflie , caufent fouvent des rétentions d'urine, & de violentes douleurs au col de la veffie, lorfque lon urine. M. Thomas Mermann, premier Médecin du Duc de Ferra- re , traitant une Femme malade d’une Dyflurie , c’eft-à-dire, d’une difficulté d’uriner, accompagnée de douleur , lui fit rendre par les uri- nes un Ver long d’une coudée, après quoi elle fut guérie par le moyen: de quelques évacuans. Les Elcophages rongent lés ulcé- res, & y caufent une grande cor- tuption. | Quant aux Cutanés & aux Um- bilicaux , nous en avons fuffifam- ment rapporté les effets dans Îe’ Chapitre HI. Article I. j'ajouterai: feulement ici une remarque au fu- jet des Crinons , quiseft que M. Leeuvwenhoek prétend que ce font de véritables poils, & non des Vers. II dit qu’en les examinant avec le microfcope, il lui fembloit, à la vé- rité, y voir une maniere de tête, qui: Bb iv 296 De la Génération auroit pu faire croire que c'étoiént des animaux ; mais que cette appa- rence de tête venoit de ce que l'extrémité de poil qui étoit dehors, avoit une couleur différente du ref- te ; qu'après tout, il ny avoit jamais remarqué ni mouvement. ni forme d'animal. À Aix-la-Chapelle la maladie des Crinons eft aflez ordinaire, & c’eft la coûtume dans ce pays-là, de frot- ter le corps des Enfans avec du miel, auprès du feu. Alors ces petits Cri- nons deviennent plus vifbles, & on les coupe avec le razoir, croyant couper autant detêtes de Ver, quoi- que , felon tôutes les apparences, on ne coupe que des poils que le miel a fait paroître ; car on fçait que le miel appliqué fur la peau, fait croi- tre le poil promptement. Le fentiment de M. Lecuwen- hock , que les Crinons font des Vers imaginaires , paroît d'autant plus vraifemblable , que les poils qui pouflent fous lépiderme , font capables par eux-mêmes, de pro- duire beaucoup d'incommodités , lorfqu’ils ne trouvent pas une iflue des Fers. 297 affez libre pour fortir. Cet. Auteur rapporte l'exemple d’un Homme de qualité, qui aprés être relevé d’une grande maladie , vint le trou- ver, pour lui dire qu’encore qu'il eût bon appetit , il craignoit de n’€- tre pas parfaitement guéri , à caufe d'une démangeaifon incommode qu’il fentoit par tout le corps : Que les Médecins attribuoient cette dé- mangeaifon à un fang trop âcre , & qu'en travaillant à corriger cette acreté , ils prétendoient le guérir. M, Lecuwenhock en jugea tout au- trement; il apprit du Malade que les cheveux lui étoient tombés pen- dant fa maladie. Sur cela il foutint que la démangeaifon venoit de ce que-les poils qui étoïent en méme- temps tombés par-tout le corps, re- croifloient , & ne trouvant pas une fortie aflez facile, piquoient l’épi- derme ; ce qui ne fe pouvoit faire fans une grande démangeaifon. Ce raifonnement paroït s'accor- _ der avec l'expérience ; car fur la fin des Hyvers, au Printemps, qui eft le temps auquel le poil commence à recroître , on nc manque guère dc 298 De la Génération », fentir d@ grandes démangeaifons;. car le poil du corps fe renouvelle tous les ans, & il y a des perfonnes. qui quand ce poil leur reviént, quoi-- qu'il foit preique imperceptible: ;, s'en trouvent fort incommodeées ;, femblables en cela aux Oileaux qui font tout malades lortqu'ils muent. Quant aux Vers véneriens, M. Hartfoeker, comme nous l'avons. remarqué, page 147. eft de fen- timent (4) qu'ils caufent tous les ra- vages qui arrivent dans les mala- dies vénériennes , qu'ils mordent & qu'ils rongent rout ce qu'ils trou- vent; & que fi le mercure guérit ces maladies , c’eft parce qu'il tue les. Vers. Ce fentiment me paroît ha- fardé. I y a des Vers dans plufieurs maladies vénériennes ; mais que ces maladies viennent de Vers, comme: le prétend entre autres, l’Auteur- d'une Théfe foutenue à Montpel- lier au mois de Juillet 1713. laquel- le à pour titre: An Lues Venera a Ver- mibus ; c'eft, comme nous l'avons: déja dit, page 147. ce qu'il eft dif- (a) Hart{oeker dans fa feconde Lettre rapportée: dans ce Livre. des Vers. 299 ficile de prouver. Aufli l’Auteur de cette Théfe , ainfi que nous l'avons. remarqué dans la même page 147. n’appuye-t-il fon fentiment fur au- cune preuve convaincante. Pour ce qui eff des effets que pro- duifent les Vers Oeflophagiens & les Vers Spermatiques , nous avons. fuifamment traité ce fujet à la pa- ge 150. Il eft temps de pañler aux effets des Vers qui font dans les in- teftins. ARTICLE SECOND. # Des effets des Vers qui font dans: | les Inteftins. Es VERS DES INTESTINS# font de trois fortes , aïnfi que nous favons remarqué dans le Chapitre II. fçavoir, les ronds & longs, appellés Stronglesgles ronds & courts , appellés Afcarides ; & les plats , appellés Tænia par les. Auteurs , & que j'appelle Solitai- ICS, 305 De ba Génération Nous parlerons des effets des uñs & desautres , & nous commence- rons par les Vers longs & ronds, enfuite nous viendrons aux Afcari- des & aux Tænia. V Les maux que caufent les Vers Jongs & ronds , font des naufées., des vomiflemens , une haleine ai- gre, des tranchées , des coliques, des diarrhées, des tenefmes ou épreintes , des tenfions de ventre , des défaillances , des hoquets, des dégoûts, & quelquefois au contrai- re, des faims dévorantes , { foit de la nature de celle qui s'appelle Pic, “oit de. la nature de celle qui fe nomme Aalacia , ou de celle qui eft appellée Bulimia , ) des fiévres crratiques , des convulfions, des épilepfies , des fyncopes, des étour- diflemens , des chancellemens étant debout, & quelquefois des pertes de parole : Quant à ce dernier arti- cle, je me fouviens de ce que rap- porte Alexandre Benoît , fcavant Médecin, lequel parlant des caufes qui peuvent rendre muet , dit que cette maladie eft quelquefois pro- duite par des Vers qui font dans les des V'ers. 301 iateflins : 1l cite là-deflus l'exemple d’une petite Fille qui fut muette huit jours , & qui guérit après avoir rendu quarante Vers par bas. Fo- reftus (4) cire un exemple fembla- ble d’un Enfant de douze ans, de- venu furieux dans une fiévre mali- one , lequel fut muet deux femai- nes entieres , & recouvra la paro- Je & la raifon après avoir rendu par bas un nombre extraordinaire de Vers, enfuite d’un médicament qui lui fut donné à ce fujet.. M. Paulini dans une Diflertation curieufe (b) fur les Vers, raconte l’hiftoire d’u- ne Fille, devenue tout d’un coup aveugle & muette, & enfuite gue- rie , ans avoir pris autre chofe que des remedes contre les Vers. Mais fans recourir ici à des exem- ples étrangers, en voici un dont je fuis témoin. Le 22. de Décembre de l'année 1700. M. Lobel, Marchand Perruquier , demeurant alors au Carrefour des Barnabites à Paris, (a) Foref?. de Febrib, cum Morb. Epidem, publ. graff. Lib. VI. (b) Chriffiant Francifcs Paulini , difquifitio curiofa , An Morb. naturalis plerumque fit [ubftantia Fermi nofa, La 302 De la Génération | me pria d'aller voir fa Fille, qui étoit âgée de fe1ze ans laquelle de- puis quatre jours ne pouvoit articu- ler aucune parole, & qui avec de violentes convulfions qui lagi- toient depuis un mois , avoit un rire involontaire , accompagné de vives douleurs. J’ai déja parlé de cette Malade,pag. 190. mais en paf- fant : il eft important de rappeller ici le fait. Quand,j'eus confideré la Malade, je lui fis prendre de l’eau vermifuge de fougere, au moyen de quoi elle rendit un nombre con- fiderable de Vers , recouvra la pa- role , fut délivrée de fes convul- fions ; & en-peu de jours rétablie dans une fanté entiere. Les Vers qu'elle jetta étoient ronds & longs ; j'en mis un à part, qui me parut un peu différent des autres, à caufe d’u- neefpéce de gueule que j'y apperçus. Je l'ai confervé plufieurs années, & je l’ai laiffé perdre enfuite pat mégarde ; mais en 1714. que je l’a- vois encore , j'ai eu foin de le faire graver tel qu'on le voit à la page 190. Où il eft repréfenté au naturel , nous y fENVOyons. des Vers. 303 Quant à la faim que caufent les Vers , nous remarquerons qu'il s'eft vu des maladies-Epidémiques ver- imineufes qui étoient accompagnées d’une fi grande faim , qu’on n’ap- pelloit point autrement ces mala- dies , que les maladies de la faim. Il y en eurune de cette nature à Sar- ragofle , dont prefque tout le mon- de mouroit, & contre laquelle on ne trouva point de meilleur reme- de que le Bol d'Arménie, donné tantOt feul, & tantôt avec de la Thériaque, ce qui faifoit fortir des quantités prodigieufes de Vers, & guérifloit prefque tous les malades. (Foref. Lib. XXI. Obferv. 28. 1» Schol.) Au regard des Convulfions, les Vers des inteftins en excitent quel- quefois de fi horribles, qu’on les prendroit prefque pour des effets de poñléffion. 11 s’eft vu des Enfans travaillés de ces Vers, fe renverfer en arricre , jufqu’à faire toucher leur crane à leurs talons. Trinca- velle (4) aflüure en avoir vu plufieurs exemples. (a) Trincan. Lib, IX, Cap, a1, de Rat, Curand. paré, bom, corp. affeût, ” ÿO4. De la Génération Pour ce qui eft de l’Epilepfie , la plüpart des Enfans qui en font afki- sés, ne le font qué par les Vers. Un autre effet des Vers des intef- tins, eft de piquer quelquefois les inteftins, de les percer, de fe répan- dre dans toute la capacité du bas- ventre , & de dévorer les malades jufqu’a les confumer ; ainfi qu’il ar- riva à cet Herode Agrippa , dont il eft fait mention dans les Aétes des Apôtres (4). Grafftius ( b ) écrit qu'ayant été appellé pour voir un jeune Hom- mé de quinze ans qui étoit fort ma- lade , & qu'ayant reconnu qu'il avoit des Vers , il lui fit prendre trois matins de fuite, d’une poudre qu'il compofa lui-même, laquelle chaffa par les felles , plus de cent Vers. Le ventre , nonobftant cela, ne laiffant pas de demeurer dur & tendu vers le nombril, il y fit ap- pliquer un cataplafme émollient , & vingt-quatre heures après , com- mencerent à fortir par le nombril (a) AT. Apoft. Cap. 11. v, 15. (6) Grafftins ; apud Guillelm. Fabric, Cent. 2. Ob= ferv. 2: pluficurs , des Vers. 30 $ plufieurs Vers aflez longs, ce qui dura plufieurs jours. Cependant le ventre perfiflant toujours à être ter- du , Grafitius fit continuer le même cataplafme , & comme c’éroit le temps des fraifles, & que ce jeune Homme en mangeoit beaucoup, il arrivoit quelquefois qu’en levant le cataplafme, qn y trouvoit des grains de fraifes attachés ; ce qui ne per- mit pas de douter que les Vers n'euflent percé les inteftins & les parties contenantes. Le Malade mourut peu de jours aprés. On trouve dans les Auteurs plu- fieurs exemples femblables ; com- me dans Hollier (4), dans Nicolas Florentin (4) ,. dans Foreftus(c) , & dans Trincavelle (4). £= AScARIDES caufent des déMangeaifons dans le fondement , & fouvent par Pirritation qu'ils font à l'inteftin, dés défaillances, des fyncopes, & très fouvent des: tenc{mes où épreintes. La) Holder. Lib, I, cap. 54. de Morb. Tnt. . {b) Nicol. Florent. Serm. $.traû.8.Cap. 54, (c) Foreft. Lib. VII. Obferv. 35.infchol, (d) Trincawv. Lib. IX, cap.r1. de Rat. Cur. part, bunes sorp. affect. Tob. Creulinus de Obferv. propriis, Tome E. CC æ 306 De la Génération Les EFFETS pu l'ÆENIA , ou So= litairé, font prefque les mêmes que ceux des Vers ronds & longs, quel- quefois même ils font plus violens, comme le remarque Arnauld de- Villeneuve(4#) , & il y en a trois. que ce Ver produit plus ordinaire- ment ; fcavoir , le fyncope, la per- te de parole, & la difficulté de fe rétablir , quand on eft tombé dans. RE maladie , par quelque cau-- € que ce foit. Pour la faim , on peut dire que- files Vers afament quelquefois, le: Solitaire et celui-de trous qui affâme: le plus. Je remarquerai là-deflus que le Malade qui à rendu celui qui a donné occalion à ce Livre, & qui. eftrepréfenté dans la planche IV. de: Ja Préface , croit prefque touj@urs- tourmenté d’une faim dévorante, & cela depuis fon enfance, ainfi que- je l'ai appris de lui-même ; ce qui vient de ce que ce Ver confumeune- partie du chyle & corrompt Pau- tre ; car alors le corps eff fruftré de- {1 nourriture. (a) Signurs folii , eff cum patmniurpræditla fympte mala , interfiora &9° fortioræs Arnold, V'ilianov, Bre miar, Lib, IT, Cap, 25, des Vers. n°54 Cette régle cependant n'eft pas fi: générale , qu'elle n'ait des excep- tions , & nous fommes témoins: qu'elle en à plufieurs. : Pour ce qui eft de la difficulté de: fe rétablir lorfque par quelque cau- fe que ce puifle étre , l’on vient à. tomber malade:, c’eft l'effet ordi- naire du Ver dontil s’agit. Comme la chaleur naturelle s’affoiblit dans les maladies , on fait alors moins de bon chyle, ce peu de chyle qui devroit fervir au foutien du corps ,. eft prefque” tout dévoré par ce Ver ; d’où s'enfuit que l’6n doit tomber: dans un épuifement & un abbate- ment fi confidérable', qu'il eft dif. ficile de fe rétablir parfaitement. C’eft ce qui arrive à là plüpart de’ ceux qui ayant ce Ver, tombent: malades. Si celui dans le corps: duquel loge cet Infeéte, vient à. tomber malade, 37 ne [eauroit, dit: Hippocrate , fe rétablir qu'a peine , (a). dy la raifon de cette dificulté , pourfuit-. il, (b) c’eft que ce Ver confume: (a) sat àragéçerus.- Liv, 1V. des Maladies, - (dé) Gipp. sbid, , GC ciÿ: 308 De la Génération | une partie de la nourriture travail Ce dans l’eflomac. : : C'eft quelquefois de-là que vien- nent ces fangueurs qui reftent après certaines maladies, & contre lef- uclles tous les remedes ordinaires one inutiles, parce qu'on ne penfe pas à cette caule. Le même Hippocrate dit que ce Ver ne fait jamais beaucoup de mal (4); mais il y a apparence que cet Auteur n’a parlé de la forte que par rapport au grand mal qu'il dit que ce Ver ne caufe pas, qui eftla mort. On peut voir -deflus fon IVe. Livre des Maladies. D'ailleurs il appelle cet Infe&te du nom de dnpror | qui fignifie particulierement dans le langage des Médecins, une bête dangereufe de fa nature. Ceux cui ont le Solitaire , fup- portent avec peine la fatigue ;, le moindre exercice les abbat, & leur corps devient de plus en plus dé- bile. - Hippocrate femble dire le con- traire feton la Traduétion de Van- (a) Seiror Ti xapre dun Gr JT Hipp. sb. des Vers. 30 der Linden , qui rend ces mots grecs que nous venons de rappor- ter au bas de la page 308. par ceux-" ci: Qu hoc ansmalculum habet; toto qui- dem tempore valde debilis fieri non pote- rit: C’elt-à-dire, Celui qui a cet In- Jeite, ne fcauroit pendant tout le temps qu'il l’a , devenir fort débile. Mais cette Traduêtion n’eft pas jufte ; le grec porte : ZI warrive point de mal tron confidérable à celui quia ce Ver ; ce qui cit bien différent. Le Solitaire produit dans les femmes , des effets plus fâcheux que dans les hommes. Il leur caufe des coliques violentes , de longs délires, des fyncopes fréquens , & avec cela des fuppreflions de re- gles, des tumeurs de ventre, des dégouts, & des appétits bifarres, que l’on prendroit aifément pour des fignes de groffefle. On y à été trompé quelquefois, & Spigelius(4) en rapporte un exemple digne de remarque. : Une Demoifelle de quinze ans , dit-il , avoit tous les, dégouts & tous les appctits ordi- naires aux femmes grofles ; avec {a) Syigel, de Lumbriea late, ” . ÿTO De l4 Génération cela le ventre fort élevé , & une: fuppreflion ‘entiere de regles ; fes. parens allarmés la firent examiner: par les Médecins & par les Sages- femmes , qui aflurerent tous qu'elle: étoit enceinte ; ce qui fut caufe qu'on ne lui fit aucun. remede. Cette fille ainfi dépourvue de fe-- cours, tomba dans un defféche-- ment univerfel de tout le corps. 8 mourut peu de temps aprés... On l’ouvrit & au lieu d’un enfant: qu'on s’attendoit de trouver dans la matrice, on trouva dans le ven- tre un grand amas d'eaux & un: Ver plat qui occupoit toute la: longueur des inteftins. Nous avons obfervé que le Pleu-- rétique qui a rendu le Ver Solitat re repréfenté page 1v. dela Préface, fe trouva guéri prefque aufli-tôt après l’avoir rendu. 1 ne faut point aller plus avant, fans examiner comt- ment s’eft pu faire cette guérifon: Nous remarquerons premiere- ment, qu'il n’eft pas étonnant de: voir des pleurcfies vermineufes 3: on en voit fouvent, & plufieurs- Auteurs en font mention. Gabucis- des Vers. 318 nus entre autres , en rapporte une, dont la guérifon a beaucoup de rap- port avec celle-ci. (*) Il raconte qu'une fille ayant tous les fymptô- mes ordinaires dans la pleuréfie ;. fçavoir , une douleur piquante au côté , une toux feche, un pouls. dur & récurrent, une courte ha-- Jeine, & une, fiévre continue; il remarqua que le corps de cette fille: étoit tantôt froid, tantôt chaud & que lorfqu’il y avoit de la cha-- leur , une des joues rougifloit, & que l’autre demeuroit pâle. Que fur cela , il donna à la Malade un mé-- dicament contre les Vers, lequef en fit fortir une grande quantité .. & que la pleuréfie ceffa. C’eft ce que nous avons vu arri-- ver dans le Pleurctique dent nous. venons de-parler , c’eft-a-dire , dans. le Malade qui à rendu le Ver qu’on voit gravé à la page r1v. de la Pré. face de ce Livre. Il fe trouva gueri: de fa pleuréfie prefque auffitôt après. la fortie du Ver. Il ne-fant pas croi- re cependant que lorfque ce Ver: fe trouve dans une pleurcfie , & (2) Gabuc, de Lumbr, Cap. 33. 312 De la Génération qu'il vient à fortir , la maladie gné- rifle toujours pour cela. On voit un fait contraire à cette penfée dans lHiftoire de l'Académie des Scien- ces , année 1709. pag. 31. ou 1l ef parlé d’un Malade mort d’une pleu- réle , lequel avant que de mourir jetta un Ver plat & fort long. Quoi qu'il en foit , voici com- ment le rétabliflement du Malade dont nous avons rapporté l’hiftoire pag. 1v. & fuiv. de la Préface de ce Livre , fe peut expliquer. On fçait que la pleuréfie eft une maladie entretenue par le féjour d'une humeur arrêtée dans la pleure. Or jedis que le féjour de cette hu- meur étoit entretenu par celui du Ver, & voicicomment : Rien n’eft plus capable de réfoudre une hu- meur arrêtée que l'abondance & la vivacité des efprits animaux. Ces efprits fe produifent par le moyen de la diftribution d’un bon fang à tout le corps. Le bon fang fe fait du bon chyle ; or le bon chyle eft dévoré par ce Ver quien confume la partie [a plus fine & la plus délicate, comme il eft facile de des Vers. 313 de Île juger par la finceffe de fon col, qui eft prefque auñli nxince que du papier. {1 ne reftoit donc dans le corps du Malade qu'un chyle épais & groflier, peu propre à fe diftri- bucr. Ce chyle faifoit un fang épais, êc ce fang épais des efprits qui n’é- toient pas aflez fubtils pour réfou- dre les parties de fang arrêtées dans la plevre , & pour leur donner la fubtilité nécefaire , afin d’être re- prifes par les vaifleaux, & de ren- trer dans le commerce de la circu- lation. Lors donc que ce Ver eft forti , lebon chyle , au lieu d’étre employé à lanourriture de l'Infe- &e , l'a été à celle du Malade. Il s’en eft fait un fang plus délié, des cfprits animaux plus vifs & plus abondans,; l'humeur amafñlée den la plevre a été par conféquent pé- métrée par des parties fubtiles & infinuantes, qui l’ont rendue pro- pre à étre reprilc par les vaifleaux, enforte que certe humeur étant dif- fipée, la gucrifon à du s’en fui- vre. J'ajoûte à cela que c’eft une erreur Tome I. | 314 De la Génération de croire que les Vers ne puiffent pas caufer latpleuréfie. Ils la caufent quelquefois , comme le remarque Quercetan; & pour le compren- dre, il n’y a qu’à faire réflexion fur ce que peut produire cette matiere corrompue qui accompagne tou- jours les Vers; car on n’a pas de peine à concevoir qu’elle peut aife- ment affecter la plevre & l’enflam- mer , fans qu'il foit néceflaire de recourir pour cela à d’autres caufes. Quercetan (4) rapporte qu'ayant fait ouvrir plufieurs vieillards, qui étoient morts de pleuréfes, il Icur trouva les inteftins remplis de gros Vers , qu'il regarda comme la caufe véritable de leurs pleuréfies. J'ai dit plus haut, que les Vers ronds & longs piquoient fouvent les inteftins. Je remarquerai ici que le Tænia ou Solitaire , ne pique ja- mais , parce qu'il n'a pas la tête: faite d’une maniere propre pour cela, ayant cette partie fort molle, ainfi que l'obfervent Spigelius ()& (a) Quercet. Rediv. (b) Spigel, de Lumbr. lai Cap. 6. LD des Vers. 315$ Sennert, (4) & que je puis l’aflurer moi-même comme témoin. On peut connoître par tout ce que nous avons dit jufqu’ici, que les maladics que caulent les Vers, ne font point indifférentes ; mais voici des Obfervations qui le pour- ront encore confirmer. PREMIERE OBSERVATION. Feu M. Daval le pere, Do“teur- Régent de la Faculté de Médecine _ de Paris, m'a dir qu'ayant un jour laiffé pour mort un Malade qu'il traitoit, il s’avifa néanmoins d'y pañer le lendemain ; qu'ayant trou- vé alors le Malade dans la même extrémité , fans connoiffance, fans pouls & fans chaleur, il foupçon- na fur quelques fignes dont il s’ap- percut , que tout cela pouvoit être caufé par des Vers ; qu'aufli-tôt fans différer , il fit prendre au Ma- lade plufieurs chofes contre les Vers , lefquelles chafferent de fon corps un animal jaune, ayant deux cornes pardevant ; que ce mal ne (a) Sennert, Lib. III. p,21,Seût. 1 Cap.s. Ddij zu6 De la Génération diminuant point pour cela, il fit réitérer les mêmes remedes, qui chaflerent encore un Ver fembla- ble au premier ; après quoi le Ma- lade revint à lui, & recouvra peu à peu la fanté. 11. OBSERVATION. M.Hartfoecker m’a mandé d’Am- fterdam , qu'ayant un de fes enfans fort malade , & qui paroïfloit hors d'efpérance de guérifon 5 il lui don- na quelques grains de tartre émé- tique, qui ce jour-là ne fit en ap- parence aucun effet ; mais que le lendemain lenfant rendit trois gros Vers , & fur guéri aufli-tôt. 1IL OBSERVATION. Une Dame de Dunkerque, venoit d’accoucher heureufement pour la quatriéme fois. Comme elle avoit de la fiévre , de fréquentes naufées , une difficulté de Ms À qui alloit jufqu'à une efpéce d’é- tranglement , de grandes douleurs dans lebas-ventre, fans néanmoins des Vers. 317 aucune tention; fon Médecin qui étôit M. Gandolphe Médecin de la Marine à Dunkerque, crut qu'il y avoit quelque chofe d’extraordi- ‘naite dans le bas-ventre, & or- donna de la manne avec un peu de tartre émétique. La Malade qui dans fa troifiéme groffeffe, avoit pris pour {e guérir d’une fiévre intermit- tente, des tablettes vomitives , qui chafférent beaucoup d’humeurs fans aucun Ver, rendit par le moyen de cette manne mélée d’émétique, un Tænia de cinquante pouces de long ,(4) nonentier , mais avec la tête, alaquelle paroifloient deux trous & une petite éminence ron- de au-deflus. La Malade qui avoit ce Tænia , avoit rendu plufieurs fois par les felles de ces petits corps blancs, dont nous avons parlé plus haut. lefquels refflemblent à des graines de citrouilles, & qui font des morceaux rompus de ce Ver. Ce n’eft point un fait firare, de voir rendre des Tania, ou Vers So- litaires, à des femmes en couche. (a) Hift. de l'Acad, Roy. des Sciences, année F709. p. 30, Ddiij 318 De la Génération 1 y a quelques annees que M. Cen- tugi Docteur Régent de la Faculté de Médecine de Paris , m’écrivit la Lettre fuivante , en m’envoyant un Ver de cette efpéce. » Je vous prie, Monfieur , d’e- » xaminer le Ver que je vous en- » voye. Il fort du ventre d’une fem- » me nouvellement accouchée. Elle » l’a rendu par un lavement, qu’a- » prés une faignée du pied , je lui »ai ordonné pour faire venir les » purgations fupprimées. Le nœud »que vous remarquerez dans ce » Ver mérite attention, aufli-bien » que fa figure platte & fon excefi- »ve longucur, avec les différens »anneaux dont il eft compolc. Je »vous prie de m'écrire là-dcflus » votre fentiment. Vous obligerez »votre affeétionné ferviteur & » » Confrére, ConNTucr. IV. OBSERVATION. Cette Obfervation a été commu- niquée il y a plufieurs années par un Médecin d'Hanover ,à Madame TM ce 5: re et Can “ré 1 Pay 1 7 = l'ar" uILe fente TELT Le NN N Ÿ x à Û Lt S 72 CEATILLITLCZ a Hanon Zspa } A \\\\ N\\A NN AAA + ee des Vers. 319 Ha Ducheffe de Bouillon , qui auffi- tôt eut la bonté de m'en faire part. Il s’y agit d’un Animal extraordi- naire rendu par la femme d’un Maréchal d'Hanover deux jours avant que de mourir. La figure qui en fur envoyée du pays à Madame la Ducheffe de Bouillon , & dont je fis tirer une copie, me parut fi finguliere ,; que je crus devoir fuf- . pendre là-defflus mon jugement. M. Paullini, fçavant Médecin de * Francfort, a depuis donné la figure . de cet Infeéte dans une Differtation particuliere fur les Vers, avec la re- fation de la maladie de cette fem- me. Il ajoute que cette rélation eft écrite par le Médecin même de la Malade, nommé Chrétien-Louis: Kotzebve, ce quine confirme pas: peu la vérité du fait. Comme la re- lation que Madame la Ducheffe de: Bouillon m'a mife entre les mains. s'accorde avec celle qui cft dans la: Diflertation de M. Paullini , & qu'elle a cet avantage d’être mieux: circonftanciée , nous la préférerons: ici. La voici mot à mot : » En 1697. Ddiv 320 De la Génération » ]a femme d’un Maréchal d'Hano- » ver s’étoit trouvée fort mal dans »sune couche. D'abord après fon » accouchement , il lui fortit aux » bras 87 aux jambes des ampoules » fort groffes & fort dures, & elle » devint toute perclufe. On lui ap- » pliqua des véficatoires qui tire- » rent une grande quantité d'eaux ; » on fit plufieurs autres remedes, » 8 la Malade après avoir gardé le »lit pendant dix-fept femaines , » guérit enfin, & l’année d’après ac- » coucha heureufement. Elle porta » cette nouvelle fante jufqu’à laPen- » tecôte feulement, qu’étant allée fe » promener à la campagne,elle but » beaucoup de lait, & futaufli-tôt » attaquée d’une violente colique, # qui la tourmenta toute lanuit. Le »# mal devint fi preffant , que le len- » demain elle ne put fe lever : des » vomiflemens qui furvinrent, l’'em- “pêcherent de prendre aucune nour- »riture. M. Kotzebve fon Méde- » cin , lui fit prendre , avec affez de » fuccès , des pilules compofces » d'aloës, de fcammonée, de tro- » chifques d’halandal, & de mer- des Vers 321 » cure doux ; mais peu de temps » enfuite la maladie augmenta , & » cette pauvre femme tomba dans »”un€e maigreur fi étrange, qu’elle » devint comme un- fpeûre. Le » Médecin s’apperçut de quelques » fignes de Vers ; il donna aufli-tôt »-les remedes qu’il crut les plus fpé- » Cifiques contre ces Animaux , & » Ja Malade jetta par haut & par » bas quantité de Vers, fans enref- » fentir aucun foulagement, ce qui »arriva à [a faint Jean-Baptifte. » Après cela elle fe plaignit de gran- des douleurs dans les côtes & » dans le bas-ventre, & elle difoit » qu'il lui fembloit que Aide » chofe fe promenoit dans fon » corps. Quelquefois on la contrai- » gnoit à avaler un-peu de potage , »mais elle le rendoit dés le. mo- »ment , & le rendoit de couleur » verte & jaune; ce qu’elle vomif- » foit, étant gardé, fe tournoit en “une eau gluante , femblable à »celle qu'on voit dans un alembic » où l’on diftile des Vers de terre. »-Peu de jours avant que de mourir w#ayant pris une médecine , elle 422 De la Génération » vomit un morceau de fang cailié, » aprés quoi elle devint fi foible, » qu'on n’efpéra plus de guériion. » Une vicil'e femme qui la gar- » doit , voyant qu'onne faifoit plus » de remede à fa Malade qui fouf- » froit toujours, lui appliqua fur le » ventre de la fiente de Cheval » toute chaude, ce qui la foulagea » pendant quatre jours. Mais le’ » mal redoubla fi fortement, que: » la Malade vouloit fe faire ouvrir » le côté , pour en tirer , difoit- » clle , un Animal qu’elle fentoit qui cherchoit à Port Peu de- » jours aprés .. elle s’appercçut que » quelque chofe lui fortoit par le » fige , clle appella aufli-tôt fon # mari & fa garde, qui virent l’A- » nimal repréfenté dans cette plan- » che. La Malade mourut deux »jours après, d’une mort très-dou- » ce. Nous avons fait graver cette figure fur celle dont Madame la Duchefle de Bouillon nous a fait part, laquelle à été tracce d’abord après que l’Animal fut {orti. Il y a dans la relation manufcri- te que nous avons entre les mains ;. des Vers. . 323 une circonftance qu’il ne faut point oublier , & qui n'eft pas marquée dans a Diferration de M. Paullini ; c’eft que la peau de cet Infeéte que Fon conferve dans de l'efprit de vin, eft life & verdâtre commela peau d’une Anguille, que fon corps: eft fans os, que les pieds même, dont l'un paroît comme une griffe d’oifeau, n’ont point d'os non plus, & que la chair en eft trés-molaffe, aufli-bien que l’efpéce de crête qui eft fur larète. V. OBSERVATION. En 1701.M. de Rongerolle, Mai- tre Chirurgien de Verneuil, écrivit à la Faculté de Médecine de Paris: ha Lettre fuivante. Messreurs. » Vous voulez bien me permet- “tre de vous écrire à l’occafion » d’une femme de notre Ville, la- ».quelle à rendu par le fiége un Ver » d'une figure & longueur extraor- 324 De la Génération | » dinaire , & lequel j'ai été requis » de vous adrefler. Elle l'a rendu » vivant, ayant plufeurs inégalités » en forme de têtes, & cheminant » fur tous les nœuds cartilagineux » de fon corps, comme:fur fes pro- »pres pieds. l'contient en fa lon- » gueur une aulne de ce Pays, étant » d’une ftruure fort extraordinai- »re , quoiqu'il ait beaucoup de » rapport à celui que Fon appelle »le Platée. (4) Je croi qu'il eft a » propos par même occafion Ge » vous informer des fymptômes qui » ont précédé fa fortie de’cet Ani- » mal. La femme qui la jetté ft n âgée environ de quarante ans, » étant d'un tempérament pitui- » teux & phlegmatique ; reflentant » depuis long-temps des douleurs » d'eftomac, accompagnées d’in- » fomnie , enforte que le neuviéme »jour du mois coùrant , elle fut » prife le matin d’une douleur très- » grande & fubite , laquelle com- » mença par le dedans de la ma- »trice, & fe communiqua bien- » tôt après , par tout le bas-ventre, (a) C'eft-à-dire, le Ver plat. des Vers. 325 #avec des frifons , accompagnés » de lipotimies fréquentes ; ce qui » m'obligea y étant appellé pour la » fecourir en un tel befoin, de lui » faire donner un clyftere purga- »tif, lequel réitéré trois heures »aprés, fut fuivi de tout le fuccès » qu’on pouvoit efpérer ; puifqu'ef- 5 LA us tous les fymptômes » cefferent, ne lui reflant plus qu'un » pen de foiblefle ; enfuite de quoi » le deuxiéme jour fuivant elle ren- » dit.cet Animal, Je veux croire que .» vous trouverez bon la hardieffe » que je prens en cette occafion . » perfuadé que je fuis qu'il n'ya » rien de nouveau pour vous dans »la nature, & dont vous n'ayez une parfaite.connoiffance. Je re- » cevrai avec une entiere foûmiflion »le jugement qu'il vous plaira faire » fur ce fujet, étant Juges fouve- » rains-pour décider de tous les êve- ” nemens & prodiges qui arrivent » dans la Naturc ; pardonnez donc, » S'il vous plaît, Mefficurs, ma har- »dicfle & témérité d’ofer entre- » prendre de mettre la main à la »plume pour importuner une fi EU 216 De la Génération » célébre Société. C’eft peut-être »un effet de mon ignorance qui » m'y engage. Mais je fuis hi prévenu » de toutes vos bontés , que j’efpere 5 QUE VOUS m'exculcrez , puifque je nfuis & veux être toute ma vie » avec un refpett profond , MESSIEURS, Votre trés-humble & tréès- fidéle ferviteur , De Rox- GEROLLE , Me. Chirurgien à Verneuil au Perche. A Verneuil au Perche, ce 18.Août 1701. La Faculté de Médecine ayant recu cette Lettre, qui fut lue dans une Affemblée , me chargea de l’e- xaminer , & d'écrire à l’Auteur de la Lettre mon fentiment fur ce {u- jet : je le is, & trois mois après je reçus la réponfe que voici , laquelle 5 cit digne de remarque. » M. fi j'ai été fi long-temps fans »me donner l'honneur de vous »Écrire pour vous remercier de - des Vers. 327 n toutes Vos honnêétetés ; ce n’a été #.que parce queje croyois que notre » Malade prendroit bien plutôr les »remedes contre {on Ver plar, » qu'elle n’a fait; car elle ne les a » pris que depuis peu , & avec d'in- » ftantes prieres & follicitations de “tous fes amis, de forte que Di- » manche dernier elle prit la po- » tion qu’il vous a plu lui ordonner, » 8c la nuit fuivante elle rendit en “forme de peloton par le fiése, un » morceau de Ver plat , quoique » mort, lequel fut fuivi d'un grand » nombre de portions pourries , tel- » les qu'elles font défignées & gra- » vées dans les planches qu’il vous »a plu m'envoyer , defquelles je + vous remercie. Profitant donc de » vos avis, je réfolus de laifler un »jour d'intervalle, & puis de lui » faire prendre une deuxiéme fois » delapotion, ce que je fis mardi » dernier avec aflez de fuccès, puif » qu'il s’en cft fuivi une autre efpe- »ce de Ver, rond, de ja longueur » du petit doigt, d’une fubftance » fort folide; accompagné de plu: n fieurs autres portions fort pour- 328 De la Génération » ries, que la Malade a encore jet- »tées depuis ce temps-là. Mais » quant au Ver plat , vous m'avez » fait l'honneur de me marquer par » votre Lettre que cette Malade » avoit encore dans le corps plus de » deux auines du même Ver plat, » & beaucoup plus large que ce que »javois pris la liberté de vous en- » voyer, cela s’eft trouvé vrai, puif- » que celui-ci contient trois aulnes, » mais il n'eft pas plus large qe » dans la premiere portion. Je ne » puis vous remercicr afez , Mon- …fieur, &c. Fe fuis... VI OBSERVATION. Le 6. May 1701. un frere que j'avois à Lyon m'écrivit la Lettre qui fuit. » I y a quelque temps, que je » me fentois des frayeurs extraor- » dinaires , qui me prenoient fubi- » tement, fur-tout , lorfque je me. » trouvois feul, ou que j'étois enga- » gé dans quelque Eglife, ouautre »lieu. Jene fçavois que m'imagi- ner des Vers. 329 “ner une telle foibleffe ; mais un » jour fans que j'y penfañle, & fans: »avoir pris aucun remede , je fis » un grand Ver, & depuis ce temps- »là je ne fuis plus fujét à ces » frayeurs,de quoi je remercieDieu. » Mandez-moi, je vous prie ; votre » fentiment fur ce fujet , &c. Cette Lettre fait voir que les Vers: caufent quelquefois des frayeurs 3 mais voici une Obfervation qui va montrer que les frayeurs peuvent auf quelquefois à leur tour , don- ner lieu à la production des Vers, chofe qu’il. eft bon de remarquer , puifque l’occafion s’en préfente. Thomas Cornelius, de la Ville de Confenfe en Calabre , homme très-doéte, rapporte { 4) avoir vu une petite fille, qui après un faifif- fement de peur dont elle penfx mourir fur l'heure, tomba infenfi- blement en langueur, prit un teint pâle , devint fujette à des douleurs dans la poitrine; fut enfuite atta- quée de fréquens accès d’épilephe.. (a) Thom. Cornelii Confentini , progymmn. de’:m=- _#icat, prog. 6. Tome I. E €: j 30. De la Génération & mourut aprés avoir cruellement fouffert. [| raconte qu’on ouvrit le- corps de cette fille, & qu'après avoir bien cherché, l’on n’y dé- couvrit d'autre caufe de fa mort, que des Vers qui lui avoient rongé les vaifleaux du cœur. Cet Auteur remarque que la peur produit dans. les Animaux le même effet. » Un » Etourneau, di-11, que l’on nour- » rifloit dans une baffe- cour , & que: » des enfans effarouchoiïent fans. » cefle en courant aprés, devint fu- »jet à des convulfions quile firent » tomber du haut mal. J’eus la cu- » riofité d'ouvrir cet Oifeau, & j'y » trouvai la bafe du cœur toute en- » trelaffée de Vers ; cela me porta. » à cflayer fi en épouventant {ou- » vent des Poules, il fe produiroit » aufli des Vers dans ces Animaux. » Je me mis à en effaroucher plu- » fieurs pendant quelques jours , je » les ouvris enfuite , & je leur trou- » vai à chacunc, de grands Vers à » la région du cœur. Voilà de quoi faire bien des ré- fléxions. * des Vers. 331 Vu. OBSERVATION: Le 22. de Février 1712..je füs appellé avec M. Fontaine Doéteur* en Médecine de la Faculté: deParis, mon Confrere ,. chez les Dames de l’'Affomption , pour y voir une jeu-- ne Penfionnaire malade-de convul- fions terribles, qui la prencient de’ temps en temps. Elle avoit été fai- gnce deux fois du pied, & les fai- gnées. n’avoient fervi qu'a rendre: les convulfons encoré plus fréquen-- tes. Nous trouvâmés" des fignes: confidérables de Vers, & nous ré-. folumes M. Fontaine & moi, de: donner à la Malade quelques ver- mifuges, ce qui eut un fuccés fi heu- * reux , qu'elle rendit cinq gros Vers: vivans .. dont la fortie la délivra de: fes convulfions. L’Infirmiere mit: ces Vers dans de l’eau fur une fe- nêtre à l'air, où ils vécurent prés: d'un mois, ; _X Pere de M, Fontaine , nouveau Doëtéur de : fa même Faculté, Eci 332 De la Générarion VIIL OBSERVATION. Lettre qui ma été communiquée r Li par Monfieur le Procureur Gé- néral JoLi DE FLEURY, à qui elle a éré écrite dAlais en 1723. par M. de Rochebouet ; alors V’icaireGénéral du Diocefe d'A- lais, © aujourd'hui Curé de S. Germain-le-vieil à Paris ; lequel a trouvé bon qu'elle fur änfêrée ici. Monsieur, » J A1 fait defliner le Ver que » jai rendu comme j'étois à la cam- » pagne , je n’ai pu trouver de Fef- » prit de vin pour leconferver ; de quoi je fuis bien fâché. Je le rap- » portai à Alais, mais il étoit {cc, » & bientôt il fut réduit en pouflic- »re. Vous en trouverez ici' la figure » exacte , à l'exception de la cou- » leur, çar ilétoit noir comme de LS … des Vers: LE » l'encre, & luifant. On y à expri- » mé les plis & les, ondulations- » qu'il avoit fur la peau. J'ai tou- »Jours foupçonné que cet Animal »Ctoit la caufe de mes incommo- » dités. » Lorfque je le rendis , il y avoit » prés de deux ans que javois été » attaqué de vapeurs violentes : » elles me prirent à une maifon de » campagne à une lieue de cette » Ville, où je m’étois retiré avec » Monficur notre Evêque dans le * temps qu’on leva notre Blocus du » côte du pays prohibé. Elles fu- »rent fi terribles , que javois le » menton appuyé. fur l’eftomac , & » que lorfque je voulois faire un » cflort pour lever la tête. je per- » dois connoiffance ; je ne pouvois. » me foûtenir , & j'avois de temps « en temps, des trémouflemens par- » tout le corps. Je me fis:tirer du » fang, & alors je me fentis beau- »coup dégagé ; je levai la tête, » mais elle tomboit en arriere, & »j'avois peine à trouver une fitua- » tion un peu tranquille ; je n’avois » point perdu l'appétit , & je n'eu 7 . 374 De la Génération » jamais de ficvre. Certe premiere “attaque pañlée, j'en eus ici une » feconde , mais moins violente. Je: » me fis encore faigner , &z je fus » foulagé. Pendant trois femaines: ajeus prefque tous les jours, quel-- » que légére attaque , oùJe voyois- » tout tourner, où javois des tré- » mouflemens quelquefois par tout »le corps, quelquefois feulement » un tremblement dans Îles genoux. » Ces tremblemens me réveilloient » la nuit en furfaut, & toùjours dans . » des fonges épouventables. Mais »Ce qui vous furprendra, c'eft que le jour même, éveillé, j'avois- » peine à éloigner de mon efprir , » les images les plus triftes, que la: » raifon vouloir inutilement chaf- » fer. . .. Lorfqu'on nous ent rendu: ytout-à-fait la liberté, 8 que no-- »tre Blocus fut levé, je fus impa- tient de jouir de la liberté qu'on: »nous accordoit, je me rendis à: »trois lieues d'ici dans une Com- » munauté de Prêtres de S. Jofeph: » dé Lyon que je connois. J’avois: » heureufement mené avec moi, »-un Médecin de mes amis, qui alloit- des Vers. 72€ » Voir fa famille qui demeure dans: » ce lieu-la. : » Pendant les deux premiers jours » que je fus chez eux, j'eus encore: » quelques légcres atreintes de mes. » vapeurs , telles que celles que j’a- » Vois eues avant de partir d’Alais, » & qui m'avoient pris une fois, di- 3 fant la Grand'Meffe dans notre » Cathédrale, & une autre fois en. »préchant. Mais le troifiéme jour »au foir , je fus attaqué violem- » ment au fortir du Helene: ÊT » deux de ces Meflieurs me recon- » duifirent avec peine, à ma cham- » bre, en me tenant fous les bras. _» J'envoyai querir mon Médecin » qui n'étoit qu'a deux pas; & il » me dit qu’il falloit abfolument me » purger. Il me fit Iui-même une- » médecine avec fené, rhubarbe. » manne , fleurs de pêcher. abfyn. »the, & quelques grains de jalap.. » Cette médecine que je pris le len- » demain matin aprés toutcs Îles in- » quiétudes & les agirations de [a »nuit, Mme mena quinze ou feize »-fois, jufqu’à onze heures du ma-- » tin. Le Médecin vint alors , je me 336 De la Génération » plaignis d’un grand mal de cœur. » Comme la médecine avoit déja » bien agi, il me confeilla de pren- » dre de l’eau ticde, & d’eflayer de » vomir. Je le fis, & comme je » n'ai pas grand peine à vomir , Je » rendis peu de temps aprés ,.la mé- » me cautiede , avec des morceaux »de truffes que javois mangés la » veille à diner, & que je rendis » comme je les avois pris, il yavoit » vingt-quatre heures. (4) Jerepris » de l’eau tiede, & rendis encore _» par le vomiflement, des morceaux » de truffes. Le Médecin examinant » avec le bout de fa canne, triant & » comptant tous les. morceaux de » truffes , fe mit à faire uncris, & » me dit : Voilà quelque chofe qui »remue. Il prit le Ver au bout de » fa canne : nous le mîmes fur la ta- » ble. Il vécut peut-être, quatre mi- »nutes aprés que je l'eus rendu. » Jamais je n’ai vû Médecin fi fur- » pris. Il m'avoua qu'iln’avoit ja- 3 mais vu pareille chofe, nientendu {4) Voyez cy-après, au Chap, vr. vers le mi- fieu, ce qui eft dit des champignons , avec l'Hiftoire- que je rapporte fur ce fujet. parler des Vers: nparler de parcils Vers. Celui-ci » étoit noir , ayant des pattes com- fill 7 RO : art LULU th CEA MAL | LABS Ti & kr 1 Lea | RAT ne di most! & TR EU % \ AN a À ant SA AR A à Ê \ : À \ AS AT TE » me une Chenille, un peu velu, » une bouche dont l'extrémité étoit » feuille morte , & deux yeux aufli s feuille morte, faits comme deux » petites têtes d’épingles, 8 fortant »de la tête. Je fentis un foulage- » ment que je ne puis vous exprimer, » &c depuis ce temps-là, je n'ai pas » la moindre atteinte de ces vapeurs » inquictantes. On jugea à propos » de me faire prendre ici les eaux »@e Balaruc, excellentes pour l'efto- » mac, & qui m'ont fait du bien. ;, Le Ver n’étoit ni plus gros ni plus , long que vous le voyez dans le ., deflein que j’ai l'honneur de vous Tome I. Ff 43% De la Génération ,, Cnvoyer. Je croi que ceux qui at- ,, tribuent la caufe de la pefte à des . Infeétes & à des Vers qui fe trou- ,, vent dans les étoffes & dans les ali- »,inens, pourroicnt tirer des con- fequences de mon avanture; & » dire que c’eft un de ces Vers qui , à agi fur les alimens, & quina 3, pas trouvé le corps difpolé à y , faire les ravages qu'il auroit fait ,, dans d’autres... Les corps des ,, Peltiferés qu'on. ouvroit , four- ,, milloicnt de Vers; non pas, à la vérité de cette efpéce. _ ,, Voilà, Monfieur, comme vous ., l'avez fouhaité , le détail au jufte de mes accidens. Je vous en au- trois fait part plutôt, fi la perfon- ne qui à defliné le Ver , ne m'a- ,, Voit manqué de parole trois ou » quatre fois. 11 m'a même fait beau- ,, coup d’ébauches, avant que d’en attraper Îa véritable reAemblan- > CE: «+. J'ai l'honneur d’être avec ;, un profond refpeét, ES TTONSTEMRS Votre, &cc. DE RocHEBOUET, Vicaire Général. : Æ Alais, ce 15. Février 1723. des Vers. 339 Les fymptômes qu’on remarque dans les maladies de Vers , vien- nent fouvent autant de l'humeur vermineufe qui les a fait éclorre, & qui leur fert d’aliment , que des Vers mêmes. Cette humeur vermi- neule eft quelquefois fi corrofive, qu'elle endommage confidérable- ment les inteftins ; fouvent même venant à fe méler dans le fang , & a être portée avec la mafñle à toutes les parties , elle peut caufer des tremblemens , des convulfions, des fiévres , destoux , des fyncopes , & autres accidens , felon qu’elle eft plus ou moins piquante , plus ou moins grofliere, ou qu’elle {e méle plus ou moins avec le fang. On n’examine pas aflez s'il y a des Vers dans les Malades, foit Vers * des inteltins , ou autres; de-là vient que pluficurs perfonnes , faute d’a- voir pris des remcdes ou des pré- fervatifs contre les Vers, tombent quelquefois en langueur , & meu« rent fans qu’on en fçache la vérita- ble caufe. Ces infeétes s'engendrent peu à peu dans le corps, & s'y en- gagent après , de telle forte , Lorf- | FFij $40 De la Génération qu'on néglige les remedes qui Îes pourroient chafler , qu’on n’eft fou- vent plus à temps de les combattre Jorfqu’on le voudroit, On en a trou- vé de fort longs jufques dans le tronc de la veine-porte : En 16o1. Spigelius faifant une Anatomie pu- blique , & préparant le foye du {u- jet , qui étoit le cadavre d’une fem- me d'un âge médiocre , morte dans une maigreur extraordinaire , trou- va quatre gros Vers ronds & longs (a) d’un palme , dans le tronc de la veine-porte , où s’étoit forme une obftruction qui avoit caufé la mort à la Malade. 11 montra ces Vers à Fabricius Aquapendente , fon mai- tre, lequel les fit voir le lendemain dans l'Amphithéatre à tous Les afif- tans, comme une chofe extraordi- naire. Il n'y a pas jufqu’à la Catalepfie, qui ne vienne quelquefois de Vers. Marcel Donat (b) & Schenchius en rapportent(c) des exemples. Ettmul- Jer (d) eft de même fentiment. (a) £pigel de Lumb. lato , not4 quartä. {b) Marcel. Dowat. Lib. II, Hifior. Arab, cap. 2, (c) Schench. Obferv. {d) Ertmuller de Epilepf. des Vers. 341 Qui croiroit qu'une telle (4) ma: fadie pût être caufée par des Vers 2 Plufieurs Auteurs attribuent aux Vers la eaufe des fiévres malignes : Kircher (b) & Hauptman (5) préten- dent qu’elles ne viennent prefque jamais que de là. Foreftus (4) rap- porte un grand nombre d'exemples de fiévres malignes & peftilentiel- les vermineufes, dont il dit avoir été témoin; & dans les Journaux de Thomas Bartholin , il eft parlé d’u- ne pefte qui regna à Vienne en Au- triche , de laquelle les Médecinsne reconnurent d'autre caufe que les Vers(e). | Quelques Auteurs vont plus loin, & prétendent que toutes les fiévres malignes , toutes les peftes, fans ex- ception, font les effets des Vers. Peut-être ces maladies font elles la plûpart accompagnées de Vers; (a) La Caralepfe eft-une maladie foporeufe où Le Malade refte comme une ftatue , fans fentir , fans voit, & fans entendre ; fi oiï remue fes membres, on les voit garder la même fituation où on les a mis, (b) Kirch. in fcrutinio peflis. (c) Hauptn. de vijä mortis imagin, Cr Traëiat. de Therm. Wolckenf?. (d) Foret, de Intef}. affeitib. Lib, XXI. Obferv. 16. in fchol. (e) Thom. Barth. AG. Med, Tom. F.p.83. FF ii 342 De la Génération mais , comme le remarque Tho- mas Bartholin , ïl ne s'enfuit pas pour cela, qu'elles foient l'effet des Vers(z). D’autres vont encore plus Yoin , & veulent que la rage même {oit caufée par les Vers. Ces queftions au refte , méritent qu'on les examine, & c’eft ce que nous allons effayer de faire. Si la Pelle eff caufee par les V. ers ? Les Auteurs font fort partagés fur les caufes de la pefte. Les uns attri- buent cette maladie aux influences des Aîïtres; les autres , comme les. Galeniites, à la corruption de l'air & des humeurs ; les autres, com- me Van-Helmont & fes Scétateurs. à l’irritation de l'archée ; les autres, comme Willis, à un {el acide ; les autres , comme Sylvius , à un fel alKali; les autres enfin, à de petits Infectes , ou Vers répandus dans Vair , lefquels s’introduifent dans. nos corps. (a) Omnem peflem à Vermibus advocat Kircherus 3: credo verd sffettum ele putredinis , non caufam. Quid plura V'ermiculi nos torquent C7 mortuos confumunt ; uë \ verè Job. cap 7.0.5. Caromeaundiqne V'ermino[a ef. Thom, Barth. A4; Med, 1bid. Le : des Vers. 48 De ce dernier fentiment font plu- fieurs Modernes , & entre autres- l’Auteur de la Queftion de Médeci- ne : S5 la Pelle de Marfeille à été caufee par des Vers ? An Peffis Maffilienfis à feminio Verminofo (a)? & celui des Ob- fervations faites fur La Pefle de AAarfeil- Le & de Provence (b). Le premier, qui cft M. le Beoue, célébre Médecin de Befançon , dit que la Pefte tire {on origine d’une foule d'œufs de Vers, qui infeétent premicrement la falive ou les alimens , puis le fuc nerveux, & enfin les parties {olides. Ces œufs de Vers, continue-t-il font d’abord avalés avec la falive . ou avec les alimens, puis la chaleur de l'eftomach, dans lequel ils en- trent , vivifie ces œufs, & fait éclor- re.les Vers qui y font renfermés. Ces Vers éclos dévorent avec avi-- dité une partie de l'aliment qu'ils trouvent dans l’eftomach,; cet ali- ment dévoré les fait croître jufqu’à une certaine grofleur , & alors de-- (a) Brochure in-8. imprimée en 1721. à Befançon, L’Auc ur eft M.le Begue , Médecin de Befançon. (b) Brochure :#-12. imprimée à Lyon en 172%:- Auteur eft M, Goiffon, Médecin de Lyon. fiv 344 De la Génération venus vigoureux , ils excitent [es premiers fymptômes de la Pefte ; {çavoir , les vomifilemens, les maux de cœur , les défaillances ,-les ho- quets, les douleurs & les inflamma- tions de l’eftomach, &c. fymptô- mes , pourfuit-il, que ces infeétes peuvent caufer d'autant plus facile- ment, qu'ils ont, dit-il, un bec cro- chu , fait en forme d’ameçon. On demandera fans doute , com- ment cet Auteur a pu parvenir à {ça- voir que les Vers dont il parle, ont le bec ainfi conftruit >? mais il ré- pond 1°. que Hauptman en a ob- fervé de pareils dans une Dyflente- rie peftilentielle. 2°. Que les Pefti- ferés en rendent fouvent de fembia- bles dans leurs déjections. 3°. Qu'on en trouve aufli de tels dans les ca- davres de ceux qui meurent de pelle. sf Cela polé , il dit que fi ces Vers {ont portés en grand nombreavec le chyle dans la mafñe du fang , ils en empéchent la circulation, d’où arrivent des palpitations de cœur , des fyncopes , un abattement de toutes les forces, un trouble dans des Vers. 345 les yeux , des tintemens d'oreilles, une fécherefle de langue , des dou- leurs dans les lombes. L’Auteur ex- plique par le même moyen , quieft aflurement trés-commode, tous les autres fymptômes de la pefte, & nous pouvonsdire , pour rappeller ici la réflexion, que nous avons déja faite (4) ailleurs là-deflus , que cela ne lui coute rien. I} n’a pas de peine non-plus, com- me nous l'avons aufli remarqué dans le Journal cotté au bas de la page, à rapporter des exemples de bubons & de charbons ou il y avoit des Vers; les Auteurs font pleins, & pour ainfi dire, farcis de ces fortes d’hif- toires. 11 s'agit de prouver que les Vers en queftion font la caufe de ces bubons |, comme il s’agiroit de prouver que les Vers qu’on verroit dévorer le corps d’un homme apres fa mort, feroient la caufe de la mort de cet homme. | On trouve des Vers dans l'eau , dans le laic, dansle vinaigre; on en trouve dans prefque tous les ca- davres. L’Auteur ne manque pas de (2) Journal des Sçavans , 23. Février 1722, 346 De la Génération citer toutes ces obfervations , & ff grand nombre d’autres femblables qui s'offrent en foule. Il joint à cela {ept différentes raifons ; fçavoir , 1°. que la multiplication du venin peltilentiel ne fcauroit s'expliquer bien naturellement , qu'en fuppo- fant qu'elle fe fait par des Vers 5 ees Vers, comme l’on fcait, mul- tipliant avec une facilité incroya- ble. 2°. Que le tabac, & autres cho- fes femblables qui contrarient les Vers, font de bons remedes contre: la pefte. 3°. Que les cauteres font d'un grand fecours pour fe préfer- ver de la pefte , & qu'il eft facile de voir que cela vient de ce que les Vers s’enfuyent par l’onverture du: cautére. Nemo, dit-il, non videt , fe- minium pefiiientiale Verminofum per pa- tulas fonticulorum vias facile fugain ca- pefiere Ce terme Nemo non videt, eft une: propofition bien exagerée, pour ne rien dire de plus. 4°. Que la pefte: cefle ordinairement aux approches de l’'Hyver , faifon qui eft contraire: aux Vers. $°. Qu'à Marfeille, des €ouvens entiers de Filles, ont été des Vers. 347 exempts de la pefte qui regnoit dans le pays; ce qui prouve, dit l'Auteur, que cette maladie ne venoit point de l'air , mais des Vers , puifque l'air fe communique par-tout , ce que ne font pas les Vers. Il eft vrai que fi ces Vers avoient des aîles, comme le prétend M. Goiffon , ain- fi que nous le verrons plus bas , ils auroient pu aller dans ces Couvens; mais lPAuteur de la Differtation ne leur en donne point, il fe contente, ainfi que nous l'avons dit , de leur donner un bec crochu , en forme d'amecon. 6°. Que la pefte de Mar- feille à attaqué leshommes, fans at- taquer les animaux; ce qu'il eft fa- cile , dit-il , d'expliquer dans le fyftême des Vers, parce que les Vers qui éclofent dans le corps hu- main, font d’une autre nature que ceux qui éclofent dans le corps des animaux , & que même les Vers qui éclofent dans les animaux, font d'autant d’efpéces différentes , qu'il a de fortes d'animaux. 7°. Qu'a- rès que la pefte a eu enlevé dans. Marfeille la plus grande partie des: Habirans, elle a ceflé, parce que les: 348 De La Génération Vers mouroient alors de faim ; & pourquoi mouroient-ils de faim: c'eft que, dit l’Auteur, les perfon- nes qui furvivent à la pefte, n’y fur- vivent que parce qu’elles n’ont pas en clles, l'aliment qui convient aux Vers peitilentiels (4) : notre Auteur conclud de toutes ces belles-raifons, que la pelte a les Vers pour caufe. Nous avons dit dans le huitiérme Journal de 1722. que nous laifions aux Lecteurs à juger d’une telle con- clufion , nous repetons ici la même chofe. Le fecond Auteur que nous avons. cité , cft M. Goiffon, célébre Mé- decin de Lyon ; il prétend tout de même , que ce qui fait ja pelle font de petits Vermifleaux invifbles qui voltigent dans l'air , & qui s'infi- auent dans nos corps. Il regarde comme contraire à la raifon & à l'expérience , toutes les autres opi- nions fur ce fujer. | | La multiplication de la peñte ; dit-il, fa durée , fa réprodu&iorn, (a) Homines autem qui à pefle liberi fuper[unt , aptuns alimentum Vermiculis pefédlentibus frppeditare pen, poflunt. des Vers. 349 fon adhéfion , ne peuvent bien s’ex- pliquer qu’en fuppofant des infec- tes invifibles qui fe reproduifent par leurs œufs , & fe multiplient de gé- nérations €n générations, jufqu’à ce qu'une faifon contraire , ou quel- ques remedes particuliers en étei- gnent la race; ou que venus d’un pays étranger , ils ne trouvent plus dans celui ou ils arrivent , une . nourriture convenable ; ou qu’enfin. le nombre conlidérable des corps qu’ils.ont tués, deviennent leur tom- beau. H n’y a que des êtres animés, dit- il, qui puiflent fubfifter dans l'air, & s'y reproduire, les autres s’y per- dent , ou s’y altérent à ja fin; au lieu que les corps animés y font comme dans leur centre, s’y nour- riflent , s’y multiplient ; & fi l’on voit la pefte fe reveiller après avoir été affoupie un long-temps , c’eft, dit-il , que ces petits infeétes fe ré- produifent & fe renouvellent. Cette raifon , comme nous l’a- vons obfervé ailleurs (4), eft ingé- (a) Jourual de 1723. 12. Mars, La deroute des Goif- fps. Ce Livre eft annoncé fous Le nom de Clifams 3$0 De la Génération nicufe , mais elle prouve un peu trop ; puifqu'il s’enfuivroit que le renouvellement qui fe fait dans l'air à tous les Printemps, ne fe feroit que par des Vers. En effet, fi pour expliquer la réprodudion de la pete après qu’elle a été éteinte, il faut dire qu'étant naturel aux ani- maux de fe reproduire, ce font des Vers réproduits qui par leur renou-. « vellement , caufent ce renouvelle- ment de pete; il faudra dire tout de même que les particules difper- fées dans l'air qui font que la féve des plantes fe reveille tous les Prin- temps , & qu'elle monte dans les plantes, font de petits Vermifeaux, ou plutôt que cette féve même , qui cit reveillée , n’eft qu'un amas de Vermifleaux. Les petits Vers , qui felon M. Goiffon caufent la pefte, font fi pe- tits, que jufqu’à préfent , il n’y a eu, ditil, qu'un feul homme qûi ait pu les appercevoir. Drari. J'avettirai là-deflus que Clifano Drani eft mis là pour Nicolas .Andry, dontileft lanagramme. J’en ai ufé de la forte alors pour téguifer mon nom que j'avois quelques raifons de cacher ; mais je n’en fais plus de façon à préfenr.Ainfi je ne fuis point plagiaire de citer comme de moi , les endroits que je rapporte . Ci, [2 des Vers. 3ST Quel eft cet homme? C’eft , ré- pond-t-il, un Hermite de Toulou- e. Ce {era fans doute , cet Hermi- +e qui aura informé M. Goiffon que ces animaux ont des pieds & des ai- les , car tous les infectes n’en ont pas ; & de la perireffe dont on fup- pofe ceux-ci , il femble qu'ils doi- vent être aflez légers pour pouvoir {c pañler d’aîles, & être répandus de tous côtés par le moyen des vents ; mais M. Goiffon , fur la parole de l'Hermite , fans doute, aflure qu'ils ont des pieds & des aïîles; & c’eft, fi on l'en croit , à la faveur de ces aîles qu'ils fe choififlent les domici- les les plus convenables pour leur entretien. Hs s’infinuent, dit-il, dans les maifons, par les plus petites ou- vertures quand il fait froid ; & c’eft apparemment , ajoutc-t-il , la rai- fon pourquoi quand la pefte eft quel- que part en Hyver, elle y eft moins violente, & ne fe communique pas fi aifément aux environs , parce que ces animaux fuyent le froid. Ce qu'il ya de fingulier dans ce que dit ici le Médecin de Lyon , c’eft que ces petits infectes , aimant le chaud 352 De la Génération | comme ils font, ne laiflent pas d’être ibondans en plufieurs pays froids , où la pefte eft très-fréquente ; car fi ce font les Vers qui font la pelle , pourquoi ces Vers craignant le froid comme ils font, ne fuyent- ils pas ces pays-là , ou n’y meurent- ils pas ? Voilà une difficulté que M. Goiffon auroit dû prevenir. Quoi qu’il en foic , les Vers pefti- lentiels qu’il fuppofe , fe nourrif- fent d’une fubftance particuliere qui leur convient, & ils meurent, à ce qu’il prétend, lorfque la nourriture dont il s’agit, leur manque. Suppo- fons donc que la nourriture en queftion vienne à leur manquer , & que faute de cette nourriture ls meurent tous ; comment enfuite fe réproduiront-ils > Je fuppofe qué la faifon foit favorable à leur repro- duétion , je fuppofe qu'aucun rene- de ne les contrarie , il faudra nécef- fairement pour qu'ils {e réprodui- fent , que cette nourriture , dont le feul manquement les aura fait mou- rir , fe réproduife auflielle-mème; car l’Auteur ne prétend pas fans doute , que lorfqu'ils font morts quelque des Vers. 353 “quelque part faute de cette nourri- ture , ils ne puiflent plus fe répro- duire dans ce méme lieu. Voilà donc la réproduétion de plufeurs petits corps nourriciers , Mais ina- nimés, laquelle fé fait fans Vers. Cela étant , quel inconvénient y aura-t-il à dire que les petits corps inanimés dont il s’agit, Iefquels font propres à nourrir ces infeétes , font précifément ce qui fait la pefte. Ces petits corps inanimés fe réprodui- {ent aprés avoir été détruits; c’en eit affez pour expliquer la réproduc- tion de la pefte. Réproduétion qui paroît incompréhenfible à M. Goif- fon , fi on ne fuppofe qu'elle fe fait par des Vers. Une autre raifon que M. Goiffon trouve des plus convaincantes pour prouver que la pefte n’a d'autre cau- le que les Vers, c’eft l’adhéfion du venin peftilentiel. Ces Vers, dit-il, ont des mains @ des pieds, ce font fes termes-., & c’eit avec ces mains € ces pieds , continue-t-il , qu'ils s’atta- chent aux étoffes , aux habits, aux hardes , & que par voye de géné- ration , ils demeurent fixes & atta- Tome E, Gg zeS 4. De l4 Génération | chés des vingt & des trente années: à des étoffes, à des cordes, & au- tres chofes femblables , d’où ils for- tent enfuite quand on vient à re- muer ces hardes & ces cordes , au lieu , pourfuit-il , que tout ce qui eft inanimé , & en méme-temps le- ger, fin. délié, fabtif, ne fçauroit réfifter au plus foible mouvement de l'air. M. Goïifon paroît oublier ici ce que c’eft: que les odeurs, & combien de temps eiles demeurent attachces à certains corps nonob- ftant les divers mouvemens de l'air. I oublie combien l'odeur de l’oi- gnon cft opiniâtre; il oublie ce que” c’eft que la piite que les Chiens fui-- vent {1 conftamment quelque vent qu'il fafñle. Seroit-ce des Vers que’ tout cela > Mais comme il donne: des ailes à ces Vers peltilentiels, & qu'il veut que par le moyen de ces: ailes, ils aillent contre l’impétuo- fité des vents, & contre le mouve- ment rapide de l'infenfible tranf. piration, lequel fe faifant du de-- dans au dehors , femble devoir in- terdire- à ces Infeétes l'entrée dans. nos corps par les pores de la peau ;. des Vers. 355: comment veut-il en même temps. qu’ils demeurent tant d'années en repos attachés derriere un coffre, . à une corde , ou à autres chofes femblables, fans que durant l'ef- pace de vingt & trente années, 1} leur arrive de faire une fois effai de: Iurs aîles pour voyager ? M. Goi- fton dira-t-1l, que c’eit que derrière : ce coffre, ils font trop à étroit pour pouvoir fe dégager ? Mais de la pe-- titefle dont il les fuppofe , ileft dif- ficile qu'ils puiflent étre nulle part à: l'étroit , puifqu’ils font fi petits, fe. lon lui, que quelque difproportion qu'il y ait pour la groffeur entre une: mite de fromage & un Eléphant,. ils font peut-être aufli perits à l’é- gard de la mite, que l’eft à l'égard : de l’Eléphant, la Mite même. Cela: étant , fuflent-ils dans le coffre mé- me le mieux fermé, ce coffre fera: à leur égard une cage à barreaux: trop clairs & trop écartés, pour pouvoir les emprifonner ; mais: quelle liberté n’auront-ils donc pas, , _s'ils ne font que derriere le coffre ?: + Ingraffias ,; à ce que remarque: M. Goiïifon.,. après plufieurs Au<- 6 gi; 356 De la Génération teurs, raconte qu'a Milan, un Sa- criftain ayant tiré de derriere une vicille armoire qui étoit dans une Sacriflie , une corde qui depuis vingtians avoit touché à des cada- vres de peftiférés, la pefte, quoi- que éteinte depuis ce temps-là , fe renouvella aufi-tôt, & fe répandit dans toute la Ville, ou elle fit des ravages affreux. Amian Marcellin rapporte un fait fembiable , qu'il dit être arrivé à Delphes , dans le Tempic d’Apollon. Trincavelle écrit qu'a Juftinopolis, le venin de la pefte demeura attaché l’efpace de vingt ans à des cordes dont on s’é- : toit fervi pour tirer des cadavres de peftiferés. Sennert parle d’une pefte qui demeura adhérante pendant yatorze ans à un linge, & quiin- fa enfuite tout le pays » parce qu'on vint par hazard à remuer ce hnge qui étoit caché dans un coin où on ne le voyoit pas. M. Goifton fuppofe comme des vérités incon- teftables toutes ces hiffoires, parce qu’il les croit favorables à fon hy- pothéfe ; quoique cependant elles y foient tout-à-fair contraires. Je dis. des Vers. 357 qu’il les fuppofe comme des véri- tés, car ce font de pures fables, comrhe le fait.voir un des plus {ça- vans & des plus jadicieux Auteurs qui ayent écrit fur la maladie de la que a). Auteur d'autant plus croya- le fur cette matiere , que non-feu- Iement il a été témoin de plufeurs peftes, mais qu'il a traité un nom- bre inombrable de peftiierés , & examiné avec une attention fcrupu- Icufe , les différentes manieres dont on prétend que cette maladie fe communique. Le venin de la pefte’, , dit ce grand Médecin , bien loin de » fe conferver des vingt & trente » années , comme {€ l’imaginent » quelques perfennes, ne peut aller »tout au plus qu'à quelques mois. » Left vrai, sjoute-t-il, que les faits » dont il s’agit ,. font rapportés par » des Ecrivains dignes de foi ; mais » ces Ecrivains ne les donnent pas » comme chofes dont ils ayent été » témoins ; ils avertiflent au con- » traire, qu'ils ne parlent que fur » des bruits répandus pe le petir » Peuple ; or qui ne fçait combien. : {z) Diemerbroech, 3558 De la Génération’ » le petit Peuple ceft enclin aux fx-- » bles ? Diemerbroech n’en demeu- re pas à ce difcours , il prétend que: les premiers auteurs de ces contes ,. les ont fouvent inventés pour fe re- jouir , & pour voir jufqu'ou pour- roit aller [4 crédulité des fimples. Le: pañage de Diemerbroech ef de trop: grande conféquence pour ne pas. mériter d’être rapporté en propres- termes ; le voici donc en note au: bas de cette page , comme il fe: trouve page 92. de l'Ouvrage de cet Auteur fur la pefte de Nime-- gue (2). ti On voit par ce paflage que Die- merbroech parle d'aprés l’expérien- ce ; mais fi l’on veut un témoigna- ge encore plus politif de ce Méde- (a) Scribit Sennertus Laubanz:, à contagio quod guatnordecim annis in linteo latnerat . peflem magrans excitatam ; C9 ViËÎNS quoque Vitatibns communi- catam fuiffe : verûm etfs hæc teffimonia ab . Autoribus fde dignis confcripta fint , attamen quia ïlli hec non de: fua proprid experientia proponunt , [ed tantüm ex re-- bain proletariorum quorumdam de vil ffima plebis fæce- bominum ( qui non tantèm mendaces , verèm etiam valde rudes @ creduli funt atque imaginationes facile alirs tanquam veriffima oracula proponunt , velut ni- anis credulosirrideant ) non videntur certe tanti MOMET>— 1, quæ noffram experientiam multi iuga obfervatione : atque etiam ratione Confirmatain euerferequeant, des Vers. 1 2859 cin, voici comment il s'explique: pages 3 5. & 36. » J'ai, dit-1l, traité plufieurs ma- # lades dans la pefte de Nimegue » En 1636. & comme un an aprés la: > cefation de cette pefte, on ne fai- » foit nulle difficulté de toucher les » hardes des morts , & même de fe » vétir de leurs habits, je n’ai point » vu qu’il en foit arrivé à perfonne » le moindre mal, quoique l'on ne: » Craignit aucune des chofes qui » devoient être Îes plus remplies de » ces prétendus corpufcules peftilen- » tiels , Licet nullus fomitis locus intac- » tus relinjueretur. 11 affure avoir fait la même ob- fervation dans deux autres peftes où il s’eft trouvé après celle de Ni-- megue , qui font k peñte de Mont- fort en 1637. & celle d'Utrech en. 1655. & 1656. Je pourrois joindre ici les témoi-- gnages modernes de plufieurs Mc- decins de Marfeille , mais je me: contenterai de celui de M. Mailhes, Ce dernier attefte qu’à Marfeille on: remuoit impunément les matelats: fur Icfquels venoient de mourir les 360 De la Génération ; peftiferés , & qu'on manioit feurx hardes fans contracter la moindre maladic : ce font donc des fiétions que ces Vers pcftilentiels confervés des vingt & des trente années dans une corde, dans un linge, dans ua habit, &c. | Enfin c’eft un fyflême qui nef appuyé fur rien, que celui de lori- gine de la pefte par les Vers ; & ce n’eft pas fans fondement qu’un Au- teur , pour plaifanter , a dit là-def- fus. Ce font les Vers qui font la pefte ;: Et fans ces redoutables Vers, Croyons Goiffon qui nous l’attefte ;. Rien ne mourroit dans l'Univers. Sans doute il faut qu’en cette pomme . Que certain Serpent, beau parleur Fit avaler au premier Homme, Un Ver für caché par malheur. Oui, c'eft delà, je m'en aflure Que par un crifte coup du fort , S’eft introduit dans la nature ,. Le fubril poifon de la mort. Je pañfe à la feconde queftion:, fcavoir . des Vers. 36: fravoir fi la rage vient des Vers. Si la rage a pour caufe les Vers. M. Default Médecin de Bour- deaux, prétend dans une Differta- tion qu'il a donnée fur la Rage, que cette maladie n’a point d'autre cau- fe que des Vers que lon voit nager dans la faline des Animaux enra- gés, & que l’on trouve dans leur cerveau. I] ajoûte que ces Vers s’in- finuent dans le fang par la Plaie que l’Animal enragé fait avec fa dent: qu'ils fe multiplient enfuite dans le corps qui les a reçus ; & que parve- nus à un certain nombre, ils mor- dent le cerveau , le gofier, les glandes falivaires , caufent des déli- res, des convulfions , de l’écume à la bouche , & donnent enfin la mort. Si fes Vers , continue-t-il , qui font dans les inteftins, peuvent par Ja correfpondance des nerfs des in- teftins, produire des délires , des convulfions, & la mort même; à plus forte raifon , des Vers d’une gertaine efpéce , plus malfaifans , Tome I. 162 De la Génération & qui attaquent immédiatement le cerveau & les glandes falivaires, doivent produire des fymptômes femblables, & même de plus af- freux. | On ne doit point s'étonner , con- tinue toujours M. Default, que ces Vers affectent principalement le cerveau, puifque nous voyons une certaine efpèce de Poux gris & cendrés qui aiment la tête ; & d'au- res blancs répandus dans tout le corps; de même aufli nous voyons certaines efpéces d’oifeaux qui fe tiennent dans les bois , d’autres dans les marais , &c. | . Notre Autcur entreprend enfuite d'expliquer comment l’averfion que tous les Animaux enragés ont pour l'eau, peut être produite par des Vers. L’averfion , dit-il , que l’enragéa pour l'eau & pour la boiflon vient par degrés. Il à éprouvé, qu’en ava- lant {a falive, cette falive lui cau- Loit de vives ardeurs dans l'eftomac, & qu’en buvant il fe procuroit ‘des convulfions. Or ces accidens lui vicnnent fans doute, parceque dans des Vers. 363 la déglutition des liquides , il en-. traîne ces Vers dans fon eftomac où ils produifent tous ces défordres. En faut-il d'avantage pour le rebu- ter de la boiflon ? M. Default n’en demeure pas là ; Voici comme il pourfuit : » L’ame » par les loix de l’anion, s’intérefle » à la confervation du corps, avec » lequel eïle eftunie ; la trifte expé- » ricnce lui fait reflentir des maux » cruels par la déglutition de la fa- »live & par la boiflon. En voil4 » aflez pour lui en infpirer l'hor- » leur, Il s’agit à préfent de fcavoir ff. c’eft un fait bien conftant , que dans la falive & dans la tête des Ani- maux enragés on découvre des Vers, ainfi que l’aflüre M. Default. Il cite fur cela divers Auteurs qui le prétendent , & entre autres , François Paulini , dans fon Livre intitulé, Cynographiat curiofa , Où on lit les paroles fuivanres. » Je voyagéois en chaife roulante »allant de Hambourg en Saxe. Un » Chien enragé qui appartenoit à » un Berger , vint à nous fur le foir ; H h 1} 564 De la Génération » unChirurgien nommé TobieLo- » reki , le tua d’un coup de pifto- let. Ce Chirurgien me fit apres » le fouper diverfes queftions fur la » rage, & me témoigna qu'il feroit » bien aife d'ouvrir la tête de ce » Chien ‘pour y chercher quelque » éclairciflement fur la caule de ce » mal. Jj'applaudis à fon empreffc- » ment & à fa curiofité. Nous ou- » vrimes le crâne de cet Animal, & » nous fümes furpris d’admiration , » d'en voir fortir une infinité de pe- » tits Vers, dont les uns étoient en- »taflés en pelottons, & les autres »# fourmilloient vifiblement. » Tandis que nous faifions notre » Anatomie, un vieux Berger vint » à nous ; & comme il nous vit » étônnés à la vûe de ces Vers, ilfe > prit à rire en difant : Je n'ai ja- » mais étudié, mais ce que vous » voyez là, & qui vous étonne fi » fort, n’a rien de nouveau pour » moi, Nous en voyons autant dans » nos Brebis. Jelui demandai fi la » chole étoit comme il le difoit ? » Oui Meflieurs, répondit-il, je ne + vous dis rien que de vrai : vous des Vers. 36; » voyez ces Vers, ce font des Vers » caragés , ou plutôt,.ce font ces » Vers qui font venir la rage. Ils » mordent aux Bêtes le cerveau , & » les font courir enragées. Après cette hiftoire , M. Default cite Ettmuller , qui dans fon Traité des Délires, dit qu’on voit de pe- tits Infeétes dans la falive & dans Jurine des Animaux enragés , Ani- malcula generantur , vel confpiciuntur in faliva vel lotio antmaleum rabidorum. 1°, M. Default au lieu de ces mots dont fe fert Ettmuller, On voit de petits Infectes dans la falive d dans l'u- vine des Animaux enragés | met , On voit fourmiller de petits Infecles ; ce qui eft bien plus fort que de dire fim- plement , On voit de petits Infectes, comme le dit Ettmuller. 2°. M. De- fault fupprime le refte du paflage où Ettmuller ajoûte tout de fuite, que Ces PETITS ÎNSECTFS RESSEM- BLENT EN QUELQUE SORTE AUX ÂNI- MAUX QUI ONT COMMUNIQUE LA RAGE. Smilia ts quodammodo anima- libus à quibus rabies fuit indutta. Qu'ixs SONT FAITS, PAR EXEMPLE, COMME DE PETITS CHIENS , OU ONT LEA Hh ii 366 De la Génération TESTE FAITE COMME CELIE DESPE- TITS CHIENS. Unde , verbi-gratia, Wer- mes Catelli formes , aut capitalis Catel- lorum fimiles. QU'IL EST CERTAIN, QU'ON A TROUVE’ QUELQUEFOIS DE CES PETITS [INSECTES ;, MAIS NON PAS TOUJOURS, ET QUE CELA ESF RARE. Notarunt hoc jam [uo tempore veteres Arabes , in [pecte Avicenna , Avenzoar , quod tamen rarum ef. Que QUELQUES MODERNES ONT PRIS DE-LA OCCASION DE NIER ABSÔLU- MENT LE FAIT , MAIS MAL - À - PROPOS ; ETANT CERTAIN QU'ON A TROUVE QUELQUEFOIS DE CES PE= TITS, INSECTES | QUOIQU'A LA VE RITE ONNEN AIT PAS TOUJOURS TROUVE’S. Unde ex Modernis quidam plane negare volunt, [ed malè , certum enim ef} reperta interdum fuiffe talis ani- malcula , non tamen femper. Ettmuil. de Rabie. | -Si Ettmuller s’étoit contenté de dire qu’on trouve des Vers dans la falive & dans l'urine des Animaux enragés , la chofe ne féroit pashors de vraifemblance ; mais d’ajoûter avec Avicenne, (4) que ces petits (a) Avicen, Lib, IV. Fen, 6. traël. 4 des Vers. 267 Vers font faits comme de petits Chiens, c’eft trop donner à l’ima- gination ; & il n’eft pas néceflaire d’avertir comme il fait , que LA CHOSE EST RARE , @uod tamen rarus ef. M. Default outre l'Hiftoire du Berger, que noûs avons rapportée il y aun moment., en rapporte une autre dont nous laiflons le jugenient aux Leëteurs comme de la préce- dente. Salmuth , dit-il, raconte qu’une femme ayant été mordue à la fran- ge defa robe, par un Chien enra- gé , & l'ayant fufpendue # l'air pour la faire fécher, elle appercut d’abord après, dans l'endroit de la morfure , où la falive du Chien s’é- toit répandue , de petits Animaux dont la tête reflembloit à celle d’un Chien. M. Default a pris dans Ettmuller : cette Hiftoire; mais Ettmuller qui la rapporte d’après Salmuth , ne dit pas comme M. Default, que cette femme apperçut ces Vers d’abord aprés avoir fufpendu fa robe ; mais quelques jours aprés , Re As ve} 1h iv 363 De la Génération alterum diem ; ce qui eft bien diffé- ‘ rent. D'ailleurs quel fond faire fur le rapport d’une bonne femme , qui croit , peut-être, avoir Vu ce qu’elle n'a point vu; mais pañlons u’elle l'ait vu, ne fe peut-il pas ee que ces Vers: qui n’ont paru que deux jours après, foient venus d’ailleurs que de ce Chien ? M. Default auroit pu citer ici d’Ettmuller , un paflage qui paroît d’abord bien favorable au fyftéme dont il s’agit; c’eft que felôn cet Auteur, on prétend fur le témoi- gnage de plufieurs perfonnes qui affurent l'avoir vu , que les Chiens enragés ont fous la langue un Ver long : Que fi on tire ce Ver avant que lPaccès de ia rage vienne, le Chien cft préfervé de la rage. Mais ce qui a peut-être empêche M.De- fault de rapporter ce pañlage, c’eft que Ettmuller ajoûte 1°. Que quel- ques-uns croyent que ce prétendu Ver n’eft point un Ver , mais un fang grumelé , & amañlé {ous la langue du Chien. 2°. Que c’eft une queftion fur laquelle it fufpend fon jugement , parce qu'el- des Versa 369 " Je n’eft pas aflez éclaircie. { 4) Ce que dit là Ettmuller de ce prétendu Ver qui fe trouve fous la langue des Chiens enragés , je le dis de tout le fyftême de M. De- fault, fur la produ&ion de la rage paf les Vers. La chofe n’eft pas afñez éclaircie pour en pouvoir por- ter aucungugement. Quelques Auteurs vont jufqu’à prétendre , les uns, que toutes les maladies généralement viennent de Vers; les autres, qu'elles en font du moins accompagnées. Comme c'eftune erreur , & que cette erreur pourroit être dangereufe dans la pratique de Médecine , il eft im- portant de marquer les fignes par lefquels on peut connoître quand il y a des Vers dans le corps. C’eft à quoi nous allons enfployer le Chapitre fuivant. (a) De Cane rabido, vulzo afirmatur [ub lingu& ejus latere Vermem quendam longum , quem alii à [e- ipfis vifum Hi » go matwré dempto, nulles Ca- 215 rabidus ‘fat ; eodem verd increfcente , rabiem ne- ceffarid fupervenire : Vnde quidam ad præcautionem: folent éxtrabere bunc V’ermiculum. Quidam exifli- mant ron ele } ermiculum, [ed p'o fanguinis congru- matiparticula in venis raninis [:b lingua colleËt: gs ffagnantis babent. Rem banc cen nondum [ufficientes exploratam in medio relinquo, Etimuller , de Rabië, - — ÿ 370 De La Génération É rée tt Set A ÉRÉE Lee PARTS CHAPITRE V. _ Des Signes des Vers. A Tv Es fignes par lefquels on peut connoître qu’il y asdes Vers dans le corps, Due des effets pro- duits par ces mêmes Vers; ,mais comme ces effets différent des au- tres, en ce qu'ils fervent en même temps pour découvrir les Vers dont il s'agit , nous en faifons une clafle à part, & nous Îes mettons au rang des fignes. | Ces fignes font ou communs, ou particuliers. Les premiers convien- nent augenre, & les feconds aux efpéces ; c'eft-à-dire , que quand ces fignes communs fe rencontrent, on peut dire en général qu'il y a des Vers , fans fçavoir précifément quelle forte de Vers c'e; & que quand il fe trouve des fignes parti- culiers , on peut dire non -feule. ment qu'il y a des Vers, mais que ecs Vers font de telle & telle efpéce, des Vers. 371 Nous parlerons premierement , des fignes des Vers qui font ailleurs que dans les inteftins, & puis des lignes de ceux qui font dans les in- teftins mêmes. ARTICLE PREMIER. Des fignes des Vers qui font ailleurs que dans Les inteflins. | + pa À plûpart de ces fignes font particuliers, parce que la diffé- rence des Vers qu'ils dénctent, ne fe prend guère que du lieu où ils font, & que ces fignes qui kes dé- notent marquent toujours le lieu. Noûs commencerons par les fi- gnes des Vers du cerveau ; & nous viendrons enfuite aux fignes de tous les autres Vers qui fetrouvent dans les différentes parties du corps. Ceux par lefquels on peut con- jeéturer qu'il y a des Vers dans le cerveau, font de violentes dou- leurs de tête , & de violens élance- mens dans cette partie. Ces maux arrivent fouvent par d’autres caufes. 372 De la Génération . | que pat celles-là ; mais quand ils s'opiniâtrent extrémement , & qu'ils ne cedent à aucun remede, il fe peut faire alors qu’ils viennent de quelques Vers. Je dis qu’il fe peut faire, parce que ce figne n’eft pas toûjours certain ; & je me fouviens que comme j'étoisà Lyon, il ya plufieurs années , un enfant de qua- treans, fils d’un riche Marchand, nommé M. Bon, étant mort d’une aladie qu’une étrange douleur de tête avoit fait croire à tout le morr- de venir de quelque Ver dans la tête; on ouvrit la tête de l'enfant, dans laquelle au lieu d’un Ver, on ne trouva qu'un amas d'eau Ce queje dis des Vers du cerveau , je le dis des Vers du nez, & de ceux des oreilles ; je le dis des Vers du foie , de ceux des-reins, & des au- tres parties. Quant aux Vers du nez , en voici les fignes. 1°. On fent uhe douleur vive au bas du front , près du nez, ou prés de l’œil, foit du côté droit, foit du côté gauche, felon la fitua- tion du Vér, ( car ce Ver logedans une cavité creufée fous le front, au- des Vers. 3 aeflus du nez ,appellée Sinus frontal, laquelle s'étend à droite & à gau- che. | 2°. La douleur dont il s'agit, n'occupe d’abord qu'un petit ef- pace; puis elle s'étend peu à peu jufqu’à la tempe. 30. Elle tourmente plus dans des temps que dans d’autres. 4°. Elle eft intermittente au com- mencement ; mais après un certain nombre de mois, ce qui va quel- quefois jufqu’à deux ans, elle de- vient continue. 5°. Elle eft alors accompagnée de convulfions & d’infomnies. 6°. Aprés cetemps-là , il arrive fouvent qu’elle augmente fi fort, que la raifon en eft attaquée. 70. On fent quelquefois un bour- donnement confidérable dans l’o- reille du côté de la douleur , & en méme temps , une douleur fi ex- ceflive dans l'œil du même côté, qu'il femble qu'on aille perdre l'œil. , … Pour ce qui eft des Vers des oreil- les, les,fignes qui les dénotent , font, 1°. Des douleurs aflez légéres, * 374 De la Génération qui prennent de moment en mo- ment le long des mufcles ciota- phites, jufqu’à la future coronale , & depuis cette future juiqu’à la racine du nez. 20. Des augmenta- tions de douleurs, & des infom- nics qui furviennent quelque temps enfuite. Au regard des Vers ophthalmi- ques , ou Vers des yeux , ils font très-difficiles à connoître; veu que, felon ce qu’en rapportent les Au- teurs qui en parlent, ilsne caufent aucune douleur dans la partie. Pour les Dentaires, comme ils fe produifent fous la carie des dents, & qu’ils font leur niche dans le corps même de la dent, il eft dif ficile qu'ils ne foient indiqués par de grandes douleurs de dents. Quant aux Vers des reins, une longue douleur de reins, accompa- gnée d’un fentiment d’érofion & de piquure , eft quelquefois une mar- que de Vers en ces parties. Un Ma- Jade que ie célébre Jacques d’Ale- champs traitoit un jour à Lyon d’u- nc douleur femblable , fans qu’au- cun remcde le püt foulager , rendit des Vers. 375$ enfin.par l'urètre un petit Ver, qui # avoit une tête pointue avec des cor- nes, & un corps couvert d’une écail- le commeune Tortuë. Jacques d’A- lechamps fit fécher ce Ver , pour le conferver , & le montioit par cu- riofité à tous les Sçavans; il le fit voir entr'autres, à Vidus Vidius le jeune, re en a fait la defcription comme d’une chofe qu’il a vue (4). Il n’y a conftamment que les Vers fanguins quine caufent point de dou- leur, & qui par conféquent font plus difficiles à deviner ; ils nagent dans les vaifleaux fans fe faire fentir. A l'égard des Vers cutanés , com- me les Crinons , les Bouviers , &c. on en peut connoître les fignes par les cflets que nous en avons rappor- tés au Chapitre troiliéme. J'ajoute- rai fefement ici qué leséCrinons fe manifeftent par des marques fenfi- bles, lorfque lon met le corps de l'enfant dans de l’eaü tiéde ; car alors ils pouflent à travers la peau une pointe qui les rend faciles à dif- cerner. Nous parlerons des remedes (a) Vidus Pidius jurior, lib, 10, cap, 14. de curat, membratim. 1 LA 376 De la Génération # propres contre toutes ces fortes de Vers, dans le Chapitre neuviéme ; venons aux fignes des Vers qui font dans les inteftins. ARTICLE SECOND. Des figues des Vers qui font dans les intefhns. N Ous commencerons par les'fi- gnes communs , & puis nous viendrons aux fignes particuliers , felon la divifion -que nous avons établie. Les fignes communs de ces Vers font des yeux allumés & étince- lans, des joues livides, des fueurs froides pendañt la nuit, une abon- dance de falive qui coule de la bou- che pendant Le fommeil , une gran- de foif pendañt le jour , une féche- reffe de langue & de lévres , qui fe diffipe la nuit, une haleine puante, tirant fur laigre , des démangeai- fons de nez , ün vifage bleuâtre comme s'il étoit éclairé par une lu- micre des Vers. 377 micre de fouphre , des grincemens de dents MER la nuit, un conti- auel cours de ventre , des excre- mens blanchätres, des urines écu- meules , blanches , quelquefois obf- cures |, & prelque toûjours trou- bles. Fa Parmi les effets que nous avons rapportés au Chapitre précédent . il y en a quelques-uns qui peuvent. fervir de fignes par certaines cir- conftances qui les accompagnent > nous avons dit, par exemple , que les effets des Vers étoient fouvent. des vomiflemens & des épileplies ; mais pour connoître quand ces ac- cidens arrivent par des Vers , n’y a qu'à examiner fi les vomifflémens ne font rejetter que ce que l’on 2 mangé, & fi ces épilepfies font fans écume à la bouche ; car lorfque cela eft , c’eft une marque de Vers ; ceux qui ont des Vers fe levent quel-- quefois la nuit en dormant, crient, & remuent les levres, comme s'ils. mangeoient : cet effet peut fervir de: figne étant bien confideré. Il y a des: enfans à qui cela arrive fans qu’ils: ayent des Vers, & d’autres à qui 1E * Tome}. Le LA 37 De la Génération n'arrive que par des Vers : lemoyen de le diftinguer eft de voir fi les ma- fades fe fentent foulagés par l'abfi- nence ; Car CEUX à qui ce que nous venons de dire eft caufé par des Vers, ne peuvent jeuner fans fe fen- tir tourmentés, non par Îa faim, car quelquefois ils n’en ont point, mais par des tiraillemens que leur caufent les divers mouvemens que _font les Vers, pour chercher de la nourriture. J'ai mis la toux féche au rang des effets des Vers, mais quand elle eft perféverante, cer effet de- vient un figne aflez certain; & ce fat par-là que Foreftus (4) connut un. jour qu'il y avoit des Vers dans une: petite fille de neuf ans, malade d’u- ne fiévre quarte depuis fix mois : il la traita par rapport à cette caufe. &c lui donna un demi gros d’aloës , : mêlé avec quelques grairis de corail rouge , il la délivra de cinq Vers par le moyen de ce remede , après euoi la fiévre cefla. Nous pouvons remarquer ici em pañlant, que dans une fiévre conti- nue ce remcde ne conviéndroit pas, éa } Foref}, defumpt, Ecbr, lib, 7. obferz., 36. % des Vers. 379 parce qu’il échauffe trop; je ne vou drois pas même le donner dans le commencement d’une fiévre quarte. Quant à la puanteur d’haleine, que j'ai mife au rang desfignes , elle en eft un fi certain, pourvu qu’on s’y connoïffe , ( car toute haleine puan- te n'eft pas un figne de Ver , ) que Braflavolus (4) traitant un Vicil- lard de quatre-vingt-deux ans , le- quel étoit fur le ‘point de mourir , connut à fon haleine qu’ilétoit ma- lade de Vers : ce qui l’obligea de lui donner quelque chofe contre les Vers, par le moyen de quoi il lui fit rendre plus de cinq cens Vers, & le guérit. Le Vieillard éroit dans. une fi grande extrémité , dit Braffa- volus , que le Comte Alphonfe Trotte, parent du malade , & pre- mier Maître d'Hôtel du Duc de Ferrare, avoit déja donné les ordres: néceffaires pour les obfeques. Au regard de la grande faim que caufent quelquefois les Vers , elle: devient fouvent un figne quand elle eft accompagnée de certaines cir- conftances , comme d’une maigreur (a) Braflav, comment. ad aphor, 26. lib, 3. Hipp,- Lim 380. De la Génération extraordinaire, quoique l’on marge bien. Un enfant de douze ans, fils d’un Fondeur , étoit , dit Fore- fus , (4) depuis plufieurs mois à deffécher dans un lit , fans {entir d'autre mal qu'une légére douleur au ventre près du nombril; comme cette douleur n’étoit pas confidéra- ble , & que l'enfant faifoit d’ail- leurs toutes fes fonctiofs naturelles, le pere négligea de confulter per- {onne ; mais l'enfant devint fi {ec au bout de quelques jours, qu’on: appella Foreftus. Il admira d’abord Je genre de mal qu’il avoit à traiter, dont a caufe lui paroïfloit très- ca- chée, l'enfant mangeant fort bien, quoiqu'il ne profitt point, fes uri- nes étant d’une bonne fubftance & dune bonne coulçur | quoique un peu crues & un peu claires : mais cette douleur de ventre, dont je viens de parler , jointe à une faim extraordinaire , 1e porta à croire qu'il y avoit des Vers. Dans cette penfée il fit prendre à cet enfant plufieurs matins de fuite, deux heu- Tes avant que de manger , & le (2) Foref?, de inteft, affec.frb. 21. obferv. 29. h des Vers. 381 foir à quatre heures un verre d’une décoétion d’hylope , de marjolai- ne, de fenotiül, de fumeterre def- féchés , car c’étoit au mois de Jan- vier , de petite centaurée & d’ab- fynthe bouillis enfemble dans une: pinte d’eau , le tout pañlé à travers un linge, & mélé avec une once d’oxymel fimple, autant de fyrop de fumeterre, & autant de miel ro-- fat. Ce remede fit rendre à l’en- fant , toutes les fois qu’il en prit, un grand nombre de Vers par bas, & le guérit parfaitement. Les temps de l’année, & la diffc- rence des pays, peuvent aufli fervir- de fignes en plufeurs rencontres, pour nous aïder à connoître quand 1 y a des Vers dans le corps. En Au- tomne, par exemple, on y eft plus fujet qu'aux autres faifons ; en forte que fi dans ce temps-là on voit qu'une périonne ait quelques fi. gnes de Vers , on doit regarder ces fignes comme moins équivoques que dans un autre temps. La diffé- rence des pays eft anfli à confide- ser ; car l'Italie, par exemple, PAR Iemagne , la France , l'Efpagne, 382 De la Génération font fort fujettes aux Vers. L'âge ;. Îc temperament , la maniere de vi- vre, la couleur des yeux , font en- core de grands indices ; les enfans, par exemple , les perfonnes d’un temperament pituiteux , ceux qui mangent beaucoup , ceux qui d’a- bord après le repas font un grand exercice , Ceux qui dorment trop, ceux qui ont les yeux bleus , ceux qui vivent dans un trop grand re- pos de corps, routes ces perfonnes- à font plus fujettes aux Vers que jes autres. Au refte, entre les fignes géné- raux que nous avons rapportés plus haut, dans ce Chap. Art. IL. iyena deux , qui font beaucoup plus ordi- naires que les autres ; fçavoirs lo- deur aigre de l'haleine, & lalide- mangeaifon du nez. Quand donc on s'apperçoit 7. enfant , où quelqu'autre perfonne que ce foit, à l'haleine aigre:, on doit s'aflurer qu'il s’eft amañlé dans les premie- res voyes, finon des Vers, au moins une matiere vermineufe capable d’en produire : en effet, l’haleine n'eit aigre que parce que cetté ma- des Vers. ER ticre vermineule qui eft acide el même , fermentant dans l’eftomac & dans le duodenum , laifle échap- per des parties volatiles qui mon- tent jufqu’à La bouche. Le fecond fi-- gne, cft une demangeaifon extraor- dinaire dans le nez, en forte que les malades ne peuvent s'empêcher d'y porter fans ceffe la main : la caufe de ce phénomene n’eft pas plus obfcure que celle du premier ; car comme nous venons de remar- quer qu’il s’éleve jufqu’à la bouche, des parties volatiles de la matiere vermineufe centefñue dans l'efto- mag & dans le duodenum , lef- quelles communiquent à l’haleine une odeur aigre , il eft facile de concevoir que ces mêmes parti- cules qui font très-falines & très- piquantes , venant, à mefure qu’el- Îes fortent par l’œfophage, à fe me- Jer avec l'air , & à être portées dans: les conduits du nez, doivent péné- trer jufqu’à l'extrémité de cet orga- ne , & le picoter d’une maniere: trés-Vive. , Quant aux fignes particuliers lg font difiérens {elon les efpéces des: 384 De la Génération Vers. Les fignes des Vers longs & rondsfont des tenfions de ventre, accompagnées de bruit & de dou- leur , une érofion des inteftins, des. hoquets , un fommeil palpitant , des reveils en furfaut fans aucune. occafion extérieure , ces mêmes re- veils accompagnés quelquefois de cris , & fuivis d’un prompt retour de fommeil , un pouls inégal, des- fiévres intermittentes , lefquelles- ont quelquefois trois & quatre ac- cés fans aucune régle, des yeux ca- ves , & quelquefois rouges , des: joues tantôt rouges & tantôt livi- des.. Quelques-uns ont les yeuxsde: couleur de fang, le pouls inégal & recurrent , quelquefois ceux qui ont des Vers ronds manquent d’ap- peut, & s'ils ont mangé quelque chofe, le vomiflent ; ils ont des fiévres accompagnées de froid aux extrémités du corps. Tous ces fignes. ne fe rencontrent pas enfemble , mais on trouve tantôt les uns &z tan- - tôt les autres, Les fignes des Afcarides font une- demangéaifon continuelle dans le fondement , laquelle caufe quel- quefois- des Vers. 385$ quefois des défaillances & des fyn- copes : demangeaifon qui vient du mouvement de ces Vers, lefquels ne font que fourmiller , & du fen- timent vif de la partie où ils fe tiennent ; car il ne faut pas croire avec Mercurial, & quelques au- tres Auteurs , que les gros inteftins n’ayent qu'un fentiment groflier ; les tourmens de la colique, qui fe font fentir dans le colon, & les douleurs caufées à l'anus par des vents enfermés , font une trop bon- ne preuve du contraire. Signes du Tama. Avant que de venir aux fignes de ce Ver, il faut remarquer que les portions de Tænia que rendent ceux qui ont cet Infeéte, & que: nous avons remarqué plus haut être en forme de graines de citrouille , ou de concombre , ne font ainfi faites que lorfque le Tænia qu'ils ont , eft de la premiere efpéce 5 mais que quand il eft de la feconde, c'eft-i-dire , de l'efpéce à épine, clles n’ont point cette figure de Tome I. K 386 De la Génération graines de citrouille , ou cucurbite, puifque ce n’eft point celle qu’elles ont quand elles tiennent au corps du Ver; mais on y doit voir au milieu, une petite élévation com- pofée de ces petits grains raboteux dont nous avons parlé ; enforte qu'à cette marque on peut connoitre l’efpéce de Tænia qui eft dans le corps du Malade. Hippocrate n’a point connu d’au- tre efpéce de Tænia , que la pre- micre; puifqu'il dit que ceux qui ont ce Ver, rendent dé temps en temps dans leurs déjcétions , de pe- tites portions faites en forme de graines de citrouille ou de con- combre , & que ces portions: font des morceaux qui fe détachent du corps du Ver : car les portions qui compofent le Tænia à épine , ne font nullement de cette figure. Cela pofé , venons aux fignes du Tænia, tels qu'Hippocrate les à remarqués. Les fignes du Tænia ou Solitaire , font felon Hippocrate, 1°. des portions en forme de grai- nes de citrouille ou‘de concombre, lefquelles paroiflent dans les déje- des Vers. 387 étions. 2°. Des douleurs que le malade , quand il eft à jeun, reflent de temps en temps à la région du foie , où le Ver fe porte alors avec impétuofité. 3°. Une furabondance de falive , qui, lorfqu'il fe glifle vers lefoie, inonde la bouche ; ce qui néanmoins n'arrive pas toù- jours. 4°. Uneinterruption de voix, caufée par l'effort avec lequel il s’'élance quelquefois vers ce vifcé- re, & laquelle elt accompagnée de crachemens , qui peu après, fe fuppriment d'eux-mêmes, & font fuivis de fréquentes trenchces. s°. Des douleurs qui furviennent de temps à autredans là région du dos , eu il fe cantonne. Tels font les fignes ordinaires du Ver plat. Du refte il ne caufe aucun funeite accident , & il ne fait point mourir ; mais fi l’on vient à tomber malade, tandis qu'il eft: dans le corps, on ne peut fe réta- blir qu'avec une extrême peine ; parce qu’il dévore une bonne par- tie des fucsnourriciers. Cependant, pourvu que l’on foit traité avec les: semedes & la méthode convena-- Kki 388 De la Génération bles, l'on guérit, & le Ver aban- donne fa demeure. Mais filon ne sy prend comme il faut pour le chafler , il vieillit avec: fon Hôte. Hipp. Liv. IV. des Maladies. Nous obferverons fur ces paro- les d'Hippocrate, que quelques Au- teurs anciens, comme Ætius , Paul Eginette, & quelques Modernes, tels entre autres, qu'Edouard T y- {on , ajoûtent aux fignes du Ver plat mentionnés dans ce paflage d'Hippocrate, la maigreur du corps, mais ils fe trompent. Ceux qui ont ce Ver plat, autrement dit Tænia, ou Ruban, & que jappelle Solitaire , {ont , les uns gras, les autres mai- gres. M. de la Solaye, d’une con- ftitution fort replette , lequel a ren- du le Tænia de la page 198. & ce- lui de la page 200. étoit tout auñfi gras & tout aufli réplet quand il Ya rendu. M. Bénard Marchand de Melun, qui a rendu celui dont je parle Chapitre III. Article IL vers h fin, étoit un des hommes les plus gras & les plus réplets. Mlle. Boileau , qui a été délivrée de celui que j'ai marqué dans [a page 204. des Vers. _ 3897 avoit de l'embonpoint. Le fieur Jacques Frequet , qui a rendu celui , de la page 1v. de la Préface, n’é- toit ni gras ni maigre. M. Coque- ret , Gentilhomme de M. le Prince Soubize , dont j'ai parlé page 258. du Chap. INT. Art. IL. & quien a rendu un grand nombre d’aulnes, étoit maigre & pâle. M. le Mar- quis de Montendre, à qui en 1703. j'en ai fait rendre un de deux aul- nes en deux morceaux ,.au dernier defquels étoit la tête, m'étoit ni gras ni maigre. Nous paflons plu- fieurs autres exemples, dont le dé- tail feroit trop long ; & nous con- cluons, fondés en cela fur l’expé- rience, qu'il n’y a point de regle certaine à établir là-deflus. A la vérité, ce Ver confume une grande partie de chyle, & il en eft fi plein en fortant du corps , que fi peu après on le met dans de l’eau-de- vie, il rend alors une quantité ex- traordinaire de chyle, qui fe préci- pite au fond du vale, où il reffem- ble à du lait: Mais il y à des per- fonnes. dont le corps abonde fi fort -en chyle: ou fuc nourricier , qu'ils K k ii - 390 De l4 Generation en ont encore plus qu'il n’en faut; & pour eux & pour le Ver , enforte qu'ils ne maigrifient pas: On peut dire la même chofe de eeux d’en- tre les Poiflons qui ont des Vers plats. La plüpart de ces Poiflons, ont aufli gras & aufli nourris que les autres : (4) & Leuwenhoeck par- le d’un Rhombus , qui ayant dans le corps un grand Ver , ainfi qu’on le reconnut aprés avoir ouvert le Poif- {on , étoit fort gras & fort beau. I n’en eft pas de même des Carpes , nommées en latin, Cyprim. Celles qui ontce Ver fontfi maigres , que certains Pécheurs connoïffent à cet- te maigreur , qu’elles ont le Veren queftion. _ Mais pour revenir à ces petites portions faites en forme de graines de citrouille ou de concombre, on peut voir CE que nous en avons déja dit Chap. HI. Art. IE mais nous remarquerons ici que non- feulement Hippocrate à parlé de ce figne, comme d’un figne certain du Ver dontils'agit, mais qu’Ari- fote fait la même chofe dans fon. (Ça) Arc. ratur, dei, Epif. 18, des P'ers, 395 Hiftoire des Animaux , Zi. V. Cap. 19. Au refte ces petits. corps blancs faits en forme de graines de ci- trouille , font des portions qui fe détachent du Tænia de la premiere efpéce , comme nous l'avons dit & redit plus haut. Ainfi quand elles paroiflent dans les fciles d'un Ma- lade , il n’y à pas à douter que ce Malade n'ait dans fon corps , le Tæ- nia. M. Gandolphe , Médecin de la Marine à Dunkerque , a envoyé en 1709. à FAcadémie Royale des Sciences, une petite Differtation fur le Tænia, dans laquelle il dit qu'il ne croit pas ce figne encore bien certain ; & qu'il défireroit qu’on obfervât plus exa@tement ces fortes. de petits corps blancs, pour voir $ ce font des Vers, s'ils font vi- vans, ou S'ils Pont cté; & enfin f; c'eft quelque chofe de différent du Tænia. | L’éclairciffement qu'a demandé R-deflus , M. Gandolphe , eft chofe faite. J'ai, examiné ces portions long-temps avant fa Difertations ÿen ai vu. une infinité de vivantes. 392 De l4 Génération Ce font des détachés du grand Ver; & quand on en rend, c’eft un figne infaillible qu'on a le Solitaire. Je: renvoye la-deflus à ce que j'ai dit plus haut, Chap. II. Art. IL. au commencement. ; Voilà quels font les fignes du So-- litaire ; fignes expreflément mar- qués par Hippocrate dans le qua- triéme Livre des Maladies. Cet: Auteur prétend que la douleur que: Fon fent à jeun, dans le foie , quand’ on a ce Ver, vient de ceque le Ver: va dans ce vifcére, ce qui parôit aflez vraifemblable , fi Fon fait ré- fléxion à la finefle du col de cet In- feéte , à la petitefle de fa tête , & à. h fituation du conduit qui dans: Fhomme porte aux inteftins la bile: du foie; car ileft facile de com- prendre que lorfque l'on eft à jeun. ce Ver ne trouvant plus de chyle: dans l'eftomac , peut retirer fatète- de cetendroit, pour chercher ail-- leurs de Ïa nourriture , & que la: retirant dans le duodenum qui eft: aufli-tôt aprés le pylon, & où il trouve l'ouverture du conduit qui vient du foie; ilpeut bien auf s’in- des Vers. 393 finuer dans cette ouverture , & a} ler de-là jufques au foie , fans qu'il en foit empêché par la valvule que Mrs Higmorre & Marchette, difenc être à ce conduit au-dedans du duodenum ; parce qu’en cas que cette valvule y foit, ce Ver a la tête afez menue , & le col affez dé- lié, pour pouvoir fe slifler fous cette valvule. Il n'y a qu'une diff- culté à cela, qui eft que le fiel du foie femble devoir empécher les Vers de venir jufqu'à. ce vifcére ; mais la faim où nous fuppofons celui-ci , qui ne trouve point de nourriture , fournit aifément la ré- ponfe à l’objcétion. Ce que je dis des Vers affamés n'eft point fans exemple , & en 1572. le fils du fa- meux Wierus difléquant le corps d’une fille morte d’hydropifie, y. trouva deux Vers longs d’un pal- me , dont l’un occupoit tout le méat chalidoque , qui va du foie dans le duodenum ; & l’autre toute la partie gibbe du foie ,( 4) ou ces Vers étoient montés, fans doute, . | (a) Joann, Wier, de Praflig, Dæmon. Eib. 1. - Cap. 16, 394 De la Génération ù dit Wierus , faute d’aliment. J'ai dit plus haut, que le Pays étoit fouvent un indice qui pouvoit mar- quer en général, sil y avoit des Vers dans le corps. J'ajoûte que c’eft fouvent aufli un figne particu- lier pour les différentes efpéces de Vers; car fi certains Pays font plus: fujets aux Vers que d’autres, il en eft auffi qui font plus fujets à tels & tels Vers; comme les uns aux Afcarides , les autres aux Strongles,, c'eft-à-dire , aux Vers longs & ronds ; les autres aux Vers plats. (4) Et fides Vers des inteftins , nous: voulons pafler à ceux qui s'engen- drent dans d’autres parties du corps, nous verrons qu'il y a des Nations: fujettes à des Vers particuliers, qui ne fe voyent point ailleurs. Les. Américains , par exemple , font fu- jets à ces Versnommés Zows , dont J'ai parlé au Chapitre troifiéme ; & les Africains à des Vers qui leur ‘viennent ordinairement aux cuifles & aux jambes, dont quelques-uns font longs d'une aulne, d’autres .. (a) Ceux-là font communs en Hollande. Voyez” B Lettre de M, Hartfocker, à la fin de ce Traité, des V'ers. 395 de deux, & quelquefois de trois. Nous en avons parlé au même Cha- pitre. : Pour revenir au Solium , ou Tenia, que je nomme Solitaire, je ne {ça- che point d’autres fignes auxquels on puifle conjeéturer qu'il eft dans le corps , que ceux que j'ai rappor- tés. Ce Ver a cela de particulier , qu'étant engendré dés le ventre de la mere dans ceux qui Font, il eft impofñible de nous en garantir ; mais nous pouvons quelquefois nous garantir des autres, parce qu'ils ne fe produifent pas toüjours en nous avant notre naiflance. Nous en allons marquer les moyens. Fin du Tome premier. fre W CA CRE AT cu à à & CR x 4 |A: UNIVERSITY OF ILLINOIS-URBANA 616.961AN2D1741 C002 VO01 : S VERS DANS LE CORPS Tr 3 0112 pus 22 A re -É