EX LIBRIS

Willam Healey Dall

Division of Mollusks Sectional Library

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MOLLUSQUES

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DU PORTUGAL.

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LIBRAIRIE des RCE GÉNÉRALES. H. BèCcus 53,rue M le Prince Livres sur les sciences

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——-3 IMPRIME CHEZ FAUL RENOUARD, ©——— Rue Garancière , 5, ÿ

DESCRIPTION

DES MOLLUSOUES

TERRESTRES ET FLUVIATILES

DU PORTUGAL

PAR

ARTHUR MORELET.

AVEC 14 PLANCHES GRAVÉES ET COLORIÉES.

cms © O0 0-00 ns

À PARIS, CHEZ J:-B. BAILLIÈRE,

LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE, RUE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE, 17.

A LONDRES, CHEZ H. BAILLIÈRE, 219, REGENT-STREET.

1645.

6290 XCC GO LL 000 22 09 008 C0 2000 000000090900 0900 09 & 000900000000000006 0019 5000000072

TABLE ALPHABÉTIQUE

DES ESPÈCES DÉCRITES OU MENTIONNÉES DANS CET OUVRAGE.

RS

ANCYLUS dlugiaghis\.. NM. 29) 86987, 86. —— HRUSNS de in 22280 _—— SIA] 40 2 <VRD SD SPAS ne D nt SN DS OR —— MiLTABEUS . .: . 1024 07. ANODONTA anale. .… + ++ .20922, 408, 104, a Cellensis 1. :e 00! = CNP. Le eu 22,000

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IL

AURICULA

CAROCOLLA CLAUSILIA

CRYPTELLA CYCLAS

GENUS HELIX

TABLE

ciliata . gracilis minima

myosotis .

acutus. decollatus folliculus . lubricus

obscurus .

ventricosus

limbata ..

clausa .

corrugata .

papillaris .

rUgOSA .

Canariensis

calyculata .

fontinalis .

lacustris rivalis .

elegans

ALPHABÉTIQUE.

ferrugineum .

truncatulum .

Woltzianum

incertumn .

aculeata albella . Alonensis amanda apicina aspersa barbata barbula

.

bituberculata,

Boissvi

23, 23, 22, 22, 22 14, 92, 22,

29

22; 62. 21. 2h. 2h. 22, hh. 929

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22,

2259

2% 22% 2/, 89, 2h. h9, 22; 14, 2h. 2h. 29: 52 58, PET 58. 2h.

74:

76.

76.

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75.

2, 73.

2h, 89.

» 8 }.),

9H, G7,

56, 57,159, 60; 61,

TABLE ALPHABÉTIQUE.

candidissima .

candidula .

Carascalensis.

cariosula . carthusianella cellaria cespifum . cistorum . coniCa. conoïdea .

conspurcata .

crystallina. elegans. ericetorum finitima fruticum . fulva . glomerata. grisea .

Gualteriana .

Hispanica . hortensis . inchoata . intersecta . lactea .

lanuginosa lapicida

lenticula . ligata .

Lusitanica. maritima . marmorata martigena. neglecta . nemoralis .

24.

29, 63.

94.

24.

29, 62. 22, 2h, 54. 24, 72. 23, 66. 24.

JU.

29, 24, 63. 99, 55. 21.

7e

24.

70.

99 12. 2h.

14.

10, 24. 2h, 69. 24, 68. 93, 70. 29, 63. 29, 24, 68. DIR

A4, 29, 57.

22, 2h, 58, 64.

2h.

23, 55. 63, 64, 72. 2h.

2h.

64, 72. 14, 22, 68.

ait

IV Û TABLE ALPHABÉTIQUE.

HELIX DItENS 4 <: dite. 6 co RSS. ——- olivetorum 55. —— Pisana., 20e 1 Re. 70, _— DOMNIIT Re. Ven ve MAUR poléntina. :.,45: HN». ee DIEMEASR ue 1e NAIL ON —— pyramidata :. . .. . 24,461. —— TOUMUMAS. : . à à: . 102200. —— FODÉSÉTINN. 1. le...) ON "72, —— SEA De ee Le: : EN 2O NOUS —— simplicula. .. . .: 98,56. —— SDIENdida. ,;- #0... AO eu Siriata.. . . :2. |. 2600. —— sirigellas : 0. Y 24 OUR —— subrostrata . . . . 2h. ee Sylpatica, is." 47.8008. —— d'eméra) "ec. 72 turriplam . Sue, "0 282509. —— vaciäbilis 94 .. +. .. . 22%2h, 64,72. _—— rermiculatan :.;., : ue LIMAX APTESS lee « à NME, 9h, 99. —— angGifocus, .…. ..) + 023,98 —— ANnfiQUOR . ;: Lou: 108 —— SAS du à +. MRESRNIO. —— lombricojdes-; . ...,. 023780, ——— nINIdUS. 54 OR. 8 0: —— squammatinus . .. 23, 57. —— sylvaticus …. …:. :f:022,33. —— Vadiepatus. * .%.5,. 22700 —— VID... DCR UNDER LYMNEA CMS VE. d'u PCR. —— autieularia :., 24 MOD NS1, 82 —— Cafaloniga... 7, NO ——— intermieqla 2”. : ._.. : 1009763:

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FABLE ALPHABÉTIQUE.

LYMNEA MMUtA.. » . . vr0n22;r81, 88 —— M'ONatE 1 de Le à à, C'PEUNODEIMRST, 84: —— peregra . . . à. 1,1 : 119249/81, 62. —— MARAIS UE | à: + LMD.

—— Mulgarise . . . +... - . 80

MÉLANIA CDALTENE à : .: . : à (029,107,

MELANOPSIS buccinoïdea . . . . 24. —— Costellata .+,. 4, 1.000 24 —— DuiOUriN 22 4 4 40 N VOIE

NERITINA BBC ne à ce ee OM —— COMAUER -..<.. . PONUO —— Danubialis . . . . 92. elongatula. . . . . 23, 96. —— AuMATILS . 50 à +: (090$ OIL. —— Guadianensis. . . . 23, 95. _—— Jordan... 0x dr 06:

—— inquinata. . . . . 23,95. —— serratilinea . . . . 92, 93. —— violacea . .. *. « 0. . 23, 92,

PALUDINA achatinà. . +: .#w.. 122,190.

_— JON 1 |. Lier. MINOR, 78408

—— ati ./. | “RNA.

ee D DT + NUE:

ue —— impura. . . . . . 22, 2h, 90.

—— suis. 2/0: NS) NON. 08 PARMACELLA Alexandrina . . . . 43, 46.

—— ambigua-. . . . . 2,43.

= calyeulata. .. . : : 90h

——- Mauritius. . . . . 416.

—— Olitieri. 40... ANNE.

—— palliolum . . . . . A5, 6.

—— Valenciennii . . . . 25,40, 4h, A7. PHYSA SCHL 7. UNE, SA

—— CONtOrtAL . . ….-. 1PN22 80. PLANORBIS CAF AS 2 0. Lrw22079.

VI

PLANORBIS

TABLE ALPHABÉTIQUE.

complanatus .

contortus . corneus devians hispidus . leucostoma marginatus

Spec. incerta.

Anglica antivertigo Dufourii . Farinesii . fragilis. granum muscorum quadridens secale . sexdentata umbilicata variabilis . abbreviata. amphibia . longiscata . oblonga Pfeiffer: virescens . ambigua . haliotidea . Maugei Batavus Bonellii Capigliolo . dactylus . Gargottæ . inCUrvus .

29, 80. 99, 80. 92, 78. 22, 80. 22, 80. 29, 80. 29, 80. 80.

29, 75. 99, 7h. 2h.

94.

99, 74. 29, 24, 74.

2160885 74.

24.

22, 2h, 7h. 45.

22; 2h, 74, 75, 24. 23, 54.

22, 26% 51, 52; 82.

93, 51. 5h.

51, 59, 53. 93, 53.

h2.

8, 49.

23, 48.

92, 409, 410. 416.

109.

23, 410. 109.

113.

UNIO

UNIOS VALVATA VITRINA

TABLE ALPHABÉTIQUE. vit

littoralis mucidus . pictorum . tristis . Wolwichit.

de France.

piscinalis . subglobosa

FIN DE LA TABLE,

29, 94, 443.

93, 10.

22, 24, 108, 410, 112. 93, 107.

93, 105.

108.

99, 90.

99, 50.

@ IMPRIME CHEZ PAUL RENOUA'D, EE

rue Garanciére, 5.

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DESCRIPTION

DES MOLLUSQUES

TERRESTRES ET PLUVIATILES

PORTUGAL.

CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.

En publiant la description des mollusques terrestres et fluviatiles que j'ai recueillis dans mon voyage, je re- grette de ne pouvoir pas élargir mon cadre et présenter l'ensemble de tous ceux qui appartiennent à la pénin- sule Hispanique; il m'a fallu quatre mois pour explorer imparfaitement le Portugal; un pays vaste et accidenté comme l'Espagne, eùt exigé pres d’une année, et les faibles résultats que je pouvais attendre ne n'auraient pas dédommagé du temps perdu dans les âpres monta- gnes et sur les plateaux arides qui en occupent l’inté- rieur.

Cependant quoique le Portugal, par sa constitution géologique, appartienne essentiellement à l'Espagne, on

I

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CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES,

ts

peut l'en détacher, jusqu’à un certain point, dans l’é- tude de Ïa nature organique , et particulièrement dans celle des êtres, qui, liés au sol par l'insuffisance ou l'ab- sence complète de moyens de locomotion, empruntent leur caractere aux régions qu’ils habitent, ou leur com- muniquent, comme les végétaux, la physionomie qui leur est propre. Le Portugal, borné sur plusieurs points par des chaines escarpées qui atteignent et dépassent la limite des neiges perpétuelles(r), et dans l'intervalle de ces chaines, par des fleuves généralement encaissés ; dégagé de l’in- fluence méditerranéenne et exposé dans toute son étendue à celle de l'Océan , réunit à l’égard de ces êtres un cer- tain nombrede conditions favorables à l’individualité. On en trouve la preuve dans la comparaison de la Flore de ce pays avec celle de l'Espagne, et surtout dans l'examen des mollusques terrestres etfluviatiles des deux contrées. Je distribuerai plus tard dans leur ordre géographique ceux qui sont répandus sur le sol portugais et j'y join- drai l’'énumération de tous ceux qui ont été observés : jusqu’à présent en Espagne. La comparaison de ces deux tableaux montrera que les espèces particulieres à l'une des deux régions, ne se retrouvent pas dans l'autre. . Lorsque l'utilité matérielle d’une science n’est pas évidente, chacun a le droit de demander quel est son but. L'étude des mollusques, en la restreignant surtout au cadre étroit que je me suis tracé, se trouve précisément

(x) La Serra de Senabria , sur les frontières de Galice , n'a pas moins de 2,600 mètres de hauteur, L'Estrella est aussi fort élevé,

CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES, 3

dans ces conditions. Je ne dirai pas pour justifier l'em- ploi de mes loisirs, que des hommes éminens en ont fait l’objet des méditations de toute leur vie; que, liée étroitement à l’histoire de la nature, elle complète la série des faits que nous enregistrons sur les êtres organisés ; que la comparaison de ces faits, lorsqu'ils sont assez nombreux, nous conduit à la déduction des rapports généraux, et donne vraiment une àme à l'Histoire natu- relle; que nous retrouvons, dans le seul examen d’une coquille, cette variété infinie de formes qui résulte d’une loi simple et unique; que l'analyse de leur organisa- tion intime nous révele, dans la série des fonctions cor- rélatives, des modifications plus variées et plus curieu- ses que dans toute autre branche du règne animal ; que l'Histoire du globe trouve dans leurs vestiges fossiles des lumières que l'Histoire de Phumanité emprunte aux dé- bris d’un autre âge ; qu'ils nous fournissent de précieu- ses données sur l’ordre que la nature a suivi dans la pro- duction des corps vivans; que l'aspect varié de leur enveloppe et la tendance qu'eile montre à réfléchir les influences locales en font un puissant auxiliaire dans l'étude de la géographie naturelle; et cependant ces considérations, même isolées, sont éminemment pro- pres à satisfaire un esprit sérieux; mais je dirai simple- ment que l'étude des relations qui existent entre ces êtres et le milieu qu'ils habitent, et l'examen de leurs rap- ports entre eux, rapports généralement exprimés par le corps protecteur, offrent une série de problèmes qui ne sont pas dépourvus d’un certain intérêt philoso- phique.

I

4 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINATRES.

En effet, tandis que des animaux d'un ordre infé- rieur maintiennent l'intégrité de leur forme et même de leur couleur , on voit ceux-ci varier comme le semis des plantes et se confondre entre eux dans leurs différentes espèces, au point de rendre à-peu-près impossible la détermination de leurs caracteres distinctifs. Faut-il croire, comme le professeur Rossmassler cherche à le démontrer dans un mémoire récent (1), que les mol- lusques occupent un rang tellement inférieur dans l’é- chelle des êtres organisés, qu'ils sont privés de l'énergie vitale nécessaire au maintien de leur espèce, et que l’action répétée des circonstances extérieures , maîtrisant chez eux la tendance qu'ont tous les corps vivans à se maintenir dans leur intégrité , entraine insensiblement la variabilité de leurs formes? Mais au milieu de cette oscillation perpétuelle, certaines espèces conservent les caracteres qui leur sont propres; pour expliquer cette exception, admettrons-nous avec le même observateur que la nature, marchant au perfectionnement successif des formes, a tracé aux espèces, comme aux individus, uue période d’accroissement, d'état stationnaire et de décrépitude, et que l’invariabilité ou la variabilité de l'espèce dans ses divers degrés, correspond à l’un de ces trois âges ? On reconnait dans ce système, qui, du reste est assez ingénieux, la tendance de l’école alle- mande, qui converge toujours vers la loi imaginaire de l'unité de pan et de composition dans la nature orga-

Ê : . : ne : nique. Mais Je ne le crois pas conforme aux faits qui

{ 1) Zconographie des moll, terrestres et fluviat, de l'Europe, xnx° lis, p. 3, 4, ele,

CONSIDÉRATIONS PRELIMINAIRES. 5

ont étéobservés jusqu'ici. Il faudrait effectivement, pour l’adopter , anéantir l’organisation compliquée qui assi- gne aux mollusques un rang assez élevé dans la classe des invertébrés pour les reléguer aux derniers degrés de "échelle animale, degrés nous voyons des êtres chez lesquels les facultés vitales sont à peine éveillées, repro- duire leur espèce, malgré l’infériorité de leur organisa- tion, avec des caractères parfaitement reconnaissables. La nature qui n’a créé que des individus, j’en conviens, ne les a point abandonnés aux influences du milieu qu’elle leur assignait pour domaine sans leur donner en même temps, avec l'instinctnécessaireàleur conservation, la force de résistance propre à maintenir leur individua- lité. Nous en voyons la preuve dans le soin qu’elle a pris de leur inspirer une aversion réciproque qui na pour but que d'empêcher leur altération mutuelle. Jadmets que l'influence de l’homme, la plus puissante de toutes, puisse troubler cet ordre dans de certaines limites; mais elle est nulle pour la majeure partie des animaux qui vivent à l'abri de sa domination dans les conditions les plus favorables au maintien des lois qui ont été as- signées à leur organisme.

La géologie ne prouve pas davantage, comme la déclaré un savant dont l’opinion sera toujours d'un grand poids (1), que la nature, dans la création des corps organisés, ait commencé par une ébauche sus- ceptible d’un perfectionnement graduel et indéfini ; que les espèces, en conséquence, ne constituent qu'un

(+) Cuvier; Discours sur les Révolutions du Globe, p. 125.

6 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.

état transitoire, une modification maladive d’une forme sur son déclin. Nous voyons au contraire en interro- geant les dépôts d’un autre àge, des êtres tout-à-fait à part, dont les analogues souvent n'existent plus ; d'autres qui différent très peu des races actuellement existantes, les uus et lesautres détruits à diverses époques par des circon- stances inconnues, sans laisser aucune trace de ces modi- fications successivement perfectionnées qui devraient les unir entre eux et les enchainer aux espèces contemporai- nes. Qne devient d’ailleurs ce perfectionnement (selon l'idée que nous semblons y attacher), lorsque nous découvrons sur notre continent appauvri ces débris gigantesques, témoins irrécusables d’une époque de vi- gueur et de puissance. La modeste réritine de la Seine (pour puiser un exemple dans mon sujet) ne parait-elle pas au contraire une ébauche des belles espèces qui vi- vaientautrefois aux environs de Paris(1)? Je concois, dans de certaines limites que la nature a fixées elle-même, les modifications qu’entrainent insensiblement le climat, la uourriture et l'éducation ; mais je ne saurais admettre que l’action continue d’une cause originairement insuffi- sante puisse, dans un moment précis, altérer la com- position d’une organisation qui s’est maintenue jusque- malgré elle dans l’intégrité de ses rapports. L’embarras que nous éprouvons à introduire parmi les mollusques une classification satisfaisante, ne résul- te-t-il pas des difficultés qui environnent l'étude de leur constitution organique, difficultés que nous croyons

(1) Fntre autres , la Weritina conoidea, Desh.

CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. ÿ

éluder en bornant notre examen à leur enveloppe ex- terne, soumise, par son extrême dépendance, à l’in- fluence d’une foule de circonstances modificatrices? Re- marquons, en effet, que les mollusques qui empruntent seuls, parmi les animaux, leur détermination spécifique à un corps à-peu-près étranger à leur organisation , sont en même temps ceux qui présentent ces difficultés au plus haut degré. IL est certain que nous sommes loin encore de pouvoir indiquer avec précision les différences ou les analogies qui les caractérisent. Sans parler des modifications nombreuses de l'appareil générateur et de ses dépendances, qui jouent le rôle principal, comme l'a fait observer M. de Blainville, dans la distinction des espèces (1), l'organe producteur de ces coquilles variées dont l'importance est si grande dans nos classifications, nous est-il bien connu? N’est-il pas évident que les cryptes muqueux de l’Æelix nernoralis, par exemple, qui déposent à la surface de la coquille une substance jaune uniforme, doivent différer, en quelque point de leur structure, de ceux qui la revêtent d’un épiderme ou noirâtre ou nuancé de plusieurs couleurs ? La sécrétion qui produit un test corné ou transparent ne diffère-t-elle pas , dans sa composition chimique, de celle qui engen- dre une coquille opaque? Et cependant, à nos yeux, l'appareil sécréteur se montre, dans ces cas variés, sous une forme à-peu-près identique. Je me garderai bien d’en induire que les modifications les plus minimes dans des organes d’une importance secondaire doivent

(1) Manuel de Malacologie, p. 205.

8 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.

entrainer une distinction spécifique ; je veux seulement rappeler à mes lecteurs que nos données ne sont point assez complètes encore pour trancher ou abandonner une question dont la solution réside dans des caractères tres difficiles à apprécier. Continuons donc à enregis- trer des observations spéciales, et ne désespérons pas de voir un Jour ces faisceaux isolés, solidement liés entre eux par la connaissance leurs rapports. On n’en doit pas moins quelque gré aux naturalistes qui s’appliquent à les coordonner d'avance; il est juste de distinguer parmi eux le savant auteur de lIconographie qui pa- rait dirigé dans ses recherches, non-seulement par l'attrait d’une question philosophique, mais encore par le désir de débarrasser la science d’une nomenclature indigeste et stérile.

Lorsqu'on jette les yeux sur la carte du Portugal et que l’on considère, sous une latitude favorable au déve- loppement et à la reproduction des êtres, ce réseau de montagnes qui varie sans cesse l'élévation du sol et ces nombreux cours d’eau qui promettent tant de fraiches vallées, on doit croire que la réunion de humidité et de la chaleur, ces deux principes de la vie, et l’inégalité du climat, réservent au naturaliste, surtout dans les de- grés inférieurs du règne organique, de nombreuses Jouissances. Malheureusement il n’en est pas ainsi ; et quoique j'atiribue à la composition minéralogique du sol l’infériorité relative de cette région, je suis loin de pouvoir n’expliquer d’une manière satisfaisante la rareté des mollusques que la nature y a répandus. La solution de ce problème nous fournirait sans doute de

CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES, 9

précieux indices sur les relations directes qui enchainent ces animaux à l'écorce du globe.

Le sol du Portugal est généralement sec et dépouillé; une masse énorme de grès schisteux couvre le granit d’une extrémité à l’autre; çà et il se montre à la sur- face comme aux environs de Porto, à Cintra, dans la Serra d’Estrella et surtout dans les provinces du nord.A peine une ou deux chaïnes @alcaires s’élèvent-elles au milieu de cette triste variété de sables et d’argiles. Une vaste plaine, la seule qui apparaisse parmi ces montagnes amoncelées, s’étend sous le nom d’Alemtejo (1), de la rive gauche du Tage jusqu'aux frontières de VAl- garve (2). Privée d’eau et brülée du soleil, elle n'offre au voyageur altéré que des landes sablonneuses, entre- coupées de collines stériles se dessine rarement un maigre bouquet de pins. Le Portugal ici n’est plus l'Asie de l'Europe (3), mais une variété de l'Afrique. Les ri- vières elles-mêmes, encaissées dans de profonds ravins, sont impuissantes pour le fertiliser. J'ai remonté la Guadiana depuis son embouchure jusqu'au territoire Espagnol, et je ne connais rien de plus triste, de plus aride, de plus dépouillé que ses rivages. Sur un sol aussi ingrat, la végétation est bornée dans ses espèces et toujours chéiive; ce sont des Céstes très diversifiés, des Bruyères, des Citises, le Quercus humilis et V Arbou- sier. On comprend que les animaux qui se nourrissent

(1) Alem-Tejo, littéralement : au-delà du Tage. (2) AI Gharb, l'Occident ; souvenir de la domination arabe,

(3) Expressions de Linué.

10 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES,

de végétaux et qui ont besoin d’humidité et d’abri, comme les mollusques terrestres, n’y trouvent point au degré convenable les conditions favorables à leur existence. Il y a même, en général, peu de vie dans ces déserts, car les insectes redoutent à leur tour le voisi- nage de ces plantes visqueuses qui envahissent d’im- menses espaces que l’homme ne daigne pas leur dis- puter (1).

Au contraire, dans les fraiches oasis qui contrastent de loin en loin avec le dépouillement général, à Cintra, par exemple, l’industrie humaine a créé de magnifiques ombrages et distribué avec intelligence les eaux qui se perdaient dans le sol, on voit les mollusques multiplier, favorisés dans leurs habitudes par la fraicheur des arbres et l'humidité des vieux murs.

Ces considérations sont évidentes dans leur généra- lité, mais elles ne suffisent pas pour tout expliquer, et il nous manque un élément de solution. En effet, oublions un grand nombre d'espèces qui vivent et se propagent dans les localités arides, puisque la nature ne les a point placées en Portugal (2), et descendons dans les vallées fraiches et accidentées du Minho, qui contrastent victorieusement avec les plateaux dénudés qui les domi- nent,les tristes solitudes de l’Alemtejo,les grèsstérilesdela province de Beira et les collines noires et monotones de PAlgarve. Ici, le voyageur chemine sous de délicieux

{1) On nomme ces forêts naines Charneca. Ce sont les makis de Ja Corse et de la Sardaigne ( de macchia, broussailles en italien.) &

(2) Par exemple l'Helix Gualteriana , multipliée dans les rochers calcaires d’Almeria , les plus désolés, les plus arides quej e connaisse.

CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 41

ombrages, au bruit des eaux qui coulent de tous côtés ; le feuillage varié des orangers, des oliviers, des châtai- gners et des chènes annonce un climat fortuné : des cô- teaux boisés , des roches nues et escarpées, des ravins ombragés, des murailles humides, tapissées d’innom- brables fougères promettent une récolte abondante, et cependant l'espoir d'y recueillir des mollusques est souvent frustré; à peine, après de longues recherches, en découvre-t-on un petit nombre appartenant tou- Jours aux mêmes espèces ; les eaux elles-mêmes en sont privées ; quelle peut en être la cause? Ce n’est plus ici l'insuffisance de l'abri et de la nourriture, car ces deux conditions sont également remplies ; il est donc évident qu'il en existe une autre, fondée sur des rapports que nous n'avons pas encore observés et qui, ne dépendant ni du sol ni de la nourriture, d’une manière absolue, résulte probablement de l'influence de l’un sur la com- position chimique de l’autre.

Je ne suis pas le premier qui ait signalé une relation obscure entre les mollusques terrestres et l'écorce du globe; c’est-à-dire la dépendance qui existe entre leur multiplicité, la distribution de leurs espèces et la na- ture du sol. Cette particularité s’expliquait naturelle- ment par les phénomenes de la végétation qui variant elle-même selon les mémes circonstances, leur offrait une nourriture plus ou moins abondante, plus on moins appropriée à leurs besoins; cependant ces ani- maux ne bornent pas leur alimentation à un petit nombre de plantes affectées à certains terrains; en outre, comment expliquer leur accumulation dans un rayon

12 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES:

aride, quand la contrée voisine, bien plus favorisée, en est à-peu-près dépourvue, comme je pourrais en citer de nombreux exemples ? Une végétation variée etabondante ne remplit donc pas, ainsi que je l'ai déjà fait observer, toutes les conditions nécessaires ; elle ne les remplit sans doute que dans des circonstances données, c’est-à-dire lorsqu'elle s’assimile dansde certaines proportions, quela nature du sol rend variables, lesélémens nutritifsnécessai- res à leur composition, et notamment à l'entretien de la sé- crétion qui produit la coquille. Le travail organique qui préside de part et d'autre à l’assimilation d’élémens choi- sis que les végétaux puisent dans le sol pour les trans- mettre aux mollusques , n’est autre chose que la nutri- tion, fonction mystérieuse , dont une partie des actes nous échappe, car ils renferment le secret de la vie; c'est elle qui élahore les substances minérales destinées à la formation de la coquille, et nous savons que la pro- portion et la nature de ces substances varient dans les mêmes espèces de plantes avec le sol quiles nourrit. Ces considérations sont fortifiées par un grand nombre d’ob- servations que j'ai faites sur la distribution géographique des mollusques terrestres, et sur les variations propor- tionnelles du carbonate de chaux qui solidifie leur test. En bornant leur application au Portugal, j'ai constaté leur rareté dans les provinces schisteuses et granitiques du nord que j'ai visitées à une époque favorable ; à peine les montagnes calcaires apparaissent-elles près de Coïm- bre, qu'on les voit se multiplier, en suivant leur direc- tion, jusqu'aux environs de Lisbonne. Le midi pré- sente les mêmes circonstances. Les schistes et les gres

CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 43

si frais, si accidentés de Portalègre abritent peu de mol- lusques; tandis qu'ils reparaissent en grand nombre avec le calcaire lamelleux d’Elvas et dans les collines arides, mais également calcaires de Silves et de Loulé en Algarve. \

En second lieu, les espèces munies d’une enveloppe opaque et résistante m'ont paru s’accumuler de préfé- rence dans les terrains calcaires, tandis que les mollus- ques à test mince et presque membraneux vivent indif-

féremment sur un sol schisteux ou granitique et dans le

5 voisinage des eaux. Ainsi, les Limaces, et les Hélices crys- tallina , cellaria, barbulæ, nitens, etc., dont la coquille renferme une proportion plus forte de matière animale se trouvent d’un bout du Portugal à l’autre, et persis- tent seules sur toute espèce de sol. On pourrait ajouter à ces considérations générales plusieurs observations, particulières quinous montrent des tests, habituellement opaques, perdre une partie de leur carbonate de chaux quand l'animal est sur un sol granitique ou schisteux ; mais j'avoue que ces exemples, d’après le petit nombre de renseignemens que nous possédons jusqu'à présent, n'étant pas absolus, il faudrait expliquer les exceptions, ce qui nous conduirait à substituer des conjectures sys- tématiques à l'appréciation des faits.

J'espérais puiser dans le musée de Lisbonne quelques données utiles sur les productions naturelles du pays que j'allais parcourir; j’espérais également, en visitant les bibliothèques de Coïmbre et d’'Evora découvrir parmi les manuscrits qui y sont ensevelis le nom de quelque naturaliste ignoré qui yint grossir la liste des auteurs

14 COXSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.

nationaux; mes recherches ont été vaines, les travaux des savans portugais en Malacologie se réduisent à un catalogue imprimé dans le premier volume des mé- moires de l’Académie de Lisbonne, sous le titre suivant : Specimen fauncæ et floræ Lusitanicæ, aut. Domin. Van- delli, 1797. Voici le passage complet relatif aux mollus- ques terrestres et fluviatiles :

Limax ater. Mollusca . . . .

agreslis, / Helix lapicida. | albella.

pomalia, HESTAREANE Le ? s nemoralis,

grisea.

decollata. Je n'ai pas besoin d’ajouter que ce catalogue imparfait et dépourvu de descriptions ne donne qu'une idée fort inexacte des productions du pays (r).Quant au Muséum de la capitale, je ne sais trop dans quels termes en parler; un Français aurait mauvaise grâce à critiquer la pauvreté de cet établissement; il faudrait oublier que nous nous sommes enrichis de ses dépouilles (2). Si quelque chose peutnous en consoler, c’est la conviction que cesrichesses, dans l'intérêt des sciences et de l'instruction publique, sont placées chez nous dans de meilleures conditions. Le musée de Lisbonne , en effet, est plutôt un musée de parade qu'une collection scientifique; les noms et les

(x) Je ne sais si l’auteur s’est piqué d’exactitude ; sur six espèces qu'il a choi- sies, il y en a trois que je n’ai pas rencontrées.

(2) Nous possédons entre autres la fameuse Gryphæa que l’on a crue Jun peu légèrement , originaire du Tage,

CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 45

localités sont généralement négligés et pour me borner à un exemple, je citerai deux espèces indigènes, la Par- macella Valencienni et Y Helix barbula qui y figurent sous les noms de J'estacella haliotidea et d’Helix erice- _torum , Vune et l’autre étrangères au Portugal. Quant à l’Université de Coïmbre, pleine de vénération pour le père de l’histoire naturelle, elle repousse, comme ir- révérencieuses, toutes les idées nouvelles qui ten- draient à modifier son système.

Les sciences naturelles sont donc en Portugal dans un état voisin de l'enfance; la nation, préoccupée d’au- tres besoins , privée d’émulation par l'isolement, privée d'encouragement par l'indifférence d’un gouvernement mal assis, les dédaigne comme un luxe inutile; ce n’est pas l'intelligence qui lui manque, mais l’esprit d’obser- vation et le goût des études sérieuses que la sécurité et le bien-être, fruits d’unelongue paix, développentinvincible- ment chezies peuples civilisés. Le génie aventureux qui la conduit à travers des mers inconnues à la découverte d’une moitié du globe, n’a jamais eu le temps de prendre une forme spéculative pour observer et méditer sur les merveilles qui se déroulaient à ses regards. Elle a trouvé pour conquérir de l’or et pour sauver des âmes une énergie que l’Europe admire encore, mais qui s’est dis- sipée en actes extérieurs, sans que l'étude et le travail aient perpétué par un monument durable le souvenir de tant d'efforts. La noble émulation de quelques hommes d'élite qui fonderent, à la fin du dernier siècle, un corps savant destiné à répandre le goût des sciences et à pro- pager les lumières, n’a produit qu'un résultat éphémère,

16 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.

etles mémoires de l’Académie de Lisbonne n’offrent plus aujourd'hui que des communications d’un médiocre in- térêt (1). Et cependant, sans franchir les mers, que de justes motifs pour exciter l’émulation du naturaliste! De Lisbonne, les planes brumeuses de l’Alemtejo ap- paraissent, par-delà l’immense largeur du Tage, comme la limite d’un pays inconnu. On sait que vers le sud elles sont bornées par l'Océan et prennent le nom re- doutable d’Algarve; mais l'espace intermédiaire est ou- blié; le navigateur fréquente, il est vrai, ces rivages ; mais aucun lien ne les réunit à la métropole à travers l'intérieur. Ce fait n’est pas exagéré : croirait-on qu’en cherchant à obtenir des renseignemens sur cette région avant de m'y aventurer, il m'a été impossible de dé- couvrir un seul homme qui l’eüt parcourue ?

Je passe maintenant à quelques explications sommaires sur les principes qui m'ont dirigé dans ma classification.

Je considère tous les gastéropodes comme divisés en deux groupes, indépendamment du milieu qu'ils habi- tent; ceux qui respirent librement lair atmosphérique au moyen d’une cavité branchiale et ceux qui respirent dans l’eau par l'intermédiaire de branchies pectinées. Après les organes de la respiration, ceux qui n'ont paru mériter la préférence pour servir de base à une coupe

(x) On trouve dans les premiers mémoires de cette compagnie des instruc= tions détaillées qu'elle adresse à ses correspondans sur les méthodes les plus propres à recueillir des objets d'histoire naturelle, dans le but de créer un Musée national, Ces instructions ont été imprimées séparément en 1791 avec cette épi- graphe : nist utile est quod facimus stulta est gloria ; pensée noble et féconde, si

elle n'eül pas avorté presque à sa naissance,

CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 17

secondaire, sont les organes de la génération qui, sépa- rant ou confondant les sexes sur un même individu, exercent une influence incontestable sur les mœurs et les habitudes de la famille. J'ai donc suivi l’exemple de M. de Blainville, et distingué les Pneumobranches en Monoïques et Dioïques.

Le genre #ncylus, dont les caractères ont présenté jusqu’à présent tant d'incertitude, ne peut être classé que d’une maniere arbitraire, selon l'opinion que l’on adop- tera relativement au mode de respiration. Les circon- stances dans lesquelles j'ai souvent observé les mollus- ques appartenant à ce genre, la grande probabilité qu'ils réunissent les deux sexes, l'absence de l’opercule dont tous les Pectinibranches fluviatiles sont pourvus, m’en- gagent à les considérer comme de vrais Pneumobranches qui jouissent à un degré plus élevé, de la faculté de con- server l’air nécessaire à la respiration, en s'appliquant exactement sur les corps submergés (1). Je les ai donc Jaissés parmi les Pneumobranches monoïques en les séparant néanmoins des Lymnéens dont ils diffèrent : par la forme de leur coquille; par une modification dans l’organe, ou au moins dans la fonction respira- toire; enfin par l'incertitude que présente encore leur organisation.

J'ai confondu les genres Achatina et Bulimus, parce que les animaux, d'apres l'observation de M. Deshayes, se ressemblent dans toutes les parties essentielles de leur

(1) Dupuy; Essai sur les Moll. du Gers, p. 59. Poyez aussi les observations de M. Bouchard-Chantereaux , dans les Mémoires de la Soc, d’Asric, de Boulogne,

2

18 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.

organisation, et que la troncature de la columelle, très peu sensible sur les espèces de nos pays, s’efface gra- duellement, au point de rendre imaginaire la limite qui en forme la séparation. On connait aujourd’hui des Hélices qui présentent la même particularité, sans que l’on ait songé à les distraire de leur famille naturelle pour en former un genre nouveau. J’en dirai autant des V'ertigos que je réunis aux Pupas, en attendant que leurs caractères distinctifs soient établis d’une maniere évidente.

Enfin , en reconnaissant avec M. de Férussac que l’ab- sence de pore muqueux terminal et le perfectionne- ment du rudiment testacé fournissent les élémens d’une coupe intéressante dans la famille des Limaces, je ne lui accorde néanmoins qu’une valeur secondaire, parce que les caractères qui lui servent de base me paraissent sans importance sur l'organisme. L'un d'eux s’évanouit même par la découverte d’une véritable Limace (L.anguiformis) dont la cavité branchiale est tout-à-fait antérieure.

La classification des coquilles, c’est-à-dire l’abstraction de certaines diversités et la combinaison des ressem- blances présente plus de difficultés, parce que les appré- ciations sont plutôt le résultat du tact que celui d’une règle précise. C’est ici que la nature, dans ses combi- paisons variées, se joue vraiment de nos efforts pour lui tracer des règles. Nous voyons les formes les plus éloi- gnées, celles de lÆelix polygyrata et du Bulimus mariti- mus par exemple, senchainer et se fondre l’une dans l'autre par une succession imperceptible de transforma-

tions graduées. La limite entre les Hélices et les Bulimes

CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 19

(deux genres qui different par une modification légère de l'appareil générateur ) est indéterminable par le seul examen de la coquille. Sans pousser plus loin ces considé- rations, je ferai remarquer que la comparaison d’un grand nombre d’Hélices a constaté parmi elles quatre formes gé- nérales , auxquelles il est possible de les ramener toutes à-peu-près. On peut les distribuer en coquilles aplaties, subdéprimées, globuleuses et trochiformes. Cette distinc- tion, qui est loin d’être rigoureuse, est basée sur le facies , sur l’ensemble de la coquille. Quant à la carène et aux particularités de l'ouverture et de l’ombilic, je les considère comme de simples accidens qui accompagnent ou non les quatre formes que je viens d’énumérer. On en tiendra compte, si l’on veut, dans chacun de ces groupes, mais en leur attribuant seulement une valeur de second ordre. Les mêmes principes peuvent s’appli- quer aux autres genres et notamiment aux Cyclostomes qui offrent toutes les combinaisons possibles, depuis la forme planorbique jusqu’à celle du Bulime, sans que l’on ait imaginé d’en composer comme on l’a fait pour les Hélices, autant de familles distinctes.

La coloration des coquilles tient beaucoup, comme on lesait, à l’action excitante de la lumière ; l’état de leur - surface, aux habitudes et au climat; la grandeur rela- tive, à l'abondance dela nourriture ; et la grandeur abso- lue, à la réunion des circonstances propres à développer énergiquement la vie dans tous les degrés de l'échelle organique. L'Italie nous présente déjà des espèces plus grosses, plus colorées, plus variées que les nôtres ; l’Es- pagne, qui jouit aussi de plus de lumiere et de chaleur

2,

20 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.

que nous, parait également plus favorisée ; néanmoins elle se montre inférieure à l’Italie parce qu’elle est moins humide et moins heureusement constituée ; en général, la température des îles, égalisée par le voisinage de la mer, offre un milieu dont l’action favorable n’est jamais interrompue par les transitions brusques ou prolongées qui se manifestent sur les grands continens; elles sem- blent donc éminemment propres au développement de la puissance vitale, dont elles nous présentent, chez les mollusques, les manifestations les plus belles et les plus variées. Madagascar, les Antilles, les Philippines, réunis- sent sans doute ces conditions à un haut degré.

On peut remarquer en outre parmi les mollusques comme chez les animaux d’un ordre plus élevé, un rap- port entre le climat et la tendance de la nature à produire certaines formes déterminées. Ainsi les Achatines forte- ment caractérisées, appartiennent presque toutes à l’A- frique occidentale, dans le voisinage du tropique; la forme turriculée est dominante dans l'Amérique du Sud. La Malaisie nous montre un grand nombre d'espèces dont la spire développée et l’ouverture arrondie, oscillant entre la forme de l'Hélix et celle du Bulime, rendent, en l'absence de l'animal, leur véritable place très incertaine dans une collection.

Si l’on applique ces réflexions au Portugal et qu’on jette un regard sur l’ensemble de ses mollusques, on est frappé de leur infériorité relative, qui accuse un sol maigre et une nature bornée dans ses efforts. Les Hélices les plus grosses, inférieures à celles de la France te mpérée, nelui appartiennent pas et y sont arrivées sans

CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES, 21

doute du continent voisin. La rareté des Bulimes, la pré- dominance des formes planes, la paleur des nuances caractérisent la froide Europe, tandis qu’un très petit nombre d’espèces, malgré l’immensité de l’espace, se rattache aux iles de l'occident. Enfin la fragilité de leur test, la substance crétacée est peu abondante, parait en harmonie avec la constitution minéralogique du sol les terrains schisteux et granitiques sont dominans. Ces relations sont confirmées pas l’examen des mollus- ques fluviatiles qui, vivant dans des circonstances moins dépendantes du sol, se montrent plus nombreux et plus variés.

On remarquera avec surprise que les cours d’eau du Portugal ne m'ont point offert une seule mélanopside, quoique cette famille, trop abondamment multipliée dans les localités qui lui conviennent pour échapper aux investigations, soit répandue sur tout le littoral de l'Es- pagne, au-delà de la Guadiana. Les Clausilies, famille essentiellement orientale, se bornent à une seule es- pèce (1); enfin je n’ai rencontré aucun individu de la section des Cyclostomes que les Allemands, classifica- teurs minutieux, ont distinguée sous lenom de Pomatius, et qui se plaisent cependant dans les montagnes tem- pérées.

(1) On en connait trois des iles Madère, mais l'Afrique septentrionale n'en produit pas une seule,

12 15

CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES,

Distribution géographique des mollusques terrestres et fluviatiles

du Portugal.

1. Espèces qui se retrouvent en France et qui appartiennent généralement au littoral de la Méditerranée.

Arion ater.

rufus.

fuscatus. Limax sylvaticus

variegatus.

agrestis. Vitrina subglobosa. Succinea amphibia. Helix aspersa.

Jactea.

nemoralis.

Pisana.

variabilis.

intersecta.

‘— carthusianella.

candidula.

apicina.

conspurcata.

cellaria.

nitens.

crystallina.

pygmϾa.

rotundata.

Jlapicida.

lenticula.

rupestris.

fulva.

aculeata. Bulimus decollatus. acutus.

ventricosus. obscurus. lubricus. folliculus. Pupa secale.

granum.

umbilicata.

fragilis.

muscoruim.

Pupa antvertigo.

Anglica. Clausihia rugosa. Auricula minima.

myosotis. Planorbis corneus. —- carinatus. marginatus. leucostoma. contortus. hispidus. complanatus. devians. Lymnea ovata. auricularia. peregra. intermedia. minuta. Physa acuta.

contorta, Ancylus fluviatilis. Cyclostoma elegans. Valvata piscinalis. Paludina achatina.

impura. similis. acuta. anatina, gibba. Cyclas rivalis.

Jacustris.

Calyculata.

fontinalis. Anodonta cygnea.

anatina. Unio pictorum. Batavus. dittoralis.

ee QE CE PORC ETS ER

girl

CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.

2. Espèces qui se rattachent aux iles occidentales.

Testacella Maugeï. Helix barbula. Ancylus striatus.

mt

3. Espèces indigènes.

Arion sulcatus. Auricula ciliata.

timidus. Lymnea acutalis.

fuligineus. Ancylus vitraceus. Limax nitidus, stricius.

anguiformis. : obtusus.

squammatinus. Neritina violacea.

viridis. Guadianensis.

lombricoïdes. inquinata. Parmacella Valenciennii. elongatula. Succinea longiscata. Melania Charreyi.

virescens. Anodonta regularis. abbreviata. macilenta.

Helix inchoata. Lusitana.

ponentina. ranarum.

cistorum. Unio dactylus.

Lusitanica. mucidus.

simplicula. Wolwichii.

turriplana. tristis.

serrula. Auricula gracilis. 38

RÉSUMÉ . OS EL Ent RU 29 3

DONC RAS er ee EU OS

Total général . . 118 espèces.

[Es Co

24 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.

Tableau general des mollusques terrestres et fluviatiles qui ont élé observés en Espagne jusqu à présent (r).

Limax gagates,Lamk. * Helix conoïdea, Malaga. * Succinea amphibia, Valence. Bulimus decollatus, Fer., in coil. * Helix cellaria, Gibraltar. ventricosus, Fer. Boissyi. Terv. acutus, Fer., in collect. finitima, Fer., in collect,, folliculus, Fer. Gibraltar (2). Pupa secale, Fer. Jlenticula, Fer, variabilis, id. in collect. albella, Fer. * granum, Carthagène. * amanda, (Rossm.), Alicante. * Farinesii, Alicante. Gualteriana, Lin. * umbilicata, Barcelone. Carascalensis, Fer. * quadridens, Barcelone. martigena, Fer. Dufourn, Fer. cespitum, Fer. Clausilia corrugata, Fer. splendida, Fer. papillaris. coll. du Muséum. conspurcata, Fer. clausa, Fer. in collect. Ca- variabilis, Rossm. talogne (3). strigella, Fer. Lymnea Catalonica. Parr., in catal., subrostrata, Fer. Villæ. vermiculata, Lamk. ovata, Fer., in coll. Alonensis. Fer. Physa acuta, id. Hispanica, Partsch in Rossm. * Cyclostoma elegans, Barcelone. Jactea, Fer. ferrugineum, Lamk. marmorata, Fer. Woltzianum, Fer.incol. lanuginosa, Boiss. * Paludina, impura, Vaience. Pisana, Fer. in collect. 5 similis, id. glomerata, id, Carthagène. * acuta, id. Cariosula, id. in collect. * Neritina fluviatilis, id. candidissima, Fer. Bœtica, Lamk. ligata, Lamk. Melanopsis buccinoïdea, Fer. hortensis, Villa in catal. coll. Dufourii, Fer. (4). aspersa, coll. du Muséum. costellata, Fer. * pyramidata, Alicante. * Unio pictorum, Valence. * rupestris, Gibraltar. littoralis, Lea. * elegans, Malaga. conica, Rossm. 65

(1) Ce catalogue n'ayant pour objet qu’une simple énumération , j'ai négligé la synonymie, et me suis borné, en choisissant la dénomination le plus généralement adoptée, à citer les auteurs qui m'ont fourni des renseignemens précis: Les espèces que j'ai recueillies moi-même et qui n’ont élé mentionnées nulle part à ma con- naissance sont précédées d’une astérisque.

(2) Indiquée comme venant de Tanger.

(3) Les Hélices Finitima et Glomerata, ainsi que la Clausilia clausa figurent dans la collection de Férussac, sans ètre mentionnées dans son prodrome.

(4) La Melanopsis Grællsii, Villa in litt. n’est autre chose que cette espèce, extrèmement variable dans sa forme et dans la dilatation du bourrelet sutural qui accompagne la spire,

s

CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 95

La combinaison de ces- deux catalogues donne 158 espèces pour la Péninsule ; mais le dernier est assuré- ment bien loin de renfermer la totalité des mollusques qui habitent une région aussi étendue, aussi accidentée que l'Espagne; presque toutes les espèces qui y figurent appartiennent au littoral ; les productions naturelles de l'intérieur nous sont à-peu-prèes inconnues. Néanmoins, il suffit pour montrer que la nature organique, dans les conditions de dépendance que je lui assignais en com- mençant, n’a pas réuni les mêmes formes dans les deux pays.

Il me reste à exprimer publiquement ma reconnais- sance aux personnes qui ont bien voulu s'associer à mon travail en me prêtant l’appui de leurs lumières et de leur expérience ; M. Frédéric Wolwich, directeur du jardin botanique de Lisbonne, a mis généreusement à ma dis- position les matériaux qu’il avait recueillis dans les envi- rons de cette capitale et entre autres l’Uz10 remarquable auquel j'ai donné son nom et que nous n’avons pas re- trouvé. MM. Terver et de Charrey m'ont prêté leur con- cours dans la détermination des espèces incertaines ; et enfin, M. Deshayes a bien voulu surveiller pendant mon absence, l'exécution des planches qui accompagnent cet ouvrage, Je les prie d'agréer mes sincères remercimens.

Dijon, 12 mai 1845,

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MOLLUSQUES CEPHALES. Elasse des Gastéropodes. ORDRE DES PNEUMOBRANCHES.

PREMIER SOUS-ORDRE.— MONOIQUES.

PREMIÈRE FAMILLE.—LES LIMACES.

GENRE ARION. Fer.

1. ARION ATER, Fer. (Zimax. Drap.). Var. « Drap. 7 Drap. nigricans, margine nigro.

Cet Arion offre les caracteres essentiels de la Linace noirätre de Draparnaud. La cuirasse est granuleuse, le corps rugueux et arrondi, la cavité branchiale grande et un peu en avant; le pore muqueux très apparent; la marge du plan locomoteur ornée de linéoles trans- versales; la tête et les tentacules toujours noirs.

J'ai trouvé les variétés « ete dans la province de Tras- os-Montes; ; dans le sud, aux environs de Monchique.

28 MOLLUSQUES CÉPHALES, 2. ARION SULCATUS. Spec. No.

PI'aT-

A. omninè niger, margine radiato, castaneo; clypeo granuloso; corpore sulcis tæniæformibus exarato. Aperturâ branchiali subanticä.

Les rides larges et profondes qui sillonnent ce mol- lusque le distinguent au premier aspect et ne permet- tent pas de le confondre, malgré lanalogie d’un certain nombre de caractères, avec le Linax ater de Drapar- naud, La cuirasse est chagrinée et les sillons sont ornés eux-mêmes d’une vermiculation très fine, dont l’aspect varie selon la position de l'animal. Dans l'extension, ce sont des rides grenues, rarement anastomosées, qui accompagnent les ondulations du corps; lorsqu'il se contracte, ce sont des sillons profonds brisés à angle aigu, traversés par des rides perpendiculaires et super- ficielles. La marge du plan locomoteur est étroite et rayonnée ; la cavité branchiale située en avant et forte- ment dilatée; la taille, généralement constante, atteint 15 ou 16 centimètres dans la plus grande extension.

Le manteau de ce mollusque est d’un noir brun, quelquelois bleuâtre, qui s’éclaircit sur la marge du plan locomoteur et prend une couleur marron. La cui- rasse offre dans son épaisseur une poussière calcaire qui differe par son extrême division des concrétions irré- gulières de lA{rion ater. Le mucus est blanc-jaunätre.

Quand l’animal s’est contracté à la suite d’un attou- chement, avant de se dilater de nouveau, on le voit se balancer long-temps de droite à gauche, par un mouve- ment d’oscillation fort singulier.

“i

PNEUMOBRANCHES. 99

Habite avec le précédent les provinces du nord et F

particulièrement celle du Douro. Commun aux envi-

rons de Porto.

3. ARION RUFUS. Fer, (Limax. Drap.). a rufus, margine coccineo. B rufus, utrinquè faciä nigrä, margine ferrugineo vel cinereo. omnino fuscus, margine coccineo,

À ferreo fasciato, margine lutescente.

Je crois que c’est avec raison que j'ai considéré ce mollusque comme une variété de l’{rion rufus. Quelle que soit la sûreté de Ja mémoire, il est fort difficile, en l’absence de tout élément de comparaison, d'apprécier nettement les différences qui ne sont point basées sur des caractères précis, mais qui résultent plutôt de la physionomie et de l’ensemble. La forme plus allongée de cet Arion, la disposition particulière du tissu cutané, dont lesrides plus profondes et plus courtesenveloppentle manteau d’un réseau de papilles anguleuses très saillantes dans la contraction, les fascies dont la variété la plus abondante est ornée, quand l’Arion rufus en esttoujours privé, m'ont engagé long-temps à l’envisager comme une espèce distincte, Aujourd’hui ces circonstances di- verses, peu importantes sur l'organisme, me paraissent rentrer dans la limite des modifications qui appartien- vent aux influences locales. Les caractères essentiels , tels que la situation de lorifice de la respiration, les concrétions calcaires sous la cuirasse , et d’autres acces- soires, comme la couleur jaune du mucus, sa consis- tance gélatineuse et la découverte postérieure de varié-

30 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

tés uniformément colorées, me décident à le réunir à la Limace rouge de Draparnaud.

Les variétés « et, dépourvues de fascies, habitent les montagnes fraiches et ombragées de Cintra, f tout le Portugal, 3 la Serra d’Arrabida, à cinq lienes, au sud- ouest de Lisbonne.

4. ARION FULIGINEUS. Spec. Nov.

PI. IL, fig. r.

A. fuligineus; margine angusto, radiato, rubeseente, antice flavo; clypeo gibboso, vermiculato; corpore ruguloso; aperturà branchiali subanticâ,

Le corps est ridé longitudinalement et terminé en pointe obtuse; la cuirasse, irrégulièrement bossue, très finement chagrinée ; le plan locomoteur est large, ses bords étroits; les tentacules courts; la cavité branchiale un peu en avant; le manteau est d’un brun enfumé, très foncé sur la tête et sur les tentacules; la portion qui s'engage habituellement sous la cuirasse demeurant in- colore, comme il arrive généralement chez les autres espèces. Le plan locomoteur est jaunâtre, surtout anté- rieurement : sa marge est finement rayonnée, d’un jaune vif à la base du cou, rougeàtre jusqu’à l’autre extrémité.

Un petit nombre de concrétions aplaties dans la cui- rasse.

J'ai trouvé ce moliusque sur la paroi d’un chemin

creux aux environs de Ponte do Lima, dans la province de Douro.

PNEUMOBRANCHES, 31

5, ARION TIMIDUS, Spec. Nov.

PI. IL fig. 2.

A, fusco-nigricans; margine lutescente, radiato, lineä castaneä bipartito; clypeo parvo, vermiculato; corpore cylindraceo, postice obtusim conoïdeo, rusticè sulcato; capite tentaculisque brevibus, sæpiùs semi reductis ; cavitate branchiali anticä.

a fusco virescens, margine ferreo, capite tentaculisque nigris.

Lorsque ce mollusque est entièrement contracté , on le prendrait difficilement pour un corps organisé. L’ex- trémité caudale sarrondit brusquement et il n'offre plus qu'une masse noirâtre, d'une apparence spongieuse, que la tension des tissus lui fait perdre lorsqu'il se met en mouvement. Il développe alors avec lenteur un corps cylindracé, traversé longitudinalement par des rides grossières et peu profondes, dont l’anastomose prend une forme réticulaire sur les bords du plan locomoteur, et qui décroit insensiblement dans son diamètre, jus- qu’à l'extrémité inférieure terminée en cône obtus.

La couleur générale est un brun sombre et uniforine dont la nuance s’éclaircit sur la tête et sur les tentacules. Celle-là est courte et traversée par des sillons croisés à angle droit ; le cou, d’un blanc pâle, laisse apercevoir leconduit des nerfs optiques, comme deux bandes bleuä- tres qui se perdent sous l’écusson. Le disque ventral, couleur de fer, est traversé d’un bout à l’autre par une zône large et livide; sa marge est d’un jaune pâle, très vif à l'extrémité antérieure et rayonnée de linéoles bru- nes, inégales dans leur épaisseur. Une ligne de même couleur la divise dans toute sa longueur,

32 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

Le mucus est blanc. On trouve une poussière fine et peu abondante sous la cuirasse.

Ce mollusque offre une particularité constante dans le développement des grands tentacules. Quoiqu'il leur : donne rarement toute leur extension, l'extrémité oculi- fere est toujours visible. Un examen superficiel attribue- rait aisément à une anomalie dans la conformation ce qui est tout simplement le résultat d’un jeu particulier des muscles rétracteurs. La rétraction effectivement , au lieu de s’effectuer du sommet à la base, ne s'exécute alors que dans la région sub-antérieure des tentacules.

La variété « est colorée d’un brun verdâtre analogue à la teinte du bronze et qui contraste avec la marge du plan locomoteur, et ce plan lui-même dont la couleur est gris de fer. La tête et les tentacules sont d'un ton plus foncé que le reste du manteau.

J'ai trouvé cet animal aux environs d’Abrantes, sur les bords du Tage; la variété « habite les chaines sep- tentrionales de la province de Beira.

6, ARION FUSCATUS, Fer, 02 niger, lateribus cinereis.

Ilim’a paru curieux de retrouver dans la région la plus oubliée du Portugal un petit mollusque qui vivait inconnu aux environs de Paris, lorsque f'érussac l'y ob- serva pour la premiere fois. En comparant sa description à la mienne, on ne doutera pas, malgré de légères nuances, qu'elles ne se rapportent l’une et l’autre à une seule et même espèce.

PNEUMOPRANCHES. 23

L’Arion que j'ai recueilli est précisément dans Îles proportions du Z'uscatus. Le corps, arrondi supérieure- ment, est finement parcouru de sillons qui s anastomo- sent et qui divisent le derme en aréoles irrégulieres dans le voisinage de la tête. La cuirasse est presque lisse; la cavité branchiale antérieure ; le plan locomoteur étroit, rayonné sur sa marge; l’animal est d’un noir luisant à l'exception des faces latérales et de la marge du plan lo- comoteur nuancées d'un gris bleuâtretrès fin. Le mucus est incolore. On remarque deux sillons plus foncés en- tre les tentacules.

Ces caracteres sont exactement ceux de l’espèce fran- caise ; les couleurs sont distribuées dans le mème ordre; seulement l’Arion portugais est noir, tandis que celui de Férussac est brun foncé, et les lignes brunes qu'il a décrites et figurées s’évanouissent sous une teinte plus sombre.

Habite la province de Tras-os-Montes dans le nord- est du Portugal.

Sous-Genre, = LIMACE,

1. LIMAX SYLVATICUS. Drap,

Je n'ai rencontré cette Limace que dans Îles hautes montagnes de Cintra, elie est loin d'atteindre les pro- portions qui la rendent si remarquable dans l'Europe tem- pérée. Les individus que j’ai observés n'avaient pas plus de 7 1/2 centim. de longueur , et correspondaient exac- tement à la variété y du Znax antiquorurn de Férussac.

3

34 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

2, LIMAX VARIEGATUS. Drap.

On trouve en Portugal plusieurs variétés de cette jolie espèce, toutes remarquables par leur peu de déve- loppement et la vivacité de leurs couleurs. La plus com- mune est d'un jaune vif, tachetée de linéoles verdâtres avec les tentacules d’un bleu violâtre tres prononcé. Elle atteint à peine 5 à 6 centimètres dans sa plus grande extension.

J'ai remarqué que cette Limace perdait sa belle colo- ration avec son énergie active. Je l'ai vue passer du jaune brillant au vert pale de l'olivier, après avoir été con- servée pendant plusieurs jours ou long-temps tour- mentée. Cette particularité a été observée avant moi sur un mollusque de la même famille qui appartient à la France (1).

3. LIMAX AGRESTIS. Lin. œ niger. B cinereus.

y rubescens, clypeo immaculato vel maculato.

Les variétés qu'offre le Portugal sont généralement unicolores, sans taches et sans marbrures. Leur couleur varie du gris au noir le plus intense en passant par toutes les nuances intermédiaires. La tête et les tentacules su- bissent les mêmes dégradations. Le plan locomoteur passe enfin d'un blanc jaunatre à une teinte sombre en harmonie avec celle de l’ensemble. Elles présentent en- core d’autres différences, mais d’une importance pure-

(1) Catal, des Mollusques d'Auvergne, par M, Bouillet, p, #5.

PNEUMOPBRANCHES, 35

ment secondaire. Ainsi, le corps plus effilé que chez la nôtre, se termine en carène aiguë ; la cuirasse, fine- ment grenue, ne laisse point apercevoir les rides circu- laires que l’on distingue sur celle de l'Europe tempérée. Le mucus blanc laiteux que lÆgrestis sécrète au premier contact, est incolore.

J'ai remarqué dans les lieux marécageux une variété couleur de chair dont la cuirasse jaunâtre, parsemée gé- néralement de taches brunes irrégulières, montre quel- ques sillons vagues et concentriques. Elle n’a paru ap- partenir comme la précédente au Limax agrestis, tel que l'a développé Férussac. Néanmoins, l'absence d’élémens de comparaison au moment j’observais, ne me per- met pas de trancher la question d’une maniere absolue.

Les variétés « et B sont communes en Estramadure, dans l’Alemtejo et dans l’Algarve; y parmi les jones qui bordent les ruisseaux ou qui croissent dans les plaines humides.

4. LIMAX NITIDUS. Spec. nov.

L. aterrimus; clypeo lævi, gibboso; corpore cylindraceo, subrugoso; cavitate branchiali subposticä.

Cette Limace est caractérisée par la finesse de son tissu et la saillie du rudiment testacé. Le corps laisse apercevoir quelques sillons longitudinaux d’une extrème ténuité; mais la cuirasse ne montre à l’œil nu qu'une surface lisse qui semble couverte d’un vernis. Elle est allongée, arrondie, d’un noir luisant ; la portion du cou qui se dégage de la cuirasse dans l'extension, est seule

Ds

36 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

d'une couleur fauve; le plan locomoteur est roussâtre.

Animal hardi; cavité branchiale un peu en arrière; rudiment testacé mince, elliptique, légèrement convexe en dehors, avec des stries concentriques sensibles ; con- cave par-dessous et empâté d’une substance cristalline.

Ce mollusque, à-peu-près de la taille du Z. gagates de Draparnaud s’en distingue par la forme du corps qui n'est point caréné, et qui, par conséquent, dans sa terminaison, au lieu d’un prisme, offre un cône allongé. Il en diffère encore par l'absence du sillon caractéris- tique inscrit dans la cuirasse, et la finesse de son tissu qui ne laisse voir aucune ride à l'œil nu. Les jeunes individus sont d’une nuance plus claire.

Habite les environs de Lisbonne et ceux de Béja dans J'Alemtejo. Les circonstances ne n'ont point permis de le dessiner.

d. LIMAX ANGUIFORMIS. Spec. nov. PI, III, fig.

L, fusco-virescens: corpore cylindraceo, utrinquè nigro fasciato, rügis tenuibus strictim reticulato; clypeo elongato, depresso, lævi, atomis nigris notato; capite tentaculisque cæruleis, sub clypeo sæpiüs contractis, cavitate branchiali anticä.

Cette curieuse espece offre dans la situation de l'organe respiratoire dont la cavité s'ouvre tres en avant, une dérogation aux caracteres distinctifs que Férussac avait attribués à son genre Zimnas en le séparant des #rions. Je me suis expliqué déjà sur la valeur de ces caracte- res dans les considérations générales qui précèdent ces descriptions,

PNEUMOBRANCHES: 37

Le mollusque dontilestquestionesteylindracé ; la eui« rasse, elliptique et déprimée, occupe un tiers de la lon- gueur totale; le plan locomoteur est étroit et nettement détaché ; le derme est remarquable par un système de rides fines, superficielles et réticulaires ; le bouclier est parfaitement lisse. |

Le manteau d’un fauve obscur, est roussâtre aux ex- trémités et verdâtre sur les bords du plan locomoteur ; le dos plus foncé; la cuirasse finement pointiliée. Deux bandes noires règnent sur les côtés et se détachent sur une zône plus claire. La tête et les tentacules sont vio- lâtres ; le disque ventral livide.

La contractilité de ce mollusque parait moins éveillée que chez les autres Limaces. Son exercice est probable- ment gêné par l'épaisseur ou la rigidité du tissu cutané ; on le trouve toujours plus moins allongé dans l’état habituel. En revanche, la tête engagée sous la cuirasse ne se révele que par lextension des tentacules.

Habite la Serra de Monchique en Algarve.

6. LIMAX SQUAMMATINUS. Spec, nov. PIRE fra

L. parvulus, gracilis, aureo-virescens; lateribus cærulescentibus: tentaculis nigris; Corpore minutim reticulato, quatrofasciato; lineis lateralibus parallelis, dorsalibus in unum convergentibus; apertura media.

Si les individus que j'ai observés étaient adultes, cette Limace est la plus petite que je connaisse. Elle est grêle et cylindracée ; la tête enfoncée sous la cuirasse s’en dégage rarement au-delà dela naissance des tentacules : la cavité

38 MOLLUSQUES CÉPHALES.

branchiale est à-peu-près médiane; peut-être un peu plus en avant qu’en arrière.

Le dos est vert doré; les côtés d’un gris bleu très in- tense, qui s’affaiblit vers le plan locomoteur. Quatre lignes noires sillonnent l'animal d’une extrémité à l’au- tre, et présentent unedisposition assez remarquable ; cel- les que j'appellerai latérales conservent leur parallélisme; les dorsales au contraire se réunissent à la naissance du manteau en une seule fascie qui règne jusqu’au limbe antérieur ; les tentacules sont noirs.

Indépendamment de ces caracteres de forme et de con- leur, le derme est traversé par des rides d’une extrême finesse, qui se croisent à angle aigu et enveloppent le manteau d’un réseau analogue à celui de l'espèce précé- dente. La cuirasse offre la mémedisposition. Le rudiment testacé, d’une forme elliptique, est concave et atténué à son extrémité antérieure.

Ce petit animal est aussi vif que Limace puisse être; il rampe avec activité, se dresse sur l'extrémité de sa queue et se suspend, lorsqu'il rencontre un vide, à un fil sécrété par l'extrémité du plan locomoteur.

Je l’ai trouvé dans la Serra de Caldeirao, qui sépare l'Alemtejo de l'Algarve.

7. LIMAX VIRIDIS. Spec. nov. PI. IL, fig. 3. L. nigro-viridis, omnind lævis; corpore éylindraceo, obtusim truncato,

obsoletè carinato; clypeo parvulo, angusto; tentaculis nigris; cavitate branchiali intermediä.

Le corps est arrondi et terminé en pointe obtuse; le dos

PNEUMOBRANCHES, 39

présente une carène émoussée ; la cuirasse d’une forme elliptique est tres raccourcie; le cou allongé ; le plan loco- moteur étroit ; le tissu cutané parfaitement lisse; la ca- vité branchiale intermédiaire. Animal d’un vert foncé qui passe au noir sur le dos et au bleu sur la tête ; les tenta- cules sont noirs ; le plan locomoteur livide, ainsi que la portion du cou qui s'engage sous la cuirasse.

Rudiment testacé moins concave et moins atténué anté- rieurement que celui de l’espèce précédente.

Habite la Serra de Caldeirao.

8. LIMAX LOMBRICOIDES, Spec, nov. PI. III, ûg. 4.

L. gracilis, carnicolor, atomis nigris notatus; corpore subcarinato, posticè acuminato, rugosiusculo; clypeo striis adversis sulcato, anteriùs libero, valdè contractili.

Cette Limace, par sa forme et par sa couleur, se rap- proche beaucoup de l_4grestis. Le corps finement strié offre une carène obtuse et se termine en prisme aigu; l'animal est effilé et doué d’une grande vivacité; en ram- pant il allonge singulièrement la tête. La couleur domi- nante est celle du lombric terrestre; le dos, d’une nuance un peu plus prononcée, est tacheté, comme la cuirasse, de points nroirûtres irréguliers; la cavité branchiale est très en arrière et sensiblement bordée.

Ce mollusque, dont l’apparence est assez insignifiante, offre néanmoins une particularité remarquable dans l’ex- pansion charnue qui protége les organes importans de la vie. En observant attentivement la cuirasse, on remarque

10 . MOLLUSQUES CÉFHALÉS.

que les rides dont elle est sillonnée prennent deux direc- tions différentes selon qu'on examine la partie antérieure ou celle qui Jui est opposée. Celle-là montre des rides annulaires qui convergent vers la proéminence dorsale ; celle-ci, des lignes obliques qui ne sont point parallèles aux premieres. Cette disposition n’est pas due au hasard ; elle est le résultat d’un phénomène assez particulier et qui n’a été observé jusqu’à présent sur aucun mollusque de cette famille. Le lobe antérieur de la cuirasse est libre et extrèmement mobile ; lorsque l'animal veut accélérer sa marche il lui imprime, de droite à gauche, un mouve- ment d’oscillation très animé. En outre, il est contractile, et se réduit de moitié au premier attouchement (1).

Commune aux environs de Monchique. Une variété plus foncée habite les montagnes de Braga.

GENRE PARMACELLE, Cuv.

1. FARMACELZLA VALENCIENNII. Webb et Van Bened.

PIRE

C'est une découverte curieuse dans l'histoire des mol- lusques terrestres, que celle d’un être qui habite une coquille au début de son existence, qui y trouve-un abri complet pendant un certain temps, et qui, dépourvu tout- à-coup de l'énergie créatrice nécessaire au développe- ment de cette coquille, estobligé d'en porter pendanttoute

(1) Le lobe antérieur du manteau est libre chez la Parmacelle, mis il n’est

pas contractile,

PNEUMOBRARCIHES, il

sa vielerudiment imparfait; ce berceau, si l’on me permet une image, qui nerenferme plus qu’une faible portion de son corps. Pendant cette première période, à la fragilité, à l’expansion de sa coquillle, on le prendrait pour une Vitrine; mais cette coquille ne doit plus s’accroitre; le rudiment testacé particulier aux mollusques nus com- mence à se montrer et se développe rapidement; bientôt tout disparaît sous l'invasion du manteau, et cette Vitrine n’est plus qu’une Limace! mais une Limace qui nous con- duit par une transition inattendue aux mollusques testa- cés, et qui nous montre, comme l’a fait observer Férus- sac, le premier effort de la nature pour rejeter dans le test les organes importans de la vie(r).

Après la description de MM. Webb et Van Beneden, il reste peu de chose à ajouter sur la Parmacelle portugaise; je renvoie donc au Magasin zoologique que ces natura- listes ont rendu dépositaire de leur travail. Peut-être ne sera-t-il pas sans intérêt, dans un genre aussi curieux et aussi peu connu, de comparer les différentes espèces qui ont été observées jusqu’à ce jour ; cet examen résumera succinctement les renseignemens épars dans un grand nombre d'ouvrages, et donnera une idée de l'importance que cette tribu, long-temps réduite à un membreiïsolé, a conquise depuis peu d’années.

FARMACELLA OLIVIERI. Cuv. (2). La premiere Parmacelle fut rapportée: par Olivier des

(r} Ferussac, Supplém, à la fam, des Limaces, P. 96.

(2) Ann, du Museum, 1804,1, 4, p. 435.

s

42 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

plaines de l'Euphrate, et décrite par Cuvier dans les /n- nales du Muséum. La dissection de ce mollusque qui em- pruntait aux proportions de sa cuirasse une physionomie particulière, développa les rapports intimes qui l’unis- saient aux autres Gastéropodes pneumobranches, et mit en évidence un rudiment testacé d’une forme caractéris- tique, dont l'illustre savant négligea la description, et qui devint important plus tard par les conjectures dont il fut l’objet. En effet, quoique l’organisation de la Par- macelle fut désormais établie et qu’il fut aisé de la recon- naître, il n’en était pas ainsi de la coquille isolée, comme le prouve l'erreur de Férussac, qui l’attribua après quel- que hésitation à un genre voisin, et en fit une Tes- tacelle sous le nom spécifique d’Æmbigua (x). A-peu- pres à la même époque, un naturaliste anglais, saisissait avec plus de bonheur les relations d’un élément ana- logue, et le rapportait à sa véritable origine en créant une nouvelle espèce qu’il nommait Parmacella calycu- lata (>). Au surplus, ces rudimens testacés ayant été observés isolément, ne montrent que des rapports d’a- nalogie; et comme nous savons aujourd’hui qu'ils of- frent quelquefois une grande similitude chez des espèces différentes, il nous est impossible d'attribuer à ceux-ci une détermination positive.

<

(1) Il est probable que la coquille de la Parmacella Olivieri, que Férussac chercha inutilement dans la collection d'Olivier et dans celle du Muséum , est précisément celle qu'il trouva chez Lamarck, et dont il fit sa estacella ambi- gua. L'ambiguité n’existant plus, il conviendrait de restituer à l'espèce Cana- rienue le nom spécifique que MM. Webb et Berthelot lui avaient imposé dans l'origine, Voir Férussac; Æist, des Pulm, sans operc. p. 79.

(2) Sowerby ; Genera of shells, 13.

PNEUMOBRANCHES.

E C2

PARMACELLA PALLIOLUM. ler, (1).

I n’en est pas ainsi de la Parmacella palliolum dont la description et les figures ne laissent rien à désirer. La découverte de ce mollusque à une distance aussi éloi- gnée du premier, dut faire penser avec raison que cette tribu remarquable, qui avait échappé jusqu'alors à l’ob- servation, n’était pas renfermée dans des limites aussi étroites qu’on l'avait d’abord supposé.

PARMACELLA ÂLEXANDRINA. Ehrenb, (2).

Les voyageurs prussiens Hemprich et Ehrenberg obser- vèrent à leur tour dansles jardins d’Alexandrie,une Parma- celle qu’ils ont décrite sous le nom d’Ælexandrina.Mal- heureusement , les Symbolæ physicæ se bornent à un spécimen qui n’a pas été continué, et l’on y chercherait vainement la figure qu’ils ont promise de l'animal vivant.

PARMACELLA AMBIGUA. Webb. et Berth. (3).

Quelques années plus tard, l'exploration des iles Ca- naries signala sur un point intermédiaire une quatrième espèce aussi remarquable par sa forme que par sa cou- leur. Préoccupés sans doute du rudiment testacé qui leur apparaissait sous une forme nouvelle, et de la cavité

(1) Férussuc , Prodr,, p. 25, pl. vin A , fig. r à 9, el Supplém. à la fam, des Limaces, p. 96.

(a) Symbolæ physicæ, decas prima, Berlin, 1628.

(3) Ann. des Sciences naturelles, t. xxvur, p. 307. Magas, zool., 1835, t, vais, Histoire naturelle des iles Canaries, 1, 11, p. 50.

&- es

MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

triangulaire qui détache le bouclier de larète caudale, MM. Webb et Berthelot instituérent un genre nouveau sous le nom de Cryptelle. La Cryptella Canariensis men- tionnée d’abord dans le tome xxvrn1 des /rnales et plus longuement décrite dans le Magasin zoologique, prit dans leur ouvrage sur les iles africaines (par égard pour Fé- russac sans doute), le nom impropre d'arrbigua. Rien en effet de moins ambigu si les figures et la description sont exactes. \

PARMACGELLA VALENCGIENNII. Webb, et Van Bened, (1),

Nous arrivons à l’espèce portugaise recueillie pour la première fois aux environs de Lisbonne, par M. Webb, qui, frappé cette fois de l’analogie, lui assigna sa véritable place dans une description publiée en 1836 de concert avec M. Van Beneden. Ce travail est exact et complet; mais les figures dessinées sur des animaux conservés sont détestables. La couleur est bonne, mais la raideur des formes, le développement anormal des mâchoires, la contraction du reste et notamment des tentacules, don- nent une idée tres fausse de l'animal.

PARMACELLA. Spec. nov. Enfin , nous devons aux recherches de la commission

scientifique d'Algérie la découverte d’une dernière Par- macelle abondamment répandue dans la province d’O-

(1) Magas, 5001, 1836,

PNEUMOPBRANCHIS, 45

ran, et qui sera décrite dans le grand ouvrage quele gou- vernement français prépare sur cette région (1).

Ainsi, voilà un genre borné pendant long-temps à un type isolé, qui dans un petit nombre d'années, grâce à l’ardeur exploratrice de notre époque, s’est accru de cinq espèces distinctes. Une seule se rattache à l’Europe; une seule jusqu'à présent » appartient au continent américain, et vit dans les forèts séculaires du Brésil, qui réservent au naturaliste aventureux bien d’autres découvertes; une seule habite l'Asie, dont les ri- chesses zoologiques sont encore imparfaitement con- nues; les trois autres sont africaines. Il en existe sans doute un plus grand nombre que des circonstances favo- rables nous révéleront plus tard, et qui nous offriront peut-être d’intéressantes modifications dans le dévelop- pement de leur rudiment protecteur (2). Apres cette énumération des différentes Parmacelles connues, nous allons examiner rapidement, en rapprochant les espèces voisines, les caractères principaux qui les différencient.

Nous ne savons rien de positif sur le test de l'espèce qui a constitué originairement le genre; néanmoins, d’après la fig. 12 de la planche anatomique de Cuvier, qui en conserve l’empreinte, on doit présumer qu’il offre beaucoup d’analogie avec ceux que nous avons observés sur les trois Parmacelles d'Oran, du Portugal et des Ca- naries. La couleur de ce mollusque nous est également

(x) Les matériaux de cette publication sont prêts depuis trois années; mais hélas ! la question financière a dominé jusqu'à présent l'intérêt scientifique,

(2) Je doute fort cependant que nous assistions aux prodiges que M. Denys de Montfort a sisnalés dins son ouvrage, Conchyl, System. Paris, 1810 ,t,1r, p, 98,

46 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

inconnue; nous ne pouvons donc pas le comparer à la Parmacella Alexandrina qui ne présente, dans la des- cription d'Ehrenberg, que des caractères à-peu-près communs à toutes les Parmacelles.

Quant à celle des Canaries, on la reconnait au pre- mier aspect à sa nuance tranchée et aux accidens qui en dépendent; au développement remarquable de l’appendice caudal et à l’absence de rides sur le man- teau. Le rudiment testacé ressemble beaucoup à tous ceux que nous connaissons (en exceptant celui de la P. palliolum). C'est une petite coquille verte et brillante dont la spire est peu distincte et qui adhère à une lame blanchätre, elliptique et concave. Le crochet dentiforme dont on a fait un caractère spécifique me parait un aCc- cident de l’âge qui n’est point particulier à cette espèce.

La ressemblance est plus intime entre la Parmacelle d'Oran et celle du Portugal. On est tenté d’abord de les considérer comme variétés d’une même espèce. Cepen- dant je les crois distinctes ; la première est plus grosse, plus brune et d’un ton uniforme ; elle exhale en outre (circonstance très singulière), une odeur nauséabonde qui saisit lodorat; celle du Portugal est plus effilée et d’un jaune rougeâtre. Le bouclier, d’un brun chaud, est orné de taches brunes irrégulières, dont le système est assez constant. Souvent il est parsemé vers sa limite inférieure et dans le voisinage de la cavité branchiale de granulations d'un jaune paille, qui s'étendent jusque sur le prisme caudal et donnent à l’animal un certain éclat, surtout lorsqu'il est humecté.

Une autre différence résulte de l'examen des mû-

PNEUMOPRANCHES. 47

choires; l’osselet de la Parmacelle d'Oran a la forme d’un croissant très mince; l'autre plus élargi, ressemble en miniature au sabot d’un cheval. Son bord libre offre une proéminence médiane qui est à peine sensible sur celui de l’espece africaine; le bord d'insertion ne diffère pas moins. Dans celle-ci; il paraît dédoublé pour rece- voir les fibres musculaires; dans la nôtre, au contraire, il n’offre qu’une lame simple, épaisse, anguleuse, légère- ment recourbée en dedans, et qui s'implante dans les faisceaux charnus.

La Parmacelle Brésilienne montre dans ses caracteres généraux une grande similitude avec les espèces du vieux monde ; il résulte du travail anatomique de M. de Blain- ville, qu’elle ne présente guère dans son organisation interne que des modifications peu importantes de l'ap- pareil générateur. Les différences extérieures roulent sur la forme de l’appendice caudal, les proportions de la cuirasse et celles du rudiment testacé, dont la portion spirale plus développée et moins masquée que dans les autres espèces, la rapproche davantage de la famille des Vitrines.

J’ajouterai, pour compléter les observations qui ontété publiées sur la Parmacella V'alencienni, que la coquille proprement dite, qui fait saillie au point le tortillon se sépare du plan locomoteur, est entièrement recou- verte par la membrane fine et blanchâtre qui tapisse le crypte intermédiaire. Elle engaine l'extrémité de l’animal qui se termine comme celle des hélices. Le test qui lui est adhérent n’est fixé au manteau que par une couche très fine de tissu cellulaire qui s’en détache pour s’im-

48 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

planter sur le bord antérieur. Le mucusestblanc argenté.

Je l’ai trouvée abondamment répandue dans le Por- tugal méridional, depuis la latitude de Lisbonne. Dans les plaines de Béja, par une matinée d’avril, je les comp- tais par centaines. Au lever du soleil, elles cherchaient un abri sous la tige des plantes; la présence d’un indi- vidu en annonçait infailliblement un second ; cependant je ne l’ai jamais surprise dans laccouplement.

GENRE TESTACELLE. Cuv.

1. TESTACELLA MAUGEI. Fer.

Je n'ai point rencontré en Portugal la T'estacella Ha- liotidea ; Yespèce que l'on trouve assez communément sous les pierres, depuis parallele de Coïmbre jusqu'aux rivages de l’Algarve ressemble à celle de Ténériffe, que la description de Férussac distingue suffisamment de la nôtre. Sa couleur est un brun verdâtre analogue à celle du bronze. Le disque ventral est d’un rouge orangé tres vif; les tentacules sont effilés, sans renflement à leur sommet; les supérieurs bruns, les inférieurs presque incolores. On sait que le test, plus développé que celui de l’Haliotidea, est en même temps plus mince, plus allongé et plus convexe. L’enroulement de la spire étant mieux prononcé, le bord columellaire se dessine avec plus de netteté; il est moins élargi, plus régulier, et, dans ses rapports avec l’ensemble, il rappelle mieux la physionomie habituelle d'une coquille,

PNEUMOBRANCHES. 49

M. d'Orbigny, dans sa description des mollusques des iles Canaries, émet un doute sur la valeur de cette es- pèce qui paraît être, selon lui, une simple variété de V Haliotidea. Je ne partage pas cette opinion. Les ani- maux , J'en conviens, offrent entre eux de grands rap- ports; mais leurs tests présentent des différences vrai- ment spécifiques. J’en ai comparé un grand nombre dans toutes les phases de leur développement, sans qu’il m’arrivât jamais de les confondre. D’un autre côté, j'ai examiné avec attention la Testacelle que nourrit l Algérie dans des circonstances climatologiques analogues à celles du Portugal, et je l’ai trouvée parfaitement semblable à V’Haliotidea dans ses caractères zoologiques et dans ceux du rudiment testacé. Celle-ci appartient donc au bassin de la Méditerranée, tandis que l'autre espèce semble vivre sous l'influence du Grand-Océan (1).

Quand l'animal est inquiété, il fait jaillir par dessous son test qui se soulève, une écume blanche qui s’accu- mule sur l’extrémité dorsale et la recouvre entièrement. Je n’ai point vu d'individu qui atteignit plus de 5 centi- mètres de longueur; mais je possède des coquilles dont les dimensions correspondent exactement à celles qui ont été figurées par Férussac, pl. VIT, fig. 10, c’est-à-dire qu'elles ont 13 millimètres de développement,

Je signale à l’attention des voyageurs futurs un petit mollusque extrémement curieux que j'ai recueilli à peu de distance d’Abrantès, de l’autre côté du Tage, sur les

© (x) La Testacelle que le hasard a transportée dans les jardins de Bristol n’est pas autre chose que l’Haliotidea,

30 MOLLUSQUES CÉPHALÉS,

murs d’un jardin borné par la petite riviere d’Alvega, et qui constituera peut-être un genre nouveau, lorsque ses caracteres zoologiques nous seront mieux connus. Sa forme est celle d’un Arion; le dos est cylindracé et l’ex- trémité postérieure arrondie; le plan locomoteur est large , non marginé et nettement tranché. La cuirasse est petite, la cavité branchiale un peu en avant; un pore muqueux terminal.

Le phénomène particulier que présente ce mollus- que, c’est que le plan locomoteur ne’se lie pas antérieu- rement avec la tête de l'animal, mais offre une solution de continuité qui forme une espèce de sac elle s’en- gage dans la contraction. La couleur est un brun enfumé avec deux bandes latérales plus ‘claires. Le disque ven- tral est orangé comme celui de la Testacelle.

Les circonstances ne m’ayant pas permis de pousser plus loin l’examen au moment même je venais de le recueillir, j'ai eu le regret plus tard de le trouver com- plétement défiguré par la pression d’un corps plus dur. Néanmoins la section de la cuirasse m'a laissé voir le rudiment protecteur sous la forme de concrétions cal- caires irrégulières et abondantes.

DEUXIÈME FAMILLE. Les LIMACONs. GENRE VITRINE. Drap. 1. VITRINA SUBGLOBCSA. Mich.

Cette Vitrine, le seule que j'aie rencontré pendant mon voyage , habite Le nord-est du Portugal sur les hauts

PNEUMOBRANCHES. 54

plateaux qui avoisinent Chavès, Bragance et Torre de Moncorvo. L'animal est blanchâtre.

GENRE SUCCINÉE. Drap.

1. SUCCINEA LONGISCATA. Spec. Nov. HAE fig. le

S. test elongatä, fragili, valdè striatà, fulvo-rubescente. Aperturâ syme- tricâ, subangustä, oblongâ, supernè ovatd, infernè angulatä; spir4 acu- minatà; anfractibus juxtà suturam planulatis.

Anfr. 3 4/2. Longit. 47 mill. Amplit. 7.

Personne n’ignore combien il est difficile d'apprécier nettement les caractères distinctifs des Ambrettes, qui reposent en général sur des modifications plus moins sensibles, plus ou moins constantes dans l'obliquité de l'ouverture, ses proportions et celles de la spire (1). En proposant ici des espèces qui m'ont paru nouvelles, sans offrir cependant ces caractères tranchés qui per- mettent de classer une coquille au premier aspect, je n'ai rien négligé pour ne pas m’égarer sur la limite des varia- tions qu’un même type peut subir en changeant de sol et de climat. J'avoue franchement que je les ai considérées comme simples variétés de l’Æmphibia, ] usqu'au moment

(x) Aussi avait-on confondu jusqu'ici deux espèces qui habitent générale- ment les mêmes lieux, la $, amphibia et la S. Pfeifferi, Rossm., que l’ovale régu- lier de son ouverture, la brièveté de sa spire, et un demi-tour de plus distinguent suffisamment,

2

te

52 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

la comparaison ne n’a plus permis de les confondre. Malheureusement la description et la-gravure suffisent à peine pour exprimer nettement des rapports que l’ob- servation elle-même ne révèle pas sans quelques efforts.

La Succinea longiscata se distingue par sa forme aïlon- gée, la régularité et le rétrécissement de son ouverture dont le péristome décrit une courbe symétrique et pa- rallèle à l’axe de la coquille. Ce dernier caractère l’é- loigne de lÆmplhibia dont le plan péristomal est obli- que , tandis que son rétrécissement et le développement de la spire permettent bien moins encore de la con- fondre avec la Succinea Pfeifferi.

L'examen des détails élargit encore l'intervalle. Les tours de spire se creusent au bas de la suture et forment un bourrelet aplati, circonscrit lui-même par un sillon décurrent tres faible , mais sensible à l’œil nu. Observés à la loupe, les deux premiers se montrent sous la forme d’un cône tres allongé. Le sommet est pointu; les stries d’accroissement larges, fortement prononcées, élèvent sur la surface des plis irréguliers. Le test est plus épais que celui de l'4mphibia, luisant, d’un fauve rougeàtre, peu transparent et très cassant.

Habite sur les bords d’un ruisseau à un quart de lieue de Faro (Algarve).

2, SUCCINEA AMPHIBIA. Drap. PI, V, fig. 2.

J'ai hésité long-temps sur la valeur de cette espèce qui, malgré certaines modifications qui appartiennent sans doute à l'influence du climat, me parait définitivement

PNEUMOBRANCHES, 03

identique avec la Succinea amphibia; c'est par ce motif que j'en ai donné la figure, mes doutes n'étant pas en- core résolus lorsque je l’ai fait exécuter.

Elle est commune dans la plaine du Tage, aux envi- rons d'Azambuja, de Villa-Nova, d’Alemquer, sur les Joncs qui bordent les canaux.

3. SUCCINEA VIRESCENS. Spec, Nov. PI. V, fig. 3.

S. testà ovato-oblongä, tenuissimä, pellucidâ, flavo-virescente, concinnè striatà, columellä albicante; aperturâ ovatâ; spirâ brevissimä, ultimo . anfractu amplissimo.

Anfr. 3. Longil. 40 mill. Amplit. 5.

Plus petite que les deux précédentes, dont elle est par- faitement distincte, elle se rapproche davantage de la Succinea Pfeifferi, quoiqu'elle soit plus évasée et plus ventrue. La columelle , régulièrement arquée, dessine une ligne nette et blanchätre sur le bord gauche de l'ouverture ; les deux premiers tours de spire sont telle- ment courts que la coquille est formée presque entière- ment par le dernier. Vus à la loupe, ils offrent l’appa- rence d’un mamelon arrondi et à-peu-près symétrique. La suture est nette; le test est mince, fragile, diaphane, finement et régulièrement strié, d’un jaune verdâtre qui la fait distinguer au premier coup-d’œil. L'animal est d'un brun roussätre ; le pied jaunâtre par dessous, le tortillon bleu-turquin marbré de noir.

Habite les bords humides du Sadao et de la rivière Charrama, sur les plantes aquatiques, dans l’Alemtejo.

54 MOLLUSQUES CÉPHALES. &. SUCCINEA ABBREVIATA. Spec. Nov.

PI. V,; fig. 4.

S. testà parvulâ, globuloïdeä, pellucidä, virescente; aperiurà amplà, rotundatä; spirâ brevissimâ; ultimo anfractu dilatato.

Long. & mill.— Amplit. 3.

Malgré ma répugnance à proposer une espèce nou- velle sur l'examen d’un seul individu, il m'est impossible de considérer cette Ambrette comme simple variété de la Succinea oblonga.Ele appartient évidemmentau même groupe par la profondeur de la suture, le mode d’'enrou- lement de la spire et le plan de son ouverture; mais elle diffère de l’oblonga par la courbe arrondie de son pé- ristome , le renflement et lévasement du dernier tour, enfin la brièveté singulière des deux premiers, qui lui donnent l'aspect d’une Paludine globuleuse. Le test est finement strié, épais relativement à sa petitesse, transpa- rent et verdatre,

Habite une prairie des environs de Bragance.

GENRE HÉLICE. Lin.

Premier Groupe. Coquille aplatie. A. non carénée.

1. HELIX CELLARIA. Mull.

Elle acquiert plus de développement que dans l’Eu- rope boréale et compte un tour ou un tour et demi de

PNEUMOBRANCHES, D9

plus. L’épiderme, plus coloré, est analogue à celui de l’'Helix olivetorum.

2. HELIX NITENS, Mich.

Commune à Cintra et dans le Nord ; fortement colorée.

3. HELIX CRYSTALLINA, Mull.

Tout le Portugal; rare; la variété m2ajor habite la Serra da Arrabida.

4. HELIX PYGMZÆA. Drap. À Cintra, sous les feuilles humides. 5. HELIX ROTUNDATA. Mull.

Aux environs de Porto.

6. HELIX LUSITANICA. Pfr. 1 IE 3 0 to

H. testà discoïdeà vel convexiusculà, obsoletè carinalà, pellucidà, fragil; corneo rubescente vel flavescente, striis regularibus notabiliter incisà, umbilico perspectivo ; peristomate albo labiato, incrassato, reflexo, mar- gine externo angulato.

Anfract. 6. Amplit. 43 ad 47 mill. Coquille discoïde ou légèrement convexe ; subcarénée,

arrondie par dessous , composée de six tours qui crois- sent insensiblement et percée d’un ombilie profond,

56 . MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

évasé, perspectif, ordinairement échancré par l'insertion du bord columellaire. La suture est profonde et nette- ment tracée; l’ouverture assez large et un peu oblique est bordée d’une fascie jaunâtre qui indique le péristome; celui-ci épaissi, réfléchi, sinueux, forme un angle obtus un peu avant l'insertion du bord externe. Le test est mince, corné, transparent, fragile, remarquable par la netteté et la régularité des stries dont il est gravé.

Cette Hélice a été décrite par Pfeiffer dans ses Symbolæ ad historiam Heliceorum , première section, diagn. 26. Elle habite les environs de Porto, sous les pierres et dans les murs en ruine; elle vit aussi dans les montagnes du Gérez; l'animal est d’un gris noirâtre uniforme; le derme est très rugueux; trois sillons entre les tentacules.

7. HELIX SIMPLICULA. Spec. Nov. PI AVI Mio.

H. testà parvulà, lenticulari, subprominulà, valdè umbilicatä, tenuissimè striatà, pallidè corneà; ultimo anfraciu subangulato, subtus convexius- culo; aperturà depressà, peristomate simplici.

Anfr. 5. Amplit. 6 mill.

Cette coquille ressemble à une très petite Hélice bar- bula, dont le péristome n’est pas encore développé ; elle est moins déprimée; ses tours sont plus pressés, plus arrondis; sa couleur et ses stries offrent aussi quelque différence. Elle est subcarénée, convexe à la base et percée d’un ombilic fort large qui laisse apercevoir les étages de la spire. La suture est profonde; l'ouverture

PNEUMOBRANCHES, 07

déprimée, simple et un peu oblique. Le test est corné, pâle, un peu mat et finement strié.

L'animal est d’un gris clair uniforme.

Je l'ai trouvée en traversant les montagnes au sud- ouest du Portugal, sur les hauts plateaux qui séparent Mertola de Castro Verde.

B. Coquille carénée.

8. HELIX LAPICIDA, lin.

Je n’a rencontré cette Hélice qu'aux environs de Porto. Elle n'offre rien de particulier.

9. HELIX BARBULA, Rossm, Zconogr. 451 (1).

Le type, c'est-à-dire la forme la plus habituelle de cette espèce n'offre point une carène tranchante, comme lPauteur de l’/conographie Va dépeint, mais une carène émoussée qui disparait entièrement sur un petit nombre d'individus. Les stries sont pressées, très nettes, et d’une régularité remarquable; en général la spire est

Le légèrement convexe; rarement elle s’enroule sur le même

(1) Cette coquille à été nommée par M. Charpentier, mais elle appartient réel- lement à Rossmassler qui le premier nous l’a fait connaître en la décrivant. Je ne puis m'empècher de signaler ici l'inconvénient de ces dénominations privées, qui ne sont accompagnées d’aucune description authentique. Elles semblent consacrer des faits qui demeurent cependant inconnus au public et augmentent l'embarras des recherches dans une science qui emprunte déjà une partie de ses difficultés à la confusion de sa synonymie, Je conçois qu’on n’entame pas une pu= blization à propos d’une coquille; mais les revues scientifiques, les aunales, les jour naux Zoologiques , n'offrent-ils pas un accès libéral aux observateurs qui veulent répandre leurs découvertes ?

58 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

plan ; c’est alors que la carène est réellement tranchante et la convexité très saillante à la base.

J'ignore sur quel fondement on a imposé à cette Hélice un nom qui n’est propre qu’à induire en erreur; on la considérée sans doute comme un diminutif de l’Helix barbata ; maïs l’analogie pèche par la base, puisqu'elle est dépourvue du caractère auquel celle-ci emprunte sa dénomination spécifique. Il valait mieux lui conserver le nom d'A. bituberculata qu’elle porte dans la collec- tion de Férussac.

L'animal est gris de fer, plus foncé sur le sommet de la tête, aux tentacules et au bord du pied. Celui-ci, net- tement détaché, se termine en carène aiguë. Le derme est finement chagriné et traversé, sur le dos, par des sil- lons d’une extrême ténuité. On en remarque un seul, un peu plus prononcé, entre les tentacules. Les supé- rieurs, fort allongés, se terminent par un renflement oculifère; quelquefois elles sont incolores et laissent apercevoir le nerf optique dans son trajet. Le mufle est prononcé; l'animal s’allonge singulièrement en portant sa coquille et la clôt d’un épiphragme blanc, solide, vnalogue à celui de lÆelix lenticula.

Les montagnes de l’Algarve nourrissent une variété constante dans ses proportions minimes ; son diamètre est de 6 à 7 millimètres, tandis qu'elle en atteint or- dinairement le double.

Ce mollusque multiplie prodigieusement en Portugal ; on le trouve sur tous les terrains, en plaine et en mon- tagne, depuis le cap Saint-Vincent jusqu'aux frontières de Galice. Il vit presque toujours en famille et il n’est pas

PNEUMOBRANCHES, 99

. CE SAS # Q , are de rencontrer une trentaine d'individus réunis sous un même abri. Il habite aussi les Acores, d’où je l'avais reçu avant d'entreprendre mon voyage.

10. HELIX TURBIPLANA. Spec, Nov.

PI. Vi, fig,.3.

H. testà pallidè corne, depressä, umbilicatä, carinatä, punclis eminen- tibus scabriusculâ; apice levi, planissimo, tæniato; anfractibus margina- ts; ultimo subtüs turgido, circumsulcato; aperturâ depressä, angustà, subtetragonâ; peristomate flexuoso, replicato, calloso, albo labiato, bi- denticulato; extüs plicis geminis impressis signato.

Anfr. 6, Amplit. 42 ad 44 mill.

L’Hélice que j'ai nommée turriplana, et qu'au pre- mier aspect javais envisagée comme une variété singu- lière de l’Æelix barbula, s’en distingue par des caractères invariables qu'aucune modification individuelle ou transitoire ne vient affaiblir, comme je m'en suis con- vaincu par l'examen d’un très grand nombre d'indi- vidus. Elle est aplatie et bordée d’une carène saillante, limitée par un sillon décurrent qui la circonscrit des deux côtés de la coquille. Les trois premiers tours de spire sont liés entre eux et généralement planiformes ; mais la carène se relève dans les suivans et forme une gouttière spirale qui lui imprime une physionomie tres remarquable. Le dernier tour est convexe par dessous et percé d’un ombilic perspectif.

L'ouverture est petite, subquadrangulaire, très obli- que, rétrécie par deux dents analogues à celles de l'Æe- lix barbula, et qui correspondent à deux sinus externes,

60 MOLLUSQUES CÉPHALÉS,

profonds et légèrement froncés. Le péristome est blanc, sinueux, replié en dehors et terminé vers la carène par un angle aigu qui fléchit légèrement en arrière. Les deux bords ne se rapprochent pas à leur insertion, mais ils sont unis par une callosité superficielle, qui, dans les vieux individus, masque une faible portion de l’ombilic.

Le test est solide, corné, fauve, sans éclat, transparent, rude au toucher, obscurément strié, chagriné de petites aspérités longitudinales et angulaires disposées symétri- quement en échiquier. Moins saillantes par dessous, elles se prolongent dans l’intérieur sur toute la callosité du péristome.

J'ai comparé l’animal à celui de l’Æelix barbula; je l'ai trouvé plus épais, d’une couleur plus foncée; les tenta- cules m'ont paru plus courts, je ne les ai jamais vus dia- phanes, mais aucun signe extérieur ne trahit les carac- tères d'organisation qui déterminent entre les deux tests une différence de structure aussi remarquable. L’épi- phragme est le mème.

J'ai dit que les caractères de cette coquille étaient constans; les seules modifications que j'aie remar- quées se bornent à l'élévation plus ou moins sensible de la spire qui, chez un petit nombre, est bombée au lieu d’être plane et à la saillie plus ou moins forte de la carène au-dessus du tour inférieur. Il arrive en effet, mais rarement, que la spire s’enroule dans le même plan et forme une coquille lenticulaire. D’autres fois, au con- traire, le bourrelet de la carène est assez relevé pour que les tours de spire semblent creusés dans la coquille.

Je crois qu'après tous ces détails il est inutile d’insis-

PNEUMOBRANCHES. 61

ter sur les caracteres qui la séparent des espèces voisines. Je me bornerai à comparer briévement ceux qu'elle semble emprunter à l’Helix barbula. Dans celle-ci, le bourrelet terminal qui donne naissance aux deux petites protubérances dentiformes est nettement défini ; dans l’'Helix turriplana, il n’existe point de bourrelet, mais un épaississement graduel du péristome. La dent exté- rieure, en outre, est triangulaire et non pas linguiforme et elle s’implante avec l’autre plus avant dans l’inté- rieur de l'ouverture. Au lieu d’être, en un mot, un ac- cessoire du péristome, elles deviennent une dépendance de la coquille. Enfin, dans l’Helix barbula la carène s’é- mousse à sa terminaison, tandis que dans la nôtre elle se resserre encore de manière à former un sinus à la jonc- tion des deux bords.

Cette curieuse espèce habite uniquement l’Algarve ; elle est abondamment répandue dans les rochers sté- riles aux environs de Loulé, de Faro et de Tavira. Je ne l'ai. pas trouvée ailleurs.

11. HELIX LENTICULA. Fer.

Habite le Portugal méridional.

12. HELIX SERRULA. Fer. Spec. Nov, PI, VII, fig. 2.

H. test lenticulari, carinatâ, umbilicatâ, lamelloso-striatä, pallidè fulvd ; aperturâ subrotondo angulatä,

Anfract. 5 4/2, Amplit. 8 mill,

Petite coquille lenticulaire, composée de cinq tours et demi de spire, variables dans leur élévation et séparés

62 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

par leur tranche d'épaisseur. Elle est ombiliquée, bor- dée d'une carène saillante et généralement convexe par dessous. Cette convexité est en raison directe de l’abais- sement de la spire. L'ouverture, un peu oblique, est d'une forme arrondie, interrompue par l'angle de la ca- rene ; la surface , d’une couleur terne et jaunâtre, rare- ment tachetée de points irréguliers, est sillonnée de stries élevées, espacées et recourbées sur la carène leur saillie forme une crête denticulée. Cette coquille offre une certaine analogie avec la Carocolla limbata de Philippi qui habite non-seulement la Sicile, mais encore les côtes orientales de l'Espagne je lai rencontrée. Elle n’en est peut-être qu'une variété, que la saillie de sa carène et l'aspect particulier de sa surface éloignent encore davantage de lÆelix striata qui parait être le type de ces formes diverses. Je lui ai conservé le nom que Fé- russac se proposait sans doute de lui donner et sous le- quel elle figure dans sa collection (Tr). Elle habite les col- lines rocheuses qui s'élèvent au nord de Sétubal sur le bord de la mer . La variété tachetée laisse toujours voir une fascie roussâtre qui accompagne le dernier tour de spire du côté de l’ombilic.

Deuxième Groupe. Coquille subdéprimée. 13. HELIX CARTHUSIANELLA, Drap.

J'ai trouvé cette Hélice seulement aux environs Porto elle offre deux variétés distinctes égalemen

(r) La localité qu'il a indiquée est vraisemblablement erronée, car personne n'a rencontré cette espèce aux environs d'Alger,

PNEUMOBRANCHES. 63

connues en France. L'une d’un blanc d’opale, Pautre habituellement plus petite et cornée.

,

14. HELIX CANDIDULA. Fer.

Aux environs de Montémoro, dans la province de Beira.

15. HELIX APICINA,. Lamk.

Dans tout le midi du Portugal, à l'exception des cen- tres montagneux les coquilles méditerranéennes ne péuetrent pas.

16. HELIX CONSEURCATA, Drap.

Tout le Portugal. J'ai trouvé près de Torre de Mon- corvo , dans le Tras-os-Montes une variété curieuse par sa petitesse ; elle a 3 millimètres de diamètre sans dimi- nution dans le nombre des tours de spire. Le test est uniformément corné. En Algarve, au contraire, près du cap Saint-Vincent, elle atteint jusqu'à 9 millimetres. Une troisième variété des environs de Bragance est re- marquable par l'élévation de la spire qui ne subit pas la dépression ordinaire.

17. HELIX INTERSECTA. Poiret, Prodr., p. 80.

Je n’ai pas observé en Portugal la véritable Æelix maritima de Draparnaud, celle qui habite le Midi de la France, l'Italie, toutes les plages enfin voisines de la Méditerranée; mais, d’une extrémité à l'autre, on ren-

64 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

contre une coquille qui parait être lÆelix intersecta, espèce intermédiaire entre les Hélices 7raritima et striata, dont elle n’est peut-être qu’une variété.

Sa couleur et sa forme sont tellement changeantes, qu’il faut en observer un grand nombre pour se convaincre de leur identité. Tantôt elle est convexe et tantôt dépri- mée; l’ombilic est profond, libre ou à demi masqué par la convexité du dernier tour. On trouve près de Lis- bonne une variété luisante, aplatie, légèrement convexe à la base, d’une couleur grisätre, ornée de fascies inter- rompues, parfaitement analogue à celle des environs d'Agen. En Algarve, surtout près de Faro et de Loulé, elle se montre plus grosse, plus globuleuse, plus colorée, plus fortement striée; l’intervalle entre ces deux ex- trèmes est rempli par des variétés intermédiaires. Dans les montagnes schisteuses du Nord, elle est petite, sub- cornée, fragile; enfin, du côté de Pombal, en Estrama- dure, elle se distingue par un ombilic fort étroit, et des accidens de couleur qui rappellent les jolies variétés de l'Helix pyramidata.

L'examen attentif de ces différentes phases nous prouve que l’ombilic n'offre pas de caractère absolu ; quand on lit dans Draparnaud la description des Hé- lices variabilis et neglecta, et qu’on voit, de son propre aveu, l’évasement plus ou moins prononcé de cette ca- vité constituer souvent le seul caractère distinctif entre les deux espèces, on est tenté d’en suspecter l’infaillibilité, surtout lorsqu'on jette les yeux sur les espèces transitoires qu'il a fallu créer pour satisfaire à toutes les exigences.

PNEUMOBRANCHES. 65 19. HELIX PONENTINA. Spec. nov, PI. VI, fig. 4.

H. testâ convexiusculâ, perforatä, subcorneâ, striatà, hispidul4, fusco-oli- vaceo vel flavescente, ferrugineo obscurè bifasciatä; ultimo anfractu dilatato, subtüs turgidulo; aperturà rotundatä; labro acuto, subreflexo, iniùs margine crasso, albo, declivo.

Anfract. 5. Amplit. 7 ad 40 mill.

Petite coquille intéressante par sa physionomie, qui se rapproche plutôt des formes Canariennes que de celles d'Europe; elle est subglobuleuse, quelquefois un peu déprimée, presque toujours convexe par-dessous. Les premiers tours de spire croissent insensiblement, mais le dernier augmente rapidement de diamètre, s'é- vase à sa terminaison, et forme une ouverture arrondie, peu échancrée, bordée intérieurement d’un bourrelet épais d’un blanc de porcelaine, qui empâte quelquefois le péristome, diminue sensiblement la capacité de l’ou- verture, et en tapisse l'intérieur à une certaine profon- deur. Cette callosité, remarquable par sa couleur tran- chée et par son épaisseur, ne commence à se déposer que quand l'animal est parfaitement adulte; jusque-là, Je péristome est simple ou à peine marginé. L’ombilic est linéaire, à demi caché par le renversement du bord columellaire, évasé à son orifice.

Le test est dur, corné, luisant, d’une couleur fauve olivâtre, quelquefois vert, particulièrement à sa base, orné de deux fascies rousses extrêmement obscures, et d’une zone terminale d’un jaune pâle qui résulte de la combinaison du ton qui lui est propre avec la substance

5

66 MOLLUSQUES CHPHALÉS.

vitreuse déposée à l'intérieur. Les stries sont irrégu- lières, peu profondes, onduleuses, quelquefois subarti- culées; l’épiderme est revèétu de poils courts, raides, caducs, légèrement recourbés.

L'animal est fauve ou grisätre; les tentacules toujours bruns; le manteau souvent marbré ou pointillé d’un violet tres foncé qui semble appartenir à la coquille, surtout quand lâge n’a pas obscurci sa transparence. Le pied est large et obtus.

Cette espèce que j'ai nommée Ponentina parce qu’elle semble emprunter ses caractères à l’extrème Occident et se rattacher à certaines formes des îles Canaries, se ren- contre d’une.extrémité du Portugal à l'autre; néanmoins, ce n’est qu'à Cintra je l’ai vue en grande abondance. Elle se plait dans les lieux secs et pierreux, et on l'aper- çoit souvent, fixée sur la paroi des murs, malgré lar- deur du soleil. I’Algarve produit une variété plus grosse, plus globuleuse, plus transparente, marginée ré- gulièrement et sans empâtement ; du reste, parfaitement semblable.

19. HELIX CISTORUM. Spec, nov. PL VI; f6.9.

HT. testä utrinquè orbiculato-convexä, depressiusculà, umbilicatä, subtiliter striatä, tenui, suprà fuscescente, subtüs cineraceâ, subcorneâ, flammulis albidulis undatim variegatà; ultimo anfractu subangulato, zonulâ nigri- cante interrupià cincto; aperturà ovatâ; labro columellari arcuato.

Arifract, 6. Amplit. 9 mill.

Coquille subdéprimée, subcarénée, légèrement con- vexe par-dessous, composée de six tours de spire gravés

PNEUMOBRANCHES. 67

de stries fines et pressées; percée d’un ombilic profond, mais étroit et peu évasé et d’une ouverture obronde, moins haute que large, un peu oblique, le bord droit dépassant celui de l1 columelle qui s’arrondit à son in- sertion et s'évase légerement sur l’ombilic. Le péristome est simple, tranchant, à peine marginé; le test est lisse, mince, subdiaphane, fragile, d’un brun fauve du côté de la spire, grisätre par-dessous, et orné de marbrures d’un blanc opaque qui se dessinent en zig-zags sur un fond corné. Une fascie noire, irrégulièrement interrom- pue, partage le dernier tour et rampe ensuite le long de la suture sans l'accompagner jusqu'au sommet.

Le derme de l’animal offre sur le dos et dans le voisi- nage de la tête une série de papilles allongées, dont la nuance dorée contraste curieusement avec la couleur grise du corps et des tentacules. Ceux-ci, très déve- loppés, sont noirs à leur sommet; le pied est fauve.

Cette Hélice vit dans l’Alemtejo , du côté de Mertola et de Portalègre; elle semble préférer les sites les plus sauvages, et elle est presque la seule qui habite Îles steppes solitaires du Portugal méridional. Néanmoins, elle ne s’y montre pas en abondance, et il est rare de la trouver complétement développée.

TRoIsiÈèME GROUPE. Coquille globuleuse.

20. HELIX ASPERSA, Mull.

Répandue avec ses variétés dans tout le Portugal. Certains individus atteignent à peine 18 millimétres de diamètre,

D,

68 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

21. HELIX NEMORALIS, Lino,

Cette espèce descend depuis les hautes montagnes du Douro et du Tras-os-Montes jusqu'aux plaines maréca- geuses de l’Alemtejo; elle devient rare en approchant de l’Algarve et n’y pénètre pas. Les environs de Porto pro- duisent de jolies variétés, dont les fascies sont interrom- pues par des stries saillantes du même ton que le fond de la coquille; celle de lAlemtejo, qui vit dans des conditions bien différentes, est lisse, cornée et uni- formément brune, Le test est d’une nuance vineusé à l’intérieur, et l’on remarque en le brisant que. cette couleur pénètre son tissu.

Je n'ai vu nulle part la variété Aortensis, encore moins la sy/vatica.

22. HELIX LACTEA. Mull.

On rencontre l Helix lactea depuis le 40° degré à-peu- près, jusqu'aux limites méridionales de l’Alsarve, en suivant le littoral. Elle disparait à mesure qu’on s’en- fonce dans les terres, et ne se montre plus dans le Nord. La France en nourrit cependant à une latitude supé- rieure; mais le climat de Bayonne est plus tempéré que celui du Douro, du Tras-os-Montes, et d'une partie de la province de Beira.

On remarque dans les régions l’Helix lactea multi- plie, deux variétés que l’on a mal-à-propos séparées : l'une, dont le péristome est d’un noir profond et nette- ment tranché; tandis qu’il offre dans la seconde une nuance plus claire, qui se fond sur la columelle avec le

PNEUMOPBRANCHES, Fr

ton général du test. Ce caractère, füt-il constant, me parait trop insignifiant pour séparer deux coquilles dont les formes sont identiques. Je sais qu’une influence par- ticuliére semble avoir mis, dans le nord de l’Afrique, un intervalle plus large entre ces variétés, en distri- buant leurs couleurs respectives selon des lois diffé- rentes. Mais les indices qui résultent de la couleur perdent toute leur valeur lorsqu'ils sont isolés; et d’ail- leurs, ce sont toujours les cinq fascies du type, plus ou moins nettes, plus ou moins interrompues, sur un fond analogue. En Portugal et en Espagne, ce caractère fragile s'évanouit tout-à-fait en nous montrant les nuances in- termédiaires qui lient par une transition insensible l He- lix lactea à la variété Hispanica. On voit effectivement le péristome de cette coquille passer graduellement du brun roussâtre au noir le plus intense, tantôt en laissant un filet blanc au bord interne des lèvres, tantôt en les imprégnant complétement; tandis que la surface opposée montre indifféremment les accidens de forme et de cou

leur qui sont propres à l’Helix lactea (1).

Si de tels caractères suffisent pour constituer une es- pèce, nous en aurons une de plus dans la variété bien - autrement curieuse que M. Durrieu a recueillie dans la province d'Oran : variété scrupuleusement blanche, sans fascie, sans nuance au péristome, constante dans son anomalie, et appartenant jusqu'ici à l’Helix lactea, de l’aveu de tous les naturalistes qui l’ont examinée.

{1) J'ai remarqué qu'en approchant de l'Afrique , notamment à Gibraltar, les fascies spécifiques de VA. Hispanica (qui mériterait mieux le rom d”’.4fricana ) deviennent plus caractérisées.

70 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

Je mentionnerai en terminant la variété d’Alméria,

remarquable par la réflexion de son péristome, qui rap- pelle celui d’uné Hélice bien connue dont le nom est emprunté à Madagascar.

23. HELIX PISANA. Mull.

Habite les mêmes localités que l’espèce précédente. La variété dominante est blanchätre.

24. HELIX INCHOATA, Spec. nov. PI. VII, fig. 1.

H. testä orbiculato-convex4, tenui, perforatâ, corneo-lutescente vel avellanace4; sæpiüs pellucidà, interdüm absque nitore; spirâ prominulà; anfractibus subplanis, striatulis; infimo fasciato, subtüs turgidulo; aper- turâ subrotondâ; labro simplici, fragili.

Anfr. 7.— Amplit, 47 ad 23 mill.

« avellanacea, subtüs olivacea; ultimo anfractu duabus fasciis fusco- rubescentibus, luteo extrinsecüs pallidè marginatis, ornato. B lutescente, fusco-rubescente unifasciatä.

omnino lutea vel albicante.

Cette coquille, par ses proportions, sa forme et parfois sa couleur rappelle l'Æelix fruticum, dont elle diffère néanmoins par des caractères constans.

La spire, moins élevée, compte un tour de plus, et croit par conséquent d’une manière moins rapide. Ses tours sont plus égalisés, mieux liés entre eux, et leur ligne de séparation est moins profonde. Légèrement convexe à

a base , son ombilic est fort étroit, purement linéaire

avant la révolution du dernier tour, à moitié masqué

PNEUMOBRANCHES. 71

par l'épanouissement inférieur de la lèvre columellaire dans l’âge adulte. L'ouverture est plus ovale que celle de l’Æelix fruticum ; le péristome-est simple, mince, très fragile, un peu épaissi dans les vieux individus à une ligne du bord. Ce dernier caractère lui donne l’appa- rence d’une coquille qui n’a pas encore atteint son degré de perfection, et il a fallu que j'en examinasse un grand nombre pour me convaincre qu’il était ab- solu.

Le test est subcorné, d’un jaune pâle ou couleur noi- sette , fascié, un peu diaphane, plus rarement velouté, surtout quand l'animal est jeune et d’une nuance fon- cée. Lesstries, d’abord fines etrégulières, se prononcent ct s’espacent avec le déroulement de la spire; recour- bées sur la suture, elles s'y montrent plus apparentes et comme agglutinées. Les fascies sont au nombre de deux ; la première est rougeatre, la seconde très foncée; l’une et l’autre sont bordées en dehors d’une zone d’un jaune pâle. Ces zones s’effacent plus ou moins complé- tement quand le fond de la coquille offre une nuance plus claire et il en résulte des variétés imparfaites.

L'animal est d’une couleur roussàtre analogue au ton de la coquille, un peu plus foncée sur le sommet de la tête. Les tentacules, d’un brun enfumé, laissent der riere eux deux sillons obscurs. Le manteau est pointillé de noir. à

Cette Hélice est commune dans tout ie Portugal. Elle habite plus volontiers]la région montagneuse, au pied des genèts et des arbustes épineux qui lui fournissent la nourriture et un abri.

72 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. La variélé 8 est répandue aux environs de Santarem.

25. HELIX VARIABILIS. Jrap.

Parmi les quatre ou cinqespèces méditerranéennes qui désespèrent le classificateur consciencieux par l’incon- stance de leur forme et de leurs couleurs, une seule, qui parait être l’helix variabilis, habite le Portugal. Les Hélices cespitum, ericetorum, neglecta, Terverü, man- quent absolument. Je n’ai pas même rencontré la ma- ritima bien caractérisée. L’Helix variabilis habite sur- tout les pelouses voisines de Lisbonne ; on ne la voit pas dans le Nord; mais après avoir traversé dans leur largeur les landes de l’Alemtejo, on est surpris d’en découvrir une colonie isolée aux environs d’Elvas, à quarante lieues de la mer.

QuarriimEe GROUPE, Coquille trochiforme. 26. HELIX RUPESTRIS. Drap.

Habite les environs de Lisbonne, Cintra.

27. HELIX FULVA. Mull.

Dans les prairies humides de l’Alemtejo.

28. HELIX ACULEATA. Mull.

Tres commune dans la province de Tras-os-Montes. Plus au midi, dans la Serra d’Arrabida. Les cils fort allongés.

PNEUMOBRANCHES. 73

GENRE BULIME. Brug.

1. BULIMUS DECOLLATUS,. Brug.

Habite la région méridionale, dans le voisinage de la mer. Peu développé.

2. BULIMUS ACUTUS. Brug. Habite.avec le précédent. 3. BULIMUS VENTRICOSUS. Drap.

Très multiplié dans les jardins publics de Lisbonne. On trouve dans les prairies humides de l’Alemtejo, à peu de distance du Tage, une variété cornée remarquable par le raccourcissement de sa spire et son extrême fra- gilité.

4. BULIMUS OBSCURUS. Drap.

Aux environs de Bragance. Rare.

5. BULIMUS LUBRICUS. Brug.

Aux environs de Chavès et de Bragance, dans le nord du Portugal.

E 6. BULIMUS FOLLICULUS (Achatina. Lamk.).

Habite les environs de Lisbonne et le Midi.

74 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

GENRE MAILLOT. Drap.

1. PUPA SECALE. Drap.

Habite les environs de Lisbonne, Cintra , la Serra d'Arrabida , sur les rochers. Peu répandu. Fortement strié.

2. PUPA GRANUM. Drap.

Sur les collines au nord de Tavira (Algarve). 3. PUPA UMBILICATA. Drap.

Tout le Portugal. Extrèmement multiplié. 4. PUPA FRAGILIS. Drap.

Habite Cintra et les provinces du Nord.

5. PUFA MUSCORUM. Drap.

Je l'ai trouvé aux deux extrémités du Portugal, dans l’Algarve et le Tras-os-Montes, il est beaucoup plus répandu.

6. PUPA ANTIVERTIGO. Dray:

Dans les prairies humides de l'Alemtejo.

PNEUMOBRANCHES. 75 7. PUPA ANGLICA.

Turbo sexdentatus, Mat. et Rack. Transact. Linn. A. 1807, p. 183. Vertigo Anglica. Fér. Prodr.

Indépendamment des motifs que j'ai précédemment exposés et qui m'ont engagé à négliger le genre J’ertigo, j'en ai de péremptoires pour cette espèce en particulier. Je me suis effectivement convaincu en l’examinant à la loupe, que l’animal était muni de quatre tentacules; les supérieurs oculifères, cylindracés, arrondis au sommet, mais sans renflement; les inférieurs très petits, mais parfaitement distincts.

Habite Cintra et les environsde Porto, sous les pierres, les mousses, avec le Pupa umbilicata. J'ai lui con- server la dénomination imparfaite qui lui a été imposée par Férussac postérieurement à celle des auteurs anglais pour éviter un double emploi, car nous avons déjà un Pupa sexdentata du Brésil.

GENRE CLAUSILIE.

1. CLAUSILIA RUGOSA. Drap.

Elle se montre sur toute la chaine calcaire qui s’étend de Cintra à Coimbre et dans les environs de Porto. Elle est extrêmement multipliée et conforme au type de Dra- parnaud. Les investigations les plus scrupuleuses ne m'ont procuré que celte unique espèce.

76 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

TROISIÈME FAMILLE.— Les AuRICULACÉS.

GENRE AURICULE. Drap.

1. AURICULA MINIMA. Drap. Habite l’Alemtejo, à la proximité des marécages. 2. AURICULA GRACILIS. Spec. nov.

PI. VII, fig. 3.

À. testâ minimd, fusiformi, striatä, albescente; aperturä bidentatä; peristo- mate dilatato, replicato, albolabiato.

Anfract. 6. Longit. 2 mill.

Petite coquille fusiforme, peu transparente, finement striée, composée de six tours de spire arrondis et sé- parés par une suture assez profonde; le dernier, propor- tionnellement plus large, forme une ouverture subtri- gone, rétrécie par un plis columellaire et par une petite protubérance dentiforme qui s'élève au milieu du bord externe. Le péristome est bordé de blanc, un peu réflé- chi et coudé comme dans l’Æuricula minima.

Aux environs de Coiïmbre, sur le bois pourri, les de- (ritus végétaux.

3. AURICULA MYOSOTIS. Drap.

Je l'ai trouvée près de Faro, en Algarve, au bord d’un ruisseau , à peu de distance de la mer. En général ce

PNEUMOBRRANCHES. 77

mollusque habite plus volontiers le voisinage des eaux que leur milieu. Néanmoins on le rencontre quelquefois fixé aux pierres, à une certaine profondeur ; par exem- ple, dans le ruisseau de Dardenne, à l’ouest de Toulon. Je l'ai vu sur la côte d’Afrique, baigné par l’eau salée, dans une anse sablonneuse il n’existait aucune infil- tration d’eau douce.

4. AURICULA CILIATA. Spec. nov. PI. VII, fig. 4.

A. test ovato-conoïdeâ, corneo-fuscescente, apice acuto, tenuissimè striat4 ; anfractibus angustis, attenuatis, infrà suturam ciliatis, ultimo dilatato; columellà sæpiüs bidenticulatà.

Anfract. 7 ad 8. Longit. 8 ad 9 mill.

Cette coquille, lorsqu'elle est entierement développée, ressemble beaucoup à la précédente. Voici les carac- tères qui permettent de la reconnaître : elle est plus petite et généralement plus ventrue; la spire, composée du même nombre de tours; est beaucoup plus raccour- cie; les premiers sont étroits, le dernier forme quelque- fois à lui seul plus des deux tiers de la coquille. La suture est plus profonde, l’ouverture plus large pro- portionnellement. La columelle dans sa torsion n’est pas

aplatie comme dans lAuricula myosotis ; les dents pré-

sentent la même disposition, mais au lieu de se déta- cher en blanc, elles conservent la couleur du test; la seconde est moins saillante; le troisième manque habi- tuellement ou ne laisse voir, dans les individus les plus vieux, qu'un point blanchätre extrèmement mniime. Le

78 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

test est de la même couleur, mais plus lisse et moins épais. Parmi ces caracteres, le raccourcissement de la spire et la dilatation du dernier tour suffisent pour re- connaitre le type de notre espèce; mais j'avoue que tous les individus sont loin d’être identiques.

Lorsque la coquille est jeune, elle montre une série décurrente de cils raides et courts, un peu au-dessous de la suture, particulièrement sur les trois derniers tours. Ces cils persistent jusqu’à son développement, et il n’est pas rare d’en trouver des vestiges sur de vieux individus.

J’ai rencontré ce mollusque assez loin de la mer, aux environs d’Alcassar do Sal dans l’Alemtejo : il habite les prairies marécageuses voisines du Sadao ; je l'ai retrouvé beaucoup moins développé en Algarve, dans les lagunes saumâtres qui environnent Lagos et près de Villa-Reale, il vit avec la Paludina acuta et une petite Mélanie

qui m'a paru nouvelle.

QUATRIÈME FAMILLE.—315s vymnéens. GENRE PLANOREE. Muli,

1. PLANORBIS CORNEUS. Drap.

Le Planorbe corné, qui, dans l’Europe boréale, ha- bite une.coquille opaque , remarquable par sa solidité et son épaisseur, ne montre plus, en avançant vers le

PNEUMOBRANCHES, 19

Sud, qu'un test mince et diaphane, excessivement fra- gile lorsqu'il n’est pas à-peu-près membraneux.

M. Terver, dans son Catalogue des mollusques de l'Algérie, a signalé le premier cette variété singulière sans la déterminer. J'ai profité moi-même d’une occasion pour l’observer sur les côtes d'Afrique, son peu de dévelop- pement, sa transparence et sa couleur, malgré l'analogie des autres caractères, me laissèrent indécis. Mais, apres l'avoir étudiée de nouveau dans les eaux du Portugal, elle est extrèmement abondante, je n'hésite plus à la considérer comme une variété méridionale du ?lanor- bis corneus. |

Effectivement, j'ai remarqué que la solidité et les pro- portions de cette coquille y étaient singulièrement varia- bles. Dans les fontaines, dans les eaux qui tarissent, partout l'animal ne rencontre pas un milieu favora- ble à son développement, le test reste fragile, atteint ra- rement 8 à 10 millimètres, et complète difficilement son dernier tour. Dans les grands marécages au contraire , dans les rivières tranquilles, il durcit, se colore, atteint jusqu’à 20 millimètres, et ne diffère plus du corneus que par sa transparence et sa ténuité. J’ajouterai que les animaux sont identiques et que la sécrétion sanguicolore produite par le tissu glanduleux du limbe chez le Planor- bis corneus, se manifeste chez la variété méridionale dans les mêmes circonstances.

2. PLANORBIS CARINATUS, Mull.

Habite les marécages du Tage et ceux du Mondégo, près de Coïmbre.

80 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

3. PLANORBIS MARGINATUS. Drap. Dans un ruisseau de l’Algarve, entre Loulé et Faro. 4. PLANORBIS LEUCOSTOMA. Mill.

Dans les marais d’Azambuja et dans la petite rivière de Pega, près de Coiïimbre.

5. PLANORBIS CONTORTUS. Mull.

Dans les canaux, aux environs d’Azambuja (Estra- madure).

6. PLANORBIS HISPIDUS. Drap.

Extrémement multiplié dans toutes les eaux du Por- tugal.

7. PLANORBIS COMPLANATUS. Lin.

Dans les eaux stagnantes des plaines d’Azambuja et de Villanova.

8. PLANORBIS DEVIANS. Porro, Malacol, comasca, 71,p. 84,

Ce Planorbe, que j'ai trouvé dans les ruisseaux aux environs de Montémoro, m'a paru, quoiqu'un peu moins développé, exactement semblable à une espèce décrite par M. Porro dans sa Malacologia Comasca.

Indépendamment des huit espèces qui précèdent, j'ai recueilli dans les eaux d’Azambuja un Planorbe très petit, déprimé et caractérisé surtout par une série d’ai- guillons qui couronne sa carène. Malheureusement il

PNEUMOPRRANCHES. 81

s’est égaré pendant mon voyage, et il m'est impossible d'en donner une bonne description en consultant ma mémoire.

GENRE LIMNÉE. Drap.

1. LIMNEA OVATA. Drap. (Limneus).

Les Limnées offrent dans leur coquille, en passant d’une espèce à une autre, des nuances intermédiaires qui rendent extrêmement difficile Pappréciation de leurs caracteres spécifiques. La nature de leur test est à-peu- près invariable, sa couleur uniforme, l'ouverture dé- pourvue d’accidens ; la columelle varie dans sa torsion et dans sa callosité, chez les individus d’une même es- pèce; les animaux, plus difficiles à observer que ceux des Hélices, ne fournissent pas de données plus con- cluantes; ils présentent en outre une particularité re- marquable que Linné avait observée chez les végétaux aquatiques , c’est-à-dire que les mêmes espèces se re- produisent, dans l'intégrité de leurs formes, sur les points les plus éloignés du globe ; en sorte que les in- dices qui résultent de l'habitation perdent toute leur va-

leur (1).

(1) On connait la ressemblance parfaite d’un grand nombre de Limnées de l'Amérique du Nord avec les nôtres. La Lymnea minute se trouve sur tous les points du globe; on voit dans la collection du Muséum les espèces Stagnalis, Auricularia, Peregra, recueillies par linfortuné Jacquemont dans la vallée de Cachemyr, identiques avec ceiles de l'Europe, La première surtout, par ses pros

6

LA

82 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

En général, les caractères spécifiques se bornent dans ce genre aux proportions de la spire et à celles du der- nier tour, dont le diametre variable, détermine une ouverture plus moins élargie. Ces considérations qui ne sont étrangères à aucun conchyliologiste, prouvent qu’il faut user ici d’une grande circonspection et obser- ver attentivement avant de créer une espèce.

La Liünnea ovata habite tout le Portugal; elle est plus commune dans le nord que dans le midi. Les fontaines de Monchique, en Algarve, nourrissent une variété globuleuse, dont le test est excessivement fragile.

2. LIMNEA AURICULARIA, Drap.

Dans la petite rivière qui baigne les murs de Bra- gance les Limnées sont très multipliées; j'ai trouvé dans la Guadiana une variété de cette espece, remar- quable par la flexion de sa columelle qui forme à lin- térieur une saillie prononcée avant de se dilater et par

une fente ombilicale profonde, en forme de croissant.

3. LIMNEA PEREGRA. Drap.

Habite le Portugal méridional. Elle a beaucoup d’a- nalogie avec la Zimnea labiata de Rossmassler qui n’en

portions et sa forme caractéristique, offre un exemple frappant d'identité. Les Ambrettes, qui vivent presque dans l’eau, offrent la mème particularité, On trouve des individus de Terre-Neuve, de la Vera-Cruz, d’Archangel, de la Martinique, de l’Archipel Indien, qui se confondent tous avec la Succinea amplibia,

PNEUMOPRANCHES. 83

est peut-être qu'une variété. Je l’ai rencontrée aussi dans les nombreuses fontaines de Cintra, avec le som- met de la spire tellement rongé, qu’elle ressemblait à une Néritine. Cette circonstance maladive n’est point particulière au Portugal et les fossés de l’abbaye de Citeaux en Bourgogne en offrent également un exemple.

4. LIMNEA INTERMEDIA. Mich,

Habite la région moyenne du Portugal. Aussi recon- naissable que puisse l'être une espèce dont le caractère principal est de n’en point avoir.

5. LIMNEA MINUTA. Drap.

Dans toutes les eaux du Portugal.

6. LIMNEA ACUTALIS. Spec. nov.

PE'NIIT fre 1.

L. testâ ovato-acutâ, ventriculosâ, tenui, pellucidä, striatâ, fulvescente: spirà conico-acuminatàä; ultimo anfractu spiram bis superante; aperturä ovatd; labro columellari replicato.

Anfract. 4. Longit, 44. Amplit. 9.

Cette Limnée a quatre tours convexes, dont le dernier, trés ventru relativement aux autres, compose à lui seul les deux tiers de la coquille. Les trois premiers forment une spire à-peu-près subulée; l’ouverture oblongue,

peu dilatée, permet à l'œil de pénétrer fort avant dans 6.

s4 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

l’intérieur. Le bord externe est régulièrement arrondi; la columelle forme un filet étroit, tordu, légèrement ré- fléchi sur la fente ombilicale qu’il masque compléte- ment. Le test est mince, transparent, strié, fauve, sou- vent couvert d’un épiderme noiratre. Cette coquille avec un tour de plus, enroulé selon les mêmes lois, offri- rait un diminutif de la Zimnea stagnalis.

Je l'ai trouvée dans un ruisseau qui arrose le riant vallon de Collarès, à une hieue à l’ouest de Cintra. Elle n’habite pas exclusivement le Portugal, car il en existe plusieurs individus dans la collection de Férussac, qui. proviennent certainement d’une autre localité; ils y. figurent sous la dénomination de Limnea vulgaris, Pleiff.; mais le dessin et la description de cet auteur, celui de

la Limnea ovata var. 6 Drap. auquel il renvoie, ceux

enfin du professeur Rossmassler, dans l’/conograplie, ne s'accordent point avec notre espèce, qui est moins ven- true et dont les premiers tours de spire sont beaucoup

4

plus allongés.

GENRE PHYSE, Drap.

1. PHYSA ACUTA. Drap.

Elle offre en Portugal trois variétés de grandeur gé- néralement constantes dans les localités qu'elles habi- tent. Celle de l’Alemtejo est conforme au type de Dra- parnaud ; Lisbonne en produit une qui dépasse rarement

PNEUMOBRANCHIS, 85

la longueur de 8 millimètres, tandis qu'elle en atteint 13 ou 14 dans les ruisseaux de l’Algarve.

9, PHYSA CONTORTA. Mich.

PI, VILL, fig. 2.

Ce n’est qu’en hésitant et après avoir comparé un grand nombre d'individus que je me suis décidé à reconnaître dans cette espèce la Physa contorta du midi de la France, de la Sicile et de l'Algérie. Son ouverture en effetest beaucoup plus épanouie; les bords en sont réunis par une callosité épaisse; l’ombilic moins en arriere est plus large et plus profond; en outre, elle se montre va- riable dans la dilatation du dernier tour et dans la tor- sion ou l'allongement de sa columelle. Mais la différence la plus saillante résulte de la propension du péristome à se réfléchir en dehors. Quand ce caractere se prononce fortement, les deux diamètres de l'ouverture sont à-peu- près égaux et d’ovale elle devient circulaire; les bords s'épaississent, se replient en arrière et prennent une forme auriculaire. Je considère néanmoins cette extrême limite comme une anomalie, malgré la tendance que montre un grand nombre d'individus à y converger.

Elle habite les environs de Coïmbre, je regrette de ne l'avoir pas trouvée vivante, mais abandonnée au bord d’un réservoir qui avait été réceniment purgé de ses eaux. j

86 MOLLUSQUES CÉPHALÉS,

CINQUIÈME FAMILLE. Lxs ancyces. GENRE ANCYLE, Geoffr.

1. ANCYLUS FLUVIATILIS. Drap.

Habite principalement le nord du Portugal. On trouve dans les torrens du Gérez une variété cristalline qui ap- partient à la même espece.

2. ANCYLUS STRIATUS. Quoy et Gaim. (1)

Espèce bien caractérisée par sa couleur, sa solidité, les accidens du test et la saillie du sommet sensiblement recourbé. Cest elle que l’on rencontre le plus commu- nément dans les eaux du Portugal. Elle correspond exactement à la description de MM. Quoy et Gaimard, qui l'ont observée à Ténériffe, d’où je l'ai reçue de mon côté. Cette circonstance m'a permis de les comparer, car la figure en est détestable dans l'ouvrage d’ailleurs très recommandable de ces savans.

J'ai remarqué que la jeune coquille était ordinaire- ment d’un brun violtre, mais qu’elle perdait bientôt son épiderme et demeurait blanchätre.

{1} Zool, de l'Astrol,, tin, p. 207, pl, vvur, fig. 35, 58,

PNEUMOBRANCHES, 87

3. ANCYLUS VITRACEUS. Sper, uov.

PI. VII, fig, 3.

A. testä conoïdeo-compressä, membranaceà, diaphanä, nitidà, flavo-vires- cente, intüs violaceâ, decussatim striatä; angulatim costulatä; apice ex- centrico, ob‘usiusculo; aperturà subrotondo-ellipticä.

Long. 8 mill.— Ampiit. 7.

Coquille de forme conoïde, subdéprimée, très min- ce, membraneuse, diaphane, résistante, recouverte en dehors d’un épiderme jaune-verdâtre non caduc ; violâtre et vitrée en dedans, avec une tache blanche opaque correspondant au sommet. Elle est gravée de stries rayonnantes croisées elles-mêmes par des stries concentriques plus faibles. En outre, sa surface est divisée du sommet à la base par une série de petits plans triangulaires, en sorte que le périmetre de son ouverture, au lieu d’une courbe, représente un poly- gone. Le sommet, excentrique , un peu obtus, est ana- logue à celui de l/nc. fluviatilis. Néanmoins il est plus près du centre et moins saillant; l'ouverture est ovale, trés élargie, les deux diamètres étant à-peu-près

Le manteau de l’animal est tacheté de points bruns qui semblent appartenir à la coquille lorsqu'il y est ren- fermé. Ce mollusque habite les ruisseaux de lAlemtejo supérieur entre Arronches et Portalègre.

Fa

88 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 4. ANCYLUS STRICTUS. Spec. nov. PI. VIII, fig. 4.

À, testà longitudinali, flavo-virescente, decussatim striatà; apice posticè acuminato ; aperturâ elliptico-angustA, anticè subdilataté.

Longit. 8 mill, Amplit. 4.

La forme longitudinale de cet Ancyle ne permet pas de le confondre avec les autres. Son épiderme est jaune-verdätre; le test, déprimé sur les côtés, est plus solide, moins luisant, moins diaphane que celui de l'espèce précédente; le sommet est postérieur et acu- miné ; l'ouverture elliptique, rétrécie, un peu plus large antérieurement.

Je l'ai trouvé dans les affluens du Sadäo, sur la route de San-Bendo à Santa-Margarita.

5. ANCYLUS OBTUSUS. Spec. nov. PI. VIIT, fig. 5.

À. test ovaio-conoïdeë, rugosiuseulà, opac4, fuscà vel nigricanie, intus cærulescente; apice obtuso, postico; aperturà ovatà, depressiusculA, anticè subdilatatä,

Long. 8 mill, Amplit. 5 4/2.

Cet Ancyle montre une certaine ressemblance avec le fluviatilis, dont il se distingue par sa forme plus ovale et plus déprimée. L’épiderme est brun ou d’un noir bleuâtre; le test solide, opaque, irrégulièrement strié dans le sens de l'accroissement; violätre en dedans, avec une tache blanche correspondant au sommet ;

PNEUMOBRANCHES, 89

celui-ci est arrondi, peu saillant, souvent rongé, tout- à-fait en arrière. L'ouverture est ovale, un peu ré- trécie, quelquefois irrégulière, plus large antérieu- rement.

Habite la petite rivière de Bragance et celle de La- mégo, dans la province de Beira.

DEUXIÈME SOUS-URDRE. DIOIQUES. FAMILLE DES TURBICINES.

GENRE CYCLOSTOME, Lamk.

1. CYCLOSTOMA ELEGANS. Drap.

Habite la chaine calcaire qui règne depuis Cintra jus- qu’à Coïmbre. Je ne l'ai pas rencontré ailleurs.

Le Cyclosioma truncatulum de Draparnaud se trouve en Algarve, dans les lagunes qui avoisinent Lagos. Je n’en fais mention ici que parce qu’il a été long-temps classé parmi les mollusques terrestres dont il doit être retranché, depuis que des observations plus sûres lui ont assigné un rang parmi les pectinibranches marins.

90 MOLLUSQUES CEPHALÉS.

ORDRE DES PECTINIBRANCHES.

FAMILLE DES TURBINÉES.

GENRE VALVÉE, Mull.

1. VALVATA PISCINALIS. Fer.

Habite les ruisseaux, aux environs de Coïmbre; elle est plus petite, plus colorée et percée d’un ombilic un peu plus évasé que la nôtre.

GENRE PALUDINE. Lamk,.

1. PALUDINA ACHATINA. Lamk.

Cette Paludine, trés rare en Portugal, habite pro- bablement quelque marécage isolé sur la limite sep- tentrionale de l’Alemtejo; je ne l'ai jamais rencontrée, quoique j'aie parcouru trois fois la vallée du Tage avec un soin minutieux ; mais je l'ai vue à Lisbonne, dans une collection particulière des productions du pays.

2. PALUDINA IMPURA. Lamk.

Dans toutes les eaux du Portugal,

PECTINIBRANCHES, 91

3. PALUDINA SIMILIS. Mich,

Cette Paludine, extrêmement multipliée dans toutes les eaux du Portugal méridional, est particulièrement abon- dante dans celles qui arrosent la vallée du Tage. On la trouve indifféremment dans les eaux vives et dans les ma- récages. Les individus mâles, dont la spire comme on le sait est plus allongée, atteigient quelquefois jusqu'à 7 millimètres de longueur. Dans la fontaine du couvent d'Arrabida, elle est recouverte d’un dépôt calcaire qui double et triple son volume. Elle présente alors l’appa- rence d’un grain de sable, tandis que l'ouverture qui sub- siste encore , révèle seule l'existence d’un être organisé.

4. PALUDINA ACUTA. Desh,

Dans les ruisseaux saumâtres, aux environs de Villa- A Réale (Algarve).

5. PALUDINA ANATINA. Mich.

Aux environs de Setubal.

6. PALUDINA GIEBA. Mich,

On la trouve abondamment dans la Fontaine-des- Larmes, près de Coimbre.

92 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

FAMILLE DES TROCHOIDES.

GENRE NÉRITINE, Lamk.

1. NERITINA VIOLACEA. Spec, uov. PI. IX, fig. r.

N. testà globoso-ovatä, violaceà vel fulvescente, lineohis creberrimis fulmi- natâ; spirâ prominulä; apice eroso; aperturâ semi lunari, anteriüs atte- nuatâ; margine columellari subincrassato.

Longit. ad 42 mill.

J'ai confondu dans l’origine cette coquille avec la va- riété serratilinea (Ziegl.) de la Neritina Danubialis. En donnant aujourd’hui plus de valeur aux nuances que j'attribuais alors à l'influence des localités, je ne puis dissimuler cependant qu’il existe entre ces deux espèces un certain air de famille, qui conduit à les rapprocher et même à les réunir, lorsqu'on ne les a pas attentivement comparées. L'espèce portugaise est plus grosse et plus allongée; son ouverture est plus arrondie, sa spire est plus saillante; le bord columellaire au lieu d’être tran- chant, se montre légèrement épaissi et forme mème un

PECTINIRRANCHES, 93

commencement de callosité qui s'étend sur la base et diminue la netteté de son contour. Le fond de la co- quille est d’une autre couleur, et les linéoles en zig-zag dont elle est sillonnée, plus fines, plus pressées, plus anguleuses que celles qui ornent la surface de la W. ser- ratilinea, ajoutent une différence de plus à celles que la comparaison des formes a déjà signalées. L’opercule montre aussi des caractères particuliers, entre autres une apophyse plus large et plus courte.

J'ai trouvé ce mollusque à Coimbre, dans la Fontaine des Larmes il est très abondant et aux environs de Cartacho en Estramadure , dans une autre fontaine qui porte le nom de Gayo. Il habite également l'Espagne.

9, NERITINA INQUINATA. Spec. nov. PIX De 2

N, testà globoso-ovatä, lutescente vel fulvescente, lineolis subarticulatis transversim tesselatâ; apice subprominulo; aperturA luteâ, semilunari, subelongatâä; margine centrali lutescente.

. x omnind lutea.

Longit. #1 ad 12 mill,

Cette Néritine a quelque ressemblance avec la précé- dente; elle est cependant plus large, moins convexe et sa spire presque toujours intacte, offre moins de saillie. La suture est aussi plus superficielle; le talus que le bord columellaire détermine à la base est tranché plus obliquement; la callosité est plus épaisse et plus éten-

94 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

due; le bord externe, un peu sinueux, s’allonge davan- tage et produit une ouverture plus ovale; enfin les stries sont beaucoup plus fines et les couleurs différentes. Les linéoles dont elle est ornée forment des angles moins ai- gus; ce sont de simples zig-zags qui, au lieu de conserver leur parallélisme, se rapprochent, s’articulent, et se des- sinent en mailles ou en écailles à-peu-près comme dans la Veritina fluviatilis.

Le fond de la coquille, l'ouverture et la base sont presque toujours jaunes; les linéoles sont brunes, l’oper- cule fauve ou rougetre; on distingue à son angle in- terne une tache bleuûtre, circonscrite par une zone plus claire. L’apophyse est courte et régulièrement arquée. Il arrive quelquefois que les linéoles s’effacent et la co- quille demeure entièrement jaune.

Cette Néritine ainsi que la précédente, montre, dans l’épaississement du bord columellaire et un commen- cement de callosité à la base, un caractère dont le déve- loppement est étranger aux espèces d'Europe et qui devient remarquable dans les deux suivantes. Je lai recueillie dans la rivière de Thomar, au milieu même de la ville; elle m'a offert ailleurs, dans les circonstances de son habitation, une particularité fort singulière; on sait que les Néritines se plaisent dans les eaux vives et limpides ; néanmoins j'ai rencontré celle-ci aux environs d’Azambuja dans un marais fétideoù elle vivait en grande abondance, fixée aux pieux ou rampant sur la vase. Le test , dépouillé de son épiderme, était corné; la base et la columelle d’un gris bleuâtre et transparent ; le sommet avait conservé son intégrité.

PECTINIBRANCHES, 95 3. KERITINA GUADIANENSIS. Spec. nov. Pl TRES.

N. tesitâ conoïdeâ, glabrâ, crassiusculà, olivaceâ vel rufescente; lineolis densissimis subangulatis obumbratäâ; aperturâ brevi, attenuatâ; margine externo sinuoso; callo columellari crasso, convexo, flavicante; ultimo anfraciu subangulato, juxtà peripheriam coarctato; apice eroso.

& rubro picta,

Longit. 44 ad 43 mill.

La forme conoïde de cette coquille et la dépression longitudinale du dernier tour la distinguent de toutes les Néritines d'Europe. Les premiers tours de spire pré- sentent un mamelon conique, dont le sommet est habi- tuellement carié; le dernier est allongé, subanguleux à sa périphérie, rétréci à sa terminaison et déprimé lon- gitudinalement au quart de sa hauteur, à partir de la suture. Cette déclivité se traduit par une légère flexion sur le bord externe qui se relève ensuite pour se re- courber en arrière à son point d'insertion. Ce dernier caractère est saillant et remarquable dans les vieilles co- quilles. Le bord columellaire est épaissi par une callo- sité d’une couleur grise ou d’un jaune assez vif, dont la saillie produit une forte convexité à la base. L'ouverture est petite; le test parait noirâtre, mais il est réellement vert ou jaunâtre ; épais, terne, couvert d’un réseau de linéoles foncées, fines, serrées, anguleuses, souvent ar- ticulées; cet ornement s’évanouit quelquefois sur un fond trop sombre et la coquille parait unicolore. Plus rarement les linéoles sont rouges, et la revétent d’un

96 MOLLUSQUES CÉPHALYS.

éclat inaccoutumé. L’opercule est blanc sale, bordé d'orange. Son limbeinférieur est sinueux et son apophyse presque droite.

Nous devons à M. Deshayes la description d’une Néri- tine qui vit dans les eaux douces de Syrie et qui a de grands rapports avec celle-ci (1). Elle en diffère néan- moins par sa forme plus globuleuse , sa callosité moins épaisse et sa couleur. En outre, la dépression submé- diane du dernier tour de $pire qui imprime une physio- nomie caractéristique à notre Néritine, est beaucoup moins sentie dans la Veritina Jordani.

Je l'ai recueillie dans les eaux troubles de la Guadiana, sur les rochers baignés par le fleuve, à peu de distance de Mertola.

4. NERITINA ELONGATULA, Spec. nov. PI. IX , fig..4.

N. testä globoso-elongatà, lævigatà, albidâ vel pallidè flavä, lineolis nigro- violaceis vel rubescentibus reticulatâ; spirô prominulâ: aperturâ brevi, ovato-attenuatâ ; callo columellari flavo, convexo, crassiusculo ; operculo radiatim striato ; limbo superiori purpureo marginato.

Longit. 8 mil].

Le sommet de cette Néritine est arrondi et saillant; le dernier tour de spire étroit et allongé; l'ouverture petite, ovale, atténuée inférieurement; le borü externe fléchit un peu avant son insertion; le bord interne pro- duit une callosité convexe d’une couleur gris-perle ou

(1) Lamarck, Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, Deuxième édition, Paris, 1838 ,t, vu, pe 592,

PECTINIBRANCHES. 97

jauneassez vif. Le testest lisse, poli et très brillant; blanc ou jaunètre avec des linéoles noires, violâtres ou d’un rouge sombre. Ces linéoles sont plus larges et plus for- tement accusées que dans les espèces précédentes. Elles ne forment d’angles qu’à leur rencontre, leur disposition étant purement réticulaire.

L’opercule est grisâtre, strié, bordé supérieurement d’une zone d’un rouge très vif, marqué d’une tache bleuâtre à son angle interne. Son apophyse est très forte.

Habite la source du ruisseau d’Alemquer en Estra- madure.

FAMILLE DES MÉLANIENS.

GENRE MÉLANIE. Lamk,

1, MELANIA CHARREYI, Spec. nov,

PI, VII, fig. 5.

M. testâ solidâ, perforatâ, fusiformi, ventriculosä, glabrâ, luteo-virescente, lineâ albid4 ponè suturam ; apice acuto, violaceo; aperturä parvä, ovato- angulatâ ; peristomate subtruncatulo.

Longit, 44 mill,

Coquille perforée, fusiforme , aiguë au sommet, un peu renflée à la base; composée de huit tours peu con-

C1 4

98 MOLLUSQUES CÉPHATFS.

vexes, croissant insensiblement et séparés par une su- ture assez nette. L'ouverture est entière, ovale, angu- leuse et tres petite; le bord columellaire légèrement réfléchi ; le péristome obscurément tronqué à sa base. Le test est solide, finement strié, mat, d’un jaune ver- dâtre ; les premiers tours de spire sont violâtres; une zone blanchätre décurrente accompagne la suture. L’o- percule est excessivement mince, membraneux, incom- plet, légèrement concave en dehors, à élémens con- centriques très obscurs.

Ce mollusque est plutôt marin que fluviatile; il vit avecles Auricules et certaines Paludines dans les lagunes de Villa Reale que le retrait de la mer laisse à-peu-près à sec pendant une grande partie du jour. Il habite aussi les flaques saumâtres de la vallée du Tage.

os

000990 90990900 2900 2990 2090 20 29 29 9060 209900 90 29 9099009000 2009 2990000099 3000 2900 9920

MOLLUSQUES ACÉPHALÉS.

Dymiaires.

FAMILLE DES CYCLADÉES. GENRE CYCLADE. Brug.

1. CYCLAS RIVALIS. Drap.

Habite une grande partie du Portugal. Les sommets de la coquille sont très obtus.

3. CYCLAS LACUSTRIS. Drap.

Dans le Rio da Gaivota, à une demi-lieue de Lagos (Algarve).

3. CYCLAS CALYCULATA. Drap.

Les marécages d’Azambuja (Estramadurce).

>

4. CYCLAS FONTINALIS. Drap.

Habite les fontaines de l’Estramadure,

" ‘°

100 MOLLUSQUES ACÉPHALFS,

FAMILLE DES NAYADES.

GENRE ANODONTE, Lamk.

1: ANODONTA CYGNEA. Drap.

J'ai trouvé cette Anodonte dans de profonds maré- cages connus sous le nom d’Alkédon , entre Alvalada et Azambuja. Elle se rapproche beaucoup moins de l’es- pèce de Draparnaud qui parait être lP4rodonta cel lensis, que du type linnéen, que les Allemands ont su reconnaître et distinguer. Néanmoins elle est plus atté- nuée postérieurement et peut, jusqu'à un certain point, servir de transition de l’une à l’autre. Sa hauteur est de 80 millimètres sur 130 de longueur.

2, ANODONTA REGULAMRIS. Spec, nov.

BIENS

A testä ovato-oblongä, ventricosâ, fragili, vix alatâ; anteriùs breviter ovatâ; posterius suhdilatatâ; inferius regular; umbonibus tumidis, decor- ticatis; epidermide lamelliformi, nigro-virescente,

Altit, 66 mill. Longit. 400 ad 425.

Cette Anodonte meparait distincte de toutes celles que nous connaissons. Elle est régulièrement ovale, peu

MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. 404

allongée, renflée, légèrement bäillante, médiocre- ment ailée et généralement constante dans sa forme et dans sa couleur. Le test est mince, bleuâtre à l'intérieur, sillonné en dehors et revêtu d’un épiderme d’un vert noirâtre, mince, lamelleux, caduc, gar- nissant la surface et croissant en épaisseur à mesure qu’il s'éloigne du bord dorsal. Le bord antérieur (1) est ovale, quelquefois un peu atténué ; postérieurement elle est dilatée, plutôt arrondie que tronquée; le bord in- férieur décrit une courbe régulière. La carène trans- versale (2) est excessivement obtuse; les crochets sont arrondis, protubérans, écorchés, légerement ridés, d’une couleur brune cuivrée. La lame cardinale est émoussée et peu sinueuse; les impressions musculaires tres faibles.

Les marécages qui avoisinent le lac Tonga, sur la côte nord-est de l'Algérie, nourrissent une Anodonte qui se rapproche de celle-ci, surtout par la nature de son épi- derme; mais elle s’en distingue par sa dépression , sa forme moins régulièrement ovale, la saillie de ses cro- chets et celle de la carène transversale. L’Ænodonta re- gularis habite la Taméga; on la trouve en abondance aux environs de Chaves, dans les marais formés par le débordement de cette riviere.

(1) Je dois prévenir ici que j'ai adopté les principes de M. de Blainville qui envisage la coquille univalve ou bivalve dans la situation qu’elle occupe sur lani- mal, lorsqu'il marche devant le spectateur.

(2) J'appelle carène transversale celle qui est déterminée postérieuremeul sur chacune des valves par l’inflexion plus ou moins brusque qu’elles subissent avant

de se réunir; elle est distincte de la carène qui circonserit le corselet,

102 MOLLUSQUES ACÉPHALÉS,

3. ANODONTA MACILENT A. Spec. nov. PI ex:

A. iesià oblongo-depressà, alatà, transversim carinatà, rusticè sulcat4, lævi- gaià, mediocriter Crassà, viridi-fuscescente; anterius vix productà, ro- tundatä ; posteriüs obtusè truncatâ ; inferiüs sæpius sinuatâ; umbonibus compressis; pube carinà circumscriptà.

Alut, 63 mill. Longit. 420 ad 440.

Cette Anodonte que je crois inédite comme la précé- dente, s’en distingue facilement par l'épaisseur des valves et leur aplatissement. Elle est ovale-oblongue, variable dans sa dépression, plus ailée, moins bâillante, arrondie et tombante antérieurement ; allongée et tron- quée postérieurement ; la carène transversale est mieux déterminée que dans lÆnod. regularis ; celle qui limite le corselet est aussi plus saillante et en même temps plus droite. Le bord supérieur est arqué; le bord abdo- minal décrit une sinuosité plus ou moins sensible avant de se prolonger postérieurement. Le test est solide, on- dulé et d’un blanc bleuâtre à l’intérieur ; grossièrement sillonné et d’un brun verdâtre à lextérieur; les crochets sont déprimés, écorchés ; la lame cardinale large et apla- tie; le ligament très fort; les impressions musculaires profondes.

Je l'ai trouvée en assez grande abondance à une lieue de Coimbre, dans de profonds marécages voisins du Mondégo et connus sous le nom de Valla da Géria. Les grands individus atteignent 143 millimètres de lon-

gueur.

MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. 103

4. ANODONTA ANATINA. Drap.

Dans le fleuve Sadäo, à peu de distance de sa source.

5. ANODONTA LUSITANA, Spec, nov. Pi. XITI, fig. v4

A. testà elliptico-elongatà, tumidiusculà, solidä, rugoso-strigatä; anterius angustè productâ; posteriüs obtusè truncatâ; margine superiore adscen- dente; umbonibus parüm eminentibus; epidermide olivaceo, posterius largiter radiato.

Altit. 45 mill. Longit. 95.

Coquille ovale-allongée , étroite aux deux extrémités, arrondie et comprimée en avant; dilatée et obscurément tronquée en arrière; munie d’une aile assez relevée, dont le sommet est émoussé et le périmètre convexe, tandis qu’il offre dans lÆnod. anatina une disposition inverse; médiocrement épaisse, luisante , inégalement sillonnée ; d’un vert olivâtre avec deux ou trois larges rayons à l'extérieur ; d’un blanc laiteux en dedans avec de fortes impressions musculaires. Les crochets légère- ment écorchés, sont peu saillans; le corselet est nette- ment circonscrit.

Cette coquille, à-peu-près de la taille de l'aratina , emprunte une physionomie particulière au prolonge- ment de son extrémité antérieure, qui semble plus étroite que le côté opposé. Elle habite les affluens de la Guadiana qui descendent des hautes vallées de l'Algarve entre Mertola et Castro-Verde. Il m’a été impossible de

404 MOLLUSQUES ACÉPHALÉS.

me procurer les noms exacts de ces cours d’eau , qui ne figurent sur aucune carte et arrosent des régions sauva- ges et à-peu-pres inhabitées.

6. ANODONTA RANARUM. Spec. nov.

Pl XII; fr. Re

À. testà elongatà, depressiuscul4, sulcatà, tenui, anterius parüm product; posteriüs rostratä; margine superiore horizontali, vix alato; epidermide viridi vel flavescente; posteriüs obscurè radiato.

Altit. 46 mill. Longit. 92.

Cette Anodonte offre dans la combinaison de ses for- mes une disposition précisément inverse de l'espèce pré- cédente. Allongée comme elle , mais plus déprimée, elle s’élargit en avant et s’atténue en arrière. Son /aucies est déterminé par lhorizontalité du bord supérieur qui, jusqu'à la terminaison du ligament, conserve à- peu-près son parallélisme avec le bord opposé. L'épi- derme est d’un vert tirant sur le jaune avec quelques rayons effacés.

Il est facile de la confondre avec V4. anatina, surtout si l’on borne l'examen à un individu isolé. Cependant on la reconnaitra toujours à son corselet dont la dilation est réduite à l'expression la plus simple, tandis que dans l’anatina il se relève en forme de triangle. En outre, l'angle déterminé par la rencontre de cette expansion et du bord postérieur est presque nul dans notre espèce.

MOLLUSQUES ACÉPHALÉS, 105

Elle habite avec la précédente. Je n’ai recueilli que trois individus qui présentent tous les mêmes carac-

teres. GENRE MULETTE. Brug.

1. UNIO WOLWICHII. Spec. nov. PI. XII, fig. r.

U. testâ ovato-compressä, carinatà, subauriculatà, tenuissimè striatà, nigrâ : latere antico sinuoso-rotundato; postico producto, incurvo; margine dor- sali compresso; umbonibus depressis; dente cardinali in valvulâ dextrâ subbifido, lamelliformi, eminente, incurvo; in sinistrâ triangulari; in utrâque valdè anteriori.

Altit. 38 mill. Longit. 74.

Cet Unio, par la netteté de ses caractères et sa physio- nomie remarquable, est un des plus intéressans que nous connaissions en Europe. Il est ovale, déprimé, sub- caréné et sensiblement auriculé. Le bord antérieur est court et décrit une légère sinuosité avant de s’arrondir; le bord postérieur montre une flexion correspondante et se recourbe vers la base; les crochets sont allon- gés, déprimés et profondément excoriés; le corselet dilaté se relève en crête saillante; l'épiderme est noir, persistant, peu luisant et tres finement strié; le test est médiocrement épais, d’une nuance bleuâtre, lai- teuse et sans éclat à l’intérieur ; on y remarque en avant

106 MOLLUSQUES ACÉPHALÉS.

eten arriere plusieurs plis obsolètes qui rayonnent du sommet. La dent cardinale, tout-à-fait antérieure, est sur la valve droite, anguleuse, lamelliforme, striée, proé- minente, recourbée en dedans et divisée en deux lobes, dont je plus antérieur est rudimentaire ; sur la gauche , elle est peu saillante , triangulaire et séparée en deux par une large excavation; le lobe postérieur n’est qu’une dépendance de la lame cardinale dont il continue la flexion ; cette lame est courte, arquée, presque terminale et nettement dessinée; le ligament est fort étroit; l’im- pression musculaire antérieure est profonde ; postérieu- rement, sa trace est superficielle. L'insertion des fibres dorsales s'effectue immédiatement sous les crochets dans un petit nombre de fossettes irrégulières, comme on le voit généralement chez les espèces voisines des Ano- dontes, par exemple chez l’'Unio Bonellii (1).

Je dois cette précieuse coquille à la libéralité de M. Wolwich, directeur du jardin botanique de Lisbonne, naturaliste plein de zèle et de savoir, qui la recueilli dans les eaux de la vallée du Tage, entre Villa-Nova et Azambuja , sans qu’il nous ait été possible de la re- trouver. Un individu que j'ai cru reconnaitre au cabinet d'histoire naturelle de Coïmbre, mais dont la surface avait été malheureusement polie, me fait soupçonner qu’elle vit aussi dans les environs d’Aveiro et peut-être dans le canal d’Ovar que j'ai négligé d'explorer.

(x) L'impression de ce muscle, variable dans sa forme et dans la situation qu'il occupe, pourrait fournir d'assez bons caractères qui, je crois, ont été négligés jusqu'ici.

MOLLUSQUES ACÉPHALÉS, 107 2, UNIO TRISTIS. Spec, nov.

PI. XIIT, fig. 2.

U. testâ ovato-compressä, subearinatä , rari-sulcmà, lævigatà, aterrimä; an- terius rotundatâ; posterius productà, sinuoso-attenuatà; margine dorsali acuio ; umbonibus valdè depressis ; dente cardinali in valvulä dextrà sim- plici, obtusiusculo; in sinistrâ subapiciali, crenulaio, laminâ in utrâque simplici. 4

Alut. 30 mill. Longit. 62.

Coquille mince, ovale, oblongue, comprimée, subca- rénée; recouverte d’un épiderme très noir, parfaitement lisse, traversé par de rares sillons longitudinaux. Le bord antérieur est régulièrement arrondi; le côté op- posé sinueux , allongé et atténué; le bord dorsal est linéaire et formé par le ligament qui se prolonge hori- zontalement d’une extrémité à l’autre par-dessus les crochets. Ceux-ci se montrent déprimés , anguleux, dé- pouillés de leur épiderme ; le corselet est dilaté, relevé et un peu moins saillant que dans l’espèce précédente, La charnière sur la valve droite, offre une dent simple, obtuse et triangulaire; sur la gauche, elle est irrégulière. et hérissée de petites aspérités très aiguës; la lame car- dinale n’est formée que par l'épaississement du bord supérieur sous le ligament ; elle ne se divise pas sur la valve gauche en deux lamelles distinctes, mais elle est parcourue dans sa longueur par un sillon obsolète.

J'ai trouvé cette coquille à peu de distance d’Ama- rante, au bord de la Taméga. J'ai vainement pro- longé mon séjour dans cette ville pour explorer soi- gneusement la rivière ; vainement je l'ai remontée plus

108 MOLLUSQUES ACÉPHALÉS,

tard jusqu'aux limites du Portugal dans l'espoir d’être plus heureux ; il ne m'a pas été permis de rencontrer un second individu de cette espèce remarquable.

3. UNIO PICTORUM. Drap.

La faune Européenne s’est accrue dans l’espace de quelques années d’une si grande quantité d’unios, qu’elle rivalisera bientôt, au moins dans sa nomenclature, avec celle de l'Amérique du nord. Depuis l'ouvrage de Dra- parnaud, la France s’est enrichie de treize ou quatorze espèces jusqu'alors inconnues (1); l'Italie en compte une nombreuse série ; mais l'Allemagne est intarissable et elle marché incessamment à de nouvelles découvertes. Cependant, à l'exception d’un petit nombre d'espèces qui se distinguent par des caractères sérieux, le reste, à mon avis, doit inspirer au moins des doutes; en effet si l'examen d'une coquille isolée résout quelquefois la question en faveur de lespèce, la comparaison d’un grand nombre d'individus vient affaiblir souvent la valeur des caractères qui nous ont paru distinctifs et nous la voyons se rattacher par une succession de mo- difications graduées à un type depuis long-temps con- nu. Cette observation, je l’ai renouvelée sur les bords du Tage l'Unio pictorum est très multiplié. Dilaté, comprimé, lancéolé ou raccourci, il varie constamment dans ses proportions et dans la forme de sa char-

(1) Par exemple : Vnio rostratus, Batavus, mancus, elongatus, ovatus, nanas tumidus, Desheysü, Requieni, Roissyi, subtetragonus, Moquinianus ,

areuatus , Michaudienus, Bigerrensis. etc.

MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. 109

nière. Quelquefois l’extrémité antérieure, courte et tombante, laisse les crochets tout-à-fait en avant, ou bien elle se relève, s’allonge, et ils occupent alors le tiers antérieur du bord dorsal. Des nuances graduées unissent ces deux extrêmes par une transition insen- sible. Les modifications du côté opposé sont encore plus nombreuses; on peut dire qu’elles n’ont point de limite et qu’elles rendent impossible l'identité de deux individus. La couleur à son tour, passe du brun foncé au jaune clair ou verdâtre, avec ou sans radiations.

Indépendamment des variétés du Tage, je citerai parmi les plus remarquables celle du Mondégo voisine de l'Unio Capigliolo; une seconde du Val d'Adé- mia près de Coïmbre, analogue à l Unio Gargottæ; enfin une troisième de la Guadiana, d’un beau vert clair, très lancéolée. La nacre de ces coquilles, est souvent teinte d’une couleur jaune doré.

4. UNIO BATAVUS. Lamk. :

Cet Unio est assez nettement caractérisé en Portu- gal, pour qu'il soit impossible de le confondre avec les variétés de l’espece précédente. Dans la Guadiana et ses affluens, il est vert, rayonné de jaune, atténué postérieu- rement ; dans le Tage, il est brun, plus développé et plus ramassé en même temps; dans le ruisseau d'Otta (Estramadure) , il conserve l’intégrité de ses crochets marqués de rides saillantes et son extrémité postérieure montre une certaine tendance à se recourber vers la base. Rarement sa nacre est dorée et lorsqu'elle offre cette

A1 , MOLLUSQUES ACÉPHALÉS.

nuance, c’est toujours à un degré très faible.Son habi- tation dans le Tage, est distincte de celle de FUrio pictorum; on le rencontre rarement sur les plages sa- blonneuses celui-ci rampe par milliers; il préfère les bords vaseux du fleuve et s'enfonce horizontalement dans leurs parois. | La coquille de ce mollusque nous fournit un nouvel exemple du peu de valeur des appréciations isolées ; comme l’Urio pictorum, elle a sa variété rostrée; va- riété que j'ai prise pour une espèce différente et qui s’écarte tellement du type dans certains individus, qu’il faut en examiner un grand nombre pour saisir la rela- tion des deux formes extrèmes. Celle-ci habite un af- fluent de la Guadiana, entre Castro-Verde et Mertola.

5. UNIO DACTYLUS. Spec. nov. Pl XCIV, fig.42s

U. testâ cylindraceä, crassiusculâ, fuscâ, fulvo-lutescente longitudinalite r zonatâ; anterius vix productâ, rotundatà; posteriüs ovato-truncalä; um- bonibus parùm eminentibus; dente cardinali in vaivulà dexträ simplici, crasso, striato: in sinistrâ, subbifido, compresso, rugoso; ligamento valdè elongato. ;

AL 26 mill, Longit. 60.

Coquille cylindracée, arrondie et très courte anté- rieurement, tronquée et atténuée en arrière; légèrement sinueuse à la base; élargie sur le dos; solide, sillonnée, surtout vers le bord inférieur; de couleur brun foncé ; ornée d’une zone médiane roussâtre; la carène trans- versale est presque nulle; celle du corselet plus appa-

MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. . an

rente; les sommets profondément excoriés sont larges, peu saillans et séparés par un intervalle de 3 millimètres; la dent cardinale sur la valve gauche, longitudinale, excavée, tuberculeuse, ne se divise pas en deux lobes bien distincts; épaisse et simple sur la droite, elle . forme une crête à dentelures émoussées. Le ligament se prolonge tres en arrière. L’impression des muscles ad- ducteurs est profonde.

Les caractères de cette coquille sont nets et précis ; mais comme je ne possède qu’un seul individu, il m'est impossible d’affirmer qu'ils soient constans. Sa forme offre une certaine analogie avec la variété rostrée de l’'Unio Batavus; mais sa charnière la sépare profondé- ment de cette espèce et de toutes celles qui en sont voisines.

Habite un affluent de la Guadiana près de Castro- Verde en Algarve.

6. UNIO MUCIDUS. Spec. nov,

Pl. XIV, fig. 3.

U. testä ovato-elongatä, fusco-nigricante vel virescente, anteriüs brevi, angustà, rotundatà; posterius productà, ovato-truncatä ; umbonibus parum tumidis, valdè decorticatis; pube sulco obsoletè circumseripto.

Altit, 34 mill. Longil. 72,

Cet Unio est ovale, allongé, peu renflé, peu épais; court et arrondi antérieurement; tronqué postérieu- rement et souvent légérement recourbé vers la base. Les crochets peu saillans, sont profondément rongés ; l'épi-

412 MOLLUSQUES ACÉPHALÉS.

derme, très caduc, est brun ou vert nuancé de jaune, quelquefois avec des rayons larges et obscurs. La char- nière, tres variable, offre beaucoup d’analogie avec celle de l’'Unio pictorum dont notre ;espece se distingue par les caractères suivans que J'ai vérifiés sur plus de soixante individus recueillis dans trois localités difté- rentes.

La lame cardinale plus mince, plus régulière dans sa flexion, est moins rugueuse et très rarement sil- lonnée.

Le sinus s’insère le muscle dorsal est plus pro- fond; au lieu de s’enfoncer et de disparaitre sous la voûte cardinale, il est tout-à-fait en évidence.

Le corselet est limité par un sillon obscur au lieu de l’être par une carène.

Enfin les stries d’accroissement sont plus fines, plus serrées, plus lamelleuses, circonstance particulie- rement sensible chez les jeunes individus dont le test n’a pas encore subi d’altération.

Ce n’est pas sans hésitation que je propose cette espèce qui m'a paru cependant différer de lUrio pictorum et de ses variétés. En vieillissant elle se dépouille d’une partie de son épiderme; le iest devient extrêmement fragile; les crochets, mis à nu jusqu’au milieu du dis- que, prennent une teinte métallique qui lui donne alors un aspect très particulier.

Elle vit dans les rivières du nord et notamment dans la Taméga, le Cavado et la Lima.

MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. 113

6. UNICO LITTORALIS. Drap.

Pl. XIII, fo..3 , ét PI. XIV, fig, 1.

Les modifications nombreuses que ce mollusque subit en Portugal dans la forme, les proportions et la couleur de sa coquille, prouvent qu'il ne faut admettre qu'avec une grande réserve toute détermination basée sur un caractère isolé. Extrémement multiplié dans les eaux de cette région, l'Unio littoralis atteint dans les grands fleuves jusqu'à 9 décimètres de longueur; le Tage pro- duit une jolie variété subtétragone, subtrigone ou sub- arrondie, rayonnée de brun ou de vert sur un fond jaune rembruni aux deux extrémités. La nacre est im- prégnée de la même couleur (1). Dans le ruisseau d'Otta, non loin d’Alemquer, les crochets très rugueux conservent leur épiderme et l'extrémité postérieure s'allonge et se recourbe vers la base. Dans les marais d'Alkédon, elle habite une vase noire et profonde, elle est remarquable par son épaisseur; à Silves au con- traire, elle devient mince, fragile et d’une forme ellip- tique bien différente de celle qui la distingue habituel lement.

La charniere subit à son tour des modifications corré-

(r) C’est une de ces variétés que M, Lea a reçue de Gibraltar, et qu'il a décrite comme espèce nouvelle en 1832 sous le nom d’Unio incurvus, reconnaissant plus tard que cette forme n’était pas spécifique, mais accidentelle, et qu'elle se ratta= chait au type de Draparnaud (Voyez Transact, philos. Philadel. A. 1834, p. 97, pl. x, f, 29 et 1835, p. 89). Je possède un individu recueilli dans le Tage dont la forme est identique avec la figure de M. Lea, La couleur elle-même offre

une parfaite similitude : Fellowisek brown; rays oblique and green.

al4 MOLLUSQUES ACÉPHALÉES,

latives ; en général, la dent cardinale est moins saillante, moins relevée et moins crénelée que dans l'Europe bo- réale. Très épaisse chez les individus qui naissent dans les grands fleuves, comme le Tage et le Douro, elle s’é- mousse et s’affaisse chez ceux qui vivent dans les faibles cours d’eau de l’Algarve.

En terminant la description des mollusques que j'ai recueillis en Portugal, je crois devoir fixer l'attention du naturaliste que les mêmes études dirigeraient vers la même contrée, sur les points qui ont échappé à mon exploration et qui peuvent lui offrir quelque chance de succes. Je signalerai particulièrement la Serra d’Estrella avec le rameau qui se prolonge jusqu’à la forteresse d’Alméida; les montagnes calcaires de Louzaa ; les ma- récages d’Aveiro et le canal d'Ovar; enfin la lisière oc- cidentale de l'Alemtéjo, depuis Sétubal jusqu’au cap Saint-Vincent. L’intervalle que j'ai parcouru recele probablement encore des moliusques ignorés qui ont échappé à mes investigations; les efforts du voyageur isolé sont effectivement bornés dans lear résultat etil ne peut embrasser qu’à l’aide de I: pensée les horizons nouveaux qu'il découvre chaque jour. Cest à l’expé- rience à diriger sa marche; c’est l'examen du sol, de la végétation, des eaux, qui doit lui servir de boussole ; mais quelle que soit son activité, il ne trace qu’une ligne au milieu de vastes espaces qui lui demeurent in- connus. Néanmoins, les considérations générales que

*

j'ai développées sur le caractère d’uniformité et sur la

MOLLUSQUES ACÉIHALFS. 115

constilution particulière du territoire portugais, font présumer que des recherches ultérieures n’ajouteront pas beaucoup à la Faune malacologique de cette région; je crois avoir réuni dans cet ouvrage la grande majorité des mollusques terrestres et fluviatiles qui y sont ré- pandus et si l'avenir en signale de nouveaux, leur nombre sera trop limité sans doute pour modifier les conclusions que le lecteur a tirées de mon travail.

FIN.

APPENDICE.

Aux six espèces de Parmacelle que nous avons énu- mérées , il faut en ajouter une septième, dont le hasard nous a révélé l'existence, et qui figure sous le nom de P. Mauritius dans un catalogue rédigé par M. de Férus- sac, et inséré au Zulletin universel des sciences naturelles, Ann. 1827, t. x, p. 300. Ce mollusque, recueilli par M. Rang à l'Ile-de-France, offrirait de grands rapports avec la P. Palliolum du Brésil, dont il se distinguerait néanmoins par quelque modification dans la forme du corps et-dans celle du rudiment testacé. Nous n'avons pas d’autres détails.

Voilà donc encore une espèce que la géographie rat- tache au continent africain, dont les deux points ex- trêmes offrent ainsi une relation inattendue. La nature, sans doute, n’a point placé la Parmacelle d'Oran et celle de l'Ile-de-France comme deux types isolés à 5o degrés. de distance; d’autres espèces viendront se grouper autour d'elles à mesure que les explorations scientifiques élargiront notre horizon au-delà des deux points qu'elles occupent. Combien de créations ignorées se révéleront dans l'avenir, quand l'effort persistant de la civilisation moderne aura enfin ouvert aux vœux du naturaliste tout un monde inconnu qui sépare l’habita- tion de ces deux mollusques!

Enfin, s’il fauten croire les savansexplorateurs des pos- sessions néerlandaises dans l’Inde, plusieurs membres de cette tribu vivraient dans les hautes régions de l’ile de Java (1).

Malheureusement nous manquons de renseignemens précis, la section qui concerne les mollusques n'ayant pas encore été publiée dans le travail de ces natur alistes.

(x) Voyez l'extrait d’une lettre de M, Va:-Hasselt dans le Pullet'n universel des sciences naturelles ; année 192%, tar y PA82:

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MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

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ARION SULCATUS.

L'animal est représenté dans son état de contraction et dans sa plus grande extension.

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MOLLUSQUES CÉPHALÉS-

PLANCHE II.

FIG. 4. ARION FULIGINEUS. F1G. 2. ARION TIMIDUS.

L'individu contracté correspond à la variété à des

provinces septentrionales.

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MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

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PLANCHE III.

FIG. 1. -— LIMAX ANGUIFORMIS. FIG. 2. LIMAX SQUAMMATINUS. FIG. 3. LIMAX VIRIDIS.

FIG. 4. LIMAX LOMBRICOIDES.

On a grossi le bouclier pour montrer la divergence des stries.

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MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

PLANCHE IV.

PARMACELLA VALENCIENNIL

Ce mollusque est représenté dans l’état de développement et dans celui de semi-contraction. Le dernier individu est entièrement contracté. On a pratiqué une incision dans la région postérieure du bouclier pour mettre en évidence le rudiment testacé.

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Lnprimé par Tourfaut

MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

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PLANCHE V.

F1G. 1. SUCCINEA LONGISCATA. FIG. 2. SUCCINEA AMPHIBIA. F1G. 3. SUCCINEA VIRESCENS.

FIG. 4. SUCCINEA ABBREVIATA, grossie et de grandeur

naturelle.

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{primé par Jour/aut

RUE 4 }

MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

PLANCHE VI.

F1G. 1. HELIX LUSITANICA. FIG. 2. HELIX SIMPLICULA. FIG. 3. HELIX TURRIPLANA. F1G. 4. HELIX PONENTINA.

F1G. 5. HELIX CISTORUM.

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Vaillant pinx Lebrun sculp

Imprimé par Tourfaut

F1G. FIG. FIG.

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MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

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PLANCHE VIl.

1. HELIX INCHOATA.

2. HELIX SERRULA.

3. AURICULA GRACILIS. b. AURICULA CILIATA.

On l’a grossie pour faire voir la disposition des cils au- dessous de la suture.

9. MELANIA CHARREYL

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MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

PLANCHE VIII.

. LIMNEA ACUTALIS.

. PHYSA CONTORTA.

ANCYLUS VITRACEUS. . ANCYLUS STRICTUS. ANCYLUS OBTUSUS.

PL. VII.

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MOLLUSQUES CEPHALÉS.

PLANCHE IX.

FIG. 1. NERITINA VIOLACEA.

L'opercule est mal placé.

FIG. 2. NERITINA INQUINATA. FIG. 3. NERITINA GUADIANENSIS. FiG. 4. NERITINA ELONGATULA.

La convexité de la base n'a pas été sentie par le gra-

veur.

PL. IX

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MOLLUSQUES ACÉPHALES.

PLANCHE X.

ANODONTA REGULARIS.

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MOLLUSQOUES ACÉPHALES.

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PLANCHE XI,

ANODONTA MACILENTA.

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Vaillant pinx

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MOLLUSQUES ACEPHALES.

PLANCHE XII.

F1G. 1. ANODONTA LUSITANA.

F1G.. 2. ANODONTA RANARUM.

PL. XI.

Vaillant pinx

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MOLLUSQOUES ACÉPHALES.

PLANCHE XIIT.

FIG. 1 UNIO WOLWICHII. FIG. 2. UNIO TRISTIS.

FIG. 3. UNIO LITTORALIS, variété du Tage.

PL. AIT.

Vaillant pinx Visto

MOLLUSQUES ACÉPHALÉS.

PLANCHE XIV.

FIG. 1. UNIO LITTORALIS, variété du ruisseau d’Otta. FiG. 2. UNIO DACTYLUS.

FIG. 5. UNIO MUCIDUS.

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Vaillant pinx

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