Presented to the LIBRARY of fhe UNIVERSITY OF TORONTO by Faculty of Dentistry in honour of Phyllis M. Smith Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa Lu htip://www.archive.org/details/desdentsthseprO0blan RCE à pe ’ Th 1 Le L : A 2e £ 7 b | es . it NE AE : à F1 41 1 D AL RER 7 ee À a | RES" ; 1 ra AA + % A dc ‘sy F 4 1 o D] , L _S nd > # 4 | F a, ù É 2 + p - ‘ u ’ ” LA L à DES DENTS. DES DENTS. THÈSE PRÉSENTÉE ET SOUTENUE LE 20 aquiN 1836, . AU CONCOURS POUR UNE CHAIRE D'ANATOMIE YACANTE À LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS, Par Pu.-Frép. BLANDIN, Chirurgien de l’Hotel-Dieu. PARIS, IMPRIMERIE DE D'URTUBIE ET WORMS, Rue Saint-Pierre-Montmartre, 47. 1836. MM. MM. MEMBRES DU JURY. Titulaires : ROUX, président. BARON, secrétaire. CLOQUET. | CORNAC. CRUVEILHIER. DUBOIS. GERDY. GIMELLE. MAGENDIE. MARJOLIN. MOREAU. FROSTAN. Suppléant. ORFILA. Concurrens. BÉRARD. BLANDIN. BRESCHET. BROC. CHASSAIGNAC. LAURENT. LEBAUDY. MICHON, INTRODUCTION. Les progrès récens de l'anatomie comparée ont fait de la définition des dents un point difficile à fixer ; et qui même ne l’a pas encore été, jusqu’à présent au moins, d’une manière satisfaisante. Répéter, en effet avec PBéclard, que les dents sont des ostéides implantés dans les alvéoles de lune et de l’autre mâchoires, c’est rester beaucoup trop circonscrit dans le cercle de Panatomie hu- maine , c’est donner cours à une définition qui ne saurait s'appliquer en aucune manière à beaucoup de dents de certains animaux, les dents palatines etpharyngiennes des poissons, par exemple. D'un autre côté, dire, avec les zootomistes les plus moderues, que les dents sont des parties résis- tantes placées à l'entrée ou près de l'entrée du canal digestif, et destinées à saisir et à broyer les alimens, c’est tomber dans un inconvénient op- posé au précédent, et confondre avec les dents des parties qui n’ont avec elles que des analogies peut- être fort éloignées, la plupart des dents des ani- maux invertébrés. Obligé cependant de caractériser mon sujet dés le début, je me hâte de déclarer que j'adopterai la définition de Cuvier, et que j’appellerai les dents : des instrumens mécaniques plus durs que les os, 6 places, dans les animaux vertébrés, à l'entrée du canal alimentaire | pour saisir et diviser les sub- stances nutritives | ou pour servir de moyens d'at- taque ou de défense. Circonscrite de la sorte, l’histoire anatomique des dents est encore un sujet d’une immense éten- due; les faits qu’elle embrasse dans l’homme et dans la série des animaux, sont extrêmement nombreux; heureusement, malgré les différences qu'ils pré- sentent au premier abord, ces faits se réunissent en réalité par de grandes et par d’éclatantes analo- gies ; de sorte qu’on peul les étudier de deux ma- nières essentiellement distinctes : on peut, prenant l'anatomie de lhomme pour point de départ, exa- miner d’abord le système dentaire chez lui, et le comparer ensuite avec le système dentaire des animaux ; Ou bien s'élever du premier coup à des considérations générales sur les dents dans toute la série, pour descendre, de là, à l’examen parti- culier de ces organes dans chaque classe. La première de ces méthodes est sans contredit plus large, plus séduisante et plus philosophique que la seconde; c’est elle que je veux adopter , sans oublier toutefois que c’est à l’anthropotomie que tout doit être rapporté ici, que c’est pour elle que le concours a été ouvert, et qu’ainsi l’organisation humaine doit être le point de départ de montravail. On conçoit dès lors dans quel ordre doivent se succéder les diverses parties de cette thèse: je Je- 7 terai un coup d'œil sur l’histoire de l'anatomie du système dentaire ; je donnerai un aperçu du sys- tème dentaire en général, je décrirai avec le plus grand soin les dents de l'espèce humaine; et je terminerai ma tâche en montrant les modifications que présentent ces organes dans la série des ani- maux. A TT AT A A A A A AA A A AA A AA A LS ARR AR A AT AA TE TE A AS PREMIÈRE PARTIE. Coup d'œil historique sur l'anatomie des dents. Il est peu de sujets en médecine sur lesquels on ait tant écrit que sur les dents ; deux cents volumes con- tiendraient à peine tout ce qu'onenaimprimé! Mais est-ce à dire que tout soit connu à cet égard? Est- ce à dire que la matiére ait été épuisée et qu’il ne reste plus rien à faire? Nullement. L’anatomie n’a pas encore le dernier mot de la nature sur cet inté- ressant sujet, et il reste encore, quoi qu’on en dise, quelques doutes à éclaircir et plus d'une difficulté à résoudre. Objectera-t-on l'immense quantité d’ou- vrages dont nos bibliothèques sont surchargées? Mais qu'importe le nombre? Qu’importe que cha- que dentiste présent et passé se soit cru obligé d’é- crire un volume et d’éditer ses réveries ? Qu'importe que chacun d’entre eux, dans un de ces accès de con- tentement personnel si communs parmi les auteurs, ait eu Ja prétention d’avoir découvert enfin les der- 9 niers secrets de l’organisation dentaire? Toujours d ÿ - , PL. est-il que cette apparente rt h:s5se n’a été fort long- temps qu'une pauvreté pr leutieuse et pas autre chose. Il faut s'être dévoué comme moi et avoir eu le courage de parcou“r: Péternel'e suite des traités et. des monographies sur les dents ; il faut, comme moi avor été forcé de lire ces rebutantes compilations qui se sont sucer dé avec une constance désespérante, depuis Îles premiers enfaute nens de Ja science jusqu'a nos jours; il fant enfin comme moi être allé, l: micro- scope de l’histoire en main. à la recherche de la plus petit: découverte perdue au milieu d’un fatras sans fin d'absurdités, je dirai presque de niaiseries , pour avoir uue idie de la lerteur des prosrés. de Panito nie des dents; mais ce qui m'a le plus frappé dans le cour, de ces recherches historiques, c’est la co istance avec laquelle Les véritables décou- vertes, celles qui doivent rester dans la science, ont eté tour à tour cowbattues et repoussées pour des erreursqu'on a mises àleur place. Ainsi, par exemple, Eurtacke et Fallope, comm ol: verra plus tard, ces habiles correcteurs desillasions deVésale,avaïent en quelques pages idiqué les véritabl:s caractères de la structu e:t du développement des dents, et ponr- tant.c’est à peine si leurs billes recherches outétére- marquées, ct il a fallu près de trois siècles de con- (roverses inutiles pour reveuir, à quelques modifi- calions près, a ce premier poiut de départ. On verra aussi dans le cours de cette exposition 2 10 historique beaucoup de nouveautés actuelles dont l’origine est cependant de bien vieille date. Que de découvertes, en effet, à paternitémultiple! Que d’en- fans nés avant leurs prétendus pères! Que de vieil- leries érigées aujourd’hui en nouveautés! Pour mettre de l’ordre dans l'examen historique auquel je vais me livrer , je le diviserai en plu- sieurs périodes qui reposeront l'esprit du lecteur, et lui permettrontde fairelui-même plus facilement les rapprochemens que les faits lui inspireront. Fy trouve aussi mon avan/age, car ce sera des sor- tes de halte qui m’aideront à mieux supporter les ennuis de recherches qui ne sont pas toujours sans peine et sans difficulté. PREMIÈRE PÉRIODE. Temps indéterminés de l'Égypte, de la Chine et de la Grèce jusqu'à Aristote. Au rapport d'Hérodote, dès lcs temps les plus reculés, chez les Egyptiens, Part du dentiste, et par conséquent l'anatomie des dents, élail réservé à une caste particulière qui leur donnait exclusivement ses soins. Dans un rapport sur l'examen d’une momie, que M. V'illeteau a communiqué à M. Sylvestre de Sacy, on lit que les dents paraissaient usées de vieillesse etavoir perdu leur tranchant, mais qu’elles étaient toutes conservées et qu’elles ne paraïssaient pas avoir ‘1 été pâtées. Il ajoute que c'est même eucore aujour- d’hui une chose très-remarquable en E’ypte, que les naturels de ce pays aienttous de trés-belles dents et les conservent telles jusqu’à l’âge le plus avancé. Voilà à peu prés à quoi se réduisent toutés mes recherches sur les prétendues connaissances ana- tomiques dessavans de l'Égypte, ce vieux berceau des sciences humaines, et encore a-t-il fallu les deman- der à des tombes muettes, à des cadavres momifiés! = Les temps indéterminés de la Chine ne m'ont ‘pas éclairé davantage: et, en effet, ést-il éton- nant que des hommes qui regardaient comme une cruauté inouic l'ouverture des corps morts, el pour qui les ossemens humains étaient ün spectacle d’effroi et d’horrear, n’aient rien laissé sur le su'et qui m’oc- cupe? Je dois constater cependant qu'ils ont clas- sé les animaux d’après leurs caractères extérieurs, et que les dents leur ont beaucoup servi dans ces premières ébauches de divisions zoologiques. Je n’ai non plus, pour Îe sujet en question, rien de précis à emprunter aux premières annales de la Grèce; le temps a tout détruit et tout ce que je trouve de plus remarquable dans cette lon - gue série de siècles, c’est la définition philosophique qu’Homère donne des dents : J1 les appelle de pe- tites barrières imposées, par la nature, aux écarts de la langueet aux abus de la parole. Est-il besoin de constater qu'Erasistrate parle d’un odon'agogue en plomb qui était suspendu au temple d'Apolln , pour indiquer qu’il ne fallait arracher que les dents 12 tellement ébranlées qu’lies ne pussent résister à un iostrument si laible ? I faut arriver aux phil-oplie; grecs pour trou- ver u ques indices de conn ussa 1ces réelles sur Les dents, et voir dansles ouvrages di pocrate l’en- semble des idées qu'ils s’en étaiut formées. Disons pou: tant qu'il e:t bien extraordivaire qu”4lcmaeon de Crotunne ; qi connaiss it la trompe de l'oreille moyenne, que Demncrite,qui disséquat le cerveau pour y découvrir le siég : de lafol e, qu'Empcdocle enfin, qui, au ra port de Plutarqu?, avait trouvé, daus le temporal , une construction en forme de li- maçou, n'aient pas eu plus de connaissances positi- ves sur 4es dents, q'ie c. Îles que nous a transmises le médecin de Cos. Voyons douc.ce qu'en dit ce dernier. mue, H ppocrite a dit: Frig'dlum inim'e:um ossibus, d'ntibus,nervis, cerebro, dorsal: meluil ©: dum vero amicum. Quelques aiteurs out ar: ué de cet aphorisme qu'Hippocrate distinsuait les dents des os; mais cette conséquence est-il : bien rigoureuse? [l'est plus probable qu’il a voulu indiquer par laque les dents, parmilesos, reçoivent part'culièrement uneinflueuce fun-ste de l’action du froid et pas autre chose : du reste, il lève lui-mêne tout doute à cet égard, car il appelle positivement, dans liutres aphorismes, les dents c'es os. Il à particuliérement insisté sur les phénonèues de la dentition, surles accidens qu’«lle dét:rmine, sur les sigres que les dentsfourmisseut dans Quelquesma- 13 ladies : ce qu'il en dit de plus remarquable , au point de vue anatomique, c'e-t que leurs germes se développent dans le fœtus. Il appelle Les dents de sagesse dppononpes et partage l'opinion que d’autres auteurs ont soutenue après lui , savoir que les dents nombreuses sont un signe de longévilé ; voici da rest: son propre Lexte : Or LA poGuot mheugoucs odovtas excuse. Il pense aussi que leur agacement, venant chez la femmeenceinte, est un symptôme de superfétation. DEUXIÈME PÉRIODE. D'Arsitote à Galien. Aristote, ce génie supérieur, dont les connaïssan- ces anatomiques ont été si extraordinsires pour l'époque à laquelle il vivait ,est le premier qui att consacré un long chapitre à l'étude des dents. C’est lui aussi qui le premivr les a considérées d’une ma- mère un peu large, philosophique, et a fait ressortir leurs ca:actères dans les différentes classes d’ani- maux. Ce chapit e renferme sans doute beauconp d’er- reurs gressiéres; mais On ne le t ouvera pas moins dig re d’atteution, si l’on veut se rappel r qril a été écrit 350 ans avaut l’ere chrétiennc. P ur mieux faire apprécier les p ogiès qre cette partie de Pana- tomi : a faits de uis lui, je crois qu'il ne srra pas iuultile d’en présenter ici un aperçu sénéral : Aristote dit que les dents présentent des difié- 14 rences tranchées de l’homme aux animaux et dans les divers genres de ceux-ci entr eux. Tous les animaux vivipares , à sang rouse, ont des dents, mais tous n’en ont poiat également aux d'ux ER, Les animaux à cornes n’ont pas de dents sur le devant de la mâchoire. supérieure, etilen est qui sont dans le même cas, quoique sans cornes, par exemple, le chameau. Il est des animaux qui ont des dents saillantes en dehors, comme le porc mâle. Chez les uns( lion, panthère, chien), les dents sont en forme de scie ; chez les autres, planes ( che- val, bæuf). Aucun animal n’a en mème temps de dents saillantes et de cornes, et aucun de ceux qui out les dents en forme de scie n’a ni dents saillintes nicornes, ( Aristote appelait dents saillau- tes, par exemple, les défenses: de l'éléphant.) Ordinairement les dents de devant sont aiguës et celles du fond larges; cepndant toutes les dents du phoque sont en forme de scie : il semble que c’est parct qu'il fait la nuance des quadrupédes aux pois- sons, qui Lous ont les dents ainsi faites. Aucun des animaux, dont } je viens de parler, n'a une double rangée de dents à la même mâchoire; c-pendant, s'il en faut croire Ctesias, il existe, dans les Indes ,; un animal, nommé Martichore, qui en à une triple rangée, ætc. Aristote cousidérait positivement comme des denis les défenses de l'éléphant. Il dit qu'il n'y a que le: dents de devant qui changent dans l’homme, que l&3 molaires ne tombent chez aucun animal connu, que le porc nc perd aucune dent, que l'age de 15 beaucoup d'animaux se reconnaît aux dents, qu’elles deviennent noirâtres à mesure qu'elles vieillissent, et que cependant l’âge les blanchit , par exception, chez le cheval. Comme Hippocrate, Aristote pense que ceux qui ont beaucoup de dents jouissent ordinairement d’une vie plus longue, et que ceux qui les ont moins nombreuses etécartées vivent communément moins. Les animaux qui ont les dents en forme de scie ont généralement une bouche fort grande. L'homme, dit Aristote, a plus de dents que la femme, et cette particularité s’observe aussi sur Îles femelles de quelques animaux ( les brebis, les ché- vres, les truies ). On conçoit difficilement qu'une erreur pareille ait pu échapper à cet anatonnste , à moins que le texte ait été altéré, ou bien, comme le pensent quelques auteurs, qu’il wait récllement pas disséqué et qu'il wait été que lhistorien des connaissances anatomiques de son époque. Il considère le bec des oiseaux comme la repré- sentation de leurs dents, et comme analogue aux cornes et aux ongles, et cependant, par une sorte de contradiction, il dit que les dents sont de même pature que les OS (oc de ODOYTES KATA TYY TU)Y og8wy EtGt ousw): il indique toutefois, comme différence, la Ficulté que les dents ont de se reproduire. Depuis Aristote jusqu’à .Galien, lanatornie des dents, n’a fait que bien peu de progrés : il est ce- pendant problable qu’Æerophile et Érasistrate , ces deux gloires de l'École d’Alexand vie, n'auront 16 pas laissé ce sujetsans y jeter quelque lumière ; mais le résultat de L'urs travaux n'est pas arrivé jusqu’à nous. I faut dire aussi qu’a en juzer par ce que dit Ce!se sur les maladies de ces organes et les opéra- ins qu’on pratiquait sur eux, et par le conseil que dunne Arch'gène de les perforer avec un petit tré- pan, d ns le cas de douleurs violentes , il est évi- dent qu’on s'était occupé de leur structure et qu’on avait fait faire quelques pas à leur anatomie. Arétée donne une mesure de sus connaissances sur la structure desdents, quand il lit que dieu seul connaît la cause des douleurs de deits. + Pline, plus historien qu’anatomiste, le com- pilateur universel , le narrateur de fablés, ainsi que l’out appelé quelques auteurs, n’est pas all, sur l'anatomie des dents, plus loin qu’Aristote; 1l a ajouté seulement quelques erreurs de plus et beau- coup d’onecdotes plus ou moins absurdes. Il dit, par exemple, que les dents de l’homme renferment un virus malfaisant , ct que leur morsure pourrait tucr des animaux faibles. Pur lui, la circonstance de la présence de deux dents canines au côté droit de la mâchoire supérieure est un présage de succés et de fortune. Il rapporte encore que les soldats de l'armée de Germauicus César , eampée en Ger- manie, perdireut toutes leurs dents pour avoir bu penrlant deux ans de l’eau douce d’une fontaine. Il ‘cite un assez grand nombre de variétés de forme ob- se vées sur les dents de l'homme, et il parle à ce cuict d'Hercule, qui, s’il faut l'en croire, avait une 17 triple rangée de dents; du fils de Prusias, dont l'histoire est si connue, et des nommés Curius et Papyrius , qui sout nés avec des dents, eLqui, pour cela, ont reçu le surnom de dentati ; il parle aussi de dents dév: loppées au jalais , ete. Arislote avait dit que les animaux, qui ruminent et qui n'ont pas de deuts en furme de délenses au- devaut de la mâchoire supérieure, avaient tous des cornes, par une serie de compeusation ; mais Pline lui obecteavec raison l’exemple de la biche, qui n’a ui ls unes, ni les autres. TROI-IÈME PÉRIODE. De Galien et lésale. Galieu, riche desrecherches de ses prédécesseurs, et particulièrement des Ælexandrins, a mieux dé- cril les dents qu’on ne l'avait fait jusqu’à lui; il as- sure qu'elles se forment toutes pendant la gestation, mais qu’« Îles restent cachées d'ins lesalvéoles jusqu’à la naissance ; Que les molaires de la mâchoire supé- tieure ont trois racines , celles de l’inférieure seu- lement d':*x, et que les canines ont aussi été dési- gnées sou: le nom d’oculaires ( o opaunor } parce qu'elles recoivent des rameaux d’un nert qui en donne aussi à l'œil. Ha fait un long chapitre sur leurs formes, leurs foncuonset leur évolution , et il ne doute pas que ce ne soil de véritables os : £n o:sium numero dentes habendi sunt , etsi secus nonnulli sophistæ arbi- trentur, Comme il n'avait disséqué que des animaux 3 18 ilaindiqué pour lPhomme des parties dont il est cependant privé, parexemple, les osinitermaxillai- res. Enfin il ne doute pas que lesdents ne sentent, et il se donte lui-même pour preuve : quare utrius que doloris sensum expertus, alium quidem gengivis, alium ipsius dentis substantiä esse non dubito. H raconte. que plusieurs esclaves, à qui on avait arra- ché viol:mment Les dents ,sont morts de coavulsions. Les dents, dit Æétius, sont ouvertes à leur racine et ces ouvertures livreit passige à de petits cerfs venaut du érijumeau; c'est pour celle raison qu’elles sont les seuls os qui par eux-mêmes peuvent deve- nir douloureux. Ces remarques sont déjà plus posi- tives que toutes celles qi précèdent, et font hon- neur à leur auteur en raison de l’époque éloignée à laquelle il vivait. Aétius ajoute q'ie les dents croissent jusqu'a la vieillesse par le dépôt du fluide nerveux qui se fait à leurintérieur ; mais à cet âge, dit-il, la nutrition ne se fait plus en elles, elles vacillent et tom- bent. Rhazes à décrit les phéaomènes de la dentition, mais d’une manière fort peu complète. Ge qu'il a fait de plus remarquable sur ce sujet, au rapport de Sprengel, c’est d'avoir combatta l'emploi des corps durs qu’on donnait à son époque aux enfans pour favoriser la sortie des dents : il proposa de les rem- placer par des frictions sur les gencives. Avicenne n’a pas fait faire plus de progrès que lui à l'anatomie des dents; partisan servile de Galien, il n’a vu dans ta ces organes que ce que ce dernier y avait trouvé, or comme: il a été facile de s’en convaincre ses eonnais- sances étaient bien peu avancées, Abulcasis a élé le premier qui ait enseigné qu’on peut remylacer les dents tombées par d’autres, soit nalurelles, soit artificielles ct faites ave des os de bœuf; maisil ajoute que pour réussir il faut être un artiste habile. J'ai cité ce fait parce qu’il se rat- tache directement à la physiologie dentaire, et je dirai ici pour ne plus y revenir, et malgré linter- ruplion qui en résulle dans l’ordre chronologi- que,qu’'Æ#mbroise Paré a rapporté le premier exem- ple à peu près authentique d’un succès obtenu par cette transplantation; laissons-le le raconter lui- même : « Un homme disne d’être cru m’a affirmé » qu’une princesse ayant fait arracher une dent, s’en » fit remettre subit une autre d’uve sienne damoi- » selle, laqu Île se reprint; et quelque temps après » mâcbait dessus comme sur cclle qu’elle avait fait » arracher : cela ay-je ouy dire , mais je ne l'ay pas » veu. » , Bénedictus a rapporté des cas de dents dévelop pées au palais, il ne dit du reste rien sur l’anato- mic qui mérite d’être cité. Paracelse considère le développementtrop précoce des dents comme une grande anomalie et il appelle monstres ceux qui naissent avec des dents. Fracassa!lor est un des premiers qui ait indiqué les liens sympathiques des dents et des orcilles : 20 Simi'iter etsi acutus valdè s't sonus et stridulus, applicatio sis vim patitur membrana auditis , et quasi ist : offenditur, und? contrahitur repentè ac cum ea simul et nervuli quidam usque ad radicem dentiim, à quem locu m incidens subito novus ae horrorem quemdum circà dentes facit. QUATRIÈME PÉRIODE. De lésale à Harvey. Le r staurateur de l'anatomie humaine, l’ésale,: n’a pas étudié les dents avec l: même soin que Îles autres parties du coris, et n’a rien luissé que no‘s puissions lui emprunter; il en donne une descrip- tiou fort court: t sans importance. Il pense qu’elles sont des os, mais qu’elles diffèrent parce qu'elles sont à nu ct q Il: sentent par un rameau n rveux qui es reçoivent par leurs racines. Selon lui, les dents de lait servent de germes aux permanentes. Cet'e ex. osition,co nme on voit, laisse beaucoup à désirer ct n’est pas digne d’un auatomiste aussi dis- tingué que l'était Vésale. Eustache s’est p'us occupé de l'histoire de# dents qu'on ne Pavait fait jusqu’à li etil a bexn- coup enrichi leur anatomie. Sa description sur leurs formes différe tes, leur nombre, leurs varié- tés ne laisse rien à désirer ; il indique leur mode d’articulation et des liens solides dont il n’explique 21 pas la nature d’une manitre cla're (adsunt præ- tereà vincula fortissima radicibus prwcipuë alhe- ren ia), seulement il compare plus loin l’adhé- rence des dents aux geicives à celle des ongles à la peau (sicu! cutis extreme unguium parti adhæ- rescit, ità gingivæ dentibus a ljunctæ sunt ); pense avec |. s anciens que la dureté des dents des an.maux est en raison de leur férocité. Quant à leur structure, Eustache s’en est occupé avec soin; il a reconnu les deux sub tances qui en- trent dans leur composition, et compare l'émail à Pécore des aibres ( duplici substanti& veluti ar- bores teguntur, sic,etc.). Dans un article sur leur dévelop, ement il décrit les folliciles, leurs vais- seaux, leurs nerfs, il réfute l'opinion de ceux qui pensaient que les racines de, dents de lait servaient à laformation des permanentes, et dit à ce propos, que si on ne voit pas chez les fœtusles germes de ces dernières, c’est qu'ils soit encore trop pelils pour être bien reconnus; mais qu'ils existaie rt biere réell:ment; prouve aussi qu'elles du diff remment que les os el se fonde, e aut es raison, sir ce que leurs fractures ne se consuli- de:t pas. Eustache pense que les dents sont sensibles direc- tement par les nerfs du follicule qui pénétreut dans leur propre substance et que les douleurs dentaires sont d'autant plus vives que ces n rfs sout fortement comprimés; mais, comme on vale voir, 1l w'affirme 22 rien et ne donne son explication qne.comme une- conjecture : Egoquamquam certam demonstratio- nem non habeo, conjectur& nililominus adducor, ut suspicer nervum, qui in concavitale dentium penetrat, in minulussimos surculos diffusum eur intémä ipsorum substantiä , quæ mucosa est initio gencralionis commiscert. AE Eustache décriten outre longuement la sortie des dents, prouve que les temporaires n’ont aucune analogie avec les permanentes , et termine par un chapitre bien fait sur leurs fonctions et leur ntilité. I dit à ce propos que les chiens les plus forts de- viennent poltrons quand ils viennent à perdre leurs dents. 11 doune aussi quelques détails sur leur ana- tomice comparée, et décrit particulièrement eclles du singe; enün, pour ne rien omcttre, il rapporte une série d'anomalies curieuses et parle de quatre denti- tivns successives. Sylvius consacre un chapitre à la description des dents; mais on n’ytrouve rien de nouveau, et 1} n’est pasallé in que Galien dont il a copié toutes les erreurson sait qu'il répondait à ceux qui lui objectaient les découvertes de Vésale, que le méde- cin de Pergame n'avait pas pu se tromper ; et qu'il fallait que depuis lui l’organisation humaine se füt changée. Columbus conseille de n'arracher les dents de lait qu'avec beaucoup de précaution, parce que leurs racmés servent au développement des perma- 23 uentes.Ilne gomme pas même leurs follicules, et dit qu'il ne comprend pas pourquoi elles ne sortent qu'après un an. Selon lai, mal-gré qu'elles croissent toujours, qu’elles sentent et qu’elles soient à nu, on ne doit pourtant pas les séparer tout à fait des os : ( Quamvis à reliquis ossibus dentes distinsuantur, tm sensu et quia denudatisunt, quod cæterorum nullis contingit, tm et quodtolo vitæ tempore in- crementum suscipiant, ele. H parle de dents ad- bérentes aux alvéoles, etc. T'allope (opera onmnia,édit. de Franriorl) a dit, « Denies hi, dèm nascituripuer diversä ex mate- » ri constant, allerdosse& et durä, alerä molli. » Prior pars quä erupturi sun ossea el casa, posle- » rior vero mollis admodumet hunuida est,atque pel- » Lculä quädarn tenu vestita videtur , quod etiam »iR Origine pennarum dicrn adhuc leneræ sunt, » apparet.Quoniam pars illa que exirä culem pro- » eminet cornea et dura est, illa queæ in aliis lati- » tatrnollis, humidave,velpituila concretaapparet.» Il est digne de remarque qu'il appelle la substance dentaire cornea. Plus loiu, Fallope-signale la dis- parilion desalvéoles aprés la chute des dents. Fallope a décrit liter dentis, non comme une caviléque parcourt la dent, mais comme un prolon- sement du folliculea la gencive; il signale auss un trou osseux àlravers lequel clle s'échappe au dehors; c'estun ter dentis qu'il compre-nait à sa manière, et de là à ce qu’on en dit aujourd'hui, la différence n'est pasgrande, ainsrqu'on va le voir: « Geriinum api- » cem possidet folliculus alterum., pes'eriorem, cui » nervulus el arteriola et venula applicantur, alter 2 » RUN vero priorem à A veluti caudd quædam » pendel nervea , quæ/oramen ossis angustissimum » ad latus illius den'is , cui novus successurus est, » usquè ad gingivas egreditur. » (est évident que c’est particulièrement à l'occasion des dents de la se- conde dentitionque Fallope signale cette partic:1la- rilé ); puisilajoute : « Æ'rumpit tandem unusquique » dens per id foramen d'latatum perquod anteà an- » gustissimum existens, transmillebatur fotliculi » cauda à medicta, atque folliculus disrumpitur et » dens nul dus , durusque extat , temporisque suc- » cessu in parlibus posterioribus perficitur. « L’au- teuravoue que ce m'est qu'à force de patier.ce, de puine ( multo su lore ) el de recherches minulieuses qu'il est parvenu à découvrir ces objets qu’il donne du reste, onr constans. Ingrassias a eu aussi des connaissances précises sur la formation des dents, il a ad nis quatre sortes de deutilion ane qui se fait dans la matrice, les trois autres après la naissance ; à cela près rien de parliculier que nous ne counaissions déja. Amb. Paré dausle sixiéme livre de sn anatomie dont il a fait précéder , comme on sat, ses œuvres chirurgicales, a aussi décrit les dents : il donne pour raisous de ce que celles dela mâchoire su- péricure sont plus grosses el ont plus de racines que lesinférienres : gu’icelle mandibule est plus dure que la supérieure et anssi à cause que ces dents. estant assises sur leur rarine, et non suspendues, comme cel es de la mundihule d'en haut. r’avaient beso n de tant de racines pour leur stabilité et asseurance. 25 Coïter, qui asi bien traité de Postéogénie, dit positi- vement que lés lents ne sont pas desos, parce qu’elles proviennent d’une mucosité partienlière et qu’elles ne passent pas par l’état cartalisineux : quum ossa fiunt per intercessionem cartilaginum, dentes vero ex conversione mucoris in dent um subslantiam , nulo interveniente medio, opinor dentem non esseos, sed proprium aliquod corpus durius, candi- d'dius et solidius. Ha décrit les dents mobiles et J'ampo ile. vénéneuse de la vipère. Rousset ( lib. de hominis primordiis) rapporte qu'il a connu en Flandre une femme chez qui les règles se sont établies par l’alvéole d’une molaire qu’elle avait perdue. Plater pense que les dents sont par elles-mêmes incapables de sentir et que la sensation doit être rapportée à la portion de la gencive qui les entoure, Forestus , cite l’histoire d’un esclave d'Éthiopie qu'ou ne voulut pas achi ter, parce qu’il avait tou- tes ses dents du genre des caunes et qu'on vit là un mauvais présage. CINQUIÈME PÉR'ODE. D'Harvey à Bichat. C’est dans cette longue période qu'on s’est occupé le plus de Panatomie des dents Les monographies qui ont été faites sur ce suj:l sont extrémement 4 26 nombreuses, mais la science ÿ asipeu gagné, les idées nouvelles y sont :i rar: s, que je serai forcé d’en pas- ser sous.sileuce lumajeure partie, Je pe parlerai que des plus importaates, el je ne aolerai que ce qu'elles offrent de-plas saillint. ER INO 1 &/ 9 Spiegel a reconnu que les dents.sont plus solide- ment lixéesdans léurs alvéolesqu md les racines sont en forme de crochet. Scaliger: les-appelle.des os sui generis : nie qu'elles jouissent d’une.sensibilité. propre et il les comipare, sous ce rapport, aux on ules, Aerkriag les trouve lout à fait analogues.aux os àlen dit du, reste à peine quelques. mois. :: de déntibusnihildicam aliud, quannihilesse quod hic peculiariter sit commemorandum ! W est réelle- ment extra rduiatreque cetauleur qui s'élatLogcupé avec tant de soin de l'ostéogénie, «tqui en à fait le premier ui traité complet généralemeit. estimé , ait cru devoir passer si lésérement sur umsujet de cette importance. | ft fs Beckei- et Schræder n’ont guère dit que des ab- surdités sur Les dents; ils assure, par exemple, que celles qu’on arrache à un mort servent de pré- servatif contre les verins ( veneficia,). , Thomas Bartholin et Genga out fait mention d'une dent qu occupait tout le contour du bord alvéolaire, et le premier dit avoir vu un homme qui avait une det de fr ; il donne même quelques rai- sons futiles pour expliquer ce fait. Puisque jesuis sur ce sujet, je parlrai aussi de cette fameuse dent d'or dont des auteurs plus récens se’sont Lant occu= 27 pés, et au sujet de laquelle ils se sont épuisés en ex- plicalions ridicules et en commeutaires puérils: Ungebaur, qui s’est si justement moqué de la crédulité de ceux qui ont ajouté foi à ce conte ab- _surde, croit pouvoir expliquer Perreur par ce qui arrive quelquefois aux ruminans, dont les dents prennent la couleur des plantes à sucs jaunes dont ils se nourrissent. On lit, dans une dissertation de Fulchius (Devacillat. et palirgenesi& dentium), que Rhumbaurnius à vu un enfant qui avait soi- disant une dent d’or. On le montrait au public pour de largent et comme une rare curiosité. Rhumbaumius ayant fait venir un orfèvre, lui fit prendre une parcelle de la dent et la lui fit analy- ser. L’orfcvre déclara que c'était bien réellement de lor. Cependant le lendemain Rhumbaumius _examina de nouveau lenfant; mais il s’aperçut qu'il n’y avait plus aucune trace du petit emprunt qu’on avait fait la veille à la dent. 11 se douta alors d’une supercherie, et en effet, après avoir exa- miné avec plus de soin qu’il ne l'avait fait jusqu’a- lors, il vit un petit trou an niveau de la gencive: il y engagea la pointe d’un stylet, et parvint à dé- tacher une lame d’or qui recouvrait une dent na- turelle. : Demerbroeck a parlé de dents ahssh vis au palais et dont la pointe lésait la langue, Par une erreur bien extraordinaire pour folk à laquelle il vivait, puisque déjà l'anatomie des dents était riche de tous lestrayaux dont nous venons de par- 28 ler, il a soutenu, lui, qu’elles ne se formaient qu'a- près la na ssance et du superflu des matériaux des- tinés à lossification générale; c’'estuncérreur cepen- dant dont il n’estqu’’udirectement responsable; car on la trouve tout entière dans Hippocra'e. Enfin on lit dans Diemerbroeck des exemples curieux d'anomalies; il se cite lui-même pour une dent canine qu'il se fit arracher à un âge déjà avancé et qui pourtant à été remplacée par une autre. Il rap- porte aussi avoir vu à Utrecht une femme de cin- quante-six ans, qui avait recouvré deux incisives à la place de deux autres qu’elle avait perdues deux ans auparavant. Gagliard croit que l'émail des dents est com- posé de fibres parallèles enduites d’un suc concres- cible particulier, et qui acquiert une consistance beaucoup plus grande que celle des os. Ildit aussi être parvenu à produire des étincelles en frottant les dents entre elles, mais mieux avec de Pacier. Fr dericus, dans une dissertation ayant pour ti- tre : De dentium statu naturali et præ'er natural, a montré une grande érudition et a présenté une histoire assez complèce du système dentaire. Il dé- bute par un long article sur l'importance «t la di- gnité des dents (lignitas dent'um . {l rapporte que dans certaines parties de lnde les dents étaient autrefois si estimées, qu’on les offrait en sacrifice aux divinités. Il dit aussi, d’après quelques histo- riens, que les anciens, voyant que les dents ne se corrompaient pas dans les sarcophages, pens lent 29 qu’elles servaient à la résurrection des corps. Plus Join il compare la dent à un grain renfermé dans un épi, et il appelle germ na'ion l’ensemble des phénomènes de la dentition : T'otus dens p'imüm inclusus est fo liculo seu membranû tenui ac pel= lucidä, non secùs ac granum in aristà. rHdéricis dit encore que les dents des Éthio- piens et des Indiens sont généralement plus blan ches que celles des peuples septentrionaux, mais qu’elles perdent beaucoup de leur éclat chez ces derniers par l’sage du bétel. Fride icus signale enfin en ces termes les liens sympathiques qui unissent les dents à l'oreille : « bacu um terra infixum Si dentibus arripias .fa= « cilièsaliquem elonginquo noctu advenierten per- ” « C pes. Higmore le premier a rapporté un exemple d’une pénétration de la racine d’une canine dans le sinus max llaire, chez une femme qui fut. d t-il, fort cffrayée quand elle vit un stylet pénétrer si profond:ment dans sa tête. On doit à Duverney une bonne monographie sur les dents. [! compare la membrane quiento re la dent à celle qui enveloppe le fœtus et il Pappelle choroïde. M dit que le follicule a la forme de la dent qu'il doit produire; il pense que celle-ci est co npos ‘e de couches superposées et queles exter- nes sont les plus dures. Suivant lui, sila na'ure ne les a fait percer que les unes après les autres, c'est uniquement pour éviter des douleurs trop vives 30 aux enfans. Il dit que quand la dent est sortie la choroïde l'abandonne', pour rester dans l’alvéole dont elle forme le pévivste. Il trouve beaucoup de rapports, au point de vue du développement et de la nourriture, entre les défenses de l'éléphant, les plumes, les poils et les dents, et donne une bonne description des vaisseaux et nerfs den- taires. À un certain âge, dit Duvernay, la cavité de la racine düninue si fort et les vaisseaux sont si pres- sés, qu’ils disparaissent presque tous; c’est alors qu'il se dissipe plus de parties par le frottement qu'il n’en vient pr l1 nourriture, et c’est ce qu’on peut appeler l’ge de la décadence des dents; alors aussi elles s’us nt beaucoup et elles deviennent plus courtes. Il signale également locclusion com- plète des alvéoles chez le vieillard et l'explique par une force particulière de retrait, par Paction mé- canique de la gencive et par la pression pendant la mastication. Il dit aussi que si la mâchoire in- férieure dépasse chez eux la supérieure en avant, cela tiert à la dispari‘ion des alvéoles qui faisaient une saillie plus grande sur celle-ci que sur la pre- mière. Duverney dit encore que si on vient à perdre une dt, celle qui lui est directement opposée soit en haut, soit en bas, sort de son alvéole et s’a- Jonge un peu, comme pour cacher la place de celle qui manque. Il admet que les gencives ont un lien vaseulaire qui les unit directement aux dents par- 31 cequ'ilestrareque celles-ci ne s'altérent pas quand les premières sont malades. Enfin il termine par un article, spécial sur les cornes des animaux et considère leur développement à peu P ès comme l'avait fait Malpighi. Bidloo pensait, mais sans en donner des preuves, que l'air extérieur concourait à linduration des dents. Cloplon Havers croit que l'émail est de nature pierreuss et Pivoire de li nature desos, surtout ce- lui des racines : ces dernières, dit-il, sont recouver- tes d'un périoste, Il pense aussi qu: le follicule ne fournitplus aucunenourriture à l'émail dés l'instant qu ‘ilest bien formé : il assurerependant avoir vu au microscope des filets nerveux du bulbe traverser livoire par de petits canaux et arriver ainsi au pé- rioste. C’est par cette disposition anatomique qu’il croit pouvoir expliquer la sensibilité des dents. erleyer, par suite de la ressemblance qu'il trouvait entre les dents et les cheveux, pensail comme on le seal alors, que les premières _croissent toujours , même après la mort. Raw, s'ilen faut croire la relation d'un nommé Anonymus sur un voyagé faiten Angleterre et en Allernagne, a constaté que les dents incisives définitives sont situées derrière celles de lait correspondantes , que les canines au contraire sont situées au devant de: leurs analogues et qu'enfin les molaires sont directement au dessous 32 d s molaires primt'ves. Raw a cru devoir tirer une conséquence d cette disposition et il à con eillé, lors ue les dents de lait existent avec les définitives , d’arrach r les amérienres pour les incisives et les postérieures pour les canines. Georges T'enn, dans une thèse soutenue sous la présidence de Sigismondi, ne dit rien de par icu- lier sur les dents; il renouvelle seulement la vieille cruyance que des vers peuvent se developper dans leurintérieuretdevenir causede douleurs violeutes. Sermes, dans une lettre insérée dans les éphé- mérides germaniques rend compte d’un dîner qu'il donna à des médecins parmi lesquels se trouvait Verduin; on y souleva cette question : que deviennent les racines des dents de lait? Les uns soutinrent qu’elles étaient détruites, les autres qu'elles n’existaient pas : Sermes se rangea de la première opinion; il attribua leur destruction à l’action des dents permanentes et en donna pour preuve une dent de lait dont la racine nétait usée que du côté par lequel la dent difinitive la pressait. Sermes ajoute que Île follicule de la dent lui parait être une dépendance de lagencre, ( hœc bursula mihi vi ietur a gengi- vis mutuata; :à enim avell ging.vas, simulextraho bursu'am il'am cum dente , etc.) Christian Schwardt, dans une dissertation sur les dents de sagesse, donne une bonne «.escription des dents, et indique une série d’accidens dont elles peuvent devenir Poccasion; il dit aussi que 33 de son temps on regardait ceux qui naissent avec des dents comme cruels et disposés à la tyrannie (an hœc res crudelitatis, uti vulgo opinatur, et ty- rannidis fuerit indicium etc.) Fauchart, dans son traité des dents ou le chirurgien dentiste, n’a donné rien de nouveau sur l’organisation dentaire et s’est contenté de ré- sumer tout ce qu’on en avait dit avant lui ; il appelle lui aussi choroïide la membranule qui entoure la dent et cite un exemple de troisième dentition. Langius à particulièrement insisté sur les causes qui peuvent influencer la dentition, soit en la re- tardant, soit en la rendant plus précoce; il pense qu'une bonne nourriture et par conséquent une bonne nourrice activent le travail d'évolution. Deichmann a soutenu en 1737 sa thèse inaugu- rale sur les dents de sagesse ; il commence par cri- tiquer cette désignation même, car dit-il, minime sapientiam adaugent, nec adferunt, et ubi nulla adest, ibi hisce dentibus non introducitur. On en croira sans peine Deichmann; mais a-t-il bien com- pris le véritable sens, l'intention philosophique de cette dénomination? il rapporte du reste des cas intéressans de dentition tardive et cite l’exemjle rapporté par Pline, d’un vieillard de cent quatre ans, chez lequel des dents se sont reproduites. Deichmann pense aussi que les dents croissent toujours, mais qu’elless’usent à mesure et dans la même proportion, excepté chezle vicillard où l’on n’observe plus cette sorte d'équilibre d’organi- sation. - 5 34 Ungebaur dans unethèse sur la‘ deuxième denti- tion, soutenue sous la présidence d’Hebenstreit, en 1738, s'est fait remarquer par quelques aperçus nouveaux et ingénieux. Il compare la dent à un œuf, et dit que lescouches se concrètent succes- sivement de la circonférence au centre : antè om- nia crusta ossea dentibus inducitur, sub quä non aliter ac testæ ovorum albumen continent, mollis aliquis mucus stabulatur qui paulatim lamina rum more a peripheriä versus centrum condensatur. Je n’entends pas me porter garant de cette manière de considérer les dents; je ne suis dans ce moment qu’historien. Il dit que la dent est primitivement contenue‘ dans son entier, dans la capsule du folli- cule qu’elle rompt en se développant. Ungebaur trouve en outre qu’il y a coïncidence, entre la disparition des apophyses des os et les der- uières pcriodes de la dentition, (coëncidit adéo- que totius dentitionis negotium cum apophysibus totius corporis obolitis, etc. Ungebaur a aussi décrit l'iter dentis de maniére à ne laisser aucun doute à cet égard; laissons-le parler lui-même : quod si inspicias maæxillas infan- tum, quibus primores dentes nondum effluxerunt, a tergo primæ dentium sirici videre licet foramen permaæxillam hiansvalde parvum, perquod folliculi dentem comprehendentis portio ad periosteum ex- ternum et gingivas tendit. S'il n’était pas bien évi- dent , que Fallope pensät que le prolongement du follicule, qu’il nomme cauda, fut creux , ce même 35 doute n’est plus permis pour Ungebaur : rien de plus clair que ce que je viens de rapporter. Kornmann dit que du temps de l'ibére, on à À en Sicile, descadavres ayant appartenu à pit bamaine , qui avaient des dents Iongues d’un pied. Godefroy Jancke à “fait une dissertatiôn sur les dents, en 175r, et voici, en peu de mots, ce qui m’a paru le plus digne d’être noté : il dit d’abord que les grosses molaires semblent être formées par la réunion de quatre canines; il explique ensuite le déjètement en arrière durebord alvéolaire du maxil- laire inférieur par les dents permanentes qui sont situées sur un plan postérieur aux dents de lait : il indique 11 dureté remarquable et comme cartila- gineuse qu’offrent les gencives avant la première dentition ; il décrit convenablement la forme des alvéoles, fée rapports qu’elles ont avec les dents et les modifications que subissent les mâchoires par suite du développement de ces dernières. Jancke croit pouvoir explique la chüte des dents de lait par l'oblitération des vaisseaux, produite par la compression des dents permanentes. (Cadunt igitur circà annum septimum, quia ed, ætate circi- ter, tantam magnitudinem secundidentes acquirunt, ut priorum pasa comprimendo claudere queant.) Ludivig, dans une dissertation ayant pour titre, de cortice dentium, s’est particulièrement occupé de la structure de l’émail : il assure que cctte subs- tance est de nature fibreuse; il s'attache à indi- 36 quer la direction des fibres dans les divers points de la couronne, et dit qu’elles s’impriment toutes sur l’ivoire ; il a objecté avec raison, contre ceux qui pensaient que l’airextérieur compl était l'émail, que sur une dent trouvée dans l'épaisseur de l'apo- physe palatine du maxillaire supérieuret par con- séquent à l'abri de toute action extérieure, l'émail était cependant aussi complètement formé que sur les antres dents. the Bertin a décrit assez complétement les dents dans sontraité d’ostéologie, et a émis sur l'émail une opinion que je crois devoir rapporter: cependant, dit-il (page 242), ilm'asemble que lacouche d'émail qui revét la tête, quoiqu’en disent les auteurs, se pro- longe jusque sur la racine et qwelle ne s’affaiblit que par degrés, depuis la couronne jusqu'à l'extré- mité opposée. Il indique aussi plus loin une troi- sième substance: il dit, en eff.t, que la cavité inté- rieure de la dent n’est pas entièrement vide, et qu’elle est au contraire remplie d’une substance molle, produite par un suc lymphatique qui s’épais- sit sans cependant acquérir la consistance osseuse. Vuilà, ajoute-t-il, ce que j'appelle la troisième substance de la dent, différente du noyau et de Pémail, etc. Bertin dit encore que cette substance forme parfois ur noyau dur qui n’a presque pas d’adhérence avecles deux autres, mais qui cepen- dant finit à la longue par s'identifier avec Pivoire, et faire corps avec lui. Ilexplique en outre à sa ma- nière le mécanisme de la sortie de la deat ; il dit 37 qu’elle a lieu parce que la racine, trouvant une ré- sistance invincible dans le fond de l’alvéole, ilen résulte une réaction qui la porte vers la gencive qui s’en trouve ainsi perforée. Les convulsions et les douleurs de la dentition trouvent, suivant lui, une explication suflisante dans la pression que les nerfs éprouvent de la part des gencives, dans la partie la plus profonde des cavités alvéolaires. Le traité de Bertin est sans contredit un des mieux faits de tous ceux dont j'ai déjà rendu compte. On lit dans les Mémoires de l'Académie des sciences un mémoire d’'AHérissant sur la formation de l'émail et la disposition des gencives. Il admet qu'il y a deux espèces de gencives, l’une pas- sagère, l'autre permanente. La gencive passa- gère est formée par un tissu coriace qui borde toute l’étendue de larcade alvéolaire , pour boucher les alvéoles, et il pense qu’elle tombe par une sorte d’exfoliation et par lambeaux, lors- que la dent la traverse. Selon lui, le sac qui con- tient le follicule dentaire est un prolongement de la gencive temporaire, la figure qu’il en donne res- semble beaucoup à celles qui représentent Piter dentis. Il pense du reste que c’est cette bourse qui sécrète l'émail, et qu’elle offre à sa surface une in- finité de petites vésicuies remplies d’un fluide qui se concrète pour former cette substance. Il ajoute : on n’est plus embirrassé de concevoir par quel mécanisme la couronne de la dent peut étre peu à peu enduite de cet émail liquide : ce que nous avons 38 dit du renversement de la bourse, qui se fait dans le mémé temps et à mesure que la couronne de la dent est chassée hors de l’alvéole, nous l'apprend; car alors toutes les adhérences de la surface intérieure de la membrune avec la couronne sont rompues, c’est-à-dire qu’alors les vésicules à émail sont bri- sées ; elles doivent donc verser leur liqueur sur cha- que portion de la couronne qui vient d'étre mise à découvert. Hérissant a donc indiqué dans ce mé- moire, et le fibro-cartilage gengival, et liter-dentis, étenfin une manière nouvelle de comprendre la formation de l'émail. Il en a plus diten quelques lignes que beaucoup d’autres en d'énormes vo- lumes. Haller a traité, avecla supériorité qu’on lui con- naît, du développement et dela structure des dents. Ce n’est pas qu’il ait fait des découveries impor- tantes sur ce sujet, mais c’est sars contredit celui, parmi les auteurs de son époque, qui a donnéPex- position la plus philosophique et de l'ordre Le plus élevé. Ce qu’il a écrit sur les artères des dents est original. Lassone s’est également occupé de la dentition et nous a laissé, sur ce sujet, une longue disser- tation. Il a cru reconnaître qu’une substance carli- lagineuse était placée entre la racine de la dent et l'alvéole formant une sorte de cloison in'ermé- diaire et adhérant à l'une et à l’autre. Cependant il n’assure pas positivement que ce soit un carti- lage réel, et il présume plutôt que cette lame 39 n’est que le périoste même épaissi par la compres- sion. Bourdet, dans un mémoire inséré parmi ceux de l’'äcadémie des sciences, a vu sur les grands ani- maux, les vésicules destinées à sécréter l'émail et a confirmé les découvertes d'Hérissant. Spallanzani, dans ses belles recherches sur les propriétés du suc gastrique, prétend que celui du chien corrode la substance vitrée des dents. - De la Fiere jeune a avancé que les fibres de lé- mail se développent à peu près comme celles de l’ongle , car il pensait que l’un et l’autre sont fi- breux. | Jourdain, dans ses essais sur la formation des dents décrit minutieusement le folhicule den- taire, depuis son apparition, jusqu’à la nais- sance, et le suit dans ses évolutions successives : il décrit aussi deux canaux particuliers dans la mà- choire inférieure du fœtus, l’un qui n’est qu’une échancrure, est destiné à livrer passage aux vais- seaux et nerfs des dents de lait, l’autre, qui est un véritable trou, aux mêmes parties pour les dents permanentes .Ce long mémoire, consacré tout en- tier au développement, offre un grand intérêt, parce qu’on voit clairement que l’auteur ne parle que de visu et que ce qu'il dit est le résultat de nombreuses expériences. Albinus également décrit avec beaucoup d’exac- titude le développement et la structure desdents, et présente un résumé nourri de tous les faits dont la 40 science s'était enrichie jusqu’à lui. [l y ajoute ses propres connaissances et le résultat desobservations qu'il a été à même de faire. Il parle de deux dents, d’ane longueur et d’une grosseur considérables, qui étaient cachées dans l’épaisseur de l’apophyse mon- tante de l'os maxillaire supérieur : leur corps était en haut et leur racine en bas ; elles étaient du genre des canines, et celles qui étaient implantées sur l'e bord de la mâchoire étaientau contraire fort petites; de sorte qu’Albinus a présumé , non sans quelque apparence de raison, que les anomales n'étaient que les canines définitives qui auraient dû remplacer les dents temporaires qui n’étaient pas tombées. Dans une monographie ayant pour litre : Histo- ria naturalis dentium humanarum , traduct. de Boddaert (1761), le célèbre Hunter a présenté l'histoire anatomique des dents , avec un ordre et une clarté inconnus jusqu’a lui , et a donné le ré- sultat d’un grand nombre d'expériences qu’il a faites sur ce sujet. 11 dit que l’émail, qu’il appelle /amina vitrea, est composé de stres dirigées de la circonférence au centre : il le croil entièrement inorganique, parce qu'il né peut pas être converti, quel que soit le moyen que un ciploie, en mucus animal: ilse sé- pare au feu de l'ivoire, Hunter app Île l'ivoire la partie osseuse des dents et la croit analogue aux os. 11 dit cependant que la garance rougil les couches qui se forment pendant que l'animal en fait usage, mais que les couches 4: formées antérieurement ne rougissent nullement, ce qui différentie un peu l’ivoire des autres os, Il ajoute que la couleur rouge reste toujours à la portion de dent quienest imprégnée et il termine ces considérations par la conclusion générale qui suit : ex hice experimentis patet dentes considerari de- bere ut corpora anomalarespectu circulationis per eorum substantiam. Continuant sa description, Hunter pense que les racines sont entourées d’un périoste qui vient de lalyéole et qui seprolonge dans la cavité de la dent; que l’ivoire est formé de lames concentriques ; que les incisives débutent par trois points d’sifica- cation , les canines , par un et les molaires par trois ou quatre; que la dent, au moment de sa sortie, n’est qu’un corps étranger par rapport aux gencives ; que l’émail est probablement sécrété par la capsule qui entoure le corps de la dent avant qu’elle soit sortie, et il ajoute : Posé, secretionem terrea pars ättrahitur a parte osse& dentis|jam formati atque superficie crystallisatur. Hunter dit enfin que les dents delait tombent par une loi de la nature organisatrice, et nullement par l’action mécanique des dents secondaires, Si l’on suppose maintenant toutes les données précédentes développées avec talent et basées sur des expérien- ces, on pourra se faire une idée de l'importance du travail de Hunter. Courtois a soutenu qu’il n’était pas nécessaire de ménager l'émail quand on lime Les dents, parce que 42 tte substance se reproduit ordinairement avec assez de facilité. Je rapporterai ici un fait annoncé par Cook dans son premier voyage ( trad. dans la biblioth. ‘portative des. voy.) Il dit que certaines peuplades, de l'Inde avaient l'habitude d’user lex- trémitélibre des dents à l’aide d’une espèce depierre à aiguiser, jusqu’à ce qu’elles fussent parfaitement égales et polies ; qu’elles creusaient ensuite au mi- lieu des mêmes dents un sillon parallele aux-gen- cives et d’une profondeur égale au quart de l’épais- seur de ladent , et que cependant pas un de ees ‘Indiens n'avait de dentsgatées : Cook ne dit pas sl, > la longue, ce.sillon parvenait à s’effacer. Auzebi, dentiste de Lyon, dans son traité d’o- dontalgie, a eu la prétention de renverser tout ce qui avait été dit avant lui sur le germe des dents. Îl a tout niéet il a cru qu’il suffisait de dire que iles vaisseaux et nerfs s’épanouissent dans une pe- aite vésicule museulo:membraneuse, qwon a prise à tort pour le germe. Il essaie ensuite, dans une longue et fastidieuse explication, de faire compren- dre comment il entend l’évolntion dentaire; mais ik est impossible. de le suivre; il est imntelligible. Il appelle pourtant cette réverie, une théorie nou- velle, seule vraiect fondéesur l'observation directe. Sabatier pense que la diversité de sensibilité qu’offrent les dents pourrait dépendre de ceque les ouvertures qui se volent aux racines, se conservent dans les unes et se ferment dans les autres surtout 45 dans un âge un peu avanté , de sorte que lés nerfs dentaires’ peuvent étre totilement coupés ; et n'avoir plus de continuité avec le tronc dônt ils tiraient: leur origine. JPoofféndale a le premier signalé une parti ticularité anatomique que je crois devoir rappor-- ter ici, non que je là considère comme une chose bien rare, mais parce que c’est un: fait qui de mande une touté autre interprétation. Woffén- dale dit, en effet, qu ’on voit souvent sur les dents dé petites taches jaunes qui ressemblent à des trous rongés par des vers. Il assure qu’elles étaient plus fréquentes à son époque, à cause de: l'habitude d’inoculer la petite vérole avant que la formation des dents fut complète. Il attribue done ces taches à la petite vérole , et’ dit qu’elles sont toujours moins prononcées, si la petite vérole a été contractée, ou peu de temps après la nais- sance, lorsque le développement dé la dent est en- core peu avancé, ou long-temps après, lorsque ce développement de la dent est encore à peu près effectué. Ildit aussi avoir remarqué que les dents ainsi tachées par la petite vérole, poussent moins vite que les autres. Enfin, Voffendale dit avoir re- marqué que, dans la jaunisse, l'émail se colore lé gèrement en jaune, d’où il croit pouvoir conclure qu’ilrenferme des vaisseaux lymphathiques. A'cela près, son traité lsur les dents n’offre rien qui mérite notre attention. Je dirai seulement:qu’il a été à mé- me d'observer plusieurs cas de dents surnuméraire. 44 Broussonnet a fait une dissertation sur les dents, qui mérita d'attirer l'attention de l'Académie des sciences. Elle roule sur les dents en général et sur les organes qui en tiennent lieu ; c’est assez dire que l’auteur fait de fréquentes excursions dans le champ de l'anatomie comparée. Cette dissertation, faite dans un bon esprit, se fait remarquer de loin en loin par des rapprochemens qui , s'ils ne sont pas toujours ingénieux ; SOnt au moins mar- qués au coin de l'originalité. Tenon a fait également un mémoire justement estimé surles dents; mais, comme 1l s’y est occupé particulièrement de lanatomie comparée , et sur- tout des dents du cheval, je me contenterai de le citer, sans développer plus amplement les diffé- rentes idées qu'il a émises. Je pense bien du reste que, dans le cours de cette thèse, j'aurai plusieurs fois l’occasion de le citer avec distinction. Cette période, comme onle voit, m’a offert une longue série de travaux à parcourir. J’en ai signalé un très-grand nombre ; mais ce n’est encore rien; c’est à peine la dixième partie de tout ce qu’on a écrit sur le sujet que j'ai à développer. Pour ne pas surcharger cette dissertation et fatiguer le lecteur de l'étalage inutile d’une érudition tou- jours facile, quand on a des bibliothèques à sa dis- position, J'ai cru devoir m’en tenir aux auteurs qui ont donné sur la matière dont il s’agit des idées nouvelles, ouquise sont distingués par loriginalité de leurs développemens et par des rapprochemens 45 d'anatomie transcendante. Sans cela, le volume de cette thèse aurait été double , et la moitié n’aurait été qu’un long et insipide catalogue. Du reste, la presque totalité des auteurs que j'ai passé sous silence ne m'aurait offert que des répétitions oi- seuses et des compilations sans fin qui pour la plu- part n’ont pas même le mérite d’être exactes et fi- dèles. Passons maintenant à la cinquième période. CINQUIEME PERIODE. De Bichat ànos jours. J'aurai moins d'auteurs à citer dans cette der- nière période que dans la précédente; ce n’est pas à dire pour cela que l'anatomie dentaire ait fait peu de progrès; au contraire: tous les phéno- mènes du développement des dents ont été décrits avec une rare précision ; des erreurs que le temps avait consacrées ont été com- battues et renversées; or détruire une erreur, c’est déjà faire un pasenavant dans la voie du pro- grès. Beaucoup de vérités anciennes que la pré- vention et le défaut d'examen avaient fait aban- donner, ont été retirées d’un oubli injuste et éle- vées au rang de principes fondamentaux ; enfin plusieurs parties, qui avaient échappé à lobser- yation de nos prédécesseurs, ont été découvertes 46 sous le scalpel intelligent de quelques auteurs modernes... | | Bichat est le premier dont je.dois parler ; mais je le dis avee regret, il s'était peu occupé de ce. sujet si digne pourtant d'attirer l'attention d'un homme de sa portée ; aussi n’aurai-je que peu ou point de progrès à. lui rapporter. Bichat, eneffet,, commence par un: doute et il ne s'attache pas à l'éclaircir: il commence par se demander si lé- mail est organisé, ou s’il n’est qu’un suc suintant d’abord de la surface externe de la dent, qui s’y endurcit et s’y concrète, et sa réponse est encore un doute, et son génie ordinairement si ardent et siimpatientd’aller au fonddes choses s'arrête 1cià la surface : il y voit à la fois du pour et du contre : mais arrivé aux sympathies, aux fonctions dont les dentssontlesiège, Bichat redevient lui-même, il do- mine son sujetetsaisit de ce coup d’œit d’aigle qu'on lui connaît les rapports les plus cachés.Souvent, dit- il, les sympathies dentaires ont lieu entre les dents correspon lantes de la même rangée ou des deux rangées ; J'ai la PRES molaire supérieure du côté gätiche un peu cariée, de temps en temps elle me fait beaucoup ne : or, toujours alors la pre- mière molaire du côté atôte devient aussi doulou- reuse , quoique intacte. Il est d’autres cas où une dent souffrant en bas, des douleurs sympathiques se manifestent dans celle qui est au-dessus et réci- proquement, Plus loin, Bichat compare la mem- braue qui sert d’enveloppe au bulbe à une rem- re 47 brane séreuse. Il reconnait que dans la sortie de la dent, il ya quelque chose de, plus qu’un:simple soulèvement de; la gencive, mais 1l-avoue ne pas en connaître le véritable mécanisme , ‘etc. , etc. Dans un article. sur les phénomènes subséquens de l’éruption des secondes dents, Bichat dit:qu’a- près l’éruption les dents croissent manifestement : 1° suivant la longueur, 2° suivant l’épaisseur ; qu'il n’y a que la racine quis’alonge dans le pre- mier sens ; que la couronne :garde toujours :les mêmes dimensions. et que si, dans les vieillards , elle parait plus longue, c’est que les gencives se sont affaissées, phénomène que d’ailleurs on: ob- serve très-souvent dans les personnes qui mai- grissent, dans celles qui ont fait usage du mer- cure etc. Bichat ajoute : « accroissement dans le » second sens ne se fait point en dehors ; il n’a lieu ». qu’en dedans : le canal dela racine et la: cavité » du corps vont toujours en se rétrécissant;ils fi- » nissent enfin par. s’oblitérer; alors le sang ne » pénétrant plus dans la dent , les nerfs n’y por- » tant plus leur influence, elle meurt et tombe; » mais cetle mort paraît aussi déterminée par Pac- » cumulation du phosphate calcaire , qui y. devient » tellement prédominant ;sur la gélatine que le » principe de vie est entièrement étouflé, en sorte » que sous ce rapport, la chute des dents présente » un phénomène analogue.à celui de la-chute des » cornes des herbivores, de l'enveloppe calcaire » des crustacées, etc. LA 48 Bichat se demande ensuite pourquoi la nature a marqué à la vie des dents un terme plus court qu’à celle des autres os qui ne finissent d'exister qu'avec tousles autres organes, el cette fois encore il s’avoue embarrassé de donner une réponse satis- faisante. Je pourrais faire pour cette période historique ce que j'ai fait pour les précédentes , c’est-à-dire rapporter successivement les travaux qui ont été entrepris sur le système dentaire , du moins les plus importans , et exprimer en peu de mots ce que chaque auteur a dit de particulier, ce en quoiil a contribué au progrès de la science sur ce sujet ; mais comme c’est particulièrement dans ces auteurs que je dois prendre les principaux matériaux de ma dissertation, je n’en parlerai point ici, pour éviter un double emploi de temps et des répétitions fastidieuses. Je dirai seulement deux mots de La- vagna auteur italien que j'ai fait traduire, parce qu’il me paraît avoir fait des expériences curieuses et avoir mis sur la voie de recherches de la plus haute importance. Et, en effet, dans sa monogra- phie ayant pour titre, Expériences et réflexions sur la carie des dents humaines et sur la reproduc- tion des dents des rongeurs, Lavagna décrit la ca- rie dentaire , il en donne une théorie nouvelle, ba- sée sur desexpériences, en indique le siège le plus fréquent etc. , etc. Il rend compte ensuite d’une série d'expériences qu’il a faites sur les dents des rongeurs et desquelles il résulte qu’elles croissent 49 indéfiniment : ayant coupé, en effet . des portions considérables de ces dents, il les a vues se reproduire. Ces expériences sont du reste bien conçues, les conséquences qu'il en tire parais- sent niturelles, et son ouvrage entier a justement mérité les éloges unanimes de la socicté médi- cale d’émulation d':Genève.Après avoir établi unsa. vant parallèle, Lavagna terminepar desconclusions dont voici la plus importante : On vo't en premier leu que les ongles de l’hornme, les sabots des qua drupèdes, le b cet le; grif:s des oiseaux, les che- veux, les écail'es des poissons, etc. s’alongent et s'étendent con'in element comme les dents des ron- geurs, Si auzune cause exlérieure ne s’oppose à leur végétation cont nelle : (si osserva in primo luogo , che le unghie umane, le scarpe dei qua- drupedï, il becco et gli artigle degli uccelli, i ca- pelli, le piine dei pesci, ec, si allungano, si destendono continuamente, siccome i denti dei ro- sicanti, se qualche exteriore cagione non si op- pone alla loro perenne vegetazions, etc. ) <= Re. A D LS AAA AAA A AA AAA AAA A AS LA RE AR SRE ARE OR DA AA A À RE A A A RP A DEUXIÈME PARTIE. ANATOMIE DU SYSTÈME DENTAIRE. DEUXIÉME CLASSE. DES DENTS CONSIDÉRÉES EN GÉNÉRAL. En abordant l’histoire de l'anatomie des dents con- sidérées dans la série des animaux, il nest impos- sible de résister au besoin que j'éprouve de tenter un certain degré de généralisation des faits qui se présentent à moi de toutes parts; le champ que j'ai à parcourir est,en effet, tellement vaste, les divisions en sout tellement vartées,que faute de cette méthode qui élève et simplifie la question tout à la fois, je courrais grand risque de m’y égarer ou d'en né- gliger quelque coin important. L'idée li plus générale qu'on puisse prendre des dents, du point de vue où je me trouve placé, c’est assurément cell: qui les représente comme des par- tes résistantes , | lacées à l'entrée du canal digestif ou dans un lieu peu éloigné de cette entrée, destinées à saisir, à diviser les alimens et quelque- 51 fois employées comme moyens d'attaque ou de dé- fense. Les deuts sont une production du système tégu- mentaire interne; ce sont de véritab'es phané- res de la membrane digestive, dans use dépres- sion de laquelle ils sont logés par leur extrémité adhérente. Iudépendamment deleurs rapports constansavec la membrane tégumentaire , les dents en présentent un autrequi l’est beaucoup moins, mais dont l’impor- tance est notoire : je veux parler de celui qu’elies ont avec le système osseux. Tantôt elles n'ont avec lui aucune espece de connexions; tantôt, et le plus souvent,elles viennent prendre un point d'appui sur lui, soit à sa surface, soit dans «les cavités spéciales qui portent le nom d’alvéoles. En général,les dents sont réunies en série, ou tout au moins sont opposées les unes aux autres par leur extrémité lib'e, de manière à constituer des pinces à mors plus ou moins aigus, plus ou moins trañchans ou aplatis. Sans cette dernière circons- tance, en effet, elles ne pourraient accomplir les fonctions qui leur ont été «'éparties. Les organes dentaires dont la q'ialité est bien déterminée sont essentiellement composés de deux élémens, la partie secrétante et la partie secrétée. La partie secrétante, matrice, follicule, bulbe, ger- me, est une dépendance immédiate du système tégu- mentaire;c'est un pelit sacanalogueàcelui ds follicu- 52 les sébacés, avec cette différence seulement, qu'il donne naissance, de son intérieur, à une saillie de forme variable qui constitue la papille ou le noyau pul eux. Un faisceau de vai:seaux et de nerfs tient toujours sa base unie aux parties voisines ; tandis que son extrémité opposée présente une ouverture, goulot du foll cule , qui est fermte avant l’éruption de la dent , et par laquelle celle-ci se porte à Pexté- rieur un peu plus tard. La partie secrétée ou le produit, est la dent pro- prement dite. Sous le rapport orgarique, c: n’est qu'une partie secondaire; mais pour les usages; c’est la partie principale. Sa forme varie tellement qu’il est impossible d’en faire mention ici; disons seulement qu’elle se compose de deux parties : la couronne et la racine, la dernière im; lint e dans le follicule et presqu: toujours creuse pour rece- vor la papille, la première libre par sun extré- milé. La matrice des dentsa l’organisation membraneuse des tégumens en général; la seule ch :se qu’elle offre de bien spécial, c’est Paccro:ssement coasidérable du corps papillaire dans un point de so 1 étendue. La dent, au contra re, est formée dcouches calcaires ossiformes, emboiïtées 1 s uses dans les autres et auxquelles les vaisseaux et les nerfs du ge me sont complètement étrangers. Pour tout dire enfin sur les deux parties élémentaires des dents, lune est tout à fait vivante, d ruée même d’une vitalité supé- rieure à celle de beaucoup d’autres organes, l'iu- 53 tre est placée en dehors de l’organisation; la pre- mière enfin, comme je l'ai avancé en com'uencant, est la glande en quelque sorte, la seconde est le produit. Les deux parties des dents se forment toujours successivement, comme on le comprend, le folli- cule d’abord, la partie produite après. La partie proluite apparaît à l'intérieur du follicule, y reste quelque temps incluse, et se développe sur la papille par couches m'nces qui l'embras-ent, se moulent sur el'e et lui sont simplement juxtapo- sées. La papille secrète ces couches, et sa se- crétion conti ue plus ou moins long-temps; les cou ches formées les dernières ‘ajoutent toujours à la face interne de celles qui ont précédé, la dent s’a- longe, et son extrémité est repoussée, jusqu’au mo- ment où ne pouvant plus rester ontenue exacte- ment dans son follicule, elle se porte à l’exté- rieur. Dis son issue au dehors, tantôt la dent dilate le goulo! de son follicule, et tantôt elle se fraie une rou!'e un pe: différente. Après son éruption, la dent continue, pendant un temps plus ou moins long, à s’accroitre, toujours par addition de couches suc ‘essives à l’intérieur des premières; mais alors aussi commence pour elle un travail de destruction qui procède de l'extérieur à l'intérieur, et qi résulte des usages mêmes aux- quels la de est employée. Quelques dents, les incisives des rongeurs, par 54 exemple, peuvent réparer au fur et à mesure les pertes que lusure leur fait éprouver ; mais d'autres bien moins disposées, et livrées en quelque sorte sans défense aux agens de destruction qui les en- tourent, sont minées au bout d’un temps plus où moins long. La nature, par les. bornes plus ou moins étroites qu’elle met à l’accroissementde la plupart des dents, a, pour ainsi dire, marqué les limites de l'existence des animaux, carun moment arrive où, privés de ces parties, ils ne peuvent plus saisir leur proie, la divi= ser, ou l’altérer d’une manière suffisante pour qu'elle puisse ultérieurement être convenablement modi- fiée par les sucs digestifs. 5 Le système dentaire possète cependant quelques moyens de prolonger sa durée, de tromper, de tourner en quelque sorte , les agens de destruction qui lassiègent ; déjà j’ai mentionné cette circons- tance que quelques dents s’alongent, se reprodui- sent continuellement vers leur base pendant que les frottemens les usent, les amoindrissent à l’extré- mité opposée. Maisil en existe une autre non moins remarquable , je veux parler du renouvellement de certaines dents, du remplacement dedents vieillies, usées, et sur le point d'être hors de service, par des dents jeunes, neuves, et beaucoup p'us pro- pres que les premières à remplir le but de la nature- c’est principalement ce travail de remplacement de certaines dents, suivant un mode qui varie du reste beaucoup dans la série des animaux, et qui a tou- 55 jours lieu, que l’on désigne sous le nom de denti- Lion. Les dents ne sont pas importantes seulement sous le rapport des fonctions qu’elles remplissent dans l’économie, elles peuvent encore fournir au médecin et au zoologiste d'importantes données pour la détermination de âge, du régime et, Jus- qu'à un cerlain point des mœurs et des habitudes des animaux ; aussi comprend-on aisément tout le soin qu’on doit apporter dans leur étude, 56 0 DEUXIÈME CLASSE. DES DENTS CONSIDÉRÉES EN PARTICULIER. CHAPITRE PREMIER. Des dents chez l'homme. Peu de parties de l'or zanisation humaine ont exércé Les anatomistes à légal des dents: les circonstances les plus cachées ile leur formeextérieure, de leur or- ganisation, de leur développement, et du rôle gwel- tsjournt dans l’économie, ont été objet des recher- chesles plus minutieuses et les plassatisfaisantes;onne s'estmêème pas bornélà, onaencore étudié avecle plas grand soin lesvariilés sans 10m re q u’elles présentent, suivant les âges, le:|races et les individus. À 151 sous ce rappoit la tàche q 1° j'ai à remplir est-«ll: déjà une des plas remarquabl:s par son élendue et par ses dif- fieellés. ORDRE PREMIER: Conformation des dents. Les dents, comme je l'ai déja fait remarquer, se composent de deux parties bien distinctes : la partie produite et le follicule. Le produit de la secrétion du follicule dentaire est ossiforme, pour cette raison on lui a donnéle nom d’osteide. Ainsi nous avons à décrire ici successivement l’osteide et le follicule dentaires ; d’une manière générale d’abord, et en- suite en particulier. ARTICLE I. Conformation de l’osteide et du follicule dentaires. $ 1. De l'ostéide dentaire. L’ostéide dentaire est la partie ossiforme deladent. Une portion de son étendue fait saillie hors des al- véoles. Elle offre une apparence osseuse qui a long- temps abusé les anatomistes, et qui est encore au- Jjourd’hui la source de plus d’une erreur du même genre. L'ostéide dentaire a le plus généralement la forme 8 58 d’un cône creux plus ou moins simple, libre par sa base etadhérent par son sommet, Sa surface extérieure est nettement divisée en trois parties, la couronne, la racine et de collet. La couronne est placée hors des alvéoles et en con- tact continuel avec l’air, la salive, ou les autres agens extérieurs. Sa longueur varie assez peu ; sa forme au contraire devient différente suivant l’espèce de dents que l’on considère. Son sommet tourné en haut ouen bas n’esttout à fait plat quelorsqu’il aété usé par les frottemens: dans une dent vierge de toute action, ce sommet est relevé par une ou plu- sieurs saillies appelées cuspides. Sa circonférence est plus arrondie et plus saillante vers l’extérieur que vers l’intérieur. Toute sa surfaceenfin offre uneteinte d’un beau blanc et une apparence brillante et vi- treuse trés-remarquable. La racine est la portion de l’ostéide dentaire qui est reçue dans les alvéoles. Elle est plus longue que la couronne; tantôt elle est simple et tantôt divisée plus ou moins complètement; quelquefois elle offre seulement la trace d’une division longitu- divale qui ne s’est pas effectuée. Sa forme est celle d’un cône irrégulier adogsé par sa base à la partie adhérente de la couronne, et dont le sommet ou les sommets, quand elle est multiple, sont percés d’une ouverture qui transmet les vaisseaux et nerfs dans la cavité centrale de la dent. Sa surface offre une teinte jaunâtre qui contraste avec celle de la couronne. Dans l'état frais, elle estunie d’une manière intime à la 5g paroi alvéolaire au moyen de La membrane du folli- cule dentaire. Le collet des dents est représenté par le point de jonction de la couronne et de la racine; c'est le lieu où cesse la partie vitreuse de lafsurface extérieure de lostéide dentaire. Le collet est souvent marqué par deux lignes courbes dont la convexité est tour— née vers la racine et qui se réunissent à angles sur les côtés; il est intimement uni dans l’état frais au goulot du follicule dentaire et au tissu gengival qui Jui fait suite. | À l'intérieur, l’ostéide dentaire est creusé d’une cavité située au niveau du collet et jusqu’au centre de la couronne. Cette cavité présente à peu près la forme de la dent dans laquelle on lexamine; fermée du côté de la couronne, elle se prolonge en se rétré- cissant de plus en plus vers Le sommet de la racine où elle s'ouvre à l'extérieur au moyen du trou qui a été sigualé plus haut. La cavité dentairese prolonge dans chacune des racines quand il y en a plusieurs: elle sert à loger la papille. (2. Du follicule dentaire. Le follicule dentaire, portion molle où pulpeuse des dents, pulpe centrale ( Cuvier ), est la partie qui produit l’ostéide dentaire et qui est l’un de ses moyens d’umon avec l’alvéole. C’est un sac très ana- loguc à ceux des follicuies qui servent de matrice aux poils et aux plumes. Go Lesfollicules dentaires sont placées dans les al- véoles eten nombre égal aux dents; ce sont de petits sacs formés par des dépressions de la membrane mu- queuse au niveau ducollet de la dent, A l’extérieur ils sont unis intimement au périoste alvéolaire et s’en- foncent dans toutes les anfractuosités des alvéoles. Au fond de cescavités la paroi externe des follicules dentairesreçoit les vaisseaux et les nerfs qui lui sont destinés. A L'intérieur le follicule de la dent sortie de l'al- véole , follicule que je décris seul maintenant, est rempli par la racine de la dent à laquelle il adhère intimement; son goulot, ou ouverture buccale, embrasse le collet et s’y fixe également; son fond donne naissance à la papille ou noyau pulpeux. La papille ou noyau pulpeux des dents est analo- gue à la papille des poils et des plumes; c'est une pa- pille muqueuse qui a pris, dans ce point spécial, un développement considérable pour devenir un organe de sécrétion ; elle est logée dans la cavité de la dent. Son volume est en raison inverse de l’âge; sa forme est exactement celle de la dent : elle est renflée au niveau du collet de celle-ci, terminée du côté de la couronne par une ou plusieurs saillies qui répondent aux cuspides, et insérée sur le fond du follicule dont elle fait partie, au moyen d’un ou de deux pédicules grèles qui traversent la racine dela dent, et lou- verlure qui la termine. Sa couleur est grisätre: elle a la mollesse des fongosités muqueuses, et elle jouit 61 d’une sensibilité très-exquise. M. Serres a décrit il ya vingt ans une série de petits corps qu'il a ap- pelés glandes dentaires, et qui sont disposés en cer- cle sur les bords alvéolaires, autour du goulot dn follicule.Ces corps sont eux-mêmes de petits follicules quisécrètent une matière destinée à lubréfier le bord alvéolaire avant la sortie des dents, et qui forment le tartre un peu plus tard, suivant l’anatomiste que j'ai cité. M. Serres compare les glandes dentaires aux glandes de Meïbomius; elles me paraissent plu- 1ôt analogues à ces follicules que l’on trouve autour du goulot de la matrice despoils. Les glandes dentaires ont été reconnues par M. Rousseau, mais cet anatomiste assure qu’elles disparaissent après l’éruption des dents, et que par conséquent il est impossible de leur attribuer la sé- crétion du tartre qui dure pendant toute la vie. Ce point de l’anatomie dentaire a besoin de nouveaux éclaircissemens.J'e crois cependant pouvoir affirmer, d’après mes ‘propres observations, qu’il fexiste des follicules autour du collet des dents de [l'individu adulte. Il est facile de voir par ce qui précède combien grande est l’analogie que j'avais annoncée, en com- mençant, entre le follicule dentaireet celui des poils et des plumes. Les deux organes sont formés par un repli d’une membrane tégumentaire ; tous deux sout principalement unis aux parties voisines par un pédi- cule nerveux et vasculaire; tous deux ont un goulot rétréci adhérent à l'organe qu’ils produisent 62 et entouré d’un cercle folliculaire; tous deux don- nent! naissance à une papille dans leur fond;tous deux enfin ils tiennent renfermés, celui-ci la dent, celui- là, le poil ou la plame. Les seules différences bien sensibles qui séparent les deux partiesque je compare consistent en ce quele follicule dentaire est muqueux, tandis que les follicules piliféres! ou pennifères sont presque toujours cutanés; en ce que le premier est enfoncé dans lesalvéoles , tandis que les autres sont plongés dans letissu cellulaire général ; et enfin en ce que la papilledu folliculedentaire est pédiculée,tan- dis que celle du follicule pilifére en particulier est sessile. On verra plus tard comment cette dernière différence implique l'accroissement borné de la dent et l'accroissement indéfini du poil. ARTICLE Il. Conformation des dents en particulier. A l’état de développement complet de Porganisa- tion, état que j'ai pris pour type de ma description, on compte trente-deux dents, seize à chaque mä- choire, placées de chaque côté sur une ligne pa- rabolique à convexité antérieure et à concavité pos- térieure qui constitue l’arcade dentaire, Les dents sont disposées symétriquement à chaque mâchoire, et semblables par conséquent à droite et à gauche; mais celles de la mâchoire supérieure diflèrent uu peu de celles de la mâchoire infé- 63 rieure; les premières sont généralement {plus dé- veloppées que les secondes, Les dents antéricures ne ressemblent ni aux postérieures ni aux latérales. Les différences qui séparent les dents antérieures, latérales et postérieures sont de toutes les plus tran- chées et les plus importantes, car elles sont fondées non seulement sur la conformation maïs encore sur les usages de ces dents. Elles ont mérité leur dis- tinction en trois espèces, lesineisives, les canines et les molaires. Examinons successivement leur ostéide, leur follicule et le bord alvyéolaire qui les reçoit. $ 1. Osteide dentaire. . Considérées seulement sousle point de vue de leur partie ossiforme , les trois espèces de dents présen- tent. des différences trés-tranchées dans lenr confor- mation. Les incisives sont au nombre de huit, quatre à chaque mâchoire : elles occupent la partie anté- rieure de celles-ci, et, comme leur nom l'indique, elles servent surtout à diviser les alimens. La couronne des dents incisives est sphérique et comprimée avant en arrière. Leur face antérieure est convexe , et la postérieure concave. Leurs faces latérales sont planes et triangulaires. Leur bord libre est tranchant et présente trois dentelures inégales, la moyenne plus élevéequeles latérales. Leur racine est simple, comprimée transversalement et quelquefois marquée dun petit sillon longitudinal sur les côtés. 64 leur sommet est parfois bifide. Leur cavité est simple dans le plus grand nombre des cas. Ilest inutile de répéter que les incisives supérieu- res sont plus grosses que les inférieures ; c’est un caractère que j'ai déjà indiqué et qui d’ailleurs n’est pas particulier à cesdents. Mais ce qu’il importe de dire, c’est qu’à la mâchoire supérieure les deux in- cisives centrales sont plus fortes que les latérales, et que l'inverse a lieu à la mâchoire inférieure. Les canines ou lanières sont au nombre de quatre, deux à chaque mächoire, placées de chaque côté à la suite de l’incisive latérale correspondante. Ces dents destinées à déchirer les alimens, comme leur nom l’indique, ont une couronne conique, con- vexe en dehors, un peu déprimée en dedans, ter- minée par une pointe aiguéun peu élevée au dessus du niveau des autres dents. Leur racine est longue, grosse, toujours unique et moins aplatie latérale- ment que celle des incisives; leur cavité intérieure est tout à fait simple. Les dents molaires sont plus nombreuses et plus postérieures que les autres : on en compte vingt à chaque mâchoire. Elles servent particulièrement à moudre les alimens\, comme leur nom l'indique. Ces dents sont remarquables par l’aplatissement du sommet de leur couronne. Gette partie est peu élevée, arrondie ou un peu carrée , et terminée par des cuspides qui ne sont jamais solitaires sur chaque dent ,cequi a valu à celles-ci la qualification de dents 65 multicuspidées. Lier racine estle plus souvent com- posée, soit que ses diverses parties paraissent tout à fait isolées, soit que la matière calcaire les réunisse en un seul faisceau. Leur cavitéintérieure, simple dansla couronne , est divisée dans la racine et en raison di- recte de la divisionde celle-ci. La conformation de la partie ossiforme des dents molaires permet de les sé- parer en deux genres, les pelites et les grosses. Les petites molaires ou bicuspidés sont placéesen avant des grosses, après les canines. Il y en a quatre à chaque mâchoire, deux à droite et deux à gauche. Leur couronne est aplatie d’avant en arrière | peu volumineuse , et terminée par deux cuspides , l’un en dedanset l’autre en dehors, celui-ci plus élevé que celui-là. Leur racine est tantôt simple et tantôt plus ou moins profondément bifide. Les grosses molaires on multicuspidées sont les plus fortes de toutes les dents. Leug couronne est quadrilatère, fort large et surmontée @e trois, quatre ou cinq tubercules, La racine est toujours multiple et ses branches divergentes, couvergentes, sépa- rées ou irayprochées, ce qui varie. La première grosse molaire en procédant d’avant en arrière est la plus grosse; la seconde et la troisième vont en diminuant graduellement sous ce rapport. La troi- sième grosse molaire porte le nom de dent de sagesse a cause de l’époque avancée de la vie vers laquelle el'e sort de son alvéole. Par exception à la règle générale que j'ai posée un peu plus haut, la couronne des grosses molaires 9 2 supérieures est moins ‘développée que celle des gros- ses molaires inférieures ; ; leur racine est disposée en sens inverse. $ 2. Follicule ‘dentaire. Le follicule n’est pas disposé de la même manière dans les différentes espéces de dents; et on le conce- vra facilement, si l'on réfléchit que cette partie est la matrice de la dent proprement dite et que celle- ci en particulier se moule sur la papille. Sans parler des différences qui dépendent de son volume toujours en rapport avec la dent qu'il doit produire, le follicule dentaire en présente encore d’autres plus importantes. Le sac du follicule des dents incisives et canines est simple comme les alvéoles dans lesquelles il est en- foncé ; celui dagfollicule des dents molaires est sub- divisé aueontraire en un certain nombre de follicules secondaires. La papille est simple uni-pédiculée dans les dents antéricures et latérales, ct rru/ti- -pédiculée dans les molaires. Son sommet est surmonté d’éminences égales en nombre aux cuspides de la couronne dans les dents multicuspidées. 4 3. Des alveoles et des arcades dentaires. Les dents sont fixées dans des cavités spéciales creusées dans les bords correspondans des os maxil- 6 latres, cavités qui portent le nom d’alvéoles et qui appartiennent à une portion toute spéciale des mà- choires, qu’on cest convenu d'appeler procès akéo- laires , processus alveolares. | « Les alvéoles sont couiques et plus au moins subdi- visés suivant que les racinesdes dents qu’ils doivent recevoir sont elles-mêmes plus ou moins com posées, Leur ouverture est dirigée en haut dans la mâchoire inférieure et en bas dans la supérieure ; leur fond est percé de pertuis qui communiquent avec le conduit dentaire, et qui servent à transmettre au follicule de la dent le pédicule nerveux et. vasculaire qui lui est destiné. À mot sbncter Les alvéoles sont exactement embrassés parles deux lames opposées des procès alvévlaires , de sorte que chacune d’elles fait un relief sensible en dehors et en dedans de la mâchoire. ILest d’ailleursinutile de diregu'elles sont en rapport de capacité avec les dents auxquelles elles sont destinées, et que, petites pour les dents incisives, un peu plus grandes pour les canines, elles acquièrent leur summum de déve- loppement dans la région des dents grosses mo- laires. Les dents sont reçues dans les alvéoles à la manière d'un clou; d'ou le nom de gomphose qui avait été donné à cette union à une époque à laquelle les dents étaient considérées comme des os, et à laquelle on comparait leur union avec les os maxillaires.aux articulations des pièces du squelette. w Les paroïs du follicule des?dents, sont confondues 68 en dehors avec le périoste des alvéoles, qui forme le seul moyen d'union des dents avec les procès alvéo- laires dans l’état normal, union dont l'intimité fait toute la force et toute la résistance. Cependant il arrive quelquefois que les dents sont retenues dans leurs alvéoles beaucoup plussoli- dement que je viens de le dire per le fait d’une dispo- sition particulière. Le sommet du cône des racines peut être recourbé en forme de crochet, et fixé à une saillie du fond de lalvéole : ainsi les fracines des mo- laires peuvent être fortement divergentes et former de cette manière des espèces de pinces à pointes re- courbées en dehors reçues dans los. Enfin par une disposition contraire à Ja précédente les racines composées des mêmes dents sont parfuis convergen- tes, et elles interceptent une portion osseuse qui fait presque corps avec elles. Les dents et leurs alvéoles forment sur les mächoi- res deux séries non interrompues qui constituent Îles arcades dentaires ou alvéolaires. Ces arcades ont la forme elliptique, leur convexité est tourrée en avant vers les lèvres et les joues. Leur concavité est dirigée en arrière vers la langue, et leur direction est,sensiblement horizontale. L’arcade dentaire supérieure est un peu plus éten- due dans tous les sens que larcade dentaire infé- rieure, aussi la déborde-t-elle en avantet en dehors, de têlle façon que dans leur rapprochement les dents incisives et cauines se croisent à la manitre de 69 lames de ciseaux , et que les cuspides et les enfonce meus de la couronne des molaires supérieures et in- férieures s’engrènent entre eux. 70 ORDRE IE. De l'organisation des denis. La nécessité d’examiner séparément la partie ossi- forme et la partie folliculaire des dents, se fait sentir ici plus vivement encore que dans les pages précé- dentes. En effet, sans rien préjuger encore sur l’im- portante question du degré de vitalité de la premiére, il est évident qu’il existe entre elle et la seconde une différence fort grande, différence que l’on ne pourra bien saisir que lorsque l’on connaîtra la disposition relative de chacune. CHAPITRE L. Organisation de l'ostéide dentaire. La partie ossiforme des dents est formée par là réunion de deux substances bien distinctes : l’ivoire ct l'émail. Bertin , etM. le docteur Emmanuel Rous- seau , préparateur du Muséum d'histoire naturelle, ont décrit une troisiéme substance qui se déposerait dans La cavité dentaire, en dedans de la couche la plus interne de l’ivoire, et qui finirait par obstruer 71 cette cavité en refoulant et atrophiant la papille qui y est renfermée. C’est sur Phomme que Bertin a fait ses observations, tandis que M. Rousseau ‘a examiné également sous ce rapport un grand nombre d’ani- maux ; M. Rousseau a trouvé ce magma cristallisé co- existant'avec la pulpe dans une molaire parfaitement saine, et devenue douloureuse par la compression qu'il exerçait sur elle par son accroissement. Cette substance se présente sous la forme de petits grains placés pêle-mêle dans une sorte de mortier ou stalag- mite; mais nonobstant l'autorité des anatomistes que j'ai cités, je pense que ces faits n’autorisent pas à ad mettre cette troisième substance. J'ai moi-même ob- servé la formation qui a té signalée par Berlin; mais il m'a semblé qu’elle n’était autre chose, dans cer- tains cas, qu'une sécrétion d'ivoire alteré par une papille altérée elle-même dans sa composition, etque d’autres fois ce n’était qu’une ossification ou pétrifi- cation de la papille. Quoi qu'il en soit, les deux véritables béhens de l’ostéide dentaire de l’homme sont ivoire et l’é- mail. L'ivoire constitue à lui seul presque toute la dent ; il forme exclusivement la racine, et la partie centrale de la couronne: sa coupe offre une couleur blanche et une aspect chatoyant comme du satin; on n'y distingue ni fibres ni cellules!, mais bien des lamelles emboitées les unes dans les autres et parallèles à la sarface extérieure de la dent, 72 L’ivoire offre une densité considérable. Traité par Vacide nitrique faible, il se comporte comme le tis- su des os, se débarrasse de sa matière calcaire et se transforme en uue masse flxible en apparence bo- mogène, que lon peut réduire en gélatine par la coc- tion. Quand on le soumet à l’action du feu il noircit, brûle et laisse un résidu friable. D'après Berzélius, cette substance est composée sur 100 parties de | Phosphate de chaux, . . . . 61 95 Piluate dé cadets". 7 2 10 Phosphate de magnésie. . . . 1 où Carbonate de maguésie. . . . 5 30 Soude et chlorure desodium. . 1 4o Matière animale et eau, , + . 28 oo D’après Pépys, les racines des dents sont formées sur 100 parties de Phosphate de chaux. . . +. . 58 o Carbonate de chaux. . . . . 4 o Matière animale. : : , . . 28 oO Fauet perle: à ia lu eo 10 oO Morichini annonça en 1802 la présence du fluate de chaux daus l’ivoire des dents; mais Berzélius seul s’est rencontré avec lui. Fourcroy, Vauquelin, Wollaston et Brandt ont vainemeut cherché ce sel. L'émail, substance vitrée, substance corticale, est borné à la couroune des dents suivaut la plupart des anatomistes; Bertin seul soutient qu’il s’étendaussi en 73 une lame extrémement mince sur toute la surface de la racine. Il forme une couche plus épaisse sur le sommet de la couronne que partout ailleurs, sur les cuspides surtout ; il cesse au collet en s’amincis- sant, et suivant une ligne ondulée dont il a été ques- tion. L’émail est d’un blanc laiteux et d’une apparence vitreuse. Sa dureté est extrême; il fait feu avec le briquet ; sa cassure est fibreuse et ses fibres s’élévent perpendiculairement ou un peu obliquement de la surface extérieure de l’ivoire comme celles du velours. Il se dissout presque en totalité dans l’a- cide nitrique. Au feu , il noircit, devient terne et friable, D’ aprés Berzélius, il est composé sur 100 parties de Phosphate de chaux. . . . . 85 3 Carbonate de chaux. + . . . 8 o Phosphate demagnésie, , . . 1 5 Matière animale et eau. . . . 20 0O Pe pys l'a trouvé formé de Phosphate de chaux. . . . . 76 o Carbonate de chaux. .: , . . 6 o Rauiet pére; 2271) del 60 !.5 ie 16 o L’émail diffère donc beaucoup de l’ivoire ; il est presqueentiérement calcaire, tandis que celui-ci con- tient un peu de matière animale analogue à celle des os, aimsi qu’on peut le voir sur plusieurs prépara- tions de cette espèce qui ont été déposées dans les 10 74 collections de la faculté mt M. le professeur Clo. quet. | Entre la couche dmillaion et l’ivoire, 1l existe une ligne grisâtre que Guvier a parfaitement décrite, et sur l'importance de laquelle M. le docteur Du- val a justement insisté dans ces derniers temps. Cette ligne vient se terminer au collet et se con- tinuér avec la lame de la paroi du follicule qui adhère à la racine de la dent. Voici comment Cuvier s'exprime à cet égard dans son magnifique ouvrage sur les osemens fersiles : il faut remarquer qu’outre la prétendue substance osseuse et l'émail, il ÿa encore une membrane très fine que jecrois avoir découverte. Lorsqu’il n’yaaucune partie dela première substance detranssudée, cette membrane enveloppeimmédiale- ment la papille et la serre de très prés. À mesure que celte papille s'éloigne de cette substance,elle se rappe- tisse, seretire en SRE ets ’éloigne de la membrane qui lui sert toujours detunique, mais de tunique com- mune à elle et à la matiere qu’elle a transsudée par dessous. L’émail de son côté est déposé sur cette tuni- que par les productions dela lame interne de la eap- sule et il la comprime tellement contre la susbtance interne ou osceuse qu’elle sépare délui, que bientôt celte tunique devient imperceptible dans la portion durcie de la dent, ou du moins qu’elle wy paraît que sur la coupe comme une ligne grisâtre fort fine, qui sépare l’émail de la substance interne. Mais on voit toujours que c’est. elle seule qui attache ces parties durcies au fond du follicule ; car sans elle il y aurait solution de continuité. 79 On peut comparer la disposition relative de Fi- voire et de l’émail des dents à celle des extrémités osseuses et des cartilages des articulations diar- throdiales, parties-qui ont été disposées des. deux côtés pour supporter des pressions et des frottemens trés répétés. Non seulement les fibres de l'émail sont implantées perpendiculairement sur Pivoirc comme celles du cartilage sur l'os; mais encore une ruem- brane atrophiée est interposée à ces deux substances comme la synoviale est interposée à l'os et au carti- lage, ainsi qu’il résulte des recherches Se je me suis livréil y a quelque temps, et que j'ai annon- cées dans mon dernier cours d'anatomie. IL est également impossible dene pas reconnaître une certaine analogie, sous le rapport de la strüc- ture, entre la substance cornée, celle des poils par exemple , et livoire des dents. Cette analogie, du reste, comme on l’a vu précédemment, a été aperçue dès la plus haute antiquité par Aristote, dans lequel on trouve le germe de presque toutes les grandes idées qua ont été développées après lui. L’ivoire est for- mé de lames emboîtées les unes dansles autres comme la partie cornée des poils, il repose sur sa papille comme celle-ci est placée sur a papille qui lui ap- partent ; enfin il s'accroît absolument de la inéme manière, comme on le verra un peu plus loin. 76 ARTICLE II. Organisation du follicule de la dent sortie de son alvéole. Fortement serré entre la racine de la dent et la pa - roi de l’alvéole chez l’adulte, le follicule dentaire a ses parois tellement amincies et tellement adhérentes à ces deux parties, que c’est avec peine qu’on le suit | dans toute son étendue. A cet état cependant on peut encore parfaitement reconnaître sa continuité avec la muqueuse buccale, comme je l’ai déjà fait remarquer. Il est formé de deux feuillets membraneux : l’un externe de nature fibreuse, confondu avec le périoste propre de Pal véole; l’autre, interne, plus vasculaire que le premier, adhérent à la racine de la dent, jusqu’au collet in- clusivement. Ces deux feuillets réunis constituent le périoste alvéolo-dentaire des anatomistes. L’avulsion des dents en produit souvent la séparation ; l’interne conserve avec la dent les adhérences qu'il avait avec elle dans l’alvéole, et ilest seul arraché. Il est difficile de dire précisément en quoi consiste l'organisation de la papille; la seule chose bien po- sitive à cet égard, c’est qu’elle est formée par la ter- minaison des nerfs et des vaisseaux dentaires, et que ces deux élémens organiques y sont réunis en pro- portion sensiblement égale. 77 Les dents reçoivent des vaisseaux de deux sources distinctes, suivant qu’ils appartiennent à la paroi du follicule ou à sa papille. Les vaisseaux de la paroï du follicule dentaire font suite à ceux de la membrane muqueuse gengivale. Leurs troncs principaux sont placés du côté du gou- lot du follicule, du côté du collet de la dent; tandis que leurs rameaux anatomosés en plezus sont dirigés vers le fond du follicule. Les vaisseaux de la papille sont ceux qui forment le pédicule du follicule de la dent. Ils émanent de troncs spéciaux logés avec les nerfs dentaires dans des conduits creusés dans l’épaisseur des os maxillaires. Ces vaisseaux ne s’anastomosent point avec les au- tres ; ils sont disposés d’une manière inverse. Leurs troncs, en effet, correspondent au fond de l’alvéole, et leurs plus fines ramifications à l'extrémité de la papille, par conséquent à un point supérieur au*col- let de la dent. Kul Les artères et Les veines des dents sont faciles à vour et à injecter ; mais je ne sache pas que personne ait jamais vu les vaisseaux lymphatiques de ces organes; Vassertion de Mascagni relativement aux lymphati- ques de l’émail, montreseulement une chose, savoir : que les hommes les plus instruits, que les hommes qui ont le plus observé la nature elle-même, et qui par conséquent devraient plus que lesautres s’attacher aux faits, ne sont pas toujours exempts de la tendance 78 qu'ont les esprits légers etsupenficiels à prendre pour la vérité les fruits, de leur imagination. 4 Les nerfs des dents sont de deux ordres. pré triut Vaisseaux. Ceux des parois d du Sollicule : sont très-fins et continus avec les nerfs de Ja membrane muqueuse de la bouche. “Les autres divisés seulement dans la pa- pille concourent à former son pédicule. Lés vaisseaux elles nerfs des dents forment, comme on le voit, deux systèmes distincts ; Pan pour l'éx- térieur du folicole. l'autre pour tithat té rentrée dans la cavité de l'est éide. dentaire. Le premier est con- tinu immédiatement au système vasculaire et ner veux. de la membrane, buccale; l'autre présente une sourcespéciale. Les différens états pathologiques des dents permettent journellement de constater la sé- paration que je viens d'établir et sur laquelle les ana- tomistes, à mon avis, n ont pas a assez insisté. ; Les mêmes troncs fournissent les artères et les nerfs des deux rangées dentaires. l'artère maxil- laire interne et. le EAr, trifacial. Il L a seulement cette différence entre les dents supérieures et les dents inférieures, que des rameaux spéciaux four- nissent pour les premières aux dents antérieures et aux dents postérieures, tandis que pour Les dernières le même raméau donne à toutes les dents. Quoi qu’il en soit, les troncs des vaisseaux et nerfs dentaires sont placés au dessous où au dessus: des alvéoles suivant les mächoires ; et au niveau de cha- cune de ces cavités ; ils leur envoient un ou plusieurs rameaux qui traversent de petits pertuis dont le fond de l’alyéole est creusé ; ils form ent le pédicule du fol- 79 licule, pénétrent immédiatement! dans la. dent, traversent, l'ouverture de Vréilé de sa r acine . se ramifient dans la papille. Her Mais il S’élève aa tie 2 beancoup plus à ar- due que toutes celles que j'ai agitées jusqu'ici: les vaisseaux etles nerfs vont-ils au-delà du follicule des dents ? Serépandent-ils dans. la partie ossiforme de ces organes ? Robimisiob d’abord un fait qui dominé toute da discussion, savoir: Que personne n'a vu ni nerfs ni vaisseaux dans la partie ossiforme des dents, et que tout ce qui a été avancé à cet égard est marqué au coin de la plus pure hypothèse. A l’époqueà laquell les deritsétaient-comptées parmi les piéces du squelette, on les considérait comme vas- culaires au même degré.que les,os, mais alors même plus d’un anatomiste, ‘s’en tenant à la sévère obser- vation des choses, se leva pour professer unetopinion différente. Il faut avouer, du reste, que le défaut de notions précises sur le follicule dentaire et sur sa sé- paration de la partie ossiformedes dents, a dû mettre souvent dans des camps opposés des om: qui au fond professaient la même. oatrinse ceux-ci A buant àla denttonte entère ce qui n'appartenait qu’à son follicule; ceux-là généralisant en. M à inverse des faits qui n’appartenaient qu'a la partie ossiforme de cesorganes. Heureusemeht aujourd’hui que ces deux éleméus anatomiques des dents , lostéide et le follicule, sont pariaitement LS FF une semblable confusion 80 n’est plus possible, le moment paraît arrivé de poser la question de nouveau et de décider entre les doctrines contraires qui ont été professées avec un égal talent par Mascagni , Blake , etc. d’une part, pr Hunter et Cuvier de l’autre. Les partisans de l'existence des vaisseaux et des nerfs dans la partie ossiforme des dents allé guent : 1° Qu’une dent saigne et que sa blessure est sen- sible, lorsqu'elle a pénétré à une certaine pro- foudeur ; 2° Que les acides y développent une sensibilité particulière ; 3° Que les dents se colorent quand on nourrit un animal avec de la garance; 4* Que certaines caries , certaines plaies superfi- cielles déterminent une sensibilité trés-vive dans les dents ; | 5o Que les fractures ou les solutions de conti- nuité des dents se cicatrisent parfaitement ; 6° Que les dents s’altéreraient promptement comme les dents artificielles, si elles ne contenaient pas les élémens de l'organisation ; 7° Que dans certaines maladies, dans le choléra, par exemple, les dents prennent une teinte rouge. Mais ceux qui soutiennent avec Eustachi , Duver- ney, Hunter , Cuvier, etc. que les dents ne contien- nent ni vaisseaux ni nerfs, répondent avec juste raison : 1° Que si les plaies profondes des dents fournis- 81 sent du sang, et développent de vives douleurs, cela dépend de ce que la papille a été intéressée avec la partie ossiforme de la dent; et que ces phénomènes impliquent pas plus la vascularité de l'ostéide dentaire, que le saignement de la plume du jeune oiseau, lorsqu'elle a été coupée prés de la peau, n’im- plique la vascularité de la partie cornée de la plume ; 2° Que le phénoméne de l’agacement peut être ex- pliqué avec Fallope par l’imbibition de livoire et par l’action directe de l’acide sur la papille; 3° Que la coloration des dents par la matière de la Sarance dépose bien plus contre que pour la vascu- larité des dents; car si Hunter à parfaitement établi que, dans ces cas, la matière colorante est déposée dans Les parties de la dent qui se forment pen- dant le temps que dure lexpérience, il a constaté aussi que les parties anciennement développées con- servent leur couleur primitive; ce qui n'arrive pas aux os véritables, avec lesquels on veut à tout prix les comparer. 4° Que les plaies et les caries superficielles ne dé- veloppent de la douleur qu’en produisant la des- truction des dents, et les rendant moins propres à préserver la papille contre les agens extérieurs de toutes sortes avec lesquels elles se trouvent en con- tact continuel ; 5° Que si les fractures et les autres solutions de continuité se cicatrisent, c’est toujours à la faveur d’une production ossiforme nouvelle sécrétée 11 82 en dedans par la papille, et qui maintient la con- tinuité de lostéide dentaire, comme cela arrive aux ongles qui ont subi des altérations analogues; et que si on a trouvé des balles dans le centre de dé- fenses d’éléphant sans trace aucune du trou par le- quel elles étaient entrées, cela n’établit pas le moins du monde que ce trou à été rempli par le suc même de la défense ; mais que, suivant la remarque de Cu- vicr, la balle n’était pas entrée par le côté où elle adhère, que venue du côté opposé, elle avait tra- versé l’alvéole et la base encore mince de la défense, s'était logée dans le noyau pulpeux, et qu’ensuite, saisie par les couches sécrétées par ce noyau, elle était restée prise dans leur intervalle. (M. le docteur Duval a Lien voulu me montrer une pièce patholo- gique de ce genre qui fait partie de sa riche collec- tion, et je demeure convaincu, après cetexamen, que la balle dans ce cas était venue se loger au centre méme de la base de la papille et que celle-ci irritée par sa présence, a sécrété abondamment autour du corps étranger une matière ossiforme qui l'a en- touree.) G° Que la partie ossiforme des dents natu relles ne s’altère pas, comme les dents artificielles, par une rai- son analogue à celle qui fait que les ongles ne se des- stchent pas tant qu'ils restent adhérens à leur ma- lice; parce qu’ils sont entourés de parties qui les abreuvent de sucs dont ils s’imbibent et qui les maintiennent dans leur état normal. | 7° Que la couleur rouge que prennent les dents, 83 dans certaines maladies, que celle qu’elles ont, par exemple, chez les cholériques; est Le fait d’une sim- ple imbibition qui a lieu de dedans en dehors, et dont les matériaux sont apportés dans la cavité dentaire par les vaisseaux nutriciers de la papille. Je pourrais à la rigueur n’en tenir aux faits que je viens de rapporter, ct laisser au lecteur le soin de tirer la conséquence qui ressort de la discussion à laquelle je l'ai, en quelque sorte, fait assister ; mais, pour qu'on ne puisse me faire le reproche d’avoir évité une difficulté, en citant les argumens oppo- sés des partisans des deux doctrines rapportées plus haut, je vais maintenant me mettre moi-même en cause et émettre mon opinion particulière sur ce point difficile d'odontologie : 1° Les vaisseaux et les nerfs sont tout-à-fait étrangers à l’ivoire et à l'émail ; 2° J'admets avec Blake, Fox, MM. Duval, Oudet, Toirac, etc., que l’ostéide dentaire jouit dans ses couches superficielles d’une sensibilité particulière qui se révele surtout, dans certaines espèces de carie qui commencent, comme M. le docteur Duval l'a fort bien démontré, entr: l’émail et l'ivoire, dans les cas où la couche émailleuse a été enlevée, dans le limage , etc. 3° Serait-il possible que cette sensibilité fût inhé- rentea laligne crisätre qu! est intermédiaire à l’ivoire el à l'émail, que Cuvier croit form£e par un prolon- gement de la lame interne du Jollicule, et dans laquelle il resterait quelques-uns des nerfs que 84 cette lame possédait avant d’avoir été prise entre les deux substances de la dent, au moment de leur for- mation ? 4 Enfin, si cette explication que je me hasarde à mettre enavant, paraît fondée, l’instantanéité du phé- nomène de l’agacement se comprendra alors plus facilement , puisque, dans cette manière de voir, l'acide qui le produit n’aura besoin que d’imbiber l'émail, substance peu épaisse, et qu’ainsi il agira presque au point de contact. Du reste toute la question relative à la présence ou à l’absence de vaisseaux et de nerfs dans la par- tie ossiforme des dents se résume en ceci : y a deux choses dans les dents, l'organe producteur et la partie produite; l'organe producteur, ou fol- licule, est la partie essentiellement nerveuse et vas- culaire; le produit, l'ivoire et l'émail sont des substances calcaires, dans lesquelles on rencontre bien quelque peu de matière organique, mais d’une matière qui na pas subi l’organisation nervoso- vasculaire. Sans doute, il n’est pas impossible que des vais- seaux se développent dans certaines dents qui se sou- dent avec les alvéoles, et qui font corps de la sorte avec les os maxillaires; mais c’est là un étal anormal qui dépose seulement en faveur de ce fait général, que de la matière organique sécrétée dans un point de no- tre corps peut être mise en œuvre, en quelque sorte, et revêtir une organisation véritable, et qui ne renverse en rien la doctrine qui a été établie. 85 EEE —— x ORDRE HIT, Développement des dents ow odontogénie. LA formation des dents est le point le plus inté- ressant à la fois et le plus compliqué de lhistoire de ces organes. Pour ne rien omettre d’important dans celte partie de mon travail, je considérerai le développe- ment des dents d’abord en général ; puis dans un second chapitre je traiterai de ce qui a trait à ce développement considéré en particulier. ARTICLE PREMIER. Développement des dents en général. La connaissance parfaite du développement des dents, quelles qu’elles soient,supposedesnotionssur le développement du follicule et de la partie ossifor- me, sur l'accroissement et sur l'issue de cette dent hors de son alvéole. SI. Formation du follicule dentaire. Dès les premiers temps de la vie intra-utérine , au second mois, si l’on examine avec soin les ar- 86 cades alvéolaires, on y trouve un grand nombre de follicules dentaires logés dans l'épaisseur des re- plis membraneux que forme la gencive. Ces fol- licules sont très petits, placés dans la gouttière qui représente les alvéoles à cel âge et recou- verts par la lame la plus profonde du tissu gengi- val. Leur forme est globuleuse ; supérieurement et inférieurement ils tiennent à la gencive d'une part , et de l’autre à la gouttière alvéolaire et aux troncs des vaisseaux et nerfs qui parcourent celle- ci; latéralement ils sont contigus aux follicules voisins; en avant et en arrière ils correspondent à la gencive. : A partir du quatrième mois, d’après M. Sectés: des cloisons fibreuses se dErélo petit entre les fol- licules, cloisons qui s’ossifient plus tard et chan- gent ainsi les rapports des germes entre eux. A l’époque de la naissance, les follicules sont déjà parfaitement isolés les uns des autres et des vais- seaux et nerf dentaires ; le canal de ceux-ci, con- fondu d’abord avec la gouttière alvéolaire, s’est déja complété de ce côté. Quandon ouvre le follicule dentaire sur un jeune embryon on le trouve rempli par une liqueur jau- nâtre, visqueuse comme la synovie, acide suivant quelques personnes, alcaline suivant d’autres, présentant quelquefois aussi une apparence grais- seuse qui atrompé Ungebaur. Ce liquide va en diminuant , sous le rapport de la quantité, depuis le moment de la premiére apparition jusqu’à l’é- 87 poque de la sortie de la dent au dehors, époque à laquelle il disparait. Le fond du follicule dentaire de l'embryon est occupé par une papille très grosse, et dontla forme varie comme la dent à la sécrétion de laquelle elle doit concourir. L’extrémité opposée est continue avec la gencive au moyen d’un prolongement qui constitue l£er dentis, gubernaculum dentis. Legubernaculum dentis est le goulot du follicule dentaire ; 1l est contracté sur lui-même au point de ne présenter qu'une cavité possible dans les pre- miers temps, cavité qui doit se dilater par la suite pour laisser passer la dent. Tous les anatomistes ne sont pas d'accord sur la perméabilité de cette partie. Fallope , qui me paraît l'avoir le premier décrite, la représente comme un cordon plein, Hé- rissant assure que ce prolongement est creux, qu’il est bouché par ce qu’il appelle la seconde gencive, la gencive temporaire, mais qu’il s’ouvre à la sur- face de la gencive permanente. M. Serres et M. Delabarre soutiennent qu’il est réellement creux, - Opinion qui n’est pas partagée toutefois par M. Rous- seau et M. Cruveilhier. M. Rousseau avoue bien l’a- voir injecté comme M. Delabarre ; mais il croit que la cavité qu’il a obtenue ainsi était le résultat du procédé qu'il avait mis en usage. Enfin Hérissant assure que le gouvernail de la dent se rencontre dans tous léfollicules, comme on parait commen- cer assez généralement à l’admettre; tandis que 88 Fallope et M. Serres l’attribuent exclusivement aux dents de la seconde dentition. Quoi qu’il en soit, la structure du follicule de Ia dent du fœtus doit être étudiée avec un soin d’au- tant plus grand, que la connaissance approfondie de ce point de fine anatomie est absolument néces- saire pour comprendre le développement de la par- tie ossiforme de la dent. Or, voici ce qu’on sait de plus positif à cet égard. Il y a deux points de l’histoire de cette structure qui ne souffrent aucune contestation cet sur lesquels s'accordent tous les anatomistes, savoir : la forma- tion de la papille qui occupe le fond du follicule aux dépens des extrémités des vaisseaux et des nerfs qui y arrivent par son pédicule , et la constitution des parois de ce follicule au moyen d’une membrane unie à la gencive. Les seules choses qui restent à déterminer par conséquent sont la disposition et la structure de cette membrane. Jourdain , Hérissant, Desmoulins, M. Serres et M. le professeur Cruveilhier pensent que la paroi du follicule est formée par une membrane unique, qui tapisserait l’alvéole jusqu’au pédicule de la papille, auniveau duquel elle se terminerait, suivantles deux premiers ; tandis que d’après les autres elle se réflé- chirait vers la papille sans qu’on puissela suivrebien clairement jusque sur son sommet. Hérissant ajoute que cette membrane est froncée dans sa partie moyenne, et qu’elle adhère intimemer@u collet de la dent. 89 Hunter et Blake considèrent la paroi follicu- laire comme formée par la juxta-pos tion de deux feuillets qui viendraient se terminer sur le pédi- cule de la papille sans se réfléchir sur lui. Bichat et Cuvier almettent également la disposi- tion bilaminaire de la paroi du follicule‘de la dent. Ils «ffirment que la membrane externe se termine sur le pédicule de la papille, tandis que l’interne, semblable sous ce rapport à une membrane sé- reuse, se réfléchit vers Ja à nt en recouvre toute la surface. Enfin, M. Delabarre décrit aussi un double feuillet dans la paroi du follicule : l’externe pro- cède, suivant lui, du tissu fibro-cartilagineux qui recouvre les alvéoles et qui concourt à former la gencive, et descend, sans rien présenter de particu- lier, jusqu’au pédicule de la papille près duquel il se termine ; l’interne, au contraire, continue im- médiatement avec la membrane muqueuse buccale, se porte en bas, se dirige vers la partie latérale de la papille et se termine dans le pointoù devra cor- respondre par la suite le collet de la dent. Ainsi, le follicule dentaire, d'apiès M. Pelabarre, pré- sente réellement seu cavités, une qui embrasse le sommet de la papille, liutre qui correspond au pédicule de cette partie ; li premiè:e dans laquelle doit paraître la couronne, la seconde qui est réservée à la racine de la dent. Quelque différentes que Frgissent. au premier abord les descriptions du’ {ollicule dentaire qui . 12 go précèdent ;, én y réfléchissant un peu, on netarde pas à reconnaitre qu’elles se ressemblent au con- traire beaucoup quant au fond. Il est facile de voir, en eflet, que l'opinion qui représente la paroi de ce sac comme formée d’une seule membrane, n’est pas essentiellement différeute de celle dans laquelle on admet deux membranes distinctes; cet apparent désaccord dépend, en effet, souvent de ce que ceux-ci ont compté le périoste alvéolaire comme appartenant au follicule , tandis que ceux-là l'en ont soigneusement distingué. On pêut par conséquent rapporter à trois les opinions des principaux auteurs touchant Porga- nisation de la paroi du follicule dentaire, la pre- mière dans laquelle les membranes qui constituent ce sac sont représentées comme se terminant sur le pédicule de la papille et se réfléchissant plus ou moins sur lui; la seconde, dans laquelle on mon- ire la papille recouverte par le feuillet membraneux le plus interne; la troisième, enfin, qui est fon- dée sur l'insertion de ce feuillet interne sur la partie latérale de la papille. * Cette dernière manière de voir réunit en sa fa- veur moins de probabilités queles deux premières qui se ressemblent beaucoup, comme je lai déjà fait remarquer. D'abord, lanalogie, des follicules, des ongleset des poils ne lui est point favorable; et en second lieu, ce qui paraît beaucoup plus dé- cisif, je ne sache DER RTR de personnes lui aient fait subir l'épreuve de la dissection. Pour ce a v + g1 qui me concerne, au moins, je me hâte de décla- rer que je l'ai toujours fait en vain. Hunter considère la membrane interne du folli- cule comme essentiellement vasculaire , et la mem- brane externe comme fibreuse: Blake est d’un sentiment opposé. Fox assure, au contraire, que toute l'épaisseur de la paroi du follicule est abon- damment pourvue de vaisseaux. Enfin , Hérissant a reconnu sur la membrane interne du follicule une disposition fort curieuse ct fort importante : si l’on détache avec précaution dit-il , cette membrane de dessus la couronne, et qu’on examine au même instant sa surface intérieure avec une loupe de trois à quatre lignes de foyer, on est sur-le-champ fra d’admiration à laspect d’une multitude infinie'de très petites vésicules, qui, par leur transparence, sont assez semblables à celles dont la plante appelée glaciale est couverte ; elles sont disposées avec beaucoup d'ordre par ran- gé:s qui posent les unes sur les autres par étage, et qui sont, pour la plupart, presque parallèles à la base de la dent. Ces vésicules contiennent en certain temps une liqueur très claire et très limpide; et considérées dans un temps plus avancé, leur liqueur devient laiteuse et s’épaissit. On nesaurait méconnaitre l'usage auquel cette fi. queur est destinée; on ne peut pas s’empécher de juger que lorsqu'elle sera épanchée sur la dent par gouttelettes, qu’elle s’y sera épaissie et qu’elle aura acquis toute la consistance qu’elle pent prendre, 92 alors la partie de la dent sur laquel'e elle aura été étendue, sera ornée de cet émail qui nous plait si fort. M. Rousseau, Desmoulins et M. le professeur Cruveilhier ont fait des observations semblables à celles d’'Hérissant sur les saillies vésiculeuses de la face libre de la membrane interne du follicule. S IL. Développement de l'ostéide dentaire. Peu de temps après Papparition du follicule, la portion osseuse de la dent commence à s’y dévelop- per; c’est-à-dire , pour les dents les plus précoces, vers le troisième mois de la vie intra-utériue. Où sait bien que c’est à érieur du follicule que celte formation s’accomplit; mais les auteurs ne sont pas tous d’ac :ord relativement au point précis sur le- quel on aperçoit les premiers lin ‘amens de la par- tie calcaire de la dent: Cuvier assure que c’est en- tre la papille et la partie de la membrane interne du follicule qui revêt celle-ci; les autres soutiennent que c’est dans la cavité de la membrane interne. Quoi qu’il en soit, c’est la couronne de la dent, et particulièrement la partie cuspidée de cette couronne qui paraît la première ; la d‘position de la matière calcaire est précédé: par une rubéfac- tion manifeste de la papille. Cette déposition a lieu par autant de points que la dent doit pré- senter de cuspides, et sous la forme d’écailles ou 93 mieux de petits chapiteaux qui recouvrent les tu- bercules de la papille ; ainsi-pour les incisive, trois points suivant Hunter et M. Oudet, un seul au con- traire suivant Becker, Blake, Albinus ; ainsi un seul pour les canines, et pour les molaires autant qu’elles ont de cuspides. Les dimensions de chacune de ces parties rudi- mentaires sont d'environ une demi - ligne de lar-. geur sur un sixième de ligne de hauteur, d’après M. Rousseau; elles sont d’ailleurs d’autant plus dé- veloppées que par leur position elles s’'éloignent plus de la parti : linguale de la mâchoire. Leur vo- lume respectif diminue aussi à mesure que l’on con- sidère les dents dans une situation plus rapprochée des condyles. Suivant Auzebi, Jourdain et M. Rousseau, l'émail est sécrété avant Vlivoire. Desmoulins partage la même opinion; et il assure particuli ent que les choses se passent ainsi chez, les ns dont la couronne est aussi compliquée à son avis que celle des incisives des rongeurs, que dans ces dents la ca- lotte d'émail reste pendant long-temps molle et flexible, et que c’est lentement qu’elle prend de la consistance et qu’elle se moule sur les creux et re= liefs de la papille. La plupart des anatomistes soutiennent au con- traire que l'ivoiré"est sécrété le premier, et que lé- mail est formé aussilôt que la surface de la cou- ronne est dessinée; tandis que Cuvier dit avoir vu les deux substances apparaître presque en même temns. En 94 Diverses hypothèses ont été émises relativement au mécanisme de la formation des deux substances dentaires. | Séduits par une fausse analogie admise à priori entre les os et les dents, les anatomistes ont cru long-temps que d'ivoire résultait de la transforma- tion osseuse de la papille. On doit convenir, en eïet, que le rétrécissement progressifde la cavité dentaire, et que son oblitération chezles sujets avancés en âge. prétaient quelque apparence à cette théorie qu’on a vue encore professée dans ces derniers temps par M. Léveillé. La plus simple inspection directe suffit cependant pour montrer que les choses se passent tout autrement : la petite dent rudimentaire est sim- plement superposée à la papille sans lui adhérer au- trement, ce qui n'aurait pas lieu si elle résultait de la transform osseuse de la partie la plus superfi- cielle de he à Bunon, en 1743, "Hunter et Cuvier se sont élevés fortement contre cette doctrine, et ils ont montré que l'ivoire est sécrété par la papille dentaire com- me longle par sa matrice, comme l'épiderme. par la peau. Bunon en er ab us compare cette for- mation à celle de la coquille de certains crusta- cés. | L'histoire de la formation spétiale de l’émail est un peu plus compliquée que celle de livoire. ILfaut - même tout d’abord en convenir, la théorie de cette formation est beaucoup plus dificile à formuler d’après des faits bien observés. La sécrétion de lé- 99 mail, en effet , diffère de tous points de celle de Pi- voire; elle n’est que temporaire, un espace fort court ‘sépare le moment où elle commence de celui où elle finit ; de sorte qu’il est beaucoup plus difficile de pénétrer sous ce rapport les mystères de la na- ture. Bertin, Hunter et plusieurs autres ont dit que l’é- mail était sécrété par la membrane interne du folli- cule, peut-être même par la papille , dès les pre- miers temps de lapparition du germe de la dent; qu’il restait à l’état de dissolution dans le liquide de follicule {jusqu’à la formation de la couronne, et qu’alors il se disposait en cristaux sur la surface externe de celle-ci. Hunter compare cette déposi- tion de la matière de l'émail sur la couronne, à la cristallisation des sels de l'urine autour d’un corps étranger qui tombe dans la cavité de la vessie. Une circonstance vient prêter quelque appui à cettethéo- rie , le liquide du follicule abondant dans les pre- miers temps, diminue à mesure que la dent se déve- loppe et disparait complètement, dit-on, emporté sans doute par les vaisseaux absorbans, lorsque l’é- mail est formé. Hunter assure que les choses se passent manifestement ainsi chez le cheval, l'âne et la brebis , et il ajoute : « il n’y a pas deraison pour ne pas admettre qu’elles ont lieu de la même ma- nière chez l’homme.» Cuvier et M. Serres se sont élevés contre la doctrine de Hunter. Le liquide du follicule, suivant M. Serres, n’a aucun rapport avec la formation des dents, il s’épanche sur l'ouverture 96 du follicule au moment de la sortie de la dent et disparait quand ce mouvement est terminé. On admet presque généralement aujourd’hui avec Hérissant , Meckel, Cuvier,etc., que l'émail est très= mou au moment de sa formation, et qu’ilest déposé directement sur la dent par une sécrétion dela mem- brane interne du follicule , sécrétion à laquelle pa- raissent destinées les petites vésicules ou glandu- les qui ont été attribuées à cette membrane par Hérissant. Suivant Cuvicr, l'émail n'est pas déposé immédia- . tement sur la couronne de la dent, mais sur la por- tion du feuillet interne du follicule qui revêt cetle couronne. De la sorte, comme je l'ai fait remarquer plus haut, ce feuillet se trouve serré entre les deux substances de la dent, entre lesquelles il reste une li:ne grisâtre qui témoigne pendant toute la vie de cette disposition première. : Quant à l'opinion de M. Delabarre dans laquelle l'émail est considéré comme formé par la papille et comme trans-udant à travers les premières couches de l'ivoire pour aller se déposer à leur surface ex- térieure , malgré l'autorité de son auteur sur la ma- tière qui noccupe ici, il me parait tout -à-fait im- possible de ladmettre. Une circonstance embarrasse nécessairement au premier abord celui qui étudie le mécanisme de la formation de l’'émail.Comment, par exemple, arrive- t ilque cette substance se dépose seulement sur la couronneet jamaissur la racine des dents? cette ques- 97 tion est sérieuse, en effet, et mérite qu’on la prenne en grande considération ; or , voici comment on y a répondu : D'abord il est évident que la difficulté précédente ne s'applique en aucune manière à la théorie de la formation de la dent que donne Cuvier , car, dans cette théorie l’ivoire se forme hors de la cavité du follicule dans laquelle l'émail est sécrété , et vers la- quelle la couronne de la dent fait seule hernie. Les fauteurs de la doctrine presque abandonnée de la cristallisation de l'émail soutiennent que le liquide disparait lorsque la couronne est couverte de cette substance, e tqu’alors la racine se formant, il ne se fait sur elle aucune déposition vitreuse. Hérissant enfin, et ceux qui ont observé les glan- dules destinées à la sécrétion de l'émail après cet anatomiste, supposent que ces petits organes s’atro- phient après l'achèvement de la couronne dela dent, et qu’ainsi la racine dont le développement est pos- térieur au sien n’a rien de commun avec l’é- mail. S IT. Accroissement des dents. Une fois commencée par la papille, la sécrétion de l'ivoire continue aussi long-temps que cet organe recoit les matériaux nécessaires à cette formation. De nouvelles couches semblables aux premières apparaissent au dessous d’elles, à la surface de la papille; ces couches sont d’abord de plus en plus 15 9 étendues, à mesure qu’on s'éloigne de époque où la dent a commencé à paraître; plus tard elles offrent une disposition inverse. Elles emboitent les précédentes, les soulèvent de plus en plus, et les éloignent de la papille, qu’elles embrassent bientôt dans toute sa circonférence jusqu’à la base, Alors la couronne de la dent est formée tout entière ; l'émail s’y dépose comme il a été dit précé- demment; et le travail d'évolution, après avoir subi une sorte de temps d’arrêt, suivant quelques personnes, reprend son cours : la papille est sou- levée du fond de Palvéole; les couches nouvelles d'ivoire qu’elle produit l’embrassent de ce côté en formant des chapiteaux de moins en moins évasés inférieurement; elles entourent le pédicule de la pa- pille, descendent jusqu’à son extrémité et forment la racine de la dent. À partir de l’époque à laquelle nous sommes ar- rivés , la dent a terminé son accroissement en lon- gueur; les coucheséburnées quise succèdent ne peu- vent alors qu'augmenter l'épaisseur de ces ostéides, et comme c’est toujours par une juxta-position in- térieure que cet accroissement a lieu, la cavité dentaire est rétrécie de plus en plus, la pulpe est comprimée, et la circulation étant gênée dans ses vaisseaux, sa sécrétion se ralentit et cesse bientôt tout-à-fait . On vient de voir comment procède dans son ac- croissement une dent unicuspidée et à racine uni- que, une canine, par exemple. Jai dù choisir d'a- 99 bord ce cas particuhker, parce qu'il est le plus sim- ple. Étudions maintenant l'accroissement d’une dent multicuspidée et à racine multiple. . L’éburnification de ces dents commence, comme je Pai dit plus haut, par plusieurs points séparés, représentant autant de petits chapiteaux que la dent doit avoir de cuspides et que la papille présente de prolongemens. Ces chapiteaux sont naturellement convergens par leur base; accrus chacun de leur côté par âddition de couches successives de plus en pius alongées à l’intérieur des premières , leur conver- gence augmente de plus en plus; ils se rencontrent bientôt, se réunissent tout-à-fait, ceux qui sont cn dehors avant ceux qui sont en dedans ; et à dater de ce moment, ils ne forment plus à la partie supé- rieure de la papille qu'un seul grand chapiteau on- dulé à sa surface, et dont l’accroissement continue comme si le développement primitif s'était opéré par un seul point. Enfin, lorsque le füt ossiforme de la dent est parvenu à l’umion de la papille avec ses pédicules, la matière calcaire est sécrétée à la fois autour du corps de cetle papille et autour de ses pédicules, elle les entoure chacun sépa- rément d’une enceinte tubuleuse continue avec Penceinte du reste de la papille, et l'accroissement procède ultérieurement comme dans le cas simple que j'avais supposé tout d’abord, avec cette seule différence que les lames osseuses, au lieu de re- présenter une série de cônes simples, sont subdivi- sées en autant de cônes creux secondaires que la dent 100 doit avoir de racines. Pour tout le reste enfin, je le répète,cette dent plus composée se comporte absolu- ment comme la dent la plus simple. Ainsi les dents s’accroissent du sommet de la couronne vers le sommet de la racine, et de l’exté- rieur à l'intérieur; #Îles gagnent à la fois en lon- gueur et en épaisseur en se moulant sur la papille et l’embrassant dans tous ses points d’une manière de plus en plus étroite. | L’aceroissement de lostéide dentaire est néces- sairement renfermé dans des bornes fort étroites, que l’on peut prévoir et calculer d’après le volume et la longueur de la papille, puisqu'il se moule exactement sur cette partie. À mesure que l’accrois- sement avance, comme on l’a vu, la papille; embras- sée de toutes parts par les couches osseuses, est de plus en plus étroitement serrée par elles ; ses fonc- tions en sont bientôt génées, elles s’arrêtent même tout-à-fait, et dès ce moment l’accroissement de la dent est accompli. Ainsi, au fur et à mesure que la dent fait des progrès, la papille devient de moins en moins propre à en permettre de nouveaux, ct ce qui paraissait devoir être d’abord pour elle une source inépuisable d’accroissement, lui porte, au contraire, un préjudice mortel, sous ce rapport. Il était aisé de prévoir que la forme imprimée par la papille au tèt calcaire dont elle s’entoure est la seule cause de cet accroissement si exactement dé- fini des dents; la réflexion suffisait : eh bien! cette conséquence si naturelle des faits depuis long- 101 a connus sur la formation des dents n’a été qu’assez tard appréciée d’une manière convenable , c’est M. le docteur Oudet qui la fait connaître dans son Mémoire sur la dentition des rougeurs. M. Ou- det établit d’abord, dans ce travail remarquable, que c’est à la forme pédiculée de la papille den- taire que les dents de l’homme doivent d’embrasser exactement cette partie, de la presser de plus en plus, de la détruire et de borner leur accroissement en longueur. Ensuite, pour compléter la démons- tration , il prouve que les incisives des ron- geurs, qui jouissent de la propriété de s'alonger indéfiniment, présentegt une papille disposée en sens inverse de celle de la dent de l’homme. Cette papille est dépourvue, en effet, de pédicule, elle est conique et appuyée sur le fond de son follicule et de Valvéole par la base du cône qu’elle représente. A la faveur de cette conformation, la papille des incisi- ves des aninaux que J'ai cités peut sécréter conti- nuellement des couches calcaires, sans être jamais embrassée par elles du côté par lequel elle recoit ses vaisseaux et ses nerfs; par conséquent, jamais elle ne se trouve le moins du monde comprimée, le moins du monde gènée dans ses fonctions, et eile continue à pousser la dent à l'extérieu: jusqu’à la fin de la vie, à moins que quelque circonstance étrangère ne vienne l’altérer ou la détruire. L’accroissement continu de certaines dents, chez les animaux, leur donne avec le temps une longueur considérable, comme on le voit pour les défenses 102 de l'éléphant. Chez les rongeurs même, lorsque les incisives ne sont pas usées par les frottemens à leur extrémité, dans une proportion égale à leur accroissement vers la base, elles acquièrent parfois des dimensions démesuréeset causent de graves ac- cidens. M. Devergie a présenté à l'Académie de médecine , en 1825, la tête d’un vieux rat, tué à l’Ecole-Militaire, qui fournit un bel exemple de celte espece : à La dent incisive supérieure droite, en sortant de son alvéole, se recourbait.en bas et en arrière dans l'intérieur de la bouche, pénétrait dans la fosse na- sale gauche en entrant par son ouverture posté- rieure, parcourait d’arrière en avant cetle ca- vité, traversait en avant los maxillaire, sortait par l’alvéoleigauche correspondant au'sien, à côté de lincisive gauche qu’elle n’avait pas déplacée, se re- courbait de nouveau en bas et en arrière, et se ter- minait au dessous de lorbite gauche. Cette dent décrivait une double spirale, dont les deux con- tours, successivement décroissans, étaient dirigés d'avant en arrière et de droite à gauche. La dent incisive supérieure gauche, par laivéole de laquelle sortait la dent que je viens de décrire, était également longue et recourbée , mais le cercle qu’elle décrivait n’affectait nullement la même di- rection que sa congénèére. | Les dents incisives de la mâchoire inférieure formaient deux longues défenses recourbées en haut et en avant, dont la droite, plus longue et plus déjetée en arrière, décrivait un cercle presque 103 complet de huit lignes de diamètre environ, en passant au devant de l'orbite qu’elle oblitérait (l'œil de ce côté était atrophié), et dont elle avait détruit le bord inférieur en le creusant en gouttière ; sa pointe se recourbait sur le crâne et Paurait infailli- blement perforé plus tard. Les dents molaires du côté droit avaient en partie changé de direction, et s’étaientinclinées en dedans, pour se mettre en contact avec celles de la mâchoire supérieure. Véritables phanères, suivant lexpression de M. de Blainville, les dents se développent en gran- dissant comme eux. Leur accroissement n’est pas indéfini comme celui des poils et des ongles, parce que leur papille n’est ni conique, ni sessile, comme les leurs ; il est, au contraire, borné comme celui des plumes des oiseaux, parce que leur papille est alongée comme la leur, et, comme elle, aussi sup- portée par un étroit pédicule. Il faut bien se garder de prendre pour un véri- table accroissement en longueur la saillie plus con- sidérable en dehors qui résulte, pour les dents, des progrès mêmes de l’âge sous l'influence de la con- traction des alvéoles : cet accroissement n’est qu’ap- pareut, et, tout compte fait, chez les vieillards, quand on recherche bien exactement l’étendue de la partie émaillée des dents, on acquiert la certitude qu'elles ont sensiblement dim inué en longueur, au contraire, par l’usure de leur extrémité. C’est faute sans doute d’avoir tenu compte des cireonstancesqui 104 viennent d’être mentionnées, que plusieurs anato- mistes, Fallope en particulier, ont attribué aux dents de l’homme un accroissement indéfini. L’accroissement de la portion calcaire des dents différe complètement de celui des autres parties de notre corps : il a lieu par simple juxta-position, comme celui des corps inorganiques, et non par intus-susception. Les belles expériences de Hun- ter sur la nutrition de jeunes animaux avec de la garance, établissent ces faits de la manière la plus posilive, puisque, comme on la vu, les dents ne deviennent rouges que dans la partie qui a été formée pendant le temps où l’animal a été soumis à ce genre d’expérimentation. Divers accidens de la dentition déposent égale- ment en faveur de la doctrine que je soutiens ici. On sait qu’il est souvent facile de reconnaitre, en regardant parler une personne dont les dents se découvrent, si elle a éprouvé une affection grave dans son enfance, à l’époque de la formation des dents. On remarque en effet souvent sur la cou- ronne des dents, tantôt des lignes saillantes, ondu- lées , transverses; tantôt des rainures rugucuses ou des eufoncemens pointillés, qui constituent ce qu’on appelle érosion, ce’que M. Duval préfère dé- signer par l'expression d’atrophie des dents. Eh bien! ces altérations présentent l’image fidèle de l'état dans lequel s’est trouvée l’organisation au mo- ment où elles se sont développées. Une maladie 109 grave a-t-elle seulement exercé ses ravages au dé- but de la dentition, dans le moment où le follicule commençait la sécrétion de la couronne, c’est à la partie supérieure de celle-ci que les marques indi- quées se rencontrent, tandis que la base offre toutes les conditions de l’état normal. On peut même en quelque sorte, dans certains cas, où l’al- tération est disposée par bandes séparées par des intervalles de substance de bon aloi, compter, comme illustre Chaussier le faisait remarquer dans ses lecons, les périodes de santé et de maladie qui se sont succédées, dans le jeune âge, chez la personne que l’on examine. $S4. ÆEruption des dents en genéral. Lorsque les dents ont subi un certain degré d’accroissement en longueur, elles cessent de pou- voir être renfermées dans le sac dans lequel elles ont pris naissance, elles font effort pour se porter au dehors, et bientôt elles paraissent à nu dans _ l’intérieur d2 la bouche. En général, c’est après l’époque de la naissance que commence l'éruption des dents ; mais cette épo- que cependant varie suivant les individus, et sur- tout suivant l’espèce de la dent que l’on examine, ainsi qu’on le verra par la suite; elle peut aussi être avancée ou retardée par des maladies, comme Alphonse Leroy l'avait remarqué : «J’ai souvent vu, 14 106 » dit-il, qu'un enfant poussait une à deux dents » avant le terme ordinaire, lorsque la nourrice » avait eu de la fièvre, ou lorsqu’elle s'était échauf- » fée, ou qu’il s'était fait à son sein un engorgement » inflammatoire; son lait, alors surchargé de’ calo- » rique, accélérait la dentition; semblable à ces vé- » gétaux dont on provoquerait l’accroissement et » la floraison par des chaleurs artificielles ou des » arrosemens réitérés et trop fécondans, leurs fleurs » précoces et frêles tombent sans donner de fruit ; » ainsi les dents précoces de ces enfans se gâtent et » tombent peu de temps après leur éruption. » L'ordre suivant lequel éruption des dents a lieu est plus exactement déterminé que l’époque où com- mence ce phénomène. Ce sont, en général, les dents inférieures qui paraissent les premières au dehors; non cependant que toutes les dents inférieures précédent sous ce rapport toutes les supériceu- res : on voit seulement une paire de dents in- férieures sortir des alvéoles, et immédiatement après la paire correspondante de la mâchoire supé- ricure. * En général, les dents antérieures sortent avant les postérieures; les canines seules font exception à cette règle, elles ne sortent de leurs alvéoles qu'après la première. molaire. Toutefois tous les anatomistes ne sont pas parfaitement d’accord à cet égard, comme on va le voir par les citations suivantes : Le célèbre Sabatier s'exprime ainsi dans son 107 traité d'anatomie : « Quelque temps après la nais- » sance, les dents sortent successivemant de l’une » et de l’autre mâchoire; leur éruption commence » plus tôt dans.les unes et plus tard dans les autres. » ÎLest rare que les premières paraissent avant l’âge ». de sept à huit mois, ou après celui de bee » ou quatorze. Ce sont les incisives moyennes d’en »,. bas qui se montrent les premières, et le plus sou- » yent à quinze jours.ou trois semaines de distance. » Ensuite viennent les incisives mitoyennes d’eu » haut, puis les latérales d’en bas, puis celles d’en » haut; les canines d’en bas succèdent à ces der- » nières elles sont suivies de celles d'en haut, et » enfin des deux premières dents molaires qui se » joignent de chaque côté et à chaque màchoire à » celles dont il vient d’être parlé. » M. Boyer diffère peu de Sabatier dans son exposi- tion : « Ce sont, dit-il, les deux incisivesmoyennes » de la mâchoire inférieure qui percent les premiè- » res, quelquefoiselles paraissent en même temps; le » plus souvent à trois semaines ou un mois de. dis- » tance. L’éruption des deux incisives moyennes » de la mâchoire inférieure est suivie de celle des » deux incisives moyennes de la mâchoire supé- » rieure ; ensuite les incisives latérales de la mà- » choire inférieure percent les gencives; bientôt » après l’éruption des incisives latérales supérieures » a lieu; à celles-cisuccèdent les canines inférieures, » ensuite les supérieures. Les molaires paraissent » rarement avant l’âge de dix-neuf mois ou de deux 108 » ans : les deux premières molaires inférieures sont » celles qui se montrent les premières; elles sont » bientôt suivies des supérieures : à celles-ci suc- » cèdent les secondes molaires inférieures, qui » sont ensuite accompagnées des supérieures. » D'après Sabatier et Boyer, l’éruption des cani- nes a donc lieu immédiatement après celle des incisives latérales et avant celle des petites molaires. Bichat adopte le même ordre dans son anatomie gé- nérale : « On voit bientôt paraître, dit-il, tantôt iso- » lément, tantôt simultanément les deux petites » incisives de la mâchoire inférieure : bientôt après » les incisives correspondantes de la mächoire su- » périeure se font jour ; un mois ou deux aprés les » quatre autres incisives sortent : à la fin de la »n première ann NON sans quelques diflicul- tés; c'était une dent molaire à trois racines fort courtes, mais dont là tête avait la forme et le volume de la première grosse molaire, Je reportai le. doigt dan: la plaie, ct je réconn is une nouvelle dent que j'enlevai de la mème-manière. ‘Celle-ci était moins gross é que l’autre, mais elle était multicuspidée comme elle et comme les molaires de la premiére deantition. Grañde fut ma surprise et celle dés assis- tans. J'interrogéa i la malade, et.c’est alors qu elle me for- ment une courbe demi-circulure très régulière sur les jeunes chevaux. Celles du milieu portent le nom de pinces; celles qui les touchent sont apjrelées miloyennes ; les dernières sout les coins ; toutes ont leur couronne creusée d'uue cavité où entonnoir, dout la base correspond à l'extrémité libre de la dent et dans laquelle s’'accumule un tartre noirâtre. Cetle cavité et la partie de la deut dans laq elle elle est creusée s’effacent graduellement sous l'influence des frottemens, comme je l'ai déja indiqué. Les cani- nes portent le nom de crochets; elles s’'émoussent avec l’âge; la jument, chose rem irquable, n’en a que à 209 rarement. Les molaires sont prismatiques et mar- quéesde saillies irrégulières en forme de croissant sur leur face triturante. Chez les Ruminans, il n’y a d'incisives qu’à la mi. choire inférieure, ct elles ÿ sont au nombre de 8. Les canines Wei ki le plus souvent , excepté dans quelques genres, les chameaux, les lamas et les chevrotains. Le cerf w’en a qu’à la mâchoire supé- rieure, Les molaires sont formées de doubles crois- sans paralléles, leur face triturante offre des arêtes longitudinales qui sont promptement détruites par les frottemens. Efin les cétacés sont de tous les mamnifères ceux qui sont les mieux partagés sous le rapport du nombre des dents; certains dauphins en ont jus- qu'à 180 ou 190; il est vrai que par opposition et comme pour compenser cette sorte d'excès l’ky- pero: don n’en n’a que deux, le n1rval deux encore ou même une svule, et la baleine aucune. Les incis ves manqnent chez la plupart des c 'ta- cés , le dugong en a presque seul, et les a très-dé- veloppées; les carines manquent tout-à-fait, les molaires s nt co 1iques «t pointues pour l1 plupart; celles du | mentin sut aplaties à leur surface tri- turanle, et surmontées de deux collines transverses comme chez certains pachydermes, le £ap:r en par. ticuli r. Dans la baleine il n’y a pas de dents véritables,mais elles sont rem,lacées par des productions cornées 27 210 qui constituent les fanons. Les fanons s’insérent sur la concavité du palais et se portent de là perpen- diculairement'en bas dans l’intérieur de la bouche;ils sonttrès-nombreux!: onen comple jusqu’à mille dans la baleine franche, et il y en a.qui ont quinze pieds de haut. Chäque fanon A ro do une couche de fibres cornées ; ils sont revétus de deux lames cornées aussi, mais plus minces, plus serrées et dont lesfibres sont moins apparentes : ces fibres sortent d’entre leslames,et forment une frange libre sur tout le bord inférieur et interne du fanon, d’où il résulte que ces franges garnissent toute la partie latérale du palais qui est au-dessus de la langue, et qui se trouve par là entièrement ve- lue, | Les fanons sont insérés dans un follicule de lagen. cixe, dans lequel la membrane muqueuse est trèse Cure Les fanons, comme on le voit, sont eh plus analogues aux poils qu'aux dents; mais s’il n'existe pas Se dents à la mâchoire supérieure dela baleine; les observations de M. Geoffroy-Saint-Hilaire ont démontré qu’on en rencontre chez le fœtus à la mà- choire inférieure , das la rigole que présente cet os. Ces dents ont paru à M. Blainville simples et co- niques comme celles des cachalots. 211 ORDRE SECOND. Des dents chez les oiseaux. La définition que j'ai adoptée au commencement, je suis focé de Le répéter, et que j'ai empruntée à la nouvelle édition de l'anatomie comparée de Cuvier devrait m’exempter de parler du bec des oiseaux; mais les travaux de M. Geoffroy-Saint Hilaire sur cette partie, et le désir de présenter un aperçu complet des dents où des organes qui leurs res- semblent dans les an maux vertébrés, m’engagent à ne pas en agir ainsi. el Rigoureusement parlant, le bec est, pour les oi- seaux,un organe de préens'on des alimens, de mas= tication; il peut devenir aussi une arme off. nsive et défensive puissante; mais sous le rapport de la forme et de la structure, il ressemble beaucoup plus aux ongles qu'aux dents; c’est une partie cornée qu'ici la nature asubstituée aux dents; ce n’est pas autre chose. La durcté du bec présente des variétés trés-nom- breuses : les oiseaux de proie sont ceux qui sont les plus remarquables sous ce rapport : les oiscaux na- Beurs et tous ceux qui cherchent leur nourriture dans l’eau ont, au contraire, un bec trés-faible. La forme du bec est beaucoup plus changeante core que ses propriétés physiques, et comme elle 212 est en rapport exact avec le genre de nourriture et avec les habitudes des oiseaux, les znologistes ont donné à l'étude de ses diverses modifications une alteution toute particulière. Les oiseaux de proie ont le bec comprimé, recourbé en un crochet pointu et tranchant sur ses bords; il y a des becs tout-à-fait droits , ceux de la cigogne ct du héron 3 d’autres sont recourbés vers le bas, comme dans les tantales, ou vers le haut, comme dans le jabiri. Les pingouins ont le bec très-compiimé trans- versa'ement ; ceux-ci sont remarquables par leur aplatissement ; ceux de. canards ; ceux-là sont très alongés, celui «le la spatule, du vanneau. La corne qui revêtles deux mandibules est quel- quefois hérissée de deatelures qui représentent des espèces de dents et qui en tiennent lieu. Un peu en dedans, dans le point où la me 1brane muqueuse de la bouche vient s’unir à la substance du bec, on trouve des dentelures, sur le canard en particulier, dentelures disposées très régulièrement, et formée par une membrane cornée, continue avecla sub - stance du bec,d’une partet avec lanuqueuse buccale de l’autre; une foule de filets du nerf maxillaire in- férieur sortent très-régulièr ment de l’os de ce nom, vers les points où seraient les alvéoles, s’il y avait là des alvéole:, et vont se perdre dans les dentelu- rs cornées que je viens de décrire. Carus compire la substance cornée du bec aux ongles; ce sont en effet les organ s avec lesquels ce rie partie a le plus d’aualogie, chez l'adulte au 213 moins. Toutefois, il paraîtrait résulter des recher- ches de M. Geoffroy Saint-Hilaire que chez les jeu- nes oiseaux on rencontre,surles deux bords du bec, des dentelures qu’il considère comme de véritables dents rudimentaires dont il indique avec soin le nombre et la forme M. Geoffroy a trouvé également chez le souche£ des lames cornées qui naissent de la partie externe du palais et qu’il compare aux fanons de la baleine. j'ai vu quelque chose de semblable dans le canard ordinaire. | ORDRE TROISIÈME. Des dents chez les reptiles. La nature semble avoir voulu marquer nettement la position des reptiles dans l'échelle zoologique par les caractères q'relle a donnés au système dentaire de ces animaux. Placés, en effet , entre les oiseaux et les poissons, les reptiles participent des uns et des au tres sous le rapport de leur dents : les tortues ont un bec comme les oiseaux, et les autres reptiles ressem- blent beaucoup aux poissons par le nombre, la forme et les caractères principaux de leurs dents. J’ai peu de chose à dire du bec des tortues, après l’histoire que j'ai faite de celui des oiseaux : ce sont * nié des parti tes très- -analogues. entre elles, Comme celui des oiseaux, le bec des tortucs offre e souyeut de per ttes dentelures que Von considère comme des Be mens de dents séparées. La seule chose importante qui soit particulière au bec des tortues, c’est lexis- tence d’une plaque osseuse de même. forme que le bec, appliquée, et non implantée sur Les mâchoires, ANAL AL de la couche cornée. Une telle conforma- tion, il faut en convenir, établit une assez grande analogie entre ce bec et les dents de Pons Ja partie calcaire représenterait l’ivoire d’une série de dents confondues ensemble, dont la couche cornée serait l'émail. On peut croire même, suivant M. Blain- ville, qu'il existe dans les #rionyx, famille très--voisine des crocodiles, des dents véritables implantées dans leurs mâchoires , car celles-ci ont leurs bords percés de trous fort réguliers. Les dernières recherches de M. Geoffroy Saint-Hilaire , sur le bec des oiseaux , donnent d’ ailleurs le pls 8 grand poids à cette prévi- sion. Au-delà des chéloniens, tous les Br. ont des dents véritables que l’on peut rapprocher de celles de l’homme, et dont l'étude peut, sous plus d’un rap- port, éclairer l’histoire de ces dernières. Les dents des reptiles sont pointues et coniques; elles ne leur servent pas, ou presque pas à broyet ; elles constituent bien plutôt des instrumens d’alta- que, de défenseet de prehezsion desalimens; ce sont, en un mot, des dent; de carnivores. 215 On comprend , d’après ce qui précède, pourquoi les dents des reptiles sont dirigées généralement en arriére , pourquoi elles sont recourbéces en crochet à concavité postérieure. De la sorte, en effet, elles sont beaucoup lus propres à saisir, à attirer, à retenir la proie; leur ré-istance est telle même sous ce der- nier rapport, qu'elles cassent plutôt que de céder} Les repliles sont mieux partagé; que l’homme et lës mammiféres sous le rapport du nombre des dents. Ce nombre est consit érable et, au reste, peu exactement déte rminé, ce qui, en effet, importe assez peu. Ces deuts soit, Le plus souvent, attachtes aux mächoires, comme chez Phomme; d’autres fois, chez la plupart des serpens, eles tiennent aussi au Paie. Les dents des reptiles appartiennent à Ja classe des dents sans racines de quelques mammiféres ; comme celles-là , elles sont coniques et ereusées d’une cavité papillaire de même forme que li leur. Ces dents sont logées , celles au moins q'u appar tienueérit aux bords HS dans ds alvéoles plas étroits à l'entrée que vers Île fond, et comme | ur base est en rapport de volume avec la base de Falvéole, leur union avce des os est trés-solide. Les dents de: repti'es se ressemblent beau- coup les unes les autres, sous le rapport de la forme ; aussi est-il Ian impossible de les divi- ser, comme chez | ‘homme, en incisives, canines et molaires, Elles ressémbleut plus à ux canines qu'aux auli6;; on dirait que toutes apparliennent à cette es- péce. Elles offrent parfois des dent. lures vers leur 216 extrémité libre; les dents maxillaires des lézards sont trifides. Les dents se développent en général de très -bonne heure chez les reptiles, particuliérement dans les crocodiles, Cei animaux, dit Cuvier , ont toujours le même nombre de deuts; celui qui sort de l'œufen a autant qu'uu adulte de vingt pieds de long. Ces dents s’accroissent, comme les nôtres, par addition de couches successives à l'intérieur ; et comme leur papille est conique, clies croîtraient indéfiniment, si elles n’éiaient retenues dans leurs alvéoles par l’ou- xerture de celles-ci, dont le; dimensions sunt infé- rieures à celles de la base de la dent. Les reptiles paraissent b'aucoup m'eux partagés que la plupart des autres animaux, sous le rapport de la facihté et de la fréquence da remplacement des dents. À quelque âge qu'ou a rache celles du croco- dile, on trouve toujours, soit dans ses alvéoles, soit das leur cavité mê ne, une petite dent, tantôt sous forme de simple calotte encore mince ct très- courte, tautôl plus avaucte et prête à occuper sa place, quand l’ancienne, qui l'enveloppe, sera tom- bée. Cette successiou se fait très-souvent ; aussi, jeu- nes Où vieux, Ces ani niux ont loijours des dents fraiches, bien pointues et capables de faire le ser- vice. Avec l’âge , les dents des reptiles deviennent plus grosses et plus longues. Il n’y a p25 de comparaison, ar exemple, sous ce rapport, eatre un jeune etun vieux crocodile; ces dimensions sont toujours exac. 217 tement proportionnées à celles du sujet, surtout à celles des os maxillaires. À mesure que ces os se dé- veloppent, en effet , les ouvertures de leurs alvéo- les s’agrandissent, et la dent, dont l'accroissement en longueur paraissait devoir être arrêté par l’étroi- tesse de cette ouverture, peut recevoir à l’intérieur de nouvelles couches calcaires qui la rejettent au dehors. La manière dont s’accomplit le travail du rempla- cement des dents chez les reptiles, varie un peu: il en sera seulement quesiion dans les détails. Disons seulement qu'il ne faut plus chercher ici cette régularité dans la chute et l'apparition des dents nouvel es que l'on observe chez les mammifères et chez l’homme en particulier. Chez les sauriens, excepté les iguanes et les le- z1rds on ne trouve de dents que sur les os maxillai- resetinter maxillaires leur nombre varie d’ailleurs, suivant Desmoulins, de 78à 140. Tenon a le premier bien montré le mécanisme de leur chute et de leur 1emplacement par des dents nouvelles. On se de- mande, en effet,comment, embrassées comme elles le sont par l’ouveiture de leurs alvéoles , ces dents | peuvent tomber. Voici ce qui se passe alors : la dent de remplacement , en se développant et en remplis- sa it le creux de la dent en place, comprime sa substance contre les parois de l'alvéole, lui fait perdre sa consistance, la fait fendre , et la dispose à se détacher au moindre choc, an niveau de la gen- cive. Les fragmens restés dans lalvéole en sont en- suite expulsés par les forces de la nature vivante. 28 218 On trouve souvent dans les crocodiles qui chan- gent leurs dents, de e:s anneaux formés dans Pal- véole par les restes des anciennes dents cassées, et au travers desquels les nouvelles commençatent à poindre. | Les lézards, suivant Cuvier, offrent des particu- larités remarquablessous le rapport de leurremplace- ment dentaire. « Les dents nouvelles, dit-il, naissent non pas dans la cavité des anciennes et de maniére à les enfiler comme dans le crocodile, mais prés de la face interne de leur base, ou, dans certaines es- pèces, dans l'épaisseur de l'os au-dessus ou au-des- sous de cette base, selon la mächoire. Dans ce der- nier cas, qui a lieu, par exemple, dans les sauvc- gardes et les dragones, il se forme dans los une cavité qui loge, pendant un certain temps, le noyau pulpeux et la calotte qui naît dessus. Cette cavité s'ouvre par degrés à la face interne de l'os dentaire. Dans l'autre cas, le noyau pulpeux se développe simplement sous la gencive; mais, à mesure que sa calotte dentaire prend de l’accroissement , il se forme souvent une é hancrure dans la base de la dent en place la plus voisine, où elle esten partie enchassée, C’est alors quon pourrait croire que la nouvelle dent est dans la dent ancienne; mais elle n’en est ja- mais entièrement enx eioppée. De quelque manière que soit venue la dent nou velle, il arrive un moment où son accroissement pousse tout-à-fait en dehors la dent anci:nne, pro- duit sur la base ossifiée une nécrose qui rompt son 219 adhérence à la mâchoire et la fait tomber. Ce n’est pas une ruplure en quelque sorte spontanée comme celle des anciens bois de cerfs, qui tombent avant ue les nouveaux ‘aient poussé, Il m’a paru que la ent nouvelle y élait toujours pour quelque chose.» Les Ophid ens ont des dents sur les os maxillaires et palatins tout à la fois. Ils ont deux rangées de dents parallèles de chaque côté de la machoire supérieure : les Æmplhisbènes seuls font exception à cette règle. Dans les serpens vénimeux, desdents particulières contournées en demi-cercle, à concavité postérieure, et soudées à l’os maxillaire supérieur, constituent les crochets à venin. Ges crochets occupent la partie antérieure de la voûte palatine; quelques serpens seuls font exceplion à cette règle et les’ portent en arrière. Les crochets à venin ne sont pas mobiles, comme on le croit généralemeut, ils sont soudés à l'os; les mouveinens qu’ils paraissent exécuter, ne leur appartiennent pas : ils leur sont communiqués par la machoire supérieure qui jouit, en effet, d’une mobilité particulière. [ls dépassent en longueur toutes les autres dents; leur extré nité libre est mousse et percée d'un trou : ladent en totalité est parcourue à l'intérieur par un canal qui vient se terminer à l'ouverture précédente, et qui recoit, par sou extrémité opposée, le canal excréteur de la, glande qui secrète le venin. Dans la poche mem- braneuse qui entoure la base des crochets à venin, on trouve un certain nombre de crochets rudimen- toires ; on en compte quelquefois jusqu’à onze qui 220 sont disposés à prendre la place du précédenit, lors- : qu'il vient à manquer. Ces crochets d’attente sont formés dans des capsules membraneuses couchées parallèlement les unes aux autres dans l'épaisseur de la membrane palatine. L'ordre de leur grandeur dépend de leur voisinage de la dent de service. Quand celle-ci tombe , la première de remplace- ment dont la base est restée membraneuse, se sou- de si bien sur la place même où était l’autre, que l’orifice de son canal se trouve juste vis-à-vis du conduit du venin. Chez le batraciens les dents sont bien moins im- portantes pour les services qu’elles rendent à ces animaux , que chez les autres reptiles ; mais sous le point de vue zoologique , elles fournissent des en- seignemens qu’il n’est pas possible denégli er. Tous les batraciens, le crapaud, le pipa et peut-être la si- rène exceptés , ont des dents aux deux mâchoires. Tous, excepté le pipa, ont des dents à la voûte du palais. Ainsi, pas de dents chez le p'pa; des dents pa- latines seulement chez le crapaud et peut-être la sirène; chez tous les autres à la fois, des dents maxillaires et (les dents palatines. ORDRE QUATRIEME. Des dents chez les Poissons. Le système dentaire des poissons offre une trés 221 grande variété sous le rapport du nombre et de la disposition des parties qui le composent. Il est im possible, et heureusement il n’est pas nécessaire, d’assigner le nombre de ces parties. Ce qui importe davantage, cest de fixer leur position et leur forme. Les poissons ont des dents sur tousles points ‘de la face interne de la bouche proprement dite et du pharynx, indépendamment de quelques autres pro- ductions de la peau du voisinageque M. Blainville, esttenté de considérer comme de véritables dents. Aussi, les a-t-on distinguées en inter-maxillaires mandibulaires, pa!atines , vomériennes, lingua'es, branchiales, pharyngiennes. Mais il ne suffit pas de savoir d’une manière gé- nérale que les de:ts des poissons occupent tel ou tel point de l’entrée du canal alimentaire, il faut encore déterminer le mode spécial de leur implantation. Or, il ya dans les animaux qui nous occupent deux espèces de dents sous ce rapport: les unes , en ef- fet, sont implantées dans des alvéoles particuliers ( Poissons osseux, Gnatodon'es de M. Blainville); les autres soit placées à distance des os, qui ne leur fouraissent pas de cavités. ( Tous les poissons vraiment cirlilagineux , excepté la scie. ) Lespre- mières sont parfaitement fines et immobiles, les secondes sont susceptibles de mobilité, d’érection et de relâchement, comme cela e:t évident chez le requin. La circonstance de dents qui s’implantent dan 222 la membrane muqueuse sans rapport avec les os, est un fait heureux pour la théorie dans laquelle on représente les dents comme de simples productions de cette membrane tégumentaire.Certaines variétés que j'ai mentionnées précédemment, reproduisent cette espèce de dents chez l’homme, et révèlent Pa- nalogie qui rapproche le des autres animaux même les plus inférieurs. | Les dents despoissons varient plus encore s’il est possible, par leur forme, que sous les autres rap- ports. Les unes sont pointues, les autres sont lar- gement aplaties, et pour cette raison appelées dents en pavé. Les dents pointues, et ce sont les plus nombreuses , sont tantôt à une seule pointe et tan- tôt à deux outrois, comme dans les squales rous- settes ; ces dents sont dirigées en dedans et en ar rière, de manière à mieux retenir la proie, et à w’opposer aucun obstacle à la déglutition. Les dents en pavé des ra'es sont aplaties ou légé- rement relevées au milieu; le plus souvent elles sont égales en surface ; dans d’autres cas, celles du milieu sont grandes et en forme de bandes trans- versales , tandis que les latérales sont en carreaux. Elles paraissent formées suivant Desmoulins , par un faisceau de petits tubes réunis au sommet par une couche commune d’émail. Dans un poisson, rapporté aux scares par Guvier, les dents forment dix ou douze rangées composées chacune de cinq ou six dents. ‘Toutes ces dents sont enclavées par une sorte de c'ment. 223 Les dents des poissons osseux, celles qui sont implantées dans des a!véoles , se soudent au bout d'un cer’ain temps avec le pourtour de Palvéole, quand elles ont achevé leur formation. D’après les recherches de Desmou'ins ; la base de la dent pha- ryngienne des Cyprins présente un trou qui joue un rôle important dans le mécanisme du rempla- cement de la dent; voici, suivant luï,ce qui se passe dans cette circonstance : le pédicule de la dent de remplacement se porte vers ce trou, et CO'Nme ce pédicule est d'autant plus élastique que la dent est plus avancée dans sa formation, on conçoit qu'il tire celle-ci vers la place de celle qu’elle doit occuper. Toutes les dents alvéolaires des poissons se son- dent sur le bord de leur alvéole au bout d’un cer- tain temps, et après uu temps qui varie, elles sont remplacées par des dents nouvelles, suivant un mode qui n’est pas toujours parfaitement connu. Tantôt, comme le dit M. Blainville, le remplace- ment a leu à la place méme de la dent ‘tombée, à peu près comme duns les mammifères et reptiles ; d'autres fois, c’est à côté et d'une manière fort ir- régu'ière, comme dans-les brochets par exemple. Enfin dans les raies, es squales el méme dans les poissons, dont les dents sont composées, comme les diodons , les tétraodons, les scares; ce sont de nou- vel'es rangées de dents qui naissent au bord posté- rieur ou intérieur de la série des anciennes. Avec les données précédentes, il sera facile de dire, un poisson étant donné, quel est son genre de vie et 224 de nourriture. Les poissons armés de dents nom- breuses, aigues et fo tement inclinées en ar- rière, comme le brochet, ou crénelées et tranchan- tes comme les requins et la plupart des squules, devront être placés au premier rang parmi les plus voraces, les plus carnassiers et les plus redouta- bles habitans des eaux. Ceux, au contraire, dont la bouche est seulement munie de dents simples et aplaties, comme la dorade et beaucoup d’eutres sparoides, ceux qui n’ont que des dents pharyn- giennes, comme la carpe, devront être considérés comme lesmoins carnassiers de tous.Enfin on pourra assurer que les poissons auxquels on trouvera un appareil dentaire composé de ces dents compli- quées, en forme de meules ou de pavés , que j'ai décrites et qui sont si bien di posées pour moudre ou écraser les substances dures, se nourrissent de coquillages, et qu'ils fréquentent les parages dans lesquels ces animaux abondent. APPENDICE. Des parties qui représentent les dents chez les animaux invertébrés. Les parties que l’on décrit assez généralement sous le nom de dents des animaux invertébrés ont certainement avec les dents des animaux à vertèbres cette analogie, que, placées comme celles-ci à len- trée ou près de l'entrée du canal digestif, elles ser- vent aussi à saisir, retenir et broyer les substances alimentaires ; mais cette analogie, sous le point de vue fonctionnel, n’implique pas nécessairement une analogie correspondante dans lorganisation. La nature peut sans aucun doute atteindre le même but en employant des moyens différens, et il me semble qu'ici cela lui est souvent arrivé. Les organes dentaires, j'allais dire dentiformes, que je veux indiquer ici sont des dépendances de la membrane tégumentaire des animaux chez les- quels on les observe; ce sont des productions cal- caires ou cornées. Mais de là à des dents, c’est-à- dire à des organes munis d’un follicule spécial, au sein duquel nait et se développe d’abord le pro- duit sécrété, et duquel ce produit sort plus tard par un travail particulier pour apparaitre au de- hors, ily a des différences immenses, des dif- = 226 férences qui ont justement, suivant moi, empêché Cuvier de les ranger parmi les dents véritables. A tout prendre, je trouve beaucoup plus d’ana- logie entre les dents de l'homme et les poils, qu’en- tre cs uêmes dents et les prétendues dents des animaux invertébrés. Sans doute, dans une classi- fication des organes masticateurs, on doit néces- sairement comprendre à la fois les uns et les autres, mais il faudra toujours diviser ces organes en deux classes qui comprendront, lune les dents, l’autre les organes odontuides des animaux invertébrés. Il est un fait que je dois signaler avant tout dans cet inventaire des organes dentaires des ani- maux invertébrés , savoir, que c’est particuliè- rement dans l'estomac de ces animaux que la nature les a placés. À cet égard, il faut même en convenir, les organes masticateurs des invertébrés sont soumis à la règle à laquelle la nature paraît s'être astreinte elle-même dans la constitution des organes masticateurs des animaux. Plus ceux-cisont Ms és dans l'échelle, plus aussi les organes mastica- teurs s'élèvent dans le canal RUE Placés principalement dans l’estomac chez Îles crustacés et les mollusques, ils ne s'étendent plus qu’au pha- rynx dans les poissons, à la partie postérieure de la bouche dans les reptiles, et tandis qu'ils sont bor- nés aux régions antérieure et latérales de la bou- che dans les mammilères. Fe Chez les mollusques, ce t dans l'estomac exclu- sivement que lés organes ma ticateurs véritables 227 sont placés ; les pière; coquillères détachées qui en tiénnent ! eu chez les tarets et les un'os, les tenta- cules qui entourent la bonche dans les balanes et dans les hrétr’s, sout des organes de préhénsion des alimens sans doute, mais ne me paraissent pas dévoir être assimilés aux dents. | L’aplysi est, de tous les mollusques, celui qui offre l'appareil masticateur le plus fort. Voici com- ment Cuvier le décrit : le jabot est suivi d’un gésier en forme de cylindre court, et dont les parois sont musculaires et très robustes; elles sont garnies in- térieurement d’une armure fort extraordinaire, et dont je ne trouve point d’analogue exacte, quoique les pièces osseuses de l'estomac des bullées y aïent quelque rapport. Qu'on se représente des pyrami- des à bases r! omboïdales, et dont les faces irrégu- lières se réuni sent en un sommet partagé en deux ou trois pointes mousses. Leur substance est de- mi-cartilegineuse et composée de couches parallèles à la base. Leur nombre, dans les incividus oùje les ai recueillies avec soin, s’est trouvé de douze gran- des, pla ées en quintonce sur trois rangs, et de quelques petites, rangées sur le bord supérieur de ce gésivr. L’adhér: nce de ces pyranidés à la velou- te est si légère, que le moindre contact les fait tomber sans q:on aperçoive de trace de membrane ni d'aucun autre moye:: d'union. Les endroits aux- quels elles adhéraient sont bien marqués néan- moins par une surface lisse et saillante, tandis que les'intervalles sont un peu creux ct légèrement ri- (228 dés. Les hauteurs de ces pyramides sont telles, que leurs pointes se touchint au milieu du gésier, et qu il reste entre clles très peu d’e-pace pour le pas- sage des alimens, qu’elles doivent par conséquent broyer avec force. Le troisième estomac, aussi large que le premier, quoique moins long, a une armure aussi singulière que le second : ce sont de prtits crochets pointus, attachés à l’un des côtés de sa surface interne, mais presque aussi légèrement que le sont les pyramides du gésier; leurs pointes sont diri:ées vers le gé- sier, et je ne puis leur concevoir d’autre usage que d'arrêter au passage les alimens qui n’auraient pas été suffisamment triturés dans ce gésier. En effet, on ne distingue presque plus la forme des sub- stances alimentaires qui occupent le troisième es- tomac. | Les crustacés sont, de tous les animaux inverté- brés, ceux qui présentent les organes dentaires gas- triques les plus remarquables; ce sont des produc- tions calcaires portées sur une sorte de squelette dont est armé lestomac de ces animaux. Suivant Cuvier, on trouve chez ces animaux une première arêle transverse qui occupe le milieu de l'estomac. Cette arête porte une première dent ou plaque os-, seuse oblongue collée à la paroi supérieure de les- tomac, se dirigeant vers le pylore et se terminant. en arrière par un tubercule. Sur cette extrémité postérieure s'articule une se conde arête, dirigée en arrière, bifurquée en Y, et 229 sur chacune des apophyses latérales de celles-ci s’en articule une autre qui revient. en avantet en dehors, gagner l'extrémité latérale de la première arête trinsversale. C'eit sur ces deux arêtes latérales que sont por- tées les deux plus grandes dents Elles sont oblon- gues, ont une couronne plate, sillonnée en travers et dont les sillons et les iné alités varient selon les espèces. Ainsi, dans le crabe poupart, la couronne est striée finement, porte à son bord inférieur de grosses dentelures, et a en avant unc partie sail- tante et non stricte. Dans le homard, il y a neuf côtes transverses dont les trois antérieures sont de beaucoup le: plus grosses. Du point de réunion de larète transverse el laté- rale, de chaque côté, en part une autre latérale qui va plus bas que la preirière et porte à son extrémité une dent latérale plus petite que la précédente, placée un peu en avant et au dessous de son extré- mité antérieure, et hérissée de trois petites pointes aiguës et recourbées, et que'quefois de cinq. Les deux petites dents à pointes crochues saisis sent la nourriture qui vient de la bouche; elles la p'rtent ntre les deux dents à couronne plate qui la broient entre elles et contre la première plaque impaire dont nous avons parlé. Aprè: avoir subi cette opéralion, l'aliment passe par la partie étroit: de l'estomac, où son chemin estencore emba rassé, d’abord par une saillie char- 230 nue et ovale qui répond dans l'intervalle des deux grosses dénts latérales, et ensuite par une crête aiguë qui partage le pylore en deux demi-canaux. Les insectes et les vers n’ont réellement aucun organe que l’on puisse, avec quelque apparence de raison, comparer aux dents des animaux supé- rieurs. Quelques orthoptéres, les acheta, les locusta et les lattes seuls ont l'estomac hérissé de quelques écailles ou crochets cornés qu’on suppose destinés à une sorte de mastication. A l'entrée de la bouche de tous les insectes , la peau offre bien encore une dureté plus graude que partout ailleurs, son épi- derme parait bien avoir subi une sorte de modifi- cation cornée ; mais, comme on le voit, cela ne suf- fit pas pour dire qu’il y a là un organe réellement spécial. Chez les radiaires enfin, sans parler des tentacules qui entourent la bouche, et que l’on a comparés aux dents, sans grande apparence de rai- son, il en est quelques uns, les oursins, chez les- quels on a admis des dents particulières. Chez les oursins, en effet , dans l'ouverture orale du test, qui règarde en dessous; on trouve, suivant Carus. un appareil à cinq branches, Zsnterne d’ Aristote, dans chacun des rayons duquel une longue dent est mise en mouvement par plusieurs muscles, EXPLICATION DES FIGURES. Ficure I. Empruntée à Herissant. Elle a pour but de Frc. NH. Fr. IE, montrer les follicules dentaires du fœtus. A. Coupe de l’os près de la symphyse du men- ton. B. Condyle de la mâchoire inférieure. C. Apophyse coronoïde. | D. Angle de la mâchoire. E. Cartillage dentaire, vu sur une coupe de profil, F. Fond des follicules dentaires. G. Petits follicules rudimentaires des dents de la deuxième dentition. Empruntée à M. Serres. Elle a pour but demon- trer les glandes dentaires. AA. Condyles, BB. Apophyses coronoïdes. C. Partie antérieure de l'os. DDD Groupes de glandes dentaires. Empruntée à M. le professeur Cloguet. Elle à pour but de montrer les ouvertures osseuses qui livrent passage au goulot du follicule des dents secondaires. Fic, AV. Fc. Y. Eic. VI, Eic, VI, 232 AA. Condyle de la mâchoire inférieure. BB. Apophyses coronoïdes. CC. Dents de la première dentition. D. Face postérieure de l’os maxillaire, E. Trous qui livrent passage au goulot du folli- cule des dents secondaires. FF. La dent de cinq ans ou la première grosse molaire encore enfermée dans son alvéole. Empruntée à M. Serres. Elle a pour but de mon- trer les trois conduits vasculaires de l’os maxil- laire inférieur. A. Condyle. B. Section médiane de los. C. Apophyse coronoïde. D. Angle. E. Dents de la première dentition. F. Trait qui indique le trajet de l'artère de Ia première dentition. G. Trait qui indique le trajet de l’artère de la seconde deutition. H. Ouverture du canalde la première dentition. 1. Ouverture du canal dentaire inférieur. K. Ouverture d'un troisième canal vasculaire qui va se perdre dans le diploë de l'os. Coupe perpendiculaire d’une dent incisive pour montrer la cavité dentaire la plus simple. Coupe perpendiculaire d’une dent multicuspidée pour montrer une cavilé dentaire composée. Empruntée à M. Serres. Elle a pour but de mon- trer réunis chez le fœtus les germes des dents des deux dentitions, 233 À. Germes des dents temporaires. B. Les germes plus petits des dents de rem- placement. Fic. VIII. Empruntée à M. le professeur Cloquet. Elle a pour but de montrer chez un enfant de trois à quatre ans les germes des dents de la deuxième dentition. A. Condyle. B. Coupe médiane de los. C. Apophyse coronoïde. D: Angle de la mâchoire. E. Dents de lait sorties de leurs alvéoles. F. Follicules des dents de remplacement. G. Les deux artères de la première et de la deuxième dentition. H. Tronc commun des deux vaisseaux précé- dens. Fic. IX, X, XI et XII. Empruntées à Afte/. Elles ont pour Fi. IX. Fre. X. Fic. XI. but de Montrer : 1, les diverses variétés de longueur du rebord alvéolaire avant le com- mencement et après l’achèvement de la deu- xième dentition; 2, que la partie de l’are al- véolaire , occupée par les dents de lait, ne s'étend pas dans lesensantéro-postérieur pen- dant et après la deuxième dentition. Mâchoire supérieure d’un enfant de quatre ans vue de profil. La mâchoire précédente. vue par sa face imjé- rieuree Mâchoire supérieure d’un sujet de 25 ans envi- ron, vue par sa face inférieure. 30 234 Fic. XII. La mâchoire précédente vue de profil. AAAA. Sur les quatre figures , la partie anté- rieure de l’arc alvéolaire. BBBB. Sur toutes les figures la partie postérieure de l'arc alvéolaire, CC. Ligne qui passe transversalement sur les quatre figures derrière la seconde dent molaire et qui limite en arrière la partie antérieure de l'arc alvéolaire. 2 È % È $ | ÿ £ à Ps LT