ty nF MERE Led Sed CBS MN Se bid 3. DE L’ESPECE ET DE LA CLASSIFICATION EN ZOOLOGIE DE L'ESPÈCE DE LA CLASSIFICATION EN ZOOLOGHE PAR L. AGASSIZ Traduction de l'anglais Par FÉLIX VOGELI ÉDITION REVUE ET AUGMENTÉE PAR L'AUTEUR PARIS GERMER BAILLIERE, LIBRAIRE-EDITEUR Rue de I’Ecole-de-Médecine, 17. New-York Londres Baillière brothers, 440, Broadway. Hipp. Baillière, 349, Regent street. | MADRID, C. BAILLY-BAILLIÈRE, PLAZA DE TOPBTE, 46. 4869 Tous droits réservés \ bu 151 975 s) Yy y (4 La ur we AVERTISSEMENT DE L’EDITEUR. Le contenu de ce volume fut d’abord publié comme Introduction à un ouvrage de longue haleine, les Contri- butions to the Natural History of the United-States, dont la première partie parut, à Boston, en 1857. Plus tard, et sous le titre de Æssay on Classification, il en fut fait à Londres une réimpression, et l’auteur se borna à y ajouter un chapitre, celui des Catégories d'analogie. Dans une courte préface, il informait le lecteur de ces circonstances et le priait de ne point perdre de vue que son livre avait — été écrit en Amérique et pour les Américains : _ «Le public de ce pays, disait-il, n’est pas le même que le public d'Europe, Il n’y a point, aux États-Unis, une classe de lettrés séparée et distincte du reste de la nation. Au contraire, le désir de l'instruction y est si général que je dois m’attendre à être lu par des ouvriers, par des pêcheurs, par des laboureurs, autant que par des étudiants ou des naturalistes de profession. Le langage scientifique doit donc y revêtir une forme accessible à tous. » En changeant d’idiome, la forme de l’£ssai n’a point AVERTISSEMENT DE L’EDITEUR. été modifiée. Toutefois cette traduction diffère de l’ori- ginal en ce sens que l’ouvrage, revu par l’auteur, a reçu d'importantes additions. C’est du reste ce que M. Agassiz a cru devoir constater lui-même par la déclaration sui- vante : « Tot après mon retour de Rio de Janeiro aux Etats— Unis, M. Vogeli, dont j'avais fait la connaissance au Brésil, m'a communiqué la traduction qu'il avait faite de mon Essai sur la classification. Nous avons lu ensemble cet ouvrage, et l'impression que j'en ai reçue, à la distance où j'étais de sa première publication, m'a engagé à y faire de nombreuses retouches et à y ajouter trois chapitres nouveaux. L'édition française que j'offre aujourd’hui au public est donc plus complète que celles faites aux États- Unis en 4857, et en Angleterre en 4859, sans que, au fond, aucun changement ait été apporté aux idées dont ce livre est l’expression. » DE L’ESPECE ET DES CLASSIFICATIONS CHAPITRE PREMIER. DES RAPPORTS FONDAMENTAUX QUE LES ANIMAUX ONT ENTRE EUX ET AVEC LE MONDE AMBIANT, CONSIDERES COMME BASES DU SYSTEME NATUREL DE ZOOLOGIE, Les traits principaux du système zoologique naturel sont tous fondés dans la nature. | Les classifications modernes des animaux et des plantes «sont basées sur les particularités de leur structure. La struc- ture, voilà, de l’avis général, le guide le plus fidèle, sinon le seul sûr, auquel puisse s’abandonner quiconque tente de … déterminer les rapports naturels existant entre les animaux. Cette manière de voir me semble toutefois avoir pour résultat … de circonscrire dans des limites trop étroites les bases du … système naturel de la Zoologie ou de la Botanique. Elle exclut … de nos considérations quelques-uns des caractères les plus frappants des deux règnes organiques, et laisse en doute à quel point l’arrangement ainsi obtenu est fondé en réalité, ou n’est que la simple expression de l'importance accordée par nous aux différences de structure. Voila pourquoi il m'a paru opportun de faire ici, comme introduction à l’em- _bryologie des Chéloniens (1), un des types de Vertébrés les plus extraordinaires, un court exposé des faits fondamen- taux du règne animal. Jaurai ainsi occasion d’établir un (4) L’Essai sur la classification (titre primitif de ce livre) a d’abord paru, - sous forme d’introduction, dans un ouvrage consacré à l'Histoire naturelle des … Toriues de l'Amérique du Nord. (N. T.) | AGASSIZ. 1 2 DE L’ESPECE. terme de comparaison eritre les changements que subissent les animaux durant l’accroissement et les caractères dé- finitifs d'individus adultes d’un autre type. Peut-être par- viendrai-je de cette manière à faire voir quels sont, en dehors de la structure, les autres traits généraux dont il y aurait avantage à tenir compte pour déterminer exactement les nombreux rapports existant, soit d’animal à animal, soit entre les animaux et le monde ambiant, sur lesquels le sys- tème naturel doit être fondé. Mais je ne saurais traiter de ces questions sans être amené 4 discuter quelqués-uns des problèmes auxquels donne lieu l’origine des êtres organisés, et force me sera de toucher à certains points sur lesquels les savants ne se sont pas encore mis d'accord. Toutefois j'éviterai la controverse autant que possible. Je veux simplement essayer de faire connaître les résultats de mes propres études, de mes méditations particu- lières, aussi clairement que je le puis dans le court espace qu’il m'est permis de consäcret 4 ce sujet dans cet ouvrage. Il n’y a pas, en histoire naturelle, de question sur laquelle on ait entretenu des opinions plus diverses que sur celle dé la classification. Ce n’est pas que les naturalistes ne soient d'accord sur la nécessité d’un arrangement quelconque . pour la description des plantes ét des animaux. Du premier jour où la nature est devenue l’objet d’études spéciales, le but universel de tous les naturalistes a été de ranger les objets de leurs investigations dans l’ordre le plus naturel pos- sible. Buffon lui-méme, après avoir, aux premiers volumes de sa grande Histoire naturelle, nié qu’il existât dans la nature rien qui ressemble à un système, terminait son otivrage en groupant les oiseaux suivant certains caractères généraüt | offerts en commun par plusieurs de ces étres. A la Vérité, les auteurs ne s’entendent pas sur le degré d'importance. propre aux caractères qui sont la basé de leurs arrangements. | A la vérité encore, tous n’envisagént pas ces arrangements - du même point de vue. Les uns reconnaissent pleinement le ~ _ caractère artificiel de leurs systèmes; les autres soutiennent, | au contraire, que les leurs sont l’exacte expression des rap: | Se ee ee ee ee Ÿ SYSTEME ZOOLOGIQUE NATUREL. 3 ports établis par la nature entre les objets eux-mémes. Mais, que les systèmes aient été présentés comme naturels ou artifi- ciels, on les a constamment considérés jusqu’à ce jour comme exprimant l’idée que l’homme se fait des choses de la nature, "et non comme un plan conçu par l'intelligence suprême et manifesté dans les choses (1). Il n’y a, dans ces innombrables systèmes, qu’un seul point sur lequel tous semblent s’accorder : c’est l’existence dans la nature d'espèces distinctes persistant avec toutes leurs particu- larités. Du moins il en a été longtemps ainsi ; mais l'immutabi- lité des espèces a été elle-même mise en question (2). Au delà de l'espèce, la foi dans la réalité des divisions généralement admises par les créateurs de systèmes diminue grandement. Ainsi, pour les genres, le nombre des naturalistes qui les admettent comme division naturelle est très-petit ; bien peu d'entre eux ont exprimé la croyance que les genres ont une existence aussi distincte que les espèces. Quant aux familles, aux ordres, aux classes, ou à toute autre division supérieure, on les regarde universellement comme d’utiles artifices ima- ginés pour rendre plus facile l'étude d objets innombrables en les groupant de la manière la plus commode. L’indilfé- rence avec laquelle cette partie de notre science est généra- lement traitée devient injustifiable quand on songe aux pro- grès que la Zoologie en général a faits dans ces derniers temps. Ce n’est pas chose sans importance que, dans nos trai- tés systématiques, les genres soient circonscrits dans telle ou telle limite, que les familles embrassent un groupe plus lâche (1) Les expressions si communément usitées quand il s’agit des genres, des espèces ou des grandes divisions de nos systèmes : M. A... a fait de telle espèce un genre; M. B... emploie telle ou telle espèce pour former son genre ; et celles que beaucoup de naturalistes se permettent quand ils parlent de leur ‘4 espèce, leur genre, leur famille, leur système, mettent pleinement en lumière cette conviction, que les groupes ainsi désignés sont la création propre dé celui qui parle. Or, si les idées que j’exprimerai plus loin sont fondées, cette préten- tion ne sé justifie qu’autant que ces groupes ne sont pas vrais dans la nature. (2) J. B. de Lamarck, Philosophie zoologique; Paris, 1809, 2 vol, in-8. 2° édit., 1830. — The Rev. Baden Powell, Essays on the spirit of the Indue- tive Philosophy, etc. London, 1855, 4 vol. in-8. — Cf. encore section xv, ci-après. h DE L’ESPECE. ou plus resserré de genres, que tel ordre soit ou non compris dans telle classe, que la classe finisse ici ou là, que les classes soient rapprochées les unes des autres d’une maniére quel- conque, et que tous ces groupes enfin soient considérés ou non comme ayant leur fondement dans la nature méme. Je ne veux pas me livrer ici à analyse des nombreux sys- témes zoologiques. Le trait saillant de ces systémes est suffi- samment sensible, pour l’objet que je me propose, dans ceux de Linné et de Cuvier, avec lesquels quiconque étudie Vhis- toire naturelle est nécessairement familier. Mais n’est-il pas indispensable de se demander si véritablement le règne ani- mal n'offre que les peu nombreuses subdivisions en ordres et genres indiquées par Linné, ou si en effet il y a, entre les classes même, les différences considérables que le système de Cuvier suppose? Faut-il croire qu'en définitive cette construction si compliquée de la classification est tout sim- plement une ingénieuse invention humaine que chacun peut refaire à son gré et à sa convenance ? Si l’on songe que tous les travaux d’histoire naturelle admettent un système quelconque ou quelque chose qui y ressemble, on convien- dra que le naturaliste digne de ce nom a le devoir de s'assurer de la valeur réelle de toutes ces divisions. L’embryologie, d’ailleurs, nous impose à chaque pas l’obli- gation de cette recherche. Il est impossible d’établir une comparaison exacte entre les différents états d’accroissement des jeunes d’un groupe supérieur et les caractères perma- nents des adultes d’un autre type, sans avoir, au préalable, déterminé la valeur des groupes auxquels on devra comparer l'embryon. Ce n’est donc pas sans raison que j'ai introduit, dans un ouvrage principalement consacré à l’embryologie, une question à laquelle j'ai voué durant plusieurs années l'attention la plus minutieuse, et pour l’éclaircissement de laquelle j'ai fait des recherches spéciales. i Avant d’aller plus loin, en effet, je veux soumettre un cas a la considération du lecteur. Supposons que les innombra- bles animaux articulés dont on connait des dizaines de mille, que dis-je, des centaines de mille, n’aient jamais paru sur la | i SYSTEME ZOOLOGIQUE NATUREL. 5 terre, à une seule exception près. Ainsi, notre Homard, par exemple (Homarus americanus), est le seul représentant de ce type si extraordinairement diversifié. A quel titre introdui- rons-nous cet animal d’une nouvelle sorte dans nos systèmes ? Sera-ce simplement comme un genre, ne comprenant qu'une seule espèce, que nous placerons à côté de toutes les autres classes composées d'ordres, de familles, etc. ; ou bien, en formerons-nous une famille avec un genre et une espèce, ou une classe avec un ordre et un genre, ou une classe avec une famille et un genre? Devrons-nous admettre à l’occasion de ce seul Homard, à côté des Vertébrés, des Mollusques, des Rayonnés, un type nouveau, celui des Articulés ; ou sera-t-il plus naturel de ne lui donner qu’un nom et de n’en fairequ’une espéce, au contraire de Ce qui a eu lieu pour tous les autres animaux? C’est la considération de ce cas supposé qui m’a conduit à faire ’examen dont l'exposé va suivre; il fournira, je l'espère, la solution définitive de ce problème en appa- rence insoluble. Le cas supposé, je dois d’avance le déclarer, ne pourra être complétement apprécié qu'après qu’on aura lu, dans le chapitre suivant, mes remarques sur les caractères des diffé- rentes sortes de groupes adoptées dans nos classifications. Tou- tefois il va de soi que notre Homard ne saurait être tel qu’il est sous nos yeux qu’à la condition d’être bâti sur le même plan de structure qu’il manifeste aujourd’hui; or, si je réussis à prouver qu'il y a entre la conception idéale d’un plan et la réelle exécution de ce plan une différence possible, sur la- quelle sont fondées les classes par opposition avec le type (ou embranchement) auquel elles appartiennent, nous pourrons arriver à distinguer le type d’avec la classe par l'étude appro- fondie de cet Articulé unique aussi bien que par celle de tous les Articulés. Nous pourrons donc reconnaître son type et dé- terminer les caractères de sa classe, aussi complétement que si le type comprenait plusieurs classes et chacune de celles-ci des milliers d'espèces. Puis, comme cet animal a une forme qu’il n’est pas possible de méconnaitre, si la forme peut être regardée comme caractéristique des familles, nous pourrons 6 DE L'ESPÈCE. déterminer sa famille. De plus, après l’ensemble de la struc- ture d’où dérivent les rapports fondamentaux de tous les sys- tèmes d’organes entre eux, dans leur naturel développement, notre étude peut porter sur les détails de cette structure dans chaque partie prise à part, et nous voilà amenés à reconnaître ce qui, partout, constitue les caractères du genre. Enfin, comme ce Homard a avec le monde ambiant des rapports définis, comme entre les individus vivant dans le même temps il y a des rapports définis, comme les parties du corps ont entre elles des proportions définies, comme la surface du corps exhibe une ornementation spéciale, les caractères de l'espèce peuvent être tracés aussi complétement que si un certain nombre d’autres espèces étaient là pour nous servir de terme de comparaison, et il est possible de représenter et de décrire ces caractères avec une certitude suffisante pour que nous distinguions 4 l'avenir cette espèce de toute série d’espèces postérieurement découvertes, quelque étroitement alliées que soient d’ailleurs ces nouvelles venues à la pre- miére. Dans ce cas donc, nous aurons à reconnaître un em- branchement distinct du règne animal, puis une classe, une famille, un genre, avant d'introduire une espèce à la place qui lui appartient dans le système des animaux. Mais la classe ‘n’aura pas d’ordres, pour peu que l’ordre marque un certain rang déterminé par la complication de la structure. Là, en effet, où il n’y a qu’un seul représentant du type, il n’y a pas lieu de se demander s’il est supérieur ou inférieur à d'autres dans les limites de la classe, et les ordres sont des groupes subordonnés l’un à l’autre dans une même classe. Ainsi, même dans ce cas, le problème du rang à assigner aux Arti- culés, comme type, parmi les autres grands embranchements du règne animal, s’imposerait à nos recherches. Seulement il se présenterait sous un aspect autre que celui qu’il nous offre aujourd’hui dans la réalité; en effet, la comparaison entre les Articulés et les autres types serait alors bornée au seul Homard, et nous serions conduits à un résultat tout différent de celui auquel nous permet d’atteindre l'existence, dans ce type, d’un nombre considérable de variations fort étendues SYSTÈME ZOOLOGIQUE NATUREL. EU et appartenant même à des classes diverses. De telles spécu- lations sont loin d’être oiseuses, Cela doit être évident pour tous ceux qui n’ignorent pas que, à chacune des périodes . dont se compose l’histoire de notre globe dans les temps géo- … logiques antérieurs, les rapports généraux entre les types _ du règne animal, les proportions numériques, l'importance _ relative de ces types, ont constamment changé jusqu’au jour - où les rapports actuellement existants ont été établis (4). Ainsi, les individus d’une espèce unique, observés pen- ’ P q P _ dant la vie, présentent simultanément des caractères qu’il … n’est possible d’exprimer tous, d’une manière satisfaisante . et conforme aux manifestations de la nature, qu’à la con- + dition d’instituer non-seulement une espèce distincte, mais encore un genre distinct, une famille distincte, une classe distincte, un embranchement distinct. Un tel fait n'est-il pas par lui-même la preuve que les genres, les familles, les ordres, les classes, les embranchements, ont, aussi bien que l'espèce, leur fondement dans la nature même, et que les individus qui vivent dans le même temps n’ont qu’une existence matérielle et sont seulement les sup- ports (substrata), d'une part, de toutes ces catégories di- verses de la structure sur lesquelles se fonde le systéme naturel de la Zoologie, et, d’autre part, de tous les rapports que les animaux entretiennent avec le monde ambiant? N’est-il pas la preuve, enfin, que, en dépit de la croyance (1) L’établissement d’une série de classifications zoologiques et botaniques, dont chacune présenterait le système naturel des types ayant eu une existence simultanée pendant plusieurs périodes successives, et la considération de ces types pris dans leur ensemble particulier, indépendamment de leurs rapports avec ceux des autres périodes, feraient clairement ressortir les relations di- verses qui ont existé à chaque époque entre les classes, les ordres, les familles, les genres même et les espèces. Alors apparaîtrait, de mahiére à nous impressionner vivement, l'importance d’une exacte détermination J rang à assigner à tous les animaux et à toutes les plantes. Ce n’est que par déduction que nous pouvons établir ce rang, même en étudiant ceux des ouvrages de paléontologie où les débris fossiles sont examinés au point de vue de leur association dans les diverses formations géologiques, Dans tous ces ouvrages, en effet, ces restes des anciens âges sont uniformément classés d’après un système basé sur l'étude des animaux actuels, et la combinaison particulière qu'ils formaient durant une période donnée nous frappe bien moins. 8 DE L’ESPECE. générale, l’espéce n’existe pas dans la nature d’une autre maniére que les groupes supérieurs ? Cette division en embranchements, classes, ordres, familles, genres et espéces, expression du résultat de nos recherches sur les rapports généraux du régne animal, pre- _, miére question qu’offrent à notre examen les systèmes «ww “scientifiques d'histoire naturelle, me semble digne d’exercer , de les méditations de tout homme qui pense. Ces coupes sont- xsi) welles naturelles ou artificielles ? Sont-elles une pure inven- ~~~" tion de l'esprit humain, cherchant à classer ét à disposer ses connaissances de manière à en embrasser plus aisément l’ensemble et à faciliter les recherches ultérieures; ou bien ont-elles été inslituées par l'Intelligence divine comme les catégories de sa pensée (1)? N’aurions-nous été, dans nos essais d’explication de la nature, que les interprètes in- , conscients d’une conception divine? Quand, orgueilleux ' philosophes, nous croyons inventer des systèmes scienti- fiques et classer la création par la seule force de notre raison, ne ferions-nous que suivre humblement, que repro- duire, à l’aide d’expressions imparfaites, le plan dont les fondements furent jetés à l’origine des choses? Sous l'effort incessant de nos pénibles études, est-ce seulement le déve- loppement de ce dessein original qui se découvre, alors que, accumulant et coordonnant nos fragments de connais- sances, nous nous imaginons mettre de l’ordre dans le chaos? Cet ordre est-il le laborieux produit de l’habileté et de l’ingéniosité humaines, ou bien est-il tellement inhérent aux objets eux-mémes, que le naturaliste soit, sans en avoir conscience, amené par l’étude du règne animal à établir-en définitive les grandes divisions sous lesquelles il range les animaux, et qui ne sont, dans la réalité, que les têtes de cha- pitres du grand livre qu’il s'efforce de déchiffrer? Pour moi, il _ (4) I ne faut pas perdre de vue qu’un système peut être naturel, c’est-à-dire d'accord, à tous égards, avec les phénomènes de la nature, tout en étant re- gardé par son auteur non comme la manifestation des pensées d’un Créateur, mais simplement comme l'expression d’un fait existant dans la nature n’im- porte comment, et que l’esprit humain parvient à définir et à représenter sous une forme systématique de sa propre invention, Em TT don né mn re M do es da his SYSTÈME ZOOLOGIQUE NATUREL, 9 me paraît incontestable que cet ordre, cet arrangement, fruit de nos études, sont basés sur les rapports naturels, sur les relations primitives de la vie animale; que ces systèmes, désignés par nous sous le nom des grands maîtres de la science qui, les premiers, les proposèrent, ne sont en vérité que la traduction dans la langue de l’homme des pensées du Créateur. Si vraiment il en est ainsi, cette faculté qu’a l'intelligence humaine de s’adapter aux faits de la création (1), et en vertu de laquelle elle parvient in- slinctivement, sans en avoir conscience, je le répète, à inter- préter les pensées de Dieu, n’est-elle pas la preuve la plus concluante de notre affinité avec le divin Esprit? Ce rapport spirituel et intellectuel avec la Toute-Puissance ne doit-il pas nous faire profondément réfléchir? S’il y a quelque vérité dans la croyance que l’homme a été fait à l’image de Dieu, rien n’est plus opportun pour le philosophe que de s’efforcer, par l'étude des opérations de son propre esprit, à se rapprocher des œuvres de la Raison divine! Qu'il ap- prenne, en pénétrant la nature de sa propre intelligence, à mieux comprendre l'intelligence infinie dont la sienne n’est qu'une émanation! Une semblable recommandation peut, à première vue, paraître irrespectueuse. Mais lequel est véritablement humble? Celui qui, après avoir pénétré les secrets de la création, les classe suivant une formule qu’il appelle orgueilleusement son système scientifique, ou celui qui, arrivé au même but, proclame sa glorieuse affinité avec le Créateur, et, plein d’une reconnaissance ineffable pour un don aussi sublime, s'efforce d’être l'interprète complet de l’Intelligence divine, avec laquelle il lui est permis, bien plus il lui est, de par les lois de son étre, ordonné d’entrer en communion? J'avoue que cette question de la nature et du fondement (1) L’esprit humain est à l’unisson de la nature, et bien des choses semblent le résultat des efforts de notre intelligence, qui sont seulement l'expression naturelle de cette harmonie préétablie. D’un autre côté, l’univers entier peut être considéré comme une école où l’homme apprend à connaître et lui-même et ses rapports tant avec les autres êtres qu'avec la cause première de tout ce qui est, 10 DE L'ESPÈCE. de nos classifications scientifiques a, à mes yeux, une su- préme importance, une importance de beaucoup supérieure à celle que l’on y attache ordinairement. S'il est une fois prouvé que l’homme n’a pas inventé, mais seulement repro- duit cet arrangement systématique de la nature; que ces rapports, ces proportions existant dans toutes les parties du monde ‘organique ont leur lien intellectuel et idéal dans l'esprit du Créateur ; que ce plan de création, devant lequel s’abime notre sagesse la plus haute, n’est pas issu de l’action nécessaire des lois physiques, mais a au contraire été li- brement conçu par l’Intelligence toute-puissante, et muri dans sa pensée avant d’être manifesté sous des formes exté- rieures tangibles ; si, enfin, il est démontré que la prémé- ditation a précédé l'acte de la création, nous en aurons fini, une fois pour toutes, avec les théories désolantes qui nous renvoient aux lois de la matière pour avoir l'explication de toutes les merveilles de l’univers, et, bannissant Dieu, nous laissent en présence de l’action monotone, invariable, de forces physiques assujettissant toutes choses à une inévi- table destinée (4). (4) Je ne fais allusion ici qu'aux doctrines des matérialistes. Je erois cepen- dant utile d’ajouter que certains physiciens, qu'on choquerait fort d’ailleurs en les prenant pour des matérialistes, ne sont pas loin de croire tout expliqué, par cela seul qu’ils ont reconnu les lois régulatrices du monde physique et proclamé que ces lois ont été établies par Dieu. Les phénomènes du monde inorgaz nique les préoccupent uniquement, comme si le monde ne contenait pas d’êtres vivants, et comme si ces êtres vivants, ne différaient en rien des êtres inorga- niques. Ces physiciens prennent pour un rapport de causalité le lien intellectuel qu’on observe entre les phénomènes d’une même série; ils ne veulent pas apercevoir une différence quelconque entre le désordre et l’action libre, indé- pendante, maîtresse d’elle-même, d’une intelligence supréme. Pour eux, l'al- lusion la plus légère à l’existence, chez les animaux, d’un principe immatériel qu’ils reconnaissent d’ailleurs dans l’homme, est mysticisme pur (Powell’s Essays, etc., pages 385, 466, 478). Je ferai remarquer encore que, en opposant Yun à l’autre les mots de création et de reproduction, je veux simplement exprimer la différence qu’il y a entre le cours régulier des phénomènes de la nature et l’établissement de cet ordre de choses, sans essayer d’expliquer ces deux faits. De quelque manière qu’ait été introduit sur la terre un ordre de choses quelconque y ayant persisté durant un certain temps. il est évident, en effet, que l'établissement de cet ordre de choses et son maintien durant une période détermisée sont deux faits fort différents, quoique fréquemment on puisse les regarder comme identiques. I] n’est pas moins évident que les lois capables d’expliquer les phénomènes du monde matériel, envisagé à part du Se ENE ONS ee oe tu ON ee Oe SES SYSTEME ZOOLOGIQUE NATUREL. 44 _ Or, je crois la Zoologie parvenue aujourd’hui à un degré d'avancement qui permet de tenter cette démonstration. _ En général, c’est de la conformité des moyens avec les fins qu’est tiré l'argument en preuve de l'existence de Dieu. « C'est sur cet argument que sont basés, par exemple, les _ Bridgewater Treatises (1). À mon avis, c’est là un moyen … insuffisant. On conçoit, en effet, trés-bien que l’action natu- - relle des objets les uns sur les autres se résolve en un - concours final de toutes choses, et produise ainsi un tout . harmonique. L’argument déduit du rapport entre l'organe et la fonction ne me satisfait pas davantage. D'ailleurs, au . delà d’une certaine limite il cesse d’être vrai. On trouve des organes qui n’ont pas de fonctions : telles sont les dents de monde organique, sont impuissantes à rendre compte de l’existence des êtres vivants, encore bien que ceux-ci aient un corps matériel, à moins qu’il ne soit positivement démontré que l’action de ces lois implique, de par leur nature même, la production d'êtres de cette espèce. Jusqu'ici les expériences de Cross sont les seules qu’on nous ait présentées comme donnant la preuve que cette production a lieu. Signore ce qu’en pensent les physiciens, mais je sais que pas un véritable zoologiste n’hésitera à voir dans ces expériences une méprise complète. Méme lorsque la vie s’approprie le monde physique ayec tous les phénomènes qui sont propres à celui-ci, elle montre encore quelque chose d’un ordre particulier et supérieur qui ne peut pas s’expliquer par des actions physiques, À la vérité, cette circonstance que la vie est profondément implantée au sein de la nature inorganique fait irrésistiblement naître la ten- . tation d'expliquer l’une par l’autre, mais on doit bien voir maintenant combien vaines ont été les tentatives faites dans ce but. (4) Traités « Bridgewater » sur la puissance, la sagesse et la bonté de Dieu manifestées dans la création : — Thomas Chalmers, The Adaptation of Exter- nal Nature to the Moral and Iniellectual Constitution of Man. Glasgow, 1839, 2 vol. in-8. — John Kidd, On the Adaptation of External Nature to the Physical Condition of Man, London, 1833, 4 vol. in-8. — Will Whewell, Astronomy and General Physics considered with Reference to Natural Theology. London, 1839, 4 vol. in-8. —Charles Bell, The Hand, its Mechanism and Vital Endowments, as evincing Design. London, 1833, 4 vol. in-8. — Peter Mark Roget, Anumal and Vegetable Physiology considered with Reference to Natural Theology. London, 1834, 2 vol. in-8, — Will Buckland, Geology and Minera- logy considered with Reference to Natural Theology. London, 1836, 2 vol. in-8; 4837, 2° édit, — Will Kirby, The Power, Wisdom and Goodness of God, as manifested in the Creation of Animals and in their History, Habits, — and Instincts. Loudon, 1835, 2 vol. in-8.— Will Prout, Chemistry, Meteorology and the Function of Digestion considered with Reference to Natural Theology. London, 1834, 4 vol. in-8. — Cf. encore Here. Strauss Durkheim, Théologie de la nature. Paris, 4852, 3 vol. in-8. — Hugh Miller, Footprints of the Crea- tor. Edinburgh, 1849, 4 vol. in-12. — C. Babbage, The Ninth Bridgewater Treatise, a Fragment. London, 1838, 4 vol. in-8, 2° édit, 42 DE L’ESPECE, la Baleine qui ne percent jamais les gencives, et les mamelles chez tous les males des Mammiféres. Ces organes et d’autres semblables n’ont été conservés que pour maintenir une cer- taine uniformité dans la structure fondamentale ; vrais par rapport à la formule originelle du groupe auquel appar- tiennent les animaux qui les possèdent, ils ne sont pas essentiels au mode d’existence de ces animaux. Leur pré- sence n’a pas pour but l’accomplissement de la fonction, mais l'observation d’un plan déterminé (1). Elle fait songer à telle disposition fréquente dans nos édifices, où Parchitecte, par exemple, reproduit extérieurement les mêmes combi- naisons en vue de la symétrie et de l'harmonie des propor- tions, mais sans aucun but pratique. Je proteste que mon intention n’est pas d'introduire dans cet ouvrage un argument étranger à mon sujet, ni d'avancer des conclusions qui n’en découleraient pas immédiatement. Mais je ne puis pas négliger et passer sous silence l’étroite connexion qu'il y a entre les faits établis par les recherches de la science et les discussions qui se sont récemment pro- duites sur l’origine des êtres organisés. De l’avis de certaines gens, je le sais, croire que la pensée n’est pas tant soit peu inhérente à la matière n’est pas d’un savant; pour eux, il “n’y a pas de différence essentielle entre les êtres inorgani- ques et les êtres qui vivent et qui pensent. Mais ces préten- tions d’une fausse philosophie ne m’empécheront pas d’expri- mer la conviction où je suis que, jusqu’à ce qu’on parvienne à prouver que la matière ou les forces physiques peuvent véritablement raisonner, force nous est de considérer toute manifestation de la pensée comme témoignant de lexis- tence d’un être pensant, auteur de cette pensée ; force nous est de regarder toute liaison intelligente et intelligible entre les phénomènes comme une preuve directe de lexistence (1) L'unité de structure des membres chez les animaux à sabot et les Pinni- pèdes, dont les doigts ne se meuvent jamais, et chez les animaux où ces organes ont les articulations les plus parfaites et les mouvements les plus libres, en est la preuve évidente. SYSTÈME ZOOLOGIQUE NATUREL. 43 d'un Dieu qui pense (1), aussi sûrement que l’homme ma- nifeste la faculté de penser quand il reconnaît cette liaison Eorelle des choses. ‘ Je ne veux pas écrire un traité didactique; je n’entrerai “done dans le détail des faits relatifs aux différents objets que je soumets à la considération du lecteur qu’autant que cela sera nécessaire à la discussion. Je n’insisterai pas non plus bien longuement sur les conclusions qui en résultent. Je ne ferai que rappeler les principaux faits qui témoignent en : faveur de ma thèse, et je supposerai, dans le cours de mon argümentation, le lecteur familier avec toute la série de données sur laquelle elle s'appuie ; soit qu’il s'agisse des pure ou de la structure anatomique des animaux, de - leurs mœurs ou de leur distribution géographique, soit que : je traite de l’embryologie ou de la succession des êtres - animés à travers les âges géologiques antérieurs, ou encore des particularités que ces êtres ont présentées à chaque . époque (2). A mon avis, les faits isolés et sans connexion A A ek BAN ce e 5. a (1) Je sais bien que les savants les plus éminents regardent la tâche de la | science comme terminée dès que les rapports les plus généraux existant entre les phénoménes ont été établis. A quelques-uns la recherche de la cause pre- mière de notre existence semble chimérique, le but dépassant le pouvoir de l’homme; tout au moins appartiendrait-elle à la philosophie et non à la phy- sique. Pour d’autres, le nom de Dieu n’est pas à sa place dans un ouvrage scientifique ; comme si la connaissance des causes secondes constituait seule un objet digne de leurs investigations, et comme si la nature ne pouvait rien révéler de son auteur. D’autres encore ont bien, à la vérité, la conviction que le monde a été appelé à l'existence et est gouverné par un Dieu intelli- gent, mais cette conviction ils n’osent pas l’exprimer : ceux-ci, de peur qu’on ne suppose qu'ils partagent les préjugés du clergé ou des sectes ; ceux-là, parce qu’il peut être dangereux pour eux de discuter librement de telles ques- tions, sans s’astreindre en même temps à prendre l'Ancien Testament comme règle de la validité de leurs conclusions. La science cependant ne peut prospérer que lorsqu'elle se renferme dans sa sphère légitime, et rien ne peut nuire da- vantage à sa dignité que des discussions pareilles à celles qui ont eu lieu à Güttingen, au dernier congrès de l'Association allemande des naturalistes (*}, et à celles qui depuis lors se sont produites dans certains pamphlets où la bigo- terie rivalise avec les personnalités et les invectives. (2) Un grand nombre de questions qui n’ont été que peu étudiées jusqu'ici par la plupart des naturalistes, mais auxquelles j’ai depuis longues années consacré une attention particulière, sont présentées ici sous une forme aphoris- (*) Écrit en 4857, (N. T.) 4h DE L’ESPECE. sont de peu de valeur quand on contemple le plan d’ensemble de la création ; et si l’on n’envisage pas dans leur ensemble tous les faits fournis par l’étude des mœurs des animaux, de leur anatomie, de leur embryologie, de leur histoire aux anciens âges du globe, il est impossible d’arriver à la con- naissance du système naturel de la zoologie. Examinons donc quelques-uns de ces points d’une façon plus particulière. I] Les types les plus diversifiés existent simultanément dans des conditions identiques. Il est un fait entiérement négligé, ce me semble, par ceux qui admettent que l’action des causes physiques a pu aller jusqu'à faire naître les êtres organisés : c’est que partout on trouve les types d’animaux et de plantes les plus divers dans des circonstances identiques. La plus petite nappe d’eau douce, une parcelle de la plage marine, le moindre coin de terre, contiennent une certaine variété d’animaux et de plantes. Plus les limites qui peuvent être assignées à l'habitat primitif de ces êtres divers sont resserrées, plus nécessairement les conditions sous lesquelles ils sont supposés s'être produits et organisés sont uniformes. Or, d’une telle tique et comme des résultats bien établis par des recherches approfondies. Ces recherches n’ont pas été publiées, mais la plupart d’entre elles seront exposées complétement dans d’autres ouvrages (*), ou l’ont été dans un livré spécial sur lé plan de la création (voy. L. Agassiz, On the Difference between Progres- sive, Embryonic, and Prophetic Types in the Succession of organized Beings, Proceed. 2d meeting Amer. Assoc. for the Advancement of Science, held at Cambridge in 1849. Boston, 1850, 4 vol. in-8, p. 432). D'ailleurs je rerivoie, dans des notes placées au bas des pages, aux ouvrages contenant les matériaux dès aujourd’hui susceptibles de servir à l’élucidation de mon sujet, alors méme que ces matériaux y sont présentés sous un jour différent. Seule- ment on me pardonnera d’ajouter que, dans ces renvois, il ne me sera pas pos- sible dé citer tous les auteurs qui ont écrit sur les différents points en considé- ration ; je ne mentionnerai donc que-les plus éminents et les plus instructifs. Je renverrai parfois aux traités élémentaires qui résument les faits, et parfois aussi aux mémoires originaux. (*) Voy. Contributions to the Nat. History of the United States par L, Agassiz, Boston, 4857 et suiv., in-4. Quatre volumes ont paru. TYPES DIVERS DANS DES CONDITIONS IDENTIQUES. 15 » uniformité, il faudrait conclure que les mémes causes phy- _ siques ont pu produire les effets les plus variés (4) ! Que si, _ aucontraire, on accordait que ces organismes ont pu faire leur » apparition première sur une vaste surface, on reconnaitrait | par cela même que les influences physiques sous lesquelles ils ont existé, à l’origine, n’avaient rien d’assez spécifique pour justifier la supposition qu’elles ont été la cause de cette apparition. De quelque manière donc qu’on envisage la pre- mière apparition sur la terre des êtres organisés, soit qu’on suppose qu’ils aient pris origine sur la plus petite surface, soit qu'on admette qu’ils se sont montrés, dès le principe, aux plus extrêmes limites des circonscriptions géographiques naturellement occupées par eux dé nos jours, comme par- tout les animaux et les plantes présentent la diversité la (4) Pour apprécier toute la valeur dé cette objection, il suffit de se rappeler combien complexes et en même temps combien localisées sont les conditions sous lesquelles les animaux se multiplient. L’Œuf prend naissancé dans un organe spécial, l'ovaire ; il y acquiert un certain degré d’accroissement ; après quoi, pour détérmirier le développement ultérieur du germe, la fécondation devient nécéssaire, c’est-à-dire l'influence d’un autre être vivant, ou tout au moins célle du produit d’un autre organe, le Spermairé. A son tour, le germe traverse successivement, dans des conditions très-divérsés pour des espèces différentes, des phases nombreuses avant de se transformer en un nouvel être parfait: Je le demande alors : ést-il probable que les circonstances au sein desquelles animaux et plantés ont été origitiairement produits, fussent beau- coup plus simples où mêmé aussi simples que celles nécéssaires à la seule reproduction des êtres déjà créés ? Avant que les êtres animés parussent, il avait dû être pourvu aux conditions qu’exige leur développement, et si, comme je le crois, ils ont été créés à l’état d’œuf, ces conditions étaient conformes à celles que réclament actuellement, à ce même état, les représentants vivants dés types “produits à l’origine, Si l'on suppose que les êtres organisés ont été mis au monde à un degré de vie plus avaticé, la difficulté devient plus grande encore. Il ne faut qu'un instant de réflexion pour $’en convaincre, pour peu surtout qu’on se souvienne du quelle structure compliquée étaient doués quelques-uns des animaux connus pour avoir été ati nombre des premiers habitants du globe. Quand on étudie ce problème de l'apparition première des animaux et des plantes, il est très-important de ne tenir compté que des probabilités ou même, plus simplement encore, des possibilités ; or, pour ce qui est des premiers- nés au moins, la doctrine de la transmutation ne fournit aucune explication de leur existence. ; Pour chacune des espèces ayant fait partie de la premiére faune ou de la première flore qui ont existé sur la terre, il a dû, par conséquent, être pourvu aux rapports spéciaux, aux dispositions Spéciales. Ce qui edt alors convenu pour l’une aurait été impropre à l’autre, si bien que, l'existence de la première excluant celle de la seconde, elles ne peuvent pas avoir pris origine sur le même point; et, sur une surface plus étendue, les agents physiques ont un 16 DE L'ESPÈCE. plus extraordinairement étendue, il est bien évident que les agents physiques au milieu desquels ils subsistent ne peuvent pas logiquement étre regardés comme la cause de cette variété. A ce point de vue comme à tout autre, quand nous considérons quelles sont les relations que les animaux et les plantes entretiennent, soit entre eux, soit avec les circon- stances au milieu desquelles ils vivent, nous sommes inévi- tablement conduits à chercher au delà des faits matériels l'explication de leur existence. Ceux qui ont envisagé ce sujet différemment ont pris l’action et la réaction qui par- tout existent entre les êtres organisés et les influences phy- siques au sein desquelles (4) ils vivent pour un rapport génésique ou de causalité. Ils ont même poussé l'erreur mode d’action trop uniforme pour avoir pu fonder des différences spécifiques aussi nombreuses que celles qui ont existé parmi les premiers habitants de notre globe. Le terme de nos recherches, quant à la reproduction et à la multiplication des animaux, c’est l’œuf incontestablement. Nous savons que jamais il ne se forme d’œuf librement, mais que ce point de départ de tout être nouveau est le produit d’un organisme spécial ; c’est-à-dire qu’il suppose l'existence d’un parent. Notre science ne va pas au delà. C’est seulement dans les limites ainsi posées que nous pouvons discuter la question de reproduction. Pour ce qui est du mode d’origine des êtres organisés lors de leur apparition première, il est évident que la science ne nous fournit encore aucune donnée précise, et si je me suis aventuré à dire que le point de départ le plus simple me paraissait être l'œuf, c’est par analogie avec ce qui a lieu lors de la reproduction. Il semble, en effet, naturel que la condition préalable nécessaire à la reproduction d’un nouvel être soit envisagée comme une des conditions préalables nécessaires à sa première apparition; et lorsque nous voyons tous les nouveaux êtres orga- nisés appartenant à des types existants commencer par un œuf, il semble légi- time de supposer aussi que l'œuf a été le point de départ de l’espèce à son origine. S’il est incontestable que, pour la reproduction, un parent soit néces- saire à la production d’un œuf, jusqu'à ce qu’il ait été démontré que l’être pri- mitif s’est formé autrement, je ne puis m'empêcher de m’arrêter, dans l’état actuel de nos connaissances, à l’idée d’un œuf primitif ayant pour parent un acte de création. Ainsi voilà le cas le plus simple auquel nous puissions être conduits, si nous nous en tenons scrupuleusement à l’étude des faits ! Or, même ce cas le plus simple est fort complexe ; il a des dépendances nombreuses et étendues dont il nous est impossible de concevoir qu’il soit isolé, Notre perplexité et notre em- barras demeurent donc les mêmes. Que serait-ce si nous admettions, comme le font certaines théories, des conditions bien plus nombreuses et bien plus compliquées, des dépendances multiples, des agents inharmoniques, etc. ? Et cependant les auteurs de ces théories n’en sont pas le moins du monde embar- rassés. (1) Voyez plus loin, section xvi, À 3 k. 3 4 or 9 5 1 TYPES DIVERS DANS DES CONDITIONS IDENTIQUES. 17 assez loin pour affirmer que ces influences multiples pou- waient réellement aller jusqu'à produire des organismes vivants, sans s’apercevoir combien l'effet était hors de pro- portion avec la cause, et sans songer que l’action elle-même des agents physiques sur les êtres organisés suppose l’exis- tence préalable de ceux-ci (1). + Il y a eu, tous les géologues le reconnaissent (2), dans l'histoire de la terre, une certaine période à laquelle aucun animal n'existait encore, bien que, dans ce temps-là, la con- stitution matérielle de notre globe et les forces physiques … (1) Un examen critique de ce point dissipera en grande partie la confusion qui règne dans les discussions relatives à l’influence des causes physiques sur des êtres.organisés. Qu’il existe des rapports définis entre les animaux, les végétaux et les milieux dans lesquels ils vivent, aucun de ceux à qui les phé- -nomènes du monde organique sont connus n’en peut douter. Que ces milieux “et tous les agents physiques à l’œuvre dans la nature exercent une certaine “influence sur les êtres organisés, c’est tout aussi évident. Mais avant qu’une telle action pat avoir lieu et se faire sentir, il a fallu que les êtres organisés “existassent. Le problème posé renferme donc deux questions : 4° l’influence us agents physiques sur les animaux et les plantes déjà existant ; 2° l’origine de ces êtres. Quand on a reconnu l'influence de ces agents.sur les êtres or- “gaunisés aussi loin et aussi profondément qu’il est possible de la constater voyez sect. XV1), il reste toujours la question d’origine, sur laquelle nul débat, nulle observation n’a encore fait la lumière. Pour certaines personnes, les organismes ont spontanément pris naissance sous l’action immédiate des forces “physiques et se sont successivement et de plus en plus diversifiés, grâce aux “changements graduellement produits en eux par ces mêmes forces. Selon d’au- “tres, Dieu a institué, à l’origine des choses, les lois qui régissent la nature, met de l’activité de ces lois sont résultés les êtres vivants. Pour d’autres encore, “ces êtres doivent naissance à l'intervention immédiate d'un Créateur intelli- gent. Les paragraphes suivants ont pour objet de démontrer qu’il n’y a pas, dans la nature, de lois ou de forces connues des physiciens à l'influence et à l’action - desquelles puisse être rapportée l'origine des êtres organisés ; qu’au contraire, la véritable nature de ces êtres, leurs rapports, soit entre eux, soit avec le ‘monde ambiant, révèlent une pensée, et ne peuvent conséquemment être “attribués qu’à l’action immédiate d’un être pensant, bien que la manière dont ils ont été appelés à l’existence demeure, pour l’heure présente, un mystère. … (2) Un petit nombre de géologues seulement inclinent encore à croire que | les couches les plus inférieures où soient rencontrés les fossiles ne sont cepen- dant pas les dépôts le plus anciennement formés depuis l'apparition des êtres i is | organisés. Mais ceux-là même qui supposent qu'on pourra découvrir, au-des- sous de ces dépôts fossilifères, d’autres couches fossilifères plus anciennes, ou “qui croient à la destruction, par les agents plutoniques, des fossiles des ter- rains inférieurs (Powell’s Essays, etc., p. 424) ; ceux-là mème, dis-je, doivent reconnaître que, à la plus grande profondeur où les fossiles aient été trouvés, on -à rencontré des organismes extrêmement divers (voyez section vil). De plus, il y a entre les plus anciens fossiles découverts dans les différentes parties du globe AGASSIZ, 2 18 DE L’ESPECE. à l’action desquelles il est soumis fussent absolument les mêmes qu'aujourd'hui (1). Ce seul fait suffirait à prouver que les forces de la matière étaient impuissantes à produire au jour un être vivant quelconque. Les physiciens ont de ces forces une connaissance incon- testablement plus complète que les naturalistes qui rappor- tent aux agents physiques l’origine de l’organisation et de la vie. Eh bien, demandons aux physiciens si la nature de ces agents n’est pas spécifique, si leur mode d'action n’est pas spécifique ? Tous répondront par l’affirmative. Demandons. leur encore si, dans l’état actuel de nos connaissances, il es admissible que les forces physiques aient produit, à une époque quelconque, quelque chose qu’elles ne dussent pas produire plus longtemps, et s’il est probable que ce quelque chose ait été les êtres organisés? Ou je me trompe fort, ou les maîtres dans cette branche de la science répondron unanimement : Rien de cela n’est possible. Non, la corrélation existant entre les êtres animés et les circonstances ambiantes est de tel caractère qu’elle révèl une pensée (2). Force nous est donc de regarder ces rap: ports comme établis, déterminés, réglés par un être pensant Ils ont dû être fixés, pour chaque espèce, dès l’origine, @ leur persistance à travers toutes les générations qui se son succédé (3) est une preuve nouvelle que les relations de! individus entre eux (4), celles de genre, celles de famille celles enfin des degrés d’affinité supérieurs (5) n’ont pas ét déterminées avec moins de rigueur que celles qui s’obser: vent entre les animaux et le monde environnant. Ce n’es une telle similitude de caractères, qu’on né peut plus douter, à mon avis, qu nous n’ayons la connaissance positive des types primordiaux du règne animal Cette conclusion me semble confirmée par cet autre fait, que partout, au-des sous des couches fossilifères les plus anciennes, on trouve d’autres couche stratifiées dans lesquelles il est impossible de découvrir même la trace d’être organisés, (1) Voyez ci-après, section xxi. (2) Voyez ci-après, section xv1. (3) Voyez ci-après, section xv. (4) Voyez ci-après, section xvi. (5) Voyez ci-après, section vi. TYPES DIVERS DANS DES CONDITIONS IDENTIQUES. 19 jonc pas seulement dans ce dernier ordre de rapports que a pensée éclate, mais d’autres pensées se manifestent en- détails, chacun des caractères de chacune des espèces. LA l'appui de cet argument on peut invoquer tous les faits élatifs à la distribution géographique des animaux et des lantes, et en particulier le caractère de toutes les faunes et le toutes les flores répandues à la surface du globe. Il faut ire les ouvrages spéciaux sur la botanique ou la zoologie de ountrées différentes, ou les traités particuliers sur la distribu- ion géographique des êtres animés, pour se faire une idée le l'extrême variété des animaux et des plantes qui vivent nsemble dans une même région (1). Je ne veux pas entrer ans de plus longs détails sur ce sujet; il sera traité plus wmplétement dans une des sections suivantes (2). IMais, objectera-t-on peut-être, certains animaux qui ivent dans des conditions exceptionnelles offrent des parti- silarités de structure qui semblent Je résultat de ces condi- ions : ainsi le Poisson aveugle, l'Écrevisse aveugle et les nsectes aveugles (3) de la caverne du Mammouth, dans le (entucky, fournissent un témoignage incontestable de l’in- lence immédiate de conditions exceptionnelles sur l’organe à. a) Schmarda, Die Geographische Verbreitung der Thiere, 3 vol. in-8°, jen, 1853. — W. Swainson, A Treatise on the Geography and Classifica- ion of Animals. London, 1835, in-12. — E. A. G. Zimmermann, Specimen oologiw geographicæ, Quadrupedum domicilia et migrationes sislens, Lug- uni Batavorum, 4777, in-4°, — Humboldt, Essai sur la géographie des unies, in-4°. Paris, 1805; et Ansichlen der Natur, 3° édition, in-12. hitigart et Tübingen, 14849. — Robert Brown, General Remarks on the olany of Terra Australis. London, 1814. — Schouw, Grundzüge einer igemeinen Pflanzengeographie, avec atlas in-folio, Berlin, 1823. — Alph. de iadolle, Géographie botanique raisonnée, 2 vol. in-8°, Paris, 1855. — On uvera plus loin, section 1x, des renvois aux ouvrages spéciaux. (2) Voyez plus loin, section 1x. (3) Jef. Wyman, Description of a blind Fish from a cave in Kentucky, as Silliman’s Journal, 1843, vol. XLV, p. 94, et 1854, vol. XVII, p. 258. - Th. G. Tellkampf, Ueber den blinden Fish der Mammuthhôhle des Ken- icky, dans les Archives de. Müller, 4844, p. 381. — Th. G. Tellkampf, eschreibung einiger neuer in der Mammuthhühle aufgefundener Gatiungen i Gliederthieren, dans les Archives de Wiegmann, 1844, vol, I, p. 318. — Agassiz, Observations on the blind Fish of the Mammoth cave, dans le urnal de Silliman, 1854, vol. XI, p. 127. + 20 DE L’ESPECE. de la vision. S'il en est ainsi, dirai-je à mon tour, comment se fait-il que ce poisson remarquable, l’ Amblyopsis spelaus, ait des affinités même éloignées avec les autres poissons ? La somme des influences qui sont intervenues dans la pro- duction de ce poisson aveugle aurait-elle été capable d’ima- giner cette combinaison de dispositions structurales com- munes à ce poisson et à tous les autres et de particularités le distinguant au contraire d’eux tous? L'existence d’un œil rudimentaire, découvert par le docteur J. Wyman dans le poisson aveugle, ne prouve-t-elle pas plutôt que cet ani- mal, comme tous les autres, a été créé, avec tous ses carac- tères particuliers, par le fiat du Tout-Puissant, et que ce rudiment d’œil lui a été laissé comme réminiscence du plan général de structure sur lequel est construit le grand type auquel il appartient? Peut-être un de ces naturalistes qui savent ainsi, mieux que les physiciens, ce que peuvent pro* duire les forces physiques, qui savent ce qu’elles ont pro* duit, qui savent qu’elles ont produit des êtres organisés, nous expliquera-t-il pourquoi les grottes souterraines de l'Amérique donnent naissance à des Poissons aveugles, des Crustacés et des Insectes aveugles, tandis que celles de |’ Eu- rope mettent au monde des Batraciens 4 peu prés aveugles? Si aucune pensée n’a présidé à ces choses, pourquoi done le Proteus anguinus, vrai batracien, forme-t-il, avec un cer= tain nombre d’autres Batraciens du Nord-Amérique et du Japon, une des séries les plus naturelles que l’on connaisse dans le régne animal, et dans laquelle chaque membre constitue un degré distinct de l'échelle (4)? Nous voilà débarrassés de l’idée fausse qu'il puisse exis= ter un rapport génésique quelconque entre les forces brutes et les êtres organisés. Il nous reste maintenant à parcourir un vaste champ pour déterminer entre les premières et les! seconds, dans toute leur étendue et dans leurs limites vraies, les relations véritables (2). Une simple allusion au mode de (4) Voyez plus loin, section xi. (2) Voyez plus loin, section Xvi. TYPES IDENTIQUES DANS DES CONDITIONS DIVERSES. 24 ‘respiration propre aux divers types d'animaux et aux or- ranes locomoteurs, qui sont plus particulièrement affectés par les circonstances de ce mode, suffira pour rappeler aux naturalistes l'importance extrême qu’a pour la classification structure de ces parties. Ils conviendront que l’on com- prendrait mieux leurs explications, si les différences de struc- re que présentent les organes étaient étudiées au point de me strict de leur corrélation directe avec le monde au sein luquel les animaux se meuvent et respirent. N’aurions-nous as di cesser depuis longtemps d’appeler du même nom d'ailes et de pattes des appendices locomoteurs aussi diffé- Tents que ceux des Oiseaux et des Insectes? Continuerons- nous à appeler poumons les cavités respiratoires des li- maces, tout comme les voies aériennes des Mammifères, des (Oiseaux et des Reptiles? Une grande réforme est indispen- § able dans cette partie de notre science, et aucune étude ne ut mieux nous y préparer que la recherche des dépen- io mutuelles de la structure des animaux et des condi- tions dans lesquelles ils vivent. à III On retrouve des types identiques dans les circonstances les plus différentes. » Autant la diversité des animaux et des plantes qui vivent dans des circonstances physiques identiques démontre que les êtres organisés sont, quant à l’origine, indépendants — du milieu dans lequel ils résident, autant cette indépen- ance devient de nouveau évidente quand on considère que des types identiques se rencontrent, partout, dans les conditions les plus variées. Qu’on réunisse toutes ces in- uences diverses, toutes les conditions d’ existence, sous l’ap- pellation commune d’influences cosmiques, de causes phy- iques ou de climats, dans la plus large acception du mot, n découvrira toujours à cet égard des différences extrêmes 22 DE L’ESPECE. ala surface du globe. Cependant on voit vivre ensemble normalement, sous leur action, les types les plus semblables: ou même des types identiques (je prends ici cette expression: de ¢ypes dans toutes ses acceptions les plus variées). Il n’y a aucune différence de structure entre les Harengs de la zone arctique et ceux de la zone tempérée, ceux des tropiques € ceux des régions antarctiques. Il n’y en a pas davantage entre les Renards et les Loups des parties du globe le moin voisines (1). Et d’ailleurs, quand il y en aurait une, quand! on exagérerait l'importance des différences spécifiques qu’il yaentre ces animaux, pourrait-on montrer entre ces dif férences et les influences cosmiques un rapport quelconque! qui rendit compte en même temps de l'indépendance de leur conformation générale? En d’autres termes, comment admettre que ces causes produisent des différences dans les- péce, et en même temps déterminent l’identité dans le genre, l'identité dans la famille, l'identité dans l’ordre, dans classe, dans ’embranchement? Identité dans tout ce que la structure animale a de réellement important, de dominant, de compliqué, voilà d’une part ce qui résulterait de l’action: des causes les plus diverses; diversité dans les choses d’un ordre trés-secondaire, voila d’autre part ce qu’auraient dé- terminé ces mémes causes physiques extrémement diverses auxquelles les animaux devraient l'existence. Quelle logique! Tout cela n’atteste-t-il pas au contraire que les êtres organisés manifestent la plus surprenante indépendan¢ 8 à l'égard des forces physiques au milieu desquelles ils vivent, une indépendance si entière, qu’il est impossible de Pattribuer : à une autre cause qu'à une Puissance suprême, gouvernant à la fois les forces physiques et l’existence de animaux et des végétaux, et maintenant entre les unes et les autres un rapport harmonique, par une adaptation réci- proque dans laquelle on ne saurait voir ni une cause ni un effet ? ù _ (4) Je pourrais citer une infinité d’autres exemples que tous les naturaliste de profession auront présents à l’esprit ; mais ceux que je viens de mentionne suffisent, UNITE DE PLAN DANS DES TYPES DIVERS. 23 Quand les naturalistes ont voulu déterminer quelle in- fluence les causes physiques ont sur les êtres vivants, ils ont constamment méconnu le fait, que les modifications prove- nant de cette influence sont seulement d’une importance secondaire pour la vie des animaux, et n’affectent ni le plan général ni les complications diverses de la structure. Ouse sont les parties du corps qui soient véritablement affectées à un degré quelconque par les influences exté- rieures ? Ce sont principalement celles qui sont en con- ‘tact immédiat avec le monde extérieur, comme la peau, et ans la peau les couches superficielles, la coloration, l'épais- eur de la fourrure, le pelage, les plumes, les écailles, ou encore la taille et le volume du corps, en tant qu'ils dépen- dent de la quantité et de la qualité de l'aliment, l'épaisseur du test des Mollusques, suivant que ceux-ci vivent dans des eaux ou sur un terrain plus ou moins riche en calcaire, etc. La rapidité ou la lenteur de la croissance soni aussi influencées dans une certaine mesure par les variations des saisons dans _ des années différentes; de même la fécondité, la durée de la d vie, etc. Mais tout cela n’a rien à voir avec les caractères essentiels des animaux. Il y aurait à écrire un volume sur l'indépendance où sont les êtres organisés vis-à-vis des agents physiques. Presque » tout ce qu’on attribue généralement à l'influence de ces der- tiers doit être regardé comme une simple corrélation entre eux et les animaux, résultant du plan général de la création. IV i: Unité de plan dans des types d’ailleurs profondément divers. « Rien dans le règne organique n’est de nature à nous im- c * pressionner autant que l'unité de plan qui apparaît dans la » structure des types les plus divers. D’un pôle à l'autre 7 pôle, sous tous les méridiens, les Mammifères, les Oiseaux, _ les Reptiles, les Poissons, révélent un seul et même plan de 2h DE L’ESPECE. structure (4). Ce plan dénote des conceptions abstraites de l'ordre le plus élevé; il dépasse de bien loin les plus vastes : généralisations de l'esprit humain, et il a fallu les recherches : les plus laborieuses pour que l’homme parvint seulement a s’en faire une idée. D’autres plans non moins merveilleux se découvrent dans les Articulés, les Mollusques, les Rayon-. nés (2), et dans les divers types des plantes (3). Et cepen-, dant ce rapport logique, cette admirable harmonie, cette infinie variété dans Punité, voilà ce qu’on nous représente : comme le résultat de forces à qui n’appartiennent ni la. moindre parcelle d'intelligence, ni la faculté de penser, ni . le pouvoir de combiner, ni la notion du temps et de les-, pace! Si quelque chose peut placer, dans la nature, l’homme | (1) Consultez sur ce point : Lor. Oken, Ueber die Bedeutung der Schädel — Knochen, Francfort, 1807, brochure in-4°. — J. B. Spix, Cephalogenesis, — sive capitis ossei structura, formatio et significatio. Munich, 1845, in-folio. — . Et. Geoffroy Saint-Hilaire, Philosophie anatomique. Paris, 1818-1823, 2 vol. in-8° ; et plusieurs mémoires dans les Annales des sciences naturelles et les Mémoires du Muséum, etc. — C. G. Carus, Von den Ur.-Theilen des Knochen « und Schalengerüstes. Leipzig, 1828, in-folio. — R. Owen, On the Archetype and Homologies of the Vertebraie Skeleton. London, 1848, in-8°. (2) Lor. Oken, Lehrbuch der Naturphilosophie. lena, 1809-1814, 3 vol. in-8°, En anglais : Elements of Physio-philosophy (Ray Society, London, 4847, in-8°). — G. Cuvier, Sur un nouveau rapprochement à établir entre . les classes qui composent le règne animal (Annales du Muséum, vol. XEX, 4812). — J. C. Savigny, Mémoires sur les animaux sans vertèbres. Paris, | Luis 1816, in-8°. — C. E. von Baer, Ueber Entwickelungsgeschichte der Thiere. | Kônigsberg, 1828, in-4°. — R. Leukardt, Ueber die Morphologie und die Verwandtschaftsverhiilinisse der wirbellosen Thiere. Brunswick, 1848, in-8°. — L. Agassiz, Twelve Lectures on comparative Embryology. Boston, — 4849, in-8°. — On Animal Morphology, dans Proc. Amer. Assoc. for the | advanc. of Science. Boston, 1850, in-8°, p. 411. J’appelle particulièrement | l'attention sur ce mémoire, qui se rapporte directement au sujet traité dans ce … chapitre, — V. Carus, System der thierischen Morphologie. Leipzig, 1853, in-8. — J. Müller, Ueber den Baw der Echinodermen, dans Akad. J. Wiss. Berlin, 1854, in-4°. (3) J. W. Güthe, Zur Naturwissenschaft überhaupt, besonders sur Mor- phologie. Stuttgart, 1817-1824, 2 vol. in-8. En français : OEuvres d’his- loire naturelle, comprenant divers mémoires d'anatomie comparée, de bota- nique et de géologie, traduits et annotés par Ch. Fr. Martins. Paris, 1837, in-8°, avec atlas in-folio. — A. P. de Candolle, Organographie végétale. Paris, 1827, 2 vol. in-8°. — Al. Braun, Vergleichende Untersuchung über die Ordnung der Schuppen an den Tannensapfen, als Linleitung zur Unter- suchung der Blattstellung überhaupt, dans Acta nova Acad. nat. curios., vol. XV, 1829, — Das Individuum der Pflanze, dans Akad. d. Wiss. Berlin, | 4853, in-4°. CONFORMITES DE STRUCTURE. 25 au-dessus des autres êtres, c’est précisément le fait qu’il possède ces nobles attributs. Sans ces dons, portés à un très- haut degré d'excellence et de perfection, aucun des traits généraux d’affinité qui unissent les grands types du règne animal ou du règne végétal ne pourrait être ni perçu ni compris. Comment donc ces rapports auraient-ils pu étre imaginés, si ce n’est à l’aide de facultés analogues? Si toutes s relations dépassent la portée de la puissance intellec- tuelle de l’homme, si l’homme lui-même n’est qu’une partie, un fragment du système total, comment ce système aurait-il été appelé à l'être, s’il n’y a pas une Intelligence suprême : auteur de toutes choses? V Correspondance dans les détails de la structure chez des animaux entre lesquels il n'existe d’ailleurs aucun lien. Dans les dix premières années de ce siècle, les naturalistes commencérent à étudier, chez les animaux, certains rapports qui ‘avaient presque entièrement échappé à l'attention de leurs prédécesseurs. Quoique Aristote eût déjà reconnu que les écailles des Poissons correspondent aux plumes des Oiseaux (1), c’est seulement de nos jours que les anatomistes ont découvert la complète analogie qu’il y a entre toutes les parties de tous les animaux appartenant à un même type, quelque différentes que ces parties puissent paraître à pre- miére vue. Non-seulement l'aile de l’Oiseau est, quant à la structure, identique avec le bras de l’homme ou le membre antérieur d’un quadrupède, et elle correspond rigoureuse- ment à la nageoire de la Baleine et à la nageoire pectorale d un Poisson, mais encore tous ces organes correspondent (1) Aristote, Historia animalium, lib. I, cap. 1, sect, 1V : 6 yap ëv Gpvibe mreov, ToU7o gv tyros éott Aemis. — Cf. encore les cael auxquels il est renvoyé sect. Iv, notes 1 et 2, et les nombreux traités, notices et mémoires auxquels leurs auteurs renvoient eux-mêmes. Le nombre en est trop considé- rable pour qu’on les cite, 26 DE L’ESPECE. de la même manière aux extrémités postérieures, Une con- formité organique non moins remarquable s’observe entre la boîte solide du crâne, les os immobiles de la face, la mâchoire inférieure de l’homme et des autres Mammifères” et la structure de la charpente osseuse de la tête chez les Oiseaux, les Lézards, les Grenouilles et les Poissons. Mais cette correspondance n’est pas limitée au squelette. Chacun: des autres systèmes d'organes montre, chez ces animaux, la même corrélation, la même identité, eu égard au plan de structure, quelles que soient d’ailleurs les différences dans la forme ou le nombre des parties et même dans leurs fonc- tions. Cette conformité dans la structure des animaux est ce qu’on appelle homologie; elle est plus ou moins grande, suivant que les animaux dans lesquels on la cherche sont plus ou moins voisins les uns des autres. 1 La même correspondance existe entre les différents sys-4 témes et leurs parties chez les Articulés, chez les Mollusques: et chez les Rayonnés, à cela près que leur structure est respectivement fondée sur des plans différents; mais dans” ces trois nouveaux types, les homologies n'ont joint encore été étudiées aussi minutieusement que chez les Vertébrés. Il y a par conséquent, dans ces embranchements si curieux du règne animal, un vaste champ ouvert aux recherches. Même ainsi, de ce qui a été fait dans cette partie de la science, il ressort bien évidemment que Videntité de structure nes s’étend pas à l’ensemble des quatre embranchements du! régne, et que, au contraire, chacun de ces grands types est construit sur un plan distinct, tellement spécial, que les homo- logies ne s'étendent pas d’un type à un autre et sont stricte ment restreintes dans le cercle de chacun d’eux. Les plus! lointaines ressemblances qu’on puisse établir entre les repré sentants des embranchements différents sont fondées sur l’analogie (4) et non sur l’affinité. Tandis, par exemple, que la tête des Poissons présente l’homologie la plus frappant (1) Voy. W. Swainson, On the Geography and Classification of Animals, London, 1855, in-42, p. 129, où ce point est parfaitement discuté, : : HOMOLOGIE ET ANALOGIE. 91 avec celle des Reptiles, celle des Oiseaux et celle des Mammi- fères, aussi bien dans l’ensemble que dans les parties, la tête des Articulés leur est seulement analogue, soit dans le tout, ‘soit dans les détails. Ge que l’on appelle communément la tête chez les Insectes n’est pas une cavité distincte, destinée à oger l’encéphale et séparée de celles qui, au-dessous du cou, constituent le thorax et l'abdomen. L’enveloppe solide n’en est pas formée par les parties d’un squelette intérieur recouvert par les chairs; mais elle est composée d’anneaux extérieurs semblables à ceux dont est fait le tronc et soudés ensemble. Elle ne renferme qu’une seule cavité, qui contient 4 la fois le ganglion céphalique, les organes buccaux et les muscles de la tête. On en peut dire autant de la poitrine, des pattes, des ailes, de ’abdomen et des parties qui y sont contenues. ‘Le ganglion céphalique n’est pas l’homologue du cerveau; les organes des sens ne sont pas non plus les homologues de ceux des Vertébrés, bien qu’ils remplissent les mêmes fonctions. Le canal alimentaire ne se forme pas de la même manière dans les embryons des deux types, non plus que les organes respiratoires. En un mot, identifier ces appareils serait forcer la nature, tout autant que si l’on s’obstinait à regarder les branchies comme homologues aux poumons depuis que l’embryologie nous a appris que, à différentes phases du développement des Vertébrés, ces deux sortes d’or- g'anes respiratoires existent simultanément chez ces êtres, mais avec des connexions organiques tout à fait différentes. Ce qui est vrai de l’embranchement des Articulés comparé _à celui des Vertébrés est également vrai des Mollusques et des Rayonnés comparés entre eux ou à l’un des deux types précédents ; on peut aisément s'en convaincre par un examen attentif des correspondances que présente leur structure dans ces limites, Cette différence dans les caractères fondamen- taux de la structure, chez les quatre embranchements du règne . animal, fait ressortir la nécessité d’une réforme radicale dans . la nomenclature de l’anatomie comparée (1). Quelques natu- a ü (4) Voy. L, Agassiz, On the Structure and Homologies of radiated Animals, 28 DE L'ESPÈCE. ralistes ont néanmoins déjà poussé le paralléle entre la struc- ture des animaux bien au dela des limites assignées par la. nature, et s’efforcent de démontrer que toutes les confor-. mations sont susceptibles d’étre ramenées 4 une norme unique. Ils soutiennent, par exemple, qu’il n’y a pas un os. chez un Vertébré quelconque qui n’ait son équivalent dans une autre espèce de ce type. Supposer une aussi grande con- formité chez les animaux, c’est, en définitive, refuser au. Créateur, dans l’expression de sa pensée, une liberté dont jouit l’homme lui-même. Sil est vrai que, comme on vient de le dire, tous les ani-. maux soient construits sur quatre plans divers de structure, de — telle sorte que toutes les différentes espèces d’animaux soient | simplement autant d’expressions variées de ces formules fondamentales, on peut comparer le règne animal tout en- tier 4 un livre consacré au développement de quatre idées mères. Entre ces quatre grandes idées le seul lien, le seul rapport, c’est l’unité résultant de ce que toutes quatre com- mencent par s’incorporer, sous une forme embryonnaire, . dans un œuf à l’intérieur duquel se produisent les mani- . festations les plus diverses; après cela, au terme de la. série des transformations, apparaît enfin la merveilleuse variété d’êtres animés indépendants qui peuplent notre globe, ou qui l'ont habité depuis que la vie existe à sa sur- face. Toutefois le trait le plus surprenant du règne animal me . paraît consister non dans la diversité, non dans la complica- tion, aux degrés les plus variés, de la structure, non dans la trés-grande affinité qui s’observe entre quelques-uns de ses : représentants, tandis que d’autres sont au contraire tout à fait © différents, non encore dans les relations multiples que tous — les animaux entretiennent, soit entre eux, soit avec le monde ~ ambiant, mais bien dans cette circonstance que des êtres . doués d’attributs si diversifiés n’en constituent pas moins un with reference to the systematic position of the hydroid Polypi (Proceed. of the Amer. Assoc, for the advance. of Science for 1849, Boston, 1850, 4 vol. in-8°, p. 389). ” ét Pre DEGRES ET CATEGORIES D’AFFINITES. 29 ensemble harmonique dont toutes les parties ont entre elles un lien intelligible. VI On y a entre les animaux des affinités de degrés différents et de sortes diverses. _ Les degrés d'alliance existant entre animaux différents sont -très-divers. Il n’y a pas alliance seulement entre les repré- . sentants d’une même espèce offrant, comme tels, la plus en- _tiére ressemblance les uns avec les autres ; des espèces diffé- 1 rentes sont alliées comme appartenant au mêmé genre ; les représentants de genres différents peuvent faire partie de la . même famille; des familles diverses peuvent ne constituer qu'un ordre unique; plusieurs ordres se rangeront dans une classe commune, et plusieurs classes formeront, en se réu- nissant, un seul embranchement. L'existence de plusieurs degrés divers d’affinités entre des animaux ou des plantes de l'un à l’autre desquels il n’y a pas le plus faible enchaine- ment généalogique, qui vivent dans les parties du monde les plus éloignées, qui ont vécu à des périodes géologiques (lepuis longtemps écoulées, est, au moins dans de certaines limites, un fait hors de conteste et sur lequel les bons obser- vateurs sont désormais d’accord. A quoi attribuer ces affi- nités? Les forces physiques en activité sur le globe possé- deraient-elles donc une telle ténacité de mémoire, que, un type ayant été une fois réalisé au premier âge de la terre sui- vant un certain modèle, ce modèle devint dès lors inhérent à ces forces, et, quelques variations qu’éprouvassent celles-ci, dût nécessairement servir, à une autre période, pour la repro- duction d’un type semblable; et ainsi de suite à toutes les époques jusqu’à la période où l’état de choses actuel s’est établi (1)? Ce nombre infini de nouveaux animaux et de nou- (1) Au fond, je ne l’'ignore pas, dans l’idée de ceux qui font découler l’in- finie variété des animaux d’une époque postérieure de changements survenus chez les êtres d’une époque antérieure, il ÿ a une supposition qui pourrait 30 DE L’ESPECE. velles plantes qui couvrent aujourd’hui la surface du globe furent ainsi coulés dans leurs quatre moules, de manière à présenter toujours, malgré la complexité de leurs rapports: avec le monde ambiant, toutes ces relations générales si pro= fondément établies, d’où résultent les différents degrés d’af- finités qu'il est facile de constater entre tous les représen- tants d’un même type? A quoi cela ressemble-t-il davantage ? Au travail de forces aveugles, ou à la création d’un esprit, instituant, après réflexion et de propos délibéré, toutes les. catégories d'existence qui se reconnaissent dans la nature, | les combinant en cette admirable harmonie qui fait du tout un systéme tellement parfait, qu’en déméler seulement l'or- | donnance, même avec toutes les imperfections d’une inter- prétation, nous semble encore l'acte le plus accompli du oénie dans toute sa force ? A mes yeux, rien ne démontre plus directement et plus | absolument l’action d’un esprit réfléchi que toutes ces caté-. gories sur lesquelles les espèces, les genres, les familles, les ordres, les classes, les embranchements sont fondés dans la nature; rien n'indique plus évidemment une longue consi- dération du sujet que la manifestation réelle et matérielle hy toutes ces choses par une succession d’individus dont la vie | est limitée, dans le temps, à une durée relativement très- | | courte. La grande merveille de toutes ces relations consiste — dans le caractère fugitif de toutes les parties de cette har- monie compliquée. Tandis que l’espèce persiste durant de POSTE longues périodes, les individus qui la représentent changent . rendre compte de ces affinités, si cette supposition était autre chose qu’hypo- — thèse pure. D’après leur théorie, ces ressemblances seraient le résultat de Vhérédité, et tous les degrés d’affinités auraient pour cause l’hérédité incom- plète accompagnée d’une modification. Mais aussi longtemps que les animaux descendant les uns des autres reproduiront intégralement les caractères essen- tiels de leurs parents ; aussi longtemps que le fait de la reproduction ne sera pas accompagné de la perte de certains caractères ; aussi longtemps que sub- sistera le fait géologique bien connu de tous les paléontologistes, à savoir que, pendant de longues périodes, les êtres organisés d’une époque quelconque con- servent tous leurs caractères et sont tout à coup suivis d’autres espèces ayant . d’autres caractères ; — aussi longtemps que ces faits seront la base de nos connaissances en zoologie, il sera interdit d’admettre comme source des affinités une certaine hérédité transmutatrice. DEGRES ET CATEGORIES D’AFFINITES. 34 constamment et meurent l’un aprés l’autre dans une rapide succession. Les genres, il est vrai, peuvent se prolonger à tra- vers des périodes plus longues, et les familles, les ordres, les classes peuvent avoir existé à toutes les époques où il ya “eu des animaux. Mais, quelle qu’ait été, pour chacun de ces zroupes, la durée de l’existence, toujours les mêmes rapports ont eu lieu entre eux et entre chacun d’eux et l’embran- chement dont il fait partie; toujours ils ont été représentés ur notre globe de la même manière, c’est-à-dire ‘par une ‘Succession d'individus passant rapidement et sans cesse prouve Comme le second chapitre de ce is est entièrement consacré à l'examen des différentes sortes et des degrés divers d’affinités existant entre les animaux, il serait su- Bec d'entrer ici dans de plus longs détails à cet égard. ‘Il suffit de rappeler que, avec le temps, les observateurs se sont de plus en plus mis d’accord sur l'importance à ‘attacher à ces rapports et en ont fait la base de systèmes de plus en plus conformes les uns aux autres. Ce résultat que l’histoire de la Zoologie (1) met en complète évidence démontre, à lui seul, que la nature elle-même a son sys- ‘time propre à l'égard duquel les systèmes des auteurs ne sont que des approximations successives, d’autant plus grandes, que l'intelligence humaine comprend mieux la nature. Cette concordance croissante entre nos systèmes et celui de la nature prouve d’ailleurs que les opérations de l'esprit de l’homme et celles de l'Esprit de Dieu sont iden- tiques; on s’en convaincra davantage si l’on songe à quel point extraordinaire certaines conceptions à priori de la nature se sont, en définitive, trouvées conformes à la réalité | (4) J. Spix, Geschichte und Beurtheilung aller Systeme in der Zoologie. Nuremberg, 1811, in-8°. — G. Cuvier, Histoire du progres des sciences na- -turelles. Paris, 1826, 4 vol, in-8°, — Histoire des sciences naturelles, etc. Paris, 1841, 5 vol. in-8°. — H. de Blainville, Histoire des sciences de Vorga- nisation et de leurs progrès. Paris, 1847, 3 vol. in-8°, — F. A. Pouchet, Histoire des sciences naturelles au moyen âge. Paris, 1853, 4 vol, in-80, — Cf, encore chap. Il ci-après. 32 DE L’ESPECE. des choses, quoi qu’en aient pu dire d’abord les observa- teurs empiriques. ene Vil i ad Existence simultanée, aux périodes géologiques les plus 4 reculées, de tous les types généraux de l’animalité. _ : : À Les géologues et les paléontologistes croyaient naguère: encore que les animaux inférieurs avaient fait les pre- miers apparition sur la terre, et qu'après eux s'étaient successivement montrés des types de plus en plus élevés, jusqu’à ce qu’enfin l’homme couronnat la série. Tout musée de géologie capable de représenter l’état actuel de nos con- naissances peut désormais fournir la preuve que les choses se sont passées autrement. On reconnaît aujourd’hui que, tout au contraire, il a existé simultanément, dans les forma- tions géologiques les plus anciennes, des représentants de nombreuses familles appartenant aux quatre grands em- branchements du règne animal (4). Je me souviens pourtant d’avoir entendu les grands géologues contemporains affir- mer que les Goraux avaient été les premiers habitants du globe, qu'après eux les Mollusques et les Articulés étaient venus, et que les Vertébrés s’étaient montrés seulement bien plus tard. Quel changement extraordinaire ont apporté ces dernières années dans l’état de nos connaissances et dans les doctrines généralement admises, relativement à l’exis- tence des plantes et des animaux aux âges passés! Les naturalistes peuvent bien différer encore d’opinion sur (1) R. I. Murchison, The Silurian System. London, 1839, in-4°. — Sir R. I. Murchison, Siluria, the History of the oldest known Rocks, contain- ing Fossils. London, 1854, in-8°, — R. I, Murchison, Ed. de Verneuil et comte Alexandre von Kaiserling, The Geology of Russia in Europe ana the Urals Mountaixrs. London, 1845, 2 vol. in-4°. — James Hall. Palæonto- logy of New-York. Albany, 1847-52, 2 vol. in-4°. — J. Barrande, Système silurien du centre de la Bohéme. Prague et Paris, 1852, 2 vol. in-4°, — A. Sedgwick et Fr. Mac Coy, British Paleozoic Rocks and Fossils. London, 18514, in-4°. 7 LES GRANDS TYPES SONT CONTEMPORAINS. 33 x 7 iy 9 origine, la gradation et les affinités des animaux, mais ils ‘savent tous aujourd’hui que ni lesRayonnés, ni les Mollusques, ni les Articulés, n’ont eu, quant à la date de leur première apparition, de priorité les uns sur les autres. Quelques au- “teurs soutiennent bien encore que l’origine des Vertébrés est de beaucoup postérieure, mais il est universellement admis que des animaux de ce type existaient déjà vers la fin de la “première grande époque de l’histoire de notre globe. Je crois qu’il ne serait pas difficile de démontrer, par des con- sidérations physiologiques, que la présence des Vertébrés sur la terre date d’une époque aussi reculée que celle de n'importe quel des trois autres grands types du rêgne. Les Poissons, en effet, existent partout où les Rayonnés, les Mol- Tusques et les Articulés ont été trouvés réunis, et les plans de structure de ces quatre grands types constituent un sys- ème intimement lié dans ce qu’il a d’essentiel. De plus, ‘dans ces vingt derniéres années, il n’est pas une étude ap- profondie des roches fossiliféres les plus anciennes qui n’ait fait reporter plus en arrière l'origine des Vertébrés. Quelle que doive être, par conséquent, la solution définitive de cette question, il est tout au moins établi par des faits innom- brables que l’idée d’une succession graduelle des Rayonnés, des Mollusques, des Articulés et des Vertébrés, est pour tou- jours hors de cause. On a la preuve indubitable que les Rayonnés, les Mollusques et les Articulés se rencontrent par- tout ensemble dans les terrains les plus anciens, que les plus précoces d’entre les Vertébrés leur sont associés, et que tous ensemble se continuent à travers les âges géologiques, jusqu’au temps actuel. Cela démontre que, dès les premiers jours de l'existence de notre globe, alors que sa surface ne présentait pas encore cette variété de traits généraux qu’elle a revêtue à des périodes ultérieures et qu’elle a de nos jours à un plus haut degré, des animaux de tous les grands types aujourd’hui représentés sur la terre avaient été appe- dés à la vie. Cela démontre en outre que, à moins que les forces physiques alors en activité n’aient imaginé ces plans, et ne les aient ensuite imprimés sur le monde matériel AGASSIZ. 3 3h DE L’ESPECE. comme un moule dans lequel la nature coulerait désormais constamment tous les êtres, des relations générales comme celles qui existent entre les animaux, à tous les âges géolo- giques et à la période actuelle, n’auraient jamais pu avoir lieu. | Ce n’est pas tout: on sait que, à l'exception des Acaléphes (4) et des Insectes, chacune des classes des Rayonnés, des Mol- lusques et des Articulés a eu ses représentants dès les temps primitifs. Ce ne sont donc pas seulement les plans de quatre grands types qui ont dù être fixés dès lors, mais aussi les modes d'exécution de chaque plan, le système des formes dont la structure devait être revêtue, et les détails les plus infimes de cette structure établissant des rapports entre deux geures différents. Pareillement, le mode de différenciation des espéces et la nature de leurs rapports avec le monde ambiant ont dû aussi être déterminés, de sorte que le carac- tére de la classe a été aussi bien défini, dès ce premier mo- ment, que le caractère de chaque embranchement ; de même, le caractère de la famille, celui du genre, celui de l'espèce. En outre, entre les premiers représentants de chaque classe et leurs successeurs aux périodes conséculives, il y a des rap- ports définis; l’ordre de succession correspond à |’échelle des complications de la structure, et forme une série natu- relle d’un enchainement étroit; il faut donc que cette gra- dation naturelle ait été, elle aussi, préméditée dès l’origine. C'est là un fait incontestable, car l’homme, ce dernier venu, clôt dans le cycle dont il fait partie une série dont la pro- gression indique, dès l’origine, qu’elle aboutira à lui comme terme dernier. L’anatomie pourrait, à mon avis, démontrer (1) On a trouvé des Acalèphes dans le calcaire jurassique de Solenhofen, Leur absence dans d’autres formations doit être attribuée à l'extraordinaire mollesse de leur corps. Si le résultat de mes études sur les récifs de la Flo- ride, — à savoir que les Millépores appartiennent à l'ordre des Hydroïdes, de la classe des Acalèphes, — eutraîne comme conséquence l'identité de type de _ tous les Corallaires tabulés, et si, avec eux, il faut reporter dans la classe des Acalèphes les Corallaires rugueux, l'existence de cette classe des Acaléphes remonte aussi loin dans la série des temps géologiques que celle d'aucune autre du règne animal. LES GRANDS TYPES SONT CONTEMPORAINS. 39 L que l'homme n'est pas seulement le plus récent et le plus . élevé des êtres vivants pour . la période actuelle, mais qu "il est le dernier terme d’une série au dela de laquelle il n’y a matériellement plus de progrès possible, dans le plan sur “lequel le règne animal tout entier est construit. Le seul per- fectionnement désormais réalisable sur la terre doit consis- ter dans le développement des facultés intellectuelles et . morales de l’homme (4). … On a récemment soulevé la question de savoir jusqu’à quel point les plus anciens fossiles connus peuvent être con- - sidérés comme les restes des premiers habitants du globe. Sans aucun doute, sur une immense étendue, les roches | fossilifères ont été puissamment altérées par les agents plu- toniques ; les débris organiques renfermés dans ces roches ont été entièrement détruits, et les roches elles-mêmes ont subi de telles métamorphoses, qu’elles ressemblent plus à des formations éruptives qu'à des dépôts stratifiés. Des altérations de ce genre ont eu lieu à plusieurs reprises, à des époques relativement récentes, sur une trés-large échelle. Mais il y a des continents entiers, l'Amérique du Nord par exemple, où les roches paléozoïques n’ont pas été ou n’ont été que fort peu altérées, et où les débris des premiers représentants des deux régnes organiques sont aussi bien conservés que ceux des formations postérieures. La on peut se convaincre que, dès l’origine, il y a eu, simultanément, une grande variété d'animaux appartenant à des classes diverses de tous les grands embranchements de la Zoologie. L'hypothèse de l'introduction successive de ces types sur la terre est donc formellement contredite par des faits bien établis et bien connus (2). Enfin, les fossiles » découverts dans les plus anciens dépôts ont, en quelque lieu ae on les trouve, la plus étroite alliance les uns avec les (4): L. Agassiz, An Introduction to the Study of natural History. New- York, 1847, in-8°, p. 57. m (2) L. Agassiz, The primitive Diversity and Number of Animals in Geo- ie times (Amer. Journ. of Science and Arts, 2° série, vol. XVII, 4854, 09 36 DE L'ESPÈCE, : autres. En Russie, en Suéde, en Bohéme, dans plusieurs autres contrées du globe où les formations primitives ont été altérées sur une échelle plus ou moins vaste, aussi bien que dans l'Amérique du Nord, où elles ont été peu ou point. modifiées, les fossiles présentent le même caractère général; : c’est-à-dire une correspondance parfaite dans la structure et dans la combinaison des familles, preuve que les faunes . auxquelles ils ont appartenu furent contemporaines. Il pa-— raîtrait d’ailleurs que, là même où les roches métamor-® phiques prédominent, les traces des premiers habitants du. globe n’ont pas été entièrement effacées. 4 Les travaux les plus importants en géologie, ceux qui ont le plus étendu le champ des recherches, sont précisément » ceux qui, tant en Europe qu’en Amérique, ont fait ressortir. la correspondance existant entre les premiers types d’ani- maux apparus à la surface du globe, à l’origine de la vie. animale. Les travaux de Murchison et de Barrande suffisent à eux seuls pour démontrer combien est riche cette faune du monde primitif, combien sont variés les types qui lui. appartiennent, et quelle complication extraordinaire carac- térise ces tvpes. Tant que nous devrons compter au nombre des premiers habitants du globe des animaux du type des | trilobites, il sera logique et conforme à l’état vrai de la. science de repousser l'hypothèse d’une grande simplicité chez les premiers êtres qui ont peuplé la surface de la terre. : 4 VIII Gradation de structure parmi les animaux. Il n’y a pas chez Jes animaux et les végétaux de la variété © seulement. Ils différent encore quant à la place, au rang; : ils ont une supériorité ou une infériorité quand on les com- : pare l'un à l’autre. Mais ce rang est difficile à déterminer; car si, à certains égards, tous les animaux sont également : parfaits, en ce sens que tous remplissent complétement le : SEE SS gam GRADATION DE STRUCTURE. 37 * rôle qui leur a été assigné dans l’économie générale de la | nature (1), 4 un autre point de vue, il y a entre eux des dif- | férences tellement remarquables, que leur conformité plus ou moins exacte à certains traits généraux établit la supé- » riorité.des uns et l’infériorité des autres. Les choses étant ainsi, une question se pose tout d’abord, . La totalité des animaux forme-t-elle, des inférieurs aux su- périeurs, une série ininterrompue ? Avant que le règne animal eût été étudié aussi complétement qu’il l’a été de nos jours, des écrivains de talent ont cru réellement que la tota- lité des animaux forme une série simple continue, et Bonnet a fait des tentatives vraiment ingénieuses pour en déter- miner la gradation (2). Plus tard Lamarck (3) s’efforga de démontrer en outre que, par la complication de leur struc- ture, toutes les classes du règne animal forment autant de _ degrés successifs. Sa conviction à cet égard est si profonde, que, dans l’ordre systématique où il les range, les classes forment une série progressive et qu'il leur donne même le nom de « degrés d’organisation ». De Blainville (4) a, au fond, suivi l'exemple de Lamarck, bien qu’il n’admette pas absolument une série aussi simple; il considère les Mollusques et les Articulés comme deux branches ascen- dantes qui partent, en divergeant, des Rayonnés, pour con- verger ensuite et se réunir aux Vertébrés. Mais depuis que l’on connaît, sauf quelques points douteux, les limites dans lesquelles chacun des grands embranchements du règne animal peut être circonscrit (5); depuis qu’on sait (4) C. G. Ehrenberg; Das Naturreich des Menschen, oder das Reich der willensfreien beseelten Naturkürper, in 29 Classen übersichtlich geordner, Berlin, 4835, in-folio avec planche. (2) Ch, Bonnet, Considérations sur les corps organisés. Amsterdam, 4762, 2 vol. in-8. — Contemplations de la nature. Amsterdam, 1764-65, 2 vol. in-8. — Palingénésie philosophique. Genève, 1769, 2 vol, in-8. (3) J. B. de Lamarck, Philosophie zoologique. Paris, 1809, 2 vol. in-8. (4) H. D. de Blainville, De Vorganisation des animaux. Paris, 1822, 4 vol. in-8, (5) J. Fr. Blumenbach, Handbuch der vergleichenden Anatomie. Gœttin- » gue, 1824, in-8. En anglais, par W, Lawrence. Londres, 4827, in-8. — … G. Cuvier, Leçons d’anatomice comparée, recueillies et publiées par MM. Duméril 38 DE L’ESPECE. comment les classes doivent étre caractérisées et quelle est leur place relative; depuis que, chaque jour, les diver- gences d’opinions qui pouvaient exister sur les détails de la classification vont diminuant, la supposition que len- semble des animaux constitue une série en progression continue peut être démontrée contraire à la nature. Le plus difficile dans cette recherche, c’est de déterminer exactement le rang qui appartient à chacun des quatre grands embran- chements du règne animal. Si évidente, en effet, que puisse paraître l'infériorité des Rayonnés, quand on les compare à l’ensemble des Mollusques ou des Articulés, et si cette infé- riorité est plus sensible encore quand ce sont les Vertébrés qu'on prend pour terme de comparaison, il ne faut pas et Duvernoy. Paris, 1800-1805, 5 vol. in-8 ; 2° éd. revue par MM. F. Cuvier et Laurillard, Paris, 1836-39, 10 vol. in-8. — Le Règne animal distribué d’après son organisation. Paris, 1817, 4 vol. in-8 ; 2° édit., 1829-30, 5 vol. in-8; 3° édit. illustrée, 1836 et suiv. — J. F. Meckel, System der vergleichenden Anatomie, Halle, 1821-31, 6 vol. in-8; traduit en français, Paris, 1829-38, 10 vol. in-8. — G. R. Treviranus, Biologie, oder Philosophie der lebenden Natur. Goettingue, 1802-16, 6 vol. in-8. — Die Erscheinungen und: Gesetze des organischen Lebens. Bréme, 1831-37, 5 vol. in-8. — Delle Chiaje, Instituzioni d'anatomia e fisiologia comparata. Napoli, 1832, in-8, — C. G. Carus, Lehrbuch der vergleichenden Anatomie, Leipzig, 1834, 2 vol. in-4, figures, 2° édition. — Grundsütze der vergleichenden Anatomie. Dresde, 1828, in-8. En anglais, par R. J. Gore. Bath, 1827, 2 vol. in-8, atlas. — C. 6, Carus et A. W. Otto, Eriduterungstafeln zur vergleichen- den Anatomie. Leipzig, 1826-40, in-folio. — R, Wagner, Lehrbuch der ver- gleichenden Anatomie. Leipzig, 1834-35, 2 vol. in-8. En anglais, par A. Tulk, Londres, 1844, in-8 ; 2° édition — Lehrbuch der Zootomie. Leipzig, 4843-44, 1 vol. in-8 ; le 2° volume par Frey et Leuckardt. — Icones analomicæ, Leipzig, 1841, in-folio. — R. E. Grant, Outlines of comparative Anatomy. Londres, 4835, in-folio, —Rymer Jones, A general Outline of the Animal Kingdom. Londres, 1838-39, 1 vol. in-8, figures, 2° édition, 1854. — L. Agassiz et A. A. Gould, Principles of Zoology. Boston, in-8, 2° édition, 4851. — R. Owen, Lectures on the Invertebrate Animals. Londres, 1843, 4 vol., figures, 2° édition, 1855. — Lectures on the comparative Anatomy of the Vertebrate Animals, Fishes, Londres, 1846, in-8, figures. — C. Th. v. Siebold et Herm. Stanius, Lehrbuch der vergleichenden Anatomie, Berlin, 1845-46, 2 vol. in-8 ; 2° édition, 1855 ; en anglais, par W. J. Bur- nett, Boston, 1854. — C. Bergmann et R. Leuckardt, Vergleichende Ana- tomie und Physiologie. Stuttgart, 1852, 1 vol. in-8, figures. — R. B. Todd, Cyclopedia of Anatomy and Physiology. Londres, 1835-52, 4 vol. in-8, figures. — Van der F. Hoeven, Traité de zoologie (en hollandais), — J. V. Carus, Icones zootomice mit Original-beiträgen von G, J, Allman, C. Gegenbauer, Th. G. Hayley, Alb. Keelliker, H. Müller, M. S. Schultze, €, Th. E. von Siebold und F, Stein. Leipzig, 4857, in-folio. GRADATION DE STRUCTURE. 39 oublier que la structure de la plupart des Échinodermes est pu eaucoup plus compliquée que celle d’un Bryozoaire ou d'un es faits sont si bien pas que toute infériorité ou supérios brité absolue d’un embranchement sur l’autre doit être niée ‘sans réserve. S'il ne s’agit que d’une infériorité ou d’une Lsupériorité relative basée sur l’ensemble des faits, on doit accorder que les Vertébrés ont la prééminence sur les trois autres types. Mais la question du rang à assigner aux Mol- -lusques et aux Articulés semble plutôt devoir être tranchée par la diversité des tendances manifestées dans l’ensemble de leur organisation que par une gradation réelle dans la structure des deux types. La concentration, voilà le trait saillant de la structure chez les Mollusques; au contraire, les termes de « déploiement en dehors » (outward display) conviendraient mieux pour exprimer ce qu’il y a de prédo- minant chez les Articulés, A cela près, Mollusques et Articulés paraissent placés à peu près sur le même niveau et autant au-dessus des Rayonnés qu’au-dessous des Vertébrés. Seule- ‘ment les plans sur lesquels ils sont construits indiquent des tendances différentes. Une appréciation plus précise de ces rapports généraux entre les grands types du règne animal exigerait un examen du caractère de leur plan de structure plus approfondi que celui qui en a été fait jusqu'ici (1). Mais, quelle que puisse être la place respective de ces groupes primaires, qu’ils diffèrent par la tendance seule ou par le plan de structure, ou par la hauteur à laquelle ils s'élèvent, en admettant que leur base repose sur un même niveau ou sur un niveau peu différent, toujours est-il que chaque type ‘possède des représentants chez lesquels la structure est ex- (1) Je regrette de ne pouvoir pas rappeler ici le contenu d’une série de lectures que j'ai faites, en 1852, sur ce sujet, à la « Smithsonian Institution ». Cf. néanmoins mon mémoire «On the Differences between Progressive, “Embryonic and Prophetic Types (Proceed. American Association for 4849, “4 4 432). 40 DE L’ESPECE. trémement compliquée et d’autres chez lesquels elle est tout à fait simple. Or, le seul fait d’un aussi grand contraste, dans les limites naturelles de chaque type, prouve que, de quelque manière qu’on s’y prenne pour les ranger en une série simple, les représentants les plus élevés du type placé au- dessous viendront se joindre aux représentants les plus bas du type placé au-dessus, et les formes les plus hétérogénes seront nécessairement en contact (1). Il est done bien évi- dent que, chaque fois qu’on prétendra former une série simple de tous les animaux, plus, dans l’arrangement intérieur de chaque grand type, on aboutira à un degré élevé de per- fection, plus la différence s’exagérera entre les deux extré- mités voisines de la série intermédiaire et de la série qui précéde ou qui suit. Je ne crois pas qu’aucun naturaliste ait, de nos jours, une objection à faire contre arrangement suivant des Rayonnés : les Polypes au bas de l'échelle, les Acaléphes au degré inter- médiaire, les Échinodermes à l'échelon supérieur ; — ou con- tre un groupement analogue des Mollusques : les Acéphales au degré inférieur, les Gastéropodes au milieu et les Cépha- lopodes au sommet ; — ou encore contre cette distribution : chez les Articulés, les Vers, puis les Crustacés et enfin les Insectes; chez les Vertébrés, au-dessus des Poissons les Rep- tiles et les Oiseaux, au-dessus de ces derniers les Mammi- fères, J'ai intentionnellement évité toute allusion aux points controversés. Done, siles Mollusques devaient faire suite aux Rayonnés dans une série simple, les Acéphales seraient en continuité avec les Échinodermes ; si c’étaient les Articulés, la chaine serait renouée par les Vers. Ainsi, ou les Céphalo- podes ou les Insectes formeraient le terme le plus élevé de la série commencée par les Rayonnés et prolongée, dans un cas par les Mollusques, dans l’autre par les Articulés. Dans le premier cas, les Céphalopodes seraient suivis des Vers; dans le second, aux Insectes succéderaient les Acéphales. Enfin, la liaison avec les Vertébrés aurait lieu par les Cépha- 4 (4) L.Agassiz, Animal Morphology (Proceed, Amer. Assoc. for 1849, p. 415). GRADATION DE STRUCTURE. ha Jopodes si les Articulés étaient placés au-dessous des Mol- Jusques, ou par les Insectes si les Mollusques étaient mis plus bas que les Articulés. Qui ne voit, par conséquent, que, à mesure que les vraies affinités des animaux nous sont mieux > connues, des preuves de plus en plus convaincantes s’accu- . mulent contre l’idée que le règne animal constitue une série simple ? Tl faut done se demander maintenant si le règne animal : forme plusieurs séries, un nombre quelconque de séries _ progressives? A mesure qu’on essaye de déterminer la valeur q . comparative de groupes moins compréhensifs, les difficultés … semblent diminuer graduellement. Il est déjà possible de » marquer avec une suffisante précision le rang des classes, _ bien qu'ici encore les mêmes rapports ne se retrouvent pas _ dans tous les types. Parmi les Vertébrés, il n’y pas de doute - que les Poissons ne soient inférieurs aux Reptiles, ceux-ci aux - Oiseaux et tous aux Mammifères. Il semble aussi évident que, pour tout ce qui est essentiel, les Insectes et les Crustacés _ l’emportent sur les Vers, les Céphalopodes sur les Gastéro- . podes et les Acéphales ; les Échinodermes sur les Acaléphes » et les Polypes. Toutefois il y a de vrais Insectes dont la . supériorité sur certains Crustacés ne serait que bien difficile- _ ment prouvée; il est des Vers qui, à certains égards, parais- - sent supérieurs à quelques Crustacés ; la structure des Acé- phales les plus élevés semble plus parfaite que celle de plusieurs Gastéropodes, et celle des Polypes alcyonoides plus que celle de certains hydroides. Dans les classes, donc, les caractères ne s’alignent pas d’une façon assez rigoureuse pour justifier, entre elles et dans chaque type, une coordi- nation sérielle. Mais quand on arrive aux ordres, on peut _ difficilement mettre en doute que la gradation, dans chaque classe, entre ces divisions naturelles ne soit véritablement . l'essence de cette sorte de groupes. Comme un paragraphe spécial du chapitre suivant est consacré à l’examen du carac- tère des ordres (1), jé crois inutile d’insister ici davantage (1) Voy. chap. II, sect. i. 42 DE L’ESPECE. sur ce point. Il me suffira de faire remarquer dès mainte- nant que les géologues, dans leurs tentatives pour établir un paralléle entre le rang des différents types d’animaux et l’ordre de succession de ces types aux diverses périodes. géologiques, eussent rencontré des difficultés beaucoup moindres, s'ils ne se fussent pas attendus à trouver une gradation sérielle, non-seulement entre les classes d’un même type, où cette gradation est imparfaite, mais encore entre les types eux-mêmes, où il est impossible de létablir, S'ils avaient limité leurs comparaisons aux ordres, qui sont réellement fondés sur la gradation, le résultat eût été entié- rement différent. Mais il eût fallu, pour cela, qu'ils fussent plus familiarisés avec l'anatomie comparée, l’embryologie et la zoologie elle-même, qu’on ne peut naturellement l'exi- ger d'hommes dont les études sont principalement consacrées à l'examen de la structure du globe. Pour apprécier, comme il convient, l importance de cette question de la gradation des animaux et embrasser toute l'étendue des difficultés qu’elle renferme, ce n’est pas assez d’une connaissance superficielle du problème embarrassant que constitue l’ordre de succession des animaux à travers les âges géologiques écoulés. D’un autre côté, après s'être mis au courant de toutes les tentatives faites pour établir une corrélation entre ces deux choses (gradation, succession) et de toutes les théories indigestes publiées sur la matière, on devrait perdre toute espérance d’arriver jamais, sur cette question, à un résultat satisfaisant, s’il n’était pas visible aujourd’hui que cette recherche doit être circonscrite dans de certaines limites et maintenue sur le terrain qui lui est propre. Les résultats auxquels je suis déjà parvenu, depuis que j'ai découvert l'erreur dans laquelle les observateurs sont demeurés jusqu'ici, à cet égard, m'ont pleinement convaincu que le seul point de vue vrai est celui sous lequel j'ai présenté le problème, et que, en définitive, la gradation à laquelle les ordres doivent, dans chaque classe, leurs ca- ractères présente aussi la corrélation la plus frappante avec ce qu'il y a de caractéristique dans la succession de ces DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. 43 … mêmes groupes à travers la série des temps. La encore se » découvre une nouvelle et accablante preuve de l’ordre et » «le la gradation admirables qui ont été établis à l’origine et maintenus à travers les âges, dans les degrés divers de com- plication que révèle la structure des êtres animés. IX Distribution géographique des animaux. La superficie de notre planète est formée en partie par - l'eau, en partie par la terre ferme; et l’organisation de tous les êtres vivants étant dans une étroite corrélation avec l’un - ou l’autre de ces milieux, il est dans la nature des choses - que pas une espèce, soit d'animaux, soit de plantes, ne puisse . être uniformément distribuée sur toute la surface du globe. Mais tandis que quelques types, dans l’un et l’autre règne, sont uniformément répandus sur toute la surface des conti- nents ou disséminés au sein de l'Océan sur l'étendue la plus _ vaste, il en est d’autres qui, au contraire, sont circonscrits dans les limites d’une mer ou d’un continent, ou même dans celles d’une contrée particulière, d’un lac, plus encore dans celles d’une petite localité (4). | À ne considérer que les groupes primaires du règne ani- mal, autant que la nature du milieu auquel les animaux sont appropriés ne s’y oppose pas, on rencontre partout, à côté les uns des autres, des représentants des quatre grands embranchements. Des Rayonnés, des Mollusques, des Arti- _ culés, des Mammifères vivent ensemble dans toutes les par- ties de l’Océan, dans les régions arctiques aussi bien que ie eT oS Se ree ee : (1) La race humaine fournit l’exemple de la large distribution d’un type ter- restre; les familles du Hareng et du Maquereau celui de la large distribution d’un type marin. Les Mammifères d’Australie font voir comment quelques - familles peuvent être limitées à un continent; la famille des Poissons à bran- chies labyrinthiques, comment des poissons peuvent ne pas franchir les bornes d’une certaine mer ; celle des Goniodontes de l'Amérique du Sud, comment d’autres ne sortent pas des eaux douces. Le Chaca du lac Baïkal ne se trouve … nulle part ailleurs ; l’Amblyopsis ne se rencontre que dans la caverne du … Mammouth, le Protée que dans les grottes souterraines de la Carinthie. hh DE L’ESPECE. sous l’équateur ou dans le voisinage du pôle sud. Si loin que « l'homme ait pénétré, il a partout constaté ce fait. Il n’est — pas une baie, pas un canal, pas un bas-fond qui ne soit hanté par un mélange de ces êtres. Cette association est si universelle, non-seulement de nos jours, mais à tous les âges géologiques antérieurs, qu’elle constitue, à mes yeux, une raison suffisante pour que les Poissons doivent être à la fin découverts dans le petit nombre de couches fossiliféres du système silurien où on ne les a pas encore rencontrés (1). Sur terre, partout aussi nous trouvons des Vertébrés, des Articulés, des Mollusques, mais non point des Rayonnés, car cet embranchement tout entier est borné aux eaux. Aussi loin que les animaux terrestres s'étendent, nous voyons des représentants des trois premiers embranchements mélés ensemble, comme nous avons vu ceux des quatre groupes mêlés dans l'Océan. Les classes ont déjà un mode de distribu- tion plus restreint. Parmi les Rayonnés, les Polypes, les Acaléphes et les Échinodermes (2) ne sont pas seulement tous aquatiques, ils sont encore tous marins (3), à une seule exception près, celle du genre Hydre, qui habite les eaux (1) Voy. ci-dessus, section vil. (2) Sur la distribution géographique des Rayonnés, consultez : J. D. Dana. Zoophytes, United States Exploring expedition under the command of Ch. Wilkes U, S. N. Philadelphie, 1846, in-4, atlas in-folio. — Milne Edwards et Jul. Haime, Recherches sur les Polypiers (Ann. des sciences na- turelles, 3° série, vol. IX-XVIII, Paris, 1848-52, in-8). — Fr. Eschscholtz, System der Acalephen. Berlin, 1829, in-4, figures. — R. Pr. Lesson, His- toire naturelle des Zoophytes, Acaléphes. Paris, 1843, in-8, figures. — A. Kel- liker, Die Schwimmpolypen und Siphonophoren von. Messina. Leipzig, 4853, 1 vol. in-folio, figures. — R. Leuckart, Zoologische Untersuchungen. Giessen, 1853, 4to. — Zur nühern Kenntniss der Siphonophoren von Nizza (Arch. f. Naturg., 1854). — Beitriige zur Kenniniss der Medusenfaune von Nizza (Arch. f. Naturg., 1856). — C. Gegenbauer, Beitriige zur ndhern Kenniniss der Schwimmpolypen (Zeitschr.f. wiss. Zool.,1853).—Versuch eines Systems der Medusen, mit Beschreibung neuer oder wenig bekannier formen (Zeilschr. f. wiss. Zool., 1856). — C. Vogt, Recherches sur les animaux infé- rieurs de la Méditerranée. Genève, 1854, —- J. Müller et F. H. Troschel, System der Asteriden. Brunswick, 1842, in-8, figures. — L. Agassiz, Cala- logue raisonné des familles, des genres et des espéces de la classe des Echino- dermes (Ann. des sciences naturelles, 3° série, vol. VI-VII, Paris, 1847, in-8). (3) J'ai à peine besoin de dire, à cet égard, que les soi-disant Polypes d’eau douce, l’Alcyonnelle, la Plumatelle, etc., sont des Bryozoaires, et non de vrais Polypes, DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. 45 douces. Chez les. Mollusques (1), les Acéphales, en partie marins, en partie fluviatiles, sont tous aquatiques; les Gasté- ropodes sont ou marins, ou fluviatiles, ou terrestres, et les Céphalopodes sont tous marins. Parmi les Articulés (2), les … Vers sont ou marins, ou fluviatiles, ou terrestres, ou même pa- _ rasites intérieurs des cavités ou des organes d’autres ani- - maux; les Crustacés sont en partie marins, en partie fluvia- (4) Sur la distribution géographique des Mollusques, consultez : J. B. de “ Lamarck, Histoire naturelle des animaux sans vertèbres. Paris, 1815-22, . 7 vol. in-8 ; 2° édition augmentée de notes par MM. Deshayes et Milne Edwards, : Paris, 1835-43, 40 vol. in-8. — J. B. L. de Férussac, Histoire naturelle des … Mollusques terrestres et fluviatiles. Paris, 1819 et suiv., in-4, figures in-folio, continuée par Deshayes. — Férussac et A. Sanderrang, Histoire naturelle des _ Aplysiens. Paris, 1828, in-4, figures in-folio. — Férussac et A. d’Orbigny, … Monographie des Céphalopodes crijptodibranches. Paris, 1834-43, in-folio. — F.G. W. Martini et J. H. Chemnitz, Neues Systematisches Conchylien-Kabi- net. Nuremberg, 1769-95, 11 vol. in-4, figures; nouvelle édition et suite par Schubert et A. Wagner, complétée par H. C. Küster. Nuremberg, 11 vol. in-4, figures. — L, G, Kiener, Species général et Iconographie des coquilles vivantes. Paris, 1834 et suiv., in-8, figures. — Lowell Reeve, Concho:ogia iconica, a complete Repertory of Species of Shells, Pictorial and Descriptive. Londres, 1843 et suiv., in-4, figures. — L. Pfeiffer, Monographia Heliceo- rum viventium. Leipzig, 1847-48, in-8. — L. Pfeiffer, Monographia Pneu- monoporum viventium, Cassel, 1852, in-8. Et tous les traités spéciaux de con- chyologie. (2) Le mode de distribution des Vers libres ou parasites pourra être étudié dans : A. Ed. Grube, Die Familien der Anneliden (Wiegmann’s Archiv, 4850). Je mentionne ce mémoire de préférence à tout autre travail, parce que c’est la seule liste complète des Annélides. A la vérité, les localités ne sont pas indiquées, mais on y peut suppléer à l’aide des renvois et notes. — K, A. Ru- dolphi, Entozoorum sive Vermium intestinalium Historia naturalis. Amster- dam, 1808-10, 3 vol. in-8, figures. — Entozoorum Synopsis. Berlin, 1849, in-8, figures. — E. F. Gurlt, Verzeichniss der Thiere, bei welchen Ento- zoen gefunden worden sind (Archives de Wiegmann, 1845, continué par Cre- plin dans les numéros suivants). — Fél. Dujardin, Histoire naturelle des Helminthes ou Vers intestinaux. Paris, 1844, in-8. — C. M. Diesing, Histo- toria Vermium. Vienne, 1855, 2 vol. in-8. — Sur la distribution géogra- phique des Crustacés, voyez : Milne Edwards, Histoire naturelle des Crustacés. Paris, 1834, 3 vol. in-8, figures. — J. D. Dana, Crustacea, United States exploring Expedition, under the command of Ch. Wilkes U. S. N., vol. XIV, Philadelphie, 1852, 2 vol. in-4, atlas in-folio. — Pour Ja distribution géogra- phique des Insectes, je renvoie aux traités généraux d’entomologie, car il me faudrait des pages entières pour énumérer les seuls ouvrages classiques con- sacrés aux différents ordres de celte classe ; ils sont d’ailleurs mentionnés tous dans: Ach. R. Percheron, Bibliographie entomologique. Paris, 1837, 2 vol. in-8. — L. Agassiz, Bibliographia Zoologiæ et Geologie, a general Catalogue of all Books, Tracts and Memoirs on Zoology and Geology, cor- rected, enlarged, and edited by H. E. Strickland. Londres, 1848-54, 4 vol. in-8 (Ray Society). h6 DE L'ESPÈCE. tiles; un petit nombre sont terrestres. Les Insectes sont surtout terrestres ou plutôt aériens; quelques-uns sont marins, d’autres fluviatiles, et un très-grand nombre d’entre eux qui, à l’état parfait, vivent dans l'air, sont terrestres ou aquatiques durant les premières phases de leur développe- ment. Parmi les Vertébrés (1), les Poissons n’habitent que les eaux, douces ou salées; les Reptiles sont aquatiques, amphi- bies ou terrestres, et quelques-uns de ces derniers sont aquatiques à la première période de leur vie. Les Oiseaux sont tous aériens, mais les uns sont davantage terrestres, les autres davantage aquatiques. Enfin, les Mammifères, quoique tous aériens, vivent partie dans la mer, partie dans les eaux douces, et le beaucoup plus grand nombre sur terre. En poussant cette revue plus loin, on verrait que cette locali- sation d’après la nature des éléments au sein desquels vit l'animal est en corrélation directe avec des particularités de structure d’une importance telle que, dans les limites de la classe, la seule considération de l'habitat pourrait, en beaucoup de cas, conduire à une classification naturelle (2). Mais cela n’est vrai que dans les limites de la classe, et (1) Consultez sur la distribution géographique des Poissons : G. Cuvier et A, Valenciennes, Histoire naturelle des Poissons. Paris, 1828-49, 22 vol. in-8, figures. — J. Müller et J. Henle, Systematische Beschreibung der Plagio- stomen, Berlin, 1844, in-folio, figures. — Sir John Richardson, art. ICHTHYOLOGY de l'Encyclopædia Britannica. Edimbourg, 1856, in-4. — A. M, CG. Duméril, Ichthyologie analytique, ow Essai d’une classification naturelle des Poissons, Paris, 1856, in-4, — Sur celle des Reptiles : A. M. C. Duméril et G, Bibron, Erpétologie générale ou Histoire naturelle complète des Reptiles. Paris, 1834-55, 9 vol. in-8, figures. —J. J. Tschudi, Classification der Batrachier. Neufchatel, 1838, in-4 (Mém. de la Soc. de Neufchdtel, 2° vol.). —L. J. Fitzinger, Sys- tema Reptilium. Vienne, 1843, in-8. — Sur celle des Oiseaux : G. R. Gray, The genera of Birds, illustrated with about 350 plates, by D. W. Mitchell, Londres, 4844-49, 3 vol. imp. in-4. — C. L. Bonaparte, Conspectus generum Avium. Leyde, 1850 et suiv., in-8, — Sur celle des Mammifères : A. Wagner, Die geo- graphische Verbreitung der Süugthiere (Verhandl. der Akademie der Wissen- schaft, Munich, vol. IV). -~ Herm. Pompper, Die Süugthiere, Vügel und Am- phibien nach ihrer geographischen Verbreitung tabellarisch zusammengestelt. Leipzig, 1841, in-4.— Voyez encore sect. 11, notes, et Archives de Wiegmann, continuées par Troschell; Catalogues du British Muséum, du Jardin des plantes, etc. (2) L. Agassiz, The Natural Relations between Animals and the Elements in which they live (Amer. Journ. of Science and Arts, 2° série, vol. IX, 1850, in-8, p. 369). cette circonstance que les représentants des types les plus variés sont partout DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. 47 encore n’est-ce pas absolument vrai. Dans quelques classes, en effet, c’est seulement dans les ordres ou dans les familles _ qu’on trouve cette corrélation intime avec les milieux. Il y a même des groupes naturels dans lesquels elle ne se ma- _nifeste plus au dela des genres, et un petit nombre de cas _ où elle ne va pas plus loin que l’espéce. A quelque degré … toutefois que cette correspondance se manifeste, on observe … qu’en un lieu quelconque du globe elle apparaît simultané- ment chez les représentants de classes diverses ou même d’embranchements différents, soit du règne végétal, soit du … règne animal. Cela prouve que, au moment où ils ont été appelés à l'existence, les êtres si variés formant ce mélange ont été appropriés dans tous leurs caractères, ceux du règne, ceux de la classe, de l’ordre, de la famille, ceux du genre _ et ceux de l’espèce, aux conditions de l’habitat qui leur était assigné, et non pas qu’ils soient le produit des circon- stances locales, ou de celles du milieu, ou enfin d’une cir- constance physique quelconque (4). Soutenir le contraire, reviendrait positivement à affirmer que partout où des êtres organisés vivent dans un certain mélange, si varié soit-il d’ailleurs, les forces physiques dominantes ont trouvé dans leur mutuelle combinaison la puissance de produire la grande variété de structure que présentent ces êtres, en . dépit même de l’étroite corrélation qui existe entre ces forces et les animaux ou les végétaux ; ou bien que, par leur inter- vention, une corrélation intime a été établie entre elles- mêmes et les organismes, bien qu'entre leur propre nature et les caractères de ces derniers, il n’y eût aucun lien: En d’autres termes, dans tous les animaux et dans toutes les » plantes, il y a un certain côté de l’organisation qui est en (1) Quand on étudie la distribution géographique des animaux et des . plantes, et leurs rapports avec les milieux ambiants, on n’a pas assez égard à associés, dans des aires définies, au milieu de conditions d’existence identi- ques. Ces combinaisons de nombreux types fort hétérogènes, sous toutes les variétés possibles de climats, me semblent devoir fournir lobjection la plus irréfutable contre l’hypothèse que les êtres vivants, ainsi réunis et mélés, puissent avoir pris spontanément origine et être l’œuvre d’une loi naturelle. 48 DE ©’ ESPECE. rapport avec la nature des éléments au sein desquels ils vivent, et un autre côté de l’organisation où ce rapport n'existe pas; or, c’est précisément cette partie de l'être “organisé, complétement indépendante des circonstances extérieures, qui constitue le.caractère essentiel, le caractère typique. Cela prouve, sans laisser place à la moindre objec- tion, que les éléments au sein desquels vivent les animaux et les plantes (et par éléments j'entends tout ce qu’on appelle ordinairement causes physiques, agents physiques, etc.) ne peuvent en aucune façon être considérés comme la cause de ces êtres. L'étude de la distribution géographique des êtres orga- nisés n’a pas encore pris de forme scientifique par une raison bien simple : c’est qu’elle s’est bornée jusqu’à présent à considérer la répartition des animaux et des plantes à la surface du globe, en tenant exclusivement compte des êtres qui l’habitent aujourd’hui. Cependant cette distribution a ses racines dans le passé. On ne comprendra bien l’état ac- tuel des choses que du jour où on le rattachera à la distri- bution des êtres organisés des âges géologiques antérieurs au nôtre. Pour bien comprendre la liaison des êtres avec le sol qu'ils habitent, il est indispensable d’envisager les changements autrefois subis par la configuration des terres et des mers dans leurs rapports avec la forme actuelle des océans et des continents. On ne s’expliquera les ressem- blances des animaux qui vivent dans l’Océan, sur les rivages opposés d’un continent, que lorsqu’on aura mis en évidence les communications directes ayant jadis existé entre des mers que ce continent sépare aujourd’hui. On ne pourra suivre les affinités des animaux qui sont disséminés sur les versants opposés des hautes chaines de montagnes qu’en se reportant aux époques où ces barrières n’existaient point encore. Il ne s’agit donc pas seulement de saisir la liaison qui existe entre les animaux des époques géologiques suc- cessives, il faut encore embrasser d’un même coup d’ceil les changements qui ont accompagné les modifications surve- nues avec le temps dans les règnes organiques. Cette étude Se do oué do oothterté dti ch DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. A9 est encore à faire dans son ensemble, malgré les travaux par- _tiels qu’on possède déjà sur ce sujet. 7 Si les naturalistes des siécles précédents n’ont pas réussi a perfectionner leurs systèmes en y introduisant des consi- dérations tirées de l'habitat des animaux, c’est surtout | parce qu'ils ont fait de l’habitat la base de leurs divisions pri- maires. Mais, en la réduisant aux proportions qui lui con- viennent, l'étude des rapports existant entre la structure et la patrie naturelle des animaux ne peut manquer de produire des résultats intéressants, et, entre autres, la conviction croissante que ces rapports, loin d’être le fait des forces phy- Lsiques, dérivent au contraire du plan conçu dés le principe. Ce n’est certes pas là une conclusion sans importance. _ Des aires inégales sont occupées à la surface du globe par des groupes de valeur diverse, et les mélanges formés par des familles distinctes de végétaux ou d'animaux dans les différentes parties du globe présentent ainsi la plus extraordinaire variété. Ges combinaisons sont réglées de telle sorte. que chaque province naturelle emprunte aux caractères de ses êtres organisés un cachet qui lui est propre. On appelle fawne, l'association naturelle des êtres qui vivent en commun sur une surface plus ou moins vaste, quand on parle des animaux seulement; s'il s’agit des plantes, on dit la fore. Il s’en faut que ies limites naturelles des faunes et des flores aient été déjà déterminées avec pré- cision. Comme les travaux de Schow et de Schmarda suffi- sent à donner une idée approximative de ces circonscriptions et de leur grandeur, j’y renvoie pour plus de détails (4), et je veux me borner à faire ressortir l’inégale étendue des faunes différentes, et la nécessité de leur assigner des irnites spéciales suivant le point de vue sous lequel on les envisage. Ou, pour mieux dire, je veux faire comprendre que les groupes différents embrassant les uns moins, les autres davantage, il est nécessaire, pour l'étude de leur mode d’as- (4) Je renverrai aussi à une Esquisse sur les faunes, que j’ ai publiée dans : lott et Gibson, Types of Mankind, Philadelphie, 1854, in-4, avec une carte et illustrations. AGASSIZ. 4 50 DE L’ESPECE. sociation ou des faunes, de faire une distinction entre les empires zoologiques, pour ainsi dire, et les provinces zoolo- giques, les cantons zoologiques, les paroisses zoologiques, c’est-à-dire entre des aires d’inégale étendue. La plus vaste contiendra les types les plus répandus ; des divisions de plus en plus petites présenteront des types de plus en plus res- treints, Parfois ces circonscriptions se superposeront, par- fois elles seront placées l’une à côté de l’autre, parfois encore elles seront inscrites l'une dans l’autre; mais, toujours et partout, un cachet spécial sera imprimé à chaque fraction de l'aire la plus large et la fera différer de n'importe quelle. autre partie, dans ses limites naturelles. La variété des combinaisons qui peuvent se produire entre des aires ou plus petites ou plus grandes, mais également: bien définies par des types différents, a été cause que les naturalistes ont émis les vues les plus disparates à l'égard des limites naturelles des faunes. Mais, avec le progrès de nos connaissances, ces divergences ne peuvent manquer de disparaître. A la rigueur, chaque ile de l’océan Pacifique sur, laquelle on rencontre une espèce animale distincte peut être. considérée comme possédant une faune spéciale, bien que plusieurs groupes de ces îles aient un caractère commun qui en fait le domaine d’une seule faune plus compréhensive : c’est le cas des îles Sandwich, par exemple, comparées aux îles Fidji ou à la Nouvelle-Zélande. Ce qui est vrai Wiles séparées ou de lacs isolés est également vrai des parties reliées entre elles d’un continent ou d’une mer. Comme il est maintenant bien connu que certains ani- maux ne dépassent pas, dans leur distribution géogra- phique, un cercle trés-étroit, il serait fort intéressant de définir quelles sont les limites les plus resserrées dans les= quelles des animaux de type différent puissent être circon- scrits, On aurait ainsi une première donnée pour la recherch . des conditions primitives dans lesquelles les animaux ont été créés. Le temps n’est plus où la simple indication du conti nent dans lequel un animal a été trouvé pouvait satisfaire notre curiosité. Les naturalistes qui, ayant la possibilité de DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. 91 déterminer rigoureusement les circonstances particulières de Vhabitat des animaux qu'ils décrivent, négligent de rela- ter ces circonstances, manquent à ce qu’ils doivent à la science. Sans les négligences de cette espèce, notre connais- -sance de la distribution géographique des animaux serait Aa la fois plus étendue et plus exacte. Chaque nouveau fait re- “latif à la distribution géographique d’une espèce connue est aussi important pour la science que la découverte d’une espèce nouvelle. Si nous connaissions seulement la distribu- - tion d’un seul animal aussi exactement qu Alph. de Candolle a déterminé celle de quelques espèces végétales, une ère nouvelle commencerait pour la Zoologie. Il est grandement regrettable que, dans la plupart des travaux où sont consi- . gnés les résultats scientifiques d’explorations lointaines, on ne trouve rien de plus que la description des espèces nou- velles. Une simple énumération des espèces déjà connues, ajoutée à cette description, eût été un renseignement d’une valeur inappréciable pour la connaissance de la géographie zoologique. Le sans-façon avec lequel certains, naturalistes instituent des espèces distinctes, simplement parce qu’ils en _ ont trouvé les individus dans des contrées éloignées, et sans même avoir le soin d'en garder des spécimens pour une com- paraison ultérieure, est une source d’erreurs perpétuelle donnant lieu, dans l’étude de la géographie des animaux, aux conclusions les plus fausses. Non moins préjudiciable aux progres de la science est la promptitude avec laquelle d’au- tres observateurs considèrent comme identiques les animaux ou les plantes qui ont entre eux une trés-grande ressem- blance, sans se préoccuper le moins du monde de leur ori- gine et sans même signaler les différences qui ont pu être notées sur les spécimens tirés de différents points du globe. L'identité parfaite d'animaux ou de plantes qui vivent en des contrées du globe fort éloignées a été si souvent démon- née, et, inversement, on connaît si bien à quel point des “espèces vivant ensemble peuvent néanmoins différer sous tous les rapports essentiels, qu’une telle légèreté dans l’ étude t injustifiable. 52 DE L’ESPECE. L’extréme ressemblance pouvant exister entre des ani- maux ou des plantes qui vivent dans les contrées les plus distantes est un fait du plus haut intérêt et dont l'étude est fort importante au point de vue de ces deux questions: l'unité d’origine des animaux, et l’influence des agents phy- siques sur les étres organisés. Les faits établissent désor- mais, d’une façon trés-nette, que les individus d’une même espèce, nés dans des régions trés-éloignées, ne peuvent pas avoir eu une origine commune, et qu’il y a la même indé- pendance entre les espèces, d’ailleurs étroitement alliées, qui sont les représentants les unes des autres dans des lieux du globe trés-distants. Il me semble donc qu’un des arguments lés plus puissants en faveur de la prétendue influence exer- cée sur le règne organique par les agents physiques qui en altéreraient les caractères est pour toujours écarté. Ce sont, parmi les Mammifères, quelques espèces grandes | et remarquables qui donnent la mesure des limites les plus étroites où des Vertébrés puissent être circonscrits : l’Orang- outan dans les îles de la Sonde, le Chimpanzé et le Gorille © _ sur la côte occidentale d'Afrique ; plusieurs espèces distinctes . de Rhinocéros aux environs du cap de Bonne-Espérance, à Java, à Sumatra ; le Tapir commun et le Tapir pinchaque dans l'Amérique du Sud, le Tapir oriental à Sumatra; l'Éléphant ! des Indes orientales et l'Éléphant d'Afrique ; le Chameau de : la Bactriane et le Dromadaire; les Llamas et les différentes | espèces de Bœufs, de Chèvres et de Moutons sauvages, etc. | Les exemples les plus frappants de localisation sont fournis : © chez les Oiseaux, par l’Autruche africaine, les deux Nandous — de l'Amérique, l’'Émeu (Dromaius) de l'Australie et le Casoar # (Casuarius galeatus) de l'archipel Indien, et plus encore par \ certaines espèces de Pigeons confinées dans des îles particu- lières de l'océan Pacifique ; — chez les Reptiles, par le Pro-— tée des grottes d’Adelsberg en Carinthie, et par la Tortue Gopher (Testudo Polyphemus, Agass.) des États du Sud de l'Union américaine ; — chez les Poissons, par le Poisson — aveugle (Amblyopsis speleus) de la caverne du Mammouth. ~ L’embranchement des Articulés ne présente pas, à cet égard, © DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX- 53 de faits aussi saillants ; toutefois l'Écrevisse aveugle de la ca- _verne du Mammouth et les parasites qui ne vivent que sur . le corps ou dans le corps d’autres animaux sont des exemples de localisation très-remarquables. Parmi les Mollusques, on remarquera certaines espèces de coquilles terrestres qui, » suivant ce qu’assure le professeur Adams, entre toutes les An- tilles, ne se trouvent qu’à la Jamaïque (1), et l'espèce, décrite par le docteur Gould (2), qui a été trouvée dans les îles isolées de l'océan Pacifique par la commission des États-Unis char- gée d’un voyage de circumnavigation. Parmi les Rayonnés . eux-mêmes on peut citer, aussi bien chez les Echinodermes - que chez les Méduses ou les Polypes, quelques espèces . qui ne sont connues que dans un petit nombre de localités ; . mais, tant que ces animaux n’auront pas été collectionnésdans . le but spécial d’en déterminer le mode de distribution géo- _ graphique, les indications des voyageurs devront être accueil- _ lies avec beaucoup de réserve, et toute généralisation quant _& la grandeur de l’aire couverte par les espèces sera préma- turée, jusqu’à ce que les contrées qu’elles habitent aient été explorées sur une grande étendue (3). À ces considérations relatives à la distribution dans l’éten- due, il faut rattacher encore les connaissances que l’on pos- _ sède déjà sur la distribution de certains types, limités à des hauteurs déterminées du relief inégal de la terre ou à des _ profondeurs diverses dans le sein des eaux. Malgré les faits nombreux qui ont déjà été recueillis sur cette distribution, dans les mers qui baignent l’Europe et au voisinage du littoral américain, malgré aussi quelques données isolées sur les grandes profondeurs auxquelles certaines espèces animales ont été rencontrées, on peut dire sans exagération (1) C. B, Adams, Contributions to Conchology. New-York, 1849-50, in-8, série de mémoires pleins de renseignements originaux. (2) A. A. Gould, Mollusks, United States exploring Eapedition under the command of Ch. Wilkes U. S. N. 4 vol. in-4, Philadelphie, 1854. (3) Pour ce qui est des Echinodermes et des Acaléphes, je suis en mesure d'affirmer que les espèces du littoral atlantique de l'Amérique du Nord diffè- rent entiérement, suivant qu’elles vivent sur les côtes des États septentrionaux ou sur celles des États du Sud; à leur tour, ces dernières sont tout autres que les espèces du golfe du Mexique, 54 DE L’ESPECE. que la distribution géographique des animaux au sein a | mers est presque entièrement inconnué. Il n’en est pas moins vrai et établi sur de PTE preuves que, dans des limites définies, tous les animaux qu’on trouve dans des provinces zoologiques différentes sont spé- cifiquement différents. Ce qui reste à déterminer d’une façon plus précise, c’est la distribution de chaque espèce, ainsi que les limites naturelles des différentes faunes. | x Structure identique de types largement disséminés. — Ce n’est pas seulement en considérant combien, même dans des aires fort petites, le règne animal présente de variété, qu’on est conduit à admirer l’unité de plan mani- festée par tant de types si divers; cette admiration devient bien plus grande encore quand on voit dans ces types une structure identique, bien qu’ils soient répandus sur une vaste étendue superficielle, dans des régions qui n’ont pas le moindre rapport entre elles. Pourquoi les animaux et les végétaux du nord de l'Amérique ont-ils une si grande res- semblance avec ceux de l'Europe et du nord del Asie, tandis que ceux de l'Australie diffèrent complétement de ceux de l'Afrique et de l’Amérique du Sud, à latitudes égales? Voila certes un problème d’un grand intérêt, au point de vue de l'influence exercée par les agents physiques sur les carac- téres des êtres organisés, dans les différentes parties du globe. Il n’y a certainement pas plus de ressemblance entre l'Amérique du Nord et l’Europe ou l’Asie septentrionale qu'entre certaines parties de l’Australie et certaines autres de l'Afrique ou de l'Amérique du Sud. Et quand même on devrait accorder qu'il ya entre celles-ci une différence plus grande qu’entre celles-là, il n’y aurait aucune proportion entre cette disparité, d’une part, et les dissemblances ou les similitudes existant, d'autre part, entre les animaux de ces STRUCTURE IDENTIQUE DE TYPES DISSEMINES. 55 _ contrées. Il serait rationnellement impossible de faire dé- . pendre les unes des autres. Pourquoi l’identité entre les es- _ péces prévaut-elle dans la zone arctique et cesse-t-elle de _ zone, différentes d’ailleurs, autant de difficultés que pour - démontrer l'identité de certaines espèces arctiques dans _ les trois continents qui convergent vers le pôle ? Cependant - il y a confusion, et sur une grande étendue, entre les espèces . d’une zone et celles de l’autre, à leur commune limite. Pourquoi les espèces antarctiques ne sont-elles pas iden- | tiques avec celles des régions arctiques? Pourquoi, enfin, une _ plus grande élévation de la température moyenre suffit-elle pour introduire des types aussi complétement nouveaux, . quand, d’ailleurs, il y a dans la région arctique, sur les diffé- _ rents continents, des types d’une singularité si remarquable (les Rhytina, par exemple), combinés avec d’autres qui par- tout sont les mêmes dans toute l'étendue de la région (1) ? A première vue, il semble tout naturel que les espèces arctiques s'étendent sur les trois continents septentrionaux qui convergent également vers le pôle. Là, en effet, il ne peut pas y avoir de barrière insurmontable à la plus large dissémination, sur toute la superficie de la région, d’ani- maux qui vivent dans l'océan Glacial ou sur les parties des trois continents, entre lesquelles la glace sert, pour ainsi dire, de pont. Mais, plus on pénètre avant dans les détails, à la recherche de cette identité, plus on demeure surpris de la rencontrer, car dans la région arctique, comme partout (1) Qu'on ne s’y méprenne point. Je n’impute pas à tous les naturalistes l’idée de rapporter toutes les différences ou toutes les similitudes du monde orga- nique aux influences climatologiques. Je veux seulement leur rappeler que leta- … bleau, même le plus exact, des relations existant entre le climat et la distribution géographique des êtres vivants, laisse intacte la question de l’origine de ces êtres ; or, c’est cette origine qui est en cause. On a trop peu fait attention, jusqu'ici, aux rapports que présentent les particularités de la structure et le mode de distribution géographique des animaux. C’est une comparaison à laquelle on ne pourra se livrer utilement qu'après que des observateurs nés dans le pays auront, sous toutes les latitudes, étudié l'anatomie comparée des animaux de chaque contrée, 56 DE L'ESPÈCE. ailleurs, des représentants de types trés-divers vivent les uns | à côté des autres. Les Mammiféres arctiques appartiennent principalement aux familles des Baleines, des Phoques, des — Ours, des Belettes, des Renards, des Ruminants et des Ron- geurs. Ils ont, en tant que Mammifères, la même structure — générale qu’ont les animaux de cette classe, dans n’importe — quel lieu du globe. Il en est de même des Oiseaux arctiques, des Poissons, des Articulés, des Mollusques, des Rayonnés arctiques, comparés aux représentants du même type dans une contrée quelconque. L'identité s'étend à tous les degrés d’affinité, aussi bien chez ces animaux que chez les végétaux — des mêmes latitudes. Ordres, familles, genres, aussi loin qu’ils sont représentés, ont là, identiquement, les mêmes caractères qui sont ailleurs propres à ces genres, à ces ordres, à ces familles. Les Renards arctiques ont la même formule dentaire, la même disposition des doigts et des ongles; en — somme, toutes les particularités génériques qui caractérisent — les Renards, qu’ils soient de la zone arctique, de la zone tempérée ou de lazone tropicale; qu’ils habitent l'Amérique ou l’Europe, l'Afrique ou l’Asie. La même chose est. vraie pour les Baleines ou les Phoques; les mêmes détails de Structure qui caractérisent le genre au pôle nord reparais- sent chez les animaux de l'hémisphère sud, et dans l’espace intermédiaire, aussi loin que s’étende leur distribution na- turelle. Même chose encore pour les Oiseaux, pour les Pois- sons, etc., etc. Et qu'on ne suppose pas que c’est là une simple ressemblance générale. Tant s’en faut; l'identité de structure va jusqu'aux plus petits détails des particularités les plus infimes; dents, poils, écailles, plis du cerveau, ramifications vasculaires, replis de la muqueuse intestinale, complication des glandes, rien n’y échappe; et cela est poussé si loin, que, seul, le naturaliste familier avec lobser- vation microscopique peut se faire une idée de la précision et de la permanence de ces caractères. Cette identité, pour tout dire, est tellement complète, que si, après avoir été mutilé de manière qu'aucun des caractères de l'espèce ne put être reconnu, un animal quelconque était soumis à * STRUCTURE IDENTIQUE DE TYPES DISSEMINES, 57 Pexamen d’un anatomiste vraiment habile, non-seulement la classe, non-seulement l’ordre et la famille auxquels appar- tient cet animal, mais encore le genre lui-même pourraient être déterminés avec autant de précision que si l'intégrité des parties avait été respectée. Si un petit nombre de genres seulement avaient le privilége d’une large dissémination sur la terre ou dans l'Océan, on pourrait regarder cela comme ‘une chose extraordinaire; mais il n’est pas une classe d’ani- Maux qui ne contienne plusieurs genres plus ou moins cos- mopolites. Le nombre des animaux qui ont subi une dissé- ‘Mination profuse est même tellement grand, que, au moins en ce qui concerne les genres, on peut sans crainte affirmer que la majeure partie d’entre eux ont une distribution géographique extrêmement large. Cela montre de la façon Ja plus évidente que, si loin que s’étende la distribution géographique de ces genres, les animaux dont la structure est identique dans toute cette étendue échappent à l'influence des agents physiques. Sinon il faudrait admettre que, nonobstant leur extrême diversité dans les limites géogra- phiques indiquées, ces agents ont le pouvoir de produire des structures absolument identiques dans des types tout à fait différents (1). Il importe de se rappeler ici que certains genres de Ver- (4) Un exemple rendra cet argument plus sensible à ceux qui ne sont point familiers avec l’histoire naturelle. De l’océan Arctique au cap Horn, l'Amérique érmbrasse une telle variété de climats et de sols, qu’on peut bien supposer que toutes les causes naturelles capables de donner origine aux êtres organisés ont été ou sont en activité sur ce continent. Or, il y a dans l'Amérique arctique une espèce particulière de Renard ; il y en a d’autres dans la zone tempérée du continent et d’autres encore sous les latitudes plus méridionales. A ces Renards sont associés les animaux les plus divers de toutes les classes, parmi lesquels il s’en trouve dont le domaine géographique est circonscrit dans les limites les plus étroites, et d’autres en. grand nombre qui ont leurs représentants dans d’autres parties du monde. Évidemment, il faut bien que les agents physiques n'aient pas été la cause de l’existence de tous ces êtres ; à moins de dire que ces agents ont opéré avec discernement, qu'ils ont produit sur tout le continent ua certain genre de Mammifères partout le même, et placé à côté de lui d’au- tres animaux des types les plus diversifiés, partaitement conformes d’ailleurs, pour l'essentiel, avec d’autres êtres de ces mêmes types produits hors du con- tinent américain, Mais alors c’est admettre en d’autres termes que cet acte est l’œuvre d’un être intelligent, 58 DE L'ESPÈCE. _tébrés, d’Articulés, de Mollusques et de Rayonnés, sont ré= partis dans les mémes localités et sur une méme échelle. Or, en tant que Vertébrés, Articulés, Mollusques, Rayonnés, leurs représentants respectifs ont, sur toute cette aire occupée en commun, une structure identique, mais en méme temps ils sont construits sur des plans trés-diffé- rents. J’estime que ce fait est, par lui-même, une démons: tration complète de l’entiére indépendance de la struc- ture des animaux à l’égard des agents physiques. Je puis ajouter que le régne végétal offre une série de faits exac- tement semblables. Cela prouve que tous les rapports d’ordre supérieur, soit chez les animaux, soit chez les plantes, sont l'effet d’une cause autre que les influences physiques. Tandis que tous les représentants d’un méme genre ont une structure (1) identique, les diverses espéces d’un genre différent simplement quant à la grandeur, aux proportions des parties, à l’ornementation, aux rapports avec le milieu ambiant, ete. Le mode de distribution géographique des espèces varie à un tel point, qu’il est impossible de trouver dans ce seul fait un critérium, pour les distinguer les unes des autres. D’ailleurs, paraît-il, tandis que certaines espèces projetées sur une surface considérable occupent sur cette surface des aires discontinues, il est d’autres espèces, si étroitement alliées les unes aux autres, qu’on les nomme espèces représentatives, dont chacune n’occupe qu’une de ces aires partielles. La question est donc de savoir comment ont été établies ces limites naturelles assignées. à chaque espèce. La croyance générale est aujourd’hui que chacune d'elles a eu originellement un point de départ d’où elle s’est répandue ensuite sur toute l’étendue qu’elle occupe actuel- lement. Ce point de départ serait même encore indiqué par la prédominance ou la concentration plus grande de l’espèce, en un certain point de son aire naturelle qu’on appelle, en conséquence, le centre.de distribution ou le centre de créa- tion. A la périphérie de son territoire, l'espèce serait plus (1) Voy. ci-après, chap. II, sect. v. STRUCTURE IDENTIQUE DE TYPES DISSEMINES. 59 : sparpillée, plus clair-semée pour ainsi dire, et quelquefois les représentants en seraient trés-réduits. La Zoologie a fait un grand pas le jour où, grâce à une géographique des êtres organisés, les naturalistes durent se convaincre que pas un animal ou une plante n’a pu prendre origine sur un point unique de la surface du globe et s’é- tendre ensuite de plus en plus j jusqu’ à ce que la terre fût | péuplée. Ce fut réellement un progrès immense et qui affran- à chit la science des entraves d’antiques préjugés. Maintenant, en effet, que nous avons sous les yeux toutes les données de a question, on a peine à concevoir que cette progressive irradiation autour d’un centre primitif ait pu sembler une explication suffisante de la diversité qui, partout, se montre _ sur la terre. Car admettre des centres distincts de distribu- tion pour chaque espèce dans ses limites naturelles, c’est -véritablement couper les faits en deux. Il y a entre les ani- maux et les plantes, que partout nous trouvons dans un certain état de mélange, des rapports innombrables qu’il est impossible de ne pas regarder comme primitifs et qui ne peuvent pas être le résultat d’une adaptation successive. Or, s’il en est ainsi, il s'ensuit forcément que tous les ani- maux et les. plantes ont occupé, dès l’origine, ces circon- scriptions naturelles dans lesquelles on les voit établis et entretenant les uns avec les autres des rapports si profondé- ment harmoniques (4). Donc, du jour même de leur appa- rition, les pins ont été des forêts; les bruyéres, des landes; les abeilles, des essaims; les harengs des bancs de harengs ; les buffles, des troupeaux; les hommes, des nations (2)! Une preuve frappante, pour moi, que les choses ont eu lieu ainsi, c’est que des espèces représentatives, lesquelles, en tant _ qu’espèces distinctes, ont dû avoir à l’origine une répartition géographique différente et distincte, occupent fréquemment (4) L. Agassiz, Geographical Distribution of Animals (Christian Exa- - miner, Boston, 1850, in-8 ; mars). (2) L. Agassiz, The Diversity of origin of the Human Races (Christian _ Examiner, Boston, 1850, in-8, février). 60 DE L’ESPÈCE. des sections de surface habitées en même temps par d’autres espèces qui, dans toutes ces aires partielles, sont parfaitement identiques. Pour en citer un exemple, je prendrai le Siffleur d'Europe et le Siffleur d'Amérique (Anas mareca Penelope et Anas americana), ou le Millouin commun et le Millouin à tête rouge (A. ferina et A. erythrocephala), qui habitent respectivement les parties septentrionales du nouveau con- tinent et de l’ancien pendant l'été, et émigrent vers le sud de ces continents pendant l’hiver, tandis que le Canard ordi~ naire (A. boschas) et le Millouineau (Anas marila) sont. aussi communs dans l’Amérique du Nord qu’en Europe. . Quelle est la signification de ce fait? Indique-t-il que tous ces oiseaux ont été originairement mis au monde dans un. seul et même lieu, où on ne les retrouve plus maintenant, © puis ont fini par aller se cantonner dans les circonscriptions — qu’ils occupent actuellement? — ou qu’ils ont pris nais-. sance, soit en Europe soit en Amérique, contrées qu’à la. vérité tous n'habitent plus, mais où vit au moins une partie — d’entre eux? — ou bien qu’ils sont réellement venus au — monde dans les circonscriptions qu’ils occupent actuelle- ment? Je suppose mon lecteur trop judicieux pour que j'aie . besoin d’autre chose que de discuter les conclusions qui dé- coulent de cette dernière hypothèse. Done, le Siffleur d’A- mérique et le Millouin américain à tête rouge sont origi- naires de l'Amérique; le Siffleur européen et le Millouin à tête rouge européen sont nés en Europe. Mais le Canard ordinaire et le Millouineau, qui sont communs aux deux con- . tinents, sont-ils nés en Europe ou en Amérique ? Ou bien ont-ils originellement paru à la fois dans les deux mondes?.. — Je n’irai pas plus loin; j'ai simplement voulu mettre le lec- : teur en face d’un cas bien précis, de manière à lui faire parfaitement comprendre le caractère de cet argument qui — we s’applique au règne animal tout entier. Je dis que les faits conduisent pas à pas à la conclusion que le Canard ordinaire — et le Millouineau ont, originellement, pris naissance, à la . fois et séparément, en Europe et en Amérique, et que tous . les animaux ont certainement apparu en nombre immense ; STRUCTURE SEMBLABLE D’UNE MÊME FAUNE. 61 chaque espèce sans doute au chiffre qui en est la moyenne caractéristique et sur toute l'étendue de l'aire géographique qui lui est propre, que la surface en soit continue ou inter- rompue par la mer, des lacs, des rivières, des différences dans Te niveau des eaux, etc. Les détails de la distribution géogra- phique des animaux présentent quelque chose de beaucoup trop judicieux pour qu'on puisse y voir, un seul moment, effet du hasard, c’est-à-dire le résultat des migrations acci- dentelles des animaux ou de la dispersion accidentelle des semences des végétaux. Plus l’uniformité de la structure est grande dans les organismes ainsi largement disséminés, moinsil paraît probableque leur répartition soit l'effet du ha- sard. J’ayoue que rien ne n’a jamais autant surpris que de voir sous le microscope l'identité parfaite des détails les plus délicats de la structure, chez des animaux ou des plantes provenant des parties du monde les plus éloignées. C’est cette remarquable identité de la structure, dans le méme tvpe, cette indépendance absolue entre les caractères essen- tiels des animaux ou des plantes et leur distribution sous les climats les plus différents que nous connaissions sur la terre, qui m’ont amené à mettre en doute la croyance, presque universelle, que les étres organisés sont influencés par les causes physiques 4 un degré susceptible de modifier essen- tiellement leurs caractéres. XI Structure semblable d’animaux vivants dans une méme région. Les premières recherches faites sur la faune de l’Austra- lie eurent un résultat d’un très-grand intérêt : ce fut la découverte d’un type d'animaux, les Marsupiaux, qui pré- domine sur ce continent et est inconnu dans presque toutes les autres contrées du globe. Il n’est pas d’étudiant en His- loire naturelle qui ne sache aujourd’hui qu’il n’y a pas de Quadrumanes à la Nouvelle-Hollande : ni Singes ni Makis ; — 62 DE L’ESPECE. pas d’Insectivores : ni Musaraignes, ni Taupes, ni Hérissons; — pas de vrais Carnivores (1): Ours, Belettes, Renards, Ci- veltes, Hyénes, Chats sauvages ; — pas d’Edentés : Paresseux, Tatous, Fourmiliers, Pangolins; — pas de Pachydermes : Eléphants, Hippopotames, Pores, Rhinocéros, Tapirs, Chevaux sauvages; — pas de Ruminants : Chameaux, Lamas, Cerfs, Chèvres, Moutons, Bœufs, etc. Et cependant les Mammifères de l’Australie sont presque aussi variés que ceux de tout autre continent. D’après Waterhouse (2), qui a étudié ces animaux avec un soin particulier, « les Marsupiaux présen- tent une remarquable diversité de structure. Ils renferment des espèces herbivores, carnivores et insectivores. On y trouve positivement la représentation et l’analogue de beau- coup d’autres ordres de Mammifères. Les Quadrumanes y sont représentés par les Phalangers; les Carnivores, par les Dasyures; les /nsectivores, par les petits Phascogales; les Ruminants, par les Kangurous ; et les Edentés, par les Mono- trémes. Les Chiroptères n’ont point de représentant connu parmi les Marsupiaux, et les Rongeurs n’y sont représentés que par une espèce seulement. Mais la lacune est comblée par des espèces placentaires, car les Ghauves-Souris et les Ron- geurs sont passablement nombreux en Australie, et, si l’on -en excepte le Chien, qui, probablement, a été introduit par l’homme, ce sont les seuls animaux placentaires qu'on ait trouvés dans ce continent. » Quoi qu’il en soit, tous ces ani- maux ont en commun quelques caractères anatomiques extrêmement remarquables, qui les distinguent de tous les autres Mammifères et leur donnent un cachet auquel ils doi- vent de constituer un des groupes les plus naturels de leur classe : tels sont le mode de reproduction, les rapports du jeune avec la mère, la structure du poumon, etc. (3). (1) On n’est pas bien fixé encore sur l’origine du Dingo, le seul animal de proie de l'Australie. (2) G. A. Waterhouse, Natural History of the Mammalia. Londres, 1848, 2 vol. in-8, t. I, p. 4. . (3) Voy. R. Owen, Marsupialia, in Todd’s Cyclopedia of Anatomy and Physiology (Londres, 1841, in-8) et plusieurs mémoires du même auteur et de quelques autres, y mentionnés, STRUCTURE SEMBLABLE D’UNE MÊME FAUNE. 63 … Or, l’idée que ce cachet si spécial ait pu être imprimé par le s agents physiques est pour toujours écartée par cet autre fait que ni les Oiseaux, ni les Reptiles, ni enfin aucun autre animal de la Nouvelle-Hollande, ne se départent en rien les caractères ordinaires qu’ont leurs représentants dans d’autres parties du monde. A moins que cela ne prouve, chez ces agents, le pouvoir de varier leurs effets et de pro- ‘duire à leur gré, toutes choses égales d’ailleurs, des êtres tantôt conformes, tantôt non conformes à ceux des autres “continents. Et je ne parle pas de l'existence simultanée, dans ce même continent, d’autres types hétérogènes de Mammi- féres, Chauves-Souris et Rongeurs, qui se rencontrent là aussi bien qu’en un lieu quelconque des autres parties du globe. D'ailleurs l'Australie n’est pas la seule partie du monde où l’on ‘trouve, circonscrits dans des aires déterminées, des animaux ayant entre eux de grandes différences, et présentant toute- fois un ensemble commun de caractères qui les distingue des autres animaux du même type. Presque partout sur la terre, on trouve quelque grand groupe, soit d'animaux, soit de plantes ayant ce caractère, et toutes les classes d’êtres organisés renferment ainsi quelque groupe naturel indi- gène, d’ailleurs plus ou moins compréhensif, plus ou moins -prédominant et renfermé dans des limites géographiques particulières. On en pourrait donner comme exemple, parmi les Mammifères encore, les Quadrumanes, dont les repré- sentants, grandement diversifiés dans l’ancien monde et dans le nouveau, tantôt différent les uns des autres, et tantôt se ressemblent par des points importants de la struc- ture. Citons encore les Édentés de l'Amérique méridionale. Parmi les Oiseaux, les Oiseaux-mouches constituent une famille vraiment naturelle, aussi nombreuse que jolie, et _confinée en Amérique comme les Faisans le sont dans l’an- cien monde (4). Parmi les Reptiles, que l’on compare les Cro- codiles de l’ancien continent à ceux du nouveau. Dans la q (4) Nos soi-disant Faisans d’Amérique ne sont même pas de la famille des Faisans d’Europe. Les « Faisans » américains sont de véritables Gélinottes. j 64 DE L’ESPECE. classe des Poissons, la famille des Poissons 4 branchies labyrinthiques ne sort pas de l’océan Indien et du Pacifique 5 celle des Goniodontes est confinée dans les eaux douces de l'Amérique du Sud et celle des Cestraciontes dans le Paci- fique. L’anatomie comparée des Insectes n’est pas assez avancée pour fournir des exemples frappants; mais, parmi les insectes remarquables par leur forme et qu on ne trouve que dans certains pays, on peut citer le genre Mormolyce de Java, le Pneumora du cap de Bonne-Espérance, le Bé- lostome de l'Amérique du Nord, le Fulgore de la Chine, etc. La géographie des Crustacés a été tracée d’une façon telle- ment magistrale par Dana, dans son grand ouvrage sur les Crustacés recueillis par la commission américaine du voyage de circumnavigation (United States exploring Expedition, vol. XIII, p. 1451), que je ne puis que renvoyer à ce livre pour les nombreux exemples de localisation des types de cette classe; c’est un modèle à suivre dans tout travail de celte nature. Qu'il me soit permis cependant d’ajouter le Macrocheira du Japon, qui n’a pas de représentant ailleurs. Il faut mentionner, parmi les Vers, le Peripates de la Guyane. Parmi les Céphalopodes, il y a à citer le Nautilus d’Amboine; parmi les Gastéropodes, le genre Jo, des eaux occidentales des États-Unis, et, parmi les Acéphales, le Fri- gonia d'Australie, certaines Naïdes des États-Unis, l’Æthérie du Nil. Chez les Échinodermes, le Pentacrinus des Indes occidentales, le Culcita du Zanzibar, ? Amblypneustes du Pacifique, le Temnopleurus de l'océan Indien, le Dendraster de la côte occidentale de l'Amérique du Nord; chez les Acaléphes, la Bérénice d'Australie; chez les Polypes, les vrais Fongidés de l’océan Indien et de l’océan Pacifique, le genre Rerlla de l'Atlantique, sont autant d’autres exemples. Bien des faits analogues pourront être mis en avant, quand on connaîtra d’une manière plus précise la géographie des animaux inférieurs. Ceux qui précèdent suffisent, en tout cas, à faire voir que, au haut comme au bas de l'échelle, sur la terre ou dans l’eau, il y a des animaux, remarquables par une structure particulière, qui sont ren- LA STRUCTURE FORMANT LIEN SERIEL. 65 ice dans des aires bien définies. Cette localisation de formes spéciales est l’éclatante confirmation de lopinion déjà émise, à un autre point de vue; c’est-à-dire que l’or- ganisation animale, quelle qu’elle soit, peut s adapter à des conditions tantôt identiques, tantôt diverses, mais ne saurait, en aucune façon, être regardée comme étant, originelle- ment, le produit de ces conditions. # on RAT La structure forme un lien sériel entre des animaux largement disséminés a la surface du globe. Après avoir étudié avec attention les reptiles qui habitent les différentes contrées du globe, je fus frappé d’un fait trés-remarquable qu'aucun naturaliste, que je sache, n’avait encore signalé et dont aucune autre classe ne fournit un exemple aussi notable. Voici ce fait : parmi les Sauriens, omme parmi les Batraciens, il y a des familles dont les eprésentants, malgré leur dissémination sur le globe, for- ment une série trés-naturellement enchainée et dont chaque erme équivaut à un degré particulier de développement. es Scincoides (1), de l’ordre des Sauriens, sont une de ces ainilles, Elle contient environ cent espèces, rapportées par uméril et Bibron à trente et un genres, et dans lesquelles le développement des organes de la locomotion produit des mbinaisons remarquables, exposées dans le diagramme uivant. Pour bien comprendre la signification de ce tableau, il est nécessaire de se rappeler que les animaux appartenant Ja famille des Scincoïdes y sont envisagés à deux points de ue différents. En premier lieu, leurs rapports zoologiques ont exprimés par les combinaisons variées de la structure » (1) Pour les caractères de la famille, voy. Duméril et Bibron, Erpélologie i érale, vol. V, p. 511. — Voyez au ssi Cocteau, Études sur les Scincoïdes. is, 1836, in-4, figures. AGASSIZ. 5 66 _ DE L’ESPECE. des membres. Certains d'entre eux, et ce sont les plus nombreux, ont quatre pattes; d’autres n'en ont que deux. qui sont toujours celles de derrière ; d’autres enfin n'en on! point du tout. Ces pattes peuvent n'avoir qu’un doigt, ou er avoir deux, trois, quatre, cinq, et le nombre de ces appen: dices peut varier dans les membres thoraciques et dans le membres pelviens. La classification ici adoptée est basée sur ces caractères. En second lieu, il est tenu compte de I distribution géographique. Or, on aperçoit tout de suite que l'habitat de ces animaux n’a aucun rapport, quel qu’il soit, avec le système résultant des caractères zoologiques. Au contraire, les genres les moins voisins peuvent se rencontrei dans le même pays, et ceux qui ont entre eux les relations les plus étroites peuvent bien se trouver à des distances tres: grandes les uns des autres. Genres qui ont quatre pattes, Seineus. ,. ..., 1 — Afrique septentrionale € Zropidophora. + + 4 espèce, Cochinchine. [ occidentale, Syrie, te. Sphenops., .. +. 4 — syP Diploglossus. . , , 6 — Indes occident, et Brésil. Amphiglossus. . . 4 — Madagascar. Gongylus, 7 sous-genres, Gongylus. . . . espèces. Europe mérid., Egypte Ténériffe, île de France Eumeces..... 44. — Indes orientales et occ: dentales, Amérique mé ridion. , Vanikoro, Not yelle-Irlande, Nouve Guinée, îles du Pacil Euprepes. .. . . 43 — Cote cecidentale a” ’Afriqu cap de Bonne - Espé rance, É pts Abyssi Cinq doigts à chaque patte, , . . nie, 8 ; gascar, tees Pe - Gu née, Indes, i îles de la Sonde, nille, Plestiodon. . . . 5 — Égypte, Alger, ru Ja pon, -Uni Lygosoma. . . . 19 — Nouvelle-Hollande, Nou velle - Zélan de,” Savi Nouy.- Guinée, Timo Indes orientales, iles d Pacifique, États-Unis, Liolopisma . À — Maurice et Manille, Tropidolopisma. 4 — Nouvelle-Hollande, Cyclodus.. . . .. _ Nouvelle-Hollande, Jave Trachysaurus. ». À — Nouvelle- Hollande, | Ablepharus. . . & — Europe du sud-est, Not : velle-Hollande, îles d \ Pagilique. LA STRUCTURE FORMANT LIEN SÉRIEL. 67 Oe open ees: | Campsodactytus. FW capita.” Bengaléi Speed ke det le paki sntbdauje. Heteropus, .... 3 — Afrique, Nouvelle - Hol- ing doigts à Ja patte postérienre. . ares 41 — fue ete decid eel Tetradactylus. .. 4 — Nouvelle-Hollande. luatre doigts à chaque patte. . . . 4 (Le La Chalcides, de la famille voisine des Chalcidioides, RS Ey te offre un autre exemple de cette combinaison.) art us re ph Il n’y a pas d'exemple connu de cette combinaison. sae afd 2 a enemple conan, a: Hemiergis. .... 4 espèce, Nonvelle-Hollande, Be doigts à el pate, +. Seps. . + 426505 À — Europe méridionale, Afri- que septentrionale, Messia, ... , . ,. 1 — Origine inconnue, Deux doigts à la patte antérieure, , | Heteromeles. . . . 41 espèce, Alger. pois à la postérieure, , . . . . . . ÿ Lerista.. . . . . . À —- : Nouvelle-Hollande. eux à chaque "LL ENFANCE | Chelomeles. . . . . 1 — Nouvelle-Hollande, Jeux doigts à ieure. . ps nano sien] géchymale «Am Philipines. Un doigt à la patte antérieure. . id de dt: Die Ae dE | Brachystopus. . +. 4 — Afrique méridionale. Un doigtà chaque patte, , . . . . | Evesia, , .4 +s, 1 — Origine inconnue. Genres qui ont seulement deux pattes. + Un n’en connaît auenn qui ait les pattes de devant, mais cette combinaison se rencontre dans a famille voisine des Chalcidioides, Les genres qui n’ont que les pattes de derrière offrent les combinaisons suivantes : Deux doigts. . . : . . ere +] Scelotes , , ,..". 4 espèce. Cap de Bonne-Espérance, à Propeditus..... À — Cap de Bonne-Espérance. Ve Nouvelle-Hollande, doi Ophiades. ; . . . . 4 — Amérique du Sud, Pr tu da Hysteropus...., 4 = Nouvelle-Hollande, ER es SA 1 — Nouvelle-Hollande, - Dibamus. , ; 4— Nouvelle-Guinée, ANUS, 5 6e . 4 espèce, Europe, Asie occidentale, Afrique septentrionale, Ophiomorus. ... À — Morée, Russie méridio= nale, Alger, Acontias,..,.. 4 — Afrique méridionale, cap de Bonne-Espérance. Typhlina,, . , .. 4 = Afrique méridionale, cap de Bonne-Espérance, Qui donc, en examinant ce tableau, n’y reconnaitrait les combinaisons d’une Intelligence! Cela est si évident, que 68 DE L'ESPÈCE. facilement on oublierait, en présence de ce diagramme dressé à Paris pour classer des animaux conservés au Muséum du Jardin des plantes, qu’il est bien réellement écrit dans. la nature par les animaux eux-mêmes, et devient lisible dès que ceux-ci ont été réunis et comparés un à un. Mais il. contient un élément important pour notre discussion. La série n’est pas établie à ses différents termes par des repré=« sentants équivalents. ll y a quelques combinaisons très richement dotées, il y en a d’autres réduites à un petit nombre de genres ou même à un seul; il en est, enfin, qui n’ont pas été du tout employées. Tant d’arbitraire indique le choix et non l’action d’une loi nécessaire. Mais détournons notre attention de cette série remarquable, et reportons-la sur les indications relatives à la distributions géographique de ces genres si parfaitement alignés. Il suffit. d’un coup d'œil jeté sur la dernière colonne du tableau pour voir que non-seulement les Scincoïdes sont disséminés dans toutes les contrées du globe, mais encore qu’il n’y a pas le moindre rapport entre les combinaisons résultant des carac-i tères de la structure etles habitat respectifs des genres qui les présentent. Le type sans pattes se trouve en Europe, dans l'Asie occidentale, dans l'Afrique septentrionale et au cap de Bonne-Espérance ; — les types avec pattes postérieures seulement et un doigt unique au Cap, dans l'Amérique du sud, l'Australie et la Nouvelle-Guinée ; ceux à deux doigts au cap de Bonne- -Espérance. Parmi les types sales quatre: pattes, l'origine de ceux qui ont un seul doigt à chaque patte est inconnue ; ceux qui ont un doigt aux pattes de devant et deux aux pattes de derrière sont de l'Afrique du Sud ; ceux qui ont deux doigts au membre antérieur et un seul au postérieur viennent des Philippines ; ceux qui ont deux doigts à chaque patte sont de la Nouvelle- Hollande. Geux qui ont trois doigts à la patte de derrière et deux à celle de devant habitent Alger et l’Australie. On n’en connaît point qui aient trois doigts a la première patte et deux à la seconde. — Les genres ayant {rois doigts aux quatre pattes habitent l'Europe; le nord de l'Afrique et Australie. Il n’y en a point qui aient ( LA STRUCTURE FORMANT LIEN SERIEL. 69 à la fois trois doigts à une patte et quatre doigts à autre. Ceux qui ont quatre doigts aux quatre pattes habitent la Nouvelle-Hollande ; ceux qui ont cinq doigts à la patte anté- . rieure et quatre à la postérieure vivent au Bengale ; la combi- » naison inverse se rencontre en Afrique, aux Indes orientales, "au Brésil, et en Australie. — Les genres qui possèdent cing » doigts aux quatre pattes sont le plus largement distribués, et . cependant tellement disséminés, qu'aucune province zoolo- _ gique isolée ne montre une série parfaite ou quelque chose - d’approchant. Au contraire, le mélange, dans presque toutes les faunes, de quelques représentants de la combinaison la plus achevée avec ceux de la combinaison la plus simple, ex- clut plus décidément encore toute idée d’une influence des agents physiques sur le développement des organes. Une autre série semblable et non moins remarquable peut être tracée chez les Batraciens à queue. Je renvoie, pour lus caractères de ces animaux, aux ouvrages de Holbrook, Duméril et Bibron, Tschudi et Baird (4). A la vérité, ces auteurs ne les ont point présentés sous ce point de vue, mais Jes particularités génériques de ces animaux suggèrent d’elles-mémes ce rapprochement; d’ailleurs de plus longs détails 4 cet égard seraient, pour le but que je me propose, d’autant plus oiseux, que j’ai déja discuté ailleurs Ja gradation de cette série (2). Des séries analogues, bien que moins remarquables et plus limitées, pourraient étre tracées dans chaque classe du régne animal, non-seulement parmi les types actuels, mais encore parmi ceux des époques géologiques antérieures. L'intérêt qui s'attache à l'étude de ces séries en devient plus grand; car on voit alors que ces combinaisons sont non-seulement développées dans l’espace, témoignant par là de l’omnipré- sence, mais contiennent encore le temps comme élément, ce (4) J. E. Holbrook, North American Erpetology. Philadelphie, 1862, in-4, vol. V. — J. J, Tschudi, Classification der Batrachier. Neufchatel, 41838, in-4. — Sp. F. Baird, Revision of the North American tailed Ba- _trachia (Journ. Acad, Nat. Sc, of Philadelphie, 2° série, vol. 1,1849, in-4. « (2) L. Agassiz, Twelve Lectures on Comparative Embryology. Boston, A849, in-8, p. 8. 70 DE L’BSPHCE. qui dénote prescience. La série des Grinoides; celle des Brachiopodes à travers tous les âges géologiques ; celle des Nautiloïdes, des Ammonitoides, depuis le trias jusqu'au. terrain crétacé inclusivement ; celle des Trilobites, depuis les couches inférieures jusqu’à l’étage carbonifère ; celle des. Ganoïdes à travers toutes les formations; enfin, parmi les. animaux vivants : dans la classe des Mammifères, celle des Singes de l’ancien monde spécialement; celle des Carnivores, depuis les Phoques jusqu'aux Digitigrades, en passant par: les Plantigrades; — dans la classe des Oiseaux, celle dés. Échassiers et celle des Gallinacés ; — dans la classe des Pois= sons, celle des Pleuronectides et celle des Gadoides, celle des Raies et des Requins ; — dans la classe des Insectes, celle des: Lépidoptères, depuis les Teignes jusqu’aux Papillons ; — dans la classe des Crustacés, celle des Décapodes en particulier ; — dans la classe des Vers, celle des Nudibranches et celle des Dorsibranches spéctalement; — dans la classe des Gépha- lopodes, celle des Sépioides; — dans la classe des Gastéro- podes, celle des Nudibranches; — dans la classe des Acé- phales, celle des Ascidiens et celle des Huîtres dans le sens le plus large ; — dans la classe des Echinodermes, celle des . Holothuries et des Astérioides; — dans la classe des Aca= léphes, celle des Hydroïdes;— dans la classe des Polypes, celle des Alcyonoïdes, des Astræoïdes, etc., ete., méritent une attention spéciale, et pourraient étre étudiées avec beau-. coup de fruit au point de vue où je les envisage. Car, partout, nous y découvrons, dans les deux dimensions de l’espace et” du temps, les combinaisons intelligentes et l'acte d’un esprit. Mais il ne faut toutefois pas perdre de vue que, tandis que: certains types déroulent une série d’un enchainement remar- quable, il en est d’autres chez lesquels il ne paraît exister . rien de semblable et dont la diversité donne lieu à des con-! sidérations d’un autre ordre. Ë | LE VOLUME ET LA STRUCTURE. 71 XIII Der: _ Rapport entre le volume des animaux et leur structure. La relation pouvant exister entre le volume des animaux 3 et leur structure est chose dont les naturalistes ne se sont | guère préoccupés. Cependant l’examen le plus superficiel suffit à faire voir qu'il y a entre ces deux côtés de l’organi- sation un rapport défini. Je suis loin de prétendre que le volume et la structure forment deux séries parallèles, et que tous les animaux d’un embranchemint ou même d’une classe, d’un ordre, aient entre eux sous le rapport du volume, un lien fort étroit. Cet élément de l’organisation n’est pas renfermé dans de telles limites. Et pourtant, les Vertébrés pris en masse sont plus volumineux que les trois autres em- branchements : les Mammifères sont plus gros que les Oiseaux ; les Crustacés plus que les Insectes ; les Cétacés sont plus volumineux que les Herbivores, ceux-ci plus que les Car- nivores, etc. Mais c’est dans les limites de la famille que le volume acquiert, dans l’organisation animale, une impor- tance réelle; c’est-à-dire, dans les limites de ce groupe essentiellement distingué par la forme, comme si, en ce qui concerne la structure de l’animal, la forme et la grandeur étaient corrélatives. A cet égard, une étroite analogie appa- rait entre les représentants des familles naturelles; les ex- trêmes varient à peine de 1 à 40, et fréquemment la diffé- rence entre eux est seulement de 4 à 2. C’est ce que vont montrer quelques exemples choisis dans les familles les plus naturelles. Laissons de côté l’homme, à cause des objections qu'on ne manquerait pas de faire contre l’idée que notre espèce se compose de races originellement diverses. Considérons les diverses familles dé Singes, de Chauves-Souris, d’Insectivores, de Carnivores, de Rongeurs, de Pachydermes, de Rumi- nants, etc. — Dans la classe des Oiseaux, voyons les Vautours, les Aigles, les Faucons, les Chats-huants, les Hirondelles, les 72 | DE L’ESPECE. Bouvreuils, les Passereaux, les Oiseaux-mouches, les Pigeons, : les Roitelets, les Autruches, les Hérons, les Pluviers, les. Mouettes, les Canards, les Pélicans. Passons en revue : parmi les Reptiles, les Crocodiles, les familles diverses de Chélo- niens, de Lézards, de Serpents, les Crapauds, les Grenouil-. les, etc.; parmi les Poissons, les Raies et les Requins, les” Harengs, les Morues, les Cyprinodontes, les Chétodontes, les 4 Lophobranches, les Ostraciontes, etc. ; parmi les Insectes, Les Sphingoïdes ou les Tinéines, les Longicornes ou les Cocci-. nelles, les Bomboides ou les Brachonides ; parmi les Crusta- cés, les Cancroïdes ou les Pinnithéroides, les Limuloides ou. les Cypridoïdes et les Rotiféres (1); parmi les Vers, les Dorsi- branches ou les Naioides; parmi les Mollusques, les Strom- boides ou les Buccinoides, les Hélicinoides ou les Limnéoides, — les Chamadés ou les Cycladoides; parmi les Rayonnés, les Astérioïdes et les Ophiuroides, les Hydroïdes et les Disco-. phores, les Astræoïdes et les Actinioides. à Voilà quelques faits qui montrent bien quelles sont les \ limites dans lesquelles le volume et la structure sont en cor- rélation directe (2). On en inférera naturellement que, puis- que le volume est un caractère de l'espèce assez important — pour embrasser le cercle des connexions de la famille et u _ même davantage, il est aussi peu permis de croire le volume déterminé par les agents physiques que la structure elle- même, à laquelle il est si intimement lié. L’un et l’autre, en effet, ont avec ces agents une relation analogue. (1) Dana, Crustacés, p. 1409 et 1411. (2) Ces remarques, sur le volume moyen des animaux par rapport a-leur | structure, ne peuvent manquer de soulever plusieurs objections. ll est bien — connu, en effet, que, dans certaines circonstances, l’homme peut modifier la — grandeur normale de beaucoup de plantes et d'animaux domestiques, et que, même à l’état de nature, le hasard offre parmi les êtres vivants des exemples de stature extraordinaire. Mais cela ne change pas la moyenne caractéristique, et ces cas ne touchent d’ailleurs en rien la question d’origine, ou méme celle de la permanence de certaines espéces. Cela n’intéresse que les individus, a l’égard desquels je m’expliquerai plus -loin, section xvi. Enfin, il ne faut pas oublier qu’il y a des limites 4 ces variations, et que, s il arrive aux animaux et aux plantes de se trouver dans des conditions qui affectent leur volume en plus ou en moins, c’est principalement grace à l'intervention de l’homme que ces modifications parviennent à leur degré extrême (voyez plus loin, section Xv), LE VOLUME ET LA STRUCTURE. +5 La vie suppose l'introduction, dans la structure de tout être organisé, d’un élément quantitatif aussi rigoureuse- ‘ment fixé, aussi exactement pondéré que n’importe quelle autre condition se rattachant surtout à la qualité des or- -ganes ou de leurs parties. C’est là la preuve la plus claire qu’il existe dans chaque sorte d'animaux et de plantes un principe spécifique, immatériel; car tous les êtres commen- cent leur existence à l’état d’ovule microscopique, et pour tous la structure de cet ovule présente la similitude la plus merveilleuse. Cependant cet ovule, d’abord physiquement constitué d’une manière si identique chez tous les animaux, ne produit jamais rien qui diffère des parents. Toujours, après une succession de changements invariablement les mêmes, il aboutit à la production d’un nouvel être identique avec ses auteurs. Si donc les agents physiques, de par la toute- puissance de leur influence, façonnent les caractères des êtres organisés, comment se fait-il que nous n’observions pas trace de cette influence dans les cas innombrables où ces ovules sont abandonnés au sein des éléments dans les- quels ils subiront leur développement ultérieur, juste à une période à laquelle ils n’ont encore assumé aucun des carac- téres définis qui, plus tard, distingueront l'animal adulte ou la plante parfaite? Les physiciens connaissent-ils quelque loi du monde matériel qui offre avec ces phénomènes une analogie quelconque et puisse être regardée comme ayant avec eux n’importe quel rapport? A ce sujet, il faut se rappeler d’ailleurs que les cycles par- courus, par les volumes caractéristiques de familles diffé- rentes, sont entièrement divers pour des animaux de types divers, bien que ces animaux vivent tous dans des condi- tons identiques, did 74 DE L’ ESPECE. XIV Rapport entre le volume des animaux et les milieux dans lesquels ils vivent. Je viens de faire remarquer que des animaux de type aie férent, bien que vivant ensemble, ne présentent pas entre la structure et le volume un même et unique ra port. Cependant il y a entre la vie et les éléments ve une combinaison tellement intime, que chaque type, dans les limites qui lui sont propres, est, en ce qui concerne la taille, décidément en connexion avec ces éléments (4). Pris dans leur ensemble, les Mammifères aquatiques sont plus volu- mineux que les Mammifères terrestres; il en est de même. des Oiseaux aquatiques et des Reptiles d’eau. Dans les fa- milles qui sont essentiellement terrestres, les espéces qui. vont à l’eau sont plus grosses que celles qui ne quittent, jamais la terre : par exemple, l'Ours polaire, le Castor, lé Coypu etle Capybara. Ceux d’entre les Oiseaux que leurs: habitudes attachent à la terre sont aussi plus petits que ceux qui vivent dans l’eau d’une façon permanente. Le méme rapport s "observe chez les Insectes dont les familles ont des! espèces terrestres et d’autres aquatiques. Il est, de plus, remarquable que, parmi les animaux aquatiques, les types. habitant l’eau douce sont moins gros que ceux qui vivent. dans les mers. Les Tortues marines sont plus grosses que les plus grosses Tortues de nos rivières ou de nos étangs. Les Tryonyx, plus aquatiques que les Emydes, sont aussi d’un. plus fort volume, et, parmi ces derniéres, les Chélydres, plus aquatiques que les vraies Emydes, les surpassent en grandeur; (4) Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Recherches zoologiques et physiologiques \ sur les variations de la taille chez les animaux et dans les races humaines, Paris, 4834, in-4. — Voyez aussi mon mémoire sur les Relations naturelles. entre les animaux et les éléments, etc., ci-dessus, sect. 1x, note, et A. von Befold, Untersuchungen über die Vertheilung von Wasser, organischer Materie und anorganischen Verbindungen im Thierreiche (Zeitschrift fiir’ wiss. Zool., 1857, vol. VIII, p. 487). LE VOLUME ET LES MILIEUX. 75 a leur tour, celles-ci l’emportent sur les Clemmys ou les Cistudes, qui sont plus terrestres. C’est dans la mer que la classe des Poissons a ses représentants les plus énormes ; les Poissons d’eau douce sont de vrais nains en comparaison de leurs représentants marins, et les plus gros d’entre eux, “comme les Esturgeons et les Saumons, vont à la mer. Même ‘chose se voit chez les Crustacés; pour s’en convaincre, il suffit de comparer l'Écrevisse au Homard, |’Apus à la ti ‘mule, etc. Chez les Vers, les Vers de terre et les Sangsues fournissent encore un vaste champ de comparaison et con- trastent avec les types marins. Les Gastéropodes et les Acé- _phales n’offrent pas de moins nombreux exemples : les Am- pullariées et les Anodontées les plus gigantesques sont petites en comparaison de certains Fusus, Voluta, Tritonium, Cassis, Strombus ou du Tridacne. Les Rayonnés eux-mêmes, qui sont tous marins, à l’exception du seul genre Hydra, ne font pas exception à la règle, car les Hydroïdes d’eau douce sont au nombre des plus petits Acalèphes connus. Cette coincidence, sur une échelle aussi considérable, sem- ble devoir venir à l’appui de l'opinion qui attribue aux élé- ments une influence modificatrice immédiate sur les animaux. Malgré cela, je considere ce fait comme une des preuves les plus frappantes qu’il n’y a entre les deux choses aucun rap- port dé causalité. Pour que jeusse tort, il faudrait que les représentants, terrestres OU aquatiques, d’une même famille ne présentassent pas la très-grande similitude qu’ils ont tous dans tous leurs caractères essentiels, lesquels n’ont véri- tablement aucune connexion quelconque avec les éléments. Ce qui de l Ours polaire fait un ours, ce n’est pas son appro- priation à un genre de vie aquatique. Ce qui fail de la Ba- leine un mammifère n’a aucun rapport avec la mer. Ce qui réunit dans la même classe les Vers de terre, les Sangsues et les Eunices n’a pas plus de lien avec leur habitat que n’en ont les particularités de structure auxquelles l’homme, le Singe, la Chauve-souris, le Lion, le Phoque, le Castor, le Rat et la Baleine doivent de ne former qu’une seule classe. De plus, entre des animaux de type différent qui vivent dans le 76 DE L’ESPECE. même élément, il n’y a, quant à la grandeur, aucune analo= gie. Les Insectes aquatiques, les Mollusques aquatiques se trouvent, sous ce rapport, dans la moyenne de leur classe, | aussi bien que les Reptiles, les Oiseaux ou les Mammifères aquatiques. Il n’y a pas une moyenne commune, soit pour les animaux terrestres, soit pour les animaux aquatiques, pris ensemble, des différentes classes, et en cela réside la preuve, que les êtres organisés sont indépendants des milieux dans. lesquels ils vivent, pour ce qui concerne leur origine; quoi-. qu'il soit d’ailleurs trés-clair que, au jour de la création, ils” ont dû être adaptés à l’élément dans lequel ils étaient placés. Pour moi, je vois dans ces faits que les phénomémes de la» vie se manifestent au sein du monde physique, et non pas” qu'ils en dépendent ou en émanent; que les êtres organisés sont faits pour conquérir et s’assimiler les matériaux du monde inorganique, et qu'ils conservent leurs caractères ori-_ ginels en dépit de l’action incessante des agents physiques" sur eux. Et j’avoue que je ne peux pas comprendre comment: des êtres entièrement indépendants de ces forces auraient. pu être produits par elles. XV Fixité des particularités spécifiques dans tous les êtres organisés. La science fit un grand pas en avant le jour où elle s'as-« sura que les espèces ont des caractères fixes et ne changent point dans le cours du temps. Mais ce fait, dont on doit. la démonstration à G. Cuvier (1), a acquis une impor- tance plus grande encore depuis qu’il a été également établi” que les changements, même les plus extraordinaires, dans le” mode d’existence d’un animal et dans les conditions où il est" placé, n’ont pas plus d’influence sur ses caractères essentiels que le cours du temps. 3 (1) G. Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles, etc., nouvelle édition, M Paris, 1824, 5 vol. in-4, figures, vol. 1, sur I’Jbis, p. cXLI. ; FIXITE DES PARTICULARITÉS SPECIFIOUES. 2 Les faits relatifs à ces deux propositions sont trop bien connus pour qu’il soit nécessaire d’en faire un exposé spécial. J'enrappellerai cependant quelques-uns pour qu’on ne puisse pas se méprendre sur ce que je veux dire. Les animaux des diverses périodes géologiques différent spécifiquement, en masse, de ceux des formations qui précèdent ou qui suivent; c'est là un fait suffisamment démontré. Entre deux pé- riodes géologiques successives, des changements ont donc eu lieu parmi les animaux et les plantes. Mais aucune de ces formes primordiales de la vie, appelées espèces par les natu- ralistes, n’a, que l’on sache, changé pendant la durée d’une de ces périodes. A la vérité, quelques zoologistes supposent que les espèces des périodes diverses consécutives dérivent les unes des autres, les caractères distinctifs des plus récentes découlant de modifications subies par celles des âges pré- cédents. Mais c’est là une pure supposition, qui ne repose ni sur le témoignage de la physiologie, ni sur celui de la géologie, et l’assertion que les animaux et les plantes peu- vent changer d’une semblable manière, pendant la durée d’une seule et même période, est également gratuite. On sait, au contraire, par les preuves que nous ont conservées les monuments de l'Egypte et par la comparaison minutieuse qu'on a pu faire des animaux trouvés dans les sépultures égyptiennes avec les spécimens vivants de la même espèce et du même pays, qu’il n’y a pas ombre de différence entre les uns et les autres, au bout d’une période de cinq mille ans. Cette comparaison, faite pour la première fois par Cuvier, a prouvé que, aussi loin que nous puissions porter nos recherches en arriére, nous ne découvrons pas méme un léger indice pouvant porter à croire que les espèces se modifient dans le cours des siècles, tant que nous bornons nos comparaisons à une seule et même grande époque cosmique. La géologie montre seulement que, à des pério- des différentes (1), il a existé des espèces différentes; mais . (1) Personne ne se trompera sur le sens du mot période employé ici pour désigner des ères différentes, des époques distinctes, d’une longue durée, dont 78 | DE L'ESPÈCE. nulle part on n’a découvert d’intermédiaires entre celles d’une époque et celles d’une autre époque consécutive. D'ailleurs la question dont il s’agit n’est pas celle de l’origine des dif- férences observées dans l’ensemble des espèces qui appar- tiennent à deux périodes géologiques distinctes. La question débattue dans ce paragraphe est uniquement celle de la fixité ou non-fixité des espèces durant une seule et même époque, une seule et même ère, une seule et même période de V’his- toire du globe. Or, rien ne fournit même l’argument le plus faible en faveur de la mutabilité. Au contraire toutes les chacune est caractérisée par des animaux différents, Il faudrait une ignorance complète des faits dont il s’agit pour considérer la diversité qui apparaît entre ces animaux comme étant, par elle-même, la preuve que les espèces se modi- fient. La véritable question est celle-ci : Une modification quelconque'ast-elle eu lieu pendant la durée d’une ou de plusieurs de ces périodes ? On ne saurait croire avec quelle légèreté certaines personnes auxquelles manque la con- naissance des faits discutent ce point, tout en ayant l’air de raisonner logique- ment, Un physicien distingué s’est récemment occupé de ce sujet de limmus tabilité des espèces, et il a mis en doute la logique de ceux qui la tiennent pour démontrée. Je vais résumer son argumentation aussi brièvement que possible, et je montrerai, je l'espère, qu’il n’est pas à la question, « D'une période géologique à l’autre, on observe des changements. Des espèces n'exis= tant pas à une période antérieure se rencontrent à une période postérieure, tandis que celles de la première époque ont disparu. Or, bien que chaque espèce ait pu posséder, durant un certain laps de temps, des particularités in- variables, le fait que, lorsqu'on embrasse des périodes assez étendues, toutes les espèces d’une première époque sont, à une autre époque, remplacées par des espèces nouvelles, prouve qu’en définitive l’espèce change pour peu qu’on envisage une période suffisamment longue. » Les faits sont bien posés et je n’ai pas d'objection à faire à cet égard ; mais je soutiens que la conclusion n’est pas logique. Il est vrai que l’espèce est limitée à une période géologique donnée ; il est également vrai que, dans toutes les formations géologiques, les espèces des périodes successives diffèrent les unes des autres. Mais parce qu’elles diffèrent, s’ensuit-il qu’elles se sont modifiées? N’ont-elles pas été sub- stituées, remplacées par d’autres ? L'espace de temps nécessaire à l’opération ne fait rien à la chose. Qu’on accorde, pour chaque période, des myriades d’an- nées, que ce soit plus, que ce soit moins, la question reste toujours simple- ment celle-ci : Quand un changement a eu lieu, a-t-il eu lieu spontanément, sous l’action des forces physiques et suivant la loi de ces forces, ou bien a-t-il été produit par l'intervention d’un agent dont l’activité, avant comme après, ne s’exerçait point sur cet objet ? Une comparaison rendra ma pensée plus clarie. Je suppose qu'un amateur de peinture visite un musée où les toiles sont classées systématiquement et où les tableaux d'écoles différentes sont placés dans l’ordre chronologique. En passant d’un salon à un autre, il observe des changements aussi graffds que ceux notés par les paléontologistes quand ils passent d'un système de roches à un autre. Mais parce que ces œuvres ont une grande ressemblance, puisqu’elles appartiennent à telle ou telle école ou sont FIXITE DES PARTIGULARITES SPECIFIQUES. 79 recherches modernes (1) n’ont fait que confirmer les résul- ats obtenus d’abord par Cuvier, et les vues de ce grand maître sur la fixité de l’espéce. C'est quelque chose que de pouvoir démontrer, par le témoignage des monuments et par la comparaison directe, queles animaux etles plantes n’ont point changé dans l’espace d'environ cing mille années (2). Ce résultat a eu la plus heureuse influence sur les progrès de la science, spéciale- ment. pour ce qui est des conséquences à tirer du fait que, à chaque époque et dans toute la série des formations géolo- | giques, on rencontre une variété d'êtres organisés aussi considérable que celle dont nous sommes actuellement témoins (3). C’est par là qu’on a été amené à la conviction, aujourd hui universelle parmi les naturalistes dignes de ce d’époques très-rapprochées, le critique aura-t-il raison de supposer que des tableaux anciens se sont métamorphosés pour devenir tableaux modernes, et de _ nier que les uns et les autres soient l'œuvre d’artistes qui vivaient et agissaient au moment où ces toiles ont été peintes ? La question de l’immutabilité des espèces est absolument la même que celle de ce cas supposé. Ce n’est pas parce que les espèces ont eu une durée plus ou moins longue aux âges passés que le naturaliste les considère comme immuables, C’est parce que, dans la série tout entière des temps géologiques, et pendant la durée des siècles qui se sont écoulés depuis l'introduction première en ce monde des animaux et des plantes, il n'apparaît pas le plus petit indice qu’une espèce se soit transformée en une autre. Nous savons seulement qu’une différence existe à des époques differentes, ainsi qu'il arrive aux tableaux de différents siècles et d’écoles diverses. Mais tant que nous n’aurons sur ce point que les données fournies de nos jours par la géologie, il sera contre la philosophie et contre la logique de supposer, à cause de ces différences, que les espèces changent ou ont changé, se transforment ou se sont transformées. C’est tout comme si l'on supposait que les tableaux se sont transformés dans le cours du temps. Nous ignorons quelle a été l’origine des êtres organisés, cela est vrai, Pas un naturaliste ne saurait rendre compte de leur apparition au commencement, pas plus que de leur différence aux périodes différentes. Nous en savons assez toutefois pour repousser l'hypothèse de la transmutation. Outre que cette hypothèse n’explique pas les faits, elle rend d'avance inutile toute tentative ultérieure de recherches à cet égard. (Voy. Baden Powell's Essays, ete., cité ci-dessus, p. 412 et suiv., | etle 8° Essai en général.) (1) Kunth, Recherches sur les plantes trouvées dans les tombeaux égyp- _hens (Annales des sciences naturelles, vol. VII, 4826, p. 414). (2) H ne m'appartient pas de discuter jusqu'à quel point'est fondée en réa- lité la chronologie égyptienne ; mais, quoi qu'il en soit, il reste toujours que depuis l’époque la plus reculée qu'on connaisse, les animaux n’ont pas cessé * d'être ce qu’ils sont de nos jours. LE. (3) Voyez mon mémoire sur The primitive Diversity, ete,, cité plus haut, | sect. Vil, note. bt 80 DE L’ESPECE. nom, que la terre existe depuis un nombre incalculable de siècles, et que le laps de temps écoulé depuis l’apparition de Ja vie à sa surface ne peut pas être évalué en années. La date même de la période à laquelle nous appartenons est encore un problème, en dépit de la précision avec laquelle certains systèmes de chronologie prétendent fixer l’époque de la création de l’homme (1). Plusieurs circonstances, en effet, indiquent que les animaux actuellement vivants habitent. la terre depuis un temps infiniment plus long qu'on ne le” suppose généralement. Il a été possible de déterminer le mode de formation des récifs de coraux, nommément de ceux de la Floride (2), avec une rigueur qui permet d’affirmer que huit mille ans environ sont nécessaires pour qu’un de ces bancs s’éléve du fond de l'Océan au niveau de sa surface. Or, la pointe la plus méridionale de la Floride est entourée: par quatre de ces bancs, concentriquement disposés les uns en dehors des autres et dont on peut démontrer que la for® mation a été successive. Cela fait remonter l’origine pre- miére de ces récifs à plus de trente mille ans, et cependant” les coraux qui les ont construits sont partout de la même. espèce identique. Voilà donc un fait qui fournit, aussi di-4 -rectement qu’on la puisse obtenir dans n'importe quelles branche des recherches physiques, la preuve que quelques-" unes, au moins, des espèces animales actuellement vivantes, remontent à plus de trente mille ans (3), et n’ont pas dans tout. le cours de cette période (4) subi la plus légère modificass (4) Nott et Gliddon, Types of Mankind, p. 653. (2) Voyez mon mémoire sur les Réci/s de la Floride, publié dans « Reports | of the United States Coast Survey », et dont il a été d’abord publié des extraits dans le rapport pour l’année 1851, p. 145. Un nouvel examen des récifs de lay Floride m’a convaincu que cette estimation tombe au-dessous de la réalité. Le. temps moyen du développement des coraux déterminé par l'observation directe n’est pas de moitié aussi rapide que je l’avais supposé d’abord. (3) Je suis maintenant convaincu qu’on peut, sans exagération, porter vâged 3 de ce récif à cent mille ans, tant sont lentes les opérations de la nature. 4 (4) A ceux qui seraient tentés d’attribuer à l’influence modificatrice des agents physiques les différences qui existent entre les espèces de périodes géo=" logiques diverses ; à ceux-là aussi qui considèrent les changements qui se pro=" duisent actuellement parmi les êtres vivants comme une preuve de leur sys-— tème ; à ceux pour lesquels les faits que je viens de mentionner ne seraient pas FIXITE DES PARTICULARITÉS SPÉCIFIQUES. 81 ion. Et encore, ces quatre récifs concentriques sont seule- nent les plus distincts de cette contrée; il y en a, un peu lus au nord, d’autres moins bien étudiés jusqu'ici! De ait, la presqu’ile tcut entière de la Floride est simplement ormée de bancs de coraux agglomérés, réunis les uns aux lütres dans le cours des siècles et qui ne contiennent que les débris de coraux, de coquilles ou d’autres animaux, é entiques avec ceux qui vivent actuellement sur les côtes de sette Péninsule. En admettant donc qu’une étendue de cinq milles géographiques soit le terme moyen du développement Yun banc de coraux, dans les circonstances où l’on voit se uecéder les récifs concentriques de la Floride, et que la uccession régulière des bancs se prolonge jusqu’au lac Jgeechobee, sur deux degrés de latitude, on aurait environ eux cent mille ans pour la période de temps nécessaire à aire émerger de l'Océan la partie de la péninsule de la oride située au sud du lac Ogeechobee, dans ses limites ctuelles ; et, durant cette immense période, aucune modi- ication n'aurait eu lieu dans les caractères des animaux du rolfe du Mexique (1). C’est nuire aux intérêts les plus respectables de la science jue de confondre des questions qui sont entièrement dif- érentes, dans le seul but de justifier une théorie. C'est ce u’on fait cependant toutes les fois qu’il s’agit de la fixité es espèces. De plus longues observations sur ce point ne eront donc pas déplacées ici. Je ne veux pas entrer dans la question de savoir s’il n’y pas quelque espèce qui se retrouve, identiquement la néme, dans deux formations successives. J’ai déjà ample- nent traité ce sujet dans d’autres ouvrages (2). D'ailleurs, + ne démonstration suffisante de l’immutabilité des espèces et qui croient que à qui n’a pas pu se faire dans l’espace de trente mille ans se fera dans une ériode plus longue, qu'il me soit permis de rappeler la charmante chanson de hamisso, intitulée « Tragische Geschichte » qui commence ainsi : ’s war Liner ?s zu Herzen ging. (A) Comme on l’a vu par une note précédente, c’est le double de ce temps in moins qu’il faudrait dire. ® (2) L. Agassiz, Coquilles tertiaires répulées identiques avec les espèces AGASSIZ. 6 82 DE L'ESPÈCE. quand, en définitive, cela s’observerait une fois ou l’autre, cela ne diminuerait en rien la valeur de ma thèse. Il est évident, en effet, que si celte identité était démontrée, cele prouyerait d’une manière encore plus concluante combien tenaces sont les caractères de l’espéce, puisqu'ils peuyen persister malgré tous les changements physiques qui on! lieu d’une période géologique à celle qui la suit. De plus, _cette identité une fois établie, il y aurait encore à mettre er tre a déjà un témoignage d'un grand poids en faveur de l'ori: gine distincte de représentants d’une même espèce, qu vivent dans des aires géographiques séparées et distantes (1) Le cas d'espèces voisines mais différentes se rencontrant dan: deux formations consécutives, chacune bornée d’ailleurs ¢ son étage respectif, est, dans le sens de la durée, le paral. lele de celui qui, dans le sens de l’espace, nous montre des espèces étroitement alliées — celles que j'appelle représen. tatives — occupant des aires distinctes. Or, dans ce derniey cas, il n’est pas un naturaliste judicieux qui fasse dériver le: unes des autres. Il n’y a pas plus de raison pour suppose: que des espèces alliées au même litre descendent les une: des autres, parce qu’elles se sont succédé dans le temps. Tou ce qui a élé dit, dans les paragraphes qui précèdent, tou: chant les différences observées entre les espèces qu’on ren: contre en des circonscriptions géographiques différentes, s'applique avec une force égale aux espèces qui se son succédé les unes aux autres dans le cours du temps. . | Quand on met en ayant nos animaux domestiques et nos plantes cultivées comme fournissant la preuve de la muta bilité des espèces, il est une circonstance qu'on méconnai vivantes (Nouv. Mém. de la Soc. helvétique des Sciences naturelles). Neu châtel, 1845, vol. VII, in-4, figures. — Études critiques sur les Mol fossiles. Neufchâtel, 1834-48, in-4, figures. — Monographies d'Échi . vivants et fossiles. Neufchâtel, 1838-42, 4 numéros in-4, figures. — Rec ches sur les poissons fossiles. Neufchâtel, 1833-44, 5 vol. in-4, atlas in folio. (4) Voyez section X, où l’on envisage le cas des espèces représentatives, i FIXITE DES PARTICULARITES SPÉCIFIQUESs 83 Sonstamment ou qu'on passe sous silence. Pour autoriser "argument qu'on en tire contre la fixité, un premier point on effet devrait être établi : il faudrait démontrer que tous es animaux que nous désignons par un même nom sont ssus d’un tronc commun, Or, loin que ce soit le cas, c’est hose nettement contredite par la connaissance positive où jous sommes que les variétés de plusieurs d’entre eux, tout lu moins, proviennent d’un mélange complet de différentes spéces (1). Les monuments de l’Égypie font d’ailleurs voir [ue plusieurs de ces soi-disant variétés, qu’on suppose être & produit du temps, sont aussi anciennes que n'importe uel autre animal contemporain des hommes ; en tous cas, jus ne possédons ni tradition, ni monument de l'existence w ils ont de nos jours (2). ll est done fort possible que les ilférentes races d'animaux domestiques aient été originel- pment des espèces distinctes, dont le mélange est, de nos burs, plus ou moins complet comme celui des différentes races uraaines, Enfin, ni les animaux domestiques, ni les plantes ultivées, ni les races humaines, ne sont des objets sur lesquels uisse porter l'étude de la fixité ou de la non-fixité de l'espèce. à ne peut en effet les introduire dans le débat sans trancher l'avance, dans les prémisses, ce qui est précisément en uestion. D'ailleurs, à l'égard des différentes races de nos nimaux domestiques que nous savons avoir été produites 2 main d'homme, aussi bien que pour certaines variétés e plantes cultiyées, il imporie de les bien distinguer des ces permanentes que rien ne nous autorise à ne pas con- dérer comme primitives. Les premières sont le résultat des bins constants de l'homme; soit! elles sont done le produit l'influence bornée, du faible contrôle que Vesprit hu- ain peut exercer sur les êtres organisés; elles ne sont pas produit arbitraire de la pure activité des causes physiques. ( ) Nos volailles, par exemple. (2) Now et Gliddon, Types of Mankind, p. 886. 8h . DE L’ESPECE. Il est prouvé, par conséquent, que même les modification les moins importantes qui puissent avoir lieu pendant I durée d'une seule période cosmique, chez les animaux € les plantes, sont déterminées par une puissance intelligent et ne résultent pas de l’action immédiate des forces brutes Ainsi donc, loin de manifester les effets des causes phy: siques, les modifications quelconques ayant eu lieu, dans le cours du temps, chez les êtres organisés, apparaissent comm: le résultat de l’action d’une Puissance intelligente. Elle donnent, par conséquent, une base matérielle au jugemer qui, dans les différences observées chez ces êtres finis, voi une institution de l’Intelligence suprême et non le prodw des causes physiques. Ce jugement acquiert une force nou velle quand on considère que les différences existant entr nos diverses races d'animaux domestiques, ou entre no plantes cultivées, et encore celles observées entre les race humaines, persistent etse conservent sous les influence climatériques les plus diverses. C’est là un fait dont les mi grations si étendues des peuples civilisés fournissent chaqu jour plus largement la preuve, et qui est en contradictio directe avec la supposition que les influences dont il s’ ag aient pu produire ces variétés. Quand, du reste; on parle de la domestication des espèce en particulier, on ne devrait pas oublier que chaque rac d'hommes a ses espèces propres d'animaux domestiques « de plantes cultivées, et que ces espèces sont d’autant plu pauvres en variétés que la race qui les possède n’a eu qu peu ou point de commerce avec d’autres races. C’est | contraire pour les animaux domestiques des peuples qui sont formés par le mélange de plusieurs tribus. On affirme souvent que les philosophes de l'antiquité of résolu, d’une façon satisfaisante, toutes les grandes question qui intéressent l'humanité, et que les investigations des mi dernes, tout en embrassant avec une vigueur nouvelle, to en éclairant d’un jour nouveau les phénomènes de lord matériel, n’ont cependant que peu ou point agrandi champ du progrès intellectuel. Est-ce vrai? Il n’y a ba | | À : LES ÊTRES ORGANISÉS ET LEURS MOEURS. 85 une question d'un intérêt plus grand pour l’hommé que celle de sa propre origine et de l’origine des choses. Et ce- pendant | l'antiquité est restée là-dessus d’une ignorance absolue. L’antiquité croyait que tout avait existé de toute éternité ou que tout avait été créé à la fois. La science mo- lerne, au contraire, peut prouver de la manière la plus satisfaisante que tous les êtres finis ont fait apparition suc- essivement et à de longs intervalles, que chaque espèce d'êtres organisés ayant vécu aux époques antérieures n’a xistent aujourd’hui ont une origine relativement récente. in même temps, l’ordre dans lequel elles se sont succédé, eur immutabilité dans le cours de chaque période cosmique, qu lieu d'indiquer un lfen de causalité avec les forces phy- iques et quelque chose qui rentre dans la sphère d'activité aturelle de ces agents, témoignent au contraire de l’inter- rention réitérée du Créateur. Il est vraiment singulier que ette intervention admise par tout le monde, les seuls maté- ialistes exceptés, dans l'établissement des lois qui gouver- ent le monde inorganique, soit niée, malgré cela, par quelques physiciens dès qu’il s'agit d'expliquer l’introduc- ion des êtres organisés aux différentes périodes qui se sont uccédé dans l’histoire de la terre. Au lieu d’être une reuve que le monde organique est le produit de forces rutes, cela ne dénoterait-il pas simplement que ces obser- jateurs ont une connaissance fort imparfaite des conditions lans lesquelles la vie se manifeste, et de la différence essen- ielle existant entre les phénomènes du monde organique et eux du monde physique? XVI Relation des êtres organisés avec le monde ambiant. Tous les animaux, tous les végétaux, sont dans un certain ‘apport défini avec le monde ambiant. Quelques-uns d’entre x, comme les animaux domestiques et les plantes cultivées, 86 bi L'ESPRGR. sont à la vérité susceptibles dé s’adapter plus aisément qu les autres à des conditiofis diverses ; mais cette flexibili même est un trait caractéristique. Ce rapport est de la plus haute importance, pour peu qu’on se place à un point de vue systématique; ét mérite dé la part des naturalistes lat tention la plus scrupuleuse. Or, la direction qu'ont pris les études zoologiques depuis que l’anatomie comparée et Pembryologie se sont jiresqué entiérernent emparées d Pattention des observateurs, a été trés-défavorable aux fé= cherchés sur les mœuÿs des animaux: C’est cependant pat les mœurs que sé manifestent plus spécialément leurs rela: tions entre eux et célles qu’ils ont avec les circonstantes at sein desquelles ils vivent. Il faut aller chercher dans le auteurs du siècle dernier (1) les notions vraiment inté- ressantes sur les mœurs des animaux, car bién petit est le nombre des écrivains modernes qui se sont occupés princi- palement de ce sujet (2). On y attache de nos jours si peu d'importance que les hommes qui étudient cette branche de l’histoire naturelle sont difficilement réconnus comme des égaux par les naturalistes leurs confrères, anatomistes, physiologistes et classificateurs. Pourtant, sans une connais: sance approfondie des mœurs des animaux il sera toujour impossible de déterminer; avec un suffisant degré de préc sion, les limites vraies de toutes ces espèces que la Zoologie descriptive a admises de notre temps avec une si grande con: a (1) R. Añt. de Réaumuüt, Mémoires pour sérvir à l'histoire des Insectes figures. 1 (2) J. J. Audubon, Ornithological Biography, or an account of th habits of the Birds of the United States of America. Édimbourg, 1831-49 5 vol. in-4. — W. Kirby et W. Spence, An Introduction to Entomology, Londres, 1818-26, 4 vol. in-8, figures. — H. 0. Lenz, Gemeinniitzige Nature geschichte, Gotha, 1835, A vol. in-8. — J. Th. Ch, Ratzenburg, Die Fors j Insekten. Berlin, 1837-44, 3 vol. in-4, figures et suppléments. — T. W Harris, Report on the Insects injurious to vegetation. Cambridge, 1844 4 vol. in-8, l’ouvrage le plus important sur les insectes de l’Amérique, = A Treatise on some of the Insecis of New-England which are injurious to Vege tation. Boston, 1852, in-8. LES ÊTRES ORGANISES ET LEURS MOEURS. 87 fianee en elle-même: En définitive, qu'importe A la sciencé ‘que mille espèces de plus où dé fois soient deerttes at ‘introduites dans nos systémes; si nous né savotis rien suF leur compté ? Un défaut, trop comfiun dans tous les ouvrages relatifs aux mœurs des animaux, a saris doute contribué à ef diminuer la valeur ét à détourner l’atteñtion dans tine dirét: tion autre; c’est le carattère purement anecdotique dé tous ces travaux ou la Circohstante que, trop souvént, ils ont servi ‘de prétexte au récit d'aventures persohnelles. Néanmoins, Timportatice de cette sorte d’études pourrait difficilement être surfaite, et il est hautemerit à souhaiter qué lés natu- ralistes rentrent dans cétte voie; aujourd’hui que anatomie comparée, la physiologie et lembryologie peuvent leur sug: gérer tant d’idées nouvelles et que les progrès de la géogra: _phie physique fournissent une large base aux recherches de cé genre. On pourräit alors savoir si, véritableméht, les espèces décrites sur des spécirnens isolés sont fondées dans la nature; ou si elles ne sont pas plutôt un certain degré de développement d’autres espèces. On pourrait connaitre ce qu'on connait encore si mal, jusqu'où va l’amplitude des variations chez les animaux, quand On les observe à l'état sauvage, ou plutôt ce qu’il y a d’individuel dahs tous les êtres vivants et dans chacun en particulier: L’individualité est, en effet; si prononcée dans certaines familles — et celle des tortues en offre un exemple très-frappant — qu'une description rigouréuse des espèces he peut guère être faite sur dés spécimens isolés, et c’est pourtant cé qu’on essaye toujours de faire: J'ai vu des centäines d'exemplaires de _ certains de nos Chéloniens sans en rencontrer deux d’abso- Jumént identiques. A vrai dire; les limites de cette variabi- . lité constituent tin dés plus importants caractéres de quelques espèces. Sans une connaissance précise du point exact où lle césse pour chaqué genre, il serait impossible d’ obteniir jamais une base solide pour la distinction des espéces. Quelques-unes des questions les plus indécises de la Zovlogie et de la Paléontologie auraient pu être fixées depuis long- j Byers, si l'on avait eu des notions précises sur ce point et 88 DE L’ESPECE. si l’on savait mieux quelle inégalité présentent, à cet égard, les différents groupes du règne animal, quand on les coms pare les uns aux autres. Tandis que les individus de certaines espèces semblent tous différents et pourraient être décrits comme espèces distinctes, si on les voyait séparément ou Si on les avait recueillis dans des contrées différentes, ceux d’autres espèces paraissent avoir été coulés tous dans un moule unique. On doit donc voir tout de suite combien divers, peuvent être les résultats de la comparaison entre deux faunes, pour peu que les espèces de l’une aient été l’objet de longues et minutieuses études de la part des naturalistes, du pays, et que celles de l’autre soient seulement connues par des échantillons ramassés au hasard par des voyageurs, | ou encore lorsque des fossiles, représentants de certaines espèces à une période donnée, sont rapprochés des animaux actuellement vivants, sans que les deux faunes aient été, révisées d’abord d’après un type commun (1). 1 Une autre lacune dans la plupart des ouvrages relatifs, aux mœurs des animaux, c’est l’absence de vues générales et. de comparaisons. Is ne nous font pas connaître à quel degré. des animaux rapprochés par leur structure se ressemblent. par les habitudes, ni si les mœurs sont l'expression de la | structure. Chaque espèce est décrite comme si elle était. unique au monde; ses particularités sont le plus souvent exagérées comme pour la faire ressortir davantage au milieu. des autres. Quel intérêt cependant n’offrirait pas l’étude | comparative de la manière de vivre d'espèces étroitement alliées ! Combien serait instructive la peinture de la ressem-" (4) A cet égard, je ferai remarquer que, dans la plupart des cas où Viden-_ tité spécifique a été affirmée entre des espèces fossiles et des espèces | vivantes, ou bien entre des espèces fossiles de périodes diverses, les familles — auxquelles ces cas sont empruntés offrent ou une très-grande similitude ou, au contraire, une variabilité excessive, et, par conséquent, il est trés-difficile de fixer les limites de l'espèce. Ces sortes de cas devraient être absolument lais- sés de côté dans la discussion des questions générales où sont engagés des — principes fondamentaux, comme on fait pour les observations qui ne méritent pas créance dans les autres “branches de la science. Cf. d’ailleurs mon mémoire sur — la diversité et le nombre des animaux, cité précédemment, et où ce point est , envisagé d’une manière spéciale. LES ÊTRES ORGANISES ET LEURS MOEURS. 89 blance qu’offrent, sous ce rapport, des espèces du même : genre ou de la méme famille ! Plus j’ étudie ce sujet et plus je suis frappé de la similitude qui existe dans les mouve- à ments, les habitudes générales et même l'intonation de voix chez des animaux appartenant à une même famille, c’est- à-dire chez des animaux qui ont, essentiellement, une grande conformité de figure, de stature, de structure et de ‘mode de développement. Une étude minutieuse des mœurs, des mouvements, de la voix des animaux, ne peut manquer, par conséquent, de jeter plus de clarté sur leurs affinités naturelles. ; _ Hn même temps que je constate la trés-grande importance de ce genre d’études, au point de vue de la coordination sys- tématique des animaux, je ne puis m’empécher de regretter profondément qu’on n’en comprenne pas mieux la valeur au point de vue des notions que ces recherches peuvent fournir sur les animaux eux-mêmes, toute question de sys- tème écartée. Combien ne reste-t-il pas à apprendre sur chaque espèce après qu’on l’a nommée et classée ! Personne ne peut lire l’ Histoire Naturelle des Oiseaux de l'Allemagne, par Naumann, sans faire la réflexion que l’histoire naturelle serait bien plus avancée si les mœurs de tous les autres ani- maux avaient été aussi soigneusement étudiées et aussi minu- tieusement décrites. Et cependant, ce livre ne contient presque rien qui ait de importance sous le rapport de la distribution systématique des oiseaux. Nous ne possédons que les données les plus élémentaires pour la discussion, sur une base scientifique, de la question des instincts, ou en général des facultés des animaux comparés soit entre eux, soit avec l’homme (1). Cela tient non-seulement à ce que peu d'animaux ont été étudiés à fond, mais à ce qu’un bien plus petit nombre encore ont été observés durant les pre- miéres phases de la vie, alors que les facultés commencent (1) P. Scheitlin, Versuch einer vollstündigen Thierseelenkunde, Stutt- gardt et Tübingen, 1840, 2 vol. in-8. — Fréd, Cuvier, Résumé analytique des observations sur l'instinct et l'intelligence des animaux, par R. Flourens (Annales des Sciences naturelles, 2° série, vol. XII). 90) DE L’ESPECE. à se développer: Et pourtant combien il est attfayant, coms bien il est instructif cet Agé du développement; dans tout être qui vit! Qui pourrait, par exemple, continuer un in stant de plus à croire que les mœurs des animaux sont, À un degré queléonque; déterminées par les circonstances ot lesquelles ils vivent, après avoir vu la petite tortue du ¢ Chelydra, encore enfermée dans l’œuf dont elle ma | peine la partie moyenne, le sac du jaune; aussi volumineux qu’elle, pendant sous la face inférieure du corps enveloppé par l’ämnios et l’allantoïde, les yeux clos; happer avec au= tant de force que si elle pouvait mordre sans se tuér elle” même (1)? Qui a pu voit le «Sunfish» (Pomotis Ae ) se balangant sur sés œufs et les protégearit pendant des se maines, ou le chat marin (Pimelodus Catus) se mettañt e mouvement avec ses petits; comme une poule avec sés pous= sins; sans deméurer convaincu que le sentimént qui les guide dats ces actes est de même naturé que celui qui at= tache la vache à son n6urrisson ou la ère à l’énfant? Quel est l’obsérvateur qui; après avoir constaté cette analogie entre certaines facultés de l’homme ét cértaiiies facultés des animaux supérieurs; peut, dans l’état actuel de nos confai _sances, se dire prêt à tracer la limite où cesse ce qu'il y ade hätirelléten commun à l’un et aux autres? Assurément pour parvenir à déterminer l’exact cafactère de toutes ees fa= cultés il n’y a qu’une voie ouverte : c’est l'étude des mœurs: des animaux et la Comparaison entre ces êtres et Pinotage ) aux premiérés phases de son développement: J’avoue a je ne saurais dire en quoi les facultés mentales d’un eñfa différent de celles d’un jeune chimparizé: : Aujourd’hui que nous avons des cartés physiqués de prés= que toutes les contrées du globe (2), indiquant la tempérd* ture moyenne de l’année et celle de chaque saison sur " $ € (1) Voy. L, Agassiz, Contributions to the Natural History of the United States of America (4° monographie, t. II, partie Ill, consacrée à l'Embryo : logie des Tortues). Boston, 1857, iñ-A, figures: (2) Berghatis, Physikalischer Atias. Gotha, 1838 et Suiv., iti-folio. — Alexis Keith Johnston, Physical Atias 7 pra Phenomena. Éditbourÿ, 1848, 1 in-folio. LES ETRES ORGANISES ET LE MONDE AMBIANT. 94 continents et stir les mérs; aujourd’hui que Vélévation _ moyerine dés terres au-dessus du niveau des océans et leurs _ particularités caractéristiques, vallées, plaines, plateaux, systèmes orographiques, sont suffisamment connues ; au- jourd’hui que la distribution de l'humidité dans l’atmos- | phère, les limites des bassins, la direction dominante des vents, le $éïis des courants océaniques, sont non-seulement | déterminés, mais encore figurés sur les cartes; même dans _ les atlas des écoliers ; aujourd’hui que la structure géologi- _ qüe de presque toutes les parties du globe a été établie avec un degré passable de précision, les zvologistes ont devant _etix 16 champ lé plus vaste, la base la plus exacte qu'ils puissent souhaiter, pour la détermination de tous les rap- _ ports éxistañt entre les animaux et le monde ambiant: Nous nous sommes uniquement occupé jusqu'ici, de la part qu’auraient pu avoir les forces physiques à la venue au monde dés êtres organisés, et nous nous sommes convaincu qu’elles ne sont point la cause de l'existence de ces êtres. Il nous faut maintenant examiner plus particulièrement les relations qui oft lieu entre le monde organique et le monde physique, mais simplement comme fait existant, comme con- ditions auxquelles, à l'heure de la création, plantes et ani- maux furént assujettis, dans des limites définies d’action et _de réaction réciproques: Si les êtres animés ne sont pas lé produit dé activité du monde physique, il f’en est pas moins vrai qu’ils Vivetit au sein dé cé monde; ils y sont nés, ils s’y développent, ils s’y multiplient, ils se l’assihilent et en nourrissent, ils exercent même sur lui une influence modificatrice, dans cette même mesure où, de son côté, il favorise lés manifestations dé la vie. La description de ces rapports he peut done pas manquer d’être profondément in- structive et intéréssante, mêmé en laissant de côté la ques: tion dé savoir comment ils ont été établis. Or, c’est là la Sphère d’investigation qu’embrasse l'étude dés mœurs des ani- maux. La manière d’être de chaque espèce vis-A=vis de ses _Co-existants et par rapport aux conditions dans lésquelles elle vit, voilà un champ de recherches aussi vaste que riche 92 DE L'ESPÈCE. en détails, et de l'intérêt le plus haut. En le cultivant pour — lui-même, et sans sortir de la sphère qui imprime plus par- — ticuliérement à chaque espèce animale ou végétale ses ca- ractéres essentiels, on y trouvera vraisemblablement la preuve la plus directe et la plus inattendue de lindépen- dance mutuelle des forces physiques et des organismes; à moins que je ne me trompe sur la valeur des faits que j'ai moi-même pu recueillir. Que peut-il y avoir de plus caracté- ristique pour les différentes espèces d'animaux que leurs mouvements, leurs jeux, leurs affections, leurs amours, les soins de leur progéniture, la dépendance des jeunes à l’é- gard des parents, leurs instincts, etc., etc. ? Or, rien de tout cela n’est subordonné, au plus petit degré, à la nature ou à l'action des circonstances physiques dans lesquelles les ani- maux vivent. Les fonctions organiques elles-mêmes sont indépendantes, à un degré dont on n’a pas l’idée, de ces circonstances, bien que ce soit là le côté de l’existence qui montre les connexions les plus étroites avec le monde envi- ronnant, Trop longtemps les fonctions ont été considérées comme le critérium du caractère des organes. C’ était presque deve- “nu un axiome, en anatomie comparée et en physiologie, que des fonctions identiques supposent des organes identiques . La plupart de nos traités généraux d’Anatomie comparée ont leurs divisions fondées sur ce principe. Or, jamais prin- cipe plus faux et produisant des conséquences plus désas- treuses n’a été aussi généralement admis. C’est chose sur- prenante que les naturalistes ne l’aient pas depuis longtemps répudié ; il n’est pas un d’entre eux qui ne doive s’apercevoir, de plus en plus, combien il est mal fondé. Les organes de la circulation et de la respiration chez les Poissons en sont un exemple remarquable. Pendant combien de temps n’a-t-on pas regardé les branchies de ces animaux comme les équi- valents des poumons des Vertébrés supérieurs, simplement parce qu’elles sont des organes respiratoires. Cependant les branchies sont formées d’une tout autre manière que les poumons; elles ont avec le système vasculaire des rapports Soa Ris à Se à da t-Douts D, LES ÊTRES ORGANISES ET LE MONDE AMBIANT. 93 tout différents, et l’on sait aujourd’hui qu’elles peuvent exis- ter en même temps que les poumons, comme cela se voit sur quelques Batraciens adultes et, aux phases premières de la vie embryonnaire, sur tous les Vertébrés. Il ne peut plus y avoir aujourd’hui aucun doute que ce ne soient là des organes essentiellement divers, dont les fonctions ne sont point un indice certain de leur nature et ne fournissent aucun argument en faveur de leur identité. On en peut dire autant du système vasculaire des Poissons. Cuvier (1) fait du cœur de ces animaux le représentant de l'oreillette et du ventricule droits, par cette raison qu’il pousse dans les bran- chies le sang qu’il contient, de la même manière que le ven- tricule droit lance le sang dans les poumons des animaux à sang chaud. Mais l'embryologie nous a appris que celte com- paraison, basée sur les relations spéciales du cœur des pois- sons, est injustifiable. Les sacs à air de certaines Araignées ont aussi été considérés comme des poumons parce qu'ils remplissent des fonctions respiratoires analogues; ce ne sont toutefois que des trachées modifiées (2) construites sur un plan si particulier et ayant, avec l'espèce de sang propre aux Articulés (3) ,des rapports si différents, qu'aucune homologie ne peut être signalée entre eux et les poumons des Vertébrés, Ils n’en ont pas davantage avec les soi-disant poumons des Mollusques à respiration aérienne, chez lesquels les cavités respiratoires aériennes sont simplement une modification des branchies, d’un genre spécial, qu’on trouve chez les autres Mollusques. Il serait facile de multiplier les exemples. Je me bornerai à indiquer encore le canal alimentaire des In- sectes et des Crustacés avec ses appendices glandulaires, qui est formé d’une tout autre façon que celui des Vertébrés, des Mollusques ou des Rayonnés; de même les membres, les (1) G. Cuvier, Règne animal, 2° édit., vol. II, p. 122. (2) Leuckardt, Ueber den Bau und die Bedeutung des sogenannten Lungen bei den Arachniden, dans Siebold et Külliker (Zeitschrift fiir wiss. Zoologie, 4849, 1, p. 246). 3) Em. Blanchard, De la circulation dans les insectes (Comptes rendus, 4847, vol. XXIV, p. 870). — L, Agassiz, Om the Circulation of the Fluids in Insects (Proceeding of the American Associalion for 1849, p. 140). 94 DE L’ESPÈCE. ailes, etc., etc. J’ ajouterai que ce qu’on appelle le pied shen! les Mollusques n’a rien qui puisse permettre de conseryer l'idée de l'analogie qu’implique ce nom, entre l'appareil w locomoteur des Mollusques et celui des Vertébrés ou des Ar-4 ticulés. L'emploi de telles dénominations ne peut manquer w de tromper les débutants, et cependant il y a encore des — maitres qui ne savent pas s’allranchir de Vextravagance des . comparaisons de ce genre, surtout quand il s’agit des parues ; solides de la structure des animaux inférieurs (4). 1 On avait identifié les fonctions et les organes, par une con- | séquence naturelle des idées qui prévalaient quant à la pré- 1 tendue influence exercée par les forces physiques sur les êtres — organisés, Mais, dès qu’on a eu compris que des organes peu- . vent être trés-dillérents tout en accomplissant les mêmes — fonctions, l’organisation s’est trouvée placée vis-à-vis des — agents physiques dans une situation telle qu’il est devenu | impossible de persister à voir entre eux un lien génésique. — Un Poisson, un Crabe, une Moule, qui vivent dans les mêmes « eaux, respirent à la même source, devraient avoir les mêmes — organes respiratoires, siles éléments dans lesquels ils vivent : avaient quelque chose à voir avec les détails de leur orga- — nisation. Je ne suppose personne d’assez borné pour ima- 4 giner que les mêmes puissances physiques, agissant sur des © animaux de type différent, doivent produire, pour chacun, : des organes particuliers, sans s’apercevoir tout de suite ! qu’une semblable supposition implique l'existence préalable — de ces animaux, indépendamment de l’action des puissances physiques. Mais cette erreur est si constamment reproduite dans les discussions sur ce sujet, ou sur des sujets sembla- bles, que, à cause de sa fréquence même, il faut la réfuter (2). Au contraire, si l’on reconnaît qu'une conception intellec- 1) C. G. Carus, Von den Ur-Fheilen des Knochen und Schalengerüstes. waa LE 1828, 1 vol. in-foho, p. 64-89. 2) Le j pe n’est pas loin, je l'espère, où botanistes et zoologistes se défen- dro eg a oi de partager les doctrines physicistes qui prévalent plus ou moins, Ainallensag sur l’origine et l'existence des êtres organisés. Quand il viendrait un moment où la Jutte que je soutiens aujourd’hui contre ces doc- ¢ RAPPORTS ENTRE LES INDIVIDUS. 95 uelle a été le point de départ de l’existence, non-seulement * étres organisés mais de toutes les choses de la nature, quoi de plus naturel que de trouver, en même temps, la va- ridté introduite dans le plan, dans la complication, dans les détails de la structure des animaux et la variété établie éga- lement dans leurs rapports avec le monde ambiant en sorte qu'une même fonction puisse être accomplie par des ap- pareils très-différents! XVII Rapports entre les individus. Les rapports entre individus de la même espèce ne sont pas moins fixes et déterminés, chez les animaux, que ceux des espèces avec les milieux ambiants, dont nous nous sammes occupé jusqu'ici. Les rapports d’individu à indi- yidu sont d’un caractère tel, qu'on aurait di y voir une preuve suffisante de l'intervention directe d’un esprit ré- fléchi ayant, à l'exclusion de toute autre cause, appelé les êtres organisés à l'existence. On peut jusqu’à un certain point concevoir que les agents physiques aient pu produire quelque chose d’analogue au corps des animaux inférieurs au des plantes les plus simples. Ils auraient pu aussi, toules cir- constances demeurant égales, reproduire la méme chose qu'ils avaient déjà produite et cela indéfiniment, par la répétition des mêmes procédés. Mais ce que je suis inca- pable de comprendre, c’est que, après une analyse plus pro- fonde des possibilités que comporte un pareil cas, on n’a- perçoive pas du premier coup combien il est choquant de pousser la supposition plus loin, et d’admettre que ces agents ‘trines ferait l'effet d’une bataille contre des moulins à vent, je ne regrelterai jamais d’avoir pris tant de peine pour maintenir mes compagnons de travail dans la bonne direction. D'un autre côté, je proteste et je protesterai toujours contre la bigoterie de certaines sectes qui voudraient imposer à la science des trines né découlant point immédiatement de prémisses scientifiques, et en entraver la marche et la liberté. 96 DE L’ESPECE. ont pu déléguer le pouvoir de reproduire ce qu'ils venaient : de mettre au monde aux objets mêmes de leur création; cela. avec des limitations telles que ces objets ne pussent jamais reproduire que des êtres en tout semblables à eux-mêmes! On ne saurait non plus supposer que, partant de la struc-" ture la plus simple, ce même mode d'activité ait pu s'élever peu à peu à la production d’une structure plus parfaite ; car. chaque degré intermédiaire implique l'introduction de nou-. velles possibilités qui ne sont même pas contenues dans. l'hypothèse originelle. Déléguer un pouvoir de cette nature. ne peut être qu’un acte d'intelligence. En effet, entre la production d’un nombre indéfini d’étres organisés comme. résultat final de l’action des lois physiques et la reproduc-. tion de ces mêmes êtres par eux-mêmes, il n’y a aucun lien nécessaire. Les générations successives d’une plante ou d’un animal ne peuvent avoir, en ce qui concerne leur origine, aucun rapport de causalité avec les agents physiques, à moins. que ceux-ci n’aient la faculté de déléguer leur propre activité, avec la pleine et entière vertu qu’elle possédait lorsque cette | plante ou cet animal ont été produits pour la première fois. | C’est en effet une loi physique que la résultante est égale à la. somme des forces appliquées dans le même sens. Si quelque © être nouveau avait jamais été le résultat de l’action des forces” brutes, comment les générations successives. provenant de cet | être pourraient-elles, à l'instant de leur naissance, se mettre, _ à l'égard de ces forces, dans les mêmes rapports où étaient. leurs ancêtres, à moins d’avoir en elles-mêmes la faculté de : maintenir leurs caractères en dépit des forces productrices ? _ Pourquoi, de plus, les animaux et les plantes commence- raient-ils à se décomposer, dès que la vie cesse, sous lPac- tion des forces mêmes qui furent nécessaires au maintien. de la vie, si celle-ci avait été limitée ou déterminée par ces agents physiques ? Il existe entre individus de la même espèce des rapports. beaucoup plus complexes que ceux auxquels il vient d’être fait allusion. Ils établissent encore mieux l'impossibilité d’une subordination causale des êtres organisés aux forces is Pere RAPPORTS ENTRE LES INDIVIDUS. 97 physiques. Les rapports sur lesquels est fondée la conser- ation de l’espéce résultent, dans tout le régne animal, de Puniversel antagonisme des sexes, et leur infinie diversité dans les différents types n’a réellement'rien à voir avec les conditions extérieures de l’existence. Ce sont seulement des apports d’individu à individu, en dehors des connexions ‘ont ces êtres avec le monde matériel dans lequel ils vivent. Comment, donc, ces rapports pourraient-ils être un produit des causes physiques, quand nous savons que les agents de cette nature ont une sphère d’action spécifique jui n’a rien de commun avec cette autre sphère de phéno- ménes? Il est hors de doute que les rapports d’individu à individu ont, en trés-grande partie, de nature organique et doi- ent étre, comme tels, examinés au méme point de vue que out autre trait général de l’organisation ; mais il y a aussi >n eux quelque chose qui participe du caractère psycholo- zique, en prenant ce mot dans sa plus large acception. Quand les animaux se battent, quand ils s’associent pour in but commun, quand ils s’avertissent l’un l’autre du langer, quand ils viennent au secours l’un de l’autre, quand Is montrent de la tristesse ou de la joie, ils manifestent des nouvements de même espèce que ceux qu'on met au nombre des attributs moraux de l’homme. Leurs passions ont aussi fortes et aussi nombreuses que celles de l’âme lumaine, et il m'est impossible d’apercevoir une différence le nature entre les unes et les autres, encore qu’elles puis- ent différer beaucoup dans le degré et dans l’expression. La rradation des facultés morales, dans les animaux supérieurs t dans l’homme, est tellement imperceptible que, pour dé- Mier aux premiers un certain sens de responsabilité et de onscience, il faut exagérer outre mesure la différence qu’il 7 2 entre eux et l’homme. Il existe, en outre, chez les ani- maux, dans la mesure de leurs capacités respectives, tout utant d’individualité qu’il en existe chez l’homme. C’est Aun fait dont peut témoigner tout chasseur, tout dompteur, out éleveur ou tout fermier possédant une longue expé- AGASSIZ. 7 98 DE L’ESPECE. rience des animaux, soit sauvages, soit dressés ou domesti qués (4). | Cela dépose fortement en faveur de l'existence, dans tou animal, d’un principe immatériel semblable à celui qui, pa son excellence et la supériorité de ses dons, place l homme fort au-dessus des animaux (2). Ce principe existe sans au (1) Voy, divers ouvrages de J, E, Ridinger consacrés à la chasse, et qui o paru sous différents titres, 4 Augsbourg, de 1729 4 1778. — Geoffroy Sain Hilaire et Fr. Cuvier, Histoire naturelle des Mammifères. Paris, 1820-35 3 vol. in-folio, — H. O, Lenz, Gemeinniitzige Naturgeschichte, G 4835, 4 vol. in-8, — W. Bingley, Animal Biography. Londres, 180 3 3 vol. in-8. À (2) Il est facile de démontrer que les opinions, généralement réçues, exagèrent la différence existant entre le singe et l’homme, proviennent d l'ignorance où étaient les anciens, et spécialement les Grecs auxquels nou sommes redevables de notre culture intellectuelle, de l’existence des Orangs Outans et de Chimpanzés. Les animaux les plus voisins de I’ homme que con nussent les Grecs étaient le Patas, x#6oc; le Babouin, xuvoxéowhoc, et Magot commun, miônxos. Une traduction moderne d’Aristote lui fait dire, il e vrai, que les Singes forment la transition entre l’homme et les quadrupéde (Aristoteles, Naturgeschichte der Thiere, trad. du docteur F. Strack, Franc fort-sur-le-Mein, 1816, p. 65); mais l'original ne dit rien de semblable. Dan l'Histoire des animaux, liv. II, chap. V, on lit simplement : ima dé tev Cow émapporepiiet thy Qvaty Ta te Avbpome xat Trois rerpéreouw. Il y a une a différence entre « participent à la fois de la nature de l’homme et de celle de quadrupèdes », et «forment la transition entre l’homme et les quadrupèdes » Le chapitre tout entier est consacré à l’énumération des analogies de mt ture que ces trois singes présentent avec l’homme; mais l’idée d'une étroi affinité n’est pas même exprimée, et moins encore celle d’une transitio entre l’homme et les quadrupèdes. L'écrivain, au contraire, insiste ii ment sur les différences marquées qu’il y a entre eux, et il sait, aussi parfai ment que a ’importe quel anatomiste moderne, que les singes ont quatre main eyet Os wat Boantovac, coamep dvbpeama¢,.. a. i tou DE robs modac eiat xe gi xetpes per dha. Kai of Saxrvder © @omep Gt Ty LEE, 6 peyas pamporaras® 29} xdrTo Toh mods yerer byotov, Thy ert TO prog To Tic RATE émt ra Écyare Tet Lam Ep CETTA Toro oie eT’ &%00V GXANROTEROY, LARG HAL &y.vd pie poyy.ou mrépvay. Il est étrange que ces distinctions claires et précises fussent si complétem tombées en oubli, au temps de Linné, que ce grand réformateur de I’ Hist naturelle dit avouer, en 1746, qu’il ne connaissait pas de caractére par leq on pit distinguer l'Homme du Singe (Fauna Suecica, præfatio, p. 2) : « N lum characterem adhuc eruere potui, unde homo a simia internoscatur. » M ce n’est pas seulement du point de vue des analogies et des différences de structure que les rapports entre les animaux et l’homme doivent être envis gés. L'histoire psychologique des animaux montre que, si l’homme se r. proche d’eux par le plan de sa structure, à leur tour les animaux se rapproch de l’homme par le caractère de leurs facultés ; seulement, chez l’homme, celles- sont tellement transcendantes qu’elles indiquent d’abord la nécessité de reje toute idée d’une parenté quelconque entre lui et le règne animal. L’Histoi done nes tes > L’AME DES BETES. 99 un doute; et qu’on l’appelle âme, raison ou instinct, il pré- te dans toute la chaîne des êtres organisés une série de énoménes étroitement liés les uns aux autres. Il est le ondemeni non-seulement des plus hautes manifestations de lesprit, mais encore de la permanence des différences spé- ifiques qui caractérisent chaque organisme. La plupart des jaturelle des animaux n’est done pas complète tant qu’on se borne à étudier, ussi profondément que ce soit, la partie corporelle de leur nature. Il y a sitivement en eux une individualité psychologique qu’on n’a guère étudiée usqu’ici, mais qui n’en est pas moins le lien qui les rattache à l’homme. Malgré cela, je ne partage pas l'opinion des auteurs qui voudraient séparer pomplétement l'humanité du’ règne animal et instituer pour l’homme seul un ègne distinct, comme l’a fait Ehrenberg (Das Naturreich des Menschen, Berlin, 1835, in-folio) et, après lui, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (Histoire naturelle énérale. Paris, 1856, t. I, part. Il, p. 167). Cf., d’ailleurs, le chap. IT de ce ivre où il est montré, pour chaque sorte de groupes du règne animal, que la somme des différences, qu’il y a de l’un à l’autre, ne suffit pas pour autoriser à n rejeter un seul dans une autre catégorie. Quiconque étudiera le chien avec ttention pourra se convaincre que les impulsions auxquelles cède cet animal sont analogues à celles qui meuvent l’homme. Elles sont réglées de manière à meitre en évidence des facultés psychiques à tout égard de la même nature que celles de l’homme. Le chien exprime par la voix ses émotions et ses sentiments, avee une précision qui les rend aussi intelligibles à l’homme que le angage articulé d’un de ses frères. Sa mémoire a une puissance rétentive qui lépasse celle de la mémoire humaine. Sans doute, toutes ces facultés sont loin le faire du chien un philosophe ; mais certainement elles le mettent au niveau Vune portion considérable de la pauvre humanité. Que la voix des animaux e fasse comprendre des uns aux autres et que toutes leurs actions se rappor- ent à ces appels, c’est là encore un puissant argument en faveur de leurs ultés de perception et de leur aptitude à agir, spontanément et logiquement, l'après ces perceptions. Il y a un vaste champ ouvert à l’étude, dans les rela- ons qui existent entre la voix et les actions des animaux. Un sujet de recher- hes plus intéressantes encore est offert par ce qui ’il y a de commun dans les ycles particuliers d’intonations que chaque espéce animale d’une méme amille est capable d’émettre. Autant que jen puis juger, il y a entre ces ycles les mémes rapports qu’entre ce qu’on appelle les différentes familles de angues, — Fr. Schlegel, Ueber die Sprache und Weisheit der Indier. Heidel- erg, 1808, 4 vol. in-8. — W. v. Humboldt, Ueber die Kawi-Sprache, auf er Insel Java. Berlin, 1836-39, 3 vol. in-4 (Abh. Akad. d. Wissenschaft). — 1: Steinthal, Grammatik, Logik und Psychologie. Berlin, 4855, 4 vol. in-8, — Tous les Canins aboient; le hurlement du loup, l’aboiement du chien, le lapissement du renard, ne sont que différents modes de l’aboiement, compara- es entre eux, sous le même rapport que peuvent l'être les monosyllabes, les ly syllabes et les inflexions du langage humain, Les Félides miaulent ; le ru- issement du lion n’est qu’une forme du miaulement de nos chats et des autres spéces de la famille, Les Équins hennissent ou braient ; le cheval, l’hémione, 2 zébre, le dauw, ont une gamme peu différente, Notre bétail et les diverses pèces de taureaux sauvages ont des intonations d’une très-grande analogie ; beuglement n’est pas de nature diverse, mais seulement diversement 400 DE L’ESPÈCE, arguments de la philosophie, en faveur de l'immortalité di l’âme humaine, s'appliquent également à la persistance de ce principe chez les autres êtres animés. Pourquoi n’ajou terais-je pas qu’une vie future dans laquelle Phomm serait privé de cette inépuisable source de plaisir et d progrès moral et intellectuel, qu'il trouve dans la com templation des harmonies du monde organique, serait tris: tement amoindrie? Ne devons-nous pas regarder ce concer spirituel que forme la combinaison des mondes el de tou leurs habitants en présence du Créateur, comme la pl haute conception possible d’un paradis ? XVIII Dualisme sexuel, Les études les plus approfondies de la structure des anis maux, celles qui constituent le triomphe de la science, nous ont appris à reconnaître parini ces êtres certains traits communs. C’est ce que l’on appelle des affinités si l'on coms pare entre eux des animaux différant dans la totalité, et des homologies si lon constate la correspondance des parties entre elles, soit dans le même individu, soit chez deux indi- vidus d’espéce différente. Il suffit de nommer ces deux vastes domaines de la Zoologie pour présenter immédiate: ment à l'esprit le tableau, plus complet chaque jour, de: enchainements qui font du régne animal tout entier un sys tème étroitement lié dans ses parties. Il faut ensuite rappe- et avec le monde ambiant, comme caractère de l'espèce; que l’on sait des rapports de structure, base de la distinction des genres; il faut mettre en évidence ces diversités de ke poussé. Les oiseaux, à cet égard, sont peut-être plus remarquables en ore Quel est l’homme qui ne sait pas distinguer la note d’une grive, d’un oiseav chanteur, d’un canard, d’un oiseau de basse-cour, etc., et même celle qui est particulière à chacune de leurs espèces, si nombreuses soient-elles ? Qui pour rait méconnaître les affinités de la voix de ces animaux ? Et tout cela n’indis querait pas une analogie semblable entre leurs facultés mentales ?... | DUALISME SEXUEL. 101 orme produisant la famille, énumérer ces complications de ie d'où naissent le rang, l’ordre dans toutes les lasses, retracer les plans nettement distincts et ces modes ‘exécution divers, point de départ des divisions les plus énérales de nos systèmes ; il faut rappeler tout cela, pour endre sensible à quel point l'esprit humain s’est identifié vec la création, et combien de rapports, jadis inconnus, ont é par lui saisis et exactement appréciés. Même ainsi l’im- res sion serait incomplète, si à tout cela l’on ne joignait ncore ce que l’on connaît de l’organisation intérieure des nimaux, de leur mode de développement, de leur successive pparition sur la terre à différentes époques, de leur distri- ution actuelle à la surface du globe. Or, à cette infinie diver- ité de rapports quelque chose s’ajoute qui ressort davan- ge et avec plus d'indépendance, imprimant à tout le monde rganisé une physionomie spéciale; ce sont les caractères xuels. Toutes les fois qu’il s’agit de pénétrer la signification de hénoménes complexes, il est inutile, sinon dangereux, de ‘attacher minutieusement aux faits de détail. La simple bservation de la tendance générale de l’ensemble conduit ien plus directement à la vérité. Maintes fois, je me suis emandé quelle était importance de cette différence pre- ière, manifestée aussi bien par le règne végétal que par règne animal, à laquelle on donne le nom de sexualité. ai vainement cherché une interprétation plausible des faits étudiant la série des différences et la série des ressem- lances que l’on observe, chez les individus de sexe diffé- nt, d’une part dans les traits extérieurs les plus généraux, “autre part dans les particularités d'organisation des appa- ils reproducteurs. Cette étude ne conduit guère qu’à la nnaissance de voies et moyens plus ou moins compliqués outissant tous constamment à un but unique, la perpé- ation et la permanence de l’espéce. Il y a cependant quelque chose de plus dans ces phéno- iènes, quelque chose qui affecte également les deux régnes la nature et partage en quelque sorte le monde orga- 402 DE L’ESPEGE. nique en deux; si bien que, d’un côté, on pourrait placd une moitié du régne animal et, de l’autre, lui opposer l’autr moitié, sans avoir aucunement égard aux différences pré cédemment analysées constituant les embranchements, le classes, les ordres, etc. D’un côté se trouveraient les mâles de l’autre les femelles, tant le dualisme de ce genre és universel. Gar, bien qu’il y ait des hermaphrodites et qu les sexes ne soient pas également répartis, il n’en est pa moins vrai qué les différences sexuelles constituent um distinction fondamentale, qui se retrouve partout et sembl l'emporter sur toutes les autres catégories de l’organisation! Ce trait de structure est bien plus considérable que les dif. férences spécifiques. En effet, les individus d’une mém espèce, bien que se ressemblant par tout ce qui constitut les caractères spécifiques, présentent néanmoins des diffé rences sexuelles plus ou moins saillantes, lesquelles vien nent se surajouter, si l’on peut dire, à ces caractères, à une époque plus ou moins avancée de la vie, Les individus d’ünt même espèce ont déjà vécu une fraction plus ou moih grande, parfois même la plus grande, de leur existent lorsqu'ils atteignent à ce degré de maturité qui précède @ accompagne la reproduction, et c’est dans cette derniér phase de la vie que s’accentuent les traits, souvent si mar qués, qui forment les différences sexuelles, Ces traits lem portent également sur les caractères de genre, de famille, de classe, etc. En effet, à quelque degré de la coordinatiof des caractères que l’on envisage la structure des animaux, et si profonde que soit la valeur des systémes d’organe dont les rapports servent de base 4 ces groupes de la classi fication, toujours la sexualité marque son empreinte. développement cérébral, la charpente solide, les masse musculaires, l’amplitude de la respiration et de la circulation l'énergie des appareils digestifs et sécréteurs, tout est mo: difié par cette influence mystérieuse dominant tous lei organismes et imprimant à chacun d’eux le type mâle ou le type femelle. ‘4 Il est impossible de ne pas reconnaître, dans cette corré . DUALISME SEXUEL. 103 lation entre la sexualité et les catégories de la structure des animaux en général, quelque chose de hautement indépen- dant des influences extérieures désignées sous le nom d’in- fluences cosmiques ou physiques. Ici, il ne s’agit plus que de relations d’individu à individu, de rapports indifférents pour la vie individuelle, mais d’où résulte pour les deux êtres réunis une vie commune. Pour peu qu'on médite sur les conditions indispensables à l’établissement d’un pareil ordre de choses, il est évident que cela suppose la prescience de ces rapports, l’appréciation de leurs dépendances mu- tuelles et la capacité de les mettre en harmonie avec l’en- semble des circonstances extérieures ou étrangères. En au- cune manière cela ne peut être le produit fatal de forces brutes et inconscientes. . De tout temps, en tout lieu, à toute heure, les animaux de sexe différent se recherchent, et, dans leur rencontre, mettent en pléine évidence les traits saillants de leur être, manifestant en quelque sorte le pourquoi du dualisme qui partage tout le monde organique. La nature entière semble proclamer non-seulement que le but final de la création a élé de placer au sommet de l’édifice un être su- périeur, l'Homme; mais, en outre, que le seul fait capable, dans le plan donné, d'assurer le maintien et là continuité du Tout, ce sont justement ces rapports étroits d’individu à individu qui, culminant dans l'union de l'Homme et de la Femme, deviennent l’origine de la famille et le fondement des sociétés humaines. Il n’est pas hors de propos d'examiner les traits les plus généraux de ces rapports d’individu à individu, dont le but est le maintien de l'espèce. Tout ce qu’il y a de caractéris- “tique dans l’organisation animale est alors mis en relief; les détails de la symétrie du corps ressortent dans toute leur beauté, et ce qu’il y a de plus intime, soit dans leur har- -monie, soit dans leur contraste, s’accuse et se prononce. invisagé indépendamment de l’idée de sexe et pris comme “représentant du Règne animal tout entier, l'Homme nous “montre ces particularités caractéristiques de la structure qui 4104 DE L’ESPECE. font de la tête le centre de tout l'organisme et établissent entre les deux extrémités de la colonne vertébrale une op* position si remarquable; en lui se manifeste à un haut degré l’antagonisme entre le côté droit et le côté gauche d’où ré: sulte, par la convergence de parties identiques opposées l’une à l’autre, une symétrie si parfaite; en lui éclatent encore ces différences entre la région dorsale et la région ventrale ;... mais ce serait écrire un traité d'anatomie phi- losophique que de pousser plus loin ces considérations. Or, comme représentant de la même espèce, la femme repro- duit identiquement tous ces traits de la structure del homme. Au contraire, lors du rapprochement de ces deux étres tout est changé. 4 Déjà quand l’homme rencontre son semblable, il l'abordél de front. Cet antagonisme absolu devient précisément le point de départ du rapprochement le plus intime. L’homme en présence de l’homme oppose face à face; les dos se tournent à l’inverse; le côté droit se place vis-à-vis du gauche; les mains qui se cherchent traversent obliquement et à l’opposite le plan médian; tous les traits de la configu- ration, qui, dans une comparaison homologique, présente 1 un parallélisme rigoureux, se trouvent ici ramenés à des situations d’un antagonisme également absolu. Un mouve=« ment d’assentiment ou d’antipathie, un salut, un coup de. tête, décrivent un arc dont la courbe est, chez les deux indi- vidus en présence, en sens inverse ; les regards se croisent, les paroles arrivent aux oreilles sous des angles opposés}. l'appel des deux voix amies se fait en direction contraire; la flexion de toutes les articulations se produit avec une obliquité inverse ; toutes les saillies du corps de l’un s’op-" posent à celles de l’autre et sont contrastées; les genoux, s’abaissent et se rapprochent, les talons se soulèvent et s’éloignent, les pointes des pieds convergent; le sourire, qui est toujours plus accentué à droite qu’à gauche, ses dessine en sens contraire. Ces traits, qui s’annoncent conta les indices des rapports généraux d’individu à individu, | s’accentuent avec une intensité er rien n’égale dans la na-* DUALISME SEXUEL. 105 ture lors du rapprochement des sexes. Ainsi, plus les rapports de cet ordre acquièrent de supériorité, plus complète est Pintimité de l’union qu’ils établissent, et plus aussi le con- traste et l’antagonisme des individus de sexe différent se prononcent et deviennent marqués ! | Or, n’est-il pas singulier de voir tout cela annoncé dans les temps géologiques les plus anciens, par la structure même de certains représentants du type des Vertébrés dont les débris sont parvenus jusqu’à nous ? Tous les Sélaciens, dont l'existence remonte aux époques géologiques les plus reculées, présentent cette sorte de différences sexuelles qui fait du rapprochement face à face une nécessité de l’orga- nisation. Le fait que des animaux de cette classe ainsi orga- nisés sexuellement existaient dans les terrains siluriens, et cet autre fait, déjà reconnu comme axiome scientifique par Léonard de Vinci : Venerem supinam solim homini con- venire, n’indiquent-ils pas que les rapports les plus intimes de l’homme à la femme, le mode d'union de l’homme avec sa compagne sont annoncés, dans l’histoire des temps, dès la première apparition des Vertébrés. Ainsi, encore, de toutes les manifestations de l’amour la plus élevée, la plus noble et la plus pure, le baiser, par quoi l’union peut être par- faite sans rien perdre de sa chasteté et de son innocence, se trouve comme prévu, annoncé, préparé dès l’apparition sur la terre de Vertébrés incomplets et dégradés, précurseurs déjà de l’expression ultime à laquelle doit s’élever le type, lors du couronnement de la série. D’autre part, ce qu’il y a de plus haut, de plus immatériel et de plus grand dans "homme, la liberté, la dignité, l’individualité, ce qui n’est n définitive que l’opposition du mor humain à un autre Moi, "exprime ainsi d’une manière purement physique, purement atérielle, dans l'opposition de la structure à la structure, e la forme à la forme. Et ce n’est pas tout! Il n’est pas dans l'immense clavier de a passion humaine une gamme, une note, un ton, qui ne se trouvent exprimés, isolément et à la plus haute puissance, dans la spécialité des rapports sexuels de quelque type en 106 DE L’ESPECE. particulier. Seul un Goethe pourrait écrire avec toutes ses. nuances ce chant de l'amour que l'ensemble de la création. répète à toute heure ! 4 Il serait inutile d’entrer ici dans les détails relatifs aux rapports sexuels des êtres qui composent les embranche- ments inférieurs; mais il n’est pas hors de propos de rappe-" ler que, même chez les Rayonnés et les Vers, on a observé des manifestations de sentiment de la part de la mère pour sa progéniture, bien que l’on n’ait encore constaté aucun fait indiquant dans le rapprochement des sexes quelque chose de plus que l’impulsion organique. Ges rapports de- viennent déjà très-variés et souvent trés-intimes chez les Crustacés et les Insectes ; et quiconque a eu l’occasion d’ob- server les amours des lathaeoue ne saurait mettre en doute la séduction déployée dans les mouvements et les allures qui préparent et accomplissent le double embrassement des ces Hermaphrodites. Parmi les Vertébrés, l'instinct qui rap- proche les sexes peut être réduit à une poursuite lointaine, n’aboutissant pas même à la présence simultanée du mâle et de la femelle sur le lieu où les œufs sont déposés: Tel est le cas de certains Poissons; d’autres se recherchent de plus _ près, s’accostent, se heurtent même pour s’éloigner aussi+ tot l’un de l’autre, Il en est qui déploient toutes leurs” grâces, tout l’éclat de leurs couleurs, toute l’énergie de leur! empressement par les girations qu’ils accomplissent autour de leur femelle; d’autres témoignent leur dévouement par la vigilance avec laquelle ils rôdent autour d’elle pour écar= ter tout rival. Le nombre des poissons proprement dits q s’accouplent réellement est très-limité, ef le rapprochement est superficiel et rapide comme chez les Oiseaux. Il serait oiseux de passer en revue toutes les formes qu’affectent les relations des sexes; mais l’homme intelligent ne saurait de- meurer spectateur indifférent ou même insensible, en voyants la douceur, la tendresse, le charme prévenant des atten- tions de la colombe, ou la noble et fière expression, lim« périeuse exigence, la violence furieuse et cependant pleiné d’égards de l’étalon ; l'implacable férocité du chat qui lacére METAMORPHOSES DES ANIMAUX. 407 et dévore sa femelle, la lourdeur stupide du pore qui s’en- dort et s'appesantit; la luxure et l’ignoble lubricité du singe ; la voracité traitresse de l’araignée, la brutale et impassible _concupiscence des biches attendant froidement l’approche d'un vainqueur, etc. D'où tout cela vient-il? Qui donc affirmera que des ex- pressions si diverses, des manifestations si richement variées d'un sentiment unique et d’un instinct, au fond toujours le même, résultent simplement d’un fait d'organisation phy- sique, d’une spécialité de structure impossible d’ailleurs à concevoir, si l'on écarte l’idée d’un plan méthodiquement exécuté, prémédité à l’avance, où partout se révèle l’inten- tion antérieure à la réalité. XIX Métamorphoses des animaux. L'étude de l’embryologie ne date que de nos jours. Les paturalistes du siècle passé, au lieu de scruter les phéno- ménes qui accompagnent la formation et le développement primitifs des animaux, se contentaient de vagues théories sur la reproduction (1). Il est vrai que les métamorphoses des Insectes étaient devenues de bonne heure le sujet des observations les plus remarquables (2); mais on se doutait si peu alors que tous les animaux, depuis la première phase ile la vie jusqu’à parfait développement, eussent à subir des changements considérables, qu’on fit de la métamorphose un caractère distinctif des Insectes. Et comme il y a, à cet cet égard, même entre les Insectes, des différences très-pro- noncées, on établit une distinction entre ceux qui subissent _ (4) G. L. Leclerc de Buffon, Discours sur la nature des animauæ. Genève, . 1754, in-12, et aussi les OEuvres complètes. Paris, 1774-1804, 36 vol, in-4. (2) J. Swammerdam, Biblia naturæ, sive Historia insectorum, etc. Leyde, ï 1737-38, 3 vol. in-folio, figures. — R, Ant. de Réaumur, Mémoires pour servir à l’histoire des Insectes, Paris, 1734-42, 6 vol. in-4, figures. — A, J. ze pe von Rosenhof, Insectenbelustigungen. Nuremberg, 1746-64, 4 vol. in-4, gures. 108 DE L’ESPECE. une métamorphose complète, c’est-à-dire qui passent suc cessivement par les trois formes de larve, de chrysalide et d'animal parfait, et ceux chez lesquels la transformation est. moins complète, c’est-à-dire dont la larve diffère peu de l’in=" secte parfait. Il est, du reste, quelques Insectes chez lesquelsw ces changements vont si peu loin qu’ils y sont parfois beau-" coup moindres que chez certains représentants d’autres. classes. On est fondé, par conséquent, à employer expression de «métamorphose» pour désigner tous les changements, — grands ou petits, que les animaux éprouvent, en succession | directe et immédiate (1), durant la croissance, pourvu qu ils. soient convenablement déterminés pour chaque type. L'étude de l’embryologie, d’abord limitée à la recherche des changements que subit le poulet dans l'œuf, s’est gra- duellement étendue à tous les types du règne animal. On y a apporté un soin extrême et atteint à une grande perfection. — En effet, le premier qui se hasarda à explorer largement dans toutes ses parties ce nouveau terrain, C. E. von Baer, parvint à présenter le sujet sous un jour si net, traça les . conclusions avec une ampleur et un soin tels, que ceux — qui ont depuis marché sur ses traces peuvent être regardés — comme ayant simplement développé les faits signalés par lui — dès le principe et les conséquences qu’il en avait déduites (2). M (1) Je dis avec intention en succession directe et immédiate, car les phéno- — mènes de la génération alternante ne sont pas compris dans la métamorphose, et consistent surtout dans la production de nouveaux germes qui ont leurs mé-" tamorphoses propres. La métamorphose proprement dite s’entend seulement des — changements successifs d’un seul et même germe. (2) Sans rappeler ici les ouvrages des anciens auteurs, tels que de Graaf, 4 Malpighi, Haller, Wolf, Meckel, Tiedemann, etc., qui sont tous énumérés avec « quelques autres à l’article « Entwickelungsgeschichte » de Bischoff, dans le — « Handwérterbuch der Physiologie » de Wagner, vol. I, p. 860, je mentionne ci-dessous les travaux publiés depuis que, sous l'influence de Dillinger, lem- bryologie a pris un nouveau ‘caractère : C. E. v. Baer, Ueber Entwickelungs- geschichte der Thiere, Kænigsberg, 1728-37, 2 vol. in-4, figures, l'œuvre la plus importante qu’on ait encore publiée, La préface est un modèle de candeur et . de sincérité et fait ressortir le mérite de Déllinger sous un jour aussi vrai qu'éclatant. Comme traités généraux, je citerai : POUF. Burdach, Die Phy- siologie als Erfahrungswissenchaft, Leipzig, 1829-40, 6 vol. in-8 ; en fran- q gais, Paris, 4837-41, 9 vol. in-8. — J. Müller, Handbuch der Physiologie des Menschen, Coblentz, 1843, 2 vol. in-8, 4° édition; en français, Paris, PERS PRE ee METAMORPHOSES DES ANIMAUX. 409 Ce fut lui qui jeta les bases d’une généralisation plus com- préhensive, à l'égard du mode de formation des animaux. Ce fut lui, en effet, qui, le premier, en 1827, découvrit l'œuf ovarien des Mammifères et, pour la première fois, démontra qu'il n’y a, essentiellement, aucune différence entre les ani- maux ovipares et les soi-disant vivipares, l’homme même se développant de la même manière que les animaux. L’exis- tence des œufs chez tous les animaux, universellement, et l'unité de leur structure, qui fut presque aussitôt établie avec certitude, voilà, dans mon opinion, la plus grande décou- verte des temps modernes, dans les sciences naturelles (1). Bt, vraiment, c'était faire un pas de géant que de démon- trer une identité aussi remarquable dans le point de départ matériel du développement chez tous les animaux, quand déjà on savait que la structure anatomique des adultes révèle des plans aussi radicalement divers. Dés lors, la ma- nière dont le germe se forme d’abord dans l'œuf et dont les organes sortent graduellement d’une masse homogène, les changements, les complications, les rapports, les fonc- tions qui s’établissent à chaque phase nouvelle, la façon dont, finalement, le jeune animal revêt sa forme et sa structure définitive et devient un être nouveau et indépendant, tout 4851, 2 vol. in-8 (plusieurs éditions depuis). — R, Wagner, Lehrbuch der Physiologie, Leipzig. 1839-42, 2 vol. in-8, — G. Valentin, Handbuch der Entwickelungsgeschichte, ete. Berlin, 1835, 1 vol. in-8. — Lehrbuch der Physiologie des Menschen. Brunswick, 1843, 2 vol. in-8.— F, A. Longet, Trailé de physiologie. Paris, 1850, 2 vol, in-8. — Alb. Külliker, Microsco- pische Anatomie des Menschen. Leipzig, 1840-54, 2 vol. in 8, figures. — Voy. encore Owen’s Lectures, etc. ; Siebold et Stannius, Lehrbuch ; et Carus, Morphologic, etc., cités aux pages 24 et 38 ci-dessus. Je pourrais ajouter quelques ‘autres traités de physiologie ; mais la plupart d’entre eux sont si évi- demment de pures compilations ne dénotant aucune connaissance personnelle du sujet, que j’omets à dessein de mentionner davantage les ouvrages élémen- taires, (4) C. E. v. Baer, De ovi Mammalium et Hominis genesi. Künigsberg, 1827, in-4, figures, —J. E, Purkinje, Symbole ad ovi avium historiam ante incubationem. Leipzig, 1830, in-4, figures. — R. Wagner, Prodromus Historie generalionis Hominis atque Animalium, etc. Leipzig, 1836, 1 vol. in-folio, figures. — Icones physiologicw. Leipzig, 1839, in-4, figures. — _Moyez aussi A. Valenciennes et Fremy, Recherches sur la composition des œufs dans la série des animaux (Comp. rend., 1854, vol. XXXIX, p. 469, 525 et 570). - 110 DE L’ESPECE. cela devait être un sujet d’études des plus intéressants. rents du règne animal, devint immédiatement le but prin : cipal de tous les travaux sur l’embryologie. On peut di e avec vérité que peu de sciences ont marché avec une rapidité On n’a encore publié aucun traité général résumant les observations les plus récentes sur les phases constantes du mode de développement propre aux divers types du règn animal. Il me faut donc renvoyer aux ouvrages spéciaux sur ce sujet (1). Je suppose, d’ailleurs, qu'avant de former un jugement définitif sur les comparaisons, que je vais faire ci-après, entre les phases du développement des jeunes et les gradations de la structure chez les adultes ou avec l’ordre: de succession des fossiles qui caractérisent chaque période géologique, je suppose, dis-je, que mes lecteurs auront ac-. quis, sur ces changements, les lumières nécessaires et se seront rendu familier tout ce qui se rattache à ces phéno- mènes. à L’embryologie des Polypes a été fort peu étudiée jusqu'ici" tout récemment M. Lacaze-Duthiers a fait de forts beaux (1) Le peu d'attention accordé, en Amérique, à à l'étude de l’embryologie m'a engagé à énumérer les travaux relatifs à cette branche de la science plus com». plétement que tous les autres. J'espère faire naître ainsi le goût de ce genre de recherches. Il existe sur ce continent un grand nombre de types d'animaux dont la connaissance, au point de vue de l’embryologie, ajouterait considéra- blement aux richesses de la science; tels sont l'Opossum, les Batracien ichthyoïdes, le Lépidostée, l’Amie, etc. Je ne parle pas des circonstances favo= rables qu'un littoral de 1600 kilomètres, partout facilement accessible, offre” aux investigations embryologiques, depuis le cercle polaire jusqu’au tropique Inséparable de Vembryologie, la question de l’individualité se présente tout naturellement. Voy. à cet égard: — Rud. Leuckardt, Ueber den Polymorphis- mus der Individuen oder die Erscheinung der Arbeitstheilung in der Natur. Giessen, 1854, in-4, — ©, B. Reichert, Die monogene Fortpflanzung. Dorpat, 1852. -— Th. H. Huxley, Upon Animal Individuality (Ann. et Mag. Nat. History, 2° série, 1852, IX, 507). — Ed. Forbes, On the supposed analogy beiween the Life of an Individual and the Duration of a Species (Ann. and Mag. Nat. History, 2° série, 1852, X, 59). — Al. Braun, Des Individuum der Pflanse, cité ci-dessus, — Bertrachiungen über die Er TON nung der Verjungung in der Natur. Fribourg, 1849, in-4, figures. a ee ee Duniert E) ki MÉTAMORPHOSES DES ANIMAUX. 441 ‘travaux sur cette classe. Ce qu’on sait du développement embryonnaire de ces animaux a trait principalement la fa- ‘mille des Actinoïdes (1). Immédiatement après l’éclosion, le jeune a l'aspect d’un petit corps claviforme ou piriforme; il ne tarde jpas à revêtir toute l’apparence d’un adulte et n’en diffère alors que parce qu’il a un moins grand nombre de tentacules. Quant au mode de ramification et à la multipli- cation par bourgeons, ils ont été soigneusement et minu- tieusement étudiés dans cette classe (2). Les Acaléphes pré- sentent des phénomènes tellement particuliers que j'en renvoie la discussion à plus tard, dans une section spéciale. Tantôt leurs jeunes (3) sont semblables à des polypes, d’au- ; _ (4) M. Sars, Beskrivelser og Jagttagelser over nogle maerkelige eller nye À Havet ved den Bergenske Kyst levende Dyr, etc. Bergen, 1835, in-4. — Fauna litioralis Norvegiæ. Christiania, 4846, in-fol., figures. — H. Rathke, dans la Physiologie de Burdach, vol. II, 2° édition, p. 215. — Zur Morpho- logis, Reisebemerkungen aus Taurien, Riga et Leipzig, 1837, in-4, figures. — L. Agassiz, Twelve Lectures, etc., cité plus haut. — J. Haime, Mémoire Sur le Lérianthe (Ann, sc. nat., 4° sér. 1854, I). — Note sur le développement des Actinies (Comp. rend., 1854, XXXIX, 437, 595), (2) Dana, Zoophytes ; Milne Edwards et Haime, Recherches, elc., cité plus haut, etc., p. 44, note 2. (3) C. Th. E. v, Siebold, Beitriige sur Naturgeschichte der wirbellosen Thiere, Neueste Schriften der Naturforsch, Gesellschaft in Danzig. Dantzig, 1839, in-4, p. 1-35. — S, L. Loven, Beitrag zur Kenniniss der Gattungen Campanularia und Syncoryne; Wiegman’s Archiv, 1837, p. 249, 321; en français, Annales des sciences naturelles, 2° série, XV, 157, — M. Sars, Beskrivelser, précédemment cité. — Fauna litioralis, id. — Einige Worte über die Entwickelung der Medusen (Arch. f. Naturg., 4857, 1, 117). — Al. v. Nordmann, Sur les changements que l'âge apporte dans la manière d'étre des Campanulaires, C.-R., 1834, p. 709, — J. Steenstrup, Ueber den Generations-Wechsel oder die Fortpflanzung und Entwickelung durch abwechselnde Generationen, iibers. von Lorenzen. Copenhague, 41842, in-8, fizures ; en anglais, par G. Busk (Ray Society), Londres, 1845, in-8. — P. 4. Van Beneden, Mémoire sur les Campanulaires de la côte d’Os- tende, etc. (Mémoires de l'Académie de Bruxelles, 1843, XVII, in-4, figures), — Recherches sur l'embryogénie des tubulaires, ibid., 4844, — Fél. Dujardin. Observations sur un nouveau genre de Médusaires (Cladonema) provenant de la mélamorphose des Syncorynes (Annales des sciences naturelles, 2° série, 4843, XX, 370). — Mémoire sur le développement des Médusaires et des Polypes hydraires (Annales des sciences naturelles, 3° série, 1845, TV, 257). = J.G. Fr. Will, Hore tergestinæ. Leipzig, 1844, in-4, figures. — H. Frey et R. Leuckardt, Beitriige zur Kenntniss wirbelloser Thiere, Bruns- wick, 1847, in-4, figures. — Sir J. G, Dalyell, Rare and Remarkable nimals of Scotland, etc,, Londres, 1847, in-4, figures, — Ed. Forbes, Monography of the British Naked-eyed Medusæ. Londres, 1847, in-folio, 112 DE L’ESPECE. tres fois ils ont avec le type de leur classe une ressemblance plus immédiate. Pour un petit nombre seulement la multi plication a lieu par développement direct et progressif. Quant aux Échinodermes, ils ont pendant longtemps échappé figures (Ray Society). — On the Morphology of the Reproduced System of Sertulavian Zoophytes, etc. (Ann. and Mag. Nat. Hist., 1844, XIV, 385). —F. Leydig, Einige Bemerkungen über den Bau der Hydren (Müller’ s Arch., 1854, p. 270). — A. Ecker, Zur Lehre vom Bau und Leben der Kontraktilen Substanz der niedersten Thiere. Bale, 1848, in-4 ; et dans Zeilschr. f. w. Zool., 1849, vol. I, p. 218. — Rouget, Mémoires sur l’Hydre. — L. Agassiz, Twelve Lectures, etc. — Ed. Desor, Lettre sur la génération médusipare des polypes hydraires (Ann. sc. nat., 3° sér., 1849, vol. XII, p. 204). A. Krohn, Bemerkungen über die Geschlechtsverhiiltnisse der Sertularinen (Miiller’s Arch., 1843, p. 174). — Ueber die Brut des Cladodema radiatum und deren Entwickelung zum Stauridium (Miiller’s Arch., 1853, p. 420).—Ueber Podocoryne carnea, Sars und die Fortpflanzungsweise ihrer medusenartigen: Sprüsslinge (Wiegm. Arch., 1851, I, p. 263), — Ueber einige niedere Thiere (Miiller’s Arch., 1853, p. 137). — Ueber die fruhesten Entwickelungsstufen der Pelagia noctiluca (Miiller’s Arch., 1855, p. 491). — A. Külliker, Die Schwimmpolypen, etc., cité plus haut. — W. Busch, Beobachtungen über“ Anatomie und Entwickelungsgeschichte einige wirbelloser Seethiere. Berlin, 1851, in-4, fig. pp. 1, 25 et 30. — Gegenbauer, KGlliker und Müller, Berich über einige im Herbsie 1852 in Messina angestellte anatomische Untersuch- ungen (Zeitschr. f. wiss. Zool., vol. IV, p. 299). — C. Gegenbauer, Uebe die Entwickelung von Doliolum, der Scheibenquallen und von Sagitta (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1853, p. 13). — Beiträge zu nühern Kenntniss der Schwimm~ polypen (Siphonophoren) (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1853, vol. V, p. 285). — Ueber Diphyes. turgida, etc. (Zeitschr. f. wiss. Zoo!., 1853, vol. V, p. 442), Ueber den Entwickelungscyclus von Doliolum, etc. (Zeitschr. f. wiss. Zool. 4 4855, vol. VII, p. 283). — Bemerkungen über die Randkürper der Medusen (Müller s Arch., 1856, p. 230).— Studien über Organisation und Systemati der Ctenophoren (Arch. f. Natz., 1856, 1, p. 163). — Al. v. Frantzius, Veber die Jungen der Cephea (Zeitschr. f. wiss. Zool., vol. IV, p. 148). — J. Miiller, Ueber eine eigenthiimliche Meduse des Mittelmeeres und ihren Jugendzustand (Miiller’s Arch., 1851, p. 272). — M. Schultze, Ueber die mannlichen Ge schleschtstheile der Campanularia geniculata (Miiller’s Arch., 1850, p. 53). Th. Hincks, Notes on the Reproduction of the Campanulariadæ, ete. (Ann. a sa Mag. Nat. ‘Hist., 2° sér., 4852, vol. X, p. 81). — Further Notes on British Zoophytes (Ann. and Mag. Nat. Hist., 1853, vol. XV, p. 127). —G. J. Allman, On Hydroids (Rep. Brit. Ass, Adv. Se. hs 1852, p. 50). — On the Structure of Hydratiridis (Proc. Brit. Ass., 1853, p. 64). — A. Derbes, Note sur les organes reproducteurs et l’embryogénie du Cyanea chrysaora (Ann. sc. nat., 3° sér., 1850, vol. XIII, p. 377). —C. Vogt, Ueber die Siphonophoren (Zeilschr. f. wiss. Zool., 1852, vol. Ill, p. 522). — Untersuchungen über Thierstaaten. Frankfurt, 1854, in-8. — Siphonophores de Nice, cité plus haut, — Th. H. Huxley, On the Anatomy and Affinities of the Family of the Medusæ (Philos. Trans. Roy. Soc., 1849, Il, p. 413). — An Account of Researches into the Anatomy of the Hydrostatic Acalephæ (Proc. Brit. Ass. Adv. Soc., 1854, p. 78). — R. Leuckart, Zoologische Untersuchungen. Giessen, 1853-54, in-4, fig., 1°" fase. — Zur niihern Kenniniss der Siphonophoren von Nizz@ METAMORPHOSES DES ANIMAUX. 113 attention des embryologistes ; mais enfin J. Müller publia ur cette classe (1) une série d’études très-importantes, et it connaître la merveilleuse diversité du mode de déve- ppement, diversité qui existe non-seulement dans les or- Wiegm. Arch., 1854, p. 249). — Medusen von Nizza, cité section IX. — + Stimpson, Synopsis of the Marine Invertebrata of Grand Manan (Smithson. Contrib., 1853, in-4, fig.).—Jos. Leidy, Contributions towards a Knowledge the Marine Invertebrate Fauna, etc. (Journ. Acad. Nat. Sc. Philad., 2° sér., 1855, vol. Ill, in-4, fig.) — Voy. plus loin, sect. xx. — Th, H. Gosse, Natu- ralist’s Rambles on the Devonshire coast. London, 1853, in-8. — A. de Juatrefages, Mémoire sur l’organisation des Physales (Ann. sc. nat., 4° sér., 854, vol. II). — Max. Schultze, Ueber der Baw der Gallertscheibe der Medusen iiller’s Arch., 1856, p. 341). —J. M’Crady, Description of Oceania nu- ula and the embryological History of a singular Medusan larva found in @ cavity of ils bell (Proceed. Elliott Society, Charleston, S. C., 1857). — S. Wright, On Hydractinia echinata (Edinb. new. Phil. Journ., nouv. sér., 57). — Observations on British Zoophytes (ibid.). — Observations on itish Zoophytes : Laomedea acuminata, Trichydra pudica, and Tubularia in ivisa (Edinb. new Phil. Jowrn., nouv. sér., 1858). — On the Reproduction of bydippe pomiformis (Edinb. new Philos. Journ. , nouv. sér., 1856, vol. IV, ». 85). — CG. W, Peach, Notice of a curious Metamorphosis in a Zoophyte-like Animal (Edinb. new Philos. Journ., nouv sér., 1856, vol. IV, p. 162. (1) Beskrivelser, etc., p. 37. — Ueber die Entwickelung der Seesterne Wiegm. Arch., 1844, t.I, p. 169, fig.). — Fauna lilioralis, etc., p. 47.— . Müller, Veber die Larven u, die Metamorphose der Ophiuren und Seeigel (Akad, 1. Wiss., Berlin, 1848).— Ueber die Larven u. die Metamorphose der Echino- ler men (2° Abh., Akad. d, Wiss. Berlin, 1849). — Ueber die Larven und die Metamorphose der Holothurien und Asterien (Akad. d. Wiss., Berlin, 1850). — Veber die Larven u. die Melamorphose der Echinodermen (4° Abh., Ak. d. Wiss., Berlin, 1852).— Ueber die Ophiurenlarven des Adriatischen Meeres (Ak. d. wiss. , erlin, 1852), — Ueber den allgemeinen Plan in der Entwickelung der Echino- ler men (Ak. d, Wiss., Berlin, 1853). — Ueber die Gattungen der Secigellarven 7° Abh., Akad. d. Wiss., 1855). — Ueber den Canal in den Eiern der Holo- hurien (Miiller’s Arch., 1854, p. 60). — Fortsetzung der Beobachtungen ber die Metamorphose der Echinodermen (Miiller’s Arch., 1855, p. 67). — Des extraits, en langue française, en ont été publiés dans Ann. sc. nat., © sér., 1852-53, vol. XVII, XIX et XX; 4° sér., 1854, vol. I, par C. Dareste). — Koren et Danielssen, Nyt Magazin for Naturvid., Christiania, 1847, vol. V, ). 253 (Ann. sc. nat., p. 347). — Voy. aussi Fauna littoralis Norvegiæ, liv. 11. L. Agassiz, Twelve Lectures, etc., p. 13. — A. Derbés, Sur la formation Pembryon chez l'Oursin comestible (Ann. se. nat., 3° sér., vol. VIII, 80). — W. Bush, Beobachtungen, etc., — Ueber die Larve der Coma- fila (Muller’s Arch., 1849, p. 400). — A. Krohn, Ueber a Entwickelung ler Seestern und Holothurien (Miiller’s Arch., "4853, p. 317). — Ueber Bie Entwickelung einer lebendig gebiihrenden Ophiur (Miiller’s Arch. , 1854, . 338). — Ueber die Larve des Echinus brevispinosus (Muller’s Arch., 1853, @. 361). — Beobachtungen über Echinodermenlarven (Miiller’s Arch., 1854, ®. 208). — Ueber einen neuen Entwickelungsmodus der Ophiuren (Miiller’s irch., 1857, p. 369), — M. Schultze, Ueber die Entwickelung von Ophiolepis quamata (Miiller’s Arch., 1852, p. 37). —- R. H. Gosse, Tenby, a seaside liday. London, 1856, in-8. AGASSIZ. 8 Al DE L’ESPECE. dres, mais encore dans les genres d’une même famiile. Le larves de quelques-uns de ces Rayonnés ressemblent ét on namment à des Cténophores très-petits, et pourraient étr rapportées à ce type des Acalèphes. Tout récemment, le recherches de mon fils ont dévoilé, entre tous ces iypes 4 classe. | Comme j'aurai désormais à citer fréquemment les prin cipales divisions du Règne animal, je dois bien établir i¢ que je n’adopte pas certains changements derniéremen proposés dans la délimitation des classes, malgré la faveu avec laquelle on les a presque partout accueillis. Le‘typ indivis des Rayonnés me paraît constituer un des embran chements les plus naturels du Règne, et je considére |; division en Cœlentérés et Échinodermes comme une exa gération des différences anatomiques observées parmi ce: animaux (1). En ce qui concerne le plan, leur aril ne différe en aucune fagon et elle est partout homologue Je ne reconnais dans cet embranchement que trois classes les Polypes, les Acaléphes et les Echinodermes. La diffé rence entre les deux premières repose principalement su ce que les cloisons rayonnées de la cavité principale de Polypes supportent les organes reproducteurs. De plus, k cavité digestive consiste, dans cette classe, en un refou lement intérieur, par l’orifice externe, du sac qui forme À masse du corps. Or, chez les Acalèphes, il ya, au moins. l’état médusiforme, des tubes rayonnés qui s'étendent jus qu’à la périphérie du corps où ils s’anastomosent et c'es dans la masse gélatineuse de celui-ci qu’est creusée la cavil digestive. C’est ce qui a lieu également chez les Hydroides les Méduses propres et les Cténophores; mais rien de parel ne se remarque chez les Polypes. Les Siphonophores, so (4) Je ne vois pas sans surprise que J. Müller soit favorable à l’idée d’un affinité étroite entre les Polypes et les Acalèphes, et surtout qu’il incline à ra porter les Bryozoaires au type dés Rayonnés. ia METAMORPHOSES DES ANIMAUX, 445 3! ue leur lignée médusaire devienne libre ou non, et les Hydroides ont cela de commun que, à l’état médusiforme, ils possedent de simples tubes rayonnés réunis en un seul cordon qui entoure le bord du disque campanulaire. Ces deux groupes constituent ensemble un ordre naturel, par pposition aux Méduses stécophthalmes, dont les tubes ayonnés se ramifient vers le bord du corps et forment un réseau compliqué d’anastomoses. Au point de vue mor- phologique, les Acaléphes à l'état polypoide sont aussi ien des Acaléphes que quand ils sont à l’état médusi- rme (1); qu’ils se séparent ou restent unis, les rapports ésultant de la structure sont toujours les mêmes. Une com- jaraison de l'Hydractinie, qui est l’Hydrvide le plus commun et le plus polymorphe, avec notre Physalie (Physalia) peut du premier coup d’ceil faire apercevoir l’homologie des in- d ividus les plus multiformes (2). L’embryologie des Mollusques a été l’objet d’études trés- étendues, et quelques-uns de ces animaux sont des mieux onnus du Règne. Les limites naturelles de l’embranche- ent paraissent encore, cependant, un peu indécises. Je rois qu’elles doivent renfermer les Bryozoaires (3), qui (1) Cela a été développé dans le 3° volume de mes Contributions à l’histoire naturelle des États-Unis. — Voy. encore mon Mémoire sur la structure et les omologies des Rayonnés, cité précédemment. (2) Ainsi que je Vai déja établi plus haut, les Millépores ne sont pas de rais Polypes, mais des Hydroïdes que leur structure et leur polymorphisme approchent étroitement des Hydractinies. (3) G. J. Allman, On the present State of our Knowledge of the fresh vater Polyzoa (Proceed. Brit. Assoc. Adv. Sc., 20° meet., Edinburgh, 1850, , 305).— Proceed. Irish Ac., 1850, vol. IV, p. 470. — Ibid., 1853, vol. V, . 14. — Monograph of the fresh water Polyzoa (Ray Soc.). — P. J, van eneden, Recherches sur l'anatomie, la physiologie et le développement des Zryozoaires qui habilent la côte d’Ostende (Nouv. Mém. Acad. Bruæ., 1845, rol. XVIII). — B. C, Dumortier et P. J. van Beneden, Histoire naturelle des Polypes composés d'eau douce (Mém. Acad. Brux., 1850, vol. XVI, in-4, fig.). — Th. Hincks, Noles on Brilish Zoophytes, with Descriptions of some new Species (Ann. and Mag. Nat. Hist., 2° sér,, 1851, vol. VIII, p. 353),— €. G, hrenberg, Die Infusionsthiere als vollkommene Organismen. Leipzig, 1838, ol, in-fol., fig. — F, Stein, Infusionsthiere auf ihre Entwickelungsgeschichte Btersutch. Leipzig, 1854, 1 vol. in-4, fig. — Al. v. Frantzius, Analecta ad phrydii versatilis historiam naturalem, Breslau, 1849, — C, F. J, Lachmann, Jeber die Organization der Infusorien, besonders der Vorticellen (Muller’s Mrch., 1856, p. 340), et tous les travaux sur les Infusoires dans lesquels il est juestion des Vorticellidés, 416 DE L’ESPECE. mènent graduellement, en passant par les Brachiopodes (1) aux Acéphales ordinaires. De plus, je me suis assuré qu’l convient de réunir les Vorticellidés aux Bryozoaires. D’ur autre côté, les Céphalopodes ne peuvent pas être sépa des Mollusques propres comme embranchement distinct. L segmentation partielle du jaune, chez ces animaux, n’esl pas davantage un motif de les séparer des autres Mollusqu que la segmentation totale du jaune chez les Mammifér ne serait une raison de séparer ceux-ci des autres Vertébr Enfin, les Géphalopodes sont, dans tous les détails de lew structure, homologues avec les autres Mollusques. Le Tuniciers sont particulièrement intéressants; d'autant qué les Ascidiens simples ont des jeunes pédonculés qui offrent la ressemblance la plus frappante avec les Bolténies, et for- ment en méme temps un anneau de la chaine a laquelle appartiennent les Ascidiens composés (2). Le développement des Lamellibranches semble tout à fait uniforme ; toutefois il y a dans la ponte de grandes différences. Les uns émetteni leurs œufs avant que le germe soit formé; d’autres com uA tinuent à les porter sur leurs branchies, jusqu'à parfai achèvement du jeune (3). C’est ce qui s’observe particu (1) Je vois d’après une courte remarque de Leuchardt, Zeitschrift für wiss Zoologie, vol. VII suppl., p. 445, qu'il a, lui aussi, aperçu l’étroite alliance des Brachiopodes et des Bryozoaires. Voy. aussi Alb, Hancock, On the Organization of the Brachiopoda (Proceed. Royal Society, London, 1857, p. 463). (2) J.C. Savigny, Mémoires sur les animaux sans vertèbres, etc., op. cit. Ad. v. Chamisso, De animalibus quibusdam e classe Vermium Linneeana, fasc —De Salpa. Berlin, 4819, in-4, fig.— F. J. Meyen, Beiträge zur Zoologie, etc., 4er Abth., Ueber Salpen (Nova ‘Acta nat. cur., 1832, vol. XVI). — H. Milne: Edwards, Observations sur les Ascidies composées ‘des côtes de la Manche. Paris, 1844, in-4, fig. — M. Sars, Beskrivelser, etc. —- Fauna litt., ete. — P. J. van Beneden, Recherches sur Vembryogénie, Vanatomie et la physiologi des Ascidies simples (Mém. Acad. Brux., 1847, vol. XX). — A. Krohn, Ueber die Entwickelung der Ascidien (Miiller’s "Arche, 1852, p. 312).— A. Küllike et Léwig, De la composition et de la structure des enveloppes des Tunicien (Ann. sc. nat., 3° sér., vol. V, p. 193). — Th. H. Huxley, Observations por the Anatomy and Physiology of Salpa and Pyrosoma (Philos. Trans. R. Soc: : 4851, t. IL, p. 567). — D. F. Eschricht, Anatomisk-physiologiske Udersügelse over Salperne. Copenh., 1840, fig. —J. Steenstrup, Ueber den Generationsweel - sel, op. cit. —C. Vogt, Bilder aus dem Thierleben. Francfort-s,-M., 1852, in-8 — H. Müller, Ueber Salpen (Zeitschr. f. wiss. Zool., vol. IV, p. 320), R, Leuckart, Zoologische Untersuchungen. Giessen, 1853-54, in-4, fig., 2° fase, —C. Gegenbauer, Ueber die Entwickelung von Doliolum, etc. > Op. Cit., Pe 10 (3) C. G, Carus, Entwickelungsgeschichle unserer Flussmuschel. Leip ig, METAMORPHOSES DES ANIMAUX. 417 rement chez les Naïades, dont quelques-unes lâchent leurs eufs de trés-bonne heure, tandis que d’autres les gardent pendant plus ou moins longtemps, dans une poche spéciale de la branchie externe, qui présente les formes les plus riées dans les différents genres de cette famille. On sait encore peu de chose sur le développement des Brachio- podes. Les faits observés jusqu’à ce jour semblent mon- rer, entre ce type et celui des Bryozoaires, plus d’affinité “qu'entre lui et les Acéphales proprement dits, auxquels es conchyologistes les ont réunis à cause de leur coquille bivalve. Les Gastéropodes (1) présentent, à cet égard, une 832, in-4, fig. — Arm, de Quatrefages, Sur l'embryogénie des Tarets (Ann. Peat, 3e sér., 1849, vol. I, p. 202). — Sur la vie interbranchiale des “petites Anodontes (Ann. sc. nat., 2° sér., vol, V, p. 321).— S. L. Loven, Om | Utwecklingen of Mollusca acephala (Overs. Vet. "Akad. Forhandl., Stockholm, 1849). — En allemand dans les Arch. de Müller, 1848, p. 531, et de Wiegmann, 4849, p. 312. — J. L. Prevost, Dela génération ches la Moule des peintres ‘(Mém. Soc. phys., Genève, 1825, vol. II, p. 121). — C. Vogt, Bilder aus dem Thierleben. Frankfurt, 1852, ‘in-8, — 0. Schmidt, Veber die Entwicke- tung von Cyclas calyculata (Drap.) (Muller’s Arch., 1854, p. 428). —F. Leydig, Ueber Cyclas cornea ( Miiller’s Arch., 1855, p. 47). —H, Lacaze-Duthiers, Recherches sur les organes génitaux des Acéphales lamellibranches (Ann. sc. nal., 4° sér., 1854, vol. If). — Mémoire sur Vorgane de Bojanus des Acé- phales lamellibranches (Ann. sc, nat, , 4° sér., 1855, vol. IV). - — Observations sur Vhermaphrodisme des Anodontes (Ann. sc. nat., 4° sér., 1855, vol. IV). — Mémoire sur le développement des branchies des Mollusques acéphales tamellibranches (Ann. sc. nat., 4° sér., 1856, vol. V). — Histoire de Vorgani- sation et du développement du Dentale (Ann. sc. nat., 4° sér., 1856, vol. VI). —- Davaisne, Reproduction de ’ Huitre (Mém. de la Soc. de biol.). (4) €. G. Carus, Von den äussern Lebensbedingungen der weiss-und kalt- bliitigen Thiere. Leipzig, 1824, in-4, fig. — J. L. Prévost, De la génération chez la Limnée (Mém. Soc. phys. Genêve, vol. V, p. 119). — M. Sars, Zur Entwickelungsgeschichte der Mollusken und Zoophylen ( Wiegm. Arch., 1837, ‘t. I, p. 402; 4840, t. I, p. 196). — Zusütze zu der von mir gegebenen Dart- stellung der Entwickelung der Nudibranchien (Wiegm. Arch., 1845, t. I, ‘Pp. 4). — Arm. de Quatrefages, Mémoire sur l'embryogénie des Planorbes et des Limnées (Ann. sc. nat., 2° sér., vol. If, p. 407). — P. J. van Beneden, Recherches sur le développement des Aplysies (Ann. sc. nat., 2° sér., vol. XV, ‘p. 123).— P. J. van Beneden et Ch. Windischman, Recherches sur Pembryo- “génie des Limaces (Mém. Acad. Brux., 1841). — Em. Jacquemin, Sur le : développement des Planorbes (Ann. sc. nat., vol. V, p. 117; Nova Acta nat. “cur., vol. XVIII). — B. C. Dumortier, Mémoire sur les évolutions de l'embryon ‘dans les Mollusques gastéropodes (Mém. Acad. Brux., 1836, vol. X). — J. L. M. Laurent, Observations sur le développement de l'œuf ‘des Limaces (Ann. sc. nat., vol. IV, p. 248). — F. A. Pouchet, Sur le développement de l'embryon des Limnées (Ann. sc. nat., 2° sér., vol. X, p. 63). — C. Vogt, “Recherches sur Vembryologie de l'Actæon (Ann. sc. .nat., 3° sér., 1846, vol. VI, p. 5). — Beitrag sur Entwickelungsgeschichte eines Cephalophoren pea 448 DE L’ESPECE. diversité beaucoup plus grande que les Lamellibranches. Même parmi les Pulmonés, terrestres et aquatiques, il y & des différences frappantes. Quelques Pectinibranches son remarquables par ce fait curieux, que les œufs éclosent, et que le jeune parvient à un degré avancé de croissance, avant d’être mis bas. Le Pyrula et le Strombus sont les exemples les plus extraordinaires de cette nidification organique. (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1855, vol. VII, p. 162). — M. Schultze, Ueber die Entwickelung des Tergipes lacinulatus (Wiegm. Arch., 1849, vol. I, p. 268). — N. A. Warneck, Ueber die Bildung und Entwickelung des Embryo bei Gasleropoden (Bull. Soc. imp. Moscou, 1850, vol. XXIII, I, p. 90). — 0. Schmidt, Ueber die Entwickelung von Limax agrestis (Muller's Arch., 1854, p. 278). — F. Leydig, Ueber Paludina vivipara, ein Beitrag zur nühern Kenn- iniss dieses Thieres in embryologischer, anatomischer und histologischer Beziehung (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1850, vol. IT, p. 125). — A. Kôlliker, op. cit. (Zeilschr. f. wiss. Zool., vol. IV, p. 333-369). — J. Müller, Ueber vers- chiedene Formen von Seethieren (Miiller’s Arch., 1854, p. 69). — Ueber Synapta digitata und über die Erzeugung von Schnecken in Holothurien. Berlin, 1852, in-4, fig. fly a, pour ce cas remarquable, une explication à la- quelle Müller n’a pas songé. On sait que des Poissons (Ophidium) s’introduisen dans le corps des Holothuries par l’orifice postérieur (De Bosset, Notice, etc., it Mém. Soc. sc. nat. Neuch., 1839, vol. II, in-4).— J'ai observé le fait moi-même dans la Floride. L’Entoconcha mirabilis ressemble beaucoup à la coquille em- bryonnaire de plusieurs espèces de Littorines, entre autres à celle de la Lacunc vincla, dont j’ai eu occasion d’étudier le développement. Il est fort possible qu plusieurs espèces de cette famille, dans laquelle il y en a beaucoup de trés- petites, fassent choix des Synapta pour y déposer leurs œufs et les y aban- donner après la ponte. Les œufs auraient alors avec le Synapta une connexior analogue à celle du Gui ou de l’Orobanche avec les plantes qui les supportent — C. Gegenbauer, Beitrüge sur Entwickelungsgeschichte der Landgaste ropoden (Zéitschr. f. wiss. Zool., 1852, vol. II, p. 371).— Untersuchun gen über Pleropoden und Heteropoden. Leipzig, 1855, vol. I, in-4, fig. — J. Koren et D. C, Danielssen, Bitrag til Pectinibranchiernes Udviklingshistorie Bergen, 1854, in-4. (Ann. sc. nat., 1852, vol. XVIII, p. 257 et 1853, vol. XIX p- 89; Wiegm. Arch., 1853, p. 173; voyez aussi Fauna littoralis Norvegiæ liyr . II). — Al. V. Nordmann, Versuch einer Monographie von Tergipes Edwardsii Saint-Petersbourg, 1844, in-4. — R. Leuckart, Zoologische Untersuchungen Giessen, 1853-54, in-4, fig., 3° fase. — Th. H. Huxley, On the Morphology of the Cephalous Mollusca, etc. (Phil. Trans. R. Soc., 1853, vol. I, p. 29) — Jabez Hogg, On the Development and Growth of the Watersnail (Quart Micr. Journ., 1854, p. 91). — J, Reid, On the Development of the Ova o the Nudibranchiate Mollusca (Ann. and Mag. Nat. Hist., 1846, vol. XVII p. 377); — W.B. Carpenter, On the Development of the Embryo of Purpur: lapillus (Quarterly Micr. Journ., 1845, p. 17). — S. Lorenz, Ueber di Entwickelung von Chiton (Arch. nat., 1856, vol. I, p. 206). — A, Krohn Ueber einer neuen mit Wimpersegeln versehenen Gasteropoden (Arch. f. Nat. 1853, p 223). — Beobachtungen aus der Entwickelungsgeschichte der Plero poden, Heteropoden, Echinodermen (Miiller’s Arch., 1856, p. 545, et 1857 P. 459). — J. D. Macdonald, Remarks on the Anatomy of Macgillivray: pelagica and Cheletropis Haselzi (Trans. Roy. Soc., London, 1855, vol. I METAMORPHOSES DES ANIMAUX. 4419 L’embryologie des Céphalopodes a été magistralement trai- ée par Kolliker (4). Les naturalistes ne sont pas non plus d’accord sur les li- nites de l’embranchement des Articulés. Quelques-uns d’entre eux inclinent à faire des Arthropodes et des Vers deux embranchements distincts; d’autres, au contraire, les réu- hissent en un seul. J’avoue que je ne vois pas de motif à une séparation des deux types. L’état vermiforme, qui est celui les larves de la majorité des Arthropodes, et l’homologie parfaite de ces larves avec les véritables Vers, ne permettent as de douter, ce me semble, que tous ces animaux ne oient construits sur un seul et même plan, et n’appartien- ent en conséquence a un seul embranchement. Celui-ci, | les principes exposés dans le second chapitre de ce livre ont exacts, ne doit renfermer que trois classes, celle des Vers, celle des Crustacés, celle des Insectes. Quant aux ). 289). — Further Observations, etc., p. 295. — Ed. Claparède, Anatomie md Entwickelungsgeschichte der Neritina fluviatilis (Miiller’s Arch., 1857, ). 109). — Beitrag für Anatomie des Cyclostoma elegans (Miiller’s Arch., 1858, p. 1). — C. Semper, Beitrüge für Anatomie und Physiologie der Pul- nonaten (Zeitschr. f. w. Zool., 1856, vol. VIII, p. 340).— A. Schneider, Veber ie Entwickelung der Phyllirhoe bucephalum (Müller’s Arch., 1858, p. 35). (4) Alb. Külliker, Entwickelungsgeschichte der Cephalopoden. Zurich, 1844, n-4, fig.—P.J. van Beneden, Recherches sur l’embryogénie des Sépioles (Nouv. Him. Acad. Bruæ., 1844, vol. XIV). — Z. Coldstream, On the Ova of Sepia Lond. and Edinb. Phil. Mag., oct. 1833), — Ant. Dugés, Sur le développement le l'embryon chez les Mollusques céphalopodes (Ann. sc. nat., vol. VIII, p. 107). — H. Rathke, Perothis, ein neues genus der Cephalopoden (Mém. Akad. Saint- élersbourg, 1834, vol. II, p. 149). C’est le jeune de quelque Céphalopode loli- joide. —H. Milne-Edwards, Observations sur les spermatophores des Mollusques Jéphalopodes, etc. (Ann. sc. nat., 2° sér., vol. Ill, p. 193). — A. Külliker, lectocotylus Argonaute (Delle Chiaje), und H. Tremoctopodis (K.), die Männchen on Argonauta Argo und Tremoctopus violaceus (Ber. Zool. Anst., Würzburg, 1849, p. 69). — H. Müller, Ueber das Münnchen von Argonauta Argo und die dectocotylen (Zeitschr. f. wiss. Zool., vol. IV, p. 1). — J.B, Verany et C. Vogt, Mimoire sur les Hectocotyles et les mâles de quelques Céphalopodes (Ann. sc. al., 3° sér., 1852, vol. XVII, p. 147). — F. D. Roulin, De la connaissance (u’ont eue les anciens du bras copulateur chez certains Céphalopodes (Ann, se. wit., 3° sér., 1852, vol. XVII, p.188). — R. Leuckart, Zool. Unters., op. cit. — J. Steenstrup, Die Hectocotylenbildung bei Argonauta und Tremoctopus, etc. Arch. f. Nat., 1856, vol. I, p. 241). — F, H. Troschel, Bemerkungen über die Daphalopoden von Messina (Arch.f. Nat., 1857, vol. 1, p. 41). — J. van der loeven, Beitrag zur Anatomie von Nautilus Pompilius, L., besonders des Münn- ithen Thieres (Arch. f. Nat., 1857, vol. I, p. 77). 120 DE L’ESPECE. Protozoaires, je ne partage pas les idées généralement admises sur leur nature. Je me suis assuré que les Col- podes et les Paramécies sont les larves des Planaires, que les Opalins sont celles des Distomes, et je ne vois pas pourquoi les autres Infusoires dont Ehrenberg a fait sa division des Entérodéles (1) ne seraient pas, de la méme façon, les larves de quelques Vers inférieurs dont le mode de développement nous aurait échappé jusqu’ici. En outre; une comparaison des premières phases de l’évolution chez les Entomostracés et chez les Rotiféres suffirait à faire voir ce que Burmeister, Dana et Leydig ont prouvé d’une autre manière, c’est-à-dire que les Rotiféres sont de vrais Crus- tacés et non pas des Vers (2). Le caractére végétal des Anen- térés est bien établi. Je n’ai pas encore pu arriver à un ré- sultat définitif pour les Rhizopodes; mais ils pourraient représenter, dans le type des Mollusques, la phase de seg- mentation du jaune chez les Gastéropodes (3). De toutes ces remarques on doit conclure que je ne considère pas les Pro: tozoaires comme un embranchement distinct, pas plus que les Infusoires comme une classe naturelle (A). (1) Il a été déjà établi précédemment que les Vorticellidés sont des Bryo. zoaires. (2) Tout récemment l’histoire des Infusoires s’est enrichie de beaux travaux dus à MM. Balbiani, Claparéde et Lachmann. (3) Les travaux de Schultze et de Külliker sur ce type les présenten sous un jour tout différent, — Voy. chap. III, section I. (4) M. Schultze, Beiträge zur Naturgeschichte den Turbellarien. Greifs- wald, 1851, in-4, fig. — Zoologische Skizzen (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1852, vol. IV, p. 178). — J. Müller, Ueber eine eigenthiimliche Wurmlarve, etc. (Archiv., 1850, p. 485). — E. Desor, On the Embryology of Nemertes, with an Appendix on the embryonic Development of Polynoe (Boston Journ. Nat. Hist., 1850, vol. VI, p. 1; Miiller’s Arch., 1848, p. 511). —L. Agassiz, Colpoda and Paramecium are larve of Planariæ (Proceed. Ann. Assoc. Adv. Sc. Cambridge, 4849, p. 439). — Ch. Girard, Embryonic Development of Pla- nocera elliptica- (Journ. Acad. Nat. Sc. Phil., 2° sér., 1854, vol. IL, p. 307). — C. G. Ehrenberg, Die Infusionsthierchen, ote, op. cit, — Microgeologie ; da: Erder und Felsenschaffende Wirken des unsichtbaren kleinen selbststandiger Lebens auf der Erde. Leipzig, 1854, in-folio. — Ueber den Grünsand une seine Erlüuterung des organischen Lebens (Akad. d. Wiss., Berlin, 1855. in-4). — F. T. Kiitzing, Ueber die Verwandlung der Infusorien in nisdere Algenformen. Nordhausen, 1844, in-4, fig. — A. Külliker, Das Sonnenthier- chen, Actinophrys sol (Zeitschr. f. FT Zool., 1849, t. I, p. 198). — Ed. Claparéde, Ueber Actinophrys Eichomii (Miiller’s Arch., 1854, p. 398). — METAMORPHOSES DES ANIMAUX. 121 - A prendre la classe des Vers dans sa plus large extension, elle embrasserait les Helminthes, les Turbellariés et les Annélides (1). L’embryologie de ces animaux a besoin d’être encore étudiée avec soin, malgré les recherches nombreuses ¥ ils ont été l’objet. Les Vers intestinaux continuent à dérouter les naturalistes, même aujourd’hui que les C. Th. E. von Siebold, Ueber einzellige Pflanzen und Thiere (Zeitschr. wiss. Zool., 1849, vol. i, p. 270). — C. Naegeli, Gattungen einzelliger Algen. Zurich, 1849, in-4, fig. —A. Braun, Algarum unicellularium genera nova ei minus cognila. Leipzig, 1845, in-4 fig. — Ueber Chitridium, eine Gattun- gein Zellifer Schmarotzergeorächse auf Algen und Infusorien (Akad. d. wiss., Berlin, 4855). — F. Cohn, Untersuchungen über die Entwickelungsgeschichte der microscopischen Algen (Nova Acta Acad. nat. cur., 1854, vol. XXIV, p. 101). — Beiträge zur Entwickelungsgeschichte der Infusoren (Zeitschr. f. 4 Zool., 1851, vol. III, p. 257). — Beiträge zur Kenntniss der Infusorien (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1854, vol. V, p. 420). — Ueber Encystirung von Amphileptus fasciola (ibid., p. 434), — Observation sur l'organisation et la propagation des Volvocinées (Compt. rend., 1856, vol. XLIII, p. 1054). — Ueber Fortpflanzung von Nassula elegans (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1857, vol. IX, p. 143). — M. Schultze, Ueber den organismus der Polythalamien. Leipzig, 1854, 1 vol., fig. — Beobachtungen über die Fortpflansuny der Polythalamien (Miiller’s Arch., 1856, p. 165), — Vic. d’Archiac, et J. Haine, Description des animaux fossiles du groupe nummulitique de l'Inde. Paris, 1853, in-4. —H. J. Carter, Description of some of the larger Forms of fossilized Foraminifera in Scinde (Ann. and Mag. Nat. Hist., 1853, p. 161). — W. B. Carpenter, Researches on the Foraminifera (Trans. Roy. Soc., London, 1856, 1, p. 181; Il, p. 547). — Th. H. Huxley, Zoological Notes and Observations made on board H. M. S. Rattlesnake, upon Thalassi- cola, a new Zoophyte (Ann. and Mag. Nat. Hist., 2° sér., 1854, vol. VIII, p. 433). — J. Müller, Ueber Sphærozoum und Thalassicola (Ber. Akad. d. wiss., Berlin, 1855, p. 229), — Ueber die im Hafen von Messina beobachteten Polycystimen (ibid., p. 671). —: Ueber die Thalassicolen, Polycystinen und Acanthometren des Mittelmeeres (Ber. Akad. d. wiss., Berlin, 1856, p. 474). — L. Auerbach, Ucber die Einselligleit der Amoeben (Zeilschr f. wiss. Zool., 4855, vol. VII, p. 365). — Ueber Encystirung von Oxytricha pellionella (Zeitschr. f. wis. Zool,, 1854, vol. V, p. 430). — Cienkowsky, Ueber cysten- bildung bei Infusorien (Zeilschr. wiss. Zool., 1855, vol. VI, p. 301). — N. Lieberkühn, Ueber Protozoen (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1856, vol. VIH, p. 30). — Beitriige zur Entwickelungsgeschichte der Spongillen (Miiller’s Arch., 1856, p. 1).— Zur Entwickelungsgeschichte der Spongillen, Nachtrog. (Miiller’s Arch., 1856, p. 399), — Zusütze sur Entwickelungsgeschichte der Spongillen (Miiller’s Arch., 1856, p. 496). — Beitriige sur Anatomie der Spongien (Miiller’s Arch., 1857, p. 376). — Beitriige sur Anatomie der Infusorien (Miiller’s Arch., 1856, p. 20).—A. Schneider, Beitriige zur Na- lurgeschichte der Infusorien (Miiller’s Arch., 1854, p. 191). — Max, Perty, Zur Kenntniss Kleinster Lebensformen, nach Bau, Function, Systematik. Berne, 1852. - (4) E. Blanchard, Recherches sur l’organisation des Vers. Paris, in-4. — Voyage en Sicile, par Milne Edwards, de Quatrefages et Blanchard, 122 DE L’ESPECE. traits généraux de leur développement sont déterminés. Les Nématoides ont une évolution trés-simple, sans générations 1s alternantes, et, comme quelques-uns sont vivipares, leurs changements peuvent être facilement décrits (4). Les Ces. toïdes et les Cystiques ont été longtemps considérés comme des ordres d’Helminthes distincts, mais on sait maintenar qu’il y a entre eux un rapport génésique direct, les Cysd tiques n’étant qu’une forme provisoire des Cestoïdes (2). OS (1) F. Stein, Beitr ‘âge sur Entwickelungsgeschichte der Eingeweidewiir- mer (Zeitschr. für wiss. Zool., 1852, vol. IV, p. 196). — H. Nelson, On the Reproduction of the Ascaris mystax (Philos. Trans. R. Soc., 1852, II, p. 563). — Allen Thompson, Ueber die Samenkürperchen, die Hier und die Befrucht ng der Ascaris mystax {Zeitschr. f. wiss. Zool., 1856, vol. VII, p. 425). — E. Grube, Ueber einige Anguillulen und die Entwickelung von Gordius aquaticus (Wiegmann’s Arch., 1849, 1, 358). — C. Th, E. von Siebold, Ueber die Wanderung der Cotes ’(Uebers. d. Arb. und Ver. schles. Ges. f. vatert. Kultur, 1850, p. 38). — G. Meissner, Beitrag zur Anatomie und Physio- logie von Mermis albicans (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1853, vol. V, p. 2022 : — Beobachtungen über das Eindringen der Saamenelemente in den Dotte (Zeilschr. fiir. wiss. Zool., 1855, vol. VI, p. 208 et 272). — Beiträge + Anatomie und Physiologie "der Gordiaceen (Zeitschr. für wiss. Zool., 1855; vol. VII, p. 4). -- A. Külliker, Beitriige zur Entwickelungsgeschichte wir- belloser Thiere (Miiller’s Arch., 1843, p. 68). — H. Bagge, Dissertatic inaug. de evolutione Strongyli divicutavis et Ascaridis acuminate. Erlange 1841, in-4, fig. — Jos. Leidy, A Flora and Fauna within living Animals (Smithson. ‘Conti ‘tb., 1853, in-4, fig.). — H. Luschka, Zur Naturgeschischte der Trichina spiralis (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1854, vol. Ill, p. 69). — Th. Bischoff, Ueber und Samenbildung und Befruchtung bei Ascaris mystax (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1865, vol. VI, p. 377). — Wiederlegung des von Dr K bei den Najaden und Dr. Nelson bei den Ascariden behaupteten Eindringe der Spermatozoiden in das Hi. Giessen, 1854, in-4, fig. — Bestütigung a von Dr. Newport bei den Bairachiern und Dr. Barry bei den Kaninchen behaw, teten Eindringens der Spermatozoiden in das Hi. Giessen, 1854, in-4. C. Davaine, Sur la maladie du blé connue sous le nom de nielle, et sur les. Helminthes qui occasionnent cette maladie (Compt. rend., 1855, vol. XLI, p. 435). — Ed. Claparède, Ueber Eibildung und Befruchtung bei den Nema- toden (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1857, vol. IX, p. 106). — G. Walter, Beis irfige sur Anatomie und Physiologie von Organis ornata (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1856, vol. VIII, p. 163).—G. R. Wagner, Ueber Dicyema, Koll. (Müller's Arch.. 1857, p. 354. — N. Lieberkühn, Beitriige zur Anatomie der Nemato- den (Miiller’s Arch., 1855, p. 344). ‘4 2) P. J. van Beneden, Les Helminthes, Cestoides, elc. (Bull. Acad. Belg., vol. XVI et suiv..; Mém. Acad. Brux., 1850, vol. XVII et suiv.). — Sur les Cœnures (Compt. rend, 1854, vol. XXXIX, p. 46). — A. Külliker, Beis lriige, etc., op. cit., p. 81. — C. Th. E. von Siebold, Ueber den Generations- wechsel der Cestoden, etc. (Zeitschr. wiss. Zool., 1850, vol. Il, p. 198). - Ueber die Umwandlung von Blasenwiirmer in Bandwiirmer (Uebers. d. Arb. und Ver. d. schles. Ges. f. vaterl. Kultur, 1852, p. 48). — Ueber die Ver- i METAMORPHOSES DES ANIMAUX. 123 observe chez les Trématodes les phénomènes de génération lternante les plus compliqués ; mais, comme aucune espèce ncore n’a été suivie à travers toutes les phases successives ses transformations, il reste des doutes sur l’enchaine- nent génésique de quelques-unes des formes qui paraissent aire partie du même cycle organique (1). C’est, de même, une question de savoir si les Grégarines et les Psorosper- mies sont ou non des formes embryonnaires, quoique des ; bandiung des Cysticercus pisiformis in Tenia serrata (Zettschr. f. wiss. Zool., 1853, vol. IV, p. 400). — Ueber die Verwandlung der Echinococcus-Brut in Tenien (ibid., 1853, p. 409). — Ueber die Band und Blasenwiirmer, nebst siner Hinleitung über die Entstehung der Eingeweidewürmer. Leipzig, 1854, n-8, fig. (traduit dans les Ann. sc. nat., 4° sér., 1855, vol. IV). — Th. H. Huxley, On the Anatomy and Development of Echinococcus veterinorum (Ann. and Mag. Nat. Hlist., 2° sér., vol. XIV, p. 379). — Fr. Kiicheinmeister, leber die Umwandlung der Finnen (Cysticerci) in Bandwiirmer (læniæ) (Prag. Vierteljahrsschr., 1852, p. 106). — Extrait d'une letire sur des eapé- riences relatives à la transmission des Vers intestinaux chez l'espèce humaine Ann, sc. nat., 4° sér., 1855, vol. III). — Cas de transformation de Cysti- cerques cellulaires en Tenia solium dans l'organisme humain (Compt. rend., 1854, vol. 39, p. 1180). — R. G. Wagener, Die Entwickelung der Cestoden. Bonn, 1855, 4 vol. in-4, fig. — Helminthologische Bemerkungen (Zeitschr, f. wiss. Zool., 1857, vol. IX, p. 73). — G. Meissner, Zur Entwickelungsges- ehichie und Anatomie der Bandwiirmer (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1854, vol. V, p. 380). — R. Leuckart, Erziehung des Cysticercus fasciolaris aus den Hiern de; Tenia crassicollis (Zeitschr f. wiss. Zool., 1854, vol. VI, p. 439). — Milne Edwards, Nouvelles expériences sur la transmission et les métamor- bhoses de Vers intestinaux, et A. Valenciennes, Remarques au sujet de la précédente communication (Compt. rend., 1855, vol. XL, p. 997). — Lettre relative à de nouvelles expériences sur le développement des Vers intestinaux, (Ann, sc. nat., 4° sér., 1855, vol. II). — Die Blasenbandwiirmer und ihre Entwickelung (Zeitschr. im Beitrag. zur Kenntniss der Cysticercus leber.) Giessen, 1856, in-4. — H. Aubert, Ueber Gryporhynchus pusillus, eine freie Cestoden Amme (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1856, vol. VIII, p. 274). | (1) AL von Nordmann, Micrographische Beitrüge zur Naturgeschischte der wirbellosen Thiere. Berlin, 1832, in-4, fig. — L. Bojanus, Zerkarien und thr Fundort (Isis, 1818, vol. IV, p. 729). — Enthelminthica (Isis, 1821, p. 162). — Carus, Beobachtungen über einen merkwiirdigen Eingeweidewurm, Leuco- ehioridium paradoxum (Nova Acta Acad. nat. cur., vol. XVII, p. 85). — €. Th. E. von Siebold, Helminthologische Beitrage (Wiegman’s Arch., 1835, vol. I, p. 45). —Ueber die Conjugation des Diplozoon paradoxum, etc. (Zeitschr. f, wiss. Zool., 1851, vol. Ill, p. 62). — Gyrodactylus, ein ammendes Wesen Zuüschr. f. wiss. Zool., 1849, vol. 1, p. 347). — J. Steenstrup, Generations- Wechsel, etc., op. cit, —Th, Bilharz, Ein Beitrag sur Helminthographia humana Zeitschr. f. wiss. Zool., 1852, vol. IV, p. 59). -- L. Agassiz, Zoological Notes, etc. (Amer. Journ. Sc. and Arts, 1852, vol. XIII, p. 425). —K.E. von baer, Beitrüge zur Kenntniss der niederen Thiere (Nova Acta nat. cur., 1827, j. XIN). — H, Auber, Ueber das Wassergefass-system, die Geschlechisverhil- 42h DE L’ESPECE. recherches récentes rendent probable l’affirmative (1). Le développement des Annélides, tels qu’on les circonscrit de nos jours, présente une grande variété (2). Quelques-uns, dans leurs métamorphoses, ressemblent davantage aux Né- matoïdes ; d’autres, au contraire, les Sangsues par exemple, se rapprochent plus du type des Trématodes. Les Siponcu- nisse, die Eibildung und die Entwickelung von Aspidogaster conchicola (Zeitschrf.wiss. Zool., 1855, vol. VI, p. 349). — Jos. Leidy, Description of two new Species of Distoma, with the partial History of one of them (Journ. Acad, Nat. Sc. Phil., 1850, vol. I, p. 304, fig.). — A. de Lavalette, Symbolæ ad Trematodum evolutionis historiam ‘(diss. inaug.) Berolini, 1855, in-4. — Th. de Philippi, Mémoire pour servir à l’histoire génétique des Trématode ; (Ann. sc. nat., 4° sér., 1854, vol. Il). — Quelques nouvelles observations sur les larves des Trématodes (Ann. sc. nat., 4° sér., 1856, vol, VI), — Ed. Claparéde, Ueber die Kalkkérperchen der Trematoden und die Gattung Tetracotyle ( Zeitschr. f. wiss. Zool., 1857, vol. IX, p. 99). (1) J. Müller, Ueber eine eigenthiimliche ‘krankhafte parasilische Bildung, etc. (Miiller’s Arch, ., 1841, p. 477). — Ueber parasitische Bildungen, ete. (Müller’s Arch., 1842, p. 193). — L. Dufeur, Note sur la Grégarine, etc. (Ann. sc. nat, 1828, vol. XIII, p. 366, fig. ; — ibid., 2° sér., 1837, vol. Vil, p. 10). — C. Th.#Ed. von Siebold, Beitrüge, etc., op. cil., 56-71. — C. Ed. Hammerschmidt, Helminthologische Beiträge(lIsis,1838, p. 351). — À. Külliker, Die Lehre von der thierischen Zelle, etc. (Zeitschr. wiss. Botanik, 1845, vol. 1, p. 46 et 97). — Beitriige zur Kenntniss niederer Thiere (Zeitschr. f. wiss. Zool., 14848, vol. I, p.1).—J. Henle (Ueber die Galtung Gregarina (Miiller’s Arch., 1845, p. 369). — Al. v. Frantzius, Observationes quædam de Grega- rinis. Berolini, 1846. — F. Stein, Ueber die Natur der Gregarinen (Miiller’s Arch., 1848, p. 182, fig.). — C. Bruch, Einige Bemerkungen über die Gre- garinen (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1850, vol. Il, p. 110). — F. Leydig, Ueber Psorospermien und Gregarinen (Miiller’s Arch., 1851, p. 221).—Jos. Leidy, On the Organization of the genus Gregarina (Trans. Amer. Phil. Soc., 1854, vol. X, p. 233), — Some Observations on Nematoidea imperfecta and Descrip- tions of three parasitic Infusoria (Trans. Amer. Phil. Soc., 1854, vol. X, p. 241). — N. Lieberkühn Ueber die Psorospermien (Miiller’s Arch., 1854, p. 4). — A. Schmidt, Beitrag zur Kenntniss der Gregarinen (Abh. Leuk, Gesell., 1854). — Ueber parasitische Schliiuche auf einigen Insektenlarven (Miiller’s Arch., 1856, p. 494. — Cump., note 1, p. 122). (2) E. H. Weber, Ueber die Entwickelung von Hirudo medicinalis (Meckel’s Arch., 1828, p. 366, fig.). — Fil. de Filippi, Sopra l’anatomia e lo sviluppo delle Clepsine. Pavia, 1839, in-8, fig. — J. Loven, Beobachtungen über die Metamorphose einer Annelide (K. Vet. Akad. Handl., 1840; — Wiegmann’s Arch., 1842, vol. I, p. 302). — A. S. Oersted, Ueber die Entwickelung der Jungen bei einer Annelide, etc. (Wiegmann’s Arch., 1845, vol. I, p. 20). — M. Sars, Zur Entwickelung der Anneliden (Wiegmann’s Arch., 1845, vol. I, p. 11). — A. Menge, Zur Roth- Wiirmer Gattung Euaxes (Wiegmann’s Arch., 1845, vol. 1, p. 24). — A. E, Grube, Zur Anafomie und Entwickelung der Kiemenwiirmer. Künigsberg,. 1838, in-4. — Actinien, Echinodermen und Wiirmer, ete. Künigsberg, 1843, in-4, fig. — Untersuchungen über die Entwickelung der Clepsine. Dorpat, 1844. — H, Milne Edwards, Observations METAMORPHOSES DES ANIMAUX. 425 loides montrent des rapports bien plus étroits avec les Anné- lides qu’avec les Holothuries (1). _ La classe des Crustacés, au contraire de la précédente, peut être regardée comme une des mieux connues, pour ce qui est de ses caractères zoologiques et de l’évolution em- bryonnaire. Le seul point qui soit encore en question, c’est s’il faut y rattacher les Rotifères (2). Dans leur mode de dé- sur le développement des Annélides (Ann. sc. nat., 3° sér., 1845, vol. Il, p. 145). — H. Koch, Einige Worte zur Entwickelungsgeschichte der Eunice, mit einem Nachworte von Külliker (N. Denkschr. Schw. Gesell., 1847, vol. VIII, in-4, fig.). — A. de Quatrefages, Mémoire sur Vembryogénie des Annélides (Annales sc. nat., 3° sér., 1848, vol. X, p. 153, fig.). — E. Desor, On the Embryology, etc., déjà cité. — Jos. Leidy, Descriptions of some American Annelida abranchia (Journ. Acad. Nat. Sc. Phil., 1850, vol. Il, p. 43, fig.). Le Lumbricillus contenait plusieurs milliers de gros Leucophrys. — Le cas rapporté par Leidy me semble indiquer l’éclosion d’Opalina sortant des ceufs ~ des Lumbricillus, plutôt que la présence de Leucophrys parasites. — M. Schultze, Ueber die Fortpflanzung durch Theilung bei Nais proboscidea (Wiegmann’s Arch., 1849, vol. 1, p. 293 ; — ibid, , 1852, vol. 1, p. 3). — Zoologische Skizzen, Arenicola piscatorum (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1852, vol. IV, p. 192). — Abh. nat. Gesellsch. zu Halle, vol. IV. — W. Busch, Beob. über Anat. und Eniw., déjà cité p. 55. — M. Müller, Observationes analomicæ de Vermibus quibusdam maritimis. Berlin, 4852, in-4 (Miiller’s Arch., 1855, p. 523). — Ueber die weitere Entwickelung von Mesotrocha sexoculata (Miiller’s Arch., 1855, p. 1). —- Ueber Sacconereis helgolandica (Miiller’s Arch., 1855, p. 13). —A. Krohn, Ueber die Erscheinungen bei der Foripflanzung von Syllis (Wiegmann’s Arch., 1852, vol. I, p. 66). — Ueber die Sprüsslinge von Autolytus prolifer, Gr. (Miiller’s Arch., 1855, p. 489). — R. Leuckart, Ueber die wngeschlecht- liche Vermehrung bei Nais proboscidea (Wiegmann’s Arch., 1851, p. 134). —- Ueber die Jugendzustiinde einiger Anneliden (Wiegmann’s Arch., 1855, vol. I, p. 63). — A. de Quatrefages, Mémoire sur la génération allernante des syllis (Ann. sc. nat., 4° sér., 1854, vol. Il). — Note sur le développement des spermatozoïdes chez la Torrea vitrea (Ann. sc. nat., 4° sér., 1854, vol. II). — Ew. Hering, Zur Anatomie und Physiologie der Generations-organe des Regenswurms (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1856, vol. VIII, p. 400). — Ph. H. Gosse, Tenby, déjà cité. —J. d’Udekem, Nouvelle classification des Annélides Sétigènes abranches (Bull. Acad. Brua., 1855, vol. Il, p. 533). (1) W. Peters, Ueber die Fortpflanzungsorgane des Sipunculus (Miiller’s Arch., 1850, p. 382). — M. Müller, Veber eine den Sipuneuliden verwandte Wurmlarve (Miiller’s Arch., 1850, p. 439). — A. Krohn, Ueber die Larve des Sipunculus nudus, etc. (Miiller’s Arch., 1851, p. 368), — L. Schmarda, Zur Naturgeschichte der Adria Bonellia viridis (Denkschr. Wien. Akad., 1852, vol. IV, p. 117, fig.). (2) €,J. Ehrenberg, Die Infusionsthierchen, etc., déjà cité. — J. Dalrymple, Description of an Infusory Animalcule allied to the genus Notomma (Philos. Trans., 1844, t. 1, p. 331). — H. Naegeli, Beitriige zur Entwickelungs- geschichte der Rüäderthiere (dissert, inaug.). Zurich, 1852, in-8, fig. — Fr. Leidig, Ueber den Bau und die systematische Stellung der Räderihiere (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1854, vol. VJ,p.1).—Zur Anatomie und Entwickelungs- 426 DE L’ESPECE. veloppement, les Lernéens, les Entomostracés propres et les Cirripédes sont les uns avec les autres en pleine confor- mité, tandis qu’ils différent des Crustacés supérieurs. Cette conformité (4) est un fait du plus haut intérêt, car la situa- tion inférieure qu’occupent les Entomostracés, dans la classe des Crustacés, est en concordance remarquable avec !’an- tériorité de leur apparition dans les temps géologiques. Au contraire, la forme des Cirripèdes adultes (2) et celle des geschichte der Lacinularia socialis (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1852, vol. III, p. 452). — Ueber Hydatina scata (Miiller’s Arch., 1857, p. 404). — F, Cohn, Ueber die Fortpflanzung der Riiderthiere (Zeitschr. f. wiss, Zool., 1855, vol. VU, p. 431).— Th. H. Huxley, Lacinularia socialis (Trans. M. Soc., Micr. Journ,, 1852, p. 12). — W. C. Williamson, On the Anatomy of Medicerta ringens (Quart. Micr. Journ., 4852, p. 1). — H. Burmeister, Noch einige Worte über die systematische Stellung der Rüderthiere (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1856, vol. VIII, p. 452). — Th. H. Gosse, On the Structure, Functions and Homo- 7 logies of the manducatory Organs in the class Rotifera (Phil. Trans. Roy. Se, London, 1856, t. II, p. 419). (1) L. Jurine, Histoire des Monocles qui se trouvent aux environs de Genève. Paris, 1806, in-4, fig. — H. Milne Edwards, dans Cuvier, Règne animal, édition illustrée, CRUSTACÉS, figure du jeune Limulus. — E. G. Zaddach, De Apodis cancriformis anatomia et historia evolutionis. Bonn, 4841, in-4, fig. — Al. von Nordmann, Microgr. Beitr., déjà cité. — Fr. Leydig, Ueber Argu- lus foliaceus, ein Beitrag zur Anbütônte., Histologie und Eniwichelungs- geschichte dieses Thieres (Zeitschr. f. wiss. Zool,, 1850, vol. IE, p. 323). — Ueber Artemia salina und Branchipus stagnalis (Zeitschr. i. wiss. Zool., 1854, vol. II, p. 280). — P. J. Van Beneden, Recherches sur quelques Crustacés inférieurs (Ann. sc. nat,, 3° sér., 1854, vol. XVI, p. 71). — Mémoire sur le développement et l’organisation des Nicothoés (Ann. sc. nat., 3° sér., vol. XIII, p. 354). — C. Gegenbauer, Ueber die Entwickelung der Sagitta (Abh. d. na- turf. Gesells. zu Halle, 1856, in-4, vol. IV, p. 1). — A. Krohn, Anatomisch- physiologische Beobachtungen über die Sagitta copunctata. Hambourg, 1844. — Nachtragliche Bemerkungen, etc. (Miiller’s Arch., 1853, p. 266). — Wilms, Observationes de Sagitta mare Germanicum circa insulam Helgoland incolente. Berlin, 1846.— Th. H. Huxley, Observations on the genus Sagitta (Rep. Brit. Ass., 4854, p. 77).— Ch. Darwin, Observations on the Structure and Propagation of the genus Sagitta (Ann. and. Mag. Nat. Hist., 1844, vol. XUI, p. 41). W. Busch, Beobachtungen, — déjà cité. — J. Barrande, Syst. sil., déjà cité (contient les premières observations sur les transformations des Trilobites). (2) W. V. Thompson, Zoological Researches and illustrations, or Natural History of nondescript or imperfectly known Animals. Cork, 1828-34, in-8, fig. — H. Burmeister, Beiträge zur Naturgeschichte der Rankenfiisser (Cir- ripèdes). Berlin, 4834, 4 vol. in-4, fig. — J. Coldstream, art. CIRROPODA, in Todd’s Cyclopedia. Londres, 1836, vol. I, p. 683. — H. D. S, Goodsir, On the Sexes, Organs of Reproduction, and Development of Cirripeds (Edinb. new Phil. Journ, 1843, No. 35, p. 88, fig.).—G.J. Martin Saint-Ange, Mémoire sur Vorganisation des Cirripédes et sur leurs rapports naturels avec les animaua articulés (Ann. sc. nat., 1834, p. 366, fig.). — Ch. Darwin, À Monograph 0] METAMORPHOSES DES ANIMAUX. 127 Lernéens ne permettraient guére de soupconner leur proche jarenté. Celle-ci a d’ailleurs été méconnue jusqu’à ce que ’embryologie eût révélé la véritable place de ces animaux parmi les Crustacés. Le rang plus élevé des Crustacés supé- ieurs (1) se manifeste pleinement dans leur développement; st peu de types, dans leurs premières phases, montrent plus jue les Brachyures une ressemblance directe avec les mem- bres inférieurs de la classe. Dans la classe des Insectes, je comprends les Myriopodes, es Arachnoides et les vrais Insectes; car, suivant les vues xprimées plus haut, ces groupes naturels ne sont que la même combinaison de systèmes organiques, à des degrés di- vers de complication. Ils doivent, par conséquent, être consi- lérés comme les ordres naturels d’une seule et même classe. Quoique parfaitement étudiée au point de vue zoologique et anatomique, ainsi qu’à celui des mœurs de ses représentants, cette classe a besoin d’être encore beaucoup et patiem- ment observée. L'évolution embryonnaire y est en effet bien moins connue que les métamorphoses ultérieures (2). Le the sub class Cirripedia, with Figures of all the Species. Londres, 4854, 2 vol. in-8 (Ray Society). — Spence Bate, On the Development of the Cir- ripedia (Ann. and Mag. Nat. Hist., 2° sér., vol. VIII, p. 324). — Th. H. Gosse, Tenby, déjà cité. (1) H. Rathke, Untersuchungen über die Bildung und Entwickelung des Flusskrebses. Leipzig, 1829, 4 vol. in-fol., fig. — Beitrage zur Fauna Nor- veyica (Nova Acta Acad, Leop. Cæs., vol. XX). — Beitriige zur vergleichenden Anatomie und Physiologie, Reisebemerkungen aus Skandinavien, Dantzig ,1842, in-4. — Zur Morphologie, Reisebemerkungen aus Tawrien, Riga et Leipzig, 1837, in-4, fig. — Ueber die Entwickelung der Decapoden (Miiller’s Arch., 1836, p. 4187; Wiegmann’s Arch., 1840, t. 1, p. 241). — Beobachiungen und Belrachtungen über die Entwickelung der Mysis vulgaris (Wiegmann’s Arch., 1839, p. 195, fig.). — M. P. Erdl, Entwickelung des Hummereies. Munich, 1843, in-4, fig. — H. Milne Edwards, Sur la génération des Crustacés Ann. sc. nat., 1829). — Observations sur les changements de forme que ivers Crustacés éprouvent dans le jeune âge (Ann. sc. nat., 2° sér., vol. IH, p. 321). — L. Agassiz, Zoological Noles, etc. (Amer. Journ, Sc. and Arts, 4852, p. 426). — Recent Researches, etc. (Amer. Journ. Sc. and Arts, 1852, vol, XVI, p. 136). — Sp. Bate, On the British Edriophihalma (Report hrit. Assoc., 1855, p. 18). —Lereboullet, Résumé, etc. (Ann. sc. nat., 4° sér., 1854, vol. 1. — Th. Grosse, Tenby, déja cité. » (2) M. Herold, Entwickelungsgeschichte der Schmetterlinge, etc. Cassel et Marbourg, 1815, in-4, fig. — Disquisitiones de animalium verlebris carentium in ovo formatione. Francfort.s.-M., 1835, in-fol., fig.). — H. Rathke, Entwicke- A 198 DE L’ESPECE. type des Arachnoïdes comprend deux groupes : celui Acares et celui des Arachnoïdes propres, qui, dans leur classe correspondent respectivement aux Entomostracés et aux Crustacés supérieurs. L’embryon des Acares ressemble ur peu à celui des Entomostracés, tandis que celui des vraies Araignées (1) rappelle la métamorphose des Crustacés supé: lungsgeschichte der Blatta germanica (Meckel’s Arch,, 1832). — Zur Entwick lungsgeschichte der Maulwurfsgrille (Gryllotalpa vulgaris) (Miiller’s Arch., 4844, p. 27). — A. Külliker, Observationes de prima Insectorum genesi Zurich, 1842, in-4, fig. — G. Zaddach, Die Eniwickelung des Phryganide: Eies. Berlin, 1854,.4 vol. in-4. — R. Leuckart, Ueber die Micropyle und den feinern Bau der Schalenhaut bei den Insekteneiern (Miiller’s Arch., 1855 p. 90). —G. Newport, On the Organs of Reproduction and the Developmen of Myriapoda (Phil. Trans. R. Soc., 1842, t. Il, p. 99). — On the Anat and Development of Meloe (Ann. and Mag. Nat. Hist., 1848, vol. I, p. 377; vol. Il, p. 145). — Fr. Stein, Vergleichende Anatomie und Physiologie der Insecten ; Iste Monogr., Die weiblichen Geschlechtsorgane der Kafer. Berlin, 1847, in-fol., fig.). — C. Th. E, von Siebold, Ueber die Fortpflanzung von Psyche (Zeitschr. f. wiss. Zool., 4848, vol, I, p. 93). — Wahre Partheno- genesis bei Schmellerlingen und "Bienen (Ein Beitrag zur Fortpflanzungsges- chichte der Thiere). Leipzig, 1856, in-8; voy. aussi Ann. sc. nat., 4° sér., 1856, vol. VI). — Fr. Leydig, Einige Bemerkungen über die Entwickelung der Blatilüuse (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1850, vol. II, p. 62). — H. Meyer, Ueber die Entwickelung des Fettkorpers, der Tracheen und der keimbereitenden Geschlechtstheile bei den Lepidopleren (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1849, vol. I). — W, I. Burnett Researches on the Development of viviparous Aphides (Amer. Journ. Sc. and Arts, 1854, vol. XVII, p. 62 et 261). — Fabre, Recherche: sur Vanalomie des organes reproducteurs et sur le développement des Myria- podes (Ann. sc. nat., 4° sér., 1855, vol. Ill). — Étude sur Vinstinct et le: métamorphoses des Sphégiens (Ann. se. nat., 4° sér., 1856, vol. VI). — Henry de Saussure, Nouvelles Considérations sur la nidification des Guépe: (Ann. sc. nat., 4° sér. , 1855, vol. II). — C. Semper, Ueber die Bildung de Fliigel, Schuppen und Haare bei den Lepidopteren (Zeitschr, f. wiss. Zool., 1856, vol. VIII, p. 326). — R. Leuckart, Die Fortpflanzung und Entwicke- lung der Pupiparen (Abh. d. naturf. Gesellsch. su Halle, 1858, vol. IV, p. 145). Voyez, pour les métamorphoses des Insectes après l’éclosion de la larve, les travaux de Réaumur et de Reesel, et les traités généraux d’entomologie. Les métamorphoses des Insectes des États-Unis sont minutieusement décrites dans Harris’s Report, cité précédemment. (1) M. Herold, De generatione Aranearum in ovo. Marburgi, 1824, in-fol. fig. — H. Rathke, Ueber die Entwickelung des Scorpions (Zur Morphologie, déjà cité), — P. J. van Beneden, Recherches sur l’histoire naturelle et le développement de VAtax ypsilophora (Mém. Acad. Brux., 1850, vol. XXIV, p. 444). — W. H. von Wittich, Observationes quedam de "Aranearum ex Ove evolutione (diss. inaug.). Hale Saxonum, 1845. — Die Entstehung des Arach: nideneies im Kierstock (Miiller’s Arch., 1849, p. 113). —J. V. Carus, Ueber die Entwickelung des Spinneneies (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1850, vol. IL. p. 97). — F. Dujardin, Mémoire sur des Acariens sans bouche, dont on ¢ fait le genre Hypopus, et qui sont le premier âge des Gamases (Ann, sc. nat. METAMORPHOSES DES ANIMAUX. 429: leurs. En se fondant sur cette analogie des jeunes, on a: erniérement rapporté au groupe des Arachnoides quelques nimaux qu’on considérait autrefois comme des Vers (1) ; sais la limite entre les Mites aquatiques et les Pyenogonming ’a pas encore été bien définie, | Toutes les classes de l’embranchement des Vertébrés ont té largement étudiées, et, en ce qui concerne les types prin- ipaux, les particularités générales du développement sont ssez bien connues. Il reste encore beaucoup à faire, cepen- ant, pour déterminer les moindres modifications qui puis- ent caractériser des familles différentes. Il pourrait même rriver que des investigations ultérieures modifiassent gran- lement la classification générale de tout cet embranchement. ‘a classe des Poissons @) PEUX exiger une subdivision, car 849, vol. XII, p. 243 et 259). — E, Blanchard, Observations relatives à la énération des Arachnides (Comples rendus, 1857, vol. XLIV, p. 741). — ; Scheuter, Einiges über Milben (Arch. f. Naturg. :4857, vol. I, p. 104). (£) Jos. Kaufmann, Ueber die Entwickelung und zoologische Stellung der l'ardigraden (Zeitschr.. f. wisss. Zool., 1851, vol. II, p. 220), — P, J. van seneden, Recherches sur Porganisation et le développement des Linguatules Pentastoma) (Mém. Acad. Brux., vol. XY, I, p..188). — T. D. Schubert, Jeber Entwiekelung von Pentastomum tænioïdes (Zeilschr. f. wiss. Zool., 852, vol. Il, p. 117). — E. Wilson, Researches into the Structure and Deve- opment of a newly discovered Parasitic Animalcule of the Human Skin (Phil. (rans. R. Soc. 1844, p. 305). — C. Semper, Zur Anatomie und Entwicke- “Aider der Galtung Myzostoma (Zeitschr. [. wiss. Zool., 1857, vols , D. 48). - {2) G. Forchammer, De Blennii vivipari formatione et evolutione observa- tones. Kiel, 1819, in-4. — J. L. Prévost, De la génération chez le Séchot Cottus Gobio) (Mém. Soc. Phys. et Hist. Nat. Genève, vol. IV, 1828, in-4),— . Rathke, Beiträge zur Geschichte der Thierwelt. Halle, 1820- 27, A vol. fo, fig. — Abhandlungen zur Bildungs und Eniwickelungsgeschichte des enschen und der Thiere. Leipzig, 1832-33, 2 vol. in-4, fig. — Ueber das i einiger Lachsarten (Meckel. Archiv., 1832, p. 392). — K. E. v. Baer, Untersuchungen über die Entwickelungsgeschichle der Fische. Leipzig, 1835, -4.— Entw. der Thiere, déjà cité, vol. IE, — J. Davy, On the development f the Torpedo (Philos. Trans. R. Soc., 1834). — Some observations on the on the Salmon, in relation to the distribution of species (Trans. Roy. Soc, ndon, 1856, I, p. 24). — Fil. de Filippi, Memoria sullo sviluppo del Gobius luviatilis (Annal. medic., Milano, 1841, in-8, fig.). — M. Rusconi, Sopra | fecondatione artificiale nei pesci (Giorn. delle sc. med,-chir, Pavia, vel, IX), — Lettre! sur les changements que les œufs de Poissons éprouvent avant qu'ils aient pris la forme d’embryon (Ann. sc, nat., 2° série, vol. V. — 1. Agassiz, Histoire naturelle des Poissons d’eau douce de l’Europe centrale, . I. Embryologie des Salmonés, par C. Vogt. Neuchatel, 1842, in-8, atlas, AGASSIZ, 9 430 DE L’ESPECE. le développement des Plagiostomes différe grandement il celui des poissons ordinaires; la différence qui distingu les Ganoïdes de ces derniers me paraît être aussi d'un ordre supérieur à celui qu’on lui a assigné jusqu’à présent. Telle qu’elle est établie aujourd’hui dans nos systèmes, la classe des Poissons est certainement la plus hétérogène de tout l’embranchement. Les divergences des auteurs, quant aux limites et à la valeur respective des ordres et des fa- milles de cette classe, peuvent être attribuées, en partie, à ce que la classe elle-même n'est pas naturellement circon- in-fol. Ces recherches ayant été faites sous ma direction et ma surveillance, comparez la préface de cet ouvrage avec la lettre publiée dans Zeitschr. f. wiss. Zool., 1855, vol. VII, p. 328.— J. Müller, Ueber den glatten Hai des Arist teles, und über die Verschiedenheiten unter den Haifischen und Rochen in da Entwickelung des Eies. Berlin, 1842, in-fol., fig. —F.S, Leuckart, Untersuch- ungen über die üussern Kiemen der Embryonen von Rochen und Haien. Stuttgard, 1836, in-8, fig. — Fr, Leydig, Beitriige zur microscopischen Ana- tomie und Entwickelungsgeschichte der Rochen und Haie. Leipzig, 1852 4 vol. in-8, fig.—C, G. Carus, Erliiuterungstafeln, etc., n° 3. Leipzig, 1834, in-fol., fig.—J. Shaw, Account of some Experiments and Observations on the Parr, etc. (Edinb. New Phil. Journ., vol. XXI, p. 99). — On the tra ment and Growth of the Fry of the Salmon, etc., ibid., vol. XXIV, p. 165. (Ann. Nat. Hist., 1, p. 75, et IV, p. 352.) — W. Yarrel, Growth of t Salmon in Fresh Water (Ann. and Mag. Nat. Hist., IV, p. 334).—-G. L. Du- vernoy, Observations pour servir à la connaissance du développement de la Pécilie de Surinam (Ann. sc. nat., 1844, 3° sér., L., p. 343, fig.).—P. Coste, Histoire générale et particulière du développement des corps organisés. Paris 4847-53, in-4., atl., 2° fasc., ÉPINOCRE. — Arm. de Quatrefages, Mémoir sur les Embryons des Syngnathes (Ann. sc. nat., 2° sér., vol. XVIN, p. 193, fig.). — Sur le développement embryonnaire des Blennies, etc. ic les rendus, vol. XVII, p. 32). — A. Valenciennes, Anableps in Cuvier et Vale - ciennes, Histoire naturelle des Poissons. Paris, 1846, vol. XVIII, p. 245. — J. Wyman, Observations on the Development of Anableps Gronovii (Journ. Bost. Nat. Hist., 1854, vol. VI, fig.).— On some peculiar modes of gestation observed in certain animals of Guiana (Proc. Bost. Nat. Hist., 1857). L. Agassiz, Extraordinary Fishes from California, constituting a new fami (Amer. Journ. Sc. and 4., 1853, vol. XVI,p. 380).—Embryology of Lophi Americanus (Proc. Am. Ac. 1855). — A. Lereboullet, Recherches sur V Ana- tomie des organes génitaux des animaux vertébrés (N. Act. Ac. Nat. Cur. vol. XXIII, p. 1). — Résumé d’un travail d’embryologie comparée sur le déve- loppement du Brochet, de la Perche et de V’ Ecrevisse (Ann. sc. nat., 4° sér. 4854, vol. 1), —H. Aubert, Beitriige sur Entwickelungsgeschichte der Fisc (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1853, vol. V, p. 94, 1855, vol VII).— G. Valentin, Zur Entwickelungsgeschichte der Fische (Zettschr. f. wiss. Zool, , 1850, vol. If p. 267). — R. Leuckart, Ueber die allmahlige Bildung der Korpergestal bei den Rochen (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1850, vol. 11, p. 258). — E, Haeckel Ueber die Eier der Scomberesoces (Miiller’s Arch., 1855, p. 23), — A. Retzius _ METAMORPHOSES DES ANIMAUX. 134 crite (1). Depuis quelques années, je m’occupe d’une ma- iére suivie des métamorphoses dés poissons, en vue de pré- iser leurs affinités, et déjà j'ai recueilli sur ce sujet une iasse considérable de faits. Mais , comme je ne les ai point hcore pubties, je me borne ici 4 à mentionner un résultal énéral : c’est que, comme certains Batraciens, les poissons sseux subissent des métamorphoses très-considérables. Non- eulement la forme et la disposition des nageoires se modi- ent, mais aussi la forme générale du corps ét la Configuration u crâne et des mâchoires, sans parler des transformations es organes intérieurs. Quant aux Reptiles, il est dorénavant értain que les Amphibies et les Reptiles propres, si long- éber den grossen Fettropfen in den Eiern der Fische (Miiller’s A reh., 1855, : 34), — C. Bruch, Ueber die Micropyle der Fische (Zeitschr. f. wiss. Zool., 855, vol. VII, p. 479). —K. B. Reichert, Ueber die Micropyle der Fisch- ele, (Miiller’s Arch., 1856, p. 83).— Ueber die Miiller-Wolffschen Kor : er bei Fischembryonen, ele. (Miiller’s Arch., 1856, p. 125). — Der Narh- ngsdolter des Hechleies eine contractile Substanz (Müller's Arch., 1857, .46).—B. Dowler, Discovery of a Viviparous Fish in Louisiana ( Amer. Journ. 6. and Arts, 1855, vol. XIX, p. 133, remarques de L. Agassiz, p. 136). — |. Schultze, Note sur le développement des Pétromyzons (Comptes rendus, 856, p. 336, Ann. and Mag. Nat. Hist, 2° sér., 1856, vol. XVII, p. 443). =A, "Müller, Ueber die Entwickelung der Neunaugen (Miller? $s Arch. 1856, . 303 ou dans Ann, sc, nat., 4° sér., 1856, vol. V. Les faits singuliers gnalés dans ce mémoire portent à croire que Y Amphiowus représente l’état imitif de quelque Cyclostome marin). — Du Fossé, De l’hermaphrodisme hez certains vertébrés (Ann. sc, nat., 4° sér,, 1856, vol, V). (1) Ce n’est pas dans la petitesse "des œufs et dans la connexion intime bntractée avec la mère par l’embryon de quelques-uns d’entre eux, que onsistent les particularités principales du développement des plagiostomes ; est bien plutôt dans le mode de développement lui-même. Malgré l’absence amnios et d’allantoide, ce mode est, dans les premières phases, très-analogue à lui des vrais reptiles et des poissons, surtout en ce qui concerne la formation a système vasculaire, la présence d’un sinus terminalis, etc. De plus, ilya atre les plagiostomes et les poissons osseux les différences anatomiques les us sensibles, et, enfin, il faut remarquer que, chez les raies et les requins, comme ez les vertébrés supérieurs, l'ovaire est séparé de l’oviducte et les œufs sont isis par une large trompe de Fallope. Il est donc difficile de regarder les lagiostumes simplement comme un ordre de la classe des poissons; c'est ce He prouve déjà le fait qu’ils ne forment point avec les autres espèces de cette asse une série naturelle. Je propose, par conséquent, le nom de SÉLACIENS ur une nouvelle classe distincte qui comprendra les Requins, les Raies et les himéres. Des investigations récentes sur les cyclostomes montrent qu'eux aussi fférent considérablement des poissons proprement dits et devraient en être parés, comme formant une classe à part à laquelle conviendrait fort bien le ym de MYZONTES, 432 DE L "ESPÈCE, temps réunis en une classe unique, constituent positivement n deux classes distinctes. Essentiellement, l’évolution des Rep tiles vrais est en étroite conformité avec celle des Oiseaux ‘ly ) tandis que l’évolution des Amphibies ressemble davantage celle des Poissons proprement dits (2). Dans aucune classe des recherches embryologiques s’étendant 4 une certain variété de familles ne sont plus nécessaires que dans la cha (1) G. W. Volkmann, De Colubris natricis generatione. Lipsiæ, 1834, in- —H. Rathke, Entwickelungsgeschichte der Natter (Coluber natrix), ane 4839, in-4, fig. — Untersuchungen über die Aortenwurfeln (Denkschr. Al Wiss. Wien, 1857, vol. XIII). — D. Weinland, Ueber den Eizahn der Ri matter (Wurt. Nat. Hist. Jahreshefte, 1855). — F. Tiedmann, Ueber dat} und den Foetus der Schildkréte. Heidelberg, 1828, in-4, fig. —K. E. v. Baet Beitriige zur Entwickelungsgeschichte der Schildkroten (Muller’s Archiv, 4834, p. 544). — H. Rathke, Ueber die Entwickelung der Schildkroter Brunswick, 1848, in-4, fig. (2) A. J. Rosel v. Rosenhof, Historia naturalis Ranarum nostratium, e à Norimb., 1758, in-fol., fig. — A. F. Funk, De Salamandre terrestris vi evolutione, formatione, etc. Berlin, 1826, in-fol. fig. — H. Rathke, Diss. de S lamandrarum corporibus adiposis eorumque evolutione. Berlin, 1818.— Ueb die Entstehung und Entwickelung der Geschlechistheile bei den Urodelen (À Schr.Dantz Naturf. Ges.,1820).—L. Steinheim, Die Entwickelung der Frosch Hambourg, 1820, in-8, fig. — J. Conr. van Hasselt, Dissert. exhibens Obse vationes de metamorphosi guarumdam partium Rane temporariæ. Goettingy 1820, in-8. — J. L. Prévost et Lebert, Mémoire sur la formation des organ de la circulation et du sang dans les Batraciens (Ann. sc. nat., 3° sér., vol. p. 193). — M. Rusconi, Développement de la Grenouille commune, depuis moment de sa naissance jusqu'à son élat parfait. Milan, 1828, in-4, fig. Amour sdes Salamandres aquatiques et développement ds Tétard de ces Sal mandres, etc. Milan, in-4, fig. —K. E. v. Baer, Die Metamorphose des E der Batrachier vor ‘der Erscheinung des Embryo, etc. (Miiller’s Archi 1834, p. 481).—Entwickelungsgeschichte, etc., vol. Il, p. 280. —K. B. Re chert, Das Entwickelungsleben im Wirbelthierreich. Berlin, 1840, in-4, fi — Vergleichende Entwickelungsgeschichte des Kopfes der nackten Amg bien, etc. Künigsberg, 1838, in-4, fig. — Ueber den Furchungsprocess \ Batrachier-Eier (Muller’s Archiv, 1841, p.523. —C. Vogt, Untersuchung über die Entwickelungsgeschite der Geburshelferkrüte. Soleure, 1844, ins fig. — Quelques observations sur Vembryologie des Batraciens (Ani. sc. | 3¢ sér., vol. II, p. 45).—R. Remak, Untersuchungen über die EntwickeW der Wirbelthiere. Berlin, 1855, in-fol. — G. Newport, On the Impregnali of the Ovium in the Amphibia (Philos. Trans. R. Soc. 1854, I, p. 169 ; 188 Il, p. 233; 1854, I, p. 229). — W. H. v. Wittich, Beitrtige zur morpl logischen und histologischen Entwickelung der Harn und Geschlechtswerkzeu der nackten Amphibien (Zeilschr. f. wiss. Zool., 1852, vol. IV, p- 195). D. Weinland, Ueber den Beutelfrosch (Muller’s. Archiv, 1854, p. 449), - J. Wyman, Observations on Pipa Americana(Am. Jour. Sc. and Arts, 2°s 1854, vol. XVII, p. 369). — A. Thomas, Note sur la génération du Pélod! ponctué (Ann. sc. nat., 4° sér,, vol. I). q j 4 MÉTAMORPHOSES DES ANIMAUX, 138 des Oiseaux, quoique l’évolution de ces animaux soit peut- être mieux connue que celle d’aucun autre type (1). Il n’est pas surprenant que les progrès récents de l’embryologie aient suggéré des classifications, essentiellement basées sur I’ étude phases du développement, dans lesquelles l’appréciation des caractères de structure occupe une place subordonnée. Il y a longtemps que j'ai fait remarquer comment, au point de vue de leur développement, les Batraciens se rapprochent des Poissons plus que des Reptiles écailleux. L'absence d’am- nios et d’allantoide est le trait commun qui les réunit, comme l'existence de ces enveloppes fœtales rapproche des Oiseaux les Reptiles proprement dits. Assignant à cescaractères une valeur classique, M. Huxley a divisé récemment le type des Vertébrés en trois classes seulement : Mammifères, — Oiseaux et Rep- tiles, — Batraciens et Poissons. La classe des Mammifères (2) i (4) Chr. H. Pander, Diss. sistens historiam melamorphoseos quam ovum incubatum prioribus quinque diebus subit. Wirceb., 1817, in-8. — Beilräge zur Entwickelungsgeschichte des Huhnchens im Eie, Wurzb., 1817, in-fol., fig. — K. £. v. Baer, Entwickelungsgeschichte, etc., vol. 1, — H. Dutrochet, Histoire de l'œuf des Oiseaux avant la ponte (Bull. Soc. philom., 1819, p. 38). — John Hunter, Observations on Animal Development, edited, and his Illustrations of that process in the Bird, described by R. Owen. London, 4841, in-fol., fig. — J. L. Prévost, Mémoire sur le développement du poulet dans l'œuf (Ann. sc. nal., 1827, vol. XII,'p. 415). — J. L. Prévost et Lebert, Mémoires sur la formation des organes de la circulation et du sang dans l'embryon du poulet (Ann. sc. nat., 3° sér., t. I, p. 265 ; t. Il, p. 222, fig.; t, HI, p. 96). — A. Baudrimont et G. J. Martin Saint-Ange, Recherches ana- tomiques et physiologiques sur le développement du foetus. Paris, 1850, in-4. —H. Meckel v. Hemsbach, Die Bildung der für partielle Furchung bestimmten Kier der Vogel, etc. (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1855, vol. Ill, p. 420). — C. Dareste, Mémoire sur Vinfluence qu'exerce sur le développement du poulet Vapplication partielle d'un vernis sur la coquille de l'œuf (Ann. sc. nat., Ke sér., 1855, vol. IV). — D. Weinland, On the Armature of the Lower Bill of the Hatching Tringa Pusilla, Wils. (Proceed. Essex Institute, Salem, vol. 1}, p- 33). — H. Hoyer, Ueber die Eifollikel der Vügel (Muller’s Arch., 1857, p- 52). — F. R. Horner, On some discoveries relative to the Chick in ovo, and its liberation from the shell (Proceed. Brit. Assoc., 1853, p. 68). - (2) Consultez, pour les mémoires relatifs aux enveloppes foetales et au pla- centa, aux différents systèmes d’organes, à un organe spécial et en général a l'embryologie humaine, l’article « Entwickelungsgeschichte », dans R. Wagner, Handworlerbuch der Physiologie, p. 867, où tout ce qui a été publié sur ce sujet avant 1843 est énuméré, Pour les recherches plus récentes, voy. Müller, Archives, Wiegman, Archives, Siebold et Killiker, Zeitschrift für Zoologie, Milne Edwards, Annales des Sciences naturelles, et les Revues d'histoire naturelle, 13h DE L'ESPÈCE. a eu Hans Bischoff l'investigateur le plus heureux et le oil complet (1). 4 Mais le but de l’embryologie n’est pas seulement de dés crire le développement individuel des animaux, la constru Cs tion graduelle du corps, la formation des organes et tous les changements que subissent la structure et la forme. Elle doi encore comparer ces formes et les phases successives d toutes ces transformations dans tous les types du régne ani- mal, de façon à pouvoir indiquer définilivement le rang à as signer à chacun d’eux, leurs affinités et les corrélations de organes et de toutes leurs parties. Les embryologistes on jusqu'ici étudié trop exclusivement la métamorphose de leu en un animal parfait; il leur reste encore un vaste champ À parcourir. Il faut qu'ils déterminent les différents degré d’analogie qui existent : — entre les formes successives que revêt un animal avant de compléter sa croissance et les formes diverses que présentent, à l’état adulte, les autres animau du même type ; — entre les divers états de complication par où (4) Th. L. W. Bischoff, Entwickelungsgeschichte des Kaninchen Eies. Bruns- wick, 1842, in-4, fig. — Eniwickelungsgeschichte des Hunde- ies. Brunswick 4845, in 4, fig. — Entwickelungsgeschichte des Meerschweinchens. Giesse 4352, in-4, fig. — Eniwickelungsgeschichte des Rehes. Giessen, 1854, in-4, fig. — J. L. Prévost et J. A. Dumas, De la génération chez les Mammifères, ete. (Ann. sc. nat., 1824, vol. III, p. 113, fig.), — L. Bojanus, Observatio ana: tomica de foelu canino 24 dierum, etc. (Act. Acad. Nat. Cur., vol. X, p. 43: fig.). — P. Coste, Embryogénie comparée. Paris, 1837, in-8, atlas in-4. Histoire particulière et générale du développement des corps organisés, cité. — Recherches sur la génération des Mammifères et le développement di la brebis (Ann. sc. nat., 1835, vol. II], p. 78). — Recherches sur la généra: tion des Mammifères. Paris, 1834, in-4, fig. — C. A. Bernhardt, Symbole ad Ovi Mammalium historiam ante pregnationem, Vratisl., in-4 (Müll Arch., 1835, p. 228), — M. Barry, Researches in Embryology (Phil. Tra Roy. Soc., 1838, p. 301 ; 1839, p. 307; 1840, p. 229; 1841, p. 195), — K. E. v. Baer, déjà cité. — R. Owen, On the Ova of the Ornithorhyneh paradoxus (Phil. Trans., 1834, p. 555). — On the Young of the Ornithorhya chus paradoxus (Trans. Zool. Soc., vol. I, p. 221 ; Proceed. Zool. Soc., vol. p. 43; Ann. sc. nat., 2° sér., vol. UH, p. 303; vol. Ill, p. 299). — On th generation of the Marsupial Animals, etc. (Phil. Trans., 4824, p. 333). — On the Placenta of the Elephant (Proceed. Roy. Soc., Londres, 1857, p. 474 — Ch. Meigs, Observations on the Reproductive Organs and on the Foetus « Delphinus Nesarnak (Journ. Acad. Nat. Sc. Phil., nouv. sér., 1849, vo}. P- 267). — J. Wyman, On the-conncciion between the Ulerus and the Chane in Pigs (Proceed. Bost. Nat. Hist. Soc., 1858), i eas die ts METAMORPHOSES DES ANIMAUX. 435 passe la structure d’un être, et la structure définitive d’êtres voisins ; — entre les phases suecessives de la formation de toutes les parties et le plus ou moins de perfection acquis par ces parties, en d’autres groupes ; — entre le cours normal de l’entière évolution d’un type et ce même cours dans un autre type; — enfin, entre les plus petites variations que, dans la formation des tissus, présentent jusqu'à un certain point tous les animaux. Sans doute, des matériaux importants ont déjà été élaborés pour toutes ces parties de l’œuvre, mais Je puis apprécier combien il reste à faire par le peu que j ai pu recueillir moi-même, au moyen d’une recherche systématique dans cette direction. Je suis depuis longtemps convaincu que l’embryologie fournit la mesure la plus exacte pour déterminer le rang des animaux entre eux. Une comparaison attentive des phases de l’évolution chez les Batraciens supérieurs donne, peut-être, l'exemple le plus frappant de l'importance d’un semblable examen. A l’état initial, les Tétards rappellent, par la structure et par la forme, ces Ichthyoides, dépourvus de membres ou n’en ayant que d’incomplets, qui tantôt possèdent, tantôt ne possèdent pas de hranchies extérieures ; bientôt ils revétent une forme qui fait songer davantage aux Tritons et aux Salamandres, puis leur structure est finale- ment celle des Grenouilles ou des Crapauds (1). La confron- lation de ces deux dernières familles prouverait d’ailleurs que les Crapauds sont supérieurs aux Grenouilles, non- seulement parce qu’ils ont un genre de vie moins aquatique (voy. section XVI), mais encore parce que la membrane em- bryonnaire qui, dans une certaine étendue, persiste entre les doigts des Grenouilles, disparaît entièrement chez les Crapauds, et peut-être aussi à cause des glandes développées dans l’intérieur de la peau de ceux-ci et qui n'existent pas chez celles-là. Un examen analogue des changements que subit une nouvelle Comatule, découverte dans la baie de Charleston (Caroline du Sud) par le Pr. Holmes; m’a mon- (1) L. Agassiz, Twelve Lectures, elc., p. 8 136 DE L’ESPECE. tré quel rapport il y a entre ces états successifs et les types divers de Crinoides des époques passées. J’ai trouvé Ja un étalon de mesure pour la détermination du rang respectif de ces derniers. On ne peut douter, en effet, que les premiéres phases de l’évolution d’un animal ne présentent les condi tions d’une infériorité relative, quand on les compare avec ce que sera l'animal adulte après son entier développement et avant qu’il ne soit entré dans cette autre phase, appelée le vieil âge, où l’on observe chez certains parasites des méta: morphoses rétrogrades fort curieuses. 1 Il existe chez la jeune Comatule une tige par laquelle le petit animal adhère soit à des algues marines, soit aux cirres de la mère. La tige est d’abord simple et dépourvue de cir. res; elle supporte une téte globulaire sur laquelle ce qu’on appelle les bras se développent bientôt et se complétent peu à peu en se bifurquant. En même temps, sur la tige elles même apparaissent quelques cirres et graduellement le nombre en augmente, jusqu’à ce qu’ils forment une cou ronne entre la tige et les bras. En dernier lieu, cette cou: ronne ayant revêtu tous les caractères d’une Comatule de petite dimension se détache, se sépare de la tige, et la Co» matule devenue un animal indépendant se meut libre- - ment (1). La classe des Crustacés et celle des Insectes sont particu= lièrement instructives à cet égard (2). Rathke et Fritz Mül- ler ont décrit les transformations d’un si grand nombre de Crustacés que je ne puis mieux faire que de renvoyer à leurs nombreux mémoires sur ce sujet (3), pour le détail des changements que subissent ces animaux durant les première s phases de la croissance. J’ajouterai seulement que l'ems a) Kébénitient Thomson et Carpenter ont publié des détails très-intéres- sants sur les phases du développement des comatules d'Europe. Voyez aussi E. Forbes, History of the British Starfishes,. p. 10, et le 3° volume de a Contributions à l'histoire naturelle des Etats-Unis. (2) L. Agassiz, Twelve Lectures, p. 62, et Classification of Insects, “| cité plus haut. J'ai l'espoir que: l’embryologie fournira les moyens d’assigner chaque famille sa place relative. i (3) Voy. ci-dessus, p, 127, nete 1. METAMORPHOSES DES ANIMAUX, 437 bryon des Crustacés tout à fait supérieurs, les Brachyures, ressemble par la forme et la structure aux types inférieurs de la classe, aux Entomostracés et aux Isopodes; après quoi, il prend la forme de ceux d’un ordre plus élevé, l’ordre des Macroures, et revêt enfin tous les caractères des Bra- chyures. - L’embryologie donne ainsi la mesure exacte des affinités vraies existant entre les animaux. Je ne prétends pas dire que Jes affinités ne peuvent être déterminées que par l’étude des embryons; l’histoire de la Zoologie est là pour prouver, au contraire, que, avant que l’étude de la formation et de l’évo- lution des animaux fait devenue une branche spéciale de la physiologie, les rapports généraux des animaux entre eux avaient été, pour la plupart, fixés avec un degré remarauable de certitude par le seul examen anatomique. Il n’est pas moins vrai que, dans quelques cas curieux, la connaissance des changements embryonnaires de certaines animaux a seule mis sur la voie de leurs affinités véritables. Dans d’au- tres cas, elle a très à propos fourni la confirmation d’une parenté qui pouvait bien paraître probable, mais qui ne lais- sait pas d'être fort problématique. Cuvier lui-même regar- dait les Anatifes comme une classe distincte qu’il rangeait parmi les Mollusques, sous le nom de Cirripèdes. Mais Thomson (1) démontra, et bientôt Burmeister, Martin Saint- Ange, d’autres encore, confirmèrent que le jeune Anatife est, pour la forme et la structure, identique avec quelques-uns des Entomostracés les plus communs. Dés lors, leur véritable place dans le système des animaux put être marquée, et on les reporta dans la classe des Crustacés, parmi les Articulés. Méme chose est arrivée pour les Lernéens, que Cuvier pla- gait à côté des Vers. Nordmann a prouvé, par le témoignage de l’embryologie,qu’ils appartiennent aussi à la classe des Crustacés (2), Lamarck associait les Crinoïdes aux Polypes, » (4) Thomson, Zool. Researches, etc. — Burmeister, Beiträge, etc. — Martin Saint-Ange, Mém. sur l'organisation, etc., cités plus haut, p. 126, note 2. (2) Nordmann, Micrographische Beiträge, déjà cité. 138 DE L’ESPECE. et quoique Cuvier les eût reportés dans la classe des Échi- nodermes, avant qu’on ne connût les métamorphoses de la Comatule (1), la découverte des jeunes pédonculés a, seule, fourni la preuve directe que c’était bien là leur véritable place. q L’embryologie donne en outre un critérium pour la dis- tinction des analogies et des homologies. Elle fait voir qual les vraies homologies ne franchissent pas les limites natu relles des grands embranchements du régne animal. 4 La distinction entre les homologies et les analogies, sur laquelle les naturalistes anglais insistérent les premiers (2), a jeté une très-vive lumière sur les affinités réelles des animaux, Il aurait été bien difficile auparavant de les apprécier d’une. façon aussi nette. Grace à cette distinction, nous avons appris à: discerner laffinité réelle, fondée sur la conformité de strucz ture, de la similarité basée seulement sur la ressemblance ext = rieure de la forme et des fonctions. Mais, même après que cett confusion eut été bien clairement démélée, il restait à fixer r dans quelles limites les homologies pouvaient être recher= chées. Les œuvres d’Oken, de Spix, de Geoffroy, de Carus (3) montrent à quelles comparaisons extravagantes pouvait en= trainer le préjugé de l'unité. Il fallut que Baer prouvat que le mode de développement dans les quatre embranchement _ du règne animal est essentiellement différent, pour qu’on (4) en vint à soupçonner que des organes accomplissant des” fonctions identiques pouvaient différer beaucoup quant leurs rapports essentiels, les uns à l'égard des autres. IA fallut que Rathke (5) démontrât que, chez les Articulés, les jaune communique avec la cavité principale, par une ouvers, ture située à la face dorsale du corps, et non à la face ven- trale comme chez les Vertébrés, pour qu’on sût enfin su ; eit (1) Thomson et Forbes, cités p. 126 et 127. (2) Swainson, Geography and Classification, ete. — Voyez aussi section Ÿ. | (3) Voy. ci-dessus, section IV, notes. 3 (4) Baer, Entwickelungsgeschichte, vol. I, p. 460 et 224, L’étendue du savoir de Baer et le champ immense embrased par ses vues n "apparaissent nulle part d’une façon plus remarquable que dans cet ouvrage. #4 (5) Rathke, Unters. über Bild, ete., cité p. 127, note 4. METAMORPHOSES DES ANIMAUX, 439 quoi établir solidement les limites naturelles de l’homologie véritable. A chaque pas fait par l’embryologie dans la voie du progrés, il devient de plus en plus évident que les homa- logies de la structure ne dépassent pas les bornes de chacun des grands embranchements du règne, et que l’homologie générale, rigoureusement démontrée, prouve l'identité d’em- branchement, de même que l’homologie spéciale prouve l'identité de classe. . Les résultats de toutes les investigations modernes sur l'embryologie s'accordent à prouver, sur une échelle de plus en plus grande, que le développement des animaux est en- tiérement indépendant des causes extérieures. L'identité des métamorphoses, par lesquelles passent les animaux ovipares ou vivipares appartenant au même type général, en est la preuve la plus convaincante (1). On a supposé récemment que l'embryon pouvait être affecté directement par les in- fluences extérieures, à un point suffisant pour que les mon- struosités, par exemple, fussent attribuables à ces actions du dehors. L'observation directe a fait voir que ces accidents sont dus à certaines particularités qui se produisent au cours (1) C’est sans doute ici l’occasion la plus opportune de faire remarquer que la distinction établie entre les animaux ovipares et les animaux vivipares est mal fondée. Eu égard à l’origine première des animaux dans l’œuf, cette distine- tion est insoutenable. Elle est, de plus, anti-physiologique si elle a pour but @exprimer l'idée d’une certaine affinité ou analogie basée sur l’un ou l’autre de ces modes de développement, Les poissons montrent, plus nettement que toute autre classe, que des animaux dont l’évolution se fait d’une manière identique, dans tous ses traits généraux, sont les uns vivipares ét les autres ovipares. La différence résulte des connexions de l’œuf durant cette évolution et non de la façon dont celle-ci a lieu. En outre, des animaux vivipares ou ovi- pares ont, dans des classes différentes, un mode d’évolutivn très-divers ; il n’y a de commun entre eux que ce seul point : la mise bas de petits vivants pour les uns; la ponte d'œufs, pour les autres. Le seul trait éssentiel sur lequel une généralisation de quelque valeur puisse être établie est uniquement le mode d'évolution du germe. Sous ce rapport, on remarque que les Sélaciens, dont les uns sont vivipares, les autres ovipares, ont entre eux une grande conformité ; c’est aussi le cas des poissons osseux et des reptiles, qu’ils soient _ovipares ou non. Entre les mammifères même, placentaires ou aplacentaires, il y a conformité pour tout ce qui est essentiel dans leur mode de déve- loppement. On a accordé jusqu'ici trop d'importance aux connexions qu'a le germe durant son évolution, et trop peu aux traits généraux de son déve- loppement. 140 DE L’ESPECE. - de l’évolution embryonnaire (1). Tous les Mammifères ont dans le sein de leur mère où ils subissent leurs premières transformations, une couche si bien close et si parfaitement protégée contre l'influence immédiate des agents extérieurs, qu'il suffit de rappeler cette circonstance pour montre combien, chez ces animaux, le développement est indépen- dant des conditions dans lesquelles la mère est placée. Cela est également vrai de tous les animaux vivipares, comm certains Serpents, certains Squales et les Poissons vivipares. Ajoutez que l’uniformité de la température dans les nids des Oiseaux, les précautions prises, contre tout ce qui pourrait atteindre les œufs ou les petits, dans les con- structions si variées que les animaux établissent pour protéger leur progéniture (2), montrent bien visiblement: que l'instinct les pousse à tenir à l’écart les agents phy- siques, ou à faire servir ces agents à leurs fins, comme c’est le cas pour les Huitres. Les Reptiles et les Mollusques terrestres enterrent leurs œufs pour les soustraire à toute action variable, Les Poissons les déposent dans les endroits où les circonstances sont le moins changeantes. Les Insectes: ont mille manières de préserver les leurs. Beaucoup d’a- nimaux marins qui vivent sous des climats extrêmes pon- dent en hiver, quand les variations extérieures sont réduites. à leur minimum. Partout on trouve la preuve que les phé- noménes de la vie, manifestés au milieu des influences physiques les plus diverses, en sont rendus indépendants au plus haut degré. Les procédés les plus variés sont mis. en œuvre par les animaux, soit pour se préserver eux- mêmes, soit pour défendre leur progéniture de l’action des causes physiques qui sont inutiles ou facheuses. (1) Th. L. W. Bischoff; dans R. Wagner, « Handworterbuch der Physio- logie », article Entwickelungsgeschichte, p. 885. (2) Burdach, Physiologie, 2° éd., vol. Il, sect. 334-8, — Kibby, etc., déj cité. — Spence, Introduction, elc., cité plus haut. DUREE DE LA VIE. Ah XX Durée de la vie. La durée moyenne de la vie présente chez les différentes espèces d’animaux et de plantes l'inégalité la plus étonnante, Il en est qui croissent, se reproduisent et meurent dans le court espace d’une saison, d’un jour même ; il en est qui semblent braver l’action du temps (1). Qui donc a mesuré à chacun des êtres organisés sa part de vie? Pour répondre à cette question, il faut d’abord exa- miner les faits. En premier lieu, il n’y a point de rapport entre la durée de la vie et la stature, la structure, ou l’habi- tat des animaux. Bien plus, le système suivant lequel sont réglés les changements qui se produisent durant chaque période, diffère presque pour chaque espèce. C’est à peine s'il y a un faible degré d’uniformité chez les représentants des différentes classes, et cela dans certaines limites. Pour beaucoup de Poissons et de Reptiles propres, par exemple, l'accroissement est tout à fait graduel et uniforme, et le développement se poursuit pendant toute la vie, si bien que la taille croit d’une manière continue avec l’âge. Chez d’autres animaux, les Oiseaux entre autres, l’accrois- sement est rapide pendant une première époque ; après quoi l'animal a atteint sa stature définitive et entre dans une période d'équilibre qui dure plus ou moins, suivant les espèces. D’autres encore acquièrent ainsi, dans une limite définie, une grosseur définitive; tels sont les Mammifères. L’accroissement est, chez eux, plus lent dans les premiers temps et la maturité n’est atteinte, comme chez l'Homme, qu’à un âge qui forme une fraction considérable de la durée totale de la vie. Pour les Insectes, au contraire, la période de maturité est . (1) G. Schübler, Beobachtungen über jiihrliche periodische wiederkehrende £rscheinungen im Thier-und-Pflanzenreich. Tübingen, 1834, in-8.— A. Qué- telet, Phénomènes périodiques (Acad, de Brux.). 4h2 DE L'ESPÈCE, généralement la plus courte. La croissance de la larve est parfois très-lente, ou, au moins, la phase avant-dernière de l’évolution dure beaucoup plus longtemps que la vie de l'être parfait. Il n’y en a pas d'exemple plus frappant que le mode particulier de croissance de la cigale de Actas ans. (Cicada septima decima), si bien décrit par Miss M. H. Morris (1). Tandis que tous les animaux doués de longévité prolon- gent, pour ainsi dire, leur existence à travers une série d’années, sous l’action variable des saisons qui se succèdent, il en est d’autres qui n’apparaissent que périodiquement. C'est le cas de la plupart des Insectes (2), et les Méduses en fournissent un exemple encore plus remarquable (3). Mais rien n’est plus intéressant à cet égard que les chan- gements de caractères qui ont lieu aux différentes phases de. l'accroissement d’un seul et même animal. Ni les Vertébrés,! ni les Mollusques, ni même les Rayonnés ne montrent, dans les modifications diverses qu’un individu peut subir, quelque | chose d’aussi étonnant que ce qui s’observe chez les Insectes; : en particulier chez ceux qu’on appelle à métamorphose. complète. Le jeune (la larve) est souvent un être actif, ver- miforme, vorace, carnivore méme; al’ âge moyen (la chry-. salide), il devient semblable à une momie; c’est une sorte de. ver presque destitué de mouvement, incapable de prendre aucune nourriture; à la fin de la vie, c’est un insecte actif. et pourvu d'ailes. Quelquefois la larve est aquatique et très-. vorace et l’insecte parfait est aérien et ne mange pas (4). Y a-t-il, dans les lois qui réglent la durée de la vie des animaux, rien qui puisse rappeler l’action des forces physi- ques? Est-ce que, au contraire, ce fait que certains animaux. sont périodiques et liés au retour des saisons, tandis que. | E | (1) V. Harris, Insects injurious, ete., 2° édit., p. 180. (2) E. Herold, Teutscher Raupen-Kalender. Nordhausen, 1845. (3) L. Agassiz, Acalephs of North- America, p. 228. (4) Burmeister, Handbuch der Entomologie, ete. — Lacordaire, Introduc- tion a l’entomologie, etc, — Kirby et Spence, Introd. to Entomology, déjà cité, où sont décrites les mœurs des insectes pendant leurs métamorphoses, GENERATION ALŸERNANTI, 4h3 autres traversent toutes les phases de l’année sans en dé- vendre, n'indique pas bien que les uns et les autres sont ndépendants de toutes ces influences désignées par l’expres- ion commune de causes physiques? Cela n’est-il pas rendu vident encore, et de la façon la plus remarquable, par les hangements extraordinaires qu’on vient d'indiquer et que ubit un même animal aux périodes diverses de sa vie? est-ce pas la preuve directe de l'intervention immédiate l'une puissance assez forte pour contrarier toutes les in- luences extérieures, régler le cours de la vie de chaque tre, l’établir sur une base immuable et tracer le cercle des nétamorphoses de l’espèce, sans que l’action ininterrompue les agents physiques puisse en rien déranger l’ordre régu- ier de ces phases naturelles ? Il y a, toutefois, une autre conclusion encore à tirer de es faits. Ils révèlent une notion distincte du temps et de espace, une appréciation de la valeur relative de laps de ermps inégaux, une répartition inégale de périodes inégales, es unes courtes, les autres longues, qui ne peuvent être que attribut d’un Être Pensant. ; 4% | Génération alternante. Nombre d'animaux vont se développant graduellement, epuis la formation première du germe jusqu’au terme natu- el de leur vie, et mettent au monde, chaque génération après autre, une progéniture qui, à son tour, reproduit avec une avariable régularité les mêmes phénomènes. Mais il en est ’autres qui se multiplient par des procédés divers, tantôt ar division ou bourgeonnement (1), tantôt par une série (1) Les zoologistes pourraient très-utilement consulter le mémoire de Braun, récédemment cité, sur le bourgeonnement des plantes. Hs ont trop souvent onfondu le procédé de la multiplication par bourgeonnement ou par scission vec celui de la reproduction sexuelle, et cette confusion a déjà été cause de interprétation très-erronée de faits d’ailleurs bien connus. Ahh DE L’ESPECE étrange de générations dont chacune différe de la précédente, et qui ne reviennent qu’indireclement au type initial. Chamisso et Sars furent les premiers à observer les faits qui ont conduit à la connaissance de ces phénomènes, au= jourd’hui désignés sous le nom de « génération alternante » . Après eux, Steenstrup en fit connaître, dans son célèbre mémoire sur ce sujet (4), l’enchainement méthodique. Il n’y a pas de traité de Physiologie qui n’en contienne au moins un court résumé; je n’ai donc pas besoin de les reproduire ici et je puis renvoyer tout simplement aux observations originales, dans lesquelles on trouvera tous les détails connus sur ce point (2). Voici ce qu’il y a à conclure de ces faits : En premier lieu, tel individu né d’un œuf peut différer de celui qui a pondu l’œuf et atteindre le terme de son existence, sans s’étre modifié de manière à devenir un être semblable à celui qui l’a engendré (3). En second lieu, le produit issu d’un œuf peut croître et, en se mul- tipliant, donner naissance à une troisième génération, dont les individus sont tous semblables entre eux (Synco: ryne), ou sont de deux sortes (Campanulaires), ou même de plusieurs sortes et diffèrent tous considérablement l’un d l’autre (Hydractinie), sans que, dans aucun de ces cas, la (D (1) J. Steenstrup, ouvrage cité p. 114, note 3. (2) Voyez les ouvrages cités plus haut, p. 4114, note 3, et p. 113, note 1 voyez aussi, V. Carus, Zur niihern Kenntniss des Gencrationswechsels. Leipzig; 1849, in-8. — Einige Worte über Melamorphose und Generationswechse (Zeitschr. f. wiss. Zool., 1854, vol. Ill, p. 359). — R. Owen, On Partheno- genesis, or the Successive Production of Procreating Individuals from a singl Ovum. London, 1849, in-8. — On Metamorphosis and Metagenesis (Ann. and, Mag. Nat, Hist., 2° sér., vol. VIII, 1857, p. 59). — V. Prosch, On Par: thenogenesis og Generalionsveæel et Bidrag til Generationsleren, Copenhague 1851. — R. Leuckart, Ueber Metamorphose, ungeschlechiliche Vermehrung, Generationswechsel (Zeitschr. f. wiss. Zool., vol. IT, 1851). — J. D. Dana, On the Analogy belween the Mode of Reproduction in Plants and the‘ Alter- nation of Generations ’’ observed in some Radiata (Amer. Journ. Se. and Arts: 2° sér., vol. X, p. 341). — C. G. Ehrenberg, Ueber die Formenbestiindigket und den Entwickelungskreis der organischen Formen (Monatsber. der Akad. Berlin, 1852, in-8). (3) Le polymorphisme chez des individus d’une méme espéce ne s’observe pas seulement parmi les Acaléphes. Il se voit encore chez les Polypes vrais, madrépores par exemple; chez les Bryozoaires, les Ascidiens, les Vers, Crustacés (Lupea) et même chez les Insectes (abeilles). — GENERATION ALTERNANTE. 145 gnée nouvelle ressemble à l’auteur commun. Aucun de ces idividus nouveaux n’a d'organes reproducteurs distincts, as plus du reste que le produit, né d’un œuf, dont ils érivent. Leur multiplication a lieu principalement par un rocédé de bourgeonnement. Les bourgeons conservent, en énéral, un lien avec le premier individu né d’un œuf, et for- ient, en conséquence, des sociétés qui ressemblent à celles e certains polypiers. A leur tour, et dans certaines saisons, uelques-uns de ces bourgeons en produisent d’autres, une espèce entièrement différente, qui généralement se éparent de la souche mère, dès les premières phases de eur développement (les Syncorynes, les Campanulaires, etc., . ex.). Ces derniers venus subissent une série de modifi- ations, au bout de laquelle ils revêtent les caractères de animal qui a originellement pondu l’œuf. Les organes de a reproduction se développent, ou mâles, ou femelles. Dès ors, parvenus à la maturité, ces êtres émettent de nouveaux eufs. D’autres fois, les bourgeons de cette espèce (Hydrac- inies) ne se séparent pas de leur souche, mais se flétrissent ur elle après avoir accompli toutes leurs transformations et roduit, en temps opportun, un certain nombre d'œufs (41). Dans le cas des Méduses propres (2), le parent pond des eufs, d’où sortent des individus qui ressemblent à des Po- pes. Ceux-ci ne tardent pas à se diviser, par une série 'étranglements en travers, en un certain nombre de isques, qui, après plusieurs changements successifs, fi- issent par former autant d'individus nouveaux, identiques ec le parent, sexués, mâles ou femelles, et capables à leur ur de donner des œufs. Toutefois, les individus polypi- rmes nés d’un œuf peuvent encore se multiplier par es bourgeons, chez lesquels s’opérent les transformations (1) J'ai observé plusieurs combinaisons d’un caractère analogue chez les lroïdes médusaires et je les ai décrites ailleurs. Il m’est impossible d’en er ici, car je ne pourrais le faire sans recourir au dessin. Le cas de l’hydrac- lie n’est pas représenté avec une exactitude absolue dans les ouvrages où cet imal a été décrit.Quant aux physalies et aux autres siphonophores, voyez les vrages cités précédemment p. 114, note 3. (2) Voyez Siebold et Sars, ouvrages cités, p.111, note 3, AGASSIZ. 40 146 DE L'ESPÈCE. qu'on vient de décrire. La souche elle-même ne meurl point et peut, elle aussi, se développer et passer par la répé: tition des mêmes phases. . D’autres phénomènes du même genre et susceptibles de le même explication ont été observés dans d’autres classes: J. Müller (1) a trés-bien décrit la génération alternante de Echinodermes; Chamisso, Steenstrup, Eschricht, Krohn et Sars, celle des Salpes (2); Von Siebold, Steenstrup et d’autres, celles de certains Vers intestinaux (3). Le travail le plus important qui ait paru sur les métamorphoses de Acalèphes est celui de Haekel, sur la famille des Géryonides. Les monographies embryologiques publiées par mon fi sur tous les ordres des Echinodermes ont jeté un jour tou nouveau sur l’organisation et les affinités de ces animaux J'en dirai autant de ses travaux et de ceux de Claparéde sur les Annélides. 1 La génération alternante différe essentiellement de 1e métamorphose, et c’est en vain que plusieurs auteurs 0 essayé d'identifier les deux choses. Dans la métamorphose comme on l’observe chez les Insectes, l’être né d’un ceul subit une transformation après l'autre, en succession direct et immédiate, jusqu’à ce qu’il acquière la forme définitive : mais, si différent qu’il se montre aux diverses époques de sa vie, c'est toujours et constamment le même individu. Dans la génération alternante, l’animal né de l'œuf, au liet de parvenir par des changements successifs à revêtir le ca ractère de son auteur, produit, au contraire, par bourgeon: nement externe ou interne, ou bien par scission, un certaif nombre, parfois même un grand nombre d'individus now: veaux, et c’est cette seconde lignée, entre l’œuf et laquelle il y a une génération, qui, en se développant, récupère le caractères du producteur de l'œuf. Il y a réellement une différence essentielle entre la repre duction sexuelle propre au plus grand nombre des animaui (1) J. Müller, Uber den allgemeinen Plax, etc., cité p. 113, note 4. (2) Voyez les ouvrages cités p. 116, note 2. (3) Voyez les ouvrages cités aux pages 122, note 2, et 123, note 4. GENERATION ALTERNANTE. 447 | la multiplication des individus par d’autres procédés. ans la reproduction sexuelle ordinaire, chaque étre nou- sau sort d’un œuf et acquiert par une suite régulière e modifications les caractères de ses parents. Mais, quoi- ue toutes les espèces animales se reproduisent par des ufs, et quoique dans chacune d’elles il y ait au moins un artain nombre d'individus, sinon tous, qui soient issus un œuf, ce mode de reproduction n’est pas le seul. Nous enons de voir comment des individus nouveaux pouvaient rovenir de bourgeons et produire à leur tour des êtres xués ; nous avons vu encore comment, par scission, des pimaux peuvent en produire d’autres qui diffèrent d’eux ussi complétement que les êtres sexués dont il vient d’être uestion différent des bourgeons qui en furent la souche. è ne sont pas là les seules combinaisons qui existent. Dans s Polypes, par exemple, chaque bourgeon, qu'il se soit ou on détaché de la souche maternelle, se développe de suite our devenir un nouvel individu sexué, et, chez quelques spèces qui se multiplient par scission, chaque être ainsi pro- uit acquiert directement les caractères de ceux qui provien- ent immédiatement d’un œuf (1). Il y a, enfin, un mode de production particulier à certains Insectes et suivant lequel! lusieurs générations de femelles fécondes se succèdent l’une l'autre avant que des mâles soient procréés (2). ‘A quelle étonnante ampleur de vues peuvent donc at- indre les forces physiques ? Quelle puissance de combinai- doivent-elles avoir pour être ainsi capables d’enter une ssi grande complexité de modes de reproduction sur des ructures déjà si compliquées elles-mêmes !... Mais laissons | ces vaines imaginations et envisageons sous tous leurs pects les phénomènes merveilleux dont il vient d’être 1) Milne Edwards, Rech. anat. et zool. faites pendant un voyage sur les de Sicile, 3 vol. in-4, fig. 2) Ch. Bonnet, Traité d’Insectologie. Paris, 1745. — Owen, Partheno- leris, déjà cité, et Siebold, Wahre Parthenogenesis, cité dans la section pré- lente. — Les phénomènes parthénogénésiques ont été étudiés avec beaucoup soin dans ces derniers temps. Les travaux les plus importants sont dus à |. Siebold, Leuckart et Huxley. 448 DE L’ESPECE. question. De quelle lumière n’éclairent-ils pas le problé de Vinfluence des forces brutes sur les étres organisés Voilà des animaux doués de la faculté de se multiplier pai les moyens les plus extraordinaires; chaque espèce produi: sant de nouveaux individus de sa propre espèce qui diffé- rent au plus haut degré de leurs parents. Ne semblerait-i pas, à première vue, que nous ayons sous les yeux une représentation parfaite des procédés au moyen desquels le diverses espèces d'animaux ont pu sortir les unes des autres et accroître le nombre des types existant à l’origine ?.. Non, sous l'arbitraire apparent de ces transformations, qu révèlent les faits en définitive ? Ceci : tous ces changements sont les termes intermédiaires d’un cycle qui se clôt, finale ment, à un instant précis, aussi rigoureusement que dans It cas où le produit ressemble, de suite et pour toujours, à ses parents, dans toutes les générations qui se succèdent. Ie donc, comme partout dans le règne organique, ces variations ne sont que les phases successives d’un cycle rigoureuse ment déterminé et qui revient toujours au type d'où il es parti. XXII Succession des animaux et des plantes dans les temps : géologiques. Il ne semble pas que les géologues apprécient bien e dans toute leur étendue les rapports compliqués, existan entre les animaux ou les plantes dont on retrouve les reste: aux divers étages des formations géologiques. Loin de mo la pensée de dire que les travaux consacrés à l’examen de: caractères botaniques ou zoologiques de ces restes ne son pas remarquables, par l'exactitude autant que par l'ingé: niosité. Tant s’en faut; j'ai moi-même dévoué la meilleur! partie de ma vie à l’étude des fossiles et J’ ai appris de bonné heure, par la difficulté même inhérente à cette étude, à ap précier hautement Vhabileté merveilleuse, les puissante SERIE DANS LE TEMPS. 449 acultés intellectuelles et l’érudition vaste déployées par uvier et ses continuateurs, dans leurs recherches sur les iunes et les flores des temps passés (1). Je ne peux cepen- ant pas cacher l’étonnement où me jette la puérilité des iscussions auxquelles certains géologues se laissent encore niraîner, en présence de cette immense collection de faits ien établis que possède la science moderne. C’est à peine ils ont appris à reconnaître qu’il existe, dans la succession es espèces innombrables aujourd’hui éteintes, un ordre éfini. Quant au reste, il semblerait en vérité qu’ils n’aient mais oui dire un mot des rapports qu'il y a entre cette radation et les autres traits généraux du règne animal, ni e ce grand fait que le développement de la vie est le trait roéminent de l’histoire de notre globe (2). Peut-être nen- nt-ils que ce n’est là qu’une spéculation vague, plausible eut-étre, à coup sûr peu digne de l'attention du savant qui en tient à sa fonction. Comme science, il est vrai, la Paléontologie date d’hier. lle a eu à tracer sa voie en luttant contre l’opposition infa- (1) G. Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles des quadrupèdes, eic. ris, 1812, 4 vol. in-4 ; nouv. édit., 1821-23, 5 vol. in-4; 4€ édit., 10 vol, -8; etc., 2 vol., pl. in-4. — James Sowerby, The Mineral Conchology of reut Britain, Londres, 1812-19, 6 vol. in-8, fig. — E. F. v. Schlottheim. e Petrefactenkunde, etc. Gotha, 1820, in-8, fig. —J. B. de Lamarck, émoires sur les fossiles des environs de Paris. Paris, 1823, in-4, fig. — A. Goldfuss, Petrefacta Germania. Düsseldorf, 1826-33, in-fol., fig. — ispar, M. Gr. v. Sternberf, Versuch einer geognostisch-botanischen Darstel- ng der Flora der Vorwelt. Leipzig und Prag, 1820-38, in-fol., fig. — |. Brongniart, Prodrome d’une histoire des végétaux fossiles. Paris, 1818, vol. in-8. — Histoire des végétaux fossiles. Paris, 1828-43, 2 vol. in-4, .-— J, Lindley and W. Hutton, The Fossil Flora of Great Britain. Londres, 31-37, 3 vol. in-8. — H. R. Gôppert, Systema Filicum fossilium. Vratisl. Bonne, 1836, in-4, fig. — Die Gattungen der fossilen Pflanzen, verglichen it denen der Jetztwelt, etc. Bonn, 1841-48, in-4, fig. — Monographie der silen Coniferen. Düsseldorf, 1850, in-4, ‘fig. — Pour la description des pèces, voyez H, G. Bronn, Index palæontologicus. Stutigart, 1848-49, vol. in-8. — Chr. Keferstein, Geschichte und Literatur der Geognosie. 4 4840, 4 vol. in-8. — Vic. d’Archiac, Histoire des progrés de la géologie. 21847 et suiv., 4 vol. in-8 ; et les Bulletins, Revues, Mémoires des cis géologiques de Londres, Paris, Berlin, Vienne, les journaux de onhard, de Bronn, etc. (2) L. Agassiz, Geological Times, déjà cité. — Dana, Adress to the Amer. soc. for Adv, Sc., 8° réunion tenue à Providence, 1855. 450 DE L’ESPECE. tigable et incessante de l'ignorance et des préjugés. Ce qui a fallu de travail et de patience pour faire admettre ce seu fait que les fossiles sont bien positivement les restes d’ani: maux ou de plantes ayant réellement vécu autrefois (4) sur la terre; ceux-là seuls le savent à qui l’histoire de ki science est familière. Il fallut prouver ensuite que ce n’é taient pas les ruines ou les débris laissés par le déluge di Moïse, car pendant quelque temps cette opinion prévalt parmi les savants eux-mêmes (2). Enfin Cuvier démontra, di manière à ne laisser aucun doute, que ces débris provenaien d'animaux depuis longtemps disparus. De ce jour-là, la Pe léontologie acquit une base solide. Mais quel effrayant labew fut ensuite nécessaire pour déterminer, sur des preuves di rectes, soit le mode de distribution de ces restes dans l’épais seur de l’écorce solide du globe, soit les différences qu’il présentent dans des formations successives (3), ou leur dis (1) Ag. Scilla, La vana speculazione dezingannata dal senso. Naples, 167 in-4, fig. Ne (2) J.J. Scheuchzer, Homo diluvii testis et @sooxooc. Zurich, 1726, in-4.= W. Buckland, Reliquiæ Diluvianæ, ou Observations on the organic Remain attesting the Action of an Universal Deluge. Londres, 1826, in-4, fig. j (3) Pour les fossiles des formations les plus anciennes, voyez les ouvragi cités section vu, et F. Mc. Coy, Synopsis of the silurian Fossils of Irelan Dublin, 1846, in-4, fig. — H. D. Geinitz, Die Versteinerungen der Grauwa kenformation. Leipzig, 1850-53, in-4. — Pour les renseignements sur géologie locale, voyez la liste complète des Mémoires sur la géologie de Unio donnée par J. Marcou dans son Résumé explicalif d'une carte géologique a États-Unis (Bull. Soc. géol. de France, Paris, 1855, 2° sér., vol. XII), - Pour le système dévonien, voy. J. Phillips, Figures and Descriptions of t Paleozoic Fossils of Cornwall, Devon, and West Somerset, etc. Londre 4844, in-8. — Vic. d’Archiac et Ed. de Verneuil, Memoires on the Fossils: the Older Deposits in the Rhenish Provinces, Paris, 1842, in-4, fig. —G. et F Sandberger, Systematische Beschreibung und Abbildung der Versleinerung des Rheinischen Schichtensystems in Nassau. Wiesbaden, 1850-54,.in-4, fi — Pour la période carbonifère : J. Phillips, Illustrations of the Geology Yorkshire. Londres, 1836, 2 vol. in-4, fig. — L. de Koninck, Description ¢ animaux fossiles qui se trouvent dans le terrain houiller de la Belgigi Liége, 1842, 2 vol. in-4, fig., suppl., etc. -— Fr. McKoy, Synodsis of Carboniferous Fossils of Ireland. Dublin, 1844, in-4, fig. — E. Fr, Germi Die Versteinerungen des Steinkonlengebirges. Halle, 1844-53, in-fol., fig. H. B. Geinitz, Die Versteinerungen der Sleinkohlenformation. Leipzig, 185 in-fol., fig. — Pour le système permien : A. Quenstedt, Ueber die Ident der Petrificate des Thüringischen und Englischen Zechsteins (Wiegmam Arch., 1835, t. I, p. 75). — H.B. Geinitz et A. Gutbier, Die Versieinerung SERIE DANS LE TEMPS. 451 SSS eer ee «bees tribution géographique; ceux-là seuls peuvent s’en faire une idée exacte qui ont mis la main à œuvre (4)! Et pourtant, aujourd’hui encore,’combien de questions restent pes réponse | les Zechstalogetirges, etc. Dresden, 1849, in-4, fig. — W. King, Monograph the Permian Fossils of England {Palæont. Soc.). Londres, 1850, in-4, fig. — J. C. Swalow et F. Hawn, The Rocks of Kansas, with Descriptions of ‘New deu Fossi!s, par J. C. Swallow (Trans. Ac. Sc., Saint-Louis, 1858). — our le trias : Fr. v. Alberti, Beitrag zur einer Monographie ‘des bunten Sandsteins, Mushelkalks, und Keupers. Stuttgart et Tübingen, 1834, in-8. — Pour le système jurassique : J. Phillips, {llustrations of the Geology ‘of York- shire. York, 1829, vol. I, in-4, fig. — G. G. Pusch, Polens Palæontologie, etc. Stuttgart, 1836, in-4, fig. — Fr. A. Rémer, Die Versteinerungen des Nord- ulschen Oolithen Gebirges. Hanovre, 1836, in-4, fig. — C. H. v. Zieten, Die Versteinerungen Wiirlembergs. Stuttgart, 1830-34, in-fol., fig. — Ale. d’Orbi- y, Paléontologie française. Paris, 1840-53, in-8, fig. — J. Morris, et |, Lycett, Mollusca from the Great Oolite (Palæont. Soc.). Londres, 4850-55, -4, fig. — Pour la période crétacée : S. G. Morton, Synopsis of the Remains of the Cretaceous Group of the United. States. Philadelphia, 1834, in-8, fig. —- Alc. d’Orbigny, Paléontologie française. — H. Br. Geinitz, Charakteristil der Schichten und Petrefakien des Kreidegebirges. Dresden, 1839-42, in-4 + — F. J. Pictet et W. Roux, Description des fossiles qui se trouvent dans les grés verts des environs de Genève (Mém. Soc. Phys., elc., Genève, 1847-52, vol. XIL et XIII). — F. A. Rümer, Die Versteinerungen ‘des norddeutschen Kreidegebirges. Hanovre, 4841, in-4, fig. — Die Kreidebildungen von Texas. Bonn, 1852, in-4, fig. — A. E. Reuss, Die Versteinerungen der bühmischen Kreideformation. Stuttgart, 1845-46, in-4, fig. — Jos. Müller, Monographie der Petrefacten der Aachener Kreidejormation, Bonn, 1851, in-4, fig, — D. Sharpe, Fossil Remains of Mollusca found in the Chalk of England (Pa- l'ont, Soc.). Londres, 1854, in-4, fig. — James Hall et F. B. Meek, Descrip- tions of New Species of fossils from the Cretaceous Formations of ‘Nebraska (Mem. Amer. Akad., 1856, vol, V). — Pour le tertiaire : G. B. Brocchi, Conchiologia fossile subappennina, ete. Milan, 1814,-43, 2 vol. in-4, fig. — G. P. Deshayes, Description des coquilles fossiles des environs de Paris, 1824- 37, 3 vol, in-4, atl, — H. G. Bronn, Jtaliens Tertitirgebilde. Heidelberg, 1831, in-8. — I. Lea, Contributions to Geology. Philadelphia, 1833, in-8, fig. — T. A. Conrad, Fossil Shells of the Tertiary Forniations of North America. Philadelphia, 1832-36, in-8, fig. — Dr. Grateloup, Conchyliologie fossile du bassin de l Adour, etc. Bordeaux, 1838, in-8, fig. — Ph. Matheron, Catalogue mélhodique et descriptif des corps erganisés fossiles, etc. Marseille, 1842, in-8. —- G. C. Berendt, Organische Reste im Bernstein. Berlin, 1845-54, in’ -fol. , fig. —S.V. Wood, Monograph of the Crag Mollusks (Palwont. Soc.), 1848-50, ‘ip-4, fig. — F, E. Edwards, Eocene Mollusca (Palæont. Soc.). Londres, 4849-52, in-4, fig. —M. Hôrness, Die Fossilen Mollusken des Tertitir-Beckens ‘von Wien. Vienne, 1854, in-4, fig. — E. Beyrich, Die Conchylien des nord- sulschen Tertitirgebirges. Berlin, 4854-57, in-8, fig. — M, Tuomey et Fr. S. Holmes, Fossils of South Carolina, Charleston, 1855-57, in-4, fig. : (4) L v. Buch, Pétrifications recueillies en Amérique, par M. Alex. de ‘Humboldt et par M. Ch. Degenhard. Berlin, 1838, in-fol., fig. — Ale. d’Orbi- dw Voyage dans l'Amérique méridionale, etc. Paris, 1834-43, 7 vol, in-8 452 DE L’ ESPECE. Un point, cependant, est irrévocablement acquis. A chaque grande ère géologique (1), il a existé un certain ensemble d’animaux et de plantes, et cet ensemble a présenté des dif- férences essentielles à chaque période. Par période, j’en- tends les plus petites subdivisions reconnaissables dans les couches successives d’assises et de roches qui constituent l'écorce stratifiée de notre globe; le nombre s'en accroil chaque jour, à mesure que les investigations gagnent en précision et en étendue (2). Ce qu’il reste à détermine avec une rigueur de plus en plus grande, ce sont les affi- nités vraies de ces êtres passés avec les plantes ou les ant maux actuels et les rapports que ceux d’une période donné! avaient, soit entre eux, soitavec ceux des époques contiguës! ce sont les limites exactes de ces grandes éres du dévelop: pement de la vie, le caractère des changements successifs subis par le Règne animal, l’ordre spécial de succession de représentants de chaque classe (3); c’est, enfin, leur coms atl. in-4. — Vic. d’Archiac, et J. Haime, Description des animaux fossiles dt groupe nummulilique de l'Inde. Paris, 1853, in-4, fig. — F. S, Leuckart, Ueber die Verbreitung der übriggebliebenen Reste einer vorweltlichen Schüps fung. Fribourg, 1835, in-4. + (1) Traités de géologie : Sir H. T. De la Béche, Geological Manual. Londres 1833, 1 vol. in-8, trad. franc. par Brochant de Villers. — The Geological Observer. London, 1854, in-8. — Sir C. Lyell, Manual of Elementary Geo- logy. Londres, 1851, 4 vol. in-8. — Principes of Geology, etc. Londres, 1830, 2 vol. in-8 ; 8° édit., 4850, 4 vol. in-8. — C. Fr. Naumann, Lehrb der Geognosie. Leipzig, 1850-54, 2 vol. in-8, atl. in-4. — C. Vogt, Lehrbuc der Geologie und. Petrefaktenkunde. Braunschweig, 4854, in-8, 2 vol., 2° édit. — Traités sur les fossiles : H. G. Bronn, Lethwa Geognostica. Stutt- gart, 1835-37, 2 vol. in-8, atl. in-fol., 3° édit. avec Fr. Roemer, 1846. — F. J. Pictet,* Traité élémentaire de paléontologie, etc. Paris, 4844-45, 4 vol, in-8, fig; 2 édit., 1853, in-8, atlas in-4. — Alc. d’Orbigny, Cours élémen- taire de paléontologie. Paris, 1859, 3 vol. in-42. — E, G. Giebel, Fauna der Vorwelt. Leipzig, 1852, 2 vol. in-8. — Aligemeine Palceontologie. Leipzig. 1852, 4 vol. in-8. — F, A. Quenstedt, Handbuch der na Tübingen, 1852, in-8, fig. 4 (2) On n’a d’abord distingué que trois grandes périodes : primaire, secon- daire, tertiaire ; ensuite on en a reconnu six ou sept (De la Béche) ; pl tard on en a admis dix ou douze. Aujourd’hui le nombre en est à peu près indéfini ; il reste indéterminé dans l’état actuel de nos connaissances, et quels ques géologues voudraient ne considérer que comme des subdivisions d'une longue période ce que les paléontologistes tendent à regarder comme des pés riodes distinctes. 4 _ (3) Les principales monographies relatives à des classes spéciales ou à des SERIE DANS LE TEMPS. 453 binaison en faunes distinctes durant chaque période, sans parler des causes ou tout au moins des circonstances sous prsquelles ces changements ont pu se produire. Ss iles sont les suivantes : Polypes et Infusoires, —H. Michelin, /conographie zoophytologique, Paris, 1841-45, in-4, fig. — H. Milne Edwards et J. Haime, Recherches, etc. — Polypiers fossiles des terrains paléozoiques (Arch. Mus., vol. V). — Monograph of the British Fossil Corals (Palæont. Soc., London, 4350-55, in-4, fig.). — W. Lonsdale, On the Corals from the Tertiary For- ‘mations of North “America (Journ. Geol. Soc., t. J, p. 4955 Sill. Journ., 2° sér., t. IV., p. 357). — Fr. Me Coy, Contribulions to British Palæontology. Cambridge, 1854, 4 vol. in-8, fig. —C. G. Ehrenberg, Mikrogeologie. Leipzig, 41854, in-fol. fig. — Échinodermes. — J.C. Miller, A Natural History of the Crinoidea. Bristol, 1824, in-4, fig. — Ale. d’Orbigny, Histoire naturelle générale et particulière des Crinoïdes vivants el fossiles. Paris, 1840, in-4, fig. —- Th. and Th, Austin Jr., Monograph of Recent and Fossil Crinoidea. Bristol, in-4, fig. (sans date). — J. Hall, Palæont. of New-York. — G. A. Goldfuss, ‘Petref. Germ., déjà cité. — L. De Koninck et H. Lehon, Recherches sur les _Crinoïdes, etc. Bruxelles, 1854, in-4, fig. — D. D. Owen, and B. F. Shumard, _ Description of new Species of Crinoidea (Journ. Ac, Nat. Sc., Philad., 1850, in-4, fig.). — E. Sismonda, Monographia degli Echinidi fossili del Piemonte. Torino, 1840, in-4, fig. EN Des Moulins, Études sur les Échinides. Bor- deaux, 1835-37, in-8, fig. — L. Agassiz, Monogr. Echin., déjà cité. — Catalogue raisonné, ete, déjà cité. — Je cite ce mémoire sous mon nom seul; le nom de M. Desor, qui a été ajouté au mien, l’a été sans aucun droit. M. Desor fit cette addition après que j'eus quitté l'Europe, non-seulement sans mon au- torisation, mais même sans m'en prévenir, et je ne l’appris qu'une année après. Les genres Goniocidaris, Mespilia, Beletia, Lenita, Gualteria, Lovenia, Brey- nia, qui portent son nom, devraient porter le mien, car c’est moi quiles ai établis el nommés pendant que M. Desor voyageait en Suède, I se les est appropriés, suns le moindre droit, par un simple trait de plume, en portant mon manuscrit à l'impression. Combien d'espèces il s’est attribuées de la même façon, c’est ce que je ne puis dire. Comme l'ouvrage imprimé et un mémoire présenté par moi à l’Académie des Sciences de Paris, en 1846, fournissent à quiconque est familier avec la nomenclature zoclogique la preuve intrinsèque de ce que j’avance, — par exemple, mon nom conservé comme autorité pour les espèces des genres Mespilia, Lenila, Gualteria et Breynia, tandis que ces genres portent le nom de M. Desor, …—- je n’ai pas besoin d’insister sur ce sujet. € est un des cas de plagiat le plus extraordinaires que je connaisse. — E. Desor, Synopsis des Échinides fossiles. atin, 1854-56, in-8, fig., en partie tiré de mon catalogue, avec additions et figures). — L. v. Buch, Ueber die Cystideen. Berlin, 1844, in-A, fig. (Ak. d. Wiss.). — J. Müller, Ueber den Bau der Echinodermen. Berlin, 1854, in-4, fig. — F. Roemer, Ueber Stephanocrinus, etc. (Wiegm. Are., 1850, p. 365), Monographie der fossilen Crinoidenfamilie der Blastoideen, etc. (Wiegm. Arch., 1851, p. 323.— Ed. Forbes, Echinodermata of the British Terliaries Waleont. Soc. 1852, in-4, fig.)..--- Mem. of the Geol. Surv. of the Unit. Kingdom (London, 1849, in-8, fig. Dec. 1, 3, 4). — Mollusques.— G. P. Des ayes, Traité élémentaire de Conchyliologie, elc. Paris, 1835-39. 2 vol., in-8, iy;.— Description des coquilles caractéristiques des terrains, Paris, 1831, in-8 fig. — S. P. Woodward, A Manual of the Mollusca, etc. London, 1851- 5h, in-i2, fig. — F. v. Hagenow, Die Bryozoen der Maastrichter Kreideforma- 454 DE L’ESPECE. Avant de pouvoir établir une comparaison entre l’ordre de succession des animaux des âges anciens et certains traits lion. Cassel, 1854, in-4, fig.—C. Des Moulins, Essai sur les Sphérulites (Bull. Soc. Lin,, Bordeaux, 1827). — 0. R. du Roquan, Description des Coquilles! fossiles de la famille des Rudistes, etc. Carcassonne, 1841, in-4, fig. Fr. W. Hoeningaus, Monographie der gattung Crania. Düsseldorf, 4828, in-4, fig. — L. v. Buch, Ueber Terebraleln, etc. Berlin, 4834, in-4, fig. (Akad. d. Wiss). — Ueber Productus und Leptæna. Berlin, 4842, in-4, fig. (Akad: d, Wiss).— Th. Davidson, British Brachiopoda (Palæont. Soc., London, 4854-55, in-4, fig.).— L. de Koninck, Recherches sur les animaux fossiles. Liége, 1847, in-4, fig. — L, Agassiz, Etudes crit., déjà citées. — A, Favre, Observations st les Diceratos. Genève, 1843, in-4, fig. — L. Bellardi et G.Michellolti, Saggic orillografico sulla classe dei Gasteropodi fossili. Torino, 1840, in-4, fig. i W.de Haan, Monographice Ammoniteorum et Goniatileorum Specimen (Lug- duni Batav., 4825, in-8. — M. v. Buch, Ueber Ammoniten, über ihre Son- derung in Familien, ete. Berlin, 1832, in-4, fig. (Ak. d. Wiss). — Ueber Goniotiten und Clymenien in Schlesien. Berlin, 1839, in-4, fig. (Ak. d: Wiss). —- Gr. v, Miinster, Ueber Goniatiten und Planuliten im Ueberganglalk, etc. Baireuth, sis laces -4, fig. —Ph. L. Voltz, Observations sur les Bélemnites, Paris, 1830, in-4, fig. —F, nk Quenstedt, De Notis Nautilorum primariis, etc. Berlin 1834, in-8, = Crustacés : Al. Brongniart et A. G. Desmarest, Histoire natureli des Trilobites, elc. Paris, 1822, id: fig.—J. W. Dalman, Ueber die Pa aden ' oder die sogenannten Trilobiten (a d. Schwed., Nürnberg, 1828, in-4, fig. — J. Green, A Monograph of the Trilobites of North America, etc. Phila del- phia, 1833, in-8, fig. — H. F. Emmerich, De Trilobitis. Berlin,i839, in-8, fig. — Zur Naturgeschichte der Trilobiten. Meiningen, 1844, in-4. 4 H. Burmeister, Die Organisation der Trilobilen. Berlin, 1843, in-4, fig. (Ray. Society), —E. Beyrich, Ueber einige bühmische Trilobiten, Berlin, 1845, in-4, 2° part., 4846, in-4. — A. J. C. Corda et Ig. Hawle, Prodrom einer Mono- graphie der bohmischen Trilobiten. Prag., 1848, in-8. fig. — J. Barrand ey Syst. Sil., déjà cité. — J. W. Salter, in Mem. Geol. Surv., etc., Dec. 2. — Gr. G. v. Miinster, Beitriige zur Petrefakienkunde. Beyreuth, 1839, in-4,- 2 fasc., fig. — H. v. Meyer, Neue Gattungen fossiler Krebse, etc. Stuttgard, 1840, in-4, fig. — L. de Koninck, Mémoire sur les Crustacés fossiles de Bel- gique. Liége, 1844, in-4, fig. — J. Cornuel, Description des Entomostra js fossiles, ete. (Mém. Soc. géol. de France, 9e sér., vol. I, part. 2°, Paris, 1846, in-4, fig.). — Bosquet, Descriplion des Entomostracés fossiles de ta raie de Maestrich (Mém. Soc. Roy. de Liége, 1847, in-8). — T. R. Jones, The Entomosiraca of the Cretaceous Formation of England (Palæont. Soc., London: 1848, in-4, fig.). — Ch. Darwin, Fossil Cirripedia (Palæont. Soc.), Londres, 4851-54, in-4, fig. — Insectes : P. B. Brodie, History of the Fossil Inseets of the Secondary Rocks of England. London, 1845, in-8.—0. Heer, Die Insekten- fauna der Terliärgebilde von Oeningen und von Radeboy. Leipzig, 1853, in-4, fig. — 0. Heer et A. Escher v. der Linth, Zwei geologische Vorträge, ete: (N. Denk., Helv. Geselsch, Zürich, 1852, in-4). — Poissons : L. Agassiz, Rech. S. les poiss, foss., déjà cité. — Sir “Phil. Egerton, A systematic and Stratigraphical Catalogue of the Fossil Fishes, etc. London, 1837, in-4, 2° édit. -— On some new Ganoid Fishes (Proc. Geol. Soc., London, IV, p. 183). - On some New Species of Chimeroid Fishes (Ibid., p. 153 et 211), voyez aussi: Trans. Geol. Soc. Lond. ; Journ. Geol. Soc. ; Ann, and Mag. Nat. Hist., € Memoirs of the Geol Sur. of the United Kingdom). — F.4d, Pictet, Poissons SERIE DANS LE TEMPS. 455 aillants du règne animal, j’ai, sur ce point, encore quelques emarques à faire. Heureusement, je puis être court. Nous ossiles du mont Liban. Genève, 1850, in-4, fig. — J. J. Heckel, Beitriige zur Kenninis der fossilen Fische Oesterreichs, Wien, 1849, in-4, fig.—R. W. Gibbes, Monograph of the Fossil Squalidæ of the United States (Journ. Acad. Nat. _Sc., Philadelphia, 1848-49, in-4, fig.).— New Species of Myliobates (\bid., A849, p. 299. — F. McCoy, in Sedgwick and McCoy’s British Palæoz. Rocks, | déjà cité. — J.S. Newberry, Fishes of the Carbonif. Deposits of Ohio (Proc. Ac. Nat. Sc., Philadelphia, 1856), — Reptiles : G. Cuvier, Rech. Oss. foss. — G. Fr. Jaeger, Ueber die fossilen Reptilien welche in Wurtemberg auf- gefunden worden sind. Stuitgart, 1828, in-4, fig.—Et. Geoffroy Saint-Hilaire, . Recherches sur les grands Sauriens, etc. Paris, 1831, in-4, fig. — Eud. Des- Jongchamps, Mém. sur le Poecilopleuron Buckleendi, Caen, 1837, in-4, fig.— __, G. Bronn und J.J. Kaup, Abhandlungen über die Gavialartigen Reptilien. . Stuttgart, 1842, in-fol., fig. — A. Goldfuss, Der Schiidelbaw des Mosasaurus . (N. Act. Ac. Nat. Cur., 1844, in-4. fig.). — E. d’Alton und H. Burmeister, Der _ fossile Gavial von Boll. Halle, 1854, in-fol., fig. — H. Burmeister, Die Labyrinthodonten, Berlin, 1850, in-4, fig. — A. Quenstedt, Die Mastodon- saurier sind Balrachier. Tübingen, 1850, in-4, fig.—R. W. Gibbes, A Memoir on. Mosasaurus and three new Genera, etc. Smithson, Contrib., 4851, in-4, fig. —H. v. Meyer, Zur Fauna der Vorwelt. Die Saurier des Muschelkalkes, etc. . Frankfurt a M., 1845-52, in-fol, — H. v. Meyer und Th. Plieninger, Beitrüge sur Paleontologie Wurtembergs. Stuttgart, 1844, in-4, fig. — R. Owen, Report on British Fossil Reptiles (Brit. Ass., 1839, p. 43; 1841, p. 60). — Fossii Reptilia of the London Clay (Paleont, Soc., London, 1849, in-4, fig.).— Fossil Reptilia of the Cretaceous Formation (Palwontol, Soc., London, 1851, in-4, fig.).—Fossil Reptilia of the Wealden Formation (Palæont. Soc., London, _ 1852-55, in-4, fig.). — I. Lea, On a Fossil Saurian of the New Red Sand- stone, etc. Philadelphia, 1852, in-4, fig. — Jos. Leidy, Description of Extinct Mammalia and Chelonia from Nebraska Territory, in D. D. Owen, Geol. Surv. - of Wisconsin, Iowa, Minesota, etc. Philadelphia, 1852, in-4, fig. — On Bathygnathus borealis, an extinct Saurian (Journ. Ac. Nat. Sc. Philad., 1854, in-4, fig.).— Deséription of a New Species of Crocodile, etc. (Ibid., 1851). — _ Jeffr. Wyman, On some remains of Batrachian Reptiles discovered in the Coal - Formation of Ohio (Amer. Journ., 1858, vol. XXV, p. 158). — Oiseaux : R. Owen, History of British fossil! Mammalia and Birds, London, 1844-46, 4 vol. in-8, fig. — Fossil Birds from the Wealden (Journ. Geol. Soc., Il, » p. 96). — Memoir on the Dinornis (Trans. Zool. Soc., vol. Ill, p. 3, London, 1844, in-4, fig.). — Mammifères : G. Cuvier, Oss, foss. — W. Buckland, Rel. … Diluv. —Duer. de Blainville, Ostéogr. ow Descr. iconographique comparée du . squelelte, etc. Paris, 1841 el suiv., in-4, atlas in-fol. — J.J. Kaup,; Descrip- _ tions d’ossements fossiles de Mammifères inconnus. Darmstadt, 1832-39, in-4, fig. —R. Owen, Odontography, or a Treatise on the Comparative Anatomy of the Teeth. London, 1840-41, 3 vol. in-8, fig. — Brit. foss. (Mam. and Birds, déjà cité). — The Fossil Mammalia of the Voyage of H. M. S. Beagle. London, 1838, in-4, fig. — Description of the Skeleton of an ewtinet gigantic Sloth, Mylodon robustus. London, 1842, in-4, fig., et divers mémoires dans _ les revues spéciales, — P. C. Schmerling, Recherches sur les ossements fossiles des cavernes de Liége. Liége, 1833-36, 2 vol. in-4, fig. — Croizet et Jobert, Recherches sur les ossements fossiles du département du Puy-de-Dôme. Paris, 1828, in-fol., fig. — H, v, Meyer, Zur Fauna, etc, — Die fossilen Zühne und eens. =f Te Ft RATE 156 DE L’ESPECE. possédons en effet un Traité de Paléontologie (1), disposé . suivant l’ordre zoologique, et dans lequel on peut voir, d’un . coup d’œil, comment les représentants de chaque classe du règne animal sont distribués dans les formations géologiques : qui se succèdent. Ce coup d’œil rapide suffit pour qu’on : s’aperçoive que certains types dominent pendant quelques | périodes et disparaissent entièrement dans d’autres. La dé- limitation est remarquable et s'étend à des classes entières — parmi les Vertébrés. Dans les autres embranchements, elle — n’atteint guère que les ordres ou les familles, si même elle ! ne s'arrête pas aux genres et aux espèces. Mais quelle que « soit l'étendue qu'ils embrassent. dans le temps, on doit. reconnaître maintenant que, pour tous ces types, il y a un. parallélisme trés-rigoureux entre leur ordre de succession — et le rang relatif à assigner aux animaux du même type, — actuellement vivants; — entre cet ordre et les phases du : développement embryonnaire de ces mêmes types à l'heure « présente; — et même entre cet ordre et le mode actuel de « distribution à la surface du globe. Quelques exemples — rendront les choses plus claires. Parmi les Echinodermes, — les Crinoïdes sont, pendant une longue suite de périodes, — les seuls représentants de leur classe ; après eux viennent « les Astéries, puis les Oursins dont les plus anciens appartien- — nent aux types Cidaris et Echinus; plus tard, les Clypeas- — troides et les Spatangoides. On n’a pas encore trouvé la 4 preuve de lexistence des Holothuries. Pour la classe des — Crustacés, on peut comparer l’admirable travail de Bar- — Knochen, in der Gegend von Georgensgmünd. Francfurt a. M., 1834, in-4, — fig. — G. F. Jaeger, Die fossilen Süugethiere Wuriembergs. Stuttgard, 1835- — 39, in-fol. fig.—H Falconer and P. T. Cautley, Fauna antiqua Sivalensis, etc. — London, 1846, in-fol., fig. — P. Gervais, Zoologie et Paléontologie françaises, « Paris, 1848-52, in-4, fig. — J. Müller, Ueber die fossilen Reste der Zeuglo- — donten, etc. Berlin, 1849, in-fol., fig, — J. Leconte, On Platigonus compres- M sus (Mem. Amer. Acad. Arts and Sc., 1848, in-4, fig.). — J. Wyman, Notice M of the Geological Position of Castoroide Ohioensis, by J. Hall, and an Ana- — tomical Description of the same (Boston, Journ, Nat. Hist., 1847, vol. V. — p- 389, in-8, fig.), — J, C. Warren, Description of a Skeleton of the Mastodon — giganteus. Boston, 1852, in-4, fol. — J. Leidy, The Ancient Fauna of Ne- — braska (Smithson. Cont., Washington, 1852, in-4, fig.), — Voy. sec. 22. (1) Le Traité élémentaire de Pictet, déjà cité. SERIE DANS LE TEMPS. 457 -rande (1) sur le système Silurien de la Bohême avec le mé- ‘moire du comte Münster sur les Crustacés de Solenhofen (2) el l'ouvrage de Desmarest sur les Crabes fossiles (3) ; on voit immédiatement que les Trilobites sont les seuls crustacés des roches paléozoïques les plus anciennes, tandis qu’il y a, à la période jurassique, une faune carcinologique entiére- ment composée de Macroures, à laquelle furent adjoints les Brachyures, durant la période tertiaire. Les formations intermédiaires entre les roches paléozoïques les plus an- ciennes et le Jura contiennent des restes d’autres Ento- mostracés, et les plus récentes celles de quelques Macroures aussi. Dans ces deux classes, la succession des représentants dans les périodes diverses est en conformité avec leur rang respectif tel qu’il est déterminé par les gradations de la structure, Gers Parmi les Végétaux, les Fougères et les Lycopodiacées prédominent à la période carbonifére (4); à la période tria- sique, les Equisétacées (5) et les Coniféres prévalent. Ce sont les Cycadées (6) et les Monocotylédonées qui l’empor- tent, dans les dépôts jurassiques; plus tard seulement les Dicotylédonées prennent le dessus. La représentation icono- graphique de la végétation des anciens âges a, dans ces der- niers temps, dépassé de beaucoup en exactitude toutes les tentatives faites pour représenter les traits caractéristiques du monde animal, aux différentes périodes géologiques (7). . Sans qu’il soit nécessaire de donner ici les caractères de (1) Barrande, Système silurien, déjà cité. (2) G. v. Münster, Beitriige 3. Petrefact., cité plus haut. (3) Desmarest et Brongniart, Hist. natur. des Trilobites et des Crustacés, citée plus haut. (4) Voyez ci-dessus page 149, note 1. (5) P. W. Schimper et A. Mougeot, Monographie des plantes fossiles du grès bigarré de la chaine des Vosges. Strasbourg et Paris, 1840-43, in-4, fig. (6) W. Butland, On the Cycadeoidæ, a Family of Plants found in Oolile, etc. (Trans. Geol. Soc. Lond., 2° sér., p. 395). — F. Unger, Chloris protogæa, Beiiriige zur Flora der Vorwelt. Leipzig, 1841, in-4, fig. — 0. Heer, Flora terliaria Helveliæ. Winterthur, 1855, in-fol, fig. (7) Fr. Unger, dans Die Vorwelt in ihren verschiedenen Bildungsperiodén.— Vienne, in-folio, sans date, — donne des paysages des différentes périodes géo- logiques, Ce sont des représentations idéales de Ja végétation des âges passés, : 458 DE L’ESPECE. : l’ordre de succession géologique des êtres, on peut, dès. maintenant, tirer des faits mentionnés la conclusion sui-" vante : Tandis que le monde matériel est toujours le même, à toutes les époques, dans toutes ses combinaisons et aussi loin que nous puissions retrouver en arrière, par l'investi- gation directe, les traces de son existence, au contraire, les êtres organisés transforment sans cesse ces éléments tou-« jours les mêmes en des formes nouvelles et en de nouvelles” combinaisons. Le carbonate de chaux de n'importe quelle époque n’est jamais que du carbonate de chaux; forme et. composition, rien ne change, tant qu’il demeure soumis à la. seule action des forces physiques. Mais que la vie soit intro- — duite sur la terre, et de ce carbonate de chaux un Polype . bâtira son corail; chaque famille, chaque genre, chaque espèce en aura un. différent, qui variera encore à chaque époque géologique nouvelle. Le Phosphate de chaux des roches paléozoïques est le même que celui que l'homme « prépare artificiellement; mais un Poisson en fait ses épines — et chaque poisson fait les siennes à sa manière; la Tortue en. construit sa carapace, l'Oiseau ses ailes, le Quadrupède ses — membres, et l'Homme, semblable en cela à tous les Verté- brés, l'entière charpente de son squelette. Et, 4 chaque pé*. riode qui se suit dans l'histoire du globe, toutes ces con- © ‘structions sont différentes pour des espéces différentes. Où est l’analogie entre tous ces faits? Ne décélent-ils pas” l’action de forces distincles et qui s’excluent l’une l’autre ? Non, en vérité, la noble forme humaine ne doit pas son « origine aux mêmes forces qui se combinent pour donner à — un cristal sa figure définitive! Or, ce qui est vrai du carbo- 4 nate de chaux est également vrai de toutes les substances « inorganiques ; toutes présentent, à tous les âges passés, les 1 mêmes caractères qu'elles possèdent de nos jours. 4 Envisageons ce même sujet à un autre point de vue et j nous verrons qu'il en est de même quant à l’influence de. 7 toutes les causes physiques. Parmi ces agents, le plus puis- ; sant est sans contredit l'électricité. C’est le seul d’entre tous — auquel, bien qu’à tort, on n’ait pas craint d’atiribuer la for- « TYPES SPECIAUX A DES LOCALITES PARTICULIERES. 459 mation directe d’étres vivants. Les effets que l'électricité roduit de nos jours, elle les a produits de tout temps et elle les produisait de la même manière. Elle a réduit les composés métalliques et quelques minerais et les a précipités sous forme cristalline, ou en filons, à toutes les périodes géologiques ; ; elle a transporté telle ou telle substance d’un point à un autre point, aux âges passés, comme elle le fait aujourd’hui dans nos laboratoires, quand nous recourons à elle. De même, l’évaporation qui a lieu à la surface de la terre. Aux époques antérieures comme de nos jours, elle a toujours produit dans l'atmosphère des nuages qui, après s'être accumulés, se condensaient pour retomber en pluie. Les empreintes de gouttes de pluie, dans les roches tria- siques ou carbonifères, ont apporté jusqu’à nous le témoi- gnage que les opérations des agents physiques étaient autre- fois identiques avec ce qu’elles sont encore. Elles attestent que ces agents font aujourd’hui ce qu'ils faisaient déjà aux époques géologiques les plus reculées, et ce qu’ils ont fait dans tous les temps. Cela bien constaté, comment imaginer un rapport de causalité entre deux catégories de phénomènes si dissemblables : les uns obéissant toujours aux mêmes lois, tandis que les autres, à chaque période nouvelle, mettent en évidence des relations et des combinaisons nouvelles, dont la gradation toujours changeante aboutit, comme dernier terme de la série, à apparition de Homme ? Qui ne voit au contraire que l'identité constante, à n’importe quelle époque, des produits de l’action des causes physiques témoigne éner- giquement contre toute influence de leur part sur la forma- tion d’êtres perpétuellement changés, et sur l'origine de ce monde organique dont l’ensemble déroule à nos yeux, de la façon la plus sensible, un enchaînement de pensées ! XXII Localisation des types aux âges passés, Ps ee - CUP one . L'étude de la distribution géographique des animaux ac- tuels nous a appris que chaque espèce, animale ou végétale, 460 DE L’ESPECE. a un habitat déterminé, et même que certains types particu= liers sont circonscrits dans des limites définies de la surface du globe. Récemment, et depuis que les investigations des géologues ont pu atteindre les parties de la terre les plus éloignées, on a pu se convaincre que cette localisation spé ciale avait eu également lieu aux âges passés. Le premier, Lund, signala ce fait: ; il montra que, au Brésil 4 la faune (1), aujourd’ ef éteinte, de la dernière période des anciens âges se composait de représentants différents des mêmes types qui prédominent, à cette heure, dans cette immense région. Owen a observé un rapport analogue entre la faune éteinte de l'Australie (2) et les types qui vivent ac tuellement sur ce continent. S'il reste encore un naturaliste pour croire que la faune en d’un continent puisse être venue d’une autre partie du globe, l'étude de ces faits, sous toutes leurs faces, doit le convaincre de son erreur. On sait à quel point les Édentés caractérisent la faune moderne du Brésil. Ce pays est la patrie des Paresseux (Bradypus), des Tatous (Dasypus), des Fourmiliers (Myrme- cophaga). Or, c’est aussi dans ce pays qu’on a trouvé les“ genres éteints, si extraordinaires, qui tous appartiennent à" ce même ordre des Édentés : le Megatherium, le Mylodon, le Megalonyx, le Glyptodon et quelques autres décrits par les docteur Lund et le professeur Owen. Quelques-uns de ces” genres éteints d'Édentés ont eu aussi, à la même période géologique (3), des représentants dans l'Amérique du Nord; ce qui montre que, tout en étant confinée dans le même ter-" ritoire, la distribution de ce type a été différemment limitéen à des époques différentes. oes (4) D' Lund, Blik paa Braziliens Dyreverden fôr sidste Jordomvælining." (K. Danske vidensk selsk. Afhandl Vill, Copenhague, 1841, in-4, p. 64, etc.). # (2) R. Owen, On the geographical Distribution of extinct Mammalia (Ana. A Mag. Nat. His, 1846, XVII, p. 197. 4 (3) Jos. Leidy, A Memoir on the extinct sloth tribe of North America (Smith= son, Contrib., 1855, —J. Wyman, Notice on fossils Bones (Amer. Jour, Se. « et Art., 2° sér., 1850, X). — R. Owen, On the Megatherium (Trans. R. Soc. 7 4855, il, p. 359 ; 1856, Il, p. 574). TYPES SPÉCIAUX A DES LOCALITES PARTICULIÈRES. 164 . L'Australie, aujourd’hui le séjour presque exclusif des larsupiaux, a fourni aussi un trés-grand nombre d’espèces ion moins remarquables de ce type et deux genres éteints. Les uns et les autres ont été décrits par Owen dans le 5ompte rendu adressé, en 1844, à l'Association Britannique at dans les « Expéditions de Mitchell dans l'intérieur de Australie ». Ces descriplions ont été complétées depuis. _ Jusqu’à quel point des faits analogues peuvent-ils se ren- sontrer dans d’autres classes, c’est ce qu’il reste à savoir. Notre connaissance de la distribution des fossiles est encore op fragmentaire pour qu’on en puisse tirer des données plus complètes sur ce sujet. Il est toutefois digne de remarque que plusieurs familles de poissons, représentées sur une grande étendue dans le système dévonien de l’ancien conti- nent, n’ont point été trouvées, en Amérique, parmi les fossiles de cette période : les Céphalaspides, par exemple, les Dip- tères, les Acanthodes. De plus, certains Reptiles gigantesques de la période triasique et de l’oolithique ne se rencontrent nulle part ailleurs qu’en Europe. Or, il n’est guère pos- sible d’attribuer le fait à ce que ces formations sont plus restreintes dans les autres parties du monde, puisque d’autres fossiles de ces mémes formations ont été retrouvés dans les autres continents. Il est plus vraisemblable que quelques-uns de ces fossiles, au moins, étaient particuliers à une aire limitée de la surface du globe; car, même en Europe, leur distribution est très-circonscrite. Cependant, les types des périodes géologiques les plus anciennes sont distribués sur une étendue beaucoup plus grande que celle embrassée, aujourd’hui, par des familles trés-récentes. Sans donc insister sur un point qui peut prêter à la dis- cussion, il demeure évident que certains types particuliers d'animaux étaient déjà, avant l'établissement de l’état de shoses actuel, renfermés dans des aires définies. Ils ont con- inué à occuper le même terrain ou un territoire analogue, à époque présente, encore bien qu’ aucun lien génésique ne juisse être supposé entre les animaux des deux périodes consécutives. En effet, les représentants de ces types, dans les AGASSIZ. 11 462 DE L’ESPECE. formations différentes, n’appartiennent pas nécessairemen à un genre commun. De semblables faits sont en contradic tion la plus directe avec toute hypothése qui, d’une maniér quelconque, prétendrait en rapporter lorigine aux agen! physiques. A première vue, la circonscription de ces animau dans des aires géographiquement constantes paraît favorabl à une interprétation de ce genre; mais il ne faut pas oublie que les êtres ainsi localisés vivent ou ont vécu dans la so ciété d’autres types occupant des surfaces beaucoup plu considérables. Chose plus significative encore, ils appar tiennent à des périodes géologiques différentes, de l’un à l’autre desquelles de grands changements physiques ont e lieu indubitablement. Ainsi donc ces faits indiquent précisé ment le contraire de ce que suppose la théorie. Ils prouver que la ressemblance se continue entre des êtres organisés durant une suite de périodes géologiques, et en dépit de changements considérables que les circonstances physique prédominantes ont subis, à ces diverses époques, dans les pay habités par ces êtres. Par quelque côté qu'on prenne la thét rie qui attribue à l’influence des agents physiques l’origin des êtres organisés, cette théorie ne supporte ni l’examen ni la critique. Seule, l'intervention délibérée d’une Intell gence, agissant continuellement suivant un plan unique peut rendre compte des phénomènes de ce genre. | XXIV_ Limitation de certaines espèces à des périodes op d particuliéres. 1 Sans discuter ici dans quelles limites précises le fait ei vrai, ilne peut plus faire doute que les espèces, — et nol pas seulement les espèces, mais tous les autres groupes dé régnes organiques, — ont, tout comme les individus (4) une durée limitée. Le terme de la durée de l'espèce coïncid (4) Voyez section xx. ESPÈCES SPÉCIALES À DES PERIODES PARTICULIÈRES. 163 ne avec de grands changements dans les condi- ons physiques de la surface du globe (1). Malgré cela, chose étrange à dire, parmi les obébktaleuts qui prétendent rap- porter l'origine de l’organisation à l'influence des forces physiques, le plus grand nombre n’en soutient pas moins que les espèces peuvent passer d’une période à l’autre; ce qui implique cependant qu’elles ne sont pas affectées par es modifications survenues dans les forces (2). … Lorsqu'il s’agit de la limitation de certaines espèces à des Périodes géologiques particulières, on peut, sans inconyé- nient, négliger la question de savoir s’il y a eu simultanéité entre l'apparition d’une faune et la disparition de la faune précédente. Cela n’affecte en rien le résultat des recher- Ches, puisqu'il est universellement admis qu'aucune espèce connue, parmi les fossiles, n’a prolongé son existence à tra- vers une suite indéfinie de formations. Du reste, le nombre des espèces regardées comme demeurant identiques pendant plusieurs périodes successives va en diminuant, à mesure que la comparaison en est faite avec plus de rigueur et plus dé soin. J'ai déjà prouvé, il y a longtemps, combien diffèrent profondément des espèces actuelles (8) certaines espèces jrs qu’on avait toujours réputées identiques avec les animaux de nos jours. J'ai montré combien les espèces d'une même famille peuvent se ressembler peu dans les subdivi- Sions successives d’une même grande formation géolo- ique (4). Hall est parvenu à la même conclusion par l’exa- men des fossiles de l’état de New-York (5). Toute monogra- phie nouvelle réduit le nombre de ces ressemblances dans * (1) Elie de Beaumont, Recherches sur quelques-unes des révolutions de la Surface du ar Paris, 1830, in-8. (2) Voy. H. G. Bronn, Index palæontologicus. Stuttgardt, 1848-49, 3 vol. 1-8. — Alc. d'Orbigny, Prodrome de paléontologie straligraphique univer- lle. Paris, 1850, 2 vol. in-12.—J. Morris, Catalogue of the British Fossils. sondres, 1854, 2° édit., in-8. > (3) L. Agassiz, Coquilles terliaires répulées identiques avec les espèces van les. Neufchatel, 1847, in-4, fig. | (4) L. Agassiz, Études critiques sur les mollusques fossiles, Neufchatel, Pen 46, in-4, fig. Ag J. Hall, ‘Pal@ontology of the State of New-York, 464 DE L’ESPECE. chaque formation. Ainsi, Barrande, qui a consacré tant d’an- nées aux plus minutieuses recherches sur les Trilobites de la Bohême (1), est arrivé à la conclusion que leurs espèce ne passent pas d’une formation à l’autre. D’Orbigny (2) @ Pictet (3) ont été conduits au même résultat pour les fos- siles de toutes les classes. On peut bien le dire, à mesure que les débris fossiles sont plus soigneusement étudiés al point de vue zoologique, la prétendue identité des espéces dans des formations géologiques différentes, s’évanouit gra duellement et de plus en plus. Si bien que la limitation de l'espèce dans le temps, déjà reconnue d’une manière géné rale dès les premières recherches faites sur les fossiles de formations successives, se resserre pas à pas dans des pé- riodes moins longues, mieux définies et plus uniformes. L’es- péce est véritablement bornée dans le temps comme elle est, à la surface de la terre, bornée dans l’espace. Ce que révè lent les faits, ce n’est pas la disparition graduelle d’un pe- tit nombre d’espèces et l'introduction également graduelle d’un nombre correspondant d'espèces nouvelles; c’est, au contraire, la création simultanée et la destruction simultanéé de faunes entières et la coïncidence entre ces révolutions du monde organique et les grands changements physiques que la terre a subis. Il serait toutefois prématuré de voulo déterminer quelle étendue géographique a été comprise dans ces changements, et l’on serait moins autorisé encore à affir= mer le synchronisme de ceux-ci sur toute la surface du globe; mers et continents. 7 Il faut étudier trés-attentivement les ouvrages d'Élie di Beaumont (4), si l'on veut se faire une juste idée des grands changements physiques qu’a éprouvés la surface du globe, di la fréquence de ces modifications et de leur coïncidence ave (1) Barrande, Système silurien. — L. Agassiz, Monographies d'Echino dermes. | (2) D’Orbigny, Paléontologie française. (3) Pictet, Traité de paléontologie. (4) Elie de Beaumont, Notice sur les sysièmes de montagnes. Paris, 1852 8 vol. in-12. — Léop. de Buch, Ueber die geognostischen Systeme von Deut schland (Leonard's Taschenb., 1824, t. 11, p. 504). ESPÈCES SPÉCIALES A DES PERIODES PARTICULIÈRES. 165 les mutations observées parmi les êtres organisés. Le pre- mier, ce géologue a tenté de déterminer ‘âge relatif des différents systèmes de montagnes; le premier encore, il a fait voir que les perturbations physiques, occasionnées par i. soulévements, coincident avec la disparition de faunes entières et apparition de faunes nouvelles. Dans ses pre- miers Mémoires i] admettait sept de ces convulsions du globe, juis il en porta le nombre à douze, ensuite à quinze et récemment il a fourni la preuve, plus ou moins complète, lus ou moins définitive, qu'il y en a eu au moins soixante, inon cent. Or, tandis que la genèse et la généalogie des Montagnes étaient ainsi expliquées, les Paléontologistes étendaient, avec un soin minutieux, aux couches succes- ives d’une même grande formation géologique leurs com- araisons entre les fossiles des formations diverses. Ils ob- servaient, entre les espèces, des différences de plus en plus marquées et acquéraient la conviction que les faunes, elles tussi, ont été plus fréquemment renouvelées qu’on ne l'avait supposé d’abord. De sorte que les résultats généraux de la Géologie proprement dite et de la Paléontologie concourent à fournir cette conclusion essentielle : A des intervalles léitérés, fréquents même, bien que séparés les uns des iutres par des périodes immensément longues, le globe a té bouleversé et bouleversé encore jusqu’à ce qu’enfin il varrélat à sa condition actuelle; de même, les animaux et es plantes tour à tour se sont éteints et ont été remplacés bar. des êtres nouveaux, jusqu’à ce que fussent enfin appelés à l'existence ceux qui vivent de nos jours, et l’homme à eur tête. Les observations ne sont pas toujours suffisam- ment complètes pour démontrer que, partout, la rénova- lion du monde organique ait coincidé avec les grandes révolutions physiques qui ont altéré Vaspect général du globe. Toutefois, elles portent déjà sur des faits assez nombreux, pour montrer fréquemment le synchronisme et la corrélation de ces deux ordres de phénomènes. On peut donc s’y attendre, l'avenir fournira la preuve complète de leur mutuelle dépendance, non pas comme cause et comme 466 DE L'ESPÈCE. effet, mais comme degrés correspondants du développement progressif d’un plan commun, qui embrasse, à la fois, le monde physique et le monde organique. 4 Il importe de ne pas se méprendre sur la valeur des faits, et de ne pas revenir à l’idée que les révolutions physiques ont pu être la cause des différences observées entre les fos* siles de différentes périodes. Qu’onle comprenne donc bien, les êtres organisés présentent, à travers toutes les formations géologiques, un ordre régulier de succession dont le carac= tère sera indiqué ci-après; mais cette succession a été, ‘de temps en temps, interrompue violemment par des pertur- hations physiques, sans que Je caractère progressif de la série en ait été le moindrement modifié. La, certes, ést la preuve que le point essentiel, l'intérêt tout entier du grand drame, c’est le développement de la Vie (4), à la réalisation de laquelle le monde matériel ne fait que fournir des élé: ments. La disparition simultanée de faunes entières, Pappas rition simultanée qui s’ensuit d’autres faunes présentant, dans toutes les formations, une grande variété de types (2); Ja combinaison d’animaux et de végétaux en associations naturelles que relient constamment des rapports définis; voilà de nouvelles preuves que l’origine des êtres organisés ne peut pas être attribuée à l’action bornée, monotone, invariable des forces physiques. Ainsi donc encore, l'inters vention d’un Créateur se manifeste d’une façon frappante, à chaque page de l’histoire du monde. ‘ XXV Parallélisme entre la succession géologique des animaux et des plantes et le rang qu'ils occupent de nos jours. w Les représentants les plus élevés du Règne animal man: quent absolument dans les plus anciens dépôts qui fassen (4) Dana, Adress, etc., cité plus haut, p. 149, note 2. _ (2) Agassiz, Geological Times, etc., déjà cité, SERIE CHRONOLOGIQUE ET SERIE ORDINALE. 167 partie de l'écorce terrestre. De là est née la croyance géné- le que les animaux contemporains de ces premières ériodes étaient inférieurs à ceux qui vivent de nos jours, el qu "il existe une gradation naturelle, des animaux.les plus ciens et les plus inférieurs aux animaux les plus élevés À l'époque actuelle (1). Jusqu'à un certain point celte pinion est fondée; mais, certainement, il n’est pas vrai jue tous les animaux forment une série simple, depuis les temps primitils, ou les types inférieurs étaient seuls re- résentés, jusqu'à Ja dernière période, à laquelle l'Homme } venu couronner la création animale (2). On à déjà fait voir (Section va) que tous les grands types du Règne animal Ont leurs représentants, dès les premiers jours de la création ics êtres organisés. Ce n’est donc pas dans l'apparition successive des grands embranchements qu’on peut s’at- Dire à découvrir un parallélisme entre la succession des animaux, à travers les âges géologiques, et le rang qu'ils occupent entre eux, de nos jours. Il est tout aussi im- possible de prendre pour terme de comparaison, l'ordre d’apparition des classes, au moins en ce qui concerne les Rayonnés, les Mollusques et les Articulés. Les classes de ces embranchements semblent en effet avoir élé introduites simultanément sur le globe, ala seule exception peut-étre des Insectes, qu'on n’a pas retrouvés antérieurement à la période Carbonifère. Toutefois on remarque, parmi les Vertébrés, une certaine coïncidence, même dans la limite des classes, entre le moment de leur introduction et le rang assignable à leurs représentants. Je reviendrai sur ce point. _ C’est seulement dans la limite des ordres de chaque classe que le parallélisme s’accentue nettement, entre la succession de leurs représentants aux âges passés et leur hiérarchie à la période moderne. Mais si cela est vrai, on doit voir iramédiatement combien la constatation de cette correspon- dance dépend du degré de science où nous sommes quant (4) Voyez les notes de la section xx11. a (2) Agassiz, Twelve Lectures, etc., p. 68 et 128. 168 DE L’ESPECE. aux véritables affinités et à la gradation naturelle des ani- maux vivants. Jusqu'à ce que nos classifications soient devenues lexpression exacte de ces rapports naturels, o pourra fort bien ne pas apercevoir la coïncidence, même la plus frappante, entre ces mêmes rapports et la succession! des animaux aux époques écoulées. Il y aurait donc pré= somption, de ma part, à vouloir, pour développer ma thèse actuelle, embrasser dans mon argumentation le règne ani- mal tout entier. Ce serait prétendre que j’en connais toutes les relations et que, là où existe une discordance entre la classification et l’ordre de succession des animaux, je puis décider si la classification se trompe ou si, au contraire, les rapports des fossiles ont été mal appréciés. Je dois me borner à une comparaison générale. Elle pourra d’ailleurs suffire à démontrer que les perfectionnements, introduits dans nos systèmes par des motifs purement zoologiques, ont eu, en outre, pour résultat, de faire ressortir davantage la coinci- dence existant entre le rang hiérarchique des animaux actuels et l’ordre de succession de leurs représentants dans la série des âges passés. J’ai récemment essayé de faire voir que, dans la classe des Polypes, l’ordre des Haleyonoïdes, est supérieur à celui des Actinoïdes (1); que l'association et la communauté y constituent un degré de développement supérieur, si on les compare aux caractères et au mode d’existence des polypes simples, tels que les Actinies; que le bourgeonnement par l’extrémité est supérieur au bour- geonnement latéral; et que le type des Madrépores, avec leur partie supérieure animale ou au moins avec un nombre: défini et limité de tentacules, est plus élevé que celui de tous les autres Actinoides. Cela admis, la prédominance des Actinoides dans les formations géologiques anciennes, : l'exclusion des Halcyonoides; la prédominance des UE noides simples sur les massifs de coraux composés; posté~ rieurement, celle des Astréoides et l'introduction trés-tardive À (4) Voyez les travaux de Dana, de Milne Edwards et Haime, cités précédem ment, et Agassiz, Classification of Polyps (Proc. Ann. Acad. Sc. and Arts, 1856, p. 187). 4 SERIE CHRONOLOGIQUE ET SERIE ORDINALE. 169 des Madrépores dénoteraient déjà une corrélation entre le rang des polypes vivants, et la succession des représentants de la classe dans la série des âges. Cependant il est bien diffi- cile de s'attendre à trouver une correspondance de ce genre, “chez des animaux dont la structure est aussi simple. On ne connaît encore qu’un petit nombre de Méduses, proprement dites, à l’état fossile. Elles proviennent de couches juras- ‘siques; mais depuis que j'ai démontré les affinités halcyo- noides des Millépores, il est digne de remarque que ces Coraliaires tabulés, dont les Rugosa sont très-proches voisins, constituent les plus nombreux représentants du type des -Rayonnés dans les terrains les plus anciens (1). _ La gradation est parfaitement évidente dans les ordres des _Echinodermes. Au bas de l’échelle sont les Crinoïdes; après viennent les Astérioïdes ; au-dessus les Echinoïdes, et, au sommet, les Holothurioïdes. Depuis que cette classe a été circonscrite dans ses limites naturelles, cette échelle a tou- jours été regardée comme exprimant bien la hiérarchie naturelle de ces êtres; les investigations modernes, sur leur anatomie et leur embryologie, n’ont apporté ancun change- rent important à cette classification, en ce qui concerne le rang à assigner à chacun d'eux. Or, c’est là précisément l'ordre dans lequel les représentants de cette classe ont été successivement introduits sur la terre, aux âges géologiques antérieurs. Les formations les plus anciennes ne recèlent que des débris de Crinoïdes (2) pédonculés et cet ordre conti- nue à prédominer durant une longue suite de périodes; ensuite, ce sont les Crinoïdes libres et les Astérioïdes ; puis les Echinoides (3), dont l'apparition successive, depuis le Trias jusqu'à l'époque actuelle, s’accorde bien avec la grada- (1) Voyez Milne Edwards et Haime, Op. cit, et les notes des sections VI, p.34, et xix, p. 115, (2) Müller, d’Orbigny,J. Hall, Austin, Op. cit. (3) Voyez ouvrages cités p. 153 et encore J. Müller et F, H. Troschell, System der Asteriden, Brunswick, 1842, in-4, fig. — J, Müller, Ueber den Bau der Echinodermen. Berlin, 1854, in-4. — Fr. Tiedeman, Anatomie der Réhren-Holothurie, des Seeigels, etc. Landshut, 1817, in-fol,, fig. — G. Valen- tin, Anatomie du genre Échinus. Neufchâtel. 1842, in-4, 470 DE L’ESPECE. tion des subdivisions déterminées d’après leur structure. Ge n’est qu’à la période moderne que les Echinodermes supé- rieurs, les Holothurioides, ont acquis la prédominance dans: leur classe. Le rang à assigner à chacun des représentants actuels des” Acéphales ne soulève pas plus d’objections. Tous les zoolo- gistes conviennent de. l’infériorité des Bryozoaires et des” Brachiopodes (4) par rapport aux Lamellibranches; et parmi ces derniers, l’infériorité des Monomyaires, relativement aux. Dimyaires, serait difficilement niée. Or s'il y a, en Paléonto-. logie, un fait bien établi, c’est l'apparition précoce et la“ prédominance des Bryozoaires et des Brachiopodes, dans les formations géologiques les plus anciennes; c’est aussi leur extraordinaire développement, durant une longue suite d’é- poques, jusqu’à ce qu’enfin les Lamellibranches vinssent les” reléguer à une importance secondaire et prissent lascen- dant qu’ils conservent, de nos jours, sur la plus large échelle. . On pourrait pousser la comparaison jusqu'aux familles de ces ordres et montrer combien étroite est cette corrélation, à toutes les époques. 4 Je n’ai rien à dire de spécial sur les Gastéropodes. Les. paléontologistes ne l’ignorent pas, les restes de ces animaux | n’ont donné lieu qu’à des observations plus incomplètes" que celles dont les fossiles des autres classes ont été l’objet. On sail cependant que les Pulmonés sont d’origine plus“ récente que les Branchifères et que, parmi ces derniers, les - Siphonostomés ont paru plus tard que les Holostomés. Ce” fait dénote déjà une coïncidence générale entre leur succes-« sion dans le temps et leur rang dans l’ensemble. (1) Ale. d’Orbigny, Bryozoaires (Ann. Sc. Nat., 3° sér., 1851, vol. XVI, p. 292). — G. Busk, Catalogue of Marine Polyzoa in the collection of the British museum. Londres, 1854. — G. Cuvier, Mém. sur l'animal de la Lingule \ (Ann. Mus., 1, p. 69). — C. Vogt, Anatomie der Lingula anatina (voyez mém. Soc. Helv., 1843, VII, in-4, fig.).— R. Owen, On the Anatomy of the Brachiopoda (Trans. Zool. Soc., 1, in-4, p. 145). — On the Anatomy of the Terebratula, 1853, in-4 (Palwont. Soc.). — L. v. Buch, Ueber Terebrateln, « cité plus haut. — Th. Davidson, Monographie, déjà citée. — X. Poli Testacea utriusque Siciliæ, eorumque Historia et Anatomia. Parme, 1791-93, ouvrage « continué par Delle Chiaje. SÉRIE CHRONOLOGIQUE ET SERIE ORDINALE. 471 . Grâce aux beaux travaux dont la science est redevable à Owen (1), on connaît parfaitement l'anatomie du Nautile, et chacun peut se convaincre que, parmi les Céphalopodes, les Dibranches l’emportent sur les Tétrabranches. Or, on peut le dire sans exagération, un des premiers points que tout cullectionneur de fossiles puisse affirmer, de lui-même, c’est la prédominance des représentants du second de ces types dans les formations anciennes et l'apparition postérieure, vers le Moyen-Age géologique, des représentants du premier, qui, de nos jours, est le plus largement répandu (2). » Iln’y a rien d’important à dire sur les Vers, quant à l’ob- jet de cette section; mais les Crustacés offrent un exemple remarquable de la coïncidence que nous recherchons. Sans descendre aux détails, il résulte de la classification de Milne Edwards que les Décapodes, les Stomapodes, les Amphi- podes et les Isopodes constituent les ordres les plus élevés de Ja classe, tandis que les Branchiopodes, les Entomostracés, les Trilobites et les types parasites en forment, avec les Limules, les ordres inférieurs (3). Dans la classification de Dana (4), le premier type comprend les Décapodes et les Sto- mapodes, le second les Amphipodes et les Isopodes, le troi- siéme les Entomostracés auxquels sont réunis les Branchio- podes, le quatrième les Cirripèdes, et le cinquième les Roti- féres. Les deux auteurs reconnaissent évidemment la même gradation; toutefois ils différent beaucoup dans la manière de combiner les groupes principaux; de plus, Milne Edwards (1) R. Owen, Memoir on the Pearly Nautilus. Londres, 1832, in-4, fig. — A. Valenciennes, Nouvelles Recherches anatomiques sur le Nautile, C. R. Paris, 4844, in-4. — J.D. Macdonald, On the Anatomy of Nautilus umbilicatus, compared with that of Nautilus pompilius (Trans. Roy. So¢., Londres, 1855, Ui, p. 277).—J. Van der Hoven, Beitrag zur Anatomie von Nautilus Pompilius, L., Lésonders des Mannlichen Thieres (Arch. f. Nat., 1857, I, p. 77). — G. Cuvier, Mém. pour servir aU Hist. et aV Anat. des Mollusques. Paris, 1817, ‘in-4. — H. Milne Edwards, Ar. de Quatrefages et Em. Blanchard, Voyage en Sicile, Paris, 3 vol. in-4, sans date. | (2) Quelques Ammonites et spécialement le magnifique Crioceras de Bogota, décrit par Valenciennes, montrent en plein la combinaison des caractères qu’on observe séparément dans le Nautile et dans l'Argonaute, (3) Milne Edwards, Hist. Nat. des Crustacés, Paris, 1834-40, 3 vol. in-8. (4) Dana, Op. cit. 472 DE L’ESPECE. exclut quelques types, comme les Rotiféres, que Burmeister — le premier, Dana ensuite et Leydig ont réuni, avec raison, selon moi, aux Crustacés (1). Cette gradation offre la coïnci- dence la plus parfaite avec l’ordre de succession des Crustacés aux âges géologiques passés, même quand on descend aux. subdivisions en groupes plus petits. Les Trilobites et les Ento- mostracés sont les seuls représentants de la classe, dans les” roches paléozoïques ; aux temps géologiques moyens, appa-« rait une variété de Crevette, et les Décapodes Macroures pré- dominent; plus tard seulement, prévalent les Brachyures qui, « de nos jours, sont les plus nombreux. Nous ne possédons sur les Insectes fossiles que des lam- beaux de connaissances. Il faut donc renoncer à indiquer. avec une précision suffisante les caractères de leur succession à travers la série des terrains, encore bien qu’on ait déjà recueilli des données importantes sur les faunes entomolo-" giques de plusieurs périodes (2). 4 Chez les Vertébrés, l’ordre de succession présente des par- ticularités qui le font, à certains égards, différer de celui des Articulés, des Mollusques et des Rayonnés. On constate que les _ classes de ces trois embranchements ont apparu simultané-" ment, aux périodes les plus anciennes de l’histoire du globe. Il n’en a pas été de même pour les Vertébrés ; les Poissons" seuls sont aussi anciens que n'importe quelle classe des. autres embranchements ; mais les Reptiles, les Oiseaux et les” Mammifères n’ont été introduits que les uns après les autres, « et suivant l’ordre des rangs qu’ils occupent dans le groupe. | En outre, les premiers représentants de ces classes ne parais- _ sent pas avoir été toujours les types inférieurs de chacune d'elles. Au contraire, ce furent, dans une certaine mesure et” dans un certain sens, les plus élevés. En effet, ils possèdent . à la fois deux sortes de caractères. De ces caractères, les — (1) Fr. Leydig, Räderthiere, etc. (Zeilschr. f. wiss. Zool., 1854, vol. VI, p. 1). — Dana, Crustacea, etc. — Burmeister, Noch einige Worte über die x systemalische Stlellung der Riiderthiere (Zeitschr. f. Wiss. Zool., 1856, vol. VI). — Gosse, On the Structure of the class Rotifera. 7 (2)*Heer, Op. cit. — Brodie, Op. cit, SERIE CHRONOLOGIQUE ET SERIE ORDINALE. 473 uns, 4 une période subséquente, apparaitront isolés, dans des classes supérieures (voy. section xxvu), tandis que les autres deviendront le cachet exclusif des classes inférieures. Par exemple, les plus anciens poissons connus participent des caractères qui, à une époque plus récente, sont exclusi- yement propres aux Reptiles, et n’appartiennent plus aux Poissons de notre temps. Peut-être faudrait-il dire que les premiers Poissons sont les plus anciens représentants de Yembranchement des Vertébrés, beaucoup plus que ceux de la seule classe des Poissons. Cette classe semble n’acquérir définitivement ses caractères spéciaux qu’aprés l’apparition des Reptiles. Une relation analogue peut être signalée entre les Reptiles et les classes des Oiseaux et des Mammifères qu’ils ont précédées. Je me borne à rappeler l’analogie des Ptérodactyles avec les Oiseaux, et celle des Ichthyosaures avec certains Cétacés. Mais, à travers cet enchevêtrement, de rap- ports, se fait jour une tendance à la production de types de plus en plus élevés, jusqu'à ce qu'enfin l'Homme vienne couronner la série. Contemplée de la distance où nous sommes, qui permet à l'esprit d’en embrasser l’ensemble et de saisir l’enchaînement des degrés successifs, sans se laisser distraire par les détails, cette série apparaît comme le déve- loppement d’une conception grandiose, exprimée avec une telle harmonie de proportions, que chaque partie semble nécessaire pour la complète intelligence du dessein général. Et cependant, chaque partie est si indépendante et si parfaite en elle-même, qu'on pourrait la prendre pour un tout com- plet ; elle est si bien liée aux termes de la série qui précèdent et qui suivent, qu’on pourrait la considérer comme produi- sant les uns et dérivant des autres ! Tout ce qui, de l’aveu universel, caractérise les conceptions du génie s’y trouve déployé avec une plénitude, une richesse, une magnificence, une ampleur, une perfection de détails, une complexité de rapports, qui déconcertent notre savoir et laissent nos efforts les plus tenaces impuissants à en apprécier les beautés. En présence d’une série aussi étonnante, de celte coïncidence remarquable sur une aussi vaste échelle, qui donc pourrait 17h DE WESPECE. ne pas lire les manifestations successives d’une Intelligence, exprimées en des temps divers par des formes toujours nous velles, mais tendant continuellement à une même fin : la venue de l’Homme, prophétisée déjà par l'apparition des premiers poissons ! 1 . Le rang hiérarchique des Plantes a un caractère quelque peu différent de celui des animaux. Les grands types du régne végétal ne sont pas établis sur des plans de structure aussi nettement distincts. Il y a, par conséquent, une gra- dation plus uniforme des types inférieurs aux supérieurs. Ceux-ci ne sont pas résumés et personnifiés dans une plante unique, la plus élevée de toutes, comme lés types animaux supérieurs le sont dans l'Homme. | D’ailleurs, la Zoologie est plus avancée que la Botanique quant 4 la limitation des groupes généraux le plus com- préhensifs, tandis que la Botanique connail mieux les lis mites et Jes caractéres de la famille et du genre. Les Bo- tanistes s’entendent moins bien sur le nombre et le rang des divisions primaires du régne végétal que les Zoolo- gistes, relativement aux grands embranchements du régne animal. La plupart des auteurs (1) s’accordent bien à: ads mettre, sous un nom ou sous un aulre, ces trois groupes primaires : Acotylédonées, Monocotylédonées, Dicotylédo- nées (2); mais il en est d’autres qui voudraient séparer les Gymnospermes des Dicotylédonées (3). 4 A mon avis, c’est là un point de la classification botanique qui ne peut être bien éclairci qu’à l’aide d’une connaissance parfaite des fossiles et de leur mode de distribution dans les formations géologiques successives. Il y a là un exemple trés-remarquable de l'influence que les classifications peu- vent exercer, sur notre manière d'apprécier la gradation des êtres organisés dans le temps. Lorsqu'on place les Gymno- (1) Goppert, op. cit. j (2) Dans cette classification, les Coniféres et les Cycadées, qui constituent: l'embranchement des Gymnospermes, se trouvent réunies aux Dicotylédonters et, par cela méme, placées au-dessus des Monocotylédonées. (3) Brongniart, op, cit. ; | SÉRIE CHRONOLOGIQUE ET SÉRIE EMBRYOLOGIQUE. 475 spermes parmi les Dicotylédonées, il est impossible de décou- wrir une relation entre le rang hiérarchique des plantes vivantes et l’ordre de succession de leurs représentants dans les âges passés. Au contraire, si l’on apprécie à leur valeur i: véritables affinités des Gymnospermes avec les Fou- éres, les Equisétacées et, spécialement, avec les Lyco- podinees, on voit immédiatement que les végétaux ont été introduits sur la terre, suivant un ordre qui coincide vec Je rang de leurs divisions primaires dans l'échelle des complications de structure. Avec leur fleur imparfaite, avec leurs carpelles nus supportant sur l'axe des graines polyembryoniques, les Gymnospermes sont plus voisines des Acrophytes ananthérés, aux spores innombrables, que des Monocotylédonées ou des Dicotylédonées. Si donc, le règne végétal forme une série graduelle, commençant aux Cryptogames et se continuant par les Gymnospermes pour nir aux Monocotylédonées et aux Dicotylédonées, cette série m’offre- t-elle pas une coïncidence remarquable avec l'ordre de succession suivant : les Cryptogames, dans les plus an- ciennes formations, spécialement les Fougéres, les Equisé- tacées et les Lycopodiacées de la période carbonifére; après cela, les Gymnospermes, dans le Trias et les terrains juras- siques; ensuite les Monocotylédonées de la même formation, et enfin les Dicotylédonées qui se développent plus tard? dei donc, comme partout, il y a un ordre, un plan dans la nature. XXVI Bar eu à US rss Parallélisme entre la succession des animaux dans les âges a géologiques et le développement embryonnaire de leurs 4 représentants actuels. 4 . Plusieurs auteurs ont déjà signalé la ressemblance qui existe entre les jeunes de certains animaux actuels, el les représentants fossiles des mêmes familles (1). Mais jusqu'ici à 4 (1) L, Agassiz, op. cit. — Milne Edwards, Considérations sur quelques 4 en 476 DE I ESPECE. ces comparaisons n’ont porté que sur des cas isolés. On n'est pas encore complétement stir que le caractère de la succes- sion des êtres organisés dans les âges passés soit de nature é offrir, en général, une conformité remarquable avec le déve loppement embryonnaire des animaux. C’est là, cependant, une conclusion justifiée par l’état actuel de nos connaissances en Embryologie et en Paléontologie. Déjà, dans le para- graphe qui précéde, nous venons d’examiner, au point de vue de la corrélation existant entre l’ordre de succession des fossiles et le rang zoologique des animaux actuels, les faits qui ont le plus d'importance pour ce nouveau parallèle à établir. Dans l’examen suivant de la conformité offerte pai la succession des êtres et les phases de l’évolution embryon- naire des animaux vivants, nous pourrons done admettre que le lecteur se représente assez bien l’ordre d’apparitior des fossiles pour que cet ordre fournisse à notre compas raison une base suffisante. L’embryologie des coraux n'a pas été étudiée de manière à fournir à l’argumentation secours de larges données; on sait fort bien, toutefois (4), que le jeune polype est un animal simple, indépendant; qu'il est ensuite enchassé dans un calice, sécrété par le pied de l'embryon actinoïde et comparable à la paroi externe d’ut coraliaire simple (2), et qu’il s'étend alors graduellemen quoi, il bourgeonne ou se scinde. On sait aussi que, chez les anciens coraux, la phase d’extension semble s’être prolongée toute la vie, comme, par exemple, chez les Cyathophyl- loïdes (3). Aucun de ces anciens coraux ne forme ces vastes sociétés, composées de myriades d'individus réunis, qu caractérisent si bien nos récifs corallaires. Le caractère d’iso- principes relalifs à la classification naturelle-des animaux (Ann. sc. natur., 3° série, 1844, p. 65). e. (4) J’ai établi ces faits d’après l'observation de plusieurs Coraux des récifs de la Floride, spécialement des genres Porites, Astræa et Manicina. (2) Milne Edwards et Haime, op. cil. (3) Depuis que je me suis assuré que les Tabulés sont des Hydroïdes et nom des Polypes, j’ai eu des doutes sur les affinités réelles des Rugosa. La tendance des cloisons à un arrangement quadriparlite dénote évidemment chez eux un fi SERIE CHRONOLOGIQUE ET SERIE EMBRYOLOGIQUE. 477 ment plus grand, d'indépendance plus complète, qui est lui de l'individu chez les polypes des âges passés, offre une Run frappante avec l'état d'isolement des jeunes oraux de tous les types contemporains. Néanmoins, dans ucune classe il ne reste autant à à apprendre que dans celle s Polypes, avant qu’on puisse apprécier exactement la orrélation des phases embryonnaires avec l’ordre de suc- ession dans le temps. A cet égard, j'en dois faire la re- narque, on observe rarement que, parmi les animaux infé- urs, un type quelconque, même le plus élevé, représente, ans ses métamorphoses, tous les degrés d’organisation rcourus, soit dans leur évolution, soit dans l’ordre de uccession, par les types placés au-dessous de lui. Fréquem- vent, il faut connaître l’embryologie de plusieurs types ccupant dans l’échelle une place différente, pour parvenir | déterminer l’enchaînement de la série tout entière, soit ans le premier sens, soit dans le second. . Sur la corrélation des changements embryonnaires d’un mimal avec l’ordre d'apparition des êtres qui le représen- aient aux époques antérieures, aucune classe ne fournit in témoignage plus complet et plus admirable que celle des hinodermes. C’est aux vastes et patientes investigations de |. Müller, sur les métamorphoses de ces animaux, que nous m sommes redevables (1). Avant la publication de ses mé- noires, on ne connaissait que les métamorphoses de la Jomatule européenne (yoy. sect. xix, p. 113). On y trouvait léjà la preuve que les premières phases du développement le cet Échinoderme reproduisent le type des Crinoïdes pé- lonculés des anciens âges. Les belles monographies de ien plus étroit avec les Acaléphes qu’avec les Polypes. De plus, leurs parois lorizontales étagées diffèrent des parois interseptales correspondantes des vrais ypes, et ressemblent à celles des Tabulés, Il se peut donc que les Rugosa at plutôt de l’affinité avec les Acalèphes qu'avec les Polypes, et que la famille les Lucernaires soit le représentant actuel de ce type, mais sans parties dures, Dans ce cas, la sécrétion du pied, chez les Actinoïdes, indiquerait seulement ine ressemblance typique entre les Polypes et les Acalèphes, et ne prouverait en quant à la place relative des deux types, » (1) Müller, Mémoires cités, p, 113. AGASSIZ, 49 478 DE L’ESPECE. Thompson et de Carpenter sont venues compléter ces donnée J'ai moi-même vu, plus tard, que les phases successives ¢ développement embryonnaire de la Comatule donnent, quelque sorte, le type des principales formes de Crinoï qui caractérisent les formations géologiques successive D’abord, elle rappelle les Cistoides des roches paléozoique et les représente par sa téte simple et sphéroidale; plus tat elle rappelle les Platycrinoides à un petit nombre de plaqt de la période carbonifère ; puis les Pentacrinoides du Li et de l'Oolithe, avec leurs verticilles de cirres ; et, enfi quand elle s’est affranchie de sa tige, c’est un Crinoide ¢ degré le plus élevé, du type proéminent de la famille, à M poque actuelle. Les recherches de Müller, sur les larves [ toutes les farnilles d’Astérioides et d’Echinoides, nous pe mettent d’étendre la comparaison, même aux Échinodermt supérieurs. La première chose qui frappe observateur, da les faits dénfontrés par Müller, c’est la ressemblance extrao dinaire de tant de larves, de familles et d’ordres aussi diff rents que le sont les Ophiuroides et les Astérioides, les Bch noides proprement dits et les Spatangoides, Jes Holoth rioides même, qui toutes, en somme, finissent par reprodui les particularités de leur type spécial. Il est encore tré remarquable que, à l’état le plus avancé, Ja larve des Ech noides et celle des Spatangoides continuent à montrer ul si grande ressemblance, qu’un jeune Amphidetus se distingt avec peine d’un jeune Echinus (4). Enfin, car je ne vet pas pousser mes remarques trop loin, ces jeunes Echinoid (Spatange aussi bien qu’Echinus propre) ont, à cause ( leurs grosses épines, une physionomie générale plus sen blable à celle des Cidaris qu’à celle des vrais Échinus. F bien! ces faits sont en concordance rigoureuse avec ce qt nous savons de l’ordre d'apparition des Échinoïdes aux ie passés (2). Leurs représentants les plus anciens sont | genres Diadema et Cidaris; après quoi viennent les Ech noides, et, beaucoup plus tard, les Spatangoides. Quar _ (4) Voyez Müller, Mémoires cités, page 113, planches HI-VII du premier mi moire, et planches VI et VII du quatriéme, 4 (2) L. Agassiz, Twelve lectures, ete. SÉRIE CHRONOLOGIQUE ET SERIE EMBRYOLOGIQUE. 479 Rr yologie des Clypeastroides sera connue, elle fournira ns doute d’autres anneaux, qui rattacheront 4 la chaîne un us grand nombre de membres de cette série. Lembryologie imparfaitement connue des Acéphales, des astéropodes, et des Céphalopodes ne fournit que peu ou int de données pour la comparaison que nous voulons re. Il est, néanmoins, digne de remarqüe que les jeunes imellibranches, à à l'état d embryons, ressemblent, extérieu- ment du moins, aux Brachiopodes (1) plus qu’à leurs ypres parents, et que les jeunes coquilles de tous les Gas- ropodes (2) dont on connaît l’état embryonnaire, bien que ates holostomées , rappellent les types les plus anciens de te classe. Malheureusement, nous ne savons rien de l’em- yologie des Céphalopodes à coquille, les seuls qu’on ait puvés dans les formations géologiques anciennes, et rien on plus des changements que subit l’osselet des Dibranches. n sorte qu'aucune comparaison ne peut être établie entre ix et les Bélemnites, où d’autres représentants de cet ordre ux périodes moyennes ou aux périodes plus récentes. Ce que nous connaissons de l’embryologie des Vers nous onnat-il un terme de comparaison assez sûr, nous sa- ons trop peu de chose sur les Vers fossiles pour pouvoir river à une conclusion. La classe des Crustacés, au con- aire, est très-instructive sous ce rapport. Mais, pour pour- livre le parallèle à travers toute la série, il est nécessaire envisager simultanément l’évolution embryonnaire des En- mostracés les plus élevés, tels que les Limules, et celle des tres supérieurs de la classe (3). On voit alors que les pre- iers rappellent au début de leur vie la forme et les carac- res des Trilobites ; de même que le jeune Crabe, en passant Te ce ssivement par la forme des si ot et celle des Ma- ë L. Agassiz, Twelve Lectures, etc, 480 ; DE L’ESPECE. Crustacés, à travers les âges géologiques moyens et le périodes tertiaires, jusqu’à nos jours. Le travail remarquabl de F. Müller sur l'embryologie des Crustacés, bien que cong à un point de vue opposé au mien, n’en offre pas moins le données les plus précieuses pour la connaissance des rappor' qui rattachent le développement de ces animaux à leur s cession géologique. L’apparition des Scorpions, avant le autres Insectes, à la période carbonifére, est probablement er core un fait à signaler, si, comme j’ai tenté de le démontre les Arachnidiens peuvent être considérés comme la repri sentation de la phase chrysalidique de l’évolution des In sectes (1); mais, pour les raisons déjà énoncées (sec. xxty il est difficile de faire entrer les Insectes dans le débat qt fait l’objet de ce paragraphe. 4 J'ai indiqué, à la fin de mes recherches sur les poissot fossiles (2), le caractére embryonnaire des poissons prim tifs; mais il reste beaucoup 4 faire dans cette direction. I seul fait important que j'aie constaté depuis, c’est que lh jeunes du Lepidosteus, longtemps après qu’ils sont sortis l'œuf, présentent, dans la forme de la queue, des caractér observés, jusqu'ici, dans les seuls poissons fossiles du system devonien (3). Il faut espérer que l’embryologie des Cro diles jettera quelque lumière sur l’ordre de succession di reptiles gigantesques de l’époque géologique moyenne. démontré (4) que l’embryologie des Tortues répand wi certaine clarté sur les particularités offertes par les Chél niens fossiles. Il est déjà certain que les changements er bryonnaires des Batraciens présentent quelque coinciden avec leur succession aux anciens âges, telle qu’on la co naît (5). On sait trop peu de chose sur les Oiseaux fossiles les Mammifères fossiles (6) ne s’étendent pas dans une ass (1) Classif. of insects, cité page 136, note 2. (2) Poissons fossiles, cité plus haut. (3) L. Agassiz, Lake Superior, etc., p. 254. . (4) Voyez Contributions, etc., déjà cité, p. 290, 303 et 386 du Ie vol (5) Voyez la note 2 de la page 132. 4 (6) Cuvier, Ossements fossiles, — L, Agassiz, Zoological Character Young Mammalia (Proc. Am, Ass. adv, Sc. Cambridge, 1849, p. 85). SERIE CHRONOLOGIQUE ET SERIE EMBRYOLOGIQUE. 181 ngue série de formations, pour qu’on y puisse trouver des rmes de comparaison bien frappants. Cependant, les jarticularités caractéristiques des genres éteints indiquent iniversellement, entre ces genres et les jeunes des animaux i les représentent de nos jours, plus de ressemblance qu'il n’y en a entre ceux-ci et leurs progéniteurs. C'est ce que prouve fort bien un rapprochement fait avec soin du eune éléphant avec le mastodonte, non-seulement quant ux particularités des dents, mais méme quant aux propor- ions des membres, des doigts, etc. On peut donc regarder comme un fait général, de nature i être établi de plus en plus solidement à mesure que les cherches embrasseront un plus vaste terrain, que les hases du développement embryogénique correspondent, hez tous les animaux vivants, à l’ordre de succession des tres qui furent leurs représentants aux époques géologiques coulées. Aussi loin qu'on aille, les représentants primitifs le chaque classe peuvent être regardés comme les types mbryonnaires de leurs familles ou de leurs ordres respec- ifs existant de nos jours. Les Crinoides pédonculés sont le ype embryonnaire de Comatuloïdes ; les anciens Échinoïdes ont les représentants embryonnaires des familles supé- ieures vivant à l’époque actuelle; les Trilobites, le type em- bryonnaire des Entomostracés; les Décapodes de l’Oolithe, selui de nos Crabes; les Ganoides hétérocerques, celui des Lépidostés ; l'Andrias Scheuchzeri est un prototype em- yonnaire des Batraciens actuels; les Zeuglodontes sont des psa embryonnaires; les Mastodontes, des Éléphants embryonnaires, etc. - Pour apprécier, toutefois, complétement et exactement, us ces rapports, il est nécessaire de bien distinguer : 4° les s embryonnaires en général, qui figurent, dans len- semble de leur organisation, les degrés primitifs du déve- loppement chez des représentants plus élevés du même type; > les traits embryonnaires, qui prédominent, plus ou 10ins fortement, dans les caractères de genres trés-voisins, le Mastodonte et ’Eléphant par exemple; et, 3° ce que j'ap- 182 DE L’ESPECE. pellerai les éypes hyper-embr yonnaires, Dans ceux-ci, | traits embryonnaires s’exagérent considérablement aux p riodes ultérieures de l'accroissement. Ainsi, par exempl les ailes des Ghauves-souris ont tous les caractères embryo naires d’une main palmée comme l’est à l’origine tous les Mammifères; en continuant à se développer main est devenue chez la Chauve-souris un organe au vol, de même que, dans d’autres familles (les Ba les Tortues de mer), elle prend la forme d’une ne parce que la liaison des doigts est poussée à l'extrême traire. Voilà assez de détails sur ce sujet, qui sera étudié ple long dans un autre ouvrage. J'en ai dit suffisamment po montrer que l’Intelligence Directrice, qui se révèle dans succession des êtres organisés à travers les anciens ige se manifeste encore, par des combinaisons nouvelles, dé les phases évolutives des représentants actuels des dive types. Cela dénote une fois de plus que le même E créateur a agi dans toute la série des temps, et sur tout surface actuelle du globe. XXVII Types prophétiques. On vient de voir, dans le précédent paragraphe, que, certains types, l'état embryonnaire des représentant rieurs, appelés seulement plus tard à l'existence, é figuré essentiellement, en quelque sorte, dans les im de ces mêmes types qui vivaient à une époque anté Maintenaut que celte corrélation est suffisamment € on peut considérer les animaux divers d’une période ant rieure comme manifestant, pour ainsi dire, le modéle s lequel seront établies les phases de l’évolution d animaux à une période ultérieure. C’est, dans ces t reculés, comme la prophétie d'un ordre de choses impossible - avecles combinaisons zoologiques prédominantes alors, mi TYPES PROPHETIQUES. 183 qui, réalisé plus tard, attestera d’une manière frappante, que, dans la gradation des animaux, chaque terme a été conçu. Et ce n’est pas là le seul cas, ce n’est pas même le cas “plus remarquable d’un enchainement prophétique entre eux faits de date différente. «De récents travaux en Paléontologie ont fait découvrir, entre les animaux des âges passés et ceux de l’époque ac- tuelle, des rapports que n'avaient pas même soupçonnés les fondateurs de la science. J'ai eu l’occasion de dire précé- demment que, dans certains types, qui sont d'ordinaire les plus remarquables parmi ceux des époques primitives, on jaye, associées dans une combinaison commune, des rlicularilés de structure qui, à une époque postérieure, Mexistent plus que séparément et dans des types distinets, est ainsi qu’on rencontre les Poissons Sauroides avant les Reptiles, les Piérodactyles ayant les Oiseaux, les Ichthyo- saures avant les Dauphins, etc. Presque dans chaque classe, il y a, parmi les animaux des enips anciens, des familles entières qui, arrivées à parfait léeloppement, rendent bien patente cette relation prophé- ique. Elles fournissent ainsi, dans les limites du règne Wimal, au moins, la preuve la plus inattendue que le plan le la création tout entière a été mûrement délibéré et wrété longtemps avant d’être mis à exécution, C’est là ce qui ; depuis quelques années, je me suis accoutumé à appe- er types prophétiques, Les Poissons Sauroïdes en sont un xemple (1). Ces Poissons, dont l'apparition a précédé celle les Reptiles, réunissent les caractères propres au Poisson et el x propres au Reptile, par une combinaison spéciale qu’on Jbserve plus chez les êtres appartenant véritablement à “lasse des Poissons, telle qu’elle est constituée de nos irs. Les, Ptérodactyles (2), qui ont précédé sur le globe asse des Oiseaux, et les Ichthyosaures (3), qui sont yenus 1} Agassiz, Poissons fossiles. (2) Cuvier, Ossements fossiles, vol. V, p. 2+ Cuvier, [bid. 184 DE L "ESPÈCE. avant les Cétacés, sont encore des types prophétiques. Ces exemples suffisent, pour le moment, à rendre sensible la différence qu’il y a entre les types embre yonnaires et les types prophétiques. Les types embryonnaires sont, dans une cer: taine mesure, des types prophétiques; mais ils ne représen- tent que les particularités de développement des êtres qui devront plus tard exprimer les degrés supérieurs du même type général. Les types prophétiques, au contraire, sont le représentation anticipée de combinaisons structurales qui plus tard, s’observeront dans deux ou plusieurs types dis tincts. Ils n’ont pas d’ailleurs, nécessairement, le caractèrt embryonnaire (ainsi les Singes par rapport à l'Homme), bier qu'ils puissent, en certains cas, être à la fois embryonnaire et prophétiques comme on le voit chez les Carnivore; (Phoques, Plantigrades et Digitigrades), ou mieux encor chez les Crinoides pédonculés (1). 1 Une autre combinaison encore s’observe fréquemme chez les animaux. C’est celle d’une série dont les nee suivent de manière à former une gradation naturelle, mai: sans rapport immédiat ou nécessaire, soit avec le dévelop pement embryonnaire, soit avec la succession des types dan le temps; c’est le cas des Céphalopodes à coquilles, et c’es ce que j'appelle des types progressifs (2). » d Enfin, il faut distinguer entre les types prophétiques & ce que je nommerai les types synthétiques, quoique les un et les autres soient plus ou moins confondus dans la nature Les types prophétiques proprement dits sont ceux qui dan les complications de leur structure présagent d’autres con binaisons qui seront réalisées plus tard. Les types synthé- tiques, au contraire, sont ceux qui combinent, avec une pon- dération savante, les traits de plusieurs types qui n’auron que plus tard une existence distincte. Les Poissons sau- roïdes et les Ichthyosaures sont plutôt des types synthéti- ques que des types prophétiques. Les Ptérodactyles ont à (1) Voyez section xxvi. a (2) L. Agassiz, On the Difference belween Progressive, Embryonic 7 Prophetic Types, etc. (Proc. Am. Ass. ag Sc. Cambridge, 1849, p. 132). SÉRIE ORDINALE ET SERIE EMBRYOLOGIQUE. 485 un plus haut degré le caractére prophétique; il en est de ce 5, … même de l'Échinocrinus par rapport aux Echinus; des Pen- P tremiles par rapport aux Astérioides, et du Pentacrinus par LS rapport aux Comatules. De plus nombreux exemples sont toutefois nécessaires pour rendre évidente l’importance des comparaisons de ce genre, et j’ai donné dans un autre ouvrage de plus amples détails sur ce sujet (1). J’en ai dit … assez, je pense, pour faire voir que le caractère de cette _ sorte de rapports, entre les animaux des âges anciens et ceux _ de périodes postérieures ou même de l’époque actuelle, fait ressortir, plus que tout autre grand trait du monde animal, ef le lien intellectuel qui rattache tous les êtres vivants, à tra- vers tous les âges, en un seul grand système étroitement =. enchaîné, du commencement jusqu’à la fin. XX VIII - Parallélisme entre la gradation de la structure et l’évolution embryonnaire. … Rien ne frappe comme la ressemblance des jeunes des ani- _ maux supérieurs avec les adultes des types inférieurs. Aussi 1 certains auteurs ont-ils admis que tous les animaux d’un _ type plus élevé passent, durant les premiers temps de leur _ développement, par des phases dont chacune correspond à _ la forme définitive d’un type moins élevé. Cette supposition, …. résultat d’une connaissance incomplète des faits, a même … donné lieu à un système de Philosophie de la Nature, qui re- présente tous les animaux comme des degrés divers du dé- _ veloppement d’un petit nombre de types primitifs (2). Ces 2 vues ont été naguère propagées dans un ouvrage anonyme intitulé : Vestiges of Creation, qui a été trop répandu pour + “qu il soit besoin de les reproduire ici. J’ai déjà, dans un (1) Voy. Contributions to the Nat. Hist. of. U. S. à (2) Lamarck, op. cit. — Teiliamed (De Maillet), Entretiens d’un philosophe (M indien avec un missionnaire français. Amsterdam, 1748, 2 vol. in-8, — a Lor. Oken, Lehrbuch der Natur-Philosophie, p, 24. — Vestiges of Creation, etc, 486 DE L’ESPECE. précédent paragraphe (voy. sect. vin) fait voir que | animaux ne forment pas une série simple, comme « devrait résulter d’un développement graduel et succe Il me reste donc à montrer seulement dans quelles limi la gradation naturelle, qu’on-peut tracer parmi les différen types du règne animal (4), correspond aux changeme qu’ils subissent, avant d'arriver à l’âge adulte. J'ai, en ef examiné plus haut quel rapport existe entre ces métam phoses et l’ordre d'apparition des animaux sur la terre, ain qu'entre cet ordre et la gradation structurale ou le rar hiérarehique des animaux actuellement vivants. La com cation de la structure, chez tous les animaux, nous est as connue pour qu'il nous soit possible de choisir, dans tou les classes où le développement embryonnaire a été suffisar ment étudié, les exemples de cette corrélation entre la gras dation de la structure et l’évolution de l'embryon. Mais il importe qu'on apprécie combien les traits principaux règne animal sont étroitement combinés, soit qu’on envisage | ou la complication de la structure, ou la succession des” types dans le i PENSER embryonnaire des type sa types que j'ai Hp pb choisis pour la démonstrat des autres rapports. | Chez les Échinodermes, nous trouvons, dans l’ordre Crinoïdes, les types pédonculés au plus bas degré de Pé- chelle (2), les Comatules au plus haut, et nous savons que le. jeune de la Comatule est un Crinoide pedonea qui ne. devient libre qu'à un âge plus avancé (3), J. Müller a « montré que, parmi les Echinoides, les représentants les f p parfaits, les Spatangoides, ne différent que légèrement, di le jeune age, des Échinoïdes, et pas un zoologiste ne m tra en doute que ceux-ci ne soient inférieurs à ceux-là, l'égard des Crustacés, Dana (4) a insisté particulièremer (1) Voyez ouvr. cités p. 108, 109,133 et Milne Edwards, Considéralions sur quelques principes relatifs à la classification. : (2) J.Miiller, Ueber Pentacrinus Caput Meduse. Berlin, 1833, Akad, d, wiss. (3) Ed. Forbes, Hist. of Brit. Starfishes. Londres, 1854, p. 40. (4) Dana, op. cit, — Burmeister, Cirripèdes, note 2, p. 126. SÉRIE ORDINALE ET SERIE EMBRYOLOGIQUE. 487 sur la gradation sériaire qu’on peut tracer entre les diffé- rents types de Décapodes. L’ordre naturel descend des Bra- chyures, en passant par les Anomoures, les Macroures, les Tétradécapodes, etc., jusqu’aux Entomostracés. Or, le carac- ‘tre macrourien de l'embryon des Crabes a été pleinement “établi par Rathke (1), dans ses admirables recherches sur .l'embryogénie des Crustacés. J'ai moi-même démontré que les jeunes des Macroures reproduisent les formes des En- -tomosiracés, à ce point que certains d’entre eux ont été écrits comme des espèces de ce dernier ordre (2). J'ai com- ee expliqué, dans un mémoire spécial (3), la corréla- lion existant entre la gradation des Insectes et leur évolution et pimbryonnaire, Des parallèles de même nature ont été faits dans la classe des Poissons (4). Chez les Reptiles, les Batra- in fournissent un exemple remarquable du fait (5) (voy. sect. xu). Parmi les Oiseaux (6), Lous les jeunes ont les pieds uniformément palmés; c'est encore là une corrélation entre les petits des ordres supérieurs et les adultes, aux caractères permanents, des ordres inférieurs. Dans l’ordre des Car- » nivores, les Phoques, les Plantigrades et les Digitigrades, - montrent la même correspondance entre la hiérarchie des représentants de plus en plus élevés d’un même type, et les changements embryonnaires par lesquels passe successive- ment le représentant qui occupe le degré supérieur. Il serait superflu d'ajouter d’autres preuves pour faire voir que, dans tout le règne animal, il existe la plus étroite cor- rélation entre la gradation des types et les changements em- bryonnaires subis par leurs représentants, EL cependant, quel rapport génésique peut-il exister entre le Pentacrinus Les Indes Occidentales et les Comatules qui sont de toutes les ners? Entre les embryons des Spatangoides et ceux des ‘Behinoides ; entre les premiers ét l’Echinus adulte ; entre la tk hai any hiaabas (1) Rathke, cité p. 127, note 1. (2) Twelve Lectures, etc., p. 67. (3) Classif. of Insects, ete, | 3 Poissons fossiles, etc. _ (5) Twelve Lectures, ete., p. 8. | i } À | Vie Lake Superior, etc., p. 194. 188 DE L’ESPECE. larve du Crabe et le Homard; entre la Chenille d’un Papil-. Jon etune Teigne adulte ou un Sphynx adulte; entre le Té- : tard d’un Crapaud et un Ménobranche; entre un jeune. Chien et un Phoque, si ce n’est la commune subordination — à un plan arrêté par une Intelligence créatrice ? XXIX : Rapports entre la structure, le développement embryonnaire, : l’ordre de succession géologique et le mode de distribution : géographique des animaux. Il faut embrasser, d’un coup d’œil, un champ immense . et des faits innombrables, pour apercevoir l’ordre qui, règne dans la distribution géographique des animaux, — On ne doit done pas s'étonner que cette branche de. la Zoologie soit restée fort en arrière des autres divisions de la science. On ne doit pas non plus être surpris que la géographie des plantes soit beaucoup mieux connue que celle des animaux. Le tapis de végétation qui re-. couvre la surface du globe forme un dessin vigoureuse-. ment accusé, tandis que les combinaisons produites par le groupement des animaux ne sont guéres visibles. Malgré. cela, peut-être, un jour, saisira-t-on plus aisément les rela- tions qu’il y a entre la distribution géographique et les autres grands rapports généraux du règne animal; car l’échelle des. différences structurales est plus grande chez les animaux. que chez les plantes. Dès aujourd'hui même, quelques coin cidences curieuses tendent à prouver que la distribution géo graphique des animaux est en rapport direct avec le rang. qu’ils occupent dans leurs classes respectives, avec leur ordre . de succession aux âges passés, et aussi, bien que d'une façon | moins immédiate, avec leur évolution embryonnaire. | Presque toutes les classes possèdent des familles tropi cales, et celles-ci ont généralement dans la classe un rang ieés-dlevé. Quand, au contraire, elles sont situées sur un ni- : veau évidemment inférieur, il y a, entre elles et les types qui : SUCCESSION, RANG, DEVELOPPEMENT, DISTRIBUTION. 189 _ ont prévalu aux temps passés, quelque rapport bien saillant. La classe des Mammifères fournit des exemples remarquables de ces deux sortes de connexions. En premier lieu, les Qua- drumanes qui, après l'Homme, occupent le plus haut degré : de la classe, sont tous des animaux des tropiques. Il est même digne de remarque que les deux types les plus élevés 5 des Singes anthropomorphes, les Orangs-Outangs de l’Asie - et les Chimpanzés de l'Afrique Occidentale, doivent à la co- D ration de leur peau une ressemblance de plus avec les hommes des races qui habitent les mêmes régions. Les Orangs … sont cuivrés comme les Malais, et les dopage noirâtres a … espèces frugivores sont essentiellement tropicales, tandis = que celles qui sont plutôt omnivores se rencontrent partout. _ Parmi les Carnivores, les plus volumineux, les plus puissants … qui sont aussi du type le plus élevé, les Digitigrades, prédo- … minent sous les tropiques; mais les Plantigrades les plus … redoutables, les Ours, vivent dans la zone tempérée ou dans la zone arctique, et les Phoques, animaux du rang inférieur, . sont des espèces marines des mers arctiques ou tempérées. - Parmi les Ruminants, c'est dans les pays chauds que l’on n trouve la Girafe et les Chameaux; les autres existent partout. _ Dans la classe des Oiseaux, la gradation n’est pas si évi- _ dente que dans les autres classes; cependant, c’est dans les contrées tempérées ou froides que se confinent les représen- _ tants les plus volumineux du type aquatique, et ce type est … presque le seul dans la zone arctique, tandis que les Oiseaux - de haut pays, qui sont d’un rang plus élevé, prédominent dans les pays chauds. - Chez les Reptiles, les Crocodiliens appartiennent exclusi- | | vement à la zone tropicale, la seule aussi où l’on trouve les | grosses Tortues de terre; les Cheloniens aquatiques, qui … sont évidemment inférieurs à leurs congénères terrestres, 490 DE L’ESPECE. s’étendent beaucoup plus haut vers le nord. Les Serperits à : sonnettes etles Vipéres remontent bien plus, en latitude ou en — altitude, que les Boas et les Serpents non venimeux. La même — chose est vraie encore pour les Salamandres et les Tritons. — Les Requins et les Raies offrent, sous les tropiques, plus | de variété qu'ailleurs. C’est également sous les tropiques qu’on trouve les Lépi- — doptères diurnes les plus brillants; or, ils constituent l’ordre | le plus élevé de la classe des Jnsectes. L’ordre le plus haut parmi les Crustacés, celui des Bra- chyures, a de trés-nombreux représentants dans la zone tor- ride; mais Dana (4) a fait connaître ce fait, complétement | inattendu, que les Brachyures n’atteignent, néanmoins, leur plus haut degré de perfection que dans les contrées moyennes ~ de la région tempérée. Les Anomoures et les Macroures, au | contraire, sont presque également répartis entre la 55ne. torride et la zone tempérée. Les Tétradécapodes, type infé- rieur, sont beaucoup plus nombreux sous les latitudes extra= tropicales qu’en dedans des tropiques. Les Céphalopodes sont plus variés dans cette dernière ré- . gion, et le Nautile est une réminiscence des âges anciens. Parmi les Gastéropodes, les Stromboïdes appartiennent aux _tropiques; mais parmi les Acéphales lamellibranches, les — Naïades, qui me paraissent occuper un rang élevé dans leur classe, trouvent leur plus grand développement dans les. eaux douces de l’Amérique du Nord. Les Échinodermes supérieurs, les Holothuriens et les Spa- tangoïdes, sont plus variés sous les tropiques, et Jes Echinus, . les Étoiles de mer, les Ophiures s'étendent jusqu'aux mers arctiques. La présence du Pentacrinus dans les Indes Occi-. dentales se rattache, sans aucun doute, à la prédominance | des Crinoïdes dans les anciens temps géologiques. Les Madré- pores, qui, de tous les Polypes Actinoides, sont les plus élé-. vés, sont exclusivement tropicaux; par contre, les Alcyo-. noides du rang supérieur (Renilla, Veretillum, Pennatula) © (4) Dana, Crustacés, etc., p. 1501. DEPENDANCE MUTUELLE DES ANIMAUX ET DES PLANTES. 491 épassent les tropiques et s'étendent sur la zone tempérée. Un autre rapport intéressant à signaler entre la distribu- tion géographique des animaux et leurs représentants aux âges antérieurs, c'est l'absence de types embryonnaires dans les régions chaudes. La zone torride ne possède aucun vrai représentant des périodés géologiques primitives; elle a le Pentacrinus, mais il ne se rencontre pas au-dessous du Lias; ‘elle à le Nautile, parmi les Céphalopodes, mais rien qui res- semble à l'Orthocère; on y trouve les Limules, mais rien de pareil aux Trilobites. .. L'étude des rapports entre le rang des animaux et leur distribution géographique rencontre une difficulté très- _ grande, de l'obscurité même, à certains égards, dans ce fait que des types tout entiers, caractérisés par une structure particulière, ont un habitat singulièrement circonscrit. Et … cependant cela est une nouvelle preuve de l’intime corréla- tion qu’il y à entre les deux choses. Pourquoi l’Australie _Wa-t-elle ni Singes, ni Carnivores, ni Rongeurs, ni Pachy- …lermes, ni Édentés? C’est ce que je n'ai pas à expliquer ; Mais tout zovlogiste sait qu’il en est ainsi; il n’ignore pas que Jes Marsupiaux (1) de ce continent représentent en quelque forte, par les modifications de leur structure spéciale, les iutres ordres de Mammiféres. L'Australie apparaît donc ‘comme un continent qui aurait conservé les caractères des Nieux âges géologiques. Dès lors il n’est personne qui ne omprenne de quel haut intérêt pour la classification sera ‘ne connaissance plus étendue de la distribution générale des animaux et des particularités de structure propres aux ; pes localisés. XXX k Foi savait fort bien depuis longtemps, par les expériences tle De Saussure, que la respiration s’accomplit d’une manière 492 DE L'ESPÈCE. différente chez les animaux et chez les plantes, et que, si les premiers absorbent de l'air atmosphérique pour exhaler de l'acide carbonique, les secondes s’approprient le carbone et exhalent l'oxygène. Mais ce furent seulement les travaux de Dumas et Boussingault (1) qui, en appelant d’une façon par- ticulière l’attention des naturalistes sur ce sujet, firent bien comprendre la mutuelle dépendance où sont l’un de l’autre, à cet égard, le règne animal et le règne végétal. On sut que l’un produit ce que l’autre consomme et vice versé, de manière à rétablir l’équilibre que chacun d’eux isolément ne manquerait pas de troubler, dans une certaine mesure. La pratique agricole usuelle de la fumure des terres montre, d’un autre côté, cette réciprocité d'action d’un règne sur l'autre. Les parties non digérées de l’aliment des animaux retournent au sol et le fertilisent pour une nouvelle pro- duction végétale (2). De plus, directement ou indirectement, le règne animal tout entier a un besoin absolu du règne. végétal pour sa subsistance, car les Herbivores préparent. l'aliment nécessaire aux Carnivores. Nous sommes bien loin du temps où l’on croyait que les Vers étaient engendrés par la pourriture des fruits ou d’autres substances végétales, et il est inutile de répéter ici ce que l’on sait du mode de repro- duction de ces animaux. Il n’est pas non plus nécessaire de: montrer la grande absurdité de l'hypothèse suivant laquelle les plantes auraient été produites, en premier lieu, par les agents physiques, pour donner ensuite, elles-mêmes, nais- sance aux animaux. Qui donc aurait inspiré aux agents phy= siques de rendre le monde animal tout entier dépendant du monde végétal?.. Non; des hits 9 aussi généraux prouvent, plus directement qu’une masse de faits particuliers et sans liaison, l’établisse= ment d’un ordre de choses parfaitement réglé et dont toutes! les dispositions ont été prévues et combinées à l’avance. lls dénotent, en effet, des conditions d’existence savamment F (1) Dumas, Leçons sur la stalique chimique des êtres organisés (Ann. se. nalur., 2° série, vol. VI, p. 33 ; vol. XVII, p. 122). Te (2) Liebig, Chimie agricole. — Chimie animale. = pees st PARASITISME. 193 équilibrées, préparées de longue main et telles que, seul, un re Pniigent a pu les ordonner. XXXI Animaux et Plantes parasites. Si indépendants que les animaux puissent paraître les uns as autres, il en est cependant qui, pour vivre, ont besoin être en connexion intime avec d autres créatures animées, nt les Vers intestinaux et toute la vermine de la peau (1). armi les plantes, de nombreuses Orchidées, des Bromé- acées, le Gui, l’Orobranche, le Rafflesia, peuvent être cités mme d’autres exemples remarquables de parasitisme. Les parasites appartenant au règne animal présentent une ‘yariété trés-grande. Il faudrait des volumes pour les dé- rire et en faire l’histoire, car leurs relations, avec les ani- Maux ou les plantes dont leur existence dépend, sont aussi Yariées que leurs formes mêmes et leur structure. Or, un fait d’une importance extrême et à noter tout d’a- ‘De rd, c’est que, par eux-mêmes, ces parasites ne constituent is une grande division du règne animal. Il y a des para- Sites dans tous les embranchements, il y en a dans presque toutes les classes, et, dans aucune, ils ne constituent un ‘ordre naturel. De plus, le même tube intestinal est habité ar des parasites différents. Ce sont là des faits significatifs. ls prouvent que le parasitisme n’a point pour fondement le ou telle combinaison particulière des traits essentiels la structure des animaux, mais bien certaines corrélations (1) Voyez les notes bibliographiques de la section xix, et K. A. Rudolphi, Entozoorum sive Vermium, etc. — J. G. Bremser, Ueber lebende Wiirmer im lebenden Menschen. Wien, 1819, in-4, — F, Dujardin, Hist. nat. des Hel- i hinthes, etc. — C. M. Diesing, Historia Vermium, etc. — Fr. Kuchenmeister, in und an dem Kürper des lebenden Menschen vorkommenden Parasiten, pzig, in-8, 1855. — R. Leuckart, Parasiten in Parasitismus (Vierord’s chiv, 1852). — Ch. Robin, Histoire naturelle des végélaux parasites qui lissent sur l’homme et sur les animaux vivants. Paris, 1853, in 8. _ AGASSIZ. 13 494 DE L’ESPECE. d’un caractère principalement spécifique. Les parasites n sont pas non plus, à l'égard des autres êtres organisés qu les supportent, dans une dépendance toujours égalemen étroite. Pour quelques-uns, tout se borne à vivre aux dé pens d’un autre animal. Certains d’entre eux, au contraire ont, avec l’être sur lequel ils se développent et se multi plient, une connexion si intime qu’ils meurent bientôt si o1 les transporte sur un individu d’une autre espèce. Il n’y pas, non plus, une catégorie spéciale d'animaux servant d proie aux parasites, loin de là, chaque animal a les siens On compte bien peu de parasites, à proprement parler parmi les Vertébrés. Il n’y en a aucun qui soit Mammifère Chez les Oiseaux, quelques espèces, peu nombreuses, dépen dent des autres pour faire couver et éclore leurs œufs ; tel sont le Coucou d'Europe et le « Cowbird » de l'Amérique di Nord. Chez les Poissons, quelques petits Ophidiums (Fieras fers) pénètrent dans la cavité du corps des grosses Holo thuries et y font leur séjour (1). L'Echeneis s'attache | d’autres Poissons, mais temporairement. Parmi les Articulés, le nombre des parasites est trés-grand Il semble que ce soit le vrai caractère de cette classe, s remarquable par l'expansion extérieure de toute son organi sation, de contenir la variété la plus considérable de para sites. C’est en effet dans son sein que s’observent les combinai sons les plus extraordinaires de ce singulier mode d'existence Les Insectes, en général, sont bien plus étroitement que le grands Herbivores dans la dépendance des plantes qui le nourrissent. C’est à ce point que la plupart d’entre eux sont pendant toute leur existence, astreints à vivre sur une espèc végétale unique ; par exemple les Pucerons, les Cochenill les Gallinsectes (Cynips). Chez quelques autres, la larve seul est réduite à s’alimenter d’une plante spéciale, et, chez d’autré encore, comme les Cistres, les larves se développent sous | peau, ou dans l'intestin, ou à l’intérieur des cavités nasales ¢ certains animaux. Les Ichneumons déposent leurs œufs dam (1) Voyez ci-dessus page 119, note 4, * PARASITISME. 195 es larves d’autres Insectes, que leurs jeunes dévoreront jus- d'à ce qu'ils se transforment. Parmi les Insectes parfaits, il yena qui ne vivent qu'en communauté, tels sont les Four- les Clavigères, les Clérus, les Abeilles. Quelques espèces le Fourmis vivent, toutefois, sinon comme des parasites les les sur les autres, au moins les unes aux dépens d’autres duites à une sorte d’esclavage. Il y a enfin des Insectes qui | sur le corps des animaux à sang chaud, comme les , les Puces, et de ceux-là le nom est légion. Quelques ly fdracnées sont parasites de Mollusques aquatiques (1). ‘Parmi les Crustacés, il est des Crabes qui vivent dans la quille de certains Mollusques, par exemple Jes Pinno- eg de l'Huître et de la Moule. J’en ai trouvé une autre èce sur des Oursins (Pinnotheres Melitta, nouvelle espèce, ir le Melitta quinguefora). Les Pagures prennent la co- wille des Mollusques pour s’en faire un abri, et nombre Amphipodes vivent sur les Poissons, attachés aux one (la langue, à la peau, ou sur les Étoiles de mer (2). L hjamus Ceti vit sur la Baleine. Quelques Cirripèdes sant arasites des Baleines, d’autres le sont des Coraux. Dans la mille des Lernéens, les femelles vivent principalement en rasites sur les branchies, les nageoires ou le corps des À vissons, tandis que les males sont ‘tadépendati, Ce mode d'existence est encore plus fréquent chez les ers. Tandis que quelques-uns d’entre eux se bornent à wre au milieu des Coraux, il en est d’autres dont les familles tières ne sont formées que de véritables parasites. Ici, core, nous trouvons les relations les plus variées. Certains ts, en effet, sont constamment parasites et d’autres ne le Pr. ) Chr. L. Nitzsch, Darstellung der Familien und Gattungen der Thierin- en. Halle, 1818, in-8. — C. v. Hayden, Versuch einer systematischen ntheilung der Acariden, Isis, 1826, p. 608. — J. S. C. Ratzenburg, Die iteumonen der Forstinsekten. Berlin, 4844-52, 3 vol. in-4, fig. — Br. Clark, sé vations on ihe Genus Oestrus (Trans. Lin. Soc., lll, p. 289, fig.). — Ai. Koch, Die Pflansen-Lüuse, Aphiden. Nürnberg, 1846, in-8, fig. — ul | Dugés, Recherches sur l’ordre des Acariens (Ann. se. nat., 2° sér!, 1834, PB. 5; 11, p. 18, fig.). L j ai trouvé un nouveau genre de cette famille sur des Astéries Hélian- 8, 496 DE L’ESPECE. sont que durant une certaine période de leur vie. Les jeune du Gordius sont des animaux indépendants; à un cert moment, ils s’insinuent dans le corps d’un Insecte, puis l’abandonnent quand l’heure de la propagation est venue. | jeune Distôme vit librement dans l’eau, à l’état de Gercaire puis il passe le reste de sa vie dans le corps d’un autre ani mal. Le Tænia, au contraire, ne cesse jamais d’être parasi etiln’y a que ses œufs qui circulent d’un animal à un autre mais chez lui, comme chez quelques autres Vers intestinaux il se passe un fait remarquable. Les premières transfor mations du parasite s’accomplissent dans le corps d’u animal d’une certaine espèce, il ne pourra toutefois com pléter son développement que dans le corps d’un autre an mal, d’espéce différente et supérieure à la première. Il fat qu’il soit avalé par ce second hôte, avec la chair de l’hÔ précédent. C’est le cas de quelques Filaires, des Tzenias | des Bothriocéphales. Ils habitent d’abord le corps de Poi sons inférieurs qui sont avalés par des Requins ou des @ seaux aquatiques, ou celui de Souris qui sont à leur tot dévorées par des Chats, et c’est dans l'intestin de son derni nourricier que le parasite subit sa transformation définitiy Quelques Vers effectuent des migrations étendues, à trave les corps d’autres animaux, avant de rencontrer le mili convenable à leur développement final (1). : On compte peu de parasites parmi les Mollusques, même il en est qu'on puisse véritablement appeler de nom. On pourrait citer, comme exemples, les mâles de qui ques Céphalopodes qui n’abandonnent jamais le corps. leurs femelles (2), les Gastéropodes qui se développent sein des Coraux (3), le Litholomus et une variété d’Ar trouvée dans les Coraux. . (1) Voyez, outre les ouvrages déjà cités, notamment section x1x, D. We land, The Plan adopted by nature for the Preservation of the various s of Helminthes (Proc. Bost. nat. Hist. Soc., 1858). (2) Voy. ouvr. cit., sect: xix. + (3) Ed. Rüppell, Mémoire sur le Magilus antiquus (Trans. Soc., Strasb. 4832, t. I, fig.) ‘à PARASITISME. 497 _A proprement parler, il n’y a pas de Rayonnés parasites. On notera cependant que plusieurs d’entre eux s’attachent > préférence à certaines plantes et que les jeunes de quel- nes autres demeurent en continuité avec leur parent (tous s Coraux, par exemple, et méme quelques Crinoides, comme la Comatule de Charleston). Dans tous ces divers eas, la probabilité que des étres issi singuliers soient, à un degré quelconque, le produit s forces physiques, est moindre encore que dans le cas animaux indépendants. Effectivement, ici, au fait de xistence des animaux eux-mêmes s'ajoutent toutes les con- tions si compliquées de leur manière de vivre et toute la ariété de leurs rapports avec d’autres organismes. Or, si, ss relations existant entre les êtres indépendants, on peut \ conclure que les circonstances extérieures n’ont pas 1 devenir la cause de leur existence, combien moins encore erait-on autorisé à attribuer aux parasites une origine ussi simple! On a supposé, il est vrai, qu’ils avaient pris ussance dans le corps des animaux aux dépens desquels se nourrissent. Mais alors, que dire de ceux qui, comme Gordius, ne s’introduisent dans le corps de leur victime qu’à n degré déjà tant soit peu avancé de développement ? Et i d’un animal supérieur, pour accomplir leurs méta- orphoses, et chez lesquels cette succession de gîtes est la ele?... Dira-t-on que cet arrangement a été imaginé par pene victime, ou imposé par elle a la Fri ou Le es. À moins, toutefois, qu'on ne considère les animaux “ix-mêmes comme des forces physiques, par rapport aux 198 DE L ESPÈCE. parasites qu’ils entretiennent. S'il en est ainsi, pourquoi victime ne parvient-elle pas à s’én débarrasser aussi hier qu’à les produire? Car il n’est pas supposable que tout cel puisse avoir lieu sans qu’elle en ait conscience, puisque les parasites sont, quant à la structure, en corrélation si intimt avec les types divers auxquels ils sont spéciaux. = L'existence de parasites particuliers à des types si nom: breux et si variés, dans le règne animal aussi bien que dan le règne végétal, est un fait d’une signification profonde que l'Homme lui-même ne saurait trop sérieusement mi diter. Admirons ces merveilles, mais comprenons le} seignement qu’elles renferment et ne nous glorifions pa trop d’une indépendance, d’ailleurs réelle, Tous les rapport dans la nature sont réglés par une sagesse supérieure Apprenons donc, enfin, à nous conformer, dans les limite de notre sphère propre, aux lois assignées à chaque race! — XXXII Combinaison dans le temps et dans l’espace de divers rappor qui s’observent chez les animaux. if Pour peu que la pensée se concentre sur les rapports 1 m tuels ou le parallélisme que présentent, les uns à l’éga des autres, tous ces caractères du règne animal, tirés structure, de Pembryologie, de la géologie, de la g phie, on est saisi par l’évidence de cette conclusion : ces choses ont été établies par un Esprit réfléchis constituent en même temps le côté de la nature le plus: sible à notre intelligence, dès que celle-ci s’efforce de trer la relation des êtres finis avec leur cause. Les phénomènes du monde inorganique, comparés i du monde organique, sont tous très- simples. Pas un desg agents physiques, électricité, magnétisme, caloriqu miére , affinité chimique, ne présente, dans la sphère tivité qui lui est propre, des phénomènes aussi compliqu _ COINCIDENCES ENTRE LE MONDE ORG. ET LE MONDE INORG. 199 ceux dont le dernier des êtres organisés nous rend té- ins. Au contraire, il n’est pas besoin de s’adresser au plus vé de ces êtres pour retrouver, à côté des phénomènes clusivement propres à la vie, les mêmes phénomènes bysiques qui se produisent dans le monde purement ma- iel. Puis, donc, que le corps organisé renferme tout ce e contient le monde inanimé, plus une puissance qui lui propre, comment aurait-il été produit par les agents hysiques? Si les physiciens, familiers avec les lois du nde inorganique, reconnaissent que ces lois doivent avoir établies au commencement des choses, comment nie- aient-ils que, à fortiori, les lois infiniment complexes du onde vivant ont dû être établies après les autres, suc- cessivement, et au fur et à mesure de la création des types égétaux et animaux. En effet, pendant une longue période n’y a pas trace, à la surface de la terre, de l'existence du nonde organique. Jusqu'à présent, ce sont les contrastes existant entre le nonde organique et lé monde inorganique (1) que nous avons toujours recherchés et examinés. Au point où nous en sommes venus, il n’est peut-être pas hors dé propos de a été établi conformément à des lois qui atteignent aussi les de vivants. Ainsi, dans la sphère de chaque pill or- ement des feuilles d’une Die (2) peut être représenté jar une série trés-simple de fractions qui, toutes, sont ou § approximations graduelles vers la moyenne arithmé- ique des quantités 1/2 et 1/3, ou cette moyenne elle-même. intre ces deux limites, maximum et minimum, varie l’écar- ent observé entre deux feuilles consécutives. La série lormale exprimant les diverses combinaisons qu’on observe 1) Voy. sections xxv, XxVI, XXVII, XXVIII, XXIX, XXX ef XXXI. # (2) Voy. les ouvrages cités p. 24, note 3, — Wright (C.), On fhe Phylla- : Astr. Journ,, vol. V, déc, 1856. el a 200 DE L’ESPECE. suivante : Or, en comparant cet arrangement des feuilles sur Pa qui les supporie, avec les révolutions des globes qui fo partie de notre systéme solaire, Peirce a découvert la plus parfaite identité entre les lois fondamentales qui réglent I’ et celles qui gouvernent les autres. C’est ce qu’on peut vo d’un coup d’œil, au moyen du diagramme suivant. La pre- miére colonne contient le nom des planètes; la deuxième donne, exprimé en jours, les temps vrais de leur révolution sidérale ; dans la troisième sont inscrites les durées de cette même révolution, telles qu'elles seraient dans l’hypothè où chacun des nombres qui les indiquent serait, avec celui qui le précède ou celui qui le suit, dans le rapport exprimé | par un des termes de la série phyllotaxique ; là quatrième enfin est la suite des fractions qui représente la loi de l'ar- À rangement des feuilles. Noeptanes fo COMBI Ak. 62,000 Uranus, 6 320,687: 41; 34 0002 res Saturne. sons 40,280 4 à 10,388 y 3 ABD ss RAR, Là 5 4432, Rees 2 Astéroïdes. . . 1,200 2,000. . 4,550..... 2 MU ri: GEL sue st à DIS La. Terre". 6; | BOB. , 4. . . . 960, +0 wee ee ee 227. ‘Hs Mercure. . . . PU a ae 87 43 . . . . . wo - Dans cette série, la Terre forme une lacune; mais il aisé d’expliquer cette irrégularité apparente. Les fracti 4/2, 1/3, 2/5, 3/8, 5/13, 8/21, 13/3h dont chacune faite naitre, pour une plante, la place que prennent successivem les feuilles en s’enroulant le long de la tige, par la voie plus courte, sont identiques, quant à leur signification, ay celles qui expriment ces mémes positions par la voie la p longue : 1/2, 2/3, 3/5, 5/8, 8/13, 13/24, 24/34, etc. Neptune, . 6: «F255», 02000... ...,. 60,429 2 BOUL sy. : “prie Re ie US SION ca ps 30,687 ; D sc — —— POING. i. be ys, à + ROG 1 dr, 10,759 » Durs» 00,869 0 dopitér (cs BST RABI Css 4,333 > MA ob ete —— Astéroides. . . 3 ... BRO woes 1,200 » Bie cire 968... di ie Mars. sde HD ed à 687 La Terre. ..4. 4664 «4e 365 RENTE 227. 225 > Pak ue OR Susi. Mercure, 55 5 2 4 : 87... « 88 que l’ordre normal des fractions effectives est réellement : 4, 1/3, 2/5, 3/8, 5/13, etc., c’est-à-dire celle de larran- sement des feuilles par la voie la plus courte. La Terre est exclue de cette série, tandis qu'elle forme un terme de la série d’ascension par la voie la plus longue. L’explication de ce fait proposée par Peirce est celle-ci : La tendance 4 la formation d’une planète n’est pas suffisante à la fin d’un 4 ntervalle simple, mais elle devient tellement forte, vers la limite d’un second intervalle, que la planète ne se rencontre qu’en dehors de cette limite. Ainsi Uranus est un peu trop loin du Soleil, relativement à Neptune; de même, Saturne | relativement à Uranus, et Jupiter relativement à Saturne. Les planètes ainsi formées condensent autour de leur centre | une quantité de matière proportionnellement trop considé- / rable; c’est notamment le cas pour Jupiter. A l'égard des Astéroïdes, la force est suffisante à la fin d’un seul inter- | valle. Aussi l’astéroïde le plus extérieur n’est-il que bien Le 202 DE L’ESPECE. juste dans la limite de cet intervalle et toute la matière d ces corps est disséminée sur un espace immense, en masse séparées, au lieu d’être concentrée en une seule planète. conséquence de cette dispersion des forces plastiques, la pro portion de matière absorbée par les Astéroïdes est petite Mars, qui vient ensuite, est déjà, quand il se forme, tellemen en dehors de sa vraie tilace qué, une fois l'intervalle suivant franchi, la force qui reste est assez puissante pour donner naissance à la Terre. Après quoi, la loi normale reprend son cours, sans plus de perturbation. Suivant, cette loi, il ne peut y avoir de planète extérieure à Neptune, mais il peut en. exister une intérieure à Mercure. . PE Et maintenant, jetons un coup. d’œil en arriére sur le traits généraux du régne animal que nous avons passés e revue. Laissons de côté les relations, plus simples, des être organisés avec le monde ambiant et celles d’individu à ind vidu. Considérons seulement les différentes séries parallèles: dont la confrontation nous a montré, dans chacun des grands types du règne, la mutuelle corrélation des phénomènes de la vie animale. Nous avons comparé soit le rang, tel que le détermine la complication de la structure, avec les phases des l'accroissement ou avec la succession des êtres à travers les âges; soit l’ordre de cette succession avec l’évolution € _ bryonnaire; soit enfin toutes ces relations, entre elles avec la distribution géographique des animaux. Partout c’e la même série (1)! Les mêmes faits sont vrais dans tou les grandes divisions du régne animal, aussi loin qu’on à poussé les recherches. Et si, faute de matériaux, l’enchi ment des témoignages est incomplet sur quelques poi il n’en suffit pas moins à prouver qu’une loi a été étab. el que, en vertu de cette loi, il existe, entre tous les tr généraux, une correspondance universelle qui relie, par un lien intellectuel et intelligible, tous les êtres organisés de tous les temps en un seul grand système. Qu’importe si quelqu (1) Cf. toutes les sections précédentes où chacun de ces points a été e miné isolément. LA PENSEE ECLATE DANS TOUS CES RAPPORTS. 203 “anneaux de la chaîne sont perdus! Mais une connaissance intime et profonde du sujet peut seule permettre à l'esprit de Saisir cette démonstration ; car, même confusément entrevue, cette vérité constitue le siaaliat le plus brillant des i “intellectuels combinés de centaines d’observateurs, pendant un demi- siécle. Je privilége, encore plus rare, d’un petit nombre d’esprits supérieurs; — si la facullé de suivre à la fois plusieurs enchainements d’idées distincts est un don assez extraor- le petit nombre d’exemples (César dictant à la fois plusieurs lettres à ses secrétaires), bien que cela dénote, en somme, la simple capacité de passer rapidement d’un sujet à un autre, sans perdre le fil de plusieurs idées parallèlement “développées; — si tout cela n'appartient qu’au pouvoir in- tellectuel le plus fort, par quelle aberration du jugement | énier à une Intelligence Suprême l’œuvre de ces comhinal- De cammes sont jeux d’enfant? | Pour peu que j’aie réussi à montrer dans les rapports divers observés entre les animaux et le monde physique, oh entre les animaux eux-mémes, anane chose d intelli- ent, il s’ensuit que le Tout est dû à un Auteur Intelligent. ni n’est peut-être pas hors de propos, alors, de chercher à ndiquer, autant que cela est possible, la différence qu'il y a entre la Pensée Divine et la pensée humaine. … | Prenant pour guide la nature, où la pensée se mani- feste, je trouve que la pensée humaine est consécutive. Au (4) L. Agassiz, Contemplations of God in the Kosmos (Christian Examiner. = janv. 1851), 204 DE L’ESPECE. contraire, la pensée divine est simultanée. Elle embrasse, au même instant et pour toujours, dans le passé, dans 1e présent et dans l'avenir, les rapports extrêmement diversi=. fiés qui existent entre des millions d'êtres organisés d’une complication telle, que, pour en étudier et en comprendre, — même imparfaitement, un seul, l'Homme par exemple, l'Hu=« manité a employé des milliers d'années. Oui; toutes ces choses ont été faites par un Esprit; toutes sont nécessairement l'œuvre d’un Esprit seul, de Celui devant lequel l'Homme ne peut que s’humilier, pour reconnaître, avec une ineffable — gratitude, les prérogatives dont, sans parler des pence d’une vie future, il lui a été donné de jouir dans ce monde Dans mon argumentation sur ces problèmes purement métaphysiques, j'ai volontairement omis quelques points, — afin de ne pas étendre outre mesure un débat qui, dans le plan de cet ouvrage, n’est en définitive qu’accessoire. Je me crois justifié de l'avoir fait, parce que, au point de vue où j'ai traité mon sujet, ces questions trouvent une solution ce que l'intelligence de l’homme peut produire; nous connaissons sa puissance de création, sa puissance de combinaison, de prévision, d’analyse, de synthèse. Nous sommes, par conséquent, tout préparés à reconnaître une d'une Intelligence Suprême. Il serait donc superflu de vouloir démontrer qu'une telle Intelligence a pu crée l'Univers et tout ce qu’il contient. Il suffit de prouver qu + la constitution du monde physique et, plus particulièrement, les rapports établis entre lui et les êtres vivants attestent, en général, l'existence d'un Être Suprême, Auteur de toutes choses. Le rôle de la science est d'étudier ce qui a été fait, de rechercher, autant que cela est accessible, comment les choses ont été faites, plutôt que de scruter ce qui est possible à la Divinité. Car nous ne pouvons ~ connaître ce qui aurait pu être que par ce qui existe réelle- ment. Pour détruire cette thèse, ceux qui nient linterven- tion dans la nature d’une Intelligence Créatrice, devraient — L'HOMME PRIMITIF. 205 ices finis est, de sa nature, une cause possible. Or, c’est ce qu on ne peut pas nier d’un Être doué des attributs que 4 quand nous avons prouvé qu’il existe. Il serait cependant à désirer que tout naturaliste, amené par l'étude à une con- _ clusion semblable, reprit de nouveau le sujet au point de vue particulier de ses recherches spéciales; alors, seulement, al évidence se manifestera dans toute sa clarté. _ Dès aujourd’hui, j’entrevois que des arguments d’une grande valeur pourraient être empruntés à la morphologie des plantes, spécialement au mode de succession et à la com- “binaison systématique des différentes sortes de feuilles qui ; - produisent le feuillage et la fleur de ces végétaux innom- … brables, dont le développement a pour terme une infinie va- … riété de fruits. Le monde inorganique, envisagé à la même 3 lumière, ne manquerait pas de fournir, lui aussi, un témoi- “ gnage inattendu en faveur d’une Cause Intelligente, dans le - caractère des lois qui régissent les combinaisons chimiques, M l’action des forces physiques, l'attraction universelle, etc. _ L'histoire elle-même de la culture de l'humanité devrait … être étudiée à ce même point de vue. Mais je laisse à de plus _ capables le soin de discuter ces choses. XXXIITI L'Age primitif de l'Humanité. A mesure que nos connaissances en Géologie se sont pré- ae on a pu “ee Faire des hemes antérieurs a s'est, alors, posée d’une manière x pressante. Depuis quelques années, on s’occupe beaucoup de l Homme fossile. Je n’aime pas cette expression, par la raison bien simple que 206 DE L’ESPECE. fini. Dans l’enfance de la Paléontologie, on a appelé fossi tous les débris laissés dans les couches de la terre, par ¢ êtres organisés dont on pensait que la disparition avait pré cédé la venue de l'Homme. Le terme fossile, appliqué d’a- bord au gisement et au mode de conservation, a pris ainsi un sens chronologique; on en est venu à le considéret comme synonyme de ces mots : antérieur à l'homme. Cette interprétation remonte à l’époque où toutes les espèces ani males éteintes étaient regardées comme ayant précédé l’exis tence de l'Homme. L'apparition de l'humanité sur la terr formait ainsi le point de démarcation entre les êtres fossiles et les êtres vivants. Pendant longtemps, aucune autre distine tion n’a été faite entre les animaux actuels et ceux qui ont vécu autrefois à la surface du globe. On considérait comme de notre époque ceux qui nous sont encore aujourd’hu associés, et l’on rapportait au monde primitif ceux qui ont existé antérieurement. Il fallut toutefois reconnaître que ce monde primitif ne constitue pas une ère unique. On y dis= tingua des périodes, des époques, des âges successifs. On parvint à établir des coincidences entre les grands chan- gements physiques survenus à la surface du globe et la disparition d’ensembles, tout entiers, d'animaux plus ou moins nombreux : on vérifia la contemporanéité de certains” événements physiques avec certaines phases de la distribu tion des êtres qui composent le règne animal. Cette étud suivie constitue l’histoire de la science durant notre siècle Elle a produit toutes ces vues de systèmes géologiques, 0 de périodes, d’époques, d’horizons géologiques, de syn- chronisme entre le soulèvement des montagnes et l’appari- tion ou la disparition des faunes successives, toutes ces idées qui sont le domaine de la Géologie et de la Paléontologie: Il n'entre point dans le plan de mon ouvrage de discut la valeur de ces périodes ou le caractère de ces faunes, leur enchainement, leur mode respectif de distribution. Il me, suffit de constater un fait admis aujourd’hui par tous les. géologues : c’est que, à différentes époques, le globe a pré- senté une constitution physique différente et a été habité | tL’ HOMME PRIMITIF. 207 jar des êtres différents et distincts. Or, à mesure que cette notion devenait plus précise, à mesure que les divisions se isaient plus nombreuses et plus restreintes, les époques géologiques ont été resserrées entre des limites de temps ilus étroites et les faunes circonscrites dans des aires plus héduites. On a vu qu’il y avait des types d’animaux dont istence se poursuivait pendant de longues périodes, et d'autres dont la durée embrassait des espaces de temps plus ourts. En dernier lieu, il a été démontré que nombre d’es- péces, d’abord jugées antérieures à la présence de l'Homme, avaient été contemporaines du genre humain. Cette décou- jerte a suscité des questions d’un ordre tout à fait nouveau lont la solution est difficile, d’autant plus que le problème Ouche à certains côtés de l’histoire physique de l'Homme, ur lesquels la lumière est loin d’être faite. Tous les pro- lèmes auxquels avaient d’abord donné lieu les distinctions faire entre les fossiles de différentes périodes, et l'époque € leur existence, toutes les difficultés nées de la diversité is formes spécifiques à des âges géologiques différents, ont 6 soulevées de nouveau à propos de l'Homme lui-même. Lorsqu'on a découvert les premières traces d’Éléphant fossile, on a pu croire que c’étaient des débris d’Eléphant T moderne. Il en a été de même pour tous les représentants länciens des familles et des genres actuels. Il a fallu que les Savantes comparaisons de G. Cuvier vinssent établir d’une manière incontestable que certaines espèces sont, suivant lexpression consacrée, des espèces perdues. On sait à pré- se t que ces espèces-là, comparées à celles de nos jours, ne sont pas, à proprement parler, perdues, car elles n’ont pas vécu en même temps que les espèces rencontrées Bpurd: hui sur les différents points du globe. Dans l’his- e du développement du régne animal, elles appartien- lent à des époques antérieures. Maintenant, donc, que lon écouvre des preuves de la présence de l'Homme, parmi les débris d'animaux dont le genre et l'espèce n’existent plus ans les mêmes lieux, on se demande, à bon droit, si ces estes de l'Homme peuvent être rapportés aux différents D ù Fi i : ee FA toi vs 208 DE L’ESPECE. : types de l'Humanité qui habitent encore à cette hema é surface terrestre. On est forcément conduit à discuter, d nouveau et à un autre point de vue, cette question de = du genre humain, déjà si difficile en elle-même, et qui se complique ainsi d’un élément chronologique, toujours né: gligé jusqu'alors dans les études dont l'Homme avait été l’obje Avant de pouvoir aborder la question de Homme fossile au point de vue chronologique, il faut nécessairement si faire une idée précise de la nature des rapports qui existen entre les divers types de l'Humanité répandus sur le globe Cest là que git la dificulté principale. Si toutes les forme humaines, quelque diverses qu’elles soient, appartiennent à une espèce unique; si le Nègre, le Hottentot, l’Abyssin, le Cafre, le Mozambique, le Sénégalais sont des peuplades d'une même race; si cette race n’est elle-même qu’une va riété parmi les autres races qui peuplent d’autres conti- nents; si l’Australien, le Négrillot, le Papou sont simplement d’autres variétés et d’autres peuplades de la race nègre; si les Japonais, les Chinois, les Tartares ne sont que des peuple de la race Mongole ; si les Hindous, les Assyriens, les Persans les Égyptiens, les Berbéres et toutes ces nationalités qu’0 appelle Indo-Germaniques sont de pures modifications d’un seule et même race; si les Indiens de l'Amérique du Nord e les Indiens de l'Amérique du Sud différent au même degré seulement comme représentants d’une autre race; si le Esquimaux, les Lapons, les Samoïèdes, les Tongouzes, le Patagons; si, en un mot, tous les hommes, quelles qu soient leurs différences physiques, doivent être envisagé comme des représentants d’une seule et même espèce, question de l'Homme fossile n’a plus qu'une importa secondaire. La seule valeur de cette étude est d’aboutir a cette constatation que l'Humanité apparut bien avant la date fixée jusqu’à présent par la Chronologie. Tout ce vaste. semble de connaissances, fruit des études archéologique relatives à l'Homme, se réduit, dès lors, à démontrer la fausseté des chronologies les plus accréditées, |’ inexactitude des traditions, bref, l'insuffisance des données historiques L'HOMME PRIMITIF, 209 pour nous apprendre quels furent les commencements du genre humain. … fl importe donc, avant tout, de bien préciser les termes de comparaison qui doivent entrer dans l’investigation dont l'Homme primitif est l'objet. Il ne faut pas se mé- prendre sur le problème; la première chose à savoir n’est pas quelle peut être l'origine du genre humain. Nous devons dégager notre recherche des discussions qui se rattachent à | l'hypothèse de la transformation des êtres organisés. Ce qu ‘il faut, c’est prendre l'Homme tel qu’on le rencontre aujour- md’hui sur la terre, et l'Homme tel qu’il se révèle par les traces découvertes dans les gisements, plus ou moins an- ( iens, où il est accompagné d'animaux qui ne lui sont plus a ssociés de nos jours. Que l'Homme provienne, ou non, de | Quadrumanes anthropomorphes; qu’il descende de différents | types de Singes ou d’une souche quadrumane unique ayant “disparu, toujours est-il que les hommes d’aujourd’hui diffé- rent essentiellement les uns des autres, et que chaque type “a, incontestablement, un habitat spécial. Et, ici encore, il y a lieu de distinguer. Il est, en effet, des formes du genre _ humain ¢ que l’on trouve, à l'état sauvage, dans des conditions qui paraissent n’avoir pas changé de temps immémorial. Elles sont fixées, de nos jours encore, sur le sol qu’elles n’ont cessé » d'occuper depuis qu’elles sont connues de la race blanche. Il ne faut pas les confondre avec ces autres formes du genre » humain dont le mélange a constitué, dans le cours des sié- cles, des nationalités aux éléments hétérogénes, phénoméne “qui s’est surtout produit parmi les branches diverses de la L race blanche. Or, je le répète, peu importe l’origine de toutes “ces différences; car, aussi loin que remontent nos rensei- -gnements, nous trouvons toujours les types d'hommes les * plus divers répartis sur des aires distinctes de la surface du | globe, qu’ils semblent avoir occupées de tous temps. Jusqu’à d ce qu'il soit prouvé que les différentes espèces d'animaux appartenant à un même genre sont issues les unes des autres ; tant que la science devra envisager toutes les es- pèces animales comme des entités indépendantes (et cette | AGASSIZ, 14 240 DE L’ESPECE. nécessité n’en subsisterait pas moins, pour l’étude comp rative, dans le cas où on les rattacherait génésiquement | unes aux autres); tant que les êtres qui se sont succé a travers les âges géologiques présenteront des caracté spécifiques distincts, tels qu’on les reconnaît aujourd’hi (et ces particularités aussi subsisteront alors qu’on en s l'origine); — aussi longtemps, dis-je, que, dans le x animal, on constatera des différences exprimant le caracté des types dans le temps et dans l’espace, la science au : devoir de tenir compte, au même titre, de toutes les diffé rences vérifiées entre les hommes d’époques ou d’ha différents. Or, après les études les plus judicieusés sur | débris humains, découverts dans des gisements Pages di vers et dans des localités plus ou moins distantes, le résullé le plus caractéristique auquel on soit parvenu c’est la ¢ oT statation d’une diversité inattendue et fort remarquable de forme du crâne, chez tous ces peuples primitifs. Signaler i ces variétés m’entrainerait hors du cadre de cet ouvrag Mais il est de fait que si l’on examine les cranes + plus anciens, trouvés sur des points de l'Europe fort d rents, au milieu de débris d'animaux qui, tionssoulantil à n’existent plus en Europe, mais n’appartiennent méme p à la période contemporaine de l'Homme actuel, on obser des dissemblances aussi grandes que celles qui disti nguent, de nos jours, les diverses races humaines. C’est done el ” acquise désormais à la science que l'Humanité a eu terre ses phases de développement, tout comme les ‘ge ar d’animaux. fl y a eu une différence entre les hommes # trefois et les hommes d’aujourd’hui, comme il en a exi une, à des époques géologiques diverses, entre les anin de même genre. ad Cette phase des découvertes ouvre, pour l’histoire del "H manité, une ère aussi nouvelle que celle qui se déploya, po I Histoire Naturelle tout entière, le jour où Cuvier signa les différences spécifiques qui existent entre les Eléphants Val d’Arno et ceux, amenés par Annibal en Italie, dont avait cru d’abord retrouver les restes dans les débris L’ HOMME PRIMITIF. 211 Elephas primigenius. A mesure que se compléteront ces dé- vuvertes, la science établira, je n’en doute pas, dansla grande poque géologique caractérisée par la présence de l'Homme, és phases aussi distinctes que celles déjà tracées dans l’his- ire de l’époque tertiaire. Alors on ne s’étonnera pas plus de découvrir, à des époques différentes, des types humains 8 Rennes que de rencontrer, aux époques successives de > tertiaire, des espèces non identiques de Mastodontes, Rhinocéros, d'Éléphants, d’Hippopotames, ou de cette nité d’autres animaux de toutes les classes, qui caracté- Lu les époques géologiques antérieures à l'Homme. La tésence d'hommes d’un type qui n’existe plus, au milieu animaux de types non contemporains, entrera, tout natu- lement, dans la catégorie des faits dont toutes les phases sologiques de notre globe offrent l'exemple. » Dès à présent, un résultat est assuré : existence du genre humain remonte bien au delà des temps que la tradition ssigne à son origine. L'histoire de l'Humanité se rattache naturellement à celle des phénomènes qui ont modifié la arface du globe. Et, si nous sommes forcés d'abandonner, pour l’histoire de l'Homme, les chronologies à dates fixes, nous la faisons rentrer sans peine dans une autre chrono- Le Elle prend place dans cette série d’époques, d’une ntiquité relative plus ou moins grande, à l’aide de laquelle science détermine si heureusement l’ordre et la succession K grands événements physiques ét organiques qui ont À bouti à l’état de choses actuel. C’est un pas analogue à ce- ui que fit la Géologie, le jour où elle constata que certains sr ds changements dans la configuration de la terre avaient vu lieu les uns après les autres. Il devint, dès lors, possible Hablir une liaison entre les accidents du relief de la terre le dépôt des couches qui forment son écorce. L'analyse , ces faits a conduit, petit à petit, à une chronologie re- tive qui relie entre elles toutes les révolutions subies par re planète, tant dans son aspect physique que dans la istitution et la distribution de ses habitants. Une étude is minutieuse des dépôts les plus récents permettra seule 242 DE L’ESPECE. de réunir dans leur véritable enchainement chronologiqu toutes les phases de l’histoire de l'Homme. ‘ Mais ici les difficultés croissent. Tant que la surface globe était peu accidentée, les dépôts stratifiés qui s'y sor accumulés successivement occupaient des aires considé rables, si bien que leur liaison a pu être suivie sur une éten due extraordinaire. Dès lors, le synchronisme de leur fo mation a pu être établi avec précision et sans trop d’effor Mais, à des époques plus récentes, des chaînes de montagne plus élevées, s’entrecoupant dans tous les sens à la surfe du globe, ont formé des bassins plus ou moins indépendant Au fond de chacun d’eux se sont effectués des dépôts isolé dont le synchronisme n’a pu être démontré qu'au moyen ¢ recherches nombreuses et pénibles. Plus les continents acei dentés ont acquis d’étendue, et plus l’étude est devenu laborieuse. q De tous les phénomènes géologiques récents, les plus con sidérables, les plus importants, au point de vue de ce tre vail, sont ceux qui se rapportent à l’époque glaciaire. De puis qu’il est démontré que d'immenses nappes de glaces of envahi la surface du globe; depuis que la dissémination 4 masses pierreuses détachées a pu servir à reconnaître lé limites de l'extension de ces glaces; depuis que l'on a cor mencé à tracer les bornes dans lesquelles furent conten ces glaciers à différents moments de leur retrait, on posséd les premiers jalons d’une chronologie moderne, et l’on is sans doute, un jour, quelques-unes des phases : mesure qu’on aura précisé l’ordre de succession des phéne ménes glaciaires, on pourra, j'en suis convaincu, établir niers changements subis par le Règne Animal. Mais cet étude est fort délicate. On n’est pas d’accord sur la mani dont s’est produit le grand hiver cosmique. Plusieurs ¢ logues pensent que les glaciers se sont étendus petit à p et ont envahi peu à peu des régions inférieures à celles 0 se tenaient primitivement les neiges éternelles; puis, qi RECGAPITULATION, 243 s tard, ils sont rentrés dans leurs limites actuelles. Sui- ant d’autres, au contraire, et je suis de ceux-là, la terre, ar suite de changements cosmiques, s’est couverte de lasses énormes de neige, sur une étendue dont il est pour } moment impossible de fixer les limites ; après s’être trans- rmées en glaces, ces neiges ont persisté, sur ces vastes endues, jusqu’à l’époque d’un retrait graduel, dont les ases sont marquées par les différentes zones auxquelles eignent les blocs erratiques de différente nature. Il ne faut as se faire illusion sur l’état de nos connaissances relatives terrains quaternaires. L'âge relatif de tous ces dépôts st loin d’être déterminé d’une manière aussi rigoureuse que ui des dépôts plus anciens, et, tant qu’il y aura du vague cet égard, la même incertitude règnera dans la chrono- wie des phases du développement zoologique postérieures Ja formation des terrains tertiaires. Ainsi, j'ai vainement ierché, en dépouillant les renseignements publiés jusqu’à e jour sur l’histoire primitive du genre humain, à déter- miner avec précision si l'Homme a existé, ou non, antérieu- ment à l’époque glaciaire, si l'Elephas primigenius et le astodonte des États-Unis sont, ou non, antérieurs à cette époque. Je suis tenté de croire que ni les uns, ni les autres XXXIV Récapitulation. 2omme récapitulation de tout ce qu’on vient de lire, nous jOuvons présenter les conclusions suivantes (1) : 1. L’enchainement, en un système, de toutes les particula- ités de la nature manifeste de l'intelligence : — l'intelligence la plus compréhensive, dépassant de bien loin les facultés les lus hautes dont l'Homme s’enorgueillisse. (1) Chaque paragraphe porte en tête le numéro de la section qu'il résume, 214 DE L’ESPECE. sr. L’existence simultanée des types les plus divers, a milieu de circonstances identiques, manifeste de intel} gence ; — la capacité d'adapter une grande variété de dake tures aux conditions les plus uniformes. mi. La répétition de types semblables dans les circo stances les plus diversifiées dénote, entre ces types, une lia son immatérielle. Elle manifeste de l'intelligence et prow directement l'indépendance absolue où se trouve l’Espr créateur, à l’égard des influences du monde matériel. tv. L'unité de plan, chez des types d’ailleurs profondéme divers, manifeste de Vintelligence. Elle dénote plus imm diatement encore la préméditation. Aucun plan n’aurait p comprendre, en effet, une telle variété d’êtres, appelés: l'existence à d’aussi longs intervalles, si, dès le commer cement de l’exécution, il n’avait été tenu compte de la fin. v. Ce que l’on appelle aujourd’hui du nom d’homologi spéciales, cette correspondance entre les détails de la stru ture qui s'étend aux particularités les plus infimes, ch: des animaux d’ailleurs sans aucun lien, manifeste de Vi telligence et, plus directement, la faculté d'exprimer w proposition générale par un nombre indéfini de formule dont chacune est aussi complète que les autres, quoiqu'el en diffère dans tous les détails. vi. Les degrés divers et les catégories différentes de rel tions, existant entre des animaux qui ne peuvent pas ave de lien généalogique, manifestent de l'intelligence : — faculté de combiner des catégories différentes en un to permanent et harmonique, alors même que la base mat rielle de cette harmonie est constamment changeante. vu. L'existence simultanée, dès que l’animalité appart de représentants de tous les grands types du Règne anim manifeste, d’une manière plus spéciale, de l’intelligenc — une intelligence judicieuse, en laquelle se combinent pouvoir, la préméditation, la prescience, l’omniscience. — vit. La gradation. qu’on peut tracer, d’après les complic lions de la structure, parmi les animaux construits sur même plan, manifeste de l’intelligence et, en particulier, RECAPITULATION. 215 juvoir de distribuer harmoniquement des dons inégaux. 1 La large distribution de certains types 4 la surface du lobe, en opposition au confinement de certains autres dans les Flocalités déterminées, et la variété des. combinaisons ‘des uns et des autres en provinces zoologiques inégalement tendues, manifestent de l'intelligence : — un plein contrôle a mode de répartition de la Terre entre ses habitants. x. L'identité de la structure de ces types, en dépit d’une rès rase dissémination géographique, manifeste de Vintel- ence : — une intelligence si profonde que, plus on la ate moins il semble possible d’en trouver le fond. Cepen- Le l’idée qu’elle a voulu exprimer apparaît à la surface, airement et intelligiblement pour tous. x La structure commune, à certains égards, d'animaux mt au reste tout à fait divers, mais qui vivent dans la même ; corn géographique, manifeste de l'intelligence, t, surtout, la faculté d'adapter les types les plus divers, oués de structures spéciales, à des conditions d'existence antôt identiques et tantôt dissemblables. xu. L’enchainement sériaire de structures spéciales, ob- urvé chez des animaux largement disséminés sur la surface lu globe, manifeste de l'intelligence : — une compréhension sins limites et, directement, l’omniprésence de l'esprit ; sa prescience même lorsqu'une série de ce genre s’étend à tra- vers la suite des âges géologiques. brxur. Le rapport qu’il y a entre le volume des animaux, dur structure et leur forme, manifeste de l'intelligence; il limoigne que, dans la nature, les différences quantitatives sont aussi fixes et définies que les différences qualitatives. | xtv. La dépendance où les animaux se trouvent, quant à | taille, à l'égard des milieux ambiants, manifeste de lin- Melligence ; car elle établit une connexion étroite entre les éléments, doués d’une influence d’ailleurs si grande, et les “ètres organisés, si peu affectés par la nature de ces élé- " ants. xy. La permanence des particularités spécifiques en dépit p toutes les variétés d’influences extérieures, à toutes les 216 DE L’ESPECE. périodes géologiques, passées et présente, manifeste de lin: telligence ; elle prouve, en outre, que la limitation dans le temps est un élément essentiel de tous les êtres finis, tandi: que l'Éternité appartient à la Divinité seule. xvi. Les rapports définis, qu’entretiennent les animaw avec le monde ambiant, manifestent de l'intelligence ; car tou: les animaux qui ont le même habitat se trouvent respective ment, en raison même des différences qui les distinguent, er rapport différent avec des conditions d’existence identiques ce qui implique une appropriation réfléchie et judicieuse de tous ces organismes divers à des circonstances uniformes. xvi. Les relations entre individus de la même espèce ma nifestent de l'intelligence, et attestent même qu’il existe dans tous les êtres vivants, un principe immatériel, impéris sable, de même nature que celui généralement attribué : l'Homme, mais à l'Homme seul. xvii. Le fait du dualisme sexuel et les rapports établi entre individus de la même espèce et de sexe différent mani festent de l'intelligence; — l'arbitraire, instituant, pow l’accomplissement d’une même fin, les modes les plus variés les plus dissemblables et les moins nécessaires, en dépit di l'identité de la structure. xix. Le cycle rigoureusement clos des changements qui animal traverse, pour arriver à l’état adulte, manifeste d l'intelligence ; c’est la preuve la plus frappante que ces chan gements sont indépendants des influences physiques et ont da de toute nécessité, être déterminés par un Pouvoir supérieur xx. La limitation inégale de la vie moyenne individuelle dans les différentes espèces animales, manifeste de l’intelli: gence. En effet, si uniformes ou si diverses que soient le: conditions de l'existence des animaux, la durée moyenne de la vie est variable suivant les espèces. Cela implique la notior de temps et d'espace, celle de la valeur du temps, puisque les phases de la vie d'animaux différents sont mesurées d’après le rôle que ces animaux ont à jouer sur la scène du monde. xxI. Le retour constant 4 un type normal, des animaux qui peuvent se multiplier par divers procédés, manifeste de = RÉGAPITULATION. 217 intelligence. ll dénote que des modalités nombreuses peu- “ent être comprises dans une conception unique, sans ce- ‘pendant qu'il soit dérogé à la loi exprimée, plus directe- “ment, dans d’autres combinaisons. xx. L'ordre de succession des différentes formes ani- ‘males et végétales, qui caractérisent les différentes époques géologiques, manifeste de l'intelligence. Il prouve que, à Yinverse du monde matériel toujours identique avec lui- même dans tous les âges, les êtres organisés, appelés à existence dans la série des temps, ont toujours été divers. _ xx. La localisation de certains types animaux sur un Lino point, durant plusieurs périodes géologiques succes- sives, manifeste de |’intelligence. Il y a là une pensée suivie, es opérations d’un esprit dont les actes sont conformes à un plan tracé d'avance et maintenu durant une longue période. # xxiv. La limitation à des périodes géologiques différentes d espèces étroitement alliées, manifeste de l'intelligence ; elle révèle la faculté de conserver des distinctions délicates, mal- gré les grands bouleversements introduits par les révolu- | tions physiques. _ xxv. Le parallélisme entre l'ordre de succession des ani- | maux et des plantes, dans les temps géologiques, et la gra- dation offerte par les êtres organisés actuels, manifeste de l'intelligence. On y reconnait un esprit de suite qui surveille tout le développement de la nature, du commencement à la fin, ¢ qui laisse lentement se produire un progrès graduel, et finit par l'introduction de l'Homme, couronnement de la création animale. è xxvi. Le parallélisme entre l’ordre d'apparition des ani- Mmaux et les phases du développement embryonnaire chez leurs représentants actuels, manifeste de l’intelligence; c’est, dans l’une et l’autre série la répétition du même enchaine- ment de pensées. _ xxv. La combinaison dans un même type paléozoique de caractères qui, plus tard, sont disjoints et se montrent sé- | parément dans des types distincts, manifeste de l’intelli- ‘gence, une intelligence prophétique, la prévision. Les com- 218 DE L’ESPECE. binaisons préexistent dans la pensée avant de se manifested sous une forme vivante. 4 xxv. Le parallélisme entre la gradation des animaux et les phases de développement manifeste de l'intelligence partout, dans les traits essentiels d’animaux qui n’ont au- cun rapport physique nécessaire, il met en évidence la cons nexion la plus intime, la moins explicable si elle n'est rs l'œuvre d’un Être pensant. xxix. Les rapports qui existent entre toutes ces séries et la distribution géographique des animaux manifestent l'intelligence ; elles prouvent ’omniprésence du Créateur: xxx. La dépendance mutuelle où sont vis-à-vis les uns des autres les animaux et les plantes, pour leur subsistance, mar nifeste de l'intelligence. Elle dénote le soin avec leque ont été équilibrées toutes les conditions d’existence néces- saires au maintien des êtres organisés. | xxxr. La dépendance où se trouvent certains animaux pour leur existence même, à l'égard d’autres animaux ou certaines plantes, manifeste de l’intelligence ; elle révèle 2 quel degré les combinaisons de structure et d'adaptation les plus compliquées ont pu être soustraites à l’influence de conditions physiques environnantes. Nous pouvons résumer en moins de mots encore les ré sultats de cette discussion jusqu’au point où nous & sommes : | Tous les êtres organisés présentent en eux-mêmes toute ces catégories de la structure, tous ces modes d’existene d'où résulte un système tellement naturel que, en le retra= cant, l’esprit humain se borne à traduire, en son langage, | pensées Divines exprimées, dans la nature, par les réalité és vivantes. ae Loin de devoir leur origine à l’action continue de at physiques, tous ces êtres ont successivement fait apparition sur la terre en vertu de l’intervention immédiate du Créa- teur. : C'est ce que je puis prouver encore en reprenant mon argumentation de la maniére suivante : RÉCAPITULATION. 219 siques sont partout les mêmes —sur toute la surface du be — et ont oujours été les mêmes — durant toutes les périodes géologiques. Au contraire, les êtres organisés sont partout différents et ont toujours différé à tous les âges. ntre deux séries de phénomènes aussi caractérisées, il ne eut y avoir ni lien de causalité ni lien de filiation. xxx. La combinaison dans le temps et dans l’espace de utes ces conceptions profondes, non-seulement manifeste e l'intelligence, mais, de plus, elle prouve la prémédi- ation, la puissance, la sagesse, la grandeur, la prescience, omniscience, la providence. En un mot, tous ces faits et eur naturel enchaînement proclament le Seul Dieu que ‘Homme puisse connaître, adorer et aimer. L'Histoire Na- « turelle deviendra, un jour, l'analyse des pensées du Créateur ile l'Univers, manifestées dans le Règne Animal et le Règne égétal, comme elles l'ont été dans le monde inorganique. * Il peut sembler singulier que j'aie présenté la disquisi- “lion qui précède sous le titre d'Essai sur la Classification. “Pourtant, c’est de propos délibéré que je l'ai fait. En com- “mençant ce livre, j'ai tout d’abord déclaré qu’on me semble …lonner à la Classification une base trop étroite, en la fon- _ lant sur la considération presque exclusive de la structure. Le mode de développement des animaux, leur rang dans eur classe respective, l'ordre dans lequel ils ont fait leur apparition sur la terre, leur distribution géographique et, en général, leurs rapports avec le monde ambiant, enchai- “nent, aussi étroitement que Vanatomie, ces êtres les uns aux autres. Toutes ces relations doivent donc se trouver exprimées dans une classification naturelle. Si la structure fournit en effet l'indication la plus directe de plusieurs d’entre L ‘elles, il ne faut pas pour cela négliger les autres; elles peu- | vent compléter notre intelligence du plan général de la a création. …. Pour caractériser les grands embranchements du Règne Animal, ce n’est pas assez d’indiquer, avec toutes ses “particularités, le plan de structure de ces groupes; il y a Les produits de ce qu’on appelle communément les agents : 220 DE L'ESPÈCE. telles possibilités d'exécution qui apparaissent immédiate: ment à l'esprit, à l’exclusion des autres. Il conviendrait donc. de les envisager et de les analyser si complétement que les modes divers dont l'exécution de ce plan est susceptible fussent tout d’abord mis en évidence. La portée et le carac-. tère des homologies générales de chaque type devraient. aussi être mis en lumière; de même les conditions générales d'existence des êtres qui le représentent. Pour caractériser | les classes, il importe de montrer pourquoi les groupes de. cette nalure constituent des classes et non simplement des” ordres ou des familles. C’est ce qu’on ne saurait faire, d’une. manière satisfaisante, sans décrire les homologies spéciales. de tous les systèmes d'organes développés dans ces groupes. Il n’importe pas moins de déterminer quel est le fondement de tous les groupes subordonnés à la classe; de connaître. comment ils diffèrent, qu’est-ce qui constitue l’ordre, quoi. la famille, quoi le genre, et sur quels caractères est fondée” l’espèce, dans toute division naturelle. C’est ce que nous allons examiner dans le chapitre suivant. f Bs BRS ta ur pis ee CHAPITRE DEUXIEME GROUPES PRINCIPAUX DES SYSTÈMES ZOOLOGIQUES CONNUS. I Grands types ou embranchements du règne animal. i Dans les systémes de Zoologie et de Botanique, Pemploi des termes embranchements, classes, ordres, familles, | genres et espèces, est tellement universel qu'on devrait en |. supposer le sens et la portée bien déterminés et générale- ment compris de la même manière. Il s’en faut pourtant de beaucoup qu’il en soit ainsi. Tout au contraire, il n’y a pas, à vrai dire, en Histoire naturelle, de sujet à l'égard duquel l'incertitude soit plus grande et le défaut de préci- iam plus absolu. Je n’ai pu trouver nulle part une définition … nette du caractère même des divisions les plus compréhen- Lives. Quant aux opinions ayant cours sur les genres et les nn vspéces, elles sont tout à fait contradictoires. Dans de telles circonstances, il m’a paru singulièrement désirable de re- chercher quel est le fondement vrai de ces distinctions et de | iléterminer, autant que possible, le degré de réalité qu'elles nt dans la nature. J’espére que les résultats de ce travail seront jugés satisfaisants et seront bien accueillis. J'avoue trés-volontiers qu’il m'en a coûté des années d’étude, pour | parvenir à une conception claire des caractères véritables | de ces grandes divisions. - C’est un fait universel, dans n’importe quelle sphère de 222 DE LA CLASSIFICATION. l'activité intellectuelle, que la pratique devance la théorie. Aussi pas un philosophe ne sera surpris d'apprendre que les zoologistes avaient admis instinclivement des groupes na- turels dans le monde organique, bien avant qu’on eût sou- levé la question de savoir si ces groupes existent réellement dans la nature, et quel en est le caractère. Les nations n’ont- elles pas parlé, entendu et écrit le grec, le latin, l'allemand, le sanscrit, avant qu’on eût seulement soupçonné la proche parenté de toutes ces langues et de quelques autres ? Les peintres n’ont-ils pas fait des merveilles avec les couleurs, bien avant qu'on connût la nature de la lumière? Et les hommes n’ont-ils pas raisonné, sur eux-mêmes et sur le monde, longtemps avant que la logique et la métaphysique fussent enseignées dans les écoles? Pourquoi, alors, les observateurs de la nature n’auraient-ils pas apprécié à leur exacte valeur les alliances existant soit entre les animaux; soit entre les plantes, bien avant d’avoir découvert le lier scientifique des classifications qu’ils avaient adoptées dans la pratique? Ces considérations m’encouragèrent, par dessus tout, el me servirent de guide lorsque j’entrepris de rechercher ke valeur de tous nos systèmes, si différents les uns des autres dans les détails, et cependant si ressemblants par quelques: uns de leurs traits généraux. L'histoire de notre scienct prouve que plusieurs des principes qui la régissent aujour: d’hui ont été connus de bonne heure, par tous les natura: listes penseurs. Aristote, par exemple, connaît déjà les prin cipales différences qui séparent les Vertébrés de tous les autres animaux. Sa distinction des Enaima et des Anat. ma (4) correspond exactement à celle des Vertébrés et de: Invertébrés de Lamarck (2), ou à celle des Fletschthiere et des Hingeweinthiere de Oken (3), ou encore à celle des Myeloneura et des Ganglioneura d’Ehrenberg (4). Ur (4) Histoire des animaux, liv. 1, chap. V et VI. (2) Animauæ vertébrés, 2° édit., vol. I, p. 313. ; (3) Naturphilosophie, 3° édit., p. 400, Voy. le chap. suiv.| (4) Das Naturreich des Menschen, Diagramme, grand in-folio. EMBRANCHEMENTS. 223 homme familier avec l’histoire des progrès de la science ut-il s'empêcher de sourire quand il entend crier bien ut à la nouveauté et à l'originalité, pour des idées qui it depuis longtemps cours parmi les hommes? Ici, par emple, il n’y a qu'un seul et même fait, présenté sous aspects différents. Aristote, le premier, l’envisage au int de vue des caractères de la liqueur plastique. Plus ard, Lamarck le considère sous le rapport de la forme énérale. — Je veux rendre, en effet, à Lamarck la justice le croire qu’il n’a pas réuni ensemble tous les Invertébrés, Seulement par ce motif qu’ils n’ont point de squelette; mais en à cause d’un fait négligé, même encore aujourd'hui, ae Owen (1) et néanmoins trés-positif. C’est que, chez les vertébrés, une seule cavité du corps renferme tous les rganes, tandis que chez les Vertébrés il y a deux cavités istinctes, une pour les centres nerveux, et l’autre pour 8s systèmes de la vie végétative. Nous devons ce témoignage | Lamarck; tout comme nous devrions ne plus accuser Aristote d’avoir méconnu, chez les invertébrés, l'existence Wun fluide qui remplit l'office du sang. Sans doute, il les a ppelés Anaima ; mais il savait, presque aussi bien que nous, Qu'un fluide nutritif se meut dans leur corps; et on lui re- fuse bien à tort la notion de ce fait, sous prétexte qu'il Wavait pas une connaissance exacte de la circulation du sang. Enfin, quand Oken parle de Fleischthiere, il ne veut pas dire que les Vertébrés se composent seulement de muscles, ù que les Invertébrés n’ont pas de fibres musculaires. Il uit ressortir à nos yeux la présence, dans les premiers, de hairs volumineuses, qui forment la masse principale du ‘corps. Celui-ci est fait de muscles et d’os tout aussi bien que le sang et de nerfs; — mais les muscles constituent un des principaux traits de nature à distinguer les Vertébrés des Invertébrés. Ehrenberg présente les mêmes rapports entre les mêmes êtres, mais c'est par le système nerveux qu'il les 4) Comparative Anatomy of Invertebrata, 2° édit., p. 14. 22h DE LA CLASSIFICATION. exprime. Si donc, nous réunissons les expressions d’ Aristo de Lamarck, d’Oken et d’Ehrenberg, n’aurons-nous pai comme caractéristiques de leurs systémes, les mémes mo que le vulgaire emploie, pour distinguer les traits les plu saillants du corps des animaux supérieurs ? ne dit-on pas d'u animal : il a du sang, il a du nerf; il est tout chair, ile toul ventre, etc. ? Aucun de ces observateurs n’a probablementeu cel de l'identité de sa classification avec celle de ses prédéces seurs. Mais on aurait grand tort de considérer l’une ¢ l’autre d’entre elles comme superflue. Chacune d’elles fa ressortir des caractères qui diffèrent plus ou moins de ce mis en lumière par les autres. Il ne faudrait pas davanta; supposer que ces combinaisons ont épuisé le sujet, et qu n'y a plus de place pour de nouveaux systèmes sur la tou première distinction à établir entre les animaux (1). Ta que les hommes étudieront, ils trouveront moyen d’ savoir plus, à cet égard, que ceux qui les auront précédé La nature cache d’inépuisables richesses, dans l’infin variété de ses trésors de beauté, d’ordre et (intelligence. Ainsi, au lieu d’écarter tous les systèmes qui ont € jusqu’à présent, peu ou point d'influence sur la marche ¢ la science, — les uns, parce qu’ils étaient basés sur des prit cipes non généralement admis, les autres, parce qu'on 1 leur accordait aucune autorité, — je les ai tous étudiés aye beaucoup de soin. J’ai voulu connaître ce qu’il pouvait avoir de vrai dans chacun d’eux en se plaçant au point vue de leurs auteurs, ct j'avoue que j'ai souvent tiré de examen attentif plus de profit que je n’en espérais. Mais si je suis parvenu à comprendre la valeur def | STE es (4) Pour en douner un exemple, je prendrai le mode de reproducti La formation de l’œul chez les Vertébrés, son origine dans une vésie e Graaf, plus ou moins compliquée, par laquelle il est nourri, la formation le développement de l’embryon jusqu'à une cerlaine période, elc., € différent si complétement - de ce qui s’observe chez les Invertébrés, que” règne animal, classé d'après ces faits, devrait être encore divisé eu deux gran groupes correspondant aux Vertébrés et Invertébrés de Lamarck ; ; Fleischthie t Eingeweinthiere de Oken ; Enaima et Anaima d’Aristote, etc. EMBRANCHEMENTS. 225 ivisions appelées embranchements, classes, ordres, familles genres et espèces, je ne le dois pas à un heureux hasard, ou une de ces illuminations subites qui jaillissent en nous, mme une révélation, et rendent instantanément clair et telligible ce qui jusqu'alors était obscur et presque inac- ible. Bien que, depuis longtemps, elles fussent admises en Histoire naturelle, on ne les considérait que comme lingénieux artifices destinés à faciliter nos études. Pour oi, pendant de longues années, j'ai été sous l’impres- ion qu’elles étaient fondées dans la nature, et, enfin, j'ai péussi à découvrir sur quel principe elles sont réellement basées. Je compris de bonne heure que le plus grand bstacle à la détermination de leur véritable sens, était le banque d’accord sur l'emploi et l'application des termes. Des naturalistes différents ne donnent pas le même nom ‘aux groupes de la même importance et de la même sorte. Beux-ci appellent genre ce que ceux-là nomment sous-genre ; s uns font des tribus ou des familles avec ce dont les tres font des ordres; ces expressions de tribus et de familles sont même appliquées par quelques- uns à ce que d'autres appellent sous-genres; ce qui est famille pour ux-ci est ordre pour ceux-là; les genres de quelques iteurs sont parfois des classes pour certains autres. Finale- ent, on retrouve la même diversité d'opinions dans le nombre et la délimitation des classes, aussi bien que dans la manière de les grouper ensemble sous un litre général. | est néanmoins possible que, sous ces dénominations mul- ] tsitivement naturels, mais dont les vrais rapports, à | l'égard les uns des autres, auront échappé jusqu'ici à notre atten- au moins, sous quelque nom qu'ils les désignent d’ailleurs, et quelque opposition qu’ils puissent faire à ce qu’on leur lonne une autre appellation. Aussi, cela n’est plus douteux pour moi, la controverse se renfermerait dans des ques- AGASSIZ. ay 226 DE LA CLASSIFICATION. tions définies, si les naturalistes pouvaient seulement s'ell tendre sur la nature réelle de chaque sorte de groupes. J’ suis positivement convaincu, l'obstacle le plus insurmontal à une appréciation exacte de ce point délicat c’est que, por tous les naturalistes sans exception, ces divisions quel qu’ soit le titre sont strictement subordonnées l’une à l’autre de sorte que la différence entre elles proviendrait simpl ment de leur inégale portée. Les classes sont considéré comme la division qui embrasse le plus; l’ordre vient apré et il est un peu moins compréhensif; la famille a moins parties encore; le genre est de plus en plus borné et l’espé est le dernier degré, dans une coordination naturelle de êtres vivants. Ainsi tous ces groupes différeraient seulemer par la quantité des caractères et non pas par la qualit Comme si les éléments de la structure des animaux étaien tous de même valeur ! Comme si la forme, par exemple, éta un élément organique de même sorte que la complicatic 01 de la structure, et comme si le degré de complication e} geait nécessairement un certain plan de structure, à l’exel sion des autres. Je me crois en mesure, à l'heure qu'il e de démontrer que c’est pour avoir négligé ces considératio 1 que nous avons fait faire des progrès si lents à la phe hi de la classification. 1 S'il était possible d'établir que ce n’est pas la quantit plus ou moins de portée, qui fait l’essence de ces groupe mais que, au contraire, ils ont pour base des catégori distinctes de caractéres, il faudrait bien que tout le mo appelat genre ce qui est un genre, famille ce qui est fam ii ordre ce qui est ordre, etc., lors même que ces group différeraient fort peu les uns des autres. Si, par exemp! l'espèce avait pour base la grandeur absolue; le gen structure de quelques parties extérieures du corps; la fa la forme du corps; l’ordre, l’analogie ou l'identité de la ture intérieure, il est évident qu'il ne pourrait pas y deux opinions à l'égard de ces groupes, pris dans n’imp _ quelle classe du règne animal. Mais le problème n’est aussi simple. dans la nature; et il m’a fallu les investigat EMBRANCHEMENTS. 227 plus profondes et les plus étendues pour trouver le fil i devait me guider dans ce labyrinthe. J’ai reconnu, par xemple, que, si les naturalistes discutaient et discutent | en ore sur l'espèce et sur le genre, ils n’en distinguent pas moins les objets eux-mêmes à peu près de la même manière. Ge que A voudrait appeler espèce, B l’a inscrit seulement “comme variété ou race; et alorsils ont fort bien pu désigner ‘Ja méme agrégation d'individus, B comme sous-genre et A ümme espèce ; ou encore ce que À nomme un genre, B l’a “regardé comme une famille ou comme un ordre. A mon four, je me suis emparé de ce quelque chose ainsi marqué é noms divers, et j'ai essayé de découvrir en lui des carac- res qui dussent persuader à tous de lui donner la même ppellation. J’ai voulu limiter la difficulté pratique de l’appli- tion du nom à l'exactitude du fait, de sorte qu’une simple ffaire de nomenclature cessât d’être un continuel sujet de seussion. bn Parvenu à ce point de ma recherche, j’observai que le Caractère même des œuvres des naturalistes éminents jetait ne certaine lumière sur la question. Il y a des auteurs, et sont parfois les plus célèbres de tous, qui ne se sont jamais occupés de la classification. Ils n’y ont prêté qu’une attention légère ou n’en ont parlé qu’en passant, et néanmoins, du Consentement universel, ils sont les biographes d'espèces ayant le mieux réussi dans leurs descriptions. Tels sont Buffon, Réaumur, Roesel, Trembley, Smeathman, les deux über, Bewick, Wilson, Audubon, Naumann, etc. D’autres se sont appliqués plus exclusivement à l'étude des genres, et le zoologiste Latreille est le plus remarquable d’entre eux. inné et Jussieu sont placés au premier rang parmi les botanistes, pour avoir donné les caractères des genres ou, jout au moins, pour avoir les premiers réussi à tracer les limites naturelles de ces groupes. Jusqu’à présent, les bota- listes sont parvenus, beaucoup mieux que les zoologistes, à räactériser les familles naturelles. Cependant Cuvier et L si eille ont beaucoup fait dans cette voie, en Zoologie. C’est jinné qui, le premier, a introduit les ordres dans la classifi- 228 DE. LA’ CLASSIFICATION. cation des animaux. Quant aux groupes tout à fait supé rieurs, comme les classes et les embranchements, on pour. rait méme dire les ordres, c’est Cuvier qui a montré | chemin dans lequel se sont engagés après lui tous le 1 naturalistes de ce siècle. Cherchons donc ce que ces hommes ont fait de particu lier pour se distinguer d’une manière spéciale, soit comme biographes d’espèces, soit comme révélateurs des caractère: des genres, des familles, des ordres, des classes et de: embranchements. Bien qu'il paraisse évident que chacui d'eux a considéré le sujet à son point de vue particulie une chose me frappe, et la voici : de l’aveu de tous, ma sans qu’on en ait bien conscience, ce qui constitue l’émi nence ou la distinction de ces maîtres, c’est justement | découverte de faits qu'il conviendrait de proclamer, en e comprenant bien l'importance, comme révélant le caractér propre de la catégorie de groupes par eux étudiée ave tant de succès. J’espère que tout naturaliste exempt de pré vention ne manquera pas d’en tomber d’accord avec moi. La plus haute des divisions du règne animal a été pot la première fois introduite dans la science par Cuvier, sot le nom d’embranchement. Ce maitre nous apprend que k embranchements sont fondés sur la distinction de plan: de structure divers, de formes ou de moules différents dans lesquels les animaux auraient été, pour ainsi di coulés (1). A coup sûr, aucune raison n'empêche que nol nous accordions tous à désigner, par ces mots de type ou dembranchements, les grandes divisions du règne ani mal ainsi instituées, celles qui ont pour raison d’être lexi stence d’un plan spécial et distinct (2), si, en effet, n (4) L'examen des propriétés caractéristiques des différents règnes m traînerait trop loin. Je renvoie à l’ouvrage d’Is. Geoffroy-Saint-Hilaire, Hist nalurelle générale des règnes organiques, Paris, 1856, in-8, où ce s été récemment discuté ; mais j’ai beaucoup d’objections à faire contre l’adoptio d’un règne distinct pour l'Homme seul. (2) Il est presque superflu de dire ici que les expressions de pian, voie moyens ou mode suivant lequel un plan est réalisé, complication de la st ture, forme, détails de la structure, structure dans ses derniers éléments, réi EMBRANCHEMENTS, 229 “constatons, pratiquement, que ces grands groupes sont tra- és dans la nature. Ceux qui ne les y aperçoivent pas peu- ent nier qu'ils existent; ceux qui en reconnaissent la réalité peuvent ne pas s’accorder sur leurs limites; mais tous peuvent, au plus grand profit de la science, s’entendre pour appeler tout groupe qui leur semblera fondé sur un plan spécial de structure, du nom de type ou embranche- dent du règne animal. S’il y a encore, parmi les naturalistes, es divergences d'opinion sur leurs limites, que la discus- Sion continue. Mais qu’il soit bien compris que les embran- chements sont caractérisés par les différences dans le plan “de la structure, et non par des particularités anatomiques spéciales. Prenons d'autant plus garde de confondre l’idée “de plan ivec celle de complication de la structure, que Cu- | vier lui-même a commis, çà et là, cette erreur dans sa clas- ificatio a. » L'idée de plans distincts de structure est le vrai pivot sur quel: loive, en dernier ressort, rouler la détermination des “mbranchements du règne animal. Je crois pouvoir en donner “une preuve excellente : Examinons les perfectionnements “dont ces divisions primaires ont été l'objet, j’entends ceux Que tout le monde admet comme tels. Tous ont consisté à transporter, d’une division dans une autre, un groupe qui y avait été introduit en vertu de considérations étran- res à l’idée d’un plan particulier, ou par suite de notions inexactes sur son vrai plan de structure. Vérifions cette ons des individus, fréquemment employées dans les pages suivantes, sont rises dans un sens quelque peu différent de leur signification usuelle. Cela ë t toujours nécessaire, quand on veut introduire dans la science des vues ‘Nouvelles et que la conservation des anciens termes, un peu modifiés toutefois, paraît préférable à la création d'expressions nouvelles. J'espère que la discussion qui va suivre sera appréciée d’après son mérite intrinsèque, avec bienveil- lance, avec le désir de comprendre quel a été mon but, et non pas d’après le degré plus ou moins grand de précision et de clarté que présente mon langage. AL est presque impossible, en effet, dans un premier essai de ce genre, de isir, du premier coup, la forme la plus capable d'entraîner la conviction. On Comprendra aussi pourquoi j’exprime mes vues en m’autorisant de préférence la zoologie ; je ne me sens pas assez compétent pour étendre mon argumen- tation au règne végétal; j'y ai fait parfois allusion quand mes connaissances Je permettaient. 230 DE LA CLASSIFICATION. assertion par l’examen de quelques faits sur lesquels il n'y à plus de doute possible. Ni les Infusoires, ni les Vers intesti- naux ne peuvent désormais être rangés, par les naturalistes compétents, parmi les Rayonnés. On pourra voir ailleurs pourquoi on les a retirés de ce groupe. Si Cuvier les y aval placés, ce n’est certainement pas qu’il jugeat le plan de leu structure identique avec celui des vrais Rayonnés; mais | s'était permis d’être infidèle au principe qu’il avait lui-même posé. À la considération du plan de la structure il en avait ajouté une autre, comme caractéristique des Rayonnés : — la prétendue absence de système nerveux et la grande sit h plicité de structure de ces animaux. Comme si la simplicit de l’exécution avait nécessairement un rapport ques [ avec le plan! Un autre exemple remarquable d’une classe rejetée, à l'approbation générale, d’un des embranchements institués s par Cuvier dans un autre, c’est celui des Cirripèdes, trans- portés de la division des Mollusques à celle des Articulés. Une appréciation inexacte du plan de la structure de ces animaux avait donné lieu à une erreur qui fut réparée, sans opposition, dès que les Cirripèdes furent mieu connus. 4 J’invite le lecteur à rapprocher ce qui vient d’ê tre établi à l’égard de la diversité de plans, caractéristique des divisions ntémiainos, de ce que je dirai plus loin sur les classes et les ordres. Il en comprendra mieux l'importance de distingue le plan de la structure d’avec son mode de réalisation exté rieure, et son degré de complication d’avec sa perfection ou sa simplicité relative. 4 Mais, ce n’est pas tout de constater que le plan de la struc ture doit étre le fondement caractéristique des groupe primaires. Il ne s’ensuit pas, en effet, sans autre exame que les quatre grands embranchements du règne animé distingués par Cuvier, doivent être considérés comme d divisions primaires fondamentales, données par la natu _elle-même. Il est encore indispensable de faire à cet ége une recherche soigneuse et approfondie, et de détermin _ EMBRANCHEMENTS. 231 que sont en elles-mêmes ces divisions primordiales. ement, en ce qui concerne nos systèmes, un point de- jure acquis : Quelles que puissent être, en réalité, les visions primordiales naturelles, fondées sur la diversité iz plan, ces divisions une fois définies, et admises comme pression temporaire de l’état de nos connaissances, leur om est embranchements du règne animal. Que ce soient 3s Vertébrés, les Articulés, les Mollusques et les Rayonnés e Cuvier, ou les Artiozoaires, les Actinozoaires et les Amor- hozoaires de Blainville ou les Vertébrés et les Invertébrés de amarck, c’est,l4 un point que je me réserve de traiter dans n mémoire spécial. Je me borne à ajouter ceci : chaque yur devient chez moi plus forte la conviction que les divi- ions primaires de Cuvier, au moins dans leurs grands traits Reipaux, sont la représentation vraie de la nature. À mon , aucun naturaliste n’a jamais eu, des rapports généraux es rs une vue plus nette et plus profonde que uvier, le jour où il aperçut non-seulement que ces groupes rimordiaux sont fondés sur les différences du plan struc- ural, mais encore de quelle manière ils se rattachent l’un autre. Bien que le mot éype soit généralement employé pour dé- Signer les grandes divisions fondamentales du Règne, je Wen ferai plus usage à l’avenir. Je préfère pour cela l’ex- pression d’embranchement. Le mot type a, en effet, trop | hcceptions diverses; il désigne indifféremment un groupe Lie elconque d’une nature quelconque, ou telle ou telle modi- | fic: on particulière de la structure, dont le caractère est net Be pistinct, aussi bien que les divisions primaires de la Zoolo- le, C’est ainsi qu'on dit le type spécifique, le type géné- jue, le type de la famille, le type de l’ordre, le type de la e et même le type de Ja structure. L’emploi de ce mot, d = ce sens, est tellement fréquent qu’on le trouve presque ra L haque page des traités systématiques de Zoologie et des Guvrages d’Anatomie comparée, Il me semble donc trés- Opportun, pour éviter toute équivoque, de désigner par xpression d’embranchements du règne animal, plutôt que 232 DE LA CLASSIFICATION. par celle de types, les grandes divisions primaires, les plus importantes, établies dans l’ensemble des animaux. 4 Cependant, nos systèmes sont plus conformes à la natur! qu’on ne le suppose la plupart du temps. La preuve en est, i mon sens, dans le rapprochement qui peu à peu s’opére entre les savants, soit par les résultats auxquels ils arrivent soit par les formules qui expriment ces résultats. L'idée su laquelle repose l’institution des grandes divisions primaire du règne animal, c’est une conception, la plus générale po sible, adéquate au plan d’une création définie. Ces divisions sont, par conséquent, les plus compréhensives de toutes. ! proprement parler, elles priment dans une classification na. inrelle ; en ce sens qu’elles représentent les rapports les plu importants et les plus larges des divers groupes naturel du Règne, la formule générale d’où dépend chacun d’eux En définitive, ce que nous appelons embranchement, ex prime, entre les animaux, une connexion purement idéale la conception intellectuelle qui les embrasse tous dans | Pensée créatrice. Il me semble que, plus on étudie la sign fication vraie de cette sorte de groupes, plus on se convaim qu'ils ne sont pas fondés sur des relations matérielles. Le divisions plus restreintes qui viennent immédiatement aprè ont pour fondement des qualifications spéciales du plan € différent l’une de l’autre par le caractère de ces qualific tions. Si observation faisait voir que, après le plan de k structure, les traits généraux offerts par un plus gran nombre de groupes sont ceux qui déterminent le rang ou place respective des animaux entre eux, il semblerait nature de considérer les ordres comme la seconde des catégorie principales de l’organisation. Mais l'expérience prouve qui n’en est pas ainsi; et la manière dont le plan de la structure est mis à exécution conduit à distinguer des divisions plu extensives (les classes) que celles basées sur la complies tion de structure (les ordres). Or, pour être naturelle, ume classification doit exprimer des relations réelles obser vées dans la nature. Il s’ensuit foreément que les clase ont, dans un systéme, la seconde place et viennent im if] CLASSES. 233 tement au-dessous des embranchements. Nous le verrons us tard; aprés les classes viennent les ordres, qui consti- ent en effet des groupes naturellement plus compréhensifs que les familles. Il ne nous est pas loisible d’intervertir “tte hiérarchie, non plus que de donner à l’une de ces divisions le nom de l’autre, suivant notre fantaisie, comme le font constamment beaucoup de naturalistes. E ? II Glasses. _ Avant que Cuvier n’eût fait voir que le règne animal tout mtier est construit sur quatre plans différents de structure, les classes étaient le groupe le plus élevé qu’on connût dans es systèmes de Zoologie. De bonne heure, les naturalistes mprirent sur quoi les divisions de cette sorte devaient être londées, pour rester naturelles. Mais ils ne surent pas tou- jours apprécier la valeur vraie des caractères d’après lesquels is avaient établi le prototype de ce degré d’alliance. Linné, le premier, exposa le système des animaux, et, quoique très- mparfaitement, il distinguait déjà, par des caractères anato- niques, les classes qu’il avait instituées. Aprés lui, tous les Zoologistes systématisateurs se sont proposé de dresser un tableau, de plus en plus complet, des classes du régne animal, d'aprés les indications, de plus en plus nombreuses, fournies par l'étude de la structure. » La structure donc, voila, pour reconnaître les classes, le grand critère. Le plus sûr moyen de découvrir les limites e ces groupes, c’est une connaissance approfondie de l’ana- mie des animaux. Et cependant, avec ce prototype sous les yeux, les naturalistes n’ont pas pu s’entendre. Ils ne s’en- tendent pas encore, ni sur les limites à assigner aux classes, “ni sur le nombre qu’il en faut admettre. Il est vraiment étrange que, appliquant aux mêmes objets la même mesure, les résultats de leur estimation aient pu varier de quantités si grandes. Cette réflexion m’a conduit à y regarder de plus 28. DE LA CLASSIFICATION, près et à rechercher si, au fond, cette apparente unité de mesure n’était pas plus imaginaire que réelle. La structuré peut être envisagée de plusieurs points de vue. On y peut considérer : 1° le plan adopté par son auteur; 2° l’œuvre qu’elle a à accomplir et les voies et moyens employés pout l’édifier ; 3° son degré de perfection ou sa complication qui peut différer grandement, bien que le plan reste le même ef que les voies et moyens employés pour l’exécution n’aien' pas la moindre différence ; 4° la forme de ensemble et celle des parties, qui n’ont aucune relation nécessaire, en tout cas aucune relation étroite, soit avec le degré de perfection de structure, soit avec la manière dont le plan est exécuté, 0 ou avec le plan lui-méme; comme on peut aisément s’en con: vaincre par une comparaison entre les Chauves-souris et k Oiseaux, les Baleines et les Poissons, les Holothuries et | Vers; — enfin 5° le fini même, I’exécution des détails ial les parties individuelles. a Il ne serait pas difficile de prouver que le désaccont entre les naturalistes, quand il s’agit de la limitation de: classes, provient de ce qu’ils considérent indifféremment la structure à tous ces points de vue divers, sans distinction Ils appliquent avec insouciance et sans le moindre discernes ment, les résultats ainsi obtenus à la définition des caractères des animaux. Ceux qui n’ont pas fait, entre le plan de la structure et le mode de réalisation de ce plan, cette opposi= tion nécessaire, ont méconnu l’importance des grandes dia sions fondamentales du règne animal. Ou bien, ils ont | tiplié indûment le nombre de ces divisions, en se base sur des considérations purement anatomiques; o'out-bdl en s'appuyant, non sur la variété dans les modes du p. al général de la structure, mais sur le développement maté donné à ce plan. D’un autre côté, ceux qui ont cond lé complication de la structure avec les voies et moyens f lesquels une combinaison donnée de systèmes organique entretient la vie, n’ont pas pu établir une différence co 7 venable entre les caractères des classes ét ceux des ordress Aussi ont-ils maintes fois élevé les ordres au rang des classes. CLASSES. 235 n va voir, en effet, que les ordres naturels doivent être sés sur les degrés de complication présentés par la struc- dans les limites de la classe. Quant aux classes, elles Sont caractérisées par la façon dont le plan est poursuivi, ‘Cest-a-dire par les combinaisons diverses des systèmes orga- miques constituant le corps des représentants d’un embran- lement quelconque. Peut-être même faudrait-il dire que S classes sont caractérisées, plus nettement encore, par la flérence des voies suivant lesquelles la vie est entretenue t par la diversité des moyens employés pour établir ces gies. Un exemple suffira pour montrer que cette distinction hplique une différence marquée entre les caractéres de ordre et ceux de la classe. Comparons les Polypes aux Acaléphes, en les considérant omme deux classes, et sans nous préoccuper autrement des mites qui peuvent leur être assignées par les auteurs. ‘outes deux sont construites sur le même plan et appartien- ent pour cette raison à l’embranchement des Rayonnés, _ Pour établir ce fait, nous n’avons pas à considérer la struc- ture véritable de ces animaux. Qu’ils aient un systéme ner- yeux ou non, des organes des sens ou non, que leurs Muscles soient lisses ou striés, qu’ils possèdent une char- pente solide ou n'aient qu'un corps entièrement mou, que leur cavité digestive n’ait qu’un orifice ou qu’elle en ait deux opposés, qu’il y ait à cette cavité des appendices glandulaires uw non, que l'aliment digéré soit distribué dans le corps dune façon ou d’une autre, que les résidus de la digestion ient ou non rejetés par la bouche, que les sexes soient éunis ou séparés, que la reproduction se fasse par des œufs u bien par des bourgeons, que ces êtres enfin soient inples ou composés; c’est ce dont nous n'avons pas à nous Xeuper actuellement. Tout ce que nous avons besoin de Savoir, pour rapporter ces animaux à l’'embranchement des Riyonnés, c'est que le plan de leur structure présente en général la disposition rayonnée. Mais, quand nous voudrons distinguer, comme classes, las pes, les Acaléphes et les Echinodermes, ou plutôt quand 236 DE LA CLASSIFICATION. nous voudrons déterminer exactement ce que sont les classes parmi les Rayonnés, et combien il y en a, ce qu’il faudi chercher c’est la manière dont l’idée de rayonnement, foi damentale dans le plan de leur structure, est réalisée e1 acte, exprimée, dans tous les animaux qui la présentent Voici alors ce qu’il est facile d’ observer : Chez quelques-u (les Polypes), il existe dans le corps une vaste cavité, divisés par des cloisons rayonnées, en un certain nombre de comp timents. Dans cette cavité pend un sac (l’appareil digestif ouvert inférieurement, de façon à verser le produit de digestion dans la cavité principale, d’où l’action de cils vi bratiles le fait circuler, de ci et de là, dans tous les compa timents. Chez d’autres (les Acalèphes), le corps forme uné masse compacte qu’ on peut comparer à un sac creux, tra versé dans son épaisseur par des tubes rayonnés partant vide central (la cavité digestive), et sans libre communicatiol l'un avec l’autre dans toute leur longueur, etc. Chez d’autre encore (les Echinodermes), le corps posséde une envelop coriace ou rigide, qui renferme une vaste cavité dans la quelle sont contenus une certaine variété de systémes di tincts d’organes, etc. | Sans entrer ici dans une description complète de ce classes, je crois pouvoir démontrer que ce qui en fait caractére positif, ce n’est pas la complication de la structun (les Méduses Hydroides sont, en effet, d’une structure à pei plus compliquée que celle des Polypes), c’est la mani dont le plan des Rayonnés est réalisé, les voies par lesquelle la vie est entretenue dans ces animaux, et les moyens appli qués à cette fin; en un mot, ce sont les combinaisons de éléments de la structure. j Mais du moment où il s’agira de discerner ce que sor les ordres, dans ces classes, ces considérations ne seront pl suffisantes. Il faudra regarder la structure sous un autt jour, et désormais c’est la complication des appareils qt nous servira de guide. La différence des Actinaires et de Halcyonaires, comme ordres, parmi les Polypes, c’est que les premiers possèdent un nombre considérable, et le plus “CLASSES, 257 juvent même indéfini, de tentacules simples, un nombre ‘alement considérable de divisions intestinales, etc., tandis que les huit tentacules des Halcyonaires sont lobées et com- liquées, que toutes les parties en sont combinées par paires, ‘nombre défini, etc. Ces différences obligent à leur attri- ser une place à part dans leur classe et assignent aux der- ers un rang plus élevé qu'aux premiers. - Donc, en conséquence des observations qui précèdent, s classes doivent être déterminées par la façon dont le an typique est exécuté, par les voies et moyens suivant les- Quels il se réalise ou, en d’autres termes, par les combinai- sons des éléments de la structure, c’est-à-dire par les combi- “haisons produites au moyen des systèmes organiques qui “constituent l'être construit sur un plan donné. Nous n’avons { à considérer ici les formes variées sous lesquelles la ‘structure a pris corps, ni les détails extrémes, ni le degré de fini que la structure elle-même peut offrir, car il ne fau- dra qu’un instant de réflexion pour se convaincre que ni les détails de la structure, ni la forme ne peuyent, en aucun u règne animal, que la connaissance de leurs traits essen: liels est à bon droit réputée l'objet primordial de toutes les recherches d'anatomie comparée, — comme manifestant quelque modification essentielle du type auquel elles ap- “partiennent. Encore une fois, c’est là une manière de voir erronée et, sans doute, le résultat d’une fausse appréciation des faits. Déjà Cuvier avait appelé l'attention sur ce point, ‘thais ses avertissements sont passés inapergus (1). En réalité, | n’y a aucune différence dans le plan des animaux qui ap- “ment. Le plan de la structure des Polypes n’est pas plus une Modification de celui des Acalèphes, que celui des Acaléphes (1) Voy. Cuvier, Règne animal, 2° édit., p. 48, 238 DE LA CLASSIFICATION. ou des Echinodermes n’en est une du plan des Polypes. Le plan est exactement le même dans les trois groupes; il peu être représenté par un simple diagramme, exprimé par ui seul mot : rayonnement; c'est la manifestation d’une seule idée distincte, d’une seule idée caractéristique. Seulemen cette idée se présente dans la nature sous les formes les pla nombreuses ; elle est exprimée de façons trés-diverses, pa des combinaisons extrémement diversifiées de modification dans la structure, et avec les relations les plus variées. Da les innombrables représentants de chaque grand type règne, ce n’est pas le plan qui diffère, mais bien la manièr dont ce plan est exécuté. De même que les variations faite par un habile artiste sur le thème le plus simple ne sont pa des modifications du thème lui-même, mais seulement dé expressions différentes d’un accord fondamental unique ; di même les classes, les ordres, les familles, les espèces ne son pas des modifications, mais seulement des expressions diffé rentes du plan, les différentes manières dont la pensée fon damentale, ou le plan, a pris corps et se manifeste dans 1 variété des êtres vivants. 4 Dans l'étude des caractères des classes, nous avons { tenir compte des traits de la structure; mais quand not recherchons quelle est la nature des élassés: par rapport au embranchements, nous n’avons a considérer que le he a la charpente, pour ainsi dire, de la structure. Cette distine tion a, dans la pratique, un résultat d’une grande impor tance. Au commencement de ce siécle, les naturalistes, sui- vant l'exemple donné par les physiophilosophes allemands, se mirent à comparer de plus près la structure des diffé rentes classes du règne animal. Ils notérent entre elles beau coup de points de ressemblance qui avaient échappé aw observateurs précédents. Des modifications de la structur qui, au premier abord, n’offraient aucune ressemblance, furent reconnues identiques. Bref, peu à peu, ce genre d comparaisons s’élant étendu au règne animal tout entier, on en vint à affirmer que, malgré les diversités apparentes de leur organisation, les animaux devaient être regardé CLASSES. 239 omme composés de parties essentiellement les mêmes. Cette rétendue identité recut le nom d’homologie (1). Mais les mogrés de la science resserrérent graduellement ces com- raisons dans des bornes de plus en plus restreintes, et il ‘pirait clairement, aujourd’hui, qu "il ne peut pas y avoir ho- jologie dans la structure des animaux lorsque ceux-ci n’ap- artiennent pas au même embranchement, C’est à ce point ie l'étude des homologies fournit, à elle seule, un des oyens les plus sûrs de vérifier les limites naturelles de importe quel embranchement du règne animal. Les homo- ies, donc, prouvent Vétroite parité qui existe entre des ructures en apparence trés-différentes; elles indiquent la faite identité du plan de ces structures dans un même ubranchement. Mais, d’un autre côté, elles font ressortir, lune manière chaque jour plus frappante, la différence sistant, et dans le plan et dans la structure, entre les em- inchements eux-mêmes. Elles font naître la pensée que Ws systèmes d'organes, généralement considérés comme Jentiques dans des embranchements différents, seront à la il reconnus comme essentiellement divers; par exemple, qu’on appelle les branchies chez les Poissons, chez les ustacés et chez les Mollusques. | Il ne faut pas une grande pénétration pour voir aujour- ‘hui que les branchies des Crustacés sont homologues aux Trachées des Insectes et aux soi-disant poumons de certaines araignées, de même que les branchies des Mollusques aqua- (ques sont homologues aux soi-disant poumons des limaces @t des limaçons à respiration aérienne. Donc, à moins qu'on démontre que ces organes respiratoires différents sont éritablement tous homologues, j'estime qu’il sera plus na- rel de considérer le système des organes respiratoires des ollusques, celui des Articulés et celui des Vertébrés, comme ssentiellement divers par eux-mêmes, quoique homologues | dans la sphère de chaque embranchement. J’étendrai même bite observation à tous les systèmes d’organes de ces ani- (1) Voy. chap. I, sect. v. 240 DE LA CLASSIFICATION. $ maux : à leur charpente solide, à leur système nerveux,“ leur système musculaire, à l’appareil digestif, à celui de k circulation, aux organes reproducteurs, etc. Il n’est pi difficile aujourd’hui de faire voir que le canal alimentair avec ses appendices glandulaires est formé, chez les Verté brés, d’une toute autre façon que chez les Articulés ou le Mollusques, et qu’il est impossible de le considérer comm homologue dans ces trois types. Or, si cela est vrai, on doi s'attendre avant peu à une réforme complète des méthode d'exposition de l’anatomie comparée. 4 Enfin, il importe de se rappeler, pour l’étude des classé comme pour celle des autres groupes, que la somme dé différences n’est pas toujours égale entre deux divisior quelconques. Certains traits, dans la nature, semblent étr plus tenaces, plus profondément gravés que d’autres, pl fréquemment et plus largement répétés, imprimés à ul plus grand nombre de représentants. Cette valeur inégal des groupes divers, partout si évidente dans le règne anima oblige à la plus grande prudence quand il s’agit d’en fixe les limites naturelles. C’est un avertissement de ne pas ass gner une importance indue aux différences observées ent les êtres vivants, soit en surfaisant celles qui n’ont de grat que l'apparence, soit en dépréciant des variations qui sem blent légères. La vérité, en ce cas, ne peut être trouvée qu force de recherches spécialement faites à ce point de vu particulier. Tout le monde sait que les mâles et les femelles de quelque espèces différent entre eux, beaucoup plus que certaines eé§ pèces ne diffèrent l’une de l’autre. Or, c’est constamment une séparation entre elles. Et pourtant, ces différences n sont pas seulement quantitatives, elles sont aussi, et dan une forte mesure, qualitatives. Dans la famille, la different entre les genres est aussi plus ou moins grande. C’est cet inégalité qui est la règle, et non pas l'uniformité de mesure Pour les classes, la diversité ne se rencontre pas seulemen ORDRES. 241 ans les formes, elle règne encore et à un degré extraordi- naire dans l'abondance numérique. Comparez, sous ce rap- ort, la classe des Insectes à celle des Vers ou des Crustacés. éme inégalité de répartition entre les groupes primaires. s Articulés sont de beaucoup l’embranchement le plus po- uleux du règne animal, et le nombre des animaux de ce type dépasse grandement celui de tous les autres animaux réunis. Voila des faits qui parlent d'eux-mêmes et suffisent à montrer combien sont artificielles les classifications qui pré- endent introduire invariablement, dans toutes les grandes jupes du règne animal, le même nombre et la même sorte divisions. iL Ordres. ‘ _ Si grandes que soient les divergences d'opinions à l'égard à nombre et des limites des classes, le désaccord en ce ui concerne les ordres et les familles est encore plus grand. Mais toutes ces contradictions n’ébranleront point la con- fiance où je suis qu'il existe entre les animaux des rapports Kes, déterminés par des considérations intelligentes. Pas plus que je ne cesserai de croire à l’existence d’un Dieu, ; } is le prétexte que les hommes ne lui rendent pas tous le méme culte ou qu’ils adorent des dieux de leur façon, je 1 méconnaîtrai le propre témoignage de mes sens touchant Wistence, dans la nature, d’un système préétabli, parfai- went combiné et dont la coordination a précédé la créa- ion de tout ce qui est. la façon dont on caractérise les ordres en général, et à ir comment on les introduit dans les systèmes zoologiques, emblerait que cette sorte de groupe est indifféremment orivertible en familles et réciproquement. La plupart des jotanistes ne font aucune différence entre les uns et les. GASSIZ, 16 242 DE LA CLASSIFICATION. sions comme synonymes. Les zoologistes admettent plu généralement une différence entre elles; mais les uns regar dent les ordres comme supérieurs, tandis que les autre mettent les familles au premier rang. D'autres admettent | ordres sans distinguer en méme temps les familles ou, versd, introduisent celles-ci dans leurs classifications s y admettre ceux-là. Quelques-uns, enfin, intercalent | tribus entre ces deux divisons. L'étudiant n’a besoin qi de jeter un coup d’œil sur un traité général de Zoologie de Botanique pour se convaincre de larbitraire absolu prévaut à cet égard. Le Règne animal de Cuvier lui-mén présente cette singularité inexplicable qu'on y trouve: ¢ certaines classes (1), des ordres et des familles; dans d'a tres des ordres seulement (2); et enfin, dans quelque unes, toute la série des genres sans les groupes interme diaires (3). D’autres classifications présentent l’uniformi la plus pédantesque. Il y a, dans chaque classe, une su cession régulière de sous-classes, d’ordres et de sou ordres, de familles et de sous-familles, de tribus et sous-tribus, de genres et de sous-genres, de division de subdivisions, de sections et de sous-sections, etc., 0 est impossible de ne pas lire, en toutes lettres, que ces tèmes sont le produit d’une idée préconçue de régularit de symétrie, et n’ont été, en aucune façon, étudiés dan nature. 4 Dans le but de déduire légitimement les caractères ¢ ¢ ordres, de traits spéciaux réellement fournis par la natu j'ai examiné très-attentivement les divers systèmes 200. (4) Dans les classes des Mammifères, des Oiseaux, des Reptiles € Poissons, Cuvier distingue ordinairement des familles aussi bien que des 0: Dans la classe des Gastéropodes, dans celle des Annélides, dans celle des intestinaux et dans celle des Polypes, quelques ordres seulement sont d en familles ; le plus grand nombre ne l’est pas. (2) Les classes des Echinodermes, des Acaléphes et des Infusoires sont sées en ordres, mais il n’y a pas de familles. (3) Telles sont les classes des Céphalopodes, des Ptéropodes, des Brad podes et des Cirripèdes (Cirrhipodes). Il dit toutefois que les Céphalopo constituent qu’un ordre (Regne animal, vol, IT, p. 14), puis (page 22) ilk pelle une famille, Cependant à la page 8 il les distingue comme classe, ORDRES. 243 ziques dans lesquels ce groupe a été admis et, en apparence, udié avec plus de soin que partout ailleurs. Tels sont, en particulier, le Systema nature de Linné, premier introduc- ur de cette sorte d’agrégation dans la Zoologie, et l’œuvre de Cuvier, dans lequel les ordres sont fréquemment carac- térisés avec une précision rare. Or, à ce que j'ai cru voir, pariout où le mot n’a pas été employé au hasard, l’idée Principale et toujours dominante est celle d’un rang défini. st l'intention de déterminer la place respective de ces visions, de fixer leur infériorité ou leur supériorité rela- jes, ainsi que le mot ordre, adopté pour les désigner, l’im- ique par lui-même. Dans sa classification du règne animal, naé donne au premier ordre de la première classe le nom |« Primates». I veut ainsi, à n’en pas douter, exprimer la conviction que ces êtres, du nombre desquels est l'Homme, Mi le rang de beaucoup le plus élevé de leur classe. Blain- ville emploie fréquemment l'expression de « degrés d'orga- sation » pour désigner les ordres. Ji est vrai que Lamark se sert des mêmes termes pour signer les classes. Nous trouvons donc, ici encore, le ème vague dans la définition des groupes adoptés. Mais, i Yon veut faire disparaître entièrement l'arbitraire dans einploi de ces termes et leur assigner une signification Gientifique exacte, voici ce qui me semble le plus naturel : Jest, d'accord avec la pratique des observateurs du règne imimal qui ont le plus approché de la vérité, d'appeler or- lres certaines agrégations ayant pour caractère d’expri- jer les divers degrés de complication de la structure, ms les limites de la classe. C’est ainsi que j'envisage, par %emple, les Actinoïdes et les Halcyonoides, dans la classe @s Polypes, telle qu’elle a été circonscrite par Dana; les “lydroïdes, les Discophores et les Cténophores, dans celle ‘es Acalèphes ; les Crinoides, les Astérioïdes, les Echinoides les Holothuries dans celle des Echinodermes; — les Bryo- baires, les Brachiopodes, les Tuniciers, les Lamellibranches ans la classe des Acéphales ; les Branchiféres et les Pulmonés ins celle des Gastéropodes; — les Ophidiens, les Sauriens 2hh DE LA CLASSIFICATION. et les Chéloniens dans celle des Reptiles; — les Ichthyoide Q et les Anoures dans celle des Amphibiens, etc. 4 J'ai fait voir, dans le paragraphe précédent, que le classes se rangent immédiatement au-dessous des embran: chements; il conviendrait de démontrer ici que les ordre doivent prendre place dans la classe immédiatement au dessus des familles. Mais, pour des raisons qu’il est facili d’imaginer, je renvoie cette discussion au paragraphe suivan qui traite de ces dernières. Quand j'en aurai présenté le caractères spéciaux sous le jour convenable, on comprendr sans peine quels sont les rapports des deux sortes ¢ groupes. | Après ces remarques, on pourrait conclure que je n toute gradation entre les autres groupes et que, pour moi les ordres constituent nécessairement une série simple dai chaque classe. Loin d’affirmer rien de semblable, je croi au contraire que ni l’une ni l’autre de ces deux propositiot n’est nécessairement vraie. Pour rendre bien claire mt opinion sur ce point, force m’est d’entrer ici dans quelque autres considérations. Je ne veux, du reste, qu’établir dat quelles limites mon assertion demeure incontestable. In de soi, en effet, qu'il existe une hiérarchie entre les diff rentes catégories de groupe admises dans nos systémes @ correspondantes aux diverses catégories d’affinité que observe entre les animaux. Les embranchements sont Ie divisions les plus compréhensives et renferment chact plusieurs classes; les ordres sont des subdivisions @ classes; les familles, des subdivisions des ordres; — geures, des subdivisions des familles ; les espèces, des sub divisions des genres. Mais cela ne signifie point que chaq embranchement doive nécessairement renfermer le mé nombre de classes ou méme simplement plusieurs classes cela dépend, en effet, absolument de la manière dont I plan est exécuté. De plus, une classe peut fort bien | pas contenir un seul ordre (1), si ses représentants (1) Voy. chap. F, sect 1. ORDRES. 245 yrment pas une échelle dont chaque degré exprime une mplication plus ou moins grande de la structure. De fait, e en contiendra beaucoup ou très-peu, suivant que ces orés seront plus ou moins nombreux, plus ou moins tran- és. Mais comme les représentants d’une classe quelconque t, de toute nécessité, une forme définie, chaque classe ympte au moins une famille, sinon plusieurs. En somme, elle en comptera autant qu'il y a de systèmes de formes Jarmi ses représentants, pour peu qu’il soit démontré que a forme est caractéristique de la famille. Méme chose arri- era pour les genres et pour les espèces. On aurait tort de Croire que plus un genre renferme d’espéces et mieux il est éfini, ou qu’il est nécessaire, avant de pouvoir affirmer Existence d'un genre, d’en connaître plusieurs espèces. Rien n’est plus éloigné de la vérité. Sans doute, un genre peut être caractérisé d’une façon plus satisfaisante, les par- dicularités peuvent en être plus complétement reconnues, la limite mieux définie, quand on en connaît tous les représen- fants. Je n’en suis pas moins convaincu que tout genre na- tw rel peut étre au moins indiqué, si nombreuses qu’y soient es espèces, par l’examen d’une seule d’entre elles. Au sur- plus, dans les deux régnes organiques, le nombre de ceux qu i contiennent seulement une espèce est tellement grand, que force est bien, dans ce cas, de déterminer les caractères ae nériques d’après l'espèce unique. Mais il n’en est pas à oins nécessaire de caractériser cette espèce avec autant précision, d’en décrire les particularités spécifiques vec autant de minutie que s’il en existait, en outre, une iltitude d’autres échappées à notre connaissance. C'est, armi les zoologistes et les botanistes, une pratique très- Ondamnable que de se contenter, en pareille occurrence, le la diagnose du genre. En vain quelques auteurs ont ines -positivement affirmé que, dans ce cas, les caractéres du enre et ceux de l’espéce sont identiques. C'est une erreur Complète. a Voilà bien les relations naturelles et la subordination des etabranchements, des classes, des ordres, des familles, des À gerer > © | 3 95 ~_ or a a ca ec 246 DE LA CLASSIFICATION. genres et des espèces: Néanmoins, je crois que ni les em branchements, ni les classes (pour les ordres, cela ne pet pas faire de doute), ni les familles, ni les genres, ni le espèces n’ont le même rang quand on les compare entre eu! dans leur groupe respectif. Mais cela ne touche en rien à @ qui fait le trait saillant des ordres. En effet, la place relatiy des embranchements ou des classes, des familles, des genres des espèces, ne dépend en aucune façon du degré de com plication de la structure, comme cela a lieu pour les ordres elle est déterminée, comme je vais le faire voir, par des tre entièrement différents. Les quatre grands embranchements du règne tirant let caractère de quatre plans différents de structure peuvent él plus ou moins élevés, suivant la supériorité ou l’inférioril des plans eux-mêmes; il suffit de comparer les Vertébré aux Rayonnés pour voir que les choses peuvent en effet êt ainsi (1). Les diverses classes d’un seul embranchemen seront supérieures ou inférieures, suivant que les voies € moyens à l’aide desquels le plan typique a été réalisé, seror l'un ou l’autre. Dans une classe quelconque, ou dans tout les classes, les ordres se rangeront tout naturellement d’apri le degré de perfection des organismes qui les représenteni c’est-à-dire suivant la complication ou la simplicité de let structure. Les familles occuperont une place plus ou moi haute; selon que les particularités de la forme y seront pro duites par les modifications de systèmes organiques plus © moins importants. Les genres se placeront plus haut ou pl bas, parce que les particularités de la structure, dans les pa ties d’où l’on tire les caractères génériques, présenteront“ plus ou moins haut degré de développement. Enfin, lese péces seront supérieures les unes aux autres, dans le mên genre, selon le caractère de leurs relations avec le mom ambiant ou celui des rapports de leurs représentants enti eux. D’après ces remarques, il devient évident que le (4) Je n’ai pas besoin dé faire cette comparaison dans ses détails; il sufl d’en donner l’idée, les détails se présenteront d’eux-mémes; au surplu | premier traité d’anatomie comparée fournira la preuve du fait. a ORDRES. ‘Qh7 spectif des groupes de même catégorie, comparés entre ux, doit être déterminé par la supériorité relative des traits péciaux sur lesquels est basée leur propre constitution. Seuls, is ordres sont strictement définis par le degré naturel de omplication présenté, dans les limites de la classe, par la iructure, ela dépendra du caractère de la classe elle-même ; c’est-à- ve de la manière dont le plan typique a été exécuté. Si la asse est homogène, c'est-à-dire s’il n’y a pas lieu à la iser dès le principe en sous-classes, les ordres formeront ut naturellement une série simple. Mais si quelques sys- ‘mes d’organes sont développés d'une manière différente eS autres, il pourra y avoir une ou plusieurs séries paral- les, dont chacune aura des ordres pour éléments. Évidem- ent, un pareil fait ne pourra être reconnu qu’au moyen lune étude des caractères propres à la classe, beaucoup | lus minutieuse que celle qu’on en a faite jusqu’ici. Les enialives faites pour disposer intérieurement les classes en éries, comme celles de Kaup ou de Fitzinger, ne sont guère ue de pures conjectures ayant pour but d’estimer la valeur Telative des divisions intermédiaires qui pourraient exister entre les classes et leurs ordres. : Oken et les physiophilosophes en général ont à l'égard és ordres une manière de voir toute différente. L'idée qu’ils én font est celle-ci : les ordres représentent, dans leurs lasses respectives, les traits caractéristiques des autres types, Qi embranchements, du Règne animal. Ainsi, les animaux ytestinaux ou Gélatineux d'Oken n’étant caractérisés que run seul système d’organes, l'intestin, ne contiennent lun ordre distinct; mais chaque classe a trois tribus qui c respondent aux trois classes du type, c’est-à-dire aux In- | soires, aux Polypes et aux Acalèphes. Les tribus de la classe des Infusoires sont : les Infusoires vrais, les Infusoires poly- vides et les Infusoires acaléphoïdes ; celles de la classe des j ypes : les Polypes infusoridés, les Polypes vrais et les Po- 248 DE LA CLASSIFICATION. lypes acaléphoïdes ; et la classe des Acalèphes contient‘: les Acalèphes infusoridés, les Acalèphes polypoides et les Aca: lèphes vrais. Le type des Mollusques étant, suivant l’auteur caractérisé par deux systèmes d’organes; l'intestin et laps pareil vasculaire, les classes des Mollusques possèdent cha cune deux ordres. L’un correspond aux Animaux intestinaux, l’autre au type des Mollusques et, partant, les Acéphales comprennent l’ordre des Acéphales gélatineux et celui des Acéphales molluscoides; les Gastéropodes et les Céphalos podes sont, de la même manière, scindés en deux. Les Arti- culés sont considérés comme représentant trois systèmes d'organes : appareil intestinal, appareil vasculaire, apparel respiratoire ; par suite, chaque classe est divisée en tro ordres et il y a, dans les Vers, l’ordre des Vers gélatineux, celui des Vers molluscoides et celui des Vers annelés. Le mêmes divisions sont adoptées pour les Crustacés et les In- sectes. Les Vertébrés ont, d’aprés la théorie, cing systémes trois inférieurs : l’intestinal, le vasculaire, le respiratoire deux supérieurs : celui de la chair (os, muscles et nerfs) é celui des organes des sens. En conséquence, chaque class du type renferme cing ordres et il y a, par exemple, dé Poissons gélatineux, des Poissons molluscoides, des Poisson entomoides, des Poissons charnels et des Poissons sensuels il en est de même pour les classes des Reptiles, des Oiseaux et des Mammifères (1). 4 Je n’ai exposé si longuement ces divagations d’un philo: sophe distingué que parce que ces idées, malgré toute leu bizarrerie, sont néanmoins et sans aucun doute suggérée par un trait du règne animal, jusqu'ici trop peu étudié. J veux parler des analogies qui, à côté des affinités vraies existent entre les animaux et résultent de ce que, au sein dl structures rigoureusement homologues, certaines modifica tions viennent mêler ou joindre d’autres caractères puremen analogues. A mon avis, toutefois, ce sujet des analogies es (1) Voy. pour plus de développement la Naturphilosophie d’Oken et 0! Allgemeine Naturgeschichte, vol. IV, p. 582. Cf. encore le chapitre qui suit. a + FAMILLES. 249 sore trop peu connu, les faits qui portent sur cette sorte rapprochement sont encore trop obscurs pour qu’on isse en faire la base d’un groupe aussi important du égne animal. Je persiste donc à considérer la complication bu la gradation de stracture comme le trait qui doit ré- ler la délimitation des ordres, si par ce mot l’on entend les groupes naturels exprimant le rang, la place relative, Ja supériorité ou l’infériorité des animaux dans leur classe spective. Bien entendu, des groupes ainsi définis ne peu- nt pas être regardés comme des modifications de la classe, U ae ils sont fondés sur une catégorie de traits tout à fait IV Familles. » Rien de moins bien défini que l’idée de forme telle que Tes systématisateurs la font servir à caractériser les animaux. ntôt cela signifie un système de figures extrêmement di- verses, mais ayant toutes un caractère commun; c’est ainsi qu’on dit des Zoophytes qu’ils ont la forme rayonnée. Tantôt, c’est tout trait extérieur limitant le corps de l'animal, par exemple, quand on dit : les formes animales en général, au lieu de dire simplement : les animaux. Tantôt encore, on ¢ ntend par là la figure de quelque espèce individuelle. En fait, il n’y a pas dans le Règne animal un seul groupe, tendu ou restreint, depuis ’embranchement jusqu’à l’es- péce, dans lequel il ne soit occasionnellement question de a forme comme fournissant un caractère. C. E. von Baer, barlant des Articulés, les caractérise d’un mot: le type à formes allongées; les Mollusques sont le type à formes i assives; les Rayonnés, le type à symétrie périphérique ; es Vertébrés, le type à symétrie double. Évidemment Baer prend ce mot dans l’acception la plus large, et comme ex- | primant les relations les plus générales qu’ont entre elles les dimensions du corps. Cuvier parle vaguement de la forme, 250 DE LA CLASSIFICATION. à propos de ses quatre grands embranchmental comm d’une sorte de moule pour ainsi dire, dans lequel les diffé rents types auraient été coulés. Il en est aussi question po caractériser les ordres; par exemple pour distinguer, parn les Crustacés, les Brachyures des Macroures et pour distir guer encore les Ophidiens, les Sauriens et les Chélonier On la cite comme un trait distinctif dans plusieurs familles les Cétacés, les Chauves-souris, etc. C’est par elle que de une même famille sont établies les différences qui séparel certains genres des autres ; et il n’y a peut-être pas une des cription d'espèce, surtout lorsque l'espèce est considére é isolément, où la forme ne soit indiquée par le menu. N'y ate pas dans cet emploi indistinct d’un même terme une conft sion d’idées, un défaut de précision dans la déterminatie de ce qui doit être appelé forme et de ce qui pourrait rec ; voir un autre nom? Il me semble que si. 4 Et d’abord, quand on considère la forme comme caraé téristique des Rayonnés, des Articulés ou de quelque auti des grands embranchements du Règne, il est évident qu’e ne veut pas désigner par là un certain trait extérieur défin une figure parfaitement déterminée, mais que celte expre es sion est alors synonyme de plan. En effet, qui pourrait songe à dire que le corps tubulaire d’une Holothurie offre, comm caractère, une ressemblance de forme avec le corps de l'Ew ryale. Comment établir Videntité, à cet égard, d’un Echin: : et d’une Astérie? Qui ne voit que, pour ce qui est de | forme, l Holothurie ressemble aux Vers plus qu'à n° import quel Échinoderme, tandis que, en ce qui concerne la struc ture, c’est bien véritablement un animal Rayonné, quia rien de commun avec les Articulés ? D'ailleurs, il suffit de jeter un coup d'œil, même superh ciel, sur l’une ou l’autre des classes du Règne animal pou s’apercevoir que chacune d’elles renferme des animaux d formes extraordinairement diverses. Se peut-il quelque chos de plus différent que-les Chauves-Souris et les Baleines _ les Hérons et les Perroquets, les Grenouilles et les Sirénes les Anguilles et les Turbots, les Papillons et les Punais FAMILLES, 254 s Homards et les Bernacles, le Nautile et les Calmars, les imaces et les Conchiféres, les Huitres et les Ascidies com- osées, le Pentacrinus et le Spatange, le Réroé et la Physalie, Actinie et la Gorgone? Et cependant tous ces animaux ris comme je viens de les citer, deux à deux, appartiennent la même classe. Il doit être évident, pour tout le monde, ue la forme ne peut pas être un élément caractéristique es classes, si, par là, on entend quelque chose de défini. Mais la forme a une signification déterminée, partout omprise, quand on applique le terme à des animaux bien jonnus. Ainsi, l’on dit la forme humaine ; une allusion à la orme du Cheval ou à celle du Bœuf fait naître à l'esprit une ‘idée distincte. Tout le monde reconnaît que la forme de Ane est semblable à celle du Cheval, et sait distinguer, par eur forme, ces animaux des Chiens ou des Chats, des ’hoques ou des Marsouins. Ainsi comprise et définie, la rme correspond aussi à ce qu’on appelle /e port quand on parle de l'Homme et de la Femme. C’est dans ce sens exclusif que je vais maintenant examiner quelle est sa va- leur comme caractéristique d'animaux différents. On vient de voir qu’elle ne pouvait pas être mise au nombre des ca- ractéres de l’embranchement ou de la classe, il faut exami- her maintenant si elle peut en fournir un pour l'espèce. ne rapide revue de quelques-uns des types les mieux con- us du Règne animal, embrassant des genres bien définis ‘dont chacun compte plusieurs espèces, montrera de suite que la chose est impossible, car ces espèces, en général, ne “présentent pas la moindre différence à cet égard. Ni les nombreux Écureuils, ni les vraies Souris, ni les Belettes, “ii les Ours, ni les Aigles, ni les Faucons, ni les Éperviers, ni les Passereaux, ni les vrais Pics, ni les vrais Lézards, i les Grenouilles, ni les Crapauds, ni les Raies, ni les equins proprement dits, ni les Turbots, ni les Soles, ni 8 Anguilles, ni les Maquereaux, ni les Chaboisseaux, ni is vraies Crevettes, ni les Écrevisses, ni les Sphynx, ni les Géométres, ni les Hannetons, ni les Taupins, ni les Ténias, mi les Calmars, ni les Limaçons, ni les vraies Astéries, ni les 252 DE LA CLASSIFICATION, Anémones de mer, ne peuvent être distingués l’un de l’autre par la forme seulement. I] peut y avoir entre eux des diffé- rences dans les proportions des parties, maisle patron de toutes les espèces appartenant à un genre bien défini est si compléte- ment identique que jamais on n’en peut tirer les caractères spécifiques. Il y a, dans les systèmes zoologiques, des genres qui, tels qu’ils sont maintenant établis, pourraient être cités comme exemples du contraire. Mais ces genres sont fondés sur des traits qui donnent encore lieu à discussion, et vrais semblablement on finira par découvrir qu’ils ne sont qu’une association forcée d’espéces hétérogènes. En tout cas, les progrès récents de la Zoologie ont conduit graduellement à limiter de plus en plus les groupes de cette catégorie. Les espèces appartenant au même genre montrent de moins en moins une différence de forme et doivent finir par présenté à cet égard une même physionomie. 1 Les genres naturels se distinguent-ils davantage par ce côté? Y a-t-il une certaine différence appréciable, dans la forme générale, entre les genres des familles les plus natu- relles? — je dis avec intention la forme générale, car un museau plus ou moins saillant, des oreilles plus petites ov plus grandes, des griffes plus courtes ou plus longues, ele ne modifient pas essentiellement la forme. Est-ce que, par exemple, les Ours, les Blaireaux, les Gloutons, les Re tons, ces genres de la famille des Ursins, diffèrent par forme ? Les Phocoïdés, les Delphinoïdés, les Falconidés, le Turdinés, les Fringillinés, les Picinés, les Scolopacinés, le Chélonioïdés, les Geckonins, les Colubrins, les Sparoides, les Élatéridés, les Pyralidoïdés, les Échinoïdés, etc., pre sentent-ils, entre eux, plus de diversité sous ce rappo Assurément non. Il est bien vrai que, dans une certain mesure, il y a des différences entre les représentants d' genre comparés à ceux d’un autre genre, mais à bien ¢ sidérer, ce ne sont là, au fond, que des modifications d modèle-type. Tout comme il y a des ellipses plus ou moi allongées, nous voyons que les Blaireaux ont la forme plu ramassée que les Ours, les Ratons, ou les Gloutons, que ¢e FAMILLES. + 968: niers sont plus allongés que les Ratons; mais chez les et chez les autres il y a, dans l’ensemble des traits, Ique chose d'aussi absolument typique que ce qui se couvre chez les Viverrins, ou chez les Canins, les Brady- »didés, les Delphinoidés, etc. On doit par conséquent ne is comprendre la forme au nombre des traits caracté- iques d’un genre naturel, ou tout au moins ne l’y intro- lire qu’à titre de modification du type extérieur des familles naturelles. Ainsi, de tous les groupes naturels du Règne animal, il reste plus que les familles et les ordres à la distinction lesquels on puisse employer la forme comme critérium effi- “ice. Mais ces deux sortes de groupe sont précisément “ceux sur lesquels les zoologistes sont le moins d'accord, si bien que difficilement trouverait-on une division que les “naturalistes voulussent, d’une entente unanime, accepter s ordres est bien fondé; que les ordres sont des groupes maturels caractérisés par le degré de complication de la ructure, et entre lesquels se manifeste, dans leurs classes ‘espectives, une hiérarchie. Dès lors, il nous sera plus aisé d'en indiquer un petit nombre susceptibles d’être ac- ¢eptés par tous comme naturels. La plupart des natura- h stes conviendront, je pense, que parmi les Reptiles, les Chéloniens constituent un ordre naturel; de même les Ruies et les Requins, parmi les Poissons. Que si quelqu'un Soutient la nécessité de joindre à ces derniers les Cyclo- slomes, ce n’en sera que mieux pour mon dessein. Les lanoïdes, même circonscrits dans les limites plus étroites que celles que je leur ai assignées, et peut-être en les rédui- sant au groupe restreint proposé par J. Müller, pourront €ncore nous servir d'exemple. J’y consens; quoique, en réalité, il me reste plus d’une objection à faire contre cette limitation; mais cela importe peu pour mon but actuel. Tout le monde reconnaîtra, je crois, les Décapodes comme 254 DE LA CLASSIFICATION, un ordre naturel de la classe des Crustacés et il m’est in- différent que d’autres familles leur soient annexées pour compléter l’ordre le plus élevé de la classe. On considérer: comme tels, je n’en doute pas, les Bryozoaires, les Tuni- ‘ ciers, les Brachiopodes, les Lamellibranches, dans la classe des Acéphales. On m’accordera non moins aisément ‘4 les Crinoides, les Astérioides, les Échinoïdes et les Holo- thurioides sont, parmi les Hehinoderies, des groupes di cette catégorie; de même, parmi les Acalèphes, les Bé- roïdes et peut- -être les Discophores et les Hydroides, el encore, parmi les Polypes, les Haleyonoides par oe aux Actinoides. Examinons ces ordres au point de vue des formes carac- téristiques qu'ils comprennent. Les formes des Testudo vrais, des Trionyx, des Chelonia sont trés-différentes, & cependant peu d’ordres sont aussi bien circonscrits qué celui des Chéloniens. La classe entiére des Poissons hed rait difficilement des différences de forme plus grandes qu celles qui s’observent entre les Requins ordinaires, les Scies les Raies communes et les Torpilles, sans parler des Cyclo 6 stomes et des Myxinoides, à supposer qu’on veuille aussi ra ger ces deux familles dans l’ordre des Placoïdes. Il est im possible de restreindre les Ganoides dans des limites plu étroites que celles proposées par J. Miiller. Cependant, méme ainsi circonscrit, cet ordre contient des formes auss disparates que celles des Esturgeons, des Lépidostées, de Polyptéres, des Amies, et d’une légion de genres et de famille éteints. Les familles que je leur ai associées et que le pro fesseur Müller en sépare, si on les comprenait perl Ganoides, augmenteraient encore les éléments hété morphes de cet ordre. Parmi les Décapodes il suffit rappeler les Homards et les Crabes, pour convaincre quel ( n’est pas la ressernblance des formes qui les réunit dans 1 méme groupe naturel. Et quelle disparité, sous ce rappor chez les Bryozoaires, les Brachiopodes et les Tuniciers! Qu conque a jamais accordé la moindre attention à ces animau ena été frappé. FAMILLES. 255 A moins, donc, que la forme ne soit chose trop vague our pouvoir caractériser un groupe quelconque dans tout gne animal, il faut bien qu'elle soit le trait saillant de ‘famille. Jai déjà fait remarquer que les ordres et les fa- illes sont les groupes sur lesquels les zoologistes sont le joins d'accord, à l’étude et à la caractérisation desquels ils it donné le moins d’attention. Cela ne viendrait-il pas sim- ement de ce que, d’une part, on n’a pas compris la diffé nce qui existe entre les caractères de l'ordre et ceux de la asse, n'y voyant qu’une question de degré, et, d’autre part, i a méconnu l'importance de la forme comme caractère rédominant des familles? En effet, trés-peu de familles imales sont bien caractérisées ou même simplement ractérisées ; néanmoins on ne peut pas ouvrir un ouvrage joderne de zoologie consacré à une classe quelconque, ns y trouver les genres rassemblés en plus ou moins rand nombre sous le titre d’un nom générique à termi- ison en idés ou inés, qui indique la distinction de familles de sous-familles. Or la plupart de ces groupes, quoique valeur inégale à un point de vue absolu, sont positive- mt naturels, encore qu’ils soient bien loin de représenter aj ours des familles, et constituent le plus souvent des | rdres et des sous-ordres. Ils portent ainsi témoignage de la silité qu’il y a à former, presque sans études, les groupes ermédiaires entre les classes et les genres. Cela vient, ins mon opinion, de ce que la ressemblance de famille @st, dans le règne animal, exprimée d’une manière trés- ‘ippante par la forme, et de ce que la forme est un élément qui tombe aisément sous les sens, même d’un observateur l perficiel. Mais en même temps, c’est chose très difficile à décrire exactement; c’est pourquoi la plupart des familles ont mal caractérisées et l’on substitue constamment aux Particularités spéciales et exclusives de ce groupe des traits ui ne lui sont point essentiels. J’en appelle à l'expérience ès naturalistes. Quand nous voyons un nouvel animal, -ce que le premier coup d’œil, c’est-à-dire la première FETES elite a à mb 256 DE LA CLASSIFICATION. immédiatement en nous une idée exacte de sa parenté la plu proche? Avant tout examen de sa structure nous apercevon si un Escarbot est un Carabicin, un Longicorne, un Éla zs ridé, un Carculionide, un Chrysomélin ; si un Lépidoptèrt est une Noctuélite, une Géométride, une Pyralide; si u Oiseau est une Colombe, une Hirondelle, un Oiseau-Mouche une Pie, une Bécasse, un Héron, etc. Tandis que, avant di pouvoir déterminer le genre d’un de ces animaux, il not faut étudier la structure de quelques parties caractéristiques! avant de combiner les familles en groupes naturels, nou avons à faire un examen approfondi de la structure tout en: tière et à comparer sous ce rapport une famille avec toute les autres. Ainsi c’est la forme qui caractérise les familles: et, après une étude minutieuse de ce sujet durant plusieur années, pendant lesquelles j’ai passé en revue le Règne an mal tout entier à cette intention spéciale ainsi qu’à tous le points de vue relatifs à la classification, je puis ajouter qu c’est elle qui caractérise cstemÉ ble een les familles (4) Je ne dis pas les contours extérieurs, mais la forme tell qu’elle résulte de la structure; ce qui signifie que les famill e ne peuvent pas être bien définies, ni circonscrites dans lew limites naturelles, sans un examen approfondi de tous | ce traits de la structure intérieure qui se combinent pour deter miner la forme. % La manière dont j'ai caractérisé les Chéloniens de ’Amé: rique du Nord (2) pourra faire voir comment ce sujet doi être traité. J’ajouterai seulement que si, tout d’abord et sang difficulté, l'impression générale faite sur nous par la form des animaux nous met sur la voie de ce que nous devons aps peler leurs familles, on ne parvient que lentement à déter miner la portée naturelle des modifications d’un type de {1) Ces investigations, qui m'ont conduit aux plus intéressants résultats ont retardé, jusqu'ici, la publication de la partie systématique des Principes Zoologie, ouvrage entrepris en commun avec mon ami le docteur A. A. Goull : Elle ne verra pas le jour avant que j’aie pu reviser le règne animal tout entier à ce nouveau point de vue, afin d’introduire autant de précision que possib dans sa classification. + (2) Contributions à l’histoire naturelle des Etats-Unis, vol. 1, p. 347- -36 FAMILLES. 257 forme quelconque et les particularités de structure qui en out le fondement. Peu d’études exigent d'aussi patientes comparaisons. L’anatomie comparée a laissé trop complé- tement de côté tout ce qui se rattache à la morphologie ; les nvestigations des anatomistes tendent trop uniformément une appréciation générale des connexions ou des homolo- “gies présentées par les systèmes organiques. Aussi lorsqu'on _ s'applique à bien saisir quelle est la valeur des formes, quel en est le fondement véritable, cette science fournit à peine un renseignement, si ce n’est, çà et là, quelque considération sur les relations téléologiques des organes. _ Admettons donc que les ordres sont des groupes natu- tels caractérisés par la complication de la structure, et que s différents ordres d’une classe expriment les degrés e celte complication. Admettons encore que les familles sont des groupes naturels caractérisés par la forme, telle “qu'elle est déterminée par les particularités de la structure. 1 s'ensuit que les ordres sont une sorte de division supé- ure; car nous avons vu que plusieurs divisions naturelles, généralement considérées comme des ordres, contiennent chacune plusieurs groupes naturels caractérisés par des dif- Miérences de formes, c’est-à-dire constituant autant de fa- milles distinctes. 4 Après cette discussion, il est à peine nécessaire d’ajouter que les familles ne peuvent en aucune façon être regardées Comme les modifications de l’ordre auquel elles appar- nnent, puisque les ordres sont caractérisés par la compli- ‘cation de la structure et les familles par la forme. Je ferai ré marquer d’ailleurs qu "il ya, à l'égard de la forme des ani- aux, un point auquel je n'ai pas touché ici, et qu’il serait Plus important encore d'examiner s’il s’agissait des plantes : yest le mode d’association des individus faisant partie d’une Communauté plus ou moins nombreuse, comme cela s’ob- IServe, particulièrement, chez les Polyes et chez les Acalèphes. des agrégations n’ont pas, au point de vue de la forme, a même importance que les individus simples qui les com- sent, et, par conséquent, elles peuvent rarement fournir AGASSIZ, 17 258. DE LA CLASSIFICATION. des caractères de famille dignes de confiance. Mais c’est un question qu'il sera plus opportun de traiter dans l’ouvrag spécial que je me propose de consacrer aux Hydroides ¢ d l'Amérique du Nord (1). 4 J'ai déclaré plus haut que les Botanistes ont défini les fa milles naturelles des végétaux avec plus de précision que le Zoologistes n’ont su le faire pour celles des animaux; Je fait remarquer en outre que la plupart d’entre eux ne fon pas de distinction entre les ordres et les familles. Le carat tére particulier du Règne végétal en est sans doute la cause ce règne, en effet, n’est pas établi sur des plans de structur aussi complétement différents que ceux des divers en branchements zoologiques. Au contraire, il est possible d tracer parmi les plantes une certaine gradation, et il est plu facile que dans le Règne animal de s'élever pr ogressivemel d’un type inférieur à un type supérieur bien distinct, quoiqu les Végétaux, pas plus que les Animaux, ne constituent un série simple. Il me paraît néanmoins que si les Cryptogames les Gymnospermes, les Monocotylédonées et les Dicotylé ie nées peuvent étre considérées comme des embranchemen du Régne végétal, analogues aux Rayonnés, aux Mollusque: aux Articulés et aux vertébrés parmi les animaux, des diWi sions comme celles des Fungus, des Algues, des Lichen des Mousses, des Hépatiques, des Fougères dans l’acception | plus large, pourraient étre envisagées comme des classé Les Diatomacées, les Conferves, les Fucus seraient des 61 dres; les Mousses et les Hépatiques des ordres ; les Equist tacées, les Fougères proprement dites, les Hydroptérides — les Lycopodiacées, des ordres encore. Toutes ces plantes pr sentent en effet différents degrés de complication dans” structure. C’est au contraire par la forme ou le port qu se rapprochent le plus leurs subdivisions naturelles, q peuvent être regardées comme des familles. Les famill naturelles végétales se distinguent généralement par le pol ~ comme les familles animales par la forme. On n’a qu’a Vv (1) Voy. 3° et 4° vol. des Contributions, etc. F LA mF |. + ie GENRES. 259 s Palmer, les Coniféres, les Ombelliféres, les Composées, Légumineuses, les Labiées, elc., pour avoir un exemple à cette uniformité d'aspect. V Genres. Linné savait déja fort bien que les genres existent dans | rie Cependant il appelle genres des groupes à beau- up desquels nous donnons un autre nom et dont quelques- Sdoivent étreregardés comme des familles. I] n’en demeure s moins prouvé, par ses œuvres même, qu'il était pleine- nt convaincu de la réalité de cette sorte de groupe. Il , en effet, nettement, dans sa Philosophia Botanica, . 169 : « Scias characterem non constituere genus, sed ‘genus characterem. Characterem fluere e genere, non ge- lus e charactere. Characterem non esse ut genus fiat, eC ut genus noscatur. » Un aphorisme aussi clair aurait di maintenir présente à brit des naturalistes l’idée que les genres ont une base le Mais cela n’a pas empéché les idées les plus vagues de évaloir à ce sujet. Bien petit est le nombre des observa- bis qui, de nos jours, croient positivement a la réalité des tinctions génériques instituées par eux. Quant à ce que les genres, la confusion est bien plus grande encore, ax “qui n’ont point approfondi ce sujet semblent être ivés à cette conclusion : les genres sont purement et sim- lement des groupes où sont réunies un certain nombre Æspèces possédant en commun quelques traits plus géné- x que ceux qui distinguent chacune d’elles. Pour eux, |e nulle différence essentielle entre les ca- s génériques et les caractères spécifiques; une seule peut former un genre, pour peu que ses carac- is soient pas tous conformes 4 ceux d’autres espéces, a lusieurs espèces en consutuent un lorsque leurs ca- es spécifiques présentent entre eux une certaine con: 260 DE LA CLASSIFICATION. formité (1). Loin d'admettre une semblable doctrine, i cro pouvoir démontrer que, pour grande ou petite que soit | différence observée ‘entre deux espéces, en tant qu’ espèces elles peuvent fort bien constituer un genre naturel ; il suff qu’elles aient des caractères génériques identiques. | J’ai dit plus haut que, pour mieux connaître sur qu étaient fondés les différents groupes adoptés dans les s tèmes zoologiques, j'avais consulté les œuvres de certail auteurs, célèbres dans les annales de la science à caused bonheur particulier avec lequel ils avaient caractérisé ur catégorie spéciale de groupe. J’ai cité Latreille comme s’éte distingué, entre tous les zoologistes, par la précision avec k quelle il avait défini les genres des Crustacés et des Insecte Il nous a laissé en effet sur ces animaux l'ouvrage le pl étendu qui existe (2). Un mot, que j'ai souvent entendu r péter par des entomologistes qui avaient connu Latreil fait très-exactement connaître la signification qu'il attac nai à l'idée de genre. A l'époque où il préparait le travail do je viens de parler, il ne perdait aucune occasion de se pr curer des spécimens, afin de déterminer parfaitement l près la nature les particularités génériques des anima qu'il décrivait. Pour cela, il faisait appel à ses confrères les priait de contribuer à sa collection. Mais ce n’était ] = pour accumuler des exemplaires qu’il mettait tant d'activités | w | se procurer ces objets, car il avait coutume de dire qu’il m avait besoin que « pour en examiner les parties ». N'y at pas dans ce mot une suggestion du maître, qui nous ense ce que sont les genres et comment nous devons les cara riser. N’est-ce pas la structure spéciale de telle ou telle pal tie qui caractérise les genres? N’est-ce pas le fini de l’or, nisation, la perfection des derniers détails de la struel (4) Spring, Ueber die naturhistorischen Begriffe von Gatlung, . Art Abart. Leipzig, 1838, in-8. — H. Burmeister, Zoonomische Briefe. Le 1856, 2 vol. in-8. — T, V. Wollaston, On the Variation of Species. 1856, in-8.—J, D. Dana; Thoughts on Species (Amer. Journ. Sc. a 1857, n° 24, p. 305). 3 (2) Latreille, Genera Crustaceorum et Inseclorum. Paris et Argen 4806-1808, 4 vol. in-8. 4 ESPECES. 261 bi distingue un genre d’un autre genre ? Latreille, en indi- uant ce dont il avait besoin pour l'étude des genres, nous donné la clef des rapports harmoniques qu’il y a entre ux. Les genres sont des groupes d’animaux très-étroitement liés, qui différent, non _par la forme, non par les PRE ela structure de quelques parties. C’est là, je crois, la ieilleure définition qu’on en puisse donner. Ce qui les carac- rise, ce ne sont pas certaines modifications des traits qui mt propres à la famille, car nous avons vu que le trait illant et différentiel des familles c’est la forme typique, et Sgenres d’une même famille ne diffèrent pas du tout par la jrme. Les genres ne sont pas non plus, tout simplement, ne certaine formule plus compréhensive que l’espèce, em- rassant des caractères plus nombreux ou d’une importance lis grande. En effet, les espéces d’un méme genre natu- el ne doivent présenter aucune différence de structure, | jais quelque chose qui manifeste d’une façon plus spéciale Tes relations que leurs représentants ont entre eux ou avec Te monde ambiant. Les genres, en un mot, sont des groupes haturels d’une sorte particulière, et leur distinction spéciale épose sur les derniers détails de la structure. VI . Espèces. On croit généralement que rien n’est plus aisé que la dé- rmination des espèces, et que, de tous les degrés d'alliance Qui peuvent exister entre les animaux, celui que constitue “entité spécifique est le plus nettement défini. On s’ima- gine même qu'un critérium infaillible de cette identité est urni par le rapprochement sexuel qui réunit, si naturel- ement, les individus de la même espèce dans la fonction implète, tout au moins une pétition de principes impos- ble à admettre dans une discussion philosophique sur ce s a ; ? r . À 262 DE LA CLASSIFICATION. - qui constitue véritablement les traits caractéristiques de l'espèce. Je l’affirme même : bien des problèmes embrouillé contenus dans la recherche des limites naturelles de ¢ groupe seraient depuis longtemps résolus, n’était l’insistane avec laquelle on présente généralement la capacité et ] disposition naturelle des individus à un rapprochemer fécond, comme une preuve suffisante de leur identité spéci fique. Je ne veux pas appuyer sur le fait que chaque now veau cas d’hybridité constaté (1) proteste derechef contr cette assertion. Je n’examinerai pas non plus s’il est possibl ou praticable d’écarter cette difficulté, en introduisant dan le débat la considération de la fécondité limitée du produi d'espèces différentes. Je ne ferai qu’une simple observatior Tant qu’on n’aura pas prouvé, pour toutes nos variétés d chiens, pour toutes celles de nos animaux domestiques € de nos plantes cultivées, qu'elles sont respectivement.déri vées d’une espèce unique, pure et sans mélange; tant qu’un doute pourra être conservé sur la communauté d’origine ¢ la descendance unique de toutes les races humaines, il se illogique d'admettre que le rapprochement sexuel, mêm donnant lieu à un produit fécond, soit un témoignage irré cusable de l'identité spécifique. 4 Pour justifier cette affirmation, je me bornerai à deman- der s’il est un naturaliste sans préjugés qui, de nos jou s, ose soutenir : : 4° Qu'il est prouvé que toutes les variétés domestiques dé moutons, de porcs, de bœufs, de lamas, de chevaux, d chiens, de volailles, etc., sont respectivement dérivées d'u tronc commun ; + 2° Que consid érer ces variétés comme le résultat d’un mi (1) Wiegman, Gekrünte Preisschrift über die Bastarderzeugung im Pfu zenreich. Brunswick, 1828, in-8. — Braun (A.), Ueber die Erscheinung dé Verjiingung in der Natur. Fribourg, 1849, in-4, — Morton (J. G.), Essay Hybridity (Amer. Journ., 1847). — Additional Observations on Hybrid Animals and on some collateral subjects. Charleston, Med. Journ. , 1850. De Selys Longchamps, Récapitulation des hybrides "observés dans la fam des Anatidées (Bull. Acad. Bruxelles, 1845), et Additions (ibid., 1856), 2° pz p. 6. 4 Le ESPÈCES. 263 ange extrême de plusieurs espèces primitivement distinctes est une hypothèse inadmissible ; Que des variétés importées de contrées lointaines, et e lesquelles il n’y a jamais eu accointance auparavant, me les poules de Shanghaï et nos poules communes, par iple, ne se mêlent pas complétement? | Où est le physiologiste qui pourrait affirmer en conscience que les limites de la fécondité entre espéces distinctes font connues avec une suffisante rigueur, pour qu’on en nisse faire la pierre de touche de l'identité spécifique? ai pourrait dire que les caractères distinctifs des hybrides conds et ceux des produits de sang non-mêlé sont telle- vent évidents, qu'on puisse retracer les traits primitifs de S nos animaux domestiques, ou bien ceux de toutes nos Mantes cultivées? Or, aussi longtemps que cela demeurera mpossible ; aussi longtemps que Ja communauté d’origine aura pas été prouvée pour toutes les races humaines, jour tous les animaux différents, pour toutes les plantes diverses dont il vient d’être question, et qui, chaque jour, Jepuis des milliers d'années, fournissent la preuve que eurs unions sont fécondes ; aussi longtemps qu’il y aura un 7 re and nombre d'animaux hermaphrodites pouvant multiplier | al ur espèce sans que le concours de deux individus soit né- “tessaire ; aussi longtemps qu’il y en aura d’autres pouvant ë multiplier par différents procédés sans l'intervention des sexes, — on ne sera point autorisé à prétendre que ces ani- aux ou ces plantes sont des espèces pures et sans mélange, t que la fécondité sexuelle est le critérium de V’identité SE pécifique. D'ailleurs, cette prétendue pierre de touche n’a uere de valeur pratique dans beaucoup de cas offrant un és-haut intérêt scientifique. On n’y a jamais recours, et, ue je sache, on n’en a jamais fait l'application avec un sultat satisfaisant, pour s’éclairer sur un cas douteux. le n’a jamais été d’aucune utilité au naturaliste conscien- eux et perplexe, en quête du degré de parenté pouvant pxister entre des animaux ou des plantes étroitement alliés, gui vivent dans des contrées éloignées ou sur des aires [2 ie Ju t£ fey la 5 be t 264 DE LA CLASSIFICATION, géographiques dépourvues de communication. Jamais elle ne contribuera à la solution d’un problème où soient en cause l’apparente différence, l’apparente identité, d'animaux ou de végétaux disparus et trouvés dans des formations géologiques diverses. Dans tous les cas critiques qui exi- gent une exactitude et une précision minutieuses, il faut re- jeter ce soi-disant critère, comme peu sûr et nécessairement hypothétique. La science exacte doit se passer de lui, al plus tot elle s’en sera débarrassée, mieux ‘ce sera. Mais, de méme que d’autres reliques du vieux temps, c’est une ma- niére d’épouvantail théorique que l’on garde dans sa boîte pour le faire seulement surgir à certains jours, quand i s’agit de donner le change et de fermer le débat sur la question de l’unité d’origine des races humaines. 1 Il est une autre erreur qui se rattache aux idées en vogue sur l’espèce et qu'il faut aussi que je signale; c’est cette affirmation spécieuse que l’espèce n’existe pas dans la nature de la même manière que les genres, les familles, les ordres, les classes et les embranchements. Il y a des gens qui sou- tiennent positivement (1) que l'espèce est fondée dans le nature d’une tout autre manière que ces groupes ; que son existence est en quelque sorte plus réelle; celle des autres groupes étant regardée comme idéale, alors méme qu of tout entière de l’individualité qui est en cause. On ne 8) méprendra pas, je l'espère; j'apprécie à toute sa valeur l'importance des rapports sexuels comme indice des liens étroits qui unissent ou peuvent unir les individus de I même espèce. Je sais, aussi bien que n’importe qui, dans quelle étendue cesrelations se manifestent à l'état de nature, Mais je prétends insister sur ce fait incontestable qu’elle ne sont pas aussi exclusives que le prétendent les na ralistes, aux yeux desquels elles constituent un critériun infaillible de l'identité spécifique. Je rappellerai à ceux (1) Burmeister (H.). Zoonomische Briefe, déjà cité, vol. I, p. 11. & ESPECES. | 265 ui l’oublient constamment que certains animaux, bien que d’espéces distinctes, s’unissent sexuellement et ont des produits ; — inféconds le plus souvent, cela est vrai, dans certaines espéces, mais jouissant d’une fécondité limitée la $ quelques autres et même, dans plusieurs, féconds à un degré qu'il n’a pas été jusqu’à présent possible de détermi- ner. Le rapprochement sexuel est le résultat, ou plutôt il est 1 expression la plus frappante, de l'alliance étroite établie à gine entre les individus de la même espèce; mais il n’est en aucune façon la cause de leur identité dans la suite des ge hérations qui se succèdent. Après la création, les ani- maux de la même espèce se sont réunis par couple, parce Wils étaient faits l’un pour l’autre; ils ne se sont pas re- erchés dans le but de fonder leur espèce, car celle-ci exis- ait pleinement avant que le premier individu provenant de leur union fût venu au monde. . Cette façon d'envisager le sujet acquiert d’autant plus l'ont pas pris origine par couple unique, mais ont été créées Yec un très-grand nombre d'individus, dans les proportions numériques qui produisent l'harmonie naturelle entre les êtres organisés. C’est la seule explication possible de la Procréation des hybrides ; elle est alors basée, en effet, sur le r approchement naturel d'individus appartenant à des espèces trés-voisines et qui peuvent devenir fécondes, l’une avec ‘Tautre, d'autant plus facilement qu’elles différent moins quant à la structure. … Pour supposer que les relations sexuelles déterminent lespece, il faudrait d’abord avoir démontré que la pro- Mhiscuité absolue, parmi les individus de la même espèce, Met le trait dominant du règne animal. Le fait est, au contraire, qu’un trés-grand nombre d'animaux, sans par- Ter de l'Homme, choisissent leur compagne pour la vie et Ont rarement des rapports avec une autre. Les éleveurs espéce ont moins de disposition à s’unir que les individus de la même race. Pour ma part, je ne puis pas concevoir com- 266 DE LA CLASSIFICATION. ment des moralistes, qui soutiennent l'unité d’origine de races humaines comme un des principes fondamentaux € quand de telles relations répugnent même aux sauvages. | d’ailleurs, il y a d'innombrables espèces chez lesquelles 1 trés-grand nombre d'individus ne sont jamais dévelop sexuellement; d’autres où les individus sexués Barna se multiplication s'opère par hourgeonnament dans une pr portion bien plus considérable que par génération sexuell Je pourrais rappeler, enfin, les phénomènes de générali¢ alternante, aujourd’hui si ‘bien connus chez les Acalèphe et les Vers, et le polymorphisme de plusieurs autres type On ne peut pas méconnaître la signification de parel faits, A moins d’aller jusqu’à la prétention absurde que Ie distinctions et les définitions introduites en Histoire nat relle, dans l’enfance de cette science, doivent continuer nous servir de norme dans l'appréciation des phénomé a naturels ; de nier qu'il y ait lieu de réformer et de modifi nos régles, conformément aux lois de la nature, à mes 1 que notre connaissance fait des progrès! C’est par exem IP s'unir, l’un avec la femelle de I’ autre, et de donner lieu au 1 produit qui diffère de celui que chacun deux eût obten Jument, comme représentant de son espèce, de mettre a monde un Mulet, ensuite de son union avec le Baudet, tand que l'Étalon accouplé i à l’'Anesse procrée un Bardot. lle encore pour eux caractéristique de produire des hybrid d’autre sorte avec le Zèbre, avec le Daw, etc. Comment dot croire que la fécondité ou tout au moins la promiscuil entre représentants de la même espèce puisse être un crit ESPECES. 267 im de Videntité spécifique ? Il y a cependant encore des listes qui voudraient la représenter comme une pierre \ touche infaillible, siinplement pour pouvoir soutenir lte thèse : tous les hommes descendent d’un couple uc ue. Ces faits s’ajoutent à tant d’autres qui, chaque jour, font ssortir davantage Ja probabilité que les individus d’une ne espèce vivant sur des aires géographiques sans com- mication entre elles aient eu une origine indépendante. | nous obligent à écarter de la définition philosophique l'espèce l’idée d’une communauté d’origine et, con- quemment aussi, l’idée de la nécessité d’un lien généa- rique. La preuve que tous les animaux ont été originelle- ent créés en nombre immense est tellement forte, que ypothèse de leur apparition première par couples sin- iliers est, on peut le dire, presque _enti¢rement aban- donnée par les naturalistes. Cela étant, Ja dérivation sexuelle | - 7 Donne pas le caractère essentiel et nécessaire des | èces, encore bien que le rapprochement des sexes soit le n. Si nous sommes conduits à admeltre, comme point de départ, pour chaque espèce, l'apparition d'un très-grand Nombre d'individus; si la même espèce a pu prendre origine la fois dans des localités différentes, entre ces premiers eprésentants de l'espèce, au moins, le lien provenant d'une | ême filiation n'existait pas. Or, comme le même argu- ment s’applique tout aussi rigoureusement à un premier uple unique, ce fantastique critérium de l'identité spé- ique doit être abandonné dans un cas comme dans l’autre. Li pala des classes, des embranchements. Ce qui, en 1, possède la réalité de l’existence, ce sont les individus, L: a ‘ne sont pas les espéces. Nous pouvons a la rigueur con- érer les individus comme des représentants de l'espèce, | ¢ ni un individu, ni un nombre quelconque d’ individus, Teprésente simplement l’espéce sans représenter aussi en ee tenet oe > es rs rer vec lui disparail à son tour la prétendue réalité de l'es- \ ice, opposée au mode d'existence des genres, des familles, | procédé naturel de leur reproduction et de leur multiplica- ) | 268 DE LA CLASSIFICATION. même temps, comme on l’a vu plus haut (sect. 1 à v), I genre, la famille, l’ordre, la classe et l'embranchement. « Avant d’ entreprendre de prouver tout ce que renferm cette proposition, j'examinerai d'abord les caractères di l'être individuel chez les animaux. L'existence des individu est parcimonieusement mesurée dans le temps et dans l’& pace ; elle a des bornes définies et appréciables. Ni l'individu ni l’ensemble des individus à un moment donné, ne repré sentent complétement l'espèce. Ils n’en sont jamais que le représentants temporaires, et cela d’autant plus que l’espèt a, dans la nature, une plus longue durée. Les individu d'une espèce quelconque, ceux de toutes les espèces exis tant à l'heure présente, succèdent à d’autres individus q ont vécu antérieurement et précèdent des générations qu leur survivront ; ils ne constituent pas l'espèce, ils la re: présentent. L’espéce est une entité idéale, aussi bien qu le genre, que la famille, que l'ordre, la classe, ou lem: branchement; elle continue à exister, tandis que, géné ration après génération, ses représentants meurent. M ui ses représentants n’expriment pas simplement ce qu il a de spécifique dans l'individu, ils manifestent et reprodut sent de la même manière, de génération en génération, tou ce qui en eux est générique, tout ce qui caractérise la as mille, l’ordre, la classe, l'embranchement, avec la même plénitude, la même constance, la même précision. L’espéc ce donc, existe dans la nature au même titre que tout autre groupe; elle est tout aussi idéale que le genre, la fa mille, etc., ou tout aussi réelle. Mais les individus existen véritablement d’une autre manière. Aucun d’eux ne prés sente au même instant tout ce qui est caractéristique d l'espèce, serait-il hermaphrodite ; aucun couple ne le peu faire davantage, méme quand l espècé n’est pas polymorphes Car les individus ont une croissance, une jeunesse, une m À turité, une vieillesse, et ils ont durant leur vie un habitat limité. L'espèce, il est vrai, ne jouit non plus que d'un existence limitée; mais nous pouvons, pour notre desseit considérer cette existence comme infinie, puisque nous ESPÈCES. 269 vons aucun moyen d'en déterminer la durée, soit dans temps géologiques antérieurs, soit dans la période ac- ‘Muelle, tandis que les cycles de la courte vie des individus sont des quantités aisément mesurables. Done, autant il est ai que les individus, pendant qu’ils existent, représentent ur espèce au moment actuel, mais ne la constituent pas, utant il est exact que ces mêmes individus représentent, en même temps, leur genre, leur famille, leur ordre, leur classe, leur embranchement. Ils en portent les caractères “comme ceux de l'espèce et d’une façon tout aussi indélébile. » Comme représentants de l'espèce, les individus entretien- lent les uns avec les autres les relations les plus étroites; ils ont avec le monde ambiant dans des rapports définis et eur existence est bornée à une période définie. « Comme représentants du genre, ces mêmes individus ont certains détails d’une structure définie et spécifique, iden- tiques avec ceux que possèdent les représentants d’autres espèces. …._ Comme représentants de la famille, ces mêmes individus nt une figure définie et expriment par des formes sem- bles à celles des représentants d’autres genres, ou par es formes propres si la famille ne contient qu’un seul enre, un modèle spécifique distinct. … Comme représentants de l’ordre, ces individus se placent i un rang défini, quand on les compare avec les représen- ants d’autres familles. _ Comme représentants de la classe, ces individus mani- estent le plan de structure de leur embranchement d’une aniére spéciale, exécutée à l'aide de moyens spéciaux et ivant des voies spéciales. Comme représentants de l embranchement, ces individus nt tous organisés d’aprés un plan distinct qui différe du lan des autres embranchements. __ Les individus sont donc les supports, pour le moment pré- sent, non-seulement des caractères spécifiques, mais encore mile tous les traits naturels au moyen desquels la vie animale Ke déploie dans toute sa diversité, 270 DE LA CLASSIFICATION. Ainsi envisagés, les individus réassument toute leur dignité ils cessent d’être absorbés dans l’espéce pour en constitue simplement la représentation, sans être rien par eux-mêmes Au contraire, il devient évident, à ce point de vue, que lim dividu est, pour l'heure présente, le glorieux porteur de toute les richesses que l'inépuisable fécondité de la nature pro digue à la vie. Cette manière d’envisager les choses fa comprendre ef outre comment on peut rechercher dan l'individu non-seulement l'espèce, mais encore le genre, li famille, l’ordre, ia classe et l’embranchement. De fait, ce: ainsi que les naturalistes ont toujours opéré dans la prati que, tout en niant, en théorie, que cela fat possible. 1 Maintenant que j'ai déblayé le terrain de tout ce qui lu était étranger , il me reste à montrer quelle est la chose qui constitue réellement l’espèce et comment on peut la "I tinguer avec precision dans ses limites naturelles. | Pour peu qu’on tienne à n’exclure de la définition aw cun trait essentiel et à n’y rien faire entrer qui n’ait cett qualité, il importe de reconnaître tout d’abord qu’un de caractères de l'espèce est d’appartenir à une période don: née de l’histoire du globe et d’être dans des rapports dé finis avec les conditions physiques alors prédominantes, ains qu’avec les animaux et les végétaux contemporains. Ce: rapports sont nombreux et se montrent : 1° Dans la port géographique naturelle à chaque espèce, aussi bien que dan son aptitude à s’acclimater dans les contrées où elle né s€ rencontrait pas primitivement ; 2° dans les relations qu’elle entretient avec les éléments ambiants, suivant qu’elle hab t l’eau ou la terre, les mers profondes, les ruisseaux, lé fleuves, les lacs, les bas-fonds, les bancs, les côtes sablons neuses, limonetises, rocheuses, les bancs de calcaire, A récifs coralins, les marais, les prairies, les jachéres, les landes, les déserts salés, les déserts sablonneux, les terre humides, les forêts, les vallées ombreuses, les coteaux expos sés au soleil, les régions basses, les plaines, les steppes, les hauts plateaux, les pics élevés ou les terres glacées des poles, etc.; 3° dans la dépendance où elle est de tel ou tel ESPECES. 271 iment pour subsister ; 4° dans la durée de la vie ; 5° dans ‘mode d'association des individus qui vivent en troupe, en stites sociétés, ou isolément; 6° et la durée et le retour la période de reproduction’ ° dans les changements bis par les individus durant Pa psBiseath oti et la périodie | é de ces changements pendant la ffiétainorphose : 8° dans a ode d'association de ses représentants avec les autres es, mode qui est plus ou moins intime et constitue chez Diese une association constante, et chez d’autres le rasitisme ; 9° dans toutes les particularités, vraiment spé- fiques, qui résultent de la stature définitive, des propor- ns des parties, de l’ornementation, etc., et de toutes les Une fois bien et entièrement déterminés tous les faits relatifs à ces considérations diverses, il ne peut plus rester doute sur la délimitation naturelle de l'espèce. Un insa- able désir de décrire des espèces nouvelles d’après des yanées insuffisantes a pu seul faire introduire, dans les systémes d'Histoire naturelle, tant d'espèces douteuses qui ajoutent rien à notre connaissance et grossissent inutile- me nt la nomenclature, déja si embrouillée, des animaux et As être identifiées à première vue, et qu'il faut au Onlraire beaucoup de temps, de recherches et de patience i en fixer les limites naturelles; si l’on admet en ire que l’énumération précédente rénferme bien ce qu’il fade plus hautement caractéristique pour ce groupe, on eut dire que l'espèce est basée sur l’exacte détermination lés rapports entre les individus et le monde ambiant, de. | ia parenté, des proportions et des rapports des parties ssi bien que de l’ornementation spéciale des animaux. Le bonne. description de l’espéce doit, par conséquent, être Orûparative. Ce doit être, pour ainsi dire, une biographie jui retrace l'origine et suive le développement du groupe liant sa vie tout entière. De plus, tous les changements ju¢ l'espèce peut subir dans le cours du temps, spéciale- 972 DE LA CLASSIFICATION. . 4 ment en vertu de l'intervention de l'Homme, à l’état « domesticité ou de culture, appartiennent à son histoire. L maladies elles-mêmes et les monstruosités auxquelles é peut être sujette, font partie intégrante du cycle où elle € renfermée aussi bien que ses variations naturelles. Ch quelques-unes, les variations de couleur sont fréquente d’autres ne changent jamais; d’autres changent périodiq d ment; d’autres encore, accidentellement. Il en est qui se ¢ pouillent 2 à des époques régulières de certains appendi@ formant leur parure (les Cerfs, de leurs bois, quelques ( seaux du plumage dont ils sont ornés à la saison 4 amours, etc.). Tout cela doit être déterminé pour chacui d'elles et aucune ne peut être regardée comme bien défi et suffisamment caractérisée, tant que son histoire n’est p complète, dans toute l'étendue que je viens de marquer. pratique a prévalu, depuis Linné, d’en borner la définitic à une simple diagnose. Aussi la confusion règne dans | nomenclatures et il est souvent impossible de reconnait quelles espéces avaient sous les yeux les auteurs de ¢ descriptions si concises. Sans la tradition qui, de génér tion en génération, en a transmis la connaissance a hommes qui cultivent les sciences en Europe, cette con! sion serait plus grande encore; sans la conservation ¢ beaucoup de collections originales, elle serait inextricab Dans les pays, comme l’Amérique, qui ne jouissent p de semblables avantages, il est souvent tout à fait inut de tenter l’examen critique des cas douteux de cette natur Un observateur des plus capables et hautement doués sens critique, le regrettable docteur Harris, a très-ju cieusement fait ressortir les difficultés contre lesquelles naturalistes américains ont à lutter à cet égard, dans. Préface de son Rapport sur les Insectes nuisibles à la vég tation. GROUPES INTERMÉDIAIRES, 273 Vil Autres divisions naturelles du Régne animal. ‘ve ne me suis occupé jusqu’ ici que des divisions tata mites dans les systèmes modernes par presque tous les aturalistes. Jai essayé de faire voir que ces groupes sont ondés dans la nature et ne doivent pas étre considérés pmme des procédés artificiels, inventés pour faciliter l'étude. près un examen consciencieux et approfondi de la question, > trouve que ces divisions comprennent toutes les catégories Gliance qui existent entre les animaux, au point de vue de Structure. | Les embranchements sont caractérisés par le prio de la iructure. Les classes, par le mode d’exécution du plan, en ce qui oncerne les voies et moyens. 4 Les ordres, par le degré de complication de la structure. 4 Les familles, par la forme telle qu’elle est déterminée par Ja structure. _ Les genres, par les détails de l'exécution des parties. _ Les espèces, par les rapports des individus soit entre eux, pit avec le monde ambiant, aussi bien que par les propor- ons des parties, Yornementation, etc. ’ Cependant il y a lieu, dans le système naturel de la Zoo- logie, de reconnaître d’autres divisions. Seulement ces xnières ne se retrouvent pas toujours aussi uniformément eles autres dans toutes les classes. Elles ne font, en réalité, ie limiter les divers autres groupes. “Une classe dans laquelle un système d’organes présente in développement particulier chez un certain nombre d’êtres, andis que tous les autres systèmes organiques sont identi- jues, peut être divisée en sous-classes. C’est le cas des Mar- Upiaux quand on les compare aux Mammiféres placentaires. és caractères sur lesquels cette subdivision est basée sont le même nature que ceux sur lesquels est fondée la classe AGASSIZ. 48 27h DE LA CLASSIFICATION. elle-même, mais ils ne s'étendent pas à son ensemble toi entier. Un ordre peut embrasser des groupes naturels de vi leur plus haute que les familles, fondés sur des caractères qi sont bien ceux de l’ordre, mais qui ne déterminent ni une su périorité ni une infériorité absolues. Partant ces groupes peuvent pas, par éux-mêmes, constituer des ordres distine Leurs caractères sont bien de nature ordinale, mais i sont, pour ainsi dire, mélangés et indiquent la supériori à certain égard et Pinfériorité par rapport à quelques aut traits. Ce sont des sous-ordres. L’ordre des Testudinés € fournit un exemple et contient deux sous-ordres naturels ( 7 Une famille naturelle peut présenter dans sa forme cara ristique des modifications telles qu’ on puisse établir Wap elles des subdivisions tranchées ; c’est ce que certains auteu appelleront sous-familles, et d’autres, tribus où Le à Dans un genre naturel, un certain nombre d’espècés aurc entre elles, sous le rapport des particularités qui constitue le genre, une conformité plus grande que d’autres espé et l'on distinguera un sous-genre. Les individus d’uné e ne qui occupent un champ spécial sur Vaire propre a ee espéce, pourront différer quelque peu les uns des autres constituer des variétés, etc. 4 Ces distinctions ont depuis longtemps été introduites da les systèmes ; tout naturaliste praticien ayant fait l'étude ¢ ciale d’une classe queleonque du Règne animal, a nécessañ ment été frappé de leur convenance. Ce grand nombre subdivisions sert à bien exprimer tous les degrés . d’affinité existant entre les différents membres d'un £ naturel supérieur. Mais je puis bien maintenir que es ¢ branchements, les classes, les ordres, les familles, les g les espèces sont des groupes établis dans la nature, chat d’après des catégories différentes; je puis bien me ‘abe cla prêt à tracer les limites naturelles de ces groupes d'à les traits caractéristiques sur lesquels ils sont rons: 1 m’en faut pas moins avouer que jé n’ai pas été capable (1) Voy. Contributions, etc., vol. 1, p. 308. GROUPES INTERMEDIAIRES. 275 écouvrir un principe de délimitation pour les groupes mi- urs (1). Tout ce que je puis dire, c est que les catégories récédemment envisagées et qui servent de base aux em- ranchements, dances ordres, familles, genres, espéces, it leurs degrés; de ces degrés résultent les sous-classes, $ sous-orûres, les sous-familles et les sous-genres. Pour le , il faut abandonner à l'arbitraire la fixation de ces paivisions, et il faut s’en arranger aussi bien que possible al que leur principe régulateur n’aura pas été déterminé. sspére néanmoins que ces estimations arbitraires disparai- mt à tout jamais de là science, pour ce qui concerne les égories elles-mêmes. Fusqw’ ici, l'inégalité dans la valeur intrinsèque de chaque à de groupe semble la règle ; et cette inégalité s’étend à is les groupes, car, même dans les embranchements, il y a classes entre lesquelles le rapprochement est plus étroit mire certaines autres. Les Polypes et les Acaléphes, par 2 sont bien plus voisins les uns des autres qu'ils ne le it des Echinodermes; il y a moins de distance entre les | ie et les Insectes qu'entre eux et les Vers, etc. Sur ce ré d'alliance entre des classes, dans leur embranche- nt respectif, on a fondé des sous-embranchements et fois on a exagéré ces différences au point de créer des em- chements distincts. Des rapprochements de même sorte re les embranchements ont fait distinguer encore des S-régiies. Je ne puis croire que des combinaisons aussi tiles puissent être considérées comme naturelles. Elles ppatssssene exprimer un rapport da à l'importance de yanisation dans son ensemble, comparée dans des groupes rents, plutôt qu’une affinité définie. Le professeur J. D. Dana a émis à cet égard quelques idées utiles son examen de mes Contributions, etc. Voy, Amer. Journ, sc. and arts, ï vol. XXV, p. 333. — Voy. aussi D. Veinland, On Series in the Animal m (Proc. Brit. Nat. Hist. Soc., t. VI, p. 119). 276 DE LA CLASSIFICATION, Vill Développement successif des caractères. On a maintes fois répété que les caractères qui distingue les différents tÿpes du règne animal se développent succe sivement, chez l'embryon, dans l’ordre de leur importance d’abord les grands traits de la structure de l’embranchemen puis les caractères de la classe, puis ceux de l’ordre, ensui ceux de la famille, ceux du genre, et finalement ceux de le pèce. Cette assertion n’a point soulevé d’opposition direct Au contraire, il semble qu’on l’ait approuvée presque sai discussion et qu’elle soit généralement tenue pour inconte table. L'importance du sujet exige cependant qu’on y rege de plus près. Si, en effet, l'Embryologie est pour la Zoolog la source de grands perfectionnements, il est, d’un aul côté, nécessaire de bien déterminer de quelle nature so les éclaircissements que celle-ci doit en attendre. Je dema derai donc si les Zoologistes modernes savent, avec wi précision suffisante, quels sont positivement les caractél de l'embranchement, de la classe, de l’ordre, etc., et $i sont autorisés à soutenir que, dans les progrès du dé loppement de l'embryon, les traits qui s’accusent peu peu correspondent 4 ces caractéres et se prononcent dai l'ordre de leur subordination? J’en doute. Je dirai pl Je suis certain que cette notion précise leur manque; 54 s'ils la possédaient, ils se seraient aperçus déjà que ce prétendue coïncidence, entre la subordination des grou zoologiques naturels et la succession des phases de lé lution embryonnaire, n’existe pas dans la nature. Il y a,@ est vrai, dans le développement de l’embryon, certain qui peuvent faire naître l’idée d’un progrès marcha l’organisation typique la plus générale à la spécialisation . plus extrême ; mais il ne procède pas suivant cet ordre ¢ succession stéréotypé, ni même, en général, de la. qu’on suppose. ORDRE D’APPARITION DES CARACTERES. 277 Voyons s’il ne serait pas possible d’introduire un peu lus de précision dans le probléme. Si ce que j’ai dit des xractères propres aux groupes naturels du Règne animal st exact, on a: 1° quatre grands embranchements ou pes, caractérisés par autant de plans différents de struc- re; — 2° des classes, caractérisées par les voies suivies ‘les moyens employés pour l’exécution du plan; — * des ordres, caractérisés par la simplicité ou la com- ication de la structure ; — 4° des familles, caractérisées r la différence des formes ou des particularités de la ructure qui déterminent la forme; — 5° des genres, caractérisés par les détails particuliers de la structure des Parties; — 6° des espèces, caractérisées par les rapports | les proportions des parties, les rapports des individus it entre eux, soit avec le monde ambiant; — on trouve fin les individus qui, pour le moment, représentent non- julement l’espèce avec toutes ses variétés et toutes les va- Hations d'âge, de sexe, de taille, etc., mais encore tous les traits caractéristiques des groupes supérieurs. Voilà donc, 4 un bout de la série, les catégories de la structure animale les plus compréhensives et, à l’autre bout, des individus. Bindividualité d’un côté; de l’autre, le groupe du règne animal qui embrasse davantage, Or, pour commencer par extrêmes notre examen critique de la marche de la vie ans ses manifestations successives, n’est-il pas évident, griice à tout ce que l’Embryologie nous apprend, que l’in- lividualisation est le vœu de toute multiplication ou repro- I tion ? Un germe (ou un certain nombre de Nerden ceuf rmé et rendu distinct, en tant qu’individu, du corps de Son parent, avant d’avoir assumé soit le caractère de son branchement, soit ceux de sa classe, etc. C’est là un fait Dune grande signification et qui montre bien l'importance ja l’individualité dans la nature. Après cela, il est vrai, 10us apercevons généralement les linéaments du plan struc- Ural avant que la manière dont ce plan sera exécuté ne levienne apparente. Le caractère de lembranchement est | 278 DE LA CLASSIFICATION. indiqué par les traits les plus généraux avant que ceux ¢ la classe puissent être reconnus avec quelqué précision et l’on peut baser là-dessus une des généralisations tom a importantes de l’Embryologie. On a soutenu, dans les termes les plus généraux, que à animaux supérieurs passent, durant leur développement, travers toutes les phases qui caractérisent les classes inf rieures, Ainsi formulée, cette proposition est tout à fait co traire à la vérité; et cependant il y a, dans de certe limites, une correspondance positive entre les phases em bryonnaires du développement des animaux supérieurs les caractères permanents d’autres animaux d’un degré in! rieur. Eh bien! le fait signalé plus haut permet de marq avec précision les limites dans lesquelles celte corres: dance peut être circonscrite. En tant qu’ceufs, dans lei condition primitive, tous les animaux se ressemblent. Mai aussitôt que l'embryon commence à montrer quelques trai caractéristiques, ceux-ci présentent des particularités tel que le type peut se distinguer. On ne peut done pas di qu'il y ait chez l’animal certaines phases de développeme qui ne rentrent pas dans les limites de son propre branchement. A aucun moment, un Vertébré n’est un Art culé ou ne lui ressemble; jamais un Articulé n’est un Mo lusque ; ni un Mollusque, un Rayonné ; et vice versé. Quelq correspondance qu’on puisse noter entre le jeune d’un an mal supérieur et l’état parfait d’un animal inférieur, @ est toujours contenue dans le cercle des représentants € même embranchement. Par exemple, les Mammifères e Oiseaux, aux premiers degrés de leur développement, pr sentent certains traits propres aux classes inférieures 4 Vertébrés : Reptiles et Poissons ; les Insectes rappellent Vers par quelques-unes de leurs phases primitive Mais cela demande quelques explications, sur lesquell nous aurons occasion de revenir un peu pilus loin. ju qu ’il en soit, il est déjà bien évident qu’aucun animal su rieur ne traverse une suite de phases rappelant tous | types inférieurs du règne animal, mais qu’il subit sim ORDRE D’APPARITION DES CARACTÈRES: 279 las une série de modifications, spéciales aux animaux de fembranchement auquel il appartient, Ce qu'on a dit du javactare infusorial des jeunes embryons de Vers, de Mol- ques et de Rayonnés ne peut plus soutenir la critique; car d'une part, il est impossible de considérer comme une asse naturelle les animaux qu’on appelle Infusoires et, utre part, les prétendus Infusoires qu’on citait sous ce apport ne sont eux-mêmes que des embryons ayant la aculté de se mouvoir (4). | gs les progrès du développement et à mesure que le général (embranchement) devient plus distinct chez embryon, le plan de la structure est de plus en plus etiement révélé par les particularités de la structure elle- néme. En d’autres termes, les voies et les moyens d’exécu- PA rendent bien saillant le plan d’abord esquissé à peine. ar suite, les caractères de la classe deviennent visibles. st ainsi qu'une larve d’Insecte, vermiforme, montre déja, ses trachées, qu'elle sera un jour un Insecte et non pas ia Ver comme elle en a, pour le moment, l'apparence. Mais | lig de cette structure spéciale, qui sont le ndement des ordres de la classe des Insectes, n’appa- aissent point encore. Cela ne s’achèvera qu ’à une dernière ériode de la vie embryonnaire. Au point où nous en sommes, 1 observe fréquemment une avance remarquable des ca- actéres de la famille sur ceux de l’ordre. Par exemple, un eune Hémiptère ou un jeune Orthoptére peuvent être wement rapportés à leur famille respective d’après les racléres quils présentent, bien avant de manifester les articularités qui les caractériseront comme Hémiptère ou [hope De même on peut reconnaitre que de jeunes sons font partie d’une certaine famille, avant que les ix de leur ordre soient apparents, etc. raison de ce fait saute aux yeux. Au fur et à mesure progrès de la structure, la forme générale s ébauche U ua peu et elle a déja acquis quelques-uns des traits qui la A) vor chap. I, sect, xix, p. 120, 280 DE LA CLASSIFICATION. : distinguent, bien avant que toutes les complications de la structure qui caractérisent l’ordre soient devenues visibles: Et, comme la forme caractérise essentiellement les familles on voit de suite pourquoi le type de la famille est nettement marqué chez un animal avant que les caractères de l’ordre soient développés. Les caractères spécifiques eux-même — au moins ceux qui, dépendant de la proportion des parties, ont pour cela une influence modificatrice sur ke forme, — peuvent être reconnus bien longtemps avant qué Jes caractères de l'ordre aient acquis leur pleine expres: sion. La Tortue qui happe, par exemple, montre son petil sternum en forme de croix, sa longue queue, ses habitudes féroces, même avant de sortir de l’œuf, avant de respi el par des poumons, avant que son derme se soit dur@ en une carapace osseuse, etc.; bien plus, elle happe, la bouche béante, dès qu'on en approche quelque chose, même alors qu’elle est encore entourée de son amnios & de son allantoïde et que la masse du jaune est plus gross que celle de son corps (1). Le Veau prend la forme bovin bien avant d’avoir acquis les caractères d’un Ruminant, _ cornes creuses ; le Faon présente toutes les particularités de son espèce avant que celles de sa famille soient déw loppées. 3 Quant ‘aux caractères du genre, on peut dire qu'il € trés-rare qu’ils s’accentuent dans un type quelconque d régne animal, avant que les traits spécifiques soient pout la plupart entiérement dessinés, sinon complétement for- més. Peut-il y avoir le moindre doute qu’un embryor _ humain appartient au genre Homme, même avant qu’un seule dent ait percé? Est-ce qu’un petit Chat, un petit Chie ne sont pas reconnaissables comme Chat et comme Chie avant que les griffes et les dents indiquent leur genre ? Cel (1) Le prince Max von Neuwied cite comme un fait remarquable que! Chelonura serpentina mord aussitôt qu’elle’sort de l’œuf. Je l’ai vue mord avec autant de férocité que le fait l’adulte, alors qu’elle n’était encore qu embryon pâle et presque incolore, enroulé dans ses enveloppes feetales, | jaune, plus volumineux que le corps, pendant sous le sternum ; trois mois aval l’éclosion. Le. ORDRE D’ APPARITION DES CARACTÈRES. 281 est-il pas vrai encore de l’Agneau, du Chevreau, du Pou- in, du Lapereau, du Souriceau, de beaucoup d’Oiseaux, e Reptiles, de Poissons, d’Insectes, de Mollusques, de ayonnés? Et pourquoi? Simplement parce que les propor- ns des parties, qui constituent les caractères spécifiques, ont reconnaissables avant l'achèvement des détails de la tructure, qui caractérisent le genre. Ces faits me paraissent de nature à avoir quelque influence les progrès à venir de la Zoologie. Ils nous permettront lésormais de déméler, de plus en plus nettement, les traits sur lesquels se fondent les différences et la subordination les groupes du Règne animal. Cette analyse de leur ordre apparition contrôle, pour ainsi dire, mes précédentes assertions sur la valeur respective et les caractères saillants le ces divisions. L'épreuve est favorable et cette circonstance “joutera, je pense, à la probabilité de leur exactitude. = Mais cela a une autre portée trés-considérable et que j'ai éja signalée en commençant ces remarques. Pour que mbryologie puisse fournir les moyens de résoudre quel- es-uns des difficiles problèmes de la Zoologie, il est indis- nsable de bien déterminer d’abord ce que sont les carac- éres de l’embranchement, de la classe, de l’ordre, de la amille, du genre et de l’espéce. Or, si l’on suppose que ces faractéres apparaissent nécessairement dans l’ordre de leur Subordination, pendant le développement embryonnaire, il n’y a rien à apprendre à cet égard dans les monographies ‘ernbryologiques. Il est bien rare que les embryologistes se préoccupent d’un point si utile à connaître pour le zoologiste. D'autre part, tant qu’on ignore qu’est-ce qui constitue posi- ement les caractéres des groupes qui viennent d’étre ommeés, il est impossible de découvrir les caractères d’un lé possédant qu’un genre, etc. Par la même raison, on prétendrait vainement arriver à un résultat légitime, en ce qui concerne la limitation naturelle des genres, des familles, des ordres, etc.; et, sans cela, pourtant, on ne bit pas même songer à entreprendre une classification 282 DE LA CLASSIFICATION. permanente du Régne animal. Encore moins pourealleg espérer d’établir une base solide pour la comparaison ge rale des animaux actuellement vivants avee ceux qui 0 of peuplé la surface du globe, aux anciens âges géologiques. Ce n’est pas le hasard qui m’a engagé dans cette étud mais bien la nécessité. Chaque fois que j’ai voulu compar par groupes plus ou moins compréhensifs, les anima de la présente période avec ceux des âges sarin les premiéres phases du développement d'animaux s rieurs avec l’état adulte d'animaux inférieurs, j'ai constar ment été arrêté dans ma marche par des doutes sur l’éga valeur des mesures que j’em ployais. A la fin, j'ai fait de ¢ mesures elles-mêmes l'objet d’investigations nn trés-étendues, qui ont embrassé un champ beaucoup vaste qu’on ne le croirait en lisant ces observations. En ef j'ai, pour la commodité de mes études, revu, à principes, presque tout le Règne animal; et j'ai introdu presque pour chaque classe des changements tout à fe inattendus dans la classification. 4 J’ai déjà exprimé (4) la conviction où je suis qu’il w qu'un système vrai: celui de la nature; et que, par à séquent, personne ne doit avoir l'ambition d'élever système à soi, Je n’essayerai pas même de présenter ici € résultats sous la forme d’un diagramme. Je me borne“ exprimer la conviction que tout ce que nous pouvons véf tablement faire de mieux, c’est de traduire, avec l'imper! tion du langage humain, les pensées profondes, les relatio sans nombre, la signification insondable, du plan que mai festent et réalisent les objets naturels eux-mémes. Bur plus haute récompense serait de constater, un jour, que j contribué 4 maintenir les observateurs dans la voie de vérité, (4) Voy. chap. I, sect 1, p. 7-9, ANALOGIES. : 283 IX Catégories d'analogie. be pus n'avons considéré jusqu’ici que les rapports ayant ur fondement des traits de la structure rigoureusement imologues. Nous allons maintenant procéder à l'examen relations plus lointaines et moins définies, auxquelles on > le nom d’Analogies. 7 ai déja expliqué en quoi les homologies différent des Nh alogies (1). L’homologie est cette sorte de rapports qui tissent de l'identité de la structure, entre animaux diffé- mts appartenant à des divisions naturelles de même caté- ie. L’analogie est la ressemblance produite par la combi- 1 iison des traits qui caractérisent un groupe naturel avec x qui en caractérisent un autre (2). Ainsi, nous avons vu qu'il y a homologie : entre tous les aaux faisant partie d'un même embranchement, en tant ie l’on considère le plan de leur structure ; entre tous les »mbres d’une classe, pour ce qui est du mode d’exécution (à ce plan; entre tous ceux d’un ordre, eu égard à la com- cation de leur structure; entre tous les représentants de da même famille, de par la forme ; entre les genres d’une F amille unique, si l’on s’en tient aux particularités de détail é leur structure. Méme dans les limites étroites de l'espèce, peut encore trouver des homologies chez les genres qui comptent de nombreux représentants; mais cela ne s’étend pis aux espèces de deux genres voisins. Il est done évident he catégories d’homologie sont aussi nombreuses et aussi diverses que les catégories de différences dont la dis- j notion est possible dans la structure des animaux; en | (A) Voy. p. 26, sect. v. (2) On a encore dit que Fhomologie résultait de l'identité de la structure Bias saci de la fonction, et l’analogie, inversement, de la parité des pictions quelle que fût la structure. La définition ci-dessus donnée est plus ‘ise, parce qu’elle embrasse toutes les catégories d'analogie et d’homologie, 284 DE LA GLASSIFICATION. d’autres termes, il y a des homologies d’embranchement, de homologies de classe, des homologies d’ordre, de famille, de genre,-d’espéce. Il n’est pas un zoologiste pratique à les: prit duquel ne se présentent de suite les exemples de ce homologies des catégories les plus générales. Les homolo gies spécifiques se découvrent plus particulièremement dan: ces traits de la structure qui déterminent les proportions des parties ; c’est le cas, par exemple, lorsque toutes les espèce d’un même genre ont le cou long, la queue courte, les jambes hautes, etc., tandis que celles d’un genre fort voisit peuvent présenter des proportions inverses, etc. 4 Voyons maintenant quelles sont les catégories d’analogiee jusqu’à quel point il est possible, dans n’importe quelle cir. constance, de distinguer ce qui est homologie d’avec ce qui es analogie. Si l’Analogie est la ressemblance produite park combinaison des caractères d’un groupe avec ceux d'un autre groupe (comme les caractères de classe d’une certain classe avec les caractères équivalents d’un autre groupe dell même sorte, ou avec ceux des familles d’une autre classe). la recherche de ce genre de rapport se borne à ME les différentes catégories de la structure qui ont fait précé demment l’objet de notre considération embranch tel classes, ordres, etc.), el à apprécier correctement la manière dont elles sont combinées l’une avec l’autre. Il suffira, p al exemple, de voir comment les traits qui résultent d’un tain mode d’exécution des homologies d’un type sont com binés avec la structure d’un autre type; en d’autres termes, on tiendra compte de tous les traits qui se montreront, sans se maintenir dans les limites où les structures sont rigou reusement homologues. Etudier les analogies, c’est dom rechercher les traits, d’ailleurs plus ou moins distincts, qui sont le caractère naturel d’une sorte de groupe, au sein dt leur combinaison avec ceux qui en caractérisent une autre C’est ainsi que la parité établie entre l'aile d’un Insecte@ l'aile d’un oiseau a pour base l'analogie. L’entiére différence qu'il y a dans la structure des organes du vol, chez les é6tr de ces deux classes, ne nous permet pas de considérer | ANALOGIES. 285 ‘similitude entre ces organes comme une homologie; en | ffet, ils ne sont pas de construction homologue. Mais il y a -analogie entre eux ; car, malgré que la structure particuliére caractéristique de l’un et de l’autre type ait été mise en uvre pour l’exécution de ces organes, comme ils accom- ssent la même fonction, ils semblent être de même nature. Si l’on admet que ces distinctions soient fondées, les ca- égories d’analogie seront. les mêmes que les catégories lhomologie. Il y aura des analogies d’embranchement, de lasse, d'ordre, de famille, de genre, d'espèce. Parfois cette sorte de corrélation s’observera d’embranchement à embran- shement, de classe à classe, d’ordre à ordre, etc., parfois aussi ès traits caractéristiques d’un embranchement ou d’une classe ne se retrouveront que dans certaines families ou à méme dans quelques genres d’un autre embranchement ou ‘dune autre classe. L’étude des analogies devient ainsi fort “difficile et extrêmement compliquée; de là, sans doute, les erreurs et les inexactitudes qu'ont eues trop souvent pour résultat les tentatives de classification du règne animal. _ Analogies @embranchement. — ll ya “dans le plan de ‘slructure caractéristique de chaque embranchement quel- que chose de si spécial, que les analogies de la catégorie ‘qui nous occupe ne s'étendent pas d'un embranchement à tout un autre embranchement. Au contraire, elles n’attei- gnent en général que les groupes mineurs d’une ou de plu- Sieurs classes et embrassent rarement une classe entière. Cependant parmi les Mollusques, il y a, pour tous les Cé- phalopodes, analogie d’embranchement avec les Rayonnés, ‘dans la disposition des bras autour de la bouche. Tous les Bryozoaires présentent. avec les Polypes une analo- “aie frappante, par la couronne qui s’épanouit à leur partie 4 upérieure; il en est de même des tentacules d’un grand nombre d’Annélides Dorsibranches. Il y a une analogie im- possible à méconnaitre entre la structure de la charpente solide des Echinodermes (spécialement chez les Étoiles de mer) et le plan de structure des Articulés. C’est à ce point e Oken n’hésite pas à rapporter les Echinodermes à l’em- TO DÉS ETES BE Es 286 DE LA CLASSIFICATION. branchement des Articulés, et confond cette analogie « une homologie véritable. — 4 Analogies de classe. = Les voies et moyens de réali sation du plan structural, dans une classe, ont sou des analogies frappantes avec ceux d’une autre cla Ainsi, parmi les Vertébrés, une classe tout entière a de ailes, celle des Oiseaux ; et dans aucune autre classe les aile ne sont construites cothme dans celle-là. Toutefois, k Chauves-Souris, aussi, sont ailées; et quelques poisson: Ê capables de s'élever au-dessus de l'eau, sont décrits comm ayant des ailes. Mais l'aile de la Chauve-Souris est homo logue au membre antérieur d’un autre Mammifére ; elle es analogue seulement à Vaile des Oiseaux (4). I en est « même des soi-disant ailes des Poissons volants, véritable ns geoire, homologue à la nageoire pectorale des autres po sons osseux, et construite d’une autre manière que l'aile di la Chauve-Souris ou de l'Oiseau. Les ailes des Insectes sont en tiérement différentes et leur analogie avec celles des Oiseat est encore plus lointaine que chez la Chauve-Souris ou | Poisson volant, d'autant que ce n’est plus là une anal entre animaux de deux classes du même embranchemen mais entre les représentants de deux classes appartenaï chacune à un embranchement divers. La différence p ort done non pas seulement sur le mode d'exécution d’un p commun, mais bien sur le plan lui-méme. 4 Analogies d'ordré. — Les ordres sont fondés car's complications de la structure qui caractérise la classe; dt lors, il n’est pas vraisemblable que les analogies de cett catégorie puissent se présenter entre les ordres d’une mén classe. Il faut plutôt s'attendre à les rencontrer entre le ordres de deux classes voisines où entre les ordres d'a n classe supérieure et les classes inférieures du méme emb chement. Ainsi, il y a une corrélation remarquable ¢ les ordres de la classe des Batraciens et ceux de la classe 4 4 (1) En tant que membres de le Vertébés, ces deux sortes d'ailes sont À Jogues ; en tant qu’ailes, elles ne sont qu’analogues, = ANALOGIES. 987 sptiles vrais (1). On en peut dire autant, dans la classe des Mammifères, de l’ordre des Cétacés comparé avec la classe itiére des Poissons, ou de l’ordre inférieur des Insectes os Myriapodes) comparé à la classe des Vers, et de l’ordre férieur des Acaléphes (les Hydroïdes) comparé à la classe es Polypes (2). Une connaissance bien nette de cette sorte ‘analogies est de la plus haute importance, pour l’étude des finités véritables. Mainte et mainte fois, en se méprenant iv la valeur réelle de ces traits de la structure, les zoolo- stés ont fait fausse route et établi des groupes d’après une lerprétation erronée de ces ressemblances. C’est ainsi que, commencement du siécle dernier, on réunissait les Gé- céS aux Poissons; et, de nos jours encore, nous voyons les vdroïdes, qui sont de vrais Acaléphes d’un ordre inférieur, onfondus en une seule classe avec les Polypes. Analogies de famille. — n’est pas besoin d’une con- issance trés-familiére du Règne animal pour savoir quelle le ressemblance il existe parfois, quant à la forme, entre i animaux qui appartiennent à des types absolument diffé- sats. Mais, comme leur physionomie n’est pas déterminée at des traits identiques de la structure, ces animaux ne euvent cerlainement pas être considérés comme de formes omologues. Quelque étroite que puisse être la ressemblance exiéricure, il suffit d’un effort pour distinguer entre les formes analogues et les formes homologues. Cela ne peut Miunquer d’ajouter à la précision des recherches zoologiques. Quand, par exemple, on compare la forme des Vers à celle dés Holothuries, il faudrait avoir présent à l'esprit que, en raison du plan de leur structure et de leur homologie avec % autres Articulés, les Vers ont, pour plus long diamètre, _ > diamètre longitudinal. Au contraire, sur les Holothuries, e les homologies identifient aux Rayonnés, le grand dia- Mitre est le vertical. {1 n’en faut pas davantage pour prouver Que, malgré la très-grande ressemblance des deux formes, 4 1) Voy. Contributions, elc., vol. 1, sect, M, p, 252. 2) Voy. Contributions, elc., t. HAL. 288 DE LA CLASSIFIGATION. celle des Holothuries est seulement analogue à celle Vers. Les limites de l’homologie entre formes semblables s largissent beaucoup et s’étendent au dela du cercle de classe. Il y a certainement homologie de formes entre Lézards et les Salamandres, qui appartiennent à deux clas différentes. D’un autre côté des formes semblables, dans même classe, ne sont pas nécessairement homologues : | exemple, le long museau du Syngnathe et celui de la Fis laire, la tête plate du Lophius et celle du Scaphirhyncus présentent qu’une analogie lointaine ; il y a en effet une férence complète dans la structure de ces organes. On imparfaitement étudié les formes des animaux, on a tenu peu compte des éléments de la structure qui les déter nent, qu’essayer de préciser quelles sont les analogies les homologies de forme, serait peut-être prématuré. Si 1 a égard à leur position, les six paires d’appendices arti qui sont placés sur les côtés de la bouche du crabe pie de-cheval (Limule) sont positivement homologues aux n choires des Crustacés supérieurs ; mais si l’on considère forme, c’est aux pattes thoraciques de ces animaux qu’el ressemblent; d’un autre côté, en tant qu’appendices des & neaux typiques d’un Articulé, toutes ces parties sont hom logues. Ici, par conséquent, il faut se représenter que, en qui concerne la forme, les appendices buccaux du Limu sont simplement analogues aux pattes des Décapodes, tam que les unes et les autres sont cependant homologues. tant que parties du corps d’un Articulé. Ce cas et d’autre semblables peuvent montrer quel large champ de recherche offrent encore l’étude et la distinction des analogies et des homologies de forme. é Analogies de genre. — Ce qui caractérise les genres sont certaines particularités de la structure, limitées à ou telle partie de l'animal; les analogies de genre doi donc se réduire à la ressemblance de certaines parties ¢ corps et ne pas s'étendre à l'aspect général. Les gent doivent, sans doute, comme parties de la famille, présent ANALOGIES D’ESPECE. 289 même forme, combinée à la complication de structure ropre à leur ordre; mais lorsque des analogies de genre 7 produisent entre animaux de familles différentes, la forme énérale de ces genres analogues peut se trouver fort dis- mblable. De même, leur structure peut offrir, quant à | complication, des combinaisons entièrement diverses, es même sur un mode d’exécution tout à fait différent, ces genres sont de classes ou d'ordres différents. Elle peut, 2 outre, être édifiée sur des plans absolument distincts, i le cas où ils n’appartiennent pas au même embranche- nt. Rien de tout cela n’empéche que des animaux aient l PR ressemblance dans quelques-unes de leurs rties, et ce sont là précisément les analogies de genre. Donc, c’est entre animaux de familles trés-diverses, ap - irtenant à des ordres, même à des classes et à des embran- lements distincts, que les analogies de genre se manifes- nt le plus souvent. C’est ainsi qu’il y a une analogie de ore bien marquée entre la denture des Insectivores, qui partiennent à la classe des Mammifères, et celle des Chara- s qui font partie de la classe des Poissons. Même analogie observe entre quelques genres de la famille des Sparoides, de celle des Chromides; entre certains genres de la famille Insectivores et d'autres de celle des Rongeurs; entre ielques-uns de la famille des Bombyx et quelques-uns de belle des Papillons, etc. "Analogies d'espèce. — Si les caractères de l'espèce ont hr réel fondement les rapports des individus, entre eux avec le monde ambiant, et les proportions ou lornemen- flion des parties, on ne peut manquer de découvrir des ailogies spécifiques, résultat de ces relations diverses, chez lés animaux de genres, de familles, d’ordres, de classes, ou imbranchements différents. Par cela seul qu’ils sont aqua- ies, des animaux qui appartiennent à des genres dans @s(jucls on compte aussi des espèces terrestres ont les uns Vee les autres une certaine analogie. Tous les animaux qui Mont par couple, ou en troupe, ou isolément, peuvent être | a comme ayant, de ce chef, de l’analogie; surtout GASSIZ. 19 290 DE LA CLASSIFICATION. s'ils appartiennent à des genres dont plusieurs espèces ot entre elles ces divers rapports. Mais c’est dans les proportion relatives des parties chez des espéces de genres différents soit d’une même famille, soit de familles distinctes mais d’ in seule classe, et dans l’ornementation extérieure, qu'on ob serve les plus nombreuses analogies spécifiques. J'ai déja ¢ que des homologies d’espéce peuvent résulter de la longue relative de la tête, du cou, de la queue, ete. Mais il ya seul ment analogie spécifique entre le Zerda, espèce de Chie qu’on rencontre dans l’intérieur de l'Afrique et que eara térise la longueur extraordinaire des oreilles, et ces espéct de lièvre, vivant aussi dans le désert, qui ont les oreill plus longues et plus grosses que les lièvres de bois et « marais. Cette analogie provient sans doute de ce que, dai les circonstances ou sont placés ces animaux, une pli grande acuité de l’ouie leur est nécessaire ; quoi qu'il soit, ils appartiennent à des ordres différents de la mén classe; voilà donc une analogie d’espèce. Le type du dess et de la couleur peut aussi donner lieu à une analogie même nature; c’est ce qui est produit par les bandes de. dernier cas qu’elle a suggéré le nom de l'animal : — Can lopard. 4 Il est inutile d'indiquer ces analogies d’un bout à Pau du Règne animal. Les quelques exemples donnés suffise pour appeler l'attention sur ce sujet et montrer linté d’une recherche soigneuse de toutes les catégories d’ana gie. Mais il y a peut-être utilité à placer ici quelques rem ques encore pour bien établir la distinction entre les tr homologues et les traits analogues. Etendues ou restreinl Jes homologies sont rigoureusement circonscrites dans“ groupes de même sorte. Conséquemment, lorsqu'un | t quelconque, observé sur un animal, n’est pas commun at les représentants du groupe dans lequel on l’observe, 1 de bonnes raisons pour soupgonner que ce n’est point! homologie véritable, mais plutôt une analogie quelconque ANALOGIE ET HOMOLOGIE. 294 ar exemple, la corde dorsale étant un trait fondamental de i corde dorsale, ne peut pas être l’homologue de cette orde. Elle peut tout au plus en être l’analogue. C’est, par xemple, le cas de la bande médiane qui apparaît lors du éveloppement initial de l'embryon des Crustacés. Chez les ertébrés, les progrés ultérieurs de la formation de l’épine ont apparaître des arcs au-dessous et au-dessus de la corde orsale ; tandis que, chez les Crustacés, il ne s’en développe ue dans un sens. Nous devons donc considérer les arcs olides des Crustacés comme une structure analogue seule- nent et non pas homologue à celle des Vertébrés ; et encore ut au plus, car ces arcs renferment non-seulement le sys- sme nerveux comme chez les Vertébrés, mais aussi tous as viscéres. Le système d’articulation chez les Articulés mésente, par conséquent, une analogie d’embranchement ec le système vertébral des Vertébrés, mais nulle homo- jgie vraie. La classe des Poissons est éminemment carac- srisée par Ja présence de branchies ; or, les Crustacés ont àssi des branchies et de même les Céphalopodes, beau- jup de Gastéropodes, la plupart des Acéphales. Mais la ructure de ces branchies est extrêmement différente dans ces différentes classes, La présence de ces organes ne con- Shtue donc qu'une analogie et ne révèle aucune affinité réelle. Au contraire, les soi-disant poumons des Gastéropodes ter- restres ont, quant à la structure, la plus étroite ressemblance avec les branchies des autres Mollusques et dénotent ainsi ie affinité réelle entre les uns et les autres; mais la struc- ire de ces poches à air, rappelant celle des branchies, n’éta- | qu’ une analogie entre eux et les autres animaux à respi- lion pulmonaire. On pourrait ainsi poursuivre, à tous les Jegrés, sous toutes les combinaisons, à travers le Règne ani- ni tout entier, les analogies et les homologies; on serait sûr arriver à des résultats satisfaisants, pourvu qu’on se sou- t toujours que les analogies sont les traits d’un groupe mbinés aux caractères d’un autre groupe, et les homolo- 999 DE LA CLASSIFICATION. gies des ressemblances circonscrites dans le cercle du mém groupe. ‘3 X Conclusions. ét L'importance d'une recherche comme celle dont je vie de présenter les résultats ne peut étre méconnue de 06 sonne. Tous les groupes divers introduits dans le systén naturel doivent avoir une signification définie; chacun d’eu exprime, entre les étres vivants, un rapport défini, fon dans la nature, et aussi peu susceptible d’étre modifié ark trairement que n’importe quelle autre loi, forinulant Jes ph nomènes naturels ; enfin les limites naturelles de ces group peuvent être fixées à l’aide d’une recherche consciencieus Si j'ai bien fait comprendre ces vérités, si je les ai rendu évidentes, l'étude de la classification ou de la systématisatic des affinités existant entre les étres organisés va reprend un vif et nouvel intérêt, après avoir cessé d’exciter l’att@ tion des observateurs voués aux recherches sérieuses et 0 ginales. Les liens nombreux qui, rattachant en un gral tout les animaux et les plantes, en font l’expression viva d’une conception grandiose réalisée dans le cours du tem} une sorte d’épopée immense qui a l'âme et la vie, ces lié vont être examinés avec un soin nouveau, déterminés avi une précision plus grande, exprimés avec une propriété une clarté croissantes. Les classifications fantaisistes et at ficielles perdront graduellement leur puissance sur une col munauté mieux informée, et les travailleurs se garderont mettre au jour des obser vations précipitées et insuffisantes Le savant ne prétera aucune attention aux caractères d'u ( nouvelle espéce, si elle n’a pas été étudiée avec soin et co parée à celles qui lui sont le plus étroitement alliées; aucut genre ne sera admis que les particularités de sa stroël | n’aient été clairement et distinctement exposées; nulle mille ne sera considérée comme bien fondée, sans préser un système distinct de formes intimement combinées CONCLUSIONS. 293 Blerminges par | les rapports de la structure; pas un ordre e sera accepté, s’il ne représente un degré bien marqué de omplication dans la structure; aucune classe ne sera jugée ligne de ce nom, à moins d’être l'expression, distincte et idépendante, d'un certain plan général exécuté d’une façon articuliére et par des moyens particuliers ; aucun embran- hement ne prendra place parmi les groupes fondamentaux u Règne animal, s’il n’est pas la manifestation nette d’un an tout à fait spécial et non convertible en un autre. Enfin, > naturaliste ne sera autorisé à introduire un groupe quel- onque dans les systèmes, qu’aprés avoir prouvé : — 1° que e groupe est naturel ; — 2° qu’il est de telle ou telle caté- orie, évitant ainsi d'appeler famille ce qui serait genre ou rdre, de nommer classe ou embranchement ce qui pourrait ire ordre ou classe; — 3° que les caractères par lesquels il yout être reconnu sont bien effectivement ou spécifiques, ou lénériques, ou de famille, d'ordre, de classe, d’embranche- nent, Ainsi nos livres cesseront de présenter cette confusion Incommode et trop générale qui inscrit des caractères géné- Tiques dans la diagnose des espèces, ceux de l’ordre ou de Ta famille dans celle des classes ou celle des embranche- ‘ments (1). On dira peut-être que tout cela ne rendra pas l'étude de a Zoologie plus facile. Sans doute ; mais si l'examen attentif le ce qui a été établi dans les pages précédentes, relative- Ment à la classification, conduit à rechercher avec plus de Soin tous les rapports divers existant soit entre les animaux, Ment réussi dans l’objet que je me suis proposé en entre- p ‘enant cette étude. D ‘ailleurs, ilest bien temps que cer tains zoologistes quis'’in- À il lent Wh inidiaats se souviennent que, pour étre compris, a Ie Je ne veux rien dire de personnel, et, par con:équent, je m’abstiens de fitations qui justifieraient ce que j’avance. Mais que ceux qui se piquent de soin t d’exactitude, fassent l’examen critique de toutes les descriptions d'espèces, toutes les déterminations de genres, de familles, d'ordres, de classes et mbranchements, et ils se convaincront que des caractères de méme nature it D npioyés indistinctement pour déterminer lous ces groupes, 29h DE LA CLASSIFICATION. les objets naturels veulent quelque chose de plus qu’un couf nomes qui ne se lassent pas d'observer le petit nombr d’astres faisant partie de notre système solaire, afin d'a déterminer, avec une précision de plus en plus grande, le mouvements, la grandeur, la constitution physique; il devraient ne pas perdre de vue que tout être organisé, s simple qu’en soit la structure, présente à notre appréciatiol des phénomènes bien plus compliqués, bien plus inacces sibles, que tous les corps célestes réunis. Ils devraient songer que, si les chefs-d’ceuvre littéraires de l'antiquité n’on point cessé d'attirer l'attention des critiques, si nul s’imagine avoir encore épuisé l’étude de leur grandeur € de leur beauté à plus forte raison, les œuvres vivantes dt Dieu, sphère spéciale de l’étude des zoologistes, ne cesse ront jamais de leur offrir un intérêt nouveau tant qu’ellé seront étudiées avec un sens juste. Cette étude, en effet, doi inspirer à qui s’y livre une admiration et un respect pro fonds pour ces productions merveilleuses. En particulier, le sujet de la classification, qui sembl tout d’abord n’être qu’un champ borné de la science des an maux, ne peut être bien et pleinement compris qu’à l’aide connaissances embrassant tous les points que j’ai signalé dans les pages qui précédent. (1) La simple indication de l'existence d’une espèce est une pauvre additic à nos conna:ssances, lorsqu’on la met en parallèle avec les monographies où" structure, le développement d’un seul animal sont mis en pleine lumièré (l'anatomie du Cossus, par Lyonnet ; de la Tortue, par Bojanus; du Mélolo nth par Strauss-Durckheim ; du Nautile, par Owen; les travaux d’embryogénie ¢ Baer, Bischoff, Rathke, Müller, Külliker, Herold et tant d’autres). Et cependa ces documents précieux ne s’appliquent qu’à un petit nombre d’étres; ¢@ à peine s’il paraît chaque année un ouvrage de ce genre. Combien de millier d'années faudrait-il, avec les allures actuelles du progrès, pour qu'on cont convenablement, sous tous les rapports, les milliers d’étres vivants ou étein dont l'existence est aujourd’hui constatée ! Cela devrait refroidir un peu c esprits bouillants qui disputent de la découverte d’un brin de laine sur w toison, Mais soupçonnent-ils seulement quelles riches moissons il y a encore faire? ’ : CHAPITRE TROISIÈME | REMARQUES SUR LES PRINCIPAUX SYSTÈMES ZOOLOGIQUES. oo Observations générales sur les systèmes modernes. Sans prétendre faire ici un exposé historique des traits rincipaux qui distinguent tous les systèmes zoologiques, je rois utile d'établir une comparaison critique entre l'œuvre es naturalistes modernes et les principes que je viens de iscuter. Pour cela il ne serait pas absolument nécessaire ¢ nous reporter au delà de la publication du Règne Animal, était que Cuvier lui-même est représenté par quelques sturalistes, spécialement par Ehrenberg (1) et d’autres ologistes allemands, comme inclinant à diviser l’ensemble u Règne animal en deux grands groupes : les Vertébrés | les Invertébrés. Or, en réalité, c’est Cuvier qui, le pre- | er, répudiant ses propres vues antérieures, a introduit ans la classification du régne animal la division en quatre ji branchements, devenue le point de départ de tous les ogres de la Zoologie moderne. Le premier il a fait voir que les animaux, loin de différer seulement par les modi- 1388 d’une structure même et unique, sont au contraire construits sur quatre plans distincts d’où résultent les groupes 1 C. G. Ehrenberg, Les coraux de la mer Rouge. Berlin, 1834, in-4, 296 DE LA CLASSIFICATION. naturels et distincts qu'il a nommés Rayonnés, ‘Artioulél Mollusques et Vertébrés. q Il est bien vrai que les subdivisions secondaires de ce groupes principaux ont subi quelques changements dep : Ja publication du « Règne Animal ». Plusieurs d’entre elles des classes entières même, ont été reportées d’un embran chement dans un autre; mais il est aussi très-vrai que lidé caractéristique qui forme la base de ces grandes coupes. été, pour la première fois, aperçue par ce maitre, le pli grand zoologiste de tous les temps. 4 Ce que je me propose en ce moment ce n ’est pas d’exi miner si la circonscription de ces grands groupes a ét tracée par Cuvier avec une suffisante exactitude, et s’il y lieu de leur assigner d’autres limites plus vraies; c’est d décider s’il y a ou non, dans le Règne animal, quatt groupes fondamentaux basés sur les différences de quatr plans de structure distincts, et s’il n’y en a ni plus ni moi que quatre. C’est un point qu'il est fort à propos de disev ter, puisque les zoologistes modernes, et spécialemer Sieboldt, Leuckart (1) et Vogt, ont proposé de combiner lé classes en des groupes supérieurs qui différent essentielk ment de ceux de Cuvier. Il n’est que juste de reconnait” quant à Leuckart, qu’il a fait preuve, dans la discussion € ce sujet, d’une connaissance profonde de toute la série de Invertébrés et qu’il y a lieu de prendre en sérieuse considé ration les changements qu’il indique. Ils sont fondés sur | distinction critique de différences qui ont une grande w leur; mais je pense néanmoins qu’il en a exagéré l’impol tance. Quant aux modifications introduites par Vogt, ell me semblent, aa contraire, basées sur des principes tout fait anti-physiologiques quoique inspirées, en apparences i un guide excellent, l'Embryologie. a Les divisions adoptées par Leuckart sont celles-ci : Pre tozoaires (groupe sur lequel il ne s’est pas livré à un ex (1) R. Leuckart, Ueber die Morphologie und die Verwandlshafisverhalt - nisse der wirbellosen Thiere, Brunswick, 1848, 4 vol, in-8, £ . EXAMEN GENERAL DES PRINCIPAUX SYSTEMES. 297 bien approfondi), Cœlentérés, Echinodermes, Vers, rthropodes, Mollusques, Vertébrés. La classification admise, uelques années auparavant, par Sieboldt, dans son Traité lanatomie comparée, est presque la même, à cela près que ss Mollusques suivent les Vers, que les Cœlentérés et les hinodermes sont réunis en un seul groupe et que les ryozoaires restent avec les Polypes. hés des Arthropodes. Mais ce qu’il y a d’utile dans ce per- ectionnenjent avait déjà été réalisé par quelques naturalistes. Je Blainville, en effet, et d’autres zoologistes avaient depuis bngtemps senti l'inconvénient de laisser les Vers dans le roupe des Rayonnés, et avaient été amenés à les associer lus ou moins étroitement aux Articulés. Quant à la réunion es Bryozoaires et des Rotiféres avec les Vers, proposée par euckart, c’est, à mon avis, une grande erreur ; de même que a séparation des Cœlentérés et des Echinodermes serait, à hes yeux, une exagération de la différence qui existe entre es Acaléphes et les Polypes, d’un côté, et les Echinodermes & Pautre (1). . (1). L’empressement avec lequel les naturalistes allemands ont acquiescé a t classification de Leuckart, qui réunit en une seule classe les Polypes et les taléphes, provient sans doute de ce que ces naturalistes n’ont guère pu étudier Polypes que sur les Aclinies, S’ils avaient pu étendre leurs observations aux Stréens, aux Madrépores et aux nombreux types d’ Halcyonoïdes qui caracté- ent les formes tropicales, ils n'auraient pas manqué de reconnaître que les pes constituent à eux seuls une classe distincte, un mode spécial d'exécution | plan sur lequel les Rayonnés seuls ont été construits. Les recherches des Hemands ont fourni la preuve positive de ce que plusieurs naturalistes français tenaient depuis longtemps, a savoir que certaines familles des Rayonnés nglemps rangées parmi les Polypes, les Hydroides entre autres, ne pouvaient “ être séparées des Acaléphes, Mais cette démonstration les a ensuite aînés à l'erreur en leur faisant exagérer les affinités des Polypes et des Giléphes. Il y a entre ces deux sortes d'animaux une différence de la catégorie la Classe. Les Polypes ont des cloisons rayonnées qui, de la face interne de la roi extérieure du corps sont projelées dans la cavité principale ; ils possèdent l cavité digestive produite par Vinvagination de la partie supérieure de te paroi dans la partie supérieure de la cavité principale. Chez les Acalèphes, b’y à pas de cloisons rayonnées, la cavité digestive est creusée dans la masse du corps; le prolongement central du corps s'élève au-dessus de cette cavité forme dappendices buccaux qui ne sont agir creux comme le sont les 298 DE LA CLASSIFICATION. Les groupes fondamentaux institués par Vogt (1) sont | suivants : Protozoaires, Rayonnés, Vers, Mollusques, Céph; lopodes, Articulés et Vertébrés. Cet arrangement est b exclusivement sur les rapports de l’embryon avec le ja ou sur l’absence d’ceufs. Mais comme je lai déjà déclaré c’est là un principe antiphysiologique ; car il suppose entr le jaune et l’embryon une opposition qui n’existe pas rée ment dans les limites où elle est admise. Les Mammifére par exemple, qui sont placés comme tous les Vertébre dans la catégorie des animaux chez lesquels il existe une 0} position entre le jaune et l’embryon, sont aussi bien formé de tout le jaune que les Échinodermes ou les Mollusques Le jaune subit une segmentation complète chez les Mammt féres, aussi bien que chez les Rayonnés, les Vers et beau coup de Mollusques ; leur embryon, quand il paraît, ne détache pas plus du jaune que la petite étoile de mer ne détache du vitellus. Ce simple fait, connu depuis que Sar et Bischoff ont publié leurs premières observations, il y” trente ans, suffit à lui seul pour montrer que tout le prit cipe de la classification de Vogt est radicalement faux. A l’égard de l’assertion que ni les Infusoires ni les Rhi podes ne donnent des œufs, j’y reviendrai tout à lheur Quant à l’ordre des groupes principaux: Vertébrés, Artieulé Céphalopodes, Mollusques, Vers, Rayonnés et Protozoaires tout zoologiste qui connaît bien les aflinités naturelles de Animaux voit de suite l’incorrection d’un système qui inte pose toute la série des Mollusques entre le type des Artieu tentacules des Polypes. Les tentacules buccaux du Cerianthus qui sont ne sont pas homologues aux appendices buccaux des Acalèphes ; ils constitue simplement une rangée intérieure de tentacules de la même espèce que projetés sur le bord supérieur de la cavité principale. Ainsi les tentacules ginaux des Acalèphes sont homologues à ceux des Polypes, tandis que tentacules buccaux sont caractéristiques de leur classe. Je puis ajoute les cloisons rayonnées des Rugosa, rapportés par moi aux Acalèphes all que les Tabulés, ne sont pas homologues aux cloisons rayonnées des Actinoï et des Halcyonoïdes, mais correspondent aux bourrelets de la tige de cert _ Haleyonoides et sont, comme eux, une sécrétion du pied. (4) Carl Vogt, Zoologische Briefe. Naturgeschichie der lebenden un tergegangenen Thiere. Francfort-sur-Mein, 1854, vol. 1, p. 70. EXAMEN GENERAL DES PRINCIPAUX SYSTEMES. 299 | celui des Vers. Une classification basée, comme celle-ci, clusivement sur les changements que subit le jaune, > peut vraisemblablement pas être l'expression naturelle ss rapports multiples qui existent entre les animaux. De ait, aucun système ne peut être conforme à la nature s’il st fondé sur la considération d’une seule partie ou d’un eul organe. | Ces remarques générales une fois faites, il ne me reste lus qu’à exposer sur quoi je fonde ma conviction qu’il n’y dans le Règne animal, que quatre groupes fondamentaux, plus, ni moins. Et, d’abord, pour ce qui est des Protozoaires, on doit bien connaître que, en dépit de l’étendue des recherches mo- ernes sur les Infusoires et les Rhizopodes, la véritable nature ë ces êtres reste encore fort indécise. On a fait voyager Rhizopodes d’une extrémité à l’autre de la série des ivertébrés sans pouvoir trouver une place qui, de l’aveu > tous, exprimat bien leurs affinités vraies. La tentative lite pour les séparer de toutes les autres classes avec les- elles on les avait si longtemps associés et pour les ran- er, avec les Infusoires, dans un embranchement distinct le paraît aussi malencontreuse que tous les arrangements piérieurs. Je ne crois même pas, en effet, que leur anima- § soit prouvée d’une façon incontestable, bien que j’aie moi- méme suggéré autrefois l'idée qu’il serait possible d'établir b rapport défini entre eux et les Gastéropodes inférieurs (1). uisqu’il a été reconnu avec une suffisante rigueur que les orallines et les Nullipores sont de véritables Algues conte- ant plus ou moins de chaux dans leur structure, et puisqu'il N a guére de groupe, parmi les plantes et les animaux Mérieurs, qui ne renferme des individus simples doués de locomotion aussi bien que des sociétés, soit libres, soit adhérentes au sol, je ne vois pas qu’il soit impossible d’asso- tier les Rhizopodes aux Algues. Cela semblerait presque lälurel, quand on considère que les vésicules de quelques (1) Cf, chap. I, sect. xix, p. 120, 360 DE LA CLASSIFICATION. N Fucus contiennent une substance visqueuse, filamenteuse tellement semblable à celle qui s’échappe du corps. de Rhizopodes que l'examen microscopique le plus minutieui ne fait pas découvrir la plus légére différence de structur entre elles. La découverte, par Schultze (1), de ce qu’ considère comme les granules germinaux de ces être ne tranche pas la question, puisqu'il y a chez les Algu des masses oyoides analogues et que, chez ces plantes, | formes douées de locomotion sont aussi trés-nombre ses (2). A l'égard des Infusoires, j’ai depuis longtemps exprimé conviction que c’est une combinaison des êtres les plu disparates. Un grand nombre d’entre eux, les Desmidies les Volvocines sont des Algues locomobiles, et des invest gations récentes semblent avoir complétement mis hors di question qu'il en est de même de tous les Infusoires anen térés d’Ehrenberg (3). Les Entérodèles, toutefois, sont bi des animaux, mais ils appartiennent à deux types fort dis tincts, car les Vorticellidés différent entièrement de tou les autres. Dans mon opinion, ce sont les seuls anima indépendants de ce groupe, et ils sont si loin d’avoir moindre affinité naturelle avec les autres Entérodéles, i prouver. Les observations isolées que j'ai été à même. faire sur le Paramecium, l’Opalina et autres semblable m’autorisent à supposer que ces genres font connaître, véritable nature de la généralité du groupe. J'ai vu, p exemple, un Planaire pondre des œufs d’où sont nés d paramécies qui ont passé par tous les changements par Bre culiers à ces animaux avant qu'ils se contractent en w (1) M. S. Schultze, Polythalamien, elc., cité p. 24, (2) Les recherches d’Ehrenberg et de Müller, citées, p. 120, n. 4, quent une affinité trés-étroite entre les Thalassicoles, les Polycystines e Rhizopodes. Plus j’examine ces corps énigmatiques, plus je suis porté a Ji croire, avec les Algues inférieures et les Eponges, une affinité bien plus gr. qu'avec n'importe quel type du Règne animal, (3) Voy. les ouvrages cités, p. 120, n, 4, EXAMEN GENERAL DES PRINCIPAUX SYSTEMES. 301 alide ; d’un autre côté, des opalines sont sorties d'œufs le Distômes. Je publierai opportunément les détails de ces bservations. Mais s’il est prouvé que deux types comme elui du Paramecium et celui de l’Opalina, sont la progéni- lure de certains vers, il s’ensuit, ce me semble, que tous les Mntérodéles, à l’exception des Vorticellidés, doivent être regardés comme la forme embryonnaire de cette légion de ers, tantôt indépendants et tantôt parasites, dont les méta- norphoses restent à étudier. A cet égard, je pourrais faire emarquer encore que le temps n’est pas loin où les Gercaires taient, eux aussi, regardés comme appartenant à la classe es Infusoires, tandis qu’à présent il n’y a pas de doute qu'ils eprésentent une des phases du cycle de la vie des Distômes. e seul anneau de la chaîne des métamorphoses de ce enre qui demeurât inconnu est maintenant découvert, uisque, comme je viens de le déclarer, l'embryon qui sort ‘de l'œuf pondu par un Distôme parfait se trouve être une porn. ‘La conclusion de tout cela c’est que la division du Règne inimal à laquelle on a donné le nom de Protozoaires, et qui ifférerait de toutesles autres en ce que les êtres qui la com- Dosent ne pondent pas d’ceufs, n’existe pas dans la nature. Des êtres qu’on y à rangés il faut maintenant faire deux parts : l’une qu’on placera parmi les plantes, dans la classe ‘des Algues; l’autre qu'on distribuera parmi les animaux, ‘dans la classe des Acéphales (les Vorticelles), dans celle des Vers (les Paramecium et les Opalina), et dans celle des Crustacés (les Rotiféres). Les Vorticelles sont de vrais Bryozoaires et par conséquent des Mollusques Acéphales, @t les belles recherches de Dana et Leydig ont prouvé que les Rotiféres sont de véritables Crustacés et non des Le grand type des Rayonnés, à ne considérer que ses traits @ssentiels, a été pour la première fois reconnu par Cuvier, Guoiqu’il lui ait attribué plusieurs animaux qui ne lui appar- liennent pas. L'erreur vint en partie de la connaissance imparfaite qu’on avait de ces animaux, au temps du grand 302 DE LA CLASSIFICATION. zoologiste, en partie aussi de ce que lui-même se laissa aller dans cette occasion, à s'écarter du principe qu’il avait po: pour sa propre classification et d’après lequel les embranc hi é ments ont pour raison d’être un plan spécial de structure. I E ce qui concerne les Rayonnés, Cuvier se départit de ce prin cipe au point d’admettre, à côté de la considération du pla particulier de leur structure, celle d’un autre élément, ie plicité de cette structure, comme trait essentiel du caract typique. En conséquence, il introduisit cing classes parti les Rayonnés : les échinodermes, les vers intestinaux, | acaléphes, les polypes et les iafasoives: Je n’ai pas beso d’opposer à cette classification contre nature ce que j'ai déj dit des infusoires, à à propos des Protozoaires ; il n’est pas ne plus nécessaire d’insister sur les raisons qu’il y a d’élo gner les vers des Rayonnés et de les rattacher aux Articulé Il ne reste donc plus dans les Rayonnés que trois classes les polypes, les acaléphes et les échinodermes ; et, dans m manière de voir, ce sont bien réellement les trois class naturelles de cette grande division, parce qu'ils manifeé tent trois procédés différents au moyen desquels le pi caractéristique du type, le rayonnement, est mis à exéculit dans des structures distinctes. a Une fois établi que les échinodermes sont, d’une manié générale, homologues quant à la structure avec les acaléphi etles polypes, on doit admettre que ces classes appartienn@ à un seul et même grand type et qu’elles seules représenté l'embranchement des Rayonnés. Je suppose, bien entent que les bryozoaires, les corallines, les éponges et tous | autres mélanges étrangers ont été séparés d’avec les polypé Or, c’est ce type des Rayonnés de Cuvier, ainsi débarras de tous les éléments hétérogènes, que Leuckart entrepre! de diviser en deux embranchements, équivalant Ia l’autre, dans sa pensée, à ceux des Vers, des sr Mollusques et des Vertébrés. Indubitablement, il a été co duit à exagérer à ce point la différence qui existe entre | échinodermes, d’un côté, et les acaléphes et les polypes, l’autre, par la ressemblance, fort grande à première vue, d GRANDES DIVISIONS NATURELLES. 303 ‘méduses et des polypes (4). Peut-être a-t-il été influencé jussi par ce fait que certains acaléphes vrais comme les hy- roides, y compris les tubulaires, les sertulaires, les cam- anulaires, etc., sont encore maintenus par beaucoup de oologistes dans la classe des polypes. _ Mais, depuis que les admirables recherches de J. Müller et elles d’Alex. Agassiz nous ont rendu familiéres les métamor- hoses extraordinaires des échinodermes; depuis que les ténophores et les siphonophores ont été étudiés avec plus le soin par Grube, Leuckart, Külliker, Vogt, Gegenbaur et noi-méme, la distance qui semblait séparer les échinodermes es acaléphes disparaît complétement. Car il n’y a pas ‘exagération à dire que, sil’apparence plutéiforme des échi- odermes n’était pas connue pour être un premier degré de ransformation, les animaux qui la présentent trouveraient jaturellement leur place parmi les cténophores; comme les larves des Insectes trouveraient la leur parmi les vers. Je miintiens donc que les polypes, les acaléphes et les échino- lermes constituent dans le Règne animal un groupe primaire indivisible. Le caractère polypoide des jeunes méduses et le caractère médusoïde des jeunes échinodermes en sont la preuve évidente. | Enfin, rien n’est plus contre nature que de transporter les clénophores dans le type des Mollusques, comme le joudrait Vogt; car ils offrent l’homologie la plus étroite avec es autres méduses, ainsi que je lai fait voir dans mon Mémoire sur les Méduses Béroïdes du Massachussets. Le ractère clénophoroide des jeunes échinodermes établit, entre les cténophores et les autres Rayonnés, une seconde 2onnexion d’aussi grande importance que la première. Nous ive ns donc un lien anatomique pour les rattacher aux vraies méduses et un lien embryologique pour les rattacher aux Schinodermes. “ (1) On voit ici clairement comment la considération des différences anato- niques qui donnent le caractère de la classe a fait passer par-dessus le trait Mrinordial de l’'embranchement, le plan, afin d'élever la classe au rang d’em- raachement. 30% DE LA CLASSIFICATION. Par conséquent, la classification des Raÿornés ) s'établir ainsi : a 1" classe : Polypes. Elle comprend deux ordres : les se noides et les Halcyonoïdes, comme Dana les a limités (4 2° classe : Acaléphes avec les ordres suivants : Ij droides (les Siphonophores inclus), Discophores et Ctén phores. 4 3° classe : Echinodermes, et, comme ordres : les Cr noides, les Ophiuroides, les Astérioides, les Échinoïdes et I Holothuriatdes. 4 Les limites naturelles de l’embranchement des. Mollusqu se déterminent aisément, Depuis que les Cirripédes ont 6 réunis aux Articulés, les naturalistes se sont généralemet accordés à regarder, avec Cuvier, les Céphalopôdes, le Ptéropodes, les Gastéropodes et les Acéphales, comme for mant l’ensemble de cet embranchement. Les dissentimen qui se sont produits entre les observateurs modernes ri sultent des idées qu'ils se sont faites à l’égard des Bry c zoaires. Quelques-uns les considérent encore comme di Polypes, tandis que d’autres voudraient les réunir aux Vet Cependant leur affinité avec les Mollusques me semble bi clairement démontrée par les recherches de Milne Edward Vogt est le seul qui regarde les Céphalopodes comme « co struits sur un plan battiéolier (2) » ; mais il ne fait pas @ ) naître ces soi-disant particularités ; il se borne à mention les différences anatomiques bien connues qui distinguent! groupe des autres classes de l’embranchement des Mollusq 10 Or, ces différences constituent seulement des caractères classe et ne manifestent en aucune façon un plan distin Il n’est pas difficile de montrer l’homologic de tow systèmes d'organes des Céphalopodes avec ceux des Mollusques (5), et de ce témoignage résulte la prong (4) Dans un charmant petit livre consacré à l'étude des animaux de lah de Massachussets (Seasides Studies in Natural History. Boston, 1865, i par Madame L. Agassiz et M. Alex. Agassiz, la classe des Polypes est div L en trois ordres : Actinoïdes, Madréporiens, Halcyonoïdes. (N. du Tf. (2) C. Vogt, Zoologische Briefe (citées plus haut), vol, I, p. 361. (3) Leuckart, Ueber die Morphologie, etc., ché p. 24, n. 2. — Huxley, GRANDES DIVISIONS NATURELLES. 305 Céphalopodes ne sont qu'une classe des Mollusques. Quant aux différences, dans le mode de développement, s Céphalopodes et peut-être des autres Mollusques, le type les Vertébrés nous est un exemple que la segmentation du jaune peut être partielle chez des animaux et totale chez autres, dans un même embranchement, sans en détruire unité. En effet, les œufs des Mammifères et des Cyclostomes ibissent une segmentation totale, tandis que la marche de segmentation est plus ou moins bornée dans les autres asses. Chez les Oiseaux, les Reptiles et les Sélaciens, la gmentation n’est que superficielle; chez les Batraciens et upart des Poissons, elle est beaucoup plus profonde. Ce- dant, personne ne se hasarderait à diviser, d’aprés cette pas douteux que ¢ les Vers ne soit plan de leur struc- re n’est pas rayonné : il est au contraire distinctement et ssentiellement bilatéral, et lorsque leur étroite affinité ec les brachiopodes, signalée plus haut (1), aura été bien imprise, il ne restera plus de doute sur leur vraie con- xion avec les Mollusques. Comme il n’entre pas dans mon an de décrire ici les caractères de toutes les classes du gne animal, je me borne à déclarer que l’embranchement 8 Mollusques ne contient, suivant moi, que les trois classes ivantes : 4°° Classe : Acéphales ; quatre ordres, les Bryozoaires orticelles comprises), les Brachiopodes, les Tuniciers et les mellibranches. 2° Classe : Gastéropodes ; trois ordres : Ptéropodes, Hété- odes et Gastéropodes proprement dits. ® Classe : Céphalopodes ; deux ordres : Tétrabranches et branches. De toutes les modifications introduites dans la classifica - Morphology of the Cephalous Mollusca. Tr. ‘J. — Carus, System, elc., cité p. 24, n. 2, 2) Chap. I, sect. xix. _ AGASSIZ. 5, Roy. Soc, London, 1853, 20 t i ë 306 DE LA CLASSIFICATION. tion générale des Animaux, depuis l'apparition du Regi animal de Cuvier, ce qui me paraît le moins justifié, c'e l'institution d’un embranchement distinct, de nos jours gén ralement admis sous la dénomination de VERS, pour y rel fermer les Annelés, les Helminthes, les Rotifères et mém si l'on en croyait Leuckart, les Bryozoaires. La séparation d Helminthes d’avec le type des Rayonnés fut certainement 1 progrès sur le système de Cuvier, mais c'était faire en mé temps un pas en arrière que d’enlever les Annélides à | branchement des Articulés. La comparaison la plus minutie| | ne fait rien découvrir qui ressemble à un plan distinat} structure, commun à tous ces animaux et les rassemblant un.groupe primaire naturel. Ce qui les réunit, et les. ti : à distance (1) des autres groupes d’Articulés, ce n’est | | la communauté de plan, mais la simplicité plus grar de leur organisation (2). En les rapprochant les uns ¢ autres, les naturalistes tombent dans la même erreur ¢ Cuvier a commise, quand il a associé les Helminthes ¢ Rayonnés; seulement ils se trompent d’une autre façon e une plus grande échelle (3). Les Bryozoaires sont, pour | dire, des Mollusques appauvris, comme l’Aphanes et l | milla sont des Rosacées appauvries. Les Rotifères sont il le même sens, les plus humbles des Crustacés, et les Helm thes et les Annélides constituent ensemble la plus basse ela des Articulés. Gette classe se rattache par la plus analogie à l'état larval des Insectes. Le plan est iden et il n’y a que ces différences de structure qui oil tuent la classe (4). Du reste, les Helminthes se relient : Annélides de la même manière que les larves apades de 8 sectes se relient aux Chenilles les plus hautement orgai Ilserait vrai de dire que la classe des Vers représe l'état parfait, l'état embryonnaire des Articulés supé Les deux autres classes de cet embranchement sont les (4) Chap. If, sect. vu. (2) Cf, plus haut, chap. I, sect. xix. (3) Cf. chap, Il, sect. 1. (4) Cf. chap. II, sect 11. GRANDES DIVISIONS NATURELLES, acés et les Insectes, et, à l'égard de leurs léjà l’occasion de m’en expliquer précéde qu'il est nécessaire. La classification de l’embr donc celle-ci : =. 1" Classe : Vers; trois ordres : Trématodes (y compris les Cestoides, les Planaires et les Sangsues), Nématoides (les canthocéphales et les Gordiacés inclus) et Annélides. » 2° Classe : Crustacés; quaire ordres : Rotifères, Entomos- acés (Cirripédes compris), Tétradécapodes et Décapodes. 3° Classe : Insectes ; trois ordres: Myriapodes, Arachnides t insectes propres. 307 limites, j'ai eu mment (1) autant anchement des Articulés est eux cavités sont circonscrites par des arcs complexes appuyés ar l'axe, et dans la composition desquels. entrent différents Slèmes d'organes : le squelette, les muscles, les vaisseaux, Snerfs. Elles renferment : la supérieure les centres nerveux, ‘linférieure les divers appareils d'organes par lesquels eflectuent l'assimilation et la reproduction. Le nombre et les limites des classes de cet embranchement ont pas été encore déterminés d’une manière satisfaisante. ut au moins, les naturalistes ne sont pas d'accord là-dessus. ar ma part, je crois que les Marsupiaux ne peuvent pas € séparés des Mammifères placentaires, à titre de classe incte; car sans franchir les limites d’un autre type de tébrés, les Sélaciens, qu’on ne peut pas scinder en deux 8, On observe, dans le mode de développement, des rences analogues à celles qui existent entre eux et les es Mammifères, Mais je crois en même temps, avec tres zoologistes, que les Batraciens doivent être séparés, À (Cf, chap. I, sect, xix. 308 DE LA CLASSIFICATION. des vrais Reptiles, car les caractéres qui les distinguen les uns des autres sont de la nature de ceux sur lesquel sont fondées les classes. Je suis non moins convaincu qt les différences existant entre les Sélaciens (Raies, Requinst Chimères) et les Poissons sont de la même nature que cell qui distinguent les Amphibiens des Reptiles propreme dits. Elles autorisent par conséquent à les isoler des Pois 4 véritables. J’envisage aussi les Cyclostomes comme wi classe à part, pour des raisons analogues ; je suis moins ce tain que les Ganoides doivent étre séparés des Poiss ordinaires. Cela ne pourra être décidé qu’ apres une étu approfondie de leur embryogénie ; ; cependant jai déjà ré des données favorables à cette manière de voir. Si dor mes prévisions à cet égard se réalisent, l’'embranchem ‘ des Vertébrés comptera les classes suivantes : 1 1° Classe : Myzontes ; deux ordres : les a a Cyclostomes. 2° Classe : Poissons proprement dite; deux ordres : (4 noides et Gycloïdes (1). A 3° Classe : Ganoides ; trois ordres : Cœlacanthes, Accip seroides et Sauroides; douteux : Siluroïdes, Plectogag et Lophobranches (2). h° Ciasse : Sélaciens; trois ordres : Chiméres, Galéo Batides. 5° Classe : Amphibiens ; trois ordres : Cécilies, Ichthyo et Anoures. q 6° Classe : Reptiles ; quatre ordres : sep Saurie Rhizodontes et Testudinés. a a (1) Je suis convaincu que cette subdivision des poissons propremen t doit étre modifiée, mais une discussion des motifs qu’il y a d’y introdt luir changements que je propose m’entrainerait trop loin. (2) Jai observé un mode particulier et très-curieux de locomotion ch les Lophobranches, les Sclérodermes et les Gymmodontes que j’ai vus Vil Ils ne progressent pas par des mouvements latéraux de la colonne vertéb comme les autres poissons ; ils avancent principalement grâce à un mouve ondulatoire de leurs nageoires verticales, qui ressemble beaucoup oi d’action des membranes vibratiles. Ils rappellent en cela le petit Lepidost c’est là, à mes yeux, un argument de plus pour les associer aux Ganoïde: aussi les remarques sur les limites des Ganoïdes, p, 254. | PREMIERES TENTATIVES. — ARISTOTE. 309 7° Classe : Oiseaux, quatre ordres: Nageurs, Gallinacés, ;chassiers, Percheurs (y compris les Grimpeurs et les apaces). 8° Classe : Mammiferes; trois ordres : Marsupiaux, Her- ivores et Carnivores (1). : Je profiterai de la première occasion pour rechercher plus omplétement jusqu’à quel point ces groupes de Vertébrés résentent des caractères qui permettent de les distinguer omme classes. C’est plutôt comme de pures suggestions estinées à faire naître de nouvelles recherches que comme es résultats parfaitement élaborés, que j’expose ici mes mpressions actuelles. II Premiers essais de classification des animaux. Un si petit nombre de naturalistes ont consacré une ttention spéciale à la classification du Règne animal en général, que je crois nécessaire d'indiquer ici les différents principes dont se sont inspirés, à différentes époques, les zoologistes qui ont essayé de grouper les animaux d’après les affinités naturelles. La chose paraîtra d'autant moins seuse, je l'espère, que peu de bibliothèques (2) con- iennent les ouvrages principaux de notre science et que les étudiants zélés se trouvent ainsi empéchés de porter leurs Z Budes sur ce quia été fait jusqu’ici. Ë . La science a commencé par introduire certains termes dans le langage pour désigner des groupes naturels de dif- férente valeur, avec ce même vague qui prévaut encore dans e langage ordinaire, lorsqu'on y emploie les mots de _ (1) Le remarquable mémoire d’Owen sur la classification des Mammifères Wfournit des données nouvelles et d'une extrême importance pour la discussion des véritables affinités des Mammifères entre eux. Voy. R. Owen, On the Characters, Principles of Division, and Primary Groups of the class Mamma- lia ; Proc. Linn. Soc., 1857. 7 (2) L’auteur parle des États-Unis. (N. du T.) 310 DE LA CLASSIFICATION, classe, ordre, genre, famille ou espèce. Tantôt on les prend pour synonymes, et tantôt on les substitue les uns aus autres, au hasard. Linné fut le premier à réclamer de la pri cision dans l'emploi, en histoire naturelle, des quatre sorte de groupes qu’il a appelés classes, ordres, genres et espèces Aristote et les philosophes anciens ne distinguaient géné ralement parmi les animaux que deux sortes de grouf es yévos et etdoc, le genre et I’ espèce. Mais le terme yévo¢, genus genre, ala signification la moins constante. Il sert à dés gner indistinctement tout groupe d’espéces, quelle qu’en so l'étendue, et même ce que nous appelons aujourd’hui ¢ nom de classe, aussi bien que d’autres groupes inférieurs Il est pris dans le sens de classe, dans la phrase suivante © eyo dé yévos, otov OpurSa, rot y Sdy (Arist. Hist. Anim. Lib. 1 Cap. I). 4%, est au contraire généralement usité dans le sen d’espéce, ainsi qu’on le voit dans cette proposition : xai % eton teAciw ty Sow xa dpvidwy, mais le méme mot ne laisse pase d recevoir à l’occasion un sens plus étendu. Le sixième che pitre de ce livre [* est le plus important de tout le trai d’Aristote à cet égard, car il montre comment le terme y était appliqué à plusieurs sortes de groupes. Ici, le phil sophe distingue entre VEN peyista, VEN peyaha et pevos É court. Tévy dt peyista roy Cow, eis à drapeèr at ra) Cae, rad” tot ty piv opviQwv, Evd” iyOduv, dAdo d «tou. Ado dt yévos tart to tay o¢tp xodepuwy,+.. Toy dt dorr@v Coowy obx frre Te yen peyaha* od yap rest atcohha etdy tv doc... Te déve pey, GAN? LVOVU Ae - Plus loin, il insiste de nouveau : +05 de yévous tev repart Cour xat Cowrérw efdy pty cice wohdd, dvovupe db. Ici edog a év demment un sens plus large que notre terme espèce, et | soigneux Scaliger le traduit par genus medium pour le di NU de yévs qu’il rend par genus summum. Toutefoi doc Signifie généralement espèce dans l’acception que I 0 lui donnerions, et déjà Aristote considère la fécondité co mi un caractére spécifique. Il dit en effet quel’Hémione est ain appelé à cause de sa ressemblance avec l’Ane, et non | parce qu'il est de la même espèce que ce dernier ani nal cependant, ajoute-t-il, ils s'unissent et propagent ensembl i “à LINNÉ. 314 xadodvtat Mpiovor dt’ opordenta, ov» Odea re ro ord eldeg? xat yee oycbovtar xat yewivrar tE yo, Dans un autre passage éanmoins, il applique cette même expression à un groupe etement identique avec notre moderne genre £quus : éme Biv Gv tt yÉvog xat emt rois EyoUor yaitny, hopoupors xahoupevors, otov. mew xal bv@ rat dpci nai yirve xat Grp xat rois tv Evpia xahonpeyauc pivots. Qn ne peut pas dire qu’Aristote ait proposé une classifi- tion régulière, Il parle constamment de groupes plus ou oins étendus en les désignant par la même appellation. idemment, il les considère comme des divisions naturelles; ais nulle part il n’exprime la conviction que ces groupes ent susceptibles d’un arrangement méthodique de nature exprimer les affinités réelles des animaux. Et pouriant, place ses remarques sur les différents animaux dans une nnexion et dans un ordre tels qu’il en résulte clairement lil avait la connaissance de leurs rapports. En parlant >s Poissons, par exemple, il n’y mêle jamais les Sélaciens. Après Aristote, la classification zoologique ne fit aucun ogrès durant deux mille ans. Enfin, Linné introduisit de uvelles distinctions, il assigna une signification plus ri- lureuse aux termes classe (genus summum), ordre (genus ermedium), genre (genus proximum) et espèce dont les x premiers furent introduits par lui, pour la première s, comme dénominations de groupes distincts, dans le tème de la zoologie. III Période de Linné. Quand on jette les yeux sur le Systema Nature de nié, même en prenant la douzième édition de ce livre, la niére qui ait été revue par lui, on a peine, de nos jours, se rendre compte de la grande influence exercée par cet rage sur les progrès de la Zoologie (4). Et cependant, il ) Pour bien apprécier les perfectionnements successifs de la classification 312 DE LA CLASSIFICATION. eut sur son époque une action magique, il suscita des effor qui dépassérent de bien loin tout ce qui avait été fait dar les siécles précédents. Un tel résultat doit étre attribué, e partie, 4 la circonstance que Linné était le premier homm qui eût jamais conçu distinctement l’idée d’exprimer sou: une formule définie ce qu'il croyait être le système del nature et, en partie aussi, à la clarté et à la simplicité de § méthode si facile à comprendre. Écartant, dans son système tout ce qui ne pourrait pas être déterminé facilement, il divisa le Règne animal en deux classes distinctes, RARES pi des traits définis. Pour la première fois aussi, à côté di genres et des espèces, vaguement distingués sas uns dé autres avant lui (1), il introduisit les ordres dans le systém de la zoologie. Et quoiqu'il n’ait pas même essayé de défini le caractère essentiel de ces différentes sortes de groupe, appert bien évidemment de ses nombreux écrits qu'il | considérait tous comme des subdivisions de valeur décrok sante, embrassant un nombre, plus grand ou plus pet d'animaux qui tous présentent en commun des attributs pl ou moins généraux. 3 Il exprimait de la manière suivante l’idée qu'il se faisi de ces rapports existant entre les classes, les ordres, | genres, les espèces et les variétés (2). 1 CLASSIS, ORDO, GENUS. SPECIES. VARIETASN Genus summum, Genus intermedium. Genus proximum, Species. Individuums. | Provincie. Territoria, Parecie. Pagi. Domicilium. Legiones. Cohortes. Manipuli. Contubernia, Miles. Le diagramme ci-dessous, extrait de la 12° édition, p de Linné, il suffit de comparer la 1° édition du Systema nature, publiées 1735, avec la 2°, publiée en 1740, la 6° qui date de 1748, la 10€ qui est 1758, et la 12°, publiée en 1766, car ce sont les seules éditions qu’il ait rey lui-même, La 3° est une réimpression de la 1° ; la 4° et la 5° sont des ré pressions de la 2° ; les 7°, 8° et 9°, des réimpressions de la 6°; la 11° repro duit la 4'*, et la 13°, publiée par Gmelin après la mort de Linné, est u compilation qui mérite peu de confiance. 4 (1) Voy. ci-dessus section 1. Les evn peyote, d’Aristote corresponde cependant aux classes de Linné, et les Y£yn wéyaaa à ses ordres, (2) Voy. Systema nature, 12 édit., p. 13. LINNE. 343 4 bliée en 1766, figure arrangement qu’il donnait au Règne nimal. Classification de Linné. Ci. 1. MAMMALIA. Ord. Primates, Bruta, Feræ, Glires, Pecora, Bel- luæ, Cete. Cl. 2. AVES, Ord. Accipitres, Picæ, Anseres, Grallæ, Gallinæ, Pas- seres. il. 3. AMPHIBIA. Ord. Reptiles, Serpentes, Nantes, Cl. 4. PISCES. Ord. Apodes, Jugulares, Thoracici, Abdominales. CI. 5. INSECTA. Ord, Coleoptera, Hemiptera, Lepidoptera, Neurop- 4 tera, Hymenoptera, Diptera, Aptera. 1. 6. VERMES. Ord. pains sans Testacea, Lithophyta, Zoo- : phyta. _ Dans les premières éditions et jusqu’à la dixième, la classe Le Mammifères était appelée classe des Quadrupèdes, et elle ne renfermait pas les Cétacés qui étaient encore rangés “parmi les Poissons. Il ne paraît pas qu’il y ait jamais eu désaccord entre les naturalistes sur les limites naturelles de la classe des Oiseaux depuis que Linné l’a définie, pour la première fois, en en retirant les Chauves-Souris rap- portées à la classe des Mammifères. Dans Jes premières éditions du Systema Nature, la classe des Reptiles em- brasse les mêmes animaux que dans les systèmes des plus récents observateurs ; mais depuis la dixième édition, elle a été malencontreusement augmentée des poissons cartilagi- ineux et semi-cartilagineux. Cette modification rétrograde fut inspirée par quelques observations inexactes du docteur Garden. La classe des Poissons est vraiment bien limitée dans les premières éditions du Système, à l'exception des Cé- tacés (Plagiures) qui furent remis à leur place, dans la classe des Mammifères, à la dixième édition. Mais dans les éditions postérieures, les Cyclostomes, les Plagiostomes, les Chi- mères, les Esturgeons, les Lophioïdes, les Discoboles, les Gymnodontes, les Sclérodermes et les Lophobranches sont exclus de cette classe et reportés dans celle des Reptiles. La 3 314 DE LA CLASSIFICATION. classe des Insectes (1), telle qu’elle est circonscrite par Linné, embrasse non-seulement ce que nous considérons aujour- d’hui comme les Insectes proprement dits, mais encore les Myriapodes, les Arachnides et les Grustacés. Elle correspond plus exactement à la division des Arthropodes des classifica- teurs modernes. La classe des Vers, la plus disparate de toutes, renferme pêle-mêle tous les Rayonnés ou Zoophytes et les Mollusques des auteurs modernes, plus les Vers intestinaux et les Vers libres, les Cirripédes et un poisson (le Myxine). I était réservé 4 Cuvier d'introduire l’ordre dans ce chaos (2). Telle est, avec ses qualités et ses défauts, cette classifica: tion qui imprima à l'étude de la Zoologie l'impulsion la plus inattendue et la moins préparée. Il faut se rappeler combien il y a peu de temps que cette œuvre, même avec tant d’ims perfections, est venue exercer son énergique influence sur les progrès de la science, pour comprendre comment il se peut qu’il reste tant à faire dans le domaine de la zoologie systématique. Il n’y a certainement rien d’instructif, pout celui qui étudie l’histoire naturelle, comme une rigoureust et minutieuse comparaison des diverses éditions du Sys- tema Nature de Linné avec les travaux de Cuvier et de autres zoologistes éminents. L’étude des méthodes à laid desquelles se sont accomplis les progrès réels de notre science n’est pas moins féconde en enseignements. i Depuis la publication du Systema Nature jusqu'à Vé poque où Cuvier publia les résultats de ses recherches & Na tomiques, tous les essais de classification nouvelle furent, et définitive, de simples modifications des principes introduit (1) Aristote divisé ce groupe plus correctement que Linné, ear il : déjà deux classes (yévq éyioræ) parmi les Insectes : les Malacostraca \ té cés) et les Entoma (Insectes) (Hist. anim., chap. VI). Il semble aussi s'être fai une idée vraie des limites naturelles des Mammifères et des Reptiles, distingue les Quadrupèdes vivipares des ovipares, et ne confond nulle pa Poissons avec les Reptiles (1bid..). “à (2) Il y aurait injustice pour Aristote à ne pas remarquer qu'il avait ¢ compris, mieux que le grand naturaliste suédois, les rapports existant entr les animaux réunis par Linné en une seule classe, sous le nom de Vers. parlant, par exemple, des grands genres ou classes, il sépare correctem Céphalopodes des autres Mollusques, sous le nom de Malakia. (Hist. ani lib. I, chap. VI.) es is 4 2e CONTINUATEURS DE LINNE. 345 Linné. Ses adversaires eux-mêmes étaient dominés par a pensée du maître. L'examen critique des divers systèmes droposés, soit pour l’arrangement d’une classe en particu- ier, soit pour celui du Règne tout entier, démontre que tous ont été conçus d’après un même principe, c’est-à-dire d'aprés cette idée que les animaux doivent être groupés en classes, ordres, genres et espèces suivant leur plus ou moins grande ressemblance extérieure. … Mais Cuvier n’eut pas plutôt fait connaître au monde savant es vastes recherches sur la structure interne de tous les tres du Règne animal que, à l’envi les uns des autres, les aturalistes entreprirent de refondre la classification. On tablit de nouvelles classes, de nouveaux ordres, de nouveaux renres; on décrivit de nouvelles espèces; on introduisit toutes sortes de divisions intermédiaires sous le nom de milles, de tribus, de sections, etc. Cuvier lui-même, et après Lamarck, allérent plus loin que pas un dans ces ten- fatives. Il est, toutefois, arrivé souvent que les divisions introduites par Lamarck avec des dénominations nouvelles Pétaient, sous une forme plus systématique, que l’expres- ion pure et simple des résultats obtenus par Cuvier -dans es dissections et indiqués dans ses Leçons sur l’anatomie ymparée, comme autant de divisions nouvelles auxquelles ucun nom n’avait été donné. Cuvier a, lui-même, admirable- nent exprimé Vinfluence que ses recherches anatomiques rent sur la Zoologie, et expliqué comment les perfectionne- nents de la classification contribuérent à faire avancer l’ana- lornie comparée. Il dit, en effet, à la page vi de la préface du Règne animal : « Je dus donc, et cette obligation me prit ) un temps considérable, je dus faire marcher de front oh anatomie et la zoologie, les dissections et le classement; ) chercher dans mes premières remarques sur l’organisation les distributions meilleures; m’en servir pour arriver à bles remarques nouvelles ; employer encore ces remarques à à perfectionner les distributions ; faire sortir enfin de cette fécondation mutuelle des deux sciences l’une par l’autre, “un système zoologique propre à servir d’introducteur et 316 DE LA CLASSIFICATION. » de guide dans le champ de l'anatomie, et un corps de doe » trine anatomique propre à servir de développement et d’ex » plication au système zoologique. » | Il est inutile de raconter en détail tout ce qui se fit, du: rant cette période, dans le but de perfectionner le systém de la Zoologie. Il suffit de dire que la première décade de ct siècle ne s'était pas encore écoulée, et, déjà, l’on avait carac: térisé d’après cette méthode un nombre de classes double d celui qu’avait adopté Linné. Ce sont les classes des Mollus ques, des Cirripédes, des Crustacés, des Arachnides, de Annélides, des Entozoaires (Vers intestinaux), des Zoo phytes, des Radiaires, des Polypes et des Infusoires. re n’en avait d’abord admis que huit (1); Duméril en fi neuf (2); ; Lamarck en porta successivement le nombre à onze puis à quatorze (3). Les Céphalopodes, les Gastéropodes e les Acéphales, pour la première fois nommés par Cuvier n'avaient d’abord été considérés par lui que comme de ordres de la classe des Mollusques. De même, les Echino dermes, bien qu’il eût été le premier à les circonscrire dan leurs limites naturelles, ne constituaient alors qu’un ordre di la classe des Zoophytes. Ne parlons pas des animaux inf rièurs dont la structure interne était alors inconnue et qu demeuraient dans une grande confusion. Dans cette rapid esquisse des premières subdivisions qui, sous l'influence 4 Cuvier, furent opérées dans les classes des Insectes et de Vers inslituées par Linné, j'ai nécessairement laissé de cé les travaux importants par lesquels des écrivains spécialiste contribuérent à notre connaissance de certaines classes sépi rées. J'ai borné mes observations à ceux des naturalistes qt ont envisagé le sujet de plus haut et sur une plus larg échelle. | Jusque-là, aucune tentative n’a encore été faite pour con (1) G. Cuvier, Tableau élémentaire de I’ Hist. nat. des anim., Paris, 174 in-8, - (2) A. C. Duméril, Zoologie analytique, etc., Paris, 1806, in-8. (3) J. B. de Lamarck, Système des animaux sans vertèbres, ou Table général, etc., Paris, 1801, in-8. — Hist, nat. des anim. sans vertéb., ele Paris, 1815-1822, 7 vol. in-8, SYSTÈMES ANATOMIQUES, — CUVIER. 317 yiner les classes entre elles et en former, d’un point de vue ‘supérieur, des groupes plus généraux. On ne va pas au dela “de la division de l’ensemble du Règne en Vertébrés et Inver- ébrés, ce qui correspond aux Céa goa et AUX Cia ävarux d'Aristote. Tous les efforts ont tendu bien plutôt à l’établis- “sement d’une série naturelle remontant de l’Infusoire à l'Homme. Bientôt cela va devenir, pour un grand nombre, a tendance favorite et De Blainville finira par présenter cette “idée comme une doctrine scientifique. IV Période de Cuvier. — Systèmes anatomiques. La période la plus importante de l’histoire de la Zoologie ne s’ouvrit véritablement qu’en 1812, le jour où Cuvier déposa sur le bureau de l’Académie des Sciences, de Paris, es résultats de ses recherches sur les rapports les plus intimes de certaines classes du Règne animal entre elles (1). en concluait que tous les animaux ont été construits sur Yan ou l’autre de quatre plans différents ou, pour ainsi dire, ont été coulés dans quatre moules. Jamais vue plus féconde n'avait été soumise à l’appréciation des observateurs ; sans doute, elle n’a pas encore produit toutes les conséquences ‘qui doivent immanquablement en découler plus tard, mais on lui doit les plus solides progrès que la classification gé- nérale ait faits, depuis Aristote. Et à moins que je ne me trompe grandement, des changements proposés dans nos systèmes par les écrivains modernes ceux-là seuls ont été ‘un progrès réel et non pas un pas en arrière, qui ont été d'accord avec ce principe fondamental. 4 Ce grand principe, introduit par Cuvier dans la science, voici en quels termes mémorables il l’a exprimé lui-même : « Si l’on considère le Règne animal d’après les principes que D nous venons de poser, en se débarrassant des préjugés 4. (1) Ann, du Muséum Whist. nat., XIX, Paris, 14812. ‘e 348 Fr, FADB-LA CLASSIFICATION. établis sur les divisions anciennement admises, en n nil égard qu’à l’organisation et à la nature des animaux, et non pas à leur grandeur, à leur utilité, au plus où moins de connaissance que nous en avons, ni à toutes les autres circonstances accessoires, on trouvera qu’il existe quatre formes principales, quatre plans généraux, si l’on peu s’exprimer ainsi, d’après lesquels tous les animaux sem: blent avoir été modelés et dont les divisions ultérieures » de quelque titre que les naturalistes les aient tasotiet » sont que des modifications assez légères, fondées sur le > développement ou l'addition de quelques parties, qui né » changent rien à l'essence du plan. » Aussi me paraît-il incroyable que, en présence de parole aussi explicites, on puisse encore, à l’occasion, nous repré: senter Guvier comme favorable à la division du Règne anima en Vertébrés et Invertébrés (1). Cuvier fut d’ailleurs le pre: mier à reconnaître pratiquement que toutes les divisions adoptées dans son système n’ont pas une égale valeur. C’es là un point capital, encore bien que le grand anatomist n'ait pas su trouver l’exacte mesure de chacun des groupe institués par lui. Il faut se rappeler, en effet, que, au temps où il écrivait, les naturalistes s’obstinaient à établir une série uniforme et continue embrassant tous les animaux et à for: mer une chaîne, entre les anneaux de laquelle ils n’admet- taient pas qu’il pût y avoir d’intervalles inégaux. La devise de l’école était Natura non facit saltum, et on appelait a système : la chaîne des êtres. Voici la classification du Règne animal à laquelle cared fut conduit : SUN y + v Vv © Classification de Cuvier (2). ' | ; 4er Embranchement. ANIMAUX VERTEBRES. Cl. 4. Mamaurines. Ord. Bimanes, Quadrumanes, Carniyores, (4) Ehrenberg (C. G.), Die Corallenthiere des rothen Meeres, Berlin, 1834 in-4, p. 30, note.- 1 (2) Le Règne animal distribué d'après son organisation. Paris, "1 4 SYSTÈMES ANATOMIQUES. — CUVIER. 319 Marsupiaux, Rongeurs, Édentés, Pachydermes, Ruminants, Cétacés. Cl, 2. Oiseaux. Ord. Rapaces, Passereaux, Grimpeurs, Gallinacés, Echassiers, Palmipédes. CI, 3. Reprites. Ord. Chéloniens, Sauriens, Ophidiens, Batra- ciens. Cl. 4. Poissons. 1°¢ série, Poissons proprement dits. Ord. Acan- thoptérygiens, Abdominaux, Subbrachiens, Apodes ; — Lo- phobranches, Plectognates, 2° série, Chondroptérygiens. Ord. Sturioniens, Sélaciens, CyclostOmes (1). Embranchement. ANIMAUX MOLLUSQUES. CI. 4. Cipuatopopes. Pas de subdivisions en ordres ou familles. Cl. 2. Préroronss. Ni ordres, ni familles. _ Cl. 3, Gasréropones, Ord. Pulmonés, Nudibranches, Inféro- branches, Tectibranches, Hétéropodes, Pectinibranches, : Tubulibranches, Scutibranches, Cyclobranches. Cl. 4. AcépraLes. Ord. Testacés, Tuniciers. Cl. 5. Bracniopopes. Ni ordres, ni familles. Cl. 6. Cinrmoropss. Ni ordres, ni familles. 7 Embranchement. ANIMAUX ARTICULÉS. | (Ci. 1. Anxécines. Ord. Tubicoles, Dorsibranches, Abranches. … CI. 2. Crusracts. 4° section. Malacostracés. Ord. Décapodes, Stomapodes, Amphipodes, Leemodipodes, Isopodes. 2° sec- tion, Emtomostracés. Ord. Branchiopodes, Pecilopodes, Trilobites. Cl. 3. Anacunipes. Ord. Pulmonées, Trachéennes. Cl. 4. Insectes. Ord. Myriapodes, Thysanoures, Parasites, Su- ceurs, Coléoptéres, Orthoptéres, Hémiptéres, Névroptères, Hyménoptères, Lépidoptéres, Rhipiptères, Diptéres. 8 Embranchement. ANIMAUX RAYONNES. Cl. 4. Ecutvopermes. Ord. Pédicellés, Apodes, Cl. 2. Vers Inrestinavx. Ord. Nématoides (Entozoaires et Épi- . zoaires), Parenchymateux. hd ., Cl. 8. Acarkpues. Ord. Simples, Hydrostatiques. Cl. 4. Poryrgs. (Anthozoaires, Hydroides, Bryozoaires, Coral- | lines et Éponges). Ord, Charnus, Gélatineux, à Polypiers, * ddit., 5 vol. in-8, — Les classes des Crustacés, des Arachnides et des In- ectes ont été élaborées par Latreille. — Pour les modifications successives ipportées par Cuvier à cette classification, voyez le Tableau élémentaire et les nnales du Muséum, vol. IX, cités dans la section précédente ; voyez aussi la Fe édit. du Règne animal, 1817, 4 vol, in-8, (1) Cf. Règne animal, 2° édit., t. Ul, p. 128 et 383. 320 DE LA CLASSIFICATION. Cl. 5. Inrusorres. Ord. Rotifères, Homogènes (renfermant les Polygastriques et quelques Algues). Si l’on considère les systèmes zoologiques du siècle passé, celui de Linné, par exemple, et si on les compare avec les systèmes plus récents, comme celui de Cuvier, il est impos- sible de méconnaître que, là même où les découvertes ont peu ajouté à notre savoir, le sujet a été traité d’une manière toute différente; c’est qu’on avait des données beaucoup plus étendues, non-seulement sur la structure interne des animaux, mais encore sur ce qui est relatif à la gradation des groupes supérieurs. | Linné n’a pas de divisions d’un ordre plus élevé que les classes. Cuvier, pour la première fois, introduit quatre grandes divisions qu’il appelle embranchements, et aux- quelles il subordonne les classes, dont il admet trois fois plus que Linné. De plus, celui-ci divise ses classes en ordres; au- dessous des ordres il institue les genres, puis enfin les es= péces. Et il fait cela systématiquement, admettant la même gradation dans toutes les classes; si bien que chacune des _ six classes du Suédois est subdivisée en ordres, et US en genres avec leurs espèces. Des familles, comme on le comprend aujourd’hui, Linné n’en a point idée. ; La classification de Cuvier ne présente pas un cadre aussi régulier. Dans certaines classes, après en avoir posé les ca: ractéres, il passe immédiatement à l’énumération des genres qu’elles contiennent, et il ne groupe ces derniers ni et ordres, nien familles. Dans d’autres, il inscrit des ordre sous le titre de la classe et alors il procède à la caractéri- sation des genres; dans d’autres encore, il admet, au- dessous de la classe, non-seulement des ordres et des famille (subordonnant toujours, dans ce cas, la famille à l’ordre) mais encore un certain nombre de divisions secondair par lui appelées sections, divisions, tribus, etc., avant d’ arriver aux genres et aux espéces. A l'égard des genre: mêmes on observe des dissemblances marquées dans le différentes classes. Parfois le genre est, pour lui, un group : a a SYSTÈMES ANATOMIQUES. — CUVIER. 321 és-compréhensif d'espèces qui différent largement l’une » l'autre; c’est ce qu’il appelle les « grands genres. » autres fois le genre est d’étendue limitée et renferme des pèces homogènes sans autre division; et, d’autres fois en- re, les genres sont subdivisés en ce qu’il appelle « sous- nres » ; ce qui est ordinairement le cas pour ses « grands nres ». La gradation, chez Cuvier, varie donc suivant les classes. > unes ne contiennent que des genres et des espèces et ont ni ordres, ni familles, ni subdivisions d’aucune sorte. à autres renferment des ordres, des familles, des genres , en outre, une variété de subdivisions d’inégale étendue de signification diverse. Cette inégalité entre toutes les visions de Cuvier est due, sans doute, à l’état de la Zoo- ie et des Muséums à l’époque où il écrivait, ainsi qu’au li pris de n’admettre, dans son ouvrage, que les repré- tants du Règne animal dont il lui était possible d’étudier us ou moins complétement, par lui-même, la structure natomique. Mais elle doit être attribuée aussi à cette con- Le souvent exprimée par lui, qu'il n’y a pas chez les maux cette uniformité ou cette gradation sérielle, régu- ére, que plusieurs naturalistes tentaient d'introduire dans urs classifications. à i AGASSIZ. ; 21 322 DE LA GLASSIFICATION. Classification de Lamarck. Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, etc., Paris, 1815-22, 7 w in-8. — Deuxième édition, avec notes, publiée par MM, Deshayes Milne-Edwards; Paris, 1835-43, 11 vol. in-8. — Pour les modificatio successives de cette classification, voyez : Sysième des animaux sans ve tèbres, eic., Paris, 1801, in-8. — Philosophie zoologique, etc., Paris, 180 2 vol. in-8. — Extrait du cours de zoologie du Muséum d'histoire nat relle, etc., Paris, 1812, in-8. 4 L q INVERTEBRES. I. ANIMAUX APATHIQUES. Cl. 4. Inrusorres. Ord. Nus, Appendiculés. Cl. 2. Potyprs. Ord. Ciliés (Rotifères). Nus _ (Hydroides). A polypiers (Anthozoaires et Bryozoaires). Flottants (Crinoides et quelques Halcyonoides), PA aig co 1 CI. 3. Raprammes. Ord. Mollasses (Acalèphes). pen Échinodermes (Holothuries et Actinies \masse médallaire - 3 longée; point de set comprises). des formes variées; Cl. 4. Tunicrers. Ord. Bothryllaires (AscidiensArement des artieu composés). Ascidiens (Ascidiens simples). "à Cl. 5. Vers. Ord. Mollasses et Rigidules (Vers intestinaux et Gordius). Hispides (Nais). | Épizoaires (Épizoaires, Lernéens). IT. ANIMAUX SENSITIFS. © CI. 6. Insectes (Hexapodes). Ord. rot, He Diptères, Hémiptères, Lépidoptères, Hy- ménoptères, Névroptères, Orthoptères, _ Coléoptères. 4 Cl. 7. Aracanines. Ord. Antennées-trachéales | sentent: mais 1 (Thysanoures et Myriapodes). Exanten- ftiennent de leurs sep i sations que des percep nées-trachéales. Exantennées-branchiales dies dobjets, une sot (Arachnides propres). . sont incapables LS C1. 8. Crusracés. Ord. Hétérobranches (Bran- Este aies chiopodes, Isopodes, Amphipodes, Stoma- \ Pétat de colonne vé podes). Homobranches (Décapodes). pice AE CIE CL. 9. Annérioes. Ord. Apodes, Antennés, Sé-| médullaire allons dentaires. des muscles att Cl. 40. Crrriènes. Ord. Sessiles, Pédonculés. rs song Cl. 44. Concuirkres. Ord. Dimyaires, Mono- parties paires. M myaires. CL 42. Mozzusques. Ord. Ptéropodes, Gastéro- podes, Trachélipodes, Céphalopodes. Hé- téropodes. ] SYSTÈMES ANATOMIQUES. — LAMARCK. 323 VERTEBRES. IL. ANIMAUX INTELLIGENTS. | Cl. 148. Poissons. Sentent ; acquièrent des idées conservables, exécutent des à ; ea opérations entre ces idées qui leur en fournissent d’autres ; Cl. 44. Repriies. sont intelligents à différents degrés, Une colonne vertébrale, 4 un cerveau, une moelle épinière; des sens distincts; des Ë Cl. 15. OrsEaux. muscles attachés à un squelette intérieur; la forme symé- Ci. 16. MamuirÈRes. / tique, des parties paires. ; _ Il n’est pas facile d’apprécier exactement le système de Lamarck. C’est en effet un mélange de conceptions abstraites et de considérations tirées de la structure, en méme temps qu’un effort pénible pour ranger les animaux en séries con- tinues. La division primaire du Règne animal en Invertébrés et Vertébrés (1) correspond, comme je lai indiqué déjà, à elle des Anaima et Enaima d’Aristote. Les trois prin- cipaux groupes désignés par la qualification d’Apathiques, Sensitifs, Intelligents sont imités des quatre embranche- ments de Cuvier; mais, loin de reposer sur une idée éfinie, comme les divisions de Cuvier qui impliquent n plan spécial de structure, ils ont pour base la supposi- tion que les facultés psychiques des animaux offrent une radation sériaire; or cette supposition est certainement nadmissible quand on veut en faire le principe d’une clas- ification. Dire que ni les Infusoires, ni les Polypes, ni les ayonnés, ni les Tuniciers, ni les Vers ne sentent, c’est cer- ainement émettre une opinion erronée. Ces êtres mani- estent des sensations, tout aussi distinctement que plusieurs des animaux rapportés au second type et qui sont qualifiés de sensitifs. Et quant à cette autre assertion qu’ils ne se meuvent que lorsque leur irritabilité est excitée, il suffit Pobserver les Étoiles de mer pour se convaincre que leurs mouyements sont déterminés par des impulsions intérieures non par les excitations du dehors. Des recherches ré- fentes ont fait découvrir que la plupart de ces animaux ont in systéme nerveux et que plusieurs possédent méme des rganes des sens. (1) Voy. plus haut, chap. II, sect. 1. 32h ; DE LA CLASSIFICATION. Les animaux sensitifs sont distingués de ceux du troisiém type, les animaux intelligents, par le caractére de leurs sensations. L’auteur établit, a cet égard, que les sensatio donnent simplement lieu chez les premiers 4 la perception des objets, à une sorte d’idées simples qu’ils sont incapables de combiner pour en faire dériver une idée complexe; tan- dis que les seconds obtiennent, prétend-il, des idées quills peuvent retenir, pour opérer sur elles et arriver par leur ins termédiaire à des idées nouvelles, et.sont dits intelligents” Je doute que, même de nos jours, cinquante ans après que Lamarck a publié son système, il soit possible de distinguer de cette manière entre les sensations des poissons, par exemple, et celles des Céphalopodes. La structure, il est vrai, diffère grandement chez les animaux que Lamarck: ap- pelle Intelligents et chez ceux qu’il appelle Sensitifs, mais ut grand nombre de ces derniers sont construits sur le mé me plan que plusieurs de ceux qu’il range parmi les Apathiques. Son type des Sensitifs embrasse done deux plans de str 1C= ture, et la psychologie des animaux n’est certes pas assé avancée pour offrir le moindre fondement a la distinction introduite. q Au point de vue méme de Lamarck, son arrangement de classes est moins parfait qu’il n’aurait pu l’être, car les Ar nélides sont plus voisins des Vers que les Insectes et leu sont vraiment inférieurs. N’ ayant pas saisi la valeur de li dée de plan et lui ayant substitué l’idée de la complicatio de structure, Lamarck mêle, parmi les animaux apathiqué des Rayonnés (les Polypes et les Radiaires) à des Mollu ques (les Tuniciers) et à des Articulés (les Vers). Parmi animaux sensitifs, il réunit des Articulés (Insectes, Arachn des, Crustacés, Annélides, Cirripèdes) et des Mollusque _ (Conchifères et Mollusques propres). Il assemble comme am maux intelligents, les quatre anciennes classes de Vertébrés: Poissons, Reptiles, Oiseaux et Mammifères. 7 SYSTÈMES ANATOMIQUES. — DE BLAINVILLE. 325 Classification de De Blainville. (De Vorganisation des animaux, Paris, 1822, in-8.) 14 1°" Sous-Règne. ARTIOMORPHES ou ARTIOZOAIRES, Forme bilaté- L'_ rale. . 4er Type.. PSE (Vertébrés). Sous-Type. Vivipares. CL. 4. Picirères, ou arionifaned: 1° Monodelphes, 2° Didel- phes. Sous-Type. Ovipares. CL. 2. Pennirères. Oiseaux. Cl. 3. SquaumirÈres. Reptiles. Cl. 4. Nupipettirires, Amphibies. Cl. 5. Prières. Poissons. ANOSTEOZOAIRES. 2° Type. Entomozoaires (Articulés). Cl. 6. Hexarones (Insectes proprement dits). Cl. 7. Ocropopes (Arachnides). Cl. 8. Décaponss (Crustacés, Décapodes et Limule). Cl, 9. Héréropones (Squille, Entomostracés, Épizoaires). CI. 10. TérranÉcapones (Amphipodes et Isopodes). Cl. 41. Mynrapopes. Cl. 12. Cuféropones (Annélides). Cl. 13. Apoprs (Sangsue, Cestoides, Ascaride). Type. Malentozoaires. Cl. 14. Nimatopopes (Cirripèdes). Cl. 15. PorypLaxrenores (Chiton). "ue Type. Malacozoaires (Mollusques), C1.16. CéprArornones. Dioïques (Céphalopodes et Gastéropodes en partie), Hermaphrodites et Monoïques (le reste des Gastéropodes). . CL 47. AcéruaLoruores. Palliobranches (Brachiopodes), Lamel- libranches (Acéphales), Hétérobranches (Ascidies). e Sous-Règne. ACTINOMORPHES ou ACTINOZOAIRES, Forme . rayonnée. CI. 48. AnNÉLIDAIRES ou Gastrophysaires (Siponcle, etc.). Cl. 19. CéraronermarREs (Échinodermes). 326 DE LA CLASSIFICATION. CI. 20. ARACHNODERMAIRES (Acaléphes). Cl. 21. ZoaNTHAtRES (Actinies) . CI. 22, Porvpiarres (Polypes à tentacules simples, Anthozoai et Bryozoaires). Cl. 23. Zoopuyraires (Polypes à tentacules composés, Hale noides). 3° Sous-Régne. HETEROMORPHES ou HETEROZOAIRES. For irréguliére. ‘ Cl. 24. Sponeraires (Éponges). Cl. 25. Monapaires (Infusoires). CI. 26. DenproitHaires (Corallines). La classification de De Blainville ressemble à célles Lamarck et de Cuvier beaucoup plus qu’un tableau syn tique de ces trois systèmes ne le ferait supposer: Elle es basée sur l’idée que le règne animal forme une série pro gressive; seulement De Blainville intervertit l’ordre admi par Lamarck et place les animaux supérieurs au comment ment, les inférieurs à la fin. À cette idée mère s’ajoute, dar une certaine mesure, la conception de Cuvier que les ani maux sont construits d’après différents plans de structure Mais cette conception est si loin de dominer De Blainyill que, au lieu de reconnaître immédiatement et dès le princip ces plans divers de structure, c’est dans la forme extérieut qu’il découvre l’idée principale sur laquelle il va fonder divisions primaires. En conséquence, il divise le Règne am mal en trois Sous-Règnes : le premier est celui des Artic zoaires dont la forme est bilatérale, le second, celui dt Actinozoaires à forme rayonnée, et le troisième, cel Hétérozoaires dont la forme n’est pas régulière (Épo Infusoires, Corallines). Le plan de structure n’intervie comme considération secondaire, pour permettre d’é parmi les Artiozoaires quatre types : 1° les Ostéozoaire correspondent aux Vertébrés de Cuvier ; 2° les Entomozoaires qui sont les Articulés de Cuvier; 8° les Malentozoaire groupe complétement: artificiel né de la nécessité d’é une transition entre les Articulés et les Mollusques ; he Malacozoaires, qui sont les Mollusques de Cuvier. : En ar a : : SYSTÈMES ANATOMIQUES. — DE BLAINVILLE. 327 Le second Sots-Régiié, celui des Actinozoaires, corres= ond aux Rayotinés de Cuvier, tandis que le troisième, celui is Hétérozoaires, est formé par des êtres organisés dont 8 plus grand fombre n'appartient pas au Règne anitial. Pest le cas, du moins, pour les Spongiaires et les Den- Hahithaires, tandis que les Monadaires répondent à cette eille classe des Infusoires, sur la valeur de Taquelle jé me is suffisamment profoncé dans les chapitres qui pré- dent. _ fl est évident que ce qu’il y a de correct dans cette coor- im est emprunté à Guvier; mais, il n’est que juste de reconnaître, De Blainville a introduit quelques perfection- ménts d’une réelle valeur dans l’arrangement et la délimi- ation des classes. Par exemple, il a pour la première fois istingué, parmi les Vertébrés, les Amphibiens des Reptiles rais; le premier aussi, il a reporté les Vers intestinaux du groupe des Rayonnés à celui des Articulés, mais la création ia type distinct pour les Cirripédes et les Chitons a été ne grosse erreur. En dépit de quelques particularités de ur structure, les Chitons sont construits essentiellement 1 le méme plan que les Mollusques de la classe des Gasté- lopodes; quant aux Citripédes, les recherches faites peu de emps aprés la publication du systéme de De Blainville ont tubli d’une façon incontestable que ce sont de véritables ustacés. La prétendue transition entre les Articulés et les Mollusques que De Blainville croit établir, au moyen de son type des ni n’existe certainement pas dans a nature. Si l’on applique à ses ages le critérium proposé dans le chapitre précédent, il est clair que ses Décapodes, ses Hétéropodes et ses Tétradécapodes participent bien plus du läractère des ordres que de celui des classes; d’un autre côté, sa classe des Céphalophores, chez les "Mollusques, Biterme sûrement deux classes, d’ailleurs lui-même l’a connu dans ses derniers ouvrages. Parmi les Rayonnés, les. classes des Zoanthaires, des Polypiaires et des Zoophy- faires tiennent du caractère de l’ordre et non pas de celui . 828 * . DE LA CLASSIFICATION. de la classe. Il y a enfin une grande objection à faire à @ système : on se demande à quoi bon introduire un nombri considérable de dénominations nouvelles pour désigner d groupes qui avaient déjà été très-bien limités et parfaite ment nommés par les classificateurs précédents. En agissan ainsi De Blainville poursuivait sans doute un but fort louable celui de débarrasser la science de quelques dénomination incorrectes, mais il a poussé la réforme trop loin en pré tendant changer tous les noms qui ne cadraient pas “ son systéme. — F Classification d’ Ehrenberg. | neuvième, établie pour l’homme seul, sont donnés plus complétement d le travail cité plus haut et inséré parmi les Mémoires de l’Académie Berlin pour 1836, p. 22. Les caractères des vingt-huit classes d’animaux ci-dessous et ceux d’une ving 4er Cycle : NATIONS. L’Humanité, qui constitue une classe distinct a pour caractére le développement uniforme de tou les systèmes d’organes'; par opposition avec les 2e Cycle : ANIMAUX, que l’on considère comme caractérisés par | prédominance de systèmes particuliers. Ceux-ci se div sent en A. MYÉLONEURÉS. 1. NOURRICIERS. Vertébrés à sang |I{. ORPHANOZOAIRES. Vertéb chaud qui prennent soin de à sang froid qui ne prenn leurs petits. pas soin de leurs petits. Cl. 4. MAMMIFÈRES. Cl. 3. AMPHIBIES. Cl. 2. Oiseaux. Cl. 4. Poissons. © B. GANGLIONEURÉS. A. Sphygmozoaires , ayant un|B. Asphycto-vasculaires. Vaiss a cœur. Circulation produite non pulsatiles. par un cœur ou des vaisseaux 1 pulsatiles, V. TUBULES. Point d’artict Ill. ARTICULÉS. Articulation ré- tion. L’intestin, un simple : elle, indiquée par des chape- ou un tube. ; 100 te Span Onr et JEU Fe CI. 17. Bryozoaires. AL VE Cl. 17. Dimorpnes (Hydroide Cl. 5. INsecres, Cl. 19. TuRBELLARIÉS (Rh SYSTEMES ANATOMIQUES. — EHRENBERG. 329 . Cl. 6. ARACHNOÏDES. _ cèles, Dérostomes, Tur- CI. 7. Crusracés (y compris les belles, Vortex. Entomostracés, les Cirri-| Cl. 20. Néwaroïnes (Entozoaires } pédes et les Lernées). à intestin simple, Gordius, . CI. 8. AnneLés. (Les vrais An- Anguillule). . nélides, à l'exclusion des| Cl. 21. RorirÈres. 4 Nais.) Cl, 22. Écmvoïnes (Echinus , Cl. 9. Sowarotomés (Naidins). Holothurie, Siponcle). VI. RACEMIFERES. Intestin divi- sé, bifurqué, rayonné, den- dritique, en grappe. . MOLLUSQUES. Pas d’articula- tion. Ganglions disséminés. » Cl. 10. CÉPHALOPODES. Cl. 23. AsrÉRoÏDEs. » CI. 11. PrÉROPODES. Cl. 24. ACALÈPHES, » Cl. 12. GasTÉROPODES. Cl. 25. ANTHOZOAIRES, Ci. 13. AcÉPHALES. Cl. 26. Trimatopes (Anthozoai- Cl. 14. BRACHIOPODES. res à intestin ramifié, Cer- à CI. 45. Tunicrers (Ascidies sim- caires). i ples). Cl. 27. Pranaires (Dendrocéles, Cl. 46. Accrécés (Ascidies com- Planaires, etc.). posées). Cl. 28. POLYGASTRIQUES. tion du principe que le type du développement des animaux est un et identique, de Homme à la Monade. C’est la né- gation complète de la thèse soutenue par Cuvier, que les térisées par la différence des plans de structure. Après avoir si complétement et si admirablement élucidé l'histoire de certains êtres organisés considérés généralement comme homogènes avant la publication de ses études ; après avoir ÿ ir térieure de plusieurs d’entre eux; après avoir prouvé la fausseté des opinions généralement reçues sur leur origine, il est tout naturel qu’Ehrenberg ait été amené à cette con- 330 DE LA CLASSIFICATION. tétnes compliqués d’organes il y a à décrire dais le corps microscopiquement petit d’un Rotifère ; il devait étre irré- sistiblement entrainé 4 conclure que tous les animaux sont également parfaits et, comme conséquente naturelle de la preuve qu’il avait fournie, à supposer que tous les êtres animés sont au même niveau, en tant qu’il s’agit de la com: plication de leur structure. Cependant le diagramme du système d’Ehrenberg montre que, lui non plus, n’a pu se soustraire à l’idée que tous les animaux n’ont point été également doués à ce point de vue. Comme tous les autres naturalistes, il place l'Homme à une des extrémités du Règne animal et relègüe à l’autre bout ces types qu’on toujours considérés comme inférieurs. L'Homme formé, suivant lui, un cycle indépendant, li des Nations, par opposition au Cycle des Animaux qu’il divisé en Myeloneurés ayant une moelle épinière (les Vertébrés), el en Ganglioneurés n’ayañt que des ganglions (les Invertébrés) Il subdivise les Vertébrés en Nourriciers qui prennent soif de leurs petits ét en Orphanozoaires qui n’en prénfent pai soin. Cépendant cette distinction n’est pas strictement vraie car il y a certains Poissons et certains Reptiles qui pouf voient avec beaucoup d’attention aux besoins de leur prog niture, comme il y a des Oiseaux et des Mammiféres qu n'en ont aucun souci. Les Invertébrés sont subdivisés ef Sphygmozoaires, animaux qui ont un cœur ou des vaisseath pulsatiles, et en Asphycto-Vasculaires dont les vaisseaux mi sont pas pulsatiles. Ges deux sections sont à leur tour l’objé d’une coupe qui donne, pour la première : les Articulés, avê des articulations réelles et des ganglions efi chapelet, pu les Mollusques, sans articulations et avec des ganglior disséminés; pour la seconde: les Tubulés à intestin simpl et les Racémifères, à intestins ramifiés. 1 Les caractères assignés par Ehrenberg à ses divisions principales obligent nécessairement 4 admettre une grad tion parmi les animaux. La forme sotis laquelle il expri m les résultats de ses rcherches est par conséquent la nég: tion de là vérité principale qu’il prétend mettre en lumiére, SYSTÈMES ANATOMIQUES. — ÉHRENBERG. 334 1 moyen de son diagramme. Son idéé capitale, celle qué organisation est chez tous lés anirnaux également parfaite, ourrait être exacte; il faudrait pour cela qu’elle impliquat im plement et clairement une perfection relative, c’est-à-dire a chez tous, le mode d’existence est parfaitement adapté fin, Comme aucun observateuf n’a plus contribué à faire naître la structure compliquée d’une légion d'êtres regar és par tout le monde, avant lui, comme ne consistant qu’en ne masse gélatineuse homogène, c’est là une idée qu’on uvait naturellement attendre d’Ehrenberg. Mais la perfec- ion ainsi définie n’est pas du tout ce qu'il conçoit. Il ne 3 pas le moins du monde faire nattre l’idée que tous les i tax sont également parfaits, chacun à $4 manières il blit au contraire nettement que: « les Infusoires ont la me somme de systèmes organiques que l'Homme », et fisemble de son système a pour but de faire ressortir éner- uement cette manière de voir. C’est spécialement d’après tte donnée fondaimentale qu’il place l'Homme à part et en ehors des animaux, non pas simplement comme classé, jais comme division du degré supérieur. Le principe de classification adopté par Ehrenberg est pu- ement anatomique. L’idée de type est laissée tout à fait de ôté; on le voit à la façon dont l’auteur dispose ses classes. ses Myeloneurés, il est vrai, correspondent à l’embranche- nent des Vertébrés, et les Sphygmozoaires à ceux desArticulés + des Mollusques ; mais s’ils sont réunis, ce n’est pas à cause u plan typique de leur structure, c’est seulement parce que les uns et les autres ont un cœur ou des vaisseaux pulsatiles, le Corps étant, ou non, articulé. La division des Tubulés rend plus évident encore à quel point il est tenu peu compte du plan structural, car cette section réunit des Rayonnés (les Echinoides et les Dimorphes), des Mollusques (les Bryo- Zoaires) et des Articulés (les Turbellariés, les Nématoïdes et les Rolifères), combinés en un groupe unique en raison e ce seul fait: qu’ils ont des vaisseaux privés de la fa- lié de battre et un intestin en forme de sac ou de tube imple. Les Racémiféres comptent, eux aussi, des animaux 332 DE LA CLASSIFICATION. construits sur des plans différents et qui n’ont été rapproché qu'à cause de la structure particulière de leur intestin bi furqué, ou rayonné, ou dendritique, ou en grappe. Les limites assignées par Ehrenberg à plusieurs de sé classes sont tout à fait contestables, lorsqu’on les soumet a contrôle des principes précédemment discutés. Un gran nombre d’entre ces classes sont positivement fondées sur de caractères d’ordre et non pas sur des caractères de classé Cela est particulièrement évident pour les Rotiféres, les So matotomés, les Turbellariés, les Nématoïdes, les Trématode et les Planaires, qui tous appartiennent à l’embranchemer des Articulés. Les Tuniciers, les Aggrégés, les Brachiopode et les Bryozoaires ne sont non plus que des ordres de la class des Acéphales. Avant que les Echinodermes n’eussent ét étudiés aussi complétement qu’ils l'ont été depuis peu, la st paration des Echinoïdes et des Astéroïdes pouvait semble justifiable. Aujourd’hui elle est tout à fait inadmissible Leuckart lui-même, qui considère les Echinodermes comm un embranchement distinct du Règne animal, insiste sur | nécessité de les réunir en un groupe naturel. Quant au Dimorphes, ils constituent un ordre naturel de la classe de Acalèphes, généralement connu sous le nom d’Hydroides. . Classification de Burmeister. Le diagramme qui suit a été formé d’après le Geschichte der Schonfng de l’auteur, Leipzig, 1843, in-8 Type I. ANIMAUX IRRÉGULIERS. 1e sous-type. CI. 1. Imfusoria, Type II. ANIMAUX REGULIERS. 2° sous-type. Cl. 2. Polypina. Ord. Bryozoa, Anthozoa. 3° sous-type. Cl. 3. Radiata. Ord, Acalephe, re Scytodermata. | { ; A° sous-type. Cl, 4. Mollusea. Ord. Perigymna (Tuniciers), mopoda (Acéphales), Brachiopoda, Ceph phora (Ptéropodes et Gastéropodes), ci lopoda, Type IL. ANIMAUX SYMETRIQUES. à \ SYSTEMES ANATOMIQUES. — BURMEISTER. 333 5° sous-type. Arthrozoa. CI. 5. Vermes. Ord. Helminthes, FROSROUSE et Annulati. Cl. 6. Crustacea : 4° Ostracoderma. Ord. Prothes- mia (Cirripédes, Siphonostomes et Rotiféres) ; Aspidostraca (Entomostracés, Lophyropodes, Phyllopodes, Pæcilopodes, Trilobites). — 2° Ma- lacostraca. Ord. Thoracostraca (Podophthalmes), Arthrostraca (Edriophthalmes). Cl. 7. Anacunova. Ord. Myriapoda, Arachnidæ. Cl. 8. IxsecrA.Ord.Rhynchota, Synistata, Antliata, Piezata, Glossata, Eleutherata. _ 6° sous-type. Osteozoa (Vertébrés). F Cl. 9. Prsces. À CI. 10. AmPHIBIA. | Cl. 44. Aves. - Cl. 42. MamMAria. | L'arrangement général de la classification de Burmeister appelle celui du système de De Blainville, mais l’ordre est nverse. Les trois types de notre auteur correspondent aux rois Sous-Règnes de De Blainville : les Animaux Irréguliers ont les Hétérozoaires, les Animaux Réguliers les Actino- ouires, et les Animaux Symétriques les Artiozoaires. Quant x Sous-Types des Animaux Symétriques, ils correspondent ux types admis par De Blainville parmi ses Artiozoaires, avec élle importante amélioration, toutefois, que les Malento- oxires sont supprimés. Burmeister est moins heureux en ré- uisant l’embranchement tout entier des Mollusques à une Be unique. Les Arthrozoaires, au contraire, dans l’étude squels il a rendu d’éminents services à la science, sont jrésentés sous leur vrai jour. Dans les ouvrages spéciaux le l’auteur (4), sa classification des Articulés est donnée avec lus de détails. Je ne mets pas en doute que les idées rés-justes qu’il manifeste, à l'égard de la place des Vers dans (1) Beitrüge zur naturgeschichte der Rankenfüsser (Cirripédes). Berlin, 834, in-4. — Handbuch der Entomologie. Berlin, 1832-1847, 5 vol. in-8 ; yersion anglaise, par W. E. Shuckard. Londres, 1836. — Die Organisation der lobilen, aus ihren Verwandten Entwickelt. Berlin, 1843 ; version anglaise, par a Roy, Society. Londres, 1847. — Zoonomische Briefe, allgemeine Darstellung ler thierischen Organisation. Leipsig, 1856, 2 vol. in-8. BETA DE LA CLASSIFICATION. l’embranchement des Articulés, ne soient la conséquence sa profonde connaissance des Crustacés, des Insectes et leurs métamorphoses. Classification d’ Owen. Sena Er din des Ce Le diagramme ci-dessous est tiré des Lectures on the Comparative Anatomy as Physiology of the Invertebrate Animals, 2° édit., Londres, 1855, in-8, : Proyince. VERTEBRATA. Myelencephala (Owen). Cl. Mammatta. Cl. Aves. Cl. REPTILIA. Cl. Pisces. Ord. Dermopteri, Malacopteri, Pharyngognathi, il canthini, Anacanthopteri, Plectognathi, Lophobranchii, G noidei, Protopteri, Holocephali, Plagiostomi. Province. ARTICULATA. Homogangliata (Owen). i Cl. Aracunipa. Ord. Dermophysa, Trachearia, Pulmotrachear Pulmonaria. Cl, Insecta. Sous-classe : Myrtapopa. Ord. Chilognatha et cul poda. l — Hexapopa. Ord. Aptera, Diptera, Le doptera, Hymenoptera, Homopte Strepsitera, Neuroptera, Orthoptet Coleoptera. q Cl. CrusracEA. Sous-classe : Enromosrraca. Ord. Trilobites, 2 phosura, Phyllopoda, Cladocera, tracopoda, Copepoda. ‘4 aoe Matcacosrraca : 4° Edriophthalma. Of Læmodipoda, Isof da, Amphipoda. © 2° Podophthalma. Or Stomapoda, poda. Cl. Epizoa. Ord. Cephaluna, Brachiuna, Onchuna. | Cl. AnxeLLaTA. Ord. Suctoria, Terricola, Errantia, Tubicola. 4 Cl. CrrrrpenrA. Ord. Thoracica, Abdominalia, Apoda. 1 Province. MOLLUSCA. Heterogangliata (Owen). Cl. Cepaaropona. Ord. Tetrabranchiata et Dibranchiata. À Cl. Gasrerorona. A. MonœciA : Ord. Apneusta (Kôll.), Nudib chiata, Inferobranchiata, Tectibranchia Pulmonala. a B, Diæcra 4 Ord. Nucleobranchiata, Tubu à SYSTEMES ANATOMIQUES. — OWEN. 335 branchiata, Cyclobranchiata, Scutibran- chiata, Pectinibranchiata. . Cl. Preropopa. Ord. Thecosomata, Gymnosomata. CI. LawgcriBRANCHIATA. Ord. Monomyaria et Dimyaria. Cl, Bracuiopopa. Des familles et point d’ordres. C1, Tunicara. Ord. Saccobranchiata, Tæniobranchiata. _ Sous-province. RADIARIA (4). _ Gl, Ecuinopenmara, Ord, Crinoidea, Asteroidea, Echinoidea, Ho- lothurioidea, Sipunculoidea, Cl. Bryozoa. Des familles seulement. Cl. Anrnozoa. Des familles seulement. Cl. AcaLepuz. Ord. Pulmograda, Ciliograda, Physograda. Cl. Hyprozoa. Des familles seulement. EL Sous-province. ENTOZOA. 3 Cl. Caretuintna. Ord. Gordiacea, Nematoidea, Onchophora. Cl. Srerecmintua. Ord, Tænioidea, Trematoda, Acantocephala, — Turbellaria. _ Sous-province. INFUSORIA. Cl. Rorirera. Rien que des familles. Cl. Potyeastria. Ord. Astoma, Stomapoda. — Rhizopoda. » La classification qui sert d’introduction aux « Lectures » ’Owen (2) sur l’anatomie comparée est trés-instructive. ile fait, plus que les autres systèmes modernes, nettement essortir la fâcheuse prépondérance que la considération es complications de la structure a prise de nos jours sur idée de plan. Les provinces d’Owen répondent bien, il est rai, pour ce qui est essentiel, aux embranchements de juvier, mais il y a cette différence bien marquée : Owen _ {4) Dans la première édition de l’ouvrage (1843), les sous-provinces Radiaria, ntozoa, Infusoria, ne forment qu’un seul sous-règne appelé Radiata, par josition aux sous-règnes Mollusca, Articulata, Vertebrata, et ce sous-régne t subdivisé en deux groupes, les Nemaloneura et les Acrila. (2) J'ai donné à la classification d’Owen la priorité sur celles de von Siebold Stannius, de Milne-Edwards, de Leuckart, etc., parce que la première édition Lectures on comparative anatomy a été publiée en 1843. Mais en analysant système tel qu’il est figuré dans le diagramme ci-dessus, il importe d’ayoir sent à l'esprit que, dans sa première édition, Owen n'a considéré que les asses seulement ; les ordres et les familles ont été ajoutés plus tard, en 1855, is une seconde édition, Je fais cette remarque simplement pour qu'on ne isse se méprendre et attribuer à Owen toutes les subdivisions de la classe ises par Jui et qui ne figureraient pas dans les systèmes examinés ayant le 336 DE LA CLASSIFICATION. ne veut pas reconnaitre pour les Rayonnés une province de valeur égale a celle des Mollusyues, des Articulés et des Vertébrés; il admet les Radiaires, mais comme sous-pro: vince seulement et sur le même niveau que les Entozoaire: et les Infusoires. Évidemment, ici, l’idée de la simplicité de structure prévaut sur celle de plan, car les sous-province: des Radiaires, des Entozoaires et des Infusoires contiennent à côté des vrais Rayonnés, les types les plus humbles d deux autres embranchements, celui des Mollusques et celu des Articulés. D'un autre côté, ces trois sous-provinces cor: respondent aux trois premiers types de Von Siebold; le Infusoires d’Owen (1) comprennent les mêmes animaux qui les Protozoaires de von Siebold ; les Entozoaires (2) de ce lui-là sont les Vers de celui-ci; les Radiaires du premier son les Zoophytes du second; à cette seule exception près qui Owen rapporte les Annelés à la province des Articulés, tan dis que Siebold les range parmi ses Vers. A part cela, le types des Mollusques et des Articulés de ces deux anato mistes distingués sont en parfaite conformité. La situatio assignée par Owen aux provinces des Articulés et des Mol lusques, l’une à côté de l’autre (3) et non pas l’une au-des sus de l’autre, a sans doute pour but d’exprimer la convic tion où il est que la complication de structure, chez ce deux types, ne saurait étre une raison plausible de donne soit à l’un, soit à l’autre, le rang inférieur ou le supérieur Et cela est très-exact. Plusieurs groupes dont les auteurs précédents ont fait de ordres ou des familles sont, ici, considérés comme classes Ainsi la classe des Epizoaires d’Owen, qu’il ne faut pas con fondre avec celle que Nitzsch a instituée sous la méme dé (1) Les Rhizopodes sont considérés comme un groupe de valeur égale à ceu des Rotifères et des Polygastriques, à la page 16 des Lectures, mais, à la page as ils sont placés comme un sous-ordre des Polygastriques. (2) Les Turbellariés sont représentés comme un groupe indépendant à | page 16, et rapportés aux Trématodes, comme sous-ordre, à la page 418. (3) Faute d’espace, j’ai été forcé, en reproduisant la classification d’Owé dans le diagramme qui précède, de placer les provinces des Articulés et di Mollusques à la suite l’une de l’autre; mais conformément à ce point de vu elles doivent être placées au même niveau et côte à côte. SYSTÈMES ANATOMIQUES. — OWEN. 337 omination, répond exactement a la famille dite des Lernées e Cuvier. Sa classe des Hydrozoaires équivaut à l’ordre des [ydr oides de Johnston et est identique avec celle dite des imorphes, d’Ehrenberg. Ses Coelelminthes sont le pendant e l’ordre des Intestinaux Cavitaires institué par Cuvier, n y ajoutant le Gordius; tandis que ses Sterelminthes ont a même portée que l’ordre des Intestinaux Parenchyma- eux de l’auteur français. Généralement parlant, le lecteur e doit pas croire que les divisions secondaires mentionnées ar les différents auteurs dont j'ai analysé ici les systèmes ient été établies par eux. Elles sont fréquemment emprun- ées aux résultats obtenus par les observateurs dont l'étude “spécialement porté sur des classes isolées ; mais ce serait le laisser entraîner trop loin que d’entrer ici dans la dis- ussion de tous ces détails. _ La ressemblance de plus en plus grande que présentent es systèmes zoologiques modernes est d’un heureux augure. serait, en effet, grandement se méprendre que de l’attri- juer uniquement à l'influence des auteurs les uns sur les utres. Loin de là, cette ressemblance provient en très- tande partie de ce que la nature nous est mieux connue. à observateurs qui sont parfaitement au niveau de l’état Ctuel de la science possèdent nécessairement à peu près la ème somme de connaissances; il est, dès lors, évident e leurs manières de voir ne peuvent plus différer autant le si chacun d’eux n’était familier qu’avec une partie ulement de son sujet. Une connaissance approfondie du égne animal doit, finalement, produire la conviction que la Che des zoologistes n’est pas du tout d'introduire l’ordre irmi les animaux, mais que le but le plus élevé qu'ils lissent atteindre est tout simplement de /ire les affinités relles existant entre les êtres; si bien que plus notre Mnaissance embrassera étroitement le champ entier de la Cherche scientifique, plus parfaite sera la coïncidence de iS Opinions. on à la valeur des classes adoptées par Owen, je ferai 22 338 DE LA CLASSIFICATION: desquelles luismême est bon juge, ont prouvé que ses Ci ripèdes et ses Épisoaires sont de vrais Crustacés, ét que | Entozoaires ne peuvent pas être plus longtemps tenus à ui aussi grande distance des Annelés que celle où les place st système. Pour ce qui est des autres classes, je renvoie. lecteur à mon examen critique des anciens sywicenes et à | première séction de cé chapitre. | M. Milne Edwards est l’auteur d'une classification qu’il récemment présentée comme l’expression de ses vues a tuelles sur les affinités naturelles des animaux} or, ce m’eé une grande satisfaction de découvrir que la maniére de yo que j’ai moi-même soutenue dans les précédentes pages ¢ ce livre, sur les rapports naturels des principaux grou du Règne animal, est en parfait accord avec le système ce zoologiste distingué. C’est le seul auteur original qui a dans ces derniers temps, donné son approbation sans réser aux divisions primaires d’abord proposées par Cuvier, to en admettant, bien entendu, dans les groupes d’un rang § condaire les rectifications rendues nécessaires par les pr grès auxquels il a, pour sa part, si largement contribué. Quant aux classes adoptées par M. Milne Edwards, j peu de chose à ajouter à ce que j'ai déjà déclaré précéde ment à propos des autres classifications. Bien que lidée plan ait reconquis chez lui limportance qu’il convie celle de la complication de structure exerce encore tf d’influence sur l’auteur, C’est au point qu’elle l'amène à ct sidérer comme classes des groupes d'animaux qui differ seulement en degrés et ne constituent par conséquent ¢ des ordres. Telles sont, à n’en pas douter, ses classes | Molluscoïdes et celles des Vers, ainsi que les Myriapode les Arachnides. Pour ce qui est des poissons, je renvoi mes remarques de la première section de ce chap! (p. 308), 4 SYSTÈMES ANATOMIQUES. — MILNE EDWARDS. 339 Classification de Milne Edwards. a nn ediagramme qui suit est extrait du Cours élémentaire d'histoire naturelle, Paris, 1855, in-12, 7° édit., où l’auteur a présenté les frésultats de ses ‘recherches surla classification des Vertébrés et des Articulés.;Voyez aussi sés _ Mémoires sur les Polypes, les Mollusques et les Crustacés, dans les Annales _ des Sciences naturelles. |, OSTEOZOAIRES ou VERTÉBRÉS. Sous-embranchement. Allantoïdiens. Cl. Mammirires. 4° Monodelphiens, a. propres. Ord. Bimanes, Quadrumanes, Cheiroptéres, Insectivores, Rongeurs, Édentés, Carnivores, Amphibies, Pachydermes, Rumi- nants. 6. pisciformes : Cétacés. — 2° Didelphiens. Ord. Marsupiaux, Monotrèmes. Cl. Orsraux. Ord. Rapaces, Passereaux, Grimpeurs, Gallinacés. Échassiers, Palmipèdes. Cl. Reprites. Ord. Chéloniens, Sauriens, Ophidiens. Sous-embranchement : Anallantoidiens. Cl. Barraciens. Ord. Anoures, Urodèles, Pérennibranches, Cécilies. Cl. Porssons. 4° Osseux. Ord. Acanthoptérygiens, Abdominaux, Subbrachiens, Apodes, Lophobranches, Plectognates. — 2° Chondroptérygiens. Ord. Sturioniens, Sélaciens, Cy- clostomes. . ENTOMOZOAIRES ou ANNELES. Sous-embranchement. Arthropodes. Cl. Instcres. Ord. Coléoptères, Orthoptéres, Névroptères, “a ménoptéres, Diptères, Rhipiptéres, Anopleures, Thysa- noures. Cl. Myriapopes. Ord, Chilognates, Chilopodes. Cl. Aracuniwes. Ord. Pulmonaires, Trachéennes. Cl. Crusracts. 1° Podophthalmes. Ord. Décapodes, vey podes. 2° Édriophthalmes, Ord. Amphipodes, Lémodi- podes, Isopodes. 3° Branchiopodes. Ord. Ostrapodes, Phyl- lopodes, Trilobites. 4° Entomostracés. Ord. Copépodes; Cladocères, Siphonostomes, Lernéides, Cirripèdes. 3° Xi- phosures. _ Sous-embranchement. Vers, Cl. ANNÉLIDES. 340 DE LA CLASSIFICATION. Cl. HELMINTHES. Cl. TuRBELLARIES. Cl. Cesroipes. CI. ROTATEURS. If]. MALACOZOAIRES ou MOLLUSQUES. Sous-embranchement, Mollusques, p. d. Cl, CÉPHALOPODES. Cl. PréÉRorODES. Cl. GASTÉROPODES. Cl. ACÉPHALES. Sous-embranchement, Molluscoïdes. Cl. Tunicters. Cl. BRYOZOAIRES. IV. ZOOPHYTES. Sous-embranchement. Radiaires OU Rayonnés. Cl. ÉCHINODERMES. Cl. ACALEPHES. Cl. PoLYPEs. Sous-embranchement. Sarcodaires, Cl. INFUSOIRES. Cl. SPONGIAIRES. Classification de von Siebold et Stannius. Cette classification est adoptée dans l’ouvrage de ces deux auteurs, Lehrbuc der vergleichenden Anatomie, Berlin, 1845, 2 vol. in-8; une deuxièm édition a été publiée en 1854-56. EVERTEBRATA. I. PROTOZOA. Cl. 4. Inrusorra. Ord. Astoma et Somatoda. Cl, 2. Rurzopopa, Ord. Monosomatia et Polysomatia. Il. ZOOPHYTA. Cl. 3. Potypr. Ord. Anthozoa et Bryozoa. Cl. 4. Acatepu&, Ord. Siphonophora, Discophora, Ctenophora. Cl. 5. Ecurnopermata. Ord. Crinoidea, Asterioidea, Echinoides Holothurioidea et Sipunculoidea. be ‘ SYSTÈMES ANATOMIQUES. ——- SIEBOLD ET STANNIUS. 344 I. VERMES. | Cl. 6. Hetwintues. Ord. Cystici, Cestodes, Trematodes, Acantho- B cephali, Gordiacei, Nematodes. | Depuis la.publication du Lehrbuch, etc., Siebold a introduit de très-importantes améliorations dans la classification des Vers et 4 beaucoup ajouté à ce que l’on savait de ces animaux. LÀ CI. 7. Tunpeutanir. Ord. Rhabdoceeli, Dendroceeli. Cl. 8. Roratori. Point d’ordres. Cl. 9. AnnuLati. Ord. Apodes et Cheetopodes. | MOLLUSCA. Cl. 40. Acepnata. Ord. Tunicata, Brachiopoda, Lamellibran- 4 chiate. . Cl. 44, Ceparopnora, Meck. (Gastéropodes). Ord. Pteropoda, 4 Heteropoda, Gasteropoda. - Cl. 42. Cepnatopopa, Point d’ordres. À ARTHROPODA. CI. 13. Crustacea, Ord. Cirripedia, Siphonostoma, Lophyropoda, Phyllopoda, Peecilopoda, Læmodipoda, Isopoda, Amphi- poda, Stomapoda, Decapoda, Myriapoda. Cl. 44. AracaniDA, Les ordres n’ont pas reçu de noms. Cl. 15. Insecra. a. Ametabola. Ord. Aptera. -- b. Hemimetabola. Ord. Hemiptera, Orthoptera. — c. Holometabola. Ord. Diptera, Lepidoptera, Hymenoptera, Strepsitera, Neu- roptera, Coleoptera. ig f VERTEBRATA. |. VERTEBRATA. 4 cl. 16. Pisces. Sous-classes : 1'¢, Leptocardii; 2°, Marsipobran- i chit; 3°, Elasmobranchii, Ord, Holocephali, Plagiostomi ; a, Guiiotdes, Ord. Chondrostei, Holostei; 5°, Teleostei, Ord. ‘Acanthopteri, Anacanthini, Pharyngognathi, Phy- M sostomi, Plectognathi, Lophobranchii : 6°, Dipnoi. ‘a se 17, Repriia. Sous-classes : 1°, Dipnoa, Ord. Urodela, Ba- à trachia, Gymnophiona ; 9e Monopona: a. Streptostylica, Ord. Ophidia, Sauria; b. Monimostylica, Ord. Chelonia, Crocodila (1). M) Les subdivisions des classes des Poissons et des Reptiles ont été copiées is la seconde édition (1854-1856), où le classement de Müller pour les Pois- Ms est adopté. Celui des Reptiles est en partie l’œuvre de Stannius. (Les classes bes et Mammalia n’avaient point encore été publiées quand parut la deuxième ion de ce livre, — N. du T.) 342 DE LA CLASSIFICATION. Cl. 18. Aves. Cl. 19. MAMMALIA. Le trait le plus original de la classification de von Siebold c’est l’adoption des deux types: Protozoaires et Vers, défini de la manière qu’ils le sont ici. Le type dés Vers est sorti de investigations des helminthologistes qui, trop exclusivemen engagés dans l'étude des Vers parasites, ont négligé les rap ports de ces êtres avec les autres Articulés. D’un autre côté l'isolement où beaucoup d’entomologistes sont demeurés l'égard des zoologistes en général a contribué, sans aucu: doute, à rendre tardive cette comparaison étroite entre le Vers et l’état larval des Insectes, sans laquelle il est bie: difficile d'apprécier véritablement l'identité typique des Vers des Crustacés et des Insectes. Pour ce qui est des classe adoptées par von Siebold (1) et Stannius, je n'ai à faire au cune mips mer que je n’aie faite déjà. Classification de R. Leuckart. La classification de Leuckart est tirée de l’ouvrage suivant ; Ueber die Morph logie und die Verwandtschaftsverhiltnisse der wirbellosen Thiere. Re 1848, 4 vol. in-8. I. COELENTERATA, Lkt. Cl. 1. Pozvrr. Ord, Anthozoa et Cylicozoa (Lucernaires). Cl. 2. Acarepu. Ord. Discophoræ et Cténophoræ. $ Il. ECHINODERMATA, Lkt. Cl. 3. PeLwarozoa, Lkt. Ord. Cystidea et Crinoidea. F3 CI. 4. Acrinozoa, Latr. Ord. Echinida et Asterida. 1 Cl. 5. Scyropermata, Brmst. Ord. Holothuriæ et Sipunclida. — Ill. VERMES. q Cl. 6. AnenrenaTt, Lkt. Ord. Cestodes et Acanthocephali ae thintlies, Brmst). (1) Les dénominations de ces types, Protozoaires, Vers, sont plus ancient que leur délimitation dans la classification de Siebold. Le mot de Protozoa que Goldfuss a, le premier, introduit dans le langage scientifique, a été em ) avec différentes acceptions pendant près d’un demi-siècle; celui de Vers a, _ pour la première fois adopté par Linné pour désigner une grande divisio règne animal, mais avec une signification tout à fait différente, SYSTÈMES ANATOMIQUES. ~~ LEUCKART. 343 | Cl. 7, Apones, Lkt. Ord. Nomertini, Turbellarii, Tremätodes et Hirudinei (Trematodes, Burm.), CL 8. Ciciani, Lkt. Ord. Bryozoa et Rotiferi. | Cl. 9. Annetipes. Ord. Nematodes, Lumbricini et Branchiati (Annulati, Burm., à l'exclusion des Nemertini et Hiru- * dinei). ÿ, ARTHROPODA. Cl. 10. Crustacea. Ord. Entomostraca (Neusticopoda, Car.) et Malacostraca. ql. 14, Insecra. Ord, Myriapoda, Arachnida (Acera, Latr.), Hexa- È poda, | MOLLUSCA, Guy. (Palliata, Nitzch). Cl. 12. Tunicara. Ord. Ascidiæ (Tethyes, Sav.) et Salpæ (Thalides, Say.) (1). Cl, 13, AcepuaLa. Ord, Lamellibranchiata (Cormopoda, Nitzch., Pelecypoda, Car,) et Brachiopoda, Cl. 44. Gasrehorona, Ord, Heterobranchia (Pléropodes, Inféro- branches et Tectibranches), Dermatobranchia (Gymno- branches et Phlébentérés), Heteropoda, Ctenobranchia, Pulmonata et Cyclobranchia. Cl. 15. CepHaLopopa, 1 |, VERTEBRATA (Leuckart ne s'en occupe point). _ Je n’ai pas besoin de répéter ici ce que j'ai déjà dit, dans à première section, à l'égard des divisions primaires adop- os par Siebold et Leukart, Quant aux classes, je puis ajouter jue les trois classes d’Echinodermes de Leuckart ne présen- ent que des caractères d’ordre. A part les Oiseaux et les éphalopodes, il n’y a pas une classe aussi bien définie que elle des Echinodermes et aussi peu susceptible d’être frac- lionnée en groupes mineurs présentant quelque chose de ynblable aux caractères de classe, Les systèmes orga- iques offrent chez ces êtres des homologies si étroites (voy, p. 302) que, pour entreprendre de les subdiviser en “ois classes, Leuckart a dû admettre comme classes des roupes qui fournissent seulement les caractères de l’ordre, (1) Leuckart incline tant soit peu à considérer les Tunicata non pas sim- nent comme une classe, mais même comme un autre grand type ou em- mchement intermédiaire entre les Echinodermes et les Vers. 344 DE LA CLASSIFICATION. c’est-à-dire des degrés différents de complication dans la structure. La méme observation est également fondée a l’égard de ses classes de Vers. L’arrangement de ces animaux proposé par Burmeister est certainement plus con- forme aux faits que ceux de von Siebold et de Leuckart, d’au- tant qu'il rapporte déjà et à bon droit les Rotiféres à la classe des Crustacés et ne veut pas, comme Leuckart, réunir les Bryozoaires et les Vers. Je suis d’accord avec Leuckart quant 4 la convenance de séparer les Nemertins et les Hirudinés des vrais Annélides, mais Burmeister fait une appréciation plus exacte de la position à attribuer au type tout entier des Vers, puisqu’avec De Blainville il le reporte à l’embrançche- ment des Articulés. Le défaut commun à toutes les classifications qui ont été proposées depuis Cuvier est, d’abord, d’avoir abandonné plu: oumoins complétement l’idée du plan de structure, idée admi rablement développée par Cuvier, et sur laquelle il n’a cesst d’insister avec une confiance croissante et une conscience de plus en plus nette de sa valeur, depuis 1812; ensuite d’avoir fréquemment laissé l’idée de complication de struc ture l’emporter sur tous les autres traits plus généraux dt plan. Pour apprécier convenablement ces traits, il faut, iles vrai, une connaissance de la structure du règne animal tou entier, autrement profonde que celle qui suffit à l investiga tion des caractères anatomiques de types particuliers. Cependant, qu’on jette sur tous ces systèmes un coup d’œi rétrospectif, qu’on examine avec attention les plus récent d’entre eux et, pour peu qu’on soit bien au fait des vues qu ont cours actuellement dans notre science, on ne manquer: pas de reconnaître que, après un demi-siècle d'expérience l’idée d’embranchements caractérisés par la différence de plans de structure a prévalu, comme expression des vérita bles rapports existant entre les animaux, sur celle de gra dation réunissant tous les animaux en une seule série pro gressive. Or, si l’on réfléchit que cette idée s’est fait jour: travers les vues les plus contradictoires sur la classification, € même en l'absence de tout principe régulateur, il faut bier LES PHYSIOPHILOSOPHES. 345 convenir que cela ne peut être dû qu'à la vérité intrinsèque du jugement pour la première fois émis par Cuvier. On découvre dans les classifications de Siebold, de Leuckart et des autres le triomphe de la grande conception du natura- liste français, malgré toute la différence qu "il y a entre leurs systèmes et le sien. La question de principe en effet n’est as de savoir s’il y a quatre grands plans, s’il n’y en a que trois ousilyena davantage, ni si ces plans sont circonscrits de telle ou telle manière ; c’est là une simple affaire de soin et de pénétration de la part de l'observateur. Aussi je main- tiens que la première ébauche de Cuvier, avec toutes ses imperfections de détail, offre un tableau des rapports essen- iels existant entre les animaux plus conforme à la nature que rs classifications en apparence plus correctes des écrivains modernes. . V | | Systèmes physiophilosophiques. _ Vers le temps où Cuvier et les naturalistes français décri- Dent la structure du Règne animal et entreprenaient d’en faire la base d’un système naturel de zoologie, il se formait en Allemagne, sous la direction de Schelling, une école phi- losophique qui étendait sa puissante influence sur toutes les branches des sciences physiques. Oken, Kieser, Bojanus, Spix, Huschke et Carus sont les plus remarquables parmi les naturalistes qui appliquérent la philosophie nouvelle à Pétude de Ja Zoologie. Mais aucun d’eux n’a, au même degré qu'Oken, incorporé les vues de l'école aux résultats de Pétude de l’histoire naturelle. » Aujourd’hui, le courant repousse avec violence tout ce Qui rappelle les physiophilosophes allemands et ce qu'ils Ont fait; il est de bon ton d’en dire du mal. L'obligation n’en est que plus i impérieuse, pour qui veut faire l’histoire impartiale de la science, de montrer combien grande et bienfaisante fut l'influence d’Oken sur les progrès de la Science en général et sur ceux de la Zoologie en particulier. at “a 346 DE LA CLASSIFICATION. Il est d’ailleurs bien plus facile de lui emprunter ses idées, tout en se moquant de son style et de sa nomenclature, que de découvrir le sens véritable de ce que ses formules presque toujours paradoxales, sentencieuses ou aphoristi- ques laissent inexpliqué. Mais l’homme qui a changé du tout au tout la méthode d'étude de l’ostéologie comparée, l’homme qui a porté une investigation profonde dans l’em= bryologie des animaux supérieurs, en un temps où un petit nombre seulement de physiologistes prêtaient attention à cette matière; celui qui a classé les trois régnes de la nature d’après des principes qui n ‘appartiennent qu’à lui, qui a aperçu chez les êtres organisés des milliers d’homologies et d’analogies entiérement méconnues auparavant; l’homme qui a publié sur l’histoire naturelle un traité considérable, résumé substantiel de tout ce qu’on savait au jour de sa publication; celui qui a dirigé pendant vingt-cinq ans le journal des sciences naturelles le plus complet qui ait jamais été publié, y enregistrant avec une scrupuleuse fidélité toutes les découvertes faites pendant un quart de siècle ; le savant qui a su inspirer à tous les étudiants qui l'ont approché un ardent amour pour la science et une sin- cére admiration pour le maitre; cet homme-là ne doit pas être oublié, et les services qu AY arendus ne doivent pas étre dédaignés, aussi longtemps du moins que l'intelligence et l'observation seront réunies. ‘ Classification d’Oken. Le tableau suivant de la classification d’Oken est extrait de son Allgemeine Naturgeschichte für alle Sitinde, Stuttgardt, 1833-42, 44 vol. in-8, t. Ie, p. 5. On peut se rendre compte des changements qui ont été introduits dan: ce système en comparant le Lehrbuch der Naturphilosophie du même auteur, léna, 1809-14; 2° édit., 1831; 3€ édit., Zurich, 1843 ; — version anglaise par la Roy-Sociely, Londres, 1847; et aussi Lehrbuch der Naturgeschichte Leipsig, 1813; Weimar, 1815 et 1825. — Handbuch der Naturgeschicht zum Gebrauch bei Vorlesungen, Nuremberg, 1816-20. — Naturgeschichh für Schulen, Leipsig, 1820, et divers mémoires dans I’ Isis, 1er Degré. ANIMAUX-INTESTIN, encore appelés Animaux-Corps, ou Ani- maux-Tact. Une cavité seulement; point de tête garnie d’un cer. - veau; rien que le sens le moins parfait; des intestins et des ors PHYSIOPHILOSOPHES, — OKEN. . 3h7 ganes cutanés, mais point de chair ; c’est-à-dire ni os, ni museles, ni moelle épinière. =INVERTEBRES, Caractérisés par le déve- loppement des systèmes organiques de la vie végétative, qui sont ceux de la digestion, de la circulation et de la respiration. De la : À Cycle L Animaux-digestion.— RAYoNNÉs, Caractère essentiel : rien À de développé que l’intestin. Cl, 4. Inrusomes (animaux-estomac). Bouche simplement garnie de cils vibratiles, Cl. 2. Potyprs (animaux-intestin). Bouche munie de lèvres et de tentacules pour la préhension. Cl. 3. Acatkenes (animaux lactescents), Corps traversé par des tubes semblables aux vaisseaux lymphatiques. _ Cycle Il. Animaux-circulation. = mourusques. Caractère essentiel : ; intestins et vaisseaux. CL 4. ACÉPHALES (animaux biauriculés). Cœur membraneux a deux oreillettes. - Cl. 5. Gasrénopopes (animaux uniauriculés), Cœur membraneux a une seule oreillette, Cl. 6, CépHaLopopes (Animaux bicardiés). Deux cœurs. Cycle Il. Animaux-respiration. = arricucés. Caractère essentiel : intestin, vaisseaux et pores respiratoires. Cl. 7. Vers (animaux-peau). Respiration par la peau elle-même, ou partie de la peau ; pas de pieds articulés. Cl. 8. Crusracés (animaux-branchies). Branchies ou tubes aériens partant d'une peau cornée. Cl. 9. Insecres (animaux-trachées). Des trachées intérieurement ; des branchies au dehors, servant d'ailes. Degré. ANIMAUX-cHAm, encore appelés animaux-téte. = VERTE- BRÉS. Le corps a deux cavités entourées de parois charnues (0s - et muscles), qui renferment la moelle épinière et les intestins, Tête contenant un cerveau; sens supérieurs développés. Carac- térisés par le développement des systèmes de la vie animale, * spécialement du squelette, des muscles, des nerfs et des sens. 1 “oye IV. Animaux charnels proprement dits. hs non perfec- … tionnés, QJ. 10. Porssons (animaux-os), Squelette prédominant et extré- mement morcelé; muscles blancs; cerveau sans circonvo- lutions; langue dénuée d’os; nez non perforé; oreilles ca- chées ; yeux sans paupières. Cl. 41. Repries (animaux-muscles), Muscles rouges, cerveau sans circonvolutions, nez perforé, oreilles sans orifice extérieur, yeux immobiles, à paupières imparfaites, 348 DE LA CLASSIFICATION. CI 12. OrsEaux (animaux-nerfs). Cerveau avec des circonvolu- tions, oreilles ouvertes, yeux immobiles, à paupières impar- faites. Cycle V. Animaux sensuels. Tous les systèmes anatomiques et tous les sens perfectionnés. Cl. 13. Mamuirkres (animaux-sens), Langue ‘el nez charnus, oreilles ouvertes, le plus souvent munies d'une conque, yeux mobiles, avec deux paupières distinctes. Les principes posés par Oken et dont cette classification est, en zoologie, le résultat pratique, peuvent se résumer ainsi : les degrés ou grands embranchements sont déterminés par les systèmes anatomiques, par exemple par la tête et le corps, par l'intestin, par les chairs, par les sens. De là deux degrés dans le Règne animal. Les animaux sont, pour ainsi dire, des parties faites vivantes du corps humain dé- membré. Les classes d'animaux sont la représentation spé- ciale, par des formes vivantes, des systèmes anatomiques de l'être le plus élevé de la création. L'Homme, dans ce système, est considéré, non pas seule- ment comme la clef du Règne, mais encore comme le pro- totype et la mesure de l’organisation animale. Il n'existe rien dans le Règne qui ne soit représenté, et par une combinaison plus parfaite, dans l’homme même. L’exis- tence de plusieurs plans distincts de structure est ainsi niée virtuellement. Tous les animaux sont construits sur le patron de l’homme. Les différences qu’il y a entre eux sont purement et simplement dues à ce qu’ils présentent soil un seul système, soit un plus petit ou un plus grand nombre de systèmes d’organes, d’une importance physiologique ou. moindre ou plus “considérable, et dont le développement, dans le corps de chacun d’eux, est ou bien exclusif ou bien lié à celui d’un ou de plusieurs autres systèmes. Les prin- cipes sur lesquels se fondent la classification de Cuvier et celle d’Ehrenberg sont les uns et les autres complétement réduits à néant. Le principe de Cuvier, qui admet dans les Règne animal quatre différents plans de structure, est, en effet, contradictaire avec l’idée que tous les animaux ne re~ PHYSIOPHILOSOPHES. — FITZINGER. 349 présentent pas autre chose que les organes de l'Homme. Le principe d’Ehrenberg, qui considère tous les animaux comme également parfaits, n'est pas moins inconciliable avec la sup- position que tous les animaux représentent une somme iné- gale d’organes. Or, d’aprés Oken, le corps des animaux est, en quelque sorte, le corps de l'homme analysé ; les organes de celui-ci vivent soit isolément, soit sous diverses combinai- sons, à l’état d'animaux indépendants. Chacune de ces com- inaisons constitue une classe distincte. Le Principe sur le- quel sont fondés les ordres a déjà été exposé précédemment (chap. II, section 3, p. 247). . Il y a quelque chose de séduisant dans l’idée que l'Homme est le prototype d’après lequel on doit apprécier la structure de tous les animaux. Mais toutes les tentatives qu’on a faites jusqu'ici, pour appliquer ce principe au Règne animal tel qu'il est, doivent être regardées comme ayant complétement avorté. Dans ses différents ouvrages, Oken a successivement identifié les systèmes d'organes de l'Homme avec des groupes différents d'animaux ; à leur tour, divers auteurs qui admettaient le même principe de classification ont iden- tifié ces systèmes à d’autres groupes. L'impraticabilité d'un semblable dessein saute aux yeux lorsqu'on s’est convaincu par les faits de l'existence de plans distincts de structure. Mais si insensé que soit le principe général des physio- Heures nous ne devons pas méconnaitre tout ce qu'il a de profitable dans leurs œuvres spéciales. Les ouvrages d’Oken, en particulier, abondent en vues originales sur les affinités naturelles des animaux, et sa connaissance profonde de toutes les observations de ses prédécesseurs et de ses contemporains prouve qu’il fut un des zoologistes les plus instruits de ce siècle, Classification de Fitzinger. Le diagramme est extrait du Systema replilium, de Fitzinger, Vienne, 1843, in-8. , Provincia, EVERTEBRATA. Animalia systematum anatomicorum yegetativorum gradum evolutionis exhibentia. 350 DE LA CLASSIFICATION. A. Gradus evolutionis systematum physiologicorum vegetativorum: 1. Circulus, GAsTROZOA, Ft Evolutio systematis nutritionis : 1 a. Evolutio prævalens b. Evolutio prævalens c. Evolutio prævalens — systematis digestionis. systematis circulationis, systematis respirationis. | ; Cl. 4. INevsorta. CL 2. Zoopuyra. Cl. 3. ACALEPEÆ, | i. Circulus. Puystozoa. * | Evolutio systematis generationis : oe | Cl. 4. VERMES. Cl. 5. RADIATA. CI, 6. ANNULATA. B. Gradus evolutionis systematum physiologicorum senate m1. Circulus. DERMATOZOA. | Evolutio systemalis sensibilitatis : OL. 7. ACÉPHAIA. Cl. 8. CEPHALOPODA. Cl. 9. Motiusca. tv. Circulus. ARTHROZOA. Aude Evolutio systematis motis : F TA Cl. 10. Crusracea. CL 11. ARACHNOIDEA. Cl, 12. INSECTA. . Il. Provincia, VERTEBRATA, 4 ' Animalia systematum anatomicorum animalium gradum evo - lutionis exhibentia, i 4 A. Gradus evolutionis systematum physiologicorum vegelalivoruim a. Evolutio systematis nutritionis, si- mulque ossium, ,:...,..,..:.... Cl. 48. Pisces, b. Evolutio systematis generationis, si- La mulque musculorum....,..,..... CL 44, Reprmia. B. Gradus evolutionis systematum physiologicorum animalium. ce. Evolutio systematis sensibilitatis, si- LM mulque neryorum.... ...... vo» Cl 45, AVES. ÿ d. Evolutio systematis motûs, simulque ae à is. chic élan MER uEt Cl. 16. MamMALTA. 4 L'idée fondamentale de la classification de Fitzinger @ la même que celle sur laquelle Oken a basé son systèm Les divisions supérieures qu’il appelle provinces, degrés. cercles sont, aussi bien que les classes et les ordres, consid _ rées comme la représentation soit d’une combinaison qué conque de systèmes d'organes, soit d’un système particuli PHYSIOPHILOSOPHES. —+ FITZINGER. 351 ‘soit même simplement d’un organe spécial. Les deux groupes primaires, les provinces, sont les Evertébrés et les Verté- brés. Les Evertébrés représentent les systèmes de la vie végétative, et Jes Vertébrés ceux de la vie animale, de la même façon que les animaux-2ntestin et les animaux+chair dOken. Toutefois, au lieu d'adopter comme Oken les déno- ‘minations de l'anatomie pour ses divisions, Fitzinger emploie celles qui sont le plus généralement usitées. Ses subdivisions, ou les degrés de ses deux groupes primaires, sont fondées sur la répétition de cette même différence, dans les limites qui leur sont propres. Les Evertébrés dans lesquels prédo- -minent les systèmes végétatifs sont mis en opposition avec -ceux chez lesquels les systèmes animaux l’emportent, et la “même distinction est encore opérée parmi les Vertébrés. Chacun de ces degrés embrasse deux cercles tracés d’après le développement d’un système organique particulier, etc. On “ne doit pas s’attendre à ce que les systèmes fondés sur de els principes puissent présenter entre eux plus de concor- lance que les classifications basées sur les différences “anatomiques; je demanderai cependant ce que devient le principe lui-même, si ses prôneurs ne sont pas d’accord sur les systèmes anatomiques qu'ils doivent donner pour hase à leurs classes? D’après Oken, les Mollusques (Acé- “phales, Gastéropodes et Céphalopodes) représentent le système de la circulation; c’est ainsi du moins qu’il les en- fisage dans la dernière édition de son système, Fitzinger, au contraire, voit en eux les représentants du système de la ensibilité. Oken identifie les Articulés (Vers, Crustacés et nsectes) avec le système de la respiration ; Fitzinger fait d’eux l’équivalent du système locomoteur, en exceptant tou- tefois les Vers qui, réunis aux Rayonnés, sont mis par lui en parallèle avec le système de la reproduction, etc. | Le résultat de divergences aussi grandes est nécessairement de faire perdre à ces systèmes toute autorité; sans nous empécher d’ailleurs de faire cas des comparaisons heureuses et des vues ingénieuses auxquelles les tentatives diverses faites pour établir une classification sur pareille base ont 352 DE LA CLASSIFICATION. conduit leurs auteurs. Il est presque superflu d’ajouter que, outre le désaccord existant entre les systémes des différents physiophilosophes, on observe méme des divergences nota- bles entre les idées du méme auteur dans deux éditions dif- férentes de son systéme. | Prenons pour exemple de la subdivision des classes, parmi les Invertébrés du système de Fitzinger, les Radiata (Echi- nodermes) ; chaque série contient trois ordres. dre série. 2e série. 8° série. Evolutio prævalens Evolutio prævalens Evolutio prævalens systematis digestionis. systematis circulationis. systematis respirationis, ASTEROIDEA, ECHINOIDEA. SCYTODERMATA (Holothurioides). 1, Encrinoidea. 1. Aprocta. 1. Synaptoidea. 2. Comatulina. 2. Echinina. 2. Holothurioidea. 3. Asterina, 3. Spatangoidea. 3. Pentactoidea. Chez les Vertébrés, chaque classe a cing séries et chaque série trois ordres; par exemple, pour les Mammifères, il y a: 1'e série. 2e série. 3° série. Evolutio prævalens Evolutio prævalens Evolutio prævalens sensûüs tactüs : sensus gustüs : sensûs olfactüs : CETACEA. PACHYDERMATA. EDENTATA. 4. Balanodea. 1. Phocina. 1. Monotremata. 2. Delphinodea. 2. Obesa. 2. Lipodonta. 3. Sirenia. 3. Ruminantia. 3. Tardigrada. Ae série. 5° série. : à Evolutio prævalens Evolutio prævalens sensûs auditüs : sensûs visiis : UNGuICULATA. PRIMATES. 1. Glires. 1. Chiropteri. 2. Bruta. 2. Hemipitheci. 3. Feræ. 3. Anthropomorphi. Au lieu que la reproduction des caractères d’un groupe plus élevé soit pour Fitzenger le fondement des ordres, PHYSIOPHILOSOPHES. — M’ LEAY. — 255 omme le voulait Oken, ce sont les séries que notre auteur onde sur ce fait; puis il les subdivise en ordres, comme. yn vient de le voir. Ces séries ont, d’ailleurs, avec les systémes d’organes qu’elles sont censées représenter, encore joins de rapport que les classes et les divisions supérieures u Règne. Ces tentatives pour disposer de petits groupes sn séries naturelles ne sont, à bien regarder, qu’un effort ik mettre les cadres de nos systèmes en harmonie avec limpression que produit sur nous un examen trés- -appro- ondi des rapports naturels des êtres organisés. Nous marquons partout des séries de ce genre; elles ne vont s plus loin que les groupes d’espèces, en certains cas; lans d’autres, elles embrassent plusieurs genres, même jes familles entières; enfin fréquemment elles s'étendent üusqu'à plusieurs familles. Il n’est pas jusqu'aux classes lun même embranchement qui ne puissent présenter, lus ou moins dislinctément, une gradation sérielle de élte nature. Mais je n'ai pu parverir, jusqu'ici, à décou- vrir le principe auquel ces sortes “+ rapports peuvent être amenés, à moins que ce ne soit là complication de struc- ture (1), ou le degré de supériorité ou d'infériorité des aractères sur lesquels les différentes sortes de groupes Ont eux-mêmes fondés. L’analogie joue aussi un rôle dans a formation des séries, mais tant qu’on n'aura pas étudié és catégories d’analogie aussi profondément que les catégo- ies d’affinité, il sera impossible de dire dans quelle limite nalogie existe. Classification de M Leay. Le grand mérite du système de M Leay (2) et, dans mon pinion son seul titre à notre examen, c’est d’avoir appelé 1 (1) Voyez chap. 11, sect, m1. (2 2) J'ai placé la classification de M’ Leay dans cette section, non parce qu’elle semble à celle des physiophilosophes allemands, mais à cause de son carac- e général et parce qu’elle est basée sur une vue idéale des affinités des ani- | al xX. , AGASSIZ. 23 a 354 DE LA CLASSIFICATION. /ortement l’attention des naturalistes sur la différence qu'il a entre deux sortes de rapports presque toujours confondu auparavant, la/finité et l'analogie. Ila montré que Vanalogi consiste dans la répétition de traits semblables chez de groupes d’ailleurs éloignés quand on s’en tient à la compa raison des caractères anatomiques, tandis que l’affinité es basée sur la parité des rapports de la structure. Ainsi, le Chauves-Souris, en raison de la similitude de leur mode d locomotion peuvent être dits les analogues des Oiseaux; le Cétacés sont les analogues des Poissons, à cause de leu forme et de leur mode aquatique d’existence ; et, Chauves Souris et Cétacés sont alliés entre eux et avec les autre Mammifères par une certaine affinité, en raison de l’identit des traits les plus caractéristiques de leur structure. Celt distinction importante devait nécessairement conduire à d’in téressants résultats; jusqu’ici cependant elle n’a produit qu des compararaisons fantaisistes émanées de ceux qui l’avaier les premiers indiquée. Par exemple, M’ Leay suppose pou un instant que tous les animaux d’un groupe doivent êtr analogues à ceux de chaque autre groupe, tout en formar un cercle par eux-mêmes. Pour réaliser cette conception il dispose tous les animaux en groupes circulaires, de maniéi à mettre en évidence ces analogies et il écarte les affinités plus sensibles qui pourraient contrarier cette idée précon¢ Mais, pour qu'on ne puisse pas me soupçonner de rabaiss le mérite de ce système, le voici présenté d’après les prop expressions de son plus zélé admirateur, l’érudit Wm. Sw son qui s’est complu à en faire l’exposé (1): « Les Hore Entomologice (2), malheureusement pour le gens studieux, ne peuvent être parfaitement entendues qi des adeptes. Les résultats et les observations sont expos dans des parties différentes ; le style de l’auteur est tant s¢ (1) W. Swainson, A Treatise of the Geography and Classification of anime Londres, 1835, in-12, p. 201-205. (2) W. S. M’ Leay, Hore ‘Entomologice ; or Essays on the annulose ani Londres, 1819-1821, 2 vol. in-8, PHYSIOPHILOSOPHES. — M’ LEAY. 355 au décousu, et les groupes, pour la plupart, sont plutôt in- qués que définis. L'ouvrage, en somme, est, comme l’auteur dit de bonne foi, une grossière esquisse des particularités . incipales des grandes divisions du Règne et du mode pro- able de leurs connexions, plutôt qu’une détermination rigou- “use de ces groupes eux-mêmes ou une démonstration dé urs affinités réelles. On ne pouvait guère espérer -davan- ige dans l’état de la science à cette époque, et avec les dif- cultés herculéennes que l’auteur a eu à surmonter. Cet uvrage est devenu excessivement rare et c’est une raison de lus pour que j'en donne, à l’occasion, des extraits au lecteur. n comprendra mieux la théorie de M. M’ Leay en consul- nt le diagramme qui la figure; car, ainsi que je l’ai déjà marqué, il n’a défini aucun des groupes des Vertébrés. ais en condensant le résultat de ses remarques, nous pour- ns les résoudre dans les propositions suivantes : — 1° La ie naturelle des animaux est continue; elle forme pour insi dire un cercle ; si bien que, en partant d’un premier point melconque et en suivant dès lors toutes les modifications le la structure, on est imperceptiblement ramené, en passant ar des formes nombreuses, au point d’où l’on est parti. — 2 Les groupes qui ne présentent pas cette série circulaire e sont pas naturels. — 3° Les divisions primaires de chaque rand groupe sont au nombre de dix, dont cinq sont com- osées de cercles relativement plus grands, et les cinq autres e cercles plus petits; ces derniers sont appelés osculants et nt intermédiaires entre les premiers, qu’ils rattachent les ms aux autres. — 4° Il y a tendance, dans les groupes qui nt placés aux points opposés d’un cercle d’affinités, à se riger l’un vers l’autre, — 5° Un des cinq groupes majeurs ins lesquels chaque cercle naturel est divisé rappelle par sa hysionomie tous les autres groupes ; ou, pour parler plus kactement, il se compose de types qui sont la représentation 2chacun des quatre autres groupes, tout en formant par eux- 356: _. DE LA CLASSIFICATION. diagramme ou tableau du Règne animal et j’essayerai, à l’aid de ce tableau, d’expliquer le système plus en détail. » MOLLUSCA. PTEBOPODA. \ ACEPHALA. PREPTILIA. g à P. RUDES- LS m1 * . BRA « \ 2 . PR. VAGINATI. \ nées AVES. | à à ACRITA. VERTEBRATA . <3 AGASTRIA. MAMMALIA, CAES P. NANTES, + AMPHIBIA. À = k « ANIMALIA. i 2a INTESTINA. PISCES. = a eo AMETABOLA . ACALEPHIDCE . MANDIBULATA . RADIATA. ANNULOSA. ECHINIDOE.} GRUSTACEA. HAUSTELLATA. | ARACHNIDCE . FISTULIDA. MEDUSIDOE. STELLERIDCE. ce) x co mn Oo > : « On voit, au premier coup d’œil jeté sur le tableau ¢ dessus, que tous les animaux y sont disposés de manière former un grand cercle, qui lui-même touche ou se rattael à un autre grand cercle composé des plantes, au moyen d « Êtres les moins organisés du Règne végétal ». Qu’on ex mine ensuile les grandes parties composantes de ce cercle g néral: on y découvre, conformément à la 3° proposition, iu grands cercles formés par les Mollusques, les Acrites ou P lypes, les Rayonnés ou Étoiles de mer, les Annelés ou Insecte et les Vertébrés. Chacun d'eux passe ou s’enchaine au suiy au moyen d’un autre groupe, beaucoup plus petit comt étendue, mais qui forme un anneau ou cercle osculant (! (4) Dans le diagramme original, comme dans le nôtre, les cing cercles p bois Nise doute art Si GS PHYSIOPHILOSOPHES. — M’ LEAY. 357 4¢ nombre total des groupes n’est donc pas de cing, comme jeaucoup de personnes l’ont supposé à tort, mais de dix. iela est tout à fait évident, et mon opinion sur ce point est Pailleurs confirmée par l’auteur lui-même qui, faisant allu- ion à ses remarques. sur l’ensemble, dit textuellement : « Les observations précédentes sont, je le sais, loin d’être assez approfondies ; mais elles suffisent à prouver qu’il y a dans le Règne animal cinq grands groupes circulaires dont cha- } cun possède une structure spéciale, et que ces premiers groupes sont reliés par d’autres groupes osculants plus petits, l’ensemble formant toute la province de la Zoolo- zie. » Or, ces plus petits groupes osculants doivent être nsidérés comme des cercles, l'auteur ayant établi ailleurs jue « chaque groupe naturel est un cercle plus ou moins omplet ». De fait, c’est là le 3° principe du système de WM Leay; il a d’ailleurs éclairci le sens de ces mots roupe naturel par le diagramme ci-dessus, où tous les ani- ux sont renfermés dans cing grands groupes ou cercles et ans cing autres plus petits. Prenons un de ces groupes, les eriébrés. Forme-t-il un cercle en lui-même ? Oui, car l'au- Mur fait entendre que les Reptiles ménent aux Oiseaux, les iseaux aux Quadrupédes (Mammifères); les Quadrupèdes se Sunissent aux Poissons, ceux ci aux Reptiles amphibies, et, 3 départ. Ainsi la série du groupe Vertébré est décrite et n voit qu'elle est circulaire; donc, c’est un groupe naturel. dilà un cas où la série circulaire peut être tracée. Cher- ions maintenant un groupe où la série soit imparfaite, mais Lil y ait tendance décidée au cercle ; ce sera le cas des Mol- Sques. L'auteur s'exprime ainsi sur ce groupe: « Je n’ai pas du tout prouvé que la disposition circulaire se maintienne chez les Mollusques; mais il est également certain que ce groupe d’animaux est encore un des moins connus, et rien n'autorise pour le moment a conclure qu'il fait exception e sont pas représentés graphiquement, mais simplement indiqués par hes placées entre les cing grands cercles, 358 DE LA CLASSIFICATION. » à la régle. Il semblerait incontestable que les Gastéropode » de Cuvier reviennent sur eux-mêmes de façon à former wi » groupe circulaire; mais les Acéphales en forment-ils w » seul ou bien deux, c’est ce qui n’est pas exactement déter » miné. Tout ce qu’on sait des Mollusques me porte toute » fois à soupçonner qu’ils ne sont pas moins soumis à la le » du cercle que les quatre autres grands groupes. » Ains notre auteur considère les Mollusques comme un de ce groupes qui, sans former effectivement un cercle, montrer néanmoins une tendance à prendre cette figure, et par con séquent sont présumés devoir être naturels. Mais pour mieu éclaircir ce principe, revenons au cercle des Vertébré: Comme on le voit par le diagramme, ce cercle contient cin groupes ou cercles moindres, dont chacun peut à son tov se résoudre en cinq autres plas petits décrits suivant | méme procédé, La classe des Oiseaux, par exemple, se d visera en Rapaces, Percheurs, Gaillinrnaks, Echassiers \ Nageurs, et la preuve que cette classe est un groupe nature c’est que toutes ces divisions se touchent les unes les autre à leurs limites, de manière à former un cercle. Nous proc derons de la même manière, en commençant par les grou supérieurs et en descendant jusqu” aux inférieurs, tant qu la fin nous arriverons à ce qu’on appelle les genres, pu ensuite à ce qu’on nomme espèces, chaque groupe, grand petit, formant de par lui-même un cercle. Ainsi il y a d cercles dans des cercles « des roues dans des roues » — nombre infini de relations complexes, mais toutes régl par un principe uniforme : la cércularité de chaque group L'écrivain qui peut découvrir que les Quadrupèdes s’uni sent aux Poissons, etc., et dire que Cuvier « ignorait total ment les vrais principes du système naturel » ne mé guére qu’on l’étudie aujourd’hui. 4 Cette tentative de représenter graphiquement les rapp compliqués qui existent entre les animaux a eu toutefois bon résultat. Elle a ébranlé de plus en plus la croyance en arrangement unisériel des animaux et elle a conduit 4 construction de beaucoup de tableaux fort précieux en EMBRYOLOGISTES. — BAER. 359 ¢ wils montrent les relations multiples qu’il y a entre tous les groupes naturels, de quelque catégorie qu’ils soient. VI Systèmes embryologiques. _ L’embryologie, dans la forme qu’elle a prise depuis cin- ‘quante ans, est une science aussi complétement allemande ue la Naturphilosophie elle-même. Elle s’éveilla à son ac- ivité nouvelle dans le même temps que se développait la hilosophie de la Nature. Il ne serait guère possible de. econnaitre, à la lecture seule de ses ouvrages, l’esprit qui Jui imprima l'impulsion; mais l’homme que Pander et K. E. von Baer ont proclamé leur maître doit être considéré km l’âme de ce mouvement, et cet homme c'est Ignace E our mon | propre compte, je me souviens de l'influence que cet homme si bienveillant et si éclairé exerca sur mes études et sur mes débuts, pendant les quatre années que je passai Sous son toit à Munich, de 1827 41831. C’est à lui que je dois d’avoir été initié à tout ce que l’on savait sur le déve- Joppement des animaux, avant la publication du grand ou- À rage de Baer ; c’est à ses cours que j'ai appris à apprécier ] importance de ’Embryologie pour la Physiologie et la Zoo- ogie. Les observations de Pander (1) sur le développement du poulet dans l'œuf, qui ouvrirent la série de ces études aiment originales sur l’'Embryologie dont l'Allemagne a le roit d’étre fiére, ont été faites sous la direction et avec le concours de Dollinger. Elles furent bientôt suivies des tra- vaux plus étendus de Rathke et de Baer, en qui le monde Civilisé reconnait les fondateurs del’ HÉÉRES ” moderne. Lo avoir passé inaperçus des écrivains ‘systématisa- leurs. Cependant, non-seulement ils méritent la considé- 360 DE LA CLASSIFICATION. ration la plus attentive, mais encore on peut dire que pas un naturaliste, excepté Cuvier, n’a émis une vue aussi pro- fonde des véritables caractères d’un système naturel que le grand Embryologiste, dans ses Scholien und Corollarien zu der Entwickelungsgeschichte des Hühnchens im Eie (1). Ces principes sont présentés sous forme de propositions générales et non sous forme de synopsis avec nomenclature rigoureu se et systématique. C’est pour cela, sans doute, qu’ils ont été négligés par ceux qui se payent plus volontiers de mots que d'idées; mais il suffira de quelques extraits pour faire voit combien est amplement récompensé quiconque prend le .pêine de lire ce livre. k Les résultats auxquels K. E. von Baer avait été conduit pe r ses études embryologiques, touchant les rapports fonda- mentaux des animaux entre eux, s’écartaient beaucoup det idées alors dominantes. Aussi, pour être bien compris, i commence avec son soin et sa clarté habituels, par résume les opinions de ceux avec qui il n’est pas d'accord. | « Il est, dit-il, peu de manières de voir touchant les rap- ports qui existent dans le monde organique qu’on ail aé- cueillies avec aulant d'approbation que celle-ci : — Le formes animales supérieures, à diverses phases du dévelop pement de l'individu, depuis le commencement de son exis tence jusqu'à son achévement parfait, correspondent à des formes permanentes de la série animale; le développement! de quelques animaux suit les mêmes lois que la série tout en: tière des animaux; conséquemment, l'animal de l’organisa tion la plus élevée passe, durant son développement. indivi duel et pour tout ce qui est essentiel, à travers des phase qui, chez des êtres moins nobles, sont l’état permanent; bien que les différences périodiques de l'individu peuvent étr ramenées aux différences des formes permanentes des a Maux. » À Ensuite, afin d’avoir pour les résultats de l'an nelle [ 4 Ueber Entwickkelungsgeschichte der Thiere Beobachtung und Reflex von D. Karl Ernst von Baer. Koenigsberg, 1828, in-/, Voven aussi Acia nov Acad. Leop. Cæsar., vol. XIII, et Archives de eae! 4826. EMBRYOLOGISTES. — BAER. 361 un terme de comparaison, il discute la place relative des dif- 4 férents types permanents d'animaux, et il poursuit : - « [l importe spécialement de distinguer entre le degré de erection de la structure et le type d’organisation. Le degré ‘de perfection de la structure animale consiste dans l’hétéro- énéilé plus ou moins grande des parties élémentaires et dans » la netteté des divisions d’un appareil complexe, en un mot dans la plus grande différenciation histologique et morphologique. à la masse du corps est uniforme, moindre est le degré de perfection; il y a supériorité quand les nerfs et les “muscles, le sang et le tissu cellulaire sont nettement dis- incts. A mesure que la différence croit entre ces parties, la ie animale développe des tendances diverses ; ou, pour être plus exact, plus le développement de la vie animale produit de tendances diverses, et plus les parties élémentaires que celle vie met en jeu sont hétérogènes. La même chose est vraie des parties isolées d’un appareil quelconque: l’orga- nisation dans laquelle les parties d’un système entier diffèrent davantage entre elles, et dans laquelle chaque partie a une ‘individualité, est plus haute que celle où le tout est plus -unilorme. J’appelle type le rapport qu'il y a, au point de | vue de leur position, entre les éléments organiques et les organes. Ce rapport de position ne fait qu’exprimer cer- ituines connexions fondamentales entre les tendances que manifestent individuellement les rapports de la vie; on en peut donner pour exemple les pôles de réception et de dé- charge du corps. Le type est d’ ailleurs distinct du degré de perfection; si bien que le même type peut comprendre plusieurs degrés de perfection et, vice versd, le méme degré de perfection peut être atteint dans plusieurs types. ‘Le Megré de perfection combiné au type détermine tout d’abord hb es grands gr oupes du règne animal qu’on a appelés classes(1), et c’est à la confusion de ces deux choses que sont dues sans ute tant de classifications erronées ; par cela même que à (1) Il est clair, par là, que Baer a une idée très-définie du plan de struc- ture et qu’il y est parvenu par une tout autre route que Cuvier. Il est visible Qu'il comprend la distinction entre le plan et le mode d’exécution. Mais ses 362 DE LA CLASSIFICATION. ces deux rapports sont évidemment distincts, il est sufti- samment prouvé que les diverses formes animales ne pré- | sentent pas une série unique de développement, depuis la. monade jusqu'à l'Homme. » Les types reconnus par Baer, sont : 1° Le type péripherique. Dans ce type, c’est entre le centre et la périphérie que se trouvent les contrastes essen— tiels (1); les fonctions organiques s’exécutent, en rapport d’an- tagonisme, du centre à la circonférence, et, par conformité. avec ce fait, l’organisation tout entière rayonne autour d’un. centre commun. En dehors de cela, il n’existe qu’ un con-. traste : celui entre le dessus et le dessous, et encore faible- ment marqué ; l'opposition entre la gauche et la droite ou. entre le devant et le derrière n’est pas du tout perceptible, et, ‘ en conséquence, le mouvement a lieu dans cette direction unique. Comme toute l'organisation rayonne autour d’un foyer unique, de même les centres de tous les systèmes or ganiques sont disposés en anneau autour de ce foyer; ainsi sont placés, par exemple, l'estomac, les nerfs, les vaisseaux (si ces parties sont développées) et leurs ramifications qui se« prolongent dans les rayons; ce que l’on trouve dans un rayon est répété dans tous les autres, le rayonnement ayant toujours lieu du centre à la circonférence et tous les rayons ayant avec le centre le même rapport. 1 2° Le type longitudinal, comme on l’observe dans le Vibrion, la Filaire, le Gordius, la Naïs et dans toute la séries des Articulés. Le contraste entre les organes de réception et ceux de décharge, qui sont placés aux deux extrémités dun corps, domine toute l’organisation; la bouche et lanus« sont toujours à des extrémités opposées, et, le plus sou“ a A vent aussi, les organes sexuels sont placés à une extré- idées à l’égard des différents trails de structure ne sont pas du tout aussi pré cises. Il ne distingue pas, par exemple, entre la complication de structure, bas e de la détermination du rang à assigner aux ordres, et les voies et moyens dif” férents de réalisation du plan, par quoi la classe se caractérise. 4 _ (A) Sans traduire ici littéralement les descriptions que Baer fait de ses types et que j’abrége d’ailleurs considérablement, je reproduis autant que possible ses propres expressions, { SRE eee OE nape Pee meow ye ee ee ee eT EMBRYOLOGISTES. — BAER. 363 mité, quoique leur orifice soit cependant, parfois, un peu plus en avant. (Cette derniére circonstance se produit plus fréquemment chez les femelles, où ces organes ont une double fonction, que chez les mâles; quand les organes sexuels des deux sexes sont éloignés de l’extrémité posté- rieure du corps, leur orifice est d'ordinaire plus en avant chez la femelle que chez le mâle, il en est ainsi chez les my- rene. et chez les Crabes; les Sangsues et les Vers de terre ne sont, à cet égard, qu une exception peu commune.) Le pole ‘one ayant ainsi une situation fixe et définie, les organes des sens, intermédiaires du système nerveux pour la réception, atteignent promptement un important degré de perfection. Le canal intestinal, les troncs vasculaires et le système nerveux s'étendent dans toute la longueur du corps, et tout le mouvement organique a la même direction dominante. Toutefois, des branches subordonnées de ces organes se projettent latéralement, là surtout où le contraste général manifesté dans toute la longueur est répété de telle manière que, pour chaque segment séparé, la même opposi- tion se reproduit de nouveau à l'égard des éléments essentiels de l’organisme tout entier ; d’où la tendance, chez les ani- maux de ce type, à une division en plusieurs segments dans la direction de laxe longitudinal du corps. Dans les vrais insectes qui subissent des métamorphoses, ces segments se réunissent en trois sections principales; la vie des nerfs prédomine dans la première, la locomotion dans la seconde, la digestion dans la troisième, sans qu'aucune des trois soit entièrement privée de l’une quelconque de ces fonctions. Outre cette opposition entre l'avant et l'arrière, un contraste moins marqué s’observe, à un plus haut degré de déve- » Joppement, entre le dessus et le dessous. Une différence entre la droite et la gauche est chose exceptionnellement rare et qui fait généralement défaut. La sensibilité et lirri- _ tabilité sont particulièrement développées dans cette série ; . la locomotion est active et dirigée d’autant plus décidément … en avant que l’axe longitudinal emporte davantage (quand le corps est contracté, comme dans les Araignées et les 364 _ DE LA CLASSIFICATION. Crabes, cette direction est plus indécise) ; les organes plas- tiques sont peu développés ; les glandes, spécialement, sont rares et remplacées le plus souvent par de simples tubes. 3° Le type massif. On peut donner ce nom au type des — Mollusques, car ni la longueur ni la surface ne l’empertent — chez eux; au contraire, tout le corps et toutes les parties « distinctes ont à peu près la forme de masses arrondies tantôt creuses, tantôt solides. Comme le contraste principal de la structure n’est ni entre les extrémités du corps, ni entre le centre et la périphérie, il y a absence de symétrie — presque dans tout le type. Généralement le pôle de décharge est à droite du pôle de réception. Le premier est d’ailleurs tantôt plus voisin du second, tantôt plus rapproché de l’extré- mité postérieure du corps. L'étendue occupée par l’appareil digestif étant toujours déterminée par ces deux pôles, cet appareil est plus ou moins courbe; sous sa forme la plus « simple, dans la Plumatelle, par exemple, ce n’est qu’un arc. Quand le canal est long, il est roulé en spirale au centre et cette spirale a probablement ses lois; par exemple, la partie antérieure parait étre toujours placée sous la posté- rieure, Les principaux courants sanguins sont aussi curvi- lignes et leurs méandres ne coincident pas avec la ligne _ médiane du corps. Le système nerveux se compose de gan- glions disséminés unis par des filets, et les plus gros en- . tourent l’cesophage. Ce système et les organes des sens . apparaissent tard; les mouvements sont lents et faibles. h° Le type vertébré. Celui-ci est pour ainsi dire un com- — posé des types précédents. On y distingue un système — animal ct un système végétatif; et, quoique influant l’un sur « l’autre dans leur développement, ces deux systèmes ont — chacun une organisation typique particulière. Dans le sys: — tème animal, l'articulation rappelle le second type et les — organes de réception et de décharge sont aussi placés aux « deux extrémités opposées du corps. Il ya cependant une dif- — ference marquée entre les Articulés et les Vertébrés, car le — système animal des Vertébrés est non-seulement double par répétition latérale, mais double en même temps par 4 RP TAS A ee Pe POLE PO OER QE eee ne Se EMBRYOLOGISTES. — BAER. 365 . répétition en haut et en bas; en sorte que les deux parois latérales qui se réunissent inférieurement circonscrivent le - système végétalif, tandis que les deux parois qui convergent . supérieurement entourent un organe central de la vie ani- . male: — le cerveau et la moelle épinière, qui manquent chez les Invertébrés. La charpente solide est la représentation très-complète de ce type. En effet, de l’axe médian, l’épine . dorsale, s'élèvent supérieurement des ares qui se ferment et constituent une arête supérieure ; tandis que, en bas, des- cendent d’autres arcs, qui se réunissent plus ou moins pour former une créte inférieure. En concordance avec ce _ premier fait, on observe quatre rangées de filets nerveux le . long de la moelle épinière, composée elle-même de quatre » cordons et constituant une masse grise quadripartite. Les muscles du tronc forment aussi quatre masses principales qui sont particulièrement distinctes chez les poissons. Il y a . donc, dans l’arrangement du système animal, une double . symétrie. On montrerait sans peine que les systèmes végé- . tatifs du corps correspondent au type des Mollusques, tout en étant influencés par le système animal. Quand on examine les figures qui accompagnent cette . discussion des grands types ou embranchements du Règne . Animal, et, mieux encore, quand on lit le mémoire publié par K. E. von Baer dans les « Nova Acta » (1), il devient évident qu’il avait découvert, plus clairement et plus tôt qu'aucun autre naturaliste, les vrais rapports des animaux . inférieurs avec leur embranchement respectif. Il ne met ni _ les Bryozoaires ni les Vers intestinaux parmi les Rayonnés, comme a fait Cuvier et comme ont fait après lui tant d’autres _ écrivains modernes; il rapporte très-exactement les premiers aux Mollusques et les seconds aux Articulés. (1) Beitriige sur Kenntniss der niedern Thiere (Nova Acta Academiæ Na- - ture Curiosorum, vol. XIE, part. 2, 1827), contenant sept mémoires sur l’4s- _ pidogaster, le Distôme, etc., le Cercaire, le Nilzchia, le Polystome, le Planaire, et les affinités générales de tous les animaux. Ces Beilrige et les mémoires - dans lesquels Cuvier a caractérisé, pour la première fois, les quatre grands types du Règne animal sont au nombre des plus intéressants travaux de zoologie … générale, qu’on ait jamais publiés. 366 DE LA CLASSIFICATION. En comparant ces quatre types avec le développement embryonnaire, von Baer montre qu’il n’y a, entre les phases © embryonnaires des animaux supérieurs et l’état permanent — des animaux inférieurs, qu’une ressemblance générale due exclusivement à ce que la différenciation n’est pas faite dans le corps, et non point à ce que les types soient sem- blables.. L’embryon ne passe pas d’un type (embranchement) à un autre type; au contraire, le type de chaque animal est défini dés la premiére heure et domine tout le développe- ment; l'embryon d’un Vertébré est un Vertébré dès le com- . mencement et ne correspond, à aucun moment, à un Inver- tébré. Les Vertébrés embryonnaires ne passent pas, pendant qu'ils se développent, par d’autres types permanents d’ani- maux; le type fondamental est d’abord développé; puis, dés caractères de plus en plus subordonnés apparaissent; d’un . type plus général se dégage la manifestation d’un type (classe, — genre, etc.), plus spécial. Plus deux formes animales diffèrent, — et plus leur développement doit être étudié de bonne heure « pour qu’on puisse distinguer une ressemblance entre elles. Il est simplement possible qu’au premier moment, tous les animaux se ressemblent et ne représentent qu’une sphère creuse ; mais le développement individuel des animaux supé- * rieurs ne reproduit pas dans ses phases les formes perma- * nentes d'animaux inférieurs; ce qu’il y a de commun dans un : groupe supérieur d'animaux est toujours développé plus tôt dans l'embryon que ce qu'il y a de spécial. De ce qu’il y a de « plus général sort ce qu’il y a de moins général jusqu’à ce. qu’enfin ce qu'il y a de plus spécial apparaisse. Chaque. embryon d'un type donné, au lieu de traverser d’autres types définis, devient au contraire de moins en moins semblable | à ces types; un embryon de type supérieur n’est par con-. séquent jamais identique avec un autre type animal; un. embryon n’est identique qu’avec un autre embryon. La thèse de Von Baer va jusque-là (1). (1) Huxley rend inexactement compte des vues de Baer (voy. Baden Porvel’s Essays, Appendice n° 7, p.495). Baer ne dit pas : « démontrent que la classifica- » tion de Cuvier ne fit simplement, au fond, qu’exprimer le fait qu’il y a, dans le oe ere EMBRYOLOGISTES. — BAER. 367 Pern es _ Iladone, cela est bien clair, trés-nettement l’idée que les _ divers modes de développement embryonnaires sont limités aux embranchements respectifs du Règne Animal; mais il est également certain que ses assertions sont trop générales; elles ne fournissent pas, pour les comparaisons à faire, la clef des changements successifs subis par les différents types dans leurs limites respectives. Baer est encore vaguement sous l'impression de celte pensée que, à mesure que l’indivi- dualisation se prononce, le développement correspond aux d degrés de complication de la structure. Il ne pouvait guère en être autrement à une époque où les diverses catégories de Ja structure n’avaient pas été clairement distinguées (1). _ D’après les résultats de ses recherches sur l’'Embryologie, K. E. von Baer propose la classification suivante : À i. A 4 Classification de K. E. von Baer. a 1. Type périphérique (RAYONNES). Evolutio radiata. Le développe- ment procède d'un centre, et produit des parties identiques dans un ordre rayonnant. Il. Type massif (MOLLUSQUES). Evolutio contorta. Le développement _ « Règne animal, certains plans de développement communs, etc. » Car Cuvier avait reconnu ces plans dans la structure des animaux, avant que Baer eût retracé . le développement de ceux-ci. Baer lui-même proteste contre toute identification . de ses vues avec celles de Cuvier (Baer, Entwick., p. 7). Baer n’a pas non plus démontré la «doctrine de Punité d’organisation chez tous les animaux », et il ne l’a pas assise sur un piédestal aussi inébranlable que celui de la loi de la gravitation; il n'est pas arrivé jusqu’à « la plus grande loi », celle que, dans une certaine mesure, le développement «suit un plan commun pour tous les animaux». Au contraire, Baer admet quatre types d'animaux et quatre modes de développement. Il se borne à ajouter : « Il est simplement possible, qu'au premier moment, tous les animaux se ressemblent. » Huxley devait aussi avoir oublié l'introduction au Règne animal de Cuvier (citée textuellement plus haut, ap. 317), lorsqu'il avance que Cuvier « n’essaya pas de découvrir sur quel plan les animaux sont construits,mais de déterminer de quelle manière les faits de Yo rgauisation animale pourraient être exprimés dans le plus petit nombre pos- “sible de propositions ». Au contraire, pendant plusieurs années, Cuvier s’attacha _spécialement à faire ressortir ces plans et à montrer qu'ils sont caractérisés par des structures particulières. Le mérite de Baer consiste dans la découverte de “quatre modes de développement coincidant avec les quatre embranchements du Règne animal, où Cuvier avait reconnu quatre différents plans de structure. Huxley se trompe encore en disant que Cuvier adopta le système nouveau comme / « base de ses grandes divisions ». - (A) Cf. Chap. Il, sect. 1 atx, 368 DE LA CLASSIFICATION. produit des parties identiques, courbées autour d’un espace co nique ou autre. 4 Ill. Type longitudinal (ARTICULÉS). Evolutio gemina. Le développe- ment produit des parties identiques, partant des deux côtés d’un axe et se refermant supérieurement le long d’une ligne oppor a l’axe. IV. Type à symétrie double (VERTÉBRÉS). Evolutio bigemina. Le dé- veloppement produit des parties identiques qui partent des deux. côtés d’un axe, se projettent en haut et en bas, et se closent le long de deux lignes, de telle sorte que le feuillet interne du germe se ferme en dessous et le feuillet supérieur en dessus. L’embryon de ces animaux a une corde dorsale, des lames dor- sales et des lames ventrales, un tube nerveux et des fissures * branchiales. j 4° Il acquiert des franges branchiales ; a. Mais il ne se développe point de vrais poumons : a. Le squelette ne s’ossifie pas. PoIssoNs CARTILAGINEUX. 6. Le squelette s’ossifie. Poissons proprement dits. b. Il se développe des poumons : AmPHIBIES. a. Les franges branchiales persistent. SirèNes. 8. Les franges branchiales disparaissent. UronèLes et ANOURES. eT 2° I] acquiert une allantoide, a. et n’a point de cordon ombilical; a, point d’ailes ni de sacs à air. REPTILES. B. a des ailes et des sacs à air; Oiseaux. -b. et a un cordon ombilical : MAMMIFÈRES. a. qui disparait de bonne heure 4° sans avoir connexion avec la mère, Monornèues. 2° après courte connexion avec la mère. MArsuPrAUx. B. qui persiste plus longtemps : 4 4° Le sac du jaune continue à croître pendant longtemps. . L’allantoide s'accroît peu. Ronceurs. L’allantoide s'accroît moyennement. Insecrivores, L’allantoide s'accroît beaucoup. Carnivores. 2° Le sac du jaune ne s'accroît que légèrement. : L’allantoide se développe peu. Le cordon ombilical es très-long. — Les Sinces et l'Homme. 4 L’allantoide continue à se développer pendant long temps. Le placenta est en masses simples. RUMINANTS. L’allantoide continue à se développer pendant long* temps. Le placenta est disséminé. Pacuypermes et CÉracés. EMBRYOLOGISTES. — VAN BENEDEN. 369 Classification de Van Beneden. Nan Beneden a aussi proposé une classification basée sur l’Embryologie ; on en _ trouve le premier essai dans ses Recherches sur !’anatomie, la physiologie _ et Vembryogénie des Bryozoaires, Bruxelles, 1845, in-4, et le développe- _ ment dans son Anatomie comparée, Bruxelles, sans date, mais probablement - 4855, in-8. I. HYPOCOTYLÉDONÉS ou HYPOVITELLIENS. (Vertébrés.) Le vitellus pénètre dans le corps par la face ventrale : Cl. 1. Mamurrires. (Primates, Cheiroptères, Insectivores, Ron- geurs, Carnivores, Edentés, Proboscidiens, Ongulés, Sirénoides, Cétacés.) Cl. 2. Oiseaux. (Psittacés, Rapaces, Passereaux, Colombins, Gal- linacés, Struthionés, Échassiers, Palmipèdes.) Cl. 3. Reprices. (Crocodiles, Chéloniens, Ophidiens, Sauriens, Plérodactyles, Simosaures, Plésiosaures, Ichthyosaures.) CI. 4. Barraciens. (Labyrinthodontes, Péroméles, Anoures, Uro- déles, Lépidosirénes.) Cl. 5. Poissons, (Plagiostomes, Ganoides, Téléostés, Cyclostomes, Leptocardiés.) Ji. ÉPICOTYLÉDONÉS ou EPIVITELLIENS. (Articulés.) Le vitellus È pénètre dans le corps par la face dorsale. Cl, 6. Insectes. (Coléoptères, Névroptéres, Hyménoptères, Lépi- doptères, Diptères, Orthoptères, Hémiptères, Thysanoures, Parasites.) . Cl. 7. Myriarones. (Diplopodes, Chilopodes.) Cl. 8. Aracunipes. (Scorpions, Araignées, Acares, Tardigrades.} Cl. 9. Crusracés. (Décapodes, Stomapodes, Amphipodes, Iso- podes, Lémodipodes, Phyllopodes, Lophyropodes, Xiphosures, Siphonostomes, Myzostomes, Cirripédes.) . ALLOUOTYLÉDONÉS ou ALLOVITELLIENS. (Mollusco-Radiaires.) Le vitellus ne pénètre dans le corps ni par la face ventrale ni par la face dorsale : Cl. 10. Mozrusques, y compris les Céphalopodes, les Gastéro- _ podes et les Brachiopodes. (Acéphales, Tuniciers, Bryozoaires.) Cl. 14. Vers. (Malacopodes, Annélides, Siponculides, Némertins, Nématodes, Acanthocéphales, Scoléides, Hirudinés, Tréma- à todes, Cestodes, Rotifères, Planaires.) “ C1. 12. Ecurvopenmes. (Holothuries, Échinides, Stellérides, Cri- f noides.) Cl, 43. Potypgs, y compris les Tuniciers, les Bryozoaires, les AGASSIZ. 24 370 DE LA CLASSIFICATION. Anthozoaires, les Alcyonaires et les Méduses. (Clénophoradl Siphonophores, Discophores, Hydroides, Anthophorides.) 5 Cl. 14. Ruizopopes. Des genres seulement. “ Cl. 45. Inrusomes. Des familles et des genres seulement. Van Beneden croit la classification de Linné plus con forme à la nature que celle de Cuvier ou de De Blainville. En effet, la classe des Vers du naturaliste suédois correspon à ses Allocotylédonés, celle des Insectes à ses mee lédonés, et les quatre classes des Poissons, des Amphibies, des Oiseaux et des Mammifères à sa classe des Hypoco- a tylédonés. Il compare ces divisions primaires aux Dico- Le a tylédonées, Monocotylédonées et Acotylédonées du Règne végétal. Mais il oublie que les Céphalopodes ne sont pas des Allocotylédonés, et qu’aucun groupe d’animaux faisant des Mollusques, des Vers et des Rayonnés un grand tout, ne peut étre fondé sur des principes exacts. Quant a ses classes, je n’ai qu'une chose à en dire: C’est que, s’il y à des classes naturelles parmi les animaux, on n’a jamais proposé depuis Linné une combinaison moins capable de répondre à l’idée philosophique de classe que celle qui réunit les Tüniciers aux Polypes et aux Acaléphes. Dans son dernier ouvrage, Van Betieden a fait à sa classification des améliorations et des additions importantes, au nombre desquelles il faut par* ticuligrement remarquer l'indication des ordres (compri à entre parenthèses dans le tableau qui précède); ces chan gements se rapportent principalement aux groupes des Mo E lusques et des Polypes, les Tuniciers et les Bryozoaires ayant été transportés du second au premier. Les Acaléphes et les Polypes sont d’ailleurs considérés encore commie ne for- mant ensemble qu’une classe unique. | La comparaison instituée par Van Beneden entre la clas: sification du Règne animal et celle des plantes, telle qu’elle est le plus généralement adoptée, m’améne de nouveau? appeler l'attention sur la nécessité de réviser soigneusememl le Règne végétal, afin de déterminer jusqu’à quel point le résultats auxquels je suis parvenu, touchant la valeur dé différentes sortes de groupes naturels chez les animaux, EMBRYOLOGISTES. — KOLLIKER. 374 euvent s ‘appliquer aux plantes (1). Sans aucun doute, de ce jue les embranchements du Règne animal sont fondés sur es différences du plan de structure, il ne s'ensuit pas que le Aegne végétal doive être nécessairement, lui aussi, construit ur des plans différents. Il n’y a probablement pas autant de nodes de développement parmi les plantes que parmi les inimaux, à moins qu’on ne considère comme équivalent à indication de plans de structure divers, le fait que la repro- luction par des spores, par des graines nues polyembryo- niques, pat des graines monocotylédonées ou dicotylédonées ingiospermes, est dans une certaine corrélation avec les lifférences de structure présentées par les Acotylédonées, es Gymnospermes, les Monocotylédonées et les Dicotylédo- Ges. Mais, méme dans ce cas, ces différences ne seraient as si marquées que celles qui distinguent les quatre em- pe du Règne animal. La limitation des classes et les ordres, qui présente relativement peu de difficulté dans e Règne animal, est moins avancée en Botanique. Au con- raire, les botanistes ont mieux réussi jusqu’à présent à bien ractériser les familles. C’est sans doute la conséquence 1 particularités que présente chacun des deux règnes ganiques. Il faut remarquer en outre que, dans la classification de h Beneden, les animaux réunis sous la dénomination PAllocotylédonés sont construits sur des plans de structure i entiérement différents que, pour un observateur non révenu, leur combinaison ést à elle seule une démonstra- ion que tout principe les rattachant les uns aux autres ne jeut pas être conforme à la nature. diugramme du développement des animaux, par Kolliker. | Entwickelungsgeschichte der Cephalopoden, Zurich, 4844, in-4, p. 175.) L'embryon naît d’une partie primitive (Evolutio ex und parte), q [1 se développe dans deux directions, avec symétrie bilatérale 5 (Evolutio bigemina). (1) Voy. chap. Il. 372 DE LA CLASSIFICATION. a. Les lames dorsales se ferment. Vertiprits. b. Les lames dorsales demeurent ouvertes et se transforment € membres. ARTICULÉS. 2° Il se développe uniformément dans toutes les directions (£ lutio radiata), et | a. enveloppe entièrement la vésicule embryonale : 3 a. Ce qui a lieu de bonne heure ; GAsrÉROPODES et ACÉPHALES . Ce qui a lieu tard (sac vitellin temporaire) ; Limace; b. se resserre au-dessus de la vésicule embryonale (sac vitelli véritable); CÉPHALOPODES. B. Tout le corps de l’embryon fait saillie à la fois (Evolutio ex om 1 bus partibus). 4° Il se développe dans la direction de l’axe transversal. a. par sa partie postérieure ; Rayonnis. (Echinodermes.) b, par sa partie antérieure et a, la partie postérieure ne se développe pas, AcaLÈPHES ; 6. la partie postérieure se développe longitudinalement; LYPES. 2° Il se développe dans la direction de l’axe longitudinal. Vers. ; J'ai déjà fait voir combien contraire à la nature est nt cessairement un système zoologique fondé sur la distinctio entre la segmentation totale et la segmentation partielle « jaune (1). Un diagramme du développement des animau où l’on adopte celte différence comme base fondamental n’en est pas moins arlificiel pour s'appuyer sur des fai positifs ; on ne doit jamais s’attacher exclusivement, comm font beaucoup d’anatomistes, à certains traits isolés pi lesquels les animaux peuvent étre réunis ou séparés; le b doit étre de déterminer les relations générales des étre comme ont si admirablement fait Cuvier et K. E. y Baer. Je crois aussi que l’homologie entre les -‘membr des Articulés et les lames dorsales des Vertébrés est che plus que douteuse. La distinction introduite entre les P lypes et les Acaléphes d’une part, ceux-ci et les aulr Rayonnés d’autre part, n’est en aucune façon mie fondée. Il me semble de même tout à fait impropre d’ (1) Chap, Il, sect. 1, p, 298. EMBRYOLOGISTES. — vOGT. 373 peler le développement des Mollusques une evolutio radiata, surtout après que Baer a désigné par la même expression le mode de formation de l’embranchement des Rayonnés. Classification de Vogt. a Contraste entre l'embryon et le jaune. 4 VERTEBRATA. Jaune ventral, CI. 4. Mammarra. 41° APLACENTARIA; Ord. Monotremata, Marsu- pialia. 2° PLacenraria. Ser. 4. Ord. Cetacea, Pachydermata, Solidungula, Ruminantia, Edentata. Ser. 2. Pinnipedia, Carnivora, Ser. 3. Insectivora, Volitantia, Glires, Quadru- mana, Bimana. CI. 2. Aves. Ser. 1. Insessores. Ord. Columbe, Oscines, Clama- tores, Scansores, Raptatores. Ser, 2, Autophagi. Ord. Nata- tores, Grallatores, Gallinaceæ, Cursores. Cl. 3. Reprivia. Ord. Ophidia, Sauria, Pterodactylia, Hydro- sauria, Chelonia. Cl. 4. Auputsia, Ord. Lepidota, Apoda, Caudata, Anura. _ Cl. 5. Pisces. Ord. Leptocardia, Cyclostomata, Selachia, Ganoi- à dea, Teleostia. | ARTICULATA. Jaune dorsal. Cl. 6. Ixsecra. Subclas. 4, AmeraboLa. Ord. Aptera. Subclas. 2. HemimeTABOLA. Ord. Hemiptera et Orthoptera. Subclas. 3. HoLOMETABOLA. Ord. Diptera, Lepidoptera, Strepsiptera, Neu- roptera, Coleoptera, Hymenoptera. Cl. 7. Myriaropa. Rien que des familles. Cl. 8. Anacunipa. Ser. 1. Picnogonida et Tardigrada. Ord. Aca- rina, Araneida. Ser. 2. Trois familles. + CI. 9. Crustacea. Subclas. 4. Enromosrraca. Ord. Cirripedia, Pa- rasita, Copopeda, Phyllopoda, Trilobita, Ostracoda. Sub- clas. 2, Xipnosura. Subclas. 3. Povopuruatma. Ord. Stomapoda, Decapoda. Subclas. 4. Epriopuraatma. Ord. Læmipoda, Am- phipoda, Isopoda. a Shot ee OF ee Er. ES OP f Transformation de tout le jaune en embryon. |. CEPHALOPODA, Jaune céphalique. Cl. 10. Cepnatopopa, Ord. Tetrabranchiata et Dibranchiala. j MOLLUSCA. Disposition irréguliére des organes, Cl, 41. Cepnaropnora. Subclas, 1, Prenopopa. Subclas, 2. Herrno- 374 DE LA CLASSIFICATION. ropa. Subclas. 3. Gasreropona. Ord. Branchiata et Pulmo- nata. — Chitonida. : Cl. 12. AcepxarA. Subclas. 1. Bracntoropa. Ord. Rudista, Brachio- poda. Subclas. 2. LAMELLIBRANCHIA. Ord, Bleuronanché, Ort concha, Inclusa. Cl. 13. Toxine Ord. Ascidiæ, Biphora. | Cl. 14. Crenopnora. Rien que des familles. Molluscoidea. Cl. 15. Bryozoa. Ord. Stelmatopoda, Lophopoda. | 1 V. VERMES. Organes bilatéraux. Cl. 46. Annetipa. Ord. Hirudinea, Gephyrea, Scoleina, Tubicola Errantia, Cl, 17. Roratorta. Ord. Sessilia, Natantia. Cl, 18. PcaryeLurA. 4° Ord. Cestoidea, Trematoda. 2° Ord. Plana- rida, Nemertina. Cl. 19. NemateLmra. Ord. Gregarinea, Acantocephala, Gardiace Nematoidei. VI. RADIATA. Disposition rayonnée des organes. CI. 20. Ecutnovermata. Ord. Crinoidea, Stellerida, Echinida, H lothurida. Cl, 21. SrpponopHora, Rien que des familles. Cl, 22. Hypromeousx. Point d’ordres bien distincis. Cl. 23. Pozvpr. Ord. Hexactinia, Pentactinia, Octoctinia, Pas d'œufs. VIT. PROTOZOA. Cl. 24. Inrusoria, Ord. Astoma, Stomatosa. CI, 25. Rayzopona. Ord. Monosomatia, Polythalamia. La classification de Vogt (Zoologische Briefe, citées p. 298) présente plusieurs traits nouveaux dont un souléve plu particulièrement l’objection. C’est la séparation des Cépha: lopodes d’avec les autres Mollusques, comme division pri maire distincte du Règne animal. Vogt adopte la distinctiot fondamentale introduite par Kôlliker, entre les animaux don l'embryon se développe du jaune tout entier et ceux che lesquels il naît d’une partie du jaune. C’est là, sans doute, I conséquence de ses intéressantes recherches sur l’Actéo dans lequel il a découvert, entre le jaune et l'embryon, w rapport trés-différent de celui observé par Külliker chez le Céphalopodes. Mais, comme je l’ai déjà dit plus haut, cel DARWINISME. — HÆCKEL. 379 -n’antorise pas plus à faire de ces groupes d'animaux deux embranchements, que la segmentation totale du jaune chez _les Mammifères ne justifierait une division de la même caté- gorie entre eux et les autres Vertébrés. Si la distinction faite - par Vogt entre les Céphalopodes et les Mollusques ayait la 4 valeur qu’il lui assigne, la limace aussi devrait être séparée . des autres Gastéropodes, L’assertion que les Protozoaires ne . produisent pas d'œufs ne mérite pas qu’on s’y arrête, après ce qui a déjà été dit à l'égard de ces animaux dans les sec- tions précédentes. Quant à rapporter. les Cténophores au | au des Mollusques, je crois la chose absolument impossible, POLE Le Darwinisme. — Classification de Heckel (1). Il est impossible de ne pas parler, dans un livre comme celui-ci, de l'influence exercée par les théories de Darwin sur les naturalistes systématisateurs, et c’est là ce qui m’en- gage à consacrer un paragraphe spécial à la classification de Heckel. _ Jai pour Darwin toute l'estime qu’on doit avoir ; je connais les travaux remarquables qu’il a accomplis, tant en Paléon- _tologie qu'en Géologie, et les investigations sérieuses dont notre science lui est redevable, Mais je considère comme un devoir de persister dans l'opposition que j’ai toujours faite à la doctrine qui porte aujourd'hui son nom. Je regarde en effet celle doctrine comme contraire aux vraies méthodes dont l'Histoire naturelle doit s'inspirer, comme pernicieuse et fatale aux progrès de cette science. Ce n’est pas que je “rende Darwin lui-même responsable de ces facheuses con- séquences. Dans les différents ouvrages qui sont sortis (le sa “plume, il n’a jamais fait allusion à l'importance que pou _vaientavoir ses idées au point de vue de la classification. Ge sont ses adeptes qui se sont emparés, pour transformer la (1) Heckel, Generülle Morphologie des Organismen, 2 vol, in-8. 376 DE LA CLASSIFICATION. Zootaxie, d’idées théoriquement présentées. A différentes re- prises cette influence s’est fait sentir sur les conceptions gé- nérales de la Paléontologie et plus directement encore sur | celles de la Zoologie; c’est ainsi que Heckel a publié sur » l'ensemble de cette science un ouvrage considérable, tout — entier fondé sur les théories de Darwin. Avant donc de for- … muler une analyse du système de Heckel, il est indispensable — de présenter quelques considérations sur les caractères de — la doctrine du naturaliste anglais. De toutes les théories qui se sont fait jour sur l'Histoire — naturelle, la sienne est la seule qui ait été aussi bruyam- — ment acclamée sous le nom de son auteur. Presque tous les © écrivains qui l'ont discuiée la désignent sous le nom de Darwinisme. Cest un fait significatif; il prouve que, tout « d’abord et malgré un fond commun de bienveillance dans * l’appréciation, on a reconnu qu’il y a dans la doctrine quelque chose d’autre que ce que la masse y a généralement — remarqué. Ce que Darwin a présenté comme la théorie de l’origine des espèces, ce n’est pas le résultat graduellement « conquis de recherches pénibles, s'appliquant à la solution. de quelques points de détail pour s'élever ensuite à une” synthèse générale et compréhensive; non, c’est une doc- _trine qui de la conception descend aux faits, et cherche des. faits pour soutenir une idée. Il n’est pas surprenant qu’un. tel ensemble de vues ait été décoré du nom d’Unisme. Est-. ce un éloge, est-ce un blame? Je ne sais, mais le fait reste. Le Darwinisme sera une des phases par lesquelles l'Histoire" naturelle aura passé dans le cours de ce siècle. Je reconnais. dans le caractère et la portée de cet enseignement une cer-\ taine analogie avec ce qui s’est produit lorsque les physto- philosophes, s'inspirant de Schelling, appliquérent sa phi- losophie à l’histoire naturelle. Alors aussi, on vit acclamer. une doctrine toute faite, embrassant la nature tout entiére, et dont le point de départ était que l'Homme est le résumé et la synthése individualisée de toute la création animale. On. démembra le corps humain pour faire de chacun de ses frag= ments le type idéal des différentes classes d’animaux. Nous» mate ee an DARWINISME. — HÆCKEL, 377 4 devons 4Oken untraité de zoologie, entrepris exclusivement dans le but de déterminer chacune des parties de ce dé- ‘membrement de l'Homme et de la création; mais il n’y eut jamais, à ce groupement des divisions supérieures du Règne animal, d'autre base que l’idée préconçue d’une soi-disant - représentation des parties du corps humain par chacune des formes générales de l’animalité. Toute la science acquise jusqu’à cette époque-là, au prix des plus longues et des plus _laborieuses recherches, fut mise de côté et remplacée par des Brenceptions purement théoriques. L'infatuation alla si loin que les travaux les plus spéciaux et les mieux faits de lépo- que contemporaine n étaient accueillis, dans l’ Ecole, qu aprés avoir été recouverts du vernis de la Doctrine. Je crois qu’il 4 sera de l’enseignement de Darwin comme de celui de cette secte. Il y a toutefois une différence : le système des philo- ‘sophes de la Nature a pu contribuer aux progrès de la science ; le Darwinisme exclut, lui, presque toute la masse des connaissances acquises, pour s’assimiler et faire ressortir exclusivement ce qui peut servir à la Doctrine. Ce ne sont pas les faits qui déterminent pour les Darwinistes le carac- tere des généralisations, c’est le système qui prétend dicter les caractères de l’ordre de choses. L'idée fondamentale sur laquelle repose le Darwinisme, c'est que les êtres organisés qui se succèdent en descen- dance directe, loin de reproduire nécessairement les ca- racléres essentiels de leurs ancêtres, tendent à s’en éloi- gner (1). Jusqu'à nos jours toute la Physiologie a admis, comme un axiome basé sur l'expérience de tous les temps, que les descendants d’étres vivants quelconques ayant la faculté de se reproduire étaient l’image vivante des géni- teurs, et que la fécondité même de ces êtres était la garan- tie de la conservation des types. Cette notion est d’ailleurs corroborée par cet autre fait que, dans les résultat du mé- lange des espèces, on reconnaît la part afférente à chacun des auteurs qui ont contribué à la production du nouvel … (1) Rütimeyer (p. 10): « Gleiches niemals gleiches erzeugl; » « Le méme ne produit jamais le méme». Pe a oh 378 DE LA CLASSIFICATION, étre. De ces deux faits, dont rien jusqu ‘aujourd’ hui n’a pu ébranler la certitude, s’est formée la conviction qui a do-- miné la science jusqu’à l'heure actuelle: à savoir, que les êtres organisés se sont reproduits, de génération en géné- ration, avec des caractères identiques avec ceux qu'ils possé- daient lors de leur apparition première, J’ignore où l'Ecole. darwinienne a puisé les faits sur lesquels elle prétend se fonder pour affirmer que, loin de se ressembler constam= | ment, les êtres organisés de générations successives tendent à se différencier de plus en plus les uns des autres. Je sais fort bien que, à chaque époque géologique distincte, ap= paraissent des organismes différents; mais pas plus que les naturalistes d’autres écoles, Darwin et ses adeptes n’ont pré- senté des faits d’où puisse ressortir la preuye que ces or- ganismes descendent des types dissemblables qui ont vécu” à une période antérieure. Toutes les observations relatives. aux animaux domestiques, parmi lesquels il y a tant et de sis nombreuses variations, n'ont encore abouti qu’à la démonsss tration de l’amplitude assez grande de ces variations 1 jamais elles n’ont eu pour résultat rien qui exprimat las tendance indéfinie à une variabilité sans limite, et surtout une marche progressive vers une organisation supérieure. Car c’est là un autre point rattaché par les darwinistes à lam doctrine du maitre; non-seulement les générations succes=« siyes d'un type donné peuvent, disent-ils, parvenir à ne plus ressembler au primitif auteur, mais encore elles peuyent avoir pour résultat l’abaissement ou l'élévation de ce type dans l'échelle des organismes. Ce n’est donc pas faire tort a l'idée darwinienne que de la représenter comme une con . ception 4 priori, et de nier qu’elle soit le développement lé= gilime des acquisitions de la science moderne. ; Mais, en affirmant ne rien découvrir dans la nature qui ait pu donner lieu à la doctrine des darwinistes, j'exagère M il est un fait connu de tous, dont l'interprétation erronée a sans contredit servi de point de départ à cette doctrines Quelque semblables que soient entre eux les animaux ou les” plantes d’une même espèce, il y a toujours chez tout in=« QUE M size lh DARWINISME. — HÆCKEL. 379 . dividu, même en dehors des différences sexuelles, des traits - par liculiers plus ou moins prononcés par lesquels l'individua- lité s’accuse plus nettement. Toutefois, si grandes que soient ces différences, si tranchée que soit l’individualité, et quand bien même, à raison de cette absence d’ uniformité parfaite, il soit permis de dire jusqu’à certain point qu’aucun indi- : vidu ne reproduit exactement son semblable, il n’en est pas _ moins vrai que l'espèce, dans son essence, est représentée par la somme de ces individus divers; que, dans les limites de l'espèce, les différences ne dépassent pas ce que j'ai appelé, en plus d’une occasion, les bornes de la flexibilité, de la pliabilité de l'espèce. Jamais, enfin, dans la suc- cession de ces individus non entièrement netnhlables nés immédiatement ou médiatement les uns des autres, une observation rigoureuse n’a constaté des différences de la catégorie de celles qui, pour le naturaliste pratique, con- stituent l'espèce animale ou végétale. Les extrêmes de dif- férence remarqués parmi les individus d’une espèce bien étudiée en font connaître l'amplitude, et, à mesure que les espèces sont mieux connues, on définit avec plus de précision ces limites. L'école de Darwin va au delà des faits lorsqu'elle affirme que ces différences individuelles constituent des transitions d’une espèce à l’autre. Elle oublie que dans certaines familles les caractères spécifiques sont trés- _tranchés, les espèces peu nombreuses, et, par conséquent, la distinction facile, tandis que, dans d’autres, les différences sont faibles, souvent difficiles à saisir et néanmoins con- stantes. Pour reconnaître les limites des espèces, il faut ici cette étude patiente et prolongée qui, à force de compa- raisons répétées, aboutit finalement à nous enseigner la fixité de ces petites différences; c’est ainsi que, dans le + monde minéral, certains métaux sont tellement semblables que les maîtres seuls ont pu, par une étude longue et minu- » tieuse, en saisir et nous en faire connaître les différences, . tandis que d’autres diffèrent au point d’être distingués tout _ d’abord l’un de l’autre par l’homme le moins exercé. J'ai pris la peine de comparer entre eux des milliers d’in- 380 DE LA CLASSIFICATION. dividus de la méme espéce; j’ai poussé dans un cas la minulie jusqu’à placer les uns à côté des autres 27000 exem- plaires d’une même coquille dont les espèces congénères (le genre Veritina), sont fort voisines les unes des autres. Je puis affirmer que sur ces 27 000 exemplaires, je n’en ai pas . rencontré deux qui fussent parfaitement identiques; mais sur ce grand nombre je n’en ai pas non plus trouvé un seul qui déviât du type de l’espèce au point d’en laisser douteuses les limites. Il y a donc lieu de reconnaitre que, dans le Règne animal, lindividualité joue un rôle aussi considérable que dans l’humanité même; et je ne doute pas que ce ne soit la connaissance, plus ou moins avancée pour différentes es- péces, de la variabilité des individus, qui a conduit à sup- poser possible la transition d’un type spécifique à l’autre. Mais tant que cette transition n’aura pas été vérifiée ; tant que, de nos jours, on pourra reconnaître parmi les être: vivants, et entre individus appartenant à la même espèce, des affinités qui ne sont point les mêmes que celles présentées par d’autres individus susceptibles d’être rapportés à une es- péce différente, tant qu’on ne pourra pas démontrer qu’il y a passage des premiers aux seconds; il faudra bien se résigner à envisager l’origine des espèces comme chose inconnue, quelque désirable que puisse en être la connaissance. Je n’affirme pas que cette origine doive nous demeurer à tout — jamais inconnue, mais je soutiens que l'explication fournie — par Darwin et ses adeptes n’est pas conforme aux faits que la © nature met sous nos yeux. A l’égard des différences, souvent M fort grandes, présentées par les animaux domestiques et les plantes cultivées, et sur lesquelles la doctrine prétend fonder un argument considérable, j'ai déjà dit et je répète que l’on © me paraît confondre deux choses trés-distintes; je renvoie — à ce sujet aux observations que j'ai produites: ailleurs, dans le but de montrer que les variélés ou races, domestiques el cultivées, différent entre elles autrement que les espèces — sauvages. De cette doctrine de la transformation successive et par — voie de génération est née l’idée suivante : l’affinité telle que q ea i di DS PR RE PES PR a DRASS) Oe se, DARWINISMF. — HACKEL. 381 les zoologistes la reconnaissent et la définissent, c’est-à-dire ce degré plus ou moins profond de ressemblance que ré- vélent l’anatomie comparée et l’étude des similitudes les plus générales chez des animaux différant par la forme, la structure, etc., tous ces traits en un mot que l’on envisage comme des points de rapprochement et sur lesquels on a basé les classifications, sont le résultat et la preuve de la communauté d’origine. Ainsi, toutes ces ressemblances, toutes ces affinités existent précisément et seulement parce que les animaux entre lesquels elles établissent un rappro- chement quelconque sont sortis d’une même et commune souche. Mais c’est justement ce qu’il faudrait démontrer et ce qu'on ne peut pas démontrer. Au lieu de poser la question dans ses véritables termes, les darwinistes s’em- parent de tous les travaux de la Zoologie moderne par lesquels nous avons été conduits à la connaissance des aff- nités sensibles, évidentes, des animaux différents ;ils en font autant de preuves d'une filiation généalogique et pré- sentent ensuite ce prétendu enchainement des êtres, qui sont censés remonter tous à une souche commune, comme la conséquence des faits établis de notre temps par la Zoologie et l’Anatomie comparée. C'est-à-dire que, loin d'apporter pour preuves certaines données d’où sa doctrine découle directement, le darwinisme travestit à son profit les faits acquis en suivant la vraie méthode. Qu’on ne dise pas que j’exagére; quand Hæckel a cherché à fonder un système entier de classification sur l’idée de transformation des êtres par changements successifs, de génération en génération, il ne s’est pas attaché à prouver que tel de ces êtres descend de tel autre; il n’a pas ajouté aux connaissances que nous possédions avant lui sur les affinités des animaux ; il s’est simplement emparé de ces affinités telles qu’on les a constatées ; il en a fait autant d'indices d’une liaison géné- sique entre les êtres qui les possèdent, et, suivant que ces affinités étaient plus ou moins nettes, il a dressé des arbres généalogiques qui ne sont, en définitive, que la formule nouvelle de notions positives antérieurement acquises. 382 DE LA CLASSIFICATION. Cependant, si ces affinités tellement évidentes, te q nombreuses, qui établissent des connexions entre tous les « animaux, avaient en effet pour cause la commune descen- « dance dun même tronc, on devrait retrouver les mêmes ~ traits de ressemblance lorsqu'on met en paralléle l’ordre de M succession dans la série géologique et le rang dans la série — zoologique. Il devrait arriver que, partout, les types d’une . classe inférieure fussent aussi les plus anciens dans l’histoire « de la terre; que, partout, ceux qui ont apparu à une période — postérieure fussent d’une organisation plus élevée ; que © partout, d’ époque en époque, il y eût une différenciation i croissante. Il faudrait que, ni au point de départ, ni à aucun — des points intermédiaires, on ne vit surgir des types nou- veaux, entièrement étrangers à ceux qui ont précédé et sou- M vent bien supérieurs à ceux qui suivent. Or, je répète que la — succession chronologique n’est point en corrélation directe « avec les affinités de la structure, et que les caractères suc- M cessifs de lypes qui se suivent ne sont aucunement l'ex- : pression de modifications progressives, régulières et con- « stantes. . Au début de ses recherches sur les fossiles, Cuvier } s’est surtout appliqué à faire ressortir les différences qui. distinguent les animaux des faunes antérieures à la nôtre « d’avec ceux qui vivent maintenant. La science avait alors « à établir ce qui est aujourd’hui reconnu de tous : que les 1 êtres composant la création animée à laquelle nous appar- « tenons diffèrent de ceux qui, à une époque antérieure, ont M représenté le Règne animal. En démontrant ce grand fait, « Cuvier a fondé une science qui n’existait pas avant lui; il a en même temps fondé les méthodes d’après lesquelles à cette science pouvait se constituer. Il n’est donc pas sur- prenant que les résultats par lui obtenus se soient présen- « tés avec toutes les marques d’une critique différenciatrice « très-prononcée. Depuis, il s’est fait une réaction. Le grand M nombre de fossiles qu'on a découverts depuis un demi- siècle a fait connaître des formes intermédiaires nom- — breuses ; les différences d’abord tranchées qui se présen- EE Be a ES DARWINISME. — #&cKEL. 383 taient À Yobservatetir semblent s’étre en quelque sorte be i el a alt éffäcéés; non-seulement on a rapproché les espéces fos- siles les unes des autres, mais on les à reliées d’une façon plus intime aux espéces actuelles. Il en est résulté wn en- _chainement plus étroit; les types des époques antérietires - sé suit en quelqté sorte fondus avec les types dés époques _thodernes, et c’est alors qu’on à cru voir, dans la succes- sion des fauries passées, urie liaison génésique avec la faune contemporaine. Étudiés d'abord séparémeñt, décrits dans _ dés otivrages indépéñdants, envisagés comitie du domaine de sciences distinctes, là Paléontologie d’uné part et la Zoo- logie de l’aütré, tous les êtres vivants ont enfin élé recon- nus comme rentrant, à quelque époque qu'ils appartitissent, - dans un méme systénie, lequel émbrasäé la vie sous toutes ses formes et dans tous les temps. Mais 4 y regarder dé près, on n’a pas davañlage signalé, parmi les espéces différentes frappées d’extinction, des transitions de l’une à l’autre. Tout ati contraire on a reconnt, dans les limites actuellés dé Vobservation, des caractères trañchés pour chacuneé delles, reconnaissables même dans les fragments incom- plets que l’on en posséde pour là plupart. Je crois par con- ‘séquent être dans le vrai en affirmant que Rütimeyér a commis une erretr lorsque, dans ses travaux si éten- dus et si bien faits sur les animatx des époques géolo- -giques les plus récentes, après avoir signalé, entre les és- : | pêces fossiles et les espèces vivantes qui s’en rapprochent le plus, des ressemblances aussi étroites que celles existant étitre les éspèces de l’époque actuelle le plus voisines, il à ‘mis l’idée physiologique de la famille 4 la place dé la no- tion systématique des familles naturelles. Il n’est permis, en physiologie, d’envisager comme membres d’une même famille que les individus dont la filiation généalogique peut .élre démontrée. Dès qu'il s’agit de ressemblances plus ou ‘moins étroites entre des êtres dont la commune dérivation -d’tine méme souche reste en dehors des limites de l’obsér- vätion, où soft de la question physiologique pour rentrer dans le domaine des familles zoologiques naturelles, üni- 384 DE LA CLASSIFICATION. quement constituées sur le fait des parités de la structure. Pas plus que les espèces contemporaines, on n’aura droit — d'envisager ces espêces comme descendant les unes des autres, tant qu'on n’aura point découvert de faits démon- trant que les analogies signalées dépassent les limites de cette sorte de caractères appelés différences spécifiques. Cette démonstration n’a pas encore été donnée; car je ne pense pas qu'on puisse regarder comme des preuves à l'appui d’une communauté d’origine entre certaines espèces , less erreurs des zoologistes qui, par-ci par-là, et même pour certains groupes assez fréquemment, se sont trompés en basant la détermination des caractères spécifiques sur des. faits trop peu nombreux ou mal observés. Autant vaudraitM conclure d’une analyse chimique mal faite à l'identité des“ substances mal différenciées par l'opérateur. : Il n’en est pas moins vrai que le travail de Heckel a la prétention d’exprimer le développement du Règne animal — tout entier, et de représenter les types qui se succèdent comme ayant fait leur apparition dans l’ordre de supério riié des classes ou des embranchements, etc., auxquels ils appartiennent. Heckel a figuré le développement du régne organique et la filiation des types au moyen d’une série d’arbres généalogiques, dont il ne nous est pas possible de présenter la copie, mais que nous essayerons de traduire graphiquement, pour ainsi dire, à l’aide de diagrammes qui en donneront au moins une idée. Le premier de ces arbres retrace l’origine de tous les êtres organisés. Le point. de départ est un être unique autogène (né de soi), donnant: naissance à trois branches. La première représente l'arché= phyte végétal, la troisième l'archéphyte animal, et linter- médiaire le prototype ou archéphyte d'êtres que l’auteur appelle Protistes et qui paraissent n’appartenir ni au Règne’ animal ni au Règne végétal. D’autres tableaux développent ensuite, pour chaque rameau, la généalogie spéciale. A la base du rameau végétal se trouvent les Fucoïdes et les Cha= ragnes; à la base du rameau animal, les Coraliaires, les, Échinodermes, les Mollusques et les Vertébrés. C'est-à-dire DARWINISME. — HACKEL. 385 que, de prime abord, tout ce que l’on connaît de plus dif- férent dans le Règne animal naitrait immédiatement l’un de l’autre ou d'un type antérieur unique qui aurait disparu immédiatement après, tandis que le type intermédiaire se- rait représenté par les Diatomées. Qu’on jette maintenant un coup d'œil sur les traités de Paléontologie les plus ré- cents, et qu'on nous dise de quel droit les Charagnes. que l’on connaît seulement dans les terrains tertiaires , figurent au point de départ du Règne végétal; de quel droit on assi- gncrail aux Coraliaires une priorité sur les Crinoides ou les Trilobites? Sans nous livrer à l'analyse de chacun des ta- bleaux, jetons un coup d’œil sur celui où est dessinée la généaiogie des Échinodermes. On est frappé d’y voir, dans un arbre qui doit être généalogique, c’est-à-dire représen- ter la succession du développement des ¢tres dans le temps, deux grandes périodes dont l’une, au point de départ de la classe tout entière dans les terrains les plus anciens, con- lient, à côté les uns des autres, une douzaine de types aussi différents que les extrêmes de la classe à l'époque actuelle. Bien plus, des types que l’on connaît seulement à l’époque actuelle y sont représentés comme ayant existé à tous les iges de la terre. D’un autre côté, vers les temps moyens de a série géologique on voit surgir, également à côté les uns Jes autres, des types tout aussi divers que les premiers, tre lesquels la science ne saurait reconnaitre aucun lien zénésique; ils n’en sont pas moins rattachés ensemble par es rameaux constituant le prétendu arbre généalogique uquel se relient tous les Echinodermes. Les autres grands ypes du Règne, Articulés, Mollusques et Vertébrés, se trou- yent reliés les uns aux autres d’une maniére tout aussi irbitraire. _ La science renoncerait aux droits qu’elle a possédés jusqu’à Drésent à la confiance des esprits sérieux, si de pareilles squisses étaient acceptées comme les indications d'un pro- rés réel. Encore s’il y avait ici quelque principe qui nous Mermit de perfectionner nos connaissances ou de les agrandir ! us aurions alors, malgré tout, quelque gratitude et quelque AGASSIZ. 95 PLANTES. PROTISTES. ANIMAUX. ne NN ; 3 CORMOPHYTES. ~ SPONGIAIRES, ARTICULÉS. VERT a, ~s Cn - Pa # el 1s j a | De a re © 82 5 =| | F + Ë <| | 5 23 3 2 | | 8 = ve BS ° woes = = à % a | T g | — E < Sete ee 3 > 3 g es > = } a =a & 8 Î = à — = = Rotat. à + 2 3 S À o re . E E purs as a El = © F4 £ a} g £ ‘ (= <= 3 8 ë = a) wi s 2 ‘ # 2 L 2 ic = AT = a a n > 2 À > a + BD “el. Fa 3 = 12 a 5 "© S x Ro £ a E à 1 —— _ a | ESE ra vd ns D RU. Archéphyte | Protistique. Végétal archéphyte. Archéphyte | animal. PROTISTES. SS on Bigs EE Souche | Moneres ou commune autogone. 386 DE LA CLASSIFICATION. Tableau généalogique des êtres organisés, d’après Heckel (4). (1) Ce tableau et le suivant sont, non pas copiés dans l’ouvrage de Hæck el, mais tracés d’apré arbres généalogiques dressés par lui. On essaye ainsi d'en donner une légè re idée à l’aide de sim A oonammes sans due cela dispense de se reporter à l'original. ouvrage cité nlanches I et suival 1). Se “ie ee ee TL IMPS nécenr. ......Col .. Lalistellés. Échinométridés. Échinonidés. Spatangoidés. Casidulidés. .. Pliocéne..... Sp Ee RAS PP EEN: RE PRES sie Soon “Bo Se E LOT OL UN nca sin ulrves ue à +) PEN 7 Pass Grapes els Reta ae Fie e aire : : Antéoeene... ...... Rca Chie ed Oe cae cee: seeeeeedee Clypéastrides. D Oe pie ee eee ee a ns osseuses. Antéjurassiquilés. Latistellés. Echinométridés. Échinonidés, . . . . ..... ce. Clypéastrides, DR SECONDAIRE. Grétacé.… ..à......|.. UE ARS ONE RP Dei Aavneae cake: 6s ca Peaes Antécrétacé. |... Nevis . |... Spatangoïdés. Cassidulidés. . .|.... | . : Jurassique...). .,.. Triasique..... | bie ee — Antétriasique , WOON re Ue ds rives rte A AR rg Pera HEAR CALE D ON LU un de date es PRE sidi SARA) SR oe ons APR ce ees fe eee aig hen akg al Antécarbonifà PRIMAIRE. Devonien. ..!.. Antédevonien ... PR idea OCT EO EE ANG Sea I sae a cercenats Ns NC CDR en ….... CORRE RE RNa ee ss. nn se eee Antécambrie), , , Laurentien.. Antélaurenti| a ss Acassiz, — P. 386. (1) Voy ; Veer ; og # ; L ARE: * by d € Lo + . : ds . ‘ x 5 2 . Ee ae tle et a om ace ily ; M EE x vee AM eet RIT ATEN À te RUN ¥ * ae) . . + i ‘ ; x à RES LE. ‘ i à + * 3 “ À pe + CRUE es 4 bi 4 a cies + BAIN sd + ë h 4 x 9 RE à LAN ae uy QUE À en i Ms fern dake eee x hile i PTS ñ ‘ À ; F ; ¥ 4 2 À yy Le 5) a ait By + « La CAE: La : é 7 4 : { : i : 7 ia + . 5 ‘ead = ÿ ¥ FES Rea x PAPERS 4 : re gee be che É a | # ve Le LEE M + “ + < pe “Ep à os VE En 4 4 TE netbeegen Sinlirs Me phe = ae PES je 5, % i A TP ee os f Z ae D bY ORR eee RE 1 dis 2 yy x « DARWINISME. — HÆCKEL, 387 _ sympathie pour les efforts tentés dans cette voie. Mais quand on fausse les faits, quand on présente à l'appui d’une doc- trine des faits qui n’en découlent en aucune façon, quand _ On avance comme des faits des assertions contraires à toutce _ que nous savons de positif, le devoir est de protester. Or, _ un examen attentif des tableaux généalogiques de Hackel _ prouve qu’il n’y a rien d’exagéré dans la sévérité de ce ju- gement. Partout, cet auteur donne, comme l'expression du développement successif des êtres dans le temps, des arbres généalogiques qui, loin d’être tracés sur les indications de la Paléontologie, sont simplement dessinés d'après la Connaissance des affinités des iypes actuels. Et si, dans quelques-uns de ses tableaux, l’ordre chronologique est Tepris, c’est dans les classes où l’on s'accorde effectivement à reconnaître, entre l’ordre de Succession dans le temps et l'ordre du développement embryogénique, une analogie que j'ai signalée dans le premier chapitre de ce livre. Mais tous | Tes faits qui servent de base à ces rapports singuliers, facile- ment reconnaissables d’ailleurs, que j'ai désignés par le nom de types synthétiques ; tout ce qui se rattache à cette appa- rition subite de types richement doués qui vont s’appau- vrissant dans l’ordre chronologique, tout cela est compléte- ment négligé, comme si cela n’existait pas. | Il y a un autre côté de la question que les défenseurs du darwinisme passent de méme sous silence, et qui, cepen- dant, me paraît la pierre angulaire de tout l'édifice. Que Pon consulte tel traité de Paléontologie qu’on voudra, que l'on examine entre autresles arbres généalogiques de Hæckel, et lon verra que, à certaines époques, le nombre des types rés-variés qui apparaissent sur le même horizon est trés- considérable. Nous avons là, de l’aveu même de ceux qui foudräient faire descendre tous les animaux les uns des iutres par des transformations graduelles et successives, un semble trés-considérable de formes trés-diverses appar- ériant à des classes, dés ordres distincts, etc., en un mot, les êtres entièrement différents, au témoignage de la Zoo- Ogie et de I’Anatomie comparée, et qui sont cependant tous 388 DE LA CLASSIFICATION. contemporains. Que devient alors la généalogie ? Ces con- temporains seraient-ils les ancêtres les uns des autres? Evi- demment, ici, la théorie des transformations est en défaut et . cesse d’avoir sa raison d’être. Loin de venir à son appui, le | grand fait que nous révèle la Paléontologie se trouve en dehors de la doctrine; il ne s’y rattache que par la liaison purement artificielle établie entre ces êtres, au moyen des branches de l’arbre projetées sur le tableau pour les réunir. au tronc; or ces rameaux sont entièrement le produit arbi-— traire du système ; ils ne sortent point des faits. Il y a plus” de trente ans que j'ai réprésenté graphiquement les affinités — de la classe des poissons dans leurs rapports avec l’époque: de l'apparition successive de ces animaux. Mais, tout en. faisant pencher les unes vers les autres les lignes verticales. qui figurent la durée des espèces, afin de signaler les affinités naturelles qui existent entre les types, je n’ai point. relié entre elles ces différentes souches parce que les faits ne m'y autorisaient pas. La différence qu'il y a entre ces tableaux et ceux de Hæckel, c’est que les miens représentent le fait tel que la nature nous l’a enseigné, tandis que les arbres généalogiques de l’écrivain allemand y ajoutent un élément artificiel, factice, de son invention, capable de faire admettre par le lecteur inexpérimenté la réalité d’une liaison généalogique qui n'a jusqu’à présent d’existence que dans l'imagination de l’auteur. 4 _ Entrele système de Hæckel et la classification jadis pro- posée par Oken, il y a cela de commun que les deux auteurs ont commencé par établir leur cadre d’après une idée pré: conçue, puis y ont ensuite adapté les faits connus de leur temps. Sous l'influence des idées émises par la philosophie de son époque, Oken nous représente, dans son système, les animaux rangés d’après la connaissance des faits que la Zoo: logie et Anatomie comparée avaient acquis au commen: cement de ce siècle. Or, aucun de ces faits n’était le résultal de l'influence de cette philosophie. La philosophie n’a rit produit en Zoologie, bien qu’elle ait vivifié l’Anatomie com- parée. De même la théorie d’une transformation graduell tn ale) DARWINISME. — HÆCKEL. 389 du Régne animal tout entier, par suite de générations suc- cessives présentant une série de différences, n’est point Ic résultat d’études spéciales; elle ne découle pas de travaux accomplis sur l’ensemble du Règne animal; c’est une doctrine à laquelle nos connaissances actuelles servent tant bien que mal de point d’appui. Les faits eux-mêmes s’y trouvent interprétés, non pas dans la sincérité d’un travail de recherches originales, mais avec tout ce qu'il y a de forcé dans les arguments d’une école doctrinaire. Les travaux modernes de Paléontologie et d’Embryologie peuvent étayer jusqu’à un certain point la doctrine de Darwin. Tout ce qu'on a reconnu de direct dans l’enchaînement des ani- maux d’époques successives se trouve transformé en preuves dune filiation directe. Toutes les ressemblances que font naître les phases successives du développement embryon- naire, sont interprétées comme autant de preuves d’une transformation, par voie de filiation directe ou indirecte, chez tous les animaux qui présentent entre eux des ressem- blances de même ordre que les rapports entre les phases diverses du développement embryonnaire. Et cependant, chaque être nouveau parcourt invaria- blement, dans la limite de son type propre, en un trés-bref espace de temps, de l’ovule à l’adulte, toutes les phases de développement que peuvent présenter, dans leurs types les plus extrêmes, les différentes classes du Régne animal. Chaque jour, des centaines de mille d'individus répétent chacun son cycle de changements extrêmement variés sans que jamais, nulle part, on voie dévier le terme auqueltoutes ces transitions doivent fatalement aboutir. Comment ad- mettre alors que ces différences se soient produites par les mêmes procédés qui de nos jours entretiennent et main- tiennent l'identité ? Comment se fait-il que, dans lordre chronologique, certains types anciens soient encore synthé- tiques, c’est-à-dire réunissent des caractères complexes qui successivement apparaîtront isolés dans des types posté- rieurs, appauvris, pour ainsi dire, par la différenciation qu’ils expriment ? Comment d’autres, au contraire, sem- 390 DE LA CLASSIFICATION. blent-ils progresser ; comment d’autres encore restent-ils au méme point pour se reproduire indéfiniment sans modifi- cations ? Pourquoi plusieurs rappellent-ils, dans l’ordre de succession chronologique, les phases de la métamorphose embryonnaire. individuelle, tandis que tels autres semblent réunir toutes les combinaisons possibles de plusieurs types divers? Dans l’infinie diversité de ces dispositions, je vois l’action immédiate d’une intelligence se manifestant par les — actes les plus diversifiés, bien plutôt que l'effet de géné- — rations successives aboutissant, on ne sait ni comment ni — pourquoi, à quelque chose d’autre que leurs conditions pri- mitives. Les travaux de Paléontologie qui se rattachent aux idées de Darwin me semblent pécher par les mêmes erreurs que les tentatives faites en Zoologie. On a reconnu des ressem- blances très-étendues entre certains animaux ayant vécu à | des époques différentes; elles sont même souvent d'autant — plus fortes que ces types successifs sont plus voisins les — uns des autres, dans le temps et dans l’espace. Mais nous — découvrons des analogies identiques avec toutes les époques — de l’histoire de la terre, et les mêmes faits se reproduisent — à l’époque actuelle. Il n’y a donc pas lieu de recourir à un : élément chronologique pour en expliquer l’origine. D'ail- : leurs, à côté de cet enchainement de formes semblables » dont nous reconnaissons l’existence, même pour l’époque . contemporaine, nous avons des types isolés et indépendants. : Enfin, qu’on n’oublie pas ce grand point de l’histoire de la . terre : où que l’on veuille placer l’origine des êtres orga- — . nisés, ils ont eu un commencement; lors de ce commence- ment, les premiers venus n’eurent pas d’ancétres; ils ont dû sortir de quelque source capable de les douer, au point. de départ, des forces nécessaires à leur maintien et des. forces nécessaires à leur reproduction. Ces premiers venus sont autochthones, car là où ils se sont montrés d’abord, ils. n étaient pas venus d’ailleurs. Là où ils ont été les premiers, — ils sont devenus les ancêtres de tous ceux qui ont suivi et qui: leur ont ressemblé. Et s’il est démontré que les êtres OBSERVATIONS GENERALES. 391 _ organisés n'ont pas pu apparaître tous sur un. seul et même _ point dès l'origine, ils ont pu présenter, et fort probable- ment ils ont présenté une diversité analogue à celle dont . rendent témoignage les fossiles trouvés dans les formations _ les plus anciennes. Tout ce qui sort de ce domaine spécial des faits est hypothèse. Tout ce qui exclut l’ensemble de . circonstances que l'apparition première des animaux im- . plique nécessairement est inadmissible. Tout ce que nous rencontrons d’analogue à cet état primitif probable doit, dans une saine philosophie, nous servir à établir les condi- tions qui ont vraisemblablement accompagné les premiers temps du Règne animal, jusqu’à ce que l’observalion nous en ait appris davantage. Or, la Paléontologie nous dit que . partout où l’on a trouvé des indices de la vie animale dans les profondeurs de la terre, on y a trouvé des êtres diffé- rents; la Paléontologie nous dit que, entre eux, ces êtres divers n’offrent pas les rapports que nous reconnaissons entre le père et les fils; la Paléontologie nous dit que, à toutes les époques, on découvre des organismes d’un cer- tain type supérieurs à ceux de même type qui leur ont suc- cédé. J'en conclus que la manière dont on applique les idées de Darwin à la classification n’est pas admissible, pas plus que la doctrine de ce naturaliste estimable n’est fondée. VIII Observations générales. Avant de terminer cette esquisse des systèmes zoologiques, je ne dois pas perdre l’occasion d’ajouter une remarque générale. Quand on songe combien complétement les re- cherches de K.-E von Baer ont été indépendantes de celles de Cuvier, combien différent les points de vue d’où ces deux hommes ont traité le même sujet, — l’un préoccupé spécialement du mode de développement des animaux, l'autre envisageant presque exclusivement la structure ; — «quand on considère en outre quelle étroite concordance il y 392 DE LA CLASSIFICATION. a dans les résultats généraux auxquels ils sont parvenus, il : est impossible de ne pas éprouver une confiance profonde dans opinion qu’ils soutiennent tous deux : à savoir, que le Règne animal présente quatre divisions primaires, dont les : représentants sont organisés d’après quatre plans différents de structure, et croissent suivant quatre modes différents — de développement. Cette confiance s'accroît encore lors- | qu'on s'aperçoit que les nouveaux groupes primaires pro- : posés depuis ne sont pas caractérisés par d’égales différences — de plans, n’ont point, dans le mode de développement, une — distinction fondamentale, et représentent simplement des différences en plus ou en moins. C’est en effet une tendance | fort malheureuse que celle qui régne actuellement chez presque tous les naturalistes, à l’égard de tous les groupes d'animaux, quelle qu’en soit la valeur, embranchements ou espéces. Ils séparent de suite les uns des autres tous les . types quelconques, pour peu qu’il y ait entre ceux-ci des — différences marquées, sans se préoccuper en aucune façon de savoir si ces différences sont de nature à justifier une . telle séparation. Dans nos systèmes, l'élément quantitatif de . différenciation l'emporte trop sur l’élément qualitatif. Dès : que ces distinctions sont présentées sous des noms sonores, elles ont trés-grande chance d’être adoptées, comme si la. science gagnait quelque chose à dissimuler une difficulté. sous un mot latin ou grec, ou faisait un pas de plus en se surchargeant du fardeau d’une nomenclature nouvelle! Une, autre pratique d’utilité fort contestable consiste à changer les noms ou à {modifier la portée et le sens des dénomina-. tions anciennes sans ajouter un renseignement ou une idée à ceux qu’on possède. Si l’on ne renonce pas à cette pra- tique, on finira par faire de l'Histoire naturelle une pure. affaire de nomenclature au lieu d’en fortifier le caractère. hautement philosophique. Nulle part cet abus d’une inutile. multiplication des termes n’est aussi sensible que dans la. nomenclature des fruits des plantes, laquelle n’exprime ni une vue profonde de la morphologie végétale, ni même une observation exacte des faits matériels. re 7 du Du _ de RE NN a ee OBSERVATIONS GÉNÉRALES. 393 Ne vaut-il pas mieux en revenir aux méthodes de Cuvier et de Baer, qui n’éprouvérent jamais aucune honte à avouer leurs doutes dans les cas difficiles, qui furent toujours em- pressés d'appeler l'attention des observateurs sur les points contestables, el qui ne couvrirent en aucun cas la disette de notions positives sous le vain bruit des mots? Dans celte revue rapide de l’histoire de la Zoologie, j'ai omis plusieurs classifications ; celles de Kaup et de Van der Hoeven (1) entre autres, qui auraient pu donner matière à (1) Le Manuel de Van der Hoeven mérite cependant plus qu'un mot en pas- sant, Les caractères des groupes mineurs sont présentés dans ce livre d’une si admirable manière ; le renvoi aux sources est si complet ; la preuve d’une con- naissance personnelle et approfondie, si entière ; l'application à ne pas faire une pure compilation si louable, qu’il est juste de considérer cet ouvrage non- seulement comme un excellent manuel pour les commengants, mais encore et positivement comme un compendium de l’état actuel de la Zoologie, susceptible d'être consulté avec fruit par les naturalistes de profession. Tout en prenant pour guide les vues de Cuvier sur les divisions primaires du Règne animal, l'auteur ne paraît pas les regarder comme assez importantes ou assez bien définies pour mériter une considération spéciale. Il a ainsi laissé échap- per presque entièrement l’occasion de présenter dans leur enchaînement ces larges généralisations sur les affinités et les homologies des diverses classes d'animaux qui, cependant, conslituent le progrès le plus précieux de la Zoologie moderne, et assurent à notre science une place si importante parmi les études philoso- phiques du x1x® siècle. Il me semble aussi que, sans être absolument négli- gée, l’histoire des fossiles n’a pas été suffisamment mise en relief. La manière dont elle est souvent présentée, sans liaison des types éteints avec les types vi- vants, est particulièrement défavorable à une exacte appréciation des rap- ports naturels des uns et des autres. Le temps est venu où le Règne animal doit être représenté, dans son développement à travers tous les âges géologiques, aussi complétement qu'est rattachée à l’histoire générale des êtres vivants la description de leur développement individuel. - A l'égard des classes, je crois, pour des raisons déjà établies (voy. p. 299), que les Infusoires doivent être rangés suivant leurs affinités naturelles, partie parmi les Algues, partie parmi les Vers, et partie encore parmi les Bryozoaires. Les relations des Rhizopodes avec les Algues inférieures et plus spécialement avec les Corallines, me semblent chaque jour plus probables, et je crois que les preuves actuellement produites du caractère végétal des Anentérés sont bien près d’équivaloir à une démonstration. Dans la classe des Acaléphes, les Cténo- phores occupent une position inférieure à celle des Discophores ; or, il me paraît difficile de contester que le premier rang leur appartienne ; le système ambu- lacraire, avec ou sans ventouses extérieures, constitue le caractère essentiel des Échinodermes, et le Sipunculus n’en a pas. La distinction entre les Vers intesti- naux et les Annélides pour en faire des classes différentes, séparées par les Ro- tifères, ne me paraît pas naturelle; les Turbellariés et les Suceurs unissent les Annélides aux Trématodes et aux autres Vers en une seule classe, et les re- cherches les plus récentes prouvent incontestablement que les Rotifères sont des Crustacés. Il ne me semble pas non plus conforme à la nature de faire deux 394 DE LA CLASSIFICATION. quelques remarques. Mais j'ai étendu cette digression assez loin déjà pour montrer combien les formules ou catégories proposés par moi dans le second chapitre de ce livre, peuvent aider à déterminer la valeur des diverses sortes de groupes généralement adoptés dans nos classifications. Je n’ayais pas, en commençant, d'autre but. La première chose à faire désormais, c’est d'appliquer aussi ces formules aux divi- sions mineures du Règne animal, en descendant jusqu'aux — genres et aux espèces, et d'accomplir ce travail pour chaque — classe individuellement, en s’en rapportant dans chaque spécialité aux bonnes monographies. Mais c’est là une tâche » herculéenne, qui requiert par les efforts combinés de tous | les naturalistes et devra les occuper pendant nombre d’an- nées à venir. classes des Insectes et des Araignées, Les Tardigrades et les Acarins forment la transition aux Podures et aux Épizoaires. La classe des Crustacés, bien définie si l’on y ajoute les Rotifères, devrait être placée au-dessous de celle des Insectes. La classification générale de l’embranchement des Mollusques est peut-être la moins satisfaisante de l’ouvrage ; car, tandis que l’auteur considère les Tuni- ciers comme une classe distincte, et les Conchifères, auxquels il joint les Bra- chiopodes, comme une autre classe, les Mollusques proprement dits ne font qu’une seule et même classe où sont compris non-seulement les Ptéropodes et les Gastéropodes, mais aussi les Céphalopodes. Évidemment ces derniers sont en trop étroit voisinage avec les Gastéropodes ; un examen attentif des Cépha- lopodes fossiles aurait facilement convaincu l’auteur que ces animaux constituent ‘par eux-mêmes une classe indépendante. Depuis la publication du Règne animal de Cuvier, le Manuel de Van der Hæven est le seul traité général de Zoologie où la classe.des Poissons soit présentée de « manière à prouver une connaissance approfondie de ce groupe d'animaux. La manière dont sont traités les Vertébrés est également digne d’éloge. FIN. L TABLE DES MATIÈRES. CHAPITRE PREMIER. DES RAPPORTS FONDAMENTAUX QUE LES ANIMAUX ONT ENTRE EUX ET AVEC LE MONDE AMBIANT, ZOOLOGIE, I. IL, XXV. XXVi, XXVIL. XXVIII. XXIX. Les traits principaux du système zoologique naturel sont tous fondés dans la nature. . Dee cers ue te a rice ig Les types les plus diversifiés existent simultanément dans des conditions identiques. . ... en D de dr NAT RA On retrouve des types a dans les circonstances les plus AS DR a ein te en sie Cue ele a8 à . Unité de plan dans des types d’ailleurs profondément divers... . Correspondance dans les détails de la structure chez des ani- maux entre lesquels il n’existe d’ailleurs aucun lien....... Il y a entre les animaux des affinités de degrés différents et de MONO AIN Orne Gale cords Pals oder eee Existence simultanée, aux périodes géologiques les plus ja de tous les types généraux de l’animalité.. .......... ane Gradation de structure parmi les animaux.............. AE . Distribution géographique des animaux.........,.,.,...... Structure identique de types largement disséminés. ene er . Structure semblable d’animaux vivants dans une même région... . La structure forme un lien sériel entre des animaux largement disséminés à la surface du globe. ........... à ve neuen . Rapport entre le volume des animaux et leur structure....... . Rapport entre le volume des animaux et les milieux dans lesquels On Sn en cacao wae Die Va dt ces . Fixité des particularités spécifiques dans tous les dives organisés, . Relation des êtres organisés avec le monde ambiant....,.... . Rapports entre les individus............. SOS ee ee Dualisme sexuel....,..... Se MURS CRM eee à . Métamorphose des animaux... ..,,,,,e,...eoe.e.e..... . Durée de la vie. . ia cht TRI ON afd km MA EAN leas es . Génération sdisrnante .. boi eine FW ele alee wile di Dalelareateld à . Succession des animaux et des plantes dans les temps géologiques. Localisation des types aux âges passés. DRE D NAN SR pe . Limitation de certaines espèces à des périodes géologiques parti- MATOS... 0 croco die £5) Oe D RME ee etes 015. Parallélisme entre la succession géologique des animaux et des plantes et le rang qu’ils occupent de nos jours.:........., Parallélisme entre la succession dès animaux dans les âges géo- logiques et le développement embryonnaire de leurs représen- Mania ACtuals, aa css semaine AA PEER Types prophétiques. ............. PRE PE LT LAIT UE Parallélisme entre la eee de la structure et l’évolution GDTYONNAIÏPR. ; , scope dr sas 008 Sree UE Rapports entre la structure, le développement embryonnaire, l’ordre de succession géologique et le mode de distribution géographique des animaux, . . ... FE OR Bele Wala 6 ER 9s ae ON CONSIDERES COMME BASES DU SYSTEME NATUREL DE 396 TABLE DES MATIÈRES. XXX. Mutuelle dépendance du règne animal et du règne végétal... . . XXXI. Animaux et plantes parasites. .... .,.................. XXXII. Combinaison dans le temps et dans l’espace de divers rapports qui s’observent chez les animaux. ..,..,...,...... RES XXXIII. L’age primitif de l'humanité. ..,.............,.,..,... .. XXXIV. Récapitulation. . ,.......,.., os Weta ivi SB ses ane CHAPITRE DEUXIÈME. GROUPES PRINCIPAUX DES SYSTÈMES ZOOLOGIQUES CONNUS, I, Grands types ou embranchements du règne animal.......... ee eee CR | 0 Sie Fine re RS RE ed 4 sia Maen ae FO eer ee LEMON SR ys coe hase ste 6 aaa aie se NS COMME. bse hk ae ne He Reet Ts LUE ts ER A AP ORRB ic « dei Ua ms RTS PRE ss NÉS sys VII. Autres divisions naturelles du règne animal,...+. ......... VII, Développement successif des caractéres......... SAN ARRETE IX, Catégories d’analogie........ ricer shot ve ee X. Conclusions. ..... Re SOT REG TP nto és RARE a si CHAPITRE TROISIÈME. REMARQUES SUR LES PRINCIPAUX SYSTÈMES ZOOLOGIQUES. I. Observations générales sur les systèmes modernes, . ....... + IT. Premiers essais de classification des animaux...... dE ie Hi. Périods. de Linnë. iii ete ui RARE LRU IV. Période de Cuvier. — Systèmes anatomiques... .... ,.,.. . Classification: de Cuvier. 4.443443 ee Vis 4,40 thine Classification d’Ehrenberg............ Ca eek’ «flea were ‘ Classification de Burmeister.........,......... eae. Classification de von Siebold et Stannius............. LE Classification de R. Leuckart......... Sean à TEE V. Systèmes physio-philosophiques, . . .,..,:.........:. RES à Classification d’Oken............. vies eae URLs Classification de Fitzinger...... Pa Me NO a FU debut Classification de M'Leay............,...,..,. bs Vinewietee ee VI. Systèmes embryologiques. ........... ventas Ch Rare Classification de H. K. von Baer.......,..........0,... Classification de van Beneden, ......... es BER ag . Diagramme du développement des animaux, par Kdlliker,. . . Classification de Vogt....... PR PE PR Dales be ue Vil. Le Darwinisme.......... PR ES teed Cu Ses API OU SE % Classification de Heckel, . 45, 4 i da 5, ve ever VIE, Observations générales.......... PANNE" hate see 1 FIN DE LA TAYLE DES MATIÈRES. TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEURS DONT LES OUVRAGES SONT CITES DANS CE VOLUME, Adams, 53. Agassiz (L. et A.), 304. Agassiz (L.), 4, 14, 19, 24, 27, 38, 39, 40, 44, 45, 49, 59, 69, 74, 79, 80, 81, 90, 93, 444, $42, 413, 423, 127, 430, 436, 142, 449, 153, 154, 163, 166, 167, 168, 203, Alton (d’), 455. Archiue («’), 449, 150, 152. Aristote, 25, 98, 222. Aubert, 423, 430. Audubon, 86. Auerbach, 124. Austin (Th. et Th. Jr.), 453. Babbage, 41. Baer, 24, 108, 109, 123, 129, 432, 133, 139, , 69. Barrande (De), 32, 126, 154, 457, 464. Barry, 134. Bale, 86. Bandrimont, 433. Beaumont (E, de), 163, 164. Bell (Ch.), 44. Beil (Th.) et Owen, 153, Bellardi, 454. Beneden (voy. van Beneden). Berendt, 454. Berahans, 90. Bergman, 38. Bernhardt, 134. Beyrich, 151, 454, Bezold, 74. Bibron et Duméril, 46, 65. Bilharz, 123. Bingley, 98. Bischoff, 422, 134, 439. Blainville (De), 34, 37, 455, 325. Blanchard, 93, 421, 129, 471. Blamenbach, 37, Bojanus, 123, 134. Bonaparte-Canino, 46. Bonnet, 37, 147, Bosset, (De), 118, Bosquet, 454. Braun, 24, 410, 121, 262, Bremser, 193. Brodie, 154. Brocchi, 454. Brongniart (Ad.), 449. Brongniart (Al.), 457. Bronn, 451, 155, 163. Brown, 49, 149, 152, Bruch, 424, 431. Buch (Léop. de), 451, 453, 154, 164, 470. Buckland, 44, 450, 455. Buffon (de), 86, 107. Burdach, 108, 440. Burmeilter, 126, 137, 142, 154, 155, 472, 260, 264, 332, 333. Burnell, 428. Busch, 413. Busk, 170. Butland, 457. Carpenter, 1421. Carter, 121. Carus (C. G), 24, 37, 94, 447, 123, 130. Carus (I. V.), 24, 38, 428, 444, 305. Cautley, 156. Chalmers, 11. Chamisso, 416. Chemnitz et Martini, 45. Cienkowsky, 124. Claparède, 119, 122, 424. Clark, 195. Cocteau, 65. Cohn, 121, 126. Coldstream, 119, 426, Conrad, 154. Cornuel, 154, Corda, 154. Cosle, 130, 434. Croizet, 155. Cuvier (Fr.), 89, 98. ‘ Cuvier (G.), 24, 31, 37, 46, 77, 93, 449, 455, 170, 237, 316, 317, 318. Dalman, 154. Dalrymple, 125, Dalyell, 144. Dana, 44,45, 72, 411, 444, 449, 166, 474, 172, 260, 270. Danielson et Kosen, 113, 418. Dareste, 133. Darwin, 126. Davaisne, 417, 122. Davidson, 154, 170. Davy, 129. Decandole (Alp.), 49. Decandole (A. P ), 24. De La Bêche, 152. Delle Chiaje, 38. Derbes, 442, 113. 398 Deshayes, 151, 153. Deslongchamps (Eudes), 155. Desmarest, 154, 157. Desmoulins, 153, 154. Desor, 142, 453. Diesing, 45, 193. Dollinger, 108. Dowler, 131. Dufossé, 134. Dufour, 423. Dugés, 119, 195. Dujardin, 45, 144, 128, 493. Dumas et Prévost, 134. Dumas, 192. Duméril, 46, 65, 316. Dumortier, 445, 447. Dutrochet, 133, Duvernoy, 130. Echer, 442. Edwards, 451. Egerton, 154. Ehrenberg, 37, 445, 425, 444, 453, 929, 295, 348, 328. Emmerich, 454. Erdl, 127. Escher van Linth, 154, Eschricht, 416. Eschscholtz, 44. Falconer, 456. Fabre, 198. Favre, 154. Férussac (De), 45. Filippi (Fil.), 424, 429. Filippi (Th.), 424, Fitzinger, 46, 349. Forbes, 410, 444, 136, 139, 153. Forchhammer, 429. Frantzius, 112, 415, 124. Frémy et Valenciennes, 409. Frey, 37. Frey et Leuckart, 144. Funk, 132. Gegenbauer, 44, 142, 145, 118, 126. Geinitz, 450, 451. Geoffroy Saint-Hilaire (Et.), 24,98, 455. Geoffroy Saint-Hilaire (Is,), 74, 99, 226. Gervais, 156. Germar, 150, Gibbes, 155. Giebel, 152. Girard, 120. Gliddon et Nott, 80, 83. Geethe, 24, Goldfuss, 153, 455. Goodsir, 126. ; Géppert, 149. Gosse, 113, 125, 126, 127, 472. Gould, 53. Grant, 38. Crateloup, 154. Gray, 46. Green, 154, Grube, 45, 122, 124, Gurlt, 45. Gutbier, 454, Heckel, 430. Kirby, 44, TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS es Hæckel, 375. Hagenow, 154. Ÿ Haime et Milne Edwards, 44 Haime, 411, 152, 169. Hall, 32, 154, 153, 163. Hammerschmidt, 124. Hancock, 416. Harris, 86, 442. Hasselt, 132, Hawn, 154, Hawle, 134. Haan, 154. Hayuen, 195. Heckel, 454, Heer, 154, 457, 172. Henle, 124. Hering, 495. Herold, 427, 128, 142. Hincks, 412, 415. Hogg, 118. Holbrook, 69. olmes et Tuomey, 151. Hôninghauss, 154 Hôness, 131. Horner, 433, Hoyer, 133, Huber, 227. Humboldt (A. de), 49. Humboldt (G. de), 19, 98. Hunter, 433, Hutton, 149, Huxley, 410, 442, 446, 448, 421, 423, 126, 304, 366, Jacquemin, 447. Jaeger, 455, 156. Jobert, 155. Johnston, 90. Jones, 38, 154. Jurine, 426. 7 Jussieu, 227. Kaiserling, 32. : Kaufman, 129. Kaup, 455. Keber, 122, Keferstein, 449. Kidd, 41. : Kiener, 45. King, 151. 86, 440, 142. Koch, 125, 195. ; aS Kôlliker, 44, 409, 412, 446, 418, 449, 424, 122, 194, 128, 371. Koninch (De), 130, 433, 154. - Koren et Danielson, 443, 4148. : Krohn, 142, 443, 416, 418, 125, 496. : Kuchenmeister, 123, 493. » Kunth, 79. _ Kützing, 420. TABLE ALPHABETIQUE DES AUTLURS. rat gor Leconte,156. Leydy, 443, 122, 424, 425, 455, 456, 166. Lehon, 153. Lenz, 86, 98. : Lereboullet, 127, 170. peers LCF S.), 428, 152 euckart (F.S. , 152. Leuckart (R.), 24, 38, 44, 93, 444, 142, 146, 418,419, 425, 130, 144, 198, 296, 304, 342. Leydig, 419, 417, 448, 424, 125, 498, 430, 172 Liebig, 492. Lieberkuhn, 421, 422, 124. Lindley, 449. Linné, 312. Longet, 109. Lonsdale, 153. Lorenz, 118. Loven, 444, 447, 419, 124. Lund, 160. Luschka, 122. Lycett et Morris, 451. Lyell, 152. M’Coy, 32, 150, 153, 155. M'Crady,y13. M'Donald, 418, 174. MLeay, 354. Maillet (De), 485. Marcou, 150. : Martin Saint-Ange, 126, 433, 137. Martini et Chemnitz, 43. Matheron, 151. Meek, 310. Meckel et Hemsbach, 133. Meckel, 38, 133. Meigs, 134. Meissner 422, 123. Meuge, 124. Meyen, 416. Meyer, 128. Meyer (H. V.), 454, 155. Michelin, 153. Michelotti et Bellardi, 154. Miller, 153, Miller (Hugh.), 41. Milne-Edwards, 44, 45, 116, 419, 123, 424, 426, 427, 447, 153, 139, 174, 175, 339. Mougeot et Schimper, 157, Morris et Lycett, 451, 163. Morton, 154, 262, Müller (A.), 434. Müller (J.), 24, 44, 46, 108, 412, 113, 418, 421, 124, 430, 446, 151, 153, 136, 169. Müller (H.), 116, 119. Müller (M.), 195. Münster, 154, 157. Murchison, 32. Naegeli, 421, 195, Naumann, 152. Nelson, 122. Newberry, 4155, Newport, 128, 132, Nitzsch, 195. Nordnan, 111, 118, 193, 138. ? Nott et Gliddon, 80, 83. Oerstedt, 124, 399 Oken, 24, 222, 248, 346. Orbigny (D’), 45, 151, 452, 453, 163, 164, 470 Otto et Carus, 37. Owen (D. D.), 453. Owen (R.). 24, 38, 62, 408, 134, 144, 147, 155, 160, 170, 174, 223, 309, 334. Pander, 133, 359. Peach, 113 Percheron, 45. Perty, 124. Peters, 125. Pfeiffer, 45. Phillips, 150, 151. Pictet, 154, 152, 154, 164. Plieuinger. V. H. de Meyer. Poli, 170. Pompper, 46. Pouchet, 31, 148. Powell, 3, 41, 47, 77. Prévost, 117, 129, 139, 133, 134. Prosch, 144. : Prout, 44. Purkinje, 109. Pusch, 151. Quatrefages (De), 113, 417, 125, 430, 471. Quenstedt, 150, 452, 154, 453. Quételet, 141. Rathke, 411, 419, 127, 128, 429, 432. Ratzburg, 86, 495. Réaumur, 86, 107, 227. Reeve, 45. Reichert, 410, 431, 132. Reid, 448. Remak, 4132. Retzius, 130. Reuss, 154. Richardson, 46. Ridinger, 98. Robin, 193. Roget, 8. Rümer, 151, 153. Roquan (Du), 454. Rôsel v. Rosenhof, 86, 107, 432. Rouget, 412. Roulin, 419. Roux, 451. Rudolfi, 45, 493. Rüppell, 196. Rusconi, 129, 132. Salter, 454, Sandberger, 150. Sander-Rang et Férussae, 45. Sars, 144, 446, 145. Saussure (H. de), 128. Savigny, 24, 416. Scheitlin, 89. Scheuchzer, 450, Scheuter, 129. Schimper, 457, Schlegel, 98. Schlottheim, 149. Schmarda, 19, 425. Schmerling, 455. “ Schmidt 6 424. Schmidt (O.), 417, 118, h00 Schneider, 419, 424. Schouw, 19. Schubert, 129. Schubler, 441. Schultze, 112, 443, 148, 421,425, 131, 300. Scilla, 450. Sedgwick, 32. Sélys-Longchamps (De), 262. Semper, 119, 428, 199. Scharpe, 154. Shaw, 430. Shumard et Owen, 453. Siebold, 38, 109, 441, 124, 422, 493, 424, 428, 445, 147, 340. Sismonda, 153. Smeathman, 227. Sswerby, 149, Spence, 86, 140, 442. Spix, 24, 81. Spring, 260. Stannius, v. Siebold. Sternberg, 149. Steenstrup, 114, 416, 419, 193, 444. Stein, 415, 422, 124, 128. Steinheim, 132. Steinthal, 98. Stimpson, 413. Strauss -Durkeim, 11. Swallow, 451. Swainson, 49, 139, 334. Swammercdam, 407. Tellkampf, 19. Thomas, 132. Thompson (Allen), 422, 437, 439. Thompson (W. V.), 4.6. Tiedemann, 132, 169. Todd, 38, 62. Trembley, 227. Tréviranus, 33. Trosehell et Müller, 49, 420, 469. Tschudi, 46, 69. Tuomey et Holmes, 451. Udekem (D’), 195. TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEURS. Unger, 457. Valenciennes, 109, 430, 174. Valentin, 109, 130, 169 Van Beneden, 444, 445, 446, 447, 419, 122, 126, 128, 129, 369. Vander Hoeven, 419, 474. Vérany, 419. Verneuil (De), 32, 450. Vogt, 44, 442, 417, 148, 119, 132, 452, 470, 298, 304, 373. Volkman, 132. Voliz, 153. : Wagener, 123. Wagner (A.), 46. Wagner (R.), 38, 409, 122, Walter, 422, Warneck, 418, Warren, 156. Waterhouse, 62. Weber, 124. Weinland, 432, 433, 196, 275. Whewell, 44. Wiegman, 262. Wied (M. v. Neu-), 280. Will, 444. Williamson, 426. Wilms, 126. Willson, 129, 227. jé Windischmann, 147. Wittich, 128, 432. Wollaston, 260. Wood, 151. Woodward, 153, Wright (C.), 199. Wright (T. S.), 442. Wyman, 19, 130, 132, 434, 156, 160. Yarrell, 130. Zaddach, 126, 128. Zieten, 154. Zimmermann, 19. FIN DE LA TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEURS. Paris, — Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, 2. ES | PPS Duras a aa SRS tee en eae Ce À PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY Agassiz, Louis De l'espece et de la Classification en zoologie (° baie te tamil 2080 oe sacar ER as ; ae an aes See nat : ‘iwi RG gp ements Ml ag Fate Tan ietes Eee D trs CRE te, me eae ae ph