a 11 DATE à Pro: * ar \ DEE Be Len PQ N MR v Ne D. _ DESCRIPTION PHYSIQUE RÉPUBLIQUE ARGENTINE II fi v + : À - 4 5 CRT ENS D en . 4 mel. "À A1 k IM C Es AS er Au wi! Fr A Ve | ? Pas n Tr ” | L r | x % Er FT LAS 5 "A 1 A 7 BUÉNOS-AYRES, — — BMPRDNERIE DE r. x F = + . \ n ‘ k | t fr. % | ns ”. à Y TERN nee Baer ET 4 u (EX 0 6. SAS Î . : . : ( “NER pu « # » N nd 8 Y à T "4 > ._ 1 m % = > # 2 N > h = r “+ re 9 : + vg : “ £ À 1e .. ÿ 5 [= à k v v L PE NS Ye AE PO TNT & Aue 1 + J de ar u 2 l EVA . hf gt m ù 4 = HEC À Kr à ; | i A ern x R RN 1 vi 2 A : - R | = { M y N C . | 7 . £ EL > N \ | x Ne 4 À W N \ = “ f E h *} 1, PH +} (an 0 * u F mis Sy : #1 1 é Kr De a ( PUY { : , _ 4 t 4 fu : v . } | 1 r 4 11 L su > | DESCRIPTION PHYSIQUE 2 | DE LA E— ARGENTINE PRÈS Das OBSERVATIONS PERSONNELLES ET RN ‚PAR LE D' H. BURMEISTER Docteur du Museo Püblico de Buenos-Ayres ondant des Académies des sciences de Berlin, St-Pétersbourg, Ligue gtoi et de PHDIeret de Santiago du Chili, ete., etc., ete. =. DAIRBAUX. ‘38 3 © Avocat, Membre de plusieurs Sociétés EE , LE A > ù NY PIN Pr À Dr s an PARIS. x Oumar F. SAVY g ne Jen # vr, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 77 j Kin + y wi À " - Près la rue Hautefeuille M ASS 1876 un MER: + Hi Doux drolis thés vès vi PRÉFACE dans le septième celle des mollusques et autres animaux inférieurs, et dans les trois restants, pour compléter le nombre de dix énoncés : la Botanique dans les huitième et neuvième et dans le dixième la Géognosie spéciale. Chaque volume devait être accompagné de la partie correspondante de. l'Atlas de cent planches, que j'avais promis dans la préface du tome 1*. | Je dois renoncer à mon projet, et en raison des circon- stances que j’ai relatées, conserver en carton tous ces maté- riaux déjà réunis depuis longtemps, et jusqu'aux dessins, dont 24 feuilles grand in-folio, contenant les vues pittores- ques du pays, sont déjà prêtes et dessinées. la plupart: par moi-même: | Tous ceux qui se sont occupés de publications de ce genre savent, en effet, quels frais considérables exige la réalisation d’une pareille entreprise; ils sont au-dessus des forces d’un particulier, et ne sauraient être couverts sans le secours du gouvernement que la publication intéresse, Les lecteurs qui désireraient connaître la description des mammifères éteints et des animaux vertébrés actuellement existants, devront donc recourir pour l’étude des premiers aux Anales del Museo Püblico de Buenos Aires, publiées! par mes soins, en langue espagnole, en 2 tomes in-4°, avec plan- ches, de 1866 à 1874, et pour les seconds, au second volume de mon Voyage, publié en langue allemande à Halle, en 1861. Buénos-Ayres, le 20 août 1876. À H. BURMEISTER. DESCRIPTION PHYSIQUE DE LA RÉPUBLIQUE ARGENTINE LIVRE TROISIÈME Climatologie Les observations sur la constitution météorologique de la République Argentine, dont je vais donner ici les résul- tats, me sont presque toutes personnelles. Il n'existait, avant mes publications de 1861, que quelques observations faites à Buénos-Ayres par divers savants, de temps en temps, presque depuis le commencement du siècle. J'ai publié, le premier, un résumé de ces observations, il y a déjà plus de quinze ans, dans les Actes de la Société d'Histoire naturelle de Halle, tome VII (1863), pour con- naître les résultats qu’elles donnaient et les comparer à ceux de mes propres observations, faites antérieurement à Mendoza, Paranä et Tucuman, et publiées dans les mêmes Actes, tome VI (1861). Depuis cette époque, je me suis occupé chaque jour d'observations semblables à Buénos- Ayres. J'ai, de temps en temps, signalé les phénomènes les plus remarquables, dans le Journal de la Société Géo- graphique de Berlin (voyez tome XIX, page 366, de 1865, et tome II de la nouvelle série de 1867), et je vais donner à présent le résultat de ces observations, faites pendant une REP, ARG.—T. II. 1. 2 CLIMATOLOGIE durée de dix ans, c’est-à-dire du printemps de 1862 jusqu’à la fin de l’hiver de 1874, seulement interrompues quelques fois par mon changement de domicile du Musée public de Buénos-Ayres, à cause des nouvelles constructions exécutées dans cet établissement, ou par des voyages scientifiques, qui me forçaient à quitter Buénos-Ayres pour quelques mois, et même pendant plus d’une année entière. Je commencerai donc ma description de la climatologie argentine par celle de Buénos-Ayres, dont je comparerai les résultats à ceux des observations faites antérieurement à Mendoza, Paranä et Tucuman, de la même manière que dans les Actes cités plus haut ' — (*). BUENOS-AYRES Le climat de Buénos-Ayres, que SancHo DEL Campo, l’un des premiers conquérants du pays, venu au Rio de la Plata en 1535, avec l’expédition de D. Penro DE MENDOZA, avait désigné assez emphatiquement sous le titre qui est devenu le nom de la ville, n’est pas en réalité aussi agréable que son nom (bon air) Vindique. L’atmosphere y est rarement tranquille, et les vents dominants du Sud ou Sud-Ouest (Pamperos), généralement assez forts, entrai- nent avec eux une grande quantité de poussière qui pé- nètre dans les maisons par les ouvertures les plus petites et par les moindres fissures. Ces vents, ainsi que ceux du Sud-Est et du Nord, se transforment de temps en temps en ouragans, et il ne se passe presque pas d'années sans que la rade et la ville même n’aient à souffrir de grands (”) Voir les annotations à la fin du livre. DE BUENOS-AYRES. 3 dommages. Les belles journées, avec un ciel pur et une atmosphère tranquille, sont rares; l’air est généralement en mouvement, avec plus ou moins de force; sa tempéra- ture, en été, est chaude; en hiver elle est humide, et toute la constitution atmosphérique assez irrégulière, passant ra- pidement d’un extrême à l’autre, comme l’a déjà dit le premier observateur M. PIERRE A. Cervıso dans le Registro estadistico del Estado de Buenos Aires (tome I, page 28, 1857), ne pas avoir trouvé huit journées tranquilles dans toute l'année. C’est aussi à peu près l'opinion d’Azara, l’un des meilleurs observateurs de la constitution physique et des coutumes du pays, quand il prétend que le climat de Buénos-Ayres est dominé moins par la température, que par les vents qui courent sur ses plaines. Mais, malgré ces inconvénients, le climat de Buénos-Ayres est sain; les habitants jouissent en général d’une bonne santé, les étrangers s’acclimatent facilement, et la plupart des immigrants. vivent ici, aussi bien portants et sans avoir tant à redouter les maladies régnantes, que dans l’ancien monde. La fièvre jaune, il est vrai, a paru à Buénos-Ayres en 1871, et le choléra a visité deux fois (1867 et 1874) le pays, faisant d'assez grands ravages ; mais il est à suppo- ser que ces maladies contagieuses, ni aucune de ce genre, ne deviendront pas permanentes chez nous, parce que la dis- position générale du pays n’est pas favorable à leur déve- loppement ?. L'auteur parle, au sujet de la santé, d’après sa propre expérience; sa constitution physique, assez dé- bilitée en Europe par les nombreux changements de temps qui précèdent et suivent l’hiver, s’est beaucoup améliorée ici, et l'influence du climat de Buénos-Ayres l’a rajeuni considérablement. L'aspect général de la nature, aux environs de Buénos- Ayres, est à présent complétement européen. Formé primi- tivement par une plaine immense, que nous avons décrite dans le premier tome, page 154, etc., sans autre végétation N "a | LA VEGETATION DES ENVIRONS que les graminées originaires de la Pampa, sauf quelques saussaies mêlées d’autres bosquets, qui bordent le fleuve près des embouchures de divers petits ruisseaux qui s’y jettent de distance en distance, il a aujourd’hui complé- tement changé de caractère: des arbres fruitiers et des jardins bien cultivés, nommés ici Quintas, entourent la ville jusqu’à de grandes distances, et les petites villes et villages voisins ont le même aspect. La plupart des arbres ont été introduits parles colons européens; les plus nombreux sont, parmi les arbres fruitiers, les péchers (Amygdalus persica), et parmi les arbres d’agrément, le Melia Azeda- rach, nommé ici Paraiso. Beaucoup de grands arbres d'ornement européens, comme le marronnier d’Inde, le platane, l’érable, le frêne, le tilleul, ete., ne peuvent être cultivés à Buénos-Ayres : le sol de la Pampa ne leur eon- vient pas, et les nombreux essais tentés pour les acclimater ont échoué. Le grand Ombu ( Phytolaca dioeca ), que Von cultive surtout pour son ombre, dans les villages et aux environs de la ville, à côté des maisons pauvres, le peu- plier (Populus dilatata) et le saule du Levant (Saliæ baby- lonica) sont les arbres d’ornement les plus communs. Dans les cinq dernières années on a beaucoup cultivé l'£Eucalyptus d'Australie, qui semble devenir très-utile au pays: Tous les arbres fruitiers européens ont été introduits, mais la plupart ne donnent pas d'aussi bons fruits qu’en Europe; ceux surtout appartenant au centre de l’Europe, tels que les cerisiers, pruniers, poiriers et pommiers ne réussissent pas très-bien. On cultive avec plus de succès les pêchers, les abricotiers, les figuiers et la vigne; le climat est trop froid pour les orangers. Parmi les petites plantes à fruits, les seules dont on s’occupe sont les melons avec les autres cucurbitacées et les fraises. Les framboises, les groseilles, les groseilles vertes ne sont pas tout à fait inconnues dans ce pays, mais on ne les cultive pas en masse et on ne les vend pas dans les marchés. EST SORTIE DE L’EUROPE. 5 ‚Cette prépondérance de la végétation européenne, qui s'étend même aux mauvaises herbes des chemins, des mu- railles et des toits des maisons, donne aux différentes sai- sons le même aspect général qu’elles ont en Europe. Pen- dant l'hiver, les arbres perdent leurs feuilles, sauf l’om- bu et quelques autres arbres originaires introduits ici de l'intérieur du pays, qui conservent toujours leur feuillage, et le printemps s’annonce aussi par l’ouverture des bour- geons des saules et des peupliers, en septembre. Les pé- chers donnent. les premiers leurs fleurs; ils commencent à ouvrir leurs boutons en août, et quelques arbres, bien exposés au soleil et abrités contre les vents du Sud, mon- trent -déjà leurs fleurs à la fin de juillet; mais le moment régulier de la floraison générale est en septembre, où les pêchers et les cerisiers commencent à ouvrir leurs boutons. Un peu plus tard, viennent les poiriers, et les dernières fleurs qui se montrent dans ce mois sont celles des pom- miers qui, bien souvent, ne paraissent qu’au commence- ment d'octobre. Pendant ce mois, les orangers et les cu- curbitacées se couvrent aussi de fleurs, mais la vigne ne commence pas à fleurir avant le milieu du mois de novembre. Les premiers fruits sont les fraises, les ceri- ses et les abricots, que l’on mange à la fin du même mois, ainsi que tous les légumes, parmi lesquels les ar- tichauts sont les plus agréables ; mais les plus désagréa- bles sont les asperges, vertes, minces, amères et absolu- ment désagréables pour un palais européen °, Tous: les autres produits végétaux ne peuvent mürir avant la fin de décembre, où se fait ici la récolte géné- rale des céréales européennes. En même temps, on a des pêches, et bientôt aussi, en janvier, des melons et des citrouilles ; les figues paraissent à deux reprises : les vertes (brèves) au milieu de décembre, et les bleues en février ; les raisins viennent plus tard, à la fin de janvier, et l’on n’en fait pas la récolte générale avant février, et même mars - 6 INFLUENCE DES SAISONS. dans les jardins ouverts: c’est aussi le moment de la ré- colte du maïs dans la campagne. Les poires et les pom- mes viennent également dans ces deux mois: les poires en février, les pommes en mars; mais elles ne sont, ni les unes niles autres, aussi parfaites qu’en Europe. Ona ici, il est vrai, de bonnes poires; mais elles viennent de la Bande Orientale; de même, les meilleures pommes vien- nent de l’intérieur, des environs de Cordova, où on les cultive avec plus de succès qu'ici. Après le mois de mars la végétation commence à se ralentir. Avril a déjà quelques journées assez froides ; mais en mai, la température s’a- baisse plus sensiblement, et invite ainsi la végétation à son sommeil régulier. A la fin de mai, les arbres ont perdu leurs feuilles, et bientôt l’aspect de l’hiver se mon- tre partout; seulement, les orangers qui se cultivent dans les cours des maisons conservent leurs feuilles et se de- corent aussi agréablement avec leurs «pommes dorées » pendant l’hiver “. | Il m’a paru convenable, pour caractériser le climat de Buénos-Ayres, de jeter un regard sur ces phénomènes si remarquables de la végétation, et assez prononcés pour marquer les saisons. Le règne animal présente des phé- nomènes correspondants; j’ai parlé dans mon premier ar- ticle sur le climat argentin, cité plus haut, de quelques signes ostensibles qui se manifestent dans le changement de vêtement des animaux; je dirai seulement ici que les chauves-souris et les hirondelles disparaissent pendant l’hi- ver, comme tous les oiseaux qui vivent d'insectes; ils remontent alors au Nord, vers les régions plus tempérées du continent. Le printemps les ramène, et leur retour ré- gulier n’a pas lieu avant la seconde moitié de septembre ou le commencement d’octobre; il arrive cependant quel- quefois, exceptionnellement, qu’on voit déjà quelques hi- rondelles vers la fin d’août ou dans le courant de sep- tembre, mais elles disparaissent de nouveau avec les jour- TEMPERATURE. 1 nées froides. Les chauves-souris sont un peu plus délica- tes; elles ne quittent pas leur retraite, où elles dorment d’un sommeil léthargique, pendant tout l'hiver, et n’en sortent qu'au milieu et même à la fin d'octobre. Aussi les insectes, sauf les plus ordinaires, comme les cousins et les mouches, se cachent depuis mai et juin, et ne re- viennent en masse que vers octobre ou novembre, prin- cipalement dans ce dernier mois, après une pluie chaude qui a suivi des jours froids *. 1. TEMPERATURE Jai fait mes observations avec des thermomètres très exacts, de la fabrique J. G. GREINER, mécanicien bien connu de Berlin, gradués d’après la méthode Réaumur. J'ai plu- sieurs de ces instruments de la même construction et de la même marche, placés en différentes localités, afin d'éviter l'influence de la réfraction solaire pendant les différentes heures du jour, et d’obtenir exactement la vé- ritable température de chaque heure. Au dehors de la ville la température du matin et du soir est généralement plus basse, et pendant la nuit on trouve ici des gelées assez souvent même au printemps et en automne où elles sont inconnues dans la ville ®. Pour montrer clairement le mouvement de la tempéra- ture quotidienne, j'ai mis en regard les trois jours sui- wants : l’un, le plus froid, les deux autres les plus chauds ‘que j'ai observés jusqu’à présent. TABLEAU DES EXTREMES, HEURES 6 heures matin... 9 » » . Bi .2.2.2:3 2 heures soir.... el 10 » DE. » 2.3 14 JUILLET 1862 | [THERMOMÈTRE BAROMETRE VENT Ouest, toute la journée 25 DÉCEMBRE 1865 THERMOMÈTRE! BAROMÈTRE 21° 156,0 9707 | 755,9 2803 | 755,3 3092 | 755,0 28° 754,0 97° 156,3 18° 198,6 47° 759,4 VENT Ouest Orage de Sud Sud-Est 14 DÉCEMBRE 1870 [Tu N THERMOMETRE 1% 26° 28° 30°2’ 28° 26° 24° 2208! BAROMÈTRE Ouest, suivant au Nord-Ouest VENT Le TEMPÉRATURE EXTRÊME ET JOURNALIÈRE. 9 Je n'ai jamais observé, qu’une seule fois, une tempé- rature aussi basse que le 1% juillet 1862; les températures les plus basses des autres années ne vont pas au-dessous de 12,8, la température, à midi, s’élevant à + 6°. La tem- pérature la plus haute du 25 décembre 1865 s’est repro- duite d’autres fois; elle a été atteinte le 14 décembre 1870, jour dont la température moyenne est même plus élevée, le changement rapide de vent, indiqué au 25 décem- bre 1865, ne s'étant pas produit. La température moyenne du 25 décembre 1865 est seulement de 24°,6, celle du 1% décembre 1870 est de 25°,25. L’amplitude de la dif- _ férence des deux températures moyennes extrêmes est considérable à 23°,2, puisque celle du jour le plus froid n’est que de 2°,0%. — Quand la température s’abaisse ainsi, Peau se congèle à la surface, et j’aı même observé quel- quefois, à sept heures du matin, des vapeurs glacées sur les vitres de ma fenêtre; par exemple, le 26 juillet 1871, la température n’était pas au-dessous de 1°,0, et à midi elle s'élevait jusqu’à 6°. | ' Mais avant de parler des extrêmes, je dois indiquer les phénomènes réguliers et, avant tout, le mouvement de la température quotidienne, assez bien représenté par les températures indiquées du jour le plus froid et des deux jours les plus chauds. Nous voyons par ces trois tableaux que la température la plus basse du jour se présente le matin, immédiatement avant et après le lever du soleil ; qu’elle s'élève assez rapidement, de ce moment jusqu’à neuf heures du matin pendant l’ete, mais moins rapide- ment en hiver, et que de neuf heures à midi cet accrois- sement est presque égal (4 degrés) durant les deux saisons opposées. De midi à deux et trois heures, le thermomètre monte peu, mais presque du double en été qu’en hiver, ét après trois heures, il descend de nouveau, quoique très- peu dans les premières heures qui suivent sa plus haute élé- vation ; il conserve jusqu’à cinq heures la même hauteur 10 TEMPERATURE JOURNALIERE. qu'à midi. Plus tard, depuis cinq heures en hiver et six heures en été, l’abaissement est plus fort, mais moins rapide en été qu’en hiver. Dans ces deux saisons, la tem- perature est toujours un peu plus haute à dix heures du soir qu’à cinq et six heures du matin, et le changement le plus fort de la nuit ne commence pas avant minuit. Depuis minuit jusqu’au lever du soleil, la température est presque la même; mais immédiatement avant et après ce moment, on observe encore un abaissement peu considé- rable, pourtant assez remarquable, qui donne la tempé- rature la plus basse du jour. Pour continuer l’étude des phénomènes réguliers de l’année, je donne, ci-joint, le résultat de mes onze ans d'observations, interrompues quelques fois par les causes énoncées plus haut. Le tableau qui suit contient les moyen- nes de tous les mois observés, les moyennes des saisons et des années, enfin la moyenne des moyennes annuelles, qui peut être regardée comme la température régulière de Buénos- Ayres. Les températures qui surpassent ces moyennes, ou leur sont inférieures, sont exceptionelles, et ne représentent pas la véritable température du pays en question”. ’ TABLEAU GENERAL DE LA TEMPERATURE. li TABLEAU I. MOYENNES 1864 1862 4865 1866 |1967 14868 11869 |1870 14874 14872 14873 | Dan yyıs Septembre 1861!11,0| 9,0 10,1 110,7'10,1 11,3, 9,8| 8,9/11,2| 10,2 Octobre » |12,1,11,8 14,4/12,1 12,6 11,812,8/12,4/15,1| 12,8 Novembre » 115,0115,4 16,3,15,016,2 14,5.11,314,1115,5| 148 PRINTEMPS.» « « [12,7 119,1 13,6|12,6 13,0 12,5 11,3141,8,13,9| 12,6 et 1864/17,4117,8 19,2118,2 17,7 17,5119,3117,6117,7| 18,0 Janvier.. 1862|20,0 19,3119,0119, 1 18,4119,1118,8.19,7| ‘19,2 | Février. » 117,9 18,5/18,4|18,9 19,3118,917,5 17,9! 18,4 ÊTÉ ......... 118,4 19,0 18,5 18,6 18,4119,1118,0 18,4] 18,5 | Mars .... 1862|17,7 16,6118,5/16,5/15,1 17,1116,9114,8/16,0| 16,7 Avril... » 115,6 13,9|13,2|12,7 12,9 12,0/14,1 112,7] 13,9 Mai... » [12,0 9,6 11,5110,1 9,5140,6| 9,9| 8,8! 9,9! 10,2 Automne. 115,1 |13,314,4/13,1 13,512,9/12,6129| 13,5 Juin. .... 1862| 9,9 10,4| 7,3! 7,3 7,1| 8,0| 8,3! 8,0] 8,91 8,3 Juillet... » | 6,9 8,2| 8,1| 6,7 5,5| 7,0! 7,01 7,3] 6,9| 71 Août... » | 713 8,2) 8,2] 8,4 8,6 71,2! 8,6| 9,2! 9,7| 8,3 HIVER. ......,| 8,0 8,9| 7,9) 7,5 1,1| 8,1| 8,0] 8,2] 8,5| 7,9 Moyennes par | annee....... 13,8 13,1112,9 ei. 12,6113,6| 13,2 12 RESULTAT DU TABLEAU GENERAL. Ce tableau montre d’une façon évidente : que le mois le plus chaud est celui de janvier et le plus froid celui de juillet; que la différence entre ces deux mois est de 12°,1 ; que la température du mois le plus chaud est supérieure à la température moyenne de 6°,0, et que celle du mois le plus froid est plus basse que celle de 6°,1; que la température la plus haute de toutes, de 30°,2, s'élève au-dessus de la moyenne de 17°,0, et que celle de —2°,0, qui est la plus basse, descend de 15° au-dessous de la tem- pérature moyenne | | Parmi les dix autres mois, décembre et février ont une température presque égale, ainsi que juin et août; les premiers sont les deux plus chauds après janvier, les der- niers les deux plus froids après juillet; mais la différence ne s’élève pas en général à plus de 1°. Les trois mois du printemps ont à peu près la même température que les trois mois de l’automne, avec la différence que mars est plus chaud que novembre, et avril un peu plus qu’octobre, tan- dis que séptembre a presque la même température que mai. Octobre et avril ont presque la même moyenne que l’année, et ces deux mois sont, ainsi que mars et novembre, les plus agréables du climat de Buénos-Ayres. | Pour montrer encore mieux le mouvement de la tempé- rature annuelle, nous donnons la plus haute et la plus basse température de chaque mois, et nous déduisons de ces faits secondaires les moyennes des deux températures extrêmes. 13 TABLEAU DES MAXIMA ET MINIMA. TABLEAU II | SHNHON | à s‘r [0°1-10°% 0% 10% |2°0 0°0 |19°G1/0°87 |8‘ST/0‘8L|F‘Tr 0°91 0‘91|ST|S'ST et € enoy 0°1-18°0 |ST- 9°0-Ie*7 |50- 0‘s-|l8 Gr 9810119" GI pr STI sr isrrio'Tt JTE) « omg g‘o |5‘0-10‘0 YY- [07-18 0- 8‘o ||F‘Sı S°9T0°LL/O'LFJO'ST 8°ET 0°r1/0°8110°L1 L'9H) « rumg 0° 10° 16% 0° Io‘ j0°8 gs |Ir'91 0°L1.0°FL0°91 |8‘9L FT 7'S7 10% 3'91 gg « te c'e |8'€ 0‘r |'e |8°7 0‘L I8‘08 0°0% 8°08|9°1%19°81 561 0°1%/0°1% GE « Ta! 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Il est prouvé par ce tableau que les extrêmes de la température s’accordent en général avec les moyennes de la température, c’est-à-dire que les températures les plus élevées tombent en janvier, et les plus basses en juillet, sauf pourtant quelques exceptions. La température de 30°,2. Réaunur ( presque 38° Cezsrus et 400° FArENHEIT), la plus haute observée jusqu’à présent à Béunos-Ayres, tombe, les deux fois qu’elle s’est produite, non pas en janvier, mais en décembre, et l’on trouve aussi des cas d’un extrême, plus haut en février qu’en janvier. L’hiver présente la même exception : dans quelques années, la température la plus basse se trouve en juin, d’autres fois, plus rarement, en août. Mais, en prenant la moyenne de toutes les tem- pératures extrêmes, la régularité de l’élévation et de l’abais- sement en janvier et juillet ressort clairement, et prouve qu’une température au-dessus de 27° est déjà anormale . à Buénos-Ayres, de même qu’une température au-dessous de —0°,3; qüe les extrêmes de 28, 29 et 30 degrés s’élèvent au-dessus de l’extreme normale, et la basse température de —2°,0 (—2°,50 Cezsrus et 27°,50 FARENHEIT), est aussi un extrême irrégulier. Notre tableau nous montre, en même temps, que les extrêmes varient assez dans les mêmes mois des différentes années ; nous trouvons, par exemple, en sep- tembre, une différence remarquable de 4° entre les années 4861 et 1869, et la même différence en novembre des années 1861 et 1865. Dans le mois de décembre, cette différence s’eleve à 5° pour les années 1861, 1865 et 1869. On ne trouve nulle part une aussi grande différence entre les minimum des mois ; la différence est rarement de plus de 3° et se maintient généralement entre 3° et 2°. Ce sont aussi les mois de l’été, et surtout décembre et février qui présentent les différences les plus grandes et les plus re- marquables. Des températures au-dessous de 10° sont anor- males dans ces trois mois, quoique nous en trouvons qui descendent jusqu’à 9°, et d’autres qui s’élèvent jusqu’à 12%. VARIABILITE DES MOYENNES. 15 Il est digne de remarque que lies moyennes des saisons sont aussi très variables, comme le prouve notre tableau I. Considérant les différences annuelles, nous voyons que la temperature du printemps, dont la moyenne est de 12°,6, présente des variations de 11°,3 à 13°,9; celle de l'été, dont la moyenne est de 18°,5, varie très-peu, de 18°,0 à 192,1 ; mais celle de l’automne, avec une moyenne de 13°7, présente des différences de 12°,6 jusqu’à 16°,1; celle de l'hiver, enfin, est moins variable: sa moyenne étant de 7°,9, elle se maintient entre 7°,1 et 8°,9. Les plus petites diffé- rences sont fournies par les moyennes des différentes années; Ja température moyenne générale est de 13°,1, et les va- riations annuelles oscillent entre 12°,6 et 13°,9. L’année anormale de 1861-62, ayant la moyenne de 13°,9, est la plus ‘chaude, et l’année de 1872, avec la moyenne de 12°,6, la plus froide. Si nous prenons la température moyenne de toutes les années comme base, pour appeler chaudes celles dont là température s’élève au-dessus, et froides celles dont la température est au-dessous de 13°,1, l’année 1870 est la seule qui ait la véritable température normale; parmi les autres années, deux (1862 et 1866) sont chaudes, et trois (867,187 et 1872) froides, avec une température au-dessous ‘de 13°,0. Il est aussi remarquable que les températures les plus hautes de 30°,2 (voir le tableau II), ne tombent pas dans les annees les plus chaudes, et que la température la plus basse de —2°,0 se trouve, exceptionellement, dans l’année la plus chaude de 1861-62. Toutes ces variations, caractères naturels du climat tempéré, ne sont pas particulières à celui de notre pays et n’ont rien d’extraordinaire; la température de Buénos-Ayres a, au contraire, une marche assez régulière, ‚et n'offre pas d’autres phénomènes que celle des pays pla- cés sur notre terre dans la même situation géographique. Nous terminerons nos indications par quelques autres re- marques sur la saison la plus chaude et sur la plus froide, dont nous donnons les résultats dans le tableau ci-joint : 16 TABLEAU DES EXTREMES SEMAINIERS. TABLEAU III ANNEES 1862..... 1865.... 1866..... BO... 18.2... 1870.... 1871 1812 .2.. 183.3... Moyennes. JANVIER JUILLET TEMPÉRATURE | TEMPÉRATURE | | _———— |LA PLUS HAUTEILA PLUS BASSE uns |-Amuaise entre) caen | emucers | ouate Fonkerräliumne | DE L'ANNÉE -| DE L'ANNÉE 17,7) 19,7 | 21,0 | 20,5 | 8,4! 6,4, 3,9 | 9,0 | 47 février. 270,5] 44 juillet. —40,8 >». | » » » 5,1| 83| 9,2| 9,1 | 25 décembre 30°,2) 6 id. —005. 17,8 | 19,8 | 21,2 | 18,7! 8,0 | 7,71 8,0 | 8,5 | 19 janvier. . 270,5) 21 juin... —10,0 20,1 | 19,5 | 18,6 | 17,9 | 5,8 | 9,3| 6,8 | 5,6 | 44 mars... 27,5) 7 id. —40,4 » » » » 0,0 6,3 4,1 0,8 » 17 juillet. —1°,5 20,1 | 45,7 | 18,8 | 18,5 | 9,1 | 14,0 | 7,5 | 8,9 | 14 décembre 30°,2| 49 août. . —10,0 20,0 | 19,8 | 19,6 | 18,3 | 741 7,8 | 9,1 | 8,9 149 id. 270,0! 26 juillet. —10,0 47,6 |.19,4 | 18,3 | 49,5 | 5,4 | 7,4! 0,6 | 6,8 |26 janvier.. 290,01 8 id. —1,0 18,5 | 21,9 | 18,7 | 19,5 9,1 0,1 1,9 6,8 | 10 id. 26°,2 31 mai... —0v,3 18,8 | 19,4 | 19,4 | 49,0 | 6,8 | 6,8! 74| 7,1 VARIABILITE DES EXTRÊMES. 17 On à intérêt à savoir, non-seulement, quels sont les mois les plus chauds et les plus froids de l’année, mais aussi dans quelle partie de ces deux mois se trouvent régulièrement les jours extrêmes. Pour le savoir, il est nécessaire de cher- cher la moyenne de chaque semaine, et de déduire de ces moyennes la moyenne des jours. Le tableau ci-dessus donne les résultats de ces calculs et prouve: qu’en jan- vier, la température moyenne la plus haute des jours se trouve dans les seconde et troisième semaines ; la tempé- rature la plus basse des jours, en juillet, dans la première et la seconde semaines. Ces températures moyennes sont remarquablement différentes de la température la plus haute et de la plus basse de l’année, car la première s’élève à 7°,7 et la seconde à 6°,9, sur l’extrême moyenne correspon- dante. Mais la température extreme m’est fixée sur aucun mois, elle tombe irrégulièrement tantôt avant, tantôt après le mois dont la température est la plus haute, sans suivre aucune règle, et par conséquent aussi sans se prêter à aucune prévision; tous les pronostics de la température sont aussi incertains que les prophéties du temps en général. - En comparant, pour conclure, mes résultats actuels sur la température de Buénos-Ayres à ceux de ma publication antérieure de l’année 1863, il se trouve une petite différence dans l'élévation, supérieure à celle que j'obtiens aujourd’hui de 02,5 jusqu’à 4°,5, dans les différentes saisons. Il faut admettre que cette différence, si elle ne vient pas du chan- sement de la localité où ont été faites les observations an- térieures, confirme le fait, déjà constaté en divers endroits de l’Europe, par des observations continuées pendant un laps de temps assez long, que la température change lé- gerement à des intervalles plus ou moins grands, et peut aussi bien s'élever que s’abaisser, dans le cours d’un cer- tain nombre d’années. Pour montrer celairement ces diffé- rences, je place ici les résultats antérieurs en regard des résultats actuels. REP, ARG.— T. Il. 9. 18 HUMIDITE DE L'AIR. RÉSULTATS ANTÉRIEURS DE 4862 RÉSULTATS ACTUELS DE 4874 Tr N TI N ge ukaumun | cszsrus | ranenusr || mmaumun | ceusius | vanzwnzır Printemps....| 13,4 16,7 62,2 13,2 15,8 60,38 BR ER. 18,6 23,3 74,0 18,5 23,2 73,62 Automne..... 14,2 ir 63,4 13,7 17,05 | 62,89 Hiver... 9,2 | 11,4 | 52,3 || 79 | 9,25 | 49,74 Ann&e....... 13,8 17,3 63,1 132 16,5 61,70 Maximum. ...| 27,2 34,0 93,2 || 30,2 37,53 | 100,70 Minimum.....|— 2,4 |— 3,0 26,6 | 2,0 |— 2,5 26,98 Une chose remarquable, c’est que la plus haute et la plus basse température notée par les observateurs anté- rieurs, sont au-dessous de celles que j'ai observées moi- même, malgré que les autres températures soient ‘toutes plus élevées. Il semble qu’une température s’élevant à 30°,2, ou s’abaissant jusqu’à —2°,4, se produise très-rarement à Buénos-Ayres, chacune constituant une exception étonnante pour notre pays. a HUMIDITÉ Buénos-Ayres est connu comme une localité assez hu- mide; Woonsine Paris a dit déjà, dans son ouvrage bien estimé, que sous notre climat les objets de cuir se cou- vrent bientôt de moisissures, si l’on n’a pas soin de les mettre au soleil de temps en temps et de les nettoyer à des intervalles de dix ou quinze jours. On peüt voir ici ce phénomène toutes: les années, mais principalement en hiver et au printemps; 1l est aussi désagréable pour les habitants, durant ces deux saisons, que la poussière pen- dant . l’été et l’automne. OBSERVATIONS SUR CE THEME. 19 Les observations sur l’humidite, faites avec le psychro- mètre, et qui sont à ma disposition, se bornent aux quatre années 1857, 1861, 1867 et 1868; elles n’ont pas été exé- cutées par moi-même, mais je les emprunte au Registro estadistico de la Repüblica Argentina, publié ici depuis 1864 par le département statistique du gouvernement natio- nal. Dans le tableau ci-dessous, sont indiquées, en cen- _ tigrades, les moyennes du thermomètre sec, pour trois heures du jour de chaque mois, et à côté les différences du thermomètre mouillé, qui est presque toujours, comme tout le monde scientifique le sait, plus bas que le sec. TABLEAU DES QUATRE 20 TABLEAU IV 1857 MOIS MATIN MIDI SOIR MOYENNES MATIN MIDI SOIR MOYENNES a RS PR. PS SP CS RS me > mn IP. 2 FETE CR RS PR SE Sec | Mouillé| Sec |Mouillé| Sec: |Mouillé| Sec |Mouillé|| Sec [Mouillé| Sec |Mouillé| See [Mouillé| See |Mouillé Septembre..........| 14,0 1,4 | 16,7 1,6 | 45,5 | 1,5. 19554 1,5 || 414,5 | 1,4 | 16,6 | 3,1 | 13,6 | 14,4 | 13,9 | - 2,0 Octobre 3... +161 2,5 | 19,2 2,5. ALAN USE LATE 2,4 || 13,9 1,8 | 16,6 2,1 | 15,2 4,7 | 189 1,6 Novembre. ......... | 19,1 1,6 | 24,9 6,3 | 23,0 3,2 | 22,5 3,9. || 16,3 2,6 | 22,5 6,1 | 18,5 3,1 | 19,1 4,0 Décembre........... | 20,8 3,1 | 25,4 5,0 | 29,6 4,8 | 22,9 4,3 || 20,0 3,5 | 25,6 6,0 | 20,9 2,4 22,1 3,9 Janvier, -..........,1| 223 1,5 | 26,8 6,0 | 25,7 4,4 | 249 3,3 || 20,9 3,2 | 27,5 6,9 | 23,2 4,0 | 23,9 4,1 ROVPMEr: es 201 1,7 | 24,7 2,9 | 22,0 1,6 | 22,5 1,9 || 149,5 1,9 | 29,2 8,4 | 22,0 4,1 | 23,5 4,6 Mars. de ss s ses té « » ail 2046 9% 15844 4,1 | 21,7 3,4 | 22,2 2,1 || 16,5 21 1.219 8,9 | 20,7 4,3 | 21,6 5,3 AMIE u are ek 4,1 419,1 9,6 | 16,2 1,6 [17,2 2,8 || 15,0 1,6 | 22,4 4,4 | 17,0 1,9 | 18,1 2,6 MEN. user 20e | FES 2,1 | 16,3 1,8 | 15,1 2,4 | 15,0 2,1 9,2 1,6 | 16,2 9,0 | 41,9 2,2 | 12,4 2,2 Juin.... mager 180 0,9 | 15,2 1314228 0,8 | 13,3 1,1 1,4 0,5 | 14,1 3,1 9,3 0,4 | 10,2 1,3 Juillet .….,........) 11,2 | 0,8 | 14,7! 1,4 113,3 | 0,7 | 12,7 | 0,6 | 4,7 | 0,5 | 12,3 | 2,7| 8,5 | 18 | 8,1| 18 DO eus coms Se Lit 1,2 | 15,8 2,2 743,0 4,5 | 13,3 1,1 || 12,3 0,5 | 17,3 2,7 | 14,0 4,4 | 14,5 1,5 Moyennes de l’ann&e........| 18,2 2,3 Moyennes de l’année... .... | 16,9 2,9 21 ANNEES OBSERVEES. TABLEAU IV. /suite) ‘S‘S : soouur Fr SOp ouus om 66 | 9'Lr |‘*""""""oguue j op souuo£oy SE | 9‘9r |°*:""""-oouue op souuoñoy 4 087 6 re Flores | For lg |o‘er los | er loc Teen) 08 1 nor “<< moy sé AL 67 166 |0'L 1.9'9r | ge ! te los | c'e Los lee re! 1'tr iur. Log Ir genmng 6 I a4) 0% £ 6} 61 « L'£I ge‘ £‘OI 61 66 a à L‘6 c'e AA 9° 08 ge Preransege une 06 | 6a | ur ets :| ‘ent a | arr | 68 -| en) 08.0 1181| een sa | PLU) 66 | SLr | ge | 1'6rlo'e | L'or lue | or los l'os | se Igor | es | g‘er Iren de [7161086 |806 lol L‘e | ser ge | é‘er | ge l'o‘er Le | otre | se | gfpy lee sem ge | vr | L'OT | o'es | ‘a | o‘9s | g'e | ofec or | c'es | ee | ‘rs | vo | g'es | c'e | 908 I" aonmgg du ose 12 ‘cs | 66 | see | pr | L'es ler \oloe Io | so | L'es | c'e | zz |***" rn iorauer 9 | 986 | 6 | L'es | sr | L'£e | o‘e | vos ler | v'es | gr | L'es | vo Iren | IT | gts l°***-**** oagmeopg 8 | 206 | 86, | S'61.| ss | Fes | r'r | ges lus. leiser | vue | Lo | c'es | pe | s'en |'**"""""-"o1quueaoÿ ge | S'8r|8t | L'O6 |o'o | vLr | c'e |ofcr lee | o‘zr lee Igor | gr | 6er | LS | L'gy |****"***--*-0o1q0p0 JV |6'er | 6E | L'er | Gr | 9'Sr | gr Ira Jon | ga | pri | ve | ser | ga | 9‘er Iren oùquuoydes umo! %$S nom 96 jPmow| %S |amow| »g |lermom| »g ehem ag. |eımon| "ag |armom| »g mu I Se DRE nn os ne em ES ES VS. SANNALON U10$ IOIK AL SANNZAON wos IQ NILVN SION | SO9ST AOST RESULTATS DES QUATRE ANNEES. 22 D’après ces observations, j’ai calculé, au moyen des ta- bles psychrométriques de M. Aucusr, les relations suivantes sur l’humidité de notre air pendant les quatre années ob- [4 servees : 1857 1861 1867 1868 MOYENNES DES QUATRE ANNÉES Température moyenne.... Pression de la vapeur..... Point de la rosee........ Saturation .... ... Quantité d’eau Loth..... évaporée Grammes. 180,2" (140,5°R ) 9,28 11,3 0,77 pr. ct. 0,025 0,416 160,9’ (130,6 R.) 4,50 9,3 0,72 pr. ct. 0,022 0,366 160,6” (130,3 R.) 4,23 8,6 0,82 pr. ct. 0,024 0,406 17,6? (14°,0° R.) 5,48 11,8 0,72 pr. ct. 0,023 0,397 » 4,87 10,25 0,73 priick 0,023 0,397 VARIATIONS DE L’HUMIDITE. 23 La considération des quantités obtenues prouve que, correspondant à celles de la température, l’humidité de Patmosphère, à Buénos-Ayres, présente des différences re- marquables; qu’une année est plus humide que l’autre, et qu'on ne peut pas donner de loi générale s’appliquant également à toutes, quoique la différence des années soit assez petite. | _: L'augmentation et la diminution de l’humidité journalière sont plus régulières. Notre tableau fait voir que la diffé- rence entre les thermomètres sec et mouillé est plus grande à midi que le maun et le soir, et qu’elle est généralement un peu plus forte le soir que le matin. Ces différences montrent que la soirée est moins humide que la matinée, et que le moment le moins humide du jour est à midi, parce que la différence entre les thermomètres sec et mouillé indique la rapidité et la hauteur de l’évaporation, et par conséquent le peu d'humidité de l’atmosphère. La loi générale se confirme donc aussi complétement à Bué- nos-Ayres. | Les différences des mois de l’année sont d’un plus grand intérêt, parce qu’elles présentent beaucoup de particularités dans les différentes localités de la surface du globe. Dans les environs de Buénos-Ayres, la différence la plus grande entre les thermomètres sec et mouillé ne se trouve pas régulièrement dans le même mois, mais elle est toujours en été, ou dans les mois les plus voisins. Ainsi, en 1857, le mois le plus sec est décembre; en 1861, c’est mars; en 1867, novembre, et en 1868, janvier. Le mois le plus hu- mide varie moins: il paraît être juillet ou juin, la différence la plus petite entre les deux thermomètres se trouvant dans un ou l’autre de ces deux mois, c’est-à-dire dans l'hiver. En 1857, le plus humide est juillet; en 1861, 1867 et 1868 c'est juin. Comparant, enfin, les douze mois de l’année entre eux, on peut dire, d’après la grandeur des différences observées, que novembre, décembre, janvier, février et mars 24 JOURS TRES-HUMIDES. sont les mois secs, et les autres les mois humides : la diffé- rence entre les deux thermomètres s’élevant dans les mois secs au-dessus de 3°,0, et restant généralement, dans les mois humides, au-dessous de 3°,0. La différence la plus grande entre les thermomètres sec ét mouillé, observée jusqu’à présent à Buénos-Ayres,vest de 12°,5 Cezsius, ou 10° Réaumur. Une telle difference ‚se pre&- sente très-rarement, et je ne l’ai pas observée moi-même; mais l’observateur, dont je parle plus haut, m’a dit lavoir constatée pendant la saison très-sèche de février 1868, qui a une différence moyenne, pour le soir, s’elevant encore à 10°,7. D’un autre côté, il n’est pas rare, en juin-et.juillet, quand les jours sont brumeux et qu’il tombe ‘toute la Journée une bruine fine, vaporeuse, de voir les. deux thermomètres a la même hauteur, ou même une hauteur plus grande dans le mouillé que dans le sec, quand l’air est saturé au-delà par les vapeurs aqueuses, et contient en suspension des gouttes d’eau condensée. Des journees semblables se présentent plusieurs fois à Buénos-Ayres, en juin, et même au commencement de juillet, quoique de ve- ritables pluies ne soient pas rares dans ces deux! mois d’hiver. Le phénomène indiqué n’est pas le brouillard, mais plu- tôt une pluie très-fine; «le véritable brouillard blane est rare dans le climat de Buénos-Ayres, et se montre seule- ment le matin, au commencement de l’automne et en hiver, environ vers sept heures. Dans de tels Jours avec le vent es Nord-Ouest, le soleil se lève clair, mais une heure après le brouillard commence à se former au haut de l’atmosphère et descend douce- ment jusqu’au sol, où il reste sur la rivière plus long- temps que sur la terre. Ici il se perd généralement à dix heures; très-rarement il se conserve jusqu’à une: heure. Je n’ai vu du brouillard, à d’autres heures du jour, que quelquefois, exceptionnellement le soir. Mais la rosée est NUAGES. | 25 très-commune pendant l’automne, l’hiver et le printemps; principalement avec le vent du Nord on voit tous les objets couverts d’une fine couche humide et surtout dans les rues du côté opposé au Sud, et même de grosses gouttes tomber des arbres et des herbes élevées. Cette rosée se trans- forme: pendant l'hiver en gelée blanche, qui couvre aussi, presque régulièrement, pendant cette saison, les toits de la wille d’une couche superficielle; mais dans la campa- gne, où la température de la nuit descend, en hiver, Jus- qu'à 3 Réaumur, j'ai vu, le 12 juillet 1865, une couche de gel&e blanche poreuse, d’un pouce d'épaisseur, qui cou- vrait tout le sol, les herbes et les arbres, comme une couche de neige *. 3. NUAGES La configuration des nuages, à Buénos-Ayres, ne m’a rien offért de particulier : le phénomène se produit dans toute sa régularité: Ici, les nuages ne sont généralement pas si accumulés que dans les régions les plus froides du midi de PEurope; le temps est rarement couvert une Journée entière, et plus rarement encore plusieurs jours consécutifs; le eiel de Buénos-Ayres est ordinairement pur et très-sou- vent sans aucun nuage, surtout en été (décembre-février), et c’est sans doute à cette limpidité et à la présence cons- tante du soleil que fait allusion la phrase bien connue de Saneno nez Campo, déjà citée ci-dessus, qui a donné son nom à notre ville. Dans la saison d’été, les matinées et les soirées même sont généralement claires; on ne voit aucun nuage au lever du soleil, et cet état se maintient toute la journée, jusqu’au soir. Quelquefois des nuages se mon- trent à l'horizon, vers six ou sept heures du soir, et s’é- lèvent même plus haut, mais ils disparaissent de nouveau quand la nuit arrive, et celle-ci est en général aussi claire que la journée. Il y a pourtant des jours où le ciel se cou- 26 DIFFERENCES DES NUAGES. vre de nuages grands ou petits, blancs, généralement de la forme que l’on nomme «Cumulus», qui poussés par le vent vont se perdre à l’horizon, où ils se condensent en une couche nuageuse uniforme; l’autre phénomène d’une couche entière de la figure « Stratus » est beaucoup plus rare, et plus rare encore la forme particulière du « Cirrus » que j’ai vue seulement par exception. En décrivant ainsi la constitution nuageuse de Buénos- Ayres, je ne considère que les phénomènes réguliers et or- dinaires; ici, on a aussi des journées complétement nua- geuses, qui se répartissent, à. certains intervalles, dans tous les mois de l’année. En été, ce sont les jours de pluie, et en hiver les jours de brume; dans l’une et l’autre saison, ils sont également produits par les vents froids du Sud ou Sud-Ouest, nommés ici Pamperos. Les vents condensent les _ vapeurs suspendues dans l’air, où les apportent ceux du Sud-Est, Est, et Nord-Est, et donnent en très-peu de temps à l’atmosphère un aspect tout différent. Les vents de Sud et Sud-Ouest arrivent presque'toujours d’une façon sou- daine ; ils entraînent avec eux une atmosphère assez char- gée et sont de deux catégories, tantôt pluvieux, tantôt secs. Les premiers sont les vrais Pamperos; les seconds, les Pam- peros sucios. Ceux-ci soulèvent au-dessus du sol une quan- tité énorme de poussière, qui obscurcit quelquefois la lumière du jour, au point qu’il semble nuit. Nous parle- rons plus tard de ces vents violents, nous bornant à dire ici qu'ils sont toujours accompagnés d’explosions électri- ques très-violentes. Une couche très-obscure de nuages couvre tout l’horizon, au Sud et au Sud-Ouest, jusqu’à une hauteur qui grandit de moment en moment. Cette couche est d’un bleu presque noir en cas de véritable Pampero pluvieux, mais jaunâtre et jaune gris obscur en cas de Pampero sucio; des éclairs électriques sillonnent la: masse, et l’orage arrive rapidement sur nous. Aussitôt, le ciel se couvre entièrement de nuages obscurs s’avangant avec NUAGES DES ORAGES. 27 rapidité et versant la pluie ou la poussière sur la campa- gne, avec une violence incroyable; mais ce phénomène ne dure pas longtemps, et après un quart-d’heure ou une demi-heure tout est fini. Les nuages qui accompagnent ce phénomène étonnant sont, en général, de deux sortes: les uns, plus élevés et plus épais, mais les plus clairs suivent la direction du courant de l’Equateur, du Nord au Sud; les autres, plus dé- chirés, en masses séparées, plus obscurs et plus bas, mar- chent avec le courant polaire opposé, du Sud au Nord; ceux- ei sont les plus lourds, qui portent la pluie condensée par la température plus froide, du courant inférieur ‘polaire, qui les force à marcher dans une direction opposée, pour rétablir l’équilibre dans l’atmosphère. Aussi les autres nuages ne sont pas homogènes dans leur masse; on voit dans chacune des accumulations plus denses, séparées par des parties plus claires, et on distingue d’une manière évi- dente des groupes compacts et plus pesants, et des inter- valles plus minces, formant çà et là de véritables interrup- tions, dans lesquelles marchent les nuages opposés, que le courant polaire plus bas n’a pas encore atteints. Quand l’orage est terminé, les nuages continuent à passer, mais dans des conditions qui varient. Quelquefois le eiel s’eclaircit en peu de temps, les nuages blancs su- périeurs dominent, les inférieurs disparaissent, on voit ca et la le bleu du ciel à travers les éclaircies qui se produisent, et peu à peu l’atmosphère devient plus pure et plus limpide qu'avant la tempête: d’autres fois, au con- traire, les nuages dominants sont les gris inférieurs; ils couvrent le ciel sans cependant l’obscurcir autant qu’au début, et une pluie modérée tombe toute la nuit, ou toute la journée si la tempête a éclaté la journée et non le soir comme c’est l'ordinaire. Règle générale, les tempêtes com- mencent ici entre six ou sept heures du soir; si elles arrivent plus tôt, la température a subi auparavant une 28 VENTS. élévation excessive, comme le 17 février 1862, où le ther- momètre atteignait à une heure et demie la hauteur ex- traordinaire de 27°,5, la plus élevée de l’année entière. Tous les phénomènes indiqués se montrent seulement en été ou à la fin du printemps et au commencement de l’automne. Il se produit aussi en hiver des mouvements très-forts, de véritables tempêtes, mais très-rarement ‘des orages électriques. Dans cette saison, les nuages sont plus étendus et un peu plus épais; il y a des jours entiers où le ciel est complètement couvert de nuages grisou blan- châtres, mais les différences, dans toutes les journées, sont moins grandes et moins fortement tranchées. Quant aux moments du jour et de l’année où dominent l’une ou l’autre des diverses formes de nuages, je puis affirmer que les Stratus se montrent plus souvent le ma- tin, et les Cumulus le soir. Les nuages de pluie, nommés par quelques auteurs Nimbus, paraissent à toute heure du jour, mais les orages électriques, ordinairement, comme nous l’avons déjà dit, au coucher du soleil, un peu avant où après ce moment. En hiver, où les orages électriques sont très-rares et manquent même généralement, les nua- ges stratifiés sont les plus communs et varient entre les deux formes Cirrus et Stratus, se transformant quelquefois en Nimbus, c’est-à-dire en nuages de pluie, sans manifes- tations électriques. Les nuages les plus épais et les plus considérables sont amenés, en hiver, par les vents du Sud- Est, en été par ceux du Nord-Est; les vents du Nord- Ouest, et surtout d'Ouest, sont en toute saison des vents clairs ; ıls sont aussi les plus rares dans le pays. | k, VENTS Nous avons déjà dit, au commencement de notre esquisse climatologique de Buénos-Ayres, que l’air est ici très-rare- DIRECTION DES VENTS. 29 ment tranquille et généralement en mouvement assez fort. Les vents, résultats de ce mouvement, sont par conséquent presque toujours permanents à Buénos-Ayres, et ils ont quelquefois une force et une vitesse si extraordinaires qu'ils méritent réellement le nom d’ouragans. Avant de parler des vents qui atteignent cette violence, nous devons d’abord en expliquer le cours régulier et montrer quelle est, sous notre climat, leur direction dominante. Toutes mes observations constatent que les vents les plus fréquents à Buénos-Ayres sont ceux du Nord ét du Sud, mais tous deux inclinant sensiblement, le Nord vers lPEst, le Sud généralement vers l’Ouest ou autrefois vers VEst. Les trois vents du Nord-Est, Sud-Est et Sud- Ouest soufflent le plus souvent, les vents d’Est et de Sud beaucoup plus rarement, mais bien plus rarement encore celui d'Ouest : ce dernier est celui qui souffle le moins à Buénos—Ayres. Mes observations prouvent aussi qu'il y a une certaine régularité dans les changements de direc- tion du vent; le vent du Sud-Ouest tourne généralement au Sud, Sud-Est, Est, Nord-Est et Nord; il n’est pas très- rare d'observer aussi une marche opposée du Nord au Sud par PEst ou du Sud au Sud-Ouest. Dans ce cas, le vent du Sud-Ouest ne suit pas, comme l'indique la re- gle, vers l’Ouest, mais il saute le plus souvent d’un seul coup au Nord-Est, et de tous les vents ce sont les deux qui changent le plus souvent de direction entre eux. Cette observation, assez souvent répétée, confirme l’existence de deux courants principaux : le polaire qui vient du Sud et celui du Nord qui vient de l’Equateur; ils sont en oppo- sition perpétuelle et la rotation de la terre fait obliquer leur. direction vers le Nord-Est et le Sud-Ouest. "Jai donné dans mont essai antérieur sur le climat de Buénos-Ayres un tableau des vents pour une demi-année, ‘et je vais-en donner iei un autre pour l’année entière de 1872, afin de mieux prouver, par des chiffres, ce que 30 TABLEAU DES DIFFERENTS VENTS DE L’ANNEE. J'ai dit sur la direction des vents, que je prends le matin, a midi et le soir de chaque jour. MOIS NORD IN.-OUEST | OUEST ,S.-OUEST| SUD |SUD-EST| EST N.-EST Janvier .....| 19 8 6 8 5 11 10 12 Fövrier.....| 13 6:| 9 | 19 | 3 |. Dee Mars an 19 4 9 8 | 13 RER Avril. 12 5 9 | 12 3 | 19: | 10/0 Mai... 1409 TI PT LT 2 Juin... 7.1.90 1.9 1 38 8 | 0 | Juillet... 9 | 26 | 18 | 10 321.9 7 Lo Août... 16 7 4 | 10 9 | 14 | 13 | ag Septembre 5 | 11 7 4 | 10 | 12 | BI Octobre ...| 15 2 Novembre. 8 7 I À À m O (de) 00 je t9 Le 9 Décembre.! 11 325. AnNEE....| 152 | 121 | 85 | 127 74 | 119 | 105 | 117 Le tableau ci-dessus prouve que le vent du Nord est le vent dominant de l’année, et que janvier, le mois le plus chaud, est aussi celui où il souffle le plus souvent. Après le vent du Nord, vient celui du Sud-Ouest qui rè- gne surtout à la fin de l’automne et en hiver. Les trois vents du Nord-Ouest, Sud-Est et Nord-Est se montrent presque aussi souvent l’un que l’autre, mais ceux de pur Sud et d'Ouest moins fréquemment. (est une exception remarquable que le vent d'Ouest ait soufflé plus souvent, du- rant cette année, que celui du Sud; d’après la règle générale TABLEAU DES VENTS DES SEPT ANNEES. 3l c’est le contraire qui a lieu; le vent d’Ouest est générale- ment le plus rare de tous à Buénos-Ayres, sauf en hiver, où il souffle plus fréquemment que pendant les autres mois de l’année. Pour connaître mieux encore le véritable mouvement des vents, nous avons aussi calculé les autres années, d’après la même méthode, et nous donnons ici les résul- tats de ce calcul, communiquant seulement les sommes obtenues pour les différents vents, dans chaque année, qui sont les suivantes : | NORD I\N.-OUEST| OUEST | S.-OUEST| SUD |SUD-EST| EST NORD-EST I ..... 185 | 90 | 75 |170 | 199 | 120 | 140 | 139 en)... 186 |121 | 68 |171 | 107 | 182 | 102 | 178 dsl 107 | 67 | 48 lıos | 81 | 86 | 56 | 70 1867 22... 142 | io | 50 |143 | 113 | 105 | 119 | 183 1866... 151 |136 | 43 |195 | 85 |168 | 99 | 197 1865 164 | 82 | aı | 138 | 58 | 61 | 64 | 198 1862.....| 178 | 95 | 92 |183 | 109 | 141 | 148 | 149 Ces sept années prouvent qu'il y a entre les différents vents, dans chaque année, une relation tout-à-fait corres- pondante ; dans toutes, le vent d'Ouest est le plus rare, et les trois vents de Nord, Nord-Est et Sud-Ouest sont ceux qui dominent. On peut prouver ce résultat encore plus clairement par la moyenne des huit années observées que je donne enfin ci-dessous : 32 = RÉSULTAT ANNUEL DES OBSERVATIONS. NORD (IN.-OUEST| OUEST !S.-OUEST| SUD |SUD-EST| EST NORD-EST Moyenne des huit années! 158 | 103 63 154 95 117 104 154. Ce petit tableau montre d’une façon évidente que le vent dominant est celui du Nord; qu’apres lui les vents de Sud-Ouest et de Nord-Est sont ceux qui règnent le plus souvent; que celui de Sud-Est se rapproche beaucoup de ces deux derniers; que ceux de Nord-Ouest et d’Est pur soufflent chacun un nombre presque égal de fois, - mais moins souvent, et que le vent d’Ouest est de beaucoup le plus rare de tous: il atteint seulement la moitié du nombre de Sud-Est et reste de beaucoup inférieur à la moitié de la somme des cas de vent du Nord. On voit aussi par mes observations quels sont les mo- ments du jour où dominent les différents vents. En été, le courant d’Equateur comme vent du Nord, Nord-Est et Nord-Ouest domine le matin jusqu’à l'après-midi; depuis cinq heures il se change en courant polaire qui dure jusqu’au soir, souvent s’annonçant par des décharges élec- triques. Le contraire a lieu en hiver, où les vents du Sud dominent le matin et ceux du Nord le soir; le commen- - cement de l’automne se rapproche de l’été, la fin, de l'hiver, et le printemps se comporte d’une façon opposée. Notre tableau montre encore que les vents du Sud et d'Ouest soufflent le plus souvent en hiver, mais ceux d’Est en automne et au printemps, et ceux du Nord en été. Le mouvement régulier de l’atmosphere, dans notre pays, est troublé de temps en temps par des phénomènes anormaux très-violents, c’est-à-dire par des orages. Ces orages se produisent généralement à la fin de Pété, en ORAGES A BUENOS-AYRES. 33 mars, ou à la fin de l’hiver en août; le 30 août, jour de Santa Rosa, est surtout bien connu comme jour de vents violents d’Est ou de Sud-Est, car les orages viennent pres- que toujours du Sud: tantôt du Sud-Est, tantôt du Sud- Ouest: Les premiers sont des orages purs, sans poussière, parce qu'ils viennent du côté de la mer, dans la direc- tion de l'embouchure du fleuve, où ils causent souvent de grands dommages dans la rade. On peut dire qu’il ne se passe pas ici une seule année sans que quelque na- vire soit détruit par ces tempêtes. Le vent soulève l’eau de la rivière, qui remonte sur les rivages et couvre de grands espaces dans les parties basses des côtes; il dé- molit de petites maisons situées trop près des bords, et j'ai même vu, le 27 octobre 1866, un de ces orages bou- leverser les établissements du chemin de fer du Nord, pourtant bien construits. Les autres orages de poussière viennent du Sud ou plus généralement du Sud-Ouest ; c’est pour cela qu’ils sont connus sous le nom de Pamperos ; mais ils viennent quelquefois aussi du Nord ou du Nord- Ouest: ils entraînent avec eux une telle quantité de fines particules de terre que le ciel en est complétement obs- curei, et produisent quelquefois même une nuit complete au milieu de la journée. Ces orages éclatent généralement le soir avant le coucher du soleil; j’en ai pourtant vu commencer dans l’apres-midi, et le plus violent de tous commença à cinq heures du soir. Pour mieux faire con- naître ces deux catégories d’orages, je vais donner ici mes observations détaillées sur chacune, en décrivant le plus fort que j'ai observé à Buénos-Ayres depuis 1861. Les orages purs, sans poussière, sont plus fréquents que ceux de poussière; ils sont souvent accompagnés de for- tes décharges électriques, et s’annoncent par des accu- mulations de nuages bleuâtres, obscurs, formés à l’horizon vers le Sud, Sud-Ouest et Sud-Est, ou, plus rarement, le Nord et Nord-Est. Quelquefois ils éclatent avant midi, REP, ARG.— Ts Ils 3 34 __ ORAGES PURS mais le plus souvent après, à deux ou trois heures, et aussi le soir entre six et sept heures; quelquefois encore, au commencement de la nuit, vers 9 ou 40 heures; le matin ils sont plus rares. C’est de septembre à mars que ces orages éclatent le plus souvent; sur 41 cas que j’ai comptés pendant mes observations, j’en trouve : 5en septembre, 3 en octobre, 8 en novembre, 7 en décembre, % en janvier, 3 en février, # en mars et exceptionnellement 2 en avril et 5 en août, aucun en juin et juillet. Leswplus violents se trouvent généralement en mars ; presque chaque année il s’en produit dans ce mois, mais en 1870 on y trouve les deux plus fortes tempêtes de ce genre. La première, formée de plusieurs explosions semblables, dura du 7 au 11 mars. | Le 7, à 6 heures du matin, le thermomètre marquait 18, le baromètre 759,0, le vent venait du Nord, le ciel élait tout clair. Vers 7 heures, des Nimbus se montrèrent au Nord, marchant en direction du Nord-Ouest, et à 8 heu- res tout le ciel fut éouvert. À ce moment, le thermomètre mar- quait 17°,5, le baromètre 760,8. Bientôt un orage violent se dechaina, il tomba quelques gouttes d’eau très-grosses, peu abondantes, sans décharges électriques, et tout fut fini en dix minutes. Un vent d’Ouest-Sud-Ouest dispersa alors les. nuages, le thermomètre atteignit 229,9 à midi et descendit à 17°,0 jusqu’à 9 heures du soir; le baromè- tre suivit sa marche régulière, descendant à 760,2 à 3 heu- res, et remontant à 761,5 à 9 heures. La nuit fut claire et tranquille, le vent Sud-Ouest. | Le 8, à 7 heures, le vent n'avait pas changé de direc- tion, le ciel était pur, le thermomètre à 12°5, le baromètre à 764,5; la journée s’avançait sans trouble; à midi. la température ne s’elevait pas au-dessus de 19°, et le baro- mètre tombait à 763,5 jusqu’à 2 heures après-midi. Quelques nuages clairs se levèrent ensuite au Nord, et bientôt le vent tourna au Nord-Est, les nuages s’élevaient davantage et DES ENVIRONS DE BUENOS-AYRES. 39 couvraient tout le ciel en prenant une teinte plus obscure. Cet etat se prolongea jusqu’à 10 heures du soir; le ciel était couvert, le thermomètre marquait 17°,0, le baromè- tre 763,0, et le vent, qui venait du Nord-Est, continuait sa marche rétrograde à Est pur. … Le 9, avant le lever du soleil, il commença à tomber une petite pluie; il faisait en même temps un léger vent d’Est; à 7 heures, le ciel était couvert et le vent passait au Nord-Est ; le baromètre avait conservé sa hauteur de 763,0, le thermomètre marquait 15°,5, et à 2 heures il s'était élevé à 162,5, le baromètre, au contraire, était descendu rapidement à 758,0, indiquant clairement l’approche de Porage. Bientôt un vent violent souffla de lEst, accom- pagné d’une pluie assez forte; ce vent ne cessa d’aug- menter horriblement d’heure en heure, jusqu’à 9 heures du soir, où il cessa. Pendant cette forte averse, on dis- tinguait facilement une double couche de nuages; la plus haute venant avec le courant d’Equateur du Nord-Ouest, et la plus basse marchant avec le courant polaire en sens inverse, de Sud-Est. La température descendit peu à peu jusqu'à 14°,0, le baromètre à 756,0, et le vent passa bien- töt de P’Est au Sud-Est. Enfin, à 10 heures et demie, le vent avait acquis une force extraordinaire ; le baromètre était tombé à 754,0, mais le thermomètre était resté à 4400. La journée du 10 fut calme ; au commencement la température et la hauteur barométrique n’avaient pas changé, mais le vent avait passé au Nord-Ouest et les nuages couvraient toujours le ciel. A midi, le vent tourna au Sud-Ouest, la température s’eleva à 15°5, et le baromètre à 755,0; mais le soir l’orage revint encore une fois; le vent souffla avec la même furie ei la tempéra- ture tomba à 10°,0 alors que le baromètre montait à 756°,0. Enfin, Je 11 commença avec une hauteur barométrique de 759,7 et une température de 11°, malgré que le même vent de Sud-Ouest durät toute la journée ; ce vent conti- 36 ORAGES DE POUSSIERE nua jusqu’au 12, où il tourna à l’Est et au Nord-Est. La soirée du 14 fut claire, ainsi que la matinée du 12 jusqu’à midi, mais le 12, après cette heure, le temps se couvrit de nouveau. | jh Il est digne de répéter qu’il n’y eut aucune manifesta- tion électrique pendant ces cinq jours d’orage; je m’ai pas vu d’eclairs, et n’ai pas entendu de tonnerre, ni rap- proché, ni dans le lointain. Les dommages sur la rade ainsi que dans la ville et ses environs furent considéra- bles, et la force de l’eau, courant dans quelques rues ‘très en pente, si grande, que les voitures même ne pouvaient pas passer ; le cheval d’un cabriolet, qui voulut couper le courant, fut tué dans la rue. L’orage que je viens de décrire, le plus fort de tous ceux que j'ai observés moi-même, est surtout très-remarquable par l’absence de décharges électriques; car ces orages sont généralement accompagnés de forts coups de foudre qui en signalent le commencement. Parmi les 41 orages que j’ai notés dans mes journaux, il en est très-peu sans ma- nifestations de ce genre. Je vais donner la description d’un de ces orages électriques, survenu dans le même mois de mars 1870, le 31 de ce mois, vingt jours seulement après le précédent. Il fut précédé de deux jours par un des plus violents orages de poussière observés à Buenos Ayres. L’orage de poussière du 29 fut court ; il commença à 8 heures du matin, venant du Nord-Ouest, avec une tem- pérature de 16°7, et une pression barométrique de 754,0; à 6 heures, immédiatement après le lever du soleil, la pression barométrique n’était pourtant que de 754,5, mais la température déjà de 16°3 et le vent Nord-Est. L’orage ne dura pas plus d’un quart-d’heure, le ciel se couvrit de nuages, et à 9 heures il commença à tomber une pluie fine qui dura jusqu’à midi; à 2 heures, le ciel: s’éclaircit, la température était de 189,0, la pression barométri- A BUENOS-AYRES. 37 que de 752,8, et le vent Nord-Nord-Ouest. La journée con- tinua ensuite régulièrement jusqu’au soir. A 10 heures, la température était de 14°0, la pression barométrique de 154,5 et le vent Nord-Ouest. Le lendemain ne présenta rien de particulier; la tem- pérature, qui était de 12% le matin, s’éleva à 20°0, à midi, et descendit le soir à 17% ; le baromètre marqua les hauteurs suivantes : 756,3 le matin, 757,0 à midi, 758,0 le soir; et le vent qui soufflait le matin de l’Ouest passa au Nord-Ouest à midi et continua ainsi jusqu’au soir. Le 31 commença aussi sans nuages, avec un vent du Nord régulier, une température de 16°8, et une pression barométrique de 757,5; mais de midi à 2 heures la tem- perature s’eleva à 22°%%, hauteur anormale à cette époque _ de année, le baromètre conservant la même hauteur. A 5 heures, le ciel se couvrit de nuages assez obscurs qui, montant du Nord, s’eleverent peu à peu davantage et voi- lerent tout le firmament; mais l'orage ne devint violent qu'à 9 heures et demie. A ce moment, le vent passa à PEst-Sud-Est, les décharges électriques devinrent épou- vantables ; les éclairs sillonnaient l’espace de minute en minute et le grondement du tonnerre ne discontinuait pas; la pluie tombait à torrents, accompagnée d’enormes grelons de la grosseur d’une balle de fusil, d’une noix, et quelques-uns même d’un œuf de pigeon, lesquels eu- rent bientôt cassé les vitres des fenêtres du Musée expo- sées au Sud. La pluie avait inondé toute la rue devant notre établissement du côté du Nord. Pendant cet ouragan violent, le thermomètre marquait 16°,3, et le baromètre 756,5. Cet état dura pendant une heure environ, puis les grêlons cessèrent de tomber; mais la pluie continua, di- minuant peu à peu d'intensité jusqu’à minuit. Le lende- main fut aussi orageux; le matin, des nuages couvraient le ciel, le même vent de Sud-Est soufflait, la température était de 12°,5, mais le baromètre était remonté à 760,0. A 38 ORAGE DE POUSSIÈRE 10 heures du matin, il tomba une pluie assez forte, ve- nant de Sud-Sud-Est, sans que la température et la pres- sion barométrique éprouvassent de changement; “enfin, à une heure le vent passa au Nord-Nord-Est et le ciel commenca à s’éclaircir; mais à 3 heures le vent tourna instantanément au Sud-Sud-Ouest, une pluie fine recom- menca de tomber, le baromètre monta à 762,0, et le ther- momètre à 140. La journée continua ainsi jusqu’à la nuit, et à 10 heures la température était de 13°,0, la pression barométrique de 764,0, et le vent Sud-Sud-Ouest. Le phénomène de la grêle, qui se produisit pendant! le plus fort orage décrit, n’est pas fréquent à Buénos-Ayres; je n’en ai noté que sept cas dans mes journaux; trois se presentent en octobre, un en décembre, deux en janvier et un en mars ; c’est celui dont je parle plus haut. Dans la plupart des cas, la grosseur des grelons ne dépassait pas celle d’un pois, et généralement ils étaient plus petits, ayant 4 ‘/, à 2 lignes de diamètre. Les orages à poussière sont plus rares que les orages purs; j'en ai noté 25, qui se trouvent surtout dans l'été des différentes années; j’en compte 7 en decem- bre et autant en janvier, 5 en février, 2 en mars et k en novembre; aucun dans les autres mois. Ils commencent avec les mêmes symptômes que les orages purs, sauf la coloration des nuages qui est jaunätre, et viennent encore plus régulièrement du Sud-Ouest, très-rarement du Nord ou Nord-Ouest. Le plus fort de ceux que j'ai observés, et que je décris ici, eut lieu le 19 mars 1866. Au début, la journée était couverte, avec une tempéra- ture rare de 21° et une pression barométrique de 757,2 à 7 heures du matin; il faisait vent du Nord. Cette tempé- rature excessive pour la saison me surprit et. j’observai d'heure en heure les mouvements de mes instruments; mais les phénomènes suivirent régulièrement leur cours jusqu’à 5 heures après-midi; le thermomètre monta jus- LE PLUS FORT OBSERVE. 39 qu'à 2 heures et s’éleva jusqu'à 25°,1, et de ce moment jusqu 5 heures, il s’éleva à 28°,0; le baromètre tomba peu, comme il le fait presque régulièrement à cette épo- que, de 9 heures du matin à 5 heures du soir, descen- dant de 757,0 à 753,0 ; le vent se maintint au Nord. A par- tir de 5 heures des nuages très-obscurs s’élevèrent au Sud-Ouest et le vent prit cette même direction, en tour- nant par Nord-Ouest et Ouest; les nuages s’avancèrent alors avec -une telle rapidité que le ciel fut tout noir en 5 minutes; da lumière du soleil fut entièrement vorlée, et l'obscurité était telle que je fus forcé d’allumer une lampe pour continuer mes observations. A ce moment le thermomètre marquait 15°,0, le baromètre 756,5; ce der- nier était monté de 3,5 millimètres en 2 minutes. L’obs- curité dura environ 9 minutes, et au bout de 10 le temps commença à s’éclaircir, mais avec moins de ra- piditémqu'il m'en avait mis à s’obscurcir. On apercevait alors des éclairs vers le Sud, et l’on entendait au loin le tonnerre; mais je n’ai observé aucune manifestation électrique rapprochée de nous. Le ciel s’éclaircit ensuite et le baromètre continua de monter; à 7 heures 1l mar- quait 757,0; la température, au contraire, était descen- due à 432,1 et le ciel était complétement couvert; ıl y avait pourtant quelques lacunes entre les nuages gris in- férieurs emportes du Sud au Nord par le courant polaire, qui permeltaient d'observer des nuages moins obscurs, plus-élevés, suivant la direction du Nord au Sud du cou- rant de Equateur. A 7 heures, ıl commença une forte pluie qui dura d’ailleurs à peine une heure et demie, et à 9 heures du soir l’atmosphère était tranquille, le vent Sud-Est, la: température était revenue à 16°,0, et le baro- mètre, qui continuait à monter, marquait 757,6 à 9 heures et demie, 758,5 à 10 heures et 761,0 le lendemain matin à 7 heures; la température était alors de 13°0, et le vent avait repassé au Sud-Ouest ?. 40 CARACTERE DE LA PLUIE Aucun des autres orages de poussière que j’ai observés n’a atteint une pareille violence; je n’en ai jamais vu obseurcir le ciel aussi complétement et causer un abais- sement de température presque instantané de 10 degrés; pourtant, dans tous les cas, la température a baissé en moindre proportion, le baromètre montait, et la pluie: sui- vit l’orage; autrefois, cependant, après des orages pres- que aussi violents, il ne pleuvait pas, et cette catégorie n’est pas plus rare que l’autre, finissant en pluie. Sur la violence ou lintensité des vents je ne pouvais pas faire des observations, mais elles existent, faites par des observateurs habiles, dont j’ai donné les résultats dans la note 9. 5. (PLU.I E Il est bien constaté que la pluie se forme par l’influence des vents froids du courant polaire sur les vents chauds et humides du courant de mousson, qui règne dans les régions intertropicales de la terre; l’air froid condense les vapeurs et les fait tomber en forme de gouttes. De cette influence résulte la variabilité de la pluie. On sait bien à Buénos-Ayres que la quantité de pluie, qui y tombe annuellement, n’est soumise à aucune loi fixe, et qu’elle varie très-considérablement d’une année à l’autre; la population distingue positivement des années sèches et des années humides, d’après la quantité d’eau tombée de l’atmos- phère. L'observation exacte confirme entièrement cette opi- nion générale; on voit ici des années où il tombe à peine le tiers de la quantité de pluie tombée dans d’autres, et une différence de près du double entre deux années consé- cutives est chose presque régulière ; on donne ici comme règle, d’après l’observation populaire faite sans précaution scientifique, que sur cinq années, il y en a une sèche, trois régulières et une pluvieuse. Nous allons voir si des obser- A BUENOS-AYRES. 41 vations exactes, faites d’après les règles de la science, con- firment ce dire. J'ai donné dans mon essai antérieur sur le climat de Buénos-Ayres (Halle, 1863-64) un petit tableau de six an- nées d'observations exactes, faites par MM. Mossorrr et Esura, qui confirme complétement cette irrégularité ; de ces six années, trois sont régulières, avec une hauteur de l’eau tombée de 32 à 35 pouces; deux sèches, avec 16 et 20 pouces, et une pluvieuse avec 51 pouces. Les observations faites ici depuis 1861, époque de mon arrivée à Buénos-Ayres, n’ont pas été exécutées par moi, mais par l’observateur déja nommé, M. Eeura, qui les a publiées dans le Registro estadistico Argentino, cité plus haut. Le manque d’instrument au début; plus tard les conditions peu favorables de mon domicile dans le Musée public à Pinstallation d’un pluviomètre, m’ont empêché de faire moi-même ces observations; mais j’en ai été consolé en voyant l'exécution des observations pluviométriques entre les mains d’un observateur assez exact pour qu’on puisse s’en rapporter à lui. Voici done le résultat de ses observations pendant 8 ans, de 1861 à 1868, donné en millimètres, dans le tableau suivant. LA HUIT ANNEES TABLEAU DES 1861 1862 1863 | 1864 1865 1866 1867 1868 ee. Janvier... 2108 13,0 107,9 36,1 52,1 14,2 10,4 64,2 38,65 Février «asc. 21,0 102,6 98,9 19,5 1,3 50,3 33,3 175,5 68,55 Mare. 2.3.2.5 © 504 68,2 71,8 85,0 50,2 31,4 38,3 108,8 60,51 Ari. 5... © 180 49,2 12,5 97,1 108,0 15,6 124,0 45,4 73,10 Mar. .2..3..8.8 3,1 144,0 74,2 80,2 71,1 131,9 30,0 | Manquant 76,44 duiné, 2, 2.5.2) 5 478 124,0 74,2 76,2 115,0 14,4 69,9 85,7 79,60 Juillet 20.0... | - 12,9 74,2 25,2 36,9 62,6 158,0 69,6 5,4 55,52 Aodlé. 5.8.2) 2585 32,0 66,4 44,2 63,7 54,2 9,0 80,2 50,65 Septembre. .….........| 63,6 11,6 42,0 104,2 69,8 35,6 29,7 90,5 64,12 October se ceseel 150,5 124,0 14,6 33,0 63,6 247,7 6,0 147,7 98,38 Novembre ..........| 11,6 85,6 99 4 39,9 14,6 56,7 16,2 99,5 51,56 Décembre. el 117,8 153,4 91,5 60,8 40,4 80,9 95,2 162,8 100,35 SOMME... | 583,9 1047,8 101,6 143,1 119,0 1010,9 591,6 1065,7 831,67 EN pouces... 257” | 46”44” | irre |. 39 g» ser |. grue À er | ara) ir DE PLUIE A BUENOS-AYRES. 43 Ce qui ressort, tout d’abord, de notre tableau, c’est l’iné- galité des quantités d’eau tombée dans un mois donné, pendant les diverses années, quantité qui peut être 10, 12 et 15 fois plus grande. Ainsi, janvier varie entre 11 et 107 millimètres, février entre 7 et 175, et mai entre les limites encore plus éloignées de 3 et 144. On peut conclure, avec raison, de cette grande différence, qu’il n’y a pas de rap- port approximatif certain entre les hauteurs d’eau qui tom- bent dans un même mois de diverses années, et en pre- nant pour chaque mois la moyenne des hauteurs d’eau tombee, nous avons trouvé une hauteur tout à fait arti- ficielle, ne représentant nullement la quantité probable d’eau qui doit tomber dans chacun. | … Mais, sı la moyenne des hauteurs d’eau pour les diffé- rents mois n'indique pas la hauteur d’eau qui tombe dans chacun, elle peut du moins servir à établir, avec une ap- proximation certaine, la relation des mois entre eux. On voit ainsi que janvier est le mois le plus sec, et dé- cembre, celui où il pleut le plus; après janvier, qui n’a pas plus que le tiers environ de la quantité d’eau tombée en décembre, les mois les plus pauvres en pluie sont juillet, août et novembre, dans lesquels il tombe une hau- teur d'eau. égale, à peu près, à la moitié de celle de dé- cembre. On voit aussi que février, mars et septembre ont des hauteurs d’eau presque égales, ‘ainsi que avril, mai et juin, dans lesquels pourtant il tombe un peu plus d’eau _ que dans les trois mois nommés d’abord. Enfin, octobre est après décembre le mois où les pluies sont les plus abondantes. Exprimant ces faits d’une autre façon, en se basant sur les saisons de l’année, on peut dire: La. saison où il pleut le plus, à Buénos-Ayres, c’est le printemps; celle où il pleut le moins, l'hiver; il pleut _ beaucoup plus en automne qu’en hiver, et la quantité d’eau qui tombe en cette saison est même plus considérable que celle qui tombe en été. Si nous prenons 356” comme 44 RELATION DES MOIS ENTRE EUX. moyenne de la hauteur d’eau tombée dans l’année, cette moyenne se décompose ainsi: printemps 95”, automne 9"1”, été 9” et hiver 8". Quoique ces rapports ne soient pas invariables, ils donnent une idée approximative certaine! de la quantité d’eau tombée pendant chaque saison. Il est digne de remarque que, d’après les observations de Mossorri, la quantité d’eau tombée dans une année peut se réduire à 16”8” et atteindre 51”5”, hauteurs qui ne ‘se sont jamais présentées pendant les 8 années comprises en- tre 1861 et 1868. Les rapports des saisons entre elles sont, du reste, les mêmes; la hauteur d’eau la plus grande se trouve aussi, d’après cet auteur, dans le printemps, la plus petite en hiver, et l’automne est aussi plus pluvieux que l’ete. Prenant la moyenne des cinq années observées anté- rieurement, nous trouvons 34”5”, qui se répartissent ainsi dans les saisons: été 6”6”,: automne 9”8”, hiver 5"6” et printemps 12"5”. Ces rapports des saisons diffèrent beau- coup plus entre eux que ceux donnés par les observations postérieures, indiquées plus haut, et prouvent que Popinion générale des habitants de Buénos-Ayres sur les différences remarquables des diverses saisons, sous le rapport de la pluie, est bien fondé et qu'il est imposible de donner une loi générale du caractère pluvieux, applicable partout. La même fluctuation se présente, si nous considérons la hauteur de pluie tombée dans chaque mois ; nous trouvons dans notre tableau des mois qui n’ont quelquefois 'pres- que pas de pluie, et qui dans d’autres années en sont ri=. ches. C’est le cas de février, qui en 1865 a une hauteur d’eau de 7, 3 millimètres (2'/,”) seulement, et dans l’année 1868 la hauteur assez considérable de 175, 5 millimètres (7"8"), une des plus grandes différences observées dans le même mois, pendant le courant des années, à Buénos- Ayres. Il y a seulement en octobre 1866 une hauteur plus grande, qui atteint 247, 7 millimètres (11°), et c’est la plus considérable notée pendant les 8 années d'observations. NOMBRE DES JOURS PLUVIEUX. 45 Cette hauteur ne se trouve pas indiquée dans les observa- ‚tions antérieures ; la plus grande qu’elles donnent, obser- vée en septembre 1830, est de 10’3” anglais, c’est-à-dire environ 10 pouces français ou 225, 2 millimètres. Les jours et les heures de la pluie sont aussi très-diffé- rents; parfois il pleut toute la journée, et même trois ou quatre jours de suite, d’autres fois, au contraire, la pluie ne dure pas plus d’une demi-heure. Cette différence, pourtant, est généralement unie à une différence remar- quable dans la force de la pluie; lorsqu'il pleut des jour- nées entières, ii tombe une pluie faible ou médiocrement forte; quand la pluie ne dure qu’une heure ou une demi- heure, elle est généralement très-forte et accompagnée de décharges électriques plus ou moins violentes. Cette diffé- rence dans les pluies de Buénos-Ayres les divise naturel- lement en deux groupes assez distincts. Les pluies du premier groupe, sans décharges électriques, sont les plus nombreuses à Buénos-Ayres; j'ai noté dans mes journaux, pour les huit années de mes observations, les cas suivants des deux catégories : ‚1862 1865 1866 1867 nn ——— N Te Sans Avec Sans Avec Sans Avec Sans Avec tonnerre | tonnerre tonnerre tonnerre tonnerre tonnerre tonnerre tonnerre 48 | ,19 34 10 57 17 40 15 1869 1870 1871 1872 EEE u mn mn Re OO es 5 CU Re Sans Avec Sans Avec Sans Avec Sans Avec tonnerre tonnerre tonnerre tonnerre tonnerre tonnerre tonnerre tonnerre 31 8 43 10 58 1 58 9 On voit, par ces chiffres, que les pluies pures sont beau- 46 DIFFERENCES DE LA PLUIE coup plus nombreuses que les pluies électriques; et que le nombre de ces dernières dépasse rarement le tiers du. nombre des autres. | Concernant le caractère particulier des pluies pures, elles se préparent en général doucement, pendant une journée entière; le ciel se couvre de nuages, d’abord de Stratus interrompus, un peu accumulés, et peu à peu ces groupes s'unissent en une couche générale, peu obscure, et com- posée évidemment de parues plus ou moins interrompues: Ces préparatifs de pluie commencent souvent la veille du jour où elle tombe, mais généralement ils se font de midi au soir; le lendemain, soit avant le lever du soleil, où un peu après, les nuages se condensent en pluie; au début, la pluie est très-faible, et elle grossit peu à peu, à mesure que le soleil s’élève ; de 9 à 2 heures, elle augmenté, pour- tant pas excessivement, et elle finit en général complétement après 5 ou 6 heures. Ces pluies viennent presque toujours avec un vent d’Est, soit Sud-Est, soit Nord-Est; avec le le Nord-Est en hiver, avec le Sud-Est en été; elles durent quelquefois plusieurs jours de suite, mais elles, sont bientôt finies quand le vent passe au Sud-Ouest, et elles se ter- minent alors par une averse très-forte. Le courant polaire froid condense en peu de temps les vapeurs de P’atmos- phère, et un Pampero violent nettoie le ciel. Si le Pampero ne souffle pas, la température et la hauteur barométrique changent très-peu ; le thermomètre descend, sous Pin- fluence de la pluie, et le baromètre commence à monter: mais si le Pampero vient, tous deux changent rapidement de position, le thermomètre descend, le baromètre monte. Cependant, ce changement ne dépasse que trös-rarement 5° Réaumur et 5 millimètres hauteur barométrique ; généra- lement il se borne à 2-3 millimètres, et 2-3 degrés. Les pluies accompagnées de décharges électriques ont un aspect tout différent. Elles se préparent plus rapide- A dement ; on voit s’élever à l’horizon une couche obscure FORTE ET MODEREE. 47 de nuages, et bientôt le tonnerre annonce Parrivée de l’ou- ragan, accompagné d’une pluie très-forte et très-violente. D'abord, quelques grosses gouttes tombent éparses, mais au bout d’un instant, une véritable chute d’eau, nommée par les habitants Aguacero, se répand sur la plaine; leau court avec force, et aussitôt toutes les rues de la ville sont complétement inondées. Mais cette violence ne dure pas longtemps : au bout d’un quart-d’heure tout est fini, si orage est venu du Sud avec un fort Pampero. Si les nua- ges électriques sont venus du Nord, du Nord-Ouest ou du Nord-Est, la pluie continue quelquefois, en se modérant bientôt, et elle dure ainsi jusqu’au moment où le courant polaire l'emporte. Alors, le ciel s’éclaircit rapidement, et un Pampero froid et sec nettoie presque en un instant les rues de la ville. Nous n’avons pas répété la description des nuages, leurs variations et les grandes différences graduelles qui exis- tent entre eux dans les orages, renvoyant le lecteur à celle que nous avons déjà donnée plus haut. Les nua- ges obscurs et épais sont toujours accompagés de déchar- ges électriques plus du moins fortes, et généralement en- core plus fortes avec la pluie. Les différences décrites, entre les pluies, ne permettent pas de donner une loi générale sur la quantité d’eau qui tombe pendant un temps déterminé, par exemple pendant une heure. En général, nos pluies ne sont pas très-fortes, ei, par conséquent. la hauteur d’eau tombée n’est pas très- grande. D’après les observations à ma disposition, il tombe, comme maximum, pendant les pluies excessivement fortes, jusqu’à 6 millimètres en une heure, et ordinairement la hauteur, dans un même temps, ne s'élève pas au-dessus de 5 millimètres. On peut dire que c’est là la règle pen- dant les pluies régulièrement fortes de notre pays. Pen- dant la pluie assez forte du 5 août 1865, il tomba de 10 heures et demie du matin à 9 heures du soir une hauteur 48 ROSEE, BROUILLARD, BRUINE d’eau de 60 millimètres, ce qui donne 5 millimètres par heure; mais, comme la pluie ne fut pas régulièrement forte pendant toute la journée, on peut dire que les 5 millimètres furent surpasses durant les heures de la plus forte pluie. Je ne crois pas que la hauteur de 6 millimè- tres en une heure soit jamais dépassée à Buénos-Ayres. Enfin, nous aurions à parler des précipitations humides qui ne sont pas des véritables pluies ; mais nous avons déjà donné plus haut une description suffisante de ces phéno- mènes, et nous ne répéterons pas ici ce que nous avons dit de la rosée du matin et du soir, ayant déjà expliqué ce phénomène régulier en parlant de l’humidité de Pair. Il en est de même pour le brouillard, qui se produit quel- quefois le matin dans les mois d'automne et d’hiver. Nous ne reviendrons pas non plus sur les bruines vapo- reuses qui tombent parfois en hiver, même pendant une journée entière, car ce phénomène a aussi été expliqué au chapitre de l’humidité, comme une chose assez régulière dans notre pays. Une question plus importante est de sa- voir si la pluie se forme en neige dans quelques mois ou années du climat de Buénos-Ayres. J’ai parlé plusieurs fois sur la neige dans mes communications antérieures, affir- mant une fois qu’elle se produisait à Buénos-Ayres, le miant une autre fois. Il est vrai que jusqu’au moment de mes publications antérieures, n’ayant jamais vu de neige ici, je me fondais seulement sur les rapports des personnes, auxquelles je croyais pouvoir me fier; mais enfin, j'ai toujours trouvé que ces rapports étaient inexacts, et que, en réalité, 1l n’était pas tombé de neige '°. Pourtant, après dix ans de rapports faux et contradictoires, j’ai vu, moi- même, le 1° septembre 1871, de véritables flocons de neige tomber au milieu de la journée, à 2 heures et demie, mais ils étaient très-rares, et disparaissaient presque au moment où ils touchaient le sol. Cette journée présenta un carac- tère particulier; elle commença avec une température de ET NEIGE A BUENOS-AYRES. 49 2°, très-basse pour la saison, et une pression barométri- que de 763; le ciel était couvert de nuages, le vent venait de l’Ouest. Jusqu'à 2 heures, la température s’éleva à 7° et le baromètre descendit à 762,0. Un peu plus tard, commença une petite pluie accompagnée de nuages très- obscurs vers l’Ouest, et bientôt il tomba des flocons de neige mêlés à la pluie; mais le phénomène ne dura pas plus de quelques minutes, sans former de couche de neige, parce que les flocons disparaissaient bientôt après avoir touché le sol. Le thermomètre tomba, pendant cette chute de neige, à 3° et le baromètre monta de nouveau à 763,0. Au Sud-Ouest, l’horizon était clair, mais de tous les autres côtés ıl était couvert de nuages, dont ceux de l'Ouest étaient les plus obscurs. A 3 heures, un Pampero assez fort commença à éclaircir le ciel et à 4 heures il avait déjà fini; le ciel resta clair, mais parsemé çà et là de grands groupes de nuages : cumulus; le thermomètre avait repris sa hauteur de 7°. Depuis cette heure, jusqu’à la nuit, la journée continua régulièrement, sans phénomène parti- culier. 6. PRESSION DE L'AIR ‘!. Les observations barométriques faites par moi-même, à Buénos-Ayres, donnent la certitude que la pression de l’air est ici entièrement conforme à la loi générale du mouve- ment barométrique universel; l’instrument suit une marche presque régulière dans la journée; il atteint sa plus grande hauteur le matin à 9 heures; il descend alors peu à peu jusqu’à 5 heures après-midi, et monte de nouveau doucement jusqu’à minuit, où ıl prend une position géné- ralement tranquille. Je n’ai vu que très-rarement une se- conde baisse entre minuit et le lever du soleil ; en général j'ai trouvé le baromètre presque sans mouvement, entre 3 et 7 heures du matin, où il commençait son ascension, pour atteindre à 9 heures sa position la plus élevée. Quoi- REP. ARG.— T. Il. 4. 50 PRESSION DE L’AIR. que je n’aie pas fait beaucoup d’observations nocturnes, je erois pouvoir affırmer, par la comparaison des hauteurs barométriques du soir avec celles du lendemain matin, qu’une seconde baisse pendant la nuit, suivie d’une ascen- sion, n’est pas régulière ici; que le baromètre commence à monter le soir et pendant la nuit où, une heure avant ou après minuit, il devient complétement immobile, jus- qu’au lever du soleil. En comparant la hauteur baromé- trique du soir à celle du lendemain matin, je n’ai trouvé, très-souvent, aucune différence; d’autres fois, et plus sou- vent encore, une ascension, et quelquefois, mais très-rare- ment, une décadence remarquable, quoique petite. Ces dif- férences dépendent principalement de la direction du vent; si celui-ci reste le même pendant toute la nuit et le matin suivant, le mouvement du baromètre est régulier; mais si le vent change, et surtout s’il va du Nord au Sud, ou vice- versa, le baromètre prend un mouvement particulier, mon- tant avec le vent du Sud, descendant avec celui du Nord. La comparaison de toutes mes observations entre elles confirme ce que j’ai dit auparavant sur le mouvement baro- métrique à Mendoza, page 41 de la publication séparée de 1861; exposition à laquelle je renvoie le lecteur, pour ne pas répéter ici la même chose. Comme à Mendoza, il se produit à Buénos-Ayres beaucoup d’exceptions à la règle générale; le baromètre peut descendre pendant une journée entière, il peut aussi monter depuis le matin jusqu’au soir; mais la règle est qu’il monte à 9 heures du matin, pour des- cendre ensuite jusqu’à 5 heures de l’après-midi, et recom- mencer à monter depuis cette heure jusqu’au commencement de la nuit, pendant laquelle il reste généralement en repos jusqu’à une heure après le lever du soleil, où il commence doucement son ascension du matin. Une seconde baisse entre minuit et le lever du soleil n’est pas la règle, dans ce pays. Pour prouver ce que je viens de dire, je donne ici les mou- vements barométriques de quelques journées observées. 51 MOUVEMENT JOURNALIER BAROMETRIQUE. TABLEAU V | N'ES OS'A gong-png | "0-5 "SH |'O-S ‘O ON] IST-PAUN PION JS900-'S ‘Ps s9n0-png |”**" "re Inga 8'c9L "us S'8L 8"29L 0'19L 0'%9L 0‘OLL "IN 8°19L 8'991 a Mu. G 0‘#9L "TS L‘8SL 1'S9L 0°19L €°19L 8‘69L "AN 6‘19L 0‘99L rer SOINOU € 0'E9L "Is 9'86L 6‘Y9L 0'19L 6°09L 0°69L “AN 6°19L 0‘S9L "Ja G‘a9L ‘as 8'841 g‘y9L 0‘T9L c‘09L 7'69L "AN L‘19L L'S9L a 0°19L ‘AS 56GL 9‘89L ‘191 G‘O9L 0‘89L "3-'N 8'191 0‘19L F0 DE 0°19L "as 0“69L g'e9lL G‘T9L _G‘09L 0'L9L NHL | ße Pre ne 8 0°19L a 0'LSL 0‘F9L 0‘39L c‘O9L G‘99L 1S4 0‘29L 0‘6SL **"A0S somay £ 0'191 187 G‘6CL 0‘99L F'e9L g‘09L 0‘99L ‘4-'S 0‘Y9L O‘LSL n'es CDR IWang-png ofe10 F9 1S4 S‘09L 9‘99L c‘y9L 1'191 r'r9L 1S4 0'89L 8'981 ee L'O9L 1S4 S'19L ‘991 G‘y9L Y'Y9L . 0'891 IS 6°29L g'acL ee 0‘09L SA ‘191 0‘99L 0‘S9L g‘19L 0'791 ISA 889. gereL “une Sono 9 &181 818} ET 8987 1987 6984 898} 398 Fr SUrn ES | AUANAAON Z | An0V & AUAMAAON 63 | 141110f 6H SUV 33 SUV #3 SUV 8% 52 VARIATIONS DU MOUVEMENT Ce petit tableau peut aussi servir a connaitre les diffe- rences de hauteur barométrique d’un jour, que l’on nomme amplitude quotidienne du mouvement barométrique. Nous voyons, par l’examen de notre tableau, que cette ampli- tude quotidienne, quand l’instrument suit sa marche ré- gulière, varie entre 1,0 et 3,0 millimètres; mais si le mouvement de la journée est irrégulier, elle peut s’élever jusqu’à 5,0 ou 6,0 millimètres. Quand les conditions de la pression changent brusquement dans l'atmosphère, l'amplitude barométrique s’accorde aussi à ce changement ; J'ai vu, le 22 septembre 1872, le niveau du mercure des- cendre en une heure de 753,5 à 748,0, le vent de Nord- Est ayant passé au Nord après un petit orage, et la tem- pérature s’elever en même temps de 13°,5 à 152,0. Mais en général ces changements rapides sont rares et ne se voient que les jours d’orage, de pluie et de tempête, alors que des mouvements irréguliers se produisent subitement dans l’atmosphère. | Quant aux effets de la pluie sur le baromètre, J'ai tou- jours vu l’instrument baisser avant que la pluie commence, rester sans mouvement pendant que l’eau tombe, et monter vers la fin de la pluie, ou après qu’elle a cessé, lorsque le Pampero arrive et nettoie le ciel. Avec le courant po- laire du vent de Sud-Ouest et de Sud, le baromètre monte toujours, et il descend avec le courant d’Equateur de Nord- Est et de Nord, quoique la baisse la plus grande du 30 avril 1862 (745,0) se soit produite par un vent d’Est pur, et l’élévation la plus haute (780,0) du 26 juin 1872, non avec un vent de Sud-Ouest, mais avec un vent de Sud- Sud-Est. Des extrêmes aussi considérables dans l’amplitude ba- rometrique sont généralement rares ; je n'ai jamais vu le baromètre au-dessous de 756,0, ou au-dessus de 779,0, qu’en juillet 1869 et 1872; on peut dire avec raıson qu’un abaissement au-dessous de 750,9 est aussi DU BAROMETRE A BUENOS-AYRES. 53 anormal qu’une élévation au-dessus de 775,9, dans l’atmos- phère de Buénos-Ayres. Une pression de 743,9, que Mossorri donne comme la plus basse observée par lui, ne s’est jamais présentée à mon observation; mais j'ai vu plu- sieurs fois des pressions supérieures à celle de 776,1, que le même auteur donne comme la plus considérable ob- servée par lui; mes journaux me fournissent sept jours avec une pression au-dessus de 777,0; quatre avec une pression au-dessus de 778,0 ; trois avec une pression au- - dessus de 779,0, et un avec 780,0, pendant les huit années embrassées par mes observations. Mais avant de parler des extrêmes du mouvement baro- métrique, je dois décrire la marche régulière du baro- mètre à Buenos-Ayres; je donne donc dans le tableau suivant les moyennes des mois pendant mes dix années d'observations, sauf quelques interruptions que je n’ai pu éviter pour les causes mentionnées plus haut. Ces chiffres sont, comme tous les autres des observations barométriques, sans réduction au zéro et indiquent la marche sous l’in- fluence de la température quotidienne qui règne à Buénos- Ayres et dans les autres localités observées. LA TABLEAU DE LA MARCHE BAROMETRIQUE. 54 TABLEAU VI MOIS Decembre ...... 1861 Janvier...... ..1862 FÉVR. sos à MAS. resserre AVE, 0 ae 3 MAÉ ré remai ce re DURS c6 64e ce 65% Juillet .52..46, 02 AGE us soso Septembre....,. » Octobre . .. .. » Novembre ...... » ANNÉES... 1862 1863 4865 1867 161,5 761,6 762,0 762,7 764,0 162,4 162,9 165,0 164,5 166,9 164,3 163,4 163,5 4868 160,8 159,3 159,8 162,9 1869 4870 158,7 760,2 161,5 762,0 164,2 163,4 763,9 164,8 767,1 167,1 163,3 162,2 163,6 | 1874 760,1 760,4 162,4 160,8 164,2 764,7 763,0 164,8 163,0 164,3 761,5 162,7 162,6 1872 | 1873 760,3 758,7 160,5 761,0 160,6 761,9 762,9 762,7 764,6 764,3 164,7 762,2 165,7|762,6 164,1 762,9 762,4 163,6 164,3 764,0 163,5 |764,3 760,7 762,5 162,8 763,3 MOYENNES MAXIMUM | MINIMUM | MOYENNES DES SAISONS 760,2 ETE 160,8 160,7 161,3 CHR [l 162,3 | AUTOMNE 145,0 | 763,9 Y (30-1862) 103,2 | 163,4 (838,4) | 780,0 163,8 (26-1862) ns ns 763,2 764,2 (338,57) | 165,1 PRINTEMPS 163,0 163.6 162,7 EEE 162,8 | 162,8 | (338,0) MARCHE ANNUELLE DU BAROMETRE A BUENOS-AYRES. 55 On voit facilement que la pression de l’air atteint son maximum en septembre et son minimum en décembre, et qu'à partir de ce mois elle augmente mensuelle- ment jusqu'à l'hiver, dont les trois mois, juin, juillet et août ont presque la même pression; la différence qu'ils présentent est très-faible et se trouve tantôt dans l’un, tantôt dans l’autre de ces trois mois, quoique les moyen- nes donnent à août la pression la plus grande et à juillet la plus petite de l’hiver. Il résulte de ce mouvement d’ele- vation se produisant jusqu'à l’hiver, que cette saison est celle où la pression de l’air est la plus forte; que celle du printemps sen rapproche beaucoup, à cause de la haute pression de septembre; que l’automne a une pres- sion un peu plus faible, et que la pression de Pété dif- fère beaucoup de celle des trois autres saisons, à laquelle elle est assez inférieure. Ma publication antérieure, d’après les observations de Mossorri, donne une différence assez “remarquable pour les hauteurs barométriques de chaque 'mois, mais le résultat est le même, à l’exception que l’au- tomne (761,6) est un peu plus haut que le printemps (161,4); mais l’ete (758,8) est encore beaucoup plus bas que l'hiver (763,1). Ces observatrons donnent pour moyenne de Vannée 761,5. La hauteur moyenne la plus grande des mois se trouve aussi en Juillet (763,2) et non en septembre, où nous l’avons trouvée. De toute manière nos observations réunies- prouvent que le mouvement baro- "métrique suit à Buenos-Ayres une marche simple, as- cendante et descendante; que l'instrument atteint son ni- veau le plus bas au commencement de l'été (décembre) et se met en ascension jusqu'au milieu de lhiver, ou même au commencement du printemps, où il arrive à sa plus grande hauteur de l’année. … Voilà enfin, pour compléter l’aspect de la marche du baromètre, les hauteurs extrêmes observées dans chaque mois des dix années, d'observations. LA TABLEAU DU MAXIMUM BAROMETRIQUE. 56 TABLEAU VII MAXIMUM MOIS 1862 1865 1866 1867 Janvier. . scott 1008 169,0 168,0 Fövrler.ucecaeseeeeel 166,8 168,0 Maik... assoc BI 768,5 770,1 AVR. a eue da cel AT LEE 770,0 771,0 769,9 BEA ne ame A 172,0 773,7 771,0 DURS « ps search SLO.R 773,4 115,5 113,4 Builet des . 4... anal - RI 771,6 178,6 774,0 AOÛE. altes see nenn ed 777,0 772 0 778,5 Septembre..........| 711,4 712,4 774,0 771,5 Debobren,...1.,.nu 11258 770,0 711,0 771,7 Novembre ..........| 770,0 771,4 169,8 773,0 Decembre ..........| 764,6 757,8 167,7 767,0 1868 167,5 172,6 1869 771,0 112,8 719,8 169,0 774,0 770,0 169,8 164,0 1874 1872 1873 | MOYENNES 111,0 | 769,0 | 766,0 | 768,1 111,0 | 766,2 | 770,0 | 768,1 166,2 | 711,0 ! 713,0 | 710,3 172,5 | 774,0 | ‘168,2 | 770,8 113,0 | 776,0 | 769,0 | 771,6 171,5 | 780,0 | 773,0 | 713,9 113,3 | 7705 | 771.0 | 774,4 172,8 | 773,0 | 113,4 | 773,6 113,0 | 771,0 | 772,0 | 773,4 169,5 | 773,0 | 771,0 | 771,3 710,0 | 7610 | 771,0 | 770,4 166,0 | 766,0 | 769,0 | 765,8 57 TABLEAU DU MINIMUM BAROMETRIQUE. TABLEAU VII /suite) c'egL | S'OSL | ‘cl L'egL | OL | E74 O‘CL riesı | O‘YSL 0‘GGL 0‘YSL 6‘67L 0‘cL G'GGL ers | ofen | oocz | ‘az | o‘rez | o‘osz s‘ace rer | g'ecz | o‘erz | ses | 9'Lez | o‘rcL O‘LGL e‘icz | G'erz | c'en | oforı |. sagen | ‘ec O‘YGL 6‘&SL O‘FSL 0‘0SL g'eçL g'ecL 0‘96L &'0SL & Fol 0‘GGL g‘8çL 0‘9SL GEL 8‘acl 6 8TL 0‘FSL O‘ISL g‘ccL 0‘GGL 0‘FCL 0‘09L ‘LL grsı | O‘eSL | os | O‘LGL v’sGL 0‘8SL res | O0‘6s | oe | o‘ogz | se 0‘0sL- | O‘LSL re | S'y | sel | Sg‘ggz | o‘gcL 0‘OSL vs. | O‘FSL | ‘IL | O‘YGL | 0‘6ÿL 0‘8SL SANNTAON | £ZS8H &L8+ YLSY 0187 6987 8987 198F 14377 8‘FCL 0‘ESL O'LSL 177 0‘0SL g'ecL S'YSL g‘rcL 987 WA NWINIM ses... DI{U929 ennnssen nee DIQUISAON sers. 2140720 cesse 31Q0191d0S “su. rggy cesse. JOIN CELL EEE EE EEE TT LLEEL EEE CEE 0 ceneeesseeee ee -IIAY essesesses SIN ELLE E EEE TRIER ee UE SION 58 AMPLITUDE BAROMÉTRIQUE DES MOIS. Les résultats fournis par ce tableau ne sont pas tout à fait conformes à ceux qu’indique la marche barométrique générale; la baisse la plus grande de 745,0 millimètres se trouve en avril 1862 et la hauteur la plus considé- rable de 780,0 millimètres en juin 1872; ces deux cas donnent une amplitude de 35,0 millimètres. Mais consi- dérant les moyennes des mois, les extrêmes tombent en août, avec une amplitude de 22,8 millimètres. Enfin, pre- nant chaque mois séparément, dans le petit tableau ci- Joint, nous voyons que l’amplitude la plus grande tombe aussi pendant l'hiver, en juin et en août, et la plus petite en décembre, en accord complet avec la moyenne des mois entiers, confirmant ainsi l’exactitude de la loi générale. L’amplitude des extrêmes barométriques monte et descend avec la même gradation que la moyenne des mois; elle est la plus petite en décembre et la plus grande en juin et août. MOIS HAUT | BAS AMPLITUDE Janviehs.. is... Mau: : RO 749,0 22,0 Février. 22 DI NEE 771,0 750,0 21,0 M re. ST 773,0 750,0 23,0 AVRIL «ee à SR RATER 774,0 745,0 29,0 M, ee 776,0 746,2 29,8 JUIN.. 0. RSR ES 789,0 748,0 | 32,0 Juillet. RARE _ 779,8 750,0 29,8 AO SR AR OR 778,5 746,5 32,0 Septembre......... SEA 77,48 748,0 29,4 Octbbie:.ls.:.. a 773,0 750,5 22,5. Novembre. , 5.1.4 758.0 749,9 29,4 Disembres. #5. 4 El 769,5 749,4 20.1 CLIMATOLOGIE DE MENDOZA. 59 Nous croyons avoir expliqué assez clairement, par les tableaux donnés, le mouvement barométrique de Buénos- Ayres. Occupé spécialement de recherches scientifiques d’une nature assez différente, de zoologie descriptive, nous ne pouvions dépenser beaucoup de temps à des observations météorologiques, et nous les donnons comme nous les avons faites, espérant que le savant mieux informé pourra tirer de notre travail déposé ici des résultats meilleurs. IT MENDOZA Nous joignons à la description du climat de Buénos- Ayres celle du climat de Mendoza, pour montrer clairement la différence qui existe entre le climat de la côte et le cli- mat continental, parce que ces deux villes sont situées sur une latitude très-voisine, mais éloignées l’une de Pautre de 10°30’. Mendoza a une latitude d’à peu près 32053’ et Buénos-Ayres une latitude de 34°36 ‘?; la pre- mière est donc plus rapprochée de l’Equateur, d’environ 1°%%3°, que la seconde; mais cette différence est contre- _balancée par l'élévation assez grande de Mendoza au-des- sus du niveau de la mer; la plaine de Mendoza est élevée de 772 mètres, d’après la température de l’eau bouillante que j’ai observée, et qui est de 78°,1 Réaumur, et celle de Buénos-Ayres ne s’élève pas à plus de 50 pieds au des- sus du niveau de l’Océan Atlantique. Le voisinage de la grande chaîne des Cordillères influe aussi beaucoup sur le climat de Mendoza; un des pics les plus élevés des Andes, l’Aconcagua, en est presque à la même distance que l'Océan Atlantique de Buénos-Ayres. Malgré cette grande différence de situation, l’aspect gé- 60 TEMPERATURES A MENDOZA. néral des saisons est à peu près le même; le printemps commence à Mendoza avec les mêmes phénomènes orga- niques qu'à Buénos-Ayres; l’été et l’automne ne diffèrent pas très-sensiblement, et l’hiver seul présente une diffé- rence plus remarquable, par la présence de la neige, qui tombe régulièrement à Mendoza une ou plusieurs fois chaque année. Mais considérant plus attentivement les ca- ractères du climat des deux villes, on trouve des différences assez prononcées, et c’est l’explication de ces différences spéciales qui fera le sujet de la description qui va suivre. Nous nous basons, dans cette description, sur nos propres observations faites pendant notre séjour dans la ville, de- puis le mois de mars 1857 jusqu’à celui d’avril 1858, repro- duisant ici les résultats de notre travail antérieur, publié dans les Actes de la Société d’historre naturelle de Halle, de l’année 1861 (tome VI), avec quelques abréviations que nous nous permettrons, pour faciliter le coup d’œil gé- néral '?. 1. TEMPÉRATURE Les observations thermométriques faites par moi à Men- doza ont été exécutées avec les mêmes instruments qui m'ont servi à Buénos-Ayres, et complétement d’après la même méthode. En général, j'ai observé la température de deux en deux heures pendant la journée, excepté quand j'en étais empêché par d’autres occupations, et principale- ment par mes excursions entomologiques aux environs de mon domicile. Je donne pour la comparaison, ainsi que j'ai fait en parlant de Buénos-Ayres, le mouvement ther- mométrique des deux jours les plus extrêmes, observés par moi-même. JOUR LE PLUS FROID ET LE PLUS CHAUD. 61 4 JUILLET 1857 2 JANVIER 1858 Ta lames L Yait 5 heures matin...| —2°,6 19°,2 | 697,9 ARE) u] 9,0 £ 21°,0 | 696,0 Be EN | 0 3 | 24,0| 696,3 | 5°%,0 25°,0| 695,5 E L © 1 heure soir..... Rule 2 27°,0 | 695,0 = = 3 heures — ..... 1,4| 819 | 27°,4| 694,0 = rs PAIE 500, 50| = 7 25°.0 | 693,2 Be —... 3,5 | 930,0 | 692,8 |, Or, 9 — —...… 2,0 = || 21%,0| 692,0 | -— Ben.) 1%,7 E 20°,0 | 691,5 | 8 1 heure matin....| 0°,0 19°,0 | 692,8 Il faut observer que je n’ai jamais vu à midi une tem- pérature au-dessous de 7°, dans la ville même; mais un autre observateur, M. GuILLAuMmE Tross, qui habitait la cam- pagne, aux environs de Mendoza, a observé deux fois (les 16 et 18 juin) une température de 4°, au milieu de la journée. La température la plus haute que j’ai observée à midi dépassait 27°,4 et s'élevait jusqu’à 28°,0, et M. Tross a observé deux fois (les 28 et 29 décembre 1851) une tem- pérature de 30°. La température de 28° que j’ai observée s’est produite le 23 janvier; mais le matin et le soir de ce jour furent moins chauds que ceux du jour noté. Une température au-dessous de —2°,7 n’a jamais été observée ni par M. Tross ni par moi, il est donc évident que le ther- momètre ne descend Jamais ici jusqu'à —3°. Considérant le mouvement journalier de la température, 62 MARCHE QUOTIDIENNE on retrouve à Mendoza exactement la même loi générale qu’à Buénos-Ayres; la température la plus basse de la journée se trouve le matin, un peu avant le lever du soleil, et la plus haute, presque toujours entre 2 ou 3 heures de l’après-midi ; la température descend de nouveau après 3 heures, et le soir à 40 ou 11 heures elle est un peu plus haute que le matin à 7 heures. Après 10 ou 11 heures, l’abaissement de la température est faible mais constant, et après 3 heures du matin elle atteint sa position ex- trême et s’y maintient jusqu’au lever du soleil, où géné- ralement elle baisse encore un peu et atteint immédiate- ment avant le lever sa position la plus basse de la journée. Je ne veux pas insister davantage sur ces phénomènes généraux bien connus, mais donner ici les résultats des observations faites par M. Tross et moi, pendant les années observées '%. | ET ANNUELLE DE LA TEMPERATURE. 63 TABLEAU VII 1852| 1853 | 1855 we 1858 és Septembre . ...... 10,79 10,54 10,67 à RARE 14,46 12,91 13,68 Novembre........ 16,25 14,93 | 17,76 16,31 PRINTEMPS ....| 13,83 13,173 13,95 Décembre. ....... 19,20 16,41 | 19,43 18,34 Janvier. ......... 18,65] 19,99 20,00 | 21,01 | 19,91 LhFévrier.......... 18,94 19,15 | 18,58 | 18,89 BE 18,93 419,52 19,04 1... 16,69 15,89! 17,45 | 16,67 Be. 14,68 12,27 13,47 ee 10,76 9,19 9,97 AUTOMNE. ..... 14,04 12,45 13,37 AO he: ro à 9,98 6,78 6,18 re 6,35 5,58 5,96 RE. TT 8,46 7,47 7,96 ATEN... 6,79 6,61 6,70 Moyennes par années| 13,39 | 13,07 13,16 64 | RÉSULTATS DES OBSERVATIONS. Il résulte de la comparaison du résultat donné par ces observations avec celui que fournissent les observations faites à Buenos-Ayres, que la température moyenne de l’année est presque la même, mais que celle des saisons présente une assez grande différence. A Mendoza, le printemps est un peu plus chaud (12°,6 à Buénos- Ayres), mais l’hiver sensiblement plus froid (7,9 à Buénos-Ayres), tandis que les températures moyennes de l’ete (18°,5 à Buénos-Ayres) et de l'automne (13°,7 à Bué- nos-Ayres) se rapprochent davantage : celle de l’été étant un peu plus élevée à Mendoza, et celle de l’automne un peu plus élevée à Buénos-Ayres. De cette difference de tem- pératur> entre les saisons, ressort le véritable caractère du chmat de la côte maritime et du climat continental ; le printemps et l’été étant plus chauds à Mendoza, Pau- tomne et l’hiver moins froids à Buénos-Ayres que les saisons correspondantes de la localité opposée. Cette difference fait que l’on cultive la vigne avec plus de succès à Mendoza qu’à Buénos-Ayres; mais le climat de l’une aussi bien que de l’autre est trop froid pour les orangers. | Quant aux extrêmes de la température à Mendoza, la plus haute et la plus basse température sont déjà indi- quées dans le tableau des deux jours extrêmes. Il est digne de remarque que la plus haute’temperature de 30°, ob- servée par M. Tross les 28 et 29 décembre 1851, ne se trouve pas dans le mois de janvier, qui est le plus chaud, ainsi que pour le climat de Buénos-Ayres, mais dans celui qui précède le mois extrême. Sauf cette exception remarquable, les extrêmes de tous les mois observés sui- vent une marche correspondante à celle de la température moyenne, comme le montre le tableau suivant : 65 E LA TEMPERATURE. EXTREMES D TABLEAU IX Pe ar era er SEE TURN .„.. Ban ere CREME . ee Te “INF % ..-....». IeW > = Due © EAN ee ne AT Bio ne nt ee A 0 RO IATE .„.......n.:. ee... J9Tauef pote Po ° JMS ss..." JAQUUIAON . ets echo re DIS sense..." *21{07d9S 00 0 — ol + L‘o8 Col 081 806 L‘o8— 06 — 5091 ort 081 N 0°— 00 GBI 097 ol g‘oE 08 of 67 081 01% 09 or 08 GT'068 £'086 066 06 06 06 L‘oF% RS 08% 8°01 9°06 061 6018. | 8'oLe 08% 8061 oL} 081 08 608% G'oL& 08% 06% 8°06 ob} 06 08 EL. 08% 098 088 oL 08 oL 09 ‘os Got 066 098 0G (1 4 09 L‘oTS G'086 oLG ot o— 0€ L‘o1S G‘ols 06% annaıın | gget | 2881 | ge8r | Zst || Annan | gger | Zest | ggst | zesı à in 08 CF 4 Li Es zZ. RNWINIR WNWIXVN SIOM REP. ARG.— Te II, à 66 EXTREMES SEMAINIERS Je regrette que les observations faites par moi, à Men- doza, n’embrassent pas un temps assez long pour pouvoir, comme à Buénos-Ayres, calculer avec certitude la moyenne des semaines dans le mois le plus chaud et dans le plus froid. Ayant été absent de la ville du 6 au 16 janvier 1858, jours les plus chauds du mois, en général, je ne puis rien dire de certain sur la différence des tempera- tures moyennes des quatre semaines du mois d’après mes propres observations; mais considérant les observations de M. Tross et du Registro estadistico, tome III, on trouve entre les semaines de janvier et de Juillet, à Mendoza et à Buénos-Ayres, un parallélisme assez prononcé, indiqué dans le tableau suivant pour Mendoza. | JANVIER JUILLET JR 2 3° 4e ]re De 3e 4e semaine semaine semaine semaine semaine semaine sémaine semaine I PE 20,3 17,4 17,8 19,4 6,2 5,1 6,1 6,0 OR. es | 20,0 19,5 20,1 19,9 | F4 SR £ 3,4 5,9 5,8 6,0 1858.08 ce 21,2 22:5 21,6 | 20,7 Moyennes..| 20.5 | 19,8 | 19,8 | 20,0 | 4,8 | 58 | 5,9 | 6,0 Ce petit tableau établit des différences assez grandes entre les mois de janvier des diverses années, différence surtout considérable pour l’annee 1852, dont le mois de Janvier a une température très-basse qui doit être regar- dee comme exceptionelle. Considérant l’année 1858, nous voyons que, comme à Buénos-Ayres, la seconde semaine a quelquefois les jours les plus chauds; mais, d’après la moyenne de frois années, les jours de la seconde et de la troisième semaines ont une température égale, ainsi que cela arrive à Buénos - Ayres. C’est un fait particulier à COMPARES DE MENDOZA ET BUENOS-AYRES. 67 Mendoza, que les jours de la première et de la quatrième semaine soient plus chauds que ceux des deux semaines intermédiaires ; à Buénos-Ayres ils sont, au contraire, moins chauds: Une autre différence se montre dans les semaines du mois le plus froid, car les jours les plus froids se trouvent, à Mendoza, dans la première semaine de juillet, et à Buenos-Ayres, dans la deuxième. Il est aussi digne de remarque que la hauteur de la température moyenne des jours des seconde et troisième semaines de janvier, est "presque la même à Mendoza qu’à Buénos-Ayres, tandis que celle des jours des première et quatrième est beau- coup plus élevée à Mendoza. Pour juillet, le résultat de la comparaison est différent; les jours de chaque semaine sont plus froids de 1°,2 jusqu’à 2°,1 qu’à Buénos-Ayres ; le caractère continental de Mendoza se montre évidemment dans cette diversité remarquable. Reprenant enfin les résultats obtenus, nous avons trouvé pour temperature moyenne à Mendoza 13°,7, moyenne presque égale à celle de Buenos-Ayres; de même, la tem- pérature la plus haute de 30° et la plus basse de — 20,7 sont aussi à peu près égales. Une différence remarquable se montre seulement dans les saisons, dont les rapports sont inverses pour les deux villes, le printemps et l’été étant plus chauds à Mendoza, l’automne et l'hiver moins froids à Buénos-Ayres; mais la différence est petite entre Pete et l’automne et assez remarquable entre le printemps et l’hiver. 2. PLUIE On: trouve une différence très-éclatante, en comparant la constitution pluviale de Mendoza à celle de Buénos-Ayres ; Mendoza a un climat très-sec, et la quantité de pluie qui y tombe annuellement ne s'élève pas à plus du tiers de celle qui tombe, en moyenne à Buénos-Ayres. 68 LES PLUIES ET LA NEIGE Pendant l’année 1857-1858, que je passai à Mendoza, il plut 39 fois dans la ville et les environs, mais la plupart de ces pluies étaient si courtes qu’elles ne duraient pas une heure, et quelques-unes seulement plus de deux heures. Les mois d’hiver, juin, juillet et août furent sans pluie, on vit seulement tomber deux ou trois fois une bruine fine, vaporeuse, qui dura même toute la journée, et transforma la poussière du sol en une boue épaisse, très-incommode pour les habitants. Mais M. Tross a vu tomber plusieurs fois de la pluie pendant lhiver de l’an- née 1852, et il'a même compté pendant les trois mois 5 Jours de pluie, dans l’un desquels (le 16 juin ) il tomba aussi de la neige. Ce phénomène est régulier à Men- doza; 1l passe rarement une année sans qu’il y tombe de la neige, et moi-même j’en ai vu tomber le 3 sep- tembre 1857, dans le premier mois du printemps: Déjà, depuis deux jours, le ciel était couvert et l’air humide, mais sans véritable bruine; enfin, le troisième jour, la neige commença à tomber vers midi et elle tomba jus- qu’à 3 heures après-midi; le lendemain, tout le sol était couvert d’une couche de neige de 3 a A pouces, épaisseur qui augmenta constamment jusqu’à midi. A une heure, le soleil se montra à travers les nuages; bientôt la neige commença à fondre et continua ainsi Jusqu'au soir, où elle avait complétement disparu. Mais sur les montagnes voisines, on vit encore de la neige pendant quelques jours ; on en voit ainsi de temps en temps, même pendant les Jours les plus chauds de janvier, quoique le sommet des montagnes de la sierra d’Uspallata n’atteigne pas la ligne des neiges perpetuelles. Des vents froids de Sud-Ouest qui passent sur les pies voisins des Cordillères, couverts de neiges perpétuelles, refroidissent pour quelque temps les sommets des montagnes du côté occidental de Mendoza, et transforment les nuages en neige. J’ai vu plusieurs fois ce phénomène, même en janvier. Il va sans dire que pen- A MENDOZA. 69 dant l’hiver, ces montagnes sont couvertes de neige pour quelques mois, non-seulement sur leurs sommets, mais encore dans les vallées de l’intérieur, qui les séparent des véritables Cordillères. | La grêle tombe encore plus souvent, à Mendoza, que la neige. Moi-même, je n'ai vu qu’une seule fois une chute de grêle, le 18 décembre 1857; elle était accompagnée de pluie et commença à 5 heures après-midi. Les grêlons n'étaient pas très-abondants et leur grosseur ne dépassait pas celle d’un pois. Cependant, durant mon voyage à Men- doza, j'ai observé une forte chute de grêle le 5 mars 1857, tout près de San José del Morro, et M. Tross a vu deux fois en l’année 1855, le 1% avril et le 19 novembre, des grêlons de la grosseur d’un œuf de poule, qui tuèrent, dans un champ de maïs, tout près de son domicile, jusqu'à 50 perroquets (Conurus patagonicus). Le phéno- mène de la grêle se répète annuellement avec autant de régularité que celui de la neige, mais il n’est pas aussi exactement fixé sur la même saison, car la neige tombe seulement pendant la durée de l’hiver et jusqu’au com- mencement du printemps, et la grêle au printemps et Cmte En) + Aucune chute de neige si forte n’a jamais été observée à Buénos-Ayres ni dans les provinces orientales de la Ré- publique; mais au centre, plus élevé, il neige aussi quel- quefois, et moi-même j'en ai vu tomber à Cordova, le 16 Juillet 4859, à mon départ de la ville. Les 39 jours de pluie observés par moi à Mendoza se dis- tribuent entre neuf mois de l’année, les trois d’hiver n’en ayant aucun, de la manière indiquée dans le tableau ci- dessous. J’ai joint à mes observations celles de M. Tross, de Pannée 1852, pour montrer que le nombre des pluies est presque le même et que leur chiffre annuel en est probablement voisin. Malheureusement, M. Tross ne pouvait pas mesurer la 70 NOMBRE DES JOURS PLUVIEUX. hauteur d’eau tombée, et ma propre observation doit seule servir de mesure à cet égard. NOMBRE HEURES HAUTEUR D'EAU |JOURS DE PLUIE DES DE utérus bas -sébetsss NII MONNIER ms CC ee en LL Septembre.. 1857| : 7 10 15 A7, 87 2 ‘| Octobre...... » 6 9 16 + LE T4 4 Novembre... » 1 » 1), 1 07,17 2 Decembre... » 4 3 6 or;0r 8 Janvier....... 1858 5 121, 20 17,8" 9 Fövrier....... » 9 16 24 2" 3 Mars. ill. » 8 5 8 0” ‚8 0 Avril. OR N 6 | ovér 2 MAR ee PUR » 2 3 5 Pour LH Te PRET 5 SOMMES... 39 63 101 gr a 37 On voit, par ce tableau, que le printemps a 14 (8) jours de pluie, avec une hauteur d’eau de 2,8”; que lété est plus riche en pluie, avec 18 (20) jours et une hauteur d’eau de 37,2”; que l’automne n’a pas plus de 7 (4) jours de pluie, avec une hauteur d’eau de 1",7”, et que l’hiver a presque le même nombre de pluie (5 jours), ou qu'il n’en a pas du tout. En conséquence, c’est l’été qui est la saison la plus riche en pluies à Mendoza, le printemps est moins riche, l’automne encore plus pauvre, et l’hiver souvent sans aucune véritable pluie. Un chiffre plus haut de 48 pluies indique les observations dans le Registro esta- dishco ; elles donneront peut-être une hauteur d’eau tom- bee de dix pouces pour l’année '°. Mais il est digne de remarque qu'il ne se produit pas, à Mendoza, seulement ROSEE ET GELEE BLANCHE. 71 de véritables pluies : il s’y forme aussi des précipitations humides d’une autre espèce, comme les bruines fines déjà indiquées plus haut. En outre, j'ai observé assez souvent, à Mendoza, ces précipitations connues sous le nom de rosée, surtout le matin de bonne heure; mais manquant de la tranquillité, des instruments et des préparations néces- saires, il m’a été impossible de faire des observations exactes: Le seul fait certain que je puisse donner, c’est que la rosée est moins forte à Mendoza qu’à Buénos-Ayres, et qu’elle disparaît, par conséquent, assez rapidement après le lever du soleil. Durant les mois d’avril à septembre, j'ai observé la rosée, le matin, sous forme de gelée blanche, la premi®re fois le 22 avril et la dernière le 22 septembre; mais elle n’est non plus jamais si forte qu’à Buénos-Ayres, où jai vu toute la campagne couverte de gelée blanche aussi complétement que par une couche de neige. Les pluies de Mendoza sont assez faibles, en compa- raison de celles de Buénos-Ayres ; 1l tombe a Mendoza des gouttes non-seulement plus petites, mais encore moins abondantes ; jamais je n’aı observé à Mendoza de giboulées aussi fortes qu’à Buénos-Ayres, et si je cherche la pluie la plus-forte de Mendoza, d’après la hauteur d’eau tombée, je ne trouve jamais plus de 2 lignes. Prenant les 63 heures de pluie: observées et les 101 lignes de hauteur d’eau que Jai mesurées, la hauteur moyenne, pour une heure, est de 1,6 lignes, c’est-à-dire à peu près # millimètres. 3... NUAGES ET ORAGES Il est évident, à cause de la rareté des vapeurs dans Patmosphère de Mendoza, que le ciel y est presque toujours clair et rarement couvert de nuages. On voit çà et là sur le ciel un Cumulus blanc emporté par le vent, mais une véritable accumulation des nuages sur tout lhorizon est 12 NUAGES ET ORAGES une exception très-rare et visible seulement les jours de pluie ou de décharges électriques. | Les jours de la seconde catégorie ne sont pas nombreux; au contraire, ils sont assez rares ; J’ai noté dans mas jour- naux 19 jours avec décharges électriques, mais toutes ne se produisaient pas sur la ville; dans plusieurs de ces journées, les orages passaient sur les montagnes voisines; à l’Ouest, les décharges se produisant dans leurs vallées, sans toucher l’horizon de Mendoza. Les forces électriques ne sont pas puissantes ici; les nuages obscurs s'accumulent peu à peu, en se formant le plus souvent au Sud, et quel- -quefois au Nord, et marchant dans une direction opposée, avec le courant d’Equateur ou le courant polaire, pour venir se décharger dans le voisinage de la ville, mais assez souvent sans la toucher elle-même. J'ai vu, à Mendoza, en étudiant avec attention le développement des orages, les mêmes phénomènes déjà décrits pour Buénos-Ayres, et ne veux pas répéter ce que J'ai dit plus haut. Ils se for- ment rapidement, pendant des journées très-chaudes, sans être annoncés par autre chose que l’accroissement de la pression atmosphérique, causé par l'accumulation électri- que, et se déchargent bientôt, après une ou deux heures, accompagnés généralement des vents forts, correspondant aux Pamperos de Buénos-Ayres, qui viennent 161 plus sou- vent du Sud que du Sud-Ouest. Pour montrer plus clairement le caractère des orages de Mendoza, je donne ici la description particulière de tous ceux que J'ai observés moi-même. Le premier orage que je vis après mon arrivée à Men- doza, en mars 1857, eut lieu le 4° septembre, il se forma à l'Ouest, à 1 heure et demie de. l’après-midi, sur les montagnes de la chaîne d’Uspallata, et ne toucha pas la ville. Le vent soufflait de Sud-Sud-Ouest, et assez fort. A 2 heures, des éclairs longs et nombreux descendaient per- pendiculairement sur la vallée d’Uspallata, on voyait: la A MENDOZA, 73 pluie, qui tombait aussi sur la ville, tomber dans la même direction; le vent prit pendant quelque temps une violence d’ouragan, et le thermomètre descendit de 14° à 9°, à 4 heu- res, au moment où le vent était le plus fort. Après 6 heu- res, tout fut fini. Le second orage éclata le 21 septembre et annonça le printemps ; il se dirigeait à l’est de la ville, se formant peuà peu, après un jour tout entier couvert de nuages obseurs, surtout vers les montagnes. À 8 heures du matin, commença une pluie faible qui ne dura pas 2 heures; mais à 3 heures après-midi, une forte gibou!ée accompagnée de ionnerres se produisit à l’Est; elle se renouvela encore une fois plus tard, dans la nuit, et continua aussi, avec quelques interruptions, pendant tout le lendemain, sans qu'il se reproduisit du vent fort dans aucune direction. Après cette pluie, la végétation présenta les signes les plus _ manifestes du printemps : les peupliers ouvrant leurs bour- geons jusqu'alors fermés, malgré que les saules eussent déjà bourgeonné depuis quinze jours. En octobre, j'ai observé un seul orage, le 3 de ce mois; _ilpassa à l’Ouest, sur la chaîne des montagnes d’Uspal- lata; en novembre, je n’en ai point observé, et en dé- cembre aussi un seul, le 12 du mois; il vint du Nord, et se déchargea à 8 heures du soir, avec un fort vent du Nord ; mais il finit avant 10 heures. Je compte en janvier 5 orages : les deux premiers écla- tèrent à l'Ouest, sur les montagnes ; le troisième au Nord- Est; le quatrième au Sud, le cinquième, qui fut le plus fort, en même temps au Nord-Ouest et au Sud-Ouest, mais aussi: sans toucher la ville. Le mois le plus riche en orages est février, durant le- quel j'en ai observé 9 dans toutes les directions ; pendant le huitième, la foudre tomba sur toute la circonférence de la ville, depuis 6 heures jusqu’à 9 heures du soir. Le vent soufflait du Sud, mais sans violence, et la pluie qui tom- 74 ORAGES ET VENTS. bait était aussi faible, sauf pendant un quart-d’heure, à 6 heures et quart, où elle tomba avec. violence. | Le dernier orage que j'ai observé eut lieu le 8 mars. Depuis 7 heures du soir, le ciel se couvrait de nuages, et à 8 heures un fort vent de Sud-Ouest souffla, poussant devant lui des nuages très-obscurs, accompagnés d’éclairs et de tonnerres assez éloignés de la ville. A 10 heures, la tempête était très-violente, et il tombait quelques ie gouttes de pluie, mais bientôt tout fut fini. | M. Tross a aussi observé, en 1852, 19 orages avec dé- charges électriques, qui se répartissent ainsi: 2 en octobre, 1 en novembre, 6 en décembre, 5 en janvier, 3 en février, 1 en mars et! en avril. En 1853, les mois de décembre et janvier furent les plus riches en orages de cette nature; on en trouve 5 dans le premier et 8 dans le second: La plus forte tempête observée par M. Tross est celle due" avril 1855, accompagnée d’une forte chute de grosses grè- les, dont nous avons déjà parlé plus haut. De même, d’après les observations contenues dans le Registro estadistico, les orages avec décharges électriques tombent tous dans le printemps et l’été. Il résulte donc, des observations faites à Mendoza, que le printemps et Pété sont les véritables saisons des manifestations électriques, que automne en présente aussi quelques-unes, et que, de même qu'il est généralement sans pluie, l’hiver passe aussi sans éclairs et sans tonnerres. 4. VENTS Le mouvement de l'air, à Mendoza, n’est ni aussi fort ni aussi généralement sensible qu’à Buénos-Ayres; au con- traire, la tranquillité dont jouit le plus souvent son atmos- phère est troublée, seulement de temps en temps, par de véritables vents, et surtout par de petits tourbillons qui A MENDOZA. 75 soulèvent la poussière du sol en lui donnant la forme d’une vis ou d’une coquille allongée, marchant sur la plaine dans une position perpendiculaire et généralement en droite ligne du Sud au Nord ou vice-versa. Ces tourbil- lons isolés se produisent, de préférence, pendant les mois les plus chauds, et même par des journées tranquilles; on les observe: aussi dans la ville, où je les ai vus plusieurs fois passer dans les rues et sur les places ouvertes, au grand désagrément des personnes qui se promenaient au mi- lieu de ces vents incommodes. Il est bien connu que ces vents tourbillonnants son produits par l’opposition de deux courants d’air de force égale, et comme ils se dirigent presque toujours du Sud au Nord, ou vice-versa, on pour- rait croire que c’est aussi l’opposition du courant d’Equateur et du courant polaire qui forme les tourbillons que nous venons de décrire. Mais la faiblesse de ces tourbillons ne permet pas d’admettre cette opinion, et prouve qu’ils sont des produits moindres dus à une influence purement lo- cale. Sauf ces petits vents locaux, très-peu étendus, Patmosphère de Mendoza est tranquille ; on observe assez rarement de fortes tempêtes, et celles qui se produisent viennent toujours avec de grands changements électriques dans lPatmosphère, accompagnés d’éclairs, de tonnerres et de pluie. Mais on voit aussi quelquefois, à Mendoza, des vents purs, assez forts, qui soufflent soit du Nord, soit du Sud, et soulèvent, comme à Buénos-Ayres, une grande quantité de poussière. Les premiers sont bien connus, par les incommodités qu’ils causent aux habitants: une tem- pérature suffocante qui les accompagne pénètre dans l’in- térieur des maisons, ainsi que la poussière soulevée sur leur passage, ét cause à chacun des douleurs de tête et un abattement général qui rendent tout le monde incapable d’aucun travail. On nomme ce vent du Nord si incom- mode Zondo (qu’on prononce : Sondo); il dure générale- ment 24 heures, et souffle 2 ou 3 fois pendant les jours 76 VENTS CHAUDS: ZONDO les plus chauds de l’ete, se formant dans la vallée ouverte et sèche située entre les Cordillères et les chaînes de montagnes sortant du plateau au Nord, d’oü il passe par les provinces de Catamarca, de la Rioja et de San Juan, conduit par le courant d’Equateur, dominant pendant l'été dans ces régions. J’ai observé un cas remarquable de ce vent Zondo le 21 février 1858. Il s’était déjà annoncé la veille, mais à 7 heures du soir une petite décharge électrique avait fait baisser un peu la température, qui était à # heures de 25°,5, avec une pression barométrique de 690,3. Durant la nuit, le vent renforça, passa du Nord-Ouest au Nord-Est, et le matin à 6 heures il avait assez de force; Pair était pur, la pression barométrique de 688,0 et la température de 21°,2. Jusqu’à 8 heures, le vent tourna peu à peu au Nord pur, le thermomètre monta à 24°,3, mais le baro- mètre conserva sa hauteur de 688,0. Cet état se maintint jusqu’à 6 heures du soir, où le vent passa au Sud, et insensiblement lPatmosphère reprit sa tranquillité; le ther- momètre, qui à 2 heures s’etait élevé jusqu’à 27°,5 tandis que le baromètre était descendu à 687,5, baissa alors jus- qu'à 19°, le baromètre remontant pendant le même temps à 690,4. Ce changement continua jusqu’à 10 heures du soir, où le thermomètre était à 13° et le baromètre à 692,0. Examinant avec attention la direction des vents, à Men- doza, on peut se convaincre, quoique les courants soient souvent assez faibles, que la loi générale de succession des vents de Sud au Nord par l’Est, et du Nord au Sud par l’Ouest se confirme également icı; mais les vents intermé- diaires, qui durent généralement très-peu de temps, sont difficiles à observer à cause de la prépondérance des vents du Nord et du Sud. Mes observations montrent que si le vent, dans une journée, ne conserve pas la même direction tout le jour, il passe de préférence à la direction opposée. ET PAMPEROS A MENDOZA. 77 Trös-souvent j'ai observé que le vent étant au Nord le matin, passait au Sud le soir, sans rester longtemps à lOuest. Les vents d’Est pur sont très-rares, on observe plus souvent des vents d'Ouest, à l'inverse de ce qui à lieu à Buénos- Ayres, où le vent d'Ouest est le plus rare. C’est sans doute le voisinage de la grande chaine des Cordillères qui produit cette différence, en faisant obstacle au courant polaire de Sud-Est, et le détournant dans la direction opposée d'Ouest ou de Sud-Ouest. Le vent dominant est celui du Sud, qui vient généralement avec les orages et les décharges élec- triques ; il est connu dans toute la province sous le nom de Pampero, nom donné à Buénos-Ayres au vent de Sud- Ouest. La formation rapide d’un orage de Pampero est une chose très-remarquable et très-facile à observer, à cause de l’immense étendue de la plaine nue de la Pampa vers le Sud. On voit se former des nuages bleuâtres sur tout le Sud de l’horizon, et bientôt, avant qu’on puisse entendre le tonnerre, on aperçoit des éclairs dans ces nuages ; ceux- ei s'élèvent rapidement au Zénith, et en peu de temps l’ou- ragan violent les répand sur la plaine entière. Les animaux fuient de toute leur vitesse devant les grands nuages de poussière qui accompagnent ces orages, et quand la pluie les atteint, ils se tournent tous dans la même direction, s'arrêtant sur place, la tête tournée en avant et le dos opposé au courant violent qui les heurte. Ils restent ainsi immobiles jusqu’à la fin de l’ouragan. Ces phénomènes anormaux de l’atmosphère ne se pro- duisent pas pendant la saison froide; ils sont l’apanage des mois chauds de lété, où ils se renouvellent de quinze en quinze Jours, et même à des intervalles plus courts ; c’est dans les mois de novembre, décembre, janvier et février que les orages se produisent, et c’est aussi le moment des vents les plus violents; les jours équinoxiaux sont plus tranquilles, ainsi que l’hiver, durant lequel le ciel est très- beau et presque toujours clair, sauf les jours où les brouil- 78 TABLEAU DES VENTS. lards vaporeux dont nous avons parlé couvrent le ciel, et ceux où la neige s’est formée dans l’atmosphère. | Pour terminer, je donne un petit tableau des vents comme je les ai observés durant les douze mois que j’ai passes à Mendoza, en 1857 et 1858. NORD | Ouner | OUESE | oypsr | SUP (0-51) ran. | NORD: en 1857| 6 3 Es AR 7 4 3 1 er » 7 7 3 4 28 2 1 6 Juillet....... » 4 3 1 4 5 3 ae Aößki du » 6 3 6 5 4 3 1 7 Septembre ... » 5- 4 2 :lih18 5 4 2h18 Octobre...... » 6 5 3 4 7 5 8; 7 Novembre.... » 3 5 6 3 5 7 1 6 Decembre.... » 4 QUES 4 9 4 7 9 Janvier...... 1858 8 2 6 4 11 3 3 6 Föwier...... » 6 8 5 2 4 3 5 1 Mars .:!.!.. ; za Aging Je CAE ER LE Lu" Avril... Ä 4 9 2 2 4 3 1 4 SOMMES. ....... 61 | 47 | 50 | 48 | ‘10 a 81m Il faut observer, quant aux vents d’Ouest notés pour les douze mois représentés, que ces vents généralement très- faibles ne duraient jamais bien longtemps et remplis- saient seulement les courts intervalles régnant entre les vents dominants du Nord et du Sud, qui durent le plus. Les vents du Sud-Est, Sud-Ouest, Nord-Ouest, soufflent pres- que un nombre égal de fois, mais moins souvent que ceux du Nord-Est, Nord et Sud, et le vent d’Est est, de tous les x vents, le plus rare a Mendoza. PRESSION DE L'AIR A MENDOZA. 79 5. PRESSION DE L'AIR Mes observations barométriques à Mendoza n’embrassent malheureusement pas l’année entière ; mon instrument, brisé par accident pendant mon absence, ne put être re- construit ici; mais les trois mois (janvier, février et mars), durant lesquels j’ai pu faire des observations, prouvent évidemment que le mouvement barométrique suit la même règle qu'à Buénos-Ayres et sur la surface du globe en gé- néral. La marche journalière du baromètre est déjà con- nue par la description que nous en avons faite pour Buénos- Avres, et nous pouvons dire en peu de mots que l’instru- ment atteint sa hauteur la plus-grande à 9 heures du matin environ; que depuis ce moment, il descend jusqu’à 5 heures après-midi, et monte ensuite de nouveau jusqu’à minuit, demeurant en repos jusqu’au lever du soleil, sauf quelquefois vers 3 heures, où il subit une nouvelle baisse, pour remonter doucement jusqu’à 9 heures. Généralement quelques heures ayant et après minuit, la pression baro- métrique reste invariable, mais parfois il se produit à 3 heures du matin une légère baisse qui s’efface dou- cement à mesure que le soleil monte. J’ai observé cette seconde baisse seulement une fois le 14 mars, mais il est très-vraisemblable que le même mouvement se re- produit plusieurs fois dans d’autres jours. Mon obser- vation du 44 mars me donnait à 2 heures du matin 308,1, et 5 heures plus tard, 308,3 ; la veille, à 11 heures du soir, la hauteur était de 308,7, et le lendemain à 9 heures de 308,5. À Paranä, comme à Buénos-Ayres, J'ai observé la même chose : une seconde: baisse suivie d’ascension, pendant la nuit, peut se produire, mais ce n’est, d’après mes obser- vations, ni la règle ni le cas ordinaire, ainsi que cela a lieu dans la, région tropicale, où tous les phénomènes 80 RELATIONS DU BAROMETRE AU THERMOMEITRE. atmosphériques obéissent à des lois plus certaines que dans les régions des phénomènes variables; et si je dois suivre mes propres observations, je puis dire que les ex- ceptions à la règle indiquées pour le second mouvement de baisse et d’ascension, sont encore plus nombreuses sur Phémisphère austral que sur l’hémisphère boréal. Il ar- rive que le baromètre descend depuis le matin de bonne heure jusqu’au soir, et que cette baisse continue même. le lendemain, comme je l’ai vu les 17 et 18 fevrier et les 22 et 23 janvier, mais je n’ai Jamais observé d’ascension durant ainsi plusieurs jours; ce mouvement se produit toujours par oscillations, l’instrument éprouvant de petits mouvements de baisse momentanés. En comparant le mouvement du baromètre à celui du thermomètre, on voit que ces mouvements sont opposés ; le baromètre monte quand le thermomètre descend etwice- versa. On aperçoit en général bien clairement cette oppo- sition des deux instruments, car le baromètre subit sa plus forte baisse quelques heures après la culmination du soleil, quand la température atteint sa plus grande hauteur, et il monte quand la température baisse. Les saisons sont aussi soumises à la même loi; les hauteurs barométriques les plus considérables se trouvent en hiver et les plus basses en été, ainsi que nous l’avons déjà vu plus haut par lPexamen des observations faites à Buénos- Ayres. Je regrette de ne pouvoir prouver aussi pour Men- doza Vexistence de cette loi, par mes propres observations, mais il n’y a aucune raison de douter qu’elle n’y trouve aussi son application, car mes observations ‘ prouvent que la plus grande baisse observée se produisit le 21 fe- vrier avec le vent chaud (Zondo) dont j’ai parlé plus haut. Le baromètre marquait 304,5 lignes le matin du jour où souffla le Zondo, et il descendit jusqu’à 5 heures, mar- quant alors 304,2. A six heures le vent passa au Sud, et aussitôt le baromètre commença son ascension ; à 10 heures BAISSE ET HAUTEUR LES PLUS FORTES. 81 il marquait 306,5, mais le lendemain à 7 heures il était descendu à 305,0 malgré que le vent du Sud continuât de souffler. Depuis ce moment, il ne cessa. pas de descendre, sans que le vent changeät de direction; ıl marquait à 9 heu- res 304,6; à 10 heures le vent repassant au Nord-Ouest, il marquait 304,1; à midi 303,6 et à 2 heures 303,5, hauteur la plus faible observée par moi à Mendoza. Il est évident que le baromètre avait déjà senti le courant chaud d’Equa- teur de Nord-Ouest, qui court plus élevé que le courant polaire froid du Sud, et qu’il continuait en conséquence de baisser: enfin à 3 heures le vent du Sud était devenu le plus fort, le baromètre commença son ascension qu’il con- tinua jusqu'à la nuit, où il atteignit de nouveau 305,6. Le lendemain, au début de la journée, ıl faisait vent du Sud, avec une hauteur barométrique de 308,5, qui à 9 heures atteignait 308,9. Ce mouvement, le plus remar- quable observé à Mendoza, prouve évidemment que le baromètre est même plus sensible aux changements atmos- pheriques que le thermomètre, et qu'il les annonce avant lui, avec une certitude étonnante ‘’. Pour faire la comparaison plus complète, je donne aussi le mouvement barométrique du jour où se trouve la hauteur la plus grande observée par moi. (était le 5 mars, jour- née sombre, qui débuta par une pluie faible accompa- gnée de décharges électriques lointaines, et vent du Sud. A 7 heures du matin le thermomètre marquait 13°, le ba- romètre 309,2; ce dernier monta toute la journée et ar- riva à 9 heures du soir à 312,1, tandis que le thermomè- tre, après être monté à 2 heures à 20°, était redescendu à 9 heures à 12°; mais après 10 heures, tous deux prirent un mouvement opposé, le thermomètre s’élevant à 13°, et le ba- romètre descendant à 311,5. Le lendemain, le thermomètre marquait 449,5 et le baromètre 314,4; le vent était à l'Ouest. Les deux observations que je viens de noter, présentant la hauteur la plus considérable et la plus faible, observées REP. ARG.— T. II. 6. 82 MARCHE BAROMÉTRIQUE par moi, donnent une amplitude de 312,1 (704,2) à 303,5 (685,0), c’est-à-dire 8,6 lignes ou 18,0 millimètres, pour P’été; mais comme il me manque les observations sur les sai- sons les plus froides, il est à supposer que cette hauteur n’est pas la plus considérable qui puisse être atteinte dans l’année, et par conséquent aussi l’amplitude annuelle doit être beaucoup plus grande. J’ai quelques raisons de croire que la hauteur barométrique maximum doit attein- dre à 316,5 (714,0) et l’amplitude à 13 lignes, ou 29,0 millimètres. La variation dans une journée peut s’elever, comme nous l’avons vu pour le 21 février, à 2,1 lignes (4,5), mais généralement elle est plus petite & ne de- passe pas 1 ligne (2,2). Nous donnons, après les considérations générales qui précèdent, les résultats des observations faites à Mendoza pendant les trois premiers mois de l’année 1858, les seuls qu’il me fut possible d'observer pendant mon séjour dans cette ville. Mais, pour les compléter et avoir une idée du mouvement barométrique d’une année entière, j’ai pris dans le Registro estadistico, tome III, pour l’y joindre, une partie des observations faites durant la même année par un autre observateur. La comparaison des trois premiers mois de ces observations, avec les miennes, prouve que l’auteur les a faites à l’aide d’un anéroïde, qui n’était par corrigé d’après la hauteur du lieu d'observation au-dessus du niveau de la mer, parce qu’elles donnent exactement la marche baro- métrique d’un point situé sur une côte ‘#, d’où linstrument a dû venir, tel que Buénos-Ayres ou Valparaiso, ports d’où viennent généralement à Mendoza les produits européens. Cette différence de hauteur barométrique est de 66-67 mil- limètres, ou à peu près 30 lignes, d’après la comparaison avec mes propres observations. J’ai donc été forcé de réduire les observations du Registro estadistico, tome III, de 67 mil- limètres, pour les mettre en concordance avec les miennes, ce que J'ai fait dans le tableau suivant. ANNUELLE A MENDOZA. TABLEAU X 8° 169 0‘60L 9°90€ LA AE: & 00L Y'O1E ***SANNIAON al G'669 0'SIL T'LO& g'sıE 0‘00L UE sesssesee*: 91{UI909Q , a. 5'369 0 ll 8'908 g’are 1'669 VOIg terre m o1quisaoN (8°10L) 0‘118 0'969 L'EHL g‘806 rsıe g'z0L STE Area D SdNKALNI4d 0'169 O‘SIL g‘908 9‘CI£ ; 9‘30L erg _..... ....--914{009d9S | 2 £‘069 Fell ‘908 2'918 L‘LOL IIS sessesssssssssss JO (0‘80L) ne j ‘ 8 169 0 YIL 9‘90£ c‘alg Y'YOL e'zlE sons ss. yaınr UAAIH | = 4 0'889 Kell %L08 L'OT£ ÿ‘3OL FLE sn usenede bene Aug : 6'869 LOL 9°L08 RAT C‘I0L oe are 24e ee rnegeg (L‘669) 1OIE | 9‘00L sole sos 22 FRDe ano STAY ANHOLNY | 6° 169 & Y0L 7'908 Kar: 1169 0608 ls sen (8‘169) 6'808 6'789 0°10L c'£08 8'OI£ g‘969 ggg” [reine "JOUA os c‘169 }‘10L c‘90€ 8018 0'969 VBOgE | nn naolaueg RORININ KAKIXVNK HAKINIR WIRIXVR si sa um —— re TFT | ARTEN SAN9TT SION SHULANITTIN © SANOIT 84 TREMBLEMENT DE TERRE Il ressort de ce tableau ce que nous avons dit plus haut, que l’amplitude annuelle du mouvement barométrique peut s'élever à 13 lignes, ou 29,0 millimètres, et que les saisons suivent la loi générale, l'hiver ayant la hauteur la plus considérable, l’été la plus basse, et pour les deux autres saisons, la hauteur du printemps surpassant celle de l’au- tomne d’une quantité presque égale à la moitié de la dif- férence qu'il y a entre celle de l’été et celle de l’hiver. 6. TREMBLEMENTS DE TERRE Nous devons enfin parler d’un phénomène physique re- marquable qui se produit assez souvent dans la ville de Mendoza et ses environs. Ce sont les tremblements de terre, qui viennent de temps en temps jeter l’épouvante parmi les habitants, et même mettre leur existence en danger. Pendant mon séjour dans la ville, de mars 1857 à avril 1858, on observa trois tremblements de terre, mais un seul fut assez fort. J’ai observé moi-même ce dernier; les deux autres eurent lieu te mon absence, et n’ont pas été sentis par moi. Le tremblement de terre que j'ai observé se produisit le soir du 23 novembre 1857, à 7 heures trois-quarts. Assis | au milieu de la cour de ma maison, je sentis le sol trem- bler assez fortement sous mes pieds, et j’entendis le bruit assez intense produit par les vitres des fenêtres et les portes grinçant sur leurs gonds; le mouvement dura environ 2 secondes, et ne se renouvela pas. L'air était calme, le vent Nord-Ouest, la température de 14° et la pression baromé- trique (suivant le Registro estadistico, tome III, page 170, avec la correction nécessaire). de 705,0 (312, 5 lignes). Les deux autres tremblements de terre furent ressentis le 8 mai et le 16 octobre 1857; mais ils furent si faibles que quelques personnes seulement les remarquèrent. A MENDOZA. 85 Mais une catastrophe formidable arrıva le 20 mars 1861, trois ans environ après mon départ, et bouleversa toute la ville, ensevelissant près de 2 ou 3,000 habitants sous ses ruines. Le tremblement de terre commença le soir, entre 8 heures et demie et 8 heures trois-quarts; la nuit était éclairée par la pleine lune et beaucoup de monde se pro- menait dans les rues. Tout-à-coup, une secousse très- forte ébranla la terre avec tant de violence, que tous les bâtiments furent renversés, et que ni les maisons, grandes ou petites, ni les églises, ni les couvents, assez nombreux dans la ville, ne restèrent debout; tout fut renversé, ex- cepté le théâtre qui, de construction récente et situé sur une place-ouverte, n’eut que sa façade détruite. Après cette forte secousse, la terre resta quelques minutes en repos ; mais bientôt les tremblements se renouvelèrent, quoique avec beaucoup moins de violence, et il en fut de même pendant toute la nuit, à des intervalles de 3 ou 5 minutes. Enfin, le matin on put examiner la grandeur du désastre, et l’on apprit que les villages des environs étaient aussi pareillement anéantis ; on apercevait çà et là sur le sol de grandes erevasses larges de 2 à 3 pieds, ou des cratères circulaires, dont quelques uns donnaient passage à du sable, où à de l’eau qui formait de petites lagunes dans la cam- pagne. Tous les ruisseaux de la ville avaient été détournés de leur lit; l’eau pénétra dans les ruines et fit périr plu- sieurs personnes qui n'avaient pas été écrasées sous les débris. La catastrophe continua le lendemain et pendant les 8 jours suivants, avec des intermittences plus ou moins lon- gues ; on compta, le 21 mars, 19 secousses, dont 7 assez fortes; —le 22, 1% dont 4 fortes; —le 23, 13 dont 3 très- fortes ;—le 25, la violence des secousses diminua: on en compta seulement 9 dont une seule forte; —le 26, 7 se- cousses assez faibles;—le 27, plusieurs, mais toutes très- faibles; —le 28, encore 7, dont 3 assez fortes ; enfin, le 29 86 TREMBLEMENT DE TERRE A MENDOZA. se passa sans aucune secousse, mais le 30 on en éprouva deux très-faibles. Depuis lors, la terre demeura tranquille. Un savant géognoste, M. D. Forses, qui visita la ville quelques semaines plus tard, pour examiner les phénomè- nes géologiques produits par cette horrible catastrophe, a donné quelques indications sur l’étendue du tremblement de terre et sur son foyer principal ; il dit que, malgré qu’on ait observé quelques traces de secousses à San Juan, San Luis, Cordova, Paranä et même Buénos-Ayres, les principaux effets étaient renfermés dans une zone assez étroite, qui va du Nord-Ouest au Sud-Est, en passant direc- tement par la ville de Mendoza. Sur cette zone, on voyait partout de grandes traces de destruction, mais au dehors, il y avait très-peu d’indices à noter. M. Forges s’avança au Nord-Ouest, en suivant la direction de la zone, dans les montagnes voisines, et trouva toujours des traces très-claires des effets produits par le tremblement ; de grands morceaux de rochgrs étaient tombés dans les vallées, quelques par- ties des pentes s’étaient soulevées ou gercées çà et là, et l’eau sortait abondamment de quelques sources auparavant assez pauvres. Quoi qu'il n’ait pu gravir les montagnes que jusqu’au val d’Uspallata, il croit, malgré qu’il ait suivi _ leurs traces sur une étendue de 30 lieues, que les effets du tremblement de terre s’étendaient encore plus au Nord- Ouest, et allaient jusqu’à la vallée du Rio de los Patos, où quelques personnes prétendent avoir observé des effets sem- blables. M. Forges est porté à supposer que dans cette vallée, il s’ouvrit une grande fente, par où s’exhalèrent les forces gazeuses qui avaient produit le mouvement, fente qui se serait refermée après la sortie des vapeurs, parce qu'il a trouvé de semblables crevasses en Bolivie, où il a longtemps étudié la configuration géognostique des Cordil- lères. La direction de la secousse principale du tremblement de terre fut sans doute la même ; la force d’ımpulsion venait CLIMATALOGIE DU PARANA. 87 du Nord-Ouest et se dirigeait vers le Sud-Est, comme le prouvent les grands débris de quelques bâtiments élevés, par exemple ceux des tours de l’église Santo Domingo, qui tombèrent dans cette direction. Après cette catastrophe, la ville de Mendoza a été rebatie, mais elle n’est pas sans courir risque de subir encore une fois un événement semblable. Il se produit toujours de temps en temps dans la ville et ses environs des tremble- ments de terre, et le 1° août de la même année 1861 on sentit une commotion presque aussi violente que la pre- mière du 20 mars. Depuis, à des intervalles variables, il se produisit de nouveaux ébranlements, mais ils furent généralement assez faibles, et n’eurent pas de conséquences aussi terribles que les premiers. Pendant les années suivan- tes, des symptômes de forces volcaniques intérieures se sont manifestés aussi sous le sol de la ville et même, dans la dernière année 1873, on a observé plusieurs fois des tremblements plus ou moins violents, qui prouvent que les forces souterraines sont encore en activité, et menacent toujours la population de catastrophes peut-être assez funestes ‘. III PARANA Pour continuer la description météorologique du pays, je donne le résumé des observations que j'ai faites à Pa- ranä, de mai 1858 à juin 1859, durée de mon séjour dans _ cette ville et ses environs. La ville, à cette époque capitale de la République Ar- gentine, est située, d’après les observations astronomiques de l'ingénieur en chef du gouvernement, M. A. LABERGE, sous 62° 52’ 95” à l’oceident du méridien de Paris, et sous 88 TEMPERATURE AUX ENVIRONS 31° 43’ 30” latitude australe () sur une colline assez étendue de la rive gauche ou orientale du Paranä, dont elle est éloignée d’une demi-lieue environ. Au Nord, cette colline : s'arrête au fleuve, aux deux côtés latéraux d’Orient et d'Occident, elle est bornée par deux petits ruisseaux cou- rant dans un lit assez profond, et vers le Sud elle s’unit aux ondulations que présente la campagne dans cette partie de la province d’Entre-Rios. D’après mes observations baro- métriques, le sommet de la colline, où se trouvent la place et l’église principale de la ville, s'élève à 125 pieds au- dessus du niveau de la rivière, qui, à cet endroit, est à une hauteur de 90 pieds au-dessus du niveau de la mer; la ville est donc à 215 pieds au-dessus de ce même niveau. Les observations que J'ai faites ici ont été exécutées suivant la même méthode et avec les mêmes instruments que celles de Mendoza et de Buénos-Ayres ; je les donne dans le même ordre que les autres. 5 Â. TEMPÉRATURE Je ne parle pas de la marche journalière du thermo- mètre, parce qu’elle est absolument la même qu’à Buénos- Ayres et à Mendoza; les différences, entre ces deux loca- lités et celle qui nous occupe en ce moment, se manifes- tent seulement dans les résultats obtenus pour les divers mois et saisons. Paranä a un hiver beaucoup plus doux que Mendoza, et sensiblement plus. doux que Buenos-Ayres; toutes les autres saisons suivent la même règle; la tem- _ pérature de chacune est plus élevée à Paranä que dans les deux autres villes, la différence s’élevant à 2° ou 22,5. S (‘) Les observations du capitaine PAGE, des Etats-Unis de l’Amérique du Nord, donnent des chiffres un peu différents ; il indique 6803239” à l'Occident de Greenwich (62°52’39” de Paris), et 31042'58” lat. australe. DE LA VILLE PARANA. 89 Mais les maximum et les minimum de la température ne présentent pas des différences remarquables ; j’ai vu le thermomètre descendre à —1°,5, et monter jusqu’à 29°,1, température très-voisine des extrêmes les plus prononcés de Buénos-Ayres et de Mendoza. On peut supposer, d’après mes observations, que des températures de —2°,0 en hiver et de 30°,0 en été ne sont pas non plus dépassées à Paranä. Pour compléter ces indications, je donne la marche de la température de 5 Jours, 3 extrêmes: et 2 avec une tem- pérature modérée. omas sr runs | | ST til + rte _— nn + Liber terres ie | de | ao |" ss | PURES _4 heures matin........ 199,5 SUN » |} LFP ARR ER 190 130,5 180,8 6 » | APT AFFE 0° —10,5 200 13,6 » ; RUE U PARIS ! fe —10 220 130,8 180,8 9 » einen 20,5 | +4 250 150 200,4 ran. 00,4 90 280 18 250 3 heures soir.......... 19,3 100 299,1 190,4 250 mM.» enr ee « 50 80 280 170,8 230,5 Man: se. PER IE 00 7° 230,5 119 | 200 5 » lendemain matin 10,5 50 210 "49 19 Moyennes des jours.. 3,8 5,2 230,9 160,9 219,9 La comparaison des jours les plus froids, avec ceux de Buénos-Ayres et de Mendoza, prouve qu’à midi, la tempé- rature est presque égale à celle de Mendoza, mais assez supérieure à celle de Buénos-Ayres, et que le matin et le soir, la température ne baisse pas autant que dans ces 90 COMPARAISON ENTRE BUENOS-AYRES ET MENDOZA. deux villes. Le jour le plus chaud donne un résultat in- verse ; sa température est presque égale dans les trois villes, il y a seulement une petite différence dans la température du midi, qui est très-vraisemblablement accidentelle, car nous savons qu'à Mendoza, comme à Buénos-Ayres, la tem- pérature à midi, dans les jours les plus chauds, peut s’é- lever jusqu’à 30°. Mais ıl faut observer que les jours chauds avec une température si élevée ne sont pas la règle, et que la température moyenne de janvier ne diffère pas beaucoup dans les trois localités en question, car on a 19°,1 à Buénos-Ayres, 19°,9 à Mendoza, et probablement 20°,5 (21°,1 dans l’année observée, qui est assez chaude) à Paranä. Cette similitude du mois le plus chaud est im- portante, et elle serait encore plus en faveur de Mendoza, si cette ville n’était pas aussi voisine de la grande chaîne des Cordillères, aux sommets couverts de neiges perpétuelles, . et à une altitude de 772 mètres au-dessus de la mer, ou 692 mètres au-dessus de la ville de Paranä. J'ai donné les mou- vements de deux jours de température régulière, seulement pour montrer avec plus de clarté la marche journalière du thermomètre ; ils n’offrent rien de particulier. Mais sans m’étendre davantage sur ces considérations, auxquelles chaque savant peut se livrer, même avec plus de succès, en comparant entre elles mes observations, Je donne ici, dans le tableau suivant, les résultats de celles que j'ai faites sur la température de Paranä. TABLEAU DE LA TEMPERATURE ANNUELLE. 91 TABLEAU XI MOYENNES DES HEURES DU JOUR MOYENNES MOIS m — MAXIMUM | MINIMUM DES MOIS 7 HEURES | 2 HEURES | 9 HEURES Septembre..| 110,4 | 19,3 | 1909 | 41404 | 948 70,0 Octobre... 129,0 209,0 140,2 150,5 250,0 70,0 Novembre .. 150,0 210,3 150,6 170,3 270,0 80,0 PRINTEMPS: 150,7 — Décembre .. 170,8 230,5 170,9 190,8 280,5 119,0 Janvier..... 189,5 250,4 190,8 219,2 290,1 120,0 Fövrier..... 180,3 250,2 190,6 210,0 280,3 130,0 ÉTÉ: 209,7 Mars. ......| 170,1 240,2 180,3 190,9 280,0 110,0 Avril... | : 130,7 200,3 150,5 160,5 260,0 60,0 Mai. 440... 90,6 140,7 110,2 110,8 290,5 50,0 AUTOMNE: 160,0 Juin.......l 7,8 130,0 90,4 109,0 200,0 | —10,5 Juillet .....| 50,4 110,7 76 | 80,2 160,7 | 40,0 Août.......l 80,8 160,5 110,3 320,2 | 900,0 40,9 HIVER: 100,1 Année: 151,6 Le tableau ci-dessus montre assez clairement le mou- vement de température annuelle à Paranä ; la seule chose importante que je doive signaler, c’est que d’après mes observations, le mois d'octobre 41858 était moins chaud 92 RESULTATS DES OBSERVATIONS (13°,7) que le mois de septembre (14°,% ). Ce fait comple- tement anormal prouve qu'il y a aussi des différences assez remarquables entre les diverses années et que la tem- pérature moyenne des mois, comme celle des années, peut varier de la même façon qu’à Buénos-Ayres. Par ces considérations, J'ai pris pour octobre une température moyenne un peu plus élevée, qui s'accorde mieux avec la température observée pour septembre et novembre. Prenant ces observations pour base, on peut supposer que la variation des moyennes annuelles peut s’elever de 1°,5 à 1°,8 et même encore un peu plus, comme à Buénos-Ayres et Mendoza. | | De plus, mes observations prouvent qu’il n’y a pas une différence bien remarquable entre le mouvement de la température à Paranä et celui des deux autres villes. Con- sidérant les jours froids, ou de température assez modérée, on trouve avant 9 heures du matin et après 9 heures du soir une température assez froide, mais entre ces deux moments l’influence du soleil, qui n’est presque jamais voilé, rend la température moins incommode ; si au con- traire le ciel est couvert, la journée entière est désagréa- ble. Après 11 heures du soir, le thermomètre reste géné- ralement sans mouvement remarquable jusqu’au lever du soleil, où a lieu une petite baisse, presque toujours bien sensible, qui donne au thermomètre sa position la plus basse du jour. Depuis ce moment, l’instrument se met en ascension et il monte jusqu’à 3 heures après-midi, s’é- levant plus ou moins haut, selon le vent; montant tou- jours avec celui du Nord et descendant avec celui du Sud. Pendant la nuit, de 11 heures à 1 heure, la baisse est petite et rarement de plus de 1°, et de 1 heure jusqu’au lever du soleil, on n’aperçoit généralement au- cun mouvement. En général, on trouve à 7 heures du matin une température un peu plus basse que celle de la veille au soir à 9 heures. DE LA TEMPERATURE A PARANA 93 Quelquefois j'ai observé une petite ascension du ther- momètre au commencement de la nuit, entre 11 heures et minuit, se produisant toujours avee un changement de vent de Sud en Nord. L'exemple le plus remarquable qui se soit offert à moi, se produisit le 25 novembre 1858, Un vent du Sud assez fort avait soufflé toute la journée, depuis le matin jusqu’à 9 heures du soir, faisant descen- dre le thermomètre à 12°,5; à 9 heures le vent passa au Nord, et à 10 heures le thermomètre était remonté à 14°. Il resta stationnaire jusqu’à minuit; et le lendemain à 7 heu- res je le trouvai à 15°. J’ai observé un cas très sembla- ble le 2 novembre. Le thermomètre marquait à 9 heures du soir 42,5, le vent était au Nord-Est, et il atteignait à 10 heures 13°,8, avec un vent du Nord pur, montant ainsi _ Jusqu'à 2 heures du matin prochain à 14°,0. Il faut ajouter que je n’ai jamais observé cette ascen- sion du thermomètre au commencement de la nuit, du- rant les mois les plus chauds de décembre, janvier et février, mais deux fois en mars, trois en avril, quatre en mai et une fois seulement en juin; jamais non plus en Juillet, août et octobre, mais deux fois en novembre. Enfin je donne dans le petit tableau ci-dessous les moyen- nes des semaines du mois le plus chaud et du plus froid, pour faciliter la comparaison de ces résultats avec ceux que donnent les autres localités observées. JANVIER 1859 JUILLET 1858 TEMPÉRATURE 1re se-|2° se-|3* se-|4* se|lre se-)2* se-|3* se-|4* se-| Plus Plus maine! maine! maine| maine| maine| maine| maine| maine| haute basse A7 heures ...| 20,6) 17,4| 18,3) 16,5, 2 | 2,9 | 7,2] 6,2 —1,5 > A9 » ...| 26,0! 26,2) 25,4| 22,6) à | 6,8 | 13,6] 11,1| 99,1 Le] A9 » ...| 22,0! 149,9! 19,8) 16,1 2 5,1 | 9,3! 8,4 A Moyennesdesjours| 22,9| 21,2] 21,2| 18,2 4,9 9,7| 8,5 94 LES PLUIES Il résulte de ce que la température est assez haute, le matin et le soir, dans le mois le plus froid, qu’une température au-dessous de zéro est rare à Paranä. En vérité j'ai vu quelquefois seulement, en mai, juin et juillet des gelées blanches, le matin de bonne heure; mais il ne s’en forme régulièrement dans aucun de ces trois mois. La neige aussi, est complétement inconnue a Paranä. | | | 2. PLUIE J'ai compté pendant l’année que j’ai passée à Paranä, 53 jours de pluie; mais dans plusieurs de ces jours, la pluie était si faible qu’elle formait à peine une véritable chüte d’eau. Pour les six premiers mois de mon séjour, de juin à novembre, ıl me fut impossible de faire des ob- servations exactes sur la quantité d’eau tombée, car j’ha- bitais un hôtel où je ne pouvais pas disposer un instru- ment pour faire avec certitude de telles observations ; pour les autres six mois, vivant dans une quinta, je placai un pluviomètre de ma propre construction, au moyen duquel J'ai fait des observations assez exactes pour connaître bien sûrement la quantité d’eau tombée. Le tableau suivant donne un résumé de ces observations. A PARANA. 95 MOIS DE jours | Dinzungs | LIGNES | POUCES (Jun nEune Décembre. ......... 5 8 14 A 2}, 1117 PANIER 4 al 25 21}, Février... A "8 38 96 3, 2 1, LITRES 2 4 9 Di P BE cree 3 6 12 3/, 2 !/s LP | 3 14 29 2 1/, RSR 1 2 2 1 nue ce à 2 4 6 j 41.8. 2 SORTE 2 4 6 11), Septembre... ...... 5 15 36. 2 1/, Octobre ...,,...... 8 28 60 2 1/; Novembre ......... 10 48 96 2 SOMMES. . .… 53 182 396 17, | 33” 1,” Pour les mois compris entre juin et novembre, j’ai cal- culé la hauteur d’eau tombée d’après le nombre de jours et d'heures de pluie, en me basant sur les observations exactes faites pour les autres mois; le résultat ne peut pas être absolument exact, mais je puis dire qu’il ne doit pas se trouver bien loın de la vérité, et sans doute, le chiffre que j'indique comme hauteur totale d’eau tombée pour Paranä est, à peu de chose près, le chiffre vrai. On voit que sur les 53 jours de pluie, 23 tombent dans le printemps, 17 dans l'été, 8 dans l’automne et 5 dans l’hi- ver, donnant ainsi la plus grande ‘hauteur d’eau tombée dans chacune des quatre saisons au printemps (16 pouces); l’ete vient ensuite (11 ?/, pouces), puis l’automne (4 '/, pou- ces), enfin l'hiver avec la plus petite hauteur (1 ‘/, pou- ce). Mais telle ne parait pas être la règle générale; beau- 96 COMPARAISON DES SAISONS coup de personnes m’ont dit que l’été de l’année 1858-59 était un été très-pauvre en pluies, et le printemps de la même année, un printemps exceptionnellement pluvieux, et que la différence entre ces deux saisons est quelque- fois en faveur de l’été. Quoi qu’il en soit la quantité de 33 pouces de hauteur d’eau est une quantité assez régu- lière pour la localité en question et très-rapprochée de _la moyenne des pluies observées à Buénos-Ayres. Mais nous ne devons pas passer sous silence que d’après lobser- vation des habitants des colonies allemandes voisines de Paranä (Las Conchas), et de Sante-Fé (Buena Esperanza) on trouve aussi, comme à Buénos-Ayres, des grandes diffe- rences entre les quantités d’eau tombées annuellement et que sur cinq années, il y en a généralement une seule pluvieuse, deux sèches et deux autres ni sèches ni plu- vieuses c’est-à-dire régulière. Si je prends comme terme de comparaison les observations faites à Buénos-Ayres, l’année observée par moi à Paranä est une année à peine régulière, car la quantité d’eau tombée est inférieure à la moyenne de 35 ‘/,", obtenue pour Buénos-Ayres. De même qu'à Buénos-Ayres, le printemps est la saison la plus riche en pluies et l'hiver la plus pauvre, mais la différence entre ces deux saisons est ici beaucoup plus grande. À Buénos-Ayres le printemps est un peu plus riche en pluies que l’été; à Paranä, au contraire, cette dernière saison reçoit à peu près deux tiers de la quantité d’eau qui tombe pendant le printemps. | Comparant la quantité d’eau du printemps et de Pété unis avec celle de l’automne et de l’hiver, on trouve que ces deux sommes sont presque égales à Buénos-Ayres (18",5 et 17,1), mais très-différentes à Paranä (27” et 6”), cette dernière localité indiquant une approximation au cli- mat de la zone tropicale, encore plus remarquable dans les pluies de Tucuman, comme nous verrons plus tard. Un autre phénomène intéressant, c’est la grande diffé- DE PARANÄ ET BUENOS-AYRES. 97 rence que présentent les mois de janvier et février, celui- ci recevant plus du triple de pluie que janvier. Que fe- vrier soit, de ces deux mois, le plus riche en pluies, les observations faites à Buénos-Ayres le prouvent aussi, et la différence qui existe entre eux, dans les deux villes, est quelquefois la même ; mais ici, décembre est plus riche en pluies, et c’est de tous, le mois le plus pluvieux. A Paranä, novembre et février paraissent être les mois où il _ pleut le plus, décembre et janvier étant assez pauvres en pluies. Il semble que, de même qu’au Brésil, il y a en janvier une quinzaine de jours où les pluies tropicales s'arrêtent un peu *, de même à Paranä, il se produit au milieu de l’été un temps d’arrêt dans les pluies, ce qui rend la quantité d’eau tombée en janvier plus petite que celle qui tombe en février; pourtant la petite quan- tité d’eau tombée en décembre ne serait pas très-favora- ble à cette opinion, si nous n’admettions pas que c’est* là une exception particulière, et la principale cause de la faible hauteur d’eau tombée pendant l’été 1858-59, qui m’a été signalé comme une saison exceptionnellement pau- vre en pluies. Je suis porté à croire qu’il en est ainsi, et que le mois de décembre 1858 a été CHARS un mois pauvre en pluies. | 3. VENTS Les vents que nous signalons dans le tableau ci-dessous sont généralement moins violents qu’à Buénos-Ayres, mais plus forts qu’à Mendoza ; le vent du Sud, connu ici sous le nom de Pampero, est surtout un vent qui souffle très- souvent, et assez fort. Ces vents commencent, ainsi qu’à Mendoza, d’une manière soudaine; ils sont généralement accompagnés de décharges électriques, ne durent pas long- temps, et se transforment en Sud-Est, passant à l'Est pour REP. ARG.— T. IL. | 7. 98 COURS DES VENTS souffler enfin au Nord, vent qui termine en général les jours de Pampero. Le vent du Nord est doux et agréable, mais il peut souffler aussi avec une grande violence, et il cause de grandes incommodités à la population quand il se main- tient quelque temps dans cet état. Les femmes surtout sont incommodées par ce vent chaud du Nord, elles ressentent de forts maux de tête et un affaissement général, dont elles combattent les plus fortes attaques par un remède particulier : elles s’attachent sur les tempes la moitié d’un haricot ou un emplâtre noir qu’elles gardent toute la jour- née et même plusieurs jours de suite. Les vents purs d’Est et d’Ouest sont rares, ils ne durent pas longtemps, et servent en général de transition aux vents du Sud au Nord et vice-versa. mors | Nono | oupsn | OUEST | une, | sun (supsr| zer | MU Septembre ........ 4 2 0 4 3 4 5 8 N LEE 1 0 0 3 4 10 3 4 Novembre.......... 5 2 1 4 5 3 4 4 | Decembre.......... 4 2 0 2 7 6 2 8 Janvierssssssel 1 À 1 | 0-18 | Ehe Bor Février... 2 |: 8. |. OR Ra 6 MAR Ris date 5 2 1 3 10 5 6 5 ANT ie eee 9 3 0 1 1 4 6 15 u Rn 8 2 2 4 4 2 2 9 BUN Serena Em EWE 8 0 2 4 0 6 0 10 SUN a 2 0 2 3 0 4 4 b) AG una unse ne 7 2 2 4 3 6 6 6 SOMMES... o6 18 10 40 52 67 49 86 Dans le tableau ci-dessus, j’ai réuni les cas de vents observés par moi dans la ville de Paranä et ses environs, A PARANÄ 99 durant les douze mois que j’y ai passés; il ressort de ce tableau que les vents dominants sont ceux de Nord-Est, Nord, Sud-Est et Sud ; que les vents de Sud-Ouest et d’Est sont plus rares, et ceux de Nord-Ouest et Ouest, les plus ra- res de tous les vents dans ce pays. Il en est presque de même pour leur force; j’ai observé que les ouragans les pluswiolents viennent du Sud, avec une inclinaison soit vers le Sud-Est, soit vers le Sud-Ouest; plus rarement d’Est et de Nord-Est, et que les vents de Nord et Nord-Est sont généra- lement moins forts que ceux du Sud et du Sud-Est. Il y a aussi quelques cas de fort vent du Nord se transfor- mant en ouragan, mais je n’ai jamais observé un oura- gan d'Ouest; ce vent est toujours assez doux et aussi as- sez rare. Quoique le mouvement du vent obéisse à la loi generale, passant du Sud au Nord par l'Est, et du Nord au Sud par lOuest, l’observation des vents intermédiaires est souvent assez difficile, A cause du passage rapide du vent du Nord au Sud, ou du Sud au Nord, mouvement qui est encore plus rapide si le vent passe du Nord-Est au Sud-Ouest, ce qui est assez commun. Quelquefois on observe aussi un mouvement rétrograde, quand le passage du vent du Nord au Sud est lent. J’ai vu plusieurs fois le vent du Nord, déjà arrivé au Nord-Ouest, revenir au Nord et même au Nord-Est; ou de’ l’autre côté du cou- rant polaire, marcher du Sud au Sud-Ouest et même à l'Ouest, et non à l’Est comme c’est la règle; — mais ces mouvements rétrogrades ne durent jamais longtemps; — bientôt le vent reprend sa marche régulière jusqu’à ce qu'il saute brusquement d’une direction à l’autre opposée. k. PHENOMENES ELECTRIQUES Ces phénomènes ont ici presque la même intensité qu’à Mendoza, mais ils sont beaucoup plus fréquents. J'en ai compté, pendant l’année entière que j’ai passée dans chacune 100 | ORAGES OBSERVES de ces localités, 19 cas à Mendoza et 32 à Paranä. La ma- nière dont se forment les orages avec décharges électriques est la même : la plupart viennent du Sud ; ils s’annoncent par une accumulation des nuages bleuätres tr&s-obseurs à l’horizon, et commencent par un fort ouragan de Sud qui répand bientôt les nuages sur tout le firmament, s’avan- cant directement au Nord, en passant tantôt à l’Orient, tantôt à l'Occident du lieu d’observation. Quelques autres orages, très-incommodes par la chaleur suffocante qui les accompagne, viennent du Nord; mais je n’ai presque ja- mais vu venir d'orage électrique de l'Orient, et absolument jamais de l’Occident; les phénomènes de ce genre se pré- parant à l’Est où à l’Ouest, ne viennent pas à Paranä, ils passent à côté du Nord au Sud, ou vice-versa. Je n’ai ja- mais vu venir d’ouragan électrique de l’Ouest. Des 32 orages électriques que j’aı observés, la plupart se sont produits dans le printemps ou l’été, un plus petit nombre en automne, et seulement un ou deux en hiver. Voici leur distribution dans chaque saison: Printemps a. PAU DATE IE A Eté ab Ga er 12 Atom na USERS 7 NET. a sam en RE 2 ToBl....,3 32 Ces orages se répartissaient ainsi dans chaque mois : Septembre 1858.............. 3 Octobre DL MIX PORTANT 3 Novembre: x.c.. 02. Hier uce Se SDSBERIDER D deg al Le SL 5 Janwer. ADR, 21 1 Fevrier RS er 2 6 Mars Vie ca BE Avril MAS 0 OR 4 Mai done ae CO 2 Juin A 1 Juillet Be. DO 0 Août MN ie 52 dÉRNR 1 A PARANA. 101 Presque tous étaient courts, et ne duraient pas plus de 1 ou 2 heures; ils commengaient généralement dans l’aprös- midi, entre I heure et 3 heures, ou le soir entre 9 heures et minuit; ils sont très-rares dans la matinée, et j’ai seule- ment observé deux fois (24 novembre et 19 décembre 1858) un orage électrique entre 7 heures et 10 heures du matin. Pour donner une idée exacte de ces orages électriques, je place ici la description détaillée de l’un d’eux (10 août 1858), avec toutes les particularités observées. Le jour où se produisit cet orage, le ciel était sombre, à 6 heures du matin, le soleil ne pouvant parvenir à per- cer complétement les nuages. A 7 heures, le thermomètre _maïrquait 15°5, le baromètre 333,7, et il faisait un fort vent du Nord pur; jusqu’à 10 heures, le premier s’éleva à 192,5, le second descendant à 333,5; le vent avait un peu diminué de violence. Depuis lors, la journée continua régulièrement jusqu'à midi; à cet instant, l'horizon se couvrit, au Sud, de nuages très-obscurs, mêlés de pous- sière, qui s’elevaient au firmament du Sud au Nord. Bien- tôt le vent passa à l’Ouest, le thermomètre descendit à 172,5, et le baromètre à 333,4, le premier continuant sa marche rétrograde de quart-d’heure en quart-d’heure, sans que le second fit aucun mouvement. A midi et demi, le {thermomètre marquait 45°, à midi trois-quarts 14°; le vent était très-fort et passait au Sud pur. Il commença alors à tomber une pluie faible; le thermomètre, qui mar- quait d’abord 13°, descendit bientôt à 12° ; des décharges électriques accompagnaient la pluie, et cela dura ainsi jusqu’à 2 heures, les décharges électriques et surtout la pluie, augmentant peu à peu de force. A 2 heures et demie, les nuages obscurs du Sud étaient venus au Nord, en pas- sant au-dessus de la ville, et le vent avait tourné au Sud- Est. En ce moment, le baromètre monta un peu (333,58), le thermomètre restant à 12°. La pluie continua ensuite sans décharges électriques, le thermomètre conservant 102 ORAGES ET PRESSION DE L’AIR sa hauteur, le baromètre continuant de monter; ce der- nier marquait 333,9 à 4 heures et 334,1 à 5 heures. A ce moment il se produisit de nouveau quelques déchar- ges électriques. À 6 heures. le vent de Sud-Est se trans- forma en ouragan très-fort; le thermomètre était alors à 10°, et le baromètre à 334,4; une heure plus tard, le premier marquait 9°, le second 334,75. Vers 7 heures, la pluie cessa, et les décharges électriques s’arrétèrent, mais le ciel restait couvert de nuages gris qui l’obscurcirent toute la nuit. A 8 heures, j’observai une température de 8°,8, et une hauteur barométrique de 335,0 ; à 9 heures, la température était la même, mais le baromètre marquait 335,1. Le lendemain, le vent soufflait du Sud, le ciel était : encore couvert, le thermomètre marquait 7°, le baromètre 336,25 ; le premier ne s’éleva pas, pendant la journée, au- dessus de 8°, et le second monta jusqu’à 337,1. Enfin, vers le soir, le ciel s’était éclairci et l’atmosphère entiè- rement tranquillisée ; le thermomètre marquait à 9 heures du soir 6°,5, le baromètre 336,8. 5. PRESSION DE L'AIR Le mouvement journalier du baromètre est, à Paranä, le même qu’à Buénos-Ayres et à Mendoza; nous l’avons suf- fisamment expliqué en parlant de la climatologie de ces deux villes. Le baromètre atteint sa hauteur la plus grande à 9 heures du matin, et subit sa plus forte baisse à 5 heures après-midi; il monte, de ce moment Jusqu'à 10 heures ou minuit, et reste alors généralement sans mou- vement jusqu’au lever du soleil, où il se met de’ nouveau en ascension. Quelquefois, j’ai observé une petite baisse pendant la nuit, avant le lever du soleil; d’autres fois une légère ascension pendant toute la nuit, ou une tranquillité parfaite de 9 heures du soir à 7 heures du matin. L’am- REGULIERE A PARANA 103 plitude journalière peut varier de 1 ligne à 2 lignes et demie (28 septembre 1858), mais généralement elle ne _ dépasse pas 1 ligne et demie. Ce sont toujours de forts vents du Nord ou du Sud qui produisent une forte baisse ou une forte ascension; le mercure ascendant toujours avec celui du Sud. Cette influence des courants chaud et froid, indique évidemment que la pression doit varier suivant les saisons; elle est plus considérable en hiver qu’en été et donne ainsi une amplitude annuelle du mouvement baro- métrique, qui peut, suivant mes observations, s'élever à 9,0 lignes, ou 21 millimètres, mais qui serait probable- ment plus grande encore, si nous avions des observations embrassant plusieurs années. Il n’est pas nécessaire de développer plus longuement ici ces observations préliminaires sur le mouvement du baromètre à Paranä, car il a été assez clairement expliqué en parlant de Buénos-Ayres et de Mendoza. Je donne done le résultat de mes observations dans un tableau, ainsi que j'ai fait pour les autres localités, en prévenant seulement le lecteur que le mouvement de la voiture pendant le voyage de Mendoza à Paranä ayant fait perdre à mon ins- trument une partie de sa perfection, j’ai dû faire subir, aux chiffres obtenus, une correction générale, pour les mettre en rapport avec la pression barométrique correspondant à la hauteur de ma station d'observation au-dessus du ni- veau de la mer. J’ai fait le premier mois mes obser- _vations (août), dans la ville même, et les autres dans une quinta au bord de la rivière Paranä, à l’ouest de la ville. A cette différence de localité correspond une différence de pression barométrique de 1,5 à 1,6 lignes, ou 3,5 à 3,7 millimètres. 104 OBSERVATIONS FAITES AU PORT PRESSION BAROMÉTRIQUE Mois | pans ia vixsg | AU PORD DE LA RIVIÈRE MAXE | MINI- RE Mii- | .. min. | MU | NUM Lignes mètres Lignes mètres | Août...1888| 335,1 | 756,5 | 336,6 | 758,8 | Septembre »| 335,3 | 757,0 | 336,8 | 760,1 9906 | "7 , 33 Octobre .. »| 336,1 | 758,8 | 337,6 | 761,8 | 340,2 Ville {68 Novembre »| 334,6 | 755,0 | 336,1 | 759,0 | rivière 396.8 Décembre »| 334,5 | 754,8 | 336,0 | 798,3 (760,3) Il résulte de ces observations que le mois d’octobre a la pression barométrique la plus forte et une hauteur moyenne plus grande que les mois plus froids d’août et septembre. Nous avons trouvé, à Mendoza aussi, pour octobre, une hauteur moyenne plus grande que celle de novembre et d’août, mais égale à celle de septembre. De toute façon, ces observations prouvent que la hau- teur moyenne d’octobre est plus grande que celle des mois voisins, fait digne de remarque, parce qu’on a aussi observé dans d’autres localités, au milieu du printemps, une élévation de la pression barométrique, et cette coin- cidence donne à notre observation une assez grande valeur. A Buénos-Ayres, nous avons trouvé la pression barome- trique la plus haute, non en octobre, mais en septembre, et la plus basse en décembre. Ce mois a, aussi à Paranä, la pression la plus faible de 5 mois observés, mais elle se trouve, pour Mendoza, dans le mois de janvier. Si nous déduisons par analogie la hauteur barométrique des saisons et de l’année, comme on peut le faire approxi- mativement, nous aurons pour l’automne une pression un peu inférieure à celle du printemps, et pour lété ET DANS LA VILLE DE PARANA. 105 une plus basse que celle de l’hiver. Considérant cette loi gé- nérale on peut calculer la table suivante comme modèle con- jectural de la pression barométrique à Paranä. POUR LA VILLE | POUR LE PORT Printemps... ........ 335,8 (156,8) 336,8 (760,3) ee . 333,5 (152,6) 334,8 (756,0) Automne... ....... 335,1 (156,4) 336,6 (759,0) ANNEE 336,0 (758,0) 337,5 (160,2) MoYENNES....| 335,0 (156,3) 336,6 (759,8) IV CORDOVA La ville de Cordova est située dans un bassin naturel sur la rive sud du Rio Primero à 25-30 mètres au-dessous de la plaine voisine; sa position géographique est indiquée dans le tome I, page 333, et sa hauteur au-dessus de la mer se calcule à 417 mètres. J'ai visité la ville en 1859 et resté en dedans et ses environs, du 29 juin jusqu’au 16 juillet, faisant pendant l'hiver quelques observations, qui me donnaient les moyen- nes de 15 jours, de 7°,6’; et celles de la journée, à 7 heures du matin, de 5°0; à 2 heures de l’après-midi de 1195! et à 9 heures du soir de 6°3’. La température la plus basse était quelquefois au-dessous de zéro, car j'ai vu deux fois le matin après le lever du soleil, sur l’eau, 106 MARCHE DE LA TEMPERATURE dans la cour de l’hötel, des couches de glace de deux lignes (5 millimètres) d’epaisseur ; mais aussi la tempéra- ture la plus haute de midi montait à 46°. Les jours les plus froids étaient obscurs, et le ciel couvert de nuages, mais la plupart de ceux que j'ai vus clairs, la température s’elevait de 13-14 dans l’après-midi, et une fois aussi 46° entre 2 et 3 heures. Le vent régnant pendant ces quinze jours soufflait tantôt du Sud-Est, Est et Nord-Est, celui-ci seulement une fois pendant le jour le plus chaud. Durant le dernier jour le ciel se trouvait couvert, et à dix heures il commença à tomber une pluie, qui grossit jusqu’à deux heures de l’après-midi ; il tombait en même temps de gros flocons de neige, mais ils fondaient en touchant le sol. Depuis cette époque le Gouvernement national a fondé à Cordova, sous la Direction de M. B. A. Gouin, l’Obser- vatoire astronomique, avec lequel est uni l’officine météoro- logique des 12 stations dans différentes localités de la Ré- publique. Cet établissement donne depuis 1872 des rapports annuels sur ses travaux, d’où j'ai pris les details que je communique ici sur la constitution atmosphérique de Cor- dova et de ses environs *. A. TEMPÉRATURE Le rapport donne en centigrades un tableau de la marche de la température journalière de trois heures de chaque mois, que je répète ici, changeant les. centigrades en ceux de REAUMUR, pour les mettre en égalité avec les autres, A CORDOVA. 107 TABLEAU XII MOIS 7 HEURES 2 HEURES 9 HEURES MOYENNES Septembre....... 80,8 170,3 120,2 19,7 Octobre. ........ 190,0 190,3 130,1 149,6 Novembre ....... 140,2 20,1 149,4 160,2 PRINTEMPS: 140,5 Décembre.......l 160,5 290,9 160,3 180,4 Janvier.......... 160,0 210,9 160,8 180,2 Février. ...... s 150,2 210,6 169,4 170,7 ÉTÉ: 180,1 M... à 120,8 170,6 130,8 140,7 I. 70,7 170,3 90,6 110,5 RE 60,8 160,1 90,4 100,7 AUTOMNE: 120,3 Melua 4,5 130,3 10,6 80,8 Juillet... 90 3 190,5 50,0 60,5 BREIT... 50,7 149,4 80,2 90,4 HIVER: 8% Moyennes de l'année: 13,3 La température la plus haute de 30° R. (375 C.) était observée le 2 janvier et la plus basse de —2* 8 R. (—3° 5 C.), le 26 juillet. D’après ces observations, la température moyenne de l'année est presque la même que celle de Mendoza et de Buénos-Ayres, mais les saisons présentent des différences 108 HUMIDITE DE L’AIR notables.’ Le printemps est a Cordova plus chaud qu’à Mendoza et Buénos-Ayres, et l’automne un peu plus froid. L’été ressemble à celui de Buénos-Ayres, mais l’été de Mendoza est plus chaud; l'hiver au contraire est plus chaud à Cordova qu’à Buénos-Ayres et encore plus qu’à Mendoza. Comparée avec les saisons de Paranä, celles de Cordova restent toutes au-dessous, mais les extrêmes de la température sont presque les mêmes pour les quatre villes. | | Plus tard nous verrons qu’entre le climat de Cordova et celui de Bahia-Blanca il existe une concordance remar- : quable et souvent une unité complète. 2. HUMIDITE Ce thème est traité avec plus de détail que l’autre, et je répète ici en traduction l’original tel qu'il se trouve page 42 du rapport : | « L’humidité de l’atmosphère pendant l’époque du 1° sep- » tembre 1872 jusqu’au 31 janvier 1874, se présente par » le tableau suivant, dont la première colonne indique les » moyennes de la pression de l’eau évaporée dans Fat- » mosphère, c’est-à-dire s'exprimant d’une autre manière : » l’influence de l’eau sur la pression barométrique. Dans » la seconde colonne est indiquée l'humidité relative pre- » nant l’unité de la mesure à cent, dans les différents » mois, c’est-à-dire la quantité d’eau évaporée dont il ré- » sulte une saturation complète de l’air dans chaque mois. » ET SA PRESSION A CORDOVA 109 TABLEAU XIII MOIS DE te DER ME eh L’AIR Septembre. TE 8,828 millimètres 64,1 CODE... .... 9,403 » 63,1 Novembre .......... 13,114 » 14,9 Décembre .......... 413,182 » 66,6 Janvier... inserer 16,266 » 14,4 RE... ... 15,972 » 86,0 as 1357 >» 86,1 en... 10 NT 73,3 er 8471 > 14,8 2: … | 846 » 82,5 J uillet an sn 9,441 » 68,1 BL... Ben 1.208 °°» 71,3 Moyennes DEL’ANNEE.| 10,700 millimètres 13,6 L’auteur indique comme résultat des observations faites à Cordova, en les comparant avec celles faites à Buénos- Ayres, qu'il est remarquable de voir que ces deux loca- lités sont en opposition contraire; car le maximum de lhumidité de l’air se trouve à Cordova vers la fin de l'été et à Buénos-Ayres en hiver. Nous voyons par le ta- bleau précédent que le maximum de 86 pr. ct. pour la saturation de l’air montre les mois de février et mars à Cordova et le minimum de 63-64 pr. ct. les mois de sep- tembre et octobre. Comparant ces résultats avec les ob- servations faites à Buénos-Ayres par M. Equia et commu- 110 DES PLUIES ET niquées en haut (page 22), nous trouvons entre le ther- momètre sec et mouillé la différence la plus grande et par conséquent, la plus moindre humidité de 60 pr. ct. dans l’air, dans les trois mois de l’été, mais cette diffe- rence est beaucoup plus moindre en hiver, l'humidité s’ele- vant à 83 pr. ct. et par cela l'hiver se présentant comme la saison la plus humide de toutes. Ces observations prouvent aussi que les moyennes des deux saisons sont presque les mêmes; c’est-à-dire de 73,6 à Cordova et 73,0 à Buénos- Ayres, et également la pression de la vapeur de 10,7 à - Cordova et de 10,25 à Buénos-Ayres. 3. VENTS ET ORAGES Sur ces deux objets le rapport ne dit rien. k. PLUIE Sur ce thème le rapport donne les notices suivantes : La quantité de l’eau tombée pendant l’année 1873 for- mait une hauteur de 829,7 millimètres (32 ?/, pouces), recueillie du pluviomètre normal fixé à 0105 au-des- sus du sol, dans la cour de l'Observatoire. Sur cette hauteur d’eau il est tombé pendant les mois d’avril jus- qu’à la fin de septembre moins que la cinquième partie (6-6 ‘/, pouces), et dans les trois mois de décembre, janvier et février un peu plus que la moitié (60 pr. ct.), le reste dans les autres trois mois. Pour connaître la différence de la hauteur de l’Obser- vatoire, situé sur la plaine élevée au-dessus de la ville, il était exposé dans une cour de la ville, 3°515 au-dessus du sol, un autre pluviomètre, qui se trouvait à 366 au-dessous du nôtre, à une distance d’un mille anglais. Pendant une époque égale ce pluviomètre de la ville avait LA PRESSION DE L’AIR A CORDOVA 111 reçu 496,3 mill. d’eau, et celui de l’Observatoire 459,1 mill. seulement, ce qui donne une différence de 8 pr. ct. en faveur du plus bas. | Plus tard, nous avons fait des observations semblables dans l'Observatoire même, mettant un second pluviomètre sur le toit de l’édifice. La comparaison des deux a donné une différence correspondante, celui du toit contenant 137,4 d'eau et celui de la cour 130 mill., se prouvant les mêmes 8 pr. ct. en faveur du pluviomètre placé plus bas. | eo 5. PRESSION DE L'AIR Cette partie du rapport est très-courte, donnant seule- ment le résultat général des observations barométriques pour trois heures des jours de l’année 1873 et l’amplitude des extrêmes. Dernièrement, dans le second rapport de M: Gour», de l’année 1874 (Memoria del Ministro de la Instruceion Publica, page 695), se trouve une autre com- munication plus détaillée qui me semble fondée sur des observations les plus récentes ; celles-ci donnent le tableau suivant : MARCHE BAROMÉTRIQUE 112 TABLEAU XIV : MOYENNES DES MOIS MOIS — LIGNES . MILLIMETRES Septembre.......... 320,6 123,38 BRIODTO. . sue ‚320,7 123,48 Novembre ......., 320,5 123,28 Printemps : 723,38 (320,6”) Décembre... 319,4 120,84 JATVIOT u a RES 319,9 121,91 Foyer... 0, 320 05 122,14 ÉTÉ: 721,49 (319,8”) DNS RE 320,56 123,41 Br. A tis 320,9 124,30 Mail nou 321,2 124,63 AUTOMNE : 724,11 (320,8”) LE PRENOM ET N 320,9 123,89 dll. de. dou 321,89 125,11 BLZ TA 321,3 124,96 Hiver: 724,87 (321,26”) Maximum 325,9” — 7135,98mm (6 août à 9 heures) Minimum 314,0” — 708,56m" (2 janvier à 2 heures) MOYENNES DE L'ANNÉE : 320,7” — 723,48mm LE CLIMAT DE TUCUMAN. 113 Ce tableau montre une petite différence de la hauteur moyenne, la comparant avec les hauteurs des trois heu- _ rés du jour, qui n’excèdent pas 723,2 mill. ou 320,5 lignes. B TUCUMAN La ville de Tucuman est située, comme Mendoza, à la bordure de la grande plaine argentine, en avant de chaines de montagnes qui accompagnent la Sierra Aconquija, la principale au nord de la République, dont les sommets, couverts de neiges perpétuelles, atteignent une hauteur de 5,400 mètres. On voit ces sommets de Tucuman, malgré qu'ils en soient éloignés d’environ quatorze milles géogra- phiques, en ligne droite, et qu’ils soient séparés de la plaine par quatre chaînes plus basses, parallèles au massif _d'Aconquija. Ces chaînes sont couvertes sur leur versant _ extérieur, tourné vers le Sud-Est, de grands bois qui s’éten- dent aussi aux pieds de la chaîne extérieure, dans la plaine, où ils forment une magnifique forêt primitive, dont l’arbre principal est une espèce de laurier : Nectandra porphyria Gris ”, aussi grand que le chêne d’Europe. La plaine, en avant des montagnes inférieures, dont les sommets ainsi que lPentrée des vallées voisines sont couverts de super- bes pâturages qui vont jusqu’au célèbre val de Tafi, est presque horizontale ; on y voit quelques bouquets de bois, _ mais pas de grandes forêts, et elle est coupée par le fleuve ‘ Sali, qui court à peu de distance à l’Est de la ville, et reçoit toutes les petites rivières et ruisseaux sortant des vallées situées entre les montagnes, et plus au Sud, ceux qui sortent du massif d’Aconquija. C’est à ces nombreux cours d’eau que la plaine doit la grande fertilité qui a rendu REP. ARG.— T. II. 8. 114 TEMPERATURE ANNUELLE célèbre la province de Tucuman, et lui a valu le nom populaire de Jardin ‘argentin. | | | La ville est bâtie au bord de la plaine terminée par la berge escarpée de l’ancien lit de la rivière Sali, s’élevant, d’après mon observation de la température de l’eau bouil- Jante (78°,95 Réaumur) à 1357 pieds (441 mètres) au-dessus du niveau de la mer (*). Elle a un climat assez chaud en été, mais en hiver plus froid que celui de Paranä, tel que le prouvent mes observations ; le voisinage du haut massif d’Aconquija, avec ses sommets couverts de neiges perpetuelles, occasionne cet abaissement de la température en hiver, comme il produit, d’un autre côté, la grande quantité de pluie qui tombe sur la plaine voisine, pendant le printemps ét l'été; les vapeurs agueuses, transportées par les vents alizés de Nord-Est, jusqu’à ces sommets, y sont alors condensées par leur basse température. 1. TEMPERATURE Le mouvement du thermomètre suit à Tucuman les rè- gles déjà suffisamment ‘expliquées, pour qu'il soit inutile de les reproduire ici; je donne donc immédiatement, dans un tableau général, les résultats de mes observations, comme j’ai fait pour Paranä. Voici ce tableau : (*) L'examen géodésique du chemin de fer central a prouvé que cette détermi- “ten est un peu trop basse, le niveau de la ville s’ölevant à 1386 pieds ou 453 mètres. | | (*) Les moyennes des mois février-juillel ont été obtenues, non par observation, mais par analogie. A TUCUMAN. 115 TABLEAU XV MOYENNES DES HEURES DU JOUR | ATP MAXIMUM | MINIMUM RAP OBTIENT. [ose ROIS 7 heures | 2 heures | 9 heures Septembre. .... 1859| 9,4 19,2 12,3 13,6 26,2 3,8 ‘Octobre... .,.… » 13,5 20,5 16,5 16,8 28,2 | 10,0 Novembre C2 » 17,0 22,7 27.3.1 Tas 29,0 | :11,0 PRINTEMPS : 16,5 Decembre... ....1859 19,4 25,2 19,9 21,5 32,2 15,0 BanWIar ....:. 1860(*)! 20,7 25,7 20,8 22,4 32.0 | 15.0 Fövrier ........2 (21,7) Erk: 21,0 Be satire 1860 (19,9) ee » (16,8; ee » (13,8) AUTOMNE : 16,9 un LEE... 1860 (9,0) do 2... » (8,0) BO td 1859| 7,3 15,7 9,0 10,8 25,3 | —3,0 Hiver : 9,5 ANNÉE : 16,2 116 TEMPERATURES EXTREMES. Il faut remarquer que les six premiers mois seulement, d'août 1859 à janvier 1860, ont été observés directement ; les résultats indiqués pour les six autres sont approximatifs et calculés par analogie, d’après les observations faites à Paranä, Mendoza et Buénos-Ayres. Pour le mois d’octobre j'ai fait aussi une petite correction, car mes observations ayant été exécutées avec un instrument placé dans une petite cour, la réflection des bâtiments voisins lui avait donné une hauteur artificielle, telle que j’obtenais des moyennes supérieures à celles de novembre. Pour mieux expliquer ces faits et compléter mes indica- tions, je donne aussi le mouvement de la température des deux jours extrêmes, le plus chaud et le plus froid que jai directement observés à Tucuman. JOUR LE PLUS FROID |JOUR LE PLUS CHAUD 49 aouT 1859 9 JANVIER 1860 6 heures du matin...... —0°,5 229,0 1 8 M Crea —29,0 250,0 Do BIT REES +1°,0 | 26°,5 10 » SAP RER 19 30°,0 u Ii der Fear 9°,0 31°,0 MU. 10°,9 31°,4 2 heures du soir....... 122,5 32°,0 4.» ae à à 141,8 31°,0 + RE SUR ARE 10°,0 28,0 8.» 4°,0 27°,0 10 » RUE 3°,0 24°,0 6 » le lendemain matin —3°,0 20°,3 MoYENNES..... ‚50,1 27°,1 COMPARAISON AVEC LES OBSERVATIONS PRECEDENTES 117 Une remarque digne d’attention, c’est que le matin du jour le plus froid, à 6 heures, tout était couvert de gelée blanche, et que j'ai vu la même chose les jours précédents et les jours suivants. Ce phénomène se produit très-géné- ralement dans les mois de juin, juillet et août, et même déjà dans la seconde moitié de mai; mais en septembre je ne Pai jamais vu. La comparaison des résultats notés dans les deux tableaux précédents, avec ceux auparavant obtenus pour les trois autres localités, prouve que le climat de Tucuman se rap- proche plus de celui de Mendoza que de celui de Paranä et de Buénos-Ayres, car il présente les caractères princi- paux d’un climat continental ; c’est-à-dire qu’il a le prin- temps et lété chauds, l’automne et l’hiver froids. Compa- rant les quatre saisons à celles de Paranä, on trouve pour les deux premières une température au-dessus, pour les deux dernières une température au-dessous de celles des saisons correspondantes de cette ville. La même compa- raison avec Mendoza montre que toutes les saisons sont plus chaudes à Tucuman, mais les différences qui existent entre les saisons sont égales dans les deux villes. À Men- doza, la différence, entre les moyennes de l’été et de l’hiver, est d’un peu plus de 12°, et nous trouvons la même dif- férence à Tucuman ; tandis qu’à Paranä elle est de 40°,1, et à Buénos-Ayres de 10°,6. Quant aux moyennes de l’an- née, celles de Tucuman (16°,2) est un peu supérieure à celle de Paranä (15°,6), et assez supérieure à celle de Mendoza et de Buénos-Ayres, qui sont égales (139,1). Il résulte de ces faits que la température générale, à Tucuman, présente une amplitude plus grande. A Mendoza, les extrêmes de la température sont — 3° et + 30°, et à Tucuman— 3° et + 32°; pour Paranä, nous avons trouvé — 2° et + 30°, et Buénos-Ayres a les mêmes extrêmes que Mendoza *. Mais, dans les trois dernières localités, les températures de 30° sont aussi rares que celles de 32° à 118 RAPIDITE DU CHANGEMENT. Tucuman ; le plus régulièrement, la température ne: s’é- lève pas au-dessus de 27 à 28° dans les premières, et au- dessus de 29 à 30° à Tucuman. Quelque chose d’assez remarquable, c’est la grande ra- pidité avec laquelle la température passe d’un extrême A Pautre, à Tucuman; on ne voit ni à Paranä ni à Mendoza des changements semblables. J’ai déjà noté que le 20 août, à 6 heures du matin, avant le lever du soleil, le thermo- mètre marquant—3°, s'était élevé le lendemain, dans laprès- midi, à 19°. Un cas encore plus remarquable :s’offrit à moi, le 16 septembre. Le thermomètre marquait, à 6 heu- res du matin, + 2°, le vent soufflant du Sud-Est, malgré que deux jours avant ıl eût marqué, à 2 heures après-midi, 26°,2, et la veille, à 7 heures du matin, 12°, avec le même vent de Sud-Est. Je n’ai jamais observé, :ni à Men- doza ni à Buénos-Ayres, un semblable changement de + 26°,2 à +2°, en 48 heures; la température passe plus rapidement d’un extrême à l’autre à Tucuman, que dans les autres localités où j’aı fait des observations. Je dois également noter que des températures aussi basses que + 2° le matin et +12° à midi, se produisent toujours quand le ciel est couvert de nuages ; quand ilest clair la température ne descend jamais si bas, l’influence du soleil faisant monter le thermomètre à 20-229, même en hiver. Mais ces jours som- bres ne sont pas rares en hiver, et l’on peut en observer plu- sieurs consécutifs, pendant la même saison, accompagnés de brouillards, comme cela a lieu à Mendoza. On est alors forcé de se couvrir chaudement, même dans les maisons, pour maintenir son corps à une température convenable ; j'étais obligé, durant ces journées sombres et: froides, pour me préserver de leur influence malfaisante, de fer- mer les contrevents et d’éclairer ma chambre avec une bougie. | En opposition à ceux-ci, se présentent les jours agrea- bles du printemps, avec une température de 14° le matin, AGREMENT DES BELLES JOURNÉES. 119 24° à midi et 15° le; soir; il n’y a rien de délicieux comme les belles journées d’oetobre lorsque les orangers sont en fleurs, et répandent. autour d’eux leur suave parfum. De splendides oiseaux-mouches, tels que le Trochilus Sparga- nurus (Tr. Sappho Less.) et le Trochilus Angelæ Lxss. vol- tigent de fleur en fleur, dardant sur chacune leur langue filamenteuse, et brillent au soleil comme des rubis et des émeraudes. Ils ne sont pas rares dans les jardins du côté occidental de la ville, et visitent surtout les campagnes si- tuées au pied. des montagnes, où je les! chassais chaque jour durant cette saison. Mais au bout de quinze jours, le plaisir cesse ; ainsi que. des flocons de neige, les fleurs blanches des orangers couvrent le sol, et leur parfum, n’en- chante plus l’étranger ; tout change bientôt pour faire place à des jours extrêmement chauds, qui commencent à la fin d'octobre et se prolongent jusqu’à la fin de mars, sauf quelques petites interruptions, incommodant autant par la chaleur que les jours sombres d’hiver par le ‘froid. Au reste, les saisons de Tucuman ressemblent à celles de Paranä, Mendoza et Buénos-Ayres ; le printemps com- mence avec les signes manifestes du réveil de la végéta- ton, dans les premiers jours de septembre: les pêchers sont les premiers en fleurs, les saules et les peupliers ouvrent leurs bourgeons ; mais le mouvement général de la végétation ne se fait sentir! qu'aux premières pluies, qui viennent à la fin de ce mois ou au commencement d'octobre. Alors la végétation marche très-vite ; les oran- gers fleurissent, et le blé grandit couvrant les champs de verdure. On le récolte à la fin de novembre et au commencement de décembre. En même temps mürissent les melons et les pastèques, et un peu plus tard les cour- ges; les raisins viennent à la fin de décembre et au com- mencement de janvier; mais on ne les cultive pas beau- coup, parce que le sol est dur et peu convenable pour la vigne. Le maïs est mür en mars et les oranges ne 120 LES PLUIES A TUCUMAN. mürissent pas avant le mois d’août; quelques arbres seu- lement en donnent dans la seconde moitié de juillet. Une culture particulière de Tucuman est celle de la canne a sucre et de l’indigo, mais la première seule est floris- sante. On voit surtout dans les parties basses du terrain, voisines de la rivière, de grands champs de canne à sucre, et l’on produit jusqu’à présent un sucre d’assez médiocre qualité. Néanmoins, la plante est sensible et quelquefois la récolte est détruite, s’il se produit des gelées blanches nocturnes avant le milieu de mai. À ce moment, la canne à sucre mürit, et il faut se hâter de terminer la récolte, parce que les gelées blanches arrivent bientôt et sont spi que régulières avant la fin du mois. | | 2, PLUIE Le caractère général des pluies à Tucuman est tropical; elles sont assez fortes en été, moindres pendant le prin- temps et l’automne, et manquent complétement en hi- ver. Arrivé dans la ville de Tucuman à la fin de juillet, je n’ai vu de véritable pluie que le 10 octobre, mais jai vu quelquefois en août (les 14 et 18), et en septembre (du 5 au 7), des précipitations vaporeuses, comme celles que j'avais observées à Mendoza. Cependant, la rosée se présente généralement en hiver, le matin de bonne heure, souvent transformée en gelée blanche, ainsi que nous la- vons déjà dit ci-dessus ; elle est assez abondante, et j’ai vu, le matin de bonne heure, les vapeurs condensées tom— ber à grosses gouttes du feuillage des lauriers dans la fo- rêt voisine de la ville. Je n’ai pas observé la grêle à Tu- cuman, quoique parfois elle y tombe; mais la neige est complétement inconnue dans la plaine, on voit seulement les neiges perpétuelles du sommet d’Aconquija, et celle qui tombe de temps en temps sur les montagnes voisines. QUANTITÉ DE L'EAU TOMBÉE. 121 La première pluie que j’observai, le 10 octobre, com- mença à 6 heures du soir, accompagnée de tonnerres et d’eelairs, venant du Sud-Ouest; la température, d’abord de 25°,5 baissa jusqu’à 10 heures à 21°. Le soir est le moment où commencent en général les pluies à Tucuman ; elles continuent pendant la nuit, et même jusqu’au len- demain matin, mais des journées entières de pluies sont rares. Les pluies sont généralement accompagnées de phe- nomènes électriques, elles ont lieu durant les jours très- chauds, et s’annoncent par des accumulations de nuages bleuätres, obscurs au Sud, exactement comme à Mendoza et Paranä, S’avançant du Sud au Nord. Elles sont assez fortes, plus fortes qu’à Paranä, et beaucoup plus fortes qu'à Mendoza; mais jamais la quantité d’eau tombée en une heure n’a dépassé la hauteur de 3 lignes, et générale- -ment elle est inférieure, à 2 lignes et demie. En somme, j’ai observé pendant les quatre mois, d’octobre à Janvier, 29 cas ou jours de pluie, ainsi répartis : OMBRE JOUR HAUTEUR D’EAU MOIS N DE JOURS DE PLUIE : TOMBEE Octobre ............ 7 4",4" Novembre APP PR 8 9” 410" Decembre .......... 7 6,4" PARMI... ...... 7 6" SOMMES. ..., 99 237,6” Tout le monde m’a dit que l’année où j'étais à Tucuman était une année assez pauvre en pluies ; que généralement 122 ... DES GRANDES AVERSES. elles commencent dans la seconde moitié de‘ septembre, qu’elles: continuent en février, avec plus de force encore qu’en janvier et décembre, diminuent en mars etravril et manquent presque toujours en mai, juin, juillet et août. Il est donc nécessaire, pour connaître: la: quantitésd’eau tombée annuellement, d'augmenter considérablement-les chiffres que j’indique, et s’il faut croire aux renseignements qui m'ont été donnés, elle ne serait pas au-dessouswde 38", c’est-à-dire de 15” pour les quatre mois qui-complè- tent la saison des pluies à Tucuman. Si cetteoconjecture-est juste, on peut dire que la quantité d’eau tombée se dis- tribue ainsi: | here 1 Printemps....:.1. 12 pouces are ‚al Eté TE to LE u 20 » sans Bon AUBIOBBE. CRE 8 » SUITE Mais nous savons, par des observations postérieures, qu/il y à aussi des années où il tombe: des pluies. excessivement fortes, qui causent des inondations complètes et des-dom- mages terribles. Une telle catastrophe arriva à la fin-de janvier 1863, et dura pendant presque tout le mois de février ; 22 jours de pluies presque non interrompues, et d’une force telle qu’on n’en avait jamais vu auparavant dans le pays, répandirent sur la plaine une énorme quan- tité d’eau. J'ai donné une description détaillée de cet événement dans les: Géograph. Mittheil, du Docteur A. PETERMANN, à Gotha (Année 1864, page 12), à laquelle je renvoie les lecteurs, regrettant qu’il n’ait été fait aucune observation exacte sur la hauteur d’eau tombée dans cette averse formidable. Mais 22 jours de forte pluie, à peine interrompue, doivent donner une quantité énorme, et la preuve qu’elle n’était pas petite est dans la grandeur des dommages que l’eau tombée causa sur la plus grande partie du terrain bas de la province. | Un autre phénomène de la même catégorie s’est produit pendant l’année courante (mars 1873), frappant un peu PRESSION D'AIR A TUCUMAN. 123 plus à l’Ouest, et ruinant de même les provinces de Salta, Tucuman, Catamarca et la Rioja, par une chute d’eau excessive. Les journaux du pays donnent des details hor- ribles sur les effets produits par l’inondation, effets d’autant plus désastreux, que les provinces occidentales sont précisé- ment les plus pauvres en pluies,. d’après ce qui a lieu généralement, et nul n'aurait cru qu’une pareille chute d’eau fût possible dans ces lieux. | | 3. PRESSION DE L'AIR : Quoique je n’aie pas fait des observations directes, je crois utile de donner quelques indications sur les moyen- nes barométriques, observées dernièrement à Tucuman et publiées dans le second rapport de M. Gourn, cité sous Cordova. - La hauteur de la position géodésique de la ville de Tu- cuman au-dessus du niveau de la mer, fournie par mes observations sur la température de l’eau bouillante, m’a- vait donné la possibilité de calculer aussi la pression de Pair à 723,7 millimètres ou 320,7 lignes. D’après le tableau contenu dans le rapport déjà nommé, ce chiffre est un peu trop haut, comme nous l’avons dit page 114, à cause de la différence d’élévation trouvée par moi et par l’ingénieur du tracement du chemin de fer; il indique la moyenne ba“ rométrique de l’année à 722,44 millimètres ou 320,3 li- gnes, et les moyennes des .mois comme elles suivent: 124 PRESSION BAROMETRIQUE TABLEAU XVI Septembre... 193,35. (320,5) Octobre PP TRES | | 724 ;27 (319,67) Novembre .......... 120,56 (319,9”) PRINTEMPS: 721,72 (319,957) Décembre ........... 121,47 (319,85”) Janvier. u 721,64 (320,0) Février . m Peru 721,59 (319,95”) ÉTÉ: 721,56 (319,92”) Murs. HORREUR 121,50 (319,9) Eee EMA ae 123,63 (320,7”) Maiross win: „ul, te - 723,09 (320,1”) AUTOMNE: 1722,74 (320,3”) En: DT, er EN 123,28 (320,4”) Juille®Si;.. «50. z0aönt 124,48 (321,0”) AOÛT TS, TRS 123,37 (320,5”) Hiver: 723,71 (320,8”) Maximum: 733,98 (325,3”) Medium: 722,44 (320,3”) Minimum : 711,50 (315,0”) DIRECTIONS DES VENTS 125 k. NENTS: Les vents offrent à Tucuman à peu près les mêmes ca- ractères qu’à Mendoza: leur mouvement est modéré, et les fortes tempêtes sont rares. On observe aussi souvent les petits tourbillons que j'ai notés à Mendoza, soulevant la poussière, qui tourmente assez les habitants. Ils se pro- duisent surtout pendant la saison chaude et marchent généralement sur la plaine, du Sud-Ouest au Nord-Est. Le _ tableau suivant montre les vents, tels qu’ils sont notés sur mes Journaux, marquant aussi la marche générale du Sud au Nord par l’Est, et du Nord au Sud par l'Ouest. NORD- SUD- NORD- MOIS NORD “he QUEST soil SUD (SUD-EST| EST rs Août ...:.. CEA N 3 0 0 0 8 4 9 2 Septembre ........ vole À pl 3 Jobs 1 0 Octobre ........... 1 0 0 4 2 2 1 1 Novembre ......... 2 0 9 | 8 4. 1 1 1 Décembre ......... 3 2 1 0 3 0 0 0 Janvier............ 1 0 9 3 2 2 2 0 SOMMES....! 10 2 5 14 22 16 1 4 Dans ce tableau, je n’ai indiqué que les vents assez forts pour être considérés comme de véritables vents ; les mouvements faibles de l’air qui sont les plus fréquents à Tucuman n’y sont pas mentionnés. On voit, par les som- mes trouvées, que les vents du Sud, Sud-Est et Sud- Ouest sont ceux qui dominent à Tucuman, du moins en- tre les mouvements forts ou assez forts pour être sentis. Le vent du Sud qui souffle le plus souvent, se change gé- 126 _ COURS RÉGULIER DES VENTS. néralement en Sud-Est, mais quelquefois aussi en Sud- Ouest pour revenir plus tard au Sud; mais même quand il est arrivé jusqu’à l'Est ıl retourne parfois au Sud-Ouest par le Sud-Est et Sud, comme cela est arrivé le 23 sep- tembre. Dans les mois d’août et septembre, le vent du Sud passait plus souvent à l'Est qu’ à l’Ouest: dans les mois plus chauds, il passait de préférence à l’Ouest. Le vent du Nord domine pendant les mois chauds et se trans- forme quelquefois en ouragan, comme par exemple dans la nuit du 8 et du 31 octobre. Ces vents du Nord produi- sent à Tucuman les mêmes effets que le Zondo à Men- doza; par leur influence, tout le monde est abattu et incapable d’aucun travail. J’&prouvai moi-même ces effets les 20-22 décembre, jusqu’au soir du troisième jour, où un fort orage électrique venu du Sud, rafraichit la na- ture et les hommes. Heureusement, ces grandes chaleurs ne se présentent pas plus de 2 ou 3 fois chaque année, et quand elles ont passe, elle ne se reproduisent qu’a- près un assez long intervalle. Les vents, sauf ceux du Nord et du Sud, durent tou- jours peu de temps et soufflent avec beaucoup moins de force ; celui d'Ouest surtout. est très-rare et très-faible ; je ne l’ai observé que durant les mois les plus chauds, de novembre à janvier, et seulement une ou deux fois dans chacun. 5. PHÉNOMÈNES ÉLECTRIQUES ı Ces phénomènes sont à Tucuman assez forts et plus forts qu’à Mendoza. Il ne manquent pas complétement en hiver, mais ils sont assez rares dans cette saison; je n’ai observé en août et septembre qu’une seule tempête élec- trique qui vint du Nord et non du Sud, d’où elles vien- nent pendant les mois les plus chauds. .ORAGES A TUCUMAN. ? 127 Le second orage, après le premier observé en août, eut lieu le 10 octobre venant du Sud-Ouest avec la première pluie du printemps; il fut très-court, et se déchargea à 6 heures du soir sur la ville même. Je n’en ai pas ob- serve d’autre dans le même mois, mais en novembre j’en ai compté quatre : deux à deux, à peu d’intervalle l’un de l’autre, les premiers, le 3 et le 4 du mois, les deux au- tres les 26 et 29, tous quatre assez faibles. La première moitié de decembre fut aussi assez pauvre en phénomè- nes électriques, mais les 22, 25 et 28, il se déchargea sur la ville trois orages assez forts. En somme, je n’ai compté à Tueuman que treize orages électriques pendant mes six mois de séjour: dans la ville. C’est un nombre assez faible, car Tucuman est connu dans toute la Répu- blique Argentine pour la fréquence et la violence de ses orages électriques; aussi les habitants pretendaient-ils que cette année était excessivement pauvre, et on me mon- trait les traces de la foudre sur. les clochers des églises, et sur d’autres bâtiments élevés, pour preuve de la vio- lence de ces orages dans d’autres moments. Il est vrai qu'à Paranä comme à Mendoza, j'ai compté le plus grand nombre. d’orages électriques en février, et cette observa- tion me fait croire qu'il doit en être de même à Tucu- many mais, même en donnant en février 8 orages électri- ques, # en mars, 3 en avril, 2 en mai et À ou 2 en hi- ver, le total pour toute l’année ne dépasse pas 30, chif- fre qui me paraît assez faible pour une localité plus chaude et plus voisine du tropique, si je le compare à la somme des 32 orages observés par moi-même à Paranä. Nous de- vons done admettre que la demi-année de mon séjour à Tucuman fut excessivement pauvre en orages électriques, et qu'il s’en produit généralement à peu près 40 chaque année, nombre qui représente la moyenne. Je ne dirai rien de la formation des orages électriques à Tucuman, parce qu’elle est la même qu’à Mendoza, 128 | LE CLIMAT DE PILCIAO. Paranä et les autres localités visitées et décrites dans les chapitres précédents. VI PILCIAO Mon ami, M. FRéDÉRIC SCHICKENDANTZ, directeur d’une fonderie à Pilciao, dans la province de Catamarca, m'a fait parvenir quelques observations météorologiques qui jettent beaucoup de lumière sur la constitution du climat de cette province, la plus au Nord des provinces occiden- tales de la République, et complètent considérablement mes propres observations. Je donne ces observations de la même ranière que les miennes pour faciliter la compa- raison A% vi La forge de Pilciao est située au Sud de la petite ville d’Andalgalä, généralement nommée El Fuerte, parce qu’elle est bâtie à côté d’une anciénne forteresse, que les Espa- gnols avaient élevée pour se préserver des attaques des Calchaquis, nation indienne, qui sous son héroïque chef Tucuman4o défendit longtemps son indépendance contre les envahisseurs. Cette forteresse est située au pied occidental de la Sierra Aconquija, à l’entrée d’un passage qui se trouve entre celle-ci et la Sierra del Ambato, dont les Indiens pro- fitaient pour venir attaquer la colonie espagnole de la vallée de Catamarca, position principale de cette partie du terrain déjà occupé par les conquérants. Sa position géo- graphique était indiquée sous 27°,25’ latitude australe et 26° à l’ouest de Catamarca, c’est-à-dire sous 68° 40° 50” à l’occident de Paris. Pilciao, lieu où M. SCHICKENDANTZ a fait ses observations, est située à 5’ au Sud et 2°,6:à l’est d’Andalgalä, environ 933 mètres ou 3,008 pieds par la température de l’eau bouillante à 77°,8 R. (97,3. C.) au OBSERVATIONS FAITES, 129 dessus du niveau de la mer; il y a dans ses environs une riche végétation de grandes algarrobas (Prosopis duleis), et à l'Orient un petit ruisseau qui fournit à la population Peau dont elle a besoin. TABLEAU XVII OBSERVATIONS COMMUNIQUÉES PAR M. SCHICKENDANTS TEMPÉRATURE HAUTEUR BAROMÉTRIQUE | REDUITE AU ZÉRO EAU . [Moyennes | Maximum | Minimum || Moyennes | Maximum | Minimum (Lignes) Septembre.. | 120,2 | 290,7 | —5°,6 0 Octobre... | 19,8 | 360,0 | 30,2 || 689,0 700,1 | 677,9 0 (306,0) | (310,6) | (300,3) Novembre .. | 200,7 | 360,4 40,6 8 1/, PRINTEMPS. . 170,5 688,0 (305,0) 8 1/,” Décembre ..| 230,8 | 360,5 | 110,2 13 Janvier... | 240,5 | 350,6 | 120,5 34 Février... | 199,4 | 310,8 40,2 22 ÉTÉ ue. 290,5 682,5 (302,4) 5" gm Mars.......| 180,0 | 310,7 40,0 11 Avril. ..... 160,4 320,4 —00,2 | 5 1), Mai... | 80,8 | 210,8 | —50,6 0 AUTOMNE. . « 140,4 686,0 (304,2) A AZ Juin. ...... 90,6 | 220,5 | —40,1 | 2 Juillet ..... 80,8 220,4 —41,0 9 Août. ...... 11,2 270,2 —49,8 f 0 HIVER. ..... 90,9 689,1 (305,6) 11m Année, 160,0 686,6 (304,4) grgm REP. ARG,— T. Ile 9, 130 CARACTERES DU CLIMAT COMPARES Concernant les moyennes de température de cette. loca- lité, ıl est remarquable que quoique le printemps, Pété et l’hiver aient des moyennes supérieures à celles qu'ils ont à Tucuman, celle de l’automne soit inférieure de plus de 2° à la moyenne de. la saison correspondante de Tu- cuman, de telle sorte, que les moyennes de l’année sont presque égales pour les deux localités. Sans aucun doute, le voisinage du haut massif d’Aconquija qui s'élève immé- diatement au-dessus de la ville, avec ses sommets cou- verts de neiges perpétuelles, est cause de cette différence. De même, les extrêmes inférieurs de tous les mois sont plus bas que ceux de Tucuman, malgré que les extrêmes supérieurs surpassent de beaucoup ceux de Tucuman. Nous avons donc, dans les températures de Pilciao, un exem- ple manifeste des modifications que peut subir, dans toutes les saisons, la température continentale extrême, même en sens inverse, sous des influences particulières et locales, qui élèvent la température pendant le printemps et lété, et l’abaissent pendant l’automne et l’hiver,. car la petite difference de latitude de ces deux villes (35°) en faveur de Tucuman, ne peut pas produire une variation si remarquable. La hauteur barométrique n’a pas été observée directe- ment, l’observateur n’ayant pas d’instruments ; 11 a cal- culé la pression de l'air d’après la température de Peau bouillante, qu’il a trouvée de 207,3 FArHEINHET ou 778 RÉAUMUR, température qui correspond à une élévation au- dessus du niveau de la mer de 2,800 pieds ou 930 mè- tres. À cette hauteur, la pression barométrique est de 303,5 lignes ‘ou 685,0 mill.; mais l’auteur a ramené le chiffre de la pression barométrique à la température de zéro, et il a aussi obtenu pour octobre une pression, non de 685,0 mill., mais de 689,0 mill., et par conséquent, une moins grande élévation du terrain. Dans ce mois, sui- vant la règle générale observée à Mendoza et à Paranä, la pression est supérieure à la moyenne de l’année, car oc- AVEC CELUI DES AUTRES LOCALITES. 131 tobre est de tous les mois celui dont la pression est pres- que la plus forte. Partant de cette loi, nous avons suivi, pour déterminer hypothetiquement les moyennes de la pression barométrique de chaque saison à Pilciao, les mêmes proportions qu'à Mendoza, et donné les chiffres indiqués en concordance avec la réduction au zéro de M. SCHICKENDANTZ. Il nous reste à dire quelques mots sur les hauteurs d’eau tombée en 1865. Elles sont presque égales à celles que nous avons trouvées pour Mendoza, malgré que l’on dise généralement que la quantité d’eau fournie par la pluie est plus petite au nord de la partie occidentale de la République, qu’au sud. Il faut donc croire ce que m’a d’ailleurs écrit M. ScHickendAantz, que l’année 1865 était _ une année assez riche en pluies, et que la quantité d’eau tombée en moyenne est moindre. Mais il y a une dif- férence entre ces deux localités, c’est qu’à Pilciao il a plu aussi pendant l’hiver. D’après la loi générale, ce n’est pas là une exception, mais la règle; car dans la partie de la region temperee, même la plus voisine du tropique, Pluver a aussi des pluies. Il semble donc que le man- que de pluies, dans cette saison, à Mendoza et à Tucuman, doit avoir pour causes des circonstances locales, telles que le voisinage des hautes montagnes qui entourent ces villes à l’Ouest, et qui ne permettent pas aux vents alizés de Nord-Ouest de descendre dans leurs plaines en hiver. Quant au mois le plus riche en pluies, c’est à Pilciao, janvier; à Mendoza, février; à Tucuman, novembre; à Buénos-Ayres, décembre, et à Paranä, février et novem- bre qui ont une hauteur d’eau égale dans l’année obser- vée. Ces différences semblent indiquer qu'il n’y a pas de fixité dans l’époque des pluies, comme les grandes variations annuelles, observées à Buénos-Ayres, prouvent qu'il y a une certaine variabilité dans la condensation des vapeurs de l’atmosphère en général. 132 à * HUMIDITÉ DE L'AIR. M. SCHICKENDANTZ a aussi étudié avec beaucoup de som l’humidité de son lieu de résidence, pendant un mois, celui d'octobre 1865. Ces observations étant contenues dans Je Geograph. Mittheilungen de 1868 (page 205), pubhé par M. Ac. PÉTERMANN, à Gotha, je ne veux pas les repro- duire ici en entier, mais donner seulement quelques in- dications sommaires sur les résultats qu’elles fournissent: La température est exprimée en degrés centigrades, et non en degrés RÉaumur, pour rendre plus facile la compa- raison de ces observations avec celles faites à Buénos-Ayres. MATIN APRÈS-MIDI SOIR . 7 HEURES 3 HEURES 9 HEURES MOYENNES ne. SP CS ne SE PC —— SEC |MOUILLÉ| SEC |MOUILLÉ| SEC |MOUILLÉ| SEC |MOUILLÉ 15°,9 | 5°,3 34°,4 | 12°,8 | 24°,9 8°,0 | 25°,0 8°.7 _ Dans ce petit tableau comme déjà auparavant, pour le thermomètre mouillé, nous n’avons indiqué que la diffé- rence de hauteur existant entre les deux thermomètres, parce que ces petits chiffres montrent plus clairement le degré d'humidité. Nous voyons que cette différence est, comme à Buenos-Ayres, plus grande le soir que le matin, et plus: grande encore à midi et dans l’après-midi. L’humidite dimi- nue rapidement, du matin jusqu’à l’après-midi, mais elle augmente de nouveau un peu vers le soir, et l’amplitude de sa variation quotidienne est assez grande, et beaucoup plus grande qu’à Buénos-Ayres. Il est évident aussi que l’atmosphère de Pilciao est plus sèche que celle de Buénos- Ayres, car les différences entre les deux thermomötres y sont plus grandes que les correspondantes de Buénos-Ayres, et cette différence, dont la moyenne est seulement de 8°,7, s'élève quelquefois, d’après les observations de M. Scnrc- CLIMAT DE BAHIA BLANCA. 133 KENDANTZ, jusqu'à 16,0, & midi ou dans l’aprös-midi, dé- passant de beaucoup l’extrême le plus élevé de Buénos- Ayres, qui est de 12°,5. Les extrêmes supérieurs de cette différence, observés à Pilciao, sont pour les trois heures : 8,4 à 7 heures du matin; 16,0 à 3 heures après-midi, et 12,4 à 9 heures du soir, différence qui ne se produit à Bué- nos-Ayres que dans les heures les plus sèches de l’après- midi. | Calculant par ces moyennes les autres valeurs de l’hu- midité, nous obtiendrons les résultats suivants : Tension de la vapeur dans Pair,... 4,61 Der rosée... ............ 9,60 DRAM LL EOTRA LU 0,4% p. ct. Quantité d’eau évaporée dans un pied cubique d’atmos- phère 0.021 Loth prussiens, ou 0,349 gr. français. Ba vn BAHIA BLANCA La petite ville de ce nom est située à la fin de la baie du même nom, sous 38°41’36” latitude australe et 62°16/ de _ Greenwich (64936 de Paris), entre les deux bras de l’ém- bouchure de la petite rivière Naposta (tome I, page 347) avec une hauteur de 8-10 m. au-dessus de la mer. Un habitant habile, M. Puıtippr CaroNTI, a fait dans cette ville, depuis quinze ans, des observations météorologiques, dont les résultats sont communiqués dans le Registro estadistico nacional, (tome II, page 479 et tome IV, page 126). Ces ré- sultats je les répéte ici, adjoignant l'introduction, que la vé- gétation des environs, comme celle de toute la Patagonie orientale et centrale, est assez pauvre, mais que le lit de 134 CARACTERES GENERAUX DE LA STATION. la rivière et les bordures de la baie ont quelques. bons endroits couverts d’une végétation fraîche, entre laquelle de grands saules sont les plus remarquables. Un escarpe- ment de 120-150 pieds (40-50 mètres) de hauteur, comme bordure de la plaine patagonienne stérile, enferme les loca- tités basses, et cette situation les défend contre l’influence des vents rapides qui règnent sur cette plaine et leur donne une constitution physique plus modérée et plus favo- risée pour la culture. Tous les arbres fruitiers et toutes les plantes cultivées dans le milieu de l’Europe se culti- vent ici avec bon succès, et le blé comme les raisins de Bahia Blanca sont bien connus comme produits remar- quables à Buenos -Ayres. L’hiver est doux, quoiqu'il tombe 2 ou 3 fois de la neige, qui reste seulement quelques heures ou à peine un jour entier. L'organisation naturelle de ces régions a beaucoup de rapport avec celle de la Pampa occidentale entre Cordova et Mendoza, et principa- ment des environs de San Luis; on trouve ici les mêmes animaux remarquables du côté occidental du pays, parmi lesquels je veux nommer seulement le guanaco, le lapin (Dolichohs), la martineta ( Eudromia elegans), le gallıto (Rhinocrypta lanceolata) et différentes espèces des Nycte- liens comme les plus intéressantes ®. Il me semble que cette similitude prouve que l’organisation de la Patagonie est descendue dans la même route avec la direction des petites rivières qui viennent de la Cordillère et se per- dent dans la grande plaine de la Pampa (Cf. tome I, page 325, chapitre XIII). La première demeure de ces organis- mes a été sur les escarpements au pied de la Cordillère, d’où ils sont sortis peu à peu, quand en avant de ces es- carpements la plaine fut soulevée du fond de la mer. Avec les organismes des environs de Buénos-Ayres ceux de Pata- gonie n’ont aucun rapport; la partie orientale de la Pampa, et principalement le terrain onduleux de la Mésopotamie ar- gentine, a reçu son organisation du Brésil oriental, où la RÉSULTATS DES OBSERVATIONS. 135 chaîne de la Sierra do mar a fait un centre correspondant pour les premiers produits de l’organisation, comme les Andes au côté occidental du pays. Les deux centres étaient complétement séparés par la grande plaine centrale de l'Amérique du Sud, qui n’existait pas à cette époque, sinon sous la forme du sol de l’ancien Océan primitif. Les observations de M. Carontı, faites pendant quinze ans (de 1860-1874), ne sont pas publiées complétement, mais leur résultat se trouve dans le Registro estadistico, et une année plus tard dans le Rapport de M. Gouin (page 44). Le résultat général des centigrades, réduits à ceux de Réaumur, se présente comme il suit : RÉSUMÉ DES HUIT ANNÉES (1860-1867) | MOYENNES DE LA HAUTEUR JOURS JOURS JOURS TEMPÉRATURE | D'EAU TOMBÉE | DE PLUIE CLAIRS COUVERTS Printemps ..| 128,5 | 118,7 11 60 - 19 HO... 192 | 121,7 10 65 17 Automne...| 180 | 1144 10°: 6 95 Hiver ...... 7,3 33,5 5 68 : 19 Annie...) . 12,0 | 388.07 36 249 80 I; 136 L'ANNÉE 1867 ET L'ANNÉE 1874. Pour l’année 1867 seulement on trouve le tableau. sui- vant un peu plus détaillé : TEMPÉRATURE Hauteur Jours Jours _ |. Jours RL EX tt IQ EAN 4 de pluie clairs couverts Moyennes | Maximum | Minimum tombée j Printemps...| 16,4 29,6 3,2 | 123,4 :9 68 | 13 Ébrbess 21,2 | 32,0 | 10,4 | 79,3 8 63 | 47 Automne. ...| 11,2 24,0 | —1,6 93,4 10. 58 25 Hiver. 2.188 1:48,0.1,—1,6 5] 245,8 3 68 23. ANNÉE. .,| 14,5 311,4un| 30 257 18 19%:1# Enfin, pour l’année 187%, dans le rapport de M. Goun, les saisons sont marquées ainsi : Printemps..... 12°3’ Reaumur 15%’ Celsius Ele... u... u) 1898 » 2906” | #2 Automne...... 12°9’ » 416277 73 Hiver te. à: à » 997 pe. Année. :.. sur ER .16°0’° » Maximum 29°7’ Minimum — 297? .. — _(37°8?) _ (—3° ,0°). Il est évident que l’année 1867 düt être une année ex- ceptionnellement chaude, car la moyenne de 14°5° est au- dessus de celle de Buénos-Ayres, quoique Bahia Blanca soit, à peu près, A°5’ plus au Sud. A Buénos-Ayres nous n’avons jamais trouvé une température moyenne de 14°5 et un maximum de 32°. | Comparé avec le climat de Mendoza, l'hiver est un peu plus chaud à Bahia Blanca, effet produit par le climat de la côte de la mer; mais les autres saisons y sont plus froides, comme il en est toujours dans les localités de la même situation. En comparaison avec Cordova, Bahia Blanca COMPARAISON AVEC LES AUTRES LOCALITES. 137 surpasse cette ville sur la température d'été, mais elle reste au-dessous dans les trois autres saisons, et principalement à Cordova l’hiver est plus chaud qu’à Bahia Blanca, où il semble que les variations du climat y sont plus grandes, comme le prouve l’année exceptionnelle de 1867. | La quantité d’eau tombée en pluie, donne le rapport de M. Gourn, d’après les observations de 13 ans, à 413 millimètres (185 pouces) pour l’année; hauteur excédant aux observations antérieures de M. CArontı, et prouve la variabilité du phénomène, presque égale à celle de Buénos- Ayres, quoique la quantité soit bien moindre et ne dé- | passe pas la moitié de l’eau tombée annuellement dans cette dernière ville. La saison la plus pluvieuse est l’été, don- nant presque un tiers de toute la hauteur; le printemps et l'automne sont moins pluvieux, donnant chacun une hauteur presque égale; une très-petite quantité tombe pendant hiver. L'année la plus riche en pluie a donné une hauteur de l’eau de 500 millimètres (20 pouces), toutes tes autres montrent des variations remarquables. "On voit par ces details que le climat de la Patagonie ehelichen west pas si pluvieux que celui de Buénos- Ayres et de Cordova, mais qu’il excède considérablement celui de Mendoza et Pilciao, s’élevant presqu’au double. Cette différence vaut aussi pour les régions d’ouest de la Patagonie, car nous savons que dans la province de Men- -doza, la partie australe est plus riche en pluie, aux en- virons du fort San Raphael, qu'à ceux de la capitale. Dans tout le côté occidental de la Patagonie, au pied des Cordillères, existent de belles forêts, et des pâturages verts, qui manquent complétement dans les plaines au mord du Rio Diamante, qui peut être regardé comme la véritable frontière entre la Patagonie et la Pampa stérile des provinces de la côte occidentale de la République *. Enfin, la pression barométrique moyenne se donne pour l’année 1873-74 comme suit : 138 . RÉSUMÉ DES STATIONS. 7 heures du matin... 759,95 mm. 336,8 lignes. 2 .» après-midi.. 758,71 » 336,1 .» 9.. "Bin SOIT... 159,42 » 336,3, » Moyennes de lannée.. 759,26 » 336,4 » VII RÉSUMÉ DES STATIONS ” La comparaison des sept stations traitées précédemment prouve que la plus grande différence du climat de la Ré- publique Argentine se prononce entre le côté oriental, re- présentant les caractères du climat Zttoral et le côté oc- cidental qui représente le climat continental. | | Le climat du côté de la mer, nommé scientifiquement le littoral, se distingue par la modération générale de la température et par l’abondance de la pluie; mais ces loca- lités diffèrent entre elles, d’après leur situation plus ou moins au Nord ou au Sud, et par leur élévation sur le niveau de la mer. Par ces conditions, Buénos-Ayres est moins chaud que Paranä, celui-ci est moins chaud.que Tucuman, mais Cordova inférieur à ces deux par sa posi- tion plus haute que Paranä, situé comme lui presque sous le même degré de latitude. L’abondance de la pluie pro- vient du courant prévalant du mousson d’Equateur, qui porte les évaporations de la mer sur la terre, sans être! retenu par des montagnes hautes, comme les Cordillères à l’autre côté du terrain Argentin. Les courants humides seront condensés par les vents froids polaires de Sud et Sud-Ouest, et donnent, comme résultat, une hauteur moyenne de l’eau tombée entre 30-40 pouces (680-820 millimètres) de l’année. Concernant la différence de la saison froide et chaude, celle- ci ne surpasse pas 12°, tandis que les moyennes de l’an- CARCTÈRES DU CLIMAT CONTINENTAL. 139 née varient de 13° dans la moitié du Sud à 16° dans l’au- tre du Nord, et les extrêmes sont complétement égaux. Le climat du côté occidental, nommé avec raison l’Andien, est continental par excellence, très-sec, a des hivers un peu plus froids et des étés un peu plus chauds, mais montre _ les mêmes différences de la température générale du Sud au Nord comme le côté oriental de la République. La sé- cheresse de ce côté dépend principalement de la haute chaîne des montagnes qui séparent ce côté de la mer. Il est bien connu que le courant d’Equateur, s’élevant de l'Océan pacifique, court en avant des Cordillères au Sud et ne se condense plus que sous la latitude de 40°. Toute la moitié boréale du Chili est également pauvre en pluie, comme la même partie de la République Argentine au pied oriental des Cordillères ; les pluies régulières com- mencent au Chili dans la province de Valdivie, et s’aug- mentent rapidement sur les îles de l’Archipel de Chonos, qui n'ont presque pas un jour véritablement clair et see. L’hu- midité de l’air ne surpasse pas les Cordillères, dans cette partie de l'Amérique du Sud, sauf une petite quantité, _condensée par les sommets couverts de neige perpétuelle, qui donnent naissance aux pauvres petites rivières que nous avons décrites dans le tome I, page 325. Dans ce district la quantité de l’eau tombée annuellement n’excède pas 8-10 pouces (200-230 millimètres) c’est-à-dire un tiers ou un quart de la quantité que reçoit l’autre côté oriental, quoi- que les températures des saisons soient presque les mêmes, et la différence entre l’hiver et l’été soit très-petite en faveur de la grandeur. Mais le courant d’Equateur régnant dans tout le district occidental et formé principalement sur le plateau sec d’Atacama et du Despoblado (plateau de Puma), rend très-incommode en été cette partie de la République, et produit les vents chauds qui règnent ici, bien connus sous le nom du Zondo. Enfin, reste un troisième climat de la République Argen- 140 CARACTERES DU CLIMAT PATAGONIEN. gentine, au Sud du 39-40° de latitude. Ce climat, que: nous nommerons le Patagonien, se distingue des deux autres par une baisse générale de la température dans toutes les saisons, augmentant peu à peu cette baisse avec la di- _rection plus avancée au Sud, et par la différence moindre des deux côtés en regard de la pluie, étant, la moitié orien- tale, moins pluvieuse que le climat littoral plus au Nord, et la moitié occidentale plus riche en pluie que le climat an- dien. Cette différence dépend des mêmes circonstances : le courant d’Equateur n’est pas si humide au Sud du continent qu'au Nord, parce que la température plus basse ne sou- tient pas ici une si grande évaporation; et de l’autre côté, les Cordillères, qui sont beaucoup plus basses au Sud, comme nous avons vu dans le vol. I, p. 227, permettent, de cette manière, à une quantité des vapeurs d’eau de l'atmosphère de surpasser leur chaîne et se condenser de l’autre côté par le courant polaire du Sud, régnant ici. Par cette circonstance, la moitié occidentale de la Patago- nie est plus pluvieuse que la moitié orientale, et cés pluies entretiennent les grandes forêts et les pâturages qui crois- sent ici, comme aussi les sources de beaucoup de ruis- seaux donnant origine aux grandes rivières qui traversent la terre Patagonienne jusqu’à l’Océan Atlantique, sans re- cevoir aucun autre affluent, dans tout leur cours, de la côte orientale beaucoup plus pauvre en pluie. Nous terminons avec ces indications la climatologie ar- gentine, donnant dans le tableau suivant un aperçu des résultats obtenus dans les chapitres précédents de notre Traité. 141 TABLEAU SYNOPTIQUE DES RÉSULTATS. XVIII TABLEAU SYNOPTIQUE hénomènes météorologiques observés par l'auteur. principaux p and (01-8) : ‘ - : é 7 5 I souty-sougng | 60% ||seuty-souongls'zo Lo'gee Lo eouetrerqeg|" % sr (WEN) 0 ezopusm (0) j c (16° 8) (L‘09) e (<‘081) « , ’ yueled °1Z yzueled 18 9SL]0 58€ OI9IId u6 eZOpUOW 0 09 sait sun 0 08} safe 0061 88h | EN) eouerg-eigeg an enopuog | (LIN) || sopaon \a’gar aa) „(ursm |,er ru erteg DOT | (060) lo 8L3L voueIg-erueg | ” (6°0L) 0 ezopusoW 0 061 0 0F1 sauÄy-souang PAOPION) u66 (ect) “= IK (%°08) C (L‘008) 6 (9‘0S e TeUMDOL | ggg; | Truman, B'saLg‘Tze ( : x 68) ‚eg || woran [008 | pue [0 0 LL 0‘0SE (eL1) (y9 4€) Bern (6018) ee ‘ € ‘ ‘ € em . wzopuom | yagz | PU |0‘00L FO) if souongl 26 | (eue) |0°06 LE 0 01% (2:01) ae oeIolld uewmonL era [rés6)| omona no memmong | | (EN lool EEE los 0‘oL4 sazrivoon | "Sue OMU | gr | (souemrys0sp) (s92q10s]) au sp PAIN | NARHTIHONNV gyamı)| YAATH,T wa 419,1 3a ÆUNV,T 4€ van vı aa sagsaa-nv || aval AU1INVOd | à NIYUNAL DA NOLLVAYII né ob mi a S&WNY#HLOSI * mw ww Zr 00 bs 7 | t 112 t : We Ji Fee ir 4 PARIS N ei 7 À wa! 5 vi 16 sé (A re hi % LURSETIE N ah Va ie ie 2 05 h 2 N pr 4 2 Ac Cdi Fu du : TE A samen nr CE wohn We 7 7] NOTES f 1 (%)*. Pendant quelques années le Registro Estadistico Nacional, ré- digé depuis 1865 par M. Damian Hupson, a «ommencé à publier des observations météorologiques faites à Buénos-Ayres par M. MANUEL EeurA et à Mendoza par M. FRANKLIN VILLANUEVA. J’ai préféré ne pas mêler ces observations avec les miennes, pour ne pas déranger l’exactitude de mes résultats. Celles du premier observateur ne sont pas assez complètes pour être considérées en tout, renfermant en elles beaucoup d’inter- ruptions; celles du second sont faites avec un anéroïde non corrigé par un baromètre à mercure, et par conséquent elles ne donnent pas la véri- table pression barométrique. Cepeudant j'ai utilisé les observations hy- groscopiques de M. Eeura parce que mon domicile, dans le Musée Public, ne me permettait pas des observations semblables, à cause des perturba- tions perpétuelles auxquelles mes instruments auraient été exposés dans cette localité. Depuis 1870, le gouvernement Argentin a fondé des stations météoro- logiques dans toute la République, et le Directeur de l’Observatoire Na- tional à Cordova, M. B. A. Gouzn, tout en ayant la direction de ce nouvel établissement, s’est aussi chargé de donner quelques dates sur différents points de la République, et dont nous nous occuperons à la fin de nos propres observations. 2 (3). La principale cause des ravages des deux maladies, je l’attribue à la manière de bâtir les maisons sans souterrains, et c’est pour cela que l'humidité du sol entre directement dans les chambres du rez-de-chaus- sée, préférées en général par la population pour domicile. Avec raison, M. de PETTENKAFER, dans sa brochure : Boden-und Grundwasser in ihren Beziehungen zu Cholera u. Typhus (München, 1869. 8), dit que ces deux maladies sont en rapport correspondant avec les eaux souterraines de la localité où elles se trouvent. | 3 (5). Dernièrement, j'ai vu quelques belles asperges blanches cultivées par un amateur dans son propre jardin ; mais ces pousses tout à fait ex- () Les chiffres entre parenthèses indiquent la page du texte. 144 NOTES 4-7. traordinaires ont fait une telle impression, que la rédaction des Anales de Agricultura a publié une figure et une description de ce phénomène re- marquable, Volume I, page 156 de ce journal. On trouve aussi là dedans la figure d’une fraise gigantesque (t. I, page 186) de la grandeur d’un œuf de poule. 4 (6). Les oranges, comme tous les autres fruits nommés, furent intro- duits par les Espagnols ; il n’existait pas un seul arbre fruitier qui donnât de bons fruits dans ce pays, avant la conquête, et même les régions plus au Nord, comme le Paraguay, ne les avaient pas, sauf le goyave. On dit souvent que les oranges étaient les pommes dorées des Hespérides et qu’Hercule en a apporté le premier en Grèce; mais c’est une erreur, les oranges douces n’ont pas été connues en Europe avant le quinzième siècle, importées par les Portugais, de la Chine et des Grandes-Indes, à Lisbonne, d’où elles furent répandues peu à peu sur les bords de la Mé- diterranée (Voyez Hooker, botanic Misc. I, 302 et Hzun, Cultur-Pflauz. page 389. 5 (7). Ces insectes sortent quelquefois avec une telle rapidité et en si grande quantité, qu'on a parlé d’une pluie d'insectes. Voyez sur ce phénomène mes notices dans la Gazette entomologique de Stettin, année 1872, page 227. | 6 (7). Gelées de la nuit, qui sont très-générales dans le terrain au sud de la ville, comme à Quilmes, Lomas de Zamora, San Vicente, et plus encore aux environs des petites villes, telles que Ranchos, Chascomus, Dolores, etc., où il y a toujours une température un peu plus basse et assez souvent de la glace formée pendant les nuits de l’hiver sur les eaux des tonneaux et seaux ouverts. Il est très-rare de voir de la ge- lée à Buénos-Ayres même. Je l’ai observée sur mes fenêtres, situées au Sud, seulement les deux fois mentionnées dans le texte, quoiqu'il y ait aussi plusieurs fois des gelées dans les environs assez voisins de la ville, A l'extérieur, elles commencent déjà en mai et continuent jusqu’en novembre ; même pendant le mois de décembre on prétend avoir observé. l’une ou l’autre année, des gelées de la nuit. Ceci m’a été dit, mais moi- même je n’ai pas remarqué cette baisse extraordinaire de température. Généralement, les gelées ne se trouvent pas avant la fin de mai et n’excè- dent pas le commencement de novembre; mais depuis juin jusqu’en 6c- tobre. elles sont régulières, quoiqu’elles ne viennent pas chaque nuit dans cette période; particulièrement au sud de la ville, on peut les donner comme régulières. pr 7 (10).Mes observations de l’année 1874 ne sont pas calculées avec celles des précédentes, parce que le calcul de celles-ci était déjà fait, et je ne crois pas nécessaire de changer mes résultats pour adjoindre celles d’une année de plus. | NOTES 8-9 145 8 (25). J'ai parlé même, dans un rapport à la Société géographique de Berlin (voyez le journal allemand Zeitschr., f. allgem. Erdkunde, tome XIX, | 368, Berlin, 1865, 8), de neige tombée à Buénos-Ayres; mais d’après e fausses relations qui me furent données, c'était une forte rosée, comme il est décrit dans le texte, qui avait trompé les observateurs. Cependant, j'ai vu tomber en vérité quelques flocons de neige le matin du jour mentionné dans le texte, page 45, mais disparaissant au mo- ment où ils touchaient la terre. | 9 (40). J'ai envoyé une courte des:ription de ce remarquable orage de Pannée 1866 à M. Dove, de Berlin, qui a fait imprimer ma commu- nication dans le Journal de la Soc. Géogr., tome I, page 357. Une des- eription très-semblable du même phénomène, passé le 10 février 1832, a été donnée par M. WoopBine Parisx dans son ouvrage bien connu: Buenos-Ayres from the conquest, page 128, où l’auteur dit qu’une énorme quantité d'oiseaux entrèrent dans la ville, pour se réfugier contre les effets de l’orage, ce que je n’ai pas vu en 1866. Je place ici quelques dates sur la force relative des vents, tirées de V’Essai pour servir à une description physique et géognostique de la Pro- vince de Buénos-Ayres, Zürich, 1866, 4, de HEUSsER et CLARAZ, où les auteurs donnent, page 102, le tableau suivant : VENTS er SOUPFLE ie HUF HI ET PENDANT L'ANNÉE PAR HEURE DES JOURS RME al oil nb 78 8,00 584,00 laisses os 60 1,83 469,80 Mines toner ee 66 9,55 630,00 MR al . 45 11,72 503,00 ET TR 24 10,9 263,56 de. 56 10,36 580,16 ON ee ER 35 14,25 498,75 nn 19 1,47 141,93 VITESSE MOYENNE : 10,01 En comparant deux à deux les vents opposés et en prenant pour unité celui dont le chiffre est le moins fort, en se servant des chiffres des 3 co- lonnes du tableau précédent, ils déduisent les rapports suivants : REP, ARG.— Ts Il, 10. 146 NOTES 10-13, FREQUENCE VITESSE INTENSITE SN Le SON 58 —421,7 | NO 8:-0.? N.-E. — 1 ? 4,07 | N.-E. ? S.-0.— 1 ° 4,31 | N.-E. ? S.-0. — 1 ° 12 0. ? E —121,91| E ? O0. —1:1,59 | 0: E 11a N.-0. * S.-E. — 1 © 2,26 | N.-0.° SE. —1°55 | N.-0. : SE —4 35 On voit par ces chiffres, que si les vents orientaux soufflent plus fr&- quemment que les vents occidentaux , ceux-ci sont, par contre, beaucoup plus violents ; c’est ce que tous les habitants savent par expérience. 10 (48). Mes relations antérieures sur la neige observée à Buénos-Ayres sont en opposition entre elles et sont publiées dans le Zeitschr f. allg. Erdkunde. Tome 19, page 368 de la dernière série, et dans le Journal de la Société Géographique de Berlin, tome I, page 324 et Tome IT, page 187. Voyez la note 8. | 11 (49, Les observations barométriques sont faites avec un instrument supérieur, de la fabrique de M. Pisror à Berlin, suivant la construction de Forrın. Je les donne, comme elles sont faites, sans réduction au zéro. Ma station était dans le Musée Public de Buénos-Ayres (coin de la rue Po- tosi), à une hauteur de 20-22 pieds, presque 7 mètres, au-dessus du sol de Buénos-Ayres, qui est élevé à 50 pieds (16 mètres) au-dessus de l'Océan Atlantique, ou 40 pieds (13 mètres) au-dessus du Rio de la Plata. 12 (59). La position géographique de Mendoza se trouve exposée sérieu- sement dans le tome I, page 417, note 92, où j'ai corrigé aussi l’erreur de l'élévation à 707 mötres, que donne M. PETERMANN par une faute d’im- pression dans le rapport sur le nivellement du chemin de fer Andien. dans sa carte geogr. de la République Argentine, au lieu de 772 (ou 770 en somme ronde). 13 (60)... On trouve dans le Registro Estadistico de la Rep. Arg., En depuis 1866 à Buénos-Ayres par le département statistique du gouverne- ment national, beaucoup d’observations météorologiques, parmi lesquelles existent celles de M. FRanKLIN VILLANUEvA sur Mendoza. Les compa- rant avec les miennes, faites en même temps, j'ai trouvé quelques diff6- rences qui m'ont décidé à ne pas mêler nos observations, pour conserver un résultat pur. L'auteur, que je connais personnellement comme obser- vateur habile, a fait ses observations au centre de la ville, dans sa cour, tandis que les miennes furent faites en dehors d'elle, à côté de l’Alameda, dans une quinta, sans être dérangé rar les réfractions des objets voisins, NOTES 14-18 147 telles que les autres maisons, la mienne &tant döfendue par des arbres contre l’influence de la chaleur rayonnante. 14 (62). Pour compléter mes observations de l’année 1857, j'ai pris les mois de janvier à mars du Registro Estadistico, tome III, page 151 seq., en réduisant un peu les chiffres qui y sont donnés, parce que, comparant ces observations aux miennes, j'ai trouvé les chiffres qu’elles fournissent pour les autres mois, supérieurs aux miens. La diversité des InaKUmenTS est probablement la cause de ces differences. 15 (69). Dans le Registro Estadistico on trouve aussi notés { tome III), pour 1858, un jour de neige en juillet et trois jours de grèle en octobre, novembre et décembre ; il semble, par conséquent, que le printemps et l'été sont généralement les saisons où la grêle tombe à Mendoza. 16 (70). Voyez le mème Registro qui compte, pour l’année 1858, 48 jours de pluie, dont 14 tombent pendant le printemps, 23 pendant l'été, 7 pendant l'automne et 4 pendant l’hiver. Cette année est donc excep- tionnellement très-pluvieuse. Un auteur récent, M. J. B. Massé a calculé, dans son « Essai sur le climat de la République Argentine» (Anales de la Sociedad Cientifica, tome I, page 77), la quantité de pluie qui tombe annuellement à Mendoza, la donnant de 225 millimètres (10 pouces }, c'est-à-dire un peu plus haute que les 195 millimètre (8 pouces 5 lignes), que j'ai déduits de mes propres observations. 17 (81). Les observations barométriques de Mendoza, publiées dans le Registro Estadistico, quoique faites à l’aide d’un instrument non corrigé, prouvent aussi une élévation de la moyenne pendant l'hiver. Dans la note prochaine je les comparerai avec les miennes, pour prouver qu’elles ne donnent pas la véritable hauteur barométrique de cette ville. 18 (82). On sait bien, par les observations générales, que la pression barométrique, au niveau de la mer, entre 30 et 40 degrés de latitude, est à peu près 338,0 lignes (763,0 millimètres), c’est-à-dire presque la même que nous avons trouvée pour Buénos-Ayres (762,8 millimètres ). Il est évident que Mendoza, située à 772 mètres au-dessus du niveau de la mer, ne peut pas avoir la même pression barométrique que Buénos- _ Ayres, ainsi que les observations publiées dans le Registro Estadistico, tome III, sembleraient le prouver. La différence de 67 millimètres, qu'il ya entre ces observations et les miennes, correspond presque exacte- ment à l'élévation de 772 mètres au-dessus de la mer, et prouve l'exac- titude de mes propres observations, comme l’inexactitude de celles des _ autres. Elles sont faites, comme l’auteur dit, à l’aide d’un ansroide reçu de Valparaiso, qui n’était pas corrigé, comme il est nécessaire pour cet instrument, d'après un baromètre de mercure ; l'instrument a conservé sa tension pour Valparaiso et indique la pression barométrique au côté de la mer Pacifique. 148 NOTES 19-21 19 (92). J'ai donné des notions plus détaillées sur le tremblement de terre à Mendoza dans deux mémoires imprimés dans les Actes de la Société d'Histoire naturelle de Halle | tomes VLet VIL). Autres communications, confirmées par des témoins oculaires, se trouvent dans quelques journaux de, Buénos-Ayres du même temps, comme la Tribuna du 23 mars, qui signale que, même à Buénos-Ayres, on a senti quelques effets par des altérations dans la marche d’un pendule, et principalement un «Exposé scientifique» de M. Dav. Forges, dans le Nacional du 17 mai 1861 (N° 2671), qui avait visité les localités immédiatement après la catas- trophe. Aussi, le Zeitschr. f. allg. Erdk. (N. Folg., tome XI, page 374) donne un résumé des phénomènes, et le Illustr. Zeitung, de la même année (1861), une courte description, avec la vue de la place de la ville, exécutée d’après mon dessin. Il est digne de noter ici, qu’en même temps que le second mouvement le plus fort du 8 août, le volcan Chillan au Chili (36° 7° 5” L. A.), a fait une éruption très-forte, pendant laquelle se formait un nouveau cratère à côté du cône volcanique.— On dit géné- ralement que M. A.Bravarp, qui a péri dans la catastrophe de Men- doza, avait pronostiqué un tel événement dans cette ville; mais il est évident qu’il n’a parlé que par quelques indications générales sur les phénomènes volcaniques dans les environs de Mendoza, sans deviner spécialement sa ruine prochaine. Dans le même sentiment, j'ai parlé, dans mon Voyage (tome I, pages 228 et 347), sur ce thème, en décri- vant les phénomènes volcaniques et les petits tremblements de terre, que j'avais expérimentés pendant mon séjour dans la ville. | 20 (97). J’ai déjà parlé de ce phénomène {tome I, page 285 et page 401, note 57), en avisant que les Brésiliens nomment ce petit arrêt des pluies: Veranico, et lui donnent un grande importance, comme un temps de tranquillité dans l'atmosphère. Par cet arrêt des pluies, le mois de janvier a généralement une hauteur moindre de l’eau tombée que décem- bre et février, qui sont les plus riches en pluie de l’année. Voyez mon . Voyage au Brésil, page 152. 21 106). Le titre du rapport nommé est le suivant : Observatorio As- tronömico y Oficina Meteorologica de la Repüblica Argentina; infor- mes presentados al Ministro de Instruccion Püblica, por el Director, Dr. B. A. Gourn. Buenos Aires, 1874. 8. — Il donne une explication détaillée des travaux des deux établissements et un avis sur les obser- vations faites, en société, avec l'Ingénieur supérieur du gouvernement, M. Pompeyo MonETA, sur la position géographique de différentes villes, dans l’intérieur de la République. Si l’auteur dit dans ce rapport (page 3), que la petite ville de Rio Cuarto a été mise par erreur à l'Est de Cordova, au lieu d’être à l'Ouest, comme dans toutes les cartes géographiques connues à lui, à l'exception de la dernière publiée par l’Oficina de In- genieros, il a fait aussi une petite erreur, car dans la carte publiée par moi, avec la description de mon voyage (tome I, 1861), la ville de Rio NOTES 22 - 26 149 Cuarto se trouve à l'Ouest de Cordova, et plus encore que le rapport cité l’indique. Il est évident que M. GouLp n'a pas consulté sur ce point mon livre. Il faut noter que la hauteur de 417 mètres, donnée dans le texte à la ville de Cordova, se réfère à la plaine au-dessus du bassin de la ville ; celle-ci a la hauteur moindre de 382 mètres, comme je l’ai dit dans mon Voyage, etc., tome I, page 501. 22 (113). Un jeune botaniste, M. G. Hıfronymus, maintenant professeur de botanique à l'Université de Cordova, a donné un exposé général de la végétation de la province de Tucuman, lequel se trouve dans le Bulletin de l'Académie nationale des sciences exactes à Cordova, tome I, 1875. Nous renvoyons le lecteur à cet exposé assez détaillé. 23 (117). Il résulte de ces températures très-basses, qui se trouvent déjà quelquefois au commencement de mai, depuis le 10 du mois, que la canne à sucre, généralement cultivée à Tucuman, est exposée à de grandes pertes, si ces températures basses viennent avant la récolte, qui ne se com- mence pas avant la première semaine du mois de mai; car la plante est très-sensible à une baisse de la température au-dessous de zéro, et se perd complétement jusqu’à la racine par une seule gelée de la nuit. J'ai vu moi-même un grand champ ruiné par une telle gelée, avant mon arrivée dans la ville; on remarquait une multitude de petites taches noires sur les feuilles, produites par la rosée gelée pendant la nuit, qui tuent bien- tôt toute la partie de la plante au dehors de la terre. J'ai observé le même effet au Brésil, sur les feuilles des bananiers, le 31 juillet 1851. Tout près de Santa Lucia, dans Minas Geraës, plusieurs des feuilles les plus jeunes, et par conséquent les plus sensibles, étaient tuées par une gelée de la nuit. ( Comparez mon Voyage au Brésil, page 413.) 24 (128). Les observations de M. ScHicKENDANTZ sont aussi publiées dans les Geograph. Mittheil. du docteur PETERMANN, de l’année 1868, page 205. Dans cette publication, les observations sur la température sont don- nées en centigrades ; dans le texte d'ici je les ai changées en degrés Réaumur. 25 (134. J'ai parlé, dans différents petits mémoires zoologiques, sur cette similitude remarquable de la faune de Patagonie et des environs de Mendoza, San Luis et Cordova, principalement de l'identité spécifique des insectes, qui était déjà signalée par Darwin (Voyages d'histoire natu- relle, t. II, page 93 de la traduction allemande). Dans l'introduction au livre cinquième, le lecteur trouvera des communications plus détaillées sur le même thème. 26 (137). La supériorité de la végétation du côté occidental de la Pata- gonie sur celle du côté oriental, au-dessous du 39%, où de nombreux ruis- seaux prennent leur origine dans les Cordillères, pour former le territoire très-étendu des sources du rio Negro, que nous avons indiqué (tome I, : 150 NOTE 27 page 338), est constatée dernièrement par le voyage du lieutenant Mus- TERS, que je ne connaissais pas en original pendant la conception du pre- mier tome, comme je l’avais dit dans la note 80, page 407. L'auteur con- firme aussi l'existence des forêts de pommiers sauvages (dont j'avais douté tome I, page 196), dans un endroit tout près du 38°,30’ latitude australe nommé Manzanares, comme les indiens qui vivent dans ces parages, d’après le mot espagnol manzana, qui signifie pomme. Il est évident par ce nom que ces arbres furent introduits par les jésuites, qui avaient fondé une mission au nord du lac Nahuel Huapi, abandonnée après leur expul- sion. Nous savons par le voyage de Darwın (traduction allemande, tome II, page 56, que les pommiers se cultivent avec une grande facilité sous le même degré de latitude au Chili, et il n’est pas surprenant que les in- diens aient conservé des arbres si utiles à leur propre existence. Sous Ja même latitude se trouvent aussi, dans les gorges des Cordillères, des deux côtés de la chaîne, les sapins américains (Araucaria chilensis) qui donnent des pépins comestibles, également usés par les indiens sous le nom espa- gnol de piñones. MY 27 (138). Dernièrement, M. J. B. Massé a publié un petit mémoire sur le climat de la République Argentine dans les Anales de la Sociedad Cien- tifica Argentina, tome I, numéro 2 (février 1876). Ce mémoire est fondé sur les observations communiquées dans le second rapport de M. Gouzn, et en donne quelques autres, que je ne pouvais pas prendre en: considéra- tion pendant la conception de cette partie de mon livre, parce qu’elles n'étaient pas encore publiées à cette époque. Ce sont les observations faites à Salta, Corrientes et San Juan, qui me manquaient auparavant, Elles prouvent un bon accommodement à mes propres stations. Ainsi, les températures de Salta tombent entre les moyennes de Cordova et Paranä, parce que la localité, quoique plus au Nord, a une élévation considérable sur le niveau de la mer ; celles de Corrientes surpassent un peu les cor- respondantes de Tucuman, à cause de sa situation moins élevée sous le même degré, et celles de San Juan sont un peu supérieures (presque 1° R.) aux mêmes de Mendoza, parce que la ville est située non-seulement plus au Nord, mais aussi moins élevée sur le niveau de la mer. Les moyennes de la pression baromötrique de Salta et de San Juan sont don- nées comme suit, celles de Corrientes manquant complètement. PRINTEMPS ÉTÉ AUTOMNE HIVER ANNÉE Bla). 661,10 660,13 662,11 663,56 661,75 San Juan...| 714,0 710,0 712,0 716,0 7189." LIVRE QUATRIEME Tableau géognostique de la République BITR Argentine (AVEC UNE CARTE GÉOGNOSTIQUE) ° I APERÇU GÉNÉRAL DE LA GEOGNOSIE DU PAYS Le caractère géognostique de ce pays est d’une unifor- mité à peu près générale; il est presque partout identi- que à lui-même et les variations sont peu sensibles. J’ai déjà eu l’occasion d’exprimer autrefois cette opinion et je ne peux mieux faire que de répéter ici ce que je disais en 1861: « La grande: uniformité du caractère universel de « Amérique, et principalement de sa moitié méridionale, « se trouve répétée dans la configuration de son sol; ce sol, « avec ses grandés plaines et ses grandes chaînes de mon- « tagnes, peut s’etudier comme un livre ouvert; on peut « examiner sa construction géologique de l’Est à l'Ouest, « ou vice-versa de l'Ouest à l’Est, sans perdre le fil continu « de son histoire, qui donne son origine et son accroisse- « ment. successif jusqu’à nos jours. Si la distance n’était «si grande d’un côté à l’autre de l'Amérique, et si petite « la différence des couches qui constituent son sol, on ne « pourrait nulle part étudier mieux la géologie de notre « globe que dans un voyage de Buénos-Ayres à Valparaiso; 152 COUCHES SUPERFICIELLE, DILUVIENNE « car, dans ce voyage, un peu long il est vrai, on ren- « contrerait non seulement toutes les époques géologiques « de la surface de notre globe, mais encore dans le même « ordre où elles se sont formées l’une après l’autre ‘. » Pour confirmer cette assertion par quelques faits plus précis, j’ajouterai que la surface supérieure du pays est formée d’une couche demi-sablonneuse, d’une épaisseur peu considérable, surtout sur les montagnes, appartenant à l’époque des alluvions des temps historiques, contem- poraines du dépôt des sables du Rio de la Plata et deses principaux affluents. Sous cette couche, d’une couleur grise, généralement d’une épaisseur d’un demi-mötre, se trouve aussi, sur tout le territoire argentin, jusqu’à 35 à 38° latitude Sud, de l'Est à l’Ouest, même sur le flanc des montagnes, jusqu’à 1500 ou 1800 mètres d’altitude, une marne rouge-jaune, demi- sablonneuse, appartenant à l’époque Quaternaire ou Dilu- vienne, aussi nommée Post-Pliocène. On rencontre cette couche, généralement d’une épaisseur de 10 à 15 mè- tres, à nu sur les rives escarpées du Rio de la Plata, aux environs de Buénos-Ayres. On la retrouve avec les mêmes caractères jusqu’au pied des Cordillères, a l’Ouest et au Nord, c’est-à-dire à Mendoza et à Tucuman, et sur toutes les montagnes, à la hauteur indiquée et même jusqu’à 2000 mètres. Dans cette couche et principalement dans sa moitié in- férieure sont enterrés les ossements des grands mammifères eteints, qui ont fait une si grande célébrité aux environs de Buénos-Ayres et en général à presque toute la Pampa argen- tine. D’OrBIeny, empruntant au langage local le nom de cette couche, l’a dénommée « formation pampéenne » à l’épo- que même où Darwın la baptisait presque du même nom: «vase pampéenne» ( Pampean mud ). Sous cette couche un? generis, qui constitue le sol de la République Argentine, depuis la chaîne des montagnes du ET TERTIAIRE. 153 Tandil et de Tapalquen jusqu’à la frontière du Nord, se trouvent deux autres couches sédimentaires, qui, jusqu’à présent, sont seulement connues dans quelques endroits très-himités, mais qui se manifesteront peut-être aussi plus tard dans toute la plaine Argentine, jusqu'aux pieds des monts. Ces deux couches appartiennent à la formation ter- tiaire, et se distribuent comme la supérieure, nommée par D’Orsıcny la formation patagonienne, et l’inférieure nommée par lui guaranienne. | - La supérieure, qui semble correspondre aux couches plio- cène et à une partie des miocènes de l’Europe, est une for- mation. marine, où le sable domine mêlé avec plus ou moins d'argile, et contenant des couches supérieures calcai- res, évidemment formées par des coquilles triturées et des limacons marins, enfermant aussi quelques couches très- minces d’argile plastique, avec des restes d’animaux d’eau douce et terrestres. On voit cette formation à nu et très- développée sur la rive orientale du rio Paranä, depuis Dia- mante jusqu’à la frontière boréale d’Entre-Rios, et dans toute la Patagonie jusqu’au détroit de Magellan, où elle est pres- que à découvert, formant le sol du pays même, sans cesser d'être couverte par la formation diluvienne. Dans l’inté- rieur de la République Argentine la formation patagonienne n’est pas connue, quoiqu'il semble très-vraisemblable qu’elle doive se trouver aussi sur la plus grande partie de la plaine de ce pays, au-dessous de la formation pampéenne. L’opinion que cette formation ne s’étend qu’à l'Ouest, jus- qu'au méridien de San Luis, n’est pas sûrement établie. La moitié inférieure de la formation tertiaire, nommée la quaramienne, se trouve également à nu dans la découpure de la rive orientale du rio Paranä, le long de la province de Corrientes; son aspect est celui de couches sablonneuses et argileuses, d’une couleur rouge, contenant en quelques endroits, en grandes quantités, des sphéro-siderites envelop- pés dans des couches sablonneuses. Jusqu'ici, on n’a trouvé 154 MANQUE DES FORMATIONS SECONDAIRES. aucun reste organique dans cette formation plus PTS que Pautre. | Dans les perforations de Buénos-Ayres, faites juekieil la profondeur de 200 mètres et plus, on a observé la même disposition des couches, reposant immédiatement sur les roches métamorphiques de la formation azoique; mais ici l’argile plastique domine et compose à lui seul presque toute la formation. QUE Rien ne prouve jusqu'ici. que cette formation existe, comme les précédentes, dans toute jla République, mais comme on voit, au pied des Cordillères et des différentes chaînes de montagnes de l’intérieur, principalement à l'exposition méridionale, des couches sablonneuses de la même couleur rouge et sans pétrifications, on peut soup- conner qu’elles appartiennent à la même formation ver nienne. ATP Toutes les formations géologiques qui ‘sont anti de cette couche inférieure tertiaire, entre elle et le'terrain houiller, sont jusqu’à présent inconnues dans notre Répu- blique, au moins on ne saurait en parler avec certitude. J’ai reçu dernièrement quelques indications sur Fexistence de couches de la formation crétacée dans la vallée comprise entre la sierra de San Luis et celle de Cordova, mais ces des- criptions ne sont pas assez: détaillées pour me permettre d’avancer une affirmation. J’en dirai autant des couches de la formation jurassique ou oolithique, examinée pour: la première fois par Darwın dans les Cordillères de Mendoza. Je n’ai pas personnellement visité ce territoire, mais j'ai reeu, pendant mon séjour à Mendoza, quelques pétrifications évi- demment jurassiques, telle que l’Ammonites communis, »ve- nant de la Cordillöre voisine, qui prouverait l’existence du terrain jurassique dans cette partie des Andes. Les fleuves .de la Patagonie, descendant de la Cordillère, portent aussi ces mêmes pétrifications, dénonçant ainsi l’existence du terrain jurassique sur le versant oriental de cette gigan- TERRAIN HOUILLER ET PALEOZOIQUE. 155 tesque chaîne de montagnes. Là s’arrête ce que nous sa- vons de Pexistenee du terrain secondaire dans notre pays jusqu’au terrain houillier. Ce terrain lui-même est signalé, dans quelques localités occidentales du pays, presque sous la même latitude que les vestiges du terrain jurassique. Nous le connaissons dans les environs de Mendoza, au pied de la sierra de Uspallata, soit à l’occident, soit à l’orient, s’élevant dans l’intérieur du versant occidental jusqu’à la moitié de la hauteur, mais il apparaît encore plus remarquablé à la pointe australe de la sierra de la Huerta, où la formation carbonifère se présente plus étendue et plus riche en charbon. Toutes les couches sédimentaires observées jusqu’à nos jours dans les montagnes de la République Argentine, sont plus anciennes que le terrain houilier et appartien- nent à l’époque primaire ou paléozoïque de la transition, plus vulgairement désignée sous le nom de système du Grauwacke. Les deux chaînes de montagnes avant la Cor- dillere real, que nous avons désignées déjà dans le tome Ier, page 202, sous le nom de Procordillera et Contracordil- lera, sont formées par des couches argileuses ou calcai- res dures et tenaces, appartenant à cette même époque ancienne et qui s'étendent aussi dans la Cordillère prin- cipale jusqu'au sommet, au moins dans la partie boréale du pays, où cette formation occupe presque uniquement le grand massif de la montagne. Les montagnes à l’est de la Procordillera sont toutes formées par des schistes métamorphiques ou azoïques de la même époque que les montagnes de la côte du Brésil et de la Bande Orientale de l’Uruguay, çà et là interrom- pues par des massifs granitiques et quelques petits cônes trachytiques, qui forment souvent les sommets les plus hauts de ces montagnes. Rarement on rencontre quelques- unes de ces roches porphyriques, qui occupent une trös- grande étendue dans la chaîne principale des Cordilleres, 156 FORMATION ALLUVIENNE. où les cônes trachytiques formés par une variété nommée l’Andesit, sont aussi plus nombreux et plus hauts que dans les montagnes de la plaine. Celles-ci s’élèvent sou- dainement sous la forme de chaînes insulaires sur une mer de sable, généralement avec une inclinaison modeste d’un côté et très-forte et très-abrupte de l’autre. Voilà en peu de mots la description générale géologique du terrain argentin; aperçu que nous développerons plus en détail dans les chapitres prochains, suivant la succes- sion des formations du haut en bas dans l’ordre où nous les avons indiquées dans cette ébauche préliminaire. IL FORMATION MODERNE DES ALLUVIONS Nous avons déjà dit dans la description de la plaine Argentine, tome 1”, page 165, que la couche superficielle du sol est, dans toute son étendue, sablonneuse, com- plétement nue et sans végétation de graminées dans la moitié occidentale du pays, mais couverte dans la moi- tie orientale d’un herbage vert, plus ou moins épais, sou- tenu par un humus assez fertile, qui constitue la richesse de ses pâturages; nous nous déterminons à donner à celle-ci le nom de pampas fertiles, en opposition avec les plaines occidentales qui se nomment avec raison pampas stériles. Cette couche superficielle, principalement formée par un sable fin gris, appartient à l’époque actuelle de la for- mation du globe, désignée dans la langue scientifique, comme produit des temps historiques, sous le nom d’al- luvions. L’apparence générale de cette couche est assez variable, suivant les endroits où elle s’est déposée. Dans les terrains SURFACE DE LA FORMATION. 157 où la surface est quelque peu ondulée, il se forme de petits bassins capables de recueillir les précipitations humides de l’atmosphère assez considérables pour se transformer en état fluide ; une végétation plus forte prend naissance dans les environs de ces lagunes, et les restes de cette végétation annuellement décomposée se mêlent avec le sable au fond des lagunes, le transformant en une terre vé- gétale noire. Le même phénomène se produit dans les forêts épaisses de la partie orientale du Nord de la République, sous l’influence d’une végétation vigoureuse. La formation des lagunes est due principalement à l’im- pérméabilité du merge tenace diluvien au-dessous du sa- ble alluvien répandu par toute la pampa argentine ; les mêmes raisons ont contribué à la formation des parties marécageuses de la plaine, que nous avons déjà décrites sous les noms de cañadas, pajonales, cienegas et bañados, répandus en grand nombre par toute la pampa fertile orientale, et se trouvant aussi dans quelques localités plus favorisées de la pampa stérile occidentale. Mais la où font défaut ces conditions favorables, où comme dans la pampa stérile le sol est également plat et la pluie trop pauvre pour huméfier toule la couche sablonneuse, géné- ralement plus épaisse dans cette moitié occidentale du pays, le sol conserve sa couleur grise et son caractère mobile sous l’impulsion des vents; la petite quantité de vapeurs précipitées se volatilise bientôt et la surface reste sèche et stérile, se changeant même souvent en sable mouvant. Dans cette partie de la pampa les marécages sont rares et se trouvent presque exclusivement le long des ruisseaux et des petits fleuves qui parcourent son sol gé- néralement avec une rapidité trop considérable, par suite de Pinclinaison trop forte de la plaine vers PEst, pour former de grandes inondations ou des infiltrations dans le sol voisin. Aussi ces cours d’eau sont très-pauvres, comme nous l’avons vu lors de leur description géogra- 158 EXAMEN MICROSCOPIQUE. phique et ne peuvent pas alimenter les päturages des grandes plaines. | | La couche alluvienne normale n’a pas, en général, une épaisseur de plus d’un demi-mètre ; mais elle s’augmente jusqu’au double et au triple dans quelques endroits favo- risés, principalement dans les terrains bas du lit des fleu- ves. Ainsi, je l’ai trouvée sur les bords du rio Salado du Sud de la province de Buénos-Ayres à deux mètres, et dans la perforation du puits artésien de Barracas on a touché la couche diluvienne inférieure à 1235 au- dessous de la surface supérieure du terrain alluvien. Dans le lit du Rio de la Plata son épaisseur générale atteint 3 et # mètres, mais elle manque complétement là où les concrétions dures de la couche diluvienne, nom- mées tosca, s'élèvent au-dessus du niveau général du fond de notre estuaire ?. J’ai examiné plusieurs fois ce sable à l’aide du mi- croscope, et j'y ai toujours trouvé, comme masse princi- pale, des petits grains de quartz mélangés avec une quan- tité de plus petits atômes rouges d'argile, et blancs de chaux, qui se dénoncent facilement par le traitement du sable avec l’acide sulfurique, produisant. une effervescence générale de la masse par la décomposition de la chaux. En outre, j'ai trouvé quelques restes organiques qui m'ont semblé être des enveloppes silicieuses des Diatomées et des petites aiguilles des Spongilles, sans pouvoir dé- terminer leur nature plus exactement. Nulle part, je n’ai trouvé des produits de la mer, tels que des Foraminifères; cette absence provient évidemment de ce que la couche n’est pas un produit sous-marin, mais une véritable cou- che terrestre d’eau douce. Dans quelques endroits, comme ‚+ DR exemple dans la plaine aux environs du rio Salado du Sud, qui a une faible inclinaison des deux côtés vers le lit du fleuve, et dans les endroits semblables des autres rivières et ruis- COQUILLES FLUVIATILES. 159 seaux, se trouvent, en grande quantité, dans les parties inférieures de la couche plus épaisse dans ces endroits, de petites coquilles fluviatiles, qui prouvent un contact antérieur de cette couche avec l’eau dans des siècles pas- sés. On ne trouve pas ces petites coquilles dans la sur- face actuelle du sol, elles manquent même dans la partie supérieure de la couche; mais les vizcachas, animaux communs dans toute la campagne de Buénos-Ayres, pous- sent ces coquilles en quantité en dehors de leurs excava- tions avec la terre et les accumulent à côté de la grande ouverture générale de leurs terriers. J'ai examiné avec soin ces accumulations et j’ai trouvé uniquement des espèces actuelles, qui vivent encore dans les eaux de la. campa- gne, même la grande Ampullaria australis (Voyage de d’Orbigny, Moll. pl. 51, fig. 3 et 4). J’ai trouvé quelque- fois parmi les autres coquilles plus petites, des échantil- lons encore si frais que les couleurs se distinguaient assez bien; j'ai encore trouvé le Planorbis montanus (Ibid., pl. 44, fig. 5et 8).et en plus grande quantité la Paludinella Perchap- pü (Ibid., pl. 48, fig. 1 et 4) également commune dans tous les ruisseaux. J'étais bien surpris de trouver que ces animaux ne vivaient plus dans le rio Salado tout près, à cause de son eau saumätre, contenant une grande quantité de sulfate de soude en dissolution, ce qui ten- drait du reste à prouver, qu’à l’époque de la formation des alluvions l’eau était moins salée qu'aujourd'hui, en rai- son peut-être de ce que le lit de la rivière n’était pas alors si profondément enfoui dans le terrain diluvien sali- fère. Il est évident qu’au temps où ces innombrables co- quilles vivaient dans les eaux, où sont déposés ces allu- vions, cette eau devait contenir une grande quantité de chaux, qui leur était nécessaire pour former leurs coquil- les,, et que le dépôt actuel des alluvions doit contenir des éléments d’effervescence en raison des débris de co- quilles qui y abondent. Les animaux ont fixé cette chaux 160 DEPOTS DU RIO DE LA PLATA. dans leurs téguments et Pont restituée à la terre sa- blonneuse des alluvions qui formaient le fond de l’eau où ils vivaient. an 90 Il est important de noter aussi, pour bien comprendre ce phénomène, que le lit du Rio de la Plata et de ses grands affluents est formé d’un sable semblable aux alluvions superficielles de la plaine pampéenne, quoique ces lits soient en général ä 10 ou 15 mètres au-dessous de la surface du terrain diluvien et au-dessous des alluvions modernes. On peut contrôler tous les jours cette ressem- blance par: un simple examen des sables apportés dans les rues de Buénos-Ayres au pied des édifices en construction pour être mélangés à la chaux. Souvent on trouve dans ce sable des coquilles, principalement d’espèces d’Unio et Anodonta contenant des animaux vivants : le même sable existe sur les parties basses des rives, que le fleuve sub- merge presque annuellement dans ses hautes crues. Sur ces parties basses des rives, sont déposées dans différents endroits, des couches de coquilles plus ancien- nes, qui ne vivent plus dans le fleuve dans les mêmes régions. Ces dépôts se rencontrent dans les environs de Buénos-Ayres, à Belgrano, à Puente-Chico, au nord et au. sud de la ville, où ils sont formés par des coquilles vi- vant encore actuellement dans l’eau saumâtre assez loin du fond de l'estuaire platéen, principalement par l’Azara labiata, une des coquilles les plus communes dans la moitié externe dudit estuaire. Il n’est pas douteux qu'ils sont de la même époque alluvienne, quoique les ani- maux soient morts depuis longtemps et leurs coquilles ar- rivées déjà à un degré assez avancé de décomposition, ce qui leur assigne une date assez ancienne. Aussi, le mélange de ces coquilles avec quelques rares débris de véritables coquilles marines, comme les Ostrea, Venus, Car- dium et Tellina, démontre que dans le temps de leurs dépôts l’Océan se rapprochait davantage de ces régions. Cl © pe m5 de Zu zu RARETÉ DES CAILLOUX. 161 Il est aussi rare de trouver des cailloux dans ces gise- ments que dans le lit du Rio de la Plata; dans le sable = à la maçonnerie, les seules petites pierres que l’on trouve proviennent du fondement de l’île de Martin Garcia, leur état peu roulé démontre une origine très-rappro- cliée. Cette même absence générale de cailloux dans tous les alluvions de la Pampa prouve que depuis le com- -mencement de l’époque actuelle les circonstances n’ont pas varié et que la différence des dépôts anciens est due “uniquement à l'éloignement actuel de l'influence de la mer sur ces dépôts, et aussi à l'élévation du fond de l'estuaire dans sa partie interne. Quand se formèrent les dépôts de l’Azara labiata Veau de l’estuaire était encore plus salée, et la plus grande profondeur de cette partie même est démontrée par les ossements de baleine trouvés dans les îles de l’em- bouchure du rio Paranä, dont nous aurons à parler pius Quant aux cailloux qui manquent au sable du Rio de la Plata, comme à la plupart des fleuves de la Pampa argenti- ne, et se trouvent seulement dans quelques petits et dans la partie supérieure de leurs cours, voisins des montagnes d’où ils descendent; ils manquent aussi dans les dépôts alluviens de la plaine, mais ils ne sont pas rares dans les dépôts voisins des montagnes et principalement au pied des Cordillères. De même, les chaînes secondaires de l’intérieur de la République et même les petites monta- ones du sud-est de la Pampa, qui forment la chaîne du Tandil avec leur continuation jusqu’à l’Océan Atlantique, - sont entourées de couches alluviennes très-riches en cail- loux. On en trouve de différentes grandeurs, dans toute la profondeur de la couche, jusqu’à la couche diluvienne, et même s’enfoncant un peu dans celle-ci. J'ai étudié ces grands dépôts, principalement dans les environs de Men- doza et de Catamarca,et je les ai trouvés dans ces deux localités de la même composition et nature *. Dans le pre- REP. ARG:—T, IL, 11, 162 COUCHES DES CAILLOUX AUX PIEDS DES MONTAGNES. mier endroit je les ai examinés dans l’escarpement d’un petit ruisseau d’une hauteur de 10 mètres, où les couches les plus profondes n'étaient pas percées jusqu’aux pierres originaires de la montagne voisine. Toute cette couche était formée par un sable fin de couleur grise, très-sem- blable à celui du Rio.de la Plata, renfermant des cail- loux complétement arrondis, depuis la grosseur d'œufs de poules jusqu’à celle de melons et de citrouilles, formés de débris de la montagne voisine et accumulés les uns sur les autres, séparés par du sable, sans s'unir en une masse dure. Le lit même du ruisseau se composait de cailloux semblables et laissait soupgonner une profondeur plus considérable de toute la couche. La surface du ter- rain voisin du ruisseau était couverte d’autres cailloux! plus grands mélangés à quelques autres d’un diamètre, énorme, se touchant les uns les autres, petits et grands, et laissant de loin en loin un étroit espace aux petits arbustes et aux. Cactus, qui s'étaient fait une place au milieu d’eux avec leurs racines, sans cependant cacher les grandes pierres répandues sur la plaine inclinée *. | | La couche correspondante, au pied de la sierra d’Ambate dans la vallée de Catamarca, dans laquelle est bâtie la capitale, était composée complétement de la même ma- nière. On avait fait au milieu de Ja place une grande excavation pour en extraire les pierres nécessaires à la construction d’une église nouvelle. Ces pierres étaient prin- cipalement formées de gneiss, d’une forme arrondie, ac- quise par le frottement de l’une avec lPautre dans le long parcours qu’elles y avaient fait, et qui avait en même temps produit un sable fin, aujourd’hui distribué dans les interstices et autrefois partie intégrante de.leur, propre matière. L'eau ‘ descendant des montagnes avait imprimé le mouvement aux débris plus ou moins grands de pier- res qui se detachaient, et le contact entre eux pendant le transport les avait diminués et polis jusqu’à leur donner DES DUNES DANS L’INTERIEUR DE LA CAMPAGNE. 163 leur forme actuelle; peu à peu la force impulsive étant annihildee à l’arrivée dans la plaine, a commencé pour eux la période du repos où ils gisent. Pendant que ces couches des escombres se trouvent seu- lement dans le voisinage des montagnes, nous rencontrons très-loin de leur pied, et en général au milieu de la plaine, une autre formation particulière de la même épo- que. Nous voulons parler des dunes de sables (medanos) qui se présentent assez souvent à côté des grandes lagu- nes, mais aussi dans des endroits où elles n’existent pas, quoiqu'il est vraisemblable qu'il ait existé sinon une la- gune du moins une rivière ou un rivage de la mer. La lutte entre deux forces perpétuellement en activité, celles du vent et de l’eau, produit cette accumulation du sable, jusqu’à une hauteur de 5 à 7 mètres, sous la forme d’une chaîne de petites collines, contrariées par l’opposition de ces deux forces. Les ondulations de l’eau portent le sable du fond à la côte et le laissent tomber là où leur mou- vement cesse; ici le sable est séché peu à peu par Pair et le soleil, sa couche superficielle se change en sable mouvant qui, retenu à sa place par l'opposition du vent du rivage, s’amasse sur la hauteur. Ce phénomène se pro- duit également dans la plaine sèche sablonneuse, si les vents opposés se répètent avec quelque régularité; les vents violents du Sud-Ouest, connus sous le nom de Pam- peros, contribuent surtout à former des collines de sable, qui constituent des barrières quelquefois de plusieurs lieues contre l’action des vents dominants. Sur les bords de la mer, ce sont surtout les vents du Sud-Est qui forment les dunes couvrant presque toute la côte basse de Patago- nie. Il est utile de noter que beaucoup de lagunes sont bordées d’un côté d’une rive élevée, et de l’autre d’une très-basse ; dans ce cas, le rivage haut est généralement celui qui regarde l'Est, et le bas celui qui regarde l'Ouest. J'ai observé plusieurs fois des dunes dans l’intérieur de 164 DÉPOT DE COQUILLES la Pampa; j'en ai fait mention dans mon Voyage, par exemple à propos du lac Tambito (Voy. I, 147) et une autre fois sans lagune au Medano de Gaula (page 357); enfin, tout près du rio Salado, à côté du ruisseau Ciasco ”, dans la province de Buénos-Ayres. Dans cette même province court une ancienne chaîne de dunes parallèle au rio Sa- lado, commençant au nord du fort de Junin, près de Mar Chiquito et continuant dans la direction de la petite ville du Bragado; elle forme un arc concentrique à la cöte de la mer, coupe le rio Salado et semble indiquer une an- cienne côte de l’Océan Atlantique ‘. | | Je fus surpris de trouver sur ces dunes, que j’examinai moi-même, une remarquable végétation de graminées du genre Elymus, que j'avais vue autrefois dans ma patrie, sur la côte Baltique de Poméranie, sur les presqu’iles Darss et Moenkqut ; BrAvarD raconte la même observation (Registro estadistico de Buenos Aires, t. I, p. 16). faite par lui sur les côtes de France; il parle très en détail de leur nature et en tire quelques conclusions sur la formation de la Pampa, qui me paraissent trop hypothétiques pour m’y arrêter. | be En même temps que du phénomène des dunes, il me semble opportun de parler des accumulations de coquil- les à l’embouchure des grands fleuves et sur les rives in- férieures plus ou moins distantes des côtes de la mer. Ces anciens dépôts ne forment pas une couche simple, mais un assez grand lit de dépôts successifs, qui appar- tient sans doute à l’époque dernière des alluvions, mais formé longtemps avant le siècle actuel. La plupart des coquilles sont cassées et toutes plus ou moins décompo- sées à la surface; elles apparaissent à différents niveaux, par couches, avec intercalation de sable des alluvions, les plus inférieures déposées sur des bancs diluviens ou sur des anciennes collines d’alluvions. On emploie actuelle- ment ces couches de coquilles mêlées avec le sable pour DE BELGRANO ET PUENTE CHICO. 165 couvrir les allées de nos promenades ; aussi est-il facile d'en étudier fréquemment la nature. J’ai fait un examen attentif d’un gisement de cette sorte, à demi-hauteur de Pescarpement, à Belgrano, village situé à deux lieues au nord de Buénos-Ayres, à environ dix mètres au-dessus du niveau ordinaire du fleuve voisin, et j’ai trouvé presque exclusivement des débris de l’Azara labiata, mélangés avec _ quelques cailloux très-petits de la grosseur des petits pois, avec çà et là d’autres débris très-diminués des huîtres, ayant ses angles aigus peu arrondis, et des autres mor- ceaux semblables de coquilles marines que je n’ai pu dé- terminer (*). Dans un autre endroit, au sud de Buénos-Ayres, nommé Puente Chico, auprès du chemin de fer de Quilmes, on trouve mêlées avec l’Azara labiata le plus souvent des _ coquilles marines des genres Cardium et Venus, qui prou- vent que la mer se rapprochait davantage de cette localité à l’époque où se formèrent ces dépôts, sans que cepen- dant il faille poser en principe que l’Océan ait une in- fluence directe sur ces dépôts ; et même, les couches de coquilles étant alternées avec des couches de sable d’al- luvion, nous avons la preuve du concours prêté par le fleuve à l'Océan pour la formation de ces gisements. Ils ont une étendue assez limitée et dépassent rarement une centaine de pas (**). On a trouvé les mêmes coquilles de l’autre côté du Rio (‘) BRAVARD a donné, page 25 de ses Observations géologiques sur la plaine de Buenos-Ayres (1857 et 1858), une liste des coquilles qu’il dit avoir trouvées dans la même localité, mais il va trop loin quand il donne ces coquilles comme parfaites; je n'y ai vu, pour ma part, que des débris presque méconnaissables. (**) Tout dernièrement, M, LEONARDO PEREYRA, propriétaire d’une grande estancia située entre Quilmes et Ensenada, où la même couche d’Asara labiata existe en continuation à Puente Chico, m'a apporté des ossements d’une baleine enterrée ‘ dans cette couche, entre les coquilles, et sans doute de la même époque. On a trouvé le crâne, dont l’occipital avait la largeur d’une vare et demie, et on m’a apporté une partie du rocher bien conservée. Il semble que le squelette entier est en place. 166 DEPOTS PLUS A L'INTÉRIEUR DE LA PROVINCE. de la Plata, sur la côte de la Bande Orientale, où elles ont été examinées par SELLOW, D’ORBIGNY et Darwin (Voyez mon Voyage, tome I, page 83). Plus au Sud, à Bahia Blanca, Darwin a parlé d’un dépôt semblable, formé principalement de coquilles marines, et »’ORBIGNY en a examiné un plus au nord de la rivière Paranä, près de San Pedro, unique- ment composé d’Azara labiata (Voyez son Voyage, tome II, part. 3, pages 13 et 259; part. 4, pages 161 et 172) 7. Ce dernier dépôt se trouve actuellement à une hauteur de 20 mètres au-dessus du niveau régulier du fleuve, quand le dépôt semblable de Belgrano ne se trouve pas à plus de 8 à 9 mètres du même niveau. On doit donc admettre que le fleuve a beaucoup creusé son lit pendant l’époque alluvienne, et d’une façon plus marquée encore dans les parties supérieures de son cours que dans les parties infe- rieures, rendant ainsi la baie du Rio de la Plata plus basse, et changeant, à travers les siècles, l’eau saumätre en douce: Le même fait est démontré par les dépôts de coquilles éloignés de la rive actuelle du fleuve, sur les parties basses du terrain qui, dans quelques endroits, comme à Puente Chico, entre Buénos-Ayres et Quilmes, se présentent avec le caractère d’anciens creusements de la côte ; l’eau de mer doit avoir été en contact avec les endroits où les coquilles sont déposées, aucune autre force que le mouvement des vagues contre la terre ne saurait, en effet, les avoir trans- portées là. Sans doute, il ne faudrait pas aller jusqu’à déclarer que la mer était très-profonde dans ces parages, entre Quilmes et Colonia del Sacramento, mais l’on peut assurer que l’eau saumâtre, qui aujourd’hui ne dépasse pas Montevideo, s’étendait alors jusqu'aux lieux, au-dessus de Buénos-Ayres, où l’on trouve des dépôts semblables de co- quilles. L’aspect même et le genre des dépôts prouvent aussi que ces coquilles ne vivaient pas ici longtemps, et de son côté, leur état de décomposition, qu’elles ont été trans- portées déjà mortes au dépôt, et ont été roulées par les OPINIONS SUR L’AGE DES DEPOTS. 167 vagues, perdant peu à peu quelques parties calcaires de leur surface, aujourd’hui mêlées avec le sable qui les ac- compagne, et même exposées à l'influence de Pair et du soleil pendant la marée basse, quand les flots laissent la rive à découvert. D'un autre côté, l’épaisseur des couches, assez considérable, prouve encore que la formation des bancs de coquilles n’a pas été l’œuvre d’un court ‘espace de temps, mais qu'au contraire des siècles ont travaillé à leur accu- mulation. _ Quant à l’époque où se sont formés ces bancs de coquil- les, Popinion des observateurs diffère. Quelques-uns, comme Darwın, croient qu'ils appartiennent à l’époque diluvienne et sont contemporains des grands mammifères éteints, en- terrés dans le dépôt de ces formations. D’autres, comme D’ORBIGNY et Bravar», regardent ces bancs coquillifères comme des productions d’une époque particulière entre la diluvienne et l’alluvienne, denommant exclusivement ces couches diluviennes et conservant pour la grande forma- tion antérieure le nom de formation quaternaire ou post- plhiocène. Mais il me semble que ces distinctions de déno- minations n’ajoutent rien à l’intelligence des phénomènes; personne ne met en doute que ces couches coquilliferes ne soient. plus anciennes que les alluvions modernes et plus récentes que les véritables couches quaternaires. Je suis done d’opinion de considérer les couches coquillifé- res comme les plus anciens dépôts alluviens, principale- ment quand je remarqué que ces couches de coquilles sont mêlées dans leur étage inférieur avec la marne rouge diluvienne et dans leur supérieur avec le sable gris des al- luvions modernes, comme on le voit clairement dans le dépôt de Belgrano. Il est évident qu’à l’origine de ces dépôts, l’eau de mer, qui apportait les coquilles, arrivait jusqu’à la couche diluvienne supérieure et que peu à peu le fleuve lui a aussi laissé son sable au même endroit, mélangeant ainsi son propre dé- 168 ILS SONT DE L’EPOQUE ALLUVIENNE. pöt de sable aux couches supérieures des coquilles, et arri- vant ainsi, par cette couche de sable accumulée, à empé- cher le contact de l’eau de mer avec le dépôt diluvien. Darwin émet la même opinion sur les couches de la baie de Bahia Blanca près de la Punta Alta ( Geolog. observ., page 83), quand il deerit comment les cailloux et le gra- vier des alluvions (C) se sont déposés dans les fissures superficielles de la couche rouge diluvienne (B), et com- ment une formation s’est insensiblement substituée à une autre. | L'identité d'époque de ces dépôts coquillifères avecles allu- vions se démontre aussi par l’identité des organismes que l’on y rencontre: les coquilles appartiennent à des espèces vivant encore dans le voisinage. Je crois que la formation de ces gisements est contemporaine des dépôts de coquilles mari- nes sur les côtes du Chili, et que celles-ci doivent leur niveau actuel à une élévation progressive du sol, les nôtres provien- nent des mêmes causes. J’ai examiné personnellement un dépôt moderne près de Caldera, port actuel de Copiapé (Voyage, tome II, page 304), et j'ai pu facilement me rendre compte de la grande ressemblance des deux phénomènes (*). Il faut admettre que, si les dépôts chiliens appartiennent à l’époque actuelle, ce qui est l’opinion générale, les dépôts similaires de la côte orientale de l’Amérique du Sud sont de la même époque, puisqu'il n’existe pas de différence notable entre les deux. Il semble très-vraisemblable que non — seulement la côte du Chili, mais même la côte de Patagonie jusqu’à l'embouchure du Rio de la Plata, se soient élevées pendant la période historique; cette der- nière à un degré moindre. Ilest probable que les mêmes forces ont produit les mêmes phénomènes sur les deux côtes de l’Amérique, et il me semble que telle est aussi (‘) Comparez sur ces couches chiliennes l’exposition de DomEYKo dans les Anales de la Universidad de Santiago de Chile. Mars 1862. TERRAIN DE BAHIA BLANCA. 169 l’opinion que Darwin a indiquée dans son Voyage, tome I, chap. 9. M. Aususte BravarD, qui a fait en 1856 une exploration scientifique de la baie de Bahia Blanca et a publié en 1857, à Buénos-Ayres, en s’appuyant sur les observations de D’ÖRBIGNY et DarwIN, une carte géognostique de cette région, a déposé dans nôtre Musée public une collection de pierres et de pétrifications trouvées dans les couches examinées par lui. J'ai comparé ces échantillons avec ceux que j'ai moi-même rapportés du rio Salado, et n’ai trouvé aucune différence remarquable entre les deux régions. L’habile observateur a indiqué dans sa carte, immédiatement au- dessous des dunes qui couvrent les bords des plages basses, cinq couches différentes, donnant ensemble une épaisseur de deux à cinq mètres, suivant les endroits. La couche supérieure, sous la couleur jaune, est de la même composi- tion que le sable gris que j'ai trouvé comme couche su- perficielle du terrain voisin du rio Salado, avec un mélange de coquilles fluviales ; Darwin l’a signalée dans ses coupes avec D.— Dans la carte des perforations de Barracas, pu- bliée dans l’Atlas de Marrın oe Moussy, planche XXI, cette couche est d’une épaisseur de 8,02 mètres. Elle correspond au dépôt actuel du Rio de la Plata et à la terre végétale des pampas aussi bien que des forêts; à Bahia Blanca, elle semble contenir un peu plus d’argile que dans le reste de la province de Buénos-Ayres. L’épaisseur considérable qu’elle a à Barracas, et que denonee la perforation, provient sans doute de conditions locales; elle me semble indiquer que cette localité a été, au commencement de l’époque actuelle, un bassin que les alluvions du fleuve ont rem- pli peu à peu jusqu’à la hauteur actuelle. Le petit ruisseau voisin, le « Riachuelo », a lui-même contribué pour sa part au remplissage, produisant dans les temps anciens, à son embouchure, des ensablements qui, avec les siè- cles, se transformaient en îles, comme cela se produit 170 ILES DE L’EMBOUCHURE DU RIO PARANA. actuellement à l’embouchure du Paranä et des autres ri- vières qui aboutissent au Rio de la Plata. Dans les dépôts de ces îles on trouve assez souvent, à côté d’objets ayant appartenu aux Indiens du temps avant la conquête, des osse- ments d'animaux actuels et entre autres des ossements de baleines; un squelette complet de ce cétacé a même été trouvé, à un demi-mètre au-dessous du sol, enveloppé de racines des grands saules qui couvrent les rives de ces iles ®. Ces restes démontrent que la baie du Rio de la Plata était plus profonde au temps, où les baleines y sont venues échouer ; car aujourd’hui, où ces animaux entrent encore quelquefois dans cet estuaire, poussés par les gros temps, ils ne peuvent flotter que jusqu’à quelques lieues au-dessous de Buénos-Ayres, mais d’aucune manière jusqu’au delta du rio Paranä. Les cinq grandes baleines que j’ai vues échouées en 14 ans de séjour, ont été trouvées au-dessous de Buénos-Ayres, sauf une très petite, en face de Belgrano, Il est donc possible d’affirmer que la partie supérieure de la baie était autrefois plus profonde, et que depuis lépo- que, presque contemporaine, où les baleines remontaient jusqu’au Paranä, le fond s’est élevé d’une façon remar- quable. On doit supposer que ces modifications se produi- ront à l’avenir dans le même sens, et que les bancs exis- tant actuellement vis-à-vis de Buénos-Ayres se changeront, avec les siècles, en îles couvertes d’arbres, laissant devant la ville un faible courant d’eau entre les îles ainsi formées et la terre ferme où est bâtie Buénos-Ayres. Les quatre couches situées au-dessous de la couche su- perficielle que Bravarn a teintes en vert dans sa carte de Bahia Blanca, sont des dépôts marins, comme le prouve la quantité des coquilles marines qu’elles contiennent ; par cette raison même, ces coquilles ne se trouvent pas dans les terrains bas des fleuves et des marais anciens de l’intérieur de la Pampa. La couche la plus rapprochée de la super- ficie, parmi ces quatre, se compose d’un gros gravier mêlé COUCHES MARINES A BAHIA BLANCA. 171 de chaux, provenant des coquilles triturées par le mouve- ment des vagues de la mer disparue. La seconde se com- pose d'un sable plus pur, contenant des restes d’ossements d'animaux terrestres, transportés dans cette couche par les _ courants d’eau douce et lavés de la formation plus ancienne diluvienne. On y a trouvé, par exemple, des restes de Mega- therium, Mylodon et Scelidotherium, qui ont été transportés d’une couche diluvienne. La troisième couche et la qua- trième ont été autrefois des dépôts marins; la troisième est presque exclusivement composée de coquilles, et l’autre est une marne sablonneuse formée des premiers dépôts de sable marin, mêlés avec la superficie des couches argi- leuses diluviennes, ce qui fixe la date de ces dépôts et les dénonce comme contemporains des couches inférieures des bancs coquilliferes, existant sur les bords du fleuve Paranä et de l'estuaire du Rio de la Plata. | Je n’ai aucun doute sur la contemporanéité de ces deux dépôts. Bravarp, dans sa carte, les a nommés couches di- luviennes, et remarque qu’il a trouvé dans les quatre, mêlés entre eux, des organismes d’eau douce et marine, la plupart identiques avec les espèces actuelles; il déclare en même temps que les ossements des grands animaux terrestres sont transportés de couches plus anciennes et ne sont, par conséquent, pas contemporains de la formation des couches. Darwın a émis une autre opinion; il croit que les coquilles marines et les ossements des animaux terrestres sont contemporains (Géol. observ., page 86), et combat l’opinion opposée de n’OrBieny, acceptée par Brava. Mais, d’après les preuves palpables déposées par celui-ci dans notre Musée, je m’associe à l’opinion des deux sa- vants français, d'autant plus que Darwin lui-même concède que ces couches marines de la côte sont contemporaines des autres de l’intérieur du pays contenant l’Azara labiata en quantité majeure. En ce cas, les couches sont évidem- ment les couches inférieures des alluvions, non-seulement 172 FORMATION DILUVIENNE. plus jeunes que les diluviennes, mais encore les premières de l’époque actuelle. Que les dépôts coquillifères ne se trouvent pas partout, cela est naturel et provient de leur origine marine ; de même les cailloux se trouvent dans le voisinage des montagnes °. Pour compléter notre description de l’époque alluvienne, il faudrait nécessairement parler des salines, que nous avons décrites dans la partie géographique (tome I, page177); mais nous preferons en faire l’examen dans le chapitre suivant, où nous aurons à parler du caractère salé du fond de cette époque; notre exposé viendra alors à sa vraie place. III FORMATION DILUVIENNE, DITE QUATERNAIRE OU POSTPLIOCENE La configuration generale de la plaine argentine et son extension ne sont pas dans une corrélation aussi étroite avec la couche superficielle du pays, que nous avons dé- crite dans les pages précédentes, qu’avec la formation in- férieure à cette couche qui atteint une épaisseur de 10 ou 20 mètres au moins, pouvant s’augmenter çà et là jus- qu’a 40 ou 50 mètres. Cette formation, que nous nom- mons diluvienne, parce qu’elle nous semble contempo- raine de la même formation dans l’ancien hémisphère, s'étend sur toute la partie centrale et boréale de la Ré- publique, et se termine entre les 35 et 38° degré de lati- tude sud, qu’elle dépasse même près des côtes de lOcéan Atlantique ‘*. Si on trace sur la carte une ligne de l’em- bouchure du rio Quequen Grande au volcan de Maypü, on indique assez exactement les limites méridionales de la for- mation ''. L'aspect général de ce gisement, auquel »’OrBıcnY a donné le nom de Pampeen, et que Darwin appelle Zhe COMPOSITION DE LA MASSE. 173 pampean mud, est celui d’une marne jaune-rouge, plus ou moins grisätre, contenant tantöt plus de sable, tantöt plus d’argile et de la chaux; cette dernière matière domine dans quelques endroits à tel point qu’elle forme des concré- tions presque pures, imitant des branches ramifiées, ou même des dépôts durs-massifs, en bancs, connus dans le pays sous le nom de £osca. Traité par des acides, ce sable dénonce par l’effervescence produite la présence de la chaux, mais sans qu'il soit possible de la trouver isolée du sable et de l’argile. | Un examen plus minutieux au microscope indique bien- tôt de petites graines, semblables à des parcelles transpa- rentes de quartz, et d’autres grains noirs assez nombreux, mêlés tous à une poudre fine jaune-rouge plus abondante, . qui constitue la masse matérielle fondamentale, contenant les autres grains. Les parcelles blanches de chaux sont plus rares et difficiles à reconnaitre, quoique l’efferves- cence au traitement d’un acide en démontre la présence. Les deux autres parties de quartz et d’argile semblent être en quantités égales, mais comme les morceaux de quartz sont plus grands que ceux d’argile, le nombre seul des premiers est inférieur à celui des molécules d’argile. Darwın dit dans ses Observ. geol., page 77, qu'il n’a Jamais trouvé de grains de chaux indépendants dans la masse, mais cette différence d’observation provient sans doute de la différence des lieux où elle a été faite; j’ai toujours noté une effer- vescence quand j'ai traité l'argile d’alluvion avec l’acide sulfurique. Bravarn a essayé de démontrer la relation entre les deux substances principales, mais il a pu se convain- cre qu’il n'existait aucune fixité dans cette relation; tantôt le sable domine et tantôt l’argile, et dans le même lieu on trouve les plus grandes variations, soit que trois parties de sable soient mêlées avec une partie d’argile, ou deux parties d’argile avec une partie de sable. Enfin, on trouve des endroits où le sable est presque pur et la masse, par 174 PRÉSENCE DE LA CHAUX. conséquent, plutôt grise que rouge. Les petis grains noirs sont du fer, car l’aimant les attire et sous la flamme du chalumeau ils se changent en verre noir. On peut supposer qu’ils sont des restes de roches augitiques, comme les par- celles d’argile de roches feldspathiques, la décomposition des anciens rochers plutoniques et métamorphiques des mon- tagnes ayant formé toute Ja couche diluvienne. BravarD prend les grains noirs pour du fer titanique, et cette dénomination me semble assez exacte; cependant, il n’est pas possible de dire avec certitude si tous sont de la même sorte. Très-vraisemblablement, les figures den- dritiques et les tâches noires, qui se trouvent sur les grands ossements fossiles dans les couches diluviennes, sont dues a la décomposition de cette substance noire en quantité considérable ; il me semble que c’est plus probablement un oxyde de manganèse '?. è Quoique la chaux soit contenue en quantité moindre dans la masse, elle constitue dans quelques endroits des dépôts particuliers. Aussi, voit-on très-souvent des concré- tions calcaires dans la masse, soit en forme de ramifica- tion, soit en petites boules de la grosseur d’un pois ou d’une noix. Cette chaux n’est pas pure, mais bien mêlée avec du sable et de l'argile, et par cela même plus ou moins jaunâtre, contenant même souvent des figures dendritiques noires. Les bancs durs, en bosse, que lon nomme dans le pays tosca, sont les plus riches en chaux. Dans quelques endroits, comme par exemple dans le Rio de la Plata, près de Buénos-Ayres, ces bancs forment de véritables roches; ils s'étendent aussi en couches planes d’une grande surface entre le Tandil et l’Azul. De même que dans les précédents, la chaux dans ces bancs n’est pas pure, mais mélangée avec de l’argile et fournit un bon élément pour la fabrication de la chaux hydraulique ; on a essayé déjà l’application de celle-ci dans les constructions d’art. Cette couche a toujours une couleur plus claire que la vraie RESTES ORGANIQUES DANS LA MASSE. 175 marne diluvienne et une consistance plus dense, se rappro- chant de celle de la tosca. | - Jai vainement cherché au microscope des restes orga- niques aussi reconnaissables que les caratales silicieuses des Diatomées, ou les étuis calcaires des Foraminifères. Cependant Darwın dit que dans les morceaux de terrain diluvien de Bahia Blanca, qu'il avait envoyés à Berlin pour être soumis à l'examen du célèbre microscopiste EHRENBERG, ce savant a trouvé 20 espèces de petits organismes dont 17 d’eau douce et trois de mer. Il déduit de cette obser- valion que ce dépôt a dü se former dans un grand es- tuaire, où se jetait l’eau douce des grands fleuves. Mais cette hypothèse ne peut s’adopter à toute- la formation, qui s'élève sur les montagnes de l’intérieur du pays jus- qu'à une hauteur de 1700 mètres, et se trouve en Bolivie à Tarija même à une hauteur plus grande. Une formation d’une telle étendue ne peut pas s'être formée dans un estuaire, mais seulement dans une mer ouverte, et si elle était un dépôt marin, on devrait trouver dans les couches beaucoup d'organismes marins, qui manquent compléte- ment dans l’intérieur du pays et se trouvent aussi très- rarement tout près des côtes actuelles. L’absence de ces organismes nous oblige à tenir les couches diluviennes pour des dépôts d’eau douce, comme le sont celles d'Europe et à déclarer même douteuse la coopération des grands fleu- . ves, vu le manque d’animaux d’eau douce. Les rares or- ganismes trouvés par EHRENBERG ne prouvent pas autre chose qu’une singularité locale, qui peut même se répéter dans d’autres endroits, et l’influence de la mer dans quel- ques ‘parties près des anciennes côtes, mais ils ne permet- tent pas de baser sur cette seule circonstance une con- clusion générale sur la formation des couches dans leur universalité. Dans les concrétions calcaires pas plus que dans la tosca je n'ai trouvé aucun vestige des Foraminifères, qui sont 176 MANQUE DES FORAMINIFERES ET DES COQUILLES. généralement assez abondants dans toutes les couches cal- | caires marines. La osca est, de même que les concrétions ramifiées, un mélange de petites: particules calcaires amorphes, mêlées avec un peu de sable et quelques points noirs ou jaunes de fer ou d’argile; elle se formait aussi mecaniquement et non pas par cristalisations d’une solu- tion calcaire, ni par le depöt de cailloux calcaires d’une formation plus ancienne. La tosca est un produit épigéné- tique, qui se formait dans le dépôt d’après sa précipitation, principalement de la décomposition des montagnes plus anciennes, dont quelques-unes sont très-riches en couches calcaires, comme nous le verrons plus tard. L'action mo- léculaire, qui déjà dans ces dépôts commençait à s’exercer, a réuni çà et là les atomes les plus égaux, et sous cette même influence se sont formées des concrétions calcaires, mieux préparées pour cette réunion que les autres matières. Dans quelques cas fort rares on trouve dans la tosca des cavités quelquefois remplies d’eau, dans lesquelles jai aussi trouvé des petits cristaux de carbonate de chaux. Darwın remarque que lhabile observateur, le docteur CARPENTER, a trouvé dans la {osca des vestiges des coquilles et des Foraminifères (Geolog. observ. page 77). Averti par cette observation, j’aı soumis plusieurs fois de la tosca à l'examen du microscope sans jamais y trouver aucun reste d'organisme. Je ne peux donc partager la déduction de Darwin, que la tosca ait été formée par la décomposition de l’enveloppe calcaire d’animaux de ce genre. Je ne crois pas qu’une observation aussi individuelle soit suffisante pour servir de fondement à une théorie, et je dois insis- ter sur mon opinion, que la décomposition des nombreu- ses couches de chaux dans les roches anciennes des mon- tagnes de l’époque métamorphique ou azoïque a recouvert de chaux celle de la formation diluvienne ‘. Cependant, même en renonçant à prouver l’existence des coquilles marines ou de Foraminifères dans les couches INDICATION DES CORALLINES. 177 diluviennes, et en déclarant que l’existence de la chaux dans ces couches provient de toute autre cause que des résidus de ces animaux, nous ne pouvons nier absolu- ment qu'on trouve des restes d'animaux marins ca et là dans la formation. Un jeune savant du pays, M. Moreno, ma montré de grands morceaux d’une coralline du genre _ Astraea, trouvés à San Nicolas à une profondeur de 1 mètre 80 à 2 mètres, en faisant les excavations nécessaires aux fondations d’une maison. Des morceaux mesuraient 20 centimètres de largeur à 30 de longueur, avec la construc- tion radiale de l’intérieur, commune à toutes ces boules corallines, appartenant évidemment à une grande masse hémisphérique cassée, couverte de marne diluvienne. Ils ne sont pas frais, mais en demi-decomposition, conservant à leur surface naturelle les cellules des polypes presque intactes, mais roulées dans la surface cassée. Les différents morceaux appartiennent à deux espèces d’une grandeur inégale; le morceau plus petit a des cellules plus grandes, de 7 millimètres de diamètre, le plus grand appartenait à une demi-boule à peu près d’un mètre de diamètre, mais les cellules polypifères n’ont pas plus de trois milli- mètres de diamètre. Ce morceau est mieux conservé et assez frais; dans le plus petit existent de grands trous de pholades, qui ont percé la masse en diverses directions. Mais aussi, dans ce morceau, les cellules de la surface naturelle sont assez bien conservées '*. On ne sait d’où sont venus ces morceaux, car ils n’ont pas les caractères d’une formation sur place, et il n’existe pas de formation antérieure dont ils aient pu se détacher. Parmi les autres objets étrangers à la masse diluvienne même on peut mentionner, comme très-généralement ré- pandues, les trois catégories suivantes : 1° Des cailloux et des couches de gravier ; 2° La présence d’une grande quantité de différents sels dans la masse terreuse ; REP, ARG.— T, Il. 49. 178 CAILLOUX ET GRAVIERS DANS LA FORMATION 3° Beaucoup d’ossements des grands mammiferes terres- tres éteints. Les cailloux et les couches de gros graviers sont aussi rares dans la formation diluvienne que dans l’alluvienne ; la plus grande partie du terrain de la République est un simple mélange de particules fines de sable et d’argile dé- crites plus haut, sans variation remarquable et sans vé- ritable arrangement, en étages séparés. Mais, dans quel ques endroits, on trouve de petites couches de cailloux, telles que je les ai notées dans mon Voyage (tome II, page 87). Cependant, dans la province de Buénos-Ayres, de telles couches sont très-rares, il n’en existe pas tout près de la capitale. Bravarp ne les avait trouvées nulle part pendant ses nombreuses recherches d’ossements fossiles aux environs de la ville ; il en a tiré cette conclusion assez étrange, que tout le dépôt diluvien est un produit atmos- phérique des grandes dunes accumulées par les vents. MM. Heusser et CLARAzZ ont prouvé que des couches de cail- loux existent aussi dans la province de Buénos-Ayres, où on les trouve au sud du rio Salado, dans le voisinage des chaînes de montagnes du Tandil et de l’Azul, intercalées dans des couches de graviers assez gros. Même tout près de la côte océanique, ils ont trouvé dans les escarpe- ments de la Loberia Grande des cailloux des roches vol- caniques ‘. Dans les autres escarpements très-hauts et à découvert, sur le bord du rio Paranä, depuis Buénos-Ayres jusqu’à Corrientes, on ne voit jamais de telles couches; elles manquent aussi sur les bords du rio Salado, au sud de Buénos-Ayres. Ici les couches sont simplement terreuses et sans aucun cailloux ; le sol est une marne pure, assez argileuse, qui à l’Ouest devient plus sablonneuse, d’après quelques observateurs '°. Mais dans l’intérieur du pays, où cette même formation se présente également abondante, jusqu’à la frontière du Nord et jusqu'aux pieds des Cor- dillères, des couches de cailloux se trouvent assez sou- TROUVÉS DANS L'INTÉRIEUR DE LA RÉPUBLIQUE. 179 vent dans le voisinage des montagnes. Je les ai observées le premier dans les escarpements du rio Segundo ( Voyage, tome II, page 52) pendant ma visite à Cordova en 1859. Là jai vu plusieurs couches de cailloux l’une au-dessus de Pautre, à peu de distance, les morceaux de la grosseur d'une noix jusqu’à celle d’un œuf, quelques-uns formés d’un quarz blanc, quelques autres de différentes roches pluto- niques, tous mêlés avec la marne jaune-rouge diluvienne, et les couches séparées entre elles par des couches pures de marne d’une épaisseur variant d’un demi-pied jusqu’à un pied. Plus tard, j'ai répété la même observation dans - là vallée de la Punilla, entre les deux chaînes de la sierra. En traversant un chemin profondément encaissé dans le sol, je trouvai exactement le même arrangement dans ces es- carpements. Dans le fond d’une excavation du sol creusée par la pluie, que les habitants nomment ici cometierra, je trouvai la carapace d’un Glyptodon, et comme mes ouvriers S’oceupaient à le tirer de la terre, j’examinai les couches voisines diluviennes avec leurs cailloux et je reconnus assez clairement des débris roulés des montagnes voisines. Je pus me convaincre alors que la plupart des cailloux n'avaient pas été longtemps en mouvement, puisque leurs coins étaient pas tous arrondis, mais seulement superfi- ciellement ronds, imitant plutôt la figure irrégulière de petites pommes de terre que de boules régulières. Cette forme anormale prouve que le chemin du transport de ces cailloux n’était pas très-long, ou que la force qui les trans- portait était très-faible (Voyez mon Voyage, tome IT, page 87). De toute manière, restent prouvés la présence des cailloux dans la formation diluvienne et le fait que la matière qui les compose a été transportée par l’eau, et que les monta- gnes voisines ont fourni la substance pour la formation aussi bien des cailloux que de la vase. Si l’on examine que cette vase est presque pure dans la province de Buénos- Ayres et contient des cailloux seulement aux environs des 180 CONCLUSION A FAIRE petites montagnes du Sud, on se trouve involontairement convaincu, que des cours d’eau ont transporte, d’une hauteur plus considérable, ces matériaux à leur place actuelle, et qu'ils s’y sont immobilisés, quand l’eau perdit la force de les mouvoir, au moment où elle arrivait dans la plaine horizontale, se jetant probablement dans une baie plus éloignée ou dans l’Océan même. Nous tirons la même démonstration de l’uniformité gé- nérale de la vase diluvienne et du peu de différence qu’on y trouve. L'égalité générale du produit prouve que toujours les mêmes forces étaient en activité, que jamais ces forces ne se sont accrues pendant des périodes prolongées, qu’un progrès uniforme s’est continué pendant toute la formation. Quoique la grande épaisseur du dépôt prouve que sa forma- tion exigea un temps fort long et que, par conséquent, des couches plus anciennes et plus jeunes existent dans toute sa masse, on ne saurait noter des différences importantes dans les couches des différents âges : de la surface jusqu'aux couches inférieures, règne la même marne rouge- jaune, tout au plus un peu diversifiée par les différentes quantités de sable et d’argile, mais sans l’apparence de couches vé- ritablement distinctes. Si l’on remarque, comme nous l’avons établi, que le sable domine dans ia partie occidentale de notre province, et l’argile dans la partie orientale, ce phé- nomène s'accorde merveilleusement avec notre théorie sur l’accumulation du dépôt à Buénos-Ayres. Car le sable, plus fort que les particules plus fines d’argile, a un poids plus grand et doit tomber le premier, quand le mouvement de Peau s’arrête. Sur la même loi est fondé le manque de cailloux à Buénos-Ayres : la force de l’eau coulant à cet endroit avait perdu depuis longtemps la force de trans- porter des morceaux si grands, et les avait laissés dans les parties plus élevées occidentales du terrain actuel, dans le voisinage des montagnes. Cette force même n’était pas con- tinue, elle s’augmentait un peu de temps en temps, et cette | INCLUSES DE SELS DANS LA FORMATION 181 augmentation temporaire occasionnait Palternative des cou- ches purement terreuses et des couches de cailloux. L’al- ternation des couches est une preuve évidente, que quelques petites variations ont eu lieu aussi pendant toute la for- mation du dépôt, en général si homogène ‘7. … Les mêmes causes ont produit les alternations de sable et d’argile contenues dans les couches ; les variations de la force motrice de l’eau courante les ont seules occasionnées. Cette eau, coulant peu à peu plus lentement, laissait tomber le sable et transportait seulement l'argile plus loin; sa force, venant à s’augmenter, le sable était de nouveau mis aussi en mouvement. Cette différence de force dépen- dait de l’augmentation de la quantité d’eau, plus capable alors de mouvoir un poids plus grand. Quand la crue cessait, l’eau perdait de nouveau une partie de sa force, laissant tomber les pierres.et les graviers, ne transportant plus que le sable et les plus fines parcelles d’argile. Ces crues se répétant de temps en temps, à la suite de fortes pluies, se répétaient aussi les effets. Ainsi s’explique la variété des matières diluviennes, provenant simplement de la variabilité de toutes les forces terrestres qui les met- taient en mouvement. La seconde catégorie des matières incluses dans les cou- ches diluviennes se compose d’autres dépôts durs, qui ne sont pas transportables à une grande distance. Ce sont des bancs ou des couches secondaires de carbonate ou de sulfate de chaux cristallisée. Ils se trouvent généralement circonscrits dans des limites assez étroites, qui se mani- festent déjà par ce premier caractère, qu’ils existent en pe- tite quantité, semblables à des formations subordonnées et épigénétiques. Il me semble qu’il a dü exister des lagunes anciennes, qui se sont desséchées avec le temps, laissant _ sur les fonds des sels, jusque-là en suspension dans leur eau. Dans cet ordre d'idées, je me rencontre avec Bravarn, qui a observé une couche de sulfate de chaux près de la 182 INDIQUANT DES ANCIENNES LAGUNES rivière de Matanzas, aux environs de Buénos-Ayres, et avec MM. Heusser et CLaraz, qui citent des géodes calcaires, mê- lés avec du plâtre, dans les escarpements du cap Corrientes; renfermant, dans quelques cas, des cavités pleines d’eau, ancien agent de la formation des cristaux. Nous avons, dans notre Musée public, provenant de la rivière de Ma- tanzas, de grands cristaux sous la figure bien connue des jumeaux hémitropiques, nommés fer de lance, et nous sa- vons que les habitants des environs emploient ce plâtre à blanchir l’intérieur et l’extérieur de leurs maisons. La similitude générale de ces dépôts cristallisés nous engage à parler ici, plus en détail, de la formation et de la qualité des lagunes, que nous avons décrites, comme très-communément répandues dans toute la province de Buénos-Ayres, tome I, page 160, seq. | Nous avons expliqué que l’imperméabilité de la couche diluvienne pour l’eau atmosphérique tombée sur le sol, est la cause de l’existence de ces lagunes dans les faibles ondulations de la surface de la campagne ; que de la même manière se formaient les parties marécageuses du terrain, appelées dans le pays cienegas, cañadas et bañados, et que ces dépôts alimentent les sources de nombreux pe- tits ruisseaux qui sillonnent le sol de la province de Buénos- Ayres. Par son imperméabilité la couche diluvienne devient la cause de toutes les eaux stagnantes et courantes de la province, donnant ainsi sa richesse naturelle au terrain qui, sans ces eaux, serait aussi stérile que les plainés occidentales de la République. Il est évident que la cons- titution chimique du sol doit influencer par ses substances solubles l’eau, que ses qualités mécaniques .d’imperméa- bilité ont contribué à arrêter. Les marais ( pantanos), avec leur couche de vase perméable, dans laquelle le roseau et les graminées aquatiques jettent leurs racines, doivent aussi leur formation aux mêmes causes. La vase est une formation secondaire, transportée par les eaux affluentes ORIGINE DES SELS. | 183 avec la pourriture des plantes décomposées, qui, elles non plus, ne pourraient exister sans la couche imperméable inférieure qui retient l’eau sans l’absorber. La pluie étant rare dans la moitié occidentale du pays, les marais y sont rares aussi, faute d’eau pour les former ; l’évaporation du peu d’eau tombée se fait trop vite par suite de la séche- resse générale; cette évaporation elle-même est bientôt trans- portée par les vents dans d’autres régions. Ces circonstances ont amené la formation des salinas, qui occupent le centre de la République : les régions les plus basses, dans une étendue énorme, se sont transformées en lagunes sèches, qui avaient ramassé les eaux contenantles substances solubles du sel en suspension. D’autre part, les terrains nommés salitrales prouvent l'existence de matières solubles évidem- ment en assez grande quantité dans le sol même. En ce qui touche l’origine des substances solubles conte- nues dans le sol argentin, il n’existe aucun doute qu’elles sont des formations secondaires, qui ne se trouvaient pas sous la même forme dans les roches anciennes, décompo- sées pour fournir les matériaux des dépôts diluviens. Elles se sont formées plus tard de la matière de ces roches, faisant des productions nouvelles épigénétiques. Nous savons que la vase fine d'argile attire, il est vrai, assez lentement l’hu- midité, mais aussi qu’elle la retient mieux que le sable très-divisé, et exerce par cela même une attraction sur les sels formés. L'existence de ces sels dans la marne dilu- vienne est démontrée par les efflorescences presque cons- tantes de sa surface près des ruisseaux qui traversent ce dépôt. Généralement, la surface des escarpements du ri- vage est couverte de ces efflorescences de sel blanc ; les cristaux qui la composent sont trop petits pour être dis- tingués à l’œil nu, mais leur existence se révèle au goût, surtout si l’on dissout une certaine quantité de cette marne dans de l’eau. Nous nous sommes antérieurement occupés suflisain- 184 LES DIFFERENTS SELS EXISTANTS ment des salines (tome I, pages 177 et suiv.); nous avons dit leur étendue et leur composition, nous n’avons pas à nous répéter ici. Il suffit d’énumérer de nouveau les diffé- rents sels qu’elles contiennent. Ces sels sont de double qualité : les uns sont sulfates, les autres sont chlorures. Ces deux produits secondaires se forment principalement par la décomposition des roches primitives par l’influence de l’atmosphère, phénomène qui se produit encore de nos jours et sous nos yeux. Les sulfates sont assez généralement dérivés de la décomposition du plâtre, quoique celui-ci semble être aussi un produit secondaire épigénétique du temps de la formation de la marne diluvienne. Les habitants donnent aux terrains mêlés avec le sulfate le nom de salitrales, parce qu'ils croient que le sel contenu est du nitre, que les Espagnols appellent salitre. Mais le sel des salitrales est surtout du sulfate de soude, formé, peut-être, par la décomposition des sulfures métalliques par l’atmophère, s’unissant avec l'acide sulfurique ainsi formé, la soude contenue dans les roches décomposées feldspathiques. La soude a une affinité très-grande avec ledit acide, elle se met en union avec celui-ci et forme ainsi un nouveau sulfate (le sel de Glau- ber), très-commun dans baucoup de districts où les sal- trales sont répandues. De la même manière se forme le sulfate de magnésie ( sel d’Epsom ), généralement mêlé avec l’autre ; les deux sont facilement solubles dans l’eau et par conséquent contenus dans tous les districts salitrales *. Les chlorures peuvent être en partie des produits origi- naires, mais la plupart sont aussi épigénétiques, principa- lement ceux des salines, où ils se déposent de préférence. Car l’opinion, autrefois assez répandue, que ces dépôts de sel sont les restes d’une inondation générale de la plaine des pampas par la mer, est actuellement presque aban- donnée; principalement parce que les alluvions qui ont produit ces bassins salifères sont trop modernes pour LAGUNES AVEC CHLORURE DE SOUDE 185 qu’une semblable inondation générale ait été possible, et Pélévation des couches diluviennes au-dessus du niveau ac- tuel de la mer, atteignant 1500 à 1800 mètres, contribue aussi à détruire cette hypothèse. Les lagunes contenant le chlorure de soude sont plus rares que les sulfates, généralement répandus dans toule la formation ; elles se trouvent principalement dans les ré- gions australes, assez distantes de la côte océanique. Mal- heureusement, je n’ai pu visiter aucune de ces lagunes, mais Darwın en a décrit une, au nord-ouest de El Car- men, au nord du rio Negro ( Voyage, tome I, chap. 4), dont les habitants extraient annuellement le sel pour leur usage et pour en faire même un objet de commerce. Le chlorure de soude se trouve, pendant l’été, à l’état de couche su- perficielle, de 10 à 12 centimètres d’épaisseur, sur le fond de la lagune sèche; mais, pendant l’hiver, l’humidité et. les pluies le dissolvent, la lagune, dans cette saison, étant généralement pleine d’eau. La qualité du sel n’est pas très- bonne, et on le considère comme inférieur à celui des îles du Cap-Vert, où se trouvent des dépôts semblables. Il y a aussi du sulfate de soude, mêlé avec le chlorure, prin- cipalement sur les bords de la lagune, qui pourrait être formé secondairement par la décomposition du plâtre (sul- fate de chaux) assez abondant dans les environs. Les gau- chos ont renversé cette formation ; ils croient que le plâtre et le sulfate de soude ont formé le chlorure de soude et ils nomment le premier le père el le sulfate de soude la mère du chlorure. Plus justement, on devrait aussi dans ce cas admettre la formation simultanée des trois sels de la décomposition des rocs anciens, comme nous l’a- vons indiqué plus haut des autres faits. Quelques observa- teurs croient que le sulfate de chaux est aussi formé épi- génétiquement du carbonate de chaux, contenu dans la marne diluvienne, déduisant l'acide sulfurique de la dé- composition des substances organiques du sol. Mais la 186 THEORIE DE LA FORMATION DES SELS préexistence du plâtre, simultanément avec le carbonate de chaux me semble plus vraisemblable, car il se montre à côté du carbonate dans toutes les eaux courantes et même dans les puits artificiels. Cetté grande quantité de sels contenue dans je sol de la République Argentine appelle l’attention de l’observateur, et il se demande, non sans étonnement, non-seulement d’où sont sortis les sels, mais aussi comment ils me s’epuisent ou ne diminuent pas, depuis tant de siècles écoulés. Quant à leur origine, nous avons déjà donné notre opinion plus haut, et nous ne voulons pas revenir: «ci sur ce que nous avons dit de leur origine épigénétique. La décomposition des roches anciennes fournissait les ma- tériaux, et la condensation de l’humidité atmosphérique les transportait et les distribuait. Admettre, comme le fat - D’ORBIGNY et en partie aussi Darwın, que la mer 's’dtendait encore sur toute la plaine Argentine, au temps de la for- mation des depöts diluviens, c’est ne pas tenir compte des phénomènes déjà indiqués antérieurement. Si les couches diluviennes se trouvent encore à une hauteur de 1500 à 1800 mètres, même sur le plateau central bolivien, il faudrait donc déclarer que presque toute l’Amérique meridionale se trouvait encore sous la mer à cette époque, et cette hypo- thèse extravagante ne S’appuie sur aucune preuve directe fournie par les couches du sol. Il n’est pas possible de soutenir une pareille opinion, si les couches même des dépôts la combattent. Mais si, pourtant, les sels diluviens ne peuvent être considérés sous un autre point de vue que comme dépôts d’une solution aqueuse, et dont le dépôt de la marne, qui les contient, est aussi évidemmentune ancienne vase produite par des eaux courantes, on ne saurait at- tribuer à une autre force, que celle des précipitations d’eau douce de l’atmosphère et des courants de leur masse, Pori- gine des deux phénomènes. (est la seule explication ad- missible d’après ma manière de voir. ANCIENS LACS PREHISTORIQUES 187 Pour approfondir. cette hypothèse et en démontrer la rai- son il faut considérer les excavations centrales de la plaine Argentine, où se trouvent actuellement les salines, comme des lagunes anciennes pleines d’eau pendant l’époque dilu- vienne; mais d’eau douce venue des sommets des montagnes voisines et produite par la condensation, probablement en plus grande quantité que de nos jours, des vapeurs de l’at- mosphère, descendant dans la plaine à l’état de courants plus oumoins violents. Ces lagunes formaient de grands lacs intérieurs, recevant les vases et les sels solubles des courants, qui venaient s’y décharger. Comme ces lacs étaient plus pro- fonds au commencement des dépôts, ils n’avaient pas d’écou- lement vers la mer; la vase s’y accumulait avec les sels, et comme l’affluence diminuait avec le cours des siècles par les modifications intervenues dans la constitution atmosphérique du pays, peu à peu plus semblable à l’état actuel, l’évapora- tion de l’eau augmentait et la production en diminuait, ame- nant ainsi une baisse lente du niveau des lacs. Aussi les sels restaient-ils dans la vase, et le lac devenait un vaste marais. Si ces lacs eussent eu un écoulement continuel, les sels ne se fussent pas déposés sur leur fond ; l’eau en s’écoulant les aurait transportés dans l’Océan, comme cela se produit à présent dans les Rios Salados du pays, et peu à peu ces sels eussent disparu ; mais faute d'écoulement de l’eau ils restaient dans le fond tels que nous les trouvons aujourd’hui, et leur existence prouve que l’écoulement de l'eau a fait défaut. La répétition périodique des affluences due à la décomposition continuelle des roches originaires et aux pluies annuelles, a augmenté la quantité des sels bien plus mo- dérément à l'approche des transformations physiques de l’épo- que actuelle. Nous savons bien par l’observation des fleuves du pays, que plusieurs, qui traversent le territoire salé, se changent de doux en salés. Les sels sont partie intégrante du sol parcouru par ces fleuves, depuis sa formation ; ils y ont été introduits par la marne diluvienne, formée de la même 188 LES OSSEMENTS FOSSILES DE LA FORMATION maniere par la d&composition des roches primitives. L’eau ac- cumulée sur ce fond salé dissolvait les sels, comme font les fleuves actuels, et les lagunes perpétuelles dans les localités les plus basses devenaient naturellement salées. Ces sels dissouts restaient pour toujours dans le sol, si la lagune n’avait pas d'écoulement. Mais où les eaux.accumulées trou- vaient leur chemin jusqu’à la mer, elles absorbaient peu à peu les sels, et le sol se changeait en terre végétale fertile: Même les plantes salines ont contribué à ce résultat, elles couvraient le sol d’une couche végétale superficielle et em- péchaient l’eau de toucher le fond salifère. On comprend alors, en raison de cette différence des conditions actives, comment les lagunes salées et les lagunes d’eau douce se trouvent dans le même pays, et quelques-unes à peu de distance l’une de l’autre. | Souvent on trouve épars dans la formation diluvienne, comme troisième élément de leur composition, des ossements de grands mammifères terrestres éteints, qui par leur masse énorme ont donné naissance à la croyance aux géants hu- mains, principalement les cuirasses presque sphériques des Glyptodontes, nommés ici par le peuple illettré : tête de géant (cabeza de gigante). D’un autre côté, quelques person- nes, même de la société plus instruite, par exemple des mem- bres du clergé, ne veulent pas concéder que ces os sont dans leur état naturel ; ils croient qu’ils ont acquis leur grandeur peu à peu par accroissement dans la terre même, après la mort de l’animal, et que sa grandeur durant son vivant était beaucoup moindre. | Il est inutile même de réfuter ces idées extravagantes ; je les ai mentionnées seulement pour démontrer que l’homme est plus disposé à croire les choses les plus invraisemblables, qu’à accepter l’explication exacte d’un prétendu miracle, quoique la science ne peut en admettre aucun comme un fait bien constaté '°. Un ossement fossile est exactement le même, quant à son aspect, s’il est trouvé en état de conserva- CARACTERES DES OS FOSSILES. 189 tion parfaite, comme il était dans le corps de l’animal vivant ; il n’a pu s’augmenter, au contraire, il a perdu de son vo- lume; la substance organique, mêlée avec les précipita- tions de la chaux, qui forme le fond de sa composition. Cette masse organique, à l’origine, se présentait sous l’as- pect d’un tissu de cellules, où le phosphate de chaux se déposait peu à peu par couches, en quantité croissante, Jusqu'à ce que l’os eût acquis sa grandeur naturelle et sa dureté complète. La pétrification d’un os parvenu à cet état west autre chose que la destruction de la masse organique par la décomposition naturelle après la mort, décomposi- tion qui n’atteint ni la forme générale ni la texture interne que les couches organiques ont donnée à la chaux, en la transformant en une masse solide et dure. Si cette décompo- sition se produit en plein contact avec l’air et l’eau, l’os sera généralement détruit; mais quand ıl est contenu dans une enveloppe dure et compacte de terre, il conserve son aspect, sa texture et sa forme. Un os, dans cet état de pétrification, reçoit souvent aussi quelques substances dures nouvelles, telles que du carbonate de chaux ou acide silicique, qui prend. la place de la substance organique perdue, mais ce n’est pas la règle; au contraire, de la quantité de sub- stance organique non décomposée, connue sous le nom de colle, retenue dans la texture de l’os, dépend sa conservation. En général, ces os se conservent d’autant mieux que le sol où ils sont déposés est plus sablonneux, et que l’absence de contact avec l'air est plus complète; des dépôts riches en carbonate de chaux sont un mauvais milieu pour leur con- servation, parce que l’os attire la chaux, et cette attraction le déforme et le fait exclure des cabinets d’étude comme inexact. De tels os se trouvent en grande quantité dans le dépôt diluvien du pays, mais non pas dans toute son éten- due, ni en égale quantité dans toute sa surface. Nous exami- nerons avec attention ces deux faces de ce phénomène. Le niveau, où les ossements fossiles sont déposés, sont les 190 MODES DU DÉPOT DES 08 couches inférieures au-dessous de la moitié de l’épaisseur de la marne diluvienne ; c’est là où se trouvent en plus grand nombre les ossements des espèces éteintes ; les couches su- périeures en sont généralement dépourvues ou ne contien- nent que des débris des grandes espèces et des restes de quelques espèces plus petites, la plupart encore existantes. C’est pour cette raison que les os fossiles se trouvent surtout dans les lits des ruisseaux profondément encaissés ; c’est là où l’on doit les chercher ; la surface naturelle de la forma- tion diluvienne ne renferme pas d’ossements fossiles, et même les escarpements hauts de 6 à 10 mètres des affluents du Rio de la Plata n’en contiennent pas, pendant que le lit du fleuve même en a fourni une ample moisson à tous ceux qui se sont occupés d’y faire des recherches. Actuellement, on les trouve encore assez souvent, même dans la ville de Buénos-Ayres, en creusant des puits ou des souterrains de quelque profondeur. C’est ainsi qu’on a trouvé dans Vinté- rieur de la province des squelettes entiers, bien connus dans la science et remarquables par leur parfaite conservation; on a même trouvé le squelette de la mère avec son petit. Ce sont les deux types de Mylodon gracilis qui existent dans no- tre Musée ; le petit est malheureusement en assez mauvais état par la faute de l’homme qui a fait cette double trou- vaille. Des découvertes semblables ne sont pas rares et prou- vent que les deux animaux ont été tués à l’improviste, au lieu même de leur repos. C’est ce que prouvent aussi les squelettes entiers, conservés dans leur position naturelle, quand d’un autre côté les squelettes défectueux et renver- sés le dos en bas, le ventre en haut, prouvent avec une égale évidence, que ces animaux ont été tués avant leur ensevelis- sement dans la vase et transportés à quelque distance par l’eau, principalement si la tête, la queue et les extrémités manquent. Ce sont en effet les parties le plus facilement sé- parabies du tronc par l’eau courante au moment de la pu- tréfaction du cadavre, exposé à l’action de l’air et des autres PRINCIPALEMENT. DANS LES COUCHES INFERIEURES. 19] forces externes atmosphériques. J’ai observé que les cadavres des grands animaux, tels que le Megatherium, ont perdu les extrémités gauches plus souvent que les droites, et je me crois autorisé à déduire de cette observation, que le côté droit de Panimal pendant la vie était plus pesant et obligeait son corps à tomber de ce côté au moment de la mort. Quel- quefois on trouve les membres détachés épars à une certaine distance du cadavre, ou même les ossements principaux - d'un cadavre disséminés sur un espace assez restreint; ob- servations qui prouvent que la force locomotrice n’était pas assez grande pour éloigner beaucoup les unes des autres les différentes parties du même individu. Supposant que c’é- tait l’eau qui séparait les os du cadavre, il faut évidemment conclure, que c’était un courant assez lent et non pas la force d’un fleuve ou d’un déluge général. De telles dispositions indiquent des pluies fortes mais courtes, une inondation lo- cale, et ainsi se trouve confirmée mon opinion de la forma- tion du dépôt diluvien par des précipitations fortes de l’at- mosphère, et éliminée la théorie de la formation du dépôt par le flot marin. Enfin, sur ces mêmes observations, nous pou- vons encore asseoir d’autres conclusions assez importantes. En premier lieu l'existence des os des animaux éteints seulement dans les couches inférieures de la formation prouve que ces animaux gigantesques ont vécu au commen- cement de l’époque diluvienne et qu’ils moururent longtemps avant la fin de cette époque, pendant la première moitié de sa durée. Si leur existence s’était prolongée pendant toute la formation des couches diluviennes, on devrait trouver aussi des squelettes entiers dans les couches supérieures, où jamais on n’en a trouvé, et où seulement on a rencontré des débris transportés d’un niveau inférieur, ou des os d’animaux encore vivants. Cette observation m’a amené à conelure à l’exis- ience de deux périodes différentes dans la même époque. Sans donner mon opinion comme indiscutable, je crois pouvoir éta- blir le parallèle de la période plus ancienne avec la période 192 DUREE DE L’EXISTENCE DES ANIMAUX ETEINTS préglaciale européenne, et de la plus récente contenant les espèces correspondantes à l’époque actuelle au temps post- glacial ; sans cependant indiquer par ce parallèle l’existen- ce de forces ou moyens de même nature, car les preuves font complétement défaut pour établir l'existence dans ce pays de : forces glaciales. (Voyez note 28). La manière dont sont disposés les squelettes entiers des animaux éteints, nous démontre aussi qu’ils n’ont pas été vic- times d’une force momentanée, d’un cataclysme qui aurait tué tous les animaux, car dans ce cas les squelettes entiers doi- vent être déposés non-seulement tous dans la même couche, mais aussi également conservés ou décomposés. La différence de conservation et la différence de hauteur, quoique peu considérable, prouvent que ces animaux ont été tués dans des temps différents et de différente manière, et qu’il s’est écou- le au moins des siècles, sinon plusieurs milliers d'années, de- puis leur apparition jusqu’à leur complète destruction. Exa- minant toutes les circonstances avec soin, 1l me semble très vraisemblable que ces animaux soient morts d’une mort na- turelle en différents temps et de différentes manières, et si quelques-uns denotent une morte subite ‚c’est qu’ils seront tombés par aventure dans des marais, ou auront été surpris par des crues momentanées dans leur lieu de repos. De telles inondations se sont répétées de temps en temps, détruisant les cadavres des animaux noyés et transportant les membres de quelques-uns à différentes distances, du reste, selon que le courant était plus fort ou plus faible. Assez souvent on ne trouve pas les squelettes dans leur position naturelle; prin- cipalement les grandes cuirasses des Glyptodontes sont géné- ralement renversées, ou sont quelquefois en position perpen- diculaire ; j’en ai vu moi-même dans la vallée de La Punilla. (Voyage, II, 85). Dans ce cas ils sont vides, comme celui dont je parle; et seulement si la position est la véritable position naturelle, ventre en bas, on trouve dans la cuirasse les osse- ments du squelette, comme cela s’est présenté dans le cas du OPINION DE BRAVARD. 193 magnifique exemplaire du Panochthus tuberculatus, conservé dans notre Musée, ayant été trouvé parfaitement intact dans sa position naturelle (Voyez Anales del Museo Püblico de _ Buenos Aires, tome II). M. Aus. Bravar», qui s’occupait beaucoup de la recherche des ossements fossiles dans les environs de Buénos-Ayres, dit dans sa description du territoire (Registro Estadistico de Bue- nos Aires, tome I, page 11), qu’il a observé souvent dans les contours des squelettes parfaits une grande quantité de peti- tes coques oyales vides, qu’il croit être les cages des larves des mouches qui ont mangé la viande de l’animal mort; il en conclut que ces cadavres n’étaient pas submergés, mais dépo- ‚ses sur un terrain sec, parce que les larves des mouches ne peuvent pas vivre dans l’eau. Il résulte de cette observation, que le cadavre düt être couvert bientôt après la destruction _ des parties molles par les larves, et enveloppé d’une couche de sable mouvant, qui s’augmentait et se renouvelait de temps à autre. Cette explication semble non-seulement très- ingénieuse, mais aussi très-naturelle, si on concède l’exacti- tude de l’observation. Pour ma part, je doute beaucoup de cette exactitude ; je n’aı jamais vu un semblable phénomène, quoique. j'aie extrait aussi plusieurs exemplaires presque complets de squelettes, et je doute aussi que des coques si fragiles et si minces aient pu être conservées et que la peau dépouillée d’une larve de mouche ait échappé à la destruction pendant un séjour de plusieurs milliers d'années dans la terre. Je crois que Bravarp s’est trompé, ou si en vérité son observation est exacte, il a pris un simple cas pour la règle et en a sorti des conclusions dont il n’était pas permis de tirer*®, Pour cette raison je ne donne aucune valeur à son opinion, quoique je n’en veuille pas nier positivement la possibilite, en faisant observer que les larves des mouches vivent aussi dans des cadavres, mais seulement demi-couverts par l’eau et que la présence de leurs coques ne prouve pas absolument le dépôt: du corps sur un terrain sec. L'animal pouvait être REP, ARG.— T. II. 13, 194 MES PROPRES OBSERVATIONS. noyé et les mouches lui appliquer leurs œufs, quand l’eau s'était retirée de son cadavre par écoulement. Il faut recon- naître que ces cadavres ne pouvaient se trouver dans Peau profonde d’un golfe, s’ils contenaient des larves de mouches. N'oublions pas que Bravarn a voulu surtout combattre cette théorie de n’OrBieny et DARwIN ; son observation, si exacte, lui fournissait une preuve de plus et il y insistait en la consi- dérant de grande importance. Je peux comparer à celle-ci une autre observation que j’ai faite personnellement, non-seulement une fois, mais très-sou- vent, que les grands ossements et principalement les sque- lettes entiers sont entourés d’une enveloppe de sable presque pur, au milieu de la couche pleine d’argile des environs. Cette enveloppe de sable laisse aisément enlever les os qui y sont ensevelis, mais ceux qui sont entourés d’une argile dure se brisent facilement; c’est aussi ce qui arrive presque toujours à ceux déposés dans la tosca en contact avec de fortes concrétions calcaires. J’ai souvent observé dans le cours de mes nombreuses fouilles que principa- lement les grandes parties d’un squelette, tels que le bassin ou le tronc tout entier, sans membres, qui man- quent généralement, quand le cadavre a été transporté au loin, ou seulement balloté quelque temps dans un courant d’eau, se trouvaient déposées dans une exca- vation pleine de sable, de la couche d’argile au mieu de laquelle je les découvrais. Je m’expliquai ce phéno- mène par l’activité d’un courant d’eau, charriant les sub- stances du dépôt. Dans ce courant, l’objet en question for- mait un obstacle et obligeait l’eau à le contourner ; celle-ci, dont le courant était ainsi contrarié, laissait tomber les particules plus pesantes de sable aux environs de l’ob- stacle et transportait seulement les plus légers d’argile, formant de cette manière une accumulation de sable au- tour des ossements mis en travers de son courant. Cette explication est sans doute la plus logique, et démontre en LA PROVINCE DE BUENOS-AYRES EST LA PLUS RICHE 195 même temps que l’objet était déposé dans l’eau, et que celle-ci l’enveloppait d’abord du sable le plus pesant qu’elle charriait, avant que se produisit l’exhaussement du sol où l’objet était enseveli par le dépôt des vases plus fines contenues dans la même eau. Toutes ces conclusions se | tirent naturellement du fait constaté ; elles prouvent aussi que la formation est un dépôt de courants successifs d’eau . douce et détruit l’hypothèse d’un dépôt dans un grand golfe ou dans la mer ouverte, aussi bien que celle d’un dépôt atmosphérique accumulé par les vents à la manière des dunes *. Nous arrivons à la seconde partie de notre question, concernant la répartition horizontale des os sur toute la plaine argentine. Nous observerons d’abord que la pro- vince de Buénos-Ayres contient les plus riches gisements de tout le pays et que la quantité des ossements diminue sensiblement dans la direction de l'Ouest et du Nord; _ quoique cependant quelques endroits plus au Nord, entre les chaînes des montagnes alentour du grand plateau bo- livien, principalement aux environs de Tarija, sont aussi très-riches. Au contraire, sur la campagne échelonnée de la Patagonie on ne trouve des ossements fossiles de cette catégorie que sur les bords orientaux de la côte de la mer, ou dans les ravins qui descendent de la plaine voi- sine à l’Océan. A Buénos-Ayres on trouve aussi des osse- ments, mais seulement au niveau du fond du fleuve; ils sont souvent mis à jour dans les travaux faits pour les puits de la ville ou autres excavations de la même pro- fondeur. A l’époque où M. Bravarn était à Buénos-Ayres, vers 1856, il cherchait les os seulement dans le lit du Rio de la Plata; à marée basse il remontait en suivant la rive jus- qu’à San Isidro, et trouvait dans ce parcours de cinq lieues la plus grande partie de sa collection. Je fis alors sa connaissan- ce et lui parlai de mon projet d’entreprendre moi aussi des recherches, il me répondit avec bonhomie : « Vous ne 196 ENDROITS LES PLUS RICHES DE LA PROVINCE. » trouverez rien, M. Sesvin (celui qui l’accompagnait au » commencement de ses recherches) et moi nous avons » tout pris »; et c'était la triste vérité, je ne trouvai que le bassin et quelques os de Scelidotherium, tout près du môle, fortement scellé dans la tosca, et par conséquent impossible à enlever intact. Probablement Bravarn l'avait vu aussi mais l’avait laissé là, parce qu’il avait reconnu l'impossibilité de l’extraction complète. Plus tard, on m'a de temps en temps apporté des os trouvés dans les puits nou- veaux, la plupart inutiles pour la collection à cause de leur état de destruction. J’ai acquis de cette manière un morceau de la mâchoire inférieure de Macrauchenia, avec trois dents, quelques parties du bois d’un cerf et le tibia d’un grand oiseau aquatique, probablement d’une cigogne. Plus dans l’intérieur de la province, où la couche diluvienne est moins épaisse que tout près de Buénos-Ayres, les os ne sont pas enfouis si profondément, mais la hauteur régu- lière est ici celle du lit des ruisseaux et petits fleuves, comme le rio Lujan, le rio Salado; dans les parties! su- périeures des escarpements on ne trouve rien, ou seule- lement par exception quelques os isolés; les grandes par- ties d’un squelette se trouvent dans la moitié inférieure de la formation. Le territoire compris entre les deux pe- tites villes de Lujan et Mercedes, où le rio de Lujan par- court la plaine, est réputé pour la richesse de ses gise- ments; presque tous les squelettes parfaits sont de cet endroit. Le lit du rio Arecıfes est aussi bien connu comme | terrain très-riche : c’est dans cette partie de la province que l’on a trouvé le squelette parfait du Glyptodon asper de notre Musée, et tout près de là-même, Bravarp trouva un squelette défectueux de la Macrauchenia avec la tête parfaite, et M. Pacneco, le propriétaire du terrain, le corps du Deedieurus giganteus (Anales, II, 393). Enfin la région du rio Salado, qui descend par une ancienne vallée, à présent changée en plaine, est très-riche en ossements ; D’AUTRES LOCALITES RICHES | 197 jai pu réunir en huit jours une collection superbe, con- tenant des squelettes peu défectueux du Mylodon gigan- teus et Mylodon graeilis, beaucoup d’os de Hippidium prin- eipale, de Toxodon, Glyptodon et autres animaux de la même époque. | La Bande Orientale opposée à Buénos-Ayres, est aussi très-riche en ossements fossiles; les premiers débris d’un Glyptodon, qui ont été envoyés en Europe, provenaient de cette partie du terrain, mais en général la quantité des ossements est inferieure à celle de Buénos-Ayres. La région la plus riche de ce côté semble être les environs de Mercedes du rio Negro, entre les ruisseaux de Sarandi et Coquimbo. Là se trouvent des os de Mylodon, Toxodon et Mastodon, comme je l’ai observé pendant mon séjour dans cette ville, dans les collections de quelques amateurs (Reise, I, 79). Ces os étaient tout noirs et très-durs, quoi- que assez ruinés; ıl me semble qu'ils ont dü être trans- portés de loin et fortement imprégnés d’oxyde de fer et de manganèse. | Dans Pintérieur, plusieurs voyageurs, comme D'ORnrGNY, DARWIN et BrAvarb, ont mentionné de riches dépôts sur les rivières du rio Paranä à San-Nicolas, Rosario, Santa-Fé, Paranä, où on a trouvé des exemplaires très-curieux ; même plus haut, au Paraguay, se trouvent des os iden- tiques ; là on a découvert tout dernièrement (janvier et fé- vrier 1875) un riche dépôt à Berrero, dont on m’a commu- piqué quelques os de Glyptodon et Mylodon, mais en général ce terrain est plus pauvre que les environs de Buénos- Ayres. Un dépôt de la même richesse, et probablement encore plus riche, se trouve dans les régions de la fron- tière bolivienne, près de Tarija, où dans une couche de gros graviers et de petits cailloux, sur les escarpements de la vallée, existe une grande quantité d’ossements fossiles. MM. Weppes et DE CASTELNEAU ont tiré de là les éléments de leurs riches collections, composées des mêmes espèces 198 DANS L’INTERIEUR JUSQU’A LA BOLIVIE. si abondantes dans les environs de Buénos-Ayres. Cepen- dant dans toutes les régions de l’intérieur de la République, à l’Ouest et au Nord-Ouest, ces mêmes espèces sont fort connues, et leurs os, aussi dans ces localités, se trouvent ensevelis dans les couches inférieures diluviennes, surtout à une hauteur considérable dans les vallées des chaînes de _ montagnes. Les deux cuirasses de Glyptodon que j'ai vues dans la Punilla, entre les deux chaînes de la sierra de Cordova (Reise, II, 85 et 87), se trouvaient à une hauteur d'environ 4100-1200 mètres au-dessus du niveau de la mer. Pendant mon voyage de retour de Mendoza, en 1858, un habitant de San Luis vint me consulter sur la valeur d’un grand squelette trouve par lui dans les environs de la ville, à côté du rio Quinto, et plus tard un ingénieur allemand, occupé au tracé du chemin de fer andin, m’ap- portait plusieurs os du Equus argentinus, décrit dans mon travail sur les chevaux fossiles de la pampa et ramassés par lui-même dans ce territoire. À Mendoza encore, une personne m’offrait une queue du Glyptodon, trouvée dans les environs, au moins à 780 ou 800 mètres au-dessus du niveau de la mer. Plus au Nord, d’autres cas semblables sont venus à ma connaissance. Au versant ouest de la sierra Achala, dans un endroit nommé Mina Clavero, on trouva le joli exemplaire demi-complet du Panochthus bullifer, décrit dans les Annales du Musée (tome II, 149). M. SCHICKENDANTZ m’a aussi envoyé beaucoup de débris d’un exemplaire complet du même animal, trouvé sur la sierra de Belen, de la province de Catamarca, à une hauteur de plus de 1600 mètres. D’Orsıcny dit dans son Voyage (tome III, partie 3, page 250), que la même formation dilu- vienne, contenant des ossements fossiles, s’élève en Boli- vie à la hauteur de 4000 mètres; il parle aussi de la richesse des environs de Tarija et Cochabamba qui, sui- vant lui, ont une élévation de 2575 mètres. Ces deux localités occupent une position similaire sur les versants AUSSI AU BRESIL ETSUR LE PLATEAU DES CORDILLERES 199 des montagnes qui descendent du plateau de Puna ou Despoblado : Cochabamba au nord-est, Tarıja au sud-est du plateau, dans les vallées qui se dirigent vers la plaine de la Pampa. Enfin, nous savons par les recherches scru- puleuses de Lux au Brésil, que ces mêmes animaux ont vecu aussi dans ce pays, car leurs os s’y trouvent dans les cavernes, et quelques-uns, comme le Machaerodus, Ursus, Hoplophorus, Scelidotherium ou Platyonyx, ont été decouverts par cet observateur consciencieux et habile, dans ces cavernes, avant d’être connus dans notre pays. Très- vraisemblablement la formation diluvienne, qui contient ces os, s'étend sur toute la plaine brésilienne, depuis le versant oriental des Cordillères jusqu’au versant occiden- tal des montagnes de la côte Atlantique, occupant de même tout le lit du fleuve Amazone, et s’elevant même sur les plateaux des Cordillères. M. ne HumsoLor le premier a trouvé sur le plateau de Quito le Mastodon, que Cuvier décorait du nom de ce célèbre savant, et l’on trouve ce même animal non seulement à Tarija, mais aussi dans les environs de Buénos-Ayres. D’autres voyageurs ont prouvé son existence dans le plateau semblable de Bo- gotä, au-dessus du rio de Magdalena; toute la plaine cen- trale sud-américaine, depuis Carracas jusqu’à la lagune Bebedero en Patagonie, est formée d’une couche sédimen- taire du même âge diluvien, riche en ossements fossiles, qui prouvent, par l'identité des espèces, la contempora- néité de la formation. Dans les plaines des pampas au Sud, et dans les plaines des Llanos au Nord leurs couches in- férieures diluviennes sont du même âge et recouvertes par des couches plus modernes alluviennes, produites par les grands fleuves qui parcourent aujourd’hui ce sol im- mense qu'ils ont formé à une époque antérieure. Les limites de la formation au Sud ne sont pas détermi- nées jusqu’à présent avec certitude. Qu'elle n’ait pas pour limites extrêmes la latitude de Mendoza et San Luis, comme 200 LIMITES DE LA FORMATION AU SUD. Darwin l’avait supposé, cela est prouvé par mes obser- vations, comme je lai déjà dit plus haut. Il n’est pas possible de savoir, sans un examen exact, jusqu'où elle s’etend dans le Sud. Cependant nous savons que la for- mation diluvienne existe encore dans les environs de la sierra de Tandil à l'Est, mais elle manque dans ceux de la sierra Ventana; les limites doivent exister entre ces deux points. Je suis porté à déduire de l’inclinaison générale de la plaine pampéenne du Nord-Ouest au Sud-Est, que les véritables limites concorderont avec cette même incli- naison, se dirigeant parallèlement aux deux chaînes de montagnes susnommées jusqu’au pied des Cordillères. Une ligne droite tracée dans cette direction sur la carte géo- graphique du territoire aboutissait à peu près au volcan de Maypu (3% L. S.), et c’est là que je suis disposé à fixer les limites diluviennes au Sud. Au sud ‘du cap Cor- rientes nous ne connaissons la formation que dans quel- ques points isolés; Bravarp l’annonce dans sa carte géo- graphique de Bahia Blanca, comme couche inférieure du terrain bas avant l’escarpement de la formation tertiaire à Punta Alta, et cette observation nous autorise à admettre leur extension plus au Sud dans les territoires correspon- dants. Darwin l’a trouvée dans un ravin du port Saint- Julien, où ıl découvrit les ossements de la Macrauchenia, car cet animal appartient à la formation diluvienne, comme le prouvent les os trouvés même dans le sol de Buénos- Ayres. Je crois que dans cette baie on trouvera la même disposition que dans celle de Bahia Blanca. A cette démonstration sur l’étendue horizontale de la formation, nous ajouterons celle-ci : qu’elle a dans toute son étendue la même uniformité perpendiculaire. La marne diluvienne conserve son caractère homogène du haut en bas et ne dénote aucune différence dans les diverses cou- ches qui se répètent dans un ordre sûr et uniforme. Les escarpements de la rive des fleuves sont identiques à Bué- L’EPAISSEUR DE LA FORMATION 201 nos-Ayres, à Parana, à Mendoza et à Tucuman, où je les ai &tudies pendant près d’un an. Dans la dernière ville, jai vu creuser sous mes yeux un puits qui descendait à 10 mètres dans la formation diluvienne, et à cette pro- fondeur atteignait une couche de gravier et petits cailloux dans laquelle on trouvait l’eau à un demi-mètre. Cette couche manque plus à l’Ouest; au pied de la sierra voisine elle est remplacée par une couche blanche fine et de tosca molle, dans laquelle on trouve l’eau. Cette même couche se présente à 24 lieues au delà de la ville, dans le ter- rain bas, entre le rio Tala et le rio Salado. Dans les es- carpements des excavations, l’eau sort de cette couche en petite quantité en temps ordinaire, mais abondante en temps pluvieux. II me semble que c’est la la couche in- férieure de marne diluvienne qui reçoit l’eau des pentes des montagnes voisines au pied de la sierra, l’absorbe et la filtre jusque dans la plaine. Le gravier qui dans la . ville occupe la place de cette couche est probablement le dépôt d’une rivière de l’époque diluvienne qui traversait cette couche et y a laissé ce dépôt (Voyez Reise, II, 141). L’epaisseur de la formation diluvienne au-dessous de Buenos-Ayres est bien connue, en raison des essais mal- heureux de construction de puits artésiens dans l’enceinte de la ville. Ces travaux ont démontré que dans le niveau général de la pampa de tels puits ne sont pas possibles ; résultat que j'avais pronostiqué dès le début de la per- foration. Les seuls endroits où l’on pouvait espérer un résultat favorable étaient les parties où le sol s’abaisse à 15 où 20 mètres au-dessous du niveau du terrain plan, ou dans les creusements naturels tels que ceux de Bar- racas et de Tuyu, quoique même dans ce cas l’eau ne sera jamais” bien potable, par suite de la présence de beau- coup de substances solubles dans les couches sédimentai- res de notre terrain, comme l’a prouvé lexpérience **. Sous le sol de Buénos-Ayres, qui s'élève au lieu où était 202 A BUENOS-AYRES ET A BARRACAS. autrefois entreprise la perforation, à 15 mètres au-dessus du Rio de la Plata, la couche diluvienne avait l’épaisseur de 45 mètres; on rencontrait d’abord la marne pure, mais plus bas on trouvait beaucoup de concrétions calcaires semblables à la tosca de la rivière près du möle. Après une perforation de 20 mètres, la tarière entrait dans un sable gros, qui contenait aussi de petits cailloux de dif- férente qualité, quelques-uns semblables à ceux du rio Uruguay ; plus bas encore, le sable se changeait en cailloux d’un gros calibre, très-difficiles à perforer. Cette couche de sable, de 25 mètres d'épaisseur, était la plus inférieure de la formation diluvienne, aussi riche en eau que la couche correspondante à Tucuman. C’est là sans doute, si- non la plus ancienne couche diluvienne, la plus moderne tertiaire ; hypothèse qui reste douteuse à cause du manque de pétrification. Mais comme ce sable, d’après les cailloux qu’il contient, semblables à ceux du rio Uruguay, me semble être un produit de l’eau douce, je préfère l’at- | tribuer à la formation diluvienne. Dans la perforation de Barracas, où le terrain peut être regardé comme type de la composition du sol dans les parties basses de l’ancienne côte de la rivière, les di- verses couches se montraient d’une manière différente. Ici la formation diluvienne est couverte d’une couche de sable gris de 6 mètres d’élévation, appartenant à la formation d’alluvions et égale au dépôt actuel du Riachuelo et du Rio de la Plata. Sous cette couche s'en présente une autre assez semblable audit sable, de 12 mètres d’épaisseur, qui contient quelques valves d’Azara labiata, dont la présence démontre que cette cou- che est aussi de l’époque alluvienne et a été composée du dépôt de l’ancienne baie du Rio de la Plata, au com- mencement de l’époque actuelle ou historique. Au-dessous de ce dépôt commence, à la profondeur de 16 mètres, la marne rouge diluvienne; mais ici elle n’a que 2 mètres PROFONDEUR ABSOLUE ET RELATIVE 203 d’epaisseur, contient beaucoup de concrétions calcaires, en correspondance avec la même couche de marne dans la baie de Bahia Blanca, à Punta Alta, où ce gisement a une épais- seur de 6 mètres, d’après l’indication de Bravarn dans sa carte géologique de la baie. Sous cette marne mince se trouve la même couche de sable avec des cailloux, que Von rencontrait dans la perforation à Buénos-Ayres même, plus forte ici que sous l’église de La Piedad, de 29 mè- tres; c’est-à-dire 45 mètres sous le niveau du ruisseau du Riachuelo, contenant quelques débris des coquilles flu- viatiles, qui prouvent que ce dépôt est en réalité un pro- duit d’eau douce, et probablement d’un grand fleuve an- cien. Si cette couche de sable fluviatile correspond au gra- vier à Tucuman, comme produit contemporain, 1l est évi- dent que les mêmes principes actifs ont imprimé leur influence dans tout le pays sans autre différence que celle provenant des distances *?. | D’après ces observations, le niveau de la formation di- luvienne se trouve à une profondeur égale à Buenos- Ayres et à Barracas, c’est-à-dire à 44 ou 45 mètres au-des- sous du niveau du Rio de la Plata; mais le niveau supé- rieur diffère dans ces deux localités, car à Buénos-Ayres elle s'élève jusqu'à 12 mètres au-dessus du niveau du fleuve, et à Barracas elle reste à 3 mètres au-dessous du même, ayant là 58 mètres de profondeur et ici seule- ment 39. Ayant ainsi suffisamment établi la composition maté- rielle et les deux caractères de la couche diluvienne ho- rizontale et perpendiculaire, nous arrivons à l’examen de sa formation, que nous avons indiquée plus haut, seule- ment en passant, nous proposant de la déterminer plus lard, en soumettant son examen au contrôle de nos pro- pres recherches. Nous avons déjà indiqué qu'il existe plu- sieurs hypothèses sur l’origine et le perfectionnement des couches qui composent la formation diluvienne. 204 THEORIE DE D’ORBIGNY. D’Orsıcny a posé l’hypothèse qu’une mer générale cou- vrait toute la Pampa Argentine à la suite d’un cataclysme violent et instantané, probablement produit par un sou- levement dans les Cordill&res, lequel élevait la surface du sol de la mer voisine et faisait déborder ses eaux. A l’encon- tre de cette hypothèse, on peut dire avec raison que la formation diluvienne existe en Bolivie, d’après les obser- vations de D. Forges, (Report an the géol. of South-Amer. 1861), à une hauteur de 4,800 mètres au-dessus de la mer, et dans la République Argentine jusqu’à 1,000 et 1,500 mètres, mais qu’elle manque en Patagonie, qui a seulement une élévation de 100-800 mètres dans ses di- verses régions **. Il faut donc admettre que toutes les parties centrales de lAmérique du Sud étaient encore submergées jusqu’à la hauteur indiquée, alors que la Pata- gonie se trouvait déjà émergée, quoiqu'il ne soit pas possible de concéder que la grande différence de niveau entre les deux époques successives, la tertiaire supérieure et la di- luvienne, soit expliquée par la seule action d’élévation dans les Cordillères. Nous savons que pendant le dépôt de la formation diluvienne de grands animaux terrestres ont vécu sur le sol de l'Amérique centrale, et non pas seulement dans le voisinage des Cordillères, mais aussi dans le terrain bas de la province de Buénos-Ayres, car les squelettes parfaits qui se trouvent ici enterrés, prouvent évidemment que les animaux vivaient sur son sol. Cette observation démontre sûrement que le terrain de la province de Buénos-Ayres n’était pas submergé jus- qu'à une hauteur de 1,000 ou 1,500 mètres, et de ce seul fait nous pouvons conclure que lhypothèse d’un ca- taclysme n’est pas admissible et qu’elle ne saurait ex- pliquer les phénomènes décrits dans notre exposé antérieur, tels que l’épaisseur générale de la formation, son dépôt et la présence de restes si nombreux d’animaux terrestres, en même temps que l’absence complète d'animaux marins. THEORIE DE DARWIN. 205 … Darwin, qui semble avoir compris le poids des raisons qui venaient contredire cette thèse, a modifié un peu l’o- pinion de »’Orsıcny et admis la formation lente du dé- pôt diluvien dans un grand estuaire pendant un espace de plusieurs milliers d'années. Mais à cette hypothèse ainsi modifiée de la formation marine du dépôt diluvien, on peut faire les mêmes objections ; elle ne tient pas compte de l'élévation des couches diluviennes sur les montagnes jus- qu'à la hauteur indiquée, et nous oblige aussi à accepter Pextension de l'estuaire jusqu’en Bolivie et plus encore au Nord. Croire que lesdits animaux terrestres vivaient sur les rivages de l’estuaire à une hauteur considérable n’est pas permis à cause de la conservation parfaite des. squelettes tout près de Buénos-Ayres ; dans ce cas les squelettes doivent être transportés à une distance trop gran- de pour conserver leur membres, queues, têtes, etc., unis avec le tronc ; les squelettes se seraient décomposés même dans un transport assez court dans l’eau courante; le grand poids de leur corps les fait tomber au fond de Peau tout près de leur véritable habitation. Ces squelettes entiers n’ont jamais été transportés; les animaux .sont morts à la place où ils se trouvent, parce que le transport d’un Megatherium entier dans l’eau courante est impossi- ble à admettre. Il y a plus, on ne comprend pas le manque d'animaux marins ®; car ces animaux vivent de préfé- rence dans les baies ou les golfes et les mers étroites, et même si les couches diluviennes s'étaient formées dans un golfe, seule l’existence de l’estuaire d’un grand fleuve peut expliquer l'énorme masse du dépôt. Dans ce cas même on doit trouver des coquillages fluviatiles, qui manquent absolument. Nous savons par l’étude de la formation plus ancienne tertiaire, que pendant cette époque il existait réellement un golfe assez étendu, qui avait reçu aussi l’eau douce d’un grand fleuve, et néanmoins l’on trouve des bancs d’huitres et beaucoup d’autres coquilles marines 206 THEORIE DE BRAVARD, dans les couches déposées dans ce golfe tertiaire; ce qui se passait, il y a quelques milliers d’années, dans le golfe pouvait aussi se répéter dans les siècles plus rappro- ches de nous dans le même lieu ; mais il n’existe aucune preuve évidente que des animaux semblables aient existé dans un golfe quaternaire, et convaincu par cette observa- tion nous nions l’existence du golfe marin dans cette pé- rıode. Son existence est une hypothèse sans fondement, toutes les observations faites sans parti pris lui sont contraires. Il suffit de regarder le dépôt des squelettes entiers dans les environs de Buénos-Ayres, pour com- prendre qu’il n’y avait pas là de golfe, quand ces ani- maux sont morts et ont été enterrés. Cette conviction claire a sans doute conduit BravarD à fonder sa théorie de la formation des dépôts diluviens par des agents atmosphériques, à la manière des dunes et à déclarer que l'immense plaine de la Pampa est une cou- che de sable mouvant quaternaire. Les termes même dans lesquels est faite cette déclaration suffisent à la faire condamner; n’est-elle pas insoutenable cette hypothèse extravagante d’une surface de 25,000 milles géographiques carrés de terrain également nivelé, formé de l’accumu- lation de sables mouvants. Les dunes, en effet, sont des dépôts étroits le long des côtes marines et ne se trouvent jamais étendues horizontalement sur une plame aussi vaste que les pampas ; de plus ce ne sont pas des produits primaires, mais secondaires ; leurs matériaux sont appor- tés de loin, mais non pas formés sur le lieu de leur dé- pôt. Les dunes supposent, pour motiver leur existence, de grands dépôts de sables, antérieurs à leur formation, ou un désert comme le Sahara, qui ne pouvait exister là où vivaient les grands animaux terrestres éteints. L’exis- tence de ces animaux s'élève avec la même autorité con- tre la théorie des dunes, qui supposerait un désert, que contre celle d’un estuaire. BrAvarD croit que ces ani- OBJECTIONS CONTRE CETTE HYPOTHESE. 207 maux ont été enterrés vivants par le sable mouvant, comme il arrive: des caravanes dans le Sahara, ou qu’ils mouraient naturellement et étaient couverts plus tard par le sable. Dans les deux cas, les ossements des cadavres eussent dû rester unis en groupes sans s’epandre. Mais la plupart des ossements que l’on trouve sont isolés les uns des autres, et même aux squelettes entiers manque généralement une partie extrême, soit la queue, soit la tête. Nous possédons dans le Musée public des squelettes entiers de Megatherium, Machaerodus, Hippidium, auxquels manque toujours la queue; le squelette entier du premier, conservé à Madrid, est dans le même état. Nous avons deux queues entières de Megatherium et trois bassins, mais au- cune queue n’a été trouvée en contact avec un bassin, chacun des cinq objets a été trouvé isolément. Ce man- que des grandes parties plus promptes à se détacher n’est pas compréhensible par la théorie d’un enterrement sou- dain de l’animal vivant, mais seulement par celle d’un courant d’eau qui entourait le cadavre et séparait les par- ties périphériques moins fortement unies au tronc ; la pu- tréfaction commencée ayant déjà dissout les liens d’attache, l'eau courante non seulement les séparait, mais les trans- portait à des distances plus ou moins grandes, en raison de la force ou du volume plus ou moins grand de son courant. Il est aussi difficile de croire que le sable mou- vant peut enterrer soudainement un animal aussi fort que le Machaerodus, plus grand et plus vigoureux que le ti- gre, ou le Megatherium, cette créature gigantesque qui avait la faculté de se lever assez haut sur ses larges pieds posté- rieurs et sur sa puissante queue, et rester longtemps dans cette position, pour laisser passer l’orage de sable mou- vant, car nous n’avons aucune raison de croire que cet orage püt se faire sentir sans discontinuer ; il devait cer- tainement ressembler à ceux de l’époque actuelle et ne durer que quelques heures. 208 MA PROPRE THEORIE. Enfin, les cailloux dont nous avons parlé plus haut (page 178) prouvent que la formation qui les contient. ne peut devoir son existence à l’influence des vents, car des cailloux d’une grosseur notable ne se laissent pas transpor- ter par les vents, ou au moins ne s'accumulent pas en couches dans le sable mouvant. Nous reconnaissons la présence fréquente de petites pierres dans les dunes * et concédons la possibilité de leur existence, mais nous ne connaissons aucun précédent de couches entières de pierres dans les véritables dunes; les couches de cailloux sont toujours accumulées par des eaux courantes, et l'existence de cailloux dans les couches, dont nous nous occupons, nous oblige à repousser toute autre explication de leur formation. Devant tous ces faits juxtaposés, le savant indé- pendant se voit obligé de déclarer l'impossibilité de la for- mation pampéenne par l’accumulation du sable sous l’im- pulsion du vent. Nous pouvons bien admettre que quelques cadavres aient pu être couverts par le sable mouvant, principalement quand on trouve dans leurs contours des coques de larves de mouches, mais un cas particulier ne peut pas détruire à lui seul tous les arguments, ni servir seul de base à une théorie générale de la formation. du dépôt qui le contient et du dépôt diluvien par les vents et non par l’eau courante. L'opinion qui attribue la formation de la marne dilu- vienne à la décomposition longtemps prolongée des roches métamorphiques a été émise par moi, il y a plus de six ans, dans la seconde livraison des Anales del Museo Publico de Buenos Aires, publiée en 1867, mais écrite en 1866, page 112 et suivantes: mes études depuis n’ont pu que la fortifier davantage. C’étaient les Granits, les Syenites, et prin- cipalement les Gneiss avec la chaux, formant le fondement de toutes les montagnes centrales de la République Argentine, lesquels fournissaient les matériaux pour cette marne; l’in- fluence de latmosphère sur ces roches détruites par le PARTICIPATION D’UN ESTUAIRE 209 procédé bien connu de la décomposition, et les pluies des- cendant de ces montagnes, condensations de l’atmosphère sur leurs sommets, ont transporté les masses décomposées dans la plaine. Ce même procédé, se continuant pendant une longue suite de siècles, a formé par accumulation la . couche diluvienne, l’étendant jusqu’à lui donner une épais- seur de 20-25 mètres sur toute la plaine pampéenne. La _ force primitive de la formation n’a rien d’une catastrophe soudaine, d’un cataclysme, mais c’est un travail lent, con- tinué pendant des milliers d'années; travail insensible pen- dant le court espace de temps d’un simple âge humain, et qui se continue toujours sans que nous y prêtions attention, travail lent qui modifie sans cesse la surface de notre globe. De grandes averses, qui formaient jdes ruisseaux et des rivières sur les montagnes, ont conduit les produits de la décomposition jusqu’à la plaine, et se continuant avec la même activité les ont conduits jusqu’à la mer, où ils forment actuellement les terrains bas de la côte, témoins de la tranquillité des courants qui ont laissé tomber leurs mélanges terreux. Aussi trouvons-nous aujourd’hui la marne diluvienne déposée à Bahia Blanca et dans le port de Saint- Julien, comme nous l’avons vu plus haut. Voilà en peu de mots la loi d’evolution de la couche diluvienne *. Au reste, je partage les vues de p’OrBıcnY et de Darwin, autant qu'il est possible, en présence de la différence fondamentale de ma théorie. Je concède que des mouve- ments volcaniques répétés dans les Cordillères ont dû con- - tribuer à la formation progressive de la plaine argentine, et que probablement une élévation considérable de cette grande chaine de montagnes a déterminé le commencement de l’époque diluvienne. De même, je ne doute pas qu’il n’existät aussi, pendant cette époque, de grands estuaires là où sont aujourd’hui le Rio de la Plata et la Bahia Blanca, les deux probablement plus grands alors qu’à présent, et recevant l’eau salée de la mer en plus grande RÉP, ARG, — 1,11 14. 210 ET DES SOULEVEMENTS VOLCANIQUES quantité. On peut même concéder que les débris de co- raux, trouvés à San Nicolas, dons nous avons parlé plus haut, page 177, sont une preuve d’extention de ce golfe marin jusqu’à cet endroit; mais je nie avec énergie que l’eau de la mer a participé à la formation de la couche diluvienne dans l’intérieur de la République, en dehors du golfe, laissant dans les parties les plus basses du ter- rain quelques grands lacs marins; j’affirme, au contraire, que ces lacs ont été formés par l’eau atmosphérique, et que tout le dépôt diluvien a été accumulé et transporté par des averses répétées, produites probablement par un changement dans la constitution météorologique du pays, introduisant une plus grande humidité à une époque an- térieure à celle de leur stérilité actuelle, qui commence avec l’époque des alluvions. Pendant la formation -de la couche diluvienne la surface plane du terrain du pays s’é- levait toujours entre les montagnes. Le fond des vallées se remplit jusqu’à une certaine hauteur, où la vase se pouvait soutenir; alors se formèrent aussi des grands dépôts sur les plateaux, comme en Bolivie, enveloppant dans toutes ces régions les ossements des animaux vivant dans ces plaines, vallées et plateaux et qui furent tués pendant les grandes averses qui se répétaient de temps à autre. Il est très-possible que des mouvements volcani- ques répétés dans les Cordillères, les éruptions des grands cônes ou des petites chaines que nous rencontrons dans les Cordillères en si grand nombre, ont contribué à la formation complète du sol de la Pampa, fournissant les débris triturés qui provenaient de ces grands ébranle- ments et qui, portés par les eaux, venaient au milieu de la plaine remplir les lacs de leurs débris et les chan- geaient en Salinas. La durée de la période diluvienne peut se calculer avec une certaine exactitude par l’épaisseur des couches dépo- sées. Nous savons par mes observations des puits artifi- DUREE DE LA FORMATION 211 ciels à Mendoza et à Tucuman, relatées page 201 et note 10, que la formation a ici une épaisseur de 10 à 12 mètres, et par les perforations à Buénos-Ayres nous voyons qu’elle s'élève à 20 mètres; ou si la couche du gravier au-des- sous de la marne appartient aussi à l’époque diluvienne, à une hauteur de 45 à 50 mètres. Prenant les deux nom- bres comme base d’un calcul, nous trouvons une épais- seur moyenne de 30 mètres au moins. Pour former par la décomposition des rochers une couche de vase si épaisse, il faut un espace de temps de trente mille ans, si nous prenons les expériences sur l’activité des fleuves actuels comme mesure, car même les fleuves les plus grands me produisent pas plus de 3 pouces (7 cent.) par siècle. Considérant aussi les fortes pluies tombées de temps en temps sur les provinces du Nord, dont nous avons parlé pages 122 et 123, et supposant que des mêmes averses se soient répétées dans les temps préhistoriques d’une manière plus violente et à des intervalles plus courts, nous comprenons facilement que tout le terrain voisin était complétement inondé, et que les animaux qui vi- vaient sur ce sol à cette époque mouraient, laissant leurs squelettes dans le fond formé en dernier lieu par ces aver- ses. Il n’est pas vraisemblable que les averses aient été si- multanées sur toute la plaine argentine, et dans le cas que de telles catastrophes se soient répétées, il est évident que les squelettes ne peuvent se trouver tous au même niveau, et si en vérité un grand fleuve, plus puissant encore que le Paranä actuel, transportait les débris des cadavres pen- dant. quelque temps, il n’est pas surprenant aussi que les membres détachés soient venus s’échouer enfin dans le grand golfe où se déversait ce fleuve, et s’ensevelir dans les couches de son lit. Si ce golfe était plus étendu, comprenant encore une partie considérable de la province actuelle de Buénos-Ayres, ce terrain doit contenir les ossements trans- portés, comme cela se présente réellement dans cette 212 DES TEMPÊTES VIOLENTES ONT CONTRIBUÉ province ; mais on ne peut admettre le transport d’un squelette entier de lintérieur jusqu'à l’embouchure du fleuve par ses eaux. Car où nous trouvons aussi assez sou- vent des squelettes entiers dans la même province, nous sommes obligé d’admettre que les animaux ont vécu dans les lieux où leurs squelettes sont enterrés. Il est même pos- sible que quelqu'un de ces animaux vivants ait été tué par les eaux soudainement arrivées, que son corps ait été enterré par la vase mêlée avec les eaux, ou qu'il se soit engagé inconsidérément dans les parties marécageuses tout près des anciennes côtes du fleuve ou .de la baie, qui sans _ doute existaient à l'embouchure de ce grand fleuve, comme elles existent aujourd’hui à celle du fleuve Amazone. Nous serions très -disposé à croire que des marais de cette nature (pantanos ) ont été le tombeau de beaucoup d’ani- maux de cette époque. | De même aussi, des tempêtes soudaines, plus fortes que les pamperos actuels, peuvent avoir enterré dans le sable mouvant quelqu'un de ces animaux. J’ai décrit, page 38, une forte tempête de ce genre, comme il en apparaît en- core quelquefois à Buénos-Ayres, et je ne doute pas qu'il n’en existât de semblables aussi dans les temps qui ont précédé l’époque actuelle. Il est très-possible qu’une sem- blable tempête, passant sur un terrain sablonneux, a pu envelopper et tuer quelques-uns de ces grands animaux, mais c'était toujours des cas exceptionnels et on ne peut pas admettre que de semblables tempêtes aient formé la couche entière diluvienne, comme Bravarn voulait essayer de le démontrer. Il est un fait bien constaté, c’est que les forces physiques de notre globe ont été toujours les mêmes, sauf quelques différences graduelles, et cette considération nous fait admettre la possibilité d’ensevelissement des animaux dans les sables mouvants, comme cela arrive encore à présent quelquefois dans le Sahara d’Afrique ; mais la plaine argen- tine n’a jamais été un Sahara dans- sa généralité, et les RESSEMBLANCE DES FORCES ANTERIEURES ET ACTUELLES 213 ossements, qui blanchissent aujourd’hui dans le Sahara, ne proviennent pas tous de cadavres répandus par le sable mouvant. La terre a travaillé, il est vrai, toujours avec les mêmes forces, mais il est vrai aussi que ce n’est pas une force seule qui a pu produire un certain phénomène, mais la concordance de toutes celles capables d’être mises en activité. La différence des choses dans les différentes pério- des n’est pas absolue, elle est relative, plus intense pen- dant la jeunesse de notre planète. Les forces ont travaillé plus vite, parce que la résistance des couches déjà for- mées était moindre; la présence des innombrables produc- tions stratifiées, formées par la décomposition perpétuelle des roches primitives, vint augmenter la pression des cou- ches, leur connection s’accrut et. il devint chaque jour plus difficile de les diviser. Dans cette luite continue de la cause et de l'effet, de l’intérieur de la terre contre l’exterieur, l’action des forces s’est de moins en moins fait sentir, jus- qu’au jour où enfin elles ont manqué pour la continuation du même travail jusqu’à nos jours ; notre planète est alors entrée dans l’époque de l’équilibre des forces, qui caractérise véritablement l’époque actuelle. Que cet équilibre soit des- tiné ou non à se perpétuer éternellement, nous ne voulons pas l’examiner : l’état actuel suffit à nous satisfaire et à nous Ôter toute préoccupation pour le temps de notre exis- tence et aussi, croyons-nous, pour les siècles prochains. En résumé, parlant de la subdivision de notre forma- tion, il n’a pas été possible jusqu’à présent d’en détermi- ner les parties avec certitude, mais quelques observations me semblent démontrer que l’on doit admettre une divi- sion en deux sections, l’inférieure, beaucoup plus ancienne, et la supérieure, beaucoup plus moderne. Il ne me semble pas que l’on puisse découvrir entre elles des différences matérielles importantes, bien que les animaux fossiles en- terrés dans chaque partie prouvent qu’elles appartiennent à des périodes différentes. 214 SUBDIVISION DE LA FORMATION La section inférieure, que je suis disposé à assimiler à l'époque preglaciale de l’Europe, comme je l’ai déjà dit plus haut (page 192), contient seulement des espèces étein- tes, et la plupart de ces animaux n’existent pas actuellement dans notre pays, même sous des formes analogues ; aussi, dans la section supérieure ont-ils déjà disparu. Je nomme cette partie la diluvienne plus ancienne. La section supérieure, plus moderne, renferme les restes des espèces vivantes, soit complétement identiques, soit au moins aussi semblables qu’on peut les regarder comme leurs prototypes. | | £ Jassimile cette époque à la postglaciale de l’Europe, mais je préfère la nommer la formation diluvienne plus moderne, pour éviter que l’application des mots prégla- ciale et postglaciale fasse croire à l’existence de phénomè- nes de glaciers chez nous, et dont nous n’avons nulle part la preuve *#. L Pour donner un fondement plus sûr à la distinction des deux sections, je veux énumérer icı les espèces de mammi- fères trouvés jusqu’à présent dans chacune des deux parties de la formation diluvienne. De la section inférieure nous ne connaissons que les es- peces suivantes, d’une taille gigantesque, dont on ne trouve aucun représentant dans la supérieure et encore moins dans l’époque moderne ou alluvienne. Le plus grand nom- bre des animaux des deux catégories ont été décrits par moi dans les Anales del Museo Püblico de Buenos Aires, où le lecteur trouvera plus de détails. 1. FERAE. 1. Machaerodus neogaeus. 2. Fehs longıfrons. 3. Ursus bonaërensis (U. brasiliensis Lun»). — — 25. - son nnur LISTE DES ANIMAUX ETEINTS 215 9. EDENTATA. A. Gravigrada. Megatherium americanum. Mylodon (Lestodon) giganteus. — ( — )graalis. — robustus. — Darwin. - Scelidotherium (Platyonyx). leptocephalum. — ( — }) Cweert. Megalonyæ meridionalis. B. Biloricata. Doedicurus giganteus. . Panochthus tuberculatus. - bullifer. . Hoplophorus euphractus. —— ornalus. — elegans. — pumiho. . Glyptodon clavipes. — reticulatus. | — (Schistopleurum) asper. — ( — ) elongatus. — (. —— ) laevis. C. Cingulata. ; Dasypus (Eutatus) Seguini. 3. PACHYDERMA. A. Imparidigitata. Macrauchenia patachonica. 216 LISTE DES ANIMAUX ETEINTS 26. Hippidium principale. 27. — neogaeum. 28. Equus curvidens. 29. — argentinus *”. B. Multidigitada. 30. Toccodon Burmeisteri. 31. —— Owent. 32; — Darwini. 33. Typotherium eristatum. %. PROBOSEIDEA. 34. Mastodon Humboldti. 939. _ Antium. En dehors de ces espèces, aujourd’hui connues, on trouve quelques débris d'espèces que l’on ne saurait jusqu’à pré- sent déterminer avec exactitude. Tels sont: | Ossements de baleines, retrouvés tout près de la côte de la mer et peut-être appartenant à l’époque plus moderne ou même actuelle : Le femur et le tıbia d’un oiseau semblable à la cigogne ; Plaques de la cuirasse d’une grande tortue d’eau douce : Les deux espèces de coralines que nous avons men- tionnées page 177. | = De la section plus moderne nous connaissons les osse- ments des espèces suivantes : 1. BIMANA. 1. Homo sapiens. Des os humains ont été trouvés disposés çà et là dans le terrain de la province de Buénos-Ayres, mais je ne suis pas sûr qu'ils appartiennent réellement à celte époque ou à la plus moderne des alluvions: Les LISTE DES ESPECES ENCORE VIVANTES 217 débris, que j’ai vus, étaient complétement semblables aux ossements des Indiens autochthones et ne prouvent, par leur texture, rien qui les rattache à un âge plus ancien. Il ne semble pas qu'ils soient contemporains des ani- maux de l’époque inférieure, parce que nous manquons de preuves pour déterminer sûrement qu’ils aient vécu simultanément. Il. FERAE. 2. Canis jubatus. Nous avons un crâne complétement sem- blable à celui de l’espèce vivante. 3. Canis protalopex. De même, de cette espèce, notre Mu- sée possède un crâne qui ressemble beaucoup à celui du Canis magellanicus. %. Canis avus. La mâchoire inférieure, que j'ai vue, est en tout identique à celle du Canıs Azarae. 5. Mephitis primaeva. Le crâne ressemble beaucoup à celui de Meph. patachonica, sauf qu'il est d’une taille un peu supérieure. | III. GLIRES. 6. Ctenomys bonaërensis. 7. Myopotamus antiquus. 8. Lagostomus angustidens. 9. Cavia breviplicata. 10. Cerodon antiquum. 14. Hesperomys spec. Tout les os des espèces nommées, que j'ai vus, sont presque identiques à ceux des espèces vivantes. IV. EDENTATA. 12. Dasypus (Euphractus) villosus. 13. — (Tolypeutes) conurus. Ces deux espèces ne diffèrent pas des actuelles. 218 LISTE DES ESPECES ENCORE VIVANTES. V. RuMINANTIA. 1%. Cervus magnus (comme C. paludosus). 15. — pampeanus (comme C. campestris). 16. Auchenia Lama (le Guanaco fossile). VI. PACHYDERMA. 17. Dicotyles torquatus (le fossile et le vivant sont ıdenti- ques). | La plupart des espèces nommées sont si semblables aux espèces vivantes, qu'il n’est pas possible de trouver des différences fixes. Elles se trouvent dans les couchés les plus supérieures, principalement dans les plus sablonneu- ses, qui sont très-semblables aux couches alluviennes. En général, les ossements sont rares dans cette seconde sec- tion et beaucoup plus rares que les autres dans la section inférieure ; aussi est-ıl peu fréquent de découvrir des parties bien conservées et entières, des crânes, par exemple. On trouve des débris insignifiants, tels que des dents, qui se distinguent à peine de celles des espèces vivantes. Je n’ai pas vu de dents de chevaux trouvées dans la section supe- rieure diluvienne, et je ne doute pas que cet animal ne soit déjà disparu avec les animaux colossaux de la division in- férieure. Les ossements de ces mêmes animaux, trouvés dans la division supérieure, sont toujours en très-mau- vais état, et sans doute élevés par les courants d’eau de la division inférieure. 219 -W FORMATION TERTIAIRE SUPERIEURE, DITE LA PATAGONIENNE Cette formation, nommée ainsi par D’ORBIGNY, à cause de sa grande extension en Patagonie, et d’après son ori- gine le contraire de l’antérieure ou quaternaire, c’est-à-dire un dépôt marin, formé par différentes couches d’argile, sa- ble, marne et calcaire, entre lesquelles le sable domine autant que l’argile dans l’antérieure, et forme la masse principale, avec laquelle les autres parties sont unies à l'état de couches subordonnées. En comparant ces couches dans différentes localités, on remarque bientôt qu’elles ne se comportent pas de même dans tous les lieux, et dé- montrent au contraire une variabilité très-grande, même dans des lieux séparés par une très-petite distance. Les couches d’argile pure sont principalement très-rares, et ne surpassent pas généralement 3-5 centimètres, ou n’atteignent même pas cette épaisseur minime. Le sable, de son côté, n’est presque jamais pur, mais toujours mêlé avec quel- ques parties d’argile, ce mélange lui donne une couleur jaune-grisätre. La couche, où le sable domine, renferme beaucoup de coquilles marines, quelques restes d’écrevisses et une quantité considérable d’ossements de poissons, en- tre lesquels les dents de requins sont surtout nombreuses. On trouve même beaucoup d’objets des poissons d’eau douce, tels que des Siluriens, et aussi quelques os de mammifères, soit marins, soit terrestres, mais les échantil- lons en sont assez rares. Le calcaire forme, mais seulement dans la moitié supérieure de la formation, une partie essen- tielle, et se présente sous forme de couches assez compac- tes et de l’épaisseur de 1-2 mètres au-dessus des couches de sable inférieures, qui contiennent une quantité énorme de valves de coquilles, entre lesquelles dominent de grandes écailles d’huitres et un limaçon marin du genre Turritella; 220 ELLE EST UN DEPOT MARIN au-dessus apparaît un banc d’huitres intact, où les deux écailles se trouvent encore en complète union. Ces couches de chaux, qui sont évidemment formées par les coquilles triturées et accumulées en grande quantité, donnent de très-bons matériaux pour la construction; on les exploite depuis longtemps dans ce but, sans que l’extraction en ait été jusqu’à présent très-considérable. Quoique la qualité des dépôts de cette formation prouve évidemment, par la présence des restes de nombreux ani- maux marins, qu’ils sont formés par la mer, et très-proba- blement dans un golfe assez profond et large, ils ne con- tiennent pas dans leurs matériaux de précipitations des sels, auparavant solubles dans l’eau de mer, que nous avons trouvés en si grande quantité dans la marne diluvienne. Jamais on ne voit sur la surface sèche des dépôts les excré- tions blanches de sels, qui sont si générales sur la marne de la formation antérieure, et on conclut, par raison de leur manque, sur l’origine différente des sels dans celle-ci. Il me semble bien prouvé par cette circonstance, que les sels ne sont pas les restes d’une mer ancienne, mais d’une ori- gine epigenetique; car s’ils provenaient de la mer, ils doi- vent se trouver aussi dans les couches tertiaires, veritable- ment marines. Mais ils manquent, comme aussi les dépôts des sels en forme de lagunes desséchées. Cependant, il est vrai que les lagunes contenant du chlorure de soude, dont nous avons traité plus haut, page 184, se trouvent dans la surface des couches tertiaires, parce que les diluviennes manquent dans leur territoire, entre les 36 et 37 degrés de latitude sud, mais l’époque de leur formation est plus moderne, appartenant à la période diluvienne ou même aux temps moins reculés des anciennes alluvions (*). (*) Les lagunes salées, existant dans Je terrain au nord-ouest de Bahia Blanca, sont indiquées sur la nouvelle carte de M. le Dr. PETERMANN un peu trop loin au Sud, comme toute la partie voisine de la même carte. La lagune de San Lucas se trouve sous 36° 54 L. S., à 4° 18’ ouest de Buénos-Ayres ; l’autre lagune, Salinas, à ETENDUE DE LA FORMATION. 221 La courte description que j’ai donnée ici de la formation est fondée sur mes propes études près de la ville de Pa- ranä, en Entrerios, où elle apparait dans l’escarpement très- élevé de la rive orientale du fleuve, depuis la ville de Dia- mante jusqu’à l’embouchure du rio Guaiquiraré. Il résulte d’autres observations que peut-être la même formation se trouve au-dessous de la diluvienne, dans la partie orientale du pays, et se prolonge au Sud, au-delà de la limite, que nous lui avons fixée plus haut (page 200), de Bahia Blanca au volcan de Maipü, en s’élevant au niveau de la plaine échelonnée de Patagonie, jusqu’au détroit de Magellan, pour s’abaisser avec des chutes assez rapides près de l’Océan Atlantique. Dans l’intérieur de la République, on ne con- naît pas de couches semblables au nord de la ligne indi- quée, mais nous savons par les perforations exécutées à Buénos-Ayres que la même formation se trouve ici à une profondeur de 90-92 mètres au-dessous de la diluvienne, avec la même épaisseur qu’à Paranä, et nous déduisons de cette observation qu’elle doit s'étendre plus à l'Ouest et peut-être jusqu’au pied des Cordillères. | Le long de la côte atlantique, n’Orsıcny le premier, et depuis Darwin, ont étudié la formation. Plus tard, Bra- varD l’a examinée, ainsi que je lai fait moi-même, à Pa- ranä, en Entrerios. Comme celui-ci en 1858, j'ai publié sur cette localité, plus tard, une monographie spéciale dans mon Voyage, tome I, page 410, seq. La description de »p’Ormieny se trouve dans son grand ouvrage sur ses voyages dans l’Amérique Méridionale (tome III, part. 3, Paris 1842. 4). Il a visité le même endroit que moi à Paranä et aussi la Patagonie dans les environs du village EI Cärmen, au rio Negro; il a décrit les couches qu’il a étudiées; ses indications sont d’accord 37° 10° E, S., et la troisième au côté méridional de la chaîne de la sierra Ventana, à 370 20° L. S., d'après les observations du Colonel MELCHERT, de l'état-major du Gouvernement national, 222 ANIMAUX TROUVES DANS LA FORMATION avec ce que J'avais antérieurement relevé. Pour détermi- ner plus exactement ses résultats, il classait les espèces suivantes de mollusques : Ostrea patachonica. Pecten Darwinianus. — Ferraresi. Venus Münsteri — Alvarezi. Arca Bonplandianas Pecten paranensis. Cardium multiradiatum. Quelques années plus tard Darwin visita les mêmes en- droits, poussant plus au Sud, vers la côte patagonienne, et examinant la Bahia Blanca, la baie de Saint-Julien et le rio de Santa Cruz jusqu’à sa partie la plus haute, comme je l’ai dit tome I, page 310. Les résultats de ses observations sont publiées dans son Voyage; il les repro- duit plus tard, avec plus de details, dans ses Geological Observations (London 1846, 8), oü il ajoute les especes L suivantes à celles observées par D’ORBIGNY : Pecten actinoides. Nucula ornata. — centralis. — glabra. — geminalus. Fusus patagonicus. Cardium puelchum. — Noachinus. Cardita patagonica. Scalaria rugosa. Mactra rugata. Turritella ambulacrum. — Darwin, — palagonica. Terebratula patagonica. Voluta alta. Cucullaea alta. Trochus collaris. Crepidula gregaria. Les deux descriptions, se complétant l’une par l’autre, donnent une esquisse bien nette de toute la formation; elles suffisent à la faire connaître, quoique des recher- ches postérieures aient augmenté beaucoup le nombre des espèces fossiles, et élargi notre connaissance de la faune de cette partie de la période tertiaire. Il faut d’au- OPINIONS DE M, DE MOUSSY ET DE BRAVARD, 223 tant plus insister que M. Marrın DE Moussy, après avoir étudié la constitution physique de toute la République Argentine, par ordre du gouvernement du général Ur- quiza, pendant les années 1854-60, se présentait avec une opinion complétement différente sur l’âge des cou- ches dans les environs de la ville de Paranä, les don- nant dans le journal officiel : El Nacional Argentino, de l'année 1856 (n°* 161-164) comme appartenant à la formation jurassique. Des coquilles décrites déjà par p’OR- BIGNY et Darwin comme tertiaires, il en identifiait quelques- unes avec des espèces jurassiques, s'appuyant sur le Cours élémentaire de géologie de Beudant, figure 83 et pages 200-289 ; erreur remarquable, qui fut corrigée bientôt par BRAVARD. Cet observateur exact avait été nommé en 1857, par le même gouvernement argentin, au poste de Directeur du Musée national et Inspecteur général des mines de la République; il travailla avec beaucoup de zèle à la fondation du nouvel établissement pendant mon séjour à Paranä en 1858. S’ap- puyant sur ses recherches minutieuses, il publiait en même temps une : Monografia de los terrenos marinos de las cereanias del Parand, où il démontrait l’exactitude des re- cherches antérieures de n’Orsıcny et Darwin, et augmen- tait le nombre des espèces fossiles contenues en grande quantité dans la formation. Malheureusement, il se con- tenta de nommer ces nouvelles espèces sans les décrire, et cet oubli empêche le plus souvent de les reconnaitre. Ce travail acquiert une valeur nouvelle des preuves de la grande variabilité qu’il donne des couches qui composent la formation dans les différentes localités, souvent à une distance très - rapprochée les unes des autres. L’auteur compare les escarpements de la rivière à l’est et à l’ouest de la ville, et en second lieu démontre, par son argumen- tation, que quelques-unes des couches subordonnées con- tiennent des restes d'animaux d’eau douce et même d’a- 224 MES PROPRES OBSERVATIONS nimaux terrestres, prouvant aussi par cette découverte qu’elles ont été produites par un fleuve qui se jetait dans l'ancien golfe marin, et par conséquent que la terre ferme existait dans les environs du golfe en question. * Prenant comme base de mes propres recherches ces tra- vaux de mes prédécesseurs, j’ai donné dans mon Voyage (tome I, page 410, seq:), une description générale des environs de l’ancienne capitale de la République, où Je poursuivis mes études pendant une année entière, de juin 1858 à juillet 1859; j’en donne ici un extrait assez complet pour le faire connaître, y ajoutant quelques corrections ré- sultant de mes observations postérieures. | La disposition des escarpements de la rive du fleuve prouve évidemment que ces dépôts ont été accumulés dans un ancien grand golfe marin, qui avançait plus encore dans l'Amérique méridionale que la région où existe actuelle- ment la ville de Paranä. Il est très-possible et même vrai- semblable que ce continent n’existait pas alors dans la forme que nous lui connaissons, mais se composait de quelques grandes iles s’elevant de l’Océan, semblables aux mon- tagnes actuelles de l’intérieur de la République, entre les Cordillères et le fleuve Paranä ; leurs versants inclinés for- maient la partie occidentale de la terre ferme au côté de cet archipel, et Corrientes avec Entrerios et les territoires voisins du Brésil, l’autre partie orientale, séparés entre eux par la mer intérieure, où se déposaient les vases char- riées des sommets de ces îles par les courants d’eau douce: ainsi se formait le gisement tertiaire supérieur. Nous croyons pouvoir soutenir aussi cette hypothèse par la ra- reté des débris d'animaux terrestres et d’eau douce dans les couches en question, comparée avec la grande quan- tit& de restes d’animaux marins, quoique les bancs d’hui- tres, presque intacts, prouvent que la mer, où ces bancs existaient, n’était pas très-profonde, et d’aucune manière un Océan ouvert, mais bien une côte voisine de la terre. THEORIE DE LA FORMATION. 995 En même temps, le dépôt des coquilles marines dans les couches actuelles prouve que le détroit ancien était plus profond au commencement de l’époque de lear for- mation; lPépaisseur du dépôt s’augmenta avec les siècles, et le changea peut-être successivement en golfe, car ces coquilles sont très-peu nombreuses dans les couches in- férieures du dépôt, et manquent souvent ici compléte- ment. Cependant, j’ai trouvé dans le niveau le plus in- ferieur une petite couche d’argile plastique, d’environ 5 centimètres d'épaisseur, avec beaucoup de débris de pe- tites coquilles semblables aux espèces d’eau douce, sans qu’il me soit possible d’en déterminer exactement le gen- re Mais Bravarp avait trouvé dans une autre couche encore plus profonde le crâne d’un dauphin (Delphinus) qui ressemblait par son bec très-allongé et étroit au genre actuel Pontoporia, qui est bien connu pour vivre de préfé- rence dans les bouches des fleuves et ruisseaux, et non pas loin de la côte dans l’Océan ouvert. Sans doute un fait si simple ne peut pas servir d’argument général, car il est évident que les coquilles manquent dans les cou- ches les plus inférieures, commencent dans celles du mi- heu et s’augmentent dans les supérieures; observation qui prouve assez clairement le changement successif du golfe, car {ous ces animaux ne vivent jamais loin d’une côte et ne se rencontrent pas dans les profondeurs de l0- céan. Nous concluons de cette observation que le golfe ou le détroit était, au commencement de l’époque, plus large et plus profond, et que son fond s'élevait doucement par le dépôt nouveau de couches uniformes, en même temps que les côtes s’avançaient davantage en dedans, augmen- tation causée par l’activit& des fleuves et des ruisseaux qui s’y jetaient. Pendant que s’effectuait ce progrès lent, la plus grande partie de la formation se déposa à l’état de mélange intime de sable et d’argile; mais de temps à autre une. forte averse, tombée sur la terre voisine, em- REP, ARGe=— T, II. 15. 226 DEPOTS D’ARGILE DANS LA FORMATION. portait l’argile pur, et le déposait entre les autres gise- ments sablonneux, comme une couche mince mêlée de coquilles lacustres. Cet événement exceptionnel se répétait de temps à autre. Comme il est contesté que ces minces couches d’argile sont plus rares dans la moitié supérieure de la formation, il me semble aussi trouver dans ce fait un argument en faveur de mon opinion, car l’argile trans- portée ne restait pas compacte dans l’eau coulante tout près de la côte, se déposant seulement dans Peau plus profonde et plus tranquille : le lit étant plus large le transport de argile dans l’eau profonde était plus facile. Jamais on ne trouve de coquilles marines dans ces couches minces d’ar- gile plastique; généralement elles ne contiennent pas de fossiles, comme cela est naturel, le transport de l’argile ayant été effectué assez loin par la mer. Cette substance, moins pesante que les coquilles contenues dans le même courant d’eau, ne se déposait qu’en arrivant dans l’eau tranquille. Le peu d’épaisseur de ces couches d'argile, dépassant très-rarement 5 à 10 centimètres, prouve qu’elles ont été formées par une action passagère, et que l'argile était sans doute amenée par des :averses. Croire qu’elles ont été ramenées par le mouvement des vagues de la profondeur de la mer, n’est pas admissible, car, dans ce cas, leur présence devrait se constater par- tout et non pas dans quelques endroits spéciaux, comme cela est en réalité. | Pour donner plus d’évidence aux idées que j’emets ici, je veux examiner les choses plus en détail et passer en _ revue la totalité des couches des escarpements du fleuve, à l’ouest de la ville de Paranä, à une épaisseur. moyenne d’environ 30 mètres. De cette hauteur, la partie inférieure sans coquilles comprend presque 15 mètres. La base de cette partie est une couche de marne très-fine, d’une couleur verdätre, déposée. presque au niveau de la hauteur moyenne DIFFERENCE DES COUCHES AUX DEUX COTES DU PORT. 227 du fleuve qui, d’apr&s mes propres recherches, ne con- tient pas de fossiles, quoique Bravarn ait trouvé dans cette même couche le crâne du dauphin, ce qui prouve leur origine marine. Au-dessus de la marne commence la couche générale sablonneuse, mêlée avec de l’argile d’une couleur jaune-grisätre, et dans celle-ci j’aı trouvé, comme 4 mètre au-dessus de la marne verdâtre, la mince cou- che d'argile plastique avec les débris de coquilles fluvia- tiles semblables au genre Cytherina, ou aux jeunes indivi- dus du genre Unio, le plus grand nombre d’une figure allon- gée, quelques-uns plus courts. Je n’ai pas trouvé de couche semblable en amont, dans les mêmes escarpements à l’est du port de la ville, d’où nous conclurons que leur exis- tence est due à des causes rares et exceptionnelles. Par contre, on trouve dans l’autre côté d’Est, à la même hau- teur, une assez grande quantité de débris de poissons d’eau douce, principalement de plaques provenant de la peau d’un Silurien, mélées avec des dents de requins, ce qui prouve que l’eau des fleuves a participé à cette formation par ses dépôts, en se mêlant avec l’eau marine du golfe. Une couche très-épaisse de sable, au-dessus de ces débris d'animaux d’eau douce, ne contient pas de fossiles, mais bientôt on les rencontre, à la hauteur de 14-16 mètres, par groupes isolés, principalement les valves des deux es- pèces les plus communes: Venus Maünsteri et Arca Bon- plandiana, et dans leur voisinage, mais à une hauteur dif- férente, des valves simples du Pectern paranensis et plus communément du Pecten Darwini. Il est important de noter que ces valves simples des deux espèces, apparte- nant à la section de Monomyaires, sont toujours très-bien conservées et se séparent facilement dıı sable ; par contre, on ne trouve presque jamais une paire de valves ensem- ble et encore en contact ; les deux va lves des Dimyaires, au contraire, comme le Venus et Arca, sont presque tou- jours complètes, mais très-fragiles et. très - décomposées 228 CONCLUSIONS A FAIRE DE LA CONSERVATION DES COQUILLES dans leur texture. On est obligé de laisser quelque temps en place ces coquilles bien nettoyées et de les faire sécher au soleil, pour pouvoir les extraire du sable sans les briser. Il est évident que ces animaux moururent à la place oü on les trouve : ce qui le prouve c’est la surface intacte de leurs coquilles conservées avec toute la finesse des rayures: mais ils sont restés longtemps exposés à l’influence de l’eau, et, sous cette influence, la substance organique de leur com- position a probablement disparu avant qu'ils soient cou- verts par le sable. Cependant, il y a aussi des endroits où les valves des mêmes espèces se trouvent toujours séparées, ce qui prouve qu'ici l'animal était mort avant que ses valves fussent ensevelies par le sable. De l’autre côté, Vexis- tence toujours séparée des valves du genre Pecten s'explique par leur habitude de vivre en haute mer, noyées dans l’eau, et non pas rampant sur le fond, comme les Dimyaires. Ces espèces de Pecten sont aussi mortes en haute mer et tom- bées au fond, déjà un peu décomposées; il en résultait que les deux valves se detachaient facilement et se trouvaient à une certaine distance l’une de l’autre. J’ai en vain chérché un seul Pecten avec ses deux valves; enfin, depuis mes recherches minutieuses et inutiles, j'ai reçu un jour deux valves différentes, mais si bien unies que je pouvais les croire du même individu, d’un Pecten Darwinianus; le plus grand Pecten paranensis semble avoir vécu plus loin de Van- cienne côte, parce que jamais je n’ai réussi à réunir deux valves d’un même individu. Au-dessus du milieu de la formation, où se trouvent ces coquilles en abondance, le sable est presque dénuéde fos- siles ; enfin, aux trois-quarts de la hauteur, se rencontrent. çà et là quelques valves d’huitres séparées, qui manquent complétement dans la partie inférieure. Nous en concluons que leur présence est plutôt due à un hasard: un véritable banc d’huitres n’existait pas encore dans ce niveau, pro- bablement parce que la mer était trop profonde pour les UN BANC D’HUITRES INTACT. 229 huitres, mais non pas assez profonde pour les Dimyaires antérieurement trouvées; le banc d’huitres de l’espöce qui vivait déjà ici était plus voisin de l’ancienne côte, et seulement quelques valves isolées des individus morts ont été transportées par le mouvement des vagues dans la partie plus profonde de l’ancien golfe. Mais comme le fond du golfe s'élevait de plus en plus par suite des nouveaux dépôts, le banc d’huitres s’éloignait loin de l’ancienne côte, et c’est ce banc que nous trouvons encore intact au niveau supérieur de la formation. Ici existent des milliards d’in- dividus accumulés dans leur ordre naturel, la plupart ayant 15-18 centimètres de longueur; dans une certaine région ils sont même encore plus grands, avec des valves d’une épais- seur énorme, tous intacts. Parmi ces huîtres, on trouve seulement une coquille que Bravarn a nommée Osteophorus typus:; les individus en sont disposés, comme les huîtres, horizontalement, les interstices sont remplis par la vase calcaire; cet arrangement prouve que leur état n’a été en rien modifié. L'espèce d’huitres la plus commune est l’Os- trea patagonica et ensuite l’Ostrea ferrarest. Au-dessus du banc d’huitres on trouve-une petite cou- che de sable, presque 28-30 centimètres d’épaisseur, et sur cette couche le grand dépôt de calcaire déjà mentionné plus haut, de 3-4 mètres d'épaisseur, qui forme la surface su- périeure de la formation. Cette couche de calcaire est en exploitation depuis longtemps ; le regard peut pénétrer dans l'intérieur ouvert dans différents endroits, et on a ainsi l’occasion d'étudier sa composition, principalement en remontant le lit desséché du ruisseau Salto, où cette couche est entièrement ouverte. Le ruisseau fait, à une distance d’une demi-lieue de l’embouchure, une chute de 10-12 mètres sur le banc supérieur plus dur de cette cou- che calcaire; c’est de cette chute que lui vient son nom. Déjà les débris des carrières donnent une idée assez nette de la eomposition de la chaux ; on comprend facilement 230 ‚ BANG CALCAIRE AU-DESSUS, qu'elle a été formée par des coquilles marines, sans par- _ticipation des polypiers. Leur absence prouve que le dépôt calcaire n’est pas un banc de coraux, mais plutôt un com- posé de detritus de valves de mollusques, principalement formé par les espèces plus haut nommées de l’Area et Venus, en outre par les coquilles d’un limaçon marin, nommé par BravarD : Cerithium americanum, qui s’y mêle en grande quantité. Presque jamais on ne trouve de coquilles com- plètes bien conservées, ni de Pune ni de l’autre espèce, mais principalement des moules, soit de la cavité intérieure, soit des rugosités de la surface formées par la chaux elle même, fine et amorphe, mais assez dure. Il est évident que ce calcaire a été formé par les coquilles triturées, qui renfermaient d’autres individus des mêmes espèces, logés dans leur intérieur; certaines coquilles étaient mou- lées dans la masse malléable et ensuite décomposées en raison de leur affinité, et peu à peu changées en matière calcaire amorphe. Dans quelques endroits on voit mêlé avec la chaux un sable quartzeux très-fin, et dans d’autres lieux, où l’eau était restée entre les coquilles, des cris- taux élégants de carbonate de chaux, formant des efflores- cences dans des cavités à présent vides. Ces cavités sont éparses dans toute la masse calcaire et quelquefois s’y trou- vent en grand nombre. Ailleurs, on trouve des couches différentes superposées l’une sur l’autre et caractérisées par ces qualités accidentelles. Aussi j’ai vu dans la car- rière, tout près de l’embouchure du ruisseau Salto, trois couches différentes, chacune de l’épaisseur d’un mètre. L’inferieure était d’un calcaire très-riche en cavités, avec de belles croûtes de cristaux fins de carbonate de chaux, entre lesquelles une substance noire, probablement d’oxyde de manganèse, s'était accumulée. Cette couche était suivie d’une seconde, disposée en petits lits en direction obli- que déposés contre la première, d’une épaisseur ne dé- passant pas 0,60 mètre, sans structure cristallisee ; les CONSTRUCTION PLUS DANS L’INTERIEUR DES TERRES. 231 lits étaient inclinés sous des angles de 40-42 degrés, rela- tivement à linférieure. Dans des distances de 2-3 pouces (7-10 centimètres) on trouvait dans cette seconde couche différents dépôts de débris de coquilles, alternant avec la masse de chaux amorphe, quelques-unes contenant seule- ment des huîtres, et les autres des moules de Venus et Arca, ainsi que des petits cailloux blancs de la grosseur de noix et de noisettes. Enfin au-dessus existait la troisième cou- che principale, calcaire amorphe avec des cavités, contenant beaucoup de croûtes, de cristaux de carbonate de chaux, et çà et là, entre celles-ci, d’autres cristaux de sulfate de chaux et de masse de silex amorphe, intimement uni avec le calcaire amorphe. La description donnée jusqu’à présent est basée princi- palement sur mes propres études des escarpements des rives du fleuve à l’ouest du port et de l'embouchure du petit ruisseau Salto; je veux y adjoindre quelques autres recherches faites plus dans l’interieur des terres, où les escarpements dudit ruisseau se prêtent admirablement à l'étude. En entrant dans son lit où il y a très-peu d’eau, et qui souvent est tout à fait à sec, on remarque que le côté occidental descend presque perpendiculairement, et que l’o- riental est plus incliné et divisé en gradins. Sur cette rive on ne trouve pas le banc calcaire, le ruisseau a creusé son lit au bord de la couche calcaire et c’est elle qui, par sa dureté matérielle, forme sa chute, laissant au-des- sus les couches sablonneuses intactes. Remontant ainsi le cours du ruisseau sur le bord du banc calcaire, on voit clairement que ce banc est plus épais au Nord, jusqu’à l’embouchure actuelle du ruisseau, et perd de son épaisseur peu à peu dans la direction opposée, correspondant à l’in- térieur du terrain, en s’éloignant du lit actuel du fleuve Paranä. Cette disposition prouve évidemment que lon a sous les yeux la rive d’un ancien golfe maritime. Immédiatement au-dessous du banc calcaire se trouve 232 COUCHES DANS LE LIT DU RUISSEAU SALTO. une petite couche d’argile sablonneuse rouge-jaunätre d’un mètre d'épaisseur, sans fossiles, et plus bas une autre couche également épaisse, plus grisâtre, qui contient quel- ques valves de grandes huîtres. Au-dessous de cette se- conde couche j’ai examiné une troisième couche différente, composée de grandes masses irrégulières calcaires, sépa- rées entre elles, mais accumulées les unes sur les autres, toutes composées de valves de l’Arca Bonplandiana, plus au moins détruites, mêlées avec des moules parfaites. de l’intérieur de cette même coquille. Cette couche, qui n’est pas un dépôt de cailloux, mais un produit de concrétions primitives formées indépendamment lune de l’autre, déli- mite presque la moitié de la hauteur des escarpements: au-dessus d’elle l’argile diminue, comme substance fonda- mentale, et au-dessous le sable, en masse ‘très-fine jaune- verdätre, qui se divise, par quelques nuances de la cou- leur, en trois étages. En prenant toute la hauteur! de cette partie d’escarpement à 10 mètres, l’étage supérieur, assez foncé et contenant un peu plus d’argile, en occupe 1 mètre. Au-dessous, commence le second étage, d’une couleur plus claire ; on y remarque quelques trous, pro- venant sans doute de la chute de masses étrangères. Cet étage a une épaisseur de 5 mètres, et le troisième infe- rieur encore plus clair de # mètres. Dans celui-ci on trouve beaucoup de débris de poissons, mais tous trös- décomposés et polis, comme triturés depuis longtemps par le mouvement de l’eau. J’y ai vu aussi ‘quelques petites couches superposées d’argile pure, correspondant aux couches semblables plus au dehors dans l’escarpe- ment du rio Paranä, de 8-10 millimètres d’epaisseur. Enfin la base de toutes ces couches formait un banc de marne verdätre, que j'avais vu aussi dans le même niveau de l’escarpement de la rivière voisine, et dans cette couche on trouve beaucoup de moules d’Arca et‘ Venus, mais aucune coquille bien conservée. En géneral, des fossiles se GISEMENT DES COUCHES A L’EST DU PORT. 233 présentent plus rarement dans cette partie de l’intérieur du terrain, sauf dans le bane plus haut des concrétions déjà nommées, qui se composent presque uniquement de valves des mollusques cités. | Nous examinerons à présent l’autre partie des escarpe- ments à lest du port, dans l’endroit où était auparavant le port dit Santiaguena. L’apparence générale de ce côté de l’escarpement est la même que celle du côté opposé, mais on remarque quelques différences locales assez sen- sibles. La plus notable est le manque complet de la for- mation diluvienne au-dessus de la tertiaire, quoique cette même formation ait une épaisseur de 5 à 6 mètres du côté occidental du port actuel, se divisant ici en deux couches différentes, une grise inférieure de 1,8-2 mètres et une supérieure rougeätre de 3-3,7 mètres. Du côté occiden- tal, immédiatement après la couche supérieure tertiaire, se trouve une petite couche alluvienne, et cette couche re- pose sur le banc calcaire de l’autre côté. Ici, elle a une épaisseur qui ne dépasse pas 2 mètres, mais est aussi divisée en trois couches différentes; la supérieure égale- ment avec beaucoup de cavités pleines de cristaux de car- bonate de chaux et de petites masses noires d’oxyde de manganèse, accompagnées de quelques moules d’Arca et de Venus. La seconde couche calcaire est très-sablonneuse, mais contient les mêmes gisements; elle ne dépasse pas un demi-mötre d'épaisseur. La troisième couclie, 0,8 mètre d'épaisseur, ressemble à la première sur ‚örieure, renfer- mant beaucoup de moules de coquille: s, qui se perdent peu à peu dans le niveau le plus in“ érieur.. Au-dessous du banc calcaire commence le dépô', sablonneux, se divi- sant en deux couches de marne sn trois. étages plus ou moins différents ; la supérieur à encore assez riche en chaux et contenant les même s coquilles que le bane cal- caire, mêlées avec des der ‚is de requins .ASSez nombreu- ses. La couche de marr _ J 1e au-dessous est molle, elle a 234 PARTIE INFERIEURE SABLONNEUSE. k mètres d'épaisseur et contient encore queiques débris de coquilles. Le second étage sablonneux a 0,5 mètre d’é- paisseur, est assez dur, très-mêlé de chaux et très-pauvre en coquilles, sans aucun vestige d'oxyde de manganèse, qui se trouve çà et là dans l’étage supérieur. La seconde cou- che de marne est à peine de 0,1 mètre d'épaisseur, mais très-riche en valves d’huitres séparées. Au-dessous de cette couche commence le troisième étage, le dernier de sable, de 10 mètres d’épaisseur et plus pur que les autres. Il tranche sur le reste par sa couleur verdätre en couche de plus de 2 mètres, avec beaucoup de concrétions cal- caires, mais sans coquilles. La seconde couche au-des- sous de la première est de 0,8 mètre d’épaisseur, sans chaux et aussi sans coquilles, mais plus foncée à cause d’un mélange d’oxyde de fer. Une troisième couche, pres- que de la même épaisseur (0,7 mètre), «commence ensuite avec différents dépôts de couleur jaune et verdätre, con- tenant en groupes beaucoup d’huitres toutes intactes, leurs deux valves unies et fermées, indiquant ainsi que ces ani- maux ont vécu là. Au-dessous de cette partie supérieure vient l’étage principal, sablonneux inférieur, atteignant presque 3,5 mètres d'épaisseur, panaché de bandes jau- nes et verdätres, mais sans huîtres, avec les mêmes co- quilles que dans la partie occidentale des escarpements, les Monomyaires toutes bien conservées, les Dimyaires déposées en groupes assez décomposés et très-fragiles. On trouve aussi quelques groupes de cristaux épigéné- tiques de sulfate de chaux. Une petite couche d’argile de 0,4 mètre d'épaisseur se prononce au-dessous de cet étage inférieur et sépare le reste, qui est semblable à la partie au-dessus de cette couche d’argile. Ainsi se termine la formation dans sa partie à découvert; le pied du mur de l’escarpement perpendiculaire se perd, au niveau du fleuve, sous les décombres tombés du haut et accumu- les la. Dans la petite couche d’argile je n’ai pas vu de GISEMENT DES CARRIÈRES DE J, GARRIGO. 235 fossiles, mais dans la partie principale sablonneuse on en trouve beaucoup, et non-seulement les mollusques préci- tés, mais aussi des dents de requins et des plaques de peau d’autres poissons, qui semblent appartenir à une espèce de la famille des Siluriens ; toutes assez endom- magées à la surface pour avoir été longtemps exposées au frottement produit par le mouvement de l’eau. BrAvarn prétend avoir trouvé dans cette même couche sablonneuse des restes d’anımaux terrestres, qu'il attribue à une es- pece d’Anoplotherium et de Palaeotherium, avec le copro- lithe d’un carnassier, et déduit de cette découverte la pre- existence d’une terre habitable tout près de l’ancien golfe marin. Je n’ai pas été si heureux que lui; je n’ai trouvé qu'une dent qui me sembe être d’Otaria, avec beaucoup de dents de requins. Nous possédons, il est vrai, dans le Musée public un coprolithe, mais de la structure spirale de l'intestin d’un Selachien, une vertèbre d’un Crocodilien et la mâchoire inférieure de Saurocetus, décrite par moi . comme représentant du groupe des Zeuglodontes dans l’hé- misphère austral. Bravarp attribue ces restes à des mam- mifères transportés par l’eau courante d’une formation plus ancienne, et en conclut que les animaux ne sont pas con- temporains de la formation du dépôt. Je ne vois aucune raison d'admettre cette hypothèse et je préfère les considérer comme contemporains. Bravarn donne la description d’un autre lieu assez sem- blable, près des carrières de M. José Garri60, où l’on trouve aussi la formation diluvienne d’une épaisseur de 3,3 mètres au-dessus de la tertiaire. Immédiatement au-dessous de la couche diluvienne se présente un banc de sable, de 2 mètres d'épaisseur, d’une couleur blanchätre, sans fossiles, repo- sant sur un autre banc gris de 4 mètre d'épaisseur, et ren- fermant des valves d’huitres et autres mollusques tels que le Pecten. Encore au-dessous l’on rencontre le banc cal- caire, de 2,02 mètres d'épaisseur, mêlé avec beaucoup de 236 LES TROIS BANCS CALCAIRES. sable. Dans cette couche calcaire on distingue huit banes superposés, de différentes structures. Le supérieur est un calcaire assez pur, plein de cavités, sans coquilles, seu- lement de 0,18 mètre d'épaisseur, et le second un caleaire sablonneux stratifié, de la même épaisseur; sous ce banc en apparaît un autre de calcaire plus pur, égal au premier, de 0,5 mètre d'épaisseur, et encore au-dessous un bane très-sablonneux, avec peu de chaux, seulement de 0,3 mètre d’épaisseur. Au-dessous de celui-ci en vient encore un autre de calcaire pur avec des creux, mais ceux-ci sont plus petits et le banc a 0,5 mètre d'épaisseur. Le banc de sable au-dessous de ce troisième banc de calcaire est de 0,7 mètre d'épaisseur, assez riche en chaux et renfermant beaucoup de valves d’huitres, en compagnie de quelques Arca et Venus. Le banc de calcaire au-dessous de ce troisième banc de sable est de I mètre d’epaisseur, obliquement stratifié, sous un angle d’inclination de 40°, se dirigeant vers le Nord-Est. Ce banc ressemble complétement au troisième infefieur, de l’autre côté du port, que j'ai décrit ci-dessus. Il repose sur un sable dur, peu mélangé de chaux, de 0,06 mètre d’é- paisseur, sans fossiles, et formant le fondement de la couche calcaire de ce côté du port. La seconde partie principale de la formation tertiäire de ce même côté se compose de différentes couches de sable, mieux séparées entre elles. Bravarn distingue 17 couches, tantôt plus dures, tantôt plus molles et de différentes cou- leurs, d’après les différences du mélange de sable et d’ar- gile. La première, la plus rapprochée à celle de calcaire, est une argile verdätre, de 0,13 mètre d'épaisseur, reposant sur un banc de sable blanc, de 0,10 mètre. Elle contient beaucoup de valves d’huitres et de concrétions calcaires ra- mifiées, qui ressemblent beaucoup à des branches d'arbres. Vient ensuite une autre couche d’argile verdâtre, avec des moules de coquilles du genre Cytherina, de 0,20 mètre d'épaisseur, et au-dessous de celle-ci de nouveau le sable LES BANCS SABLONNEUX DE CE COTE. 237 blanc, avec 20 lignes horizontales noires, qui semblent être d’oxide de manganèse. Une nouvelle couche d’argile verdà- tre, avec les mêmes moules de coquilles et une autre es- pèce, semblable au genre Phasianella, suit la précédente, et cette couche est superposée à une autre d’argile gris- verdätre plus pure, de I mètre d'épaisseur. Leur qualité plas- tique très-prononcée les rend propres à une application industrielle. Au-dessous de cette argile se trouve de nou- veau du sable, de 0,11 mètre d'épaisseur, avec des valves d’huitres, et plus bas encore la même argile plastique, sans fossiles, sur une hauteur de 0,35 mètre. Elle repose aussi sur une couche de sable plus dur, qui se distingue facilement en raison de sa cohésion plus marquée que celle des autres couches plus molles de l’escarpement. Une troisième couche de la même argile plastique se présente ensuite, de 0,9 mètre d'épaisseur et aussi nettement stratifiée que les couches su- périeures. Une autre couche de sable, de couleur jaune, de 0,10 mètre d'épaisseur, porte cette argile et se compose à son niveau inférieur d’une argile plus dure, de 0,21 mètre d'épaisseur, contenant des valves d’huitres. Au-dessous de cette couche se trouve une véritable roche d’huitres, dépo- sées horizontalement, et sous cette roche apparaît le sable principal, de A mètres d'épaisseur, avec plusieurs espèces de mollusques, entre lesquelles se présente une espèce nou- velle d’Arca, différente de la commune Arca Bonplandiana. Une autre roche de coquilles fossiles sépare cette couche du sable de la plus inférieure, qui a le même aspect et 4,2 mètres d'épaisseur, toutes deux très-riches en débris de poissons, qui présentent ce caractère, déjà mentionné auparavant, d’être très-triturés par le mouvement des eaux. Dans la roche de coquilles on trouve les deux valves presque tou- jours unies, ce qui prouve que les animaux ont vécu au lieu même où ils sont déposés aujourd’hui. Les espèces prin- cipales de cette roche sont: Ostrea patagonica, Peeten pa- ranensis, Pecten Darwini, Arca Bonplandiana ; on trouve 238 EXTENSION DE LA FORMATION AU SUD. plus rarement les espèces qui dominent de l’autre côté des escarpements, à l’ouest du port, comme Venus Münsteri, Cardium platense, en compagnie d’un genre nouveau, que D’ORBIGNY a pris pour Tellına. _Telles sont les données que je peux fournir sur la com- position de la formation tertiaire dans les environs de la ville de Paranä. Comme cette même formation ne se pré- sente à découvert dans l’intérieur de la République nulle part ailleurs que dans ce lieu et sur la rive gauche (orien- tale) du rio Paranä, depuis Diamante jusqu’à la Paz, il n’est pas possible de donner d'indication sur son exten- sion au Nord et à l’Ouest. Au Sud, au contraire, nous la connaissons plus loin par les perforations faites à Bué- nos-Ayres et dans toute la Patagonie, depuis Bahia Blanca jusqu’au détroit de Magellan, où »’Orsıcny et principale- ment Darwin l’ont étudiée. Nous donnons ici un extrait des recherches du dernier, après avoir indiqué les résul- tats des perforations faites dans notre voisinage. Les deux puits faits ici sont à une distance l'un de l’autre d’environ d’un demi-mille géographique; l’un dans Buénos-Ayres même, tout près de l’église La Piedad, est à 15: mètres au-dessus du niveau de la rivière ; l’autre à Barracas est à 12 mètres plus bas, au niveau du sol du pays bas sur les rives du ruisseau Riachuelo. Nous lais- sons de côté ici les couches de formation alluvienne et diluvienne que nous avons examinées plus haut (pages 169 et 201), rappelant seulement au lecteur que l’épaisseur de l’ensemble est presque la même dans les deux points, quoique la formation tertiaire commence à Buénos-Ayres à 50 mètres de profondeur et à Barracas à 45 mètres. Dans les deux localités la couche supérieure de la for- mation est d’argile plastique bleuâtre et contient dans le puits de Buénos-Ayres beaucoup de valves d’huitres; celui de Barracas n’en contient pas, mais l’argile en est riche en chaux, se rapprochant de la marne. Cette couche a ELLE SE TROUVE AU-DESSOUS DE BUENOS-AYRES. 239 une épaisseur d’a peu près 30 mètres à Buénos-Ayres et de 20 mètres à Barracas. Elle est suivie d’une autre couche de sable, couleur gris-verdätre, avec des cailloux “et beaucoup de coquilles, entre autres des huîtres et des Pecten très-reconnaissables. La couche du sable correspond à la partie inférieure sablonneuse de la formation à Paranä et descend dans les deux puits à une profondeur très-diffé- rente, c’est-à-dire jusqu’à 110 mètres à Buénos-Ayres et seu- lement à 81 mètres à Barracas. Cette différence résulte de l'épaisseur de toute la formation, beaucoup plus grande à Buénos-Ayres qu’à Barracas ; car dans le premier puits elle a une épaisseur complète de 60 mètres, et dans le second, de 36 mètres; en relation en cela avec la formation dilu- vienne, qui atteint à Buénos-Ayres 50 mètres d’épaisseur, et à Barracas seulement 15 mètres. Tels sont les résul- “ats que donnent les publications faites sur les deux puits par les entrepreneurs ; les coquilles mentionnées n’y sont pas déterminées scientifiquement, et nous les connaissons d’après une collection de débris des couches perforées, déposée dans le Musée public de Buénos-Ayres *”. Le sol du territoire échelonné de la Patagonie, dont nous avons donné une description générale, tome I, page 174, se compose presque uniquement de la formation tertiaire supérieure, et à cause de cette uniformité, D’OrBIeny l’a- vait désignée du nom de patagonienne. La surface supé- rieure est un gravier fort, mêlé avec beaucoup de cail- loux, qui forment la couche alluvienne de ce sol et appar- tiennent à l’époque actuelle. Du côté occidental, cette cou- che de décombres est plus épaisse, comme nous l’avons vu antérieurement (tome I, page 176), et forme des chai- nes de collines au pied des Cordillères, couvertes de forêts et sillonnées de nombreux ruisseaux, qui donnent à cette partie une certaine fertilité, quand, par contre, le côté oriental est stérile et presque sans végétation utile, sauf dans le lit des grands fleuves qui le parcourent. Ces lits 240 LA FORMATION TERTIAIRE DANS LA PATAGONIE, sont généralement assez larges, et cette circonstance prouve la préexistence. d’une plus grande masse d’eau dans les temps passés, que démontrent également les gradins vi- sibles dans l’escarpement des rives. Dans tous ces fleuves on trouve des cailloux des pierres des Cordillères, peu à peu plus petits à mesure que l’on s’éloigne en aval de la partie occidentale du pays plus haute et plus inclinée, et que l’on se rapproche de l'embouchure dans l'Océan, où l’on trouve alors de grands bancs de sable qui en rendent assez difficile la navigation. \ DARWIN, qui nous a révélé ces phénomènes principale- ment par la description qu'il en fait dans son Voyage (tome IT, page 197, trad. allem.), dit qu'il existe le long de la côte atlantique sept à huit gradins, et qu'il en pou- vait compter au moins quatre d’un poste d’observation élevé. Il décrit la substance principale du fond, -qui est selon lui un grès gris-bleuâtre, pas très-dur, entremêlé dans l'intérieur de bancs plus durs qui contiennent beaucoup de fossiles, principalement des coquilles marines. Parmi celles- ci dominent de grandes huîtres mêlées avec des espèces de Mactra, Nucula, Cardium, Venus et Pecten, et aussi des lima- çons des genres Turritella, Voluta, Fusus et espèces de Bala- nus. Au-dessus de cette couche riche en coquilles fossiles, se trouve souvent une marne grise très-dure, renfermant çàet là des bancs de sable, et plus au-dessous une autre couche de sable avec des cailloux de pierre ponce et de porphyre, qui proviennent de la Cordillère. Nous avons déjà men- tionné tome I, page 311, la grande masse de basalte, in- terrompue par le rio Santa-Cruz, et nous savons à présent par le voyage du lieutenant Musters, cité tome I, page 377, note 80, que d’autres roches éruptives se trouvent dans différentes localités de l’intérieur. Les gradins ont chacun une largeur de plusieurs milles géographiques et une hau- teur de 30-40 mètres, atteignant ensemble jusqu’à 400 mè- tres au pied des Cordillères, mais ils ne sont pas égale- FORMANT DES GRADINS STERILES. 241 ment pronone6s et visibles dans tous les lieux, parce ‚que souvent leurs escarpements sont, interrompus, et ont été portés par les vagues de l’ancienne, mer. Leur surface est presque horizontale dans de grandes étendues; mais en réalité chaque. gradin est un peu. incliné au bord, et se relève ‚peu à peu jusqu’à la base du gradin immédiate- ment, supérieur, imitant ainsi. complétement l'apparence d’une côte basse de l'Océan, s’abaissant doucement jusqu’à son niveau. Comme plusieurs des coquilles fossiles sont identiques aux espèces trouvées près de la. ville Paranä, la contemporanéité des deux formations est évidente, aussi unanimement acceptée. Les cailloux qui couvrent les gradins ER toute leur étendue comme, une couche peu à peu plus épaisse dans la direction des Cordillères, sont évidemment des débris des roches de ces montagnes ; ils forment une plaine sté- rile, çà et la interrompue par de petites dépressions, où s’ac- cumule l’eau, qui permet à un herbage vert de croître dans les environs. L'autre surface dela plaine est couverte de petites plantes, dures épineuses, comme nous l’avons dit déjà, tome I, page 175, au reste toute nue, sans herbage ; désert triste, et abandonné. ‚Au-dessous de. cette couche se trouve, une terre plus fing, blanche, qui ressemble à de la craie, mais qui est une masse: feldspathique. décomposée. Cette terre semble être le produit de la décomposition des débris des roches, qui sont pour la plupart des porphyres, transportée plus loin par l’eau, comme substance moins pesante et déposée au-dessous des cailloux, quand le sol s’éleyait au-dessus de la mer. Jamais on ne trouve dans cette couche de fossiles, comme cela est, naturel, vu leur mode de formation ; mais dans la couche supérieure des cailloux on trouve quelques débris de coquilles, iden- tiques à celles qui vivent à présent dans l'Océan Atlan- tique. Ce fait nous révèle que la couche appartient à 1’6- poque actuelle, et que, chaque gradin, qui porte des cail- REP. AR — T. I. 16. 22 | ANCIENNE COUCHE DE CAILLOUX. loux semblables avec des coquilles s'élevait à une époque assez rapprochée de la nôtre au-dessus de la surface de la mer, contemporaine des dépôts pis dat dont nous avons parlé page 161 °*. zu Une couche assez semblable de cailloux se trouve aussi au pied des Cordillères, mais non pas au niveau de la plaine actuelle, oü se forment des chaines de collines de sable, mêlées de cailloux de toutes grandeurs, que nous avons décrites antérieurement, page 162. Cette autre cou- che différente s'élève plus haut dans les vallées ouver- tes du côté de la plaine, qui s'étendent au milieu des montagnes, et disparait sous les collines de ladite chaîne des dépôts modernes alluviens. Les cailloux contenus dans cette couche plus ancienne sont plus ronds, la plupart d’une grandeur intermédiaire, variant de la grosseur du poing à celle d’un melon, et tous réunis entre eux par une substance blanche assez dure, qui me semble de l'argile, mêlé avec du sable fin et de la ‘chaux. Cette substance, qui enferme les cailloux comme dans un ci- ment, donne à toute la couche une consistance plus forte, et l’apparence d’un béton qui ne se divise pas facilement. D’anciennes rigoles, à présent sèches, laissent à découvert lPintérieur de ce béton, et l’on découvre qu'il est iden- tique dans une assez grande profondeur, démontrant par la hauteur considérable qu’il atteint la longue durée de sa formation. Quelques parties du dépôt sont détachées de leur place et transportées plus bas dans la vallée; elles ressemblent à de grands débris des murailles cyclopéennes, construites dans les siècles passés. L'époque où cette ag- glomération s’est formée ne me semble pas douteuse; toute sa configuration et sa position au-dessous des couches de débris modernes prouvent qu’elle est plus ancienne que celles-ci. II me semble donc convenable de la regar- der comme tertiaire, contemporaine des dépôts de la forma- tion patagonienne et formée par les mêmes forces, qui LISTE DES ANIMAUX FOSSILES. 243 ont déposé les couches de sable fin plus loin de l’ancienne côte, et laissé les cailloux plus grands et plus pesants à la base de la chaine des montagnes, d’où ils descendaient. Ayant ainsi expliqué les qualités pétrographiques de la formation tertiaire supérieure et son extension dans le pays, telle qu’elle est connue jusqu’à présent, nous passe- rons en revue, pour finir notre exposition, les organismes qu’elle contient, dans. le but de déterminer aussi les ca- ractères des animaux principaux de l’époque tertiaire, qui ont, vécu sur le sol argentin et dans les eaux qui l’en- touraient. il I — Mammifères Les espèces de cette classe d'animaux, trouvées dans la formation, appartiennent à deux catégories différentes. A. — ANIMAUX TERRESTRES Nous connaissons avec certitude une espèce appartenant au groupe des Onglés (Ungulata), que BrAvArD a nommée : 1. Anoplotherium americanum (Monogr. de terr. tert., page 45).— Nous avons de cette espèce dans le Musée public la partie postérieure d’un crâne, contenant : l’occipital, les pariétaux et les rochers, qui correspondent par leur con- figuration assez exactement à la figure .d’Anoplotherium grande, donnée dans l’Ostéographie (pl. 8), de BLaAINviLLe, pour mous permettre de rattacher l’animal au même genre; mais comme les dents me manquent, je ne peux rien dire de plus sur ses caractères génériques et spécifiques. Bravarn avait trouvé la première molaire du côté gauche, qui lui semblait posséder les caractères du genre Anoplo- therium. Les autres espèces citées par différents auteurs, sont les suivantes : 2. Palaeotherium paranense., — BrAvARD, qui en raison de ses! propres études connaît bien le genre Palaeothe- 244 LISTE DES MAMMIFÈRES TERRESTRES rium, comme le prouve la magnifique collection d’osse- ments donnée par lui au Musée public, fait mention de deux molaires qui lui semblaient appartenir à une es- pèce du genre. | 3. Megamys patagonensis. — Espèce recueillie par d’OrBt- GNY, au rio Negro, et confirmée par BRAVARD, à Paranä, par une dent incisive. h. Toæodon platensis. — BravarD a trouvé pendant mon séjour à Paranä la deuxième molaire supérieure du genre Toxodon, que j'ai vue moi-même; mais j'hésite à parta- ger son opinion que cette dent appartienne à une couche tertiaire; car elle n’a pas été trouvée en place, mais bien dans les débris d’un escarpement, recouvert à son som- met d’une couche diluvienne, et il me semble très-vrai- semblable que la dent s'était détachée de cette dernière formation. Cependant, »’OrBiexy donne aussi los du même genre trouvé par lui, pour tertiaire, quoique tous les os- sements du Toxodon, conservés dans notre Musée public, soient diluviens. 5. Macrauchenia patachonica. — Cet animal fut Aécôu- vert par DArwın dans la terre contenue dans les fonds du port Saint-Julien, semblable à la marne de la Pampa, et l’auteur croit que les os ont été transportés JA par une petite rivière qui se déverse dans le port, et a formé de- puis un banc de vase à son embouchure. Toutes ces observations, semblables à celles faites s la Bahia Blanca, me semblent rattacher l’origine des os à la formation di- luvienne, principalement si l’on remarque que la même espèce se trouve assez souvent dans la même formation de la province de Buénos-Ayres. Je conclus donc que la Macrauchenia doit être un animal diluvien, et non pas tertiaire. 6. Nesodon. — Egalement découvert par Darwin, dé- crite par Owen (Philos. transact., vol. 143, 1853). L’auteur de ce genre a fondé sur les restes apportés par DARWIN, ET MARINS DE LA FORMATION. 245 d’un point plus au sud de la Patagonie, quatre espèces bien distinctes. Le genre est exclusivement tertiaire et se rapproche beaucoup des genres Toæodon et Typotherium de l'époque diluvienne, avec lesquels il forme la même sous- famille et les représente dans l’époque tertiaire. 7. Enfin, je rappelle ici la découverte de Bravarp (Mo- nogr., ele. page kA), qui prétend avoir trouvé à Paranä le coprolithe d’un carnassier dans la même formation. Cet au- teur soupçonne que ce coprolithe, comme les dents d’Anoplo- therium et de Palaeotherium, ont été transportés d’une forma- tion plus ancienne par les courants d’eau. Je ne vois au- cune raison d'admettre cette hypothèse; je préfère croire que les animaux terrestres vivaient à la même époque que les marins, contenus dans la formation, et peuplaient la terre ferme des environs du golfe tertiaire, et que les courants d’eau douce de cette terre apportaient leurs os. B. — MAMMIFÈRES MARINS. Jai trouvé dans une couche sablonneuse inférieure de la formation, une petite dent conique qui ressemble beau- coup aux dents semblables du genre Ofaria, répandu ac- tuellement dans lOcéan Argentin, et pour cette raison je erois qu’elle doit être rattachée au même genre. 8. Saurocetes argentinus. — Sous ce nom, j'ai décrit dans les Ann. et Magaz. nat. hist., 4° sér., vol. VII, page 51 (1871), une espèce remarquable du singulier groupe des Zeuglodontidæ, qui me semble le sujet le plus singulier de notre formation, La découverte d’une demi-mächoire in- férieure avec sept dents, présentant les caractères princi- paux de ces animaux jusqu’à présent connus de l’Amé- rique du Nord et de l’Europe, prouve l’existence de ce groupe anormal aussi dans l’hémisphère austral pendant l’époque tertiaire. 9. De plus, Bravarn a trouvé le crâne d’un dauphin 246 OISEAUX, AMPHIBIES ET POISSONS. semblable à celui du genre Pontoporia, dans la couche la plus inférieure de la formation. 10. Enfin, on trouve des débris d’os de vesulis [Betas dans les couches sablonneuses des différents etages. Nous avons dans le Musée public un morceau d’une ‘côte et un autre d’un os du crâne, tous deux apportés des envi- rons de la ville Paranä. II. — Oiseaux Aucun ossement d'oiseaux n’a été trouvé jusqu’à présent. Mais il serait prématuré de croire que ces animaux n’exis- taient pas à cette époque. Leurs os minces et fragiles se perdent plus facilement que les grands et lourds osse- ments des mammifères. XIE, — Amphibies Bravar» présente dans son Mémorre (page 46) une tor- tue d’eau douce, d’apr&s une plaque de la cuirasse trouvee par lui-même; il la nomme: Emys paranensis, et & côté un Crocodilus australis, dont nous avons une vertèbre dans le Musée public. Il catalogue aussi des dents et: des pla- ques de la peau, sans les déterminer exactement, suppo- sant qu'ils appartiendront probablement à des poissons. Les deux espèces de reptiles ont été trouvées à l'étage in- férieur de la partie sablonneuse. IV. — Poissons x Des débris d’anımaux appartenant à cette classe sont assez communs, principalement des dents de requins et plaques externes de la peau, ainsi que des plaques opercu- laires et des rayons de nageoires, qui semblent indiquer une espèce de la famille des Siluriens. Bravarn a tenté de classifier ces objets, et sur ces données a basé troistes- peces d’Osteacanthes, nommées par lui: Sargus incertus, CRUSTACÉS ET MOLLUSQUES. | 247 Sparus antiquus et Silurus Agassü. D'après les dents de : requins il: a déterminé six espèces, nommées Squalus eo- cenus, 54. obliquidens, Lamna unicuspidens, L. elegans, L. amplibasidens et L. serridens, enfin une espèce de raie, nommée Myliobatus americanus. Nous avons dans le Musée public une dent d’une grande espèce de Squalus et un coprolithe du même genre, qui d’après sa grandenr sem- ble appartenir à la même espèce. Nous possédons aussi quelques vertèbres de poissons, mais aucune de requin. On trouve en grande quantité des plaques dermales avec impressions rondes, comme chez les Siluriens à cuirasse. Tous ces objets se trouvent dans l’étage inférieur du sable. AN BER | V.— Crustacés J'ai trouvé la partie terminale d’un bras de ciseaux d'une espèce des Brachyures, dont nous avons aussi la carapace du thorax dans le Musée public. Bravarn a clas- sifié cette espèce comme Homarus meridionalis (1. 1. page #3), sans la connaître bien. Très-nombreuses aussi sont les coquilles des deux espèces de Cirripèdes, que Bravarp a nommées Balanus foliatus et B. subconicus. VI. — Mollusques La grande quantité d’espèces de cette classe, qui se trou- vent dans la formation, nous empêche de les nommer toutes; je dois renvoyer le lecteur aux travaux indiqués plus haut de »’Orsıcny, Darwin. et Bravar», pour les étu- dier. Dans la liste de ce dernier, la plus complete, sont nommés sept Gastropodes et trente-six Acéphales. Les ty- pes du. premier ordre ne sont pas communs; on les trouve presque uniquement dans la boue supérieure du cal- caire, très-généralement, surmoulés; l’espèce la plus com- mune est un Ceritlaum.et après lui une Littorina et une Phasianella. Une espèce de Voluta est abondante, elle a 248 . MOLLUSQUES FOSSILES. été prise par Bravarn pour la V. alta de SowerBy (Darwin, _géol. observ., pl. k, fig. 5). Elle est plus commune en Pa- tagonie, dans la partie sud de la formation, où dominent les Gastropodes. Nous en avons du rio Santa-Cruz dans notre collection du Musée public, mais à Paranä tous les Gastropodes sont rares dans l’étage de sable, ou manquent absolument. Bravarn a trouvé la deux Margarita et une Scalaria ; quant à moi je n’ai pu trouver que l’une des deux. Ici les Acéphales sont très-abondants et dominent, principalement comme nous l'avons dit plus haut, les genres Arca, Venus, Cardium et Pecten, qui forment des groupes isolés dans le milieu de la couche de sable; et S’augmentent de plus en plus dans les parties supérieures de la couche, jusqu’à atteindre le banc calcaire qui les renferme en masses innombrables. On peut dire avec rai- son que le calcaire se formait principalement des valves des Acéphales dimyaires, car les monomyaires y manquent et forment un banc particulier plus bas représenté par les huîtres. Les Pecten ne se trouvent pas non plus ici, mais bien isolés dans l’étage inférieur du sable, de même que quelques valves d’huitres aussi dans la moitié supérieure du même sable. Avec le banc d’huîtres se termine la couche sablonneuse, elles sont les derniers représentants de la vie là dedans; au-dessus des huîtres commence le dépôt calcaire. Bravarn a distingué dix espèces du genre Ostrea ; mais il ne connait guère que ces mêmes deux espèces de Pecten, déjà trouvées par D’Orsıcny et DARwIN. On connaît en outre un Mytilus et un Lithodomus, celui-ci très-sou- vent enfoncé dans les valves épaisses des grandes huîtres; le Mytilus répandu en rares échantillons dans l’etage su- périeur du sable. Un genre particulier des Monomyaires, nommé par Bravarn Osteophorus, ressemblant au genre Anomia, vivait ordinairement parmi les huîtres du banc supérieur : nous l’avons déjà re plus haut comme leur compagnon habituel, page 229 ECHINODERMES, POLYPIERS. 249 VII. — Echinodermes Peu avant mon arrivée à Paranä, l’ancien Directeur du Musée National, M. ALrr. Du GRATY, avait trouvé dans les escarpements du ruisseau du Salto un morceau de la couche calcaire, tout plein de restes d’une Ophiuride assez recon- naissable. Bravarn a donné à cette espèce le nom: Asterias du Gratii (Mon., etc., page 42). J'ai examiné sérieuse- ment le même morceau et j’ai pu me convaincre que l’espèce appartient au genre actuel : Ophiothrix. J'ai tracé un dessin complet de son profil, que je publierai plus tard dans PAtlas de mon ouvrage. Malheureusement, les originaux sont per- dus, comme aussi toute la collection nationale, considéra- blement augmentée par le zèle de Bravarp durant son séjour. On trouve de plus un Spatangide dans notre for- mation, une espèce dé genre Scutella, que je décrirai aussi plus tard d’après les originaux du Musée public. VIE. — Polypiers . Jamais on n’a trouvé un seul exemple d’un échafaud de polype, ou des restes des coraux, dans les couches de notre formation. Cependant, il est possible que les débris d'animaux de ce genre, que nous avons mentionnés plus haut (page 177), comme trouvés dans la formation dilu- vienne, soient sortis d’une couche tertiaire; car nous, pou- vons soupconner avec beaucoup plus de probabilité, qu'il existait plutôt. des polypes dans la mer tertiaire, que dans l’eau douce des temps diluviens. Faute de preuves assez concluantes, laissons la question en, suspens. 250 FORMATION TERTIAIRE INFERIEURE DITE LA GUARANIENNE Sous ce nom, emprunté à la grande famille des peuples autochthones qui ont vécu primitivement sur ce ‘sol, p’Orgicny a signalé les couches de sable et d’argile d’une couleur rouge dominante qui composent, sur la rive orientale gauche du rio Paranä, les escarpements de la province de Corrientes, continuant ainsi les escarpements de la forma tion patagonienne dans la province d’Entrerios, avec laquelle elle se touche près de la ville de La Paz, étant submergée au Sud sous leurs couches extrêmes. Je n’ai pas eu occasion d'étudier cette formation au lieu indiqué; je la connais seulement par les extractions retirées de la perforation faite à Buénos-Ayres, assez exactement semblables à la descrip- tion donnée par »’Orsıcny dans son Voyage. Ici, sous Bué- nos-Ayres, les couches guaraniennes commencent à une profondeur de 412 mètres au-dessous du niveau de la ville et descendent sans variation remarquable jusqu’à la pro- - fondeur de 290 mètres, aboutissant aux schistes métamor- phiques qui semblent former le fondement de tout le terrain des deux côtés du bassin du Rio de la Plata *?. Jusqu'à la profondeur de 240 mètres, une argile rouge-claire plas- tique se présente, sans aucune différence; plus bas, cetté même substance devient un peu plus dure, moins plastique, et de couleur plus claire, différences dues à la presence d’une quantité considérable de chaux qui change l'argile en marne. Tout en bas, la marne se mêle avec le sable, et ce sable augmente à mesure que l’on avance à une plus grande profondeur, jusqu’à se changer en grès rouge, qui domine à la profondeur de 280 mètres, contenant évidem- CONSTRUCTION DES COUCHES. . Si ment deux sortes de grains : des grains clairs de quarz et d'autres noirs d’augit. A cette profondeur des cailloux se montrent dans le sable, formés par des roches plutoniques, qui par leur forme et leur accumulation indiquent un dépôt marin fait sur une ancienne côte océanique. Cette couche inférieure descend jusqu’à 295 mètres, où l’on touche avec la sonde les roches métamorphiques dures, semblables à celles de la Bande Orientale. Je ne reproduis pas ici la description de p’Orsıcny plus en detail, parce que son livre se trouve dans les mains de tous ceux qui veulent étudier la géognosie du pays; il suffit de mentionner que dans la province de Corrientes on trouve, comme couche supérieure, une argile rouge mêlée de plâtre (sulfate de chaux), en tout semblable à celle trouvée dans la perforation de Buénos-Ayres. Au-dessous de cette couche se présente un banc calcaire mêlé de sable et d'oxyde de fer, dans lequel sont renfermés de grands sphérosiderites ; plus bas le sable rouge devient prédomi- nant, sans perdre les sphérosiderites, et contient aussi quel- ques boules de calcédoine et de petits bancs d'argile rouge plastique. D’Orsıcny soupçonne avec raison que cette partie inférieure sablonneuse a dû: être déposée immédiatement sur les roches métamorphiques, parce qu'il avait vu le même sable en contact avec ces mêmes roches dans la Bande Orientale. J'ai examiné, pour ma part, une couche de grès blanc- rougeätre semblable, dans cette même région, tout près de la ville Mercedes, au bord du rio Negro. Il existe un petit esearpernent dans les environs sud de la ville, formant le bord d’un chemin de charrettes. Ces escarpements, coupés cà et là par dés raies creusées par l’eau courante, se composent de différents bancs de sable et de calcaire, les premiers plus ou moins rougeätres, les. seconds blancs, se répétant plusieurs fois horizontalement lun ‘au-dessus de l’autre, mais avec une inclinaison distincte au Nord, contre >) EXISTENCE DE LA FORMATION le lit du rio Negro, probablement parce qu'ils sont déposés sur des assises de la même inclinaison. La couche de calcaire est supérieure et la plus faible; elle contient des cavités ouvertes irrégulières et des masses amorphes de silex, quelques-uns semblables au calcédoine et au silex corné, d’autres d’une couleur plus claire, comme l’agate-et le jaspe. Ces concrétions se détachent facilement du calcaire et donnent naissance aux cavités mentionnées plus haut. Il semble que des produits semblables actuels soient dus à la présence de cette terre siliceuse, car nous savons que le rio Negro voisin et ses tributaires sont riches en. solu- tion de la même susbtance. Une pierre semblable, très- creusée, se trouve aussi sur les rives du fleuve, sous l’eau, s'étendant presque sur toute la partie de la ville; om la prend pour faire les trottoirs des rueset sa dureté la rend propre à cet emploi. Je n’ai vu nulle part de pétrifications; D’ORBIGNY, de même, n’a trouvé aucun objet fossile dans . toute la formation. Cependant un collecteur de la ville m’a montré un petit morceau de la même pierre siliceuse, plein de fossettes, qui contenaient sur leurs faces une couche blanche calcaire, avec des Gyrogonites, semblables : aux . mêmes objets que l’on trouve dans la chaux d’eau douce en Europe; mais je ne crois pas que ces témoins d’une : épo- que tertiaire assez moderne, appartiennent au temps des dépôts de la formation; ils sont plutôt d’une période Plus avancée et même postdiluvienne. Le grès rougeätre qui forme la couche la plus st de la formation, contient dans quelques endroits une telle quan- tité d’oxyde rouge de fer, qu'il prend complétement. l’as- pect d’une pierre dure d’argile ferrugineuse. Cette pierre se trouve souvent en banes dans le grès plus clair blan- châtre, ou dans d’autres endroits elle forme des couches ‚de concrétions noires, semblables aux grandes bombes ; en- fin, il y a la des points où des infiltrations de l’acide si- liceux ont changé le grès en une masse compacte de ro- DANS LA BANDE ORIENTALE 253 che opaque cornée, et d’autre part le grès reste mou et ren- ferme des masses tendres de lait de montagne. On dit aussi qu'il contient du bois pétrifié, mais je doute de Pexactitude de cette remarque. On trouve en effet, en terre, dans toute la partie du pays, sur la côte du rio Uruguay, des trones et des branches d’arbres changés en petrifications silhiceuses ; ces pétrifications se forment as- sez vite, sous nos yeux, parce que tous les ruisseaux et toutes les rivières, qui se jettent dans l’Uruguay, contien- nent en ‘grande quantité, en dissolution, cette substance, qui se trouve attirée par les objets organiques et princi- palement par le bois exposé à l’influence des eaux qui _. em sont saturées. Ces masses pétrifiées, dont nous avons beaucoup d'exemplaires dans notre Musée public, sont des produits de l’époque actuelle, quoiqu’elles ressemblent sou- vent beaucoup aux pierres siliceuses plus anciennes, et renferment même des pétrifications d’une autre formation antérieure. Nous avons un morceau de cette pierre sili- ceuse qui contient une dent de Mylodon, trouvée dans le port de Gualeguaychü pendant la construction d’un môle, mêlée avec des débris modernes de différentes provenan- ces. On doit prendre garde de ne pas attribuer un âge plus grand à des morceaux semblables; car les restes des animaux diluviens, ou même des tertiaires, sont trans- portés par les cours d’eau douce dans le dépôt moderne, et ne prouvent rien pour l’âge des pierres qui les renferme. Un voyageur prussien, M. SELLOW, qui parcourut, il y y a plus de cinquante ans, la Bande Orientale de: l’Uru- guay, a rapporté à Berlin une collection riche d’échantil- lons de pierres trouvées dans cette République ; et le célè- bre minéralogiste Weiss les a décrites dans les Actes de l’Acad. Roy. de Berlin, de l’année 1827 (publiées en 1830, page 417, seq.), J'ai donné un extrait de cette publication dans mon Voyage, tome I, page 68, seq., qui prouve que la même formation sédimentaire, dont nous parlons, se trouve à 254 ET DANS L'INTÉRIEUR DE LA RÉPUBLIQUE ARGENTINE nu du côté de la rive gauche ou orientale du ro Uru= guay, depuis le ruisseau de Saint-Jean jusqu’au Salto Oriental, s’unissant très-probablement avec la formation guaranienne, reconnue par D'ORBIGNY aussi dansıles an- ciennes Missions de la province de Corrientes. Le manque de pétrifications d’objets organiques que regrette avec rai- son D’ORBIGNY, comme une perte très-sensible, est un:ca- ractère particulier de cette formation et d’autant plus sur- prenant, que la formation supérieure tertiaire, est très-ri- che en gisements de cette nature. M. Weiss la met en parallèle avec la formation tertiaire du lignite, parce que SELLOW a trouvé dans la partie voisine de la province’ de Rio Grande, du Brésil, de vraies couches de cette subs- tance carbonisée, ensemble avec des couches pareilles. de grès blanc-rougeätre. On prétend aussi avoir trouvé. der- nièrement des couches du lignite dans la province de San Luis, mais je ne sais rien personnellement de certain jus- qu'ici sur cette découverte %*. | La supposition de l’existence de couches du lignises dans une province occidentale de la République Argentine, pourrait faire croire que certains grès rouges déposés aux pieds des montagnes voisines, qui se caractérisént aussi remarqua- blement par le manque des pétrifications organiques, ap- partiendront à la même époque tertiaire inférieure. Sur la carte géognostique adjointe, j'ai noté les localités où ces couches sont dénoncées par différents observateurs. Mais comme je n’ai visité aucune de ces localités, je ne peux rien dire de plus sur leur qualité, espérant que. de nouvelles recherches donneront plus de lumière sur leur âge encore douteux. | Enfin, nous avons à constater aussi l’existence dans la chaine des petites montagnes au sud de la province de Buénos-Ayres, généralement connue sous le nom de chaine du Tandil, des grès blancs semblables, sans pétrifications, auxquels sont unis des bancs rouges moins importants de AU PIED DE BEAUCOUP DE MONTAGNES. 255 tale, mêlés au grès en qualité d’accessoires. Nous avons déjà parlé de ces couches, tome I, page 241, et nous avons dit que leur âge géologique n’est pas connu jusqu’à pré- sent. Mais comme ces couches sont immédiatement su- perposées sur les roches métamorphiques qui composent ces. montagnes, semblables aux couches rouges d’argile plastique de la formation tertiaire inférieure, au-dessous de Buénos-Ayres, il me semble permis de les rattacher à la même époque et de déduire de ce rapprochement, comme aussi de la présence presque générale d’un grès rouge sans pétrifications au pied de beaucoup de montagnes dans Vintérieur, que cette même formation tertiaire s’étendra dans toute la partie moyenne et occidentale de la Ré- publique Argentine, partout où l’on rencontre les grès rouges sans pétrifications jusqu'aux pieds des Pro-Cordil- lères:i - 11, VI FORMATIONS SECONDAIRES " Dans tout le contour de la République Argentine, à l'est des Cordillères, on ne connaît pas avec certitude de formations secondaires ; elles manquent évidemment dans les montagnes. de la plaine, et si les faits expliqués dans le chapitre précédent sont d’une application générale, elles manquent aussi dans la plaine à l’est des montagnes qui, probablement, se compose dans sa profondeur de couches tertiaires superposées sur les pierres métamorphiques de la plus ancienne époque sédimentaire. “Cependant, tout dernièrement, un jeune minéralogiste, qui connaît bien, en raison des études spéciales qu’il a faites de la théorie des mines, les différentes formations géognostiques du globe, vet professe actuellement la phy- 256 LA FORMATION CRÉTACÉE SOUPCONNEE sique au College National de San Luis, M. H. Avé-LALLEMANT, m'a communiqué cette observation très-importante, ‘que dans la vallée du rio Conlare,.entre la sierra. de Cordova et celle. de San Luis, tout près du petit village de Renca, où existe à l’est du village une chaîne basse deroches métamorphiques, nommée Las Manantiales, accompagnée d’un cône de basalte qui perfore leur escarpement:.orien- tal, se trouve aux pieds de ce cône, entourant sa base, une couche assez étendue d’uné masse semblable.à la craie blanche, d’une texture également molle et de ia cou- leur très-claire jaune-blanchätre, mêlée de grains de quarz et d’orthose, contenant aussi des boules irr&guliöres de pier- res à fusil. D’après l’examen qu’il a fait lui-même à Faide du microscope, cette couche contient des débris annom- brables des Foraminiföres des genres Textularia,:.Poly- stomella, Globigerina, Enallostegia et autres qui forment une partie considérable de la masse; il a même observé et pu déterminer un reste de bras d’Echinoderme (Asterias). Mais la majeure partie de la matière se composait de Discolithes, tous semblables à la craie de l’Allemagne du Nord sur les côtes de la Baltique (*). Si cette découverte se confirme, nous aurions dans l’in- térieur de la République, entre ‚les chaines des monta- gnes sus-indiquées, la formation crétacée à nu! mais comme les animaux fossiles, ou. tout au.moins des espè- ces des genres voisins, se trouvent aussi dans la forma- tion tertiaire, principalement dans les terrains au contour de la Méditerranée, il serait encore possible, que les couches observées ne fussent pas des secondaires, mais des tertiai- res et d’une époque plus moderne que la, craie blanche: Il est mieux prouvé que des dépôts réellement secondai- res existent dans.les Cordillères à la latitude de Mendoza, (*) Voyez, pour les détails de cette découverte, les Actes de l’Académie nationale des Sciences exactes, etc., tome 1, page 125. Buénos-Ayres, 1875, 4. | PRESENCE DE LA FORMATION DANS LES CORDILLERES 257 qui se dénoncent d’une façon évidente par leurs petrifi- cations comme appartenant à la formation oolithique ou jurassique. Darwin, le premier, a signalé ces couches fos- silifères dans son Voyage (tome II, page 83, tr. allem.), et les a décrites plus tard en detail dans ses Observ. geo- log., page 176, seq. On trouve ici, tout près du sommet de la chaîne occidentale, mais du côté Est, sur le passage de la Cumbre, un dépôt considérable d’un grès rouge qui contient dans son étage supérieur des couches de plâtre, et au-dessous de ce grès, un calcaire grisätre qui contient beaucoup de pétrifications. Les caractères spécifiques des fossiles démontrent avec évidence que ces couches appar- tiennent au terrain jurassique; l’âge du grès rouge mêlé de plâtre n’est pas si facile à fixer. Les fleuves de Patago- nie qui descendent de ces mêmes hauteurs, où les cou- ches fossilifères sont à nu, contiennent souvent des cail- loux avec les restes des mêmes pétrifications, ce qui prouve clairement que la couche calcaire s’étend par toute la Cor- dillère au sud et probablement jusqu’au détroit de Magel- lan. J'ai reçu à Mendoza, d’un collectionneur, un magni- fique exemplaire de l’Ammonites communis, que lui-même avait trouvé dans cette montagne aux environs du grand pic Tupungato, et nous avons dans le Musée public des cailloux du rio Negro et du rio Chubut, qui conservent l'impression de cette même espèce, trouvée aussi par Pur- ııppr dans le désert d’Atacama et par Forges dans des couches semblables calcaires en Bolivie ®. Je connais le calcaire grisâtre avec les impressions d’Am- monites par quelques cailloux conservés dans le Musée public et rapportés des fleuves de Patagonie. La pierre n’est pas noire, elle a une couleur grise-noirâtre, sans qualités ‘particulières, et se présente clairement comme substance sédimentaire, en tout semblable à la même pierre calcaire, que j'ai trouvée au Chili, à Juntas, où elle forme la moitié inférieure de la formation jurassique et contient REP, ARG. — T. II. 17, 258 DIRECTION DE LA FORMATION les coquilles, que j'ai énumérées dans mon Essai sur ces pétrifications, publié en 1861, en collaboration avec le pro- fesseur Giesez, à Halle. Il est évident que la même for- mation, reconnue sous la latitude de la Patagonie supé- rieure dans les Cordillères, s’etende dans tout le. terrain chilien jusqu’à Juntas, et se continue encore plus au Nord, jusqu’en Bolivie, car les fleuves de la Patagonie, qui ont porté ces cailloux, avec les pétrifications, ont tous leurs sources sur le versant oriental de la chaîne des Cordillères, et portent la preuve de l’existence du calcaire grisâtre, avec les pétrifications de ce même côté des montagnes. Considérant que cette formation se présente au Chili, sous la latitude de Copiapé, non dans les Cordillères mê- me, mais beaucoup plus à l’Ouest, à une distance égale des Cordillères et de l’Océan Pacifique, et se trouve dans la latitude de Mendoza du côté oriental de la montagne, où elle a été observée avec les mêmes pétrifications ‚par Darwin, On peut conclure avec raison, que la direction générale de la formation n’est pas parallèle aux Cordillères, mais les coupe sous un angle assez aigu, les traversant entre les deux points indiqués et tournant plus au. Sud plus près encore du côté oriental de la chaîne des montagnes, où elle se rapproche des sources des rivières qui descendent de cette partie des Cordillères. Au sud du volcan de Maypü, où se perd la chaîne orientale de la Cordillère Real (voyez tome I, page 203), laissant continuer seulement l’occiden- tale jusqu’au détroit de Magellan, la formation. jurassique se trouve du côté du versant est de la montagne. Dans tout son cours, dans le terrain chilien et dans la chaîne des Cordillères au Sud de leur rencontre avec elle, la for- mation est très-étroite, et se continue comme un: faible ruban; mais plus au Nord, dans la Bolivie, elle.s’étend sur une surface assez large et acquiert beaucoup plus d’etendue. Pour ce qui concerne les grès rouges mêlés aux couches LES GRES ROUGES AVEC DES COUCHES DE PLATRE 259 de plätre, qui se trouvent au-dessus de la chaux grisätre oolithique et dans plusieurs cas dans une position diffé- rente, il n’est pas possible d'émettre une opinion définitive sur leur âge, parce qu'ils manquent de pétrifications. Je m’abstiens de les classifier, mais je crois que leur position supérieure les dénonce assez clairement comme plus mo- dernes. M..Forses a trouvé en Bolivie des couches sembla- bles, mais leur dépôt va s’abaissant au-dessus des oolo- thiques, et cet habile observateur les suppose triassiques, ou appartenant au système permien, et penche plus vers cette dernière explication que vers l’autre. J’ai vu pendant mon voyage dans les Cordillères un grès blanc assez dé- composé à la surface, avec les mêmes couches de plâtre eristallise en grandes plaques, brisées en morceaux, et suis disposé à admettre que cette formation correspond à celle décrite par Forges en Bolivie. On la trouve à la Barranca Blanca et dans la vallée du rio Blanco, qui ont reçu leur nom de ce grès blanc mêlé de plâtre, et elle forme les escarpements assez élevés de la vallée, çà et là inter- rompus par de fortes roches perpendiculaires du même grès, qui me semble le fondement des masses du sable pur qui les couvre. Des grès rouges que M. Forses mention- ne, je n’en ai vu aucun sur ma route, mais comme l’au- teur dit positivement (page 38 de son Essæ), que les grès sont de différentes couleurs, et qu’il s’en trouve aussi des jaunes, je crois possible de les identifier avec les miens, principalement à cause de la présence des mêmes: strates de plâtre cristallisé. Pour ces raisons, je suis disposé à ac- cepter la formation, observée par moi, comme la même que Forges a examinée en Bolivie, et qu’il a soupçonné se prolonger au Sud de la même manière que celle de la formation oolithique, sans donner là autre chose qu’une simple conjecture, Sur la partie occidentale de ce second plateau des Cordillères, qui commence au côté oriental avee les grès blanchâtres riches en couches de 260 PETRIFICATIONS DE LA FORMATION OOLITHIQUE plâtre, on trouve la répétition d’un grès tout semblable, sans plâtre ; aussi de ce côté il forme la partie supérieure des escarpements, qui se découpent en pentes roides pres- que perpendiculairement, soutenus. par des pierres grani- tiques depuis la moitié de leur hauteur. Ce grès appar- tient probablement à la même formation, et tout le second plateau des Cordillères, entre ces deux bordures semblables, peut être considéré comme formé par des prolongements du système permien, correspondant au grès rouge et Zechstein des géologues allemands. Nous n’avons pas d’autres indications sur l'existence de la formation oolithique dans la partie centrale du pays; il est alors fort douteux qu’elle se trouve plus à PEst, ou dans les montagnes isolées de ce côté de la Cordillere. Cependant j’ai reçu dernièrement, par lettre, une commu- nication de l’ancien professeur de minéralogie de l'Académie de Cordova, M. A. StELZner, m’avisant que l’un de ses amis lui avait présenté deux Ammonites bien conservés, trou- vés dans les environs de Salta et très-probablement au Nevado de Castillo, cône isolé à l’est du plateau de Puna, entre celui-ci et la ville. Si en réalité ces échantillons de la for- mation jurassique proviennent bien de cet endroit, ce qui est très-probable, puisque M. PuıLıppı a rencontré la même formation presque sous le même degré de latitude, dans le désert d’Atacama, nous aurions raison d’accepter cette opinion que la formation jurassique s’étend plus à l’est de ce désert, jusqu’au bord du plateau de Puna, où le cône du Nevado de Castillo marque ses confins. . Les pétrifications les plus remarquables de la formation, recueillies par moi-même au Chili, à Juntas, sont les sui- vantes: | | Teleosaurus neogaeus. Ammonites Aalensis. Ichthyosaurus leucopetraeus. — variabihs. Ammonites radians. z — Comensis. TROUVEES AU CHILI 261 Belemnites niger. Ostrea irregularis. Turritella Humbodti. Terebratula cenigma. Trigonia substriata, n. sp. == Domeycana. Pecten alatus. — punctata. _— demissus. - cornuta. Gryphaea dilatata. Spirifer rostratus. — obliqua. — chilensis. — cymbula. Enfin j'ai à noter, que M. Gay a rapporté de l’île Qui- riquina, de l'archipel de Chonos, quelques débris d’un Plesiosaurus, nommé par lui Pl. chilensis, qui prouvent l'existence de la formation oolithique aussi dans cet en- droit. Les mollusques, nommés dans ma liste, indiquent clairement que les couches de la formation, où ils sont trouvés, correspondent au Lias et l’Oolithe inférieur, contre l'opinion de M. Forges, qui identifie les couches de la Bo- livie avec l’Oolithe supérieur. Les détails sur ces différentes opinions sont donnés dans les essais sus-indiqués note 35, où l’on trouvera aussi les synonymes des espèces, que, principalement dans mon Essai, publié en collaboration avec le professeur GIEBeL, celui-ci a traité pour prouver clairement lidentité des couches américaines et euro- péennes. | VII TERRAIN HOUILLER Des couches de la formation carbonifère ne sont connues jusqu'à présent seulement qu’à la pointe des deux chaînes les plus occidentales des montagnes avant les Cordillères, où elles se montrent dans plusieurs localités à la surface du sol. Ce sont les deux montagnes indiquées dans le tome I, page 214, sous le nom de la Sierra de la Huerta, et page 199, comme Sierra de Uspallata. 262 FORMATION HOUILLERE A MENDOZA J’ai examiné celle-ci en détail et en ai donné une des- cription géognostique dans mon Voyage, tome I, page 27%, chapitre XI, où j’ai mentionné plusieurs fois (pages 26% et 277) l’existence des couches carbonifères. La formation se trouve des deux côtés de la montagne, soit au pied orien- tal, soit au pied occidental, a la limite de la plaine voi- sine, mais se présente avec quelques différences de l’un et de l’autre côté. Du côté oriental, vers la plaine de la Pampa, on trouve dans un ravin, qui s’ouvre au-dessus du petit bain de Challao, quelques ardoises noires, dont la surface se détache en feuilles irrégulières et présente tous les caractères des ardoises carbonifères, contenant çà et là quelques vestiges de charbon, comme s'ils avaient renfermé des feuilles d'arbres, et sur d’autres surfaces des impres- sions de petites coquilles, semblables aux valves des Cy- pridines, ce genre remarquable de crustacés, apparte- nant à la famille des Phyllopodes et voisin du genre Estheria, si caractéristique du terrain houiller en Europe. Je n’ai pas vu de véritable charbon à cet endroit, mais on n’a pas jusqu’à présent examiné assez profondément les ardoises, pour être convaincu que l’absence soit générale. Ces ar- doises prennent feu, quand elles sont exposées au soufflet, sans donner une flamme claire. J’ai examiné beaucoup d'échantillons, mais jamais je n’ai trouvé l’impression d’une feuille de plante, ni même des traces de restes semblables. Pour ce qui concerne le gisement des ardoises, il suit exacte- ment des couches voisines du grauwacke, et dans son niveau supérieur on trouve un grès blanc-gris, qu’un savant européen, à qui je l'ai montré, a reconnu immédiatement pour grès carbonifère. Plus au pied de la montagne, le terrain plein de cailloux, décrit plus haut page 162, cou- vrait les couches carbonifères, sans laisser deviner les cou- ches inférieures, mais dans toute la partie à nu suivait le gise- ment des couches principales de la formation de grauwacke, qui constituent presque toute la montagne d’Uspallata. LA MEME DANS D’AUTRES LIEUX 263 Les mömes couches carbonifères se trouvent dans dif- férents autres lieux de la montagne, et principalement du côté occidental, soit au pied même, soit dans l'intérieur. Ainsi j'ai trouvé, en traversant le ravin de la première chaîne orientale, que, presque à mi-chemin jusqu’au sommet de la chaîne, s'élève une roche isolée entre les couches du schiste argileux, au côté nord de la vallée, se prolongeant de même du côté sud. Cette roche m’a été dési- gnée aussi par mon collègue de l’Université de Halle, le pro- fesseur de minéralogie M. Gran, comme grès carbonifère vide, bien connu en Europe par des caractères identiques. Cette même roche se répétait en différents endroits, et me semblait toujours alterner avec les couches principales de grauwacke et des schistes argileux. L'examen fait par mon ami a prouvé que c'est un mélange de quartz, mica et augit, où ce dernier domine, appartenant au terrain houil- ler, contemporainement déposé avec les couches de la for- mation principale de la montagne, au-dessous desquelles cette roche existe. La même formation se trouve plus à nu et hs parfaite du côté occidental de la chaine d’Uspallata, et surtout dans la moitié inférieure du chemin qui sort de Villa Vicencio, et passe le sommet du Paramillo. Dans cet endroit on voit, de chaque côté de la route, des schistes noirs, émergeant de la plaine de la vallée d’Uspallata, avec une inclinaison à l'Ouest, descendant sous les remblais de decombres de la plaine; et plus dans lintérieur du même chemin se répé- tant de la même mamière avec des escarpements bizarres par leurs surfaces déchirées, les couches souvent espacées entre leurs bords horizontaux. Tous ces escarpements appar- tiennent à la formation carbonifère, comme le prouvent les échantillons rapportés par moi à Halle. Par un examen plus attentif on remarque que les schistes de la formation se composent de deux masses différentes : l’une un con- glomérate fin de couleur grisätre, qui s'étend principale- 264 TERRAIN HOUILLER DANS LA VALLÉE D’USPALLATA ment du côté de la vallée, avant le pied de la montagne, l’autre de schistes noirs durs d’argile, finement fouillés, dont les bancs s'ouvrent facilement sur les bords et pren- nent une couleur grise-blanchätre sous l’influence de l’at- mosphère. On rencontre une faible couche intermédiaire, dans laquelle un sable gros, mêlé avec l'argile noir, forme la transition de l’une à l’autre. Dans l’intérieur de argile on trouve çà et là des faibles excrétions de quartz, et dans d’autres parties un véritable charbon luisant, si bien for- mé qu’il n’est pas possible de le méconnaître. J'ai reçu de cette contrée un morceau remis par un collectionneur.de Mendoza, qui l'avait trouvé à une petite distance du: che- min ; il n’avait pas plus d’un pouce d'épaisseur, et prouve que le dépôt de charbon est assez faible et d'aucune ma- nière assez abondant pour faire la base d’une exploitation lucrative. Darwın avait trouvé tout près de cet endroit plusieurs troncs d’arbres fossiles, en position perpendicu- laire, enfermés dans un tuf volcanique. Moi-même je les ai vus aussi et bien examinés (Voyage I, page 267) et me suis convaincu qu'ils n’appartiennent pas à la formation carbo- nifère, mais très-probablement à l’époque tertiaire. L’expose donné ici du terrain houiller prouve que la for- mation carbonifère est déposée aux deux côtés de la sierra d’Uspallata, sur une extension assez longue, probablement entourant aussi toute la partie finale, comme semblent l'indiquer quelques renseignements que j'ai obtenus par des personnes vivant dans cette partie de la montagne (*). Les couches carbonifères s’inclinent, comme beaucoup de la sierra d’Uspallata, à l’Ouest et se composent des deux différentes substances nommées : d’un grès dans la par- (*) Tout dernièrement M. RAYMOND, Vice-Consul de France à Mendoza, m’a mon- tré quelques échantillons de la même formation, trouvés au bord sud de la sierra d’Uspallata, vis-à-vis del Cerro Cacheuta, avec des grands exemplaires des valves du genre des Cypridines, plus haut nommé, et d’une feuille de fougère bien conser- vée déposée sur un morceau du grès fin gris ou psammite. LE MEME AU SUD DE LA SIERRA DE LA HUERTA 265 tie supérieure et d’argile dans la partie inférieure; cel- le-ei renferme de faibles vestiges du charbon. La forma- tion a une direction générale parallèle aux Cordillères, du Sud au Nord, comme la sierra d’Uspallata, et se présente en relation intime avec les couches de cette même mon- tagne, qu’elle accompagne vers leurs limites. L’angle d’in- clinaison est plus faible du côté occidental que de l’autre, et se rapproche peu à peu de la position horizontale. Rien west jusqu'à présent connu sur les plantes de la formation carbonifère; aucune espèce bien connaissable n’ayant été trouvée par moi. Une fois, l’aide qui m’aceom- pagnait pendant mon voyage, m’a présenté l’ımpression d’une tige semblable à celle des Calamites, prise au haut de la première chaîne orientale de la sierra; mais la masse, qui la contient, est du véritable grauwacke (voyez mon Voyage, 1, page 288). II me semble démontré, par cette découverte, que les deux formations sont de la même épo- que, etque les couches carbonifères correspondent, quant à leur âge, aux couches plus anciennes du terrain houiller européen. | La seconde région, où le même terrain se présente, se déploie presque sous un degré de latitude, plus au Nord, distante 1 degré et demi plus à l’Est, à la fin de la sierra de la Huerta, où la formation carbonifère occupe un groupe de collines, qui sont connues dans le pays sous le nom de los Marayos. Ce terrain s'étend un peu plus du côté occidental, en opposition avec les couches carbonifères de de la sierra d’Uspallata, indiquant de cette manière un bassin carbonifère entre les deux montagnes, interrompu au milieu par la petite montagne isolée du Pie de Palo, que nous avons décrite tome I, page 220. Celle-ci et la sierra de la Huerta sont composées par des schistes mé- tamorphiques, sans couches sédimentaires de la forma- tion paléozoïque, que nous avons trouvés comme consti- tuant la sierra d’Uspallata. 266 DESCRIPTION DU TERRAIN INDIQUE Je n’ai pas visité ce terrain houiller et me vois obligé de reproduire ici un extrait du rapport de la commission que le gouvernement de San Juan avait nommée pour l’exa- miner, rapport publié à Buénos-Ayres par les propriétaires des mines ®*. D’après l’examen fait, le terrain a une exten- sion de 20 milles carrés géographiques, car le rapport dit qu'il a 6 milles géographiques de long et plus de 3 milles de large. La surface se présente comme une plaine ondu- lée, couverte de décombres de grès et de cailloux, enfermée entre deux chaines de collines et coupée par le lit de deux petits ruisseaux, nommés : l’un rio de los Papagallos, et l’autre rio de los Marayos. De temps en temps, après de fortes pluies, leur lit se remplit d’eau. Une végétation pau- vre de plantes épineuses couvre la surface du sol, et seu- lement dans le voisinage des deux ruisseaux on voit quel- ques arbres, connus dans le pays sous le nom de Retama (Zygophyllum Retama ) et Algarroba ( Prosopis species ) ; les lits à sec sont pleins de cailloux et la plaine montre beau- coup d’efflorescences salines. L’eau potable n’existe que dans une seule source, le Manantial de los Marayos, formant un petit filet d’eau qui se perd bientôt dans le sol stérile ; un puits de 6 mètres de profondeur, à 20 mètres distant des mines, donne de l’eau très-potable. Une autre source plus abondante se trouve à une distance plus grande; on Pemploie à alimenter les champs cultivés avec la luzer- ne, à donner à boire aux animaux et aussi pour lParro- sage des Jardins maraichers. Toutes ces indications me semblent nécessaires pour prouver d’une façon évidente le caractère extérieur assez pauvre du terrain. Quant aux couches carbomifères, le rapport donne sept profils des mines en travail, et dans chacune plusieurs bancs de charbon, dont deux sont assez forts pour permettre une exploitation lucrative, quoique la qualité du charbon ne soit pas la même sur toute l’étendue des bancs. Ceux-ci sont situés au-dessus, ou partiellement même entre des DES COUCHES DE CHARBON 267 couches des grès micacés assez mous, et ont une épais- seur de 3-4 decimötres;; les grès micacés varient entre un demi-mètre et un mètre d'épaisseur, ou sont même encore un peu plus épais çà et là. Au-dessous, les couches sont plus dures et forment de gros rocs, mais entre les bancs de charbon ils sont assez mous, et au-dessus ils prennent plutôt le caractère d’un vrai sable. Les ardoises carboni- fères ne se trouvent pas partout, mais elles existent dans quelques parties, toujours au-dessous du charbon, qui alors est assez mince. Dans un profil présenté comme le sixiè- me, le nombre des bancs de charbon s’élève à dix, mais aucun ne surpasse 6 décimètres d’épaisseur et la plupart sont de 3-4 décimètres. Dans cet endroit dominent les ardoi- ses carbonifères entre les bancs de charbon, quelques-unes avec beaucoup d’impressions de plantes, mais généralement ces impressions sont rares ou manquent complétement. Telles sont les données utiles à caractériser la formation, que j'ai pu tirer du rapport; les cartes et les dessins, dont il fait mention, n'étant pas publiés, je n’ai pu les voir, malgré mes efforts pour tâcher de les obtenir. Le charbon que j'ai vu était de bonne qualité, et les ardoises carbo- nifères que nous avons dans le Musée publie, contiennent Pimpression d’une plante particulière, différente des Cala- mites, avec des tiges articulées et des feuilles de 2-3 pouces de longueur, étroites et d’une structure paralèllement striée, semblable à celle des feuilles de monocotyledones. L’épais- seur de toute la formation n’est pas connue jusqu’à pré- sent, les profils cités plus haut donnent une profondeur de 8 ou tout au plus 10 mètres, et se terminent au bas avec les grès micacés durs, qui semblent être le fonde- ment de la formation, sur lesquels elle est déposée. Voilà tout ce que je suis en position de dire sur leurs carac- tères géognostiques . On m’a dit que l’on trouve aussi dans le nord de la République, à la limite occidentale de la sierra Lumbrera 268 FORMATION HOUILLERE PLUS AU NORD (tome I, page 232), le terrain houiller sous la forme d’ar- doises noires carboniferes, mais je ne sais pas si cette ob- servation est exacte, ou si c’est une illusion produite par la grande manie de trouver partout ce terrain dans les confins de la République Argentine. VIII FORMATION PRIMAIRE DITE PALÉOZOIQUE. Les couches de cette formation, la plus ancienne des dépôts sédimentaires mécaniquement formés et sans alté- rations métamorphiques, se développent en grande étendue dans toute la partie occidentale de la République, car elles forment le grand plateau des Cordillères au nord de la chaîne, et se continuent d’ici au sud dans les provinces de La Rioja, San Juan et Mendoza, où elles composent les chaînes de la Procordillère et Contrecordillère, formant ainsi partie de la constitution géognostique de la-Cordil- lera Real, comme nous verrons plus tard, quand nous en donnerons la description particulière. A lPest du terrain ainsi délimité, les mêmes couches sont rares et seulement connues dans quelques petits endroits ; par exemple, du côté occidental de la sierra de San Luis et de la Serre- zuela, comme aussi du côté oriental des montagnes de Tucuman, et plus au nord-est dans la sierra Lumbrera. Très-probablement elles feront partie de la construction du plateau Despoblado, mais nous ne savons rien jusqu’à pré- sent sur leur extension dans cet endroit; de même mous ne savons rien sur leur participation au système d’Acon- quija, quoique de certaines indications nous pouvons pré- sumer qu’elles existent aussi dans quelques chaînes de cette montagne °". LA PIERRE CONSTITUANTE 269 La qualité pétrographique des couches paléozoïiques dans tous les endroits où elles existent est presque la même. On: y trouve surtout une pierre argileuse sablonneuse, qui offre tous les caractères du grauwacke; pierre dure et forte, plus ou moins disposée en couches, généralement déposée en bancs épais, d’une couleur brune-grisätre, tantôt tirant sur le rouge, tantôt sur le noir, ou prenant des teintes jaune- clair ou d’un noir peu foncé. Très-souvent apparaissent lä de petites graines ou feuilles du mica, qui s’accumu- lent çà et là en grande quantité; principalement quand la pierre perd sa dureté et se change en pierre molle et revêt la forme d’une masse sablonneuse, comme dans la sierra de Tucuman, où cette pierre se trouve au sommet de la première chaîne inférieure, pendant qu’à Mendoza la même pierre est assez dure et pauvre en mica. Les couches s’inclinent de préférence à l’Ouest, généralement sous un angle à peu près de 45° ou plus ; leur direction longitudinale est presque toujours du Sud-Ouest au Nord- Est,quelquefois plus du Sud au Nord, mais jamais, que je sache, du Sud-Est au Nord-Ouest et moins encore d’Est à Quest. J'ai rencontré la première de ces inclinaisons dans la sierra d’Uspallata, à Mendoza (Voyage, tome I, page 247), comme dans la Quebrada de la Troya, dans la province de Catamarca (Jbid. II, 250); la direction et Pinelinaison dans la sierra de Tucuman (Jbid. II, 147), étaient moins facilement reconnaissables. J'ai en vain cherché dans toutes les localités, où j’etu- diais cette formation, des pétrifications : je n’en ai trouvé aucune, et je n’en ai pas vu d’autre que l’impression de la plante voisine des Calamites, que j'ai mentionnée plus haut (page 265). Mais il existe des restes organiques dans quelques localités, en général assez rares, que je n’ai pas visitées. Je peux citer, entre autres, la sierra Famatina, au nord de la ville du même nom. Ici se présente la formation, comme le prouvent les échantillons communiqués 270 CONSEQUENCE DES ÉTAGES DE LA FORMATION au Musée public, sous la forme d’un véritable grauwacke grisätre, contenant en assez grande quantité une petite co- quille du genre Orthis, très-semblable, peut-être identique à celle de la figure 15 et 16, pl. IV, de l’Essai de M. For- BES sur la géognosie de Bolivie. De plus, nous avons dans le Musée un bel échantillon d’un Homalonotus, dont j’i- gnore malheureusement la provenance, mais qui ressem- ble complétement, par le caractère de la pierre, aux cou- ches de la Quebrada de la Troya (Voyez tome I, page 184). Sans doute cet échantillon a été trouvé dans un endroit où existaient des couches semblables, et comme d’après les déductions de Forges, ces deux pétrifications appar- tiennent au niveau supérieur de la division silurienne de la formation, nous pouvons assigner aux couches sem- blables de la République Argentine le même âge géolo- gique. | | Suivant l’analogie des régions bien connues, les cou- ches dévoniennes doivent suivre les précédentes du côté Ouest, et dominer les siluriennes, situées immédiatement au-dessous; les plus anciennes de la section cambrique, du côté Est. Elles se prononcent probablement dans les cou- ches paléozoïques immédiatement au-dessus des schistes métamorphiques, que nous avons trouvés du côté occidental de la sierra Serrezuela et de San Luis: Car leur position en contact direct avec les schistes métamorphiques, aux- quels elles s’accommodent par leur inclinaison et direction, prouve leur âge évidemment assez ancien. Tels sont les faits que je peux constater sur la forma- tion paléozoïque en général, autant que je l’ai étudiée dans lé pays; comme couches subordonnées on trouve çà et là des schistes argileux, par exemple dans la sierra de Uspallata, où je les ai trouvés et même décrits dans mon Voyage, tome I, pages 247; tome II, page 250 et 256. II me semble préférable de renvoyer le lecteur à cette des- cription, pour ne pas répéter ce que j'ai déjà dit ailleurs; LES PIERRES CALCAIRES DE LA FORMATION 271 car jen’ai pas visité de nouveau les mêmes lieux et ne peux, par conséquent, rien ajouter à mes explications an- térieures. Cependant, il me semble important de noter, comme ca- ractéristique pour la formation, que dans tous les prinei- paux endroits, que j’ai visités personnellement, le calcaire ancien transitoire fait défaut, mais qu’il se trouve dans d’autres régions assez peu nombreuses du pays. Ainsi on sait que la sierra de Villicum, appartenant à la chaine de montagnes nommée par moi la Procordillère et marquée comme leur point d’aboutissement au Sud (tome I, pages 189, 199 et 202), contient des couches calcaires, employées à San Juan comme pierre à trottoirs. J'ai déjà dit antérieu- rement que cette montagne se continue par quelques grou- pes isolés de calcaires, au sud du rio de San Juan, abou- tissant au cône nommé La Calera un peu au nord de Men- doza (tome I, page 220). Ce petit mamelon de calcaire (voyez Reise, I, 272) se compose d’une pierre grise-blanchätre de chaux cristallisée, s’élevant presque perpendiculairement de la plaine, en avant des derniers rameaux de la chaîne d’Uspallata, séparé de celle-ci par un ravin complétement ouvert jusqu’au fond de la plaine. Sous la même forme se continuent des mamelons semblables, mais peu à peu plus grands au Nord, jusqu’au fleuve de San Juan, vis-à-vis de la sierra de Villicum, qui de l’autre côté se rapproche tellement du fleuve, qu’elle l’oblige à décrire une grande courbe au Sud, pour continuer sa marche régulière à l'Est, A San Juan on emploie pour la construction le calcaire de cette sierra, composée d’une chaux tablettée, accompagnée de masses dolomitiques, qui forment souvent les sommets des monts, et semblent être placées çà et là pour alterner avec les autres couches. Les pierres employées pour les trottoirs contiennent souvent des pétrifications ; on les voit même dans les rues de la ville, mais je n’ai reçu au- cun échgntillon qui me permette de donner une opinion 972 CONTINUATION AU NORD sûre de leur âge et de leurs caractères systématiques (*). La sierra de Villicum aboutit au Nord au rio Jachal, qui interrompt la chaine de la Procordillère et la sépare d’une autre petite montagne de la même constitution calcaire, située au nord du fleuve, entre lui et le rio Vinchina. Du côté occidental de la sierra de Villicum court la sierra de Gualilan, montagne calcaire aussi, de la même configura- tion générale, appartenant à la chaîne de la Contrecordil- lère, également de l’époque paléozoïque, et de cette sierra se sépare au Nord la petite sierra de Jachal, qui aboutit au fleuve du même nom. Toutes ces montagnes sont des er&- tes assez étroites et allongées de pierres calcaires mêlées avec. des dolomites qui appartiennent à la même forma- tion, mais qui sont différentes par leur masse des autres groupes de la formation paléozoïque, et constituent une seccion particulière, dont l’âge n’est pas bien connu jus- qu'à présent, faute d’avoir pu déterminer avec certitude les pétrifications qui y sont contenues. () IX \ © ROCS METAMORPHIQUES J’ai déjà indiqué dans la description orographique de la partie centrale boréale du territoire argentin, contenue dans le tome I° de cet ouvrage, l’étendue assez grande des rocs généralement appelés métamorphiques, c’est-à-dire des anciennes couches sédimentaires avec texture cristalline. Je n’ai done pas à décrire ici de nouveau ces montagnes, et me contenterai de rappeler en quelques mots que les pe- (*) Dernièrement j'ai trouvé dans le Neues Jahrb. d. Mineral. ete., 1873, page 729, une notice de M. STELZNER, qu’ils sont des Brachiopodes, Céphalopodes et FAR tes, c'est-à-dire des types paléozoïques. rn LA PIERRE PRINCIPALE EST LE GNEISS. 273 tites chaînes de la Pampa du sud de Buénos-Ayres (tome I, page 240), la totalité des chaînes de la sierra de Cordova et de San Luis ( page 234, seq.), le grand massif d’Acon- quija, avec ses dépendances au Nord et au Sud (page 220), enfin la plus grande moitié méridionale de la sierra Fa- matina, avec les chaînes accessoires de la sierra Velasco, de los Llanos et du Pie de Palo (page 213, seq.), se com- posent principalement ou uniquement de ces mêmes rocs *?. Les rocs métamorphiques se trouvent en moins grande proportion dans qüelques endroits des Cordillères méri- dionales, principalement dans leur chaîne orientale. J’ai noté aussi leur existence (tome I, page 256 de mon Voyage), - dans la sierra d’Uspallata, où elles se montrent en con- tact avec de véritables couches sédimentaires de la for- mation paléozoïque, accompagnées à l’Ouest de dépôts volcaniques dont nous parlerons plus tard. Dans ce lieu, comme dans la Cordillère voisine, ces rocs sont représentés par des micaschistes, mais dans les autres montagnes plus à l’Est, spécialement par le gneiss et les schistes amphi- boliques. Il me semble très-vraisemblable que les rocs métamorphiques de la sierra d’Uspallata se continuent jus- qu'au côté oriental de la même chaîne des Cordillères, et que leur continuation engendre les micaschistes trouvés par Darwın sur la dépendance orientale du passage Portillo et décrits par lui. La substance principale de ces rocs, dans la moitié orien- tale de leur territoire, est la composition stratifiée de felds- ‚path, quarz et mica, connue sous le nom général de gneiss. Elle a une couleur générale grise-blanchätre, variant à l'infini, à mesure que d’autres substances subordonnées se mêlent aux minéraux qui constituent la partie principale. Le feldspath est en général orthose, de couleur blanche ou claire, couleur de chair, rarement plus foncée, et dans son voisinage se rencontre souvent l’oligoklase en quantité moindre. Ces deux substances se combinent généralement REP, ARGe=— T, Il, 18. 974 COMPOSITION ET VARIÉTÉS DE GNEISS. en une masse homogène séparée en grains, mais il existe aussi des mélanges avec quelques cristaux plus grands, se dé- tachant par leur apparence porphyrique sur la substance principale plus uniforme. Le quarz est toujours de petits grains, d’une couleur grise, répartis dans la masse, et le mica se présente en feuilles, par groupes plus ou moins importants, de couleur plus foncée, grises, de différentes nuances, mais aussi verdâtres, brunes et presque noires. Il est, d’après sa constitution chimique, tantôt de magné- sie, tantôt de chaux, et acquiert dans quelques endroits une telle prépondérance, que la masse entière se change . en schiste micageux. La substance principale, parmi les moins importantes de ce mélange, est l’amphibole : il do- mine à ce point, que tout le roc se change en schiste am- phibolique; l’amphibole prenant la place du mica qui se perd peu à peu, à mesure que l’amphibole augmente. Après l’amphibole, le grenat est un minéral assez commun dans ces rocs métamorphiques, mais généralement en petits grains incompl&tement cristallisés. De beaux cristaux de trapé- zoèdre se trouvent dans la sierra de San Luis. Ces rocs amphiboliques forment souvent des couches subordonnées dans le gneiss, dont les bancs différents alternent plusieurs fois avec ceux composés de cette matière. Les bancs se com- posent, dans ce cas, d’une masse feldspathique, mêlée de petits cristaux prismatiques d’amphibole, où s’en intercalent d’autres plus grands et de plus d’un pouce. Ils sont sou- vent mêlés avec de l’actinit. Dans d’autres endroits, le quarz prend plus de place dans le mélange, formant un roc sem-. blable au syénite; d’autres fois, il se change en diorite par la présence d’un feldspath triclinique; aussi le gra- phite se trouve-t-il dans le gneiss. I y a même de l’épi- dote dans les schistes amphiboliques qui se touchent avec le calcaire. Comme des couches calcaires ne sont pas rares dans, les rocs métamorphiques, principalement dans la sierra de Gordova, où elles entrent avec les schistes amphiboliques, LE CALCAIRE GRANULE OU MARBRE. ' 275 en alternant même plusieurs fois avec eux, ces rocs pré- sentent des variations très-grandes, principalement s’ils sont déposés sur le granite, dépôt qui n’est pas rare et qui se répète dans différentes couches ; car ces quatre rocs : le granite, le gneiss, les schistes amphiboliques et le calcaire granulé sont les principales substances constitutives des montagnes argentines, posées sur des assises de rocs mé- tamorphiques. > I Le calcaire granul& ou saccharoide IRA: de l’époque azoique se développe principalement dans la sierra de Cordova, dans une étendue remarquable, et donne des pier- res utiles, bien connues sous le nom de marbre, souvent magnifiques, de toutes les couleurs, même d’une trans- parence qui les fait ressembler à l’albâtre. On emploie déjà ces pierres précieuses à différents usages; il n’est pas douteux qu’elles donneront un jour une très-grande va- leur à la sierra de Cordova, où l’on en trouve les espèces les plus remarquables, qui peuvent rivaliser avec les meil- leures sortes d'Italie et de Grèce. Mêlés avec ces calcaires granulés se présentent le serpentin, l’épidote, le scapu- lithe, le wollastonite, le tintanide (ou sphen), le chondrite et différentes espèces de cuivre, principalement la mala- chite et le philipsite, avec le carbonate de chaux cristal- hsé, souvent enfermé dans le calcaire granulé, et donnant à cette pierre une apparence porphyrique. Pour ce qui concerne l’inclinaison et la direction des couches métamorphiques, nous devons observer qu’elles s’accommodent toujours à la direction générale des monta- gnes dans lesquelles elles sont contenues; c’est-à-dire qu’elles suivent leur direction Nord-Sud, avec plus ou moins de variation au Nord-Est et Sud-Ouest, comme sont les mon- tagnes étroites et allongées qu’elles composent. Dans la moitié orientale du pays leur inclinaison principale est à VEst, les brisures du bord des couches tournées à l'Ouest. Cette configuration générale produit ce résultat que le ver- 276 .. INCLINAISON DES COUCHES DE GNEISS. sant oriental de ces chaines est plus faible et moins ra- pide que loccidental plus escarpé et plus roide. Dans la moitié occidentale du pays l’inclinaison est aussi dirigée à l’Ouest, mais dans l’orientale elle l’est plus rarement que l’autre à Est, quoiqu’elle s’y dirige par exemple dans les petites sierras de Guazayan et de Mazan. Dans presque toutes les montagnes, en les examinant bien, les couches méta- morphiques reposent sur le granite, mais nous ne con- naissons pas assez exactement la configuration intérieure de plusieurs d’entre elles, pour donner cette règle comme générale. Aussi il y a des endroits où les couches métamor- phiques sont interrompues par des roches éruptivés, dont les trachytes, avec leur tuf, sont les principales; les basaltes et les produits plus modernes volcaniques de la même époque sont au contraire très-rares, et manquent dans le plus grand nombre des montagnes argentines. Les por- phyres sont également rares, quoiqu’ils existent dans dif- férentes chaînes en petites masses, touchant les roches métamorphiques et sédimentaires, comme nous verrons plus tard ; ici il nous suffit de dire qu’ils manquent presque complétement dans les montagries les plus orientales, aug- mentant peu à peu vers la moitié occidentale, et prenant leur plus grand développement dans les Cordillères qui semblent formées dans une proportion considérable de ro- ches porphyriques. = Là où se présentent les cônes trachytiques dans les mon- tagnes, se trouvent toujours des dislocations de couches métamorphiques et assez souvent aussi des richesses mé- talliques. Comme les élévations éruptives ne sont pas rares dans nos chaînes ou Sierras, il ne manque pas de mines; principalement celles de cuivre et d’argent sont très- généralement répandues, et ont donné naissance à une exploitation florissante. Des mines d’or se trouvent aussi dans la sierra Famatina, de San Luis et de San Juan, où elles MINES D’OR. 277 sont connues depuis longtemps, comme nous l’avons déjà indiqué dans le tome I, pages 106 et 107. Nous nous sommes contenté de relater en peu de mots toutes ces circonstances, que nous examinerons plus en dé- tail dans les derniers chapitres, où nous donnerons la description particulière de quelques montagnes du pays. X DES ROCS PLUTONIQUES ET VOLCANIQUES Sans nous arrêter à l’opinion, récemment divulguée par plusieurs savants, que le granite doive être considéré aussi comme un roc métamorphique, au moins dans quelques cas peu nombreux, nous le traitons ici comme la masse la plus ancienne non stratifiée du globe, généralement nommée plutonique, en combinaison avec les rocs plus mo- dernes de la même conformation massive, non stratifiée, designés plus justement comme éruptifs, d’une époque plus moderne, et nommés volcaniques. Le granite, tel qu'il se trouve dans presque toutes les Sierras de la République Argentine, présente les qualités bien connues du granite en général, de toute la surface du globe, et ne diffère des autres granites par aucun carac- tere particulier. Dans sa composition il est assez variable, la relation des parties qui le constitue diffère dans beau- coup d’endroits. Nous avons dans notre Musée quelques échantillons d’une séparation remarquablement grande du mica et du feldspath, plus grande que généralement en Europe; mais je ne sais pas de quelle région ils ont été apportés. Cependant ces trois substances sont les mêmes comme toujours : un feldspath, très-souvent rougeätre ou blanchâtre, généralement l’orthose avec des quantités moin- dres d’oligoklase; un quarz clair sans couleur et un 278 COMPOSITION DES ROCHES PLUTONIQUES. mica très-brillant, grisätre ou blanchätre. L’orthose forme en general la masse fondamentale, et de sa couleur assez claire dépend la couleur prédominante du roc entier. Il a une texture cristallisée, mais des cristaux parfaits, bien séparables, sont rares. L’autre espèce du feldspath, l’oligo- klase, est en quantité moindre, mais mieux cristallisée, principalement en forme de jumeaux, se séparant souvent de leur masse fondamentale et tombant au dehors, comme les jumeaux bien connus de Carlsbad en Bohême. Cette structure des jumeaux distingue facilement l’oligoklase de l’orthose, comme aussi son lustre de graisse, pendant que l’orthose se présente avec le lustre du nacre. L’oligoclase aussi influe sur le changement de couleur et se trouve assez souvent verdâtre. Le quarz se trouve généralement en petits grains dans la masse, mais rarement aussi en cristaux. Quelque- fois il prédomine et change le granite en véritable roc quarzeux. Des variétés remarquables et dignes d’être notées, comme le quarz rose, se trouvent assez souvent et en belle qualité. Le mica se présente en deux espèces, tantôt mica potassique, tantôt mica magnésien, généralement les deux ensemble à la même place, d’autres fois aussi séparés et en différents lieux. La seconde espèce du mica magné- sien est toujours plus foncée en couleur. A côté de ces trois minéraux principaux s’en trouvent aussi beaucoup d’autres; principalement hornblende (amphibolite), soit en cristaux bien circonserits, soit en petits grains. Cette pierre se présente dans quelques endroits en grandes masses _ dans le granite, repoussant le mica et faisant une transi- tion du granite au syénite. Les autres minéraux subordon- nes sont, en première ligne, le grenat et la tourmaline ; le premier, souvent très-abondant et se présentant en pe- tits cristaux de forme rhomboïdales, quelquefois d’une gran- deur assez considérable. Principalement dans la sierra de San Luis on trouve des cristaux magnifiques du trapézoè- LE GRANITE. 279 dre, très-grands, d’un pouce et plus de diamètre, et d’une couleur assez claire, presque du rouge de Jacinthe. La tourmaline est moins commune, mais non pas rare et as- sez répandue dans quelques parties de la sierra de Cor- dova. Une autre substance assez abondante aussi est le fer oxydulé ou aimant, qui dans quelques granites se présente en quantité considérable, donnant aux pierres un aspect particulier. Dans quelques endroits des sierras de San Luis et de Cordova, on a observé le béryl; il se trouve principalement dans les masses granitiques où domine le quarz, sous la forme de grands cristaux d’une longueur d’environ 1 pied (25 cent.) et 4 à 5 pouces (10 à 11 cent.) de grosseur, mais malheureusement d’une couleur mau- vaise, opaque, peu verdâtre et déchirée par beaucoup de fissures fines ®. On a rencontré aussi le triplite dans les mêmes masses granitiques où domine le quarz; plus ra- rement se présentent l’apatite et l’épidote, et dans un seul endroit des petits cristaux de columbite, contenus dans le béryl et entourés de quarz. Enfin existent aussi dans le granite quelques espèces métalliques, principalement le fer sulfuré (pyrite) et le fer hydraté (limonite), sans doute formé par pseudomorphose du premier et ayant pris sa place. | Arrivant à l’existence locale du granite, nous devons dire qu'il se trouve presque dans toutes les montagnes de la République Argentine en massifs plus ou moins grands, occupant généralement les sommets les plus élevés des monts principaux. Même dans la petite chaîne du Tandil, au sud de Buénos-Ayres, existe le granite; mais il man- que sur le plateau du nord des Cordillères. Le granite prend une étendue remarquable dans la sierra de Cor- dova et un peu moindre dans celle de San Luis; il com- pose, dans la chaîne principale de la première, dite la Sierra de Achala, toute la partie centrale et occupe aussi dans la chaine orientale, la Sierra del Campo, la prolonga- 280 ROCS DE GRANITE DANS LES MONTAGNES. tion au Nord plus basse de celle-ci, accompagnée d’un grand nombre de petits mamelons isolés qui s’élè- vent de la plaine voisine. Les caractères du granite dans la province de San Luis sont assez semblables à ceux de la sierra d’Achala; il occupe là aussi le centre des diffé- rents groupes de roches métamorphiques qui composent cette montagne plus petite, mais moins divisée en chat- nes de moindre importance. Un massif plus grand de gra- nite se trouve dans la sierra d’Aconquija et forme les som- mets pittoresques qui s'élèvent au-dessus de la petite ville d’Andalgalä ; deux autres parties semblables du même sys- tème de montagnes se répètent dans le bras occidental nommé l’Atajo, et dans les sommets plus bas au Nord, entourant la vallée Tafi, tout près de l’excavation maré- cageuse, à la hauteur de la chaîne interne des montagnes à l’ouest de Tucuman, nommée comme beaucoup d’au- tres de la même configuration : La Cienega. Aussi, dans la sierra de Belen, de Granadillos et de Zapata, à l’ouest de l’Atajo, se présente le granite en grande extension, se continuant au Sud dans le bras du Cerro Negro, qui se compose du même roc plutonique. Cependant plus au Sud le granite devient plus rare; il se trouve dans la grande chaîne de Famatina, mais seu- lement en une petite masse au sommet le plus élevé du Nevado, et sous la même forme, dans la montagne voisine de la sierra Velasco. II manque plus au Sud, dans la con- tinuation de la sierra Famatina, dans la sierra de la Huer- ta, dans le Pié de Palo et dans les deux chaînes de la Pro- cordillère et Contrecordillère, au moins il n’a pas été observé jusqu’à présent. Je peux de même dire en toute sûreté qu’il en est ainsi de la sierra Uspallata, que j'ai traversée dans deux directions différentes sans trouver de roches graniti- ques. Dans les cailloux si nombreux au pied de la chaîne, je n’ai jamais vu non plus un morceau de granite. Le roc manque de même sur tout le plateau des Cordillères de LE SYENITE. 281 la province de Catamarca ; seulement au-dessous de l’es- carpement occidental du plateau j'ai trouvé un petit ma- melon granitique sans mica, Suivant le ravin à mi-hauteur du chemin. Mais il est de notoriété que le granite se trouve plus au Sud, dans la.chaine principale du côté des routes de Mendoza au Chili, dans plusieurs endroits, où il a été observé par Darwin sur les deux routes de la Cumbre et du Portillo. Plus tard, quand je traiterai, dans le onzième chapitre, de la composition générale de cette partie de la montagne, je décrirai aussi plus en détail son aspect et son étendue dans cette région. "Un autre roc plutonique, généralement répandu, le syé- nite, ne semble pas se présenter très-souvent dans la Ré- publique Argentine. Cette pierre se distingue du granite, avec lequel elle a une similitude d’aspect général, par Pabsence du quarz et du mica, à la place desquels se trouve: la hornblende (amphibolite) en grande quantité mêlée au feldspath, qui est presque toujours orthose ; cependant il existe aussi dans plusieurs syénites quelques petits restes de quarz et de mica, à côté des deux sub- - stances principales. Dans ce cas, la distinction est diffi- cile, et plus encore celle entre le syénite et le schiste amphibolite, qui se trouve si souvent associé au gneiss. L'absence d’une stratification évidente est alors le seul caractère diagnostique qui reste au syénite. Comme lieu où le syénite se trouve, j’ai noté dans mon Voyage (tome I, page 154), la fin de la sierra d’Achala, près d’Achiras, où j'ai vu des roches massives pleines d’hornblende et de grande extension. Mais il est possible que cette pierre soit en vérité un schiste amphibolite, car j'ai observé aussi çà et là quelques stratifications qui auraient indiqué plutôt une couche subordonnée de gneiss, qu’un véritable syénite. Je ne connais d’autres régions que la sierra de San Luis et celle d’Aconquija, où l’on ait trouvé des cailloux syé- nitiques, contenant des cristaux bien formés de titanite; 282 LES PORPHYRES. mais on ne connaît pas jusqu'à present le lieu de leur origine “. LUE Les porphyres constituent la seconde classe des roches plutoniques ; ce sont des pierres massives, contenant dans une pâte presque homogène, plus ou moins finement gra- nulée, des cristaux bien formés des mêmes substances consti- tutives, c’est-à-dire de feldspath de l’espèce d’orthose, et de quarz en grains séparés. Si le mélange des deux sub- stances de la pâte fondamentale est si fin, que leur gra- nulation soit seulement perceptible par un fort grossisse- … ment, le porphyre se nomme felsite, et c’est sous cette forme qu’il se présente très-généralement, sinon toujours, dans la République Argentine, au moins en dehors de la chaîne principale des Cordillères. Mais ces felsites ne se trouvent jamais dans notre montagne en grande extension; ils se présentent dans les montagnes de roches métamor- phiques toujours en masse assez petite, deviennent un peu plus forts dans les montagnes du système du grauwacke, et acquièrent leur étendue la plus considérable dans la chaîne des Cordillères Reales, où ils participent, dans une proportion considérable, à la construction des roches con- stitutives. | Dans la petite chaîne de montagnes du sud de Bué- nos-Ayres le porphyre n’est pas connu. Cependant les fleu- ves de la Patagonie, descendant de la chaîne des Cordil- lères, charrient des cailloux de porphyre. dans leur lit, et les accumulations de gros graviers, mêlées au cailloux sur les terrains échelonnés de la campagne de ce térritoire, sont également riches en débris de porphyre. Par contre, le porphyre que nous connaissons plus à l’Est, dans la Sierra de Cordova, mais seulement en assez petite étendue au milieu de la grande masse du granite appendiculaire, au nord de la chaîne orientale, se présente à l’ouest de Saint-Pierre (San Pedro) s’élevant comme un mamelon peu convexe sur le granite qu’il a perforé. Le porphyre a ici PROVENANCE DES PORPHYRES. 283 une couleur assez foncée, brune ou noirätre, contenant dans sa pâte felsitique des grains de quarz et de cristaux d’orthose avec quelques-uns de plagioklase, ceux-ci se distinguant facilement de l’autre espèce par leur texture sous forme de jumeaux. | La seconde chaîne de montagnes avec rocs de porphyre est celle de San Luis. Ici se trouvent, dans la petite chaîne isolée à l’ouest de la masse principale de la montagne, nommée la sierra de Socoscora, de nombreux filons por- phyriques, perforant le gneiss et s’élevant au-dessus de sa surface en cônes où sous forme de houppes. Ce porphyre contient presque les mêmes qualités que celui de la sierra de Cordova ; les cristaux de feldspath sont prédominants et surpassent beaucoup en nombre les grains de quarz qui y sont inclus. Dans les environs du petit village Tala il acquiert son plus grand développement. Quelquefois on observe des rubans plus clairs dans la masse, qui pro- viennent des strates quarzeuses mêlées avec de la calcé- doine ou pierre à fusil, et du silex corné, accompagné d’une grande quantité d’opsimose ou silicate de manga- nèse “. Plus au Nord, on trouve le porphyre dans la sierra Fama- tina, du côté occidental du haut mais étroit massif granitique du Nevado, dépassant beaucoup celui-ci en extension. Ici le porphyre s'élève dans la forme d’une grande digue, assez longue, entre les couches de grauwacke, sortant du nord du Nevado et se continuant, pendant plusieurs lieues, pour former la Cuesta de Tocino (côte du lard). Aussi, dans la Quebrada de la Cal, plus à l’ouest de la grande digue, se trouve une seconde masse plus petite de porphyre, en face du rio de Vinchina, interrompant les couches de gneiss de cette partie de la montagne. On a observé d’au- tres petites roches de porphyre dans la Sierra de Zapata, qui suivent presque la direction de la grande digue de Famatina, au Nord. Enfin, plus au Sud, dans la Srerra de 284 LES PORPHYRES DE LA SIERRA D’USPALLATA. la Huerta, existent aussi quelques petites masses porphy- riques “?. Je n’ai pu voir moi-même le porphyre que dans la Sierra de Uspallata, et l'ai décrit dans mon Voyage, tome I, pages 253 et 255. Là il se présente avec l'aspect de trois grands ma- melons, du côté oriental de la vallée de Los Manantiales, formant les sommets les plus élevés de la seconde chaine du côté oriental de la montagne, et imitant des cônes assez bas d’une couleur rouge-brune obscure et de tex- ture felsitique, portés par les masses du grauwacke, qui est la partie principale constitutive de cette montagne. Plus loin, j'ai vu le porphyre dans la troisième vallée qui suit celle de Los Manantiales, dont il forme le fondement, s’elevant un peu des deux côtés des escarpements voisins. A cet endroit, le porphyre me semblait stratifié, de la même manière qu'il l’est souvent au Chili; mais plus au Nord il s’eleve dans la même vallée comme un massif non pas haut, mais assez large, interrompu par un ravin qui traverse le chemin, ce qui rend facile l’étude de la pierre assez voisine et permet de la toucher avec la main. Ayant passé ce ravin, on entre dans une autre vallée, la quatrième de la monta- gne, courant du Sud au Nord, comme les autres, et lon suit d’un côté des couches de grauwacke, de l’autre des schistes micacés. Il me semble évident que les éruptions porphyriques se sont accommodées à la direction de ces vallées, et ont pris probablement part à leur soulèvement, en s’élevant même successivement et imitant de cette ma- nière la configuration stratifiée qui les caractérise, au moins en partie. On ne connaît pas d’autres roches de’ porphyre, jusqu’à présent, en dehors-de la chaine principale des Cor- dillères, où elles prennent une assez grande importance. Je n’ai, par conséquent, rien à ajouter aux faits indiqués ; il ne me reste qu'à donner quelques indications sur le temps de leur éruption, qui suit généralement l’épo- que paléozoïque, et se rapproche plus de l’époque carbo- LES TRACHYTES. | 285 nifere et même du système permien. Il est très-vrai- semblable que tous les porphyres observés dans les mon- tagnes argentines, en dehors des Cordillères, appartiennent à l’époque plus ancienne de leur apparition, et que seu- lement dans les Cordillères même, du côté occidental de la chaîne, on trouvera des porphyres plus modernes que la formation carbonifère. Dans les montagnes de la République Argentine, on remarque plus généralement les roches éruptives plus mo- dernes, connues sous la dénomination de volcaniques, dont la masse principale est formée par les trachytes. Il semble que toutes les chaînes de montagnes de la Pampa contien- nent de ces cônes trachytiques, sauf les plus au Sud, dans la province de Buénos-Ayres, où ils manquent compléte- ment. Pour les étudier plus en detail, nous suivons la même direction de l'Est à l’Ouest, examinant chaque chaine, une après l’autre, et commençant par celles de la sierra de Cordova. Hay Des trois chaînes de cette montagne, la principale ou moyenne manque de trachytes, le granite y a pris une très- grande étendue; mais dans les autres, on trouve des cônes trachytiques bien connus, principalement dans la troisième, la plus petite de Serrezuela, où ils forment les sommets les plus élevés, qui se remarquent à une distance très- grande au-dessus de la plaine de l’Ouest, connus sous le nom du Cerro de Buena Yerba, Cerro Borroba, et Cerro de la Cienega. Leur hauteur atteint de 1200 à 1600 mètres. Le trachyte de leur masse est formé d’une pâte presque homogène ou très-finement granulée, de couleur rouge- grisätre ou grise de différentes nuances, composée de deux espèces de feldspath, dont l’une est albite (sanidine), l’autre triclinometrique, probablement oligoklase, en général d’une texture plus ou moins poreuse, contenant des cristaux d’amphibole, d’augite, du même feldspath triclinomètre et mica, aussi çà et là, dans des cavités plus grandes, des 286 LEUR PROVENANCE DANS LA SIERRA DE CORDOVA. beaux cristaux d’analcime. Dans quelques endroits la masse prend une si grande porosité qu’elle ressemble au ponce; mais elle conserve toujours sa couleur plus foncée, presque noirâtre. On ne trouve pas là de quarz isolé; le trachyte du sytème de Cordova est le vrai trachyte, nommé plus particulièrement trachyte de sanidine ou d’oligoklase. Les sommets massifs sont accompagnés de tuf trachytique for- mé des mêmes matériaux; la formation des tufs indique que ce sont des produits d’éruptions sous-marines. ‘ Un autre groupe de cônes trachytiques se trouve au sud de la chaîne orientale de la même montagne, dans les parties isolées, connues sous les noms de la Sierra Chica et Sierra de los Condores, où ils forment de petits mame- lons de 670 mètres environ. La pâte trachytique est ici d’un rouge-brun, renferme d’assez grandes cavités avec cristaux d’analcime, mais très-peu de cristaux d’hornblende. Le feldspath s’est souvent changé en kaolin. Dans la sierra chica les trachytes sont plus répandus à l’état de filons qu’à l’état de mamelons, mais probablement tous ces rocs séparés à la surface se réunissent dans la profondeur de la montagne, et s'étendent aussi encore plus au Nord, car on trouvé dans le Ait du rio Primero des cailloux trachyti- ques, dont nous ne connaissons pas jusqu'à présent le lieu d’origine. La sierra de San Luis, quoique plus petite que celle de Cordova, contient néanmoins des cônes trachytiques plus grands et en plus grand nombre, sous forme de culots isolés, terminant les sommets et s’y présentant en cônes. D’après les études de M. Avé-LazremanT, publiées dans les Actes cités note 39, la pâte de ces cônes n’est pas de véritable trachyte, mais d’une variété spéciale de pâte quarzeuse, con- tenant des grains isolés de quarz et nommés, d’après une désignation nouvelle, Ziparite. Les cônes assez hauts de To- malasta (2117 mètres), du Cerro del Valle (2000 mètres), de Zololosta (1950. mètres), d’Intiguasi (1710 mètres) et les DES TRACHYTES DANS LA SIERRA DE SAN LUIS. 987 petits Cerros Largos (1580 mètres) sont composés de cette substance ; ils forment ensemble une route trachytique qui prend, avec quelques interruptions, de l’Ouest à l’Est, par le milieu de la montagne et se continue plus à l'Est, s’éle- vant encore dans le cône isolé du Cerro del Morro (1400 mè-— tres) près de la ville de San José. Ce dernier culot n’est pas formé de liparite, mais comme ceux de la sierra de Cordova de véritable trachyte sans quarz, contenant aussi des masses hyalines ressemblant au trachyte-rhyacolithe qui se trouve uniquement dans cette région. La pâte de cette variété a une apparence homogène de couleur grise et se forme principale- ment d’un feldspath vitreux, mêlé avec des cristaux d’am- phibole et quelques petites feuilles du mica, également dis- tribuées dans la masse. L'espèce principale de feldspath est la sanidine, et en outre aussi le plagioklase, avec quelques procents d’hauyne et de sphène. Dans la substance de la sani- dine se trouvent des grains assez grands hyalins, qui la ren- dent plus opaque, et aussi çà et là des grains ApaphibOle et d’apatite, mêlés de fer magnétique d’aimant. Les cônes du liparite, dans la sierra de San Luis même, sont plus hauts que ceux du Morro de San José, mais ils ne sont pas si larges. On peut aussi distinguer dans leur masse plusieurs différences. Les liparites du Tomalasta et du Cerro del Valle sont d’une couleur foncée grisâtre et leur pâte est porphyrique, contenant des cristaux bien séparés de sanidine et d’amphiboie, sans grains de quarz et sans feuilles de mica. Mais si nous étudions cette même pâte à l’aide du microscope, nous trouvons enfermés dans les petites cavités des grains et des cristaux microscopiques de quarz et aussi d’amphibole, et de fer magnétique avec plusieurs autres sub- stances peu reconnaissables. La pâte de trachyte d’Intiguasi est d’un vert blanchâtre et se compose principalement d’un feldspath vitreux, mêlé avec peu de quarz, d’amphibole et de mica; mais à ces trois minéraux s’unissent en plus grand nombre des substances accessoires, comme par exemple de 288 TUFS TRACHYTIQUES. la calcédoïne, du natrolite, du jaspe, de l’actinite et un sili- cate de fer, probablement nigrescite. Quelques cavites sont assez grandes, et la substance de leur contour est plus dure. L’observation microscopique a démontré qu’à côté du sanidine se trouve aussi le plagioklase, en outre du quarz, de l’amphibole et d’un peu de mica, c’est-à-dire les mêmes minéraux qui sont enfermés dans la pâte en cristaux isolés et plus grands. Le liparite de Morteritos et des Cerros Largos : est d’un blanc presque pur, avec une grande quantité de cris- taux d’amphibole, mais la plupart mal formés, ressemblant plutôt à des grains irréguliers. Les substances subordonnées sont la sanidine, le quarz et l’hématite, et dans la pâte se trouve aussi mêlé beaucoup de lithrode, auquel est dû le peu de transparence de leur masse. Ce mélange les fait ressem- bler à la porcelaine, sans parties hyalines, qui se trouvent dans le liparite d’Intiguası. | Dans les environs de ces rocs durs trachytiques, on voit aussi des tufs trachytiques, quelques-uns d’une texture très: molle et presque terreuse, tous formés des mêmes substan- ces que les roches dures, indiquant ainsi assez clairement que l’origine des cônes trachytiques est due à des éruptions marines. On observe aussi des roches d’alunite dans le voi- sinage de quelques tufs ayant les mêmes qualités mécani- ques et extérieures, contenant beaucoup d’alunite pur et aussi de loevigite. On a déjà commencé à utiliser ces tuls pour la production de l’alun. | La troisième montagne où j’aı pu examiner des api trachytiques, est la sierra d’Uspallata. Là ce sont principale- ment les tufs trachytiques, qui représentent les forces érup- tives. Ils prennent une assez grande extension du côté occi- dental de la montagıfe, vers la plaine d’Uspallata, et y pénè- trent à l'Est avec les deux ravins qui servent de routes, et traversent la chaîne jusqu'au milieu du sommet principal, nommé el Paramillo. Dans cette dernière route on trouve simultanément la formation houillere, comme nous l’avons TUFS TRACHYTIQUES DE LA SIERRA D’USPALLATA 289 vu plus haut, page 263. Je n’ai observé nulle part, en place, de rocs durs de trachytes dans les deux chemins, mais je ne doute pas de leur existence dans l’intérieur des masses tufières que: j'ai vues. Celles-ci se présentaient sur la route plus au Sud à l’état de roches assez dures d’une texture fine granulée et de différentes couleurs : verdätres, rouge-claires et jaunätres, contenant çà et la des morceaux plus grands d’une substance vitreuse et de couleur blanche plus claire. Ces tufs étaient superposés l’un sur l’autre en bancs de différente épaisseur, souvent disjoints par des érup- tions postérieures et jetés en grandes masses l’un sur l’autre. Quelques rocs isolés formaient des escarpements perpen- diculaires de 20 à 30 mètres de hauteur, leur surface était lavée par des courants d’eau et déchirée par de grandes fissures. Au-dessus de ces grosses masses, j'ai vu une pierre noire massive, probablement basaltique, pro- duit d’une éruption plus moderne et des mêmes forces. Malheureusement la grande distance du chemin et la hau- teur des escarpements m’ont empêché d’étudier plus en détail leur qualité pétrographique, qui me semblait évi- demment de la vraie nature basaltique. Une fois j'ai ren- contré de pareilles masses tufières disposées en forme de bassin, avec des escarpements perpendiculaires aux deux extrémités, à l'Ouest et à l'Est. D’autres fois deux bancs de ces mêmes tufs étaient inclinés l’un contre lPautre detelle manière, qu’il semblait que ces deux morceaux avaient été soulevés par une force motrice, et étaient retombés plus profondément dans l’abîme, inclinant Fun vers l’autre leurs bords déchirés. Enfin, dans la partie la plus occidentale du territoire, du côté de la plaine, les couches de tuf étaient régulièrement inclinées à l'Ouest, sans dislocations et sans perturbations postérieures. Les mêmes tufs se trouvent aussi plus au Nord, au com- mencement du chemin qui va à Villa-Vicencio et passe par le Paramillo, suivant la route jusqu’à mi-hauteur. REP. ARG, — TI. II, 19, 290 | TRONCS D’ARBRES FOSSILES. Les tufs, dans cette partie de la montagne, au com- mencement du chemin, sont presque de la même qualité, d’une couleur assez claire rouge et élevés en grandes masses avec escarpements presque perpendiculaires ; plus loin ils changent de caractère et deviennent plus foncés, grisätres ou même noirs, aboutissant aux couches de ter- rain houiller, sur lesquelles ils sont déposés. Ici, j’aı trouvé dans le milieu du chemin, entre les cailloux qui couvrent le fond du ravin, de grands blocs assez frais, avec leurs coins aigus, d’un trachyte, qui n’avaient pu être transpor- tés de loin et dont la masse principale doit exister en place dans un lieu assez voisin. La pierre était de la même es- pèce que le trachyte des Cerros Largos de la sierra de San Luis, contenant dans une päte blanche un peu vi- treuse, assez compacte, des cristaux noirs aciculaires d’am- phibole, dont beaucoup déjà détachés de leur place et dé- composés; je n’y ai vu dedans aucun grain dé quarz, mais la rapidité du voyage m’a empêché de bien étudier la pierre, et le petit morceau que j'avais emporté pour l’étudier seru- puleusement en Europe, a été perdu par la rupture du sac qui contenait mes échantillons, sans que mon aide en ait pris souci. Dans cette masse d’une couche de tuf sttidies noirâtre, au milieu du chemin, on trouve des troncs d’arbres pé- trifiés, qu'avait découverts déjà Darwin, et dont il parle dans son Voyage, tome II, page 99, trad. allem. Je les ai examinés aussi et décrits dans mon Voyage (tome I, page 267), ayant pu étudier avec soin un morceau d’un de ces troncs que j’ai emporté intact à Halle, où il se con- serve avec mes autres échantillons geognostiques, dans le Musée zoologique de l’Université. Les trones sont en posi- tion perpendiculaire; il y en a plus de trente en place, entourés d’un tuf noirâtre assez mou qui les couvre jus- qu’à la hauteur de 3-4 mètres. Plus au sommet de la mon- tagne se présentent, au-dessus de la couche de tuf, des TRACHYTES DANS LES MONTAGNES DU NORD. 291 pierres noires basaltiques, qui se changent encore plus en haut en spilite (mandelstein) et enfin en basalte homogène, formant un véritable torrent éruptif de roches pyrogènes et se terminant au-dessus du basalte, tout près du som- met, par une coupe porphyrique, à côté de laquelle sont plus tard sorties les masses éruptives plus modernes, de- butant par l'explosion des tufs à l’état de cendres et finis- sant avec des masses en fusion transformés par la suite en bancs basaltiques. Les caractères pétrographiques des autres trachytes plus au nord de la République nous sont inconnus jusqu’à pré- sent; nous ne pouvons donner que quelques indications sur les lieux où ils existent. Dans la sierra Famatina les culots trachytiques forment une ligne transversale presque au mi- lieu de la chaîne, un peu au nord du village Bichigasta, entre les villages Salinitas et Huaco; en outre se trouve un . petit mamelon au sud de la vallée Fertile, en dehors de la ligne sus-indiquée. Dans la partie nord de la même chaîne s'élèvent aussi deux petits cônes tout près de la ville Famatina, en continuation du massif granitique cen- tral, parallèle à la digue porphyrique plus à l'Ouest. Ils sont connus sous les noms de Cerro Negro et de la Cuesta Colorada. Un, autre culot plus grand existe dans la partie principale de la montagne, sous le même degré de latitude que le village de Copacavana. Pareillement figurées se présentent les éruptions trachytiques dans le sys- tème d’Aconquija, sôit dans la partie au nord du centre, nommée la Sierra de la Frontera, soit à l'Ouest, dans la branche d’Atajo. Cette partie nord est couronnée de deux petits cônes à l’ouest de la vallée de Tafi, formant ici les sommets de la région nommée l’Infernillo. Dans l’Atajo, des petits cônes trachytiques sont plus nombreux; ils suivent le grand massif granitique central dans la direction Nord- _ Ouest, auquel s’unissent deux autres masses principales à l’Ouest et à l’Est, tout près des mines de Capillitas. Encore 292 ’ ROCS DE BASALTE plus au Nord, entre la Laguna Blanca et la Sierra de Gu- lumpaja, se trouve une autre grande masse de trachyte à côté d’une plus grande de granite. Dans toutes ces ré- gions dont nous venons de parler, des rocs métamorphiques forment le fondement des montagnes voisines, ou même de celles qui sont perforées, à l’exception de la partie centrale de la sierra Famatina, où les trachytes sortent de couches paléo- zoiques de grauwacke *. | Nous possédons moins de details encore sur les éruptions du basalte que sur celles du trachyte; il semble que ces ro- ches, les plus modernes parmi les éruptives, sont très-rares dans les montagnes de la Republique Argentine. Nous les connaissons seulement dans quelques endroits du systeme des chaines de Cordova et San Luis, dans la sierra de Us- pallata et à côté des Cordillères du Sud, où l’on a noté des roches éruptives de cette catégorie. Dans la sierra de Cordova même le point d’eruption n’est pas encore connu; on trouve seulement dans le lit du rio Primero des cailloux ba- saltiques, sans que l’on sache d’où ils proviennent. Là existe une roche noire compacte, contenant de petits grains d’oli- vine ; la pâte en est composée d’augite et d’un feldspath tricline. Une roche semblable se trouve aussi au pied orien- tal de la sierra del Campo, près d’Alta Gracia. D’autres petits mamelons du même roc se présentent dans la vallée du rio Conlare, entre la sierra de Cordova et celle de San Luis, du côté des collines de Los Manantiales, à l’est du village Renca. Encore plus au Sud, dans la pampa Même, de semblables éruptions se répètent et forment le Cerro de la Leoncita, dont les pierres, composées de basalte-néphéline * ont été l’objet d’un examen spécial. J’ai décrit dans mon Voyage les roches basaltiques de la sierra d’Uspallata (tome I, page 267) et en ai parlé auparavant ici, page 291. L’on trouve, au-dessus, des tufs trachytiques, sous deux différentes espèces, c’est-à-dire comme spilite et basalte. Le spilite se compose d’une pâte presque noire assez tendre, se rapprochant de la vacke, con ET DU SPILITE. 293 tenant des amandes de differente grandeur et des substances hétérogènes, la plupart noires et petites, comme des grains de plomb, formées d’une pierre cloritique; d’autres plus gran- des, contenant une substance blanche en concrétions concen- triques. C’est sous cet aspect que se montrait la pierre dans ses couches inférieures ; plus haut, la pâte devient plus clai- re, plus dure et plus homogène, contenant des amandes en quantité moindre et des cristaux blancs d’une substance zéolithique. Encore plus haut les amandes et les cristaux manquent, la pâte se change en une pierre dure homogène de la couleur du fer, contenant, au lieu d’amandes, des ca- vités vides, ressemblant ainsi complétement à une ancienne lave augitique mêlée avec du fer magnétique. Enfin, tout près du lieu où commence l’éruption, le roc devenait en un véritable basalte, assez fendu, avec les surfaces des fissu- res changées en une substance jaune de couleur d’ocre, alternant avec des bancs porphyriques, le dernier desquels, tout près du Paramillo, me montrait une séparation sphé- rique de la pâte, sortant ici de la masse fondamentale de la montagne du grauwacke, dont est formée toute la partie est du Paramillo *. XI VUE SUR LA GEOGNOSIE DES CORDILLÈRES Quoique j'aie déjà parlé plus haut de la presence des différents rocs, traités à propos des montagnes de la Ré- publique Argentine, il me semble convenable de résumer la configuration particulière géognostique de quelques-unes, et d’ajouter ici, à la fin de mon esquisse, les connais- sances acquises sur leur disposition spéciale, et principa- lement sur celle du plus grand système de montagnes du pays, c’est-à-dire des Cordillères. 294 GEOGNOSIE DES CORDILLERES. Nous ne connaissons en réalité la construction géognosti- que des Cordillères, autant qu’elles appartiennent à la Répu- blique Argentine, que dans deux parties assez éloignées: lune sous le 27°30° L. S. où le grand plateau existe, est connue par mes propres observations ; l’autre tout près du 33° L. S. par celles de Darwın et ses successeurs **. A cet endroit, les Cordillères forment deux chaines presque parallèles, avec une vallée très-élevée entre elles, comme nous les avons décrites tome I, pages 202 et suivantes; la chaîne orientale, divisée par le lit du rio de Mendoza, et dont la structure interne se découvre à nu jusqu’au fond du ravin formé par le lit du fleuve, l’autre occidentale fermée jusqu’au som- met du Cumbre. | | Nous essayerons de dessiner un tableau general, d’apres l'examen de.ces deux localités, et commencerons notre es- quisse par la partie nord, qui est celle dont la structure est la plus simple. | | Elle est déjà bien connue par la description que j’en ai donnée dans le tome I, pages 183 et suivantes, et l’on sait que les Cordillères forment dans cette partie un grand pla- teau de 2 degrés de largeur, interrompu par quelques val- lées longitudinales peu profondes, et divisé en différents gradins qui se suivent l’un l’autre de l'Est à l’Ouest. Tout ce plateau avec ses gradins est composé de la même sub- stance pétrographique, c’est-à-dire de couches d'argile sa- blonneuses assez dures, appartenant à la formation paléo- zoique, s’elevant, par une inclinaison assez forte, de l’Est à l’Ouest, avec une direction générale des couches du Sud au Nord, un peu plus tournées au Sud-Ouest et au Nord-Est; une couche suivant l’autre, avec la même direction et incli- naison, sans montrer d’autre différence que celle prove- nant de la couleur variant entre rouge-brun, brun, jaune foncé et jaune-clair, dans quelques endroits restreints et moins importants. L’äge spécial des couches n’est pas bien connu jusqu’à présent, mais si l’on observe que les couches à STRUCTURE DU PLATEAU DU NORD, 295 PEst, avant le sommet du plateau, sont des rocs métamor- phiques plus anciens, et celles à l’Ouest du plateau, au Chili, évidemment plus modernes, démontrent, au milieu du chemin, entre la Cordillère et l’Océan Pacifique, leur caractère jurassique, il est clair que.les couches paléo- zoiques se suivront l’une à l’autre dans la même direc- tion, et par conséquent celles plus à l'Est seront les plus anciennes, et celles plus à l’Ouest les plus moder- nes. Sous ce point de vue, j’ai pris la partie orientale du sommet comme appartenant au système silurien, celle du milieu au dévonien, et celle de la troisième partie, la plus occidentale, au système permien, sans avoir d’autre jus- tifieation de cette explication que la succession des cou- ches. Je n’ai trouvé de pétrifications nulle part sur tout le plateau; de même je n’ai jamais observé une difference matérielle des couches, assez apparente, pour déterminer leur âge; toutes sont des sédiments d’argile sablonneux d’une couleur rouge-brune ou brune-grise, généralement très- durs, d’une texture très-fine, parce que l'argile y domine, et en raison même de cette circonstance la substance prend un aspect plus homogène et moins granulé. La sé- paration de ces couches par des schistes existe, mais peu prononcée. On aperçoit clairement sur les parois, presque perpendiculaires, des bancs différents par leur épaisseur et par quelques nuances de la couleur ; on voit aussi l’in- clinaison des schistes à l’intérieur de la montagne, si l’on s'élève doucement de l'Est, par la Quebrada de la Troya, jusqu’à la hauteur du plateau, en commençant par le pre- mier escarpement extérieur à l'Est. Des deux côtés de l’ou- verture de cette Quebrada on voit de même les bords cas- sés des couches soulevées de bas en haut par les forces éruptives existant dans les profondeurs de la terre. En général, il me semblait que la couleur des rocs devenait peu à peu plus claire de l’est à l’ouest de la montagne; mais on trouve de temps à autre, même au milieu des 296 COUCHES DE BARRANCA BLANCA, couches les plus claires, d’autres foncées, sans être exac- tement semblables aux antérieures; observation qui prouve la variabilité des causes finales aussi dans cette forma tion. Des couches purement grisätres, comme le grauwacke d'Europe, par exemple dans le Harz et l’Eifel, sont rares, et je n’ai jamais trouvé dans cette montagne, quoiqu'il s'en trouve dans celle de la sierra d’Uspallata ({voyez mon Voyage, tome I, page 275) de véritables phyllades ou ardoises (Tafelschiefer) ; la plupart des bancs de schiste argileux-sablonneux ne sont réellement pas lamel- leux et d’une couleur se rapprochant du vieux cuir demi- usé, plus ou moins du rouge au brun obscur. De la surface extérieure du plateau, couverte d’une fai- ble couche de petits cailloux anguleux de la même subs- tance, mêlés avec des débris de quelques cônes éruptifs voisins, je n'ai pas à parler, ayant suffisamment expliqué ce caractère du plateau des Cordillères dans le tome I, page 191; de même que l’enveloppe des escarpements incli- nés des vallées longitudinales est formée d’une forte couche de sable isolé (page 190), cachant presque complétement dans ces lieux la pierre dure qui existe au-dessus, sauf dans quelques petits précipices qui interrompent ce sable homogène et véritablement mouvant. A la Barranca Blanca se termine la partie sitinaieke la plus grande du plateau. Ici commence Poccidentale plus petite et les rocs prennent un caractère différent, se changeant en très-clairs jaunätres, mêlés à des couches minces de deux centimètres d'épaisseur de gypse lami- naire en étages, mais suivant la même direction et incli- naison des autres couches. Cette différence me semblait in- diquer le commencement d’une formation différente et parce que M. D. Forges, dans son Essai sur la géognosie de la Bolivie, a décrit de semblables couches comme ap- partenant au système permien, je me croyais autorisé à identifier celles-ci avec celles de Bolivie, sans autre raison L2 ze Lé MANQUE DE PETRIFICATIONS. 297 cependant que leur ressemblance extérieure et leur suc- cession immédiate aux couches antérieures paléozoïques. En outre, nous savons par les recherches d’un explora- teur de mines, qui avait examiné toute la montagne voi- sine pour trouver des trésors métalliques, que dans les ‘environs du passage du Cerro San Francisco existent des couches de la formation houillère, car ce chercheur pré- tend avoir trouvé là une couche de charbon d’une épais- seur dépassant 1,5 mètre. Je n’ai pas de raison de dou- ter de cette découverte, car il est très-vraisemblable que la formation houillère existe ici, entre la paléozoïque et la permienne, où est son siége régulier; et si nous pou- vons ajouter confiance aux paroles de cet explorateur, nous avons une nouvelle raison pour déclarer les couches infé- rieures, à l’est du terrain houiller, les plus anciennes, et les supérieures à l’ouest les plus modernes, et dans ce cas les tenir pour couches du système permien. Alors le plateau oriental des Cordillères serait composé de couches dévoniennes et siluriennes, et le plateau occidental de per- miennes. . Des pétrifications qui pourraient donner plus de certi- tude sur l’âge des couches, n’ont été trouvées jusqu’à pré- sent dans aucune partie de cette contrée ; mais nous sa- vons par notre description antérieure (page 270) des cou- ches paléozoïques, que les espèces fossiles trouvées dans différents lieux donnent l’époque ici indiquée. La succession des couches est dans toute la montagne, par- _ tout où le plateau existe, très-régulière; je n’ai jamais vu de dislocations ou autres disturbations, quoiqu’une foule de cônes éruptifs s'élèvent sur le plateau. Les vallées aussi s’accommodent complétement à la direction générale des couches du Nord au Sud, et se présentent clairement comme des érosions successives des petits cours d’eau qui y ont formé leur lit. Ces vallées ne sont ni très-étroites ni très- profondes, mais forment au contraire des excavations assez 298 ROCS ÉRUPTIFS. faibles et prouvent clairement, par ce caractère, leur ori- gine. Les petits ravins aussi qui s’élèvent en escarpements peu roides, sont des érosions creusées par une eau qui n’a jamais été très-profonde; seulement les entrées principa- les de la montagne, du côté de la plaine, telles que les Quebrada de la Troya, de Friambala et de San Francisco, sont des ravins très-étroits, avec de hauts escarpements perpendiculaires, parce qu’ils coupent la montagne en di- rection opposée au gisement des couches, et ont été au commencement des fissures transversales, que l’eau a trou- vées et augmentées seulement dans le cours des siècles, jusqu’à leur donner l’apparence actuelle ; aplanissant peu à peu le fond et égalisant les parois très-inégales à Pé- poque où s’est produite la rupture. La très-petite largeur de ces ravins transversaux qui, dans quelques points, sont si étroits que l’on peut avec les deux mains toucher les deux côtés opposés, prouve d’une façon évidente leur ori- gine. Les petites rivières, qui coulent actuellement dans ces ravins, sont trop faibles pour les avoir produits, et le manque de grands dépôts de neige sur la montagne vient prouver, qu’elles n’ont jamais été plus fortes, sauf acci- dentellement. | En dehors des couches sédimentaires qui forment la masse principale de la montagne, on trouve sur toute la surface du plateau des rocs Eruptifs eristallins qui ont coupé les sédiments et se sont accumulés sous forme de cônes plus ou moins grands juxtaposés sur leur surface. Ces rocs éruptifs sont de deux qualités, des porphyres et des tra- chytes; je n’ai vu nulle part de granite, mais il existe dans le passage de San Francisco. Dans «et endroit, on re- marque un massif assez fort dans la vallée du Rio Casa- dero, tout près de la Piedra Blanca, à l’ouest du Pie, près de la Cuesta de los Chilenos, et des cailloux de cette nature se trouvent dans le lit de ce fleuve Casadero jus- qu’à l’embouchure de la Quebrada de Fiambald, et aussi GRANITE ET PORPHYRE 299 dans celle de la Troya, quoique nous ne connaissions pas leur lieu d’origine de ce côté de la montagne. Je n’ai vu personnellement aucun véritable granite sur la route que j'ai suivie ; seulement, en descendant des escarpements occidentaux, du: côté chilien, au commencement de la val- lée du Rio Pioquenes, j'ai trouvé une roche granitique de couleur presque rose, à mi-hauteur, qui formait un culot peu élevé, mais bien séparé des couches sédimentaires existant au-dessus de lui. Jai parlé de cette pierre plus haut, page 287. Les deux autres roches éruptives se trouvent en grande quantité sur toute la surface du plateau et forment presque toujours de petites chaînes de collines basses, plus ou moins conformes, rarement de grands cônes isolés. Les petites chai- nes ont généralement une longueur de 200-300 pas, et leurs cônes ne s'élèvent pas jusqu’à la région des neiges perpé- tuelles ; elles suivent toujours la direction des couches du Nord au Sud, parallèles à leur gisement, sans doute parce que ces chaînes de substances éruptives sont sorties entre les couches même, prenant leurs strates comme route pour les perforer. Les cônes, regardés séparément, sont bas, mais larges à leur base, dépassent rarement 150-200 mètres, la plupart même n’atteignent pas 80-100 mètres. Ils sont unis entre eux par leur base, pour former des chaînes conti- _ nues, chacune d’elles se composant d’une douzaine de cö- nes environnants, et également l’une séparée de l’autre par d'assez grands intervalles. Jamais je n’ai vu de petit cône isolé sur le plateau; mais j'ai toujours vu leur enchainement se suivre dans tous les points de la route que je parcourais. Les porphyres de ces chaînes sont d’une couleur rouge- brune ‘avec une pâte felsitique assez homogène et dure. Ils contiennent dans cette pâte des cristaux de feldspath assez clairs, d’un blanc-jaune et de petite taille, presque tous égaux, de 5-6 millimètres de long; la quantité en est grande et ils dominent dans la masse de la pâte. Les grains de 300 LES TRACHYTES. quarz qui acompagnent le feldspath sont plus rares et me semblaient manquer complétement dans beaucoup de morceaux. Les trachytes ont la même apparence orographique que les porphyres, et leurs chaines s’entremêlent sans ordre fixe avec celles du porphyre. Examinant ensemble les deux sor- tes de pierres, sous le point de vue de la quantité relative, les trachytes me semblaient dominer, parce que leurs chaines sont plus nombreuses que celles de porphyre. La sub- stance des pierres trachytiques a toujours une couleur très- foncée presque noire et une texture poreuse; la masse noire ressemble au perlite et contient quelquefois des taches vitreuses plus claires, blanchätres, qui donnent à la pâte une couleur grise; tous ces caractères indiquent une érup- tion rapide de la masse et leur refroidissement instantané après en être sortis. On y trouve dedans aussi des débris: de la pierre environnante sédimentaire, observation qui prouve d’un autre côté un soulèvement très-violent et soudain ; mais _ jamais, ni les trachytes ni les porphyres n’ont disloqué les couches sédimentaires ; les deux roches éruptives sont déposées sur le plan tout horizontal de la surface du pla- teau, comme si elles sortaient d’une fente produite entre les couches sédimentaires, déjà élevées auparavant, sans les interrompre autrement. Au reste, on ne voit jamais d'indice d’un mouvement en pente sur ces roches éruptives; elles paraissent s'être élevées à l’état mou, demi-fluide, plutôt que véritablement liquide. | Quant à la constitution chimique du trachyte, je ne puis rien ajouter à ce que j’ai dit déjà (tome I, page 366, note 29,) n'ayant pas actuellement mes échantillons, restés avec mes collections à Halle, où ils sont déposés dans le Musée z00- logique de l’Université. Si je compare mes propres obser- vations avec la description des différentes espèces de tra- chyte de l’excellent Manuel de Géognosie de M. E. J. Naumann, il me semble que ce que dit cet auteur sur le trachyte CONES GRANDS ISOLES. 301 demi-vitreux (tome I, page 624), est tout-à-fait applicable aux pierres de même nature trouvées par moi sur le plateau des Cordillères. Celles-ci appartiennent tr&s-probablement au groupe des augit-andesites sans quarz, qui forment aussi, d’après les recherches de M. G. Rose, les grands cônes éruptifs bien connus des Andes de Quito. De semblables cônes gigantesques, dont les sommets s’6- lèvent jusqu’à la région des neiges perpétuelles, se trou- vent aussi sur ce plateau Argentin; j'ai parlé, dans le premier tome de cet ouvrage, de quatre cônes existants, dont deux me sont connus. L'un est le Cerro Bonete (tome I, page 193). Ce n’est pas un cône simple, mais un groupe de cinq cônes unis, tous cinq couverts de neige, sauf un quart de leur hauteur, prise de leur base au sommet. D’après la couleur de cette partie basilaire, leur trachyte doit être différent de l’autre, car la base n’était pas si _ noire que le trachyte plus foncé des autres petits cônes, mais semblable au vieux cuir ; leur forme était régulière- ment conique et non pas semblable à une coupe convexe, sans excavation au sommet et sans point oblique, qui ca- ractérise beaucoup d’autres cônes Andiens. L’un des cinq cônes était plus haut que les autres quatre, successive- ment un peu plus bas, quoique assez hauts pour être cou- verts de neige. L'autre cône trachytique que j'ai vu est le Volean de Copiapo (tome I, page 197). C’est un cône isolé, plus étroit, mais moins élevé, quoique son sommet soit aussi couvert de neige. J’ai passé tout auprès, à la distance d’une lieue à une lieue et demie, et à une distance de 4-5 lieues des cônes du Cerro Bonete. La surface de ce cône se présentait plus irrégulière, interrompue par de larges fissures perpendiculaires, et la substance de la pierre d’une couleur jaune-grisätre assez claire. Le sommet est sim- ple comme les autres, ni excavé, ni obliquement tronqué. Je n’ai pas vu les deux autres grands cônes du plateau ; l'un est le Cerro de San Francisco (tome I, page 198), 302 CONSTRUCTION DES CORDILLERES DU SUD. l'autre le Cerro del Potro (page 200); je ne peux rien dire de leur forme ni de leur pierre. D’une manière toute différente sont construites les Cor- dillères du Sud, depuis le changement du plateau en chaines isolées, bien séparées par des vallées assez éten- dues. Au lieu de la structure simple d’un grand massif de roches homogènes sédimentaires, existe non-seulement un système assez compliqué de petites montagnes isolées, mais aussi d’une composition bariolée de différentes formations et pierres, qui rendent difficiles une description et même un aperçu général de cette partie des Andes; difficulté encore augmentée par la nature aphoristique des recher- ches jusqu’à présent faites et publiées par différents auteurs. L'ouvrage le plus complet est la description. de Darwın des deux passages des Cordillères, entre Santiago du Chili et Mendoza, donnée dans ses Geological observations : on South-America, déjà plusieurs fois citées dans notre esquise géologique. C’est pourquoi je suivrai ici cet auteur, avec quelques modifications de la partie hypothétique de son travail, modifiée par des recherches postérieures. Je n’ai pas visité personnellement le territoire indiqué des ‚deux passages ; ma tentative d'entreprendre le même voyage de Mendoza à Santiago a échoué à la suite d’une discussion avec les arrieros loués pour m’accompagner, à propos d’un mulet perdu par leur propre négligence ( Voyage, tome I, pages 253 et 259). Le commencement des Cordilleres, du côté occidental de la plaine d’Uspallata, point auquel je parvins pendant mon voyage, est formé de plusieurs massifs de porphyres qui [sS’accumulent à l’embouchure de la vallée. transver- sale dans laquelle coule le rio de Mendoza, comme deux forts massifs, l’un avec différents sommets en forme. de grandes dents aiguës comprimées, s’élevant à une hauteurde 3000 à 3500 mètres. Ces porphyres sont entourés à leur base d’une forte couche de cailloux et de grès qui forme le fond PRÉPONDÉRANCE DES PORPHYRES. 303 de la vallée et les collines en dehors de la montagne, au commencement de la plaine générale de la pampa. J’ai fait un dessin de ce côté de la vallée d’Uspallata, que je publie- rai plus tard dans l’Atlas qui accompagnera cet ouvrage; je n’ai même pu examiner le porphyre à cause d’une forte pluie qui dura pendant tout le jour, m’empêchant de sortir jusqu’à la nuit. Les recherches de Srezzxer, dont je parle dans la note 38, ont démontré que tous ces porphyres ap- partiennent au groupe des felsites, avec une pâte conte- nant du quarz, quoiqu’ils subissent entre eux de grandes va- rations qui indiquent des différences locales bien pronon- cées. Leur couleur est le rouge ou le brun, nuancé gra- duellement jusqu’au noir; leur structure, tantôt homogène, tantôt bréchiforme, avec des parties intercalées de différentes couleurs ; les unes formant de grands massifs, les autres prenant l’apparence d’une substance coulante, ou dans quel- ques endroits avec des concrétions sphériques, comme nous les avons trouvées dans la sierra d’Uspallata, près du Para- millo. Les porphyres immédiats à l’embouchure de la vallée du rio de Mendoza sont de couleur rouge-brun et forment des massifs assez brisés, avec des escarpements partagés en crêtes descendantes. Le massif au sud de l’embouchure porte un petit plateau situé au-dessus, duquel sortent les crêtes assez aiguës mais peu élevées; le massif de l’autre côté du Nord est plus élevé encore et se divise en dents, comme nous l’avons déjà dit, mais sans crêtes sur son escarpe- ment. Plus dans l’intérieur de la vallée du rio de Mendoza, qui doit à son étrécissure le nom général que l’on donne à toutes les vallées du même genre: cajon (encaissée), les rocs de porphyres s’élèvent avec des parois presque perpendi- culaires, resserrés entre des fissures, ayantla même direc- tion et émettant des rameaux, soit simples, soit multiples, dans les roches voisines, qui peuvent même aller jusqu’à relier entre eux les différents massifs porphyriques; cependant se distinguant bien les uns des autres par la différence de la 304 ROCHES FONDAMENTALES. couleur. Dans quelques endroits, le porphyre prend l’as- pect d’un bane stratifié par des fentes, dans d’autres il se change en espèce de tuf, mais malgré toutes ces diffé- rences extérieures, la substance du roc reste la même, se caractérisant comme pâte felsitique, grâce aux parcelles de quarz et de feldspath qu’elle contient, soit en — cris- tallisés, soit en véritables cristaux. Tous ces caractères des porphyres proue que l’élé- vation progressive des différents rocs a duré assez long- temps, et que, en raison de cette durée, la substance des masses, peu à peu accumulées, s’est plus ou moins modi- fiée avec le cours des siècles. +8 Comme fondement d’où sont sortis les porphyres, se présentent en quelques lieux des roches sédimentaires de la formation paléozoïque, principalement de schiste argileux, que Darwın a vu ici, couvert de conglomérats porphyriques. Aussi STELZNER les cite à côté des roches mé- tamorphiques de gneiss, reposant sur l’axe granitique de la montagne, peu visible, mais ouvert en quelques endroits isolés, par exemple à la Punta de Vacas, un peu au-dessous du commencement du cajon du rio de Mendoza, où il a aussi été trouvé par Darwin. On voit que les substances fondamentales de la montagne sont aussi, dans cette par- tie des Cordillères, composées de rocs sédimentaires pa- léozoïques, accompagnés de rocs métamorphiques , et que ‚les porphyres se sont mis à la traverse de leurs couches, comme sur le plateau du Nord; ils s'accumulent ici en plus grande quantité des deux côtés des anciennes couches sé- dimentaires, soit à l’Est, soit à l'Ouest, suivant le chemin de l’axe granitique de la montagne, du Nord au Sud, et surrplombant le granite en masse; et ils forment ici des groupes séparés de distance en distance, entre lesquels le granite resté dans la profondeur et se dénonce çà et là _ par quelques petits culots peu élevés. Après cette zone porphyrique, du côté est du cajon qui FORMATION JURASSIQUE. 305 aboutit. tout près du fameux pont de l’Inca, commence la formation jurassique, dont nous avons parlé dans le chapitre VI. Elle forme ici un ruban assez étroit de couches sédimentaires de calcaire et de marne, qui sont accompa- gnées de couches sablonneuses, dont nous ne connaissons pas jusqu’à présent l’âge, à cause du manque de pétrifi- cations, mais les couches jurassiques sont faciles à recon- naître par les fossiles organiques qu’elles contiennent. - Celles-ci ne sont pas d’une épaisseur considérable, quoiqu’elles forment de hautes roches perpendiculaires, couvertes d’une autre couche sablonneuse de couleur rougeätre, alternant avec des bancs de gypse laminaire, déposés dans une incli- naison différente, presque horizontale, contre les couches jurassiques, et s’élevant à l'Ouest jusqu’au sommet du passage. de la Cumbre. Ces couches, appartenant sans doute à une formation différente plus moderne, ne con- tiennent pas la moindre pétrification, et pour cette raison il n’est pas possible de les classer avec exactitude. Il ne me semble pas permis de les identifier avec les couches de sable blane qui acquièrent avecelles une similitude assez grande, en raison des mêmes banes de gypse laminaire qu’elles contiennent, et que j'ai trouvés sur le bord du deuxième plateau des Cordillères du Nord. Je les ai considé- rées (page 296) comme représentant du système permien; mais les couches ici doivent être plus modernes que les ju- rassiques et par conséquent encore plus modernes que les permiennes. Enfin leur inclinaison différente nous oblige à les regarder comme appartenant à une formation particulière. Je ne, peux pas m'empêcher de faire ici une comparai- son de ces.couches jurassiques du Sud, dans la Cordil- lere, avec celles que j’ai trouvées, plus au Nord, dans le territoire chilien, presque au milieu de la route entre les Cordillères et l’Océan Pacifique, c’est-à-dire du côté ouest _ de la chaine, où je les ai étudiées avec soin. Si ces mêmes couches jurassiques se trouvent dans le Sud à une certaine REP. ARG.— T. II. 20. 306 TUFS TRACHYTIQUES. distance à l’est du sommet de la montagne, et au nord du Chili, à l’Ouest, il est évident que la formation doit se croiser avec la direction générale de la montagne et la couper dans un certain endroit jusqu’à présent inconnu, ou être brisée en différentes parties distinctes. Nous savons par les recherches de M. D. Forges que des couches juras- siques semblables se trouvent, depuis le lac de Titicaca jusqu’au désert d’Atacama, presque parallèles à la côte de l'Océan Pacifique, et aboutissant sous le 22° 20? L. $. à la chaine des cônes trachytiques, qui commence de ce point et court vers le Sud, dans la même direction que les cônes du plateau argentin du Cerro San Francisco et Cerro Bonete. Cette direction des cônes trachytiques est presque la même qu’a prise la formation jurassique en Bo- livie, et correspond aussi à celle des couches jurassiques dans les Cordillères du Sud; car dans les deux localités ces couches sont du côté oriental du sommet des Cordillè- res, et non pas du côté occidental, comme au Chili. Aux couches sablonneuses rougeätres, mêlées avec des bancs de gypse laminaire, succèdent, tout près du passage de la Cumbre, des roches mécaniquement accumulées, que Darwin donne comme un conglomérat porphyrique, alter- nant avec des couches argileuses ; les couches passent de l’autre côté du haut de la montagne à l’Ouest, et descendent assez loin en bas, comme pierre principale, dans la vallée du rio Juncal, suivant la route que le voyageur prend jus- qu'à San Felipe de los Andes, première ville considérable de la République Chilienne. Srezzxer parle de ces pierres comme de tufs trachytiques, interrompus par des rocs de trachyte de l’espèce nommée andésite, lesquels prennent sou- vent l’aspect de bancs, pénétrant aussi dans les couches juras- siques avec leurs ramifications et les couvrant dans quelques endroits. Même dans les culots de porphyre se trouvent de semblables brèches d’andésite, mais seulement du côté occidental de l’axe granitique ; 1l s’y trouve aussi des ro- CONTINUATION DES COUCHES AU NORD ET AU SUD, 307 ches éruptives plus modernes, par exemple, des spilites comme ceux de la Sierra d’Uspallata, qui se touchent avec des couches jurassiques et reposent sur elles. Les trachytes sont des andésites d’amphibole, avec des cristaux bien for- més d’amphibolite, dans une pâte grise, mêlée de cristaux d’un feldspath trieline; on trouve de nombreux cailloux de cette pierre dans le lit du rio de Mendoza, même en dehors de la montagne, tout près de la ville du même nom, d’où j'en ai apporté plusieurs échantillons à Halle dans mes collections. Il est digne de remarque que seulement le côté occidental des Cordillères, prenant l’axe granitique comme le versant des deux côtés, est riche en pierres érup- tives des roches trachytiques; ces mêmes rocs manquent du côté oriental, où prédominent les porphyres presque com- plétement. D'abord ils se trouvent de ce côté de nouveau dans la Sierra d’Uspallata, en dehors des Cordillères et sé- parés d’elles par la vallée qui s’étend entre eux et la Sierra. Pour poursuivre cette courte description des Andes, entre Mendoza et Santiago du Chili, plus au Nord et au Sud, nous devons recourir encore aux recherches des deux voyageurs susnommés, qui nous donnent quelques indications; et aussi, aux relations de M. P. Srroser, déjà mentionnées note 46. Ces communications ultérieures prouvent que la même cons- truction générale se conserve dans tout ie tracé des Cordil- lères des provinces de San Juan et de Mendoza, jusqu’au commencement de la Patagonie. Dans la province de San Juan, M. Srezzner a examiné la montagne, prenant sa route par la vallée de Los Patos, pour faire l'ascension du passage du même nom et descendre par la vallée du Rio Putaëndo à San Felipe de los Andes, retournant par le passage de La Cumbre, que nous avons analysé auparavant, à Mendoza. L'auteur décrit les rocs qui existent le long de cette route, comme identiques à ceux de la vallée du rio de Mendoza. La montagne commence à l’Est par des porphyres, surplom- bant le fond de la vallée du rio de los Patos, où est située la 308 RELATION DES TRACHYTES A LA FORMATION JURASSIQUE. petite ville de Calingasta, et se continue par les mêmes rocs, assez variables et tous semblables à ceux de la vallée d’Uspallata, se dressant sur les couches de cailloux et de sable qui contournent leur base. Ces porphyres sont percés.par des culots granitiques, qui se distinguent bien des rocs environnants par leur couleur plus claire, et su- bissent diverses variations d’après la grosseur des grains, la couleur du feldspath, la présence ou le manque de cris- taux plus grands d’orthose et l’apparence locale de la tour- maline, qui indiquent bien les différents heux de leur érup- tion. Les porphyres accompagnant le granite sont plus volumineux que celui-ci, quoique en moindre quantité que dans la vallée d’Uspallata ; ils contiennent des grains de quarz et ressemblent par la variété de leurs couleurs aux porphyres de cette vallée. Ils se dressent tout près du sommet le plus élevé d’une chaine séparée, nommée El Espinazito, qui descend du centre principal de cette partie de la montagne du célèbre Aconcagua (voyez tome I, page 204), au Nord-Est, parallèlement à l’autre branche vatiline de la Cordillera del Tigre, de la même structure et également couronnée de plusieurs sommets de neiges perpétuelles. A côté des porphyres, à l'Ouest, court la formation juras- sique, un peu plus large en ce lieu que dans le cajon du rio de Mendoza, et très-riche en pétrifications caractéristi- ques, dont les Ammonites et les Bélemnites attirent aussitôt l'attention du voyageur. Des rocs trachytiques perforent aussi dans cet endroit les couches jurassiques, et se logent, en quelques points, entre leurs bancs. Ce sont des andésites d’amphibole, égaux par leur masse aux tufs trachytiques sui- vants très-étendus, prouvant par leur identité la contempo- ranéité de l’éruption plus moderne aux deux endroits, quoique Darwin ait tenté de les attribuer au temps de la formation oolithique même. Ces éruptions de trachytes se répètent dans les grès rougeätres, sans pétrifications, qui sont déposés sur les couches oolithiques, entre celles-ci et STRUCTURE DE LA MONTAGNE DE LA CUMBRE. 309 les tufs trachytiques ; la masse de ceux-ci augmente peu ä peu, ainsi que leur nombre, ä mesure que l’on avance à l’Ouest. Mais les tufs commencent aussi dans cette partie de la montagne, du côté est, du haut de la chaine, et des- cendent, sur le côté ouest, assez loin dans le territoire montagneux du Chili, c’est-à-dire au moins jusqu’au pied de la chaîne principale des Cordillères ‘7. | S'il est vrai que nous ayons trouvé de ce côté, au Nord, la structure de la montagne, icentique dans les deux points examinés, par contre les relations de roches constitutives se modifient un peu plus au sud du passage de la Cum- bre. Nous connaissons cette partie des Cordillères par les recherches de Darwin, faites pendant le voyage au passage du Portillo, qui traverse les deux chaînes parallèles, sépa- rées par la vallée du rio Tunuyan, d’une largeur de cinq milles géographiques et d’une hauteur de 2400 mètres au- dessus du niveau de l’Océan Pacifique, renfermant le haut cône du Tupungato (tome I, page 201), l'un des plus ré- guliers et des plus pittoresques des Andes, et presque de la même hauteur que le Chimborazo. La chaîne orientale du côté des Pampas commence, comme toujours, par des collines de cailloux, sur lesquelles se présentent les con- glomérats plus durs, d’une époque plus ancienne, que nous avons décrits plus haut, page 242, comme déposés au com- mencement basilaire des ravins qui descendent du haut de la montagne. Les premiers rocs en place de ce côté, dit Darwın, sont des porphyres, accompagnés d’autres conglo- mérats de la même substance. Il les décrit comme une pâte de couleur brune-claire, avec des grains de quarz et des cristaux de feldspath. Au-dessus de ces rocs il a vu, à une hauteur de 400 mètres, des masses éruptives, prin- cipalement un banc composé d’un roc grisâtre assez foncé, contenant des cristaux de feldspath vitré, olivin et quelques feuilles de mica, renfermant, çà et là, aussi quelques par- ties amygdaliformes de zéolite, c’est-à-dire une substance 310 ° LA VALLEE DU RIO TUNUYAN trachytique avec quelques qualités du basalte. Cette masse formait différentes couches, séparées par des tufs trachy- tiques, avec des cailloux bien arrondis du même trachyte dur. Dans les berges apparentes du côté nord du lit du rio Arenales, ces trachytes reposent avec leurs tufs sur du micaschiste soutenu par un grand massif de granite, et cette pierre forme ici la matière principale de la chaîne orientale des Cordillères. Le granite est la continuation, au Sud, des petits culots du même roc, que nous ayons trouvés dans le cajon du rio de Mendoza, entre les porphyres, et de même dans la vallée du rio de los Patos. Du côté occidental, vers la vallée du rio Tunuyan, il n’est pas accompagné de micaschiste, mais d’un dépôt sedimentaire qui descend jusqu’au milieu des escarpements, contenant des débris de formations plus anciennes, en plus de la formation juras- sique avec ses pétrifications caractéristiques, et en outre des porphyres et même du granite, ressemblant au roc fonda- mental de cette chaine de la montagne. Ces parties ci-incluses démontrent évidemment que cette couche est un produit assez moderne et probablement un dépôt formé pendant les éruptions du grand cône du Tupungato voisin, c'est-à- dire aussi un tuf, et comme ce tuf contient des cailloux de la formation jurassique, 1l prouve ainsi être plus moder- ne, et se rattache très-probablement à l’époque tertiaire. Après ces couches assez étendues, auxquelles Darwın donne une épaisseur de 500 à 600 mètres environ, on trouve les dépôts alluviens tout modernes au fond de la vallée, et après ceux-ci, au commencement de l’escarpe- ment de la chaîne occidentale des Cordillères, la forma- tion jurassique, facilement reconnaissable à ses pétrifica- tions, et représentée ici par un calcaire noir, contenant plu- sieurs Ammonites, par exemple l’Ammonites communis, dont j'ai même rapporté un exemplaire complet à Halle dans mes collections. La formation jurassique appartient ainsi à la chaine occidentale de la Cordillera Real, et se pré- AVEC LA FORMATION JURASSIQUE. 311 sente ici comme un ruban étroit ayant la même étendue que dans le cajon du Rio de Mendoza. Au-dessus, vien- nent les mêmes grès rougeûtres, avec des bancs de gypse laminaire sans pétrifications, que nous avons trouvés aussi dans le cajon, sans pouvoir déterminer leur âge géo- logique: De même, à cet endroit, manquent tous les indi- ces qui pourraient servir à déterminer leur époque, mais ils prennent ici une extension plus grande, passant le haut de la chaîne au côté occidental des escarpements, par le passage du Pouquenes, où ils se présentent sous différen- tes formes gigantesques, quelques-uns élevés presque per- pendiculairement, de différentes couleurs et textures, al- ternant avec les bancs de gypse laminaire, qui augmentent leurs différences. Plus en dessous des escarpements com- mencent les tufs trachytiques, interrompus en différents lieux par des cônes éruptifs d’andésite; ces tufs descendent aussi jusqu’au pied de la montagne, et se cachent sous les allu- vions modernes de la plaine onduleuse chilienne, entre la Cordillera Real et la Cordillera de la Costa, qui circule le long de la côte Pacifique, jusqu’aux îles de l’Archipel de Chonos. La formation jurassique reste ici entre les deux chaînes de la Cordillera Real, mais se rattache plus à la chaine occidentale qu’à l’orientale. Dans la vallée entre les deux chaînes de cette partie des Cordillères s’eleve le Tupungato, le cône le plus grand éruptif qui se trouve dans le territoire argentin. C’est un mont tout-à-fait isolé, en forme de cloche et d’environ 32 mètres plus bas que le Chimborazo. Malheureusement nous ne possédons aucun détail sur sa structure intérieure et ne connaissons que sa position, son aspect et sa hauteur (tome I, page 203). En ce qui concerne la première, sa base se rapproche plus de la chaine occidentale que de orientale, et cette position prouve que son axe éruptif est du côté interne de l’axe de cette chaine, tandis que les cônes vulcaniques plus au Sud s'élèvent généralement du côté 312 CORDILLERES AUX ENVIRONS DU PASSAGE PLANCHON. externe de l’axe de la montagne, du côté de l’Océan Paci- - fique. Le cône, de cette manière, est plus attaché à la chaîne occidentale plus élevée (Voyez tome I, page 206 ), et se dresse presque complétement au-dessus de la chaîne orientale, dont le sommet est presque à 400 mètres plus bas que l’autre, découpant sa forme, qui est celle d’une grosse cloche, aperçue d’assez loin sur la plaine de la Pampa, jusqu’à San Luis. Toute sa surface visible est toujours couverte de neige et ne me semble pas très-déchirée par les ravins qui en descendent, car elle se présente presque homogène et blanche. Quant à sa substance pétrographi- que, on peut soupçonner qu’elle sera composée de trachytes de l’espèce d’andésite, qui le feront ressembler aux autres cônes semblables des Cordillères. Cependant il me semble très-vraisemblable qu’il se trouve aussi d’autres substances vulcaniques tout près du Tupungato, car on apporte à Mendoza, pour les adapter à des machines à filtrer, des blocs de pierres ponce qui proviennent de la vallée où s’eleve son cône. On m’a montré aussi de l’obsidienne ve- nant de la même localité. | La partie la plus au sud des Cordillères, sur laquelle nous avons reçu dernièrement quelques indications rela- tives à sa structure géognoslique, de M. P. Srrosez (voyez note 46), est celle du passage du Planchon (tome I, page 211). La montagne forme ici une seule chaîne principale assez étroite, continuation de la chaine occidentale de la partie plus au Nord ; la chaîne orientale se termine au volcan de Maypu, comme nous l’avons dit dans le tome I, page 204, continuant sous forme de petites élévations des Préandes, qui séparent l’autre chaîne de la plaine des Pampas. C'est pour cette raison que cet auteur n’a plus trouvé le granite dans la chaîne principale qu’il a traversée, correspondant à l’occidentale des autres Cordillères plus au Nord, car le granite appartient, comme l’axe fondamental, à la chaîne orientale, comme nous l’avons vu plus haut. Le granite LES PREANDES. 313 existe, dans cette partie du Sud, en dehors de la chaine principale, dans la plaine à l’Est, avant le pied des escar- pements, où M. SrroseL trouvait ses cailloux dans le lit du rio Diamante, et un peu plus au nord, pres de la forteresse de San Carlos, en place, comme culots assez bas, s’élevant et formant ici la petite chaîne des Préandes. Sa couleur est la même rose-claire, telle que celle du passage du Portillo ; il semble qu’il soit accompagné de syenite, car on trouve des cailloux de cette pierre dans les dépôts de la plaine. Des porphyres ne se présentaient nulle part dans le passage du Planchon, parce que ses rocs appartiennent aussi à la chaine orientale de la montagne; mais un peu plus au Nord, au fort de San Raphaël, ils se trouvent dans la plaine même, comme le granite, s’éten- dant jusqu'à San Carlos, où ils prennent une étendue plus grande. Enfin, les trachytes sont successivement répandus dans toute la chaîne de cette partie des Cordillères ; ils for- ment dans les vallées, depuis le passage du Planchon jus- qu'à la rivière de Diamante, tous les rocs massifs, mais se perdent de plus en plus au nord de San Raphaël. Ils sont toujours accompagnés de tufs et de conglomérats de la même masse trachytique, et dans un endroit de la vallée de Las Peñas l’auteur a trouvé aussi l’obsidienne. Il semble que cette configuration de la montagne soit en tout sem- blable à celle de la chaîne occidentale, au sud du pic de Tupungato, et que par cette identité de construction se prouve de nouveau leur connexion immédiate, qui fait de lune la continuation de l’autre. Des rocs basaltiques sont rares, comme dans toute la Cordillère; ils ne se présentent qu’une seule fois dans les dernières collines des Préandes, perforant le trachyte, comme au Cerro de Diamante, qui est formé principalement de basalte. Tout près de la, existe un autre sommet basaltique avec une excavation en forme de cratère, qui prend le nom de Hoyo colorado (Trou rouge ), de quelques couches rougeätres. De même, entre le cerro de 314 ROCS MÉTAMORPHIQUES ET JURASSIQUES. Diamante et San Raphaël on trouve le basalte sur deux points, à côté des schistes, du mica et du tale, accompagnant les couches cristallisées des deux pierres et très-vraisembla- blement sorti par leur propre impulsion. On rencontre les mêmes schistes cristallisés métamor- phiques dans différentes parties, entre le Planchon et San Raphaël; le premier est du schiste d’amphibolite, dans toute la partie que suit le voyageur pendant la première journée de marche, au sortir de la passe. Plus au nord, se trouve le phyllade à côté du trachyte, et plus loin le micaschiste et le stéaschiste, les deux formant, entre Diamante et San Ra- _ phaël, une couche assez étendue, le dernier alternant avec des couches d’un quarz blanc et phyllade. | _ Des formations plus modernes sont rares, mais il existe dans la vallée du Rio de las Leñas un grès rougeâtre tout près du sommet, reposant sur du diorite ; c’est sans doute ce même roc qui se présente aussi dans le cajon du rio de Mendoza, et à la même hauteur dans la passe du Piuquenes, sans que l’on sache jusqu’à présent, avec certitude, son âge géognostique. Un autre grès gris-verdâtre existe du côté occidental de la chaine, avec des pétrifications de Lias; par exemple, le grand Pecten alatus répandu dans toute la Cordillère, comme coquille principale de la formation oolithique. Nous avons dans le Musée public de Buénos- Ayres des échantillons de la même espèce, trouvés dans le lit des fleuves de la Patagonie. D’après l’opinion des sa- vants chiliens, la formation jurassique repose ıcı sur des conglomérats de porphyre et sur des porphyres stratfiés ; mais M. STROBEL n’a pu vérifier ces observations nulle part. L'auteur a vu, plus au nord de l’Hoyo colorado, des cou- ches d’un grès dur, alternant avec des bancs de calcaire, dans les dernières collines des Cordillères, se dressant pres- que perpendiculairement par masses basaltiques, mais le manque de pétrifications l’empêchait de connaitre leur véri- table époque de formation. Les couches calcaires apparais- LA SIERRA D'USPALLATA. | 315 saient tantôt avec une couleur noire, tantôt grise, et les grès étaient les uns jaunâtres, les autres rougeätres. Quoi- que l’âge de ces couches reste douteux, la formation juras- sique est prouvée par les autres couches comme existant aussi du côté oriental de la chaîne des Cordillères du Sud, tel que nous l’avons déjà vu par la présence des pétrifica- tions jurassiques entre les cailloux de la plaine de la Pa- tagonie. Ces deux observations suffisent à démontrer, que cette chaîne correspond à l’occidentale des Cordillères plus au Nord, comme le prouvent aussi tous les autres faits relevés ici et extraits des observations de cet auteur. XII _ GÉOGNOSIE DE QUELQUES AUTRES MONTAGNES DU PAYS _ 1. — La Sierra d’Uspallata ‘ J'ai parlé en passant, et sans m’y arrêter beaucoup, de cette montagne (tome I, page 202), je lai indiquée comme la fin de la Contrecordillère, c’est-à-dire de la chaîne des petites montagnes isolées, qui se présentent avant la Cor- dillère proprement dite, et s’elöve jusqu’au plateau du Nord, par les provinces de la Rioja, San Juan et Men- doza. La Sierra de Uspallata est une des plus grandes monta- gnes de cette chaîne; elle forme un groupe isolé à la fin de la chaine, terminé au Nord par une fondrière assez étroite qui prend son nom d’un petit village voisin, Ace- quion, situé un peu avant le 30° latitude Sud (voyez la carte ei-jointe), et au Sud, par la rivière de Mendoza, qui la sépare de la chaine orientale des Cordillères Réales. Toute 316 LEUR CONFIGURATION GÉNÉRALE. montagne, ainsi circonscrite, a une longueur d’environ 16 milles géographiques, et une largeur de 4 à 6 milles, entourée à l’Est par la plaine de la Pampa et à lOuest par la vallée d’Uspallata, entre la sierra et les Cordilleres. Le fond de cette vallée s’elöve jusqu’à 2000 mètres “ au-dessus du niveau de la mer, et la plaine, de Pautre côté, à 780 mètres ; le sommet de la montagne, nommé Paramillo, est dé 2864 mètres, et les hauteurs des différen- tes chaînes qui composent la montagne varient entre 1600 à 2200 mètres. Du côté de la Pampa, la montagne sort assez rapide- ment, comme un mur doucement incliné à l’Ouest, de- coupé au sommet en petites dents assez aiguës et émet- tant quelques rameaux onduleux vers la plaine à l’Est, séparés par des ravins étroits également onduleux. Ces ra- meaux s’abaissent peu à peu en se rapprochant de la plaine et se perdent enfin au-dessous des monceaux de décombres qui forment les contours de toutes les monta- gnes du pays. Les ramifications plus au Sud sont les plus importantes; vers le Nord, elles deviennent plus courtes et se changent enfin en rameaux presque impar- faits, pour faire place, avant la montagne même, à une série de mamelons isolés calcaires, appartenant à la Pro- cordillère. Le dernier de ces mamelons, le plus petit, de la Calera, à mi-chemin entre Mendoza et Villa Vi- cencio, se trouve placé un peu avant l’entrée de la sierra, presque à la moitié de leur longueur générale, c’est lä qu’est la station principale de la route qui traverse la Cordil- lère. Cette disposition générale donne à la sierra d’Uspal- lata un aspect très-pittoresque, qui récrée agréablement la vue, et que j’ai eu le plaisir de contempler pendant une année entière; j'en ai pris personnellement de nombreu- ses vues qui seront publiées dans l’Atlas de cet ouvrage, en plusieurs tableaux. On ne voit rien de la structure intérieure de la mon- COMPOSEE DE CINQ CHAINES PARALLÈLES. 317 tagne du côté externe de la Pampa; même le voyageur parvenu au haut de la première chaine n’embrasse pas une vue. d'ensemble ; il faut l’étudier longtemps et passer la montagne dans différentes directions, pour connaître en detail sa structure. Ces difficultés ont rendu ma première esquisse assez défectueuse; mais peu à peu j’ai compris, par. des observations répétées et par des communications de personnes bien informées, que toute la montagne se compose de cinq chaînes parallèles ®°, situées l’une après _Fautre de PEst à l’Ouest et dirigées un peu obliquement du Sud-Ouest au Nord-Est, de telle maniêre que la seconde chaîne dépasse la première, moins allongée au Nord, et les autres succesivement se dépassent l’une l’autre dans la même direction, les deux dernières situées le plus à l’Ouest se raccourcissent de la même manière au Sud, que les deux premières de l’Est au Nord. Quoique la disposition des cinq chaînes ne soit pas complétement rectiligne, et que quelques perturbations postérieures aient disloqué le parallélisme, on peut considérer cette configuration comme base du sys- tème interne de la sierra d’Uspallata, et nous suivrons cette division dans la description detaillee de chaque chaine, l’une après l’autre, et laquelle nous commencerons par la plus externe à l’Est, du côté de la Pampa. Cette première chaîne forme une ligne de couches éle- vées, de la formation paléozoïque, leurs têtes inclinées à l’Est- Sud-Est, qui commence au Sud, immédiatement à la fin de la montagne, s'élève au-dessus du lit du rio de Mendoza et s'étend assez largement dans la plaine, avec des rameaux moins importants et latéralement émis; ceux-ci se dirigent au Sud-Est et l’axe de la chaine se termine presque vis-à vis de la Calera, ce dernier mamelon calcaire de la Procor- dillère, complétement séparé de la montagne d’Uspallata. La ligne de ces couches suit exactement la direction géné- rale des autres et dénonce leur disposition; elle n’atteint pas le centre de la montagne, le sommet du Paramillo: 318 PREMIERE CHAINE A L'EST, car elle prend fin à peu près à un tiers de toute la longueur de la sierra. Les couches de cette première ligne me semblent être les plus modernes de la formation paléozoïque, parce que leurs pieds, à leur jonction avec la plaine, sont formés par des dépôts houillers que j'ai étudiés d’une manière particulière dans la petite vallée de Challao, vis-à-vis de la ville de Mendoza. On trouve aussi à la fin de la ligne, au Sud, la même formation carbonifère à découvert, vis- à-vis du Cerro Cacheuta de l’autre côté du rio de Men- doza, et si les communications que j'ai recues de cette dernière localité sont exactes, on trouve ici, à une pro- fondeur de 2 mètres, un banc de charbon de plus d’un pied d’epaisseur et de très-bonne qualité. Les petrifica- tions de cette provenance, que dernièrement m'a mon- trées M. Raynonn (voyez page 264), sont comprobantes et suffisamment bien conservées pour permettre de déterr miner leur nature. Les rameaux latéraux, sortant de la crête au sud-est de la plaine, ont une longueur de 3 milles géographiques ; 1ls sont séparés par des ravins onduleux, au commencement assez larges, au fond, mais peu à peu plus étroits en se rapprochant de la crête; leur fond est couvert de ce conglomérat dur que nous avons précé- dernment décrit (page 242), et que je crois appartenir à l’époque tertiaire. Il est formé par beaucoup de cailloux assez petits des rocs quarzeux, unis par un ciment dur blanchätre de marne; qualités que ne possèdent pas les autres conglomérats dans l’intérieur de la montagne, et qui prouvent leur provenance distincte. Ces couches de décombres sont horizontalement déposées, quand les couches du terrain houiller participent au soulèvement des couches paléozoïques avec l’inchinaison de Nord-Ouest au Sud-Est. Après avoir passé cette première ligne de la montagne sur une crête d’environ 1600 mètres de hauteur, le voyageur entre dans une vallée étroite, à peu près à 150 mètres plus basse, dont le fond est tout couvert d’un sable fin, sté- SECONDE CHAINE. 319 rile, sans végétation, à peu près d’un quart de lieue de large et fermée à l’autre extrèmité d’ouest par un mur de la même formation paléozoïque, tout semblable à celui de la première chaîne. Cette seconde ligne de la montagne est moins large que la première, mais un peu plus longue, en outre de la même structure, sauf qu’elle n’&met pas de rameaux latéraux subordonnés, et que ses contreforts escar- pés sont mouvementés par quelques petites ondulations, prenant çà et là le caractère de rocs pittoresques, presque perpendiculaires, se dressant assez inopinément au dehors. La ligne entière a une largeur basilaire d’environ une lieue et sa longueur peut atteindre 6 lieues ; au Sud elle aboutit aussi au rio de Mendoza, près d’une source d’eaux ther- males ; au Nord elle dépasse la première de 2& 2 lieues ‘/, et aboutit dans la vallée de Cañota. Cette vallée traverse la montagne un peu plus au Nord que le mamelon de la Calera; elle est plus large et plus ouverte vers la plaine que les autres ravins transversaux, sauf celui de Villa Vicencio, qui aboutit au sommet de la quatrième ligne principale, qui sort du Paramillo. La partie de la seconde ligne dépas- sant la première du côté du Nord, a quelques ramifications latérales, courtes, couvertes, comme celles de la première, d’une végétation de petits arbustes et de bosquets, qui dans le fond du ravin prend un caractère plus accentué, et principalement dans le voisinage de petites sources qui coulent dans l’un ou l’autre, formant un fable filet d’eau de quelques centaines de pas. Mais les vallées longitudi- nales, à la hauteur de la montagne, entre les lignes, sont ‚toutes stériles, sans végétation, même sans eau, sauf une petite source dans la suivante, nommée La Lacha. Passant la seconde ligne, on arrive dans une seconde vallée longitudinale, toute semblable à la première, ter- minée à l’Ouest par la troisième ligne de la montagne. Cette troisième ligne est un peu plus large que la seconde, mais non pas plus longue, et devient au Sud plus courte 320 TROISIÈME CHAINE. que l’antérieure, avant de toucher le lit du rio de Mendoza, parce qu’un massif isolé, le Cerro Pelado, s'élève ici et la sépare du côté de la rivière. La substance de ce roc que je n’ai pas vu, m'est inconnue; mais on peut soup- çonner qu'il est éruptif, peut-être de porphyre, car il se trouve dans la direction des porphyres de l’intérieur de la montagne, dont nous donnerons bientôt la description. Au pied de cette ligne est située une grande estancia, nom- mée San Ignacio, tout près du rio de Mendoza, et cet éta- blissement limite aussi la troisième vallée, entre la troi- sième et la quatrième ligne de la montagne. J’ai passé la. vallée plus au Nord, tout près d’une autre estancia de bétail, à côté d’une source, Las Manantiales, qui a donné son nom à l’estancia comme à la vallée. Au-dessus de l’es- tancia s’élèvent, vis-à-vis de la maison du fermier, en cou- ches de grauwacke, qui forment le roc principal de la mon- tagne, trois grands massifs de felsite-porphyre rougeätre, très-pittoresques. C’est de ce point que j'ai pris la vue générale des Cordillères, avec l’Aconcagua au centre, qui sera pu- bliée dans l’Atlas de cet ouvrage. La vallée est aussi stérile, couverte au fond de petits cailloux et sans aucune végéta- tion ; seulement sur les escarpements on trouve quelques grands Cactus (probablement le C. atacamensis, ou une es- pèce voisine), et quelques petits bosquets de légumineuses, armées de fortes épines. Au Nord, la vallée se continue de la même manière que les autres, jusqu’au ravin trans- versal principal, dans l’ouverture duquel est située Villa Vicencio. Probablement cette vallée entrera dans un ravin étroit, latéral au chemin qui va à Villa Vicencio, connu. par ses bains thermaux sulfureux, qui sont fréquentés par les habitants de Mendoza. La quatrième ligne est plus étroite que l’antérieure et encore plus que la seconde ; elle termine au Sud, au rio de Mendoza et court au Nord, jusqu’au sommet du Paramillo, qui se trouve presque dans le milieu de la moitié boréale QUATRIEME ET CINQUIEME CHAINES | 32l de la montagne, formant son centre principal, et s’unis- sant immediatement avec la quatrieme ligne. Le fonds de la quatrieme vallée sépare cette même ligne de la cinquième et derniere ; elle est un peu plus basse, mais de la même qualité que l’anterieure. J’ai pris la mesure de la hauteur de celle-ci et l’ai fixée à peu près exactement à 2100 mètres (6412 pieds), et J'ai conclu de cette mesure que la hau- teur de la quatrième vallée se peut calculer à 1650 mètres, presque 350 mètres moins élevée que la vallée d’Uspallata, qui sépare la Sierra et les Cordillères. Dans cette quatrième vallée j'ai observé beaucoup de rocs de porphyre, courant dans la direction de la vallée et sortis du fond des escarpe- ments des deux côtés; une masse considérable de la même pierre, du côté gauche occidental, coupe le chemin et laisse seulement un court passage, à peine assez large pour un mulet chargé. | On sort par cette ouverture de la vallée et l’on rencon- tre de l’autre côté du passage une grande masse de mi- caschistes qui suivent ici les couches sédimentaires de grauwacke, formant le roc principal de la cinquième et dernière ligne de la montagne, accompagnés plus loin par les roches éruptives de trachytes et de tufs trachytiques, que nous avons décrites plus haut dans le neuvième cha- pitre. Je ne veux pas répéter ici cette description, mais seulement ajouter que le micaschiste est un roc clair, gri- sâtre, très-luisant, ressemblant au stéaschiste et renfermant beaucoup de petites couches quarzeuses blanches, qui per- forent aussi le roc en différentes directions. Passant alors par le terrain des roches éruptives assez étendues à la fin d’un ravin transversal, on trouve de nouveau les cou- ches de la formation houillère, qui terminent la sierra d’Uspallata du côté occidental. Tout près du commence- ment du micaschiste existent des mines de cuivre en ex- ploitation, presque à la jonction des rocs métamorphiques et paléozoïques avec les roches éruptives; on voit, passé REP, ARG. — T. II. al. 322 PARTIE AU NORD DE LA MONTAGNE la quatrième ligne de la montagne, du côté gauche de la vallée qui le sépare de la cinquième ligne, les ouvertures de plusieurs puits à mi-hauteur des escarpements, et l’on rencontre plus loin, dans la vallée d’Uspallata, les éta- blissements où l’on travaille les minerais *!. G La description donnée dans les pages précédentes est seulement relative à la moitié de la montagne entière au sud du Paramillo, que je connais par mes investigations personnelles; de l’autre moitié au Nord, je ne peux don- ner que quelques indications assez vagues. Nous savons que les deux moitiés sont séparées entre elles par deux grands ravins transversaux courant tous deux vers le som- met du Paramillo et constituant le chemin principal qui traverse la montagne et prend son nom de la station de la Villa Vicencio, à la bouche du ravin oriental dans la plaine. Les rocs qui composent les deux parois des deux ravins le long du chemin ont été décrits par Darwin et plus tard par moi, dans mon Voyage, tome I, pages 261 et suivantes; ils prouvent que le ravin oriental traverse les couches paléozoïques qui composent la mon- tagne, perforées par quelques rocs éruptifs trachytiques, pendant que le ravin occidental est accompagné de cou- ches de la formation houillère et de rocs eruptifs, qui d’abord, tout près du sommet du Paramillo, sont de por- phyres et plus bas sont successivement de basaltes, de spilites“et de tufs jusqu’à la vallée d’Uspallata, où le ter- rain houiller represente la partie sedimentaire de la mon- tagne. La partie de la montagne, au nord des deux ravins, wa pas été étudiée en detail jusqu’a présent; tout ce que nous connaissons de sa configuration se fonde sur quel- ques cartes geographiques et quelques communications des habitants des provinces voisines. Ainsi la carte de H. Scuape, de la province de San Juan, à laquelle appar- tient la partie boréale de cette moitié de la montagne, in- SA CONFIGURATION GENERALE. 323 dique cette partie comme composée de trois lignes, sans doute de couches sédimentaires paléozoïques, qui courent dans la direction des antérieures de la moitié Sud, e’est- à-dire du Sud au Nord et suivant de l'Est à l'Ouest paral- lèlement entre elles, formant la bordure de la montagne dans la fondrière d’Acequion, qui sépare la sierra d’Us- pallata de la sierra de Tontal. Ces trois dernières lignes au Nord sont séparées du massif du Paramillo par la val- lee de Carizal qui court obliquement de Sud-Est à Nord- Ouest par toute la montagne, en coupant la partie boréale en un bloc allongé, de figure triangulaire. Au sud de cette vallée reste un autre morceau de la montagne, en- veloppant le Paramillo d’un plateau un peu convexe nommé la Pampa del Guanaco, qui s’élève peu à peu au Sud jusqu’au centre du Paramillo. Suivant l’analogie de la composition des autres parties, ces deux morceaux de la montagne sont formés de couches paléozoïques ; le second morceau, tou- chant la formation houillere du ravin principal oceiden- tal, où passe la partie correspondante du chemin d’Uspal- läta à Villa Vicencio. Probablement, la partie la plus à l’ouest du second morceau, se formera, comme au sud du chemin, de schistes métamorphiques, interrompus ou accompagnés de la même manière d’eruptions trachyti- ques, car nous connaissons ici l'existence, au nord du chemin, des riches mines de San Pedro, qui semblent pren- dre leur origine dans des rocs semblables à ceux de l’au- tre côté sud. Aussi, dans la sierra de Tontal, les célè- bres mines d’or se trouvent du côté occidental de la mon- tagne. Ayant ainsi décrit la sierra d’Uspallata sous le point de vue orographique, nous l’examinerons de même sous celui de sa configuration spéciale géognostique, sans ce- pendant répéter la description détaillée des rocs, qui sont suffisamment traités dans les chapitres antérieurs. La substance principale de la montagne est une arkose 324 GISEMENT DES COUCHES SEDIMENTAIRES. grise-jaunätre, bien connue sous le nom de grauwacke; elle forme le roc fondamental de toute la sierra, spécia- lement du côté oriental, car les lignes de ce côté, avec leurs ramifications et leurs chainons subordonnés, sont tous formés de la même pierre. Les couches sont dirigées, comme nous avons déjà dit plus haut, du Nord au Sud, d’une façon bien sensible, un peu plus ou moins au Nord- Est et Sud-Ouest, et les têtes de leurs feuilles s’inclinent au côté d’Est, plongeant vers le centre de la montagne, c’est-à-dire à l’Ouest, avec une petite flexion au Nord-Ouest, élevées sous des angles de plus de 45° (entre 45 et60° environ). Les couches les plus externes sont fortement inclinées; plus au centre de la montagne, elles deviennent peu à peu per- pendiculaires, et enfin au côté d’Ouest de la sierra, leur inclinaison plonge à l'Est, en opposition avec la direction première à l'Ouest; mais, la direction générale des couches reste la même du Nord au Sud, et l’inclinaison opposée est un caractère secondaire résultant du soulèvement des cou- ches en morceaux. On trouve aussi de véritables phyllades ou schistes argileux, en forme d’ardoise, comme dans le milieu du chemin, au haut du premier chainon à l'Est, et au-dessus du troisième, où ıl forme des bancs considéra- bles dans le grauwacke, accompagné dans le premier endroit d’une couche de psammite de la formation houillère. J'ai trouvé ces mêmes pierres dans toute la montagne, se répétant avec ladite direction et inclinaison, au moins jusqu’au dernier chainon à l’Ouest, où le micaschiste prend leur place, aussi fortement incliné et dirigé du Nord au Sud, comme les véritables couches sédimentaires, les deux en- tourés par des couches de la formation houillère, qui s’ac- commode aussi au gisement général. Nous parlerons plus tard de la relation vraisemblable des deux formations dans notre montagne, mais auparavant nous passerons en revue les pierres éruptives qui ont percé les couches sédimentaires. Ce sont principalement des porphyres, qui se trouvent LES PORPHYRES DE LA MONTAGNE. 325 dans presque toute la montagne en contact avec les sedi- ments, et me semblent être la cause principale de leur soulèvement. Je les ai vus la première fois dans la pre- mière vallée longitudinale, sortant comme massifs non pas tres-grands mais épais, s’élevant presque perpendiculai- rement aux escarpements. La pierre était ici, comme tou- jours, d’une couleur brune-rougeätre, formée d’une pâte fel- sitique, compacte, contenant des cristaux assez petits de feldspath et très-peu de grains de quarz. Cette composi- tion se répétaît en différents endroits, ainsi dans le troi- sième chainon de la montagne, tout près du bord occidental, sous la figure de trois cônes aigus, au-dessus des escar- pements, vis-à-vis de l’estancia Los Manantiales, s’élevant sur les couches de grauwacke, d’une couleur assez claire jaune-grisätre, qui composent ce chainon et qui plongent en opposition avec les autres à l’Est, et non, comme les antérieures, à l'Ouest. Il me semblait évident que le soulève- ment des porphyres au bord occidental du chainon avait causé l’inclinaison de ces couches à l’Est. J’ai trouvé dans la quatrième vallée la plus grande évolution du porphyre ; il forme ici le fondement des escarpements des deux côtés du chemin et aussi le fond de la vallée même, un peu élevé le long de la route, formant une ligne anticlinale obtuse, au milieu de la plaine. sur laquelle portait le che- min: Ces porphyres me semblaient déposés en couches comme le grauwacke voisin, appartenant à une variété dite porphyre stratifié, que quelques auteurs regardent comme un roc métamorphique. Plus loin le porphyre stratifié de la vallée se modifiait en massif, qui s’elevait avec des parois presque perpendiculaires sur l’escarpement occidental, et laissait un passage étroit, seulement assez ouvert pour un mulet chargé. Avec ce haut massif se termine le porphyre à ce point; les pierres du reste de la vallée sont de grau- wacke, avec lequel un grand banc de phyllade se trouve en contact immédiat; mais de l’autre côté du dernier chainon se 326 LEURS DIFFÉRENTES QUALITÉS. trouve encore une fois un grand massif de porphyre, en tout semblable à celui de la partie opposée antérieure, s’éle- vant vis-à-vis des schistes métamorphiques du mica, qui forment le fondement au gisement de la montagne du côté occidental, vers la plaine d’Uspallata. Je n’ai pas vu d’autres rocs de porphyre dans cette partie de la sierra d’Uspallata, mais l’on sait bien qu'il en “existe encore en plusieurs points. J’en ai vu un moi-même du côté occidental du Paramillo, où il forme un petit culot, d’une texture sphérique de pâte, qui semblait altérée par les roches volcaniques éruptives, tout près du porphyre et un peu plus bas. Une autre localité où j'ai vu des por- phyres, est le grand ravin transversal, descendant. du. Pa- ramillo à Villa Vicencio, presqu’au milieu du chemin, sur le côté sud de la vallée, où s'élevait un massif de por- phyre, terminant, comme le dernier, les différents rocs érup- tifs volcaniques, qui se trouvent dans la moitié supérieure de ce ravin. Les trachytes ne participent pas beaucoup à la formation de la sierra d’Uspallata, mais ils existent dans la partie sud de la montagne, hors du rio de Mendoza. On sait que des rocs eruptifs se présentent au Sud du micaschiste et se répètent ici, presque tout le long de la rivière, en culots plus ou moins grands, jusqu’à la Boca del Rio, localite bien connue et ainsi nommée du passage étroit que le fleuxe s’est ouvert par les trachytes, avant d’entrer dans la plaine de la Pampa. Quoique je n’aie pas visité cette partie de la montagne, je sais, par les communications des habitants. que des rocs pyrogènes se trouvent ici, et principalement à la fin de la gorge de la rivière, à l’endroit nommé la Boca del Rio. L’un de ces rocs est le Cerro Pelado, que J'ai déjà nommé plus haut comme éruption de porphyre. Au-dessous de ce Cerro, les porphyres se perdent sur les deux rives du fleuve, et ce sont les trachytes qui forment le passage étroit dit Boca del Rio. Le chemin qui suit le fleuve, pour sortir > dé dt, “fé à TERRAIN HOUILLER. 327 de la plaine d’Uspallata et entrer dans celle de la Pampa, quitte forcément ses rives à ladite Boca; il décrit une courbe autour des grands rocs de trachyte du Cerro Cacheüta, et une ramification latérale du chemin, assez impraticable, perce une partie du labyrinthe entre ses tufs, pour arriver aux bains thermaux, qui se trouvent ici, à côté des rocs éruptifs, sur la rive nord du fleuve, à la fin du second chainon de la montagne, comme nous l'avons déjà dit plus haut pour indiquer leur terminaison. J'ai parlé d’abord de ces roches pyrogènes avant de traiter de la seconde formation sédimentaire de la montagne, pour donner une notion générale plus claire de sa structure géo- . gnostique. Par le même motif je ne parlerai pas plus des autres rocs éruptfs, sans avoir auparavant Jeté un coup d’eil sur la seconde formation, mécaniquement constituée, c’est- à-dire celle du terrain houiller. Par les détails donnés plus haut, dans le septième chapitre (page 261), nous savons que celte formation contourne à l'Est, au Sud et à l’Ouest la montagne, formant une ceinture çà et là interrompue sur les autres couches sédimentaires, et s’élevant même du côté de l'Ouest dans l’intérieur de la sierra, accompagnée d’une forte éruption de roches volcaniques. Les couches qui com- posent la formation houillère sont décrites plus haut; elles forment deux étages différents : le supérieur d’un grès gros, de différentes couleurs, prenant quelquefois les caractères d’un conglomérat fin, brécheux, et plus haut d’un véritable psammite ; inférieur d’une argile noire-lamellaire, plus ou moins imprégnée de substance de charbon, renfermant çà et là de petits bancs de véritable houille. Ces deux étages se trouvent toujours en gisements correspondants, soit par la direction, ou soit par linclinaison des couches, et dé- montrent par cette conformité leur âge contemporain, en même temps que leur origine similaire émanant de la même formation. Sans entrer de nouveau dans la description détaillée de 3238 SON GISEMENT A L’EST, ces couches avec leurs pétrifications, nous nous occuperons ici seulement de leur gisement spécial et de la relation dans laquelle elles se trouvent avec la montagne en général, et les autres couches sédimentaires qui composent la sierra d’Uspallata. Du côté est de la montagne, où j’ai bien examiné la formation houillère, dans le ravin de Challao, tout près de Mendoza, la formation est évidemment au-dessous des couches sédimentaires paléozoïques, suivant leur direction de Nord au Sud et leur inclinaison à l’Est. Elle est re- présentée ici par des bancs d’argile lamellaire noire, avec quelques indications de feuilles de fougère, mais sans forme certaine spécifique, et le charbon n’existe pas à l’etat de véritable houille , mais seulement imprégné dans la sub- stance argileuse. Une couche de grès gros blanchâtre sépare les schistes argileux carbonifères des gris jaunâtres de grau- wacke, et se prononce par ses caractères pétrographiques comme un psammite carbonifère. La même apparence des couches se répète plus au Sud, du côté Est, vis-à-vis du village de Lujan, où je ne les ai pas vues en personne même, mais on m’a dit qu’elles apparaissaient là sous la même forme. Comme la formation houillère, du temps de son dépôt originaire, est plus moderne que la formation de grauwacke, leur position, inférieure à celle-ci, prouve avec évidence que les couches de la montagne, de ce côté, sont complétement renversées, les inférieures devenant les su- périeures, et vice-versa; le soulèvement des couches de leur position primitive a été si grand, que la partie élevée se renversait complétement, dirigeant sa surface inférieure en dessus, et sa supérieure en dessous. C’est par ce mouve- ment violent que les couches supérieures de la formation houillère sont devenues les inférieures. Plus au Sud, dans le ravin du rio de Mendoza, où la même formation se trouve, Jes couches en sont inclinées, d’après ce que m’a dit le propriétaire du terrain, M. Ravmonn, CONTINUATION AU SUD ET A L'OUEST. 329 que j'ai déjà cité plus haut, page 26%, comme témoin ocu- laire, au Sud, et ne se trouvent pas au-dessous des couches paléozoïques, mais au-dessus. Ici existe le même schiste argileux noir, et au-dessus un psammite fin, blanchâtre, avec des feuilles de fougère bien conservées, le schiste argileux contenant un banc de véritable houille d’une épais- seur de plus d’un pied. x Enfin, du côté d'Ouest, dans la vallée d’Uspallata, où j'ai examiné de même la formation, leurs couches sont incli- nées aussi à l’Est et conservent cette même inclinaison dans le ravin que suit le chemin du Paramillo, où la formation houillère se trouve le long de la route, dans une étendue considérable. Dans la vallée d’Uspallata, la formation s’élève au-dessus des autres formations, en petits chaînons isolés, qui montrent très-clairement leurs couches plongeant à l’Ouest, ayant les têtes à l’Est; ils ne sont pas très-élevés et leur inclinaison est généralement de moins de 45 degrés.Plus loin, dans l’intérieur du ravin, les couches perdent peu à peu la même hauteur d’inclinaison, et se rapprochent enfin de la position presque horizontale. Elles contiennent çà et là de pe- tits banes de houille, mais la plupart sont très-minces et ne dépassent pas une ligne d'épaisseur ; une seule fois j'ai vu une couche de houille d’un pouce d'épaisseur. Il me semble assez évident que la différence du gisement entre le côté d’Est et le côté d'Ouest des couches de la for- mation, dépend du soulèvement de la masse principale de la montagne. Du côté de la plaine d’Uspallata les couches du terrain houiller sont encore dans leur position régu- lière, primitive, peu élevée, comme leur dépôt sur un fon- dement un peu incliné les a formées. Le même fait est démontré par leur inclinaison au Sud à la fin de la mon- tagne, dans le ravin du rio de Mendoza; dans ce lieu aussi la formation houillère n’a pas pris part au soulèvement de la partie principaie de la montagne; mais dans le côté est, où le soulèvement a acquis son maximum, s’élevant jusqu'au 330 CONCLUSIONS DU GISEMENT. renversement des couches dans une position opposée, la for- mation houillère, qui était avant ce bouleversement la supé- rieure des couches sédimentaires, est devenue l’inférieure, et sous la même loi, les couches inférieures argileuses se montrent, de ce côté, les supérieures, et les bancs de grès gros et psammite sont déprimés dans la profondeur des rup- tures qui ont interrompu la continuation des couches avant le soulèvement de la montagne. Cette manière d'envisager les différences d’inelinaison des couches est bien corroborée par la relation des pierres érup- _tives de la montagne avec les couches sédimentaires qui la composent. Pour donner une notion plus complète de cette relation, nous examinerons les autres roches éruptives vol- caniques, qui se touchent avec les couches sédimentaires, dont nous n’avons pas parlé plus haut après les porphyres. Il est bien connu, par les descriptions données antérieure- ment dans le chapitre X, que dans la moitié occidentale de la montagne se trouvent en grandeétendue les tufs trachytiques, formant une partie des pierres des deux ravins principaux de la sierra, à l’endroit où les ravins se terminent en s’ou- vrant dans la plaine de la vallée d’Uspallata. Nous avons aussi vu que, dans plusieurs localités, ces tufs ont été arra- ches de leur position originaire par des éruptions posté- rieures des rocs durs volcaniques, et nous avons reconnu un trachyte particulier blanc, de l’espece des sanidines, formant le roc central de l’éruption, auquel sont venus plus tard s’ajouter des spilites et des basaltes, tous sortis peu à peu à côté d'un culot de porphyre, occupant la partie ocei- dentale du sommet du Paramillo. Nous avons trouvé aussi les mêmes rocs du côté oriental du Paramillo, au com- mencement du ravin qui descend vers la plaine de la Pampa, là où existe la station de Villa Vicencio, qui lui a: donné son nom. Jamais ces rocs volcaniques ne participent à la dislocation des couches sédimentaires de la montagne ; ıls sont, par leur position et leur inclinaison, tous postérieurs L'INFLUENCE DES PORPHYRES. 331 au soulèvement des différentes chaînes de la sierra et semblent avoir suivi seulement leur direction, lorsqu’ils avaient déjà été soulevés par des forces préexistantes. Il me semble alors impossible d'attribuer aux rocs volcani- ques une participation efficace à la formation générale de la montagne. | Toutes ces circonstances peuvent, je crois, m’autoriser à attribuer sa configuration principalement aux porphyres. Déjà la grande quantité de ces rocs entre les cailloux des chaines de collines, qui courent au pied de la sierra, prouve assez évidemment leur participation, dans une mesure pré- pondérante, à la composition de la montagne. Il est sur- prenant de voir que ces cailloux sont formés seulement de porphyre et de grauwacke; jamais on ne trouve de cailloux granitiques; aussi, les morceaux de pierres trachytiques sont toujours petits et presque uniquement déposés dans le lit du fleuve et des ruisseaux descendant de la sierra, où l’on aperçoit, au milieu d’eux quelquefois aussi un morceau de granite. Mais l’eau du rio de Mendoza, qui a apporté ces cail- loux, vient de la Cordillère; la sierra d’Uspallata ne possède aucune rivière, et les petites sources qui sourdent çà et là dans les ravins, sont toutes si faibles qu’elles ne peuvent ali- menter un cours d’eau continu. L'influence des porphyres sur la formation de la sierra, dans son état actuel, est aussi prouvée avec assez d’evidence par leur distribution dans la masse. Nulle part les porphyres ne se présentent au bord oriental de la montagne; c’est lA où la rupture se faisait, par l'élévation des couches antérieurement horizontales, qui leur faisait prendre une position renversée, comme on les voit actuellement. La force d’impulsion souterraine devait, par conséquent, avoir son centre d’action du côté occidental de la chaine élevée, et la se trouvent les porphyres en con- tact avec les couches de grauwacke soulevées. Il me semble qu'au commencement de ce soulèvement se formaient di- verses déchirures, dirigées à peu près du Nord au Sud, 332 THEORIE DE LA CONSTITUTION dans le sol horizontal du terrain où existe actuellement la sierrä d’Uspallata, et que les grands morceaux, séparés entre eux par les fentes du sol, venaient à former les cinq chaines presque parallèles de la montagne, chacune éle- vée par les forces souterraines qui poussaient les roes de porphyres à s'élever dans leur état originaire, encore plas- tique, à cause de leur qualité primitive de demi-fusion. De cette manière - la, la partie orientale du sol était la plus fortement pressée, elle s'élevait le plus haut et se renversait enfin sur la plaine voisine; les autres parties détachées par les fissures restaient dans une position moins inclinée. Il arrivait même que les bords d’un morceau descendaient quand les bords correspondants de l’autre se soulevaient, et de cette manière s'explique bien lPinclinaison opposée des couches des différentes chaînes, que nous avons rencontrée; par exemple, dans la troisième, quatrième et cinquième chaines, dans lesquelles plongent les couches à l'Est, pendant que celles de la première et de la seconde plongent à l’Ouest. Les quatre vallées longitudinales, que nous avons indiquées entre les cinq chaines, sont les fentes encore ouvertes, dont le fond est formé de débris des parois voisines, tombés peu à peu pendant le cours de probablement plusieurs mille années qui se sont écoulées depuis les évènements que nous avons indiqués. | Il est nécessaire de dire quelques mots des couches du terrain houiller, pour se rendre un compte exact de leur position en rapport avec la théorie que nous venons d’é- noncer. Il me semble qu’elles sont en complète harmonie avec notre manière de voir, et s'accordent sans difficulté avec les faits expliqués. Comme couches d’une formation postérieure à celle du grauwacke, elles doivent se trouver au-dessus de celles-ci, du côté occidental de la montagne, dans la plaine d’Uspallata, plongeant leurs couches à l’Ouest. Aussi, au Sud, dans la vallée du rio de Mendoza, les couches du terrain houiller s’inclinent au Sud, et prouvent ainsi que PROUVEE PAR LE GISEMENT DES COUCHES HOUILLERES. 333 leur position est normale et n’a pas subi de modifications; mais, du côté est de la montagne, les couches du terrain houiller sont au-dessous des couches de grauwacke, parce que cette partie de la montagne est renversée et, par consé- quent, les couches primitivement supérieures sont à présent les inférieures, complétement en concordance avec la théo- rie de la formation de la montagne. Les arguments ainsi présentés démontrent que la partie orientale de la monta- gne renferme les couches les plus modernes de la forma- tion paléozoïque, parce que ces couches ont été auparavant les supérieures. Les deux chaînes orientales, avec lincli- naison de leurs couches à l'Est, semblent présenter cette partie comme la plus moderne de la formation. Les autres deux chaînes, qui suivent et inclinent leurs couches à l'Ouest, sont plus anciennes et représentent les couches infé- rieures de la formation paléozoïque. Enfin, la cinquième chaîne, qui se compose de couches de pierres métamor- phiques, est encore plus ancienne et représente la partie la plus inférieure de la montagne, formée par des couches primitivement sédimentaires, et transformées peu à peu, par des influences postérieures, en masse cristallisée, comme cela est admis généralement à présent. Il me semble que tous les faits observés s'accordent si bien avec la théorie que nous défendons, que nous la pouvons présenter non comme simple hypothèse, mais comme vérité démontrée. Pour faciliter encore plus la vue générale de la sierra d’Uspallata, il reste à noter que le soulèvement des por- phyres, comme rocs constitutifs de la montagne dans leur configuration actuelle, ne pouvait pas commencer avant le dépôt du terrain houiller, parce que nous trouvons ce terrain bouleversé aussi et ayant perdu sa position horizontale. Il est dès lors évident que les porphyres ont commencé leur éruption après l’époque houillère. Beaucoup plus tard se sont élevés les rocs volcaniques, dont l’activité a commencé avec le dépôt des tufs, probablement comme éruptions sous- 334 LES ROCHES VOLCANIQUES SONT LES PLUS JEUNES. marines, suivies plus tard par des roches de spilite et de basalte, produits les plus modernes de notre montagne. C’est un fait d'accord avec leur formation que ces éruptions volcaniques se trouvent aussi du côté occidental et entre les dernières chaînes des couches élevées, parce que de ce même côté la force d’impulsion souterraine a été toujours plus puissante, et la résistance des couches élevées moindre, à cause de la grande masse déjà poussée au dehors et arrachée de sa position primitive horizontale. La force vol- canique a fait sa percée là où elle trouvait la moindre résistance, et c’était naturellement l’endroit où la couver- ture était plus fable, c’est-à-dire plus mince; où, dans ceux précédemment ouverts par des rocs de porphyres, sont sou- levées les couches sédimentaires. Voilà en peu de mots la théorie de la formation de notre montagne, comme de toutes les autres d’une configuration générale similaire. Ayant conclu de cette mänière la description empirique et théorique de la sierra d’Uspallata, il me semble impor- tant de diriger l’attention du lecteur vers ce fait remarqua- ble, que dans toute la montagne n’existe aucune couche calcaire, sauf le ‘petit mamelon de la Calera, au dehors de leurs chaines constituantes, et que ce mamelon n’ap- partient pas, en vérité, à notre sierra, mais à la Procor- dillère, comme il a été dit page 316. Dans celle-ci, domi- nent les roches calcaires sur toute leur étendue, s’aug- mentant plus au Nord en masse et prenant aussi part, dans cette direction, à la constitution de la Contrecordillère (voyez la carte géognostique ); quant aux parties Sud des deux montagnes, les couches calcaires manquent à Pocci- dentale, et les couches de grauwacke à l’orientale ; obser- vation très-remarquable, déjà visée plus haut, page 271, comme caractéristique pour la constitution géognostique des deux chaînes de la Contrecordillère et de la Procordillère. LA SIERRA FAMATINA. 335 2. — La Sierra Famatina. J’ai donné, de cette chaîne de montagnes, la plus voisine de la Procordillère, une courte description orographique (tome I, page 213), ce qui me permet de ne pas entrer dans de nouvelles explications au sujet de sa forme générale. La constitution géognostique de cette montagne est pres- que inconnue en Europe, quoique depuis longtemps on y exploite des mines de métaux précieux, dans la partie prin- cipale de la sierra, aux environs du sommet central, le grand Nevado, couvert de neiges perpétuelles. Cette partie de la chaine, presque sous le 29° L. S., est la plus inté- ressante à étudier, et quoique je n’aie jamais visité cette région, je peux donner quelques indications sur sa consti- tulion géognostique, en me servant de communications qui m'ont été faites par M. W. WueeLwricur, et d’études exé- cutées à ses frais par un jeune minéralogiste chilien M. N. Naranıo, pendant l’année 1853. Je les donne comme je les ai reçues, en traduisant le texte espagnol en français. L’au- teur dit ce qui suit : La partie principale de la montagne, des deux côtés du Nevado, se compose de deux chaines différentes : une très- grande, massive, occidentale, enveloppant de ses contours ledit sommet, et d’une petite chaîne accessoire, à l'Est, qui court, comme la partie principale, du Nord au Sud, séparée de la précédente par une vallée étroite. Cette vallée, nommée d’après la petite ville qu’elle contient, la vallée Famatina, occupe une surface, en longitude, de 5 à 6 lieues espagnoles, mais une très-petite latitude, variant d’une cuadra (carrée), à celle de douze et même quinze, environ de 450 mètres à 4750 et 14950 mètres. La petite chaine orientale est formée de différents mamelons isolés, séparés entre eux par des 336 FORMATION SEDIMENTAIRE PRINCIPALE. vides complets, et commence par un plus grand mamelon, assez haut au Nord, presque sous 28° 40° L. S., s’abaissant peu à peu, et se terminant par quelques petites collines, au sud de la Villa Argentina (Chilecito). Toute cette petite chaine se compose de roches métamorphiques, et ne contient pas de richesses métalliques. | L'autre chaîne massive du Nevado est une montagne forte et pittoresque, qui se dresse au-dessus de la Vilia Argentina, avec des escarpements roides, contenant les mines célèbres d’argent et d’or, depuis longtemps connues comme une source de richesse pour le: pays. haar Pour mieux connaître la hauteur du massif gigantesque du Nevado, j'ai entrepris une ascension du cône et Vai exécutée avec plein succès; j’observai à midi (12 heures !/,), le thermomètre un jour de décembre, c’est-à-dire dans le mois le plus chaud, il marquait — 1° 2’ Cels., et le baro- mètre la hauteur de 377,50 mm. La comparaison avec le baromètre de la Villa Argentina, à la même heure, connait alors pour le Nevado la hauteur absolue de 6,024 mètres, et pour la ville celle de 1,179 mètres. D'ici jusqu’à la base de la montagne, le terrain s’élè- ve à 1,777 mètres, d’où il résulte que le sommet du Ne- vado se trouve à 4,247 mètres au-dessus de la base de la montagne. A côté d’un autre sommet plus bas, nommé El Espino, existe une riche mine du même nom à la hau- teur de 4,910 mètres; une autre mine d’argent, près de ce mont, connue sous le nom de Santo Domingo, est à 3,833 mètres; et une troisième, nommée Las Greditas, à 400 mètres plus bas (environ 3,400 mètres au-dessus du niveau de la mer). Toutes ces mines appartiennent à un seul territoire minier, qui descend presque perpendiculai- rement dans la montagne et occupe une étendue de 6 à 8 lieues espagnoles en circonférence. La pierre constitutive du sommet du Nevado est du gra- nite, et la même pierre se trouve encore une fois à sa COUCHES PALEOZOIQUES DU NEVADO FAMATINA. 337 base ; mais dans l’intervalle, entre ces deux points, sont représentées trois différentes subtances pierreuses, c’est-à- dire deux sédimentaires et une de porphyre. La première de ces deux subtances, qui par son éten- due, forme la plus grande partie de la montagne, est une roche dure, presque compacte, d’une couleur gris-ver- dâtre, dans quelques endroits plus verte, même noirätre, ou même gris-bleuâtre, qui présente dans les fissures en strates internes une couleur jaune-rougeätre. Cette pierre ne produit aucune effervescence, traitée par des acides, et ne contient aucun fossile organique, soit du règne végé- tal, soit du règne animal; elle se déchire très-facilement en couches feuillées assez fines parallèles, qui présentent dans leur surface de petits points de mica, en assez grand nombre: La présence de cette dernière substance rend la pierre facile à fendre en feuilles ; la couleur jaune ou rou- geätre que prennent généralement toutes les surfaces expo- sées à l'influence de Pair et des vapeurs d’eau, est due à lhydrate de fer, qui s’est formé sur ses surfaces par la décomposition de la matière constitutive. L’épaisseur des feuilles et des couches est très-variable, s’élevant d’un mil- limètre jusqu’à 4-2 mètres ; la position des bancs et des feuilles dénote aussi des variations. Dans quelques en- droits, je les ai vus posés presque perpendiculairement, mais cette position est la plus rare; généralement les cou- ches sont inclinées, plongeant assez fortement à l’Ouest, sous un angle avec la plaine horizontale variant de 60 ä 80°; la direction générale des couches est la même que celle dela montagne, c’est-à-dire de 10-20° au Nord-Est. On voit aussi dans différents endroits des couches onduleuses de : cette même pierre, s’elevant en forme de grands arcs au dessus comme au dessous de la plaine horizontale. Quoi- que la direction générale des couches soit la même que celle de la montagne, on trouve aussi des points où leurs directions sont différentes, et ce sont généralement ceux REP. ARG. — T. II. 22. 338 BRANCHES LATERALES DU NEVADO. où la stratification onduleuse domine, et elle se trouve in- terrompue par de grandes dislocations locales. Cette roche me semble appartenir à la formation plus ancienne sédi- mentaire du globe (*). De cette pierre sont formés la plupart des sommets isolés de la montagne, tous d’une figure extrêmement pittoresque, avec escarpements inclinés et extrémités pointues, entourés à leurs bases de beaucoup de chainons onduleux, séparés par de forts ravins. Je cite comme les plus importants et. les plus connus : le Cerro Negro, La Caldera, El Aransuru, et El Tigre, tous fameux par les mines d’argent qu'ils con- tiennent dans leur sous-sol. Du massif del Tigre-qui forme la partie d’est du ur métallifère, sortent plusieurs branches à l'Ouest, pour s’unir avec les massifs du Cerro Negro, de La Caldera et d’Aransuru.. Ces ramifications diffèrent considérablement, soit par leur for- me, soit par les pierres de leurs assises, des pics que nous venons de citer. Ceux-ci sont des massifs considérables, de formes plus ou moins coniques, pendant que les chaînes in- termédiaires, connues sous les noms de La Mexicana, Los Ballos et autres, dont je ne connais pas les noms, affectent une forme allongée étroite, se terminant par une crête plus ou moins dentelée, avec des contours arrondis, des escarpements légèrement inclinés, couverts généralement de débris de leur propre masse. Dans ces chaînes intermédiaires apparaissent à côté des couches sédimentaires, auparavant décrites, des bancs, souvent assez épais, formés de masses quarzeuses, d’arkose et pétrosilex, qui renferment du pyrite de fer en quantité - considérable, et. cette substance se décompose facilement sous l'influence de l’air et de l’eau, se changeant en hy- () L'auteur a fort bien décrit les caractères des sédiments paléozoïques du système de grauwacke, sans leur denner leurs noms propres. Nous avons traduit mot par mot sa description, pour mieux prouver l'exactitude de ses recherches. -LES PORPHYRES DE LA SIERRA FAMATINA. 339 drate de fer, ce qui donne à ces montagnes une couleur jaune-claire-rougeâtre, ou dans d’autres endroits de bronze, à cause du changement du pyrite en sulfate de fer, en raison de la grande humidité de l’atmosphère dans ces lo- calités. Ledit sulfate se trouve dans toutes les mines de ces terrains, jusqu’à la profondeur où peut entrer l’air et Peau; il se présente aussi dans les dépôts sédimentaires mo- dernes, transportés par l’eau qui découle de ces parties de la montagne, et accumulés dans les vallées où ces eaux ont creusé leur lit. L’eau de la Quebrada de la Mexicana n’est pas potable à cause de la grande quantité de vitriol mar- tial qu’elle contient en dissolution. Les pierres que je viens de nommer me semblaient consti- tuer les couches inférieures, mêlées de banes subordonnés de la formation sédimentaire que nous avons déjà antérieure- ment décrite; peut-être appartiennent-elles à la formation des rochesmétamorphiques, qui composent la moitié occidentale durgrandmassif de la sierra, et s’étendent plus loin au Sud que lescouches sédimentaires, formant tout le reste de la montagne dans cette direction. Comme l’on m’a affirmé que d’après d’au- tres observations il résulte que cette partie de la sierra ne con- tient pas de richesses métalliques, je n’ai pas insisté sur l’examen’de ses pierres, me contentant des notes recueillies et communiquées par quelques habitants qui connaissent assez bien la configuration de la montagne de leur province. … Entre les couches de la formation sédimentaire à l’Est, et cellesides pierres métamorphiques à l’Ouest, se dressent des porphyres, se continuant au Nord dans les premières, sous la figure d'une grande digue, comme nous Pavons dit plus haut, page 283. Ces rocs sont tantôt d’une couleur obscure- verdâtre, tantôt d’un rouge-brun, et forment de grands troncs avec leurs branches, les unes verticales, les autres inchinées, qui perforent, dans différentes directions, les pierres stratifiées, les soulèvent et les disloquent d’une manière presque impossible à décrire ‚en raison des grandes 340 LES TRACHYTES SONT DE MOINDRE ETENDUE. differences d’aspect. En général, les coupoles des porphyres forment les sommets de la partie de la montagne qu'ils perforent ; ils se dessinent en pointes isolées, plus ou moins coniques, mais ni très-aiguëês ni très-élevées. On a fait cette observation que les mines les plus riches se trouvent à côté des porphyres, soit en contact immédiat avec eux, soit tout au moins dans leur voisinage. Une autre pierre éruptive de la montagne est le tra- chyte ; mais il existe en moindre étendue que le porphyre, formant quelques culots qui perforent aussi les couches sédimentaires à l'Est, et augmentent les dislocations déjà commencées par les porphyres. Je les ai vus seulement dans la moitié orientale de la montagne, entre des couches sédi- mentaires argileuses, mais je ne sais s’ils se montrent aussi de l’autre côté. RATE Les porphyres existent dans une grande digue ou zone longitudinale, suivant la direction generale de la montagne, du Nord au Sud, intercalés entre les couches de la forma- tion sédimentaire, et touchant aussi à l’extrémité sud avec celles des roches métamorphiques. Cette zone vient se placer du côté occidental du grand Nevado, où les por- phyres forment des mamelons d’une hauteur d’environ 4200 à 4500 mètres. Les petits cônes trachytiques plus à Pest du Nevado sont moins hauts, et ne dépassent pas 3200 à 3300 mètres. La zone des porphyres est assez allongée ; elle me semblait occuper une surface de 5-6 lieues espagnoles, et correspondre, quant à la direction, à l’axe longitudinal de la petite chaîne orientale de la montagne, que j’ai décrite briève- ment au commencement de cette esquisse. Elle s’étend à peu près sur toute la moitié de leur masse, du Nord au Sud: Dans tout le terrain des mines, une seconde formation sédimentaire se trouve en union avec la limite supérieure et inférieure de la première, déposée sur les couches plus anciennes primaires, mais de différent gisement, comme un dépôt de couches sablonneuses, d’une couleur plus ou SECONDE FORMATION SEDIMENTAIRE. 1 moins rougeätre, ressemblant beaucoup au vieux grès rouge des montagnes d'Europe. Cette formation ne contient pas de mines, mais très-rarement quelques espèces de fos- siles. Jai vu aussi des dépôts brécheux, renfermant des cail- loux de la formation plus ancienne sédimentaire, qui prou- vent que cette formation sablonneuse est plus moderne que Pautre. Cependant, les fossiles que j’ai trouvés dedans, sont des Terebratulines, dont la présence semble indiquer que le dépôt ne peut pas être entièrement moderne, mais aussi en partie d’une époque assez ancienne. " Quant aux mines de la sierra Famatina, elles se trouvent, comme je lai dit plus haut, sur le côté oriental. Celles d’Aransurü, du Tigre, de la Caldera et du Cerro Negro sont très-semblables, entre elles, par la configuration de leurs filons, mais celles de La Mexicana et de Los Ballos sont au contraire très-différentes. HET “Les filons des quatre premières produisent, depuis long- temps, uniquement de l'argent renfermé dans la galöne; les deux autres contiennent plus d’or que d’argent, mais chaque filon ne donne, exclusivement, que l’un ou l’autre des deux métaux. La matrice des filons de la première catégorie est formée principalement d’argile de fer, comme oligiste et limonite; dans ceux de la seconde le quarz, mêlé avec la blende et le cuivre natif. Le quarz est généralement poreux et mêlé d’un peu de pyrite près de la surface de la montagne, mais à une certaine profondeur il devient com- : pacte et le pyrite augmente. Les filons d'argent du premier groupe contiennent prin- cipalement de l’argyrythrose et de la psaturose, deux espèces d'argent sulfuré, mêlé d’antimoine, mais aussi de l’argy- rose; ou argent sulfuré pur et du kérargyre, chlorure d’ar- gent, nommé vulgairement argent corné. Dans les filons du second groupe, l'or se trouve à l’état natif et l’argent à - Petat d’argent sulfuré ou argyrose. Les filons du Cerro Negro, du Tigre et les autres de la même catégorie sont les plus 342 LES FILONS DU TERRAIN METALLIFERE. riches ; dans ceux de la seconde catégorie de los Ballos et de la Mexicana, le métal se trouve en moindre quantité ; mais dans les uns, comme dans les autres, les lieux les plus riches sont les points où les filons se croisent ou bi- furquent, et jamais les traits en ligne droite. La direction des filons est assez variable. Les uns se di- rigent du Sud au Nord, comme ceux de la Mexicana et d’Espino ; des autres au Nord-Ouest, comme ceux de San Domingo, le filon nommé Socorro du Tigre et de la Cal- dera; d’autres encore courent du Nord-Ouest au Sud-Est, comme la Verdiona, et il en existe enfin d’autres qui se dirigent directement d’Est à Ouest, comme ceux de la Viuda et de San Andres. Au lieu de leur origine, tous prennent leur route à peu près du centre de la montagne, a l’exception du filon nommé Socorro du Tigre. Je parlerai plus en détail des principales mines que jai visitées personnellement, ou dont ya recu des communica- tons exactes. | Dans le Cerro Negro se travaille la mine de Santo: Dé. go, fondée sur un filon de 4-1 '/, mètre d'épaisseur, qui s'élève sous le 45° Nord-Est et s’abaisse au Nord-Ouest. Elle est composée d’une matrice déjà décrite, qui contient de riches groupes de métal, mais: elle n’est exploitée que par trois puits, parce que la quantité d’eaux affluentes est trop grande pour permettre de donner plus d’étendue au travail. On dit que cette mine a été la plus riche en argent de toutes celles trouvées jusqu’à présent, et la grande quantité d’anciens puits abandonnés semble prouver la véri- té de cette opinion. Ces puits se trouvent sur une ligne droite de 120-140 mètres et ont généralement une profondeur de 40-45 mètres. On dit aussi que les puits actuellement ou- verts sont les plus profonds de toute la montagne. Dans le terrain de Los Ballos, on exploite. trois mines : mais leur argent n’est pas abondant, et les frais du tra- vail absorbent à peu près toute sa valeur. RICHESSE DES FILONS. 343 Dans le lieu nommé La Mexicana, se trouve la riche mine : La Verdiona, qui donne une bonne production d’or. Les pierres des filons, qui contiennent les métaux, donnent généralement 70 onces d’or et 80 marcs d’argent, par tonne de quarz aurifère. On travaille sur les deux côtés, supé- rieur et inférieur, de la même veine du filon, et l’on trouve principalement, dans la partie supérieure, une couche de 20 centimètres d'épaisseur des métaux les plus riches. En- tre ces deux côtés subsiste un espace de 8-9 mètres d’é- paisseur. Dans ce même terrain de la montagne, trois au- tres mines d’or sont aussi en exploitation : La Compagnie, San Pedro et Las Merceditas, la dernière a été ouverte tout récemment. La mine San Pedro donne de bons résultats. ‘ Encore à l’ouest de San Pedro, dans la même montagne, on exploite la mine : El Espino, qui m’a été indiquée comme la plus riche après celle de Santo Domingo. Au pied du même terrain se trouve aussi une autre mine nommée: El Socabon, où l’on travaille avec grande acti- vité. De cet endroit sortent tous les filons que nous avons indiqués antérieurement ; plusieurs autres encore se pro- longent à peu de distance, couverts jusqu’à présent par les décombres superposés. Autrefois on travaillait ici des riches mines d’or et d’argent, à présent tout à fait épui- sées, qui semblent avoir appartenu à des ramifications des filons actuellement en exploitation. Tous les filons qui croi- sent le terrain, aux environs du Socabon, contiennent de l’or et de l'argent en différente proportion. Jusqu'à présent, les mines en activité n’ont pas touché la pierre dure de la montagne et néanmoins on trouve toujours des endroits au- rifères de quelque étendue, “Dans un mont voisin, nommé : El Oro, se travaillent trois mines, avec 4-2 puits, mais elles ne donnent à pré- sent qu'un profit à peu près nul. Cependant au commen- cement de leur exploitation elles ont produit 4 à 6 mille onces d’or. | 344 x DIFFICULTES DU TRAVAIL. Les mines du Cerro Negro, de La Caldera, d’Ampallao et du Tigre, offrent pour leur exploitation cet inconvénient, que dans les mois de décembre, janvier et février, elles sont inondées par les eaux provenant des pluies. Les couches de la montagne, où se trouvent ces mines, sont presque en position perpendiculaire, et très-généralement déchirées à l’intérieur par des grandes dislocations, produites parles porphyres voisins. L’eau entre avec facilité entre les cou- ches feuillées plus ou moins ouvertes à la surface de la montagne et descend en si grande quantité. dans Pinte- rieur des couches que les puits sont bientôt inondés, et l’eau se transforme plus tard en glace, en raison de Pal- titude de la montagne, si elle n’est: immédiatement. ng see et conduite hors de la mine. Cet inconvénient pour l’exploitation est hei un peu contrebalancé par la configuration générale très-conique et très-aiguë du mont, qui permet de faire avec facilit& des galeries horizontales, que les mineurs espagnols nomment socabones, qui donnent leur nom au terrain entier qui les contient. De cette manière, l’eau sort facilement pendant l'été et la direction des filons ascendants permet de les tra- vailler de bas en haut, et rend plus facile lPexploitation. Ce système est le seul que l’on. puisse pratiquer avee profit dans les mines de cette nature ; e’est aussi, celui généralement accepté par les mineurs, principalement dans la riche mine de Santo Domingo. | Je n’ai pas vu un nombre assez considérable de mines pour formuler un jugement exact sur leur richesse: La mine de Santo Domingo, que j’ai visitée personnellement, a, ca et là, des parties très-riches en argent, et d’autres que lon m’a dit pouvoir donner un minéral de 8, 40 ou tout au plus 15 marcs, quantités qui prouvent assez clai- rement qu’elles ne sont pas très-riches. Il en existe d’au- tres à présent abandonnées, à cause de la difficulté du tra- vail, qui étaient plus riches. Une tradition générale rap- CROYANCE D’UNE DIMINUTION DE PROFIT. 345 porte que Santo Domingo, El Espino, La Viuda, La Cal- dera et:le Tigre ont produit de très-grands bénéfices au temps de leur première exploitation, mais à présent: les trois dernières sont complétement abandonnées. Les mines actuellement en activité me semblent prouver la vérité de cette tradition. Mais on ne doit pas oublier que dans les temps passés le travail était plus facile, à cause de la pe- tite profondeur dans laquelle on travaillait. La journée des ouvriers était aussi moins élevée et la valeur des mé- taux précieux beaucoup plus grande. Enfin, on n’exploitait pas régulièrement toute la mine, mais seulement les points les plus riches du filon, laissant inutilisés les au- tres. Toutes ces raisons me font croire que la différence de la richesse des mines entre le temps présent et le temps passé est une illusion; que les mines ont conservé en général leurs caractères propres, et que seules les cir- eonstances, des différences dans le mode d’exploitation, et principalement lPaugmentation des difficultés par les obs- tacles naturels, ont donné naissance à cette croyance gé- nérale que les mines ont perdu leur valeur. Il est pres- que impossible de se faire sur cette question une idée saine et positive, à cause du manque de documents écrits des temps antérieurs qui pourraient contrôler les relations verbales et les traditions. Dans ce cas, il ne reste d’autre manière de vérifier la tradition que d’examiner les mines mêmes, au moins l’une ou l’autre de celles que lon dit les plus riches, à une profondeur plus grande, pour se convaincre de l’état de leurs pierres et connaître avec exac- titude leur richesse en métaux précieux. On sait que gé- néralement avec la profondeur augmentent les filons de métaux précieux, et si une mine a été très-riche dans sa partie supérieure, 1l est à supposer que très-probablement elle contiendra les mêmes richesses dans sa partie plus profonde. Si nous observons les mines d’or, nous ne pouvons pas 346 RESULTAT GENERAL DE L’EXPLOITATION. nier que la Verdiona est une mine très-riche. Le filon: le plus riche entre, à une profondeur d’un peu plus de 25-30 mètres environ, dans un autre terrain nommé La Compañia, renom- mé par sa richesse, qui a produit, dit-on, jusqu’à 200,000 pa- tacons dans son filon principal. Ce filon se croise avec celui de la Verdiona. La profondeur de La Compañia ne dépasse pas, jusqu’à présent, 30 mètres ; son filon plusieurs fois se disloque et celui de la Verdiona me semble, à la pro- fondeur du travail actuel, passer au-dessous de ceux de Pautre terrain. D’après mes propres observations et les communications des mineurs les mieux informés, la mine La Compañia est encore plus riche que celle de Za Wer- diona, et de toute manière leur achat a été une tr&s-bonne acquisition. Telles sont les communications que M. N. Naranso m’a transmises par le canal de M. WHEELWRIGHT; on voit par la dernière indication, que l’examen des mines de la Fama- tina a eu pour objet l’achat, s’il était possible, de l’une ou de Pautre des riches mines de ce territoire, et que l'é- tude scientifique de la montagne n’était pas le véritable mobile de cette exploration. Mais de toute manière, l’exa- men a été fait avec attention et connaissance de cause, et pour ces motifs il me semblait utile, en raison surtout du manque de communications scientifiques, de publier celles de cet auteur °?. Là se termine sa lettre ; je n’ai done pas eu égard aux résultats économiques de l'exploitation, mais il a dit dans d’autres, que le produit s’est élevé à la somme de 2,000 marcs d’argent et 1,000 onces d’or, pour toutes les mines du district pendant la dernière année de 1852; somme qui est établie par les communications des différents mineurs de la place, et qu’on doit regarder non comme un renseignement complétement exact, mais plu- tôt comme un calcul approximatif de la vérité. LA SIERRA DE SAN LUIS. 347 3. — La Sierra de San Luis Nous connaissons assez bien la constitution géognostique de cette montagne par les recherches de M. Avé-LALLEMANT, déjà nommé plus haut (page 256), observateur habile et exact, qui a découvert les couches sédimentaires, probable- ment de la formation crétacée, des environs de cette mon- tagne. L'auteur a publié plusieurs descriptions dans diffé- rents ouvrages du pays °°, à l’aide desquels j’ai composé mon propre traité, ne connaissant personnellement que l'extérieur de la sierra de San Luis, vue du côté de la pampa. _ De la forme orographique de la montagne, j’ai donné une courte description dans le tome I de l’ouvrage, page 238, ce qui me permet de passer sous silence cette par- ie ‚de sa configuration, répétant seulement ici, que d’a- près ma mamère de voir, la sierra de San Luis participe du système montagneux de la sierra de Cérdova, soit par sa position, ou soit par sa forme générale. Je la considère comme ‘une répétition de la troisième chaine dudit sys- tème, c’est-à-dire de la sierra Serrezuela, qui a presque la même configuration et constitution géognostique que celle de ‚San Luis. Mais comparant son cours dans la même route avec celle de la Sierra de los Llanos, située sous le même méri- -dien, il sera encore plus juste de considérer la sierra de San Luis comme la continuation de ce système des arêtes iso- lées, imitant par sa configuration plus massive la con- stitution géognostique de la voisine Serrezuela. Celle de San Luis est un peu plus grande et surtout un peu plus large, mais presque de la même configuration orographique que la Serrezuela. Ses escarpements du côté d'Ouest sont assez roides et forment presque une ligne 348 RESSEMBLANCE A LA SERREZUELA. droite du Nord au Sud, s’élevant rapidement jusqu’à 700 mè- tres au-dessus de la plaine de la Pampa. De l’autre côté Est, les contreforts s’inclinent doucement et se perdent enfin dans la surface de la vallée Conlare, située entre notre sierra et la sierra Achala, du système de Cordova. Ainsi, toute la montagne forme une série de chaînes basses parallèles; assez plates au sommet, surmontées de quelques grands pies co- niques, très-réguliers, qui se trouvent tous sur une ligne transversale, presque au milieu de l’étendue longitudinale. Ces cônes, déjà cités page 286, sont des trachytes ; la masse _ principale de la montagne se compose de rocs métamorphi= ques, avec quelques massifs de granite et un petit centre de porphyres, du côté occidental. L’elevation du sommet le plus haut de Tomalasta est à 2117 mètres, et la hauteur moyenne de la crête de l’escarpement occidental à 1351: me&- tres au-dessus du niveau de la mer. x Depuis que j’ai donné ma description assez courte, tome I, page 238, M. H. Av£-Larzemant a publié ses recherches qui fournissent des renseignements plus complets sur la mon- tagne, et dont j’extrais les faits principaux qui suivent. Les chaînes parallèles, qui composent la sierra, ne sont pas des crêtes aiguës, comme celles de la sierra d’Uspallata, mais de petits plateaux assez homogènes, sans derrts et:sans fortes ondulations. Elles sont séparées par des vallées étroi- tes mais peu profondes. Il y a aussi d'anciens bassins, à présent secs, dans la partie du Nord et du Sud de la sierra, qui semblent avoir été remplis d’eau à une époque anté- rieure jusqu’au jour où ils se sont écoulés par les ravins profonds et escarpés, qui prennent leur origine au bord de ces bassins et descendent jusqu’à la plaine voisine. Un grand nombre de cavernes qui se trouvent dans lin- térieur de cette sierra de San Luis, lui donnent un carac- tère particulier. Ce sont généralement de grandes grottes, avec une ouverture large et d’une profondeur assez varia- ble. Il y en a de 5-7 mètres, mais aussi d’autres de 50 mè- DES GRANDES GROTTES DE LA MONTAGNE. 349 tres de diamètre, la plupart avec des parois tres-polies, principalement en haut et des deux côtés, mais quelques- unes aussi au fond, Ces grottes se trouvent généralement à côté des rocs trachytiques, dans le centre de la montagne, et sont connues dans le pays sous les noms de Morteritas, Corredores , Casa de Piedra et Casas Pintadas ; il y en a une à chaque pied de ces grands cônes trachytiques de Zololosta, Intiguasi et Tomalasta. Dans la grotte d’Intiguasi se trouvent en grande quantité des os de guanaco, prin- eipalement dans la partie antérieure, tout près de l’ouver- ture, et le fond de la même grotte est couvert d’un dépôt - de fumier animal, au-dessus d’une couche de marne rouge. Cette couche est évidemment introduite par les courants d’eau d’un ruisseau voisin, qui se forme après chaque forte pluie; la couche de marne contient une grande quantité d’os, les plus grands toujours cassés ou fendus artificielle- ment et à dessein. Aucun os d'animal domestique ne se trouve au milieu, la plupart sont de guanaco et quelques- uns aussi de condor. On a trouvé aussi quelques pointes de flèches de silex travaillé, qui prouvent l'existence d’hom- mes ayant vécu à la même époque que ces animaux; époque probablement très- rapprochée de la nôtre. Jamais on n’a trouvé d’ossements des grands animaux éteints de l’époque diluvienne, si faciles à reconnaître ; mais il y a, mêlés aux os du guanaco ou lama sauvage, d’autres ossements plus grands, cassés aussi, que je n’ai pu reconnaitre °%. Pour entrer un peu plus dans les singularités de la con- figuration orographique de la montagne, je reproduis ici quelques indications que je tiens de personnes dignes de confiance. Nous savons déjà que toute la montagne n’est pas une seule chaîne de pierres constitutives, mais un groupe de plusieurs parallèles, se suivant l’un l’autre de l’Ouest à PEst, ou vice versa. La première chaine de Socoscora, la plus à l’Ouest, est 350 LA CHAINE DE SOCOSCORA. une petite montagne, la plus basse parmi celles citées plus haut, et complétement séparée de l’autre par la vallée étroite de San: Francisco. Elle a une largeur de cinq lieues espa- gnoles à peu près, et moins d’une lieue en latitude: La pierre qui la compose est un véritable gneiss, dont les couches sont dirigées presque perpendiculairement, inclinées un peu à l’Est, plongeant à l’Ouest et se perdant sous un ruban étroit de couches paléozoïques de grauwacke, de la même inclinaison, qui forment le pied occidental des es- carpements, dans lesquels apparaît le gneiss; un culot de porphyre forme le sommet de cette petite montagne. \ Celui-ci se présente sous la forme de plusieurs mamelons, et entre eux l’on en remarque un assez haut, quisporté le nom de Socoscora, s’elevant de la masse du gneiss et le “ perforant avec quelques rameaux en différentes directions. Le porphyre est un véritable felsite, d’une. pâte assez homo- gène, composée d’un agrégat de quarz, semi-transparent et d’un feldspath opaque, mêlée avec la masse microfelsiti- que, çà et là exceptionnellement un peu cristallisée:. Sou- vent et non pas partout, la masse découvre la véritable structure du porphyre, se séparant des grains de quarz et des cristaux de feldspath dans la pâte, mais aussi dans ces parties les grains et les cristaux isolés sont assez petits. Dans quelques localités ce porphyre prend l’aspect stratifié, à cause de quelques bancs de quarz, qui renferment de petites boules irrégulières de calcédoine, ou pierre à fusil et de silex corne, comme je l’ai déjà dit, page 283. Ces bancs sont accompagnés de grandes quantités de mines de manganèse, qui promettent pour l'avenir une riche exploi- tation. Aussi, est-il important de noter que le porphyre est croisé par plusieurs filons de résinite ou pierre de poix, d’une couleur verdätre, tachetée de roux et de jaune là où ces filons se touchent avec la pâte felsitique, et où se for- ment des matériaux de transition remarquable par le mé- lange des deux substances différentes. LA SECONDE CHAINE DE LA MONTAGNE. 351 La seconde chaîne commence au Sud, à la pointe la plus avancée de la sierra, nommée La Punta, et court vers le Nord jusqu’à la moitié de la longueur de la montagne, où elle se raccorde avec le grand plateau central, qui donne naissance à toutes les chaînes, plus ou moins réellement séparées par des vallées étroites. Celle qui sépare cette seconde chaîne de la troisième, n’a pas été dénommée, on l'appelle seulement la Vallée ( El Valle ); elle s'élève jusqu'au sommet le plus haut du Tomalasta, qui se dresse à peu de distance de la crête occidentale, à l’est de la chaîne, «et formant en réalité le nœud principal. Ici pren- nent leur origine, du pied même du pic, les deux petites sources. du Rio Grande, qui court dans toute la vallée et forme. 18. bras principal des sources du Rio Quinto. La chaîne est formée, comme l’antérieure, de gneiss, mais les couches de cette pierre ont subi une véritable dislocation entre elles, et forment nettement deux sections assez diffé- rentes: Celles de la section inférieure suivent la direction et inclinaison du gneiss de la chaîne première, et s’accor- dent aussi avec lui par leurs caractères pétrographiques, qui sont identiques à ceux du gneiss du pays en général, comme nous l’avons démontré dans le chapitre IX. L’autre section, plus moderne, se trouve au-dessus du gneiss pri- _ mitif, que M. A. Laruemant assimile au gneiss laurentien de l'Amérique du Nord. Ce gneiss, plus moderne, nommé par le même auteur huronique, est superposé à l’autre, avec une inclinaison moins forte des couches dans l’angle de 65° à l'Est, formant une différence de quatre heures avec la direction des couches de l’autre espèce. La direction de celles-ci est presque exactement de 4-5 heures (N.E.):de la boussole des mineurs, et les autres, plus modernes, de 9-10 heures (N. 0.). Les têtes des couches du gneiss inférieur lau- rentien sont déjà un peu altérées par l'influence du gneiss supérieur huronique; celui-ci commence avec un banc de véritable micaschiste, et cette couche est suivie d’un 302 DEUX FORMATIONS DE GNEISS. gneiss de stratification plus fine, mêlé de beaucoup de mica, tout différent de l’autre gneiss inférieur laurentien. Ces couches, s’alternant ainsi, continuent jusqu’à la hauteur de la chaîne, où prend place un quarzite, de couleur claire, formant de ce côté les couches huroniques. On trouve aussi là des schistes d’amphibole, mais sans ordre fixe, quoique bien clairement subordonnés au gisement des autres cou- ches principales. | La partie la plus développée du gneiss huronique est le sommet du Manigote (1,308 mètres) au nord de la seconde chaîne, un peu au sud-ouest du Tomalaste; principalement dans la pittoresque vallée nommée: La Quebrada del Canuto, où le ruisseau du Coin (Arroyo del Rincon) avec ses eaux turbulentes a creusé son lit; on voit très-clairement les deux sections du gneiss avec leurs différentes couchesen gisements opposés, les inférieures, presque perpendiculaires, plon- geant à l’Ouest et les supérieures moins inclinees, plongeant à l’Est. Plus au Sud un autre mamelon, Le Pancanta (1630 mètres), se sépare de la chaîne tout près du petit village de Nogoli ; mais cette partie, presque au milieu de Pétendue longitudinale de la ligne, n'appartient plus au terrain du gneiss huronique ; elle se compose de schistes de tale, qui dominent dans la partie plus au sud de la montagne, ap- partenaut au groupe aussi plus ancien du gneiss lauren- tien, qui domine, en général, dans toute les parties péri- sphériques de la sierra. Ici, dans la Quebrada del Totoral, aux environs de Pancanta, on trouve des schistes remar- quables par leurs couches onduleuses et même en zig-zag, de formes très-surprenantes. Quelques types de roches éruptives qui surgissent dans ces régions, tels que du syénite, de la roche tourmaline et pegmatite, semblent avoir donné naissance à ces distributions singulières des couches, avec lesquelles les riches filons aurifères de la montagne se trouvent généralement en contact intime. Principale- lement le pegmatite est un roc aussi remarquable par cette TROISIEME CHAINE. 353 relation que par la grandeur des masses des substances con- stitutives ; ily a ici dedans des parties de quarz d’un poids de plusieurs quintaux, et du mica assez étendu pour en extraire de grandes feuilles de 6 pouces de long et de large. Enfin, il faut remarquer qu'il y a aussi de riches mines d’or dans cette seconde chaîne, principalement au Nord, où depuis longtemps, à côté du Tomalasta, la célèbre mine de Carolina est en travail. Plus au Sud on trouve des mines fort riches sur les hauteurs, au-dessus de la source du ruisseau Rincon, et dans celle du Quebrada Gusacaro. Une troisième chaîne, beaucoup plus courte, suit le côté est du ravin nommé EI Valle, séparée du reste de la partie voisine de la montagne par un autre ravin semblable, dit : La Cañada Honda, dans laquelle court la seconde source principale du rio Quinto. Cette chaîne, nommée le plateau des pierres blanches (Meseta de las piedras blancas ), se distingue de l’antérieure par sa surface horizontale, presque de la même hauteur générale d’enviroa 1420 mètres, sans aucun sommet remarquable et sans cône de trachyte. La | pierre, dont elle est composée, est formée du même gneiss huronien, avec beaucoup de grands dykes de pegmatite qui se présentent avec leur masse au-dessus des couches de gneiss, et donnent, par leurs grandes roches de quarz blane et leur diffusion au milieu des autres rocs, une apparence particulière qui a fait donner son nom au pla- teau. La Canada Honda, qui sépare ce plateau de la qua- trième chaine, est un peu plus large que l’autre ravin del Valle, et s’avance aussi plus au Nord dans la montagne, jusqu'aux Cerritos Blancos, qui se trouvent plus au nord du Tomalasta, et sont les dernières roches séparées des pegma- tites du plateau, formées de quarz d’une couleur de lait; les autres pierres sont séparées du mélange du pegmatite par un vide qui provient de la décomposition de leur sub- stance. Deux grands cônes éruptifs trachytiques dominent la Cañada Honda, du côté est, l’un presque au milieu REP; ARG. — T, II. 23. 354 QUATRIEME CHAINE. de son cours, appelé Los Cerros del Valle (pic de la vallée, 2000 mètres), à cause de son double sommet, Pautre presque à l’extrémité Sud de la Canada, nommé Zololosta (1950 mètres), que J'ai déjà mentionné plus haut à l’occa- sion de la grande grotte qui se trouve auprès. La quatrième chaîne n’est pas plus longue que la pré- cédente, mais un peu plus large; elle peut être considérée comme la chaîne principale de la montagne du Sud, car sa partie Nord est formée de la plus grande masse de gra- nite qui se trouve dans la sierra de San Luis. Cette masse granitique est un massif assez plan, peu convexe, occupant le plateau central de la montagne, situé à environ 1500 mè- tres au-dessus de la mer, surplombé par plusieurs rocs de différentes formes capricieuses, d’une apparence souvent pittoresque, ressemblant à des ruines d’édifices énormes. Ainsi sont construits les Altos del Valle, qui constituent la masse principale de granite. D’autres massifs semblables, mais plus petits, se trouvent dans la seconde chaîne de la montagne, formant le Cerro de San Antonio, près de la mine de la Carolina, et dans la partie nord, où de semblables mamelons existent, connus sous le nom de Alto del Agwila (pie de l’Aigle), Alto de la Ternera (pie de la Génisse), Campo del Palmar (plaine du Palmier), Alto del Potrero de Funes (pie du paturage de Funes). Les sommets les plus élevés de cette quatrième chaîne sont les cônes de trachytes, qui se trouvent aux deux côtés du massif granitique cen- tral. Au côté ouest se dressent les deux cônes, déjà nom- més, de Los Cerros del Valle et du Zololosta, tous deux près de la crête orientale du ravın de la Cañada Honda. Le troisième cône se trouve de l’autre côté est de la chaîne, un peu plus au Nord que les cônes occidentaux, au-dessus du commencement du ravin oriental de la chaine, qui le sépare de la suivante ou cinquième chaîne. Ce cône porte le nom d’Intiguasi; il est un peu plus bas que ceux situés vis-à-vis, de l’autre côté de la chaîne, s’élevant à une hau- CINQUIEME ET SIXIÈME CHAINES. 355 teur d’environ 1710 mètres. De ce cône descend la troisième source du rio Quinto, dont l’eau coule dans le ravin. Nous trouvons encore ensuite deux autres chaines de la montagne à l’Est, qui forment la cinquième et la sixième. Ces deux chaines sont un peu plus courtes que les précé- dentes, parce que le bord de la montagne, près de la plaine, n’est pas exactement dirigé de l’Ouest à l'Est, mais d’Ouest- Sud-Ouest à l’Est-Nord-Est. Les chaînes ont la configuration générale des autres, et se composent de gneiss plus ancien laurentien, à cause de la direction fort oblique à Nord-Ouest du gneiss plus jeune huronien, comme nous l’avons dit plus haut. Elles sont séparées entre elles, comme les autres, par un ravin étroit qui descend du dernier cône trachytique de Los Cerros Largos, se dressant ici à côté d’un massif granitique, séparé du massif central. Ce cône est un peu plus bas que celui d’Intiguasi, probablement de 1580 mètres environ. La quatrième source du Rio Quinto, qui coule dans ce ravin, descend de ce même cône de los Cerros Largos. Le cône est situé un peu plus au Nord que l’Intiguasi, et termine la série des cônes éruptifs, à l'Est, qui traversent la montagne, dans une direction presque parallèle à celles du gneiss huronien, qui l’accompagne lui aussi du côté du Nord. Ici se trouvent ces mêmes couches, très-visibles dans le ravin du rio Luluara, qui contourne la base du cône de Los Cerros Largos; de ce côté, le gneiss étant interrompu par de grans filons de pegmatite, qui par leurs masses isolées de quarz blane, de la couleur du lait, donnent un aspect très-pittoresque à tous les endroits où ils se montrent. La sixième et dernière chaîne n’est pas de la même composition; elle est formée de gneiss laurentien, qui s’étend aussi au sud et à l’est de Los Cerros Largos; car on se convainct, par une étude attentive, que le gneiss huronien occupe seulement la partie centrale de la montagne, au nord et à l’ouest du massif granitique, quand tous les contours de la montagne sont formés par le gneiss plus ancien lau- 356 CHAINE ACCESSOIRE DU RIO CONLARE. rentien. Cependant nous savons, par ce que nous avons indiqué antérieurement, que le gneiss huronien plus mo- derne ne se trouve pas partout non plus dans cette par- üe centrale; que dans la profondeur de cette même partie existe le gneiss laurentien, recouvert par le gneiss huronien, moins massif, comme par une couverture postérieure. Enfin, nous annotons que les dernières dépendances de la sixième chaîne, au Sud et à l’Est, sont un peu différentes entre elles . Celles au Sud forment un groupe de mamelons isolés, con= nus sous le nom de Cerro Rosario (Mont du Chapelet) ; celles de l’Esi descendent doucement dans la vallée large et fertile du rio Conlare, s’abaissent peu à peu jusqu’ä se perdre enfin, insensiblement, dans la plaine, PPT par des ravins assez ouverts. Mais il existe encore une petite chaîne accessoire dans cette vallée et même du côté est du fleuve Conlare, qui court dans la partie la plus basse de la vallée au mi- lieu de la plaine. Cette petite chaîne a la même direc- tion que les autres du Nord au Sud, un peu inclinée au Nord-Est et Sud-Ouest, étant formée aussi de gneiss lau- rentien; un cône de basalte la coupe du côté est, et west la où l’on trouve la couche de calcaire molle jaune-—clair, que M. Avé Larıemant prend pour une couche de la forma- tion crétacée, comme nous l’avons dit plus haut, page 256. Sans nous occuper pour le moment de la moitié nord de la montagne, nous nous arrêterons auparavant un peu plus aux cônes volcaniques qui traversent la sierra, pour mieux connaître la relation des roches éruptives avec.elle- _ même. Nous savons, par des indications antérieures, que ce sont cinq cônes de trachytes qui suivent, de l’Ouest à Est, une direction un peu obliquement inclinée de l’Ouest-Sud-Ouest à l’Est-Nord-Est, transversalement par la montagne, com— mencant avec le plus haut cône du Tomalasta à l'Ouest et finissant avec le plus bas des Cerros Largos à I’Est. Les LES CONES TRACHYTIQUES. 337 eing cônes sont distribués sur les quatre chaînes média- nes du sud de la montagne, correspondant généralement au commencement des ravins qui séparent les chaines en- tre elles: l’eau, condensée au sommet des cônes, semble avoir fait ces ravins pour former les quatre sources du rio Quinto, donnant ainsi naissance à ce fleuve, le der- nier de la Pampa entre ceux qui sortent du système cen- tral des montagnes, connu sous le nom général de systè- me de la sierra de Cérdova, avec laquelle est intimement unie la sierra de San Luis. | Ayant déjà donné auparavant la hauteur de ces cinq cônes, page 286, et expliqué aussi plus en détail leur rela- tion spéciale avec chaque chaine, nous ne répéterons pas iei ces faits bien connus; nous ne parlerons pas non plus de la substance trachytique qui forme chaque cône, puis- que nous avons fait une courte description de la pierre de chacun d’eux dans le chapitre X, page 287. La seule chose sur laquelle nous voulions insister, c’est sur la différence matérielle de ces trachytes, en comparaison avec ceux de la sierra de Cördova, dans la chaîne de la Serrezuela; car nos trachytes actuels de la sierra de San Luis sont des liparites, avec une pâte quarzeuse, et ceux de la sierra de Cérdova sont de véritables trachytes, sans quarz dans leur pâte, comme nous l’avons également déjà dit page 285. Entre eux-mêmes les cinq cônes ne sont pas, à propre- ment parler, de masse identique; mais comme nous avons indiqué les différences de chacun, nous ne la répéterons pas ici. Cette différence matérielle me semble indiquer que l’éruption des cinq cônes n’appartient pas à la même épo- que; que l’un s’est élevé après l’autre, et que les masses trachytiques différentes par le temps de leur éruption, dif- fèrent aussi probablement par la profondeur d’où elles sont sorties. En général, les deux masses au sud du mas- sif granitique, formant le: Zololosta et les mamelons bas de Morteritos, . sont d’une substance plus claire et blanehä- 358 DIFFÉRENCES DU ROC DE TRACHYTE. tre, que ceux de la ligne transversale au nord du même massif, composée par le Tomalasta , les Cerros del Valle, l’Intiguasi et les Cerros Largos, quoiqué aussi ces quatre cônes ne soient pas formés de la même substance. La pâte des deux premiers a une couleur grise-obscure, et celle des deux autres une couleur blanche-verdätre, la- quelle prend un aspect porphyrique à cause des grands cristaux séparés qui s’y trouvent; celle-ci est moins por- phyrique, car ses eristaux sont plus petits et la pâte aussi un peu plus poreuse. Quoique toutes les éruptions trachytiques soient d’une période assez moderne et très-probablement de la tertiaire, ils ont influencé beaucoup les couches de pierres méta- morphiques, au milieu desquelles elles ont pris leur route. Dans le voisinage des masses éruptives, les couches sont toujours disloquées, principalement celles de schistes hu- roniques, qui se trouvent généralement en contact immé- diat avec les trachytes. Souvent les intervalles dés couches s’ouvraient pendant léruption et donnaient place à des substances accompagnant les masses trachytiques, et de ces substances hétérogènes aux schistes originaires, qui s’y trou- vent incluses, se formaient les couches subordonnées. Pro- bablement des vapeurs sulfurées entraient dans la masse hétérogène et leur influence formait, par un ‘procédé hydatothermique, les riches mines d’or contenues dans un conglomérat de pyrite, qui se trouve en si grande étendue aux environs des roches trachytiques de notre montagne. Sans doute, l’origine de ces dépôts aurifères dérive des éruptions des trachytes, et appartient ainsi à la même épo- que que ceux-ci. Cependant, les forces éruptives Mn auxquelles les cônes de trachyte doivent leur origine, n’avaient pas atteint toute leur élévation ; il y a encore des produits plus modernes des mêmes forces dans notre montagne. Ces pro- duits sont des éruptions de rocs basaltiques, qui se trouvent ROCS BASALTIQUES. 359 dans la même direction, que les cônes trachytiques, mais à l'extrémité de leur route, soit à l’Ouest, soit à l'Est; ter- minant et continuant la ligne transversale, formée par les cônes de trachyte. La pierre principale, dans le côté ouest de la montagne, est une roche noire compacte, assez homo- gène, contenant des cavités amygdaloïdes, de différentes grandeurs, généralement pleines de masse de calcedoine, quelquefois de carbonate de chaux. Cette roche prend son extension principale entre les couches de gneiss, aux envi- rons du Tomalasta, à l’Ouest, ou dans les ruisseaux qui sortent d'ici, et même dans la plaine se trouvent les noyaux de calcédoïne, séparés par la décomposition de la matrice, dispersés en si grande quantité, que ces lieux ont excité attention générale, et que de là vient le nom donné au terrain de pedernal (champ des cailloux), que portent plu- sieurs plaines des environs du côté occidental de la sierra. Les masses de pierres noires, qui me semblent les mêmes que les rocs éruptifs de la sierra d’Uspallata, décrits plus haut (page 292), méritent aussi, comme ceux-ci, le nom de spilites. Leur pâte est ordinairement peu dure, la cou- leur en est non parfaitement noire, mais noirätre et facile à se décomposer, et en raison de cette circonstance, les noyaux plus durs deviennent isolés. Ces pierres éruptives noires ne semblent pas être en relation avec les terrains des filons et les bancs aurifères; ces filons restent toujours en dehors des rocs noirs, sans pénétrer dans leur masse; mais il ya dans leur voisinage de grandes couches d’opsimose, qui contiennent Jusqu'à 55 °/, de protoxide de manganèse, et se transforment, dans les régions plus au Sud, en braunite (manganèse sesquioxidé). Il semble que ces couches man- ganésifères soient interposées entre le granite et les rocs noirs volcaniques, quoiqu'il y ait aussi des endroits où des ramifications de ces couches entrent dans le granite même, La partie est des rocs basaltiques est complétement sé- 360 BASALTES AU DEHORS DE LA SIERRA. parée de la montagne, et se trouve représentée par deux petits mamelons isolés, dans la plaine, entre la sierra de San Luis et la sierra d’Achala, la chaîne plus grande de la sierra de Cérdova, les deux mamelons que j’aı déja indiqués plus haut, page 292, sans entrer plus dans leur description, renvoyant le lecteur a la note 44 pour la description spé- ciale microscopique. du basalte- néphéline, donnée par M. AvÉ LALLEMANT, du cône de La Leoncita. Celui-ci se trou- ve plus à l’est, correspondant par sa position:à la fin de la sierra Achala; l’autre cône est celui de Los Manantiales, qui se touche avec la formation calcaire, prise comme ap- partenant à l’époque crétacée, comme nous l’avons vu, page 256. De ce cône basaltique, un autre jeune ‚ami, M. le Dr. SEekawPp, m'a apporté un échantillon qui me semble tout-à-fait confirmer la description du basalte-néphéline de M. Avé LazLemanT. La pâte en est une masse noirâtre, compacte, contenant beaucoup de grains d’olivine de. dif- férentes grandeurs et couleurs, grise-jaune-verdätre, qui sont déjà complétement décomposés à la surface externe du roc, et lui donnent aussi une apparence bulleuse et une couleur plus grise, semblable à celle de: la cendre. Remettant le lecteur à la description détaillée de l’auteur précité, il me reste seulement à parler ici encore un peu plus de la relation des deux cônes basaltiques avec les mon- tagnes voisines. Le cône à côté du village de Renca, qui, dans la carte géognostique adjointe, se trouve indiqué un peu trop au sud du Renca, correspond exactement par sa position à la ligne transversale des cônes trachyliques qui perforent la sierra voisine, et peut être considéré comme la continuation de la force volcanique à l'Est, qui se pro- nonce évidemment dans cette ligne. L’autre cône de la Leon- cita est situé plus au Sud-Est, en direction d’une ligne qui unit le cône du Renca avec celui de trachyte du Mor- ro'de San José, tout près du chemin de fer de Mercedes, et se prononce, de la mêmé manière, comme la continua- LES TRACHYTES DU MORRO SAN JOSE 361 ‚tion de la force volcanique dudit Morro, se maniféstant au sud-est de celui-ci, comme le cône de basalte du Renca, à l’est de la ligne transversale des cônes de la sierra de San Luis. Je crois que cette manière de voir est très- logique, et qu’elle place les deux basaltes dans leur vraie relation avec les trachytes plus anciens de la force volca- nique, se manifestant dans le terrain en question. | Il nous reste alors à parler du cône trachytique du Morro de San José, que nous trouvons presque au milieu, entre les deux petits cônes basaltiques de la plaine du rio Con- lare et du rio Quinto. Ce cône, moins haut (1400 mètres environ) qué ceux de la sierra de San Luis, mais plus . massif et plus large en bas, prend sa position exactement sous le même méridien que les trachytes de la sierra Serrezuela, et se prononce plus justement comme leur con- timuation, que les trachytes de la sierra de San Luis, mon- tagne que nous avons regardée comme continuation de la sierra de los Llanos. Ce parallélisme se détermine comme un fait accompli par l'identité des pierres trachytiques. Le trachyte du Morro de San José est du véritable trachyte, sans quarz isolé, et de cette même espèce sont formés les cônes trachytiques de la sierra Serrezuela, comme nous Pavons dejà dit plus haut, page 286. La masse de tra- chyte du Morro de San José n’est pas d’un profil très- conique; elle forme de plus un massif convexe étendu et coupoliforme, avec de larges ramifications débordantes en forme de laves courantes, s’élevant d’une base de roches métamorphiques de gneiss, souvent disloquées par les mas- ses eruptives qui la perforent. La pâte du trachyte est fine- ment poreuse, d’une couleur grise-claire, contenant de pe- tits cristaux isolés de feldspath vitreux et de longs prismes d’amphibole, aussi quelques feuilles de mica foncé, Le feldspath est sanidine, avec quelques mélanges subordonnés, déjà indiqués plus haut. La composition microscopique du sanidine prouve une accumulation du minéral en zones 362 PARTIE DU NORD DE LA SIERRA. parallèles, et démontre clairement sa formation génétique par un procédé hydatothermique, c'est-à-dire par la double influence de l’eau et de la chaleur. Nous avons enfin à parler de la moitié nord de la sier- ra de San Luis, prenant la route transversale des cônes eruptifs comme ligne de démarcation. Cette partie m'est pas si bien connue que celle du Sud; mais elle semble avoir entièrement la même configuration que l’autre. Nous savons déjà que le bord occidental de la montagne est formé d’escarpements assez hauts et roides. Ces escarpe- ments se tournent, en se prolongeant vers le Nord, peu à peu plus au Nord-Est, depuis le coin, près du village de Rio Seco, formant ainsi une bordure dirigée au Nord- Ouest, qui s’étend jusqu’au point le plus au Nord, nom- mé : La Lomita, avec lequel se termine la sierra de ce côté. La bordure de Nord-Ouest est interrompue, comme celle du Sud-Est, par plusieurs ravins qui divisent le mas- sif de la montagne en chaînes, imitant dans leur forme, aplatie au sommet, la même configuration des chaînes du Sud, et devenant peu à peu plus basses du côté est, où la dernière chaîne descend doucement dans la plaine entre la sierra de San Luis et celle d’Achala. Les ravins qui sé- parent ces chaînes sont plus courts que ceux de la moi- ué du Sud et donnent naissance chacun à un petit ruis- seau qui vient jusqu’à la plaine du Nord-Est et se perd bientôt dans des champs stériles, sans pouvoir se réunir tous à une rivière commune, comme ceux de la moitié sud. Un seul ravin, le dernier avant le com du Nord, est un peu plus grand que les autres; il pénètre jus- qu’au centre de la montagne, sortant la d’une haute val- lee assez large, qui contient le village de. Santa Barbara, un des meilleurs établissements dans la montagne. Ce ra- vin est connu, comme le ruisseau qu’il contient, sous le nom de La Cantana. Au côté sud de la même haute val- lée prend naissance un autre ravin qui court à l’Est, tou- LA STRUCTURE GEOGNOSTIQUE. 363 chant les pentes du dernier cône trachytique des Cerros Largos, et vient s’unir au ravin pittoresque de Luluara, qui contourne ledit cône de ce côté. Ce ravin est le plus étroit et le plus profond de ce côté est; il contient le ruis- seau du même nom Luluara, formant la seconde source principale du rio Conlare. La première source, plus au Sud, vient d’un ravin plus ouvert et moins profond, et porte le nom de ce fleuve, appliqué aussi au village situé dans le ravin à son commencement, comme un autre vil- lage, Larca; tout près de l’embouchure du ravin dans la plaine. Quelques autres petits ruisseaux sortent des ravins du même côté est, plus au Nord, et grossissent le rio Con- lare, qui par son eau assez abondante fertilise la plaine; son cours se dirige vers le Nord. Néanmoins, il se perd, après avoir coulé pendant quelques lieues, dans la partie plus boréale, très-stérile, de la plaine, comme tous les au- tres petits ruisseaux du côté nord et nord-ouest de la mon- tagne. La constitution géognostique de toute cette partie de la sierra est très-simple. Les pierres qui dominent sont les couches laurentiennes de gneiss, qui suivent le système gé- néral du gisement presque perpendiculaire avec une fai- ble inclinaison au Nord-Ouest. Dans la moitié sud du cen- tre, à côté des cônes trachytiques, se trouvent aussi des schistes huroniques, avec une direction et inclinaison pres- que opposées. Quelques massifs granitiques forment des différents centres dans cette partie de la montagne, comme élévations peu convexes, sans forme de véritables monts isolés. Tels sont : le massif d’Aguila, à peu près du milieu de la bordure Nord-Ouest, entre les ravins de La Cantana et de Quines. Deux autres massifs plus petits se trouvent au nord et au sud du massif d’Aguila : celui-ci nommé El Alto de la Ternera et del Palmar, l’autre Los Cerros del Potrero de Funes. Des roches éruptives plus modernes manquent dans cette partie de la montagne; il semble 364 LA SIERRA DE CORDOVA. que les dykes de pegmatite qui se trouvent en contact avec les massifs de granite et se montrent, par exemple, dans la partie du ravin Luluara, dans Los Corrales, et dans le ravin du ruisseau de la Cal, c’est-à-dire dans les dernières dépendances à l’est de la montagne, pren- nent leur place. Le ravin dudit ruisseau de la Cal est le seul endroit, dans toute la montagne, où des roches cal- caires existent entre les couches du gneiss ; phénomène très-remarquable, en comparaison avec la richesse des dé- pôts calcaires dans la sierra voisine de Cördova. Il y a aussi quelques bonnes mines dans le voisinage des massifs gra- nitiques, par exemple aux environs du massif d’Aguila. 1 4. — La Sierra de Cordova Nous avons donné la description orographique de cette montagne, tomel, page 234. Il est donc connu que la 'sier- ra de Cördova, proprement dite, se compose de trois chai- nes parallèles, en direction du Nord au Sud. De ces trois chaines, la première, nommée Serra del Campo, est assez étroite et plus allongée au Nord; la seconde, nommée Sierra de Achala, est plus massive et un peu plus allon- gée au Sud; enfin, la troisième, La Serrezuela est la plus courte et la plus à lOuest. | ' Nous ne répétons pas ici la description extérieure don- née avec détail dans le tome premier, pour nous occuper seulement de la constitution géognostique, sur laquelle nous avons donné quelques généralités à la même place; en disant seulement que cette montagne se compose, comme les autres de la Pampa, de roches métamorphi- ques avec des massifs granitiques et quelques éruptions trachytiques. Entrant à présent dans l’explication plus dé- taillée des relations de ces pierres entre elles, je me hâte PREMIERE CHAINE OU LA SIERRA DEL CAMPO. 365 de dire qu’il existe deux travaux spéciaux sur cette mon- tagne, qui me fournissent les détails de ma description, fondée aussi sur une recherche personnelle acquise par mes propres voyages, en visitant quelques parties au nord du centre et du sud de la Sierra *. Si l’on compare celle-ci avec celle de la sierra de San Luis, antérieurement décrite, on peut dire que la confi- guration de celle de:Cérdova est beaucoup plus simple, et par conséquent plus facile à décrire, quoique léten- due en soit beaucoup plus grande et même six fois plus grande que celle de l’autre. Les chaînes se trouvent dis- posées de telle manière, que l’espace entre elles est plus grand et que la composition subit des variations moindres que celles de la sierra de San Luis; caractères qui ren- dent cette dernière montagne plus intéressante à étudier, mais aussi plus difficile à bien connaître. Nous commencerons notre esquisse spéciale par la pre- miere chaine ; il nous suffira de dire que, par sa forme générale, elle est la plus longue et la plus étroite, et s’&- tend avec son appendice du Nord par trois degrés de lati- tude. Elle a une hauteur moyenne de 1000 mètres et aucun sommet remarquable; les pointes obtuses, les plus élevées dela crête, ne dépassent pas 1200 mètres environ. Les pen- tes à l’Est sont peu escarpées et très-faiblement incli- nées ; celles de l’Ouest sont rapides, souvent presque per- pendiculaires. La partie du Nord, suivant l’appendice isolé, est un peu plus large et aussi un peu plus haute que celle du Sud, qui est assez étroite et plus basse. Toute la chaîne se divise par sections découpées en plusieurs en- droits, dont la première est plus complétement séparée des autres, formant un terrain montagneux, peu élevé, au nord-est de la chaîne, et se composant presque unique- ment de granite. Plus au Sud, les autres sections deviennent généralement plus courtes et sont séparées par des ravins étroits, qui laissent passer l’eau des petits ruisseaux, accu- 366 LES PIERRES PRINCIPALES. mulée dans la vallée, entre la première chaine et la seconde. Cette vallée porte le nom de la Punilla. Les trois sections principales de cette partie. sont con- nues sous les noms de: la Sierra del Campo, Sierra Chica et Sierra de los Condores ; elles se composent, comme toutes les autres, de roches métamorphiques, dont les couches sont généralement élevées presque perpendiculairement, avec une inclinaison à l'Est, la plupart formées de gneiss alternant avec des couches de schiste de mica, d’amphibole et de marbre ou calcaire granulé. Nous avons donné plus haut la description de ces pierres et ne répéterons pas icı les caractères déja connus. En raison de la grande variation des coushes subordonnées, il est presque impossible de rien ajouter à ce que nous venons de dire; disons cepen- dant que même lé épaisseur des couches est aussi très- variable : quelques-unes ont à peine un mètre d'épaisseur, et d’autres atteignent une épaisseur très-considérable. La direction des couches est celle de la chaîne du Nord au Sud, et leur soulèvement, que nous avons déjà note, est si fort qu’elles sont presque perpendiculaires, quoiqu'il existe aussi des inclinaisons moins fortes dans quelques endroits, de plus des dislocations et de grandes courbures ondulées sur quelques points à côté des rocs éruptifs. Les couches calcaires de marbre sont très-généralement répan- dues dans toute la chaine, et plus nombreuses dans celle-ci que dans les autres. Elles sont très-variées dans leurs couleurs et leur grain, mais suivent toujours la direction et inclinaison générale des couches voisines. Quant aux rocs éruptifs de cette chaîne, nous avons déjà nommé le granite, comme formant la section la plus basse au nord de la sierra; d’autres rocs de la même espèce sont très-rares dans cette chaîne et manquent presque complé- tement dans la partie sud. Cependant, on trouve des rocs trachytiques dans la section de la sierra de Los Condores et aussi dans la partie terminale de la sierra Chica. DE LA SIERRA DEL CAMPO. 367 Le granite occupe un terrain assez étendu au nord-est de la sierra del Campo, se présentant comme une grande masse peu convexe, d’une circonférence allongée elliptique et d’une surface inégale, quelque peu ondulée, accompa- gnée et entourée d’une grande quantité de petits culots de différentes grandeurs, s’élevant brusquement du terrain sablonneux de la pampa voisine. La pierre de la masse principale est un granite de structure et composition nor- male, tel que nous l’avons décrit plus haut, page 277; quelquefois, par exemple, aux environs du village Tolumba, il prend un aspect porphyrique par la présence de grands cristaux de feldspath, éparpillés dans sa masse. La pâte de ceux-ci est souvent très-disposée à se décomposer et laisse tomber au dehors les cristaux de feldspath, qui s’ac- cumulent ainsi en quantité au fond dans les contours de ces eulots. Au centre de cette grande masse de granite existent, tout près du village principal de ce terrain, un peu plus au sud et à l’ouest de San Pedro, deux culots de por- phyres, dont nous avons aussi déjà parlé plus haut, page 282. Ce porphyre contient dans la pâte felsitique des grains de quarz et des cristaux de feldspath de deux espèces : orthose et plagioklase; ceux-ci en forme de jumeaux, avec des surfaces finement striées, qui le font facilement reconnaitre. Les trachytes de la sierra sont un peu plus importants et se trouvent seulement dans la partie sud, nommée la Sierra de los Condores; nous en avons parlé plus haut, page 286, où nous avons donné une courte description de ces pierres. Ils forment une masse éruptive assez grande, du côté ouest de la montagne, s’élevant en sommets bizar- res, au-dessus des escarpements roides du gneiss, qui con- slituent ce même côté de la chaîne. Les sommets, assez aigus et rapidement isolés, servent d'habitations à un grand nombre de eondors, qui posent leurs nids sur les pics les plus abruptes, et peignent les parois des rocs de la couleur 368 GRES ROUGES ANCIENS TERTIAIRES. de leurs excréments, d’un blanc-jaunätre, accumulés ‘en grande quantité au pied de ces roches °’. Une autre masse de trachyte s’élève vis-à-vis de la précédente sierra, à l’extré- mité de la Sierra Chica, où ces rocs éruptifs se présentent sous la forme de filons perforant les couches métamorphi- ques, principalement dans les environs de San Ignacio et de Salta. Enfin, il existe des basaltes dans la sierra del Campo, tout près de Alta Gracia, au sud du rio Primero, où ils s’élèvent vers des escarpements orientaux, en petits culots très-peu reconnaissables. Il nous reste encore à parler de quelques grès de cou- leur rouge plus ou moins foncée, qui se trouvent aux deux côtés opposés des masses trachytiques de la mon- tagne, et entourent leurs bases Ces rocs, dont nous avons parlé plus haut, page 254, ne sont pas bien con- nus jusqu’à présent, et presque indefinissables à cause du manque de pétrifications. Nous les avons rapportés, pour notre part, hypothétiquement, à l’époque tertiaire inférieure, et nous ne pouvons rien dire de plus de leur nature. Ils se trouvent aussi plus au nord du rio Prime- ro, aux pieds des escarpements orientaux de la montagne, en petites couches et sous la même forme à l’est de San Pedro, contournant ici les bordures du grand typhon de granite; même dans l’intérieur de la chaîne del Campo, on les a trouvés, près de la bordure Nord, entre deux petits mamelons de granite, qui perforent cette partie de la mon- tagne comme les derniers rejetons de ce typhon appendi- culaire au nord de la:sierra. La seconde chaîne de la sierra de Cördova, nommée sierra d’Achala, est plus large et plus haute que la première, aussi plus allongée au Sud, mais plus courte dans la di- rection opposée, si l’appendice granitique de la première est regardé comme en faisant partie. Les hauteurs du faîte et des sommets ont été indiquées déjà tome I, page 236. La composition géognostique en est plus simple que celle LE GRANITE DE LA SIERRA D’ACHALA 369 de la première chaîne, et la configuration générale un peu differente, car le faite de cette partie de la montagne n’est pas une crête obtuse, comme celle de la sierra del Campo, mais un plateau onduleux, avec quelques rares élévations en forme de pics. Cette même configuration de la sierra d’Achala s'applique principalement à la partie centrale plus grande granitique et à ses environs, où la surface du plateau est couverte d’un herbage frais, à la manière des vallées hautes d’Aconquija, qui fournit un magnifique pâturage pour le bétail, élevé ici en grande quantité et de bonne qualité. Beaucoup de petits ruisseaux prennent nais- sance dans ce plateau herbageux et descendent par le côté est en pentes douces, formant un grand nombre de ravins étroits et profonds qui, par leurs cascades bruyan- tes, donnent un aspect pittoresque à beaucoup d’endroits de cette partie de la montagne. Le granite qui entre dans la constitution de cette chaîne pour une très-grande part et couvre une très-grande éten- due, est de la composition normale et ne présente pas d’autres différences remarquables que la présence de quel- ques minéraux subordonnés qui se trouvent dans diverses localités. Ce sont principalement le grenat et la tourma- line qui changent l'aspect des masses de granite où ils s’ac- cumulent. Mais ce qui exerce la plus grande influence sur les modifications du granite, ici comme dans la sierra de San Luis, ce sont de grands culots de pegmatite qui le perforent en différents endroits. Ils sont visibles même à de grandes distances par leur couleur blanche, produite comme dans la sierra de San Luis, par le quarz qui la compose principalement et leur a valu le nom de Cerros Blancos, qui se trouve si souvent appliqué dans les deux montagnes. Le quarz est mêlé de mica et de feldspath d’orthose en quantité moindre. Les cristaux de ceux-ci se décomposent facilement et donnent au roc l'apparence ca- verneuse par la grande quantité de cavités que produit REP. ARG. — T. II, 24. 370 LE MARBRE EST PLUS RARE leur absence frequente. Dans ces masses de quarz, ap- partenant au pegmatite, se trouvent aussi les grands cris- taux de beryl, dont nous avons fait mention plus haut, page 279. L’autre mineral le plus remarquable, contenu dans la masse du quarz-pegmatite, est le triplite, visible principalement dans le culot du Cerro Blanco à côté de la route de San Luis. 1 L Le granite de la sierra d’Achala occupe presque un tiers de toute sa masse et s’étend, comme un grand typhon, dans la direction N.-N.-E. à S.-S.-0., touchant au Nord la bordure d’est et au Sud celle d’ouest de la montagne: Il contient.le sommet le plus haut qui porte le nom dela sierra même : El Alto de Achala (2,200 mètres envi- ron). | Des deux côtés, nord et sud du granite, la montagne est formée par les roches métamorphiques, entre lesquel- les le gneiss domine, accompagné de micaschistes et de schistes d’amphibole, de quelques petits culots ou dykes de granite intercalés, mais plus souvent de couches de marbre. Cependant, celles-ci sont plus rares dans cette partie de la montagne que dans la première chaîne orien- tale. Elles se présentent de préférence dans la partie au nord du typhon de granite, et semblent manquer dans la partie au sud du granite, où prévalent des schistes d’am- phibole. Ainsi, ai-je trouvé, composée de la même mamiè- re, la pointe de la montagne, tout près de la ville d’Achi- ras, où les dernières ramifications des escarpements sont formées d’une pierre pleine d’amphibole, que j'ai prise pour syénite, parce que les couches d’une roche stratifiée n'étaient pas très-visiblement prononcées, comme je l’a déjà dit plus haut, page 281. | Il n’existe pas d’autres roches éruptives dans toute la sierra d’Achala; on n’y connaît jusqu’à présent avec cer- titude, ni trachytes ni basaltes. Cependant, l’existence de quelques culots basaltiques est assez probable, parce que MINES DES METAUX PRECIEUX 371 le rio Primero porte des cailloux de cette pierre dans son lit, comme je l’ai noté page 296. Les sources de ce fleuve viennent toutes de la sierra d’Achala et indiquent que l’on doit chercher ici dedans Au des pierres qu’il porte dans son lit. Enfin, nous mentionnons la présence de métaux précieux dans quelques parties de la montagne. L’or existe en filons de quarz, mêlés avec du pyrite, changé par pseudomor- phose en limonite, près du village de Candelaria; mais les quantités de métal sont petites et son exploitation ne saurait donner de bénéfice. L'argent natif existe aussi, éga- lement rare, répandu en galène et comme l’argent corné (kérargyre), sans permettre, par sa rareté, une exploitation lucrative. Plus riche sont les mines de cuivre, de plomb, et plus encore celles de fer et de manganèse; celles de ce der- _ nier métal sont le plus souvent trouvées et en plus grand nombre. Le fer magnétique ou aimant est aussi largement répandu dans la montagne; il se trouve souvent en gran- des masses, rapproché du granite, et forme quelquefois des couches d’une épaisseur énorme de 1-2 mètres. La troisième chaîne de la sierra de Cördova, la Serrezuela, est la plus petite, mais aussi la plus intéressante à étudier geognostiquement. Elle a la longitude presque exacte d’un degré, occupant le milieu des trois degrés (30-33) et de toute la montagne du sytème de Cordoya. Sa forme parti- culière correspond plus à celle de la sierra d’Achala, car elle est relativement plus large que la première chaîne de la sierra del Campo, et ses faîtes forment un plateau d’une hauteur d’environ 1,200 mètres, d’où descendent, du côté ouest, les escarpements roides, presque perpendiculairement, quand, de l’autre côté est, les contreforts s’inclinent dou- cement vers la plaine, entre la Serrezuela et la chaîne d’Achala, formée par une vallée assez large et assez fertile, ornée d’une végétation pittoresque de palmiers, qui s’éten- dent même jusqu’au plateau de la Serrezuela. 372 STRUCTURE DE LA ZERREZUELA La montagne est, dans sa masse prineipale, formee, comme les autres chaines, de roches metamorphiques, dont les couches courent du Nord au Sud, ayant la même po- sition presque perpendiculaire, peu inclinée à l'Est. Dans cette chaîne le gneiss domine; les autres roches métamor- phiques sont plus rares que dans les chaines antérieures, et principalement les couches de marbre se trouvent seu- lement dans le district du Nord, où elles traversent le ravin nommé 0jo del Agua. Le granite manque partout ; d’autre part existe une pierre nouvelle pour le système de la montagne de Cérdova; dans la chaîne Serrezuela, formée par des schistes argileux de phyllades, qui se trouvent au pied des escarpements roides occidentaux, sortant rapide- ment de la plaine, vis-à-vis du village Yatan, et s’elevant jusqu’à mi-hauteur des schistes métamorphiques de gneiss. Ces roches appartiennent, comme nous savons, à la forma- tion sédimentaire paléozoïque, et semblent en représenter les couches les plus anciennes, à cause de leur contact immédiat avec les roches métamorphiques. Il est utile de noter que dans la sierra de San Luis se trouvent les mêmes couches, dans un gisement en tout correspondant, du côté ouest de la petite chaîne Socoscora, comme nous l’avons vu plus haut, page 350. Cette analogie donne une preuve bien certaine de l’uniformité des phénomènes qui ont pré- sidé à la formation des montagnes de la Pampa. L’analogie entre les deux montagnes de la Serrezuela et de San Luis est aussi indiquée par leur étendue presque égale, et s’augmente encore de la présence d’eruptions tra- chytiques, assez semblables entre elles dans chacune des deux. Presque du milieu de la montagne, un peu plus au Nord, où la Serrezuela acquiert sa plus grande largeur, se dressent sur le plateau central trois groupes de cônes trachytiques, à une petite distance les uns des autres, le groupe le plus grand à l'Est, accompagné d’un dépôt assez étendu de tufs trachytiques. Nous avons nommé plus haut, LES TRACHYTES DE LA SERREZUELA, 373 page 285, les cönes les plus remarquables de ces groupes etrépétons ici leurs noms, qui sont: La Yerba Buena (la bonne herbe, 1,615 mètres), La Borroba (1,400 mètres), La Popa (la poupe, 1,500 mètres), e/ Cerro de la Cienega (le pic du ma- rais, 1,200 mètres). Le trachyte de ces cônes est d’une couleur assez foncée rouge-grise ou jaune- grise; sa pâte a une structure poreuse, ressemblant quelquefois au ponce; elle contient des cristaux de sanidine, amphibole, augite, oli- goklase et mica. Gette pierre ressemble alors, dans sa compo- sition, au trachyte du Morro de San José, par le manque de quarz isolé; le trachyte de la sierra Serrezuela est un vérita- ble trachyte, et non pas un liparite, comme les grands cônes de la Sierra de San Luis, dont nous avons parlé plus haut, page 287. Cette différence est importante, principalement si nous considérons le voisinage des deux éruptions tra- chytiques dans les deux montagnes en question; elle prouve que, même à une très-petite distance, comme celle” qui existe entre la sierra Serrezuela et la sierra de San Luis, dépassant à peine un demi-degré de latitude (peut -être 32-35’), les matériaux des substances érup- tives de la terre peuvent comporter des différences re- marquables. Nous avons fait la même observation, en com- parant les cônes trachytiques de la sierra de San Luis entre eux; aussi ces cônes, quoique tout formés de liparite, pré- sentent des différences locales très-sensibles de trachyte. Les tüfs trachytiques, accompagnant les cônes orientaux du groupe, sont formés de la même masse que ces cônes, contenant aussi des cristaux des mêmes substances sus- nommées. ( Il nous reste à signaler au lecteur que, dans le voisi- nage des cônes éruptifs, on a découvert aussi, dans la sierra Serrezuela, comme dans celle de San Luis, des mines d’or, principalement près du village 0jo del Agua, au nord du district trachytique. Les mines se trouvent dans des filons quarzeux, mêlés avec des substances métalliques de fer, qui 374 MINES D’OR traversent les schistes métamorphiques en diverses direc- tions. Le résultat de l’exploitation de ces mines n’a pas été très-heureux, et est en tout point inférieur à celles de la sıerra de San Luis. 5. — La chaîne du Tandil . Nous connaissons la constitution géognostique de cette chaine, dont j'ai donné la description orographique dans le tome I, page 240, d’après les recherches de MM. J. Ch. Heusser et G. Craraz, qui ont publié les résultats de leur exploration dans un mémoire en deux langues différentes ‘$. Sans avoir vu la montagne, j'intercale ici un extrait de ce mémoire, pour donner à mes descriptions géognostiques toute l’étendue possible. Par la description orographique du tome Ie", nous savons que la montagne se compose d’une quantité de petites arêtes allongées, séparées complétement l’une de l’autre par des intervalles ouverts, nommés abras par les indigè- nes. Ces arêtes courent de Sud-Est à Nord-Ouest, comme toute la montagne ; leurs pentes roides, tournées vers le Nord-Est et leurs contreforts irès-doucement inclinés au Sud-Ouest. La montagne commence au cap Corrientes, avec un long banc de pierres sous-marines, qui de la côte entre dans la mer jusqu’à une distance d’une lieue, se rattachant au sol de la terre ferme par une simple chaîne de petites col- | lines basses, couvertes d’herbages, et se changeant peu à peu en arêtes pierreuses, devenant successivement plus grandes et plus hautes, jusqu’à la ville du Tandil, où elles prennent leur hauteur la plus considérable de 400 mètres environ au-dessus du niveau de la mer. Dans cette partie, la mon- tagne se sépare en deux chaines parallèles, distantes envi- ron de 6 lieues; l’intérieur au Sud-Ouest porte le nom de la LES PIERRES PRINCIPALES 375 Sierra Tinta, l’autre extérieure au Nord-Est, conserve le nom principal de la Sierra del Tandil. D'ici, la montagne con- tinue de nouveau, comme simple chaîne, au Nord-Ouest, composée de plusieurs groupes d’arêtes plus ou moins sé- parées par des intervalles ouverts, aboutissant près du vil- lage Tapalquen par un groupe assez isolé, nommé la Sierra Baja, suivies encore d’un autre groupe plus isolé de la Sierra de Quillalanquen. Les pierres, qui composent les petites arêtes de toute la montagne, appartiennent à deux formations différentes géognostiques, c’est-à-dire à la plus ancienne des pierres eristallisees et à l’autre beaucoup plus jeune sédimentaire, les deux suivie de la formation diluvienne, qui contourne les arêtes et forme le fond dans leurs environs. Nous exa- minerons ces formations plus en détail. Les roches eristallisees sont de deux catégories : les unes plutoniques, les autres métamorphiques ; elles se trouvent toujours du coté nord-est des arêtes, formant les escarpe- ments très-roides, et manquent généralement du côté sud- ouest, très-faiblement inclinées vers la plaine voisine, car ce côtéest occupé par les couches sédimentaires. La pierre plutonique dudit côté est le granite; il existe seulement presqu’au milieu de la montagne, un peu plus au Nord, tout près de la ville du Tandil, occupant ici les sommets les plus hauts, dont nous avons parlé tome I, page 242, et portant sur son culot principal le grand bloe mobile, qui fait l’&tonnement des habitants depuis long- temps. Les escarpements du granite sont couverts d’autres blocs plus petits, qui cachent toute la partie la plus basse, au commencement de la plaine, et constituent une véritable mer de pierres (Felsenmeer) des géognostes. Le granite est entouré d’une pierre, presque de la même constitution, mais peu à peu plus clairement stratifiée, de telle manière que le granite se transforme doucement, dans une couche intermédiaire, en véritable gneiss. Les couches 376 LES ROCS METAMORPHIQUES DU GNEISS de ce roc, évidemment métamorphique, suivent la direc- tion générale de la montagne, de Sud-Est à Nord-Ouest, plongent sous des angles de 40° à 50° au Sud-Ouest, et tournent leurs extrémités découvertes vers le Nord-Est. Dans la partie la plus Sud-Est, depuis l’arête du Volcan °®, jus- qu’au cap Corrientes, manque le gneiss, mais plus au Nord-Ouest il se prononce ouvert, dans la chaine de Nord- Est, et dans toute la montagne, jusqu’à l’extr&mite, près du village de Tapaiquen. Il forme aussi souvent de petites crêtes transversales avec les collines de la seconde chaîne, couvertes de couches de la formation sédimentaire, et occupe les fondements de ces mêmes collines, Là où le gneiss se présente libre à la surface, il affecte la forme de petits ma- melons coniques, s’élevant doucement de la plaine, genera- lement couverts de décombres de la même pierre sur la ma- jeure partie des escarpements, et seulement à nu au sommet de la colline. Souvent, la marne pampéenne de la formation diluvienne couvre les parties les plus basses des escarpe- ments et donne naissance à une végétation d’herbages qui cache aussi les dernières petites collines de la chaîne, avant le cap Corrientes. | Quant à sa structure et aux minéraux qui le composent, nous remarquons, que le gneiss en est assez variable; tantôt d’un gros grain, comme dans la partie nommée Sierra de la Plata, tantôt d’un grain très-fin, comme dans plusieurs parties des environs de la ville du Tandil. Quelquefois, les sommets des arêtes semblent formés d’un plus gros grain que les couches inférieures des escarpements. Les trois substances constitutives : le quarz, le feldspath et le mica, sont généralement assez également répartis dans la masse, mais souvent les deux derniers minéraux existent en moin- dre quantité, soit le feldspath seul, soit au même degré le mica. Dans la sierra de la Plata, par exemple, le quarzet le mica sont en prépondérance, formant ainsi un véritable hyalomicte (greisen). Quelques parties de cette roche, où DES MINERAUX SUBORDONNES 377 le quarz et le mica sont d’un gros grain, prennent un as- peet élégant, et aussi donnent naissance par leur vif éclat au nom de la localité : Mont d'Argent. Quand le mica di- minue, la pierre se rapproche du quarzite, ou plutôt du schiste quarzeux. Quelques variétés de celui-ci présentent une ressemblance surprenante avec le porphyre, et sem- blent former une sorte de transition avec cette pierre. Le quarz se dresse aussi en filons traversant le gneiss, mais ces filons sont tous vides, sans métaux. Le mica se trouve dans quelques parties du roc de quarz en feuilles hexago- nales, souvent détachées, laissant en creux des impressions vides de la même forme. Le feldspath, au contraire, ne se présente jamais en cristaux, et aussi les cristaux isolés de quarz sont très -rares. Il est notoire qu'aucun vestige de roche calcaire ne se trouve dans la montagne ; dans le gneiss même manquent complétement les couches calcaires subordonnées. | | Les minéraux subordonnés, observés dans le granite et le-gneiss, sont les suivants : le grenat d’une couleur rouge assez claire est très-abondant dans le gneiss du Cerro Pau- lino, mais il manque dans le granite du Tandil. Il se trouve aussi sur la côte de la mer, au cap Corrientes, dans une alluvion moderne, en grains ronds roulés, et semble venir d’une couche de gneiss sous-marin. La tourmaline est aussi abondante dans le voisinage du Cerro Paulino, et se pré- sente ici mêlée au quarz en roc dans le gneiss; ıl existe en moins grande quantité dans le gneiss riche de mica, du Cerro de la Plata. Le pyrite semble exister dans le granite du Tandil, car on voit des impressions cubiques dans la pierre décomposée dans le cimetière de la ville. On ren- contre des oxydes de fer dans le voisinage des arêtes de la Tinta, où ils forment des élévations sur quelques parties du gneiss. Ce sont l’oligiste et le limonite, mêlés ensemble et formant souvent une véritable transition de l’un à lau- tre. Enfin, existe aussi le chlorite dans quelques nids et 378 FORMATION SEDIMENTAIRE filons du gneiss quarzeux, semblable au porphyre, dans la Sierra de la Concepeion. On voit, par cette description, que les pierres métamorphiques du système des petites montagnes, que nous venons d’etudier, ont leurs particu- larıtes, et qu’elles se distinguent bien du gneiss des autres chaines du pays plus au Nord, principalement par l’absence de couches de schiste d’amphibole et de calcaire granulé, si abondant dans la sierra de Cördova. Aussi, la direction des couches et leur inclinaison sont différentes, et démon- trent l’originalité de la montagne du Tandil et de ses pro- longements. Er | La seconde formation géognostique de la montagne est représentée par un grès tantôt doux, tantôt assez dur, d’une- couleur blanche dominante, qui se met en contact intime avec les couches de gneiss et les suit dans leur direction, mais non pas exactement dans leur inclinaison. La masse générale de grès est formée de grains de quarz assez pe- tits, quoique de différente grandeur; quelques-uns de la grandeur d’une noix, mais anguleux, se trouvent principa- lement dans les couches supérieures. Quant à sa texture, il est disposé par lits, mais ils ne sont pas très-visibles; et sa couleur blanche ou grise se change quelquefois en rouge ou rougeätre. Dans la partie principale de la seconde chaîne de la montagne, plus à l’intérieur du Sud-Ouest, nommée La Tinta, cette couleur rouge domine, et le grès se différencie aussi par sa substance; il est formé de grains ronds unis par un ciment probablement argileux, sans aucun vestige de chaux dans la masse, de couleur rouge, jaune ou brune qui donne la teinte aussi à toute la pierre. Celle-ci contient, en outre, des feuilles de mica et de tale, et affecte dans quelques endroits une granulation si fine, qu’elle s'emploie .pour queux. Dans ce même grès de la Tinta se trouvent de grandes couches d’un véritable stéa- tite, de couleur variant entre le jaune, le rouge et le vio- let, bien applicable à un usage industriel et déjà utilisé LE STEATITE DE LA SIERRA TINTA 379 depuis quelque temps par les tourneurs à différents ob- jets. Cette pierre élait connue des anciens Indiens de la campagne avant la conquête, ils l’employaient à faire les balles de leurs frondes et les morceaux réduits en pou- dre, comme fard, pour teindre leurs corps. Cest de cet usage que la montagne a reçu son nom actuel de Tinta. Dans la partie la plus facilement accessible de la montagne, le stéatite se trouve en différents bancs, chacun d’environ un pied d'épaisseur, séparés par des bancs de grès assez fin, d’une épaisseur presque égale; ces bancs se répètent plusieurs fois. Les couches sont parallèles au gisement gé- néral de la formation et suivent la même loi. On les trouve aussi au dehors de la sierra Tinta, en différents points de la montagne, au Sud-Est jusqu’au Volcan, et au Nord- Ouest presque jusqu’à l’extrémité. Les grès qui laccompa- gnent, contiennent également quelques minéraux accessoi- res, comme oligiste, tourmaline, pyrite en pseudomorpho- ses et grenat, c’est-à-dire les mêmes qui se trouvent dans le gneiss. Quant au gisement de la formation du grès, il existe | seulement du côté sud-ouest des arêtes, principalement de la seconde chaîne, plus à Pintérieur de la Pampa, for- mant un plan très-doucement incliné qui se perd enfin sous la marne diluvienne de la surface de la campagne. Ici, au bord des arêtes de la montagne, linclinaison est si faible, que les couches de grès semblent être horizon- tales ; mais plus haut, près de la crête: des arêtes, elles deviennent un peu plus fortement inclinées, quoique tou- jours beaucoup moins fortes que les schistes de gneiss du dessous. Il semble qu’un léger soulèvement des rocs plutoniques plus bas, sous le gneiss, ait élevé ceux-ci à l’époque où le grès était déjà déposé, et que son premier gisement a été presque horizontal. Les bords opposés des couches au Nord-Est sont toujours abruptes et déchirés presque perpendiculairement ; ils forment de grands rem- 380 ETENDUE HORIZONTALE DU GRES parts et sont généralement inaccessibles la où n’existent pas de ravins. L’angle de Pinclinaison au Sud-Ouest ne semble pas dépasser 15° et se réduit à 10-12° dans la par- tie inférieure du plan incliné. | Les couches sédimentaires décrites se trouvent dans toute l'étendue de la montagne, depuis le cap Corrientes jus- qu’a la sierra Quillalanquen, du côté sud-ouest des aré— tes, où la chaîne est simple; et de la même manière dans la seconde chaîne interne, où se trouvent deux traits pa- rallèles. Au cap Corrientes, les roches dures, sortant de la couche diluvienne, sont seulement formées de grès blanc, comme aussi le banc sous-marin étendu dans la mer. Probablement existe dans les collines basses, tout près de la côte, couvertes de marne diluvienne et d’herbages, le même grès, en bas. Plus distant de la côte, près du mont Volcan, les premières couches de gneiss se présen- tent, leur surface interne à Sud-Ouest porte le grès au- dessus des escarpements ; mais les culots de granite, tout près de Tandil, ne contiennent pas de couches. de gres: Les couches du gneiss, qui suivent au Nord-Ouest, portent les grès sédimentaires, et principalement ceux de la sierra Tinta, où la formation du grès avec les couches de stea- tite prend sa plus grande évolution. Les grès sont donc très-répandus dans toute la montagne en question. On n’a trouvé, jusqu’à présent, aucune pétrification or- ganique dans les couches sédimentaires de la montagne, et par conséquent l’âge de la formation reste encore dou- teux. Les auteurs du mémoire où j'ai pris les renseigne- ments reproduits ici, ne donnent pas leur opinion sur ce point, laissant le lecteur dans l'incertitude ; ils proposent de donner un nom particulier à ‘la formation, sédimentaire, Pappelant : Formation de la Tinta. J'ai déjà avisé plus haut, page 254, mon opinion personnelle, déclarant que le grès avec les couches du stéatite est l’équivalent de la for- mation guaranienne de p’OrBIcnY, c’est-à-dire tertiaire. in- RATTACHES A L’EPOQUE TERTIAIRE 381 ferieure ©. Mes raisons pour cette explication sont les sui- vantes : | 1° La similitude générale de la composition du grès avec le grès répandu le long de la côte orientale du rio Paranä, dans la province de Corrientes, de couleur rouge, produite par un minéral de fer en état d’oxydation; 2 Le manque complet de pétrifications organiques dans les deux formations d’égale structure pétrographe ; 3° Leur dépôt immédiat au-dessus des roches métamor- phiques ; 4° L'observation souvent répétée de semblables grès rou- ges plus ou moins foncés dans toute la République Argen- _tine, dans des conditions qui semblent démontrer que leur âge se rattache à la même époque tertiaire inférieure ; 5° Enfin, on peut admettre aussi le manque de sub- stance calcaire dans les couches sédimentaires, comme preuve de leur similitude avec les sédiments de la for- mation guaranienne, telle qu’elle se trouve au-dessous de Buénos-Ayres, lieu le plus voisin de la sierra du Tandil; car ici, au-dessous de Buénos-Ayres, elle se présente comme argile plastique sans chaux, complétement de la même couleur que le stéatite de la Tinta. Il me reste encore à dire quelques mots sur l’époque du soulèvement des couches sédimentaires de la sierra, pour prouver que, de ce côté aussi, l’âge indiqué plus haut est justifié. Il est évident que ce soulèvement a eu lieu avant le dé- pôt de la formation patagonienne ou tertiaire’ supérieure, car nous ne trouvons aucun vestige de couches de cette formation sur les grès de la sierra du Tandil. Les cou- ches élevées de cette montagne existaient alors déjà .dans celte même position quand les dépôts patagoniens se for- maient, c’est-à-dire que le soulèvement des couches de la sierra du Tandil a eu heu avant l’existence de la forma- tion tertiaire supérieure, et par conséquent on peut soup- 282 COMME EPOQUE DU SOULEVEMENT çonner qu’il a eu lieu pendant la formation tertiaire in- férieure. Je crois aussi que cette période de soulèvement se recommande par la faiblesse des couches sédimentaires, en comparaison avec la grande épaisseur des couches de la même époque au-dessous de Buénos-Ayres. Nous avons vu plus haut, page 250, que dans la perforation faite dans la ville même, les couches guaraniennes commen- cent à une profondeur de 112 mètres et descendent jus- qu'à 290 mètres; la formation a ici, par conséquent, une épaisseur de 178 mètres, tandis que dans la sierra du Tandil la formation sédimentaire ne dépasse peut-être pas 30 mètres d'épaisseur, car elle est, dans les localités ac- cessibles, beaucoup plus mince. Je crois que cette diffe- rence remarquable m’autorise à accepter, comme démon- tré, que le soulèvement des couches de la sierra du Tan- dil a eu lieu avant la fin du dépôt des couches guara- niennes, et que.ces couches représentent seulement une partie du dépôt formé pendant toute la durée de l’époque tertiaire inférieure du. pays. Je ne parle plus de la marne diluvienne qui contourne toute la montagne, s’élevant aussi dans les petites vallées entre les arêtes et entre les chaînes, s’elevant même un peu sur les pentes les plus basses des arêtes; ayant ex- pliqué assez Ja nature de son dépôt dans le chapitre III, où j'ai parlé aussi, page 200, de l’étendue de la forma- tion diluvienne au Sud, dont les confins aboutissent près de cette montagne du Tandil, entre elle et la sierra Ven- tana. NOTES 0 (151)*. La carte géognostiqe, qui accompagne ce livre, est dessinée par moi-même, d'après mes propres études, avec l’aide, pour les détails de quelques parties du terrain, des deux cartes géognostiques, que l’ancien professeur de Minéralogie de l’Académie des Sciences Exactes de Cordova, M. le Dr. ALFR. STELZNER, avait déposées, avant son départ du pays, dans les mains du Ministre de l'Instruction Publique, M. le Dr. José C. ALBaR- RAGIN. Le Ministre m'avait donné ces cartes pour les utiliser dans lin- térèt de la connaissance du pays. J’ai publié l’une des deux dans le tome premier des Actes de ladite Académie de Cordova { Buénos-Ayres, 1875); l'autre est malheureusement fondée sur une carte topographique assez inexacte, et ne pourrait être publiée telle que l’auteur l’a dessinée, sans occasionner certainement beaucoup d'erreurs. Pour faciliter la compa raison, j'ai adopté pour ma carte l’échelle employée dans la carte géo- gnostique du centre de l’Europe, publiée en 1839, à Berlin, par M. le chevalier DE DECHEN, ancien Directeur en chef des Mines des provinces prussiennes du Rhin, 1 (152). Mes publications géognostiques sur le terrain ak la Röpublique Argentine sont insérées : soit dans la Relation de mon Voyage ( Reise durch die La Plata Staaten. Halle, 1861.2 tom. 8.), soit dans des essais séparés, tels que mon travail sur les pétrifications de Juntas, publié en collaboration avec le Professeur GiEBEL (Halle, 1861. 4. et Abhaud. d. naturf. Gerellset. tom. VI). De cet essai j'ai extrait le passage reproduit ici dans le texte. Une description générale géognostique du pays sert aussi d'introduction à la liste des Mammifères fossiles argentins, publiée dans les Annales du Musée public de Buénos-Ayres (tome 1, pages 62, seq.) et mes différentes communications à la Société Géographique de Berlin, publiées dans le Zeitschr. f. allgem. Erdk. Neue Folge, depuis 1855, ou dans Petermann’s geogr. Mittheil., depuis 1861, déjà nommées dans le tome premier de cet ouvrage. Dans ces différentes publications, et prin- cipalement dans les Annales du Musée public de Buénos-Ayres, M. le Dr. Maack, pendant quelque temps attaché au Musée, a puisé les matériaux de son Geological Sketch of the Argentine Republik, dans les Proceed. of. (*) Les chiffres entre parenthèses indiquent la page du texte. 384 NOTES 2-7. the Boston Society of nat. hist., XIII. 417. Ce jeune homme n’a pas fait de voyage dans l’intérieur de la République Argentine, sauf une petite excursion à la côte, près de la Loberia Grande, en compagnie du pré= parateur du Musée, pour chasser des phoques pour nos collections, et il avait acquis ici, dans ses conversations avec moi et mes publications que je lui communiquai, les connaissances qui formaient le fond de son Geolo= gical Sketch, sans avoir Jamais étudié pratiquement la géologie argentine. 2 (158). Pour les détails ici donnés dans le texte, le lecteur peut consul- ter mon: Excursion au Rio Salado, dans le Zeitschr. für allg. Erdk., N. F, tome 15, page 237.— Puis la carte de la perforation pratiquée par M. Sour- DEAUx, à Buénos-Ayres, reproduite pl. XXI de l'Atlas de la Conf. Arg., par MARTIN DE Moussy. J’ai fait mes remarques explicatives sur cette per- foration dans la même Zeitschrift, tome 17, page 393, et avec plus de détails dans Petermann’s geogr. Mitth. de l’année 1863, page 92. 3 (161). Voyez, sur ces grands dépôts des décombres, mes remarques dans mon Reise, etc., I, 220 et II, 213 et 223. 4 (162). Les environs de la source chaude de Borbollan, pres de Men- doza, sont très-instructifs pour la composition du sol de la Pampa stérile occidentale. Dans cette localité, les anciennes eaux de la source ont, dans quelques points, lavé les alluvions sur les couches diluviennes, et démontrent clairement la composition des couchés alluviennes par de petits cailloux et graviers et Jusque par la finesse du sable. Voyez mon Voyage, tome I, page 230. 5 (164). Dans la relation de mon excursion au rio Salado (voyez note 9, j'ai décrit ces dunes du ruisseau Siasco (I. 1., page 240). 6 (164). Des dunes centrales, fort distantes de la côte actuelle de la mer, se trouvent aussi en différents points de la Patagonie. Darwın a décrit des dunes entre le rio Negro et rio Salado, s'étendant de l'Est à l'Ouest sur une grande surface (Voyage d'Histoire naturelle, tome I, page 85, de: la traduction allemande). Les dunes indiquées dans le texte, comme répan- dues dans la province de Buénos-Ayres, n’ont pas été examinées par moi- même; je m’appuie sur les observations de MM. HEUSSER et CLARAZ, ins- crites dans leurs Essais pour servir & une descr. phys. et géogn. de la pro- vince de Buénos-Ayres (Zurich. 1866-4). 7 {166). D’après les observations de MM. Heusser et CLAR4AZ, publiées dans leurs Essais. etc., dans la note antérieure, il se trouve sur les escar- pements du rio Paranä des vestiges évidents des anciennes lignes du ni- veau au-dessus du niveau actuel du fleuve, quelques-unes en forme de gradins, couvertes d'une végétation vigoureuse d’arbustes. Ces auteurs distinguent deux gradins l’un sur l'autre, l’inférieur à 5 mètres au-des- sus du niveau actuel, le supérieur est de 4 mètres plus haut. Aussi sur les bords du rio Uruguay, et même sur ceux des petits ruisseaux de la Pampa, ils croient avoir observé ce phénomène. NOTES 8-9. 385 8 70). J'ai fait une relation du squelette de la baleine, trouvé dans une île du rio Paranä, près de Las Conchas, à la Société paléon- tologique de Buénos-Ayres, le 17 juillet 1866, où l'on trouve les dé- tails de cette découverte. Voy. Actas de la Soc. Paléont. page IX, dans les Annales du Musée public, tome I. Pour déterminer avec vraisemblance l'âge du dépôt qui renfermait le squelette, il est nécessaire de tenir compte de ce que dit Lyezz sur l’âge du delta du Missisipi (Antiq. of men. page 43), parce que nous n’avons aucune raison de croire que ces îles du rio Paranä soient plus modernes que celles du fleuve correspondant nord-américain. Le squelette que j'avais attribué auparavant à une es- pèce du genre Megaptera, appartient en réalité à une vraie baleine et très-probablement à la Balaena meridionalis. Il est important de noter que des ossements de baleines se trouvent aussi dans des conditions sembla- bles, dans les couches supérieures diluviennes. BRAvARD a trouvé dans la baie de Bahia-Blanca deux squelettes semblables en place (voyez sa carte géogn.) et Hrusser et Craraz citent d’autres exemples dans leurs Essais, page 111. Mais on trouve ces.ossements d'animaux marins tou- jours très-près des anciennes côtes diluviennes, et non pas dans l’in- térieur de la formation, où des restes d’animaux marins sont inconnus. 9 (172). La collection que Bravarn a déposée dans le Musée public, contient 53 espèces de coquilles et comme 20 échantillons de terrains; entre eux, deux avec des dents de Mylodon et Scelidotherium. Parmi les coquilles qui n'étaient pas déterminées, j'ai classé les suivantes : Chemnitzia americana, D'OrBieny. Voyag. Mollusq.., rl. 53, f. 17-19. ' Natica Isabellina, 1. 1., pl. 76, f. 12-13. | Trochus patachonicus, 1. l., pl. 55, f. 1-4. Buceinum globosum, 1. 1., pl. 61, f. 24. — Isabellei, 1. 1., pl. 61, f. 18-21. Murex varians, |. 1., pl. 62, f. 45. Olivancillaria brasiliensis, |. 1., tome III, pl. 4, f. 155. — auricularia, ibid. 156. Oliva tehuelchana, 1. 1. pl. 59., f. 7-12. Voluta angulata, |. 1., pl. 60, 1. 12. — Colocynthis, |. 1., pl. 60, f. 4-5. Crepidula muricata. Lam. Ostrea puelchana, D’ORBIGNY, Voy. texte, tome III, “à 4, f. 162. ‚Mytilus Rodriguezi, 1. 1., pl. 85, f. 11. Mactra Isabellei, 1. 1. pl. 77, f. 25-26. _ Solecurtus platensis, 1. 1., pl. 81, f. 23. On trouve, il est vrai, des restes d'animaux marins aussi dans l'intérieur du pays, dans quelques rares endroits, et même dans des couches verita- blement diluviennes; phénomène très-curieux, parce que des animaux semblables n'existent pas actuellement dans notre partie de l'Océan Atlan- tique. Il faut consulter sur cette observation le tex'e, page 29. Aussi, MM. Heusser et CLaraz font mention d'une trouvaille de coraux fossiles REP. ARG, — T. II. 2, 386 NOTES 10-12 près de la fabrique de gaz de Buénos-Ayres, dans la tosca du Rio, où M. Sr- GUIN les avaient ramassös. Mais une seule découverte ne peut pas servir de fondement suffisant à une théorie nouvelle. 10 (172). MM. Heusser et CLaRaz s’6tonnent dans leurs Essais, page 20, que je n’aie rien dit, dans mon Voyage, sur les limites entre la formation diluvienne et tertiaire au Sud, quoique Darwın, auquel ils attribuent un grand talent de divination, eût soupçonné ces limites dans les environs de San Luis. Cette surprise des deux auteurs est justifiée, quand on at- tache plus d'importance au talent divinatoire d’un auteur qu’à l’observa- tion directe d’un autre. Si les limites soupconnöes n'existent pas dans le lieu où Darwın les a cherchées, je ne pouvais pas les indiquer: la formation diluvienne ou pampéenne s'étend plus loin au Sud que la route suivie par moi, dans mon Voyage; elle dépasse encore la latitude du 34°, comme le prouvent les couches fossilifères dans les environs de San Luis, où l’on trouve les mêmes ossements de Megatherium, Mylodon ‘et Glyptodon qu'ici à Buénos-Ayres. Dans les environs de Mendoza, la couche diluvienne a encore une épaisseur de 14 mètres, comme le prou- vent les puits artificiels dont je parle dans mon Voyage, tome 1, page 273. 11 (172). Que cette formation très-étendue corresponde au diluvium des anciens géognostes, tel qu’il se présente dans la plaine de l’Allema- gne du Nord, sa nature locale et générale le prouve évidemment. L’au- teur, qui est né sur le sol dudit diluvium et n’a pas vu, jusqu’à l’âge de 20 ans, d’autre couche terrestre, était très-surpris de voir tout près de Buenos-Ayres, à la barranca del Rio, les berges affecter le même as- pect si longtemps observé par lui sur les côtes de la Baltique, dans les environs de sa ville natale : Stralsund. Prendre ce même terrain de Bué- nos-Ayres pour une couche tertiaire, parce que quelques-uns des mam- mifères éteints ressemblent plus aux animaux de l’époque tertiaire, me semble d’une subtilité trop grande; nous connaissons aussi de l'époque diluvienne de l'Europe plusieurs espèces éteintes, telles que le mam- mouth, le rhinocéros, l’hyène, l’ours des cavernes, etc. On trouve aussi des espèces identiques aux espèces actuelles du pays. comme cela se présente en Europe : le renard, la vizcacha, la prea me paraissent semblables à ceux vivant actuellement. BRAvARD a fait cette objection, que le Mastodon serait toujours un animal tertiaire en Europe, pour prouver que les couches qui le contiennent dans la République Argentine appartiennent à la même époque ; mais il a oublié, .en s'exprimant ainsi, que le Mas- todon de l'Amérique du Nord est véritablement diluvien et probable- ment encore plus moderne que notre Mastodonte argentin. Tout le monde sait que les ossements de cet animal se trouvent dans les couches maré- cageuses diluviennes ou même alluviennes de l'Amérique du Nord. 12 (174). MM. Heusser et CLaRaz prennent, dans leur Essais, etc., page 25, ces grains noirs pour grains de basalte ou pierre d'amande, et fondent leur opinion sur d’autres grains verts, réunis aux noirs, qu'ils NOTES 13-15. 387 prennent pour olivine.— Il est vrai que l’on trouve quelques petits cônes de basalte dans l’intérieur des montagnes, par exemple. dans la sierra de Cördova, et près celle de San Luis, mais je doute que leur présence soit assez fréquente pour permettre de déclarer que ces grains noirs soient les restes de roches basaltiques décomposées. Aussi, dans les mon- tagnes du nord de la République, les basaltes sont inconnus ; ils se trou- vent, accompagnés d’autres roches volcaniques noires, comme spilite ou pierre d'amande, dans la sierra d’Uspallata, mais toujours en masses assez circonscrites et à peine suffisantes pour donner naissance à toutes les graines noires des couches diluviennes. — La grande variabilité du mélange de la marne diluvienne est prouvée, en outre, par une carte géognostique de la perforation faite pour le funnel de Toma, publiée dans les Annales de la Société scientifique de Buénos-Ayres, tome 1, n°5: on voit clairement que c’est là un arrangement de substances casuellement mêlées, sans ordre et sans suite des différentes couches observées. 13 (176). Le manque de restes d'animaux marins dans la formation pampéenne a déjà embarrassé les auteurs antérieurs. D’OrBieny cherche à attribuer ce manque à des conditions locales, rappelant ce fait bien connu sur les côtes de France, que les huîtres meurent quand leurs cou- ches sont couvertes par la vase. MM. Heusser et CLaRaz mettent en regard (Essais, page 128), une explication du DE VERNEUIL sur le même phénomène dans l'Amérique du Nord; mais les deux observations n’expli- quent pas le manque total et seulement un manque local. Partout, il faut chercher à ces phénomènes généraux des raisons générales aussi, et ne pas apporter une preuve sans valeur pour expliquer un fait, qui est si généralement répandu que celui en question. Les deux observateurs pro- cèdent de même en plusieurs cas; par exemple, dans leurs explications des cailloux trouvés cà et Là dans les deux formations diluviennes et allu- viennes, qui ne sont pas d’une existence générale, mais aussi assez locale. 14 (177). L'état de conservation des morceaux décrits prouve assez clai- rement qu'ils ne sont pas à leur place originaire ; ils ont été sans doute transportés d’un autre endroit. Très-vraisemblablement, ils n’appartiennent. pas à la formation diluvienne, et je doute aussi qu'ils proviennent d’une couche alluvienne, parce que des corallines semblables ne sont pas con- nues dans les mers de nos côtes. Avec plus de raison on peut soupçonner qu'ils sont de l’époque tertiaire, et sont des débris d’un ancien benc de coraux, qui se formait plus loin de la côte de la baie marine, et occupait, dans ces temps, le lit du rio Paranä, encore plus loin au Nord. Cepen- dant, nous ne connaissons pas de corallines parmi les restes des ani- maux marins déposés dans notre couche tertiaire, et de toute manière leur présense dans le diluvium, à San Nicolas, est un fait curieux fort singulier. 15 (178). Ces cailloux des roches volcaniques, que visent ces auteurs ( Essais, page 27, me semblent provenir de la Bande Orientale, où de 388 NOTES 16-19 mélaphyres et des roches d’aimant se trouvent entre Maldonado et Mon- tevideo. Voyez mon Voyage, tome 1, page 77. 16 (178). Cette observation est faite par MM. Heusser et CLaraz (Essais, page 27). 17 (181). J'avais expliqué déjà, 1865, dans la seconde livraison des Annales du Musée Public de Buénos-Ayres, mes vues sur le transport des matériaux de.la formation diluvienne d’une distance assez considérable. Depuis, M. le Dr. A. Darına a donné ces mêmes explications au regard de la formation chimique du terrain diluvien, et démontré que les maté= tériaux primitifs du dépôt, entre Cördova et Rosario, sont fournis par les montagnes de la Sierra de Cördova. Voyez Bulletin de de re pe Sciences Exactes, tome I, page 249. 18 (184). Sur les procédés de formation des sels | F. ScHICKENDANTZ a publié deux mémoires dans le Bulletin de l'Académie. des Sciences Exactes de Cördova, tome I, page 240 et leur Actes, tome I, page 18. On peut consulter aussi les observations de PERCHAPPE, COMMUNI quées par D’Orsıcny (Voy. etc., tome I, page 661), qui semblent prouver, que le sulfate de soude est plus répandu dans les couches diluviennes que le chlorure de soude. Il a trouvé tantôt 93 °/, sulfate, avec 7 %, chlo- rure, tantôt 63°/, du premier et 37 de l’autre. D’après ScHickENDANTZ, le sel de la saline au pied d’Ambato est du chlorure de soude presque pur, avec quelques traces de sulfate ; ınais dans d'autres endroits les sulfates dominent, principalement ceux de chaux et de magnésie. L'auteur eroit que ces deux derniers sont des produits épigénétiques, formés par l'in- fluence de l’eau atmosphérique sur les trachytes des montagnes voisines. Probablement à une influence semblable est due aussi la richesse de la marne diluvienne en sels de cette nature. — Considérant ces phénomènes sous un point de vue général, il ne faut pas oublier que les salines appar- tiennent à l’époque alluvienne et sont, par conséquent, plus modernes que les couches diluviennes, se formant encore actuellement sous nos yeux, comme le prouve M. SCHICKENDANTZ par ses propres observations directes. Les sels des couches diluviennes sont, au contraire, préhistoriques et for- més pendant la précipitation de ces mêmes couches. Mais l'origine des sels, dans les deux dépôts, est la même, due à la décomposition des roches des montagnes voisines. — Voyez aussi l'essai du Dr. M. SıEwerrt, dans le: La Plata-Monatsschrift: Uber einige Mineral Wasser u. rt dl d.Arg: Rep. II" année, pages 161 et 177, seq. 9 (185). Il est notoire que la crédulité des hommes, en général, ss mieux admettre les miracles, qu’&couter les explications sensées des per- sonnes bien informées ; les doctrines superstitieuses de l’Église eatho- lique font une loi aux laïques, aussi bien qu'aux prêtres, d’accepter comme vérités les miracles. Par cette raison, je n’ai pas été surpris de trouver des ecclésiastiques qui ne voulaient pas croire que les grands ossements NOTE 20 389 de notre pays fussent dans leur état naturel, comme le prouve leur état de conservation. Mais cette preuve d'ignorance n'est pas générale chez les prêtres; déjà le jésuite FALKNER dit, dans sa description de Patagonie (ed. de Axceis, dans sa collect. des docum., etc., I, page 10) que la grande cuirasse, que l'on nomme ici généralement cabeza de gigante (tete de géant), appartenait à un animal gigantesque, voisin de l’Arma- dillo, et. le décrit avec assez d’exactitude. D'un autre côté, nous trouvons la preuve d'une ignorance complète de ces matières, même en Espagne, dans un ordre du roi Cuartes III, dirigé au vice-roi de Buénos-Ayres, marquis DE LORETTO, daté du 2 septembre 1783, de lui envoyer un exemplaire vi-- vant de Megatherium, dont le squelette fossile était arrivé à Madrid peu de temps auparavant ; ou sil n'était pas possible d'envoyer l’animal vivant, tout au moins de l'envoyer empaillé. M. Man. TRELLES a trouvé cet ordre, original dans l'archive de Buénos-Ayres. Voyez Actas de la Sociedad Pa- leontolögica, pag. XXIX. Ânales del Museo Pübl. de Buenos Aires, tome I. » 20 (193). J'ai fait la connaissance de M. Bravaro en 1858, à Paranä, et ai vécu avec lui en excellentes relations, jusqu'à mon départ de cette ville. Je l’estimais beaucoup, à cause de ses connaissances et de sa grande activité. Son éducation n’en avait pas fait un homme de science, et ne le destinait pas à la spécialité à laquelle il se consacra plus tard ; il avait étudié l'architecture, et avait acquis, avec les connaissances nécessaires à l'exercice de sa profession, une main très-babile à dessiner et à faire les croquis scientifiques. Quant à ses connaissances géognostiques et paléontologiques, il les avait acquises principalement en collectionnant les fossiles du terrain de sa ville natale: Issoire, en Auvergne, et il avait quitté sa patrie après le coup-d’ötat du 2 décembre 1851, à cause de ses opinions républicaines exaltées, pour continuer, dans les environs de Buénos-A yres, ses recherches paléontologiques. Il visitait pour la même cause Paranà, et fut nommé, par le président Urquıza, Inspecteur géné- ral de mines et directeur du Musée national, fondé par lui-même. Le successeur d’UrQuızA, président DERQUI, envoya BRavarp à San Juan, pour essayer des entreprises dans les mines de cette province ; mais il ne trouva pas la situation convenable pour réaliser les projets du prési- dent. Cette affaire, mal interprêtée, rendait sa position difficile auprès du gouvernement, et Bravarn retardait pour cela son retour à Paranà, prolongeant son séjour à Mendoza, où le tremblement de terre du 20 mars 1861 le surprit, et où il périt avec tant d’autres victimes moins illustres: Il, possédait de très-précieuses connaissances, acquises par sa longue pratique de collectionneur, mais il penchait, comme beaucoup de sa- vants autodidactes, vers des idées extravagantes, qu'il cultivait avec prédilection. Parmi ces idées, il faut ranger cette opinion émise par lui. que toute la couche diluvienne quaternaire est un dépôt de dunes ou de sable mouvant, et probablement aussi sa fameuse découverte de coques de larves de mouches dans les contours des squelettes déposés dans cette couche. 390 NOTES 21 - 23, 21 (195). Dans leurs Essais. etc., MM. HEUSSER et CLARAZ remarquent que les larves des mouches, que BRAvARD croit avoir trouvées, pouvaient aussi vivre dans les cadavres flottants, pour réfuter l’opinion de BRAYARD opposée à celle de »’'OrBIGNY et de Darwın, que ces messieurs acceptent, tout en admettant que la formation du dépôt diluvien est due à l’action de la mer. Ils croient que ces cadavres flottants dans la mer, restaient assez longtemps dans cette situation, pour permettre aux larves de naître et de se changer en mouches. Mais les cadavres, en ce cas, ne nagent pas par eux-mêmes; ils flottaient seulement soutenus par les gaz formés dans l'intérieur du corps, et ces gaz venant à rompre l'enveloppe du ventre, après quelques jours de putréfaction, le cadavre devait descendre au fond de l’eau entrainés par son propre poids. C’est une idée tout-à- fait fantastique de croire, que le cadavre d’un Megatherium, Mylodon, Glyptodon, etc., pouvait nager malgré le poids énormes de ses ossements. On voit bien, que des cadavres de baleines flottent dans la mer, mais seulement à cause de l'énorme quantité de graisse contenue dans le tissu de leur corps; et, du reste, jamais que quelques jours, jusqu'à la rup- ture du ventre boursoufflé. Ces Gravigrades et ces Glyptodontes ne pou- vaient jamais flotter, parce que leurs ossements et cuirasses. sont trop pe- sants, pour rester soutenus à la surface de l’eau par des gaz internes, pro- duits de la putréfaction. | 22 (201) Comparez sur les résultats des perforations mon rapport dans Petermann’s geogr. Mitth., 1863, s. 92. On a exécuté trois perforations, la première, à Buénos-Ayres même, près de l’église La Piedad, partie la plus élevée de la ville, sans réussir; les deux autres, dans le pays bas : l’une à Barracas, 12 mètres au-dessous de la perforation de La Piedad, l’autre, à la côte de Zamborombon, au Tuyü, à 1 mètre au-dessus de la mer. Les deux puits ont donné de l’eau mauvaise et non potable. La perfo- ration, à La Piedad, était descendue jusqu'à 280 mètres et fut aban- donnée quand la tarière toucha les rocs métamorphiques; l’autre, à Bar- racas, donnait dans 79 mètres une source ascendante, qui s'élevait 7 me- tres au-dessus du niveau de la rivière voisine Riachuelo et 4 mètres au- dessus du sol. Les détails de la perforation au Tuyü ne sont pas connus. 23 (203) De cette couche de sable, les puits à Buénos-Ayres reçoivent l'eau, qui a un mauvais goût, un peu salée ; c’est pourquoi l’on préfère l’eau des citernes (algibes). Les puits sont dans la ville d’une profon- deur de 15-18 mètres. Dans cette même couche semble être contenue l’eau des puits de toute la province et probablement de tout le pays. La perforation faite à Buénos-Ayres a prouvé que cette couche prend un caractère très-fluide en bas ; on avait beaucoup de peine à faire entrer les tuyaux pour la perforation du puits, à cause du mouvement du sable. MM. Heusser et CLaraz disent, dans leurs Essais, page 64, qu’il se pré- sente quelquefois de petits poissons dans les puits, récemment ouverts dans la campagne; ils doivent sortir de cette couche et des sources situées en amont. Je n’ai jamais fait la même expérience, et comme les auteurs NOTES 24 - 27. 391 mêmes n'ont pas vu ces prétendus poissons, nous tenons ce fait en réserve. On dit que la quantité en était considérable. 24 (204). D'après la carte géognostique de Bahia Blanca, publiée par BrAvarp, le premier gradin s'élève à 55 mètres au-dessus de la mer et 48 mötces au-dessus du sol du terrain bas de la côte. Si l’on admet, avec Darwin, huit gradins chacun de 27 mètres, le plus haut est de 580 mètres (1765 pieds ) au-dessus de la mer, c’est-à-dire plus bas que l'élévation du terrain dans les environs de Mendoza et les territoires plus au Nord. Ces territoires ne pouvaient donc pas être si élevés à l’époque diluvienne, supposant que la couche soit un dépôt marin, parce que, dans ce cas, les gradins de la Patagonie eussent été aussi submergés. Si l’on admet la formation de la couche diluvienne comme dépôt marin, le sol de la Répu- blique devait être au moins 5-600 mètres plus bas, et cette différence du niveau ancien devait augmenter au Nord, parce que l'élévation actuelle est ici plus grande ; presque sept fois plus haut s'élève la formation en Bolivie. Nous ne croyons pas à la possibilité d’une différence si énorme entre le sol de nos jours et celui de l’époque diluvienne, et nous nous appuyons sur les raisons expliquées dans notre texte, pour rejeter la for- mation de la couche diluvienne comme produit marin. 25 1205). Il n’est pas prouvé que des valves de coquilles marines aient été trouvées nulle part dans les couches diluviennes ; les coquilles que DE La Cruz a trouvés dans la plaine, entre les Cordillères et le fleuve Chady-Leofu (écoulement de la lagune Bebedero}, ne peuvent rien prouver, car elles sont sans doute transportées par les fleuves des Cordillères à la place où le voyageur cité les a vues. Les indications de M. MARTIN DE Moussy, répétées par MM. Heusser et CLaraz, de l’existence de coquilles fossiles, sur les bords du rio Desaguadero et rio Juramento, méritent encore moins de confiance. Une personne qui a pris les couches tertiaires du rio Paranä pour des couches jurassiques, comme l’a fait cet auteur, ne mérite pas que l’on recueille son observation. 26 (208). MM. Heusser et CLaraz mentionnent dans leurs Essais. pages 26 et 121, l'existence des cailloux dans les dunes préhistoriques de l’intérieur de la province de Buénos-Ayres ; mais ils parlent seulement d’un simple exemplaire et non d’une couche entière pleine de cailloux. Aussi, ne disent-ils pas que ces cailloux, simples et espacés entre eux, étaient dans la dune même, mais bien dans la lagune, au pied de la dune. 27 (209). MM. Heusser et CLaraz émettent des opinions semblables dans leurs Essais, page 126. L'ouvrage était publié à Zürich dès 1866, dans les Actes de la Société d'Hist. Nat. de la Suisse, mais je n’en ai pas eu connaissance en temps utile, alors que j'écrivais la deuxième livraison de mes Annales, etc. J'ai vu plus tard, dans les mains de mon ami, M. MAnuEL Esura, un exemplaire que les auteurs lui avaient offert. Pour ma part, je n’ai jamais eu de relation avec ces deux messieurs, bien qu'ils aient 392 NOTE 98. résidé à Buénos-Ayres, et même aujourd'hui je ne les connais pas encore personnellement. 28 (214). Je parle ici de la période glaciaire, ou plutôt des temps antérieurs et postérieurs à celte catastrophe, comme époque pregla- ciale et postglaciale, sans entrer dans un examen détaillé de ces phéno- mènes dans ces régions, parce que, dans mon opinion, il ne me parait pas possible de fournir de preuves évidentes de l’existence de produits gla- cials sur le sol argentin. Je crois donc utile d’appuyer ici mon opinion de quelques arguments démonstratifs de cette théorie, relativement à | Amé- riqué méridionale. Je déclare d’abord que je connais parfaitement les observations de quelques auteurs favorables à cette théorie, telles que celles de M. PEL. STROBEL, qui prétend avoir vu des roches polies et des éraflures diluviennes sur le Morro de San José, et d’autres de M. H. Avé- LALLEMANT sur les cavernes de la sierra de San Luis et leurs entrées. polies (Voyez Acta de l’Acad. Nac. de Cienc. Exact., tome I, page 105). D'après mes vues personnelles, les faits cités ne sauraient prouver avec évidence la présence antérieure de glaciers; il est très-possible que des eaux courantes, mêlées avec des graviers, produisent le même effet, et je préfère accepter cette action de l’eau, me basant surtout sur l'absence de tous autres signes d’une action glaciale, que nulle part on ne trouve dans ces régions. Accoutumé à voir, pendant ma jeunesse, les plaines de ’Alle- magne du Nord, dans les environs de ma ville natale de Stralsund, en Poméranie antérieure, parsemées de millards de cailloux, dénommés par le peuple pierres de la campagne (Feldsteine), provenant comme nous le savons, des montagnes de la Scandinavie, et transportés par des gla- ciers, pendant l’époque glaciale, je fus très-surpris de ne pas trouver un aspect semblable à la grande plaine aux environs de Buénos-Awyres; et plus tard, aussi, de ne pas trouver, à l’entrée des vallées, dans les chaînes de montagnes occidentales du pays, de grandes accumulations de blocs; en forme des moraines, qui ne devraient pas manquer, si les accumulations de cailloux, décrites plus haut (page 162), fussent des dépôts de forces glaciales. La disposition des cailloux, mêlés au sable fin, presque höri- zontale aux environs des montagnes, prouve évidemment que ces dépôts ont été faits par dés eaux courantes; elle ne permet pas de croire, que des glaciers ont contribué à ces dépôts, s’il existe d’autre manière d’expli- quer le fait, ce qui me semble assez bien prouvé, en raison des dépôts au pied de nos montagnes. Même les accumulations de débris de couches sans sable, connues sous le nom de mer de roches (Felsenmeere), qui se trouvent dans les environs de la chaîne des petites montagnes de la pampa, au sud de Buénos-Ayres ( Voyez tome I, page 240), manquant, comme le dit Darwin (Voyage, tome I. page 125, trad. all.), à la sierra Ventana, ne prouvent pas l’existence Je ei-devant glaciers ; leur position irrégu— lière indique assez clairement qu'il sont tombés cà et lä du haut de la montagne, mais d'aucune manière qu'ils aient été accumulés par des gla- ciers. Par toutes ces raisons, je me vois forcé de déclarer, qu'il n’existe NOTE 28. 393 aucun motif plausible d’accepter, que, pendant la vie des grands animaux éteints sur notre sol, sait survenu un changement assez rapide de la température pour former des glaciers à cette époque ; le manque de blocs erratiques dans toute la pampa, à l'exception des parties les plus aus- trales de la Patagonie, où Darwin les a trouvés (Voyage, tome I, pages 199 et 283), est un fait complétement en opposition avec cette hypothèse, et c'est assez pour la repousser. Si néanmoins j'ai désigné l'époque des grands animaux éteints comme préglaciale, je l'ai fait pour indiquer ap- proximativement leur âge, et non pas pour déterminer un fait d’abaisse- ment de la température, à cette époque, au-dessous de zéro, suffisante pour tuer lesdits animaux ; ils sont morts naturellement, sinon tous, au moins la plupart, même en admettant un état climatérique et physique du pays, différent de celui de l’époque actuelle. Je saisis aussi cette occasion pour dire quelques mots en opposition avec la théorie d'Acassiz, admettant des phénomènes glaciaires, non-seulement dans les environs de Montevideo, mais aussi dans ceux de Rio de Janeiro, régions où la base des cônes et les couples de roches de gneiss-graniti- que aboutit aux vagues de la mer. Il est vrai que l’on trouve ici des accumulations de grands blocs polis aux pieds des cônes actuels, même dans la baie, disposés en rangs semblables aux moraines des glaciers, . comine je l'ai dit dans mon Voyage au Brésil, page 111. Mais la polissure de ces blocs s'explique beaucoup mieux par les mouvements des vagues, que par le frottement des masses glaciaires, la disposition en lignes n'étant pas semblable à celle des blocs de moraines, mais plutôt une séparation des chaînes de roches en blocs, par suite de ruptures postérieures, ou par laccumulation de blocs tombés du haut. Acassız s'appuie principa- lement sur les différences matérielles de beaucoup de blocs entre eux, ‚les comparant aux cônes voisins actuels, et il prend cette différence pour un argument en faveur de leur transport d’un lieu éloigné. Mais cette conclusion est prématurée ; je peux donner une autre explication du fait, qui me semble plus justifiée par mes propres expériences. C’est un carac- tere général du gneiss-granitique que sa substance matérielle soit tres- variable, semblable à celle des gneiss stratifiés, et qu’il se modifie beau- coup par le mélange des matériaux constitutifs de roches même situées à une assez petite distance. J’en ai donné, dans mon Voyage, page 96, un exemple très-remarquable, en décrivant un grand cône, ouvert dans toute : sa hauteur par des carrières, et composé de deux espèces très-différentes de minéraux, mêlés entre eux par grandes parties, s'étendant les uns dans les autres en ramifications entortillées sans ordre. La même observa- tion a été faite par les naturalistes attachés à l'expédition de FREYGINET, et par Pons, Horrmann et MEYEN (Voyage autour du Monde, tome I, page 99). Si l’on admet que les anciennes parties supérieures des cônes actuels, dans les environs de Rio de Janeiro, étaient d’une composition différente des mêmes matériaux, l'énigme de la différence des bloc actuels à leur pied est bien expliquée. Il me semble que, cette explication est d'autant 394 NOTES 29-31. plus naturelle, que ces parties extérieures, à présent perdues, étaient les plus anciennes, et très-vraisemblablement formées d’une autre manière que les plus intérieures, surtout si nous admettons la théorie métamor- phique, qui influençait premièrement l’extérieur et plus tard l’intérieur des roches en question. 29 (216). Les chevaux fossiles de la pampa ont été décrits dernièrement par moi dans un ouvrage spécial, publié à Buénos-Ayres (1875, fol., avec 8 planches) où je passe en revue, avec détails, les quatre espèces nommées dans le texte. Nous avons de l’une (Hippidium neogaeum), un squelette. presque entier. Une autre monographie sur les Glyptodontes se trouve dans le second tome des Anales, ete., accompagnée de figures exactes des huit espèces conservées dans le Musée public de Buénos-Ayres. 30 (23%). Les documents publiés sur les deux perforations à Buénos- Ayres et à Barracas, se bornent à deux cartes avec les profils des couches et quelques courtes notes sur chacune, apposées sur les cartes mêmes. M. MARTIN DE Moussy a donné une reproduction de ces deux cartes dans l’Atlas de son ouvrage, pl. XXI. Ces deux profils présentent entre eux une différence, semblable à celle qui existe des deux côtés des berges du rio Paranä, au port de la ville du même nom, quoiqu'ils ne soient pas identiques à aucun point de cette dernière localité. Dans les deux puits la couche supérieure calcaire manque, et à sa place se présente l'argile plas- tique, avec quelques valves d’huitres isolées. La couche sablonneuse, au-dessous de l'argile, présente la même différence d'épaisseur que la couche d'argile dans les deux puits, c’est-à-dire g’elle est plus épaisse à Buénos-Ayres qu’à Barracas. Aussi, leur caractère est différent : à Buénos- Ayres elle est partout la même, et à Barracas elle se change en petits bancs argileux, plus ou moins mêlés de chaux et de sable pur. En bas, le sable est très-mou, peu cohérent, et contient beaucoup d’eau, et de cette partie du sable sort le jet d’eau ascendant, qui s'élève jusqu'à 4,30 mètres au-dessus du niveau supérieur du terrain, formant le puits artésien. Le manque de la couche calcaire me semble prouver, que, pen- dant le dépôt de la formation tertiaire, ces deux lieux étaient beaucoup plus distants de l’ancienne côte que les environs de la ville Paranä, quoi- que toute l'épaisseur de la formation soit presque la même. Le dépôt moin- dre au-dessous de Barracas semble indiquer que ce terrain, depuis le com- mencement de la formation, n’était pas si bien exposé au courant qui . formait le dépôt, que les endroits plus à l’intérieur du golfe, à Buénos- Ayres et à Paranä. | 31 (242). M. Martin DE Moussy, dans son Atlas de différentes localités de la plaine argentine et des côtes de la Patagonie, a aussi donné des profils, pl. XXII, s’appuyant sur les descriptions de D'OrB1GNY et Darwin. Ils expliquent bien les différentes couches de formation tertiaire et dilu- vienne, et peuvent être considérés comme des documents auxiliaires de notre Traité. NOTES 32-37. 395 32 (250). Pour les détails de cette perforation je dois renvoyer le lecteur à mon essai déjà indiqué note 22, dans les Géograph. Mittheil, du Dr. PETERMANN (1864, page. 91) et sur le résultat définitif de l’entreprise à mes communications à la Société géogr. de Berlin /Zeischr. f. allg. Erdk. N. Folg. tome 17, page 394. 1864. 33 (254). Penda:it les travaux de déblai du chemin de fer andien, on avait trouvé dans le terrain aux environs du rio Quinto quelques &chan- tillons des pierres avec impressions de feuilles de plantes, les prenant pour l'indice du dépôt de lignite dans la plaine de la Pampa; et quelques temps après une Société anglaise avait fait des perforations pour chercher le lignite dans la profondeur. Mais on n’a rien trouvé en fait de combus- tible; au contraire, après une perforation de 80 pieds (26 mètres envi- ron) la sonde est entrée dans un grès dur d’une couleur rougeâtre, tout semblable au grès sans pétrifications qui se trouve si souvent au bord des montagnes de la Pampa, et qui semble appartenir à l’époque tertiaire inférieure. J'ai examiné l'échantillon principal, déposé dans le Musée Pu- blic; c’est une pierre dure de gros grain, gris-rougeätre, sans autre caractère, ne contenant pas de substance calcaire dans son mélange, comme semble être généralement la qualité du grès de ladite forma- tion. Cependant, le lignite, que l'on cherchait en vain ici, on l’a trouvé dans la province de la Rioja, près du village Guandacol (voyez la carte géo- gnostique) dans le ravin étroit du même nom, entre les montagnes voi- sines, où il forme un dépôt assez considérable. Les échantillons, montrés à mci, prouvent que la substance est un véritable lignite, assez noir, un peu luisant, pas très-mou, quelques parties se réduisant en poudre quand on le touche, et comme il paraît d’une très-bonne qualité. 34 (255). STELZNER parle de ces grès rouges dans la relation de son voyage dans le Jahrbuch d. Miner. 1873. page 728, mais il ne voit pas en eux les équivalents de la formation guaranienne de p’ORBIGNY, et ne dit rien de leur âge. Je crois que les indications données dans le texte sont assez concluantes, pour permettre d’accepter mon opinion. 35 (257). Des notises plus détaillées sur les lieux où se trouve l’Am- monites communis sont contenues dans mon : Essai sur les pétrifications de Juntas (Halle, 1861. 4.) publié en collaboration avec le prof. GIEBEL ; plus encore dans le Voyage au désert d’Atacama par R. A. Puicrpri (Halle 1860. 4) et dans le Report on the Geology of S. Amer. par D. For- BES (Proc. of the géol. Soc. vol. 17, n. 21 ; 1861. 8.) pag. 32, de la pu- blication séparée. 36 (266). Le rapport avec le terrain houiller se trouve dans une petite brochure déjà nommée tome }, page 369, note 40. — Carbon de piedra Argentino, por KLAPPENBACH y GARMENDIA. Buénos-Ayres, 1872. 4. 37 (268). Comparez sur l'existence des pierres de la formation paléo- zoique la communication de M. F. ScHickENDANTz dans Petermann geogr. 396 NOTES 38-44. Mittheil. 1868, pages 139, 140 et 202. L'auteur dit : Du schiste argileux se trouve entre les cailloux du tit du ruisseau, qui coule près d’Andalgala, descendant de la montagne. Dans la sierra de Tucuman j'ai observé, dans la vallée de Tafi, des schistes argileux et grauwacke, et des pierres semblables existent aussi dans la sierra d’Ambato, où je les ai vues moi-même, en contact avec du granit, à côté de la montagne, qui se sépare de la chaîne principale, tout près de Poman (page 145). 38 (273). Mes descriptions de roes métamorphiques sont fondées sur les communications du prof. BrACKERUSCH sur ceux de la sierra..de Cördova et de M. Avé-LaLLEmanT sur les mêmes de la sierra de San. Luis: les deux publiées dans les: Acta de la Acad. Nac. de Cienc. Exact., ete: tome I, page 42 et page 95. J’ai puisé aussi dans les notices aphoristiques du Dr. SELZNER, dans le: Neus.. Jahrb. d. Miner. 1873, page 726. 39 (279). La première découverte du béryl appartient au prof. se | il l’a trouvé dans la sierra de Cérdova et il a révélé son existence ‘dans les: Mineral. Mittheil. de Tschermack, 1870. IV. Plusieurs exemplaires, communiqués par lui au Musée publie ont les dimensions notées dans le texte, mais en général les individus sont plus petits, 16-20 centimètres de longueur et 6-7 centimètres de largeur. Plus tard M. AvE-LALLEMANT à dénoncé le même minéral dans la sierra de San Luis. Voyez : Acte de la Acad. Nacion, de Cienc. Exact. tome I, page 128. 40 /282). Comparez sur cette découverte le mémoire de M. SCHICKEN- DANTZ, cité note 37, et la description de la sierra de San Luis, par M. Av£- LALLEMANT, dans les Acta, etc. de la note antérieure, page 129. Zei le an se trouve en place dans les Altos ce: Totoral. 1 (283). Les faits indiqués dans le texte, relatif au porphyre, reposent sur dé observations de M. Av&-LALLEMANT, publiées dans le même, Acta (note 39), page 95. 42 (284). Indications de M. A STELZNER, dans les Anales de Agrieul- tura, I, 202, et dans les mêmes Acta, page 10. | 43 (292). Les localités, nommées dans le texte, sont simplement-men— tionnées par M. A. STELZNER, dans les mêmes Acta et Anales elc., sans - donner aucun autre dötail. Personnellement, je n’ai vu qu’une fois des culots bas hémisphériques de trachyte, s’élevant brusquement de la plaine à côté du rio Colorado, au nord du village d’Anapa (Voyez mon Voyage, tome IL. page 233). La pierre avait ici la même apparence que dans la sierra d’Uspallata: une masse feldspathique blanche, avec de nombreux grains noirs d’amphibole, distribuée régulièrement et sans une grande densité. 44 (292). Voyez la description microscopique de ce basalte dans les Acta de la Acad. Nac. de Cienc. Exact., tome I, page 143, par M. Avé- _ LALLEMANT. = NOTES 45 - 47. 397 45 (293). Une description assez détaillée de ce même chemin, traversant la montagne d’Uspallata et touchant le Paramillo, a été donnée par DaRwIN dans ses Geolog. Observ. on South-Amer., page 195. Comme il n’entre pas dans le plan de mon ouvrage de reproduire toutes les observations faites antérieurement, il me semble suffisant, d'indiquer au lecteur, où il cu chercher des explications plus détaillées. 46 (294), Ma description géognostique de la partie des Cordillères, tra- versée, par moi, se trouve dans mon Voyage, tome II, pages 245, et suiv., et aussi dans mes différents Essais dans les Geograph. Mittheil. du Dr. Perermann, 1860, page 369, et 1864, page 86. Les observations de DARWIN ont été publiées par lui dans ses Geogn. Observ. on South-America, page 175. Cette. même partie des Cordillères a été visitée dernièrement par le Dr. Srezzxer, qui a donné le résultat assez abrégé de ses observa- tions dans le Jahrbuch der Mineral, etc., 1873. page 726 seq. M. P. Srro- BEL, aussi, dans ce même Jahrbuch. 1875, page 56, a augmenté de quel- ques faits notre connaissance de la partie plus au Sud, aux environs du passage du Planchon. 47 (309). M. Sreczxer est de l’opinion que la partie des Cordilleres, parcourue par le rio de los Patos, dont il a donné la description géognos- tique, reproduite par moi ici en extrait, forme un plateau aux environs d’Aconeagua, comme les Cordillères plus au Nord, dans là province de Catamarca, s’attachant, sous ce point de vue, principalement à la partie qui figure, dans ma carte géognostique, sous le nom de Cerro del Castaño. Je me vois obligé de réfuter cette fausse hypothèse, contredite par mes propres observations de cette partie des Cordillères, et me fondant aussi sur la nouvelle carte géographique de la province de San Juan, publiée par H. SCnave, en 1863, et revisée, en 1871, par les ordres du gouver- nement provincial. J'ai vu, d'un sommet de la sierra d’Uspallata, au- dessus de l’estancia Los Manantiales, toute la montagne des Cordillères, entre PAconcagua et le Ligua, et j'ai trouvé cette partie en concordance avec ladite carte géographique, apparaissant comme un ensemble de chai- nes, sortant du centre d’Aconcagua, principalement au Nord-Est et Est, sous la forme d’un fort massif, interrompu par des vallées étroites, mais profondes, égales à celle du rio de los Patos et aux petits ruisseaux, aflluents de cette rivière. M. STELZNER a passé cet ensemble de chaînes à sa partie la plus large, et semble avoir 616 égaré par la grande distance parcourue ; mais il ‘dit (Jahrb., page 731), qu'il n’a jamais pu parvenir assez haut pour prendre une vue générale, et par conséquent il n’a pu se donner une idée exacte de la véritable disposition, Pour spécifier avec exactitude sa nature, il faut le désigner ainsi: Grand massif, interrompu par des vallées, se dirigeant radicalement du centre à la périphérie, et formant des ramifications radicales, crénelées de nouveau par des ravins latéraux très-nombreux, en jougs subordonnés. Sur leurs sommets, les jougs et les chaînes sont un peu aplanis, mais ils ne forment pas de pla- 398 NOTES 48-51. teau ; leurs sommets se présentent en arêtes arrondies, plus ou moins larges, en forme de bosses. A ce centre là se dresse l’Aconcagua, qui n’est pas un cône éruptif, mais une partie très-élevée des couches sédi- mentaires, d’un grès rougeätre, que Pissis met en parallèle avec la forma- tion permienne (Voyez sa Geograf. fisica de la Rep. de Chile, pl. XI). Tou- tes ces chaînes et ces jougs s’unissent à une masse compacte, et en raison de cet arrangement, les deux chaînes principales des Cordillères se perdent aussi dans la vallée située entre eux, jusqu'ici bien indiquées par la vallée du rio de los Patos, au nord de l’Aconcagua, et au sud par les sources du rio de Mendoza, dont la principale vient du Tupungato, situé entre les deux chaînes, ici bien séparées. Le massif d’Aconcagua dérange la sépa— ration des deux chaines des Cordillères, et sa grande masse de couches éle- vées remplit complétement la vallée entre eux. Enfin, pour compléter la description géognostique de cette partie des Cordillères, je veux adjoindre que, d’après Pissis, existent encore des couches inférieures à la formation . oolithique et au Lias, dans la vallée des Piuquenes, au côté sud d’Acon- cagua, appartenant au système Permien et au Trias, dont les autres ob- servateurs ne parlent pas. Voyez l’ouvrage cité plus haut, pages 58-65, pl. XIet XII. + 48 (315). On trouve une description orographique et géognostique de la sierra d’Uspallata, assez étendue, dans mon Voyage. tome I, page 243 et suiv., et un abrégé préliminaire dans le Zeitschr f. allg. Erdkunde, N. F. 4. Bd. p. 276, qui n’est pas complétement exact dans toutes ses par- ties et ne peut pas être étudié, sans recourir à la description postérieure contenue dans mon Voyage. 49 (316). La hauteur de la station d’Uspallata, dans la vallée du même nom, estindiquée par différents auteurs assez inégalement. Dans mon Voyage, I, page 501, je l’ai fixée trop bas à 1520 mötres; on lui donne généralement une hauteur de 2050-2070 mètres. Depuis, mon ami M. PompéE MoNETA, a trouvé par ses propres mesures 1957 mètres, et il semble qu'entre 1960 et 2000 mètres se trouvera la vérité. 50 (317). Dans ma description antérieure de la sierra d’Uspallata, don- née dans mon Voyage. tome I, page 285, j'ai admis seulement quatre chaînes parallèles, mais l’examen ultérieur de toute la sierra par mon ami, l'ingénieur P. Moxera m'a montré que j'avais confondu les deux pre- mières lignes de la montagne, laissant s'ouvrir la vallée entre la première et la seconde ligne à Villa Vicencio, au lieu de le faire au ravin de Cañota. C’est la vallée entre la troisième et deuxième ligne qui s'ouvre à Villa Vicencio, et le Paramillo forme partie de la quatrième et non pas de la troisième, comme je l’avais cru auparavant. 51 (322). Les propiétaires des mines, habitant à Mendoza, m’ont offert différents échantillons caractéristiques, que j'ai emportés à Halle, et les ai déposés dans le Musée minéralogique de l’Université. Mon collègue de NOTES 52 - 54. 399 cette époque, M. le prof. Gırarn, m'a donné sur les échantillons déposés les avis suivants : Les mines de cuivre, des puits à côté du chemin à Us- pallata, sont en partie des sulfuriques et en partie des oxides. Les sulfu- riques sont chalkosine (Cu? S) au Panabase ; (2 (4 Cu?S + Sb. S*) + (4 Fe. S + Sb. S°) les oxydes soit cuivre rouge (ziquéline) ou soit cuivre vert (malachite). Le cuivre rouge se trouve généralement comme cuivre natif, en petite quantité. On ne trouve pas de chalcopyrite. Le cuivre vert est exceptionnellement du véritable malachite, généralement du chrysvcole. De cette substance on trouve souvent des quantités consi- dérables, répandues dans la pierre matrice, un micaschite quarzeux, le perforant avec mille petites ramifications et s'étendant entre les feuilles ramellées de la matrice. A côté on trouve aussi galène, blende, mispickel, pyrite et barytine. 52 (346). Quoique les questions économiques et industrielles soient exclues de mon ouvrage, j'ai reproduit ces données d’un auteur instruit, parce qu'elles sont en relation intime avec les faits, qui répandent la lumière sur la structure géognostique de la montagne en question. Mon intention n’était pas de traiter ici les établissements industriels plus en détail ; je peux renvoyer le lecteur qui veut se renseigner sur l’état actuel des minières de la République Argentine, à l'ouvrage de J. RickaRp, déjà cité tome 1, note 93, page 388 : Informe sobre los districtos mine- rales etc. de la Repübl. Argent. Buenos Aires 1869, 8, et principalement à un Mémoire de M. Em. Hünıken sur ceux de la sierra Famatina dans le: Plata-Monatschr, 4 année (1876) pages 5, 34, 87, 103 et suiv. Ce mémoire s'étend aussi à:la géognosie de la sierra Famatina, aux environs des mines et contient des indications precieuses, que j'ai reçues malheureu- sement trop tard, pour les prendre en considération dans mon ouvrage. 53 (347). Les communications les plus détaillées de M. AvÉ-LALLEMANT sur la sierra de San Luis se trouvent dans le: La Plata-Monatsschrift, et principalement dans le deuxième tome ou année 1874. N” 9, 10. 11 et 12. Une description plus circonserite, mais plus scientifique, du même auteur existe dans les: Acta de la Academia Nacional de Cienc. Exactas, tome I, page 103 et suiv., accompagnée d’une carte géognostique, expli- quant mieux que la description verbale antérieure leur configuration et constitution interne. 54 (349) Je regrette beaucoup de n’avoir pu recevoir aucun rensei- gnement plus exact sur la découverte des ossements dans les grottes de la sierra de San Luis; mais je me propose de faire bientôt un voyage à ce mème lieu, pour constater l’état des choses. J'ai reçu, il est vrai, les os d’un cheval fossile /Equus Argentinus) de la Canada Honda de la sierra, mais il appartient à une couche évidemment diluvienne, reposant sur le fond de la Cañada, et ne me semble pas être de la même époque que les os du Guanaco, qui d’après toute la probabilité sont de l’époque des alluvions préhistoriques. 400. NOTES 55 - 60. 5 (353). Sur les mines d’or, dans la sierra de San Luis, M. Avé- LALLEMANT à écrit plusieurs essais, qui se trouvent dans le journal La Plata- Monatsschrift, l'année, pages 126, 196, 205, 224. 240. II° année, page 6 et 148. 56 (365). Les résultats de mes propres études de la sierra de Cördova sont communiqués dans mon Voyage, principalement dans le tome II, page 69 et suivantes. Des recherches purement géognostiques ont été exécutées par les docteurs A. STELZNER et BRAKEBUSCH, professeurs de lV'Acad. Nat. de las Ciencias Exactas, à Cördova, et publiées dans leur Acta., etc., tome I, page 1 et 42. 57 (368) M. le Dr. SiEwERT, ancien professeur de l’Acad. Nat. des sciences exactes à Cérdova, a examiné chimiquement ces excréments. Voyez La Plata-Monatsschrift, année III, page 5. 58 (374) Les observations de MM. CH. Heusser et G. CLARA, du paru à Buénos-Ayres en 1864, ‚sous le titre : Ensayos de un. conoci= miento géognostico-fisico de la Provincia de Buenos Aires. I. La Cordil- lera entre el Cabo Corrientes y Tapalqué, 8, et dans les Denkschriften der schweizerischen naturf. Gesellsch. tome XXI, sous le titre Beiträge sur geogn. und physical. Kentniss der Provinz Buenos Aires. Zürich, 1864, 4. — Pour faire mieux comprendre ma description, je dois recommander l'inspection de la. grande ‘carte de la Province de Buénos-Ayres, pu- bliée sous le titre de Registro gräfico de las EHApEenees rurales, pas le département topographique en 1864. 59 (376). Le nom Volcan ne doit pas faire croire à un mouvement volcanique dans cette montagne; il est d’origine indienne et signifie dans cette langue : ouverture; sens du mot abertura ou abra en langue espagnole. Entre ce mont Volcan et l’autre partie de la montagne avec le mont Paulino se trouve la première grande ouverture des arêtes, par lequel sort le ruisseau Arroyo Huncal. 60 (380). Les auteurs du mémoire sur la montagne du Tandil insis- tent aussi, page 13, sur la différence du gisement de celle-ci et celui du système des chaînes de la Bande Orientale et du Brésil. Ces dernières ont la direction N.-N.-E. à S.-S.-0., et correspondent plus à la direction - semblable des chaines de montagnes centrales argentines, comme de la plupart de l'Amérique du Sud en général. Mon opinion est un peu différente; je trouve que la direction de notre montagne est en bonne relation avec les branches internes des chaînes /cuchillas) de la Bande Orientale, qui dirigent, par leur orientation, le cours complé- tement parallèle de l'estuaire du Rio de la Plata. APPENDICE l. Sur les lagunes de la Patagonie La note sous le texte de la page 220 demande une correction ; j'avais mal compris le colonel MELCHERT, parlant de la position des lagunes, citées dans la note; elles sont à leur juste place dans la carte de M. PETERMANN, comme le prouve la carte de la Pampa, que mon malheureux ami (*) a publié dernièrement, sur ces terrains, dans le: La Plata Mo- natsschrift, IV® année (1876), page 34. Nous comprenons par cette carte, d’une manière claire et évidente, que mon reproche, fait à M. PETERMANN, d'avoir mis trop au Sud le terrain en question, se réfère seulement à la partie plus occidentale, depuis la lagune amère jusqu’à la lagune Urre Lauquen; elles se trouvent les deux presque 1° L. plus au Sud que leur situation réelle. La carte du colonel MELCHERT prouve aussi que, à côté des dépôts de chlorure de soude, existent dans la Pampa de la Patagonie, deux autres espèces de lagunes, c’est-à-dire des lacs d'eau douce potable et des lacs d’eau salée amère, fournis d’une solu- tion des sulfates, comme sulfate de soude /Glaubersalz/, sulfate de magné- sie (Epsomsalz) et sulfate de chaux {Gyps). Il est important de noter que : ces trois différentes espèces de lagunes se trouvent distribuées pêle-mêle, sans ordre fixe. sur toute la surface des plaines patagoniennes, les unes souvent très-voisines des autres, sans indication d’une distribution des dif- férentes classes dans des localités déterminées, ou d’un certain caractère. En ce qui concerne l'identité des lagunes, nommées sur la carte de M. PETERMANN, je dois corriger ici, d'après les données de la’ carte du colonel MELCHERT, mes réductions antérieures de la manière suivante : La Laguna de S. Lucas, de la carte PETERMANN, n’est pas située 36° 54 L: S. à 4° 18’ ouest de Buénos-Ayres ; ces positions correspondent à la Laguna del Monte, que la même carte pose assez justement plus au Nord, presque avec la même détermination. La lagune, que la carte de PETER- () Je regrette de dire que cet officier fort instruit et travailleur a été la vic- time de son zèle, et a succombé aux suites de ses fatigues dans la dernière expédition, dont le but était de reculer plus au Sud les frontières du terrain peuplé de la République. REP. ARG. — T. I}, 26. 402 | APPENDICE. MANN nomme de S. Lucas, doit être nommée: Carahué ou Carhué: elle est la même, indiquée dans ma note page 221, sous le point de 37° 10° L. S. à 5° ouest de Buénos-Ayres. De ces deux lagunes, la seconde est amère, l’autre d’eau douce potable. La troisième grande lagune, de la carte de PETERMANN, nommée avec raison Salinas, doit être nommée Salinas Grandes, elle est en réalité un dépôt de sel commun, comme ceux dont je parle dans le texte, et sa véritable position géographique est à 37° 20’ L. S., 5° 50’-55’ à l’ouest de Buénos-Âyres. Ce dépôt de sel com- mun, le plus grand de la Pampa, est jusqu’à présent dans les mains des Indiens; les dépôts salés utilisés par les colons européens sont près du rio Negro, au N.-N.-E. de El Cürmen, où la carte du colonel MELCHERT indique sous 40° 31’ L. S., à 4° 32° ouest de Buénos-Ayres, le grand dépôt nommé: Los Algarrobes. La carte de PETERMANN la pose un peu plus au Nord. Enfin, la lagune Puan de la même carte se trouve, sur celle de M. Meı- CHERT, sous 37° 55’ 30” à 4° 40’ ouest de Buénos-Ayres; elle es donc placée trop à l’Ouest sur la carte de PETERMANN. A; Pour faire mieux connaître les différences déjà indiquées du lagunes patagoniennes, j'ai prié mon jeune ami, M. Francisco Moreno, de me four- nir quelques renseignements, parce qu'il a vu plusieurs de ces lagunes, principalement pendant son dernier voyage si pénible, où il a traversé toute la Patagonie depuis El Cärmen jusqu'au pied des Cordilleres, pour visiter les tribus indiennes de Los Manzanares (tome I, page 377, note 80), et les terrains aux environs de la grande lagune Nahuel-Huapi, Cet ami a bien voulu satisfaire avec promptitude mes demandes, ‘et m'a apporté des communications étendues, dont quelques-unes suivent ieci adjointes à mes propres observations. Examinant les lagunes de la Patagonie sous un point de vue général, on doit distinguer, en premier lieu, deux classes ie différentes, - qui sont: 1. Les grandes lagunes du côté occidental au A des Cordillérés. Ces lagunes sont toutes d’eau douce, alimentées par la fonte des neiges des Cordillères, et unissant généralement leurs cours à celui des grandes rivières patagoniennes. On peut les rapprocher des lacs de même nature de la Suisse et des environs des Alpes, des parties larges et très-profondes du lit des fleuves qui les parcourent, ces lagunes formant de grands réservoirs d’eau, source de fertilité pour la campagne environ- nante. 2. Les lacs, généralement plus petits et moins profonds au milieu et dans la partie est de la plaine patagonienne, sont tous formés par des pluies, ou quelques-uns par des fleuves sortant, plus au nord de notre territoire, des Cordillères. Ces lacs sont de trois différentes catégories. Beaucoup d’entre eux sont saumâtres, contenant des sulfates, tels que sulfate de soude, sulfaie de magnésie et même sulfate de chaux en dissolution. Les indigènes distinguent cette espèce de lagunes par lépi- thète d’amères. Les plus grandes lagunes de cette dernière qualité Sont SUR LES LAGUNES DE LA PATAGONIE. 403 produites par les fleuves qui viennent du terrain stérile des salitrales, par exemple: la lagune Bevedero, qui reçoit les eaux des rivières de San Juan, de Mendoza, du Tunuyan et de San Luis, toutes parcourant la Pampa ou plaine de salitrales. Une autre lagune de la même classe amère un peu plus petite et plus à l'Est, est nommée, d'après la qualité de son eau, Laguna Amarga ; elle reçoit les eaux du rio Quinto, et se continue dans un terrain marécageux jusqu'aux sources du rio Salado, rivière qui a le même caractère d’amertume de l’eau (*). Entre ces deux grandes lagu- nes formées par l'écoulement des rivières, existe une quantité de petits lacs" formés seulement par la pluie, dont la plupart sont d’eau douce et quelques-uns d'eau amère. Les deux, espèces sont notées sur la carte du colonel MELCHERT, où l’on distingue par la différence du dessin des lacs, que principalement le terrain au sud du rio Quinto est plein des lagunes d’eau douce potable et amère qui prouvent l'existence de deux classes de lacs tout près l’un de l’autre, comme il est dit au commencement de cette note additionnelle. L'écoulement de la lagune Bevedero se fait à travers un terrain ma- récageux, qui s'étend jusqu'au grand marais d’Urre Lauquen ; les eaux conservant dans toute leur étendue le caractère amer. Nous voyons assez près de ce district des lacs d’eau douce, mêlés avec d’autres d’eau amère, comme par exemple l’amere Nahuel Mapu (36° 50° L. S.) tout près du lac Chilhue (37° 15° L. S.) avec de l’eau potable, et à côté de celui-ci les grands dépôts de sel commun, un peu plus à l'Est. Plus près de la côte de l'Océan Atlantique les relations des lacs entre eux sont les mêmes. C’est là que mon jeune ami a fait ses principales recherches, et je reproduis ce gen m'écrit sur cette partie de la Patagonie. » « Prenant mon chemin à côté du rio Sauce Chico, petite rivière qui ori la sierra Ventana ( voyez tome I, page 317), je le suivis jus- « qu'aux ruines de la Nueva Roma, d’où, tournant au Sud-Ouest pour : «arriver au terrain bas des Salinas Chicas, je traversai un grand salitral, - « contenant dans son sol du sulfate de soude en abondance. Continuant dans « la même direction, je passai une chaîne de dunes, connues sous le nom « de Cabeza del Buey (tète de bœuf), et de l’autre côté de cette chaîne existe « la lagune du sel commun, déjà nommée, de Salinas Chicas (Chasi-c6 des « Indiens). Cette lagune a une longueur de 6 kilomètres, coulant de Sud- « Est à Nord-Est, et à son extrémité occidentale existe une autre petite « lagune, nommée par les Indiens Chapai-c6 (eau de paille), alimentée «par un petit ruisseau, Marra- cé (eau de lièvre). — Les lacs de « Salinas Chicas sont accompagnés, au Nord, de dunes de 10 mètres de « hauteur, qui donnent naissance à de petites sources d’eau douce, et ces » sources, augmentées des eaux des pluies, pendant l'hiver, s'accumulent (‘)} Lesdites lagunes Bevedero et Amarga sont brièvement À y: el décrites, tome I, page 306 et page 293 de cet ouvrage. 404 APPENDICE. « dans la lagune et contribuent à faire sortir le sel commun du fond de «la lagune, pour le laisser déposé quand l’eau s’evapore pendant l'été. » En octobre, c’est-à-dire au printemps, quand je la visitai, la lagane » contenait encore de l’eau au centre. « De Salinas Chicas, à l'Est, on trouve une autre petite saline, nommée Escobas, située aussi au pied des dunes et alimentée par un ruisseau qui sort des dunes. Dans la même direction on arrive, plus au Sud, à « une autre lagune, nommée Calaveras, alimentée de la même manière par « un ruisseau, mais contenant de l’eau amère. La lagune se trouve au » milieu d’une chaîne de dunes et de collines basses, parallèle à celle du « Nord, renfermant divers bas fonds, riches en sulfate de soude, comme « ceux du Romero Grande (Potrili Huitru des Indiens). « Il y a encore beaucoup d’autres endroits avec dépôts de sulfates au. «sud du rio Colorado, généralement sans eau en été, se changeant en «lacs pendant l'hiver. C’est toujours près des dunes que l’on rencontre « l’eau dans ces parages stériles; les puits artificiels donnent généralement « une eau peu potable et une personne qui la boit, sans être accoutumée « à son usage, ressent bientôt un malaise général. De même que dans le « sud de la province de Buénos-Ayres, tout le terrain de la plaine pata= « gonienne abonde en dépôts de ce sel ; j’en ai trouvé jusqu’à Rangwel=cô. « près du Collon-Curd, à peu de distance de la Cordillère des Andes. « Les vraies Salinas, c'est-à-dire les lacs avec chlorure de soude} « comme les Salinas Chicas, sont toutes situées plus près du rio Negro; « sur les bords du rio Colorado; je ne connais l’existence d’aueune. La « mieux connue est la Salina Algarrobos, au nord de El Carmen ; jene - « l'ai vue que de loin ; elle m’a paru très-étendue et d’une grande im- « portance. Un peu plus au‘ Sud se trouvent deux autres dépôts de sel « commun : l’un nommé Salina de Piedra, l'autre Salina del Ingles, et «ce sont elles qui fournissent la plus grande quantité du sel apporté de « la Patagonie à Buénos-Ayres. Encore plus près de El Carmen, à 25-30 « kilomètres à l'ouest de la ville, se troave la Salina de Crispo, qu’on « exploite beaucoup. C'est cette saline qui fut visitée par Darwin, et. de « même que ce savant, J'ai vu le sel récemment recueilli, d’une couleur rose, qui semble devoir sa couleur à des infusoires contenus. dans « l’eau. Cette couleur du sel se prononce seulement dans cette lagune; «le sel de la Salina Chica a une couleur absolument blanche, comme. « aussi celui de las Salinas de la Cruz, plus au sud de la Patagonie. _« Dans cet endroit, au sud du rio Negro, existent plusieurs autres la- « gunes salées, mais elles sont très-peu connues. Je fus informé par les « Indiens de la présence de semblables lagunes à l’est du rio Limay « Leufü, où vont les Indiens du côté de ia Cordillère, pour faire leurs « provisions, en même temps que la chasse des guanacos. Près de la «rive de l'Océan Atlantique, à 200 kilomètres au sud de El Carmen, « on trouve la Salina de San José, où, pendant la domination espagnole, «il y avait un poste militaire ; de même. on en trouve d’autres près de À À À SUR QUELQUES PASSES DES CORDILLERES, 405 « la côte jusqu’à S" Cruz, quoique Darwin leur assigne comme limite aus- « trale la baie de San Julian. « Personnellement j’ai vu deux petites lagunes salées sur la rive droite « du rio S" Cruz, entre l'ile Pavon et le Weddell-Bluff, dans les collines « qui bordent la rivière. La plus grande a un diamètre de 150 mètres, « l'autre à peine 100 mètres. Elles sont exploitées quelquefois par les « pêcheurs qui visitent ces côtes. J'ai pris des échantillons du sel qu’elles « contiennent. » 2. Sur quelques passes des Cordillères du Sud. Parlant dans le tome I des passes des Cordillères, j'ai terminé ma courte relation, page 212, par celle de la lagune Nahuel Huapi (*), qui se trouve tout près ou même sous le 41° L. S., au pied oriental de la monta- gne, donnant naissance au rio Limay, qui court au Nord-Nord-Est, et forme _ une des plus grandes sources du rio Negro (voyez tome I, page 204 et page 309, notes 34 et 39). Cette lagune a, d’après les recherches nouvelles, communiquées dans la Zeitschr. f. allg. Erdk. (N. F. tome I, page 185. 1856). une hauteur de 537 mötres au-dessus de l'Océan, et se continue par une branche allongée très à l'Ouest, entrant dans les Cordillères et tou- chant même le territoire chilien (voyez la carte de la province de Valdivia, dans Petermann’s geogr. Mitth. d'année 1860, planche 6). Un examen, exé- cute par les ordres du gouvernement chilien, parles ingénieurs F. GEIssE et Fr. Fonk avec FR. HERS, a prouvé qu'entre cette branche et ladite lagune Nahuel-Huapi et celle de Todos los Santos de la province de Valdivia au Chili, il n'existe pas, comme on l'avait soupçonné, de communication di- recte; que les bassins des deux grandes lagunes sont séparés par une petite chaîne transversale de montagnes d’une hauteur d’environ 1280 mètres au- dessus de la mer. où se trouvait une autre petite lagune, celle de Cau- ‘quenes, à une hauteur de 1228 mètres. Le terrain descend des deux côtés de cette chaîne transversale, mais plus du côté ouest, jusqu’à la lagune de Todos los Santos, qui se trouve seulement à 244 mètres au-des- sus de la mer. La rivière Petrohué, qui sort de cette lagune, entre dans le golfe de Reloncavi, à l'extrémité sud de la province, assez près de la ville du Porto Montt, la plus considérable de cette partie du Chili. La communication de cette ville par un chemin bien entretenu avec la lagune Llanquihue, où se trouvent les colonies agricoles des Allemands, l’a rendue bientôt florissante, et un autre chemin de la côte est de cette lagune pe ) Worthographe du nom de celte lagune Nahuel-Huapé, qui se trouve souvent, ed a” one javals adoptée, est fausse; le véritable nom ancien est: Na- huel-Huapi. 406 APPENDICE. à celle de Todos los Santos rend aussi facile la communication avec la lagune Nahuel-Huapi du territoire argentin. Les Jésuites avaient fondé, sur les bords sud-est, de cette lagune un couvent qui florissait jusqu’au temps de la suppression de l’ordre et soutenait même avec Bué- nos-Ayres une communication ouverte, traversant le terrain des Indiens. C’est pour cela que le dictateur Rosas (non Lopez, comme le dit par erreur la traduction du tome premier, page 212), voulant rétablir cette communication, fit examiner la route et les ruines du couvent, qui exis- tent encore; mais lors de sa chute le projet fut abandonné. | Il y a plusieurs dépressions semblables des Cordillères, avec des passages presque complétement ouverts, encore plus au nord et aussi au sud de la lagune Nahuel Huapi, dont je veux faire mention encore une fois, pour rapprocher ici les indications de celles reçues dernièrement sur d’au- tres localités similaires. | La passe la plus basse et la plus facile à fréquenter est celle de Villarica, à peu près sous 39° 20’, dont nous avons parlé, tome I, page 212. Une notice sur sa praticabilité est donnée par le Dr. H. Lance dans Peter- mann’s geogr. Mitth., année 1865, page 240. Tout près de celle-ci se trouve, sous le 39° 45’ L. S., la passe de la lagune Rinihue, sur laquelle différents auteurs, et principalement M. Guszt. Frick, ont fait des recherches qui leur faisaient croire à la possibilité d’une communication directe par eau entre l'Océan Pacifique et l’Atlan- tique; mais cette supposition n’est pas vérifiée par l’examen ultérieur. Les lacs sont tous au côté ouest du versant de la montagne, et aucun fleuve ne perfore ce versant, pour prendre son cours au côté d’est. Voyez sur les détails les communications dans Petermann’s geogr. Mitth., année 1864, page 47, pl. 3, et dans le Zeitschr. f. allgem. Erdk., N. F., tome XIX, page 70. eh Une autre passe, encore très-basse aussi, a été dernièrement signalée comme découverte nouvelle de l'ingénieur NAVARRETE, dans le journal de Buénos-Ayres : La Nacion Argentina, du 20 septembre 1863, répétée dans la Zeitschr. f. allgem. Erdk. N. F., tome XV, page 444. Ce passage se trouve vis-à-vis de la ville de San Fernando du Chili (34° 35’ L. S.), presque dans le même degré que Buénos-Ayres, où aussi la carte du Chili des frères BLack indique un passage ouvert tout près du Planchon, assez longtemps connu et souvent fréquenté, mais sans lui donner une importance remarquable. Comme l’a prouvé l’examen du Prof. E. Roserri, il n’existe ici aucune ouverture de la chaîne. Voyez son Rapport, note 34 du tome I. | Enfin, nous avons à parler de la passe nouvelle, indiquée et même visitée par le lieutenant Musters, dont il parle dans la relation de son Voyage, page 159 de la traduct. allem. Il s'agit d’une halte des Indiens, nommée Weekel on Chay Kasch, sur une rivière qui coule au Nord, et appartient probablement au terrain des sources du rio Chubut (à peu près sous 43° 20’ L. S.); on se dirigeait à l'Ouest, pénétrant à côté de la rivière, SUR QUELQUES PASSES DES CORDILLERES. 407 qui vient avec la même direction, coulant à l’Est, et tourne plus tard au Nord, sur le bord d’une plaine concave, ressemblant à un bassin, dans la forêt dense, aux pieds des Cordillères, où le terrain s'élève doucement à l'Ouest. Après quelque temps, on atteignait un ruisseau, coulant à l'Ouest, et cette direction prouvait que l’on avait dépassé la ligne séparative des deux versants des Cordillères. On se trouvait dans une vallée étroite, peu inclinée, couverte d’une magnifique végétation, accompagnée, des deux côtés, de hautes montagnes, également couvertes de forêts. Suivant le lit du petit ruisseau, coulant à l'Ouest, et le traversant plusieurs fois, on entrait dans un terrain couvert de bois. où une élévation du fond formait une petite chaîne de dépôts de cailloux. que le ruisseau avait creusé par son litprofond, formant plusieurs chutes bruyantes, toujours coulant à l’Ouest. Enfin, la forêt cessait; les voyageurs, M. Musrers et les Indiens qui l’ac- compagnaient, parvinrent à une colline d'environ 100 mètres de hauteur, d'où ils apercevaient une plaine allongée, d’une forme triangulaire, parcourue par plusieurs ruisseaux, s’unissant à une rivière plus grande, qui prenait sa route à l’Ouest, pour s’écouler sans doute dans l'Océan Atlantique. On s'arrêta longtemps à contempler cette vue magnifique et lon retourna enfin. par le même chemin, au campement des Indiens, près de Weekel, d'où le groupe était parti pour chasser des taureaux sauvages, mais sans en avoir rencontré. | Cette narration prouve évidemment que l'endroit décrit est une passe très-basse, complétement ouverte, qui, d’après les indications données. doit se trouver à peu près sous le 43° 35’ L. S., presque vis-à-vis de l’ex- trémité sud de l’île Chiloé, où la carte du Chili des frères BLack indique réellement une ouverture de la montagne, aboutissant au Nord avec le volcan Corcovado, et au Sud avec le mont Yanteles. La rivière indiquée sur cette carte, entre ces deux monts, doit être la même que le lieutenant Musrers a vue de la colline, dont nous avons parlé auparavant. Page DU TOME SECOND 9, ligne 14, 51, 2e colonne 04, 8° colonne 114, ligne 5, 141, 2e colonne 143, ligne 25, 144, — 15, 145, — 47, Bi NS: 155, — 15, 193, — 99, 249, — | 8, 380, u AN Ve 240, — 23, 255, — 16, 257, folio 292, ligne 35, 304, — 31, 320, — 13, sr. OUR 353, — 10, 383, — 2, ERRATA 20,04 S.-0. 22,5 Nord-Est 983 mm. Pettenkafer Pflauz dates houillier, houilier, dont il et au-dessus au-dessus lisez —2004’ S.-E, 762,5 Nord-Ouest 983 mètr. Pettenkoffer Pflanz. notes i houiller, houiller qu’il est au-dessous au-dessous. à la fin de l'alinéa, il manque le numéro de la note 3%. formation, con surrplombant Las Manantiales subtances lisez formation jurassique con- surplombant Los Manantiales substances. il manque ici, à la fin de l’alinéa, le numéro de la note 55. Gerellset lisez Gesellsch. ERRATA DU TOME PREMIER L’impression du tome n’ayant pas été faite sous les yeux de l’auteur, on à commis une grande quantité d'erreurs, dont nous notons ici les plus importantes, priant le lecteur de les corriger pendant la lecture. Page 1, ligne 8, 1682 lisez 1612. — 3, — 31, quatre — quinze — &, — 22, Balbao — Balboa CO et A1. ld. — Id. — 9, — 22, Gorba — Gorda — A7, — 926, Franz — François Cétte même faute se répète partout : pages 25, 27, 58, 59, 62, 67, 69, 72, 77, 88, 89, 92, 98, 99, 411, 129, 135, 136, 137, 386, 387. Page 19, ligne 17, Liga _ lisez Lujan, — 22, — 6, fer — pierre — 2, — 15, couleuvre — loutre — 32, — 8, tout que — tout ceux que — 32, — 33, Puerte — Puerto — 5, — 4, cents — mille — 53, — 9292, sectateurs — convertisseurs — 65, — 7, Xeraguas — Xaraguas — 81, — 13, des deux __— de l’un des deux — 8, — 2, nord — sud — 89, — 11, Hyrtado — Hurtado Cette même faute se répète page 104, ligne 7 et page 135, ligne 33. Page 105, ligne 14 et 18 Uspellatta — Uspallata — 108, — 24, supprimez le mot dans à la fin. — 109, — 14, il nommait aussi tous, lisez et celui-ci nommait tous — All, — 6, 16 juillet — 9 juillet — A15, — AUX SAR — 4 vol. — 116, — 6, Behaires — Behain — 117, — 3, . Pedro arlas — Pedro Arias — 117, — 32, blanc — bleu — 419, — 18, Ursala — Ursula La même faute se répète page 136, ligne 25, 410 Enfin, Page 122, — 431, Aal, = 433, "FO — 4136, — 444, — Ah, "151, — 158, 2 162, — 162, = 170 — 476, — 910, — 912, — 220, — 92, — 953, — 254, — 997, — 306, — 359, — 365, — 369, —..871, — . 389, ERRATA DU TOME PREMIER = ligne 36, Verlung lisez Verlegung — 1412, Vive — Vire —, 13, Yzaguirre — Eizaguirre. —- 7, Guzman — Jrala. — 43, 1558 — 1567 — 22, Anna, — delez ce nom ici. — 34, reiligio — religio 7 — 37, 1863 — 1865 == 9, plus tard — auparavant — 20, paroisso — paraiso — 16, banados — bañados — 24, canadas — cañadas — 19, mais on ne sait; voyez sur cette phrase la note 80, page 377, où, d’après les communications du lieute- nant MUSTERS, l'existence des forêts de pommes est prouvée. — 24, est la de lisez de la (sans : est) — 31, général Martin — general Saint-Martin. — 32, Lopez — Rosas RES — 17, les roches calcaires — la roche calcaire. — 18, à, — pres de — 417, ce fleuve — , Ce fleuve — 17, l’est-nord-ouest — l’ouest-nord-ouest. — 12, Ce dernier — Le dernier — 21, Pensaco — Pencoso dans la troisième colonne du tableau, se trouvent deux faux nu- méros : 3380 lisez 1380 764 — 3764 ligne 15, cassatha — cassutha. — 44, Echemique — Echenique — 24, tapirs — cabiais — 41, Armago — Amargo il faut noter que le mot mille, dans le deuxième livre du premier volume, sans autre indication, signifie toujours des milles geographiques, dont 15 font un degré, correspondant chacun à 4 milles anglais, 1 ?/, lieue argentine et 7,42 kilomè- tres. — TABLE DES MATIERES DU TOME SECOND LIVRE Ill | Pages. CLIMATOLOGIE. ..--.... in LE Ste a EN 4458 VAN se RR 171 4 DEAPEERE TI — BUENOS-AYRES..:4.4.,4 44e telle des essences nn Je 2 3 ROAD TAF... scene ERWIN BE. A AB € LE 7 ONE. : es EN ade 50 is 14188 3. Nuages...... N EEE erde 71 EIN | N ut... RER EN VE FR EI se. N 28 na nn onen ete SE ET hen 40 Es naar 0 NON RT ne 49 CHAPITRE A nn cornes EU OR EURE ns 59 1. Température............... este SDS) DIX WERE. ANT ne een NL LIN el 67 a, PR Pe RE RUN | ONF - 8 oo eu enuneite PAT FT A . 7 no. Pression de l'aire ss Re LEUR ee 19 M nent duutbtre:t Eux ar ee ern en 34 CHAPITRE II. — PARANA.......... BT a es ET ea. rg 87 4. Température. ........... TE SR RO CPP EN: 88 ia een es done tease Inne 94 en ns où à ea ee ae DR Un à ed NUE ee | 97 MP nomenes électriques. .......1...,2...0. cc une rennen 99 PIE l'air .5.... 2. soso ocsoaree ed class As iles ésas 108 7 OS ORAN PCR CRIER 105 RG anne euren sun CTI T NS PET . 106 RS PNR NI PP D DUO IR EU 108 ne a ns dans ed a va el lue do ets 110 | 5. Pression de l’air......,...... CICELEEPIE TEE T EE CEE ET EC ELE TETE 41 CHAPITRE V. — TUCUMAN........ BE REES Pre Ts SE MATTER M CO OP PE ET PP ET CUT EN IE 114 #4 "7 AAA RM PT ARE des das ee CRUE SEE LS 120 OR CO PR ae es sou arcades cet ee de 193 er 2 PRET nogonsereses 125 D: Phénomènes électriques... ..:,.,... 4. Vosssorresesouuneee 126 CHAPITRE VI. — PILCIAO soso. val Es aan te TER dise 128 CHAPITRE VII, — BAHIA BLANCA...,..... a LEA ES Mn» à LR ARCS stuvas 188 412 TABLE DES MATIERES CHAPITRE VII. — RESUME DES STATIONS....... ... deren RN, PR = (= NODES EN, na enden EN. de LIVRE IV TABLEAU GÉOGNOSTIQUE DE LA RÉPUBLIQUE ARGENTINE CHAPITRE I. — Aperçu général de la Géognosie argentine...... 2 CHAPITRE II. — Formation moderne des alluvions....... ER ai CHAPITRE Ill. — Formation diluvienne, dite quaternaire ou postpliocene..... CHAPITRE IV. — Formation tertiaire supérieure dite patagonienne. ......... É CHAPITRE V. — Formation tertiaire inférieure dite guaranienne ........ .... CHAPITRE VI. — Formations secondaires............ oser es dés nee APR CHAPITRE NII. — Terrain houiller::,,..,..,. ess. # +: RIRE dre CHAPITRE VII. — Formation primaire dite CRE 9805 0. cel à CHAPITRE IX. — Rocs métamorphiques .................ss... stone CHAPITRE X. — Rocs plutoniques et volcaniques......... ........ il. 208 CHAPITRE XI. — Vue sur la Géognosie des Cordillères.........,............. CHAPITRE XII. — Géognosie de quelques. autres montagnes du pays..... so.) 4, . La. Sierra sd'Uspallata nus. deteste AIR EE 2. La Sierra Famatina...... ICE LE ee RR? . 8. La Sierra de. San Luls..u..020000 00000000 Anka Fe si Ast 4. La Sierra de Cérdova.....,... .. EEE: RE Er rg el 3 5. La Sierra du Tandil.......u0n00 0000000 000000 0 ee NOTES. zn ae ann ere ee D PONT EEE eh JS ae a aa RE ET sophia eine ee DRE ARE . Sur les lagunes de la plaine patagonienne ot t 9 - «+ * Sur quelques passes ouvertes des Cordillères ........ RACE OST . FIN DE LA TABLE DES MATIERES DU TOME SECOND 155 155 172 219 250 255 261 268 272 277 293 344 314 335 347 364 374 383 401 401 405 2 è - ' ’ F: - CE E: : “ ; + 2 = - : Le A 1. Pin, 2 | ae ford ; EC * + re « Fr > & É - E - r 5 es - & s x bi = a > r < = 3 £ | à : . . = 5 : - < = ” at y $ 0 w r = + - é + 5 « = Ou 2 , >." er LS - . g y | A Fe , 1} ” 2% F u S LA! x ; E 4 N 2 \ N ) © ” “+ I L 4 \ + } N a J A x AA Br pn x, € Ç> / € 7 | SE Burmeister, Hermann | Description physique de la République Argentine PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY