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^ PRINCETON, N. J. ^

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SERMONS

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lEAN DAILLE'.

Prononce:<^ a Charenton Jes deux Diman- ches jf. ^ 12,. de Septembre 164.^. tours de Cène;

V un fur r. Cor. i o. 16. L autre fur i. Tim. 1. S*

* JUN 2 1910.

5*^ vendent i Charenton y Par LôVYs Vendo s me , demeurant IParir, fur le Quay de Gévre , à la Caille.

M. DC. XLl^.

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SERMON

SVR LA L EPISTRE

de S. Paul aux Corinthiens Chap. X. verf. iS.

La coupa de bénédiction y que nous heniffons^, nefi-eUe-pas U Communion du fang de ChriJI ? ér le pain y cfUe nous rompons , neft^ ilpashÇommunion du corps deChrijl^

Hers fteres,Ccs deux Sacrc- mensjque le Seigneur lefus a inftitués5run pour nous re- cevoir en la focicté de ion EglilcV&î'aurrepournousy entretenir, que nous appelions communément le Baptefmej & la fainte Ccnc , portent di- verfes marques tres-exprcfTes de la di- viiie fageflede leur Auteur. Maiscntrc les autres celle-ci mefcmbletres-confi- dcrable , que fous l'image de certaines chofes &: aftions faciles & familières ^ ils

A 1)

4 contiennent tous les plus profonds. Se les plus neccffaircs myfleres de la rcH- gion Chrétienne. C^ell pourquoi l'A- pôcrc 5. Paul y ramené fouvent les fidè- les , à qui il écrit j tirant delcur confidc-^ ration de belles 6^ évidentes preuves des veritez ,qu^l enfeigne, &: de lortes & in - vincibles convi£lions des erreurs , qu'il réfute. Ainfi dans rEpître aux Romains ' ' pour confondre 1 extrauagance des li- bertins 5 qui de la grâce de Dieu prenent occaiion de demeurer dans le vice , il nous reprefente cette mort myflique à laquelle nous avons été coniacrez par le bapteime, étans faits une merme plante avec Chriil: i^ous fommes morts comme lui en fa croix,.& avons laifTc nô- tre première vie dans fon fepulcre, pour reflufciter avec lui , Se cheminer défor- mais en nouveauté de vie. Et ailleurs, . pour montrer Tinutilité de la circonci- fion charnelle 5 que quelques fedufteurs vouloicnt introduire entre les Chrefliés, il nous met en avant la divine &fpiri- tucllc circoncifîon,non faite de main, quenous avons receuëcn notre baptef- me 3 nous dépouillons, non une peti- te partie , mais le corps entier de la chair

&defespcchcz. CepaflagCjd^oùnoiis avons tire le texte , que vous avez ouï, nous montre qu'il emploie auffi Tautrc Sacrement , c'eft à dire , celui de la fainte Cène, à de femblables ufages. Car vou- lant reformer l'Bglife de Corinthe , ôc en arracher la profane licence, que quel- ques-uns y prcnoicntjde fe méfier lans fcrupule dans les dévotions des Payens, fe treuvant aux fcftins de leurs facrificcs, &: y mangeant avec eux les chait^ im- molées à leurs idoles j outre plufi-urs autres belles raifons excellemment de^ duites contre céc abus, il les prcffeaufli par le myfteredela fainteCene , U les faifant euxmefmesiuges en leur propre caufe , il leur demande, fi ce pain &:cc vin,que nous recevons à laTablefacréc, ne font pas la communion du corps &: du fang du Fils de Dieu ? pour leur laiifcr àconclurredelàce qu'il touche plus ex- prefTément en fuite, que c'eft une mipiecè &: une horreur toute évidence de pretcn - drede mêler enfcmblc la coupe dcChrift &: celle des démons ; fa Table U celle des diables ; le divin fang,&: le divin corps de lefus.nôtre vrai Dieu ^ Seigneur , avec- queles impies facrifices des vaines6^abo-

A iij

6 niinables idoles cîes Gentils. Tavoucaue lldolatric PAycnne>qui étoit alot s en vo- gue à Coiint lie,&: dans le rcfte de la Gre . ccayanc ccc abolie il y a long-temps , àC en ce pais & en tout l'Occidcnc , nous ne femmes plus maintenant en danger de nous fouiller dans les ordures de hs fa- crifîcesi Mais la méditation de la leçon, qu'elle tira jadis de h plume de l'Apôtre, ne laillepas neanmioms d'eflreencorcs de (ailon. Premièrement nous ne pou- vons nier, qiie nous n'ayons trop de cô- mercc avec certaines autres idoles , nod moins vaines , ni moins pcrnicicufes ,ni moins incompatibles avec Icfus- Chrid, que celles des anciens Paycns ; oc que nous ne rouï'Iionsbien avant nos corps &:nos âmes, dans les fcrvices & dans les dévotions, que le monde leur a confa- crées. Car l'avarice, <?v lahixure^^ladé^ bauche , &: rambition^Sc les autres vices^ que nous n'avons point de honte de fer- vir nonobft.uic la profeiTion, qu^e nous, faifons de Ictus Chi ill ^ de fa croix, font des idx:>]es , que Dieu hait comme cz mefme Apôrre nous Tapprend ailleurs: de lortc,que pour nous retirer de leurs infanncs 6c rnartcîies pollutions 5 il.cff

7 bien à propos 5 Fidèles, que nous pcn- iîons ferieufemcnc à ce corps &: à ce lang du Fils de Dieu^auqueLnous avons Thon- neur de com»iuniei' ^ comme S. Paul nous le rcprefenîe en ce texte. Mais cet- te méditation eft particulièrement ne- cefTaireen ce temps j ayant, avccquc la grâce de Dieu? à participer àla Table du Seigneur , & à y recevoir folcmncllc- ment de la main de Tes Minières fon pain facrc &: facoupe bénite j que fjaurions- nous mieux faire , que d^efcouter U. eon« fiderer avec une profonde attention ce que fon Apôtre nousramentoiticidc la fin & de l'ufagc de cette religicufc aftiô? Car il en a compris tout le myftereencc peu de paroles i Et pour les éclaircir,^ vous donner autant qu'ilnousfera pof- fîble , l'édification que nous vous de- vons, s'il plaifl:auScigncur,nous y con- fidcrerons deux points diftinclcmenc Tun après l'autre. Premièrement nous examinerons ce qu'il dit des fignes, que le Seigneur a employez & inftitucz en ce facrement; affauoirj/^ coupe dehenedicfion, que nous bemjfcns'ié* lepainc^He nous rojp- fons» Secondement , nous verrons ce qu'illcur attribue i affavoir ,que h ceupe

8

eH la. Communion du fang de Chrijl ; & le ^4/;îfeniblableinent la Communion de f on corps.

C'efl; une veiité rcceuc & confeflec par fous les Chrefticns anciens & mo- dernes , que ce que nous appelions 5.4- crement en la religion, eft un fignejcon- fîftanc en une choie corporelle, & en fî- gnifianc une auirc fpirituèlle ; comme dans nôtre baptefme l'eau eft le Sacre- ment,c'eft à dire,le fîgne facré, qui repre- fence la grâce de Dieu en lefus-Chrift fon Fils, par laquelle nous fommes lavez Sd nettoyez de nos péchez, &: régénérez en une nouvelle vie. Ainfi donc en la fainteCene^ileft confiant, que le pain, êc le vin font le Sacrement, ou la chofc fenfible, qui fignifie le corps & le fang de lefus-Chrift, & s*y rapporte. Que fi vous me demadez, pourquoi le Seigneur a emploie deux chofes , affavoir le pain> &le vin, en la Cène, au lieu qu'il n'en a ordonne qu'une dans Icbapteî'me, affa- uoir Teau ; ic répons qu'il en a ainfi ufé pour deux ralfons principalement ; La première , poarce qu'étant queftion de nous reprcfezater le Seigneur en Tétat de la mort violente qu'il a foufFcrtc pour

nous>

9

nous, ayant fon fang reparc d'avec fon corps 5 de épandu hors de fcs veines j cela, ne fc pouvoir faire auec un feul fignci deux y ont été neceffaircs ; iVn pour nous figurer fon corps, 6c l'autre fon fang à part. Puis après la Ccne étant le my- ftere de la nourriture fpirituelle , que nous auons très parfaite Se ties-abon- dante en lefus-Chrift, il a été à propos d'y employer les deux parties de la nour- riture corporelle , c'eft à dire , le manger Scie breuvage-, étant évident, que cha- cune de ces deux efpcces ne fait que la moitié de nôtre nourriture: &: n'eft pas capable par confcquent de rcprefenter feule la pleine de entière refedion, que nos âmes treuvent en lefus-Ghrift. L'A- pôtre nomme ici expreffement ces deux fignesja coupe & le pain j mais en vn or- dre autre que ne porte ni la nature de la chofe,ninnftitution du Seigneur. Car au lieu que le Seigneur bénit &: bailla le pain lepremier , &: puis en fuite la cou- pe, félon Tordre naturel de la nourritu- re , le manger va devant le breuvage; l'Apôtre parle ici de la coupe avant le pam. Mais ce qu'il en fait n'eit nullement pour renverfer Tordre établi parleSeU

ÏO

gnciir , quil fuît cxaftemcnt &: conftam^ ment lui-mefmcdansrvnzicrmc Chapi- tre de cette Epîtrc, iltraktcde ce Sa- crement au long. Ici il n'en parle qu'en paffant, &c non pour l'expliquer , mais feulement pour en tirer une preuuc 6c un cclaiicifîcment de fon exhorta- don , il ne s'eft point fcrupuleufemenc attaché à l'ordre des chofes, & a nommé ia première celle qui lui cft venue la pre- mière en Tefprit. Que fi vous me prcf- fez,ne pouvant vous figurer , qu'un écri- vain (i fageen ait ainfîufé fans quelque raifon ; bien que i'eftime , que ce n 'eft pas en telles menues obfervations ,quilfaut chercher la divine fapiencedes difcours de TApôtre , mais bien dans le fonds Se dans la vérité dcschofesmefmcs ;ie di- rai neantmoins pour vous fatisfaircqu'il a commencé par la coupe, &:fini parle pain 5 afin que la raifon , qu'il tire de la conûderation de cette première partie du Sacrement, fuft liée immédiatement avec ce qu'il en dit, comme elle eft en ces mots , Ze pam que nous rompons > nefi H fasU Communion du corps de Chrifi \ dau- tant que nous , qui fommes plhjieurs ^femmes unjtulpA'm&unfeulcerps l Carncustom

ît fcMr>^$ participais d ^u;i mefme pâm Iiaîfon>- qui eulî été ncceffairemcnt rompue > ô avant que cl*a]oûter ce raifonneiiicnt cuft parlé delà coupe > comme c'ètok rordre naturel. C'eft làceque i'enpea- fc,5<: ne croi pas qu'il y faille chercher un plus grand myftere. MaiscequeTA- pôtreditdc chacune des deux parties de ce Sacrement eft confidcrable.îl dit de îa coupe > premièrement > que c'eft /<^ ceupe de hnediSiani^ puis non content de ce- la, i{ ajoute cv\coiQ y la qttelienm s hem^a^s* Le mot de bénir ^ dans Tufai^c tanc des faintes lettres,queder£glifeludaïque !]• gni&fAnciifierpar la prière iCommQ Sains Paul exprime la vertu de cette paroIe,^ quand il die en quelque endroit, que /^ 1.7^;^^,^ ereatureeji fanShifée' pAr ta pû^roh de^ i>/>^> ^ par la prière^ Et les prières > dont on fe ferc en hemiranc foie lescbofes^ foit les perfonnes a étant toufiours conjointes. avec a£kion de grâces à Dieu > delà vienc. que k^mr Se rendre grâces lignifient une mefme chofe, êc font fou vent mis Van pour l'autre î^comiTici] par oift des paro«.- les deS^Paul dans le quatorzième: cha- pitre de cette Epître> Si ttéksms. d'efprit^ i.csf,i^j^^'A 0tljé. ^m.ejî df^Jïmple populaire >. commea! di^

B ij ^ ^

12,

td'fil y Amen , a ton action de graca l om vous voyez qu'à la fin il nomme a6iiof9 d"! grâces cela mefme , qu'au commen- cement il avoir appcUé henediciton. Et dans ITiiftoire des pains multipliez par j/^f/^.14.19 le Seigneur, Saint Matthieu, S. Marc, lZ\,\^I &^S. Luc appellent henir ce que S. lean ieétn6.iu nomme cxpreffément rendre action de ^r^^-ej.Semblablementen ladcfciiption arc j^,iz, deiafainteCencS. Marc emploie Icmoc ^é'^LH^' ^^ ^^^^^^> Saint Macthicu >' Saint Luc 17i1.Cflr.ii.* ^ S. Paul s'eftoient fer vis de celui de ren* M^ drc acf ion de grâces, \Ji\(^^cS^WSzi de cec-

tepiierc, ou aèliondcgrace eftdcfandi- fier les chofes elle eft emploiée. La viande écoittenuëpour profane iulques à ce qu'elle euftcté ainfi bénite. Alors ils l'eftimoient bonne ôcfaintc ; &: croioient que l'on en pouvoir manger en bonne confciencc^ôc non plûtoft. Mais outre cet efFctla èemdîUiony ou l'union de grâ- ces , en avoit encore un autre dans les chofes de la religion ; c'eft que de com-^ munes qu'elles étoient auparavant , elle les rendoitfacrées, &: les afFc6toit ôidc- r|^ dioic aufcrvicedeDieu, Scà la religion

% des hommes. C'eft en ce fcns , qu'il fau c

entendre ce que difent les écrivains tanc

divins , qu'Ecclcfiaftiques , que lepam & lcvmfonthemyO\.\ que le Seigneur 3^ fes Miniftres bmijfentou rendent A^ionàegrx- ces en les hailUnt ; c'eft à dire 3 que par la prière, qu'ils font à Dieu, ils lesconfa- crent à un ufage religieux ,pour cftre dé- formais, non plus limplemenc, comme ils font de leur naiure , &c dans l'ulage commun , des alimens propres à la nour- riture de nos corps, mais des Sacremens, c*eftàdire,dcsfigncs facrcz du corps 5c du fang denôcre Seigneur lefus-Chrift. C'eft precifémencce qu'entend ici TA- pôtre , quand il nomme la coupe de ia Sainte Ccnc , la coupe de Ube^tedi^femcck àdirc, félon leftiledes Ebreux,lacoupc bénite , Se confacréc par Taftion de grâ- ces, ou la benediftion, félon l'inflicution du Seigneur. Car encore ^ que les cho- fes , que nous fanftifîons par la prière dans nos repas communs, puiffenc auflî cftre nommées bénites en toute l'étendu ë du fens de ces paroles; ÎSieft-ce neant- moins , que ce moi de hemdiiîion eft par- ticulièrement emploie pourfignifier les chofcs delà religion , à caufe de leur ex» cellencc. Mais par ce qu'entre les luifs mcfmes c'étoit chofe ordinaire d'cm-

^4 . pioîer îa coupe en certains a6l:cscîe hut ^Pi<i^n, religion,- tel le qu'étoit par exemple çetts- çoufe dei délivrâmes > que Dauid dit quit prendra fmr invcquer le nom dî& Seïgmm > ôc celle, que les luifs beuvoient après Fa- lloir bénite dans le banquet de l'Agneau Pafqual > le S. Apôtre pour difcaner la facrée coupe de lefus-Chrift d*avec cel- les-là > auxquelles le XiomÂe cou^e bénite i,. peut convenir en quelque fens, ajoike encore expreffément ^ que c'eft îa coupc: que nous b.emjfanii mm , e'eft à dire» lcs> Chrcftiens >non celle > que les luifs eon- facrent , ni ceMe que les Pay ens emploiêt dansl€ursfacnfices^maiscelle,quenous». qui fomrrvcs difcipks du Seigneur Icfus^, beniffonsdans nos affemblces fclon foa inftitution.Ceâ delà qu'eit venu le Bom* que les anciens Chrefticns Grecs donnè- rent au S. Sacrement de la Cène du Sei- gneur > [ affellAnt\t^ uns Eucaridie ? c'eft à dire, action de grues > les autres y Enlogie^ c'eft à iïtCybsnèdiciiomXts uns ^ les autres en îHcfme fensj à caulc deVâciio?ide^Kâse$^ ^w hencdiclim i paï laquelle oadedie èù, coîîfacro les eîcmcnsdu pain 3^ du vin à l'ufagede îa religion > pour, eûr.e les Sa- €s:cmîn.s.diicor.£s §c: du î^gM- S.cigaeim

ïcfus. Voila ce que TApôtre dkdc la cm^ fe-^ chacun fçait affez/ans que ie vous en avertiire,qucpar/^ ceufs'il entend le *tAi>, qu'elle contient; par une forme de Jangage commune à toutes nations. Quanta Tautre partie de ce Sacrement^ il rappelle plus proprement, & fans fi- gure , le pain qaenous rompons. Le pain des anciens luifs étoit plat, &: rond comme font aujourd'huy nos gaftcaux & nos courteaux ; de forte qu*il fcrompoîts ^ ne fecoupoit pas. D'où vient qu'enl'E- criture du vieil Teftamentvousne treu* vcz en aucun lieu, qu'il foit éït^ couper dupAtnp mais toufioursconftamment Je rompre, Ccft pourquoi les luifs encore aujourd'huy dans leurs difpcriîonsd'Al* îcmagnc ^ d'Italie , 6c d'ailleurs , bien qu en leur vie commune » ils fe fervent de pains 5 femWables aux nôtres félon la fafTon du païs ils fe treuvent, font ncantmoins leurs pains fans Icvain^qu'ils mangent durant les fcpc iours de leur Pafque^àrancienne modcc'eftà dire^ plats &:i-onds, qui le rompent, &:nc fc coupetpas spourreprefcnceren ce point ia forme de ces tourteaux fans levain» ^ue mangèrent leurs pcrcs au fortir de

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l'Egypte. Le Seignciulefus ayant donc inftitué fa Ccne au mefme foir , qu'il mangea la Pafque , y emploia de cette loi te de pain, que les luifj; mangcoienc au banquet de leur Agneau , c'eft à dire, un pain quife rompoit,& ne fe coupole pas, Mais comme il en changea lafigni- iication nous le donnant pour figne de fon corps, &c non pour mémorial de Tan- cien pain d'Egypte , tel qu'il étoit dans le Sacrement des luifsi aufliy cmploia-il la fraftiô pour une toute autre fin qu'au- paravant y affavoir pour nous reprclen- tcr lesdouloureufes playcs, qui rompi- rent & déchirèrent fan facré corps en la croix ; comme il eft évident par le rap- port desEvangelifles.Carils remarquée cxpreflement , qu'il rompit le pain qu'il ixc^.ii, 14; fj^-j[^ ^ ç^^ difciples ; 6c S. Paul rapporte,

qu'en le leur baillant il dit. Ceci eji mon corfsrcmfu pour 'VOUS. C'eltlà precifément que l'Apôtre regarde en ce lieu , quand ilappelle le pain de nôtre Ccne, lefam que nous rompons ; le décrivant par cette fraciion myftique, que le Seigneur or- donna, pour fignifierles foufFrances de fon corps enlacroix. Car quant àccquc quelqucs-unsprcnentici le mot de rofre^

pourdiftribuer; comme firApôrre vou- loir dire 5 le fain que nous dtfiribuons \ c'efl: unegloffc & ïxwMÛc.Sc éloignée du ftilc des Apôtres en ce fujet. le dis inutile: Car puis que les Evangeliftes nous rap- portent tous, non feulement que le Sei- gneur diftribua le pain, , mais expreffé- inenc, qu 'iî le rompt -.^ puisqu'il cft con- ftantque les Afôires faifoientle mcfmq à Ion exemple routes les fois 3 qu'ils ccle- broient la Ce'ne j qu'cft-il befoin de changer le fens du mot derr?^;^r^>pour le rapporter à celle des deux a£tions pra- riquces en ce Sacrement , qu'il ne fignifie pas proprement, 6^ lui ôrer celle qu'il fi^ gnific: le dis auflî, que cette expofitiori s'éloigne du ftiîc de ces (aints écrivains encefuier. Carileft évident qu'en THi- ftoire de la Cène, pour fignifier la dlftri-r buiion du pain facré , ils difenc tous , que lefus le h^îlU à fes apôtres \ Se que par le mot de rompre , ils lignifient une autre a^lion différente de ladiftribution. Cej^- tainement il faut donc aufîî interpréter S. Paul en la mefme forte; 8r confeirei: que quand il dit ,que nous rompons ce pain facré , il entend comme eux, que nous le rompons en effet, Se non Cm-

G

plcmcnc 5quc nous le diftribuons. Tcflt cft la defcripcion, que nous donne ici TA- pôtre des deux figncs, ou fymbolcsdc îa Ccnedu Seigneur jTun 3 qu'il appelte lacoufe^ c*cft à dire , le vin yde beneàiilion^ quenombemjfom\ l'autre ^ qu'il nomme le pam^ que mus romfons. vous avez à remarquer, qu'en deux mors il réfute &: renverfe invinciblement la prodigicufc erreur de ceux de Rome, qui contre la foi des fcns, bc de la raifon de tous les hommcs,pretendent, que ce que les fidè- les reçoivent à la Table du Seigneur, n'eft pas du pain. Saint Paul les dément ici clairement , & joignant fon tefmoi- gnagc à celui de nos fens , & de nôtre raifon , crie hautement , que c'eft dupaini Le pain ( dit-il ) que nous rompons ; confor- mément à ce qu'il enicignc encore ci- après dans le chapitre vnziefme, ouille nomme pain , par trois fois Qu_'cft-cc que peut dire l'erreur contre une dcpofi- tionlîexpreffe? Dira-elle, que l'Apôtre parle du pain^tel qu'il cft avâtque d'avoir été béni &c confacré ? Mais comment , veu qu'il crie lui-mcfme au contraire, qu'il parle du calice, &par confequcnt zuffi du pain i debencdiiiionyque nousbenif^

19 pns ? ^ du fain > qui cji U communie ati&^n di^ corfs de Clmft ? choie, qui evidemmenc ne convient au pain qu'après qu'il eft bé- nit hc confacrc > & non auparavant ? Di- ra-elle, que par /^^.î/;?, il entend le corps de Chrilt , & non un vrai pain ? Mais ce- la ne fc peut non plus. Car le pain, donc parle TApôtre, eft rompu enlaCencj k fain que mus romvom , dit-il : au lieu que le corps de ChriftjimpafTible & glorieux comme il eil , n'eft, ni ne peut eftrc rom- pu , ni fur leurs Autels , ni nulle part ail- leurs. loint que TApôtre dix, que ce pain qu "il entend , e/? /^ communication du corp de Chrift. Certainement par ce pain dont il parle , il n'entend donc pas le prc- pj;e corps de Chrift \ puis que ni lui, ni aucune autre perfonne bien fenfce ne von droit dire, que le cor f s du Seigneur ejl U Communication du corps du Seigneur \ n'y ayant point d'oreille fi grofTiere , qui ne fente bien Timpercinence d'vn tel langa- ge. Pournepoinc ajoufterici,quecettc cxpoCtion renonce aux maximes de Ro- me, pofant une figure dans le langage de ce Sacrement j & encore une figure extravagante , & inufitée, qui fans aucu- ne coiîlcur, niapparence de raifon , don-

C ij

fec au corps facrc du Seigneur le nom du painjc'eftà dire, d'une chofc avec- quel aqu elle il n'a nulle comiii un-ion , ni alliance i n'étant ni fait de pain , ni cou- vert ou revclhidcpain ,nide(linéà eflic le ligne du pain. Car quoi qu'ils puiflcnt dircjil cft cvidenr, quelc corps de Chrift ïî'a iamaisaélepain , dont ils prctendêt de le faire ; èc que les cfpeces , dont ils veulent que le corps de Chnft foii voilé au Sacrement . ne lont point du pain non plusjfîçen eftquequeicunfuft li fimpie quede prendredes couleurs ^ Se des ron- deurs pour du pain. Au lieu que la figure <jue nous admettons en ce fu jet, & con- tre laquelle ils declanienis &: ttmpcftenc il violemment y cft non raifonnable. Se bien fondée feulement ^maiscommune &c fainilicre dans le langage de Dieu 5^ de tous les hommes ^ ou il n'y a rien de plus ordinaire, que de donner à un {ignc Je nom de la chofc qu'il ficrnifie; com- 'jDC nous difonsqu'a fait le Seigneur en difant du pain ,Ie facremcc de fon corps, 'Cad ejl rfmt corps. Que rautorité de TA- poire garanti lie donc, Fidèles, vosfens? ^ vôtre làifon de l'illufion de l'erreur. Qijoi qu'elle dife^ ne craignez point de

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tenir pour du pain, ce que TApodre affir- me eftre pain. C^ic les fcntimês de vôirc nature, ne vous (oient point ruipcfts en un ru)et 5 ils s'accordent avecque la voix celefte de Paul. Bien confcfle ie volontiers , que ce pain a quelque chofc > donc le fens n'eft pas iuge compétent. Car le fcns n'y dilcerne que ce que la na- ture y a mis,- Se non ce que l'inftitution du Seigneur y a ajouté. C*eft il faut que la foi (ccoure le fens-, non pour dé- truire fa dcpofition 5 mais pour Télever la parfaire. Tenez hardiment ce que le fens iuge de ce fujetîquc c*efl:vraic- ment du pain ; mais croiez aulTi de ce pain, ce que la feule vérité celefte vous en apprend , S>c que le fcns ne fçauroit y reconnoiftrc , affavoir, que ce pain eft le faint Se précieux , Se efficace facre- ment du corps delefus-Crhift. C'eft ce qu'il nous faut maintenant coniiderer pour bien entendre ce qu*ajoùcrApo- trc , que cette coupe de hensdii^'ion j que nous benijfons eft h commmnon du J ah g de chrifi> dr que ce pain y que nous rompons , efl U com- munion de [on corps, le ne m'arrefterai point ici à remarquer que l'interprète Lacin a traduit communication y parce

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2^i

qu^ènc3rc qu il ne s'attache pas preciié^ nient au terme de Toriginal , qui vciic proprement dire communion , néant- moins il ne s'éloigne pas de fon Icns \-. étant évident que fi nous avons cornmii- îjion au fang &: au corps du Seigneur , faut deneccffité que ce foitpar la com- munication a qui nous en efl: faite. Scu - lement avons -nous à éclaircir deux cho- fe^ Tune, quelle eft cette communion ^ ou caminumcâtion au corps & dufdng de chrijh. dont parle l'Apôtre; l'autre, comment Ton peut dire 5 que le pain delà Ccne eil la communion , ou communication du corps, & la coupe celle du fang. Pour le premierpoint^ilnousfjut avant toutes clîofes bannir d'ici lagroiriere imagina- tion d e c e u X 5 q u i p a r /^ communication dî-h ^orps(^ du/ang du Seigneur yQulcndem ci'jc nous recevons toute entière dans nos bouches, 8c daris nos eftomacs cette mef- inemaffe&fubftance charnelle du corps de Ie(us-Chrift:,quifut ladis atrachéeà, Mcroix, Scqu'i eft maintenant dans les cieux. C'eiîvnepcnfce fi étrange. Se il cô;raire à toutes leslumieres de la natu- i;e , &: de la grâce, que c'cfl merveille qu'elle aie iaiiiais peu entre^ dans i'cfpric

^^

d'aucun homme Chrétien. iZar cette communication du corps de Chrifi: qu'elle pore,cft évidemment &: impoffi- blc5&: inutile, & indécente, &: éloignée des paroles de nôtre Apôtre en ce lieu. le dis premièrement 5 impoflîble 5 non feulement parce que le corps de Chrift eft dans le Ciel, &: que nous fommescA ia terre 5 que c*eft un corps quia la gran- deur ôc retendue d*un vrai corps hu- main, incapable par confequcnt déte- nir dans nôtre bouche , Se dans nôtre eftomac i mais aufTi par ce qucle corps êc le fang de Chrift , nous doivent eftrc communiquez , Tun rompu , ôc iaurte épandu feparément Tundavecque Tau- îrcîcômc il paroift par Icsparoles de tous les E van gélifies. Et néant moins il eft confiant &r confeiTé par tous les Chre- [tiens y qu'il eft abfolumcnt impoffiblei que le corps du Seigneur foit déformais en un tel état, le dis en fécond lieu, que cette forte de communication , fuppofé qu elle fuft poffible, ce qu'elle n'eft pas, leroit ncantmoins inutile. Car dcquoi nous feiviroit-il d'avoir le corps de Chrift dans nos eftomacs de la fafToni ju'ilsfeie figurent? Il efl clair que quand

2,4

bien nous le toucherions , cela nous fe* roit inutile pour la pieté. Car c cft le mé- rite , le lacrifice , Se la vertu de ce divin corps 5 qui nous fauve, Se nonfamafle, ou fa fubltance chamelle- à l'cgard de laquelle confiderée feule &: àpart ,il faut le»»6,6i^ entendre ce que dit le Seigneur, que /a chair m frofite de rien -y que ceji tEJpritmi 'Vivifie, Mais quand bicnrattouchemenc delà propre fubftancedc ce corps nous pourroit fervir , cela feroit inutile à la communication qu'ils s'imaginent, puis qu'ils pofcnt que le corps de Chriltccl, qu'il leur eft livré par les Miniftres de leurs autels , ne couche , ni n'eft tou- ché , ni n'exerce aucune autre adion convenable à fa nature. l'ai dit entroi- fieime lieu , que cette forte de communi- cation eft indécente. Car qui ne voie combiens'accordcmalavecquc Tétatde la fouveraine gloire, cft mainrenanc Icfus-Chrift, cette horrible indignité, à laquelle ils raffujettiflent , logeant Ion divin ôc celefte corps , dans les balTefTcs de nôtre terre, dans les ordures de nos cftomacs, dansles entrailles des impies, &: des hypocrites , queîqucsfois meime horreur \ ) dans les ventres des plus

vils

vils animaux? Eft cela le trône? cft ce le palais delà gloire de ce grande (ouve- rain Monarque > le Roi des hommes &: des Anges? le (çai qu'il s'eftabbailTcau- trcsfois ( encore qu'à vray dire, il n'cft iamais defcendu iufques là, non pas mef- me au temps de fa plus grande humilia- tion ) Mais les ioursdelachair fontpaf- iez llafoufFcrc; maisuncfois. Ilcftde- ibrmais, Se fera eccrnellement en Icuc de fa gloire. Enfin ie dis que cette ima- gination ne s'ajufte pas aux paroles de ]*A pôtre- Car ce qu'il dit exprcflemcnt , que le ping de Cbrifi nom eft commumquU n'a pomt de lieu dans les fantaifies de Terreur , qui fu ppolc bien , que fon corps nous eft livré tout entier; mais confeffc pourtant que fon fang de meure enfermé dans fcs veines. Si cela eft, ilfalloit diic fimpicment que fon corps nous eft com- muniqué -, le corps, comme ils difent, comprcnât aulli neceffairement le fang. L'Apoftrc toutcsfois n'en ufepas ainii. Outre ce qu'il die , que nous avons la communication de fon corps-, il dit de plus , que nous avons la communication de fon fangiCntendant évidemment qu*il nous eft communique 3 comme feparé

■&6 â'avecqucîe Corps, Sc comme répandis hors de fcs vaiffeaux. Et donc(mc direz- vous) cornent entendrons nous ccccecGo Hiunion^ ou communication du corps^ 3^:du rangdcClirift? Chers Frères 5 fi nous n'avions communion , qu'avccquc les chofes, de lesperfonncsj dont nous recevons îe corps proprement & fubfla- uellcmenc 5 i'aurois de la difficulté à rc- foudre cette queftion. Mais qui ne Içait que cette communion s'étend beaucoup plus loin? & que c'eft tres-pertinemment parler dedite^quc I onnous a commu- niqué les chofes, dont nous avons tou- ché le fruit , ou reccu rimpreffion^ l'ef- fct 5 bien que nous n'en ayons pas vcCcu la maffe &: la fubftance mefme ? îc n'irai pas loin pour le iuftificr.Car rApôtrc,un verfet feulement au dcfîous de nôtre tex- te , die formellement y &c avccque la mef- me parole 3 qu'il a ici emploice, que ceux quimangeokf^f lesfâcrifces dljraëli commit - moient à C ^uîeh Et ce qu'il dit deux vet- fcts^u delTousprefuppofe évidemment^ que c\ ux qui mangeoient des facrificcs des Pay ens commumoient mx diahks 3 car il ïXtfMo.18. y ^ ^j^U ^^^^ Toriginal en l'un ôc en Tau-

Mtvmù, tr^j Se c'eft ce que nos Bibles ont traduit?

qu'ils en écaîenc participans. Ta-irqueî- cun afféz extravagar.c pour s'imaginer^ que les premiers mangealTent toute la. xnaffe de l'Autel de Ixrufalem , ôc les fé- conds la fubftance propre des^^ démons?- Que fi chacun reconnoift que cefcroic une purefrcnefiejqiiede. l'entendre ain* fij le vous prie, quelle raifon ya.iU de prendre d'une manducatioa propre èc réelle de la chair du Seigneur ^ ce que ï'i^pôcreditaun},ernielieu ,&cn lamef- me forte, &ayecqucla mefme parole^que nous conmiumomà fon corp ^ àfonfang ?. £es premiers commun'ment a l' Autel d e lerafalera; entant qu'ils prenoient par:. à fa fanftification , ôc à Texpiation typi- que des péchez ,. qg'il'procuroit , U. à la fpcieté delà religion, à laquelle ilétoic- confacré. Et les autres communloïent 4//x. dmtofiSi cntam qu'ils recevoient en eux îapollutioD de leur idolâtrie , &les im- preflîons de rérreur^ 5c de l'impiété a oiV ils cntretenoient les hommes. Difons... donc femblablemeiH: , Se furie patron de- ces exemples de l'Apôtre mefme , que BOUS communions au corps5c au fang de: Ghriftj, entant que nous recevons le fruk ^ raccucft du faciifice divin, oiVIefus-

D ij

z8 Chriil répandit ce iang , 5c il im moFa ce corps fur la croix. Et quels font les fruits de ce divin facrificc , linon comme chacun fçait^rexpianon de nos crimes, la rcmiflîon de nos péchez Jcs lumières, ëc lafanftificationj&la paix ,&: la con- folatîon de TEfpnt, avecqiie l'elperance, & en fuite auflila jouïflance de labien- Iicureufe ê>c gloricule immortalité^ C'eîllà, mesFreres^ceqiie lefus Cbrift nous communique; C'cftlà ce que nous reccuonsdclui vraiement ôrrcellcment» nous fommes vraiement (es fidèles. C'eft fans point dcdoutc 1 a fainte&c di- vine communion du corps Se du fang de Chrift, qi^entcnd ici TApôtre; nori feulement poffible &: utile ô^bien-fean- ic î mais facile &: neccffaire 5c digne, foie de la gloire de ce fouverain Seigneur, foit de nôtre foi Se de nôtre condition. Favoue que par cette communication, quele Seigneur nous donne de fes béné- fices' fe fait entre lui 6c nous, une réelle union ,par le moien de fon Efprit; qui étant en lui comme dans le chef, &c en rous, comme en fes membres, nous lie ocnousunittres-étroitement enfemble, îcfaifant de lui, & de nous, qu'un feul

^9 &: mefmc corps myltiquc,- à peu près en

la mefme force que les rayons du Soleil unifient avecque lui tous les corps , qui iouiffentdefalumiere.EnccfcnSj&àcéc égard , nous confeirons que nous avons communion avecque la fubftance de Chriftjnon immédiatement, comme li nous la touchions elle-mcfmc,mais mc- diatement , de feulement par Tentrcmifc de fon Efpiit> qui eft le commun lien qui nous attache à lui. Mais il eft clair, que cettecômunion-là n'induit,ni la prefence réelle de la iubftance de Icfus- Chrift ici bas en terre, ni aucune des ablurditez, qui s'en enfuivcnt. Refte que nous di- rons brièvement, comment Icpain&le vin de la famte Ccne , (ont cette com- munication du corps &: du lang dcChrift» Tous font d'accord,que TA poire entend qu'ils en font le moien , en la mclme for- te qu'ildit ailleurs , que TEvangilc eft la puiffance de Dieu en ialut a tous croyâsj c'cft à dire , que c eft le moien > ou Tin- flrument , dont fe fert la puiftance de Dieu, pour nous fauvcr. Ici donc fem- blablement il entend, que cepain &:cc vin facreZj font des moiens, que Dieu emploie pour nous cômuniqucrlc corps

D iij

Kom.ui^,

âcle fang de fon Fil^s , au fen^s ^ que nou^:, Kavonsescpliqué» Caries Sacremcnsi^e font pas de nu es &: vaines peintures de la grâce divine. Le Seigneur accompagne les inflicucions , 5c y prefcnce les chofcs qu'elles fignifi^nc , les accompliffanc in- îerieuremenc par la venu de fon, Efprii dans les araçsdcceuxs. quiles prenent dît gnemec, ôc avecque les difpofîtions coâ^ v.çaables, C^eftainfiquc TApôrre. die du bapti^fmc, que ceux qui le reçoivent ^re- yefient îejm chrïp, qt/ils y font enfevelis é^ yeffufàtez âvecqm lui. Ce n'^ft pas que Feau dubapcefme ait aucune force > foie naturelle , (oit acquife , cnclofe en fa> fubftance 5 quifoip capable de ces grande . effets. Maisilsluifom attribue::^^ parcç que la verm divine , qui Taccompagne en fuite de fon inftitution , les produit in- felliblçnienE en tous ceux ï qui fon t ba- ptifez avec une vraie foi Jci pareillement: en prenant le pain & le vin delà fain-. ne Çenc , nous recevons le corps U le; fongde Chriftj, c'cftà dire,les fruits de- fon çorpS: 6c de fon fang ficrificz pour nous 5 ôc comme parle F Apôtre, nous y a.c«r.u,s§, foj^^ii^çs abbreuvez de fon Efprit j non..

<e[uç la fubftancs, de ce corps 5^ de. ce::

St

îàng , ou ûu moins leur venu naturelle, foitlà renfermée ;j ou dans ces élemens, ou (ous leurs accidenss comme Terreur fc reft diverfemenc imaginé , -mais parce qucDieu , qui eft confiant & immuable, mousccmmuniquc felonlaveriréde fon inSirution 5&^ûe fa parole les grâces fpi- rituelics , qu'il nous promet parces Sy in- baies. C'eft là, Frères^ bien-aimes , Tcn* fcignement que S.Paul nous donne en ce texte , fur le fujec de cette Cène du Seigneur, pour la célébration de laquel- le nous fommesici aÏÏcmblez. D nous avons à apprendre combien le myftere en efl grand & vénérable. Car ce corps, que le Seigneur vous y veut communi- quer, n'eft pas feulement un corps très- faintjg^iics-precieuxsîc corps d'un Dieu, forme par la main de FEfprit eternel^rar- che &: le temple de fa fou veraint Se ado- rable divinité 3 elle habite , non en ombre, ou en figure, mais en corps 8c en vericcj c'eft encorcoutrc tout cela, un corps immolé pour le faluc du genrehu . main 5 la viûimc eApiaroiredetcusnos crimes 5 qui a appailéle cieU 5c pacifié la terre, qui a contenté laiuftice du Pcrc^ '&: a ouvert le trône de fagracè aux hom»

3^ \ mes i l'unique fource de vie, &" rinépuî-

fable trefor de tous les vrais biens ; Et ce fang,qnien cftfoni^eftlapropitianon de nos péchez, ia rançon de nôtre liberté, lapnrgationdenosames , laioyedcnos confcicnces-Cefang a éteint noue enfer, 8c noyé nôtre malcdidion , 6c abifm6 tous nos ennemis. Et lefacrifice, ce corps a été immolé, &c ccfangà été cpandu, eflun miracle d'amour ^ le chef- d'œuvre de la fapience. Se de la bonté de Dieu, Tétonnement des Anges &c le bon-heur des hommes. Il n'y a rien dans les entrailles de la terre, ni dans les mer- veilles du ciel , qui foie comparable à rîncftimable excellence de ce grand myilere. C'eft le fujet Se la fin de cette Table facrée. Elle en efl non feulement la commémoration-, mais aufll la com- munication. L'Apôcrc nousen alTcurc. Venez y donc avec un profond refpcét; avec une dévotion méfiée de révérence, &c pleine , comme parle l'Ecriture , de crainte & de tremblement. Ne vous ar- rcftcz pas à la baffcire des lignes. Ne confiderez que ces belles Se divines ve- litcz, aufquelles ils fe rapportent. Les vafçs font de terre > mais le trefor que

vous

35 vous y eft prefenté , eft cclcfte. Nonob-

itanc toute cette fciblcffc apparente, qbe vous voyez dans les fymboles &c dans les Miniftres de cette grâce, vous y venez comme il faut, vous y recevrez ceque la terre â iamais veu, 6fC ce que le Ciel poflede maintenant de plus pré- cieux. Vous y tteuvercz chacun le remè- de de vôtre mal; le pécheur, la remiffion de Tes crimes i laifligé , la confolation de fes peines 3 le foible, raccroilTem.ent de fa foi. Car il n'y a poim , ni de crime, quelefarigdu Seigneur n'efFaiTcni d*en- ruy , qu'il n'addouciffe , ni dedelcfpoir qu'il ne guerifTe , ni d'infiimité , qu'il n'aftermilfe. A vifez feulement à prefen- tcr à Dieu un cœur ouvert par les ref- fentimens d'une vive repentance, &:par le feu d'une ardente foi ; un coeur hon- teux de famifere, 8c affame de la grâce celefte. C'eft à ceux qui font ainfi difpo- fez qu'il communique le corps Se le fang de fon cher Fils. Autrement vous n'au- rez poinc de part en ce myfterc. Si le Miniftre vous en donne le Sacrementj Dieu ne vous en donnera pas la vetité. Et recevoir le Sacrement fans la vérité, c cil prendre fa condapnationic'cllrç-

54

^oubIcr,8c non guérir fon malhcunMàîs i'e(pcre,Frcfcs , bien aimez, que ce di* vin banquet nous fera faiuraire à tous ; &C ieprie le Seigneur , qu'il nous en faffela grâce. Coniiderons en fuire le bue de l'Apôtre en cet enfeignemenr.^ Ilrepre-^ prcfcntc aux Corinùens la communion qu'ils ont du corps Se du fang de Chnft, pour les retirer de toute communion aux idolâtries Payennes ; comme nous l'avons dit au commencement, pofanc pour un principe certain , & évident > isc dont il les fait cux-mefmes iuges , que les communions de deux choies fi con- traires font incompatibles , l'une avec- que l'autre. Fidèles, rapportez la grâce que vous fait aujourd'huy le Seigneur , à cette mefme fin. Rerpeftez ce corps 6c ce fang de fon Fils j qu'il vous communi- que j ic vous donnez bien garde de méf- ier un trcforfi précieux dans les ordures non de l'idolâtrie feulement , mais aufli de tous autres vices. Confervez purs&: impoUusles cœurs, lefus-Chrift dai- gne habiter. Que le monde &: la chair Se l'ancien ferpent , n'y ayenc point d'ac- cès. Souvenez.- vous, que ce corps Se ce fang du Seigneur, qui vous font commu-

niqiieZjOnt ete immolez pour vous; & que ce icroit un horrible facrilege de profaner, ou de trahir à fcs ennemis , des cœurs & des membres >qu'il afandifiea 5^ rachetez par un figrand prix. Ayez toûjou^fs devant les yeux cette cable my- ftique,où le Seigneur vous convie>&:ou il vous traittera au jOurd'huî.Eiic vous for- mera , fi vous y penica fcrieufemcnr y à touslcs devoirs de pieté envGrsîui^&: de charité envers vos prochains. Car pour îi,puis qu'il eft fi bons que de nous auoir onné fon propre Fils, & de l'avoir iivtê y our nous à la mort, & de nous camuni- quer fon corps&:sôfang,en vie etcrnt lîci iuge2> s'il n'ellpasraifonnable,quc nous t'aimions de tout nôtre cœur > & quer nous confacrions à fa gloire , Se à lobeif- fance de fa volonté toute notre nature^ qu'il a créée > U rachetée & confervée,, ^ préparée à la bien- heureufe immorta- lité d'une fi admirable manière? Et quanti à no^^s prochains yiugczencores. s'iln'elt pas iulk que nousimttions envers euxjai i^cneficcace ac h charké , dont cegiaad^ fouveram Seigneur^aufè. envers qoîjs^ Il aoiîsâ pâïdonaé mille acrûiltecnmes^, dkues de: l'e:afaslt^Qenau5iesa.pas:Êîxu

E ij

pîcmenr pardonnez; il les a lavez dans, fonproprcfaug. Apres cela, cornent avez vous le coeur de ne point pardonner à vos frcres? de Icui cflre dur ôc inexorable >, leur retenir deux ou trois pires qu'ils vous doivent , vous à qui vôtre commua Maiftre , a remis pluficurs talens ? com- incnt craignez vous point la con- dimnadon de ce cruel 5^ inique Icrviteur de la parabole EvangeliqutrNoL.s étions les ennemis d:eIefus-Chriil ,Sc il n'a pas. kifiedc nous aimer, &:de mourir pour nous. Comment n'avons-nous point de Bonté d'offenfcr 3 &: de mal traitter , non Bos ennemis ( bien qu'aprcs un tel exem.. pie, cela mefme cft indigne de nous) mais nos frères , nôtre chair , &c nôtre fang, les peifonnesàquilanature Se la grâce, nous ti liez le pU7s étroitement ? Au lieu de n'cftre qu'un feul corps, 6c un feul pai n myftiqne, peftri dans le fang de Chnft, animé de fon Efonc , uni. &: lié par une faintc concorde , nous. nous, déchirons les uns les autres , 3^ fcandalizons l'Ejrli- le ^ lemondeparnps m alheu renies quc- Ji*el 1 e I cfu s - C h ri Ir no u s a d o n n é f a c h a il;.. U fon f^ng, ^ fon Efpriri &: (on ciel 6c foji Ctcrrtité , Ayans tant rcceu de lui, iu-

37 ge2, fi nous pouvons fans lapins noire

ingiatitudeqiîi fut iamais ,luirefuferccs peiiccs aumônes y qu'il nous demande pour fcs pauvres membres ? li nous a donné le pain du ciel jNc lui donnerons nous point quelques micciesdc celui de la ccrre : Il nous a fait boire en fa coupe roialeiNciui ferons nous point part de quelque verre d'eau ? Il nous a été libé- ral de tous les trefors d'immortalité, <5c dcgloire ; Lui ferons nous chichcs de quelques deniers . donc i! a bcfoin pour Fufage de fon fanduairc ^. Non, chers Frères; nous n'en u ferons pas ainfi ; Dieu nous engardc j carunc fiexrrcfme mé- connoitrance, ne pourroic éviter une ex - trefme punitionj Mais vaincus Se amollis par l'infinie amour 6^bcneficence du Fils de Dieu, nous l'aimerons &: le recevrons chez nous; ^ changez en la nature de cette pafl:urc celefte , qu'il nous va com - muniquerà ù table , Se transformez tn fon corps &: en fon fan g , nous ferons de- formaisjs'il lui plaifl: , fcs nouvelles créa- tures j dignes de fon Nom , &C de fon héritage , cheminans ici bas en fa pure- té ^ en la charité, en fon humilité, &:cn

E iij

5^ iQUte h fâni^ification de Ton Efprîr , pow

avoir ^ah m fuite» félon lordic de Ton

bon pi adir , en fon eiemicé 3^ & cd fa glot

iç,AiafifQic-iK

<?}> fÇ' 9h SI? <^^ Sy? ■5^- -STi' "• '■•■^ fïk^ >^ €t^; -V>- ^5) ^

^ M * 'ij^ ^ ^ ^ ^ 1^ « '^ t *S ^ ai' i^' >S *S

SERMON

SVR LA II. EPISTRE

de Saint Paul à Timothce

Chap. 11. vcrf. 8.

Aye fmnjetjance^ que lefus-Chri/I ejlrejjk* fcité des mêrtSy étmtde hfefnenct de David > félon mon E ymgik^

A refûrrcflion de nôrre Seî* gneur L^us-Chrift eft le prin- cipal fondement de nos cpc- lances , la fourcc de nôrè nouvelle vie , la matière de nos joyes , &^ i'affeurancc de nôtre bon Iieur.Car elle a vaincu la more > &: délivré i ôrre natu- re des licrs> qui I ytcnoienraîrujctîc. El- le a fait revoir les doux rayons du So- leil aux trépalTez y Se a ramené en (a lu- mière du ciel, ceux qui habitotent dans lestcnebres de l'enfer, C'cit le grandie

40 illuftrcenfcigncment delà bonté, de f;igcfrc5 U de lapuiffance de Dieu 5 qui nous a cbiremeiK inftifié , que m ks ef- forts du monde, ni la violence des de- rnons, ni la neccflitéde la naruic, ni la uiannie de la mort racfmc ne fçauroir, ni cmpclchtr les mtmbres de lefus-Chiifti de parvenir à la bien-henreuic immoi- tahcc 5 ni les priver des glorieux fruits de leur foi, Se de leurs combats. C'eft pourquoi le faint Apôtre recommande eypreficmcnt ici à fon cher difcipleTi-* moi hce, d'avoir fouvenance de ce grand myiiere ë<: certes très à propos. Car(î vous conCdercz le facré mmiftere de l'E- vangile 5 qui lui auoit été commis , ^ dont il lui commandoic au commence- inent de ce chapitre, de s'acquitcr fidè- lement , en baillant la dodrine de la venté à des perfonnes capables de bien prefcher aux autres ; la refurre61:ion du Seigneur en eft i'un des principaux Se jplus importans articles ; la baze &; le fondement de tous les autres j comme celui duquel dépend tellement , Bc la prédication des Pafteurs , & la foi des Chrétiens, que l'Apôtre ne feint point de dire ailleurs ^ que l'une & 1 autre

efi'Viiinc , fi Chrifl nefl foint rejjufcké» i.c#r. rj.14; D'où vienc , que Saint Pierre fait confi- fier toute la charge de T Apoftolat à ejlre ^^''•"* ' tefmoin de la refurrectïon du S e'tgmu r ; c o m- nie fi ce pointcompienoirleniyftcrcde la pieté tout entier. Quefi vous regar- dez l'exhortation , que faifoic S. Paul à Timothéc dans les paroles immédiate- ment précédentes , (^endurer courageu- fement & conftamment les trav^fix , &! les peines de cette guerre fpirituelle, 01; il s'étoit enroollc; iinc lui pou voit rien alléguer de plus propre à relever fon courage 3 &c à enflammer fon zcle, par l*efperance du triomphe , Se de la gloire, que cette mefme refurre£lion du Sei- gneur 5 qui cJft , comme vous fçavez , &c îa caufe ^ le patron , & le principe. Se l'exemple de la nôtre. Il lui promettoic la couronne après le combat 5 les fruits après le labourage de TEvangiie, Pour en concevoir une certaine Se aiîeurée cfpcrancc , il veut qu'il iettc les yeux fur le Seigneur , Se fe fouvienne de Tifluc de fa courfc 5 Se de fcs foufFranccs j com- ment après les travaux de la croix , il reffufcita des morts en une louveraino gloire. Soit donc pour la plcne Se entière

f -

infl:ruQ:ion,dcceuxà quiTimothcedc- voit 5 ou prefcher , ou conîmcttre la ve- ritéj foitpourfa propre confolation, de perfevcrance dans ks (oufFriinccs de l'E- vangile 5 il veut qu'en toute taflon ilfc fouvieonc de ce myftere de la refurre- âion de nôtre commun maiftrej com- me d'un point fans lequel', ni la foi des auditeurs ,ni la confiance des Prédica- teurs ne peut cftrcvraye Rentière. Mais fi ce difcoursétoic propre & convenable à Timothée , chéri Frères , il ne i'eft pas moins à nous. Car après avoir ce matin cetcbréla mémoire de la mort de lefus- C-hriftcft-il pas raifonnablejquc mainte- nant nous cekbrionscelledefa refuire- £l:ion^ 3c qu'après fon com bat nous folcn- ni fions fon trionfeîSv'meditionsle fruit de fa croix , après avoir veu la chair , qu'il y a livrée , 6c le fang,qu'il y a répandu pour nousf Car vous n'ignorez pas que fa re- furre£lion eft la fuite de fa mort , le fruit de fa fouiFrance, &c la couronne de fon combat. Puisque ceproposdel'Apôtre àTimothce , convient fi bien à l'occa-» fion , pour laquelle nous avons ici été a-jjourd'huy affcmblez , confidcrez-le diligemmenr, Frères bien-aimcz ; 6c fai-

45 ses ècât,qu*cncorc que vous deviez tou- jours une grande atcenûon auxfâints cn- feign-enycn^s de ce divin mmiftrcdu Sei- gnetir , vous elles neancmoins obligea de lîji en rendre maintenant une parcica- licre &: extraordinaire , pour la grace^ que vous avez receuë ce matin à la Ta- ble du fouverain Pafteur de vo^s âmes» ^jefou^em?Jce ( (\ïi'ï\ > à Timothéc , Ôc à chacun de nous) ûfue lefm-ClrvifleJi ref* ftifcitê des morts , étant de l&femencede Da-» v/d y félon mon E liangile. Pour bien en- tendre ces paroles, il nous fâuc voir avec- que la grâce de Dieu , quelle ell: cette re- furreibondelefus, nai delâfemencede David > dont il veut, que nous nous fou* venions,^ quel eftlctefmoignagc^qu'erï icndrEvâgile de Paul, 8^ quelle eft enfin» cette fou vcn ance , qu'il veiat que nous ca ■>k)' as. La vci*itc de 1 a. refurre6tion du S ei- gneur dépcd de la vérité éc fa nature hu- înaLne>qu elle prefuppoie neceflairemér, Caril eftévldent , que s'il n'éioit pas vc* ritablemenî homme y fa mort &fa re- furre£lion,s'eci iroicm enfumée? étanc égalemenc; impoffibls > ou ^\\il foie vraicmcnc moi:: > s'il n'étoit pas vraie- m<Ai àommc > oxk qu'iî foie virairmens:

F ij;

44^

tcfllifclté , sll n*écoît pas vraiement mort. Mais comme fa refurre^lion preiuppofejqti'il a vraiememcté hom- me ; amiî nôtre confolation ,5cn ôtre fa- lut requiert femblablemenc, qu'il aie été homme de nôtre fang, & de nôtre genre» foiti d\me mermetige,&: d'une mefme cxtraftion & origme jparce que s'il étoic venu d'ailleurs , ôc que fa chair fufl dc- fcenduë des deux , &c non de ce fang hu- inain, d'où nous avons été procrées ; il cft clair >,quc n'ayant avecque lui aucune vrayc union 6c confanguinité naturelle,, nous ne pourrions, ni avoir part au mé- rite de fa mort 5 ni argumenter valable- inêt de fa rcfurreftion a la nôtre;rextref- iiicdifFeiéce,quifcroit en ce cas-là, entre fa chair , Se la nôtre , ne nous permettant pas d'induire la condition de nôtre natu- re > de celle de la fîenne.C'cft pourquoi le S. Apôtre nous avertit ici fort à propos, quecelcfuSjdont il veut que nous nous ramcntevions la refurreftion , eft de U femencede David i prefcrivanr clairement par ces deux paroles ^ quit efl:& vrai homme , &c homme de nôtre fang, ôC origine; car il eft de la femence de Da- vid x6cDà\id efl defcendud'Adam aufli

4T l>len,quenospcrcs, &c ceux de tous les

autres hommes. Ielçaibienqu*ily adcs ^'^*^- interprètes , qui en ailegucnt une autre raifon; voul^^nt queTApôcre ait ici fait mention de David , pour réveiller Ti- mothée par Ion exemple à fupporrer conliammcnt [es épreuves ; en confidc- rant celles, que David avoit auffi CoufFcr- tes autres-fois , pourmonterfur letrônc d'iuaèl , Dieu l'avoit deftinc. Mais certainement cette pcnfcceftplus inge- nieufe , que folide. Il eft clair que Saint Paul en ce lieu , fonde par ces mots la vé- rité de la nacutc humaine du Seigneur , Se fa confanguinité ( fi ie l'ofe ainfi dire) avecque la nôtre, pour y former en fuite fa refurreftion 5 tout de mefnic , qu'au commencement de l*Epîtrc aux Ro- Kim.uyi, mains , pour expliquer ce mermc my- ftcre , il dit femblablcmcnt, que le Fils ayant été fait de U femence deDavidiJelon la chair , a flenement déclaré Fils de D iea en puiffante félon l 'EJprit de [ancfijication, par la refurrc^ion des /w^jr^i.Surquoinous avons à admirer la divine fapience de rEfprit , qui conduifoit la plume de ce faint homme. Car avec ces deux pe- tits mots i combien ail renverfé d'he-

F iij

rçfîes^ non feulement de celles qui s'e- loîenc dciîa mifcs entraindefontemps^, mus de celles-là mefmes, qui nepaïu- ^cm a^u aïonde ^ qu'âpres la more l il abbaî premièrement ceux , qui ayanc liomc delà croix du Seigneur >& de rin* fii'miié de chair 5 ont niée h a m mené <îagmatifé , qu'il nécoic pas vraiemcnt feoii^iîiej Se qu'il n'en av^oic qu*unc lim- ite 8^ fauffe apparence ; 5c que les luifs. ^voiem bien creu le crucifier , mais qu'en cffe^^ik avQÎcnc fait mourir Simaa le C.yrenien^que lefus avoic misfubtile^. lî^cnicn fa pUce , Tayanc transfiguré ea f^. femblance. D'où- s'enfuir > corame: Y'Ousyoiçz , la ruine de fa re£irre6lion 5^ qui au contas dq ces malheureux > a'au». îoit été qu'un jeu ^ ôc une fauffe apparen.-^ ç&de reiurrcftion.. Puis après, il défaic- ftail>lab,lcm,cnt 1;^ refveriedeceux, qui çyDnftS^az , que lefus avoir un corps réels folide 5, difoient qu'il ne I avoit pas pris. 4e:U chair de la £iinte. Vierge vrn-ais qu'il l'2.voie apporté Jesçieux, ibrraé dckuc fubJlancc y^quîl- iVav oit fait, quapaf* fcr firjiiplem.en!; par le coxps. de ^4arie a, <;<^jB:m.e la lumieicc pa&: à$.rav;ers. nn v.er^^ tCi^v<çQa^B?Q r<;aECOJjkdaos» '4.aQaiî.aJ.>.

47 L'Apotre détruit cvidcmmcnt ici lc$

fongcs de ces hcretiqucs. Car puis que lefus cft > comme il le prononce , dsU Jemence de DAVid ccrtaincmtnc lefus n'eft donc pas uncfântofmc&uncvai* ne^ô^fauflêâpparencedliommc^com- me blalphemoient les prenîiers ; mais y n vrai homme , fait de fem me > comme Saint Paulparle ailleurs; nin'anon plus ^*' ^' un corps, venu U apporte des cieux^mais formé d'une femcnce humaine, &iem- felabiCâux nôtres en toutes chofcs> ex- cepté lepeché. Maiscesmefmes paroles de l'Apôtre établiffent encore claire- ment le rapport &: la iiaifon du vieil &c du nouveau Tcftament,eontre les fantai* fies de ces mefmcs hérétiques ; qui re* icttoicnt Moyfe , & les Prophètes , &: ^ vouloient^que Icius fuft le fils, non du Créateur adoré en Ifraèli mais de ie ne fçai quel autre Dieu inouï, & inconnu au monde. Saint Paul crie au contraire» qu'il eft le Meflie du Dieu d'ifraèl , pro- mis par fcs oracles , prédite préfiguré par fes Propheres , de(cendu > comme ili ravoientexprefTcmentenfeignéjdufang ^^5^^ j^ des Patriarches 8c des Rois de ion peu- u^/'^f. pîe.Car chacun f^aic^que David enétoit ^A^''^ \^J'

48

l'un ; ^ que les anciennes Ecritures avoient clairement prcdicquece feroic de Ta raccqiienaiftroicle Mcflle,'conî- iine nous le lifons encore auiourd'faui d^s les livres du vieil Teflamcnt, & comme les îuifs mefmes le confeffcnti d vient - qu'Elaye l'appelle un rejctton y forti da £/ II . I lyQ^ç aljdy , CT unfurgeon creu de [es racines\ &: leremie , &: Ezechiel , &: Ofée , lui ur. ;o 9. donnent le nom de Vavtd mefme. Et en £^ff4^.-,4.i3. ciFet les anciens Maiftres des Hébreux 0/ 3.J. tenoient , quç: David leroic l'un des noms de leur Meflie. Et cela ctoit fi connu parmi les luifs , que vous voyez dans ^^^^^ ^ l'Evangile , que le peuple dit le Fih de ^15 '^i.é -2)0/^5 pour fignifier le Meiîicj ô^iln'eft »o }o. ^ pas iniques aux enfans, qui ne tinfTenc *^'^* ce langage. Orquelefuseuft ccttemar-

que :, bc qu'il fuft véritablement defcen- du de la maifon de David, outre nôtre xow i.j. Apôrrejquiledit, &:ici&ail]eur&enco- ^^.l5.25, re-tousles EvangeliftesTont unanime- ment remarque , & particulièrement Saint Matthieu , & Samt Luc , qui nous ^'^ "•*• ont expreffément reprefenté fa gcnca- tue.r.ti. logic afin qu'aucun n'en doutait j fans ^^^f-î-r^ que jamais les premiers Iuifs, fes mortels ^^' ^ * ennemis Jui aycntconteftc cette fiennc

' çxtra6lion>

49

c>:tta£lior! , nurant que nous le pouvons voir par les vieux liurcs, foie des luifs mermcs , foir des Chrétiens , ils rap- portent fidcllemcnt routes les objeftions des luifs contre le Seigneur lelus > & s'en défendent exa dément, fans faire nulle part aucune mention de celle-ci. C*eft ce que les deux ou trois paroles de S. Paul, établiflcnj: contre les extravagan- ces de ces vieux hérétiques. Et bien que rauioritcdc TApotrc, &des autres di- vins écrivains du nouveau Tcftament, fuffife abondamment pour fonder ces trois veritez ; iedis de plus, que la rai- Ion deschofes mcfmes s'y accorde aufli. évidemment. Car puis que pour nous fauver, il falloir expier nôtre péché j 8C puiique d'autre part nôtre pechéne pou- voir tftre expié que par l'effufion du fang 5 6c par la mort decnôtre plcgc;; qui ne void , que il nôtre Médiateur, ciift été un fantofme , Se non un vrai homme , comme 1# vouloient ces im- pies , tout n-ôtre falut n'euft été qu'une peinture , Se nôtre rédemption;, une co- médie, & une vaine &c faufTe rcprcfcn- tation ? Et en dcuxiefme lieu , puis que le droit vcut,quclcpcchc foit expié par la

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n ature qui Ta comis , & que nous ne pou- vons avoir de pacc au mérite d'une perso- ne, avec laquelle nous n'avons point d u- niôjquinevoit encore qu'il falloir que nô- tre Sauveur eue une chair de mefmc gè- re 8c de mefmc fang , que la nôtre ? Enfin fi le Seigneur fuftfoudainemcnt venu icir bas , de la part d'un Dieu inconnu ; nous n'eulîions pas eu afîcz de marques pour iuftifierfaveritcjaulieuque maintenanr, ^yit été prédit &c préfigure tant de fiecles avant fa venue , par les miniftres de la religion dlfraèliTadmirable rapport qui reluit entre les chofes &:les predidions, entre le corps &Ies ombres, entre la vé- rité ôcles figures * eft une illuftre Se in- vincible preuve de la diuinité du Sei- gneur Iefus,& de fa miflloncelefte. A- prcs avoir ainfi établi avecque TApôtrc la vérité delanaturehumainedu Filsde Dieu , fait vrai homme de la femence deDauid; vous voiez clairement quelle a été fa refurrcûion j non l'apparition d'un fantofme , qui ayant ccflc de pa- roiftre pour quelque temps ait au troi- fiefmc iour montre derechef aux difci* pics les fauffes couleurs, &: la vaine ref- femblancc d'un hommes comme font.

refvé autresfois ces cxcravaganshcrcti- ques, dont nous venons de parler j mais le vrai récablifTement d'une chair vraic- mcnc morte , & enfevelic , en une vérita- ble vie; qui a rejoint vraiement enfem- ble fa chair , &c fon ame , réellement le- parées Tune d'avecquc l'autre fur la croix ; & a relevé îcfus vivant de ce tom- beau où il ctoit demeure morttuoisiours Se trois nuits. Seulement y faut-il re- marquer, qu'encore que cette chair , qui foititdutombeau,fuft mefme au fonds &:en fa fubftancc, que celle qui y avoit été depofée, ellefouffritneantmoins un grand changement en Ces qu alitez , en ayant reveftu de celeftes 6c glorieufcs; au lieu des baffes & terriennes, qu*elle avoit dépouillées en la mort.Car au lieu decetteforme foibIe,&: contemptible,& pafTible , & mortelle, & fu jette à nos dou- leurs, à nôtre faim jànôcrefoif, à nôtre lafTitude , &c aux autres mnocentes in- firmitez de nôtre vie animale, que Icfus avoit portée durant les iours de la chair, il en prît une autre enrcflufcitantjglo- rieufe , agile , lummeufe , impaflible, immortelle , d'une force , &: d*une beau- té cclefte, &: d'une vertu tellement di-

G i)

vîne &: rpiiituelle, que Hms plws avoir be- foin des élcmens de ce monde , elle (e ioiuicnc elle-mefme éternellement en unetres-raintc,&:cres-conrente,5<r rres- heuieufevie^remblablcn celle de Dieu, &c de fcs Anges. C'cfl: Icr jr,oii les Apô- tres virent lefus après fa m ovr,con ver- fane avec eux 5 & leur iufnfianr la vérité de fa vie par routes les preu vcs les plus fcnfiblcs 5 &:les plus certaines y que l'on puifle avoir d'une choie ; ôc montant / giorieufemcnc dans les cicux, quarante iours après cette ficnne rehirre6i:ion; C'eft l'ctar, Paul le vid quelques an- nées après, le mnnifefiant à lui descicux, Sc\c rc-tirantde Terreur, &: de la fureur oùil croit, parla venu de fa main toute- puiffante, ôc le changeant miraculeufe- wentde loup en Paftcur, ô^deperfecu- tcur en Apôtre. C'eft ce que ces bien- heureux prelchercnt dans le monde, tefmoignans & foûtenans au pçril de le.jr vie >que lefus crucifié pai' les luifs ,moi£ & enterré, en une extrelme ignominie, croie reifufcité des morts en unefouve* raine gloire. Cefut-là le preiTiier èc le principal article de leur prédication; Se il ne nousrefte aucunes de leurs divines

53

écritures,oùil ne foie gravé nucommcn- cerne nr , au milieu, & a la fin. L'Apône nous le montre ici cxpreflcmcnr , quand après avoir dit, que lej'm-cbrifl de/afe- m^iice deD/i^id , ejl rejjujc'nc des morts > if ajoute , félon mon Evangile (>uclques- uns des anciens ont pris d'ici occafion de croire , que Saint Paul avoit compote un livre de l'Evangile; ôc n'y en ayant pas un des quatre , que reçoit rEglifc, qui porte fon nom , ils fe lont avifez de dire, que c'cft celui de Saint Luc , s'i- maginans , fous ombre que Saint Luc étoit difciple de Saint Paul , que l'Apô- tre lui avoit difté ce livre , &: que c'eft la railon pourquoi il l'appelle ici fon Evangile. Mais il ny a rien de ferme, nidelolideen tout cela.Ce (ont des froi- des , & légères penfécs , mifes en avant fans raifon , &: fans fondement , par la feulc[ curiofîte &: vanité des hommes. Car qui a dit à zzs, gens , que Saine Paul aie didé à SainftLuc, l'Evangile qu'il nous alaiffé? &: pourquoi ce faint hom- me jfi paffionné à la gloire de fon Mai- ftre en lefus-Chrift, lui auroit-il envié cet honneur? Pourquoi nenous auroic- il pas avertis , que c'cft de luy qu'il tenoic

G iij

les chofcs ,' qu'il a écrites en ce livre ? Pourquoi toucau contraire auroir-il téf- moignc expreflemcnr dés rentrée, qu'el- les lui ont été baillées à connoillre par ceux j qiù les dvoknt veues euX'mefmes dés le commencement , ayant été les minifires de U parole j c'eft à dire , comme chacun void,^par les autres Apôtres &:DifcipIes> qui avoienc converfc avccquc le Sei- gneur durant les iours de fa chair , ^ non par Saint Paul, qui ne fut converti, que long-temps après fa refurre6lion ? Mais il fe rencontre dans les œuvres des anciens Pères , quelques faints , ft^'avans, &: dévots qu'ils ayent été d'ailleurs, quan- tité de petites traditions de mefme alloli c'ell à dire , foibles &c vaines , &: con- ceuès de la feule curiofité de Tefprithu- niwiin. Carquant àccque le Saint Apô- tre fait ici mention de fon Evangile \oi\ cft l'enfant , qui ne voie , que par TjE- i/.wi/e, il entend à fon ordinaire , non un certain livre , contenant la vie du Sei- gneur lefus , ( qui eft un fens auquel il ne prend iamais ce mot en aucun lieu de fes Epîtres) mais bien la do£krine de la véri- té celefte , S>c Evangeliquc , telle qu'il la pr;:rchoic à tous par le commandement,

55 Se ordrcdu Seigneur ? Il parle encore en

la melme Ibrte dans TEpître aux Ro- mains ; Dieu ( dic-i! ) iugerd lesjecreîs des ^"••^* '^' hommes ^ar lejus Chrifi ^ félon mon Evan- gile i c'cflà dire, comme il eft évident, lelon la do£trinc que i'annoncc , & donc i'ai eflé écabli le miniftre ; Et derechef ailleurs encore, Gloire foit à celui qui efl -^««'.i^.iT. fuijjunt , four ')fous affermir félon mon Eva?i- gile , c'efi à dire , comme il ajoute incon- tinent pour s'expliquer lui.mefmc , felo;t la frcdi Catien de lef us -Chrifi. Il dit , mon £"V/ï;?^//^^ non pour fignifier,qu'il en foie Tauteur, ( ja n'aviennc ; il donne con- ftamment cette gloire à Dieu&r à fon Fils lefus-Chrift) mais bien pour ce qu'il en étoic le prédicateur 5^ le miniftre ; mon Ey angt le 3 c'cû à dire, l'Evangile annoncé par moi-, comme il parle lui mefme plus clairement au commencement de TEpî- tre aux Gai arcs -^ le y dus avertis que l £- njangîle ^qui a iiè annoncé par moi y.nofl f oint félon l'homme. Ailleurs , il l'appelle en mefme fen s , &: en la mefme forte, nb" tre Evangile y ^U2t\à il dit auxThelTalo- niciens , Dieu vous a apfsHez, à lajancï'ifi' xThrjj, .. cattonfar notre Evangile -^ccQ. à dire, par '•*• r£vangile,quenousprcfchons>moi, 5i

5/ mes compagnons d'oeuvre ;& aux mef. mvs encore; Notre E'v^ngile (dit-il) na

1 iheffA. . ï^*^^ été en l/otre endroit jeukrûcnt en fârole^ mAtSAujïi en vertu ; notre Evangile , c'cfî à dite l'Evangile , que nous vous avons annonce, (comme l'a fort bien tra- duit n or re Bible ) notre prédication de l *E- l^angi/e. Au rcfte > ce qu'il dit, ^non Evan- gile, n'cflpas pour diftingucrjou fcparer fa dodrine d'avec celle des autres Apô- tres à cet égard , comme s il n'y euil: eu que lui^quieuft prefché la rerurredion de [efus-Chrift. Le contraire paroift évidemment par les Sermons de Saint Pierre , cnregiftrez dans le livre des A6tes, & par les écrits qui nous reflenc tant de lui , que des autres Apôtres , nous voions cet article de la refurre- aion du Seigneur annoncé prcfché non moins diligemment ^qu*en ceux de S. Paul i ^ enfin cela fe void encore par l'exprès tefmoignage, que leur en rend ^ ailleurs nôtre Apôtre mefnie, écrivant aux Corinthiens , qu'eux &: lui annon- çoient ôc teftifioienc tous unanime- ment, que le Seigneur lefus eft reirufciré des morts le iroiiierme iour , félon les

i.cofJsj.îx. Ecritures î Soit moi ^ foit eus [dit-ïl) nous

trejchons

57 frefchom àinfi , ^ ainfi l 'avez Ifous crcH,

Mais c'cft une forme de langage ordi- naire aux hommes de Dieu, de s'appro- prier ainfi en particulier ce qui leur cft commun avecque plufieurs ; comme quand chacun <d eux > appelle fi fouvcnc Dieu , &: ion F\\s ,mon Dieu y cf mon Sef* gneur , à defîcin feulement de prendre parc en cette pofTeffion, mais non dca exclurrc les autres. Ici tout de mefmc Saint Paul die , mon Eyangi/éy pour figni- fier qu'il Tannonceoic ; mais non pour nier , que les autres Apôtres le prcfchaf- feiic. Ce n'eft pas ici le heu de confidercr le poids Se la valeur de tçfraoignage que Paul , & les Apôtres rendoient de la refurrc£l:ion de leur Maiftre ; nide pc- fcr la certitude infaillible de la connoif- fancc , fur laquelle il ctoit fonde, lefus s'étancmanifefté à eux vivant après fa mort tant de fois> 6c en tantdefaflbns, &CÏ tantdeperfonnes,commeS.Paulle touche briéveméc dans le chapitre quin-

ziefmedela Première aux Corinthiens; 6. 7''.V.|J' qu'à moins que de renoncer à tous leurs fcns, Scz leurraifon , ils ne pou voient douter, qu'il ne fuft véritablement rel^ ifufcitc des morts. Grâces à Dieu , nou$

H

fommcs tous Chrétiens, qui avons creu cette vérité > &: en femmes perfuadcz; Seulement dirai-ie , que finous avions à faire à des infidèles, étrangers de nô- tre foijiinousferoit aifc de montrer par toutes les circonftances de la chofe,quc depuis le commencement du monde, il •n'a iamais été rendu tefmoignage d'au- cun fait , plus authentique , Se plus digne de foi en toutes fortes , que celui que ces fâints hommes ont rendu de la refur- ïeûion du Seigneur ; la lumière de fa vérité , étant fi grande , fi claire , & fi éclatante, qu'il n'y a que les perfonnes, ou extrêmement paflfionnées & defrai- fonnablcs > ou infiniment grofl!îere$ Se ftupides, qui foient capables de le rciet- ler. Auffi voyez-vous que le monde, quelque àverfion qu il cufl: contre la vérité de ce myflierc , Ta enfin re- ^ceuë , &: adorée ; vaincun par fon évi- dence , &c par les fenfibles preuves , €[uc la providence de lefus fur fon E- glife a données de fa gloricufc & im- mortelle vi^. Et la plus grande part des hommes , croient encore aujourd'huy après tant de ficelés , que lefus vit dans les cicux ; non feulement les Chrétiens,

5^ .

de la foi dcfqucls cet article fait l'un des

principaux fondemens ; mais les Turcs &c les Mahometans mcfmes , quelques ennemis qu'ils foient d'ailleurs de fa Tain- tedifciplinc. Etiene puis m'cmpefcher de vous rapportera ce propos la confef- fîon qu'en a pafféc autrcsfois à la gloire du Seigneur, un ancien Filofofe Plato- nicien nomme Porphyre , qui vivoit il y a treizccens cinquante ans; le plusfça- vant&Ieplus éloquent à la vérité, mais auflî le plus malin & le plus envenimé ennemi de l'Evangile qui ait iamais été; ^«;^'«^,'^'^ lulques a avoir vomi quantité d cents , y. /,yy,x Contre la vérité de nôtre fainte foi, 5c de <'^'''';' ''" nos Ecritures. Ce malheureux, quelque yaVe^^Eai grande , te furieufe que fuft fa paffion/<?^' contre les Chrétiens , a neantmoins tel- ^J"*""/^^- . Icment été frappé de la lumière de la^. s;. ' gloire de nôtre lefus, qu'il a été contraint d'avouer, que f '4 efiéu/f tresfïe$ix , dr tres^ fage perfonnage , d^ ^tiil s'en efl allé àsins les deux après fa mort y dr qf4tlfaut bien fc donner garde de l'outrager i& del 'imurier-y bien qu*// faille avoir fitie de ceux qui le fervent. lelaiflc-là l'extravagance de cet homme, qui ne veut pas que f on fcrvc celui , dont il eft contraint lui mefme de

H ij

6o icconnoiflrc en quelque forte la divini- té. Il tnefuffîc, que cet impie , quelque furieux qu'il foie à combatre la veriré? cft neantmoins forcé de donner gloire au Seigneur lelus , te de confefler que nonobftant la more qu'il a fouffeite par la rage des Iuifs,il eft maintenant vi- vant ôcbienhcureux dansles cieux 50Ù il a été élevé en fuite de fa croix. Les démons mefmes , ce qui eft bien plus étrange encore , ont été contraints de reconnoiftre, &: ueconfcffer la mefme vérité. le biffe ce qu'en ont couché dans leurs écrits les auteurs Chrétiens, dont les infidèles pourroient foupçon- ner ,&recuferle tefmoignage. Mais ce mefme auteur , Payen , &: idolâtre au (uprefme degré , Bz. ennemi iuré du Chriftianifmc , tcfmoin par confequent, non fufpe6t en ce fuiet , rapporte dans un traitté des Oracles 3 donc il nous refte ! ^* ^ cncorcquclquesfragmens,que/wZ)/^//x L. \oyim (comme il les appelle , c'eltà dire, les fftK6ff9fUf, démons ) déclarent eux mefmes , c^ue le Sei- gneur Jefus eft tres-fieux , é* qu après fa mort H a été rendu immortel , que J on amc habite dans le celefte lieu des ferfonnes jain^ tes y é' pieufesiôcdécnt moi i motTOra^

6\ cle par eux rendu , ils tiennent ces 'langages , touchant le Scigneui Icfus. Retenez donc fermement cette vérité. Frères bicn-aimez, de labicn-htureiî- fe & glôrieufe vie, en laquelle le Piince de noire falutaété clevc dans les cicjx après fa mort, &: recevez avec une cer- taine & inébranlable foi le vrai ^. au- thentique tcrmoignage de fa refurrc- ftion 5 que Saint Paul , &: les autres Apô- tres ont conftammcnt rendu & de vive voix , &: par écrit , &: qu'ils ont coura- geufement & invinciblement feellé de rnille Emilie fouffrances, &:laplurparc mefmes , de leur mort. Mais ce n'efipas affez, Fidèles , de croire cette vérité. L'Apôtre veut , que vous Tayez incef- fammenc devant les yeux, vous la ra- nientevant foigneufement en toutes les parties de vôtre vie, 5c en cheriffaqt «5c cultivant la mémoire pour vôtre fanQi- ficatîon U confolation ; ^yez fouvenan- f f 1^ dit il ^ que le fus- Chrtft , de la jemencc de David i ejl reffuf cité des morts ^ félon mon jEvangile. Tavouè que l'incomparable merveille de cet événement , auquel le monde n'aiamais rien veu de fembla- blc, mérite bien que la mémoire en foie

H iij

et

confcrvée Se célébrée éternellement en- trenous. Mais ce n'eft pourtant pas ce que l'Apôtre regarde en ce lieu. Il veut que nous eft apns fotéfienAnce ; non tanc pour Tadinircr , que pour en profiter; non rant pour ce que c'cft unechofe é- trange&merveilleufejquepource qu'el- le nous eft falutairej non pour en tirer le contentement , que nous donne U mémoire, ou le récit des évenemcns ra- res &: miraculeux 5 mais pour en puifcr les divins enfeignemens , Se les vives confolations, qu'elle contient. Et certes, il a bien ralfon. Car fi le Seigneur nous ordonne d'avoir fouvenance de la fem- me de Lot, foudainement durcie en une fîatuë de fcl , feulement à caufe de céc effroyable monument qu'elle nouspre- fentc de la feverité de Dieu , & de fes terribics iugemens , contre les perfon- nes qui méprifenc fa grâce *, combien plus eft-il iufte , que nous ayons incef- famment au cœur , &: devant les yeux cette refurreftion de Icfus, Dieu nous a donné les plus vifs, &: les plus illuftres documens de fa bonté , Se de fon amour» Se de fa iuftice. Se de fa fapience, &r. de fes autres divines perfections à fa gloire.

& à nôtre falut ? Et derechef, fi le pre- mier peuple étoic obligé d'avoir fouve- nancc du iour , auquel Dieu fe rcpofa, " après avoir achevé lacrcaiiondel'nni- vcrs; combien plus devons-nous chérir & cultiver la fouvenance de larefurre- ftion du Seigneur lefus, qui eft comme raccompliflement Se la perfcdlion delà féconde création du monde? G'ctoiCjic le confeffejune grande merveille en la première création , devoir fonirrhom- me de la poudre en une vie animale. Mais c'eft infiniment plus de voir un Dieu en la féconde, fortant lui-mefme du tombeau , ôc en tirant les hommes avecque lui, & reformant leur nature en une viecelefte, fpiricuellc&: immortel- le. Moyfe commanda auffi à fon Ifracl, d'avoir fouvenance des exploits de Dieu au fortird Egyptejdela vie, qu'il don- na à (es premiers nais par le fangd'un Agneau j de fon baptefme dans la mer rouge, ce peuple pafia, Se d'oiiilfor- tit comme en une féconde vie , ayants'il faut ainfi dire , laiiTé dans ce golfe , U. forme d'efclave, & vertu celle de la liber- té ; de la manne du defert, de l'eau du xocher, U de toutes les autres mervcil-

tf4

les , dont fut accompagnée cette grande de'ivrancc : Mais avec combien plus d'afTiduicé, Se de dévotion devons'nons méditer la refurre£bion de lefus-Chrift, Tabrcgé Se le fommaire de toutes ies plus hautes merveilles de Dieu c oùnôtrc di- vin Agneau fe relevé en une vie im- inortelle, après nous avoir arroufez de fon fang , Se baptifez de Ton Efprit , SC répeus de fa manne, & abbreuvez de Ion eau celefic, tirée de fon Rocher éternel par le coup de la loi, la myftiquc verge de Moyfc ? Mais afin de vous faire voir, combien TApôtre a de raifon de nous recommander d'avoir fouvenance de cette refurreftion du Seigneur lefus , confiderons brièvement les fruits , &: les utilitez , qu'elle nous apporte pour la vie fpirituelle. le fçai bien queTorigi- nelle dignité de cet excellent Seigneur, Se la merveille & fainteté de fonobeïf- fanceiufques à la mort en la croix, ne pouvoient demeurer privées de la vie 5^ de Timmortalité , quand mefme nôtre 'falut n'cuft point requis , qu'il en euft étcreveftu. Mais fielUcepourtanr ,quc nous ne laiflbns pas de cirer de cette gloire, qui lui ccoic deuc , des ufagcs fi

imoortans

importans &: fineceiTaircsà nôtre faluc, que nôtre ccnlideration , quand bien il n'y en auroic eu aucune autre , euft obli- gé le Père à le relTufciter des morts 11 cft certain , que par les fouffranccs de (^ croij: il avoic plcnemenc expié nos péchez , &r parfaitement fatisfait l^ jufti- ce louvcraine , &: mérité pour nous la grâce ^ h gloire, fans que nulle de fes aftions, ou fondions fuivantçs ait rien ajoute au prix infini de fa mort j doiî vient, que fur la fin de fa douloureufc paiïion , il s'écria immédiatement avanc que de rendre l'cfprit , que /^«/-i-V^/V^^^^;»»- Udn 19. -,0; fU. Mais parce qu'il ne fuffiroit pas de rtous avoir mérité la grâce , & le bon- heur i il falloic nous en mettre en pofief. fion , nous y conduire 3 &: nous y main- tenir; Voila pourquoi omrc fa mort, fa refurreftion nous a auffiété neceffairc, C«ir nous entrons en la pofledîon du royaume de Dieu par la foi, par rcfpe-» rance ,par la patience, parla charité, &: par les autres vertus Chrétiennes j ôc lommcs encore confcrvez par les mef- mes moyens cnlaiouïfTanccde ce bon- heur. Or la rcfurreftion du Seigneur, produiccn nous ces divines parties, qui

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y fcrolent fans clic , ou nulles, ou du moins très foibles. C'eft ce que nous enfcigne Saint Pierre, quand il dit, que Dieu a rejfufcitê le fus Chrift des morts ^ajin que notre foi y (^ notre ejperance foiten lui. Premièrement, c'cft la rcfurreftion du Seigneur lefus , qui imprima dans les cœurs de fes Apôtres cette forte &: con- fiante perfuafion de fa divinité, qui leur donna de fi admirables mouvemes à con- facrer leur vie à la prcdicatiô de fon Evâ- gile , malgré les périls , & les morts^qu'ils rencontrèrent en ce deffein. Puis donc , que nôtre foi dépend de leur prcdicatiô, félon la maxime de S. V 2iu\Xomn%ent croi^ rot'ils^s'ils noientyd^ cornent oiront'ih s'il n'y ena.quileurfrefchet'i vous voiez, que cette mcfmc refurreftion de Iefus,qui a ouvert les coeurs & les bouches des Apôtres, cft aufli par mcfme moyen la caufedc nô- tre foi. En après la refurreûion du Sei- gneur eft la vraye clef , qui nous ouvre tous les myfteres de l'Evangile, entanc qu'elle nous donne une claire , èc facile demonftration de leur vérité. Car nous prouvant, comme elle fait, la divinité du Seigneur , qui a été far elle flenement déclaré Fils de Dien en fuijfancc , félon

6j lEffrit de fan^iijîcatton \ elle nous fait croire , & recevoir , comme auianc de vcritez indubitables , toutes les dodri- nes , qu'il nous a révélées & annoncées en fon Evangile. Déplus , fa refurre- ftion nous éclairât particulieremcnc une chofe infiniment importance à la foijc'eft à fçavoir,la validité de fa faiisfa- ftiô. Car puis que le Père éternel laifle fortir delaprifon,oiiilétoit entré pour nous, &: le couronne mefmed immorta- lités de gloire à riffuë de fon combat; c'eft un figne affeurc , que fa infticc etl contente; Et dautant que cette afléuran- ce eft le fondement de toute nôtre iuftifi- cation , Saint Paul ne feint point d'écri- re , que lefus- chrift eji rejfufcité fournotre Rof»',4,r^{* îufiîfîcAtton. Mais ce divin Seigneur en reflurcic ant des morts , a auffi relevé nos efperanccs, que l'infirmité & la morta- lité de nôtre chair tenoic attachées à U terre} Et c'eft ce que nous montre Saint lerre, quand li dit, que Z)/^«^^ry4w?;- ferkorde mus a régénérez en efferance IfivCt fAr U refurre^iion de lefus-Chrifi d'entre les morts. Car puis qu'il eft l'exemplaire &: le patron denôtredcftin jfa refurre- ftionô^ fa vie, nous eft un gage, & une

1 ij

68 âiîeutâncedela nôtre. Et de ces divins germes de la foi, &:de l'erperance , que la 1 cfiirrtrclion du Seigneur met dans nos ccrm-s ,naiflenr en luice , &:la paix cclefte ,qui gcui'crnenos encendcmcns, &: la ioye , cui lurpaire loi^rcs nos pen- fécs, & les avanrgouils du paradi? , avec- quc le mépL'is de la vie terrienne, &c des chofes j que les enfans du iiecle y ardmi- renc le plus jS^' ledelir delagloire,& de J'immorcaiiié du Seigneur ,& lapatien- ce daiiS les affiliions , 8c la conitancc dans la mort meline, &: lérude, &: Ta- niciir delaiainretc. Et c'ell ce qu'entend Saint Paul , quand il dit , que D/cu récusa vivifiez 5 & rejfujcitîz enfvmble en Jejus- Chn\i 5 é' A'vecque lui; belle &: excellen- te image de la vertu , qu'a larefurredion du Seigneur, pour nous lan6lifier. Car en forrancdefon tombeau, il nous a aufli arrachez des nôtres, &:nous a relevez de la mort Ipiritueiks nous étions gifanc, enveloppez dans nos vices, &: dans les hùiïts convoitiles de la terre , comme dans un fuairei&: nous a ouvert les yeux &lesiens, &: a infpirc dans nos mufcles l'elprir d'une nouvelle vie -, entant que par la foi , S: l'eipcrance , il nous fait re-

^9 nonceràlavie du pcchc^pour cmbraf- fer celle de la pieté. C'cltainfi nue nous Kim.^.^^. femmes faits une mefme fiante iC^ecqu^ lui y j)ar U conformité de (a, rcfurreclion > parce que comme il e(l reilufcicc des morts par la gloire du Pcre,nous aufîi pareillement cheminons en nouveauté de vicî D'oii vient que nôtre fanclifica- tîon cil: quelquefois appcllce dans l'E- criture une rcfurrection-, S>c par les Théo- logiens communcmcmy U première refur- re6Hon-Ei dautant que de celle- la dépend aufli la féconde , quand nos corps feront rejoints à nos âmes au dernier iour , &: rendusparfaitement conformes au corps glorieux du Seigneur; de vient^^que nôtre refurre6cion en la bien-heurcufc immortalité, efl: attribuée à celle de le- fus-Chrift, comme à fa caufe. C'eft ce que fignific Saint Pierre, quand il die, que Dieu nous a fau^ex^ par la refurreciion ipierr.i. n. de Jefus-Chrtfl. Ef c'ell cette admirable efficace , qu'elle a pour nous fan6lifier & confoler , ôc pour nous conduire à Mmmortalifé 5 que Saint Paul appelle ailleurs , la l^ertu de U refurre^lon de le- p^;/, ,0 fus-ChriJl, Enfin la refurrcftion du Sei- gneur nousprocure encore la iouilfancc

70 de tous ces biens en une autre fonc sen- tant que c'eûpar elle, que le Prince de nôcrefalut areceu du Père pour recon- noiffance de fes travaux , cette vie celé- fie, & cette puifTante royale, qui forme le nouvel homme en nous, qui Ty con- fervc,&:ry défend contre iesalTautsdc tous nos ennemis; qui le confole ôc le fortifie au befoin^S^ qui un iour fe dé- ploiera vifibiemcnc cnabbacant Tcmpi- re de Satan, en nous reflufcitanc en une fouverainegloire, &c en reformant tout l'univers pour Tamour de nous, &: chan - geanc ce monde, quieft maintenant ic domicilcdela vanité, & de la corruption, en un fanûuaire éternel , la iufrice &c la vie habiteront à iamais. O grand &C glorieux myflcre de la rcfurredion de lefus , que ne t'avons-nous conrmiîellc- mcnt en nos mémoires > Se en nos cœursî Tu chafTerois de nos entcndemçns les ténèbres de Tlncredulité j Se purifierois nos volontez 5 les arrachant de cette bouc, &c en baniiTant l'admiration , Se l'amour des biens mondains. Tu allu- mcrois dans nos âmes le defir&: Tefpc- rance du ciehScrempIifTanc nos confclen- ces de paix Se de ioye , tu changerois no-

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tre terre en nn paradis. Mais, Clicrs Frè- res y la vie de la plufpart de nous tefmoi- gne , qu'au lieu de tourner toures nos pcnlécs à cette refurredtion du Seigneur, nous ne fongeons qua la terre, S^ que fes biens font le fcul objet de nos cœurs. Que la trompeté de TApôrre nous ré- veille donc au moins à ce coup , nous criant maintenant des cieuxj comme au- tresfois à Timothée, y^yezfcuvemme que Jefus- Chriji ejl rejjufcité des mcrts. Ce fou- venir, qu'il nous commande , eft capable de nous fanflificr parfaitement, de puri- fier nos âmes de toutes afFeftions baffes & charnelleSjde nous armer côtrcla ten^ ration, de difTiper tout ennui , & de nous donner la force neceffaire ,foit pour re- pouffer, foit pour attaquer les ennemis de nôtre falut. Premièrement, fi la folie de nôtre chair, ou le commerce du mon- de , iettc quelque penfce d'mcredulitc dans nos coeurs, -nous follicitant de dou- ter de quelcune des doctrines de l'Evan- gile , ayons fouvenance > que lefus , l'au- teur de noue difcipline , eft reffufcirc des morts. Sa refurreûion , qui eft certaine &: évidente par le tefmoignage de ^zi Apôtres, 6^ par le confentcmentdclu-

7^ . ,

nivers , iufiifie la divinité de fa perfonnc, &c de fa mifTion; Se la divinité de fa mif- fion confirme invinciblemenc la vérité de iesenlsignemenSi &c nous ôre toute occafîon d'en douter. Si vôtre confcien- ce vous travaille, voiis reprcfenrant la noue image de vos crimes, les foudres de la loi, ^ ion inexorable rigueur contre les pécheurs ; Jyes;, fouvena?2ce , qus lefus- Chriji eji rejjtij cité des morts. Car comme die TApôtrc sàWcmxs , ^^i nous condamne* ra ^fuîs que le Seigneur ejl rejfttjcité ? Sa vie, ô pauvre pécheur , eft l'acquit du payement de vôtre dette 5 fa liberté eft J affeurancc de vôtre remiffion. L'expia- tien de vos péchez eft faite 5 puis qu'il eft reflTufcité» Nôtre plege ne feroit pas forri de prifon , le Père n'ctoit content de fa fâtisfaftion. La gloire , dont il eft cou- ronné, montre qu il a plcncment appailc nôtre luge. Apportez lui feulement une foi vive , ôc une vraye repentancc ; 6c quels, que foient vos péchez , ne doutez pasqu'unfang ,qui a vaincu lamort, &: anéanti la loi , te addouci Tire de Dieu, ne foit capable de les nettoier. Si le mpn- de , pour vous tenter vous promet fes biens^ouvousmenafredefcsmaiix^yf;'^^;

JouvemriCQ

75 fcuvename , que lejus-Chrifl efi reffufcttè des morts. Cctce bcUclumierc , que vous voiez fortir de fon rombeau , difllpcra en un inflant les chai mes, &:lcsillufions cîij monde. Dires tout ce qu'il vous plaira , mondains , de la commodité de vos richeffcs , de la douceur de vos plaifirs 5 &: de la gloire de vos grandeurs. Ce n'eft après tout , qu'une noire fumée, &: une ombre légère , au prix des biens, que nôtre divin rcfTufciré nous prefen- te. Sa vie ;?^ fa gloire eft afleurce, fon- dée fur la foi de Dieui La vôtre eft infini- ment douteufe & incertaine. La ficnne e(l éternelle ,• Vous ne pouvez nier , que Livô:rc ne foie, non mortelle &: perif- fable feulement, mais encore d'une tres^ cotirre durée ; que ce ne foit une vainc hgure 5 qui difparoift prefque au mefnic moment qu'elle fe montre , & vous échappe (ou vent des mains au point, que vous penfez la mieux tenir. Et ^uanc aux maux, dont vous me mena- cez , outre que ie fcai , que vous n'en eftcs pas exempts vous mefmcs , 6i que la pafTion du sio.^ vous en fait autanc (oufFiir 5 qu'à noiïs la profciTion de la piété iOiitrc que iefçai qu'ils ne dcpen-

K

74 detït pas de vos volontez fi abfolurrîcnt, que vous vous imaginez ; Clirid m*a ap- pris cnreflurcitantjquc pour les ibuffrir on n'en a que plus de gloire , & de feli- cité. Oheurcufecroix, qui nous élevé dan$ le Paradis î ô bénite &c falucaire Souffrance , qui fe change fi prompte- lîîcnc en une éternelle iouïflance 5 qut après trois iours de combat, nous met fur la celle la couronne de gloire,&: d'im- .i|iortalité I Enfin, fi la mort, le dernier .& le plus terrible de vos ennemis , fe prcfente; fi la profondeur de fon abifmc, ôcla. rigueur de fon tombeau , qui dévo- ie tout ôc ne rend rien , vous étonne j JjiejL foHVenmce que lefus Chrift eji rejjfu^ fctté des morts. Son exemple vous mon- tre que la mort n'efl pas immortelle ; Si que la main de Dieu fçait bien, quand il v^ut ,lui faire rendre , comme jadis au poifTon lonas, le butin, qu'elle a en- glouti ; Et la qualité vous affcure que pieu ufera de cette fiennc puiffance en .vôtre faveur. Car ce premier rcfiTufcité cfl vôtre çhef^&c vous efles fes membres* Sa vie vous appartient j &: vôtre chair , nionfe des ja de la if)prt , 66 jouît des-ja de rcternitc çn lui. Ypw^ fuivrezun iour

75 voi prémices; Se aurez parc en Ihciica-

ge de vôtre premier nai. Que cette hau- te efperaftcc vous foufticnne , 6c vous Gonfole dans toutes les épreuves de vô- tre pénible courfe. Ayez fouvenancc que le Seigneur lefus eft mort pour vous, comme fa Table vous l'a reprefcntc ce matin 3&: qu'après ce combat joiilafeu- le amour i qu'il vous a portéeTavoit en- gagé , il eft reflufcité des morts , comme fon Apôtre vous en avertit maintenant. Encore un peu de courage , Se de patien- ce 3 Fidèles ; Se celui qféi a rejfufcité lefus i.c^r 4 14. nous rejfuj citera aup par Jefus 3 & nous fer x eomfAro'iftre en fx frefence , pour vivre Se régner éternellement avecquelui^enla felicité,&: en la gloire,qu'il nous a acqui- fe par le mérite de fa mort , Se affeu- rée par la lumière de fa rcfurre£tion. Amen.

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