^^H^iT^'èîîs^,' ■55" ^ i't/--'' "^^s:^ '/-". v^t^^tf"^' »IM^ #^* •>!■■ 'î^^ ^*iîj '■*f'^.# ^'«XV ^\^' *%^ 'îi'*^^ y,f DICÏIONNAIRE DE PHYSIOLOGIE • TOME VITI DICTIONNAIRE DE PHYSIOLOGIE PAR CHARLES RICHET PROFESSEUR DE PHYSIOLOGIE A LA FACULTÉ DE MÉDRCINK DE PARIS AVEC LA COLLABORATION IVIIVI. E. ABELOUS (Toulouse) — ANDRÉ (Paris) — S. ARLOING (Lyon) - ATHANASIU (Bukarost) BARDIER (Toulouse) — BATTELLI (Genève) — R. DU BOIS-REYIVIOND (Berlin) — G. BONNIER (Paris) F. BOTTAZZI (Florence) — E. BOURQUELOT (Paris) — A. BRANCA (Paris) — ANDRÉ BROCA (Paris) J. CARVALLO (Paris) — A. CHASSEVANT (Paris) — CORIN (Liège) — CYON (Paris) — A. DASTRE (Paris) R. DUBOIS (Lyon) — W. ENGELMANN (Berlin) — G. FANO (Florence) — X. FRANCOTTE (Liège) L. FREDERICQ (Liège) — J. GAD (Leipzig) — J. GAUTRELET (Bordeaux) — GELLÉ (Paris) — E. GLEY (Paris) L. GUINARD (Lyon) — J.-F. GUYON (Paris) — H. J. HAMBURGER (Groningen) — M. HANRIOT (Paris) HÉDON (Montpellier) — P. HÉGER (Bruxelles) — F. HEIM (Paris) — P. HENRIJEAN (Liège) J. HÉRICOURT (Paris) — F. HEYMANS (Gand) — J. lOTEYKO (Bruxelles) — H. KRONECKER (Berne) P. JANET (Paris) — LAHOUSSE (Gand) - LAMBERT (Nancy ) — E. LAMBLING (Lille) - LAUNOIS (Paris) P. LANGLOIS (Paris) — L. LAPICQUE (Paris) — R. LÉPINE(Lyon) — CH. LIVON (Marseille) — E. MACÉ (Nancy) GR. MANCA (Padoue) — MANOUVRIER (Paris) — M. MENDELSSOHN (Pétersbourg) — E. MEYER (Nancy) MISLAWSKI (Kazan) — J.-P. MORAT (Lyon) — A. MOSSO vTurin) — NEVEU-LEMAIRE (Lyon) M. NICLOUX (Paris) — P. NOLF (Liège) — J.-P. NUEL (Liège) — AUG. PERRET (Paris) — E. PFLUGER (Bonn) A. PINARD (Paris) — F, PLATEAU (Gand) — lïl. POMPILIAN (Paris) — G. POUCHET (Paris) E. RETTERER (Paris) — J. ROUX (Paris)— P. SÉBILEAU (Paris) — C. SCHÉPILOFF(Genève)— J. SOURY (Paris) W. STIRLING (Manchester) — J. TARCHANOFF (Pétersbourg) — TIGERSTEDT (Helsingfors) TRIBOULET (Paris) — E. TROUESSART (Paris) — H. DE VARIGNY (Paris) — N. VASCHIDE (Paris) M. VERWORN (Gôttingen) — E. VIDAL (Paris) — G. WEISS (Paris) — E. WERTHEIMER (Lille) TOME VIII G-H AVEC GRAVURES DANS LE TEXTE PARIS FÉLIX ALCAN, ÉDITEUR ANCIENNE LIBRAIRIE GERMER BAILLIÈRE ET c"" 108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 108 1909 DICTIONNAIRE DE PHYSIOLOGIE -»<33C»^ ^'— ' — i=i=-' \ /"^ X5 . y L ^ / \ / FiG. 8. — Courbes isotonique (J) et isométrique (S) obtenues avec le myographe de ScHONLEiN (Schenck). qu'à immobiliser le levier isotonique inférieur. Parmi les myographes pouvant être soit isotoniques, soit isométriques, citons aussi l'appareil de Mariette Pompilian. V. Bernstein a construit un appareil qui n'est autre chose qu'une sorte de balance hydrostatique. La tension musculaire s'exerce sur une colonne de mercure; un flotteur inscrit les mouvements de cette colonne liquide. GRAPHIQUE (Méthode). 7 VI. Blix (189*2) a construit un appareil qui permet d'obtenir une courbe dont les ordonnées représentent le raccourcissement du muscle, et les abscisses, la tension mus- culaire. Dans ces courbes, un millimètre pris sur l'abscisse représente une tension de 36 grammes. Cet appareil, appelé Muskelindicator, se compose d'un levier rigide> formé de deux fils en acier, éloignés l'un de l'autre à leur point de fixation sur l'axe, et rapprochés à l'extrémité du levier. Ce levier, long de 11 centimètres, présente à son extrémité une lame-ressort en forme d'étrier disposée horizontalement. A l'extrémité de cette lame se trouvent attachés l'extrémité inférieure du muscle et un poids tenseur; toujours à cette extrémité est fixée aussi une longue pointe enregistrante. Cette pointe métallique est recourbée ; elle trace la courbe résultant de la déformation du ressort et du déplace- ment du levier sur une surface métallique recouverte de noir de fumée. Cette surface est sphérique ; son rayon est égal à 18 centimètres, et son centre se trouve sur l'axe du levier. Cette surface se présente ù l'aiguille enregistrante par sa partie concave ; de cette façon, la plume enregistrante ne la quitte jamais. Pourtant, comme les dépla- cements de l'aiguille enregistrante ne sont pas considérables, cette surface peut être plane. Blix, pour avoir le moins d'inertie, a enregistré les mouvements de l'appareil que nous venons de décrire optiquement. Pour cela, il a supprimé l'aiguille enregistrante el a fixé près de l'axe du levier un petit miroir. A l'aide d'une lentille il concentrait des rayons lumineux sur ce miroir ; les rayons réfléchis étaient reçus sur un écran. De cette façon, il obtenait une courbe analogue à celle de l'enregistrement direct. VIT. On peut avoir le diagramme du travail d'un muscle à l'aide des appareils de FiCK et de Schenck. Le dynamomètre de Fick (1891) se compose d'une roue mise en mouvement par la traction du muscle. Sur l'axe de la roue se trouve fixée une bande de papier. Une pointe inscrivante est fixée à l'extrémité du ressort sur lequel s'exerce la traction musculaire ; cette pointe inscrivante trace ses mouvements sur la bande de papier. Ainsi on obtient une courbe dont les ordonnées correspondent à la tension musculaire, et les abscisses aux variations de longueur du muscle. Dans l'appareil de Schenck (1899), l'enregistrement se fait sur une surface immobile. La plume enregistrante, elle, subit deux ordres de déplacements : le raccourcissement musculaire lui fait subir un mouvement dans un sens, et le changement de tension lui imprime un mouvement dans une direction perpendiculaire à la première. La résul- tante de ces deux ordres de mouvement représente la courbe du travail effectué par le muscle pendant la contraction. VIII. Voici le dispositif employé par Fick pour l'étude de l'accélération imprimée par la contraction musculaire à une masse connue. Le muscle, représenté sur la figure 9 par un ressort, est attaché à une pointe (c) fixée au levier (HH') à deux bras mobiles autour de l'axe (A). A côté de ce levier se trouve un autre levier (LL') à deux bras. Sur ces deux bras se trouvent fixées deux masses de plomb (M, M') qui se font équilibre. Ce levier (LL') mobile autour de l'axe (R) est en état d'équilibre indilTérent. Sur son axe est fixée une poulie (R) sur laquelle s'enroule un fil. Le bout inférieur de ce lil est attaché à une sorte d'étrier (Z) qui porte un pla- teau (S) dans lequel on met des poids. L'étrier qui porte le plateau s'appuie sur une pointe. Le levier (LL') présente une petite tige(Z), sur laquelle s'accroche un crochet (n) attaché par un fil à une pointe (d) fixée à l'extrémité d'un des bras du levier (HH'). Les mouvements du levier (LL') sont inscrits par une pointe inscrivante (p) sur une plaque (TT'). Voici comment cet appareil fonctionne : Avant la contraction musculaire, le fil enroulé sur la poulie (R), et qui supporte l'étrier, est relâché. Quand le muscle se con- tracte, il soulève le bras H du levier (HH'), ce qui produit un abaissement de la tige (/) du levier (LL'), el un mouvement de ce dernier dans la direction indiquée par les flèches. Quand la contraction musculaire a atteint son maximum, la pointe inscri- vante du levier a tracé un arc de cercle jusqu'au point m, sans soulever encore le 8 GRAPHIQUE (Méthode). plateau (S) avec le poids. Quand le levier (LL') est arrivé près du point m, le fil (RZ étant complètement tendu, le plateau commence à se soulever. Mais à partir de ce point, comme la contraction muscu- laire est terminée, et que le crochet (n) a abandonné la tige (l) , le levier (LL') se meut seulement en vertu de l'accé- lération que le muscle lui a imprimée pendant sa contraction. Plus cette accé- lération est grande, plus le poids sou- levé peut être considérable, plus la hauteur à laquelle il est soulevé est grande, plus aussi l'arc décrit par la pointe (p) h partir du point (??i) est . gi^and. En mesurant donc l'arc tracé sur la plaque, on a la mesure de l'accé- lération du levier (LL') et par consé- quent la mesure de l'intensité de la contraction musculaire. ScHENCK (1892), de même que FiCK, a étudié l'accélération imprimée à une masse connue par la contraction mus- culaire. Dans les expériences de ScHENCK, un levier isotonique est placé à côté d'un levier d'acier prismatique dont l'axe de mouvement passe par le centre de gravité. Le muscle est attaché au levier isotonique ; pendant la con- traction, ce levier entraîne dans son mouvement ascendant, à l'aide d'une pointe d'acier, le levier d'acier ; quand la contraction est terminée, le levier isotonique descend; mais le levier d'acier, à cause de la vitesse acquise, continue sa course. Ce déplacement mesure la force vive imprimée au levier d'acier inerte. La force vive est calculée à l'aide du moment d'inertie et de la vitesse angulaire. La vitesse angulaire est calculée à l'aide de la formule y = — =, dans laquelle r Firis 10 radiographies successives à intervalles réguliers. Le chcàssis est protégé par une plaque de plomb de 3. millimètres d'épaisseur contre la pénétration des rayons X. Dans cette plaque est ménagée une ouverture de 2 centimètres sur 5, devant laquelle ou place l'animal à étudier. Une seconde plaque de plomb, placée à l'intérieur du châssis, protège la portion impres- sionnée de la pellicule. On opère en pleine lumière, le châssis étant fermé par un volet de bois que traverse facilement les rayons X. Le châssis étant fixé en face de l'am- poule, on ferme le circuit à intervalles réguliers pendant une seconde; dans le temps qui s'écoule entre la prise de deux radiographies successives, à l'aide d'une manivelle, on enroule la pellicule sur un axe de façon à la faire avancer de la longueur voulue devant les fenêtres de la lame de plomb. Une image est radiographiée toutes les 10 secondes. Cannon a étudié à l'aide des rayons Rœntgen les mouvements de l'intestin. Pour cela, il donnait à manger à un chat des aliments contenant du sous-nitrate de bismuth. L'ombre des aliments contenus dans les voies digestives se dessine sur l'écran fluo- rescent. Cannon a vu ainsi les mouvements péristaltiques de l'estomac et de l'intestin grêle, la segmentation rythmique des aliments dans l'intestin grêle et les mouvements anti- péristaltiques au voisinage du gros intestin. Les figures, mises dans un zootrope, montrent très bien ces différents processus. Garvallo a construit un appareil chronophotographique pour l'étude des mouve- ments de l'appareil digestif à l'aide des rayons X. IV. Les appareils qui servent à l'enregistrement des mouvements de l'intestin s'ap- pellent entérogrupnes. On peut étudier les contractions de l'intestin en introduisant dans une anse intesti- nale une ampoule en caoutchouc qui communique par un tube de transmission avec un tambour enregistreur de Marey. L'ampoule est comprimée par les mouvements de l'intestin ; ces déformations de l'ampoule sont enregistrées par le levier du tambour. Les cntérographes de Legros et Onimus, d'ENGELsiAXN (1871), sont semblables aux sondes cardiographiques de Marey. Edmundes (1898) a étudié les mouvements de l'intestin à l'aide d'un appareil qui constitue une sorte de pléthysmographe intestinal. Cet appareil se compose d'un large entonnoir fermé par une membrane Uexible, et rempli dhuile chaude. A l'aide d'une crémaillère, on pose avec soin la membrane de l'appareil sur l'intestin. L'entonnoir communique à l'aide d'un tube avec un tambour enregistreur (ou un piston-recorder). Bayliss et Starling(1889) ont étudié les mouvements du gros intestin en y introduisant un ballon plein d'air, soit par les valvules iléo-csecales, soit à travers une ouverture faite dans la paroi intestinale. Le ballon était mis en communication avec un piston- recorder. BuNCH (1899) a enregistré à l'aide du piston-recorder les mouvements longitudinaux de l'intestin, New (1899) a enregistré aussi les mouvements longitudinaux de l'intestin. GowERs (1877) a étudié les mouvemenls de l'anus à l'aide d'un appareil à transmis- sion aérienne, ressemblant aux sondes cardiographiques de Marey. V. Voici les procédés employés par Doyox (1893) pour étudier les contractions des voies biliaires : le canal cholédoque et la vésicule biliaire. Pour l'étude des contractions du canal cholédoque, Doyon faisait passer par ce 32 GRAPHIQUE (Méthode). canal de l'huile sous pression constante. A l'aide de signaux électriques, il inscrivait la progression de la colonne liquide. Pour l'étude des contractions de la vésicule biliaire, Doyon s'est servi d'une sorte de piston-recorder formé par une éprouvette pleine d'eau et ayant comme piston un flot- teur en bougie qui, à l'aide d'une plume, formant levier, inscrivait les mouvements sur un cylindre. C'est un appareil analogue au manomètre inscripteur universel de Laulanié. VI. Pour étudier les phénomènes complexes qui constituent la rumination, Tous- saint a enregistré simultanément les mouvements de mastication, les variations de la pression de l'air dans les cavités nasales, les mouvements de la trachée, du thorax, de l'abdomen, de l'oreillette droite et du ventricule droit. Ces enregistrements ont été obtenus à l'aide de la transmission à air. § V. — Enregistrement de diverses sortes de mouvements. I. Pour enregistrer les mouvements de la vessie, Mosso et Pellacani (1882) ont employé le procédé suivant : Un cathéter ordinaire de femme se trouve en communication avec un tube en verre, qui, plié à angle droit, descend à un centimètre ou deux au-dessous du niveau du liquide contenu dans un grand verre. La branche verticale de ce tube se trouve placée dans l'axe d'une petite éprouvette, à parois très minces. Cette éprouvette est suspendue par des fds de soie à une poulie et se trouve maintenue en équilibre par un contre- poids qui porte une plume enregistrante, comme dans le pléthysmographe de Mosso. On comprend facilement le fonctionnement de ce dispositif : le tube et la vessie étant pleins d'eau, chaque contraction de la vessie se manifeste par une aspiration ou une expulsion de liquide dans l'éprouvette. Le vase dans lequel plonge l'éprouvette contient de l'eau alcoolisée. La surface du liquide du vase doit être sur le même niveau que la vessie de l'animal ou de l'homnie. Genouville (1894), dans ses recherches sur la contractilité vésicale, a fait usage d'un manomètre enregistreur à mercure avec flotteur muni d'un levier inscripteur qui trace ses mouvements sur un cylindre qui fait un tour en vingt-quatre minutes. Ce manomètre était mis en communication, par l'intermédiaire d'un tube plein d'eau boriquée, avec une sonde à double courant, introduite dans la vessie. CouRTADE et GuYON (1896) ont étudié et enregistré les mouvements de la paroi vési- cale de la façon suivante. Ils ouvraient la vessie, dont le sommet, pincé par une grosse serre-fine, était relié par un fil à un tambour à air de Marey, lequel était mis en communication avec un tambour enregistreur. Engelmann (1869) a étudié les mouvements de l'urètre à l'aide d'un appareil ana- logue à la sonde cardiographique de Marey. II. Pour étudier les resserrements et les dilatations de la citerne lymphatique, Gley et Camus (1894) ont eu l'idée de joindre au rhéographe un dispositif qui, comme dans l'appareil de Morat, si heureusement appliqué par Doyon à l'étude des mouve- ments des voies biliaires, permet d'obtenir un écoulement constant. De l'huile est introduite dans la citerne ; le niveau constant est obtenu à l'aide d'une cuvette, dont la surface suffisamment large permet de négliger les variations de hauteur du liquide. Deux canules sont introduites dans la citerne. La canule inférieure est reliée par un tube de verre au réservoir d'huile ; la canule supérieure est également reliée à un tube par lequel s'écoule l'huile qui, après avoir frappé la palette du rhéo- graphe, peut être recueillie et mesurée à des intervalles de temps déterminés. Entre le réservoir à niveau constant et la citerne, est disposé un manomètre qui permet de contrôler les modifications dues aux changements de volume de la citerne. Gley et Camus ont remplacé plus lard le rhéographe par un manomètre enregistreur, à l'aide duquel ils enregistraient les variations de pression à l'intérieur de la citerne, après avoir supprimé la communication avec le réservoir d'huile. Pour avoir cet enregistrement, on procède ainsi : une pince est placée sur la •s 4» GRAPHIQUE (Méthode). 33 canule inférieure , la canule supérieure est reliée à une ampoule de baudruche contenue dans une ampoule de verre. L'ampoule est gonflée d'huile. Un manomètre à eau est relié à l'ampoule qui est remplie d'eau. La baudruche oiïre l'avantage, tout en étant extrêmement sensible, de n'être pas élastique comme le caoutchouc (cette élasticité introduit dans les expériences une cause d'erreur, puisqu'elle varie suivant le degré de distension et d'après les altérations produites par un contact plus ou moins prolongé avec l'huile qui attaque le caoutchouc). La baudruche n'a d'autre rôle que celui de séparer l'huile de l'eau. Le manomètre est muni d'un flotteur en bougie, analogue à celui de Laulanié. Enfin, Gley et Camus ont adopté un dispositif encore plus simple : un manomètre enregistreur rempli d'eau salée était mis en communication directement avec la citerne. Tout le système clos, citerne, canule, tube et manomètre, était rempli d'une solution physiologique. Pour étudier les mouvements du canal thoracique, Gley et Camus ont employé le procédé que Morat a imaginé et dont s'est servi Doyox (1893) dans ses recherches sur la contractilité des voies biliaires. IIL RoY a enregistré graphiquement les variations de volume d'un fragment de vaisseau dans le but d'étudier l'élasticité des parois vasculaires. Voici le procédé qu'il a employé : Un petit morceau cylindrique, coupé dans un vaisseau sanguin, est fermé à l'une de ses extrémités, l'autre étant en communication avec un appareil de compression. Ce petit fragment vasculaire est enfermé dans un récipient clos de touffes parts et rempli d'huile d'olive. La partie inférieure de ce récipient est percée d'un orilice cylin- drique formant corps de pompe dans lequel peut se mouvoir un petit piston. Un sys- tème de fermeture spéciale assure l'étanchéité absolue du corps de pompe. La lige d'acier du piston est graduée; elle est reliée à un levier enregistreur. Toutes les variations de l'artère, provoquées par les variations de la pression interne, sont enre- gistrées fidèlement par le levier. Cet appareil est en somme le même que celui que Rov a employé dans ses recherches plélhysmographiques sur le cœur. Les variations de pression dans l'intérieur du fragment vasculaire sont provoquées à l'aide de deux vases pleins de mercure qui communiquent entre eux par un tube plein aussi de mercure. Les vases contiennent du mercure jusqu'à la moitié de leur hauteur. La moitié du vase qui communique avec l'artère est remplie d'huile, comme l'intérieur de l'artère soumise à l'expérience. Quand on déplace un vase, il résulte une variation de pression à l'intérieur de l'artère. La pression est mesurée à cliaque instant par la différence de hauteur entre les deux vases. Si c'est le cylindre enregistreur lui-même qui règle le déplacement du vase, les abscisses de la courbe représentent par cela même les pressions. Pour étudier l'élasticité d'un fragment longitudinal de paroi artérielle, Roy a employé le dispositif suivant : L'extrémité inférieure du fragment artériel était accrochée à une sorte de levier enregistreur sur lequel pouvait se déplacer un poids, comme sur une balance romaine. Le déplacement du poids était commandé par le même mécanisme qui déplaçait la plaque sur laquelle le levier traçait une courbe. Les abscisses de la courbe ainsi obtenue sont donc proportionnelles aux tensions ; et les ordonnées représentent les allongements de la paroi vasculaire. IV. On peut étudier la pression qui existe dans les diiïérentcs cavités splanch- niques comme on étudie la pression qui existe dans le cœur. Des sondes manométriques, analogues aux sondes cardiaques, sont introduites dans l'œsophage, dans la rectum, etc. Ces sondes communiquent avec des tambours enregis- treurs de Marey. LuciANi, dans ses recherches sur la pression dans différentes cavités splanchniques, s'est servi d'une série de manomètres de t igk. V. Pour déterminer la quantité absolue de salive fournie par chaque glande paro- tide, Kaufmann (1888) a enregistré la pression latérale simultanément dans les deux BICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VIII. 3 3i GRAPHIQUE (Méthode). canaux de Sténon à 1 "aide d'un tube eu T dont la branche perpendiculaire communiquait par un tube rempli d'eau avec un manomètre enregistreur. De cette façon, il n'y a pas de perte de salive; de plus les trace's indiquent aussi le sens dans lequel se fait la mas- tication. VI. On peut étudier à l'aide de la chronophotographie les mouvements d'une partie quelconque du corps, en la recouvrant d'uti morceau de velours, et en fixant sur ce ond un point ou une tige qui suit les mouvements de la partie qu'on veut étudier. On obtient sur la plaque la trajectoire du mouvement étudié. VII. Les mouvements d'ouverture de la coquille de la moule [Mytilus cclulis) ont été étudiés par plusieurs physiologistes. FiGK, en 1863, dans son travail sur la physiologie des substances irritables, donne la description de l'appareil dont il s'est servi pour faire de telles recherches. Pawlow (1885) a étudié aussi la même question en se servant d'un appareil semblable à celui de Fick. En voici la description : Sur une planchette qui sert de support se trouve fixée une virole dans laquelle une tige d'acier peut être fixée à différentes hauteurs. Cette tige porte un levier à deux bras; ce levier est très léger. Le petit bras est mis en contact avec la moule, le long bras inscrit ses mouvements sur un cylindre enregistreur. Dubois (R.) (1888) a pu mesurer, par la méthode graphique, les impressions lumi- neuses produites sur certains mollusques lamellibranches par des sources d'intensité et de longueurs d'ondes difierentes. Il a fait ces recherches en étudiant et en enregistrant les mouvements du siphon des Pholas dactyliis. Pour enregistrer les mouvements des cils vibratiles, Engelmann, en 1877, a construit deux appareils spéciaux qu'il a appelés FUmmeruhr et Flimmermùhle, dans lesquels les cils vibratiles, par l'intermédiaire d'un index, font tourner un axe qui porte des contacts électriques. La fermeture et l'ouverture de ces contacts font jaillir des étin- celles entre un cylindre enregistreur et une plume métallique qui se trouve sur sa surface. On évalue la vitesse angulaire de rotation de l'axe que font tourner les cils d'après la distance qui se trouve entre les traces laissées par les étincelles sur la sur- face enregistrante. L'aiguille métallique qui est sur le cylindre inscrit les oscillations d'un pendule. On a ainsi, sur la même ligne, le temps et les signaux des contacts élec- triques. Physalix (1892) a appliqué la méthode graphique dans ses recherches sur les mou- vements des chromatophores des céphalopodes. Pour cela, il s'est servi d'un procède' semblable à celui qu'avait employé Fraxçois-Franck pour inscrire les mouvements de l'iris (1887), au moyen de deux tambours conjugués dont l'un inscrit sur le cylindre enregistreur les pressions exercées sur l'autre par le doigt. Pendant que l'œil suit à la loupe le mouvement d'un chromatophore, avec le doigt appliqué sur le bouton du tambour transmetteur, on cherche à imiter, aussi exacte- ment que possible, par les pressions exercées, le phénomène que l'on observe. On arrive ainsi à obtenir des tracés qui ont une grande ressemblance avec ceux de la contrac-- tion musculaire. X Chaleur et Électricité. § I. — Enregistreurs de calories. Les appareils de mesure de la chaleur dégagée par les animaux peuvent être trans- formés en appareils enregistreurs. Voici la description de quelques dispositifs employés par d'Arsonval à cet eifet : 1) L'eau sortant du régulateur d'écoulement, après son passage dans le calorimètre, est reçue dans un grand vase cylindrique. Ce récipient est muni d'un fiotteur qui agit GRAPHIQUE (Méthode). 35 sur un levier muni d'une plume qui trace ses mouvements sur un cylindre enregistreur vertical. La quantité d'eau écoulée donne la mesure de la chaleur produite dans le calorimètre. Il est facile de régler la longueur du levier de façon que chaque millimètre du papier représente une ou plusieurs calories. 2) L'eau sortant du calorimètre tombe dans un entonnoir et se rend au réservoir à flotteur qui se remplit peu à peu pendant que la plume marque les phases do la varia- tion de niveau. Quand le récipient a reçu 500 grammes d'eau, la plume a parcouru toute la hauteur du cylindre enregistreur. A ce moment le récipient se vide automati- quement par un mécanisme composé de deux tubes fonctionnant à la manière du siphon qu'on trouve dans le vase de Tantale. La plume retombe ainsi au zéro du cylin- dre à tous les 500 grammes écoulés. Pour assurer l'amorçage du siphon, l'appareil est muni d'un électro-aimant, qui agit de la façon suivante : Le levier enregistreur porte un contact en platine; la palette de l'électro-aimant, réglée par une vis, en porte un second. Quand le vase a reçu juste SOO grammes de liquide, le contact vient toucher la palette et fermer ainsi le circuit. L'électro-aimant étant alors animé attire la palette et donne un coup brusque au flotteur, qui amorce ainsi automatiquement le siphon. Le réci- pient se vide alors rapidement et le contact se trouve rompu par suite de l'abaissement du levier, pour recommencer lorsque 500 autres grammes de liquide se seront emma- gasinés. Ce dispositif permet d'enregistrer un grand volume d'eau sur une même feuille de papier. 3) Le calorimètre différentiel enregistreur de d'Arsonval (1886) se compose essentiel- lement de deux cloches métalliques légères suspendues à chaque extrémité d'un fléau de balance équilibré. Chaque cloche plonge dans un réservoir plein d'eau, portant un tube central qui dépasse le niveau de l'eau et qui, s'engageant sous la cloche correspon- dante, la transforme en un petit gazomètre d'une mobilité extrême. L'intérieur de chaque cloche est mis en rapport avec les calorimètres correspon- dants. Ou bien une des cloches est mise en communication avec un calorimètre, et l'autre avec un flacon plein d'air qui subit les changements de température extérieure de même que le calorimètre. Les réservoirs d'eau communiquent entre eux par un tube latéral qui identifie leurs niveaux. Le fléau de la balance porte un levier terminé par une plume à encre don- nant un tracé sur un cylindre vertical qui fait un tour en 24 heures. En faisant varier la capacité des cloches, on peut obtenir telle sensibilité qu'on désire. On règle la longueur du levier inscripteur, d'après l'amplification qu'on désire avoir. Les ordonnées des courbes expriment des calories; les abscisses, des heures. i) Pour inscrire sous forme de courbe continue les indications du manomètre difîé- rentiel à eau de son calorimètre, d'Arsonval a employé un dispositif analogue à celui qu'a imaginé Marey pour son loch enregistreur. Les deux branches du manomètre, dont l'une est en relation avec l'enceinte annu- laire du calorimètre, et l'autre avec un grand flacon à air (témoin), sont terminées cha- cune par une capsule métallique que clùt une membrane de caoutchouc. Ces deux membranes sont reliées entre elles par une traverse rigide qui fait mouvoir un levier, dont la pointe trace une courbe sur le cylindre. 5) Le calorimètre et le réservoir compensateur sont reliés à deux tubes manomé- triques de même calibre, plongeant dans des vases placés sur les plateaux d'une balance de Roberval. Les tubes sont indépendants de la balance, grâce à des supports spéciaux. Le fléau porte un levier muni d'une plume qui inscrit son déplacement sur un cylindre enregistreur. Si, avant l'expérience, on a inspiré le liquide jusque vers le milieu des tubes, la balance inscrira la différence de hauteur dans les deux colonnes manométriques. 6) L'anémo-calorimètre a été transformé en calorigraphe (1894) par d'Arso.nval de la façon suivante : le mouvement du moulinet, dont la vitesse varie avec le tirage, donc avec la chaleur dégagée dans le calorimètre, est transmis à un compteur de tours, qu'on embraye à volonté. Sur ce compteur se trouve un contact électrique. A chaque tour du compteur, le courant est fermé quand l'aiguille passe au zéro. Le courant actionne un électro-aimant qui fait monter d'un cran une plume imprégnée d'encre, et qui laisse sa trace sur un cylindre enregistreur. On obtient ainsi une courbe qui totalise les 36 GRAPHIQUE (Méthode). révolutions de l'anémomètre, et dont l'inclinaison, variable sur la ligne du temps, donne à chaque moment la vitesse du moulinet, donc la chaleur produite par le sujet dans le calorimètre. Quand il y a eu 100 fermetures de courant, c'est-à-dire 100 lours de l'anémomètre, la plume retombe brusquement au bas du cylindre, et l'ascension recom- mence. (Dispositif de V anémomètre enregistreur de la maison Richard.) §11. — Enregistreurs des phénomènes électriques. I. Pour mesurer et pour enregistrer les variations électriques des tissus vivants, les physiologistes ont employé deux sortes d'appareils : 1° ï électromètre capillaire de LippMANN, et 2° le galvanomètre. Pour les usages ordinaires, et surtout quand il s'agit d'observer des phénomènes lents, peu importe le type de l'instrument, pourvu que sa sensibilité puisse être faci- lement déterminée et réglée. Pour les phénomènes rapides, le galvanomètre d'Ei^THO- VEN est préférable à tout autre instrument, y compris Télectromètre capillaire de Lipp- MANN. A part ces deux méthodes directes d'enregistrement, que nous décrirons avec quelques détails, on a employé aussi la méthode indirecte de Guillemin qui permet de tracer point par point la forme de l'onde électrique. Cette méthode a été introduite en physiologie par Bernstein, qui a étudié à l'aide de son rhéotome différentiel les varia- tions négatives des nerfs et des muscles. Marey l'a employée aussi pour inscrire la durée de la décharge électrique de la torpille, en se servant d'un muscle de grenouille comme moyen de signaler l'existence de cette décharge, qu'il explorait à des instants successifs, après l'excitation d'un nerf électrique de la torpille. Hermann a donné une grande extension à cette méthode qu'il appelle rhéotachy graphie. II. Pour avoir d'une façon grossière l'inscription directe de l'intensité de la décharge électrique de la toi'pille, Marey a modifié le signal de Deprez de la façon suivante : il a mis entre l'armature et le fer doux de l'électro-aimant une pièce compressible, à élas- ticité variable (un fil de caoutchouc), qui, s'écrasant en raison de l'intensité de l'attrac- tion magnétique, permet au style inscripteur de faire des excursions d'une étendue plus ou moins grande ; de sorte que l'intensité du courant qui traverse l'appareil se trouve traduite par l'étendue des mouvements tracés par le style. Plus le fil de caout- chouc est pressé et tendu, moins il est extensible, plus il offre donc de résistance au rapprochement de l'armature de fer doux. Le signal électrique ainsi modifié a e'té appelé par Marey rhéographe. III. L'enregistrement des indications données par félectromètre capillaire de Lipp- MANN a été fait pour la première fois par Marey (1876). Avant de décrire le dispositif employé dans ce but par Marey, nous donnerons quel- ques brèves indications sur ce précieux et ingénieux appareil. L'électromètre capillaire de LipPMANN est basé sur la propriété qu'a l'électricité de modifier les phénomènes de capillarité et de changer la hauteur à laquelle s'élève un liquide à l'intérieur d'un tube capillaire. Le liquide, dans l'appareil de Lippmann, consiste en une petite colonne de mercure qui se déplace dans un sens ou dans l'autre suivant l'augmentation ou la diminution de la tension électrique à laquelle l'appareil est soumis. Le mercure est placé dans un long tube de verre vertical terminé par une pointe effilée. Cette pointe trempe dans un vase de verre contenant de l'eau acidulée et au fond duquel il y a une goutte de mercure. Quand on met en communication le mercure du tube et la goutte de mercure du vase avec une source d'électricité, le niveau auquel s'arrête le mercure dans la pointe effilée change. Cette variation de niveau est observée à l'aide d'un micro- scope à réticule. La mesure de la variation de potentiel électrique indiquée par le changement de niveau du mercure est donnée par un manomètre indiquant la pression qu'il faut exercer sur le mercure du tube effilé pour faire équilibre à la pression électrique, et par conséquent pour ramener le niveau du mercure de la pointe au zéro. GRAPHIQUE (Méthode). 37 L'électromèlre employé pa Marev se compose d'une capsule de fer, fermée par «n haut par une membrane d'acter, et se continuant par un manchon de fer avec un tube capillaire. Le tout est rempli de mercure. Le tube capillaire est creusé dans un tronçon de tube de verre épais, présentant sur un de ses côtés une facette plane et par- faitement polie, h travers laquelle la colonne de mercure apparaît comme une li;^ne extrêmement lumineuse. C'est au moyen d'une vis de pression agissant sur la membrane d'acier qu'on amène le niveau de la colonne capillaire en face de l'objeclif d'un micro- scope. Cette vis de pression remplace le poids de la haute colonne de mercure de l'appa- reil de LipPMANN. En mettant une plaque dépolie à l'oculaire du microscope, on y voit une image réelle de la colonne de l'électromètre. En remplaçant cette plaque de verre par une plaque sensible animée d'un mouvement de translation perpendiculaire au mouvement de l'électromètre, on a la courbe de la variation électrique observée. La colonne mercurielle est vivement éclairée par la lumière solaire concentrée par FiG. 17. — Photographie des courants induits de rupture {)•) et de clôture (c) obtenue avec l'électromètre capillaire (Marey). une lentille. L'image de la colonne mercurielle est amplifiée très faiblement, afin de ne pas diminuer son intensité lumineuse; elle apparaît sur la plaque de verre dépoli comme une strie transversale, qu'on met bien au point avant de la photographier. La chambre noire, qui contient la plaque sensible, glisse sous l'action bien uniforme d'une vis que fait tourner un rouage muni d'un régulateur Foucault. V. Fleischl (1879) a étudié divers points de la construction et de l'emploi de l'élec- tromètre capillaire; ainsi il a étudié l'influence des résistances, l'influence des courants induits, etc. Sandersox et Page (1879-1881) ont enregistré les oscillations de la colonne mercurielle sur une plaque se déplaçant verticalement sous l'inlluence d'un mouvement d'horlo- gerie, tandis que le tube capillaire était placé dans une fente horizontale et était éclairé par derrière. De cette façon la colonne mercurielle, s'opposant au passage de la lumière, apparaît sur les épreuves positives en noir. Plus tard, Sanderson a rem])lacé le mouve- ment vertical par un mouvement horizontal de la plaque en face d'une fente verticale; de cette façon le mouvement de la plaque était plus uniforme. Enfin la plaque sensible a été fixée à un pendule bien équilibré, pour avoir une vitesse de déplacement de la plaque dix fois plus grand qu'avec les dispositifs précédents. Un signal et un diapason faisant 500 vibrations par seconde, placés derrière la fente verticale qui se trouve en face de la surface sensible, piojettent leur ombre sur cette surface. Pour obtenir les photogrammes des mouvements de la colonne mercurielle de l'élec- tromètre, EiNTHOVEx a employé le dispositif suivant : une fente de 2/10 de millimètre et une lentille cylindrique placée devant cette fente; cette lentille donnait sur la surface sensible une ligne lumineuse de 0,1 de millimètre, environ; un microscope composé, muni d'une vis micrométrique. — La pointe capillaire de l'électromètre était portée par un même appareil micrométrique, sur le même bâti que le microscope; cet appareil micrométrique permettait d'avoir un mouvement lent dans les trois directions de l'espace. Le microscope possédait un condensateur Zeiss. En arrière de ce condensa- teur (à O'".2oj se trouvait placé un diaphragme iris. Sur ce diaphragme était projetée l'image du charbon positif d'une lampe à arc, à l'aide d'une lentille concentrant elle- même la lumière du grand condensateur de la lanterne. — Tout le système flottait sur un bain de mercure, pour éviter l'effet des ébranlements sur la colonne mercurielle. — Le mouvement de la plaque sensible, contenue dans un châssis très compliqué, était obtenu au moyen d'un moteur électrique entraînant par friction le chariot poi te-plaque 38 GRAPHIQUE (Méthode). EiNTHOVEN a pu photographier 3 840 déplacements de la colonne mercurielle par seconde, provoqués par des courants alternatifs dont l'intensité variait continuellement. — Les interruptions du courant inducteur étaient provoquées par uti diapason effec- tuant 1920 vibrations doubles par seconde. EiNTHOvEN a fait l'analyse détaillée des électrodiagrammes obtenus à l'aide de l'élec- tromètre capillaire : il a détini la « courbe normale », obtenue au moyen d'une charge constante de mercure et d'un potentiel invariable. Il a vu que la vitesse du mouvement de la colonne mercurielle est proportionnelle à la force poussante; s'il y a des varia- tions brusques et importantes du potentiel, cette proportionnalité n'existe plus; car la vitesse est proportionnelle non au potentiel absolu, mais à la différence de deux poten- tiels successifs. La loi de proportionnalité varie avec cette différence. La vitesse du mouvement de la colonne mercurielle dépend dans une faible mesure de la résistance du circuit. La forme de la courbe d'ascension varie avec la résistance interposée dans le circuit. — Comparant les courbes obtenues quand il y a des résistances variables intercalées dans le circuit avec les « courbes normales », Einthove.x a pu constater, au moyen de mesures spéciales très précises, un retard dans les indications de l'électro- mètre d'autant plus grand que la résistance du circuit est plus grande. Le rapport entre ce retard et l'accroissement de résistance peut dans certains instruments avoir une valeur proportionnelle à l'accroissement de résistance. Il n'en est pas toujours ainsi. — On peut, néanmoins, au moyen de certaines corrections, mesurer la différence de potentiel vraie correspondant à chaque point de la courbe. EiNTHovEN a spécialement étudié les variations du potentiel électrique du cœur à l'état normal et pathologique, il a donné une méthode au moyen de laquelle on peut déduire de l'électrocardiagramme enregistré la valeur des véritables variations de potentiel du cœur. Pour étudier les phénomènes électriques du cœur de chien, Fredeiucq (1887) a em- ployé un électromètre capillaire, construit par lui sur le modèle décrit par Loven l^ord. Med. Arch., 1879, XI, n° 14). Deux tubes en T entrent à frottement l'un dans l'autre par leurs branches horizon- tales. Un petit bout de caoutchouc les maintient réunis. Les tubes emboîtés l'un dans l'autre sont fixés sur une plaque d'ébonite qu'on met sur la platine d'un microscope. Une fenêtre dans la plaque laisse passer la lumière du miroir. Le plus étroit des deux tubes est rempli de mercure purifié avec soin. La branche horizontale étirée en capil- laire constitue la partie principale de l'instrument. L'autre tube en T, plus large, est rempli d'eau légèrement acidulée. La branche verticale est recourbée inférieurement en U. Une petite colonne de mercure occupe les environs de la courbure. Un fil de pla- tine plonge dans ce mercure; l'autre électrode plonge dans la branche verticale de l'autre tube plein de mercure. Quand un courant électrique traverse le capillaire, il y a un déplacement de la colonne mercurielle, dont le ménisque s'arrête dans une nouvelle position d'équilibre. Le sens du courant est indiqué par le sens du déplacement. L'inertie de la masse de mercure en mouvement est très faible : aussi l'instrument fonctionne-t-il sans temps appréciable et d'une façon absolument apériodique. Pour déterminer la valeur absolue d'une force électromotrice, on relie le tube qui porte le capillaire avec l'électrode négative, et l'eau acidulée avec l'électrode positive. Le courant circule alors de l'eau acidulée vers le capillaire et tend à faire rentrer la colonne mercurielle dans le capillaire. Pour le ramener au point 0 d'où l'on était parti, et d'où le courant électrique l'a déplacé, on exerce sur le mercure une icontrea pression supplémentaire. 11 y a proportionnalité rigoureuse entre la force électro- motrice qui a déplacé le ménisque mercuriel, et la contre-pression qui amène ce ménisque mercuriel au zéro et dont l'action mécanique fait équilibre à celle de la force électro-motrice. La contre-pression doit s'exercer au moyen d'un appareil à pres- sion muni d'un manomètre qui agit sur l'extrémité supérieure ouverte du tube rempli perdu de mercure. Ce dispositif n'est pas nécessaire quand il s'agit, non de mesurer la force électro- motrice du cœur, mais de déterminer les phases de sa variation électrique et leur cor- respondance exacte avec les phases de la pulsation cardiaque. GRAPHIQUE (Méthode). 39 V électromètre qui a servi à l'inscription photographique (Fredericq) diffère un peu de celui qui a servi aux observations microscopiques : Soit une plaque d'ébonite présentant une fenêtre transformée en cuve à face parallèle par l'adjonction de glaces minces fixées aux deux faces de la plaque d'ébonite. La cuve est remplie aux ti'ois quarts d'eau légèrement acidulée par l'acide sulfurique. Dans cette eau plonge d'une part le capillaire de l'électromètre, et d'autre part, un tube faisant office de seconde électrode. La courbure inférieure de ce tube contient du mercure. L'électromètre est introduit dans la lanterne à projection de Dubosgq, munie d'un objectif, comme s'il s'agissait d'obtenir l'image d'une préparation microscopique. Le capillaire est illuminé par la lumière électrique d'une lampe à arc. Pour empêcher réchauffement des lentilles de l'appareil, la lumière traverse au préalable une solution d'alun. La lanterne est placée devant une cloison percée à la hauteur du foyer électrique et du capillaire de l'électromètre d'une fente rectangulaire horizontale qu'un écran peut obstruer à volonté. L'image du tube capillaire est reçue sur un cylindre enregistreur de Ludwig recou- vert de papier sensible, placé dans une caisse de bois noircie, placée elle aussi dans une chambre noire photographique. La caisse placée devant la fente de la muraille porte elle-même une seconde fente horizontale étroite que l'on peut rétrécir à volonté, et qui permet à un fin liséré lumineux, découpé dans la partie axiale de l'image du capillaire, de venir agir sur le papier sensible. La fente a 55 millimétrées de long; sa largeur est inférieure à 1/4 de millimètre. Sur l'une des extrémités de la fente on pro- jette l'image du tube capillaire. L'autre extrémité de la fente est réservée pour l'ins- cription du temps. Une petite horloge à secondes est placée de telle façon que la lentille du balancier à chaque excursion projette le bord de son ombre sur l'extrémité de la fente. On a ainsi l'inscription des demi-secondes. L'espace libre de la partie moyenns de la fente sert à prendre le tracé simultané, soit de la pulsation carotidienne, soit de la pulsation ventriculaire. Le cylindre enregistreur s'arrête de lui-même, dès qu'il a accompli une révolution complète. On obtient sur le papier un négatif, c'est-à-dire que le fond éclairé apparaît sombre; les ombres laissent au contraire un trait éclairé. Martius (1884) I a observé les mouvements de la colonne mercurielle de l'électro- mètre capillaire à l'aide de la méthode stroboscopique, et a constaté la parfaite, apério- dicité de cet appareil pour 100 oscillations par seconde. Pour faire des observations stroboscopiques, on place devant la pointe capillaire un petit carré de papier blanc (d'un cm. qu.) collé à l'extrémité du levier d'un signal électro- magnétique (le signal de Pfeil, par exemple). Quand un interrupteur agit sur ce signal, le petit carré de papier blanc, commençant à osciller, apparaîtra comme une surface blanche fixe entourée d'une bordure grise. A travers cette bordure grise supérieure ou inférieure on peut apercevoir le ménisque de la colonne mercurielle de l'électromètre capillaire. Quand un même interrupteur agit sur l'électromètre capillaire et sur le signal, le ménisque paraît immobile. Il n'en est plus de même quand le nombre des oscillations de la colonne mercurielle et du petit carré blanc est différent, étant provoquées par des interrupteurs différents. Le nombre des oscillations appa- rentes du ménisque de la colonne mercurielle est égal à la différence des nombres d'oscillations provoquées par les deux interrupteurs. Du Bois-Reymond (1897) a fait aussi d'importantes recherches au moyen de l'électro- mètre capillaire ; pour obtenir des photogrammes, il projetait l'image du tube capil- laire sur une plaque sensible, au moyen d'un miroir tournant. Cette méthode de projection a été employée aussi par Bernstein et Tschermak (1902). ScHENCK (1896) a vu, contrairement à Marey et Fleischl, que les courants induits de rupture et de fermeture ont un efl'et identique sur l'électromètre capillaire. Samojloff (1900) a vu que le courant induit de fermeture provoque une plus grande oscillation de la colonne mercurielle que le courant d'ouverture. Si l'indication à la rupture est moins forte, c'est que la durée du courant est trop petite pour que l'instru- ment ait le temps d'atteindre son niveau, bien que le potentiel produit soit plus élevé. A propos de l'étude des courants induits à l'aide de l'électromètre capillaire, Hermann a fait remarquer que les courbes données par Marey ont une durée d'un quart 40 GRAPHIQUE (Méthode). ou d'un tiers de seconde, tandis que la durée du courant d'induction se compte la plupart du temps par millièmes de seconde, ce qui montre que l'électromètre capillaire n'est pas fidèle. IV. La première description de l'enregistrement des déviations de l'aiguille aiman- tée du galvanomètre est due à ïarchanoff (1889). Mais, longtemps avant lui, HermaniN avait photographié les variations électriques du cœur de la grenouille à l'aide d'un galvanomètre à miroir, et au moyen de la méthode d'enregistrement que plus tard (1889) il a appliquée à ses recherches phonopholographiques. Cette méthode est la suivante : L'image d'une fente verticale éclairée est renvoyée par le miroir du galvano- mètre sur une plaque noircie présentant une fente horizontale à l'aide d'une lentille légèrement convexe placée en face du miroir du galvanomètre. Derrière la fente horizontale, un cylindre recouvert d'une feuille de papier sensible tourne autour de son axe horizontal. Comme le galvanomètre, à cause de l'inertie de l'aiguille aimantée, ne peut pas suivre fidèlement les variations du courant étudié, Hermann, dans ses expériences de 0 S sec. 0.1 sec FiG. 18. — a. Électrocardiogramme normal de l'homme. Dérivation de la main droite au mercure et de la main gauche à l'acide sulfurique de l'électromètre capillaire de Lippmann. — b. Construction d'une courbe corrigée pour une seule systole cardiaque. Les majuscules et les minuscules se correspondent dans les deux figures (Waller). rhéotachygraphie, a employé un rhéotome spécial, qui n'est qu'une modification du rhéotome difTérentiel de Bernstein. A l'aide de cet appareil on détermine point par point la forme de la variation électrique qu'on veut étudier en photographiant les déviations de l'aiguille aimantée correspondant aux phases analogues de la variation électrique. Nous renvoyons aux mémoires d'HERMANN pour la description des dispositifs qu'il a employés dans ses recherches galvanométriques, et pour la discussion concernant les avantages et les inconvénients des galvanomètres. Nous donnerons ici la description du dispositif pratique employé par A. Waller dans ses recherches galvanométriques et galvanographiques. D'après Waller, le type du galvanomètre qu'on emploie importe peu, pourvu que sa sensibilité soit facilement reconnue et réglée. Dans ses recherches la sensibilité du galvanomètre était telle que 0,001 volt sur un circuit de 1000 000 ohms de résistance donnait un déviation de 10 centimètres sur une échelle de 2 mètres. Waller estime qu'il faut employer deux galvanomètres quand on veut avoir l'enre- gistrement photographique ; l'un des galvanomètres placé dans le laboratoire avec son échelle transparente sur la table d'expérience sert d'indicateur; l'autre, placé à dis- GRAPHIQUE (Méthode). il tance dans une chambre obscure et tranquille, sert d'enregistreur. L'étalonnage de l'enregistreur doit se faire sur une plus petite échelle que celui de l'indicateur. Un rapport avantageux entre les deux échelles est de 1 à 10, c'est-à-dire qu'un millimètre d'ordonnée sur l'enregistreur équivaudra au centimètre sur l'indicateur. Ce rapport peut être obtenu approximativement en prenant une distance d'environ 30 centimètres entre l'échelle et le galvanomètre inscripteur, et en « shiintant » celui-ci. La plaque sensible, placée dans un châssis photographi((ue suspendu par un fil à un mouvement d'horlogerie, descend verticalemeut dans une boîte haute de 50 centimè- tres. La paroi antérieure de cette boîte porte l'échelle et une fente horizontale d'une lar- geur environ de 0,5 millimètre. Les déviations de l'image du miroir du galvanomètre s'inscrivent latéralement sur la ligne de la fente horizontale. Une sonnerie électri- que sert d'avertisseur quand la plaque a complété sa descente. Un chronographe et un signal avertisseur du début et de la fin d'une excitation peuvent s'adapter à l'ap- pareil. Le maximum de la vitesse de la plaque est de 5 millimètres par seconde; d'ordi- naire, une vitesse de 2,5 millimètres par minute est suffisante, vu la lenteur des oscilla- tions du galvanomètre qui ne permet pas d'enregistrer des phénomènes très rapides, comme par exemple le temps perdu de la variation d'un courant musculaire. Le galva- nomètre ne se prête qu'à l'enregistrement des phénomènes relativement prolongés ou répétés à intervalles réguliers. Les dimensions de la plaque sensible étant d'ordinaire de 9x12 centimètres, on peut inscrire facilement une série de déviations dont l'amplitude varie entre 1 et 5 cen- timètres, sur 10 centimètres de longueur au moins ; ce qui donne pour les vitesses pré- citées de déplacements de la plaque, une durée d'expérience de 40 minutes et de 40 se- condes. On peut avoir, simultanément, l'enregistrement des réactions électriques du muscle et la série correspondante des contractions musculaires. A cet effet, Waller adapte à l'appareil précédent un chariot portant une plaque enfumée et rattachée au châssis suspendu qui contient la plaque sensible. Le fil suspenseur de celui-ci passe autour de l'axe du moteur et de deux petites poulies, pour être rattaché au chariot de la plaque enfumée, lequel est alors animé d'un mouvement horizontal correspondant au mou- vement vertical de la plaque sensible. Sur la plaque enfumée s'inscrivent, à l'aide d'un myographe ordinaire, les contractions musculaires, tandis qu'on enregistre sur la plaque sensible les indications du galvanomètre qui peuvent représenter, soit des variations électriques du muscle et du nerf, soit des variations d'échauffement du muscle. Les déviations d'un galvanomètre n'ont de valeur que si l'on tient compte de la sensibilité de l'instrument et de la résistance ou de la conductibilité du circuit dans lequel est placé l'objet en expérience. Le moyen le plus expéditif pour obtenir cette donnée essentielle est d'observer ou d'enregistrer une déviation étalon provoquée par un voltage connu lancé dans le circuit. Au cours d'expériences préliminaires, on prend connaissance des déviations qui se présentent, et on règle en conséquence le galvanomètre, afin de maintenir ces dévia- tions dans les limites de l'échelle. Ce réglage se fait au moyen d'un « shunt » variable permettant de soustraire au circuit du galvanomètre une fraction appropriée d'un cou- rant total. L'enseml)le des appareils qui servent à fournir les déviations étalons et à contre-balancer et à mesurer les courants propres ou accidentels de l'objet en expérience s'appelle compensaleur . Le compensateur, sous sa forme la plus simple, et bien suffisamment exacte pour tout usage ordinaire, se compose d'un élément Leclanchk relié à deux résistances varia- bles r et R qui fonctionnent comme numérateur r et dénominateur r + R d'une fraction déterminée de volt. Mettons, par exemple, que l'élément a 1,4 volt, et que la résistance du dénomina- teur R soit égale à 14 000 ohms, la résistance r du numérateur, comptée en ohms, donnera aux deux points, positif et négatif, un voltage compté en dix-millièmes. Ainsi r = 10 donnera un voltage égal à 0,001 volt; r =:100 donnera 0,01 volt. II est évident que cette méthode n'est qu'approximative. Un élément Leclanché n'a 42 GRAPHIQUE (Méthode). pas exactement 1,4 volt; la fraction de voltage n'est pas —, mais -jr— — ; la résistance ' H H -{- V intérieure de l'élément n'est pas comptée. L'approximation peut pourtant être consi- dérée comme suffisante. En pratique courante, il est fort avantageux d'avoir un com- pensateur-étalon fournissant 0,01,0,001 et 0,0001, indépendant du compensateur pro- prement dit. Dans l'ensemble du dispositif employé par Waller, nous devons encore citer la bobine d'induction de Du Bois-Reymond, qui sert à exciter l'objet en expérience, muscle, nerf, ou autre. Cette bobine est désignée sous le nom cV excitateur. Pour l'usage habituel du galvanomètre, il est essentiel que le circuit soit établi VOLT 0*0S5 - O OIO - 0005 - 1=5 (iérimétrographes. Ces appareils traceurs du champ visuel peuvent être divisés en deux catégories. Dans la première catégorie se placent les appareils dont la plume enregistrante ne jouit que d'un mouvement longitudinal commandé par le porte-objet, tandis que la surface sur laquelle se fait l'enregistrement effectue un mouvement circulaire. Dans la deuxième catégorie se rangent les appareils dont le crayon enregistreur eifectue tous les mouve^ ments, la surface enregistrante restant immobile. La plupart des périmètres enregis- treurs font partie de cette dernière catégorie. Le périmétrographe de Stevens (1881) comprend les parties suivantes : 1° une co- lonne verticale qui sert de support; 2° l'arc périmétrique dont le point fixe contient le point de mire; 3° le porte-objet mobile le long de l'arc ; 4° l'appui pour la tête ou men- tonnière. Il présente deux mouvements principaux : celui de l'arc qui passe par les divers méridiens du champ visuel, et celui du porte-objet qui passe par les divers degrés du mêuie méridien. Le porte-objet est immobile en lui-même, étant fixé à l'extrémité péripliérique de l'arc; mais ce dernier est susceptible de deux mouvements : il tourne autour de l'axe de rotation qui passe par le milieu de l'arc et par son centre de courbure, et autour d'un axe perpendiculaire au plan de l'arc et passant par le centre de courbure. L'arc est denté à l'un de ses bords, et, en se mouvant dans le sens de la longueur, il met en mouvement la première roue de l'appareil eni^egistreur situé derrière le point de mire GRAPHIQUE (Méthode). 47 direct. D'autres roues dentées transmettent ce mouvennent longitudinal de l'arc du périmètre à une tige métallique qui porte le ci'ayon enregistreur. Cette tige se trouve dans le même plan que l'arc et suit ce dernier dans tous les méridiens du champ visuel. Le schéma périmétrique, sur lequel le crayon trace ses mouvements, est suspendu en face de l'appareil. L'appareil de Macdonald Hardy (1882) ressemble à l'appareil de Stevens. Dans cet appareil, le porte-objet se meuL le long de l'arc moyennant une corde sans fin qui va s'enrouler sur une poulie située près de l'axe de rotation du périmètre. Quand on fait tourner la poulie, celle-ci transmet le mouvement au porte-objet, à l'aide de la corde sans lin ; et au crayon, à l'aide de roues dentées dans lesquelles elle s'engrène. Le crayon suit ainsi le périmètre dans les divers méridiens. Le périmétrographe de Blix (1882) est fixé au dos d'une chaise bien solide, sur laquelle est assis le patient, de sorte que toutes les parties de l'instrument, excepté le point de mire direct et le porte-objet suspendu devant l'œil à examiner, se trouvent derrière le patient. Le malade appuie la nuque sur un coussinet maintenu en suspen- sion par un axe horizontal qui doit se trouver sur le prolougement postérieur de la ligne visuelle de l'œil, et constitue, par conséquent, l'axe de l'instrument entier. Il n'y a point d'arc périmétrique. Il est remplacé par deux tiges métalliques placées chacune à angle droit, et articulées entre elles à l'un de leurs bouts. Le premier de ces deux bras, qui est le plus robuste, s'élève vertical derrière la tête du malade, puis, en se pliant à angle droit, il passe au-dessus de lui, pour se diriger horizontalement en avant, où il s'articule avec le second bras. Ce dernier continue d'abord la direction horizontale du précédent., puis se plie à angle droit en bas, et porte à son bout l'objet de mire situé à la hauteur de la ligne visuelle et de l'axe de l'instrument. Le premier bras peut tourner dans un plan vertical autour de l'axe qui soutient le coussinet; il représente l'arc périmétrique et en effectue le mouvement. Le second bras tourne dans un plan horizontal autour d'un axe vertical fixé à l'extrémité antérieure de l'autre bras, et représente, avec ses mouvements, le porte-objet des périmètres habituels. L'appareil enregistreur consiste en un crayon qui peut se déplacer longitudinale- ment le long de la partie verticale du premier bras. Ce mouvement lui est communiqué, à l'aide d'une corde sans lin, par Ja rotation du premier bras autour du premier. Le crayon suit en même temps, nécessairement, le premier bras dans tous les méridiens du champ visuel que ce bras traverse. De cette façon, le crayon reçoit les mouvements des périmètres, et sa position, résultant de la combinaison de ces deux mouvements, s'inscrit sur des schémas imprimés. Dans l'appareil d'ALBERToiTi (1882), on fait mouvoir l'objet présenté à l'observation indirecte, non dans la direction des méridiens du champ visuel, mais circulairement autour du point de mire. L'appareil d'ALBEUTOTti est très simple : il se compose d'un disque de bois fixé à l'extrémité post('rieure de l'axe du périmètre de Fœrster; il tourne avec le périmètre, et l'on y fixe le schéma, qu'on a soin de bien centrer. Tandis que le disque tourne, on tient devant lui, avec la main, une pointe de crayon appuyée contre une petite patte horizontale. Le schéma imprimé doit être fixé à l'envers sur le disque de bois, pour obtenir un tracé à l'endroit (on ne peut pas voir le tracé pendant l'examen). Le périmètre enregistreur de Mayerhausen (1884) ressemble en partie à l'appareil de Blix, attendu que les deux mouvements principaux du périmètre sont effectués par deux bras métalliques articulés entre eux à un bout; seulement les deux bras ne sont plus à angle droit, mais courbés en arc de cercle de 90" d'ouverture. Le premier arc, qui est le [dus fort à l'extérieur, n'est guère autre chose que l'arc périmétrique ordinaire; à sou extrémité mobile, il porte l'articulation qui l'unit avec le second bras. Mayerhausen a reproduit en cela exactement la disposition du périmètre de Stilling ; mais ce dernier avait placé au point d'articulation des deux arcs un cadran gradué pour lire la position du porte-objet le long d'un méridien déterminé. Dans l'instrument de Meyerhausen, se trouve placé dans ce même point tout le mécanisme enregistreur, qui, dans tous les autres périmètres, est situé à l'extrémité postérieure de l'axe hori- zontal de l'instrument. L'observateur, à l'aide d'une manivelle, fait tourner les deux arcs comme dans les 48 GRAPHIQUE (Méthode). 4 périmèti'es ordinaires, et fait mouvoir ainsi l'arc et le porte-objet. Toutes les fois que l'arc change de méridien, il doit déplacer le schéma, et appuyer sur le bouton qui porte le crayon. A côté des périmétrographes compliqués que nous venons de décrire, citons l'appa- reil de Fefiri (1884), qui est un périmétrographe très simple, sans roues dentées, d'un prix minime, et facile à adapter à tous les périmètres existants. Priestley-Smith (1882) a construit deux périmètres enregistreurs, dont l'un animé d'un mouvement de rotation, est disposé sur le type habituel des périmètres à arc méridien tandis que l'autre ressemble à l'appareil d'ALBERioiTi. Albertotti (1884) a construit un autopérimètre enregistreur à l'aide duquel le malade peut faire la détermination de son propre champ visuel, sans l'assistance d'une autre personne. Voici la description de cet appareil : Une petite table sur laquelle est tîxée la colonne qui supporte l'arc périmétrique ; cette colonne est vide dans toute sa longueur. Un mécanisme qui met en mouvement à la fois l'arc périmétrique et l'appareil enregistreur est caché sous le plan de la table et dans le vide de la colonne. Ce mécanisme présente une manivelle située à la gauche de l'auto-explorateur. L'appareil enregistreur placé sur la table, à droite, consiste en deux disques sup- portant le schéma, l'un pour l'œil droit, l'autre pour l'œil gauche. Chaque disque peut exécuter des mouvements identiques à ceux de l'arc. Le crayon est fixé sur un levier placé entre les deux disques, de façon à pouvoir être porté à volonté sur chacun d'eux. Un bras du levier (qui est mobile dans un plan horizontal) glisse sur une tige dentée. Quand on fait avancer d'une dent le levier de cette tige, le crayon s'approche ou s'éloigne du centre du schéma, dans la mesure correspondant au déplacement du porte -objet le long de l'arc. De même, un bord de l'arc périmétrique est muni de den- telures dont la distance réciproque est de trois degrés. Toutes les fois que le porte- objet se déplace de trois degrés, il y a une détente qui avertit l'observateur. Cette disposition assure le déplacement équivalent du porte-objet et du crayon, sans qu'on ait besoin de les distinguer avec l'œil, et rend ainsi possible l'auto-périmétrie. Le patient tourne la manivelle de la main gauche, tandis qu'il pose la main droite sur le levier, en faisant écrire au crayon tant que l'objet est visible. Quand l'arc a décrit un tour entier, il fait avancer le porte-objet de trois degrés, déplace le levier d'une dent, et recommence à écrire le schéma. III. On a fait l'étude graphique de l'écriture. Ainsi Binet et Courtier (1893) ont vu que, par l'usage convenablement réglé de la plume électrique, dite plume Edison, on peut apprécier la vitesse des mouvements graphiques en reliant la plume au signal de Deprez qui écrit sur un cylindre enregistreur. On compte ainsi le nombre exact de pulsations de la plume pendant qu'on s'en sert pour écrire. On inscrit en même temps sur le cylindre les vibrations d'un diapason pour avoir la mesure exacte de la durée. Ces auteurs ont vu à l'aide de ce procédé que dans le mot psychologie (écrit) il y a une quarantaine de changements de vitesses visibles à la loupe. On peut faire ainsi l'analyse psychologique des mouvements. Patrizi (1898) a cherché les rapports qui existent entre la parole écrite ou articulée et les mouvements de la respiration. Pour faire cette étude il a employé une méthode d'écriture électro-chimique telle qu'on peut distinguer les paroles écrites durant les divers actes de la respiration. Un signal, en fonction de la respiration, s'inscrit sur le phonogramme de celui qui parle ou lit à haute voix. IV. Marey a pu enregistrer le doigté d'un pianiste en plaçant au-dessous de chaque touche de clavier d'un harmonium de petits soufflets à air, dont chacun, relié par un tube spécial avec un petit soufllet semblable, commandail un style inscripteur. La série des styles était disposée suivant une ligne et ils étaient échelonnés dans l'ordre où se succèdent les différentes notes de la musique, c'est-à-dire en série ascendante suivant l'élévation du son. Un peigne à cinq dents traçait sur une bande de papier GRAPHIQUE (Méthode). 49 enfumé une portée sur laquelle la position de chaque trait indiquait la tonalité du son inscrit, tandis que la durée du sou était exprimée par la longueur du trait. Les demi-tons se distinguaient par deux traits minces parallèles au lieu d'un trait plein. Gros et CarpEiNTIer ont construit un appareil, appelé mélograiphe, qui enregistre sur une bande de papier perforée l'air que l'artiste exécute. Cet air est reproduit avec une fidélité parfaite, quand on repasse la bande de papier dans l'instrument. BiNET et Courtier (1895) ont enregistré le toucher du piano, en mettant au-dessous des touches et en arrière du plateau un tube de caoutchouc unique, relié par ses deux extrémités à un tambour enregistreur. Le diamètre extérieur du tube était de 6 milli- mètres, et le diamètre intérieur de 4 millimètres. Le tambour à air inscripteur présen- tait une plume à encre. QUATRIÈME PARTIE Critique et Contrôle. LEVIER ENREGISTREUR. MOMENT D'INERTIE. A. — Le moment (V inertie d'un levier est égal à la somme des moments d'inertie des particules qui constituent le levier. 1. — Le moment cVinertie d'une particule quelconque d'un levier est égal à la masse de la particule multipliée par le carré de sa distance à Vaxc du mouvement du levier. Ce qui est démontré de la façon suivante : 0 R ]M Soit OA le levier considéré; 0 l'axe du mouvement; M une particule dont la masse est m; r la distance qui sépare la particule M de l'axe du mouvement 0. La vitesse linéaire v de M, la vitesse angulaire w du levier et la longueur r sont reliées par la V relation suivante : v =^ rw ; donc oj = - (i). r y L'accélération a de la particule M est représentée par la relation suivante : « = — . m \ L'accélération angulaire a du levier OA est d'après la formule (1) la — partie de l'ac- F célération de la particule M. On a donc : a = — .En multipliant les deux termes du mr ^ F Fr rapport ■ — ■ par r, on a : a = — , (2). mr mr- Or Fr représente le moment de la force par rapport à l'axe du mouvement du levier. Etant donnée la relation générale qui relie la force, l'inertie et raccéiération et qui est représentée par l'équation suivante : „, .. , . , , moment de la force , Accélération angulaire («)= —-rj-- r- — et pour que cette expression de a ' moment d inertie, ' ^ ^ soit équivalente de l'expression de a donnée par la formule précédente (2), il faut que mr- représente le moment d'inertie de M. Donc le moment d'inertie d'une particule du levier est égal à la masse de la parti- cule multipliée par le carré de sa distance à l'axe du mouvement. DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VIII. 4 50 GRAPHIQUE (Méthode). 2. — L'expression du moment d'inertie du levier se déduit facilement des expressions des moments d'inertie des particules du levier. En effet, les masses des particules étant mi, Ï7Î2, m-.i, etc., et leurs distances de l'axe du mouvement étant ?'i, 7^2, r^, etc., leurs moments d'inertie sont : min^, in^r-)'^, 'm:ir.r, etc. La somme de ces moments d'inertie est égale au moment d'inertie I du levier. On a donc : I = 7n\ri- + ?n2»"2- + wsî's^ + = ^{mi^-). 3. — Le moment d'inertie d'un levier dépendant des moments d'inertie des particules qui le composent, il résulte que deux leviers de même poids et de même longueur peuvent avoir des moments d'inertie différents. Le moment d'inertie est d'autant plus grand que les particules les plus pesantes sont les plus éloignées de l'axe du mouvement. 4. — Le moment d'inertie entre dans l'expression de la force viiie d'un levier en mouvement. En effet, toutes les particules d'un levier se déplaçant dans la direction de la trajec- toire avec une vitesse v, la force vive de chacune de ces particules de masse m est représentée par - mv-. Pour l'ensemble du levier on a donc S ( — j- Remplaçons la vitesse v par son expression en vitesse angulaire : voj. On a : Force vive = i x — . La vitesse angulaire w étant la même pour toutes les particules, on a : 1 Force vive = «2 - S(?nr2). S (mj'-) représentant le moment d'inertie I du levier, on a : Force vive = ^^ I w-. D. — (Juand le mouvement qu'on étudie cesse d'agir sur le levier enregistreur, celui-ci ne s'arrête pas immédiatement. En vertu de la loi de l'inertie, il continue à se mouvoir suivant la trajectoire de son mouvement antérieur. La force vive de ce déplacement est 1 donnée par la formule précédente : - I m~, qui nous montre qu'elle est proportionnelle au moment d'inertie du levier multiplié par le carré de la vitesse angulaire. Donc la déformation du tracé du mouvement étudié est d'autant plus importante que le moment d'inertie du levier est plus grand et que la vitesse angulaire du levier, c'est-à-dire ramplification eku levier, est plus considérable. L'amplification d'un mouvement par le levier enregistreur, quand elle est trop grande, devient un élément de déformation des tracés. Aussi, quand on veut avoir le tracé fidèle d'un mouvement, ne faut-il pas en exagérer l'amplification, mais se con- tenter de petits tracés qu'on amplifie optiquement par projection. 6. — En résumé, le moment d'inertie d'un levier est fonction de son poids, de sa longueur et de la distribution des masses qui le constituent par rapport à son axe. Pour avoir un faible moment d'inertie, il faut choisir un levier léger, pas trop long, et s'amiucissant à mesure qu'il s'éloigne de son axe. Le tracé d'un mouvement peut être déformé non seulement par l'inertie du levier, mais aussi par une trop grande amplification. Même avec un levier ayant un très faible moment d'inertie, les tracés sont déformés, si la vitesse angulaire du levier est trop grande. Ces déformations croissent avec le carré de la vitesse angulaire, c'est-à-dire avec le carré de l'amplification. R. — La détermination mathématique seule du moment d'inertie d'un levier de forme complexe est impossible; il faut y joindre l'expérimentation. GRAPHIQUE (Méthode). 51 i. — BoHR (1886) a fait des recherches expérimentales pour déterminer le moment d'inertie des leviers employés en physiologie. Voici sa façon de procéder : Ll faisait tomber un poids connu sur le levier, et il mesurait la vitesse angulaire du mouvement provoqué par la chute du poids. Les corps mobiles étaient pesés avec soin. Les valeurs obtenues, pour être exactes, doivent être multipliées par 9 814, valeur de l'accélération de la pesanteur. 2. — Voici comment Starke a déterminé, à l'aide de la méthode graphique, le moment d'inertie d'un levier de niyographe : Le levier enregistreur étant dans une position horizontale, on attache un poids connu, P = M G (M étant la masse du corps, et G l'accélération de la pesanteur), à un fil qui passe sur une poulie de rayon R placée sur l'axe du mouvement du levier. La plume du levier trace sur la surface d'un cylindre enregistreur une courbe qui représente le déplacement du levier provoqué par la trac- tion du poids. Cette courbe servira à la détermination du moment d'inertie du levier. Pour cela, il faut trouver la relation qui relie les ordonnées S et les abscisses T de la courbe avec le moment d'inertie. Soit 9 l'angle de rotation du levier ; s l'arc tracé par le rayon R de la poulie pour la rotation a du levier. Entre s et S, l'ordonnée de la courbe tracée par le levier, il y a la relation suivante. s = X S, X étant une constante égale à -. » 4 Entre l'abscisse T de la courbe tracée par le levier et le temps t, on a la relation suivante : t = xT, X étant une constante dépendant de la vitesse du cylindre. Nous savons que l'accélération angulaire d'un corps rigide qui tourne autour d'un axe est égale au moment de la force qui fait tourner le corps divisé par le moment d'inertie du corps. Soit w la vitesse angulaire ; ç étant l'angle de rotation du levier, et t le temps, on a la relation suivante : cil et pour l'accélération angulaire : Le moment de la force qui est le poids P = M G, accroché au rayon R de la poulie, est le suivant ; Moment de la force ^ M G R I étant le moment d'inertie du levier, et M R- le moment d'inertie du poids, on a l'équation suivante : .rf^cp _ MGR Intégrons cette équation. Nous avons pour première intégrale : MGR ■ I + MR^" ... t La seconde intégrale sera : MGR^ '' I + MR-.; . ti. en partant de / = 0, o = 0. Introduisons dans cette équation les valeurs de S et de T, les ordonnées et les î)2 GRAPHIQUE (Méthode). abscisses de la courbe tracée sur le cylindre. Nous savons que s =^ R^ ; on a donc en s remplaçant ? par — dans l'équalion précédente la relation suivante : ^^_ MGR2 I + MR2' ■ Nous savons que s = S)., et f = ,r T; introduisons ces valeurs dans l'équation pré- cédente. MGR2 2;2T2 2 18: I + jMR2 Cette équation peut s'écrire de la façon suivante l (1 + MR2) ^ T2 = 2 ■ MGR2j;2 Désiffnons par p la constante ., „ ,,„ — ^ de cette équation. On a alors entre les ^ r ( M G R- 0,'^ I variables T et S la relation suivante : T2 = 2pS Celte équation indique que la courbe tracée par le levier est l'arc d'une parabole dont l'axe principal est perpendiculaire à l'axe des abscisses, et que le sommet de la courbe touche cet axe. Pour déterminer le paramètre p, il suffit de tracer avec les valeurs S et T des coor- données de la courbe mesurées sur le tracé direct du levier, la courbe de la fonction. T2 Les ordonnées S doivent être mesurées un peu au-dessus de l'axe des abscisses, car autrement la relation s ^ X S n'est pas vraie. La valeur du paramètre introduite dans l'équation X (I + MR2) îdGR2a:2 ~P' permet de calculer le moment d'inertie. 1 + MR2 = ^MGR2^^ • À d'où : 3. — ScHENCK (1892) a étudié aussi l'inertie du levier du myof^raphe. Dans le cas d'un levier régulier comme forme, il déterminait le moment d'inertie d'après la formule : .1^ 1 = 12. ff Comme le poids du levier était de 01*5,08062, et la longueur de 0™,327, la formule devenait : I = 0,0000734^^ a Le poids de 200 grammes attaché au levier dans les expériences de Fick et ScHENCK, étant à une distance de 8 millimètres de l'axe du mouvement, et le point GRAPHIQUE (Méthode). 53 d'attache du muscle étant à 80 millimètres de l'axe, la charge supportée par le muscle était de 20 grammes. Il faut donc ajouter à la valeur du moment d'inertie calculée précédemment, la quantité : kq.m- 0,0000013 — .'/ Les calculs précédents ne s'appliquent pas à un levier de forme irrégulière. Pour déterminer le moment d'inertie d'un tel levier, Schenck transformait le levier bien équilibré en une sorte de pendule, en mettant sur un des bras du levier un poids connu, à une distance connue de l'axe du mouvement, et il mesurait la durée t d'une oscillation du levier, inscrite sur la surface d'un cylindre enregistreur. Pour un éloi- gnement de 141 du poids G de l'axe, il a obtenu pour t les valeurs suivantes : 0",494 pour G = 0'peaux et Vulpian ont réuni le bout central du lingual et le bout péri- phérique de l'hypoglosse. L'excitation du lingual déterminait les contractions de la langue et des phénomènes douloureux, mais la contraction de la langue était due aux fibres de la corde du tympan. Bethe a suturé, chez le chien, le bout central de l'hypoglosse et le bout périphérique du lingual. Au bout de o mois, il a sectionné l'hypoglosse au-dessus de la suture qu'il avait pratiquée. Quatre jours plus tard, toutes les fibres du bout périphérique étaient dégénérées. P) On a tenté aussi de réunir les 2 bouts de même nom de nerfs différents. La suture GREFFE ANIMALE. 85 des 2 bouts centraux du maxillaire supérieur et du nerf optique ne donne aucun re'sultat ; ce qui s'explique, car le bout du nerf optique attenant au cerveau est en réalité un bout périphérique. Entin, quand on sulure ensemble les bouts périphériques d'un nerf mixte et d'un nerf moteur, le nerf sensitif excité à quelque dislance de la suture provoque une contrac- tion dont le mécanisme est discuté, b) Traîisplantation. — Lorsqu'on interpose un segment de nerf entre les 2 bouts d'un nerf sectionné, ou pratique une transplantation, et Frossmax a réussi à transplanter dans ces conditions des nerfs de lapin sur le lapin (horaotransplantalion). La greffe échouait quand on transplantait un nerf de poulet ou de grenouille chez le lapin (hété- rotransplantation). Huber a contirmé les faits de Frossmax. Mertzbacher (190o) et Marinesco ont repris l'étude histologique de ces transplanta- tions. Dans l'auto- et dans l'homotransplanLation, on observe sur le transplant des phéno- mènes de dégénérescence wallérienne qui sont parfois suivis d'une régénération. Des neurofibrilles y apparaissent au bout de 1 jours, tandis que les neurolibriUes ne sont pas dilTérenciées, au bout de 20 jours, sur un segment de nert transplanté sous la peau. L'hélérotransplantation ne réussit pas. Le transplant se tuméfie, prend une couleur grise ou ocre, une consistance plus ferme. Il est envahi par des leucocytes : sa myéline se fiaginente et ne réduit plus l'acide osmique de la même façon qu'à l'état normal, le cylindre-axe se résout en granulations, et cela sans que les noyaux de la gaine' de ScHWAxx prolifèrent. En un mot, il se produit une dégénérescence de nécrose et non une dégénérescence wallérienne. 2'^ Faits cliniques. — Si les observations de suture des nerfs sont légion, les faits de greffe nerveuse sont exceptionnels. Ils ont donné, d'ailleurs, les résultats les plus variables. Avec TiLLMAiNNs, uous distinguerons les greffes proprement dites et les transplantations. a) On pratique une greffe quand on suture le bout périphérique d'un nerf sectionné avec un nerf voisin complètement intact (Dexoxvilliers, Letiévant). Ballance, Kenxedy, J. L. Faure, etc., ont pu ainsi obtenir la guérison de plusieurs paralysies faciales (suture du facial au spinal). Est encote une greffe la suture par croisement qui consiste à réunir deux à deux les bouts opposés de deux nerfs voisins et parallèles. Pareille greffe est une application de la loi de conductibilité indifférente. b) La transplantation consiste dans l'interposition d'un segment de nerf entre les deux bouts du nerf sectionné. Albert, de Vienne, pratiqua, des premiers, la transplantation (1878). Il préleva sur un membre amputé un segment du nerf tibial et le transplanta entre les extrémités d'un nerf médian, réséqué pour névrome. Sa tentative échoua : la conductibilité ne reparut point. P. VoGT tenta, sans plus de succès, de transplanter 12 centimètres de sciatique de chien entre les bouts du radial d'un homme. Landerer fut plus heureux. 11 eut l'occasion d'opérer une paysanne de 18 ans qui, depuis 9 mois, présentait une section du radial. Les deux bouts du nerf ne purent être suturés l'un à l'autre, et l'auteur interposa, entre les deux tronçons du radial, un segment de sciatique, long de 4 centimètres et demi, qu'il préleva sur un jeune cobaye. Trois semaines après l'intervention, l'excitation électrique du nerf déterminait un mouvement d'extension de la main. Au bout de dix semaines, la malade relevait sa main au-dessus du plan horizontal, et elle pouvait même opposerune certaine résistance qua'.id on tentait de lui tléchir la main. Langenbeck aurait eu un résultat analogue dans un fait que nous n'avons pu retrouver. Mayo Robson (1889) transplanta le nerf tibial postérieur d'un amputé entre les deux bouts du médian qu'il avait dû réséquer, sur une longueur de deux pouces et demi, chez une lillelte de 14 ans. La greffe fut pratiquée quarante-huit heures après l'ablation de la tumeur qui siégeait sur le médian. Trente-six heures plus tard, la sensibilité était revenue; cinq semaines après l'opération, la sensibilité du médian était parfaite, mais on constatait une atrophie légère des muscles de l'éminence thénar. S6 GREFFE ANIMALE. Le même chirurgien eut l'occasion (1896) de transplanter une moelle de lapin sur le médian de l'homme. Interprétation des faits. — Les recherches de Waller, de Vulpian, de Ranvier ont établi que la réunion immédiate du nerf est impossible. Le segment périphérique de tout nerf sectionné devient rapidement inexcitable. En quatre ou cinq jours, ce segment dégénère; sa myéline se fragmente en boules et se résorbe; ses cylindres-axes se détrui- sent; le protoplasma et les noyaux de la gaine de Schwann remplissent complètement cette gaine. Ultérieurement les cylindres-axes du bout central bourgeonnent vers le bout péri- phérique; ils l'atteignent quand ce bout périphérique n'est pas éloigné de plus de 5 à 6 centimètres, et pénètrent dans son intérieur. Dès lors la régénération du nerf est assurée. Toutes les fois que la greffe ou la transplantation nerveuse sont pratiquées immédia- tement après la section, toutes les fois que la sensibilité ou la motilité réapparaissent rapidement, on est en droit d'expliquer le retour de la sensibilité par les suppléances collatérales, par la récurrence périphérique, par des anomalies nerveuses. Les anomalies nerveuses, la contraction vicariante des muscles voisins peuvent nous rendre compte également de tout retour rapide de la motricité. A. Richet n"a-t-il pas vu (1867), après une section complète du médian, la sensibilité persister avant toute tentative de réunion, dans l'étendue du territoire innervé par ce nerf? Et ne sait-on pas que l'absence de toute paralysie a été observée, après la section du médian au bras? Quand une section nerveuse de date ancienne est accompagnée d'impotence et d'anes- thésie, quand à la suite d'une greffe ou d'une transplantation on voit réapparaître la sensibilité et le mouvement, quand le retour de la fonction se montre graduellement, après un temps compatible avec la régénération du nerf, on est en droit de penser que la greffe ou la transplantation ont servi de support aux jeunes fibres nerveuses qui, du bout central, ont bourgeonné dans le bout périphéri({ue. La théorie de la dynamogénie et de l'inhibition, formulée par Brown-Srquard, permet d'expliquer certains retours fonctionnels incompatibles avec une régénération nerveuse (retours fonctionnels rapides, survenus dans les sections anciennes, à l'occasion de la suture). [Voir Nerfs.) Quelque espoir qu'on ait pu fonder sur elles, la greffe ou la transplantation nerveuse sont incapables d'assurer la réunion immédiate du nerf sectionné. Elles n'ont qu'une utilité : elles favorisent le processus de régénération en ce sens qu'elles servent de guide aux cylindres-axes multiples qui proviennent du bout central (régénérateur) et pénètrent dans le bout périphérique (dégénéré) du nerf sectionné. Greffe et surtout transplantation sont d'ailleurs des procédés de laboratoire qui ne trouvent guère d'application en chirurgie. Les résultats qu'on est en droit d'attendre de ces procédés ne sont pas supérieurs à ceux de la suture à distance, de technique autre- ment simple. En un mot, les nerfs sectionnés ne peuvent se réunir. Ils échappent aux processus de la greffe, en raison même de leur valeur morphologique; ils représentent une expansion du neurone, c'est-à-dire un prolongement cellulaire; la pliysiologie générale nous apprend que de tels prolongements ne vivent qu'à une condition expresse : ils doivent rester en continuité avec la portion du cytoplasme qui renferme le noyau. Une fois séparés de ce cytoplasme nucléé, les prolongements cellulaires se détruisent (dégénérescence), mais la cellule tente de réparer cette perte de substance en émetlant un prolongement nouveau, capable d'assurer son intégrité (régénération). Cette régénération du nerf, grâce à l'intervention de la cellule d'origine, constitue l'un des fondements de la théorie du neurone. Des faits anciens et nouveaux ont été publiés qui tendent à ruiner cette conception, et la greffe des nerfs a fourni des arguments solides contre la doctrine défendue par His et G\.iAL. Déjà en 1850 Philippeaux et Vulpian avaient noté que le bout périphérique d'un nerf sectionné se régénère sans que le bout central participe à cette régénération. Cette constatation fut confirmée par Hochwart, v. Bunguer, Howell et Huber, Wieting, et surtout par Bethe. GREFFE ANIMALE. 87 Chez les jeunes poulets, cette régénération est complète, analomiquement et physio- logiquement. Elle ne persiste toutefois qu'à une condition : c'est que le bout périphé- rique arrive au contact du bout central. Sinon, ce bout périphérique s'atrophie et perd la conductibilité qu'il avait récupérée. Chez le lapin adulte, la régénération peut aussi s'effectuer complètement, quand le bout périphérique enlr(^ en connexion avec le bout central. Faut-il donc conclure que la cellule nerveuse a une action sur le bout périphérique, qu'elle maintient la différenciation du nerf en maintenant son activité ? Bethe ne le croit pas, et il a institué pour le montrer une curieuse expérience. Sur un chien de six semaines, il résèque les cinq racines motrices du sciatique sur une longueur de cinq à dix millimètres, Vingt jours plus laid, le nei'f est mis à nu et excité; on observe des phénomènes douloureux et point de contraction. Le sciatique est alors sectionné : on en résèque un fragment qui contient des fibres normales (fibres sensitives) et des fibres dégénérées (fibres motrices), et on suture les deux bouts. Au bout de trois mois, onconstate le retour de la sensibilité seule; au bout desixniois, un névrome s'est développé au niveau de la suture, et le nerf excité provoque des contrac- tions. Les fibres motrices des deux bouts du sciatique se sont régénérées et fusionnées, et cela sans avoir récupéré de connexions avec leurs cellules d'origine. Braus (1904) a confirmé ces faits : il a excisé sur une larve de Bombinator les moi- gnons des pattes antérieures, qui renfermaient des rudiments de nei^fs, et il a trans- planté ces moignons à la base de la queue. Au bout de trois semaines, les nerfs étaient identiques sur la patte normale et sur la patte grefiee. Sur celle dernière, ils étaient reliés au névraxe par trois filets nerveux trop grêles pour avoir servi de passage à toutes les fibres que contenait le moignon. III. GREFFES D'ORGANES. — 11 nous faut maintenant examiner des cas plus complexes, c'est-à-dire les greffes des organes, qui sont, on le sait, formés de plusieurs tissus. A. Greffes de peau. — Comme nous l'avons vu, les greffes pratiquées à la manière de Reverdin sont des greffes supei^ficielles : elles n'intéressent guère que l'ëpiderme. Ces greffes sont petites, leur taille ne dépasse guère 4 à 6 millimètres. Et compensant la taille par le nombre, Reverdin préconise les greffes multipliées et répétées au besoin. Vingt greffes et davanlage sont déposées sur une perte de substance, d'étendue moyenne. En faisant ainsi, l'auteur semble chercher avant tout un résultat rapide. Ce résultat, on ne l'obtient pas toujours. Lacsey dut, pendant trois ans, pratiquer 2 600 greffes sur une jeune fille qui avait perdu le cuir chevelu, et une partie du tégu- ment de la face (front, sourcil et joue droite) et Schœfer n'employa pas moins de 4 800 greffes pour guérir une femme scalpée par un accident de machine. On a reproché de divers côtés aux greffes de Reverdi.n' de donner naissance à une cicatrice irrégulière, déprimée et fragile, susceptible de s'ulcérer à la moindre occasion. De là sont nées les tentatives de greffes cutanées. Ces greffes sont empruntées à l'espèce humaine (auto et homogreffes) ou à d'autres espèces zoologiques (hétérogreffes, zoogreffes). Nous passerons successivement en revue ces deux variétés de la greffe. I) Greffes de peau humaine. — On a coutume de distinguer dans les greffes cutanées de ce type : a) les greffes dernio-épidermiques d'OtLiÈR et de Thjersch; b) les greffes de larges lambeaux cutanés; c) les autoplasties. a) Greffes dermo-épidermiques. — En préconisant la grefl'e dermo-épiderniique, Ollier (1872) cherche à recouvrir les pertes de substance d'un morceau de peau véritable. Une telle greffe est épaisse, souple, résistante. Elle protège efficacement la région sur laquelle elle est appliquée. Elle n'a pas de tendance à s'ulcérer. Elle a l'avantage de se pratiquer en une seule séance. La greffe dermo-épidermique se détache parfois et disparaît. « Dès 1874, Thiersch expliquait ces échecs par les héniorrhagies et les exsudais provoqués par les causes mécaniques les plus légères » dans la couche superficielle des bourgeons charnus (Forgue et Reclus). Pour obvier à pareil accident, Thiersch détruit à la curette la zone 88 GREFFE ANIMALE. superficielle du tissu de granulation. Puis, il réalise une hémostase exacte, en comprimant un instant la surface cruentée qui doit recevoir la greffe. Cette greffe, longue de 10 à 2S centimètres, large de 10 à 20 millimètres, est alors appliquée et immobilisée sous un pansement aseptique qu'on renouvelle aussi rarement qu'il est possible. Processus histologiquc des greffes denno-épider iniques. — Les travaux de Karg (1888), de Garre (1889), de Ju?n-gengel, de Djatschinsko (1890), les recherches plus récentes de GoLDMANN, nous out fait connaître le processus histologique des greffes d'OLUER-TniERscH. La greffe et le tissu porte-greffe sont appliqués l'un sur l'autre par leurs surfaces vives. Entre ces surfaces, il existe tout d'abord une couche intermédiaire, plus ou moins épaisse, formée par un réticulum fibrineux qui contient dans ses mailles du plasma sanguin et des globules rouges. Plus cette lame résultant de l'hémorrhagie des bourgeons est mince, ]}\us l'adhésion des greffes est sûre. De là l'utilité d'une exacte hématose. Aux premières heures, on observe du côté de la surface greffée une prolifération active des cellules conjonctives et des cellules endothéliales des vaisseaux, et, du côté de la greffe, des cellules migratrices. La greffe, à ce moment, est peu vivace. Cepen- dant, dès la neuvième heure, Garre avait vu des cellules à noyaux multiples y pénétrer en suivant les anciens vaisseaux. Ils y arrivaient de la plaie après avoir traversé le réticulum. Puis la couche cornée des lambeaux se ramollit, se soulève. Par points, des phlyctènes le détachent. Il ne reste plus alors que la partie superficielle du derme, recouverte par quelques cellules de la couche malpighienne. Aux deuxième et troisième jour, les éléments fibroplastiques sont abondants. Les globules sanguins disparaissent. Vers le quatrième jour, les vaisseaux de nouvelle formation abordent la face profonde de la greffe qui est le siège d'une prolifération assez marquée, aboutissant à la forma- tion de bourgeons moulés sur la surface ouverte de la plaie, pendant que l'exsudat intermédiaire se résorbe. Peu à peu, la couche cornée se sépare, les vaisseaux anciens disparaissent par place. Ceux de nouvelle formation arrivent jusqu'aux papilles. Une lame de tissu conjonctif ferme remplace la couche intermédiaire. Dès ce moment la greffe est nourrie par ces néo-capillaires. Vers les quatrième et cinquième mois, l'exsudat intermédiaire a complètement dis- paru. Ces délais toutefois se subordonnent à son abondance, et, comme il fait place à du tissu conjonctif, on conçoit que, moins il a été abondant, moins la peau nouvelle est menacée de rétraction. Une double indication pratique en résulte : assécher avec soin la couche avivée de bourgeons, et, pendant les premiers mois, épargner toute irritation à la jeune cicatrice. « Les transplants demandent en général une vingtaine de jours pour prendre et vivre. "Sur les plaies fraîches, cette prise s'accélère. On reconnaîtra à leur couleur jaunâtre les lambeaux flottants, qui ne se greffent point. Ceux qui sont viables sont rosés et adhé- rents. Dès le quatrième jour, cette adhérence est capable de résister à une légère fric- tion. Sous le protective, vous trouverez aux premiers pansements la couche cornée sous la forme de détritus blanchâtre. Si les greffes n'ont point été exactement juxtaposées, ou pour mieux dire imbriquées, des espaces linéaires, rougeàtres, les séparent. Ils cor- respondent à des granulations intercalaires qui retardent la réparation. D'ailleurs, même dans le cas d'une greffe parfaite, les lignes tangentes des transplants forment des traînées plus colorées, surtout apparentes dans les premiers jours, car, à mesure que l'organisation se fait, elles pâlissent et s'effacent, mais la peau nouvelle montre long- temps des rayures qui lui correspondent, et tranciient sur le tégument voisin par sa coloration pâle et par son aspect vernissé. La sensibilité y met longtemps à apparaître. La résistance de ce nouveau tissu est variable. Il est solide sur les plaies fraîches; il demeure fragile, après la greffe des vieilles brûlures, dans les régions exposées à des frottements ou des contusions, sur les jambes des variqueux, mais, dans tous ces cas, c'est au terrain lui-même qu'il faut s'en prendre. » (Forgue et Reglus.) b) Greffe de larges lambeaux de peau. — Cette transplantation de larges lambeaux GREFFE ANIMALE. 89 cutanés diffère de l'autoplastie eu ce sens 'que, d'emblée, la greffe est complètement séparée du territoire cutané qu'elle recouvrait. On ne conserve pas un pédicule destiné à nourrir transitoirement la greffe, comme dans les autoplasties. Cette greffe était connue dans les Indes, et elle y était pratiquée journellement (Armaignac). Quand un coupable a eu le nez coupé, des médecins ou des prêtres appar- tenant à la caste des Koomas (ou potiers) recueillent le nez et le remettent en place aussitôt (greffe par restitution). Pour s'opposer à ce subterfuge, les juges ordonnent de jeter au feu le nez du criminel. Mais de leur côté, les Koomas imaginent de fabriquer un nez nouveau, à l'aide de la peau de la région fessière. Et voici comment Dutrochet (cité par Armatgxac) nous raconte la pratique des Indiens. « Un sous-officier des canonniers de l'armée avait été pris en liaine particulière par un oflicier supérieur. Celui-ci profita d'une faute légère qu'avait commise le sous-offi- cier pour lui faire couper le nez. On était alors en campagne, et ce malheureux mutilé fut oltligé de continuer son service sans pouvoir faire restaurer son nez. Ce ne fut qu'un certain temps après que la plaie commençait à se cicatriser, qu'il lui fut possible de faire pratiquer cette restauration par des Indiens en possession de ce procédé. Les opé- rations débutèrent par rafraîchir la peau du nez. Ils choisirent ensuite un endroit de la fesse ((u'ils frappèrent à coups redoublés de pantoufle jusqu'à ce qu'il fut bien tuméfié. Alors, ils coupèrent en cet endroit un morceau de peau et de tissu sous-jacent, de la grandeur et de la forme de ce qui manquait au nez. Ils l'appliquèrent et l'y fixèrent solidement. Cette espèce de greffe animale réussit à merveille. J'ai eu longtemps à mon service cet homme, après l'opération. Il n'était point défiguré et il ne lui restait d'autre trace de mutilation qu'une cicatrice visible autour de la greffe. » Cette méthode a été soumise à de nouveaux essais. En 1893, Hirschberg et Krause ont publié des résultats obtenus par la transplantation de peau doublée (Hirschberg) ou déta- chée (Krause) de sa nappe de tissu cellulaire. J'emprunte à Forgue et Reclus les résul- tats observés par les auteurs : « Pendant les premiers jours, le lambeau a une teinte pâle et livide. Reverdin a bien observé ces modifications. L'épiderme se fronce, se ternit, prend une teitite brunâtre. Bref, il meurt et se détache en un ou plusieurs morceaux. Au-dessous de lui, le derme apparaît comme une surface mollasse, assez semblable à la pâte d'un camembert bien fait. Il semble que cette masse va subir une fonte complète, et l'on s'attend à ne pas le retrouver le lendemain. « Il n'en est rien. Le lendemain, elle présente à sa surface un ou deu.v petits points rouge vif. « Le surlendemain, ces points se sont étendus, et bientôt la greffe entière a pris une coloration rosée de bon augure. Si l'on suit pas à pas la marche du phénomène, on s'aperçoit que ces transformations sont dues à de petits vaisseaux qui ont pénétré la greffe par sa profondeur, pour l'alimenter. La guérison et l'adhérence complète du lambeau demandent de trois à six semaines. « Sur cent lambeaux empruntés aux différentes régions du corps, dont quelques-uns mesurent de vingt à vingt-cinq centimètres de longueur sur six à huit centimètres de largeur, Krause n'a constaté que quatre fois le sphacèle.KouzxETCHOFF a pu combler par la transplantation de neuf lambeaux une perte de substance de cinquante-huit centimè- res de long sur quinze de large. » Quénu (communication orale) a greffé sur la tête d'un adulte, qu'un accident de machine avait scalpé, le cuir chevelu d'un enfant nouveau-né. L'opération fut couronnée d'un plein succès, mais des cheveux n'apparurent jamais à la surface de cette greffe. c) Autoplastie. — La transplanlation de larges lambeaux cutanés marque la transition entre les greffes dermo-épidermiques et les autoplasties. Ces autoplasties se rcipportent à trois méthodes qu'on qualifie de méthode française, méthode hindoue et méthode ita- lienne. Je me borne à rappeler que, dans la méthode française (méthode de Celse), on se borne à mobiliser le territoire cutané qui borde la pei'te de substance; la peau, libérée de la sorte, glisse aisément à la surface de la solution de continuité. Dans la méthode hindoue, une incision en V ou en C circonscrit un lambeau, au voi- sinage de la plaie qu'il s'agit de combler. Ce lambeau est rabattu sur la perte de sub- 90 GREFFE ANIMALE. stance. Il reste attaché aux parties envii'onnantes par un pédicule tordu sur lui- même. La méthode italienne est due à deux chirurgiens ambulants qui vivaient en Sicile, au milieu du xv° siècle. Les Branca, le père et le fils, pratiquèrent les premiers la rhino- plastie, et Pavane, Viane, Bajano, Tagliacozzi les imitèrent sans grand succès, puisque leur méthode d'autoplastie tomba dans l'oubli. Graefe et Fabrizzi tentèrent de rajeunir cette méthode. Il était donné à la chirurgie contemporaine (Berger, 1880), (Ma as, 1885) de montrer sa valeur, de fixer sa technique et d'en généraliser l'emploi. Je me borne à rappe- ler que la méthode italienne prélève le lambeau (avant-bras) à distance de la perte de substance qu'il s'agit de recouvrir (nez). Elle conserve à ce lambeau une large bande d'im- plantation qu'on sectionne secondairement, et pour assurer le contact de la greffe et de la région porte-greffe, elle a recours à des attitudes contraintes qu'on maintient à l'aide d'appareils variés (plâtrés, etc.). II) Zoogreffes. — Les zoogreffes ne sont plus une simple curiosité. On a greffe chez l'homme de la peau de chien (Miles), de cobaye (Dubredilh,Letikvant), de poulet (Redard). Les greffes de peau de grenouille ont donné des succès à ALLEN(188'i),àPETERSEN(1885). Elles ont été employées pour guérir les pertes de substance déterminées par les brûlures (ViNCEXT, 1887), par les ulcères variqueux (Dubousquet-Laborderie, 1887), par la rhinite ulcéreuse (Baratoux, 1887). Les zoogreffes empruntées à un animal aussi éloigné de l'homme que la grenouille ne sont pas détruites et n'ont pas un rôle provisoire de protection comme l'a soutenu Berezowsky. Elles vivent pour leur propre compte (Reverdin, Petersen) ; elles donnent une cicatrice souple et mobile, parfois légèrement pigmentée. Pariant d'une de ses zoo- greffes, Reverdin écrit : « En comparant ce résultat à ceux queje connais, je me demande si, mettant autant de peau humaine que j'ai mis de peau de grenouille, j'aurais eu une réparation aussi rapide et aussi bonne. J'en doute, car j'ai fait beaucoup de greffes dans des circonstances fort variées et jamais je n'ai vu de cicatrisation marcher avec une telle vigueur. » B. Greffe des productions cornées. — a) Poils et plumes. — Nous savons qu'en semant, sur une plaie bourgeonnante, des poils arrachés avec leur gaine épithéliale externe, on peut obtenir (Schweninger) l'épidermisation d'une perte de substance. L'ectoderme du phanére joue le rôle de l'ectoderme tégumentaire. Mais les poils arrachés peuvent-ils être greffés? Dzondi aurait transplanté des cils sur une paupière qu'on avait dû restaurer avec la peau de la joue; Dieffenbach dit avoir greffé des plumes sur le tégument externe des mammifères. P. Bert a répété, sans succès, les mêmes expériences. 11 est donc prudent de ne point encore formuler de conclusion ferme sur ce sujet. b) Ergot. — D'autres productions cornées ont été greffées avec un plein succès. Tel l'ergot de coq qui fut transplanté à diverses reprises sur la crête du coq (Duhamel, 1746, HuNTER, P. Bert) ou sur l'oreille du bœuf (Mantegazza, 1865). Dans cette dernière expé- rience, l'eigot prit un développement considérable : il atteignit en longueur 25 centimè- tres et il arriva à peser 396 grammes. ... C. Greffe des dents. — a) Faits expérimentaux. — Hunter semble avoir été l'un des premiers à pratiquer la greffe dentaire. 11 transplanta la dent d'un homme sur la crête d'un coq, et une injection lui permit ultérieurement de constater qne les vaisseaux de l'oiseau avaient bourgeonné jusque dans le phanère pour le vasculariser. Une incisive de cobaye de 8 mm., greffée par Philippeaux (1853) sur la crête d'un coq, continua à vivre, et au bout de 10 mois, elle atteignait 13 mm. C'est surtout aux recherches de Legros et Magitot que nous sommes redevables d'ex- périences suivies sur la greffe dentaire. Ces deux auteurs ont pratiqué 78 expériences. Ils ont emprunté les dents qu'ils transplantaient à des chiens nouveau-nés ou à de jeunes chiens (chiens de 22 à 58 jours). Pareille greffe ne réussit pas sur le cobaye. Elle prend sur le chien dans les conditions bien déterminées. Tandis que les follicules dentaires greffés avec des fragments de mâchoire se résorbent ou se détruisent par suppui^ation, tandis que l'organe de l'émail disparaît à la suite de sa transplantation, le germe den- taire se greffe facilement, et il est capable d'évoluer. Dans trois cas (sur 16 expériences) GREFFE ANIMALE, 91 Legros et Magitot ont vu la dentine se former; jamais cependant ces auteurs n'ont vu l'émail se différencier. b) Faits cliniques. — Depuis longtemps on sait transplanter la dent qui a été extirpée ; on la greffe dans l'alvéole qu'elle occupait (greffe par restitution, par réimplan- tation), dans un autre alvéole du même sujet (greffe par transposition) ou dans l'alvéole d'un autre sujet (greffe par transplantation, homogreffe). La réimplantation simple est attribuée à Albucasis (1122). A. Paré en rapporte un exemple. « Une princesse ayant fait arracher une dent s'en fit mettre une autre d'une sienne demoiselle, laquelle reprint, et quelque temps après elle mâchait comme sur celle qu'elle avait fait arracher; cela ay-je ouy dire, mais je ne l'ai pas veu. » Cette réimplantion simple fut pratiquée 380 fois par Lécluse (1755), et étudiée par John HuiXTER, Jourdain, Bourdet, Faughard, au xviii" siècle. Elle eut ses détracteurs (Dionis, PoRTAL, Bell) et cela «e conçoit sans peine : la réimplantation ne saurait réussir sur des dents atteintes de carie ou de périostite. Aussi a-t-on tenté la réiinplantation après résection radiculaire simple (Delabarre, Alquié, Coleman et Lyons, Pietriewicz) ou accompagnée de drainage alvéolaire, d'excision pulpaire, d'obturations, de résection alvéolaire. Un grand nombre de dentistes ont publié leurs observations et leurs statistiques. De ces faits on peut conclure que la dent réimplantée s'est solidement flxéeen trois- ou quatre semaines; dès lors elle offre une grande résistance à l'extraction. Il s'en faut que la greffe réussisse toujours; et, s'il est des dents transplantées qui persistent dix, treize et vingt ans après l'opération, on a vu parfois, au bout de quelques mois, les racines des dents greffées se résorber et la dent tomber. Ajoutons qu'on a greffé aussi avec succès des dents sèches et stérilisées et des dents dont la racine avait été superficiellement décalcifiée. ,. ,,, . Les phénomènes histologiques de la greffe dentaire sont encore mal connus.. Quant à la valeur de la greffe dentaire, elle varie avec l'âge du sujet, et son état de santé ; elle varie aussi avec la dent qui, selon son siège, peut être plus ou moins trau- matisée par les mouvements de la mastication. Encore faut-il compter avec la façon dont la greffe a été pi^atiquée. La simple réimplantalion d'une dent saine a plus de chance de succès qu'une réimplantation d'une dent altérée par résection radiculaire. Les réimplantations des dents sèches paraissent d')nner moins de succès lointains que les réimplantations des dents fraîchement extirpées. (Voir Gerson. Greffe dentaire, Thèse de Paris, 1907.) D. Greffe des séreuses. — Les greffes péritonéales ont été étudiées autrefois par Kiriag et par Bedard. Bedard, en transplantant de l'épiploon de mouton sur des pertes de substance du tégument externe, aurait pu obtenir une greffe véritable. Bappelons enfin que les greffes péritonéales (autoplasties par glissement) sont deve- nues une pratique courante de chirurgie. Employée pour la première fois par Chrobak (1891), la péritonisation a été généralisée parQuÉNU (1896), par Bardenheuer, Snéguireff et DuRET.EUe est utilisée à la suite des diverses opérations pratiquées sur l'abdomen pour recouvrir les moignons d'hystérectomie, les pédicules de tumeurs, etc., toutes surfaces cruentées au niveau desquelles pourront s'effectuer des adhérences péritonéales, source de dangers (étranglement interne) et de douleurs. Tout récemment Cornil et Carxot ont repris l'étude des greffes d'épiploon. Quand on incise l'uretère, le cholédoque, la come utérine, la vessie, la vésicule biliaire, quand on excise des canaux et des réservoirs, un caillot sanguin obture bientôt la perte de substance. Si l'on fixe sur ce caillot un lambeau d'épiploon, ou si cet épiploon s'applique spontanément sur la perte de substance à l'aide d'adhérences fibrineuses, un canal est reconstitué, qui fonctionne parfaitement. La greffe épiploïque assure tout d'abord l'oc- clusion de la plaie expérimentale; plus tard, elle constitue le tissu de soutien à la surface duquel les épithéliums cavitaires glissent, se divisent et se greffent par dé- calque. ' Dès la o« heure après l'incision, on voit, loin de la plaie « les cellules superficielles de l'ancienne muqueuse se détacher et se soulever, le plan de clivage étant sans doute déterminé par une sécrétion liquide. Puis, la couche superficielle étant ainsi désagrégée, 92 GREFFE ANIMALE. ses cellules vont s'accoler à la fibrine qui constitue la nouvelle paroi. L'on voit aussi toute une série des cellules épithélialesqui, d'abord indépendantes, s'appliquent à l'autre bord. En face d'elles se trouvent des vides apparents laissés à la partie supérieure de l'an- cienne muqueuse. La couche ainsi constituée est rarement uniforme. Elle manque par places et n'occupe jamais toute l'étendue de la nouvelle paroi. Les jours suivants, les cellules transplantées paraissent aussi vivantes qu'au premier jour, et bientôt chacun des centres ainsi constitués se multiplie et s'accroît à son tour. » (Carxot.) E. Greffe des muqueuses. — Les muqueuses ont été utilisées avec succès pour com- bler les pertes df substance de l'ectoderme cutané ou de ses dérivés. HouzÉ DE l'Aulnoit transplante la muqueuse buccale du lapin et du bœuf sur le derme cutané. Il a eu cinq succès sur 14 tentatives. CzERX'Y et D.iATscHiNSKO out fait des constatations analogues, et ce dernier auteur insiste sur ce fait que la greffe doit être pratiquée sans faire usage de liquides antiseptiques. WoLFLER a transplanté des muqueuses humaines (muqueuse rectale, muqueuse uté- rine) au cours d'interventions pratiquées contre le rétrécissement de l'urèthre, et malgré leur origine blastodermique, bien différente de celle de l'urèthre, ces muqueuses se sont greffées sans peine. Pour montrer la grande vitalité dont sont capables des muqueuses, je rappellerai seu- lement l'expérience de Bizzozero. Cet auteur introduisit sous la peau un fragment de mu- queuse buccale de grenouille; 29 jours après la greffe, le mouvement des cils vibratiles persistait encore dans la greffe. Mais cette vitalité des muqueuses est fonction de conditions multiples. Elle varie sans doute avec la muqueuse considérée et avec le milieu au sein duquel cette muqueuse est transplantée. Un fragment de pituitaire, transporté dans la chambre antérieure de l'œil, perd très vite son mouvement vibratile (Sulzer), et ce mouvement vibratile persiste cependant vingt-quatre heures sur la muqueuse conservée dans la chambre humide. D'autre part, Ribbert, en transplantant dans un ganglion lymphatique un lambeau de conjonctive ou de trachée, a vu les cellules caliciformes entrer les premières en régression. Au bout de six mois, toute trace de la greffe avait totalement disparu du ganglion. P. Carnoï a étudié récemment la greffe de diverses muqueuses (muqueuses vésicale, intestinale, stomacale, de la vésicule biliaire). Des fragments de muqueuse, greffés sous le péritoine soulevé, donnent rapidement naissance à des kystes simples ou multilocu- laires dont la paroi est parfois revêtue de végétations luxuriantes. Le liquide qui distend la cavité n'a jamais les propriétés du suc gastrique si la greffe est pratiquée avec la muqueuse stomacale, et ceci s'explique : les glandes disparaissent ; les éléments haute- ment différenciés qui les constituent disparaissent : à leur place on trouve des cellules muqueuses {Archives de médecine expérimentale, 1906). Ajoutons que l'autogrelTe réussit beaucoup mieux que l'homo ou l'hétérogreffe ; elle paraît mieu.x réussir quand on greffe la muqueuse sur l'organe qui a fourni le transplant. F. Greffes viscérales. — Lorsqu'on pratique une entéro ou une gastro-entéro- anastomose, lorsqu'on établit une bouche stomacale ou un anus contre nature, loisqu'on transplante les ui^etères dans l'intestin ou un morceau de peau dans la vessie (Bryant) on pratique encore une greffe. Comment s'établit donc, en pareil cas, la continuité des tissus ? Dans le cas de l'anus contre nature, par exemple, j'ai montré avec Quénu que les épithéliums gardent leur structure et leurs caractères originels. A la dernière cellule de revêtement intestinal, disposé sur un seul rang, succède brusquement l'épiderme cutané, de type stratilîé; mais la région épidermique qui borde l'orillce anal subit une adaptation fonctionnelle qui se traduit par une modification de structure. Sans cesse baignée par les sécrétions intestinales, qui hâtent sa desquamation, elle prend le type de l'ectoderme muqueux, et son derme, que surmontent des papilles, ne contient ni glande, ni phanères, ni lobules adipeux. Au niveau de la zone de raccord, tout au contraire, le derme cutané se prolonge en quelque sorte dans le chorion de la muqueuse et dans la tunique musculaire; il s'établit donc une fusion entre ces deux tissus. GREFFE ANIMALE. 93 G. GREFFE DES GLAXDES CUTANÉES. — Quand on greffe dans un ganglion lymphatique des glandes sébacées (Ribbert), on constate que l'épithéliuni sébacé perd ses propriétés spécifiques dans l'espace de deux mois. Transplantée, dans d'autres conditions, il est vrai, la mamelle se comporte tout autrement. Chez de très jeunes cobayes, Ribbert a greffé une mamelle entière sous la peau de chacune des deux oreilles. A l'occasion d'une grossesse, l'auteur constata qu'une des mamelles transplantées de la sorte se tuméfia et laissa sourdre du lait. Ribbert pratiqua son ablation : la glande avait gardé sa structure normale, bien qu'elle eût été greffée loin de son territoire originel, bien qu'elle eût perdu ses connexions nerveuses. Une seconde grossesse survint, mais la seconde mamelle transplantée ne préseiite aucune des modifications qui caractérisent la lactation. H. Greffes de pancréas. — Les recherches physiologiques de ces dernières années ont établi que le pancréas se comporte à la fois comme une glande à sécrétion externe et comme une glande à sécrétion interne. Quand le canal pancréatique est lié ou réséqué, la glande s'atrophie et fonctionne seulement comme glande à sécrétion interne. Aussi l'animal ne devient-il point glycosurique. 11 semble qu'il en doive être de même quand on pratique une greffe de pancréas. MouRET a eu l'occasion (189b) d'examiner 16 greffes pancréatiques, pratiquées par HÉDON.dans le tissu cellulaire sous-cutané. Mouret a vu les canaux excréteurs se dilater et se transformer en kystes; l'épithélium des acini se desquame et les acini sont étouffés par la sclérose conjonctive. Mais des îlots de Langerhans, qui sont les organes de la sécré- tion interne (Laguesse) l'auteur ne nous dit rien. Tout récemment, Laguesse a montré (greffes de 3 mois et 2 jours) ce fait intéressant que la sécrétion endocrine persistait dans les greffes pancréatiques. Elle se localisait, non plus dans des îlots, mais sur des éléments « disséminés le long des tubes pancréa- tiques primitifs persistants » (Laguesse). 1. Greffes de glandes salivaires et de foie. — Au dire de Ziegler, les greffes de foie seraient vouées à l'atrophie. Ribbert a pratiqué des greffes de glandes salivaires et de foie. L'épithélium sécréteur de ces organes disparaît (foie) ou prend les caractères de l'épithélium qui revêt les canaux excréteurs (salivaires). Quant aux canaux excré- teurs, ils prolifèrent (foie) et prennent un aspect identique à celui qu'on observe au cours de certaines cirrhoses. D'autres expérimentateurs sont arrivés aux mêmes résultats. J. Greffes de rein. — En transplantant de petits fragments de rein dans des ganglions lymphatiques, Ribbert a noté que l'épithélium des tubes contournés perd rapidement sa forme et sa striation. Au bout de quelques semaines, le rein est complètement résorbé. P. Carnot, R. Marie ont vu la greffe donner naissance à de petits adénomes; mais ces faits sont, disent-ils, exceptionnels. K. Greffe de corps thyroïde. — La greffe de corps thyroïde a pris un intérêt de pre- mier ordre du jour où l'on a connu la physiologie du corps thyroïde et la pathogénie du myxœdème. On a vu dans la greffe un procédé commode pour enrayer et faire dis- paiait.re les accidents de la caciiexie strumiprive. La greffe de corps thyroïde a été pratiquée chez l'homme par Lannelongue (1890), par Bettencour et Serrano, par Mkrklen et Walther. Elle a été étudiée chez les animaux par de nombreux auteurs (Schiff, Carle, Fano, Fanda, Zuccaro). On sait aujourd'hui que l'autogreffe (Eiselberg, 1892), que l'homogreffe (expériences de Sgobbo et Lamari chez le chien (1892), de Canozzaro (1892) chez le chien et le chat, que l'hétérogrelfe (Ughetti) peuvent donner des succès. Les recherches anatomiques de Christiani ont établi que pour le corps thyroïde, greffé dans la cavité péritonéale du rat, les cellules se tuinélient, puis entrent en prolifé- ration. Un corps thyroïde se reconstitue du centre de la greffe vers la périphérie; sa régé- nération est complète, au bout de 3 mois. La glande ainsi greffée ne s'atrophie point. Zuccaro, tout au contraire, aurait vu la glande transplantée sous la peau dégénérer peu à peu et laisser linalement, à sa place, un nodule fibreux. Mais la greffe est-elle capable de fonctionner comme le corps thyroïde lui-même et de le suppléer, physiologiquement parlant? Une expérience d'EisELBERO (1892) démontre qu'il en est bien ainsi. Cet auteur extirpa les deux lobes de la glande et greffa l'un d'eux 94 GREFFE ANIMALE. entre le péritoine et l'aponévrose profonde de l'abdomen. 11 ne constata aucun trouble sur l'animal en expérience. La grefl'e avait donc les propriétés du corps thyroïde lui- même, comme le prouva une contre-expérience. Eiselberg pratiqua l'ablation de la greffe qui s'était vascularisée, et instantanément éclatèrent les accidents bien connus du niyxœdème. Fait intéressant, la greffe semble entrer en fonction très rapidement, bien avant même qu'elle ne soit pénétrée par les vaisseaux du porte-greffe. Des malades qui avaient subi la greffe thyroïdiene ont vu l'amélioration de leur état se manifester le lendemain du jour où le chirurgien avait pratiqué sur eux la transplantation de la glande. L. Greffes des capsules surrénales. — Depuis Canalis (1887), quelques auteurs ont tenté de greffer les capsules surrénales dans le sac lymphatique dorsal de la grenouille, (Langlois), dans le péritoine, dans la musculature du dos ou de la paroi abdominale, contre la dure -mère, sous la peau, dans le rein. Les expériences ont été pratiquées chez les animaux les plus différents (grenouille, rat, lapin, cobaye). Souveiit la greffe s'est résorbée (Gourfein, Boinet, Hulgren et Anderson, Strehl et 0. Weiss). D'autres fois elle a persisté. C'est ainsi que Poll (54 observations), a vu dans 23 caë Une petite partie de la substance corticale se conserver ou se régénérer. Dans tous les cas, la substance médullaire était détruite et remplacée par du tissu conjonctif (1899). ScHMiEDEN (1902) a obtenu des résultats favorables de la greffe surrénale, et H. Chris- TiANi, en collaboration avec M™" A. Christiani, a repris l'étude histoiogique d'une pareille transplantation; il a vu que « les capsules surrénales du chat transplantées soigneu- sement dans la cavité abdominale reprennent toujours, mais la substance corticale seule se régénère d'une façon apparemment parfaite; la substance médullaire s'atrophie, dans la règle, complètement. Cependant, dans les greffes fractionnées, cette atrophie n'est pas toujours totale : on peut suivre pendant quelque temps l'évolution de quelques groupes de cellules de substance médullaire ». Malheureusement, ces auteurs ne donnent point une description cytologique de leurs observations : les réactifs dont ils se sont servis (bichromate) ne sont pas de ceux qui permettent une étude suffisamment précise d'un organe aussi délicat que la surrénale. Examinons maintenant le rôle de la greffe capsulaire, Abelous (1892) a détruit au bout d'un mois les capsules surrénales de 8 grenouilles auxquelles il avait pratiqué, au préalable, la greffe capsulaire. Les grenouilles survécurent. Quinze jours plus tard, il détruisit les greffes. Six de ses huit grenouilles moururent en 3 ou 4 jours ; une septième mourut au bout de 12 jours, dans un état d'amaigrissement considérable; la dernière s'échappa. De cette série d'expériences, il résulte que la greffe suppléa la capsule surrénale absente, au moins durant 15 jours. Pour Christiani, tout au contraire, la greffe de capsule suri^énale n'assure jamais la survie du rat qui a subi la capsulectomie totale. M. Greffe du testicule. — C'est Huxter qui le premier tenta de greffer le testicule. Il transplante la glande sexuelle du coq dans la cavité abdominale de la poule, et déclare que le testicule continue à vivre sans atrophie apparente. Mais les recherches de Gobelt, de Ribbert, celles d'ÀLESSAxoRi, les travaux récents d'HERLiïZKA (1899) et de Foa (1901) nous ont appris que le testicule ne peut être greffé sans voir son tissa dégénérer, qu'on s'adresse aux Vertébrés inférieurs, au Triton (Herlitzka) ou aux mammifères. Le testicule se transforme en un bloc de tissu conjonctif plus ou moins bien vascularisé. Ribbert, en transplantant des fragments de testicule dans des ganglions lympha- tiques, a vu les spermatozoïdes et les cellules de Sertoli disparaître au bout de six jours. Les mitoses devenaient de plus en plus rares; la lignée séminale perdait sa disposition stratifiée. Les tubes séminipares étaient revêtus de quelques spermatogonies et surtout de cellules, que Fauteur qualifie d' « indifférentes » ; certains canalicules étaient oblitérés ou transformés en kystes (17 jours); d'autres avaient perdu leur épithélium; ils étaient réduits à une paroi propre plus ou moins revenue sur elle-même. L'épididyme, greffé avec le testicule, perd sa fonction, mais, à l'inverse du testicule, il garde sa structure normale. Pareil fait n'est pas isolé. Nous avons eu l'occasion de montrer, Féltzeï et moi, que le testicule ectopique présente des phénomènes dégéné- GREFFE ANIMALE. 95 ratifs, de tous points comparables à ceux qu'on relève dans le testicule transplanté; mais là encore le tractus épididymaire ne subit aucune altération régressive. Il continue à élaborer ses grains de sécrétion, bien que cette sécrétion paraisse désormais inutile. Eu réalité, la greffe du testicule est complexe. Le testicule n'est pas seulement l'or- gane au niveau duquel s'élaborent les speirraatozoïdes ; c'est encore une glande à sécré- tion interne, puisqu'il est pourvu, comme l'ovaire, d'une glande interstitielle. Que devient la glande interstitielle d'un testicule greffé ? Persiste-t-elle, comme le fait s'observe sur les testicules séparés de leurs voies d'excrétion ? On l'ignore, et je ne sache pas que des recherches suivies aient été entreprises sur ce sujet. Quant aux tubes séminipares du testicule transplanté, ils dégénèrent, nous l'avons vu. On a pourtant essayé d'éviter cette dégénérescence. Mauclaire, sur un sujet qui avait dû subir l'extirpation de l'épididyme et du déférent, a avivé les deux testicules et a suturé leurs surfaces d'avivement. Il espérait que les sécrétions spermatiques du testicule sans épididyme pourraient se déverser dans les canalicules du testicule sain. Deux ans après l'iuLervention, le malade mourut de tétanos. Mauglaire put recueillir le corps du délit et me le confia. Les canalicules des deux testicules, bien qu'accolés, ne communiquaient pas ; ceux du testicule sans épididyme n'avaient pour tout revête- ment que des cellules de Sertoli, ceux du testicule opposé possédaient une lignée sémi- nale absolument normale. JN. Greffe des ovaires. — La greffe des ovaires a donné d'intéressants résultats à Knauer (1896), à Grégoriev (1897) et à Ribbert. Knauer a transplanté les deux ovaires d'une lapine sous le feuillet postérieur du liga- ment large. Par une laparotomie, il s'est assuré, 13 mois plus tard, que la greffe ne s'était pas résorbée. Trois mois après cette constatation, la lapine mit bas deux petits, qui tous deux étaient à terme et normalement développés. L'autogrelïe réussit donc aisément, comme l'a également constaté Herlitzka (1900). L'homogreffe est plus sujette aux insuccès. Dans 40 expériences, Herlitzka a vu 39 fois l'ovaire greffé dégénérer soit en totalité, soit en partie. Foa cependant s'était appliqué à rechercher (1901) les conditions qui favorisent la greffe ou lui font obstacle. Il a constaté que l'ovaire foetal du la lapine peut être greffé chez le lapin ; il se déve- loppe un moment; il entre secondairement (3 à 6 mois) en régression. Quand l'ovaire est transplanté chez une lapine, sa destinée varie. Quand le porte- greffe est jeune ou pubère, la greffe prend le type de l'ovaire jeune ou pubère; quand le porte-greffe est vieux, la greffe se résorbe (Foa) après avoir dégénéré. Cette dégéné- rescence s'effectue de plus en plus vite; elle atteint successivement l'ovule, les cellules folliculeuses et le stroma. Elle frappe en dernier lieu la zone médullaire de la glande. (Herlitzka.) Quant à l'hétérogreffe, elle a donné des succès à Fisch. LouKACiiEViTCH (1901) a pu greifer l'ovaire des carnivores sur les herbivores, et l'expé- rience inverse a également réussi dans ses mains. En s'entourant de précautions minu- tieuses, en fixant l'ovaire par son méso, sans passer de fils dans l'épaisseur de la glande, LouKACHEviTCii a noté que la glande fonctionne. Toutefois il n'a jamais vu de grossesse survenir, malgré des rapports fréquents, quand les animaux avaient été ovariotomiés avant de subir la greffe ovarique. Plus ou moins vite, parfois seulement au bout de 3 ans, la greffe s'atrophie ou s'infiltre de sels calcaires. La greffe ovarique a encore été étudiée expérimentalement par Mac Co.\e, Marchese, Preobraciie.nsky, Katsgh, ScnuLTz, avec des résultats variables. Somme toute, en négligeant les faits négatifs qui sont peut-être imputables à des fautes de technique (suppurations, etc.), il semble que l'ovaire se greffe. Que la greffe ait été pratiquée dans la paroi abdominale ou dans l'utérus, les follicules et les ovules y persistent plus ou moins longtemps. Notons encore un fait intéi"essant : quand la greffe ovari({ue se fixe bien, l'utérus demeure normal ; dans le cas contraire, l'utérus s'atrophie (Rubinstein), et cette consta- tation confu-me les examens publiés antérieurement sur l'état de l'utérus après l'abla- tion des annexes. En d'autres termes, l'intégrité de l'utérus est fonction de l'intégrité de l'ovaire. Les choses en étaient là quand l'étude du corps jaune est venue donner un regain d'actualité à la greffe de l'ovaire. 96 GREFFE ANIMALE. Des travaux récents sont venus montrer que l'ovaire n'est pas seulement l'organe où sont déposés les ovules qui doivent assurer la continuité de l'espèce; c'est encore une glande à sécrétion interne dont les recherches de Sobotta, Limo.x, Bouin, Frankel ont élucidé la structure et le rôle fonctionnel. Et Limon s'est spécialement occupé de la glande interstitielle dans les ovaires transplantés. {Journal de physiologie et de patho- logie générale, 864-874, 1904.) Ses résultats peuvent se résumer d'un mot : la glande interstitielle dégénère dans un premier temps, puis se régénère secondairement. Les troubles variés consécutifs à la castration ovarienne sont bien connus des chirurgiens, et Ghrobak, pour y remédier, eut l'idée de pi^aliquer des greffes ovariques. Ce fut Morris (1895) qui les pratiqua le premier. Successivement, on a greffé l'ovaire sous le péritoine (Morris, Martix, Tuffier, Glass); dans la trompe avivée (Frank, Morris, Delagenière) ; dans l'utérus (Dudley) ; sous la peau (Mauclaire, Tuffier). L'examen des observations montre que les malades semblent avoir bénéficié largement de la greffe ovarienne (disparition des phénomènes douloureux, réapparition des règles). En un mot, la sécrétion interne de l'ovaire, restituée à l'organisme, a amendé ou fait dispa- raître les troubles consécutifs à la castration. Mais les ovaires transplantés sont-ils capables de concourir à la reproduction de l'espèce? On l'ignorait, jusqu'au jour où R. Morris publia un fait décisif : Le M février 1902, chez une femme de 21 ans, qui n'avait pas eu ses règles depuis deux ans, il opéra l'ovariotomie double, et, à la place des ovaires sclérosés, il greffa des lambeaux d'ovaires sains prélevés sur une femme qu'il venait d'opérer pour un pro- lapsus utérin. Quatre mois après l'opération, les règles apparurent; la malade demeura cinq mois sans être menstruée, puis la menstruation s'établit régulièrement. Le 15 mars 1906, la jeune femme accouchait d'une fille. 0. Greffes cérébrales. — W. G. Thompson (1890) a pratiqué des greffes cérébrales. Deuxchieiis, Aet B, furent trépanés dans la région occipitale; l'auteur excisa un mor- ceau de substance cérébrale; il combla la perte de substance que présentait le chien A avec le morceau de cerveau du chien B, et inversement. Au bout de trois jours, les greffes adhéraient au cerveau à l'aide d'un exsudât fibrineux. THOMPSo.xa également pratiqué des greffes hétéroplastiques. Il a greffé du cerveau de chien sur le cerveau du chat, et du cerveau de chat sur le cerveau du chien. Il a enfin pi-aliqué l'examen des greffes qu'il avait pratiquées. Un chien qui avait subi, dans la région occipitale, la greffe d'un morceau de cerveau de chat, fut sacrifié 7 semaines après l'expérience. L'encéphale fut durci dans le liquide de MCller et débité en coupes. La pie-mère élait réparée. La greffe cérébrale était unie par du tissu con- jonctifet par des vaisseaux au reste du cerveau. Et dans cette greffe, à côté de cellules en dégénérescence granuleuse, il existait des cellules absolument normales. P. Greffes oculaires. — a) Greffes de segments de l'œil. Quand on greffe sous la peau le corps vitré ou la choroïde (Zaiix), on voit ces deux membranes disparaître : toutefois la choroïde laisse sa trace sous forme d'une tache pigmentaire. La transplantation de la cornée a été tentée depuis longtemps. L'historique de la question est exposé dans le travail de Ficr, et il commence à Mosner (thèse de Tubingen, (1823). Les greffes cornéennes ont donné des succès opératoires (Hippel, Power, etc.). Voici ce que nous apprend l'étude liistologique de pareilles greffes (Fick). L'épithélium cornéen se continue de la greffe sur le porte-greffe, mais au niveau de la greffe il est considérablement épaissi ; il peut être stratifié sur 1,") ou 20 couches. Le tissu cornéen de la greffe est d'aspect variable ; il est séparé de la cornée du porte-greife par une ligne de démarcation nette ; les fibrilles qu'on y trouve sont fiexueuses et non plus disposées parallèlement à la surface de la membrane. Ce tissu se montre enfin fré- quemment envahi par des cellules géantes, par des cellules pigmentaires et même par des vaisseaux. La membrane de Descemet et l'épithélium qui la double font parfois défaut au niveau du lambeau transplanté. Dans d'autres cas, la basale postérieure et son revêtement ont l'aspect d'une bandelette irrégulièrement plissée. Elle se perd dans le tissu qui relie la greffe à l'iris. Les transplantations de la conjonctive du lapin sur l'œil humain ont donné un certain nombre de succès. Elles ont été étudiées par Heilberg, Post, Wolf, de Wecrer et de Grammont. GREFFE ANIMALE. 97 b) Greffes de l'œil embryonnaire. Fkré, en transplantant sous la peau des oiseaux des yeux d'embryon de poulet, a vu la greffe, mobile tout d'abord, se fixer, et donner au tégument une coloration noire (pigment choroïdien). La greffe se résorbe quand elle est isolée; quand on transplante au contraire plusieurs yeux, on voit la greffe doubler ou tripler de volume ; un certain nombre des yeux greffés se résorbe (3 sur 8 dans une obser- vation de FÉRÉ), mais la greffe persiste longtemps (16 mois et davanlage) ; elle est devenue kystique, et souvent elle s'est réduite à une masse dont la structure est celle de la sclérotique des oiseaux. Greffes de l'œil adulte. La greffe oculaire a été tentée chez l'homme sans succès (Bara- BAN et Rœhjier). Pareil résultat n'est pas fait pour nous étonner. En supposant qu'il trouve sur le porte-greffe les vaisseaux capables d'assurer sa nutrition, le globe oculaire a des connexions nerveuses si importantes qu'elles ne peuvent être suppléées. Baraban et Rœhmer ont suivi l'atrophie de la greffe oculaire pratiquée dans le péri- toine du cobaye. Ils ont constaté que sclérotique, choroïde et cornée ne dégénèrent pas d'emblée: elles gardent quelque temps leur vitalité. La cornée ne tarde pas à se vascu- iariser et à s'opacifier. BuLLOT et Loz ont repris les expéinences de Baraban et de Rœhmer; la cornée s'épais- sit et s'opacifie, disent-ils, quand son épithélium est conservé. Elle reste transparente et mince quand cet épithélium fait di'faut. Dans le premier cas, la membrane de Descemet et son endothélium disparaissent; dans le second, ils gardent leur intégrité. Q. Greffes d'organes sensoriels. — L'oreille, le nez (Garangeot), détachés de leur point d'implantation, ont pu être greffés à la place qu'ils occupaient. R. Greffes de segments de membres. — Les greffes de phalanges et de doigts, séparés de la main, ont été pratiquées avec succès. De telles transplantations ne se comptent plus. Elles ont été observées par les anciens (Leuwenhœck, Fioraventt, etc.). Cadiat, dans son article du dictionnaire de Dechambre, relate une série de faits de cet ordre et apporte une observation personnelle : dans un article très documenté, Béranger-Féraud a pu compulser 224 observations de ce genre [Gazette des hôpitaux, 1870). Paul Bert a dénudé l'extrémité de la queue chez le rat; il l'a introduite dans une boutonnière pratiquée dans la peau (sur le nez, par exemple) et l'a fixée dans cette position (greffe par marcotte). Quelques jours plus tard, P. Bert' sectionna, k sa base, la queue de l'animal en expérience. Cette queue, alors insensible, a pu réagir quelques mois plus tard; l'animal sentait quand on pinçait sa queue, et le siège de l'excitation finit par être exactement localisé. De cette expérience, Bert a conclu que la con- duction nerveuse s'est rétablie et qu'elle se fait dans les deux sens; il n'existe aucune différence de nature entre les nerfs moteurs et sensitifs. Les deux ordres de conducteurs ne sont caractérisés que par leur cellule d'origine. Une autre expérience de P. Bert montre assez que la greffe est capable d'évoluer pour son propre compte. Vient-on à amputer la queue d'un jeune rat, à l'écorcher puis à l'introduire sous la peau, la queue continue à s'accroître et présente les phéno- mènes d'ossification dont elle est normalement le siège. Il y a plus : quand cette queue greffée sous la peau, vient à être fracturée, elle se répare comme à l'état normal. Baronio a réussi à greffer l'aile d'un serin et la queue d'un chat sur la crête d'un coq. S. Greffe de la rate et des vaisseaux. — Philippeaux (1898) a pratiqué des homo- greffes de rate sur le rat albinos. Au bout de trois mois et six jours, il trouva la rate qu'il avait fixée augmentée de volume. D'autres organes vasculaires se prêtent également à la greffe : tels les artères et les veines : en greffant ainsi l'un sur l'autre des artères et des veines, onjpeut invertir le sens de la circulation sanguine. IV. GREFFE D'ORGANISME. A. Greffe d'oeufs. — On peut regarder comme une greffe le curieux phénomène qu'on observe chez le Pipa. « [Les œufs sont placés 1. La greffe échappe donc à la loi de polarité : la queue est greffée, non plus par sa base mais par son extrémité ; eUe a alors une situation diamétralement opposée à celle qu'elle occupe' dans l'organisme normal. DICT. DE PHYSIOLOGIE. — T. VIII. -, 98 GREFFE ANIMALE. par les mâles sur le dos des femelles aussitôt après la ponte; et, la peau de cette partie du corps se gonflant, ils se trouvent logés en autant de poches dans lesquelles ils se développent. » (M. Duval.) B. Greffes de blastodermes. — En transplantant un blastoderme sous la peau du flanc chez le coq, Ff.ré a vu la grefl'e demeurer parfois un an sous la peau avant de se résorber. C. Greffes de larves et d'embryons. — Les greffes de cet ordre ont été rarement pratiquées. Chez les invertébrés, Crampton (1878) a pu grefl'er les chrysalides de lépidoptères d'espèces différentes, et, dans un cas, il aurait vu la coloration du tégument se trans- porter de l'un des individus sur l'autre. Chez les vertébrés, Born, après Vulpian, a récemment publié les résultats de curieuses expériences entreprises sur des larves de grenouille comestible, longues de trois millimètres. Il a obtenu la greffe des deux moitiés d'une larve sectionnée tantôt en travers, tantôt en long, et la greffe de deux larves différentes. Il a greffé la moitié postérieure d'une larve à la moitié antérieure d'une autre larve; et, en pareil cas, le segment anté- rieur commandait les mouvements de la queue. Born a pu souder 2 larves par leur face ventrale; il a pu souder entre elles les moitiés antérieures de 2 larves et la même expérience a réussi sur les moitiés postérieures de 2 autres larves. Sur la face ven- trale d'un têtard, il a obtenu la réunion de la moitié antérieure ou de la moitié posté- rieure d'une autre larve. Des expériences du même ordre ont été également réalisées avec des larves d'espèce et de genre différent {Rana, Bombinator, Triton), mais les monstres qui proviennent de la greffe de deux animaux de genre différent vivent moins longtemps (3 semaines) que les monstres issus de la greffe d'individus de même espèce (4 semaines). Je me borne à rappeler que toute trace de soudure disparaît très vite entre les 2 indi- vidus greffés de la sorte. Quand la section intéresse l'ébauche d'un des yeux, Born a vu se développer 2 cristallins aux dépens de cette ébauche unique. En revanche, les deux moitiés sectionnées d'un cœur se réunissent pourformer un cœur unique. Notons encore un fait intéressant : quand l'animal fusionné possède 2 cœurs, ses 2 cœurs fonctionnent indépendamment l'un de l'autre; leurs battements peuvent n'être pas être synchrones, et même ils peuvent être de nombre différent. Paul Bert, reprenant une idée de Gratiolet, sur la genèse des monstres doubles, tenta sans succès la greffe d'embryons renfermés dans les cornes utérines. Entin Zah.\ (1877), Léopold (1882), Féré et ses élèves ont greffé sous la peau de ver- tébrés, des embryons de même espèce (voir Elias, thèse de Paris, 1899), et certains des tissus de ces embryons peuvent se développer pendant quelque temps, D. Greffe d'animaux adultes. — Les groupes zoologiques les plus différents se prêtent à la greffe. Les greffes ont été réalisées entre autres chez les protozoaires (myxamibes, ciliés, rhizopodes, Prowazek), chez les hydraires (Engelmann, Nussbaum, Ischirawa, Wetzel), chez les astéries (King), chez les lombrics (Rares, Jœsx, Korschelt) et chez les mammi- fères (P. Bert). a) Hydres. — Érasme Darwin (1810) rapporte que Blumenbach put obtenir la greffe des hydres. Pour ce faire, il coupait en deux morceaux des hydres de couleur différente; il enfila alors sur un tube de verre le segment supérieur d'une des hydres et le segment inférieur de l'hydre d'espèce différente. La possibilité de faits de cet ordre a été mise en doute dans ces dernières années; mais G. Wetzel a démontré l'exactitude des observations anciennes. Il a pratiqué des auto et des homogreffes (greffes légitimes de Wetzel); il a vu la soudure s'effectuer, sans cicatrice apparente, entre les 2 moitiés de l'animal, et cette soudure qui commence par l'ectoderme et par l'endoderme, finit par les tissus de soutien. Dans les hétérogreffes (greffes illégitimes de Wetzel) Wetzel a eu des résultats variables. Hydrea grisea et H. fusca peuvent se greffer, mais la zone de soudure esf marquée par un rétrécissement. L'ectoderme et l'endoderme de l'un des individus s'unissent aux feuillets homologues de l'autre individu, mais tissus de soutien et élé- GREFFE ANIMALE. 99 ments ganglionnaires ne se greffent pas. L'excitation portée sur l'un des individus ne se transmet pas à l'autre individu. En revanche Hydrea viridix et H. fusca, H. viridis et H. f/rifica ne se soudent jamais d'une façon durable. Quand la fusion a pu se produire, les individus se séparent spontanément l'un de l'autre, au bout de 2 ou 3 jours. Après avoir greffé entre les deux extrémités d'une hydre retournée la partie moyenne d'une hydre non retournée, Wetzel, comme Engelmamn, Nussbaum et Ischikawa, n'a pu empêcher l'hydre de se « retourner » malgré l'emploi d'ingénieuses techniques. L'hydre se contourne de mille façons : la soudure ne s'elFectue jamais qu'entre feuillets de même nature. b) Lombrics. — Joest a réalisé sur le lombric d'intéressantes expériences. II a pu obtenir des auto, des homo et des hélérogreffes. En utilisant les anesthésiques, qui suppriment la tendance qu'a le lombric aux amputations spontanées, en conservant ses sujets dans du papier à filtre humecté d'eau, pendant trois ou quatre semaines, et plus tard dans la terre, Joest a montré que : Si l'on soude, par leurs surfaces vives, les extrémités opposées de deux lombrics; la greffe réussit. Si les parties greffées appartiennent à des lombrics d'espèce différente, les segments coaptés gardent leurs caractères spécifiques. Si la réunion est effectuée de telle façon que la face dorsale de l'un des individus soit dans le prolongement de la face ventrale de l'autre lombric, l'animal se tord sur lui-même, au niveau de la zone de soudure, de manière à ramener vers le sol toutes ses soies locomotrices. D'autre part, ici, comme dans beaucoup de cas, la greffe n'est pas soumise à la loi de polarité. On peut réunir par leur surface de section deux extrémités céphaliques : on obtient delà sorte un ver ù deux têtes; le lombric se nourrit par l'une etl'aulre tête; mais, comme il ne peut évacuer les produits de sa digestion, il meurt au bout de quinze ou seize jours. Enfin Joest a établi que la greffe échoue quand elle donne naissance à un animal plus long que l'individu normal; elle réussit quand l'individu, produit de la sorte, est plus court qu'un lombric normal. c) Mammifères. — Enfin, chez les mammifères, Paul Bert a réussi à greffer l'un avec l'autre deux organismes adultes. Il a pu voir se souder, en 5 ou 6 jours, deux rats sur lesquels il avait pratiqué, au niveau des flancs, deux larges pertes de substance. Et cette greffe « siamoise » a montré des faits importants : des communications vasculaires et nerveuses se sont établies entre les deux organismes. L'atropine injectée à l'un des rats détermine sur les deux animaux greffés la dilatation de la pupille. Paul Bert a également tenté la greffe du rat et du cobaye, celle du rat et du chat; des débuts d'adhérences ont pu s'établir, mais ce physiologiste n'a jamais obtenu un succès complet, en raison, dit-il, de la « difficulté à maintenir tranquilles des animaux si peu propres à fraterniser' ». En somme, la plupart des cellules, des tissus, et des organes, peuvent se gi-effer, si l'on table sur les expériences positives, les plus probantes de toutes. Sans doute, la greffe a donné des résultats contradictoires [aux divers expérimentateurs. A cela rien d'étonnant. Nombre de greffes ont été tentées à une époque où l'asepsie était inconnue. Nombre d'entre elles ont été pratiquées dans des conditions trop différentes pour qu'on puisse en comparer les résultats. La plupart des examens hîstologiques qu'on a publiés autrefois demanderaient à être repris. Quant à la physiologie de la greffe elle-même, son histoire mériterait d'être com- plétée sur nombre de points. 1. Nous laissons ici de côté la question des greffes de tumeurs et des tissus pathologiques. 100 GREFFE ANIMALE. § il. — CONDITIONS DE LA GREFFE. Il importe maintenant de préciser quelles conditions doivent remplir le transplant et le porte-greflfe pour que la greffe puisse prendre, se nourrir et s'accroître. Afin de donner quelque précision aux considérations qui vont suivre, j'aurai surtout en vue les conditions de la greffe cutanée et de la greffe glandulaire. A) Greffe cutanée. — 1° Conditions que doit remplir la greffe. — a) Il va de soi que la greffe qu'on transplante doit être vivante. Dans le cas contraire la greffe, pratiquée aseptiquement, dégénère et se résorbe. Les expériences de Prudde.\ sur le cartilage, de Lannelongue et Wignal sur l'os, d'OcHOTiN sur l'os et l'ivoire ne laissent aucun doute à cet égard. Mais il s'agit de préciser combien de temps après avoir été prélevée la greffe con- tinue à vivre et peut être eftîcacement transplantée. Les travaux d'ÛLLiER nous ont appris que le périoste, prélevé au moment de la mort d'un animal, peut être transplanté 72 heures plus tard; la queue du rat peut rester de 0 à 17 heures (P. Bert) avant d'être fixée sur le porte-greffe. Les travaux anciens ont encoi-e établi qu'une greffe de peau peut attendre 6, 38, 72, 108 heures avant d'être déposée sur le porte-greffe. Dans ces dernières années, Wentsgher a institué une série d'expériences pour savoir combien de temps une greffe de Thiersgu, séparée de l'organisme, pouvait garder sa vitalité. Il s'est assuré que ces greffes résistent au froid (—5°), à la chaleur {+ 50°), aux antiseptiques faibles (lysol à 2 p. 100). Il a vu que des greffes conservées 10 jours dans l'eau salée à 6 p. 1000, ou 2i jours dans un milieu sec et stérile, pouvaient être gref- fées : pareille greffe était couronnée de succès dans la moitié des cas (30 sur 59). Les greffes de Thiersch, conservées 28, 30 ou 34 jours dans un milieu sec, étaient mortes : elles ne pouvaient plus être utilisées. Tant que la greffe est conservée dans les milieux dont il vient d'être question, elle est le siège de modifications légères. La couche cornée devient vésiculeuse; au bout de 21 jours, les nucléoles cessent de se colorer; les noyaux perdent leur contour net. Dans les premières heures qui suivent sa transplantation, le corps muqueux de la greffe s'infiltre de plasma ; noyaux et nucléoles redeviennent colorables. Au bout de 3 jours, les mitoses réapparaissent. Au bout d'une semaine, le transplant est soudé au porte-greffe. b) La greffe transplantée vivante doit rester vivante jusqu'au moment où sa nutrition est assurée par des vaisseaux. Il y a donc toujours avantage à transplanter la greffe aussitôt qu'elle est prélevée sur l'organisme qui la fournit. c) La nature du transplant présente une importance de premier ordre pour la réus- site de la greffe. Tous les tissus en effet ne sont pas aptes à se greifer. Les tissus de substance conjonctive (os, cartilage, tissu conjonctif) ne présentent pas ou présentent au minimum une telle propriété. D'autres tissus, au contraire (épithéliums), se transplantent aisément, et l'avenir réservé à leur greffe est fonction des conditions dans lesquelles vivent d'ordinaire ces épithéliums. d) D'autre part, il n'est pas indifférent de porter une greffe donnée sur tel ou tel point de l'organisme. Telle transplantation qui réussit dans le péritoine ou dans un ganglion, est vouée à la résorption quand elle pratiquée dans la chambre antérieure de l'œil. La greffe a d'autant plus de chances de se fixer que l'organe sur lequel elle est déposée se rapproche d'elle et par sa structure et par ses fonctions. Le tendon ne peut être greffé sur la peau, le muscle sur l'os, mais la peau ou la muqueuse buccale se transplantent aisément sur la peau. e) La greffe cutanée (c'est d'elle que nous parlerons surtout) est prise sur le porte- greffe (autogreffe). Elle peut être empruntée à un individu de même espèce (homogreffe) ou d'espèce différente (hétérogreffe). Le déterminisme de l'hétérogreffe est encore mal connu. Tandis que chez des mammi- fères très voisins les tissus peuvent se greffer aisément l'un sur l'autre (cobaye et lapin), d'autres mammifères, également très voisins, ne présentent pas cette propriété. GREFFE ANIMALE. 101 En revanche, des espèces animales très éloignées l'une de l'autre peuvent aisément donner matière à la greffe. La peau de la grenouille se transplante aisément sur le tégu- ment externe de l'homme ou du cochon d'Inde. f) L'homogreffe semble avoir théoriquement plus de chances de succès que l'hétèro- greffe. Mais une série de facteurs, qui semblent au premier abord d'importance secon- daire (couleur, âge, état général, etc.), décident souvent de l'avenir de la greffe. C'est ainsi que la couleur de la greffe et celle du porte-greffe jouent un rôle impor- tant dans l'évolution ultérieure du transplant. En transplantant de la .peau de nègre sur un blanc, on a vu le greffon prendre la couleur du sujet. Karg affirme que les greffes blanches pratiquées sur un terrain pig- menté se résorbent'. Les greffes pigmentées, déposées sur un terrain blanc, s'éten- draient plus ou moins rapidement; car » la vitalité de la cellule noire est plus considé- rable que celle de la blanche ». En expérimentant sur des cobayes, P. Carnot a confirmé ces deux faits. II a vu que la peau noire transplantée sur un animal bigarré se développe rapidement et continue à se développer pendant plus d'une année. Tout au contraire, la greffe n'évolue pas et se résorbe sur les animaux albinos. Le même auteur a montré qu'il y. a toujours intérêt à prélever le transplant, non sur une greffe, mais sur un territoire cutané tout à fait « neuf ». Il a pratiqué des greffes en série pour voir si on peut renforcer de la sorte la vitalité de la greffe, de même qu'on exalte la virulence d'un microbe par son passage à travers plusieurs organismes. Il a remarqué que les greffes de la 2° série croissent moins vite que les greffes de la pre- mière; les greffes de la 3'= série croissent moins vite que les greffes de la seconde; la 4« série n'a pu prendre. La greffe de greffe ne présente donc aucune chance de succès. g) L'âge peut avoir aussi son influence. Vient-on à fixer, sur un même animal, ideux greffes provenant, l'une d'un animal jeune, l'autre d'un animal âgé, on voit la greffe d'animal jeune s'accroître beaucoup plus rapidement que sa congénère, et persister. L'expérience inverse donne les mômes résultats : quand sur un porte-greffe vieux on met deux greffes, l'une provenant d'un animal âgé, l'autre d'un animal jeune, la greffe jeune est seule à se développer rapidement. h) Un fait de P. Carnot montre bien l'influence de l'état général de l'animal sur lequel on prélève la greffe. « Deux greffes prises, l'une sur un cobaye tuberculeux, l'autre sur im cobaye normal, sont transplantées le même jour sur un troisième cobaye. La greffe du cobaye normal évolue. Celle du sujet tuberculeux cachectique rétrocède au bout de quinze jours environ. » (Carnot.) Il en est de même pour la greffe empruntée à un cobaye intoxiqué par le phosphore. Mais la greffe prélevée sur un animal malade n'expose pas seulement à l'insuccès. Elle peut être la cause d'accidents parfois mortels. On a vu la greffe cutanée transmettre la tuberculose (Czerny) et la syphilis (Deibel, 1881). Quant à l'autogreffe, il semble qu'on doit attendre d'elle les meilleurs effets. C'est pour elle que Schœfer déclare ses préférences : pourtant l'homogreffe lui est parfois bien supérieure. Je |n'en veux qu'un exemple. Laroyen.ne n'avait pu réussir une auto- plastie chez un vieillard ; il emprunte une greffe à un des étudiants qui suivaient son service. Et cette seconde intervention donna pleine satisfaction à l'opéré, qui guérit rapidement. — Une telle observation isolée ne prouve pas grand'chose et peut prêter matière à discussion. liapprochée des faits dont nous venons de parler, elle prend une importance et un intérêt considérables. L'état de gestation, la saison de l'année, ne semblent avoir aucune influence sur l'évolutinii de la creffe. 2° Conditions que doit remplie' le porte-greffe. — Le porte-greffe, de son côté, doit remplir certaines conditions pour assurer le succès de la greffe qu'on dépose sur lui. 1. Les observations sur les hydres, sur les lombrics (Joest), sur les Batraciens (Born) nous montrent également qu'une différence de couleur entre les deux individus qu'on tcncc de greffer constitue un obstacle considérable à la réussite de la grefl'e. 102 GREFFE ANIMALE. La greffe, détachée du dos, peut être fixée sur une région quelconque du tégument, mais, quand la greffe est déposée sur une plaie bourgeonnante, il est indispensable de préparer la région dont on veut assurer la cicatrisation. La greffe ne prend jamais sur le tissu de granulation qui présente une consistance molle, une couleur pâle et des boui-geons charnus exubérants, sur le fissu qui saigne au moindre contact ou qui donne du pus en abondance. Une plaie qui présente un tel aspect doit être soigneusement traitée : on réprime les bourgeons exubérants au nitrate d'argent; on les excite à la teinture d'iode, au styrax; on les désinfecte par des bains fréquents et prolongés dans l'eau salée. Du jour où la plaie est couverte d'un tissu de bonne nature, quand elle est rouge, lui- sante, régulièrement et finement grenue, on peut alors, et seulement alors, pratiquer la greffe. D'autres conditions entrent vraisemblablement en jeu, qui sont encore mal connues. Il est vraisemblable que certains résidus de la vie cellulaire sont toxiques pour les élé- ments d'un autre organisme. Les cytotoxines du porte-greffe pourraient faire échec à l'acclimatement de la greffe. En pareil cas, la greffe n'aurait de chance de réussir que si les cytotoxines du porte-greffe se trouvaient neutralisées par une antitoxine appropriée. Une telle hypothèse d'ailleurs n'est pas une hypothèse gratuite. E. von Dungern a récemment montré que l'union des cellules sexuelles est impossible chez certaines Astéries d'espèce différente. La faute en est à l'œuf. L'œuf d'une espèce donnée élabore une substance qui est toxique pour les spermatozoïdes d'une espèce voisine. Cette substance qui résiste à une température de 60" peut être neutralisée par le sérum de lapins « préparés ». L'action d'un tel sérum rend possible la fécondation. 3* Technique de la greffe. — Pour la technique de la greffe, et de la greffe cutanée en particulier, je ne puis que renvoyer aux traités spéciaux. Je me borne à rappeler que l'intervention doit être aseptique, et l'usage des antiseptiques rigoureusement proscrit. Une hématose exacte est de rigueur dans la pratique de la greffe cutanée, mais dans la greffe de quelques organes (tendons), certains auteurs conseillent de panser « sur le caillot humide •>•>. De l'avis de tous les chirurgiens, le pansement doit immobiliser la région aussi parfaitement qu'il est possible ; il doit être rare et aseptique. B} Greffe glandulaire. — Comme nous venons de le voir, les épithéliums de revê- tement, l'épiderme par exemple, se greffent aisément : ils retrouvent sur le porte- greffe un milieu analogue à celui qu'ils ont quitté. Leur nutrition est toujours assurée par les vaisseaux dermiques, et leur surface reste toujours en contact du milieu extérieur. Quant aux épithéliums glandulaires, un sort variable leur est réservé. On sait aujour- d'hui qu'il existe des glandes closes, des glandes ouvertes et des glandes qu'on peut qualifier de glandes mixtes en raison de ce fait qu'elles sont pourvues d'une sécrétion externe et d'une sécrétion interne. Les glandes à sécrétion interne (surrénale, thyroïde) se transplantent aisément. Elles trouvent dans le tissu conjonctif les vaisseaux qui leur permettent de verser leurs produits d'élaboration dans le torrent circulatoire. Les glandes à sécrétion externe dégénèrent quand elles sont privées de leur canal excréteur. Elles ne sauraient donc être greffées. La mamelle toutefois paraît échapper à cette loi (fait de Ribbert); mais ce n'est là qu'une exception apparente. La mamelle, glande à sécrétion externe, est surtout une glande à sécrétion transitoire. Elle fonc- tionne seulement pendant la période de lactation. Vienne une grossesse, rien n'empê- chera la greffe mammaire de grossir, de soulever le tégument, d'amincir et de rompre l'épiderme, et de verser à sa surface le produit de sa sécrétion. Ne voit-on pas certains kystes, primitivement isolés du tégument, se rompre sous la poussée du liquide qui les distend, et s'ouvrir secondairement à, la peau? Le pancréas, type des glandes mixtes, est le siège à l'état normal d'un double pro- cessus de sécrétion. La glande une fois transplantée, la sécrétion externe ne peut s'effectuer, faute d'un conduit excréteur : les acini dégénèrent. La sécrétion interne, tout au contraire, continue à déverser ses produits dans les vaisseaux sanguins. Voilà pourquoi les îlots de Langerhans, organes de la sécrétion interne, résistent à l'atrophie bien plus longtemps que les culs-de-sac glandulaires, organes de la sécrétion externe. Et si le foie, glande mixte comme le pancréas, dégénère rapidement, une fois trans- GREFFE ANIMALE. 103 planté, c'est que les deux sécrétions ne proviennent pas d*organes différents : une même celule élabore le glycogène et la bile. L'arrêt de la sécrétion biliaire retentit sur la cellule hépatique et la lèse au point d'entraver l'élaboration du glycogène. Somme toute, les glandes paraissent se transplanter toutes les fois que la greffe n'entrave pas leur mode de fonctionnement. III. — EVOLUTION DE LA GREFFE. La greffe, pratiquée dans de bonnes conditions, se fixe généralement sur le porte- greffe. C'est là ce qu'on peut appeler un succès ou plutôt un succès primitif. La greffe, une fois fixée, peut s'éliminer par suppuration. Elle peut se résorber plus ou moins complètement (greffes d'os, etc.). D'autres fois, elle continue à vivre; mais elle a perdu ses propriétés, sa structure et ses fonctions. Un noyau fibreux la représente qui peut s'atrophier à la longue (greffe des nerfs). Dans un dernier groupe de faits, la greffe garde ses caractères spécifiques. Son exis- tence est liée désormais à celle de l'organisme sur lequel elle est fixée. On s'explique donc aisément que la greffe et le porte-greffe puissent exercer l'un sur l'autre une influence qu'il s'agit de préciser. a) Il est hors de doute que la greffe est susceptible de modifier profondément l'état physiologique du porte-greffe. Voici un animal qui présente des accidents de myxœdème. Nous pratiquons une greffe thyroïdienne. Les accidents rétrocèdent. La greffe est donc capable de remplir les fonctions du corps thyroïde absent. « Elle sauve l'organisme de la faillite. » Nous extirpons cette greffe : la cachexie strumiprive s'installe de nouveau. b) L'influence que peut avoir le porte-greffe sur le transplant est des plus mal connues chez les animaux. Le porte-greffe communique-t-il à la greffe des qualités nou- velles? Modifie-t-il la nature de ses sécrétions? Ce sont là des questions qu'on peut poser, mais qu'on n'est pas encore en état de résoudre. Je me borne à rappeler que la greffe des glandes sexuelles, pi^atiquée dans des conditions que Celesia a tenté de déterminer, nous permettra sans doute de savoir un jour si les caractères acquis se transmettent par la greffe, et s'ils sont modifiés dans une certaine mesure par le porte-greffe. Il importe enfin de se demander quels rapports peuvent exister entre la greffe et la régénération. Delage pense que les animaux doués d'une grande puissance régéné- ratrice sont incapables de se prêter à la greffe : il conclut donc qu'il existe un antago- nisme véritable entre la greffe et la régénération. Pour GiARD tout au contraire, « les deux processus ne s'observent pas à l'exclusion l'un de l'autre : ils sont des manifestations d'une seule et même propriété : la tendance de la matière vivante à constituer des complexus organiques aussi bien équilibrés que possible ». En résumé, est une greffe toute soudure qui s'effectue entre un organisme vivant et une partie également vivante. Cette partie est prélevée sur le porte-greffe (autogreffe) ou sur un animal de même espèce (homogreffe) ou d'espèce différente (hétérogretfe). Elle est représentée par une cellule, par un tissu, par un organe et parfois même par un organisme tout entier. Que la greffe soit déposée au point qu'elle occupait, que sa situation nouvelle soit différente de sa situation première, il importe peu : la grefi'e échappe le plus souvent à la loi de polarité. Avant qu'elle ne soit fixée, la greffe semble vivre à l'état de vie ralentie. C'est secondairement qu'elle est abordée par les vaisseaux et par les nerfs. La greffe ne s'établit jamais qu'entre tissus dont la structure et la fonction ne sont pas incompatibles. Sa destinée est subordonnée aux conditions dans lesquelles elle est placée. Pour 104 GREFFE ANIMALE. avoir chance de vivre, la greffe doit donc trouver sur le porte-greffe un milieu qui lui permette de garder sa structure et d'exercer sa fonction. Ce milieu modifie vraisemblablement la greffe, mais à son tour la greffe exerce sur l'organisme porte-greffe une influence que nous avons eu l'occasion de mettre en lumière. La pratique de la greffe procède de l'empirisme. « Née de la thérapeutique, la greffe retournera sans doute à la thérapeutique, mais elle aura permis d'élucider quelques- uns des problèmes les plus troublants de l'énergétique cellulaire et de la physiologie. » Bibliographie. ■ — Abelous. Essais de greffe de capsules surrénales sur la (/renouille (B. -B., 1892). — Adamkiewicz. Transplantations osseuses [Wien. med. Blàtter, 3, 3 janv. 1889). — Albert. Greffe nerveuse {Wien. med. Presse, n" 39, 1883). — Assaky. Suture des nerfs à distance (Thèse Paris, 1886). — Balbiam et Henneguy. Significat. phys. de la division directe {C. 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Ils s'articulent avec les naso-frontaux et les intermaxillaires ; leur face antérieure présente une rainure longitudinale, qui possède sur son bord interne une série de dents. En bas, les maxillaires supérieurs sont en connexion avec les pièces de suspension de l'arc mandibulaire. Les deux maxil- laires supérieurs, réunis en haut par les deux intermaxillaires, constituent l'arc maxillaire. Celui-ci enveloppe un arc plus petit, l'arc palato-ptérygoïdien, formé en haut par les palatins et latéralement par les ptérygoïdes. ; Les palatins (pi) sont situés en avant de la portion supérieure de Tethmoïde ; ils sont placés transversalement et s'étendent du maxillaire supérieur à la pointe du sphénoïde. Les os ptérygoïdes (pt, pt') sont sensiblement parallèles aux maxillaires' supérieurs et plus rapprochés de la ligne médiane du crâne. Ils présentent une apophyse dirigée en avant et en bas, qui s'articule avec le sphénoïde et une autre dirigée en dehors, qui s'unit à l'appareil suspenseur de la mâchoire. La branche supérieure des ptéry- goïdes s'articule avec les maxillaires supérieurs d'une part et les naso-frontaux de l'autre. Un troisième arc inférieur et externe, appelé arc mandibulaire, est formé de deux parties séparées par l'articulation. La première partie constitue l'ap- pareil suspenseur de la mâchoire et la seconde est formée par le maxillaire inférieur. L'appareil suspenseur de la mâchoire comprend de chaque côté Vos ti/mpaiiique deCv\mR ou. os carré {V, t-, t^); une apophyse supérieure pointue se dirige en haut derrière l'os ptérygoïde; elle est réunie au rocher par une petite branche ti^ansversale; une apophyse inférieure dirigée obliquement en bas et en dehors s'articule avec l'os jugulaire, fig.24. —Appareil hyoïdien. Les os jugulaires ou quadratojugaux (j) sont minces et h, corps de l'os hyoïde. — allongés et contribuent par leur base à former l'excavation de H', baguette styioïde as- l'os carré où s'articule le maxillaire inférieur; par leur extré- ^h"t°dl%i;. pk^fato! mité supérieure, ils s'articulent avec le maxillaire supérieur. Le maxillaire inférieur est formé de deux arcs convergents réunis sur la ligne médiane par leur extrémité supérieure. Chacun de ces arcs est formé de plusieurs pièces, soit osseuses, soit cartilagineuses. La partie qui forme la tête articulaire n'est pas ossifiée et constitue le cartilage de Meckel. Ce cartilage s'avance jusqu'à la moitié de l'arc et est recouvert sauf au niveau de l'articulation par une pièce osseuse, qui se prolonge au delà et que l'on appelle os angulaire. Cet os se continue à son extrémité supérieure par l'os dental, qui chevauche sur lui et qui, lui-même, se prolonge par un petit os appelé os articulaire . La partie articulaire du cartilage de Meckel vient se placer dans la cavité de l'os tympanique. Appareil hyoïdien. — C'est un cartilage plat, affectant la forme d'un quadrilatère situé à la base de la langue (fig. 24). Il présente en haut deux apophyses, qui se recourbent ensuite en bas : ce sont les baguettes styloides ascendantes (H'); elles vont s'unir à la face inférieure des os pétreux. En bas se trouvent deux apophyses ossi- fiées, qui vont en divergeant entourer le larynx: ce sont les baguettes thyroïdes (H) ; enfin les quatre angles du corps de l'hyoïde présentent chacun une petite apophyse (h); les deux supérieures sont mousses à leur extrémité libre, les inférieures sont pointues. o" Squelette des membres. — Membre supérieur. — Nous envisagerons successive- ment la ceinture srapulaire, le bras, l'avant-bras et la main. La ceinture scapulnire (fig. 2o) comprend de chaque côté quatre os : l'os supra-scapu- laire ou omoplate supérieure, l'os scapulaire ou omoplate, l'os coracoïde et la clavi- cule. Ces quatre pièces sont réunies en avant sur la ligne médiane à celles du côté opposé par le sternum, dont nous avons déjà donné la description. Vomoplate supérieure est une lamelle mi-osseuse, mi-cartilagineuse, située dorsale ment sur le côté de la colonne vertébrale; elle a la forme d'un quadrilatère; son bord libre, entièrement cartilagineux, est le plus large; le bord opposé, le seul qui soit ossifié, est plus étroit et s'articule avec l'omoplate proprement dite. Les deux faces de physes situées aux quatre angles du corps de l'os hyoïde. 424 GRENOUILLE. l'omoplate supérieure sont légèi'ement striées et les stries vont en rayonnant vers son bord libre. Vomoplate (se) proprement dite est complètement ossifiée; c'est un os FiG. 25. — Ceinture scapulaire, face ventrale (d'après Ecker et Wiedersheim). st, sternum osseux ou hyposternum. — st', portion cartilagineuse du sternum. — es, partie osseuse de répisternum. — es', portion cartilagineuse de l'épisternum. — cl, clavicule. — c, coracoïde. — ce, com- missure cartilagineuse entre l'omoplate et la clavicule. — se, omoplate. — se', omoplate postérieure. — o, partie osseuse. — o', partie cartilagineuse. — h, partie hyaline. allongé et rec rieur s'nrticul •tangulaire, présentant en son milieu une partie rétrécie; son bord poslé- e avec l'omoplate postérieure (se'); son bord antérieur présente une gout- tière, dont les lèvres s'articulent avec l'os coracoïde. C'est sur sou bord inférieur qu'est située la cavité glénoïde, qui reçoit la tête de l'humérus. L'os coracoïde (c) est court, étranglé en son milieu, et plus large à son extrémité sternale qu'à celle qui s'articule avec l'omoplate ; il est séparé de ce dernier os par un petit cartilage : le cartilage paraglénoïde ou paraglénal de Dugès. La clavicule (cl), située au-dessus de l'os coracoïde, est parallèle à celui-ci et en est séparée par un trou ovale : le fommen ovale. Elle est plus étroite que le coracoïde; contrairement à ce dernier, son extrémité sternale, terminée en pointe mousse, est moins large que la partie qui s'articule avec l'omoplate. Les deux extrémités se terminent par des cartilages, qui unissent la clavicule au coracoïde et à l'épisternum d'une part, à l'omoplate d'autre part. Le squelette du 6ms est formé par un os unique, Vhumérus (fig. 26), long, cylindrique et renflé h ses deux extrémités, qui sont arrondies. L'extrémité supérieure, tapissée de cartilage, vient se loger dans la cavité glénoïde formée aux dépens de l'omoplate et du cartilage coracoïdien. L'extrémité inférieure présente une tète articulaire hémisphérique (c'), qui est reçue dans une cavité de l'avant-bras. La face interne présente une crête deltoïde saillante (cd), qui s'avance à peu prés jusqu'à la moi- tié de l'os chez les mâles; le bord postérieur présente une autre crête dans sa moitié inférieure ; cette crête a reçu le nom de crista medialis. Chez les femelles ces crêtes sont moins prononcées. Le squelette de Vavant-bras (fig. 27) est constitué par un seul os (a), qui résulte de la soudure du radius et du cubitus; il est aplati d'avant en arrière et présente une rainure longitudinale, surtout marquée dans sa moitié inférieure, qui témoigne de sa dualité primitive. L'ex- trémité supérieure présente une écbancrure, qui reçoit l'extrémité inférieure arrondie de l'humérus. Eu arrière, cet os présente une apophyse, l'olécrâne. L'extrémité inférieure est élargie et présente deux apophyses cartilagineuses, l'une triangulaire du côté du radius (r), l'autre, plus arrondie, du côté du cubitus (u). FiCt. 26. — Humérus droit, vu par sa face dor- sale (d'après Ecker ). cd, crista med ia li s ou crête del- toïde. — c', tête articu- laire de l 'ex- trémité infé- rieure. GRENOUILLE. 125 Le carpe (fig. 27) comprend six os, disposés sur deux rangées. I.a première, la plus rapprochée de l'avant-bras, comprend, en commençant du côté interne : le pyramidal, l'os lunaire et l'os naviculaire. Le pyramidal (p) s'articule aveo la partie cubitale de l'os de l'avant-bras par son bord supérieur, avec l'os lunaire par son bord externe et avec l'os crochu, dont nous allons parler, par sa face inférieure. L'os lunaire {]) s'articule par sa face supérieure avec l'extrémilé radiale de l'os de l'avant-bras; par sa face inférieure a vec l'os crochu, par sa face interne avec le pyramidal et par sa face externe avec l'os naviculaire. L'os naviculaire (n) n'est pas en rapport avec l'articulation antibrachiale ; il s'articule par sa face ex- terne avec l'os lunaire et par sa face inférieure avec les trois os de la seconde rangée. Celle-ci comprend : l'os crochu, le trapézoïde et le trapèze. L'os crochu (hc) ou capitato hamatum est à lui seul plus grand que tous les autres réunis. Par sa face supérieure il s'articule avec les trois os de la première rangée, par sa face interne avec le trapézoïde et par sa face inférieure avec les méta- carpiens des trois doigts les plus externes. Le trapézoïde (f) est en rapport par sa face externe avec l'os crochu, par sa face supérieure avec l'os naviculaire, par sa face interne avec le trapèze et par sa face inféro-interne avec le métacarpien de l'index. Le trapèze (t), le plus interne de tous les os du carpe, est eu rapport par sa face externe avec l'os naviculaire et le trapézoïde et par sa face in- féro-interne avec le métacarpien du pouce. Les os du carpe restent, même chez l'adulte, presque entièrement cartilagineux. Le métacarpe (fig. 27, m) comprend cinq os allongés. Le premier, celui du pouce, est beaucoup plus petit que les autres; il est surtout très réduit chez les femelles; les quatre autres ont sensiblement la même dimension. Les phalanges (fig. 27, II à V) n'existent qu'aux quatre doigts externes; le pouce en est dépourvu, l'index et le médius n'en ont que deux, l'annulaire, le plus long des doigts de la main, et le cinquième doigt en ont trois. Le pouce, dépourvu de phalanges, n'est donc représenté que par un petit métacarpien; aussi est-il remplacé au point de vue fonctionnel par l'index. A cause du rôle qu'il joue dans l'accouplement, l'index est très développé chez le mâle: son squelette est volumineux et le simple examen Fig. des os de ce doigt suffisent souvent à reconnaître le sexe — Squelette de l'avant- bras et de la main (d'après KCKER). a, os de l'avant-bras. — u, apo- physe cubitale. — r, apo- physe radiale. — p, pyrami- dal. — 1, os lunaire. — n, os naviculaire. — hc, os crochu. — t' trapézoïde. — t, trapèze. — m, les cinq métacarpiens. — I, pouce dépourvu de pha- lange. — II à V, les quatre derniers doigts. de l'animal. La position normale de la mian est la demi- pi^onation, car, le radius et le cubitus étant soudés, les mouvements de pronation et de supination n'existent pas. Membre inférieur. — Le membre inférieur est beaucoup plus développé que le supérieur. Nous examinerons successivement la ceinture pelvienne, le squelette de la cuisse, de la jambe et celui du pied. La ceinture pelvienne ou bassin (fig. 28) relie le membre inférieur à la colonne vertébrale; le bassin est très allongé et présente à peu près la forme d'un V, dont les os iliaques constituent les branches et dont les ischions et les pubis constituent la pointe. Au milieu, entre les branches du V, se trouve le coccyx ou urostyle, dont nous avons déjà parlé. A leur point d'intersection les trois os du bassin forment une cavité cotyloïde ou acetabulum (a), où vient se loger la tête du fémur. Les os iliaques (il) sont les plus grands; ils sont unis sur la ligne médiane par leur extrémité inférieure élargie et s'unissent par leur bord inférieur aux ischions et aux pubis. Leur extrémité supérieure, grêle et cylindrique, .s'articule par l'intermédiaire d'nne bandelette cartilagineuse avec les apophyses transverses de la neuvième vertèbre ou vertèbre sacrée. En arrière, les os iliaques présentent sur une grande partie de leur Ion 126 GRENOUILLE. FiG. 28. — Ceinture pelvienne. il, ilion. — a, cavité cotyloïde ou ace- tabulum. — pa. crête ischio-pu- bienne, t: '-li gueur une crête verticale tranchante, qui forme une vaste surface d'insertion aux muscles de cette région. Leur bord antérieur est émoussé et légèrement concave. Les ischions, situés à la partie inférieure du bassin, sont irrégu- lièrement arrondis par la face interne; ils sont unis l'un à l'autre et présentent, au niveau de la ligne où ils se rencontrent, une crête verticale à bord inférieur convexe (pa) ; ils s'articulent par leur bord supérieur et postérieur avec les os iliaques et par leur bord supérieur et antérieur avec les pubis. Les pubis sont triangulaires; leur pointe, dirigée dans le sens antéro-postérieur, contribue à former la cavité cotyloïde, de sorte que celte cavité est formée en haut par les os iliaques, dans sa partie médiane par les pubis et dans sa partie inférieure par les ischions. Les pubis présentent un bord antérieur, arrondi et libre, un bord supérieur s'articulant avec les os iliaques et un bord infé- rieur s'articulant avec les ischions. Les deux pubis sont accolés l'un à l'autre sur la ligne médiane. Le squelette delaau's.seest forméparun osunique, le /"émiinfig. 29), long, cylindrique, très légèrement infléchi en forme d'S. L'extrémité supérieure (a), tapissée de cartilage, est arrondie et logée dans la cavité cotyloïde du bassin. L'extrémité inférieure (p) est irréguliè- rement aplatie au niveau de son articulation avec l'os de la jambe. Comme le squelette de l'avant-bras, celui de la jambe (flg. 30) est formé par un seul os, qui résulte de l'union du tibia et du péroné. On peut aisément se rendre compte de cette dualité par les rainures que présente l'os au voisinage de ses épiphyses, ainsi que sur une coupe transversale, où l'on voit net- tement deux canaux médullaires. Cet os, un peu aplati d'avant en arrière, présente une légère courbure à concavité interne ; sur la partie médiane de la face antérieure se trouve un orifice (f) où passe l'artère tibiale. L'extrémité supérieure s'unit au fémur et forme avec lui l'articulation du genou. Les deux os sont unis par de forts ligaments et leurs épiphyses sont entourées d'une capsule articulaire. Le tarse (fig. 31) est formé de six os. Les deux os qui forment la première rangée sont volumineux par rapport aux autres; ils sont allongés, parallèles, symétriques et unis par leurs extrémités, en partie cartilagineuses (ac). Le plus interne est l'astragale (a) ; l'ex- terne, le calcanéum (c); ces deux os s'articulent en haut avec l'os de la jambe, en bas avec les deux derniers métatarsiens, le cuboïde et le naviculaire. La seconde rangée comprend : le cubo'ide (B), qui a la forme d'un disque dont la face supérieure s'articule avec l'extrémité inférieure de l'astragale et du calcanéum et dont la face inférieure est en rapport avec le second et le troisième méta- tarsien. Sa partie interne touche à l'os naviculaire. L'os naviculaire est situé au-dessus du premier métatarsien, avec lequel il s'arti- cule iuférieurement. Sa partie externe s'articule avec l'astragale en haut, le cuboïde en bas, et sa partie interne avec le plus externe des deux cunéiformes. Lesdeux cunéiformes (h et h'j sont internes; le plus interne est le plus grand (h') et supporte un éperon corné visible sur l'animal vivant et qui est l'ébauche d'un sixième doigt, le préhallux. Les cinq métatarsiens (fig. 31, m) sont allongés et sont par ordre de longueur : le quatrième, le troisième, le cinquième, le second et le premier ou métatarsien du pouce. Les phalanges (fig. 31, I à V) sont en nombre variable suivant les orteils : les deux premiers possèdent seulement deux phalanges, le troisième et le cinquième en présentent trois, et le quatrième, de beaucoup le plus allongé, en présente quatre. Il Fig. 29. — Fémur droit, vu par sa face, antéro - interne (d'après Ecker). a, tète du fémur. — p, extrémité infé- rieure. GRENOUILLE. 127 V. Système musculaire. — Nous nous occuperons tout d'abord des muscles qui s'insèrent soit aux os, soit aux cartilages, puis nous dirons quel- ques mots des muscles peauciers. l" Muscles du tronc. — Les muscles superficiels de la face ventrale sont : 1" le muscle droit abdominal (fig. 32, r) (pubio- thoracique de Dugès) qui s'insère d'une part au sternum, d'autre part à la face antérieure du pubis par un fort tendon; étroit près de son insertion pubienne, il s'élargit bientôt et se divise en deux branches; l'une, externe, va rejoindre la partie abdominale du pectoral, à laquelle il s'unit ;rautre, médiane, (r')se rend directement à l'hyposternum, où s'insère une partie de ses fibres. L'autre par- tie des fibres, la plus considérable, passe au-dessus du coracoïde et se prolonge jusqu'au s t e r n 0 h y 0 ï dien. A la /4J "' ! '*! I l^^ surface de ce muscle se r^ ! I r^y trouvent cinq bandes aponévrotiques trans- versales. 2" le muscle abdominal oblique ex- terne (fig. 32 et 33, oe) (dorso -sous-abdominal de DuGÈs et oblique de Zenker) est situé laté- ralement à la partie externe du muscle précédent et s'incurve sur les flancs de fanimal; c'est une lame mus- culaire, dont les libres s'insèrent venlrale- 'ment à l'aponévrose, qui unit sur la ligne médiane les deux muscles droits abdominaux, ainsi qu'au cartilage de l'hyposternum. Dor- salement ses libres s'insèrent à l'aponévrose des muscles longs dorsaux. De la partie mé- diane et supérieure du muscle abdominal externe se détache un petit faisceau muscu- laire, qui va s'insérer au bord inférieur de l'omoplate ; on lui a donné le nom de muscle scapulaire (oe'); 3° le muscle oblique interne fig. 33 et 35, oi) (iléo-transverso-sous-sternal ac, partie cartilagineuse so réunissant au.x deux ^g DUOÈS et transverse de ZeNKER, de KUHL et extrémités, le calcanéum et l'astragale. — , _ , , . , - - j , n »• o, astragale. - c, calcanéum. - B, cuboïdo. ■ - de t,AUPP) est sous-,]acen(. au précèdent. Il s in- c, os naviculaire. — h, petit cunéiforme. — sère dorsalemeiit aux apophvses Iransverses h', grand cunéiforme, -m, les cinq métatar- ^^ j^ quatrième à la neuvième vertèbre; de siens. — la \ , les cinq doigts. ^ _, ,,, , , r, là, ses libres vont en s étalant sur les flancs pour s'insérer aux os iliaques en bas, au sternum et au pharynx en haut. Les muscles de la région dorsale sont plus nombreux. Tout le long delà ligne médiane Fig, 30. — Os de la jambe droite vu par sa face antérieure (d'a- près Ecker). t, extrémité supérieure a, rainure médiane. — f, orifice de l'artère ti- biale. — t' t", extrémité inférieure, EiG. 31. — Squelette du pied (d'après Ecker) 1^8 GRENOUILLE. formée par les apophyses épineuses des vertèbres, depuis le crâne jusqu'au coccyx, s'étend une bandelette musculaire, le fascia dor- salis (fig. 34, fd), appelé aussi par Ecker extenseur commun dorsal, d'où par- tent plusieurs muscles secondaires, qui sont en allant de bas en haut : -1" le muscle coccjj géo-ilia- que (fig. 33, ci) (ile'o-coc- cygien de Dugès) qui va du coccyx à l'os iliaque; le muscle coccygco-sacral; (cl) (sacro-coccygien de Dugès), qui va du coccyx à l'aileron du sacrum et 3° le muscle lonr/ dorsal (Igd) (comprenant les trois muscles : vertébro- sus-occipital, transverso- spinaux et transverso- coccygien de Dugès), qui va de la partie antérieure du coccyx jusqu'à Tos pé- treux; sur le trajet de ses fibres, qui sont longitu- dinales, se trouvent trois inscriptions tendineuses. Au-dessous de la bande- lette dorsale se trouve un autre groupe musculaire, q u i c 0 m p r e n d : i° le muscle cucullaire (fig. 34, c. (angulaire deCuviER; sus- occipito-adscapulaire de Dugès; levator scapulœ sublimis de Zenker, et rhomboïde antérieur de Gaupp) ; 2° le large dorsal (fig. 34, i, Id) (lombo-huméral de Dugès, depressor brachii de Zenker) 3" le rétrac- teur de l'omoplate (fig. 34, r) lomb o-adscapulaire de Dugès ; rhomboïdeus de Klei.n, rhomboïde pos- térieur de Gaupp; omopia- teus rectus? de Zenker et retrahens rhomboïdeus de Kuhl). Ces trois muscles prennent part aux mou- vements de la ceinture scapulaire et du bras. Dans un plan encore plus profond, on trouve : Fig. 32. — Muscles de la poitrine, de la gorge et du ventre (d'après Eckkr). p', portion sternale antérieure du muscle pecteral: — p", portion ster- nalc postérieure du même muscle. — p'", portion abdominale du même muscle. — rf, deltoïde. — c/i, eoraco-huméral. — sr, sterno- radial. — oi, oblique abdominal interne. — oe, oblique abdominal externe. — oe', portion scapulaire du même muscle. — r, droit ab- dominal. — r', portion médiane du même muscle. — ch, omohyoï- dien. — sh, sous-hyoïdien. — sm, sous-maxillaire. — sm', origine hyoïdienneJidu même muscle. Fig. 33. — Muscles du tronc, vus du côté droit (d'après Ecker). le muscle iléo-lombaire ce, oblique abdominale externe. — oe', faisceau scapulaire du même /fin- 1^ nWi^nncvprcn muscle. - Id, large dorsal. - i, infraspinatus. - dm, dépressour de ^ng. JO, iij n ail ï>v eibu- mâchoire. — ss, sous-scapulaire. — d, deltoïde. — t, triceps du bras. liliaque de Dugès et quadr. _ cd, cutané de la cuisse. GRENOUILLE. 12î) lumborum de Cuvier, Zenker, etc.) , qui va du membre transverses de la quatrième jusqu'à la septième vertèbre, vertébrale, entre les apophyses transverses des vertèbres, se trouve la série des muscles traiis- versaires, qui sont : 1° le muscle intertransver- saire supérieur de la tête (ex-occipito-transver- saire supérieur de Dugès); 2° le muscle intertransversaire inférieur de la tête (ex-occi- pito-transversaire inférieur de Dugès) ; 3° les muscles intertransversaires dorsaux (flg. 37, it) (intertransversaires de Dugès), et 4° les muscles intercruraux (fig. 35, 'i) {interspinales, interohliqui de Klein). 2° Muscles de la tête. — Les muscles de la face dorsale de la tète sont très petits et au nombre de deux : 1° le muscle inter maxillaire ou dilatateur des narines (intermaxillaire de Dugès et intermaxillaris médius de Zenker) et supeiieur aux Puis, le long de apophyses la colonne Fio. 35. — Muscles du dos et du bassin (d'après Ecker). t, temporal. -- Igd, long dorsal. — i, muscles inter- vertébraux. — ici. et ics, muscle inférieur et su- périeur d'attache de la tête. — i, intercruraux. — il, iléo-lombaire. — cl, coccygéo-sacral. = ci, coc- cygéo-iliaque. — oi, oblique interne. — gl, glutens. Fig. 34. — Fascia dorsalis et muscles superficiels du dos (d'après Ecker). fd, fascia dorsalis. — c, cucullaire. — se, sterne- ■ cléido-masto'idien. — dm, dépresseur du maxil- laire inférieur. — la, élévateur de l'omoplate. — i, Id, large dorsal. — r, rétracteur de l'omoplate. 2" le muscle latéral des narines [inter- maxillaris lateralis de Ze.nk.er ; nasalis inferior de Klein et sus-maxillo-pré-nasal de Dugès), compris entre les intermaxil- laires et l'extrémité antérieure des bran- ches du maxillaire supérieur. Ces deux muscles sont antagonistes. Sur les faces latérales, on trouve : 1" le masséter (zygomato-maxillaire de Dugès et masseter major et miner de Gaupp), entre la branche horizontale de l'os jugal et le bord externe de la man- dibule ; 2° le temporal [temporalis de Cuvier et sous-rupéo-temporo-coronoïdien de Dugès), compris entre l'os pétreux et l'œil; 3'^ le ptérygo'idien {temporalis de Cuvier ; massetericus de Zenker et pré- rupéo-ptérygo-maxillaire de Dugès), qui contribue avec les deux muscles précé- dents à soulever la mâchoire inférieure et à tenir la bouche fermée; 4» le dépresseur du maxillaire inférieur (flg. 34, dm) (di- gastrique de Cuvier et sus-occipito-dorso- qui a la forme d'un angulaire de Dugès) triangle dont la base se détache de la partie antérieure de la bandelette dorsale et dont l'angle s'insère à l'extrémité infé- rieure de la mâchoire inférieure. Ce muscle est l'antagoniste des trois précédents, et sa contraction ouvre la bouche. A la face ventrale de la tête s'étend transversalement un muscle aplati, qui s'insère de chaque côté sur le maxillaire inférieur et dont la partie DICT. DE PHYSIOLOGIK. — TOME VIII. 9 130 GRENOUILLE. smt FiG. 36. — Muscles de la r(5gion hyoïdienne d'aiJi'ès EcKiîR;. smt, sous-mentonnier. — gh, gli", gh", génio- liyoïdien. — lig, hyoglosse, — sm, stn', sous-maxillaire. — ph, pétro-liyoïdien postérieur. — oh, omo-hyoïdien. — sh, sh', h", sterno-hyoïdien. — H, os liyoïde. — H', baguette styloïde ascendante. médiane présenle une bande de tissu conjonctif. C'est le muscle sous-maxillaire (fig. 16, sm) (mylo-sternoïdien de Zk.xker; mylo-hyoïdien deCuviER; une partie du sous- maxillaire de DuGÈs et sous-hyoïdien de Gaupp), qui forme le plancher de la cavité buccale; de son bord inférieur se détachent deux faisceaux, qui se rendent aux cornes antérieures de l'os hyoïde. La partie supérieure du muscle recouvre un très petit faisceau musculaire; le muscle sous- mcntonnier (fig. 36, smt; (transverse de Cuvier), qui s'étend transversalement d'un os dental à l'autre. Les muscles lujoïdicns sont : l» le (jcnio-lnjoi- dien (fig. 36, gli), qui va du maxillaire inférieur aux cornes postérieures de l'os hyoïde et à l'apo- physe postérieure du corps de cet os; 2" le sterno- hyoïdien (fig. 36, sh, sh') (sterno-xipho-hyoïdien de DuGÈs et pulno-hyoïdien de Cuvieu), qui va du sternum à la face inférieure du corps de l'os hyoïde, après avoir traversé tout le cou ; 3° Vo- mo-hyoidien (fig. 36, sh) (interscapulo-hyoïdien ou omo-hyoïdien de Dugès), qui va du bord su- périeur de l'omoplate à la face inférieure du corps de l'os hyoïde; 4° le pétro-hyo'idien anté- rieur (rupéo-cérato-hyoïdieu de Dugès; pétro cerausl de Zenker, et hasiohyoideus de Klein) et 0° le pétro-hyoïdien postérieur (fig. 36, ph) (stylo-hyoïdien de Cuvier et Klein; masto-hyoïdien de Dugès et pétro-hyoïdieti supé- rieur et inférieur de Ze.\'ker), qui vont de l'os pétreu'*' à la face ventrale du corps de l'os hyoïde en contournant le pharynx, sur lequel ils prennent quelques insertions. Les muscles de la langue et de Vœi} seront indiqués aux chapitres qui trai- tent de ces organes. 3» Muscles des membres. — Muscles du membre supérieur. — Les muscles de la ceinture scapulaire, sont sur la face dorsale : 1° V élévateur de V omo- plate (fig. 34 et 37, la) (sous-occipito- adscapulaire de Dugès ; protractor scapulœ de Zenker et levator scapidx inferior de Gaupp) ; 2° le sterno-cléido- mastoïdien (fig. 34 et 37, se) (sca- pulo-mastoïdien de Dugès; slerno- mastoïdien de Cuvier; protractor sca- pulœ de Zenker et cucullaire de Gaupp) 613° le protracteur de l'omoplate (protractor acromii de Dugès et Zenker et levator scapulœ supcrior de Gaupp). Ces trois muscles s'insèrent d'une part aux os pétreux et aux occipitaux la- téraux, d'autre part à l'omoplate; ils projettent l'omoplate en haut et con- tribuent à relever la tête en arrière. Un peu au-dessous de ce groupe de muscles se trouvent les muscles transverso-scapulaires, qui attirent la ceinture scapu- laire en dedans, en bas et en arrière. Ils partent des apophyses transverses de la troi- sième et de la quatrième vertèbre et vont s'insérer à la face ventrale de l'omoplate. EcKER leur donne le nom de grand, p)etit et troisième transverso-scapulaires. Le grand Fig. 37. — Muscles de la face ventrale de la rJgion vertébrale et muscles do ré]>aule (d'après Ecker). la, élévateur de l'omoplate. — se, sterno-cléido-mastoï- dien. — is, interscapulaire. — ts et ts', grand transverso- scapulaire. — ts", petit transverso-scapulairo. — it, in- tertransversaires dorsaux. — d, delto'ido. — ss, coraco- huméral. GRENOUILLE. 131 tranaversû-scapulaire (fig. 37, Is, ts') représente le scrratus infetior de G.vupp ou le transverso-interscapulaire de Dugès; \e petit (fig. 'M, ts") représente le serratus médius de Gaupp ou transverso-adscapulaire de Dugès et le troisième est le semitus supevior de Gaupp, représentant une partie du lombo-adscapulaire de Dlgès. La portion osseuse de l'omoplate est réunie à sa partie cartilagineuse par le muscle interscapulaire (fig. 37, is) qui a pour fonction de rapprocher les deux omoplates. D'autres muscles s'insèrent à la fois sur l'épaule et sur riiumérus, ce sont : 1» sur un plan inférieur le muscle sous-scapulai)X' (sous-scapulo-huméral de Dl'gès et coraco- brachiaUs breci^i de Gaupp) et 2» sur un plan supérieur, le muscle infra-spinatus (adsca- pulo-huméral de Dugès et dorsalis scapulœ de Gaupp). A la face ventrale, on trouve : \° le muscle pectoral d[vi?,é par Ecker en trois portions : n) la porlion stevnale antérieure (clavi-huméral de Dugès et portion épicoracoUlienne de Gaupp); 6) la portion sft'/'«rt/e pos/eV/e^/^e (sterno-huméral de Dugès; hume'ro-sternal de Klein) et c) une portion abdominale (abdoniino-huméral de Dugès; bracliio -abdominal de Zeisker et hutnéro-abdominal de Klein"» ; 2o le muscle coraco-huméral (fig. 37, ss) [adductor-humeri de Klelx et coraco Irachialis lonyus de Gaupp) qui va de l'os coracoïde à la partie mé- diane de l'humérus ; 3» le deltoïde (fig. 37, d) (pré-sterno- scapulo-huméral de Dugès), qui s'étend de la clavicule et du cartilage qui la relie à l'omoplate jusqu a la crête deltoï- dienne de l'humérus. Les muscles du bras sont au nombre de deux : 1° le biceps ou sterno-radial (présterno-clavi-radial de Dugès et coraco-radial de Gaupp), qui s'insère sur répisternum d'une part et d'autre part sur le bord radial de la tête articulaire de l'os de l'avant-bras ; il est fléchisseur de l'avant-bras sur le bras ; 2" le triceps brachial (scapulo-huméro-olécranien de Dugès et anconœus de Capes, Zenker et Gaupp), qui va do l'humérus, dont il recouvre la face dorsale à la partie supéro- postérieure de l'os de l'avant-bras; il a pour fonction d'étendre l'avant-bras sur le bras. Les muscles de l'avant-bras (fig. 18) peuvent se diviser en deux groupes. Le premier, situé à la face palmaire, comprend six muscles : deux fléchisseurs du carpe, l'un radial (Fc'), l'autre ulnaiie (Fc), un fléchisseur commun des doigts, un fléchisseur médian de l'avant-bras (Fa') et deux fléchisseurs latéraux de Varant^bras, l'un superficiel (Fd) et l'autre profond. Le second groupe, situé à la face dorsale, se compose du long extenseur com- mun des doigts, des extenseurs de l'avant-bras, de V abducteur du deuxième doigt et de Yextenseur ulnaire du carpe. Les muscles de la main sont encore plus nombreux, et leur énumération sortirait du cadre de cet article; on trouvei^a leur description détaillée et leur synonymie dans la monographie de Gaupp (p. 155 à 175). Muscles du membre inférieur. — Les muscles de la partie profonde du bassin sont : 1° le muscle ilco-psoas (intra-iléo-fémoral de Dugès; iliacus internus de Cuvier, Zenker; Klein et iliaque interne de Gaupp), qui s'insère sous la portion moyenne du tiers supé- rieur du fémur, passe sous le muscle glutèus et s'attache fortement ensuite sur l'us iliaque; 2° le carré crural (post-iléo-fémoral de Dugès et glutens minor de Zenker), long muscle triangulaire, qui va de l'os iliaque derrière l'acétabulum à la partie supérieure de la face médiane et de la face postérieure du fémur; 3° le muscle obturateur (ischio- pubi-fémoral , uerfs rachidicns qui en SM envoient des anses anastomotiques aux ganglions du sympathique (S' à S'"). — No, nerf obturateur. — Xi, nerf sciatique. ^ I à X, première à dixième paire de nerfs crâniens. — G, ganglion du nerf vague. — Vg, ganglion de Gasser. — o, globe oculaire. — N, sac nasal. Va à Vo,les différentes l)ranchesdu trijumeau. — F, nerf facial. — Vs, anastomose du sympathique avec le gan- glion do Gasser. — X' à X*, branches du vague. — Quelques fibres du sympathique accompagnent la branche du nerf vague. 146 GRENOUILLE. divise en deux : le nerf péroiiier médian et le nerf péronier latéral. Le nerf péronier médian est très grêle, et chemine avec l'artère libiale sous le fléchisseur du tarse, auquel il fournit quelques rameaux. Le nerf 'péronier latéral, plus gros que le médian, passe entre les deux faisceaux d'origine du muscle tibial antérieur; il fournit deux i-ameaux, qui, après avoir innervé la peau de la face dorsale du pied, se réunissent pour former un tronc unique : le nerf péronier commun inférieur. Celui-ci suit le trajet de l'artère dorsale du pied, fournit des rameaux aux extenseurs des doigts, et ses der- nières ramifications se rendent à la peau et aux muscles des orteils. Les nerfs crâniens (lig. 48 et 49, 1 à X) sont au nombre de douze paires, si l'on compte les nerfs hypoglosses, de onze paires seulement, si, comme nous l'avons fait, on rango ces derniers parmi les nerfs rachidiens. Tous naissent sur les côtés du cerveau et de la moelle allongée; ce sont : 1° le nerf olfactif, 2" le nerf optique, 3° le nerf oculo- moteur, 4" le nerf trochléaire, o° le nerf trijumeau, 6° le nerf abducteur, 7" le nerf facial, 8° le nerf acoustique, 9° le nerf glosso-pharyngien, 10° le nerf vague et 11° le nerf accessoire. Le nerf olfactif (I) part du lobe olfactif et s'épanouit sur la muqueuse nasale. Le nerf optique (II) part latéralement de la face inférieure du mésencépliale et se dirige obliquement vers la ligne médiane, où il forme le chiasma (fig. 48, B, Cho) ; il se rend ensuite directement au globe oculaire. Le nerf oculo-moteur {lU) est un mince filet qui naît à la base du cerveau, entre le mésencéphale et l'hypophyse, et se rend dans les muscles de l'œil : droit interne, droit inférieur et oblique inférieur. Le nerf trochléaire (IV) est également très réduit; il se détache latéralement du bulbe, traverse le crâne, innerve le muscle oblique supérieur de l'œil, puis va s'unir au rameau ophtalmique du trijumeau. Le nerf trijumeau (V) part de la moelle allongée; il se renfle bientôt pour former le ganglion de Gasser (Vg), d'où partent deux rameaux qui sortent du crâne à l'angle postérieur de l'orbite. Le rameau supérieur ou ophthal- mique traverse les muscles de l'œil, donnant quelques branches au globe oculaire, puis se termine dans les fosses nasales; le rameau inférieur ou maxillaire, après avoir contourné le fond de l'orbite, se divise en deux branches, l'une se rendant à la mâchoire supérieure, c'est le rameau maxillaire proprement dit, l'autre à la mâchoire inférieure, c'est le rameau mandibulaire . Le nerf abducteur (VI) naît inférieurement de la moelle allongée et se rend au ganglion de Gasser, d'où partent deux filets qui sem- blent dépendre de l'abducteur; l'un d'eux se rend au muscle rétracteur de l'œil, l'autre au muscle droit externe de l'œil. Le nerf facial (Vlli, naît au même niveau que le précédent et, avant sa sortie du crâne, va s'unir au ganglion de Gasser. Trois nerfs crâniens viennent donc aboutir à ce ganglion : le trijumeau, l'abducteur et le facial, et il est très difficile de préciser la part qui revient exactement à chacun de ces nerfs dans la formation des branches qui partent du ganglion. Le nerf acoustique (VIII) prend naissance sur les côtés de la moelle allongée et gagne de suite la capsule auditive où il se ramifie. Le nerf glosso-pharj^gien (IX) naît sur les côtés de la moelle épinière, formant un tronc commun avec le nerf vague ; ce tronc se termine par un ganglion (G), d'où se détache le glosso-pharyngien qui se divise alors en deux branches, dont l'une s'anastomose avec le nerf facial et dont l'autre se rend à l'appareil hyoïdien, au plan- cher de la bouche et au pharynx. Le nerf vague (X) quitte le ganglion en même temps que le glosso-pharyngien et sort du crâne par un orifice situé au-dessus du condyle occipital. De là, il longe le cou, passe entre l'hypoglosse et l'aorte ascendante, puis se divise en |nombreux rameaux (Xi à X4) : l'un se rend à la peau de la région supra- scapulaire, un autre se ramifie dans les muscles, d'autres se rendent au larynx, à l'es- tomac, aux poumons, au cœur; ce sont les rameaux laryngé, gastrique, pulmonaires et cardiaque. 3° Système grand sympathique. — Le grand sympathique de la grenouille est formé de deux cordons nerveux courant parallèlement de chaque côté de la colonne verté- brale, et sur le trajet desquels se trouvent dix ganglions (Si à Siq). La chaîne sympa- thique commence en haut au ganglion de Gasser, d'où elle part sous forme d'un mince filet qui se dirige en bas, s'anastomosant avec le nerf vague et le glosso-pharyngien. Au- dessous du ganglion du nerf vague, le sympathique sort du crâne; il présente un pre- mier ganglion au niveau du premier nerf rachidien, ou nerf hypoglosse, avec lequel il s'anastomose. Les deux ganglions suivants se trouvent au niveau du plexus brachial et GRENOUILLE. 147 FiG. 50. — Cellules olfactives. Ep, Ep, cellules épithé- liales. — R, cellule sensorielle. — B, cils olfactifs, émettent des filets nerveux qui se rendent au cœur, où ils s'anastomosent avec les ganglions cardiaques. Les autres ganglions, fusiformes ou triangulaires, correspondent aux différents nerfs spinaux, depuis le troisième jusqu'au dernier, et sont unis à eux par une ou plusieurs anastomoses. Le système sympathique envoie encore de nom- breux rameaux à l'aorte et à ses branches, ainsi qu'aux diffé- rents viscères, sur lesquels il forme des plexus plus ou moins compliqués, tels que les plexus de l'estomac, du foie, des reins, de la vessie. Vin. Organes des sens. — 1° Organes tactiles. — La peau de la grenouille est très riche en filets nerveux qui forment un réseau dans le tissu conjonctif du derme. Certains filets se rendent à la surface de la peau, à la base des verrucosités, où ils se ter- minent dans des amas de cellules aplaties plus ou moins nom- breuses. La structure bistologique de ces espèces de papilles tac- tiles varie suivant les régions du corps que l'on considère. 2° Organes gustatifs. — Ces organes sont situés sur des papilles de la langue et du palais, au voisinage des dents vomériennes, jusqu'à l'entrée de l'œsophage. La partie supérieure et les bords des papilles fungiformes de la langue sont tapissées de cellules de forme variable, en relation avec les extrémités nerveuses et désignées sous le nom de disques terminaux. Ce nom s'applique également aux îlots de cellules gustatives disséminées dans l'épi- Ihélium vibratile de la voûte de la cavité buccale. Ajoutons toutefois qu'on tend aujourd'hui à considérer les disques termi- naux bien plus comme des organes tactiles que comme des appa- reils gustatifs. 3" Organes olfactifs. — Les cavités nasales s'ouvrent à l'exté- rieur par de petits orifices ovalaires situés à l'extrémité du museau et entourés d'un iourrelet cutané qui permet à l'animal de fermer l'orifice quand il plonge. La narine est reliée à l'angle de l'œil par une traînée pigmentaire qui indique le trajet du canal lacrymal, découvert par Born. Nous avons déjà dit que les orifices internes des fosses nasales venaient s'ouvrir sur le plafond rap, nerf de l'ampoule postérieure. -^ rs, nerf du saccule. — m, "^UX aemi-CirCUiaires qui nerf de la macula neglecta. — rb, nerf de la lagénule. — rb. nerf basilaire, — tv, ter/itmentum vasculosum. sont au nombre de trois, deux verticaux antérieur et postérieur et un horizontal externe. Le saccule communique par \e~conduit endolymphatique (d e) avec un petit sac bilobé contenant des corpuscules analogues aux otolithes et situé près du cerveau; ce sac est lui-même en relation avec les corpuscules calcaires que nous avons déjà si- gnalés le long de la colonne vertébrale à la naissance des nerfs rachidiens. Derrière le saccule se trouvent quatre diverticules, dont les deux principaux sont la lagémde et la partie basilaire de la cochlce (pb). On désigne les deux autres sous les noms de GRENOUILLE. 149 tegumentum vascidosuin et de pars neglecta. On remarque, sur ces quatre diverticules, aussi bien que sur le saccule, des taches auditives ou crêtes acoustiques (mu, ms, mu, pi, ppb), sortes de papilles, où viennent s'épanouir les dernières ramifications du nerf acoustique. 5° Organe visuel. — Les yeux de la grenouille, situés de chaque côté de la tête, peuvent, grâce à la contraction de certains muscles, sortir plus ou moins de l'orbite ou y rentrer complètement. Ils ont la forme d'une sphère aplatie et sont protégés par deux paupières; la supérieure est petite et immobile; l'inlerieure est plus grande, transpa- rente et mobile. La structure de l'œil de la grenouille se rapproche tellement de celle de l'œil des vertébrés supérieurs que nous serons très bref sur sa description. La scléro- tique est renforcée, surtout au voisinage du nerf optique par une lamelle cartilagineuse, en avant elle devient transparente pour constituer la cornée; celle-ci est tapissée inté- rieurement par la membrane de Descemet et extérieurement par la conjonctive qui se réiléchit sur la face interne des paupières. La choroïde n'est soudée à la sclérotique qu'au niveau du point d'entrée du nerf optique et au niveau de la ligne de séparation entre la cornée et la sclérotique; partout ailleurs elle est peu adhérente. L'ouverture de Viris, ou pupille, est horizontale et les différents milieux réfringents de l'œil : humeur aqueuse, cristallin, humeur vitrée, ne présentent aucune particularité. La rétine est formée de dix assises superposées dont la plus importante est celle des cônes et des bâtonnets. Il existe une tache jaune un peu en dehors du point d'entrée du nerf optique, Les muscles de l'œil sont au nombre de huit : 1° le droit inférieur (post-orbito-sous- oculaire de Dugès et depressor oculi de Zenrer), 2" le droit externe (post-orbito-ex- oculaire de Dugès) et 3" le droit interne (post-orbito-in-oculaire de Dugès) s'insèrent d'une part au parasphénoïde ou à la lame fibro-cartilagineuse qui relie le sphénoïde au fronto-pariétal, d'autre part aux faces inférieure, externe ou interne du globe oculaire; 4° le droit supérieur (post-orbito-sous-oculaire de Dugès) va du fronto-pariétal à la face supérieure de l'œil; 5° l'oblique supérieur (pré-sus-orhito-oculaire de Dugès) et 6° l'oblique inférieur (pré-sous-orbito-oculaire de Dugès) sont tous deux fixés à l'os palatin; de là le premier va s'insérer à la face supérieure de l'œil et le second à sa face antérieure; ils font mouvoir l'œil obliquement de côté et en haut; 7° le rétracteur de l'œil (orbito-post- oculaire ou choanoïde de Dugès et m. opticus de Zexker) va du sphénoïde au globe oculaire, qu'il tire au fond de l'orbite; 8° le muscle élévateur de l'œil (fronto-ptérygoïdien de Dugès et sustentator bulbi de Klein) s'étale sur le fond de l'orbite aux parois de laquelle il s'insère, sans avoir aucun point d'attache sur le globe oculaire; sa contrac- tion soulève l'œil dans l'orbite. Citons encore le muscle abaisseur de la paupière inférieure; nous savons que la paupière supérieure est dépourvue de muscles. La grenouille n'a pas de glande lacrymale, mais 'elle possède à l'angle interne de l'œil la glande de Harder, qui sécrète un liquide huileux, semblable à celui qui provient des glandes de Meibomius chez les vertébrés supérieurs. IX. Système digestif. — 1° Tube digestif. — La bouche s'ouvre à l'extrémité supé- rieure du corps de la grenouille par une large fente qui donne accès dans une vaste cavité limitée en haut et latéralement par les os des mâchoires supérieure et inférieure tapissés d'un épais repli de la muqueuse. Quand la bouche est fermée, le bord de la mâchoire inférieure vient se loger dans une sorte de rainure destinée à le recevoir et située au plafond de la cavité buccale. Celle-ci est recouverte par une muqueuse dont l'épithélium est surtout formé de cellules cylindriques à cils vibraliles. Les dents, disposées en rangées sur les maxillaires et les intermaxillaires, ainsi que sur deux éminences du vomer, sont petites, et font à peine saillie au dehors de la mu- queuse. Elles ont toutes la même forme; elles sont pointues et leur extrémité' aiguë est dirigée en bas; on en compte plus de cent. 0. Hertwig a étudié leur structure et leur développement; nous nous contenterons de dire que l'ivoire, le cément et l'émail entrent dans leur constitution. Ces dents servent surtout à retenir les aliments et non à les broyer. Au plafond de la bouche, dans la dépression située entre les deux intermaxillaires, se trouvent les orifices des canaux excréteurs de la glande intermaxillaire ; de chaque côté des éminences du vomer sont placés les orifices internes des narines ou choannes; enfin, plus inférieurement, à l'entrée du pharynx se trouvent les orifices des trompes 50 GRENOUILLE. M d'EusTACHE. Le sillon du sphénoïde partage la voûte de la cavité buccale en deux parties, où font saillie les globes oculaires, qui ne sont séparés de la bouche que par la muqueuse buccale, une lame de tissu conjonclif et le muscle élévateur de l'œil. Sur le plancher de la bouche se trouve la langue, qui le recouvre entièrement; elle est fixée par son bord supérieur sur la lig'ne médiane de la symphyse mandibulaire; son bord inférieur est libre et échancré. La forme de la langue varie suivant son état de contraction, mais son bord inférieur libre est plus large que son bord supérieur adhéi-ent. La langue est formée de ti^ois mus- cles : l'un, rétracteur, le muscle hyoglosse (lig. 36, hg), les deux autres protracteurs, les muscles génioglosses. Le premier est un muscle médian, impair, intercalé entre les génio- glosses; il est formé de la réunion de deux faisceaux qui s'insèrent sur les cornes posté- rieures de l'os hyoïde; ces faisceaux se réu- nissent bientôt pour former un muscle unique, qui passe sur la face ventrale du corps de l'hyoïde et se dirige en haut jusqu'au point d'in- sertion de la langue qu'il parcourt d'une extré- mité à l'autre. Les muscles génioglosses sont pairs et situés latéralement; ils viennent toute- fois se réunir sur la ligne médiane. Chacun d'eux est formé de deux portions : une supé- rieure, dorsale et médiane; l'autre profonde, ventrale et latérale. Quelques faisceaux s'insè- rent sur la muqueuse de l'oreille et sur le sque- lette. A la surface de la langue se trouvent des papilles disposées sans ordre et de nombreuses glandes. Nous avons étudié les corpuscules gustatifs avec les organes des sens. Nous de- vons signaler chez les mâles la présence de deux orifices ovalaires situés de chaque côté de la langue ; ce sont les orifices des sacs vocaux. A la bouche fait suite le pharynx, qui se continue sans ligne de démarcation avec ïœso- phage (fig. 53, œ) en avant duquel se trouve le larynx. L'œsophage est situé dans l'axe du corps; il est très court, et sa muqueuse pré- sente des plis longitudiuaux. Son épithéliuni est couvert de cils vibratiles dont les mouve- ments se font de haut en bas; ce qui permet de réaliser l'expérience de M. Duval, connue sous le nom de limace artificielle. L'œsophage ren- ferme des glandes nombreuses qui présentent des croissants de Gianuzzi; il se termine là où le tube digestif s'infléchit légèrement à gauche, c'est la seule marque qui permette de préciser le début d3 Vestomac (M). Celui-ci décrit une courbure très faible, un peu plus accentuée dans la région pylo- rique, et dont la convexité est située du côté gauche; il est allongé, cylindrique et à parois très épaisses. La muqueuse de l'estomac, comme celle de l'œsophage, présente des plis longitudinaux qui disparaissent plus ou moins quand l'estomac est plein. Les parois de l'estomac peuvent être décomposées en cinq couches principales, qui sont, en allant de dehors en dedans : 1° une couche séreuse ou péritonéale; 2° une couche mus- culaire à fibres longitudinales; 3" une couche musculaire à fibres circulaires; 4° une couche de tissu conjonctif lâche comprenant ^des espaces lymphatiques; o" une couche muqueuse ou glandulaire, revêtue d'un épithélium cylindrique ou caliciforme à cils Fig. 53. — Tube digestif (d'après Wiedersheim). Oe, œsophage. — M, estomac. ^ Py. région pylorique. — Du, commencement de l'intes- tin moyen (duodénum). — D, intestin moyen. -\-, limite de l'intestin moyen et de l'intestin terminal R. — A, orifice de l'intestin termi- nal dans le cloaque (ICj. — IIB, vessie uri- naire. — Mz, rate. GRENOUILLE. loi vibratiles. Dans la muqueuse stomacale se trouvent des glandes en tube de deux sortes : les glandes muqueuses proprement dites, tapissées d'un épithéiium cylindrique simple et les glandes à pepsine, qui, au milieu des cellules épithéliales précédentes, renferment de grandes cellules pâles, appelées cellules gastriques de Heidemiein. A sa partie terminale ou pylorique (Py), l'estomac se rétrécit et les plis longitudinaux se resserrent pour bientôt disparaître complètement. Ce seul indice permet de reconnaître le début de V intest in grêle. La première portion de l'intestin grêle, que l'on peut appeler le duodénum (Dv), se recourbe en haut parallèlement à l'estomac, formant une anse dans laquelle est logé le pancréas. L'intestin grêle (D) se continue en décrivant quelques circonvolutions et en conservant sensiblement le même diamètre jusqu'au point où il aboutit dans le rec- tum. Le rectum (Ri est d'un diamètre double environ; ses parois sont plus minces, et il a toujours une coloration verdâtre due à l'accumulation des excréments dans sa cavité. Son diamètre diminue graduellement jusqu'au cloaque, où il débouche presque au même niveau que la vessie urinaire. Les parois intes- tinales peuvent, comme celles de l'estomac, être divisées en cinq couches ; mais leur impor- tance relative varie beaucoup. Ainsi, dans l'in- testin, les couches musculaires, surtout la rouche de fibres circulaires, sont moins déve- loppées. Les fibres longitudinales sont surtout prédominantes dans le rectum. Les plis de la muqueuse intestinale sont peu marqués dans la première portion du duodénum; puis ils de- viennent plus saillants, et, à trois centimètres environ du pylore, ils prennent l'aspect de plis transversaux reliés par des plis secondaires formant une sorte de réseau, et des valvules analogues aux valvules couniventes des ver- FiG. 54. — Foie vu par la face ventrale (d'après Wiedershkim). L, h', L-, lobes du foie. — M, estomac. — duodénum. — H, cœur. tébrés supérieurs. Dans la seconde moitié de l'intestin grêle et dans le rectum, on ne trouve plus que des replis longitudinaux. Il existe dans la muqueuse intestinale des glandes qui jouent le rôle des glandes de LiebebkCh.x. Un mésentère relie les anses intestinales aux parois du corps de la grenouille. 2" Annexes du tube digestif. — Les glandes de la bouche destinées à humecter la muqueuse buccale n'existent que chez les animaux qui vivent sur la terre, aussi appa- raissent-elles pour la première fois chez les amphibiens. Chez la grenouille, on trouve dans l'épaisseur de la muqueuse du plafond de la bouche, près des cornets nasaux, une glande tubuleuse, appelée glande intermaxillaire ou internasale. Ses conduits excréteurs débouchent sur le palais, à la région supérieure de la tête, dans une dépression située entre les deux intermaxillaires, ainsi que nous l'avons déjà signalé, en étudiant la cavité buccale. Outre cette glande, on en trouve encore une autre, située dans la l'égion des arrière-narines, c'est la glande pharyngienne, dont les canaux excréteurs vont déboucher dans les arrière-narines et dans le pharynx. Ajoutons que la langue de la grenouille renferme aussi des tubes glandulaires. Le foie (fig. 'j4) est une masse brunâtre, volumineuse, formée de plusieurs lobes, et située au-dessous du cœur et en avant de l'intestin, recouvrant l'estomac, le duodénum, le pancréas et les poumons (fig. 54 et jîi). Le foie de la grenouille est divisé en quatre lobes, deux grands lobes latéraux el deux médians plus petits et presque complètement lecouverts par les premiers. Les lobes latéraux (L et L') ont leur face ventrale convexe, et leur bord supérieur arrondi. Entre le bord supérieur du lobe droit et celui du lobe gauche se trouve un espace angulaire occupé par la pointe du cœur. Le bord interne du lobe gauche présente un sillon plus ou moins profond qui divise ce lobe en deux lobules. Le lobe médian (L-) ventral est recouvert en partie par les lobes latéraux, qu'il faut soulever pour le découvrir; on peut alors apercevoir le quatrième lobe (L-* 152 GRENOUILLE. h plus petit que tous les autres, ainsi que la vésicule biliaire (G), unie au tissu hépatique par des bandes de tissu conjonctif. Les quatre lobes sont reliés entre eux par une étroite bandelette de tissu hépatique, et le quatrième lobe est relié à l'intestin grêle par un liga- ment, le ligament hépato-duodénal (fig. 55, Lhp). Les canaux biliaires forment un double système; leurs parois sont confondues si intimement avec le tissu hépatique et pan- créatique qu'il est difficile de les distinguer. Néanmoins on les aperçoit à la face dor- sale du lobe médian ventral : un groupe de canalicules est situé à l'extrémité supérieure du pancréas (Dh), non loin de la vésicule biliaire : l'autre groupe est situé un peu plus bas (Dhi). Ces deux systèmes de canaux se déversent dans le canal cholédoque (De, De', Dc^) qui parcourt le pancréas dans toute sa longueur et ne quitte le tissu pancréatique , 2 qu'à sa portion terminale pour se jeter dans le duodénum. L'extrémité supé- rieure du canal cholédoque aboutit à la vésicule biliaire par l'intermédiaire du canal cystique (Dey), souvent dé- doublé. Le pancréas (lig. 55, P), situé dans l'anse formée par l'eslomac et le duo- dénum, avec lesquels il présente de nombreux points d'attache, est une glande étroite et allongée, de couleur variant du gris au jaune clair. Le pan- créas s'étend du pylore à la vésicule biliaire; il est irrégulièrement découpé en plusieurs lobules par des échan- crures profondes, surtout dans sa partie pylorique; sort volume est très variable suivant les individus. Les canaux excré- teurs (tig. 55, P^jsemblent se jeterdans la portion inférieure du canal cholé- doque, et ne pas se déverser directement dans l'intestin. X. Système respiratoire. — 1" Larynx. — Le larynx (fig. 56) est un conduit très court qui va directement de la cavité buccale aux poumons, sans qu'il y ait de véritable trachée : c'est pourquoi He.nle désigne la cavité de cet organe sous le nom de chambre laryngo- trachéale. L'orifice du larynx dans sa cavité buccale est une fente longitu- M Fig. 55. — Foie, estomac et pancréas (d'après Ecker). Le foie a été relevé pour montrer le pancréas et la vésicule biliaire. L et L', lobes latéraux du toie. — L-, lobe médian. — L^, quatrième lobe. — G, vésicule biliaire. — Dh, Dh', les deux groupes de canaux biliaires. — De, De', De-, canal cholédoque. — Dey, canal cystique dédoublé. — P, pancréas. — P', canaux pancréa- tiques. — M, estomac. — Py, pylore. — Du, duodénum, — Lhp, ligament hépato-duodénal. dinale située au voisinage de l'échan- crure linguale : c'est la glotte (SR). Celle-ci est limitée par deux cartilages recouverts d'un repli de la muqueuse. Ces cartilages, de forme triangulaire, à surface convexe dirigée en dehors, ont été com- parés avec raison aux deux valves d'une coquille; ils sont réunis entre eux et aux cornes postérieures de l'hyoïde par du tissu conjonctif, et correspondent aux cartilages arytcnoides (Ga). A la partie inférieure du larynx se trouve un autre cartilage impair, annulaire et muai de prolongements, qui entourent chacun l'orifice d'un poumon. Ce cartilage est relié aux précédents par une bandelette fibreuse; il correspond au carti- lage crîcolde {CV à Cl*) des vertébrés supérieurs; on l'appelle aussi cartilage laryngo- trachéal. De nombeux muscles s'insèrent sur ce squelette cartilagineux enchâssé entre les cornes postérieures de l'appareil hyoïdien. Parmi ces muscles deux sont dilatateurs du larynx et ont pour antagonistes quatre petits muscles semi-circulaires qui sont constricteurs. L'intérieur du larynx est tapissé par un prolongement de la muqueuse buccale avec un épithélium à cils vibratiles; on y remarque en outre des 'membranes vibrantes, ou cordes vocales, qui font de cet organe un appareil possédant toutes les GRENOUILLE. 153 conditions nécessaires à la production des sons. Le coassement de la grenouille est donc dû à la tension de ces cordes vocales; le son est d'ailleurs renforcé chez le mâle par deux \poches vocales ou sacs vocaux ((ig. 46, V), véritables résonateurs formés par des diverticules du plancher de la bouche et recouverts par le muscle mylo-hyoïdien. Ces organes manquent complètement chez la femelle. 2° Poumons. — Les. 'poumons font directement suite au larynx; ce sont deux sacs elliptiques, symétriques et de même volume, à extrémité inférieure terminée en pointe et à parois minces et transparentes. Ils flottent dans la cavité du corps et occupent, lorsqu'ils sont remplis d'air, sa moitié supérieure. Ils sont recouverts d'une sorte de plèvre, repli de la séreuse^ pleuro-péritouéale. Leur face externe est complètement lisse, mais leur face interne présente un aspect réticulé; on y distingue en effet des côtes saillantes munies de cils vibratiles, qui représentent les bronches, et des parties déprimées avec unépithélium ])avimenteux, représentant les alvéoles. On peut distinguer A B * 'f ■Ci:' c.i.^ 1 CL- FiG. 56. — Charpente cartilagineuse du larynx (d'après Wiedersheim). A, vue de face. — B, vue latéralement. — Ca, cartilage aryténoïde. — Cl', Cl-, CP, Cl*, cartilage cricoïdo. — Sp, son prolongement pointu. — P, partie élargie en lamelle de la portion ventrale du cartilage cricoïde. ***, trois saillies dentiformes des cartilages aryténoïdes. des côtes et des alvéoles de premier, second et troisième ordre. C'est à la périphérie des alvéoles polygonales circonscrites par les côtes, dont nous venons de parler, que se ramifie l'artère pulmonaire. Celle-ci pénètre dans le poumon par son sommet, puis se divise en trois branches longitudinales : une postérieure, une externe et une interne, qui donnent chacune de nombreux rameaux. Le poumon est essentiellement constitué par du tissu conjonctif renfermant des fibres élastiques et de nombreuses fibres muscu- laires lisses. 11 est parcouru par un fin réseau de capillaires et contient des cellules pigmentaires. Rappelons ici que la peau est chez la grenouille un organe respiratoire presque aussi important que les poumons. XL Glandes à, sécrétion interne. — 1" Glande thyroïde. — La glande thyroïde de la grenouille est un organe pair, dont chaque lobe, de forme ovale ou triangulaire et de couleur rougeâtre, est situé dans l'angle formé par la grande et la petite cornes postérieures de l'os hyoïde. Chaque lobe de la glande thyroïde mesure environ 4 à o mil- limètres; il est en rapport avec le muscle hyoglosse et recouvert en avant par le muscle slerno-hyoïdien, ou bien intercalé entre ses fibres. Cette glande est irriguée par un rameau de l'artère carotide externe. D'après Ecrer, la glande adhère intimement à la veine jugulaire ; d'après Levdig, elle serait appliquée contre la veine ou l'artère linguale, ou serait appendue à l'un de leurs rameaux. 2° Thymus. — Le thymus, situé derrière la membrane du tympan, à l'angle de la mâchoire inférieure, est un petit corps glandulaire ovale et allongé, entouré de tissu adipeux et de lymphatiques. Étudié d'abord par Levdig en 18j2, il a été l'objet de nom- breuses recherches; Fleischl et Toldt, Meuron et Maurer, Abeloijs et Bill.\rd s'en sont particulièrement occupés. Le thymus est recouvert par le muscle dépresseur de la 154 GRENOUILLE. mâchoire et repose sur le muscle cucullaire ; il est en rapport en arrière avec le rameau latéral de l'artère cutanée moyenne et en avant avec le rameau hyomandibulaire du nerf facial. Sa plus grande longueur est de 3 millimètres chez une grenouille de 8 centimètres, et son diamètre transversal mesure 1 millimètre et demi. 11 est irrigur par un rameau de l'artère auriculaire, qui est une branche de l'artère cutanée moyenne. D'après Maurer, le thymus de la grenouille présente d'assez grandes variations suivant l'âge de l'animal; le thymus atteindrait son maximum chez une grenouille de 3 centi- mètres de longueur, c'est-à-dire peu de temps après sa mélamorphose. A ces variations de grandeur correspondent des différences histologiques importantes. 3° Rate. — La rate (fig. o3, Mz) est une très petite glande située du côté gauche du corps, dans un repli du mésorectum, à la naissance du rectum; elle est globuleuse, à surface lisse, et de couleur brun i-ougeàtre. Son grand axe, situé dans le sens longitu- dinal, mesure 6 millimètres chez des grenouilles de taille moyenne; son épaisseur est de 3 ou 4 millimètres. La rate est irriguée par un rameau de l'artère mésenlérique antérieure et innervée par des ramifications du sympathique et du plexus cardiaque. 4« Capsules surrénales. — On trouve à la face ventrale de chaque rein un corpuscule jaunâtre, homologué par Gruby à une capsule surrénale, et étudié par Ecker, puis plus récemment par Pettit. Cet organe est formé d'une série de petits îlots irrégulièrement disséminés sur les vaisseaux efférents du rein, au point où ceux-ci émergent du paren- chyme rénal; ces îlots sont généralement situés à la surface du rein; ils sont pourtant quelquefois plus ou moins enfoncés à l'intérieur de l'organe. Les capsules surrénales de la grenouille sont irriguées par le -sang qui provient du rein, et elles renferment de si nombreux vaisseaux, qu'on peut les considérer comme baignant dans le liquide sanguin. Elles représentent ainsi par excellence le type de la glande vasculaire san- guine. Chez la grenouille, outre les éléments essentiels que l'on rencontre dans la capsule surrénale des autres vertébrés, Stilli.n'G a signalé un nouvel élément histolo- gique, qu'il appelle : cellules cCétc, mais que l'on observe en toutes saisons. La présence à leur intérieur de grains de sécrétion leur a fait parfois donner le nom de cellules granulifères. 5° Hypophyse. — Vhijpophyse (fig. 48, Hyj est assez développée chez la grenouille, et présente deux parties, l'antérieure, plus petite, et la postérieure plus grande. La première est formée de trois portions inégales, dont deux lobes latéraux assez déve- loppés reliés entre eux par un pédicule. La deuxième est aplatie, présentant une face dorsale concave et une face ventrale convexe. XII. Système uro-génital. — 1° Généralités. — Les organes génilaux et urinaiies affectent chez les amphibiens des rapport si étroits qu'il nous semble utile, avant d'enlrer dans les détails anatomiques de ces différents organes, de jeter un coup d'œil d'ensemble sur leur foi'mation. La première ébauche des organes génito-urinaires est le rein pré- curseur ou proncphros, d'où part bientôt un canal, le canal du rein précurseur. Tandis que celui-ci persiste pendant toute la vie et devient le canal du rein primitif, le rein pré- curseur ne fonctionne que transitoirement, puis disparaît graduellement, et il apparaît un second système excréteur connu sous le nom de re«>i primitif ou mésonéphros. C'est ce deuxième système rénal qui continue à. fonctionner comme système urinaire définitif cJiez la grenouille, comme d'ailleurs chez la plupart des anamniens; chez les amniotes au contraire (reptiles, oiseaux, mammifères) il se forme un troisième système rénal, le rein définitif ou métanépliros, dont nous n'avons pas à nous occuper ici. Le rein primitif, tout en fonctionnant partiellement comme glande urinaire, affecte, chez les amphibiens en général et chez la grenouille en particulier, des rapports étroits avec l'appareil génital. Cette division du travail physiologique s'étend aussi au canal des reins primitifs qui, chez la grenouille mâle, devient le canal excréteur commun de l'urine et du sperme, ou canal de Leydig. Plus exactement le canal du rein primitif s'est dédoublé en deux conduits parallèles : le canal de Leydig ou canal secondaire du rein primitif, dont nous venons de parler, et le canal de MOller. Ce dernier, rudimentaire chez le mâle, devient chez la femelle un conduit exclusivement génital, l'oviducle ; par suite de cette disposition, chez la grenouille femelle, le canal secondaire du rein primitif ne fonctionne que comme canal excréteur de l'urine. 2° Appareil urinaire. — Les reins (fig. 57, b8 et 59, N) de la grenouille sont deux corps GRENOUILLE. 155 rouge foncé placés symétriquement à droite et à gauche de la colonne vertébrale, s étendant de l'avant-dernière vertèbre jusqu'à la moitié de l'urostyle. Ils sont en rap- port eu avant avec le péritoine qui ne recouvre que leur lace ventrale, en arrière avec le plexus lombaire. Les reins, de forme semi-ltin lire, sont aplatis d'avant en arrière; leur bord externe est convexe et en rapport avec l'uretère; leur bord interne, presque recliligne, présente trois échancrures qui se continuent par des sillons visibles sur la face ventrale légèrement concave; la face dorsale, convexe et lisse, reçoit les rami- fications de la veine porte rénale. Les reins sont séparés l'un de l'autre par deux gros vaisseaux, l'un dorsal, l'aorte commune, qui leur envoie plusieurs branches, l'autre ven- tral, la veine cave inférieure, qui reçoit les veines rénales au nombre de cinq de chaque côté. Le rein de la grenouille est formé de gloméndes de Malimghi, accumulés surtout à la face ventrale; ils contiennent un petit peloton d'artérioles, et sont renfermés chacun dans une capsule de Bowman. De celte capsule part un caiialicule urinifère, d'abord très étroit, et dont l'épilhélium est pourvu de cils vibratiles très longs; on donne à cette portion le nom de col. Puis les canalicules décrivent des sinuosités et acquièrent un dia- mètre plus grand, qu'ils conservent durant tout le reste de leur parcours; leurs parois sont tapissées intérieurement d'un épithélium, dont la majorité des cellules présente des cils vibratiles. Les canalicules urinifères convergent vers la face dorsale du rein, et vers son extrémité supérieure où ils débouchent dans l'uretère. A ce niveau les canaux urinifères sont mêlés chez le mâle aux canaux séminaux qui viennent du testicule et qui déversent également leur contenu dans l'uretère, désigné le plus souvent sous le noai de canal de Leydig. A la surface ventrale des reins se trouvent des entonnoir» microscopiques qui s'ouvrent dans le cœlome et se continuent dans le tissu du rein par de petits tubes contournés; ces organes ont reçu le nom de néphroatomes et ont été bien étudiés par Spengel. Certains néphrostomes peuvent aboutir à plusieurs dans un seul canalicule, d'autres au contraire peuvent fournir chacun plusieurs de ces canali- cules. Ces tubes contournés semblent aboutir pendant la période larvaire dans le col des canalicules urinifères; chez l'adulte, on a constaté qu'ils débouchaient dans les ramifications de la veine porte rénale. Aussi Wiedersheim considère-t-il la cavité géné- rale des anoures comme un espace lymphatique : le liquide transsudé dans la cavité péritonéale se trouve ainsi ramené comme le reste de la lymphe dans le système vasculaire sans sortir du corps. Les uretères (fig. o7 et 58, Ur) naissent à la face dorsale et à l'extrémité supérieure (les reins. D'abord entourés par la glande, ils se rapprochent de son bord externe, et, arrivés au tiers inférieur de ce bord, ils font saillie au dehors. Chaque uretère est accom- pagné par le tronc de la veine porte rénale qui le suit parallèlement. Arrivés à l'extré- mité inférieure du rein, les uretères se trouvent chez le mâle libres dans la cavité du corps, et vont déboucher chacun par une petite fente allongée à la face dorsale du cloaque (fig. 57, SS'j. Chez la femelle, les uretères s'appliquent contre les oviductes et d(''bouchf.'nt dans le cloaque par deux orifices distincts de ceux des oviductes (fig. 39, 55'). De l'extrémité inférieure du rein, où il devient libre, jusqu'à son abouchement dans le cloaque, l'uretère diminue progressivement de diamètre. Signalons enfin la présence d'un renflement qui, chez les grenouilles mâles, fonctionne comme réceptacle séminal; toutefois celui-ci manque complètement chez Rana escidenta, espèce que nous décri- vons; il est au contraire bien développé chez Rana temporaria. La vessie urinaire (fig. 53, HB) ne communique pas chez la grenouille avec les uretères : elle débouche dans le cloaque par un orifice distinct. L'urine sécrétée par les reins est amenée par les uretères jusqu'au cloaque, et c'est de là qu'elle va s'accumuler dans la vessie, qui ne présente qu'un orifice pour l'entrée et la sortie de l'urine. Lorsque la vessie est distendue, l'urine repasse dans le cloaque, et de là est rejetée à l'extérieur avec les matières fécales. La vessie de la grenouille n'est autre chose que l'allantoïde, évagination de la partie terminale de l'intestin primitif; cet organe adhère à la paroi ventrale du cloaque; il est très développé, bien que son volume varie énormément d'un individu à l'autre. La vessie a l'aspect d'un sac bilobé à parois minces, transparentes et très vascularisées. 3° Appareil génital mâle. —Nous ne reviendrons pas sur les caractères extérieurs, 156 G'RENOUILLE. Cv A 0 qui permettent de reconaître lajgrenouille mâle et nous étudierons de suite ses organes internes (fig. 37 et 58). Les testicules (H) sont situés symétriquement de chaque côté de la colonne verté- brale et appliqués contre la face ventrale des reins, auxquels ils sont reliés par un repli du péritoine appelé mesorchium. Ils sont de forme ovoïde et de dimensions très variables, suivant qu'on les examine au printemps, époque de la reproduction ou en hiver; au moment du rut leur surface est bosselée. Leur couleur jaune plus ou moins foncé varie [également suivant les sai- sons. En avant du testicule se trouve une masse adipeuse de couleur jaunâtre, présentant des digita- tions qui s'étendent sur les organes voisins (PK). Ce corps adipeux existe dans les deux sexes; son véritable rôle est encore inconnu. Du testicule partent de Uns canaux de couleur blanchâtre anastomosés entre eux, qui cheminent dans le mesorchium et sont accom- pagnés des vaisseaux testiculaires. Ces canaïuv effé- rents (fig. '68, Ne), au nombre de quatre à onze d'après WiEDERsiiEiM, arrivent jusqu'au bord interne du rein à l'intérieur duquel ils pénètrent; ils se jettent alors dans un canal longitudinal (fig. o8, L) d'où partent de nouveaux canalicules transversaux (fig. 58, C). (]es derniers, légèrement dilatés à leur naissance, traver- sent complètement le rein jusqu'à son bord externe, NN, reins. — Ur.'Ur, uretères (canaux qù ils débouchent dans l'uretère (fig. 57 et 58, Ur). de Leydig), qui sortent en + sur le FiG. 57. — Appareil génito-urinairc du mâle (d'après Wiedersheim). bord externe du rein. — SS', leur orifice dans le cloaque (Cl). — H, H, testicules. — FK, FK, corps adipeux. Cv, veine cave inférieure. — Ao, aorte. — Vr, veines efférentcs de la circulation de la veine porte rénale. Nous ne pouvons nous étendre ici sur la spermato- génèse, bien étudiée chez la grenouille surtout par La Valette Saint-Geobges et Bloomfield. Les sper- matozoïdes, de forme variable suivant les espèces, naissent dans l'épithélium germinatif des canalicules et tombent dans leur cavité. Le sperme parcourt alors les canaux efférenls, traverse les reins et arrive dans le conduit iiro-spermatiqae ou uretère^ par l'intermédiaire duquel il arrive jus- que dans le cloaque, d'oîi il est expulsé au dehors. 11 n'y a pas d'organe copu- lateur. 4° Appareil génital femelle. — Les ovaires (fig. 59, Ova) occupent chez la femelle la même situation que les testi- cules chez le mâle et sont également reliés à la face ventrale des reins par un repli du péritoine. En avant de l'ovaire se trouve le corps adipeux que nous avons signalé chez les mâles. Les ovaires sont formés d'une douzaine de compartiments séparés par de minces cloisons recou- vertes par l'épithélium germinatif : ils renferment des œufs à tous les stades de développement. A l'époque de la repro- duction, l'ovaire prend des proportions considérables; il refoule la plupart des viscères abdominaux et dilate les flancs de la grenouille, L'ovogénèse et la structure de l'œuf ont été étudiés par VAN Bambeke; nous ne nous y arrêtons pas et renvoyons à son travail. L'œuf mûr arrive à la surface de l'ovaire et, par déchirement de la paroi, tombe dans la cavité du corps, Fig. 58. — Testicule et canaux efiférents (d'après Wiedersheim). II, testicule. — Ne, canaux efférents. — L, canal lon- gitudinal. — C, canalicules transversaux cheminant à l'intérieur du rein N. — Ur, uretère. GRENOUILLE, 151 d'où il pénètre dans l'orifice de l'oviducte. Les oviductes (Ov) sont deux canaux cylin- driques situés derrière les ovaires et formant sur toute la longueur du corps de nom- breuses circonvolutions. Leur extrémité supérieure est située contre la paroi dorsale de la cavité du corps, non loin de la racine du poumon; elle présente un orifice ovale, qui aboutit à un entonnoir cilié soutenu par un repli du péritoine (OT). Inférieurement les oviductes débouchent au niveau de petites papilles, situées dorsalement dans le cloaque, un peu au-dessus de l'orifice des uretères (Pu Un peu avant leur terminaison, les ovi- ductes se renflent en une sorte d'utérus (Ut), où s'accumulent les o^ufs à l'époque de la ponte. Les parois des oviductes, habituel- lement minces, translucides et de couleur blanchâtre, s'épaississent au moment de la reproduction. Ces parois sont formées d'une couche péritonéale externe, d'une couche interne de cellules épithéliales ciliées et d'une couche cellulaire intermédiaire, qui sécrète une substance albuminoïde douée de la propriété de se gonfler au contact de l'eau. Les œufs, en parcourant l'oviducte, s'entou- rent de cette matière et s'accolent les uns aux autres. Au bout d'un court séjour dans l'eau, ils augmentent considérablement de volume '. Xlll. Développement. — 1" Segmen- tation de l'œuf. — L'œuf non encore seg- menté contient une certaine quantité de deutolécithe ; l'un de ses pôles est occupé par une région alécithe, et le reste de l'œuf contient de petites gouttelettes, qui devien- nent de plus en plus volumineuses, à me- sure qu'on se rapproche de l'autre pôle. L'œuf de la grenouille présente une sej- mentation totale et inégale; il se divise d'abord en deux blastomères égaux, chacun d'eux se subdivisant en deux autres frag- ments encore égaux, puis chacune de ces quatre cellules se partage en deux segments d'inégale grandeur, l'un étant environ deux fois plus gros que l'autre. Dès lors l'inéga- FiG. 59. — Appareil génito-urinaire de la femelle (d'après WlEDERSHEIM). ov, oviducte. — OT, pavillon de roviductc. Ut, extrémité inférieure de l'oviducte ronflé. — P, orifice de l'oviducte dans le cloaque. — N, rein. — S, S', orifices des uretères dans le cloaque, situés sur deux plis longitudinaux (*) séparés par un intervalle profond (f ). lité va toujours en s'accentuant, et l'on a Ova, ovaire (l'ovaire de l'autre côté a été enlevé. — bientôt une monda dont les cellules sont plus petites à lune des extrémités. Quand la calotte de petites cellules a atteint l'équa- teur de l'œuf, la gastntla se forme de la manière suivante : à partir [du hlastopore, se développe un deuxième feuillet qui vient doubler l'ectoderme, c'est l'endoderme; l'endoderme ne se développe pas à l'autre pôle. En un point opposé à celui où se trouve le blastopore, se forme le stomodeum, puis le blastopore se ferme momentanément, car il se réouvrira plus tard pour devenir le proctodeum. Ainsi se forme le tube digestif. Le sys- tème nerveux provient d'une invagination de l'ectoderme : les bords se ferment bientôt 1. Dans l'étude anatomique qui précède, nous avons volontairement omis un grand nombre de détails et nous avons complètement laissé de côté l'histologie; aussi renvoyons-nous le lecteur à lexcellente monographie de E. Gaupp : A. Ecker's und R. Wiedershehn's Anatoinie des Fvosches. (1. Skelet und Miisicelsystem, 3» éd.,, 1896; 2. Nurven-und-Gefassystem, 2" éd., 1899; 3. Einqe- weiden, Teçfument und Sinnesorr/anen. 2» éd., 1904^. Braunschweig, Vieweg. On trouvera, dans ce très important ouvrage, non seulement les'points que nous n'avons pas étudiés, mais encore une bibliographie très complète relative à l'anatomie de la grenouille. On pourra aussi consulter avec avantage : Holmes (S. J. The (j'wlogij of tlie Frog, New York, 1906. 158 GRENOUILLE. en formant un tube qui s'oblitère en avant, mais dont l'autre exti^émité communique encore quelque temps avec le tube digestif par le pore neurentérique. II se forme, chez la grenouille, une allanloïde, qui deviendra la vessie urinaire chez l'adulte. 2" Métamorphoses. — A sa sortie de l'œuf, l'animal est une larve aquatique qui a reçu le nom de têtard. C'est un petit être pisciforme possédant une nageoire qui forme une lame continue, comme chez la lamproie. Le jeune têtard possède une bouche munie de deux mandibules cornées et de deux lèvres charnues, mais cette ouverture, ou stomo- deum, ne communique pas encore avec le tube digestif, pas plus d'ailleurs que l'orifice opposé, le proctodeum. L'orifice de la narine est également fermé. On trouve aussi à ce stade une paire de dépressions ventrales qui sont des ventouses. La surface du corps est alors entièrement ciliée, et il existe une ligne latérale comme chez les poissons. Celle-ci comprend trois bandes parallèles, innervées sur le corps par le pneumogastrique et sur la tête par le trijumeau. L'appareil circulatoire comprend une aorte et quatre arcs branchiaux. Ce stade dure peu de temps. Bientôt la bouche et la narine s'ouvrent et il se forme des fentes branchiales. Le tube digestif communique dès lors avec l'extérieur non seu- lement par ses deux extrémités, mais encore par les quatre fentes branchiales. Des branchies externes se développent sur les trois premiers arcs branchiaux et il se forme une paire de vaisseaux pour chacune d'elles. Le stade à branchies externes est très court; à ce moment les cils vibratiles ont dis- paru partout, sauf sur les branchies. Bientôt il se forme un repli de la paroi du corps recouvrant les branchies externes qui se flétrissent et des branchies internes non ciliées apparaissent sur les parois des arcs branchiaux. Puis les replis operculaires se soudent, sauf en un seul point situé à gauche, où subsiste un orifice faisant communiquer la cavité branchiale avec l'extérieur. Ce pore de sortie unique sert aux deux cavités bran- chiales; il a reçu le nom de spiracidum. La respiration s'effectue alors par le méca- nisme suivant : l'eau entre dans la bouche, traverse les fentes branchiales en baignant les branchies, puis s'échappe par le spiraculuni. La phase critique du développement de la grenouille est le passage de la vie aquatique à la vie aérienne. Des modifications importantes s'opèrent dans l'appareil respiratoire et dans l'appareil circulatoire. Aux dépens du quatrième arc branchial se forme l'artère pulmonaire; le troisième arc dis- paraît complètement, tandis que le second donnera le tronc aorlique et le premier l'ar- tère carotide. Pendant ces transformations, le poumon s'est développé sous la forme d'un diverticule du pharynx, et, quand il a atteint son complet développement, le spira- culum se ferme. La forme extérieure de l'animal change en même temps : des pattes naissent pur bourgeonnement, les pattes inférieures d'abord, puis les pattes supérieures; enfin la queue diminue peu à peu et finit par disparaître. L'intestin des larves de gre- nouille s'allonge rapidement jusqu'à l'époque d'apparition des pattes postérieures, puis il diminue au cours du développement de ces dernières pour s'allonger de nouveau légèrement, une fois que celles-ci sont complètement formées. Mais, dès que les pattes antérieures commencent à se montrer sous la peau, l'intestin se raccourcit jusqu'à la fin des métamorphoses. Le têtard, larve aquatique, devient alors la grenouille adulte adaptée à la vie aérienne. XIV. Tératologie. — La grenouille peut présenter des anomalies et des mons- truosités diverses. Les anomalies des veines sont fréquentes ; on a aussi signalé chez cet animal des cas de mélanisme, de polymélie, à'hermaphroditismc ; on a vu des têtards bicéphales, etc. Nous n'insistons pas sur ce sujet qui sort du cadre de notre article. CHAPI TRE III Physiologie Nous n'avons pas l'intention de faire, dans cet article, un chapitre détaillé sur la, physiologie de la grenouille; ce serait faire un traité de physiologie presque complet, et qui ferait double emploi avec la plupart des articles de ce diction- naire. Aussi renvoyons-nous le lecteur à ces articles et nous contenterons-nous de GRENOUILLE. 159 signaler ici le plus brièvement possible les particularités principales relatives à la phy- siologie de la grenouille, en rappelant combien l'étude de l'organisation de cet animal a été utile et peut l'être encore aux diverses sciences biologiques et spécialement à la physiologie. Pour les diverses opérations à pratiquer sur la grenouille, la contention, l'anes- thésie,nous renvoyons au Manuel de vivisection de Livon (1882) et à. l'ouvrage plus récent de L. Camus. Aucun animal n'est peut-être plus utile que la grenouille aux diverses expériences relatives à la contractilité musculaire; les nerfs sont apparents, il est facile de les découvrir et de les mettre à nu et par conséquent de les exciter pour provoquer la contraction des muscles. On a aussi étudié sur la grenouille la circulation du sang dans les capillaires à tra- vers les membranes interdigitales, le péritoine et les poumons, dont la minceur permet d'examiner au microscope les vaisseaux par transparence. Grâce à un dispositif spécial, on peut même soumettre ces vaisseaux à des pressions supérieure ou inférieure à la pression atmosphérique. La grenouille a encore rendu de grands services dans les recherches sur les varia- tions de la pression du sang dans les artères, sur les mouvements du cœur, sur les contractions des cœurs lymphatiques (Ranvikb). Rappelons que les hématies, chez cet animal, sont elliptiques et nucléées; elles sont biconvexes et mesurent environ 25 [j. de long sur lo [l de large; on en compte environ 2SOO0O par millimètre cube, d'après Malassez. L'alcalinité du sang chez Rana esculcnta est 199,9; le point de congélation A == 0,45 à 0,47. Les expériences sur le système nerveux sont innombrables : les phénomènes de tonus réflexe, persistant après une excitation de courte durée, sont très nets chez la grenouille privée de cerveau. L'ablation de l'hypophyse peut être suivie d'une survie de plus d'un mois, et, pendant ce temps, on observe une paralysie progressive. Les grenouilles sont capables d'être soumises à l'action hypnotique. Lorsqu'elles sont épuisées par un jeûne pi^olongé et la privation d'eau, il suffit de les renverser sur le dos pour qu'elles tombent en une hypnose ou catalepsie, qui peut durer une demi- heure, et même davantage. La digestion de la grenouille a été étudiée dans tous ses détails. La réaction de la muqueuse stomacale est acide, sauf chez la femelle pendant la période d'activité de l'ovaire. A cette époque, elle devient alcaline, probablement à cause de la compression des vaisseaux coiliaques par les ovaires et les oviductes augmentés de volume. En effet, si on lie le tronc cœliaque d'une grenouille mâle, on voit, quelques jours, après la sécré- tion gastrique devenir alcaline. L'acide normal du suc gastrique est l'acide chlorhydrique. La sécrétion œsophagienne est alcaline et renferme de la pepsine; celle-ci est plus abondante et plus active que celle qui provient de l'estomac; car l'estomac sécrète non seulement des acides, mais aussi des ferments digestifs. 11 n'y a ni chymosine ni ferment saccharifiant l'amidon dans la muqueuse œsophagienne, pas plus que dans la muqueuse stomacale. Le nerf coordinateur des mouvements de l'estomac est le pneumogastrique; le sym- pathique fournit aussi des filets moteurs à cet organe, dont les mouvements ne semblent pas être influencés par l'extirpation du plexus cœliaque. Les pneumogastriques fournis- sent aussi à l'estomac des vaso-dilatateurs et des vaso-constricteurs, et la section de ces nerfs n'entraîne pas la mort de l'animal et n'arrête pas la sécrétion du suc gastrique. L'excitation galvanique ou mécanique du pneumogastrique détermine la sécrétion de la pepsine, tandis que le plexus cœliaque paraît ne pas avoir d'effet sur les sécrétions, et agir plutôt comme inhibiteur. Les centres des réflexes présidant à ta sécrétion des glandes gastriques se trouvent dans les plexus nerveux intra-stomacaux. Brown-Skuuard a montré que la digestion n'est pas troublée en hiver, chez Rana esculcnta, par l'extir- pation du bulbe rachidien.RALiHAZARD et Jeax Ch.Roux ont étudié, à l'aide des rayons X, le fonctionnement de l'estomac, et ils ont remarqué que chez la grenouille les ondes de contraction sont plus lentes que chez le chien et chez l'homme; elles se succèdent toutes les trente secondes. 160 GRENOUILLE. L'étude des pigments hépatiques et biliaires a été faite par Dastre et Floresco (1893). Ces auteurs ont constaté que les spectres et les caractères des pigments hépatiques étaient les mêmes que chez les autres vertébrés. La couleur de la bile est vert inten.se, et cette coloration est due à la biliprasine; il y a très peu de bilirubine, et la réaction de Gjielin est très nette. La respiration ne pouvant se faire par dilatation inspiratrice, par des mouvements du thorax, puisqu'il n'y a pas de cage thoracique, se fait par déglutition de l'air. La gre- nouille ferme la bouche et abaisse le plancher de la cavité buccale et l'hyoïde ; elle fait ainsi le vide, et l'air pénètre par les narines ouvertes. Puis elle ferme ses orifices nasaux, fait un mouvement de déglutition, relève la- gorge et refoule dans les poumons la plus grande partie de l'air qui se trouvait dans la cavité buccale. Une partie de cet air s'é- chappe encore par les narines, que les valvules peuvent bien rétrécir, mais non oblitérer complètement. Au moment de l'expiration, les flancs de l'animal se contractent, la glotte s'ouvre, et le poumon — très élastique, puisqu'une simple piqûre d'épingle suffit pour que l'organe se vide aussitôt — tend à revenir sur lui-même. Les contractions des muscles des flancs l'aident, et une certaine quantité d'air est lancée dans la gorge et de là au dehors par les narines grandes ouvertes. Voici, d'après Paul Bert, un tableau qui résume le mécanisme de la respiration de la grenouille. MÉCANISME DE 1,A RESPIRATION DE LA GRENOUILLE Narines. Gorge. Glotte. Poumon. 1° EnU'êe d'air. Béantes. Abaissement inspiratoire. Fermée. Repos. 2» Sortie d'air. Béantes. Temps d'arrêt en abaissement. Ouverte. Expiration. 3° Sortie d'air. Rétrécies. Relèvement expiratoire. Ouverte. Inspiration. La peau, extrêmement vascularisée, est aussi un organe respiratoire important chez la grenouille. On met aisément son rôle en évidence, en extirpant les poumons. La cavité bucco-pharyngienne joue encore un rôle dans la respiration, grâce à la valvule de Brijcke, dont nous avons signalé la présence dans l'aorte. L'artère laryngée partant de l'aorte avant la valvule, il s'ensuit qu'au commencement de la contraction du ventricule, le sang veineux passe par cette artère dans les capillaires sous-épithéliaux de la muqueuse du pharynx et du larynx. Ces capillaires renfermant du sang veineux, sont donc, aussi bien que ceux des poumons et de la peau, des capillaires respira- toires. En ce qui concerne les glandes à, sécrétion interne, L.^xglois et Gourfein ont montré que la destruction d'une capsule surrénale ne détermine aucun phénomène, tandis que la destruction des deux entraîne la mort en quelques heures. Ces capsules contiennent des graisses et des lécithines ; toutefois, sur les préparations fraîches de grenouille, on ne constate pas la croix de polarisation caractéristique des lécithines. La surface de la partie graisseuse présente le caractère d'être labile, comme les graisses décrites par Bernard, Bigart et Mulon. La grenouille possède des glandes cutanées venimeuses ; mais celles-ci sécrètent un venin peu actif. Ainsi que l'ont montré Brown-Séquard et Vulpian, il ne produit guère qu'une légère irritation, lorsqu'il arrive au contact de la conjonctive ou de la membrane pituitaire. D'après PaCl Bert, ce venin paraît être à la fois un poison du cœur et un poison de la moelle. Par contre, la grenouille est très sensible à l'action du venin des autres amphibiens, et la grenouille rousse {Rana temporaria) est le meilleur réactif du venin de crapaud. Comme l'ont fait voir Piiisalix et Bertrand, cette grenouille succombe à l'injection de très petites doses, eu présentant un ensemble de symptômes caractéris- tiques : paralysie débutant par le train postérieur, rétrécissement de la pupille, ralentissement, puis arrêt du cœur en systole. Cet arrêt est dû à un principe actif, la biifoti'nine, se rapprochant de la digitaline par son action sur le cœur, et du curare par son action paralysante. Quant aux effets sur l'organisme de la grenouille des substances toxiques et médi- camenteuses : curare, strychnine, etc., on les trouvera exposés dans les articles con- GRENOUILLE. 16i sacrés à ces substances et dans le beau travail de Claude Bernard. Je ferai simplement remarquer que les grenouilles ventilées ou desséchées sont très sensibles à l'action des poisons, et. c'est d'après des expériences faites sur ces animaux qu'on a posé les con- clusions générales suivantes: « L'action des agents médicamenteux ou toxiques, pour des organismes appartenant à la même espèce animale, seront d'autant plus marqués que, pour le même poids, l'animal contiendra moins d'eau, comme il arrive chez les animaux gras, et pour l'homme chez les obèses (Maurel). » W. Edwards avait constaté en 1824- que la grenouille pouvait être desséchée et perdre jusqu'à 3a p. 100 de son poids sans périr. D'après Langlois et Pellegrin, le crapaud pourrait perdre encore davantage, jusqu'à 38 p. 100 de son poids. Maurel a imaginé un appareil permettant la ventilation des grenouilles, et cet auteur a observé qu'au bout de o à 7 heures de ventilation une grenouille perd 2'>, 25 et même 30 p. 100 de son poids initial. Jusqu'à une perte de poids de 20 p. 100, l'animal conserve sa vivacité; quand la perte atteint 25 p. 100, la vivacité diminue; à 30 p. 100, la vie est menacée, et à 40 p. 100 l'animal meurt. Si l'on remet auparavant les animaux dans l'eau pendant quelques heures, la tête émergée, ils reprennent leur poids primitif. Les grenouilles peuvent aussi résister à un refroidissement considérable. Exposées à une température de — 28°, elles survivent, et les cils vibratiles du pharynx conservent leurs mouvements jusqu'à — 90° environ. Ce sont des animaux panido-hibernants, et les ganglions sfinaux, qui renferment de la graisse, semblent jouer un rôle important dans l'hibernation. Bonne a remarqué que ces dépôts graisseux sont constants et abon- dants pendant la saison d'hiver et disparaissent complètement pendant l'été. Ce sont des matériaux de réserve destinés à être lentement consommés pendant la période hivernale. La nature nerveuse des éléments qui en sont le siège leur donne un certain intérêt ; on les désigne sous le nom de corpuscules de Morat. Les extraits salés ou acides des glandes génitales actives des grenouilles [Rana esculenta et fi. temporaria) renferment des substances toxiques que l'on peut ranger dans le groupe des globulines (extrait salé), ou dans celui des alcaloïdes (extrait acide). En injection sous-cutanée, les extraits d'ovaires, en solutions concentrées, tuent des lapins, des cobayes, des souris et des grenouilles de même espèce ou d'espèces diffé- rentes; à dose plus faible, ils provoquent l'avortement dans le cas de gestation. En injection intra-veineuse, il y a des troubles moteurs, tétanos et paralysies, et des troubles respiratoires, dyspnée, puis l'animal meurt. Avec les extraits testiculaires, on observe en plus des troubles circulatoires, de l'exophtalmie et de la polyuiie, enfin la mort survient. A l'époque de la reproduction, les grenouilles subissent quelques transformalions ; celles-ci se produisent surtout chez Rana temporaria, qui présente une éruption dorsale de papilles rosées très vasculaires. Nous avons déjà vu que, chez les mâles, le pou^e était en tous temps renflé et recouvert d'une peau grisâtre; à l'époque de l'accouple- ment, cette éminence devient plus grosse et plus foncée ; le derme s'épaissit, les glandes prennent un développement plus grand, et les cellules pigmentaires du derme deviennent plus nombreuses. Chez la grenouille il n'y a pas d'accouplement proprement dit: le mâle ne possède pas d'organe copulateur; il embrasse la femelle et la serre fortement en la maintenant au moyen des rentlements du pouce appliqués sur ses lianes; il contribue ainsi à l'évacuation des œufs, qu'il féconde en répandant le sperme, à mesure qu'ils s'échappent de l'orifice cloacal. En ce qui concerne les expériences sur la parthénogenèse faites par Bataillon eft Henneguv, je renvoie aux travaux de ces auteurs. La régénération est un phénomène souvent observé chez les grenouilles, particu- lièrement chez les têtards. Wintrebert (1903) a montré que la régénération de la queue chez les larves d'anoures dépend de la reconstitution de ses appareils de soutien; le système nerveux n'est pas nécessaire, car la régénération a lieu chez des larves aux- quelles on a réséqué la moelle dorso-Iombaire et sacrée. Il en est de même pour les membres ; si l'on sectionne les nerfs du membre postérieur des larves de Rana temporaria, au moment où apparaissent les doigts, on constate que les membres ne diffèrent des membres normaux, ni au point de vue de leur forme générale, ni au point de vue de leur longueur totale, ni dans les [proportions relatives de .leurs différents segments. DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VIII. 11 162 GRENOUILLE. A propos de régénération, je citerai les greffes de peau de grenouille, qui ont été essayées plusieurs fois sur riioinme dans le traitement des plaies et des ulcères. (Voir à ce sujet la thèse de Le Coq, Paris, 1896.) CHAPITRE IV Parasitologie L Parasites des grenouilles. — La grenouille verte (Rana esculenta), qui a servi de type à notre description anatomique, héberge dans ses différents organes de nombreux parasites, que je crois intéressant de signaler ici. 1° Tissu cellulaire sous-cutané et muscles. — Sous la peau, on rencontre une fîlaire : Filaria neylecta Diesinc. ; dans le tissu cellulaire sous-culané et Iesnmscles,destrématodes: Codonoccphalm rnulabiUs Diesing et Distomum diff'usocalciferum Gastaldi; enfin, exclusi- vement dans les muscles, un cestode : Ligiila flanarwm Gastaldi et deux trématodes : Bistommn tetracystis Gastaldi et Tetracoiyle crystallina* Diesing. 2° Système nerveux et organes des sens. — Dans le cerveau, on trouve Distomiim Pelophylacis escidenti Wedl. et dans le canal médullaire, Tylodelphys rachidis Diesing et Distomum acervocalciferum Gastaldi, qui sont tous des trématodes. On a signalé dans le corps vitré une nématode : Ascaris oculi Ranœ Nordmann. 3» Tube digestif et annexes. — Sous la langue on trouve un trématode : Distomum ovocaudatum Vulpian. Dans l'estomac on rencontre plusieurs nématodes, les uns qui vivent libres dans la cavité stomacale, tels que Strongylus bialatiis Molin el S. auricularis Zeder, les autres qui sont encapsulés, soit dans la tunique de l'estomac, comme Filaria Ranœ escidentse Valentin, soit dans le mésentère, comme Filaria rubella" Rudolfi. Dans les cellules épithéliales de l'intestin se trouvent deux coccidies : Coccidium Ranarum Laveran et Mesnil et Paracoccidium Prevoti Laveran et Mesnil. Dans la cavité intestinale on trouve un champignon, Basidiolobus ranarum, des amibes, un flagellé : Cercomonas Ranarum, ainsi que les trématodes et les nématodes suivants : Tylodelphys rachidis* Diesing, Monostomum hystrix Molin, Distomum endolobum* Dujardin, D. clavigerum* Rudolphi, Nematoxys ornatus* Dujardin, Strongylus auricularis Zeder. Filaria Ranse escu- lentœ Valentin vit enkystée dans la tunique de l'intestin et F. Rubella Rcdolphi dans le mésentère. Dans le rectum, on trouve de nombreux infusoires, surtout des 'paramécies et des opalines, ainsi que diverses helminthes telles que : Codonocephalus mutabilis Diesing, Diplodiscus subclavatus* Diesing et Nematoxys commutatus* Rudolphi. Signalons enfin dans le foie : Codonocephalus mutabilis Diesing et Distomum diff'usocalciferum Gastaldi ; dans la vésicule biliaire : Tetracotyle crystallina Rudolphi; dans le péritoine : Echino- rhynchus Icsiniformis Molin. 4" Poumons. — Les poumons peuvent contenir des trématodes : Monostomum ellipti- cum Rudolphi, Distomum diff'usocalciferum Gastaldi, D. cylindraceum* Zeder, D.variegatum Rudolphi, et un nématode : Ascaris nigrovenosa* Rudolphi. 5" Appareil urinaire. — Dans les reins on trouve : des sporozoaires, Diplospora Lie- berkuhni * (Lab'bé), Leptotheca Ohlmacheri* (Gurley), L. ranse" ïhél. et un trématode, Codonocephalus mutabilis Diesing; dans l'épithélium rénal, un sporozoaire, Karyamœba renis G. Tos et, dans la vessie, deux trématodes, Polystomum integerrimum* Rudolphi et Distomum cygnoïdes* Zeder. 6» Sang. — Le sang renferme plusieurs hémosporidies qui sont : Lankesterella Rana- rum (R. Lankester), qui habite les hématies, les leucocytes et aussi les cellules du foie, de la rate et de la moelle des os, Lankesterella monilis (Labbé), Hœmogregarina magna (Grassi et Feletti), Dactylosoma Ranarum Labbé et Cytamœba bacterifera Labbé qui vivent dans les hématies; cette dernière espèce contient des bactéries commensales. Enfin, c'est dans le sang de la grenouille qu'a été découvert par Gruby, en 1843, l'un des premiers trjpanosomes : Trypanosoma sanguinis ; on a signalé depuis deux autres espèces : en 1901, T. rotatorium Laveran et Mesnil, et en 1904, T. inopinatum Sergent. Les parasites dont le nom est suivi d'un astérisque sont communs à la grenouille CRU EN H AG EN (\A^illiam-Aifred). 168 verte [Rana escnlenta) et à la grenouille rousse [Rana temporarla) ; on a rencontré en outre chez cette dernière les parasites suivants : dans la peau : une myxosporidie ; dans le tissu cellulaire sous-cutané et les muscles : Distomum squamula Diesing; dans les muscles seulement: Pleistophora Danilewskyi {L. Vfr.) et Myoryctes Weismanni Eberth ; dans le canal vertébral; Gordius aquatlciis Gmelix; dans l'intestin : Tœnia dispar Goeze, Distomum retusum Dujardix, Echinorhynchus hxrnca Rudolphi et Oxysoma brevicaudatum Zeûer. Enfin, on a rencontré, encapsulé dans le mésentère : Nematoïdeum Ranse tempo- rariœ Leidy, II. Soi-disant parasitisme des grenouilles chez l'homme. — On a signalé anciennement des cas où des grenouilles auraient vécu plus ou moins longtemps dans le tube digestif de l'homme, y produisant des troubles très variés, après quoi elles auraient été rendues vivantes, soit à la suite de vomissements, soit avec les déjections. R. Blanchard cite à ce sujet les exemples suivants : Schexck de Grafenberg aurait vu un jeune garçon vomir onze grenouilles vivantes; B. Weiss de Temesvar fut appelé auprès d'une femme de vingt-trois ans, qui, après avoir souffert de troubles gastriques, vomit une grenouille vivante. Le Musée zoologique de Gottingen contient deux spécimens de Rana csndenta, qui auraient été rendues par une fille de vingt-sept ans. Comme le fait remarquer R. Blanchard, il s'agit dans tous les cas de simulations et de supercheries hystériques. Les grenouilles, pas plus que les autres amphibiens, ne peuvent vivre long- temps dans le tube digestif d'un animal à sang chaud, et, lorsque ces animaux sont expulsés vivants, c'est vraisemblablement aussitôt ou très peu de temps après leur ingestion. Si j'ai cru devoir signaler ces faits, c'est que de nos jours encore on est soir- vent le jouet de semblables supercheries. IIL Bactériologie. — Divers auteurs ont inoculé à la grenouille des bactéries patho- gènes, entre autres les bacilles du charbon (Hardy et Boox Keng, 1894), du tétanos (CouRMONT et DoYON, 1898), de la tuberculose (Moret, 1899). Le bacille de Koch inoculé dans la cavité abdominale de la grenouille est susceptible de la contaminer (Moret). Cette tuberculose expérimentale donne une survie en général très longue, de 127 à 158 jours. Il y a production de granulations sur le mésentère et sur le foie, et l'animal meurt de cachexie progressive. Le bacille tuberculeux aviaire et pisciaire ne détermine pas de lésions chez la grenouille. Dans tous les cas d'inoculation expérimentale de bactéries pathogènes, du bacille du tétanos, par exemple, la température a une grande influence sur la réceptivité d& l'organisme (R. Dubois). M. NEVEU-LEMAIRE. GRUENHAGEN (William-Alfred) (Koenigsberg). 1. Mouvements de l'iris. ^ Einige neue Thatsachen, betveffend die Théorie der Irisbewe- gunçj, 1863 (C. W., N° Ti).— Ueber Irisbewegimg {A. P., 1864, xxx, 481-524; et Berl. klin. Woch., 1865, 242-245, 252-253; 1866, 472.) — Ùeber dus Verhalten des Sphincter pupillae der Saugethiere gegen Atropin [Zeit. f. rat. "Sied., 1867, xxis, 275-284). — Uebcr Cala- barwirkung {Berl. klin. Woch., 1867, N° 27). — Iris und Speicheldrûse [Zeit. f. rat. Med., 1868, xxxin, 258-265). — Zur Irisbewegung {A. g. P., 1870, m, 440). — Ueber den Ein/luss des Sympatlticus auf die VogelpiipiUe. Ibidem, 1886, xl, 65-67, et 1888, xlh, 84-85). — Ziir myotisehen Wirkung des Trigcminus bei Kaninchen (C. P., 1892, ]\'° 11); — Voyez aussi : Nachwort zu Griienhagen u. Samkoiry (A. g. P., 1875, x, 172); — Ueber den Mechanismus der Irisbewegung [A. g. P., 1893, lui, 348-360). — Uebcr den Sphincter pupillae des Frosches. [Ibid., 421-427. — En coll. avec E. Berthold, Physiologische Wirkung des Cocains. {€. W., 1885, N° 9). — En coll. avec Rudolph Cohn, Ueber den Ursprung der pupillendilatirenden Nerven. [Centralbl. f. prakt. Augenheilkunde, 1884. Juniheft). Voir aussi : J. Rogow, Ueber die Wii^kung des Extrades der Calabarbohne u. des Nicotin auf die Iris. {Zeit. f. rat. Med., 1867, xsix, 1-34). — E. Salkowski, Ueber dus Bildge Cilio- spinal Centrum. (Ibid., 167-190i. — Schur, Ueber den Einfluss des Lichts, der Wiirme und einiger anderer Agentien auf die Weite der Pupille nebst einer Anmerkung zur Irishistologie und einem Nachicorte von Gruenhagen. {Ibid., 1808, xxxi, 373-407). — B. Surminsky, Ueber die Wirkungsiveise des Nicotin und Atropin auf das Gcfâssnervensystem. {Ibid., 1869, xxxvi. 164 CRUENHAGEN (William-Alfred). 205-238). — HuRwiTZ, Veber die Reflexdilatation dcr Pupille. Inaugural Dissertation. Erlangen, 1878. — Bessau, Die Pupillenenge im Schlafe tind bei Rùckenmarks-Krankheiten. Inaugural-Dissertation. Koenïgsher g, 1878. — J. Biernath, Ueber die Irisbewegung einiger Kalt und Warmbliiter bei Erwârmung iind Abkilhlung . Inaugural Dissertation. Leipzig, 1880. — I. TuwiM, Ueber die physiologisehe Berichtung des Ganglion cervicale supremum zu der Iris und den Kopfarterien {A. g. P., 1887, xxiv, 115-134). 2. Histologie de l'iris. — Ueber das Vorkommen eines Dilatator pup. in der Iris der Menschen und der Sùugethiere {Zeit. f. rat. Med., 1866, xxviii, 176-189; — Ueber den vermeint lichen Dilatator pupillae der Kaninchcn-Iris {Ibid., 1869, xxxvi, 40-46). — Ueber die Muscidatur und den Eau der Vogeliris. {Arch. f. mikroskop. Anat. 1872/73, ix, 286). — Ueber die hinlere Begrenzungsschicht der menschlichen Iris [Ibid., 726-729). — Die Nerve7i der Ciliarfortsàtze des Kaninchens [Ibid., 1883, xxii, 369-373). — Ueber die Musculatur und die Bruch'sche Membraa der Iris {Anatom Anzeiger, 1888, 27-32). 3. Pression intra-oculaire. — Untersuchungen den intraocidaren Druck betreffend (Berl. klin. Woch., 1866, N° 24; Zeit. f. rat. Med., 1866, xxvni, 230-248). — En coll. avec A. V. HippEL, Ueber den Einfluss der JServen auf die Hohe des intraocularen Druckes. {Arch. f. Ophthalmol., 1808, xiv, 219-258; 1869, xv, 263-287; 1870, xvi, 27-48). — Zur Chemie des Humor aqueus nach Untersuchungen von Kiïhn. (A. g. P. 1888, xliii, 377-384). Voir aussi Joseph Chabbas, Ueber die Sécrétion des humor aqueus in Bezug auf die Frage nach den Ursachen der Lymphbildung . [A. g. P., 1877, xvi, 143-153). — Tesner, Der Humor aqueus des Auges in seinen Beziehungen zu Blutdruck und Nervenreizung . {Ibid., 1880, xxiii, 14-44). — KuHN, Zur Chemie des humor aqueus. {Ibid., 1887, li, 200-202). — F. Heisrath, Ueber den Zusammenhang der vorderen Augenkammer mit den vorderen Ciliar- venen. {Arch. f. mikroskop. Anat., 1878, xvii, 209-215). — Ueber die Abflusswege des Humor aqueus, mit besonderer Beiiicksichtigung des sogenannten Fontana'schen und des Schlemm' schen Kanals. Inaugural Dissertation. Koenigsberg, 1887. 4. Influence de la chaleur, sur les muscles striés et lisses. Thermotonométrie. — En coll. avec Samkovy. Einfluss verschiedener Temperaturgrade auf den Contractionszustand quergestreifter und glatter Muskelfasern. {Berl. klin. Woch., 1875, 525). — Ueber den Einfluss der Warme auf die glatte Musculatur der Warm-und Kcdtblûter. International medic. Congress, 1881, i, 283-286. — Das Thermotonometer. (A. g. P., 1885, xxxiii, 59). — Ueber die Wàrmecontractur der Muskeln. {Ibid., 1893, lv, 372-377). — Ueber die Einwirkung der Temperatur auf die Gefusswande. {C. P., 1893, N° 26). — Noch einmat liber die Beziehungen zivischen Temperatur und Muskelspannung . Ibid., 1893, N" 10. — En coll. avec Samkowy. Ueber das Verhalten isoUrter glatter Muskeln bei electrischer Reizung. (A. g. P., 1875, x, 165-173). 5. Électrophysiologie. — De novo schemate fluminis ncrvorum et musculorum galvanici. Inaugural Dissertation. Koenigsberg, 1863; — Ueber ein neues Schéma des Nerven-und Muskelstromes. {Koenigsberg er medicin. Jahrbûcher, 1864, iv, 199-235). — Ueber die unipo- lare Zuckung {Zeit. f. rat. Med., xxiv, 153-168). — Bemerkungen ûber die Suinmation von Erregungen in den Nervenfasern. {Ibid., 1865, xxvl, 190-224). — Ueber die electrischen Strôme der Froschhaut. {Ibid., xxvi, 268-291). — Ueber Neigungsstrôme und die Natur des electrotonischen Zustandes. {Berl. klin. Woch., 1867, N°' 10 et 11). — Notiz ûber das Verhal- ten der negativen Stromesschioankung zûr sogenannten parelectronomischen Schichl des naturlichen Muskelquerschnitts. {Zeit. f. rat. Med., 1867, xxix, 285-287). — Ueber den ver- meintlichen Einfluss der hinteren Wurzeln auf die Erregbarkeit der vorderen. {Ibid., 1868, XXXI, 38-42). — Théorie des physicalischen Electro tonus. {Ibid., 43-45). — Ueber das Wesen und die Bedeutung der electromotorischen Eigenschaften der Muskeln und Nerven. {Ibid., 46-86; 1869, xxxvi, 132-147). — Ueber thierische Electricitilt. {Berl. klin. Woch., 1869, N" 33). — Ueber Electrotonus und secundàre Zuckung {Ibid., 1871, No4). — Ueber Erregung des Nerven und Fortleitung desselben. {Ibid., 625). — Ueber das zeitliche Verhalten von An-und Katelectrotonus wàhrend und nach Einwirkung des polarisirenden Strômes. (A. g. P., 1871, IV, o47}. — Versuche die secundàre Muskelzuckung betreffend. {Ibid., 1872, v. GRUTZNER (P.). 165 119-122). — Versuche liber intermittirende Nervcnreizung. {Ihid., 1872, vi, l;)7-18l). — Notiz uber eine neuc Art electrischcr Strôme. [Ibkl., 1874, viii, 573). — Quellungsstrôme. Noiiz. {Prioritàtsfriige gegen Hertnann). {Ibid., 187o, xi, 627). — Zur Litteraturgeschichte ciniger Entdeckungen auf dcm Gebicte der Electrophysiologie (1882, xxx, 486-490). — Ueber das ' Verkdltniss zwischen Relzdauer, Rcizgrôsse und latenter Reizperiode nach eincn neuen Versuchsverfahren. [Ibid., 1884, xxxiii, 296-.302). — Ueber iiclite Intcrferenz, und Summa- tionsvorgdnge nervôser Thatigkeitszustânde. {Ibid., 1884, xxxiv, 301-309). — Zur Physik t/cs Electrotonus. {Ibid., 1885, xxxv, o27-.536 et xxxvi, 518-519). — Beschreibung eines neuen Myograpinons. [Schriften der phys. œkonom. Gesellsch. zu Kônigsberg, 1883, xxiv). Voir aussi G. Heidenhain, Ueber den Einfluss der hinteren Riickenmarks-Wurzeln auf die Erregbarkeit der vorderen. [A. g. P., 1871, iv, 435). — E. Hirschberg, In ivelcher Beziehung stehen Leitung und Erregung der Nervenfasern zu einander. {Ibid., 1886, xxxix, 75-95). 6. Absorption intestinale de la graisse. — Ueber den Vorgang der Fettresorption ira Barme. {Congrès périodique international des sciences médicales. Amsterdam. 1879. Compte rendu, 586-590). — Ueber Fettresorption und Barmepithel. {Arch. f. mikroskop. Anat. 1887, XXIX, 139-146). — Ueber Fettresorption im Barme. {Anatom. Anzeiger, 1887, 424-425 et 493-494\ — En coll. avec I. Krohn ; Ueber Fettresorption im Barme. {A. g. P., 1889, xliv, 535-544). — Voir aussi : Will, Vorldufige Mittheilung liber Fettresorption. {Ibid., 1879, xx, 255-262). 7. Divers. — Ueber cincn merkwïirdigen Einfluss des Glycerins auf die Generatoren des Blutfibrins. {Zeit. f. rat. Med., (3), 1869, xxxvi, 239-240). — ISleue Méthode die Wirkung des Mage7i-Pepsins zu leranschaulichen und zu messen. {A. g. P., 1872, v, 203-204). — Notiz ûber die Ranvier'schen Sehnenkôrper. {Arch. f. mikroskop. Anat., 1872/73, ix, 282- 285). — Ein neues manometrisches Verfahren zur Bemonstration vaso-constrictorischer Cen- tren im Rùckcnmark des Frosches {A. g. P., 1881, xxv, 251-254). — Ueber ein Endothelial- Element der Nervenprimitivscheide. {Arch. f. mikroskop. Anat., 1884, xxiii. 380-3811. — Untersuchungen ûber Samenentiv ickelung . (C. W., 1885, N° 28). — Ueber die Spermatogenese bei Rana fusca {temporaria), {Ibid.. 1885, N° 42). Bie electromotorischen Wirkungen lebender Gewebe. Mit 29 Ilolzschnitten. Berlin, 1873. Bearbeitung und [Herausgabe des Funke'schen Lehrhuchs d. Physiologie. 6* éd., 1876- 1880, 2 vol. — Lehrbuch der Physiologie. 3 vol., Leipzig-Hamburg, 1885-1887. GRUTZNER (P.), professeur de physiologie à Tûbingen (Allemagne). I. Travaux du laboratoire de l'Institut physiologique de Breslau. (R. Heidenhain). Bibliographie. — 1. En coll. avec Ebsteix. Ueber den Ort der Pepsinbildung im Magen (A. g. P., vi, 1871, 1-19). — 2. GrCtzner. Ueber einige chemische Reaktionen des tdtigen und untàtigen Muskels {Ibid., vu, 1873, 254-262). — 3. En coll. avec Clapowski. Beitriige zur Speichelsekretion {Ibid., vu, 1873, 522-529). — 4. En coll. avec Ebsteix. Ueber Pepsinbildung im Magen {Ibid., viii, 1874, 122-151); — 5. Kritisches und Experimentelles ûber die Pylorusdriisen {Ibid., vin, 1874, 617-623). — 6. Grutzner. Eine neue Méthode Pepsinmengen colorimetrisch zu bestimmen {Ibid., viii, 1874, 452-459); — 7. Beitriige zur Physiologie der Harnsckretion {Ibid., xi, 1875, 370-386) ; — 8. Notizen ûber einige ungcfôrmte Fermente des Sâugetierorganismus (Ibid., xii, 1876,285-307). — 9. En coll. avec Heidenhain. Ueber die Innervation der Muskelge fasse {Ibid., xvi, 1878, 1-31). — 10. Grutzner. Ueber die Bildung und Ausscheidung des Pepsins, Breslau, 1875, Habilitationsarbeit. — 11. En coll. avec SwiECiCKi. Pepsinbildung bei Frôschen {Ibid., xiii, 1876, 444-452); — 12. Grutzner. Ueber die Bildung und Ausscheidung von Fermenten {Ibid., xvi, 1878, 105-123). — 13. Avec Schultze-Baldexius. Verbreitung des diastatischen Fermentes in den Speicheldrûsen {Bissertation, Breslau, 1877). — 14. Grutzner. Ueber die verschicdenen Arten der Ncrven- erregung {A. g. P., xvii, 1878, 215-254); — 15. Ueber die Bildung und Ausscheidung von Fermenten {Ibid., xx, 1879, 395-419); — 16. Zur Physiologie der Harnsekretion (Ibid., xxiv. 166 GRUTZNER (P.). 1 881 , 441-466) ; — 17. Beitràge zur allgemeinen Ner^enphysiolorjie {IbûL, xxv, 1881, 2S-281) ; — 18, Beitràge zur allg. Nei'venphysiologie {Ibid.,xx\'iu, 1882, 139-178); — 19. Physiologie der Stimme und Sprache, in Hermann's Handbiich der Physiologie, 1879). — 20. En coll. avec R. Heidexhain. Ueber das Wesen der Hypnose. — Voir aussi R. Heidenhai.\. Der sog. tierische Magnetismus, Leipzig, 1880;, 2'= éd. II. Travaux de l'Institut physiologique de Berne (P. Grutzxer) 21. Grutzxer. Ueber dasWesen der Oeffnungserregung [A. g. P., xxxii, 188-3, .357-398); — 22. lur Physiologie des Flimmerepithels [Gratulationsschrift fur Valentin. Leipzig, 1883, Vogel; Breslauer ârztl. Zeitsch., 1882); — 23. Zur Histologie der quergestreiften Muskehi {Recueil zoologique siiisse, 1884, n° 4). — 24. Nemorowsky (L.). Ueber das Phànomen der Liicke' bei elektrischer Nervenreizimg {Dissert., Bern, 1883). — 25. Halperson (C). Beitràge zur elektrischen Reizbarkeit der Nervenfasern {Dissert., Bern, 1884). — 26. Grùtzner. Ueber das Vorkommen v. Fermenten im Harn {Breslauer àrztl. Zeitschr., n° 17, 1882). — 27. Sahli (W.). Ueber das' Vorkommen von Pepsin und Trypsin im normalen menschlichen Harn {A. g. P., xxxvi, 1885, 209-229). — 28. Grutzxer. Die verschiedene Erregbarkeit verschiedener physiologischer Muskelgruppen {Brest, àrztl. Zeitschr., n" 18, 1883). III. Travaux de l'Institut physiologique de Tiibingen (P. Grùtzner) 29. Efron (J.). Beitràge zur allg. NervenphysioL, {A. g. P., xxxvi, 1885, 467-517). — 30. Gehrig (F.). Ueber Fermente im Harn {Ibid., xxxviii, 1886, 35-93). — 31. Grùtzner. Ueber Fermente im Harn {Deutsche medizinische Wochenschrift, 1891). — 31 a. Zur Muskel- physiologie, Breslàrz. Hl. leitschrift, 1886). — 32. Hoffmann (H.). Ueber das Schicksal einiger Fermente im Organismus {A. g. P., xli, 1887, 148-170). — 33. Podwysowski (W.). Zur Methodik der Darstelliing von Pepsinextrakten {Ibid., xxxix, 1886,62-74). — 34. Gleiss (W.). Fin Beitrag zur Muskelchemie {Ibid., xli, 1887, 69-75). — 35. Grùtzner. Ueber die Beizioirkungen der Stôhrer'schen Maschinc {Ibid., xli, 1887,256-281); — 36. Ueber die elektrolytische Wirkung von hiduktionsstrômen{Bresl. àrztl. Zeitschr., 'i%%\>; Wiedemann's Annalen der Physik, i, 1900, 738 et Elektrochemische Zeitschr., 180) ; • — 37. Ein neues Myo- graphion{A. g. P., xli, 1887, 281-290); — SS.Ein einfacher Zeitmarkierungsapparat {Ibid., XLI, 1887, 290-293). — 39. Feuerstein (F.). Zur Lehre von der absoluten Muskelkraft {Ibid., XLiii, 1888, 347-367). — 40. Helwes (F.). Labferment im menschl. Harn {Ibid., xlui, 1888, 384-398). — 41. Kraft (H.). Die Anwendung des Mikrophons zur Reizung von Nerven {Ibid., xliv, 1889, 352-360). — 42. Hùrthle (K.). Zur Technik der Untersuchung des Blut- druckes {Ibid.,\un, 1888, 399-427). — 43. Hofmeister {F.). Beitràge zur Lehre vom Kreislauf der Kaltbliiter {Ibid., xliv, 1889, 360-427). — 44. Rogowitsgh. Die Verânderung der Hypo- physe nach Entfernung der Schilddriise {Zieglers Beitràge, iv, 1889). — 45. Wortz. Zur Chemie der roten und weissen Muskelfasern {Dissert., 1889). — 46. Kraft (H.). Ueber das Flimmerepithel {A. g. P., xlvii, 1890, 196). — 47. Bonhôffer (K.). Physiol. Eigenschaften dûnn-und dickfaseriger Muskeln bei Amphibien {Ibid., xlvii, 1890, 125-146). — 48. Grùtzner. Zur Muskelphysiologie {Bresl. àrztl. Zeitschr., 1886, n° 1). — 49. Rosenberg. Ueber Fer- menturic {Dissetiation, 1890). — 50. Sghott (J.). Ueber elektrische Reizung von Muskelnerven {A. g. P., XLViii, 1891, 354-385). — 51. Ostwald (H.). Ueber das Ritter-RoUett'sche Phànomen {Ibid., h, 1891, 215-234). — 52. Hofmeister (F,). Ueber die Entfernung der Schilddriise {Beitràge zur klinischen Chirurgie, u, 1894). — 53. Grammatschikof. Ueber die Eimvirkung des Koch'scJtên Tuberkulin auf Blut {Baimigarten's Berichte, 1892). — 54. Grùtzner. Ueber die chemische Reizung von Muskelnerven {A. g. P.. lui, 1892, 83-139). — 55. Groves (E.-W.). On the chemical stimulation of nerves {Journal of i:ihysiology , xiv, 1893, 221-232). — 56. Weinland (G.). Chemische Reizung des Flimmerepithels {Dissert.) {A. g. P., lviii, 1894, 105-132). — • 57. Grùtzner. Ueber die chemische Reizung sensibeler Nerven {Ibid., 1894, 58-104) ; — 58. Ueber die Bestimmung der Giftigkeit verschiedener Sto/fe {Deutsch. med. Woehenschr., 1893, n° 52). — 59. Nagel (W.). Ueber Totenstarre (A. g. P., lviii, 1894, 279- 307); — 60. Ueber Galvanotaxis {Ibid., u, 1892, 624-631; lui, 1893, 332-347 et lix, 1895, 603-642) ; — 61. Die Sensibilitàt der Conjunktiva und Cornea des menschlichen Auges {Ibid., LIX, 1895, 563-595); —62. Zur Prûfung des Drucksinns {Ibid., lix, 1895, 595-603). — 62 a. Ueber Galvanotaxis, A. P., lix, 1895, 603-682. — 63. Sauberschwarz (E.). Interferenz- GRUTZNER (P.). 167 versiiche mit Vocallddngen [Ihid., lxi, 1895, 1-31). — 64. GrOtzner. Zur Physiologie des Darmes [Deutsch. med. Wochenschr., 1894, n° 48); — 65, Ueber den Bail des Chiasma opti- cum [Ibid., 1897, n" 1); — 66. Einige Versuche mit der Wunderscheibe {A. g. P., lv, 189.'], 508-320) ; — 67. Zur Technik des Turnunterrichtes [Deutsche Turnzeilung, d894) ; — 68. Ueber deulsches Geràtcturncn mit hesonderer Beriicksichtigung des Mosso'schen Bûches : Die kôr- perliche Erziehung der Jugend {Ibid., 1896); — 69. Ein einfaches und billiges Barometer [Miith. des deutsch. u. ôsterr. Alpenvereins, 1895, n" 13 et Wiedemann's Annalen der Physik, IX, 1902, 238). — 70. Blumenthal (A.). Die Wirkung verxoandter chemischer Stoffe auf den quergestreiften Muskel (A. g. P., lxii, 1896, 513-542). — 71. Bar (M.). Zur Anatomie und Physiologie der Atmung bei den Vôgeln {Zcitschr. f. wissensch. Zoologie, lxi, 3, 1896, 81 p.). — 72. LôRCHER (G.). Ueber das Labferment (A. g. P., lxix, 1898. 141-198). — 73. Winklkr (H.). Eimvirhung chemischer und anderer Reizmittel auf g latte Muskeln [Ibid., lxxi, 1898, 357-398; Dissert.). — 74. Zenneck (G.). Chemische Reizung qucrgestreifter, ciirarisierter, und nicht curarisierter Muskeln {Ibid., lxxvi, 1899, 21-58). — 75. Burker (K.). Reizung von Muskeln und Nerven mit elektrischen Strômen verschiedener Art {Dissertation der naturwiss. Facultdt, 1897). — 76. Grutzner. Die Caseinausfâllung, ein einfaches Mittel um die Aciditàt von Sduren zu bestimmcn (A. g. P., lxviii, 1897, 168-175). — 77. Pfleiderer (R.j. Ein Bei- trag zur Pepsin-und Labioirkung [Ibid., lxvi, 1887, 605-634). — 78. Grutzner et Maria von Linden. Mechanismus des Zehenstandes {Ibid., lxxiii, 1898, 607-641). — 79. Grutzner. Ueber die Bewegung des Darminhaltes {Ibid., lxxi, 1898, 492-522 et Deutsche med. Wochenschr., 1899, 15). — 80. Kuhel (F.). Ueber die Einwirkung verschiedener chemischer Stoffe auf die Thdtigkeit des Mundspcichels (A. g. P., lxxvi, 1899, 276-305, Dissert.). — 81. Brunings (W.), Ueber den Kreislauf der Fische {Ibid., lxxv, 1899, 599-642). — 82. Paira Mall (L.). Ueber den Verdauungsvorgânge bei kôrnerfressenden Vôgeln [Tauben) (Ibid., lxxx, 1900, 600-627). — 83. Eichhoff (K.). Ueber die Erregbarkelt der motorischen Nerven an verschie- denen Stellenihres Verlaufes(lbid., lxxvii, 1899, 156-195). — 84. Grutzner. Historische Be- merkung betreffend Reizûbertragung von Muskel zu Muskel {Ibid., lxxvii, 1899, 26-20). — 85. Grutzner et Kostin (S.). Einige physikalische und physiologische Eigenschaften der gewôhnlichen Extracurrenten {Ibid., lxxvii, 1899, 586-610). — 86. Bùriver (K.). Thermo- saule {Centralblatt fïir Physiologie, xiii); — 87. Experimentelle Untersuchungen ïiber Mus- kelwârme (A. g. P., lxxx, 1900, 533-582); — 88. Dreipulvergemisch {Wiedemann's Annalen der Physik, (4), i, 474). — 89. Grutzner. Miiskulatur des Froschniagens (A. ;/. P., lxxxii, 187-198). — 90. Haffner (E.). Ueber den Einfluss von Salzen auf die Sàuregerinnung der Milch. {Dissert., Tiibingen, 1901). — 90 a. Hohmeyer (F.). Ueber die Anderungen der Fer- mentmengen im Mageninhalt {Dissert. Ttibingen, 1901). — 91. Burker (K.). Ueber den Orl der Résorption in der Leber. Habilitationsschrift (A. g. P., lxxxiii, 1901, 241-352). — 92. QuRiN. Grosse des abdominalen Druckes unter verschiedenen Bedingungen {Archiv f. klln. Med., lxxi). — 93. Grutzner. Stimme und Sprache {Ergebnisse der Physiologie, 1902, 466- 502). — 94. KoRN (A.). MethodenPepsin quantitatif zu bestimmen {Dissert., Tiibingen, 1902). — 95. Grutzner. Einige Versuche ûber stereoskoplsches Sehen (A. ;/. P., xc, 1902, 525-582); — 96. Wirkungen der Hundszecken auf tierisches Blut {Deutsch. med. Wochenschr., 1902, n° 31); — 97. Grutzner et Wachsmann {M.J. Einwirkung verschiedener Stoffe auf die Tiltig- keit des diastatischen Pankreasfermentes (A. g. P., xcr, 1902, 195-207). — 98. Basler (A.). Ueber die Art des Absterbens verschiedener qucrgestreifter Muskeln bei crhôhter Temperatur {Dissert., Tubingen, 1902). — 99. Fetzer (M.). Ueber die Widerstandsfdhigkeit von Klàugen, insonderheit von Vocalklângen gegenûber schcldigenden Einflïissen (A. .'/. P., c, 1903, 298- 331). — 100. Grutzner. Ueber die Zerkleinerung menschlicher Fcices {Deutsch. med, Wochenschr., 1903, n° 44). — 101. Breyer (H.). Die Einwirkung verschiedener einatomiger Alkohole auf das Flimmerepithel und die motorische Nervenfaser. (A. g. P., xcix, 1903, 481-512). — 102. Hartmann (J.). Muskelspannung und Tetanus {Dissert., Tubingen, 1903). — 103. Grutzner. Die glatten Muskeln. {Ergebnisse der Physiolog.,ui, (2), 1904, 12-88), — 104. Basler (A.). Einfluss der Reizstàrke imd Belastung auf die Muskelkurve (A. g. P., en, 1904, 254-268). — 105. Burker (K.). Physiologische Wirkungen des Hôhenklimas {Ibid., zv, 1904, 480-535); — 106. Blutplattchen und Blutgerinnung {Mùnchen. med. Wochenschr., n° 27, 1907). — 107. Basler (â.). Einfluss der Reizstârke auf die Tctanuskurve des Froschsartorlus (A. g. P., cv, 1904, 344-364); — 108. Verschiedenes Verhalten des Gastro- knemius und Sartorius des Frosches bei Ermiidung {Ibid., cvi, 1904, 141-159). — 109. Braix- Î68 GUANIDINE. MAiER (H.). I.ur Physiologie und Histologie der Verdauungsorgane bei Vogeln {Dissert., Tiibingen, 1904). — 110. Grutzner. Ein Beitrag zum Meclianismus der Magenverdauung {A. g. P., cvi, 190o, 463-.j22). — 111. BCrker (K.). Eine neue Farm der lilhlkammer {Ibid., Gvii, 1905, 426-4ol ; cxviii, 1907, 1-7). — 112. Raether (M.). Ueber die Einwirkung vers- ehiedener einwertiger Alkohole auf semible Nerven und Nervenendigiingen {Dissert., Tiibingen, 1905). — 113. Grutzner et Breyer. Ein cinfacher Hœmometer fur den prakt. Arzt {Miinchener med. Woclienschrift, 1905, n° 32). — 114. Burker (K.). Myothermische Untcrsuchungen {A. g. P., cix, 1907, 217-276 et cxvi, 1907, 1-111). — 115. Basler (A.). Ausscheidung und Resorplion in der Nierc. Habilitationsschrift {Ibid., cxii, 1906, 203-244); — 116. Eine einfache Einrichtung zur objektiven Mischung zweier Spektralfarben {Ibid., cxvi, 1907, 625-627). — 117. Weiss (K.-E.). Das Metallophon, ein Apparat, zum Nar.hweis metal- lischer Frcmdkurpcr im Augeninnern {Ccntralblatt fur praktiscJie Angcnheilkunde, 1906, avril). — 118. (Dold (H.). Veber den Einfluss verschiedener Alkohole auf das Froschherz {A. g. P., cxii, 1906, 600-623 et Dissert., Tûbingen, 1906). — 119. Basler (A.). Ueber das Sehen von Bewegungen. I. Die Wahrnehmung kleinster Bewegungen {A. g. P., cxv, 1906, 582-601). — 120. Ueber den Fanfkainpf der Griecheu, Deutsche Turnzeitung, 1906, N°^ 1-2. — 121. Betrachtungen ûber die Bcdeutung der Gefàssmuskeln und ihrer Nerven {Deutsch. Archiv fur klin. Medizin, lxiux, 1906, 132-148). — ■ 122. Bemerkungen ûber dieWirksamkeit bezw. Giftigkeit verschiedener Alkohole, insonderheit des Mthylalkohols (Der Alkoholismus, 1906, 5). — 123. MiJLLER (A.). Wie àndern die von glatter Muskulatur luaschlossenen Mohlorgane ihre Grosse? {Ibid., cxvi, 1907, 252-264). — 124. Grutzner. Ein Schulmodell des facetliertien Insektenauges {Natur und Schule, vi, 1907, 219-224); — 125. Ueber die gesundheitliche Bedcutung des Sporfes und der Gymnastik {Deutsche Revue, 1906); — 126. Die Genauigkeit der menschlichen Stimme. Die Stimme {Centralblatt fur Siimm- und Tonbildimg, i, 1907, 13 p.). GUANIDINE (GH'Az^). — La guanidine a été découverte par Strecker dans îfes produits de dédoublement et d'oxydation que donne la guanine traitée par l'acide chlorhj'drique et le chlorate de potasse. La guanidine se trouve dans la nature en petite quantité. C'est ainsi qu'elle existe dans certains fromages : Winterstein l'a retrouvée dans le fromage d'Emmenthal ; Slyre et Hart, dans leurs recherches sur le vieillissement du fromage américain, ont montré la formation de la guanidine lorsque cette fermentation s'est accomphe dans des conditions normales. Au contraire, lorsqu'on ajoute du chloroforme, la guanidine est absente. Certains végétaux, tels que les germes étiolés de la Vesce (Schultze) et le suc de betterave, renferment un peu de guanidine. Enfin on trouve encore la guanidine dans les produits de putréfaction des matières albuminoïdes et parmi leurs produits d'oxydation lorsqu'on traite les albuminoïdes par le permanganate de potasse (Lossen). Préparation. — La guanidine, en général, peut se préparer par la méthode de Strecker : la guanine est délayée dans l'acide chlorhydrique, et on ajoute au produit des cristaux de chlorate de potasse. La guanine disparaît au fur et à mesure que la réaction s'avance; celle-ci est accompagnée d'un très faible dégagement de gaz. Quand toute la guanine est entrée en solution, on cesse d'ajouter du chlorate de potasse, et on évapore. Les premiers cristaux qui se déposent sont des cristaux d'acide parabanique. Les eaux-mères sont étendues d'eau et traitées parle carbonate de baryte jusqu'à neutra- lisation complète : on filtre, et on précipite, des liqueurs filtrées, de l'oxalurate de baryte, du chorure de baryum et de la xanthine barytique. On filtre et on évapore au bain-marie. Le résidu est épuisé à chaud par l'alcool absolu qui dissout le chlorhydrate de guanidine. Ce corps est converti en sulfate par digestion avec le sulfate d'argent. La base est ©btenue en traitant la solution aqueuse de sulfate de guanidine par la baryte. On peut encore préparer la guanidine en traitant le biuret par l'acide chlorhydrique î)0uillant ou parmi courant de gaz chlorhydrique sec. La synthèse de ce corps a pu être opérée de différentes façons : l°le gaz chloroxycar- Êonique et l'ammoniaque donnent de l'urée, de l'acide tnélanurique, de l'acide cyanu- lique et du chlorhydrate de guanidine (Bouchardat) : C0C12 + 3AzH3 == CAzSHs + 2HCI + H'^O. GUANIDINE. 169 2° Par l'action de la chloropicrine sur l'ammoniaque. Celte réaction peut même en donner de notables quantités (Hofmaxn), si l'on chauffe pendant plusieurs heures, à 100°, à l'autoclave, de la chloropicrine avec une solution alcoolique concentrée d'ammo- niaque. On sépare par l'alcool absolu le chlorhydrate de guanidine soluble du sel ammoniac. 3° L'orthocarbonate d'éthyle, chauffé à IIJO" avec de l'ammoniaque, donne de la guanidine et de l'alcool (Hofmann). C04(C2H3)^- -h 3AzH3 = CH^iAz-î + iC^HeO. Enfin la guanidine se produit encore si l'on fait barhoter un courant de chlorure de cyanogène gazeux dans de l'alcool ammoniacal. La cyanamide formée est chauffée pendant quelque temps à 100°, avec le sel ammo- niac. Propriétés physiques et chimiques. — La guanidine est un corps cristallisé blanc , très hygrométrique, caustique, imputrescible, donnant des sels nombreux et stables, même avec l'acide carbonique de l'air qu'il attire énergiquement. C'est en effet une base très énergique. Sa composition répond à celle d'une urée dans laquelle l'atome d'oxygène est remplacé par un groupement imide (AzHj, de telle sorte que sa formule développée sera : , AzH _ ^.^A,H2. Grâce à cette composition, la guanidine donne naissance à un très grand nombre de dérivés. Avec l'acétyl-acétone, avec certains éthers, avec les dicétones, la guanidine donne des produits de condensation. D'autre part, par l'action de certains réactifs, elle donne des corps résultant de la substitution d'un radical à un ou plusieurs atomes d'hydrogène. La nUroguankline, AzH = CAzH-AzH AzO- provient de l'action de l'acide azotique fumant sur du sulfocyanate de guanidine déjà traité par l'acide sulfurique (Thiele, in Dict. Wiu'tz). La nitro>;oyuanidine provient de la réduction de la nitroguanidine par le zinc et l'acide sulfurique. C'est un corps explosif dont la production accompagne celle de ïambïû- (juahidiiic. Ce dernier corps: . „ ^/AzH — AzH^i ^'^^ = ^\AzH2 est à son tour l'origine d'un grand nombre de combinaisons azoïques, hydrazoïques, sucrées, etc. Plus importantes sont les guanidines substilitée^i dont les propriétés, les réactions et le rôle en font des unités chimiques. Nous ne ferons qu'indic{uer les principales. La mcthylynanidine, par exemple, dans laquelle H est remplacé par CH', existe dans la nature où on la rencontre dans la chair et le bouillon fermenté, dans les cultures du bacille cholérique, etc. Elle est extrêmement toxique, et son étude rentre dans celle des ptomaïnes. (Voir Ptomaines). Il existe encore des diinéthi/lguanidines, des diélhylguanidines et triéthylgiianidines, etc. Leur composition permet de pousser assez loin l'étude de la constitution de composés complexes. La créatine (combinaison d'une molécule de méthylguanidine et d'acide acétique) doit être également considérée comme une guanidine substituée, et l'on peut se demander si la guanidine et la méthylguanidine dérivent de la créatine ou servent à la formation synthéti(iue de cette dernière dans l'organisme (.JAFrÉ). Sels de guanidine. — L'azotate est un corps blanc, peu soluble dans l'eau froide, que l'on obtient lorsque l'on électrolyse une solution ammoniacale à oO p. 100 d'ammo- niaque liquide en se servant comme électrodes de charbon de cornue purifié au chlore (Millot). L'azotite se produit dans la réaction de l'acide azoteux sur les ainidines ; il constitue de beaux cristaux très stables, insolubles dans l'éther. 170 GUANIDINE. Le chlorhydrate fournit des masses cristallines confuses, formées par de fines aiguilles, très solubles dans l'eau et dans ralcool. Il donne des sels doubles avec le chlorure de platine, le chlorure d'or. Le chloroplatinate de guanidine est formé par des cristaux aciculaires jaunes assez solubles dans l'eau bouillante, peu solubles dans l'eau froide. Le carbonate se produit [directement par fixation de l'acide carbonique de l'air sur la guanidine, soit cristallisée, soit en solution. On le prépare encore par double décom- position entre le sulfate de guanidine et le carbonate de baryte. Il est formé de cristaux octaédriques ou prismatiques, très solubles dans l'eau, insolubles dans Falcool, à forte réaction alcaline. 11 précipite naturellement les alcalino-terreux. Le picrate est un précipité cristallin jaune, obtenu en ajoutant de l'acide picrique à une solution aqueuse de sel de guanidine. L'oxalate s'obtient en saturant le carbonate par l'acide oxalique. On a un oxalate acide en ajoutant à la solution neutre autant d'acide qu'il en renferme déjà. Le sulfate est la forme courante sous laquelle se présente la guanidine. Il est formé par des cristaux très solubles dans l'eau, insolubles dans l'alcool. Enfin le sulfocyanate est un corps particulièrement intéressant en raison des pro- priétés de sa dissolution : 100 parties d'eau en dissolvent 73 parties à 0°, 135 à 15°; à l'ébuUition sa solubilité est illimitée; le point d'ébullition delà solution dépasse 120°, température de fusion du sel solide. La dissolution dans l'eau du sulfocyanate de guanidine détermine un abaissement considérable de la température. De l'eau à 30°, o, saturée par le sulfocyanate de guani- dine, est ramenée à 4°; de l'eau à 15°, 5 dans les mêmes conditions est abaissée à 3". Néanmoins ce sel n'est pas déliquescent : il est onctueux au toucher. La solubilité de ce composé permet de le substituer à la guanidine toutes les fois que l'on veut se servir de solutions extrêmement concentrées de cette base. Recherche analytique de la guanidine. — La guanidme peut être reconnue, soit à l'état de picrate, soit à l'état de guanylurée, soit à l'état de cyanurate, soit enfin au moyen d'une ou deux réactions plus ou moins caractéristiques. Entre autres, le réactif de Nessler précipite tous les sels de guanidine (Schulze). Ce précipité est abon- dant, iloconneux, blanc ou légèrement jaunâtre, très abondant encore avec une solution à 0,05 p. 100 d'azotate de la base.L'hypobromite de soude décompose la guanidine avec dégagement des 2/3 de l'azote de constitution. CAz^Hs + sO = Az2 + 2H20 + COA/H. Cette décomposition est donc accompagnée de la formation d'acide cyanique (Emich). La guanidine se transforme facilement en ammoniaque et urée en présence de solutions alcalines. L'acide picrique serait, d'après Prelinger, le réactif général de toutes les guani- dines ; il pourrait servir à un dosage approximatif de la guanidine (Ewich). Le cyanurate de guanidine, qui est un de ses sels les plus caractéristiques, se produit en chauffant du carbonate de guanidine avec une solution d'acide cyanurique, tant qu'il se dégage de l'acide carbonique. Par refroidissement, on obtient de longues aiguilles soyeuses. Enfin, en fondant la guanidine avec l'urée, ou par le proéédé de Bambercer, on obtient de la guanylurée qui, à l'état d'azotate, cristallise en aiguilles blanches peu solubles. Ce précipité caractéristique peut encore être obtenu en chauffant à 160°, dans un appareil distillatoire, un mélange intime de carbonate de guanidine et d'uréthane, dans la proportion d'une molécule du premier pour deux du second. Un mélange de cyanate de potassium et de chlorhydrate de guanidine porté à 180° donne encore naissance au même produit. Action physiologique et toxique de la guanidine. — La guanidine, injectée sous la peau ou administrée par l'estomac, passe en nature dans les urines, d'après Pommerenig (1902). Cependant, lorsqu'il administre des doses toxiques, cet auteur n'en trouve qu'une faible partie dans l'urine. Gergens et Baumann (1876) n'ont également trouvé dans l'urine qu'une minime quantité de la guanidine injectée : ils pensent que la plus grande partie se transforme dans l'prganisme, en urée probablement. En tous cas, cette différence GUANIDINE. 171 d'élimination entre les doses toxiques et non toxiques, observée par Pommerenig, demande à être expliquée. Mise à digérer en présence d'organes animaux, la guanidine n'est pas transformée. La guanidine et ses sels sont des corps extrêmement toxiques. Un certain nombre de rechercbes ont été faites pour déterminer quelle était exactement cette toxicité, et aussi quelle était la nature des effets qu'ils produisent sur l'oi'ganisme. Pour bien mettre en relief l'action particulière et intéressante de la guanidine, nous rappellerons qu'un grand nombre de substances (aconitine, nicotine, physostigmine, sels de baryum, de zinc, de cuivre, de nickel, de plomb, de bismuth, de sodium) déter- minent une excitation périphérique et des secousses fibrillaires des muscles, mais jamais à un si haut degré que la guanidine (la créatine ne produit pas ces secousses, d'après Fûhner). Gergens et Baumann ont injecté dans les sacs lymphatiques d'une gi'enouille un centigramme de sulfate de guanidine en solution a'jueuse. Les secousses fibrillaires apparaissent tout d'abord au bout de quelques minutes, et se propagent à tout l'orga- nisme : puis se montrent des contractions cloniques. Celles-ci deviennent de plus en plus rapides, et, après quelques heures, se transforment en tétanos. La respiration per- siste, et le cœur reste normal. La guérison ne survient qu'au bout de plusieurs jours : les muscles sont alors en état d'inertie complète et présentent la réaction acide. La dose mortelle pour la grenouille est de 5 centigrammes. La contracture devient alors immé- diatement de la rigidité, et l'animal meurt avec le cœur en diastole. Chez une grenouille curarisée, la guanidine n'a plus d'aciion, le curare apparaît donc comme l'antidote de la guanidine; on peut d'ailleurs, avec le curare, faire disparaître les contractions fibril- laires ou cloniques causées par celles-ci. Si l'on enlève la moelle chez le même animal, la guanidine produit encore les con- tractions fibrillaires ; celles-ci apparaissent également aux extrémités dont on a sectionné les sciatiques, et, même si l'on détache complètement ces extrémités, elles continuent à présenter des secousses fibrillaires avec la même intensité. Une patte de grenouille non intoxiquée, ou simplement un muscle détaché et mis dans une solution de NaCl à 1 p. 100 additionnée de quelques gouttes d'une solution de guanidine, est prise rapidement de secousses qui persistent jusqu'à vingt heures. Par conséquent, l'action de la guanidine ne s'exerce ni sur le système nerveux central, ni sur la substance musculaire elle-même, comme le prouvent les injections de guanidine chez les grenouilles curarisées : elle a lieu sur les ramifications intra-musculaires des nerfs, et, vraisemblablement, sur les plaques motrices terminales. La dose toxique pour la grenouille est de 5 milligrammes. Chez les mammifères, le tableau de l'intoxication est un peu différent, et on observe presque exclusivement des manifestations cloniques ; il n'est pour ainsi dire pas de secousses fibrillaires. Chez un petit chien, une heure après l'injection de 1 gramme de sulfate de guanidine sous la peau, Gergens et Baumann ont observé des vomissements, de la paralysie de la partie postérieure du corps et l'impossibilité de se tenir sur ses pattes. Pendant 48 heures, secousses cloniques des membres, respiration laborieuse et accélérée, et mort au bout d'une semaine. Dans un autre cas, le chien guérit avec une même dose; mais, dans un troisième cas, la mort survint, toujours avec les mêmes manifestations. Avec l'injection intraveineuse d'une même dose, mêmes symptômes, mais évoluant vers la mort en quelques minutes. Au point de vue du mode d'action, Rossbagh et Clostermeyer ont montré que, chez les animaux à sang chaud comme chez les hétérothermes, la section de la moelle et du nerf sciatique n'empêchent pas les mouvements cloniques de se produire. PuTZEYS et SwAEN, presque au même moment que Gergens et Baumann, ont confirmé et étendu les résultats précédents. Expérimentant encore sur la grenouille [Rana temporaria), ils ont montré que le sulfate de guanidine exerce une action sédative sur la moelle épinière, action qui va en s'accentuant de plus en plus et aboutit à la paralysie complète. Gergens et Baumann admettent cependant une excitation préalable de la moelle. Au début les sels de guanidine excitent les extrémités terminales des fibres nerveuses motrices dans les muscles striés. Cette excitation provoque tout d'abord des contrac- tions fibrillaires, fasciculaires, puis des contractions cloniques de ces muscles. A cette 172 GUANIDINE. excitation succède une période paralytique dans laquelle l'irritabilité des fibres ner- veuses motrices est considérablement diminuée. Il s'agit donc en somme de deux actions consécutives : une action excitante, puis une action dépressive, on peut dire curarisante. Avec des doses faibles, on peut obtenir seulement la première action (Jordan); des doses de plus en plus fortes produisent les deux actions consécutives, avec prédo- minance de l'une ou de l'autre. Consécutivement aux contractions cloniques, le sulfate de guanidine diminue l'irri- tabilité des muscles, et cela de deux façons : directement d'abord, et ensuite indirec- tement, par la fatigue excessive qui succède inévitablement aux contractions cloniques de la période initiale. Il agit sur les fibres lisses de la pupille en produisant une mydriase très prononcée. Le sulfate de guanidine détermine une accélération marquée des pulsations car- diaques qui est due à l'excitation des centres automoteurs ou accélérateurs intra-car- diaques ou à celle des fibres accélératrices du vague. A cette excitation initiale succède une période de ralentissement et de paralysie : celle-ci est due à l'action sédative exercée par le poison sur ces centres nerveux intra-cardiaques et sur le vague. L'action sur le cœur a été précisée par Haknack et Witkowski. A ces deux périodes correspon- dent une augmentation, puis un abaissement de la pression sanguine (Jordan). Le sang devient noir. Or cette altération, provoquée parles contractions musculaires éner- giques qui se produisent, doit avoir également son importance dans les phénomènes de sédation que nous venons de signaler. H. FChner a récemment repris la question. Expérimentant sur les grenouilles, il a montré que les solutions de sels de guanidine déterminent d'abord une excitation péri- phérique, puis une paralysie centrale, ù laquelle succède une paralysie périphérique. Leur action pharmacologique doit être considérée comme se rapportant à l'ion guani- dium qui, au point de vue de son activité, est l'analogue de l'ion sodium. Comme les sels de sodium, ceux de guanidine augmentent l'activité musculaire qui tend vers la contracture. Les secousses musculaires provoquées par la guanidine, comme par NaCl, peuvent être arrêtées par le chlorure de calcium ou de magnésium ajouté à la solution de guanidine ou injecté à l'animal qui est préalablement ou postérieurement intoxiqué par la guanidine. Au point de vue de son lieu d'action, la guanidine, pouvant déterminer une paralysie identique à celle du curare, peut aussi être étudiée de la même façon que ce dernier. L'expérimentation montre d'ailleurs que la localisation de son action est la même que pour le curare. Bibliographie. — Ackermann. Naclnveiss von Guanidin {Ztschr. f. physiol. Chem., 1906, XLvn, 354-358). — Bamberger. ISeue Synthesen des Guanylharnstoff's [Ber. d. deutsch. ch. Grès., 1887, xx, 68-75). — Bouchardat. Nouvelle synthèse de la guanidine (C. R., 1869, Lxix, 961). — EwicH. Notizen ûber das Guanidin (Monatsh. f. Chcm., 1891, xii, 23). — Engel. Sur le sulfocyanate de yuanidine {Bull. Soc. 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La guanine se rencontre en grande abondance dans le guano que l'on peut traiter, pour l'obtenir, de la façon suivante : Le guano est mis à digérer à chaud avec un lait de chaux étendu. La liqueur par ébullition se colore légèrement en vert. On la filtre, et on la neutralise par l'acide chlor- hydrique. Le liquide abandonné à lui-même dans un milieu froid laisse déposer, au bout de quelques heures, la guanine et l'acide urique. L'acide chl'orhydrique bouillant ne dissout que la guanine. La solution décantée dépose par refroidissement des cristaux de chlorhydrate de guanine. Une nouvelle cristallisation les purifie complètement, et la base est isolée par l'ammo- niaque (Umger). Strecker traite encore le guano à l'ébullition par un lait de chaux, en répétant le traitement tant que le liquide se colore en brun. Toute la matière colorante est dissoute, ainsi que les acides volatils et un certain nombre d'autres substances; l'acide urique et la guanine restent dans le résidu que l'on épuise par des solutions bouillantes de carbonate de soude. Ces solutions filtrées sont réunies, additionnées d'acétate de soude, puis d'acide chlorhydrique jusqu'à réaction fortement acide. Les corps puriques précipitent. On lave le précipité à l'eau, on le reprend par l'acide chlorhydrique moyennement étendu et bouillant qui ne dissout que la guanine; par évaporation et cristallisation, on obtient le chlorhydrate de guanine renfermant encore un peu d'acide urique. On le traite alors par l'ammoniaque, et on dissout la guanine et l'acide uiique dans l'acide azotique concentré. L'azotate de guanine cristallise par refroidissement, et donne la guanine lorsqu'on le met en contact avec l'ammoniaque en excès. Neubauer et Kerner obtiennent la guanine en dissolvant dans l'acide chlorhydrique très étendu le précipité qu'elle forme avec le chlorure mercurique. On précipite le mer- cure par l'hydrogène sulfuré, on filtre, et la liqueur, devenue incolore, est précipitée par l'ammoniaque. La guanine se rencontre encore dans les excréments des araignées, dont elle forme la plus grande partie. Comme tous les corps de la série purique, elle se trouve dans les excréments humains. C'est ainsi que Kruger et Schittenhelm, ayant soumis un adulte à une alimen- tation mixte, avec exclusion néanmoins de café et de cacao, constatèrent dans ses fèces, en 42 jours, 2e'',363 de guanine, accompagnés de lf^'',88 d'adénine, ()^\\{1 de xan- thine et 05'',300 d'hypoxanthine, soit en tout 0'-'"",110 de bases par 24 heures, corres- pondant à 05'-,orj32 d'Az. Ce chiffre, comparé à l'azole éliminé sous la même forme en 24 heures par les urines (Os^OlOô d'Az.), montre que les excréments éliminent par con- séquent 4 fois plus de bases, surtout formées par de la guanine. 174 GUANINE. Dans la saumure de harengs, Isaac a isolé une grande quantité de guanine associée à de l'hypoxanthine, peu d'adénine et très peu d'hypoxanlhine. Isaac traite la saumure de harengs par une solution ammoniacale d'argent. Le pré- cipité formé par les combinaisons argentiques est décomposé au bain-marie par l'acide chlorhydrique. Les bases entrent en solution à l'état de chlorhydrate, et l'ammoniaque précipite déjà une grande partie de la guaniae. Ce qui reste en solution est encore traité par le procédé de Krûger et Wulff. On rencontre la guanine dans un certain nombre d'organes : dans le pancréas, dans les ligaments, dans les cartilages, dans la -peau des amphibies et des reptiles, dans les écailles (Voit) et le sperme de poissons, dans l'organe vert de l'écrevisse et dans l'organe de Bojanus de la coquille [Anodonta cycnea) et, en général, dans tous les organes riches en noyaux cellulaires. La guanine dérive en effet des acides nucléiniques (ou nucléiques) par hydratation de ces derniers. Les acides nucléiques «^ont en eftet sont des produits de dédoublement des nudéines ou nucléoalbumines (ou nucléoprotéides) dont la dégradation donne en outre de l'albumine. Les acides nucléiniques à leur tour donnent de l'acide phospho- riqne, des hydrates de carbone (généralement des pentoses), des bases puriques (ou xanthiques : guanine, xanthine, hypoxanthine, adénine) qui produisent elles-mêmes de l'acide urique, et enfin l'acide thymique, ou thyminique, ou ihymonucléique. KossEL et Baxg admettent l'existence de quatre acides nucléiniques ne contenant chacun qu'une base purique, les acides thymo-nucléiques, les acides inosiques et gua- nyliques et l'acide plasmique. La guanine se forme par hydrolyse de l'acide thynio-nucléique, que l'on effectue à chaud au moyen de HI en présence d'acide phosphoreux (Steudel). L'azote de la guanine formée représente environ .3,61 p. 100 de l'azote de l'acide thymo-nucléique. L'hydrolyse des nucléo-protéides des capsules surrénales (Jones et Whipple) de mou- ton, de boiuf et de porc donne de la guanine et de l'adénine : le rapport des quantités de guanine et d'adénine ainsi obtenues est sensiblement constant, quelle que soit l'origine. Ainsi 30 gr. de nucléo-protéides donnent : Mouton. Bœuf. Porc. milligr. milligr. milligr. Clilorhydratr! de guanine 510 501 310 Picrate d'adénine 212 210 220 Il semble donc bien, ainsi que Schmiedeberg l'avait annoncé, que les nucléo-protéides renferment dans leurs molécules plusieurs bases puriques, par exemple : guanine et adénine. L'opinion de Kossel et Bang semble donc erronée. La constance des rapports des poids d'adénine et de guanine dans le cas des nucléoprotéides étudiées par Jones et Wheepple montre bien que les acides nucléiniques de ces substances renferment à la fois et de la guanine et de l'adénine. Les acides nucléiques de la rate et du pancréas fournissent par hydrolyse de la gua- nine, de l'adénine, de la thymine et de la cytosine (Levene). Neuberg a obtenu la guanine dans l'analyse immédiate du nucléoprotéide du pan- créas; le pancréas, traité par HBr fumant (D = l,49) à 100° donne une liqueur à forte odeur de cacao que l'on concentre dans le vide : le sirop traité par l'alcool bouillant se trouve séparé des impuretés et la solution forme à froid un précipité de bromhydrate de guanine. L'autolyse du pancréas de porc et de bœuf dans de l'eau chloroformée jusqu'à dispa- rition complète de la réaction du biuret fournit de la guanine (Schenr); celle-ci n'est accompagnée d'ailleurs dans ce cas que d'hypoxanthine, avec des traces de xanthine et d'adénine. Wohlgemuth, en étudiant le nucléoprotéide du foie au point de vue de sa richesse en corps xanthiques, a montré que ce principe, qui existe dans la proportion de 3 p. 1000 dans l'organe, fournil 0,864 p. 100 de guanine associée à des proportions analogues de xanthine, d'adénine et d'hypoxanthine. GUANINE. 175 La rate donne, par autolyse, de la guanine et de l'hypoxanthine, tandis que la décom- position par les acides fournit de la guanine, de la thymine et de la cytosine (W. Jones). Cette ditlérence nous sera expliquée par l'action des diastases qui exercent leur action dans l'autolyse de cet organe. LeveiNe a constaté que l'acide nucléique du testicule de bœuf donne, par hydrolyse acide, de la guanine, de l'adénine, de la thymine et de la cytosine. (Il en est de même de l'acide nucléique du cerveau de bœuf.) Dans l'autolyse du testicule de taureau, Moghizucki et Kotare ont observé la forma- tion probable de guanine. L'autolyse était effectuée au contact de l'eau et poursuivie pendant trois semaines environ en présence de toluène et de chloroforme. La séparation des produits de l'autolyse était effectuée par la méthode de Kutscher. qui a permis d'isoler en outre, dans ce cas, de l'ammoniaque, de la xanthine, de l'hypoxanthine, de la thymine, de la choline et de la lysine. Chez le porc, la guanine se trouve en gi'ande quantité dans une maladie spéciale analogue à la goutte de l'homme, en particulier dans les muscles, ligaments et arlicu- lations, à l'état de dépôts. L'acide nucléique de la levure, hydrolysée par les acides, donne de la guanine et de l'adénine, en même temps que de la xanthine et de l'hypoxanthine. Au contraire, par dédoublement dû au Bacterium coli, l'adénine et la guanine disparaissent pendant le travail bactérien (Schittenhelm et Schrœter). On retrouve encore de la guanine dans l'hydrolyse, par les acides, de l'acide nucléique de farine de froment ou acide trilico-nucléique (Osborne et Harris). On rencontre la guaaine dans le règne végétal : Schulze et Castoro ont montré la présence de la guanine dans un certain nombre de graines non germées : Liipimis Inteus et albus, Helianthus annuus, Triticum vulgare, Avachis hyvogea. La guanine, dans ce cas, semble provenir du dédoublement de la vernine en guanine et en une pentose. Le suc de la betterave sucrière contient, par litre, Os'',0801 de guanine (Bresler). On la trouve également dans le sucre de canne, dans la proportion de 0='',002o p. 100, et dans la mélasse, dans la proportion de 0S'',066 p. 100 (Shorey). Autres modes de préparation de la guanine.— L'acide' urique est oxydé à froid par le persulfate d'ammoniaque, et, en présence d'un excès d'ammoniaque, on obtient de la guanine (1 à 3 p. 100 de l'acide urique), de l'allantoïnate d'ammoniaque (27 à 28 p. 100) et de l'urée (42 p. 100), ces deux derniers corps provenant du dédou- blement de l'allantoïne d'abord formée (Hugounencq). Enfin, d'après Bang, l'acide guanylique, produit de dédoublement de certaines nucléines (pancréas), donne par dédoublement 3o p. 100 de guanine (tlièoriquemenl 39,29) : il serait formé de quatre molécules de guanine, trois de pentose, trois de glycérine et quatre d'acide phosphorique. Guanine cristallisée. — On peut obtenir la guanine cristallisée en dissolvant un gramme de guanine amorphe dans deux litres de soude très étendue, en ajoutant le tiers du volume d'alcool, puis sursaturant par l'acide acétique. Dans ces conditions, la guanine se dépose sous forme de cristaux agglomérés en choux-lleurs, identiques aux cristaux de créatinine et de chlorure de zinc. Synthèse de la guanine. — E. Fischer a fait la synthèse de la chloroguanine en chautlant à 130° un mélange d'oxy- (6) dichloropurine (2,8) et de solution ammoniacale saturée à 0". La chloroguanine brute traitée par l'acide iodhydrique et l'iodure de phos- phore fournit de la guanine. Traube a indiqué un mode de synthèse de la guanine à partir de la guanidine par le processus suivant : la guanidine est condensée avec l'éther cyanacétique, et la cyna- cétylguaiiidine ainsi obtenue se transforme spontanément sous l'influence des alcalis en diamiuo-oxypyridine. Son dérivé isoniirosé, réduit et traité par l'acide formique, donne naissance à la guanine. Propriétés physiques et chimiques. — La guanine est une poudre blanche, amorphe, peu soluble dans l'eau, insoluble dans l'alcool et dans l'éther, soluble slirtout dans les alcalis, potasse, soude, ammoniaque. Sa solubilité dans les acides tient à la formation de combinaisons : chlorhydrate, sulfate, etc., correspondant à une très faible basicité de ce produit. En effet, l'hydrolyse de son chlorhydrate en solution décinormale 176 CUANINE. correspond à d 7,9 p. 100, et sa constante de dissociation serait, d'après Wood, 0,81 x 10-", Si on la compare avec les corps voisins, on trouve : Hydrolyse du chlorhj'drate Constante en solution décinormale. de dissociation, p. 100. p. 100. Créatinine 8,96 3,57 X lO-u Créatine 12,30 1,81 Guaninc 17,90 0,81 Tliéobrominc 73.00 0,016 Xanthine 88,50 0,0046 Caféine 89,70 0,0040 Urée 90,40 0,0037 La guanine s'unitd'ailleurs également aux bases. Les solutions dans les alcalis, l'eau de baryte bouillante, etc., laissent déposer, lorsqu'on les traite par l'alcool, des précipités cristallins, combinaisons définies du corps azoté avec les bases réagissantes. La guanine donne avec certains sels métalliques des précipités plus ou moins caracté- ristiques. Avec le nitrate d'argent et le sublimé on obtient des combinaisons argentiques et mercuriques, répondant aux formules C3H5Az50Az03Ag et CSH5A2!50HgC12(H20) En solution chlorhydrique, et par suite à l'état de chlorhydrate, elle donne avec le chlo- rure de platine un chloroplatinate peu soluble cristallisé jaune : C^H5Az50. HCl. PtCl*. 2H20 et, avec le sublimé, un chloromercurate insoluble : (C5H3Az30, HCl)2HgCr2 + H20. Le ferrocyanure de potassium précipite également la guanine. L'oxydation de la guanine conduit, suivant les cas, à des résultats fort différents : L'oxydation ménagée par le permanganate de potasse détermine la formation d'osyguanine (Kerner) ; puis il y a dédoublement en quatre molécules d'urée, une de glycocoUe et de l'acide carbonique (Jolles). Ona pu d'ailleurs déduire de cette dernière réaction un moyen de dosage de la base. L'oxydation par l'acide azotique conduit à la formation d'un dérivé nitré, jaune citron, amorphe, se dissolvant en jaune dans la potasse (Neubauer et Kerner) Ce nitrate de nitrofjuanine, ne serait d'autre part, pour Strecker, qu'un mélange de xanthine et de nitro-xanthine, fournissant uniquement de la xanthine par les agents réducteurs. En effet, la guanine, traitée par l'acide azoteux, donne de la xanthine suivant la réaction : C^HKAz^O + Az02H = C5H5Azi02 + H20 + Az2. Cette transformation peut s'effectuer de la façon suivante (Strecker) : La solution de guanine dans l'acide azotique concentré, soumise à l'ébullition, est additionnée de ni- trate de potasse jusqu'à dégagement de grandes quantités de vapeurs rutilantes. On étend le tout d'une grande quantité d'eau, et la substance jaune précipite. Ce précipité lavé est redissous dans l'ammoniaque et additionné de sulfate ferreux en solution jus- qu'à ce que le précipité ferrique marron qui se forme soit remplacé parun précipité noir d'hydrate ferroso-ferrique. On filtre et on évapore la liqueur au bain-marie, on reprend par l'eau froide pour dissoudre le sulfate d'ammoniaque : le résidu est dissous à nouveau dans l'ammoniaque bouillante, et le liquide évaporé. EnOn l'oxydation de la guanine peut être effectuée en la délayant dans l'acide chlorhydrique, de densité 1,10, en présence de chlorate de potasse. On obtient, dans ce cas, de l'acide parabanique GUANINE. 177 et de la guanidine, en même temps qu'un peu de xanthine, d'après les réactions sui- vantes : CSPPA/.^O + H20 + 30 = C3II2Az203 + CH-Az' + CO^ Guanine. Acide Guanidine. parabanique. 2(C5H5AzSO) + 0' = 2(C5HiAz*02) + H20 -h Az2. Xanthine. En raison même des réactions que nous avons indiquées plu? haut, la guanine, trai- tée à chaud par l'acide nitrique, puis par la potasse, enfin évaporée de nouveau à siccité, donne la coloration bleu indigo que produit la xanthine dans les mêmes conditions. Cette coloration passe ensuite au bleu et au jaune. Constitution. — La constitution de la guanine se déduit de celles de lapurine et de l'acide urique. Ce dernier correspond à la formule : AzH — CO I I CO C — AzH I II ^00 AzH — c — AzH/^^- Il renferme un radical, dénommé radical purique, dont les valences libres, saturées uniquement par l'hydrogène, donnent naissance au corps auquel Fischer a donné le nom de purine, et dont il a réalisé la synthèse : (l)Az — (G)G I 1 (2)0 (5)C-Az(7) I I (3)Az— (4)0 — Az(9) Radical purique. )0^8) Az = OH I I H — 0 C — AzH Az — C — Az // Purine. Ce corps est le point de départ de tous les éléments de la série, et la guanine doit être considérée comme la 2-amino -6- oxypurine. Nous allons voir les considérations qui permettent de conclure à cette constitution, et les relations qui rattachent ainsi la guanine aux corps du même groupe. La purine peut donner naissance à des composés oxygénés, et plus ou moins hydro- génés, qui présentent par suite des groupements aminés et des groupements cétoniques. L'acide ui^que devient ainsi la trio.xypurine ; la xanthine, la dioxypurine; et l'hypoxan- thine, la monoxypurine. Les trois formules sont alors : AzH — CO I I 00 C — AzH I II \ AzH — 0 — AzH/ Acide urique. CO AzH — CO I I CO c — AzH I II \ AzH — C — Az /- Xanthine CH AzH — CO I I HC C — AzH II II Az — C — Az ^ Hypoxanthine. CH. C'est de ce dernier corps que dérivent directement l'adénine et la guanine. Emile Fischer a, en efTet, montré que l'adénine représentait la 6-aminopurine, et la guanine la 2-amino-6-oxypurine, Az = C — AzH2 I I CH C — AzH II II \ •Az — C— Az ^ Adénine. AzH CO i C — AzH CH AzH = C I II Vh AzH — C — Az ^^"■ Guanine. Enlin nous pouvons encore considérer ces différents corps comme renfermant DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOMB VIII. 12 178 CUANINE. d'autre part les groupements de l'uracile et de la cytosine. En effet la constitution de ces deux dernières peut être représentée par : AzH — CO Az =:C — AzH2 C0< CH C0<( CH \ Il \ Il AzH — CH AzH — CH Uracile. Cytosine. Des réactions simples permettent d'effectuer le passage d'un corps à un autre par la simple substitution d'un radical à un autre. L'action de l'acide azoteux par exemple transforme la guanine en xanthine. Par simple oxydation, la xanthine peut passer à l'état d'acide urique; de même encore, par oxydation, l'iiypoxanthine peut passer à l'état de xanthine. Ces différentes réactions expliquent tout naturellement les transformations que subissent les bases du groupe purique dans l'organisme et la forme finale d'acide urique, sous laquelle on les retrouve, pour la majeure partie, dans l'urine. On ne doit pas oublier à ce point de vue que la caféine, la théobromine, la théophylline appar- tiennent encore à cette famille : la caféine est la 1.3.7 triméthylxanthine; la théobro- mine, la 3.7 diméthylxanthine, et la théophylline, la 1,3 diméthylxanthine. Leur inges- tion sera donc suivie d'une élimination correspondante d'acide urique et de bases puriques, en particulier de guanine. Transformation de la guanine dans l'organisme. — L'ingestion de guanine, soit libre, soit sous la forme de nucléines, toujours riches en bases puriques, comme d'ailleurs l'ingestion de ses congénères, hypoxanlhine, xanthine, adénine, est toujours suivie de la formation d'une certaine quantité d'acide urique (KrCger et Schxiidt, MiNKOwsKi, Nencki et Sieber, Kruger et Salomon, Kerner, Stadthagen, Burian et Schur). Celte formation est, il est vrai, très faible pour la guanine, inférieure même à celle de la xanthine, pour laquelle 10 p. 100 de son azote est éliminé à l'état d'acide urique, et moins de 1 p. 100 à l'état de bases puriques. L'injection intra-veineuse conduit à un résultat analogue. Schittenhelm et Bendix ont injecté à des lapins de la guanine en solution aqueuse, soit dans la veine, soit sous la peau. On constate alors que cette guanine est éliminée dans les urines sous la forme d'acide urique. Cette transformation a lieu par suite de l'action d'une diastase, la (/Man«se, que l'on peut retrouver dans un certain nombre d'organes. Horbaczewski a montré le premier que les bases puriques, et en particulier la guanine, se transforment au contact des extraits de certains organes en acide urique. Spitzer crut voir une différence suivant que cette transformation se faisait aux dépens des aminopurines ou des oxypurines. Mais Schittenhelm montra arec l'extrait de rate que les aminopurines, adénine et guanine, sont transformées en acide urique aussi bien que les oxypurines. Les extraits de foie et de poumon exercent la même action sous l'influence d'oxydases pi'écipitables par le sulfate d'ammoniaque. Tel est le fait capital; il a été discuté; mais l'existence de la guanase paraît actuel- lement parfaitement établie. Indiquons cependant que l'extrait aqueux de rate additionné de guanine ne modi- fierait pas cette base, d'après Jones et Winternitz. Mais les mêmes auteurs ont montré simultanément que cet extrait de rate transformait totalement l'adénine en hypoxan- thine, sous l'influence d'une adénase : nous allons voir par la suite la simultanéité et l'analogie des deux réactions. D'autre part, la guanase a pu être précipitée de ce même extrait aqueux de rate. En effet, traité par le sulfate d'ammoniaque à 66 p. fOO de la saturation, il donne nais- sance à un précipité qui, redissous, peut être purifié par dialyse (Schitte.mielm). Traitée par la solution ainsi obtenue, la guanine se transforme presque quantitati- vement (de 61 à 99,5 p. 100) en acide urique à une température de 43". Il faut en outre, pendant tout le temps que se produit la réaction diastasique, faire passer un courant d'air continu au sein du liquide. En cas contraire, la réaction s'arrête à la xanthine, qui apparaît ainsi nettement comme le terme de passage entre la guanine et l'acide urique. GUANINE. 179 La formation de l'acide uriqiie en partant de la guanine semble donc être dévolue à deux diaslases qui se trouvent associées, non seulement dans la rate, mais encore dans le foie, le poumon et les muscles. L'une, désamidante, transforme la guanine en xanthine : l'autre, oxydante, fait pas- ser celle-ci à l'état d'acide urique. La diastase désamidante, ou giianase, paraît extrêmement répandue dans l'orga- nisme (Lang) : la xanthase oxydante parait au contraire limitée à certains organes, et son action est d'autant plus difficile à démêler que le rein, le foie, le muscle détruisent l'acide urique sous l'action d'un ferment différent; le ferment manque dans la rate, et permet ainsi facilement l'étude de la transformation de la guanine. Dans le thymus on peut néanmoins étudier cette transformation. W. Jones avait déjà montré qu'il contient un ferment soluble, qui, à 33° et au degré de concentration de la diastase dans le thymus, dédouble les nucléoprotéides avec production de bases xan- thiques, mais sans guanine ni adénine. 11 attribue déjà cette absence à la propriété que posséderait cette diastase de transformer l'une et l'autre en xanthine. Or, par l'hydrolyse de l'acide thymonucléique au moyen des acides, on obtient de la guanine et de l'adénine, tandis que, dans l'autodigestion de cette glande, il ne se forme que de la xanthine, de l'uracile et très peu d'hypoxauthine (Jones). L'étude de l'autolyse des capsules surrénales conduit au même résultat; on obtient encore de la xanthine et de l'hypoxanthine, tandis que l'hydrolyse par les acides donne de la guanine et de l'adénine. De plus, dans les extraits de ces deux organes, la guanase accompagne les nucléo- protéides dans leur précipitation par l'acide acétique. Dans l'autolyse du pancréas, nous voyons les mêmes phénomènes. KuTscHER, dans l'étude des produits de l'autolyse de cet organe, avait obtenu princi- palement de l'adénine et peu de xanthine et d'hypoxauthine. Mais Jones et Partridge, reprenant la question avec des glandes tout à fait fraîches, après trente-six heures de digestion seulement, n'obtinrent que de la xanthine et un peu d'hypoxanthine sans traces de guanine ni d'adénine. Bien mieux, de la guanine ajoutée à la masse en auto- lyse est également transformée en xanthine. 11 existe donc dans le pancréas au moins une diastase, une guanase, transformant, par hydratation et départ d'ammoniaque, la guanine en xanthine. Cette réaction est accompagnée de la transformation de l'adénine en hypoxanthine sous l'influence du même ferment ou d'un ferment analogue : celte hypoxanthine par oxydation donne ainsi naissance à de la xanthine. Origine et formation de la guanine dans l'organisme. — La guanine, que nous avons vue exister en abondance dans l'organisme, peut être considérée comme un produit de régression azotée. C'est ainsi que SchCtzenberger avait déjà montré que la levure de bière, abandonnée à elle-même, continue à produire de l'alcool, en même temps qu'elle donne naissance à de la guanine et à d'autres produits de la même famille, xanthine, hypoxanthine, etc. KiTscHER a confirmé ces résultats, et il a montré que ces corps ne se produisent que dans la levure à l'état d'inanition. On ne les trouve ni dans les levures bien alimentées, ni dans la bière. Dans le cas d'une alimentation suffisante, les diastases protéolytiques de la levure agissent sur les éléments azotés fournis à la cellule, et les simplifient de telle manière que les produits formés peuvent servir à l'édification du protoplasma. La diastase est dans ce cas un agent de construction. Au contraire, dans la levure en inanition, les fer- ments s'attaquent aux tissus mêmes de la cellule, et les dédoublent : ils sont alors un agent de destruction, et il en résulte la formation de bases puriques, de guanine en particulier. Cette guanine peut ultérieurement, comme nous l'avons vu plus haut, être trans- formée en xanthine et même en acide urique. Ainsi elle diminue dans le suc de levure que l'on abandonne à son autolyse (K. Shiga), tandis que parallèlement la quantité de xanthine augmente. Dans les organismes supérieurs, la xanthine a une origine analogue. La formation des bases nucléiques par dédoublement des acides nucléiques est encore sous la dépendance d'un ferment soluble qui existe en grande quantité dans 180 GUANINE. certains organes, la rate en particulier (Schittei\helm) ; c'est ainsi que l'extrait aqueux de rate dédouble très activement l'acide nucléique. Enfin la guanine peut être le résultat de réactions inverses. L'acide urique et les urates introduits en nature dans le tube digestif du lapin sont absorbés par les phagocytes (Freuxdweiler) et se transforment dans l'organisme en bases puriques, en particulier en guanine. En ce qui concerne l'origine de la guanine dans l'organisme (de même celle des autres purines ou bases xanthiques) envisagée à un point de vue général, on peut dire qu'elle est double : 1" origine exogène, alimentaire (nucléo-albumines, purines libres et combinées des aliments, surtout viande, poisson, légumineuses, foie, riz de veau, aliments riches en noyaux cellulaires, café, thé); 2° origine endogène moins importante, par destruction des leucocytes et des noyaux cellulaires des tissus de l'organisme lui- même. Il est très probable qu'il se forme aussi une certaine quantité de guanine dans l'organisme par synthèse ou par transformation des bases puriques voisines. Il y aura lieu de tenir compte de ces indications pour l'application des régimes à ordonner dans les états pathologiques qui relèvent de l'uricémie; les bases xanthiques étant elles-mêmes génératrices d'acide urique.. Toxicité. — La guanine est très peu toxique. A haute dose, elle agit, au point de vue toxique, d'une façon analogue aux bases xanthiques; mais on ne trouve pas d'expé- riences absolument démonstratives à cet égard. Dosage dans les organes et dans les urines de la guanine et des bases puriques. — La détermination des corps puriques et de la guanine dans les organes animaux a été tout d'abord indiquée par Burian et Schur, qui ont utilisé la précipitation de ces corps par les solutions ammoniacales d'argent. Cependant His et Hagen ont montré qu'en présence des albumines la précipitation de la guanine par les solutions ammoniacales d'argent est incomplète, et peut même faire complètement défaut. Il peut y avoir en outre, lorsque la précipitation se produit, un entraînement d'albumoses. Il faut alors reprendre une ou plusieurs fois le précipité, le décomposer par H^S et reprécipiter par l'argent pour éliminer les albumoses. His et Hacen ont aussi cherché à éliminer les albumoses par le sulfate d'ammoniaque et l'alun de fer, par. l'acide trichloracétique, par le sulfate de zinc, par le sulfate d'ammoniaque. Ce dernier réactif détermine l'élimination complète des albumoses, et le précipité argentique n'en contient plus. Mais, dans ce cas, la précipitation par l'argent n'est complète que lorsque le liquide est dilué de manière à ne contenir que 2") p. 100 de sulfate. Cette méthode, appliquée à l'étude d'organes additionnés de quantités connues de guanine, a été encore reconnue défectueuse par suite des pertes considérables qu'elle comporte. Les extraits d'organes renfermeraient en outre des corps tels que les acides nucléiques (Kossel, Schmiedeberg) qui empêchent la précipitation complète des bases puriques par l'argent. Enfin, d'après Buria.\ et Hall, le dosage dans les extraits d'organes des bases puriques et de la guanine peut se faire d'une façon absolument rigoureuse, de la manière suivante : les organes, réduits à l'état de purée, sont bouillis pendant douze heures environ avec 10 parties d'acide sulfurique à 0,51 p. 1.00 : on filtre et on épuise encore trois fois le résidu. L'extrait ainsi obtenu est sursaturé par de l'hydrate de baryte : le filtrat et les eaux de lavage sont concentrés en milieu acétique, puis traités par une solution de soude et de carbonate de soude. Le filtrat est ensuite acidifié par l'acide chlorhydrique et sursaturé par l'ammoniaque. La liqueur ainsi obtenue représente pour 100 centimètres cubes environ 50 grammes de purée d'organes ; on l'additionne alors de 30 à 50 centimètres cubes d'une solution ammoniacale de chlorure d'argent (Ludwig). Le précipité est lavé une fois yiar l'ammoniaque, et plusieurs fois par l'eau. Les traces d'ammoniaque qui peuvent encore exister sont éliminées par ébullition avec un peu d'eau et de magnésie. On dose l'azote du précipité par la méthode de Kjeldahl. Ce précipité argentique renferme la presque totalité des bases puriques. Pour re- cueillir la petite fraction qui a pu échapper à la précipitation, on acidifie le filtrat par l'acide acétique, on traite par l'hydrogène sulfuré, on filtre, on concentre, et on ajoute du sous-acétate de plomb jusqu'à réaction faiblement alcaline, ou plus exactement tant qu'il se produit un précipité d'albumoses. Le filtrat et les eaux de lavage, débar- rassés du plomb par H-S concentré, sont soumis à une nouvelle précipitation argen^ GUANINE. 181 tique. L'azote est dosé dans ce nouveau précipité par la méthode de Kjeldahl, et le résultat obtenu est ajouté au précédent. Nous ne pouvons nous étendre davantage sur cette question d'analyse chimique dont on trouvera le résumé le plus récent, avec la bibliographie afTérente, dans le traité de Hoi'pe-Seyler (1903) (voir notre bibliographie) en ce qui concerne spécialement la recherche de la guanine dans les organes et sa séparation des autres bases puriques. La présence de la guanine (et de la carnine) dans les urines a été constatée par G. PoucHET : elle ne serait cependant pas certaine, d'après Kruger et Salomox. En tous cas, la quantité de ces corps est extrêmement minime, d'après Flatow et Reitzenstein. Pour les méthodes de dosage dans l'urine, on consultera le traité de Neubauer et Vogel (revu par Huppert) (1898), et celui de Ed. Spaeth (1903). Combinaisons de la guanine. — La guanine jouit de fonctions basiques, et donne avec les acides forts des combinaisons peu stables, décomposables par l'eau. Les sels des acides volatils se décomposent à basse température. Aucune combinaison ne se produit directement avec les acides acétique, citrique, formique, hippurique, lactique, succinique (Neubauer et Kerner). Azotate de guanine. — Sel neutre, fines aiguilles rassemblées en groupe. Sel acide^ prismes courts et solides. Chlorhydrate. — Fines aiguilles jaune clair formant des sels doubles avec un certain nombre de chlorures métalliques, cadmium, mercure, platine, zinc, etc. BromJiydrates et iodli>/drates. — Mêmes propriétés. Sulfate. — Aiguilles jaunâtres formant un sel double avec l'azotate d'argent. Oxyguanine. — L'oxyguauine est le produit de l'oxydation par le permanganate de potasse en solution sodique, neutralisé par HCl : substance amorphe, gélatineuse, blanc rougeàtre, insoluble dans l'eau, l'alcool et l'éfher, soluble en liqueur alcaline, insoluble à froid dans les acides, partiellement soluble à chaud sans altération. Épiguanine. — C'H'Az'O. Méthylguanine naturelle répondant à la composition de la méthyl 7 amino 2 oxy 6 purine, trouvée dans l'urine selon la proportion de trois à quatre dixièmes de milligramme par litre. Elle possède les mêmes propriétés que les bases puriques. Bibliographie. — Baginsky. Ueber das Vorkommen von Xanthin, Guanin, iind Hypoxanthin (Z. p. C, 1883-1884, viii, 395). — Bang. Chemische und physiologische Studien ùber die Guanylsàwe (Z. p. C, 1901, xxxi, 411-427). — Baxg et Raaschou. Ueber die Darstellung der Guanylsàure {Beitr. z. chem. Phys. u. Path., 1904, iv, 17o-181). — Bar- RESW1LL. Sur le blanc d'ablette (C. 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Des multitudes innombi^ables d'oiseaux divers, pélicans, alcatras et autres, désignés ensemble sous le nom de guanaes, ont de tout temps hanté les îles désertes elles ravins incultes que présentent ces parages; ils y sont attirés par l'abondance extraordinaire des poissons qui pullulent dans les eaux relativement froides du courant issu du cap Horn. Ces oiseaux viennent la nuit se repo- ser dans les îles et sur la côte. Ils y accumulent leurs déjections avec des résidus de toutes sortes; on y trouve même des squelettes, des nids, des œufs de leurs congé- nères et des débris de poissons qui leur ont servi de nourriture. Le principal et le plus riche gisement, aujourd'hui épuisé, était celui des îles Chinchas, qui fournissait aussi la meilleure qualité de guano. On en a cherché dans d'autres pays : en Bolivie, au Mexique, aux Antilles, même en Afrique et en Australie. Dans certains pays, comme nous le verrons, on a pu exploiter un guano spécial accumulé dans certaines grottes par des chauves-souris. Les propriétés des guanos péruviens sont connues de longue date. Les Indiens connaissaient l'existence de ces dépôts et s'en servaient en agriculture. On trouve dans les huaneras, et spécialement dans celles du Sud du Pérou, les traces de ces anciennes exploitations. Ce sont de véritables galeries de mines, de trois mètres de large, et de près de deux mètres de haut, au moyen desquelles les Indiens allaient chercher les meilleures couches. Plus tard, lorsque les Espagnols arrivèrent au Pérou, ils trouvèrent établi dans le pays un merveilleux système d'exploitation. Le gouverne- ment des Incas protégeait, par des lois extrêmement sévères, les oiseaux producteurs de guano. Les différents gisements étaient répartis entre les provinces, et toute vio- lation de limite était énergiquement réprimée. Cette exploitation indigène prit fin lors de l'invasion espagnole, qui détourna toute l'activité manuelle disponible vers les mines d'or et d'argent. [(Humboldt.) Dès lors, les îles à guano ne furent plus inabordables : chacun put enlever l'engrais à sa guise, ce qui eut pour elTet d'épuiser en quelques endroits les anciens gisements, et d'en empêcher le renouvellement. Les oiseaux, trou- blés dans leur retraite, les abandonnèrent. C'est ainsi que l'île de Jésus et dlquique n'offrent plus de trace de guano. Alexandre Cachet fut le premier qui, en 1841, au mo- ment où le guano était complètement tombé dans l'oubli, attira par un mémoire l'at- tention du gouvernement péruvien sur la valeur de cet engrais. Il en fit connaître l'ori- gine et les propriétés en démontrant que ce n'était ni un produit minéral, comme le croyaient certains auteurs, ni un fossile; mais bien le dépôt des excréments d'oiseaux. Le commerce du guano s'accrut alors dans des proportions considéi^ables, et l'exporta- tion (qui se fait surtout en Angleterre) s'éleva de 7 000 à 150000 tonneaux de 1842 à 1850. C'est HuMBOLDT qui rapporta le premier en Europe des échantillons de cette ma- tière : Vauquelin et Fourcroy en déterminèrent la composition approximative-. En 1844, U.N'GER y décela la présence d'un principe nouveau, la guanine. C'est à par- tir de cette époque que l'emploi des engrais se substitua au système primitif de la ja- chère. En 1844, le gouvernement du Pérou chargea Francisco de Rivero de l'étude des divers gisements de guano. Les gisements du Pérou étaient divisés en trois zones : celle du nord s'étendait du 6*^ au 9'' degré de latitude Sud, avec les îles Lobos, Macabi et Guanape ; la zone du Centre, entre les 13'' et Li'' parallèles, était formée par le groupe des Chinchas ; la zone du Sud s'étendait du 19'^ au 22® degré avec les gisements de Pabello de Pica et de Punta de Lobos. La puissance de ces gisements tenait non seulement à la quantité considérable d'oi- 184 GUANO. seaux qui leur ont donné naissance, mais encore à la sécheresse du climat. Les guanos provenant des pays où il pleut, même rarement, sont incomparablement moins actifs; car ils ont perdulaplus grande partie de leurs éléments solubles (ammoniacaux et phos- phates solubles). Francisco de Rivero attribua à la zone du Sud une valeur d'à peu près 10 millions de tonnes; à celle du Centre (îles Chinchas) 23 millions détonnes. Les gisements étaient si considérables que IIumboldt admit que les dépôts remontaient à des époques anté- rieures à l'époque actuelle; il considérait le guano comme des amas de coprolithes ayant conservé leur matière organique. Les dépôts atteignant parfois une épaisseur de 30 mètres, il supposait qu'il faudrait trois siècles aux déjections d'oiseaux pour former une couche de 1 centimètre d'épaisseur. Rivero, au contraire, supposant que les gisements des îles Cliinchas représentaient oOO millions de quintaux espagnols, et suppo- sant, d'autre part, l'existence de 264000 oiseaux vivant dans ces îles, nombre qui n'a rien d'exagéré, il suffit que, chaque nuit, chaque oiseau dépose une once d'excrément pour produire en sept à huit mille ans la totalité du dépôt. Les gisements des îles Chinchas furent seuls exploités pendant 23 ans, et la consom- mation européenne atteignit, en 1860, le chiffre de 350 000 tonnes. En 1870, les gisements étaient à peu près épuisés; aujourd'hui, ils le sont totalement. Les gisements du Nord, puis ceux du Sud, furent alors mis en œuvre. Ceux du Sud, en particulier, sont assez puissants : ils sont aujourd'hui les seuls en exploitation. Ces gisements sont situés dans les ravins de la côte, ou quebradas, ou même sur les hautes falaises du littoral avec des épaisseurs de 20 à 30 mètres, disposés en couches de cou- leurs variables, brune, blanche ou jaunâtre, mêlées à des sables, à des croûtes sali- nes, à des blocs erratiques. Outre les guanos du Pérou méridional, on exploite actuel- lement ceux de la Bolivie, de l'Equateur, de la Colombie, du Venezuela et de l'Afrique australe. Tous ces guanos, extraits de pays où les pluies ne sont pas rares, sont infini- ment moins riches que ceux des îles Chinchas, exception faite pour certains guanos d'Afrique et les guanos anganos de formation contemporaine. Composition du guano. — La composition du guano est donc variable suivant son origine. Les premières données que l'on ait eues à cet égard sont les analyses de FouRCROY et Vauquelix, qui décelèrent dans le guano des Chinchas de l'acide urique et des urates d'ammoniaque et de chaux, du sulfate de potasse, du chlorure de potassium et du chlorhydrate d'ammoniaque, un peu de matières grasses, du sable, etc. La moyenne de la composition des guanos des îles Chinchas serait, d'après Nesbit : Azote 14,29 Eau 15,82 Matières ui-ganiques 38,23 Phosphate basique de chaux 19,52 Acide phosphorique soluble 3,12 Sels alcalins 7,S'6 Silice et sable 1,66 D'après Chevreul, la composition moyenne d'un certain nombre de guanos du Mexique serait la suivante ; , Angamos. Chincha. Lobos. Los Patos. Bolivie Matières organiques 70,21 52,52 36,10 32,45 23 Phosphate de chaux .... 5,75 19,52 29,30 27,56 41,78 Acide phosphorique .... 3,48 3,12 3,71 3,37 3,17 Sels alcalins 9,37 7,56 11,54 7,38 11,71 Silice 3,55 1,66 2,55 2,55 7,34 Eau 7,64 15,62 16,80 26,80 13 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 Phosphate \ soluble .... 7,55 6.76 8,03 7,30 7,20 de chaux. } insoluble . . . 5,75 19,52 29,30 27,45 41,78 Phosphate total 13,30 26,28 37,33 34,75 48,98 Azote dosé 20,09 15,29 10,80 5,92 3,38 Ammoniaque correspondant. 24,29 18,56 13,11 7,19 4,10 GUANO. 185 Plus spécialement les guanos des gisements du Sud répondent aux compositions suivantes : AZOTE l.-^ ACIDE 3 . < «j e: DOSK CALCULE PHOSl'HORIQUE 3 1 z §3 à l'état d'azote. en aminouiaque. A l'État soluble. sii ■o t. •/■- GISEMENTS. ^-^•^^ ~ ■—^ -^■^ - d'acide azotique - — "^ ~ a-5" ■=5 .s -o <; oi " a ° '■r. K »* il ^ r^ M C K G .-, ;^ j ^ O- S S. K ■° 2 d'après '2 2 Ë, 2 :S5 P O Voelker. rt y: o S > <•. ^ a. Chipana. . . . » 7,35 9,83 7àn » 8,73 1 â 11 27 à 32 11 à 19 0 à 13 Huanillos . . . 7 à 10 8.72 11,42 3 à 11 0,3' à 2,9 6,77 2 il 10 8 à 48 3 à 18 3 à 17 Puntade Lobos. 3 à 10 9,43 11,74 1 à 16 0,3 à 3,5 6,94 5 à 12 3 à 48 6 à 30 3 à 14 Piibdloii de Pica. 1 à lo 7,47 9.77 1 à 14 0,01 à 1,20 3,30 3 à M 6 à 27 11 à 27 3 à 12 Chanavava . . » 11,09 14,03 » ') » ï) >) » » Patache. . . . » 2,73 » 1 à 13 » » 0 à 9 11 à 48 9 à 14 3 à 8 La valeur des différents guanos, au point de vue engrais, est encore modiilée par la présence fréquente de nitrates. C'est ainsi que la quantité de nitrates de potasse dans un kilogramme de guano exprimée en nitrate, est, suivant les localités (Boussix- gault) : Chili 6,00 Iles Jervis 5,00 Pérou 4,70 Ile Chincha . . 1,10 à 3,80 Ile Baker 3,20 Blanco 2.73 Golfe du Mexique . . . 0,10 La proportion d'azote total renfermée dans les guanos varie non seulement avec l'origine de ce guano, mais encore avec les influences climatériques qui, étant donnée la solubilité des produits azotés, aune influence considérable. La quantité d'azote p. 100 varie de 20 à 0,6. Enfin les sels ammoniacaux renfermés dans le guano n'ont pas seulement une influence en tant qu'engrais azoté, mais ils exercent encore une action secondaire non moins importante par la solubilisation partielle qu'ils déterminent sur le phosphate de chaux. Ce dernier est, en effet, légèrement soluble dans le sulfate d'ammoniaque, mais cette solubilité est singulièrement accrue encore par la présence de l'oxalate corres- pondant. Ainsi le guano, lavé rapidement, et débarrassé de la presque-totalité des sels ammoniacaux solubles, n'abandonne que 3 grammes de phosphate tribasique au bout de 25 jours de contact; le guano non lavé mis en contact avec l'eau dans les mêmes condi- tions abandonne 76 grammes de phosphate tribasique. Guano de chauve-souris, Colombine, Poulaille. — Dans les grottes des régions tropicales où les chauves-souris de grande taille vivent habituellement, leurs excréments accumulés donnent du guano en assez grande abondance. Leur composition globale, étudiée au point de vue engrais par certains auteurs, est la suivante (voir le tableau page 186,i. Dans ces guanos, on peut même rencontrer des éléments minéraux particuliers; c'est ainsi que, d^ns un guano de chauve-souris d'Australie étudié par E.merson Mac Ivor, répondant à la composition suivante : Matières organiques 52,83 — minérales 27,37 Eau 19,80 186 GUANO. il a pu caractériser, parmi les matières minérales, les corps suivants : La struvite : MgAzHtPO*^ + 6H20 La newbérite : MgAaH^PO* + 3H20 La dittmarite : MgAzH^PO^ + 2Mg2H2(POij2 + 8H20 La muellerite : Mg(AzHi)2H2(POi)2 + 4H20. La quantité de nitrate de potasse contenue dans les guanos de chauve-souris peut être considérable; Boussingault en a trouvé 20 p. 100 dans un guano de chauve-soum des Pyrénées. Enfin la fiente des pigeons et des oiseaux de basse-cour constitue un guano très riche en azote, étant "donné que la partie blanche de ces déjections est formée d'acide urique presque pur. Leur composition moyenne est la suivante : Pigeons. Poules. Canards. Oies. Azote làS 1,49 à 0,6 0,7 0,53 Acide phosphoriquf 0,4 à 1,8 2 à 0,61 1,5 0,40 Déjections totales produites en un an par un oiseau 2''b,5 à 3 6 8 à 9 11 à 12 AUTEURS. ORIGINE. AZOTE TOTAL. PHOSPHATE DE CHAUX. Q MATIÈRES SILICEUSES ACIDE NITRIQUE. VoELKER. . MuNTZ et Marcano , VoELKER. . bobierre . Hardy. . . H. Mangon GÉRARDIN . Arkansas, Venezuela Jamaïque. Bahama. . dépôt ancien .... — nouveau.. . . , guano pulvérulent.. — pâteux. . . . 2,94 8,80 9,84 4,33 1,26 1 à3 5 à 9 8,61 12,03 8,80 3,67 14,69 8,21 8,09 33 » » 27 à 46 10 à 12 3,40 8,30 7,48 8,87 6,74 33,53 18,50 13,80 23,07 23 à 31 18,50 15,18 » 16,10 15,60 42,30 4,69 » 5,98 1 à5 14 » 3,55 » 30 » » 1,80 8,40 0 7,20 » 1 à 4 6 » » » » i Espagne. . Sai'daigne France . . Algérie. ... .... Propriétés. — Le guano est une matière jaunâtre, onctueuse, de densité plus faible que l'eau, exhalant une odeur un peu musquée et ammoniacale, surtout quand elle provient de régions où les pluies sont très rares. I! est toxique : la mort est surve- nue chez des animaux ayant bu de l'eau dans laquelle avaient été lavés des sacs de guano. A dose peu élevée, chez l'homme, il provoque des douleurs abdominales et de la diarrhée. On l'a employé en médecine, d'abord dans les pays où on le recueille, puis plus tard chez nous. Par sa composition chimique, le guano peut être considéré comme un toxique excitant, susceptible également d'agir par ses pi'opriétés alcalines. On l'a utilisé en cataplasmes, mêlé avec de la terre en proportions plus ou moins grandes, suivant qu'on voulait simplement exciter une surface malade ou produire un effet ré- vulsif. On en a fait aussi un usage en bains (500 à 1 000 gr. par bain) et en lotions (50 à 400 gr. par litre d'eau), en pommade (4 à 8 gr. pour 30 gr. d'axonge), contre les der- matoses chroniques, eczémateuses ou pustuleuses, le psoriasis, la teigne, etc., contre le rhumatisme, les ulcères atoniques, on l'a vanté encore contre la blépharite chro- Jiique et les taches de la cornée, etc. C'est surtout Récamier qui a essayé d'en intro- duire en France l'usage thérapeutique. Il le donnait à l'intérieur sous forme de pilules, d'extrait ou de sirop, dans le lymphatisme, la scrofule, la tuberculose, etc. Son emploi thérapeutique est aujourd'hui généralement abandonné, au moins en Europe. On nomme : guanos phosphatés ceux qui ne contiennent qu'une minime quantfté d'azote (1 à 4 p. 100), mais dont le taux en acide phosphorique s'est élevé proportion- nellement (30 à 35 p. 100. Ils proviennent de régions pluvieuses; guanos de roches, cer- tains guanos phosphatés agglomérés en roches (15 à 35 p. 100 d'acide phosphorique); GYNOCARDIA. 187 phosphogiianos, les guanos en roches et les guanos phosphatés, convertis en superphos- phates par un traitement à l'acide sulfurique; ijuanos dissous, les guanos ordinaires et azotés, lorsqu'ils ont subi, comme les précédents, l'action de l'acide sulfurique. Nous avons signalé le guano de chmwe-souris : signalons encore le guano de poissons (guano marin, guano polaire), qui résulte du traitement iuùastriel de poissons non comestibles et de débris de poissons ; le guano de viande ou de Fiuy Brentos, fabriqué avec des dé- bris et résidus de viande. Le guano et ses dérivés sont utilisés comme engrais en tant que source d'azote et source de phosphates. (Voir Azote et Engrais.) Bibliographie. — Boussingault. Chimie agricole. 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GUTTA-PERCHA. — Substance résineuse, extraite de la sève de l'Iso- nandra percha. Elle est formée de trois substances assez voisines :1a gulta, l'albane et la lluavile (Payen). Ce sont des carbures d'hydrogène s-olubles dans le chloroforme, inso- lubles dans l'alcool et dans l'eau, de formule incertaine (C^oR^-, G^aR^'^O, C^^H'^-O-) . GU VAGI NE (G«R9Az02). — Alcaloïde extrait de la noix d'arec. GYMNOTE. — Voy. Électricité. Poissons électriques, v, 366. GYNOCARDIA. — L'huile extraite par l'alcool du Gynocardia odorata est toxique, et provoque du prurit ainsi que des vomissements. On l'a employée dans les alfections de la peau (usage extei^ne), et parfois comme purgatif (usage interne). H HACHICH. — Le hachich est un toxique extrait des sommités fleuries du chanvre indien [Cannabis incUca). Nous étudierons d'abord les diverses façons dont il peut être ingéré, ses divers dérivés ou composés, et ce que nous savons aujourd'hui de sa composiàon chimiqne. Puis nous exposerons les effets de l'intoxication aiguë (ivresse hachichique). Un troisième chapitre comprendra les formes psycho-pathologiques sous lesquelles se présente l'intoxication chronique (folie hachichique). Enhn nous indiquerons les recherches expérimentales faites sur les animaux, et les interprétations neuro-physiologiques qu'on a tentées sur l'intoxication hachichique. Préparations. — Le hachich est surtout fumé dans l'Europe sud-orientale, dans l'Asie occidentale, et l'Afrique musulmane. En Egypte, malgré les défenses, la consom- mation annuelle de hachich est de 140 000 livres. Ce hachich est généralement manu- facturé en Grèce. Il est le plus souvent fumé dans de grandes pipes que l'on se passe à la ronde. Dans certains cafés du Caire ou de Damas « on sent cette odeur pénétrante qui prend à la gorge et qui enivre doucement même ceux qui lie fument pas », (Charles Richet. L'homme et l'intelligence, 2*^ éd., 1887, 134.) Les Nègres Ba-Louba du bassin du Congo feraient aussi usage du hachich ; mais cette habitude serait associée à toute une idéologie politico-religieuse. (Joseph Deniker. Les Races et ks Peuples de la terre. Paris, Schleicher, 1890.) Le hachich n'a guère été connu dans l'Europe occidentale qu'à l'époque où Moreau DE Tours et Théophile Gautier révélèrent au monde scientifique les agapes de l'hôtel Pimodan. L' « ivresse psychique « eut alors un moment de vogue, qui passa, mais qui semble renaître aujourd'hui dans certains cluLs de Paris et de Londres, de Londres surtout. Avant Moreau de Tours, à peine avait-il été parlé du hachich. Virey cependant, dès 1803, avait cru reconnaUre dans la drogue orientale le népenlhès célébré par Homère, et Sylvestre de Sagy, sur la foi du voyageur Marc Pual, prétendit que le Vieux de la Montagne Hassan-ben-Sabab-Homairi agissait sur ses compagnons grâce au hachich. Ainsi s'est répandue l'étymologie du mot assassin (haschischin), aujourd'hui très contestée par les philologues. La plus grande partie du hachich consommé en Orient vient de Grèce, où la culture du chanvre indien est assez développée. Les préparations portent des noms divers, selon qu'elles doivent êti'e fumées ou ingérées par la bouche, selon qu'elles sont ou non mélangées au tabac ou à l'opium. La plus active de ces préparations est le hafioun ou extrait aqueux. Après celte préparation vient: le dawamcsk, ou extrait gras, qui est sucré et généra- lement aromatisé de cannelle, pistache, poivre et muscade, et additionné de musc, can- tharide et noix vomique. On le chique ou on le mange avec des gelées de fruits. Il faut environ quatre parties de dawamesk pour une de hafioun. En Turquie, le mot hachich désigne seulement le pavot. Le produit du chanvre indien se nomme esrar, ce qui signifie : préparation secrète. On compose avec la conserve d'esrar un sirop aromatique qui sert à parfumer les sorbets. Il est d'un usage fréquent d'ajouter au sirop d'esrar divers aphrodisiaques. L'assis d'Egypte est une préparation de feuilles de chanvre broyées dans de l'eau. Le hachich se fume sous le nom de gozah, dans une pipe spéciale de 50 à 60 centi- mètres, à fourneau perpendiculaire. La pastille de gozah brûle avec ou sans feuilles aromatiques. Les fumeries se font généralement en commun dans des sortes de cafés, HACHICH. 189 ou maschecheh. Ces établissements semblent devenir de plus en plus rares en Éyypte ; mais on en trouve d'analogues aux Jndes et en Arabie. Le kif (signifiant repos) est fumé en Algérie et au Maroc. Il est formé par les sommités de chanvre desséchées et broyées. On le fume, sans le mélanger d'aucune autre substance, dans des pipes à tuyaux plus courts que les pipes à gozah. II est néces- saire d'avaler la fumée. Aux Indes Anglaises et en Perse, le hachich sans mélange d'opium prend le nom de ffanja ou ganzar ; on l'obtient en triturant les feuilles de chanvre et en recueillant le suc qui passe à travers une toile grossière. Lorsque le hachich est mélangé à l'opium, il est désigné sous le nom de charas et de bhang. Le charas est la résine recueillie en promenant dans les plantations des lanières de cuir qui recueillent, au passage, la glu des feuilles et des sommités. On réunit ensuite cette résine en boulettes. Le bhang est une infusion préparée avec les graines vertes. Le chanvre indien, Cannabis indica, qui sert à ces diverses préparations ne diffère pas au point de vue botanique du chanvre de nos pays, Cannabis sativa. Il est seulement plus riche en principes actifs, et les mêmes effets pourraient être obtenus avec le chanvre européen, à condition de tripler ou de quadrupler les doses. La préparation industrielle du chanvre indien est très simple. Une quinzaine de jours avant la récolte, on coupe les sommités de la plante pour donner plus de force aux feuilles. Lorsque celles-ci, suffisamment grandes, deviennent visqueuses au tou- cher, on peut les récolter. Elles sont alors étalées sur un tapis, nommé kilim. Dès qu'elles sont complètement sèches, on les roule en les frottant fortement. Ou recueille alors une première poudre de qualité supérieure [sighirma), et, en continuant l'opération, on obtient le produit inférieur [hourda). Le principe actif de l'intoxication hachichique est très mal connu. Gastinel a isolé sous le nom de hachichine, et Courtive, sous le nom de cannabine, une résine complexe, de coloration brune, insoluble dans l'eau et les alcalis, soluble dans l'alcool, l'éther et les huiles. Personne a obtenu, en distillant une assez grande quantité de chanvre indien, un hydrocarbure liquide, auquel il donna le nom de cannabéne (C^*^ H-"), de couleur ambrée, dont l'odeur analogue à celle du chanvre donnait le vertige. Charles Richet {loc. cit., p. 491'), après expériences, a contesté l'activité nocive du cannabéne. Ayant obtenu en effet 5 à 6 grammes de cannabéne impur par la distillation d'une grande quantité de hachich, il le fit ingérer à des lapins, des chiens et des grenouilles chez lesquels cette substance ne détermina aucun trouble appréciable. Mais cette expé- rience n'est pas décisive, le hachich utilisé ayant été recueilli depuis près de cinq ans, et ayant ainsi pu perdre son activité. Hay a pu isoler un alcaloïde, la tctano-cannabinc , et Préobraschenky a découvert dans le hachich une quantité très appréciable de nicotine. Quoi qu'il en soit, le hafioun et le dawamesk semblent être les préparations les plus énergiques. En France les pharmaciens préparent d'ordinaire une teinture de chanvre indien, dont l'effet est très lent et ne s'obtient qu'après l'absorption d'assez fortes doses; il semble en effet que le principe actif du chanvre indien soit beaucoup plus aisément dissous par la graisse que par l'alcool. Les préparations venant d'Algé- rie sont généralement moins actives que les préparations vendues dans les bazars du Caire ou de Damas. Il est possible que ces préparations, venant d'Orient, perdent leur activité pendant le voyage. Voici un procédé de préparation orientale, que nous empruntons à Charles Richet, et qui lui donna les meilleurs résultats. « J'ai fait bouillir pendant plusieurs heures, avec 230 grammes de beurre et 500 grammes d'eau, bOO grammes de sommités des fleurs, du Cannabis indica, que j'avais fait venir de Biskra. A plusieurs reprises j'ajoutai de l'eau pour remplacer celle qui s'était évaporée, et, finalement, en passant le tout à chaud dans un linge, j'obtins un liquide brunâtre aqueux, très épais, qui fut jeté; et un liquide gras (beurre fondu) fortement coloré en vert. Cet extrait gras n'a pas été dosé au point de vue de sa teneur en substance active; mais j'ai expérimenté ses effets physiologiques, et jai 190 HACHICH. constaté qu'ils étaient fort intenses. On peut faire une pâte de ce beurre avec de la farine ; on obtient ainsi des boulettes qu'on peut administrer aux animaux ou prendre soi-même. » [Loc. cit., 493, 494.) Ajoutons que Charles Richet nous a récemment conseillé de ne pas purifier les préparations de hachich. Le hachich purifié amène surtout les nausées et les phé- nomènes neuro-musculaires; avec le hachich non purifié au contraire, l'intoxication est suivie de phénomènes psychologiques incomparablement plus intéressants à étudier. L'action du hachich fumé est plus faible que celle du hachich absorbé par les voies digestives. Il faut plusieurs pipes pour provoquer l'ivresse, et encore est-il nécessaire d'avaler la fumée. Certains fumeurs de hachich nous ont assuré que l'action se ti'ou- vait renfoixée par l'ingestion, entre chaque pipe, d'un peu de liqueur alcoolique. II Effets physiologiques. — L'ivresse résultant de l'intoxication aiguë par le hachich présente, d'une façon très générale, deux états : une grande excitation suivie d'une extrême dépression. L'apparente contradiction de ces effets toxiques ne doit pas nous surprendre, puisqu'elle est commune à un grand nombre de substances toxiques : falcool, le chloroforme, la morphine par exemple. Les effets de cette ivresse sont variables selon les doses absorbées, les modes d'absorption, les préparations employées, la résistance individuelle du hachiché. Nous devons les premières descriptions de l'ivresse hachichique à deux poètes : Baudelaire et Théophile Gautier, et à un savant : Moreau de Tours. C'est à Moreau de Tours, dont l'œuvre est encore, au point de vue psycho-pathologique, le plus important monument que nous possédions sur le hachich, que nous demanderons la première des- cription des effets de ce poison. N'oublions cependant pas que, comme l'ont dit Vaschide et Paul Meunier: « Le poème du hachich, inclus aux Paradis artificiels de Charles Baudelaire, est un monument très solide oîi la fantaisie littéraire ne s'égare pas un seul instant à enjoliver ni à dénaturer les lignes de la réalité authentique. » (N. Vaschide et Paul Meunier. Le hachich. Les expériences de Moreau de Tours. Archives générales de médecine, 1903, 792-800). N'oublions pas non plus ces quelques lignes de Théophile Gautier qui dépeignent si exactement, et en termes si riches, l'état d'euphorie avec hyperacousie et synesthésie accompagnant la première phase de l'ivresse « psychique » produite par le hachich: «Mon ouïe s'était prodigieusement développée : j'entendais le bruit des couleurs. Jamais béati- tude pareille ne m'inonda de ses effluves. J'étais si fondu dans le vague, si absent de moi-même, si débarrassé du moi, cet odieux témoin qui vous accompagne partout, que j'ai compris pour la première fois quelle pouvait être l'existence des esprits élémen- taires, des anges, et des âmes séparées du corps. Les sons, les parfums, la lumière, m'arrivaient par des multitudes de tuyaux minces comme des cheveux, dans lesquels j'entendais siffler des courants magnétiques. A mon calcul cet état dura environ trois cents ans; car les sensations s'y succédaient tellement nombreuses et pressées que l'ap- préciation réelle du temps était impossible. L'accès passé, je vis qu'il avait duré un quart d'heure. » (Théophile Gautier, Le club des Haschichins.) On sait dans quel but Moreau de Tours avait réalisé ses expériences sur le hachich. C'était afin de savoir, par lui-même, comment déraisonnait un fou. Il partait en effet de ce principe que l'ivresse du hachich est un véritable état de folie provoquée. Nous ne discuterons pas ici celte opinion ; rappelons-la seulement. Rappelons aussi que Moreau de Tours insiste longuement sur le triple rapport : enlre le hachich, le rêve et la folie, en notant qu'avant lui on avait déjà admis l'analogie du rêve et de la folie, tandis que lui, il en démontre ridentité. Examinons maintenant quelles sont les caractéristiques de l'ivresse hachichique, d'après Moreau de Tours [Du hachich et de Valiénation mentale. Etudes psychologiques. Paris, 1845, 1 vol., 431 p.). Le premier effet de l'ingestion de hachich est un sentiment de bonheur tout psychique auprès duquel les voluptés les plus spiritualisées semblent ma- térielles ; c'est ce sentiment d'euphorie qu'on retrouve assez souvent en pathologie HACHICH. li)t mentale. Viennent ensuite l'excitation, l'hypoprosexie, la dissociation des idées. La volonté fléchissant sous l'action du hacliich, « la mémoire et l'imagination prédo- minent, les choses présentes nous deviennent étrangères, nous sommes tout entiers aux choses du passé et de l'avenir : nous nous endormons en rêvant ». Le troisième phénomène est l'altération des notions de temps et d'espace, résultat de la dissociation des idées. L'hyperacousie apparaît alors. La musique agit de la façon la plus intense sur l'in- dividu hachiché. Cela tient d'une part à l'action physiologique du poison sur la sensibi- lité auditive, d'autre part à la richesse des associations d'idées provoquées par les rythmes et intensifiées par l'intoxication. Les idées fixes et les conceptions délirantes peuvent paraître alors. Elles sont assez rares dans l'ivresse, et Moreau de Tours les attribue à la dissociation des idées, qu'il a d'ailleurs considérée comme le fait primordial. L'affectivité peut subir les mêmes modi- fications que l'intellect. La mémoire affective se trouve intensifiée : des affections pas- sées, oubliées, envahissent soudain à nouveau la synthèse mentale, et émeuvent au suprême degré, « mais l'imagination en fait tous les frais; les sens n'y sont pour rien ■>■>. Les impulsions irrésistibles paraissent souvent aussi pendant l'ivresse hachichique et, enfin, les illusions et les hallucinations. Les sensations visuelles donnent plutôt lieu à des illusions qu'à des hallucinations ; par contre, les hallucinations auditives sont plus fréquentes que les illusions. La sensibilité générale, modifiée par l'intoxica- tion, peut aussi être l'objet d'illusions cénésthésiques : un hachiché, par exemple, se crut transformé en piston de machine à vapeur. Toutes ces caractéristiques psychologiques de l'ivresse hachichique s'accompagnent de modifications physiques. Moreau de Tours a passé assez rapidement sur des phéno- mènes somatiques importants. Il a noté cependant la sensation générale d'euphorie, la compression des tempes, l'altération des réflexes respiratoires, l'accélération du pouls, les inquiétudes musculaires, la lourdeur des pieds et des mains provenant du lefroidis- senient des extrémités. Il observe, lorsque l'ivresse est plus profonde, les bouffées de chaleur à la face, la sensation d'ébuUition du cerveau, les tintements d'oreille, la con- striction à l'épigastre. Ces troubles organiques sont, d'après Moreau de Tours, consécu- tifs aux modifications intellectuelles. Nous allons voir que, d'après d'autres auteurs, ces troubles accompagnent ou précèdent les modifications psycho-physiologiques. Charles Richet a repris, expérimentant sur lui-même et sur ses amis, ces re- cherches sur le hachich, et voici les phénomènes qu'il décrit comme caractéristiques de l'ivresse hachichique. « C'est d'abord une excitabilité motrice et sensitive de la moelle épinière. Des bouffe'es de chaleur ou de froid montent à la tête. Un sentiment eupho- rique s'empare du sujet qui se met bientôt à marcher, à gesticuler sans raison. Pen- dant cette période cependant, l'intelligence reste maîtresse d'elle-même. Tout à coup, souvent à propos d'un mot sans importance, on est pris d'un rire convulsif, prolongé, et qui semble interminable. On se rend compte alors de l'ivresse hachichique : c'est la phase « d'hypertrophie des idées » qui commence. Les idées semblent se succéder avec une prodigieuse rapidité, sans logique apparente, alors que cependant elles res- tent naturellement soumises aux lois de l'association. Les émotions sont extrêmement exagérées et paradoxales. Les choses les plus simples deviennent des effets de théâtre, et c'est avec des accents tragiques qu'on annonce qu'il est tard ou qu'il fait du vent (p. 123). » Tout comme dans l'hystérie, l'exagération des sentiments s'accompagne, dans l'i- vresse hachichique, d'une absence caractéristique de volonté. Les forces inhibitrices semblent entièrement abolies. Le hachiché ne peut plus retenir ses paroles ni ses ges- tes. Une peur de lui-même s'empare souvent du sujet. Un phénomène psychologique très important, déjà signalé par Moreau de Tours et relevé par la plupart des auteurs, est l'altération des notions de temps et d'espace. Le langage suffit à peine à exprimer l'illusion de l'ivresse hachichique. (( Les secondes sont des années; et les minutes, des siècles. )> Les marches d'un escalier semblent s'élever jusqu'au ciel, cent mètres semblent cent mille mètres, bien que le jugement rectifie cette erreur. Les hallucinations proprement dites sont plus rares qu'on ne le croit généralement 192 HACHICH. dans le hachicli. Les illusions sensorielles y sont au contraire extrêmement fréquentes. Quelques notes de musique plongent dans d'indéfinies délices. Remarquons que ces illusions sensorielles sont surtout de nature émotive, phénomène à rapprocher de l'émotivité si caractéristique accompagnant nos représentations oniriques. Le physiologiste et psychologue N. Lange a puhlié une intéressante série d'auto-obser- vations (N. Lange, Problèmes de philosophie et de psychologie, 147). Nous reproduisons la délicate introspection soinatique et mentale qu'il nous donne, d'après le bon résumé fait par L Roobinovitch {in Gilbert Ballet, Traité de Pathologie mentale, p. 391 à 394. Paris, Alcan). (c Lange, écrit Roubinovitch, note le sentiment de bien-être qu'il a éprouvé une di- zaine de minutes après l'absorption de 30 centigr. de cannabine. Ses forces physiques lui semblaient considérablement augmentées; seulement il lui était particulièrement difficile d'accomplir un mouvement un peu complexe; l'association des mouvements dans un but déterminé était impossible, comme d'ailleurs l'association des idées, et il constatait que, voulant concentrer toute son attention sur certaines expériences qu'on exécutait devant lui, il ne pouvait y parvenir. Au contraire, la perception passive des phénomènes du monde extérieur était devenue plus intense: c'est ainsi que les objets e^nvironnants prenaient des contours beaucoup plus nets qu'à l'ordinaire ; leur couleur semblait plus éclatante. Au fur et à mesure de l'évolution de l'ivresse, la pensée active s'affaiblissait, et par moment survenait comme une perte de connaissance. La conscience revenait ensuite, et il semblait à Lange qu'il était resté inconscient dix minutes, un quart d'heure, quand en réalité ces absences ne dépassaient pas cinq secondes. A un moment donné il perdit la notion du monde réel, et les images évoquées par son imagi- nation prirent l'intensité de véritables hallucinations qui se succédaient et qui consis- taient en figures géométriques diverses très brillantes, analogues aux phosphènes. Au même moment, Lange note une céphalalgie très vive, des palpitations, un malaise géné- ral, accompagné de sensations de ruisseaux de feu coulant le long de la colonne verté- brale, l'illusion de se voir transporté très loin avec impuissance complète à réagir ; enfin sentiment de tristesse infinie. Survint ensuite un anéantissement total, suivi d'un lourd sommeil qui dura un quart d'heure. Le réveil fut subit, instantané, avec retour presque immédiat à l'état normal. Le lendemain, Lange avait encore quelque difficulté à se livrer à un travail intellectuel; sa mémoire était moins lidèle. Le surlendemain, tout était rentré dans l'ordre. » Enfin nous terminerons ces descriptions analytiques de l'ivresse hachichique eu rappelant l'analyse très précise de l'état mental et neuro-musculaire du hachiché que nous a donnée Binet-Saxglé, d'après son auto-observation (Bl\et-Sanglé : Action du hachich sur les neurones. Revue scientifique, 2 mars 1891). Vers dix heures du soir, après dîner, l'auteur et un autre sujet prirent chacun une pilule d'extrait de hachich de 0 gr. 20 environ. Un ami de Binet-Sanglé écrivit alors des notes sous sa dictée. Voici les principaux résultats : Appareil digestif. — Sécheresse buccale ; la salive devient épaisse et rare ; soif intense. Sensibilité générale. — État anesthésique très spécial. Il consiste surtout en un engourdissement général, accompagné d'étonnenient et d'inquiétude. Sensibilité musculaire. — Hypoesthésie remarquable. Le sujet, assis, a la sensation de tomber. Ses mouvements volontaires sont incertains et presque ataxiques : ils s'accomplissent cependant avec précision, même lorsqu'ils sont assez complexes. La sensibilité tactile est au contraire hyperesthésiée. La sensibilité visuelle présente des troubles importants. Les objets semblent grandis et déformés. Donc macropsie, et, dit l'auteur, « macropsie centrale ». La sensation spa- tiale est très modifiée. Les objets et les personnes paraissent très éloignés. Un brouil- lard jaune verdâtre entoure tous les objets qui projettent des ombres verdàtres. Les sensations s'attardent longuement. Les yeux fermés, la sensation persiste et la macrop- sie est encore exagérée. La sensibilité auditive est hyperesthésiée jusqu'à la douleur. Tintements d'oreilles, et bruits de cloches. La mémoire présente des oublis brusques, mais compensés par de curieuses bouiîées d'hypermnésie. Chaque mot prononcé éveille immédiatement, chez Binet-Sanglé, HACHICH. 193 qui est d'ailleurs un visuel, l'image visuelle correspondante. Les images atteignent une intensité telle que l'auteur leur donne le nom de « sous-hallucinations ». Une hallucination véritable est d'ailleurs notée. « Je vois une plaine couverte de clochers, et j'entends sonner un glas. Cette hallucination a été probablement provoquée par des tintements d'oreilles. Les voix des assistants et les bruits extérieurs me ramènent bientôt à la réalité. J'ai gardé de cette hallucination le souvenir que j'aurais gardé d'une sensation. » Les asi^ociationn d'images, le jugement, le raisonnement, se précipitent avec une étonnante rapidité. La suggestibilitc semble augmentée. Binet-Sanglé toutefois résiste aux suggestions qui lui sont faites. Au point de vue de la motilité, l'auteur note l'exagération des réflexes et le besoin de parler et de se mouvoir. La parole est rapide, un peu bégayante. Les gestes sont « brusques et saccadés » ; ils ne s'accordent pas avec les paroles. Le rire spasmodique n'apparaît qu'au bout d'un temps assez long. <( Tout d'abord ces éclats de rire sont assez rares, inégalement espacés, et s'accompagnent de l'émotion joyeuse qui d'ordi- naire précède le rire. Mais bientôt ils se rapprochent, se reproduisent à intervalles égaux, et deviennent par leur répétition singulièrement pénibles. » Binet-Sanglé éprouve alors une fatigue douloureuse des zygomatiques. Lorsqu'il se lève du fauteuil dans lequel il est assis, il lui est impossible de se tenir debout. Pour monter à sa chambre, qui est au premier étage, on doit le soutenir, et l'ascension est lente et pénible, bien qu'elle lui semble très rapide. L'état normal reparaît vers le matin, de façon intermittente. Puis c'est l'ivresse qui ne paraît plus que par bouffées, par <( vagues de folie >'. Lorsque arrive la vague, l'état céneslhésique redevient ce qu'il avait été pendant la soirée, et le rire spasmodique reprend. Cet état dure jusqu'au lendemain vers 9 ou 10 heures. Un état d'obnubilation sensorielle, de confusion dans les idées et de grande fatigue lui succède, compliqué d'un état saburral des voies digestives. Le peintre T..., qui avait pris du hachich en même temps, présenta tout d'abord d'importants troubles circulatoires. L'automatisme respiratoire fut troublé, de sorte que les mouvements d'inspiration et d'expiration ne s'accomplissaient que grâce à une action nerveuse d'origine corticale. Ces troubles ne durèrent que quelques instants, s'accompagnant cependant d'orthopnée et de congestion de la face. Le sujet présenta en outre de l'incoordination musculaire, des crises de rire spasmodique intermittent, et des hallucinations visuelles. Telles sont les principales descriptions pouvant servir à établir une symptomato- logie complète de l'ivresse hachichique. Parmi les personnes de notre connaissance ayant fait usage du hachich ou de ses dérivés, notons quelques faits intéressants. Une dame de nos amies, ayant fumé plusieurs pipes de kif, ressentait seulement un engour- dissement qui la faisait tituber et voyait passer devant ses yeux de très belles arabesques d'or et d'argent. Mais, pendant les quelques nuits qui suivirent cette ivresse, elle accusa du délire onirii|ue angoissant avec réveils brusques et angoisse nocturne. Une de ses amies, sous l'inlluence du kif, la suppliait de ne plus fumer, tant la tristesse humaine, dévoilée à ce moment à ses yeux, lui semblait infinie. Dans la nuit qui suivit, elle s'efforça de prendre un revolver qui se trouvait à portée de sa main pour se tuer. Heureusement, elle n'avait même pas la force d'étendre le bras. Un de nos amis, sous l'influence du hachich, se sentait si éloigné de toute chose qu'il lui semblait ne plus être sur terre. Ce trouble peut être rapproché de la sensation d'isolement cosmique, bien connue en pathologie mentale. En résumé, et d'une façon très générale, on peut donc dire que l'intoxication aiguë par le hachich s'accompagne : i° de troubles psychiques tels que hallucinations, illu- sions, aprosexie, sommeil, amnésie et hypermnésie, dissociation des idées, etc.; 2° de troubles sensoriels, hyperexcitabilité, mouvements convulsifs, etc.; 3° de troubles digestifs, inappétence et dyspepsie aux doses élevées; 4*' de troubles sécrétoires, divers et très variables; o° de troubles génitaux, excitation aux faibles doses, anaphrodisie aux doses très fortes, surtout dans l'intoxication chronique. Ajoutons que les amateurs européens qui ne peuvent se procurer les produits orien- DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VIII. 13 194 HACHICH. taux se servent le plus souvent de pilules de cannabine. Les doses de 15 à 20 centi- grammes s'accompagnent simplement d'excitation cérébrale et des premiers effets psy chiques de l'ivresse que nous avons décrite; le délire véritable, avec hallucinations et idées obsédantes, ne paraît généralement qu'à la dose de 40 centigrammes, et au delà. La dose nécessaire pour provoquer le délire, ainsi que sa nature, sont du reste variables selon les individus. Il semble que l'organisme devienne de plus en plus sensible au liachich à mesure que l'on en prend. « Pour obtenir les mêmes effets sur moi et sur les personnes qui en prenaient en même temps que moi, écrit Ch. Richet, il fallait d'abord la même dose (en 1873). En 1880, la moitié de la dose suffisait. Enfin, l'année dernière (1882?), avec le quart de la dose qu'avait prise simultanément un de mes confrères, j'ai été certainement plus enivré que lui {loc. cit., p. 492). » Les chiens sur lesquels expéri- mente Ch. Righet semblent aussi devenir de plus en plus sensibles à l'intoxication hachichique. Une chienne d.e douze kilogrammes, ayant déjà pris du hachich deux fois depuis un mois, reçoit la même dose qu'un chien de cinq kilogrammes : les effets sont à peu près les mêmes. Les effets du hachich peuvent se prolonger un assez long temps. Trente heures après l'ingestion, un petit chien de cinq kilogrammes présente encore de la paraplégie des membres postérieurs. Dans la dernière expérience faite par Ch. Richet sur lui-même, les phénomènes toxiques se prolongent d'une façon qui semble exceptionnelle. Le soir à 8 heures, il pi'end 50 centigrammes d'extrait alcoolique. L'ivresse commence à H heures et dure à l'état aigu jusqu'à 2 heures du matin à peu près. Le lendemain et le surlendemain, les effets se font encore sentir, et trois jours après toutes les fonctions d'attention et d'inhibition des idées ne sont pas encore revenues. Intoxication chronique. — Si l'intoxication aiguë, ou ivresse hachichique, semble assez anodine, l'intoxication chronique est grave et peut conduire à la folie. Tout l'Orient connaît ces déments qui se traînent dans les rues et qu'on salue du nom de Saints : la vénération publique n'empêche pas que ce soient là les victimes du hachich, et que leur place soit tout indiquée à l'asile. Cette intoxication chronique s'accompagne d'un état d'hébétude, de prostration et d'affaiblissement musculaire généralisé. Les mouvements sont indécis; le faciès est «tupide; la peau prend une teinte ictérique ; l'anorexie est à peu près complète. Le malade devient alors un aliéné caractérisé, et meurt dans la cachexie finale. A l'action nocive du hachich viennent du reste souvent s'ajouter celles de l'opium et de l'alcool, de sorte que le diagnostic est parfois délicat à établir. Le tableau ci- dessous, emprunté aux statistiques des asiles des Indes, donnera une idée de la pro- portionnalité. Tableau des folies hachichiques et opiomaniaques placées en 1903 A l'asile du Pendjab (Inde) CHARAS. CtALUA. BHANCt. OPIUM. MANGÉ. MIXTE. laternés antérieurs Entrants directs ". . . 50 22 3 2 » 17 4 » 1 3 3 » 7 9 3 Enti-és après crime Totaux. Total général. 114/576 75 2 21 1 6 19 Nota. — Sur ces 114 cas d'intoxication spéciale, une femme seulement par le hachich. A. Marie (de Villejuif) en un récent article (Auguste Marie, ISote sur la folie ha&- <:hichique. A propos de quelques Arabes aliénés par le haschich. Nouvelle Iconoç/raphie de la .Salpétrière, n° 3, mai-juin 1907) a signalé les cas de folie hachichique qu'il a pu observer HACHICH. 195 à l'asile d'Abbassieh (Egypte) avec le concours de Warnock, médecin directeur qui s'est longuement intéressé lui-même à l'étude de la folie hachichique. D'après les statistiques fournies par Warnock pendant six années 1890-1901, sur 2564 aliénés du sexe masculin admis à l'Hospice des aliénés égyptiens du Caire, 689 cas furent attribués à l'abus du hachich, soit environ 27 p. 100. La folie en Egypte est trois fois plus commune chez les hommes (qui font usage du hachich) que chez les femmes (qui l'emploient assez rarement). Cette proportionnalité devient assez significative, lors- qu'on rappelle qu'en Europe l'aliénation est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes (33 à 31, en Grande-Bretagne par exemple). En 1904, k l'asih^ d'Abbassieh, la proportion des malades par le hachich, sur le nombre total des internements, était de 15 p. 100; en 1903 de 14 1/2 p. 100. En 1903, ce nombre s'élevait à 18 p. 100, en 1902 à 22 1/3 p. 100. La diminution des cas de folie hachichique est du reste probablement due au traitement hors l'asile des cas de délire transitoire. Les cas d'aliénation imputables au hachich peuvent revêtir lés types suivants : Intoxication temporaire. C'est l'état d'assoupissement, avec marche chancelante comme dans l'intoxication alcoolique, et état de rêve euphorique comme dans l'in- toxication par l'opium. Délire avec hallucinations souvent désagréables de la vue, de l'ouïe, du goût et de l'odorat. Les idées de possession par un démon ou un esprit, el de persécution, sont assez fréquentes. Elles expliquent les interprétations délirantes de hachichés qui se croient sultans ou prophètes. L'agitation et l'insomnie se rencontrent couramment. Le malade a parfois une certaine incoordination neuro-musculaire; mais il est le plus habituellement actif et prompt dans ses mouvements. Manies très variables, allant de la courte crise d'excitation à la folie furieuse pro- longée, et se terminant par l'épuisement, et même par la mort. Manies chroniques se présentant souvent sous la forme de manie de persécution. Démence chronique, période terminale des cas d'aliénation précités. Ces diverses formes d'aliénation causées par le hachich peuvent du reste se combiner entre elles et s'accompagner de tares psychopathiques multiples. L'illusion de puissance intellectuelle et l'exaltation prophétique sont assez fréquentes. La physionomie de cer- tains délirants au début est caractéristique du visionnaire à délire onirique eupho- rique et exalté. A une période plus avancée, alors que paraissent la dépression et une orientation fâcheuse du courant des sensations, les idées hypochondriaques peuvent paraître. Mais, remarque A. Marie, les suicides sont assez rares, tandis que les crimes sont plus fréquents. Le caractère erotique de l'excitation spinale due au hachich peut en effet se rencon- trer non seulement dans l'ivresse, mais aussi dans le délire ultérieur ; à l'excitation sexuelle se lient alors les divers attentats à la pudeur, exhibitionismes, viols, etc. De même qu'il y a l'alcoolisme chronique, il y a le hachichisme à rechute. Dans les intervalles des accès, les malades, moralement dégradés, fournissent un important con- tingent au nombre des vagabonds, des malfaiteurs, récidivistes du vol, du mensonge et des outrages à la pudeur. Ce sont des « dégénérés acquis » passant delà prison à l'asile, et inversement. Le hachich semble d'ailleurs, au point de vue social, faire encore moins de ravages que l'alcool, si bien que les administrateurs anglais et égyptiens se demandent avec raison si une campagne anti-hachichique ne tournerait pas au profit de l'alcool, plus nuisible encore. Aussi Warnock estime-t-il que la politique la plus sage en Egypte est d'autoriser l'usage du hachich dans certaines limites, sans le défendre absolument. Remarquons en effet que le hachich, contrairement à l'alcool, ne semble pas provoquer de lésions anatomiques caractéristiques ni de désordres physiques notables. Des milliers de personnes en font un usage journalier, et celles-là seules qui en font abus, ou les indi- vidus particulièrement susceptibles à son action toxique, viennent échouera l'asile. Ce serait donc plutôt, selon la remarque de A. Marie, un réactif révélateur des tares latentes. Voici d'ailleurs les conclusions du rapport de la Commission d'enquête indienne sur l'usage des poisons du chanvre (i, 264) : « L'usage modéré de ces substances ne produit pas d'effets nuisibles à l'esprit; mais l'usage excessif accroît l'instabilité men- tale; il tend à affaiblir l'esprit, il peut même conduire à la folie. 11 a été démontré 196 HACHICH. que l'action des drogues dérivées du chanvre a été souvent très exagérée, mais il est hors de doute qu'elles produisent quelquefois l'aliénation (15 p. 100 en Egypte). » Action thérapeutique. — Le hachich nous fournissant, selon certains aliénistes, la possibilité de déterminer de véritables accès de « folie expérimentale », le hachich pouvant, comme cela est hors de doute, conduire à la folie, il était donc nécessaire de rechercher le rôle possible de ce toxique en thérapeutique : le principe même de l'ho- méopathie l'indiquait comme le remède par excellence des divers troubles psychopa- thiqnes. Jusqu'ici cependant il faut avouer qu'il est bien difficile de se prononcer sur les résultats obtenus, de sorte que les médecins, à tort peut-être, semblent avoir aban- donné à peu près entièrement toute recherche dans ce sens. Stanislas Julien nous apprend cependant que les Chinois employèrent le hachich pour produire l'anesthésie chirurgicale. Frommuller a essayé d'utiliser ses propriétés hypnotiques, mais ses résultats sont loin d'être probants. Il obtint un sommeil complet dans 13 p. 100, un sommeil partiel dans 25,5 p. 100 des cas. MoREAU DE Tours surtout a cherché dans le hachich la panacée de l'aliénation men- tale. Il l'employa d'abord contre la mélancolie. Mais les malades, un instant arrachés à leurs préoccupations par l'ivresse euphorique, retombaient bientôt dans leur marasme. Ses essais portèrent alors sur l'excitation maniaque, et il chercha à atténuer la manie par substitution du délire toxique au délire névropathique. Sur les six malades auxquels il ordonna le dawamesk, quatre guérirent, et deux s'améliorèrent en un temps variant de quinze jours à six mois après l'absorption du hachich. Ce résultat lui parut décisif. Il convient cependant de faire des réserves et de se demander si ces résultats heureux sont dus au hachich ou à l'évolution de la maladie. Ces essais en tous cas devraient être renouvelés. PoLLi et Reisch ont employé de nouveau le hachich contre la mélancolie ; mais il l'ont associé au bromure, et les résultats sont incertains. PusiNELLi a essayé, avec succès, paraît-il, le tannate de cannabine contre l'insomnie neurasthénique. Beddœ obtint de bons résultats contre le delirium ti'emens avec l'extrait et la teinture. Le hachich et ses dérivés ont aussi été employés en Angleterre comme antispasmo- diques; on a tenté à maintes reprises d'utiliser leurs propriétés analgésiques et calman- tes, mais les résultats ont toujours été, ou bien faibles, ou bien incertains. Germain Sée enfin a employé l'extrait gras contre les affections stomacales. Après un succès rapide, il semble que cette médication ait été abandonnée. Rappelons enfin, et en insistant sur ce point, que le hachich augmente consi- dérablement la suggestibilité, et que cette propriété peut être employée en thérapeutique mentale, surtout chez certains hystériques qui résistent à tout essai de suggestion, soit verbale, soit hypnotique. Pendant toute la première partie de l'ivresse hachichique, le sujet présente une plasticité intellectuelle très comparable à celles des hystéinques. Aussi le preneur de hachich a-t-il généralement soin de s'entourer d'amis qui doivent lui suggérer des hallucinations gaies. Ces hallucinations peuvent affecter tous les sens. Bonnasies, dans une communication faite à. la Société de phsychologie physiologique, {La surjgestlon par le hachich. Revue philosophique, 188G, xxi, 673), rapporte que son ami, le D"" C... sollicitait, avant de prendre le hachich, l'aide amicale des personnes pré- sentes et formulait à l'avance le programme des hallucinations qu'il désirait. Les sug- gestions les plus variées et les plus invraisemblables réussirent toujours. On fait voir au peintre L.,., travaillant à un tableau d'histoire, la scène qu'il doit peindre (Charles VI dans la forètdu Mans). Lamémoire de Ihallucinationétantconservée, il peut ensuite la reproduire sur la toile. On suggère à Bonnasies qu'il mange un poulet et boit des vins de Bordeaux, alors qu'on lui sert des pommes de terre et un verre d'eau. La suggestion réussit parfaite- ment. Toutes ces hallucinations s'accompagnent d'une aura. On a la sensation d'une vapeur montant des pieds à la tète. La montée de Vaura s'accompagne d'une sensation d'expansion agréable ; la descente, de tristesse et d'inquiétude vague. L'hallucination est en pleine intensité quand Vaura a gagné la tête. HACHICH. 197 Le mécanisme psychologique des suggestions réalisées grâce au liachich est assez particulier. 11 est indispensable de le connaître si l'on essaie les applications thérapeu- tiques. Voici comment Bomnasies l'analyse : « Le premier sentiment qui se réveille dans l'esprit du hachiché, dit-il, est de protester contre les injonctions dont il est l'objet. — Ce verre d'eau, pense-t-il, est de l'eau, et non pas du vin. — Mais, avant même qu'il ait formulé cette phrase dans sa pensée, l'illusion s'est produite malgré lui ; et il la subit. Toutefois l'illusion est de très courte durée. Pour qu'elle se continue, il faut que l'assistant renouvelle ses intimations d'une façon constante. Par une série de suggestions on maintient le hachiché en état permanent d'hallucination. » {Loc. cit., 674). Remarquons que la première phase de ce processus psychologique se retrouve assez souvent chez les hystériques auxquels on fait des suggestions verbales, et que la suggestion, pour réussir sur les hacliichés, doit être particulièrement impérative et réitérée. L'action thérapeutique du hachich est donc, en résumé, très inconstante et très peu étudiée. Là où d'heureux résultats furent obtenus, ils semblent plus faibles que les résultats habituellement produits par d'autres médications. Seuls les essais de sugges- tion par le hachich et les expériences de Moreau de Tours sur l'excitation maniaque nous semblent devoir être retenues et reprises. Action sur les animaux. — Des recherches expérimentales, malheureusement très peu nombreuses, ont été faites sur les animaux afin de préciser la toxicité du hachich et son action physiologique. Liouville et Voisin [Accidents aigus et chroniques produits par le hachich chez les animaux, 1873) ont fait ingérer à des cobayes de 1 gr. à isr^uOde hachich. Ils ont ainsi obtenu l'incoordination musculaire, de la somnolence, et une exagération des réflexes dénonçant une hyperactivité médullaire. La sensibilité était cependant conservée. L'animal mourait au bout de trois ou quatre jours. On trou- vait à l'autopsie de la congestion cérébrale et méningée, des ecchymoses dans les méninges et dans la plèvre, de la congestion pulmonaire. Les mêmes expérimentateurs réalisèrent sur des cobayes l'intoxication chronique. L'animal diminuait alors de poids, présentait de l'incoordination motrice, de la diarrhée, et finalement la cachexie. Hay (A new Alcaloid of Cannahis'indica. American Journal of Phar m., iu'ûlei 1873, n°9, Lvi) fait à des grenouilles une injection sous-cutanée de tétano-cannabine. Il note aussi l'hyperactivité médullaire produisant l'exagération des réflexes. Les grenouilles sur lesquelles il expérimente présentent des convulsions tétaniques semblables à celles que détermine l'injection de strychnine. Charles Richet observe, en expérimentant sur des chiens, que les effets du hachich se sont montrés très semblables aux effets produits par l'essence d'absinthe. Les phé- nomènes suivants sont en eflet relevés : hyperexcitabilité, secousses fibrillaires, trem- blements convulsifs, surtout dans les muscles du tronc et du cou, incoordination mus- culaire. « Chaque contraction musculaire se fait avec des contractures, l'animal marche tout à fait comme un chien légèrement strychnisé : avec des soubresauts, des irrégularités qui témoignent de l'activité exagérée de la moelle. » État demi-comateux avec hyperesthésie sensorielle. Il est probable qu'il y a, sinon hallucinations vraies, au moins illusions sur les excitations extérieures. Anesthésie musculaire. L'animal hachichisé ressemble donc étrangement à un animal auquel on aurait fait l'ablation des lobes cérébraux, ou ;i un animal empoisonné par l'absinthe; il y a seulement plus de stupeur dans le hachich, plus de convulsions dans l'absinthe [loc. cit., p. 494). Le hachich semble donc être essentiellement, comme le remarque Ch. Richet, le poison des circonvolutions cérébrales. Action sur la cellule nerveuse. — Ayant examiné les effets toxiques du hachich et leurs manifestations physiologiques et pyscho-physiologiques, tant sur les animaux que sur l'homme, nous devons chercher quelle peut être l'action du hachich sur la cellule nerveuse, et nous nous référons pour cela à l'intéressant article publié par Blneï-Sanglé dans /a Ilcrue scientifique (Charles Binet-Sanglé, Action du hachich sur les neurones. Revue scientifique, 22 mars 1901). Binet-Saixgli': reprend la théorie de l'amiboïsme, qui lui semble démontré parles travaux de Maïhias Duval (1895), Jean Demooh, Pergens, Stefanowska, Qcerton, Robert Odier, J. Havet, et par ses propres recherches. 198 HACHICH. Grâce aux anastomoses des conducteurs nerveux, des ondulations centrifuges, parties d'un neurone de mouvement volontaire qui tient sous sa dépendance plusieurs autres neurones de même ordre, peuvent déterminer un mouvement très complexe. De plus, grâce à la rétractibilité des neurones, il peut se former ce que Binet-Sanglé appelle des neuro-diélectriques, c'est-à-dire de véritables barrages s'opposantau passage du courant nerveux. (Charles Binet-Sanglé. Théorie des neuro-diélectriques . Areliives de Neurologie, sept. 1900.) La sensation d'engourdissement provoqué par le hachich serait due, d'après Binet- Sanglé, à la rétraction des neurones de conduction des ondulations centripètes, et surtout à la rétraction des neurones servant de substratum à la sensibilité générale, le hachich semblant agir de préférence sur l'écorce cérébrale. En amont de ces neu- rones se formeraient alors des neuro-diélectriques empêchant les ondulations centripètes de leur parvenir. Cet engourdissement serait à rapprocher de celui que provoque la cocaïne. L'hypoesthésie musculaire serait due seniblablemeut à la rétraction des neurones des sensations musculaires, et à la formation, en amont, de neuro-diélectriques. Le circuit à sommet cortical formé par la voie sensitive principale et la voie motrice principale, serait donc interrompu en partie ; d'où incertitude des mouvements volontaires. Mais la voie spino-cérébello-spinale n'étant pas atteinte : a je pouvais encore, écrit Binet- Sanglé, porter ma tasse de café à ma bouche sans en renverser le contenu, alors que les contractions de mes muscles ne donnaient plus lieu qu'à des sensations entièrement confuses. J'étais absolument dans la situation de l'hystérique qui fait les mouvements nécessaires pour ne pas laisser tomber un objet qu'il ne sent pas. » Le rire spasmo'dique, accusé par presque tous les expérimentateurs, serait une consé- quence de la rétraction des neurones de l'écorce cérébrale. On sait que les neurones du rire se trouvent, d'après Nothnagel et Beghterew, dans le thalamus (?) Ces neurones seraient en rapport avec des conducteurs centripètes venus des divers points de l'organisme au thalamus et des conducteurs centrifuges venant de l'écorce cérébrale. Ces conducteurs centrifuges seraient aussi inhibiteurs, et leur interruption laisserait éclater le rire à la moindre sollicitation. C'est ce qui se passe dans les lésions du segment antérieur de la capsule interne (Brissaud). En résumé le hachich est pour Binet-Sanglé « une sub- stance qui a la propriété de faire se rétracter, se gonfler (macropsie) et se déformer les neurones de l'écorce cérébrale. Il en résulte la formation de neuro-diélectriques dans les conducteurs nerveux, et une modification notable dans la répai'tition de la pression nerveuse. » Mais, à vrai dire, toute cette théorie est extrêmement fragile. Conclusions. — Nous avons cherché, dans ce court exposé, à présenter les données indispensables à l'étude du hachich. Qu'il nous soit permis, en terminant, d'attirer l'attention sur l'analogie remarquable qui rapproche des tares hystériques certains phénomènes sensoriels observés au cours de l'ivresse hachichique. L'étude comparée de ces troubles, au point de vue physiologique, ne pourrait être que favorable tant à la connaissance de l'intoxication hachichique qu'à celle de l'entité clinique Hystérie, que de récents débats (Congrès de Genève, 1907) ont si peu fait pro- gresser. Quant au point de vue psycho-pathologique, l'ivresse psychique produite par l'in- toxication aiguë due au hachich nous semble conserver un caractère absolument original. Moreau de Tours a eu le mérite de rapprocher, en tant que contenu mental, le rêve, la folie et l'ivresse hachichique. Mais il est peut-être allé trop loin. Ce n'est pas par son seul contenu qu'on peut définir un état psychologique; et une intoxication sera toujours, à notre sens, bien différente, par son mécanisme mental, par ses élé- ments constitutifs et par ses principes d'évolution, d'un délire systématique quelconque ou d'un rêve normal. Bibliographie. — Aubert-Roche. De la peste ou typhus d'Orient. 1840, p. 217 et suiv. — Banel. 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Le hachich, in Traité de Pathologie mentale de Gilbert Ballet. 391-394. — Roux (F.). Études sur la cannabine. {Bull. gén. de thér., 1886, gxi, 492-514.) — Ryland (K.). Experiments loithh. {lowamed. Journ., 1854, (2), 10.3-107.) — De Sainte- Marie. iYo-... ; et plus loin (p. 10), rapportant des expériences faites sur une jument : « Ayant mis à découvert l'artère crurale, au pli de l'aine, je la perçai, et y introduisis un tube de cuivre recourbé, et à ce tuyau j'en adaptai un autre de verre, de 9 pieds de longueur. Avant de faire l'incision longitudi- nale à l'artère, pour y insérer le tuyau, je l'avais liée auprès de l'aine ; quand tout fut ajusté, je la déliai, et le sang commença à s'élever dans le tuyau posé verticalement, jusqu'à la hauteur de 8 pieds 3 pouces; il s'élevait par degrés inégaux; quand il eut atteint la plus grande hauteur, il y balança, montant et descendant de 2, 3, 4 pouces. Quelquefois on le voyait s'abaisser de 12 ou de 14 pouces, y balançant de même à chaque pulsation du cœur. » C'était là une expérience fondamentale, et il est bon de la rappeler; car elle a la valeur d'un fait primordial dans l'histoire de la circulation du sang (1731). Les autres expériences de Hales sont toutes extrêmement ingénieuses et profondes. Il essaya de mesurer la vitesse du sang, la quantité totale de sang contenue dans le corps, et celle qu'on peut enlever sans déterminer la mort, les effets d'injection d'eau, etc. Dans d'autres recherches, il dit que les animaux, en respirant, absorbent une cer- taine partie de l'air, qui se combine dans les poumons avec certains éléments du sang. C'était là l'indication du phénomène chimique essentiel de la respiration. Mais ou sait que cela n'a pas été compris jusqu'à Lavoisier. Voici les noms de quelques-uns des travaux de ce grand physicien physiologiste : 1. Statical cssays. 1. Containing vegetable staticks; or an account of some statical experiments on the sap in vegetables... Also a spécimen of an attempt to analyse the air by a great variely of chymostatical experiments. — II. Containing haemostaticks; or an account of some on the blood and blood vessels of animais. Also an account of some experi- ments on stoncs in the kidneys and bladder (376 et 371 pp., in-8, London, Innys, 1731-1733). 2. Trad. françaises, par Buffon, en 1731 ; par Sauvages, en 1779 ; allemande, par VVolff, en 1784 (Halle); italienne, par Ardinghelli (1756), Naples ; hollandaise, en 1734, Amsterdam. 3. An account of some experiments and observations on M""* Stephens's medicine for dis- solving the stone... To ivhich is added a supplément to a pamphlet entitled : A vieio of the présent évidence for and against M" Stephens's medicines, etc. (London, Woodward, 1740). 4. An account of some experiments and observations on tar water. To ivhich is added a HALL. 201 letter from M. Rcid to D' Hales, conceminy the nature of tar, and a méthode of obtaininu hifi médical rirtues [Lonàon, Manby et Cox, 1747). 0. Physico-mechanical expcriment><, containimj nseful and necessary instructions for sîich as undertake lonc/ voijar/es at Sca (London, 1739. Trad, franc., La Haye, 1740). 6. Philosopliical experiments on sca ivater, Corn, Flesk and other Substances (London, 1739). 7. An account of a useful discovert/ to distill double the usual quantity of seaxvater, by blowing showers ofuir up through the distilliwj liquor; and aiso, to hâve the waler perfectly fresh and good by means of a little Chalk. And an account ofthe greatbenefit of ventilators in many instances, in preserving the health and life ofpeople, in slave and other transport- ships. Also an account ofthe good effect of blowing shoioers of air up through xoilk (London, Manby, 1756). 8. A treatise on ventilators (London, Manby, 1758). Pour la biographie de Hales, voir Gentlemenss Mag., et Hist. Chron. (London, 1764, xxxiv, 273-278, par Collinson). HALL (Marshall) (1790-1857), médecin et physiologiste anglais. Ses travaux physiologiques les plus importants portent sur les phe'nomènes réflexes. Sa théorie sur l'existence d'un système rétlexe différent du système conducteur des faisceaux médullaires n'a eu qu'une existence transitoire; mais il a institué quelques expériences ingénieuses, sur l'action de la strychnine notamment, et sur les phéno- mènes convulsifs. Nous ne donnerons ici, en fait de bibliographie, que celle des travaux qui se rappor- tent à la physiologie. Researches principally relative to the morbid and curative effects of loss of blood (Lon- don, Seeley et Burnside, 1830. Ti'ad. allem., 1837). A critical and expérimental essay on the circulation of the blood, especially as observed in the minute and capillary vessels of the batrachia and of fishcs (London, Seeley et Burnside, 1831). Lectures on the nerv. syst., and its diseases (London, 1836) [Trad. allem., Berlin, 1830). Memoirs on the nervous system. I. The reflex fonction of the medulla oblongata and medulla spinalis. II. The true spinal marrow,and the excito-motory system of nerves (Lon- don. Sherwood et Gilbert, 1837). Extract from a lecture on the nervous System, being a bricf Sketch of the 4rue spinal or excito-motory system, for the use of his pupils (London, Mallett, 1839). On the diseases and dérangements of the nervous system (London, H. Baillière, 1841) {Trad. allem., Leipzig, Wigand, 1842). On the mutual relations between anatomy, physiology, pathology, and therapeutics, and the practice of medicine (London, H. Baillière, 1842). Neiv memoir on the nervous system (London, H. Baillière, 1843). Essays on the theory of convulsivc diseases (London, Mallett, 1848). Synopsis of the diastaltic nervous system (London, Mallett, 1850). On the threatenings of apoplexy and paralysis; inorganic epilepsy ; spinal syncope; hidden seizures ; the résultant mania, etc. (London, Longman, 1851). Synopsis of cérébral and spinal seizures of inorganic origin and of paroxysmal form as a class; and of their pathology as involved in the structures and actions of the ïieck (London, Mallett, 1851). l'rone aiul posiural respiration in droxvning and others forms of apiuea or suspended respiration (London, Churchill, 1858). Experiments and observations relative to vision (Quarterl. Journ. of Se, v, 1818, 249- 257). — Some observations on the physiology of speech [ihid., 1825, 8-16). — On the effects of loss of blood {Med. Chir. Transact., xin, 1827, 121-151). — On the mechanism ofthe act of vomiting {Quarterl. Jour, of Se, 1828, 388-392). — On the anatomy and physiology of the minute and capillary vessels {Roy. Soc. Proceed., m, 1831, 45-46). — On the effects of water raised to températures moderately higher than that of the atmosphère, iipon Batrachian reptiles [ibid., 1831, 47-48). — An expérimental investigation on the effects of the loss of blood {Med. Chir. Trans., xvn, 1832, 250-293). — Theory of the inverse ratio 202 H ALLER. 'which mbsists between respiration ami irritability inthe animal Kingdom [Phil. Transact., 1832, 321-334). — On hybernature [ibicL, 1832, 335-360). — On the reflex function of the mednlla spinalis {ibid., 1833, 635-666, et Arch/de Mitller, 1834, 374-384).— Notes of expérimenta on the nerves in a decapitated Turtle {lool. Soc. Proc, ii, 1834, 92-94). — Report on progress made in an expérimental inquiry regardint/ the sensibilities of the céré- bral nerves {Brit. Ass. Rep., 1834, 676-680). — Description of a thermometer or determi- ning minute différences of température {Phil. Magaz., viii, 1836. 56-58). — Ueber den Zustand der îrritabilitât in den Musheln gelàhmter Giicdcr [Arch. de Millier, 1839, 200- 249). — Ueber die Vis nervosa [ibid., 1840, 451-466). — On the circulation in the acardiac fœtus [Edimb. Monthiy Journ. Med. Se, m, 1843, 541-547; iv, 1844, 775-776). — On the irritability of the muscular fibre, in paralytic limbs {ibid., 1844, 655-660). — Ueber rétro- grade Reflexthâtigkeit im Frosche {Arch. de Millier, 1847, 486-489). — Researches into the effects of certain pJiysical and chemical agents on the nervous system {Roy. Soc. Proc, y, 1847, 667-668; 674-675). — Sur la division du système nerveux en cérébral, spinal, et ganglionnaire {C. R., xxiv, 1847, 819-622). — Comparaison entre les effets tétanoïdes des états électrogéniques et ceux de la strychnine, de la narcotine, etc. {ibid., xxiv, 1847, 1054- 1059). — iît'c/(. exp. sur le système nerveux {ibid., xxxii, 1851, 633-634; 832-834; 879). — De l'état de l'irritabilité musculaire dans les paralysies cérébrales et spinales {ibid., xxxiii, 1851, 80-84). — La physiologie de Vépilepsie et de l'apoplexie d'origine inorganique {ibid., XXXV, 1852, 781-786). — Sur la physiologie des paralysies {ibid., xxxix, 1854, 1090-1093). — Experimcnts on the spinal System in the alligator {Charleston med. Journ., l'x, 1854,280-282). HALLER (Albrecht von). — Naquit à Berne le 16 octobre 1708 et mourut dans la même ville le 12 décembre 1777. Peu d'hommes ont exercé sur la physiologie une influence comparable à la sienne. A ce point de vue Haller ne domine pas seulement le xviii" siècle, mais aussi le temps actuel. Haller s'est élevé assez haut pour avoir mérité, comme Galien, le titre de Père de la physiologie. Avant Haller la physiologie n'était pas une science distincte; la publication des Elementa physiologiœ corporis humani, œuvre capitale de Haller, marque la date à laquelle, sans rompre ses attaches avec l'anatomie, dont elle dérive, la physiologie humaine, basée sur l'observation et sur l'expérience, s'est constituée d'une manière autonome. Ce premier traité de physiologie est un monument impérissable ; malgré tant de progrès accomplis depuis le temps où il fut écrit, on y retrouve, en le lisant aujour- d'hui, maintes notions utiles. Il en est du traité de Haller comme du livre de Vésale : De humani corporis fabricâ, ou encore comme du traité De usu partium de Galien, et de Y Introduction de la médecine expérimentale de Claude Bernard. De tels livres ne vieillissent pas; ils portent en eux des clartés qui rayonnent, et que le temps ne peut pas obscurcir; ils sont l'expression de la vérité. Lorsqu'on y rencontre une erreur, celle-ci s'explique par les circonstances mêmes dont il est rendu compte, et le détail de ces circonstances est donné si clairement que le lecteur arrive sans peine à corriger des inexactitudes dont la cause se trouve toujours dans l'interprétation donnée aux faits, jamais dans les observations elles-mêmes. Le génie de Haller fut universel; son activité s'étendit à tous les domaines de la pensée : il fut poète, littérateur, botaniste, anatomiste, médecin pratiquant, brillant chirurgien, organisateur et constructeur, administrateur et magistrat; et pai^-dessus tout il fut aimable et bienfaisant. Le récit de sa vie apparaît merveilleux comme une légende, à ce point que l'on se refuserait souvent à accepter les dires de ses biogra- phes, si les preuves matérielles de leur véracité n'existaient point; fort heureusement ces preuves ont été conservées, et la bibliothèque de la ville de Berne possède à cet égard de nombreux documents dont l'authenticité ne laisse aucune place au doute. Force nous est donc d'admettre, avec Senebier qui écrivit l'éloge de Haller en 1778, q,ue les merveilleuses aptitudes du futur physiologiste bernois se révélèrent dès l'âge le plus tendre; enfant, il faisait aux domestiques de la maison de petites conférences sur des sujets tirés de la Bible; à dix ans il composait des vers qui n'étaient pas dépourvus de valeur littéraire; il cultivait les langues et s'était fait un dictionnaire pour le grec et H ALLER. 203 pour l'hébreu, avec une grammaire chaldaïque ; annotant avec le plus grand soin tous les livres qu'il lisait, versifiant avec facilite', le jeune Haller s'orienta vers la littérature et vers la poésie; sans doute il aurait persévéré dans cette voie sans songer à la méde- cine, si des circonstances extérieures n'en avaient décidé autrement; à quatorze ans, Haller, qui depuis un an avait perdu son père, fut mis en pension à Bienne, chez le D' Neuhaus, savant médecin qui l'initia aux sciences naturelles et particulièrement à la botanique. Parmi les détails notés par les biographes, il en est qui révèlent chez Haller la pré- cocité du caractère autant que celle de l'intelligence : à treize ans Haller aurait refusé d'apprendre la physique cartésienne, et son premier précepteur, Abraham Baillodz, homme de caractère sombre et mélancolique, aurait eu à subir les satires de son élève. Qui sait dans quelle mesure le fait d'avoir eu d'abord un maître antipathique n'a pas contribué à accentuer chez Haller les tendances autodidactes qui le portèrent à observer par lui-même et à ne pas s'en rapporter aux enseignements classiques? A quinze ans, décidé à étudier la médecine, Haller se rendit à Tubingue, il y apprit l'anatomie sous d'excellents maîtres tels qu'EnE Cassurarius et Georges Duvernois. Un anatomisle de Halle, nommé Georges Daniel Coschwitz, avait cru découvrir un conduit salivaire à la partie postérieure de la langue. Haller ayant entrepris des recherches sur ce sujet, Ddvernois se joignit à son disciple pour démontrer que ce prétendu conduit n'existait ni chez l'homme, ni chez les quadrupèdes. En 1725 Haller s'inscrit à l'Université de Leyde; Boerhaave y professait la médecine et la botanique ; Albinus, tout jeune encore, y enseignait l'anatomie, et Ruysgh, âgé alors de quatre-vingt-sept ans, y donnait le merveilleux exemple d'une activité scientifique inlassable. Animé par de si beaux modèles, Haller travailla avec tant d'ardeur que sa santé s'en ressentit; cependant, dès 1727, il avait conquis le titre de docteur; il avait choisi pour sa thèse le sujet déjà étudié à Tubingue avec Duvernois; il fit voir dans des préparations et des dessins très exacts que le soi-disant conduit excréteur décrit par CosciiwiTZ était en réalité un vaisseau sanguin. Les observations de Haller furent confirmées par Walther et par IIeister. Aussitôt après avoir pris ses grades, Haller quitta la Hollande pour voyager en Angleterre; il visita les hôpitaux de Londres, se familiarisa surtout avec la pratique de la chirurgie, fréquenta Hans Sloane, Douglas et Gheselden. Puis il vint à Paris où les Geoffroy, les de Jussieu, Le Drou, et surtout Winslow, le retinrent pendant plusieurs mois; Haller admirait profondément Winslow, et souvent, dans la suite, il le proposa comme modèle à ses élèves, parce que, disait-il, ce grand anatomiste avait horreur de l'esprit de système et se bornait à peindre fidèlement ce que lui révélaient ses habiles dissections. Après six mois de séjour Haller fut obligé [de quitter Paris par suite d'une circon- stance imprévue, et alors qu'il aurait voulu y rester plus longtemps : un de ses voisins, incommodé par ses dissections, dénonça Haller à la police; le jeune anatomiste, ne se croyant plus en sûreté, s'enfuit à Bàle. C'est là qu'en 1728 il rencontra Jean Bernouilli qui lui apprit la géométrie; séduit par cet enseignement, Haller, dans son enthousiasme pour ce qu'il considérait comme la suprême vérité, faillit renoncer à la médecine pour s'attacher aux mathématiques. Revenu à Berne en 1729, Haller se livra à l'exercice de la médecine tout en pour- suivant ardemment ses études scientifiques; si nous devons en juger par les publica- tions datées de cette époque, l'activité de Haller n'était pas concentrée encore sur la physiologie; la poésie, la botanique, l'anatomie, la littérature et la philosophie f occu- paient tour à tour; la poésie surtout : le célèbre recueil Versuch schweizerischen Gedichte, qui eut trente-neuf éditions et traductions diverses, date de 1732. Cependant, en 1734, on refusa à Haller la place de médecin de l'hôpital de Berne, qu'il avait sollicitée; il n'eut pas plus de succès dans sa candidature à une chaire de belles-lettres; mais on lui permit d'enseigner l'anatomie dans l'amphithéâtre de la ville. En 173o, ayant été nommé chef de la bibliothèque publique de Berne, il dressa un catalogue raisonné de tous les livres qu'elle contenait, et rangea, suivant leur ordre chro- nologique, plus de cinq mille médailles anciennes. Bien qu'il eût obtenu, en cette même année 1733, la place de médecin de l'hôpital 20i HALLER. qui lui avait été auparavant refusée, Haller accepta, en 1736, la chaire d'anatomie, de botanique et de chirurgie que lui offrait, à Gottingue, la régence de Hanovre. La pro- messe qu'on lui fit de subvenir à toutes les dépenses nécessaires pour l'exécution des grands projets qu'il avait formés en vue de l'organisation de l'enseignement l'engagea sans doute à cette expatriation ; l'Université de Gottingue venait d'être fondée par le roi d'Angleterre Georges II, électeur et duc de Hanovre; Haller y instaura d'une manière très complète l'enseignement médical, tant anatomique que clinique, en même temps que l'enseignement botanique. Haller passa dix-sept années à Gottingue; son labeur y fut immense : « on a peine à concevoir, dit Cuvier, la rapidité avec laquelle il put, au milieu de tous ses travaux et de son triple enseignement, faire paraître tant d'ouvrages, de commentaires et d'édi- tions d'auteurs avec préfaces, se livrer à tant de discussions et de polémiques et en même temps recueillir les matériaux d'ouvrages encore plus importants. » C'est à Gottingue, en 1747, que fut publié par Haller le premier traité de physio- logie qui ait vu le jour. On sait à quel point la physiologie avait été jusque-là l'humble servante de l'anatomie, et il n'est point sans intérêt à ce point de vue de relever et de comparer entre eux certains passages des préfaces successives écrites par Haller dans les éditions de son premier petit traité intitulé : Primœ Ibiex Physiologie in umm prœlcc- tionum academicarum. Disons d'abord qu'HALLER était resté fidèle aux enseignements de Boerhaave ; utilisant les textes et les commentaires qu'il avait recueillis pendant son séjour à Leyde, Haller expliquait chaque année à ses élèves les rn>ititutioncs de Boerhaave. Il publia même, en 1739, le résumé des leçons qu'il avait données pendant les trois années précédentes, sous le titre de Hcrmanni Boerhaave prselectiones academicœ. Les notions de clinique, d'anatomie et de physiologie se trouvant confondues dans cet ouvrage, Haller, dont l'esprit méthodique devait nécessairement souffrir d'une telle confusion, entreprit d'écrire une sorte de conipendium d'anatomie et de physiologie. Déjà il avait contribué à l'anatomie par la publication d'un atlas, commencé en 1743 et contenant des gravures faites d'après les pièces d'anatomie les mieux préparées pour ses leçons; puis il avait publié des observations sur les monstruosités et sur divers sujets d'anatomie. Dans le traité de 1747, c'est la physiologie qu'il aborde, comme son titre l'indique. Dans la première préface se trouve la définition souvent citée : Physiologia est animata anatome K Elle est évidemment d'une timidité voulue et d'une adroite diplomatie : Haller veut faire accepter par les anatomistes la physiologie telle qu'il la comprend; il sait qu'ils sont nombreux encore, les savants qui pensent que la fonction des parties ne peut se déduire que de leur structure, et, pour ouvrir la voie expérimentale, pour s'y engager comme l'avaient fait avant lui Galie.n, Harvey et quelques autres, il ne veut rien brusquer; grâce à son petit livre, l'évolution va se faire, les partisans de la physio- logie expérimentale vont devenir de plus en plus nombreux, si bien que, sans tarder, une deuxième édition deviendra nécessaire. La préface de cette deuxième édition est un peu plus hardie; cependant Haller n'ose pas déployer encore, comme il le fera plus tard, le drapeau delà physiologie autonome; mais il réduit la partie anatomique de son livre, et accorde une plus grande place à la physiologie : Betraxi, ex amicorum consilio, noimihil de ubertate anatomicarum descrip- tionum.... addidi physiologica aliqua niiper comperta'K En réalité les primai linex sont un traité de physiologie très méthodiquement ordonné, dont onze éditions et traductions successives démontrèrent la valeur. Le caractère dominant de ces écrits, comme du reste de tous les écrits de Haller, est l'étonnante richesse de la documentation : lorsque Haller traite un sujet, il l'épuisé en ce sens qu'il en donne la bibliographie complète avec des aperçus critiques d'une pro- fonde justesse. Ainsi les Pra?/echo/ie.s ne sont pas seulement un intelligent commentaire des leçons de Boerhaave, mais une œuvre nouvelle où se trouvent indiquées toutes les 1. » Erunl, qui objiciant meram me scripsisse unalomen. Sed Pliijslolofjia est animata ana- tome. » Préface datée du 21 septembre 1747. 2. Préface datée du 24 avril 1731. Alberti V. Haller. primx line.r Physiologias In usum pr, — — Orcliis petalis cauilatis » — Melampyruin floribus biantibus » 1736. — Couslitutionis variolosae Historia » — — Exomphalurn congenitum. — — Chcrleriani cum Icône. — — De Methodo Studii Botanici, i", Oott. 1. Prim.T lineœ Physiologi/e, Venetiis, \1^\ , p. 350. 2, Ibidem, p. 351. H ALLER. 209 SE TROUVE DANS : ... ^ , TT. . 1 ••,-.,/-, X. ( Omise, anat. 1737. — Quod Hippocrates corpora humana incident, 4", Gott. . . ..._,, „,,„ rp ^ ..... , Disp. Select. T. ii. — - Devasis cordis propri.s, 4° \ et opéra min. T. i. — — De motus sanguinis per cor, 4° Got Ihid. — — De Veronicis alpinis Programmata duo, 4". — — De Pedicularibus helveticis 4°. 1738. — De valvulà Eustachii, 4° Op. min. i. — — De vulnere sinus frontalis, 4° Opusc. pa/holog. — — Observationcs botanicae ex itinere hercynico, 4" Opusc. botanica. 1739. — De Allantoide humana Progr., Gott., 4°, 1739 ^ . . . Opusc. anat. T. ii. — — Observationes in fœminà gravidà factae, 4», Gott I , Vn •' ° {et op. min. i. ii. — — Do vasis cordis observationes; Gott i t Un mh T — — Hermanni Boerhave praelectiones cum notis Halleri, 8°, Gott. (1739 à 1744). — (Sept éditions) 1740. — Iter helveticum aiini 1739, 4°. Gott Opusc. Botan. „, .. • /„ o .. i Opusc. Anat. — — Strena anatomica, 4°, Gott < , . m ' ' [et op. min. 1. m. 1741. — De ductu thoracico, 4», Gott Op. min. T. i. — — Icon Diaphragmatis, f", Gott Icon. anat., fasc. 1. 1742. — Observationes myologicae, 4°, Gott. — — Duorum monstrorum Anatomc, 4°, Gott Opusc. anat. — — Programma de Fêle capite semi duplici, 4° Opusc. anat. — - De valvulà coll. 4«, Gott \^'!'P- ^^f^'t-J^- '■ { et op. min. T. i. ! Opusc. Societat. Upsal. et opusc. anat. et op. min. T. i. — — De omento Programma, f°, Gott Icon. anat . îusc . i . — — Enumeratio methodica stirpium helveticarum, f°. — Amethystina novum genus, Act. Upsal, 4°. „ . ^. . , ( Hambq. vermischte Bi- -^ — Descriptiones variorum morborum \ 1 1- n x ni '■ \ oliot/i. et opusc. pat/iol. ._,„ T^ • ■ • » * V • • /„ ^ ^. ( Disp. Select. T. ii. 1743. — De vera nervi intercostalis origine, 4°, Gott. . \ 4 ■ m ° ' ' {et op. mm. i. i. — — De arteriis bronchialibus et œsophagiis, 4° Disp. Select. T. m. — — Iconum anatomicarum fasc. I, fol., Gott., (Icônes Diaphrag- matis, omenti et baseos Cranii). — — Enumeratio Plantarum Horù Gottingensis, 8". ,^,, T>. . ... - ,„ i Disp. Select. T. IV. 1744. — De nervorum in arterias imperio, 4» l ,^ ■ m ^ ( Op. min. T. I. — — Flora Jenensis de H. Rupp, in 8°, augmenté et complété. — — Hermanni Boerhave Gonsultationes inedicae varis accessio-( ^ . xr • ■ i . o» { Comment. !\onc. nibus auctae, 8* ( — — Observationes aliquae botanicae. — — Steatoma ovarii. — — Scirrhus cerebelli N° 472, Philos. Trans. — — Cyani nova species, cum Icône Opusc.-path. 1743. — Iconum anat. fasc. II, fol°. (Arteria maxillaris interna, Thy- reoida inferior, caeliaca. Utérus humanus). — — Fœtus cerebro destitutus, 4°, Gott. — — De gencratione monstrorum Opusc. anat. V Disp. Select. T. v. — — De viis seminis observationes. Gott \ Philos. Tm/is. N» 498. ' Opéra min. T. 11. — — De allii génère naturali, 4° Opusc. Botanica. — — Praefatio germanica phytanthozoiconographiœ. (fol., Ratisbo- uae, 174.0). 1746. — De respiratione expérimenta anatomica, 4° Opusc. anat. — — Hermanni Boerhave, de morbis oculorum praelectiones. — — Hîstoria morborum Vratislaviensis, cum praefat., 4°. — — Disputationes anatomicae selectae, T. i-vii, 1746-17.52. DICT. DE PHYSIOLOGIE. — T. VIII. 14 210 HALLER SE TROUVE DANS Opusc. anat. 1747. — Expérimenta de respiralione, 4° \ Op^ra min. — — Iconum Anatomicarum fasc. III, f°, (Arteriae capitis, thoracis, mesenterii) . — — Primae lineae physiologiae, 8°, Gott., (11 éditions et traduct. différentes). ,,.,,,.. I Philos. Trans. — - Vetulaedissectio. . N" 483 et 492. — - Vena cava a crusta polyposa arctata | ^^ ^^^^^^^ ^^^^/^^^^ — — Praefatio germanica ad novalitteraria Gottingensia, ubi de of- ficiis eoriim agitur qui librorum censurani suscipiunt. 1748. — De foramine ovali et valvulâ Eustachii progr., f° Op. min. T. iv. 1749. — Opuscula botanica recensa aucta, 8°, (praeter dicta, hic extat oi'atio de utilitate Botanices) — — Iconum anatomicarum Fasc. IV, f", (Herniarum et vasorum pelvis icônes). — — Duo programmata de rupto in partu utero Opusc. pat h. — — De gibbo, 4° » — — De aortae et venae cavae gravioribus morbis » — — De valvulis vesicae felleae » — — De morbis pectoris » — — De quibusdam uteri morbis » — — De lierniis congenitis » — — De ossibus vitio natis » — — Pœmata 111. Werlhoffii, avec préface allemande, 8», Ha- novre. — — A short narrative of the Kings Journey to Gott.,' 8°. 1750. — Edidit ab hoc anno collectionem itinerum, avec préface aile- mande ' \ ^P''"'' 'J"''"' """• — — Préface de la traduction allemande de l'histoire naturelle de( Philos. Trans. Buffon. — (a été traduit en français) ^ N" 225-243. — — Expérimenta de respiratione cum eorum coroUariis. — — Expériences sur les fonctions du cervelet et du corps calleux. \ ^^^ ^oi/veau Magasin ' f Finançais. 1751. — Hermanni Boerhave methodus studii medici cum amplissimis auctariis, 4°, Amsterdam.. — — Opuscula anatomica de respiratione et monstris aucta ; 8''Got- tingue. — — Oratio de amœnitatibus Anatomes, 4° Op. min. T. m. — — Versio germanica libclli Cl. Forraey qui compendium est exa- minis Bayle libri olim scripti cum amplâ praefatione, ut ostenderet quanta mala in Rempublicam ex religionis ruina impenderent, 8°, Gott., i 751 (Préface française). — — Lettre à M. de Maupertuis avec sa réponse, 4°, Gott., 1751. _ „ 1 Tx- ( Comment. Soc. de Gott. — — De Hermaphroditis sermo ni * ^ \ T. i et op. min. — — Observationes botanicae et plusculae jjlantae novae Ibid. — — De cordis motu a stimule nascente novum experimentum. . . Ihid. — — Sermo de utilitate societatum litterarium Ihid. 1752. — Iconum anatomicarum fasc. V, f", (Artères du pied). — — De partibus corporis humani sensibilibus Comment. Soc. Gott. — — De partibus irritabilibus Ihid., in op. min, — — Observationes botanicae novarumque plantarum descriptio. . Ihid. 1753. — Iconum anatom. fasc. VI, f° — (Artères du bras). — — Enumeratio plantarum horti regii Gottingensis, 8°. — — De morbis colli; — De calculis felleis, — De partibus corpo- ) ris ".humani praeter naturam induratis. — Herniarium obser-> In Op. pathol. vationes. — De morbis uteris } — — De fabricis monstrosis. — De renibus coalitis. Gott., 4°. — — Expérimenta ad sanguinis motum turbatum per respirationem. Acad. Se. Paris. 1754. — Iconum anatom. fasc. VII, f" (Art. du cerveau, des yeux, de la moelle). — — Opuscula pathologica. Lausanne. 8°. . Op. min. m. — — De motu sanguinis experimentorum factorum corolearia . . Op.min. — Comm. Gott, 1755. — Expérimenta de partibus sentientibus et irritabilibus Op. min. — — De posthumis scriptis Hildani. HALLER 21* SE TROUVE DANS 1755 _ — Orchido classis fusa hisloria cum synonymiâ Act. Soc. Helvet. iv. — — Collectio disputationum chirurgicarum selectiorum cum praefa- tionibus et argumentis, Lausanne, 4°. J756. — Icon. anatomic. fasc. VIII, Golt., fol. — Ces tableaux sont repris dans l'Encyclopédie de Paris. — — De motu sanguinis expérimenta Op. min. — — Samnilung kleiner Hallcrisclier Schriften, Bern, 8° ^conte- nant, outre les écrits allemands cités, une préface que Haller mit à la léte d'une édition de la Bible). 1756. — Disputationum practicarum, VII vol. Lausanne, 4" (1736 à 1759). 1757. — Elementa Physiologiae corporis humani, VIII vol., Lausanne, in-4» {1737-1766) a eu 4 éditions. — — De formatione pulli in ovo. Lausanne, 4° Op. min. 1758. — Expérimenta priora de respiratione et nova alla in novum ordincm disposita, omissio omnibus eristicis édita. — Qua- ( 0/). min. tuor in commentarios divisa ; — — Deux mémoires sur la formation des os. Lausanne, in-12. — — Préface allemande pour l'Historia Ranarum de Roesel. — — Authentischer Act vom neueingerichteten Waysenhaus zu Bern. — Zurich, in-S". 1759. — Expériences sur les parties sensibles et irritables, Lausanne, 12, II vol. — — Un volume nouveau avec des expériences nouvelles et des ré- - ponses à diverses objections sur cette matière. . . S Op. min. 1760. — Novarum plantarum descriptiones (Soc Rov Gott — — Auctariorum et emendationum ad enumerationem stirpium helveticorum, pars I, Basil. in-4°. — Pars II, 1765 Acta soc. Helv. VI.— Pars III, ibid. t. V, 1761. — Pars IV, Berne, 1791, 8°. — Pars V et VI. Basil., 4" (1763-65). — — Enumeratio stirpium quae in Helvetia rariores proveniunt Lausanne, 8". 1761. — Adversus Ant. de Haen difficultates vindictae. Lausanne, 8". 1762. — Opéra anatomica minora, II, Lausanne. (-.,..,,. ( Op. min, et Mém. — — Observations sur les yeux des poissons \ T i c r, ■ •' ^ ( Acad. Se. Pans. 1763. — Histoire d'une maladie épidémique j o i, ' • ^ '"' '■ ^ ( Ac. Se. Pans. — — Verzeichniss der Baume und Stauden die in Helvetien wild wachsen (dans la coUect. de la Soc. économique de Berne). 1764. — Relation des travaux économiques de Roche (id.). — — Expériences sur l'évaporation de l'eau salée Mém. Ac. Se. — — Kurzer Auszug und Beschreibung der Salgwerke. Bern. in-8°. 1765. — De oculis animalium observationes anatomicae Op. min. — - Adnotationes de cerebro avium, piscium j J^'"'»' ,^'^«^- ^«'•''^'"- ( Op. anatoyn. 1767. — Oper. auatom. minor. t. II, Lausanne, 4°. 1768. — Oper. anatom. minor. t. III. Lausanne, 4°. — — Histbria stirpium helveticarum inchoata. III vol. Berne, 4». — — Nomenclator stirpium Helvetiae indigenariim. Berne, 8". — — Quelques articles botaniques dans leDict. del'Hist. natur. Principium artis medicae collectio. Hippocrate. 4 vol. in-8°. De herbis pabularibus, (collect. de la Soc. économique de) ^ ,-, „ c. gepne) \ Comm. Soc. Roy. Se. 1770. — De vento stati temporis Rupensi Nouv. Comm. Soc. GoU. — — Préface pour l'œuvre du vétérinaire Baron de Siud-Gotl. . . . — — Quelques articles du Supplément de l'Encycl. Paris. 1771, — Préface à la Pharmacopée helvétique. Bâle, f°. — — Bibliothecae medicae pars bntauica, t. I, Tiguri 4°. — — De nervis cordis divinatio ad tabulam Anderschii Nouv. Comm. Soc. Gott. — — Usong, eine morgenlandische Geschichte. Berne, 8°. — — Aretaei opéra cum praefationibus. Lausanne, 8°. ill'i. — Bibliothecae medicae pars botanica, t. II, Tiguri, 4". — — Brief uber die wichtigste Wahrheiten der Olfenbarung. Berne, 8°. 1769. 212 HALLIBURTON (W.-D.)- SE TROUVE DANS : 1772. — De partibus corporis humani senticntibus sermo III Nom. Comm. Soc. Gott. — — Ad encyclopediam Ebrodunensem ejusque tomum F et sequen- tia addenda. — — Kleine deutsche Scliriften. t. III. Extrait de Ditton sur la Résurrection. — Relation de Edgedius sur la Mission du Groenland. — Extrait de l'insectologie de Bonnet. — Quelques lettres de Voltaire avec les réponses. — — Alcxandri Tralliani opéra cum praefatione. Lausanne, 12°. 1773. — Alfred, Kônig der Angelsachsen. Bern, 8°. — — De partibus corporis humani irritabilibus Nouv. Comm. Soc. Gott. — — De lue boum (collect. de la Soc. éeon.) Ibid. — — Additions et préface ad. J. Scbenchzeri Agrostographiam. . . — — Description d'une plante monstrueuse. Tiguri, 4° Acad. Roy. Se. Paris. — — Celsi Opéra cum prael'atione, II vol. Lausanne, 8°, 1774. — Fabius und Cato. Berne. — — Bibliothecae anatomicae, t. I et IL 4", Tiguri, 1771 et 1777. — — Bibliothecae chirurgicae, 1. 1 et IL 4°, Basil. 1771-1775. — — Tritici historia Nouv. Comm. Soc. Gott. — — Caelius Aurelianus cum praef., Lausanne, 8°, II vol. 1775. — Briefe zur Vertcidigung der Offenbarung. III vol. 1775-1777 Bern, 8°. — — Historia Hordei, Avenea, Secalis Nouv. Comm. Soc. Gott. 1776. — Bibliotheca practica, Basil. II vol., 1776-77 — — Sermo de Opii efficacia in corpus humanum '. . Comm. Gott. 1777. — De morbis rarioribus . Ibid. — — De Functionibus corporis humani praecipuariun partium. II vol. Berne, 8°, 1777-78. — — Elementa Physiologiae aucta I vol., 4°. En outre collaboration dans la Bibliothèque raisonnée, Gottingische Anzeigen von Gelehrten, etc. divers journaux suisses, allemands, etc. HALLIBURTON (W. D.), professeur à King's Collège, Université de Londres. Bibliographie. — 1. Text-Book of Chemical Physiology and Pathology. Longmans. Green and C", London, 1891. — 2. Essentials of Chemical Physiology. Longmans, Green and C°, London, 6*^ éd., 1007, — 3. Handbooh of Physiology. John Murray, London, 8^ éd., 1907. — 4. The Chemical side of Nervous Activity [Croonian lectures delivered before the Royal Collège of Physlcians, London). 1901. Baie, Sons, and Danielson, London, 1901. — • 5. Biochemistry of Muscle and Nerve {Herter lectures delivered before the University and Bellcvue Hospital Médical Collège, New-York, 1904.) J. Murray, London, 1904. — 6. Collected papers from the physiological Laboratory King's Collège, London, i-viii, 1893-1908. 1. Abnormality of the Biceps [J. Anal, and PhysioL, xv, 296-297, 1879). — 2. Proteids of sérum {Proc. Roy. Soc, 232, 1884, 1-6). — 3. Id. {Brit. Mcd. J., 1884, Jtdy 26). — A.Id. (J. P., V, 152-194,1885). — 5. Chemical composition of cartilage in invertebrate animais {Proc. Roy. Soc, 235, 1885). — 6. Chitin in cartilages of limulus and sepia {Quart. J. Micr. Science, xxv, 173-18J, 1885). — 7. Chemical [composition of Zoocytium of Ophrydium versatile {Ibid., July 1885). — 8. Proteids of the Blood {Brit. Med. J., July 25, 1885). — 9. Blood of Decapod crustacea {J. P., vi, 1886, 300-335). — 10. Haemoglolin and Methaemoglobin crystals {Proc. physiol. Soc, Feb. 13, 1886). — ii. Blood of Nephrops Norwegicus [Report of Scotch Fisheries Bourd, 1886, 171-176). — 12. Blood Proteids of loiver vertébrales {J. P., vu, 319-323). — 13. Colouring matter of birds sérum (I6«d., 324-326). — 14. Hœmoglobin crystals of Rodents Blood {Quart. J. Micr. Science, xxviii, 1887, 181-199). — 15. Methaemoglobin crystals [Ibid., 201-204]. — 16. Muscle Plasma {Proc. Roy. Soc, xui, 400-401, 1887. — 17. Id. {J. P., viii, 133-202). — 18. Proteids of lymph cells {Proc physiol. Soc, Feb. M, 1898). — 19. Nature of fibrin ferment {Ibid., June 16, 1868). — 20. Coagulation of the Blood {Proc Roy. Soc, xliv, 255-268, 1888). — 21. Natur of fibrin ferment (J. P., ix, 229-286, 1888). — 22. Proteids of Milk {Brit. Med. J., May 23, 1891). — 23. Id. (J. P., XI, 449-464, 1890). — 24. Chemical investigation of tissues in cases of myxaedema {Chemical Society's Trans., xxi, Suppl., 1890). — 25. Pathological effusions {Brit. M. J., July 26, 1890). — 26. Mucin in Myœœdeina (J. of Pathol. and BacterioL, May, HALLUCINATION. 213 1892). —27. Chemical Phi/siolofn/ of the animal Cell {Brit. Med. J., Mardi, 41-18-25, 1893). — 28. Stromata of the Red Corpuscules {wilh D'' Friend) (J. P., x, 532-549. 1889). — 29. Cere- bro spiJial Fluid. {J.P., x, 232-238, 1889. — 30. Proteids of Kidney and hiver Cells {Ibid., XIII, 806-846, 1892. — 31. Proteids of Nervous tissues (Ibid., xv, 90-107, 1893^. — 32. Composition and nutrition value of Biltong {Brit. Med. .T., April 12, 1902). — 33. The Patho- loyij of gastric tetanij [with J. S. Kendrick) {Ibid., June 29, 1901). — 34. The Chemistry of Nerve degeneration {with F. W. Mott) {Proc. Roy. Soc, xlviii, 149-150. Fidl paper in Phil. Trans. of the Roy. Soc, cxciv, B, 437-486, 1901). — 35. The effcct of salts of potas- sium, ammonium and bile salts upon broad persons {with A. Edmu.xds). {Brit. Med. J., Jan. 14, 1904). — 36. Digestion and absorjHion of Hacmoglobin {Ibid., April 9, 1904). — 37. The use of borax and formaldehyde as preservative of food {Ibid., July 7, 1900). — 38. Nucleo-albumîns and intravascular coagulation {with T. G. Buodie) (J. P., xvii, 137-173, 1894). — 39. Intravascular coagulation produced by synthesised colloids {with J. W. Pickering) {Ibid., xviir, 285-305, 1895). — 40. Nucleo-proteids {Ibid., xviii, 306- 318, 1898). — 41. Action of pancreatic juice on Milk {with T. G. Brodie) {Ibid., xx, 97- 106, 1896). — 42. Proteoses in serons effusions {with J. P. Colls) (J. Pathol. and BacterioL, III, 293-299,1895). — 43. Effects on Blood- Pressure of choline, neurine and allie d substances [with P. F. W. Mote), {Proc. physiol. Soc, Feb. 14, 1897; Feb. 12, 1898 and Feb. 18, 1898). — 44. The physiological action of choline and neurine {with F. W. Mott) {Proc. Roy. Soc, Lxv, 91-94, 1899. Full paper in Philos. Trans. of Roy. Soc, cxci, b, 211-267, 1899). — 45. Observations on the cerebro-spinal fluid in the human subject {with L. Hill and Saint-Clair Thomson) {Proc. Roy. Soc, lxiv, 343-330, 1899). — 46. The Blood in Beri-beri {with F. W, Mott) {Brit. Med. J., July 28, 1899). — 47. Effect on Blood Pressure of pro- teolytic products {with G. G. L. Wolf) (J. P. xxxii, 171-174). — 48. Régénération ofnerves {with F. W. Mott anrf A. Edhunds) {Proc. physiol. Soc, March 19, 1904). — 49. Id. {Proc Royal Society, B. Lxxviii, 1906, 259-283). — 50. Beat contraction in nerve {with T. G. Brodie) {Proc physiol. Soc, July 11, 1903).— 51. Id. {J.P., xxxi, 47.3-490, 1904). — 52. The supra- renal capsules in nervous and other diseases {with F. W. Mott) {Proc. physiol. Soc, Jan. 20, 1906, et Archives of Neurology, m, 123-142, 1907). — 53. The coagulation tempe- ralura of cell-globulin and its bearing on hyperpyrexia (with F. W. Mott) {Archives of Neurology, ii, 1903). — 54. The physiological effects of extracts of nervous tissues {J. P., XXVI, 229-243, 1901). — 55. Fatigue in non-medullatcd nerves {with T. G. Brodie) (J. P., xxviii, 181-200, 1902). — 56. Diabètes mellitus from the physiological standpoint {The Practitioner, July 1907). — 57. Biochemistry of nervous tissues {Folia neuro-biologica, i, 38-45, 1907). — 58. Neic facts in relation to nervous degeneration and régénération {Brit. Med. J., May 4 and 11, 1907). — 59. The repair of a nerve {Science progress., Jan. 1908). — 60. Localisation of function in the Brain of the Lemur {with F. W. Mott) [Proc Roy. Soc, Lxxx B., 136-147). Divers. — 1. Articles Blood, Milk, Muscle Proteids in Watt's Dictionary of Che- mistry (Longmans, Green and Co, 1890). — 2. The progress of physiological Chemistry, in the Annual reports of the chemical Society, London. Volume I, 1903, pp. 160-191 — II, 1906, — 212-237 — III, 1907, — 227-255 — IV, 1908, — 226-260 3. Presidential address. On uric Acid {Brit. Med. J., Sept. 1901). — 4. Presi- dential Address. On Protein Nomenclature {Brit. Med. J., August. 1901). — 5. Presiden- tial Address to the Section of Physiology, British Association of the Advancement of Science. Belfast meeting 1902. On the Présent position of Chemical Physiology {Brit. Assoc Reports, 1902). — 6. Addresses to the Pathological Society, London. — l.On the Pro- teids of the urine {Trans. path. Soc, u, 128-140, 1900). — II. On récent progress in Proteid Chemistry {Ibid., lvi, 158-172, 1905). — 7. 'Article CEdema,in Allbutt's System of medicine. (In the press.) HALLUCINATION. — L'hallucination (du latin hallucinatio ou hallu- cinari, se tromper, s'abuser) est, dit Esquirol, « la conviction interne d'une sensation 2U HALLUCINATION. actuellement perçue, alors que nul objet extérieur propre à exciter cette sensation n'esta portée des sens » (Esquirol, Maladies mentales, I, 80). Définition que Ball résume en disant : « L'hallucination est une perception sans objet. » L'hallucination différerait donc de la simple illusion sensorielle, qui n'est qu'une perception fausse. Mais pratique- ment les deux phénomènes sont parfois difficiles à distinguer, et cette distinction est d'ailleurs trop souvent entachée d'arbitraire, correspondant fort mal à la réalité des faits. Nous chercherons ici, non à faire une revue générale de la question hallucinations, mais à fournir aux physiologistes quelques données élémentaires et indispensables sur la structure et le mécanisme de ces phénomènes. A dessein, nous négligerons certains côtés pathologiques relevant plus directement de la psychiatrie, pour pouvoir insister quelque peu sur le mécanisme de nos images et de nos représentations mentales. Nous nous occuperons donc dans cet exposé des hallucinations sensorielles, des hallucinations psycho-motrices ou psi/chiques, et des hallucinations symboliques. Nous comprendrons sous ce titre, qui nous est suggéré par Charles Richet, les hallucinations réelles ou télépa- thiques. Nous ne parlerons pas des hallucinations hypnagogiques, qui ressortent de la psycho- physiologie du rêve, ni des hallucinations autoscopiques, très discutables et probable- ment très souvent consécutives à un trouble de la personnalité, ni des hallucinations négatives, si incertaines, qui d'ailleurs semblent relever uniquement de la pathologie de l'hystérie. I Recherches anatomo-physiologiques. — Il nous est impossible de faire en un exposé de quelques pages l'historique complet de ces recherches. Nous ne nous arrêterons donc qu'à celles qui ont apporté soit un fait précis, soit un fait nouveau. Pour HoppE {Remarques adressées à la théorie de Arndt sur les hallucinations et les illu- sions. Traité de Psychiatrie, 110-112, xix, et Jahrh. f. Psych., vi, 2-3, in Archives de Neu- rologie, 1887-88, 274, n), les hallucinations de la vue émanent d'impressions périphé- riques ayant leur origine dans les éléments intra-oculaires. Toutes les hallucinations ont leur origine dans l'organe sensoriel. PiERACciNi a noté deux cas d'hallucinations visuelles disparaissant dès que le sujet ferme un œil et réapparaissant dès qu'il ouvre les yeux. Mais Tauteur pense qu'il n'y a là qu'une auto-suggestion. (Pieracgini : Un phénomène non décrit dans les hallucinations visuelles. Rivista sp. di freniatr., xvui, fasc. 2, 1892). S'il s'agit d'auto-suggestion, rap- pelons que LiEPMANN a provoqué, par la pression des globes oculaires, des hallucinations chez une hystérique, à la fin d'une crise (Liepmann, remarques additionnelles au travail de M. Algheimer intitulé : Des hallucinations provoquées par la pression du globe oculaire. » Centralbl. f. Nervenheilk., xix, 1896). Des recherches ont été tentées sur l'action d'un courant électrique. KoNRAD, excitant les nerfs périphériques sensoriels des sens atteints d'hallucina- tions, trouve que ces sens présentent des réactions anormales. « Dans l'immense majorité des cas d'hallucinations vraies (12 faits sur 20 malades) on a constaté de l'hyperesthésie (avec ou sans modification de la formule normale) du côté de ['acoustique; il semble que ce résultat ne se produise pas dans les cas d'hallu- cinations frustes. Sur les 12 faits en question, d'hallucinations véritables, plastiques, on note 10 cas d'hyperesthésie de l'auditif à l'égard du courant : un cas de simple modifi- cation de la formule, un cas de torpeur du nerf ». (Konrad, Jahrb. f. Psych., vi, 2-3, Archiv. deNeurol., 1887-88, 274, i. Anal, par Kéraval.) Ball a provoqué des hallucinations sensorielles élémentaires par le courant galva- nique. Il rappelle que « depuis longtemps, la possibilité de provoquer des sensations auditives et visuelles par l'action du galvanisme avait été signalée, par Longet et d'autres observateurs, lorsque les recherches de Brenner vinrent démontrer qu'en fai- sant passer un courant continu à travers l'oreille, on pouvait constater une véritable hyperesthésie du nerf acoustique chez plusieurs individus, et plus particulièrement chez ceux qui sont atteints d'une surdité plus ou moins complète. L'exploration se fait de la manière suivante : l'un des rhéophores est appliqué sur l'oreille (ou dans son HALLUCINATION. ^213 voisinage immédiat) ; l'autre est posé sur un point quelconque de la surface cutanée. Chez les sujets dont l'ouïe est à l'état normal, lorsque le courant est d'une intensité suffisante, un bruit est perçu, soit au moment oii l'on ouvre le circuit, soit au moment où on le ferme : le phénomène se produit au moment de l'ouverture, si le pôle positif est en rapport avec l'appareil de l'ouïe, au moment de la fermeture, si c'est le pôle négatif». ( Ball, Leço?îs sur les maladies mentales. 2^ édit., 1890, 1042, 116). Notons que les auteurs ont aussi constaté (Féré, Mouvements de la pupille et propriété du prisme dans les hallucinations provoquées des hystériques. Progrès médical, 1881, 31 dé- cembre, n° o3) la rétraction ou la dilatation de la pupille selon que l'hallucination visuelle s'approchait ou s'éloignait. « L'expérience suivante, ajoute Féré, servira à prouver que, dans les hallucinations provoquées, l'objet est bien vu comme un objet réel et qu'il est vu des deux yeux sui- vant les lois physiologiques ordinaires. Sur 2 malades nous avons observé ce qui suit ; Pendant le sommeil hypnotique ou pendant la catalepsie on leur inculque l'idée qu'il existe sur une table, de couleur sombre, un portrait de profil; à leur réveil, elles voient distinctement le même portrait. Si alors, sans prévenir, on place un prisme devant un des yeux, immédiatement le sujet s'étonne de voir 2 profils, et toujours l'image fausse est placée conformément aux lois de la physique. Deux de ces sujets peuvent répondre conformément dans l'état cataleptique, ils n'ont aucune notion des propriétés du prisme : d'ailleurs on peut facilement leur dissimuler la position précise dans laquelle on le place; et il est aisé de les rapprocher assez de la table pour que celle-ci ne soit point elle-même doublée, ce qui pourrait servir d'indice; nous avons répété la même expérience avec succès sur un mur à surface uniforme. Si on presse latéralement sur un globe oculaire de façon à déranger l'axe optique, on pro- voque la même diplopie, qui a déjà du reste été notée par ce procédé dans les halluci- nations spontanées chez certains aliénés (Brewster). « Despine a pu constater, par la pression latérale du globe oculaire, ce même dédoublement de l'objet fictif dans les hallucinations spontanées d'un hystérique mâle; Ball a observé un autre fait semblable. « Un point intéressant à remarquer, c'est que, pour une distance donnée, le prisme provoque ou ne provoque pas un dédoublement de l'image, suivant qu'on le place devant l'œil le plus amblyopique. Du reste, à l'état de veille, on observe le même phéno- mène dans la vision des objets réels. Une de nos malades, complètement achromato- psique d'un œil, ne peut avoir d'hallucinations colorées de cet œil, et, si on lui suggère l'idée d'une figure géométrique colorée en rouge, par exemple, cette image ne peut pas être dédoublée par le prisme. Il n'y a aucune contradiction entre tous ces faits. » (Féré, lac. cit., ibid.) Les hallucinations, d'ailleurs, peuvent quelquefois être interceptées par l'inter- position d'un corps opaque. Chez certains sujets l'obscurité est indispensable à leur production. Ball {loc. cit., 74) rappelle que parfois l'occlusion des paupières est indis- pensable à l'hallucination visuelle, et que, dans d'autres cas, c'est en fermant les yeux qu'on la fait cesser. Les aveugles peuvent avoir des hallucinations visuelles; et les sourds, des hallucinalions auditives. Les hallucinations suivent parfois le mouvement des globes oculaires; elles peuvent être unilatérales, surtout, nous a-t-il semblé, dans les cas nettement pathologiques. Les modifications anatomo-pathologiques atteignant la périphérie des organes sen- soriels peuvent être suivies d'hallucinations. Les auteurs, à tort, paraît-il, se sont trop souvent fondés sur ces faits pour exagérer l'importance des troubles sensoriels dans la genèse des hallucinations. Rappelons seulement que des ulcères de la cornée ont pu donner lieu à des hallucinations visuelles très prononcées (Ball, op. cit., 108). CoRONAT citeun cas d'otite catarrhale gauche précédée d'hallucinations auditives unilatérales qui disparurent après la guérison de l'otite {Hallucinations auditives dues à Votite moyenne catarrhale et disparues avec celle-ci. Archives génér. de médecine, avril 1898, n° 4, 492). Baillarger, Férk ont rapporté d'intéressantes observations dans le même sens. Les recherches physiologiques semblent donc établir que l'appareil périphérique joue un rôle dans la production des hallucinations. Mais, si l'on s'éloigne de la périphérie. 216 HALLUCINATION. pour se rapprocher du centre, on observe les mêmes phénomènes. On a même ren- contré à l'autopsie des lésions cellulaires corticales sur des sujets ayant présenté des troubles hallucinatoires pendant leur vie. Remarquons toutefois que les causes d'erreurs les plus graves peuvent se glisser dans les conditions nécropsiques faites en ces cas si délicats. Ghaumier a cependant rapporté, au Congrès de Lyon de 1891, un intéressant cas d'hallucination visuelle persistante, consécutive à une lésion intracranienne et à l'atro- phie des nerfs optiques. « Il s'agit d'un malade de 62 ans, présentant une atrophie des deux nerfs optiques, s'accompagnant d'hallucination interne de la vue. Celte observation présente plusieurs particularités intéressantes, tant au point de vue séméiotique, qu'au point de vue de la physiologie psychologique. Outre les lésions de l'appareil oculaire, produisant une double hémianopsie, mais différente pour les deux yeux, notre malade a des hallu- cinations dont l'intensité a suivi la marche progressive à l'atrophie de la rétine. Ce dernier fait tendrait à démontrer que des lésions dégénératives, tout aussi bien que des lésions irritatives, d'un appareil sensoriel peuvent s'accompagner de troubles hallucinatoires. « Enfin, un autre fait intéressant au point de vue de la physiologie psychologique repose dans la marche progressive et la généralisation des troubles sensoriels. Au début de son affection, notre malade ne se plaignait que des hallucinations de la vue. Les troubles auditifs, les illusions de la sensibilité générale se manifestent secondairement, en vertu de ce principe que nos sens réagissent les uns sur les autres et se complètent mutuellement, de telle sorte que le mauvais fonctionnement de l'un d'entre eux entraîne inévitablement des troubles de tous les autres. » (Chaumier, Congrès des médecins alié- nistes de langue française, session de Lyon, août 'lS9i . Archives de Neurologie, 1891- 1892, 251.) Lamy parle d'une femme hémianopsique qui présenta des hallucinations visuelles dans la partie anopsique du champ de la vision. « L'hallucination est remarquable par son caractère singulier et par sa persistante uniformité. C'est une figure d'enfant renversée, dont les deux yeux et le front seule- ment sont bien nettement apparents. Il s'y joint quelques hallucinations auditives, mais beaucoup moins précises et moins constantes, et n'ayant pas le caractère unilatéral. » (H. Lamy, Hémianopsie avec hallucinations dans la partie abolie du champ de la vision. Congres des aliénistes et neurologistes de France et des pays de langue française, 10 août 1894.) HiGiER, dansun travail très intéressant, cite une observation que nous retiendrons : il s'agit encore d'une femme chez laquelle l'hémianopsie s'est accompagnée d'halluci- nations visuelles du côté anopsique: hémianopsie et hallucinations disparurent ensem- ble. Pour HiGiER, il ne s'agit ni d'une lésion sensorielle, ni d'une lésion cérébrale. La céphalalgie et les hallucinations relevées dans son observation tiendraient à une crampe 'périodique des vaisseaux de la sphère optique corticale de Vhémisphère gauche. (H. Higier, Des hallucinations unilatérales. Wiener Klinik, juin 1894). Hertz s'est surtout fondé sur les résultats d'un certain nombre d'autopsies. Nous avons dit avec quelle prudence ces autopsies devaient être conduites, et quelles erreurs cette méthode pouvait introduire. Rappelons pourtant les conclusions de ce travail consciencieux. Deux des cas de Hertz témoignent d'une perforation de la table vitrée du crâne, qui semble à première vue comme rongé par des granulations de Pacghioni. Ce ne sont pourtant pas ces granulations qui ont agi; car la dure-mère est intacte : la substance cérébrale s'est imprimée dans les fossettes, de sorte que les lobes tem- poraux sont transformés en proéminences distinctes, en forme de mamelons. On peut donc supposer, d'après l'auteur, que les districts centraux intéressés avaient été, pendant la vie, le siège d'excitations fonctionnelles inégales. Dans une autre observa- tion, le crâne d'une hallucinée de l'ouïe présentait en outre, dans les deux fosses tempo- rales, deux bourrelets osseux correspondant aux sillons temporaux inférieurs qui for- maient des crêtes aiguës; il en résultait un enchatonnement plus prononcé de ces deux régions cérébrales; d'oîi excitations inégales de la substance nerveuse. (Hertz, Contribu-. HALLUCINATION. 217 tion à Vanatomie pathologique des hallucinations sensorielles. Société psychiatrique de la province du Rhin. Séance du 46 juin 1883. Archives de Neurologie, 188b-86, i, 448. Anal, par Kéraval). Ajoutons d'ailleurs que la substance cérébrale projetée dans les fos- settes anormales n'a pas été soumise à l'examen microscopique. Nous renvoyons à ce que dit J. Soury des lésions concomitantes aux hallucinations. (Voy. Cerveau.) Toutes les observations que nous venons de rappeler ont un caractère commun : elles accordent un rùle plus ou moins important, plusou moins défini, aux modifications anatomo-physiologiques des organes des sens, et cherchent la genèse et le mode de production des hallucinations dans ces modifications, qu'elles portent sur les extré- mités périphériques ou sur les cellules corticales. II Mécanisme psycho-physiologique. — Dans certains cas le jeu des images men- tales semble être la véritable cause d'hallucinations. Un malade cité par Ball, bien que ne délirant sur aucun sujet, chaque jour « apercevait tout à coup une araignée suspendue à un fil, au milieu de sa chambre; il la voyait grandir progressivement devant ses yeux, et remplir enfin toute la pièce, dont il était forcé de sortir, pour n'être point étouffé par cet horrible et gigantesque animal ». (Bali,, Revue Médicale, 1875, I., 34.) Souvent, sur un point de départ objectif ou sur un léger substratum organique, l'ima- gination brode, édifie des constructions mentales morbides plus ou moins compliquées. Chagnon parle de deux malades dont les hallucinations ne sont qu'un jeu d'images men- tales sur une impression auditive ou tactile absolument nécessaire à le\ir production. Les bruits (bruits de pas, bruit de l'eau qu'on verse dans un verre, etc.), des sensations tac- tiles (grattage) les provoquent. Dans le calme absolu, les malades n'ont aucune halluci- nation. (Chagnon, Deux cas d'hallucinations auditives périphériques. Soc. méd. psychol. de Québec, Bulletin médical de Québec, Décembre 1899, 201.) L'imagination semble jouer un rôle plus grand encore dans certains cas oili l'halluci- nation très nettement localisée dans l'espace a toute l'intensité d'une perception réelle et semble soumise aux mômes lois. S'il s'agit par exemple d'hallucinations visuelles, elles seront soumises aux lois ordinaires de la réflexion et de la réfraction. BixET et FÉRÉ [le Magnétisme animal, 3« édit. Paris, Alcan, 1890, 166, 183, 284) ont exposé et observé un assez grand nombre de ces cas. Nous ne retiendrons que l'expé- rience de la lorgnette et celle du prisme, caractéristiques au pointdevue du rapport entre l'image hallucinatoire et les modifications provoquées dans le champ visuel du sujet. « On peut faire apparaître, disent Binet et Fkrk, le portrait d'une personne quelcon- que sur un carré de papier blanc, et exécuter sur ce portrait imaginaire uue série d'ex-- périences qui ne sont que le développement de celle de la lorgnette, car elles reviennent toutes, en dernière analyse, aune application des lois de la réfraction. On approche du portrait imaginaire une loupe : le malade déclare qu'il s'agrandit. On incline la loupe : le portrait se déforme. On place le carton de papier à une distance égale à deux fois la distance focale de la lentille : le poi'trait est vu renversé. Ces expériences ne réussissent pas toujours; mais il suffit qu'elles aient réussi une fois dans de bonnes conditions pour être réelles... «On place sur le papier blanc, quiporte le portrait imaginaire, un prisme à réllexion totale ; la malade ne peut être avertie de ce qui va se produire par la res- semblance de ce prisme avec un miroir; cependant, enregardant la face hypoténuse du prisme, elle ne manque jamais d'y voir un second portrait semblable au premier. Pla- çons maintenant le portrait devant un miroir; si on a suggéré que le profil est tourné à droite, dans le miroir le profil est tourné à gauche. Donc l'image réiléchie est symétri-' que de l'image hallucinatoire. Si on renverse le papier, il paraît lourné à droite et le portrait apparaît la tête en bas. Remplaçons le portrait par une inscription quelconque sur plusieurs lignes: dans le miroir l'inscription est lue h rebours. Si on renverse le papier suivant ses bords, l'inscription est lue renversée de iiauten bas. » Nous avons nous-même longuement expérimenté sur le mécanisme interne des hallucinations sensorielles. (N. Vaschide et Cl. Vurpas. Contributions expérimentales à la psycho-physiologie des hallucinations. .Tournai de Neurologie, n° 9, 1902.) Voici les prin- 218 HALLUCINATION. cipales conclusions auxquelles nous avons été conduits à la suite de ces recherches : (( 1° Une hallucination peut surgir et évoluer parallèlement à beaucoup d'autres phénomènes mentaux; elle subit les mêmes lois que toutes les sensations et toutes les perceptions concomitantes ou survenues simultanément dans un même champ de conscience. Il s'agit ici spécialement des hallucinations visuelles. Nos recherches sur ce point concordent absolument avec toutes les observations analogues. « 2'* Une hallucination peut prendre sa source, par certains de ses éléments fixes et immobiles, dans des modifications que provoquent des troubles ou des changements bio-physiologiques ou psycho-dynamiques. Elle semble avoir dans ses éléments une con- figuration à part bien définie, en tant qu'image mentale. Par son caractère objectif, elle renferme le même coefficient d'abstraction que celui que possède en elle-même chaque perception. « 3° Une hallucination semble naître d'autant plus facilement que le sujet est dans un état de distraction plus complet. Elle apparaît comme un phénomène de disconti- nuité dans le champ de la conscience individuelle. Chaque phénomène d'attention lui fait subir ces oscillations d'autant plus intenses que l'attention se systématise et réclame pour elle-même un plus grandnorabre d'images, dont les points de repère sont néces- saires à la synthèse individuelle du sujet. Il y a là, en somme, une orientation et une désorientation successives, dues au même processus, qui est celui de la distraction, ou d'une diminution dans le nombre et surtout l'intensité des images mentales, ou mieux encore dans un coefficient psychique. Il y a beaucoup d'analogie avec le mécanisme même de la vie mentale consciente, qui fonctionne sous l'impulsion des impressions sensorielles du milieu biologique, incitations provocatrices de réactions consécutives physiques, psychiques ou autres, plus ou moins définies. <( 4° L'hallucination provoquée, soit par [la suggestion, soit par des modifications physiologiques, nous semble se rapprocher sensiblement, par un grand nombre de ses éléments, de l'hallucination due à des troubles organiques liés à des lésions, soit de l'appareil périphérique, soit du système nerveux central. ;I1 y a là, en somme, le mêmepro- cessus qualitatif, sinon quantitatif. Une lésion organique provoque sans doute une dés- orientation, et en même temps une perte de certaines images, ouplutôt une perturba- tion et une déformation daiis les impressions qui en arrivent au sujet, en même temps qu'elle affaiblit et diminue le pouvoir de contrôle du sens lésé pathologiquement. Ce contrôle continuel et permanent s'accomplit normalement par toutes les impressions, de quelque nature qu'elles soient, alimentant sans discontinuité la conscience du sujet et lui permettant déjuger et de vérifier constamment ses impressions et ses sensations mentales les unes par les autres. De ces vérifications constantes, le plus souvent auto- matiques, naît le bon équilibre, dans un système logique et bien coordonné, de données exerçant constamment des actions mutuelles et réciproques lesunessur lesautres. L'ab- sence de ce contrôle sensoriel, jointe à l'état de distraction, sinon général ou de l'intel- ligence tout entière, du moins partiel etn'atteignant qu'un sens isolé, favorise l'apparition d'hallucinations, sinon générales, du moins limitées à un sens spécial particulier. » Plus tard, je me suis efforcé de préciser dans quelle mesure les hallucinations, et en particulier les hallucinations des aliénés, sont liées aux troubles physiques accusés par les sujets. Ayant examiné expérimentalement vingt-quatre sujets aliénés, je n'ai trouvé aucun rapport entre les troubles sensoriels et les localisations des hallucina- tions accusées. Je me contente ici de constater ce désaccord psycho-physiologique. (N. Vaschide, Recherches expérimentales sur la localisation des halbicinations chez certains aliénés. V^ Congrès international de Psychologie. Avril 1905.) III Hallucinations psycho-motrices. — Ce phénomène mental, peu étudié, très peu analysé surtout, est connu sous le nom d'hallucinations psycho-motrices, préférable, semble-t-il, au terme d'hallucination psychique, trop répandu dans la littérature médi- cale et psychologique depuis Baillarger. Nous ne voulons pas faire ici l'historique de ces hallucinations, ni rappeler leur description clinique : ce serait trop insister sur le HALLUCINATION. 219 côté médical de la question, alors que nous essayons uniquement de faire saisir le mécanisme des hallucinations. Rappelons seulement, avant d'exposer notre conception personnelle, que certains auteurs ont émis l'hypothèse d'un éréthisme cortical des sphères correspondant aux mouvements de la langue pour expliquer les hallucinations motrices verhales, et qu'ils ont invoqué certaines lésions ultimes en foyers qui ne seraient que des ruptures vasculaires dues à [l'éréthisme préalable. (Séglas, A. Marie, Vallon et Sérieux.) Dans un grand nombre de cas, l'hallucination psycho-motrice est produite par les fausses interprétations d'une introspection mentale exagérée. Le malade s'étonne des découvertes que lui révèle sou introspection maladive, et, dans l'ignorance oîi il s.e trouve des diverses lois de notre vie mentale, il s'étonne de trouver en lui des pensées qui sont contraires à ses sentiments et à ses croyances. Il attribue donc tout naturel- lement à ces pensées une origine exagérée, et lorsque l'image mentale de ces pensées est assez intense, elle se traduit par une réaction motrice qui consiste dans la diction des phrases pensées. Ce mécanisme n'est naturellement pas celui de toutes les formes de l'hallucination psycho-motrice, mais nous le pouvons déceler assez souvent. Ce qui importe avant tout, lorsqu'il s'agit' d'interpréter une hallucination psycho-motrice, c'est l'examen psychologique détaillé de chaque cas particulier. Si l'on fait méthodiquement cet exa- men, on trouvera que, dans un très grand nombre de cas, le langage intérieur, qui vient troubler si fortement les conclusions introspectives du malade, est à l'origine même de l'hallucination psycho-motrice. Il nous semble donc, en résumé, que les hallucinations psycho-motrices en général peuvent recevoir dans leur mécanisme et leur genèse une explication toute psycholo- gique, à savoir : Vintrospection dclirante du langage intérieur, sans qu'il soit besoin de faire entrer en jeu des explosions dynamo-cérébrales accidentelles ou une irritation corticale. IV Hallucinations symboliques. — On sait en quoi consiste l'hallucination véridique (iMyers), ou télépathique (Myers), ou mieux symbolique, pour employer l'expression que Charles Richet nous suggère. Le sujet est occupé à ses travaux habituels, lorsque soudain, là où les autres assistants ne voient rien, ou ne voient que des objets usuels (prisme, carafe, glace, etc.), il voit un signe annonciateur d'un grand événement, généralement malheureux, arrivant à peu près à ce moment à quelque personne le touchant de près. A diverses reprises nous avons essayé de soumettre cette question des hallucinations symboliques à la sûreté des méthodes expérimentales. Dans une longue série d'expé- riences, tout particulièrement, nous avons pu suivre pendant plusieurs années trente- deux personnes (seize hommes et seize femmes) qui nous étaient bien connus et avec lesquelles nous nous trouvions en relations suivies. Les sujets n'avaient pas connais- sance des recherches auxquelles ils servaient. {Recherches expérimentales sur les Halluci- nations télépathiques. Bulletin de la Société des Sciences de Bucarest, xi.) Les hallucinations observées par nous sur ces sujets ont été visuelles, auditives, tactiles et olfactives. Les plus nombreuses ont été les visuelles (740), puis les audi- tives (198), les olfactives (53), et les tactiles (18). Les plus claires, celles qui étaient accompagnées du plus grand nombre de détails, sont les hallucinations visuelles, puis les auditives. Sur les 40 cas, où il y eut concordance entre l'hallucination et sa réalité objective lointaine, nous comptons 21 hallucinations visuelles, 10 hallucinations audi- tives, 4 hallucinations tactiles, 5 hallucinations olfactives. Le temps dans lequel s'ac- complissait la concordance variait de 6 à 60 heures, dont 19 avant que le phénomène réel ait eu lieu, et 21 après l'existence du fait qui aurait pu provoquer l'hallucination sym- bolique. Constatons donc encore une fois la prédominance des hallucinations visuelles. En résumé nos expériences nous ont conduit aux conclusions suivantes: 1" Les phénomènes télépathiques peuvent se manifester sous forme d'hallucina- tions, et se manifestent même plus fréquemment qu'on ne l'aurait pu croire a priori. 2° Ces hallucinations affectent diverses formes sensorielles : la vision et l'audition surtout, mais aussi le tact et l'olfaction. 220 HALLUCINATION. 3° Il y a contradiction évidente entre la croyance à la réalité d'une hallucination télépathiqne et sa réalité. Sur 1 011 cas, 981 furent accompagnés de croyance ;40 seuls étaient exacts. 4" Les femmes et les individus sentimentaux semblent plus sujets à ces hallucina- tions que les individus instruits ou plus sceptiques. 5° Les phénomènes sont plus fréquents chez les gens d'un âge mûr et les vieillards dont Tatteiitionest sollicitée par le mystère de l'au-delà. Aux moments exceptionnels de la vie où paraissent ces hallucinations, nous avons en effet toujours constaté ces deux faits dans toutes nos expériences : 1° Une communauté intellectuelle constante (amour, amitié, sympathie surtout émo- tionnelle) entre le sujet et l'objet de l'hallucination. 2° L'apparition dans la vie mentale du sujet delà personne, objet de l'hallucination, au moment de l'agonie ou dans les grandes souffrances morales et physiques qui précè- dent la mort. Malgré les importants travaux importants entrepris sur ce sujet, la question n'est pas mûre encore; et elle appelle de nouvelles recherches. Malheureusement il n'est pas certain que l'expérimentation puisse résoudre ce problème, et en tout cas le moment n'en est pas venu encore. C'est donc à l'empirisme, à l'étude attentive et minutieuse de cer- tains cas isolés, scrutés avec perspicacité, qu'il faudra avoir recours pour juger la question. Bibliographie'. — Baillarger. 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Gruttner et Straub ont préparé Vhamamélitannine (C''*H'*0'' -I-5H-0), qui donne du tanin quand elle est traitée par SO'^H-. Injectée dans le système veineux (chez les lapins), ou ingérée par l'estomac, elle ne paraît pas agir très différemment du tanin (Straub, Veber das Verhalten des Hamamelitannins im Saiigethierkôrper. A. P. P., 1899, xli, 1-9). i. Cet article était presque complètement écrit pour ce Dictionnaire, quand une mort préma- turée a enlevé notre distingué collaborateur. M. R. Meu.mer a eu l'obligeance de compléter quelques indications qui manquaient. 222 HAMBURGER. HAMBURGER (H. J.). — Physiologiste hollandais, professeur àl'Univer- sité de Groningen. Abréviations spéciales à cet article. Rec. chim. Pays-Bas. . . Recueil des Travaux chimiques des Pays-Bas. Proc. verb. K. Ak. v. W. Processen verbaal der Kon. Akademie van Wetenschappen te Amsterdam. Afdeeling Natuurkunde. Vei'h. K. Ak. V. W. . . Verhandelingen der Kon. Akad. v. Wetenschappen, Versl. K. Ak. v. W. . . Verslagen der Kon. Akad. v. Wetenschappen. Onderz Onderzoekingen gedaan in het physiologisch laboratorium der Utrechtsche Hoogeschool. JV. T. V. Gen Nederlandsch Tijdschrift voor Geneeskunde. iV. T. V. Y Nederlandsch Tijdschrift voor Veeartsenijkunde. 1882. — V action de réthylate de sodium sur le dibromosnccinate symétrique de sodium (en collaboration avec M. E. Mulder) {Rec. chim. Pays-Bas, i, 154-135). — Le dosage des halogènes dans les combinaisons de carbone {Ibid., i, 156-157). 1883. — De quantitative bepaling van ureum in urine [Thèse de Doctorat es sciences, (chimie), Utrecht, 4 juin). — De invloed van scheikundige verbindingen op bloedlichaampjes in verband met haar molecidairgewichten (Proc. verb. K. Ak. v. AV., 29 déc). Par cette communication sur l'isotonie, la chimie physique a été introduite dans les sciences médicales. 1884. — Titration des Harnstoff's mittels Bromlaiige (Z. B., xx, 286-306). — De invloed van scheikundige verbindingen op bloedlichaampjes in verband met haar moleculairgewichten (Onderz., (3), ix, 26-42). — De veranderingen van roode bloedlichaampjes in zout-en suiker- oplossingen (Proc. verb. K. Ak. v. W., 27 déc, 307-311). 1886. — Ueber den Elnfluss chemischer Verbindungen auf Blutkôrperchen im Zusam- menhang mit ihren Moleculargeivichten (A. P., 476-487). — Hoeveel water kan men bij bloed voegen zonder dat haemoglobine uittreedt (Onderz., (3), x, 33-35). — De veranderingen ven roode bloedlichaampjes in zout-en suikeroplossingen (Onderz., (3), x, 33-38, 1 pi.). — Bijdrage tôt de kennis der hemialbumose (Onderz., (5), x, 64-85). 1887. — Ueber die diirch Salz- und Rohrzuckerlôsungen beioirkten Verànderungen der Blutkôrperchen (A. P., 31-51, 1 pi.). 1888. — Staafjesrood in monochromatisch licht (Thèse de doctorat en médecine, Utrecht, 9 Juillet). 1889. — Sarcomatôse InfUtration einer Schweinsniere (A. A. P., cxvii, 422-423 et N. T. v. Gen., (2), 525-526). — Actinomyces im Knochensysteme eines Pferdes (A. A. P., cxvn, 423-427 etiV. T. V. Gen., (2), 526-529). — Ein Tumor an der Pleura diaphragmatica einer Kuh und eine Bemerkung iiber das Pigment von Melanosarcomen [A. P., cxvn, 427-429 et N. T. v. Gen., 530-531). — Eine eigenthùmliche Verànderung der Nasenscheidewand eines Pferdes (A. A. P., cxvn, 429-430 et N. T. v. Gen., 331-532).— Zur Miologie der Mitralinsufficienz (A. P., cxvn, 430-432, 1 pi. et N. T. v. Gen., (2), 223-225). — Pseudolcukaemie bij een paard (N. T. v. V., 132-137). — Multipele verlammingen bij een paard [N. T. v. V., xvii, 137-147, 1 pi.). — Over de permeabiliteit der roode bloedlichaampjes in verband met de isotonische coëfflcienten (Versl. d. K. Ak. v. W., (3), vn 15-23 et Maandblad voor Natuur- wetenschappen, n°^ 4 et 3, 1-16). — Die Permeabilitàt derrothen Blutkôrperchen imlusam- menhang mit den isotonischen Cocfficienten (Z: B., xxvi, 414-433). 1890. — Die isotonischen Coëfficienten und die rothen Blutkôrperchen (Z. p. C, vi, 319- 333). — Ueber die Reglung der Blutbestandtheile bel hydrâmischer Plethora, Hydràmie und Anhydràmie (Z. B., xxvii, 259-308 et Versl. K. Ak. v. W., (3), vu, 364-420). — Elek- tromolorische Kraft, hervorgerufen diirch die Athmung (C. P„ 7 juin et N. T. v. Gen., (1), 629-634). — Een carcinoom in de vena cara bij een hond (N. T. v. V., xvn, 177-185). — Pseudoleukaemie by een Kat (Ibid., xvii, 185-189). — Over ontaarding van periphere zenuwen bij dieren (Ibid., xvn, 189-193). — Tabès dorsalis bij een hond: opmerkingen over ZenuU'Ziekteii bij huiscUeren (Ibid., xvn, 193-197). 1891. — Uber den Einfluss des Nervus sympathicus auf die Athmung (Z. B., xxvni, 305- 318 et N. T. V. Gen., (2), 489-496). — Over de purgeerende werking van Middenzouten (N. HAMBURGER. 223 T. V. Gen., (2), 801-820). — Over den invloed der ademhaling op de permeabilUeit der bloed- lichaampjes [Versl. K. Ak. v. W., (3), ix, 197-210 et Z. B., xxviii, 405-416). 1892. — Over den invloed van zuur en alkali op gedefibrineed bloed {Versl. K. Ak. v. W., (3j, IX, 354-391 et A. P., 513-544). — Het onderwijs in bactériologie aan de Rijksvee- artsenijchool {N. T. v. V.)- — Sur l'influence des alcalis et des acides sur la détermination de la pression osmotique au moyen des globules rouges du sang {Rec. chim. Pai/s-Bas, xi, 61- 75), — Q-Der het onderscheid in samenstelling tusschen arlerieel en veneus bloed; bijdrage tôt de méthode van vcrgelijkend bloedonderzoek [Verk. K. Ak. v. W., n" 5, 25 pag.). 1893. — Uber den Einfluss von Sâure und Alkali auf die Permeabilitàt der lebendigen Blutkôrperchen, nebst einer Bemerkung itber die Lebensfdhigkeit des defibrinirten Blutes {A. P., Siippl.., 153-157). — Vergleichende Untersuchungen von arteriellem und venosem Blute und iiber den bedeutenden Einfluss der Art des Defibrinirens auf die Resultate von Blutanalt/sen (A. P., SuppL, 157-175 et 332-339). — O^iderzoekingen over de lymph {Verh. K. Ak. v. W., in, n" 3, 37 pag.). — De lymphproductie by spierarbeid {Voordracht op het 4*^^ Nederlandsch Natuur-en Geneeskundig Congres, april). — Untersuchungen iiber die Lymphbildung, insbesondere bel Muskelarbeit (Z. B., xxx, 143-178). — Een lymphdryvende bactérie [Verh. K. Ak. v. W., m, n" 5, 27 pag.). — Hydrops von mikrobiellem Ursprung. Beitrag zur Physiologie und Pathologie des Lymphstroms [Ziegler's Beitrâge zur patholo- gischen Anatomie und zur allgemeinen Pathologie, xiv, 443-480 et N. T. v. Gen., (2), 853-891 et Deutsche Zeitschr. fur Thiermedicin und vergleichende Pathologie, xxii, 113-127 et Deutsche Medicinische Wochenschrift, n" 42). — Die physiologische Kochsalzlôsung und die Volumsbestimmung der kôrperlichen Elemente im Blute (C. P., 17 juin). 1894. — Bacterium lymphagogon [La Flandre médicale, i, 177-194). — Die Volums- bestimmung der kôrperlichen Elemente in Blute und die physiologische Kochsalzlôsung. Antwort an Herrn Max Bleibtreu (C. P., 27 janvier). — Sur la détermination de la tension osmotique de liquides albumineux au moyen de rabaissement du point de congélation {Rec. chim. Pays-Bas, xiii, 67-79 et C. P., 24 févr. et Revue de médecine, novembre 1895). — Over den nirloed der ademhaling op de verplaatsing van suiker, vet en éiwit {Verh. K. Ak. V. W., III, n° 36 pag.). — Die Beivegung und Oxydation von Zucker, Fett und Eiweiss unter dem Einfluss des respiratorischen Gasivechsels {A. P., 419-440 et Revue de médecine, décembre). — Opmerkingen over hydrops, naar aanleiding van Stariing's onderzoekingen {N. T. V. G,, (2), 1133-1141). — La pression osmotique dans les sciences médicales {La Flandre médicale, i, 1-21 et Voordracht in het Provinciaal Utrechtsch Genootschap voor Kunsten en M^etenschappen, 18 juin, et A. A. P., gxl, 503-523, 1895). 1895. — Ûber die Reglung der osmotischen Spannkraft von Flûssigkeiten in Bauch-und Pericardialhôhle . Ein Beitrag zur Kenntniss der Résorption (Verh. K. Ak. v. W., iv, n" 6, 96 pag. et A. P., 281-363 et La Belgique médicale, ii, n" 31). — Zur Lehre der Lymph- bildung {A. P., 364-377). — Die Osmotische Spannkraft des Blutserums in verschiedenen Stadien der Verblutung (C. P., 15 juin). — Uber die Formveritnderungen der rothen Blut- kôrperchen inSalzlôsungen, Lymph und verdilnntem Blutserum {A .P. P., cxli, 230-238). — Stauungshydrops und Résorption (A. P., cxli, 398-401 et La Belgique médicale, u, n° 35 et N. T. V. Gen., (2), 459-462). — De resorptie van vochten in buik-en pericardiaalholte, bene- vens eenpaar opmerkingen over intraperitoneale transfusie {N. T. v. Gen., (2), 345-358). — Ein Apparat, xoelcher gestattet, die Gesetze von Filtration und Osmose strômender Flûssig- keiten bel homogenen Membranen zu studiren {Verh. K. Ak. v. W., n° 4, 16 pag. 2 pi. et A. P , 1896, 36-49, 1 pi. et Archives néerlandaises, xxx, 353-369, 1 pi.). — i'ber Résorption ans der Peritonealhôhle ; Bemerkungen zu dem Aufsatze des Herrn Dr. W. Cohnstein {C. P., 2 novembre). 1896. — Myélite chronique, consécutive à un trouble dans le développement de la moelle épinière (avec figures) (Beuue de médecine, janvier, et Deutsche Zeitschrift fiir Thiermedizin und vergleichende Pathologie, xxt, 104-110, 1 pi.). — Uber den Einfluss des intraabdomi- nalen Druckes auf die Résorption in der Bauchhôhle. 3'='" Beitrag zur Lehre von der Résorp- tion (A. P., 302-338 et Verh. K. Ak. v. W., Deel v, n° 1 et La Belgique médicale, iv, n° 20). — Over de permeabiliteit der roode bloedlichaampjes. Opmerkingen naar aanleiding van een opstel van Dr. G. Gryns (IV. T. v. Gen., (1), 201-213). — Ûber die Bedeutung von Athmung und Peristaltik fur die Résorption im Diinndarm (C. P., 25 janv. et Versl. K. Ak. v. W., 25 jan. et La Belgique médicale, iv, n° 21). — Streptococcus peritonitidis equi (en 224 HAMBURGER. coll. avec J. A. Klauwers) {Ccntralblatt f. Bacterioloyie, Parasitcnkunde und Infectîons- krankheiten, xix, n° 22-23). — La détermination du point de conyélation du lait, comme moyen de découvrir et d'évaluer la dilution par l'eau (Rec. chim. Pays-Bas, xiv, 349-356 et N. T. voor Pharmacie en Toxicologie, 7 p., et Zeitschr. f. Fleisch-und Milchhygicne, vi, 167-170). — Bacillus cellulaeformans. Zur Bactériologie der Fleischvergiftungen (en coll. avec N. H. Wolf) (Zeitschr. f. Fleisch-und Milchhygiene, vi, 186-190 et N. T. v. Gen., (2), 161-166). — Vber den Einfluss des intra-intestinalen Druckcs auf die Résorption im Diinndarme. i'''^ Beitrag zur Kenntniss der Résorption {A. P., 428-465 et Verh. K. Ak. v. W., n° 4). — Over den învloed der ademkaling op het volume en den vorm der bloed- lichaantpjes (Vcrsl. k. Ak. v. W.. 28 nov.). 1897. — Einfluss des respiratorischcn Gaswcchsels auf das Volum und die Form der rothen Blutkôrperchen (Z. B., xxxv, 252-279). — Einfluss des respiratorischcn Gastvechsels auf das Volum der loeissen Blutkôrperchen [Ibid., 280-286, et Belgique médicale, v, n" 8, 12 pag.). — Zur Lymphbildungsfrage {A. P., 132-137). — Die Gcschwindigkeit der Osmose. Lazarus Barlow's n Initial rate of osmosis i> {A. P., 137-144). — Cber den Einfluss geringer Quantitâten Sàure und Alkali auf das Volum der rothen und iveissen Blutkôrperchen. [Versl. K. Ak. V. W., 27 février et A. P., 1898, 31-46). — Een quantitatieve méthode voor de bepaling vanden schadelyken invloed van bloed-en iveefselvocht op bactérien {Versl. K. Ak. V. W., 21 avril). — Influence favorable de la stase veineuse et de l'inflammation dans la lutte de l'organisme contre les bactéries {La Belgique médicale, u, n° 34 et N. T. v. V., 20 pag. et Versl. K. Ak. v. W., 21 april et N. T. v. Gen., (2), n° 10 et Deutsche med. Woch., n° 49 et Ccntralblatt f. Bactériologie, xxii, 14-15). — Ein neues Vcrfahren zur Bestimmung der osmotischen Spmnnkraft des Blutserums (C. P.,26 juin). — DieGefrierpunkterniedrigung des lackfarbenen Blutes und das Volum der Blutkôrperchenschatten {A. P., 486-497). — Over den invloed van veneuse stuwing op infectieuse processen. Opmerkingen naar aan- leiding van een opstel van Prof. Dr. C. H. Spronck {N. T. v. Gen., (2), n" 13). — Over de permeabiliteit van roode bloedlichaampjes. Antwoord aan Dr. C. Eykman (IV. T. v. Gen., (2), 28). — Over den invloed van koolzuur op infectieuse processen. Antwoord aan Prof. Spronck {N.T.v. Gen., (2), 719). — Eine Méthode zur Trennung uni quantitativen Bestim- mung des diffusibelen und nicht diffusibelen Alkali in serôscn Flùssigheiten {Verli. K. Ak. V. W., n» 1, 34 pag. et A. P., 1898, 1-30). 1898. — Het tegenwoordig standpunt van de leer der natuurlijke immuniteit {N. T. v. V., xxv, 149-185). — Over den invloed van veneuse stmving op de vernieling van miltvuur- virus in het onderhuidsche bindweefsel {Versl. K. Ak. v. W., 23 april). — De invloed van zoutoplossingcn op liet volume lan dlerlyke cellen. Tevens een bydrage tôt de kennis harer structuur {Versl. K. Ak. v. W., 28 Mei). — t'ber den Einfluss von Salzlôsungen auf das Volum thierischer Zellen. Erste Mitlheilung {ivcisse Blutkôrperchen, rothe Blutkôrperchen, Spermatozoa {A. P., 317-341). — De invloed van veneuse stuioing op microbcn {N. T. v. Gen., (2), n" 3, 89-101). — Influence de la pression extérieure sur la résistance des globules rouges {L'Intermédiaire des Biologistes, i, n° 19). — Internationaal Physiologencongres, gehouden te Cambridge, 22-26 Aug. (IV. T. v. Gen., (2), 817-822, 873-876, 914-919). 1899. — Ûber den Einfluss von Kohlensdure, bezw. von Alkali auf das antibactericlle Vcrmôgen von Blut-und Gewebsflûssigkeit mit besonderer Berùcksichtigung von venôser Stauung und Entzùndung {A .P. P., CLvr, 329-383). — Ûber den Einfluss von Salzlôsungen auf das Volum thierischer Zellen. Zugleich ein Versuch zur quantitativen Bestimmung deren Gerùstsubstanz, 2'^ Mitth. {Darm, Trachea, Harnblasen-und (Esophagusepitel {A. P., Suppl. ,1899, 431-476 et Versl. K. Ak. v. W., 25 Maart, et The influence of sait solutions on the volume of animal cells., et N. T. v. Gen., (2), 1231-1247). — De resorptie van vet en zeep in den dikken en dunnen darm {Versl. K. Ak. v. W., 25 november, The résorption of fat and soap in the large and the small intestine, 12 pag. — Vber das Verhalten des Blase n- epithels gegenûber Harnstoff [A. P., 9-22). 1900. — Versuche ûber die Résorption van Fett und Seife im Dickdarm {A. P., 433- 465, et N. T. v. Gen., (1), 727-737, et Belgique médicale, n" 1, 14 pag.). — Over het 7'esor- beerend vermogen van den blaaswand in het bijzonder voor iireum {N. T. v. Gen., (1), 298- 315). — Lipolytisch ferment in ascites vlœislof van een mensch {Versl. K. Ak. v. W., 27 jan. et Lipolytic ferment in ascites liquid of man, remarks on the résorption of fat and on the lipolytic function of the blood {Ibid., et A. P., 544-553 et N. T. v. Gen., (1), HAMBURGER. 225 1205-1213). — Over het wccrstandsvermogen der roode bloedlichaampjes {Vcrsl. K. Ak. v. AV^, 31 Maart et On thc resisting powcr of thc red corpuaclcs {Ibid.). — Sur la t'ésUtance des globules rouges. Analyse des phénomènes et proposition pour mettre de l'unité dans les évaluations {J. P., (2), novembre n" 6). — Over het doorlatingsvermogen der roode bloedlichaampjes voor NOz-en SOi.-ionen{Versl. K. Ak. v. W., 27 octobre et On thepermea- bility of the red bloodcorpuscles for NOi-and SO^-ions (Ibid., 4 pag.). — Untersuchung des Harns mittcls combinirter Amvendung von Gefrierpunkt-und Blutkôrperchenmethode [Cen- tralblatt fur innere Medizin, n° 12 et N. T. v. Gen,, (1), 838-830). — Sind es ausschlies- slich die Chylusgc fasse, ivelche die Fettresorption besorgen? {A. P., 554-560). 1901. — De physische Scheikiinde in hare beteekenis voor de geneeskundige loeten- schappen. Rede, nitgesproken btj de aanvaarding van het hoogleeraarsambt aan de Rijksuni- versiteit te Groningen, op 28 september (Groningen, J.-B. Wolters, 27 pag.). — Over trœbele zwelling [Feestbundel voor Prof. S. Talma, 349-358, Haarlem, Erven Bohn). 1902. — (En coll. avec G. Ad. van Lier) Die Durchlûssigkeit von rothen Blutkôrper- chen fur die Anionen von Natriumsalzen {A. P., 492-532). — (En coll. avec H. J. van DER Sghroeff) Die Permeabilitdt von Leucocyten und Lymphdriisenzellen fur die Anionen von Natriumsalzen [A. P., Suppl., 121-165). — Het gedrag van witte bloedlichaampjes tegen- over cyaankalium. Bijdrage tôt de kennis der celpermcabilifeit [Herinneringsbundcl prof. RosE.\sTEi\, Leiden, Eduard Ydo, 12 pag.). — (En coll. avec E. Hekma) Over darmsap van den mensch. (Versl. K. Ak. v. W., 29 Maart) traduit en anglais : On the intestinal jidce ofman {Ibid., et J. P., iv, n° 5). ^ Osmotrscher Druck und lonenlehre in den medi— zinischen Wissenschaften. Zugleich Lehrbuch physikalisch chemischer Methoden. J. {Physi- kalisch- chemische Grundlagen und Methoden. Die Bezichungen zur Physiologie und Patho- logie des Blutes). (Wiesbaden, J. F. Bergmann, 539 pag.). 1903. — Over darmsap van den mensch. {N. T. v. Gen., (1), n" 23, et J. P., janvier 1904.) 1904. — Osmotischer Druck und lonenlehre, etc. II. {Circidirendes Blut, Lymphbildung, Hydrops, Résorption, Harn und sonstige Secrète, electrochemische Aciditàtsbestimmung , Reactionsverlauf), 516 pag. — Osmotischer Druck und lonenlehre, etc., III. {Isolirte Zellen, Colloïde und Fermente, Muskel-und Nervenphysiologie,Ophthalmologie, Geschmack, Embryo- logie, Pharmakologie, Balneologie, Bactériologie, Histiologie, 508 pag.). — Nieuwere onderzoehingen over colloiden en haar beteehenis von de geneeshundije wetenschappen {N. T. V. Gen., (1), 889-906; et Archiv f. physikalische Medizin, i, 83-98). — Action catalytique de Vargent colloidal dans le sang. Expériences avec J. Hekman (Archives internationales de Physiologie, i, 145-151). — Die Concentrationsangabe von Lôsuugen [Zeitschr. fier physika- lische Chemie, xlvii, 495-497). 1905. — Zur Biffer enzierung des Blutes {Eiiveiss) biologisch veriv andter Thierspecies. Fine Erweiterung der ûblichen serodiagnostischen Méthode (D. med. Wochenschr., n° 6, S pag.). — Gerechtelykonderzoek van bloed en andere lichaamsvochten {Tijdschrift voor Strafrecht, 82-70). — Rede gehouden bij de promotie van M. H. J. P. Thomassen, 21 juni {N. T. V. V., XXXII. afl. 10). — Een méthode ter bepaling der osmotische drucking van zeer geringe hoeveelheden vloeistof {Versl. K. Ak. v. W., 28 octobre, 401-404 et A method for determining the osmotic pressure of very small quantifies of liquid {Ibid.). — Orgaan- therapie {N. T. v. Gen., (1), 1405-1419). — Zur Untersuchung der quantitativen Verhâltnisse bei der Praecipitinreaction {Folia haematologica, ii, n° 8). 1906. — Saccharine en Suiker. Met medemerking van den Hecr J. de Vbies {N. T. v. Gen., (1), 762-788; Ibid., 1560-1568). — (En coll. avec Svante Arrhenius) Over den aard der praecipitine-reactie ; et On the nature of praecipitin-reaction {Proceedings of the K. Ak. v. W., 27 april). — Eine Méthode zur Bestimmung des osmotischen Druckes sehr geringer Flùssigkeitsmengen {Biochem. Z., i, 259-281). — Prœven over het mechanisme der darm resorptie (Feestbundel voor Prof. C. A. Pekelharlng (JV. T. v. Gen., (2), 841-8o0"i. — La pres- sion osmotiquh et la théorie des ions dans les sciences médicales (Conférences tenues à Anvers, Annales de la Société, médico-chirurgicale d'Anvers, septembre, 41 pag.). — De invloed van het hooggebeigte op het menschelijk organisme (De Gids, n° 11, 13 pag.). 1907. — Ùber den Einfluss des Druckes auf die Reso)ption im Unterhautbindegewebe. Nach Versuchen van Dr. C. Thomassen {Biochem. Z., ni, 359-388). — De invloed van het hoogland op het menschelijk organisme (52 pag., Groningen, Scholtens en Zoon). —(En coll. avec E. Hekma) Over phagocytose; et Quantitative researches on phagocytosis. A DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VHI. 13 226 HAMMARSTEN. contribution ta Ihe biology of phagocytes {Proceedings of tlte K. Ak. v. W., 29 juin). — t/6t'r (len IJnterschied in der Fermeahilitdt von Membraiten in entgegengesetzten Richlnngen [Internat. Physiologencongress in Heidelberg, 13 août; C. P., 19 oct.). — Die Anwèndung der Centrifugalkraftim physiologischen Laboratorium. Quantitative Analyse nmittels Volum- bestimmung des Sedimentes [Ibid.]. — Een méthode om enzymen en pro-enzymen ait de mucosa van het spijsvertcringskanaal te e.vtraheeren en de topi^che verbreiding er van vast te stellen; et A rncthod to extract enzymes and pro-enzymes from the mncous membrane of the digestivc tuf)c and to establish the tapie distribution of them [Proceedings K. Ak. v. W., 26 octobre). — (En coll. avec E. Hekma) Quantitative Studien iiber Phagocytose [Biochem. Z., 111,88-11"); VII, 102-116!. — Phagocytose [Voordracht gehonden in de Algemeene, Vergadering van het II" Vlaamsch Natuur-en Genecskundig Congres te Mechelen [N. T. V. Gen., (2) 1670-1683). 1908. — (En coll. avec E. Hekma) Quantitative Studien ûber Phagocytose. Zur Biologie der Phagocyten, III [Biochem. Z., ix, 273-306). — Een méthode van koude injectie van organen voor histologische doeleinden; et A method of cold injection of organs for histolo- gical purposes {Proceedings of the K. Ak. v. W., 28 mars); et Injektionen mit Eiweiss-imd Senimtusche [Z. f. wissensch. Mikr., xxv). — (En coll. avec E. Hekma). Zur Biologie der Phagocyten, IV [Biochem. Z., ix, ."312-522). HAMMARSTEN (Olof), professeur à l'Université d'Upsala. Om produkterna af magsaftens inverkan pâ âgghvitekropparne (les produits de l'action du suc gastrique sur les substances protéiques). U. L. F., 1866-67, ii, 117-127. — Om gallans fôrhdllande till magsaften och âgghvitedigestionen (action de la bile sur le suc gastrique et la digestion peptique, Diss. in., Upsala, 1869, 121 p. — Om gnagarnes galla (bile chez les rongeurs) U. L.F., 1869-70, v, '153-178. — Fysiologiskt kemiska undersôkningar ôfver Chloralhydratet (recherches sur le mode d'action du chlorai hydraté), U. L. F., 1869-70, v, 424-479. — Nâgra ord om den s. k. xanthoproteinsyreraektionen (sur la réac- tion xaiithoprotéiquej U. L. F., 1869-70, v, 533-535, — Om theinets ôfvergûng i urinen (apparition de la théine dans l'urine). Ibid., 685-689. — Om peptonet och gallan (les pep- tones et la bile). iV. M. A., u, n° 3, 1-52. — Ytterligare om peptonet och gallan (les pep- tones et la bile). Ibid., ii, n° 24-, 1-25. — Ûber den Einfluxs der Galle auf die Magenver- daming. A. g. P., 1870, m, 53-73. — Smdrre bidrag till Kànnedomen om spottens verkan pd stârkelse (action de la salive sur l'amidon). U. L. F., 1870-71, vi, 471-493. — Ûber die Gase der Hundelymphe. Ak.Sâchs., 1871, xxiii, 617-634. — Om mjôlkystningen och de dervid verksamma fermenterna i mngslemhinnan (coagulation du lait et ferments de la muqueuse de l'estomac). V. L. F., 1872-73, vjii, 63-86. — Om fermenterna och deras vcrkningar inom djurorganismen (les ferments et leurs actions dans l'organisme animal). Und., viii, 149-169. — Om de animala fettarternas bildning och fysiologiska betydelsc [Vovignie Qi\e rôle de la graisse dans l'organisme animal). Ibid., vni, 222-244. — Om pepsinets indiffu- sibilitet (l'indiffusibilité de la pepsine). Ibid., vni, 565-574. — Om undersvafvelsyrligt natpon sâsom reagens pd fria syror och sura salter i urinen (l'hyposulfite de soude comme réactif des acides et des sels acides dans Turine). Ibid., 1873-74, ix, 330-343. — Om det chemiska fôrloppct vid caseinets koagulation mcd lôpc (coagulation de la caséine par la présure). Ibid., ix, 363-399 et 451-486. — Beobachtungen iiber die Eiweissverdauung bei neugeborenen ivie bei saugenden Thieren und Menschen. Festschrift f. C. Ludivig, 1874, 116- 129. — Om lôsligt och olôsligt casein i mjôlken (sur la caséine soluble et non soluble du lait). U. L. F., 1875-76, xi, 97-107. — Untersuchungen ûber die Fai^eratoffgerinnung. A. R. S. U., 1873, (3), X, n» 2,1-130. — Om lactoprotein (lactoprotéine). N. M. A., viii, n« 10, 1-15. — Zur Kenntnis des Caseins und der Labgerinnung. A. R. S. U., 1877, n" 10, 1-15. — Zur Lehre der Faserstoffgerinnung. A. g. P., 1877, xiv, 211-273. — Ett bidrag till Kànne- domen om Menniskans Galla (la bile chez l'homme). U. L. F., 1877-78, xiii, 574-581. — Analyser af hydrocelerâtskor bidrag till transsudaternas Aew/ (analyses des liquides de l'hydrocèle, notes pour servir à la chimie des sérosités), Ibid., 1878-79, xiv, 33-44. — Om fôrekomsten of gallfàrgdmne i blodserum (sur la présence de pigment biliaire dans le sérum du sang). Ibid., xiv, 50-54. — Ûber das Paraglobulin : 1. A. g. P., 1878, xvii, 413-468; 2. Ibid., 1878, xvni, 38-116. — Ûber das Fibrinogen : 1. Ibid., 1879, xix, 363-622. HAMMARSTEN. 227 — Om urinens undersôkning pd àgghvita (recherche de l'albumine dans l'urine). U. L.F., 1879-80, XV, 175-204. — Prof pd indikan i urin (recherche de l'indican dans l'urine). Ibid., XV, 213-221. — Vber das Fibvinogen: 2, A. g. P., 1880, xxii, 431-b02. — Nâgya drag af de kemiska procexserna hos vdxterna och djuren (quelques traits principaux des processus chimiques chez les plantes et les animaux). 17. L. F., 1881-82, xvii, 1-31. — Ûber Dehydrocholalsdiire, ein neiies Oxydationsprodiikt der Cholalsdurc. A. R.S. U., 1881^ (3), XI, n° 5, 1-31 et D. Chem. Ges., 1881, xiv, 71-76. — Bidrag till aijiiovlans kemi. (Sur la chimie de la synovie). U. L. F., 1881-82, xviii. 333-334. — Om tiUforlitHghetcn af dcn approximativa dgghvitebestdmningen i urln (sur la valeur du dosage approximatif de l'albumine dans l'urine). 17. L. F., 1882-83, xviii, 130-134. — Metalbumin und Paral- bumin : Ein Bcitray zur Chemie der KystomfliisslgkeUen. Z. p. C, 1882, vi, 194-226. — Zur Frage ob das Casein ein. cinheitlichcr Stoff sei. Ibid., 1883, vu, 227-273. — tJber dcn Faserstoffund seine Entstekung aus dem Fibrinogen. A. g. P., 1883, xxx, 437-484. — Ùbcr die Amvendbarkeit des Magnesiumsulfates zrir Trennung iind quantitativen Bestimmung von Serumalbumin und GlobuHnen. Z. p. C, 1884, viii, 467-502. — Vber den Gehalt des Caseins an Schwefcl and ûber die Bestimmung des Schtvefels in Profeinsubstanzen. Ibid., 1885, IX, 273-309. — Studien iiber Mucin und mucindhnliche Substanzen. A. g. P., 1885, xxxvi, 373-455. — Undersôkning af Kcfir (recherches sur le Kéfir). U. L. F., 1885-86, xxi, 242-273. — Om urindmnebestdmning for praktiska bchof medeht Esbachs ureometer (le dosage de l'urée au moyen de l'appareil de M. Esbach). Ibid., xxi, 531-538. — Om de àtliga svamparnas ndringswdrde (la valeur nutritive des champignons comestibles) Ibid., 1886-87, xxii, 111-138 et 379-415. — Vber das Mucin der SubmaxUlardrùse. Z. p. C, 1888, XII, 163-195. — ï'her das Vorkommen von Mukoidsubstanzenin Ascitesflùssigkeiten. Ibid,, 1891, XV, 202-227. — EU stort ganglion frân underbenet (recherches sur le fluide d'un ganglion) {V. L. F., 1891-92, xxvii, 419-425.) — ÏJber Hdmatoporphyrin im Harn. Scand.Arch., 1892, m, 319-343. — Zur Kenntniss der Lebergalle des Menschen. A. R. S.U., 1893,(3), XVI, n° 7, 1-44. —Zur Kenntniss der Nucleoproteide. Z. p. C, 1894, xix, 19-37. — Ndgra ord om oUkheterna mellan qvinnomjôlk och komjôlk (difl'érences entre le lait de la vache et celui de la femme). 17. L. F., 1894-95, xxx, 407-426. — Om pentosuri (pentosurie). Ibid., 1895-96, N. F., i, 62-68. — Blut.[Biblioth. d. ges. med. Wiss., 1896, 262-274). — Vljer das Verhaltcn des Paracaseins zu dem Labenzyme. Z. p. C, 1896-97, XXII, 103-126. — Vber die Bedeutung der lôslichen Kalksalze fur die Fascrstoffgerinnung. Ibid., XXII, 333-395. — Galle (Bibl. d. ges. med. Wiss., 1896, 388-397.) — ÏJber eine neue Gruppe gepaarter Gallensàuren. Z. p. C, 1898, xxiv, 322-350. — Weitere Beitràge zur Kenntnis der Fibrinbildung. Ibid., 1899, xxviii, 98-114. — Ein Verfahren zum Nachweis der Gallenfarbrtoffc, insbesondere im Harnc. Scand. Arch., 1899, ix, 314-322. — Vnder- sôkning af. gallkonkrcmenter frdn isbjôra (analyse des concrétions biliaires de l'ours polaire). 17. L. F., 1899-1900-, v, 465-475. - Ettfall af Alkaptonuri (un cas d'alcaptonu- rie). V. L. F., 1900-01 ; vu, 26-34. — Om ndringsàmnenas bctydelse for Muskelarbetet (rôle des substances nutritives dans le travail musculaire). V. V. Â., 1901, 1-45. — Omlefvern sdsom blodbildande och blodrenande Organ (rôle du foie dans l'hémopoièse et dans la puri- fication du sang). Ibid., 1902, 1-43. — Vber die Eiweissstoffe des Blutserums. Ergebn. der Physiol., 1902, i, 330-354. — Vntersuchungen ûber die Gallen einiger Polartiere : i. ïlber die Galle des Eisbdren. Z. p. C, 1. 1901, xxxii, 435-466; 2. 1902, xxxvi, 525-555. —EU nytt fall af alkaptonuri {un nouveau cas d'alcaptonurie). U. L. F., 1902-03, viii, 425-428. — Vntersuchungen ûber die Gallen einiger Polartiere. — 2. Vber die Galle des MoscMis- ochsen. Z. p. C, 1904, xliii, 109-126. — Vber die Darstelliing cristallisierter Taurochol- sdure. Ibid., xliii, 127-144. — Zur Chemie der Galle. Ergebn. der PInjsiol., 1905, iv. 1-22, — Zur Chemie des Fischeies. Scand. Arch., 1905. xvii, 113-132. — Om autolysen iir fysio- logisk och patologisk synpunkt (l'autolyse au point de vue physiologique et pathologique). V. L. F., 1905-06; xi, 1-21. — Vergleichende Vntersuchungen ûber den Wert der Alméns- chen Wismutprobe und der Worm-Mùllerchen Kupferprobe beider Vntersuchung aufZucker. Z. p. C, 1907, L, 36-72. — Weiteres ûber^die Zuverldssigkeit der Alménschen und der Worm- Mûllerschen Zuckerproben. A. g. P., 1907, cxvi, 517-532. Làrobok i fysiologisk kemi och fysiologisk-kemisk analys (traité de Chimie physiolo- gique). Upsala, 1883, 618 p.; (2'= édition, 1889,443 p.) — Kortfattad Idrobok i fysiologisk kemi (cours abrégé de chimie physiologique). Upsala, 1904, 530. 228 HARVEY. Lehrbiich (1er physiolor/ischen Chemic, nach der zrvciten sckwed. Auflage ûbcrsetzt und etivasumgearbeitct. Wiesbaden, 1891,425 p. — 6'= édit., 1906, 836 p. — Traduction russe de la 2" éd., par A. Scerbakov, 1892, 382 p. — Traduction russe de la ^^ éd., par S. S. Sal.vskin, 1904, 796 p. — Traduction italienne de la 2'' éd., par Pasquale Malerba, 1893, 498 p. — Traductions anglaises, par L. Mendel. New-York, P*" éd., 1893, SU p.; 5" éd., 1908, 845 p. Kortfattad Larobok i farmaceutisk kemi (cours abrégé de Chimie pharmaceutique). Upsala, 1880, a22 p. Abréviations. — Nova Acta Societatis Scientiarum Upsaliensis. = A. R. S. U. Upsala Làkarefôrenmgs Fôrhandlingar. . = U. L. F. Nordiskt medicinskt Archiv. = N. M. A. Berichte der Kôn. Sachs. Gesells. d. Wiss. = Ak. Sachs. HARMALINE. — (C^H'^^Az^O). Alcaloïde qu'on extrait des graines du Pe {Archiv fur physiol. Heilkunde, I, 442-481). — Ueber eine eigentîimliche Einwirkung der Kohlensâure aiif das Hamatin. Ibid., 230-233), — Zur Physiologie des Blutes. {Ibid., 507-543). — Disquisitiones criticae et expérimentales de sangninis quantitate in mammalium corpore exstantis. [Habilitation- schrift, Halle, 1-36). 1858. — R. H. et A. Colberg. Versuche ûber den Tonus des Blasenschliess7nuskels [A. P., 437-452). — Ein mechanischer Tetanomotor (Moleschott's Untersuchungcn, iv, 124- 133). — Die Absorptionswege des Bettes. [Ibid., iv, 251-284.) — Die Absorptionsivege des Fettes {Vorlaiifige Milteilung). [Allgern. med. Centralzeilung). — Erôrterungen Uber die Beivegungen des Froschherzens. {A. P., 479-505). — Das Pfcilgift fïir die Herznerven. {Allgern. med. Centralzeitung). 1859. — Beitrag zur Anatomie der Peyer'schen Driisen {A. P. 460-481). — Symbolae ad anatomiam glandularum Peyeri, Vratislaviae, 1859. — Neurophysiologische Mitteilungen. {Allg. med. Centralzeitung). — Antwort an Dr. Ed. Pfliiger {Ibid.). 1860. — Ueber das Photographieren von Myographionkurven{A. P., 542-543. — Fried- LÂNDER et C. Barisch. Zur Kenntniss der Gallenabsonderung {A. P., 644-673). — Th. Jur- (lENSEN. Ueber die Bewegung fester in Flùssigkeiten suspendierter Kôrper unter dem Ein- fluss des elektr. Slromes. [IbuL, 673-687). — Davidsohn et Dieterigh. Zur Théorie der Magenverdauung. {A. P., 688-783). 1861. — Sauer. Durch welchen Mechanismus wird der Verschluss der Harnblase bewirkt? {A. P., 112). — Studien des physiol. Institutes zu Breslau, I. — 1. R. Heidenhain. Die Erreg- barkeit der Nerven an verschiedenen Punkten ihres Verlaufes (1-68). — II. Sceweiguer- Seidel. Ueber den Uebergang kôrperlicher Beslandteile aus dem Blute in die Lymphgefiisse. (67-86). — III. Th. Jurgensen. Ueber die in den Zellen der Vallisneria spiralis Beivegungserscheinungen. (87-109). — IV, V. NAWROCKi.Der Stannius'sche Herzversuch und die Eimoirkung constanter Strôme auf das Herz. (110-138.) — V. Th. JI'rgexsen. Ueber den Tonus der willkàrlichen Muskeln. (139-162.) — VI. Schlockow. Einigc Wirkungen des schtoe- felsauren Chinins (163-176). — VII. R. Heidenhain, Histologische und physiologischc Mit- teilungen. (177-202). — a) Zur Frage nach der Form der contractilen Faserzelleii wàhrend 238 HEIDENHAIN. ihrer Tàtigkeit. (177-196), — b) Ueber das Auftrelen einer regclmàssigen Querstveifung an Bindegewebsbûndeln. (176-199). — c) Gerinnung des Inhaltes dcr contractilen Faserzellen nach dem Tode. (199-202). 1863. — Studlen des physiologischen întituts zu Breslau, II. — I. R. Heidenhaij\. Zur Kenntniss des hyalinen Knorpels. (1-30). — II. Krause. Untersuchungen ûber einige Ursa- chen der peristaltischen Beivegungen des Barmkanals. (31-46). — III. RCgenberg. Veber den angeblichen Einfluss der N. vagi auf die glatten Muskelfasern der Lumje. (47-51). — IV. Heidenhain. Notizen ilber die Bewegungserscheinungen, ivelche das Protoplasma in Pflan- zenzellen zeigt. (52-68). — V. Weitere Beitrûge zur Kenntniss der Gallensecretion. (69-102). — 1. Freund et L. Graupe. Aendert sich die Gallensecretion bei kûnstlichen Dia- bètes?— 2. GoLDscHMiDT, Hausmann et Lissa. Ueber die Nr. vagi einen Einfluss auf die Gallensecretion aus ? — 3. Kôrner et Strube. Einfluss von Wasserinjectionen in das Blut und von Blutentziehungen auf die Gallensecretion. — VI. R. Heidenhain et L. Meyer. Ueber das Verhalten der Kohlensdure gegen Lôsungen von phosphorsaurem Natron 103-124). — VII. SoLGER. Ueber die Wàrmeentwicklung bei der Muskeltiitigkeit. (125-143). — VIII. F. Nawrocki. Ueber die Methoden, den Sauerstoff im Blute zu bestimmen. (144-167). — IX. L. Meyer. Notiz ilber einige Bestandleile des Schweisses. (168). 1865. — Studlen des physiologischen Instituts zu Breslau, III. — I. Korner. Anatomische und physiologische Untersuchungen iiber die Bewegungsnerven der Gebàrmutter. (1-54). — II. Waldeyer. Anatomische Untersuchungen eines menschlichen Embryo von 28-30 Tagen. (55-70). — III. Id. Zur Anatomie und Physiologie der Lymphherzen von Rana und Emys europaea. (71-96). — IV. Neufeld. Ueber die Wirkungen des Upas Antiar. (97-108). — V. R. Heidenhain. Ueber den Einfluss des N. accessorius Willisii auf die Eerzbeiocgung. (109-133). 18(}8. — Studien des physiologischen Instituts zu Breslau, IV. — I. R. HeIdenhain. Bei- tràge zur Lehre von der Speichelsecretion. 1-124. — Nawrocki. Die Innervation der Parotis. 123-145. — III. Lamansky. Untersuchungen ilber die Natur der Nervenerregung durch kurz- dauernde Strôme. (146-225). — IV. R. Heidenhain. M^eitere Beobachtungen, betreffend die Gallensecretion. (226-247). — V. Id. 1. Ueber die Reaction tdtiger Nerven. — 2. Ueber die Verbreitung der Fasern des Nerv. accessorius Willisii in den Aesten des Nerr. vagus. (248-258). — R. Heidenhain. Aufklarung, die Entgegnung des Hr. Ranke Nr 49 Blatter betreffend [C. W., Nr 53.) 1869. — R. Heidenhain et Landau et Pacully. Ueber Ad. Fick's experimentellen Beweis fur die Gùtigkeit des Gesetzes von der Erhaltung der Kraft bei der Muskelzusammen ziehung (A. g. P., Il, 423-432.) 1870. — Untersuchungen ûber den Bau der Labdriisen. {Arch. f. mikr. Anatomie, vi, 368-406). — Bemerkungen ilber einige die Labdriisen betreffenden Punkte. {Ibid., vu, 239- 243, 1871). — - Ueber bisher unbeachtete Einwirkungen desNercensystems auf die KOrpertem- peratur u. den Kreislauf. (A. g. P., m, 504-565). — (Avec Nigetiet et Hepner). Versuche ûber die Abhcingigkeit des Stoffumsastzes in den tâtigen Muskeln von ihrer Spanmmg (A. g. P., m, 574-578.— (Avec Bruck et Gunter). Versuche ûber den Einfluss der Verletzung gewis- ser Hirnteile auf die Temperatur des Tierkôrpers (A. g. P., m, 578-584). 1871. — Ueber Cyon's neue Théorie der cenlralen Innervation der Gefàssnerven (A. y. P., V., 551-568). — Ueber den Temperaturunterschied des rechien und linken Ventrikels {A. y. P., IV, 558-569). 1872. — (Avec Landau). Emeute Beobachtungen fiber den Einfluss des vasomotorischen Nervensystemsaufdcn Kreislauf und die Kôrpertemperatur [A. g. P., \, 77-113.) — (ÂvecBoRX, Gartska et Jossmann). Ueber arhythmische Herztâtigkcit [A. g. P., v, 143-152). — Ueber Wirkung einiger Gifte auf die Nerven der Glandula submaxillaris (A. g. P., v, 309-318). — Bemerkungen zu Herrn Dr. Franz Riegel's Aufsatz : Ueber die Beziehung der Gefàssnerven zur Kôrpertemperatur (A. g. P., vi, 20-22). — Bemerkungen ûber die Bv,mmK'schen Drûsen {Archiv. fur mikr. Anatomie, viir, 279-280). 1874. — (Avec Neisser). VersucJie iiber den Vorgang der Harnabsouleruny [A. g. P., 1-27). — Die Einwirkung sensiblcr Nerven auf den Blutdruck {A. g. P., ix. 250-262). — (Avec Glaser, Kaiser et Neisser). Einige Versuche an den Speichcldrilsen (A. g. P., ix, 33;)-3o3). — Mikroskop. Bcitràge zur Anatomie und Physiol. der Nerven. {Arch. far mikr. Anatomie, X, i-50). HEIDENHAIN. 239 1875. — Beitrâge zur Kenntnins des Pancréas (A. g. P., x, 557-632). 1877. — (Avec Henry et Wollhein). Einlge Beobachtungcn uber das Pancreassecret pflanzcnfressender Tlere {A. g. P., xiv, 457-468). — (et Kabiersre). Vcrsuche ûber spinale Gefâssreflcxe {A. g. P., xiv, 518-528). 1878. — Bcitrlige zur Keimtnis dcr Gefdss innervation {A. g. P., xvi. 1-59). — 1. Avec Grutzner. Uebcr die Innervation derMuskelgefdsse. 1-31. — 2. Avec AlexanderbI Gottstein. — 3. Grutzner. Einige Vcrsuche u. Fragen, die Kenntniss der rcflectorischen Druckstei- gerung betreffend. (47-59). — Uebcr secretorischc und trophische DrUisennerven {A. g. P. XVH, 1-67 . — Ueber die Pepsinbildiing in den Pylorusdriisen [{A. g. P., xviii, 1-67). - Uebcr die Absonderung der Fundusdriise des Magens {A. g. P., six, 148-166). 1880. — 7A(r Kritik hypnotischen Untersiichungen [Bresl. iirtzl. leit.) — Hypnotismus, Aphasie, etc., {Ibid., 1880, Nr. 5.) — Mangel des Temperatursinn bei Hypnotischen. {Bresl. Zcitschrift, 1880, Nr. 4^. 1881. — Avec BuBNOFF. Ueber Erregungs und Hemmiingsvorgiinge inné rhalb der moto- rischen HirncentreniA. g. P., xxvi, 137-200). — Ueber Erregung und Hemmung. Bemerkun- gen zu éinem Vorlrage des Herrn H. Munk (A. g. P., xxvi, 546-557). — R. Heidenhain. Eine Abânderung der Fiirbung mit Udmatoxylin und chromsauren Salzen {Arch. fur mikr. Anatomie, 1886, 383-384). — Beilrage zur Histologie und Physiologie der Dïinndarm- schleimhaut [A. g. P., 1888, xliii, 1-103. 1889. — Bemcrkung zu einer Erwiderung von G. Bunge (A. g. P., xuv, 271-272). 1891. — Versuche und Fragen zur Lehre von der Lymphbildung (A. g. P., xlix, 209-301. — Historische Notiz, betreffend die Berechnung der Herzarbeit, 1892, m, 415-416. Neue Ver- suche ilber die Aufsaugung im Dùnndarm (A. g. P., lvi, 1894, 579-631). — Bemerkungen ûber den Aufsatz des Herrn Dr. W. Cohnsten : Zur Lehre ton Transsudation (A. g. P., 1894, LVI, 632-640). — Bemerkungen und Versuche betreffs der Résorption in der Bauchhôhle, (A. g. P., Lxii, 1896, 320-331). Die Zidassung der Realschidabiturienten zum Studium der Medicin. {Deutsche med. Woclienschr., 1879. Nr. 5). — Ueber pseudomotor. Nervenwirkungen {Arch. f. PhysioL, 1883, SuppL, 133-177). — Mechanische Leistung, Wdrmeentwicklung und Stoffumsatz bei der Muskeltutigkeit. Leipzig, 1864, 1-184. — Der sogenannte tierische Magnetismus. Vierte nach Beobachtungen von R. Heidenhaix widP. Grûtzner umgearbeitete Auftage, Leipzig, 1880, 1-82. — Physiologie der Absonderungsvorgdnge , in L. Hermann's Handbuch der Phy- siologie, 1883, V, 1-420. Die Vivisection, Leipzig, 1884, 1-98. — Geddchtnissrede auf H. R. Gôppert {Schles. Gesellschaft fur vatert. Cultur, 1884). — Geddchtnissrede aw/" H. Helmholtz {Ibid., 1894). — Die Geddchtnissrede auf Y.. Purkinje {Ibid., 1880). Travaux du laboratoire de R. Heidenhain, {ordomiés alphabétiquement), Afanasieff. m. Ueber anatomische Verdnderungen der Leber wàhrend verschiedener Tdtig keits-:ustande (A. g. P., xxx, 1885, 385-435). — Beyer, G. Die glandula sublingualis, ihr histclogischer Bau und ihre funktionnellen Verdnderungen. {Dissertation, 1879, ^Breslau). — Bial. M.Ein Beitrag zur Physiologie der Niere. (A. g. P., lxvii, 1890, 116-124). — Ueber die diastatische Wirkung des Blut-und Lymphserums. (A. g. P., lu, 1892, 137-156). — Weitere Beobachtungen ùber das diastatische Ferment des Blutes. (A. g. P., lui, 1893, 156-170). — Einioeiterer Beitrag zum Chemismus des zuckerbildenden Blutfermentes. {A. g. P., liv, 1894, 72). — Ueber die Beziehungen des diastatischen Fermentes des Blutes und der Lymphe zur Zuckerbildung in der Leber (A. ;/. P., lv,1894, 434-468). — Bubnofk, N. Zur Kenntniss der knduchfôrmigen Hautdrùsen der Katze und ihrer Verdnderungen wdhrend der Thdtigkeit. {Arch. f. mikr. Anatomie, xx, 1882,109-122). — Courant, G. Ueber die Reaktion der Kuh- und Frauenmilch. u. Beziehungen zur Reaktion des Caseins u. der Phosphate. (A. g. P., 1891, l, 109-165). — Ebstein, W. et Brunn, A. Experimentelle Beitrdge zur Physio- logie der Magendriisen (A. g. 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Uebcr den Einfluss elektri^cher Vagusreizung auf die Atembeivegungen bei Sâugetieren \A. g. P., xxvii, 1882, 1-22). — Untersuchungen liber d. Einfluss d. N. vagus auf die Hcrztatigkeit {A. g. P., xxvii, 383-412). — Werther, M. Einige Beobachtungen liber die Ab sonder un g der Salze im Speichel. {A. g. P., xxxviii, 1886, 293-316).— Uebcr die Milchsàurebildung und den Glykogenverbrauch im quergestreiflen Muskel bei der Tâtigkeit und bei der Totens- tarre. {A. g. P., xi.vi, 1890, 63-92;. HELENINE. — Substance extraite de la racine d'aunée {Inula helenium). On l'a préparée à l'état de pureté, et montré que c'était une lactone. {Alantolactone, CioH2oo2) capable de fixer des acides, par exemple, HCl et HBr. On lui a attribué des propriétés antiseptiques, et l'on l'a recommandée contre la tuberculose. H ELI CI NE. — Substance qu'on obtient en oxydant la salicine par l'acide nitrique dilué. C'est une aldéhyde glycosalicylique. On la produit synthétiquement eu traitant la solution alcoolique d'acétochlorliydrose par l'aldéhyde salicylique potassique. H ELICORUBI NE. — Matière colorante (cristallisable) contenue dans le liquide intestinal de VHclix pomatia, pendant le jeune hibernal. Par son spectre, elle ressemble à l'hémoglobine, mais n'est pas i^éduite par H^S. (Krukenberg. Ueber das Heli- corubin und die Leberpigmente von Hélix; pomatia. Vergl.physiol. Stud., 63-69, ii, 1882). HELIOTROPISM E. — On appelle héliotropisme (TiÀ'.o;, soleil, zpir.zv/, se diriger) la propriété que possèdent certains êtres organisés de s'orienter dans une direction déterminée sous l'influence d'une excitation lumineuse. L'héliotropisme est positif quand l'individu se dirige vers la lumière, négatif quand il s'en détourne. Verworn (1) attribue à Priestley la première observation de ce phénomène; mais il ne fut soigneusemont analysé qu'en 1878 dans le travail de Wilsner (2). Pendant ces der- nières années, les termes de « phototropisme », « phototaxie », ont été créés pour désigner cette même action exercée par la lumière sur les individus libres, alors qu' « héliotropisme » s'appliquerait surtout aux individus fixés. Verworn propose MOT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VlII. 16 2i2 HELIOTROPISME. d'abandonner cette distinction, car il s'agit dans les deux cas d'une réaction identique s'accomplissant sous l'influence d'un même excitant. Ces diverses désignations doivent donc être considérées comme des synonymes. (Voir Lumière.) Preuves établissant l'existence du phénomène. — On peut prouver l'existence du phototropisme chez les individus flxés et chez les individus libres. I. — Les êtres fixés héliotropiques appartiennent soit au règne végétal, soit au règne animal. Chez les végétaux, le phénomène est facile à constater. Quiconque cultive des plantes d'appartement a vu les bourgeons récemment éclos s'orienter toujours vers la fenêtre. De là résulte la nécessité, pour faire pousser la plante suivant la verticale, de déplacer de temps en temps le pot qui la contient : de cette façon, on expose successi- vement à la lumière les divers côtés de la tige. Un bel exemple d'héliotropisme est fourni par les gentianes bleues. Si, par un beau jour d'été, on observe ces fleurs, on voit l'orifice des corolles se diriger constamment vers le soleil et suivre lentement l'astre dans sa course. Les cas de phototropisme végétal actuellement connus sont très nombreux. On trouve le phénomène avec beaucoup de netteté chez les plantes suivantes étudiées dans le travail de Wilhelm Figdoh (3); Vicia sativa, Amarantus melancholicus ruber [kor- tonim), Impatiens halmmina, Mirabilis jalappa, Centaurea cyanus, Helianthus amiuus, Xcranthemum annuuin, Papaver pœoniflorum, Rcseda odorata, Heliclirijsum monstrnosum, Raphanus sativus, Salpiglonis sinuata {variabilis), Lepidiiim sativiim, Capsicum annuum, Iheris foresficri, Bidens tripartita, Cynoglossum officinale, Dunaria biennis, Picea excelsa, Diantlnis cJiiitcnsis. A côté de cet héliotropisme positif, il existe chez les végétaux un héliotropisme négatif, localisé dans la racine. Celle-ci, chez une plante cultivée dans un bocal trans- parent, manifeste une tendance très nette à s'éloigner de la source lumineuse. Stahl (4) a même montré que dans la spore des équisétacées les deux pholotropismes existent déjà à l'état d'indication après la première segmentation. Il existe alors deux cellules, dont l'une, le prothallium, donnera les parties aériennes, et l'autre, la cellule rhizoïde, engendrera la racine. Quelle que soit la position primitive de ces deux cellules, le prothallium s'oriente toujours vers la source lumineuse, et la cellule rhizoïde s'en détourne, permettant ainsi à la racine qui va naître de s'enfoncer dans le substratum nutritif. II. — L'héliotropisme des animaux fixés a été longuement étudié par J. Loeb (.^). VEndendrium hijdroide, transporté de l'Océan dans un aquarium, perd ses polypes. Mais bientôt de nouveaux polypes apparaissent, et les rameaux qui les portent s'inclinent vers la lumière. De même deux annélides marines fixées, Spirographis spallanzanii et Set'pula uncinata, dirigent, vers la fenêtre du laboratoire où on- les étudie. Taxe de symétrie de leurs branchies et leur extrémité orale tout entière. L'héliotropisme des individus libres fut mis nettement en évidence par le travail fondamental de Strasburger (6). Il fit ses expériences sur les zoospores flagellées de différentes algues. Examinées dans une goutte exposée latéralement à la lumière, les spores se rendent toujours du côté le plus éclairé. Des résultats analogues furent obtenus par Stahl sur WEthaliuin septicwn, par Engelmaxn (7) sur le Bacterium chlo- rinum et le Bacterium photometricum, par Stahl et par Klebs (8) sur les desmidiacées. J. Loeb a retrouvé le phénomène chez des individus plus élevés en organisation. L'Endendrinm à l'état adulte est un animal fixé et phototropique, mais sa larve ciliée nage quelque temps avant de s'immobiliser. Dans un bocal transparent, elle se déplace toujours du côté de la lumière, et elle change le sens de sa locomotion, si l'on modifie la situation de la source éclairante. Des animaux plus complexes encoie et munis d'un système nerveux central présentent des réactions phototropiques. Les chenilles de Porthesia chrysorrhœa et les pucerons ailés placés dans un tube à essai se rassemblent toujours vers l'extrémité la plus rapprochée de la fenêtre. Chez les individus libres, on retrouve comme chez la plante l'héliotropisme négatif. Tel est le cas des larves de mouche {Musca vomitoria), des larves de Limuluspolyphe- mus, de tonte une série de crustacés (copépodes) et de vers (polygordiens). L'héliotropisme est donc une propriété assez communément répandue chez les êtres HELIOTROPISME. 243 vivants, et elle existe probablement chez beaucoup d'autres individus plus élevés dans réchelle animale que les types cités ci-dessus. Mais, dans les organismes relativement supérieurs, la réaction héliotropique peut être marquée ou empêchée par la multi- plicité des excitations concomitantes, et l'analyse physiologique est impuissante h mon- trer son existence avec netteté. Conditions qui influencent la réaction héliotropique. — La réaction héliotro- pique est fonction d'inllueuces physiques, chimiques et physiologiques. I. — Parmi les facteurs d'ordre physique, l'intensité de la lumière excitatrice est un des plus importants. Une augmentation de l'éclairement fait croître la vitesse du mouvement phototropique. Mais, lorsque l'intensité acquiert une certaine valeur, elle peut inverser la réaction. D'après les observations de Strasburger, les zoospores des algues positivement héliotropiques à une lumière modérée présentent au contraire un héliotropisme négatif avec de forts éclairements. D'après Ghoom (9) et J. Loeb, le Nau- plius de Balaims perforatus réagit positivement à une faible lumière, et négativement à une lumière intense. L'intluence de la température a été mise en évidence par J. Loeb. Les larves de Poly- cordius sont positivement phototropiques de 0° à 24°. A partir de 27", leur phototro- pisme est toujours négatif. La concentration du milieu oh vit l'animal phototropique influence très nettement le sens de la réaction. Dans l'eau de mer, les larves de Polycordius sont positives ou négatives, suivant la phase de leur évolution. Si l'on dilue le milieu avec de l'eau distillée, la négativité est conférée aux larves positives; si on le concentre, on rend positives les larves antérieurement négatives. II. — En 1904, J. Loeb a établi l'importance des conditions chimiques. Un crustacé d'eau douce, le Gammarus pulex, négativement héliolropique dans l'eau ordinaire, présente un héliotropisme positif dans l'eau additionnée d'un acide fchlor hydrique, oxalique, acétique). Les sels de potassium agissent de la même manière que les acides. IIL — L'état d'alimentation ou de jeûne joue chez certains animaux un rôle capital. Quand les chenilles de Porthesia chrysorrhœa sortent du nid dans lequel elles hiver- nent, elles ont un héliotropisme positif, et elles le conservent, si on ne leur donne pas de nourriture. Dès qu'elles ont mangé, elles ne présentent plus de réaction héliotro- pique. J. Loeb a montré aussi les modifications dues à l'évolution sexuelle. Les fourmis sont en temps ordinaire héliotropiquement indifférentes. A l'époque de la maturité sexuelle, elles prennent un héliotropisme positif très net. Leur vol nuptial, d'ailleurs, semble être le développement explosif de cette posilivilé : par un beau jour de soleil, les animaux sexués se précipitent hors du nid, et tout l'essaim vole dans la direction des rayons lumineux. Mécanisme des réactions héliotropiques. — L Quels sont les organes qui per- mettent à l'individu de réaliser son mouvement d'orientation? Chez la plante, la région exposée à la lumière esl le siège de réactions photochi- niiques dont on ignore la nature, mais dont le résultat est de déterminer une diminu- tion de l'extensibilité des tissus. Wortma.nn (10) a constaté que les cellules du côté le plus fortement éclairé ont un protoplasma très dense. Dans celles de la région diamé- tralement opposée, le protoplasma est plus riche en eau, et probablement plus extensible. II résulte de ces modifications une rétraction des tissus exposés à la lumière et une extension des tissus moins éclairés. A propos de cet épaississemeiil du protoplasma, cause de l'incurvation phototropique, il convient de remarquer que ce processus paraît être chez la plante intimement lié aux phc'noniènes de mouvement. Une excitation, agissant sur la feuille de Drosera, produit un durcissement proloplasinique qui en- gendre la flexion des tentacules. Cette courbure produite dans la tige héliotropique ne s'accentue pas indéfiniment. Après avoir atteint une certaine valeur, elle demeure stationnaire : c'est au moment où les éléments symétriques sont exposés également à l'action des rayons lumineux. Pour ce qui est des individus libres, nous connaissons très imparfaitement le méca- nisme de leur réaction. D'après l'hypothèse de J. Loeb, une inégalité d'éclairement m HELIOTROPISME. dans un organisme à symétrie bilatérale provoquerait une contraction des muscles du côté éclairé. L'excitation lumineuse agirait plus particulièrement sur l'extrémité orale, et celle-ci s'orienterait de façon à rendre identique l'éclaircissement des régions symé- triques. Une fois ce résultat atteint, l'individu demeure immobile ou se déplace suivant la direction des rayons incidents, II. — Relativement à l'analyse de cette action pliototropique, une autre question peut se poser. Quelle est l'activité comparée des différentes radiations lumineuses? Strasburger attribue aux rayons les plus réfrangibles (violets et bleus) une très grande efficacité. Les moins réfrangibles (rouges) ne provoquent que des réactions très atté- nuées. Les radiations violettes communiquent aux zoospores un mouvement beaucoup plus rapide que les radiations rouges. La même efticacité prépondérante de la région la plus réfrangible du spectre se retrouve dans les phénomènes d'héliotropisme négatif. Ce sont les rayons violets et bleus qui détournent le plus facilement de la source lumi- neuse les individus négativement phototropiques. De ces données relatives au mécanisme du phénomène se dégage donc la conclusion suivante : les rayons les plus réfrangibles du spectre provoquent du côté éclairé des condensations protoplasmiques ou des contractions musculaires, et celles-ci engendrent à leur tour des déplacements de l'organisme excité par rapport à l'agent d'excitation. Signification biologique de rhéliotropisme. — Chez beaucoup d'individus hélio- tropiques, cette faculté de s'orienter vers la lumière paraît être utile, et même indis- pensable, à leur évolution. Le phototropisme positif de la tige et des feuilles facilite un des phénomènes de nutrition les plus importants de la plante : l'assimilation chloro- phyllienne. L'héliolropisme négatif des racines est en rapport direct avec l'absorption. En effet, si la croissance de ces organes s'effectuait sans aucune règle, ils pourraient s'élever au-dessus du sol nourricier et n'accompliraient pas la fonction qui leur est dévolue. De même, chez les pucerons sortis du nid, le phototropisme positif est une condition essentielle de leur conservation. Ils se nourrissent de bourgeons récemment éclos situés au sommet des rameaux, et ils trouvent leur nourriture à l'endroit même où les attire leur réaction héliotropique. On pourrait objecter que l'odeur des jeunes pousses, et non pas la lumière, est la cause de leur ascension. L'expérience prouve que cette hypothèse est insoutenable. Si l'on place des feuilles fraîches à l'extrémité d'un tube à essai et qu'on éclaire fortement l'autre bout, les pucerons se réunissent à la région la plus rapprochée de la lumière et y meurent de faim. C'est donc bien l'héliotropisme qui, dans les conditions normales de leur vie, dirige leur ascension vers les lieux où leur alimentation sera possible. Une fois repus, ils perdent temporairement cette faculté d'orientation devenue pour quelque temps inutile. Mais, dans beaucoup de cas, le phototropisme ne sert en aucune façon à l'évolution ou à la conservation de l'indi- vidu, par exemple chez des vers ou des larves de crustacés, vivant continuellement dans la vase. 11 est même parfois une cause de mort comme chez le papillon qui sebrùle à un flambeau. C'est qu'en biologie une faculté déterminée, nécessaire à la formation et au fonctionnement de certains êtres organisés, se reproduit souvent chez d'autres individus où elle n'est plus utile. Indispensable à toute une catégorie d'êtres vivants en tant que condition générale de la vie, l'héliotropisme se retrouve, comme réparti par un hasard aveugle, dans des organismes où il n'a plus de signification. Bibliographie. — (1) Verworn. Physiologie générale, 495. — (2) Julius Wilsner. 1. Die lieliotropischen Evscheinungen in Pflanzenreiche. Einc j^hi/siologische Monographie. I. Theil. [Denkschriften (1er Kais. Akad. d. Wiss., xxxix, 143-209, 1878). — 2. Untersuch. ûber den Heliotropisrnus {Ibid., 7, 1880). — (3) Wilhelm Fiodor. Versuche ûber die heliotropische Empfmdiichkeit der Pflanzen [Ibid., 45, 1893). — (4) Stahl. Einfluss der Belciichttmgsrichtung auf die Iheilung der Equisetumsporen. [Berichlc der d. Bot. Gcsell., 1885, ni). — (5) Jacques Loeb. 1. Der Heliotropisrnus der Tiere und seine Ubereinstimmiing mit dem Heliotropismus der Pflanzen. Wûrzburg, 1889. — 2. A. g. P., 1893, 81. — 3. Ibid., 1895, 273. — 4. University of California publications. Physiology, ii, 1904, 1. — 5. La dy- namique des phénomènes de la vie. Traduction française, Alcan. 211. — (C) Strasburger. Wirkung des Lichtes und der Warme auf Schwarmsporen. {lenuische Zeitschr. fur Natur- wiss., xii). — (7). Engelmann. 1. Ziir Biologie der Schizomyceten. {A. g. P., xxvi, 537). — 2. Bacterium photometricum. Ein Beitrag zur vergleichenden Physiologie des Licht und HELLEBOREINE. 245 Farbensinnea (A. g. P., xxx, 95). — (8) Klebs. Ueber die Beivegùng uncl SchleimhUdung der Desmidiacen. {Biol. Ccntralhluit, v). — (9) Groom et Loeb. Biol. Ccntralblatt, x, 1890, 160. —(10) WoRTMANX. BotanbcJœ Zcitung, 1887, 120. H. BUSQUET. HELLEBOREINE. — (C^f'H^Oi-'). Glucoside qu'on extrait par l'alcool de. VHeUeborus niger ou de ÏHelleboriis viridis. Sohible dans l'eau, et cristallisant en fines aiguilles. La potasse le transforme en lielléborétine. C26HH013 = (C6H1206)2 + CliR^OO^ Helléborétine. L'hellébore, employée autrefois pour le traitement de diverses maladies, et spécia- lement des maladies mentales, est de nos jours un médicament à peu près abandonné. Son action paraît analogue à celle de la digitale; mais, outre son action sur le cœur, elle a une action purgative et congestive (de l'intestin) qui l'a fait délaisser. D'après V. Heide, qui a expérimenté sur divers animaux, elle provoque chez le chien en injec- tion sous-cutanée des douleurs intenses. Elle semble produire, après ces douleurs, une insensibilité cutanée locale. En injection veineuse on constate une élévation notable (de 0»,3 à 0°,6) de la température. Elle provoque, tout comme la digitale, le ralentisse- ment du pouls, du tremblement, du vomissement et de la salivation. La dose toxique pour le lapin est d'environ 8 milligrammes par kilogr. Elle ralentit aussi le cœur de la grenouille à la dose de 1 à b milligrammes. Pour tuer les grenouilles il faut une dose beaucoup plus forte. L'helléborine est différente de l'helléboroine (C^^H'^-O^). On ne la trouve que dans VHeUeboriis viridis. Elle est insoluble dans l'eau à froid. Elle se dédouble en donnant, par les acides dilués, de ïhelléborésine (C^'^H^^O''^). HoLM. Ueber die physiologische Wirkung des Helleborus viridis. (Diss. Wiir- tzburg, 1861j. — Chistovigh, Helleborus viridis. [C. W., 1887, xxv, 513-515). — Nivet et GiRAUD. Rapport sur un triple empoisonnement par le varaire ou ellébore blanc. {Gaz. hebd. de méd., 1861, viii, 499-501). — Knight. Three cases of poisoning by hellébore poivder. [Brit. med. Journ., (1), 1885, 736). — Marmé. Ueber ein neues giftig loirkendes Glycosid der Badix Helleborinigri. [K. Ges. d. Wiss. d.Universitlit Gôttingen, 1864, 130-134). — Gôrtz (J.). Ueber Helleborein ; ein Versuch zum Ersatze der Digitalis. [Diss. Strasbourg, 1883). — Van der Heide (W.). Ueber die cumulative Wirkung des Digitaiins und Helleboreins. {A. P. P., XIX, 1885, 127-132). — Santoliquido (R.). Degli ellebori e délia elleboreina {Terap. mod., 1887, 625-689). — Venturlni et Gasparrlm. Sugli effetti anestetici locaii délia elleboreina [Ann. di chim. e di Farm.. 1888, vu, 159-161). — Furth. Ueber eine ver- giftung mit Hell. niger [Med. Klin., 1905. 330). — Thorowgood (J.-G.). Poisoning by black hellébore [Med. Press and Circul., 1904, 34). HELMHOLTZ (Hermann), 1821-1894. Hermann Helmholtz fut une des lumières les plus éclatantes de la science, non seule- ment dans la physiologie et la médecine, mais aussi dans la physique, dans les mathé- matiques et la philosophie. H. H., fils aîné d'un professeur de gymnase, naquit le 31 août 1821 à Potsdam. Après avoir terminé ses classes, il fut amené contre son gré à étudier la médecine; car il voulait être physicien. Mais, comme les moyens de sa famille étaient très modestes, il lui fallut choisir une carrière qui pût lui servir de gagne-pain, ce que la physique ne pouvait pas faire alors. Il entra dans l'institut Frédéric-Guillaume à Berlin, oîi les étudiants en médecine étaient élevés aux frais de l'État, s'ils s'engageaient à prendre pendant quelques années du service comme médecins militaires. Ses principaux maîtres furent Joha.nnes Muller, puis le physicien Magnus, le chimiste Mitsgherlich et le clini- cien Schônlein; mais il fut avant tout le fils de ses œuvres. Jamais il ne suivit un cours de mathématiques: pourtant il étudia les ouvrages des célèbres mathématiciens, des EuLER, des Bernoulli, des d'Alembert et des Lagrange, et devint un des plus grands mathématiciens du xix^ siècle. 246 HELMHOLTZ. Ses amis intimes furent E. du Bois-Reymomd, E. Brucke, C. Ludwig, tous des élèves de J. MÛLLER. En 18i-2 parut sa thèse qui a pour titre : « De fabvlca syatematis nervosi cvertebra- torum )), dans laquelle il fait voir l'union anatomique des cellules nerveuses avec les fibres nerveuses, fait fondamental pour la physiologie du système nerveux. En 1843, il publia son étude sur la putréfaction et la fermentation, et termina officiellement ses études en 1847. En 1843 il entra, comme médecin militaire à Polsdam dans les hus- sards rouges et un peu plus tard dans un autre régiment. C'est là qu'il écrivit son essai sur la chaleur animale, et en 1849 son étude célèbre sur la constance de l'énergie {Ûbcr die Erhaltung âer Kraft), mémoire qui ne fut pas accueilli par le physicien Poggendorff dans son journal de physique. Maintenant son étoile monte très vite à son zénith. En 1848, il devint professeur d'anatomie à l'Académie des arts à Berlin, et après son mariage (1849) professeur de physiologie et de pathologie à Konigsberg. Il mesura la vitesse de la propagation du principe nerveux par des méthodes toutes nouvelles et ingénieuses, il étudia les qualités d'un muscle en travail, les couleurs du spectre et leurs mélanges, et enfin {last not least) il inventa en 18aO l'ophtalmoscope {Augenspiegel), appareil qui permet de voir l'intérieur de l'œil vivant et qui donna naissance à l'ophtalmologie scienti- fique. En 1835 il fut nommé professeur d'anatomie et de physiologie à Bonn, où commen- cèrent ses éludes sur l'optique et l'acoustique physiologiques, et où il publia quelques travaux géniaux sur des équations hydrodynamiques qui prouvèrent qu'il était mathé- maticien de premier ordre. En 1852 il quitta Bonn pour la ville ensoleillée de Heidel- berg, où il resta jusqu'à 1871. Affligé par la longue maladie et la mort de sa femme, en 1859, il ne se remit à travailler que plusieurs mois après. Il se remaria en 1861. Alors commencèrent, en compagnie de ses collègues K!rchhoff et Bunsen, les années si agréables pour lui-même et si fertiles pour la physiologie, la physique et les mathé- matiques. C'est à Heidelberg que furent terminés les deux ouvrages classiques et uni- ques dans leur genre : les sensations auditives [Die Lehre von den Tonempfindwigen aïs physiologische Grundlage fur die Théorie der Musik) en 1863, et l'optique physiologique [Handbuch der physiologi^chen Optik) en 1867. Tout le monde sait que ces deux livres servent de base à la physiologie de l'ouïe et de la vision. En 1871 Helmholtz fut nommé professeur de physique à Berlin, et en 1888 président du nouvel Institut physique-technique {physikaliych technische Reichsanstalt) à Charlot- tenburg, près de Berlin. Ainsi il arriva une chose inouïe, d'après les paroles de son ami DU Bois-Reymond, qu'un médecin et professeur de physiologie reçut la plus célèbre chaire de physique en Allemagne ! Mais il était né physicien, comme il l'a dit un jour de lui-même. 11 n'est pas nécessaire de parler de ses travaux admirables : il suffit d'énumérer les titres des travaux dont on trouvera plus bas la bibliographie, et d'ajouter que son génie engendra les idées de son élève célèbre Hertz, qui découvrit les ondes électriques. Le 8 septembre 1894 une attaque d'apoplexie mit fin à l'existence de cet homme de génie, bon, aimable et modeste. L'autopsie révéla les signes d'une légère hydrocéphalie dont il avait souffert dans sa jeunesse. Hansemann fit un rapport sur cette autopsie. {Zeitschrift fur Psychologie und Physiologie der Sianesorganc, xx, 1889, 1-12. Uber das Gehirn von. Hermann Helmholtz, mit 2 Tafeln. La vie de Helmholtz a été écrite en détails par Kônigsberger sous le titre : Hermann von Helmholtz, par L. Kônigsberger. 1982 et 1903, deux volumes de 383 et 375 pp. Tous les travaux de Helmholtz, excepté ceux qui ont paru en forme de livres (l'optique physiologique, les sensations du son et ses discours populaires) ont été recueillis sous le titre de Wissenschaftliche gesammelte Abhandlungen von Hermann Helmholtz, Leipzig, 1882-1895, 3 volumes de 938, 1 021 et 654 pages. P. GRÛTZNER. Bibliographie. — 1. De Fabrica Systematis nervosi Evertebralonim. hiaug. Diss. (Ber- lin, 2 nov. 1842). — 2. Veber das Wesen der Fâulniss und Gàhrung. {Arch. f. Anat. Physiol., 1843, 453-462). —3. Ucbev den Stoffverbrauch bei der Muskelaction. (Ibid., 1845, 72-83). — HELMHOLTZ. 247 4. Wdrme, [Phijsiolorjie). {Encyklopàdisches Wôrterbuch der medicinischcn Wissenschafieii, hcmusgeurben von Prof essore n der medicinischcn Facilitât za Berlin, (xxxv, 323-567, Berlin, 1846). — 5. Berichte ûber die Théorie der physiologischen Wdrme-erscheinitnijen hetreffenden Arbeiten ans dem Jahre 1843. {Fortschrifte der Physik, 1843, 346-353. Berlin, 1847). — 6, Ueber die Erhaltung der Kraft. Vortrag in der physikal. Gesellschaft zu Berlin ani 23 Juli 1847. (Berlin, 1847). — 7. Ueber die Wàrmeenfiuicldung bei der M uskcl action. {Arch. fiir Anat. und PhysioL, 1848, 144-164). — 8. Bericht ûber die Théorie der physiolo- gischen Wàrme-erscheimingen betreffende Arbeit ans dem Jahre 1846. {Fortschrittc der Physik, II, 259-260, Berlin, 1848). — 9. Ueber die ForfpflanzHngsgeschwindigkeit der Nervenreizung {Berl. Monatsber, 21 Jan. ,1830, 14-13). — 10. Notes sur la vitesse de la pro'pagation de l'agent nerveux dans les nerfs rachidiens. [C. R., 1850, xxx, 204-206). — 11. Messungen ûber den zeitlicheh Verlauf der Zuckung animalischer Muskeln und die Fortpflan- zimgsgescliwindigkeif der Reizung in den Nerven (A. P., 1830, 276-364). — 12. Ueber die Methoden, kleinste Zeittcile zu messen und ihre Anwendung fur physiologische Zwecke. {Kônigsberger naturwissensch. Unterhaltung, ii, 169-189). — i3.Bericlit ûber die Théorie der physiologischen Wàrmeerscheinungen betreffende Arbeiten, 1847. {Fortschritte der Physik im Jahre 1847, m, 232-243. Berlin, 1830). — 14. Deuxième note sur la vitesse de la pro- pagation de l'agent' nerveux {C. R., xxxiii, 262-263, 1851). — 15. Beschreibung cines Augenspiegels zur UntersuchungTler Netzhaut im lebenden Auge {Berlin, 1831). — 16. Ueber den Verlauf und die Dauer der durch Stromesschivankiingen inducirten elektrischen Strôme [Berliner Monatsber., 8 mai 1831, 287-290). — 17. Ueber die Dauer und den Verlauf der durch Stromesschivankungen inducirten elektrischen Strôme (Poggend. Ann., lxxxiii, 305- 540). — 18. Messungen liber Fortpflanziingsgeschivindigkeit der Reizung in den Ncrven [A. P., 1852, 199-216). — 19. Die Resultate der neueren Forschungen ûber tierische Elek- tricitat. {Kieler allg. Monatsschrift. f. Wissensch. [und Litteratur, 1832, 204-309, et 366- 377). — 20. Ueber die Natur der rnenschlichen Smncsempfindungen. {Kônigsberger naturwiss. Unterhaltungen, m, 1-20). — 21. Ueber Herrn D. Brewster's neue Analyse des Sonnen- lichts. {Berliner Monatsberichte, 15 Jtdi 1832, 438-561). — 22. Ueber Herrn D. Brews- ter's neue Analyse des Sonnenlichts {Poggend. Ann., lxxxvi, 501-523, 1852). — 23. Ueber die Théorie der zusammengesetzen Farben. {Poggeniorff's Ann., lxxxvii, 4B-66 et A. P., 1852, 461-482). — 24. Ein Theorem iiber die Verteilung elehtrischer Strôme in kôr- perlichen Leitern {B. M., 22 Jh/M832, 466-468). — 25. Bericht ûber die Théorie der Akmtik undakustische Phânomenc betreffende Arbeiten vom Jahre 1848 {Fortschritte der Physik m Ja/tcel848, IV, 101-118; 124-123, 1832). —26. Bericht iiber die Théorie der physiolo- gischen Wàrmeerscheinungen betreffende Arbeiten aus dem Jahre 1848 {Fortschritte der Physik im Jahre 1848, iv, 222-223, 1832). — 27. Ueber eine neue einfachste Form des Augenspiegels {Arch. f.physiol. Heilkunde, xi, 827-832, 1832). —.28. Ueber eine bisher unbekannte Verânderung am mcnschlichen Auge bei verûnderter Accommodation {B. M., 3 Febr., 1853, 137-139). — 29. Ueber einige Gesetze der Verteilung elekirischer Strôme in kôrperlichen Leitern mit Anwendung auf die tierisch elektrischen Versuche {Poggend. Ann., Lxxxix, 211-233 et 333-377, 1833). —30. Ueber Goethe's naturwissenschaftliche Arbeiten. Ein Vortrag gehalten in der deutschen Gesellschaften in Kônigsbcrg, 1833. {Kieler allg. Monatsschrift f. Wissensch. und Litteratur, 1833, 383-398). — 31. Bericht iiber die Théorie der Akustik betreffende Arbeiten ans dem Jahre 1849 {Fortschritte der Physik, v, 93-98, 1854). — 32. Erwiderung auf die Bemcrkungen von Hrn Clausius. {Poggend. Ann., lxli, 241-260, 1854). — 33. Ueber die Wechselwirkung der Naturkràfte und die darauf beziig lichen neuesten Ermittelungen der Physik. [Ein populâr-wissenschaftlicher Vortrag, gehalten am 7 Febr. 1854, 2 fig., 47 pages, Konigsberg, 1854). — 34. Ueber die Geschxoindigkeit einigcr Vorgànge in Muskeln und Nerven {IL M., 15 Juni 1834, 328-332)». — 35. Ueber die Zusammensetzung von Spectralfarben {Poggend. Ann., lxliv, 1-28, 1835). — 36. Ueber das Sehen des Menschen. Ein populâr-ivissenschaftlicher Vortrag gehalten zu Konigs- berg am 27 Febr. 1853, 42 p., Leipzig, 1835). — 37. Ueber die Empfmdlichkeit der mcnschlir chen Netzhaut fur die brechbarsten Strahlen des Sonnenlichts [Poggendorff's Ann., lxliv, 205-211, 1833). — 38. Zusatz zu einer Abhandlung von E. Esselb.xch, iiber die Messung der Wellenldnge des ultraviolette n Lichtes {Berliner Monatsb., Dec. 1835, 760-761). — 39. Ueber die Accommodation des Auges {Arch. fiir Ophtalmologie, 1, 1-74). — 40. Bericht iiber die Théorie der Wdrme betreffende Arbeiten aus dem Jahre 1852 {Fortschritte der 248 HELMHOLTZ. Physik iin Jahre 1852, viii, 369-387, 1835). — 41. Ueber die Erklârung des Glanzes {N. S., 1856). — 42. Ziichungacurven von Frosclunuskcln. N. S., 1856). — 43. Ueber die Combina- tionstône oder Tartinischen Tône {N. S., 1856, 75-77). — 44. Ueber die Bewegungen des Bntstkasfens {Sitzber. der niederrheinischen Gesellsch. zu Bonn, 12 Mdrz 1856, in Verhand- lungen des natiirhist. Vereins fiir Rheinland und Westphalen,xiu, 70-71). — 45. Ueber Com- binationstône [Berliner Monatsb., 22 mai 1856, 279-285). — 46. Ueber Comhinationstône {Poggendorfs Ann., lxlix, 497-540, 1856). — 47. Handbuch der physiologisehen Optik (1 Liefening, 1-192, Leipzig, 1856). — 48. Bericht iiber die Théorie der Wârme belreffende Arbeiten aus dem Jahre 1853 {Fortschritte der Physik, ix, 404-432, 1856). — 49. Ein Teleste- rcoskop [N. S., 1857,79-81). — 50. Das Telestereoskop {Poggendorff's Ann., en, 167-175, 1857). — 51. Ueber die Vokale {Arch. f. d. holUind. Beitrcige z. Natur und Heilkiinde, i, 354-355). — 52. Die Wirkungen der Muskeln des Armes [Vorgetrageii in der cirztlichen Sektion der niederrheinischen Gesellschaft fur Natur und Heilkunde am 10. Dez. 1856 Allgem. medizin. Centralzeitung 1857, 85). — 53. Bericht ùber die Théorie der Wàrme betreffende Arbeiten aus dem Jahre 1854 {Fortschritte der Physik, 361-398, 1859). — 54. Ueber die subjectiven Nachbilder im Auge {Niederrhein. Sitz., 1858, 98-100). — 55. Ueber Intégrale der hydrodynamischen Gleichungen, welclte den Wirbelbexoegungen enlspreclien {J . M., Lv, 25-55). — 56. Bericht iiber die Théorie der Wurme betreffende Arbeiten aus dem Jahre 1855 [Fortschritte der Physik, xi, 361-373, 1858). — 51. Ueber die physikulischeUrsache der Harmonie und Disharmonie [Amtlicher Bericht ùber die 34 Versammlung deutscher Naturforscher und Aerzte zu Carlsruhe im September 1858, 158). — 58. Ueber Nachbilder [Amtlicher Berichte ùber die 34 Versammlung deutscher Naturforscher tind Aerzte zu Carlsruhe im September 1858, 225-226). — 59. Ueber die Klangfarben der Vocale [Gel. Anz. d. k. bayer. Akad. d.Wissensch., 1859, Nr., 67-69, 537-541, 545-549, li'63-^a6 ; Poggendorff's Ann., cviii, 280-290, 1859). — 60. Ueber Luftschivingungen in Rôhren mit offenen Enden [Heidelbcrger Jahrb., 1859, 354-357). — 61. Ueber Farbenblindheit [Verhdlg. des natur- hist-med. Vereins zu Heidelberg, ii november 1859, ii, 1-3). — 62. Théorie der Luftschwin- Qungen in Rôhren mit offenen Enden {Journ. f. reine und angew. Mathem., lvii, 1-72). — 63. Bericht ùber die Théorie der Wûrme betreffende Arbeiten aus dem Jahre 1856 {Fort- schritte der Physik, xn, 343-359, 1859). — 64. Ueber die Contrasterscheinungen im Auge. {N. H., Tl April 1860, ir, 32-33). — 65. Ueljer musikalische Temperatur. (Verh. des nat. Vereins zu Heidelberg, 23 IVou. 1860 et Poggend. Ann., cxiii, 87-90, 1860. — 66. On the mo- tion of the strings ofa violin. {Proc. ofthe Glasgow Philosophical Society, Dec. 19, 1860. {Phil. Magaz. 4 Ser., xxi, 393-396). — 67. Handbuch der physiologischen Optik (2 Lieferung, 193-432, Leipzig, 1860). — 68. Ueber Klangfarben {Verh. des nat. Vereins zu Heidelberg, II, 57, 1860). — 69. Ueber Reibung tropfbarer Fiiissigkeiten {Gemeinsammit G. v. Piotrowski ausgefùhrt).{Ak. W., xl, 607, 4860). — 70. Zur Theorieder Zungenpfeifen {N. H., ii, 159-164; Poggendorff's Ann., cxiv, 321-327). — 71. Ueber eine allgemeine Transformationsmethode der Problème ùber elektrische Verteilung {N . H., n, 185-188, 1861 et 217, 1862). —72. On the Application of the Conservation of Force to Organic Nature {Proc. Roy. Inst., m, 347-337, 1861. — 73. Ueber das Verhdltniss der Naturivissenschaften zur Gesammtheit der Wissen- schaften {Rectoratsrede, Heidelbcrger Universitntsprogramm, 1862). — 74. Ueber die arabisch- persiselie Tonleiter {N. H., n, 216-217, 1862). — 75. Ueber die Form des Horopters, mathe- matisch bestimmt {N. H., 2i oktober 1863, m, 51-55). — 76. Ueber den Einfluss der Reibung in derLuft auf die Schallbeicegnng [N. H., 27. Febr., 1863, m, 16-20; Heidlb. Jahrb. der Litteratur, 1863, Nr. 17). — 77. Ueber die Bewegungen des menschlichen Auges [N. H., m, 62-67, 1863, 8 mai). — 78. Ueber die normalen Bewegungen des menschlichen Auges {Archiv fur Ophthalmologie, ix, 153-214, 1863). — 79. Die Lehre von den Tonempfindungen als physiologische Grundlage fiir die Théorie der Musik, 1863. — 80. On the normal motions of the Human Eye in relation to binocular Vision. {Croonian Lecture. Procecdings ofthe London Roy. Soc.,xm, 186-199, 1863-64). — 81. Lectures on the Conservation of Energy {Delivered at the Royal Institution, April 5, 7, 12, 14, 19 et 21, 1864; Médical Times and Gazette, i, 1864, 385-388, 413-418, 443-446, 471-474, 499-501, 527-530). — 82. Bemer- kungen ùber die Form des Horopters {Poggend. Ann., cxxiii, 158-161, 1864). — 83. Ueber den Horopter {Heidelberger Jahrb., 1864, 340-342). — 84. Versuche ùber dus Muskelgerâusch (B. M., 23 mai 1864, 307-310). [N. H., 27 mai 1864, m, 155-157).— 85. Ueber den Horopter {Arch.f. Ophthalmologie, X, 1-60,1864). —86. Ueber den Einfluss der Raddrehung der Augen HELMHOTLZ. 249 auf die Projection der Retinalbilder nach Aussen. {N. H., 25 November 1864, m. 170-171). — 87. Ueber Eigem^chaften des Eises.{N. H., m, 194-196). — 88. Ueber stereoskopisches Sehen, (.Y. H., 30. Juni 1863, iv, 8-il). — 89. JJebcr die Augenbewegungen {Heidelherger Jahr- buch, 186o, 253-259). — 90. Popnlare wissenschaftliche Vortnige (1 Heft 1865). a) Nr. 30 dièses Verzeichnisses; b) Nr. 73 dièses Verzcichnisses ; c) Ueber die physiologischen Ursachen der musikalischcn Harmonie; d) Eis und Gletscher. — 91. Die Lehre von den Tonetnpfindungen als physiologische Gnmdiage far die Théorie der Musik (2 Aufl.., 605 p. mit in den Text eingedruektcn Holzst., 1805). — 92. Ueber den Muskelton (N. H., 20 J»/i 1866, IV, 88-90). — 93. On the Regelation of ice {Philosoph. Magaz., (4), xxxii, 22-23; Arch. des seienc. phijs. et nat., xxvi, 241-243; Renie des Cours scientifiques, m, 452, 1866). — 94. Wnidbuch der physiologischen Optik {'i Liefcrnng, 433-874, Leipzig, 1867). — 95. Mit- teilung betr. Versuche iiber die Fortpflatizungs-Geschwindigkeit der Reiziing in den motori- schen Nerven des Menschen, ivelche H. Herr N. Baxt ans Petersburg im physiologischen Laboratorium zu Heidelberg ausgefûhrt luit {B. M., v, 29 April 1867, 228-234). — 96. Ueber die Mechanik der GehJrknôchelchen {N. H., iv, 153-161, 1867). — 97. De la production de la sensation du relief dans l'acte de la vision binoculaire [Compte rendu du Congrès périodique international d'ophtalmologie à Paris, 1867, Paris, 1867, 53-58). — 98. Die neueren Forts- chrittc in der Théorie des Sehens (Preiiss. Jahrb., xxi, 149-171, 263-290, 403-435). — 99. Ueber discontinuirliche Fliissigkeitsbeivegungen {B. M., 1868, 215-228). — 100. Sur le mouvement le plus général d'un fluide (C. /{., lxvii, 221-225, 1868). — 101. Sur le mouve- ment des fluides (lèid., lxvii, 754-757, 1868). — i02. Réponse à la note de M. J. Bertrand du 19 octobre [Comptes rendus de VAcad. des sciences de Paris, lxvii, 1034-1035, 1868). — 103. Ueber die thatsdchlichen Grundlagen der Géométrie [H. N., iv, 197-202, 1868, 22 mai; el v, 31-32, 1869, 30 April). — 104. Ueber die Thatsachen, die der Géométrie zu Griinde liegen [Nachrichten der k. Ges. d. Wissensch. zu Gôttingen, 1868, 3 Jiini, Nr. 9, 193-221). — 'lOS. Zur Théorie der stationdrcn Strôme in reibcnden Flûssigkeitcn [N. H., v, 1-7, 1869). — 106. Ueber die physiologische Wirkung kurzdauerndcr clektrischer Schlàge im Innern von ausgedchnten leitenden Massen [N. H., 1869, v, 14-17). — 107. Ueber elek- trisehe Oscillationen [N. H., v, 27-31 ; Tageblatt der 43 Versammlung deutscher Naturfors- cher und Aerztc zu Innsbruck im Septemù. 1869, 105-108;. — 108. Ueber die Schallschwin- gungen in der Schneckc des Ohres (.Y. H., v, 33-38, 25 Juni 1869), — 109. Ueber das Heu- fieber. Als briefliche Mitteihtng, cnthalten in einer Abhundlung von : Binz (C.) pharma- kologische Studieii iXber das Chinin [A. A. P., 100-102). — 110. Die Mecha}iik der Gehôrknôch- elchen und des Trommelfclles [A. g. P., i. 1-60; et tir. à part. Bonn, 1869). — 111. Ueber die Théorie der Elcktrody manik. i. Ueber die Gesctze der inconstanten clektri!>chen Strôme in kôrperlich ausgedchnten Leitern [N. H., 21 Jan. 1870, v, 84-89). — 112. The axioms of geometry [The Acudemy, i, 128-131, 1870). — 113. Neue Versuche itbcr die Fortpflanzuiigs-Geschwindigkeit der Reiziing in den motorischen Ncrvoi der Menschen, ausgefûhrt von N. Baxt aus Petersburg [B. M., 31 Milrz 1870, 184-I9i). — 114. Ueber die Beicegungsgleichiingen der Elektricitdt fiir ruhende leitende Kôrper [J. M., lxxii, 57-129). — 115. Die Lehre von den Toncmpfindungen als physiologische Grundlage fiir die Théorie der Musik. (3^ édit., 640 p. mit i}i den. Text eingedr. Holzschn., Braunschweig, 1870). — 116. Vorrcde zur deutschen Ueberselzung von Tya'dall [L). Faraday as a disco- verer, 1870. — 117. Populdre wissenschaftliche Vortrâge, 2 Heft. a) AV. 33 dièses Verzcichnisses; b) Nr. 98 dièses Verzeichnisses ; c) Ueber die Erhaltung der Kraft; 6). Ueber das Ziel und die Fortschritte der Natunvi^scnschaft [Erôffnungsredc der Naturforscherver- sammlung zu Innsbruck, 1869). — 118. Vorrede zum erstcn Theit des ersten Bandes der deutschen Ueberselzung von Thouson (W.) et Tait (P. G.). [Treatise on Natural Philo- sophy, x-xii, 1871). — 119. Ueber die Fortpflanzungs-Geschnùndigkeit der eleklro-dynamis- chen Wirkungen [B. M., 25 mai 1871, 292-298). — 120. Ueber die Zeit, ivelchc nôtig ist, damit einGesichtseindruck zumBcwusslsein kommt. Resiiltate einer von Hcrrn Baxt (N.) im Heidelbergcr Laboratorium ausgefiihrten Untersuchiing {B. M., 8 Juni 1871, 333-337). — 121. Zum Geddcht)iiss an Magnds [Gasiav).[Denkschriften der Akndemie der Wissenschaftcn zu Berlin, Jahrg, 1871, 1). — 122. Ueber die Théorie der Elektrodynamik [B. M., 18 April 1872, 247-256). — 123. Ueber die galvanische Polarisation des Platins. Tageblatt der 45 Versammlung deutscher Naturforscher und Aerzte zu Leipzig, Aorît 1 872, 110-111). — 124. Ueber die Wechselwirkung der Naturkrâfte und die darauf beziiglichen 250 HELMHOLTZ. neuesten Ermittdungen cler Physik, Neucr Abdr. (Konigsberg, 1872). — 125. Vergleich des Ampere'schen und Neumann'schen Gesetzes fiir die ekktrodynanmchen Krafte (B. M., 6Febr. 1873, 91-104). — 126. TJebcr ein Theorein, geomctrlsch ahniichc Beicerjuagen Jlmsiger Kôrper betreffend, nebst Anwendung auf das Problem, Luftballons zu lenken {B. M., 1873, 501-514). — 127. Ueber galvanische Polarisation in gasfreien Fliissigfieiten [B. M., 1873, 587-397; Poggcnd. Ann., cl, 483-495). — 128. TJeber die Grenzen der Lcistungsfdhigkcit der Mikroskope {B. M., 20 0kt., 1873, 625-626).— 129. Ueber die Théorie der Elektrodynamik, Ziveite Abhandhing : Kritischea (J. M., Lxxv, 35-66, 1873). —130. Ueber die Théorie der Elektrodynamik; m. Die cicktrodynamischen Krafte in beioegten Leitern (J. j|/., lxxvii, 273-324, 1874). — 131. Die theoretische Grenze fiir die Leistiingsfdhigkeit der Mikroiikope {Poggend. Ann., Jubelband, 1874, 557-384). — 132. Kritisch^t^ zur Elektrodynamik [Pog- gcnd. Ann., CLiir, 545-556). — 133. Zur Théorie der anomalen Dispersion {B. M., 29 0ctob. 1874, 667-680; Poggend. Ann., cuv, 582-596, 1875). —134. On the later viexos of the connection of electriciiy and magnetism [Annual Report of the Smithsonian Institu- tion for 1873, 247-253). — 135. Kritisches. Vorredcn zum zweiten Theile des ersten Bande von Thomson (W.) and Tait (P. -C). [Treatise on Natural Philosophy, 5-14, 1874). — 136. Yorrede und Kritische Beilage zur deutschen Uebersetzung von Tyndall (J.). (Fragments of Science, \-xxy, 581-397, 1874). — 137. Versiiche iiber die im ungeschlossenen Kreise durch Bewegung inducirten elektromotorischen Krafte B. M., 17 Juni 1875, 400-415; Poggend. Ann., GLviii, 87-105). — 138. Wirbelsturme und Geioitter [Deutsche Rundschau, vi, 363- 380, 1876). — 139. Bericlit betreffend Versuche iiber die elektromagnetische Wirkung elek- trischer Convection, ausgefiihrt von Hrn Rowland (H. A.). (B. M., 16 Màrz 1876, 211- 216; Poggend. Ann., clviii, 487-493). — 140. Bericht iiber Versuche des Hrn. Root (E.). aus Boston, die Durchdringung des Platins mit elektrolytischen Gasen betreffend [B. M., 16 Mârz 1876, 217-220; Poggend. Ann., eux, 416-420). — 141. Popuhïre xoissensehaftUche Vortràge, (1 Heft. 2 A., 1876). — 142. Popuhïre wissenschoftiiche Vortrâge, 2 Heft, 2 A., 1876). —143. Populare wissenschaftHche Vortràge, 3 Heft, 1876. Enthalt : » iVr. 121. dièses Verzeichnisses ; b) Ueber die Axiome der Géométrie; c) Optisches iiber Malerei; à) Ueber die Entstehung des Planetensystems. — 144. The origin and meaning of geometrical axioms[Mind, 1,301-321, 1886). — 145. Das Denken in der Medicin. Rede gehalten zur Feier des Stiftung stages der militâràrztl. Bildungsanstalten am 2 Aug. 1877, 36 p., Berlin, 1877). — 146. Ueber die akademische Freiheit der deutschen Universitàten. Rektoratsrede vom i^Okt. 1877 [Universitatsprogramm, Berlin, 1877). — 147. Ueber galvanische Strôme, vernr- sacht durch Concentrationsunterschiede, Folgerungen aus der mechanischen Wdrmetheorie [B. M., 26 Nov. 1877, 713-726; Wied. Ann., m, 201-216). — 148. Die Lehrevon den Tonemp- findungen, aïs physiol. Grundlage fiir die Théorie der Musik (4 iimgearb. Auflage, 675 p., 1877). —149. Telephon und Klangfarbe [B. M., 11 Juli 1878, 488-509; W. A., v, 448-460, 1878). — 150. Ueber die Bedeutung der Convergenzstellung der Aug en fur die Beurteîlung des Abstandes binocular gesehener Objecte. [Verh. der physiol. Gesellschaft zu Berlin, 10 mai 1878, 57-59; A. P., 1878, 322-324). — 151. The origin and meaning of geometrical axioms [Mind. m, 212-225). — 152. Das Denken in der Medicin. (2 neu durchgearbeitete Aufl. 30 p., Berlin, 1878). — 153. Die Thatsachen in der Wahrnehmung. [Rede gehalten zur Stiftungfeier der Friedrich-Wilhems-Universitât zu Berlin am 3 Aug. 1878; Univ. Programm., Berlin, 1878). — 154. Lord Rayleigh's Théorie of Sound [Nature, xvii-237- 239 et XIX, 117-118). — 155. Ueber die akademische Freiheit der deutschen Universitàten (Berlin, 1878). — 156. Ueber elektrische Grenzschichten [B. M., 27 Febr. 1879, 198- 200). — 157. Studien iiber elektrische Grenzschichten [W. A., vu, 337-382). — 158. Die Thatsachen in der Wahrnehmung. [Rede gehalten zur Stiftungsfeier der Friedrich- Wilhelms-Universitàt zu Berlin am 3 Aug. 1878; Ûberarbeitct und mit Zusâtzen versehen, Berlin, 1879). — 159. Ueber Bewegungsstrôme am polarisirten Platina [B. M., 1880, 11 Marz, 285-305; \^. A., xi, 737-759). — 160. Vorbemerhung zu einer nachgelassenen Abhandlung von Boll (F.) Thesen und Hypothesen zur Licht und Farbenempftndung [A. P., 1881, 1-3). — 161. Ueber die auf dat^ Linere magnetisch oder dielektrisch polarisirter Kôrper wirkenden Krafte [B. M., 17 Febr. 1881, 191-213; W. A., xiii, 383-406). — 162, On the modem development of Faraday's conception of electricity [Journal of the chemical Society, June 1881). — 163. Note on stereoscopic vision [Phil. Mag., xi, 507-508, 1881). — 164. Fine elekfrodynamische Waage (W. A., xiv, 52-54, 1881). — 165. Ueber die Berathun^ HELMHOLTZ. 251 yen des Pariscr Congrcsses belreffend die flcktrmhen Maassciiiheitcn {Elcctrotechnischc ZcitAchrift, 482-489, ISSl). — 166. Ueber galvaiùsche Polarisation des Quecksilbers und daraiif be-Jigliche neue Vemichc des Herrn Koxig (A.)- {B. M., 3 JVov. 1881). — 167. Die Thermodynamik chemischer Vorgàngc (Be/7. Sitzungsberlchte, 2 Fcbr. 1882). — 168. ïur Thermodi/namik chemischer Vorgdnge {Berl. Sit'zungsberichtc, 27 Juli 1882). — 169. Ueber absolutc Maassijstemc filr elcklrischc und mngnetische Grôssen (VV. A., xvii, 42-o4, 1882). — 170. Bericht iibcr die Thdtigkeit der internationalen elektrischen Commission. {Verhandlungen der physik. Gesellschaft zu Berlin, 17 f^oi\ 1882). — 171. Wissenschaftliche Abhandinngen. [l, 938, Mit Portrdt, 1882). — 172. Bcstimmung niagnetischer Momenfe durch die Waage {Berl. Sitz., 5 April 1883, 40r3-408, 1883). —173. Z«/- Thermodynamik che- mischer Vorgânge. Folgerungen, die galv. Polarisation betreffend. [Berl. Sitz., 31 Mai 1883, 647-665). — 174. Wissenschaftliche Abhandlungen (ii, 1019 p., 1883). — 175. On galvanic ciirroifs passing through a very tliin stratum of an elcctrolyte {Proc. Edinb. Roy. Soc. 1883-84, 596-599). —176. Studien zur Statik monocyklischer Système {Berl. Sitz., 6 Màrz, 27 Milrz und 10 Juli 1884, 159-177, 311-318 und 755-759). — 177. Ueber die Beschliisse der internationalen Conferenz filr elektrische Maasseinheiten. Verhandl. der physikal. {Gesell- chaft in Berl. vom 9 Mai 1884, m, 26-28). — 178. Verallgemeinerung der Sâtze iiber die Statik monocyklischer Système {Berl. Sitz., 18 Dez. 1884, 1197-1201). — 179. Principien der Statik monocyklischer Système {Crelle's Jour., 1884, lxlvii, 111-140, 317-336). — 180. Vortràge und Reden. Zugleich 3. Auft. der populdren ivissenschaftlichen Vortràge, 1884. Inhalt .-a) Die bereits in Nr. 90, 117 und 143 abgedruckfen Vortràge; b) ISfr. 36, 138, 145, 146, 153, 165, 135 und 136 dièses Verzeichnisscs ; c) Der doutsche Originaltext von Nr 162; d) Robert Mayer's Prioritât {als Zuzatz zu Nr. 33 dicsses Verzeichnisscs). — 181. Report on Sir William Thouson's Mathematical and Physical. Papers (Vol.i, et ii; Nature, XXXII, 25-28, May 14, 1885). — 182. Handbuch der physiologischen Optik. [i umgearb. Aufl. Liefer. 1-80, 188 S). — 183. Handbuch der physiologischen Optik (2 umgearb. Aufl. 2 et 3 Liefer., 81-240, 1886). — 184. Leber die physikalische Bedeutung des Princips der kleinsten Wirkung {Crelle's Journ. 1886, c, 137-166; 213-222). — 185. Rede bcim Empfang der Gràfe-Medaille. Bericht iiber die 18 Versammlung der ophtalmologischen Gesellschaft {Festsitzung am 9 Aug. 1886, 43-52). — 186. Ueber Wolken und Gewitterbildung. {Verhandl. der physikal. Gesellschaft zu Berlin, 1886, 22 Okt, 96-97). — 187. Zur Geschichte des Princips der kleinsten Action {Berl. Sitz., 1887, 225-236). — 188. Versuch um die Cohàsion von Flùssigkeiten zu zeigen. {Verhandl. der physikal. Gesellschaft zu Berlin, 1887, 4 Febr. 16-18). — 189. Fraunhofer (Joseph). Rede bei der Gedcnkfeier zur hundertjdhrigen Wieder- kehr seines Geburtstages 6 Mdrz 1887 {Zeitschrift filr Instrumentenkunde, vu, 115-1221 — 190. Weitere Untersiichungen die Elektrolysc des Wassers betreffend {Berl. Sitz., vom 28 Juli 1887, 749-758; W. A., xxxiv, 737-751, mit Nachtrag). — 191. Zeller (Eduard). Zdhlen und Messen, erkenntnisstheoretisch betrachfet. Physiologische Aufsdtze zu seinem fûnfzigjdhrigen Doctor-jubilaum gewidmet (1887, 17-52). — 192. Handbuch der physiolo- gischen Optik {2 umgearb. Aufl., 2ii-320, 1887). —193. Mitteilung zu dem Bericht iiber die Untersuchung einer mit der Fliissigkeit arbeitenden Pictet Eismaschine {Verhandl. der Berl. physikal. Gesellschaft, 1887, 97-101; 112-114.) —194. Ueber [atmosphdrische Bewe- gungen {Berl. Sitz., 31 Mai 1888, 647-663; Meteorol. Zeitschrift, 1888, 329-340). — 195. Ueber das Eigenlicht der Netzhaut. {Verhandl. der physikal. Gesellschaft zu Berlin vom 2 Nov. 1888; vu, 85-86). —196. Zur Erinnerung an Clausius (R.). [Verhandl. der physikal. Gesellschaft zu Berlin vom 11 Jan. 1889, viii, 1-6). — 197. Ueber atmosphdrische Bcwe- gungen. (ii, Berl. Sitz., 25 Juli 1889, 761-780. Im Auszug abg. in den Verhandl. der physikal. Gesellschaft zu Berlin vom 25 Okt. 1889, viu, & 1-16). — 19S. Handbuch der phy- siologischen Optik (2 umgearb. Aufl.,") Lieferung, 321-400, 1889). — 199. Die Stôrung der Wahrnehmung kleinster Helligkeitsunterschiede durch das Eigenlicht der Netzhaut {Zeits- chrift fiir Psychologie und Physiologie der Sinnesorgane, i, 5-17, 1890). — 200. Die Energie der Wogen und des Windes {Berl. Sitzungsber., Il Juli 1890, 853-872, W. A., xli, 641-662). — 201. Suggestion und Dichtung. {Deutsche Dichtung, ix, 125), Spâter abgedr. in,- Die Suggestion und die Dichtung (Berlin, 1892, 69-71). — 202. Bemerkungen iiber die Vorbildung zum akademischen Studium. {Verhandl. iiber Fragen des hôhern Unterrichts Berlin, 4-17 Dez. 1890, Berlin, 1891, 202-209, et 763-764). —203. Versuch einer erwei- terten Amoendung des Fechnerschen Gesetzes im Farbensystem {Zeitschrift fur Psychologie !252 HELMONT. und Physiologie (1er Sinnorganc, ii, 1-30, 1891). — 204. Versuch das psychophysische Gesetz aiif die Farbenunierschiede trichromatischer Aiigen anzuwenden {Ibid., m, 1-20 u. ol7, 1891). — 205. Kùrzcfite Linicn im Farbensysfem. (Berl. Sitz., 17 Dez. ,iS9i, 1071- 1083 {Ausziig in ZciUchrift fur Psychologie und Physiologie der Sianesorgane, m, 108-122 1891). — 206. Autobiographisdies, Tischrede bei der Fcier des 70 Geburtstages. In : Ans- prachen und Reden, gehalten bei der am 2 Nov. 1891, zu Ehren von Hermann v. Helmholtz veranstalteten Feier (Berlin, 1892, 46-59). — 207. Das Princip der kleinsten Wirkitng der Electrodynamik {Berl. Silz., 12 Mai 1892, 4o9-47o; W. A., slvii, 1-26). 208. — Uamlbuch der physiologischen Optik. (2 umgearb. Auflagc, 6 und 7 Liefer. 1892, 401-S60). — 209. Goethe's Vorahnungen kommender natunoissenscliaftiichcr Ideen. Rede gehalten in der Generalversammlung der Gœthe-Gesellschaft zu Weimar den 11 .Juni 1892. [Deutsche Rundschau, lxxii, 115-132). — 210. FJektromagnetische TJicorie der Farbenzerstreuung. {Berl. Sitzungsbericht vom 15 Dec. 1892, 1093-1109; W. A. xlvui, 1893, 389-405). — 211. Zusdtze und Berichtigungen zu dem Aufsatze : FJektromagnetische Théorie der Farben- zertreuung, W- A., xlviii, 1893, 723-725). — 212. Adresse an Hrn E. Du Bois Reymond bei Gelegenhcit seines 50 jûhr. Doctorjubildums {verfusst im Auftrage der Kônigl. Aka- demie der Wissenschaften zu Berl. Sitz., 16 Fehr. 1893, 93-97). — 213. Folgerungen aus MaxwelVs Théorie ùber die Bewegungen des reinen Aethers. {Berliner Sitzungsherichte vom 6 Juli 1893, 649-656; W. A., lui, 135-143). — 214. Wiedemaxn (Gustav). Beim Beginn des 50 Bandes seiner Annalen der Physik und Chemie gewidmet. (W. A.,l, ni, xi). — 215. Ueber den Ursprung der richtigen Deutung unserer Sinneseindriicke {Zeitschrift fur Psychologie und Physiologie der Sinnesorgane, vu, 81-96). — 216. Vorwort zu Hertz (H.). Prinzipien der Mechanik, 1894, vii-xxvii). — 217. Handbuch der physiologischen Optik. (2. umgearb. Aufl., 1894, 561-640). ABRÉVIATIONS Berliner Monatsberichte = B. M. Borchardt's Journal fiir die reine und angeioandte Mathematik. ... = J. M. Verhandlungen des naturhistorischen 7ned. Vereins zu Hcidelberg . . . =^ N. H. ISiederrheine Sitzungsberichte =rr JV. S. \Yiedemann's Annalen der Physik und Chemie. . ■ := W. A. HELMONT (Jean-Baptiste van Helmont), né à Bruxelles en 1577', décédé k Vilvorde en 1644, chimiste, médecin, physiologiste et philosophe, a exercé sur le progrès des sciences médicales et particulièrement sur la physiologie une inlluence qui se mesure aux persécutions dont il a été l'objet de la part des Ecoles dont il renversait les doctrines. Par sa mère, Marie de Stassart, il appartenait à une illustre famille belge; son mariage avec Marguerite van Ranst le fit entrer dans la famille de Mérode. En 1594 il termina ses études philosophiques à l'Université de Louvain, et lui-même raconte dans un chapitre de YOrtus medicinse les hésitations qu'il éprouva dans le choix d'une carrière. Persuadé qu'il ne possédait aucune connaissance réelle et solide, il aban- donna successivement l'étude de la philosophie pour celle de l'astrologie et de la théorie des planètes, puis pour celle de la géométrie, de la physique ; finalement il quitta les bancs de l'école, refusant le titre de « magister artium » dont il ne se jugeait pas digne : Nolens ut mecum morionem i)rofessores agerent, magistrum septem artium declararent, qui nondum essem discipidus-. La mère de van Helmont souhaitait qu'il entrât dans les ordres; mais il ne put s'y décider et continua de travaillera s'instruire; il parcourut le cycle des sciences; dégoûté des études juridiques, « parce que le droit n'est basé que sur des traditions humaines et 1. Ou eu 1580, d'après G. Des Marez. {L'état civil de J.-B. van Helmont, y4nM. de la Soc. d'Archéol. de Bruxelles, 1907, 107-128). 2. Orlus medicinae, id est initia physicœ inaudita. Amsterdam, Elzévir, Stiidia authoris, 16. HELMONT. " 253 par-là même peu sûres, instables, manquant de vérité », il trouva en fin de compte dans l'histoire naturelle des connaissances plus certaines et plus séduisantes pour lui; amené ainsi aux études médicales, il se pénétra des principes de Fucus et de Fer.xel, lut deux fois les œuvres de Galien, une fois tout Hippocr.vte, dont il apprit même les apho- rismes par cœur; il étudia AvicEiNne et environ six cents auteurs grecs, arabes ou modernes, et annota leurs ouvrages. Son travail terminé, il parcourut ses notes; mais cet immense labeur n'avait servi, dit-il, qu'à lui faire voir sa pauvreté scientifique et à lui faire regretter le temps perdu. Ce que l'on appelait la « science médicale » le fit sourire : Subrisi mecum '; et c'est avec amertume qu'il déclare n'avoir rien trouvé dans ses lectures qui lui permit d'entrevoir la vérité : niliU quod scientiam veritatis aut veri- tatem sclentiae sponderet ^. Les professeurs de médecine de Louvain, prévenus en faveur du jeune van Helmont par l'ardeur avec laquelle il se livrait au travail, songèrent à lui confier le cours de chirurgie; cédant à leurs instances, van Helmont donna le cours; mais il fut bientôt stu- péfait de sa témérité et de son étourderie, se demandant comment il pourrait, d'après la lecture des livres, enseigner une branche que l'on ne peut arrivera, connaître que par une longue expérience : demiratus (emeritates et incogilantias meas, quod solâ librorum lectione docere jjrwsKiiierem quse non nisi visu atque manuum contrectatione lonyo usu et acri jiidicio addisciintur ^. 11 renonça donc à ce cours, et, fatigué de ne rencontrer dans ses lectures qu'ignorance et présomption, il jeta de côté les livres qu'il avait tant aimés : libros abjeci ac ducen- tos forte aureos in libris donc transtuli in studiosos [utinani combusissem ! ) omnino mecum resolutus professionem tam ignaram deserere, .si non doit quoque plenam '". On voit que van Helmont n'a pas embrassé par enthousiasme la profession médicale: lui-même raconte avoir reçu en rêve l'ordre du Très-Haut lui enjoignant de se faire médecin et lui promettant que l'archange Raphaël viendrait quelquefois l'assister de ses conseils. H fut promu en 1397, au grade de docteur en médecine à l'Université de Louvain et entreprit, dès l'année suivante, des voyages à l'étranger. De 1000 à 1602 11 visita la Suisse et l'Italie, puis la Hollande et l'Angleterre; à son retour, en 1605, comme il débarquait à Anvers, il y trouva l'occasion d'exercer, au cours d'une épidémie de fièvres malignes, cet « art de guérir» dont il avait tant inédit : Quo magis medicinam detestarer, ac velut impostumm procul a me abjicerem, eo nempe major me imasit medendi occasio'. » Van Helmont se rendit ensuite à Bruxelles, et à partir de ce moment jusqu'à la On de sa carrière, il mena une vie admirable de travail et de dévouement; il prodiguait ses soins à tous, aux pauvres et aux prisonniers surtout; sa réputation s'étendit bientôt au loin : l'électeur de Cologne l'appela auprès de lui pour être son médecin; l'empereur Rodolphe II d'Autriche lui otfrit des avantages et des honneurs considérables pour l'attirer à Vienne; mais van Helmont déclina ces propositions, et après son mariage il se retira à Vilvorde où il passa sept années dans la retraite ; ne voyant du monde que les malades indigents, il vécut complètement absorbé par ses travaux scientifiques ; Uxorem piam alquc nobilem mihi dédit {Dcus) cum qud Vilvordiam me >iubdu.:ii,per septen- nium Pyrotechniœ me immolavi, ac paupcrum calamitatibus subveni^. L'esquisse biographique que nous venons de retracer, et qui s'arrête au moment où van Helmont, retiré à Vilvorde, y installe son laboratoire et s'adonne au travail expéri- mental, met en évidence les deux traits principaux du caractère de cet homme que l'on a si diversement jugé. Il ressort avec évidence des textes mêmes de .van Helmont qu'il a compris, dès sa jeunesse, l'inanité de l'enseignement des Écoles et la nécessité d'en- gager la science dans une voie d'observation dégagée de tout préjugé; mais il apparaît avec non moins d'évidence que ce réformateur était lui-même un rêveur, un mystique, et que, si d'une part il ne se contentait pas de vains mots dans l'explication des phéno- i. Ort. med., 18 {Studia autkoris). 2. Ort. med., 18 [Studia autkoris). 3. Tumulus pestis, 10, in Ortus medicinœ. Elzévir, l(Ji8. 4. De Lithiasi, II, 12, 19. o. Tum. pestis, 11. 6. Tum. pestis, 11. t)54 HELMONT. mènes naturels, d'autre part il participait largement aux erreurs de son temps. Cette antinomie entre un profond bon sens qui lui fait voir la réalité et une foi aveugle allant jusqu'aux plus absurdes superstitions se retrouve dans ses œuvres comme dans les aventures de sa vie; elle rend le personnage de van Helmont intéressant comme l'expres- sion même de cette époque de transition où, dans l'art comme dans la science, le mysti- cisme est exaspéré par la lutte contre l'esprit nouveau : la même année a vu naître RuBENs et VAN Helmont; le même enlbousiasme pour la splendeur de la nature les anime l'un et l'autre, et le frêle van Helmont a parfois dans son style des traits dont la vigueur rappelle celle du maître flamand. Ainsi, quand il exalte le travail de laboratoire en disant : Abdicari omncs lihvos et scn^i meper ignem plus proflcere in conceptilmaorando acqidsttis, quam in libris quibusllbet, cantum sempcreumdem cucidi canentihiis '. On imagine voir VAN Helmont priant avec ferveur pendant qu'il surveille les opérations du feu dans ses cornues. Et encore ce texte : Laudo beni;/num mihi Deum, qui me in Pyrotechniam vocavit extra aliarum professionum fœceni-. Toute l'œuvre de Van Helmont abonde en traits de ce genre; à chaque page apparaît l'observateur sagace, l'expérimentateur volontaire et pénétrant, cherchant à travers les broussailles le chemin de la vérité dont rien ne le détourne. Hélas! à chaque page aussi se découvre le préjugé religieux, enra- ciné, profond, ramenant toutes choses à Dieu, source de tout bien et de toute vérité,^ admettant jusqu'aux fables les plus absurdes sur la génération spontanée et le magné- tisme animal. De telles contradictions sur les principes, de telles oppositions dans les doctrines expliquent la diversité des jugements portés sur celui que Guy-Patin appelait « un méchant pendard llamand qui n'a jamais fait rien qui vaille ^ ». Et de même les attaques virulentes de van Helmont contre la médecine et les médecins, contre l'autoritarisme et l'erreur, expliquent les persécutions dont il fut l'objet. On se ligua pour abattre cet orgueilleux qui déclarait : Nunquam in alicujus viri verba protervim jurasse, et auctori- tates semper postposuisse rationibus. Les médecins poursuivirent de leur haine celui qui osait tourner en ridicule Aristote et Galien et combattre ceux qui refusaient de penser par eux-mêmes : euntes quû itum non quâ eundum erat, semper antecedentium (jregem seqnentes, csecisqiie mentis judiciis sibi mutuo suscribentes ''■. Van Helmont fut poursuivi devant le tribunal ecclésiastique de Matines; déjà le 16 octobre 1625, il avait été censuré par le tribunal de l'inquisition d'Espagne; au mois d'octobre 1630 la Faculté de théologie de l'Université de Louvain condamna les opinions de VAN Helmont comme entachées d'hérésie; le 6 mars 1634 van Helmont fut empri- sonné dans le couvent des Frères mineurs de Bruxelles; bientôt il obtint de pouvoir subir chez lui la peine de l'emprisonnement préventif auquel il était soumis, et ses livres furent confisqués. On ne sait au juste comment se termina ce procès; il paraît certain qu'il n'y eut pas de jugement, et ce résultat fut dû, au dire de Guy-Patin, à la protection de Marie de Médicis qui intercéda auprès de l'archevêque de Matines : Van Helmont était un enragé. Les Jésuites le voulaient faire brûler pour magie; la jeune Reine- Mère le sauva, parce qu'il lui prédisait Vavenir, étant induite à cela par un certain Floren- tin, nommé Fabroni, qu'elle avait près de soi, qui la repaissait de ces vanités astrologiques^. Peu de jours avant de mourir il appela son fils et lui remit toutes ses notes, tous ses manuscrits préparés pour la publication de VOrtus medicinœ dans lequel il avait résumé ses doctrines : Relinquo Domino meo rindictam, quem supplex obtestor, hostibus meis par- ceat et lumen pœniteniiœ largiatur. Il mourut le 30 décembre 1644. L'œuvre de van Helmont comprend les travaux suivants, publiés jusqu'à ce jour : i. Dageraad oftenieuive opkomstdes Geneeskonst, in verborgen grond-regiden cler Nature, Ce manuel de pratique médicale, rédigé en flamand par l'auteur lui-même, parut d'abord à Leyde, en 1615, et eut plusieurs éditions, même après la mort de van Helmont. 1. Tum. pestis, 11. 2. Phannacop. ac Dispensât. Modem.. 32. 463. 3. Lettres de feu M. Guy-Patin, I, 14 (édition de 1691, à Cologne, clicz Pierre du Laurens). 4. De felmbus, xt, 2, p. 771 de la 2" édition. 5. Lettres de Guy-Patin, I, o03. HELMONT. 255 2. De magneticâ vulnenim citmtione. Van Helmont ne destinait pas cette œuvre à la publicité, et l'on ne peut qu'approuver la détermination qu'il avait prise à cet égard. Elle fut publiée en 1621 à Paris, à l'insu de l'auteur et apparemment dans l'intention de lui nuire. 3. Siipplementum de Spadanis fontihus. Publié à Liège, en 1624, à la suite d'un voyage que VAN Helmont avait fait à Spa. 4. Febrium doctrina inaudita, publié en 1642, complété en 1644, contient dix-sept chapitres où sont exposées des doctrines médicales basées sur des observations origi- nales et exactes: on y trouve maintes notions de physiologie qui sont autant d'antici- pations remarquables. 5. De Lithiasi, traité de la formation des calculs dans le corps humain, publié en 1644 dans les « opuscida medica inaudita », et reproduit depuis dans toutes les éditions de V Or tus medicinse. 6. Scholarum humoristarum passiva deceptio atque ignorantia. Publié en 1644, ce traité de pathologie est une sorte de réquisitoire dans lequel van Helmont combat les opinion des Galénisles, critiquant notamment l'abus et même l'usage des saignées, sans lesquelles, dit-il, les Musulmans et les Indiens se portent très bien. Il professe que l'on doit favoriser les guérisons en tonifiant et en aidant la nature plutôt qu'en affaiblissant les malades : {Respondeo) Naturam esse morborum medicatricem, eam confortandam ideo, non consternandam '. 7. Tmmdus Pestis ; publié en 1644 chez Kalecoen, à Cologne. Ce traité résume les observations faites par van Helmont pendant la terrible épidémie de peste qui ravagea l'Europe au xvu"^ siècle. 8. Ortus mediciiise, publié en 1648, quatre ans après la mort de l'auteur, par son fils François-Mercure van Helmont, à Amsterdam, chez Louis Elzevir. Celte première édition, comprenant 800 pages, fut suivie de plusieurs autres : Venise, 16")1 ; Amsterdam, 1652; Lyon, 16S5; Leyde, 1667; Lyon, 1667; Francfort, 1682; Copenhague, 1707. L'ouvrage fut traduit et publié en anglais en 1662, en français en 1670; l'édition française (Jean Leconte) est très incomplète. 9. In primum de diœtd divi Hippocratis. Commentaire sur le premier livre « du régime » d'HippocRATE. Retrouvé parmi les papiers que l'offîcial de Malines fit saisir chez van Helmont en 1634, et publié en 1849 pour la première fois, par Broeckx. 10. Commentanus in librum Divi Hippocratis de nutricatu Dietdve sive alimcntis qucm maie Galenus putat Thessali vel Eerophili. Publié par Broeckx en 1851. H. Eisagoge in artem medicam a Paracelso restitutam, retrouvé comme les précédents et publié en 1854 dans les Annales de l'Académie d'Archéologie de Belgique. Composé par VAN Helmont en 1607, au moment où, âgé de 30 ans, il revenait de ses longs voyages scientifiques, cet ouvrage nous montre quelles étaient les idées de l'auteur alors qu'il n'avait pas encore accompli son évolution personnelle, et qu'il subissait complètement encore l'influence de Paracelse. Aucun livre, aucun chapitre spécial n'a été consacré par van Helmont à la physio- logie; un siècle doit se passer encore avant que, avec Haller, paraisse le premier traité dans lequel la Physiologie s'isole de l'Anatomie et de la Clinique, pour se constituer en science distincte. L'appréciation de la physiologie de van Helmont doit donc reposer sur les notions éparses dans l'ensemble de ses œuvres ; celles-ci ont été maintes fois ana- lysées au point de vue médical, et surtout au point de vue doctrinal, mais les commen- tateurs et les critiques ne se sont que très accessoirement préoccupés de rechercher dans ces dissertations, parfois bien longues et fastidieuses, les quelques faits, les expériences, les découvertes, les travaux de laboratoire qui nous intéressent particu- lièrement. L'histoire de la vie et des écrits de van Helmont considéré comme médecin, a été faite avec autorité par W. Rommelaere -. Même après ce livre, l'histoire de van Helmont con- sidéré comme physiologiste, reste à faire. 1. Scholaruin humoristarum, etc. Cap. II, 88, 85, 2. Études sur J.-B. van llehnont. Mémoire couronne par l'Académie de médecine de Bel- gique, Bruxelles, 1868. Nous avons emprunte à cet ouvrage plusieurs détails de la biographie de 256 HELMONT. On ne doit certes pas s'attendre à trouver la physiologie (jcnérale de van Helmont acceptable pour nous; elle est empreinte d'idées mystiques et de superstitions qui la rendent, en certains points, inférieure à la physiologie de Galien; la lecture des cha- pitres intitulés Archeus Faber, Blas hwnanurn, Spiritus vitœ, Causse et initia naturaUum, ne permet guère de résumé concret; souvent on a peine à suivre l'auteur dans le dédale de ses spéculations, et l'on se prend à regretter qu'il n'ait pas constamment appliqué ce principe, formulé par lui-même : « Il faut cependant que la science soit quelque chose de positif : Scientia vero, positiva sit, necesse est * ». La vie, d'après vax Helmont, est un don du Créateur, un principe d'action, une cause efficiente : Qiddquid in mundum venit per naturam, necesse est habeat suorum motiium initium, excitatorem et directorem internum generationis -. Ce principe immatériel se confond avec l'Archée, ou tout au moins dispose de l'Archée comme d'un instrument par l'intermédiaire duquel il exerce son influence sur la matière. VArchée, le Blas et le Ferment sont les trois termes entre lesquels tient toute la physiologie générale de van Helmont. VArchée date de Bash.e Valentln; accordant à la matières certaines propriétés géné- rales ou élémentaires, le moine alchimiste avait admis que tous les phénomènes de l'univers sont, indépendamment de ces propriétés, régis par des Arc^ees, sortes d'anges gardiens ou de forces secondes, émanations directes de l'énergie divine. Paracelse développa largement cette idée; comme Valentin, il reconnaît que la matière possède des propriétés en vertu desquelles les actions chimiques se produisent; mais, au-dessus de ces « forces matérielles » ou propriétés de la matière, régnent les « forces spirituelles » ou Archées, invisibles esprits, vertus occultes, qui gouvernent le monde. Introduisant cette notion dans la physiologie, Paracelse attribue aux Archées la source même de la vie et le soin de sa conservation : si VAi'chée cesse d'agir, c'est la mort ou l'abandon des éléments matériels du corps aux seules forces matérielles; tant que VArchée reste maîtresse d'ordonner toutes choses à sa guise, la santé se maintient; l'équilibi^e physiologique est l'expression même de la vertu des Archées. La doctrine de Paracelse eut peu de succès au temps où elle fut émise; elle n'avait rien de commun avec le galénisme qui régnait encore en maître dans la plupart des Écoles; et, d'autre part, les données chimiques étaient encore si incertaines que les rares disciples de Paracelse perdirent leur chemin en essayant de le suivre; quelque chose subsistait pourtant de cette doctrine déjà vieille de près d'un siècle au temps oîi VAN Helmont naissait à la vie médicale; VArchée représentait le principal vestige d'un système oublié. Reprenant le terme en même temps que l'idée, van Helmont fait de VArchée une sorte d'âme secondaire ou de « force vitale », comme devaient dire plus tard les méta- physiciens de la physiologie. L' Archeus faber de van Helmont est une intelligence cons- tamment en éveil, connaissant les lois de la vie, transformant en chaque point la matière selon les exigences et le but de la partie créée : [Organum) plenâ insignitum scientia, potestatibusque necessariis rerum in suâ destinatione agendarum, ornatum ^. A côté ou en dessous de VArchée, van Helmont institue le Blas, création originale qu'il n'a pas empruntée à ses devanciers, et dont, au surplus, on ne voit guère l'utilité; le Blas est un archée local siégeant dans chacun des organes et y exécutant les ordres de l'Archée central qui loge à l'épigastre... mais peut d'ailleurs se rendre dans toutes les parties du corps qui réclament son concours. Il y a un Blas meteoron qui gouverne les cieux, un Blas humaniim qui règle les fonctions du corps humain, et puis une suc- cession de Blas, présidant, l'un aux mouvements volontaires, l'autre aux mouvements van Helmont, mais notre pagination n'est pas la même que celle de Rommelaere; nous avons puisé nos citations dans la première édition de i'Orlus medicinse (Louis Elzevir, 1648) ; Rommelaere, dans la seconde. 1. Ortus medicinœ, § U, p. 43. 2. Archetis faber, § 2. 3. Archeus Faber. Ortus medicinse, § 4, page 40. HELMONT. 2S7 involontaires, celui-ci aux actes chimiques de la nutrition, celui-là à quelque autre opé- ration physiologique. Le Blas de van Helmont n'est qu'une personnification de ce que nous appelons aujourd'hui une fonction; il y a autant d'Archées secondaires ou de Blas que d'organes. Le troisième terme, introduit comme le précédent par van Helmo>'t, offre un intérêt beaucoup plus considérable : VArchée agit sur les éléments du corps par l'intermédiaire de ferments. « Notitia fermenti, ut nulla in Scholis jejunior, ità nulla utilior. Fermenti nomcn, ignotiim hacteniif^, nisl in panificio '. » A lire certains passages de van Helmont, on croirait qu'il a compris l'action des fer- ments comme nous le faisons aujourd'hui : il leur accorde en effet le pouvoir d'accélérer les réactions, de composer et de détruire. Malheureusement, ces ferments auxquels van Helmont attribue tant d'importance, et à l'inlluence desquels il veut que soient soumises toutes les mutations de la matière survenant dans les corps vivants, ne sont nullement comparables à nos enzymes ou à nos catahjseurs : ce sont des êtres formels, créés depuis le commencement du monde, établis par le Créateur et se continuant tels quels, capables de tirer de l'eau les germes de la vie : « Est autem fermentum ens cveatum formate, qitod neque substantia, neque accidens, sed neutrum, per modum liicis, ignis maçjnalis, formarum, etc., conditum amundi principio, in locis suse Monarchies, ut semina prœparet, excitet et prœcedat ; hoc est nempe fermentum in génère. » Sunt itaque fermenta dona ac radiées a Creatore Domino stabilitse, in seculoriim consom- mationem, continua propagatione sufftcientes, atquedurabiles, quse ex aqiiâ semina sibi pro- -prm excitent, atque faciant '-. On retrouve ici, comme d'ailleurs dans toute l'œuvre de van Helmont, le mélange du rêve avec les fruits d'une observation pénétrante : la persistance du ferment qui survit à la réaction qu'il provoque, sa propagation indéfinie dans un milieu dont il ne forme pas la substance, sont des faits qui résultent d'observations d'ailleurs rapportées en détail par van Helmont ; c'est en ceci que le médecin flamand s'élève bien au-dessus de Paracelse; le « Philosophus per ignem » a expérimenté avec sagesse; au milieu des su- perstitions accumulées en lui etautour de lui, il a découvert, comme parmi des brous- sailles, des sentiers menant aux sources claires de la vérité; telle idée absurde, comme par exemple l'idée que le ferment lire de l'eau les germes de la vie, repose, en dépit de sa pauvreté, sur une expérience remarquable, et qui peut-être, comme le dit Michael Foster, paraîtrait acceptable dans quelque Institut agronomique moderne ^. C'est sur des expériences qu'est basée cette remarquable théorie de la digestion due à van Helmont et qui, pour la première fois, fait intervenir l'action chimique des sucs et des ferments au lieu et place des facteurs mécaniques invoqués jusque-hà : « Subjun- gam ea quse me mea docuit singularis experientia, sub divinâ gratiâ; extra 'controversiam est cibos et potus una pariterque dissolvi in cremorem plane diaphanum in cavo stomachi. Addo id fieri ci fermnili pvimi manifeste acidi, aliène midati. Heperi namqiie totidem adœquata fermenta quoi saut in nobis digestionesK On remarque ici deux erreurs : Van Helmont ignore le ferment salivaire, et il attribue encore à la rate un rôle déjà dénié par Vésale, mais qui reflète les anciens enseignements de Galien. A part ces deux erreurs, bien accessoires, tout est resté vrai dans cette description où la nature du chimisme gastrique est décrite si nettement ; le chyme, dit ensuite van Helmont, se débarrasse de son acidité en arrivant dans le duodénum et l'action du ferment gastrique cesse pendant que, successivement, d'autres ferments interviennent : « notavi » nou segniter quod partes singulx singula obtinucrint fermenta, cum horum sit in transmutando inexcusabilis nécessitas. Adeoque et hinc insuper conclusi quod singula fermenta horreant aliéna sibi socia... '■> Toute la doctrine de la spécificité des ferments n'est-elle pas dans ces lignes ? La « Sextuplex digestio » telle tjue la décrit van Helmont dans son langage mystique, 1. Imago fermenti imprégnât massam semine. Ortus medicinse., § 1, p. 111. 2. Causas et initia naturalium. Ortus med. 24 p. 36. 3. Sir Michael Poster. Lectures on the the history ofPhysiology duringthe sixleenth, seven- teenth and eighteenth centuries, Cambridge, 1901. 4. Sextuplex digestio aiunenti humant. Ortus med., 209. DICT. DE physiologie. — TOME VIII. 17 2o8 HELMONT. est la première description du « métabolisme » organique qui soit basée sur les trans formations chimiques de l'aliment et sur le rôle capital^des ferments. Si l'on tient compte du retentissement considérable qu'eurent dans le monde savant les découvertes chimiques de van Helmoxt, retentissement dont témoignent les multi- ples éditions et les traductions de ses œuvres, n'est-on pas fondé à lui attribuer dans l'évolution de la chimie physiologique une influence prépondérante ? Combien d'expé- riences imaginées par lui, réalisées par lui, n'ont-elles pas conduit, en d'autres mains que les siennes, à des découvertes de premier ordre ? Il est à ce point de vue un pré- cieux témoignage que nous tenons à invoquer comme réponse à ceux qui, découragés sans doute par l'allure du discours, ont méconnu la valeur réelle de l'œuvre de van Hel- MONT : ce témoignage est celui de Lavoisier'. Parlant des « émanations élastiques » qui se dégagent des corps pendant la combustion, pendant la fermentation et pendant les effervescences, La voisiER déclare que les différents auteurs qui, avant PARA(;ELSE,ontparlé de ces produits, ne paraissent pas s'être formé des idées bien nettes de leur nature et de leurs propriétés : ils les ont désignés sous le nom de spiritiis sylvestris, esprit sauvage. « Paracelse et quelques auteurs contemporains ont pensé que cette substance n'était autre chose que l'air même, tel que celui que nous respirons; mais on ne voit pas que cette opinion se trouve appuyée chez eux par aucune preuve, encore moins par des ■expériences, vax Helmont, disciple de Paracelse, et souvent son contradicteur, paraît être le premier qui se soit proposé de faire des recherches suivies sur la nature de cette substance ; il lui donne le nom de gas, gas sylvestre, et il la définit un esprit 2, une vapeur incoercible, qui ne peut ni se rassembler dans des vases, ni se réduire sous forme visible. 11 observe que quelques corps se résolvent presque entièrement eu cette subs- tance; « non pas, ajoute-t-il, qu'elle fût en effet contenue sous cette forme dans le corps dont elle se dégage; autrement rien ne pourrait la retenir, et elle en dissiperait toutes les parties; mais elle y est contenue sous forme concrète, comme fixée, comme coagulée. » « Cette substance, d'après les expériences de van Helmont, se dégage de toute ma- tière en fermentation : du vin, de l'hydromel, du jus de verjus, du pain; on peut la dégager du sel ammoniac par la voie des combinaisons et des végétaux par la cuisson. Cette substance est celle qui s'échappe de la poudre à canon qui s'enflamme, qui émane du charbon qui brûle. L'auteur prétend, à cette occasion, que 62 livres de charbon contiennent 61 livres de gas et une partie de terre seulement. u C'est encore à l'émanation de gas que van Helmont attribue les funestes effets de la Grotte du chien dans le royaume de Naples, la suffocation des ouvriers dans les mines, les accidents occasionnés par la vapeur du charbon, et cette atmosphère mor- telle que l'on respire dans les celliers où les liqueurs spiritueuses sont en fermentation. La grande quantité de gas qui s'échappe des acides en effervescence, soit avec les terres, soit avec quelques substances métalliques, n'avait pas non plus échappé à van Helmont; la quantité qu'en contient le tartre'^ est si grande qu'il brise et fait sauter en éclats les vaisseaux dans lesquels on le distille si on ne lui donne pas une libre issue. « « Van Helmont, dans son traité de F/af tous, applique cette théorie à l'explication de quelques phénomènes de la vie animale. Il prétend que c'est à la corruption des aliments et au gaz qui s'en dégage que sont dus ce qu'on nomme les vents, les rapports, etc., et il donne à cette occasion une théorie très bien faite des phénomènes de la digestion. Il explique de même, par le dégagement du gas, l'enflure des cadavres qui ont séjourné dans l'eau et celle qui survient à certaines parties du corps dans certaines maladies. « On est étonné, en lisant ce Traité, d'y trouver une infinité de vérités qu'on a cou- tume de regarder comme plus modernes, et on ne peut s'empêcher de reconnaître que VAN Helmont avait dit dès lors presque tout ce que nous savons de mieux sur cette matière. » Le témoignage de Lavoisier suffit à démontrer toute l'importance des services rendus ipar Van Helmont à la physiologie spéciale de la respiration et de la digestion ; l'inven- 1. Œuvres de Lavoisier (Imprimerie impériale^ I, 864, T. 447. 2. Gas vient du mot flamand Geest (allem. Geist) qui signifie esprit. 3. Gas aquâs. Ortus medic, 74. HEMATEINE. 259 tiou du mot Gas, la recherche méthodique de gaz autres que l'air, l'idée que l'état gazeux est un état de la matière, voilà qui nous oblige à reconnaître que van Heuiont n'était pas seulement un rêveur. Ga>i et Blas nova quidem sunt nomina, a me introducta, eo quod illorum cognitio veteribus fuerit itjnota^. Van Heuiont reconnaît qu'il existe difTérents gaz dans le corps liumain; celui qui se trouve dans le tube digestif n'est pas de l'air'^; le gaz fétide dans l'intestin est dû à une fermentation stercorale, fermentum stercoreum prœmatumm; il y a aussi le gaz de .l'œdème : tumet totum corpus vel pars peculiariter affecta^. Les gaz venant de l'estomac ou de l'iléon éteignent la flamme. Stercoreus autem flatus, qui in ultimis formatur intes- tinis, atque per anum erumpit, traiismissus per flammam candelœ, transvolando acccnditur ac flammam diversicolorem, iridis instar, ea;pr/nii<*. L'existence de gaz autres que l'air est donc démontrée ; l'inllammabilité de certains gaz est prouvée; ceci se passe dans la première moitié du dix-septième siècle, et c'est dans la seconde moitié du dix-huitième, en 1775, que Lavoisier, qui a lu le traité de van Helmont, posera devant l'Académie des sciences de Paris cette question : Existe-t-il différentes espèces d'air?' et qu'il établira, superbement, sa théorie de la respiration. Nous ne prétendons pas comparer ces deux hommes. Van Helmont n'a rien du clair génie d'un Lavoisier; mais il convient de juger son œuvre en tenant compte du temps et du milieu où elle s'est élaborée. Confiné dans sa demeure quand il n'y était pas pri- sonnier, VAN Helmont ne paraît pas avoir ouï la grande parole de Bacon, ni connu les découvertes de Harvey, ses deux grands contemporains; mais il a pris une part impor- tante au mouvement des esprits en cette brillante aurore du dix-septième siècle ; il a ouvert, pour la chimie physiologique, la voie expérimentale, et, s'il est vrai de dire qu'il est7ié, qu'il a vécu, qu'il est mort mystique', il serait injuste de ne pas reconnaître que nul n'a plus que lui aimé la Vérité, ni souffert davantage pour elle. PAUL HEGER. HELVELLIQUE (Acide). — Nom donné par BoEHM et Kulz à la subs- tance toxique, acide, qu'ils ont extraite de ÏEelvella esculenta, champignon quelquefois comestible (Ci-H-OQ'') {Ueber den giftigen Bcstandtheil der cssbaren Morchel. A. P. P., XIX, 1885, 420-414). Il est probable que l'acide helvellique est volatil, ce qui explique que les hervelles fraîches sont toxiques, et que les helvelles desséchées ne le sont pas. La décoction, préparée avec 100 gr. de champignons frais, fait périr les chiens (de 4 kil,). La mort survient au bout de deux ou trois jours, quelquefois plus longtemps. Le phéno- mène essentiel de l'intoxication est une altération des globules, avec hémoglobinémie, et hémoglobinurie. Dans les cas d'intoxication survenant chez l'homme, on a noté des phénomènes nerveux divers, céphalée, et troubles mentaux, avec un état cholériforme, ictère, hématurie, etc. Il n'est pas prouvé encore que ces accidents soient entièrement attribuables à l'acide helvellique. Bibliographie. — Hamburger. Vergiftung durch. H. escidenta {Deutsche Klinik, 1855, VII, 347-349). — Meyer. Vergiftung mit essbaren Morclieln {Med. Zeit., 1887. xvi, 79). — Maurer. Beitr. zur To.cihologie der Morcheln iiach Beobachtungen am Menschen [Aerzt. Int. Blatt. 1881, xxviii, 1, 13.) — Wicherkiewicz. Gif'tige Morcheln {Med. Zeit., 1846, XV, 173). — PÉTRONE. Contribuzio)ii clin, e sperimentali sulla proprieta tossica dell. H. esculanta. — Wettstein. Ist die Speisemorchel giftig? {Wiea. klin. Woch., 1890, m, 290- 292). — PoNFiCK. Ueber die Gemeingefàhrlichkeit der essbaren Morchel. {Jahresb. d. schl. Ges, f.vaterl. Kult., lS%2,ux,2^9). HÉMATÉINE. — Voyez Hématoxyline . 1. De flatibus. Ortus medic., 418. 2. Ibidem. 3. Ibidem, 421. 4. Lavoisier. Mémoires sur la nature du principe qui se combine avec les métaux pendant leur calcinaiion et qui en augmente le poids. Œuvres de Lavoisier, T. II, 122. 0. Ch. Daremberg, Hist. des sciences médicales, 1870, Tome I, p. 480, 260 HEMATIES. HÉMATIES^ Anatomie générale. — Découverts par Swammerdam (1658) et par Malpighi (1661) et considérés parce dernier comme des giobulins de graisse, les globules rouges du sang furent étudiés soigneusement par Leeuwenhoeck (1673). Cet auteur établit leur présence constante dans le sang et reconnut que leur forme variait suivant les espèces animales. Il les appela globules, les croyant plus ou moins sphériques, et leur attribua la couleur rouge du sang. Plus tard ils furent encore observés et étudiés avec soin par Sknac (1749) et Hewson (1770), qui décrivit le premier les globules blancs. Mais telle était la défiance des savants de cette époque à l'égard des observations microscopiques, que Ri- cnERAND (1807) et Mage.\die (1817) en étaient encore à soutenir que ces prétendus globules n'étaient autre chose que des bulles d'air entraînées par le courant circulatoire. Leur signification ne fut définitive ment établie qu'après les travaux de Prévost et Dumas (1820). Globules rouges de la grenouille. — Un grand nombre d'invertébrés (voir Hémoglobine) possèdent des globules nucléés chargés d'hémoglobine. Tous les vertébrés, à l'exception des Leptocéphalides, sont dans le même cas, au moins pendant une partie de leur vie. Chez les poissons, amphibiens et sauropsidiens, le sang ren- ferme des globules rouges nucléés pendant toute la vie ; chez les mammifères, seule- ment pendant les premiers temps du développement de l'embryon. Les globules nucléés des vertébrés adultes sont d'habitude des disques ellipsoïdaux, légèrement biconvexes, bàtis sui' le type de ceux de la grenouille. Pour examiner frais les globules rouges de la grenouille, on sectionne habituellement aux ciseaux une phalange de l'animal insensibilisé et l'on applique la surface saignante sur la lame qui est aussitôt recouverte de la lamelle. Si l'on veut fixer et colorer les globules, la gouttelette de sang est étalée rapidement en couche très mince au moyen d'une lamelle dont on applique un des côtés sur le couvre-objet portant la gouttelette et que l'on fait glisser suivant la longueur de la lame. Ainsi étalée, la gouttelette de sang se dessèche rapidement et peut être fixée par la chaleur ou l'un des réactifs chimiques employés en histologie. Examinés frais, les globules de grenouille sont elliptiques lorsqu'ils sont vus de face, fusiformes quand ils se présentent par la tranche. Leur forme est donc celle de disques elliptiques biconvexes. L'épaisseur de la partie centrale est due à la présence d'un noyau, qui se présente comme une tache incolore sur le globule vu à plat. Dans le sang frais défibriné, les globules de grenouille n'ont pas la tendance à se disposer en piles comme les globules des mammifères (Ranvier). Les globules de grenouille sont très élastiques, ainsi qu'on peut s'en rendre compte en imprimant par de légères compressions sur le couvre-objet ou par tout autre moyen des mouvements à la lame liquide qui les contient. Les globules, en se déplaçant, se déforment, s'étirent, se courbent sous l'inUuence des obstacles qu'ils rencontrent, pour reprendre instantanément leur forme normale, dès que l'obstacle est écarté. Ces changements déforme se voient encore très bien dans les capillaires très étroits de l'animal vivant, oi^i, passant un à un, ils s'étirent aux rétrécissements, se courbent s'ils butent contre un éperon de bifurcation vasculaire. Le noyau est ovalaire, incolore (dépourvu d'hémoglobine), homogène, et l'on cons- tate dans son intérieur, après traitement par l'alcool dilué (Ranvier), un ou deux nucléoles. Il prend les matières colorantes (carmin, hématoxyline) sous l'influence desquelles il se colore en masse. On ne distingue pas en lui de réseau ou de fila- ment de chromatine. Il semble qu'il ait perdu la propriété de se diviser par karyo- kinèse. Vient-on à mélanger une goutte de sang à une goutte d'alcool à 96° étendu de deux volumes d'eau, on voil que les globules se gonflent immédiatement à leur périphérie, L'anneau protoplasmique périnucléaire s'épaissit, tandis que le noyau garde ses dimen- sions. La forme tend à se rapprocher de la forme lentille biconcave des globules de 1. Les données anciennes relatives à l'histologie des hématies ont été empruntées pour la plus grande partie à l'article de Rollett dans le grand traité de physiologie de Hermann, et au traité d'iiistologie de Ranvieh. Les faits i-écents sont exposés en détail dans trois articles de Weidenreich, parus, les deux premiers, dans Err/ednisse der Anatomie und Entwicklungs- (/eschichte,Xlll et XIV, 1903, 1004, et \e troisième da.ns Archiv fur Mikroskopische Anatomie, 1907. HÉMATIES. 261 mammifères, avec celte différence que la lentille est elliptique au lieu d'être ronde. Après une demi-minute, l'hémoglobine diffuse dans le milieu extérieur, et le globule devient incolore. A ce moment, il est limité par un double contour net. Le noyau est homogène avec un ou deux nucléoles. Autour de lui se voient quelques granulations. Par le sulfate de rosaniline, on colore le noyau et ces granulations, ainsi que le double contour extérieur du globule. L'espace compris entre le noyau et cette limite externe du globule est incolore (Ra.nviek). Le mélange lent de bile de chien à du sang de grenouille produit d'abord un changement de forme des globules, qui deviennent sphériques en même temps qu'ils pâlissent, tandis que le noyau devient net. Puis le globule disparait complètement, à l'exception du noyau, qui Hotte libre dans le liquide (R.vNvier). Si, à une goutte de sang de grenouille, mise sur une lame, on ajoute une goutte d'eau et qu'après l'avoir couverte d'une lamelle, on l'examine au microscope, on constate que les globules se déforment : ils se gonflent et leur bord grossit; ensuite ils pâlissent peu à peu et, après ({uelques minutes, ils apparaissent dans le liquide coloré comme des cellules arrondies, incolores, contenant un noyau réfringent homogène, à bords très nets (Haxvier). Dans les solutions hypotoniques de chlorure sodique, les globules gonflent, se trans- forment en sphères, qui laissent échapper leur hémoglobine et parfois aussi leur noyau (Weidenreigh). Si, au lieu de mélanger brutalement l'eau et le sang, on dépose la gouttelette d'eau à côté de celle de sang, de façon à pouvoir observer les effets du mélange lent, on peut constater un aspect particulier de quelques globules. Entre le noyau et la périphérie s'étendent des stries rayonnées, qui ont été prises pour des travées protoplasmiques allant du noyau à la couche corticale (Kneuttinger). En réalité, ce sont de simples plis de la surface (Ranvier). HûNEFELD (1840) obtint des aspects très particuliers, en mélangeant le sang avec des solutions de carbonate ou de chlorure ammoniques. Hensen (1862) les a reproduits avec des solutions de sucre, Brucke (ISG") avec l'acide borique à 2 pour 100. On les a appelées les images de HCnefeld-Hensen. La substance du globule est séparée en une partie périphérique claire, limitée extérieurement par un contour très net qui a les apparences d'une membrane, et une partie centrale contenant le noyau et l'hémo- globine, rattachée quelquefois à la membrane par quelques prolongements radiés. La première reçut de Brucke le nom d'oicoïde, la seconde de zooïdc. BrCcke admettait que Foicoïde dans l'état de vie du globule constituait une sorte de trame solide dont les vides étaient remplis par la zooïde. On obtient les mêmes transformations par l'action de l'eau (K^euttlnger, Rol- LETT,KoLLMAN.\), de l'eau chargée d'acide carbonique (Stricker, RoLLETT),de l'acide tan- nique (Roberts, Lankaster, Laptscuinski) et de l'acide pyrogallique (Wedel). La substance zooïde se colore par l'acétate et le nitrate de rosaniline (Roberts, Lan- kaster, Laptschixski) par le bleu d'aniline (Rindfleisch,'J^Laptsghl\ski), tandis que l'oi- coïde reste incolore. On n'admet plus guère actuellement que les images de Hûnefeld-Hensen soient révélatrices d'une structure radiée du protoplasma des globules nucléés. Elles peuvent être dues à un simple plissement de la surface des globules (Ranvier), ou à des altéra- tions plus profondes, notamment à des perforations (Meves), ou enfin à des coagula- tions irrégulières du contenu globulaire par les agents fixateurs (Weidenreich, Meves). L'emploi des moyens plus précis de la technique histologique actuelle tend cepen- dant à faire admettre que le corps protoplasmique des globules rouges desibatraciens n'est pas tout à faithomogène. Plusieurs auteurs lui ont reconnu une bordure circulaire [Randreif] distincte (Dehler, Nicolas, Lavdowski, Arnold, Meves, etc.) D'après Meves, confirmé par Bryce, Joseph, cette partie du corps cellulaire a une structure fibrillaire. Il existe en cette région un peloton d'une ou de plusieurs fibrilles qui font un certain nombre de fois le tour de la cellule; ce peloton est un peu plus lâche aux deux pôles, D'après Meves, les fibrilles concentriques du peloton seraient réunies entre elles par des fibrilles transversales à direction radiée. De plus, Meves reconnaît une structure fibril- laire au protoplasma périnucléaire chez la grenouille. Par contre, il nie l'existence 262 HEMATIES. d'une membrane cellulaire. La membrane des images de Hûnefeld-Hensen n'est pas autre chose que la bordure circulaire amincie. Cette bordure circulaire forme une espèce de cerceau rigide qui sert de cadre au globule. Quand on chauffe le sang de grenouille à 52° (en évitant la dessiccation), on constate que les globules rouges se déforment, que leur surface se hérisse de bourgeons, qui se détachent bientôt sous la forme de sphéruies chargées d'hémoglobine (M. Schultze). On obtient l'inverse de ce processus de fractionnement en soumettant le sang à l'étin- celle électrique. Les hématies se plissent d'abord, puis elles gonflent, elles deviennent sphériques. Quand deux de ces sphères viennent au contact, la surface d'accolement s'aplatit, s'étend et disparait : les deux cellules se sont fusionnées en une masse unique (Rollett). Ces deux transformations des cellules rouges prouvent que celles-ci sont des masses protoplasmiques nues, privées de membrane. La dessiccation lente des globules de grenouille produit des plissements de leur sur- face qui correspondent à l'aspect de boule épineuse des hématies de mammifères. Quand la dessiccation est complète, beaucoup sont fendillés d'après une direction radiée. Les globules rouges du sang de grenouille sont, de l'avis de tous les histologistes, des cellules. Mais, tous les histologistes sont actuellement aussi d'accord pour leur refu- ser une contractilité propre. Toutes les déformations qu'ils peuvent présenter sont subies et non spontanées. Les globules rouges se présentent avec le caractère de mo- mies cellulaires plutôt que de cellules activement vivantes. On ne peut déceler chez eux aucune réaction vis-à-vis des excitants chimiques ou pliysiques habituels du protoplasma vivant. Si l'on se rappelle d'autre part qu'ils ne se reproduisent pas par division karyo- kinétique du noyau, on en arrive à la conclusion que la vitalité chez eux doit être extrêmement faible : ce sont les éléments arrivés au ternie d'une évolution cellulaire. Leurs dimensions sont relativement considérables: chez Bana temporaria, le grand axe de l'ellipse mesure 22//., le petit axe 15//.. Il y a dans le sang de grenouille 400.000 globules rouges par millimètre cube. Globules de l'homme. Le sang de l'homme, nécessaire à l'obtention d'une préparation microscopique, s'obtient par piqûre au moyen d'une aiguille stérilisée de la pulpe du doigt préalablement désinfecté à l'alcool et séché. Vus à plat, les globules rouges se présentent comme des disques à contour circulaire de coloration jaune pâle, dont le bord est brillant et le centre plus obscur, ou le centre brillant et les bords plus sombres, suivant la mise au point. Cette différence provient d'une épaisseur inégale du disque, qui est excavé en forme de lentille biconcave. Cela se voit bien sur les globules qui se présentent par la tranche. Ceux-ci ont la forme de bissac, de biscuit. A côté de ces globules discoïdes, il en est toujoursun petit nombre de diamètre moindre (S/.-. ) qui sont sphériques. D'après Jolly (1905), ces formes sphé- riques n'existent pas dans le sang en circulation. Elles sont toujours le résultat d'une altération. Dans les préparations de sang frais, les globules finissent au bout d'un cer- tain temps par s'accoler suivant leur plat. Il en résulte des groupements très caractéris- tiques en forme de piles de monnaie, que l'on peut également voir dans les capillaires de l'animal vivant (Jolly). Cet assemblage n'a donc rien à faire avec la coagulation, comme on l'avait prétendu. 11 est dû, comme le suppose Welcker, à la propriété com- mune des particules solides en suspension dans les liquides de s'attirer et de se mettre en rapport par la plus grande surface. Cependant les qualités physiques de la surface paraissent intervenir dans ce groupement, ainsi que le démontre le fait que des globules fixés par l'acide osraique ne s'empilent plus. Ainsi empilés, ils ne sont pas agglutinés, et une simple pression sur la lamelle suffit à les séparer momentanément; au bout d'un certain temps, de nouvelles piles s'allongent. Pour Weidenreich, la forme biconcave n'est pas la forme du globule normal. Elle est celle que prennent les hématies dans le sang extravasé ou dans les solutions salines isotoniques. Dans les vaisseaux, dans le sang inaltéré, les hématies de l'homme et des mammifères ont la forme de cloche, d'écuelle. Les hématies fixées rapidement par l'acide osmique au sortir des vaisseaux la présentent aussi, comme l'avaient déjà vu Dekhuuzen. L'opinion de Weidenreich a été acceptée par certains observateurs (Fucus, Lewis, Stôhr, Radachs), elle est combattue par des savants aussi compétents que Meves, HEMATIES. 26iî JoLLY, qui continuent à faire de l'Iiématie discoïde la forme normale, dont l'hématie en cupule n'est qu'une altération, transition vers l'hématie sphérique. Ces hématies en cupule avaient déjà été trouvées par Ranvier dans le sang chauffé à 52°. Tout comme les globules de grenouille, les hématies de l'homme sont très élastiques, ainsi que le prouvent les mêmes moyens que ceux employés pour mettre celte propriété en évidence chez la grenouille. On peut également, à l'exemple de Rollett, les mélanger à une solution chaude de gélatine, qui se gélifie par le refroidissement. Un fragment de cette préparation porté sous le microscope peut être comprimé, étiré dans tous les sens. Les hématies se prêtent à toutes les déformations pour reprendre immédiatement leur forme normale quand on abandonne la préparation de gélatine à elle-même. De l'avis unanime des histologistes, les hématies de l'homme et des mammifères sont dépourvues de noyau. Dans une préparation fraîche de sang d'homme, lutée à la paraffine, il se produit au bout de quelques heures (24 h.) des modifications intéressantes. Le nombre des globules sphériques a augmenté, quelques-uns d'entre eux montrent à la surface des épines qai leur donnent l'aspect de pomme épineuse, d'autres, restés discoïdes, sont crénelés sur les bords en roue d'engrenage, d'autres ont accentué leur biconcavité de façon à pré- senter de profil la forme d'haltères. La transformation en disques crénelés et en boules épineuses se fait immédiate- ment si on laisse la gouttelette de sang à l'air pendant une demi-minute avant de la couvrir. Au oontraire,'dans un mélange de sang et du sérum du même sang abandonné pendant 24 heures à lui-même, les globules ont presque tous pris la forme sphérique (Ranvier). . Le mélange du sang avec des solutions salines ou sucrées hypertoniques produit également sur-le-champ la transformation des globules en sphères épineuses. Dans les solutions de chlorure sodique faiblement hypotonique (0,6 pour 100), les hématies auraient, en majorité, la forme de cupule (Weidenreich). Pour des concentra- tionsun peu inférieures, elles deviennent sphériques, tout en restant colorées; bien que leur volume total se soit accru, leur diamètre est diminué (5 [x au lieu de 7,5 p.). Enfin, au-dessous de 0,5 pour 100, les hématies perdent leur hémoglobine comme dans l'eau pure. Si l'on mélange à une préparation fraîche de sang de l'homme une quantité suffi- sante d'eau distillée, on produit la diffusion de l'hémoglobine dans le milieu ambiant, les globules gonflent, deviennent sphériques, pâlissent, mais ne disparaissent pas com- plètement. Si l'on ajoute à cette préparation un peu d'une solution concentrée de sel marin ou d'iodure alcalin, ou si on la traite par l'acide carbonique (Sghweigger-Seidel, A. Sghmidt), on voit les sphères à peine visibles se rétrécir et accentuer leur contour. Ce squelette globulaire, privé de sa substance colorante, a été appelé stroma par Rollett. L'alcool à 36° additionné de deux volumes d'eau possède, quand on le fait agir sur le sang frais, une action assez semblable à celle de l'eau pure. Les globules gonflent, deviennent sphériques et perdent leur hémoglobine, mais leur contour reste net, indiqué par un trait double (Ranvier). Une transformation des globules analogue à celle qu'amène l'eau distillée, est opérée par le gel et le dégel répétés (Rollett), par l'adjonction de sels alcalins à l'état solide (Bursy), d'éther (von Wittich, Hermann) de chloroforme (Chaumont, Bôtt- cher, Kneuttlnger, a. Sghmidt, Sghweigger-Seidel) de sulfure de carbone (Hermann), de sérum d'une autre espèce animale (Landois), etc. Si l'on fait agir sur le sang des solutions salines ou sucrées isotoniques additionnées de faibles doses d'acide ou d'alcali Addison), on constate qu'à partir d'une certaine con- centration d'alcali les globules prennent un aspect de sphère épineuse, alors que, pour des concentrations acides équivalentes, ils restent inaltérés. Si l'on fait passer un cou- rant constant faible au travers d'une préparation de sang, on voit au pôle négatif s'opérer la transformation en sphères épineuses, tandis qu'au pôle positif les globules primitivement inaltérés deviennent plus tard sphériques et se décolorent. Les solutions de sels biliaires mélangées au sang produisent d'abord la sortie de l'hémoglobine ; l'hématie gonfie et pâlit; puis le stroma disparaît complètement (Platxer, VON DuscH, KChne). 264 HÉMATIES. La chaleur produit des modifications intéressantes des globules rouges (Beale, Sghultze). Chauffés à 52°, ils perdent la forme discoïde et deviennent sphériques; les piles qu'ils forment se désagrègent et ils sont disposés les uns à côté des autres comme de petites billes. Leur surface devient irrégulière, il se produit des encoches périphé- riques qui tendent à isoler des boui'geons sphériques reliés à l'hématie par des fila- ments qui se rompent, de sorte que finalement les globules sont segmentés en une infi- nité de sphères plus ou moins volumineuses^ toutes chargées d'hémoglobine, qui ne se décolorent que vers 60°. Les solutions d'urée concentrées produisent une altération tout à fait semblable (HU.NEFELD, KÔLLIKER). Sous l'influence de l'étincelle électrique, les hématies des mammifères prennent, d'abord, un aspect épineux, puis elles gonflent et se fusionnent entre elles (Rollett). Ces altérations, analogues à celles que subissent dans les mêmes conditions les globules nucléés des amphibiens, plaident contre l'existence d'une membrane cellu- laire, distincte de la couche proloplasmique corticale. Au microscope, on ne voit, d'ailleurs, aucune membrane. Aussi beaucoup d'histo- logistes défendent-ils l'opinion que l'écorce du globule est constituée par une couche proloplasmique dense [cnista). L'hématie serait donc une cellule nue, h protoplasma périphérique très condensé. L'intérieur de la cellule paraît dépourvu de toute structure. Les derniers perfectionnements de la technique histologique (Meves, Weidenreich, 1905, 1907), l'emploi des rayons ultra-violets (Grawitz et Gruneberg, 1907, von Schrôtter, 1906), fournissent des renseignements concordants à cet égard. Ce que l'on a décrit comme des structures réticulées ne sont que des coagulations artificielles par les agents fixateurs. Les dimensions des hématies de l'homme sont en moyenne de 7.56 // (Harting). A côté de ces globules moyens, il en existe de plus volumineux et d'autres plus petits i^4.5 // à 9. 3 y.) avec des épaisseurs correspondantes de 1 //. à 2.2 y. D'après Hayem, il y a environ 75 pour 100 de globules normaux pour environ 12 p. 100 de petits globules (6 /■>■ de dia- mètre) et 12 p. 100 de grands globules (8 à 8.5 //). D'après des calculs de Welcker, le volume d'une hématie humaine correspondrait à environ 0.000 000 072 millimètre cube, la surface à 0.000 128 millimètre carré, ce qui fait pour les hématies d'un millimètre cube de sang (5 000 000) une surface de 640 millimètres carrés et, en admettant 5 litres de sang chez l'homme, une surface totale pour l'ensemble de ses globules rouges de 3 200 mètres carrés. D'après Welcker, il y a chez l'homme en moyenne oOOOOOO de globules par milli- mètre cube, chez la femme 4 500 000. En admettant 5 litres de sang, cela ferait 25 trillions pour le nombre total des hématies d'un homme adulte. Nombre et dimensions des globules rouges de différents vertébrés. — Tous les mammifères ont des hématies dépourvues de noyau. Tous, à l'exception des camé- léens, dont les hématies sont elliptiques, ont des globules rouges à grande surface circulaire. Il ne semble pas y avoir parmi les mammifères de relation entre la taille des espèces différentes et celle de leurs hématies. Dans le tableau suivant sont indiqués la taille et le nombre par millimètre cube des hématies de quelques mammifères. Chez les oiseaux, les globules rouges sont nucléés et elliptiques; le petit diamètre est égal en général à la juoitié du grand. Ils sont plus volumineux que ceux des mam- mifères. Grand diamètre. Petit diamètre. Casoar iTfj. longueur 9[jl largeur Colibri 9(ji — ôjji — Pigeon 6.9|j, — Pintade et faisan. ... 7(i. — Paon 7[x — Coq 7.3[x — Cygne 9.2jji. — Le petit diamètre est donc compris chez les oiseaux entre 6 [j. (colibri) et 9.2 p. (cygne), le grand diamètre, entre 9 [j. (colibri) et 17 [j. (casoar). Le nombre des globules contenus HEMATIES. 265 ESPÈCE DIAMÈTRB mesiu'o en fractions de millim. DIAMÈTRE MESURÉ EN MILLiiSMES de millimètres. NOMBRE PAR MILLIMÈTRE CUBE Homme 1 126 7.7 [j. (Welcker) 5.000.000 Chien 1 139 7.3 [j. (Welcker) 4.231.000 à 4.612.000 (Vierordt) 4.092.000 à 5.644.000 (Stôlzing) 4.719.000 à 9.638.000 (WoRM-MiJLLER) 6.650.000 (Hayem) Chat 9.900.000 (Hayem) Lapin 6.9 [A (Welcker) 2.783.000 à 6.031.000 (Vierordt) 4.866.000 (Stôlzing) 4.160.000 à 4.300.000 (Worm-Muller) Mouton 1 209 0 [X (Welcker) Chèvre 1 251 4.1 jj. (Welcker) 1.800.000 (Malasskz) 1.900.000 (Hayem) Bœuf 1 174 8.712.000 (Hayem) Chevrotin de Java . . . {Moschiis Javanlcus) . . 1 483 2.5 [J. (Welcker) V Cheval 1 181 7.403.000 (Hayem) Porc 1 166 Eléphant 1 108 Phoque {Phoca vitulina) 1 129 Marsouin 3.500.000 (Malassez) Baleine {Balxna bops) 1 122 Lama 1 247 8 pi (jrand axe (Welcker) 4 \j. petit axe 10.000.000 (Malassez) 13.186.000 (Hayem) Dromadaire 1 233 Cobaye « 7 à 8 p. 5.859.000 (Hayem) Marmotte 7.1 a Lion 7.9 p. 266 HEMATIES. dans un millimètre cube de sang est inférieur à celui des mammifères, il est d'environ 2 000 000. La taille des globules des reptiles est intermédiaire à celles des hématies d'amphibiens et d'oiseaux. Chez les amphibiens, les globules rouges sont encore plus volumineux, en forme de lamelles elliptiques biconvexes. GRAND DIAMÈTRE PETIT DIAMÈTRE RancL esculentd 22.2[j. 15.3[i (Milne-Edwards) Rnnn teini)oraricL 22.3fj. •15.7|j. (Welcker) Triton rristat 29. 3 [j. 19.5[j. (Welcki£r) Profeus cinouineus 58.2-57.9(i 33.7-35.6|j. (Welcker) Slvp}? Lfipprfiïift 62.5jj, 33.3!j. Cri/ptobranchus japonicus ..... . 52.6[j. 31. 3, j. Axolotl 40ij. 22p. Amphiuma triductylum 90(A Chez la grenouille, il y a environ 400 000 globules rouges par millimètre cube, 80 000 chez j.e triton, 35 000 chez le protée. Les globules des poissons ont des dimensions assez analogues à ceux des amphibiens, leur forme est également biconvexe elliptique. GRAND DIAMÈTRE PETIT DIAMÈTRE Esturgeon 13.4 p. 10.4[x Welker Cyprinus cilhus 13.1[j. 8,x Lepidosiren annectens 41jJL 29 p. — Seuls font exception la lamproie et l'ammocète, dont les globules nucléés sont des disques ronds biconcaves. D'après Dekhuyzen, leur forme n'est pas discoïdale, mais cupuliforme. Petromyzon mari 15|a Ammocoetes branchialis 11.7p. Le nombre par millimètre cube varie de 700 000 à 200 000. Tant au point de vue du nombre des globules rouges qui sont contenus dans un millimètre cube de sang qu'au point de vue des dimensions de ces globules, il existe donc des variations très étendues dans la série des vertébrés. Cette constatation est d'autant plus intéressante qu'elle s'oppose en quelque sorte à la constance beaucoup plus grande de la teneur du sang des vertébrés en hémoglobine : Si l'on représente par 1 la richesse en hémoglobine du sang de l'homme, il faudra représenter celle du pigeon par 1.1; des reptiles, par 0.8; de la grenouille, par 0.7; du triton, par 0.4; du protée, par 0.9. Ce qui diffère d'un vertébré à l'autre, ce n'est donc pas tant la teneur, sensiblement constante, de son sang en hémoglobine, c'est plutôt l'étendue de la surface de contact de cette hémoglobine endo-globulaire avec le liquide ambiant. Cette étendue sera d'autant HEMATIES. 267 plus grande que les globules sont moins volumineux; et, là égalité de volume des globules, elle augmentera si les globules sphériques se font aplatis, biconvexes; elle atteindra son maximum si, de biconvexe, leur forme devient biconcave. A ce double point de vue (volume et forme) les conditions qui déterminent l'étendue de la surface de contact des globules rouges avec le plasma du sang, sont réalisées de la façon la plus favorable chez les mammifères. Tout est disposé dans les globules rouges de ces animaux de façon à rendre le plus rapides possible les échanges respiratoires entre le liquide sanguin et eux. Quant à la perte du noyau, elle est une disposition favorable, puisqu'elle débarrasse la cellule d'un poids mort. Le noyau des globules rouges et des érythroblastes est privé d'hémoglobine. En tant qu'organe présidant au mouvement de nutrition ascen- dante, anabolique, il est nécessaire pendant la période de multiplication des érythro- blastes, pendant l'élaboration de l'hémoglobine. La cellule rouge une fois chargée de son pigment, il devient inutile. Désormais la cellule ne fonctionnera plus dans la physio- logie de l'organisme que grâce à l'hémoglobine qu'elle contient. Le protoplasma des cellules rouges adultes est un protoplasma arrivé au terme de son évolution, qui ne présente plus aucune des propiiétés réellement distinctives de la matière vivante (irri- tabilité, )iutrition). La présence dans la cellule du noyau inutile privé d'hémoglobine ne peut avoir d'autre conséquence qu'une augmentation du poids de celle-ci, circons- tance défavorable quand il s'agit d'éléments destinés au mouvement continu. C'est donc encore un perfectionnement pour l'hématie des mammifères que la perte de son noyau. Étude histologique de rhématopoièse. — Nous nous bornerons à indiquer ici les généralités les mieux établies, renvoyant pour les détails aux traités et mémoires spéciaux. Chez l'embryon des vertébrés, les vaisseaux et les globules rouges du sang ont une ébauche commune, les îlots vasculaires, qui apparaissent très tôt dans le cours du développement, et qui siègent entre la splanchnopleure et l'hypoblaste. On discute encore au sujet de l'origine de ces îlots vasculaires. Tandis que les uns admettent qu'ils sont de nature mésodermique (Ziegler pour tous les vertébrés, Van DER Stright pour les sélaciens et mammifères, Brachet pour les amphibiens), les autres les font dériver de l'endoderme (Swaen, Hofmann pour les sélaciens, Duval pour les oiseaux et les mammifères). Chez tous les vertébrés, les îlots vasculaires se forment en différents points de l'œuf et sont primitivement isolés. Plus tard, grâce à leur développement et à l'émission de bourgeons latéraux, ils se mettent en rapport les uns avec les autres, ils se fusionnent et constituent bientôt un réseau de tubes primitivement pleins. Ces tul)es n'ont pas en tous les'points une évolution identique. Chez les vertébrés à œufs méroblastiques (sélaciens, reptiles, oiseaux, mammifères) à l'exception des téléos- téens, une partie du réseau sanguin extra-embryonnaire (aire vasculaire) évolue diffé- remment de la portion intra-embryonnaire. Dans la première, les cellules périphériques des boyaux sanguins s'aplatissent de façon à constituer l'endothélium vasculaire, tandis que les cellules centrales se libèrent les unes des autres, deviennent mobiles dans le vaisseau élargi et constituent dorénavant les cellules du sang embryonnaire, aux dépens desquelles se formeront les futurs globules rouges. Dans le réseau intra-embryonnaiie, toutes les cellules du boyau plein se portent à la périphérie du tube et servent à l'édification de l'endothélium. En cette partie de l'appareil circulatoire ne se forment donc pas de cellules libres du sang embryonnaire. Chez les téléostéens seuls, cette diffé- renciation du réseau sanguin en deux paiiies n'existe pas, et le réseau vasculaire subit dans son ensemble l'évolution limitée à l'aire vasculaire chez les autres vertébrés à œufs méroblastiques. Chez les vertébrés à œufs holoblastiques (cyclostomes, amphibiens), il y a également formation de cellules embryonnaires du sang en une partie limitée du réseau vasculaire qui correspond à la région ventrale de l'hypoblaste vitellin, partie considérée comme l'homologue de l'aire vasculaire des œufs méroblastiques. Une fois isolé, le système sanguin se suffit à lui-même : il se développera par la prolifération de ses éléments constitutifs. L'endothélium des vaisseaux nouveaux se for- 268 HEMATIES. mera par bourgeonnement de celui des vaisseaux préexistants. Les globules rouges, qu'ils soient nucléés ou privés de noyau, dériveront exclusivement des cellules du sang embryonnaire, qui très rapidement se chargent d'hémoglobine et prennent dès lors le nom d'érythroblastes. Ranvier a décrit anciennement une formation de globules rouges aux dépens du protoplasma central des pointes d'accroissement vasculaires. D'autres auteurs (Kubobn) ont décrit un processus sangui-formatif analogue à l'intérieur de grosses cellules multi-nucléées, qui existent dans le foie embryonnaire et qui sont aussi, d'après eux, des bourgeons de l'endothélium vasculaire. La majorité des histologistes qui ont étudié ces faits dans les derniers temps (Spuler, Vax der Stricht, Fuchs, Pardi) en ont donné une tout autre interprétation. D'après eux, ces formations cellulaires, loin d'être des producteurs de globules, joueraient vis-à-vis d'eux un rôle destructeur, de phagocytose. Elles sont des parties de réseaux capillaires qui se sont isolées de la circulation géné- rale, et dans lesquels on observe des phénomènes régressifs, plutôt que progressifs. D'autre part, l'opinion de Hayem et Pouchet, d'après laquelle les plaquettes san- guines, en se chargeant d'hémoglobine, se transformeraient en hématies, n'a pas ren- contré d'adhérents. Il semble donc qu'en se plaçant au point de vue de l'ontogénie des vertébrés on puisse dire d'une façon déflnitive que, chez tous et pendant tout le cours de l'évolution de chacun d'eux, il n'existe qu'une seule espèce d'éléments producteurs de globules rouges, les cellules libi^es du sang embryonnaire. Mais, si l'accord semble, à de rares exceptions près, définitif sur cette proposition générale, il existe de nombreuses diver- gences dans le détail. Il est certain qu'on peut constater chez tous les vertébrés, très rapidement, après la libération des cellules du sang embryonnaire, que la plupart de celles-ci se sont chargées d'hémoglobine, tout en restant sphériques. D'après Bizzozero et ses élèves, ce sont exclusivement ces cellules nucléées, sphériques, chargées d'hémo- globine, qui donneront ultérieurement naissance aux hématies nucléées des vertébrés inférieurs, aux hématies anucléées des mammifères. Chez les premiers les cellules, pri- mitivement sphériques, prennent à un moment donné la forme discoïdale et cessent de se multiplier; leur noyau est devenu homogène. Chez les seconds, la transforma- tion morphologique est plus complète. Il en sera parlé plus loin. Mai^ ni chez les uns ni chez les autres, la transformation en globules rouges défini- tifs ne porte sur toutes les cellules du sang embryonnaire. Pendant toute l'évolution de chaque vertébré, il existe des cellules rouges nucléées qui restent à la phase de multiplication, se divisent par voie indirecte et assurent donc ainsi la production indé- finie des hématies adultes. Tandis que Bizzozero et ses élèves n'admettent pas d'autres générateurs d'hématies que ces cellules rouges nucléées, beaucoup d'autres auteurs supposent que chez l'animal adulte l'hémaLopoièse peut s'alimenter à d'autres sources. Cette opinion a été soutenue tout d'abord par Neumann, qui fait dériver les cellules rouges nucléées des éléments lym- phatiques du sang ou de la moelle osseuse. Feuerstock voit une séiie continue de termes de transition entre globules blancs et globules rouges chez les amphibiens et les oiseaux. Pappenheim fait dériver les hématies des leucocytes basophiles. D'après Lôwit, il y aurait chez le vertébré adulte des cellules-souches d'hématies futures, qui seraient privées d'hémoglobine; il les appelle érythroblastes. Elles seraient différentes des cellules-mères de leucocytes futurs, les leucoblastes, et parla structure du noyau et le mode de division. Denys, Van der Stricht professent une opinion analogue. Neumann admet les érythroblastes de Luwit, mais les fait dériver, concurremment avec les leucoblastes, d'une seule souche. H. F. Mûller, SAXERet d'autres ont soutenu la même opinion. En résumé, la question en litige se pose donc comme suit : D'après Bizzozero et ses adhérents, les cellules embryonnaires du sang se sont toutes chargées d'hémoglobine à une époque reculée du développement. Une partie d'entre elles se sont transformées en hématies définitives, d'autre restent capables de multi- plication. Elles continuent à donner naissance pendant toute la vie du vertébré à des hématies de nouvelle formation. Dans l'autre opinion, qui est la plus généralement acceptée, les cellules embryon- HEMATIES. ^6^ naires du sang ne se sont pas toutes chargées d'hémoglobine. Certaines ne se sont pas différenciées et peuvent ultérieurement produire et des cellules-souches de globules rouges et des cellules-souches de globules blancs. Comme on le voit, le problème se rattache intimement à celui, qui est encore très discuté, de l'origine des globules blancs. Tous deux recevront probablement leur solution le même jour. Il reste à examiner deux autres questions : Comment et où se fait la transformation des cellules rouges nucléées en hématies définitives"? Nous avons vu comment elle s'opérait chez les vertébrés à hématies nucléées. Chez les mammifères, la transformation est plus profonde. Aussi existe-t-il des désaccords entre les auteurs. Pour Malassez, les hématies non nucléées seraient des bourgeons détachés des cellules rouges nucléées. D'après d'autres auteurs (Kôlliker, Eliasberg, Sanfelice, Spuler, Lôwit, Israël, Pappenheim, etc.), la transformation de la cellule en hématie serait la conséquence de la disparition par dissolution graduelle du noyau {karyoli/se). Enfin l'opinion la plus accréditée (Rindfleisch, Bizzozero, Howell, Vam der Stright, Saxer, Kostanecki, Melissenos, Maximow, Aschheim, DoMiNicr, Albrecht, Paudi, etc.) veut que la cellule rouge se débarrasse mécaniquement de son noyau qui est véritablement expulsé du corps de la cellule. Ce dernier se transforme ensuite rapidement en hématie active. Cette dernière opinion a pour elle que cette expulsion est un fait certain qui a été observé sur le vivant par plusieui's auteurs (Rindfleisch, Van der Stright, Weidenreigh), et dont il existe des images très nettes dans les préparations fixées. Il est donc avéré que des érythroblastes perdent leur noyau. Mais on discute sur la signification de ce phénomène, qui est considéré par quelques-uns comme étant de nature pathologique. Actuellement, on n'admet plus l'opinion de Rindfleisch, partagée par Ehrlich, d'après laquelle le noyau expulsé s'entoure d'une nouvelle couche de protoplasme, redevient un érytliroblaste. Howell a insisté sur la condensation chromatique qui précède régu- lièrement l'expulsion du noyau. Cette condensation ou pycnose est considérée actuelle- ment comme une dégénérescence, une atrophie (Weidenreich, Jolly). Or les noyaux expulsés sont toujours des noyaux pycnotiques (Van der Stright). Après leur expulsion, ils sont rapidement appréhendés par les leucocytes et les cellules endothéliales, et ils sont détruits par eux (Van der Stright, Kostanecki). Il semble également établi par les recherches concordantes de plusieurs auteurs (Pappenheim, Wertheim, JCnger, Albrecht, Jolly, Weidenreich) que ces noyaux pycnotiques bourgeonnent et se fragmentent. 11 est possible que certains de ces fragments, les plus gros, soient expulsés, tandis que les plus petits persistent pendant un certain temps dans l'hématie (liématies ponctuées de Jolly) et disparaissent par fusionnement avec le protoplasme (Weidenreich, Jolly). Cette opi- nion, qui fait de !a dégénérescence nucléaire le phénomène capital, du mode de dispa- rition, l'accessoire, établit une transition entre les deux théories précitées. 11 ne faut pas confondre avec ces débris nucléaires les nombreuses granulations très fines, colorées par les matières basiques, que peuvent contenir les hématies de l'homme dans certaines conditions pathologiques, et que l'on fait apparaître expérimentalement chez l'animal. Cette anomalie de la coloration des liématies par les couleurs d'aniline a été appelée iwhjcJiromatophUlc. Pour certains auteurs, les granulations basiques des hématies polychromatophiles seraient un élément normal, elles constitueraient les résidus de la karyolyse qui se produit lors de la transformation de l'érytliroblaste en érythrocyte. Cette conception a rencontré peu d'adhérents parmi les cytologistes qui se sont occupés spécialement du globule rouge. Actuellement, les opinions sont très partagées sur la signification de cette polychromatophilie, qui est généralement consi- dérée comme l'expression d'une dégénérescence de l'hématie (Ehrlich). Après avoir étudié les apparences cytologiques de l'hématopoièse, il reste à établir où elle se produit. D'après Van der Stricht, les cellules rouges nucléées se localisent de préférence dans les organes où les capillaires sont larges, nombreux, et le cours du sang ralenti. Au cours du développement des vertébrés, on les trouve primitivement chez tous dans l'aire vasculaire; plus tard dans le foie, la rate; enfin dans la moelle osseuse. Chez l'adulte, la dernière constituerait l'organe hématopoiétique, sinon exclusif, du moins 270 HEMATIES. fortement prédominant, chez les vertébrés supérieurs à partir des amphibiens inclus. En ce qui concerne spécialement les mammifères adultes, les travaux de Bizzozero et ceux de Neumann ont établi la grande signilication de la moelle osseuse comme organe d'hématopoièse. Le seul organe auquel certains savants croient pouvoir accorder une activité de même nature est la rate. D'après d'anciennes observations de Funke et de Malassez, on peut trouver dans la rate, chez des animaux qui réparent des pertes de sang, des cellules rouges nucléées. Le fait en lui-même n'a pas grande importance, si l'on songe que, dans les mêmes con- ditions, on rencontre ces éléments dans le sang en circulation (Neumaxn). Ce qu'il faudrait établir, c'est la formation de cellules rouges aux dépens d'éléments préexistants de la rate. C'est ce que croient avoir observé Lowit, Masslow, Dominici. Il a été établi de façon certaine par ces auteurs que la rate des mammifères peut présenter une réaction myéloïde, c'est-à-dire qu'on peut rencontrer dans sa pulpe et même dans son tissu propre des amas cellulaires qui comprennent tous les éléments caractéristiques de la moelle osseuse. Mais il est bien difficile de savoir si ces éléments se sont produits aux dépens du tissu propre de la rate ou s'ils ne sont pas plutôt dérivés de cellules venues de la moelle osseuse, apportées par le sang, qui ont essaimé dans la rate (Ehrligh). Ce qui est avéré, c'est que la rate normale ne contient pas ces éléments. On peut donc certifier qu'à l'état normal tout au moins, la rate n'est pas un organe hémato- poiétique. La méthode expérimentale n'a pas fourni sur ce point de résultats plus nets que l'observation simple. Après splénectomie chez le chien, Nicolas et Dumoulin constatent une hypoglobulie notable avec diminution parallèle de la teneur du sang en hémoglobine. Hartmann et Vaquez avaient fait des observations analogues chez l'homme dans les mêmes condi- tions (1897). D'après Pouchet, Gaule, les animaux dératés réparent aussi facilement que les nor- maux leurs pertes sanguines. Laudexbach a eu des résultats opposés. Danilewsky et Selensky ont produit une augmentation du nombre des globules et de la teneur en hémoglobine par injection d'un infusé ou d'un décodé de rate. Le produit actif serait la lécithine. Encore ici, on n'est pas arrivé à des conclusions bien nettes, et il importe d'attendre de nouveaux résultats. Numération des globules rouges. — Ce fut Vierordt (1852) qui le premier eut l'idée d'apprécier la richesse d'un sang au nombre de ses globules. La méthode de nu- mération employée par Vierordt était très primitive. Elle consistait à aspirer le sang dans un tube capillaire, à déterminer au microscope le diamètre et la hauteur de la colonne sanguine de façon à pouvoir calculer le volume et à diluer le sang dans une goutte d'une solution conservant les globules (sérum, solutions sucrées ou salées) et étendue en couche mince sur une porte-objet. On desséchait rapidement, et l'on comptait les globules en s'aidant d'un micromètre quadrillé. En 1855, Cramer eut l'idée de mesurer les globules, non plus en surface, mais par volume dans des espaces microscopiques de dimensions connues. C'est la méthode qui est encore actuellement employée, avec divers perfectionnements parPoTAiN, Malassez, Hayem et Nachet, Thoma et Zeiss. L'appareil et la méthode de xMalassez sont décrits comme suit dans le traité de Ranvier : Il faut d'abord faire usage d'un sérum artificiel destiné à diluer le sang, tout en évi- tant de produire des modifications des globules qui les rendraient méconnaissables. Ce sérum est ainsi composé : Solution de gomme arabique donnant au pèse-urine une densité de 1.020, 1 volume. Solution de sulfate de soude et de chlorure de sodium en parties égales donnant également une densité de 1.020, 3 volumes. Ce sérum, mélangé au sang, n'altère pas beaucoup les globules: en tout cas, il les maintient dans une forme nette pendant un temps suffisamment long pour qu'on puisse aisément les compter. L'appareil complet de Malassez se compose d'un mé- langeur et d'un capillaire artificiel. Le mélangeur est un tube capillaire de verre pré- HÉMATIES. 271 sentant sur son trajet, au voisinage de l'une de ses extrémités, une dilatation arapullaire, dans l'intérieur de laquelle a été placée une petite boule de verre. La longue portion de ce tube capillaire a une longueur telle que son volume intérieur se trouve être une fraction déterminée, la centième partie, par exemple, de la portion dilatée. Un trait placé de chaque côté de la dilatation indique le point où ces proportions se trouvent •être exactes. La longue portion est effilée en pointe à son extrémité libre ; la courte, dont la lumière est un peu plus large, est également eflîlée de manière qu'on puisse facilement y adapter un tube en caoutchouc assez épais pour ne pas s'aplatir sous l'influence de l'aspiration et assez long pour aller commodément de la bouche à la main. Pour faire un mélange au moyen de cet instrument, on en met la pointe dans une goutte de sang ou dans le vaisseau dont on veut examiner le sang, et l'on aspire lente- ment à l'extrémité du tube de caoutchouc, jusqu'à ce que le liquide arrive au trait qui sépare la longue portion de la partie ampullaire. Retirant alors la pointe de l'instru- ment, on la plonge dans le sérum artificiel, et l'on continue à aspirer jusqu'à ce que le mélange soit arrivé au niveau du trait c qui termine la dilatation ampullaire. On a ainsi dans le mélangeur un liquide qui contient une partie de sang pour 100 parties de sérum. On imprime alors à l'instrument un mouvement de rotation sur son .axe, tout en l'inclinant de côté et d'autre, et la petite boule intérieure, agitée dans tous les sens, mélange parfaitement le sang avec le sérum artificiel. Le mélange ainsi fait, la seconde partie du problème à résoudre consiste à compter les globules qu'il contient dans un volume donné; c'est à cela que sert le second ins- i;rument, le capillaire artificiel. 11 consiste en un tube capillaire de verre à lumière centrale aplatie (on en fabrique de la sorte pour certains thermomètres à mercure); ses deux faces opposées sont usées et polies sur une meule d'opticien. Ce capillaire est fixé sur une lame semblable à celles qui servent pour l'observation microscopique; l'une de ses extrémités est relevée sous forme d'un tube cylindrique très court sur lequel on peut adapter un tube de caoutchouc, La capacité de l'instrument, c'est-à-dire le volume de liquide qu'il contient pour une longueur donnée, est indiquée sur chacun des capillaires, en chiffres qui donnent la fraction de millimètre cube, à laquelle cette longueur correspond. Il faudra donc multiplier par ce chiffre le nombre de globules que l'on aura trouvé dans la longueur choisie, pour avoir celui que contiendra un millimètre cube du mélange. Avant de passer à la manière dont on remplit le capillaire avec le mélange, il nous reste à dire comment, d'après Malassez, on arrive à prendre une longueur déterminée de capillaire. Le microscope est muni d'un micromètre oculaire quadrillé; on cherche l'objectif et la longueur du tube convenables pour que toute la largeur du quadrillage recouvre sur un micromètre objectif un nombre de millièmes de millimètre égal à l'un de ceux inscrits au diamant sur le capillaire artificiel. Il faut, non seulement choisir un objectif approprié, mais encore tirer plus ou moins le tube à coulisse du microscope pour avoir une superposition exacte du micromètre quadrillé et du micromètre objectif dans les conditions déterminées. Pour retrouver exactement cette situiition relative des deux parties du tube du microscope, on pratique sur le tube rentrant un trait en inscrivant à côté un numéro d'ordre. Il est clair que, si l'on remplace sur la platine le micromètre objectif parle capiUaire artificiel, le carré quadrillé de l'oculaire recouvrira une longueur égale du canal. Il suffira donc, pour être certain dans des observations ultérieures, que le micromètre quadrillé couvrira exactement une certaine longueur, 400 //, ^)00 /j- du capillaire artifi- ciel, de rentrer le tube du microscope jusqu'au trait qui indique cette valeur, en ayant soin de se servir du même objectif. Cela posé, il est facile, au moyen du microscope ainsi gradué, de compter le nombre de globules dans une longueur déterminée du capillaire. Il nous reste à indiquer quelle précaution il faut prendre pour introduire dans le capillaire artificiel le mélange de sérum et de sang qui se trouve dans le mélangeur. On commence par chasser du mélangeur, en soufflant par le tube de caoutchouc, les 272 HEMATIES. premières portions du liquide qui étaient restées arrêtées dans la longue partie et qui sont du sérum presque pur; puis, en continuant à souffler, on dépose une goutte du mélange à l'extrémité libre du capillaire artificiel. Le liquide y pénètre par capillarité; il faut avoir soin, pendant ce temps, de remuer avec l'extrémité du mélangeur la goutte déposée, pour que le mélange reste bien homogène. Si le liquide tarde à entrer dans le canal, on aspire légèrement par le tube de caoutchouc placé à l'autre extrémité. Une fois le mélange introduit dans toute la longueur du capillaire, on enlève, soit avec un linge fin, soit avec du papier buvard, le reste de la goutte de liquide. Alors le mouve- ment s'arrête dans le capillaire, et les globules, en raison de leur densité, se disposent à plat sur la face inférieure de son calibre. Une fois le mélange introduit, le tube du microscope réglé pour une longueur donnée, l'oculaire quadrillé tourné de manière que ses divisions soient parallèles et perpendiculaires à l'axe du canal, on compte les glo- bules qui se trouvent dans le quadrillage, en s'aidant pour cela des carrés tracés; leur nombre trouvé, on le multiplie par le chiffre qui est écrit sur la lame du capillaire en regard de la longueur que l'on a choisie: ce chiffre exprime la fraction de millimètre cube que présente en volume la longueur du canal de laquelle on a compté les globules. On multiplie ce dernier chiffre par 100, si l'on a fait un mélange de sérum et de sang au centième, et l'on obtient ainsi le nombre de globules contenus dans un millimètre cube du sang que l'on a examiné. On voit que l'opération n'est pas difficile; entre les mains d'un observateur tant soit peu exercé, elle n'exige guère plus de dix minutes. L'exactitude de ses résultats tient essentiellement à la perfection des instruments, et par conséquent la plus grande difficulté est pour le constructeur. Dans le procédé de Hayem et Nachet le principe de la méthode est le même. Seuls les instruments employés sont différents. Voici la description qu'en donne Mathias DuvAL dans son précis d'histologie : La première opération, dilution du sang, se fait en employant comme liquide addi- tionnel soit de l'eau salée additionnée de sulfate de soude (o gramme de chlorure de sodium et 1 gramme de sulfate de soude pour 200 d'eau), soit mieux encore le liquide amniotique de mouton (on le recueille dans les abattoirs et on le conserve par addition de 6 p. 100 d'eau oxygénée). Le sang est recueilli avec la pipette C, grâce à la gradua- tion de laquelle on peut recueillir exactement 2 millimètres cubes; d'autre part, on a d'avance, avec la pipette B déposé ;J00 millimètres cubes de sérum ou liquide diluant dans une éprouvette A. Il suffit de souffler dans le tube en caoutchouc de la pipette G pour faire tomber le sang dans le sérum, et, en aspirant deux ou trois fois de suite un peu de ce sérum, qu'on repousse aussitôt, on vide exactement la pipette de tout le sang qu'elle a contenu. On introduit alors, dans la petite éprouvette, un agitateur en palette, qu'on agite pour avoir un mélange exact. D'après les chiffres sus-indiqués, le titre de ce mélange est ^777;, c'est-à-dire que, quand on aura déterminé le nombre de globules que renferme l'unité de volume de ce mélange, il faudra multiplier ce nombre par 2o0 pour avoir celui des globules de l'unité de volume de sang. Pour la seconde opération, c'est-à-dire la numération proprement dite, on place une goutte de ce mélange dans une cellule de verre très exactement calibrée, c'est-à-dire dans un petit appareil fourni par une lamelle de verre mince, perforée en son centre d'un orifice circulaire (peu importe son diamètre exact) et collée sur une lame porte- objet parfaitement plane ; l'essentiel est que cette lamelle de verre perforée B a exac- tement un cinquième de millimètre d'épaisseur, de sorte que, la goutte de sang étant déposée dans cette cupule, puis recouverte d'une lamelle très plane, on obtient ainsi une lame de liquide à surfaces bien parallèles et ayant une épaisseur d'un cinquième de millimètre A. On examine cette préparation avec un microscope, dans l'oculaire duquel est une glace (micromètre oculaire) sur laquelle est gravé un carré, et on dispose le tube du microscope, en l'enfonçant plus ou moins, de façon que le côté de ce carré ait, avec l'objectif employé, une valeur de un cinquième de millimètre, c'est-à-dire coïncide, par projection sur la préparation, aune longueur exactement d'un cinquième de millimètre HEMATIES. 273 (le dispositif ayant été réalisé, on marque une fois pour toutes, par un trait sur le tube, le niveau qui donne cette valeur). On a donc ainsi dans le champ du microscope, dans la cellule pleine de sang dilué, un cube d'un cinquième de millimètre de côté. Au bout de quelques minutes, tous les globules étant tombés par leur propre poids au fond de la cellule, il est facile de compter ceux qui se voient dans l'étendue du carré) celui-ci est même subdivisé en carrés plus petits pour faciliter la numération, c'est-à-dire en définitive ceux qui sont dans un cube d'un cinquième de millimètre de côté. Ce nombre obtenu, il suffit de le multiplier par 125 pour obtenir ce que renferme, en globules, un millimètre cube du mélange, puis de multiplier par le titre du mélange (par 250 ci-dessus) pour connaître le nombre de globules dans un millimètre cube du sang sur lequel on a opéré. GowER a remplacé le micromètre oculaire par une graduation gravée sur le fond même de la chambre humide, analogue à celle de Hayem. Thomas et Zeiss ont adopté une chambre humide de môme espèce. Sur la lame porte-objet est collée une plaque de verre carrée creusée d'un orifice circulaire central assez large. Au centre de l'espace ainsi délimité se trouve fixé un disque de verre un peu moins large que l'espace, de sorte qu'entre son bord externe et le bord interne de la lame carrée existe une rigole circulaire. De plus le disque a une épaisseur inférieure de 0,1 millimètre à celle de la lame carrée qui l'entoure. Au centre du disque existe un quadrillage coi'respondant à l'étendue d'un millimètre carré, subdivisé en 400 carrés égaux. Zeiss et Thoma se servent pour opérer la dilution du sang du mélangeur de Po- TAiN et Malassez. Nachet a également imaginé un dispositif spécial ayant pour but la suppression de l'oculaire quadrillé : dans la chambre humide, contenant la goutte de sang dilué, existe un jeu de lentilles qui projette sur le fond l'image d'un quadrillé photographié sur verre. Facteurs influant sur le nombre des hématies. — Sexe. — En appliquant les méthodes précédemment décrites, les nombreux acteurs qui firent des mensurations du nombre des globules de l'homme obtinrent des chiffres assez différents. En voici quel- ques-uns. ViERORDT. Welcker. Cramer . Malassez. Hayem . Cadet Patrigeon moyenne . maximum, minimum, moyenne . minimum, moyenne . maximum, minimum . BOUCHUT et DUBRISAY 5.174.000 5.053.000 4.573.846 5.289.505 4.726.400 4.310.000 4.600.000 4.000.000 5.500.000 4.600.000 5.000.000 6.000.000 4.600.000 5.000.000 6.000.000 4.192.687 Déterminations faites sur 8 adultes sains. On admet généralement comme chiffre moyen 5 000 000 globules rouges par milli- mètre cube chez l'homme adulte. Chez la femme le nombre est un peu plus faible. Sorensen trouve chez l'homme et la femme les moyennes suivantes (voir le tableau de la page suivante) : Hayem trouve en moyenne 4 000 000 globules chez la femme adulte. La moyenne généralement admise est chez la femme adulte de 4 300 000 globules par millimètre cube. Cette richesse moindre en globules rouges du sang de femme est cause d'une teneur également plus faible en hémoglobine 133 p. 1000, au lieu de 14 6 p. 1000 (Hammarsten). Chez différents mammifères, cette différence se retrouve. Elle a été mise en évi- dence par les dosages par pesée (après dessiccation) d'AwDRAL, G.\^varret et Delafond. DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VIII. 18 274 HÉMATIES. D'après ces auteurs, les globules rouges du taureau représentent 107 millièmes du poids total du sang sec, ceux de la vache 102, du bélier 100, de la brebis 90. Des numé- rations faites chez le lapin par Malassez aboutissent au même résultat (4 540 000 héma- ties chez le mâle pour 4160 000 chez la femelle). AGE. Etudiants. 19 1/2- 22 ans . . HOMMES NOMBRE des globules rougos par millim. cub. Minimum-maximum. 5.600.000 5.400.000 5.748.000 NOMBRE des individus examinés. Jeunes médecins. 25-30 ans. 5.340.000 4.900.000 5.800.000 50-52 ans. 5.13'Ï.OOO 4.916.000 5. 359. 000 82 ans. 4.174.000 FEMMES AGE. Prostituées non syphiliti(|ues. l."i-28 ans. . . NOMBRE des globules rouges par millim. cub. Minimum -maximum. 4.820.000 4.417.000 5.350.000 NOMBRE des cas examinés. Infirmières . 41-61 ans. . 5.010.000 4.800.000 5.470.000 Femmes en-^ ceintes de 6> mois. 22-31 ans. 4.600.000 4.540.000 5.660.000 Age. — Quant à l'âge, il exerce également une certaine influence. D'après Hayem, le nombre des globules rouges chez les nouveau-nés présenterait d'assez grandes varia- tions, de 4 500 000 à 6 900 000; la moyenne étant supérieure à celle de l'adulte. Duperie trouve également un maximum dans les premiers jours de la vie, puis un minimum chez les jeunes enfants avec nouvelle augmentation chez les adultes. D'après Cohnstein et ZuNTz, le sang des mammifères (lapins) est pendant toute la période intra-utérine plus pauvre en globules rouges qu'à l'état adulte, et il existe d'autant moins de globules que l'âge du fœtus est moins avancé. Après la naissance cette hypoglobulie fait place pendant les premiers jours à une hyperglobulie considérable. C'est à cette époque de la vie que le sang est le plus riche en globules rouges et en hémoglobine (Cohnstein et ZuNTz, WiNTERNiTz, BiDONE et Gardini). Récemment, Fehrsen a trouvé dans le sang des nouveau-nés 110-115 p. 100 de la quantité normale d'hémoglobine et une moyenne de 6047 000 hématies. Pendant les trois premières heures qui suivent la naissance, on y voit aussi des hématies nucléées. D'après Leightenstern, Otto, le nombre des globules rouges diminue chez l'homme progressivement et lentement à partir de l'âge de quarante-cinq ans. Hayem est d'avis que la vieillesse n'apporte aucune modification sensible dans le nombre des globules. Alimentation. — Vierordt a constaté que deux heures après un repas le nombre des globules rouges diminue. Sorensen observe une augmentation du nombre de globules rouges une heure après le repas, avec chute progressive dans les heures qui suivent. Duperie constate qu'après les repas le nombre des globules diminue et qu'il est maximum, avant les repas, d'autant plus que l'intervalle est plus long. Cette dernière constatation est en accord avec celles de Worm-MOller, Buntzen, qui trouvent pendant l'inanition complète et prolongée une augmentation du nombre des globules rouges, provenant probablement d'une consommation plus rapide du plasma sanguin que des globules. Autres influences. — D'après Buntzen, Leightenstern, il peut se produire après administration d'un repas copieux une polycythémie ou une oligocythémie, suivant que la sécrétion des sucs digestifs ou l'absorption des liquides prédominera. Toutes les causes qui ont pour effet une diminution de la masse liquide du sang produisent la polycythé- mie. Malassez a démontré le fait pour les bains chauds, l'exercice musculaire. Zuntz, Schumburg ont publié des observations analogues. Dans ces dernières années, v. Wille- HEMATIES. 275 BRAND, Hawk ont étudié plus spécialement l'influence de l'exercice musculaire. Leurs observations montrent de façon concordante que, déjà après quelques secondes d'exercice violent, le sang périphérique présente une hyperglobulie notable, qui peut atteindre 23 p. 100 (v. Willebrand), 22,5 p. 100 (Hawk). Le mécanisme de ce phénomène n'est pas suffisamment éclairci. On a observé des hyperglobulies très considérables dans certains états patholo- giques, dans ceux qui s'accompagnent de pertes de liquides considérables par l'intestin (choléra) ou la peau (sudations profuses). Chez l'homme, les numérations de globules ne peuvent se faire que dans le sang périphérique (obtenu par piqûre de la pulpe du doigt, du lobule de l'oreille). Une question préalable se pose à ce sujet : ce sang périphérique possède-t-il le même nombre d'hématies que le sang du cœur et des grosses artères, et les variations de ce nombre sont-elles parallèles dans tous les segments de l'aire vasculaire? Des échantillons de sang des diverses artères d'un même animal, pris à un même moment, contiennent le même nombre de globules (Malassez). Au contraire, dans les différentes veines existeraient des difTérences considérables, et, d'une façon générale, le sang de la veine est plus riche en globules que celui de l'artère correspondante (Malassez). C'est dans les veines superficielles surtout que cette différence se marque, en raison de l'évaporation cutanée (?). En augmentant celle-ci, on accentue l'écart. Dans une expérience de Malassez, le sang de la veine d'une oreille rasée contenait 5 700 000 globules par millimètre cube, tandis que le sang de l'autre oreille, non rasée, n'en contenait que 5 300 000. Si l'on plaçait dans l'eau l'oreille rasée, au bout d'un quart d'heure le rapport était renversé. Le sang de l'oreille normale contenait toujours 5 300 000 globules, celui de l'oreille rasée 5 000 000. En produisant la vaso-dilatation d'un territoire vasculaire sous-cutané (oreille du lapin), Targhanoff a vu le nombre de globules augmenter dans le sang de la veine. Ayant comparé la richesse globulaire du sang dans divers districts capillaires de la surface du corps, Nonnenmacher trouve un minimum à la pulpe du doigt et au lobule de l'oreille, un maximum dans la paroi abdominale. De l'un à l'autre, la différence peut comporter 50 p. 100, Le refroidissement local de peu de durée augmente le nombre des hématies, l'échaufï'ement court fait de même, réchauffement prolongé diminue au contraire le nombre des globules rouges dans les territoires qui ont subi ces influences. Il est probable que la vitesse de la circulation dans les districts capillaires joue un rôle décisif à cet égard. Tout ralentissement de la circulation, toute diminution de la force vive du sang doivent nécessairement être suivis d'une certaine stagnation des élé- ments les plus denses, les hématies. Elles se déposent par sédimentation dans les par- ties de l'appareil vasculaire où la circulation est la plus lente. Aussi ne faut-il pas s'étonner que les cliniciens aient signalé souvent de l'hyperglobulie dans le sang péri- phérique de malades qui présentent de la cyanose (par suite de lésions cardiaques ou pulmonaires, d'une compression de la veine cave inférieure, etc.). La plupart des soi- disant hypercythémies ne reconnaissent très probablement pas d'autre cause. Il est possible que la légère hyperglobulie qui accompagne les mouvements muscu- laires violents soit due (au moins en partie) à une mise en circulation d'hématies qui se sont arrêtées ainsi par sédimentation incomplète en différents districts vasculaires (Hawk). Pression atmosphérique. — Un facteur dont la signification n'est pas encore nette- ment élucidée, c'est la pression atmosphérique. Ce fut Viault qui le premier attira l'attention des médecins sur ce point intéressant de physiologie. Des déterminations faites sur des hommes de différentes races au Pérou dans les Andes à une altitude de 4 392 mètres, fixèrent le nombre des globules par millimètre cube à 6 770 000-7 960 000. L'auteur, qui à Lima avait un sang conte- nant 5 000 000 globules, en possédait, quinze jours après, 7 100 000 à cette altitude et 8 000 000 après huit nouveaux jours. A une altitude de 2 877 mètres (Pic du midi), l'augmentation du nombre des globules chez l'homme et le chien fut peu marquée. Au contraire, elle fut de 2 000 000 globules par millimètre cube pour des lapins et de 1000 000 pour des poules. Des déterminations d'hémoglobine établirent un enrichisse- 276 HEMATIES. ment parallèle. Ces faits furent confirmés par MCntz, Regnaud, Miescher et ses élèves, Grawitz, Weiss, Giagosa, Loewy et Zuntz, Schaumann et Rosenqvist, etc. Mais on ne s'entend pas sur le mécanisme de ce phénomène. La première idée qui s'est pre'sentée fut celle d'une formation en plus grande abondance de globules et d'hémoglobine. Elle a été défendue par Gaule, qui dit avoir constaté, au cours d'ascensions en ballon, la présence de nombreuses hématies nucléées dans le sang prélevé. Certaines de ces cellules rouges se trouvaient en voie de division. Celte affirmation de Gaule a été contredite par d'excellents observateurs. JoLLY, et indépendamment de lui, Bensaude, ont constaté de l'byperglobulie sans aucune altération histologique du sang, notamment sans apparition des cellules rouges nucléées. V. ScHRÔTTER et Zuntz déclarent qu'après un séjour de dix heures à des altitudes qui atteignirent 5 000 mètres, ils ne purent constater le moindre changement cytologique du sang. Il faut donc chercher ailleurs que dans une production subite de globules rouges, la cause de cette hyperglobulie des hauteurs. Ainsi que l'avait déjà constaté Egger (élève de Miescher), l'augmentation du nombre des globules, qui s'établit si rapidement, disparaît aussi facilement dès que le sujet retourne vers les régions basses. Il serait difficile d'admettre, s'il s'agissait réelle- ment de néo-formation, qu'une production rapide suivie d'une destruction aussi intense d'hématies et d'hémoglobine n'eussent aucun retentissement sur l'état général de l'or- ganisme. D'autre part, Regnard avait déjà constaté que, par la simple raréfaction de l'air (produite dans un appareil spécial), on pouvait produire artificiellement chez l'animal les modifications caractéristiques des hautes altitudes. De sorte que c'était la pression atmosphérique qui était le seul facteur efficace à l'exclusion de l'insolation, de la sécheresse atmosphérique, etc. Ayant repris les expériences de Regnard, Egger montre que, mis dans des appareils à pression réduite, les lapins augmentent effectivement le nombre de leurs globules; mais en même temps leur sang s'épaissit, globules et sérum perdent de l'eau ; en un mot la masse totale du sang est réduite, et il en résulte une augmentation relative, mais pas absolue, du nombre des globules et de la quantité d'hémoglobine. Weiss (élève de Bunge), se plaçant au même point de vue, fit sur des lots de lapins d'une même portée et élevés pendant quatre semaines à des altitudes différentes, des déterminations du nombre des globules et de l'hémoglobine contenus dans un kilo- gramme d'animal. En ce qui concerne le nombre des globules, le résultat fut conforme aux précédents : plus de globules pour les altitudes élevées, mais pas de différence sensible dans la quantité totale de l'hémoglobine. Il semble démontré définitivement par cette expérience que la dépression barométrique produit uniquement une concen- tration du sang, dont le résultat est une augmentation relative du nombre des globules (par unité de volume). Abderhalden a constaté plus récemment, en étudiant comparativement le sang d'ani- maux passant alternativement de la plaine (Bàle) à la montagne (Saint-Moritz), des variations du nombre des globules sans changement de la quantité totale d'hémoglo- bine. Il se range donc à l'avis des auteurs précédents. Au cours d'une ascension en ballon, Calugareanu et Henri ont constaté dans le sang de l'artère fémorale de trois chiens passant rapidement à l'altitude de .3 000 mètres une augmentation notable du nombre des globules rouges (de 7 884 000 à 9 888 000; de 7 648 000 à 8 972 000; de 7 928 000 à 8 892 000). La teneur en eau, azote et fer avaient peu varié. A la suite de ces résultats positifs viennent se ranger un certain nombre de faits négatifs. Ambard et Beal'jard n'ont pu reproduire artificiellement l'hyperglobulie dans des atmosphères raréfiées. Armand Delille et André Mayer, en transportant des cobayes dans une ascension de montagne, purent observer dans certains cas une hyperglobulie périphérique sans modification du nombre des globules du sang du cœur. D'après eux, l'hyperglobulie est très inconstante chez le cobaye. Elle peut faire complètement défaut. C. Foa a l'ait des observations analogues au Mont-Rose sur différents mammifères HÉMATIES. 277 (lapin, chien, singe). D'après lui, l'hyperglobulie des altitudes apparaît dès les pre- mières heures à 3 000 mètres ; elle a disparu trente-six heures après le retour dans la plaine. Elle est purement périphérique, elle n'existe pas dans le sang des grosses artères. Pas trace d'hèmatopoièse dans le sang même ou dans la rate, si ce n'est à la longue, après 8-12 jours d'altitude. Après retour à la plaine, il n'y a pas de destruction globulaire exagérée : tout au moins ne trouve-t-on pas plus d'urobiline dans l'urine que normalement, ni plus de pigment feràque dans le foie et la rate. C. FoA rejette toute explication de l'hyperglobulie par concentration du sang. Il l'attribue à de la stase périphérique, tout en avouant ([ue le mécanisme de cette stase est loin d'être élucidé. De l'ensemble de ces recherches, il résulte donc de façon certaine que l'hyperglo- bulie qui suit immédiatement les grandes ascensions est une pseudo-hyperglobulie. Elle n'est pas due à une néo-formation d'hématies. Il reste à étudier de plus près si l'altitude peut provoquer, en outre, une hémato- poièse tardive. BuNGE voit dans l'hyperglobulie immédiate des atmosphères raréfiées un processus d'autorégulation. Partant de l'opinion qu'elle est le résultat d'une diminution de la masse liquide du sang, il en donne l'explication finaliste suivante : l'organisme concentre ainsi la teneur de son sang en hémoglobine. Chaque systole cardiaque envoie donc vers les tissus une plus grande quantité d'hémoglobine, partant d'oxygène, et ainsi se trouve contrebalancée l'aclion en sens inverse qui pourrait résulter d'une saturation moindre dans le poumon de l'hémoglobine par l'oxygène raréfié. Avant d'adopter ces vues ingénieuses, il y aurait lieu de reprendre l'examen des faits négatifs et d'éprouver la valeur de l'interprétation d'A. Delille, A. Mayer, C. Foa, qui découvrent une stase, c'est-à-dire un affaiblissement organique en lieu et place d'un mécanisme compensateur. Soustractions sanguines. — Après les soustractions sanguines, le sang résiduel se dilue rapidement dans la lymphe résorbée des tissus et s'appauvrit ainsi en globules et en hémoglobine. Mais il s'établit très rapidement une néo-formation de globules rouges. D'après les observations de Lyon, Otto, Hall et Eubank, qui portent sur le chien, l'état normal n'est atteint qu'après plusieurs semaines. La période de réparation est d'autant plus longue que la perte a été plus considérable. Pour réparer les effets d'une soustraction de la valeurde3.5 à4.op.l00 du poids du corps, il fautlQ à 34 jours (Lyon). Une seconde soustraction, faite après rétablissement complet d'une première de même valeur, se répare toujours moins rapidement (Otto). Chez le lapin, une saignée comportant 1,5 p. 100 à 2,5 p. 100 du poids du corps est rapidement suivie de multiplication globulaire (Inagaki). Déjà au 2" jour, le nombre des hématies s'est élevé. La réparation est, d'habitude, totale après 16 à 20 jours. Quand la réparation est rapide et complète, elle intéresse dans la même mesure le nombre des hématies et la quantité d'hémoglobine. Dans des cas moins favorables, il peut y avoir formation de globules moins riches en hémoglobine ou des irrégularités diverses. Il y a longtemps que Hayem avait constaté que, lorsqu'on dépasse le pouvoir que possède un organisme de réparer ses pertes, soit en le saignant trop, soit en répétant les saignées, on observe une incapacité plus marquée à la régénération de l'hémoglo- bine qu'à celle des hématies. Cette inégalité de réaction suivant les individualités et les conditions expérimentales explique pourquoi certains auteurs constatent un paral- lélisme entre la poussée cytémique et la production de l'hémoglobine, tandis que d'autres ont observé du retard dans la régénération de l'hémoglobine. Au lieu de soustraire directement du sang à l'animal, on peut au moyen d'un toxique approprié (phénylhydrazine, etc.) provoquer la destruction in vivo de ses hématies. Après cette intervention, Heinz a pu constater chez le lapin les premiers signes de régénération après vingt-quatre heures, un maximum vers le troisième au quatrième jour se maintenant jusqu'au rétablissemeut complet après une vingtaine de jours. Chez l'oiseau, le processus, notablement plus rapide, s'effectuait complètement en 6 à 8 jours. Au contraire il était à peine ébauché après 3 à 4 semaines chez la grenouille. ^78 HÉMATIES. Or, si l'on admet avec Heinz que son procédé aboutit à la destruction de toutes les hématies, on devra considérer les chiffres obtenus comme ceux qui indiquent le temps nécessaire à la régénération sanguine totale. iVasmith et Graham ont fait vivre des cobayes dans une atmosphère chargée d'une quantité d'oxyde de carbone telle que 25 à 35 p. 100 de leur hémoglobine était oxy- carbonée. Dans ces conditions, on constate chez ces animaux une néo-formation d'hémo- globine, complète après quelques semaines, qui est suffisante pour rendre au sang sa capacité respiratoire normale. Desbouis et Langlois ont eu un résultat analogue en faisant respn-er quotidiennement pendant plusieurs heures à des cobayes et à des pigeons une atmosphère chargée de vapeurs de benzol. D'après les expériences faites, ces auteurs concluent à une hyper- cylhémie vraie, par néo-formation d'hématies. Il a été dit qu'après soustraction sanguine on voit apparaître dans le sang circulant des cellules rouges nucléées. On a voulu chercher là une mesure de l'intensité de la néo-formation. Mais il semble bien que l'apparition des cellules rouges n'est pas néces- sairement liée à la production d'hématies, puisqu'on peut l'obtenir au cours d'une expérience qui consiste à soustraire plusieurs fois du sang à un chien et à le lui réinjecter sitôt après défibrination (Zenoni) ou dix à quinze minutes après injection à un lapin de sérum leucotoxique (Gladin). Il faut admettre que, dans cei'tains cas, les cellules rouges qui restent habituellement confinées dans les capillaires de la moelle osseuse peuvent sortir de cette retraite et se mêler au sang circulant sans que pour cela il y ait une néo-formation plus active d'hématies. A l'état pathologique, on constate très souvent des états dits d'anémie, caracté- risés par une pâleur anormale des téguments et des tissus. Ces états d'anémie s'accom- pagnent nécessairement d'une diminution de la quantité d'hémoglobine contenue dans l'unité de volume, mais pas nécessairement d'une diminution dans le nombre des glo- bules. Dans certains états anémiques (chlorose) le nombre des globules est relativement moins abaissé que la quantité d'hémoglobine. Dans d'autres formes, les deux manifes- tations sont sensiblement proportionnelles (anémies secondaires). Enfin il peut se faire inversement que la diminution porte sur le nombre d'hématies plus que sur la quantité d'hémoglobine (anémie pernicieuse) (Hayem). On observe dans beaucoup de ces états des altérations de forme et de taille des globules rouges (microcytes, macrocytes, poikilocytes.) Enfin différents cliniciens (Krehl, Marie, Hayem, Vaquez) ont au contraire trouvé chez certains cyanotiques chroniques une augmentation notable (jusque 8 000 000) du nombre des globules rouges. Cette hypercythémie a été rapprochée de celle des hautes altitudes. Composition chimique des globules rouges. — Pour étudier la composition chimique des globules rouges, il faut commencer par séparer ceux-ci du sérum. On y ariive aisément par la centrifugation suivie de lavages répétés au moyen de solutions salines isotoniques. Malheureusement ces lavages ne parviennent pas à débarrasser les globules rouges des quelques leucocytes qui leur sont mélangés. Mais, comme ceux-ci sont très peu nombreux, l'erreur provenant de leur présence est faible. On peut d'ailleurs, comme l'a fait Halliburton, se débarrasser de la plus grande partie d'entre eux en se servant de sang peptoné. "Wooloridge a étudié les substances albuminoïdes constituant le stroma des hématies. Pour cela, il ajoute à la bouillie globulaire lavée o à 6 volumes d'eau et un peu d'éther, qui facilite l'hémolyse, puis il mélange jusqu'à dissolution complète. Le liquide rouge est alors centrifugé, ce qui amène le dépôt de détritus cellulaires prove- nant surtout des leucocytes. La solution décantée est additionnée avec précaution d'une solution de sulfate monosodique à 1 p. 100 jusqu'à production d'un précipité qui est recueilli sur filtre et rapidement lavé à l'eau. On peut alors le sécher et en faire l'ana- lyse centésimale ou le redissoudre dans une solution faiblement alcaline pour étudier ses caractères de solubilité. La substance a tous les caractères des nucléo-protéides : elle est analogue aux nucléo-protéides extraits d'autres tissus ou organes. On la considère comme étant le constituant principal du stroma globulaire. HEMATIES. 279 A côté d'elle existent dans le globule (probablement aussi dans le stroma) deux substances solubles dans l'éther. Une d'elles est phosphorée; "Hoppe-Seyler et Hermann la considérèrent d'abord comme étant du protagon. Bientôt après elle fut reconnue être de la lécithine par Hoppe-Seyler. L'autre est la cholestérine. Pour les déterminer quantitativement, on lave d'abord la bouillie corpusculaire avec une solution saline isotoniqne, puis on l'additionne d'un peu d'eau et d'un excès d'éther (4-10 volumes). On recommence à plusieurs reprises l'extraction par l'éther. On enlève ainsi toute la cholestérine. Les détritus cellulaires séparés de la solution d'hémoglobine sont soumis séparément à une extraction par l'alcool et l'éther. Tous les extraits étliérés réunis sont desséchés à 70° et pesés. Une détermination de phosphore permet de calculer la quantité de lécithine et par différence on obtient le poids de cholestérine. Récemment, Pascucci a publié les résultats d'analyse de stromas préparés par la méthode de Wooldridge, et par une méthode analogue. Les résultats concordants donnent : 1 p. 100 de sels, deux tiers d'albuminoïdes et un tiers de matières grasses : lécithine, cholestérine, et peut-être un cérébroside. Les globules rouges nucléés contiennent, outre ces constituants, les éléments forma- teurs du noyau. Les premières recherches chimiques sur cet objet furent faites par Lauder-Brunton, puis par Plosz, qui s'adressèrent au sang d'oiseau. Plosz démontra que le noyau est constitué essentiellement par une substance phosphorée, qu'il prit alors pour une nucléine. Kossel démontra ultérieurement qu'il s'agissait là d'une nu- cléo-histone, c'est-à-dire d'une combinaison entre un acide nucléique et une substance albuminoïde de caractère basique, appelée histone. Les substances chimiques citées jusqu'ici interviennent probablement dans l'édifica- tion de ce que l'on a appelé le stroma des globules rouges. Il reste à citer deux éléments : l'hémoglobine et les sels qui sont probablement dis- sous dans le liquide intra-cellulaire. L'hémoglobine sera étudiée à part dans un article spécial. (V. Hémoglobine.) Les seules questions à envisager ici sont l'état dans lequel elle se trouve dans le globule et la masse de cet élément comparée à la masse globulaire totale. Hoppe-Seyler a soutenu l'opinion que l'hémoglobine contenue dans les globules est chimiquement différente de l'hémoglobine cristallisée, qu'elle forme avec un consti- tuant globulaire une combinaison qu'il appelle artérine dans sa forme oxygénée et phlébine dans sa forme réduite. Les arguments de Hoppe-Seyler sont les suivants : 1° L'hémoglobine des globules routes décompose l'eau oxygénée sans être oxydée elle-même. L'hémoglobine purifiée par cristallisation agit beaucoup moins activement sur l'eau oxygénée et est d'ailleurs oxydée par cet agent. 2° La première abandonne plus facilement son oxygène ou son oxyde de carbone au vide que la seconde. 3° Le ferricyanure de potassium transforme instantanément en méthémoglobine l'hémoglobine dissoute, tandis qu'il lui faut des heures pour produire cette modifica- tion quand on l'ajoute au sang lui-même. 4° Les solutions salines isotoniques et le sérum n'arrivent pas à se colorer au con- tact des globules, alors qu'ils dissolvent très facilement l'hémoglobine en cristaux. Actuellement aucun physiologiste n'admet plus cette opinion de Hoppe-Seyler. On a démontré que l'action sur l'eau oxygénée revient non à l'hémoglobine, mais au stroma globulaire (Bergengruen). En ce qui concerne le deuxième argument, il est probable que les différences observées par Hoppe-Seyler sont dues en partie à l'altération inévi- table de l'hémoglobine qu'on a fait cristalliser (IIuefneri. Quant aux deux dernières observations, elles s'expliquent très bien, si l'on se rap- pelle que le ferricyanure de potassium ne pénètre pas les globules, la membrane lui étant imperméable, ce qui empêche nécessairement son action sur l'hémoglobine (von Mering.). Et, comme on le verra plus loin, c'est également parce que l'hémoglobine est séparée du liquide ambiant par cette même membrane, qu'elle ne peut traverser, qu'on n'observe aucune diffusion de l'hémoglobine dans les milieux isotoniques. Les études très soigneuses de Hdefner sur les constantes spectro-photométriques 280 HEMATIES. et sur la capacité d'absorption vis-à-vis des gaz n'ont d'ailleurs révélé aucune différence entre l'hémoglobine endo-globulaire et l'hémoglobine cristallisée (contesté). La quantité d'hémoglobine qui existe dans le sang est contenue exclusivement dans les globules. Pour connaître la relation entre le poids de l'hémoglobine et le poids total des globules, il suffirait de connaître ce dernier. On arrive assez facilement à le déterminer par une méthode indirecte, qui consiste à déterminer successivement dans Je sang complet et dans le plasma (ou le sérum) une substance exclusivement contenue dans le plasma (ou le sérum). C'est le cas pour la fibrine existant dans le plasma seul (Hoppe-Seyler), pour les sels de sodium qui chez certains animaux se trouvent localisés exclusivement dans le sérum (Bunge), le sucre qui ne se trouve que dans le sérum (Otto). Supposons que p soit le poids de la substance dans 100 parties en poids de plasma et s le poids dans 100 parties de sang. En représentant par .t le poids de plasma correspon- pondant à 100 parties de sang, on aura. .„„ 100s xp = lOus X = V Hoppe-Seyler a encore employé un autre procédé, très pratique. On détermine la quantité totale d'albuminoïdes contenue dans un poids donné de sang. On lave les glo- bules d'un poids connu de sangjusqu'à les débarrasser complètement du sérum qui les mouille, on fait encore pour eux la détermination des albuminoïdes. Un troisième dosage apprend la proportion d'albuminoïdes dans un poids donné de sérum. Etant données ces trois valeurs, on en déduit le poids de sérum correspondant à 100 parties de sang. Soient s le poids d'albuminoïdes dans 100 parties de sang. — (/ — — des globules des 100 parties de sang. — p — — des 100 parties de sérum. Si X est le poids de sérum correspondant à 100 parties en poids de sang, on aura. p 100 (s — n) 100 " . p Une fois connue la proportion en poids de sérum et des globules, il suffit de faire pour chaque élément constitutif du sang un dosage dans le sang total, un autre dans le sérum, pour en déduire la quantité de cet élément contenue dans les globules. Des dosages très complets, faits d'après les méthodes de Hoppe-Seyler et de Bunge, ont été récemment exécutés par Abderhalden, un élève de Bunge. On verra dans les tableaux suivants qu'il existe d'une espèce à l'autre, et même entre deux individus d'une même espèce, des différences assez notables dans la quantité totale des globules, leur richesse en hémoglobine et en albuminoïde, constitutifs du stroma. Au point de vue de la teneur en sels, on observera également de grandes varia- tions entre les globules des différents mammifères et une indépendance totale pour ce qui concerne la qualité de ces sels vis-à-vis de ceux du sérum. Un point très intéres- sant à cet égard, déjà mentionné par Schmidt, puis par Sacharin, mis en évidence par Bunge, c'est l'absence totale de sels de sodium dans les globules de quelques mam- mifères (cheval, porc, lapin), leur prédominance au contraire chez d'autres (chien, chat, bœuf, mouton). BoTTAzzi et Capelli ont fait des dosages du potassium et du sodium des globules de différents vertébrés. De leurs recherches, ils conclurent que les globules sont d'autant plus riches en potassium qu'ils contiennent plus de nucléine (que celle-ci soit accumu- lée dans un noyau ou répandue uniformément dans tous les globules). Le tableau ci-contre (p. 281) contient le résultat de leurs analyses. D'après les analyses d' Abderhalden, il y aurait trois substances dissoutes dans le sérum qui ne se rencontreraient dans les globules d'aucune des espèces examinées : la chaux, le sucre et la graisse. Avant de quitter l'étude quantitative du sang, il est nécessaire de dire quelques mots HÉMATIES. 281 QUANTITÉ DE SODIUM QUANTITÉ DK POTASSIUM ESPÈCE ANIMALE. CONTENUE DANS CONTENUE DANS 100 gr. de globules desséchés. 100 gr. de globules desséchés. Rana esculenta. . . . U . 0292 0.2320 Bufo vulgaris .... 0.0184 0.3310 Emys europea .... 0.0159 0.3457 0.0283 0.3127 Poule 0.0160 0.4650 Lapin 0.0077 0.4659 Chat 0.2766 0.0262 Chien 0.2865 0.0277 des méthodes qui ont pour but de déterminer non le poids relalif des globules rouges vis-à-vis du sang total mais leur volume. M. et L. Bleibtreu sont partis du principe suivant: Supposons une solution contenant divers éléments dissous, des sels, de l'albumine, et tenant en suspension un volume inconnu d'une matière insoluble, des perles de verre par ex'emple. On prélève'un échantillon du liquide pur; on y détermine la teneur en un élément quelconque, l'albumine par exemple. On ajoute maintenant, li un volume connu du mélange du liquide et du corps en suspension, un volume également connu d'un liquide ne contenant pas l'élément dissous dans le premier, de l'eau salée par exemple. L'eau salée ne pénétrant pas dans les perles de verre diluera donc en réalité non le volume total correspondant à la somme des volumes du liquide albumineux et des perles de verre, mais la fraction de ce volume total occupé par le liquide albu- mineux seul. En mesurant par un nouveau dosage d'albumine la dilution effective, on pourra calculer la valeur du volume occupé primitivement par le liquide albumineux. Dans la méthode de M. et L. BLEinTREU, on ajoute des volumes connus si et s^ d'eau salée à 6 p. 1000 à deux échantillons du sang défibriné, échantillons de volume bi et b-y On prélève, après centrifugation des deux liquides ainsi dilués, une fraction de sérum, et on y détermine la quantité d'albumine par la méthode de K.teldahl. Soient ei et eo, ces deux concentrations, si l'on représente par x le volume relatif du sérum sanguin, on aura: (^1 X + Si) ei _ /n .... 62 d'où : eî S'2 ei Si (b-2 X -\- S'i) 62 X {ei — e-î) = hi Au lieu de faire ces dosages, on peut aussi, d'après M. et L. Bleiiîtreu, prendre la densité (So) du sérum, celle (K) du liquide salin et enfin celle (S) d'un mélange de 6 cen- timètres cubes de sang avec s centimètres cubes de liquide salin. En donnant à x la même signification que dans la formule précédente, on aura d'où : .r .So h + sk ,/; b ■\- s = S i' La méthode de M. et L. Bleuîtreu repose sur une hypothèse fondamentale, c'est qu'après le mélange de liquide salin au sang, les globules rouges ont conservé exactement le même volume qu'auparavant, comme c'était le cas pour les [perles de verre dans l'exemple cité. Or, ainsi que l'ont très justement objecté Hamburger, Bier- NACKi, Eykman, Hedin, il n'en est nullement ainsi, puisque la solution saline employée par M. et L. Bleirtreu est fortement hypotonique. Pour pouvoir obtenir avec la méthode de Bleibtreu des résultats certains, il faudrait de toute nécessité employer comme liquide de dilution une solution saline qui ne modifiât en rien le volume des globules rouges. La concentration de cette solution n'est malheureusement pas constante et devrait être 282 HEMATIES. déterminée préalablement dans chaque cas particulier. Il faudrait de plus être assuré que dans une telle solution ne se produisent pas des échanges à travers la paroi des glo- bules rouges. Une méthode plus rigoureuse consiste à comparer la conductibilité électrique du plasma (ou sérum) et du sang complet. D'après les recherches de Bugarzsky et Tangl, la conductibilité des globules est au moins cent fois plus faible que celle du plasma. On peut pratiquement la supposer nulle. Dès lors il est possible de conclure de la connais- sance de la conductibilité du sang total et de celle du plasma au volume occupé par les hématies d'après une formule proposée par ces auteurs. [ji = 0.92— + 0.13 dans laquelle [x représente le volume relatif du plasma, >p la conductibité du plasma et A la conductibilité du sang. Les chiffres trouvés d'après cette méthode sont très rapprochés de ceux obtenus par sédimentation ou centrifugation. Dans la sédimentation, on attend que du sang placé dans des cylindres gradués ait déposé une couche de globules dont la hauteur ne varie plus. Dans la centrifugation, on hâte le dépôt du culot globulaire par l'emploi de la force centrifuge, de sorte que l'on obtient en quelques minutes ce que la seule pesanteur des globules met parfois des jours à accomplir. Appliqués de cette manière, les deux procédés ne donnent pas en réalité le volume des globules, mais le volume occupé par les globules tassés au fond du vase. Quelque parfait que soit ce tassement, il existe néanmoins entre les globules des espaces, très réduits, remplis de plasma, de sorte que la valeur trouvée par ces méthodes est tou- jours un peu trop forte. L'inconvénient de ces procédés, c'est qu'il est difficile, dans des mesures demandant de la précision, de se faire une idée de l'étendue de l'erreur com- mise. Cette restriction faite, il est incontestable que la centrifugation, quand elle ne sert qu'à comparer entre eux différents sangs d'une même espèce animale ou les échantil- lons d'un même sang soumis à diverses influences, peut fournir des résultats très intéressants. Il est nécessaire cependant, pour des mesures de ce genre, qui ne four- nissent pas des valeurs absolues, mais des rapports, de se placer toujours dans des con- ditions parfaitement comparables (Hedin, Hamburger). Ce qui vient d'être dit de la centrifugation a trait à la façon actuelle de procéder à cette opération. On sait que le volume des globules rouges est fortement influencé par la concentration du liquide salin qui les baigne; aussi évite-t-on, quand on veut se VOLUME RELATIF VOLUME RELATIF mesuré par mesuré par ESPÈCE ANIMALE. LA CONDUCTIBILITÉ ÉLECTRIQUE SÉDIMENTATION OU CENTRIFUGATION «lu plaiyna. des globules. du plasma. des globules. ] Cheval 68.33 31.67 68.35 31.5 (sédimentation) 2 — , , 68.71 31.29 67.3 32.7 (sédiment.) — , , 71.8 28.2 (ccntrif.) 3 - 63.23 36.77 64.7 35.3 (centrif.) 4 Chien. , 43.06 56.94 5 — 49.96 50.04 ' 6 — . 50.04 49.96 1 Chat. 57.29 42.71 56.9 43.1 (sédiment.) 8 — . • • 56.66 43.39 54 46.0 (sédiment.) faire une idée du volume occupé normalement par les globules dans le sang lui-même, de diluer ou de concentrer celui-ci. On s'adresse au sang défibriné ou au sang rendu incoagulable par de petites quantités d'oxalate de sodium (1 p. 1000). Dans les essais primitifs faits avec cette méthode, telle qu'elle avait été proposée par Blix, Hedin, le sang était dilué dans le réactif histologique que l'on appelle liquide de HEMATIES. -283 MiJLLER, OU dans une solution de bichromate de potasse à 2, 5 p. iOO(DALAND, Gartner). Or il résulte des recherches ultérieures de Hedl\ que, dans ces deux liquides, les glo- bules augmentent sensiblement ce volume. Bugarzsky et Tangl donnent, dans leur note préliminaire sur leur méthode, les résultats de quelques détei'minations faites concur- remment par les deux procédés (voir le tableau ci-dessus, p. 282). Stewart, reprenant la méthode de Bugarzsky et Tangl, trouve qu'elle fournit pour le volume relatif du plasma des quantités trop faibles. Stewart propose les deux for- mules suivantes, dont la première est la plus exacte. p = ^- ( 180 A(, - t/T) (1) V = )-s (2) p, Xj, Xs représentent respectivement le nombre de centimètres cubes de sérum cor- respondant à 100 centimètres cubes de sang, la conductibilité électrique du sang à 5" et celle du sérum à o°. Stewart propose en outre une nouvelle méthode colorimétrique, très ingénieuse. 11 soumet à l'action de la force centrifuge un échantillon du sang à examiner. Il pré- lève un volume déterminé de sérum, auquel il ajoute un poids connu d'hémoglobine cristallisée. Une partie de ce liquide est ajoutée au résidu de la centrifugation et inti- mement mélangé à lui et après une nouvelle centrifugation, un nouvel échantillon de sérum, coloré cette fois, est prélevé. On compare son pouvoir colorant à celui de la solution titrée, et on en déduit le volume de sérum qui était resté mélangé aux globules. La méthode est ingénieuse en ce qu'elle utilise à la fois 1° le pouvoir colo- rant intense de l'hémoglobine; 2" sa non-pénétration dans les globules; 3° son poids moléculaire élevé qui empêche une action sensible sur le volume des globules. Les résultats comparés à ceux fournis par la méthode de Hoppe-Seyler et ceux qui découlent de l'emploi de la formule (I) du procédé électrique sont parfaitement satis- faisants. Chez le chien, Stewart a trouvé pour le volume relatif du plasma des valeurs allant de 40 à 74 p. 100. Enfin Bence recommande, quand on ne dispose que de petites quantités de sang, de déterminer l'indice de réfraction du sérum pur (R), et celui du sérum que donne un mélange du sang avec une quantité déterminée (K) de solution de chlorure sodique à 0.9 p. 100. Soit R^ cet indice. Celui de la solution salée est 1.3328 à 18°. Ayant fait ces déterminations, on en tire la valeur (S) du volume du sérum contenu dans le sang d'après la formule K (R.r- 1.3342) R— Rx- Analyse quantitative du sang humain. (A. Schmidt) Eau Résidu sec Substances organiques . Substances inorganiques Oxj'de de sodium. . . . Oxyde de potassium . . Chlore SANG HUMAIN (homm?:) 4S6.98 parties de sérum 439.02 41.96 43.82 4.14 1.66 U.15 1.72 513.02 parties de fflobules 349.69 163.33 1.59.39 3.74 0.24 1..59 0.90 SANG HUMAIN (femme) 603.76 parties de sérum 351 .99 31 .77 46 .70 5 07 1 92 0 20 2 14 396.24 parties de globules 272.56 123.68 120.13 3.55 0.65 1.41 0.36 284 HEMATIES. Analyse quantitative de globules rouges séchés (Hoppe-Seyler et Jûdell). SANG H I UMAIN SANG DE CHIEN' SANG D'OIE SANG DE HÉRISSON SANG DE COULEUVRE II Hémoglobine Albuminoïdes Lécithine . . et niicléines. 86.79 12.24 0.72 0.25 94.30 5.10 0.35 0.25 86.50 12.55 0.59 0.36 62.65 36.41 ' 0.46 ; 0.48 ^ 92.25 7 01 46.70 . .^2 45 Cholestérine. ) i "'" Il Eau Résidu sec Hémoglobine Albuminoïdes Sucre Cholestérine Lécithine Graisse Acides gi'as Anhydride phosphorique à l'état de nucléine Oxyde de sodium Oxyde de potassium Oxyde de l'er . . . ". Chaux Magnésie Chlore Anhydride phosphorique Anhydride phosphorique inorganique . SANG DE CHÈVRE (Abderhalden) 1000 parties de sang. 803.89 196.11 112.5 69.72 0.829 1.299 2.466 0.535 0.395 0.039 3.579 0.396 0.547 0.066 0.040 2.923 0.397 0.142 652.8 parties de sérum. 60.25 » 50.96 0.822 0.698 1.127 0.0407 0.398 0.0117 2.824 0.160 0.078 0.026 2.409 0.154 0.045 347.2 parties de globules, 211.35 135.86 112.5 18.76 0.601 1.339 0.028 0.236 0..547 » 0.014 0.514 0.243 0.097 1000 parties de sérum. 907.69 92.31 » 78.07 1.26 1.070 1.727 0.624 0.611 0.018 4.326 0.246 » 0.121 0.041 3.691 0.237 0.070 1000 parties de globules. 608.72 391.30 324 . 02 54.03 » 1.730 3.856 0.0806 2.174 0.679 1.575 0.0403 1.480 0.699 0.279 Propriétés osmotiques des hématies. — La première étude des propriétés osmotiques des cellules d'origine animale date des travaux de H.vmburger, inspirés par DoNDERS, sur les globules rouges. H.xmburger fut précédé dans cette voie par un bota- niste, Hugo de Vries, son compatriote, qui étudia l'action des solutions salines sur les cellules végétales. Quand on place dans une solution saline concentrée, mais non vénéneuse pour le protoplasma végétal, quelques cellules épidermiques de la nervure médiane d'une feuille de Tradescantia dmolor, on voit la couche protoplasmique corticale des cellules se détacher de la paroi cellulosique des logettes qui les contiennent; le corps proto- plasmique, ramassé en boule, n'occupe plus qu'une partie de l'espace de ces dernières. Ce phénomène, connu de Naegeli, s'appelait plai CD (M 35 O CO es o CD »^ CD O îO O -* ^H CI ^H -* CD «M co O O O .rt JO CD :0 CD (M 03 ^ Ci O r~ O t^ co C5 o -* IO r~ o o CD c:> o o (T) • 0) o ' C =3 • Ctf • >^ ci C Te o 'S ■© F" O U3 S 'S i OJ — H 04 a: o. xn o i« 03 o es -C3 13 'G «3 « O •A O D cii bc cij o S ;-! o o Q 03 < O « o eu a Q o z ri C o o o D C3 O B Q C3 O o € S a g 5 o ce co Î-O CM CO (M OO co CM CO C5 CD oo l-O CM CD O 5f3 oo 20 o CD C2 co CD CD ^-^ CM SO CI •* en r- r^ CM — oo C5 ce — — <= CM m t^ => -* i=> CO Cl CM .r^ r- r- CM -* CM 03 o CD ^-« CM O S>1 CM CM 05 OO c^' CD :0 CO co -* — C5 CM -jn CM CD CD "* l~ CD IO (M iO Oi :r3 C2 CD -■-I" 05 ^^ ■^ CD O CD OO r- CM CD CO oo i-O 110 '■■I' ^^ lO CD OO co o CM CD CM oo Oj CO ^-f CD Cl oo '■^ on m^^ œ> co CD Cl -* — ^ CM ^^ O o o -r^ O CD CD 20 un co o C5 O Cl CD ^-*' CC> ;_o JO OO -* O C3 t^ CD -* CO O -* ce 03 f— CD 03 CD OO OO o f^ 50 o O Oj CD oo 05 O o -* co CD O î=! CD o 02 o (M IN O 'o c s ^ 3 en = - cJ O -0) "H ~ 3 ^ K ccj ffi <: c/2 O 3 T3 O "bb o 3 -D (U o 3 ni 3 O •o <» c« u bD v: o 'o «: O ai -a >-. O c 3 O c '^ <£> Xi « O O m -m C bD o s. <=^ "C O 2 J2 2 ai o. 3 ai 3 .? 'S bO o .s 3 a" 286 HEMATIES. / 3 y.' o f^ I~ 05 CM r^ co ^ 07 oo r- ^ iJ co oc (M CM CM o (?] so r- co »* 3 P !n •<*■ œ GSI _ r- CO _ CM co _ o (M CM o. o co co ^^ CM o *^ " o ïO -^ o ^^ CM o o .j co co co ^H o co co co , — ^ o K i-H Q A S t^ o co Oi îiO C-l 02 'D co CO CM < ■'-' o o r^ lO -* co Oi <=> CM •* LO -7-. ** 00 ** CO a. «5 "* î 20 CO co i-O o t- T* oo o O o ■* -* CM _ -r- o o oo CM co <= Q Q G>) t— n o e cr. < o Q -^ V K iz; ■■^ oc CM o CD J-O' Ci o îO 30 t. -* f~ :n co CM -* ~* — . 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Vient-on à plonger un lambeau épidermique dans une solulion saline ou sucrée concentrée, à tension osmotique très élevée, il s'établit aussitôt un courant d'eau de la cellule vers l'extérieur; la cellule perd son eau d'iuibibition, elle se ratatine, et le phénomène ne s'arrête que lorsque la pression osmotique dans le liquide intra-cellulaire est devenue égale à celle de la solution qui la baigne. C'est ce qui a lieu quand les deux liquides ont une même concentration moléculaire. Placée au con- traire dans l'eau distillée, où la tension osmotique est nulle, la cellule plasmolysée gonfle, parce qu'il s'établit immédiatement un courant entraînant l'eau de l'extérieur vers l'intérieur, et, comme ici encore le phénomène ne s'arrête que lorsque l'équilibre est établi, la cellule devrait tendre vers un volume infiniment grand. Seulement elle est heureusement bornée dans son expansion par la logette de cellulose qui l'emprisonne, car, si nul obstacle ne l'arrêtait, elle éclaterait infailliblement sous la poussée interne qui la distend. H. DE Vries ayant déterminé, pour différents sels, la concentration minima de leurs solutions aqueuses qui provoque encore un début de plasmolyse des cellules de Tvades- caiitia dmolor, trouva que, pour des sels de même constitution chimique, tels que , KNO3, KBr, liCl, NaCl, Nal, etc., cette concentration correspond d'un sel à l'autre à une même teneur en molécules. D'autre part, du fait qu'à cette concentration corres- pondait la limite inférieure du pouvoir plasmolysant de ces sels, il était en droit de conclure que, pour cette teneur en molécules, les solutions des sels précédents possé- daient une pression osmotique approximativement égale (très légèrement supérieure) à celle du liquide contenu dans les vacuoles de la cellule. Pour ce motif de Vries appela ces solutions des solutions iaotoniqiies entre elles et avec le liquide cellulaire. D'autres sels, tels que l'oxalate, le sulfate de potassium, le phosphate bipotassique, se montraient également isotoniques entre eux pour des concentrations moléculaires égales, mais la tension d'une solution de l'un d'eux, comparée à celle d'une solution équi-moléculaire d'un sel de la première série, était plus élevée dans le rapport de 4 à 3. Ayant déterminé la valeur osmotique de la molécule d'un grand nombre de substances, et ayant comparé les résultats entre eux, de Vries reconnut que les corps chimiques examinés se réunissaient en groupe de xiême pouvoir osmotique moléculaire, et que, d'un groupe à l'autre, les valeurs moyennes se trouvaient dans des rapports simples. Ce pouvoir osmotique moléculaire, qu'il appela coefficient isotonique, étant fait égal à 2 pour le sucre de raisin, celui des sels alcalins des acides monobasiques était 3, celui des sels alcalins des acides bibasiques, 4, etc. Quand Hamburger voulut étudier au même point de vue l'action des solutions salines sur les globules rouges du sang, il dut naturellement renoncer au phénomène- limite qui avait servi à de Vries, la rétraction cellulaire amenant le décollement entre protoplasme pariétal et cloison cellulosique. Les globules rouges étant des cellulee nues, dépourvues de toute coque rigide, un pareil phénomène ne j>eut se produire. Quand un globule est plongé dans une solution de pouvoir osmotique supérieur au sien propre (solution hypertonique), il se ratatine, en expulsant une partie de son eau d'imbibition. Il pi-end alors l'aspect de boule épineuse, familier aux cliniciens qui h; rencontrent dans les urines sanglantes un peu concentrées. Est-il placé au contraire dans une solution à tension osmotique plus faible que la sienne (solution hypoto- nique,, le courant d'eau s'établira de l'extérieur vers l'intérieur, et le globule gonllera. 11 le fera librement, puisque aucune membrane ne l'enserre, et la dilatation ne s'ari'è- tera que lorsque l'équilibre sera atteint. Mais l'élasticité de la couche protoplasmique pariétale est limitée. On comprend dès lors que, si la tension extérieure est très faible ou nulle (eau distillée), le gonflement globulaire deviendra tel à un moment dimné, qu'il y aura éclatement total ou partiel de la paroi globulaire, et le contenu coloré de l'hématie passera dans le liquide ambiant. C'est ce phénomène qui servit à Hamburger de réaction-limite. Il ajouta de petites quantités du sang de divers animaux à des solutions différem- ment concentrées de nombreux sels, tels que le nitrate, l'iodure, le bromure, l'acétate, l'oxalate de potassium, le chlorure, le bromure, l'iodure de sodium, le chlorure, les ^292 HEMATIES. sulfates de magnésium anhydre et hydraté, les chlorures de calcium, de baryum et aussi le sucre de canne. Et il détermina pour chacune de ces substances quelle était la concentration correspondant à un début d'hémolyse. (Voir Isotonie.) Hamburger s'adressait à des cellules d'origine et de signification complètement différentes de celles qu'avait observées de Viues, il prenait comme réaction limite un phénomène en apparence absolument distinct, et pourtant les résultats auxquels il aboutit furent la reproduction fidèle de ceux de son prédécesseur. A part quelques différences de détail, la concordance était mathématique. Ici encore les substances examinées se montrèrent actives, non en raison de leurs propriétés chimiques, mais en raison de leur concentration moléculaire. Des solutions équimoléculaires de NaCl Nal, NaBr, KNO3, etc., agissaient identiquement de même sur les globules. Ici encore se retrouvaient les différences du coefficient isotonique d'un groupe de substances chi- miques à l'autre, et les valeurs trouvées pour ce coefficient étaient celles de de Vries. Hamburger confirmait ainsi d'une façon éclatante en physiologie animale les résul- tats acquis en botanique, et montrait la grande portée des phénomènes osmotiques en biologie. Ayant déterminé, pour le sang de mammifère, la valeur osmotique d'une solution de nitrate de potassium immédiatement supérieure à celle qui détermine un début de globulolyse. Hamburger fit les mêmes mesures pour les globules de sang de poule, de grenouille et de tanche. Soit 1 la valeur osmotique de la solution correspondant au sang de mammifère; pour les oiseaux, elle sera 0.741 ; pour la tanche, 0.669; pour la grenouille, 0.302. Cependant ces chiffres n'expriment pas la tension osmotique vraie de l'intérieur du globule, elles donnent la valeur de la tension limite que le globule est capable de sup- porter sans perdre son hémoglobine. Résistance globulaire. — Ils mesurent plutôt ce que l'on est convenu d'appeler la résistance des globules. Dans les recherches de Hamburger, c'est la limite supérieure de résistance des globules qui est déterminée, c'est-à-dire la solution où les globules les moins résistants commencent à perdre leur hémoglobine. Or, dans un échantillon de sang donné, il existe au point de vue de la résistance vis-à-vis des solutions hypo- toniques des différences assez considérables d'un globule à l'autre. Lorsque, grâce à une dilution suffisante, on a atteint le point oîi les premiers globules commencent à se détruire, il faut diluer encore considérablement le liquide avant d'arriver au laquage de toutes les hématies. Dans les anciennes mesures de la résistance des hématies, c'était plutôt le terme inférieur que l'on tâchait de connaître, c'est-à-dire la concen- tration de solution correspondant à la destruction de toutes les hématies. C'est ce terme que Mosso avait déterminé par un procédé complètement analogue à celui de Hamburger (procédé qui n'avait rien à voir avec une étude des propriétés osmotiques des globules). Mosso préparait des solutions de chlorure sodique dont le titre allait de 0.76p. 100 à 0.40 p. 100 (soit 0.76, 0.74, 0.72, 0.70...) Il en introduisait 20 centimètres cubes dans une série de tubes, et y laissait tomber 20 millimètres cubes de sang. Puis il voyait quelle était la solution dans laquelle tous les globules se dissolvent, le liquide devenant immédiatement transparent, tandis que, dans la solution de concentration immédiatement supérieure, le liquide reste trouble. Cette limite inférieure variait dans des expériences sur l'homme de 0.46 p. 100 à 0.54 p. 100; pour le chien de 0.42 p. 100, à 0.75 p. 100; pour les lapins de 0.50 p. 100 à 0.52 p. 100. Plus tard, Gallerani, élève de Mosso, fit une étude plus complète de la résistance globulaire, dont il détermina les deux limites, s'attachant de plus à l'observation des états intermédiaires par la comparaison des teintes des différents tubes au moyen de la méthode colorimétrique. Lapicque et Vast ont repris cette méthode : ils ont fait le dosage colorimétrique des quantités d'hémoglobine diffusée dans les différents tubes, depuis le début d'altération jusqu'à la destruction totale, et ils ont dressé la courbe de résistance des globules rouges. Lesage, un élève de Lapicque, a publié des courbes très régulières de ce phénomène. Il a montré qu'il n'existait de différence ni dans la forme ni dans les limites de la courbe entre les globules du sang artériel et du sang veineux, mais que l'àge de l'animal avait de l'importance. La limite supérieure de destruction des globules d'un chien adulte et d'un jeune chien HEMATIES. 293 était la môme, mais il n'en était pas ainsi de la limite inférieure, beaucoup plus basse chez le jeune animal, ce qui donne à la courbe hématologique de ce dernier un trajet beaucoup plus penché. Cet abaissement delà limite inférieure de la couche hématolo- gique avait déjà été constaté par Zanier, élève de Mosso, chez des fœtus de la vache. On a également tenté de dresser la courbe hémolytique en comptant le nombre de globules résistant aux diverses concentrations salines (Vaquez;. I.ongtemps avant ces essais, Malassez J872) avait déjà vu la résistance moindre des globules de sujets malades, vis-à-vis d'une solution saline de concentration déterminée, que de ceux des individus sains : par des numérations successives des globules, il avait tâché de dresser une courbe, représentant la rapidité delà destruction des globules dans un liquide salin de concentration constante. BoTTAzzi et DucESCHi ont déterminé chez différents vertébrés concurremment la résis- tance globulaire maxima et minima et le point de congélation de leur sérum. Voici leurs résultats : RÉSISTANCE GLOBULAIRE POINT DE CONGÉLATION du sérum. SOLUTION DE NaCl maxima. SOLUTION DE NaCl miaima. AiiguiUa vu/ijaris. . . Molr/e cristata .... Rana esculenta .... Biifo viridis E?ni/s europaea .... Galliis hankiva .... Canis familiaris. . . . 0.40 — 0.44 p. 100 0.16 — 0.18 p. 100 0.12 — 0.14 p. 100 0.14 — 0.16 p. 100 0.12 — 0.16 p. 100 0.28 — 0.36 p. 100 0.36 — 0.40 p. 100 0.54 — 0.56 p. 100 0.3i — 0.36 p. 100 0.36 p. 100 0.36 p. 100 0.28 — 0.30 p. 100 0.42 — 0.46 p. 100 0.54 — 0.56 p. 100 0.563° 0.761° 0.463° — 0.485° 0.623° — 0.633° 0.576° — 0.617O Valeur osmotique du sang. — Il fallait donc, pour évaluer la tension osmotique normale du globule, recourir à un antre procédé. IIamburc.er s'adressa d'abord à l'examen microscopique, qui décèle les variations d'aspect des globules dans les solutions hyper ou hypotoniques. Mais la méthode était peu rigoureuse : les résultats manquaient de netteté. En même temps, il proposa le moyen indirect consistant à déterminer la quantité d'eau qu'il fallait ajouter à du sérum, pour que celui-ci provoquât un commencement de globulolyse. Pour le sérum de grenouille, il fallait l'addition de 2,5 volumes d'eau à un volume de sérum. Or, la solution de NaCl dans laquelle les globules rouges de gre- nouille commencent à perdre leur hémoglobine étant de 0,21 %, on était en droit de dire que le sérum de grenouille avait une tension équivalente à celle d'une solution 0 21 X 3o de chlorure sodique de '~ =0,73 0/0. L'examen microscopique lui assignait le titre 0,640/0. Par le même procédé. Hamburger arrivait, pour le sérum de bœuf, à une valeur osmotique correspondant à celle d'une solution de chlorure sodique de 1,12 0/0. Il est inutile de dire que cette mesure de la valeur osmotique du sérum du sang donnait également celle des globules, les deux étant supposées égales. En 1890, la même méthode lui fournissait pour le sérum de cheval une valeur correspondant à celle d'une solution de sucre de canne de 0.710/0, ce qui équivaut eii NaCl à 0.82 0/0. Ce résultat, assez différent du précédent, n'était pas définitif. Toujours par le même procédé, le même auteur arrivait, en 1893, à une valeur de 0.92 0/0 de NaCl pour la pression osmotique du sérum de bœuf. Il existe d'ailleurs des variation? assez considérables de celle-ci à l'état normal. Ce procédé de Hamburger était passible de diverses critiques. Il n'était d'abord pas certain (jue le globule gardât les mêmes propriétés diosmotiques à toutes les concen- trations. Le fait ({ue des solutions très concentrées de chlorure sodique (au delà de 10 p. JOO) opèrent la dissolution, semble même indiquer le contraire. D'autre part, la dilution du sérum pouvait avoir, sur la tension osmotique de ce dernier, une autre action que la même dilution sur une solution de chlorure sodique à 0.9 p. 100. Et de fait l'expérience a montré depuis que la perte du pouvoir osmoti(iue subie par la solu- 294 HÉMATIES. tion saline après dilution est plus forte que celle du sérum. Aussi Hamburcer contrôlait-il par deux autres méthodes les chiffres que lui avait fournis son procédé. Il répéta d'abord les déterminations, faites en premier lieu par Dreser, du point de congélation du sérum sanguin, d'où l'on tire par le calcul la valeur de sa pression osmotiqne. La concordance entre les résultats des deux méthodes fut complète. Ensuite il se servit également d'un procédé, proposé par Blix et Hedix en vue d'autres re- cherches. Hedin avait employé en 1891 la force centrifuge comme moyen de détermination du volume total des globules rouges d'un sang donné. Il mélangeait le sang à examiner avec un égal volume de liquide de Muller, introduisait le mélange dans des pipettes calibrées, formées d'un tube de verre à paroi épaisse, à lumière étroite, ouvert aux deux bouts. Après introduction du sang par aspiration, les pipettes étaient bouchées au moyen de plaques de caoutchouc et soumises à l'action de la force centrifuge, jusqu'à ce que le volume occupé par les globules fût devenu invariable. Dans ces conditions, le sang à, l'état normal donne un volume globulaire sensiblement constant d'un échantillon à l'autre. La même méthode, appliquée à du sang d'origine pathologique, devait servir, dans l'idée de son inventeur, à la détermination des volumes relatifs de la masse globu- laire dans les différents états morbides. A ce moment, Hedin n'avait eu en aucune manière l'idée d'employer sa méthode à la mesure des pressions osmotiques. Ce fut Hamburger qui lui donna cette destination. Ayant été conduit par ses études antérieures à observer les changements considérables de volume que subissent les globules rouges sous l'influence de solutions salines de concentrations diverses, il eut l'idée, au lieu de mesurer individuellement les globules, de déterminer les variations de leur masse totale dans ces diverses solutions. Pour cela, il reprit la méthode de Hedin, celle de Vhématocrite. Ayant ainsi soumis à la force cen- trifuge des mélanges de globules dans diverses solutions salines ou sucrées, il constata que, pour des liqueurs isotoniques de natures chimiques diverses, le volume globulaire est constant, et que d'autre part, pour une même substance, le volume globulaire est en raison inverse de la concentration de la solution. Cette nouvelle confirmation était d'autant plus intéressante qu'elle gardait intacts les globules sur lesquels on opérait. Ce fut la même méthode dont se servit exclusivement Hedin, quand il reprit en 1894 ses études sur les volumes globulaires, en se plaçant cette fois au point de vue de la tension osmotique. Ses recherches confirmèrent complètement les résultats de Hambur- ger et les complétèrent. Hedin fut le premier qui attira l'attention sur la nature des coefficients isotoniques de de Vries et de Hamburger. S'inspiraut de la théorie d'ARRHENius, il démontra que ces différentes valeurs de la tension osmotique moléculaire étaient dues à la dissociation partielle des molécules en ioiu, dissociation très forte pour les sels alcalins et alcalino-terreux aux concentrations employées. Or comme il a été dit, suivant que le nombre d'atomes contenus dans une molécule est plus ou moins grand, cette dissociation augmentera la tension osmotique dans une proportion plus ou moins forte, et c'est ce qui explique que de Vries et Hamburger, en groupant les sels étudiés suivant leur coefficient isotonique, étaient arrivés à les grouper non d'après leurs propriétés chimiques, mais d'après la valence du métal on de l'acide. En étudiant à ce point de vue les coefficients isotoniques trouvés par ses devanciers et ses résultats propres, Hedin put déterminer, par une méthode physiologique, la valeur du coefficient de dissociation pour différents sels, et les chiffres trouvés concordaient en tous points avec ceux établis par différents physiciens, qui les avaient tirés de recherches sur la conductibilité électrique. KoRPPE arrivait d'une façon complètement indépendante aux mêmes conclusions en 1893, par la méthode de l'hématocrite. D'autres auteurs encore, en s'occupant des mêmes questions ou de sujets attenants, purent confirmer ces faits, et, depuis, aucune voix discordante ne s'est élevée. On peut donc considérer comme un fait acquis que l'action conservatrice ou destructive des solutions salines citées précédemment dépend de leurs propriétés osmotiques, et que a globulolyse qu'elles provoquent, quand elles sont trop diluées, est un phénomène d'ordre exclusivement physique. HÉMATIES. 295 Substances pénétrantes et substances non pénétrantes. — Or, à côté de ces substances qui ne deviennent nocives pour les globules rouges que gràf'e à une concen- tration trop faible, les pbysiologistes en connaissaient depuis longtemps d'autres,, telles que l'urée, la glycérine, l'étber, le chloroforme, certains sels ammoniacaux, etc., qui détruisent les globules en toutes concentrations, en vertu d'une action qu'on appe- lait vénéneuse, faute de l'expliquer. Il était du plus haut intérêt de reprendre leur étude à la lumière des travaux précités et de tâcher d'élucider l'essence de cette toxicité. C'est ce qu'entreprit Gkyns. Quelques auteurs avaient déjà constaté que l'action de plusieurs de ces substances vénéneuses pour les globules rouges était empêchée par la présence simultanée des sels non nocifs. C'est ainsi que Hamburger avait trouvé que des quantités suffisantes de nitrate potassique empêchaient l'action dissolvante du chlorure ammonique. Mais aucune explication n'avait été donnée de ce phénomène. Gryns montra d'abord que l'urée pro- voque la globulolyse en toute concentration. Si à une solution d'urée on ajoute du chlo- rure sodique en quantité suffisante pour que ce sel possède une tension osmotique égale à celle du sérum, la solution perd toute action nocive sur les globules. Le sel marin n'y agit pas du tout comme antidote spécifique, il peut être ri^mplacé par des quantités équivalenlcs au point de vue osmotique de sucre de canne ou d'un autre sel de potassium ou de sodium. Si, d'autre part, on fait deux séries de dilutions successives d'une solution isotonique de chlorure sodique, en employant dans la première série de l'eau distillée, dans la seconde une solution d'urée, et qu'on ajoute des globules rouges à ces'diverses liqueurs, la limite de la globulolyse est exactement la même dans les deux séries. On arrive ainsi à la conclusion que les solutions d'urée agissent sur les glo- bules rouges à la façon de l'eau distillée pure : elles ne sont donc pas un vrai poison protoplasmique. Au point de vue osmotique, on peut concevoir très aisément le phéno- mène, en admettant que l'enveloppe des globules rouges est perméable à l'urée comme à l'eau. S'il est vrai que les molécules d'urée traversent l'enveloppe du globule aussi rapidement que l'eau, la solution d'urée pure pourra posséder n'importe quelle tension osmotique, celle-ci n'existera pas pour le globule qui s'y comportera comme dans l'eau distillée. La preuve directe de la pénétration de l'urée à l'intérieur des globules n"était pas difficile à faire. Des globules furent mis en suspension dans une solution isotonique de chlorure sodique contenant 10 p. 100 d'urée et soumis àlacentri- fugation. Un dosage d'urée dans le liquide surnageant et dans le dépôt globulaire indi- (jua la même teneur, ce qui ne se comprend qu'en admettant une répartition égale de l'urée entre le liquide surnageant et les globules. L'auteur put constater de même une pénétration du chlorure ammonique dans les globules. En employant la même méthode, c'est-à-dire en faisant agir sur les globules les solutions des diverses substances étudiées dans l'eau pure et dans une solution isoto- nique de chlorure sodique, Ghyns admit (sans plus faire d'analyse directe du liquide et des globules) que toute substance qui dissout les globules en solution aqueuse et qui est inactive en solution chlorurée, est une substance pénétrante. Au contraire, si la solu- tion aqueuse en concentration isotonique ne provoque pas de globulolyse ou ne la pro- voque que tardivement et que le chlorure sodique ne l'inlluence pas, la substance n'est pas pénétrante. Parmi les résultats les plus intéressants de cette recherche, il faut citer les sui- vants : Ayant constaté que la plupart des sels d'ammonium, tels que le chlorure, le bro- mure, etc., pénètrent les globules, tandis que les sels de potassium ou de sodium des mêmes acides n'entrent pas, Gryns cherche l'explication de ce fait dans l'hypo- thèse suivante. En solution aqueuse diluée, tous ces sels sont dissociés en leurs .ions. Il faut donc, pour que l'un d'eux traverse la paroi globulaire, que celle-ci soit perméable non à sa molécule complète, mais à ses deux ions envisagés isolément. Si deux ions ne pénètrent ni l'un ni l'autre, il n'y aura évidemment pas pénétration de la molécule à laquelle ils appartiennent. Si l'un des deux passe à l'exclusion de l'autre, il y aura en réalité pénétration de quelques ions dans les globules, mais, en raison de la charge électrique considérable des ions qui ont pénétré, la solution prend une charge électrique de nom contraire, assez forte pour arrêter toute pénétration 296 HÉMATIES. ultérieure à un nionienl où la quantité des ions passés est encore de beaucoup trop faible pour pouvoir être mesurée par pesée. Si donc un ion pénétrant est accouplé dans une molécule à un ion qui ne fi'anchit pas la paroi globulaire, l'action nocive du pre- mier sera empêchée par le second. D'après Gryns, parmi les ions électro-positifs, HiNH- est pénétrant à rencontre de K+,Na+; parmi les électro-négatifs Cl—, Br— . I-, etc., sont pénétrants, tandis que SO4— , NO3— , ne le sont pas. Cette explication n'est que l'application biologique d'une hypothèse formulée par Ostwald au sujet de la mem- brane semi-perméable de ferrocj-anure de cuivre. Celle-ci laisse passer le chlorure de potassium, mais retient le chlorure de baryum et le sulfate de potassium, ce qu'OsTWALD explique en déclarant la membrane perméable aux ions K+, Cl—, imperméable aux ions Ba+, SO;— . Gryns n'envisage que les ions et ne se préoccupe pas des molé- cules neutres non dissociées qui coexistent en petit nombre à leurs côtés dans les solutions. En ce qui concerne les solutions très diluées des sels alcalins, où la dissociation en ions est pour ainsi dire complète, il est clair que les propriétés pénétrantes et non péné- trantes d'un sel doivent éLre moins fouclion de sa molécule que de ses ions. Il en est tout autrement quand la solution est concentrée ou quand le sel est peu dissocié (savons, sels des bases organiques faibles). De même qu'au poini de vue de leur passage au travers d'une paroi, les deux ions d'un sel peuvent avoir des qualités opposées, de même la molécule neutre, non dissociée, pourra se comporter autrement que ses ions. On n'a pas suflîsaniment tenu compte de cette intervention des molécules non dissociées dans l'étude des propriétés diosmotiques des solutions salines. Il est probable que, dans la plupart des cas (sels fortement ionisés), elle est négligeable; d'abord, parce que ces molécules sont en petit nombre dans les solutions, mais surtout parce qu'elles sont non pénétrantes en très grande majorité. Mais il serait imprudent d'ériger cette dernière affirmation en l'ègle absolue. Au point de vue théorique, la perméabilité d'une paroi aux molécules salines non dissociées coïncidant avec une imperméabilité absolue à un ion ou aux deux ionsauf;iit sensiblement les mêmes conséquences que la perméabilité aux deux ions; les molé- cules neutres passeraient jusqu'à ce que l'équilibre de concentration fût établi des deux côtés de la paroi, c'est-à-dire jusqu'à ce que, des deux côtés de la paroi, il y eût une égale concentration des molécules neutres. Si une partie des molécules neutres, après être arrivées dans le milieu intra- cellulaire, s'y dissocient, l'entrée des molécules neutres ne s'arrêtera que lorsque , l'équilibre s'étant établi à l'intérieur entre ions et molécules neutres, celles-ci auront des deux côtés de la membrane une concentration égale. Si le sel est moins dissocié dans le milieu intérieur que dans le milieu extérieur, la teneur globale en substance saline sera moindre dans le premier des deux milieux. En ce qui concerne les substances non dissociées, les alcools mono- et triatomiques (glycérine) traversent facilement la paroi globulaire, l'érythrite (alcool tétratomique) y réussit encore, mais lentement, et la mannite (alcool hexatomique) ne le fait plus (lu tout. Les globules sont perméables aux éthers, aux acides gras et à leurs amides, non aux acides aminés ni aux sucres. Ces résultais sont extrêmement intéressants à nombre de points de vue. Tout d'abord, ils ramènent à une pure question de physi(iue l'action vénéneuse d'un grand nombre des anciens poisons des globules rouges, et sous ce rapport ils ouvrent la voie à des recherches similaires en toxicologie où les conceptions générales ont eu jusipi'à ces dernières années leur source principale dans des considérations tirées de la structure chimique des molécules vénéneuses. Comme il a été dit, Gry.xs avait été amené, dans ses essais sur les sels alcalins, à faire intervenir la dissociation électrolytique pour expliquer les propriétés différentes des divers sels d'ammonium. D'après lui, les sels d'ammonium pénétrants doivent être, considérés comme formés de deux ions pénétrants, les non-pénétrants sont les sels d'ammonium des acides dont l'ion électro-négatif ne pénètre pas. Une hypothèse sem- blable avait déjà été mise en avant par Koeppe pour expliquer la sécrétion de l'acide chlorhydrique de l'estomac. Le même auteur étudia au même point de vue quelques Ijarticularités intéressantes de l'action des sels alcalins sur les globules rouges. De ses précédentes recherches au moyen de l'hématocrite, Koeppe avait tiré pour le HÉMATIES. 297 coefficient de dissociation du chlorure sodique en concentration isolouique, une valeur i ^ 1,0, alors que les recherches de Raoult et d'AimiiKNirs lui assignent la valeur = 1,9. Pour le carbonate de soude, l'hématocrite avait donné i =: 2,68, tandis que les mêmes physiciens fixent i = 2,18. La méthode physiologique donnait donc une valeur trop faible, dans le premier cas, trop forte dans le second. Une expérience de Guriîer, qu'il répéta en la variant quelque peu, lui fournit l'expli- cation du désaccord. Quand on lave les globules rouges avec une solution isotonique de sucre, jusqu'à les débarrasser des dernières traces du sérum qui les mouillait, (ju'on sature la bouillie corpusculaire d'anhydride carbonique, puis qu'on la met en suspen- sion dans une solution isotonique de chlorure sodique, celle-ci devient alcaline et perd une certaine quantité de son chlore. Le même résultat s'obtient si l'on emploie du KGl, tandis que le résultat est négatif avec du sulfate de soude ou de potasse (positif d'après II.\MBLH(!En). Des globules artérialisés par l'agitation à Fair n'influencent nullement l'alcalinité de la solution. Gukber avait déjà prouvé par des dosages directs que l'aica- linisation n'est pas due à une sortie d'alcali hors des globules, comme l'avait cru Zlîntz. Elle s'opère sans qu'il y ait sortie d'un atome métallique du globule. KoEPPE explique le fait par des passages d'ions en quantité équivalente à travers la paroi globulaire. Prenons le cas des globules veineux dans une solution de chlorure de potassium. Il s'établit immédiatement entre les hématies et le liquide extérieur un échange d'eau qui a pour elfet de réaliser pour ainsi dire instantanément l'égalité de la pression osmotique dans les globules et autour d'eux. Or, dans le liquide extérieur, cette pression est uniquement fonction de KGl; à l'iiitéiieur, elle dépend de KGl, de K^GO» et d'aulies substances dissoutes dans le suc cellulaire, la somme de ces tensions partielles étant égale à la pression du chlorure potassique extra-globulaire. Il y a donc, hors du globule, une tension partielle de Gl— beaucoup plus forte que dans le globule, où par contre la ten- sion de GOj^ est considérable, alors qu'elle est nulle au dehors. Il en résulte chez les ions extérieurs Gl — une tendance à entrer, chez les ions intérieurs GO3 — une ten- dance à sortir. Si cette tendance n'existait que d'un côté de la paroi des hématies (à l'intérieur ou à l'extérieur seulement), elle resterait à l'état de pure tendance, parce (jue la paroi des globules est imperméable à l'ion K+. 11 a été dit plus haut que, lorsque, des deux ions d'une molécule dissociée, un seul peut passer, il en est empêché par l'autre, dont la charge électrique le retient. Mais dans le cas présent, l'obstacle est levé, puisque, au fur et à mesure que des ions Gl pénètrent dans *le globule, ils sont remplacés dans le liquide ambiant par des ions GO, qui ont une charge électrique de même nom. Une partie du KGl extérieur sera donc bientôt remplacée par du KXO3, ce qui déterminera l'alcalinité du liquide. Si, au lieu de KGl, il y avait du KjSO^ dans le liquide extérieur, l'échange ne pourrait avoir lieu puisque l'ion SO^ ne traverse pas la paroi globulaire. Cette façon d'envisager les choses', est extrêmement intéressante, et il semble que l'explii^ation rend compte de toutes les données de l'expérience. D'autre part, si GO3— est équivalent au point de vue de sa charge électrique à 2GI— , il n'en est pas de même au point de vue de la pression osmotique, où IGOi et IGl sont équivalents. G'est ce qui explique, d'après Koeppe, que les valeurs trou- vées pour l'équivalent osmotique ou le coefficient de dissociation de NaGl, KGl sont trop faibles; trop fortes au contraire pour NaXOs, K.GOj; absolument exactes pour Na,SO„ K,SO,. Gomme ou le voit, Koeppe admet une imperméabilité absolue de la paroi globulaire vis-à-vis des ions des métaux alcalins K et Na, et restreint aux ions électro-négatifs les échanges opérés entre globules et milieu extérieur. L'absorption du chlore du sérum par les globules sous l'inlluence de GOj avait déjà été démontrée par Hamburger, mais cet auteur, ne tenant pas compte des phénomènes de dissociation, avait admis un échange de molécules du sérum au globule, échange qu'il supposait équivalent au point de vue osmotique. Depuis Hambui!Geu a abandonné cette ancienne opinion et s'est rallié à l'hypothèse de Koeppe. Il admet, lui aussi, que la paroi des globules rouges est imperméable aux ions métalliques, perméable aux ions électro-négatifs. Mais, pour Hamburger, parmi les ions électro-négatifs perméants,il faut 298 HÉMATIES. ranger à côté de Cl, les ions NO3 et SO^ auxquels Koeppe dénie le pouvou- de tra/erser la paroi globulaire. Cette question si intéressante de la pénétration soit d'ions soit des molécules dans les globules, fut traitée d'une façon approfondie dans un mémoire très important de Hedin. La méthode employée par cet auteur repose sur le principe suivant. Prenons un volume de sang S et le même volume P du plasma de ce sang; à l'un et l'autre ajoutons la même quantité de la substance dont il s'agit de déterminer le pouvoir pénétrant dans les globules. Déterminons actuellement la valeur de la pression osmotique, ou, ce qui revient au même, l'abaissement du point de congélation après centrifugation dans le plasma de S, et dans P. Soit a le chiffre correspondant à S, soit b celui qui correspond à P. Trois cas peuvent se présenter : « >> 6 ou - >• 1 , ce qui indiquera que la substance ajoutée au sang est restée en grande partie ou en totalité dans le plasma; « = b ou 7- = 1, signifiant que le partage dans le sang s'est fait uni- formément entre globule et plasma ; a < 6 ou - <^ \, quand la substance dissoute se concentre à l'intérieur des globules. En réalité, la méthode est un peu plus compliquée. La dissolution de la substance dans le sang doit se faire moyennant certaines précautions en vue d'éviter la détério- ration des globules; quand la substance étudiée est globulicide, il faut neutraliser son action par l'adjonction de corps neutralisant l'effet nocif. Il faut encore tenir compte de l'action dilatante ou rétrécissante de la substance sur les globules, et aussi de la quantité absolue de ceux-ci dans le sang normal. D'autre part, en raison des hypothèses faites par différents auteurs sur des échanges possibles, soit de molécules, soit d'ions entre les globules et le liquide qui les baigne, il fallait s'assurer si, dans le cours des expériences, pareils 'échanges ne s'effectuaient pas. Pour ce faire, Hedin opéra, dans un grand nombre de cas, le dosage de la substance dans le plasma du sang examiné. Connaissant ainsi la quantité absolue du corps en expérience dans le plasma, il pouvait calculer l'abaissement du point de congélation y correspondant et voir si cette valeur était celle que lui fournissait la détermination directe. Ayant appliqué la méthode aux sucres (saccharose, glycose, lactose, galactose, ara- binose) il trouva pour r des valeurs moyennes allant de 1.40 à 1.53, Or, dans les con- ditions de l'expérience, - devenait égal à 1.53, pour une substance hypothétique qui b serait restée confinée exclusivement dans le plasma. D'ofi la conclusion que les sucres se comportaient en réalité de la même manière et qu'il fallait concevoir la paroi glo- bulaire comme absolument imperméable pour eux. 11 en était de même pour la mannite (alcool hexatomique) et l'adonite (alcool pentatomique). L'érylhrite donne pour- une valeur de 1.49, quand on opère les déterminations b immédiatement après le mélange de 1.20, quand elles sont faites après 24 heures. Pour la glycérine, la valeur de - descend rapidement de 1.38 à 1.11, en même temps que le volume des globules rouges, qui s'étaient primitivement rétractés, revient à son volume primitif. Quand .-= l.^l) le volume des globules rouges est le même que b s'il n'y avait pas de glycérine dans le sang, malgré le léger excès dans le plasma. Le glycol (alcool biatomique) donne immédiatement à a la valeur de 1,13, et les globules se comportent comme si, au lieu d'une solution de glycol, on avait ajouté de l'eau. Pour l'alcool méthylique - = 1 ; pour l'alcool éthylique, 0.97. Les autres termes de la série présentent des valeurs approchantes, ce qui indique un partage presque égal HEMATIES. 299 entre plasma et globule avec un léger excès dans ces derniers. La valeur de - diminue encore pour les aldéhydes des acides gras, pour les cétones, les éthers simples et com- posés. Pour le chloral, elle est 0.90; pour l'éther sulfurique, elle atteint un minimum de 0.54. Ici nous nous trouvons dans les conditions inverses de celles que pre'sentaientles sucres : ces substances se trouvent en grand excès dans les globules. Pour l'urée 7-= 1-06, pour l'uréthane, 1.03 ; pour l'antipyrine, 1.03; pour l'acétamide 1.1, ce qui indique un partage presque égal entre plasma et globules, comme l'avaient déjà montré les recherches de Gryns et de Sghondorfk. Les acides amidés, tels que le glycocolle, l'alanine, l'asparagine, donnent pour- les valeurs moyennes 1.40 pour les premiers, 1.30 pour la dernière. 11 en est de même pour les sels de potassium et de sodium, pour lesquels la valeur moyenne de - est 1.40. Les sels examinés sont le nitrate et le chlorure des deux métaux. Étant donné que le chiffre indiquant une imperméabilité absolue est 1.53, atteint par les sucres, il y a lieu d'admettre que les sels alcalins, tout en étant localisés presque exclusivement dans le plasma, pénètrent cependant partiellement dans les globules. Il est bon de remarquer ici que, pour ces sels, Hedin n'a pas pu constater le moindre échange d'ions électro-négatifs, ce qui indiquera, en se conformant aux idées de KoEPPE, que le sang employé était artériel. D'autre part, il est regrettable que HedIx n'ait pas appli(|ué sa méthode aux carbonates. Les sels d'ammonium se sont comportés dans des expériences de Hedi.\ comme le faisaient prévoir les recherches de Gryns. Tandis que pour le chlorure et le bromure j se rapproche de l'unité, pour le sulfate, la valeur moyenne trouvée est 1.31. Dans un travail complémentaire, Hedin étudie par la même méthode d'autres sels d'ammonium, et il arrive à la constatation que le phosphate, le tartrate, le succinate se comportent en toute manière comme le sulfate. En ce qui concerne ce dernier, il établit des différences d'action coiTespondant à des concentrations différentes. A des dilutions très fortes (0.05 gr-mol. par litre) le rapport - devient pour kmi SO; égal à 0.99, c'est-à-dire qu'à cette concentration le sulfate se comporte comme le chlo- rure, pour tendre vers des valeurs supérieures avec l'augmentation de la concentration. A côté du chlorure et du bromure se rangent le nitrate, le sulfocyanate, l'oxalate, le ferrocyanure, le ferricyanure, le lactate, l'éthylsulfate. Pour ces quatre derniers sels, la valeur j diminue également, mais faiblement, avec la concentration, tandis que, pour les premiers, dans les limites des observations, la valeur de y semble indépendante de de la teneur de la solution. Les sels de triméthylaminelet d'éthylamine se comportent comme ceux d'ammo- niaque. Le chlorure est pénétrant en toute concentration, le sulfate pénétrant dans des solutions très diluées, de moins en moins pénétrant avec l'augmentation de la concen- tration. Les résultats de Hedin sur l'influence de la concentration des sels ammoniques ont une apparence paradoxale. D'après ce qui précède, la façon différente dont se compor- tent le chlorure et le sulfate est due aux qualités différentes des ions Cl et SOi. C'est parce que le premier est perméant, à l'inverse du second, que le chlorure ammonique pénètre dans les hématies, qui sont fermées au sulfate. Mais, si les qualités osmotiques des deux sels sont fonction de leur ion électro-négatif, ces qualités devraient être d'autant plus distinctes que l'ionisation des sels est plus complète, c'est-à-dire au maximum dans les solutions diluées. C'est précisément l'inverse que constate Hedin. Ce résultat inattendu est dû, selon moi, à une erreur de technique. Pour étudier l'action du sulfate ammonique sur les globules rouges, Hedin dissout ce sel dans la solution iso- 300 HEMATIES. tonique de chlorure sodique, et il mélange ce liquide au sang, c'est-à-dire à une émulsion des hématies dans le sérum, dans un liquide que l'on peut assimiler sans grande erreur, quand on ne considère que sa salinité, à une solution isoionique de chlorure sodique. En somme, le sulfate ammonique est dissous dans une solution de chlorure sodique. Cette façon d'opérer entraîne une grosse erreur: le liquide que l'on obtient dans ces conditions contient quatre ions libres et quatre sels, qui sont le chlo- rure et le sulfate sodiques, le chlorure et le sulfate ammoniques. S'il n'y a probable- ment aucun inconvénient à transformer une partie du chlorure sodique en sulfate sodique, iln'en vapas de même pour la substitution du chlorure ammonique au sulfate. Dans son action sur les globules rouges, le liquide se comportera comme un mélange de chlorure et de sulfate ammoniques, et ses propriétés se rapprocheront d'autant plus de celles du chlorure ammonique que la quantité de sulfate introduite dans le milieu est plus faible. Voilà la vraie signification de l'observation de Hedin. Il est probable que l'expérience donnerait un résultat tout différent si les globules étaient suspendus, non dans une solution de chlorure sodique, mais dans une solution de sulfate sodique. Quand on fait des expériences de ce genre, on devrait autant que possible n'introduire dans les milieux qu'un ion à la fois, c'est-à-dire étudier l'action du chlorure ammonique sur une émulsion d'hématies dans le chlorure sodique, celle du sulfate ammonique dans un milieu de sulfate sodique, etc. Par la mesure de la résistance électrique du liquide sanguin additionné de difTé- rents sels alcalins et alcalino-terreux, Oker-Blom est arrivé à confirmer dans leurs don- nées essentielles les résultats de Hedin concernant la perméabilité des globules vis-à-vis de ces sels. D'une façon générale, ces résultats confirment, tout en les complétant, les princi- pales conclusions de Gryns. En ce qui concerne les substances dissociées, ils mettent en évidence la part qui revient aux ions considérés isolément, dans les propriétés d'ensemble des substances. Pour les substances non dissociées, les recherches sur la série des alcools indiquent nettement l'influence du groupe hydroxyle dans les propriétés de la molécule. Mais le résultai général qui se dégage des travaux de Hedin comme de tous les précédents, c'est que dès maintenant il faut expliquer par des faits d'osmose l'influence qu'exer- cent toutes ces substances, si dilîérentes cependant au point de vue chimique, sur les globules rouges. Tant pénétrantes que non pénétrantes, ces substances agissent, en solutions pures ou en mélanges, non par suite de réactions où entrent enjeu des affi- nités anatomiques, mais bien plutôt en raison des affinités moléculaires. L'essence intime de ces phénomènes est loin d'être connue, mais leur aspect général ressort déjà nettement de ces expériences sur les globules rouges, qui peuvent être considérées comme des modules très simples, des espèces de schémas auxquels on comparera tou- jours avec fruit les conditions toujours plus complexes réalisées dans les tissus solides. Ace point de vue, les résultats acquis s'étendent bien au delà de la physiologie du sang : les faits sont d'ordre général, d'oii leur grand intérêt. Manca a cherché s'il existait au point de vue des propriétés diosmotiques des glo- bules rouges des difîérences entre des globules extraits récemment de l'animal vivant ôt des globules vieux, conservés in vitro pendant des semaines et des mois (presque 4 mois] soit à l'air, soit dans une atmosphère d'oxyde de carbone. La conclusion de ses recherches, c'est l'analogie complète qui existe entre globules frais et globules vieux dans la façon de se comporter vis-à-vis des solutions salines. 11 en serait de même pour les globules traités par le chloroforme. "Volume globulaire et pression osmotique. — Il a été dit précédemment que, si l'on introduit des globules rouges dans une solution saline ou sucrée isotonique avec le sérum, le volume des globules reste inaltéré. Si l'on concentre la solution, les globules se ratatinent; si, au contraire, on la dilue, ils gonflent. Si l'on admet que la paroi globulaire est imperméable .aux éléments cristalloïdes du contenu globulaire, la loi qui régit le volume du globule, sera, comme l'indiquent les expériences de Pfeiffer sur les vases à membrane de ferro-cyanure de cuivre, analogue à celle de Bayle-Mariotte, et l'on dira que la pression osmotique du liquide endo-globulaire (représentée par sa concentration moléculaire) multipliée par le volume du globule est une constante. Or HEMATIES. 301 nous avons admis jusqu'ici que la pression osmolique du liquide endo-globulaire est égale à celle du milieu extra-globulaire. Connaissant donc la concentration molécu- laire de ce dernier et le volume des globules, il nous est facile de voir si, dans les conditions de l'expérience, la loi se vérifie. Avant de passer à Tobservation, il est bon de faire remarquer que la mesure du volume globulaire se fait à l'Iiématocrite. Eu réalité cet instrument n'indique pas le volume absolu des globules, mais l'espace qu'ils occupent dans le sang. Le chiffre lu à l'hématocrite est donc trop fort de la somme des espaces existant entre les hématies tassées dans le fond du tube. Cette quantité est relativement faible, et, comme elle affecte sensiblement de la même erreur les deux membres des égalités que nous aurons à considérer, on peut en faire abstraction. Ce fut Hamburger qui fit les premières expériences ayant pour but précis de vérifier si les changements du volume globulaire dans les solutions salées obéissent effective- ment à la formule PV = constante. KoEi'i'E s'occupa du même sujet. Les résultats des deux auteurs aboutissent à la même conclusion, c'est que le pro- duit n'est pas constant. Il augmente sensiblement avec la concentration du milieu. Voici d'ailleurs les chiffres fournis par une des expériences de Koeppe, dans laquelle les liquides employés étaient des solutions de sucre de diverses concentrations. La concentration (C) est indiquée en molécules. c 0.125 0.15 0.175 0.2 0.225 0.25 0.275 0.3 V 79.0 70.0 61.0 56.6 54.5 51 .5 50.0 46.0 c X V 9.9 10.5 10.7 11.3 12.3 12.9 13.7 13.8 Les deux auteurs ne sont pas d'accord sur l'explication qu'il faut donner de ces faits. Ils admettent tous deux que les variations du volume de la solution qui remplit les glo- bules rouges sont réglées d'une façon absolue par la loi de Hayle-Mariottr, mais que le phénomène est influencé par un facteur étranger, que tous deux localisent dans l'enve- loppe du globule. Mais cette enveloppe agirait suivant Hamburger ou Koeppe de façon très différente. Hamburger fait remarquer que, dans le problème, tel qu'il a été posé, on suppose implicitement que le volume globulaire total est soumis à la loi de Bavle-Mariottk, alors qu'eu réalité c'est seulement le volume du liquide endo-globulaire qui est régi par elle. Or, dans le calcul précédent, on a admis pour valeur de ce dernier le chiffre représentant le volume total du globule, supposition d'après laquelle l'enveloppe da globule n'aurait aucune épaisseur sensible. Sous le aom d'enveloppe, il faut comprendre en l'occurrence tout le stroma globulaire. Ce stroma peut avoir une réelle importance dans l'édification du corpuscule et constituer une fraction notable du volume total. Par hypothèse, Hamburger suppose que le volume du stroma globulaire n'est guère influencé pour son propre compte lors des variations du globule lui-même. Il le représente par une quantité constante œ. Si cette hypothèse est exacte, la formule déterminant les variations du volume globulaire total sera c [v — a;) :=: constante. Cette formule, appliquée aux différentes concentrations, permettra de tirer la valeur de X, et, si la valeur ainsi trouvée reste sensiblement constante, on pourra conclure qu'effectivement le stroma ne participe pas aux changements de volume de l'hématie. Or, dans les expériences de Hamburger, c'est ce qui a lieu : x varie extrêmement peu. Hamburger base là-dessus une méthode permettant de déterminer pour les globules rouges et les cellules en général le volume du stroma et celui du liquide intra-cellulaire. Les hématies du cheval auraient un stroma représentant environ 53.3 à o6 p. 100 du volume globulaire tolal. Pour le lapin, cette valeur serait comprise entre 48.7 et ol ; pour la grenouille, entre 72 et 76.4, pour la poule, entre 52.4 et 57.7. Dans les expériences de Koeppe, au contraire, la valeur de .7; est beaucoup moins 3Û2 HEMATIES. constante, et Koeppe rejette l'explication de Hamburger et sa méthode. D'après Koeppe, c'est l'élasticité de la paroi globulaire qui est en cause. Koeppe suppose que cette élasticité n'intervient pas dans les conditions normales, quand le globule est plongé dans une solution isotonique. Mais le gonllement du glo- bule, en distendant la membrane, créerait une certaine tension de celle-ci, tension dont le résultat serait la production d'une pression hydrostatique positive dans le globule. Cette pression contre-baiancerait l'effet d'une partie de la pression osmotique et le volume total du globule serait inférieur à celui que produirait l'action des seules forces osmotiques. Voilà pourquoi le produit CV deviendrait plus faible dans les solutions diluées. Au contraire, dans les solutions très concentrées, la même élasticité globulaire s'opposerait dans une certaine mesure au rétrécissement exagéré du corpuscule, le volume occupé serait plus grand que celui exigé par la concentration, ce qui se- traduit par une augmentation du produit CV. Il est difficile de faire la part de vrai qui revient à ces hypothèses. Il semble bien qu'à l'état normal 1 "élasticité du globule n'intervient pas d'une façon sensible pour xégler le volume de celui-ci. Cela résulte d'une expérience de Gry.ns sur du sang de poule. Après avoir déterminé le point de congélation de ce liquide, Gryns provoqua la destruction globulaire totale par une série de gels et de dégels. Le liquide ainsi pré- paré, dans lequel s'était déversé le contenu de tous les globules, présentait exactement le même point de congélation qu'avant la destruction globulaire, ce qui indique claire- ment que le liquide intra-globulaire possédait dans cette expérience exactement la même concentration moléculaire que le liquide extra-globulaire. Mais l'expérience qui donna un résultat négatif à Gryns fut positive quand Ham- burger la renouvela avec du sang de porc. Le sang laqué de cet animal possède un point de congélation supérieur à celui du sérum, plus élevé de o à 12 p. 100. Des observations plus complètes de C. Foa confirmèrent et la donnée de Gryns et celle de Hamburger. Foa eut un résultat négatif avec les sangs de poule et de canard, positif avec celui de plusieurs mammifères (homme, singe, chien, lapin, chèvre, cheval, bœuf). Toujours chez le mammifère, le point de congélation du sang laqué est supérieur de 0.01° à 0.02° à celui du sérum. On pourrait donner de cette constatation diverses inter- prétations, si FoA n'avait fait un supplément d'enquête, en étendant ses observations à des émulsions de globules rouges de cheval dans une série de solutions de chlorure sodique de concentration croissante, allant de 0.6 p. 100 à 1.2 p. 100. Foa put constater qu'en détruisant les hématies dans ces milieux par gels et dégels répétés, il élevait le point de congélation dans les milieux plus concentrés, l'abaissait dans les milieux plus dilués que celui dont le point de congélation était 0.52». Dans ce dernier milieu, la destruction globulaire n'avait aucune inlluence sur le point de congélation. Point de congélation de la solution de NaGl. 0.44° 0.32» 1.47° lï semble qu'il n"y ait qu'une façon d'interpréter ces résultats. Il faut admettre avec Foa que le liquide endo-globulaire ne diffuse pas dans les milieux moins concen- trés que celui dont A=0,ii2'', et que c'est l'inverse dans les milieux plus concentrés, tandis que pour A=0,o2°, il y a égalité rigoureuse des pressions osmotiques dans les hématies et hors d'elles. L'hématie du cheval introduite dans les milieux hyper ou hypotoniques (par rapport à A=:0.52'') ne se mettrait donc pas complètement en équilibre osmotique avec ceux-ci. Dans les solutions hypotoniques, des couches périphériques se formeraient pour produire dans le globule une pression hydrostatique positive qui neutralise une partie de la pression osmotique extérieure. Dans les solutions hypertoniques, ces mêmes couches périphériques s'opposeraient à la rétraction, d'où la production d'une pression Point de congélation d'un mélange de Point de congélation 10 ce. de solution saline Point de congélation • du sérum de sang + 40 gouttes de la du même mélange d'où proviennent les bouillie corpusculaire. après laquage. globules. 0.474° 0.495° 0.524° 0.323° 0.559° 1 . 19.j° 1.179° HEMATIES. 303 hydrostatique né^^ative. Dans le plasma normal, il y aurait pression hydrostatique néga- tive dans les hématies. Ces conclusions de Foa (conformes à celles de Koeppe) reposent tout entières sur les résultats opposés du laquage des émulsions en milieux hypotoniques et hypertoniques. Elles sont assez intéressantes pour que leur base objective soit soumise à un examen de vérifiealion, et cela d'autant plus qu'elles sont en complet désaccord avec des résultats de Hamburger. Hamburger a soumis au laquage du sang de cheval défibriné et le même sang saturé d'anhydride carbonique. Le sang normal subissait par le laquage une très faible dimi- nution de sa pression osmotique; au contraire, cette diminution était considérable pour le sang saturé d'acide carbonique. Sérum de Sang défibriné Sérum de Sang défibriné ce sang saturé de C02 ce sang avant normal laqué. avant laquage. laqué. laquage. 0.594° 0.601° 0.663° 0.742° 0.595° 0.600° 0.670° 0.725° 0.588° 0.600° 0.613° 0.639° 0.598° 0.605° 0.833° 0.674° Or, sous l'influence de l'acide carbonique, les hématies augmentent de volume (v. LiMBECK, GuRHER, HAMBURGER, etc.) : elles tendent vers la forme sphérique, c'est-à-dire que, dans l'opinion de Foa, leur pression hydrostatique négative doit devenir positive. Il devrait en résulter que, lorsqu'on détruit ces hématies, le milieu augmente sa pression osmotique. C'est l'inverse que l'on constate. Tout se passe comme si la pression négative, au lieu de se transformer en pression positive, s'était au contraire fortement exagérée. Il y a donc lieu, avant de faire jouer aux forces élastiques un rôle dans l'équilibre osmotique du globule, d'attendre de nouvelles recherches. Quant à l'explication donnée par Hamburger, elle aboutit, dans la forme primitive où renonçait cet auteur, à ce résultat surprenant que le stroma des globules rouges représentej'ait environ la moitié du volume globulaire total. Depuis, ce savant a déve- loppé sa pensée en disant qu'il comprenait sous le nom de stroma non seulement la char- pente globulaire même, mais aussi le volume occupé par les substances albuminoïdes dissoutes dans le suc cellulaire. Sous cette nouvelle forme, son idée devient plus admissible, car elle tient compte de l'importance du facteur hémoglobine dans le volume globulaire total. Un exemple concret mettra celle-ci en évidence. Dans le sang du cheval, les globules occupent environ 30 p. 100 du volume total. D'après un résultat minimum d'ABDERHALOE.N, il y aurait dans 100 centimètres cubes de ce sang 12.5 p. 100 d'hémoglobine. Or Stewart, ayant dissous de l'hémoglobine cristallisée dans de l'eau, constata que la dissolution s'opère sans contraction, c'est-à-dire que l'adjonction d'un gramme d'hémoglobine à 100 centimètres cubes de sang élève le volume à 101 centimètres cubes. On peut donc supposer que les 12.5 grammes d'hémoglobine correspondent sensiblement à 12,5 centimètres cubes. D'autre part, d'après les déterminations de Hamburger, le volume du stroma (stroma vrai et albuminoïdes dissous) des globules rouges de cheval correspond à environ 55 p. 100 du volume globulaire total. Puisque les globules occupent eux-mêmes 30 p. 100 du volume du sang, leur stroma en tiendra 16.5 p. iOO, c'est-à-dire 16.5 cen- timètres cubes pour 100 centimètres cubes de sang. Or, le volume occupé par l'hémoglo- bine seule étant d'environ 12,5 centimètres cubes, le stroma vrai, c'est-à-dire la char- pente de l'hématie, possède donc pour cube environ 16.5 — 12.5 = 4 centimètres cubes. Ce dernier chiffre est admissible : il correspond au septième environ du volume total du globule, et il est plus en rapport avec les données de l'analyse quantitative. Pour les seuls auteurs qui continuent à admettre que l'hémoglobine n'est pas dis- soute à l'intérieur du globule, mais fixée à l'état solide sur la charpente, il reste légi- time de dire que le stroma correspond en volume à 55 p. 100 du volume globulaire total. Pour établir l'équation PV = constante, il faudrait que la totalité de l'hématie fût 301 HEMATIES. occupée par un liquide dont les variations volumétrigues seraientcellesd'un gaz parfait. Entre cet état idéal et les conditions réalisées dans les hématies existent de sérieuses divergences. Tout d'abord il faut défalquer du volume globulaire total le volume du slroma vrai, de la charpente solide du globule. KoEPPE et Hambcrger sont d'accord pour admettre que le volume dn stroma n'est pas influencé par la concentration du milieu; a priori, rien n'autorise cette supposition. Il existe des raisons expérimentales (voir Hémolyse) qui permettent de croire qu'il n'en est rien. Mais, en raison do la masse très restreinte du stroma des globules rouges des mammifères, il est possible que les variations de volume de ce constituant cellu- laire soient trop faibles pour qu'on puisse les mesurer dans des expériences du genre de celles dont il fut parlé. On a vu d'autre part que dans le sang de cheval, sur les 30 centimètres cubes occupés par les globules rouges dans 100 centimètres cubes du sang, il faut en réserver appro.xi- mafivement -12.5 centimètres cubes à l'hémoglobine. Même si l'on n'admet pas avec Koeppe et Hamburger que l'hémoglobine dissoute ne prend pas une part active à la pression osmotique endo-globulaire, on ne peut en tout cas considérer comme libre l'espace qu'elle occupe. Il ne reste à la disposition de la solution saline, qui, d'après ces auteurs, est seule cause de la pression endo-globulaire, que la moitié environ du volume globu- laire total. Ce que l'on mesure en réalité, ce sont les variations de ce volume réduit de V moitié P — au lieu de PV. En faisant cette correction dans la table de Koeppe, on constate que l'écart entre les deux extrémités de la série est déjà moindre (de moitié); mais il n'en persiste pas moins. A mesure qu'on augmente la concentration, la solution saline endo-globulaire diminue l'amplitude de ses contractions. En se comportant ainsi, elle ne fait que ce que font à un degré moindre toutes les solutions. Pour toutes, le produit PV augmente avec la concentration, et cet écart de la règle idéale est d'autant plus considérable que les molécules dissoutes sont plus volu- mineuses. Le liquide endo-globulaire est une solution très concentrée d'hémoglobine. C'est parce que, à l'encontre de l'opinion de Hamburger et de Koeppe, celle-ci participe à la pression osmotique endo-globulaire, et parce qu'elle est une substance à molécule énorme que l'accroissement de PV est aussi rapide. Conductibilité électrique des hématies. — 11 est intéressant, avant d'étudier la constitution intime des globules rouges, de citer brièvement les résultats acquis par divers auteurs sur la conductibilité électrique du sang. D'après Arrhenius, le transport de l'électricité à travers une solution es! matériel : ce sont les ions qui portent aux électrodes la charge électrique dont ils étaient déjà pourvus avant le passage du courant. Celui-ci n'a qu'un effet, c'est d'orienter dans une direction définie les mouvements jusque-là indéterminés des ions libres. Le sérum, qui est une solution saline, conduit l'électricité. Le liquide intra-globulaire, qui est une solution saline de concentration isotonique, doit présenter sensiblement la même résistance. Mais il s'agit de savoir si les ions qui se trouvent dans les globules pourront en sortir, si les ions extérieurs aux globules pourront les traverser. La paroi globulaire esL-elle imperméable aux ions extra ou intraglobulaires? Dans le piemier cas, la conductibilité du sang doit être sensiblement égale à celle du sérum; dans le second cas, elle lui sera notablement inférieure. Plusieurs auteurs (Roth, Bugargskv et ïangl, Stewart, Oker-Blom, Rollett) ont étudié dans ces dernières années la conductibilité du sang comparée à celle du sérum, et tous sont d'accord pour faire des globules rouges sinon des isolateurs parfaits, du moins des corps extièmement peu conducteurs de l'électricité. D'où la conclusion que leur paroi est très peu perméable aux ions. Cette conductibilité 1res imparfaite des globules rouges n'est cependant pas une preuve décisive de leur non-perméabilité. C'est ainsi que, dans une des expériences de Stewaht, des globules imprégnés de chlorure ammonique ne conduisent pas sensible- ment mieux l'électricité que des globules normaux, quoique leur paroi soit, comme on le sait, très perméable aux ions du chlorure ammonique. Faut-il pour expliquer cette non-conductibilité des globules rouges admettre avec Koeppe que tous les sels qu'ils contiennent sont à l'étal neutre, non dissocié? H est tout HEMATIES. 305 aussi licite d'admettre qu'elle est due à la viscosité de leur stroma, à la grande résis- tance qu'offre celui-ci à la translation des ions. Quand on dit d'une molécule ou d'un ion qu'il traverse une paroi protoplasmique, on se contente d'habitude, tout au moins quand il s'agit des globules rouges, de constater le fait sans en déterminer davantage les conditions. On n'a notamment fait aucune mesure précise des vitesses de pénétra- tion. Or il est facile de constater que telle molécule pénètre beaucoup plus vite que telle autre. C'est ainsi que l'hémolyse par l'urée est beaucoup plus rapide que l'hémo- lyse par le chlorure ammonique (Nolf). Ces vitesses de pénétration deviennent très importantes dans les mesures de conductibilité électrique. Si la paroi de l'hématie se laisse pénétrer très lentement, c'est à peu près, pour ce qui concerne la conductibilité électrique, comme si elle ne se laissait pas pénétrer du tout. Mais cela n'empêche pas la substance à pi'uétration lente de provoquer l'hémolyse du globule, pourvu qu'on lui en laisse le temps. Stewart détermina également les changements de la conductibilité électrique du sang, quand on provoque la destruction des globules par différents moyens, tels que l'eau, les sérums étrangers, le gel et le dégel, la chaleur, la saponine. Les résultats sont variables suivant l'agent globulolytique employé. D'une part se rangent les agents, comme l'eau et la saponine, qui augmentent la conductibilité spé- cifique du sang (en tenant compte bien entendu de la diminution absolue pouvant provenir d'une dilution éventuelle du liquide). D'autre part se groupent les sérums étrangers et le froid qui laissent inaltérée ou diminuent même la conductibilité du sang après avoir déterminé l'hémolyse. La chaleur occuperait une situation intermé- diaire. Ces constatations ont été étendues par Hollett à l'action de la décharge élec- trique, qui agirait à la façon du froid et des sérums étrangers. Stewart conclut de ses recherches que la paroi globulaire peut laisser diffuser d'une façon indépendante l'hémoglobine et les sels du globule. L'hémoglobine seule diffuse quand la conductibilité électrique est la même après et avant l'hémolyse, tandis qu'une augmentation de laconductibilité indique lasortie simultanée des sels et de l'hémoglobine. La conclusion ainsi énoncée est inattaquable; et il semble démontré par les recherches de Stewart et celles de Rollett qu'en effet l'hémoglobine peut quitter seule des globules qui gardent leurs sels. Stewart admet aussi que, dans certains cas, les sels du globule peuvent abandonner partiellement celui-ci, sans qu'il y ait en même temps diffusion de l'hémoglobine. Stewart ne fournit qu'une seule observation plaidant en faveur de cette dernière possibilité. Elle a été faite sur une émulsion de globules rouges dans une solution hypotonique de sucre de cannes. Elle trouve quelque confirmation dans le dernier travail d'OKER-BLOii. Depuis, Calugareaxu et Henri ont repris la même question par une méthode basée également sur la conductibilité élec- trique. Ils sont arrivés aussi à conclure que les globules rouges du chien abandonnent des quantités considérables de leurs sels à des solutions hypotoniques de saccharose, trop concentrées pour déterminer aucune hémolyse. Ces travaux de Stewart sont très intéressants en ce qu'ils apportent une contribution assez inattendue à la question tant discutée de la constitution des globules rouges. On verra plus loin l'interprétation qu'on est en droit de leur donner. Constitution des globules rouges. — Il sera question ici de la constitution des globules rouges non nucléés des mammifères. Le noyau des globules rouges des vertébrés plus inférieurs complique les choses. 11 semble d'ailleurs être un élément inutile, superflu ; et il est probable que ce qui est vrai des hématies des mammifères pourra être rapporté à la partie non nucléaire des globules rouges à noyau, à ce que l'on peut appeler leur corps protoplasmique. Nos connaissances sur la constitution des hématies ont une double source : l'obser- vation anatomitiue, l'expérimentation physiologique. Tant que cette dernière se fît un peu au hasard et ne connut pas d'idée directrice, elle fut de peu d'importance. Ce sont les études de Vries et de Hamburger, ayant pour but l'étude des propriétés osmotiques des cellules végétales et des globules rouges, qui donnèrent l'impulsion définitive et furent le point de départ d'une série de découvertes aussi importantes pour la compréhension de la structure intime du globule rouge que pour celle des cellules animales et végétales en général. DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VIII. 20 306 HEMATIES. Avant ces travaux, nos idées découlaient uniquement de l'observation microscopique du globule normal et du globule altéré par l'action de certains agents chimiques et physiques. Sous l'influence des travaux de Brûgke, l'ancienne conception vésicu- laire de l'hématie défendue par Schwainn avait été abandonnée. Dans cette con- ception, qui remonte à Hewson, le globule était une petite vésicule, dans laquelle il fallait distinguer une paroi totalement distincte du contenu. Brucke montra toutes les difficultés que faisait naître une telle idée, son peu de conformité avec les faits d'obser- vation et d'expérimentation. Se basant sur ses propres observations microscopiques sur les globules nucléés, Brûgke émit l'hypothèse que l'hématie est constituée par deux substances fondamentales : le zooïde et l'cicoïde. L'oicoïde formerait l'enveloppe du globule et la trame solide de celui-ci. Cette trame serait formée par des lames et des filaments partant de la face profonde de l'enveloppe et se dirigeant vers le centre, en s'enchevêtrant et se soudant à la façon des cloisons squelettiques d'une éponge. En supposant à une éponge une surface continue, non trouée, on aurait l'image de l'oicoïde du globule rouge, les vides étant remplis par le zooïde* D'après Brucke, le zooïde était l'élément vivant du globule, contenant le noyau. Si, au lieu de loger le noyau dans le zooïde, on le plaçait au confluent central des cloisons de l'oicoïde, on ramènerait la conception de Brucke à l'idée que nous nous formons actuellement de toute cellule adulte, dans laquelle on distingue une masse protoplas- mique centrale contenant le noyau, une couche protoplasmique corticale délimitant la cellule et des cloisons plus ou moins nombreuses unissant protoplasma périnucléaire et protoplasma périphérique. L'ensemble constitue une trame dont les vides sont remplis par les produits liquides ou solides élaborés par le protoplasma vivant. Dans le cas du globule rouge, on donne plus généralement à l'ensemble de la trame le nom de stroina proposé par Rollett. Il est difficile de savoir si la trame est serrée et si les espaces qu'elle délimite sont plus ou moins réguliers et spacieux, puisque sur le globule normal on ne distingue aucune différenciation en employant les grossisse- ments les plus forts. Il est en tout cas certain que c'est le stroma qui donne au globule sa forme, puisque des globules, légèrement fixés par l'aldéhyde formique et débarrassés ensuite par un excès d'eau distillée de leur hémoglobine et de leurs sels, conservent la forme discoïdale habituelle. Le stroma correspondrait donc morphologiquement au protoplasme cellulaire. Dans ces dernières années, l'ancienne opinion de Hewson et Schwanin, a trouvé plu- sieurs défenseurs très convaincus (Schàfer, Weidenreich, Koeppe, Albrecht, etc.). Ces auteurs déclarent à nouveau que le globule est une vésicule formée d'une paroi sémi- perméable emprisonnant un contenu fluide, homogène, sans structure. Cette concep- tion est en désaccord avec un certain nombre de faits. Si l'on suppose à la membrane une certaine rigidité, la cohésion d'un corps solide, on ne comprend plus la possibilité des phénomènes microscopiques observés par Schultze et Rollett : la formation de bourgeons colorés qui se séparent de l'hématie sans que l'hémoglobine se répande dans le milieu ambiant; la fusion entre elles de plusieurs hématies. Si, à l'exemple de Weidenreich, on fait de l'hématie une gouttelette d'hémoglobine fluide entourée d'une pelUcule de matière grasse, on rendra compte des phénomènes précités, mais on se heurtera à d'autres difficultés. Des hématies de ce genre garderaient difficilement leur individualité ; s'entre-choquant dans le cœur, se comprimant dans les capillaires ou dans les tubes d'une machine à centrifuger, elles devraient se fusionner comme les globulins d'une émulsion graisseuse. D'autre part,si transformée, si adaptée qu'elle soit, une hématie a été une cellule : or que retrouve-t-on d'une cellule dans cette gout- telette fluide à enveloppe graisseuse? Aussi la plupart des physiologistes et des anatomistes restent-ils fidèles à la concep- tion de Brucke, amendée comme il a été dit : l'hématie est une cellule modifiée. Son protoplasme lui forme une paroi, qui, tant dans les observations de M. Schultze et de Rollett que dans les expériences sur les propriétés osmotiques, se comporte comme une vraie paroi protoplasmique. Si elle en a les propriétés physiques, elle en a aussi la composition chimique. A l'analyse, on trouve le stroma composé de deux tiers d'une substance protéique, qui a tous les caractères des nucléo-protéides, c'est-à-dire des constituants protéiques habi- HÉMATIES. 307 tuels du protoplasme. A celte substance protéique s'adjoignent deux substances lipoïdes, la cholestérine et la lécithine, constituants de tout protoplasme vivant (IIoppe-Seyler). On a tiré argument de la richesse toute spéciale de l'hématie en lipoïdes pour disposer ceux-ci en une couche corticale distincte. Cette richesse est toute relative. Elle est beaucoup moindre dans les hématies nucléées. D'après les analyses de Hoppe-Seyler, les hématies de la grenouille contiennent 0,46 p. 100 de lécithine et 0,48 p. 100 de cholestérine. Or, les leucocytes du pus possèdent, d'après le même auteur, 1,438 p. 100 de lécithine et matières grasses et 0,74 p. 100 de cholestérine, c'est-à-dire plus de ces substances que les hématies nucléées, et cependant tout le monde admet que les leucocytes sont des cellules nues. Si les hématies des mammifères sont plus riches en lipoïdes que d'autres cellules, ce n'est pas que leur protoplasme contienne plus de ces substances que le protoplasme d'autres cellules, notamment des hématies nucléées, c'est tout simplement parce que le protoplasme cellulaire dans lequel sont localisés ces lipoïdes, forme, en l'absence de tout noyau, une part plus considérable du poids cellulaire global. Le stroma contient donc les nucléo-protéides, les lipoïdes, de l'eau et peut-être aussi une petite partie des sels. Oîi faut-il localiser l'hémoglobine? L'hémoglobine est une substance albuininoïde absolument caractéristique des glo- bules rouges; elle ne se rencontre que chez eux; elle leur donne leur aspect et leur fonction. Il faut donc considérer le globule rouge nucléé comme une cellule dont la fonction est d'élaborer de l'hémoglobine comme la cellule graisseuse élabore et emmagasine la graisse, et la cellule hépatique, le glycogéne. D'une manière générale, les matériaux ainsi élaborés par les différentes cellules se séparent et se différencient du protoplasma qui les produit et s'accumulent dans les mailles du stroma cellulaire, dans les vacuoles et les cavités plus ou moins régulières délimitées par les cloisons protoplasmiques. Cette séparation si nette entre substance élaborée et protoplasme pio- ducteur ne peut s'expliquer que par une insolubilité, une impénétrabilité de l'une dans l'autre. 11 semble que le protoplasme de la cellule graisseuse est imperméable à la graisse, que celui de la cellule hépatique est imperméable au glycogéne. Il résulte de ces rapports un grand avantage : la diffusion de ces matériaux, qui sont des matériaux d'épargne, hors de la cellule qui les produisit, est rendue impossible physiquement, sans que le protoplasma vivant soit obligé d'intervenir activement pour l'empêcher. A priori, il est permis de supposer pour l'hémoglobine dans les globules rouges des rapports de même nature vis-à-vis du stroma; et l'on en arrive ainsi à l'idée que le globule rouge est constitué par un réseau de filaments protoplasmiques qui, à la péri- phérie, se condense en une couche corticale continue (le tout formant le stroma^ et dans les mailles duquel est accumulée l'hémoglobine. Il est probable, comme on le verra plus loin, que celle-ci y est à l'état de solution dans un liquide salin. Cependant beaucoup d'auteurs admettent encore actuellement que dans le globule rouge, l'hémoglobine n'existe pas à l'état libre, mais est unie chimiquement, d'une union d'ailleurs très fragile, au stroma. La façon dont les hématies se comportent vis-à-vis des solutions salines et sucrées, la régularité des transformations de leur volume dans celles-ci, ne peuvent s'expliquer qu'en les identifiant aux cellules de Tradescantia, c'est-à-dire à des vésicules à parois semi-perméables. Il importe peu, à ce point de vue, que la vésicule soit simple ou cloisonnée. Il y a, semble-t-il, actuellement unanimité à ce sujet parmi les auteurs. (h\ admet que la majeure partie des sels contenus dans le globule y sont libres de toute combinaison avec le stroma et dissous dans un suc cellulaire. Ce suc cellu- laire est réparti dans les cavités limitées par le stroma, et ce sont les variations dans la quantité de ce suc cellulaire par entrée ou sortie d'eau qui règlent le volume de l'hématie. Le désaccord porte donc simplement sur la localisation de l'hémoglobine. Suivant qu'on la croit libre ou combinée au stroma, il faudra la supposer dissoute dans le suc cellulaire ou fixée chimiquement sur le stroma. Les auteurs qui admettent la combinaison chimique de l'hémoglobine et du stroma expliquent l'hémolyse par l'eau distillée, en disant que l'eau produit la dissociation du produit de combinaison. On n'est pas habitué en chimie à considérer l'eau comme un agent d'hydrolyse bien puissant. Mais, chose plus extraordinaire, cette hydrolyse, qui 308 HEMATIES. est instantanée dans l'eau distillée, est absolument enipêchée par les concentrations isotoniques de tous les éléments cristalloïdes qui ne pénètrent pas dans le globule, tandis que les éléments qui y pénètrent n'ont aucune action sur elle, quelle que soit leur concentration. Il n'existe aucun exemple en chimie d'une combinaison influencée aussi nettement par un facteur de nature exclusivement osmotique. Un autre fait très difficile également à expliquer dans l'idée d'une combinaison chi- mique est le suivant : Meltzer a publié en 1900 le résultat d'une série d'expériences confirmant d'an- ciennes recherches de RoLLETT et de lui-même, dans lesquelles il est parvenu à détruire les globules rouges et à mettre leur hémoglobine en liberté, rien qu'en agitant longtemps et fortement du sang avec du mercure ou de la poudre de verre. Rywosch est arrivé au même résultat en broyant du sang mélangé à du sable. Le seul argument sérieux que l'on puisse opposer à l'opinion, d'après laquelle l'hémoglobine est libre dans le globule rouge et dissoute dans le liquide intraglobu- laire, est la faible solubilité de l'hémoglobine dans l'eau. On a fait remarquer que, chez le rat, le sang laqué peut déjà, sans concentration préalable, laisser déposer des cristaux d'hémoglobine, c'est-à-dire que toute la masse liquide du sang n'est pas suffisante pour opéi'er la dissolution qui incomberait au seul liquide inlra-globulaire. On oublie qu'il existe entre les conditions de cette expérience et celles de l'état normal une différence considérable de température, de 0° dans un cas à .39° dans l'autre. D'ailleurs on ne connaît rien de précis sur la solubilité de l'hémoglobine aux différentes températures et dans les différents milieux. Et si même des essais démontraient qu'en tenant compte de ces facteurs, la solubilité de l'hémoglobine n'est pas accrue dans des proportions suffisantes, on pourrait toujours recourir à l'hypothèse d'une solution sursaturée, pos- sible dans les globules, où les conditions physiques sont très différentes de celles qui sont réalisées dans un cristallisoir. Mais il n'y aura même pas lieu de recourir à sem- blable supposition, puisqu'un grand nombre de physiologistes, parmi lesquels Kuh.ne, Fu.NK, Brisegger et Bruch, Bottcher, Kôlliker, Beale, Owsjannikow, Richardson, Klebs, Hamburger, Mosso, etc., ont pu observer la formation et la dissolution de cristaux d'hémoglobine à l'intérieur des hématies d'un grand nombre de vertébrés; preuve décisive de l'existence dans celles-ci d'une solution saturée de cette substance à l'état de liberté chimique. Ces cristaux apparaissent quand le milieu dans lequel plon- gent les globules se concentre. Ils disparaissent par adjonction d'un peu d'eau (et l'hématie reprend son aspect normal) (KIimne) ou si l'on élève légèrement la température (Hamburger). Normalement il n'existe pas de cristaux, même très petits, dans l'hématie, ainsi que l'indique le manque de biréfringence des hématies examinées entre niçois croisés. Les partisans de l'autre hypothèse ont expliqué la sortie de l'hémoglobine dans les solutions hypotoniques par la déchirure de la paroi globulaire cédant à une poussée osmotique intérieure trop considérable ou à une distension telle de ses pores, que ceux-ci, devenus trop larges, laissent passer l'hémoglobine endo-globulaire (Hamburger). Cette explication toute mécanique rend difficilement compte des faits d'hémolyse sans dilata- tion notable du globule, ceux qui se produisent sous l'iniluence des agents hémoly- tiques.Dansdes expériences récentes, Stewart, ayant fixé des globules parlaformaldéhyde, les traite ensuite par l'eau distillée qui leur enlève toute leur hémoglobine, sans que la forme des globules se transforme sensiblement (ils gardent la forme discoïdale), sans qu'il y ait par conséquent la moindre distension de leur paroi. 11 est plus probable que la sortie de l'hémoglobine est amenée dans tous les cas par une transformation des qualités diosmotiques de la membrane globulaire, qui cesse d'être imperméable à l'hémoglobine (Nolf). Cette question sera traitée plus longuement à l'article hémolyse. Les faits observés par Stewart de la sortie indépendante des sels etée Thémoglobine des globules, sont aussi très difficiles à expliquer dans une théorie mécanique de l'hémo- lyse. Si tel était le mécanisme du phénomène, il faudrait que, lorsqu'un globule se vide, il se vidât toujours intégralement et de ses sels et de son hémoglobine. Stewart a argué de cette sortie indépendante des sels et de l'hémoglobine, en faveur de la combinaison chimique de l'hémoglobine avec le stroma. Si, dit-il, sous l'iniluence HÉMATIES. 309 de certains agents hémolytiques, l'hémoglobine quitte seule les globules, si dans d'autres cas les sels peuvent, à leur tour, s'éciiapper seuls, cela ne s'explique qu'en admettant une union dilTérente de ces éléments avec le squelette globulaire. On peut expliquer les faits observés par Stewart d'une façon plus simple : Il y a lieu de remarquer que, si dans la globulolyse, par un moyen déterminé (gel et dégel par exemple), on ne détruit pas les stromas des globules, il n'y a aucune raison pour que les électrolytesintra-globulaires se répandent dans le sérum, même si le slroma leur est devenu perméable. En elTet, les stromas occupent le même volume et même quelquefois un volume plus grand que les globules intacts avant l'hémolyse; le liquide qu'ils contiennent tend à se mettre non seulement en équilibre osmotique, mais même en équilibre de composition chimique avec l'extérieur. Or cette t-quilibration sera toute différente pour l'hémoglobine et les électrolytes. La première était contenue exclusivement dans les globules avant que la paroi leur soit rendue perméable, les seconds possèdent dans les globules et dans le sérum une concentration identique. L'équilibre s'établira par une sortie abondante d'hémoglobine sans déplacement des sels. Le fait que ces stromas ne conduisent pas mieux l'électricité qu'auparavant ne prouve aucunement qu'ils ne sont pas devenus perméables aux ions qu'ils contenaient, ainsi que l'atteste la constatation faite sur des globules imprégnés de chlorure ammo- iiique. Il n'est d'ailleurs pas impossible que, dans le sang laqué par gel et dégel, les stromas globulaires ne deviennent que momentanément perméables à l'hémoglobine et aux sels (au moment du dégel) et qu'ils reprennent leurs qualités osmotiques normales quand tous les cristaux de glace sont dissous. A ce moment, ils peuvent parfaitement être redevenus imperméables à l'hémoglobine et aux sels qu'ils contiennent encore. Que se passe-t-il quand on dilue fortement le milieu extérieur en lui ajoutant de l'eau distillée ? En même temps que l'on supprime l'imperméabilité de la paroi globu- laire à l'eau et aux sels, on afTaiblit fortement la concentration saline du milieu exté- rieur. Dans ces conditions, la concentration des électrolytes dans les stromas étant plus forte que dehors, une partie d'eux suivra l'hémoglobine; c'est ce qui explique l'augmentation de la conductibilité électrique après addition d'eau distillée. Quant à la saponine, Stewart déclare lui-même qu'il faut des doses fortes de cette substance pour produire l'effet de l'eau distillée. Or, d'après Stewart, à ces doses la saponine dissout complètement les stromas globulaires. Il n'est dès lors pas étonnant que l'obstacle au courant, les stromas, ayant disparu, le courant passe plus facilement. Les doses moyennes, en dissolvant incomplètement les stromas, diminuent la résistance qu'ils opposent aux transports électriques, et c'est ce qu'opère également la chaleur. Chose remarquable, cette diminution de la résistance électrique des globules traités par la saponine s'observe encore quand on la fait agir sur des globules coagulés assez complètement par la formaldéhyde pour que l'hémoglubine coagulée ne puisse plus diffuser. Il résulte de l'examen de tous ces faits que, tant au point de vue de nos connais- sances générales de morphologie qu'à celui des expériences nombreuses faites en phy- siologie, la façon de concevoir la structure des globules ronges la plus simple et la mieux en accord avec nos connaissances actuelles est la suivante : la cellule rouge à noyau est une cellule dont le protoplasma a pour fonction d'élaborer de l'hémoglobine. Cette hémoglobine s'accumule, dissoute dans le liquide intracellulaire, dans les vacuoles creusées dans le corps protoplasmique. Celui-ci est probablement réduit à une mince couche périnucléaire, à une membrane corticale mince aussi et à de fines cloisons ou filaments tendus entre les deux. Les hématies dérivées de ces cellules ont, à part le noyau qui leur manque, la même structure fondamentale. Dans cette conception, le point le plus douteux est celui de savoir si la solution d'hémoglobine contenue dans l'hématie est enfermée dans une cavité unique ou si le protoplasme est creusé d'un grand nombre de vacuoles isolées les unes des autres, entre lesquelles est partagée la solution d'hémoglobine. Le second cas représente la distri- bution de la graisse dans une cellule adipeuse qui est en train de se remplir de graisse, le premier représente l'état d'une cellule adipeuse bourrée de son produit de réserve. Cette comparaison montre déjà que cette question est peu intéressante pour la physio- 310 HEMATIES. logie. C'est un simple détail de structure, qui relève entièrement de l'histologie. On a invoqué en faveur de la cavité unique : la production possible dans une he'matie d'un cristal assez grand pour la remplir presque complètement, la couche périphérique se moulant sur ce cristal; les mouvements des parasites endo-globulaires. En ce qui con- cerne le premier argument, on peut faire observer que quand des cristaux se produisent dans un organisme vivant, soit entre des cellules, soit à l'intérieur des cellules, ils ne se montrent en général pas très respectueux des structures histologiques ou cytolo- giques antérieures, ainsi que le montrent à suffisance les dépôts cristallins étudiés en pathologie humaine. Et on peut faire la même objection à l'argument tiré des mouve- ments des parasites endo-globulaires. On ne sait pas actuellement si la cavité de l'hématie est unique ou si elle est cloi- sonnée. Il est d'ailleurs bien possible que l'une ou l'autre des deux éventualités se réalise suivant l'espèce animale, et qu'il y ait même des différences d'une hématie à l'autre chez le même animal. P. NOLF (Liège). Bibliographie. — Raxvier. Traité d'histologie. — M. Duval. Précis (Vhistologie. — Hermann. Handbiich der Physiologie. — Havem. Leçons sur les modifications du sang. — Hammarsten. 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HEMATOGENE. — Nudéine ferrugineuse que Bungeh extraite du vitellus de l'œuf de poule, et qu'il suppose être la substance mère de l'hémoglobine du poulet. On la prépare en traitant le jaune d'œuf par l'éther, qui ne dissout pas l'hématogène ; puis en faisant agir la pepsine chlorhydrique, qui dissout toutes les matières aibumi- noïdes, mais non l'hématogène. 200 jaunes d'œuf donnent 34 grammes d'hématogène. La quantité de fer est de 0,29 p. 100; ce fer ne peut être décelé par les réactifs ordi- naires; il n'est donc pas à l'état de sel de fer, mais de combinaison moléculaire. L'hématogène est une paranucléine (ou pseudonucléine). C'esl-à-dire que, dédoublé par hydrolyse, il ne donne pas naissance aux bases nucléiques (xanlhine, etc.), comme font les vraies nucléines (Kossel). Après ingestion d'œufs de poisson ou de poule, il n'y a pas formation d'une plus grande quantité d'acide urique. D'après BuNGE, il existerait des substances analogues à l'hématogène dans le lait et les aliments d'origine végétale. Les préparations de fer, exclusivement minérales, employées d'habitude en thérapeutique, seraient inefficaces, et il n'y aurait d'activés que ces combinaisons moléculaires du fer avec les matières organiques (Voy. Fer, et Lambling. Rcv. gén. des sciences, m, 225). On a fait des préparations industrielles d'hématogène, qui ont peut-être donné quelques résultats favorables. Goldmann {Deutsche med. Presse, 1900, iv, 32-35). — Mag- GiTT {Lancet, (2), 1900, 328).'— Sommer {Pet. med. Woch., 1900, xvii, 451). HÉMÉRALOPIE. 313 Lambling. A7-t. .< Hëmatogènc » du Dict. de chimie, v, (2), 16. — Socin. Résorption von Humatogen (Z. p. C, xv, 93). — Bunge. Vber die Assimilation des Eisens (Z. p. C, 1885, IX, 49-60). — Hess et Schmoll. Uber die Bcziehungen der Eiiveissiind Paranucleinsiibstanzen der Nahrimg ziiv Alloxiirkôrperauscheidung in Harn (A. P. P., 1896, xxsvii, 243-252). — HuGOUiNENQ et MoREL. Rechci'ches sur l' hématogène [C. R., 190.'), cxl, 106o-1067). HÉMATOÏDINE. — C'-^II'^Az-O^ Matière colorante cristallisée trouve'e dans les vieux foyers héniorrhag-iques. Elle est voisine de la bilirubine, quoique non identique avec elle. Voy. Hémoglobine. HÉMATOPOIÈSE. — Voyez Hématie, Sang. HÉMATOPORPHYRINE. — Produit de transformation de la méthé- moglobine. Voy. Hémoglobine. HÉMATOSINE. — Substance identique à l'hématine. Voy. Hémoglobine. HÉMATOXYLINE. — Matière colorante du bois de Campêche. C16HH06 + 3H20 C'est une substance peu soluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, cristallisable, dextrogyre, réduisant la liqueur de Fehling, soluble dans l'ammoniaque en donnant une belle coloration pourpre. En faisant passer de l'oxygène dans la solution ammoniacale on obtient un précipité qui, traité par l'acide acétique, fournit de l'héniatéine. C16HU06 + 0 = H20 + Ci«Hi20« Hématoxyline Hématéine L'hématéine est employée comme colorant dans Tindustrie. On s'en sert parfois comme réactif colorant dans l'acidimétrie. La constitution de l'hématoxyline est à peu près définitivement établie : on admet que le radical en est la brésiline (C'IÏ'^O''), qui fournit un produit d'oxydation, le bre'si- lone, et un autre produit C/'H^OS dont le dérivé méthylé est très voisin de l'héma- toxyline. HÉ M AUTOGRAPHIE. — Procédé employé par Landois pour l'inscription directe de la pression artérielle, par un jet de sang artériel (voy Graphique, [méthode]). HÉMÉRALOPIE. — Sous le nom d'héméralopie ou de nyctamblyopie, on désigne un symptôme consistant en ce qu'à un faible éclairage la vision est propor- tionnellement beaucoup moins bonne qu'à un bon éclairage. A l'éclairage du jour, la vision peut être normale ou à peu près, tandis qu'il y a cécité ou quasi-cécité à un éclairage qui normalement permet encore une vision relativement hoinie. Dans une autre catégorie de cas la vision à l'éclairage habituel, à celui du jour, est diminuée également, mais elle baisse anormalement avec l'éclairage. — L'opposé de l'héméra- lopie e«t la nyctalopie, caractérisée en ce qu'à l'obscurité relative la vision est propor- tionnellement meilleure qu'au grand jour. — Ces deux symptômes plus ou moins opposés ne sont donc pas liés à des heures de la journée, contrairement à ce que sem- bleraient dire les termes consacrés. Une confusion assez grande régnait autrefois dans l'emploi des mots « nyctalopie » et « hérfiéralopie » : pour désigner un même trouble fonctionnel, tel auteur employait le terme héméralopie, tandis qu'un autre se servait du mot nijctalopic. Primitivement le mot héméralopie signifiait nyctamblyopie, et aujourd'hui on s'accorde généralement à lui donner ce sens. La lettre a dans «héméralopie » et dans « nyctalopie » n'est donc pas un a privatif. Il n'en reste pas moins une certaine ambiguïté étymologigue qui dispa- raîtrait si l'on consentait à ne parler que de c nyctamblyopie et d' x héméramblyopie ». 31i HEMERALOPIE. On distingue généralement une hdméralopie essentielle on idiopathique et une héinéra- lopic symptomatique. Dans la première, on ne constate aucune lésion, ou plutôt il n'y a a aucune lésion appréciable à nos moyens actuels d'investigation. L'iiéméralopie sym- ptomatique au contraire accompagne des afTections très appréciables du fond de l'œil. — Jadis, on divisait les cas d'héméralopie essentielle en formes acquises et en formes congénitales ou au moins héréditaires. Cuvier, Donders, Quagli.no, etc., citent des familles dont la plupart des membres, sinon tous, étaient héméralopes, soit de naissance, soit depuis leur jeune âge. Or il se confirme de plus en plus que ce sont là des hémé- ralopies liées à des formes anormales de rétinite pigmentaire, savoir à des formes de cette maladie non accompagnées d'altération du pigment rétinien. Ces cas rentre- raient donc dans la catégorie des héméralopies symptomatiques. Héméralopie essentielle. — L'individu affecté d'héméralopie, dite idiopathique, a une vision normale ou à peu près, mais seulement à une lumière du jour hahituelle. Dans une obscurité relative, il ne distingue plus par la vue les objets au même degré qu'une personne à vision normale. Que donc l'éclairage vienne à diminuer, soit acci- dentellement, au milieu de la journée, soit naturellement, aux approches de la nuit, pendant que ses compagnons s'orientent encore parfaitement moyennant lavue,rhémé- ralope se comporte comme s'il s'était affecté d'une forte amblyopie, sinon de cécité com- plète. L'acuité visuelle de l'héméralope baisse avec l'éclairage plus rapidement que cela n'arrive pour un voyant normal. Dans le crépuscule, cela arrive si brusquement qu'un tel sujet, occupé soit à travailler, soit à marcher, est tout d'un coup obligé de s'arrêter comme frappé de cécité; il doit se laisser guider comme un aveugle. Le soir, il peut lire à l'éclairage d'une lampe, mais l'entourage est complètement invisible pour lui. Il y a du reste des degrés d'intensité de l'affection : certains de ces malades savent encore se guider à la faveur d'un beau clair de lune, tandis que d'autres ne le peuvent plus. Ordinairement ils remarquent encore les étoiles de première grandeur. D'un autre côté, entre les cas prononcés et l'état normal, il y a tous les degrés intermédiaires. Nous verrons plus loin les circonstances dans lesquelles surgit l'héméralopie essen- tielle. Héméralopie symptomatique. — Certaines maladies oculaires s'accompagnent d'héméralopie à des degrés divers. Seulement une complication surgit ici du fait que ces maladies produisent, en même temps que l'héméralopie, des degrés divers d' am- blyopie ou de diminution de l'acuité visuelle. La vision est donc inférieure à la normale déjà à l'éclairage du jour. L'orientation visuelle de ces malades, en tant qu'elle dépend des gros objets, est normale ou à peu près si l'éclairage est bon, mais cette orientation tombe anormale- ment avec l'intensité lumineuse. A une demi-lumière, dans un corridor un peu obscur, dans une cave ou au crépuscule, ils sont comme frappés de cécité, alors que, dans les mêmes circonstances, d'autres malades, amblyopes au même degré, y voient encore et se guident parfaitement. Les maladies oculaires qui se compliquent d'héméralopie sont les choroïdites actuelles, florides,la forme disséminée aussi bien que les diffuses, lesrétino-choroïdites. surtout la rétinite pigmentaire et le décollement rétinien. Ne sont pas accompagnées de degrés bien appréciables d'héméralopie, les rétinites pures, les hémorragies rétiniennes, les névrites optiques, les atrophies du nerf optique, les scotomes centraux, les scotomes toxiques, dus à des lésions fovéales. Physiologie de l'héméralopie. — Tout nous porte à admettre que la nyctam- blyopie consiste en une diminution de l'at^ap^fl^to/i (rétinienne) à de faibles éclairages. Pour les détails relatifs à l'adaptation et les procédés servant à la mesurer, voir l'article « Rétine ». Rappelons ici les détails indispensables à ce (|ui va suivre. On sait qu'en passant du grand jour dans une pièce sombre, il faut à l'œil nor- mal une obscuration d'une certaine durée pour qu'il y voie, pour qu'il soit adapté à ce faible éclairage. Mais cette adaptation obtenue, si l'œil obscure passe dans une forte lumière, il y voit d'abord fort mal, il est ébloui, et il lui faut y séjourner quelque temps pour qu'il y voie, pour qu'il soit adapté à cet éclairement. L'œil obscure est adapté pour un faible éclairage, l'œil éclairé (quelque temps) est adapté pour un fort éclairage. L'œil obscure est un autre œil que l'œil éclairé. Lors du passage de l'un à l'autre état, HEMERALOPIE. 315 il subit des changements imparfaitement couuiis, et qui réalisent l'adaptation aux divers éclairages. Nous avons des raisons d'admettre qu'à cliaque éclairage correspond une adaptation spéciale, qui donne à l'œil l'optimum de sensibilité précisément pour cet éclairage. C'est une erreur commise souvent de ne parier d'adaptation que pour l'adaptation au.x faibles éclairages. Ji y a une infinité d'états d'adaptation. L'adaptation pour de faibles éclairages augmente énormément la sensibilité de l'œil, de la rétine, pour la lumière, ou au moins pour certaines longueurs d'onde, pour les courtes vibrations visibles. Ce sont les vertes, et surtout les bleues et les vio- lettes qui se ressentent de l'adaptation. Un œil suffisamment obscure perçoit un minimum de lumière bleue (ou blanche) 1 500 et 2000 fois moindre que l'œil adapté pour une forte clarté. Le seuil de la sensibilité lumineuse diminue par l'adaptation. — Supposons un œil adapté à une forte clarté, transporté dans un espace noir. Après des 2000. i5oo. JOOO. 5oo. o 5 J.O ï5 JOO FiG. 60. — Variations de la sensibilité pour l'adaptation rétinienne à de faibles éclairages. a. Sensibilité normale. — b. Héméralopie idiopathique. — c. Rétinite pigmentaire. — d. Choroïdite. laps de temps variables, on détermine le minimum de lumière perceptible, le seuil de la sensibilité lumineuse, ce qui permet de construire la courbe de la sensibilité augmentante dans ces conditions (valeur inverse du minimum perceptible), c'est-à- dire la courbe de l'adaptation pour une très faible lumière. On sait que pendant .■)-10 minutes cette courbe ne s'élève guère, la sensibilité ne croît que très peu. Puis (voir la figure 1, courbe a) la courbe s'élève rapidement, presque verticalement, ensuite plus lentement pour (après 30-40 minutes) devenir à peu près parallèle à la ligne des abscisses. Il résulte des travaux de P.\rtnaud et de V.Kries (confirmés par beaucoup d'autres) qu'un facteur prédominant dans l'adaptation pour de faibles clartés est donné par le rouge rétinien. Il faut se souvenir ici qu'il y a en réalité deux rétines, celle des cônes, servant surtout à la vision au grand jour, à la vision des couleurs et à l'acuité visuelle, et la rétine des bâtonnets qui sert à percevoir les faibles clartés et à se guider dans l'obscurité relative. Pour mémoire, rappelons aussi que l'adaptation à de fortes clartés repose proba- blement, en partie au moins, sur la migration du pigment rétinien autour des cônes et des bâtonnets. Revenons maintenant à l'héméralopie. 11 résulte de toutes les recherches (Netter, KuscHBERT, Treitel, ctc.) quB l'héméralopie, tant la forme idiopathique que la forme symptomatique, consiste en une difficulté qu'a l'œil à s'adapter aux faibles éclairages. Cette adaptation n'est pas supprimée, elle est ralentie, et de plus elle peut être dimi- 316 HÉMÉRALOPIE. nuée d'intensité. Un ralentissement de cette fonction de 5 à 10 minutes, pour ce qui regarde le début, fait apparaître des symptômes nyctamblyopiques très sensibles. Selon toutes les apparences, la nyctamblyopie consiste dans l'exagération d'un état normal, physiologique. A l'œil normal aussi, préalablement éclairé, avons-nous dit, il faut un certain temps pour s'adapter à une faible clarté, temps d'autant plus long que l'œil a été soumis à un plus fort éclairage. Et jusqu'au moment où l'adaptation est obtenue, il est héméralope, il voit de la même façon qu'un œil héméralope. Netter raconte plaisamment comment, lors d'une visite qu'il fit à des héraéralopes séjournant pour un but curatif dans un cabinet obscur, et déjà adaptés dans une mesure appréciable, au commencement c'était lui l'héméralope. On comprend ainsi que généralement les patients ne se plaignent pas dans le crépuscule du matin, et que le séjour au grand jour fait reparaître l'héméralopie. Il suffit en effet généralement d'une nuit de séjour dans l'obscurité pour qu'un sujet atteint d'héméralopie essentielle atteigne une adaptation normale pour les faibles éclairages; la valeur absolue de cette fonction n'est diminuée que dans des cas excessifs. 11 en est autrement de l'iiéméralopie symptoniatique. Ici, la valeur absolue de l'adaptation est généralement diminuée très notablement, en même temps que son début est retardé. Cette différence résulte apparemment de ce que, dans les formes symptomatiques, il s'agit d'une lésion plus grave que dans les formes idiopatbiques. D'aucuns vont jus- qu'à qualifier ces dernières de c troubles » purement fonctionnels. Heinrichsdorff, Lohmann, Horx et d'autres ont déterminé les courbes de l'adaptation dans les cas d'héméralopie, c'est-à-dire ils ont étudié la marche du phénomène moyen- nant des déterminations (du minimum perceptible) espacées, en opérant dans l'obscurité sur un sujet tenu préalablement à une forte clarté. Dans la figure 1, l'axe des ordonnées porte les chifl'resdes augmentations de la sen- sibilité (inverses des minima perceptibles), jusqu'à 2 000. Sur l'axe des abscisses sont portés les temps en minutes. La courbe a représentant la marche de l'adaptation normale, Ja courbe b est celle d'une héméralopie dite idiopathique peu prononcée. Dans les cas intenses, cette courbe est encore moins raide; elle peut aussi (dans les cas extrêmes) ne pas s'élever au niveau normal. La courbe c est celle d'une rétinite pigmentaire, et la courbe d celle d'une choroïdite disséminée, où l'acuité visuelle était, à peu de chose près, normale, la fovea n'ayant pas été envahie par un foyer de choroïdite. Les auteurs produisent des tracés où la courbe, après une certaine montée, reste quelque temps hori7,ontale, descend même, pour remonter ensuite. En cas de rétinite proprement dite ou d'atrophie commençante du nerf optique, non accompagnées d'héméralopie, les courbes de l'adaptation aux faibles éclairages peu- vent être analogues à celle c et d, mais elles sont déplacées à gauche, commencent à s'élever plus tôt (après 5-10 minutes). Ce qui caractérise surtout la courbe de l'adaptation dans l'héméralopie, c'est donc l'agrandissement de la période initiale, du temps pendant lequel elle ne se relève guère ou pas du tout, période qui, normalement, est de 5-8 minutes. Un allongement de cette période de 5, et surtout de 10 minutes, occasionne des phénomènes très mar- qués d'héméralopie. La chromatopsie de l'héméralope est normale à l'éclairage du jour; mais aux faibles éclairages elle devient défectueuse, surtout pour le bleu. Le champ pour le rouge est plus étendu que celui pour le bleu. La sensibilité aux différences d'éclairages moyens, est normale également. L'héméralopie étant ainsi caractérisée comme un défaut de l'adaptation rétinienne pour les faibles éclaimges, il devient très tentant d'y voir, avec Parinaud et V. Kr!KS, un trouble de la fonction des bâtonnets, de l'élément rétinien qui sert à la vision aux faibles clartés. Les cônes, c'est-à-dire la rétine qui nous guide dans les clartés plus intenses, pourraient fonctionner normalement; au moins les troubles éventuels ne seraient pour rien dans la production du phénomène héméralopique. La plupart des auteurs vont même plus loin dans cette direction, et précisent que la véritable lésion productrice de la nyctamblyopie serait une production insuffisante du rouge ou pourpre rétinien. En faveur de cette théorie parlent une foule de modalités du phénomène. En premier HEMERALOPIE. 317 lieu, il y a que ranomalie visuelle n'apparaît qu'à un faible éclairage, c'est-à-dire dans les conditions où le pourpre rétinien semble intervenir dans la vision. Puis les ronditions de l'héméralopie normale, spéciliées plus haut, sont celles où la rétine est blanchie par une exposition préalable à une forte lumière. A ce propos, on dit souvent que les poules, et en général les oiseaux diurnes, dont les rétines n'auraientque des cônes, seraient toujours atteints d'héméralopie, ne s'adap- teraient pas pour de faibles lumières, contrairement aux oiseaux nocturnes (hiboux, etc.), dont la rétine n'aurait que des bâtonnets. D'après des recherches récentes de C. Hesse, cette héméralopie physiologique des oiseaux diurnes n'existerait pas, A notre avis, la question exige de nouvelles recherches, car il est par trop évident qu'à un éclai- rage simplement crépusculaire ces animaux cessent de se mouvoir et « s'apprêtent à dormir ». La théorie qui voit dans l'héméralopie un trouble du fonctionnement des bâton- nets, et même un ralentissement dans la sécrétion du pourpre rétinien est d'autre part appuyée par l'énumération des maladies oculaires qui se compliquent d'héméralopie. Ce sont précisément celles qui s'attaquent à l'épithélium pignientaire de la rétine, épi- Ihélium qui constitue une espèce de glande pour la sécrétion du pourpre rétinien. De ce nombre sont les choroïdites et les rétino-choroïdites, avec ou sans lésions visibles (à l'opblalmoscope) de cet épitbélium. La rétinite pignientaire, décrite longtemps sous le nom d'héméralopie héréditaire, familiale, est surtout une maladie de l'épithélium pigmenté de la rétine. Dans le décollement rétinien — autre affection liéméralopique — il y a séparation entre les bâtonnets et l'épithélium; le rouge rétinien ne peut se reproduire que très difficilement. Des recherches récentes ont montré que des affections oculaires non localisées dans la choroïde et dans les couches rétiniennes externes peuvent occasionnellement se compliquer d'héméralopie. De ce nombre sont le glaucome, les rétinites pures (des couches internes), notamment la forme albuminurique, la myopie, etc. Or un examen attentif a montré que dans certaines circonstances ces afîections se compliquent de choroïdite ou de lésions des couches rétiniennes externes. De sorte que l'apparition de l'héméralopie dans ces maladies dénote précisément qu'elles viennent se compliquer de lésions qui primitivement ou généralement n'en font pas partie. Pour ce qui est des héméralopies dites essentielles, sans lésion constatable de l'œil, leur étiologie s'accorde, en général, avec cette même théorie. Tel est le cas notam- ment des épidémies d'héméralopie. La plupart se sont produites ou se produisent dans des conditions oîi les yeux sont longtemps exposés à une lumière intense, c'est-à-dire dans des conditions qui supposent une usure excessive du pourpre rétinien, et qui ren- dent admissible l'hypothèse d'un trouble plus ou moins durable dans la reproduction de l'érythropsine. On a vu survenir des épidémies d'héméralopie parmi les militaires, obligés pendant les manœuvres, les marches forcées, à supporter longtemps l'éclat d'une plaine blanche, de rochers éclatants, de surfaces de neige, et alors les officiers, moins astreints à un maintien et à une position déterminée, ainsi que les civils d'une garnison, n'ont pas été atteints. Les matelots, exposés souvent pendant de longues heures à la réverbération de la surface de la mer, surtout dans les régions tropicales (héméralopie tropicale), sont quelquefois pris en masse d'héméralopie, alors que les passagers, qui peuvent mieux abriter leurs yeux que les matelots, sont moins atteints. Ici rentrent également les épidémies du même genre parmi les prisonniers astreints à un exercice dans des espaces (cours, etc.) entourés de murs blanchis. On a signalé des épidémies d'héméra- lopie parmi les habitants d'une contrée, et alors généralement il s'agit de larges surfaces rélléchissantes, soit de neige en hiver ', soit de sable ou de rochers calcaires, surtout au printemps, quand le sol n'est pas encore couvert de la verdure, protectrice pour les yeux. Dans des conditions analogues surgissent des épidémies d'héméralopie parmi les ouvriers des champs. De ce nombre sont notamment les épidémies décrites dans le 1. L'héméralopie due à la contemplalion de surfaces de neige demande un supplément d'infor- mation. Il résulte d'observatinns récentes que le trouble visuel consiste, dans ce cas, plutôt en une liyperesthèsie rétinienne, c'est-à-dire que c'est de la nyctalopie ou de l'héméramblyopie. 318 HEMERALOPIE. temps parmi les esclaves recollant le riz en plein été, au Brésil. On a observé l'hémé- ralopie chez les traîneurs de barques, chez les meuniers, chez les pêcheurs à la ligne^ chez les ouvriers verriers et chez ceux des hauts fourneaux. Une cause prédisposante importante pour la production de l'héméralopie, c'est le mauvais état de la nutrition générale. Les meilleurs observateurs s'accordent à dire que, si l'alimentation est insuffisante chez une population entière, l'héméralopie y fait faci- lement des ravages étendus, pour peu que ces gens soient exposés à un éclairage intense, ou même à un éclairage habituel. Cette prédisposition peut devenir telle que certains auteurs admettent que l'alimentation défectueuse suffit à elle seule pour pro- duire l'héméralopie. C'est ainsi que Gama Lobo et de Gouvka ont constaté naguère qup l'afTection faisait des ravages parmi les nègres esclaves (surtout parmi les sujets jeunesj du Brésil, fort mal nourris et travaillant en été aux champs sous un ciel tropical. Ils signalent qu'après le coucher du soleil les héméraiopes étaient ramenés à la Fazenda, conduits comme des aveugles par leurs camarades mieux portants. Certainement la mauvaise nutrition est intervenue dans plusieurs des épidémies signalées dans les pri- sons, dans les garnisons, au commencement du xix*^ siècle. Cette même cause prédis- posante a été incriminée (par Hubbeneï, Blessig) dans les épidémies d'héméralopie qui se montrent périodiquement au mois de mars, dans certaines provinces russes de confession grecque, où le jeûne prépascal est très rigoureux. — Il est à remarquer que les membres du clergé et de la noblesse en sont indemnes! — On signale la compli- cation d'héméralopie avec le scorbut, qui est un état de nutrition défectueuse. Au même point de vue (nutrition défectueuse) s'expliquent aussi beaucoup de cas sporadiques d'héméralopie, ainsi que l'héméralopie dite sénile. On peut admettre que dans ces états de mauvaise nutrition la production du pourpre rétinien est ralentie, rendue difficile, et qu'alors il suffit d'une moins longue exposition pour provoquer les symptômes de l'héméralopie. On cite aussi, comme pouvant se compliquer d'héméralopie, les affections hépa- tiques, avec ou sans ictère (héméralopie ictéiique), l'albuminurie, l'impaludisme, et en général les atteintes graves quelconques à la nutrition générale. A propos de la forme ictérique a surgi l'hypothèse qu'elle serait peut-être due à la coloration (jaune) des milieux transparents par la bile, et à l'absorption des rayons bleus qui en résulte. Au mauvais état de la nutrition est imputable une complication redoutable de cer- tains cas d'héméralopie idiopathique, savoir la kératomalacie (nécrose cornéenne) et le xérosis conjonctival, surtout chez les enfants. Ces complications, graves en ce qui regarde la fonction visuelle, sont, chez l'enfant, d'un pronostic très fâcheux pour la vie elle-même. Le xérosis conjonctival et la kératomalacie semblent avoir pour point de départ une insensibilité (cachectique) de l'œil. — Règle générale cependant, le pro- nostic de l'héméralopie essentielle est favorable. La maladie est d'autant plus tenacf qu'elle se montre dans un organisme plus cachectique. Contre la théorie qui voit dans l'héméralopie l'expression d'un trouble de la sécrétion du pourpre rétinien, on a allégué qu'il arrive que l'ophtalmoscope ne révèle aucune lésion du pigment rétinien. Mais il est à remarquer que la formation du pourpre semble être indépendante du pigment, d'où il résulte que cette fonction peut être atteinte, alors que le pigment n'est pas altéré (dans l'héméralopie essentielle), et d'autre part que cette fonction peut être intacte, alors que le pigment fait défaut (dans l'albinisme). Dès l(irs, on comprend aussi que dans les affections rétino-choroïdiennes, accompagnées généralement d'héméralopie, celle-ci est loin d'être toujours en raison des altérations du pigment. Pour ce qui est du traitement de l'héméralopie, les formes simples, non compliquées, survenant chez des sujets bien portants, cèdent au séjour, pendant quelques jours, dans l'obscurité, suivi d'un retour graduel à l'éclairage normal. Mais il faudra pendant quelque temps prései^ver les yeux de tout éclairage intense. Le xérosis conjonctival et la kératomalacie exigent des soins spéciaux, de même que la nutrition défectueuse. Il est curieux que dans les pays les plus divers (Chine, Russie, France, Brésil, etc.) on vante contre l'héméralopie un remède populaire consistant en des fumigations avec du foie de mouton et de bœuf, et dans l'administration interne du foie. 11 est à supposer que l'alimentation carnée aurait le même efiet. HÉMOCYANINE. 319 Bibliographie. — On trouvera une bibliographie assez complète de l'héméralopie, jusqu'à l'année 1884, dans l'article » Héméralopie » publié par nous dans le Traité complet d'ophtalmologie (de Wecrer et Landolt, m, fasc. 3, p. 73:J-7b-2). En fait de travaux plus récents nous avons consulté surtout : Kuschbert, Xérosis con- iunctivae u. ihre Begleiterscheinungen {Deutsche med. Wochenschr., 1884, n^^* 21 et 22). — Treitel, Ueber Hemeralopie, etc. {Arch. f. Ophthalm., xxxi, (1), 139, 1888). — Lohmann, Vntersuch. ûber Adaptation, etc. {Arch. f. Ophtalm., lxv, 365, 1907). — Horx, Ueber Dunkeladaptation, etc. {Arch. f. Augenheilk., lix, 389, 1908). J. P. NUEL. HÉMIALBUMOSE. -Voyez Peptone. HÊMICELLULOSE. — E. Sghulze a appelé hémicelluloses des corps très voisins de la cellulose (peut-être même identiques avec elle) qui en diffèrent par une solubilité plus grande dans les acides dilués et plus de facilité à donner des sucres avec les acides (Zur C/iemie der pflanzlischen Zellmembranen. Z. p. C, 1892, xvi, 1892); gly- cose, galactose, arabinose, xylose. Les acides minéraux à froid (IICl à 10 p. 100 , les acides organiques concentrés, peuvent transformer les hémicelluloses en sucre. Elles se comportent d'ailleurs comme les celluloses vis-ù-vis de l'oxyde de cuivre ammoniacal et de l'iode. On peut les préparer avec les graines de certaines légumi- neuses (lupins) ou les celluloses de réserve de Reiss. HÉMICOLLINE. Nom proposé par Hofmeister {Ueber die chemische Structur des CoUaçiens Z. p. C, 1878, ii, 303) pour un produit de peptonisationde la gélatine par l'ébullition prolongée. La gélatine se diviserait en deux produits : Vhém,iglutine, insoluble dans l'alcool, et VhémicoUine soluble, non précipitable par le chlorure de platine. On peut préparer son sel de cuivre, qui répond à la formule C^IP^Nii^O^^Cu. D'après Hofmeister, le collagène, en s'hydratant, donne de l'hémiglutine et de l'hémi- coUine. Ci02nu9,\3io38-|-3H2O = CasHS^Ni^O^^ + G*''H'îONi40i9 Collagène Hémiglutine Hémicolline HÉMIÉLASTINE. J.Horbaczewski, en faisant digérer des tendons de veau, contenant, comme on sait, de l'élastine, a obtenu de l'élastine peptone, et un produit intermédiaire, qu'il appelle hémi-élastine {Ueber des Verhalten des Elastins bei dcr Pepsinverdauung. Z. p. C, 1882, vi, 336). L'hémi-élastine a la même composition chimique que l'élastine, mais elle se dissout dans l'eau bouillante. Son pouvoir rotatoire est a D — 92°, 7. Elle précipite par l'acide acétique, le sulfate de magnésium, l'iodure de mercure et de potassium, et donne la réaction dubiuret. Chauffée à 100-120", elle se transforme de nouveau en élastine et devient insoluble dans l'eau. Elle se rapproche beaucoup de l'albumine, dont elle diffère par l'absence de soufre. HÉMINE. — Chlorhydrate d'hématine. Voy. Hémoglobine. HÉMIPEPTONE. — Voy. Peptone. HÉMOCHROMOGÈNE: — Produit de transformation de l'hémoglo- bine. Voy. Hémoglobine. HEMOCYANINE. — L. Fredericq, développant et reprenant une observa- tion rudimeiitaire de P. Bkfu-, a nommé Hémocyanine la substance colorante bleue qui se trouve dans le sang des molluscjues et des crustacés (1878). La coloration bleue, par- fois très intense, du sang des homards et des langoustes par exemple, augmente par l'exposition à l'air (dissolution d'oxygène) ; car, au moment où l'on recueille le sang, il est à peine coloré. L'hydrogène sulfuré le décolore; et la coloration revient quand on fait passer de l'oxygène. L'hémocyanine se coagule par la chaleur à 68*'-69'', et le coagulum est bleu. 320 HEMOCYANINE. L'hémocyauine, d'après Fredericq, contiendrait du cuivre qui jouerait le même rôle que le fer dans l'hémoglobine. Le fait, encore qu'il ait été révoqué en doute, a été récem- ment confirmé par He.xze, pour le sang de VOctopiis. Le sang de crustacé, abandonné à lui-même, s'il esta l'abri de l'oxygène, se décolore (réduction) par l'action de substances réductrices (Phisalix). Si l'on dialyse du sang de HclLu, les substances réductrices dialysent ; mais l'hémocyanine ne dialyse pas, de sorte que la partie non dialysée conserve très longtemps sa couleur bleue. Fredericq a cons- taté que la putréfaction, qui fait disparaître la couleur bleue, ne détruit pas l'hémocya- nine ; car, en agitant à l'air la solution putréfiée et conservée depuis longtemps, on fait, tout comme pour la couleur rouge de l'hémoglobine, reparaître la couleur bleue de l'hémocyanine. IIeim a contesté les résultats obtenus par Fredericq sur l'absorption d'oxygène par l'hémocyanine. Mais ses objections n'ont pas grande valeur, ainsi que Fredericq l'a bien établi : car Heim avait opéré sur du sang d'écrevisse où il y a peu d'hémocyanine et beaucoup d'albumine, tandis que sur le sang de poulpe [Octopus) il n'y a que de l'hémo- cyanine en fait d'albuminoïdes, de sorte qu'on peut la préparer à peu près pure, en précipitant le sang de poulpe par MgSO*. D'ailleurs les résultats de Fredericq ont été con- firmés par Krukenberg, Halliburton, Griffiths et Cuéxot. Toutefois Cuénot estime, sans pouvoir l'établir rigoureusement, que des albuminoïdes non colorés peuvent avoir sur la dissolution de l'oxygène la même action que l'hémocyanine, des espèces très voisines étant pourvues ou non d'hémocyanine. Quant à la composition de l'hémocyanine, Griffiths a donné les analyses suivantes. Homarus. Sepia. Cancer. Moyennes. 1 n I '^ ï? I II Carbone 54,12 54.23 54,06 54,19 54.20 54.14 54,155 Hydrogène. . . 9,00 8,14 7,08 8,13 7,19 7,12 7,995 Azote 16,35 16,23 16,31 16,21 16,26 16,25 16,268 Cendres .... 0,36 0,31 0,34 0,33 0,41 0,32 0,328 Soufre 0,69 0,65 0,62 0.60 0,69 0,65 0,647 Oxygène .... 21,48 21.44 21,59 21,55 21,46 21,52 21,507 Ces résultats, très homogènes, répondent à la formule brute: C867H1363Az223CuS^O"8 Ajoutons que Griffiths a trouvé, dans la Plnna squamosa, un albuminoïde qui brunit à l'air et qui possède les mêmes propriétés d'oxygénation et de réduction que l'hémoglo- bine. C'est la. pinnaglobine. Ch. LivoN et Ch. Richet ont pu extraire des Suberites domuncula une substance colo- rante, contenant de notables quantités de fer (0,08 p. 100), peu soluble dans l'eau, très soluble dans l'alcool, soluble dans le chloroforme à chaud, insoluble dans le chloro- forme à froid; mais cette substance (qui est d'ailleurs azotée) ne paraît pas apte à fixer de i"o.\ygène, et par conséquent elle ne joue pas chez les célentérés le rôle de l'hémo- cyanine chez les mollusques. [Expcr. inédites.) Bibliographie. — Fredericq. Hémocyanine, substance nouvelle du sang de poulpe (C. il., 1878, Lxxxvii, 996). — Krukenberg. Zh/' Kenntniss des Humocyanins und seiner Verbreitunr/ im Thierreiçhe. (C. W., 1880, xviii, 417). — Cuénot. La valeur respiratoire de l'hémocyanine (C. fi., 1892, c.w, 127-129). — Fredericq. Sur la conservation de Vhcmocya- nine. (Trav.du Lab. de Liège, 1889, m, 194). — Sur l'hémocyanine [C. fi., 1892, cxv, 61). — Griffiths. Composition de l'hémocyanine {Bull. Ac. Bruxelles, 1892, xxui, 842-844 et C. fi., 1892, cxiv, 496). — Phisalix. Observations sur le sang de l'escargot {B. B., 1900, 729-732). — Henze. '/.ur Kenntniss der Hamocyanins (Z. p. C, 1904, xliii, 290-298). — Heim. Sur la matière colorante bleue du sang des crustacés [C. fi., 1892, cxiv, 771-774). — Cuénot. Étude sur le sang et les glandes lymphatiques {Invertébrés) {Arch. Zool. exp., 1891, (2), ix). — Griffiths. Sur la composition de lapinnaglobuline : ,une nouvelle globuline {C. R., 1892, cxiv, 840-842). — Couvreur. Hémocyanine. (B. B., 1903. 1247). — Dhéué. Rem. sur la note de M. Couvreur {Ibid., 1338-1339). HEMOGLOBINE. ■ o 4 . HÉMOGLOBINE. Historique. — La matière colorante rouge du sang des vertébrés fut l'objet de quelques observations exactes de Berzelius et reçut de lur le nom d'hématoglobuline. Berzelius reconnut notamment que la chaleur altère l'hé- niatoglobuline et il fit une distinction nette entre la matière soluble normale et le pigment coagulé, qu'il considérait comme un mélange de divers produits de décompo- sition de la première. Cette distinction ne fut plus guère observée par les chimistes et les physiologistes de la période suivante (Dumas, Lehmann, Gorui>-Besanez) et pendant longtemps on confondit l'hémoglobine avec un des produits de sa décomposition, l'hématine. Vers le milieu du xix<^ siècle, plusieurs biologistes (Leydig, Kôlliker, Funke) décri- virent des cristaux obtenus en soumettant le sang à différents traitements, et l'un d'eux, KuNDE, en fit, dès cette époque, une étude très détaillée. Cependant il régnait alors dans les idées beaucoup de confusion sur leur nature. On croyait généralement, avec Lehmann, qu'ils étaient incolores à l'état de pureté, leur coloration provenant de leur teinture par un colorant étranger. Les cristaux incolores avaient, dans l'idée de Lehmann, la composition des matières protéiques. La substance prutéique tiui les consti- tuait avait été baptisée hémocristalline; elle provenait des globules rouges. Ce furent les recherches spertroscopiques de Hoppe-Seyler (1860) qui permirent à cet auteur de caractériser définilivement la matière colorante du sang et de l'identifier avec les cristaux décrits avant lui. Dès lors, la chimie et la physiologie de l'hémoglo- bine sortirent de l'ère des tâtonnements et, grâce aux travaux de Hoppe-Seyler, A. ScHMiDT, SroKES, RoLLETT, Preyer, lascicncc s'enrichit en quelques années de nombreux faits qui devaient révolutionner les idées sur le mécanisme et la localisation des com- bustions organiques. On sait actuellement que l'hémoglobine existe sous deux états d'oxydation : une forme plus oxydée, l'oxyhéinoglobine, une forme moins oxydée, l'hémoglobine réduite. A l'air libre, l'hémoglobine réduite se transforme en oxyhémoglobine. C'est donc cette dernière qui constitue la forme naturelle, usuelle, celle que l'on obtient dans les pro- cédés de préparation ordinaires. C'est elle qui formait les anciens cristaux décrits avant 1860, c'est sur elle qu'ont porté la plupart des observations et des expériences. Pour ces raisons, la description de l'oxyhémoglobine précédera dans cet article celle de l'hémoglobine réduite, quoique cette dernière soit le radical dont elle dérive par addition d'oxygène. Répartition de Thémoglobine. — Mais, avant de commencer l'étude chimique de l'hémoglobine et de ses dérivés, il sera intéressant d'indiquer la répartition de cette substance dans le règne animal. I. L'hémoglobine se rencontre, enfermée dans de véritables cellules rouges, chez un grand nombre d'espèces animales. a) Ces cellules rouges sont en suspension dans un liquide contenu dans un appareil sanguin spécial, distinct de la cavité cœlomique : Chez tous les vertébrés, à l'exception du Leptocephalus (forme embryonnaire de cer- tains anguillidés). Chez certains mollusques lamellibranches : Arca tetrayona, A. pexata, A. trapezia, Pecttmcidns, Gastrana fvagiln, Phaviis [Solen) legumen. Chez certains vers polychètes : Terebella lapidaria. Chez un ver aberrant : Phoronis. h) Les cellules rouges sont contenues dans le liquide remplissant la cavité cœlomique : De certaines holothuries : Trochostoma Thomsoni, Cucumaria Planci, C. Lefevrei, C- canescem, Thyonc gemmata, T. incrmis, T. roscovita. , De certains vers Echiuriens : Boncllia minor, Thalassema erythrogrammon, Th. Nep- tuni, Hamingia artica. De certains annélides polychètes : Glycera, Capitella, Polycirrus hematodes. Des mollusques amphineures : Néoméniens. II. Chez d'autres animaux, l'hémoglobine est simplement dissoute dans l'un ou l'autre liquide organique. a) Le liquide rouge est contenu dans un appareil sanguin, différent de la cavité cœlomique : DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VlII. 21 322 HÉMOGLOBINE. Chez les annélides chétopodes, système vasculaire spécial : Lumbricus (Hunefeld, Rollett). Chez certains vei's turbellariés : Polia sanguirubra. Chez certains copépodes parasitaires (système sanguin spécial) : Lernanthropus, 2 espèces, Clavella, étudiés par Ed. van Beneden. Chez certains insectes diptères (système sanguin général) : Chironomus, Musca domes- tica (Mac-Munn). Chez certains crustacés (système sanguin général) : Cypris (Regnard et Blanchard), Daphnia, Apus, Cheirocephahis, Branchipus diaphanus et B. stagnalis. Chez un mollusque pulmoné (système sanguin général) : Planorbis (Gamgee, Dhéré). b) Le liquide rouge est contenu dans la cavité cœlomique ou des dépendances de celle-ci : Chez cerlaines Hirudinées : Nephelis, Hinido. Chez un Échinoderme : Ophiaciis virens (Foettinger). On ne la rencontre pas, ni dissoute ni contenue dans des globules spéciaux, chez l'Amphioxus. III. Enfin c'est à l'hémoglobine qu'est due la couleur rouge : a) Des fibres musculaires striées des vertébrés (Kuhne) : cœur de tous les vertébrés, fibres des muscles volontaires des mammifères, oiseaux et de quelques muscles des reptiles. b) Des fibres musculaires lisses du rectum de l'homme. c) Des fibres musculaires du pharynx d'un grand nombre de mollusques gastéropodes {Lymnœus, Paliidina, etc.) et d'un ver polychète (Aphrodite) (La.nkester), d) Des ganglions nerveux d'aphiodite (Lankester) et de certains vers némertiens (Hubbrecht). Enfin, Mac-Munn (2) a découvert dans la paroi du corps d'un grand nombre d'animaux inférieurs (Spongiaires, Anthozoaires, Échinodermes), des protéides colorés qui pos- sèdent également la propriété de fixer l'oxygène en combinaison plus ou moins stable, et qui, sous l'action des alcalis forts, fournissent un pigment. Celui-ci, en solution alcoolique, donne le speclre de l'hémaline, transformé en celui de l'hémochromogène par le sulfure ammonique.Ces protéides, que Mac-Munn désigne sous le nom général d'histo- hémalines, seraient très répandus dans la nature et différeraient de l'hémoglobine par plus de stabilité de leurs formes réduite et oxygénée et moins de capacité pour l'oxy- gène. Ces histo-hématines n'ont pas été isolées et fuirent étudiées au spectroscope exclusivement. D'après Mac-Munn, le pigment des muscles serait non de l'hémoglobine, mais une histo-hématine. Cette opinion a été combattue par Hoppe-Seyler, Lévy et Môrner. D'après ce dernier auteur cependant, l'hémoglobine extraite du muscle aurait toutes ses bandes d'absorption déplacées vers le rouge (de 577 à 540 et de 581 à 543). Préparation de cristaux d'oxyhémoglobine pour l'observation micro- scopique. — Pour faire cristalliser l'hémoglobine d'un échantillon de sang quelconque, il faut commencer par l'enlever aux globules, la mettre en solution dans le sang total. Cette destruction globulaire préalable a été opérée par toute la série des agents chi- miques et physiques, dont l'action destructive sur les hématies avait été mise en lumière. On peut s'adresser au gel et dégel (Rollett), à l'étincelle électrique (Rollett), au passage d'un courant constant (pôle positif) (A. Schmidt), à la chaleur (M. Schultze), à l'adjonction de sels à l'état solide (Bursy), adjonction d'éther (V. Wittich), de chloro- forme (Bôttcher), des sels biliaires (Kûhne), de quinoléine (Hufner), à l'acide carbonique (facilité de cristallisation du sang asphyxique observée par Preyer), à la putréfaction à l'abri de l'air (Gschleiden). On obtiendra d'autant plus facilement la cristallisation de l'hémoglobine d'un animal qu'elle sera moins soluble dans le plasma. Chez la plupart des animaux, l'hémoglobine contenue dans les globules de 10 centimètres cubes de sang n'est pas soluble dans ces 10 centimètres cubes, une fois mise en liberté, de sorte que la seule destruction des glo- bules suffit pour amener la cristallisation. Chez certains, l'évaporation d'une partie de l'eau du sang est nécessaire. C'est ce qui se produit, en même temps que la destruction HÉMOGLOBINE. 323 îles globules, lors de l'exlrjiction des ^az du sang. Le liquide ainsi enrichi en hémoglo- bine dissoute a beaucoup de tendance à cristalliser (Preyer). On peut ranger les animaux, suivant la facilité de plus en plus grande de cristallisation de leur hémoglobine, dans l'ordre suivant, : grenouille, bœuf, mouton, lapin; porc, homme; souris, taupe, chauve- souris; oie, poule, pigeon, chien, chat, cheval; écureuil, cobaye, rat. Obtention de petites quantités d'oxyhémoglobine cristallisée. — Quand on veut obtenir rapidement quelques cristaux d'oxyhémoglobine pour une démonstration au microscope, on s'adresse d'habitude aux petits animaux de laboratoire (rat, cobaye). Pour provoquer la destruction des hématies, on peut recourir à divers procédés. On peut, à l'exemple de Funke, mélanger sur le porte-objet une goutte d'eau et une de sang, attendre un début de dessiccation sur les bords et couvrir. RoLLETT emploie la congélation ; le sang délîbriné est congelé dans une capsule en platine plongée dans un bain réfrigérant. Il reste gelé une demi-heure, est dégelé, introduit dans un tube à réaction et donne rapidement des cristaux. On peut aussi, à l'exemple de Max Schultze, produire la dissolution des globules dans le sérum, grâce à l'action d'une température de 60». Après chaufîage, on place une goutte sur porte-objet, on laisse refroidir, évaporer partiellement et l'on couvre. GscHLEiDEN introduit le sang délîbriné dans des tubes qu'il scelle et abandonne à la putréfaction (favorisée par une température de 37°) pendant quelques jours. Au moment du besoin, on casse la pointe du tube, on dépose une ou deux gouttes de sang sur un porte-objet et l'on rescelle le tube. Le sang s'oxygénise rapidement, on le laisse dessé- cher légèrement sur les bords, avant de couvrir la préparation. Un tube scellé, rempli de sang de rat ou de cobaye, peut servir pendant des années. Obtention de grandes quantités d'oxyhémoglobine cristallisée. — Pour obte- nir de grandes quantités d'oxyhémoglobine cristallisée, on recourt d'habitude au sang. du cheval ou du chien. A cause de la grande altérabilité de la substance à la tempéra- ture ordinaire, il est à conseiller d'opérer au cours de l'hiver, dans des pièces froides. Méthode de Hoppe-Seyler (applicable au sang du chien et du cheval). Le sang délî- briné est dilué dans 10 volumes d'eau salée (3 p. 100). On laisse reposer dans un endroit frais et on décante. Le magma globulaire est agité avec son volume d'éther. Après destruction des globules, on sépare l'éther de la solution que l'on filtre rapidement. Le filtrat refroidi à 0» est additionné du quart de son volume d'alcool absolu, également refroidi à 0°. Le mélange est maintenu entre — o" et —10», jusqu'à ce que la cristalli- sation se soit effectuée. Celle-ci débute habituellement après quelques heures. On sépare par filtration les cris- taux de leurs eaux-mères, en maintenant la température au-dessous de 0°. On lave les cristaux avec un mélange de 1 partie d'alcool absolu et 4 d'eau, mélange préalablement refroidi. On sèche les cristaux le plus possible par expression et on procède à une recristallisation. Les cristaux sont additionnés de tiois fois leur volume d'eau distillée; on chauffe à ;»5°, on filtre. Le filtrat est traité à 0" comme la première fois. On peut recommencer ces opérations cinq ou six fois. Les cristaux purs sont séchés à une température inférieure à 0° dans le vide sur acide sulfurique ou anhydride phosphorique. Si la température est plus élevée, l'oxyhé- nioglobine fonce en couleur et devient partiellement insoluble dans l'eau. Cependant Zinoffsry (3) prétend qu'étalés en couche très mince, les cristaux d'oxyhé- moglobine de cheval peuvent être séchés en 8 heures dans le vide entre 10° et 20° sans subir d'altération. Ils se redissolvent intégralement, et l'acétate de plomb ne précipite' pas leur solution (signe d'absence de méthémoglobine). L'hémoglobine pure cristallisée et sèche subit sans altération un chauffage jusque 110° et 113°. Modification de Hafnev (4). — Ce proce'dé s'applique au sang de chien, porc, bœufi cobaye et rat. La séparation des globules se fait ici beaucoup plus rapidemeJit et com- plètement, grâce à l'enàploi de la force centrifuge. La destruction des globules s'opère en ajoutant aux globules un minimum d'eau disr tillée (300 centimètres cubes pour les globules d'un litre de sang de porc) et en mainte-, nant le mélange pendant quelques minutes à 40". On filtre et on refroidit ù 0°, on ajoute un quart de volume d'alcool absolu à 0" et on refroidit entre — 10° et — 20°. Les cristaux sont séparés par centrifugation des eaux-mères, lavés au mélange glacé d'eau et d'alcool et ZU HEMOGLOBINE. débarrassés par centrifugalion des eaux de lavage. On les redissout dans un minimunî d'eau distillée à 40" et l'on procède à une nouvelle cristallisation. Finalement, les cris- taux sont recueillis sur des plaques poreuses de cellulose et séchés. Procédé de Scliulz (6). — Schulz applique à l'hémoglobine la méthode générale de Hof- MEisTER pour l'obtention dalbuminoïdes cristallisés. Au liquide rouge obtenu après la des- truction globulaire, il ajoute égal volume de la solution saturée de sulfate ammonique. Ce mélange se fait à la température de 0°. On filtre pour se débarrasser d'un préci- pité de globuline et on laisse cristalliser à la température ordinaire. On purifie par recristallisation par la même méthode. Les cristaux seraient exempts de matière organique étrangère et de sels minéraux, mais imprégnés de sulfate ammonique. Procédé de Frey (5) et d'Arthus (7). — Ces auteurs conseillent de dialyser le sang ou la solution d'hémoglobine dans un milieu d'alcool dilué. Arthus procède comme suit : Les globules lavés sont additionnés de deux fois leur volume d'eau. La solution est intro- duite dans un boyau de parchemin, plongé dans une masse d'alcool à 20-25 p. 100 équi- valant à 9 fois le volume des globules. Bientôt se déposent dans le boyau de nombreux cristaux d'hémoglobine. Formes cristallines de roxyhémoglobine. — La forme des cristaux d'oxyhémo- globine varie considérablement d'une espèce animale à l'autre. Chez le rat, ils affectent la forme d'octaèdres ou de tétraèdres; chez le cobaye, ils sont uniformément tétraédriques avec troncatures sur les angles et les arêtes. L'oxyhé- moglobine de l'écureuil cristallise en tables hexagonales, celle du cheval en prismes rhombiques, terminés par des faces planes ou, surtout après traitement par l'alcool à 25 p. 100, en prismes terminés par des pyramides. Cette dernière forme s'observe aussi chez le chien. L'oxyhémoglobine de l'oie donne des cristaux tabulaires rhombiques. Récemment on est revenu à la détermination de la provenance du sang par l'examen des cristaux d'oxyhémoglobine en médecine légale (Moser, 1901 ; Friboes, 1903). Ces différences de forme ont peu d'importance : suivant les conditions de cristallisa- tion, la même solution fournira des prismes ou des tables. Ce qui est plus intéressant, c'est que des 47 oxyhémoglobines de vertébrés étudiées à ce point de vue, seulement deux (écureuil et hamster) cristallisent dans le système hexagonal, tandis que toutes les autres appartiennent au système rhombique, y compris celle de cobaye (voiN Lang) que l'on avait primitivement rattachée au système cubique. En ce qui concerne l'oxyhémoglobine de l'écureuil, Halliburton a fait l'observation intéressante qu'après plusieurs recristallisations, elle abandonne la forme de tables hexagonales pour se convertir en un mélange de prismes et de tétraèdres du système rhombique. Faut-il admettre avec Rolleït que l'oxyhémoglobine est dimorphe? Ou convient-il, comme Halliburton le propose, d'attendre avant d'accepter cette conclusion, que la preuve soit faite de l'identité chimique des deux genres de cristaux? L'auteur anglais fait remarquer avec raison que les différentes formes cristallines pourraient correspon- dre à des degrés d'hydratation différents, à des combinaisons multiples de l'oxyhémo- globine avec de l'eau de cristallisation. D'autre part, il ne faut jamais perdre de vue, quand on obtient des mélanges de diverses formes cristallines, que l'hémoglobine réduite, quoique plus soluhle, est cepen- dant aussi susceptible de fournir des cristaux. Chez le cheval, l'hémoglobine réduite fournit des tables hexagonales; l'oxyhémoglobine, des prismes rhombiques. Hûfner (8) a constaté que, lorsqu'on ne prend pas, lors de la préparation des cristaux d'oxyhémoglo- bine de cet animal, des précautions spéciales pour assurer l'oxygénisation complète du liquide, on obtient un mélange de tables hexagonales (hémoglobine réduite) et de pris- mes rhombiques (oxyhémoglobine) [Confirmé par Uhlik (9)]. Les cristaux d'oxyhémoglobine que l'on peut obtenir sont habituellement microsco- piques. Cependant ils sont quelquefois beaucoup mieux développés et Gschleiden en a mentionné un qui avait une longueur de 3,5 centimètres. La cristallisation des alhuminoïdes semblait devoir résoudre la question si difficile de l'obtention de substances protéiques pures. Bien qu'elle surpasse de beaucoup toutes les autres méthodes employées, il semble cependant, du moins en ce qui con- cerne l'hémoglobine, qu'elle n'atteigne pas la perfection. C'est ainsi que Gschleiden avait HÉMOGLOBINE. 3tîo remarqué, il y a longtemps, que, malgré des recristallisations nombreuses, l'oxyhémo- globine d'oie contient toujours un peu de phosphore, résultant d'un mélange de petites quantités de nucléine. Et Sghilz, par son procédé, obtient des cristaux d'hémoglobine imprégnés de sulfate d'ammoniaque. Tant cristalloïdes que colloïdes dissous ou suspen- dus dans les eaux-mères peuvent donc être entraînés par les cristaux qui s'en imprè- gnent. Propriétés physiques et chimiques des cristaux d'oxyhémoglobine. — Ainsi que le constatèrent d'abord Rollett et von L^ng (10), plus tard Ewald (H), les cristaux d'oxyhémoglobine possèdent un pléochroïsme marqué (surtout ceux d'hémoglobine réduite). Examinés en lumière polarisée, les cristaux d'oxyhémoglobine de chien présentent dans des conditions favorables une teinte plus ou moins foncée suivant leur direction par rapport au plan de polarisation. Certains cristaux sont rouge écarlate, d'autres jaune orangé. Si l'on fait tourner le nicol, chaque cristal passera insensiblement de l'une de ces teintes à l'autre. Le spectre d'absorption de ces cristaux est le même que celui de leur solution. Seu- lement il existe entre les bandes d'absorption des écarts plus grands suivant l'un des axes optiques du cristal que suivant l'autre. En d'autres termes, le pouvoir dispersif varie suivant les axes du cristal. On observe des phénomènes du même ordre, plus pro- noncés, avec l'hémoglobine réduite. Examinés entre deux niçois avec interposition d'une plaque de gypse, les cristaux d'oxyhémoglobine prennent, quand on fait tourner l'un des niçois, des tons pourpres, bleus, orangés, etc., du plus bel effet. Les cristaux d'oxyhémoglobine traités par l'alcool absolu sont rendus insolubles. Ils peuvent conserver pendant quelque temps encore leur biréfringence et leur spectre d'absorption. Dans cet état, ils constituent ce que Nencki a appelé la parahémo- globine. Les cristaux d'hémoglobine ayant séjourné à 0° dans le vide sec jusqu'à poids constant perdent, quand on les chaufie à HO"-!!.!», une certaine quantité d'eau, que l'on admet être de l'eau de cristallisation. En tout cas, cette eau ne fait pas partie intégrante de la molécule d'hémoglobine, puisque la substance ainsi desséchée peut être remise en dissolution et présente les caractères de l'hémoglobine normale (Hoppe- Seyler); la quantité d'eau de cristallisation varie suivant que l'échantillon examiné provient d'une espèce animale ou d'une autre. Les ditrérences sont assez fortes : de 3à4 p. 100 pour le chien (Hoppe-Sevler) à 9.4 p. 100 pour l'écureuil (Hoppe-Seyler). Seulement, il existe pour l'hémoglobine d'un même animal des différences tout aussi considérables suivant les auteurs. Ainsi l'hémoglobine de chien aurait 3 à 4p. 100 d'eau de cristallisation d'après Hoppe-Seyler, et 11.39 p. 100 d'après Jaquet. De sorte qu'il semble impossible de donner actuellement une signification quelconque à ces chiffres. Propriétés physiques de roxyhémoglobine. — Des différences tout aussi grandes existent entre les résultats des auteurs qui ont voulu déterminer le degré de solubi- lité de l'oxyhémoglobine de différents animaux dans l'eau distillée. Ce peu de cons- tance des résultats dépend en partie de la facilité avec laquelle l'oxyhémoglobine s'altère pendant les opérations qui ont pour but de la purifier, en partie de ce que les cristaux enlèvent aux eaux-mères les substances qui s'y trouvent dissoutes, substances qui facilitent une nouvelle dissolution ou la contrarient. Mais, si l'on fait abstraction des chiffres absolus, qui n'ont pas grande valeur, il n'en est pas moins vrai que les cristaux d'oxyhémoglobine de différentes espèces ani- males, préparés par un même auteur (Hoppe-Seyler), présentent des différences très marquées quant à la facilité avec laquelle ils peuvent être mis en solution. Et, comme 41 faut s'y attendre, ce sont les cristaux provenant d'animaux dont le sang cristallise facilement, qui se redissolvent le moins bien. L'adjonction de très faibles quantités d'alcali (potasse, soude, ammoniaque et carbonates correspondants) augmente fortement la solubilité de l'oxyhémoglobine (Preyer). En solution neutre, l'oxyhémoglobine est difficile à précipiter par les sels neutres. La saturation par le chlorure sodi([ue ou le sulfate magnésique ne produit aucun préci- pité. La double saturation par les sulfates de soude et de magnésie la précipite. La 326 HEMOGLOBINE. solution de sulfate ammonique saturée ajoutée à une solution d'hémoglobine commence ;i la précipiter quand le mélange contient 3,5 centimètres cubes de solution d'hémoglo- bine et 6,5 centimètres cubes de solution de sulfate ammonique, ce qui correspond à une concentration de 34.8 p. 100 (en volume) (Schulz). Et la précipitation complète n'est atteinte que près de la saturation. A ce point de vue, l'hémoglobine se rapproche de l'albumine du sérum. Le carbonate de potassium à saturation la précipite sans altération. L'alcool la préci- pite, mais le précipité s'altère très rapidement (transformation en méthémoglobine). Les acides minéraux ne donnent de précipité qu'après altération chimique, qui se pro- duit déjà par des concentrations très faibles. Il en est de même pour les sels des métaux lourds (Kl;hne). Les sulfates de cuivre ou de fer, le nitrate d'argent, le chlorure mercu- rique ne donnent primitivement aucun trouble dans les solutions d'o.xyhémoglobine. Dès que la couleur s'altère, le précipité se produit. Les acétates de plomb neutre et basique ne la précipitent pas. L'hémoglobine est insoluble dans l'alcool, l'éther, le chloroforme, etc. Uien que la saturation de sa solution aqueuse pure à 53" par le chloroforme suffit à la précipiter. Le précipité est insoluble dans l'eau pure ou l'eau salée. Les liquides faiblement alcalins le redissolvent et les solutions obtenues donnent le spectre de l'oxyhémoglo- bine. L'hydrate dechloral agit de même (For.maxek) (12). Le sang laqué agité à la tempéra- ture ordinaire avec du chloroforme donne un précipité volumineux d'albuminoïdes, qui contient l'hémoglobine (Salkowski) (13). L'étude spectroscopique des solutions d'hémo- globine, précipitées par le chloroforme, amène Kruger (14) à supposer que cette pré- cipitation s'accompagne d'une altération chimique. Malgré sa grande facilité de cristallisation, l'hémoglobine en solution aqueuse ne diffuse pas à travers les cloisons animales ou végétales mortes. Les solutions d'hémoglobine soumises à l'action de la chaleur coagulent vers 64" Cette coagulation s'accompagne de décomposition. En solution faiblement alcaline, l'hémoglobine, comme les autres albuminoïdes coagulables, ne se prend pas en grumeaux par l'action de la chaleur. Mais, à défaut de coagulation, il y a néanmoins destruction, et déjà, vers 54°, le spectre de l'oxyhémoglobine commence àse transformer en celui de l'hématine (Preyer) (15). En 1903, Gamgee (16) a pu fixer un point jusqu'alors inconnu des propriétés optiques des solutions d'oxyhémoglobine. En se servant d'un grand polarimètre de Lippich, et, comme source de lumière, de rayons rouges ayant une longueur d'onde moyenne (X =: 665.3 [j.(-i) correspondant approximativement à celle de la bande G du spectre d'absorp- tion de l'oxyhémoglobine (lumière fournie par la filtration des rayons d'une lampe à arc au travers d'une solution d'hexaméthylpararosaniline et d'une autre de chromate neutre de potasse), il a pu déterminer la déviation que les solutions d'oxyhémoglobine font subir à la lumière polarisée. D'après Gamgee, l'oxyhémoglobine et l'hémoglobine oxycarbonée ont la même rotation spécifique a (G) = 4- 10»4. Elles sont donc dextrogyres. Le radical albnminoïde, la globine, de la molécule d'hémoglobine est au contraire lévogyre, comme les substances albuminoïdes en général a (G) =— 54» 2. Les solutions d'hémoglobine ont un spectre d'absorption caractéristique étudié et décrit par Hoppe-Seyler d'abord, par Stokes, Rollett, Hufner, Gamgee ensuite. Le sang des mammifères contient environ 12 à 14 p. 100 d'hémoglobine; si l'on fait de ce sang une dilution au 1/10 dans l'eau distillée, que l'on filtre, et si l'on examine au spectroscope la solution ainsi obtenue sous l'épaisseur d'un centimètre, on observe que le spectre entier est absorbé à l'exception de quelques rayons rouges aux environs de G, \ = 656. Si maintenant on dilue progressivement cette solution ou si l'on diminue son épaisseur, la partie visible du spectre devient de plus en plus étendue. La bande rouge s'élargit à gauche et s'étend vers l'orange à droite jusque D (X = 589). Quand la concentration est d'environ 0.8 à 0. 9 p. 100, il apparaît entre 6 () = 518) et F (X = 486) une bande verte. Quand la dilution augmente (vers 0.6 p. 100) une nouvelle zone lumi- neuse se fait jour (jaune vert) entre D et E (X = 527), de sorte que la bande d'absorp- tion existant d'abord enti^e D et 6 et qui se rétrécit jusque vers E est actuellement subdi- visée en deux parties. A ce moment, l'extrémité bleue du spectre commence à être perçue par élargissement à droite de la bande lumineuse parue précédemment dans le HEMOGLOBINE. 327 vert. A partir de celle dilution, ce spectre d'absorption, avec ses deux bandes entre D et E, séparées par une zone lumineuse, devient caracte'ristique de l'osybénioyloiiine. Pour des dilutions encore plus considérables, le spectre lumineux s'étend de plus en plus vers le violet, tandis que persistent les deux bandes d'absorption entre 1) et E. On les perçoit encore nettement dans une solution d'oxyhémoglobine pure de 1/10 000 exa- minée sous une épaisseur de 1 centimètre. Ces changements du spectre d'absorption de l'oxyhémoglobine ont été reproduits gra- phiquement dans la planche suivante, empruntée à Rollett (fig. 61). Les deux bandes d'absorption caractéristiques de l'oxyhémoglobine disparaissent elles-mêmes pour une dilution suffisante. On admet généralement que celle de gauche persiste la dernière. On la désigne par la lettre a et l'autre par p. Le centre de a corres- pond environ à X = 576 ;xa, le centre de ^ à X = 537 ;j.;ji. A l'œil, a semble plus foncée que [i, tandis que les mesures photométriques de Hi'FNER démontrent que c'est au centre de [i que se fait l'absorp- tion de lumière la plus considé- rable. A côté de ces bandes d'absorp- tion, qui se trouvent dans la partie visible du spectre, il en est une découverte par Soret (17), de Ge- nève, étudiée ensuite par d'Arson- VAL (18) et plus particulièremenl par Gamgee (19), qu'il est impos- sible de voir à l'œil nu. On peut, en employant une lunette à oculaire fluorescent (verre d'urane pour Soret ou mieux solution d'escu- line, d'après Gamc.ee) rendre direc- tement visible la bande d'absorp- tion de Soret. Mais il est préférable de supprimer la lunette du spec- troscope de BunseiN et de la remplacer par une lentille qui projette le spectre sur un écran fluorescent ou sur une plaque photographique. La bande d'alisorption que Gamgee appelle bande de Soret ou bande y, se trouve entre G et H. Le centre coïncide avec X = 414 [xij.. Les limites en sontassfz nettes, surtout la limite gauche, et elles ne varient pas ou très peu avec la concentration de la solution. Très nette dans une dilution au 1/250 de sang en couche de 1 ce. d'épaisseur, la bande tend à s'étendre depuis G jusque L quand la concentration s'élève à 1/100. Elle est encore perceptible dans une solution au 1/10 000. Gamgee fait remarquer qu'aucune couleur ne donne cette bande d'absorption, qui serait ainsi beaucoup plus caractéristique de l'hémoglobine et de ses dérivés que les bandes a et [3. Les constantes spectrophotométriques de l'oxyhémoglobine ont été déter/ninées par Hi'FNER. C'est à ViERORDT que l'on doit l'application de la spectroscopieà l'analyse quantitative des matières colorantes. Pour les détails de la méthode et des instruments employés, nous renvoyons le lecteur à l'article Spectrophotométrie. ViERORDT démontre qu'il existe un rapport constant entre le coefficient d'extinction i d'une solution (valeur inverse de l'épaisseur exprimée en centimètres de cette solution qui absorbe les 9/10 de la lumière incidente) et sa concentration c. De sorte que l'on a ; ^- = ^ = A. aC B Fig. 61. — Absorption de la lumière du spectre par l'oxyliomoglobine à diftérentes concentrations (Ronlett). Ce rapport A ou rapport d'absorption ayant été déterminé une fois pour toutes, grâce 328 HEMOGLOBINE. à des solutions exaclemeiit titrées, on peut, en connaissant la .valeur de c ou celle de s, en déduire l'autre. Le coefficient d'extinction est habituellement déterminé en deux endroits du spec- tre d'absorption d'une substance colorante. On choisit ces endroits dans les parties du spectre ovi l'absorption est rapidement influencée par les vai^iations de concentration. On obtient ainsi deux valeurs difl'érentes £ et e', auxquelles correspondent deux autres valeurs A et A'. c = tA = iA'. Les coefficients d'extinction de l'hémoglobine oxygénée, réduite et oxycarbonée furent établis très soigneusement par Huf>er et ses élèves (20). Les régions examinées furent : 1° l'espace compris entre les longueurs d'ondes 554 jjia et 565 [1(j. (espace compris H K L M N ta ta û. o 2 n o o o s ■a X g S o (9 o S •s n FiG. 02. — Spectre photographique de l'hémoglobine et de l'oxyhémoglobine (Gamgke dans Schafer's. Text-Book of Physiologtj.). entre deux bandes d'absorption) ; 2° la région de la 2<= bande (fi) entre 531 .5 (j-jj. et 542.5 [Ji[i.. L'appareil employé est un spectrophotomètre spécial très perfectionné. HuFNER trouva pour les constantes photométriques de l'oxyhémoglobine les valeurs suivantes : A„ A'„ 1,578 0,0U207 0,001312 3 ' HiJFiNER détermina la valeur du rapport entre -^ et lui trouva, pourl'oxyhémoglobine cristallisée de bœuf, la valeur moyenne 1.578. Pour le sang de bœuf frais dilué, la valeur trouvée fut 1.581 et, pour le sang de lapin, 1.579. Les valeurs de — déterminées antérieurement par Hufner et ses élèves étaient plus faibles. Il en est de même des chiffres obtenus par Lambling. Or un rapport de ce genre indépendant de la concentration est absolument propre à toute substance colorante. Eu le connaissant, on possède un excellent moyen de s'assurer de la pureté de la substance g' qui est en solution. Dès que l'oxyhémoglobine se réduit ou s'altère, la valeur — ^ se HÉMOGLOBINE. 32l> modifie. Si donc celte valeur est identique pour le sang dilué et pour l'hémoglobine cristallisée, on peut en conclure rigoureusement que celte dernière n'a pas été altérée pe-Seyler, Gschleiden, Jaquet). D'après Hopi'E-Seyler, le phosphore n'appartiendrait pas à la inolécule d'hémoglobine, mais proviendrait du mélange d'une petite quantité de nucléine. Inoko (21), en soumet- ?tant à l'hydrolyse par l'acide sulfurique de l'hémoglobine cristallisée d'oie, put établir la présence d'adénine parmi les produits de décomposition. Et, comme l'adénine n'est pas un constituant des albuminoïdes, mais des acides nucléiques (Kossel), sa présence parmi les produits de décomposition de l'hémoglobine d'oie confirme pleinement l'hypo- thèse de Hoppe-Seyler. Inoko, ayant fait cristalliser de l'hémoglobine de cheval dans une solution faible d'acide nucléique (extrait du thymus de veau), obtint des cristaux conte- nant également du phosphore. 11 croit pouvoir en conclure que l'acide nucléique peut former avec l'hémoglobine des combinaisons cristallisées et que l'hémoglobine naturelle des oiseaux (et probablement des vertébrés dont les hématies sont nucléées) serait une combinaison de ce genre. Mais il est bon de se rappeler que les cristaux des substances albuminoïdes possè- dent à un degré très marqué la propriété, déjà attribuée par Lehmann (22) aux cristaux de diverses substances organiques, de s'imbiber comme des éponges des substances diverses (matières colorantes, sels, etc.) dissoutes dans les eaux-mères. L'affinité de contact des cristaux d'ovalbumine pour toutes les matières colorantes est telle que, si la quan- tité ajoutée de celle-ci n'est pas trop considérable, elles sont absorbées en totalité par les cristaux avec décoloration du milieu ambiant (Wichmann) (22). Or cette affinité si vive pour les couleurs s'exercera probablement avec plus d'intensité encore vis-à-vis de l'acide nucléique, et, dès lors, il devient très difficile de se prononcer sur la nature phy- sique ou chimique de cette ui ion entre l'hémoglobine et la nucléine ou l'acide nucléique. Les analyses élémentaires d'oxyhémoglobine cristallisée sont très nombreuses. Les premières sont dues à C. Schmidt et Hoppe-Seyler. Dans le tableau suivant sont réunies les valeurs établies par ces auteurs, ainsi que d'autres plus récentes fournies par différents physiologistes (voir page 330). Si l'on compare entre elles les compositions centésimales établies par les différents auteurs, on constate des écarts considérables pour l'hémoglobine des différents ani- maux, ce qui tendrail à faire croire que l'hémoglobine diffère dans sa composition chi- mique d'une espèce animale à l'autre. Mais pour l'hémoglobine du même animal exis- tent aussi, d'un auteur à l'autre, des différences tout aussi notables, de sorte qu'il serait imprudent délirer une conclusion quelconque de ce tableau. Ces divergences dans les résultats dépendent en partie de la difficulté de prépara- tion de cristaux suffisamment purs, non altérés pendant les opérations mêmes de purifi- cation, en partie de ce que les résultats furent obtenus par l'emploi des méthodes différentes de destruction de la matière organique (dosages de l'azote, du fer, du soufre). Les propriétés chimiques de l'hémoglobine, les plus remarquables au point de vue {biologique, consistent dans son affinité pour différents gaz. Dissociation de VoxyhémodiobiHc. — Dans le sang de l'animal sain, l'hémoglobini- existe dans deux (ou peut-être trois) formes dont l'une est la combinaison oxygénée, l'oxyhémoglobine. L'oxyhémoglobine est très peu stable. Comme Stokes l'établit le premier, elle se transforme sous l'action d'agents réducteurs (solutions de Stores) en une matière colorante nouvelle, qu'il appela cruorine pourpre, par opposition à la cruorine écarlate. Les solutions réductrices de Stores étaient des solutions d'acide lartrique ou de tartrates alcalins, additionnées soit de sulfate ferreux, soit de chlorure slanneux, et légèrement alcalinisées par l'ammoniaque. Ces solutions réduisent rapide- ment à froid l'oxyhémoglobine. Mais la solution ferrique a l'inconvénient d'être colorée. Une autre substance réductrice, très usitée depuis Stores pour produire la même réduc- 330 HEMOGLOBINE. tioii, c'est le sulfui-e ammonique frais el dilué. Le sulfure de sodium ne convient pas, parce qu'il transforme l'oxyliémoglobine en sulfométhémoglobine (Gamgee). RoLLETT a produit la réduction des solutions d'oxyhémoglobine en les agitant avec de la limaille de fer, à laquelle Ludwig et A. Schmidt ont substitué avec avantage le fer réduit par l'hydrogène. Depuis, d'autres réducteurs ont été proposés : l'amalgame de sodium (Hoppe-Seyler), l'hydrosulflte de soude pur (Schutzenberger, Lambling, Sieg- iried), les sels d'hydrazine (Curtius), ou mieux l'hydrate d'hydrazine (Hïifner). EAU de CRIST.\.LLISATION. i-i c o -a o o Q r-i K O s; < Pi o y. 02 z. -H C >-| y, o Chien ( 3,4 » o3,8o 7.32 16.17 0,43 0..39 21,84 Hoppe-Skylf.r. 11,39 » .54,37 7,22 16,38 0,568 0,3.36 20,93 Jaquet. ») » 54,15 7,18 16,33 0,67 0,43 21.24 G. Schmidt. 5 » 54,87 6,97 17,31 0,63 0.47 19,73 KOSSEL. » )> 54,76 7,03 17,28 0,67 0,45 19,81 Otto. » » 51,15 6.76 17,94 0,39 0,335 23,43 ZiNOFFSKY. Cheval » » 54,40 7,07 17,40 0,66 0,45 19.74 BUCHELER. )) » 54,56 7,15 17,33 0,43 » » SCHULZ. )) » 54,81 7,01 17,06 0.6 0,468 19,86 Nencki. » )) 54,4 7,25 17,51 0,449 0.393 19,85 JUTT. Bœuf . . 9,52 9,98 » 54,66 h 7,25 17,70 » 0.447 0,40 0,336 19,54 HÛFNER. Cochon » » 54.17 7,38 16,23 0,66 0,43 21,16 Otto. 8,04 » 54.71 7,38 17.43 0.479 0,399 19.60 HUF.NER. Poule 9,33 0,197 52,47 7,19 16,45 0,857 0,335 22,5 Jaquet. Oie ... 9,4 0,77 54,26 7,10 16,21 16.78 0,54 0,58 0 43 20,69 20,68 Hoppf-Seyi fr Cobaye 7 » 54,12 7,36 0.48 Écureuil 9,4 » 54.09 7,39 16,09 0,40 0,59 21,44 On peut aussi recourir aux agents de la putréfaction à l'abri de l'air, qui réduisent l'oxyliémoglobine sans détruire ultérieurement l'hémoglobine réduite. Enfin, si l'on place à la base des doigts des liens en caoutchouc empêchant la circula- lion de retour, et si l'on examine au spectroscope la lumière solaire passant entre les deux derniers doigts au contact (Vierordt) ou au travers de la surface sous-unguéale du pouce (HÉNOCQUE) (2.3), on^constate une transformation plus ou moins rapide du spectre de l'osyhémoglobine en celui de l'hémoglobine réduite. Mais l'action du vide seul est suffisante pour opérer cette réduction. Seulement, (juand on opère sur des solutions d'oxyhémoglobine cristallisée, on n'obtient par l'action du vide qu'une partie de l'oxygène, mélangé à des quantités plus ou moins fortes d'an- hydride carbonique, çn même temps que l'oxyhémoglobine se transforme partielle- ment en méthémoglobine (Hoppe-Sevler, HOfner). Le sang dilué et oxygéné au con- traire abandonne dans le vide barométrique tout l'oxygène combiné à l'hémoglobine, à condition d'opérer à une température suffisante (37"). A 0", le vide complet ne produi- rait, d'après Hoppe-Sevler, aucune dissociation de l'oxyliémoglobine, et il en serait de même d'une atmosphère d'hydrogène .(Siegfried) (.32). En réalité, la proposition ainsi énoncée est trop absolue. Ainsi que Donders l'a constaté depuis longtemps, la dissociation de l'oxyhémoglobine n'est pas arrêtée complètement à la température de 0°. Elle est seulement très fortement diminuée et ralentie; et Donders a démontré qu'à 1° elle était plus de 100 fois plus lente qu'à 37°. Hoppe-Seyler a montré que les cristaux d'oxyhémoglobine humides abandonnent également dans le vide une partie de leur oxygène (0,5 centimètre cube par gramme d'hémoglobine) quantité moindre que la solution, et qu'il en est de même, mais à un degré plus faible encore, des cristaux complètement secs (0,4 centimètres cubes par gramme). HEMOGLOBINE. 331 La quantité d'oxygène fixée par un gramme d'hémoglobine dissoute a élé déterminée à différentes reprises. Pour établir ce chiffre, on s'adressa aux méthodes qui avaient précédemment servi à la détermination de l'oxygène fixe' dans le sang lui-même. Magnus avait recouru h l'action du vide, méthode perfectionnée par l'emploi du vide barométrique (Ludwk;), encore employée actuellement. Claude Bek.xard, qui avait, indé- pendammentdeHoppE-SEYLERetconcurremmentavec lui, observé la propriété que possède l'oxyde de carbone de se substituera l'oxygène du sang, avait basé sur elle une méthode d'analyse de l'oxygène du sang. Il déterminait le volume d'oxygène, chassé du sang par un excès d'oxyde de carbone. Enfin Schûtzenberger et Lambling eurent recours à l'action réductrice de l'hy- drosulfite de sodium. Lambling (24) laisse couler, dans un appareil spécial rempli d'une atmosphère d'hydro- gène, la quantité d'une solution d'hydrosuUite de soude, qui réduit complètement une solution d'indigo-carmin additionnée de kaolin pour la rendre opaque. Quand la réduc- tion est complète, il ajoute une quantité donnée de sang ou d'hémoglobine, et mesure combien il faut d'hydrosulflte pour décolorer à nouveau l'indigo que le sang avait bleui. La solution d'iiydrosulfite est titrée au moyen d'une solution d'indigo-carmin de titre connu. Ce procédé donne des quantités d'oxygène plus fortes que les autres. Tandis que, parle vide barométrique, Lambling retire d'un gramme d'hémoglobine 1.44 centimètre cube d'oxygène, le dosage par l'hydrosulfite en fournit 1.98. D'après Lambling , ce serait ce dernier chifi're qui correspondrait le mieux à la réalité. Siegfried (25) recourut également à l'hydrosulfite pour déterminer la quantité d'oxy^ gène combinée à l'hémoglobine. Au lieu de prendre pour indicateur l'indigo-carmin, Siegfried arrête l'adjonction d'hydrosulfite quand la solution d'hémoglobine donne le spectre pur de l'hémoglobine réduite. Dans ces conditions, il pouvait exister, d'après ses recherches, tout au plus 0,5 p. 100 d'oxyhémoglobine dans les solutions qu'il exami nait. Or ces solutions à spectre d'hémoglobine réduite pur avaient cédé à l'hydrosul- fite des quantités d'oxygène beaucoup plus faibles qu'au vide. Elles bleuissaient une solution d'indigo-carmin réduite. Ces résultats sont de nature à mettre en garde contre la méthode de réduction directe de l'hémoglobine par l'hydrosulfite de soude, puisque, d'après la nature de l'in- dicateur employé, les valeurs seront plus ou moins fortes que celles déterminées par le vide barométrique. Siegfried observa de plus que des solutions d'oxyhémoglobine dans lesquelle on laissait barboter un courant d'hydrogène ju'squ'à disparition com- I)lète des raies d'absorption de l'oxyhémoglobine abandonnaient encore de l'oxygène au vide. Si au contraire le courant d'hydrogène continue encore à passer pendant quelques heures dans la solution après la disparition des raies de l'oxyhémoglobine, celle-ci ne cède plus d'oxygène au vide barométrique. Ces résultats ne s'expliquent, d'après Siegfried, qu'en admettant que l'oxyhémoglobine se réduit en deux fois : le premier terme de la réduction, intermédiaire entre l'oxyhémoglobine et l'hémoglobine réduite, ayant avec la seconde un spectre d'absorption commun, différant d'elle par la combi- naison avec une certaine quantité d'oxygène labile qu'il cède au vide. Ce terme inter- médiaire, appelé pseudohémoglobine, existerait également, dans l'organisme vivant, pour le sang asphyxique ou veineux. Il en sera reparlé plus loin. Opérant sur des solutions d'hémoglobine pure de chien, Hoppe-Seyler put extraire par le vide barométrique des volumes d'oxygène (réduits à 0° et 760 mm.) variant entre 78.93 et 168.4 centimètres cubes par 100 grammes d'hémoglobine. Pour l'hémoglobine de cheval, Strassburg trouva des chiffres variant entre .59 et 110 centimètres cubes. Preyer détermina au contraire les quantités d'oxygène pur absorbées par des solu- tions d'hémoglobine privées d'oxygène, et il arriva aux valeurs 161.8 à 180.26 centi- mètres cubes par 100 grammes. Dybkowsky, élève de Hoppe-Seyler, recourut auprocédéde Claude Bernard. Il mesura la quantité d'oxygène abandonnée par une solution d'oxyhémoglobine à une atmo- sphère d'oxyde de carbone. Dans un essai, il trouva pour 100 grammes d'hémoglobine 119 centimètres cubes d'oxygène, dans un autre 155 centimètres cubes. 1^32 HEMOGLOBINE. Enfin HuFNER, auquel on doit les rôch^irches les pins complètes sur ce sujet, com- bina à l'action de l'oxyde de carbone celle du vide. Ses premiers chiffres furent 1.21 cenliinètres cubes par gramme d'hémoglobine de chien. Mais il constata qu'au cours de la détermination il peut y avoir perte d'une partie de l'oxygène par suite d'oxy- dations qui se produisent dans la solution. Pour obvier à cet inconvénient, Hûfner lit déterminer par un de ses élèves, Marshall, la capacité de l'hémoglobine réduite, non plus pour l'oxygène, mais pour l'oxyde de carbone. Claude Bernard (1857) (26), et en même temps que lui et indépendamment Lothar Meyer (18;)8) (27), avaient établi que l'oxygène et l'oxyde de carbone sont absorbés à volume égal par le sang privé de ses gaz dans le vide. C'est-à-dire que ces deux gaz se remplacent en proportion moléculaire dans leur combinaison avec l'hémoglobine, loi confirmée par les recherches de Hoppe-Seyler et celles plus récentes de Saint-Martin. Dans les expériences de Marshall (28), l'oxyde de carbone était expulsé de sa com- binaison avec l'hémoglobine par l'oxyde azotique. Marshall trouve la capacité égale h 1,205 centimètres cubes par gramme d'hémoglobine de chien. Mais cette méthode, reprise par IKfxer lui-même, n'était pas encore parfaite. La solution d'hémoglobine obtenue au moyen de cristaux imprégnés d'alcool, abandonnait, en même temps que son oxyde de carbone, des vapeurs éthylicfues. Et, comme le dosage de l'oxyde de carbone se faisait par combustion (dans l'eudiomètre), la présence de ces vapeurs alté- rait singulièrement les chiffres. Ayant repris ces déterminations avec une solution d'hémoglobine débarrassée de son alcool par une dialyse prolongée, Hi k.ner obtint les chiffres 1,2.j et 1,27 pour l'hémoglobine de bœuf, et le sang dilué de cet animal fournit une valeur analogue : 1,26, 1,:U), 1,27. En déterminant d'autre part directement la quan- tité d'oxyde de carbone absorbée par une solution d'hémoglobine réduite non altérée, HûFNER arrive à une valeur moyenne de 1,3.38 centimètres cubes par gramme d'hémo- globine (29). Ce dernier chiffre, qui a été admis comme définitif par HCfner, n'a cepen- dant pas l'assentiment unanime. D'après Haldane (78), il est légèrement trop fort. Dernièrement, de Sai.nt-Martlx (30) concluait, de recherches très soigneuses faites sur le sang de l'homme malade et du chien, dans le même sens que Haldank. Les recherches faites sur le sang de l'homme fournissent des résultats assez inconstants (1,34 à 1,18), dont la moyenne équivaut à 1,26 centimètres cubes de gaz par gramme d'hémoglobine : celles sur le chien, plus régulières (l,3o à 1,22), donnent une moyenne de i,31 centi- mètres cubes par gramme d'hémoglobine. D'après de Salxt-Martin, la valeur admise par Hufner serait un maximum qui ne se rencontrerait que pour l'hémoglobine des animaux vigoureux. Dans l'état de maladie, la capacité de l'hémoglobine pour les gaz serait diminuée. BoHR admet l'existence de plusieurs hémoglobines pouvant coexister dans le sang d'un même animal et possédant chacune un pouvoir distinct d'absorption pour les gaz. A la suite des réserves de Haldane et de Saint-Martin, Hufner a fait par la méthode de Haldane (action du ferri-cyanure de potassium sur l'hémoglobine oxycarbonée) une nouvelle série de déterminations sur du sang de bœuf. 11 confirme son ancien résultat : l'^'=,34 par gramme d'hémoglobine. Un point très intéressant en physiologie, c'est la nature de l'union entre l'oxygène et l'hémoglobine et la connaissance des conditions de température et de pression qui la déterminent. Déjà Magnus avait constaté que le sang ne commençait à noircir, à abandonner son oxygène sous la cloche de la machine pneumatique, qu'aux environs de 10 centimètres de mercure. Il existait également une série de recherches de Holmgren (1853) sur le même point et de Worm-Muller (1870) qui avait utilisé des solutions d'oxyhémoglobine. A 12», l'oxyhémoglobine se dissociait quand la tension d'oxygène tombait au-dessous de 20 millimètres de mercure, résultat en complet accord avec celui de Magnus. Paul Bert (31) fut le premier qui fit des recherches systématiques sur ce point. 11 trouva que, brusquement, aux environs de 10 à 15 centimètres de mercure (à la tempé- rature ordinaire), la teneur en oxygène du sang du chien faiblit fortement. Au con- traire, pour des pressions de plus en plus élevées, jusqu'à 18 atmosphères, les quantités d'oxygène absorbées croissent progressivement, comme le veut la loi de Henry. De plus, Paul Bert montra que la température influence nettement le phénomène de dissociation, HEMOGLOBINE. 333 dont la limite est d'autant plus élevée que la température se rapproche davantage de celle de l'organisme vivant. Frânkel et Gefpert (32) purent démontrer ultérieurement que du sang de chien, chauffé à la température du corps, abandonne déjà des quantités notables d'oxygène, dès que la pression d'air tombe au-dessous de 280 millimètres de mercure. En 1882, HiJi'NER (33) reprit la question et fit de nombreuses déterminations à la température de 35°. Encore une fois, la limite de la dissociation pour l'hémoglobine cristallisée des chiens fut trouvée correspondre à une tension d'oxygène de 20 à 25 mil- limètres de mercure. Sous cette pression, la quantité d'oxygène absorbée par les solu- tions diminue brusquement, tandis qu'au-dessus l'augmentation est régulière, très faible et proportionnelle à la tension de ce gaz dans l'atmosphère en contact avec la solution. En 1888, HûPiNer revint sur la question; il détermina de façon plus précise la limite à laquelle du sang de chien chauffé à 34''-35'> commence à se dissocier. Cette limite était atteinte pour une pression d'oxygène de 62-63 millimètres de mercure, correspon- dant à une pression atmosphérique d'environ 300 millimètres. Et des solutions d'hémo- globine cristallisée de bœuf se comportèrent de même. Dans tous les travaux cités jusqu'ici, l'oxyhémoglobine fut considérée comme une substance instable, dissociée plus ou moins complètement dans des solutions oii la tension d'oxygène tombe en dessous d'une certaine limite, mais absolument stable à partir de cette pression, ne subissant plus aucune modification pour des pressions supérieures. Cette notion, peu en accord avec nos idées actuelles sur les équilibres chimiques, était probablement fausse. En 1890, Hufner (34), se plaçant à ce point de vue nouveau, soumit cette question, déjà si travaillée, à deux séries de nombreuses et très soigneuses investigations, dont il tira des conclusions intéressantes. De ses expé- riences de 1890, Hi'FNER formula les résultats suivants : 1° La dissociation de l'oxyhémoglobine du bœuf se fait absolument dans les mêmes conditions, que l'on opère sur des solutions légèrement alcalines (solutions à 0,1 p. 100 de carbonate de soude) préparées au moyen de cristaux ou sur des solutions obtenues par dissolution de globules rouges ; 2° Si l'on étudie les rapports numériques qui existent entre la tension d'oxygène dans les solutions et leur teneur en oxyhémoglobine, on arrive à les exprimer par une loi simple, qui est du type de celles qui s'appliquent aux dissociations des gaz où à celles des substances dissoutes. Co ^ C.po ~ 3° Pour une même tension d'oxygène, la dissociation est d'autant plus forte que la solution d'hémoglobine est plus diluée. Et, si l'on représente par y le rapport y entre la quantité d'hémoglobine réduite et l'hémoglobine totale, on constate que cette valeur est inversement proportionnelle à la racine carrée de la concentration. Constante On sait que, d'après la formule générale de Guldberg et Waage, on peut représenter comme suit l'équilibre qui s'établit entre les molécules d'un corps gazeux qui se dissocie et les produits gazeux de sa dissociation : formule de dynamique chimique qui correspond à l'équation de réaction : ?( A = /(l Al + 7J2 Ao -I- dans lesquelles n, ni, uz représentent respectivement le nombre de molécules de la substance A et de ses produits de dissociation Ai, A^ et p,piiPi les pressions partielles 00-4 HEMOGLOBINE. de ces gaz au moment de l'équilibre. K est la constante de dissociation. Pour prendre des exemples concrets, la formule sera pour N2 0i = 2N02 ou Pli Cl^ = Ph CI3 + Cl^ eiKp^ = pi-p2 pour2C02 = 2CO + Oo Or HOfiner crut pouvoir établir pour la dissociation de l'oxyliémoglobine la formule suivante CrP^ dans laquelle Co représente la concentration (exprimée en grammes) de 1' oxyhémoglo- bine, c,. celle de l'hémoglobine réduite, po la tension de l'oxygène dans le liquide et ■/. une constante pour une concentration déterminée d'hémoglobine. Si, au lieu d'intro- duire comme élément du calcul la valeur (expérimentale) de la tension de l'oxygène, on préfère exprimer le poids d'oxygène dissous, la formule devient Co X 160 dans laquelle at est le coefficient d'absorption de l'oxygène dans la solution. La première de ces deux formules peut encore s'écrire sous la forme suivante, dans laquelle C représente la somme des fractions d'oxyhémoglobine et d'hémoglobine réduite. C - c,. D'où C 1 -f y.p" Il est clair, d'après cette formule, que, si grande que devienne la tension de l'oxy- gène, la quantité d'hémoglobine réduite, quoique tendant vers zéro, ne pourra jamais devenir complètement nulle . De sorte que les solutions d'oxyhémoglobine saturées d'air atmosphérique sont loin d'être, comme on le supposait jadis, des solutions pures. D'après les dernières recherches de HCfmer, elles contiendraient seulement 95 p. 100 d'oxyhémoglobine. La valeur de /., déterminée à 35° pour des solutions d'hémoglobine d'une concen- tration approximativement égale à celle du sang (14 p. 100), fut d'abord (1890) fixée par HiJFNER à 0,41b. La courbe de dissociation, construite d'après cette valeur, était en accord avec des résultats précédents de HCfner, dans lesquelles cet auteur avait simplement déterminé la limite de pression d'oxygène, à laquelle du sang défibriné de chien et de bœuf commence à abandonner des quantités mesurables d'oxygène. Cette limite avait été placée alors à 60-70 millimètres environ. Mais elle était moins en accord avec certains faits observés sur l'animal vivant. Ainsi, dans des expériences de Paul |{ert, des chiens, qui avaient respiré pendant trois quarts d'heure dans une atmosphère d'air à 360 millimètres, ne possédaient plus dans leur sang que 57 p. 100 de la quantité normale d'oxygène. Et, dans des recherches similaires de Frankel et Geppert, la perte avait été de 34,4 p. 100 pour une pression atmosphérique de 378-365 millimitres. Or, d'après la courbe de dissociation de HCf.ner, l'oxyhémoglobine est à peine plus dissociée à ces pressions qu'à la pression atmosphérique ordinaire. Pour expliquer ce désaccord, Hufner supposa que, par ces pressions d'oxygène faibles, la vitesse d'absorption de ce gaz est notablement diminuée dans les poumons et devient insuffisante. Ultérieurement, Loewt a attiré l'attention sur une autre difficulté. On admet générale- ment que le sang veineux du chien contient environ 40 p. 100 d'hémoglobine réduite pour 00 p. 100 d'oxyhémoglobine, degré avancé de dissociation qui correspondrait, d'après Hufner, à une tension d'oxygène dans le sang veineux d'environ 4 millimètres. Or des déterminations de Strasburg et Wolfberg fixent à 25 millimètres environ la tension d'oxygène du sang veineux, ce qui, d'après les tables de Hufner, devrait correspondre à environ 91 p. 100 d'oxyhémoglobine. Lœwy, pour élucider cette contradiction, a déter- jniné à nouveau, pour le sang humain oxalaté, la tension de l'oxygène et les quantités HEMOGLOBINE. 335 de ce gaz dissoutes sous différentes tensions. Les résultats auxquels il arrive difTèreiit sensiblement des chiffres de Hlkner. D'une façon gént^rale, les dissociations qu'il a observées sont beaucoup plus fortes que celles déterminées par Hiiner. Ces résultats ont été étendus dans un travail dont il sera parlé plus loin. Bien que ses expériences de 1901 (36) n'aient pas modifié l'opinion de HCfiNER dans ce qu'elle a d'essentiel, elles l'amènent cependant à atténuer beaucoup, sinon à suppri- mer certaines de ses précédentes conclusions; Et tout d'abord, quoique sa technique se fût perfectionnée, UCf.ner obtint des valeurs de x très différentes d'une expérience à l'autre, bien qu'il opérât dans des limites étroites de température. S'il établit les moyennes de ses résultats obtenus avec du sang laqué de bœuf et de chien, il arrive cependant à un résultat concordant: y. =: 0,1089 pour le chien, ■/. =0,1102 pour le bœuf dans des solutions de teneur moyenne d'environ 13,5 p. 100. Donc y. est très variable d'une expérience à l'autre, malgré la constance de tempé- rature et de concentration, mais la valeur moyenne de /. déduite d'une longue série dessais est beaucoup plus stable. Dans les expériences avec des solutions d'oxyhémo- globine cristallisée, encore plus d'incertitude. Seules les valeurs fournies par des cristaux obtenus sans l'aide d'alcool furent trouvées proches de celles du sang laqué. Enfin Hi'FNER ne trouve plus de relation constante entre le degré de dissociation et la concentration de la solution. En résumé donc, des trois conclusions de 1890, il n'en reste plus qu'une seule, et encore la valeur de /. n'est constante, comme le veut la théorie, que pour autant qu'elle soit établie comme moyenne de nombreux essais. HïK.NER montre dans ses nouvelles recherches les difficultés innombrables de ces mesures. Ainsi le coefficient d'absorption des solutions d'hémoglobine pour l'oxygène, qu'habituellement on suppose égal à celui de l'eau, se montre tellement variable qu'il faut pour ainsi dire renoncera le déterminer. Or il constitue un des éléments du calcul. Plus récemment Zuntz et Loewy (37) ont établi qu'il n'est pas indifférent d'employer du sang laqué (comme le fait HCfner) ou du sang à globules intacts. Pour une même teneur en hémoglobine, l'émulsiou globulaire présente un coefficient /. plus faible que le sang laqué (en solution alcaline), c'est-à-dire que la dissociation de l'oxyhémoglobine est plus forte dans l'émulsion. Ils confirment l'influence de la cristallisation de l'oxyhé- moglobine sur la valeur de /.. Après cristallisation, l'hémoglobine retient plus éner- giquenient l'oxygène. La grande difficulté de ces déterminations, leur variabilité due à l'intervention de nombreux facteurs, expliquent facilement pourquoi l'accord n'est pas encore établi entre les physiologistes qui se sont occupés de ces questions. Quoique les idées de Huf.xer soient généralement admises, ce serait prendre une décision prématurée que de considérer son opinion comme établie. D'ailleurs, l'opposi- tion qui lui est faite par plusieurs chercheurs très spécialisés dans ces questions ne porte pas sur le fond du problème. On admet aujourd'hui unanimement avec Hufner que la combinaison de l'oxygène avec l'hémoglobine réduite fournit un produit instable à la température du corps, plus ou moins dissocié déjà dans l'air atmosphérique. Mais on lui a reproché de considérer la réaction d'une façon trop simpliste, trop schématique, de négliger trop le point de vue expérimental, et de s'en tenir à tel mode de dissociation plutôt qu'à tel autre, sans aucune raison de fait. La principale opposition aux idées de Hi F.NER vient du physiologiste danois Bohh (38). D'après Bohr, la formule de Ht fner, qui exprime la dissociation de l'oxyhémoglobine, dérive entièrement d'une conception théorique du phénomène et ne correspond pas aux faits. Et, si même on accordait l'exactitude de la formule, il y aurait encore lieu, suivant HoHR, de faire aux déductions qu'en a tirées son auteur plusieurs objections, dont voici les plus importantes : Soit la formule de Hïfner ; , /'„ a, '■'-''■'■' -m (') 1° Dans cette conception du phénomène, la dissociation doit être indépendante de la concenlratidn, pourvu (jiie la tension de l'oxygène reste constante. Or, dans le mémoiie 336 HEMOGLOBINE. qui établissait cette formule, HCfner faisait jouer un rôle important à la concentration de l'he'moglobine ; 2° Dans son mémoire de 1901, HCfner abandonne cette façon de voir, mais il semble perdre de vue que, si la dilution ne joue aucun rôle tant que la tension d'oxygène reste constante, elle doit, toujours d'après sa formule, agir très efficacement, quand elle est faite avec de l'eau privée de gaz. Or, au cours de ses manipulations, Hûfner fait subir à la solution d'bémoglobine une dilution suffisante pour permettre l'examen spectro- photométrique, sans tenir compte de la dissociation qui doit en résulter. Cette négligence entache les derniers résultats (1901) de HûfiNer d'une erreur qui sera d'autant plus grande que la dilution aura été plus forte; 3° La formule précédente suppose implicitement que la combinaison de l'hémoglo- bine avec l'oxygène se fait molécule à molécule. Cette supposition est une pure hypo- thèse. Tout ce que l'on sait à ce sujet, c'est qu'il y a une molécule d'oxygène fixée par atome de fer contenu dans la molécule d'hémoglobine. La molécule d'hémoglobine fixera donc autant de molécules d'oxygène qu'elle contient elle-même d'atomes de fer. Si elle en contenait deux, la formule deviendrait, d'après la loi de Guldberg et Waage, '.='-. (^)' (^' D'après Bohr, cette seconde formule ne s'adapte pas mieux aux chiffres trouvés directement par l'expérience, que la première. Au contraire, Victor He.nri (39), qui a récemment repris et développé les trois objec- tions précédentes, trouve plus de constance pour la valeur de Ai calculée d'après la for- mule (2) que pour k, en prenant les données de HCfner comme base des calculs. Il semble bien que les objections de Boor soient fondées, et on ne peut qu'approuver cet auteur, quand il dit qu'au lieu de déduire la valeur de k de quelques déterminations faites avec des concentrations et des pressions sensiblement constantes, puis de déduire de la valeur de k la forme de la courbe de dissociation, il faut suivre la méthode inverse : déterminer directement par l'expérience les quantités d'oxygène fixées aux différentes pressions, dessiner la courbe et en donner ensuite la formule. On pourrait dire, en accentuant les conclusions de Bohr, que, si l'on veut obtenir des valeurs directement applicables à la physiologie humaine, il faut étudier la fixation de l'o-xygène par le sang lui-même et non par des solutions d'hémoglobine plus ou moins artificielles. C'est ce qu'ont fait Zuntz et Loewy. Le tableau ci-joint, emprunté au travail de Loewy (40), montre l'écart entre la courbe obtenue par eux et celle de différents auteurs. Les résultats de Zuntz et Loewy se super- posent pour ainsi dire complètement aux anciennes déterminations de Paul Bert. Elles s'écartent notablement de celles de Hufner (fig. 63, p. 337). Une des causes de la forte divergence entre les résultats de Zuntz et Loewy et ceux de HCfner, c'est, ainsi qu'il a été dit, la dissociation plus forte de l'oxyhémoglobine dans les émulsions globulaires que dans le sang laqué. C'est ce qu'ont montré les expériences de contrôle de Zuntz et Loewy, dans lesquelles les hématies furent dissoutes dans une solution de carbonate de soude. Dans les mêmes conditions, Bohr obtint aussi une dis- sociation plus forte pour les émulsions globulaires. Mais le résultat est inverse, si les solutions d'hémoglobine, au lieu d'être alcalines, sont purement aqueuses : les solutions d'oxyhémoglobine en milieu neutre sont plus dissociées que les émulsions globulaires correspondantes (Bohr) (41). Cette dernière remarque suffit pour montrer combien sont importantes les conditions expérimentales au point de vue de la valeur de k. Une autre cause de la plus forte dissociation de l'oxyhémoglobine dans les émulsions globulaires, c'est, d'après Bohr, la concentration de l'hémoglobine. D'après Bohr, la dissociation est plus forte dans les solutions concentrées que dans les solutions diluées à égalité de ten- sion d'oxygène. Or, à l'intérieur des hématies, la concentration de l'hémoglobine atteint 30 à 45 pour 100, Si l'on tient pour exacts les résultats de P. Bert et ceux de Loewy et Zuntz, la dis- cordance entre les données analytiques et les expériences faites sur l'animal (vivant en air raréfié) disparaît totalement. Et c'est bien à une dissociation trop forte de l'oxyhé- moglobine du sang, et non à une insuffisance de diffusion des gaz dans le poumon, que HEMOGLOBINE. 337 sont (lus les accidents respiratoires causés par les pressions atmosphériques faibles (ZuNTz et Loewy). Parmi les facteurs secondaires qui peuvent influencer le degré de dissociation de l'oxyhémoglobine, il y a lieu de faire une place importante à l'acide carbonique. D'après des recherciies récentes de Bohr, Hasselbach etKaoGH (42), l'acide carbonique augmente très sensiblement la dissociation de l'oxyhémoglobine quand U tension de l'oxygène est- peu élevée; son action diminue rapidement avec l'augmentation de la tension de l'oxy- gène pour devenir pratiquement négligeable à la pression atmosphérique. Inversement J'oxygène influence très peu la combinaison de l'acide carbonique avec l'hémoglobine, 0 Dnick in non Ha- 63.99 S6.SS ^9.77 't2.66 3S.55 28M 27.33 n2? Tnm.Kg7.1l 100% 20X Sâtbgwia FiG. 63. — Influence de la tension d'oxygène sur la dissociation de l'oxyliémoglobine, d'après les données de dirtérents auteurs (Loewy). ce que Bohr explique en admettant que l'union de l'acide carbonique avec le pigment sanguin se fait par l'intermédiaire du noyau protéique (globine) et non par le noyau chromogène. Il se peut que l'action dissociante qu'exerce l'acide carbonique aux basses tensions d'oxygène ait une signification biologique considérable. On conçoit qu'elle puisse faciliter normalement les échanges gazeux dans les capillaires. Elle peut expli- quer en partie l'action favorable qu'exerce l'acide carbonique sur la respiration dans des atmosphères pauvres en oxygène. Bohr ne s'est pas borné à critiquer les idées de Huf- NER sur la combinaison de l'hémoglobine avec l'oxygène; il a aussi émis des opinions très nettes sur plusieurs points de cette question (43). Bohr suppose que, dans le sang d'un même animal, du chien par exemple, il existe différentes hémoglobines, qu'il désigne sous le nom d'hémoglobines a, [3, y, o. L'hémoglobine y correspond, dans ses propriétés principales, à l'hémoglobine unique étudiée jusqu'ici. Au point de vue plus spécial de sa combinaison avec l'oxygène, Bohh admet, comme Hufner, que la dissociation de l'oxyhémoglobine y est soumise à la loi des équilibres chimiques. Si l'on sèche rapidement dans un courant d'air des cristaux d'oxyhémoglobine y, on obtient une poudre cristalline qui, redissoute dans l'eau, présente de nouvelles DICT. DE PHYSIOLOGIE. TOME VIII. 338 HEMOGLOBINE. propriétés optiques et chimiques (hémoglobine [i). Les bandes d'absorption du spectre de l'hémoglobine {i sont les mêmes que pour la substance a, mais le coefficient d'absorption pour la lumière est différent, comme aussi la quantité d'oxygène fixée sur- un gramme de substance. Vne solution d'hémoglobine [î privée de ses gaz dans le vide barométrique, agitée à l'air et soumise de nouveau à l'action du vide, lui abandonne cette fois-ci une quan- tité notablement moindre d'oxygène. C'est l'hémoglobine a. Enfin l'hémoglobine ose caractériserait par sa grande capacité pour l'oxygène. Elle en fixerait par gramme 2"'', 45 à 2"", 80, alors que l'hémoglobine y en possède ie'",5. On l'obtient quelquefois au lieu de l'hémoglobine ordinaire, dans des conditions expéri- mentales non déterminées. L'objection se présente tout naturellement que les hémoglobines a et p tout au moins, sont des produits altérés. Pour prévenir l'objection, Bohr a fait une série de recherches sur les constantes optiques et chimiques de différents échantillons non des- séchés d'oxyhémoglobine cristallisée provenant de plusieurs chiens. Dans un travail fait sous la direction de Bohr, Haldane et Smith (44) ont déterminé la capacité pour l'oxy- gène des couches supérieure, moyenne et inférieure d'un amas de globules rouges séparés par centrifugalion d'un échantillon de sang de bœuf ou de chien. Ils sont arrivés pour ces différentes couches à des capacités légèrement différentes, sans pouvoir rap- porter ces différences à des variations de taille des hématies dans les couches diverses ou à un changement d'une autre propriété de celles-ci. Ils trouv^^nt que les propriétés optiques et chimiques de ces échantillons varient considérablement. Ainsi la proportion de fer oscille entre 0,32 et 0,46 p. 100, le volume d'o.xygène absorbé par gramme de d",01 à 1",.38, et il existe également des différences fortes dans le coefficient d'absorption lumineuse. Bohr a fait de plus des déterminations de la grandeur moléculaire de l'hémoglobine par la méthode cryoscopique. Mais les valeurs qu'il a obtenues furent calculées, dit-il, grâce à l'introduction d'une constante arbitraire 100, dont il n'explique pas la raison. Ces valeurs sont comprises entre 3 000 et 15 200. Bohr met ces grandes variations en regard de celles qui existent entre les résultats publiés par Ips différents auteurs; il voit en elles des raisons suffisantes pour considérer comme établie l'existence d'un grand nombre d'hémoglobines chez une seule et même espèce animale dont rhémoglobine ordinaire ne serait qu'un mélange. Il y a lieu d'être très prudent dans l'interprétation de ces résultats. Les recherches récentes ont amplement démontré combien grande pouvait être l'influence de facteurs secondaires dans les phénomènes délicats sur lesquels Bohr établit ses différenciations. Il semble bien résulter des dernières recheiches de Bohr, de Zuntz et Loewy, et de HuFNER lui-même, que, tout au moins en ce qui concerne la facilité de dissociation de l'oxyhémoglobine, il existe des diffiM-ences très notables d'une expérience à l'autre. Faut-il en conclure que les différents individus d'une même espèce ont des hémoglo- bines différentes? La conclusion ne s'impose pas jusqu'à présent. Et la diversité fait place à une uniformité satisfaisant', quand on établit des moyennes. D'autre part HCfner a pu établir une conslance beaucoup plus nette pour les autres propriétés de l'hémoglobine, telles que sa capacité de fixation pour les gaz ou ses caractères spectro-photométriques. Il est vrai que, sur ces points, les idées de HOfneii ne sont pas unanimement partagées (Bohr, de Sai\t-Martin). Bornptein et Muller (200) concluent de recherches récentes que l'hémoglobine, telle qu'elle est contenue dans les hématies d'un animal normal, présente des varialious dans sa capacité pour l'oxygène, dans ses propriétés optiques et dans sa teneur en fer, Aro.n et Muller ont observé des varia- tions de la teneur en fer. Un élève de Bohr, Jolin (4b), a constaté beaucoup de similitude dans la fixation de roxygène et de l'acide carbonique pour les hémoglobines de chien et de cobaye, tandis que l'hémoglobine d'oie se différencie des deux premières. Actuellement, il y a lieu de considérer ces questions comme non résolues. Ce sera aux futures recherches aussi à trancher la question de savoir s'il y a lieu de s'en tenir à la formule de dissociation de Hufmer plus ou moins modifiée, ou s'il faut lui préférer la nouvelle formule de Rohr (38), dans laquelle cet auteur fait une part à la dissociation HÉMOGLOBINE. 339 hydrolytique de la molécule d'hémoglobine en deux radicaux : globine et noyau chro- mogène, à côté de la dissociation gazeuse en noyau chromogène oxygéné et noyau chromogène réduit. En raison de l'incertitude qui règne en cette matière, il faut attendre. Le lecteur trouvera les éléments actuels du débat dans les articles originaux. Faut-il mettre sur le compte d'une altération de l'hémoglobine par la solution d'hydrosulfite de soude, la façon assez anormale dont elle se comporte dans les expé- riences de Siegfried, pour qui il existerait une pseudo-hémoglobine, intermédiaire entre les hémoglobines oxygénée et réduite ? Hufner ne se pose même pas cette ques- tion et rejette les résultats de Siegfried pour la raison qu'il est impossible de se rendre compte, à la simple vue du spectre d'une solution d'hémoglobine, jusqu'à quel point elle est réduite. D'après Hasselbach (196), l'éclairage du sang par une lumière très vive peut exercer une influence sur la combinaison de l'hémoglobine avec l'oxygène. Celte influence varie suivant la tension de l'oxygène. Quand cette dernière est élevée (I/o d'atmosphère), l'affinité de l'hémoglobine est diminuée de façon passagère; elle est augmentée de façon plus durable pour des pressions d'oxygène allant de 10 à 40 millimètres; à des pressions inférieures à 10 millimètres, il n'y aurait aucune action. Ces données pourraient expliquer certains effets des bains de lumière très vive. Chaleur de formation de roxyhémoglobine. — D'après des déterminations calorimétriques de Berthelot (46), la fixation d'une quantité d'oxygène, équivalant au poids moléculaire de cet élément (32 grammes) sur l'hémoglobine réduite du sang, dégage 14,77 calories. Récemment Victor Henri (39) a appliqué à cette donnée la formule de Van't Hoff, qui détermine les variations de l'affinité en raison de la tempé- rature, quand la quantité de chaleur dégagée par une réaction est connue. La formule de Vax't Hoff est Ivi Q / 1 1 ^" Ko R \ Ti Ï2 dans laquelle Ki et [{> sont les constantes de dissociation aux températures absolues Ti et T2 : Q est la quantité de chaleur dégagée (exprimée en petites calories) et R une constante. D'après les chiffres de Hûfner et à rencontre de l'opinion de cet auteur, une différence de 2° (33° à 37°) a pour effet de faire varier très sensiblement la valeur de K coefficient de dissociation (de 1 à 1,17). Chez les animaux à sang froid une différence de 20° (de 7° à 27° la fera varier de i h 3,76. On voit, par ces exemples, l'importance considérable que peut avoir la connaissance de cette loi pour l'interprétation de cer- tains phénomènes vitaux, comme aussi pour le rapprochement des déterminations absorptiométriques faites à différentes températures. Comme le fait remarquer Victor Henri, l'application de cette loi nous fournit aussi un moyen de déterminer directement la valeur du coefficient de dissociation par la mesure ^expérimentale) de l'influence quexercent des variations connues de la tempé- rature sur la dissociation d'une solution d'oxyhémoglobine. Grandeur moléculaire. — La recherche de la grandeur moléculaire de l'hémo- globine a beaucoup occupé les physiologistes. Grâce à la facilité de cristallisation de cette substance, on était en droit d'espérer son obtention à l'état de pureté beaucoup plus parfaite que les autres albuminoïdes. De plus l'existence dans la molécule de faibles quantités de deux éléments, le fer et le soufre, permettait de calculer au moyen des seules données de l'analyse centésimale, une grandeur minima, déjà très consi- dérable, de sa molécule. Des déterminations très soignées du fer et du soufre, portant sur de grandes quan- tités de substance, ont été faites dans le laboratoire de Bunge par Zl\offsky et Jaquet. Elles ont donné, en ce qui concerne la quantité de fer, des résultats très concordants el notablement inférieurs aux chiffres anciennement connus. Ces résultats ont été confirmés ultérieurement par Lapicque et Gillardoni 48). Ils sont résumés dans le tableau suivant : Fer Soutro Cheval. . . 0.3351 0.3899 ZiNOFFSKY Chien.. . . 0.336 0..%8 •Taquet Bœuf. . . . 0.330 Jaquet Poulf . . . 0.3353 •0.8580 Jaquet 340 HEMOGLOBINE. Dans l'hémoglobine de cbien, le rapport atomique du fer au soufre serait, d'après ces données de Jaqcet : 56 _ 0.336 X. 32 ~ 0,368 X = 2,96 Et si l'on admet un seul atome de fer dans la molécule de l'hémoylobine, le poids moléculaire total deviendrait 16 669 et la formule elle-même, C H N S Fe 0 758 1203 198 3 218 La grandeur moléculaire de l'hémoglobine de bœuf serait la même, d'après Hcfner. Pour l'hémoglobine de poule, le rapport du fer au soufre étant 56 0,3353 x32 ~ 0,8586 x = 4,485 Il faut donc ici doubler le nombre d'atomes de fer, ce qui produit le rapport Fe _ _^ ~S~ "~ ~9~ et conduit à une grandeur moléculaire double de la précédente. Fc 1 Pour l'hémoglobine de cheval au contraire, le rapport ç- devient _ , et la grandeur moléculaire sensiblement égale à celle de l'hémoglobine de chien. D'après ces résultats, il semble que, d'une espèce animale à l'autre, il existe une constance remarquable de la proportion de fer contenue dans la molécule, tandis que le soufre varie considérablement. Comme on le verra plus loin, on admet que l'hémoglobine est constituée par l'union d'un noyau coloré, l'hémochromogène, à une substance albuminoïde, la globine. Le fer est contenu exclusivement dans le premier de ces fragments, le soufre dans le second. La constance remarquable de la teneur en fer des échantillons d'hémoglobine pro- venant de différents mammifères et d'un oiseau indique que la proportion d'hémo- chromogène (c'est-à-dire du groupe spécifiquement actif de l'hémoglobine) contenue dans la molécule d'hémoglobine des divers animaux est constante. La composition chimique de cet hémochromogène est d'ailleurs constante, quelle que soit son origine. Au contraire, le noyau albuminoïde, s'il est constant dans sa masse, semble différer dans sa qualité d'une espèce animale à l'autre, ainsi que l'indique sa teneur variable en soufre. Un autre moyen purement chimique de calculer la grandeur moléculaire de la molé- cule d'hémoglobine est donné par l'étude quantitative de sa combinaison avec les différents gaz. Si l'on admet la formule de dissociation de Hufner, on est amené à conclure, ainsi qu'il a été dit plus haut, que l'hémoglobine et l'oxygène se combinent molécule à molécules, et il en serait d'ailleurs de même pour l'oxyde de carbone, puisque ces gaz se remplacent en quantité volumétriquement équivalente (Loth.\r Meyer) dans leur combinaison avec l'hémoglobine. Or, pour une grandeur moléculaire (calculée d'après les analyses précédentes) de l'hémoglobine de bœuf, égale à 16 669, la quantité d'oxyde de carbone combinée à un gramme d'hémoglobine serait, d'après Hûfner (8), X 28 1 ~ 16669 X — 0.001679 gr. de CO c'est-à-dire à 0" et 760 millimètres de pression, 1",34; et le chiffre trouvé directement par cet auteur est, comme il a été dit plus haut, = 1",338. HÉMOGLOBINE. 341 En 1905, Reid (199) a procédé à une mesure directe de la pression osmotique de solutions pures de l'hémoglobine du chien. La valeur très constante qu'il observa conduit à une grandeur moléculaire triple de celle de la formule de Jaouet. Hl'fner et Gannser (202) ont repris ces mesures dans des conditions sensiblement analogues à celles du physiologiste anglais. Seulement leurs résultats, très différents des siens, concordent au contraire admirablement avec d'autres données de HCf.ner. Ils permettent d'évaluer à 15 115 la grandeur moléculaire de l'hémoglobine de cheval, à 10 321 celle de bœuf. Si l'on accepte les chiffres de Hifner, on en peut conclure : 1° Que le poids moléculaire moyen de l'hémoglobine des mammifères est compris entre 15 000 et 17 000; 2" Que la molécule contient un atome de fer, soit une molécule de chromogène ; 3° Que l'hémoglobine et l'oxygène s'unissent molécule à molécule. • IlCiNER avait constaté, d'autre part, l'identité d'une des constantes photomé- ./ triques — de l'hémoglobine de divers mammifères (porc, lapin, bœuf). Il est remarquable de constater (si l'on s'en tient aux résultats de Huk.ner) que, tandis que l'étude des propriétés spécifiques de l'hémoglobine, de celles qui dépendent de la molécule envi- sagée dans son ensemble (propriétés optiques, capacité pour les gaz) conduit à l'hypo- thèse de l'identité de l'hémoglobine des différentes espèces, au contraire, la teneur en soufre, c'est-à-dire une propriété relevant du noyau albumino'ide de la molécule, tend à faire supposer que, d'une espèce à l'autre, l'hémoglobine est chimiquement différente. Si les résultats qui mettent en lumière ces analogies et ces dissemblances sont exacts, il faudrait bien conclure que les variations de la composition chimique du noyau albuminoïde de la molécule d'hémoglobine n'influencent en rien les qualités optiques de celle-ci, ni la plus importante de ses propriétés chimiques, la capacité pour les gaz. Celles-ci seraient fonction exclusive et inaltérable du noyau chromogène, inva- riable lui-même. D'autres caractères physiques et chimiques de l'hémoglobine de divers vertébrés, tels que la composition centésimale, la forme cristalline, l'eau de cristallisation, la solubilité dans l'eau, ont été trouvées différentes d'une espèce à l'autre. Mais il règne trop de confusion dans les données souvent contradictoires des auteurs ; celles-ci pos- sèdent, en tout cas, trop peu de précision pour faire de ces variations des preuves nou- velles de la pluralité des hémoglobines. Il a été dit plus haut que Jolix, ayant dressé la courbe de dissociation de l'oxyhémo- globine de cobaye et d'oie, trouve pour l'hémoglobine de cobaye un graphique compa- rable à celui de l'hémoglobine de chien, tandis que celui de l'oie présente une ascension beaucoup plus inclinée. L'oxyhémoglobine est transformée par l'oxyde de carbone en hémoglobine oxy- carbonée, par l'oxyde nitrique en hémoglobine oxynitrique ; combinaisons qui seront étudiées en détail dans des chapitres spéciaux (Voir p. 351). Il a été dit plus haut que, chauffée en solution aqueuse à 60-70", l'hémoglobine se décompose en hématine et globine. A la température ordinaire, de faibles quantités d'acides minéraux ou de bases fortes lui font subir la même décomposition. Quand la quantité d'acide est très peu considérable, ou si l'acide employé est faible, la première modification observée est la combinaison plus stable avec- l'oxygène. II y a longtemps que Lothar Meyer avait constaté que l'addition d'acide tartrique au sang diminuait des 4/5 la quantité d'oxygène cédée au vide. Et il est intéressant de faire remarquer ici que, d'après Hoppe-Seyler, celte transformation serait effectuée à la longue par l'acide carbonique lui-même. On a considéré cette transformation de l'oxyhémo- globine sous l'influence d'acides faibles, comme étant identique à celle qu'elle subit par l'action des agents oxydants, aboutissant à la métliémoglobine. D'après Harnagk (49), l'oxyhémoglobine, la sulfhémoglobine soumises à l'action des acides faibles (même l'acide carbonique) ou des acides forts très dilués, se transforment en une substance très instable, que l'on a confondue jusqu'ici avec la méthémoglobine, qu'elle rappelle par la coloration brune de ses solutions. La bande d'absorption qu'elfe o 342 HEMOGLOBINE. présente est située à droite de celle de la méttiémoglobine (voir plus loin). Comme î'oxyhémoglobine, l'acidhémoglobine présente deux bandes d'absorption dans le vert. L'acidhémoglobine possède une grande tendance à se scinder en hématine et globine. Les alcalis ne transforment pas l'acidhémoglobine en hémoglobine réduite. Le cyanure de potassium rend aux solutions brunes d'acidhémoglobine la coloration rouge et un spectre très analogue à celui de I'oxyhémoglobine, qui se transforme ultérieurement en un autre rappelant celui de l'hémoglobine réduite. Mais, en raison de la ressemblance de ces spectres avec ceux de la méthémoglobine cyanée, Harnack réserve son opinion sur le véritable état du pigment sanguin dans ces solutions. Sous l'influence des agents oxydants les plus divers, tels que l'ozone (coloration brune des bords du filtre au travers duquel passe une solution d'hémoglobine), l'iode, les permanganates, les nitrites, les ferri-cyanures alcalins, I'oxyhémoglobine se trans- forme en une substance nouvelle, la méthémoglobine, caractérisée par la stabilité de sa combinaison avec l'oxygène, et qui sera étudiée plus loin. D'après Hoppe-Seyler, les nitrates, les chlorates n'agiraient pas en solution neutre. La même transformation serait opérée par des agents réducteurs tels qu'hydi'ogène naissant, hydrogène flxé sur palladium, putréfaction à l'abri de l'air, pyrogallol, allanloïne, hydroquinone, etc., ou par des substances très diverses, telles que l'aniline, la toluidine, l'acétanilide, la glycérine, l'acétophénitidine, etc. Cette altération se fait déjà à l'air, et, à la longue, toutes les préparations sèches d'oxyhémoglobine se transforment progressivement en méthémoglobine. Additionnée d'eau oxygénée, une solution d'oxyhémoglobine ne produit pas de dégagement d'oxygène, si l'hémoglobine est complètement pure. Si le dégagement s'effectue, il est très faible, et l'hémoglobine est oxydée elle-même par l'oxygène nais- sant, tandis que le sang complet ou une dissolution fraîche d'hématies produisent rapi- dement le même phénomène, sans que la matière colorante subisse la moindre trans- formation. On observe la même différence dans la façon de se comporter des deux liquides vis- à-vis d'un mélange de teinture de gaïac et de térébenthine ozonisée. Ce mélange est bleui rapidement ^par oxydation de la résine de gaïac?), sous l'influence des solutions non cristallisées, et n'est pas influencé par l'hémoglobine pure. Bergengruen (50) a démontré pour l'action de l'eau oxygénée que la partie active dans le globule, c'est non l'hémoglobine, mais le stroma, et cette propriété du stroma lui est commune à lui et à tous les protoplasmas cellulaires. On peut appliquer la même explication au bleuissement de la teinture de gaïac. L'oxyhémoglobine se comporte vis-à-vis du papier de tournesol comme un acide bien caractérisé (Kuhne, Preyer), tandis que le caractère acide de l'hémoglobine réduite est beaucoup moins accusé. Des solutions d'oxyhémoglobine additionnées de carbonates alcalins neutres aban- donnent de l'acide carbonique au vide (Preyer). Soumises à l'action du courant galvanique, les solutions d'oxyhémoglobine laissent déposer des cristaux au pôle positif (A. Schmidt, Rollet). L'oxyhémoglobine est donc un colloïde électro-négatif. Des solutions d'oxyhémoglobine additionnées de cyanure de mercure dégagent de l'acide cyanhydrique, qu'il est facile de mettre en évidence en couvrant le vase par un verre de montre mouillé à sa surface inférieure d'une goutte de nitrate d'argent. Celle-ci se trouble par suite de la formation de cyanure d'argent (Michaelis et Cohnstein) (51). Ces différents faits permettent de considérer l'oxyhémoglobine comme une substance albuminoïde faiblement acide. La trypsine attaque l'oxyhémoglobine et peptonise la partie albuminoïde de sa molé- cule, en même temps qu'est mise en liberté l'hématine. La même trypsine ne possède aucune action destructive sur l'hémoglobine réduite (Hoppe-Seyler). La séparation entre les deux noyaux constitutifs de l'oxyhémoglobine, du noyau albu- minoïde et du noyau ferrifère s'opère 1res facilement. Déjà, à la température de coagu- lation de l'oxyhémoglobine par la chiileur, le dédoublement commence à s'opérer en milieu neutre. A froid, les acides et les bases fortes en concentration faible le provoquent rapidement. HEMOGLOBINE. 34:^ Cette décomposition parles acides a été étudiée d'une façon approfondie dans ces der. niers temps par plusieurs auteurs (Pour Thislorique voir un article do Morochowetz (51).) ScHULz(57) considère i'oxyhémoglobine comme constituée par l'union d'une substance albuminoïde spéciale, la globine, et d'un noyau ferrifère, l'hématine. La globine serait une substance albuminoïde très rapprochée de celles que Kossel a désignées sous le nom générique d'histones, et qui se caractérisent par leurs propriétés basiques et leur forte teneur en bases hexoniques. Elle est insoluble dans l'eau, soluble dans les solutions acides ou aicalinisées par la potasse ou la soude, non par l'ammoniaque. L'acide nitrique la précipite, mais le précipité se redissout à chaud. L'alcool à volume égal la précipite, le précipité est soluble à chaud (Lawrow). Le chlorure sodique elle sulfate ammonique à saturation la précipitent en solution acide ou neutre. La globine contiendrait la même quantité de soufre que l'hémoglobine, et dans les deux substances la moitié du soufre serait contenue à l'état labile, c'est-à-dire apte à être détachée à l'état de sulfure par l'ébuUition avec une base forte, l'autre moitié à l'état stabile. ScHULz réussit à obtenir de 100 parties d'oxyhémoglobine 8(i.5 de globine, et 4.2 d'hé- matine, avec un résidu non déterminé. Lawrow (52) recueillit jusqu'à 94.09 p. 100 de globine, et 4.47 d'hématine avec un résidu faible conte)iant de l'ammoniaque et des acides gras. La destruction totale de l'hémoglobine de cheval fournit à Prôscher (53) 41.7 p. 100 de leucine, 1.52 p. 100 de tyrosine, 0.195 p. 100 d'acide aspartique, O.OH p. 100 d'acide glutamique, une quantité notable de substances précipitées par l'acide phosphotungs- tique, constituant probablement un mélange de bases hexoniques. Lawrow (52) obtint récemment, après hydrolyse par l'acide chlorhydrique de 317 grammes d'oxyhémoglo- bine de cheval, un mélange des trois bases hexoniques, pesant ensemble environ 65 grammes, c'est-à-dire 20.4 p. 100, dont 12.4 p. 100 d'bistidine. Haiismann (54) déter- mina, après destruction de l'hémoglobine par les acides, quelle est la qiiantité d'azote qui se dégage à l'état d'ammoniaque (azote amidé), quelle fraction se trouve contenue dans le précipité phospholungstique (azote diaminé), et l'azote non précipitable (azote monoaminé). Il trouva pour le premier, 1.07 p. 100; pour le second, 4.07 p. 100; pour le troisième, 10.95 p. 100, l'azote total constituant 17.31 p. 100 du poids total de la molécule, c'est-à-dire une proportion dominante des acides monoaminés, ce qui est en plein accord avec la grande quantité de leucine trouvée par Prôscher. Nos connaissances les plus complètes et les plus récentes sur celte question sont fournies par un travail d'ABDERHALDEN (55), continuation des premières recherches de cet auteur en collaboration avec Em. Fischer. A côté des substances déjà nommées, il faut encore citer comme se produisant pen- dant l'hydrolyse de I'oxyhémoglobine par les acides : l'alanine, la phénylalanine, l'acide a-pyrrolidin-carbonique, la cystine, la serine, le tryptophane. Rapportés à 100 grammes de globine, les différents produits cristalloides se trouvent dans les proportions suivantes : Alanine, 4.19 gr. ; leucine, 29.04 gr. ; ac. a-pyrrolidin-carbonique, 2.34 gr. ; phényla- lanine, 4.24 gr. ; ac. glutamique, 1.73 gr. ; ac. aspartique, 4.43 gr. ; cystine, 0.31 gr. ; serine, 0.56 gr. ; ac. oxy a-pyrrolidin-carbonique, 1.04 gr. ; tyrosine, 1.33 gr.; lysine, 4. 28 gr. ; histidine, 10.96 gr. ; arginine, 5.24 gr. Le dosage des acides monoaminés de l'hémoglobine de chien Fournit les quantités suivantes, rapportées à 100 grammes de globine : glycocoUe, traces dues peut-être à des impuretés; alanine, 3 grammes; valine, 1 gramme; leucine, 18.2 grammes; pro- line, 4.5 grammes ; acide aspartique, 2.5 grammes; acide glutamique, 1.2 grammes; phénylalanine, 5 grammes (Abderhalden, et Baumann (56).) En ce qui concerne le mode d'union des deux radicaux constitutifs de I'oxyhémoglo- bine, HuFNER (56) admet, à la suite de Hoppe-Seyler, que la soudure se fait probable- ment par l'intermédiaire d'un ou plusieurs atomes d'oxygène, comme semble le prouver l'action dissociante d'un agent réducteur employé en excès, l'hydrate d'hydrazine. Divers essais de synthèse de I'oxyhémoglobine au moyen des deux fragments de la molécule que sépare l'analyse, ont été tentés. Preyer (57) a prétendu, à propos d'une publication de Bertin Sans et Moitessier (58) (1897, qu'il avait déjà réussi et décrit cette synthèse en 1871. 3/i4 HÉMOGLOBINE. Les auteurs français disent avoir obtenu la reconstitution en solution alcaline de la molécule de méthémoglobiue aux dépens d'hématine et de l'acidalbumine provenant du clivage de l'oxyhémoglobine. Leurs résultats ont été mis en doute par Neincki et Zaleski. Recherche deroxyhémoglobine. — Pour caractériser dans un liquide la présence de l'hémoglobine, c'est aux propriétés spectroscopiques de cette substance qu'il faudra s'adresser de préférence. Pour séparer les hémoglobines oxygénée et réduite d'autres pigments dérivés qui- peuvent leur être mélangés (méthèmoglobine, hématine, hématoporphyrine),on procède liabituellemeiit à la précipitation de ces derniers par l'acétate de plomb (éviter un excès) avec filtration rapide consécutive. Ce traitement entraînera à l'occasion d'autres sub- stances colorantes qui pourraient gêner l'observation spectroscopique. La transformalion du spectre de l'oxybt'moglobine en hémoglobine réduite ou exï< hémoglobine oxycarhonée, la stabilité de cette dernière vis-à-vis des agents réducteurs,. l'obtention d'hémochromogène ou d'hémochromogène oxycarboné par l'action de fortes concentrations alcalines sur les hémoglobines réduite ou oxycarhonée, l'action des acides forts qui produisent de l'hématoporphyrine sont des preuves très caractéristiques et très certaines de l'existence de l'hémoglobine dans les solutions qui les présentent. Méthodes de dosage de l'oxyhémoglobine. — La recherche et le dosage de l'oxyliémoglobine ou de ses dérivés caractéristiques sont fondés sur les propriétés chi- miques et physiques de ces substances. L'étude des divers procédés qualitatifs trouvera mieux sa place au chapitre traitant de la recherche médico-légale du sang. Seules les méthodes de dosage quantitatif de l'hémoglobine seront exposées ici. Parmi les méthodes chimiques, les plus importantes sont : 1° Le dosage du fér. — On calcine l'hémoglobine sèche, ou le sang desséché. Les cendres sont reprises par l'acide chlorhydrique, réduites par le zinc et titrées par une solution de permanganate. En multipliant le chiffre exprimant le poids de fer par le coefficient , on obtient la quantité d'oxyhémoglobine. Cette multiplication par un facteur aussi considérable (300) est un sérieux inconvé- nient de la méthode, qui exige d'ailleurs, pour être exacte, des quantités notables de substance. Elle a été appropriée récemment aux besoins de la clinique par Jolles (59). (Voir au sujet de cette méthode Hladik (60).) 2" Dosage de l'hématine : Brozeit (61) a proposé de peser l'hématine obtenue par décomposition de l'hémoglobine par l'acide chlorhydrique dilué. Le liquide est addi- tionné d'acide chlorhydrique et d'éther. On agite vigoureusement pendant quelques instants et on introduit goutte à goutte de l'alcool dans le mélange, jusqu'à ce qu'il se sépare en deux couches, l'une supérieure, éthérée, colorée en brun par l'hématine; l'autre inférieure, incolore ou jaune clair. La solution éthérée, agitée avec une solution diluée d'ammoniaque, lui abandonne l'hématine, qui est pesée après évaporation. L'auteur ne donne pas de preuves suffisantes de la pureté de ce produit, et l'extrac- tion par l'éther n'est pas complète (Rajewsky) (62). QuiNQUAUD a proposé le procédé suivant de décolorimétrie. L'eau de chlore détruit l'hémoglobine en la faisant passer par le jaune, le jaune-vert jusqu'au vert-gris. Pour amener i gramme d'oxyhémoglobine à cette teinte, il faut une quantité donnée d'une solution titrée d'eau de chlore. D'où la possibilité de déterminer la quantité d'oxyhé- moglobine se trouvant dans un liquide. La méthode est inexacte à ditférents titres et non recommandable. Dosage de l'oxygène ou de l'oxyde de carbone absorbé. — a) Méthodes physiques. — Comme il a été dit plus haut, ce dosage peut se faire de diverses façons. On peut extraire du sang l'oxygène qu'il contient, après agitation à l'air prolongée pendant quinze minutes et centrifugation pour se débarrasser de l'écume et des bulles de gaz, ou mesurer la quantité d'oxygène enlevée par la solution, après réduction complète de celle-ci, à une atmosphère de volume et de composition déterminés, en tenant compte de la fraction gazeuse simplement dissoute. On peut enfin déterminer, comme le fait Grkhant, la quantité d'oxygène que le sang abandonne sous l'action d'un excès HEMOGLOBINE. 3i5 d'oxyde de carbone. La première méthode ne serait applicable qu'au sang lui-même, puisque, ainsi qu'il a été dit, le vide n'enlève pas aux solutions pures d'oxyhémoglobine tout leur oxygène. De plus l'oxygène peut entrer en combinaison avec d'autres élé- ments dissous diins le liquide, ce qui rend préférable dans des études d'absorptiométrie l'emploi de l'oxyde de carbone (Hûfner). Mais cette méthode est d'un maniement diffi- cile : elle nécessite des appareils spéciaux, compliqués, et les grands écarts qui régnent entre les résultais des auteurs qui ont établi la capacité de l'hémoglobine pour ce gaz, ne sont pas faits pour encourager à suivre cette voie. Si l'on s'y résolvait, il faudrait employer le facteur de HIiI'Ner, d'après lequel à 1 gramme d'hémoglobine correspond l",338 de gaz. b) Méthode chimique. — ScuuTZENBF.itr.ER et Risler, suivis par Lambling (24), ont déterminé par titration direcle au moyen d'une solution d'hydrosulfite de soude la quantité d'oxygène qui se trouve en combinaison labile avec l'hémoglobine. D'après cette méthode, Lambling obtint des chiffres notablement plus élevés que ceux que l'on est en droit de considérer actuellement comme répondant à la réalité. Il serait hasardé, dans ces conditions, de recourir à cette méthode. Méthodes optiques. — Celles-ci comprennent des méthodes basées sur l'intensité du pouvoir colorant de la solution, méthodes colorimétriques, d'autres fondées sur l'appré- ciation de la quantité de lumière absorbée par la solution. Parmi ces dernières, se range la spectrophotométrie. Dans la méthode colorimétrique, on dilue progressivement le sang ou le liquide contenant de l'hémoglobine par des additions successives de quantités mesurées d'eau distillée, jusqu'à ce que la coloration soit devenue égale à celle d'un étalon. Cet étalon sera, soit une dilution à titre connu de sang normal, soit une solution d'une substance colorante, telle que le picrocarmin, dont la teinte et le spectre sont très rapprochés de ceux de l'oxyhémoglobine, soit un verre coloré. Au lieu de diluer progressivement la liqueur, on peut faire varier son pouvoir colo- rant en l'examinant sous différentes épaisseurs, ce qui s'obtiendra par exemple en l'in- troduisant dans un vase prismatique à base triangulaire allongée, que l'on déplacera latéralempnt devant l'œil. On détermine alors quelle est l'épaisseur de solution qui possède le même pouvoir colorant que l'étalon. Enfin l'opération peut être inverse, c'est-à-dire que ce sera l'étalon dont l'épaisseur sera variable. Les différents appareils et procédés, aussi nombreux que les auteurs qui se sont occupés du dosage de l'hémoglobine par voie colorimétrique, reviennent à l'un ou l'autre de ces types. Seuls, les plus connus seront déciits ici succinctement : Procédé de F. Hoppe-Seyler. Hématinomètre. — Le procédé primitif de Hoppe-Seyler consistait à comparer le pouvoir colorant de deux solutions introduites dans deux cuves- adjacentes de verre, à faces parallèles, d'une épaisseur de 1 centimètre. L'une des cuves contenait une solution pure d'hémoglobine de titre connu, dans l'autre était introduit un volume connu de la liqueur étudiée. On ajoutait à cette dernière des quantités mesurées d'eau distillée jusqu'à égalité de teinte. La comparaison se faisait par réflexion sur fond blanc (feuille de papier blanc placée derrière les cuves). Le grand inconvénient de la méthode, c'est la difficulté de se procurer une solution étalon de titre exact, solution qui s'altère d'ailleurs très rapidement. Pour obvier à ce défaut, Rajewsry (62), élève de Hoppe-Seyler, proposa de remplacer la solution titrée d'oxyhémoglobine par une solution ammoniacale de picrocarmin. Procédé de l'échelle liquide. — Welcker (1834) fait extemporanément avec du sang normal une série de dilutions à titres différents auxquelles il compare la solution, dont la teneur doit être déterminée. Celte méthode est tout au plus approximative, en raison même du maiHjue de précision dans la confection des tubes étalons. QuiNCKE (1878) remplace les tubes de sang normal dilué par des solutions de picro- carmin de concentration variée, introduites dans vingt tubes thermométriques fixés sur un cadre de carton. La comparaison se fait sur fond blanc. Procédé de Hayem (63). — Hayem emploie un appareil composé de deux anneaux de verre de même diamètre, à surface extérieure dépolie, collés côte à côte sur une plaque de verre. Ils ont été usés au niveau des points tangents, de façon à former deux petits réservoirs identiques, séparés par une mince cloison et pouvant contenir chacun un peu 346 HEMOGLOBINE. plus de oOO millimètres cubes d'eau. On introduit cette quantité d'eau dans chaque cellule, et dans l'une d'elles on ajoute 2 à 15 millimètres cubes du sang à examiner. Sous l'autre cellule, on glisse une à une des rondelles de papier teintes à l'aquarelle en tons roses de plus en plus foncés. Chaque rondelle correspond à une teneur en hémo- globine déterminée d'après les dilutions successives d'un sang dont on connaît le nombre de globules. Le procédé de Hayem est destiné aux recherches de clinique. Procédé de Jolyet et Laffont (64). — Ces auteurs proposèi'ent l'emploi du colorimètre de Laurent-Dubosq modifié comme suit : au lieu d'une solution étalon introduite dans l'une des cuvettes, ils proposent l'emploi d'une plaque de verre rouge, dont la valeur colorante est établie par comparaison avec des solutions titrées d'oxyhémoglobine. On détermine l'épaisseur d'une solution de sang à l/2o, dont le pouvoir colorant équivaut à celui de la plaque de verre, En raison de la difficulté de se procurer des verres de coloration bien déterminée, Malassez a proposé de remplacer la plaque de verre par une solution phéniquée neutre de picrocarmin dans de la glycérine aux 3/4. Mais Lambling objecte l'altérabilité de cette dernière et préfère l'étalon de Jolyet et Laffont. D'après les recherches de cet auteur, les résultats de cette méthode sont très satisfaisants. Procédé de Malassez (6o). — L'hémochroniomètre se compose d'une plaque rectan- gulaire horizontale pouvant être inclinée plus ou moins sur un pied. Elle est percée de deux trous circulaires adjacents de 5 millimètres de diamètre, situés dans un même grand diamètre. Derrière l'un des trous est fixé l'étalon, derrière l'autre se meut une cuve prismatique de verre, contenant la solution à examiner. On détermine l'épaisseur de celle-ci, qui équivaut à l'étalon. Une lecture directe donne immédiatement la quan- tité d'hémoglobine correspondant à cette épaisseur. L'éclairage se fait par lumière diffuse du ciel réfléchie au travers d'une glace dépolie. L'appareil de Malassez, très commode, donne la teneur en hémoglobine à 2,5 p. 100 près. Hémoglobinomètre de Gowers (66). — L'appareil se compose de deux tubes en verre fixés dans un support commun. L'un, le tube étalon, scellé, est rempli de glycérine picro- carminée dont la teinte correspond à du sang normal au 100«. L'autre est divisé en 100 divisions valant chacune 20 millimètres cubes. Dans une pipette capillaire tenant 20 millimètres cubes, on aspire une gouttelette de sang de façon à la remplir exactement, et l'on souffle ces 20 millimètres cubes de sang dans le tube gradué, pourvu au préalable d'un peu d'eau distillée. Par addition successive d'eau, on tâche d'atteindre dans ce tube l'égalité de teinte avec le tube étalon. Ce procédé donnerait à l'observateur expérimenté la valeur exacte à 2 ou 3 p. 100 près. Hémomètre de von Fleischl(67). — Dans cet instrument, la dilution sanguine est mise en regard d'un prisme de verre rouge que l'on déplace. Une lecture directe indique la teneur d'hémoglobine. L'appareil de von Fleischl est d'un usage courant dans les cliniques allemandes. Son emploi a fait l'objet de discussions approfondies (68). Mais, dans sa forme habituelle, il ne se prête qu'aux recherches de clinique. Hémomètre de Fleischl-Miescher. — Miescher (69) a fait subir à l'appareil de von Fleischl certaines modifications qui, en lui gardant sa simplicité, l'ont notablement amélioré et ont fait de lui un instrument de tout premier choix pour les recherches de physiologie. La teneur en hémoglobine est donnée à 0,15 p. 100 près. Pipette colorimétrique de G. Hoppe-Seyler (70). — L'instrument de G. Hoppe-Sevler est également approprié aux recherches courantes de physiologie. Comme l'instrument de Miescher, il donne la valeur absolue d'hémoglobine contenue dans un liquide. L'étalon est une solution d'hémoglobine oxycarbonée, pure, titrée, dont on prépare une fois pour toutes une solution. Celle-ci est conservée dans une série de petits flacons bien bouchés. Elle est inaltérable. La dilution sanguine à observer doit être soumise à l'action d'un courant d'oxyde de carbone avant de pouvoir être comparée à l'étalon. Les résultats sont également très satisfaisants. HÉMOGLOBINE. 347 Elle peut aussi être appliquée aux recherches de la clinique. Méthodes optiques basées sur l'absorption de la lumière par les solutions d'hémoglo- bine.— Méthode dePreyer. — Les solutions d'oxyhémoglobine suffisamment concentrées absorbent, comme on le sait, tous les rayons lumineux, à l'exception d'une partie des rayons rouges. Si l'on dilue progressivement une solution de cette concentration, il arrive un moment où quelques rayons verts s'ajoutent aux premiers. Cette apparition correspond à une concentration toujours la même. On détermine une fois pour toutes, au moyen d'un spectroscope déterminé, dont l'éclairage est constant, à quelle concentra- tion correspond la première apparition du vert. Celte constatation faite, on pourra, à condition de faire toutes les observations avec une épaisseur de solution constante, ramener par dilution toutes les solutions d'oxyhémoglobine à ce même litre. C'est là le procédé de Preyer, procédé peu précis. Radjewsky a proposé de remplacer la dilution par la variation d'épaisseur de la solu- tion examinée dans des vases prismatiques à base rectangulaire. Lambling est arrivé au même but par un autre dispositif. Mais il rejette la méthode malgré ces perfection- nements. Globulimétre de Mantegazza. — Le principe de cet instrument, qui n'est plus employé, est le suivant. Si l'on interpose entre la source lumineuse et la solution d'oxyhémoglo- bine des verres bleus, qui ne laissent passer que ceux- des rayons lumineux qui sont le plus fortement absorbés par l'oxyhémoglobine, la lumière émise par la source est absorbée totalement par les deux substances colorantes. Pour arriver à cette extinction complète, il faudra employer d'autant plus de verres bleus que la solution d'oxyhémo- globine sera moins concentrée. D'où la possibilité de déterminer sa richesse en raison inverse du nombre des verres bleus employés. Chromo-cytomètre de Bizzozero. — Une description complète de cet appareil se trouve donnée dans le travail de Malassez cité précédemment (65). Il est destiné à mesurer l'opacité d'une dilution sanguine ou la concentration d'une solution d'oxyhémoglobine. L'appareil permet de diminuer ou d'augmenler à volonté l'épaisseur de la couche liquide examinée. L'opacité recherchée est celle qui arrête les rayons lumineux du quart inférieur de la tlamme d'une bougie à l^,^ de dislance. Le pouvoir colorant est comparé, comme dans les appareils colorimétriques, à celui d'un étalon fixe. Hématoscope de Hénocque. — Tout comme le cytomètre de Bizzozero, l'instrument de Hénocque indique seulement l'opacité d'une dilution de sang dans un liquide isotonique, c'est-à-dire plutôt la richesse en globules que celle en hémoglobine, et ne permet par conséquent que des conclusions approximatives touchant ce dernier point. 11 se compose d'une lame de verre sur laquelle on place quelques gouttes du sang à examiner. On recouvre avec une deuxième lame reposant sur la première, de façon que l'épaisseur du liquide comprise entre les deux varie d'une extrémité à l'autre, l'espace limité entre elles affectant en coupe verticale la forme d'un triangle très allongé, La position étant donnée par des repères, l'appareil est placé sur une plaque d'émail por- tant des chiffres que l'on voit à travers la couche sanguine. Plus la couche est épaisse et colorée, moins la vision est distincte. Une partie plus ou moins étendue des chiffres est masquée par le liquide coloré. Le dernier chiffre lisible indique la teneur pour 100 en hémoglobine. Spectrophotométrie. — La spectrophotomélrie, en tant que méthode générale de dosage des substances colorantes, est due à Vierordt. La détermination des constantes photométriques de l'hémoglobine et de ses dérivés fut l'objet de longues recherches de Hufner et de ses élèves. De l'avis des nombreux auteurs qui ont essayé cette méthode, les résultats qu'elle fournit dépassent en exactitude ceux obtenus par toutes les autres. Lambling a cependant fait observer que les coefficients varient avec les différents appareils, d'où la nécessité de faire la détermination pour chaque espèce d'appareils. La description des appareils elles détails de la méthode trouveront mieux leur place à l'article spécial : Spectrophotométrie. Nous rappellerons ici que le principe de la méthode est le suivant : Le rapport entre la concentration c d'une solution de matière colorante et le coeffi- 348 HEMOGLOBINE. cienl d'extinclion s de cette matière est constant. On l'appelle rapport d'absorption, et on le désigne par la lettre A. Le coefficient d'extinrtion est donné par une lecture au speclrophotomètre. Le rap- port d'absorption est établi une fois pour toutes. Ces deux valeurs étant connues, une simple multiplication permet de déterminer la concentration. r = Ac HCfner a déterminé à différentes reprises la valeur du rapport d'absorption de l'oxyhémoglobine en deux endroits du spectre d'absorption de cette substance. D'après les dernières données de cet auteur, la valeur A = 0,002070 correspond à l'espace compris entre les deux bandes d'absorption (554 |x[j. — 565 [xjx), la valeur A' = 0,001312 correspond à la région de la deuxième bande (531,5 [i.;j. — 542,5 [xa). Non seulement la tnéthode de Vierordt s'applique aux solutions contenant une seule substance colorante, mais elle possède encore l'inestimable avantage de permettre de doser simultanément plusieurs substances colorantes contenues dans un même liquide, à condition de connaître leurs constantes spectrophotométiiques. Vierordt établit que l'absorption de lumière s'observant dans une partie déterminée du spectre d'une telle solution est égale à la somme des coefficients d'extinction en cette région des différentes substances prises isolément. Il suffira donc de connaître les rapports d'absorption de chacune des substances colorantes en un endroit donné du spectre et de connaître ce rapport pour autant de régions qu'il y a de substances en solution, pour établir un système d'équations qui donnera la concentration de chaque substance. En physiologie, on aura rarement l'occasion de doser ainsi à côté l'une de l'autre plusieurs substances colorantes. Mais le dosage de deux substances, telles que l'iiémo- globine réduite et l'oxyhémoglobine existant côte à côte dans le même liquide et pou- vant se transformer l'une dans l'autre, sera souvent très intéressant à faire. Un simple examen spectrophotométrique y conduit sans la moindre difficulté. Si E est le coefficient d'extinction observé en un endroit donné du spectre, si A» est le rapport d'absorption pour l'oxyhémoglobine en cet endroit, et A^ celui de l'hémoglobine réduite, on aura, d'après la loi de Vierordt, en faisant la concentration de l'oxyhémoglo- bine égale à a? et celle de l'hémoglobine réduite à y : E=^ + IL A„ A,. E', A'„, A ,. représentent les valeurs correspondantes en un autre endroit du spectre. D'où ^=X. +A A'A',.(E' A'„ — EA„) A'„ Ar— A„ A'p _ A„A'„(E A, — E' A',.) A'„ Ar— A„ A'r En 1900, HuFiXER (71) a proposé une formule plus simple permettant la même recherche. Si l'on suppose déterminé pour l'osybémoglobine le rapport —^=1,578, et pour l'hémoglobine réduite —"^ := 0,762 correspondant aux régions déjà mentionnées rj du spectre, il est clair que la valeur -^ trouvée pour toute solution contenant un mélange d'hémoglobine oxygénée et réduite doit être comprise entre ces deux limites. Cette valeur — s'approchera d'autant plus de la limite supérieure 1,578 que la solution sera plus oxygénée; elle tendra de plus en plus vers 0,762 dans le cas inverse. HEMOGLOBINE. 34l> D'après la loi de Vierordt, le coefficient d'extinction du mélange en un endroit du spectre est égal à la somme des coefficients d'extinction appartenant à la fractiou. réduite et cà la fraction oxygénée. Si l'on représente par x la quantité d'hémoglobine réduite rapportée à 100 parties du mélange on peut écrire : £'=(100 — X') t'o+ t'rX (1) De même D'où D'après les formules 3 = (100- -X) £. + E,X ' (100- ■x] £'o+ £ \x (lOS- -X) î„ + c. X Aq Ce 1 = A,, cr = A ,. c r - o = 1,529 (2) (3) (4) (5) (6) dans lesquelles on connaît les valeurs de Ao, A„ A'^ on peut calculer les différentes valeurs de s',, £„ a', en fonction de ;,. Si donc on fait e„=1 pour l'unité de poids d'hémoglobine oxygénée dissous dans un volume donné d'eau, £'„ devient t,578, £r = l,î>29, £',= 1,164, et l'on possède toutes les données nécessaires pour la résolution de l'équation Ci) qui devient : s' (100 — a;) 1,728 + 1,164 a; z (100— x) + 1,329 o; D'où 137,8 — 100 - c X = ; 0,329 - + 0,414 Formule très simple, comme on le voit, dans laquelle la valeur — est donnée par l'observation spectrophotométrique. HiJFNER a d'ailleurs joint à son mémoire une table donnant la valeur de x calculée t d'après cette formule pour toutes les variations de — comprises entre les deux limites et distantes de plus de 0,005. HiiFNER fournit une formule et une table de même type pour les mélanges d'oxy- et de méthémoglobine et pour ceux d'hémoglobine oxygénée et carbonée. Récemment, Aron et Fr. MCller (195) ont constaté à l'examen du sang frais que le rapport — n'est pas constant. Il varie notablement d'un animal à l'autre de même -0 espèce et même à différents moments chez le même animal. La valeur moyenne est sensiblement inférieure à celle donnée par Hufner. Aron attribue, dans un mémoire ultérieur sur cette question (195), cette iiTéguIarité à l'existence dans le sang circulant d'une quantité variable de méthémoglobine. Il suffit de soumettre les échantillons aber- rants à une réduction totale, suivie de réoxydation, pour trouver un rapport — satis- faisant. HÉMOGLOBINE RÉDUITE. Il a été dit plus haut, à propos de l'action des agents réducteurs sur l'oxyhémoglo- bine, comment on obtenait des solutions d'hémoglobine réduite. Ce fut Stores (72) (1864) qui, le premier, montra l'action des agents réducteurs sur les solutions d'oxyhémoglobine et détermina les modifications qui surviennent dans leur spectre suivant ces conditions. L'hémoglobine réduite peut, comme l'oxyhémoglobine, être obteime à l'état cris- 350 HEMOGLOBINE. tallin. Mais l'obtention des cristaux d'hémoglobine réduite est rendue plus difficile à raison de la grande solubilité de cette substance. Cependant il y a longtemps que RoLLETT (1865), KûHXE (1865), arrivèrent à en obtenir des cristaux. Le sang de cheval semble se prêter particulièrement à la préparation de cristaux d'hémoglobine réduite. Quand, pendant la préparation de cristaux d'oxyhémoglobiue, provenant du sang de cet animal, on ne prend pas soin d'oxygéner complètement la substance colorante, on obtient souvent, d'après HCfner (8), un mélange de cristaux prismatiques et de tables hexagonales. Si l'on examine au microscope la préparation sans la couvrir, de façon à donner libre accès à l'air, on voit se dissoudre rapidement les tables hexagonales, et à l'endroit de leur disparition apparaissent des faisceaux de prismes allongés d'oxyhé- moglobine. Déjà en 1886, Nencki et Sieber avaient décrit un procédé permettant de les obtenir en grande quantité. Ultérieurement Arthus et RoucHY (7) ont fait connaître une méthode simple «l'obtention de cristaux d'hémoglobine de cheval. Ils séparent des globules de cheval par centrifugation, les lavent deux fois au chlorure sodique et les abandonnent à la température du laboratoire jusqu'à établissement d'une putréfaction in- tense. On les laque alors par un volume d'eau, on ajoute 1/4 de volume d'al- cool à 95 p. 100 et on abandonne la 0.5 liqueur pendant 24 heures à une tem- Q 2 pérature inférieure à 0° dans un vase étroit et profond. Dans le fond de Té- prouvette se sont accumulées après ce temps une quantité énorme de (ablettes hexagonales noires et brillantes, de ■2 à 3 millimètres de diamètre, qui sont des cristaux d'hémoglobine réduite. Examinés en lumière polarisée, les 0.9 0.8 0.7 0.6 0.5 0.4 O.l 0 aCB D FiG. 64. — Absorption de la lumière du spectre de l'hémo globine réduite à différentes concentrations (Rollett). cristaux d'hémoglobine réduite pré- sentent de façon très marquée des phénomènes de pléochroïsme (Ewald) (H). Certains cristaux sont rouge pourpre à l'instar d'une solution ammoniacale de carmin, d'autres présentent une coloration bleu pourpre, d'autres enfin sont presque complètement incolores. Chaque cristal présente individuellement, suivant la situation du nicol, deux de ces teintes. On trouve ainsi des exemplaires des trois combinaisons de ces trois teintes deux à deux. Le pouvoir dispersif du cristal est différent suivant les axes optiques. Les solutions concentrées d'hémoglobine réduite examinées par réflexion en couche épaisse apparaissent rouge foncé. En couche mince ou en solution étendue, elles sont verdâtres (Brucre). Ce dichroïsme s'observe également dans le sang veineux ou asphyxique. Il est propre à l'hémoglobine réduite. Ni l'hémoglobine oxygénée, ni les composés avec l'oxyde de carbone ou l'oxyde d'azote ne le présentent. Le spectre d'absorption des solutions diluées d'hémoglobine réduite diffère essen- tiellement de celui de l'oxyhémogiobine en ce que les deux bandes d'absorption (a et [i] de celles-ci sont confondues en une seule (y). Par l'augmentation de la concentration, cette bande s'élargit rapidement vers la partie droite du spectre (jui est elle-même obscurcie. Le diagramme ci -dessus, àù à RoLLETT, montre bien ces particularités (fig. 64). Les solutions d'hémoglobine réduites absorlient plus avidement les rayons compris entre C et D et moins fortement ceux situés entre F et G que les soiulions correspon- dantes d'oxyhémoglobine. La bande d'absorption de Soret est légèrement déplacée vers la gauche dans les solutions d'hémoglobine réduite. (Voir la figure page 328). La déterminalicn des constantes spectrophotojnrtriques de l'hémoglobine réduite, HEMOGLOBINE. 351 elfecluée aux mêmes endroits que pour l'oxyhémoglobine, a donné des valeurs très différentes de celles qu'on a trouvées pour l'hémoglobine oxygénée. El- A, A', 0,7611 0.001354 0,001778 Au point de vue chimique, les propriétés de l'hémoglobine sont, à beaucoup de points de vue, les mêmes que celles d'oxyhémoglobine. La chaleur, les acides et les bases ont sur les deux la même action destructive. Mais le noyau ferrique qui est ainsi mis en liberté n'est plus l'hématine, mais l'hémochromo- gène (Hoppe-Seyler), dont l'oxydation reproduit l'hématine. On peut facilement mettre en lumière cette différence d'après une expérience de Hoppe-Seyler. Dans un tube de verre de large diamètre, on en introduit un autre de volume moindre, également fermé à une extrémité, contenant une solution concentrée de potasse ou de soude ou d'acide tartrique ou phosphorique. L'espace annulaire laissé vide enlre le tube intérieur et le tube extérieur est rempli de sang défibriné. On scelle le tube, on laisse s'opérer la réduction totale de l'hémoglobine sous l'action de la putréfaction à 37°. Quand toute l'hémoglobine se trouve réduite, on renverse le tube scellé de façon à produire le mélange des deux liquides. L'hémoglobine réduite est décomposée en hémochromo- gène et en globine, et le liquide, de noir violacé qu'il était, devient rouge poui"pre. Vient- on à ouvrir le tube scellé et à projeter son contenu sur une surface blanche (papier filt-re), on voit immédiatement les taches virer du rouge au brun sale. L'hémochro- mogène s'est transformé en hématine au contact de l'air. Les acides forts, en concentration suffisante, font subir à l'hémocliromogène une transformation ultérieure en hématoporphyrine et en oxyde ferreux. Les agents méthémoglobinisants, dont l'action sur l'oxyhémoglobine fut indiquée pré- cédemment, ne font subir aucune transformation à l'hémoglobine réduite. Hoppe-Seyler constata, d'autre part, que la trypsine était dépourvue de toute action hydrolysante sur l'hémoglobine réduite. HEMOGLOBINE OXYCARBONÉE Ce fut Claude Bernard (26) (1857) qui le premier attira l'attention sur l'influence de l'oxyde de carbone sur la couleur du sang et sa teneur en oxygène. La même année Hoppe-Seyler (73) fit des constatations analogues. LoTHAR Meyer (27) démontra de façon décisive, en 1858, un fait très important, déjà signalé par Claude Bernard. Le sang oxygéné, traité par l'oxyde de carbone, absorbe de ce gaz un volume égal à celui de l'oxygène qui se dégage. En 1863, Hoppe-Seyler isola le premier à l'état de cristaux l'hémoglobine oxycar- bonée, et il montra dès ce moment que, par le vide aidé d'une chaleur modérée, on pouvait extraire difficilement et incomplètement l'oxyde de carbone de cette combi- naison. Cependant on admit pendant longtemps que ni le vide, ni le passage de gaz indif- férents ne pouvaient décomposer la combinaison de l'hémoglobine et de l'oxyde de car- bone. En 1872, Do.NDERS (74) émit l'idée générale que les échanges gazeux qui s'opèrent entre le sang et l'air des poumons d'une part, le sang et les tissus de l'autre étaient soumis pour une grande partie aux lois simples de la dissociation, sans intervention active de l'organisme. Les idées de Donders sont à l'heure actuelle admises par presque tous les physiologistes, et le cas spécial de la dissociation de l'oxyhémoglobine discuté plus haut en constitue un exemple. Si cette thèse était exacte, il fallait aussi que la combinaison entre l'hémoglobine et l'oxyde do carbone fv'it dissociable. Et Donders trouva en effet que, si les solutions de cette substance sont traversées par des courants d'un gaz indif- férent, tel que l'hydrogène, ou par de l'oxygène ou de l'anhydride carbonique, elles 352 HÉMOGLOBINE. leur abandonnent petit à petit tout leur oxyde de carbone. La dissociation est forte- ment influencée par la température. A peine marquée à 0°, elle se fait plus rapidement à 37°. La constatation avait un intérêt pratique, en ce qu'elle montrait la possibilité chez l'animal intoxiqué par l'oxyde de carbone d'une guérison complète pur dissociation lente de l'hémoglobine oxycarbonée de son sang et non pas par destruction du pigment altéré. La même année, les expériences de Donders étaient confirmées par Zuntz (75) qui réussit au moyen de la pompe de Pflûger à enlever, très lentement il est vrai, à du sang saturé par l'oxyde de carbone, la totalité de ce gaz. (Confirmé par de Saint- Martin (30).) Préparation. — Pour obtenir une solution d'hémoglobine oxycarbonée, on peut, au lieu de préparer de l'oxyde de carbone pur, s'adresser au gaz d'éclairage qui contient toujours des quantités notables d'oxyde de carbone. On fait donc barboter lentement le gaz d'éclairage au travers du sang ou de la solution d'hémoglobine. Les cristaux d'hémoglobine oxycarbonée s'obtiennent en appliquant au sang ou à la solution oxycarbonée exactement le procédé servant à l'obtention des cristaux d'oxy- hémoglobine. Ils sont isomorphes avec ces derniers et seraient moins solubles dans G II K L M M O m o a o o X I O m o .j o o X O FiG. 65. — Spectre photographique de roxyhémoglobine et de l'hémoglobine oxycarbonée. (Gamgee dans Schafer's Text-book of Pkysiology.) •l'eau (Hoppe-Seyler) (o). Ils présentent un pléochroïsme marqué. Examinés en lumière polarisée, certains cristaux varient, suivant la position du nicol, du rouge au pourpre, d'autres du pourpre à la presque décoloration (Ewald). Ils présentent, tout comme les cristaux d'oxyhémoglobine, un pouvoir dispersif différent suivant leurs axes optiques. La différence se marque par un léger déplacement de la première bande d'absorption. Les solutions d'hémoglobine oxycarbonée ont un ton plus bleuâtre que celles d'oxy- hémoglobine. Elles laissent traverser plus complètement les rayons bleus. Les bandes d'absorption sont au nombre de deux. Elles correspondent comme situation et inten- sité à celles de l'oxyhémoglobine, avec cette différence qu'elles sont toutes deux légè- rement déplacées vers la droite. D'après Rolleït, les centres de ces bandes correspon- dent à 572 et 535 \i.]x au lieu de 578 et 539[j.[x pour l'oxyhémoglobine. D'après Gamgee, la bande d'absorption de l'ultra-violet est plus étroite que celle de l'oxyhémoglobine et son centre se trouve un peu reporté vers la gauche (le centre cor- respond à 420.5 [j-ia), c'est-à-dire que le déplacement s'est ici effectué en sens inverse de celui des bandes a et [5. Les constantes spectro-photométriques de l'hémoglobine oxycarbonée, déterminées, HEMOGLOBIN E. 353 par llCi-iNER aux mêmes endroits du spectre que [tour les autres pigments du sang sont : c Ac A', i 1,095 0,001383 0,001203 1 Propriéléfi chimiques. — l/liémoglohine oxycarbonée est, comme il a di'jà été dit, une combinaison plus stable que l'bémoglobine oxygénée, mais cependant soumise comme celle-ci aux lois de la dissociation. En 1894, Bock (7(3) détermina le premier la courbe de dissociation de Fliémoglobine oxycaibonée et montra, en la comparant à celle de loxyhémoglobine, combien la parlii; ascendante en était plus verticale. L'année suivante, HCfner (77) reprit ces déterminations en se plaçant au même point de vue que pour la dissociation de l'oxyhémoglnbine. Au lieu de poursuivre la dissociation, de déterminer directement sou degré aux diiïérenles pressions, il détermina expérimentalement à la température 32", 7 le coeftlcient de dis- sociation A-, entrant dans sa formule générale Il a=^b c a représentant la concentration de l'bémoglobine oxycaibonée, non dissociée, 6 c celles de l'bémoglobine dissociée et de l'oxyde de carbone. Ce facteur une fois connu, il est facile de calculer la grandeur de la disso- ciation pour cliaque pression ga- zeuse de l'oxyde de carbone, ou de figurer la courbe de dissocia- tion. Ainsi obtenue, celle-ci est absolument analogue à celle dé- crite par Bock. Si l'on compare la valeur du facteur de dissociation de l'bémo- globine oxycarbonée à celle de l'hémoglobine oxygénée (dernière valevu" de Hufxer) on trouve que cette dernière est environ cent vingt-trois fois plus forte. La figure suivante représente les deux courbes en regard. Les tensions gazeuses sont portées en abscisses. Les ordonnées représentent les^ quan- tités, en centimètres cubes, des deux gaz qui sont fixées par un gramme d'hémoglobine. Comme il a été dit au chapitre de l'oxyhémoglobine, la quantité mjaxima d'oxyde de carbone fixée par un gramme d'hémoglobine serait de 1,:J38 centimètres cubes. D'après les recherches calorimétriques de Beutuelot, la chaleur de formation de l'hémoglobine oxycarbonée est supérieure à celle de l'oxyhémoglobine. La fixation de 28 grammes d'oxyde de carbone (poids moléculaire) par le sang, produisait le dégage- ment de 18,7 calories, alors que la formation de la quantité équivalente d'oxyhémoglo- bine mettrait en liberté seulement 1 i,77 calories. Ces données sont en plein accord avec l'étude de la dissociation des deux combinaisons. On comprend très bien, grâce à elles, comment il se fait que des quantités très faibles d'oxyde de carbone répandues dans l'atmosphère suffisent pour chasser l'oxygène de sa combinaison avec l'hémoglobine des globules rouges. Et cela d'autant plus que le coefficient d'absorption des solutions de inéthémoglobiue semble, d'après les recherches de HûFXER, être plus élevé pour l'oxyde de carbone 10 02096 à 19», 6; eau 0 02337) que pour l'oxygène lO 01309 à 37", ;i; eau 0 02378). DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VIU. 23 FiG. GG. — Courbes de dissociation B de l'o.vyliéniogloliiue n A di^ riiéniogloldiie oxycarboaée (Bock) [CenlrulhUUt fi-r l'hijsioloijie, ÎS94, YIII, p'. 3X01. 354 HEMOGLOBINE. Hoppe-Seyler avait déjà basé sur cette affinité très grande de l'oxyde de carbone pour rhémoglobine une méthode destinée à déceler de minimes quantités d'oxyde de carbone contenues dans une atmosphère. Gréhant (78) a pu déceler, par un procédé basé sur le même principe, l'oxyde de carbone à la dilution de 1/10000. Dans l'empoisonnement par l'oxyde de carbone, la combinaison oxycarbonée va s'accumulant dans le sang à mesure des progrès de l'intoxication, et, d'après Dreser(79), la mort survient chez les lapins, quand plus des deux tiers (70-80 p. 100) de l'hémoglo- bine sont combinés au gaz toxique. L'intoxication est grave à partir d'une proportion de oO p. 100 d'hémoglobine oxycarbonée. Si, avant l'empoisonnement complet, c'est-à-dire quand GO p. 100 de l'hémoglobine sont combinés à l'oxyde de carbone, on replace l'ani- mal dans une atmosphère privée de ce gaz, la dissociation de la combinaison s'efîectue rapidement. Après vingt minutes de respiration accélérée, la teneur en oxyhémoglobine s'élève déjà à 73,6 p. 100; après deux heures, à 91,5 p. 100. Haldane (80) a trouvé pour l'homme des valeurs approchées : Pour une tension de 0,021 p. 100 de CO, la fraction d'hémoglobine oxycarbonée s'élève à 13 p. 100; elle devenait 28 p. 100 après 4 heures de respiration d'un mélange à 0,045 p. 100 CO. Pendant l'expérience, il n'apparut aucun symptôme; après, un peu de dyspnée et de palpitations à la montée d'un escalier. Quand la proportion d'hémoglo- bine oxycarbonée monta jusqu'au tiers, apparurent les premiers symptômes d'intoxi- cation au repos (dyspnée, palpitations). Ces chiffres sont très différents de ceux notés par Gréhant (81) dans des recherches du même genre, d'où Gréhant avait tiré la conclusion, certainement fausse, que l'oxyde de carbone est absorbé dans le sang des animaux vivants d'après la loi de He.nry-Dalton. D'après les recherches du savant anglais, une tension d'environ 0,05 p. 100 d'oxyde de carbone dans l'air atmosphérique est suffisante pour produire, chez la souris et chez l'homme, un empoisonnement faible. Une tension de 0,22 p. 100 tuait la souris en 2''25'. Dans un essai sur l'homme, un air contenant 0,21 p. 100 de CO fut respiré pendant 71 minutes. Il y avait dans le sang riO p. 100 d'hémoglobine oxycarbonée. A côté des symptômes de l'empoisonnement faible apparurent de l'asthénie cérébrale avec céphalalgie et de la faiblesse musculaire. IIaldane, en accord avec la plupart des auteurs, et à la suite de Claude Bernard, ramène tous les symptômes de l'empoisonnement par l'oxyde de carbone àl'anoxhémie. La fixation du gaz toxique sur les globules équivaut à une soustraction rapide de ceux- ci à l'organisme. La seule thérapeutique rationnelle consistera donc à provoquer le plus rapidement possible la dissociation de la combinaison oxycarbonée. L'organisme pourra y parvenir en accélérant sa ventilation pulmonaire ou sa circulation. Le médecin inter- viendra en augmentant la tension d'oxygène dans les alvéoles pulmonaires, soit en augmentant la richesse en oxygène de l'air respiré, soit en augmentant la pression de l'air lui-même. A côté de cette élimination respiratoire de l'oxyde de carbone, il y aurait, d'après de Saint-Martin (82) à l'encontre de ce que pense Donders, une véritable oxydation de l'oxyde de carbone par l'oxygène du sang avec production d'acide carbonique. Dans des expériences in vilro sur des mélanges de sangs oxycarboné et oxygéné, de Saint- Martin constata une diminution progressive de la quantité d'oxyde de carbone. Cette opinion est partagée par Wachholtz( 1899), contestée par Gréhant (1889), Haldane (1900). On sait, d'autre part, que le sang défibriné, même stérile, abandonné à lui-même, consomme son propre oxygène et se réduit spontanément. L'oxyde de carbone s'oppose jusqu'à un certain point à cette réduction spontanée. Alors que, pour la souris, l'oxyde de carbone mélangé à l'air atmosphérique commence à être toxique vers 0,05 p. 100, dans l'oxygène pur, la teneur toxique minima s'élève h 0,8 p. 100, et il faut dépasser 5 p. 100 de CO pour mettre l'animal en danger de mort. A partir d'une tension suffisante d'oxygène (2 atmosphères), Toxyde de carbone, quelle que soit sa tension, n'aurait plus aucune action. Halda.ne explique ce fait en admettant que, pour ces tensions élevées d'oxygène, la seule dissolution de ce gaz dans le plasma accumule dans ce liquide la quantité d'oxygène suffisante pour les besoins de la vie. Peu importe dès lors la proportion d'hémoglobine oxycarbonée. D'autre part, la valeur de la tension de l'oxygène dans un mélange gazeux influence HÉMOGLOBINE. 355 directement l'état de combinaison de l'iiémoglobine avec l'oxyde de carbone. Dans des expériences in vitro, Halda.xe observe qu'une solution alcaline d'hémoglobine agitée dans une atmosphère d'Iiydrogène, mélangée de 0,16 p. 100 de CO, contenait 95 p. 100 d'hémoglobine oxycarbonée, tandis que, dans un mélange en mêmes proportions d'air et d'oxyde de carbone, il y avait moitié oxyhémoglobine et moitié hémoglobine oxycarbonée. Cette expérience mesure d'ailleurs directement l'afflnité des deux gaz, oxygène et oxyde de carbone pour l'hémoglobine (dans les conditions de l'expérience). Elle nous montre qu'à ce point de vue une tension de 0,16 p. 100 de CO équivaut à 21 p. 100 d'oxygène. Mosso (83) a publié une série de recherches sur l'action de l'oxyde de carbone, dont les conclusions sont en parfait accord avec les travaux de Haldane. HiiF.NER (84), lui aussi, est revenu sur la même question. Il s'est placé au point de vue auquel l'avaient amené ses études sur la dissociation des combinaisons gazeuses de l'hémoglobine, et il a déterminé directement le coefficient constant, d'après lequel se faille partage de l'hémoglobine entre oxyde de carbone et oxygène, quand ces deux gaz se trouvent en présence dans une solution de cette substance. Dans un milieu de ce genre, l'équilibre chimique s'établit quand k Va ^'c = k' Vc ho formule dans laquelle k et k' mesurent respectivement l'affinité de l'hémoglobine pour l'oxygène et l'oxyde de carbone, v„ et i\, les concentrations des deux gaz, ho et K, celles de l'hémoglobine oxygénée et de l'hémoglobine oxycarbonée. 11 y a équilibre chimique, quand le nombre de molécules d'hémoglobine oxycarbo- née se transformant en un temps donné en hémoglobine oxygénée, est égal à celui des molécules d'hémoglobine oxygénée qui opèrent le mouvement inverse. On tii'e de la première formule : l'c //„ k Vo hc li' La valeur de x est facile à déterminer expérimentalement. Après avoir agité à une température donnée une solution d'hémoglobine dans une atmosphère contenant les deux gaz jusqu'à ce que l'équilibre chimique soit obtenu, on détermine au moyen du spectrophotomètre les valeurs de /*„ et h^, tandis que l'analyse gazométrique de l'atmosphère donne les tensions partielles ~ et -^ de l'oxygène et de l'oxyde de car- ^ ^ 100 100 •'^ ^ bone. On en déduit leur concentration v^ et v;„ à l'état dissous dans le liquide d'après la formule v^ gçt Pc Vu ~ aot^Jo" dans laquelle a^^ et a,,, représentent les coeflicients d'absorption des deux gaz dans le liquide à la température de l'expérience. Dans ces expériences, la valeur de x semble indépendante de la température (?). Dans des recherches anciennes faites à 10°, Hufxer l'avait trouvée égale à 0,00"J6. Dans ses nouvelles expériences, faites à 21°^, il obtient la valeur x = 0,00501. Cette constante étant donnée, on peut, en connaissant la composition quantitative d'une atmosphère contenant en même temps de l'oxygène et de l'oxyde de carbone, déterminer directement le rapport de la quantité d'hémoglobine oxygénée à celle d'hémoglobine oxycarbonée. Le tableau suivant indique la fraction d'hémoglobine oxycarbonée, rapportée à 100 parties d'hémoglobine, dans une atmosphère dont l'oxygène est progressivement remplacé par l'oxyde de carbone: Tension de l'oxyde Tension de l'oxygène Pourcentage de carbone en centièmes en centièmes de riiémoglol)infi d'atmosphère. d'atmosphère. oxycarbouéo. 0,00o 20,959 3,34 0,010 20,958 6,83 0,025 20,955 15,50 0,050 20,950 21 T66 HEMOGLOBINE. Tension do l'oxyde Tension de l'oxygcne Pourcentage de carbone en centièmes [en ceniièmes de 1 hémoglobine d'atmosphère. d'atmosphère. ox3carbonée. 0,1 20,939 42,4 0.-2 20,918 59,5 0,3 20,897 69 0,4 29,870 74,60 0,5 . 20,8.-i5 78,65 0,6 20,834 81,57 0,7 20,813 83,79 0,8 20,792 85,54 0,9 20,771 80,96 1 20,750 88,1 1,25 20,098 90,25 1,5 20,646 91,78 1,75 20,593 92 89 2 20,541 93,72 L'hémoglobine oxycarbonée n'est pas transformée] en hémoglobine réduite par les agents réducteurs, tels que ,1e réactif de Stores, le sulfure ammonique, etc. (Hoppe- Seyler). Les agents de réduction, la putréfaction à l'abri de l'air n'ont sur elle aucune action. Les solutions d'hémoglobine oxycarbonée se différencient encore par quelques autres signes de celles d'oxyhémoglobine. Tandis que ces dernières, additionnées d'un égal volume d'une solution saturée de tanin, donnent rapidement un précipité brun ver- dâtre, celles d'hémoglobine oxycarbonée gardent pendant des années leur coloration rouge rosé. 11 en est de même de l'action d'un mélange de soude caustique et de chlo- rure calcique, ou de ferrocyanure de potassium et d'acide acétique, ou des sels des métaux lourds et terreux (clilorure d'or, clilorure de zinc). La soude caustique forte- ment concentrée (densité = 1,3) additionnée d'un demi-volume de sang traité par l'oxyde de carbone, le colore en rouge écarlate avec'précipitation rouge cinabre. Le pré- cipité est d'abord constitué d'hémoglobine oxycarbonée, se transformant ultérieurement en hémochromogène oxycarboné (Hoppe-Seyler). Dans ces conditions, le sang normal devient noir verdâtre. Soumises à rébuUition, les solutions neutres d'hémoglobine oxycarbonée donnent un coagulum rouge vif formé d'un mélange d'albumine coagulée et d'hémochromogéne oxycarboné (Hoppe-Seyleiî). Additionné du 1/4 ou du 1/5 de son volume de solution d'acétate basique de plomb et agité après mélange, pendant une minute au moins, le sang contenant de l'oxyde de carbone reste rouge, alors que le sang normal est coloré en brun. La diffé- rence de temte va s'accentuant (Rubner). L'acide phénique à o p. 100 précipite les solutions d'hémoglobine oxycai^bonée en rouge carminé, celles d'oxyhémoglobine en rouge brun (85). Additionnées de sulfure ammonique et d'acide acétique, les premières se colorent en rouge rosé, les secondes en vert-gris (88). A la longue, l'hémoglobine oxycarbonée, traitée par l'acide sulfhydrique en excès, se transforme en sulfhémoglobine i_Hau.\ack), mais beaucoup plus lentement que l'oxyhémoglobine (Salkowski) (87), Les agents mélhémoglobinisants habituels comme le ferricyanure, le permanga- nate, etc., transforment plus lentement l'hémoglobine oxycarbonée en mélhémoglobine <]ue l'oxyliémoglobine. Lors de cette transformation, il y a mise en liberté d'oxyde de carbone (Bkrtin-Sans et Moitessier (88), Haldane), Weyl et AiNREP (89) avaient admis que l'hémoglobine oxycarbonée pouvait se trans- former en une forme stable, la méthémoglobine oxycarbonée, qui, sous l'action du sulfure ammonique, subirait la transformation inverse. Actuellement personne n'admet plus cette manière de voir, condamnée expressément par Bertin-Sans et Moitessier (88). Traitée par l'oxyde azotique, l'hémoglobine oxycarbonée se transforme en hémoglobine oxynitriqvie, en même temps que s'échappe l'oxyde de carbone (Her.mann). Recherche de rhémoglobine oxycarbonée. — Pour dilTérencier rapidement l'homoglobine oxycarbonée de l'oxyhémoglobine, on aura recours aux différentes HEMOGLOBINE. 357 réactions différeiiLielles qui ont été indiquées plus haut. Les plus usuelles sont l'action de la soude (Hoppe-Sevlkr), qui donne un précipité rouye; la coaiiulation par la chaleur (Hoppe-Sevleh), qui fournit également un précipité rouge; l'indilTérence des agents réducteurs : hydrosulfite de soude, hydrate d'hydrazine et de la putréfaction (épreuve du tube scellé); et enfin la déter'minatiou de la constante spectroplioto- métrique • £ On peut aussi, à l'exemple de Berti.n-Sans et MorrEssiEB (88), ajouter au sang oxy- carboné du ferricyanure de potassium en poudre, de façon à transformer l'hémoglobine oxycarbohée en méthémoglobine ; extraire les gaz du sang par le vide et les faire agir sur une solution diluée d'oxyhémoglobine qui sera examin(''e au spectroscope. On C(M)- centre de cette manière, dans cette solution diluée, la quantité d'oxyde de carbone qui était contenue dans le sang primitif. Dans un échantillon de sang dont l'hémoglobine était saturée au 1/15'' d'oxyde de carbone, l'épreuve faite sur 400 centimètres cubes fut affirmative. Cette méthode a été perfectionnée par de Saint-Maktin (30). HÉMOGLOBINE OXYNITRIQUE. Hermann a démontré que, si l'on fait passer un courant d'oxyde nitrique à travers une solution d'oxyhémoglobine ou d'hémoglobine oxycarhonique, le composé azotique se substitue à l'oxygène et à l'oxyde de carbone dans leur combinaison avec l'hémoglo- bine. D'après des mesures récentes de Hufner et Reinbold (90), la méthémoglobine traitée par l'oxyde nitrique fixe 2'^<',68;i par gramme, c'est-à-dire le volume double de celui d'oxygène ou d'oxyde de carbone que fixe l'hémoglobine. Quand on fait agir l'oxyde nitrique sur l'Dxyhémoglobiiie, il faut neutralise!" l'action des acides nitreux et nitrique qui se forment par combinaison secondaii'e entre l'oxygène mis eu liberté, et l'excès d'oxyde nitrique. On y parvient en ajoutant à la solution d'oxyhémoglobine un peu de baryte (Heruaxx) on de l'urée (HCfxer et Ki'lz). Ces précautions sont inutiles dans l'action de l'oxyde nitrique sur l'hémoglobine oxycarbonée. Hermann obtint des cristaux de l'hémoglobine oxynitrique et les trouva isomorphes avec ceux de l'oxyhémoglobine. Les solutions présentent un ton rouge vif. Elles ne sont pas dicbroïques. Le spectre de l'hémoglobine oxynitrique présente deux raies d'absorption entre D et E, qui occupent, d'après Gamgee, exactement la même place que celles de l'oxyhémo- globine. Au contraire, la raie y dans le violet correspond exactement à celle de l'hémo- globine oxycarbonée L'hémoglobine oxynitrique se forme encore par l'action de l'oxyde d'azote sur la méthémoglobine (Hufner). Les agents réducteurs et la putréfaction ne l'inlluencent pas. SULFHÉMOGLOBINE. Hoppe-Seyler fait une distinction nette entre l'action du sulfure ammonique et de? sulfures alcalins sur l'oxyhémoglobine, quand leur concentration n'est pas trop forte, el celle de l'acide sulfhydrique. Tandis que les premiers réduisent simplement l'oxyliémo globine, l'action de l'acide est plus profonde. La solution devient rouge sale, si elle est concentrée, vert olivâtre, si elle est diluée. Elle absorbe fortement le bleu et le violet du .spectre et présente une raie d'absorption dans le rouge, raie comparable à celle des so- lutions de méthémoglobine, mais siégeant un peu plus à droite. La putréfaction en vase clos ne la transforme pas en hémoglobine réduite. La coloration verte de la viande putréfiée lui serait due. Elle se formerait dans le sang des animaux à sang froid empoisonnés par l'acide sulfhydrique, mais n'aurait pas le temps de se produire dans le même empoisonnement des animaux à sang chaud, à cause de leur mort i-apide par arrêt du cœur. Cependant Brouardel et Loye (91) avaient déjà pu déceler par l'emploi du spectro- scope l'altération de l'hémoglobine d'animaux empoisonnés lentement par l'acide sulfhy- drique, et plus récemment Binet et Meyer(92; ont décelé le spectre de la suU'ohémoglo- 358 HEMOGLOBINE. O} .$ «i .?i» < < S) a o « o àû o a bine à côté de celui de l'oxyhénio - globine, dans le sang d'animaux morts dans une atmosphère d'hy- drogène sulfuré. D'après Hoppe-Seyler, cette transformation de roxyhémoglo- bine, obteniK; par action de ce gaz sur la solution de cette substance, ne s'obtient pas si l'acide sulfhy- drique agit directement sur une solution d'hémoglobine réduite. Ainsi une solution d'oxyhémoglo - bine privée de son oxygène par un courant d'acide carbonique, con- serve le spectre caractéristique de l'hémoglobine réduite, malgré l'action ultérieure prolongée de l'acide sulfhydrique. Si, après avoir fait agir ce gaz sur elle, on l'agite à l'air, elle subit la transformation en sulfhémoglobine. On obtient le même effet en la faisant traverser d'emblée par un mélange d'acide sulfhydiique et d'oxygène. Dans ces conditions, il se produit en même temps une précipitation de soufre. Les adjonctions de faibles quantités d'alcali au sang dilué ou à la solution d'oxy-hémoglo- bine rendent plus difOcile la pro- duction de sulfhémoglobine, sans l'empêcher. En 1898, ILvRNACK (49) a re- pris cette question assez obscure et est parvenu à y jeter quelque lumière. Il existe bien une sulfhé- moglobine, que l'on peut considé- rer provisoirement, jusqu'à plus ample information, comme une combinaison additionnelle d'hémo- globine réduite et d'acide sulfhy- drique. ClARKE et HURTLEY (201) confirment cette opinion. Ils n'ont pu obtenir la sulfhémoglobine à l'état cristallin. Elle prend naissance, à ren- contre de ce que pensait Hoppe- , Seyler, par l'action de l'acide sulfhydrique sur l'hémoglobine ré- duite (obtenue par réduction spon- tanée à l'abri de l'air) ou sur l'hémoglobine oxycarbonée. Celte transformation se traduit par un changement de teinte des liqueurs, qui deviennent rouge foncé en même temps qu'apparaît une raie d'absorption caracté- ristique, siégeant dans l'orangé. Cette raie d'absorption siège à droite de celle de la o c 60 C c o £^ o o o s 05 tu a, HÉMOGLOBINE. 359 méthémoglobine. D'après Clarke et Hurtley, on obtient, par raction de l'acide suUhy- dfique sur l'hémoglobine oxycarbonée ou par celle de l'oxyde de carbone sur la sulfo- hémoglobine, une substance nouvelle, à spectre distinct, la carboxysulfiiémoglobine. La sulfhémoglobine n'est pas dissociée par un courant d'anhydride carbonique, qui enlève au sérum sanguin tout l'acide sulfhydrique dissous ou combiné aux alcalis. Au contraire l'adjonction d'un peu d'acide chlorbydrique met l'acide sulfhydrique en liberté, tandis que l'hémoglobine est décomposée en hématine et globine (Meyer); si l'acide est très dilué, l'hémoglobine se transforme d'abord en acidhémoglobine. Si, avant de faire agir sur le sang l'acide sulfhydrique, on le soumet à l'action de l'acide carbonique, la transformation en sulfhémoglobine ne se fait plus. L'a'tion pré- ventive de l'anhydride carbonique est difficile à expliquer. Peut-être ce gaz s'unit-il à l'hémoglobine, comme l'admet Bohr, et cette combinaison a-t-elle d'autres propriétés que l'hémoglobine pure. Cette hypothèse n'est d'ailleurs pas nécessaire. Car le passage de l'acide carbonique pendant une heure à travers la solution diluée de sang y a produit d'autres transformations : une partie au moins de l'hémoglo- biue est altérée, ainsi que le prouve l'apparition d'une raie d'absorption dans le rouge (à gauche de C et de la raie de la méthémoglobine véritable). Et cette transformation, qu'elle soit causée par l'acide carbonique ou par tout autre acide très dilué, empêche la production ultérieure de sulfhémoglobine. Enfin, dans l'action concomitante de l'hydrogène sulfuré et de l'oxygène sur l'hémo- globine réduite ou de l'hydrogène sulfuré seul sur l'oxyhémoglobine, il se produit des réactions compliquées. La sulfhémoglobine apparaît, mais elle est détruite ultérieure- ment sous l'action oxydante de l'oxygène activé par l'acide sulfhydrique (pré- cipitation de soufre) et il y a bientôt apparition d'hématine qui subirait elle-même des transformations ultérieures. Et, comme Hoppe-Seyler l'avait lui-même remarqué, on observe la même transforma- tion (sans apparition de sulfhémoglobine) par le passage concomitant d'oxygène et d'hy- drogène arsénié dans une solution d'hémoglobine réduite, alors que ce dernier gaz seul ne possède aucune action. Dans la figure de la page 358 sont représentées dans leur situation respective les bandes d'absorption des sulfhémoglobine, méthémoglobine, acidhémoglobine, hématine. HÉMOGLOBINE C Y A N H Y D RIQU E. Hoppe-Seyler (1867) (5), ayant fait cristalliser des solutions d'hémoglobine de cobaye et de chien, additionnées d'acide cyanhydrique, put démontrer qu'après plusieurs recris- tallisations les cristaux obtenus contenaient toujours de l'acide cyanhydrique, que l'on mettait en liberté par la distillation de leur solution additionnée d'acide sulfurique. Il en concluait k l'existence d'une combinaison entre l'hémoglobine et l'acide cyanhydrique. I^e spectre de cette substance ne présente aucune différence avec celui de l'oxyhémoglo- bine. Les agents réducteurs la transforment facilement en hémoglobine réduite. Si l'on scelle du sang dans un tube, après y avoir ajouté quelques gouttes d'acide cyanhydrique, on peut encore observer après des mois les deux raies de l'oxyhémoglo- bine, alors que la réduction serait complète après quelques jours si le sang n'avait pas au préalable été additionné d'acide cyanhydrique. Peu de temps auparavant, Preyer avait constaté que, lorsque l'on fait agir à la tem- pérature du corps une solution diluée d'acide cyanhydrique ou d'un cyanure alcalin sur l'oxyhémoglobine dissoute, on observe une transformation du spectre. Les deux bandes d'absorption sont remplacées par une bande unique dans le vert, analogue à celle de l'hémoglobine réduite, mais un peu déplacée vers le violet. Quand on agite cette solu- tion à l'air, on n'arrive pas à faire réapparaître les deux raies de l'oxyhémoglobine. D'après vo.x Zeymek (173), la substance observée par Preyer et par Hoppe-Seyler n'est pas différente de la méthémoglobine cyanhydrique. Il est impossible de l'obtenir par l'action directe de l'acide cyanhydrique sur l'hémoglobine réduite. L'oxyhémoglo- bine, soumise à 37" à l'action de l'acide cyanhydrique, se transforme lentement, sans dégagement d'oxygène. La substance nouvelle que l'on obtient péniblement de cette 360 HÉMOGLOBINE. façon a toutes les propriétés de celle qui se produit 1res facilement par l'action des cyanures ou de l'acide cyanhydrique sur les solutions de inétliémoglobine. Elle sera étudiée plus loin parmi les dérivés de la mothémof^lobine. COMBINAISON DE L'HÉMOGLOBINE AVEC LE CYANOGÈNE. Ray La.xkkster (93) a admis que le cyanoo-ène formait avec l'hcmoglobine réduite une combinaison additionnelle, analogue à celles qui dérivent de l'oxyde de carbone et l'oxy.le azotique. Le spectre de ce pioduit serait très analogue à celui de l'bémoglo- bine réduite. D'après von Zeya'ek (175), celte substance est identique à celle que Ton obtient le plus facilement par l'action des cyanures ou de l'acide cyanhydrique sur la mélhémoglobine. COMBINAISON DE L'HÉMOGLOBINE AVEC L'ACÉTYLÈNE. Décrit par BisTRow et [jebiskich (94), c» produit serait très instable et facilement réductible. Son existence est loin d'être assurée. D'après Brociner (94), le sauLr dissoudrait 80 p. 100 de son volume d'acétylène. Après ce traitement, on ne constate pas de spectre spécial. Le sang abandonne ce gaz au vide, la majeure partie a la température ordinaire, le restant à 60". COMBINAISON DE L'HÉMOGLOBINE AVEC LANHYDRIDE. CARBONIQUE. Setchenow (9.j)le premier établit qu'une solution d'hémoglobine dissout plus d'acide carbonique que le même volume d'eau. Cette observation fut confirmée ultérieurement par ZuNTz. Mais ce fut Bohr (4.3) qui institua les premières recherches complètes sur ce point. (1 détermina la courbe d'absorption de facide carbonique dans une solution pure d'oxyhétnoglobiue et obtint un^; figure absolument analogue à celle qui exprime la dis- sociation de l'oxyhémoglobine. Une grande différence entre les deux phénomènes pro- vient de la quantité absorbée, qui pour l'acide carbonique se monterait à 3,5 c. c. par gramme d'hémoglobine, quanlité notablement supérieure à celles de 0, de GO ou de NO. Quelques années plus tard, Boim observa que la présence d'oxygène influe peu sur l'absorption de l'acide carbonique; en d'autres termes, l'hémoglobine réduite et l'oxy- hémoglobine en fixeraient la m^'rne quantité. Il dit également que le spectre de la carbo- hémoglobine est très rapproché, d'après les observations de son élève Torup, de celui de l'hémoglobine réduite. Plus récemment, Bohr (96) a étudié le mode d'absorption de l'anhydride carbonique parles solutions de méthémoglobine. De ses recherches, il résulte que les solutions de méthén)oglobine absorbent sensi- l)Iementla même quantité d'anhydride carbonique que celles d'oxyhémoglobine ou d'hé- moglobine réduite. Rien n'est changé au phénomène, si l'on ajoute préalablement à la solution de méthémoglobine assez d'acide sulfurique dilué pour que la réaction en soit faiblement acide. Bohr conclut de ces faits qu'il existe une combinaison de l'oxyhémo- globine, de l'hémoglobine et de la méthémoglobine avec l'anhydride de carbone, com- binaison qui se dissocie comme les combinaisons ordinaires des gaz avec l'hémoglo- bine. Setche.now avait donné des faits observés par lui mie autre explication. Partant de l'idée que l'oxyliémoglobine se comporte comme un acide faible, il supposait que, dans les solutions habituelles de cette substance, il existe toujours un peu d'alcali combiné. Ce serait celui-ci qui serait enlevé à l'oxyhémoglobine par l'acide carbonique et augmen- terait le pouvoir absorbant pour ce gaz. Il semble démontré par les dernières recherches de Bohr que cette explication n'est en tout cas plus suffisante et (jue le radical protéique, lui aussi, quel que soit d'ailleurs son degré d'oxydation, intervient pour favoriser l'absorption de l'acide carbonique par l'eau. Mais on sait que c'est une propriété générale des substances dissoutes dans un liquide de modifier le coefficient de solubilité d'autres substances dans ce liquide, et les recher- HEMOGLOBINE. 3(11 ches de Ili fxer el de Ronn lui-même ont mis celte propriété en évidence en ce qui conrerne la solubilité d'autres gaz tels que l'oxygène, l'oxyde de carbone (Hikner), l'azote (Bohr) dans les solutions de raétliémoglobine. Les raisons invoquées par Jioiia ne 5ont pas suffisantes pour écarter une action banale de celte espèce et pour faire admettre une combinaison chimique entre l'acide carhoni((ue el l'hémoglobine. Celle-ci n'a d'ailleurs rien d'impossible en elle-même. Elle cadre parfaitement avec l'idée géné- ralement admise que les substances proléiques peuvent fixer d'une façon plus ou moins lâche les différents acides sur leur molécule. Elle s'accorde également avec la consta- tation ancienne que les acides les plus faibles, y compris l'acide carbonique, altèrent rapidement l'oxyliémoslobine. Quelle que soit d'ailleurs l'essence chimique du phénomène, ce dernier n'en garde pas moins tout son intérêt pliysiologique pour l'étude des échanges gazeux du sang, comme l'ont fait ressortir Rohiî, HAssRi.nAcn cIKhogh (voir plus haut Oxy hémoglobine). D'après S. ToRue (197), tandis que In fixation df l'oxygène sur l'hémoglobine pro- duit un léger dégagement de chaleur, celle de l'anhydride carbonique en absorbe notablement plus. La dernière réaction est nettement endottiermique. PARAHÉMOGLOBINE. Nencki et SiEBER (97) décrivent sous ce nom un produit obtenu par l'action de l'al- cool sur l'oxyhénioglobine cristallisée. D'après un procédé indiqué par Lacuowicz et Nenckt (08), on l'obtient, en faisant agir de l'alcool absolu (10 parties) sur des cristaux d'oxyhémoglobine de cheval (1 partie) à 0° pendant plusieurs heures. La parahémoglobine est plus foncée que roxyhémoglobine. L^s cristaux sont des prismes biréfringents qui ont le même spectre d'absorption que l'oxyhémoglobine. Ils ont la même composition centésimale que ceux d'oxyhémoglobine. Ils sont insolubles dans l'eau, l'alcool, l'éther. L'eau les gontle et leur fait perdre leur biréfringence qui reparaît par la dessiccation. Les alcalis fixes et les acides dilués los décomposent lentement en hématine pi pro- téine. En l'absence de toute trace d'eau et ;\ l'abri de l'air, la parahémoglobine peut se dis- soudre sans décomposition dans de l'alcool absolu saturé d'ammoniaque et cristalliser dans cette solution. Celte solution possède un spectre d'absorption caractérisé par une bande située à égale distance de D et E. Après quelques mois, le spectre se transforme: la bande unique fait place à deux raies entre D et E qui correspondent à celles de l'oxy- hémoglobine, un peu dèplai^ées vers le violet; la solution prend un ton bleuâtre. D'après Kruger (99'), on verrait encore, dans des solutions alcalines de concentration af)[iropriée, une bande entre G et D, près de C. Les solutions alcalines de parahéuio?lobine, après avoir subi l'action des réducteurs, fournissent un spectre composé, qui semble dû à la superposition de ceux de l'hémoglobine réduite et de l'héinochromogène. D'après le même auteur, ces moiificatioiis de spectre de l'oxyliénioglobine, après action de l'alcool, sont k rapprocher de celles que pi'oduit le chloroforme. Plusieurs auteurs considèrent la parahémoglobine de Nencki et Sieber comme étant de l'oxyhémoglobine coagulée incomplètement par l'alcool en l'absence de sels. ACIDHÉMOGLOBINE. D'après Har.xack (49), il y a lieu de faire une différence absolue entre les produits de transformation de l'oxyhémoglobine par les acides et par les agents méthémoglobi- nisants ordinaires. L'acidhémoglobine el la mélhémoglobine ont en commun la propriété de retenir beaucoup plus énergiquement que l'oxyhémoglobine l'oxygène fixé dans leur molécule. Leurs solutions sont également brunes, el leur spectre très seml)1ablc. Mais, d'après Harnack, la raie de l'acidhémoglobine siège à gauche de celle de la mélhémoglobine. Les alcnlis sont incapables de refaire de l'oxyhémoglobine aux dépens de l'acidhémoglobine. Le cyanure de potassium colore en rouge les solutions brunes d'acidhémoglobine, et le liquide présente un spectre très voisin de celui de l'oxyhémoglobine, sinon identique. 3G-2 HEMOGLOBINE. qui, par réducXiou spontanée de la solution, se transforme en celui de l'hémoglobine réduite. L'acidhémoglobine prend déjà naissance par l'aclion d'acides très faillies, comme l'acide carbonique. C'est un produit peu stable, qui possède une tendance marquée à se scinder, de façon à mettre en liberté l'hématine. MÉTHÉMOGLOBINE. Il semble que l'on ait confondu sous le nom de méthémoglobine des substances de nature diverse. Soumise à l'action des agents chimiques les plus variés, l'oxyhémoglo- bine, quand elle n'est pas détruite trop brutalement, commence toujours par brunir. Les solutions prennent la coloration brun-chocolat, en même temps que le spectre change, .fusque dans ces derniers temps, la substance obtenue dans ces conditions était invariablement désignée sous le nom de méthémoglobine. HAR^'ACK a rendu vraisem- blable l'existence de différents produits de transformation de Foxyhémoglobine, dont l'un serait la méthémoglobine vraie, un autre l'acidhémoglobine (voir sulfhémoglobine) Ce dernier, comme l'indique son nom, est dû à l'action des acides faibles sur l'oxyhémo- gldhine. Il sera donc plus spécialement question ici, sous le nom de méthémoglobine, de la substance obtenue par les agents méthémoglobinisants ordinaires, agissant en milieu neutre. Ceux-ci sont extrêmement nombreux. Déjà la simple conservation à l'état sec des cristaux d'oxjhémoglobine amène au bout d'un temps plus ou moins long leur transfor- mation en méthémoglobine. Il en est de même de l'évaporation des solutions. DiTTRiCH (100) a dressé une nomenclature étendue, quoique incomplète, d'agents chimiques méthémoglobinisants. Il les divise en : -1° agents oxydants, dont quelques-uns, plus importants, sont les ferricyanures, per- manganates, nitrites alcalins, la térébenthine ozonisée, l'iode (en solution iodurée), l'hypochlorite de soude, les chlorates et nitrates alcalins, la nitroglycérine, les com- posés organiques nitrés (nitrobenzol, acide picrique), etc. 2° agents réducteurs : hydrogène naissant, hydrogène fixé sur palladium, pyrogallol, phloroglucine, pyrocatéchine, hydroquinone, chlorure d'hydroxylamine, phénylhydra- zine, bisulfites, alloxanthine, a naphtol, acide gallique, ferrocyanure de potassium. 3° agents indifférents : sels d'aniline, de toluidine, acétanilide, acétphénitidine, acide chrysophanique, les substances azoïques, antimoniate de potassium, saccharose, glycé- rine, chlorure de calcium, sels neutres des métaux alcalins et alcalino-terreux en concentration forte, etc. Parmi les agents les plus actifs, il faut ranger le ferricyanure, le permanganate, le ferrocyanure (infirmé par Hufner), le nitrite potassiques, le chlorure d'hydroxylamine, qui agissent presque instantanément. La térébenthine ozonisée, l'acide gallique, la phé- nylhydrazine demandent une demi-heure de contact; le chlorate de potasse agit un peu plus lentement. L'éther, le phosphore, le f;-naphtol, la résorcine, le formiate et l'arséniate de soude, le chlorure de phénylhydrazine n'auraient aucune action. La température favorise fortement la méthémoglobinisation. Dans un essai de Dittrich, la transformation était commencée après dix-sept heures à 48", après deux jours à 38", quatre jours à 25", neuf jours à 20°, tandis qu'à 0°, il n'y avait pas trace de transformation après quinze jours. La concentration de la solution ne semble avoir aucune importance. Une circonstance nécessaire (von Mehrixg), c'est le contact de la substance méthé- moglobinisanle avec l'hémoglobine. Ainsi le ferricyanure de potassium, qui est extrême- ment actif sur les solutions d'hémoglobine, agit très lenlenient sur le saug lui-même à cause de sa pénétration lente dans les globules. DiTTRiCH confirme un fait déjà observé par Saarbach : si ces dilïérentes substances agissent à l'aigri de l'air sur une solution d'hémoglobine réduite, elles n'arrivent à faire avec celle-ci de la méthémoglobine qu'à la condition qu'on fournisse au préalable l'oxygène nécessaire pour la changer en oxyhémoglobine. L'oxyhémoglobine apparaît HEMOGLOBINE. 363 comme premier terme, bientôt transformée elle-même en Jméthémoglobine. (Voir plus loin l'opinion de Hoppe-Seyler.) Comme on a pu le voir à la nomenclature des différents agenls métliémog-lobinisants, à côté des substances réductrices et oxydantes, c'est-à-dire des substances qui peuvent prendre part à un déplacement d'oxygène dans un milieu, il en est, tels que les sels neutres des métaux alcalins et alcalino-terreux, qui sont absolument privés de tout pou- voir de ce genre. Ces derniers agents méthémoglobinisants ne prennent probablement pas une part active au phénomène, mais le favorisent. Cette action catalylique serait comparable, d'après DiTTRicH, à l'influence de sels, tels que les chlorures de zinc, d'aluminium, etc., sur une foule de combinaisons entre substances organiques. Sans eux, la transforma- tion en mélhémôgiobine se ferait encore, mais plus lentement. Henri et Mayer (187) ont observé une formation très active de méthémoglobine avec insolubilisation par- tielle, dans des solutions d'oxy-hémoglobine soumises à l'action du radium. D'après BoRDiER, les rayons X seraient incapables d'opérer cette transformation (t88j. Chez l'animal vivant, la méthémoglobinhémie sera produite le plus facilement par les substances (nitrobenzol, nitroglycérine, acétanilide), qui, tout en pénétrant dans les hématies, ne les dissolvent pas. Car, si la dissolution des hématies précède la méthémo- globinisation, le pigment sanguin normal ou transformé ne peut s'accumuler dalis la circulation, d'où il est enlevé au fur et à mesure de sa sortie des globules. Quand l'intoxication n'est pas trop considérable et qu'il n'y a pas eu destruction des globules, la méthémoglobine disparaît au bout de quelques heures de la circulation sans qu'apparaisse le moindre changement dans le nombre des globules. Si l'empoison- nement est intense, les globules se dissolvent, même après transfusion à un autre ani- mal. Masoin (101) a établi que, chez les mammifères, l'administration préventive de sels alca- lins (carbonate, bicarbonate, acétate) s'oppose dans une certaine mesure à l'action de différents agents méthémoglobinisants (nitrite de sodium, chlorate de potassium, aniline, acétanilide). Mais ces alcalins n'ont aucune action curative anliloxique proprement dite, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent plus influencer la transformatioit pathologique accomplie. On rencontre la méthémoglobine à l'état pathologique dans le contenu de certains kystes de l'ovaire, du corps thyroïde, etc. (Hoppe-Seyler) (102). Préparation. — Pour préparer une solution de méthémoglobine, on ajoute habituel- lement quelques gouttes d'une solution de ferricyanure de potassium à une dilution de sang. On peut également laisser évaporer différentes fois à sec une solution d'oxyhé- moglobine. L'obtention de cristaux purs de méthémoglobine est facile. Elle fut réalisée d'abord par Gamgee (103) qui considérait à ce moment la méthémoglo- bine comme une combinaison des nitrites avec l'oxyhémogiobine. Huf.xer et Orro (104) obtinrent en 1882 de grandes quantités de cristaux de .méthémoglobine de porc complè- tement pure, dont ils établirent ainsi les premiers l'existence comme individualité chi- mique et les principaux caractères. Pour obtenir des cristaux de méthémoglobine, von Zeynek agit comme suit(10.')) :il prépare d'abord une solution concentrée d'oxyhémoglobine pure dans de l'eau bouillie, ajoute du ferricyanure de potassium (solution 10 p. 100), eu quantité suffisante pour que la couleur de la solution devienne complètement brune et refroidit à 0". Il ajoute le quart du volume d'alcool à 90 p. 100, et maintient pendant quelques jours dans un milieu réfrigérant. D'après von Zeynek, la méthémoglobine du cheval et celle du porc s'obtiennent très facilement d'après ce procédé; on peut même voir cristalliser des solutions de méthémoglobine du cheval sans addition d'alcool, tandis qu'il lui fut impossible de faire cristalliser la méthémoglobine de bœuf. Habituellement la méthémoglobine du cheval et celle du porc cristallisent en aiguilles fines, exceptionnellement en tables hexagonales. D'aprês EwALD (11) les cristaux de méthémoglobine sont pléochroïques. Certains cris- taux sont, suivant la position du nicol, tantôt brun foncé, tantôt brun clair, alors que d'autres varient du brun foncé à la décoloration presque absolue. Le spectre de ces cris- taux présente, suivant Ewald, les quatre bandes de Jaderiiolm ; et la dispersion serait un peu différente suivant les axes optiques du cristal. 36-i HEMOGLOBINE. La méthémoglobiue du cheval et du porc se présente sous forme d'une poudre rouge brun qui abandonne, à 110", 11,3 p. JOO d'eau. I)"a|}rè3 HuiWER et Otto, la métliémoglobine de porc est moins soiuble dans l'eau que l'oxyliémoglobine de cet animal. A 00,100 ce. d'eau contenaient, dans une détermination, 5,8j gr. de métliémoglobine. La coloration des solutions de mélhémoglobine dans l'eau distillée, ou dans un milieu légèrement acide, est brune. Elle vire au rouge si l'on alcalinise la solution. Le speclre des solutions acides et alcalines est par conséquent différent. Les auteurs qui ont étudié le spectre de la méthémoglobine ne sont pas tous d'accord dans leurs conclusions. D apiès Jaderholm(106), les solutions acides de méthémoglobine présentent une bande très marquée dans le rouge orangé, avec intensité maxima entre 633 et 623 [j-jx; d'après G H K L M N O 'A O K H ■A <5 KiG. 68. — Spectre photographique de l'oxyhémoglobine et do la méthémoglobine (Gamoee dans Schaker's Text-Huokxif Physiologij). Akaivi (107), entre 648 et 620 |j.;j.; d'après Berti.\-Sans (108), près de 633; d'après Dittrich (100) près de 632 \±[x. Il y a donc accord sur ce point. Jabrruolm décrit en outre trois autres bandes d'absorption : deux entre D et E, qui correspondent exactement à celles de l'oxyhémoglobine ('»81 et ;)39 ;j.;i.), et une dans le bleu entre F et G entre 500 et 495 aa. Bertin-Sans confirme ces données et localise le centre de ces bandes 77, 777 et 7V' en 580, 538,5 et 500. Ziemke et Miller (109) ont donné du spectre de la méthémoglobine neutre une description très rapprochée. Au contraire, d'après Arari, élève de IIoppe-Seyler, et Dittrich, la seule bande carac- téristique de la mélhémoglobine est la première dans le rouge. Araki et DiriKicn se basent sur le fait que l'intensité des bandes 77 et 777 est très variable et peut devenir pour ainsi dire nulle. Ils croient qu'elles sont attri))uables à de petites quantités d'oxy- hémoglobine mélangées à la métliémoglobine. Uittricu déclare ne pas avoir constaté l'existence de la bande 7F. En résumé donc, de l'avis d"ARAKi, DrrTRiCH, Menzies (110) et Gamgeë, la seule bande caractéristique de la méthémoglobine siège dans le rouge. Gamgee dit d'autre part qu'à la suite de la transformation de l'oxyhémoglobine en méthémoglobine, la bande de Soret de l'extrême violet se déplace vers la droite, c'est- à-dire vers l'ultra-violet. Quand la solution est alcalinisée, la raie caractéristique dans le rouge disparaît immédiatement et est remplacée par une bande d'absorption faible située à la droile del). En acidilianl et alcalinisant alternativement une solution, on produira indéfiniment la transformation de l'un des deux spectres dans l'autre (Gamgee). Dajirès Robert (M I), la mélhémoglobine en solution alcaline présente deux bandes HÉMOGLOBINE. 365 d'absorption dans le vert, rap[)elant celles de l'oxyliémoj^lobine, plus une troisième près de E. La raie p est moins lacse que celle de roxyhémoglobino, et l'absorption de lumière y est plus faible (vo.x Zeyner, Koukrt). L'étude spectrophotométrique de la méthémoglobiiie n'a été faite qu'en solution alcaline, à raison du fait que là où le dosage spectropbotométrique pourra être inté- ressant, c'est-à-dire dans le sang- ou les liquides organiques, la réaction est alcaline. Voici, d'après von Zeynek, les constantes spectropliotométriques de la niéthénio- globine. Méthémoglobine du cheval. '" A,„ A ,„ 1,187 0,002052 0,001129 Méthémoglobine du porc ^ m A„ A',„ 1,183 0,002103 0.001179 Méthémoglobine du bœuf. e'm A„, A'„. 1,176 0,00208 0,00177 Dans leur travail, Hi i nek et Otto donnent les résultats de l'analyse centésimale de la méthémoglobine du porc. Les voici : Carbone. . Hydrogène. Azote. . . Soufre. . . Fer. . . . Oxygène. .53,99 7,13 16,1(1 0,66 0,449 21,58 Au point de vue de ses propriétés chimiques, la méthémoglobine se difierencie net- tement de l'oxyliémoglobine. G.\ji(;ee (103), le premier, montra qu'après l'action des nitrites le pigment sanguin a perdu la propriété d'abandonner son oxygène dans le vide ou sous l'inlluence de l'oxyde de carbone, sans que cependant l'oxygène de l'oxy- hémoglobine ait été abandonné à l'atmospbère ambiante pendant la transformation. 11 établit eu outre que les agents réducteurs transforment le pigment sanguin ainsi altéré successivement en oxyhémoglobine, puis en hémoglobine réduite. Gamgee d(''crivit ainsi le premier les principales propriétés chimiques de la méthémoglobine, propriétés qui lui furent reconnues successivement plus tard. Gamgee croyait à ce mo- jiient avoir affaire à une combinaison de l'oxyliémoglobine et des nitrites. De sorte que les propriétés attribuées par lui à ce produit inexistant furent reconnues plus tai'd à la méthémoglobine. On sait donc actuellement que la méthémoglobine n'abandonne sou oxygène ni au vide, ni à l'oxyde de carbone ; que l'oxyde d'azote la colore en rouge, en donnant la même combinaison additionnelle que celle que l'on obtient en faisant agir ce gaz sur des solutions d'oxyliémoglobine ou d'hémoglobine o.xycarbonée ; enfin que la pulréfac- tion ou les agents réducteurs (sulfure animoni(iue), la transforment en hémoglobine 366 HEMOGLOBINE. réduite, sans passer, comme le croyaient Gamgee et Jâderholm, par roxyhémoglobine. Voici comment se démontrait ce dernier fait: Dans un tube à réaction contenant une solution de méthémoglobine, on fait aniver lentement dans la profondeur une solution de sulfure ammonique. Si l'on examine au spectroscope la zone de séparation des deux liquides, on voit apparaître tout d'abord le spectre d'absorption de l'oxybémoglobine, bientôt remplacé par celui de l'bémoglobine réduite (Gamoee). L'expérience, telle que la proposait Gamgee, n'était pas tout à fait correcte. Car la solution de méthémoglobine contient de l'oxygène dissous, qui, au moment de la mise en liberté de l'hémoglobine réduite, peut se combiner à une partie de celle-ci, pour en faire de l'oxybémoglobine. Quand, à l'exemple de Hoppe-Seyler (73), on s'arrange de façon à se débarrasser de ce gaz dissous par un début de putréfaction, le sulfure ammonique transforme directement la méthémoglobine en hémoglobine réduite. De même lors de l'action du palladium chargé d'hydrogène sur l'oxyliémoglobine, il y a d'abord méthémoglobinisalion, à laquelle succède une réduction complète de l'hémoglo- bine ; et encore ici, entre la méthémoglobine et l'hémoglobine réduite, il n'y a pas de terme de passage (confirmé par Henninger) (112). On a beaucoup discuté sur la nature de la méthémoglobine et sur les rapports qui existent entre elle et l'oxyhémoglobine. Deux opinions principales ont été soutenues. Les uns, se basant surtout sur l'obtention de la méthémoglobine par l'action d'agents oxydants sur l'oxybémoglobine et sur l'expérience faite au moyen du sulfure ammo- nique, ont fait de la méthémoglobine un peroxyde d'hémoglobine. Cette idée fut surtout soutenue par Jâderholm (100). Hoppe-Seyler (102), au contraire, était d'avis qu'au point de vue de sa richesse en oxygène la méthémoglobine était un produit intermédiaire entre l'oxyhémoglobine et l'hémoglobine réduite. Il se basait surtout sur l'obtention de la méthémoglobine par l'action d'agents réducteurs (palladium chargé d'hydrogène) et sur la méthémoglobinisation que l'on peut constater dans des solutions pures d"oxyhé- moglobine, privées incomplètement de leur oxygène par l'action du vide. fliJFNER avait, dans ses premiers travaux, pris une position intermédiaire. Ayant cons- taté que l'oxyde d'azote colore la méthémoglobine en rose, il établit avec Kulz (113) que la substance ainsi obtenue est le produit ordinaire de la combinaison de l'hémoglobine avec l'oxyde d'azote, produit additionnel que l'on obtient encore en faisant agir ce gaz sur l'hémoglobine réduite, sur l'hémoglobine oxygénée ou oxycarbonée. Dans le pre- mier de ces trois cas (hémoglobine réduite) le gaz s'unit par simple addition à la molé- cule d'hémoglobine, dans les deux derniers (hémoglobines oxygénée et oxycarbonée), il déplace juste le même volume d'oxygène ou d'oxyde de carbone (Herman.x). Hùfner et Kulz se proposèrent de déterminer la quantité d'oxygène mise en liberté par l'action de l'oxyde d'azote sur la méthémoglobine pour en déduire le degré d'oxygénation de celte substance. En fait, l'oxygène libéré n'apparaît pas comme tel, mais il se combine à l'excès d'oxyde azotique présent, pour former du peroxyde d'azote, qui, dans l'eau, se décompose en anhydrides nitrique et nitreux, qui se transforment eux-mêmes immé- diatement en les acides correspondants. Or, par l'adjonction d'un peu d'urée au liquide, on provoque, par suite de la réaction de cette substance avec l'acide nitreux formé, le dégagement d'un certain volume d'azote, qui est mesuré et permet d'apprécier la quan- tité d'oxygène mise en liberté. Les réactions se passent dans l'ordre suivant : (1) 6N0 + 2(H6 — 02) = 4N02-I-2(HA — NO). (2) 4N02-I-2 H20 = 2N02H +2xN03H. (3) 2 NOiH + CHiN20 = 3 Ho 0 + CO2 + 2 No. En opérant ainsi comparativement sur des solutions ('quivalenles d'oxyhémoglo- bine et de méthémoglobine, HiiPt^ER et Ki'LZ ont trouvé que les quantités d'azote libé- rées étaient sensiblement égales. D'oii la conclusion également éloignée de l'opinion de Hoppe-Seyler et de Jâderholm que les molécules d'oxyhémoglobine et de métliémoglo- bine contiennent exactement la même quantité d'oxygène. En 1898, un physiologiste anglais, Haldane (114), a fait une constatation très intéres- sante, qui est de nature à jeter un nouveau jour sur la nature de la méthémoglobine. Halda.ne remarqua que, pendant la transformation en m(Hhf''moglobine, qui se produit HÉMOGLOBINE. 3()7 dans une solution d'oxykémoglobine que l'on vient d'additionner de ferricyanure de potassium, il se dégage du liquide des bulles gazeuses, qui sont de l'oxygène. Soumise à l'action du vide, une solution d'hémoglobine abandonne la même quantité d'oxygène, qu'elle soit ou non additionnée de ferricyanure de potassium. L'expérience donne les mêmes résultats si, au lieu d'oxyhémoglobine, on emploie l'hémoglobine oxycarbonée. Dans ce ras, le gaz mis en liberté est l'oxyde de carbone (fait déjà constaté par Hertin- Sans et MorrEssiER). Le volume de ce dernier est égal à celui d'oxygène qu'abandonne la quantité équivalente d'oxyhémoglobine. Mais, dans les deux réactions, le ferricyanure est réduit à l'état de ferrocyanure, de sorte que l'oxygène ou l'oxyde de carbone per- dus d'un côté sont remplacés par la quantité équivalente d'oxygène fourni par la réduction du ferricyanure. La réaction se passerait suivant la formule suivante : Ub Oo + i Na3 (Cye Fe) + 4 Na HCO:i = 02 + H6O2 + 4 Naj. (Cy,; Fe) + 4 CO2 + H2O. HALDA^'E admet donc, en accord avec Hufner et Kulz, que la méthémoglobine con- tient exactement la même quantité d'oxygène que l'oxyhémoglobine, mais fixée d'une autre manière. Dans l'oxyhémoglobine, les deux atomes d'oxygène échangeraient une valence entre eux, fixés par l'autre à la molécule d'hémoglobine. Dans la méthémoglo- bine, cette union directe entre les deux atomes d'oxygène n'existerait pas. Ainsi s'expli- querait pourquoi la méthémoglobine abandonne son oxygène aux agents réducteurs plus facilement que l'oxyhémoglobine, alors que l'inverse se produit dans l'action du vide. L'expérience de Gamgee, précédemment citée, le prouve. Dans une solulion aérée de méthémoglobine, versons du sulfure animonique; immédiatement apparaît le spectre de l'oxyhémoglobine qui se réduira ultérieurement. Si la solution est complète- ment privée d'oxygène dissous, le spectre de l'hémoglobine réduite se verra d'emblée. Par l'action du permanganate sur les solutions d'oxyhémoglobine, la quantité d'oxygène mise en liberté est moindre. Le nitrite potassique n'en fournit pas. Haldane base sur l'action du ferricyanure de potassium sur les solutions d'hémoglobines oxygé- née et oxycarbonée un procédé simple et précis de détermination de la quantité d'oxygène ou d'oxyde de carbone fixée chimiquement dans un liquide contenant des globules rouges ou de l'hémoglobine dissoute (114). L'année suivante (1899), les résultats de Haldaxe furent corroborés en tous points par des recherches de Hufner (104) et de son élève von Zey.xek (U'i). Von Zey.xek émet, au sujet de la nature intime delà méthémoglobine, une hypothèse un peu différente de celle de Haldane. Se basant sur le caractère acide très prononcé de la méthémoglobine, von Zeynek suppose que, lors de la transformation de l'oxyhémo- globine en méthémoglobine, les deux atomes d'oxygène libérés sont remplacés non par deux nouveaux atomes d'o.xygène, mais par deux groupes hydroxyles OH. En représentant la molécule d'ht-moglobine réduite par la letli-e i^, l'iiémoglobine oxygénée deviendrait O OH r/ I et hi nii'lhéiuoglobinc R( ^O 011 Cette conception expliquerait tiès bien, d'après vox Zeynek, la méthénioglobinisation par les agents réducteurs, l'hydrogène naissant par exemple : 0 OH.' D'après VON Zeynek, l'action du fcrricyaimie sur l'oxyliémogloliine pourrait se repré- senter par la formule suivante : 2 (Cyc Fe K;,) + 2 HoO = Cv,; Fe II K.> + 2 OH). ^0 OH r/ I + 2 OH =:=. r/ +0... ^0 \0H Il est difficile de prendre position actuellement pour rniie ou l'autie des o[iinions de 368 HEMOGLOBINE. Haldane ou de vo.\ Zeynek, qui ne peuvent d'ailleurs être en l'état actuel de la question que desimpies conjectures. On peut cependant objecter à l'auteur allemand les résultats anciens de son maître lui-même, d'après lesquels il y a mise en liberté de volumes égaux d'oxygène par l'action de l'oxyde nitrique sur des quantités équivalentes de méthéniogiobine et d'hémoglobine oxygénée. Or, si la méthémoglobine possédai! lu constitution que lui suppose vox Zeymek, elle fournirait dans ces conditions tout juste la moitié de la quantité' abandonnée par l'oxyliémoglobine. Cependant HirNER lui-même parait ne pas attacher beaucoup d'importance à cette donnée expérimentale, puisque, dans son dernier article sur ce sujet, il afllrme, sans nouveaux arguments objectifs, /OH que ses préférences personnelles vont à la formule R = 0 ou Rynu» d'après laquelle la méthémoglobine contiendrait tout juste moitié moins d'oxygène (dissociable) que l'oxyhémoglobine. Ce serait en revenir à l'ancienne opinion de Hoppe-Seyler. En 1904, HuKXER et Reinbold (116) ont déterminé à nouveau la quantité d'oxyde nitrique qui se combine à 1 gramme de méthémoglobine. Elle coriespond à un volume de 2", 685, c'est-à-dire juste le double du volume d'oxygène ou d'oxyde de carbone. Comme il a été dit, la méthémoglobine possède les caractères d'un acide faible (Jaderholm (105), Mexzies (100). Quand une solution neutre d'oxyhémoglobine abandonnée à elle-même se transforme lentement en méthémoglobine, elle devient acide (Me.nzies). Il y a cependant lieu de remarquer que cette acidité pourrait être due aux acides orga- niques volatils qui apparaissent dans la solution (Hoppe-Seyler). Mais un argument plus décisif est fourni par la dilTérence nette des spectres de la méthémoglobine en solution dans l'eau distillée ou alcalinisée, dilTérence qui semble même indiquer que c'est dans le groupe ferrifère lui-même de la molécule de méthémoglobine que siègent les atomi- cités acides. Les solutions de méthémoglobine sont précipitées par l'acétate neutre de plomb qui laisse limpides les solutions d'oxyhémoglobine. La méthémoglobine donne, tout comme l'hémoglobine, quelques produits additionnels. Méthémoglobine cyanhydrique. — La plus intéressante est la méthémoglobine cyanhydrique découverte par Kobert (H7). Voulant expliquer la coloration rouge des ecchymoses sous-culanées et sous-muqueuses (estomac) trouvées sur les cadavres d'in- dividus morts d'empoisonnement par l'acide cyanhydrique ou les cyanures, Ivobert sup- posa l'existence d'une combinaison entre l'acide cyanhydrique et la méthémoglobine et il chercha à l'obtenir par synthèse. Quand, à une solution de méthémoglobine (de 1 à 2 p. 100) on ajoute goutte à goutte une solution d'acide cyanhydrique à 0,1 p. 100, elle devient rouge vif. Le spectre d'une telle solution présente une bande unique entre D et E analogue à celle de l'hémoglobine réduite. Ce spectre ne change pas, quelle que soit la réaction de la solution. L'o.Nygènen'inlluence pas la méthémoglobine cyanhydrique. Kouert croyait primitive- ment qu'il en était de même pour les agents réducteurs puissants, tels que le sulfure ammonique. Il admet actuellement que la méthémoglobine cyanhydrique est trans- formée lentement par cet agent, beaucoup plus- lentement que la méthémoglobine. Le produit de cette réaction, c'est l'hémoglobine réduite (confirmé par von Zeynek) (175). SziGETi (118) a prétendu que la méthémoglobine cyanhydrique de Korert n'était autre chose que l'hématine cyanhydrique de Hoppe-Seyler et Prever. Mais Haldane (119) a fait connaître quelques observations qui démontrent définitivement le mal fondé de cette opinion : la bande d'absorption de l'hématine cyanhydrique est plus étroite. Le sulfure ammonique qui, à la température de l'étuve, n'agit que lentement sur la méthé- moglobine cyanhydrique pour en faire de l'hémoglobine réduite, transforme instantané- ment l'hématine cyanhydrique en une substance dont le spectre rappelle celui de l'oxyhémoglobine, mais qui n'est pas l'hémochroniogène. Le vide n'agit ni sur le spectre de l'hématine cyanhydrique ni sur celui de la méthémoglobine cyanhydrique. D'après Haldane, lors de l'action de l'acide cyanhydrique sur la méthémoglobine, il n'y a pas de mise en liberté d'oxygène, comme c'est le'cas quand la méthémoglobine est soumise à l'action de l'oxyde nitrique. D'après von Zeynek, l'action de l'acide cyanhydrique et des cyanures, nulle sur l'hémoglobine réduite, est efficace sur l'oxyliémoglobine et la méthémoglobine. La HEMOGLOBINE. 361> transformation de la raéthémoglobine est beaucoup plus facile que celle de l'oxyhéino- globiiie. Elle se fait sans dégagement d'ox3'gène. Le produit obtenu est id(!titiqu>c dans les deux cas. On peut l'obtenir en cristaux, déjà vus par Hoite-Seyler. Les solutions n'abandonnent pas d'acide cyanhydrique au vide à la température ordinaire, mais bien à 100° ou après adjonction d'un acide. Le spectre est celui qu'ont décrit Pueyer pour l'hémoglobine cyanhydrique, Kobert pour la méthémoglobine cyanhydrique. Bock pour la photométhémoglobine. La molécule de méthémoglobine cyanhydrique contien- drait une seule molécule d'acide cyaidiydrique. Méthémoglobine H- 0-. — Ayant ajouté à une solution de méthémoglobine obtenue par l'action du ferricyanure potassique sur du sang dilué, goutte à goutte, une solution presque neutre d'eau oxygénée à 1 p. 100, Kobert vit la couleur brune se transformer en rouge vif pendant que se dégageaient quelques bulles d'oxygène. La bande d'absorption dans le ronge disparaît, en même temps que se montrent deux bandes dans le vert (600-584 ;j.;ji, 358-545 {xij.), plus intenses que celles de la méthémoglobine alcaline. On peut constater une troisième zone d'obscurcissement dans le bleu, s'éten- dant parfois presque dans le violet (313-500 [i.;ji). Si l'on porte à SO^-SS" une solution ainsi transformée, elle brunit bientôt derechef, et le spectre de la méthémoglobine réapparaît. On peut répéter à l'infini cette double transformation. L'alcalinisation très légère de la solution ne change rien au spectre. Vient-on à additionner une solution ainsi alcalinisée de quelques gouttes du sulfure ammonique, on observe au spectroscope une triple absorption très intense : unique dans le rouge, double dans le vert. L'ensemble fait l'elTel d'un III romain. Bientôt le premier trait disparaît. Kobert croit à l'existence d'un produit d'addition bien peu stable de la méthémoglo- bine avec l'eau oxygénée. Photométhémoglobine. — Bock (76) a obtenu, par l'action d'une lumière solaire intense sur la méthémoglobine en solution diluée, une transformation de la teinte et du spectre de celle-ci. Les solutions deviennent rouge sombre, avec bords jaunes en couche mince. En solution alcaline ou acide, le spectre est constant et se caractérise par une bande dans le vert, analogue à celle de l'hémoglobine réduite, mais un peu reportée à droite (333 [JL[JL.), et par une autre dans le violet. La valeur de - serait, d'après Bock et vo.n Zeynek, 1,29. Les agents réducteurs transforment la photométhémoglobine en hémoglo- bine réduite. L'oxygène ne l'influence pas. Cette substance a été obtenue à l'état cristal- lisé par Bock. D'après Haldane (119), confirmé par vox Zeyxck (173), la photométhémoglobine de Bock n'est autre chose que la méthémoglobine cyanhydrique. Pour préparer la pho- tométhémoglobine. Bock exposait à la lumière des solutions de méthémoglobine obtenues par l'action de ferricyanure de potassium sur roxyhémoglobine. Or, en solution diluée, le ferricyanure de potassium est décomposé par la lumière, avec mise en liberté d'acide cyanhydrique, qui agit sur la méthémoglobine. Les propriétés de la photométhémoglobine et celles de la méthémoglobine cyan- hydrique sont complètement identiques. Produits de combinaison de la méthémoglobine avec les sulfocyanates, les nitrites, l'hydrogène sulfuré, l'oxyde de carbone. — Kobert étudia également l'action sur la méthémoglobine des sulfocyanates alcalins. Ceux-ci rougissent légère- ment les solutions brunes de méthémoglobine, mais transforment peu le spectre. La bande dans le rouge persiste; dans le vert existent les bandes de la méthémoglobine cyanhydrique. Le sulfure ammonique réduit complètement le mélange. Il n'y a pas, de l'avis de Kobert, de raison suffisante pour admettre un nouveau composé. En ajoutant à une solution de méthémoglobine des nitrites alcalins, on la rougit aussi. Le spectre correspond à celui de la combinaison avec l'eau oxygénée, sauf que la bande a fdans le rouge) ne disparaît pas complètement. On admettait aussi l'existence d'un composé de méthémoglobine et d'acide sulfliy- drique. Les recherches de Harxagk, conllrmées par Kobert, ne plaident pas en faveur de cette opinion. Weyl et AxREr avaient admis l'existence d'une combinaison oxycarbonée de la méthé- moglobine. Mais les travaux de Bertin-Sans et Moitessier (88) ont démontré l'inexaclitude DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VIII. 24 370' HEMOGLOBINE. de cette opinion. D'après Cevidalli et Chistoni (186), la pre'lendue méthémoglobine oxycarbonée ne serait pas autre chose que de la méthémoglobine cyanhydrique, qui se produit par l'action des composés de cyanogène que contient le gaz d'éclairage. On l'obtient avec le gaz d'éclairage, mais non avec l'oxyde de carbone pur. Récemment Ville et Derrien (120) ont signalé l'existence d'une méthémoglobine lluorée, produit instable qu'ils ont obtenu à l'étal cristallin en additionnant une solu- tion de méthémoglobine de tluorure sodique et de sulfate ammonique. Recherche de la méthémoglobine. — Le spectre de la méthémoglobine servira à caractériser cette substance, mais en raison de la ressemblance du spectre de la méthé- moglobine avec celui de l'hématine, on recourra à l'action des agents réducteurs ou de la putréfaction, qui transforment l'hématine en hémochromogène, et la méthémoglo- bine en hémoglobine. Cette dernière pourra, à son tour, être transformée en hémoglo- bine oxygénée par agitation à l'air. HÉMATINE. Gomme il a été dit à plusieurs reprises, l'hématine est le noyau chromogène de l'oxyhémoglobine, que les acides, les alcalis, les ferments, la chaleur détachent du noyau protéique, la globine. Elle fut isolée pour la première fois par Leganu (121). Préparation de l'hématine. — Primitivement, on extrayait par l'alcool le sang traité par l'acide sulfurique (Leganu) ou par le carbonate potassique (von Wittich). La solution était rapidement filtrée et abandonnait par évaporation des produits impars. Hoppe-Seyler coagulait par l'alcool le sang défibriné, et le coagulum était digéré au bain-marie dans de l'alcool acidulé fortement d'acide sulfurique. Les solutions filtrées à chaud étaient additionnées de chlorure sodique eu quantité suffisante pour trans- former l'acide sulfurique en acide chlorhydrique. Après exposition pendant une heure à la température du bain-marie bouillant, la solution était abandonnée au refroidisse- ment. Il se produisait un dépôt de cristaux d'hémine qui étaient lavés, mis en solution, et saponifiés dans une liqueur alcaline, d'où l'hématine était précipitée par un acide. Gazeneuve (122) coagule le sang ou mieux le dépôt de globules lavés par l'éther alcoolique (25 à 30 p. 100 d'alcool) et triture le coagulum dans de l'éther additionné de 2 p. 100 d'acide oxalique. Par addition à la solution élhérée filtrée d'une quantité suffisante d'éther ammoniacal, on précipitait l'hématine, qui était ensuite lavée à l'éther, à l'alcool et à l'eau bouillante. Actuellement, on emploie habituellement le procédé suivant, qui donne un produit pur et abondant : On commence par se procurer une quantité suffisante d'hémine par un procédé qui sera décrit plus loin. Ge produit est saponifié à froid dans une solution de soude et de potasse, qui est ensuite rendue acide par l'acide chlorhydrique. Il se produit un préci- pité brun d'hématine qui est lavé à l'eau froide d'abord, jusqu'à disparition de la l'éac- tion acide, à l'eau chaude jusqu'à élimination du chlore, et séché ensuite à froid sur lie l'acide sulfurique, ou à chaud, d'abord à 100», puis à 115°. L'hématine a la formule suivante, établie par les dernières recherches de Kùster (123). Cst H3i Ni Fe G.-,. Hoppe-Seyler avail proposé, il y a longtemps, une formule très peu difierente : CcsH^ûNxFeoOio. L'hématine n'est pas connue à l'état cristallisé. G'esl une poudre amorphe, d'un ton bleu noirâtre, à éclat métallique. L'hématine est insoluble dans l'eau, l'alcool, l'éther, le chloroforme, très peu soluble dans les acides dilués, de même dans l'acide acétique glacial, très soluble dans les solutions alcalines, même très diluées, dans l'alcool ou l'éther acidifiés et dans l'alcool neutre ayant dissous des sels neutres (Arnold) (124). Les solutions alcalines d'hématine examinées à la lumière transmise en couche épaisse sont rouges, et vert olivâtre en couche mince. Les solutions acides sont brunes, quelle que soit leur épaisseur. Le spectre de l'hématine alcaline est caractérisé par une bande mal délimitée sié- HÉMOGLOBINE. 371 géant pour des concentrations faibles (environ 0,1 p. 1000 sous une épaisseur de 1 centi- mètre) entre C et D, adjacente à cette deinière. D'après J.vderholm (125), l'addition de quantités croissantes d'alcali a pour elTet de déplacer la bande vers le violet. Si la concentration aur];niente, elle s'étend rapidement vers la droite et déborde D. Déjà en solution alcaline très diluée, l'extrémité droite du spei'tre est complètement assombrie, de sorte qu'il est impossible de découvrir une bande d'absorption limitée (Gamgee). En solution alcoolique acidulée, l'iiématine possède également une bande très nette entre C et D, plus rapprochée de C que de D (650 [j.[x^ d'après Menzies). Elle siège à gauche de la bande correspondante de la méthémoglobine acide. La situation est d'ail- leurs variable, suivant l'acide employé pour la dissoudre et la concentration de cet acide. Plus il y a d'acide, plus la bande est reportée vers le rouge (Preyer, Jaderholm). D'après Nencki et Sieber (97), en solution alcoolique très acide, elle est située au delà de C, entre B et C. 11 semble que la présence d'albumine dans les solutions d'hémaline puisse aussi influencer la situation de cette zone d'absorption. Hoppe-Sëyler décrit en outre une zone sombre très étendue, se plaçant entre D et F, qui se divise en deux bandes, quand la dilution est très grande. L'extrémité violette du spectre n'est pas obscurcie. De plus, d'après Jaderholm, il y aurait une autre bande d'absorption assez faible et étroite, s'étendant à la droite de D. Gomme on le voit, le spectre attribué par cet auteur à l'hématine acide rappelle beaucoup celui qu'il a décrit pour la méthémoglobine en solution acide. En solution alcoolique neutre, l'hématine présente, d'après Arnold, un spectre bien caractérisé ; une bande faible (570 à 555 [i.[j.), et une plus foncée et plus large (545548 [jlix), situées toutes les deux dans le vert et correspondant assez bien aux bandes a et p de l'oxyhémoglobine, reportées un peu vers la droite. La couleur de ces solutions est l'ouge. Si l'on chauffe, le ton devient brun, en même temps qu'apparaît le spectre de l'hématine alcaline. D'après Dhéré (185), les solutions à 1/10 000^ d'hématine donnent, sous l'épaisseur d'un millimètre, une bande d'absorption dans la portion terminale du violet (X 398 [xia- 379 ;j.[x) en solution alcoolique acide; ou dans la portion initiale de l'ultra-violet (À=: 386 aa-364 [j.'j.) en solution aqueuse alcaline. Propriétés chimiques. — Stokes (1864) a le premier observé que, si l'on traite des solutions alcalines d'hématine par le sulfure ammonique ou la solution de Stokes, la couleur de la solution devient d'un rouge plus vif, en même temps que s'établit un spectre très caractéristique, formé de deux bandes d'absorption : la première, très sombre, située à peu près à mi-chemin entre D et E; une seconde, plus claire, remplis- sant l'espace Eb, débordant même légèrement des deux côtés. Stores appelait cette nouvelle substance hématine réduite. Plus tard, Hoppe-Seyler montra que, par l'action de la potasse sur des solutions d'hémoglobine réduite, de la chaleur ou de l'alcool à l'abri de l'air, il y a destruction de cette substance, scission entre le noyau chromogène et le noyau protéique. Or le noyau colorant ainsi libéré, que Hoppe-Seyler appela hémochromogène, possède abso- lument le même spectre que l'hématine réduite de Stokes. A l'oxyhémoglobine corres- pondait donc l'hématine; à l'hémoglobine, l'hémochromogène. Et, de même que l'hémo- globine agitée à l'air se transforme en oxyhémoglobine, de même l'hémochromogène devient dans ces conditions de l'hématine. D'après Gamgee (19), une solution d'hémochomogène agitée à l'air laisse passer les rayons violets et ultra-violets, qui sont intégralement absorbés par une solution d'héma- tine, de sorte que le produit d'oxydation de l'hémochromogène obtenu dans ces condi- tions ne serait pas identiipe avec l'hématine provenant du clivage de l'oxyhémoglobine. Quant à la transformation de l'hématine en hémochromogène par les agents réduc- teurs, Hoppe-Seyler déclare qu'elle n'est possible, en solution alcaline faible, qu'en présence d'impuretés telles que des substances albuminoïdes, de l'acide aspartique, etc. Si, au contraire, il existe un excès de soude (Hoppe-Seyler) ou d'ammoniaque (Gam(;ee) (19), la réduction s'opère facilement. Le vide absolu n'enlève pas trace d'oxygène à l'héma- tine; il en est de même des gaz indifférents et de l'oxyde de carbone (H(jppe-Seyler) (126); la putréfaction non plus ne l'inlluence pas sensiblement. 372 HEMOGLOBINE. L'hématine se dissout facilement dans les solutions alcalines de potasse, de soude ou d'ammoniaque, grâce ;\ la propriété qu'elle a de se combiner à ces éléments en combinaisons solubles dans l'eau. Additionnées de chlorure de baryum ou de calcium, ces solutions donnent des précipités, qui représentent les composés calcique, barytique de l'hématine (Hoppe-Seyler). L'hématine est résistante vis-à-vis des agents oxydants. L'acide nitrique dilué l'attaque seulement à chaud avec production de substances amorphes, jauucàtres, non définies. L'acide nitrique concentré l'attaque rapidement. Le chlore ne la transforme que lentement. Dans toutes ces actions, il y a, dès le début, mise en liberté du fer (Hoppe- Seyler). L'ébuUition avec l'oxyde ou le sulfate mercurique ne produit aucun effet. Dans ces dernières années, Klster (127) a étudié de façon très approfondie les produits d'oxyda- tion de l'hématine par le chromate de soude. Il sera question de ces résultats plus loin. L'hématine résiste bien à la chaleur. On peut la chaufTer jusqu'à 180" sans la décom- poser. Chautfée au delà de cette température, elle se carbonise, sans fondre ni s'en- tlammer, avec dégagement d'acide cyanhydrique. Il reste, après calcination complète, un résidu d'oxyde de fer pur qui représente 12,6 p. 100 de la quantité d'hématine incinérée. L'ébuUition avec la potasse caustique ne l'attaque pas. l'ondue avec de la potasse en substance, elle dégage de l'ammoniaque (Cazexeuve), et des vapeurs de pyrrol (Nencki et Sieber). Mélangée à de la poudre de zinc et soumise à la distillation, elle fournit trois produits de décomposition volatils, dont deux ont un spectre rappelant celui de l'hématoporphyrine et celui de l'urobiline, tandis que le troisième est proba- blement l'hémopyrrol (Milroy (128)]. Si l'on fait agir à froid de l'acide sulfurique concentré sur do l'hématine et qu'apiès un certain temps, on dilue dans de l'eau, il se précipite un pigment rouge, privé de fer, auquel Mulder et van Goudoever ont donné le nom d'hématine privée de fer. Hoppe- Seyler, qui a fait l'étude spectroscopique de ce produit, l'a appelé hématoporphyrine. Le fer existe dans le liquide à l'état de suifdle ferreux, et il n'y a pas, pendant la réaction, de dégagement d'hydrogène (Hoppe-Seyler) (5). A 160°, l'acide chlorhydrique fumant produit la même décomposition de l'hématine. On la produit encore en solution alcoolique faiblement acidifiée à la température de l'ébuUition en présence de poudre de zinc, d'étain, etc. (Hoppe-Seyler). Dans ce dernier cas, l'hématine est préalablement trans- formée en hémochromogène, (jui abandonne facilement son fer aux acides faibles. De même, l'acide sulfureux agissant sur l'hématine la transforme en hématopor- phyrine (V. Zevn'ek) (194). D'après vox Zeynek (194), l'hématine obtenue par la protéolyse de l'oxyhémoglobine, la solution chlorhydrique de pepsine, abandonne plus facilement son fer dans difle- rentes conditions expérimentales que l'hématine obtenue par les moyens ordinaires. Ept'iNGEn (170) conteste cette affirmation. D'après lui, l'hématine de digestion est identique à celle que l'on obtient par l'hydrolyse par les acides. La formule de compo- sition est la même : CsvHajNiOtFe. Dans ces diverses réactions, l'hématoporphyrine n'est pas obtenue à l'état de pureté. Après l'action de l'acide sulfurique ou de l'acide chlorhydrique fumant, Hoppe-Seyler a trouvé, à côté de l'hématoporphyrine, une autre substance, noire, insoluble dans la plupart (les réactifs, de composition CcsHisNsOt, qu'il a appelée hcmatoUnc. Par l'aotion des mélaux en solution alcoolique acide, I es résultats sont meilleur s, ([uoi que encore imparfaits. On la prépare actuellement, d'après la méthode deNENcsi-SiEisER, par action sur l'hémine d'acide acétique glacial saturé, d'acide bromhydrique, d'abord à froid, puis au bain-marie, dilution dans l'eau, neutralisation presque complète. L'hématoporphyrine se précipite et est reprise par l'eau faiblement alcalinisée. 11 sera reparlé plus loin de cette réaction. Traitée à l'ébuUition par la poussière de zinc en solution alcaline, ou par l'amalgame de sodium en solution aqueuse, l'hématine fournit des mélanges de pigments bruns, privés de fer, qui n'ont pu être isolés. Distillés à sec, ces produits ont fourni du pyrrol (Hoppe-Seyler). Une solution alcaline d'hématine additionnée de cyanure de potassium acquiert un sf)octre nouveau, caractérisé par une bande très large entre D et E, s'étendant un peu à gauche de D et présentant un maximum très obscur à peu près à [nii-distance de D et E. Le bleu et le violet sont obscurcis (Hiji'PE-Sevler (o), (Pheyei!). HÉMOGLOBINE. 373 L'existence de l'Iiémaline cyanhydrique a éU' niée par Lewix (129), admise par Strassman(130), SziGETi etRiCHTER (131), ZiEMKE et Muller(109), Marx (132). Les connaissances sur la constitution de l'iiématine semblent devoir progresser rapidement sous l'induence des travaux des dernières années. Dans l'obtention de l'hématoporphyrine aux dépens de l'hémaline d'après le pro- cédé de Nencki-Sieber, KCster est arrivé à 90 p. 100 en poids d'hémaloporphyrine de la quantité d'bématinc employée. Les dernières recherches de Zaleski (183), confirmées par Eppinger, assignent à l'hémaloporphyrine le symbole C^iH-sNiOii. La formule de réaction serait : Csv H33N/, Og ClFe + 2tlBi- + 2H2 0 == Csv H:ss N; 0,; + Fe Bro + HCl Si tels sont les rapports de l'hématine et de l'hématoporphyrine, l'oxydation de l'hématoporphyrine par le bichromate de soude doit fournir les mêmes [u^oduits que l'oxydation de l'hématine elle-même. C'est ce que l'expérience a vérifié. L'étude des produits d'oxydation de l'hématine en solution dans l'acide acétique glacial par le bichromate de soude à la température du bain-marie, poursuivie systématiquement par KiJSTER, a fourni à cet auteur une série de résultats qui sont de nature à éclairer vivement la question de la structure moléculaire de l'hématine. C'est pourquoi il en sera fait ici un exposé assez détaillé. Parmi les produits de cette oxydation, KCster a pu isoler deux acides solubles dans l'éther, cristallins, qu'il appelle acides héma- liques. Comme produits d'oxydation secondaires, on trouve CO2, H^N, de l'oxyde fer- rique et des produits indéterminés. On n'obtient pas d'acides organiques volatils. Le premier de ces acides possède la formule Cs H9 NOi. La détermination du poids moléculaire donna les chiffres 194-200, alors que la for- mule précédente conduit ù 180. Le point de fusion est 114"-116". Le sel d'argent possède la formule Cs Ht Ag-2 NO:!. Le deuxième acide possède la formule Cs H 10 Oq. dérivée de la composition de ses sels. Le sol d'argent a pour formule Cs il-, Xsr-A 0,\. KCster a également décrit les sels de cuivre et de calcium, qui tous deux sont plus solubles à froid qu'à chaud. L'acide lui-même n'est pas connu. La décomposition des sels par un acide minéral met en liberté, non l'acide lui-même, mais son anhydride interne, substance cristalline, fondant à 97''-98", soluble dans 26 parties d'eau fioide, dans o parties d'eau bouillante, de formule Cs Hs 0,. Etudiant de plus près la constitution de cette substance, Ki ster est ari'ivé aux conclu- sions suivantes : Les essais d'acélylisation et de benzoyiisatiun de l'anhydride Cs Hs 0:; ont été infructueux, c^ qui tend à faire croire que cette molécule ne contient pas d'hydroxyle libre. Eu faisant agir l'iodure de méthyle sur le sel d'argent, Cs H7 Ag.jOo, KCsTER a pu obtenir un liquide huileux, bouillant à 300°, de composition CnKioOe, qii doit être considéré comme l'éther trimélhylique d'un acide tricarboxylique CsHioÔs, correspondant à l'anhydride CsHsO:;. Ces constatalions sont suffisantes pour faiie admettre l'existence dans la molécule de l'acide de trois carboxyles, dont deux se sont unis par perte d'une molécule d'eau pour constituer un anhydride interne. De plus, lacide iodhydrique (D=l,90) transforme très incomplètement à 150° cet anhydride en un mélange d'acides tricarboniques saturés, de formule commune CsHiiOy. Celle réduction est opérée beaucoup plus facilement et de façon plus complète par la poudre de zinc et l'acide acétique. Elle fournit deux acides isomères de composition CsH^Ou. La formule de structure proposée pour l'anliydride :?eraitdo:ij HtC.j-CO/^ \C0o H. 374 HEMOGLOBINE. dans laquelle la chaîne H- C-; présenterait une double soudure entre deux carbones voisins. Quant à l'acide Cs Hg NO4 (dont dérive le second, qui vient d'être étudié en détail), il serait tout simplement Timide de ce dernier et serait représenté par la formule : Ht Cô — CO/^^" \CO2H. Comme on l'a vu, ce premier acide, qui serait donc monocarboxyiique, est très facile- ment saponifié. Par l'action des acides et des alcalis même très faibles, comme l'hydrate de magnésie, il perd de l'ammoniaque et donne l'anhydride ou les sels du second. Même l'ammoniaque aqueuse à chaud produit partiellement celte transformation, au lieu de fournir, comme on pourrait s'y attendre, l'amide correspondante : TT p / CONH2 "'''^^iC02H)2 On a vu plus haut que Klster a obtenu un sel d'argent de cet acide qui contenait 2 atomes d'argent. lu ster admet qu'un des atomes d'argent remplace l'hydrogène du groupe imide. A l'appui de cette manière de voir, il avance que ce sel d'argent, traité parl'iodure de méthyle, et saponifié ultérieurement, fournit de la méthylamine, ce qui cadre parfaitement avec cette hypothèse. Enfin KusTER a réussi, en appliquant à l'anhydride Cs Hs 0.; la méthode générale, par laquelle on transforme les anhydrides internes en imides, c'est-à-dire l'action de l'am- moniac en solution alcoolique à 110°, à transformer son anhydride en le premier de ses acides C8H9NO4. Il ne peut donc plus exister de doute sur les rapports qui existent entre ces deux produits. Dans la même réaction (H:; N en solution alcoolique + anhydride) opérée à une température plus élevée (130°), il se produit une rupture moléculaire, mettant en liberté une molécule d'anhydride carbonique, et l'on obtient une nouvelle imide Ct Hfl NO2, fondant à 72°-73°. Saponifiée, cette imide fournit un anhydride, de formule C7H8O3. KûsTER a pu démontrer, dans un travail plus récent (1906) (127), que la première de ces substances (C-HgNOi) est identique à Timide de Tacide méthyléthylmaléique obtenue par synthèse, et que la seconde (C/HsOi) est identique à l'anhydride de Tacide méthyl- éthylmaléique de synthèse. Or on peut encore obtenir la première par la distillation sèche de Tacide hématique I et la seconde par la distillation sèche de Tacide héma- lique II. KtJsTER conclut de cette double dérivation que les acides hématiques I et II ont la même structure que Timide et l'anhydride de Tacide méthyléthylmaléique, dont ils ne diffèrent que par un groupe carboxylique en plus. Les formules de structure de ces substances sont : Pour Timide méthyléthylmaléique : H I H — c — H 0 // C— C Il ^NH c-c 0 H _ c — H I H_C — H i H HEMOGLOBINE. ;}75 pour l'anhydride méthyléthylmaléique : H I H — C — H 0 I > G — c \ H — G -II I H- C — H i H Ceci étant posé, il n'y a plus, a priori, que trois formules de structure possibles pour les acides hématiques. Le second pourra être représenté des trois façons suivantes, d'après la place que l'on donne au groupe carboxylique ajouté : I II III HOOC — CHi — G — GO H:iC — C — GO H3C — G — GO il ^o I "^o 11 \o Il /^ I /" Il /" H,G — CHo — G — GO HsG — CH — G — GO HOOG — H2C — GH2 — C — GO I GOGH Or l'oxydation de l'acide hématique II (GsHsOb) par le permanganate de potasse en milieu acidifié par l'acide sulfurique ou par le bichromate de soude en milieu acétique, donne de l'acide succinique ; et la réduction de l'acide II par la poudre de zinc en milieu acétique donne deux acides stéréo-isomères C8H12O6, ceux que Kùster a appelés acides hémotricarboniques. La première de ces réactions doit faire rejeter les formules I et II. La troii^ième aboutirait pour les mêmes formules I et II à des acides tricarballyliques. substitués, différents en tous points des deux acides que donne l'expérience. Les résultats des deux essais concordent donc pour faire admettre la formule III comme appartenant à l'acide hématique II (CsHgOo). Des deux acides tricarboniques qui en dérivent par réduction, l'un, plus fusible (140°- 141°), est plus soluble dans l'eau; l'autre, moins fusible (iVS^-Hl"), est moins soluble Chauffé à 180°-190°, le premier de ces acides se transforme dans le second. Ces deux acides tricarboniques doivent être considérés comme étant dérivés par réduction de l'acide hypothétique : H.iG — G — GOOH II HOOG — HoC — H2C - G — GOOH dont l'acide hématique II est l'anhydride. Il existe deux isomères possibles de cet acide hypothétique : le type maléique : G — II G — et le type furaarique : — C II G- L'introduction de deux atomes d'hydrogène dans cette molécule, atomes d'hydrogène qui viennent se greffer sur les carbones unis par double valeur, a pour résultat de faire disparaître cette double soudure, mais elle crée une chaîne qui contient deux carbones 316 HEMOGLOBINE. asymétriques. On peut doac prévoir deux isomères, comprenant chacun une fornis dexirogyre et une forme lévogyie. Ces isomères sont précisément les acides fondant à 140° et à 17.>o, obtenus par Kûster. Les échantillons décrits sont optiquement inactifs. Ce sont les formes racémiques, dont les constituants actifs n'ont pas encore été isolés. En 1907, KOsTER (191) a enfin réussi une opération qu'il avait déjà essayée aupara- vant sans succès, l'oxydation par l'acide chromique de l'hémopyrrol. IJ'après KCster,. ce produit de la réduction énergique de l'hémine comprend des substances acides et d'autres alcalines, de composition chimique voisine. L'oxydation des fractions acide et alcaline a donné au chimiste de Tiibingen un résultat constant. Dans les deux cas, il a pu retrouver parmi les produits d'oxydation Timide de l'acide méthyléthyimaléique. Ce résultat est intéressant à un double point de vue : Il permet d'étendre à l'hémopyrrol le résultat des laborieuses recherches qui ont établi la formule de structure des acides hématiques. 11 tend à démontrer que le noyau pyrrol préexiste dans la molécule d'hématiiie, puisqu'on arrive à l'en extraire par des procédés aussi différents que ceux employés pour obtenir l'hémopyrrol ou les acides hématiques. Ces résultats de KCster peuvent être considérés comme définitifs. Marchlewski, qui a continué les recherches de Nencri sur l'hémopyrrol, attribue lui aussi à cette substance la constitution d'un méthylpropylpyrrol. D'après les analyses de KCster (134), les acides hématiques constituent jusque 70 p. 100 des produits d'oxydation de l'hématine. Ils s'obtiennent aussi facilement et en même quantité par l'oxydation de l'hémaloporphyrine et des pigments biliaires (Kûster). D'autre part, il a été impossible à Kûster d'isoler d'autres produits d'oxydation, si ce n'est l'acide succinique et l'acide oxalique (qui peuvent dériver eux-mêmes des acides hématiques), de sorte qu'il est assez probable que les acides hématiques représentent les matériaux essentiels et peut-être uniques, dont l'assemblage constitue la carcasse de l'hématine. L'action oxydante du permanganate de potasse ou du ferricyanure de fer en solution alcaline sur l'hématine fournit l'anhydride du deuxième acide. Le persulfate ammonique en solution alcaline ne fournit pas cette substance. On trouve, comme produits d'oxyda- tion, l'acide succinique, des acides gras, 'de l'anhydride carbonique, de l'ammoniaque et de l'acide cyanhydrique. Nexcki et Zaleski (1313) ont attiré l'attention sur la grande ressemblance qui existait entre l'anhydride du second acide hématique de Kûster CsHgOo et l'acide CsHsOi que Schultgen et Riess purent isoler de l'urine de patients ayant succombé à l'atrophie jaune aigué du foie. L'hématine a été rencontrée dans l'urine dans certains états pathologiques (empoi- sonnements par l'arsénamine, l'acide sulfurique). Lewin (136) a constaté sa présence dans le sang des animaux intoxiqués par l'hy- droxylamine, le nitrobenzol, les xanthogénates alcalins. Recherche de rhématine. — Pour caractériser l'hématine, on se basera sur l'étude du spectre en solution acide et alcaline et sur la transformation en héraochroniogène. HÈMINE. Gomme il a été dit plus haut, l'hématine s'obtient habituellement par l'action d'une solution de soude sur un composé chloré, l'hémine, qui provient directement de l'ac- tion sur l'oxyhémoglobine de l'acide chlorhydrique. L'hémine est une substance de première importance à cause de sa facile obtention à l'état de cristaux, dont l'aspect caractéristique fut très apprécié de tout temps en médecine légale. Ce fut Teichmanx qui, en 181)3, obtint le premier l'hémine eii cristaux, d'oii le nom de cristaux de Teichmann. Teichmann employa à cet effet une méthode encore usitée aujourd'hui. Une parcelle de sang desséchée, additionnée de quelques cristaux de chlorure sodique, est chauffi'e dans quelques gouttes d'acide acétique glacial. On obtient ainsi une solution brune assez épaisse, qui, par refroidissement, abandonne des cristaux en forme de parallélogramme étiré, brun noir, visibles seule- HEMOGLOBINE. i>" ment an microscope. Ce procédé, excellent pour l'examen médico-légal des taches de saii^', se piête mal à l'obtention de grandes quantités d'hémine. Sarda et Caffort (198) ont préconisé récemment la technique suivante : on laisso dessécher sur la lame la gouttelette de sang, on ajoul.fi une goutte d'eau de chlore, une goutte de pyridine et une gouttelette de sulfate ammonique. On couvre d'une lamelle. Très rapidement il se forme des cristaux d'hémine. Procédé de Nencki et Sieber (97). — Des globules ronges, débarrassés du sérum par lavage à l'eau salée, sont coagulés par deux volumes d'alcool éthylique. Après séchage à l'air pendant vingt-quatre heures, le coagulum est mis en suspension dans de l'alcool aniylique à raison de 400 grammes de coagulum pour 1 600 grammes d'alcool, puis chaude à l'ébullition. On ajoute alors 2y c. c. d'acide chlorhydrique de densité = 1.12. Après 10 minutes d'ébullition, on filtre à chaud. Par rel'roidissemenl, l'hémine se dépose à l'état de paillettes cristallines. Celles-ci sont lavées à l'alcool, à l'éther et à l'eau, puis reprises par l'alcoGl absolu et séchées à 105". Trois litres de sang fournissent 1.0 à 3 grammes d'h('mine. Procédé de Cloetta et Rosenfeld. — Cloetta (137) et Rosexfuld (138) lavent les globules au moyen d'une solution de sulfate de soude à 2 p. 100. Le magma globulaire est coagulé par deux volumes d'alcool éthylique à 90°. Après deux heures, on filtre; le coagulum est séché à l'air et pulvérisé. On ajoute à 300-400 grammes de ce coagulum assez d'alcool pour former une bouillie claire, et l'on ajoute alors assez d'une solution d'acide oxalique (ou d'acide sulfurique) dans l'alcool absolu, pour ({ue la coloration devienne brune. L'extrait alcoolique est filtré après 24 heures et additionné d'une solu- tion alcoolique d'acide chlorhydrique.il se produit aussitôt un dépôt de crislaux]d'hémine, qui sont lavés à l'alcool, à l'éther et à l'eau, et purifiés par redissolution dans l'alcool. Les cristaux obtenus par cette méthode auraient, d'après Cloetta et Rosenfeld, une autre composition que ceux fournis par la méthode de jN'e.ncki. Tandis que la formule de Nexcki et Sieuer est Cj^ H:u Ni Fe 0:j CI, Cloetta et Rosen- feld admettent la suivante : Cm H:u Ns Fe 0:i HCl. La formule de Nencki et Sieber citée plus haut n'est pas celle qui résulte directement des données de l'analyse centésimale. Quand on dissout dans la soude des cristaux d'hémine obtenus par le procédé Nencki-Sieber, on constate qu'en même temps que se produit la décomposition en hématine et acide chlorhydrique, il y a mise en liberté d'alcool amylique. Celui-ci fait donc corps avec les cristaux d'hémine ; il n'est pas enlevé par les lavages, ni chassé par le chauffage à 110°. Les résultats de l'analyse mènent à la formule (C.,. H^iN^Fe 0:, CI)iC.; H12O (Nexcki, Bialobrzeski) (139). Procédé de Môrner (140). — Le sang est coagulé à l'ébullition, après adjonction d'acide sulfurique. Le coagulum lavé de 1 litre de sang est broyé et introduit dans 1.0 litre d'alcool, additionné de 0,5 à 1 p. 100 d'acide sulfurique. Après quelques heures de séjour à la température ordinaire, on filtre, on chaufi'e à l'ébullition, on ajoute au filtrat, par litre, 10 c. c. d'acide chlorhydrique dilué de son quart d'alcool et on laisse refroidir. Il se dépose des cristaux qui sont lavés. Leur composition est assez différente de ceux obtenus par la méthode de Nengki-Sieber. Elle est représentée par la formule Gsii H:j:; NiFe O4 Cl. Môrner admet que suivant la méthode employée pour opérer le clivage de la molécule d'oxyhémoglobine, le fragment chromogène pourra posséder des compositions légèrement difi'érentes. Môrner propose de dénommer son produit p héniine. Klster était arrivé à la même conrlusion après la comparaison entre elles de diverses hémines obtenues par des procédés variés. Procédé de von Zeynek (141). — Pour obtenir une hémine non altérée par les manipulations de préparation, vo.n Zeyxek s'est adressé à la digestion pepsique d'hémo- globine cristallisée en solution d'acide chlorhydrique à 0.4 p. 100. Dans ces conditions, il y a lieu d'admettre que le moyen chromogène ne subit pas d'altérations considérables sous l'intluence de l'acide. On obtient par ce procédé l'hématine et non l'hémine. Mais l'hématine est transformée ultérieurement en hémine de la manière suivante : l'héma- tine, après lavage à l'eau distillée, est mise, encore humide, en suspension dans l'acétone et additionnée d'acide chlorhydrique en quantité bien faiblement supérieure à celle qui est nécessaire pour opérer la transformation (0.05 — 0.08 gr. HCl par gramme d'héma- 378 HEMOGLOBINE. Une). Après quelque temps il se dépose des cristaux d'hémine, dont la composition est exprimée parla formule C34 H:u No Fe OiCl, s'écartant légèrement des précédentes, s'écartant aussi, pour l'oxygène et l'azote, de celle de Hoppe-Seyler, C:îi Hog Nt FeO;-, CI. Procédé de Schalfejew (143). — Schalfejew ajoute 4 volumes d'acide acétique glacial chauffés à 80" à 1 volume de sang, laisse refroidira o'Jo-ôO" et chauffe de nouveau à 80". Par refroidissement, il se dépose des cristaux, qui sont lavés à l'eau distillée. Un litre de sang fournit o grammes d'hémine. Comme on le voit, le rendement dépasse de beaucoup celui des autres pi'océdés. Quant à la composition des cristaux ainsi obtenus, elle est aussi différente de celle des hémines décrites jusqu'ici. D'après une première opinion de Kûster, elle ne con- tient pas de chlore et aurait pour formule : (G32 H:n Ni Fe Os OCOCHs)^ CH3COOH. dans laquelle il y aurait une molécule d'acide acétique de cristallisation. Au contraire, BiALOBRZESRi lui attribue la composition (C:î2 H31 N-,. Fe O3 Cljs (C:,2 H31 N^Fe O3 OCOCH.i CH3 COOH. Nencki et Zalesri (135) modifient quelque peu le procédé de Schalfejew. Au lieu d'employer l'acide acétique glacial, ils prennent de l'acide acétique saturé de chlorure sodique. Ce mélange chauffé à OO^-QB" est additionné du 1/5" de son volume de sang délil)riné. On chauffe encore pendant dix minutes au bain-marie à 85-90° et l'on filtre. Par refroidissement, les cristaux d'hémine se déposent. Après vingt-quatre heures, on les débarrasse par décantation des eaux-mères, on les lave à l'eau et à l'alcool. On obtient presque 5,5 gr. d'hémine brute par litre de sang. Pour la purifier, on la dissout dans un mélange de 15 volumes d'alcool à 96 p. 100 avec 4 volumes d'eau et 1 volume d'ammoniaque (D:= 0,91) à raison de 1 gramme d'hémine pour 40-60 c. c. de ce mélange. Après 15-20 minutes d'agitation, l'hémine est dissoute presque complètement. On filtre et l'on introduit le filtrat par petites portions dans l'acide acétique salure de chlorure sodique, chauffé à 105-115°, à raison de 1 volume de liquide ammoniacal pour 4-6 volumes d'acide. Au lieu de dissoudre l'hémine brute dans l'alcool ammoniacal, on peut prendre comme solvant le chloroforme additionné de quinine (1 gramme d'hémine pour 1 gramme de quinine dissoute dans 40-50 ce. de chloroforme) La cristallisation s'effectue rapide- ment par refroidissement. Cette hémine, obtenue ainsi en grand, correspond aux cristaux de Teichmann, comme le faisait prévoir d'ailleurs la similitude des procédés. Mais elle n'est pas l'hémine obte- nue par l'ancien procédé de Nencki-Sieber. Elle a pour formule Csi H33 N4O4 Fe Cl et diffère ainsi de l'ancienne hémine de Nencki-Sieber par un surplus d'atomes de C, H, 0 dont l'ensemble C2 H3 0 constitue un radical acétyle remplaçant dans l'hémine un atome d'hydrogène. D'oîi le nom d'acéthémine, proposé par Nencki et Zalesri, pour désigner ce produit. Nencri et Zalesri ont tâché d'élucider l'origine des différences très sensibles existant entre les compositions centésimales des échantillons obtenus par les procédés précédents et partant entre les formules qu'en ont déduites les auteurs. Au cours de ces recherches, ils purent préparer les éthers méthyliques et éthyliques de l'hémine. Se basant prin- cipalement sur cette donnée, il crurent pouvoir admettre que, suivant les procédés employés, on obtenait des produits différents, dérivés tous d'un même radical par substi- tution de divers atomes ou groupes : racéthémine était dans leur pensée un éther acé- tique de l'hémine vraie, tout comme celle-ci était un produit de substitution chlorée de l'hématine, et la p hémine de Môrner devenait l'éther monoéthylique de l'acéthémine. Cependant, déjà au cours de ces premières recherches, certains faits étaient apparus, qui s'expliquaient difficilement par cette hypothèse et Zalesri arriva plus tard à une opinion différente, qui est d'ailleurs infiniment plus simple (133). D'après lui, l'acéthémine n'est pas un dérivé acétique d'un radical primitif, mais ce radical lui-même ; il propose de lui donner définitivement le nom d'hémine, et de lui attribuer la formule C34 H33 N.-,. Oi Fe Cl. Kuster (123) s'est rallié à cette manière de voii', en expliquant les divergences entre les compositions centésimales non plus par des différences de nature chimique, mais par la difficulté d'obtenir des produits purs par les méthodes précédentes. Pour purifier les échantillons obtenus, il faut de toute HEMOGLOBINE. 379 nécessité les redissoiidre soit dans une solution de ([uinine, de pyridine, dans le chlo- roforme ou dans l'alcool ammoniacal, ou dans l'aniline à froid. On obtient ainsi des poudres amorphes qui ne contiennent plus de chlore et que KCster ap|)elle les dchydro- chlor/uhnines. Or ces drhydrochlorhémities ont toutes, quel que soit le produit (hémine) de Nencki, de Mobner, de Schalfejew) dont elles dérivent, la même composition centé- simale, C». II32JV4 OiFe. Leur molécule diffère de celle de l'iiéinine (formule de Zaleski) par les éléments d'une molécule de HGl en moins. En les redissolvant à chaud (110°) dans de l'acide acétique glacial saturé de chlorure sodique, on obtient inie hémine unique, qui eS't l'hémine de Zaleski Cu H:» N.; O4 Fe Cl. En traitant par les alcalis cette hémine ainsi purifiée, KOster a obtenu une hématine dont la composition centésimale s'accorde avec l'ancienne formule de Hoppe-Seyler. Klster propose la formule Gs-,. Hu N4 0;^ Fe, qui se déduit très facilement de la précédente : Cîi H33 Ni Cl FeCl + KOH = C;5i H:î4. N', G.-; Fe + KCl Hepter et Marchlewski (143) et Morner (144) se sont ralliés à cette opinion, de sorte HK L M N O » H O H cç o câ m o X FiG. 69. — Spectre photographique de rhéminc. (D'après Gamgee dans Schafer Text-Book of Plnjsioluijij.) que, de l'avis des savants les plus compétents en la matière, il n'existe qu'une seule hémine, qui est celle dont la formule vient d'être donnée. La déhydrochlorhémine brute, obtenue par l'action de l'aniline, abandonne à l'éther une substance cristalline, fondant à 20o°-210°, de formule CsuH.jGNtOij (Kuster et FucHs) (189). Les cristaux d'hémine ont un reflet bleu. Porphyrisés, ils donnent une poudre brune. Ils ont la forme de lamelles et de prismes rhombiques allongés et appartiennent au système triclinique. Ils sont biréfringents et dichroïques (Rollett, Ewald) à un très haut degré. Suivant la situation du nicol, leur couleur varie du noir au brun clair. Les spectres d'absorption sont dilférents suivant les axes optiques. Les cristaux d'hémine sont insolubles dans l'eau froide ou chaude, à peine solubles dans l'éther, très peu dans l'alcool et le chloroforme. Très peu solubles à froid dans les solutions des carbonates alcalins. Solubles dans l'alcool qui a séjourne; sur du carbonate potassique sec (Hoi'pe-Seyler), ainsi que dans les solutions alcooliques de quinine, de trimélhylamine, de pyridine, etc. (Nencki), et dans les solutions aqueuses des hydrates alcalins. Les premières enlèvent à l'hémine les éle'ments d'une molécule d'acide chlorhy- drique (Kuster), les dernières la saponifient, comme il a été vu plus haut. Chauffés, les cristaux d'hémine résistent jusque vers 200". L'hémine, en solution même très diluée dans l'acide acétique glacial (l/2o.000 àJl/50.000), présente une bande d'absorption située dans le violet entre G et L. Dès que 380 HÉMOGLOBINE. la conceiiiralion devient un peu pins forte (1/20000) elle s'étend vers la droite, atteint M, et obscurcit toute la partie droite du spectre pour un nouvel accroissement de sa con- centration (Gamgee). D'après des recherches cristallographiques de IIogyes (14H), les ciistaux d'héniine préparés au moyen du sang de l'homme, du bœuf, du porc, du mouton, du chien, du chat, du lapin, du cobaye, de la souris, du putois, de la poule, du pigeon, de l'oie, du hibou, des grenouilles rousse et verte, sont identiques. D'après Cazexeuve et Breteau (140), l'hématine obtenue du sang du cheval, du bu'uf, du mouton aurait des compositions centésimales difTérenles. I,es didërences consta- tées sont en général faibles, et il eût été à souhaiter que les auteurs se fussent adressés à un produit cristallisé, de façon à pouvoir étudier, outi'e la composition chimique, les propriétés cristallographiques de leurs divers échantillons. I.euis résultats sont d'ailleurs en opposition formelle avec ceux de Nencki et Sieber, poêlant sur les cristaux d'hémine du bœuf, cheval, chien, chat, oie, porc et homme. Tout ce que l'on sait actuellement des propriétés des hémoglobines provenant d'espèces animales différentes tend à faire croire qu'au moins le radical chromogène est identique dans toute la série. A côté do l'hémine chlorhjdrique, on peut ranger l'hémine bromhydrique, obtenue par Cazeneuve (147) (1876) en précipitant par l'acide bromhydrique un extrait du coa- guliim globulaire par l'éther additionné de 2 p. 100 d'acide oxalique. Récemment Ki ster a pu par un procédé différent (action de l'acide bromhydrique dans l'alcool sur les cristaux coagulés d'oxyhémoglobine) reproduire l'hémine bromhy- drique, dont la composition est probablement C:j4 H:î,! Ni O.îFe Br. Par le même procédé (en remplaçant l'acide bromhydrique par l'acide iodhydrique), Cazeneuve avait obtenu l'hémine iodhydrique. Mais il conteste la réalité des combi- naisons du radical hémine avec les acides acétique, oxalique, valérianique, tartrique, etc , dont l'existence, de même que celle des combinaisons bromhydrique et iodhydri(iue, avait été assurée par Husson (148), sur la foi de l'examen microscopique seulement. L'hémine et l'hématine réagissent violemment avec la phénylhydraziiie et avec la bromphénylhydrazine à la température ordinaire. Il y a un fort dégagement d'ammo- niaque et on obtient comme produit principal des poudres brunes qui sont des produits additionnels (v. Fluth) (193), HÈMOCHROMOGÉNE. Découverte par Stokes, qui lui avait doimé le nom d'hématine réduite, étudiée plus particulièrement par Hoppe-Seyler, qui mit en évidence ses rapports avec l'hémoglo- bine réduite, cette substance n'a été isolée que tout récemment par Von Zey.nek (141), à l'état de combinaison avec l'ammoniaque. Vox ZeyiNek procède dans un appareil spécial, traversé par un courant d'hydrogène pur, à la réduction de l'hématine en milieu ammoniacal par l'hydrate d'hydrazine. Il précipite par l'éther et sèche l'hémochromogène ammoniacal par évaporation de l'éther. Après dessiccation complète dans l'hydrogène, l'hémochromogène ammoniacal constitue une poudre bien rouge dont la composition centésimale correspond assez bien à la formule Cuv Htit Fe.) Ng O7, 2H.i N. I^'hématine qui servait de point de départ provenait de la saponification de l'hémine acétique de SoHALFEJEw, et sa composition centésimale correspondait sensiblement à la formule de Nencki C:,2 Ili^ Nv Fe 0;. Von Zeynek ne réussit pas la préparation de l'hémochromogène pur. Donogâny (149), confirmé par De Dominicis (150), prétend avoir obtenu des cristaux d'hémochromogène d'après le procédé suivant. La substance souillée de sang ou le sang lui-même sont déposés sur lame porte-objet et dilués dans une goutte de soude à 20 p. 100, k laquelle on ajoute une goutte de pyridine et une gouttelette de sulfure ammonique. D'après CouiN (176) l'ajoiiction du sulfure ammonique est superflue. Au lieu de pyridine, Cevidalli (184) préconise la pipéridine. On couvre la préparation, dans laquelle appa- raissent, après deux heures environ, des aiguilles cristallisées ou des cristaux rhombi «lues de coloration rouge orangé, qui présentent le spectre deriiéniochroniogène. D'aprè- VoN Zeynek (141), la pyridine dissout parfaitement l'hématine à chaud, sans la réduiie. L'hémochromogène en solution s'obtient par la réduction de l'hématine en solution HÉMOGLOBINE. 38 1 foiieraent alcaline par Vnn des réducteurs cités précédemment, ou plus coraniimément d'après le procédé de Hoi^pe-Seyler (v. plus haut, p. 370). D'après Riegler (178i, on obtient facilement la formation d'hémochromogène aux dépens du sang, de l'hémoglobine, de la méthémoglobine, de l'hématine en faisant agir sur ces substances le réactif préparé comme suit : on fait une solution de \j p. 100 d'hydrate d'hydrazine dans la lessive de soude à 10 p. 100. Après dissolution de l'hydra-- zine, on ajoute un volume d'alcool. Ce réactif donne avec les substances précitées une solution rou^e pourpre avec les deux raies d'absorption de l'hémochromogène. Agitée à l'air, elle s'oxyde, elle verdit et donne le spectre de l'hématine. Mais très rapidement l'hématine redevient de l'hémochromogène. Les solutions d'hémochromogène ont un spectre très caractéristique. Hoppe-Seyler avait déjà attiré l'attention sur le fait que la concentration des solutions d'hémochro- H K L M N o + - o - i ^ - s '-^ - £ >- S 2 « 2 Eh r" 73 t^ FiG. "0. ■- S[)cctre photographique de l'hcmochrumogcnc. (D'après Gamgeu, daus Schafer's Text-Book of Physloloi/y.) niogène présentant un spectre caractéristique est beaucoup plus faible que celle des solutions d'hématine. Le spectre d'absorption de l'hémochromogène en solution alcaline se distingue sur- tout par une bande très marquée située dans le vert entre D et E, plus rapprochée de D (X 567-547 aa, G.\mgee; 563-547 aa, Hoppe-Seyler; milieu, .'i.ïU ua, V(jn Zey.xek) et une autre à contours plus diffus de E à /> iX 532-0 18[j.;j., Gamgee; 527-514 ;j.;x, Hoppe-Sevler; milieu 525 ;j.;j., Vo.n Zeynek.). Dans l'ultra-violet existe également une bande sombre bien délimitée entre h et g milieu, ). 420 aa), ayant donc la même situation que celle de l'hémoglobine oxycar- bonée, mais plus intense que celle-ci. En solution acide, le spectre est dilférent et moins caractéristique : il existe une zone d'absorption diffuse de D à E. L'extrémité droite est assombrie à partir de G (Hoppe-Seyler). Chauffée à 120'» dans un milieu ti'ès alcalin, une solution concentrée d'hémochro- mogène laisse déposer un précipité pulvérulent violet-gris d'hémochromogène solide, qui se redissout par le refroidissement (Hoppe-Seyler). Les solutions d'hémochromogène s'oxydent à l'air avec la plus grande facilité : éta- lées en couche mince, elles brunissent instantanément, en même temps que se forme l'hématine. Cependant, d'après Gam<.ee (18'.»8 ,, cet hémochromogène oxydé diffère de riiématine vraie par sa transparence plus grande vis-à-vis des rayons violets du spectre. 382 HEMOGLOBINE. Bertin-Sans et MoiTEssiER (151) admettent aussi (1893) qu'il existe entre l'hémochro- mcgène et l'hématine, qu'ils appellent oxyhématine, un produit intermédiaire, l'héma- line réduite, qu'ils caractérisent par sou spectre d'absorption. Une solution d'hémochro- mogène agite'e à l'air donnerait de l'hématine réduite ou de l'oxyliémaline suivant la quantité d'agents réducteurs présents dans le liquide. L'action des acides même peu concentrés sur l'hémocliromogène (ou sur l'hémoglo- bine réduite pure) produit rapidement la destruction de cette substance : il se forme le spI ferreux de l'acide et un nouveau pigment, l'hématoporphyrine. Cette attaque si facile de la molécule d'hémochromogèiie par les acides dilués fait contraste avec la résistance très considérable de l'hématine envers les acides minéraux les plus forts (Hoppe-Seyler). Après avoir constaté que les alcalins détachent de la molécule d'oxyhémoglobine l'hématine et l'hémochromogène de l'hémoglobine réduite, il était intéressant d'étudier leur action sur l'hémoglobine oxycarbonée. Cet essai, tenté par Jâderholm (125), lui donna, pour une concentration suffisante de soude, la précipitation d'un pigment, dont les solutions possèdent, d'après lui, un spectre semblable à celui de l'hémoglobine oxy- carbonée, avec cette différence que les bandes L et B sont plus faibles et ont même inten- sité. Le pigmenta été appelé par lui hématine oxycarbonée. Hoppe-Seyler (120) Ht de ce composé une étude plus complète. Il obtient le pigment en soumettant à l'action de la soude une solution d'hémoglo- bine oxycarbonée à l'abri de l'oxygène. Après destruction de l'hémoglobine oxycarbonée, le spectre reste absolument identique à ce qu'il était. Si l'on chauffe à 100°, on obtient un précipité cristallin rouge foncé, qui se redissout par refroidissement. Hoppe-Seyler démontra de plus que ce même pigment se forme par union directe de l'oxyde de carbone et de l'hémochromogène, de sorte que le nom d'hémochromogène oxycarboné lui convient mieux que celui d'hématine oxycarbonée. Une solution alcaline d'hémochromogène oxycarboné soumise à l'ébullition dans un courant d'hydrogène, lui abandonne son oxyde de carbone, tandis que dans le liquide reste l'hémochromogène. L'hémochromogène oxycarboné, en substance ou en solution alcaline, se transforme en hématine, quand on l'expose à l'air. Au contraire, la solution alcaline d'hématine ne donne pas d'hémochromogène oxycarboné quand on la soumet à l'action d'un excès d'oxyde de carbone. D'après Bertix-Sans et Moitessier (152), la combinaison addition- nelle de l'hématine réduite avec l'oxyde de carbone est beaucoup moins stable que celle de l'hémochromogène vrai avec ce même gaz. Le spectre de la première correspond à celui de l'hémoglobine oxycarbonée. Celui de la seconde se caractérise par deux bandes dont les milieux correspondent à X 590 [j-u. et 546 [j.[j.. D'après les mesures gazométriquesde Hoppe-Sevler, la molécule d'hémochromogène fixerait la même quantité d'oxyde de carbone que la molécule d'hémoglobine, c'est-à-dire une molécule d'oxyde de carbone par atome de fer. Des recherches récentes de HCfner et Ki'STER (153) et de Pregl (154) confirment cette manière de voir. D'après la formule établie pour l'hémochromogène par Voa' Zey.nek, il n'en serait pas de même en ce qui concerne l'oxygène, puisque deux molécules d'hématine correspondraient à deux molé- cules d'hémochromogène, plus un atome d'oxygène. H faudrait conclure de là que l'hémochromogène fixerait quatre fois moins d'oxygène que la quantité correspondante d'hémoglobine. Mais, comme le fait remarquer Von Zeyxek lui-même, les résultats de la simple analyse centésimale sont trop peu précis pour permettre des déductionsquelque peu rigoureuses en cette matière, et il y a lieu d'attendre i'i ce sujet des mesures directes, analogues à celles effectuées par IIoppe-Seyler pour l'hémochromogène oxy-cai-bonée. 11 n'est d'ailleurs nullement évident « priori que le radical chromogène libre possède vis-à-vis du gaz les mêmes propriétés que lorsqu'il fait partie intégrante de la molécule protéique. Et les constatations précédentes eu fournissent la preuve, en ce qu'elles nous montrent que l'hémochromogène oxycarboné est beaucoup moins stable que l'iK'ma- tme, alors que l'hémoglobine oxycarbonée dépasse de beaucoup en stabilit('' rh(''moglo- iiinc oxygénée. Il résulte d'ailleurs d'observations récentes de Ham et Baleam (180) que l'hématine est moins riche en oxygène que l'oxyhémoglobine : quand on ajoute au sang un acide en concentration suffisante pour faire de l'hématine aux dépens de l'oxyhé- HEMOGLOBINE. 3S3 moglobinc qu'il contient, on constate un dégageniont d'oxygène, qui, dans les expé- ii('nces de IIam et Baleam, correspond, en quantité, sensiblement à la moitié de ce que le même sang fournit sous l'influence du ferricyanure de potassium. S'il en est ainsi, on pourrait conclure que l'hémochromogène, en s'oxydant, fixe moitié moins d'oxygène que la quantité nécessaire à la transformation du poids correspondant d'hémoglobine en oxyhémoglobine. Pregl a pu isoler l'hémochromogène oxycarboné à l'état solide sous forme d'une poudre rouge à retlets violacés, qui est stable à l'air quand elle est sèche. Li.\ossiER (15'o) a décrit un produit de combinaison de l'hémochromogène avec l'oxyde nitrique, stable, résistant aux agents réducteurs, possédant en solution ammo- niacale, de coloration rouge vif, un spectre rappelant celui de l'oxyhémoglobine. H a obtenu cet héraochromogène oxynitrique par l'action de l'oxyde nitrique sur les solu- tions ammoniacales de l'hématine ou de l'hémochromogène. Une solution ammoniacale dhémochromogène oxynitrique exposée à l'air s'oxyde; l'hémochromogène oxynitrique devient de l'hématine, et l'oxyde nitrique se transforme en nitrite ammonique. Les agents réducteurs, ajoutés à une telle solution oxydée, lui feraient subir la transforma- tion en sens inverse, mais en deux temps. Le spectre de l'hémochromogène apparaî- trait d'abord, bientôt suivi de celui de l'hémochromogène oxynitrique. Quand on ajoute du cyanure potassique à une solution d'hémochromogène, on obtient un spectre nouveau. Ziemre et Mùller (109) en ont fait la détermination et concluent formellement à l'existence d'un hémochromogène cyanhydrique. HÉMATOPORPHYRINE. Découverte par Mulder et Van Goudoever (1844) et désignée par eux sous le nom d'hé- matine privée de fer, l'hématoporphyrine reçut son nom de Hoppe-Seyler (5), qui, le premier, la caractérisa au point de vue optique. On la prépare actuellement par le procédé de Nengki, dont la dernière manière est la suivante (135). A de l'acide acétique glacial saturé d'acide bromhydrique à 10°, on ajoute, à la tem- pérature ordinaire, en agitant constamment le mélange, de l'hémine par petites frac- tions, à raison de 5 grammes d'hémine pour 75 centimètres cubes d'acide. On laisse le mélange à la température ordinaire pendant 3 à 4 jours, en agitant souvent. Après ce terme, toute l'hémine s'est dissoute. On dilue dans un grand volume d'eau (1,3 litre), et, après plusieurs heures, on filtre. La solution est additionnée de soude jus- qu'à neutralisation exacte de l'acide bromhydrique (non de l'acidité totale). L'hémato- porphyrine, presque insoluble dans l'acide acétique dilué, se précipite. On recueille le précipité, le lave à l'eau et le redissout au bain-marie dans une solution diluée de soude, d'où on le reprécipite par l'acide acétique. On lave à nouveau le précipité, on en fait une bouillie épaisse, à laquelle on ajoute de l'acide chiorhydrique par petites fractions jus- qu'à dissolution complète. Après fiUration, on ajoute de l'acide chiorhydrique en excès tant que se forment des précipités résineux dont on se débarrasse par filtration. La liqueur filtrée est placée dans le vide sec, où, déjà après quelques heures, elle se prend en masse cristalline. Après quelques jours, on filtre et on lave les cristaux à l'acide chiorhydrique à 10 p. 100. Une recristallisation, dans les mêmes conditions, fournit un produit complètement pur. Les cristaux ainsi obtenus sont le chlorure d'hématoporphyrine, dont on fait l'héma- toporphyrine elle-même, en précipitant leur solution par l'acétate de soude, le préci- pité brun d'hématoporphyrine étant ultérieurement lavé et séché. Par cette méthode, Nencki et Zaleski purent obtenir une hématoporphyrine tou- jours identique à elle-même, en partant de l'ancienne hémine chiorhydrique ou de l'acéthémine ou de leurs éthers méthylés ou éthylés; les rendements seuls étaient diffé- rents. L'hématine soumise au traitement fournit également de l'hématoporphyrine, mais en quantité notablement moindre. Il en est de même de l'hémochromogène et de l'hémochromogène oxycarboné. Quand le point de départ est l'hémine, le rendement d'hématoporphyrine par la méthode de Nencki est très élevé : il dépasse 90 p. 100 (KCster, Ne.mcki et Zaleski). Dans 384 HEMOGLOBINE. un cas, Ne.ncri et Zaleski obtinrent 91 p. 100 d'hématoporphyrine de ia quantité d'acé- thémine détruite. Si l'on considère que cette dernière substance contient 8,6 p. 100 de fer (qui est transformé en sel ferreux), et que la perte du chlore compense approxi- mativement en poids la fixation d'eau, on sera tenté de conclure avec Kûster et Nencki que la molécule d'hématine ou de ses dérivés est constituée par l'union de deux radi- caux d'hématoporphyrine, dont la grandeur moléculaire est moitié moindre, union qui se fait peut-être par l'intermédiaire de fer. Quant à la formule chimique d'hydrolyse, elle serait la suivante, d'après Nengki et SlKBER : C32 H32 Nv Fe O4 + 2H2 0 + 2H Br = 2 CigH.s No O3 + FeBro + Ho. Hématine. Laidlow (1904) affirme que la réaction inverse se fait très facilement dans les condi- tions suivantes : il chauffe au bain-marie pendant une heure ou deux un mélange de 1 gramme d'hématoporphyrine, de quelques gouttes d'une solution à 50 p. 100 d'hydrate d'hydrazine, d'un peu de réactif de Stores dans de l'ammoniaque diluée. Au bout de ce temps, le liquide présente les bandes d'absorption de l'hémochromogène, qui se transforme en celui de l'hématine alcaline par addition à l'air. On peut en isoler une hématine qui possède toutes les propriétés de celle qu'on obtient par la décompo- sition de l'oxyhémoglobine. Établie par Nencki et SiEBER, CieHigNoOs, la formule de l'hématoporphyrine faisait d'elle un isomère de la bilirubine. La grandeur moléculaire, déterminée par la méthode de R AOULT, a été trouvée correspondre à cette formule (Ne.ncri et Rotschy) (UJ7). D'après un travail plus récent de Zalesri (133), elle serait C.j4H.«Nt On et la formule de réaction : C3V H:î:5 Ni 0; Fe Cl + 2HBr + 2HoO = Cst H.îs Ni Or, + FeBi-o + HCl L'hématoporphyrine est une poudre foncée à éclat violacé, présentant en couche mince par transparence une teinte verdàtre. Elle est insoluble dans l'eau, peu soluble dans l'éther, l'alcool amylique, l'éther acétique et le chloroforme. Elle est soluble dans l'alcool élhylique, dans les solutions aqueuses des hydrates et des carbonates alcalins et dans les acides minéraux dilués, peu soluble dans les acides organiques. Les solutions alcooliques neutres ont un ton rouge éclatant qui, par addition d'alcali, devient rouge-orangé; qui vire au pourpre, puis au violet, par addition de quantités croissantes d'acide. Les solutions d'hématoporphyrine présentent une fluo- rescence rouge très marquée (Gamgee). Les solutions aqueuses alcalines sont aussi d'un beau rouge. Elles contiennent non l'hématoporphyrine elle-même, mais des composés parfaitement définis de l'hémato- porphyrine avec les alcalis. A l'air, elles prennent un ton brunâtre. Le composé d'hé- matoporphyrine et de soudf est connu à l'état de cristaux bruns microscopiques, for- mant de petits prismes groupés en niasses radiées, très solubles dans l'eau, peu dans l'alcool, de composition Ci,; Hn N2 O.t Na + H2O (Nencki et Sieber). Le sel de potassium n'a pu être obtenu à l'état cristallin, et le sel d'ammonium est cristallin, mais peu soluble. Pendant la dessiccation, il perd une partie de son ammoniaque (Nengki et Zalesri). Les solutions de l'hématoporphyrine dans les hydrates des métaux alcalins sont précipitées par les sels des métaux alcalino-terreux. Les solutions alcooliques et alcalines d'hématoporphyrine présentent quatre raies d'absorption principales décrites par Hoppe-Seyler, dont la situation précise serait, d'après les observations de Gaiîrou (157), confirmées parcelle de Neiselthau (1 '58), la suivante : une dans le rouge, entre C et D (621-610 aa), deux entre D etE, la première à cheval sur D (390-572 ;.i[j.), la seconde près de E (o5o-528 ij.,a); une quatrième, assez large, de h à F, (S14-498 ajj.). Enfin on peut encore, dans certains cas, observer une cinquième bande placée dans le rouge à la gauche de la première. La situation de ces raies n'est d'ail- leurs pas absolument invariable: elle est fonction de la concentration en pigment et eu alcali, les changements de situation consistant en un déplacement en masse des quatre bandes vers l'une ou l'autre extrémité du spectre. L'addition d'une solution ammonia- cale d'acétate ou de chlorure de zinc a pour effet d'effacer les deux raies extrêmes, tan- dis que persistent, plus intenses et mieux délimitées, les deux bandes entre D et E. Si HÉMOGLOBINE. 3.S5 l'on agite une solution acide d'iiéinatoporphyrine avec du chloroforme, celui-ci enlève une partie du pigment et montre cinq bandes d'absorption dont deux entre C et D (Hammarsten). D'après Sghulz (177), la troisième bande d'absorption, des solutions alcoo- liques, celle qui se trouve à la droite de D, se décompose elle-même en trois zones plus obscures séparées par des intervalles plus clairs. Cet auteur soutient en conséquence que le spectre de l'hématoporpliyrine possède sept bandes au lieu de cinq (159). Les solutions d'hématoporphyrine dans les acides minéraux sont d'un rouge vif avec léger rellet bleuâtre. Elles se caractérisent au spectroscope par deux bandes situées de chaque côté de D, s'étendant, la première de X 597 à 587 ;i.a, l'autre, de près de D à 541 [^[x, avec une plus grande opacité entre 557 et 541 aa. Dans ses solutions acides, tant qu'alca- lines diluées au point de paraître incolores, l'hématoporphyrine possède une bande d'absorption dans l'ultra-violet, située entre h et H, s'étendant de plus en plus vers la droite à mesure de l'augmentation de concentration. Pour une même concentration, l'absorption est plus forte en solution alcaline qu'en solution acide (Gamgee). FiG. 71. — Spectre photographique de l'hématoporphyrine. (D'après G.\mgek dans Schafer's Texl-BooU of Pliyswloijy.) Dans des liquides acidulés par les acides minéraux, l'hériiatoporphyrine existe à l'état de sel. Nex'cki et Sieber ont pu isoler, à l'état de cristaux, le chlorure d'hémato- porphyrine, dont la préparation a été exposée plus haut. A l'état sec, ce sel est plus stable et se dissocie lentement. Il a pour formule Cio His Ni 0.{ HCI. Il est aisément soluble dans l'alcool, moins dans l'eau, et sa solution alcoolique présente les cinq bandes d'absorption de l'hématoporphyrine en solution alcaline aqueuse; le spectre devient celui de l'hématoporphyrine en solution acide par l'adjonction d'une trace dacide minéral (Nencki et Sieber). Dans le but de se rendre compte de la fonction chimique des atomes d'oxygène contenus dans la molécule d'hématoporphyrine, Nengki et Zaleski ont soumis cette sub- stance aux dilîérents procédés de synthèse chimique qui sont caractéristiques de l'oxygène aldéhydique ou kétonique (diamide, phénylhydrazine). Les essais furent infructueux. Au contraire, par la méthode générale de E. Fischer et Speyer, ils purent obtenir les éthers diméthylique et diéthylique de l'hématoporphyrine. Ces corps sont des poudres rouges, peu stables, qui deviennent brunes à l'air et perdent de l'alcool quand on les chaufle à 100°. Le premier (],« Hn; (OCH,î)2N2 0 est inso- luble dans l'eau alcaliniséc, soluble dans les acides minéraux dilués, dans les alcools méthylique et éthylique, l'éther, le benzol. Ne.\ck[ et Zaleski parvinrent à préparer les sels de cette diméthylhématoporphyrine. Après chaull'age à 100° des éthers de l'héma- toporphyrine et disparition d'une partie des alcools méthylique et étliylique, il reste DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VIU. 25 386 HEMOGLOBINE. dans les deux cas une poudre amorphe qui semble constituée par les anhydrides cor- respondant aux formules C.^ H30 (CHu)^ Ni Ot et C32 H30 (C2 113)2 NiOi. Le second de ces produits est insoluble dans les acides minéraux dilués, peu soluble dans l'élher et le benzol, très soluble dans l'alcool. Les spectres des éthers de l'hématoporphyrine ne'se différencient en rien de ceux de l'hématoporphyrine même. Ceux des anhydrides méthylés et éthylés se distinguent de ceux de l'hémaloporphyrine en ce que toutes les bandes sont déplacées vers le rouge. Nencri et SiEBER avaient déjà obtenu précédemment, par action de l'acide sulfurique sur des cristaux d'hémine, une substance de formule probable C32 Hs; Ni 0.; qui résulterait de l'accouplement des deux molécules d'hématoporphyrine avec perte d'une seule molé- cule d'eau. Les anhydrides méthylés et éthylés correspondraient à un degré plus avancé d'anhydrisation, puisqu'ils semblent résulter de la soudure de deux molécules des hématoporphyrines diméthylée et diéthylée avec départ de deux molécules d'alcool. Nencri et Zaleskj ont essayé par ditférents moyens (ils purent constatera cette occa- sion que différents germes [anaérobies n'ont aucune action sur l'hématoporphyrine) d'enlever à l'hématoporphyrine trois atomes d'oxygène en laissant intact le radical restant. Leurs premiers essais (1900) furent infructueux. Us étaient guidés par l'espoir de passer de l'hématoporphyrine à la phylloporphyrine, substance étudiée minutieusement par ScHUNK ot Marchlëwsry, et dérivée de la chlorophylle. Les propriétés physiques et chi- miques de l'hémaloporphyrine et de la phylloporphyrine sont extrêmement semblables. Les bandes d'absorption sont les mêmes. Seule, leur situation est un peu différente d'une substance à l'autre (160). La formule de l'hématoporphyrine ne diffère de celle de la phylloporphyrine que par deux atonies d'oxygène en plus. Les deux substances peuvent donc être considérées comme les produits d'oxydation plus ou moins avancée d'un même radical. Toutes deux, distillées après mélange avec du zinc en poudre, dégagent des vapeurs de pyrrol. En 1901, Nexcri et Zalesri reprirent par une nouvelle méthode leurs essais de réduc- tion de l'hématoporphyrine. A 3 volumes d'acide iodhydrique fumant (D = 1.96) on ajoute un volume d'eau, de façon à avoir un acide de densité égale à 1,74. lo à 20 centi^ mètres cubes de cet acide sont mélangés à 75 centimètres cubes d'acide acétique glacial. On introduit dans la mixture 5 grammes d'acéthémine et l'on chauffe au bain-marie, en brassant le liquide jusqu'à dissolution complète (10-13 minutes). On ajoute alors 6 à 10 centimètres cubes d'eau, on abaisse à 70° la température du bain-marie e( l'on introduit de l'iodure de phosphonium par petits morceaux, jusqu'à ce que le liquide prenne une teinte rouge clair; on chauffe encore pendant 20 minutes. Quand une fraction du liquide additionnée de son volume d'eau reste claire, la réaction est terminée. Il faut environ 3-8 grammes d'iodure de phosphonium. La solution est mélangée à 2 ou .3 fois son volume d'eau, filtrée et versée dans 2-3 litres d'eau. Il se produit un précipité rouge, qui augmente quand on ajoute une quantité de soude suffisante à neutraliser l'acide iodhydrique. Le précipité est recueilli immédiatement et lavé à l'eau jusqu'à absence de tout trouble dans les eaux de lavage quand on ajoute du nitrate d'argent. On le met alors en suspension dans i.o litre d'eau bouillante, à laquelle on ajoute assez d'acide chlorhydrique pour (jue la concentration de celui-ci soit de 2.^) p. 100. Il y a dissolution presque complète. La solution filtrée à chaud est concentrée jusqu'à production d'une croûte cristalline à la surface. On laisse refroidir et on ajoute encore 100 centimètres cubes d'acide chlorhydrique de densité 1.19. Il se dépose de nombreux cristaux qui sont séparés le lendemain des eaux-mères et lavés avec de l'acide [chlorhydrique à 6 p. 100. On les purifie par 3 ou 4 recristallisations dans l'acide chlorhydrique chaud à 2.3 p. 100. La substance ainsi obtenue cristallise en aiguilles cristallines, plus courtes que celles du chlorhydrate d'hémoporphyrine, dont elles ont la couleur. Elle ne contient ni phos- phore, ni fer, ni iode, et sa formule, est, d'après des recherches complémentaires de Zalkski, la suivante : (Cn Hi9 No 0> HC1)2 Elle constitue donc le chlorure d'une substance qui, par sa composition centésimale, se place entre l'hémoporphyrine et la phylloporphyrine. Le chlorhydrate de mésopor- phyrine, tout comme celui d'hémoporphyrine, est décomposé par l'eau pure. Pourpré- HÉMOGLOBINE. 387 parer la mésoporphyriiie libre, on dissout le chlorure dans do la potasse ou de la soude à I p. 100 en léger excès, et l'on acidifie la solution filtrf'e au moyen d'acide acétique. Le précipilt' amorphe foncé est lavr, mis en suspension encore humide dans de l'alcool et chauffé. 11 se transforme bientôt eu une poudre finement cristalline. Mèsoporphyrine. — La mésoporphyrine est extrêmement analogue à l'hémopor- phyrine. Elle ne fond pas encore à 340». Insoluble dans l'eau, elle se dissout faiblement dans l'alcool et l'éther; un peu plus dans les acides minéraux; facilement dans h's solu- tions alcalines. Les solutions alcalines sont rouge brun. Acides, elles ont une couleur rouge vif, avec une nuance violet améthyste. Elles présentent une fluorescence rouge. Le spectre, en solution neutre, alcaline et acide, est absolument le même que celui de l'hémoporphyrine. Les solutions alcooliques acides, additionnées d'un acétate alcalin, donnent des cris- taux, qui semblent être la mésoporphyrine, et qui, lorsque leur production a été lente, sont rouges, rhombiques, bien formés et rappellent complètement ceux d'hématoidine. Lessolutions acides aqueuses donnent des précipités rouges avec les sels de zinc, d'ar- gent, de plomb et de cuivre. Au point de vue chimique, la mésoporphyrine semble plus active que l'hémopor- phyrine. Avec l'acide azotique dilué , elle donne un sel qui se transforme (par oxyda- tion) par simple évaporation de la solution. Par l'acide azotique concentré, on obtient une substance verte, également produite par l'eau oxygénée en solution chlorhydrique. Cette substance peut être obtenue en cristaux dont la formule en fait le sel d'une monochlorhémoporiiliyrine. D'après le procédé indiqué plus haut, Ni:ncki et Zaleski n'obtinrent jamais en poids de mésoporphyrine plus de 20 p. 100 de la quantité d'acéthémine employée. Sironchaufte moins longtemps, on obtient, outre la mésoporphyrine, un produit iodé, non purifié. Si l'on chauffe davantage ou si l'acide iodhydriqne est plus concentré, on obtient, en quantités de plus eu plus considérables, une substance volatile, à laquelle Meagki et Zaleski ont donné le nom d'hémopyrrol. Plus récemment, Zaleski (133i est arrivé, par le même procédé, à obtenir un rende- ment de mésoporphyrine correspondant à 40 p. 100 de l'hémine employée. Appliquée à riiématoporphyrine, la mélhode fournit aussi la mésoporphyrine. (îrâce à de nombreuses analyses élémentaires et des déterminations du point de congé- lation des solutions de mésoporphyrine dans du phénol, Zaleski arrive à déterminer plus exactement la formule de celte substance. Le chlorhydrate de nu'soporphyrine aurait pour formule : C:i'. H,isXvOi2HCl Si l'on chautîe pendant longtemps au bain-marie le chlorhydrate de mésoporphyrine en solution alcoolique et si l'on verse le mélange dans de l'eau, on obtient lui précipité, qui est un éther de la mésoporphyrine. L'éther éthylique a pour Tormulr Cm, H ^t; Ni 0% {C-î H:;)^. Il est facilement soluble dans l'alcool, l'éther, le chloroforme, etc., insoluble dans les solutions alcalines. On peut obtenir des composés cristallins de la mésoporphyrine, avec différents métaux, en ajoutant l'acétate du mêlai à la solution de mésoporphyrine dans un mélange d'acide acétique et d'alcool. Le composé zincique a pour formule C:!v H3(i N-, Ov Zn. En ajoutant à une solution de mésoporphyrine dans de l'acide acétique saturé de chlorure sodique le liquide prove- nant de la dissolution de fer métallique dans de l'acide acétique, Zaleski (161) obtint des cristaux foncés, brillants, rappelant complètement ceux dliémine. Le pigment ferrifère ainsi obtenu a un spectre très voisin de celui de l'hémine. L'analyse centési- male fournit une roiinule (jui ne dillère de celle de l'hémine que par 4 atomes d'hydro- gène en plus. Au lieu de fer, on peut introduire du manganèse dans la molécule de mésoporphyrine. Ajoutée i'i l'étal de chlorure à une solution acétique de sulfate ferreux ammoniacal sel de Mohr), la pliylloporpliyrine se combine, elle aussi, au fer et donne un composé dont le spectre d'absorption est très voisin de celui de l'hémine; Marc.hukwski l'appelle lilii/lloliémine (iS^). 388 HEMOGLOBINE. Si à une solution contenanl 1 gramme de mésoporpliyrine, oO à 7;j grammes d'acide chloihj'diique fumant et 100 ce. dacide acétique à 50 p. 100, on ajoute 12 à 30 grammes de zinc, la solution se décolore presque instantanément. Mais le liquide se colore à nouveau par simple exposition à l'air, et, si, après cette oxydation spontanée, on isole le pigment, on trouve qu'il n'est pas autre que la mésoporphyrine reformée (Merunowicz et Zaleski). Traitée de la même façon, l'héinatoporpliyrine se décolore aussi, mais la réoxyda- tion à l'air fournit un mélange de pigments, dont l'un a le spectre de l'hématopor- phyrine. Applique-t-on le même traitement à une solution alcoolo-acétique d'hémine, on obtient par réoxydation de l'hématoporphyrine, à moins que la réduction ne se fasse en milieu additionné d'acide iodhydrique. Dans ce dernier cas, la réoxydation donne de la mésoporphyrine i^Merunowigz et Zaleski) (192). Hémopyrrol. — L'hémopyrrol s'obtient le plus avantageusement en chauffant un mélange de 5 grammes d'acéthémine, 100 grammes d'acide acétique glacial et 100 gram- mes d'acide iodhydrique de densité 1.96. Dès que la dissolution se produit, on ajoute par petits morceaux 8 à 9gr. d'iodurede pliosphonium. La solution, au lieu d'être rouge, a une teinte bleuâtre qui passe ultérieurement au jaune. Après chauffage pendant 1/2 heure, on dilue dans 4-5 volumes d'eau. On introduit la liqueur claire dans un ballon, en communication avec un réfrigérant et portant un entonnoir à robinet par lequel on introduit la quantité de soude nécessaire à la neutralisation presque complète des acides iodhydrique et acétique. On chauffe à l'ébullition. Avec les premières portions du distillât passe un liquide huileux, plus léger que l'eau, dont l'odeur rappelle à la fois celles de la naphtaline et du skatol, qui s'altère très vite à l'air et n'a pas été obtenu pur jusqu'ici. Cette substance est peu soluble dans l'eau. La solution colore en rouge nii copeau mouillé d'acide chlorhydrique (réaction du pyrrol). Additionnée de chlorure raercurique, elle donne un précipité blanc amorphe, complètement insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, décomposition : (C8H,2Nj2Hg(HgCl2)i. Si l'on ajoute une solution d'acide picrique saturée àchaud au produit de distillation brut obtenu dans la préparation de l'hémopyrrol, et si l'on refroidit à0°, on obtient des cristaux jaunes, que l'on purifie par cristallisation dans le benzol, et dont la formule de composition est CgHiaN Ce Ho (NOa):! OH. L'hémopyrrol a donc pour formule Cs His N. Il est soluble dans les acides minéraux, insoluble dans l'acide acétique. Nencki ne put obtenir les sels correspondants à l'état cristallin. A l'air, les solutions d'hémopyrrol rougissent, et la substance rouge qui prend ainsi naissance paraît être l'urobiline, telle qu'on obtient par réduction de la bilirubine. Dans l'organisme du lapin vivant, l'hémopyrrol est également transformé en uro- biline. Les solutions d'hémopyrrol ainsi aérées subissent à la longue une oxydation plus profonde, aboutissant à un pigment violet, non étudié. Si l'on admet pour exacte la formule de Maly, la formation d'urobiline aux dépens de l'hémopyrrol devrait être représentée comme suit : 4 Cs Hl:! N + Ol3 = C32 Hvo Ni Ot + 6H2O. Les travaux de Nencki sur les dérivés de l'hémine furent arrêtés avant leur complet achèvement par la mort de l'éminent chimiste. Nencki était arrivé à indiquer deux formules possibles pour l'hémopyrrol : la première en faisait un isobutylpyrrol, la seconde, un méthylpropylpyrrol. Les faits connus de lui ne permettaient pas le choix entre ces deux possibilités. Les recherches de Nencki ont été poursuivies par un de ses élèves, Marchlewski. En 1904, BuRACzEwsKi et Marculewski (181) obtenaient par la réduction (par le zinc HÉMOGLOBINE. 38î> dans un courant d'hydrogène) de Timide de l'acide méthylpropylmaléique obtenue par synthèse, un liquide huileux volatil qui avait tous les caractères de l'hémopyrrol : odeur cHractéristicjue, réaction du pyrroi, transformation par oxydation à l'air en une substance analogue à l'urobiline. En i90o, GoLDMANX et Marchlewski, puis Goldma.xn, Hepteii et Mauchlewski (182) s'occupèrent de l'action sur l'hémopyrrol du chlorure de diazobenzol. Ils obtinrent trois composés additionnels de cette substance, dont l'un a été plus particulièrement étudié. C'est une substance colorante, de spectre bien défini en solutions alcaline et acide, que l'analyse centésimale a révélée être un composé disazoïque. Sa découverte est intéres- sante en ce qu'elle est Thomologue du pyrroldisazobenzène décrit par E. Fischer et Hepp et qu'ainsi se trouve consolidée par un nouvel argument l'opinion de Nengki sur les affmités de l'hémopyrrol et du pyrroi. Voici la formule de structure proposée par ses parrains : H.5C — C C — C:)Hi Il 11 C C / \ / \ HsCg— No XH N2 — CuH:i En 190G, BuRACZEwsKi et Marchlewski soumirent à l'action du chlorure de diazobenzol l'huile volatile obtenue par la réduction de Timide de l'acide méthylpropylmaléique de synthèse. Ils obtinrent le composé diazoïque qui vient d'être décrit, qu'ils purent iden- tifier par l'observation de son spectre d'absorption en solution acide et alcaline. Ainsi se trouve assurée l'opinion que l'hémopyrrol est un méthylpropylpyrrol, en parfait accord avec les résultats obtenus par Kister à propos des acides hématiques. Enfin Ne.ncki et Marchlewski (1G4), en soumettant la phyllocyanine (dérivé de la chlo- rophylle) à l'action de l'acide iodhydrique et de Tiodure de phosphonium, ont obtenu le même hémopyrrol que celui qui provient de Thémoporphyrine soumise au même trai- tement. C'est une preuve de plus en faveur de l'identité de structure de Thémoporphyrine et de la phylloporphyrine. Comme on le conçoit facilement, cette identité de structure moléculaire des deux substances colorées (hémoglobine, chlorophylle) les plus répandues dans le règne végé- tal et dans le règne animal prend une importance capitale au point de vue de la philo- sophie des sciences naturelles. Et cette importance est encore accrue du fait que les travaux très approfondis de ces dernières années sur la chimie des différents pigments rencontrés chez les animaux supérieurs confirment de façon éclatante l'idée, émise déjà depuis longtemps, qu'ils dérivent probablement tous du noyau chromogène de l'hémo- globine. Nexcki (163) va plus loin dans cette voie : d'après lui, la substance chromogène trouvée par Gmelin parmi les produits de la digestion trypsique de la fibrine, le protéino- chromogène, celle qui devient violette (protéinochrome) par l'addition de brome, serait peut-être la molécule mère d'où dériveraient tous les pigments animaux, y compris l'hémoglobine, les pigments hiliaiies et les mélanines [)athologiques. Le protéinochrome fondu avec de la])otasse donne des vapeurs contenant du pyrroi, de Tindol et du scatol. Chautfée modérément avec de l'acide nitrique fumanl, l'hématoporphyrine, d'abord rouge, devient successivement verte, bleue, puis jaiuie, réaction colorante qui rappelle celle de Gmelin. L'hématoporphyrine semble moins facile à réduire que son isomère, la bilirubine : elle résiste notamment à l'action de l'amalgame do sodium et au mélange de zinc et d'acide acétique. Réduite à chaud par Tétain et l'acide chlorhydrique, elle fournit, suivant les condi- tions de l'expérience, des produits de réduction variés, dont l'un des plus faciles à obte- nir serait de composition Ciu H:i8 NvO:;. Cette substance a été appelée par Nengki et Sieber kexah!jdroliématoporph>/rine. Elle est soluble dans les acides minéraux dilués et dans l'alcool, qu'elle colore en brun-rouge; insoluble dans les liqueurs alcalines. Par Tébullilion avec de l'alcool 3lt0 HEMOGLOBINE. contenant en dissolution de la potasse caustique, rhexahydrohématoporphyrine est transformée en une substance très voisine de l'urobiline. Cette substance peut s'obtenir directement comme produit de réduction de Théma- toporphyrine par l'étain et l'acide chlorhydrique. Elle possède un spectre analogue à celui de l'urobiline et présente de la tluorescence comme elle, quand on lui ajoute du chlorure de zinc ammoniacal. Mais elle s'oxyde plus facilement et s'oxyde notamment à l'air (Nobel, Nencki et Sieber). Hoppe-Seylek avait déjà noté que l'hématine soumise à la réduction par l'étain et l'acide chlorhydrique fournit une substance analogue à l'urobiline. D'après Mac-Munn (160), l'hématoporphyrine constituerait le pigment normal de cer- taines écailles d'œufs d'oiseaux, et du tégument externe de VUrastcr ruhcns fEchino- derme), de Llmax, Arion, Soleciirtus Striyillatus (Mollusques) [de Lumbncus (Annélide) ('eratotrochus diadema, Flabelhtm, Fungia sijmmetrica, Stephanophyllia (Actinie), Disco- soma, Cassiopeia. L'hématoporphyrine existe, à l'état de combinaison avec le cuivre, dans un pigment rouge qui colore les plumes de certains oiseaux du genre Mucophagn. Ce pigment, étudié parCHUKCH (18G9) etLAiDLOw (1904) (170), la ««racine, est formé de 7,ul p. 100 de cuivre et d'hématoporphyrine. En soumettant à l'ébullition une solution ammoniacale d'hémato— porpliyrine additionnée d'un sel cuivrique, Eaidlow a pu reconstituer une matière colo- rante analogue à la turacine. D'après Garrod (157) et Saillet (167), l'hématoporphyrine existe à i'élat de traces dans l'urine normale de l'homme et aussi, d'après Stokvis (168), du lapin. On la trouve en plus grande abondance, comme l'a d'abord montré Mac-Mu.\n (169), dans un grand nombre de cas pathologiques (Mac-Munn, Riva et Zoja (136), Garrod, Pal (171), sans que, dans certains de ces cas tout au moins, l'urine offre à première vue le moindre aspect distinctif. C'est après l'usage prolongé du sulfonal que l'on a observé les urines les plus riches en hématoporphyrine [(Salkowski (172), Hammarstex (1o9), Nebelthau (158), etc.). Dans ces conditions l'urine présente une couleur vineuse, foncée. Le sédiment urinaire peut contenir de l'hématoporphyrine (Garrod). Les urines fortement colorées par l'hématoporphyrine présentent le spectre alcalin ordinaire, ou le spectre à cinq bandes. Dans certaines urines et dans les sédiments colorés par l'hématoporphyrine, le spectre serait celui des solutions zinciques. Dans certains cas, l'hématoporphyrine serait représentée dans l'urine par un chro- mogène qui, sous l'influence de l'air et de la lumière, se transformerait en hématopor- phyrine (Hiva et Zoja, Saillet). Recherche de l'hématoporphyrine dans les urines. (Voir pour les détails le livre de Neu- BAUERetVoGEL.Ana/2/serfesHams.)Dansles cas habituels, laspectroscopie directe est insufli- sante à raison de la présence d'autres pigments et de la petite quantité d'hématoporphyrine. Il faut donc recourir habituellement à l'isolement de la substance. Procédé de Garrod. On ajoute à l'urine de la lessive de soude à 10 p. 100 (20 centimè- tres cubes pour 100 d'urine). Les phosphates pi^écipités entraînent l'hématoporphyrine. Le précipité est lavé à l'alcool acidulé d'acide chlorhydrique. L'hématoporphyrine passe en solution. On peut liltrer et examiner au spectroscope. Pour purifier, on ajoute du chloroforme, puis de l'eau, et l'on agite. Le chloroforme se sépare, tenant en dissolution l'hématoporphyrine. Mac-Munn précipite l'urine par les acétates de plomb neutre et basique, procédé qui a l'inconvénient de donner un mélange de différents pigments. Hammarste.n et Salrowski décrivent des méthodes où la précipitation est obtenue par l'hydrate de baryte. D'après HuprERX, ces procédés ne valent pas celui de Garrod. Il en serait de même de celui de Riva et Zoja qui agitent l'urine avec de l'alcool arnylique. Saillet ajoute à 100 centimètres cube d'urine 10 gouttes d'acide acétique glacial et agite avec de l'éther acétique. D'après Nebeltiial?, le meilleur procédé serait la précipitation par l'acide acétique (5 centimètres cubes pour 100 centimètres cubes d'urine) ; le précipité estrecueilli par cen- trifugation et purifié par dissolution dans la soude suivie de reprécipitation par l'acide acétique. S6û\ 650 61*0 630 620 m 600 5^0 580 570 560 550 5f> IiiiiIiiiiIiiiiIiiiiIimiIiimIiiiiImiiIiiiiIiiiiIiiiiIiiIiIiiiiImiiIiiiiIiiiiIiiiiIiiiiIiiiiIiiiiIiiiiIiiiiIiiiiIiIIiIii Oxyh ém oglobine ^^ 589 -571 A'=556^536 Hémoglobine A=596-5^3 Hémoglobine neutre jlZ es 0-620 A'=58Ô-579 A:=556-5!t2 À"=518.586 Méthémogjohine alcaline A-605.579 Z589.579 ^:55&.555 Methémoglobine acide ^^585-519 X'-569.55'ô yi%5tlO-527 Hematine acide À = 611 -532 A'^530 -* Hematme alcaline Z^565.55ii- Ji'=.536-523 Hémochromogène À =578 -527 Cyanhematine 1^577.562 A=5à8-532 Cyanhémoglobine A =57 9 -520 Cyanhémochrom ogène À =583. 522 Cyanméthémoghbine yL^625-600 A'=533 —* Photométhémoglobine À=.608-5M À' =58 ^-57 2 r=572-5^8 Hematine neutre À.620,612 X.553-536 /^9it.568AZ522-'i88 fiématoporp t\yrlne acide À'= 519- 56(i Â'.5it8.530 FlG. 72. Specires d'absorption de l'iiémoglobine et de ses dérivés, d'après Zibmkb et Muller (10 •i,. 3^)2 HÉMOGLOBINE. HÉMATOIDINE. L'hématoïdiiie est un pigment trouvé par Virchow à l'état de cristaux rhombiques d'un lieau jaune orangé dans d'anciens foyers liémorra^^iques. D'après les différents auteurs qui en ont étudié les propriétés chimiques et physiques, l'hémaloïdine serait identique avec la bilirubine (Viacuow, Salrowskf, ^Jaité (139), mais différente de la lutéine des corps jaunes(Kt"HNE,EwALn). P. NOLF (Liège). Bibliographie. — Articles de Rollett : Die rolhen Blulkôrperchen dans Hermanns Handbuch der Physiologie, IV; de Lambling dans le Dictionnaire de Chimie de WCrtz (2^ supplément). — Iîoppe-Sevler. Vcber diu Verhnlten. des Blutfarbstoffes im Spectrum des Sonnenlichtes (A. A. P., I8(i2, xxiii, 4-40). — — Ueber die chemischcn und optischen Eigen- schaften des Blutfarbstoffes [Ibidem, 1864, xxix, 233). — Physiolofjische Chemie, Berlin, 1881 ). — IJallibdrtox. Text bock of chcmical Physiology (316-330). — Gtuffith. Physiology of the Intcrvertebriita. — Hoppe-Seyler. 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Dans la très grande majorité des cas, c'est une détérioration globulaire plutôt qu'une véritable destruction que l'on observe. L'usage s'est établi d'apprécier le degré de cette altération par la plus ou moins grande quantité d'hémoglobine qui a diffusé dans le milieu exté- rieur. Quand celte diffusion est telle que l'égalité de coloration est réalisée entre les slromas et le liquide ambiant, on a l'habitude de dire que l'hémolyse est complète. Il y a là un abus de langage. On pourrait désigner cet état sous le nom de décoloration complète des hématies. Si, au lieu d'être rouge, l'hémoglobine était incolore, il faudrait bien recourir à un autre critérium; et certainement alors personne ne penserait à appeler complète une altération qui se caractériserait par la perte, même totale, d'un seul des constituants de la cellule. C'est la couleur rouge de l'hémoglobine qui a fait l'immense succès des recherches d'hémolyse. Généralités. — Il ne saurait être question de citer dans cet article toutes les don- nées objectives qui ont été recueillies dans ces vingt dernières années sur ce sujet. Jamais l'étude d'une question n'a suscité autant de tiavaux et il n'est pas d'autre exemple d'une littérature aussi touffue que celle-ci. Malheureusement la multiplicité des mémoires n'a guère contribué à faire l'unité parmi les opinions; des doctrines con- tradictoires sont professées avec une égale conviction et appuyées chacune d'un luxe d'arguments par des savants de première valeur. Ce désaccord dans les idées est le résultat de plusieurs causes : 1° La nature même de la question; 2° Le manque d'unité dans les méthodes ; 3° La multiplicité des points de vue. L'hémolyse intéresse également le clinicien, le bactériologiste, le physiologiste, le chimiste. Elle apparaît à l'un dans ses rapports avec la pathologie du sang; à l'autre, elle est un moyen d'étudier les phénomènes de l'immunité; elle est, en physiologie ani- male, le chapitre le plus documenté d'une étude des propriétés physico-chimiques du protoplasma; pour le chimisle épris de problèmes de biologie, elle est un terme de passage tout indiqué, un objet de choix dans un essai d'application à la matière vivante des principes acquis en chimie minérale sur les propriétés des solutions, des substances colloïdales, sur les équilibres, sur les vitesses de réaction, etc. De ces quatre côtés sont arrivées des contributions de valeur très inégale. Chacune de ces disciplines applique à la solution du problème ses notions propres, ses méthodes particulières, ses points de comparaison familiers. Il en résulte qu'entre deux mémoires traitant du même sujet, il n'y a souvent de commun que le titre. Que l'on songe en outre à la nature parliculièrement complexe des phénomènes, qui ressortira à suffisance de la lecture de l'article, et l'on comprendra que le moment n'est pas venu de faire la synthèse de nos connaissances, d'essayer de trier ce matériel dis- parate. 11 y a encore trop de provisoire, trop d'à peu près, trop d'hypothèse et aussi de polémique pour qu'un tel travail puisse être utilement entrepris. Cet article, destiné aux physiologistes, sera consacré à l'étude du côté plus particulièrement physiologique du phénomène. L'hémolyse y sera donc considérée comme étant la suite d'une altération des rapports normaux entre le contenu liquide des hématies, leur paroi et le milieu extérieur. Cette façon d'envisager la question est la conséquence directe de ce qui a été dit, à l'arlicle ■' Hématie », de la constitution du globule rouge. Schématiquemenl, le globule rouge peut être représenté par une vésicule remplie d'une masse fluide ou demi-fluide. Examinons successivement le contenu et la paroi. Dans ce contenu sont dissous les sels du globule et l'hémoglobine, ainsi que cela a été démontré à l'article u Hématie . Les sels dissous sont les facteurs principaux de la pres- sion osmotique du globule, pression bien constante, égale à celle du sérum. L'hémo- globine intervient peu dans la régulation osmotique, en raison de la grosseur de sa 398 HEMOLYSE. molécule. Mais elle est dissoute comme les sels et, comme eux, elle est libre de toute combinaison avec d'autres constituants globulaires. Ce point est essentiel pour la com- préhension de l'hémolyse. 11 y a lieu d'y insister, parce que, ne tenant pas compte de cette donnée fondamentale, la plupart des auteurs qui ont voulu expliquer l'hémolyse, ont décrété que les substances hémolytiques sont des agents dont la principale fonction est de libérer l'hémoglobine d'une combinaison hypothétique avec un autre consti- tuant globulaire. Le dosage colorimétrique de l'hémoglobine est une opération si facile et si sûre qu'elle devait forcément séduire les chercheurs. On trouvait en lui une méthode dont les données dépassent de beaucoup en précision celles dont on dis])ose habituellement en pareille matière. Aussi s"esl-on empressé de le choisir comme mesure de l'hémolyse, sans même se demander si l'on en avait le droit. Pour mesurer l'hémolyse, on a dosé l'hémoglobine échappée aux globules. Explicitement ou implici- tement, on a affirmé que cette libération était directement proportionnelle à l'intensité de l'hémolyse. S'il en était ainsi, si essentiellement l'hémolyse était la mise en liberté de l'hémoglobine engagée dans une combinaison chimique, son élude gagnerait beaucoup en simplicité. Il est clair que la libération graduelle de la substance colorante pourrait servir de mesure au phénomène. Elle en serait la mesure directe et ti'ès précise. Malheureusement l'union supposée du stroma et de l'hémoglobine n'existe pas; l'hémoglobine n'a rien à faire avec les vrais phénomènes de l'hémolyse. Ceux-ci inté- ressent la paroi globulaire. La paroi globulaire correspond liistologiquement au protoplasma de la cellule rouge. Chimiquement elle est composée de substances protéiques et de substances grasses. Les premières appartiennent au groupe des nucléo-protéides; les secondes sont des lipoïdes : cholestérine, lécithine et peut-être un cérébroside (Pascucci). Ainsi constituée, cette paroi laisse passer l'eau : elle est parfaitement imperméable à l'hémoglobine et aux sels. Mais ces éléments dissous dans le milieu endo-globulaire ont une tendance constante à en sortir, à diffuser dans le milieu extérieur. Tant que la paroi est normale, l'obsLacle à la ditïusion est absolu. Quand de l'iK'moglobine s'échappe des globules, ce n'est pas parce «piil y a quelque chose de nouveau en elle, c'est parce que l'obstacle à son pouvoir normal d'expansion est levé plus ou moins complètement. Le simple examen de la siructure du globule, de la disposition de ce petit appareil de physique, nous indique donc tiès nettement ce qu'est l'hémolyse, ce qu'elle signifie. Elle signifie un état de soulîrance du globule, une altération de la paroi globulaire. Dans cette conception du phénomène, qui est basée sur les faits cités à l'article « Hématie ", l'hémoglobine se répand à l'extérieur des globules quand la paroi globu- laire a cessé d'être imperméable à l'hémoglobine. Si l'on voulait restreindre la signili- cation du mot hémolyse à cette diffusion considérée en elle-même, il signifierait donc un pur phénomène d'osmose. Si au contraire on conserve au mot hémolyse sa signi- lication vraie, en désignant par ce terme le phénomène initial, l'altération de l'hématie elle-mèine et plus spécialement celle de sa paroi, on fera de la dill'usion de l'hémoglo- bine une conséquence jjIusou moins lointaine, plus ou moins contingente. Toute altération de la paroi n'entraîne pas la diffusion de l'hémoglobine. Les alli'-ra- tions graves causées par la plupart des réactifs fixateurs, employés en cytologie, ne la produisent pas. La diffusion caractérise les altérations (jui s'accompagnent d'une augmentation de perméabilité. S'il reste exact de dire à propos de ces dernières que plus l'altération globulaire est forte, plus rapide est la diffusion, s'il est permis d'éva- luer la première par l'intensité de la seconde, il n'est pas du tout démontré qu'il y a proportionnalité rigoureuse entre les deux. En d'autres termes, il n'est pas licite d'exprimer le premier de ces phénomènes par une simple mesure du second, .ivant d'avoir établi, par des recherches préalables, le rapport numérique exact qui les relie. On peut donc dire sans paradoxe que, si les déterminations des quantités d'hémoglobine dilVusées, qui sont soigneusement établies dans les mémoires récents sur l'hémolyse, sont des documents plus précis que la simple évaluation du degré d'hémolyse d'après le plus ou moins de résidu a\)vès centrifugation ou d'après la teinte plus ou moins foncée du liquide surnageant, les premières n'expriment actuellement pas beaucoup mieux que les secondes la grandeur du phénomène initial, l'altération de la paroi. Au lieu de mesurer l'issue de l'hémtr'globine, on aurait pu mesurer la rapidité de HEMOLYSE. 3im sortie des sels. Il faudrait opérer dans ce cas en milieu isotonique sucré. Dans les con- ditions normales, la paroi globulaire parait tout aussi imperméable aux sels du plasma ou à ceux du liquide endo-globulaire qu'à l'hémoglobine. Cela résulte liéjà de l'analyse chimique du sang de quelques mammifères cheval, porc, lapin), chez lesquels b's glo- bules ne contiennent pas trace de sodium, malgré l'abondance de cet élément dans le plasma. Mais dans les conditions pathologiques, la paroi globulaire devient perméable aux sels. Et ce phénomène s'étudie très bien dans les émulsions globulaires en eau sucrée. Il se mesure facilement par la détermination de la conductibilité électrique de ces émul- sions (Stewart, Hem ri). Il est probable que, si l'hémoglobine ne se dosait pas aussi facilement au colorimètro, on aurait eu recours à la diffusion des sels pour apprécier la plus ou moins grande résis- tance des hématies : on aurait mesuré l'hémolyse parla conductibilité électrique du milieu extérieur. Et comme cette méthode donne, elle aussi, des résultats précis, on aurait construit des formules d'apparence très rigoureuse exprimant l'essence et l'inten- sité de l'hémolyse, en ridentilïant avec cette issue des sels endo-globulaires. Pour agir ainsi, on aurait eu des raisons ni meilleures ni pires que celles qui permettent d'identi- fier l'hémolyse avec la sortie de l'hémoglobine. Il eût été très intéressant de confronter alors les deux séries parallèles de résultats, de voir jusqu'à quel point l'hémolyse, mesurée par l'exode des sels, coïncide avec l'hémo- lyse confondue avec la diffusion de l'hémoglobine. Malheureusement la méthode fondée sur la conductibilité électrique n'a pas été appliquée (en milieu sucré i à l'étude quan- titative des agents hémolytiques. Les quelques données que l'on possède sur cet aspect de la question sont fragmentaires. On sait par exemple comment les hématies se com- portent dans des solutions sucrées pures. Stewart avait constaté que des ;,dobules mé- langés à une solution hypolouique de sucre de canne A du mélange = 0.4.36°) laissent diffuser dans la solution sucrée une partie de leurs sels. Calugareanu et Henri ont fait les mêmes constatations pour des solutions de saccharose différemment concentrées (o p. 100 et 7 p. 100). La première est très fortement hypotonique, la seconde l'est moins (A = 0.40). Les héniatirs perdent dans les deux liquides une notable partie de leurs sels. Mais, chose très intéressante, elles n'abandonnent rien de leur hémoglobine. Il est donc prouvé que, dans ce cas tout au moins, la paroi globulaire peut devenir per- méable aux sels, sans rien perdre de son imperméabilité à la substance C(dorante. Peut- être des expériences plus complètes étendraient-elles cette donnée. Nous posséderions dans ce cas deux moyens pmir mettre en évidence l'altération de la paroi globulaire. De ces deux moyens, l'un serait beaucoup plus sensible que l'autre. Cette constatation n'est pas faite pour étonner. Ou C(m(;oit très facilement que, lorsque la paroi globulaire transforme ses qualités diosmotiques dans le sens d'une perméabilité plus considé- rable, cette modilication se manifeste d'abord à l'égard des sels, substances crislal- loïdes à petites molécules, plus tôt qu'à l'égard de l'hémoglobine, colloïde à molécule énorme. OvEiiTON a constaté que, lorsqu'on tue des cellules végétales par des moyens chiini- ijucs, on supprime l'imperméabilité de la paroi aux différents constituants du suc intra- cellulaire. Mais l'obstacle à la sortie n'est pas levé en même temps pour tous. On voit apparaître successivement à l'extérieui- des cellules les sels lialoïdes et les nitrates des métaux alcalins: viennent ensuite les sulfates, phosphates, taitrates, malates. Ce n'est que plus lard qu'apparaissent les sucres et enfin les substances colorantes et taniiiques. Observer l'hémolyse, c'est répéter pour les globules rouges l'observation d'OvEiiro.\ sur les cellules végétales, c'est assister à une ag0 ce. de solution saline. Cette dernière contient des quantités variables de sel. La quantité de sel par litre de solution saline est de 340 gr. Teneur de la ( Eau. . . . 45.66 couche j Sel . . . . 5.01 supérieure en 1 ' Alcool. . . 44.48 Teneur de la j ■ Eau. . . . 70.03 couche Sel. . . . 33.49 inférieure en ' l Alcool. . . 11.25 380 gr. 420 gr, 41.15 36.30 3.55 2.43 48.86 53.20 70.76 69.79 37.52 41.31 8.64 7.64 HEMOLYSE. 407 C'est évidemment à un exemple de ce genre qu'il faut rattacher les faits nombreux de précipitation d'un grand nombre de substances diverses par les solutions salines concentrées. L'analogie sera complète, si la substance se sépare à l'état liquide. C'est le cas pour les sels neutres de protamine. La solution aqueuse du sulfate neutre de sal- mine additionnée de son volume de solution saturée de chlorure sodique se trouble. Le trouble se résout en gouttelettes qui se rassemblent en une couche inférieure qui con- tient une forte proportion de salmine. Cette couche contient aussi de l'eau et du sel. En augmentant la concentration du sel dans la couche supérieure, on fait passer de plus en plus de salmine dans la couche inférieure (Kossel). Il semble qu'il en soit également ainsi dans la précipitation incomplète de la caséine par le sulfate de soude (Spiro). U se produit deux phases contenant toutes les deux de l'eau, du sulfate sodique et de la caséine; seulement la phase supérieure contient beau- coup d'eau et de sel, très peu de caséine; l'inférieure peu d'eau, très peu de sel et beaucoup de caséine. La première est liquide, la seconde est solide. Au lieu d'être une solution solide, c'est-à-dire un milieu solide constitué par plu- sieurs substances dissoutes l'une dans l'autre dans des proportions différentes de celles qui sont réalisées dans la phase liquide, il pourra se faire aussi que la phase solide apparue soit un des corps dissous, cristallisant à l'état de pureté ou en combinaison avec un des deux autres constituants du milieu. Cette cristallisation peut être consé- cutive à l'apparition transitoire d'une phase liquide. C'est ce qui se passe quand on ajoute du sulfate ammonique à des solutions concentrées d'antipyrine (Crismer). Pour une certaine concentration du sel, il apparaît deux phases liquides. La séparation se fait sous l'aspect d'un brouillard de très fines gouttelettes qui sont formées d'une solu- tion sursaturée d'antipyrine dans de l'eau peu salée. Mais cette phase est instable. Elle se détruit dès que la cristallisation de l'antipyrine s'est amorcée, ce qui a lieu très rapidement après l'apparition de la phase liquide. Il est probable que des conditions du même genre existent dans les solutions salines de certaines albumines (hémoglobine, ovalbumine) qui laissent déposer des cristaux. 3" Il reste à considérer le cas d'une substance très soluble dans les deux constituants d'un couple de deux éléments non miscibles en toutes proportions. C'est le cas de l'acide acétique ajouté au couple eau-chloroforme. Au fur et à mesure de l'adjonction de l'acide, la miscibilité des deux substances augmente, la pénétration mutuelle des di-iix couches superposées devient plus complète et, pour une concentration déterminée, le milieu devient homogène. Si l'on chauffe le mélange, il faudra moins d'acide pour produire l'homogé- néité. Ces exemples des possibilités les plus intéressantes dans le mélange de trois corps qui se dissolvent et se partagent entre deux phases liquides permettent de mieux com- prendre certains phénomènes d'imbibition (pour la littérature, voir l'article de Pauli dans Eryebnisse der Physiologie, 1907). Il a été dit antérieurement que l'on pouvait com- parer, moyennant certaines restrictions, le système eau-gélatine à un couple de deux liquides à miscibilité très réduite à la température ordinaire. Le système comprend deux phases : l'une serait une solution solide d'eau dans la gélatine; l'autre, liquide, est de l'eau dissolvant des traces de gélatine. En réalité, ces phases ne sont pas homogènes, chacune individuellement, de sorte qu'elles ne sont pas des phases au sens strict du mot (van Bemmelen, Pauli). Mais elles se comportent en gros, dans certaines conditions, comme si elles l'étaient, et certaines anomalies proviennent peut-être uniquement de l'extrême lenteur avec laquelle les équilibres s'établissent (Hardy). Il serait, en tout cas, très hasardeux d'assimiler complètement des couples de ce genre à des couples de liquides non miscibles. Ces derniers réalisent, en raison de leur homogénéité, des conditions beaucoup plus simples que les premiers. Leur connaissance préalable est utile et même nécessaire, parce que, nos connaissances allant naturelle- ment du simple au complexe, ils fournissent les points de repère auxquels nous com- parons les premiers. L'étude de l'imbibition présuppose l'étude de la solution. Mais nu colloïde imbibé d'eau n'est pas simplement, comme d'aucuns le prétendent, une solution solide de l'eau dans le colloïde. C'est spécialement quand on a à considérer l'absorption 408 HEMOLYSE. d'une troisième substance par un corps déjà imbibé d'eau et formant gelée qu'il y a lieu de tenir compte des propriétés particulières de cette gelée. Ou peut prévoir qu'en raison de la petilesse des grains qui constituent le squelette de la gelée, et de la nature colloïdale de la substance de ces grains, des influences de surface viendront s'ajouter aux influences de masse. Kuster, ayant étudié l'absorption de l'étlier par le caoutcbouc, constata qu'à des phénomènes de vraie solution se superposent des actions de surface; que, dans le partage de l'iode entre de l'amidon et le liquide ambiant, la concentration de l'iode dans l'amidon n'est pas une fonction linéaire (loi de Henry) de la concentration dans le liquide ambiant, mais qu'elle est une fonction exponentifeUe. La même expression réapparaît dans les travaux de Schmidt, Applyeard et Walker, BrLTz, Freundlioh, etc. Si Ton représente par Ci etc2, les concentrations d'une substance qui se dissout dans deux milieux homogènes non miscibles, on aura, d'après la loi de Hr.XRV, Cl = liCî Dans le cas de phénomènes d'adsorption pure (adsorption d'une substance dissoute dans l'eau par de la poudre de charbon qui ne s'imbibe pas d'eau), le rapport des con- centrations de la substance dans l'eau, d, et dans la couche enveloppant les grains de charbon, d, sera, suivant la formule générale, 1 p Cl = Kco C'est-à-dire qu'à la surface des grains la concentration varie relativement peu quand on lui fait subir de fortes variations dans le liquide. Quand on examine le partage entre une gelée et la solution qui la baigne, il ne faut pas oublier que la gelée, elle-même, est constituée par le mélange intime des deux phases, dont l'une, la phase liquide, est retenue dans les mailles de l'autre, la phase solide. Lorsqu'un disque de gélatine sèche est mis à imbiber dans une solution saline, la phase liquide totale comprend, outre le liquide extérieur au disque, encore celui qui est contenu dans les cavités creusées dans l'épaisseur du disque. I^a composition totale du disque n'est donc pas la composition exacte de la phase solide, mais une valeur intermédiaire entre la composition vraie de cette phase solide et celle du liquide exté- rieur. . Si l'on étudie le partage entre cette gelée et la solution qui la baigne extérieurement, DU aura des résultats différents, suivant les cas. Si la gelée est fortement imbibée d'eau, creusée de cavités spacieuses, si les sub- stances examinées sont peu adsorbées à la surface des grains colloïdaux, on peut s'at- tendre à des partages uniformes entre la gelée et le liquide ambiant, ou tout au moins peu différents de ceux qui s'établissent entre deux phases liquides. Au contraire, si la gelée est concentrée, peu riche en eau d'imbibition, si la substance étudiée est vivement adsorbée par le colloïde, le partage tendra- de plus en plus à s'exprimer par une formule analogue à celle qui correspond à l'adsorption pure. En raison de l'état rudimentaire de nos connaissances en ces matières, il est donc indispensable de s'abstenir actuellement le plus possible de théories, et de s'en tenir à l'exposé des faits, en attirant, à l'occasion, l'attention sur les analogies qui peuvent exister entre eux et certains exemples mieux étudiés. On possède des observations déjà anciennes et très soigneuses sur la façon dont se comportent des disques de gélatine dans un grand nombre de solutions. Elles sont dues à HtiFMElSTER. Dans ces dernières années, des recherches complémentaires furent faites par plu- sieurs auteurs : Pauli, von Schroder, Spiro, Ostwald, etc., qui confirmèrent et éten- dirent les données de Hoi meister. Si des disques de gélatine, imbibés d'eau distillée au maximum, sont plongés dans des solutions salines, on constate, dans la très grande majorité des cas, que les disques gonflent, ■c'est-à-dire qu'ils absorbent un supplément de liquide, en même temps qu'il se mettent ■en équilibre de composition saline avec l'extérieur. HÉMOLYSE. 409 C'est ce qui se passe, par exemple, dans les solutions de chlorure sodique. Volume du liquide absorbé par l'unité Teneur de la Teneur du liquide du poids solution absorbée extérieur eu XaCl. de gélatine. en NaCl. » (eau pure) 6.34 » 1.96 8.3i 1.76 3.8o 9.00 3.65 7.51 9.6:3 7.3.'> 9.09 9.98 8.99 12.28 10.95 12.14 13.79 " 11.72 15.57 1.^.25 10.70 15.29 On peut donc conclure de l'expérience que le chlorure sodique se partage également entre la phase liquide et la phase solide, et qu'il augmente la miscibilité de l'eau et de la gélatine. C'est, d'ailleurs, ce qui résulte des observations directes de Hofmeister, qui déclare que, dans les solutions concentrées, les disques perdent beaucoup de leur cohé- rence. Un grand nombre de sels exercent la même action que le chlorure sodique. On peut citer les chlorures de sodium et d'ammonium, les iodures et les bromures de potassium, sodium, ammonium, l'urée. On observe des phénomènes difTérents avec d'autres solutions. i.e type de cette nouvelle série est le tartrate sodique. Les solutions diluées de ce sel agissent comme celles de chlorure sodique. La solu- tion saline absorbée par le disque est plus abondante que l'eau pure absorbée par un disque de même poids, et la concentration saline dans le disque est égale à celle du milieu extérieur. Mais dans les solutions plus concentrées, il n'en va plus de même. Le disque absorbe moins de liquide que dans l'eau pure, et la solution absorbée est moins concentrée que le milieu extérieur. Volume du liquide Teneur du liquide absorbé par l'unité Teneur [de la extérieur en tartrate du poids solution absorbée. sodique neutre. de gélatine. en tartrate sodique. » (eau pure) 7.44 » 2.91 8.60 2.29 5.66 8.35 5.43 8.26 7.53 7.36 10.71 6.86 8.74 13.04 5.90 10.33 Ici^donc la présence du sel favorise l'imbibition Jusqu'à une certaine concentration, et elle s'y oppose au delà de cette concentration. Dans ces nouvelles conditions, on voit que le partage de l'eau et du sol entre les deux phases se transforme. Le sel s'accumule dans la phase liquide, et cette accumulation entraîne une déshydratation de la phase solide. Les choses se passent tout à fait comme dans les mélanges d'eau, d'alcool et de sulfate ammonique. Le citrate de soude, les sulfates de potassium, de sodium, d'ammonium, de magné- sium, l'alcool, le glucose, se comportent comme le tartrate. Il a été dit plus haut, à propos de l'action favorisante de l'acide acétique sur la miscibilité de l'eau et du chloroforme, que l'acide abaisse la température à laquelle les deux substances sont miscibles en toutes proportions. Pour le couple eau-gélatine, nous savons que la miscibilité absolue s'observe au-des- sus de la température de gélification. On pouvait donc prévoir que les substances de la première classe, qui augmentent la miscibilité avec l'eau, doivent abaisser la tempéra- ture de gélification, et que les substances de la seconde classe l'élèvent au contraire. Celte prévision fut complètement confirmée par l'observation (Padli, v. Schroeder, MuRNER, etc.). Spiro, Ostwald, ont montré que les acides et les bases, même très diluées, aug- mentent, dans une très forte mesure, le pouvoir d'absorption de la gélatine pour l'eau. L'action des acides dépasse celle des bases. 410 HÉMOLYSE. Examinant le cas très compliqué de l'addition de deux substances cristalloïdes à la gélatine, Pauli et Rona ont constaté que chacune d'elles agit comme si elle était seule (1902). A doses appropriées, deux influences de signe contraire peuvent s'annihiler. Ce cas particulier est très intéressant, parce qu'il est en complet accord avec des expé- riences du même genre, faites par Nolf sur l'hémolyse il'JOO) et interprétées par lui de la même façon. Avant de quitter la gélatine, il y a lieu d'insister sur le fait que les substances cris- talloïdes non-électrolytes qui facilitent sa gélification (sucre, glycérine) contrarient, au contraire, celle de la gélose (Bechhold et Ziegler); le chlorure sodique exerce éga- lement une inlluence de sens opposé sur la prise de la gélose et celle de la gélatine. Ceci est une illustration de ce qui a été dit au début de ce paragraphe sur le manque de toute règle générale applicable à ces phénomènes. Chaque cas doit être envisagé en particulier : la répartition des différents constituants de ces mélanges complexes entre les phases des systèmes dépend, avant tout, des affinités moléculaires de ces consti- tuants les uns pour les autres. Quand le liquide imbibant est une solution diluée d'un sel fortement ionisé, ce sont les ions qui jouent un rôle décisif à cet égard. Telle substance imbibée paraît être indifférente aux anions, telle autre aux cations. La gélatine absorbe avec avidité tous les chlorures, bromures, iodures, alcalins et alcalino-terreux, tandis que son pouvoir d'absorption pour les sulfates, tartrates, citrates, etc., des mêmes métaux est très limité. Elle paraît dune être surtout sensible à la nature chimique de l'anion. Dans d'autres cas, on observera exactement l'inverse : Ayant plongé des muscles de grenouille dans diverses solutions salines isototiiqiies, i. LoEB constata que, dans les solutions des sels de lithium, les muscles avaient conservé leur poids; ils avaient gagné 8 p. 100 dans les solutions sodiques, 43 p. 100 dans les solutions potassiques et perdu 20 p. 100 dans les solutions calciques. Peu importait dans ces expériences quel était l'anion de la solution saline (Cl, Br, I). Ici donc, à l'inverse de ce qui se passe avec la gélatine, c'est la nature chimique du cation seul qui est à considérer. Dans le même ordre d'idées, il reste à signaler encore une particularité de première importance, mise en relief par l'étude des solutions diluées (von Schrœder, Ostwald). Il a été dit que la gélatine est très avide des chlorures et qu'elle absorbe de leurs solutions des quantités d'autant plus considérables que les solutions sont plus concentrées. Cela n'est vrai qu'à partir d'une concentration déterminée. On s'en rend très bien compte parla représentation graphique suivante : On mesure en abscisses des longueurs proportionnelles aux concentrations salines d'une série de solutions de plus en plus riches de chlorure sodique. On élève des ■ordonnées proportionnelles aux quantités de liquide absorbées dans chaque solution par un même poids de gélatine sèche. Si l'on relie les sommets des ordonnées, on obtient une courbe irrégulière qui figure les progrès de l'imbibition avec l'augmenta- tion de la concentration. Cette courbe, examinée à partir de son origine, présente d'abord une ascension rapide jusqu'à la concentration tt ( g représente une concentration équivalant au huitième du poids moléculaire exprimé en grammes dis- sous dans un litre d'eau), puis un vallon assez étroit dont le fond correspond à — . puis une nouvelle ascension régulière et définitive jusqu'à des solutions très concentrées. Ce vallon se voit sur les courbes qui figurent l'imbibition dans toutes les solutions salines dont la gélatine est avide, même sur celles d'acide ou d'alcali (pour ces dernières, il est seulement plus rapproché de l'origine de la courbe). On le voit apparaître avec la même constance et exactement à la même place sur la courbe qui figure les modifica- tions de la viscosité de la gélatine (courbe symétrique par rapport à l'axe desX). Le vallon vient donc interrompre une ascension régulière qui représente le phéno- mène principal, l'imbibition progressive de la gélatine. Sa présence indique que dans les solutions faibles se produit une action qui contrarie la marche générale du phéno- mène. Or plusieurs particularités de cette anomalie (notamment l'allure de la courbe descendante du vallon) tendent à faire croire qu'elle est le résultat d'une adsorption HEMOLYSE. 411 des ions de la solution saline par la gélatine (Ostwald). Cette adsorption intéresse pro- bablement les deux espèces d'ions du sel, mais avec une prédilection marquée pour l'un des deux, pour l'anion. Ce qui le prouve, c'est que de la gélatine rigoureusemcut neutre, plongée dans une solution saline neutre, la rend très légèrement alcaline. Que cette fixation d'anions par la gélatine soit un pur phénomène d'adsurption ou qu'elle se rapproche déjà davantage de la combinaison chimique, une chose est certaine : c'est qu'elle a une inlluence profonde sur l'état d'imbibition. Elle établit entre la gélatine et les ions absorbés des rapports assez intimes pour que le complexe qui en résulte ait des propriétés physico-chimiques différentes de celles de la gélatine pure. En effet on peut immédiatement conclure de la présence du vallon sur la courbe d'imbibition par le chlorure sodique que cette gélatine transformée s'imbibe plus difficilement d'eau que la gélatine pure. Quand on imbibe de chlorure sodique des disques de gélatine, ce que l'on étudie, c'est donc, au delà d'une certaine concentration, l'imbibition d'une gélatine chargée d'ions Cl". Si l'on emploie une solution de sulfate, ce sera une gélatine chargée d'ions SÛT. Or, de même que la gélatine chargée de Cl~ est différente de la gélatine pure, de même la gélatine chargée de SOT sera différente des deux précédentes. Dans l'imbibition par le chlorure sodique, il paraît donc y avoir un antagonisme entre l'influence de l'anion et celle de la concentration saline totale. L'anion est déshy- dratant, le sel est hydratant. Mais l'influence de l'anion ne prévaut que faiblement entre des limites de concentration très étroites; ce qui tend à faire croire que son adsor- ption se fait suivant la formule exponentielle précitée (page 408). Dans l'imbibition par le sulfate sodique, le même antagonisme réapparaît, mais cette fois-ci tout à l'avantage de l'anion bivalent. Cette intervention des anions dans l'équilibre d'imbibition de la gélatine permet d'interpréter plusieurs des résultats de Hofmeister : l°Elle montre pourquoi la différence constatée par Hofmeister entre les solutions de chlorure et les solutions de sulfate ou de tartrate dans leurs rapports avec le gonfle- ment de la gélatine ne commence à se montrer qu'à partir d'une certaine concentration. D'après le tableau précédent de Hofmeister, le maximum d'imbibition pour le tartrate ï)i bisodique se trouve aux environs de 2.9 p. 100, ce qui équivaut à ►-, concentration (]ui o marque précisément le début du vallon sur la courbe d'imbibition dans le chlorure sodique. 2° Elle ferait également comprendre pourquoi ce sont les anions, à l'exclusion des cations, qui influencent l'imbibition dans les solutions salines quand il s'agit de géla- tine. Cela dépendrait tout simplement de ce que la gélatine fixe les différents anions et que les produits résultant de ces combinaisons ont des qualités physico-chimiques qui dépendent de la nature chimique de l'anion combiné. 3'^ A ce dernier point de vue, elle montre l'importance de la valence de l'ion fixé. Ou remarquera en effet que les anions monovalents (Cl, Br, I) laissent à la gélatine le pou- voir de s'imbiber de beaucoup d'eau. Au contraire, les sels qui s'opposent à l'imbibi- tion (sulfates, tartrates) ont un anion bivalent. Et celui qui est de tous le plus actif dans ce sens, est trivalent, c'est le citrate. Ce sont donc seulement deux des qualités chimi- ques de l'ion combiné qui semblent importer : son signe électrique et sa valence. A ce point de vue, l'analogie est complète entre l'influence des ions sur l'imbibition et celle qu'ils exercent sur la floculation des colloïdes. Les électrolytes ont une influence toute différente sur les diverses solutions col loïdales. Certains colloïdes, tels que les globulines, ne se mettent en solution que grâce à Pintervention des sels alcalins, et ils supportent, sans se précipiter, de notables concentrations d'électrolytes. Ce sont des colloïdes stables. Les colloïdes instables, au contraire, ont, en commun avec les fines suspensions, de subir à un degré très marqué l'influence précipitante des électrolytes. De très faibles concentrations d'un ion (Schulze, Spring, Prost), surtout d'un ion plurivalent (Picton et Li.nder), quand il est de signe électrique opposé à celui du colloïde (Hardy), suffisent à les insolubiliser complètement et définitivement. La coagulation est irréversible. Entre les colloïdes stables et les colloïdes imbibés, les colloïdes instables formeni 412 HÉMOLYSE. une transition très naturelle. Dans les suspensions ou dans les pseudo-solutions comn»'» dans les gelées, les granules colloïdaux sont de dimensions relativement considé- rables. Les unes et les autres peuvent être considérées commedes systèmes à deux phases : dans la gelée, la phase solide forme un tout cohérent; dans la pseudo-solution, elle est IVagmentée et dispersée dans la phase liquide. Il est donc hautement probable a priori (jue l'on retrouvera pour les membranes l'intluence décisive qu'exercent les ions sur les suspensions. Seulement, au lieu d'apparaître sous la forme d'une ifloculation, d'une précipitation, elle se manifestera par l'état d'imbibition, de perméabilité de la gelée ou de la membrane. 11 semble résulter de l'ensemble des faits connus que, de même que toute fixation d'ions par un colloïde en suspension a pour efl'et de diminuer la stabilité de la suspen- sion, de même toute fixation d'ions par une membrane a pour effet de diminuer rimbibition (le cette membrane et sa 'perméabilité. Dans les deux cas l'influence de l'ion croît très rapidement avec sa valence. Ces notions générales établies, il nous reste à étudier plus spécialement les qualités de la paroi des globules rouges. Les globules rouges sont des cellules modifiées; leur paroi est ce qui reste du corps cellulaire. Elle a les qualités physico-chimiques de la couche protoplasmique pariétale d'une cellule nue (Voir plus haut (* Hématie >i). A ce titre, c'est une substance colloïdale en état d'imbibition. Et les lois générales qui règlent l'imbibition de la gélatine lui sont applicables. Nous avons vu, à propos de celte substance, combien étaient compliqués les rapports entre elle, l'eau et les sels dissous. Cette complexité devient plus grande encore avec la paroi des globules rouges, pour deux causes : d'abord, parce que le protoplasme cellulaire n'est pas une substance relative- ment simple au point de vue chimique comme la gélatine, mais un édifice hautement organisé et structuré; ensuite, parce que la cellule rouge vit dans un milieu de compo- sition chimique bien constante. On ne tire pas impunément une cellule de vertébré du milieu interne, auquel elle est habituée, même si le milieu artificiel dans lequel on l'introduit est isotoiiique avec le milieu naturel d'oîi elle sort. On sait que la solution pure de chlorure sodique, isotonique, est un poison de la fibre musculaire et qu'il en est de même des solutions isotoniques des sels de potassium ou de calcium. Il faut un milieu contenant des concentrations bien déterminées de ces trois cations, pour que la cellule musculaire puisse vivre. Les recherches précitées de J. Loeb sur l'imbibition des muscles de grenouille dans les solutions de potassium, de sodium, de calcium nous en donnent la raison brutale. Les données de W. Ostwald sur les rapports des colloïdes imbibés avec les ions nous permettent un début d'analyse de cette nécessité. Le proto- plasme musculaire est électro-négatif. Plongé dans les solutions salines neutres, il fixera donc surtout les cations. Et, parmi les cations, il faudra distinguer entre les mo- novalents et les bivalents; les monovalents facilitent l'imbibition aux concentrations isotoniques, les bivalents s'y opposent. Il en résulte que l'imbibition normale de la fibre musculaire, celle qui est réalisée par les humeurs de l'organisme, provient d'un anta- gonisme entre les uns et les autres. Cet antagonisme lui-même s'exerce après la fixa- tion des divers cations par le protoplasme musculaire. On arrive ainsi à la conclusion que cet élément vivant, normal, fixe une partie des éléments du milieu minéral dans lequel il est plongé et que sa teneur en eau est sous la dépendance étroite de cette minéralisation (J. Loeb). Il reste à voir si de semblables dispositions n'existent pas aussi dans les globules rouges. La question est plus difficile à étudier. La fibre musculaire étant un organe plein, les modifications de son volume ou de son poids peuvent être rapportées directement à des variations de son état d'imbibition. Le globule rouge est une vésicule, dont la paroi est mince. Quand son volume total varie, il est impossible de faire la part exacte qui revient, dans ce changement, à la paroi et au contenu liquide. Il est donc impossible d'étudier directement l'imbibition de la paroi globulaire, ou tout au moins celte étude n'a-t-elle pas été faite. 11 nous faudra donc chercher des renseignemenls dans des tra- vaux qui n'eurent pas pour but l'étude du sujet qui nous intéresse et interpréter ces renseignements à la lumière des faits précédemment exposés. A l'état normal, la paroi globulaire est imperméable aux sels du plasma. Cela résulte incontestablement de l'absence absolue de sodium dans les hématies de plusieurs HÉMOLYSE. 4i3 mammifères (cheval, porc, lapin), qui ne contiennent que des sels de potassium et de magnésium (Bunge). Cela résulte encore de ce que l'on peut impunément soumettre à l'action énergique de la force centrifuge des hématies qui se trouvent dans leur milieu naturel, sans réduire leur volume. Si leur paroi était quelque peu perméable à l'un ou l'autre élément dissous dans le suc endo-globulaire, la force centrifuge déterminerait la sortie par filtra- tion d'une partie du liquide endo-globulaire et par conséquent la réduction du volume total des hématies. Cette imperméabilité aux sels alcalins et alcalino-terreux dépend, comme il a élé dit à l'article « Hématie », de l'imperméabilité aux cations. En raison du signe électrique négatif des colloïdes qui forment la paroi globulaire, ce seront, dans les conditions habituelles, les cations qui auront l'influence dominante dans les solutions salines neutres. Il ne faut pas oublier cependant que les colloïdes protéiques peuvent fixer des ions de signe électrique opposé. En solution légèrement acide, ils deviennent électro-positifs; en solution légèrement alcaline, ils sont électro- négatifs (Hardy). On peut donc s'attendre à ce que l'influence du cation domine dans la solution du sel neutre d'un métal monovalent, quand le radical acide est monova- lent lui-même. On sait d'ailleurs que les cations monovalents sont imperméants, à l'exception de l'ammonium, tandis que les anions monovalents pénètrent la paroi globulaire. Mais si l'anion devient bivalent (sulfate, oxalate, tarlrate, etc.), il pourra exercer son influence propre sur l'imbibition et la perméabilité de la membrane. On verra plus loin un exemple d'une influence des anions bivalents différente de celle des anions monovalents (hémolyse par les sérumsj. S'il est bien établi qu'à l'état normal, la paroi globulaire ne se laisse pas traverser par les sels neutres des métaux alcalins, rien n'autorise à conclure que ces conditions réalisées à l'état normal soient une qualité inhérente à la paroi du globule, qualité qui naît et disparaît avec elle. Tout ce qui vient d'être dit, tend à prouver le contraire. Et c'est d'ailleurs ce qui paraît résulter directement de certains faits. Ces faits n'ont pas été étudiés au point de vue qui nous occupe. Ils sont donc nécessairement incomplets : Il résulte des données concordantes de Stewart, de Henri et Calugareanu que dans les solutions sucrées hypotoniques, les hématies abandonnent une partie de leurs sels au milieu extérieur. Cette déperdition, indépendante de toute diffusion de l'hémoglobine, ne peut se faire que par diffusion à travers la paroi anatomiquemont intacte du glo- bule. Elle suppose donc que l'imperméabilité de la paroi aux sels disparaît dans ces milieux hypotoniques. D'auti'e part, les solutions de chlorure sodique dont la concen- tration dépasse 10 p. 100, sont hémolytiques (P. Non-). Or la première condition de l'hémolyse par un corps dissous, c'est sa pénétration dans la paroi globulaire. Si nous confrontons ces faits, nous aboutissons à cette conclusion générale que la paroi globulaire est imperméable aux sels alcalins fixes dans le milieu salin normal, mais qu'elle leur devient perméable dans les milieux hyper- et hypotoniques. 11 y a un minimum, proche de zéro, dans le milieu minéral normal. Nous retrouvons ici un fait absolument analogue à ceux qui ont été étudiés précé- demment à propos de l'imbibition de la gélatine par le chlorure sodique. H y a été dit que l'imbibition de la gélatine croît avec la concentration de la solution de chlorure lit depuis la concentration 0 jusqu'à la concentration —, qu'elle subit à partir de ce point une diminution jusqu'à — pour se relever ensuite. Si l'on supprime la première partie de cette courbe, depuis l'origine 0 jusqu'à -— , ce qui l'este sera l'image de Tin- o fluence du chlorure sodique sur l'imbibition du stroma de l'hématie par l'eau : une diminution progressive de cette imbibition, à mesure que la concentration saline s'élève de 0 à 0.8!j p. 100, reproduit la diminution d'imbibition de la gélatine de — à — . o -t En réalité, nous mesurons directement cette imbibition dans les expériences sur la gélatine, tandis que nous observons, dans les expériences sur les globules, non l'imbibi- iU HÉMOLYSE. lion par l'eau, mais la pénétrabilité aux sels. Seulement imbibition par l'eau et pénéti a- lâlité aux sels alcalins neutres sont deux phénomènes connexes. Les protéides imbibés ne sont perméables aux sels neutres que dans la mesure où ils sont imbibés d'eau. La fixation du cation par la paroi colloïdale, en même temps qu'elle diminue l'imbibition par l'eau, supprime la perméabilité au sel. De la gélatine au stroma globulaire, il y a la seule différence que l'inlluence de l'ion ii\é est beaucoup plus décisive pour le stroma : avec la gélatine, on constate simple- 711 m ment une diminution de l'imbibition par la solution saline de — à — . Avec le stroma o 4 ^■lobulaire, le minimum d'imbibition équivaut non à une simple diminution de solubilité du sel dans la phase solide, entraînant son élimination partielle, mais à une expulsion totale. En tenant compte de ces données, nous pouvons donc nous figurer schématique- ment la paroi globulaire comme constituée par une membrane colloïdale imbibée d'eau non salée qui serait limitée vers l'extérieur et vers l'intérieur par deux surfaces chargées de divers cations. Ce seraient ces deux surfaces, et non la membrane colloïdale com- prise entre elles deux, qui seraient imperméables aux sels. Il y a longtemps que les botanistes ont individualisé en organe cellulaire à propriétés distinctes la couche bordante externe [àussere Plasmahaid de Pfekfer) et la couche bor- dant les vacuoles creusées dans la masse protoplasmique [innere Plasmahant de Pfeffer). De Vries donne à la paroi des vacuoles le nom de tonoplaste. Il en fait un organe cel- lulaire autonome, comme le noyau, les chromatophores, etc. Il semble bien que ces couches limitantes ont des qualités différentes du protoplasme sous-jacent. Mais cela ne prouve pas nécessairement qu'elles doivent être élevées à la dignité d'organe cellulaire. Il est plus probable qu'elles sont le produit de la réaction du complexe colloïdal proto- plasmique aux teneurs ioniques et moléculaires des milieux extérieur et intérieur. Dans cette opinion, on comprend que leurs propriétés diosmotiques varient avec la teneur en principes dissous des milieux liquides qui les baignent, ce qui est démontré expéri- mentalement, et qu'elles apparaissent en n'importe quel point du protoplasme quand on y produit artificiellement la formation d'une vacuole. Quand on parle de l'imperméabilité de l'hématie aux sels, on a l'habitude d'en faire quelque chose d'absolu, d'invariable. En réalité, elle est fonction de la salinité des milieux extérieur et intérieur et [elle diminue tant pour une concentration que pour une dilution du dernier. Certes la compréhension des phénomènes perd en simplicité, quand on les envisage de cette façon ; mais elle y perd tout juste ce qu'y gagne la cellule vivante elle-même, l'être plastique, qui n'aurait que faire de la cuirasse rigide qu'on voudrait lui imposer. Nous venons de voir que le stroma globulaire s'imbibe des solutions hypotoniques de chlorure sodique et qu'il expulse le sel en milieu isotonique. Dans cette expérience, la phase solide est visible à l'œil nu, elle est cohérente, structurée. Si notre explication est valable, on ne changera rien d'essentiel au phénomène, en dispersant dans le liquide hypotonique des fragments invisibles de cette phase solide, en l'y dissolvant. C'est en réalité ce qui se passe quand on prépare les nucléo-protéides des globules rouges. On ajoute, à un magma de globules rouges de mammifères, quelques volumes d'eau dis- tillée tiède à 40°. Après quelques instants, on centrifuge. Le liquide décanté est parfaite- ment clair. Il suffit de lui ajouter du chlorure sodique (^mieux vaudrait un mélange des chlorures sodique et calcique) jusqu'à concurrence de 1 p. 100 pour provoquer la pré- cipitation des constituants colloïdaux des hématies. Avec les hématies d'oiseau, dont le stroma nucléé est plus cohérent, l'aspect du phé- nomène est différent (P. Nolf). L'adjonction d'eau distillée ne dissout pas les hématies, mais elle les lait gonller très fort. Si l'on soumet le milieu hémolyse à l'action, même prolongée, de la force centrifuge, on observe dans le fond des tubes un volumineux culot formé par les stromas décolorés et fortement gonllés. Il suffît d'ajouter à ce milieu hypotonique ce (ju'il faut de chlorure sodique pour le rendre isotonique, et de centri- fuger à nouveau, pour assister à un véritable évanouissement des stromas, Ils ne se sont pas dissous, au contraire, mais ils se sont rapetisses, rétrécis, ils ont expulsé le liquide hypotonique qui les imbibait et leur amas ne forme plus qu'un disque mince au fond des tubes. HEMOLYSE. 415 Ces diverses expériences montrent plusieurs aspects d'un même phénomène dont Icxplication a été donnée ci-dessus. Elles nous documentent surtout sur ce qui se passe ilansles milieux hypoloniques. Dans ces milieux, le stroma se laisse imbiber d'eau et de >el d'autant plus que la concentration du sel tombe davantage au-dessous de l'isotonicité. Pour ce qui est des solutions hypertoniques, nous savons qu'au delà de 10 p. 100, les solutions de chlorure sodique sont hémolytiques. Mais que se produit-il dans la marge très spacieuse comprise entre 1 p. 100 et 10 p. 100? Il est probable que l'imper- méabilité aux sels se maintient dans les milieux légèrement hypertoniques et que ce n'est qu'aux concentrations élevées que la membrane se laisse pénétrer peu à peu par eux. Il y aurait d'ailleurs à distinguer entre les sels des différents métaux. Les concen- trations élevées des métaux alcalino-terreux sont beaucoup moins bien supportées que celles des métaux alcalins. Tandis que la limite inférieure de nocivité (début d'hémolyse) est comprise pour le chlorure sodique entre 10 et 15 p. 100 (hématies do lapin, de bœuf, de porc), c'est-à-dire aux environs d'une conceniration de 2 tiiôles (poids molécu- laire exprimé en grammes) par litre, elle est située pour les sels de baryum aux envi- M ions de la concentration -• (hématies de lapin, de bœuf) et elle se place pour ceux de M calcium entre — et M (Nolf) (hématies de chien). Pratiquement, ce sont les conditions existant dans les solutions de chlorure sodique qui seraient les plus intéressantes à être connues à notre point de vue. Si limperméabililé aux sels, constatée dans le milieu isotonique, se maintenait aux concentrations immédiatement supérieures, on pourrait en déduire simplement ce qui se passe au point de vue de l'imbibition des stromas par l'eau. Entre la phase liquide, qui est une solution saline, et la phase solide, qui est la paroi imbibée d'eau, il y a équilibre quand les deux émettent de la vapeur d'eau ayant la même tension. On peut en conclure que, dans /es limites où la paroi globulaire est imperméable aux sels, son imbibition par l'eau sera réglée par la pression osmotique de la solution saline, c'est-à-dire qu'elle perdra de l'eau dans les milieux concentrés et en absorbera dans les milieux plus dilués. Dans ces limites, le stroma réagira donc aux variations du milieu extérieur dans le même sens que le liquide endo-globulaire. Cette influence déshydratante sur le stroma des milieux salins à concentration immédiatement supérieure au milieu isotonique, sera démontrée indirectement plus loin. Pour les milieux salins très concentrés, voisins de ceux qui sont hémolytiques, la règle ne tient plus. A ces fortes concentrations, des quantités de sels de plus en plus considérables se dissolvent dans la phase solide, le stroma, et leur pénétration s'accom- pagne nécessairement d'une fixation de plus en plus considérable d'eau. Si l'on pouvait mesurer directement le volume du stroma, on trouverait donc très probablement: une diminution progressive s'étendant des milieux les plus hypotoniques jusqu'au milieu isotonique, s'accentuant encore dans les milieux hypertoniques de moyenne concen- tration, puis un renversement, un gonflement progressif à mesure que la salinité s'exa- gère, pour aboutira l'hémolyse dans la solution à 15 p. 100 de chlorure sodique. Dans cette seconde partie, le stroma réagit aux variations de concentration du milieu exté- rieur dans un sens diamétralement opposé à celui du liquide endo-globulaire. On peut se rendre compte de la perméabilité des hématies aux concentrations salines moyermes de la façon suivante: l'expérience a été faite avec le chlorure sodique. Des globules lavés de mammifères (lapin, bœuf, porc) sont introduits dans toute une série de solutions de XaCl à concentration régulièrement croissante: \ p. 100, 2 p. 100, 3 p. 100 10 p. 100. On laisse ces émulsions à 37» pendant une demi-heure à une heure; on centrifuge pendant peu de temps pour éviter une agglutination trop intime qui se produit facilement dans ces milieux hypertonifjues; on se débarrasse du liquide surnageant, ([ui est incolore, et on le remplace par une solution de chlorure sodique à l p. 100; on agite modérément pour mettre les hématies en suspension. Dans ces conditions, on observe régulièrement une hémolyse totale des hématies qui ont séjourné dans les solutions fortes (à partir de 7 p. 100 de NaCl d'habitude), plus faible dans celles qui sortent des solutions à '\ p. 100-(> p. 100), le plus souvent nulle dans les solutions de concentration inférieure. La compréhension du phénomène est simple- 416 HEMOLYSE. Dans les milieux concentrés, les hématies s'imprègnent de quantités progressivement croissantes de sel. Pour ces hématies salées, la solution à 1 p. 100 est fortement hy[io- tonique. Si on les y transporte brusquement, elles s'hémolysent par suite d'une péné- tration d'eau beaucoup plus rapide que la sortie du sel. D'après ces observations, ce serait aux concentrations de 4 p. 100 à 5 p. 100 que le chlorure sodique commencerait à pénétrer en quantité appréciable dans les hématies. Après avoir exposé, d'après les données précises que nous fournissent les solutions à trois constituants et la gélatine imbibée, l'influence réciproque des sels et de l'eau dans l'imbibition des stromas, il nous reste à examiner les rapports de l'hémoglobine avec ces stromas diversement imbibés. De même qu'elle est imperméable aux sels alcalins fixes dans un milieu salin isoto- nique, de même la paroi globulaire est imperméable dans le même milieu à l'hémoglo- bine. Mais cette imperméabilisation n'est probablement, pas plus que la première, une qualité absolue, invariable. Dans les solutions de chlorure sodique, dont la teneur tombe au-dessous deO.o p. 100, l'hémoglobine commence à quitterles globules. Comme les globules sont fortement gonflés dans ce milieu hypotonique, l'idée est venue natu- rellement que la distension de la paroi était telle qu'elle en était déchirée ou que ses pores s'étaient ouverts. Dans l'opinion qui fait du stroma une phase solide, en équilibre avec les phases liquides qu'il sépare, on exprimera la diffusion de l'hémoglobine en disant que, dans ces milieux hypotoniques, la phase solide est devenue accessible à l'hémo- globine, que celle-ci se partage entre elle et le milieu intérieur. Il en résulte nécessai- rement une diffusion vers l'extérieur, qui sera d'autant plus rapide que l'hémoglobine se dissoudra plus facilement dans la phase solide, autrement dit que le stroma sera plus perméable à l'hémoglobine. Cette explication, qui découle tout naturellement des notions précédentes, a le grand avantage de pouvoir être étendue à tous les faits d'hémolyse, dont l'immense majorité ne s'accompagnent pas de distension globulaire notable. Dans cette opinion, qui a été formulée en 1900 par P. Nolf, toute hémolyse est le résultat d'une perméabilisation de la paroi à l'hémoglobine. Dans l'opinion de Nolk, cette perméabilisation est, au moins dans la très grande majorité des cas, consécutive à une hydratation préalable de la paroi globulaire. L'action iiémolytique se caractérise- rait donc essentiellement par une imbibition plus considérable de la paroi globulaire par l'eau du milieu ambiant. Secondairement, cette hydratation rendrait la paroi perméable à l'hémoglobine. Dans les milieux salins ou sucrés hypotoniques, celte hydratation est nécessairement plus considérable que dans le milieu isotonique. La théorie l'exige et l'expérience (stromas nucléés) le confirme. Elle est le résultat direct de l'équilibre entre la phase solide et les phases liquides (milieux extra- et intraglobulaire) qu'elle sépare. Dans les milieux iso toniques, elle se produit, sous l'influence des agents hémolyliques, par une action indirecte qui se comprend facilement à la lumière des faits exposés ci- dessus et qui sera exposée en détail à propos de l'hémolyse produite par le chlorure ammonique. HÉMOLYSE PAR L'URÉE Pour qu'une substance dissoute soit hémolytique, il faut qu'elle soit absorbée par la paroi du globule. Tout agent hémolytique dissous est pénétrant (Gryns). Voyons si cette condition est suffisante. Prenons une solution d'urée dans l'eau distillée, dont le point de congélation soit A =0°. 57. Cette solution possède une pression osmotique égale à celle du sérum. Laissons-y tomber une goutte de sang. Instantanément, les glo- bules perdent toute leur hémoglobine. Si, d'autre part, nous ajoutons de cette solution par petites quantités à un milieu salin isotonique pourvu de globules rouges, l'hémo- lyse commence à se faire quand la teneur en chlorure sodique tombe sous 0.5 p. 100. Dans ces deux essais, la solution isosmolique d'urée se comporte exactement comme de l'eau distillée. Au lieu d'une solution isosmotique d'urée, nous pouvons en prendre une qui sera dix fois plus concentrée, sans que rien ne soit changé au résultat des deux expériences. Au contraire, ajoutons 0.85 p. 100 de chlorure sodique à la solution d'urée, et elle sera privée de toute action hémolytique, à n'importe quelle concentration (Gryns). HEMOLYSE. 417 Et cependant, dans cette solution additionuîo de cliloriirosodique, comme dans celle qui en était privée, l'urée pénètre les liémalies. Elle les pénètre aussi complètement, aussi rapidement. Ce n'est pas la pénétration de l'urée dans les globules qui est empê- chée par le chlorure sodique. On peut donc conclure qu'une substance peut être péné- trante sans être hémolytique. Que faut-il de plus pour qu'elle soit hémolytique? On comprend très bien la différence des actions des solutions d'urée faites avec l'eau distillée et de celles faites avec de l'eau salée à O.80 p. 100. L'urée étant une substance qui pénètre rapidement le globule, il est clair, dans la théorie osmotique, que placer des globules dans une solution d'urée, c'est faire la même chose que les placer dans l'eau pure. Mais si l'hémolyse par la solution d'urée est l'équivalent de l'hémolyse par l'eau distillée, on conçoit très bien aussi que l'adjonction de 0.8ÎJ p. 100 de NaCl la supprime. Si, au lieu d'urée, nous prenons d'autres substances pénétrantes : l'alcool, le chlo- rure ammoiiique, nous obtiendions un autre résultat. A dose suffisante, ces substances produisent l'hémolyse, même dans un milieu qui contient 0. 80 p. 100 de NaCl. On tend à réserver le nom de substances hémolytiques à toutes celles qui agissent comme l'alcool, le chlorure ammonique. Toutes ces substances sont pénétrantes comme l'urée, mais elles possèdent, en plus qu'elle, le pouvoir de provoquer l'hémolyse dans un milieu salin isotonique. Cette distinction, très utile on pratique, n'a d'ailleurs aucune valeur absolue. C'est ainsi que l'alcool, l'éther, l'acétone agissent comme l'urée à dose faible, et qu'ils ne deviennent franchement hémolytiques que passé ime certaine concentration (IIedin). D'autre part, si l'urée, même concentrée ilO p. 100), n'a aucune action sensible sur des hématies plongées dans le chlorure sodique à 0.8'6 p. 100, elle peut en acquérir dans les milieux salins concentrés. Le chlorure sodique à 10 p. 100 n'altère pas visible- ment les globules rouges du lapin. Il suffit d'ajouter de petites quantités d'urée à une telle émulsion, pour provoquer l'hémolyse (P. Nolf). La propriété hémolytique n'est donc pas quelque chose cVatiSolu. Elle doit toujours être définie par rapport aux conditions danfi lesquelles elle s'exerce. HÉMOLYSE PAR LES SELS AM M O N I Q U ES L'hémolyse par les sels ammoniques s'étudie le mieux avec le chlorure. L'action destructive de ce sel est beaucoup plus lente que celle de l'urée ou de l'eau distillée. Elle doit être observée à .37°. Voici quelques chiffies, empruntés aux recherches de Nolf. A une dilution de sang de lapin dans le chlorure sodique à 1 p. 100, ajoutons des doses croissantes d'une solution à 0.625 p. 100 d'AmCl. Faisons de même avec des solu- tions à 1.25 p. 100, 2.0 p. 100, l) p. 100, et 10 p. 100. Après deux heures à 37°, voyons à quelles concentrations correspond un début d'hémolyse dans chaque série. Dans la première série, elle est atleinte par une adjonction de 0.60 ce. Pour les concentrations de 1.25 p. 100, 2.5 p. 100, 5 p. 100, 10 p. 100, elle tombe graduellement à 0.5, 0.4, 0.35 et 0.20 ce. En fait, ces volumes décroissants de solution correspondent à des poids de sel de plus en plus considérables; la quantité absolue provoquant un déhut d'hémolyse est respectivement de 0.00375, 0.00625, 0.01, 0,0175 et 0.02 grammes de AmCI. La quantité en poids de chlorure ammonique qui est nécessaire à l'obtention d'un déhut d'hémolyse serait donc d'autant plus considérable que la concentration de la solution de sel ammo- nique est plus élevée. Cela s'explique très bien, si l'on songe que les solutions diluées introduisent plus d'eau pour un même poids de sel ammonique que les solutions concen- trées. En effet, si l'on reprend la série des concentrations qui correspondent à un début d'hémolyse dans les cinq séries, on trouve que, dans la première, il y a I 1 n'y ~ *^'*^'^'' P" ^^^ ^^ ^^^^' ^^"^ '^^ -'• •'^"' '^"' ""'" '"espectivement — = 0.66 p. 100, — = 0.71 p. 100, — ^ = 0.74 p. 100, p r= 0.83 p. 100 de NaCl. DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VIH. '27 p. 100. P. 100. P. 100. P. 100. P. 100. P. 100, 0.24 0.41 0.71 1.29 1.66 3.15 S 0.635 0.66 0.71 0.74 0.83 1.09 l 0.173 0.20 0.25 0.28 0.37 0.63 418 HÉMOLYSE, Le résultat définitif de l'expérience est donc celui-ci : le chlorure ammonique, à la 0 02 concentration de -^ = 1.6G p. 100, peut produire un début d'hémoljse dans une solution isotonique (0.83 p. 100 NaCl). Dans les solutions hypotoniques, il faut, pour obtenir le même résultat, des quantités de sel ammonique de moins en moins considé- rables, à mesure que diminue la concentration en chlorure sodique. Nous voyons s'accuser ici un antagonisme entre le sel sodique et le sel ammonique. Pour mieu.K le mettre en évidence, il suffit de poursuivre rexpérience de l'autre côté de l'isolonicité, vers les concentrations hypertoniques. Dans une série de tubes, on introduit 1 ce. de solutions progressivement croissantes de chlorure sodique (solutions O.IM, 0.2M, 0.3M, etc). A tous, on ajoute 0.5 ce. d'une solution de chlorure ammonique à 10 p. 100, puis 0.1 ce. de sang défibriné de lapin. Après deux heures à 37», il y a hémolyse dans les trois premiers tubes, tandis que dans le milieu fait avec la solution 0.4M, l'hémoglobine n'a pas diffusé. Ce qui veut dire qu'une concentration de ' ^ 1.46 p. 100 de NaCl suffit pour supprimer complè- 0.5 X 10 tement l'action hémolytique de ' — = 3.15 p. 100 de chlorure ammonique. Dans la solution faite avec 0.3M NaCl, l'hémolyse était très faible. Ce milieu contenait 3.15 p. 100 de AinCl, et 1.09 de NaCl. On peut .superposer, en deux séries horizontales, les concentrations de chlorure sodique et de chlorure ammonique qui, dans les essais précédents, correspondent à un début d'hémolyse. AmCl. . NaCl. . , Les valeurs de NaCl de la seconde rangée horizontale sont celles qui. neutralisent presque exactement (dans les conditions de l'expérience) les valeurs sus-jacentes de AmCl. Mais il ne faut pas oublier que la simple adjonction d'eau pure. à l'émulsion d'hématies en eau salée produit déjà un début d'hémolyse (quand le milieu contient 0.46 p. 100 de NaCl). Il y a donc, dans les milieux additionnés de AmCl, une partie du NaCl qui s'oppose à l'action hémolytique de l'eau, une autre à l'action de AmCl. On peut évaluer cette dernière, en soustrayant 0.46 des chilTres qui indiquent la teneur totale en NaCl. Leschitfres de la troisième rangée horizontale représentent ces différences. Tous ces nombres n'ont évidemment aucune valeur absolue. Leur utilité est de montrer nettement que, dans la double série des valeurs équivalentes des deux chlo- rures, il n'y a aucune proportionnalité entre les termes correspondants : tandis que la valeur du chlorure sodique s'élève de 0.175 à 0.63, c'est-à-dire 1 à 3.6, celle du chlorure ammonique monte de 0.24 à 3.13, c'est-à-dire de 1 à 13.1. Il est également nécessaire de spécifier que cette action protectrice qu'exerce le chlorure sodique contre l'intluence hémolysanle du chlorure ammonique, n'est réelle qu'aux doses faibles et moyennes. Aux doses fortes, le chlorure sodique est hémolytique pour son propre compte. Il fa\orise l'hémolyse par l'urée, il favorise aussi celle par le chlorure ammonique : des globules rouges de lapin, bœuf, porc, qui supportent le séjour dans le chlorure sodique à 10 p. 100 sans s'hémolyser, laissent dilfuser leur hémoglobine, si l'on introduit de très faibles quantités de chlorure ammonique dans cette solution (Nolf). Au lieu d'employer un sel de sodium, à dose faible ou moyenne, pour s'opposer à l'hémolyse par les sels ammoniques, on peut recourir aux sels de potassium. Le résultat sera tout aussi net. Comment interpréter ces faits? Il a été dit plus haut qu'il faut comprendre les phénomènes d'échange d'eau et de substances dissoutes à travers la paroi, comme le résultat de partages qui s'établissent entre trois phases : une phase liquide, le milieu extra-globulaire; une phase solide, la paroi globulaire; une seconde phase liquide, le milieu endo-globulaire. La phase solide HEMOLYSE. il!) sépare les deux phases liquides; elle est donc l'intermédiaire obligée entre elles deux. Pour qu'une substance puisse se partager entre les trois phases, il faut de toute néces- sité qu'elle soit soluble dans la phase solide. Si elle est insoluble, elle restera confinée dans l'une ou l'autre des phases liquides : l'hémoglobine ne peut pas sortir de la phase liquide intérieure, le sucre ajouté au sang ne va pas au delà de la phase extérieure. Si elle est soluble dans la phase solide, les choses iront différemment : de l'urée ajoutée à la phase liquide extérieure est soluble dans la phase solide. 11 se produit un l)artage entre la phase extérieure et la phase solide, mais ce partage en prépare un second entre la phase solide et la phase liquide intérieure. L'équilibre ne sera atteint que lorsque l'urée se sera partagée entre les trois phases. Ce partage lui-même favori- sera telle ou telle des trois phases suivant la solubilité plus ou moins grande de la substance considérée dans l'une ou l'autre d'entre elles. Mais la présence d'un élément nouveau dans la phase solide peut avoir une réper- cussion profonde sur les propriétés de celle-ci. L'introduction, dans un couple de deux substances à miscibilité limitée, d'une troisième substance soluble dans les deux phases, bouleverse complètement les conditions d'équilibre. L'équilibre nouveau s'établit par un remaniement complet de l'ensemble et transforme les rapports des deux éléments primitifs du couple (exemple : acide acétique, eau, chloroforme). Quand un disque de gélatine est transporté de l'eau pure dans l'eau salée, il n'absorbe pas seulement du sel. Ce sel absorbé augmente l'affinité du disque pour l'eau jusqu'à doubler la quantité d'eau dont il s'imbibe (Hofmeister). Quand une paroi globulaire s'est imprégnée d'urée, d'alcool ou de chlorure ammonique, tout est changé en elle : ses rapports avec l'eau, avec les sels du milieu ambiant, avec l'hémoglobine du liquide endo-globulaire. Que son imperméabilité à l'hémoglobine cesse d'être absolue et l'hémo- lyse se produira. On peut donc donner de l'agent hémolytique la définition suivante : Est hémolytique toute substance qui, en se dissolvant dans la paroi globulaire, fait de cette paroi globulaire un milieu dans lequel l'hémoglobine peut se dissoudre. Si la solu- bilité (la perméabilité à l'hémoglobine) est grande, l'hémolyse sera rapide; elle sera lente dans le cas opposé. Mais cette perméabilisation à l'hémoglobine peut être directe ou indirecte. On com- prend très bien que certaines substances, en se dissolvant dans la paroi globulaire, augmentent, par leur seule présence, la solubilité de l'hémoglobine dans la paroi : les alcalins pourraient agir de cette façon. Mais beaucoup d'autres substances interviennent probablement de tout autre façon : l'eau additionnée d'alcool ou d'éther n'est pas un meilleur dissolvant de l'hémoglobine que l'eau pui^e, au contraire. Il n'y a pas de motif de croire que l'alcool augmente directement la solubilité de l'hémoglobine dans la paroi globulaire. Il est plus probable que ces substances exagèrent l'affinité du stroma pour l'eau et que c'est cette imbibition plus considérable par l'eau qui permet secondaire- ment la pénétration de l'hémoglobine dans la paroi. Cette opinion, défendue par P. NoLK, est basée sur deux ordres de faits : {° Les observations volumétriques de Hedin, d'après lesquelles plusieurs agents hémolytiques (alcool, sels ammoniacaux, etc.), mélangés au sang à dose insuffisante pour provoquer l'hémolyse, produisent le gonflement des globules. Les mesures de Hedin étaient faites àl'hématocrite, après une acticHi extrêmement énergique de la force centrifuge. Comme il a été dit dans l'introduction, l'emploi de la force centrifuge pour mesurer le volume des globules n'est licite que si la paroi globu- laire est normale, si elle est imperméable aux sels du liquide intra-globulaire. Sinon, elle aura pour effet d'exprimer, par (iltration, une partie du liquide endo-globulaire, et par conséquent de diminuer le volume globulaire. Or il est très probable que les agents hémolytiques suppriment l'imperméabilité de la paroi aux sels à des doses qui ne pro- voquent pas encore l'issue de l'hémoglobine. Dans les essais de Hedi.n, on doit donc s'attendre, dans certains cas, à une réduction du liquide endo-globulaire. Il n'y a donc aucune conclusion à tirer des cas oii le volume globulaire est normal ou diminué. Seuls les cas où il est augmenté sont probants. Cette augmentation de volume doit être attribuée, au moins en partie, à une tuméfac- tion de la paroi. Dans les essais concernant les chlorure et bromure d'ammonium, le gonflement glo- 420 HEMOLYSE. liulaire fut très net et constant. Or les déterminations de Hedin assignent au bromure d'ammonium un coefficient de partage de 1.01, c'est-à-dire que la concentration de ce sel est, à un centième près, exactement la même à l'intérieur et à l'extérieur des glo- bules. Et néanmoins on trouve, après l'introduction de cet élément dans une émulsion globulaire en milieu salin isotonique, des augmentations de volume globulaire considé- rables, de 34.7 à 41. .5 par exemple. Elles ne peuvent s'expliquer par une augmentation de volume du liquide endo-globulaire et doivent être attribuées, pour une grosse part, à une tuméfaction de la paroi. Or toute tuméfaction de la paroi signifie une imbibition plus considérable par l'eau ; 2° L'action protectrice des sels alcalins fixes à l'égard de l'hémolyse par les sel& ammoniques. De même que le sulfate magnésique peut neutraliser l'action hydratante du bromure de sodium sur la gélatine (Pauli et Rona), de même le chlorure sodique empêche l'hé- molyse par le chlorure ammonique (Nolf). Les deux actions sont très probablement de même nature. On comprend très bien que le chlorure sodique, qui s'accumule dans la phase liquide extérieure sans pouvoir entrer dans la phase solide, exerce sur celle-ci une action déshydratante. Il en a déjà été question à propos de la paroi normale. Dans les conditions normales, c'est aux colloïdes de la paroi que le chlorure sodique dispute l'eau qui les imbibe. Quand ces colloïdes ont dissous du chlorure ammonique, leur affinité pour l'eau est augmentée. Pour conserver à la paroi, malgré cette imbibition, une hydratation constante, il faudra augmenter la teneur du milieu extérieur en chlo- rure sodique. Plus il y aura de sel ammonique dans la paroi, plus il faudra de chlorure sodique dehors. C'est ce qu'ont montré les expériences. Seulement cet antagonisme ne se poursuit que dans les limites de concentration où la paroi globulaire est imper- méable au chlorure sodique. Les fortes concentrations de chlorure sodique, qui sup- priment cette imperméabilité, facilitent l'hémolyse par le chlorure ammonique. D'autre part, si dans les milieux salins de concentration moyenne, le chlorure ammonique a le dessus, s'il est suffisamment abondant pour hydrater la paroi, les conditions changent : la paroi, en s'hydratant, peut perdre son imperméabilité pour le chlorure sodique. Celui-ci, auquel son antagoniste a frayé la voie, entre à sontour; d'antagoniste, il devient auxiliaire. Mais de ce que la pénétration du chlorure ammonique augmente l'hydratation, on peut conclure que réciproquement, l'hydratation favorise la pénétration du chlorure ammonique. Les deux phénomènes sont liés, ils n'en font qu'un. Supprimez le sel ammonique, vous supprimez l'eau. Supprimez l'eau et vous entraînerez le sel. Toute cause qui empêche l'hydratation de la paroi imbibée de sel ammonique, doit s'opposer à la pénétration du sel ammonique dans la paroi. Il doit en être ainsi pour le chlorure sodique. En réalité donc, si le chlorure sodique est ajouté au milieu en même temps que le sel ammonique ou s'il y préexiste, il le devancera dans son action et empêchera son entrée dans le globule. Mais il l'empêche parce que déshydratant. On peut prévoir qu'il s'opposera à la pénétration (et à l'action hydratante, ce qui est un) de tout agent hémolytique qui pro- duit l'iiémolyse en augmentant l'hydratation de la paroi globulaire. A ce point de vue, il est une pierre de touche précieuse, qui devrait être employée systématiquement dans les études d'hémolyse. '" 11 y a lieu de mettre en garde ici contre une fausse interprétation possible de certains résultats. Dans les expériences de Hedin, on voit le bromure ammonique distribué uni- formément entre les globules et le liquide ambiant. On pourrait être tenté de conclure à un partage uniforme du sel entre les trois phases que contient un tel mélange. Ce serait s'exposer à de graves erreurs. La teneur globulaire totale est la somme des teneurs du stroma et du liquide endo-globulaire. Or le stroma n'occupe dans les héma- ties des mammifères qu'une très faible partie du volume globulaire total. La concen- tration totale dans le globule représente donc, dans certains cas3 presque exclusivement la concentration dans le liquide endo-globulaire. Il suffit en effet que la phase solide soit très légèrement perméable au sel ammonique, pour qu'elle le laisse passer vers la phase liquide endo-globulaire, sans en retenir elle-même plus que des traces. Or c'est la concentration dans cette seule phase solide qui est décisive au point de vue de HÉMOLYSE. 421 fhémolyse. Pour se renseigner à cet égard, mieux vaudrait peut-être, dans certains cas, mesurer la vitesse de pétiétration de l'agent hémolytique dans les globules, que déterminer, après un temps beaucoup trop long, la concentration totale dans le globule. Il a été dit que les sels de potassium protègent les globules rouges contre le chlorure ammonique aussi bien que les sels de sodium. Mais les uns et les autres sont large- ment dépassés par les sels des métaux alcalino-terreux. Voici un tableau emprunté à P. Nolf : Chaque tube contient 1 ce. de solution saline, 0.4 ce. de solution à 10 p. 100 de chlorure ammonique, 0.1 ce. de sang défibriné de lapin. Les tubes sont mis à centri- fuger après deux heures de séjour à 37". TITRE des SOLUTIONS. CHLORURE de SODIUM. NITRATE de POTASSIU.M. w oi o o X < m H -< ■S ?5 <; H < ï-l -a s ■ B Y. •S < SACCHAROSE. 0.3 M 0 0 0 0 0 Hémolyse faible. 0.4 0 0 0 0 0 Hémolyse très faible. 0.3 Hémolyse faible. 0 0 0 0 0 0.2 Hémolyse faible. Hémolyse modérée. 0 0 0 0 0.1 Hémolyse forte. — forte. 0 0 0 Hémolyse très faible. Celte influence antihémolytique si marquée des cations bivalents a été attribuée parNoLF à leur action directe sur la paroi globulaire. Il a été admis plus haut que les deux surfaces qui limitent la paroi globulaire vers l'intérieur et vers l'extérieur sont chargées de cations divers et que ce sont elles qui décident des qualités diosmotiques de la paroi. Or ces qualités dépendent en partie de la nature des ions fixés par le colloïde, et principalement de la val^nce de ces ions. Nous avons vu, à propos de la gélatine, que les ions bivalents s'opposent à son imbibition beaucoup plus que les ions monovalents, et celte constatation s'est renouvelée à propos des muscles. Il y a tout lieu de croire qu'il en va de même pour les colloïdes de la paroi globulaire. La membrane limitante externe d'une hématie qui a fixé sur sa face externe beaucoup de cations biva- lents doit être moins imbibée d'eau que celle d'une hématie pourvue surtout de cations monovalents. En transportant une hématie du milieu normal, qui contient beaucoup de sodium à •côté de peu de potassium, de calcium, de magnésium, dans une solution isotonique de chlorure sodique pur, on s'expose à altérer quelque peu les qualités de la membrane externe de sa paroi. On peut s'attendre à ce que la paroi s'imbibe d'un peu plus d'eau et qu'elle absorbe plus facilement toutes les substances qui ont pour efTet d'augmenter encore celte imbibition. Mais cette transformation est faible ; d'abord, parce que, dans le milieu normal, le sodium est largement dominant, de sorte que l'on change peu les conditions, en passant de ce milieu à la solution de chlorure sodique; ensuite, parce que la plupart des solutions de chlorure sodique employées dans les laboratoires contien- nent des traces de calcium et de magnésium. On risque de transformer davantage les qualités de la couche limitante externe de ■la paroi globulaire, en transportant l'hématie dans une solution isoionique d'une sub- stance non pénétrante, privée d'ions, telle une solution de sucre. Il est probable qui' dans le milieu sucré strictement isotoiiique, il se produit une altération considérable de la surface externe du globule. Mais, au point de vue de l'hémolyse, cette altération n'est pas efficace, tant qu'elle est limitée à la membrane externe. Pour que l'hémoglobine s'échappe du milieu intérieur, il faut que la paroi globulaire lui soit perméable d'outre en outre, c'est-à-dire sur ses deux faces. Or, dans un milieu isotonique sucré, la con- centration saline du liquide endo-globulaire n'a pas varié. La membrane limitante interne est donc restée normale. 11 esl possible, en raison de l'existence de cette seconde surface et du peu d'action que le milieu extérieur isotonique et non pénétrant peut avoir sur elle, que l'influence 422 HÉMOLYSE. indirecte de la composition ionique du milieu extérieur sur telle ou telle hémolyse soit moins considérable qu'on ne serait tenté de le penser à première vue. On aurait pu croire que l'hémolyse par le chlorure amnionique fournit un bel exemple d'une telle influence. Dans les expériences de Nolf, les sels des métaux alcalino-terreux ont sur elle une influence empêchante nettement plus marquée que les concentrations équivalentes des sels des métaux alcalins. Aux concentrations usitées, on peut exclure une action des sels sur le chlorure animonique lui-même. Il fallait bien admettre l'in- fluence des cations bivalents sur la paroi. Seulement les anciennes observations de Nolf ont été faites avec du sang dilué. Si on les répète avec des hématies soigneusement lavées, on constate que le chlorure ammonique est dépourvu de toute influence nocive sur elles, aux concentrations moyennes. Chose 1res intéressante, les hématies lavées nes'hémolysentpas dans le chlo- rure ammonique, même si la solution de chlorure ammonique ne contient pas de chlo- rure sodique. On peut en conclure immédiatement que le chlorure ammonique ne pénètre pas les hématies lavées. Il y a donc, dans le sérum, une substance qui permet l'entrée des hématies au chlorure ammonique et qui prépare et facilite l'hémolyse par ce sel. Elle existe dans le sérum chauffé à 56», tout comme dans le sérum normal. La neutralisation très exacte du sérum au papier tournesol sensible est dénuée de toute action sur elle. D'autre part, il suffit d'émulsionner de la lécithine dans une solu- tion de sel ammonique pour conférer à celle-ci le pouvoir hémolytique à l'égard des hématies lavées (Nolf). Il est donc assez probable que la substant-e favorisante du sérum est un lipoïde. L'intervention de cette substance complique beaucoup le phénomène, et l'interpré- tation que l'on peut en donner doit être réservée, aussi longtemps que la nature chimique elle mode d'invervention de la substance inconnue n'auront pas été exactement définis. A 0", les solutions même concentrées (10 p. 100) de chlorure ammonique ne provo- quent pas la moindre diffusion de l'hémoglobine des globules qu'on y plonge (Nolf). A ce point de vue, elle est, de toutes les hémolyses par agents chimiques, celle qui se rapproche le plus de l'hémolyse parles sérums. HÉMOLYSE PAR LES ALCALIS DILUÉS. On sait depuis Hewsom que les acides et les bases mêmes diluées provoquent l'hémo- lyse. Dans les solutions alcalines et acides très faibles, l'hémolyse est précédée d'une transformation des disques en sphères. Dans les alcalis, les hématies se rétrécissent avant l'hémolyse. L'étude de l'hémolyse par les alcalis a acquis beaucoup d'importance depuis qu'ARRHENius et Madsen en ont fait l'objet de recherches approfondies. Ces recherches ont inauguré l'application systématique au problème de l'hémolyse et à d'autres problèmes voisins, notamment celui des rapports des toxines et antitoxines, des méthodes de la physico-chimie moderne. Il est donc nécessaire de s'y arrêter. La chimie habituelle s'occupe de l'étude des qualités chimiques de chaque substance, c'est-à-dire qu'elle est la longue énumération des aptitudes à réagir. La physico-chimie, qui s'appellerait tout aussi bien chimie générale, essaie de dégager de l'infinité des réactions les lois générales qui les commandent. Une réaction se caractérise surtout par les réactifs qui y prennent part, mais elle est aussi une mutation d'énergie. La définir par les réactifs employés, c'est faire de la chimie habituelle; la considérer plutôt dans ses rapports avec l'énergie qui s'absorbe ou se dégage, c'est faire de la physico-chimie. Cette partie de la science aura donc surtout à s'occuper de l'influence qu'exercent la pression, la température, l'électricité, bref les difîérentes modalités de l'énergie, sur la réaction chimique, sur la vitesse avec laquelle elle se poursuit, sur le nouvel état d'équilibre vers lequel elle tend. Quand une réaction se passe en milieu homogène, il est surtout intéressant d'étudier l'influence de la concentration moléculaire des réactifs et celle de la température. Ces influences s'exercent, comme il a été dit, sur l'équilibre final et sur la vitesse avec laquelle le système tend vers cet équilibre. Dans un grand nombre des cas qui se présentent à l'observation, la réaction est complète, c'est-à-dire qu'elle se poursuit jusqu'à disparition presque complète des HEMOLYSE. 423 réactifs qui figurent à gauche du signe de l'égalité. L'équilibre coïncide donc avec la disparition du premier membi'e de l'égalité. Dans ces conditions, il ne reste plus à étu- dier que la vitesse de la réaction. Cette vitesse dépend alors, comme il a él(^ dit, des concentrations moléculaires des différents réactifs et de la température. Si l'on maintient la température constante, seul le premier facteur intervient. Dans le cas le plus simple, où la concentration d'une seule substance se modifie au cours de la réaction, par exemple la destruction de l'arsénamine par la chaleur, on dira donc que la vitesse de la réaction est proportionnelle à la concentration de l'arsénamine, ce qui s'exprime par l'équation différentielle dans laquelle k est une constante, la constante de réaction; a, la concentration initiale de l'arsénamine; x, la quantité transformée après un temps t. En intégrant, on trouve — ln{a — x) ^ kt + constante et pour les conditions initiales, pour < =:0 et x =z 0, — In a = constante, d'oii, par soustraction k = - In t a — X Cette équation s'applique donc aux réactions dans lesquelles une seule espèce chi- mique disparaît, les réactions monomoléculaires. Quand, au cours d'une réaction, la concentration de deux réactifs va diminuant pro- portionnellement au poids d'une molécule de chacun d'eux, la réaction sera bimolé- culaire. En représentant para la concentration initiale de la première, par b la concen- tration de la seconde et par x la quantité disparue de a et de 6 [a et h disparaissent de façon équivalente), on aura dx ou -=/,;a_x)(é. dx I 1 1 \ a — b \h — x a — x / kdt, soit, en intégrant, 1 , [ln[b — x) — ln{a — x)] = kl + constante, et pour les conditions initiales, pour t = 0 et a; := 0, 1 7 (In b — In a) = constante, a — b^ ' ' d'où, par soustraction 1 , (a — x)b [a — o)t 'o — x)a Si, au début de la réaction, les substances sont présentes en concentration équiva lente, on peut faire 6 = a, et les formules se simplifient : -n-^k (a-x)2 dx 11 et, en intégrant, t ia-x) a AU HEMOLYSE. Si trois espèces de molécules disparaissent pendant la if'aclion, réaction liimolécu- ïaire, et si les concentrations initiales sont équivalentes, on aura ou 1 X (2rt-a-) /c = t 1a-i i«-j)2- A- 1 ~" t 7 « a-x k. 1 ~ t X [n-x] a 1 ' t 2 X {2a-x) a2 (d-xM Un cas particulier de la réaction bimoléculaire est celui où l'une des deux substances €st en large excès, de sorte que sa conc;ntratio!i peut êlre considérée comme constante au cours de la réaction. Dan^ ces conditio is, l'éqaa'ion dx clt - / doit être remplacée par dx ■^ = /cb{a-x) c'est-à-dire que la réaction devient monomoléculaire, avec une constante de réaction proportionnelle à la concentration de b. Suivant donc qu'une, deux ou trois molécules disparaissent pendant la réacUon, la constante de dissociation prend trois formes très difTéientes : 1) 2) 3) Cette particulailé étant connue, elle fournit un moyen de se rendre compte de la façon dont un phénomène chimique se passe. C'est van't Hoff qui, le premier (Études de dynamique chimique, 188»), l'utilisa à cet effet. Il l'appliqua à l'étude de la décom- position de l'arsénamine et de la phospliamine par la chaleur. On aurait été tenté d'ex- primer le phénojnène par la formule 2 AsHs = As2 + 3H2 ce qui en faisait une rôaclion bimoléculaire. Or, ayant cdli;ulé dans cette hypothèse la valeur de A" au moyen des données ex[)éri mentales, il trouva une inconstance complète de A:. Au contraire, dans l'hypothèse de la réaction monomoléculaire, k devenait remarquablement constant. D'où la conclusion ([ue le phénomène est réellement inonoraoléculaiie, ce qui veut dire que chaque molé- cule d'arsénamine se décompose pour son propre compte en ses constituants, sans entrer en relations avec ses voisines. On voit que, si la physico-chimie a pour but habituel de dégager, de la multitude des faits, les lois générales, elle permet à l'occasion, par un juste retour, d'entrer dans le détail d'un phénomène particulier, en indiquant, de façon précise, lequel de plusieurs mécanismes possibles est réellement en jeu. 11 peut arriver qu'on mesure difticilement un phénomène. Il est alors impossible de déterminer à n'importe quel moment de l'expérience où en est la réaction, quelle est, par exemple, la fraction déjà consommée d'une substance qui se transforme sous l'in- lluence d'un catalyseur. Dans ces conditions, la détermination de la valeur de k deve- nant impossible, on peut essayer d'un moyen indirect pour s'éclairer sur la nature du phénomène. S'il est monomoléculaire et s'il se produit sous l'influence d'un agent cata- lytique, on détermine en combien de temps, des concentrations différentes de cet agent produisent un même degré de transformation (début de coagulation, de flo'^ulation, éclaircissement d'un milieu opaque, etc.). A ce moment, on peut admettre qu'une HEMOLYSE. 4t> 41' O fraction x, toujours ]a môme, a été transformée. Or on a, sous l'influence d'une concen- tration q de l'agent catalytique, — lu [a-x] = k qi + constante, — la a = constante et sous l'influence d'une concentration q' — In [e-Seyler admettait l'existence et qu'il appelait artcrine, ce complexe n'existe pas. Tout au moins ne reste-t-il rien des raisons émises par Hoppe-Seyler pour prouver son existence. Bien plus, une douzaine d'observateurs de première valeur ont pu constater la présence de cristaux d'hémoglobine à l'intérieur d'hématies non hémolysées; et, d'autre part, il suffit d'agiter du sang avec du mercure, ou de le broyer avec du sable, pour mettre en liberté toute son hémoglobine (voir Hématie). Il faut bien conclure de ces faits avérés que l'hémoglobine est chimiquement libre dans le globule, et qu'elle n'est retenue à l'intérieur de celui-ci que parce que la membrane lui est imperméable. Dans ces conditions, l'issue de la matière colorante est et ne peut être que la consé- quence d'une altération de la paroi, altération qui supprime l'imperméabilité à l'hémo- globine. S'il y a, dans certains exemples d'hémolyse, un phénomène chimique en cause, ce ne peut être que cette altération de la paroi. Si, dans cette conception, on se propose de mesurer la rapidité de l'hémolyse, on ne peut considérer le problème autrement que comme ressortissant aux lois qui régissent la diffusion. La diffusion, à une température donnée, est fonction du temps, de la surface de difTusion, de la différence des concentrations de deux couches adjacentes d'un cylindre de diffusion, et d'une constante propre à chaque substance, le coefficient de diffusion. On l'exprime par la formule de Fick : dans laquelle ds est la quantité infiniment petite de sel qui passe pendant le temps dt de la couche x à la couche x + de dont les concentrations diffèrent de c -\- dck c; q est la surface de diffusion, et D, la constante de diffusion. 430 HEMOLYSE. Avant d'appliquer celte formule à l'étude de l'hémolyse, il y a lien d'examiner, de plus près, les conditions spéciales de la question. Dans 1 hémolyse, l'hémoglobine n'est pas localisée au fond d'un vase de la profondeur duquel elle doit s'élever lentement, en créant une série de couches superposées de concentrations progressivement décrois- santes. Elle est répartie dans une infinité de très petites vésicules distribuées unifor- mément ^dans les cas oîi il n'y a pas agglutination, ni sédimentation trop rapide) dans le milieu liquide. Il en résulte une simplification des conditions expérimentales. A l'intérieur des hématies, à raison du faible volume de celles-ci, la concentration est uniforme. A l'extérieur, on peut également admettre, sans grande erreur, qu'elle reste uniforme par suite du brassage du liquide. De plus la concentration extérieure sera, pendant les premiers temps de l'expérience, très faible par rapport à la concentration intérieure. Dans les globules normaux, elle atteint 35 à 40 p. 100. A l'extérieur, elle ne pourra dépasser 0.7 p. 100 dans les émulsions qui sont obtenues par une dilution du sang à 1/20 dans l'eau salée. Dans les émulsions employées par Arrhenius et Madsen, faites avec 25 ce. de globules pour 1 000 ce. d'eau salée, elle pouvait atteindre tout au plus 1 p. 100 quand l'hémolyse était totale. Mais, dans les essais de ces auteurs, les résultats ne purent être utilisés pour l'étude de la vitesse de l'hémolyse que dans les expériences où le degré de l'hémolyse ne dépassait pas .30 à. 40 p. 100, ce qui correspondait à une concentration de l'hémoglobine hors des globules inférieure à 0.3 p. 100 et 0.4 p. 100. Dans ces con- ditions, on peut raisonner comme si la concentration extérieure restait égale à zéro. D'autre part, le principal obstacle à la diffusion de l'hémoglobine étant la paroi glo- bulaire, imperméable à l'étal normal, plus ou moins perméabilisée par l'agent hémoly tique, on peut représenter cette perméabilité parle coefficient de didusion. En tenant compte de ces particularités et en représentant par K le produit constant obtenu en multipliant la surface des globules, considérée comme constante, par le coefficient de diffusion, on peut représenter, sans grande erreur, la quantité d'hémoglo- bine diffusée hors des globules, pendant un temps très court, par la formule suivante : W = -^ !C-1 C représente la concentration de l'hémoglobine dans les globules. Celte formule, qui représente la vitesse de diffusion, est, on le remarquera, absolument analogue à celle qui caractérise la réaction monomoléculaire. Et cela se comprend, puisque dans les deux phénomènes, la seule variable est la concentration. Si, d'autre part, on admet que pour certains agents hémolytiques le degré de per- méabilisation de la paroi est proportionnel à la quantité de l'agent hémolytique ajoutée (hypothèse nullement invraisemblable, si on ne l'applique qu'entre des limites étroites), on est autorisé à faire K proportionnel à la concentration de l'agent hémo- lytique. Dans ces conditio)is, on se trouve dans les conditions voulues pour obtenir la constance du produit qt, c'est-à-dire la réalisation de la seconde épreuve à laquelle on reconnaît qu'une réaction chimique est monomoléculaire. On voit que l'hypothèse, d'après laquelle la diffusion de l'hémoglobine est un pur phénomène de diffusion, rend aussi bien compte des faits observés par Arrhenius et Madsex que leur propre opinion. Elle a sur celle-ci le grand avantage d'être d'accord avec l'ensemble de nos connaissances sur la constitution de l'hématie. On s'explique aussi très bien dans cette opinion pourquoi le facteur de dissociation (calculé dans l'hypothèse d'une réaction monomoléculaire) n'est pas constant, mais croît rapidement avec le temps. Ce facteur qui représente la perméabilité de la paroi, mesure en quelque sorte le degré de désorganisation de celle-ci. On comprend que la résistance qu'oppose la paroi structurée aux actions destructives n'est pas vaincue de suite, mais qu'une fois produite, l'altération doit aller rapidement en augmentant. Cette façon de concevoir le phénomène a l'avantage de rendre superflue toute hypo- thèse prématurée sur la nature intime de cette altération pariétale. Dans le cas spécial des alcalis, il est probable que Faction est complexe. Qu'elle soit en partie chimique, cela est vraisemblable, puisque la paroi est constituée de lipoïdes et de nucléo-protéides unis en un ensemble structuré. Les nucléo-protéides se comportent HEMOLYSE. 431 comme des acides faibles. Ils réagissent donc avec les alcalis. Il en est d'ailleurs de même de l'hémoglobine. Seulement il y a lieu de faire remarquer que ces deux réactions pourraient parfaitement se contrarier jusqu'à un certain point. Si la diffusion est surtout la conséquence d'une transformation de la paroi globulaire, elle sera d'autant plus forte que la paroi aura fixé plus d'alcali. Mais la paroi aura à compter, à cet égard, avec l'hémoglobine qui s'empare d'une partie de l'alcali et qui joue, à ce point de vue, un rôle protecteur, antihémolytique, analogue à celui qu'AaRUENius et Madsen ont reconnu aux albumines du sérum. La fixation de l'alcali par l'hémoglobine peut cependant influencer l'hémolyse dans un autre sens, en augmentant la solubilité de l'hémoglobine dans l'eau et dans certains milieux On voit combien il est difficile de s'orienter au milieu de toutes ces actions et réactions qui s'entremêlent. Cette répartition de l'alcali entre les protéides du stroma et l'hémoglobine n'a évidemment pas été envisagée par Arrhenius, quand il s'est occupé du partage de l'alcali entre les globules et le milieu extérieur. Arrhenius a déterminé la quantité de différents agents hémolytiques qui est nécessaire pour produire le même degré d'hémolyse dans des mélanges où il fait varier la quantité d'hématies. Et il trouve un rapport simple entre la quantité de l'agent hémolytique et la teneur en globules. Si y est la première de ces valeurs et ,c, la seconde, on a ij ^a -\- nx. On peut déduire de ces chiffres la valeur de la concentration de l'agent hémolytique dans les glo- bules et hors des globules, et l'on trouve ainsi que, dans les conditions de ces expé- riences, les globules peuvent contenir 800 à 900 fois plus d'alcali que le liquide environnant. Si intéressants que soient ces chiffres, il y a lieu de faire observer qu'ils sont acquis par une méthode indirecte. Or, dans les observations directes sur le partage d'une substance dissoute dans un milieu liquide entre le liquide et les granules colioïdaux suspendus dans celui-ci, plusieurs auteurs ont observé, ainsi qu'il a été dit plus haut, que la concentration à la surface des grains n'est pas une fonction linéaire, mais une fonction exponentielle de la concentration dans le liquide, il y a désaccord entre ces données et les conclusions d'AuRHENius et Madsen. D'autre part, Arrhenius ne détermine que la concenti^ation totale de Thémolysinedans le globule, qu'il considère comme un tout. En cela il est conséquent avec lui-même, puisque, pour lui, l'hémolyse est la destruction de rhé.matie assimilée à un complex-e chimique, quelque chose comme la saccharification de grains d'amidon imbibés d'eau. Mais cette opinion n'est pas en accord avec un grand nombre de faits. D'après ce qui a été ditdans cet article et à l'article «Hématie», ilyalieu de considérer dans l'hématie : la paroi et le contenu liquide, y compris l'hémoglobine. Or c'est l'action d'une substance sur la paroi qui importe au point de vue de l'hémolyse et non pas celle qu'elle peut exercer sur l'hémoglobine. Quand on a déterminé la concentration totale de l'agent hémolytique dans le glo- bule, on n'a rien appris de bien précis au sujet de sa répartition entre le contenu glo- bulaire et la paroi. D'après Arrhenius, les globules contiennent 120 fois plus de sapo- nine et 800-900 fois plus d'alcali que le liquide extérieur. Mais que revient-il de ces fortes teneurs à la paroi ? Des fractions probablement très différentes dans les deux cas. De tout ce que nous savons de l'hémolyse par la saponine, de l'affinité très forte de cette substance pour les lipoïdes, nous pouvons conclure à une accumulation de ce pro- duit dans la paroi globulaire. La très grande partie de la dose absorbée par le globule est donc fixée par la paroi. Mais il en est probablement tout autrement pour les alcalis. Ceux-ci ont de l'affinité pour tous les protéides globulaires, tant pour ceux de la paroi que pour l'hémoglobine. Or dans les hématies de cheval, par exemple, il y a environ 6 fois plus d'hémoglobine que de protéide pariétal. A affinité égale, on peut donc admettre qu'en opposition avec la condensation pariétale de la saponine il y a, en ce qui concerne les alcalis, une distribution plus uniforme entre la paroi et le liquide endo-globulaire. HÉMOLYSE PAR LES ACIDES DILUÉS Dans les acides très dilués, les hématies se transforment en sphères, en même temps qu'elles augmentent de volume. Les concentrations d'acides trop faibles pour provoquer 432 HEMOLYSE. riiémolyse, diminuent la résistance globulaire (Hamburger), c'est-à-dire que, dans ces milieux très faiblement acidulés, les hémalies abandonnent leur hémoglobine à des concentrations salines plus fortes (0.7 p. 100 NaCl au lieu de 0.5 p. 100) que les héma- ties normales. On peut en conclure que les sels neutres des métaux alcalins s'opposent dans une certaine mesure à l'hémolyse par les acides. L'étude quantitative de la diffusion de l'hémoglobine dans les milieux acides a été moins pratiquée que dans les milieux alcalins. Il y a à cela deux raisons : d'abord l'altération de l'hémoglobine par les acides, qui rend difficile le dosage; ensuite des irrégulaiilés, qui empêchent toute mise en équation du phénomène. Ces irrégularités n'en sont que plus intéressantes, parce qu'elles mettent en relief toute l'importance des qualités de la paroi. Dans l'essai suivant (Arrhenius), on ajouta des quantités progressivement croissantes d'acide chlorhydrique 0.04 normal et d'acide acéti([ue 0.04 n. à 7.5 ce. d'une émulsion globulaire à 1/100, avec adjonction complémentaire de NaCl 0.9 p. 100 pour faire un volume constant de 9.5 ce. Quantité ajoutée de 0.04 hHCI. 0.5 0.4 0.3 0.25 0.2 0.15 0 Degré de l'hémolyse 100 100 60 27 48 52 0 Gouleui- Bniii fdicé. Bnin foncé. Brun. Brun clair. RoiigciSlie. RoiigcJlre. Rouge. Quantité ajoutée do 0.04 n ac. acétique O.o 0.4 0.3 0.25 0.2 0.15 0 Degré de l'hémolyse 100 77 14 18 26 12 0 Couleur Brun foiici'. Brun foncé. Brun. Binn eliiir. Rougcàtie. Bouiieâdc Rouge. On peut voir que, pour l'acide chlorhydrique, l'adjonction de 0.15 ce. réalise un opti- mum d'hémolyse, avec diminution des deux côtés et qu'il en est de même pour l'adjonc- tion 0.2 ce. d'acide acétitjue. Il y a donc des agents hémolytiques, et nous en verrons encore d'autres exemples, qui sont plus actifs à des concentrations faibles qu'à certaines concentrations plus fortes. Nous observons ici un phénomène absolument analogue à ceux qui ont été cités à propos de l'action des acides, des bases et des sels sur la géla- tine (Ostwald). 11 n'y a rien qui doive étonner dans la théorie qui fait de l'hémolyse le résultat d'une altération des colloïdes de la paroi. Cette altération peut se faire dans le sens d'une augmentation de la perméabilité ou dans le sens d'une diminulion, et un même agent peut, à des concentrations différentes, produire les deux effets. D'ailleurs Arrhenius a constaté l'agglutination des globules altérés par les acides dilués et la floculation des substances albuminoïdes issues de ces globules. Il attribue lui-même à cette action coagulante des acides les perturbations constatées dans le degré de l'hémolyse. Chose intéressante, l'addition de lécithine supprime la coagulation et les irrégula- rités de la diffusion du pigment. Elle fait de l'hémolyse par les acides un processus parallèle à l'hémolyse par les bases. Tous les acides deviennent plus hémolytiques quand on leur ajoute de la lécithine (Arrhenius). Cela se voit particulièrement bien avec les acides peu hémolytiques par eux-mêmes, comme l'acide borique. Si l'on compare le pouvoir liémolytique des acides forts à celui des acides faibles, on constate des uns aux auties des différences de même ordre que celles qui ont été établies précédemment entre les bases fortes et les bases faibles à concentration égale. Les acides forts agissent beaucoup plus vite, de sorte que le degré d'hémolyse est beau- coup plus élevé pour eux dans les expéiiences de durée courte (Madsen et Walbum). Au contraire, dans les expériences de longue durée, il y a sensiblement équivalence entre tous les acides. Dans ces conditions, la concentration d'un acide fort, nécessaire pour produire une hé'inolyse totale, est 0.012 ce. d'une solution normale pour 10 ce. d'une émulsion à 1 p. 100. Celle des acides faibles (formique, acétique, etc.) est 0.015 ce. Il y a, parmi ces derniers, une exception pour l'acide oléique, qui est hémolyti(]ue à une dose dix fois plus faible que l'acide acétique. Les sels neutres de même anion que l'acide ont une action inhibitrice faible sur les acides forts, très forte sur les acides faibles (acétates sur acide acétique). Cette consta- tation très intéressante, analogue à celle qui a été faite pour les bases, tend à prouver HÉMOLYSE. 433 qu'acides et bases agissent surtout par les ions HetOH que^^ontiennent leurs solutions. On sait, en effet, que la dissociation des acides et alcalis forts n'est pas sensiblement diminuée par les sels de même anion (acide) ou de même cation (alcali), tandis qu'il en est tout autrement pour les acides et bases faibles ( Arriie.nius). Outre l'action directe du sel sur l'acide ou la base, il y a probablement lieu de con- sidérer en outre, dans les pbénomènes d'hémolyse, l'action du sel sur le slroma, suivant le mécanisme qui a été longuement exposé plus haut (voir Hémolyse par le chlorure ammonique). HÉMOLYSE PAR LE CHLORURE MERCURIQUE. Elle a été étudiée par Detre et Sellei et par Sachs (cités d'après Arrhenius). Ajouté aux doses de 1 p. 100, 0.1 p. 100 et 0.01 p. 100 à des émulsions globulaires en eau salée, le chlorure mercurique produit leur agglutination. A la concentration 0.001 p. 100, l'agglutination manque. La fixation du poison par les hématies est très rapide, mais l'hémolyse qui peut s'ensuivre est lente. Elle n'apparaît d'ailleurs qu'entre certaines limites de concentration. Maxima à la concentration de 0.001 p. 100, elle disparaît aux concentrations plus élevées et plus basses. L'inactivité des concentrations élevées est connue depuis longtemps, depuis le jour où l'on a employé le sublimé comme fixateur dans la technique histologique. Elle est attribuable sans conteste à la coagulation de l'enveloppe globulaire par le sel mercurique. Mais il est très probable que c'est à la même altération de l'enveloppe qu'est due l'hémolyse qui correspond aux doses faibles. Que l'altération causée par un même agent puisse avoir des résultats o}>posés suivant les concentrations, c'est un fait qui n'étonne pas, quand on connaît l'action des sels sur les disques de gélatine. D'après Sachs, la lécithine favoriserait (à l'encontre de ce que prétendent Detre et Sellei) l'hémolyse par le chlorure mercurique. D'autre part, l'action prolectrice qu'exerce le sérum ou les hématies est attribuable, d'après Sachs, à leurs albuminoïdes et non à leurs lipoïdes. Dans l'enveloppe globulaire, ce serait donc plus spécialement avec ces protéides que les sels mercuriques entreraient en relation. HÉMOLYSE PAR LES ALCOOLS, ÉTHERS, ALDÉHYDES, CÉTONES, etc. On sait par les recherches de Gryns et par les mesures de Hedl\ que toutes ces substances pénètrent les hématies. On sait de plus qu'elles ont une tendance à s'accu- muler dans les hématies en concentration supérieure à celle du liquide ambiant. Cette tendance se marque faiblement dans les chiffres de IIedin pour les alcools. Le rap- port -T- (voir Hématie) vaut I pour l'alcool niéthylique, ce qui correspond à une concentration uniforme à fintérieur et à l'extérieur des globules; il devient 0.97 pour l'alcool éthylique, 0.95 pour l'alcool propylique; il tombe à 0.86 pour l'aldéhyde for- mique; 0.74 pour l'aldéhyde acétique; 0.60 pour l'aldéhyde propylique; il est de 0.71 pour l'acétone ; il atteint un minimum 0.54 pour l'éther éthylique. Ces chiffres ne nous fournissent d'ailleurs qu'une simple indication. Car la concen- tration totale dans le globule est, comme il a déjà été dit plusieurs fois, la somme de deux termes, dont un seul nous intéresse. Elle est la moyenne des concentrations dans le liquide endo-globulaire et dans le stroma. Et comme le volume du stroma normal est environ la '•= partie du volume globulaire total, on comprend que la méthode de Hedi.n se prête mal à la mesure ou même à l'évaluation de la concentration dans les stromas. En effet raccumulation d'une substance mélangée à une émulsion globulaire dans un volume aussi réduit qu(^ celui des stromas ne pourra appauvrir sensiblement' le liquide extra-globulaire qu'à la condition d'être énorme. D'autre part, il se peut, pour certaines substances qui s'accumulent dans le stroma, que la solubilité dans le liquide intra-globulaire soit plus faible que dans le liquide extra-globulaire. Il est probable quil en est ainsi pour les alcools, éthers et substances analogues. Laffinité de ces substances pour le stroma provient, comme Overto.n l'a montré à suffisance, de la teneur du stroma en lipoïdes. Ces lipoïdes sont absents du liquide l'ICT. DE PHYSIOLOfilE. — T. VIII. 28 434 HEMOLYSE. endo-globulaire, suivant toute probabilité. Ce liquide endo-globulaire est une solution d'hémoglobine à 30 à 40 p. 100. Or l'hémoglobine est insoluble dans l'alcool fort. On peut en conclure réciproquement que l'alcool est peu soluble dans les solutions aqueuses concentrées de l'hémoglobine. Quand de l'alcool pénètre les hématies, il se mélange donc, suivant toute probabilité, assez peu au liquide endo-globulaire. Si l'on ti'ouve néanmoins que le partage entre les globules et le liquide extra-globulaire s'est fait à l'avantage des globules, cela provient de ce que l'alcool s'est concentré dans les slromas beaucoup plus qu'on ne serait tenté de le croire à première vue. Cependant cette con- centration n'est probablement qu'un multiple assez peu élevé de la concentration dans le liquide extérieur, quand il s'agit des alcools inférieurs. Mais les homologues supé- lieurs sont de moins en moins solubles dans l'eau, à mesure qu'on s'élève dans la série, tandis qu'augmente leur solubilité dans les corps gras. On doit donc s'attendre à voir ces substances s'accumuler de plus en plus dans les stromas et accroître proportionnel- lement leur action hémolytique. C'est en effet ce qu'a constaté Van de Velde. Van de Velde a déterminé, pour un très grand nombre de substances organiques ternaires, la concentration maxima, à laquelle il n'y a pas encore d'hémolyse. Il a constaté qu'après trois heures (à la température ordinaire?), les globules de bœuf com- mencent à céder de l'hémoglobine quand la teneur totale du milieu s'élève à 20 p. 100 (en volume) d'alcool éthylique, tandis qu'ils l'estent inaltérés à la concentration 19.5 p. 100. La concentration 19.5 p. 100 est ce qu'il appelle la concentration critique de l'alcool éthylique. Elle correspond à une teneur en poids de 15,4888 gr. d'alcool éthylique anhydre pour 100 centimètres cubes de solution. La toxicité absolue de l'alcool éthylique étant ainsi établie, Van de Velde mesure la toxicité des solutions de 1 à 3 p. 100 des autres substances dans l'alcool éthylique absolu et il compare les chiffres obtenus à ceux de l'alcool éthylique. Il trouve, par exemple, que les concentrations critiques des solutions 1 p. 100, 2 p. 100, 3 p. 100 d'alcool propyliquo dans l'alcool éthylique sont respectivement 19 ce, 18.5 ce, 18 ce. Ces solutions apportent à l'émulsion globulaire des quantités décrois- santes d'alcool éthylique et croissantes d'alcool propylique. Quand de l'alcool éthylique seul est ajouté, le milieu critique contient pour 100 ce. 15.4888 grammes d'alcool éthylique. Dans les trois milieux précédents, la concentration tombe successivement à 15b^'".0917, 14^'-. 6945^ 14s''.2974, c'est-à-dire qu'il y a un déficit de 0.3971, 0.7943 et 1.1914 grammes d'alcool éthylique. Ces quantités ont été remplacées par des quantités croissantes d'alcool propylique, soit respectivement OS'.IO, 0'''.37 et 08''. 54. Puisque ces mélanges sont tous critiques, c'est-à-dire équivalents au point de vue hémolytique, Van de Velde conclutqueO. 19, 0.37 et 0.54 grammes d'alcool propylique valent respectivement 0.3971, 0.7943 et 1.1914 grammes d'alcool éthylique. Le quotient 0 19 de ces valeurs prises deux à deux est d'ailleurs- sensiblement constant — 1_ — =0.47, 0.3971 ^ 0.4G et ---^ = 0.45. On en conclut que, lorsque l'alcool propylique remplace 0.7943 1.1914 l'alcool éthylique, on obtient, avec 0.46 grammes de l'alcool supérieur, le même effet qu'avec 1 gramme de l'alcool inférieur. Les valeurs établies par ce procédé sont donc relatives, elles sont exprimées en fonction de la dose toxique de l'alcool éthylique. Un reproche sérieux que l'on peut faire à la méthode, c'est d'avoir compliqué les choses, en employant des solutions alcooliques de tous les produits, au lieu d'utiliser les solutions dans le milieu salin isotonique quand ces solutions étaient possibles. Ceci suppose que les altérations des globules dus aux deux agents hémolytiques de la solution (alcool et substance essayée) s'additionnent purement et simplement, ce qui peut être le cas lorsque les produits sont chimiquement très voisins, ce qui n'est certainement pas le cas pour tous les couples examinés. Il est difficile d'évaluer les erreurs provenant de ce chef. Elles ne sont probablement pas assez fortes pour changer l'allure générale des chifl'res, dont l'examen est des plus intéressants. Au lieu de reproduii-e les concentrations critiques rapportées à celle de l'alcool éthylique prise comme unité, il a semblé préférable de calculer les valeurs inverses, qui HEMOLYSE. 435 représentent les toxicités comparées. Le tableau suivant comprend les toxicités molé- culaires d'un certain nombre de substances ternaires, appartenant à la série grasse. Le lecteur trouvera en outre, dans le mémoire original, de multiples déterminations se rapportant à une foule d'essences, toutes très toxiques. Toxicités hémolytiques moléculaires rapportées à celle de l'alcool éthylique prise comme unité. Alcool C„H2,. + 2 0. Cétones G.Jlo„ 0 Aldéhydes C,. H2„ 0 Acides C„ Ho., 02 Alcool méthylique < 1 )) Acide formique 1 000 Alcool éthylique 1 » Aldéhyde acétique 7.1 Acide acétique 500 Alcool isopropylique 2.8 Dimothylcctone O.'t » Acide propionique 400 Alcool isobutyliquo 5.6 Méthyl-cthylcétono 11.7 Aldéhyde isobutyrique 21.6 Acide butyrique 322.5 Alcool amylique 15.4 Diétliylcétone 25.8 1) » Acide valérianique 333.3 Alcool heptylique 303 Dipropylcétone ♦ 91,7 Œnanthol 185.1 Acide (eaanlhylique 1 111. 1 Alcool octylique 322 » )) }) » » Hcxyl-méthylcétonc 400 )> On voit, à la lecture du tableau, que, dans les trois premières séries, la toxicité croît rapidement avec le nombre d'atomes de carbone contenus dans la molécule, c'est-à-dire à mesure que diminue la solubilité dans l'eau et que s'élève la solubilité dans les corps gras. Au contraire, dans la série des acides monocarboxyliques, la tcxicité décroit du premier au quatrième terme pour s'élever à nouveau ensuite, comme dans les autres séries. On peut attribuer, sans hésitation, cette exception apparente des premiers acides à l'intervention d'un facteur de complication, la dissociation ionique. Un acide orga- nique produit probablement l'hémolyse et par ses ions et par ses molécules non disso- ciées. Par ses molécules non dissociées, il agit à la façon des substances organiques non dissociées (alcools, éthers, cétones...), et son pouvoir hémolytique croît avec le nombre des atomes de carbone de sa molécule. C'est ainsi qu'agissent les termes supé- rieurs de la série. Les termes inférieurs agissent surtout par leurs ions H. Cette action, bien supérieure à celle qui appartient à leur molécule non dissociée, décroit rapidement (avec la dissociation ionique) à partir de l'acide formi(iue, quand on s'élève dans la série. Mais, tandis que diminue l'action hémolytique des ions, on voit s'accuser progressivement celle des molécules non dissociées. A l'intersection des deux courbes existe un minimum, qui correspond à l'acide butyrique. Ces constatations sont en accord avec les données de Madse.\ et Walbu-m qui avaient trouvé que l'acide oléique agit environ dix fois plus énergïquement que les acides gras de poids nioléculaire faible. FiJHNER et Neub.auer ont fait des recherches analogues à celles de Van de Velde. Ils ont également déterminé la dose toxique limite des différents termes de la série des alcools monoatomiques, saturés, primaires, normaux de la série grasse. Les globules employés furent ceux du bœuf, soigneusement lavés. On ajoutait (luatre gouttes d'une émulsion (équivalente au sang) à 10 ce. de la solution de l'alcoo] dans le chlorure sodique à 0.9 p. 100. On laissait au contact pendant 5 minutes à 19° et on centrifugeait. / /^36 HEMOLYSE. Voici les résultats : Alcool méthylique CHs OH Aîcool éthylique C2 H;i OH Alcool propyliqùe noriTial C3 H- OH Alcool butyliqiic not-inal C4H9 OH Alcool amyliquc normal CsHu OH Alcool hexylique normal Cfi Hj3 OH Alcool heptylique normal Ct Hi.i OH Alcool oclyliqvie normal Cfi Hn OH POIDS MOI.KCULAIRK. CO>CENTRATI(l\ KN POIDS (pourcentage) 'ogughi, la saponine et la cholestérine mises en présence, à l'état dissous, s'unissent instantanément. Si l'on évapore un mélange neutre de ces deux sub- stances, on peut obtenir leur séparation par une simple extraction par l'éther, qui dissout la cholestérine et laisse la saponine. D'après Arrhemus, le partage entre globules et liquide ambiant, dans une émulsion en eau salée à laquelle on a ajouté une dose hémolysante de saponine, se fait de telle façon que les globules en contiennent (par unité de volume) environ cent vingt fois plus que le liquide ambiant. L'hémolyse par la saponine, la solanine, est extrêmement rapide. Le degré d'hémo- lyse croît plus rapidement que le carré de la concentration (Arrhemus). Zangger constate que l'absorption de la solanine est elTectuée après deux minules et l'hémolyse qui s'ensuit est ultra-rapide. Elle peut être considérée comme terminée après dix minutes. Ce résultat est très intéressant, car il tend à montrer que la rapidité d'hémolyse est en rapport étroit avec la perméabilisation de la paroi. En se plaçant à ce point de vue, on peut prévoir que les agents à action rapide, ceux qui augmentent fortement la perméabilité, sont ceux qui, à dose un peu forte, dissoudront totalement les corps globulaires, sans laisser trace de stroma. C'est effectivement ce qui se passe avec la saponine. La lécithine exerce sur l'hémolyse par la saponine une action inverse de celle qu'on observe avec les acides ou le chlorure niercurique (Arrhenius). Voici quelques chiffres d'ARRHRNius, relatifs à une série expérimentale, dans laquelle il fit agir des quantités croissantes de saponine sur une émulsion de globules normaux et de glo- bules préalablement traités par la lécithine : Quantité ajoutée d'une sokition à 0.05 p. 100 de saponine 0..3 ce. 0.2 ce. 0.t5 ce. 0.1 ec. 0 Degré d'hémolyse du sang normal 100 43 9 3 0 Degré d'hémolyse du sang additionne de léci- thine 33 14 9 6 5 Les alcools méthylique et éthylique et l'éther éthylique empêchent, dans une certaine mesure, l'hémolyse par la saponine : Quantité ajoutée d'une solution de saponine. . . . 0.23 ce. 0.2 ce. 0.15 ce. 0.1 ce- Emulsions sans alcool ni éther. Degré d'hémolyse. 100 47 14 6 Chaque tube a reçu, outre la saponine, 0.4 ce. d'al- cool méthylique à 10 p. 100. Degré d'hémolyse. 70 20 7 Chaque tube a reçu, outre la saponine, 0.4 ce. d'al- cool éthylique à 10 p. 100. Degré d'hémolyse. .70 15 9 Chaque tube a reçu, outre la saponine, 0.4 ce. d'cthcr éthylique à 6.5 p. 100. Degré d'hémolyse. 100 40 12 442 HÉMOLYSE. HÉMOLYSE PAR LES SAVONS ET ACIDES GRAS. Parmi les colloïdes hémolytiques dont la composition chimique est la mieux connue, il faut ranger les sels de sodium des acides gras, spécialement l'oléate de soude, qui agit déjà à la concentration de 1/10 000. Von LiebermanxN en a fait récemment une étude détaillée. L'action hémolysante d'une solution d'oléate de soude est empêchée par la sérumalbumine et par les sels de chaux. Un mélange neutre de sérumalbumine-oléate de soude est réactivé par l'addition de traces d'acide oléique. Ce mélange réactivé perd son pouvoir hémolytique à 36". Une petite addition d'oléate de soude le lui rend. V. LiEBERMANN attire l'attention sur le parallélisme qui existe entre ces faits et ceux que révèle l'étude des sérums hémolytiques. De là à supposer que les sels des acides gras peuvent servir de compléments dans l'hémolyse produite par les sérums, il n'y a qu'un pas, qui a été franchi par Noguchi et v. Liebermann. HÉMOLYSE PAR LA BILE. Le pouvoir hémolytique de la bile est connu depuis Hûnefeld (1840). Il est dû aux acides biliaires (vox Dusch, 1854). Rywosch (1888) a déterminé la toxicité hémolytique comparée de différents sels biliaires. Si l'on fait la toxicité du glycocholate de soude =: 1 • On aura pour l'hyocholate de soude = 4 — le cholate de soude = 4 — le choloïdinate de soude =:10 — le taurocholate de soude = 12 — le chénocholate de soude = 14 Le pouvoir hémolytique de la bile a été étudié par jNolf (1900). Il se caractérise, à l'inverse de celui du chlorure ammonique : 1° En ce qu'il est favorisé par une forte concentration saline du milieu. Plus la concentration saline dépasse l'isotonicité, plus vite l'hémolyse se produit dans les solutions des sels de sodium, potassium, calcium, magnésium, baryum; 2° A égalité de concentration moléculaire, les sels de calcium, baryum, magnésium facilitent plus que les sels de potassium et de sodium l'hémolyse par la bile; 3° Les solutions sucrées se comportent comme les solutions salines (de potassium et de sodium), mais avec une intensité d'action infiniment plus faible. NoLF attribue l'hémolyse par les sels biliaires aux molécules non dissociées, qui sont évidemment en très grosse majorité, même dans les solutions diluées. Ces molécules sont en équilibre avec les ions des molécules dissociées. Quand on ajoute à la solution d'un sel biliaire de soude un sel fortement dissocié de sodium, on augmente la concen- tration du cation sodium et il en résulte un déplacement de l'équilibre, qui se carac- térise par la diminution de la dissociation du sel biliaire, par une plus forte concen- tration de ses molécules non dissociées. Ajouter beaucoup de chlorure sodique à une émulsion de globules pourvue d'une petite quantité de bile équivaut, dans cette opinion, à augmenter la concentration de l'agent actif de la bile. A cet égard, les sels des métaux alcalino-terreux agissent plus énergiquement encore que les sels alcalins, parce que la dissociation des sels biliaires alcalino-terreux est moindre que celle des sels biliaires alcalins. L'opinion de Nolf est basée sur les particularités de l'action des sels sur l'hémolyse par la bile et sur la notion, admise par la presque unanimité des physiologistes, de l'impénétrabilité de la paroi globulaire au cation sodium. Il résulte de cette notion que pour qu'un sel de sodium puisse pénétrer le globule en quantité notable et p roduire l'hémolyse, il faut : 1° qu'il soit peu dissocié. Les seuls sels de sodium hémolytiques, actuellement connus, sont d'ailleurs tous des col- loïdes; 2° que la molécule non dissociée se dissolve facilement dans le stroma et s'y concentre. La première condition est remplie pour les sels biliaires et les savons, qui donnent HEMOLYSE. 443 avec l'eau des solutions colloïdales. La seconde l'est tout autant, en raison desafiinités de ces substances pour les lipoïdes de la paroi. Eu concentration suflisante, les sels biliaires dissolvent complètement les stromas globulaires. Aussi l'hémolyse qu'ils produisent est-elle ultra-rapide. Le degré d'hémo- lyse croît plus rapidement que le carré de la concentration du sel biliaire (Arrhenius). Arrhexius attribue également aux molécules neutres non dissociées l'hémolyse par l'acide oléique et l'oléate de soude. D'après Bayer, la cholestérine n'a pas d'influence sur l'action hémolytique de la bile. La lécithine et la cérébrine la diminuent considérablement sans l'empêcher com- plètement. Les albuminoïdes du sérum exercent une action empêchante (Lcdke, Scanda- LiATO, Bayer). HÉMOLYSE PAR LES ENZYMES. Delezenne a étudié l'aclion du suc pancréatique pur de chien, obtenu par cathété- risme de la glande, sur les globules rouges lavés de lapin. A 39", le suc inactif laisse les hématies intactes pendant huit, dix heures ou davantage. Après ce temps, l'attaque se fait et de l'hématine se produit. Dans le suc intestinal du chien porteur d'une fistule de TiURY, les hématies lavées s'agglutinent sans s'hémolyser. Mélange-t-on le suc pancréa- tique inactif et le suc intestinal avant d'y introduire les hématies, on constate, après avoir mis à l'étuve, une hémolyse rapide et intense, suivie de digestion. Si l'on met des globules au contact du suc pancréatique inactif seul et quaprès les avoir lavés, on les traite par le suc intestinal, on constate une simple agglutination sans hémolyse. Si l'on fait l'expérience inverse, si l'on passe (après lavage) les globules du suc intestinal dans le suc pancréatique, on observe l'hémolyse. Delezenne attire l'attention sur l'analogie complète qui existe entre ces faits et l'ac- tion combinée des deux substances actives des sérums hémolytiques. Friedejia.nn a pu activer par la lécithine l'hémolysine du suc pancréatique de chien recueilli par fistule. WoHLGEMUTH coustate que le suc pancréatique humain actif hémolyse le sang de l'homme et de divers animaux (l'auteur ne dit pas si les globules ont été lavés) et que cette action pouvait être renforcée dans le rapport de 1 à 20 par l'adjonction de léci- thine. Neuberg a agité récemment la question de savoirs! l'hémolyse ne se confondait pas, dans un certain nombre de cas tout au moins, avec la lipolyse. Il a étudié l'action des sucs de fistule (suc gastrique, [suc [pancréatique) de chien, et les a reconnus hémoly- tiques, après neutralisation, à l'égard des globules lavés de lapin. Ces sucs sont, comme on sait, pourvus d'un ferment lipolytique. Il en est de même d'un certain nombre d'agglutinines (croline, ricine) et d'hémolysines (venin de cobra, crotale, mocassin, abeille, sérums). Trois explications possibles peuvent être données de ces faits : 1" le ferment lipoly- tique accc/iïipagne simplement l'agent hémolytique et n'a rien à faire avec l'hémolyse; 2° la lipolyse met en liberté des acides gras ou des savons qui sont énergiquement hémolytiques; 3° la lipolyse est le résultat d'une altération grave du stroma globulaire opérée par le ferment lipolytique. Encore faudrait-il voir, dans ce dernier cas, si l'imprégnation du stroma par l'enzyme lipolytique que présuppose la lipolyse, n'est pas suffisante par elle-même à produire l'hémolyse, avant toute lipolyse. HÉMOLYSE PAR CERTAINS PRÉCIPITÉS MINÉRAUX. Gengou a observé que des précipités fraîchement obtenus de sulfate de baryum, de fluorure de calcium, ajoutés à une émulsion de globules rouges lavés de lapin, bœuf, poule, les agglutinent et les hémolysent. Ces précipités ont la propriété de coller un certain nombre des substances albuminoïdes du plasma et du sérum. Il est probable que l'agglutination des hématies est un phénomène de même genre (Ge>'gou). Aussi n'est- il pas étonnant de constater que le sérum empêche l'agglutination (et l'hémolyse) des globules par les précipités. Quant à l'hémolyse, on peut se demander si elle n'est pas 444 HEMOLYSE. d'origine mécanique, si elle n'est pas due à des déchirures de l'enveloppe des hématies agglutinées. On comprend que s'il s'établit des soudures intimes entre la paroi des hématies et les particules du précipité, ces soudures produiront facilement des fissures et des ruptures de l'enveloppe des vésicules. Ce genre d'hémolyse ne rentrerait donc pas, à proprement parler, dans le genre d'actions héniolytiques qui sont étudiées en cet article (Nolf). HÉMOLYSE PAR LES TOXINES MICROBIENNES. La première observation du pouvoir destructeur de certaines toxines microbiennes sur les éléments figurés du sang date des recherches de Van de Velde (1894) sur la toxine staphylococcique. Les premières recherches méthodiques sur ce sujet furent instituées par Madsen (1899) qui étudia l'action, sur les hématies, des bouillons de culture filtrés du bacille tétanique. Ces bouillons contiennent (d'après Ehrlich, confirmé par Madsen), outre la toxine tétanique habituelle, ou tétanospasmine, qui se caractérise par ses effets con- vulsivants, une substance du groupe des toxines, la tétanolysine, qui dissout les globules rouges. Ceux-ci fixent la seconde exclusivement et ne se laissent pas impressionner par la première. Quand on vaccine un animal au moyen des cultures filtrées du tétanos, le sérum de cet animal contient, au bout d'un certain temps, des antitoxines correspon- dant aux deux toxines. Il empêche m vitro l'action hémolysante de la tétanolysine, tout comme il neuti^alise in vivo l'effet de la tétanospasmine. Cette antitétanolysine possède pour la toxine une affinité considérable, puisqu'elle arrive à l'enlever à des globules qui en avaient été préalablement imprégnés. Un grand nombre de travaux parurent dans ces dernières années, qui signalent l'action hémoly tique de toute une série de toxines microbiennes et montrent. l'action neutralisante que possèdent à leur égard certains sérums normaux et les sérums spé- cifiques correspondants. Comme les auteurs de ces recherches se sont plutôt placés au point de vue des doctrines de l'immunité et des relations entre toxine et antitoxine, il suffira de désigner ici les noms des auteurs et les microbes dont ils ont étudié la toxine. Kraum et CLAUiMONT (Vibrloii cholérique, BaciUus coli, staphylocoque). Kraus et LuDwiG id. itl. id. Kayser (Bacillus coli). Neisseh (Viljrion cholérique, Bacillus coli, staphylocoque). Meinioke (Vibrions). Neisser et Wechsberg (Staphylocoque). Bajardi (Staphylocoque, microcoque). Fraexkel et Baumann (Staphylocoque). LoHR (Staphylocoque). LuBENAU (Staphylocoque, Bacillus pyocyaneus). BuLLOCH et HcN'TER (Bacillus pyocyaneus). WEXIGER.OFE Id. Breymann id. ClIARRIN et GciLLEMONAT id. Levy (Bacillus typhosus;. Castellani (Bacillus typhosus, Bacillus dysenteriœ). Montella (Diplococcus pneumonite). Casagrandi id. Bksredka (Streptocoque). Marmorek id. Breton id. SCHLESINGER Id. Kerner id. Dewaele et SoGG (Streptocoque). Camcs et Pagniez (Bacille tuberculeux). Raybaid et Hawthobv id. Rayhaud et Pellissier il902) (Bacille pesteux Uriarte (Bacille pesteux). BjelonowsivY id. Calamida (Choléra des poules). Scuwoner (Bacille de Loffler). HEMOLYSE. Uo L'hémolyse par les toxines microbiennes tient une place importante dans l'étude générale du problème de l'hémolyse, parce que deux exemples en ont été étudiés avec lin soin particulier. Le premier de ces travaux traite de l'hémolyse par la toxine du staphylocoque (ScHiiR, 1902). Le second se l'apporte ù la tétanolysine. Il émane d'ARRHKNius et Madskn (1903). ScHUR étudia l'influence des concentrations en hématies et en toxine, et l'influence du temps sur le degré d'Iiémolyse. Il mesura celle-ci à la quantité d'hémoglobine qui a abandonné les hématies, exprimée en fraction de l'hémoglobine totale de l'émulsion glo- bulaire. Cette façon de mesurer le phénomène avait déjà été utilisée par Madsen, Laimc- QUE, etc. ScHUR put établir les trois points suivants : 1" A égalité de teneur en toxine, l'hémolyse varie avec la richesse globulaire. La quantité absolue d'hémoglobine diffusée croît avec la richesse globulaire jusqu'à une certaine limite, passé laciuelle elle diminue. La quantité relative, c'est-à-dire le rapport entre la fraction d'hémoglobine diffusée et la concentration globulaire du mélange, est en raison inverse de la concentration sanguine. Voici les résultats d'une expérience : QUANTITÉ QUANTITÉ DK TOXINE. DE SANG. gouttes. gouttes. i .5 10 20 40 QUANTITE ABSOLUE d'hkmooi.obink d heures (V — 0.25)<=:1.50 1.54 1.48 1.52 1.42 1.77 1.35 1.42 La présence des sels neutres de sodium ou d'ammonium exerce sur Thémolyse par la tétanolysine une influence inverse de celle qu'on observe dans l'hémolyse par les alcalis : en milieu salin, l'hémolyse est plus considérable qu'en milieu sucré. L'albu- mine de l'œuf possède une influence empêchante, de même le sérum normal. Arrhe.xius et Madsen l'attribuent à une combinaison probable de l'albumine avec la tétanolysine. Vincent, Dopter et Billet ont constaté que le chlorure calcique, ajouté à la dose de 1 goutte de la solution 1/12 à 1 ce. du milieu, favorise l'action des hémolysines du staphylocoque, B. Coli, B. tétanique. Des cultures filtrées, non actives en milieu salin habituel, des bacilles pesteux, charbonneux, diphtérique et dysentérique, devenaient hémolytiques en présence du chlorure calcique. Il en était de même des saprophytes : B. mésentérique, B. fluorescent, B. rouge de Iviel, B. violacem, Proteus vulg., M. con- centrims. Au contraire, le B. subtilis, qui est très faiblement hémolytique dans les conditions ordinaires, perd son pouvoir en milieu calcifié. HÉMOLYSE. Ul Madsen a étudié l'influence de la température sur l'hémolyse par plusieurs toxines. Les résultats expérimentaux servirent à déterminer la valeur de [j. dans la formule d'ARRHENIUS. |x (Ti - To) -' z= e 2 Ti To • vo Pour la tétanolysine, [>. vaut 10900.; pour la vibriolysine, 27 300; et pour la streptoly- sine, 25 000. Ces valeurs plaident en faveur d'une action chimique de ces substances sur un constituant du stroma. La staphylolysine fournit des résultats irréguliers, avec un minimum à une tempé- rature moyenne, dont il est difficile de fournir l'explication. Ces résultats ont amené Arrhenius et Mâdsex à donner de l'hémolyse par la tétano- lysine (comme de celle parles acides et les hases) la même explication que Schur. Pour eux aussi, |le processus est une dissociation (de l'artérine (?) de [Hoppe-Seyler) ; et les agents hémolytiques interviennent [comme des catalyseurs. Il est inutile d'énumérer à nouveau ici les faits expérimentaux qui s'opposent à cette conception. HÉMOLYSE PAR LES ITOXINES VÉGÉTALE S. TOXINES DE PHANÉROGAMES. Les graines dégraissées de certaines plantes phanérogames abandonnent à l'eau et aux solutions salines des substances dont la nature chimique est mal établie jusqu'ici, mais qui se rapprochent beaucoup des toxines microbiennes et de certaines toxines animales, d'abord par leur nocivité très grande pour l'organisme des animaux supé- rieurs, ensuite et surtout parce que, ainsi que l'établit Ehrlich dans des recherches très intéressantes, elles peuvent produire chez l'animal, grâce à une vaccination bien con- duite, un état d'immunité, absolument semblable à celui qu'on obtient à l'égard des toxines microbiennes, état caractérisé par la production d'antitoxines. Au point de vue chimique, elles se caractérisent par la propriété d'être précipitées de leurs solutions par les sels des métaux alcalins et alcalino-terreux (surtout par le sulfate ammonique) et par l'alcool. Elles sont détruites par l'ébullition et ne dialysent pas. La ricine (Jacoby), l'abrine (Hausmann), la robine résistent à l'action de la trypsine; l'abrine n'est pas influencée par l'érepsine (Sieber et Sghoumofk-Simonowski). En combi- nant l'action de la trypsine et du sulfate ammonique, on peut obtenir des préparations très toxiques et qui ne donnent plus les réactions colorantes des albuminoïdes (Jacoby). D'après F. Muller (confirmé par Jacoby, Hausmann), la ricine perd, après avoir subi l'action prolongée de la pepsine, en tout ou en partie son pouvoir hémolytique, tout en gardant intacte sa toxicité générale. L'action de la ricine sur l'organisme des animaux supérieurs fut étudiée d'abord par KoBERT et ses élèves. L'un d'eux, Stillmark, observa que la ricine agglutine énergi- quement les globules rouges du sang des mammifères. En association avec la léci- thine, la ricine devient hémolytique (Pa.scucci). Une substance très voisine, l'abrine (jéquiritine) a été extraite des graines d'Abrus precatorins; elle a été étudiée par Robert et Hellin. Une troisième, la robine, est contenue dans l'écorce de Robinia pseudo-acacia ; elle fut étudiée par Kobert. Toutes deux possèdent aussi des propriétés agglutinantes énergiques. Enfin la crotine isolée des graines de Croton tiglium agglutine, d'après Elfstrand, les globules du mouton, du porc, du bœuf, et produit l'hémolyse du sang du lapin. D'ailleurs, l'agglutination provoquée par la ricine et l'abrine ne va pas sans altération globulaire grave. Si, par une agitation énergique, on désagrège les amas de globules, le liquide se teinte en rouge (Ehrlich 1901). D'après v. Baumgarten (1901), cette hémolyse secondaire ne se produirait qu'en solution hypertonique. Nolf avait déjà constaté antérieurement (1900) que les hématies agglutinées fortement par un sérum spécifique chauffé à 50" perdent déjà spontanément leur hémoglobine dans des solutions isotoniques. Cette diffusion de l'hémoglobine dans le milieu ambiant est considérablement accélérée par l'agitation. Il est donc probable que d'une manière générale l'agglutination énergique 4i8 HEMOLYSE. des globules rouges par une agglutinine soluble est le résultat d'une altération plus ou moins profonde de leur paroi, qui peut se marquer aussi par de l'hémolyse. L'hémo- lyse qui s'observe dans ces conditions reconnaît très probablement une cause double : i° elle est due à l'altération directe de la paroi, résultat de son imprégnation par l'iig- glutinine; 2° elle peut être aussi la conséquence de l'agglutination même, qui, en éta- blissant des soudures intimes entre les hématies agglomérées, crée des conditions favorables aux déchirures globulaires. On conçoit facilement qu'une agitation éner- gique, suffisante pour rompre les agglomérats, détruira nécessairement un nombre plus ou moins considérable des hématies, par déchirure de leur enveloppe. KoBERT a encore décrit une toxalbumine, la phalline, provenant d'un champignon {Amanita phalloïdes) qui serait encore hémolytique à la dilution T-rr-rvnr- 125 OvO Comme il a été dit plus haut, on peut obtenir par l'immunisation des mammifères contre ces diverses substances, un sérum antitoxique qui en neutralise tous les effets toxiques. Le mélange en proportions convenables de toxalbumine et d'antito.xine est absolument inoffensif pour l'animal auquel ou l'injecte et il ne possède plus la moindre action sur les globules rouges. Cette belle découverte d'EHRLicH permit à cet auteur d'étudier m vitro l'immunité parles sérums et le mode d'action des antitoxines sur les toxines. Elle ouvrit une ère nouvelle dans l'étude de ces questions. D'après Neuberg, les solutions de ricine, de crotine contiennent un ferment lipoly- tique qui intervient peut-être dans l'hémolyse. HÉMOLYSE PAR LES TOXINES D'ORIGINE ANIMALE. Langeh a établi que le venin des abeilles possède à l'égard du sang humain et du sang de chien une action hémolytique notable, qui est empêchée par certains sérums normaux, surtout celui de bœuf. On ne connaît pas d'antitoxine spécifique. Au point de vue chimique, les solutions de venin des abeilles donnent les réactions des alcaloïdes; le principe actif n'est pas détruit à 100". L'action hémolytique se constate déjà avec l'extrait en aau salée glycérinée des glandes qui sont à la base du dard. Mais elle est grandement renforcée par l'adjonclion d'une solution de lécithine dans l'alcool méthylique (Morge.nroth et Carpi). D'après ces auteurs, on peut préparer le toxoléthicide du venin d'abeilles, en combinant à la lécithine la substance inconnue (prolécithide) du venin. Ce toxolécithide, analogue à celui que Kyes a préparé au moyen de venin de serpent (dont l'existence est niée par Arrhenius), est soluble dans l'eau salée, l'alcool, insoluble dans l'éther. L'action hémolytique du venin extrait de la peau de crapaud fut établie par Pugliese. Prôscher l'étudia plus en détail. Il put constater que le principe toxique qu'il appelle phrynolytiinc, encore actif à la dilution de sur le sang de mouton, n'est pas neutralisé par aucun sérum normal. Proscher put obtenir un sérum antitoxique très actif, en immunisant des lapins contre desdoses progressivement croissantes de phryno- lysine. Cette hémolysine n'exerce qu'une action faible sur le sang d'oiseau, nulle sur celui de la grenouille et du crapaud. La phrynolysine est détruite à 06". Robert signala l'action hémolytique du venin des araignées \Theridium lugubre Koch seu Latrodectes lugubris) et des faucheux. Sachs étudia plus particulièrement le venin de ce dernier animal {Epeira diadema), qu'il prépare en triturant l'animal entier dans du liquide physiologique additionné de toluol. La solution contenant le principe toxique, qu'il appelle arachnolysine, est inactivée par le chauffage à 70° à 72°. Elle est hémolytique pour le sang de l'homme, du lapin, du bœuf, de la souris, de l'oie, de la poule; elle n'agit pas sur le sang du cobaye, du cheval, du chien, du mouton. Sachs démontre que les globules des espèces animales qui ne subissent pas Taclion de l'arach- nolysine, lui sont imperméables, tandis que ceux des espèces sensibles l'absorbent avidement. Cette absorption est opérée tout aussi activement par le stroma débar- rassé d'hémoglobine. La combinaison de l'arachnolysine avec le stroma est réversible, à l'instar de celle de i'ambocepteur avec le stroma (Morgenroth). Sachs a fait un observation très intéressante concernant l'arachnolysine. Il a vu que HEMOLYSE. 449 ce poison agit sur les globules du coq ou de la poule adultes, tandis qu'il est sans action sur ceux du poussin sorti de l'œuf. Tant le cobaye que le lapin peuvent être vaccinés au moyen de solutions d'arachno- lysine et fournissent des sérums nettement antitoxiques, qui empêchent toute hémolyse par l'arachnolysine. On a encore signalé l'action hémolytique du venin de certains poissons [Trachinua) (Briot); du venin de la peau de la salamandre (Cai'auelli) ; du scorpion, dont Kves a préparé le lécithide; des larves de Dlamphidia lociista, poison des flèches des Boschi- nians (Starcke); du Botriocéphale (SchaumaNiN et Tallqvisï, Faust et Tallqvist) ; de l'ankylostome duodénal. Ces diverses hémolyses n'ont pas d'intérêt au point de vue qui nous occupe. Le lecteur trouvera tous les renseignements dans le beau livre de Calmette : Les venins et la sérothérapie, 1907, et dans celui d'EowiN Stantox Faust : Die tierischenGifte, 1900. HÉMOLYSE PAR LE VENIN DE SERPENT. De toutes les toxines d'origine animale, la plus étudiée est le venin de serpent. Il est superflu d'en examiner ici la composition chimique, ou d'en faire la toxicologie détaillée. Il suffira d'examiner la fonction hémolytique. Ce furent Stephexs et M vers qui firent les premières observations touchant l'action hémolytique du venin de ser- pent in i'(ïro. Ils établirent que les mélanges de l'antitoxine (découverte par Calmette) et de la toxine, inaclifs en injection à l'animal, sont également dépourvus de toute pro- priété hémolytique m vitro. Flexner et NoGUCHi firent ultérieurement une observation, qui fut le point de départ de recherches très intéressantes. D'après eux, le venin de cobra, mélangé à une dilution de sang, produit facilement l'hémolyse, tandis qu'ajouté aux globules débar- rassés de toute trace de sérum par des lavages à l'eau salée, il ne les altère en aucune façon. Il faut donc, pour qu'il y ait hémolyse, la coopération de deux substances, l'une fournie par le venin de serpent, l'autre, par le sérum. La substance active du sérum jouerait le rôle de sensibilisatrice [amboceptor). Elle est fixée par les globules. Elle serait détruite par la chaleur, à 90'' seulement. Kyes, reprenant les observations de Flexner et Noguchi, put les confirmer en gros. Cependant, d'après lui, il existe des espèces animales dont les globules, même lavés soi- gneusement, se dissolvent encore dans le liquide physiologique additionné de venin de serpent seul, tandis que les hématies d'autres espèces ne s'y détruisent qu'après adjonction du sérum. Parmi les premières, il faut citer le cobaye, le chien, le lapin, l'homme, le cheval; parmi les secondes, le bœuf, le mouton, la chèvre. Des expériences de Gœbel ont démontré depuis que les globules de bœuf et de mouton s'agglutinent et s'hémolysent par le venin de cobra seul en milieu sucré isotonique. L'adjonction de chlorure sodique au milieu sucré empêche l'hémolyse. Kves put, en confirmation de Flexxer et Noguchi, produire l'hémolyse des globules de bœuf et de mouton en ajoutant au mélange du venin et des globules, divers sérums frais, dont l'activité activante était détruite par un chaulfage à 56°. Confirmant une observation antéi'ieure de Stephens et Myers, Kyes put établir que des globules de lapin (espèce sensible), lavés soigneusement, ne sont plus détruits dans des milieux isotoniques additionnés de venin, quand la concentration de celui-ci dépasse une certaine proportion. Débarrassés de l'excès de venin par lavage à l'eau salée, ils ne se dissolvent pas dans celle-ci. Il suffit de leur ajouter alors du sérum frais de cobaye, ou le produit du laquage par l'eau distillée de globules lavés de cobaye, pour produire l'hémolyse. Cette expérience démontre que les globules sensibles peuvent fixer la substance active du venin, en l'absence de toute substance adjuvante, sans s'hémolyser. Noguchi attribue l'absence d'hémolyse dans les solutions concentrées de venin à l'existence dans ce venin d'une substance empêchante. Les solutions activantes obtenues parle laquage des globules lavés perdent leur pou- voir activant à 62°. Ces substances adjuvantes du contenu globulaire, appelées endo- compléments, semblent être simplement dissoutes dans le liquide endoglobulaire, et non combinées au stroma du globule, puisque, dans un cas, Kyes réussit à débarrasser DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TO.ME VUI. 2'J 450 HEMOLYSE. complètement des hématies de cobaye de leur complément endo-globulaire par uu séjour prolongé dans l'eau salée. Ces endo-compléments des hématies sont différents des compléments contenus dans les sérums. Ultérieurement, Kyes et Sachs attribuèrent à la lécithine disponible (non combinée) du stroma la fonction endo-complément. Dans cette opinion, les hématies des espèces sensibles ditfèrent des autres par une plus forte teneur en lécithine disponible. D'autre part, l'étude plus approfondie des substances activantes contenues dans le sérum conduisit Kyes à des résultats très inattendus. Calmette avait constaté, à la même époque, comme suite aux recherches de Flexner et NoGUGHi, que le pouvoir activant (à l'égard de la toxine de serpent) de certains sérums, au lieu d'être afTaibli par les températures qui détruisent les alexines (o6°-62<'), est, au contraire, accru, et qu'il ne disparait même pas à 80°. Calmette admit l'exis- tence, dans le sérum, de deux substances : la première, une antihémolysine, se détrui- rait vers 56°; la seconde serait thermostabile, et coopérerait, avec la toxine, à l'hémolyse. Il semble, d'après les recherches de Kyes, que les faits soient plus complexes. Kyes a soumis la propriété activante de toute une série de sérums à une analyse approfondie. Il en a trouvé (sérum de lapin à l'égard des globules de cobaye) qui sont actifs à 56° et dont l'aclivité disparaît aux températures plus élevées ; d'autres (sérum de cobaye, glo- bules de bœuf, etc.) sont actifs à 56°, sont inactifs à 65" et redeviennent actifs au delà de 65°. D'autres (sérum humain, globules de bœuf, etc.), inactifs à 0° et à o6°, devien- nent actifs au delà de 65°. D'autres encore (sérum de bœuf, globules de bœuf, etc.) deviennent actifs déjà à 56°. D'autres enfin (sérum de cheval, globules de cheval, etc.) le sont à toutes températures. Quand un sérum garde ou acquiert à 65° la propriété activante, il la conserve à des températures plus élevées. L'ébuUition pendant plusieurs heures ne la lui enlève pas. Ces observations démontraient qu'il existe dans les sérums, et même dans un seul sérum, toute une série de substances qui peuvent acti- ver le venin de serpent. Parmi elles, les plus intéressantes sont celles qui résistent à l'ébullition. Kyes put établir que le pouvoir hémolytique des sérums bouillis est dû à une substance unique, soluble dans l'alcool, l'éther, qui n'est autre que la lécithine du sérum. Kyes reproduisit, au moyen de la lécithine pure, toutes les expériences de réactiva- tion du venin de serpent. D'après ses essais, la lécithine et la toxine seraient douées d'affinité l'une pour l'autre, se combineraient en un complexe dont l'affinité pour le globule dépasserait fortement l'affinité des deux constituants. Isolée, la toxine n'est fixée par les globules peu sensibles qu'en très petite quantité. Dans les mélanges de toxine et de lécithine, ce qui est absorbé, ce serait donc, non pas les deux termes iso- lément, mais le produit de leur combinaison préalable. On constate, en accord avec cette opinion, que, dans des mélanges de sang et de venin, il faul, quand on dépasse une certaine concentration de venin, d'autant plus de lécithine qu'il y a plus de venin. Cette dernière expérience reproduit les constatations de M. Neisser et Wechsberg sur les conditions de la fixation des amboceptors et des compléments par les microbes. Dans des recherches ultérieures, faites en collaboration avec Sachs, Kyes démontre plus explicitement les différences d'action qui existent entre les compléments habituels (alexines) du sérum et la lécithine. Les premiers, détruits à 56°, produisent (en collabo- ration avec le venin de serpent) l'hémolyse après une certaine période latente. Ils sont inactifs à 0°; la papaïiie les détruit; leur action n'est pas sensiblement entravée par la cholestérine. Il en est tout autrement de la lécithine, qui produit une hémolyse instan- tanée, est active à 0°, et dont l'action est fortement empêchée par la cholestérine; la papaïne n'a aucune influence sur elle. Dans le même travail, les auteurs établissent que la substance activante qui existe dans le liquide provenant du laquage des globules rouges est aussi la lécithine. Il a été dit plus haut que ce liquide perd ses propriétés activantes à 62°. Cette transformation serait la conséquence non d'une destruction de la lécithine, mais de sa combinaison à l'hémoglobine dissoute dans le sang laqué. Enfin, chose très intéressante, l'action hémolysante directe des savons, acides gras, graisses neutres et du chloroforme est également renforcée par le venin de serpent. Ce renforcement est peu accusé, sans rapport avec celui qui s'exerce vis-à-vis de la léci- HEMOLYSE. 451 thine ou d'une substance chimiquement voisine, la céphaline. Kyes et Sachs admettent que ces deux substances produisent pai' elles-mêmes l'hémolyse, quand on les emploie à des doses dépassant, pour la lécithine, deux cents fois, pour la céphaline, six cents fois celles qui agissent en présence du venin de serpent. D'après Ahrhenius, l'action hémolytique faible et inconstante que peuvent posséder des émulsions riches en lécithine ou en graisses neutres (trioléine, tristéarine) est très probablement due aux petites quantités d'acide gras qu'elles contiennent. En agitant une solution aqueuse de venin de serpent avec une solution chlorofor- niique de lécithine, Kyes put constater que la partie du venin active au point de vue hémolytique disparaît entièrement de la solution aqueuse. L'adjonction d'éther au liquide chloroformique précipite un composé de la lécithine et du venin hémolytique, que Kyes appelle le lécithide du venin. Ce lécithide se produirait par la substitution, dans la molécule de lécithine, de la substance active du venin à un radical acide gras. Il est l'agent hémolytique puissant qui se forme dans les expériences d'hémolyse faite avec les venins. L'action du lécithide diffère de celle du venin en différents points : 1° La dose toxique minima du lécithide est la même pour les sangs des diflerents mammi- fères; 2° l'hémolyse par le lécithide est très rapide (1j à 20 min.), celle par le mélange de lécithine et de venin ne se produit que très lentement (5 à 18 h.) ; .3° le venin est inactivé à 100", après une demi-heure; le lécithide est encore actif après six heures à 100°; 4° le sérum antivenimeux influence beaucoup moins le lécithide que le venin. Ces constatations de Kyes ont été citées par les partisans de la théorie d'EiiRLiCH comme l'exemple le plus net que l'on puisse donner de la formation d'une hémolysine complexe aux dépens de deux constituants. Ehrligh attache beaucoup d'importance à sa notion d'amboceptor. Est amboceptor une substance à activité bipolaire, dont un pôle se fixe sur la cellule (pôle cytophile), dont l'autre pôle (pôle complémentophile) fixe le complément. Dans cette conception, le complément est dénué de toute activité pour la cellule. Il se combine à l'amboceptor seulement, à l'amboceptor libre flottant dans le liquide, ou bien, avec beaucoup plus d'avidité, à l'amboceptor déjà fixé sur la cellule. Si l'existence du toxolécithide était démontrée, on posséderait, d'après Kyes et Sachs, un exemple bien net de la réalité de cette conception. On pourrait cependant objecter que, d'après certaines expériences de ces auteurs, et d'après l'interprétation qu'ils en donnent eux-mêmes, le point d'attache du venin (prolécithide) dans le globule, c'est la lécithine libre du stroma. S'il en est ainsi, on ne voit plus l'utilité de la seconde affinité ; le pôle cytophile et le pôle complémentophile n'en font plus qu'un. On verra d'ailleurs qu'AuRHEMus s'élève contre l'existence môme du toxolécithide. Mais celle-ci serait mille fois démontrée, qu'elle n'autoriserait en aucune façon à conclure à la formation d'une hémolysine du sérum suivant un mécanisme chimique analogue. L'hémolyse est causée par des milliers d'agents de nature chimique si diffé- rente, que la façon dont on peut composer l'un ou l'autre d'entre eux ne peut avoir aucune espèce de signification générale. ÀRRHENius a reconnu l'influence favorisante de la lécithine sur l'hémolyse par les acides. Il a constaté son inlluence empêchante sur l'hémolyse par la saponine. Il tire de cette double possibilité la conclusion que la lécithine intervient probablement en transformant les conditions de solubilité. La lécithine facilite la pénétration et l'accu- mulation des acides dans les globules. Elle entrave celle de la saponine. Il étend cette explication à l'hémolyse par le venin de serpent. Ces déductions sont en parfait accord avec l'étude quantitative du phénomène. Si l'on fait varier les concentrations du venin de cobra et de la lécithine dans un milieu salin qui contient une quantité constante de globules, on observe des résultats ana- logues à ceux qui sont consignés dans le tableau suivant. Les quantités de venin sont exprimées en unités de 0.0001 ce. d'une solution à 0.1 p. 100, celles de lécithine en unités de 0.001 ce. d'une émulsion à 1 p. 100 (voir tableau page 452). Les chiffres entre parenthèses sont les valeurs calculées d'après la formule suivante : K(L — 1.5)2/3 = 6.67H dans laquelle K est la concentration en venin de cobra; L, la concentration en lécithine; H, le degré d'hémolyse. 452 H EMOLYSE. DEGRÉ DEGRÉ DEGRÉ DEGRÉ DEGRÉ CONCENTRATION D HEMOLYSE D HEMOLYSE D HEMOLYSE D'HÉMOLY'SE d'hémolyse pour une pour une pour une pour une pour une DU VENIN concentration concentration concentration concentration concentration de lécithine do de lécithine de de lécithine de de lécithine de de lécithine de 2 3 10 30 100 250 88 (94) 100 (100) 1) » » 150 80 (57) 100 (100) » » » 100 32 (37) 72 (79) )) )} )) 75 32 (28) 64 (39) » » » 50 20 (20) 36 (39) 100 (100) i> » 35 10 (13) 32 (28) 88 (87) » » 25 8(9) 32 (20) 66 (62) 100 (100) »> 15 » 8(12) 36 (38) 72 (8i) » 10 » 4 (8) )) 60 (56) 100 (100) 7.5 . » » » 40 (42) 68 (96) 5 )> )> » 36 (28) 64 (64) 3.5 » » » 4 (20.) 40 (45) ■2.5 » )} » » 40 (32) 1.5 » » » » 32 (19) 1 » » » » 24 (13) Si cette formule de réaction représente bien le phénomène, on peut en conclure que les deux réactifs ne s'unissent pas pour donner une substance nouvelle ; en d'autres mots, que le lécithide de Kyes n'a pas d'existence propre. En effet, s'il y avait consom- mation des réactifs pour produire l'hémolysine, la formule de l'hémolyse serait diffé- rente. Au lieu d'être du type KL, le premier membre de l'équation serait du type {K-x) {L-x), dans laquelle x représente les parties équivalentes des réactifs qui sont entrés en combinaison. Arrhenius étudia l'intluence qu'exercent les alcools méthylique et éthylique, et l'éther éthylique sur Thémolyse par le venin de cobra. Voici le résultat d'un essai : Les globules avaient été préalablement sensibilisés par la lécithine, et additionnés d'une petite quantité de venin de cobra. Les quantités ajoutées d'alcool et d'éther n'étaient pas hémolytiques pour leur propre compte. Quantité ajoutée d'une solution d'alcool méthylique à 10 p. 100 1" 0«^4 0".15 0'^^05 0""= Degré de l'hémolyse 100 40 30 20 18 Quantité ajoutée d'une solution d'alcool éthylique ù 10 p. 100 1" 0'=^4 0'=M5 0".05 O-^" Degré de l'hémolyse 100 37 25 20 18 Quantité ajoutée d'une solution d'éther à 6.5 p. 100 0".5 0".17 0".05 0" Degré de l'hémolyse. . ! 100 50 30 18 Il a été dit plus haut que les alcools et l'éther exercent sur l'hémolyse par la saponine, une influence empêchante. Ge>'gou a pu constater que l'hémolyse par le venin de cobra ne se fait pas en milieu citrate. L'action du citrate de soude est supprimée par l'adjonction d'une dose neutra- lisante de chlorure calcique. Les concentrations plus élevées de chlorure calcique s'op- posent également à l'hémolyse. HÉMOLYSE PAR LES SÉRUMS. De toutes les hémolyses, celle que produit le sérum frais est la plus obscure. Cela provient de plusieurs causes : 1° cette hémolyse est due non à une substance unique du sérum, mais à Faction associée de plusieurs substances; 2" aucune de ces substances n'a été isolée, nous ignorons tout de leurs qualités chimiques; 3" tout ce qui paraît établi, c'est qu'elles sont des colloïdes, ce qui n'est pas fait pour faciliter la compréhension des HEMOLYSE. '.5;^ phénomènes où elles interviennent. Ce concours de circonstances défavorables n'a cependant pas découragé les chercheurs, à en juger par l'énorme amas de publications parues dans ces dernières années sur cette question. C'est par elle qu'a été posé le pro- blème de l'hémolyse; l'élude de l'hémolyse par les agents chimiques simples est posté- rieure à celle de l'hémolyse par les sérums, et elle en dérive. La faveur sans exemple qui s'est attachée à ces débats est due à plusieurs causes de nature différente. D'abord la facilité technique de ces recherches, qui ne nécessitent aucune instrumen- tation coûteuse, ni aucune préparation spéciale : autant ces expériences sont difficiles à comprendre, autant elles sont simples, faciles à exécuter. 11 en est résulté une moisson vi^aimenl surabondante de publications où l'ivraie est mélangée copieusement au grain. Ensuite le problème touche à des questions de la plus haute importance. Il est inti- mement lié à l'étude du mode d'action sur les microbes et toxines microbiennes dos substances mystérieuses du sérum qui interviennent dans la défense de l'organisme, à la question si intéressante de l'immunité. Il est pour le physiologiste en même temps un chapitre delà chimie des humeurs et l'occasion d'un examen approfondi des condi- tions de perméabilité des hématies. Il ressortit ainsi de deux façons à la physico-chimie des colloïdes : colloïdes dissous du sérum, colloïdes hémolysants; colloïdes structurés formant la paroi globulaire, colloïdes hémolyses. Pour mieux faire comprendre le côté non physiologique du problème, on a commencé cet exposé par un aperçu historique qui comprend les premiers travaux sur les sérums hémolytiques normaux et les premiers travaux sur les sérums hémolyliques obtenus par immunisation. Dans la suite de l'article, on s'attachera surtout à l'exposé objectif des faits qui inté- ressent le physiologiste, en faisant abstraction des longues discussions et controverses qui encombrent la littérature et dont l'intérêt est très relatif. L'étude méthodique des propriétés hémolytiques des sérums normaux fut inaugurée par les travaux de Creite et de Laxdois. Ces auteurs examinèrent à l'œil nu et au micro- scope de nombreux mélanges de globules provenant des diverses espèces animales avec le sérum fourni par d'autres espèces. Landois a établi que le sérum de certaines espèces animales est plus actif que celui d'autres espèces sur une même sorte de globules. Par- mi les mammifères, le chien serait celui dont le sérum est le plus meurtrier pour les globules des autres mammifères, tandis que les sérums du cheval et du lapin comptent parmi les plus inoffensifs. Laxdois appréciait l'intensité de l'hémolyse parla rapidité de sortie de l'hémoglobine. A l'examen microscopique, CRErrE et Laxdois purent constater que les hématies changent de forme, gonflent, deviennent vésiculeuses, crénelées, avant de perdre leur hémoglobine. Après décoloration, les slromas persistent; Landois leur donna le nom de stromas-fibrine. Creite observa en outre, dans certains cas, la réu- nion en paquets des hématies, leur agglutination, suivant l'expression actuelle. Les recherches des auteurs récents ont conlirmé la portée générale des constatations ^e Landois, et récemment Friedenthal a pu constater que, si le mélange des globules et du sérum est fait de façon qu'une grande quantité de sérum agisse sur très peu de globules, il se produit toujours de l'hémolyse. Tous les sérums seraient donc hémoly- tiques pour les hématies de toutes les espèces animales étrangères. Il n'y aurait d'excep- tion que pour des espèces très voisines, telles le lièvre et le lapin; l'àne et le cheval ; le rat et la souris; le chien, le renard et le loup: le chat et le jaguar. Ayant appliqué à l'homme cette manière nouvelle de mettre en évidence les affinités zoologiques, Frieden- thal a constaté que le sérum humain hémolyse le sang des singes lémuriens, platyrlii- niens et catarrhiniens, tandis qu'il laisse inaltérés les globules rouges des anthropo- morphes : gibbon, orang-outang, chimpanzé. Les données fournies par l'hématologie sont doncentièrement conformes à celles de la morphologie générale, en ce qu'elles éta- blissent une affinité zoologique plus forte entre les singes anthropomorphes et l'homme -qu'entre eux et les singes inférieurs. Le mode d'action des sérums sur les globules étrangers fut étudié de façon systématique par Dareuberg et par Buchner. Daremriîkg établit que le chauffage àiJ6°-60" enlève aux sérums tout pouvoir globulicide. Buchner insista sur les analogies qui existent entre la fonction globulolytique et la fonction bactériolytique du sérum. Il montra que toutes deux ont pour agents des substances non diffusibles, déjà détruites par le chauffage à 5(3°, auxquelles il [donna le 454 HEMOLYSE. nom d'alexines. D'après lui, ces alexines seraient des enzymes protéolytiques, qui exercent une action dissolvante sur certains éléments structurés dont les matériaux sont des albuminoïdes. La question de l'hémolyse par les sérums en était à ce point, quand elle se compli- qua de l'apparition des sérums hémolytiques artificiels, obtenus par immunisation. Ceux- ci, d'activité beaucoup plus puissante, furent immédiatement l'objet de nombreux tra- vaux et, par contre-coup, on jugea les sérums normaux à la lumière des faits révélés par l'étude des sérums vaccinaux. » La découverte des sérums hémolytiques obtenus par immunisation date des travaux de BoBDET. Avant lui, deux savants italiens, Belfanti et Carbone, avaient démontré que l'injection du sang de lapin au cheval rend le sérum du cheval très toxique pour le lapin, mais les auteurs ne se prononcèrent pas sur la cause de cette propriété nouvelle. La découverte de Bordet fut préparée par les recherches des bactériologistes surle méca- nisme de l'immunité microbienne. Et l'analyse du processus hémolytique s'inspira direc- tement des connaissances acquises dans l'étude de la bactériolyse, de sorte qu'il est utile de dire deux mots de celles-ci. Pfeiffer avait démontré que l'immunisation du cobaye contre le vibrion cholérique produit, chez cet animal, des transformations très intéressantes des humeurs. Si l'on injecte une culture virulente et vivante du microbe dans la cavité péritonéale du cobaye vacciné, on constate au bout de très peu de temps l'immobilisation des vibrions et leur transformation en granules. L'animal normal ne présente rien de semblable, les vibrions pullulent dans sa cavité péritonéale et le tuent rapidement. Mais la même transformation granuleuse s'opère chez lui, si l'on introduit, dans son péritoine, du sérum d'animal vacciné (sérum spé- cifique) en même temps que la i^ulture microbienne. Metchnikoff put reproduire ultérieurement le phénomène de Pfeiffer in vitro, en faisant un mélange de sérum s,pécifique, de vibrions cholériques et d'un peu d'exsudat péritonéal de cobaye normal. Rordet montra ensuite in vitro que la transformation en granules s'opère sous l'influence du sérum spécifique seul, à condition de l'employer en concentration suffi- sante et peu de temps après son obtention de l'animal vacciné. Le sérum préventif vieilli ne la produit plus. Il limite son action sur les vibrions à une agglomération, une agglutination àe (îeux-ci, sans altération de leur forme ou de leur structure. Il en est de même pour le sérum préventif récent qui a subi le chauffage à oo-56° pendant une demi-heure environ. Mais ce sérum vieilli ou chauffé récupère toute son activité vibrioni- cide, si on lui ajoute du sérum frais d'animal neuf, sérum qui par lui-même est inofîen- sif aux doses employées. Bordet concluait de ses recherches que le pouvoir vibrionicide énergique que possède le sérum frais des animaux vaccinés est dû à l'action combinée sur le microbe de deux substances bien distinctes : la première appartenant en propre au sérum des vaccinés, douée du caractère de la spécificité, résistant à la chaleur, inac- tive seule, capable d'agir à dose très réduite en association avec la seconde; la seconde, présente chez les animaux neufs comme chez les vaccinés, détruite à ;i5°, non spéci- fique par elle-même, n'ayant qu'une activité faible quand elle n'est point associée à la première, mais dont l'énergie se manifeste très puissamment vis-à-vis des vibrions qui subissent le contact de la substance spécifique, propre au sérum des vaccinés. Comme on le savait par les recherches de Daremberg, de Buchner, la propriété glo- bulicide des sérums normaux se comporte, vis-à-vis des différents agents physiques et chimiques, comme leur propriété bactéricide. De plus, Bordet eut l'occasion, au cours de ses recherches de bactériologie, de constater à nouveau ce qu'avaient déjà vu Creite et Landois, l'agglutination des hématies d'une espèce par le sérum d'une autre espèce. A cette époque, on commençait à étudier l'agglutination des microbes par le sérum. Ces nombreuses analogies inspirèrent à Bordet l'idée non plus d'injecter à des ani- maux des cultures microbiennes, pour obtenir un sérum spécifique anti-microbien, mais de leur administrer, par voie péritonéale ou sous-cutanée, le sang d'une autre espèce et de rechercher si le sérum de l'animal injecté n'avait pas acquis des propriétés nou- velles à l'égard des hématies injectées. Le résultat de l'expérience dépassa les espérances. Bordet faisait à des cobayes cinq HÉMOLYSE. 455 ou six injections intra-péritonéales successives de 10 centimètres rubes de sang défi - briné de lapin. Au bout de quelque temps, il leur retirait du sang. Le sérum présen- tait les caractères suivants : 1° 11 agglutinait fortement les globules de lapin ; 2" Les globules d'abord agglutinés présentaient ensuite des phénomènes de destruc- lion rapide et intense. Le mélange devient rouge transparent; au microscope, on ne voit plus que des stromas de globules, transparents et plus ou moins déformés; 3° Le sérum artif chauffé à 'j.j» perdait la propriété globulicide, mais restait puis- samment agglutinant ; 4° Enfin l'adjonction au mélange des globules de lapin et du sérum actif chauffé , d'une certaine quantité de sérum frais du cobaye neuf ou même du lapin qui avait fourni les globules, suffisait pour faire réapparaître dans leur intégrité les phénomènes de destruction ; 5° Cette action si caractéristique du sérum du cobaye vacciné se limitait aux héma- ties du lapin. La vaccination n'avait changé en rien la façon de se comporter du sérura du cobaye vis-à-vis des hématies de pigeon, de rat. de souris, etc. Comme on le voit, l'étude du sérum anti-hématique fournissait le décalque absolu de ce qui avait été constaté précédemment par les bactériologistes dans les vaccinations microbiennes. Cette identité mettait bien en évidence un des caractères de la réaction du vertébré supérieur à l'introduction dans son milieu intérieur de cellules étrangères ou de certains de leurs dérivés. Elle montrait la grande extension, le caractère générique de celte réaction et, d'autre part, elle faisait supposer des affinités profondes avec les phénomènes de la vie normale. Elle fournissait en outre un moyen simple de l'étudier, puisque, si la destruction d'une hématie par un sérum est un phénomène à vrai dire compliqué, son étude est en tout cas beaucoup plus aisée que celle de la destruction d'un microbe. Dans cet exposé, nous n'avons pas à examiner la question des propriétés actives du sérum dans toute son ampleur. Nous devons nous bornera l'examen de la réaction qui s'établit entre le sérum et l'hématie, nous contenter d'analyser le mécanisme de la destruction de celle-ci. Nous nous bornerons donc à l'exposé des seules notions qui sont de quelque utilité pour la compréhension de l'hémolyse. Avant de passer à cet exposé, il est utile de compléter les données historiques pir les premiers résultats expérimentaux d'EuRLicH et Morgenroth. En 1899, Ehrlich et Morgenroth publièrent sur la question deux notes très intéres- santes. Dans leurs expériences, le séi'um actif fut fourni par des chèvres injectées de sang de mouton. Ils démontrèrent d'abord que la substance spécifique du sérum de chèvre vaccinée est fixée par les globules de mouton qui l'enlèvent au sérum. Cette fixation se fait rapidement. On expose pendant 15 minutes à 40° une dilution au 1/20'' de sang de mouton dans de l'eau salée physiologique, additionnée de la quantité voulue du sérum actif (chauffé à 56°). On sépare à la centrifugeuse les globules du liquide surnageant. On ajoute à celui-ci des globules de mouton frais et la quantité voulue de sérum frais de chèvre normale ; quant aux globules ayant subi l'action du sérum chauffé, ils sont mis en sus- pension dans la même quantité d'eau salée additionnée du même volume de sérum frais de chèvre normale. Après quelques minutes, l'hémolyse est complète dans ce second mélange; elle est nulle et reste nulle dans le premier. Il faut donc admettre que dans le milieu contenant les globules de mouton et le sérum chauffé de chèvre vaccinée, il y a eu fixation complète et rapide sur les globules de la substance spécifique du sérum. Si l'on met au contact à 0° les globules de mouton et le sérum actif frais de chèvre, ou les globules et un mélange de sérum actif chauffé et du sérum normal frais, on démontre par la même technique que les globules ont absorbé après un certain temps la sub- stance spécifique, tandis que son auxiliaire du sérum normal est restée en solution. Ces constatations sont de première importance, parce qu'elles ont été reproduites avec un grand nombre d'autres sérums obtenus chez d'autres animaux par l'injection d'hématies d'origine diverse. Elles permettent d'opérer la séparation des deux constituants de l'hémolysine. 45^ HEMOLYSE. Ehrlich et MoRGENROTH Constatèrent encore qup, si l'on élève la température du mé- lange précédent au-Jpssus de 0", les globules qui se sont emparés à 0'' de la substance spécifique fixent peu à peu, à mesure que s'élève la température, la substance du sérum normal. L'absorpti(»n de celle-ci précède l'hémolyse à courte échéance. L'expé- lience est intéressante, en ce qu'elle démontre que l'hémolyse est nécessairement pré- cédée de la fixation des deux agents- La fixation est définitive. L'hémolyse achevée, on ne retrouve plus, dans le milieu, les substances qui l'ont produite. Cette consommation des deux moitiés de l'hémolysine pendant l'hémolyse a été surabondamment prouvée ultérieurement (Bordet et Gengou). Avant d'aller plus loin dans l'exposé des faits, il est indispensable de fixer la termi- nologie. La substance spécifique, thermostabile, obtenue au cours des manœuvres d'immunisation, avait été i\.p\)e]é.e sensibilisatrice par Bohdet. Celte dénomination dérivait directement de la conception que se fait cet auteur du mode d'activité de cette sub- stance. D'après lui, la substance vraiment hémolysante de tous les sérums hémoly tiques, tant naturels qu'artificiels, c'est l'a/e.càie de Bichxer. Cette alexine existe dans le sérum frais de l'animal vacciné comme dans tout sérum frais. Par elle-même, elle est habi- tuellement peu active et elle n'arrive à hémolyser les globules rouges que lorsqu'elle est très abondante dans un milieu. Le sérum de l'animal vacciné se caractérise par sa teneur en une substance nouvelle, résistant à la température de 5o°-56°, dont le rôle est pré- cisément de renforcer, dans des proportions considt'i'ables, l'action hémolysante de l'alexine normale, en rendant plus sensible à son action le globule rouge qui a servi à la vaccination. L'alexine existe chez l'animal normal, son action peut se porter presque indilTéremment sur les globules de toutes les espèces étrangères. Au contraire, la sub- stance nouvelle ou sensibilisatrice est produite par Fimmunisation, elle est spécifique, en ce sens qu'elle favorise l'action de l'alexine sur les globules de l'espèce animale seule, dont le sang fut injecté à l'animal immunisé. Ehrlich et Morgenroth proposèrent des noms nouveaux pour les deux substances actives des sérums hémolytiques. L'alexine fut appelée successivement /kW/menf, Com- plément. La sensibilisatiice reçut successivement les noms de Immunkorper, Zwis- chenkôrper, Amboceptor. Les termes définitifs sont: Cornplcinent et Amboceptor. D'autres auteurs les baptisèrent encore différemment. Luxe de qualificatifs pour des substances dont aucune n'est isolée ! Il est très difficile de faire un choix parmi toutes ces appellations. L'inconvénient de certaines d'entre elles (sensibilisatrice, amboceptor) est d'avoir une signification trop précise, de sorte que leur sort est lié au sort de l'idée théorique qui leur donna lejour. L'inconvénient d'autres est d'avoir perdu leur signification première, tout au moins pour une partie des auteurs. C'estlecasde l'alexine. Pour certains, elle est synonyme de com- plément; pour d'autres, elle est l'hémolysine des sérums normaux. Or, d'après la plupart des auteurs, cette hémolysine est double : elle comprend deux constituants. Il y a actuellement avantage à employer des mots qui ne signifient rien de plus que ce que tout le monde admet. Quand on veut désigner le substrat matériel de la pro- priété hémolylique d'un sérum, sans préjuger de sa nature simple ou double, on pourra parler de l'hémolysine du sérum. Il y a l'hémolysine du sérum normal et 1 hémolysine du sérum obtenu par immunisation. Pour désigner plus spécialement le constituant d'une hémolysine d'immunisation (]ui est produit par l'immunisation, Arrhenius emploie le terme à'immunkijrper qui se traduit mal en français. On lui donnera, dans cet article, un qualificatif déjà usité en bactériologie pour désigner des substances de même origine et de même fonction; il sera nommé anticorps. Ce terme s'applique donc à la substance appelée sensibilisatrice, amboceptor. La substance détruite à 06», qui associe son action à celle de l'anticorps, sera appelée complément, suivant Ehrlich. Enfin on étendra au sérum normal la notion de l'anti- corps d'immunisation, en appelant également de ce nom les substances qui existent dans les sérums normaux et qui jouent, dans l'hémolyse par les sérums normaux, un rôle analogue à celui des anticorps d'immunisation. Dans des paragraphes suivants, qui traitent de la distribution zoologique, de l'origine et de la nature des hémolysines, on n'indiquera que les choses essentielles, dont lacon- HEMOLYSE. V61 naissance peut èlre utile au point de vue de la compréhension du processus hémoly- tique. Distribution des hémolysines humorales dans le règne animal. — Les hémo- Jysines sont des constituants de la partie liquide du sang, du milieu interne. Il est extrêmement intéressant de constater, au point de vue de leur signilication biologique, que, dans la série zoologique, elles apparaissent brusquement au terme poisson. Les invertébrés marins les mieux organisés, les homards, les langoustes parmi les arthro- podes, les céphalopodes parmi les mollusques, en sont complètement privés (Xoguchi, Nolf) bien que leur sang so t très riche en albuminoïdes. Au contraire, tous les pois- sons en sont pourvus à l'égal des mammifères; et les hémolysines normales du sang des poissons paraissent avoir les caractères fondamentaux des hémolysines normales des vertébrés supérieurs (action de la chaleur, du froid de 0°, des sels calciquesj (Nolf). Les hémolysines humorales normales apparaissent dans la série zoologique en même temps qu'un appareil vasculaire fermé contenant des globules rouges. Comme on le verra plus loin, les adhérents aux idées d'EHRLicH se sont efforcés de fournir la preuve que les hémolysines normales des mammifères, tout comme les hémo- lysines d'immunisation, comprennent un anticorps et un complément. Flexner et J\oGUCHi tirent de leurs observations sur les propriétés hémolytiques des sérums de serpents la conclusion que l'hémolysine humorale des serpents aussi est double. JNoGUCHi a pu obtenir un sérum agglutinant et hémolytique, en injectant à des verté- brés inférieurs (Tortues : Chrysemis picta, Chclopus giUtatus, Emys melcarjris) et même à des invertébrés {Crabes, Limulus polyphemiis) des globules rouges de mammifères. Ce dernier fait est d'autant plus intéressant que ces invertébrés ne possèdent normalement pas d'hémolysines humorales (Noguciu, Nolf). K. Lazar a obtenu le même résultat chez la 4,'renouille. Le sérum de cet animal est d'habitude dépourvu d'action sur les globules du bœuf. Par l'injection des globules du bœuf à la grenouille, on provoque la formation d'une hémolysine qui comprend un anticorps et un complément. Le complément se ■détruit déjà à 42°; l'anticorps, à 00°. Sérum danguille. — Parmi les hémolysines naturelles, une des plus ancienne- ment connues est celle du séi'um d'anguille. Elle est très active. Camus et Gley ont fait une élude approfondie de l'action hémo- lytique de ce sérum d'anguille. Ils constatèrent que toute propriété hémolytique disparaît après un court chauffage du sérum à 58°. Bien que ces auteurs n'aient pas fait d'observations complètes à ce sujet, il semble résulter de quelques-unes de leurs expériences que les concentrations salines élevées s'opposent, dans une certaine mesure, à l'hémolyse par le sérum d'anguille. La tyrosine, la leucine, la bile, le sérum normal des manmiifères, pas même celu du hérisson qui jouit de l'immunité naturelle à l'égard de l'ichtyoloxine, n'exercent la moindre influence neutralisante. Mais Camus et Gley purent immuniser des animaux, en leur injectant soit l'ichtyu- toxine active, soit le poison chauffé à .ï8°. Dans les deux cas, le sang des animaux ne subit plus l'action du poison, et le sérum possède une propriété antitoxique nette. C'est uniquement à cette propriété antitoxique de leur sérum qu'est due la résistance des animaux qui ont reçu l'ichtyotoxine chauffée, tandis que ceux qui ont été immu- nisés avec l'ichtyotoxine fraîche ont acquis une ré-sistance plus complète : leur sérum aussi est anti toxique, mais de plus leurs globules ont acquis eux-mêmes une résistance très grande au poison. Cet accroissement de la résistance globulaire manque totalement chez les animaux qui ont reçu l'ichtyotoxiire chauffée. H. KossEL est arrivé, indépendamment des auteurs français, à des résultats analogues après l'injection de l'ichtyotoxine non chauffée. La substance toxique du sérum d'anguille semble être simple. On n'a pu jusqu'ici la scinder en un anticorps et un complément. Chauffée à 58°, elle a perdu définitivement sa toxicité et ne peut être réactivée par aucun sérum normal. Gengou a constaté que l'adjonctioa à l'émulsion globulaire d'une quantité suffisante de citrate de soude empêche la fixation de l'ichtyotoxine sur les globules et, partant, l'hémolyse. Cette action empêchante est neutralisée par les sels de chaux. A très faible 458 HÉMOLYSE. ■4 concentration, les sels de chaux activent l'hémolyse par l'ichtyotoxine. Ils ne sont cepen- dant pas indispensables, puisque l'hémolyse se produit aussi en milieu oxalaté. Influence de l'âgée sur l'existence des hémolysines normales. — Les hémoly- sines humorales sont moins abondantes chez le nouveau-né que chez l'animal adulte (G. MuLLER, Resinelli, Schumacher, Halban et Landstei.xer, Langer, Sachs, Pola.no, etc). Dans certains cas, le sérum de l'animal nouveau-né est complètement inactif. D'après les recherches concordantes de plusieurs auteurs (Halban et Landsteiner, Sachs et PoLAiNo), ce qui manque au jeune organisme, c'est l'anticorps seul, le complément existe en quantité suffisante. Origine des hémolysines. — C'est dans le sang que se trouvent les hémolysines, c'est là qu'elles existent au maximum de concentration. Jl semble cependant que dans les premiers temps d'une immunisation contre les microbes, l'anticorps spécifique puisse exister dans certains organes à un moment où il est encore absent du milieu sanguin. On l'a vu apparaître tout d'abord dans la moelle osseuse, la rate, le grand épiploon (Pfeiffer et Marx, Wasserjiann, Deutsch, etc.). D'autre part, l'examen de la réaction locale, après injection de microbes dans la plèvre, le péritoine (Wasserman.\ et Citron), la chambre antérieure de l'œil (Rômer, von Dungern), montre que cette réaction locale, qui se caractérise parla présence d'anticorps, précède régulièrement l'apparition de ces anticorps dans le sang. Quels sont les éléments anatomiques qui sont chargés de cette production? La pos- sibilité des immunités locales prouve que la fonction n'est pas dévolue à un organe bien défini. Est-elle une propriété de toutes les cellules de l'organisme, comme le veut la théorie d'EHRLTGH, ou appartieiit-ellc au système phagocy taire de Metchnikoff? C'est là une question que l'expérience n'a pas encore tranchée. Il y a un certain nombre d'arguments à faire valoir en faveur de la seconde hypothèse, à condition de ranger dans le système phagocytaire, à côté des leucocytes, les endothélia vasculaires et peut-être un certain nombre d'autres cellules, dérivées du mésoderme (cellules fixes du tissu conjonctif et cellules de revêtement des séreuses). L'origine du complément est tout aussi obscure que celle de l'anticorps. A l'état normal, le complément existe, en forte concentration, dans le plasma et le sérum. On a beaucoup discuté la question de savoir si le plasma du sang en circulation con- tient le complément ou si celui-ci n'apparaît seulement dans le plasma ou le sérum qu'après l'extravasation du sang. L'école de Metchn[koff, pour laquelle l'origine leuco- cytaire du complément est un dogme, défend encore aujourd'hui l'opinion suivante : le plasma circulant est tout à fait privé de complément et il en est de même de tous les liquides normaux de l'organisme. Le complément est un produit leucocytaire ; il est mis en liberté non par un acte vital de sécrétion, mais seulement par la destruction des leucocytes. Ce n'est pas le lieu ici de discuter cette opinion. On connaît actuellement un grand nombre de faits qui la contredisent formellement (Wassermaxn, RehnS, Gruber, Dômeny, AsGOLi, Hewlrtt, Falloise, Lambotte et Stiennox, Sachs, etc.). Les expériences de Hewlett et de Falloise ont définitivement démontré que le plasma normal est aussi riche et même un peu plus riche en complément que le sérum. Le complément étant un colloïde du plasma, on peut prévoir qu'il existera dans la lymphe avec les autres colloïdes humoraux échappés par fiUration et qu'on en trouvera d'autant plus dans la lymphe que celle-ci sera plus riche en colloïdes. Aussi la lymphe du canal thoracique en contient-elle plus que la lymphe des membres, la lymphe de stase en contient plus que la lymphe normale. Les Hquides d'exsudat et de transsudat en possèdent proportionnellement à la quantité de substance protéique (et plus spéciale- lement de iibrinogène) qu'ils renferment. Les liquides séreux, moins pourvus d'albu- mines humorales que la lymphe, contiennent aussi moins de complément. Normalement le liquide céphalo-rachidien et l'humeur aqueuse ne contiennent que des traces d'albumine humorale et pas de complément. D'après le même principe, ou peut s'attendre à ne pas trouver les hémolysines humorales dans celles des sécrétions glandulaires qui ne contiennent pas d'albumine du plasma. HEMOLYSE. 459 NoLF a émis l'opinion que le complément hémolytique pourrait bien avoir une origine hépatique. Tout au moins disparait-il dans Tintoxication phosphorée (Ehrlich et Morgen- roth), qui atteint gravement le foie, et aussi à la suite de l'extirpation du foie chez le lapin (Nolf). Hèmolysines contenues dans les extraits d'organes. — Il ne peut être ques- tion d'exposer ici en détail les résultats qui ont été obtenus par ceux qui ont cherché des hèmolysines dans les extraits d'organes, parce qu'il existe absolument trop de divergences entre les auteurs. Tandis que Metchxikoff et ses élèves (Gengou, Tarassé- viTCH, Levaditi) trouvent, dans les extraits des leucocytes microphages, des compléments destinés à labactériolyse, et, dans les extraits des leucocytes macrophages, des complé- ments destinés à l'hémolyse, un grand nombre d'auteurs ont obtenu des résultats tout à fait négatifs. Korschux et Morgexroth, Sawtsghenko et Bednikoff, Dômenv, Donath el Landsteiner, Lûdke, LAMBOTTEet Stiennon, etc., ne trouvent pas de complément hémoly- tique dans les extraits leucocytaires. Donath et Landsteiner trouvent au contraire, dans ces extraits, des substances empêchantes. Des recherches de Nolf confirment complète- ment cette dernière donnée. Pour préparer correctement un extrait d'organes, il faut commencer par chasser par une irrigation intra-vasculaire le sang contenu dans l'organe. Des rates et des ganglions mésentériques d'un chien exsangue, triturés soigneusement avec du sable dans de l'eau salée, ont régulièrement fourni à Nolf des extraits dénués de toute propriété hémolytique, soit seuh, soit en association avec un sérum chauffé. Mé- langés à du sérum frais de chien, ces extraits lui enlèvent, dans presque tous les cas, une bonne partie de son pouvoir hémolytique naturel. Dans de très rares cas, Nolf observa cependant, pour de faibles doses d'extrait leucocytaire, une légère action favorisante, qui ne peut d'ailleurs être due à la présence de complément, d'après les constatations qui précèdent. Il ne faut évidemment .pas confondre avec les hèmolysines du plasma les sub- stances hémolytiques coctostabiles, solubles dans l'alcool, queKoRscHUNet Morgenroth ont trouvées dans les extraits d'organes. Elles sont d'autant plus abondantes que l'extrait est moins récent, que son autolyse est plus avancée. Ce peuvent être des sub- stances extractives diverses : savons, acides gras, aminés, etc. On les trouve aussi dans l'extrait alcoolique du sérum (Levaditi, Wœlfel, Nogughi, etc.). On a retiré des hèmolysines des tissus pathologiques, du tissu cancéreux, notam- ment (MicHELi et DoNATi, KuLLMANN, etc). On en a trouvé dans le sérum des victimes de brûlures étendues (Burrhardt). Ces faits n'ont pas d'intérêt spécial pour la physiologie. Pluralité des anticorps, unicité du complément. — On peut aisément démontrer l'existence simultanée dans un même sérum de plusieurs anticorps. Un animal qui a été immunisé contre plusieurs espèces globulaires, possède, dans son sérum, les anti- corps spécifiques de ces diverses espèces. On peut les en extraire les unes après les autres, en ajoutant successivement au sangles diverses espèces de globules sur lesquels il agit. Les globules A fixeront tout l'anticorps A, et rien que lui; les globules B, l'an- ticorps B, et rien que lui, etc. Les auteurs sont unanimes à ce sujet. Mais on discute beaucoup à propos de l'unicité ou de la pluralité du complément. On admet généralement avec Bordet que le complément d'une espèce est différent de celui d'une autre espèce. Mais un même sérum contient-il un ou plusieurs compléments ? L'école d'EHRLiCH et plusieurs autres bactériologistes défendent énergiquement le prin- cipe de la pluralité. Les arguments sont d'habitude fournis par des expériences com- pliquées qui comportent plusieurs interprétations égalementadmissibles et n'entraînent pas la conviction. D'autre part, Bordet et Gengou ont démontré qu'une quantité suffisante de globules chargés d'anticorps enlève toujours à n'importe quel milieu la totalité de son complé- ment. Cette expérience, d'application courante en pratique bactériologique, fournit un argument très solide en faveur de l'unicité. Propriétés physiques et chimiques des hèmolysines. — On n'est guère ren- seigné sur les propriétés physiques et chimiques des hèmolysines, pour la bonne raison que ces substances n'ont pas été isolées. Buchner avait déjà reconnu qu'elles ne dia- lysent pas, que le sérum devient inactif à 56". Ona reconnudepuis que cette température détruit le complément, en laissant intact l'anticorps (d'immunisation) qui ne perd son 460 HEMOLYSE. activité qu'aux environs de 60». Cette règle n'a d'ailleurs rien d'absolu. Les complé- ments de certaines espèces paraissent résister mieux à la chaleur (chèvre 62°, Ehrligh et Morgenroth); d'autres seraient déjà détruits à 50° (chien, Sachs). Tandis que l'anticorps persiste pour ainsi dire indéfiniment dans le sérum stérile, le complément disparaît à la température ordinaire après quelques jours, moins rapide- ment aux basses températures. D'après Pick, les anticorps seraient précipités en compagnie des globulines par les solutions salines concentrées. 11 les trouve dans la portion des globulines qui est inso- luble dans l'eau pure et que l'on appelle euglobulines. D'après Fuhrmanx, ils se parta- geraient entre les euglobulines et les pseudo-globulines 1 globulines humorales soluMes dans l'eau pure). L'action des fortes concentrations salines ne peut pas être étudiée sur les complé- ments, en raison de leur altérabilité très grande. Les compléments sont détruits par les acides et les alcalis suffisamment concentrés et par les ferments protéolytiques (Ehrlich et Sachs). BucHNER avait montré, il y a longtemps, que l'activité bactériologique du sérum frais disparaît par la dialyse ou par la simple dilution dans l'eau pure, et qu'on peut la récu- pérer en rétablissant la salinité normale. Cette donnée relative à l'activité bactérioly- tique n'avait pas été étendue à l'hémolyse jusque récemment. En J907, deux travaux paraissaient simultanément sur cette question et apportaient des faits expérimentaux concordants : Tous deux ont trait à une hémolysine d'immunisation. Le premier, de Ferrata, s'occupe de l'action d'un mélange de sérum chauffé de lapin immunisé contre les glo- bules de chèvre (anticorps) et de sérum fi'ais de cobaye (complément) sur les globules de chèvre. Ce mélange est inactif en milieu sucré isotonique, malgré la fixation de l'anticorps sur les globules. Si l'on soumet le sérum «frais de cobaye à la dialyse dans l'eau pure, il abandonne (comme de règle) un précipité. Le précipité redissous en milieu salin est inactif sur des globules pourvus d'anticorps. Il en est de même du liquide qui baigne le précipité. Mais si par adjonction de sel on redissout le précipité dans le sérum dialyse lui-même, ou si l'on mélange la solution saliue du précipité au sérum dialyse, on possède à nou- veau une solution de complément. Ferrata tire de ces faits la conclusion que le complément n'agit pas en milieu privé de sels, et que le complément est un complexe que la dialyse scinde en ses deux consti- tuants. Des deux parties du complexe, la partie soluble dans l'eau pure est détruite à 56°, tandis que la partie insoluble supporte ce traitement sans être altérée. En même temps que le travail de Ferrata paraissait un mémoire de Sachs etTERUUCHi. Les substances étudiées par ces auteurs furent : le sérum de cobaye (complément), les globules de bœuf et le sérum chauffé de lapin injecté de globules de bœuf. Si l'on dilue le sérum de cobaye dans l'eau pure et qu'on l'expose pendant quelque temps à 37°, avant de rétablir la salinité, on constate que son pouvoir hémolytique sur les glo- bules chargés d'anticorps a complètement disparu. (Il va de soi que, dans ces expé- riences, on s'assure par des dilutions correspondantes en eau salée isotonique que la seule diminution de concentration du complément ne joue aucun rôle.) Celte disparition du complément est déjà sensible à la dilution 1/2 : elle augmente progressivement avec le degré de dilution jusqu'à la dilution 1/iO, passé laquelle elle rétrocède. La dilution 1/40 produit moins d'effet que la dilution d/iO. La dilution n'a pas d'action aux températures basses (0° à 9°). Elle agit déjà très rapidement à la température ordinaire. A 37°, la disparition du complément peut être totale après 5 minutes. Chose étonnante, l'action destructive de la dilution est moins marquée sur du sérum datant de 1 ou 2 jours que sur du sérum frais. Les auteurs constatent, en accord avec Ferrata, que le mélange d'anticorps et de complément n'agit pas sur les globules en eau sucrée, malgré la fixation de l'anticorps sur les globules. D'après Sachs et Teruuchi, la cause en est la disparition définitive du ■complément en milieu sucré. Les auteurs admettent donc que le complément est détruit dans les milieux privés de HEMOLYSE. 461 sels. Cette destruction serait l'œuvre d'un ferment solubie. Comme preuve ;i l'appui de cette manière de voir, les auteurs invoquent le résultat du cbaufîage à 51" du sérum frais de cobaye. Après ce traitement, ce sérum ne devient plus inactif par dilution dans l'eau distillée. Les expériences précitées comportent évidemment d'autres explications. Ces observations établissent quelques nouvelles propriétés intéressantes des hémo- lysines. Chose remarquable, Sachs etTERUUCHi constatent que, tandis que le sérum de cobaye perd, en milieu sucré, sou pouvoir de détruire les globules chargés d'anticorps, il exa- gère au contraire son pouvoir hémolytique naturel sur les hématies de chèvre. Cette dernière observation est en complet accord avec les observations de Noli- (1900) et de He.n'ui et Girard-Mangin (1904), d'après lesquelles les hémolysines humorales normales (non produites par immunisation) sont plus actives en milieu sucré qu'en milieu salin. Antagonistes des hémolysines. — A défaut de pouvoir isoler les substances actives du sérum, on pouvait espérer que la même méthode dentelles sont issues four- nirait peut-être les moyens de les caractériser, de les atteindre individuellement, de les manier au cours des expériences. En 1898, Camus et Gley d'une part, Kossel de l'autre, étaient arrivés, en habituant des animaux à des doses progressivement croissantes de sérum d'anguille, à obtenir, chez ces animaux, l'apparition d'une fonction anli-hémolytique. Leur sérum mélangé à l'ichtyotoxine s'opposait à toute action-hémolytique de cette dernière. Ces auteurs n'utilisèrent pas leur antitoxine comme réactif spécifique de l'hémo- lysine dans une étude de l'hémolyse. Le premier qui l'employa dans ce but fut Bordet. Il obtint d'abord, en injectant au lapin le sérum de poule, une antitoxine de ce sérum de poule, antitoxine analogue à celle de Camus, Gley et Kossel. Le sérum des lapins immunisés empêchait l'action hémolytique du sérum de poule sur toutes les espèces d'hématies qu'il détruit. Il injecta ensuite au lapin une hémolysine d'immunisation, le sérum du cobaye qui a reçu lui-même des globules de lapin. Le lapin réagit à l'injec- tion de l'hémolysine, il produit une anti-hémolysine. Seulement ici les choses se com- pliquent. Puisqu'on sait, de façon certaine, que l'hémolysine injectée comprend un anticorps et un complément, il y a lieu de rechercher si la propriété antihémolytique est due à une neutralisation de l'anticorps ou du complément, ou des deux à la fois. Bordet, Ehrligh et Morgenroth et beaucoup d'autres auteurs sont entrés dans cette voie. Par des expériences d'autant plus ingénieuses que les conditions expérimentales se compliquaient, ils crurent pouvoir mettre en évidence l'existence d'anticompléments, d'anti-anticorps. Pour démontrer la présence d'un anti-anticorps, Bordet fixe d'abord l'anticorps sur les globules. Il montre que ces globules ainsi imprégnés peuvent enlever à l'antisérum l'antihémolysine qu'il contient, alors que des globules normaux n'en font rien. Ces globules qui se sont chargés successivement d'anticorps et d'anti-anticorps ne se détrui- sent plus au contact du complément. Pfeiffer et Friedberger avaient montré que l'anti- sérum obtenu contre un sérum de chèvre antivibrionique neutralisait aussi le sérum de chèvre antityphique. Bordet prouva que cette propriété est générale, c'est-à-dire qu'un antisérum neutralise tous les anticorps du sérum correspondant. Supposons que l'on veuille obtenir l'antagoniste de l'anticorps contenu dans le sérum de cobaye immunisé contre les globules de lapin. Au lieu d'injecter le sérum spécifique de cobaye, on pourra injecter le sérum normal de cobaye, qui ne contient pas l'anticorps vaccinal, sans que rien soit changé aux propriétés de l'antisérum. Ce résultat ne s'explique qu'en admettant que tous les anticorps d'un sérum sont bâtis sur un type commun, de sorte que la substance antagoniste de n'importe lequel d'entre eux peut entrer en relation avec tous les autres. On avait cru pouvoir démontrer l'existence, dans les anti-sérums, d'anticomplé- ments, et plusieurs auteurs (Bordet, Ehrlich et Morge.nroth) avaient même insisté sur la facilité de production de ces substances. On est actuellement d'avis que tous les faits cités en faveur de l'existence d'anticompléments, sont passibles d'une autre explication. Elle est fournie par une observation de Gengou dont toute l'importance n'aété saisie que tardivement (Moreschi, Gay). Il a été dit plus haut que des globules chargés d'anti- corps sont capables de dépouiller un milieu de tout le complément qu'il contient. On 462 HEMOLYSE. 4 obtient ce résultat avec n'importe quelle espèce de globules ou n'importe quelle espèce de microbes, pourvu qu'ils soient chargés d'anticorps. A défaut d'un élément figuré, on peut même employer un élément dissous. Gengou a démontré que, lorsqu'une solution d'ovalbumine est précipitée par son antisérum dans un milieu qui contient un complé- ment, le précipité entraîne le complément tout comme le font un globule ou un microbe chargé d'anticorps. Gengou parle d'une sensibilisatrice de l'ovalbumine analogue à la sensibilisatrice du microbe ou de rhémalie. On peut obtenir le même résultat avec les sérums précipitant la caséine, le fibrinogène, un autre sérum, etc. Or, quand on a voulu mettre en évidence la présence dans un antisérum d'un anti- complément, on a mélangé des globules chargés d'anticorps avec un sérum frais ^complément) et son antisérum chauffé. Si l'hémolyse ne se produisait pas, on disait qu'il existait un anticomplément. Moreschi a fait observer que l'antisérum contient ce que Gengou appelle les sensibilisatrices des albuminoïdes du sérum frais. Quand on fait le mélange précité, ces sensibilisatrices, en s'unissant aux albuminoïdes du sérum frais, fixent, en même temps, le complément par une action indirecte. Ces anticorps des albuminoïdes du sérum sont, dans cette expérience, des anti-compléments à la façon d'un précipité de caséine et d'anticaséine. Dans ces condilioi)s,on pourra observer la déviation du complément chaque fois que, dans un liquide, se trouvent en présence un antigène, son anticorps et le complément. S'il en est ainsi, on conçoit qu'il devient absolument impossible de savoir s'il existe des anticompléments vrais, aussi longtemps qu'on ne disposera pas de solutions rigou- reusement pures de compléments. Cela d'autant plus que la déviation du complément est une réaction extrêmement sensible : Moreschi a pu la constater encore dans des milieux qui ne contenaient que des traces de l'antigène (1/100 000 de sérum). D'après Moreschi, l'entraînement du complément par le complexe antigène-anti- corps est d'autant plus considérable que le précipité est plus volumineux. D'autres auteurs ont confirmé ce fait. Mais il ne faudrait pas en conclure qu'en l'absence de pré- cipité visible, le phénomène ne puisse pas se produire. On a cité de nombreux exemples de déviationde complément sans précipitation (Neisser et Sachs, Klein, Wassermânn et Bruck, Friedberger, Liefmann, Muir et Martin, etc.). Isolysines. — Bordet, le premier, s'est demandé s'il y avait moyen d'obtenir une modification des propriétés du sérum d'un animal, en lui injectant, dans le péritoine, le sang d'un individu de la même espèce. Il injecta à des lapins du sang de lapin et rechercha si le sérum des animaux traités se comportait vis-à-vis des globules d'autres lapins d'une façon particulière. Le résultat fut négatif. Erhlich et Morgenroth reprirent ces recherches. Seulement, au lieu d'injecter à leurs animaux d'expérience, qui étaient des chèvres, du sang normal de chèvre, ils soumirent ce dernier à un laquage préalable avant de l'administrer par la voie péritonéale. Ils font observer à juste titre que les globules d'une espèce ne subissent dans le péritoine d'un individu de la môme espèce qu'une transformation incomplète et lente, de sorte que la réaction organique consécutive à cette administration peut être trop faible pour se manifester par des propriétés nettes du sérum. (Hayem a d'ailleurs observé (1884) (( que le sang injecté dans le péritoine est absorbé en nature et qu'il passe avec ses éléments anatomiques dans la circulation générale. ») Cette réaction doit être plus vive, si les globules injectés sont préalablement détruits, ce qui doit accélérer notable- ment la rapidité d'absorption des produits de leur désintégration. Cette heureuse prévision fut confirmée par l'expérience, et les Jouteurs allemands constatèrent l'apparition de propriétés nouvelles très intéressantes dans les humeuis des animaux injectés. Le sérum d'un premier animal traité de cette façon avait acquis la propriété d'hémolyser les globules de certains de ses congénères (pas de tous), tandis qu'il ne manifesta, en aucun moment, une activité de ce genre à l'égard de ses propres globules ni in vivo (hémoglobinurie) ni in vitro. Il y avait donc eu production d'une substance qu'EHRLiCH et Morgenkoth appellent isolysine, réservant le nom iVautn- h/sine à celle qui dissoudrait les globules de l'animal vacciné lui-même. D'autres chèvres, B, C... subirent la même préparation, et leur sérum devint également isoly- tique. Mais, bien que le sang injecté à B et à G provînt du même animal, leur isolysine HEMOLYSE. 463 montra quelques difîérencps, en ce sens que l'isolysine de B agit sur le sang de congc';- nères insensibles au sérum de C, et réciproquement. De plus, les globules de R étaient sensibles à l'isolysine de A, tandis que le sérum de R n'agissait en aucune façon sur ceux de A. Il résultait de ces faits beaucoup d'obscurité dans l'interprétation des ré- sultats. Aussi renverrons-nous le lecteur au mémoire original. D'autant plus que la discus- sion des résultats présente plus d'intérêt au point de vue des théories de l'immunité et de certaines questions de pathologie qu'à celui de l'hémolyse envisagée en elle-même. L'isolysine ainsi obtenue par vaccination avait les propriétés des hémolysines d'immu- nisation. Ultérieurement, Ascoli put également provoquer, par immunisation, un pouvoir iso- lylique rhez le lapin. D'autre part, différents auteurs ont trouvé, dans certains états pathologiques de l'homme, l'existence, dans le sérum, de propriétés isolytiques à l'égard des globules d'autres individus (Ascoli, Camus et Pagn'iez, Rezzola, Moreshi, Landstelxer et Lei- NER, etc.). Un cas particulièrement intéressant est celui des isolysines de l'hémoglobi- nurie paroxystique. Kretz, Mattirolo et Tedeschi avaient déjà attribué les altérations globulaires qui caractérisent cet état pathologique, à l'existence d'autolysines. Donaïh et La.ndsteiner ont montré l'existence, dans le sérum des patients atteints d'hémoglobi- nurie, d'un anticorps qui présente la particularité d'être fixé par les globules des patients quand on le fait agir sur eux à des températures basses (0° à 10°). L'hémolyse a lieu quand on replace à .37» le sang préalablement refroidi pendant quelque temps. Widal et RosTAiNE pensent que cette autolysine est normale, qu'elle existe à l'état de santé. Ce qui, d'après eux, caractérise l'hémoglobinurie, c'est l'absence d'une anti- hémolysine normale. NoLF a observé la production d'autohéniolyse dans le sang circulant du chien et du lapin privés de leur foie. Observation microscopique. — Comme il a été dit plus haut, Creite et Landois avaient déjà soumis à un examen microscopique minutieux l'action des sérums hémo- lytiques normaux sur les globules. Dans ces dernières années, v. Raumgarten et ses élèves ont étendu ces recherches aux sérums hémolytiques spécifiques. Les observa- tions de V. Baumgartex sont, de son aveu, la simple confirmation de ce qu'avaient vu les auteurs précédents. Pendant l'action d'un sérum actif sur les hématies non nucléées des mammifères, on voit se produire sous le microscope des modifications de forme et de volume. Dans certains cas, les globules gonflent instantanément et perdent immé- diatement après leur hémoglobine. Dans d'autres cas, il se produit tout d'abord nu rétrécissement, un ratatinement des globules, sans perte d'hémoglobine. Il y a lieu de faire observer ici que, lorsqu'une hématie augmente de volume dans une solution saline que l'on dilue progressivement sous le microscope, elle commence par devenir sphérique, tandis que son diamètre transversal diminue, qu'il passe de 7 |j. à 5 [X. Dans ce nouvel état, le volume de l'hématie est augmenté, malgré cette réduc- tion de son diamètre transversal. Il y aurait lieu de savoir si c'est un rétrécissement de cette espèce que v. Baumgarten a observé. Si le sérum a été chauffé à 36°, les hématies n'y montrent pas do changement de volume mesuré à l'hématocrite), mais leur forme varie : de discoïdaux, ils deviennent sphériques. Cette altération de forme, non accompagnée de modification de volume, s'observe d'ailleurs aussi, si les globules sont placés dans des solutions salines isoto- niques. H semble donc résulter de ces observations que la modification la mieux éta- blie que subissent les globules, quand ils sont sur le point de s'Iiémolyser dans un sérum, c'est un gonflement. A vrai dire, ce gonflement des globules s'observe moins nettement si, à l'exemple de Dietrich, élève de v. Baumgarten, on mesure directement à l'hématocrite le volume globulaire. On observe, dans ces conditions, tantôt un gonflement initial, tantôt une diminution primitive de volume. Dans le sérum chauffé à 06", il y a d'habitude une très faible diminution de volume, jamais de gonflement. La méthode de l'hématocrite, qui utilise une force centrifuge très énergique, se prête d'ailleurs mal à des mesures de cette espèce. Son emploi n'est licite, comme il 464 HEMOLYSE. a été dit plusieurs fois, que pour autant que la paroi soit complètement imperméable- atix sels. Or il est extrêmement probable que tou^ les agents hémolytiques suppriment l'imperméabilité de la paroi aux sels à des doses qui ne permettent pas encore la diffu- sion de rhémoglobine. Dans ces conditions, une centrifugation énergique des hématies altérées doit nécessairement produire la sortie par fdtration d'une partie du liquide endo-globulaire salin, c'est-à-dire une diminution du volume globulaire total. Si l'on soumet à l'action des sérums hémolytiques des globules d'oiseaux ou de batraciens pourvus d'un noyau, on observe des transformations du corps cellulaire analogues à celles des hématies anucléées. Bordet, von Dungern, Metchnikoff n'ont jamais observé de dissolution vraie de ce stroma décoloré, ni du noyau. Krompecher dit avoir obtenu, en injectant des globules de grenouille à des lapins, un sérum ayant la propriété de dissoudre complètement les hématies de grenouille, y compris le noyau. Ce résultat assez extraordinaire n'a pu être obtenu par Landati. Ce dernier auteur s'est également procuré par immunisation des sérums agissant sur les globules de grenouille et de tortue; il constata, après hémolyse par ces sérums, une simple décoloration des globules nucléés.avec conservation des stromas et des noyaux, conformément aux observations de Bordeï, von Dungern, Metchnikoff sur les globules d'oiseau. Antigène et anticorps. — La production dun anticorps par l'organisme injecté de globules rouges étrangers est sa réponse à une excitation bien déterminée qu'exerce sur lui une des substances contenues dans le globule rouge, substance qu'on appelle antigène. Cette réaction est du type général de celles que l'on observe au cours des manœuvres d'immunisation. Elle aboutit à la production d'un anticorps par l'organisme injecté, anticorps qui possède, pour l'antigène injecté, une affinité très grande dont la caractéristique la plus nette est la spécificité : l'anticorps obtenu en injectant an lapin des globules de chien ne se fixe que sur les globules de chien, à l'exception des globules de tous les autres mammifères. Quelle est dans le globule rouge la substance qui joue le rôle d'antigène? La question est très importante au point de vue de la compréhension de l'hémolyse, puisque sa solution nous indiquera le point précis de la surface globulaire oi^i vient s'agrafer l'anti- corps. Bordet ^1900) et Nolf (1900) firent, indépendamment l'un de l'autre, les premières recherches sur ce point. Bordet constata que les stromas de lapin injectés au cobaye provoquent aussi facilement la production de l'anticorps et de l'agglutinine que les globules intacts, tandis que l'hémoglobine extraite des globules ne donne rien. Nolf obtint, en injectant séparément à des lapins les stromas et le contenu globulaire des hématies de poule, des résultats quelque peu différents : l'injection des stromas produisit surtout des agglulinines, celle du contenu globulaire donna principalement l'anticorps, sans agglutinine. La diffé»ence s'explique peut-être par la manière d'opérer : Bordet hémolysait les globules par l'eau distillée, et il ajoutait ensuite assez de sel marin pour rendre au milieu une teneur d'environ 1 p. 100. 11 séparait par centrifugation les stromas du liquide surnageant et les injectait séparément. Nolf hémolysait aussi à l'eau distillée, sans ajouter de sel (dans ses premiers essais). 11 résultait de ces condi- tions expérimentales différentes que le liquide d'extraction des hématies (ce que Nolf appelait le contenu cellulaire) contenait, dans les expériences de Nolf, beaucoup plus d'éléments dissous du stroma que dans celles de Bordet. On sait en effet (voir Hématie) que les nucléoprotéides du stroma se dissolvent plus facilement dans l'eau pure que dans le milieu salin normal. Quand Nolf reprit ses expériences avec du sang de lapin, en suivant une technique analogue à celle de Bordet, il obtint les mêmes résultats que lui, c'est-à-dire que les stromas produisaient la formation d'anticorps aussi facilement que la quantité correspondante de globules. Bordet démontra en outre que l'anticorps et le complément se fixent sur le stroma dt'coloré aussi facilement que sur l'hématie intacte. Nolf prouva que cette fixation sur les stromas est aussi spécifique que la fixation sur les globules. Les stromas de lapin fixent l'anticorps spécifique pour globules de lapin, pour lequel les stromas de globules de poule ne montrent aucune affinité. 11 résulte de ces expériences que l'antigène, qui provoque la formation de l'anticorps, HÉMOLYSE. 465 est un constituant du stroma globulaire et que ce c(>nstituant passe partiellement en solution quand on hémolyse les globules par l'eau distillée. Ultérieurement, Levene a produit des hémolysines, en injectant un extrait des stromas du chien dans le carbonate sodique et Guerrini eut également un résultat positif avec les nucléo-protéides extraits parla méthode de Hammarsten (cités d'après Sachs). Dubois a constaté que les globules de poule chauffés à llu" ne provoquent plus, quand on les injecte au lapin, la formation d'anticorps, bien que le sérum des lapins devienne encore . agglutinant. Muia et Ferguson ont vu que la fixation de l'anticorps accompagné du complément se fait encore sur les stromas obtenus après hémolyse par l'eau et l'éther. Le chauffage à 6S° la diminue un peu, le chauffage à 100° ne la supprime pas complètement. Les liquides d'extraction des hématies par l'eau contiennent aussi de l'antigène (caractérisé par la fixation de l'anticorps et du complément), mais en bien moindre quantité que les stromas. On les en débarrasse par filtration sur porcelaine. Bang et FoRSMANN, ayant agité avec de l'éther la bouillie corpusculaire ou les stromas décolorés, obtinrent une solution éthérée dont le résidu peut provoquer, en injection, la formation d'anticorps. L'extrait éthéré est insoluble dans l'acétone. Après extraction par l'acétone, le résidu ne se dissout plus dans l'éther, mais il est soluble dans le ben- zol à chaud. La substance active de l'extrait éthéré n'est soluble ni dais ralcool à 85 p. 100 à 43°, ni dans l'alcool à 92 p. 100 bouillant. De plus, la fraction insoluble dans l'acétone, qui produit en injection la formation d'anticorps, est incapable de neutraliser l'anticorps, tandis qu'inversement la partie soluble dans l'acétone neutralise l'anticorps, sans pouvoir le produire. Quand on chauffe les stromas à 100° pendant deux minutes, on détruit la propriété de fixer l'anticorps (non accompagné de complément), mais on n'enlève pas aux stromas le pouvoir de produire l'anticorps. Ces résultats de Rang et Forsmann tendraient à démontrer que l'antigène n'est ni une substance grasse, ni une lécithine,ni une substance albuminoïde. Il y a lieu d'accueillir avec réserve ces conclusions. Elles sont en désaccord, sur de nombreux points, avec l'ensemble des notions acquises en ce domaine. D'ailleurs d'autres auteurs sont arrivés à des conclusions opposées : Landsteiner et von Eisler constatent que les lipoïdes (extrait éthéré des hématies) fixent les hémolysines, mais que ce pouvoir fixateur est beaucoup plus faible que celui de la quantité équivalente d'hématies. Ils en concluent que les substances sur lesquelles les hémolysines se fixent dans le globule intact sont des composés des lipoïdes avec les protéides. D'après P'rouin, l'acétone enlève aux hématies des chiens une substance qui, injectée au lapin, provoque la formation d'hémolysine, tandis que le résidu de l'extraction par l'acétone ne donne que des agglutinines. Frouin a obtenu le même résultat positif avec l'extrait acétonique du jaune d'œuf. L'auteur ne dit malheureusement pas si son hémo- lysine est spécifique. Ce point est tout à fait important. Nolf a montré (1900) que l'on peut rendre hémolytique le sérum de lapin à l'égard des globules de poule par l'injec- tion des substances qui n'ont rien à faire avec ces globules, par exenqile du sérum de cheval. Seulement ce pouvoir hémolytique n'est que l'exagération d'une propriété nor- male du sérum et il n'est pas dû à la formation d'un anticorps spécifique bien carac- térisé. \]ne autre cause d'erreur dans ces recherches, c'est qu'il suffit, pour provoquer la formation d'anticorps, de quantités extrêmement faibles de l'antigène. Friedberg et Borner ont obtenu la production d'anticorps par l'injection dans les veines du lapin de O.o milligr. d'une émulsion globulaire à 5 p. 100. L'existence, dans le produit que l'on essaie, de traces infinitésimales de l'antigène suffira donc pour fausser les résultats. Il faudrait que l'auteur, qui prétend avoir isolé l'antigène, démontrât qu'à poids égal, son produit est beaucoup plus actif que le globule rouge entier ou le stroma. En attendant que cette démonstrvlion soit faite, il est conforme à l'ensemble de nos connaissances sur l'immunité d'admettre que ce sont, les protéides globulaires qui comprennent l'antigène, puisque toutes les substances capables de produire la for- mation d'anticorps jjaraissent appartenir à la famille des albuminoïdes et corps appa- rentés. PICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VlII. 30 466 HÉMOLYSE. On peut encore admeltre que l'anlicorps produit est doué d'affinité pour l'antigène et que l'hémolyse n'est pas autre chose que le résultat do l'union, dans le stroma glo- bulaire, de l'antigène avec l'anticorps et le complément. Étant donné que l'extrait aqueux des hématies est capable de provoquer la forma- tion de l'anticorps, il y avait lieu de voir si cette propriété n'appartenait pas à 1 hémo- globine, il priori, cette possibilité avait bien peu de chances de se réaliser, puisque . l'hémoglobine forme, chez les mammifères, la très grosse part de l'extrait sec du globule et que néanmoins les recherches de Bokdet et de Nolf assignaient une fonction anti- gène beaucoup plus considérable au stroma qu'au liquide coloré par l'hémoglobuie. Ide conclut cependant de ses premières recherches sur ce sujet que l'antihémoglo- bine se confond avec l'anticorps. Plus tard, il est revenu de cette opinion. Son élevé, Demees, fait une distinction nette entre l'anticorps et l'antihémoglobine. Celle-ci est incapable de pénétrer les globules normaux, ni de les agglutiner, ni de les hémolyser (en association avec le complément). Elle ne peut atteindre l'hémoglobine et la préci- piter qu'à l'extérieur des globules. Pour obtenir son anlihémoglobine, Demees emploie une solution d'hémoglobine obtenue de la manière suivante : le liquide de laquage est additionné de son volume de la solution saturée de sulfate ammonique, filtré et saturé de sulfate ammonique. Le précipité est purifié et débarrassé du sel par dialyse. Puisque le liquide de laquage brut provoque (en injection) la formation de l'anticorps et que la solution préalablement traitée par le sulfate ammonique à demi-saturation ne la donne plus, on est en droit de conclure que l'antigène contenu dans la solution brute est précipité par le sulfate am- monique à demi-saturation. Hémolysines normales et hémolysines d'immunisation. — Il a été dit plus haut comment Bordeï a démontré la nature double de l'hémolysine d'immunisation et comment Ehrlich et Morgenroth avaient pu obtenir la dissociation de la fonction hémo- lytique du sérum frais, en faisant absorber à 0" le seul anticorps par les globules. Dans leur 2'^ mé. noire sur l'hémolyse, les auteurs francfortois se demandent déjà, si les hémolysines humorales naturelles, les alexines de Buchner, comprennent, elles aussi, un anticorps et un complément. Les recherches qu'ils firent pour trancher cette ques- rien ne donnèrent pas de résultats aussi nets que les études précédentes sur les hémo- lysines d'immunisation. Les essais d'absorption isolée à 0" de l'anticorps ne donnent souvent que des résultats incertains pour les hémolysines naturelles, tandis qu'ils réussissent régulièrement avec les hémolysines obtenues par immunisation. Aussi des voix autorisées se sont-elles élevées contre l'identité proclamée par Ehr- lich et Morgenroth des hémolysines naturelles et artificielles (Bordet, Buchner, Gruber). Gruber s'est fait le champion de la nature simple de l'alexine normale de Buchner. Gruber invoque à l'appui de sa manière de voir les résultats négatifs que l'on obtient dans certains cas avec l'hémolysine normale quand on veut la scinder à 0° par absorp- tion isolée de l'anticorps. Il affirme en outre que s'il arrive fréquemment (l'école d'EHR- LiCH en a donné de nombreux exemples) qu'on renforce l'action hémolytique d'un sérum naturel en lui ajoutant un autre sérum naturel chautïé. il n'en va plus de même quand le sérum chauffé et le sérum frais sont fournis par le même animal. En d'autres termes, un sérum naturel chauffé ne facilite pas l'hémolyse par le même sérum frais, à rencontre de ce qui se passe avec les sérums d'immunisation. Sachs a repris un à un les exemples fournis par les contradicteurs de la théorie de son maître, Ehruch, et il déclare être arrivé partout à prouver l'existence de deux constituants de l'hémolysine normale. !'='■ exemple : Sérum normal de bœuf et globules de lapin. Sachs avait déjà montré antérieurement qu'on peut compléter le sérum chauffé de bœuf par un àérum frais, inactif par lui-même, celui de cheval par exemple. 11 utilise maintenant à cet effet le sérum du fœtus de vache, inactif lui-même, c'est-à-dire un complément de même espèce. 2*= exemple : Sérum normal de chien et globules de lapin. On ajoute du sérum chauffé à un mélange de globules et de sérum frais, dans lequel la concentration du sérum frais est insuffisante pour produire seule l'hémolyse. Après adjonction du sérum chauffé, l'hémolyse s'opère. HÉMOLYSE. 467 'i" exemple : Sérum normal de chien et globules de cobaye. On met les globules au contact avec le sérum, après avoir ajouté à celui-ci la quantité de solution concentrée de chlorure sodique strictement suffisante pour empêcher l'hémolyse. Dans ces condi- tions, l'anticorps seul est absorbé, comme on verra plus loin. Après un temps de contact suffisant, on décante le sérum et on dilue pour supprimer l'action du sel. On fait agir ce sérum sur des globules frais de cobaye avec et sans adjonction de sérum chauffé de chien. On constate que le sérum chauffé active énergiquement le sérum qui a été privé parle moyen précédent d'une partie de son anticorps. Dans ces trois expériences, qui n'ont pas été réfutées, Sachs démontre que divers exemples typiques d'une hémolyse par alexine seule d'après Buchner, Grubeb, recon- naissent en réalité l'intervention de deux substances existant côte à côte dans le même sérum normal. Il est vrai de dire, avec lui, qu'on ne connaît, à l'heure actuelle, pas un exemple d'un sérum hémolytique pour lequel la preuve est faite qu'il n'agit que par une seule substance, l'alexine (complément). Au contraire, on a pu, dans tous les cas étudiés (sauf le sérum d'anguille), faire la preuve de la dualité. Sachs reconnaît d'ail- leurs que les anticorps normaux se comportent autrement que les anticorps d'immu- nisation à beaucoup de points de vue. Ils sont absorbés beaucoup moins avidement par les globules. Ceux-ci ne les fixent que lorsqu'ils peuvent fixer en même temps le complément. C'est ce qui explique qu'à 0*, la séparation entre anticorps et complément se fait mal et que, d'autre part, des globules mis au contact d'un sérum normal chauffé peuvent ne pas lui enlever son anticorps (Gruber). Une autre différence consisterait en la thermolabilité de certains amboceptors normaux (Sachs). Enfin il résulterait des expériences récentes de Ferrata et de Sachs et Teruuchi que l'hémolyse par les hémolysines d'immunisation ne se fait pas en milieu sucré isotonique, alors que celle par les "sérums normaux y est facilitée (NoLK, He.nri et Girard-Mangin, Sachs). En l'état actuel de la question, il est difficile de se rendre compte de l'importance de ces différences et de la signification qu'il faut leur donner. Action des sels neutres sur rhémolyse par le sérum. — Nolf (1900) a étudié l'influence de plusieurs sels alcalins et alcalino-terreux, à différentes concentrations, sur l'hémolyse par les sérums normaux, dans le but d'élucider, par ce moyen, la nature de faction des hémolysines sur la paroi globulaire. Il constata que ; 1° Les concentrations hypertoniques des sels de potassium et de sodium empêchent l'hémolyse par le sérum. L'action empêchante croît avec la concentration (jusqu'aux concentrations 0,5 mol.). 2° En milieu isotonique, les sels de calcium, baryum, magnésium s'opposent à toute hémolyse. 3° En solution sucrée isotonique, l'hémolyse se fait plus facilement qu'en solution saline isotonique et, avec certains sérums, elle se fait d'autant mieux que la concen- tration du sucre est plus élevée. NoLF n'étudia pas l'action des sels sur l'hémolyse par les sérums d'immunisation. Markl examina l'action du phosphate acide de sodium. Ce sel empêche, d'après lui, la fixation du coinplément. Les concentrations hypertoniques du chlorure sodique ont la même action. Ehrlich et Sachs confirmèrent ce fait; ils purent constater que les fortes teneurs salines ne s'opposent pas à la fixation de l'anticorps, mais qu'elles empêchent celle du complément. Bulloch constata qu'une même quantité (0,0007 ce.) du sérum obtenu en injectant à des lapins des globules de bœuf (ou leur stroma) produit le même degré d'hémolyse dans des émulsions globulaires préparées avec les solutions de NaCl à 0.85 p. 100, de KBr à 1.7 p. 100; de KCI à 1.4 p. 100; de KNO.i à 1.5 p. 100, tandis que la dose deux cents fois plus forte de sérum ne produit rien dans les solutions d'oxalate de potassium à 1.6 p. 100; de Am^SOt à 4 p. 100 ; de MgCh à 1 p. 100 ; de Mg (NOs)^ à 1,5 p. 100 ; de MgBr2 à 3 p. 100; de ZnSOi à 0.2 p. 100; de LiCl, à 0.7 p. 100; de Na2S0t à 3.5 p. 100. Dans le sulfate magnésique à o p. 100, la dose de 2 ce. de sérum hémolytique ne pro- duit aucun effet. Des globules qui séjournent dans le sulfate magnésique pendant deux 4(i8 HEMOLYSE. heures n'y acquièrent cependant aucune immunité durable. Il suffit de les en tirer, de les placer dans le chlorure sodique, pour les voir s'hémolyser sous l'action des doses faibles de l'hémolysine. Le sulfate niagiiésique à concentration suffisante empêche l'hémolyse, en s'opposant à la fixation du complément sur les globules. Hektoen arrive aux mêmes résultats. Il constate aussi que les sels des métaux alca- line-terreux s'opposent à l'action du complément, et (|u'il en est de même des sul- fates alcalins. BoRDET et Gay ont également noté que, dans les solutions isotoniques de citrate de soude, le complément ne se fixe pas. Il semble résulter de ces données concordantes que les cations et les anions biva- lents ou trivalents s'opposent énergiquement à l'hémolyse. Il est probable, en raison de ce qui a été dit à propos de l'imbibition de la gélatine, qu'ils portent leur action sur la paroi globulaire, dont ils influencent le degré d'imbibition par l'eau. Aux concentrations isotoniques, ils diminuent très probablement cette imbibition. Dans ces conditions, on peut prévoir, a priori, qu'ils s'opposent plus ou moins cà la pénétration de toutes les substances qui agissent en sens inverse. D'ailleurs, quand l'hémolyse est produite par un colloïde ou par plusieurs colloïdes, il faut prévoir une action possible des électrolytes (surtout plurivalents) non seulement sur la paroi globulaire, mais aussi sur les colloïdes hémolysants, action qui s'exercera à des concentrations d'autant moindres que les solutions de ces colloïdes sont moins stables. Il y aurait lieu de reprendre l'étude des sels sur les différents modes d'hémo- lyse, en se plaçant à ce point de vue. Il est probable qu'appuyée sur nos connaissances actuelles des colloïdes elle fournirait de précieux renseignements. Henri et Gernovadeaxu se sont occupés de l'action des faibles concentrations. Ils ont pu constater que les sels de magnésium favorisent, à dose faible, l'hémolyse des glo- bules de cheval par les sérums naturels de bœuf, de chien, de lapin. L'action est optima à la concentration de 0.5 p. 1000 de MgCU. Aux doses plus élevées, l'influence se ren- verse. De favorisant, le sel devient empècbant, comme il a été démontré parles auteurs précédents. Cette action activante des concentrations faibles ne s'observe qu'avec les sels de magnésium. On n'observe rien de semblable à aucune concenti^ation avec les sels de calcium, baryum, strontium, zinc, cobalt, nickel, manganèse. RAPPORTS ENTRE LE DEGRÉ D'HÉMOLYSE ET LA CONCENTRATION DE L'ANTICORPS ET DU COMPLÉMENT A. Globules et anticorps. — H y a d'abord lieu de considérer les rapports qui existent entre les globules et l'anticorps, quand celui-ci est ajouté seul. Morgenroth a fait, à ce sujet, une observation très intéressante. Après avoir fait absorber par des globules une quantité d'anticorps supérieure à celle qui est stricte- ment suffisante à leur complète hémolyse, il les lave soigneusement au liquide phy- siologique, jusqu'à ce que les eaux de lavage ne leur enlèvent plus de quantité déce- lable d'anticorps. Puis il les met en suspension dans l'eau salée et leur ajoute des globules neufs. Après un certain temps de digestion, il introduit, dans le mélange, la quantité nécessaire de complément, et il constate une hémolyse intéressant tous les globules, ceux qui ont été saturés d'anticorps et ceux qui ont été ajoutés ensuite. Le résultat ne s'explique que si l'on admet que les hématies saturées d'anticorps ont abandonné une partie de la substance active aux hématies normales qu'on leur a mélangées. Une telle façon de se comporter prouve que l'union entre l'hématie et l'anticorps est un phénomène réversible. La concentration de l'anticorps dans le globule est fonc- tion de la concentration dans le liquide ambiant. Vient-on à diminuer celle-ci, en ajoutant des hématies neuves, immédiatement les hématies saturées abandonnent une partie de l'anticorps dont elles sont pouvues, et l'échange continue tant qu'il y a dilTé- rence de concentration d'une hématie à l'autre. En d'autres mots, il se produit une espèce de distillation de l'anticoriis des premières hématies aux secondes, pendant toute la durée de laquelle la concentration de l'anticorps dans le liquide ambiant reste telle- ment faible, qu'on ne peut pas l'y mettre en évidence directement. HEMOLYSE. 4(i9 On obtiendrait exactement le même résultat, si l'on mélangeait des hématies cliai'- gées d'oxygène à des hématies privées d'oxygène, ou si l'on mélangeait des hématies chargées d'urée à des hématies normales. Le premier exemple se rapporte à un phéno- mène de combinaison chimique dissociable, le second est un pur phénomène de disso- lution. Pour trancher entre ces deux possibilités, il y a lieu d'étudier les rapports quantita- tifs qui s'établissent quand on fait varier la quantité de deux constituants du mélange : hématie, anticorps. Les premières données que l'on possède sur ce sujet sont dues à Ehrlich et Mor- GENROTH. Ces auteurs déterminent la (luantité d'anticorps suftisanle pour produire, au bout d'une heure, l'hémolyse complète d'une quantité déterminée de globules en présence d'une dose largement suffisante de complément. Ils font ensuite des mélanges conte- nant la même quantité de globules et des multiples de la dose d'anticorps, ils laissent au contact pendant une heure, ils centrifugent et ils recherchent si le liquide décanté contient encore de l'anticorps. Dans certains cas (sérum de mouton injecté de sang de chien ou de globules de chien), on trouve déjà dans le liquide centrifugé un excès de sensibilisatrice, quand la dose de celle-ci mélangée aux globules est double de la quan- tité suffisant à l'hémolyse totale. Dans d'autres cas (sérum de lapins injectés de sang de chèvre ou de globules de chèvre), les globules peuvent absorber plus de cent fois la quantité de sensibilisatrice suffisant strictement à l'hémolyse totale. Depuis ces premières recherches, plusieurs auteurs ont essayé de doser exacte- ment la quantité d'anticorps absorbée par les globules et d'établir un rapport entre cette quantité absorbée et ce qui reste dans le liquide ambiant. Pour y arriver, il faut évidemment commencer par établir, dans une série expérimentale préalable, quel est le rapport entre le degré d'hémolyse et la teneur en anticorps dans un milieu qui contient une quantité constante de globules, une quantité constante de complément et des quantités variables d'anticorps. Cette courbe hémolytique étant dessinée, il est possible de l'appliquer au dosage de l'anticorps dans un liquide donné. L'expérience consiste donc à introduire, dans un milieu de volume constant et de teneur constante en hématies, des quantités d'anticorps variant entre des limites très larges. On laisse au contact pendant un certain temps, on centrifuge, on décante le liquide surnageant, et l'on dose la teneur en anticorps du liquide surnageant par le procédé qui vient d'être indiqué. Arrhenius et Morgenroth en collaboration d'abord, Morgenroth ensuite, ont étudié par cette méthode deux exemples de l'absorption d'un anticorps spécifique par les glo- bules correspondants. Ils constatent que le rapport entre la concentration de l'anticorps dans les globules et la concentration dans le liquide ambiant est exprimé par une formule simple, analogue à celle qu'ARRHENius avait établie précédemment pour l'absorption des alcalis ou celle de la saponine. Dans leurs expériences, ils constatent un rapport constant K entre la teneur G dans les globules et la quantité B restée dans le liquide. K = ^ ou C = K, MV, (Ki est la racine cubique de K), c'est-à-dire que l'anticorps se partage entre les globules et le liquide, comme se partage entre deux liquides non miscibles une substance soluble dans tous deux, quand sa grandeur moléculaire dans l'un d'eux (globules) vaut '- fois sa grandeur moléculaire dans l'autre (liquide extra-globulaire). D'après Arrhenius, l'anticorps absoi^bé par le globule serait donc simplement dissous dans celui-ci. Seulement en raison de la solubilité plus grande dans les globules (et de la grandeur moléculaire plus élevée), la concentration par unité de volume serait beaucoup plus considérable dans les globules. A priori, cette conception d'ARRHENius est faite pour étonner. La grande affinité de 470 HEMOLYSE. l'anticorps pour le globule et surtout la spécificité de la réaction plaident en faveur d'une union chimique. D'autre part, il existe tant d'analogies entre les rapports du globule et de l'anticorps et ceux d'une toxine et de son antitoxine, qu'un esprit non prévenu sera tenté d'admettre l'identité de nature de ces rapports. Or Arrhenius et MadseiN eux-mêmes ont fait une étude approfondie de l'union entre latétanolysineetson antitoxine spécifique, d'où il résulte que cette union est un phénomène chimique réversible. Phénomène chimique, l'union de la toxine et de l'antitoxine; phénomène physique, l'union du globule et de l'anticorps; voilà une confrontation bien fai.te pour éveiller le doute. Tout plaide au contraire en faveur de l'unité d'essence de ces phénomènes. Il suf- fira de citer une analogie particulièrement intéressante parmi toutes celles que l'on connaît. De même que l'injection d'un mélange neutre de toxine et d'antitoxine ne produit que peu ou pas de réaction humorale chez l'animal injecté, de même l'injec- tion d'une émulsion de bacilles ou d'hématies chargés de leur anticorps spécifique (v. DuNGERN, Sachs) est tout à fait dépourvue d'action, elle ne provoque pas la formation d'anticorps. Ce fait ne se comprend pas bien, si l'on admet que l'union entre l'hé- matie et l'anticorps est de nature purement physique. Tout en la rejetant, Arrhenius indique la possibilité d'une union de caractère mixte : combinaison chimique d'une partie de l'anticorps absorbé et dissolution de l'excédent. Si l'on fait abstraction des données numériques pour ne s'en tenir qu'à l'ensemble des données expérimentales et des raisons d'analogie, on sera fortement tenté de préférer cette dernière explication à celle qui a les sympathies d'ARRHENias. On objectera les données numériques. Pour imposer une solution que d'autres argu- ments tendent à faire rejeter, il faudrait qu'elles fussent très nettes, très précises et universellement acceptées. Il s'en faut de beaucoup qu'elles satisfassent à ces exigences. Un auteur américain, Manwaring, à multiplié les déterminations expérimentales au sujet du problème qui nous occupe, le partage de l'anticorps entre les globules et le liquide ambiant. 11 s'est efforcé, lui aussi, de donner à ses résultats une expression mathématique. Les données acquises dans des conditions expérimentales identiques aux précédentes ne concordent pas du tout avec la formule d'ÂRRHENius. Il lui est même arrivé, dans des expériences oîi il dosait (par la méthode indiquée) la teneur en anti- corps du liquide baignant les globules, d'obtenir des résultats d'après lesquels il aurait fallu conclure que ce liquide contenait après l'absorption plus d'anticorps qu'avant l'absorption. De l'enquête très approfondie à laquelle il s'est livré, Manwaring tire une première conclusion tout à fait prépondérante : d'après lui, l'hémolyse par les sérums spécifiques échappe actuellement à l'analyse mathématique. On verra plus loin les raisons qu'il donne de cette incompatibilité. B. Globules, anticorps et complément. — Si la combinaison entre les globules et l'anticorps isolé est réversible (Morgenroth), il nen est plus ainsi dès le moment où le complément est intervenu pour produire l'hémolyse (Morgenrqth). Pendant l'hémolyse, l'anticorps et le complément se fixent sur le . globule, l'hémolyse consomme les deux constituants de l'hémolysine. Cette donnée expérimentale est de la plus haute impor- tance pour la compréhension de l'hémolyse, d'autant plus qu'elle a une portée géné- rale. En effet Bordet et Gengou ont démontré que la fixation du complément est opérée aussi complètement et aussi définitivement par des microbes chargés d'anticorps que par les globules, et Gengou a étendu cette donnée à la fixation du complément par les précipités que donnent certaines substances albuminoïdes (caséine, fibrinogène, etc.), quand on les mélange à leur antiséruni. Toutes ces réactions consistent en l'insolubilisation de deux (ou de trois) colloïdes qui se fixent les uns sur les autres, et cette insolubilisation est irréversible, c'est-à- dire que ces phénomènes présentent les caractères principaux de ce qu'on appelle une coagulation réciproque de colloïdes. Il va de soi que, s'il existe dans le milieu un fort excédent de l'un ou de l'autre constituant de l'hémolysine, celui-ci peut ne pas entrer en réaction, de sorte qu'on le retrouve après l'hémolyse. Mais, si l'excédent est faible, il faut s'attendre à le voir disparaître pendant la réaction. Le propre des réactions entre colloïdes, c'est d'être plus ou moins affranchies de HEMOLYSE. 471 la règle des proportions définies. C'est par cette propriété fondamentale qu'il faut expli- quer le phénomène de Danysz, dans lequel une même quantité d'antitoxine neutralise complètement une quantité déterminée de toxine, si on lui ajoute la toxine en une fois, et ne la neutralise qu'incomplètement, si l'on fait l'adjonction de la toxine par fractions. BoRDET a fait l'expérience inverse : Il détermine la quantité A de globules qui, ajoutée en une fois à un volume donné de sérum actif, subit l'hémolyse totale. Puis il ajoute au même volume de ce sérum la môme quantité A de globules par petites portions successives. Dans ces conditions, l'hémolyse se limite aux premières fractions, qui absorbent l'hémolysine en excès et ne la cèdent pas aux dernières. L'expérience doit être confrontée a^ec celle de Morgknroth, où le mélange ne comporte que globules et anticorps et dans laquelle le partage se fait. La différence entre les deux indique net- tement la nature de l'intervention du complément. V. DuNGERN, Gruber furent les premiers à tâcher d'établir un rapport entre le degré d'hémolyse et les concentrations en anticorps et complément. 11 résulte de ces recher- ches que, d'une façon générale, pour une même quantité d'anticorps, l'hémolyse croit avec la quantité de complément et que la réciproque est vraie. Remy est arrivé à des conclusions analogues. D'après des recherches subséquentes de Morgenroth et Sachs, cette règle souffre cependant des exceptions. Arrhenius a étudié de plus près les rapports quantitatifs qui existent entre le degré d'hémolyse et la teneur du milieu en anticorps et complément. Voici les résultats d'une série expérimentale faite avec des globules de bœuf, un sérum spécifique [a] chauffé de chèvre ayant reçu des globules de bœuf et du sérum (6) normal de cobaye. Les quantités des deux sérums sont exprimées en unités de 0.001 ce. DEGRÉ DEGRÉ DEGRE DEGRE DEGRÉ de l'hémolyse de riiémoly.sô de riiémolyse de riiémolyse do l'hémolyse pour uno pour une pour une pour une pour uno CONCENTRATION concentration concentration concentration concentration concentration de 6. de a = 10. de n ~- 30. de a = 100. de rt = 300. de a -= 900. 60 40 (46) 40 39 (45) 25 38 (42) 15 39 (37) 10 38 (33) 71 (84) 98 (100) 100 (100) 6 22 (23) 59 (60) 85 (98) 98 (100) 4 20 (20) 45 (44) 75 (66) 82 (73) 2.. 5 24 (29) 51 (43) 47 (47) 1.5 15 (18) 25 (25) 22 (28) 24 (29) 1 15 (17) 15 (19) 18 (20) 0.6 11 (10) 13 (11) 13 (12) Les chiffres placés entre parenthèses expriment te degré d'hémolyse déterminé par le calcul suivant la formule : (5 a — x) (20 fj — x) — 90 x dans laquelle x représente de l'hémolysine formée par l'union de l'anticorps et du complément, la 100'^ partie de la quantité nécessaire à l'hémolyse totale des globules. De plus Arrhenius admet, d'après les résultats de Manwaring, que le degré d'hémolyse est proportionnel au carré de la concentration de l'hémolysine {x-). On voit à la lecture du tableau que, pour une concentration faible en anticorps (a = 10), il ne sert à rien d'augmenter beaucoup la valeur b, puisque des variations de concentration allant 10 6 à 60 b ne changent guère le degré d'hémolyse. De même, quand la quantité de complément est faible (6 = 1.")), on ne gagne pas plus de 15 à 24, en degrés d'hémolyse, pour des variations de la concentration de l'anti- corps allant de a =30 à a =900. Les relations numériques sont ici totalement différentes de celles qu'on observe avec le venin de cobra. Elles indiquent nettement, d'après Arrhenius, que les deux constituants de l'hémolysine humorale sont consommés pendant l'hémolyse. D'autres essais faits avec des combinaisons différentes de globules et d'hémolysines fournirent des résultats du même type général. S'il est permis d'approuver sans réserve Arrhenius quand il affirme que la consom- 472 HEMOLYSE. mation équivalente des deux termes de l'hémolysine prouve leur combinaison chimique par addition, il y a lieu d'être très prudent avant d'accepter avec lui que le degré d'hémo- lyse est proportionnel au carré de la concentration de l'hémolysine. Cette relation em- pruntée aux déterminations de Manwarixg est taxée par Manwarlng lui-même de trompe- l'œil, formule de hasard, qui ne s'applique qu'à des séries expérimentales tronquées. Manwaring a représenté graphiquement ses résultats obtenus avec les globules lavés de mouton, le sérum de chèvre immunisée contre les globules de mouton (anticorps) et le sérum normal de chèvre (complément). La figure suivante, 73, représente les variations de l'hémolyse (ordonnées) dans un milieu contenant une quantité constante de globules et d'anticorps en fonction des concentrations du complément (abscisses). 80V . eoi! (v; ^ y _It: — *»■' 8W N < ^ CM /l ^J- •!C» / 20£ / Oî .,^ . ..,, .8 1.0 ce. ■il ce FiG. 73. — Le graphique A reproduit les résultats d'une expérience faite avec des globules imprégnés d'anti- corps et lavés ensuite, auxquels on a ajouté des quantités variables de complément. Le graphique B repro juit les résultats d'une expérience ofi l'anticorps fut simplement ajouté au mélaugo des globules e t du complément. La figure 74 est relative à une expérience où l'on a fait varier l'anticorps dans un mélange dans lequel le^ quantités de globules et de complément sont constantes. A B c mr. 40,'. 20* t^ ^ À f ^ / J / h -/ ^ u'' / ,'^ / r j ..«A *Êf- ^ / Û.l 0.2 0.3 0 4 ce 0.1 0.3 ce. 0.1 0.2 0.3 0.4 ce. Fie. 74. — Lt'S grapliiques A, B, C ont irait à des exjiériences dans lesquelles les quantités ajoutées de complément furent respectivement «.333 ce, 0.2 ce. et 0.060 ce. Le tableau 75 donne des courbes analogues à la première (figure 73), mais se rappor- tant à toute une série de concentrations d'anticorps. Chaque courbe correspond à une teneur constante en anticorps et globules. De l'in- l'iC.< ^.Û Cf. FiG. 7.5. — Courbes parallèles de même nature que celles de la figure 73. Les abscisses représentent les concentrations du complément. férieure à ta supérieure les concentrations d'anticorps s'élèvent graduellement de 0.01 ce. à 0.02 ce, 0.03 ce, 0.04 ce, 0.05 ce, 0.06 ce, 0.08 ce, 0.12 ce HEMOLYSE. 473 l,e tableau 76 reproduit des courbes superposées analogues à celles de la d^uie 74, l'elalives chacune à une des expériences dans lesquelles on a fait varier l'anticorps. Chaque courbe correspond à une teneur constante en globules et complément, l'anti- corps variant seul. De l'inférieure à la supérieure, la concentration du complément s'est élevée progres- sivement de 0.033 ce, à 0.006 ce, 0.133 ce, 0.20 ce, 0.260 ce, 0.333 ce, 0.533 ce O.C ce. FiG. 76. — Courbes parallèles, de même nature que celles de la figure 74. Les abscisses mesurent les concentrations de l'anticorps. La figui'e 77 représente les variations de l'hémolyse en fonction de la concentration d'un sérum spécifique frais complet (contenant anticorps et complément). 100"i m- 40S OJI -i'" ^m — / 1 / / / / i ' 1 1/ ... .... .— -^ 0.1 0.2 0.3 0.1 c c. FiG. 77. — Courbe hémolytique représentant le degré d'hémolyse (ordonnées) en fonction ^de la concentration en sérum hémolytique d'immunisation frais (abscisses). La figure 78 représente les variations de l'hémolyse en fonction de" la concentration 0.20 ce 0.05 ce, 1.2 ce. FiG. 78. — Courbes hémolytiques montrant l'influenco de la richesse globulaire (abscisses) sur le degré d'hémolyse. globulaire pour une teneur constante en hémolysine. Les quatre courbes sont relatives il HEMOLYSE. à quatre concentrations croissantes (en allant |de bas en haut) de sérum hémoly- tique : 0.133 ce, 0J66 ce, 0.20 ce, 0.233. Enfin la dernière figure 79 est relative à des mélanges comprenant de petites quantités d'anticorps ou de complément. Dans la partie supérieure sont figurées les variations de l'hémolyse dans un mélange contenant une quantité constante de glo- bules, une petite quantité constante d'an- ticorps (respectivement 0.0135 ce. et 0.018 ce.) et des quantités variables de complément. Dans la partie inférieure, la quantité de globules est la même, les quantités de complément sont constantes (respective- ment 0.0135 ce. et 0.018 ce. L'anticorps varie seul. L'ensemble des résultats de Manwaring est très complet. L'allure des courbes fait bien ressortir la complexité des phénomènes, la difficulté d'une analyse mathématique. On ne peut qu'approuver l'auteur quand il les donne comme un ensemble de résultats objectifs, dont il est actuellement impossible de fournir une explication satisfaisante. 11 est hautement intéressant de con- stater que les courbes dessinées par Manwaring ont exactement la même forme en S que celle qui exprime, d'après La- picQUE et Lesage, l'hémolyse par l'eau dis- tillée (voir fig. 77). Il est très probable, comme le dit Lapicque, que cette forme très particulière est attribuable aux diffé- rences de résistance des différentes héma- ties contenues dans l'émulsion. Il existe dans le sang des espèces glo- bulaires de résistances croissantes : r', r^, r^, r*, etc. Si chaque espèce était repré- sentée dans le sang par un nombre constant d'individus, en d'autres mots, s'il y \ avait autant d'individus de résistance r' que d'individus de résistance r-, r'\ etc., on observerait probablement la destruction de tous les globules ?•' dans un milieu con- tenant la concentration c' d'hémolysine, de tous les globules r- dans le milieu de con- centration c-, etc. (à condition de laisser produire à l'hémolysine toute son action), de sorte que le degré d'hémolyse croî- trait régulièrement avec la concentration' •^l. Mais il en est pour les cellules du sang comme pour les individus de toute espèce biologique : les individus de qualités moyennes forment la très grosse majorité, tandis que les formes aberrantes sont de moins en moins nombreuses à mesure qu'elles s'écartent qualitativement davantage du type moyen. Dans le sang, les globules de résistance moyenne r™ sont de loin les plus nombreux, tandis que les résistances extrêmes (la plus grande et la plus petite) sont représentées par un minimum d'indi- vidus. Quand on fait agir l'hémolysine à des concentrations progressivement croissantes HEMOLYSE. 475 sur un mélange de cette composition, on doit obtenir nécessairement (au lieu d'une augmentation régulièrement progressive de l'hémolyse, figurée par une droite) d'abord une accentuation très lente de l'action hémolytique (zone des hématies de faible résis- tance), puis une accentuation de plus en plus considérable (zone des hématies de résistance moyenne) et enfin un renverseiîfent, une action de moins en moins nette des doses surajoutées (zone des hématies de forte résistance), c'est-à-dire la courbe en S de L.\piC(juE et de Manwaring (Nolp). La dernière figure de Manwarixg présente un intérêt particulier, parce qu'elle illustre remarquablement un phénomène très intéressant qu'on a appelé le phénomène de Neisser-Wechsberg. Déviation du complément. — Neisser et Wechsberg ont publié en 1901 une expé- rience qui a eu un grand retentissement dans le monde des hématologistes. En voici le principe : Si l'on prépare des milieux contenant une même quantité de vibrions vivants, une faible quantité de sérum frais (complément) et des quantités variables de sérum spéci- fique chauffé (anticorps), on constate, dans certaines limites, que le pouvoir bac- téricide augmente avec la concentration de l'anticorps. Mais, passé une certaine concen- tration, le rapport se renverse : plus on augmente la quantité de sérum spécifique chaufTé, moins forte est l'action bactéricide. Ehrlich a immédiatement vu tout le parti que l'on pouvait tirer de cette expérience comme argument contre la théorie de Bor- det. Aussi s'est-on efTorcé de reproduire avec les hématies les observations faites sur les microbes. Les résultats furent négatifs en général. Cependant Buchner est parvenu à reproduire le phénomène de Neisser et Wechsberg à propos d'une hémolyse par un sérum, et Kyes et Sachs l'ont également observé avec le cobra-lécithide. Arrhenius dit aussi avoir pu, grâce au dosage de l'hémoglobine diffusée, mettre en évidence, dans des expériences d'hémolyse, une influence empêchante des fortes concentrations du sérum spécifique. Voici le protocole d'une expérience faite par lui avec des globules de bœuf, du sérum chaufTé de lapin immunisé (anticorps) et du sérum frais de cobaye (complément). chauffé DEGRÉ DE l'hémolyse DEGRÉ DE l'hémolyse DEGRÉ DE L HEMOLYSE dans une série dans une série dans une série B DE SÉRUM dont tous les tubes dont tous les tubes dont tous les tubes , exprimée contiennent 0'^' =.010 do contiennent 0"=.006 de contiennent 0'=".004 de s de 0'='= .001. sérum frais de cobaye. sérum Irais do cobaye. sérum frais do cobaye. 1 31 10 45 37 30 30 100 81 71 50 100 87 65 100 100 92 64 200 100 35 15 300 64 24 7 La figure 79, empruntée aux expériences de Manwaring, fournit un autre exemple très net de diminution progressive de l'hémolyse dans un milieu qui contient une petite quantité de complément et des quantités croissantes d'anticorps. Il est donc bien établi actuellement, par des déterminations rigoureuses et concor- dantes, que la déviation du complément, découverte à propos de bactériolyse,peut aussi s'observer dans des expériences d'hémolyse. On a donné de la déviation du complément un grand nombre d'interprétations. Voici l'explication qu'en donnent Neisser et Wechsberg, en conformité avec la théorie d'EHRLicH. Quand un milieu contient, outre les cellules e, un fort excès de l'anticorps spécifique a, le complément h se trouve sollicité par deux affinités : l'affinité complé- mentophile des aniboceptors restés libres a et celle des amboceptors fixés ca. Si la première est plus forte que la seconde, le complément restera en solution. Il sera dévié. Arrhenius nie la validité de ce raisonnement. Si l'on suppose, dit-il, que les com- binaisons ah et ea existent dans le milieu et que la combinaison eah est susceptible d'existence, sa production ne dépend que d'une condition : il faut et il suffit que e ait plus d'affinité pour ah que pour a. Si cette condition n'est pas réalisée, il n'y aura pas d'hémolyse, même si a n'est pas en excès. Si elle l'est, il y aura hémolyse, malgré l'excès. i76 HEMOLYSE. Il semble cependant que dans un système de ce genre, quand e el h sont limités, un large excès de a puisse entrer en compétition avec ea pour la possession de b et lui enlever une partie de b (Nolf). Quoi qu'il en soit, Arbhe.xius préfère l'hypothèse suivante : il admet que la paroi glo- bulaire n'est pas perméable à ab, mais qu'elle l'est aux termes isolés a et h. Quand il y a un large excès de a dans le milieu, tout b est combiné à « : il n'y a plus ou presque plus de b libre, le seul qui puisse entrer dans les globules pour s'y com- biner à e et à a, de sorte que l'hémolyse serait empêchée ou tout au moins fortement retardée. Il faut cependant considérer que, quelque faible que soit la concentration de b libre, la rapide absorption de cette fraction par les cellules aurait pour effet de rompre immédiatement l'équilibre ab. De nouvelles quantités de b seraient mises en liberté, absorbées par les cellules et ce mouvement ne s'arrêterait qu'après fixation totale de 6 par les cellules. On peut se demander, en raison de la rapidité habituelle de l'absorp- tion du complément, si, par le mécanisme imaginé par Arrhenius, une hémolyse peut être fortement retardée, et le phénomène de Neisser-Wechsberg expliqué. Cette inter- prétation suppose d'ailleurs l'imperméabilité de la paroi globulaire à ab, ce qui est une pure hypothèse. Gay a émis l'opinion suivante. Il rappelle l'observation de Gengou, d'après laquelle le précipité que donne un sérum avec son aiitisérum fixe le complément. Il montre que si l'on injecte à des lapins le sang défibiiné du bœuf, on obtient un sérum qui précipite le sérum du bœuf et qui hémolyse les globules lavés du bœuf. Quand à un mélange de globules bien lavés et d'un peu de sérum frais de lapin normal (complément) on ajoute de grandes quantités de ce sérum antibœuf, on constate l'hémolyse. Pour empêcher cette hémolyse, il suffit d'introduire en même temps que le sérum antibœuf de très faibles quantités de sérum de bœuf (ou d'employer des globules de bœuf non lavés). On comprend ce qui se passe : le sérum bœuf se combine au sérum anlibœuf. Il se produit dans le liquide extra-globulaire un précipité, qui fixe une partie du complément, et l'hémolyse n'a pas lieu (ou elle est affaiblie). Cette explication de Gay est-elle applicable à tous les cas de déviation du complément? Cela n'est pas certain. D'après les données mêmes de l'auteur, son explication ne vaut plus pour les expériences faites avec des globules soigneusement lavés. Or les expé- riences précitées d'ARRHENius et de Manwaring ont été faites avec des globules lavés. Les émulsions employées par ces auteurs contenaient-elles, malgré le lavage, des quan- tités d'albumines humorales suffisantes pour donner naissance à la formation d'un complexe qui fixe tout ou partie du complément? C'est un point qui n'a pas été envisagé. On pouvait d'ailleurs aller plus loin que Gay dans le même ordre d'idées et se demander si les hématies elles-mêmes ne peuvent pas abandonner au liquide 'ambiant des substances précipitables. Les hématies émulsionnées dans le chlorure sodique ne sont pas dans un milieu tout à fait normal. Au bout d'un certain temps, elles doivent s'y altérer. Peut-être cet état de souffrance se traduit-il par l'abandon au milieu ambiant de traces de leur substance cellulaire. Peut-être même cette dissolution très partielle est-elle favorisée par la présence dans le milieu ambiant de grandes quantités d'anti- corps. (Cette dernière supposition ne vaudrait que pour le cas où il n'y a pas de préci- cipation extra-globulaire.) Dans ces conditions, les hématies se trouvent dans leur émul- sion un peu comme les bactéries dans leur culture. L'antigène n'est plus exclusivement confiné dans les corps cellulaires : une partie est dissoute dans le liquide ambiant. Quand on ajoute l'anticorps, le complexe antigène-anticorps se fait dans les cellules et hors d'elles, et le complément se partage. Il y a d'ailleurs encore d'autres explications possibles. Il suffit que l'antisérum con- tienne, à côté de l'anticorps, des substances empêchantes en concentration déterminée, pour qu'on puisse constater de l'hémolyse aux faibles concentrations et le manque d'hémolyse aux fortes. On peut faire des constatations de ce genre en matière de coa- gulation du sang. De petites quantités de certains plasmas ou sérums sont agents coa- gulants, de fortes quantités sont agents anticoagulants (Nolf). Auxilysines et antilysines humorales. — Dans ses soigneuses déterminations hémolytiques faites avec du sérum de chèvre immunisée contre les globules de mouton, HEMOLYSE. 477 Manwaring a constaté que le sérum normal de chèvre chaufTé k\ 56° pouvait avoir sur riiémolyse produite par le sérum spécifique une influence parfois considérable. Cer- tains sérums rendent l'hémolyse beaucoup plus active, d'autres sérums la retardent, d'autres encore n'ont aucune influence. D'autre part, si l'on chauffe un seul et même sérum pendant plusieurs heures et qu'on l'examme dans son action sur l'hémolyse à différents moments de la cliaufTr, on pourra constater deux successions de pouvoirs antiiytique et auxilytique. Il existe donc dans le sérum, conclut Manwari.ng, outre l'anticorps et le complément, un (ou plusieurs) troisième composant dont on ne peut négliger l'action, surtout dans une étude quantitative du phénomène. Et c'est là une des raisons pour lesquelles on ne peut pas interpréter complètement, avec nos connais- sances actuelles, les courbes hémolytiques. BoKDET et Gay ont étudié un cas spécial où un troisième constituant joue un rôle prépondérant. Il s'agit de l'hémolyse des globules de cobaye dans un mélange de sérum chauflé de bœuf (normal) et de sérum frais de cheval (normal). D'après l'analyse des phénomènes, le sérum de cheval fournit l'anticorps et le complément, qui sont insuf- fisants pour produire seuls l'hémolyse. Le sérum chaufTé de bœuf apporte une troisième substance, qui est un colloïde. Cette substance ne se fixe pas sur les globules nor- maux, elle est seulement absorbée par les globules qui se sont préalablement chargés de l'anticorps et du complément de cheval. Son absorption a pour eiïet d'agglutiner énergiquement les hématies et de les hémolyser. Vitesse de l'hémolyse par un sérum hémolytique normal. — V. Henri et ses collaborateurs ont fait l'étude des conditions de l'hémolyse des hématies lavées de poule par le sérum de chien normal. Un premier point important, c'est que la quantité d'hémoglobine diffusée après un certain temps pas trop long (1/2 à 1 heure) est indépendante de la richesse globulaire du milieu. De plus, la quantité des globules qui peuvent être hémolyses (dans des émulsions à 10 p. 100 de globules) par une quantité déterminée de sérum est limitée, même si l'on prolonge l'expérience. Comme le fait remarquer Hexri, la première constatation établit une analogie entre l'hémolyse par le sérum de chien et les processus enzymatiques, tandis que la seconde constitue une différence essentielle entre eux. Les résultats suivants indiquent le degré d'hémolyse niaxima (exprimé en centièmes de l'hé- molyse totale) des mélanges de volume constant et de teneur constante en hématies. Quantité de sérum. . . 0".3 0-.4 0".o 0".15 le. 1".5 Degré d'hémolyse . . . 15 19. 30 56 93 100 Si l'on recherche le rapport qui existe entre le degré d'hémolyse et la concentra- tion du sérum, on ne constate pas de rapport constant. Dans les premiers temps seule- ment, le degré d'hémolyse est proportionnel au carré de la concentration du sérum. Quantité de sérum U-^MS 0'=^2 0c°.3 O'^'.i O-^^-S 0".75 l-^-^ l".;j 2'' Degré d'hémolyse après 12 miu. 8.5 19.5 30 — — 36 min. 3 6.9 10 28.2 66.6 95.6 — — 76 miu. 4.1 8.4 13 19.5 47 78.5. 98.3 100 — — 107 min. 3.3 5.5 11.7 15.7 23.6 50 85 100 100 — — 200 min. 4.8 7.9 14.4 18.3 29 55 90 100 100 Si l'on étudie la marche du phénomène dans le temps, on constate que, pendant les b à 10 premières minutes, la vitesse est très faible, souvent inappréciable pour de petites quantités de sérum. Cette première partie correspond à la fixation de l'hémo- lysine par les globules. La courbe qui indique le degré de l'hémolyse en fonction du temps, présente donc une première partie très courte qui s'élève très peu au-dessus de l'axe du temps, puis un point d'inllexion et enfin une partie courbe à concavité tournée vers l'axe du temps. Si l'on prend le point d'inflexion comme origine de la courbe et si l'on calcule le degré d'hémolyse, en prenant comme unité, o, la quantité d'hémoglobine diffusée au moment où l'hémolyse cesse de progresser, on constate que la vitesse de l'hémolyse se produit suivant une loi logarithmique. K = - log t a — .(■ 478 HÉMOLYSE. Si l'on introduit l'hémolysine en une fois dans des milieux, auxquels on ajoute suc- cessivement les globules, on constate que dans les premiers temps, l'hémolyse se fait plus rapidement que dans un tube témoin où les globules ont été mis en une fois; mais, au bout d'un certain temps (pour des concentrations suffisantes d'hémolysine, le rapport se renverse : l'hémolyse est plus forte dans le milieu où les globules ont été introduits par fractions, ce qui ne s'explique que par le passage de l'hémolysine des globules décolorés sur les globules intacts. Ce résultat établit une différence avec ce qui se passe pour les hémolysines spécifiques (expérience de Bordet). Si l'on ajoute de l'hy- drate ferrique colloïdal au milieu qui contient les hématies et le sérum, on aura une influence favorisante sur l'hémolyse, si l'addition d'hydrate précède de 10 minutes celle du sérum ou si elle la suit de 10 minutes; empêchante, si elle est faite en même temps. Ce dernier effet est dû à la précipitation de l'hémolysine par l'hydrate dans le liquide extra-globulaire. M"" Cernovodeanu constate que l'hémolyse produite par un mélange de deux sérums peut être supérieure, inférieure ou égale à la somme des hémolyses produites par chacun des sérums séparés; que deux sérums a et 6 peuvent s'activer pour l'hémolyse des globules d'espèce C et se neutraliser pour l'hémolyse des hématies d'espèce D. Mécanisme de Thémolyse par les sérums. — Un grand nombre d'explications ont été données de ces phénomènes obscurs. On se bornera à caractériser ici, dans leurs traits essentiels, les principales tendances qui se sont fait jour successivement. Théorie de Buchner. — La plus ancienne ancienne opinion est celle de Buchner, pour qui les alexines (hémolysines du sérum normal) sont des ferments solubles dont la fonction e^^de détruire des édifices protoplasmiques structurés. Ces ferments solubles auraient une origine leucocytaire. A l'heure actuelle, Metchni- KOFF défend une opinion sembable. Nolf a objecté que, pour faire admettre l'existence d'un processus enzymatique, il faudrait pouvoir caractériser celui-ci, et par son agent, et par ses produits, et par ses modalités. Son agent (l'hémolysine ou ses deux constituants) a les caractères généraux des colloïdes, ce qui n'est pas suffisant pour en faire une enzyme. Les produits principaux de l'hémolyse sont un stroma et de l'hémoglobine. Ces mêmes produits, on les obtient par l'action des milliers d'agents hémolytiques dont nous disposons. La séparation de l'hémoglobine et du stroma est une pure action physique, un phénomène de diffusion, comme il ressort de tout ce qui a été dit dans cet article. On pourrait supposer que, si elle n'a pas à opérer la séparation de l'hémoglobine et du stroma, l'hémolysine la prépare peut-être en exerçant une action enzymatique sur le stroma. Pour admettre celle-ci, il faudrait, encore une fois, en trouver les produits. L'hémolyse n'est pas un processus protéolytique ; Nolf, Gruber ont. cherché vainement dans les milieux hémolyses la présence d'albumoses ou de peptones. Elle ne semble pas être davantage un processus lipolitique, bien que Neuberg ait récemment attiré l'attention sur cette possibilité. Dans ses modalités, l'hémolyse par les sérums s'écarte essentiellement des fermen- tations, en ce que l'hémolysine est (d'après la plupart des auteurs) consommée pendant l'hémolyse. Il est impossible, à l'heure actuelle, de fournir un seul argument topique en faveur de l'opinion de Buchner, mais il est tout aussi impossible de la rejeter définitivement. Nos connaissances sont loin d'être assez complètes. Théorie de Bordet : Bordet attribue à l'alexine (complément) l'action hémoly tique. Mais l'alexine est, par essence, une substance à affinités peu accusées. Quand elle est seule, l'alexine a peu de tendance à s'attaquer à telle cellule plutôt qu'à telle autre. C'est ici qu'intervient la sensibilisatrice (anticorps). A l'inverse de l'alexine, la sensi- bilisatrice est spécifique. Elle est douée d'une affinité très vive pour la cellule à laquelle elle correspond. En se fixant sur elle, elle la rend accessible à l'action de l'alexine. Soit un mélange des hématies A et B, et d'une alexine insuffisante par elle-même pour les détruire les unes ou les autres. Ajoutons de la sensibilisatrice A correspondant aux hématies A; immédiatement, les hématies A se détruisent, à l'exclusion des hématies B. Si, au lieu d'ajouter la sensibilisatrice A, on ajoute la sensibilisatrice B, ce seront les hématies B qui se détruiront. HEMOLYSE. 479 Dans le premier cas, les globules A, après leur imprégnation par la sensibilisa- trice A, sont devenus susceptibles d'être attaqués par l'alexine, ils ont été sensibilisés à son action. Dans le second cas, le même phénomène s'est passé pour les globules B. Cette façon de concevoir le rôle de la sensibilisatrice et de l'alexine découle des recherches de Bordet sur l'immunité contre les microbes, d'où sont issus les travaux sur les hémolysines humorales spécifiques. La sensibilisation par le sérum spécifique fut primitivement (1899) conçue plutôt comme un affaiblissement de la cellule (microbe ou globule) dans sa résistance à l'alexine. Ultérieurement (1901), Bordet précisa sa façon de comprendre cette débilitation de la cellule vis-à-vis de l'alexine : « La sensibilisation modifie la cellule de manière à lui permettre d'absorber directement l'alexine. L'action de la sensibilisatrice sur les élé- ments cellulaires serait donc comparable à celle de certains agents fixateurs ou mor- dançants, lesquels confèrent à certaines substances la propriété d'absorber des couleurs qu'elles refusaient auparavant. » NoLF exprimait (1900) la même opinion, sous une forme un peu différente : >< L'an- ticorps doit être considéré comme une substance qui augmente, dans des limites plus ou moins étendues, le coefficient d'absorption des globules pour les alexines. » Dans cette manière de concevoir le phénomène, c'est donc par une action directe de l'alexine sur le globule qu'est opérée la destruction de celui-ci. La sensibilisatrice joue le rôle de simple adjuvant. En cela,Ja théorie de Bordet se sépare complètement de celle d'EuRLicH et Mor- GENROTH. Théorie cIEhruch et Morgenroth : Lhémolyse est un phénomène chimique ; il résulte de la combinaison chimique entre le protoplasma de l'hématie, l'arnboceptor (sensibilisatrice) et le complément (alexine). L'amboceptor est le terme intermédiaire nécessaire entre le protoplasma et le complément. Il est Joué d'une affinité bipolaire (d'où son nom). L'un de ses pôles s'agrafe au protoplasma; l'autre fixe le complément. La fixation au protoplasma est purement chimique, elle se fait par l'intermédiaire d'un chaînon. D'après Ehrlich et Morgenroth, la surface du protoplasma vivant, conçu comme entité chimique, comprend un noyau central hérissé d'une foule de chaînes latérales, pourvues chacune d'affinités spécifiques. Celles-ci se saturent au contact des éléments dissous dans le milieu ambiant. Chaque chaînon peut ainsi fixer chimique- ment les substances pour lesquelles il a de l'affinité. Quand un amboceptur se fixe sur une cellule, c'est que cette cellule contient un chaînon capable d'entrer en combinaison avec lui. Cet amboceptor se soude alors, par un de ses pôles (pôle cytophile), à ce chaînon. S'il existe dans le liquide ambiant des molécules de complément libres, l'autre pôle (pôle complémentophile) de l'amboceptor se coiffe du complément, et la double union, d'où procède l'hémolyse, se trouve réalisée. D'après ce qui précède, jamais l'union entre protoplasma, d'une part, complément, d'autre part, n'est directe. L'amboceptor est l'intermédiaire obligé entre les deux. La fixation sur la cellule d'amboceptors pourvus de leur complément est un cas particulier d'un processus qui assure, dans les conditions habituelles, la nutrition cellulaire. Pourquoi cette fixation, quand elle porte sur une hémolysine, entraîne-t-elle la des- truction de la cellule? Parce que, dit la théorie d'EuRLicu et Morgenroth, l'hémolysine est un poison cellulaire. Cette explication n'en est évidemment pas une. Si l'on envisage le fond du problème, on doit reconnaître que les travaux des der- nières années ont apporté à la théorie d'EuRLicu et Morgenroth de nombreux et sérieux appuis. Pour Ehrlich et Morgenroth, l'action de l'hémolysine sur l'hématie est essen- tiellement la combinaison chimique de trois substances : le protoplasma cellulaire, l'amboceptor, le complément. Dans la théorie de Bordet, telle qu'elle fut primitivement énoncée, l'hémolyse est une altération grave de la cellule causée par l'alexine, et faci- litée par la sensibilisatrice. Actuellement, on reconnaît pour ainsi dire unanimement que l'hémolyse est bien la fixation successive de l'amboceptor et du complément par la cellule. Cette explication de l'hémolyse par les sérums d'immunisation a été étendue par 480 HÉMOLYSE. les travaux (I'Ehrlich et de ses élèves à l'hémolyse par les sérums normaux. L'alexine seule (complément) paraît dénuée de toute action sur la cellule. Cette fixation est un phénomène chimique irréversible (Morgenroth, Arrhexius) qui consomme les substances participant à la réaction, et qui donne naissance à un pro- duit additionnel dont les propriétés sont différentes de celles des générateurs, comme le prouve le fait que l'organisme vivant réagit dilïéremment à lui et aux générateurs. Cette conception reçoit un appui très sérieux de la très intéressante observation de Gengou, suivant laquelle la caséine, mélangée à i'anticaséine et au complément, fixe l'une et l'autre. On ne peut évidemment, sous peine de faire perdre aux mots leur signification, parler d'une sensibilisation de la caséine au complément. L'expérience de Gengou s'exprime en langage clair, en disant que la caséine s'unit à I'anticaséine et au complément. Et on peut affirmer que la fixation par la cellule de l'anticorps et du complément est de même nature. De ce que le complément paraît dénué de toute affinité pour la cellule quand il est seul, qu'il se fixe sur elle quand elle a été préalablement pourvue d'anticorps, il est assez légitime de conclure que la fixation du complément sur la cellule se fait par l'intermédiaire de l'anticorps. Mais il serait imprudent de vouloir définir actuellement plus explicitement cette réaction. Il ne faut pas oublier que les trois termes de cette réaction sont des colloïdes, dont deux sont dissous, dont un est contenu dans une phase solide. Or il ressort de plus en plus des travaux de ces dernières années que la chimie des colloïdes est toute diflerente de la chimie des corps dissous. L'intensité des phénomènes est fonction de surface bien plus que de masse. Les équilibres s'y établissent suivant des lois encore inconnues et les affinités mêmes sont probablement influencées par l'état colloï- dal. Vouloir figurer ces phénomènes en des symboles empruntés à la chimie du benzol, admettre de plus que toutes ces réactions consomment intégralement les produits de la réaction, sans résidu, et donnent naissance à des produits définis toujours les mêmes, comme le fait Ehrlich, c'est appliquer aux colloïdes les règles de la chimie moléculaire la plus simple, la plus schématique. Arriienius a réagi très heureusement contre cette tendance et il a introduit dans la chimie humorale, dans l'immuno-chimie, comme il l'appelle, la notion très féconde de l'équilibre chimique. Mais il semble que, dans son œuvre réformatrice, il ait lui-même manqué d'audace. Les équilibres qu'il suppose sont encore des équilibres "moléculaires. Les réactions qu'il étudie seraient les plus simples de la chimie des molécules : elles seraient monomoléculaires. Mirage des chiffres, qui assimile à la catalyse d'un étherparun acide la mort d'une cellule, l'hémo- lyse ! Il appartient à l'avenir, aux lois encore inconnues de la chimie des colloïdes, d'apporter les notions et les formules définitives. En attendant, l'étude de ces phéno- mènes gagnera à se dégager des théories prématurées et à s'inspirer le plus possible des notions déjà acquises de la chimie des colloïdes. Actuellement on peut admettre, avec Bordet contre Ehrlich, que, dans le sérum, anti- corps et complément se comportent comme s'ils étaient libres de toute union entre eux. L'affinité dominante du complément, celle qui détermine et caractérise sa fonction dans l'organisme vivant, s'exerce à l'égard de l'hématie qui a préalablement fixé l'anticorps. La destruction des hématies par les sérums hémolytiques prend donc une place à part parmi tous les exemples d'hémolyse qui ont été étudiés dans cet ai ticle. A son origine se trouve une fixation par les cellules rouges de deux albumines humorales, phénomène qui paraît avoir une haute signification biologique. On le retrouve dans les phénomènes d'immunité, dans la défense de l'organisme contre les microbes; on le trouve aussi, avec tous ses détails, dans la coagulation du plasma (P. Nolf). Cette fixation est suivie de la dilTusion du contenu cellulaire. Cela suppose qu'elle perméabilise l'enveloppe cellulaire à l'hémoglobine. Cette conséquence n'est pas néces- saire. Comme il a été dit différentes fois au cours de cet article, une altération de la paroi peut agir aussi bien dans le sens d'une augmentation que d'une diminution de la perméabilité. En ce qui concerne plus spécialement l'hémolyse par les sérums, Muiii, Gay, Bordet et Gav ont cité des cas où la fixation d'anticorps et de complément par des hématies, n'était pas suivie d'hémolyse. Théorie de v. Baumgarten. v. Baumgarten a émis une théorie osmologiquc de l'hémo- HÉMOLYSE. 481 iyse, qui a reçu de son auteur successivement deux énoncés. Jusqu'en 1902, v. Baumgar- TEN a attribué le pouvoir liémolytique d'un sérum à son manque d'équilibre osmotique avec l'hématie. Cette conception ne pouvait trouver aucun adhérent. En effet tous les sérums des vertébrés supérieurs ont sensiblement le même point de congélation; et le chauffage à 56°, qui supprime tout pouvoir hémolytique, n'a aucune action sur la pres- sion osmotique du sérum. En 1902, v. Baumoarten a abandonné cette manière de voir. Dorénavant, il considère que Timprégnation de l'hématie par l'hémolyse a pour consé- quence d'altérer la paroi globulaire et de la rendre perméable à l'hémoglobine. Énoncée de cette façon, la théorie de v. Baumgarten se juxtapose partiellement à l'opinion émise en 1900 par Nolf qui définissait ainsi l'hémolyse: la diffusion de l'hé- moglobine à travers une paroi globulaire altérée par l'hémolysine. Nolf tentait de pénétrer plus profondément le mécanisme du phénomène. Il ajoutait que cette per- méabilisation à l'hémoglobine était probablement le résultat d'une augmentation de l'imbibition de la paroi globulaire par l'eau, conséquence de la fixation de l'hémoly- sine humorale. La perméabilisation peut évidemment reconnaître d'autres mécanismes (une lipolyse par exemple), mais l'influence si nette qu'exercent sur elle les sels neutres, influence que Nolf a reconnue le premier, plaide fortement en faveur de sa manière de voir. Quelque soit d'ailleurs le mécanisme intime de cette perméabilisation, il y a lieu de se demander s'il faut considérer comme une théorie autonome l'affirmation de cette perméabilité. L'enveloppe globulaire n'est pas dissoute par le sérum hémolytique: elle n'est pas non plus détruite mécaniquement par lui, fissurée ou éclatée. En disant qu'elle est devenue perméable à l'hémoglobine, on ne fait donc qu'énoncer un fait. La chose ■essentielle dans l'hémolyse par le sérum, c'est reconnaître la nature des rapports entre l'hématie et les deux termes de l'hémolysine. Une théorie de l'hémolyse par les sérums doit avant tout donner une idée nette de ces rapports, dont la perméabilité à l'hémoglo- bine est la conséquence. C'est ce que ne fait pas v. Baumgarten. Dans ces conditions, il ■ne semble pas qu'il faille faire une place à part à une théorie osmologique de l'action hémolytique des sérums. Bibliographie. — Abbot et Gilderslewe. Journ. med. Research, 1903, x, 42-62. — AscoLi. hoagghUinhie und Isolysine menschlichcr Blutsera (Mihich. med. Woch., 1901). — AsGOLi et Riva. Ueber die Bildiingsstàtte der Lysine [Ibid., 1901). — Ascoli. Ueber hàmo- lytisches Blutplasma {D. med. Woch., 1902). — Arrhenius et Madsex. Anwendung der phy- sifialischen Chenue auf das Studium der Toxine und Antitoxine {Zeits. f. physik. Chemie, 1903, XLiv, 7-62). — Arrhenhjs. Immunoc hernie. 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Dans cette expérience le sang perdu a été remplacé par une solution de NaC1^0,8 p. 100. 7. — = — — — — de RiNGER. HEMORRAGIE. 493 Nous savons en effet que les vaisseaax sanguins, grâce à l'élasticité de leur paroi, peuvent avoir une contenance variable. Le volume du sang pourrait donc à un moment donné augmenter par les liquides qu'il reçoit du dehors ou diminuer par le passage de son plasma dans les tissus. A l'état normal, ces deux ordres de phénomènes se font équilibre, et il faut admettre que la masse sanguine varie entre des limites assez restreintes. L'hémorragie détruit cet équilibre, en diminuant le volume du sang. Si la perte sanguine n'est pas trop forte, les vaisseaux peuvent s'accommoder à ce nouveau régime, et la pression artérielle monte rapidement. Mais l'équilibre ne sera rétabli qu'en apparence jusqu'au retour du volume sanguin à son chifTre normal. C'est pour cela que tous les liquides épars dans l'organisme, liquides de l'appareil digestif, plasma interstitiel, etc., affluent vers le sang. Tout se passe comme si, les vaisseaux «'affaissant après la saignée, la pression sanguine tombait, et comme si les liquides du dehors se trouvaient aspirés à l'intérieur. Le sang se trouve ainsi dilué, et les globules répartis dans toute sa masse. Si maintenant, par l'une ou l'autre des méthodes mentionnées plus haut, on veut évaluer la richesse de ce sang en globules, il faut s'assurer au préalable que le sang a récupéré son volume normal; et c'est là la plus grosse difficulté, car nous ne connais- sons aucun moyen de déterminer le moment précis où l'appareil circulatoire a retrouvé sa capacité première. Toute 'numération de globules faite auparavant ne nous donnera pas le maximum d'hypoglobulie. Les chiffres donnés par Lyon, Otto, Antokonexko, WariE, Baumann, etc., montrent que ce maximum est atteint trois ou quatre jours après la saignée. Peut-on en déduire que le volume total du sang est resté pendant tout ce temps inférieur à son chitTre normal, ou faut-il chercher un fait nouveau du côté des globules rouges eux-mêmes? Dawson (1900) a résolu le problème en injectant dans les vaisseaux, immédiatement après la saignée, un liquide isotonique au plasma sanguin, et en quantité rigoureu- sement égale à celle du sang extrait. Le volume du sang a été ainsi immédiatement ramené à sa valeur normale, et on peut espérer que la numération des globules, faite peu de temps après, donnera le maximum d'hypoglobulie. En procédant ainsi, Dawson a trouvé que le nombre de globules rouges continue à diminuer jusqu'au quatrième jour. Ce supplément d'hypoglobulie post-hémorragique serait dû à ce qu'un grand nombre d'hématies, les jeunes surtout qui sont moins résistantes, sont détruites dans le sang même. S'il en était ainsi, l'hémoglobine passerait dans le plasma, et, de là, dans l'urine. Oi' Inacaki n'a pas trouvé l'hémoglobine dans ces liquides après la saignée. — Cet auteur attribue, comme Lesser, l'hypoglobulie post-hémorragique à la dilution du sang par le plasma interstitiel qui pénètre dans les vaisseaux, après la saignée, en quantité plus grande que celle du sang perdu. — Cette pénétration se produit, même si l'on remplace ce sang par un volume égal d'une solution saline isotonique. D'ailleurs les recherches de Sherrington et Copemann sur le poids spécifique du sang ont montré que la solution saline ne reste pas longtemps dans les vaisseaux. Ce fait se trouve appuyé par la constatation d'iNAGAKi, suivant laquelle la dilution du sang resté dans les vaisseaux après une saignée de 30 ce. est plus forte et dure plus longtemps que celle occasionnée par l'injection de 90 ce. d'eau. Nous avons réuni, dans le tableau II, les résultats donnés par les difîérents auteurs sur l'hypoglobulie post-hémorragique, qu'il y ait eu ou non transfusion immédiate d'une solution saline quelconque. Il semble ressortir de ce tableau que l'hypoglobulie n'est pas rigoureusement proportionnelle à la perte de sang (]ui en est cause. On voit par exemple que, pour une saignée de 4,5 p. 100 du poids du corps, la perte en globules est de 20 p. 100 de leur nombre initial, tandis que, pour une saignée de 3,8 p. 100 du poids du corps, ou '60 p. 100 de la masse sanguine totale, l'hypoglobulie n'est que de 28 p. 100 du nombre total des globules. Cela n'a rien de surprenant après ce que nous venons de dire plus haut sur l'exactitude de la méthode employée pour connaître la richesse du sang en globules. Nous sommes donc amenés à considérer la valeur de l'hypoglobulie comme très relative, et à nous expliquer pourquoi on ne trouve pas de proportionnalité entre l'intensité de la saignée et celle de l'hypoglobulie. Le diamètre des - sance, le développement et la mort de ces éléments n'ont pas lieu dans le sang, nuii> dans l'appareil lymphatique et dans les organes hématopoïétiques. On voit tout de suite la grande part qui va revenir à cette question, dans l'élude du mécanisme de la leucocytose post-hémorragique. DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME Vni. 32 ^98 HEMORRAGIE. D'après Virchow, cette Jeucocytose serait due à ce que les globules blancs, grâce à leurs mouvements amiboïdes, se Axeraient sur la paroi vascuJaire, résistant ainsi à l'entraînement du courant sanguin. Nous|ne pouvons partager cette opinion. TABLEAU IV Variétés des globules blancs du sang d'après les différents auteurs. EHRUCH. OUSKOW. JOLLY. BAUMANN. I. Lymphocytes. I. Globules jeunes. 1. Lymphocytes. I. Petits mononu- 11. Leucocytes. 1) Petits lymphocy- 11. Grands mononu- cléaires. a) A noyau ovalaire. tes. cléaires. II. Grands mononu- 6) A noyau en fer à 2) Globules lobules 111. Polynucléaires. cléaires. cheval. transparents. IV. Éosinophilcs. III. Leucocytes de III. Leucocytes polynu- II. Globules mih's. transition. cléaires à protoplas- 3) Grands globules de IV. Polymorphomi- ma granuleux. transition. cléaires. 4) Globules de tran- V. Eosinophiles. sition. III. Globules vieux. 5) Polynucléaires. TALQUIST et WILLEBRaNDT. DAWSON. LABBÉ et [BEZANÇON. Ci] >— » O HAYEM. p. 100. P. 100. I. Lymphocytes. A I. Cellules polynu- I. Leucocytes mo- II. Grands mono- Mononucléaires. cléaires avec gra- nonucléaires nucléaires de tran- \) Lymphocytes. nulations neutro- translucides et sition. 2) Petits mononu- philes 70-80 45-55 incolores. III. Globules tnono- cléaires. II. Cellules polynu- II. Leucocytes mo- nucléaires de tran- 3) Mononucléaires cléaires à granu- nonucléaires opa- sition. moyens. lations aurantio- ques et colorés. IV. Polymorpho7iu- 4) Gros mononu- philes 4-8 0.5-3 III. Leucocytes po- cléaires. cléaires. I]I. Grands leuco- ly7iucléaires. V. Oxyphiles. 5) Formes de tran- cytes mononuclé- IV. Globul. blancs sition. aires et diverses à g)-osses granu- B formes de transi- lations. Polynucléaires. 6) A granulations tion IV. Lymphocytes. . V. Maslzlen. . . . 10-15 5-10 0.5 20-25 20-25 2-5 neutrophiles. 1) A granulations acidophiles. 8) A granulations éosinophilcs. 9) A granulations bascphiles. Malassez dit que c'est la réaction de l'organisme contre le traumatisme et non contre la perte sanguine, qui produit cette leucocytose. Cette réaction serait beaucoup plus intense dans les cas de suppuration de la plaie. Mais des recherches ultérieures ont montré que la leucocytose se produit tout aussi bien quand la plaie, faite dans des conditions d'asepsie rigoureuse, se ferme sans suppuration. Suivant Mijlle.r, la leucocy- tose serait produite par la prolifération des éléments restés dans le sang-; tandis que HEMORRAGIE. ^ 499 Lôwiï croit que la saignée ralentit la transformation des globules mononucléaires en polynucléaires, et retarde ainsi la destruction de ces derniers éléments. Ces deux opinions contraires ont rendu le problème intéressant, et plusieurs tra- vaux ont été exécutés afin d'élucider la question. Ainsi, Antokone.nko a fait sur le chien une série d'expériences: il opère des saignées d'un tiers à la moitié de la masse totale du sang, et suit minutieusement les modifications qui s'ensuivent dans l'état des glo- bules rouges et blancs. Se servant de la nomenclature de Ouskow, Antoko.nf.nko établit tout d'abord la formule leucocytaire de l'animal à l'état normal, c'est-à-dire la pro- portion en pourcentage des différentes formes de leucocytes. En procédant ainsi, il a reconnu dans la leucocytose post-hémorragique trois ordres de phénomènes : i° une augmentation des éléments jeunes ; 2° une diminution absolue et relative des grands lymphocytes; 3" une augmentation des leucocytes mûrs et vieux (polynucléaires). Comme la leucocytose apparaît dès le lendemain de la saignée, on ne saurait attri- buer l'augmentation des éléments jeunes à une nouvelle formation. Ces nouveaux venus sont fournis par la lymphe interstitielle qui afflue vers le sang après l'hémorragie. Pour diminuer cet afflux, Antokonenko a introduit dans les vaisseaux, immédiatement après la saignée, une solution de chlorure de sodium de 0,3 à 0,6 p. 100, de volume égal au volume de sang extrait. Il constate alors que les leucocytes [arrivent de la lymphe inter- stitielle, en quantité moindre, et que la leucocytose dans son ensemble n'a plus les mêmes caractères ni la même intensité. Il faut donc chercher dans le sang même l'explication de la leucocytose. Certains auteurs enseignent que, dans le sang normal, les globules blancs sont en continuel état d'évolution : tjansformation d'une part, des jeunes lymphocytes en leu- cocytes adultes, et de ceux-ci en vieux leucocytes; et, d'autre part, destruction de ces derniers (OusKow et Antokonenko). D'après Antokonenko, l'hémorragie modifie cette évolution de la façon suivante : la rapidité de transition de la forme jeune vers la forme mûre augmente, tandis que cette dernière vieillit au contraire beaucoup moins vite qu'à l'état normal ; enfin les vieux leucocytes persistent plus longtemps. Dawson, poursuivant ses recherches sur l'influence des injections de diverses solutions salines après la saignée, a été amené à étudier les modifications morphologiques du sang occasionnées par une hémorragie. Afin d'élucider le mécanisme de la leucocy- tose, cet auteur a d'abord établi comme Antokonenko la formule leucocytaire, mais en se basant sur une nomenclature un peu différente. Il s'est servi du chien comme sujet d'expérience, et le volume de sang extrait a été aussitôt remplacé par un volume égal d'une des solutions suivantes : 0,8 p. 100. 0,026 — 0,03 — 0,8 — 0,01 — 0,0015 — 0,01 — i" NaCl 0,8 p. 100. 2" NaCl 1 — / NaCl. . 1" sol j CaC12 . ( KCl . . 3° Sol. de RiNGER ...,(' / NaCl. . 9« sol ) CaCl- . ) KCl . . l CO^HNa 4° Sol. de NaCl à 0,8 p. 100 10 parties. Lait 1 — o bol. alcaline j co^HNa . . 0,5 - L'intensité de la saignée a été poussée très loin par Dawson. Ainsi, dans une de ses expériences, il a enlevé à un chien de 7 kg. 400 une quantité de sang égale à 2,r> p. 100 du poids du corps, soit71 p. 100 de la masse sanguine totale, en estimant celle-ci à 1/3 du poids du corps. Immédiatement après la saignée, le chien a reçu dans ses veines un volume égal de la solution n» 4 (NaCl à 0,8 p. 100, 10 parties; lait, 1 partie). L'animal a survécu : la marche de la leucocytose est celle qui est représentée par les courbes de la figure 80 (p. 500). L'examen de ces courbes, dont la forme a été sensiblement la même dans toutes les mo HEMORRAGIE. expériences, montre que la proportion normale des leucocytes polymorphonucléaires subit, immédiatement après l'hémorragie, une chute plus forte que celle des lympho- cytes et des oxyphiles, pour augmenter ensuite et atteindre son maximum 24 heures après l'hémorragie. La courbe des lymphocytes est quelque peu différente; ils diminuent moins que le? polymorphonucléaires. La cause en serait dans la pénétration rapide de ces éléments dans le sang aussitôt que la masse de celui-ci commence à baisser. Dawson admet, comme Ouskow et Antokonenko, une évolution]des lymphocytes vers la g s 4 S 6 7 e ff jo iz ag^i J,oooooo/j5%> IfioooooUS'^o 3fioooo.o(j5% 3opoo 0,000 FiG. 80. — Influence de l'hémorragie sur les éléments figurés du saug, d'après Dawson. forme polymorphonucléaire, mais il n'a pas trouvé de relation numérique confirmant celte opinion d'une métamorphose possible. Ainsi dans l'expérience qui a fourni les documents pour la construction de la courbe représentée par la figure 80, on trouvait avant l'hémorragie il 000 polymorphonucléaires et 3 000 lymphocytes par millimètre cube de sang. Après l'hémorragie, le nombre des polymorphonucléaires est monté à 31000, alors que celui des lymphocytes n'est descendu qu'à 2 000. Plus récemment Baumann a étudié à son tour les modifications du sang après l'hémorragie, et ses conclusions au sujet de la leucocytose post-hémorragique se rapprochent beaucoup de celles d'ANXOKONENKO et de Dawson. Comme ces derniers il a trouvé une augmentation du nombre des polymorphonucléaires. — Ces éléments proviendraient aussi des mononucléaires, dont le nombre diminue après une hémor- ragie. Ehrlich et Lazarus n'ont pas admis les interprétations d'OusKow et d'ANTOKONENKO, quant à l'évolution des leucocytes dans .le sang. D'après eux, les lymphocytes et les leu- cocytes polynucléaires n'ont pas la même origine. Les premiers naîtraient dans l'appa- reil lymphatique, et les seconds dans la moelle des os. D'après ces auteurs, il faut donc distinguer dans la leucocytose posl-hémorragique: 1° une lymphocytose due à l'afflux de la lymphe interstitielle; 2" une augmentation dans le nombre des leucocytes polymorphonucléaires, due aune surproduction de ces éléments par la moelle des os. NA'illebrand, qui a fait une étude très documentée sur les modifications du sang après l'hémorragie, se rattache à l'opinion d'EHRLicH et de Lazarus. Le tableau suivant, V, résume, d'après Willebrand, les modifications occasionnées par l'hémorragie dans les proportions des différents formes de leucocytes du sang. HEMORRAGIE. 501 TABLEAU V p LYMPHOCYTES. LEUCOCYTES MONONnCLKAIRES ET formes de transition. LEUCOCYTES rOLYNUCLÉAIRE.S. LEUCOCYTES OXYPHILES. Q O S ;-> 1 ESPÈCE. ^-^^^ . ~ -S 1 c « -g -£ te o- '5 5 S ■a ë B e -a - c o « ■?; ■o ° t. to ■S i a o ^ "S Chien. 662 442 920 934 9812 15 504 704 102 2 — 1 206 1 748 1 131 959 9 624 23 970 2 414 1522 3 — 1 389 3 133 1950 2 109 7 496 22 686 1 013 570 4 — 1 199 3 791 1240 3 337 5 168 8 748 443 324 5 — 1 146 2 125 953 992 7 154 30 145 1 745 0 6 — 1 no 4 140 2 131 1 033 10 030 13 442 413 83 7 Lapiu. 2 r.67 5 947 1 378 1 243 6 250 9 509 103 101 8 — 1 943 3 852 2 428 2 169 3 544 12 603 82 îtj" 9 — 2 678 5 320 1690 240 7 936 18 144 109 96. Si nous résumons les études précédentes sar les modifications des globules blancs du sang à la suite d'une hémorragie, nous pouvons en tirer les conclusions suivantes : 1° Toute he'morragie un peu importante est suivie d'une leucocytose. ' 2° Parmi les globules blancs qui s'accumulent dans le sang, les uns viennent avec la lymphe interstitielle (lymphocytes), les autres, leucocytes polymorphonucléaires, pro- viennent, soit d'une modification des métamorphoses normales, soit d'un ralentissement de la destruction des éléments vieux (Ouskow, Antokone.xko, Dawson, Baumann) ; il peut encore se produire une surproduction de ces éléments dans la moelle des os (Ehrlich et Lazarus, Willebrand, etc.). c) Les hématoblastes, comme les autres éléments du sang, diminuent après l'hémor- ragie. Mais cette décroissance n'est que passagère, et leur nombre recommence à augmenter dès le lendemain de la saignée pour atteindre son maximum au bout de 7 ou 8 jours. Ce phénomène a été vu pour la première fois par Vulpian. Mais c'est Hayem qui a donné une description complète des hématoblastes el a très bien mis en évidence l'effet de la saignée sur ces éléments. Leur production devient extrêmement active, d'où une accumulation de ces corpuscules dans le sang, phénomène que Hayem a appelé : crise hématoblastique. Elle accompagne toutes les réparations sanguines et a par cela même une grande valeur. La fig. 81 montre la marche de la crise hématoblastique chez un chien de 12 kg. 500 ayant perdu par la fémorale 36^) gr. de sang (2,9 p. 100 du poids du corps). Le rapport N (glob. rouge) , qui, à l'état normal égale 20, peut descendre à 7 peii- H (hématoblaste)' dant la crise hématoblastique. Les érythroblastes, assez rares dans le sang normal du chien, de 22 yi 570 par milli- mètre cube, deviennent plus abondants après une hémorragie, 1 030 environ par mil- limètre cube. La figure 80, empruntée à Dawson, montre les modifications numériques des différents éléments figurés du sang. 4. La coagulation du sang. — Les modifications du plasma et des éléments figurés, que nous venons de passer en revue, ont un assez grand retentissement sur la coagula- bilité du sang. — Au temps où la saignée était en vogue comme moyen thérapeutique, on a toujours remarqué que le sang fourni par une seconde saignée se coagule beau- coup pins vite que celui de la première, si l'espace de temps qui sépare ces deux opé- rations n'est pas trop grand. On recueille en outre une plus grande quantité de fibrine. Ces observations ont été vérifiées par de nombreuses expériences faites sur les animaux. La coagulahilité du sang change au cours d'une même hémorragie. Si par exemple 502 HÉMORRAGIE. on fait avec un bistouri une piqûre au doigt, et que l'on recueille plusieurs gouttes de sang, on s'aperçoit que les dernières gouttes se coagulent plus vite que les premières. Ce phénomène serait dû, d'après Mihan, à une action locale des tissus de la peau, qui pro- duiraient du fibrine-ferment |ou renforceraient l'action de celui qui est sécrété par les leucocytes. Cette remarque est vraie, même quand on ouvre uii grand vaisseau pour recueillir beaucoup de sang; Arloing a en effet observé que, si l'on saigne un cheval, par la jugulaire, par exemple, les dernières quantités de sang extrait se coagulent beaucoup plus vite que les premières. D'après Baumann, le temps nécessaire à la coagulation peut diminuer de moitié ; il a lê iB le n la 19 20 m 22 23 2a '2S2e 27 7s 2S 3o3i 1 2 3 i s I — " — • — ' — ' 1 ' , ' ' ■' — ' ' ' FiG. 81. G, courbe de la valeur individuelle des globules, le globule humaia étant pris comme étalon et considéré comme égal à 1 ; N. courbe du nombre [des globules rouges; H, courbe du nombre des héniatoblastes. Les chiffres de la colonne N représentent des millions ; ceux de la colonne H, des milliers, d'après Hayem. observé cette diminution sur un chien qui avait subi une saignée de 25 p. 100 de sa masse sanguine. Si les deux prises de sang sont trop rapprochées, on trouve moins de fibrine dans la seconde que dans la première ; mais, si on laisse entre les deux saignées s'écouler un iemps suffisant, c'est l'inverse qui se produit, et le sang est alors dans sa phase de répa- ration. Comme cette propriété de se coaguler que le sang possède est un de ses meil- leurs moyens de défense contre les hémorragies par les petits vaisseaux, on comprend la hâte que l'organisme va mettre à régénérer les éléments qui rentrent dans la consti- lion de la fibrine. Ainsi donc, la leucocytose post-hémorragique contribue à accélérer la coagulation, soit par la quantité, soit par l'activité du fibrine-ferment que peuvent engendrer les leucocytes. De son côté, la production de flbrinogène se poursuit avec une grande acti- vité, et elle peut dépasser la normale; ce qui expliquerait l'augmentation de la quan- tité de fibrine. Cl. Bernard cite une expérience dans laquelle Magendie pratiqua sur un chien de fortes saignées répétées durant plusieurs jours. Le sang de chaque saignée était défibriné et réinjecté dans les vaisseaux de l'animal. On remarqua à partir du troisième jour un commencement d'augmentation dans la quantité de fibrine. Mais cette fibrine se distinguerait de la fibrine normale par une plus grande solubilité dans l'eau. 5) Influence de l'hémorragie sur la circulation du sang. — L'effet immédiat de toute hémorragie est une déplétion du système circulatoire, d"où chute de la pression artérielle, changement dans le rythme du cœur, dans le rythme et l'amplitude du pouls, dans la vitesse du sang, etc. En un mot, l'hémorragie détruit l'harmonie des HEMORRAGIE. 503 forces qui président à la circulation du sang. Si donc nous connaissons le jeu normal de toutes ces forces, nous saisirons le mécanisme des troubles occasionnés par une hémorragie. Le cadre de cet article ne nous permet pas d'entrer dans tous ces détails. (Voyez : Artères, Capillaires, Cœur, Circulation, Sang.) a) La pression artérielle baisse après la saignée, comme Hales l'a démontré par l'expé- rience suivante : un manomètre étant adapté à la carotide d'un cheval, on introduit dans une autre arlère une canule, et l'on aspire, à l'aide d'une seringue, une certaine quantité de sang; on voit aussitôt baisser la pression. Si l'on réinjecte le sang aspiré, la pression remonte aussitôt ; tandis que, si l'on supprime cette quantité de sang, la pression ne revient que peu à peu à la normale. A première vue, ce phénomène parait très simple. Mais, si l'on cherche à approfondir son mécanisme intime, on voit combien sont nombreuses et complexes les causes qui entrent en jeu. En nous appuyant sur les principes fondamentaux d'hémodynamique établis par Mabey, nous pourrions considérer la pression sanguine comme la résultante des forces suivantes : 1° la contraction du cœur; 2° la force élastique et la contractilité des parois vasculaires; 3° les résistances qui s'opposent à l'écoulement du sang. Si l'on vient à modifier un de ces trois agents principaux, la pression s'en ressen- tira; et, comme l'hémorragie agit directement ou indirectement sur toutes ces forces, on comprend combien il sera difficile de préciser la part de chacune. Marey a démontré que, pour faire baisser la pression artérielle par hémorragie, il faut remplir les deux conditions suivantes : 1° La quantité de sang extraite doit représenter une fraction importante de la masse sanguine totale ; 2° Cette quantité de sang doit être enlevée avec une certaine brusquerie. Les recherches ultérieures [de Worm-Mûller, d'ARLOixG, etc., ont prouvé que sur le chien une saignée de 0,01 du poids du corps passe inaperçue, et qu'il faut lui enlever 2,5 p. 100 du poids du]corps, soit 1/3 de la masse sanguine, pour faire baisser la pression de 1/6. Mais il n'en est pas de même pour d'autres espèces d'animaux : ainsi le lapin perd la moitié de sa pression artérielle pour une saignée de 0,01 du poids du corps. Cela tient sans doute à ce que le lapin, par rapport au poids du corps, est plus pauvre en sang que le chien. On pourrait croire a priori que sur une même espèce d'animaux la chute de la pression sanguine est proportionnelle à la perte de sang. Il n'en est rien, et les expé- riences de DawsOxX le prouvent suffisamment. Cet expérimentateur a pratiqué sur des chiens, en ouvrant leur carotide, des saignées variant de 2,3 à 4,4 p. 100 du poids de leur corps, le temps d'écoulement étant de 5 minutes. A l'aide de manomètres à maxima, Dawson a mesuré la pression artérielle pendant la systole ventriculaire (S) et pendant la diastole (D); il a également mesuré la pression moyenne. Il a calculé ensuite la pression de l'onde pulsatile en faisant la différence entre S et D. Il résulte de ses expériences, que viennent corroborer celles d'autres auteurs, qu'il n'y a aucune proportionnalité entre la quantité de sang perdue et la chute de la pression. 11 faut en conclure que la masse de sang enfermée dans l'appareil circulatoire n'est pas la seule cause qui règle la pression artérielle, et qu'il existe d'autres facteurs tout aussi importants avec les- quels nous devons compter. Nous citerons en première ligne : 1° L'élasticité et la contractilité vasculaires; 2° l'ac- célération du cœur. I. Élasticité et contractilité vasculaires. — Les vaisseaux, grâce à l'élasticité et à la contractilité de leur paroi, peuvent s'accommoder à une quantité de sang inférieure à la normale; mais il y a une limite. En effet, supposons que la pression est tombée au tiers de ce qu'elle est normalement; si elle reste une heure à ce niveau, on peut être sûr que la limite en question est atteinte, de sorte que, si une nouvelle hémorragie se produit, lùt-elle minime, elle entraîne la mort. II. Accélération du cœur. — Immédiatement après la saignée, le cœur s'accélère, cher- chant ainsi à rétablir le volume de sang contenu normalement dans l'arbre artériel. Il <îst aidé dans sa tâche par l'afflux du plasma interstitiel, qui, comme nous l'avons déjà vu, contribue de son côté à rétablir l'équilibre. Enfin, sous l'aspiration du cœur, le système 50^ HEMORRAGIE. veineux cède une partie de son contenu normal. Les deux ordres de phénomènes ci- , }Iéniorragie de 5 litres; 6, Hémorragie de 2 litres; 7, Hémorragie de 2 litres, d'après Marey. sur le cœur une action directe. Mais il ne tarda pas à reconnaître avec Ber.xstein que FiG. 84. — Marev, La circulation du sang. Pouls radial avant une hémorragie, d'après Lorain ' t\ 1 A, C ^ l'i S5. — Pouls radial ai)r('S une liémorragie abondante chez le même sujet, d'après ].iORain. c'est le système nerveux qui se charge de rendre solidaires l'un de l'autre la pression artérielle et le rythme du cœur. Chez un animal qui a subi une double vagotomie, ou 306 HÉMORRAGIE. ce qui revient au même, un empoisonnement par l'atropine, le rythme du cœur ne change plus sous l'influence des modifications de la pression artérielle. C'est à une conclusion semblable que sont arrivés Fredericq et plus récemment Dawson. Ces deux derniers expérimentateurs ont démontré, en outre, que l'accélération post-hémorragique du cœur n'est rigoureusement dépendante ni de la quantité de sang perdue, ni de la chute de la pression artérielle : Elle dépend du degré de la tonicité que possédaient les pneumogastri- ques avant Vémission sanguine. L'accélération post-hémorragique sera par conséquent d'autant plus grande que la tonicité du pneumogastrique avant la saignée était plus forte, ou, ce qui revient au même, que la fréquence du cœur était plus faible. Cette accélération du rythme cardiaque est suivie d'un ralentissement qui n'est pas l'œuvre des pneumogastriques, puisque la section de ces nerfs ou leur empoisonnement par l'atropine n'empêche pas le phénomène de se produire. D'après Dauwe, ce ralentissement serait dû à l'épuisement des ganglions excito-mo- teurs du cœur. Chez les animaux à température variable, le cœur est moins influencé par l'hémor- ragie. HoFMEisTER, qui a pris le crapaud et la couleuvre comme sujets d'expérience, a vu que la saignée tantôt ralentit, tantôt accélère les mouvements du cœur. Toutefois, dans la majorité des cas, le rythme du cœur ne change pas. Cela tient probablement à l'im- perfection du système nerveux régulateur du cœur. c) Pouls. En dehors de son accélération, qui est celle du cœur, le pouls est modifié aussi dans son amplitude, et même quelquefois dans sa forme. Quand la pression est forte, l'artère est très distendue, et l'élasticité de ses parois s'approche de sa limite extrême; l'onde pulsatile se trouve en partie amortie par la force élastique des vaisseaux et son amplitude est forcément plus petite. C'est le contenu qui a lieu quand la pression est faible. En faisant tomber la pression artérielle, l'hémorragie augmentera donc l'amplitude du pouls. Le schéma suivant montre plus clairement le mécanisme de ce phénomène : l 1 \ A A \ — RV. |\ / V / W w w \/ Q o^ b'iti. se. — Rapports inverses de la pression constante et de la pression variable dans les artères. — 1" moitié de la figure: PC -- Pression constante forte; PV -= Pression variable faible. — 2"' moitié : PC = faible ; PV — forte, d'après Makey. Mais il ne faut pas oublier que le cœur s'accélère, lors d'une chute de la pression sanguine, et que le sang sera lancé dans l'aorte avec une vitesse plus grande qu'à [l'état normal. Or on sait la part qui revient à l'élément vitesse dans la production d'une onde comme celle du pouls. Chez les animaux à température variable, contrairement à ce qui a lieu chez jles mammifères, la saignée diminue l'amplitude du pouls. Hofmeister attribue cette discor- dance à l'intervention de deux facteurs : le nombre des systoles cardiaques, et la quantité (lu sang que le ventricule lance dans l'aorte à chaque systole. A l'état normal, lefpre- mier de ces facteurs, le nombre des systoles, est plus grand chez les animaux à tempéra- ture constante [que chez les animaux à température variable, et ce nombre augmente encore après la saignée. Mais pour ces derniers, ce nombre ne saurait intervenir, vu qu'il ne change pas sous l'influence de l'hémorragie. Quant aux premiers, nous avons montré plus haut la relation qui existe entre l'amplitude du pouls et le nombre ou la vitesse (les systoles cardiaques. Il ne nous reste donc que le deuxième facteur, lu quantité de sang lancé à chaque sys- HEMORRAGIE. 507 tôle. Chez les animaux à température constante, cette quantité est de 1/27 à 1/26 de la masse totale, tandis qu'elle monte à 1/8 ou 1/7 chez les animaux à température variable. On peut donc prévoir que, à égalité de perte sanguine, la quantité de sang lancé dans l'aorte sera beaucoup plus faible chez les animaux à température variable, et que le débit ventriculaire de ces derniers, après une saignée relativement égale, sera beaucoup plus influencé que celui des animaux à température constante. En somme, l'abaissement de l'amplitude du pouls après la saignée, chez les animaux à température variable, s'explique uniquement par la diminution du volume de sang à chaque systole, puisque le rythme du cœur ne change pas. d) La vitesse du courant sanguin se modifie aussi sous l'influence de l'hémorragie. Rap- pelons à ce propos la loi de Marey, concernant les rapports de la vitesse du sang avec la tension artérielle : Tout ce qui accroît ou diminue la force qui pousse le sang du cœur vers la périphérie, fait varier dans le même sens la vitesse du sany et la jiression artérielle. Tout ce qui accroît ou diminue les résistances que le sang éprouve à sortir des artères fera varier la vitesse et la tension artérielle en sens inverse l'une de l'autre. En admettant que la force du cœur et le calibre des petits vaisseaux ne varient pas sous l'influence de Thémorragie, la vitesse du sang doit augmenter, puisque, par la réduc- tion de la masse sanguine, on diminue la résistance que le sang éprouve à cheminer dans les artères. Chauveau l'a démontré par l'expérience suivante : il ajuste son hémo- dromomètre à la carotide d'un cheval, et, après avoir noté la vitesse du sang dans cette artère. Il ouvre le vaisseau au-dessus de l'appareil et laisse le sang s'échapper librement. L'hémodromomètre accuse aussitôt une augmentation de la vitesse du sang dans la période diastoiique. J^'accélération syslolique devient insignifiante, et l'accélération due à la pulsation dicrote disparaît. Cependant, Volkmann et, après lui, Finklér ont trouvé que l'hémorragie diminue la vitesse du sang. Aussi Fixkler, en pratiquant sur le chien des saignées de 2 p. 100. 3 p. 100 et 4 p. 100 du poids du corps; et en mesurant la vitesse du sang à l'aide de l'appareil de Ludwig, a obtenu les résultats suivants : Quantité de sang perdu eu centièmes du poids du corps. 10 cm. c. de sang se sont écoulés en On ne peut trouver l'explication de cette divergence que dans les conditions expéri- mentales qui n'ont pas été les mêmes dans les deux cas. — Dans l'expérience de Chau- veau, la résistance périphérique diminue, tandis que le cœur garde sa force, au moins un instant après l'ouverture de l'artère. Il n'en est pas ainsi dans l'expérience de Finkler. La mesure de la vitesse est faite un certain temps après que l'animal a subi une perle du sang de 2, 3, ou même 4 p. 100 du poids du corps. La force du cœur a eu probablement le temps de décroître surtout après une pareille perte sanguine, et, avec elle, la vitesse du sang. La loi de Marev montre la relation qui existe entre la force du cœur et la vitesse du sang. Parmi les troubles occasionnés par l'anémie post-hémorragique, il faut signaler aussi un bruit de souffle cardiaque isochrone avec la systole ventriculaire (Chauveau, Dogiel). L'abaissement de la pression intra-aortique est la cause principale qui favorise la production de ces souffles. 6. Influence de l'hémorragie sur la circulation de la lymphe. — On sait que les éléments constitutifs de la lymphe, surtout la partie liquide, proviennent du plasma interstitiel. Celui-ci n'est autre chose que le plasma sanguin, qui, sorti des vaisseaux, porte aux tissus les matériaux nutritifs elles débarrasse des déchets qui résultent de leur fonctionnement. Une partie de ce plasma ainsi modifié revient dans le sang à travers la paroi des capillaires, tandis qu'une autre partie, et c'est peut-être la plus importante, prend la voie lymphatique pour retourner dans le sang après avoir fait ce long détour. Quel que soit le mécanisme intime des forces qui président aux échanges entre le plasma sanguin et les tissus, une chose semble certaine: c'est que l'hémorragie diminue o 2 p. 100. 3 p. 100. 4 p. 100 4" Ul 19 4" 11 46 4" 9 47 4" 10 57 4" 10 » 508 HÉMORRAGIE. ou même arrête pour un certain temps l'émigration normale du plasma dans les tissus. La formation de la lymphe se trouve gênée de ce fait d'autant plus que la perte san- guine a été plus forte. La circulation de la lymphe se trouve ainsi modifiée par la saignée. Dans les grands vaisseaux lymphatiques, celte circulation semble être plus rapide après la saignée. Hoche a remarqué que l'écoulement de la lymphe par une fistule du canal thoracique est plus grand pendant les premières minutes qui suivent l'hémorragie. Ce phénomène marche de pair avec la chute de la pression sanguine, et cela justifie la conclusion de Hoche, qui dit que l'aflaissement de l'aorte favorise la circulation lymphatique dans le canal thoracique. Les nerfs vaso-constricteurs des vaisseaux lymphatiques exerceraient en outre une action favorable à cette circu- lation. TscHEKEWKOW, dont le travail a paru presque en même temps que celui de Hoche, est arrivé à d'autres conclusions. Dans une série d'expériences, Tscherewkow a vu que l'écoulement de la lymphe par une fistule'du canal thoracique n'est pas influencé par des saignées variant de 24 à 37 p. 100 de la masse sanguine totale. Dans une seconde série d'expériences, où la saignée a été de 28 à 43 p. 100 de la masse totale du sang, l'écoulement de la lymphe a diminué. On se demande si la cause de cette divergence ne réside pas dans les conditions expé- rimentales de ces deux auteurs. Hoche emploie le curare, d'où immobilité complète de l'animal et respiration artificielle. Tscherewkow emploie l'anesthésie par un mélange de chloroforme etd'éther, précédée d'une injection de morphine, et l'animal garde sa respi- ration naturelle. Posner et Gies ont toujours observe une diminution dans l'écoulement de la lymphe après l'hémorragie, sur des animaux (chien) recevant leur ralion coutumière et sur des animaux à jeun. — La proportion des substances organiques a varié, alors que les matières inorganiques ont été trouvées dans les mêmes proportions que dans le sang. 7. Action de rhémorragie sur la digestion gastrique. — Manassein, cherchant à déterminer l'influence de la fièvre et de l'hémorragie sur la digestion gastrique, a été amené à étudier les modifications subies par le suc gastrique sous l'influence d'une hémorragie. Il a vu qu'une saignée de 1/10 à 1/3 de la masse sanguine totale chez le chien diminue l'acidité du suc gastrique et avec elle son pouvoir digestif. Mais l'élude de celte question a été faite d'une façon plus complète par London et SoKOLOW. Ces auteurs ont suivi la méthode de Heidenhai.n et de Pawlow. Après avoir déterminé sur un chien la marche de la sécrétion du suc gastrique, son acidité et son pouvoir digestif pendant toute la durée de la digestion stomacale d'un repas donné (viande, lait ou pain), ils pratiquent sur le même chien une saignée de 37 p. 100 de la masse sanguine. Toutes les autres conditions de vie de l'animal, et surtout le régime, restant les mêmes, ils constatent : 1° que la sécrétion commence plus tard, soit 15 minutes après l'ingestion du repas, alors qu'à l'état normal elle commence au bout de o minutes; 2° la quantité du suc sécrété dans l'unité de temps est plus faible qu'avant ia saignée. Mais la digestion dure plus longtemps, trois fois plus que la normale environ, et il s'ensuit que la quantité totale du suc gastrique sécrété pendant la digestion d'un repas donné est plus grande après l'hémorragie; 3° l'acidité de ce suc reste presque constante pendant toute la durée de la digestion; 4° son pouvoir digestif est affaibli de 47,3 p. 100 du chiffre normal. 8. L'absorption des liquides contenus dans l'intestin ou dans les cavités séreuses est très active après la saignée. Les animaux qui ont subi des hémorragies déplétives ont une grande soif, et les bois- sons qu'ils ingèrent contribuent en grande partie au rétablissement du volume normal du sang. L'absorption des substances dissoutes dans l'eau est aussi plus active. Ainsi Magendie a démonti^é que différents poisons, introduits dans les cavités séreuses ou dans le tissu conjonctif sous-cutané, s'absorbent bien plus vite aprèsune hémorragie. 9. Influence de l'hémorragie sur la nutrition. — Nous allons étudier dans ce chapitre : les échanges respiratoires, les échanges d'azote, de phosphore, de soufre, de chlore, la température et le poids du corps. a. Echanges respiratoires. — Avant que les physiologistes eussent étudié la marche HEMORRAGIE. 509- des hémorragies expérimentales, on possédait déjà quelques observations sur le chi- misme respiratoire dans les cas d'anémie par altération du sang (chlorose ou leucémie). Ainsi, Hannovek avait remarqué que la quantité d'acide carbonique éliminé par un jeune homme atteint de chlorose est légèrement supérieure à la normale. Pettenkofer et Voit ont mesuré les échanges respiratoires dans un cas de leucémie,, et ils ont trouvé que le malade absorbe autant d'oxygène et élimine autant d'acide car- boniqueque Thommehien portant, de sorte que le rapport -r^ garde sa valeur normale. La première étude sur les modifications des échanges nutritifs produites par une hémorragie est due à Bauer. Sur un chien à jeun depuis 24 heures, il pratique une saignée de i,4 p. 100 du poids du corps, et il place immédiatement l'animal dans l'appareil de Pettenkofer et Voit. Il constate alors que la quantité d'acide carbonique éliminé ne change pas beaucoup, tandis que la consommation d'oxygène diminue un peu : le rapport -^ égal à 0,67 à l'état normal, monte à 0,80. Les résultats obtenus par Bauer n'ont pas'''été acceptés par les physiologistes qui' ont étudié la question de plus près. Ainsi, peu de temps après, Finrler trouve que la consommation d'oxygène n'est pas influencée par une hémorragie de 0,33 à 2,84 pour 100 du poids du corps. Dans le sang artériel comme dans le sang veineux, le rapport -^ d'acide carbonique et d'oxygène subit quelques changements. Le sang- veineux contient moins d'acide carbonique après l'hémorragie qu'avant, ce qui mon- trerait, d'après Finkler, un ralentissement du courant sanguin. Une constatation ana- logue a été faite par Otto. Fredericq a dosé sur le lapin, à l'aide de son oxygénographe, l'oxygène consommé. Malgré de légères variations des échanges respiratoires, il n'a pas pu conclure à une influence nette de la saignée sur ces échanges. Pembrey et Gùrber sont arrivés à une conclusion semblable, quoiqu'ils aient poussé la saignée sur le lapin jusqu'à 3,1 p. 100 du poids du corps. La perte en globules rouges était estimée à la moitié, et celle de l'hémoglobine du tiers à la moitié du taux normal. Des symptômes d'asphyxie apparaissent alors. Mais, si l'on injecte par la jugulaire une quantité de sérum de Gaule égale à celle du sang perdu, l'animal peut survivre, et les échanges respira- toires redevenir normaux. De même Delghef n'a vu après la saignée de modifica- tions importantes, ni dans la quantité d'oxygène consommé, ni dans le quotient respiratoire. Dans une autre série d'expériences, Pembrey et Gurber se sont placés dans lesmênies conditions que Bauer. Les lapins ont été saignés de 2,2 à 2,5 du poids de leur corps, et le sang perdu n'a pas été remplacé par le liquide de Gaule. Sur ces animaux les échanges respiratoires ont été trouvés plutôt augmentés que diminués. D'autres expériences ont été faites par Oertmann pour déterminer l'influence de la saignée sur les échanges respiratoires des animaux à température variable, 11 a rem- placé tout le sang d'une grenouille par une solution de NaCl à 0,75 p. 100 (grenouille salée de Cohnheim), sans que pour cela ses échanges respiratoires se modifient de façon appréciable. Toutes ces recherches prouvent que ces échanges sont réglés non par le sang qui charrie l'oxygène, mais par les tissus qui le consomment. p. Échanges d'azote, de soufre, de phosphore. — L'équilibre de la nutrition se trouve troublé par la perte d'une certaine quantité de sang, et cela se traduit par une augmen- tation de la proportion d'azote et de soufre dans les urines. Bauer a constaté, 24 heures après une saignée de 28 p. 100 de la masse totale du sang, que la quantité d'azote dans l'urine monte de 16 gr. 6 à 20 gr. 3 par jour, mais c'est là un trouble très éphé- mère, et les jours suivants l'azote revient à son taux normal. Lépine et Flovard sont arrivés aux mêmes résultats, et ils ont constaté de plus une augmentation de la proportion normale d'acide phosphorique et de soufre, conjointe- ments avec celle de l'azote. Mais des recherches ultérieures, notamment celles d'AscoLi 510 HEMORRAGIE. et de Draghi n'ont pas confirmé ces faits, et d'après eux, la proportion d'azote urinaire se trouverait, au contraire, diminuée. La question est restée en litige jusqu'en 1904, oùHwvk et Gies l'ont reprise. Dans un travail assez complet, ils ont pensé que la vérité était du côté de Bauer, c'est-à-dire qu'il y avait augmentation de l'azote urinaire après une hémorragie. Les expériences de ces auteurs ont été faites sur un chien en équilibre de poids et d'azote. La technique qu'ils ont employée, et les précautions minutieuses qu'ils ont prises dans leurs recherches, donnent une grande valeur à leurs résultats. Ils ont. dosé l'azote, le soufre, le phosphore et le chlore dans l'ingestat composé de viande de bœuf, de lard, de cendres d'os et d'eau, et dans l'excrétât (urines, matières fécales et poils trouvés dans la cage). Durant une première expérience qui a duré 86 jours, le chien, qui pesait 16 l ce 0) N U 3 S Kl 01 bfi C ci ,â u ■0) ce h h O a •» lA b n «j! . — CO 0) '■■^ ■r" ^ • "t^ CO 3 CO O Oj ^■r O i- r3 ■'-^.-l " — i '^ VII^ PÉRIODE DE 4 JOURS suit la ^^ hémorr de 3,22 p. 100 du poids du corps ■s e 5 '2 o o o *j SB -rH lO 1^ -o 3 -* in t. r-' oo O 3 0) -01 —1 u r/3 O, 'E o "© - > .rt' "^ S S -, o ■.^ ^ o Q Cfi o C- ^■f •1 — 3 --4 as CO ^a t. « te i 1 a ëo £> "•■^ K &, 1 !• PÉRIOD DE 7 JOURS t la 3" hémi e 3,51 p. 10 poids du CO => fO 03 05 oo CO (?) CO emorragio ; hémorragie tritil's. ti3 — r-' os in co'co" S prein s l'hén 2 > a-^ 3 '5 'ans le aprè 1 00 CO J3 — 3 t- 3 «! s: fcc Q cr b prat han '■n £ Tt c 6 ^ CO pour pratiqu artère pour es par les éc IDE' lURS émorra . 100 1 corps. •i— 5-^ C5 o o ^ t^ Ol n ro ^-^ O CO lO 5 -- ^-s . '^ o oo_ co_ (M OO 's S •a ?; ^' o ^ âb =-'=' 5 ^ 'M în :o y "2 ^- C-. te tn « -m iployée rte de 1' ous subi > 3 "' 3 (M fri ^ -^ en Ch GO 3 SJ .- I ■^ CTO -, C-l O* O -* celle décoi oditic o v> •=^ cd a »-4 o o ~ m "te ■2=ï " t— 3 -ci S E-i CO .2" 7> -O ODE lURS liénior . 100 i corps «¥ O <=> t^ o CO -* 5c o LO idcut valent omble 1— 1 o ~ o, 3 70 TO O^ 5"', CO CO o '3 2 .g:^s: -c tO CD G-f CO os r- co CO CO m •o •© >; ■5 2 m ïl s 3 0 ■■/! Ci 3 3 — -GJ a -S -O ■/> -^ c 1 - :« CO eule a auraa sang 3" C3 ■" -S 0 0 _ T3 1 2 x< jours émor- •1 o CO ubi m 0 et u perte 'O +J " 'S es cS ■© — -* ^ Q os o i" O ^ 0) ■ - :o !0 CO iO 1^ PI .2 3 " CO CZ3 ~ -S -t* ri o — o . (M O^ CO o^ ■*_œ go© p; -^ o a. -a 2 S. ï. '" (M ^ oToo' oToo" a _o; 3 es » 5-1 tN S -ï CO CO CO 0 jou«-s, l'a rience une traumatism II ai tj ce ■- 'Se c 3 es _. £. ."''' a iode de 1 I en expé lésie, au « ai « 9 ai c _5 ►5 H —.5 0 ^ H ►^ a s .s .5 , . OJ "^ JS.^^ , — ^ 9 . .,-a "T^ s- t^ "S w .f^ o O ndan subi rtiei —2 o o jq ■ •01 •^^ CU"^ © -^ eS .«-3 O 'o c -â è O 3 O j3 *j CL, 3 " ^1 Quand au contraire les saignées sont modérées, les réactions qu'elles provoquiuit dans les tissus, et spécialement dansles organes hématopoïétiques, peuvent devenir très salutaires pour l'organisme. C'est à ce titre que Chantemesse a employé la saignée avec succès comme moyen thérapeutique dans la chlorose. 10. Action de rhémorragie sur les sécrétions. — Le courant vivifiant de maté- riaux nutritifs, que, à l'état normal, le sang porte aux tissus, diminue et même s'arrête sous l'influence d'une saignée. Il s'ensuit que les sécrétions vont subir un ralentisse- ment ou un arrêt, faute de matériaux. Cl. Bernard avait constaté un arrêt de la sécré- tion salivaire, après les fortes saignées. Langley, Posner, Gies, etc., l'ont remarqué à leur tour; Hawk et Gies ont toujours observé un arrêt immédiat de l'excrétion urinaire. Après 1, 2, .3 ou même 4 jours, cette excrétion est plus abondante qu'à l'état normal.— L'anesthésie seule ou l'anesthésie associée au traumatisme produisent invariablement une augmentation de l'urine. — La chute delà pression sanguine est cause de cet arrfit ■ de l'écoulement urinaire après une hémorragie. Au fur et à mesure que le sang revient à son volume normal, par l'arrivée de la lymphe et des boissons, la pression remonte, et les reins se reprennent à fonctionner. L'écoulement de l'urine peut même dépasser la normale durant les 2, .3 ou 4 jours qui suivent, et sa réaction est amphotérique. • ' 11. Influence de l'hé-morragie sur le système nerveux. — Les efîets d'une hémorragie unique et non mortelle sur le système nerveux ont été très peu étudiés. Nous avons donné plus haut, p. 489, le tableau symptomatologique des pertes sanguines abondantes et rapides. Ce tableau, tracé par les cliniciens, montre les troubles immédiats occasionnés par l'hémorragie, troubles dont la plupart, sinon tous, sont dus à l'anémie des centres nerveux. Nous renvoyons à l'article « Anémie » pour ce qui concerne les effets consécutifs de l'hémorragie sur les centres nerveux. DoGiEL a remarqué que les mouvements réflexes de la grenouille s'exagèrent après une forte saignée. L'excitabilité des centres nerveux moteurs serait donc augmentée. Il n'en est pas de même pour les centres vaso-moteurs, dont l'excitabilité diminue au fur et à mesure que la pression du sang baisse à la suite de l'hémorragie (Porter et Marks). Les cliniciens ont décrit depuis longtemps des troubles visuels chez l'homme à la suite d'hémorragies abondantes. Fries rapporte 106 cas d'amaurose post-hémorragique observés par Bartisch, Fonta.nus, Welsch, Bumler, Schirmer, Bonet, Rom.mel, du Foix, HiiN'ERWOLF, depuis l'année 1(541 jusqu'en 1875. Suivant la quantité de sang perdue, et les différentes conditions spéciales à l'individu, on a pu observer tous les degrés de la cécité, Vhémianopsie (très rare), Vamblyopie et \'amaurose. La plupart de ces troubles seraient dus à une anémie de la rétine (Tkrson). L'examen ophtalmoscopique montre en effet une dt'coloration de la pupille, et un rétrécissement extrême des artères rétiniennes. Les veines semblent au contraire nor- males; elles sont remplies de sang, et sans thrombose apparente. Cet état peut persister longtemps (de 6 à 28 ans). Quelquefois un œdème rétino-optique peut succéder à l'ex- trême anémie. DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VIU. 33 514 HÉMORRAGIE. § IV RESTAURATION DE L'ORGANISME APRÈS UNE HÉMORRAGIE NON MORTELLE I. Réparation du sang. — Les nombreuses fonctions que le sang doit remplir dans l'organisme sont réglées avec un équilibre parfait, qui repose sur trois ordres de conditions : i° Le volume total du sang; 2° Sa constitution chimique; 3" Sa constitution morphologique. L'hémorragie détruisant cet équilibre, on conçoit que l'organisme prenne des mesures pour le rétablir au plus vite. La réparation du sang après l'hémorragie n'est que le processus plus accentué de la régénération continuelle que le sang subit dans l'organisme. Cette question, de même que celles de l'origine et du développementdu sang, étroitement liées entre elles, seront traitées, avec tous les détails qu'elles comportent, à l'article Sang. Nous donnerons ici seulement quelques indications générales nécessaires pour comprendre le mécanisme de la restauration post-he'morragique. La régénération des différents éléments du sang demande un certain temps. Or, comme l'organisme ne saurait se passer un seul instant des services du sang, nous le voyons procéder en toute hâte à une première série de réparations provisoires qui lui permettent d'attendre la restauration définitive. Ainsi, l'afflux de la lymphe intersti- tielle, des liquides de l'appareil digestif et des cavités séreuses, qui tend à rétablir le volume normal du sang, le thrombus de leucocytes et d'hématoblastes qui obstrue l'ori- flce du vaisseau blessé, la crise hématoblastique et la leucocytose, etc., peuvent être considérés comme des réparations provisoii^es. Le volume est le premier à se rétablir. On se l'explique facilement si Ton se rappelle que la circulation du sang, et par conséquent les échanges entre ce milieu et les tissus, sont subordonnés au plus haut degré à ce volume. Nous avons expliqué plus haut le mécanisme de cette réparation. a) Réparation des siibstaiices albuminoules du plai^ma. — Parmi ces substances, il en est une, le tîbrinogène, dont le plasma ne saurait être longtemps privé sans que l'orga- nisme soit dépossédé d'un de ses principaux moyens de défense, la coagulation du sang. Si l'on pratique sur un animal une série de saignées successives, et si Ton réin- jecte le même sang après défibrination, ainsi que l'a fait Dastre, on arrive à rendre ce sang incoagulable faute de tîbrinogène. Mais il ne reste pas longtemps dans cet état, et SI, auboutde quelques heures, on pratique une nouvelle saignée, on voit que le sang a récupéré sa propriété de se coaguler. La quantité de fibrine que l'on peut extraire d'un volume donné de sang va même en augmentant, et après 24 heures on trouve que ce sang peut donner plus de fibrine qu'avant l'expérience. Cela concorde avec les observations des cliniciens et les expériences des physiolo- gistes, qui toutes ont prouvé que l'hémorragie, d'une part accélère la coagulation du éang, et d'autre part fait augmenter la quantité de fibrine qu'il peut donner. L'hémor- ragie provoque donc une réaction des plus manifestes de la part de l'organisme. Parmi les organes qui contribuent de façon très active à la production du fibrino- gène, le foie semble occuper lepremier rang(DoYO.N et Kareff). Laréparationdes autres albuminoïdes du plasma est plus lente. IIosslin a trouvé qu'il fallait de 6 cà 7 jours pour qu'un chien répare une perte de 12 à lo grammes d'albuminoïdes de son sang, quoiqu'il reçoive journellement 100 grammes d'albumine dans son alimentation. La reconstitution des albuminoïdes du plasma peut se faire en l'absence de toute nourriture, ainsi que Morawitz le démontre. Si l'on pratique une série de saignées sur le chien, suivies d'injections du liquide de Locke, jusqu'à ce que le taux des albumi- noïdes du sang soit descendu à 2 p. 100, on voit que ces substances se reconstituent en deux ou quatre jours, surtout quand on ajoute au liquide de Locke de la gomme en proportion de 3 p. 100. C'est d'abord l'albumine qui augmente, et ensuite la globuline. HEMORRAGIE. 515 de sorte que le quotient -rrr-, — n — est plus faible dans la phase de réparation qu'à '■ ^ GlobuUne l'état normal. b) Réparation des éléments figurés du sang. — On estime que la restauration du sang après une hémorragie est complète quand les éléments figurés, et surtout les globules rouges, sont revenus à leur nombre normal. Le temps employé par l'organisme pour elfectuer ces réparations varie suivant la quantité de sang perdue et suivant les diverses conditions dans lesquelles se trouve le sujet en expérience. Nous avons réuni dans le tableau suivant les données sur la durée de la réparation du sang après l'hémorragie, chez les différentes espèces d'animaux. TABLEAU Vil Durée de la réparation du sang après Thémiorragie. ESPÈCE. QUANTITÉ DE SANG PERDUE. DURÉE DE LA RÉGÉNÉRATION. AUTEUR. Grenouille. 3 semaines. Hayem. — — 14-22 jours. HUHNERFAUTH. Homme.. . Faible. 2-5 — Lyon. — Forte. 14-30 — — Lapin . . . 1/3 du nombre des globules rouges. 14 — BlER. Chien . . . 1,92-2,70 p. 100 du poids du corps. 8-15 — Engelsen. — 1 p. 100 du poids du corps. 1 semaine. Malassez. — 2-4 — - 2-i — — — 1,14-1,42 — — 7-34 jours. BUNTZEN. — 3,58-4,50 — — 22-31 — Lyon. Homme.. . Perte en hémoglobine 25 p. 100. 4 semaines. B1ER.FREOND. — — 20 — 3 — — — — 5 — 2-8 jours. — Lapin . . . — 26-32 — La capacité respiratoire re\enue après 14 jours. Douglas. RÉGÉNÉRATION RÉGÉNÉliATION des GLOBULES de l'hémo- Chien . . . 2,95 p. 100 du poids du corps. rouges. GLOBINK. WiLLEBRAND. 22 jours. 26 jours. — 3 - - 30 — 36 — — — 3,46 — — 27 — 34 — — — 3,54 - — 34 — 40 — — Lapin . . . 1,4;; - - 14 — 19 — — — 1,88 — — 25 — 33 — — 2,23 — — 21 — 25 - Parmi les conditions qui favorisent la régénération du sang, il y ena qui viennent de l'organisme lui-même, par exemple la taille, l'âge, le sexe, etc. D'autres dépendent du régime alimentaire. Ainsi il semble prouvé par les expériences de Baumann que l'ad- ministration de fer, sous forme de composé inorganique, associé à l'arsenic, favorise beaucoup la régénération des globules rouges, et spécialement de leur hémoglobine. Dans la restauration des éléments figurés, il faut distinguer deux phases : 1° une réparation provisoire représentée parla crise hématoblastique et la leucocytose; 2" une réparation définitive due à une nouvelle production de globules rouges et blancs dans les organes hématopoïétiques. a) Régénération des globules rouges. — Pour Vulpian et Hayem, il y aurait une relation des plus étroites entre la crise hématoblastique qui a lieu toutes les fois que l'organisme subit une hémorragie, et la production de nouveaux globules destinés à remplacer ceux 316 HÉMORRAGIE. qui ont été perdus. Il se ferait une transformation de ces hématoblastes en hématies dans le sang même. Hayem a pu suivre le phénomène chez la grenouille, qui s'y prête bien, et chez laquelle l'hématoblaste possède un noyau, comme chez tous les vertébrés ovipares. Une étude semblable a été faile plus tard dans le laboratoire de Hayem par LuzET, qui a pris le pigeon comme sujet d'expérience. Dans les deux cas, le processus de Iranst'ormation de l'hématoblaste en globules rouges a présenté 3 phases : 1° Le noyau commence par se gonfler, montrant dans son intérieur des trainées de •chromatine. 2° Un disque protoplasmique poussiéreux se différencie autour du noyau. 3° Ce disque grandit, se régularise, et en même temps se charge d'hémoglobine; enfin le noyau devient réticulé comme celui des globules rouges. S'appuyanl sur ces recherches chez la grenouille et le pigeon, et sur la régularité avec laquelle toute hémorragie chez les vertébrés est suivie d'une crise hématoblastique, Hayem a été amené à admettre une transformation analogue des hématoblastes en hématies dans le sang des mammifères. Chez ceux-ci, le phénomène est plus difficile à suivre; on trouve cependant dans leur sang un grand nombre de petits corpuscules chargés d'hé- moglobine, qui ne seraient, d'après Hayem, que des formes intermédiaires entre l'héma- toblaste et le globule rouge adulte. Dans cette théorie hématoblastique de Hayem, un point de la plus haute importance €st resté obscur; c'est l'origine des hématoblastes. C'est pour cela que l'attention des ■expérimentateurs s'est portée sur les organes bémalopoïétiques, et spécialement sur la moelle des os, organes qui offrent une réaction assez intense après une hémorragie. La moelle des os, jaunâtre à l'état normal, devient rouge; ce qui prouve une grande vascu- larisationet par conséquent une augmentation dans l'activité de ses éléments constitu- tifs. BizzozERO, Denys, Van den Stricht, etc. ont décrit deux catégories d'éléments qui se trouveraient normalement dans la moelle osseuse de tous les vertébrés : ce sont les érijthroblastes et les leucoblastes. Les premiers produiraient les globules rouges; les seconds, les globules blancs. Rappelons à cette occasion que, d'après Naumann, Erb, Osler, et plus récemment Gibson, Muller, Saxer, Dominici, etc, les érythrocytes et les leucocytes auraient une origine commune. Hs dériveraient d'une seule et même forme embryonnaire qui se trouverait dans la moelle des os, la rate, les ganglions lymphatiques, etc. Ces cellules mères se multipliant par karyokinèse, les cellules filles suivraient deux voies d'évolution différentes; les unes deviendraient globules rouges; et les autres, globules blancs. Quelle que soit la nature des éléments primitifs d'où dérivent les globules rouges, il semble bien acquis que la nouvelle production post-hémorragique de ces éléments a lieu dans la moelle des os. A l'origine, les jeunes hématies possèdent un noyau, et tous les auteurs ont trouvé dans le sang, pendant la phase de réparation, des globules rouges lîucléés. Ces globules nucléés apparaissent quelquefois dans le sang très vite après l'hémorragie [18 heures (Zenoni), 48 heures (Koepfer)]. Gladin a trouvé des globules rouges nucléés dans le sang du lapin dix à quinze heures après une injection de sérum eucotoxique. Dans ce cas il ne s'agirait pas d'une nouvelle formation, mais d'une simple pénétration dans le sang des éléments qui se trouvent tout formés dans la moelle des os. Dans la phase de régénération proprement dite, il y aurait lieu de distinguer, d'après Ehrlich, trois sortes de globules dans le sang en voie de régénération : les nor- itioblastcs, les mégaloblaslea, les microblastes. Parmi ces trois sortes d'éléments, les normoblastes seuls vont devenir globules rouges, en perdant leur noyau quand il s'agit du sang des mammifères. A l'appui de cette transformation de globules nucléés en hématies sans noyaux vient l'observation très intéressante de Gadritchewski. Cet expérimentateur a trouvé dans le sang d'animaux anémiés par une hémorragie des globules rouges nucléés polychroma- lophiles, c'est-à-dire qui présentent une affinité mixte, à la fois acidophile et basophile. Ainsi, en soumettant ces éléments à l'action de deux colorants, rouge (acide) et bleu (basique), ils prennent une couleur violette (couleur mixte). A côté de ces globules nucléés polychromatophiles, on trouve des hématies sans noj'aux également polychro- HÉMORRAGIE. 517 matophiles. Il semble évident que ces hématies ne sont autte chose que des globules rouges polychromatophiles nucléés qui ont perdu leur noyau. Les mégaloblastes sont considérés par Ehrlich comme des éléments pathologiques et les mieroblastes comme des débiis d'anciens globules rouges. Comment les normoblastes perdent-ils leurs noyaux pour devenir hématies? Pour les uns (RiNDFLEiscH, Engel, etc.) le noyau serait simplement expulsé et resterait dans le sang, à l'état libre ; pour d'autres (Kôllireb, Neuma.nn, Israël, Pappenheim, Jolyet, etc.),. le noyau subirait le phénomène de chromatolyse. Enfin Schmidt, Ehrlich, Chante- messe, etc., croient que lune ou l'autre de ces deux formes de dénucléation pourraient se présenter suivant les circonstances. Plus récemment, HayeM' [Leçons sur les maladies du sang, 1900) défend à nouveau la régénération hématoblastiqiie des globules louges après la saignée. Il considère comme non démontrée la participation de la moelle des os à la régénération des globules rouges chez l'adulte. De même, la transformation des normoblastes en héniaties par la perte de leur noyau serait une pure hypothèse, détruite par le fait du passage de globules rouges nucléés dans le sang au moment même où se manifeste une activité incontestable de la moelle osseuse. En outre, les globules rouges à noyau provenant de la moelle des os continuent à vivre dans le sang de l'adulte comme dans celui de l'embryon. Une autre objection soulevée par Hayem contre la participation de la moelle osseuse à la rége'nération normale du sang, c'est qu'on ne voit apparaître de globules rouges à noyau que pendant la déglobulinisation progressive (hémorragies répétées, anémies protopathiques et deutéropathiques, et dans quelques processus à évolution rapide comme la leucémie, les infections). Comme on le voit, le mécanisme de la régénération post-hémorragique des globules rouges n'est pas bien élucidé. Quant à la genèse des hématies par bourgeonnement des cellules de Neumann, opinion défendue par Malassez, les recherches ultérieures ne l'ont pas confirmée. De même la transformation des leucocytes en hématies (Liebe) n'a pas été démontrée. Au contraire, l'étude de la moelle des os chez les oiseaux anémiés par l'hémorragie a montré à BizzozERO, Denys et van der Stricht, qu'il n'existe aucun rapport de parenté entre les globules rouges et les leucocytes. Les premiers proviennent des érythroblastes qu'on ne trouve qu'à l'intérieur des vaisseaux (capillaires veineux), tandis que les seconds viennent des leucoblastes que l'on trouve en dehors des capillaires. Dans la moelle osseuse des mammifères, les érythroblastes sont accumulés dans des espaces lacunaires, mais sont toujours bien distincts des leucoblastes (van der Stricht). Ces derniers se caractérisent par un protoplasma granuleux. Quelle que soit l'origine des hématies, il semble que l'activité des organes hémato- poiétiques est provoquée par une substance spéciale [hOmatopoiètinc) qui se trouverait dans le sang de« animaux saignés. Voici l'expérience de Carnot et M"« Deflandre sur laquelle s'appuie cette opinion : on pratique sur un lapin une saignée de 30 centi- mètres cubes, etl'on prend sur ce même animai, 20 heures après l'hémorragie, un peu de sang, qu'on laisse coaguler pour recueillir le sérum. Si l'on injecte 9 centimètres cubes de ce sérum à un lapin normal, on trouve que le nombre de ses hématies monte de ;! 000 000 à 12 000 000 par millimètre cube en 3 jours. L'hématopoiétine se trouve dans le plasma et se détruit à 55°. b) Réparation de VhémoçiJobinc. — Nous avons vu plus haut qne^ pour une hémorragie donnée, la perte en hémoglobine dépasse assez souvent la perte en hématies. La répa- ration de cette substance demande aussi un temps plus long que celle des éléments figurés. Nous avons donné dans le tableau Vil, page 515, les résultats obtenus par Wille- BRAND dans la recherche du temps nécessaire à la réparation du sang au point de vue du nombre de globules rouges et de la quantité d'hémoglobine. La réparation en hémoglobine sera d'autant plus active que ses éléments constitutifs se trouveront en plus grande abondance dans l'organisme. Parmi ces éléments, le fer serait le plus rare, et le moins facile à retrouver. A l'état normal, la plus grande partie du fer qui résulte de la destruction des vieux globules rouges est retenu par certains 518 HEMORRAGIE. organes (rate, foie, etc.) el employé à la fabrication de nouvelles quantités d'hémo- globine. A celte première réserve s'ajoute le fer apporté par l'alimenlalion. Tant que la régénération en globules et en hémoglobine doit seulement compenser les pertes résultant de l'usure inévitable pendant le fonctionnement de l'organisme, ces quantités de fer suffisent à la reconstitution de l'hémoglobine. Mais quand la régénéra- lion du sang est très active, après une hémorragie, par exemple, il arrive que, faute du fer nécessaire, la régénération de l'hémoglobine subit un retard sur les autres éléments du sang; mais, si l'alimentation contient ce fer indispensable, la réparation marche rapidement, comme le prouvent les expériences de Kunkel, de B^umann, etc. cj Régénération r/cs leucocytes. — Nous avons vu plus haut comment se produit la leucocytose post-hémorragique, quels sont ses aspects, sa durée, son intensité suivant la quantité de sang extrait et suivant les diverses conditions qui dépendent de l'orga- nisme. Comme la crise hématoblastique, cette leucocytose est passagère, el on ne pour- rait lui attribuer d'autre rôle que celui d'une réparation provisoire. La rapidité avec laquelle augmente le nombre de globules blancs après la saignée écarte l'idée d'une néoformation leucocytaire (voir page 501, le tableau V de Willebrand) au moins pour les premières vingt-quatre heures qui suivent l'opération. Si nous ajou- tons que la plus grande part de cette leucocytose revient aux globules polynucléaires, qui précisément jouissent des mouvements amiboïdes les plus actifs, tout porte à croire qu'il s'agit d'une pénétration dans le système circulatoire, des cellules migratrices du tissu conjonctif et des cavités séreuses. La perte sanguine, compliquée d'autres causes, provoque une réaction leucocytaire dont le but nous échappe. Celle réaction nous empêche de suivre de près la marche de la réparation définitive des leucocytes et des globules rouges. Parmi les nouveaux leucocytes destinés à remplacer ceux qui ont été enlevés par l'hémorragie, les uns (lymphocytes) prendraient naissance dans le système lympha- tique, et les autres (leucocytes polynucléaires, éosinophiles, grands mononucléaires) dans la moelle des os (Ehrlich et Lazarus). Les leucoblastes, décrits dans la moelle osseuse, montrent en effet une grande activité cinétique après l'hémorragie. Réparation de la paroi vasculaire. — La fermeture de l'orifice vasculaire dépend en premier lieu de la pression du sang dans le vaisseau. Elle sera donc plus facile pour les veines que pour les artères; et la fermeture d'une plaie artérielle sera d'autant plus facile que l'artère sera plus petite. La nature et la forme du traumalisme ne sont pas sans influence. Ainsi les plaies produites par un instrument tranchant se ferment moins vite que celles produites par déchirement des tissus; car, dans ce dernier cas, l'élasticité et la contractilité vasculaires peuvent aider à l'accolement des deux lèvres de la plaie et par suite à la fermeture de l'orilice du vaisseau. Perthes cite un cas où l'artère pulmonaire et l'aorte descendante ont été percées par une balle de revolver du calibre de 8 milli- mètres, et où le malade a vécu dix mois encore, malgré le grand anévrysme qui s'était produit. Mais, quel que soit le vaisseau, du moment que la fermeture est possible, il faut distinguer, dans le processus de réparation qui va suivre, deux phases : l'' Une fermeture provisoire produite par un thrombus; 2° La réparation définitive due à la production d'un tissu cicatriciel par la proliféra- tion des éléments constitutifs delà paroi vasculaire. a) Lelthrombits peut être obtenu de deux manières : 1) Par la coagulation du sang : le caillot s'accolant aux bords de la plaie vasculaire finit par l'obstruer. Le thrombus dans ce cas est fibrineux, et le mécanisme de sa formation n'est autre que celui de la formation de la fibrine. 2) Par l'action de différentes substances chimiques employées en chirurgie pour faire l'hémostase. Le thrombus, dans ce cas, est formé par la précipitation des albumi- noïdes du plasma et de ceux qui résultent de la destruction des globules. Il ne sera pas sans intérêt de dire quelques mots sur le mécanisme de la fermeture des plaies vasculaires par ce procédé. Nous prendrons comme exemple le chloroforme iodé (iode : 7 parties, chloroforme : 100 parties) qui est un hémostatique très puissant. Les expériences de Panaitesco prouvent que cette substance peut arrêter même l'hémorragie des grosses artères comme la fémorale par exemple. HEMORRAGIE. 519 Si [l'on pratique une incision longitudinale de ce vaisseau chez le chien et si l'on applique à cet endroit un tampon de ouate imprégné de chloroforme iodé, on peut — c A •H^' ■/fc}''^ ;<^ 'i--, FiG. 87. — Section transversale de l'artère fémorale. — C. Throrabus obturateur. — E, Endotlidlium. — A. La limitante interne. — M, La tunique musculaire, — A, La tunique externe (d'après Panaitesco). obtenir la fermeture de la plaie dans 35 minutes. Dans les préparations microscopiques de coupes perpendiculaires à la direction de la plaie vasculaire, Panaitesgo a trouvé que le thrombus obturateur est formé par un ma^ma finement granuleux, contenant _C' 5;:''^C-!;ô: i.-.<<.'.--<.:«r Fir;. 88. — Section transversale de la veine fémorale. — C et 0' Thrombus obturateur pénétrant à l'intérieur de la veine. — E, Endolhélium. — M, Tunique musculaire. — A, Tunique externe (d'après Pan.\ite.sco). des débris de globules et même des globules entiers. Ce thrombus est assez adhérent à la tunique externe et pénètre entre les bords de la plaie jusqu'au niveau de l'endothé- lium artériel. La vitesse du courant sanguin dans les artères empêche le thrombus de dépasser ce niveau. 11 n'en est pas de même pour les veines; car on voit un thrombus à l'intérieur du vaisseau. 520 HEMORRAGIE. Le thrombus, qu'il soit fibrineux ou de précipitation, commence toujours au niveau de la tunique externe. Le san^^ infiltré dans le tissu conjonctif de cette tunique est le premier à se coaguler ou à subir l'inlluence des hémostatiques. Le thrombus s'accroît de l'extérieur vers l'intérieur du vaisseau par la coagulation ou la précipitation des nouvelles couches de sang venues en contact avec le thrombus. h) Cicatrisation des plaies artérielles. — Le thrombus, qu'il soit fibrineux ou de précipitation, agit comme un corps étranger sur les éléments de la paroi vasculaire, ce qui provoque une réaction de leur part, si bien que les cellules endolhéliales du voisi- nage de la plaie commencent à proliférer deux ou trois jours après, et avancent de tous côtés pour couvrir le thrombus. Au bout de huit ou dix jours, la plaie est couverte par l'endothélium de nouvelle formation. Pendant les jours suivants, on observe une prolifération des éléments qui se trouvent dans la profondeur de la plaie, et spécialement des cellules conjonctives de l'endartère et de l'adventice. Il se forme ainsi un tissu conjonctif embryonnaire. Grand nombre de ces cellules sont fusiformes. On trouve aussi des cellules rondes dans l'adventice et la tunique moyenne. Pendant que le tissu conjonctif subit cette prolifération, les fibres élastiques et musculaires du voisinage de la plaie s'atrophient pour disparaître plus lard. Après douze jours apparaissent des fibres élastiques très fines entre les éléments FiG. 89. — Cicatrisation des artères. — I. Cicatrice longitudinale de la carotide du chien, 63 jours après l'opération. — I, Intima; M, Media; A, Adventitia ; e, fibres élastiques de nouvelle formation; /", flls de soie de la ligature. II. — Épaississeraent de l'intima |de la même artère. — É, Elastica interna; — E, Elastica interna de nouvelle formation, d'après Jacobsthal. de prolifération, et une nouvelle limitante élastique interne va se former, ce qui con- tribue à rendre plus épaisse l'endartère en cet endroit (fig. 89, Jacobsthal). Dans la tunique moyenne les fibres élastiques de nouvelle formation sont moins nombreuses et plus fines. Des fibres conjonctives apparaissent aussi, surtout dans l'adventice. Malgré les descriptions données par certains auteurs, et d'après lesquelles l'élément musculaire aurait sa part dans la formation de la cicatrice (Bargi, Jassi.\owsri), les recherches ultérieures n'ont pas confirmé la prolifération des fibres musculaires lisses. (Jacobsthal). Le tissu cicatriciel de l'artère est donc formé des éléments qui peuvent revenir à l'état embryonnaire : l'endothélium et le tissu conjonctif, surtout celui de l'endartère et de l'adventice. On voit aussi une régénération des fibres élastiques et con- jonctives, qui ne sont que des produits exoplasmiques des cellules conjonctives. HEMORRAGIE. 521 Il n'en est pas de même des fibres musculaires lisses, qui, par leur haute différencia- tion, semblent avoir perdu la propriété de revenir à l'état embryonnaire, et par consé- quent de subir une prolifération. La cicatrisation des veines se fait suivant un mécanisme analogue à celui de la cica- trisation des artères. c) La plaie latérale d'une veine chez le lapin, par exemple, est fermée au bout de 12 heures par un thrombus formé d'hématobïastes, de globules blancs et rouges, et de fibrine. Dans l'adventice se trouvent de nombreuses cellules rondes qui s'accumulent entre les lèvres de la plaie, et dans cette masse cellulaire apparaît de la fibrine. L'endo- thélium vasculaire commence à proliférer vers le troisième jour, et il avance de tous côtés pour couvrir la masse fibrineuse qui se trouve dans la plaie. Dans la profondeur, les cellules conjonctives subissent le même retour à l'état embryonnaire et la même prolifération que dans les artères. Pfitzer croit que, parmi les cellules fusiformes qui se trouvent dans cette masse de tissus embryonnaires, celles du côté interne deviendraient des cellules endothéliales; celles du côté externe, des cellules conjonctives de l'adventice. Au sujet de la cicatrisation des plaies vasculaires nous citerons une expérience inédite qui présente un certain intérêt. Il s'agissait de diminuer le débit de l'artère pulmonaire, ce que nous avons obtenu facilement en appliquant sur le vaisseau un fil métallique serré au degré voulu. Sur cinq animaux (chiens) ainsi opérés, un a vécu quatre mois, et il est mort subitement. A l'autopsie nous n'avons constaté rien de particulier à l'exté- rieur de l'artère pulmonaire; elle gardait toute son intégrité. En l'ouvrant, on trouva l'anneau métallique à l'intérieur du vaisseau au milieu d'un gros caillot qui avait pro- voqué la mort de l'animal. Les tuniques artérielles, au moins l'externe et la moyenne, s'étaient donc refaites par-dessus l'étranglement avant que la section du vaisseau, par le fil métallique, fût complète. EFFETS DES HÉMORRAGIES REPETEES ET NON MORTELLES Dans les chapitres précédents nous avons étudié les désordres produits dans l'orga- nisme par une hémorragie unique et non mortelle. Si une seconde hémorragie a lieu, les modifications qu'elle occasionne dépendent principalement de l'intervalle de temps qui la sépare de la première. Trois cas peuvent se présenter : 1° L'intervalle peut être très court, et alors la nouvelle hémorragie trouve l'orga- nisme dans la phase d'affaissement produite par la perte sanguine antérieure, et ses effets s'ajoutent aux précédents; 2° Quand la nouvelle hémorragie trouve l'organisme dans sa phase de réparation, ses effets dépendent de l'intensité des troubles consécutifs à la première saignée, et de l'état des travaux de réparation ; .3° Enfin quand l'organisme a eu tout le temps nécessaire pour se remettre des troubles occasionnés par une hémorragie, les effets delà seconde, quoique étant assimi- lables à ceux de la première, ne seraient pas identiques, car l'organisme peut garder longtemps l'impression de la première hémorragie. Les cliniciens avaient remarqué depuis longtemps la résistance de l'organisme aux pertes sanguines répétées. Ainsi, Murray cite le cas d'une femme qui durant 29 ans avait subi de nombreuses hémorragies du nez, de la bouche, des oreilles, etc., à des intervalles de temps variables; et, s'il faut croire à l'exactitude de l'observation, cette femme aurait perdu, pendant les deux premières années, environ une demi-livre de sang journellement. Plus récemment, Lazarus rapporte le cas d'un médecin russe dont la santé était peu affectée malgré des hémoptysies qui, en quelques mois, lui auraient enlevé une quantité de sang équivalente à 4 fois la masse sanguine totale. De son côté, l'expérinientalion apporte des documents bien plus précis sur la résis- tance de l'organisme aux hémorragies répétées. Citons l'expérience d'ARLOiM;, dans 522 HÉMORRAGIE. laquelle un cheval de 450 kilogrammes perd G kilogrammes de sang chaque mois pen- dant 2 ans. Cela ferait 144 kilogrammes de sang, soit 4 fois la masse sanguine totale, /450'} » 18 ]0o2 17,85 15,04 0,37 0,81 0,13 ) 94 5 730 000 1 : 690 24 h. après la l" saignée. 508,5 2,76 17,5 1048 17,06 14,53 0,41 0,81 » 45"- - 50" 66 4 490 000 1 : 457 ' 24 h. après Ia( 2» saignée .(> -°*' 1,62 17,4 )) 14,44 13,00 0,,52 0,50 0,17 150"- -160" 54 3 170 000 1 :352 24 h. après la^ , 3* saignée./ ' " 1,44 17,2 1042 12,26 11,47 0,63 0,69 " 65 |38 1 880 000 1 : 150 S VI MO RT P AR h lÉM ORR AGI E D'après ce qui précède, on peut facilement prévoir quand une hémorragie devient mortelle, et comment se produit l'arrêt des différentes fonctions. Vu l'importance de la question, nous croyons nécessaire de donner un court résumé du tableau symptomatologique et du mécanisme de la mort par hémorragie. L'extinction de la vie, à la suite de grandes pertes sanguines, peut présenter quelques différences dans les manifestations qui l'accompagnent, suivant que l'hémorragie est rapide ou lente, et suivant qu'elle est continue ou intermittente, quoique au fond le mécanisme de la mort soit le même. 1° Mort par hémorragie rapide. — Quand il s'agit de l'homme, les phénomènes qui précèdent la mort se déploient à peu près dans l'ordre suivant, d'après Webeu. Pen- dant que le sang coule sans arrêt, les sens s'évanouissent, la figure pâlit, les paupières et les lèvres bleuissent, le nez s'enfonce, devient pointu et comme desséché, les oreilles pâlissent, la voix s'éteint, puis vient un léger accès de nausée avec syncope passagère; le pouls est petit, rapide, irrégulier, les extrémités sont froides, le corps se couvre d'une sueur et d'une odeur désagréables ; des mouvements convulsifs des membres, un pro- fond soupir, un fort bâillement : les yeux tournent d'une manière désordonnée dans les orbites, le regard est mourant, le corps est secoué par un fort spasme, ou par des con- vulsions épileptiformes ; la perte complète delà connaissance s'ensuit; des soupirs pro- fonds et désordonnés reviennent, séparés par de longues pauses; après un accès con- vulsif accompagné de râles, le malade retombe, la bouche largement ouverte, les yeux immobiles et le regard éteint : c'est la mort. Tout ce triste spectacle dure à peine quelques minutes. Chez les animaux, le tableau est presque le même. On peut distinguer, d'après Hayem, trois périodes dans le cours d'une hémorragie rapide et mortelle chez le chien : 1° Le sang coule sans que l'on constate aucun phénomène important : l'animal est tranquille et ne paraît éprouver aucun malaise; 2° L'hémorragie continuant, l'animal semble souffrir, se débat, pousse des hurle- ments, aboie; puis la respiration devient haletante, profonde, précipitée; les pupilles se dilatent et se resserrent alternativement; souvent il se produit une émission d'urine. 3° Après un laps de temps variable, survient la période terminale ou de resolution U HÉMORRAGIE. 0^:4 imminente, comme l'a nommée Marshall-Hall. La respiration est laborieuse, irréguiière^ convulsive, entrecoupée de soupirs. A ce moment apparaissent d'ordinaire les grandes convulsions terminales; l'animal étend et raidit ses pattes antérieures et les tient ainsi un certain temps; puis, après quelqvies mouvements cloniques dans les pattes posté- rieures, se produisentdes mouvements de tlexion de la cuisse sur le bassin, et du bassin sur le tronc, de sorte que le chien semble se ramasser sur lui-même; en même temps la tête est rejetée en arrière, les yeux sont convulsés en dedans; les pupilles se dilatent à tel point que l'iris s'efTace, les sphincters se relâchent, et la mort arrive pour mettre fin à cette agonie. De pareils spectacles s'observent journellement dans les abattoirs, surtout chez les animaux sacrifiés suivant le procédé Israélite. Il serait difficile, d'après cet ensemble de phénomènes qui précède la mort par hémorragie, de démêler, laquelle des trois grandes fonctions, innervation, respiration ou circulation, s'arrête la première, et qui par conséquent entraîne la mort. Il est donc nécessaire d'étudier séparément les modilîcations que subit chacune de ces fonctions au cours d'une hémorragie rapide et mortelle. a) Troubles de l'innervation. — Le cerveau est le premier à ressentir les effets d'une grande perte sanguine, et nous avons décrit plus haut les troubles des fonctions psy- chiques. Nous avons vu qu'une hémorragie non mortelle peut produire la syncope chez l'homme. Elle est due à une anémie des centres nerveux provoquée par l'émotion, et ses conséquences n'offrent pas un grand danger. On peut même dire que cette syncope est salutaire, qu'un court arrêt du cœur et une chute de pression permettent la forma- tion d'un thrombus qui va obstruer rorifice du vaisseau blessé. Chez les animaux, on n'observe pas ce genre de syncope, mais il faut voir chez eux, d'après Hayem : \° Une syncope par anémie relative, qui se produit chez les animaux maintenus dans la position verticale pendant l'hémorragie. Elle est due aussi à l'anémie des centres nerveux, mais dans ce cas il faut en chercher la cause dans la diminution de la masse sanguine et dans l'affaiblissement du cœur qui ne peut plus vaincre la pression repré- sentée parla colonne liquide comprise entre le ventricule gauche et le cerveau. Elle cesse en effet, si l'on place l'animal dans la position horizontale ou la tête en bas. 2° Une syncope par anémie absolue, due à la vacuité de vaisseaux, syncope quf précède la mort. La disparition des réflexes se produit dans l'ordre suivant : \° les réflexes cutanés de la face; 2° le réflexe lingual; 3° le réflexe cornéen, quand les pupilles se dilatent largement. 6) Troubles de la respiration. — Gad et Holovtschlner, expérimentant sur le lapin, ont trouvé que la respiration passe par trois phases au cours d'une hémorragie rapide et non mortelle : 1° La pliase de dyspnée, semblable en tous points à la dyspnée due à une insuffi- sance de la ventilation pulmonaire. Une saignée copieuse ralentit en effet les échanges gazeux au niveau des centres respiratoires, d'oîi celte forme de dyspnée que Gad et HoLOVTscHiNER Ont appelée j^neumatorectique . 2° Une phase pendant laquelle les mouvements respiratoires sont très nombreux et très superficiels. La posiliou moyenne du thorax se rapproche beaucoup plus de celle- de l'inspiration que de celle de l'expiration. 3° La phase de respiration syncopale. Cette phase se termine par la mort. Les mou- vements respiratoires sont profonds et séparés par de longues pauses pendant lesquelles le thorax est au repos complet; peu à peu ils deviennent de moins en moins profonds et finissent par s'éteindre. P.\ul Bert, et plus récemment Bergendal, et Bergmann, ont vu une analogie entre les troubles de la respiration produits par la saignée, et ceux qui accompagnent l'asphyxie. Ces derniers auteurs ont toujours constaté un arrêt respira- toire précédant la respiration agonique, qui arrive généralement au bout de 40 à 17 secondes, après le commencement de la saignée. Dans un seul cas sur 19, cet arrêt est produit après 415". Sa durée moyenne varie entre 3" et 73". Hayem, Gad et Holovtschiner ont décrit encore dans celte dernière phase le phéno- mène de respiialiou périodicjue (Ghevne-Stokrs). HEMORRAGIE. 525 c) Troubles de la circulation. — Au cours d'une hémorragie rapide et mortelle on peut distinguer dans le rythme du cœur trois phases : 1" Aussitôt que la pression artérielle commence à baisser, le cœur s'accélère : nous avons donné page o04 une explication de cette accélération. Le nombre des pulsations cardiaques peut augmenter de 20 à 40 p. 100 (Hayem). 2° Pendant que s'écoulent le dernier quart ouïe dernier cinquième de la quantité de sang qui doit rendre la saignée mortelle, on observe un ralentissement du cœur. Le maximum de ce ralentissement coïncide, d'après BERGE.VDALet Bergmann, avec latin de l'arrêt respiratoire et se continue pendant la phase de la respiration agonique. Ce phé- nomène ressemble à celui qui s'observe dans l'asphyxie, et son mécanisme est le même; la cause en est dans l'hypertonicité des pneumogastriques, puisque la section de ces nerfs ou l'empoisonnement par l'atropine empêchent le cœur de se ralentir (Ch. Richet, Bergendal et Bergmann). Avant que le cœur s'arrête définitivement, il passe en général par une nouvelle phase d'accélération avec un rythme assez irrégulier, et alors on peut constater la dissociation entre les mouvements auriculaires et ventriculaires. 2° Mort par hémorragie lente. — Qu'elle soit continue ou avec intermittences, les symptômes d'une hémorragie lente et mortelle sont les mêmes. Sur l'homme, une pareille anémie peut être provoquée par des v;auses multiples et dans les détails desquelles nous ne pouvons pas entrer. Parmi les causes nous envisagerons la saignée seulement, d'autant plus qu'il fut un temps où la thérapeutique la comptait parmi ses grands remèdes. Dans certaines afTections, le malade devait subir des saignées coup sur coup, ainsi que le préconisait Bouillaud. La mort était souvent le résultat final de cet énergique traitement, et on s'ingéniait à l'attribuer à toutes sortes de causes, excepté à la profonde anémie. — Hayem nous dépeint les caractères de cette anémie de la façon suivante : « Chaque perte de sang est suivie d'un afl'aissement plus ou moins accusé, pâleur des téguments et des muqueuses, accélération du pouls, palpitations, souffles cardiaques et vasculaires, vertiges, bourdonnement d'oreilles, sueur au moindre effort. La respiration est courte et haletante, l'appétit languissant, quelquefois entièrement aboli. « Si les pertes de sang sont assez espacées ou moins copieuses, la réaction s'établit et prend parfois un caractère exagéré. C'est un état d'éréthisme vasculaire. Le cœur bat avec violence ; les pulsations sont fréquentes, de 100 à 120 par minute; elles sont pleines, larges et se font sentir dans les petites artères oîi habituellement on ne peut les perce- voir. Les inspirations sont précipitées, entrecoupées par des soupirs et des pandicula- lions. « Les tempes battent, il se produit des sifflements dans les oreilles, des sensations lumineuses comparables à des phosphènes ; la tête est comme étreinte d'un cercle de fer. Le malade est en proie à une exaltation, à une inquiétude continuelle, présente orne extrême irritabilité; enfin la température s'élève légèrement au-dessus de la normale. « Si les hémorragies continuent, la réaction s'exagère, fait place à un état d'anémie •chronique, qui conduit plus ou moins vite à la cachexie avec inappétence absolue, tor- peur physique et intellectuelle, œdème des membres inférieurs ou anasarque généra- lisé et se termine dans la mort par le coma. « Sur le chien, l'anémie produite par les hémorragies souvent répétées présente les symptômes suivants, d'après Hayem : « L*animal est affaissé, reste couché et se laisse retomber lorsqu'on le met debout; il est haletant; les respirations sont superficielles, précipitées, irrégulières, puis elles deviennent plus régulières et plus profondes (30 par minute). L'haleine est froide, la langue pendante, les extrémités exsangues, les battements artériels sont réguliers et de force moyenne; on perçoit un souffle assez rude au niveau de l'artère crurale; le pre- mier bruit du cœur est accompagné d'un souffle; nombre de pulsations, 112. « La fin de cette agonie est difficile à suivre sur les animaux, qui meurent générale- ment pendant la nuit. » En résumant les symptômes de l'hémorragie mortelle, on voit combien il est difficile de trouver laquelle parmi les trois grandes fonctions, d'innervation, de respiration et de 5^26 HEMORRAGIE. circulation, est la plus atteinte par l'anémie pour comprendre le mécanisme de la mort. La solidarité qui existe normalement entre ces fonctions est trop grande pour les con- cevoir un seul instant séparées. Cependant rexamen des phénomènes qui précèdent la mort par hémorragie montre que le système nerveux est le premier atteint par l'anémie, et inévitablement sa mort entraîne l'arrêt de la circulation. — Si le cœur peut fonctionner en dehors de toute influence du système nerveux cérébro-spinal, il ne peut pas se passer de l'oxygène que la respiration lui fournit. Il faut donc établir la hiérarchie suivante dans la mort par anémie post-hémorra- gique : a) Mort du système nerveux; b) Arrêt respiratoire; c) Arrêt du cœur ; hiérarchie qui ressemble beaucoup à celle de la mort par asphyxie. § VIT TRAITEMENT DES HÉMORRAGIES Une fois l'hémorragie arrêtée péft" un des nombreux moyens dont dispose la chi- rurgie, un premier soin auquel on a pensé depuis longtemps consiste à remplacer le sang perdu. — Cela peut se faire, soit par une transfusion de sang pur, soit par l'injec- tion d'une solution saline, soit enfin par un mélange de cette solution et de sang. La description qui va suivre sera très sommaire. Le lecteur trouvera à l'article Trans- fusion les détails concernant l'historique de la question, la technique à suivre et les indi- cations de ce moyen thérapeutique. 1) La transfusion de sang pur peut être immédiate ou directe, quand on relie une artère de l'animal qui fournit le sang à une veine de celui qui doit le recevoir. Cette transfusion a été pratiquée pour la première fois par Lower (166ij) sur des animaux, et sur l'homme par Denys (1667). A cause des nombreux accidents occasionnés par cette opération, elle a été prohibée en France en 1668. — Blunuel l'a reprise en 1818 et à partir de cette époque de nom- breuses recherches de physiologie expérimentale ont mieux précisé les conditions qui doivent être réalisées dans la pratique de la transfusion sanguine. Parmi ces conditions il y en a deux qui sont essentielles : a) Le sang transfusé doit provenir d'un animal de la même espèce, vu que les éléments figurés du sang, et spécialement les globules rouges, d'un animal peuvent être détruits par le plasma d'un autre animal d'espèce différente. — Ainsi le plasma du chien possède une propriété globulicide très intense pour le sang du lapin. — En dehors de cette action sur les globules rouges, le plasma peut contenir différentes substances (ferments, anti- ferments, anticorps), qui sont toxiques d'une espèce à l'autre. — Il y a cependant des cas où la transfusion a pu être pratiquée sans danger entre des organismes d'espèces diffé- rentes. Ainsi DoMiNici a fait une transfusion directe de la carotide du chien dans la veine d'un homme atteint de phtisie. Immédiatement après l'opération, le malade a manifesté quelques malaises, vertige, frissons, etc., qui ont disparu assez vite. — Une certaine amélioration dans l'état du malade a pu être constatée. 6) Dans la transfusion directe, il faut éviter la formation de caillots dans les tubes qui relient les vaisseaux. — Les moyens dont on dispose actuellement pour empêcher cette coagulation sont insuffisants, et on compte encore beaucoup plus sur lai^apidité de l'opé- ration que sur tout autre dispositif. 2) La transfusion de sang défibriné a été conçue justement dans le but d'écarter les dangers de coagulation intravasculaire. Mais, dans ce cas, il faut d'abord s'assurer que le sang transfusé est entièrement dépourvu de particules de fibrines ou de bulles d'air. BizzozERo et SA>fGuiRico ont démontré que les globules rouges résistent très bien aux actions mécaniques nécessaires pour défibriner le [sang. Ainsi, sur un chien de -23 kg.. HEMORRAGIE. 527 ces auteurs ont pratiqué 8 saignées de 935 grammes environ chacune. Le sang défibriné après chaque hémorragie était réinjecté dans les vaisseaux de l'animal. L'opération a duré environ 3 heures, la fibrine a diminué progressivement, et la huitième saignée n'a fourni qu'une quantité insignifiante de fibrine. L'animal a survécu, et l'examen de son sang a montré à Bizzozero etSAMGUiRico que les globules rouges étaient assez bien conservés malgré les manipulations auxquelles ils avaient été soumis. Ces recherches prouvent, contrairement à l'opinion de Hayem et de Otto, que la transfusion de sang défibriné peut être pratiquée si l'on prend les pré- cautions nécessaires. En cas d'hémorragie surtout, cette transfusion, comme les injections de solutions salines, rétablit vite la masse du sang et par suite la pression artérielle. Elle ofTre sur les injections salines le gros avantage d'apporter à l'organisme des globules rouges qui peuvent fonctionner au moins jusqu'à la rentrée en fonctions de nouvelles hématies produites par les organes hématopoïétiques. Après les travaux d'ARTHUs et Pages sur la décalcification du sang au moyen de l'oxalate de potasse, Wright s'est servi de cette méthode pour empêcher la coagula- tion du sang qu'il devait transfuser. Il a vu que le sang rendu ainsi incoagulable est très bien supporté après l'hémorragie et que les globules rouges ne subissent pas de modifications appréciables. 3) Transfusion des mélanges de sang défibriné et de solutions salines isotoniques. — Marshal a eu l'idée de mélanger le sang défibriné à une solution de chlorure de sodium à 0,6 pour 100 dans la proportion de 1 vol. de sang pour 9 vol. de solution saline. Les expériences ont été faites sur le lapin, et la saignéeja varié entre 1/3 et 3/7 de la masse totale du sang, celle-ci étant calculée à 1/19 du poids du corps. Celte pratique offrirait un double avantage: d'une part, ce mélange suffirait aux besoins urgents de la circulation et, d'autre part, il exercerait une action stimulante sur les organes hématopoïétiques, de sorte que la durée de la régénération des hématies serait abrégée. Malgré la grande dilution de ces mélanges, ils contiennent encore une certaine quantité de sérum sanguin, et nous avons vu plus haut que la toxicité du sang défi- briné est due en grande partie à son sérum. Pour enlever tout ce sérum, Hédon a pra- tiqué un vrai lavage des globules rouges au moyen d'une solution de NaCI à 9 0/00 ou NaCl et PO*Na-H. On sépare par centrifugation les globules de la solution saline qui les contient et on peut ainsi renouveler plusieurs fois le liquide de lavage. Finalement on a des globules sanguins en suspension dans la solution saline : la transfusion d'un pareil mélange est de beaucoup supérieure à la simple solution de sel. Quand il s'agit de globules provenant d'un animal de la même espèce, ils se conser- vent très bien, une fois introduits dans l'appareil circulatoire. Les expériences de Hédon, faites sur le lapin et sur le chien, prouvent que les animaux peuvent être sauvés ainsi, même après des hémorragies tout à fait déplétives. On démontre de la même manière qu'on peut transfusera un animal des globules rouges provenant d'une espèce difterente sans que la mort s'ensuive. Cette innocuité s'observe entre les espèces dont le sérum ne jouit pas de la propriété d'agglutiner les globules rouges étrangers que l'on vient de transfuser. 4) Transfusion de solutions salines. — Une analyse plus détaillée des effets de l'hémorragie prouve que le peu de globules qui restent dans l'organisme après une grande perte sanguine pourrait suffire au strict nécessaire de l'hématose à la condition qu'ils pussent circuler comme à l'état normal. Les anémies dues à la destruction des globules rouges viennent à l'appui de cette opinion. Ce n'est donc pas le manque de globules qui fait péricliter la vie. Ce qu'il faut de toute nécessité, c'est un volume de sang minimum, absolument indispensable pour que la circulation puisse se faire. On comprend alors que la transfusion d'un liquide sans globules rouges, mais jouissant de la propriété de conserver ces éléments, peut très bien remplacer la transfusion sanguine. En effet des recherches ultérieures ont amplement démontré que les solutions salines ayant la même composition et la même concentration moléculaire que le plasma san- guin suffisent à sauver les animaux après les plus fortes hémorragies. On savait, depuis les travaux de Klhne (1859) et de Coii.nhkim, que le sang de la gre- 528 HÉMORRAGIE. nouille peut être remplacé dans sa plus grande part par une solution de NaCl de 0,5 à 1 p. 100, et l'animal continue à vivre. Kronecker et Stirlixg ont montré plus tard que le cœur de la grenouille se conserve bien dans une solution de NaCl à 0,6 p. 100. Il suffit d'ajouter quelques gouttes de sang à cette solution pour provoquer des contractions dans ce cœur. Pour les mam- mifères, on doit à Jolyet et Lafont (1878) la preuve que, dans l'anémie post-hémor- ragique, même très grave, l'animal (chien) peut être sauvé par la transfusion d'une solution de NaCl à 0,5 p. 100 en quantité suffisante. L'année suivante, Kronecker et Sander ont apporté de nouveaux documents expérimentaux sur l'action salutaire de cette transfusion saline. A partir de cette époque, la méthode a été adoptée par les cliniciens, et Schwartz le premier a obtenu de nombreux succès en pratiquant la trans- fusion de solutions salines chez l'iionime dans les cas d'anémie post-hémorragique. Cependant des recherches ultérieures de physiologie expérimentale ont montré que le NaCl tout seul est quelquefois insuffisant, d'autres fois nuisible, et cela suivant l'état de l'organisme et suivant la concenti-ation moléculaire de la solution. Ces recherches ont pu être mieux poursuivies sur les organes isolés du corps; et à ce point de vue les cœurs de grenouille ou de tortue sont les réactifs les plus sensibles. Ainsi nous avons vu plus haut, dans l'expérience de Kronecker et Stirling, comment un cœur de gre- nouille reste inactif dans une solution de NaCl à 0,5 p. 100. Gaule a trouvé qu'il suffit d'ajouter à cette solution une petite quantité de NaOH, 0 gr. 005 p. 100, pour provoquer des contractions rythmiques dans ce cœur. Ringer a montré plus tard que le CaCI- a une action excitatrice des plus manifestes sur le cœur de la grenouille. Toutes ces recherches ont prouvé que les solutions salines sont capables d'entretenir la vie des organes isolés du corps, comme du cœur, par exemple, à la condition qu'elles aient une composition et une concentration moléculaires déterminées. De là, il n'yavait qu'un pas à faire pour trouver la solution saline la plus favorable à la vie des organes. Locke a résolu le problème en introduisant dans ces solutions tous les sels et dans les mêmes proportions où ils se trouvent dans le plasma sanguin. De plus, il ajoute le glucose en proportion de 1 p. 100, et la solution est saturée d'oxygène. Avec un pareil liquide, Locke, Kuliabko, etc., ont pu faire fonctionner le cœur d'un mammifère (lapin, chien, homme), en dehors de l'organisme, et cela durant un temps assez long. On peut considérer cette expérience sur le cœur des mammifères comme la meilleure preuve que le liquide de Locke est, par sa constitution, le plus rapproché du milieu organique, surtout quand on sait combien était compliquée la technique employée par Langendorff, Newell-Martin, etc., pour étudier le fonctionnement du cœur des mammifères en dehors du corps. Mais l'enseignement qu'on doit tirer de ces recherches sur le cœur isolé est encore plus précieux, quand il s'agit de choisir, parmi les nom- breuses formules de solutions salines, celle qui peut le mieux convenir à la transfusion. Le liquide de Locke, ayant fait ses preuves, doit être préféré à tous les autres. Nous allons donner les principales formules des solutions salines employées pour la transfusion. COMPOSITION I NaCl à 0,5 p. 100. Kronecker et Sander. 11 ( NaCl à 0,6 — j ^ ( NaOH 0,003 - ) ^^^'^'^• n bis * ^^^^ 0,5 - j Hayem. II OIS ( sO^- Na^ 0,1 — ) . NaCl 0,8 — J III ] CaCl2 0,026 — ( Ringer. ' KCl 0,03 — ) ; NaCl 0,8 - ] \ CaCl 0,01 — I o I" àis KCl 0,0075 - ^'^^^''• ( C03NaH 0,01 — ) III ter I NaCl 0,8 - ) C03NaH 0,5 — < Dawson. HEMORRAGIE. 529 IV COMPOSITION NaCl 0,9 GaC12 0,02 KCl 0,02 C03 NaH 0.02 Dextrose 0,1 02 à saturation.. . . NaCl 0,6 KCl 0,03 CaC12 0,01 SO'Mg 0,03 PNa2H 0,05 C03 NaH 0.15 Glucose 0,1 AUTEURS Locke HÉDON et Fleig QuiNTON a trouvé que l'eau de mer diluée avec de l'eau distillée dans les proportions : Eau de mer . Eau distillée. 83 130 peufêtre transfusée après les fortes hémorragies avec des effets très salutaires pour les animaux. Cependant l'innocuité de l'eau de mer, étudiée parla méthode du cœur isolé, est loin d'égaler celle du liquide de Locke, ainsi que Hédon et Fleig l'ont démontré. Elle a une action inhibitrice sur le cœur du [lapin; donc elle contient des éléments toxiques qui se manifestent par leur action quand cette eau est transfusée dans l'orga- nisme, parce que d'une part elle subit une grande dilution dans le plasma interstitiel des tissus, et que, d'autre part, il est possible que ces principes toxiques soient retenus dans certains organes. — Des essais ont été faits par Van Leersum pour remplacer le NaCl par d'autres sels de Na. Parmi ces sels, l'acétate, le sulfate et le formiate de Na en solution équimoléculaire peuvent remplacer le NaCl, alors que le propionate, le lac- tate et le citrate de Na sont toxiques. En cas d'hémorragie très forte, quand il faut agir vite, la voie veineuse est tout indi- quée pour introduire ces solutions salines dans l'organisme. Simon, qui a pratiqué un certain nombre de ces injections sur l'homme dans les cas d'anémie post-hémorragique, retrace ainsi le tableau des effets immédiats que l'on observe : « Le malade peu à peu reprend ses sens, cause, demande à boire, s'enquiert de son état; le pouls s'élève peu à peu. Souvent on observe des frissons qui peuvent durer de lîi minutes à 2 heures et qui sont dus à l'abaissement de la température. » Quand, au contraire, le danger n'est pas immédiat, on peut introduire la solution saline par la voie rectale, ainsi que Lépine Ta fait, et par la voie sous-cutanée ou intramuscu- laire. L'absorption dans ces cas est plus lenle et on est plus limité pour la quantité de liquide que l'on peut introduire dans l'unité de temps. S) La transfusion en cas d'hémorragie mortelle. En prenant, à l'exemple de Gad et Holovtschixer, comme points de repère les trois phases que ces auteurs ont distinguées dans le rythme respiratoire avant la mort par hémorragie, on peut jusqu'à un certain point se rendre compte de la limite extrême oii la transfusion peut être encore pratiquée avec des chances de réussite. Pendant la phase de dyspnée, la transfusion ne semble changer en rien la marche des phénomènes. Si elle est pratiquée dans la seconde phase, elle fait disparaître les symptômes inquié- tants de la respiration hypokinetiqiie et les remplace par la dyspnée de la première phase. Dans la phase syncopale, la transfusion arrive généralement trop tard. Cependant Gad et HoLOVTSCHiNER out pu par la transfusion ramener à la vie des lapins qui avaient cessé de respirer. Ces résultats expérimentaux doivent être la meilleure garantie pour le médecin qui est obligé d'intervenir, même dans les cas oii toutes les apparences sont défavorables. J. ATHANASIU. DICT. 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Nerven. u. p. Gewebes im Sclmmnzed. Froschlarven {ibid., xxx, I86't,\il-~'.i). — Ueber d. Auge einiger Cepha- lopoden {Zeitschrift f. wiss. Zoologie, xv, 1865, 88 p.) — Ueber eine Einrichtung d. Fovea centralis retinae, welche bewirkt,dass feinere Distanzen alssolche, die dem Durchmesser eines Zapfensentsprechen, noch unterschieden werden kônnen. {A. A. P., xxxiv, 1865, 405-411). — Ueber ein Instrument f. mikroscop. Prâparation {Schullzes Arch., ii, 1866, 46-55). — Ueb. d. Bau d. Schneckenaugesu. liber d. Entioicklung d. Augenteile ind. Thierwelt. {ibid., ii, 1866, 399-429). — Bemerkungen ûb. d. Lymphe {A. A. P. xxxvii, 1866, 68-93). — Ueb. d. Gehô- rorgan V. Locusta {Zeitschrift f. wiss. Zoologie, xvi, 1866, 190-207), — Embryologischo Mitteilungen. {Schullzes Archiv, ui, 1867, 500-503).— Ueber das Sehen in d. Fovea centralis. (A. A. P., XXXIX, 1867), — Bemerkungen z. d. Aufsatz : Ueber Abstammung u. Entwicklung von Bakterium termo {Schullzes Archiv, m, 1867). — Experimentaluntersuchung ùber d. Mechanismiis d. Akkommodation. (Kiel, Schwersche, 1868, 58 p., 2 Taf., 8). — Ueber ein o34 HEREDITE. neues Struclurverhaltnis?. d. quergestreiften Muskelfasern {Arbeiten d. Kieler physiolofjischen InstUutx, 1868, 1869, 26 p.). — Ueher d. Nerven im Schwanz d. Froschlarve (Schullzes Arch., 1868, 111-124). — Die Thàtigkeit d. Regenwurms fur d. Fruchtharkeit d. Erdbodens Zeitschrift f. iviss. Zoologie, 1877, 354-364^. — Ueber d. Entwickhmg u. Bau d. Ohrlaby- rinths nach Untersuchungen an Sàugethieren {Arch. f. Ohrcnheikunde, vi, 1877, 1-34). — Ueber d. Ursprung d. Accommodationsnencn nebst Bemerkinigen ûber die Function d. Wurzeln d. Nervus ocidomotorius {Arch. f. Ophthalinologie, xxiv, 1877, 1-26). — Vcber d. Gedàchtniss. {Rectoratsredc. Kiel, 1877, 18 p.). — Bemerkinigen gcgen d. Ciipida termi- nalis {A. P., 1878,486-490). — Beobachtungen ûber d. Thàtigkeit d. Trommelfellspanncrs bei Hund und Katze {A. P., 1878, 312-319). — Physiologie d. Gehôrs in Hermanns liandb- d. Phydologie, (i, 1880, 137 p.). — Physiologie d. Zeugung {ibid., vi, 2, 1881, 299 p.). — Nachtrag zu me in en "■ Bemerkungen gegen d. Cupula terminalis » {A. P., 1881, 2, 403- 418), — Ueber d. Fnœhtbarkeit d. Erdbodens in ihrcr Abhiingigheit von d. Leistiingen d. in. d. Erdrinde lebenden Wùrrïier {LandwirthschaftUche Jahrbùcher, 1882, 662-698). — Beobacht. ûber d. B'fruchtung u. Entwicklung d. Kaninchens u. Meerschweinchens {Zeits- chrift f. Anat. u. Entwichlungsgeschichte, 1, 1882, 2, i, 231-423). — Ein frûhes Stadium d. im Utérus d. Meerschweinchens fest geivachsenen Eies {A. P., 1883, 61-70). — Bemer- kungen betreffend d. Mitteilungen von Selenka u. Kupffcr ûber d. Entwicklung d. Mniise. {Ibid., 71-75). — Die Griindlagen d. Vererbung nach d. gegemoàrtigen Mlssenskreis {Land wirthschaftliche Jahrbùcher, 188.T, 731-767). — Untemichung ûber Wahrnehmung der Geraiische {Archiv. f. Ohrenheilkunde, sxm, 1883, 69-90). Uber die Akkommodations- bewegung im menschlichen Ohr. {A. g. P., lxxxvii, 1887, 3b3-3;)9). — Physiotogisches Prak- tikum {A. P., 1888, 163-163). — Einige Ergebnisse d. Planktonexpedition d. Humboldt- Stiftung {Akad. d. Wiss. zu Berlin, xiv, 1890). — Die Harmonie in d. Vokalen (Z. J5., x, 1891, 39-48), — Vortrag gegen den scchsten Sinn. {Arch. f. Ohrenheilkunde, xxxv, 1893, 161-177). — Ueber d. akuslische Bewegung im Labyrinthwasser {Mûnchener med. Wochens- chrift, 1899). — Wie steht es mit der Statocysten-Ht/pothese? {A. g. P., lxxiv, 1899, 22-43), — Die Fortschritte in einigen Teilen d. Physiologie d. Gehôrs {Ergehni:-.se d. Physiolog.. 1902, 8i7-894). — Die Entwicklungsmeehanik d. Nervenbahnen im Embryo d. Sûugeliere, (Kiel, Lipsius, 1903, 1 Taf. 30 p.). — Die Biologie d. Meeres. {Schrift. d. Schleswig-Holstei- nischen naturwissenschaftl. Vereins, Kiel, xiii, 1906, 221-237). — Die Empfindungsarten d. Schalls {A. g. P., cxix, 1907, 249-294). — Biologische Mceresuntersuchungen inJahresberichte d. Kommission zur wiss. Untersuch. d. dcutschen Meere, et Bericht der wisscnschaftliehe Meeresunlcrsuchungen, et Ergebnisse d. Plankton-Expedition (Kiel, Lipsius). HEREDITE. — il est difficile de donner une définition complète du mot héré- dité, parce que le mot est bien souvent pris dans des acceptions différentes. PourLiTTRK, l'hérédité est une condition organique qui fait que les manières d'être corporelles et men- tales passent des ascendants aux descendants. Pour Larousse, c'est la transmission par la voie du sang de certaines particularités organiques et de certaines qualités morales. Ainsi donc, pour le premier, c'est la condition organique elle-même; pour le second, un résultat de cette condition organique. Dans le langage courant, on donne le nom d'hérédité à une force mystérieuse, coupable dé méfaits individuels ou sociaux et qui dominerait, comme une sorte de fatalité inéluctable, la vie des hommes et des animaux. Tout cela est bien vague; aujourd'hui, l'on est trop avancé dans la connaissance des phénomènes de la génération pour se contenter de quelque chose d'aussi imprécis. On sait que tout être vivant, animal ou végétal, provient, plus ou moins évidemment suivant les cas, d'une simple cellule vivante que l'on appelle tantôt œuf, tantôt spore, tantôt œuf parthénogénétiquc . L'œuf résulte de la fusion de deux éléments empruntés à deux individus que l'on appelle le père et la mère. La spore et l'œuf parlhénogénétique dérivent d'un seul parent que l'on appelle le plus souvent mère, quoique, à vrai dire, il n'y ait aucune raison valable de l'appeler ainsi, et qu'il soit même très peu scientifique d'attribuer un sexe à un être qui se reproduit sans acte sexuel. Quelle que soit son origine, cette simple cellule peut, dans des conditions convenables, se nourrir d'éléments étrangers, de substances non vivantes existant soit dans le milieu qui l'entoure (aliments proprement dits), soit au sein même de son protoplasma ou, tout au moins, à l'intérieur de son enveloppe cellulaire (réserves nutritives, vitellus). Le HÉRÉDITÉ. 535 résultat de cette nutrition est un accroissement de la quantité de substance vivante de la simple cellule, accroissement qui se traduit par des modifications dans la forme et dans ses dimensions. C'est à l'ensemble de ces modifications que l'on donne le nom de déve- loppement ou d'évolution individuelle. Chez les êtres pluricelliilaires, le développement s'accompagne de bipartitions, qui transforment la simple cellule initiale en une agglomé- ration polyplastidaire. Naturellement, le résultat de l'évolution individuelle dépend de deux facteurs tout à fait distincts : 1° l'ensemble des propriétés de la cellule initiale; 2« l'ensemble des conditions dans lesquelles se fait le développement. Dans tons les cas, le premier facteur est uniquement fourni par le ou les parents, et souvent c'est à cela que se borne la fonction reproductrice, l'œuf ou la spore étant abandonnés au hasard dès qu'ils sont prêts. Dans ce dernier cas, il est bien certain que, si les enfants tiennent quelque chose de leurs parents, c'est uniquement l'ensemble des propriétés de l'œuf ou de la spore dont ils dérivent. Souvent aussi l'action des parents va plus loin. Chez la femme, par exemple, l'œ.uf fécondé séjourne neuf mois dans une cavité du corps maternel et y puise les aliments nécessaires à son évolution; la poule couve ses œufs pour leur fournir la chaleur convenable, etc., et ensuite, une fois les petits éclos, les parents s'occupent encore de leur procurer de la nourriture, de leur apprendre ce qui est nécessaire à la vie, etc. Alors les parents interviennent dans le second facteur de tout à l'heure, savoir l'ensemble des conditions dans lesquelles se fait le développement. Les enfants tiennent donc dans ce cas, de leurs parents, autre chose que l'ensemble des propriétés de la cellule initiale. Mais il suffit de parcourir le règne animal pour constater que cette intervention des parents, outre qu'elle manque dans un très grand nombre de cas, est spéciale à chaque espèce et qu'il n'y a par conséquent à ce sujet rien de général dans la nature. Si donc on veut donner aux mots une signification absolument générale, il faut limiter le sens du mot hérédité à ce que les enfants tiennent de leurs parents dans le cas où ils tiennent d'eux le moins de choses possible, c'est-à-dire au premier facteur de l'évolution individuelle : Vensemble des propriétés de la cellule initiale. On réservera le nom d'éduca- tion au second facteur de l'évolution individuelle, savoir : l'ensemble des conditions dans lesquelles se fait le développement. Le mol éducation se trouve ainsi doté d'un sens un peu plus large que celui du langage courant dans lequel on restreint ordinairement sa signification à la part volontaire que prennent les parents dans l'élève des jeunes; mais il suffit de réfléchir un peu pour constater que, au point de vue du développement de l'enfant, il n'y a aucune différence entre le résultat des conditions naturelles et celui des conditions artificiellement préparées par les éducateurs. Il vaut donc mieux étendre la signification du mot à tout le second facteur de l'évolution individuelle. Nous dirons éducation au sens large pour qu'il n'y ait pas d'erreur possible. Ainsi, par exemple, l'influence de la mère sur l'enfant pendant la gestation, les contagions auxquelles le fœtus est exposé dans les cas de maladie de la mère, les empoisonnements qu'il peut subir comme résultat de l'alimentation maternelle, les compressions qui peuvent le déformer, tout cela est du domaine de l'éducation au sens large. Nous définissons donc hérédité, pour un être vivant, l'ensemble des propriétés de la cellule initiale de laquelle il provient. Et je fais remarquer immédiatement que cette défi- nition a iwiori ne présente aucun danger, ne préjuge, en particulier, rien de ce qui se passera dans l'être doué de cette hérédité. Je suppose, par exemple, que, pour telle ou telle raison, un œuf soit tel qu'il donnera un enfant ne ressemblant ni à son père, ni à sa mère; cet enfant aura une hérédité telle que, chez lui, il n'y aura pas hérédité au sens de la définition de Larousse. 11 est évident que, si ce cas hypothétique se produisait souvent, la question de l'hérédité ne passionnerait pas les gens comme elle les passionne. Je voulais seulement montrer que nous avons défini l'hérédité sans prévoir ce qui résultera de l'hérédité, et cela est essentiel pour une définition a priori. Cela posé, un être quelconque est complètement défini par son hérédité et son éduca- tion au sens large, puisque, à chaque moment de son évolution, il est le résultat de ce qu'il était un instant auparavant et de tout ce qu'il a fait pendant cet instant, c'est-à-dire de son éducation pendant cet instant, et ainsi de suite, en remontant, jusqu'à l'œuf. Quel que soit donc le caractère que l'on observe chez un être quelconque, à un moment quelconque de sa vie, on peut toujours affirmer que ce caractère résulte à la fois de son hérédité et de son éducation, et il est évident, rigoureusement parlant, que l'on ne pourra 536 HÉRÉDITÉ. jamais affirmer que tel cai-actère résulte uniquement de l'hérédité ou uniquement de )'édu- cation. Il est impossible qu'un caractère d'un être ne dépende pas de l'hérédité de cet être; ce que l'on veut dire quand on affirme que tel caractère, plus particulièrement, est un caractère héréditaire, c'est qu'il était impossible, sous peine de mort, que ce caractère ne se produisît pas, dans l'être doué d'une certaine hérédité. L'éducation, pour être variable avec chaque individu, n'en est pas moins astreinte à un certain nombre de lignes générales; si elle s'écarte de ces lignes, l'évolution de l'individu est arrêtée par la mort. Or ces lignes générales, nécessaires à l'éducation d'un être, dépendent de la nature de cet être, c'est-à-dire de son hérédité. Il ne faut pas réaliser les mêmes conditions pour faire éclore un œuf de poulet et pour obtenir le développement d'un œuf d'oursin. Il y a donc une partie de l'éducation qui, sous peine de mort, est dirigée par l'hérédité et, par conséquent, les caractères qui résulteront de cette partie de l'éducation pourront être considérés comme entièrement déterminés à l'avance par l'hérédité. Autrement dit, il y a une limite aux divergences possibles entre deux êtres ayant même hérédité, parce que ces deux êtres ont certains besoins communs qu'il faut satisfaire sous peine de mort. Nourrissez un enfant avec du lait et de l'oxygène, un autre enfant avec du sable et du chlore, vous aui^ez réalisé des éducations très différentes, mais vous n'obtiendrez pas pour cela des hommes très différents, car le second enfant mourra et ne deviendra pas un homme. Cette constatation donne déjà à l'hérédité une influence prépondérante; mais il faut bien constater aussi dès le début que, pour certains caractères, l'éducation peut arriver à donner des caractères différents à deux êtres ayant même hérédité. Prenez deux frères jumeaux, c'est-à-dire deux êtres ayant exactement la même hérédité; vous pourrez les élever de manière à ce que l'un d'eux sache uniquement le français et l'autre uniquement l'anglais. Et, dans ce cas, l'éducation aura eu, au point de vue considéré, une influence prépondérante; mais, parlant rigoureusement, on ne doit pas dire cependant que le caractère de savoir l'anglais dépend uniquement de l'éducation, puisqu'il a fallu l'héré- dité humaine pour que le sujet pût apprendre l'anglais; on n'aurait pas pu apprendre l'anglais à un escargot. En résumé, il est bien entendu que tout caractère, quel qu'il soit, résulte à la fois de l'hérédité et de l'éducation, mais il y a certains caractères qui sont d'avance, et sous peine de mort, déterminés par l'hérédité; il y a d'autres caractères qui, sous l'influence de l'éducation, peuvent être différents chez des êtres ayant même hérédité; il y en a d'autres enfin, dans lesquels on peut déterminer par des comparaisons entre différents individus, la part qui revient plus spécialement à l'hérédité et celle qui revient plus spécialement à l'éducation, et nous avons vu que, quand nous voudrons parler rigoureu- sement, il faudra toujours nous placer dans ce troisième cas, en attribuant seulement pour le détail étudié une infiuence prépondérante à l'un ou l'autre des deux facteurs considérés. Nous trouvons ici, sous une forme précise, l'équivalent de cette force mystérieuse que le public appelle hérédité et qui domine, comme une fatalité inéluctable, la vie de l'homme et des animaux. Voici un œuf dans le monde; cet œuf a des propriétés bien définies, c'est-à-dire une certaine hérédité. Il est impossible de prévoir d'avance est rigoureusement le sort de l'être qui dérivera de cet œuf; ce sort dépendra de son éduca- iion, c'est-à-dire des conditions bonnes ou mauvaises, des chances de destruction ou de conservation qu'il rencontrera sur son chemin; mais on peut affirmer d'avance que, tant qu'il vivra, il y a certaines limites entre lesquelles sa structure restera forcément comprise; le chemin est tracé par l'hérédité, à certains écarts près. Ces écarts sont plus ou moins grands suivant la nature des caractères envisagés. Ils sont presque nuls pour quelques caractères, très grands au contraire pour d'autres, comme nous l'avons vu tout à l'heure pour le langage. La question qui préoccupe le plus le grand public est celle de la latitude qui est laissée, au cours de l'évolution individuelle, à la détermination des caractères que l'on appelle psychologiques et moraux. Nul doute que là, comme ailleurs, l'hérédité ne perde jamais absolument ses droits, mais certains auteurs prétendent qu'elle en conserve de très considérables, tandis que d'autres affirment qu'elle joue un rôle insignifiant et que l'éducation est tout à fait prépondérante. Voilà le premier problème qui se pose au sujet de l'hérédité. Jusqu'à quel point HÉRÉDITÉ. 537 l'ensemble des propriétés de l'œuf de'termine-t-il l'avenir de l'individu qui en proviendra? Quels sont les écarts possibles, sous l'influence de l'éducation, entre deux êtres ayant même hérédité? Ce problème est celui de l'évolution indivichielle. Remarquez qu'il n'est pas du tout question des parents, du moins d'une manière explicite, dans ce premier problème : étant donné un œuf, quels sont les caractères qui sont fatalement déterminés d'avance par les propriétés de cet œuf? Cet œuf donnera-t-il fatalement un mâle ou une femelle, un blond ou un brun, un sage ou un fou, un honnête homme ou un voleur? Ou bien est-il possible, par une éducation appropriée et quelles que soient les propriétés de l'œuf, d'obtenir un mâle blond sage et honnête homme? Quelle est l'importance de l'hérédité dans l'évolution individuelle? Il est certain que, si la réponse à cette question était que cette influence est nulle ou minime, cela enlèverait beaucoup de son intérêt à la deuxième question qui, elle, va faire intervenir les parents producteurs de l'œuf. Je le répète encore, la question précédente, celle de la fatalité qui pèse sur un être provenant d'un œuf donné, se poserait exactement de la même manière, s'il n'y avait aucune ressemblance entre les enfants et les parents. La deuxième question est la suivante : Puisque nous savons, par l'étude de l'évolution individuelle, que telle ou telle fatalité est inhérente à telle ou telle propriété de l'œuf, pouvons-nous prévoir, connaissant les parents, quelles seront les propriétés de l'œuf qu'ils fourniront? Celte nouvelle question a une grande portée, car il est certain que, si l'œuf de certains individus doit fatale- ment donner un produit mauvais, il vaut mieux supprimer l'œuf. Or c'est là réellement la véritable question de l'hérédité, la première étant celle de l'évolution individuelle. Il est bien évident que les deux questions sont entièrement différentes, et n'ont même aucun rapport l'une avec l'autre, mais nous allons voir facilement comment il se fait qu'elles sont fatalement toujours mélangées ensemble. L'hérédité est, avons-nous dit, l'ensemble des propriétés de l'œuf. Mais quels moyens avons-nous de connaître ces propriétés? Voici deux œufs de poule; comparons-les; l'un d'eux est plus allongé et a la pointe plus aiguë, il possède un albumen plus abondant et un vitellus plus rouge; voilà à peu près tout ce que nous pouvons constater, et ce n'est pas grand'chose. L'analyse chimique ne nous permet pas de trouver de différence entre les susbtances protoplasmiques de leurs cicalricules et nous serons par suite bien peu avancés d'avoir défini l'hérédité comme nous l'avons fait, puisque nous n'arrivons pas à avoir, de cette hérédité, une connaissance assez précise pour prévoir ce qui en résultera. Mais, au lieu de casser ces œufs et de les soumettre à une analyse chimique, portons- les tous deux dans une couveuse artificielle où nous les surveillerons de manière qu'ils aient exactement la même éducation pendant 21 jours. Au bout de ce temps, il sortira de ces deux œufs deux poussins différents; et, puisque l'éducation a été rigoureusement la môme pour l'un et l'autre, nous pouvons affirmer que les différences entre les poussins résultent uniquement des diiférences qui existaient entre les œufs et que nous ne savions pas apprécier directement; de sorte que nous sommes amenés à chercher dans l'évolution individuelle le réactif de l'hérédité, et cela constitue un cercle vicieux dont nous ne pouvons pas sortir dans l'état actuel de la science. Nous voulions connaître l'hérédité pour prévoir l'évolution individuelle, et voilà que nous ne pouvons juger de l'hérédité qu'a posteriori, par l'évolution individuelle qui en résulte. C'est de cette impuissance que dérivent toutes les complications dont est encombrée la question de l'hérédité; c'est elle qui cause la confusion constante entre les propriétés et les caractères, confusion qui rend le langage précis presque impossible. A l'époque oîi fleurissait l'évoliitionnisme, les spermatistes et les ovistes croyaient que le germe mâle ou femelle contient, formé à l'avance, l'être qui doit provenir de l'œuf (théorie de la préformation et dé l'emboîtement des germes); cet être ne fait plus ensuite que grossir sous l'influence des sucs nutritifs, de manière à acquérir sa taille normale. Dans celte théorie surannée, le germe contenait donc, à l'avance, tous les caractères de l'adulte qui devait en provenir. Il est démontré aujourd'hui que cela est faux; c'est par épigénèse, c'est-à-dire par production successive de parties qui se juxtaposent, que se construit l'adulte au cours de l'évolution individuelle et, naturellement, comme nous l'avons vu au début de cet article, l'épigénése est entièrement déterminée par deux facteurs, l'hérédité et l'éducation, de sorte que tous les caractères de l'adulte résultent uniquement des propriétés de l'œuf et des conditions dans lesquelles ces propriétés ont trouvé à se manifester morphogénique- o38 HEREDITE. ment. II est donc abusif de dire que l'ceuf contient, représentés d'une manière ou d'une autre, les caractères de l'adulte; l'œuf ne contient pas de caractères, mais des propriétés susceptibles de se manifester différemment dans des conditions différentes. On trouvera peut-être bien subtile et bien minutieuse cette distinction entre les propriétés et les caractères, d'autant que, dans le langage courant, ces deux mots sont souvent employés indifféremment l'un pour l'autre; mais en biologie le mot caractère représente toujours une particularité de la description d'un être adulte, un trait de son organisation, et il n'est pas inutile de répéter que ce qu'on hérite de ses parents, dans l'œuf, ce n'est pas tel caractère d'organisation, mais telle propriété de laquelle peut résulter ce caractère au cours de l'épigénèse. De même on ne dira pas que l'eau a comme caractère d'être un cristal de telle forme, mais a comme propriété d'être de l'eau, propriété de laquelle résulte tel caractère cristallin à telle température, ou aussi tel caractère gazeux à telle autre température. La différence entre la propriété d'être de l'eau et les propriétés qui constituent l'hérédité d'un œuf, c'est que la propriété de l'eau peut se manifester autant de fois que l'on veut quand on change les conditions ambiantes, tandis que les propriétés de l'œuf se manifestent une fois pour toutes au cours d'une évolution individuelle dont aucun incident n'est indifférent pour la réalisation de l'adulte. Il est donc bien entendu que l'on hérite de propriétés et non pas de caractères, mais aussi que nous ne savons distinguer les propriétés de l'œuf que par les caractères qui en résultent dans telle ou telle condition. C'est pour cela que nous sommes obligés de mener de front l'étude des deux questions que nous avons posées plus haut : étant donné un œuf, qu'est-ce qui est fatalement déterminé d'avance pour l'être qui proviendra de cet œuf? et étant donnés des parents, quelles propriétés donneront-ils à l'œuf qui proviendra d'eux? Ou, en mélangeant ces deux questions en une seule et en supprimant l'œuf intermédiaire : étant donnés des parents, que seront leurs enfants? Ce qui est la forme ordinaire de la question de l'hérédité dans le public. Nous avons vu que cette question est plus compliquée qu'elle ne le paraît. Et d'abord, qu'est-ce que l'œuf? ou, d'une manière générale, qu'est-ce que l'élément reproducteur d'une espèce donnée? On a le plus souvent répondu à cette question d'une manière très restreinte, parce qu'on a l'habitude de commencer toujours par l'homme et les animaux supérieurs; or, chez l'homme et les vertébrés, l'œuf est quelque chose de très spécial, qui résulte de la fusion de deux éléments particuliers, et c'est seulement l'œuf qui peut, par son développement, donner naissance à un vertébré nouveau; mais il faut remarquer que, dans la définition précise de l'hérédité, nous n'avons pas eu à nous demander si le résultat du développement d'une cellule initiale serait un être comparable au parent ou toute autre chose. Pour que nous parlions d'hérédité, il suffit qu'une cellule donne lieu à un développement quelconque, puisque, alors, ce développement résulte forcément de l'ensemble des propriétés de la cellule (hérédité) et de l'ensemble des conditions ambiantes (éducation). Au cours de l'évolution individuelle d'un homme, chaque cellule peut, à un moment quelconque, être considérée comme cellule initiale d'un groupe de cellules qui en proviendra; on peut donc parler de l'hérédité de chaque cellule du corps en voie de développement, mais il est bien entendu que cette hérédité ne se manifestera à nous que par une évolution individuelle extrêmement spéciale, celle qui aura lieu au sein même de l'individu considéré, dans lequel les divers amas cellulaires, résultant des développements des diverses cellules, se mêleront les uns aux autres et influeront les uns sur les autres. Néanmoins, si nous savions faire l'analyse chimique complète des cellules vivantes, nous aurions à nous demander quelle est l'hérédité de chaque cellule de l'individu, et en quoi cette hérédité diffère de celle de la cellule initiale de laquelle dérive l'individu tout entier. Nous aiarions même à nous poser cette question, non seulement pour les cellules de l'individu envoie de développement, mais encore pour toutes celles de l'individu adulte qui sont susceptibles de proliférer dans certaines conditions (cicatrisation). Malheureusement, nous l'avons déjà vu, la chimie actuelle ne nous permet pas d'étudier directement l'hérédité d'une cellule ; nous ne pouvons comparer ces hérédités de deux cellules données que par les évolutions individuelles qui en résultent dans les mêmes conditions. Or, précisément, deux cellules d'un même individu en voie de développement prolifèrent dans les conditions si exactement déterminées pour chacune d'elles et si différentes de HÉRÉDITÉ. 539 l'une à l'autre que les éducations coi'respondantes peuvent masquer entièrement ce qu'il y aurait de commun à leur hérédité. 11 faudrait donc, pour comparer ces hérédités, avoir un moyen d'isoler les cellules et de les faire proliféi^er en dehors de l'organisme dans des conditions identiques. Cela est impossible pour l'homme et les animaux supérieurs. Commençons par étudier les cas dans lesquels cela est possible ; et il en existe. Chez beaucoup de végétaux, en particulier, un fragment quelconque, détaché d'une plante vivante, est susceptible de donner lieu à une prolifération cellulaire lorsqu'on le place dans de bonnes conditions, sur du terreau humide. Les bégonias, certaines mousses, sont classiques à cet égard et nous donnent, sur la question étudiée, des renseignements imprévus. Quel que soit l'endroit d'un pied de bégonia auquel on a emprunté le fragment considéré, le développement de ce fragment donne lieu à un bégonia de même espèce, de même race, de même variété que le premier, et même, si le premier avait des caractères individuels qui permissent de le remarquer parmi les autres plants de la même variété, ces caractères individuels se retrouvent dans tous les plants nouveaux qui proviennent de tous les fragments boutures, quels qu'ils soient. Voilà quelque chose de tout à fait inattendu. Il y a, dans un bégonia, des éléments cellulaires très divers, qui dilfèrent par la forme, la couleur et bien d'autres caractères encore, et néanmoins, le fait précédent le prouve, tous ces éléments si divers ont en commun quelque chose de très précis, que j'appelle le patrimoine héréditaire et qui, quoique masqué à première vue par les autres propriélés personnelles des éléments considérés, se manifeste, d'une manière indiscutable, dans la reproduction par l'un quelconque de ces éléments, d'un bégonia identique au premier. Dans l'hérédité d'une cellule de bégonia, il y a donc deux parties distinctes, l'une spéciale à la cellule considérée et qui, si elle distingue cette cellule de toutes ses voisines, n'a aucune influence dans le développement qui peut résulter de son bouturage, l'autre commune à toutes les cellules de la plante et qui a seule de l'importance au point de vue de la reproduction, le patrimoine héréditaire. Ceci est vrai pour beaucoup de plantes et pour beaucoup d'animaux inférieurs que l'on peut multiplier au moyen d'un petit fragment quelconque de leur corps; mais il y a aussi beaucoup de plantes et beaucoup d'animaux pour lesquels cette multiplication par un fragment quelconque est impossible; sauf certains éléments spéciaux que l'on appelle éléments reproducteurs, toutes les autres cellules du corps sont condamnées à la mort élémentaire quand on les détache de l'organisme dont elles font parties. Cela tient à ce que les conditions de la vie élémentaire manifestée sont plus difficiles à réaliser pour les cellules en question et que, seule, la coordination établie dans un individu entier peut leur fournir ces conditions. Les éléments, dits reproducteurs, diffèrent donc de tous les autres éléments de l'organisme par la propriété de ne pas mourir quand on les sépare de l'individu auxquel ils appartenaient et, ne mourant pas, ils se développent et donnent par leur développement un être nouveau. De même que cela avait lieu dans le cas d'un fragment quelconque de bégonia, l'être ainsi reproduit est identique à celui d'où il provient'. Faut-il conclure de là que tous les éléments du corps sont, dans le cas considéré, essentiellement différents de ce qu'ils étaient dans le cas du bégonia et n'ont plus en commun ce patrimoine héréditaire si remarquable? Les phénomènes de l'évolu- tion individuelle ne sont pas différents, en apparence du moins, suivant qu'on les envi- sage chez un être doué de la propriété du bégonia ou chez un être incapable de se repro- duire par bouture. Ce sont toujours des bipartitions accompagnées de différenciations cellulaires, et il serait fort extraordinaire que, chez certains êtres, ces bipartitions conser- vassent aux cellules successives le patrimoine héréditaire téuioin de leur descendance commune et que, chez d'autres êtres voisins des précédents, la même conservation'n'eût pas lieu. Il est vrai que chez les uns nous pouvons démontrer cette conservation par le bouturage et que chez d'autres nous ne le pouvons pas, mais cela nous permet uniquement d'établir des différences entre ces êtres au point de vue de la facilité ou de la possibilité du bouturage. Ah! si l'on réussissait, chez un seul être de cette seconde catégorie, à obtenir deux boutures qui, dans les mêmes conditions de développement, donneraient des résultats absolument différents, il faudrait renoncer immédiatement à cette notion du patrimoine héréditaire commun à toutes les cellules do l'individu; mais cela n'a jamais 1. Sauf les cas de génération alternante que nous étudierons tout à l'heure. 540 HEREDITE. eu lieu*. Que devons-nous donc en conclure logiquement? Que, par un hasard extraor- dinaire, la propriété de bouturage n'existe jamais que chez des êtres doués d'un patri- moine héréditaire commun à toutes les cellules, ou que le patrimoine héréditaire existe partout, même là où le bouturage ne nous permet pas de le mettre en évidence? La seconde conclusion est infiniment plus vraisemblable que la première qui fait appel à une coïncidence miraculeuse entre deux propriétés n'ayant aucun rapport entre elles. Nous accepterons donc provisoirement la première hypothèse, celle de l'existence, dans tontes les cellules d'un individu, d'un patrimoine héréditaire commun. Nous nous servirons uniquement de cette hypothèse comme d'un lien permettant d'exposer claire- ment les faits et nous verrons ultérieurement qu'elle se vérifie d'une manière inattendue- Désormais nous considérons donc l'élément reproducteur d'un individu donné comme différant des autres éléments de l'individu uniquement par sa propriété de pouvoir être sans mourir détaché définitivement de l'organisme parent, et, chose tout à fait imprévue, nous sommes obligés de croire que cet élément reproducteur ne diffère aucunement des autres éléments du corps, quant au patrimoine héréditaire. C'est exactement le contraire de ce qu'ont supposé les savants qui ont commencé l'étude de l'hérédité par celle des animaux supérieurs. Ils ont admis que l'élément repro- ducteur possédait une propriété héréditaire mytérieuse et spéciale qui lui permettait de reproduire un être formé de millions d'éléments dépourvus de cette propriété héréditaire et ils sont partis de là pour établir des théories de l'hérédité aussi ingénieuses que fantastiques. Telle est, en particulier, la théorie du plasma germinatif. Je ne m'y arrêterai pas ici; l'histoire des théories de l'hérédité exigerait un volume de développements. Nous avons été amenés à considérer l'individu vivant comme formé de parties qui, malgré leurs dissemblances apparentes, ont toutes en commun quelque chose de très précis, le patrimoine héréditaire. Ce patrimoine héréditaire est tel que, lorsqu'un morceau détaché de l'individu est capable de vivre et de se développer, il donne un nouvel indi- vidu qui a le même patrimoine héréditaire que le premier et aussi la même forme que lui, d'où la conclusion immédiate qu'il y a un rapport établi entre le patrimoine héréditaire et la forme individuelle^. Étant donnée une cellule qui a un certain patrimoine hérédi- taire, ce patrimoine héréditaire détermine la forme d'équilibre que doit prendre, dans certaines conditions, la masse vivante résultant de son développement. Je souligne « dans certaines conditions » parce que, dans tout ce qui précède, le rôle de l'éducation a toujours été signalé comme très important. Nous voici donc à même de répondre dans une certaine mesure aux deux questions que nous nous sommes posées au début: 1° Étant donnée une cellule initiale, quel sera l'être qui en proviendra dans des conditions données. 2° Étant donnés des parents, quelle sera la cellule initiale qu'ils pourront fournir?Dans cette deuxième question, nous prenons d'abord le cas le plus simple, celui où il y a un seul parent, et même, dans ce cas le plus simple, nous nous en tenons à la parthénogenèse, car, dans la reproduction par spores, nous rencontrerons une nouvelle complication. La parthénogenèse est fort bien connue, dans le cas des Pucerons et des Daphnies par exemple. Considérons le cas d'un puceron parlhénogénétique au milieu de la bonne saison. Il dérive d'un œuf partliénogénétique fourni par un progéniteur unique et se développe dans les mêmes conditions que ce progéniteur; il lui devient identique, si les conditions sont vraiment constantes et si tous les œufs parthénogénétiques fournis par le même progéniteur donnent naissance à des individus identiques. Chacun d'eux, les condi- tions étant constantes, fournira des œufs parthénogénétiques identiques, et ainsi de suite, tant que les conditions ne changeront pas. Ce sera un cas identique à celui de la repro- duction des bégonias par boutures, sauf que, dans le cas du puceron, les œufs parthéno- génétiques seuls peuvent se développer en dehors du parent; les autres éléments du corps en sont incapables. Je suppose, pour ne rien compliquer, que les conditions restent identiques; nous étudierons les caractères acquis après la génération sexuelle. Ici il n'y a aucune variation dans le patrimoine héréditaire, aucune variation dans les conditions 1. Sauf toujours les cas de génération alternante. 2. Les phénomènes de régénération, qui existent chez certaines espèces et manquent chez des espèces voisines, donnent une nouvelle preuve de ce fait. HEREDITE. 541 du développement : il y a transmission aux enfants de tous les caractères du parent, c'est-à-dire, au sens de Larousse, hérédité absolue. L'étude de la reproduction par spores va nous mettre aux prises avec une difficulté nouvelle. Voyons, par exemple, ce qui se passe dans le cas classique de la Fougère. Tout le monde connaît la fougère de Fontainebleau ; tout le monde a remarqué qu'à l'automne il se forme sous les feuilles de celte fougère des organes contenant une poussière brunâtre. Cette poussière brunâtre se compose des spores de la fougère, c'est-à-dire de ses éléments reproducteurs, autrement dit encore, d'éléments de l'organisme capable de vivre en dehors de lui. Les spores ont une autre caractéristique: elles sont à l'état de vie latente ou de repos chimique et peuvent attendre longtemps les conditions de la vie élémentaire manifestée. Quand elles rencontrent ces conditions, elles prolifèrent et donnent naissance à une agglomération cellulaire, appelée prothalle, qui n'a jamais aucune ressemblance extérieure avec la fougère d'où elle provient. On pourrait donc penser que» dans ce cas particulier, l'hérédité de la spore ne comprend pas le patrimoine héréditaire commun aux cellules de la fougère, puisque, dans des conditions de végétation tout à fait analogues à celles où vit le parent, la spore donne un prothalle qui ressemble à une algue et non à une fougère. Il y a, entre la production par spore et la reproduction précé- demment étudiée par bouture, une différence prodigieuse. Mais ce n'est là qu'une appa- rence ; les éludes histologiques récentes ont pei'mis de constater qu'il n'y a jamais identité entre les conditions de végétation du prothalle et les conditions de végétalioii de la fou- gère, même quand ces conditions paraissent extérieurement les mêmes. Il y a dans l'inté- rieur même des cellules de l'une et de l'autre plante un facteur particulier qui fait que l'équilibre est différent dans les deux cas, même dans les conditions extérieures abso- lument semblables. De quelle nature est ce facteur? On l'ignore complètement encore, mais on sait qu'il se manifeste d'une manière tout à fait précise au moment de la bipar- tition des cellules; voici, en deux mots, comment cela se produit. Chacun sait que dans la division d'une cellule par karyokinèse, la chromaline des noyaux se répartit en un certain nombre de petites masses distinctes, appelées chromosomes, et qui, chacune pour son compte, se divisent en deux, de telle manière que la moitié de chaque chromosome aille à l'une des deux cellules filles quand la karyokinèse est terminée. Cette répartition de la chromatine en chromosomes se fait, sans aucun doute, sous l'inlluence des condi- tions d'équilibre réalisées dans la cellule au moment considéré, et il est fort remarquable que, dans un individu donné, le nombre des chromosomes qui se forment dans chaque cellule lors des bipartitions successives reste constante. Eh bien, chose très imprévue, si ce nombre de chromosomes est n dans la bipai'tition des cellules du prothalle, il est toujours 2 n dans la bipartition des cellules de la fougère correspondante, sauf dans celle de la cellule mère des spores où elle est déjà réduite au nombre n. Nous assistons donc ici à la succession de deux formes d'équilibre des cellules d'une même espèce végétale : la première, qui se caractérise par la production de 2 n chromosomes à chaque bipartition ; c'est la fougère proprement dite, dans laquelle, cependant, le nombre n apparaît déjà chez la cellule mère des spores; la deuxième, qui se caractérise par la production de n chromosomes, c'est le prothalle issu de la spore. Je le répète, nous ignorons encore à quel facteur est due cette modification dans les conditions d'équilibre des cellules, nous constatons seulement que ce facteur existe à V intérieur des cellules elles-mêmes et nous constatons aussi que, sous l'influence de ce facteur, les agglomérations cellulaires d'une espèce donnée prennent des formes tout à fait différentes, savoir, dans le cas actuel, la forme fougère et la (ovme prothnlle. Je dis « sous l'inlluence de ce facteur », car, dès que ce facteur a disparu, dès que le nombre de chromosomes redevient 2 n dans une cellule du prothalle, comme il ariive dans les cas d'apogamie, cette cellule donne naissance à une fougère feuillée semblable à la première. Je parle ici d'apogamie, quoique l'apogamie soit exceptionnelle, et non de fécondation, quoique la fécondation soit le cas normal, parce que je veux éliminer encore une fois la complication qui résulte, au point de vue de l'hérédité, de la fusion de deux cellules'. Le phénomène d'apogamie nous montre un 1. De même j'ai commencé plus haut par l'étude de la parthénogenèse, quoique, en réalité, la parthénogenèse soit un cas exceptionnel. Il est facile do voir d'ailleurs que la parthénogenèse n'est autre chose qu'une apogamie avec prothalle très réduit. 542 HÉRÉDITÉ. cas de génération alternante sans sexualité, c'est-à-dire une succession de deux formes d'une même espèce, la forme fougère et la forme prothalle, correspondant à deux moda- lités cellulaires différentes, celle qui a 2 n chromosomes et celle qui en a n seulement. Mais le fait que, dès que le nombre 2 n reparaît dans une cellule du prothalle, la forme fougère reparaît avec tous les caractères de la fougère précédente, ce fait, dis-je, suffit à prouver que le patrimoine héréditaire est transmis aux cellules du prothalle sans modification, mais que, sous l'intluence d'un facteur dont nous ignorons encore la nature, ce patri- moine héréditaire s'est manifesté différemment en donnant un prothalle à n chromo- somes *. 11 était essentiel de mettre en évidence la conservation du patrimoine héréditaire dans le prothalle, où il ne se manifeste morphologiquement que d'une manière si par- ticulière, car cela nous permettra, pour l'étude de l'hérédité dans la génération sexuelle, de ne pas nous préoccuper de savoir si les éléments sexuels sont empruntés à la forme prothalle ou à la forme à 2 n chromosomes. Retenons seulement de l'étude de la fougère qu'une même espèce peut avoir deux formes d'équilibre tout à fait différentes, la forme k 2 n chromosomes et la forme à n chromosomes, et que, si ces formes diffèrent si profondément sous l'influence d'un fac- teur, intérieur aux cellules, elles n'en ont pas moins le même patrimoine héréditaire. Reproduction sexuelle. Nous arrivons maintenant au phénomène le plus répandu, à celui qui est seul connu chez les animaux supérieurs, la reproduction sexuelle. Nous en trouvons le premier exemple en continuant l'histoire du prothalle de la fougère. Dans ce prothalle apparaissent, au milieu des éléments normaux, des éléments spéciaux de deux natures, appelés, l'un, l'élément femelle, et l'autre, l'élément mâle ; aucun de ces éléments n'est, par lui-même, capable de donner lieu à une prolifération cellulaire, mais ils ont lu propriété de s'attirer l'un l'autre et de se fusionner en formant un œufmnnï de 2 n chro- mosomes et qui donne naissance à une fougère, exactement comme dans les cas à!apo- garnie cités précédemment. Il y a génération alternante, c'est-à-dire succession d'une forme dérivant d'un œuf, la forme fougère, munie de 2 n chromosomes et se multipliant par spores sans phéno- mènes sexuels et d'une forme dérivant de la spore, la forme prothalle, munie de n chro- mosomes et se multipliant par œufs fécondés grâce à un processus sexuel. Sauf dans les cas exceptionnels d'apogamie, cette succession d'une reproduction aganie et d'une reproduction sexuelle est la règle absolue chez les fougères. En remontant la série des végétaux depuis la fougère jusqu'aux plantes à tleurs, nous constatons que cette génération alternante est la règle générale, mais il se produit quelques modifications intéressantes dans le phénomène. Chez les Prestes, les spores de la plante feuillée donnent toujours des prothalles, mais, tandis que le prothalle de la fougère contenait des éléments des deux sexes, il y a chez les Prestes des prothalles dits mâles, qui doiment des éléments mâles, et des pro- thalles dits femelles, qui donnent des éléments femelles. L'œuf fécondé dérive donc d'éléments empruntés à deux prothalles. Chez d'autres cryptogames, il y a même deux espèces de spores, de petites spores qui donnent des prothalles mâles et de grosses spores qui donnent des prothalles femelles. Chez d'autres encore, les spores germent sur la plante même qui les a produites, de soite que les prothalles à n chromosomes sont parasites des plantes à 2 n chromosomes; enfin, en remontant toujours la série des végétaux, on voit ces prothalles parasites devenir de plus en plus petits, de telle manière qu'on a pu longtemps en méconnaître l'existence, et croire que les plantes supérieures à 2 n chromosomes produisaient directement des élé- ments sexuels à n chromosomes sans l'intervention d'une génération agame intermé- diaire. Chez les phanérogames angiospermes, par exemple, la grosse spore femelle se développe dans le tissu môme de l'ovaire; la petite spore mâle est le grain de pollen et le prothalle qui en résulte est le tube poUinique. La génération agame est donc tout à fait masquée, mais, je l'ai déjà fait remarquer plus haut, au point de vue de l'hérédité, il est absolument indifférent que les éléments sexuels dérivent directement de la planle- nière ou du prothalle, puisque la plante-mère et le protlialle ont même patrimoine hér.é- 1. Ce facteur est de nature sexuclh, je crois l'avoir démontré aujourd'hui. HEREDITE. 5^3 ditaire. Chez les animaux supérieurs, chez l'homme, la génération alternante existe de kl même manière, mais très dissimulée aussi, le protlialle à n chromosomes étant para- site de l'animal à 2 m chromosomes et se réduisant quelquefois à un très petit nomhre de cellules. Quoi qu'il en soit, les éléments sexuels mâle et femelle sont toujours à n chro- mosomes, et leur fusion donne un anif féconde à 2 n chromosomes, qui est le point de départ d'un animal nouveau. Ce processus de la reproduction sexuelle est extrêmement général; on s'aperçoit chaque jour qu'il existe môme chez des espèces très inférieures que l'on avait crues autrefois douées de la seule reproduction agame. Ainsi donc, il arrive ceci de très curieux que, chez certains êtres, et en particulier chez l'homme, les seuls éléments qui soient capables de vivre en dehors de l'organisme du parent (nous avons vu que c'est à cela que se borne la définition d'un élément repro- ducteur) sont des éléments incomplets; chacun d'eux, séparément, est condamné à la mort élémentaire; il faut qu'un élément mâle et un élément femelle se fondent ensemble pour donner un œuf fécondé qui est le point de départ d'un être nouveau. Si les deux éléments sexuels qui se fondent étaient empruntés au môme individu, ils auraient l'un et l'autre même patrimoine héréditaire et, par conséquent, l'œuf résultant de leur fusion aurait également le même patrimoine héréditaire sur le parent; mais, le plus souvent, même quand une espèce est hermaphrodite, la fécondation se produit entre deux éléments sexuels provenant de deux individus différents. Il y a donc fusion, dans l'œuf fécondé, de deux éléments axjant des patrimoines héréditaires différents^ c'est ce ({u'on appelle Vamphimixie. Et alors se pose la question nouvelle : quel sera le patrimoine héréditaire de l'œuf fécondé? Avant d'aborder cette question, passons en revue les quelques cas dans lesquels il peut y avoir reproduction sans amphimixie, chez les espèces normalement sexuées. D'abord, l'apogamie; nous avons vu qu'elle a lieu quand une cellule d'un prothalle de fougère reprend, sous l'influence d'une cause encore inconnue, la forme à 2 n chromo- somes. L'être qui résulte de ce phénomène a exactement le patrimoine héréditaire de la fougère mère; les différences qui peuvent exister entre deux fougères issues par apo- gamie, d'un même parent, sont donc uniquement imputables à l'éducation; leur patri- moine héréditaire est le même. La Parthénogenèse correspond à l'apogamie, avec cette différence que la forme à n chromosomes n'a pas le temps de se produire; c'est la première cellule à n chromo- somes qui est le siège de l'apogamie dans le cas de l'œuF parthénogénélique. La Pseudogamic revient aussi à une sorte d'apogamie dont la cause serait connue. Elle se produit quand on saupoudre avec un pollen convenable, mais incapable de réa- liser un croisement, le pistil de certaines fleurs. Sous l'intluence de ce pollen, l'apoga- mie se produit dans le prothalle femelle parasite de l'ovaire, et l'on a ainsi des graines qui ont exactement le patrimoine héréditaire du parent. Dans les trois cas que je viens de rappeler, tous les descendants d'un même individu ont même hérédité; les différences qui apparaissent entre eux sont uniquement dues à l'éducation. Voyons ce qui se passe dans Vamphimixie. Hérédité dans la fécondation croisée. Et d'abord, dans quelles limites peut se faire le croisement^? II est très certain que l'élément mâle de la fougère ne peut pas féconder l'élément femelle de la Truite; quand il y a une trop grande dissemblance entre les êtres, l'amphimixie est tout à fait impossible; mais quel est le maximum de dissem- blance qui permet le croisement? On a répondu à cette question en faisant intervenir la notion d'espèce, mais comme, le plus souvent, on intioduit précisément la possibilité du croisement dans la définition de l'espèce, il y a là un cercle vicieux; évident dont on ne viendra à bout que lorsqu'on aura adopté une définition logique de l'espèce. Dans l'état actuel de la science, on a délimité des espèces, des variétés, des races, un peu au hasard, et c'est peut-être parce que ces délimitations sont assez fantaisistes que l'on ne peut pas établir de règle générale au sujet du croisement. A-t-on des raisons de consi- dérer comme étant d'espèces différentes le lièvre et le lapin plutôt que le danois et le king Charles? On appelle hybride le produit de l'union des éléments sexuels de lièvre et de lapin, et l'on appelle métis, celui de l'union des éléments sexuels de deux races de chien. Mais l'on appelle aussi hybride le produit de l'âne et du cheval et l'on déclare cependant que le mulet ne se comporte pas comme le léporide! Il est probable que, 5ii HEREDITE. parmi les êtres considérés aujourd'hui comme iiybrides, il y en a beaucoup qui devraient être qualifiés de métis. Laissons donc de côté la question de l'hybridation pour nous en tenir à l'étude des croisements entre êtres assez voisins pour qu'unanime- ment ou les considère comme de même espèce, c'est-à-dire, en fin de compte, entre êtres qui ne présentent que des différences quantitatives. L'œuf fécondé résulte de la fusion de deux éléments sexuels ayant, chacun pour son compte, le patrimoine héréditaire du parent qui l'a formé. Quel va être le patrimoine héréditaire de cet œuf? Évidemment, il va résulter d'un compromis entre les deux patri- moines héréditaires des parents et, ici, la simple logique est insuffisante : il faut interro- ger les faits. Une loi qui paraît générale et qui d'ailleurs pouvait être prévue sans trop d'hypo- thèse, c'est que, toutes les fois qu'il y a quelque chose de commun aux patrimoines héréditaires des deux conjoints, ce quelque chose de commun est conservé à l'œuf fécondé résultant de l'amphimixie. Cela est certain, par exemple, pour les propriétés spécifiques; quand les deux conjoints sont de la même espèce, le résultat de leur union est également de la même espèce. De même pour les caractères de race; le produit de l'accouplement d'un chien danois et d'une chienne danoise est de race danoise. Quant aux propriétés purement individuelles, il est à peu près impossible qu'elles soient les mêmes, identiquement les mêmes, dans le patrimoine héréditaire du père et dans celui de la mère, sauf certains cas très spéciaux que nous étudierons plus tard à propos de la consanguinité. Quelles seront donc les propriétés individuelles qui résulteront de l'amphimixie, dans le patrimoine héréditaire de l'œuf fécondé? Cette question est la question générale de l'hérédité dans la reproduction sexuelle; arrêtons-nous-y quelque temps. Une première remarque, que chacun peut faire tous les jours, c'est que le patrimoine héréditaire de l'œuf fécondé ne dépend pas uniquement des patrimoines héréditaires des deux conjoints, mais aussi d'autres facteurs qui varient avec les conditions de la fécon- dation. Sans cela, un spermatozoïde d'un individu donné s'unissant à l'ovule d'un autre individu également donné, donnerait toujours le même produit, c'est-à-dire que tous les enfants d'un même couple seraient identiques, ce qui n'a pas lieu; parmi les enfants d'un même couple il peut y en avoir qui ressemblent uniquement au père, d'autres unique- ment à la mère, d'autres à la fois au père et à la mère, d'autres à aucun des deux parents. Et cependant, tous les faits d'apogamie et de parthénogenèse le prouvent sura- bondamment, l'élément sexuel fourni par un individu a toujours le patrimoine héré- ditaire de cet individu, c'est-à-dire que, si cet élément pouvait se développer par lui- même, il donnerait un individu identique à celui duquel il provient. Il faut donc que les conditions dans lesquelles se fait le mélange des deux patrimoines héréditaires inter- viennent dans le résultat de ce mélange. Cette simple remarque nous donne du patrimoine héréditaire une notion moins vague que celle que nous avions jusqu'à présent; nous aurions pu croire que la cellule était une unité indivisible et que le patrimoine héréditaire résultait de la disposition d'ensemble de ses parties constitutives; mais alors on ne concevrait pas que deux mélanges faits avec des éléments sexuels identiques chacun à chacun donnent des résultais différents ; tous les enfants d'un même couple se ressembleraient fatalement. D'autre part, les expériences de mérotomie, dans lesquelles une cellule coupée en morceaux donne naissance à plusieurs cellules douées du même patrimoine héréditaire, nous montrent que le patrimoine héréditaire, loin de résulter de la disposition d'ensemble des parties de la cellule, existe dans toute la cellule; la cellule est donc analogue en cela à un individu pluricellulaire; l'individu pluricellulaire avait, eu effet, le même patrimoine héréditaire dans toutes ses parties; la cellule a également le même patrimoine héréditaire dans toutes ses parties, malgré la diversité des éléments figurés qui la composent '. Pour parler un langage moins abstrait, nous pouvons comparer désormais la cellule à un mélange de liquides, à de l'eau et du vin, par exemple. Soit un mélange contenant 2 d'eau pour 3 de vin; une goutte quelconque de ce mélange contiendra 2 pour 3 de vin; 1. V. LeDantec. L unité dans Vêlre vivant. Paris. Alcan, 1902. HÉRÉDITÉ. 5i5 ce rapport - se retrouvera dans toute la masse liquide. Prenons maintenant un autre mélange, et supposons d'abord qu'il soit identique au premier; il présentera également 2 dans toute sa masse le rapport de composition ^ . Si donc nous mêlons une quantité quelconque du premier mélange à une quantité quelconque du second mélange, nous obtiendrons un nouveau mélange identique aux deux premiers et caractérisé dans toute 2 sa masse par le rapport de composition - . Considérons maintenant un deuxième cas dans lequel nous mélangeons une eau 2 vineuse caractérisée par le rapport ^ avec une autre eau vineuse différente, caractérisée par le rapport - ; le mélange obtenu sera différent des deux premiers et, de plus, il sera caractérisé par un rapport de composition qui dépendra des quantités absolues empruntées auxdeux premiers mélanges. Si, par exemple, onapris2 parties du premier mélange et 1 partie du second, on aura un mélange caractérisé par le rapport — — ;si, au contraire, on a pris une partie du premier et 2 du second, on aura un mélange carac- térisé par le rapport — ^ , différent du précédent. Le rapport de composition du mélange obtenu dépend des quantités empruntées aux deux premiers. Cette comparaison très grossière et très simpliste suffit à faire comprendre ce qui se passe dans l'amphimixie. Si l'élément mâle et l'élément femelle ont le même patrimoine héréditaire, leur mélange conservera ce même patrimoine héréditaire, comme cela avait lieu pour le premier cas des eaux vineuses, quelles que soient les dimensions absolues du spermatozoïde et de l^ ovule considéré; alors tous les produits résultant des fécondations seront identiques. Au contraire, si l'élément mâle et l'élément femelle ont des patri- moines héréditaires différents, l'œuf résultant de leur mélange aura un patrimoine héré- ditaire différant des deux premiers et dépendant de la dimension absolue des éléments unis, c'est-à-dire que deux frères, résultant l'un de la fécondation d'un certain ovule par un spermatozoïde moyen, l'autre de la fécondation d'un autre ovule par un sper- matozoïde plus gros, pourront avoir des patrimoines héréditaires très différents. Et ceci prouve que les frères provenant de l'union des deux êtres donnés pourront, le plus souvent, ne pas être identiques, car rien n'est plus variable que la dimension absolue des cellules, même quand elles ont même patrimoine héréditaire. Au lieu de faire la comparaison avec des mélanges de 2 liquides seulement, on aurait pu se rapprocher un peu plus de la réalité en comparant les éléments sexuels à des mélanges de plusieurs liquides, par exemple à des mélanges contenant de l'eau, du vin, du cidre, de la bière, du café. Si le premier mélange est caractérisé par les quan- tités 3, 2, 5, 7, 1, de ces divers éléments et le second par les quantités 5, 4, 3, 6, 2, des mêmes substances, on voit qu'un nouveau mélange fait avec des quantités quelconques des deux premiers sera différent des deux premiers et dépendra des quantités absolues empruntées à chacun d'eux, sauf en ce qui concerne le rapport du vin au café ; ce rap- 2 4 port étant - dans le premier et - , c'est-à-dire le même, dans le second, il restera lo 1 2 même dans tous les mélanges que l'on fera ultérieurement avec des quantités quel- conques des deux premiers. De même, dans l'amphimixie, si, pour une raison quel- conque (et nous verrons tout à l'heure dans quels cas cela peut avoir lieu), il y a quelque chose de commun aux patrimoines héréditaires de deux conjoints, ce quelque chose de commun se transmettra fatalement à tous les enfants. Il y aurait de belles expériences à faire sur les fécondations artificielles réalisées avec des morceaux d'ovule et des spermatozoïdes entiers, ou réciproquement, au point de^ vue de l'influence des dimensions absolues des éléments sexuels sur le résultat de la fécondation. Les expériences de mérogonie réalisées jusqu'à ce jour n'ont pas permis de comparer les enfants aux parents au point de vue des ressemblances héréditaires. DICT. DE PHYSIOLOGIE — TOME VIII. 35 546 HEREDITE. J'ai montré ailleurs avec détail' quels sont les différents cas qui peuvent se présenter dans l'aniphimixie : i° Ressemblance totale de l'enfant à l'un des parents (cas tout à fait exceptionnel). 2° Réunion, chez l'enfant, de certaines propriétés du père à certaines propriétés de la mère et à d'autres propriétés n'appartenant ni à l'un ni à l'autre des parents et, quel- quefois, intermédiaires aux propriétés correspondantes de ceux-ci. 3° Absence totale, chez l'enfant, de propriétés mdimdî;isclies Gezctz {Ak. W. , lxxii, 1875, 310-348). — 35. Untersuchung des physiolo- gischen Tetanus mit Hilfe des stromprùfenden Nervtnuskelprâparates (en coll. avec Friedrich). {Ak. W., lxxii, 1875). — 36. Grundziige einer Théorie des Temperatursinnes [Ak. W., lxxv, 1877, 101-135). — 37. Ueber directe Al uskelreizung durch den Muskelstrom (Ak. W.. lxxix, 1879, 7-32). —38. Ueber Muskelgerausche des Auges {Ak. W., lxxix, 1879,137-154). — 39. Ueber die Methoden ::ur Untersuchung der polaren Wirkungen des electrischen Stromcs ira quergestreiften Muskel (Ak. W. lxxix, 1879, 237-262). — 40. Der Raumsinn und die Beice- gungen des Auges. {H. H., w, 1, 1879,343-391.) — 41. Uebci' binoculare Farbenmischung und binocularen Contrast (H. H., m, 1, 1879, 591-602t. — 42. Der Temperatursinn. [ibid., m, 2, 1880, 415-440). —43. Ueber hradiation. {ibid., m, 2, 1880, 440-448). —44. Zur Erklarung der Farbenblindheit aus der Théorie der Gegenfarben {Lotos. iV. F., i, 1880, 76-107). — 45. Kritik einer Abhandlung von «■ Donders : ûber Farbensysteme » [Lotos. IV. F., ii, 1882, 33 pp.). — 46. Ueber Nervenreizung durch den Nervenstrom [Ak. W., lxxxv, 1882, 237-273). — 47. Ueber Verânderungen des elcctromotorischcn Verhaltcns der Muskeln infolge electrischer Reiziing {Ak. W., lxxxviii, 1883, 415-437). — 48. Ueber du Boi^i-ReymomCs Untersuchung der secunddr-electromotorischen Erscheinungen am Muskel {Ak. W., 1883, 445-471). — 49. Ueber positive Nachschwankung der Nervenstromes nach electrischer Reizung [Ak. W., lxxxix, 1884, 137-158). — 50. Ueber Schwankungen des Ncrvenstromes infolge unipolarer Reizung beim Telanisieren [Ak. W., lxxxix, 1884, 219-237). — 51. Ueber die spccifischen Enenjien des Nervensystems [Rede) {Lotos. N. F., v, 1884, H3-126). — 52. Ueber individuelle Vcr- schiedenheiten des Farbensinnes (ibid., vi, 1885, 142-198'. — 53. Bemerkungen zu A. Kônig's 556 HERING (Ewald). Kritik einer Ahhandliing iiber individuelle Verse hiedenheiten des Farbensinnes {Central- blatt far pract. Aiigenheilk., 1885, 6 pp.). — 54. Ueber Siegmund Exner's neuc Urteihtàus- chung axif dem Gebiet des Gesichtsinnes [A. g. P., xxxix, 1886, lo0-170). — 55. Ueber Newtoris Gesetz der Farbenmischwig [Lolos. JV. F., vu, 1886, 177-268). — 56. Veber Holm- grens vermeintlichen Nachweis der Eleinentarempfindiingen des Gessiclitsinnes(A. g. P.,xl, 1887, 1-29). — 57 et 58. Ueber die Théorie des simidlancm Contrastes von Hchnholtz. — II. Der Versucli mit den farbigen Schatten {A. g. P., xl, 1887, 171-191). — IL Der Con- trastversuche von H. Meycr and die Versuche am Farbenkreisel [A. g. P., xli, 1887, 1-29). — 59. Beleuchtung eines Angriffes auf die Théorie der Gegenfarben [A. g. P., xli, 1887, 29-46). — 60. Ueber den Begriff » Urteilstâuschnng » in der physiologischen Optik und iiber die Wahrnehmung simultaner und successiver Helligkeitsunterschiede (A. g. P., xli, 1887, 91-106). — 61. Ueber die Théorie des simultanen Contrastes vonHelmholtz. — III. Der Spie- gelcontrastversuch (A. g. P., xli, 1887, 358-367). — 62. Zur Théorie der Vorgdnge in der lebendigeyi Substanz [Lotos. N. F., ix, 1888, 35-70). — 63. Eiîie Vorriehtiing zur Farbenmis- chung, zur Diagnose der Farbenblindheit und -zur Untersuchwig der Contrasterscheinungen {A. g. P., xLii, 1878, 119-144). — 64-66. Ueber die von v. Kries gegen die Théorie der Gegenfarben crhobenen Einwànde. — I. Ueber die Unabhdngigkeit der Farbengleichungen von den Erregbarkeitsdnderungen des Sehorganes {A. g. P., xlii, 1888, 488-506). — IL Ueber subjective Lichtinduction und sogenannte négative Nachbilder [A. g. P., lxiii, 1888, 264-288). — III. Ueber die sogenannten Ermûdungserscheinungen (A. g. P., xlui, 1888, 329-346). — 67. Ueber die Théorie' simultanen Contrastes von Helmholtz: IV. Die subjective Trennung des Lichtes in zivei complementâre Portionen [A. g . P., xlhi, 1888, 1-21). — 68. Ueber die speciftsche Helligkeit der Farben von Dr. Fr. Hillebrand, mit Vorbemerkungen von E. Hering [Ak. W., xcviii, 1888, 70-120). — 69. Ueber die Hypothesen zur Erklârung der peripheren Farbenblindheit [Graefe's Arch. f. Ophthalm., xxxv, 1889, 63-83). — 70. Beitrag zur Lehre vôm Simultancontrast (Zeitschr. f. Psijch. u. Physiol.d. Sinnesorg., i, 1890, 18-28). — 71. Fine Méthode zur Beobachtung des SimuUancontrastes (A. g. P., xLvii, 1890, 236-242). — 72. Die Untersuchung einseitiger Stôrungen des Farbensinnes mittels binocu- larer Farbengleichungen {Graefe's Arch. f. Ophthalm., xxxvi, 1890, 1-23). — 73. Zur Diag- nostikder Farbenblindheit (Graefe's Arch. f. Ophthalm., xxxvi, 1890,217-233). —74. Prû- fung der sogenannte Farbendreiecke mit Hilfe des Farbexisinnes cxcentrischer Netzhautstellen (A. g. P. xLvii, 1890, 417-438). — 75. Physiologischer Nachiveis des Schlissungsextrastromes (A. g. P. xLviii, 518-422). ■ — 76. Untersuchung eines total Farbenblinden (A. g. P.. xlix, 1891, 563-608). — 77. Ueber Ermildung und Erholnng des Sehorganes {Graefe's Arch. f. Ophthalm., x\x\u, 1891, 1-36). — 78. Zur Kenntniss der Akiopiden von Messina {Ak. \V., CI, 1892, 713-768). — 79. Bemerknngen zu E. Fiek's Entgegnung auf die Abhandiung fiber Ermildung und Erholung des Sehorganes {Graefe's Arch. f. Ophthalm., xxxviii, 1892, 251- 258). — 80. Offencr Brief an Prof . II. Sattler [Ermïulung und Erholung des Sehorgans hetreffend) (Graefe's Arch . f. Ophthalm., x.xxix, 1893, 274-290). — 81. Ueber denEiufluss der Macula lutea auf centrale Farbengleichungen (A. g. P., liv, 1893, 277-312) . — 82. Ueber einen Fall von Gelb-Blauhlindheit {A. g. P., lvii, 1894, 308-332). —83. Ueber das elec- tromotorische Verhallen eurarisirter Maskcln nach galvanischer DurchstrOmung (A. g. P., LVin, 1894, 133-154). —84. Ueber angebliche Blaublindheit der Fovea centralis (A. g. P., Lix, 1894, 403-414). — 85. Veber das sogenannte Purkinje'sche Phânomen (A. (/. P., lx, 1895, 519-542). — 86. Ueber angebliche Blaublindheit der Zapfensehzellen (A. g. P., lxi, 1895, 106-112). — 87. Untersuchung en an total Farbenblinden [A . g. P., lxxi, 1898, 105- 127). — 88. Zur Théorie der Ncrventdtigkeil. Akadeinischer Vortrag vom 21 Mai 1898, Leipzig, 31 pp. — 89. Ueber die Grenzen der Seh'icharfe {Kgl. Siichs. Ges. d. Wissensch. zu Leipzig, Sitzung vom 4 Uecember, 1899, 16-24). — 90. Ueber normale Localisation der ^etzhautb'dder bei Strabismus alternans {Deutsches Arch. f. klin. Med., lxiv, 1899, 15-32). — 91. Ueber die llerstellung stereoskopischer Waiidbilder mittels Projections-apparate» (A. g. P., LxxxvH, 1901, 229-238). — 92. Ueber die von der Farbenempfindlichkeit unabhangige Aenderung der Weissempftndliehkeit (A. g. P., xciv, 1903, 533-554). — 93. Grundziigc der Lehre vom Lichtsinn (Graefe-Samischllandbuch d. Augenheilk., I. Teil.Cap., xii, 1905, 1-80.) — 94. Antwortrede, gehallen auf der 22. Vcrsammlungder ophthalmol. Gcsellchaft. (Bericht dieser Versammiung Heidelberg 1906, 17-23. Wiesbaden). —95, Gruiidzûge der Lehrevom Lich- tsinn {Graefe-Sâmisch Handbuch der Augenheilk. I. Teil. Cap. xii, II Lief., 1907, 81-160). HERMANN (Ludimar). 557 HERMANN (Ludimar). — Professeur de physiologie à Zurich, 1868- 1884, à Konigsberg depuis 1884. A. — Ouvrages. 1. Handhiich der Physiologie, mit zaklreicheit Mitarbeitern. Leipzig, 1879-84 (de l'auteur même : Allgcmeiné Muskel-und Nervenphysiologie) 6 vol. — 2. Lehrbuch der Physiologie. 13 éditions. Berlin, 1863-190o. Traduit dans diverses langues : plusieurs éditions. — 3. Lehrbuch der experimentelleii Toxikologie, 1 vol. Berlin, 1874. — 4. 3ah- rcsbericht ûbev die Fortschritte der Physiologie. Leipzig, Bonn, Stuttgart, 1872-1907. — 5. Leitfaden fur das physiologische Praktikum. Leipzig, 1898. 1 vol. — 6. Untersuchungen ziir Physiologie der Musketn und Nerven. Berlin, 1867-68, 3 vol. B. — Autres Publications. 1. — Ein Beitrag zum VersUindnis der Verdaimng und Ernâhrung. Discours inaugural. Zurich, 1868. — 2. De tono ac motu muscuhrum nonnuHa. Dissert, inaugur., Berlin, 1859. — 3. Veber schiefen Durchgang von Strahlenbûndeln durch Linsen und eine darauf beziig- liche Eigenschaft der KristalLinse. Quart. Gratul.-schr. f. Ludwig, Zurich, 1874. — 4. Die Vivisektionsfrage, fiir das grôssere Publikum beleuchtet. Leipzig, 1877, — 5. Der Einfluss der Deszendenzlehre auf die Physiologie. Die Vorbildung fiir das Univcrsitûtsstudium, ins- besondere das medizinische. Deux Discours rectoraux (Zurich). Leipzig, 1879. — 6. Hermann von Helmholtz. Discours mémorial après sa mort. Kunigsberg, 1894. — 7. Das Frauenstu- dium und die Interessen der Hochschide Zurich. Zurich, 1872. C. — Mémoires scientifiques. Archiv fiir Anatomie und Physiologie. — 1. Beitrag zur Erledigung der Tonusfrage (350-360, 1861). — 2. Ueber das Verhàltnis der Muskelleistungen zu der Stdrke der Reize, (361-393, 1861). — 3. Ueber die physiologischen Wirkungen des Stickstoffoxydulgases (521- 536, 1864). —4. Ueber 'die Wirkung des Stickstoffoxydgases auf das Blut (469-481, 1865). — 5. Ueber die Wirkungsiveise einer Gruppe von Giften (27-40, 1866). — 6. Ueber eine Bedin- gung des Zustandekommens von Vergiftungen (64-73). {Mit Nachtrag. p. 650, 1867). Archiv fiir die gesammte Physiologie. — 1. VeJ'such zar Lehre von derakuten Phosphor. vergiftung {Mit A. B. Brunner) (m, 1870). — 2. Ueber die Krdmpfe bei lirkulations- stôrungen imGehirn {Mit A. Escher, ibid., 3). — 3. Eine Erscheinung simultanen Kontrastes [ibid., 13). — 4. Weitere Untersuchungen iiber die Ursache der elektromotorischen Erschei- nungen an Muskeln und Nerven (ibid., 15). — 5. Fortsetzung des vorigen iiv, 149-183, 1871). — 6. Beitrdge zur Lehre von der Muskelstarre {Mit E. Walker, 182-195). — 7. Ueber die Abnahme der Muskelkraft wahrend der Kontrnktion [ibid., 195-209). — 8. Notizen fiir Varies sungs-und andere Versnche {ibid., 209-212). — 9. Ueber eine Wirkung galvanischer Strôme auf Muskeln und Nerrcn{\, 223-280, 1872; vi, 312-360, 1872). —10. Experimcntelle Unter- suchungen iiber den Brechakt (v, 280-281, 1872). — 11. Das galvanische Verhulten einer durchflossenen Nervenstrecke wâhrend der Erregung (vr, 560-568, 1872). — 12. Weitere Untersuchungen ûber den Elektrotonus (vu, 301-322, 1873). — 13. Untersuchungen iiber das Gesetz der Erregung deitung im polarisierten Nerven (vu, 323-364; vu, 497-498, 1873). — H. Ein Versuch lihcr die sog. Sehnenverkùrzung (vu, 417-420, 1873). — 15. Expérimente lies und Kritisches iiber Elektrotonus (vin, 258-275, 1873). — 16. Ein Apparat zur Démonstra- tion der Listingschen Raddrehungen (vui, 305-306, 1873). — 17. Neue Messungen iiber die Fortpflanzungsgeschwindigkeit der Erregung im Muskel (x, 48-55, 1875). — 18. Ueber elektrische Reizversuche an. der Grosshirnrinde {Mit v. Borosnyai, Luchsinger, Steger, Pestalozzi) (x, 77-85,1875). — 19. Ein Beitrag zur Kenntnis des ïlâmoglobins {Mit Steger.) (x, 86-89). — 20. Fortgesetzte Untersuchungen iiber die Beziehungen zwischen Polarisation und Erregung im Nerven (x, 215-239, 1875). — 21. Der Querwiderstand des Nerven wâhrend der Erregung [\n, 151-156, 1876). — 22. Notizen zur Muskelphysiologie (xiii, 319-372, 1876). — 23. Notiz iiber die Kraft des Hydrothermo-Elements Zink-Zinksulfatlôsung (xiv. 485-486, 1877). — 24. Untersuchungen iiber die Entwicklung des Muskelstroms (xv, 191-232, 1877). — 25. Versnche mit dem Fallrheotom ûber die Erregungsschivankung des Muskels (xv, 233- 558 HERMANN (Ludimar). 24;), 1877J. — 26. Untersuchungen ûber die Aktionsstrônie des Muskels ( xvi, 191-262, 1878). — 27. Notlz ilber dus Telephon; ûber telephonlsches Hôren mit mehrfachen Induktionen (svi, 264-26"J, 314-316, 1878). — 28. Ueber den Aktionsatrom der Muskeln im lebenden Menschen (xvi, 410-420, 1878; xxiv, 294-299, 1881). — 29. Ueber elektrophysiologische Vcrwendunij des Telephons (xvi, 504-509). — 30. Ueber die Sekretionsstrôme und die Sekretreaktion der Haut bei Frôschen (xvii, 291-310, 1878). — 31. Ueber die Sekretionsstrôme der Haut bei der Katze {Mit B. Luchsinger) (xvii, 310-319, 1878). — 32. Ueber telephonische Rcproduktion von Vokalkldngen ixvii, 319-330, 1878). — 33. Ueb^r Brechung bei schiefer Inzidenz (xviii, 443-455 ; xx, 370-387 ; xxvii, 291-319, 1878-82). — 34. Ein Beitrag zur Théorie der Muskel- koutraktion (xviii, 455-457, 1878). — 35. Notizen iiber einige Gifte der Kuraregruppe (xviii, 458-460, 1878). — 36. Ueber Sekretionsstrôme an der Zimge des Froschcs, etc. [Mit B. Lucli- singer) (xviii, 460-472. 1878). — 37. Untersuchungen iiber die Aktionsstrôme des Nerven (xviii, 574-586; xxiv, 246-299, 1878-81). — 38. Ueber den atelektatischen Zitstand der Lungen nnd dessen Aitfhôren bei der^Geburt {Mit 0. Keller) (xx, 365-370, 1879). — 39. Ueber eine verbesserte Konstruktion des Galvanomcters fiir Nervenversuchc (xxi, 430-445, 1880). — 40. Ueber die Gcschwindigkeit, mit ivelcher sich der Eleklrotoniis im Nerven verbreitet {Mit. Baranowsky & Garrée) (xxi, 446-461, 1880). — 41. Ueber Miiskelreizung durch Lângs-und Querstrôm.e (xxi, 462-478, 1880). — 42. Ueber die Abhàngigkeit des Absterbens der Muskeln von der Lange ihrer Nerven (xxii, 37-40, 1888). — 43. Ueber das Verhalten der optischen Konstanten des Muskels bei der Erregung, Dehnung, etc. (xxii, 240-251, 1880). — 44. Nachtrdgliches zu den Aktionsstrômen der Muskeln (xxiv, 294-299, 1881). — AB. Ein Beitrag zur Kenntnis der Milch (xxvi, 442-444,1881). — 46.iVei o y. s N •«« N ^ o en X a -4^ o o S o N "*J •» en moyenne pendant toute l'année. Il n'est donc pas surprenant que beaucoup de végétaux qui vivent dans ces lacs gardent leur feuillage vert pendant les mois d'hiver. Si nous avons insisté un peu sur cette question d'adaptation aux conditions du mi- lieu cosmique, c'est parce que l'hibernation rentre forcément dans cet ordre de phéno- mènes. Quelle que soit sa modalité, elle représente en dernière analyse un moyen de défense contre le froid. Dans ce qui va suivre on verra combien les différentes fonctions de l'organisme en hibernation concourent vers ce but suprême. II. — HIBERNATION DES VÉGÉTAUX 1. Plantes vertes à végétation hibernale. — En dehors des algues qui vivent aux températures très basses des mers boréales ( — 2°) ou qui poussent sur les champs de neige de ces mêmes régions, en la colorant en rouge, on connaît des espèces de phanérogames dont la végétation se fait pendant les mois d'hiver. Ainsi VHeltebo- rus lleuiit au mois de décembre ou de janvier, et son évolution se poursuit pendant tout l'hiver. Ce ne sont pas ces espèces qui vont nous occuper. Ce qui va suivre traite spécialement des plantes dont la végétation subit pendant l'hiver un grand ralentisse- ment, constituant ce que l'on appelle communément le repos hibernal. Toutes les espèces de végétaux ne passent pas l'hiver de la même façon. Les plantes annuelles sont généralement à l'état de graine pendant cette saison. Elles parcourent toute leur évolution du printemps à l'automne, où elles meurent après avoir produit la graine qui doit continuer l'année suivante la vie de l'espèce suivant le même plan évolu- tif. Exception doit être faite pour certaines espèces comme le blé d'hiver ; la graine germe dès l'automne, et la plantule arrête son développement, aussitôt l'hiver arrivé, pour le reprendre au printemps. Les plantes herbacées bisannuelles ou vivaces terminent .aussi leur période végétative à la fm de l'été. Alors toutes les parties vertes se dessèchent et sont aban- données, la plante ne gardant que les parties souterraines (racines, tubercules, rhi- zomes ou bulbes, suivant l'espèce). Au printemps suivant, de nouvelles pousses sortent de la terre pour parcourir la même évolution. Parmi les végétaux ligneux, arbres, arbustes et arbrisseaux, les uns perdent tout leur feuillage à l'entrée de l'hiver (arbres à feuilles caduques) ; les autres restent verts pendant toute l'année (arbres à feuilles persistantes). Leurs feuilles vivent deux, trois ou quatre ans (conifères^, et elles ne tombent pas toutes à la fois ; la chute des unes coïncide avec l'apparition des autres, de sorte que l'arbre garde le même aspect en toute saison. En résumé, les végétaux vivant dans les climats tempérés passent l'hiver sous une des formes suivantes : a) A l'état de graine ; b) A l'état de racine, bulbes, rhizomes ou tubercules ; c) A l'état d'arbre sans feuilles ; d) A l'état d'arbre avec tous ses organes. HIBERNATION. 06!) Pour bien suivre la marche des différentes fonctions cliez les végétaux pendant l'hi- ver, nous allons examiner tout d'abord quelques phénomènes préparatoires en vue de l'hibernalion, comme la disposition des réserves nutritives et la chute des feuilles. 2. Les réserves nutritives. — Chez les plantes annuelles, toutes les réserves nutritives se concentrent dans la graine, alors que, chez les vivaces, ces réserves se déposent en partie dans la graine et en partie dans certains parenchymes hautement spécialisés pour cela. Les organes aptes à recevoir de pareilles réserves alimentaires varient chez les différentes espèces de végétaux. Ainsi, chez VIpomcc balaie (convol- vulacée), la racine peut se charger d'une grande quantité de fécule (15 p. 100) et d'al- bumine (1 à 1,5 p. 100). La racine-tubercule du Dahlia est riche en inuline et en tyro- sine ; la racine-tubercule de la Betterave [Betta vulgari^) contient de 10 à 15 p. 100 de son poids frais de saccharose et 1,5 p. 100 de substances albuminoïdes. La racine fascicules et charnue du Manihot est très riche eu fécule. La tige aérienne des Palmiers a une moelle riche en amidon (dont on retire le sagou), mais, chez les plantes herbacées, la tige qui fait des réserves nutritives devient souter- raine (rhizomes): ainsi le rhizome charnu de l'Hélianthe (topinambour) est très riche en inuline. Il contient aussi de l'iiélianthémine et de la synanthrine, mais en plus faible proportion. Le rhizome tubéreux du souchct comestible (Ciperus e:s^ 20 p. 100. — Nous déduisons de ces données que le glycogène dans le corps de la grenouille se trouve en plus grande quantité pendant l'hiver que pendant l'été. Pour bien nous rendre compte du mécanisme de ce phénomène, rappelons-nous que la richesse de l'organisme en glycogène à un moment donné n'est que l'expression do la différence entre sa production et sa consommation. En d'autres termes, la quantité de cette substance peut augmenter, soit par surproduction, soit par ralentissement dans 38 DICT. DE PHYSIOLOGIE. TOME VIII. n9i HIBERNATION. Quantité de glycogéne chez la grenouille aux différentes époques de l'année, d'a'prés Athanasiu. DATES. NOMBRE de GRENOUILLES. POIDS TOTAL. GLYCOGÉNE p. 100 DU POID.S DU CORPS. Juin 65 69 53 32 24 18 10 1491 2156 1 335 1 100 1 197 977 391 0,275, moyenne de 6 expériences. 0,407 ' — 7 — 0,902 _ 3 — 1,127 — 3 — 0,694 _ 2 — 1,06 — 2 — 0,99. Expérience de Pflûger. Juillet Septembre Octobre Novembre Février Mars sa consommation; elle peut diminuer par ralentissement de la production ou par exagération de la consommation. Lequel de ces facteurs intervient pour diminuer la quantité de glycogéne en été et l'augmenter en hiver? Nous savons que pendant la saison chaude l'activité fonctionnelle des grenouilles est à son maximum, puisque la vie de ces êtres est fonction, pour ainsi dire, de la température ambiante. Son inten- sité augmente et diminue parallèlement aux oscillations thermiques extérieures. Il faut donc admettre que, pendant l'été, toutes les fonctions étant à leur maximum d'activité, les consommations sont aussi très élevées. Ce sont les principes hydrocarbonés qui sont appelés les premiers à fournir l'énergie que l'organisme utilise dans son fonc- tionnement. Cela peut être prouvé par l'expérimentation. Moszeik (1888) avait montré que le glycogéne disparaît dans le foie des grenouilles qui avaient subi pendant deux semaines une température de 25". Nous avons répété cette expérience en 1898, et nous avons trouvé que la quantité de glycogéne diminue dans le corps des grenouilles au fur et à mesure que la température s'élève. La même constatation a été faite par Vasain (1903). 11 s'ensuit que la diminution du glycogéne en été est due à une consommation exa- gérée. Cette consommation répond en effet à deux besoins: 1° suffire au fonctionnement de divers organes, et surtout des muscles, donc l'activité est maximum à cette époque; 2° faciliter la mise en dépôt de la graisse, substance que l'organisme va utiliser pen- dant l'engourdissement hivernal. Le glycogéne est en effet en plus grande quantité pendant l'hiver, parce que sa consommation est très réduite. Nous verrons plus loin que l'étude des échanges respiratoires des grenouilles pen- dant les diverses époques de l'année vient à l'appui de cette interprétation. Ces oscil- lations du glycogéne avec les saisons ne sont pas spéciales aux animaux hibernants. GOrber (1895) a vu que la richesse des lapins en glycogéne est moindre en été qu'en hiver. Une constatation semblable a été faite par Maignox (1907) sur le chien. Ainsi, pour 100 grammes de muscle (biceps fémoral droit), la quantité de glycogéne trouvée dans les différents mois de l'année a été la suivante : Janvier =: 5^1,75; Février = 7«'', 18; Mars = 8e',i7; Avril = 6-'-,03; Mai = 68'-,58; Juin = 4"'-,46; Juillet = 3e-,80; Sep- tembre = 46'-,25; Octobre == 5S'-,25; Décembre = 4si',37. Chez l'escargot, la quantité de glycogèiie dans le foie et les muscles serait moindre à la fin de l'hibernation qu'au début (Bellion). 6) La graisse est la réserve nutritive de prédilection, aussi bien chez les mammifères hibernants que chez les animaux à température variable. Chez les premiers, elle se dépose principalement dans le tissu conjonctif lâche, devenu ainsi tissu adipeux, dans la moelle des os (Mauquis, 1892), dans les éléments musculaires striés, et dans les fibres du myocarde (Baroncini et Beretta, 1900). Dans ces éléments, la matière grasse est déposée sous forme de granulations le long des fibrilles musculaires, quelquefois à la périphérie, quelquefois autour du noyau. Chez les mammifères hibernants, en dehors du tissu conjonctif lâche, la graisse s'accumule dans la moelle des os et dans la glande hibernale. HIBERNATION. 595 La graisse extraite des tissus de la marmotte engourdie diffère un peu de celle qu'on extrait de Tanimal éveillé. Elle reste fluide à 18» ou 20°, s'épaissit un peu à 12° pour devenir demi-fluide et opaque vers 0" (R. Dubois.) Suivant le même auteur, la richesse en eau du tissu adipeux n'est pas la même dans les différentes régions du corps : ainsi dans la région inguinale ce tissu en contient 26,35 p. 100; dans la région rénale 10,4 p. 100; et dans le mésentère 7,83 p. 100. Chez les animaux à température variable, les endroits où la graisse peut se déposer varient suivant l'espèce. a) Les corps gras. — La plupart des amphibiens et des reptiles possèdent dans la cavité abdominale, au voisinage des organes sexuels, des formations appelées « Corps gras », qui constituent des réserves graisseuses de première importance. — ■ On trouve des corps gras chez Rana, Bombinator, Bufo, Lacerta, Tropinotus, etc. — Le volume et l'aspect de ces corps gras varient avec la saison, et surtout avec le fonctionnement des organes sexuels (Funke, 1899). •: b) Le foie. — Chez certaines espèces comme : Rana esculenta, R. temporaria, la quan- tité de graisse contenue dans le foie est plus grande en hiver qu'en été (Funke, 1899, Athanasiu et Dragoiu, 1908). Chez d'autres espèces comme : Salamandra maculosa, Tri- ton cristatus, Bombinator ii/neus, la graisse du foie reste constante duraut toute Tannée (Fumke). Le foie des mollusques peut contenir aussi beaucoup de graisse (Deflaxdre). — Quand l'infiltration est peu prononcée, la graisse, sous forme de gouttelettes, occupe seulement la périphérie des cellules hépatiques; quand, au contraire, l'infiltration est abondante, le protoplasma de ces cellules peut contenir de la graisse. c) Les muscles du 'squelette se laissent infiltrer par la graisse à des degrés variables suivant l'espèce et suivant les régions du corps auxquelles ils appartiennent. Elle est déposée sous la forme de gouttelettes, dont certaines sont extrêmement fines, entre les fibrilles delà substance contractile (Kôllikkr, 1888; Knoll, 1891 ; Funke, 1899; Athanasiu et Dragoiu, 1900). — Certains muscles de la grenouille, comme le couturier, par exemple, contient en hiver, beaucoup de graisse, tandis qu'en été il peut en être entièrement dépourvu. — D'autres, comme le mylo-hyoïdien, ont leurs fibres bourrées de graisse pendant toute l'année (Athanasiu et Dragoiu). Dans ce même muscle, toutes les fibres ne présentent pas le même degré d'infiltra- tion. Les fibres minces sont généralement les plus infiltrées (Funke). En étudiant l'évo- lution de la graisse dans le corps de la grenouille durant toute l'année, Athanasiu et Dragoiu ont vu qu'au printemps les vaisseaux des nombreux muscles des membres infé- rieurs contenaient beaucoup de graisse. — Dans les petits vaisseaux, elle est déposée sous forme de gouttelettes, se colorant fortement par les réactifs. Donc, au printemps, la graisse quitte certains muscles pour rentrer dans l'appareil circulatoire. A cette époque, on trouve aussi de la graisse dans les reins, au niveau des tubes urinifères, — Cette graisse vient probablement des membres inférieurs, puisque le réseau vasculaire des tubes urinifères vient d'une branche de la veine fémorale (circu- lation porte-rénale). Les cellules des tubes contournés présentent une forte infiltra- tion graisseuse. — Il est proliable qu'une partie de cette graisse est éliminée par les urines. y) L'organe hibernal ou glande hibernale. — Mangili (1807), Prunelle (1811), Tiedmann (1815), Burdach (1830), Valentin (18'i7), etc., ont confondu cet organe avec le thymus. Pour Jacobson (1817), Marshall-Hall (1832), Ehrmanx (1883), Poljacoff (1888i et Hammar (1896), il ne s'agirait pas d'une glande, mais d'un simple dépôt de graisse. Pour d'autres, l'organe hibernal serait une glande vasculaire, Egker (1893), Barkow (1846), Fiedlebew (18o6), Affanasiew (1877). Ce sont les recherches de Ehrmanx (1883), de Carlier (1893), de Hammar (1895) et de Haxsemann (1902) qui ont apporté des connaissances plus précises sur la nature de cet organe. Il n'est pas spécial aux mammifères hibernants, les autres mammifères, et même l'homme, en sont pourvus aux difierents stades de leur développement. L'organe hibernal a une couleur brun rougeâtre. Il atteint son plus grand dévelop- pement dans la région dorsale entre les deux omoplates ; de là il se prolonge en bas et forme un gros lobe dans le creux de l'aisselle. A l'entrée du thorax, tous ces lobes ?>96 HIBERNATION. forment un cercle qui entoure le thymus. De ce cercle se détachent deux bandes minces qui se prolongent de chaque côté de l'aorte thoracique, et qui, traversant le dia- phragme, vont se terminer au voisinage des reins oii elles s'étalent de nouveau. La structure de l'organe hibernal se rapproche beaucoup de celle du tissu adipeux, et il semble en effet que ce soit une sorte de tissu conjonctif lâche, spécialisé pour recevoir des réserves graisseuses. L'examen du réseau sanguin qui s'y trouve prouve une cei'taine organisation; les vaisseaux délimitent des lobules dont plusieurs se réunissent sous la même enveloppe fibreuse pour former un lobe. De celte enveloppe partent des cloisons fibreuses qui pénètrent entre les lobules. Chaque lobule est formé de cellules pressées les unes contre les autres, d'où leur forme polyédrique. Ces cellules ont une enveloppe distincte, leur protoplasma est réticulé, et au commencement de l'hiver il est rempli de graisse divisée en fines gouttelettes, répandues assez uniformé- ment dans toute son étendue. Les noyaux se trouvent au milieu des cellules. Les élé- ments de l'organe hibernal diffèrent donc des cellules adipeuses ordinaires, dans lesquelles la graisse est accumulée au milieu en une grosse goutte, tandis que le proto- plasma et le noyau sont repoussés vers la périphérie. Composition chimique de l'organe hibernal. — Suivant Carlier (1903), l'organe hibernal contient : Eau De 30 à 60 p. 100 Graisse — 40 à 47 — Matières protéiques.. . . — 15 à 16 — Sels — 1 à l,2o — La graisse se compose de : Oléine De 90 à 01 p. 100 Stéarine — 9àl0 — Palmitine Traces. Lécithine — Lipochromc — Les matières protéiques sont formées de nucléo-albumiues et globulines : les albu- mines sont peu abondantes. L'organe hibernal subit des variations profondes comme aspect extérieur et comme constitution aux diverses époques de l'année. Sa couleur est jaune rougeâtre en automne, quand il est à son maximum de déve- loppement : elle devient de plus en plus foncée au fur et à mesure que l'hibernation avance, et vers la fin de celle-ci elle devient presque noire. Si l'on cherche les change- ments qui s'opèrent dans sa constitution intime, on constate en premier lieu la dispa- rition de la graisse qui se fait graduellement du commencement à la fin de l'hiber- nation. Suivant Carlier (1903) la composition chimique de l'organe hibernal, aux différents mois de la saison froide, serait la suivante : DATES. EAU. GRAISSE. MATIÈRES PROTÉIQUES. CENDRES. l'HOSPlIORE. RÉSIDUS. p. 100. p. 100. p. 100. p. ICO. p. 100. p. 100. 10 Octobre . . 40,13 40,39 17,57 1,48 0,37 » 27 _ . . . 50,63 30,12 13,97 1,15 0,18 3,93 23 Décembre . 52,88 29 22 14,38 1,08 0,33 2,08 23 Janvier . . 56,98 23,15 16,52 1,17 0,24 1,93 23 Février , . 32,88 23.46 16,23 1,16 0,20 4,06 25 Mars. . . . 52,19 27,72 16,46 1,09 0,28 2,25 23 Avril. . . . 60,44 17,74 16,79 1,03 0,28 3,68 Comme on le voit dans ce tableau, la graisse est l'élément qui diminue le plus, et cela prouve suffisamment que le rôle de l'organe hibernal est de servir de réservoir aux matières grasses. On voit aussi que la teneur en eau de l'organe hibernal augmente vers la t\n de l'engourdissement. HIBERNATION. 597 e) Les échanges respiratoires. — Regnault et Ueiset (1849) ont été les premiers à étudier les échanges respiratoires des animaux en hibernation. Ils ont expérimenté sur la marmotte, et ils ont vu que pendant l'engourdissement la consommation d'oxygène peut descendre à 1/30'' de ce qu'elle est à l'état de veille. La physiologie des animaux en hibernation a fait un grand pas, grâce aux travaux de Valentin (1857-1881). C'est encore la marmotte qui a été le sujet d'expérience de ce physiologiste, qui a étudié sur elle presque toutes les fonctions de l'organisme animai à l'état d'engourdissement. Nous aurons souvent l'occasion de parler des recherches de Valentin; mais, en ce qui concerne les échanges respiratoires, ses expériences sont par- ticulièrement intéressantes. Quoiqu'il ait entrepris ses recherches à une époque où les méthodes de la physiologie étaient encore très imparfaites, la plupart de ses résul- tats ont été confirmés par les recherches ultérieures. Valentin a mesuré Tabsorptiou d'oxygène et l'excrétion d'acide carbonique sur la marmotte en hibernation, et, pour juger du degré de l'engourdissement, il prenait soigneusement la température de l'animal dans la bouche et dans le rectum. La tempé- rature extérieure et le poids de l'animal étaient aussi enregistrés. On trouve donc, dans les documents de Valentin, toutes les données utiles sur les causes qui ont de l'inflnence sur les échanges respiratoires. 11 a cherché la marche de ces échanges dans les différents degrés d'engourdissement, question étudiée avec plus de détails par R. Du- bois (1896), Weinland et Riehl (1907), comme nous le verrons plus loin. La mesure des échanges respiratoires a été faite ultérieurement sur d'autres animaux en état d'hiber- nation : recherches de Delsaux (1887) sur la chauve-souris, de Horvath (1880) et de Mares (1892jsur le spermophile, d'AniAXAsiu (1900) sur la grenouille, et dePEiiBREY (1903) sur le muscardin et sur le hérisson. Tous ces travaux s'accordent à constater une grande réduction de la consommation • d'oxygène et de la production d'acide carbonique pendant l'engourdissement hibernal. Nous avons réuni dans le tableau (page 598) la marche des échanges respiratoires chez les différentes espèces d'animaux en hibernation. Les chiffres que nous donnons sont des moyennes tirées des expériences de divers auteurs et ramenées aux mêmes unités de mesure : en centimètres cubes d'oxygène consommé ou d'acide carbonique produit par kilogramme et par heure. De plus, nous avons inscrit la valeur des échanges respiratoires des mêmes espèces à l'état de veille, afin de mieux voir le degré de dimi- nution de ces échanges pendant l'hibernation. On peut tirer de ce tableau plusieurs conclusions importantes sur l'intensité et la marche des échanges respiratoires des hibernants. Ainsi nous voyons tout d'abord que, chez les animaux à température variable, représentés dans ce tableau par la gre- nouille', les échanges ne sont guère que trois fois plus faibles qu'en été, alors que chez les mammifères hibernants la réduction est bien plus forte : 10 fois chez le hérisson, 25 fois chez le lérot, 30 fois chez la marmotte (R. Dubois] et 46 fois chez le spermo- phile. — Nous voyons encore que chez les mammifères il y a une certaine relation entre leur taille et l'intensité des échanges respiratoires. Cette relation peut être mise en évidence sur les mammifères engourdis aussi bien que sur les mammifères en pleine activité fonctionnelle. Pour cela il faut comparer entre eux les échanges des différentes espèces à égalité de température interne et se trouvant par conséquent au même degré d'engourdissement. A cette fin nous avons choisi, parmi les expériences des différents auteurs, celles où les animaux avaient une température rectale de 10'^ environ, et avec ces données nous avons dressé le tableau de la page 599. L'examen de ce tableau nous montre un lien saisissant entre l'oxygène consommé par ces animaux à l'état de veille et à l'état d'hibernation et leur taille. Ainsi, le mus- cardin, qui a une petite taille (poids = 18 gr. 09] consomme 293 centimètres cubes d'oxygène par kilogramme et par heure, alors que le hérisson, qui pèse 429 [gr., en 1. La plupart des grenouilles qui ont servi à ces expériences n'étaient pas aussi engourdies que celles que l'on retire directement de l'eau en hiver. Cependant il est permis de croire, et le quotient respiratoire le prouve, que ces animaux gardés dans les laboratoires se rapprochent plu- tôt de l'état d'hibernation que de l'état estival. Sous cette réserve, nous avons mis les résultats obtenus sur les échanges respiratoires des grenouilles en parallèle avec ceux qu'on a obtenus sur des mammifères hibernants. 598 H IBERNATION. ESPÈCE. A . < M eu ^ H a Pi -a H Q S 0* o I z S a o " o ■£ 2 s 21°, 5 Grenouille. .< En été. 71", 71 54",71 0,77 En hiver. 100,8 I » I " I 26'=%5| 2o",7 1 0.97 Les échanges sont approximativement 3 fois plus faibles. 24 28 AUTEURS. Athanasiu. Éveillé. U^S 1 34°, 6 1 178,515 920'^° 15 068°° 1 0,79 Muscardin. H Engourdi. 2ag,7| 232°° I 123°°, 1 I 0,53 12'',6 I 15» Les échanges sont approximativement 25 fois plus faibles Pembrey. Spermophile. 13°,6 8°, 4 Éveillé. 200s 12 696°° 11998° 0,74 Enqowdi. 182s I 56°°,6 I 23°°, 31 0,41 24 Ç);; Les échanges sont approximativement 46 fois plus faibles. Mares. Hérisson. . .< Éveillé. 140,1 I 34° I 629s 11000°° | 791°°,9 1 0,79 Engourdi. 532s I 114°° I 61°°,6| 0,53 12°,6 riS" Les échanges sont approximativement 10 fois plus faibles. Pembrey. Éveillée. 11°,9 I » |1217s I 681°° I 543°°, 7 I 0,79 | o Marmotte . Engourdie. 7° 18° I 947s J 32°°, 8 I 16°°,8 | 0,5 | 16 Les échanges sont approximativement 21 fois pins faibles dans le sommeil léger. Valentin. Marmotte. .18» 1 8o,7 11 088s 1 16°°, 6 1 7c°,2 1 0,43 1 7 1 Valentin. L es échanges sont approximativement 43 fois plus laibles dans le sommeil profond. Marmotte WeINLAXD et RiEHL. ÉveiUée. 60,8 1 » 129966 I 783°°,8| 557°°, 8 1 0,71 j 1 Engourdie. 7»,5 j 120,5 12 3878,51 57°°,6 1 24°°, 1 I 0,42 1 1 L'es échanges sont approximativement 25 fois plus faibles (trente fois plus faibles, d'après R. Dubois). 1. Dans les autres expériences de Weihland et Riehl, la température de l'animal n'est pas donnée. HIBERNATION. 59§ a a C0-* PAR Kf.R. -IIKURE. 0-' PAR KGR.-HEURE. 3 ^___ ,^ ESPÈCE. DATE. •a H o B i K AUTEURS. a, 2 b J (*3 on -5 K =3 degr. degr. Sr. cmc. cmc. cmc. cmc. Muscardin. Février. 10 10.3 18,99 8506 98 293 Pembrey. Spermopliile . . Nov.-Déc. ( Févr.-Mars. 10,5 » 187 1998 26,8 2696 39,9 Mares. ' Hérisson. . Mars. 10,5 10,5 429 197 82 1000 164 Pembrey. Marmotte . ] Décembre. Févr.-Mars. 9,8 10,4 1110 343 14,9 G81 34 i Valentin. consomme 164 ce. et que la marmotte, qui pèse 1 110 gr., n'en consomme que .34 ce. Le spermophile, qui se trouve comme poids entre le muscardin et le hérisson, aurait sa place entre celui-ci et la marmotte, quant à sa consommation d'oxygène. Mais cet écart, comme celui que nous avons signalé plus haut pour le hérisson, doit tenir à d'autres causes que la température, causes probablement d'ordre interne qui ont de l'influence sur les échanges respiratoires. Nous aurons l'occasion de revenir plus loin sur cette question. Quoi qu'il en soit, les mammifères en hibernation possèdent un moyen de régler leurs échanges respiratoires suivant la surface de leur corps, comme cela a lieu pendant l'état de veille. Nous savons en effet que chez les animaux à température constante l'intensité des échanges est proportionnelle au quotient de la surface du corps par son poids. Les mamrnifères engourdis restent soumis à cette loi, et cela prouve une fois de plus que ces animaux, malgré le ralentissement de leurs fonctions, ne sont pas esclaves de la température extérieure au même point que les animaux à température variable. Ils gardent encore une assez grande autonomie à son égard. • Le quotient respiratoire est modifié aussi pendant l'hibernation; il augmente chez les grenouilles et diminue chez les mammifères hibernants. -CO On sait que le quotient respiratoire ^-:— change sous l'influence de différentes causes, parmi lesquelles l'alimentation vient en première ligne. Ainsi, quand l'organisme consomme beaucoup d'hydrates de carbone, le quotient respiratoire se rapproche de l'unité; dans le cas contraire le quotient respiratoire diminue. En partant de là, on a supposé que l'abaissement de ce quotient chez les mammifères engourdis serait dû justement à ce que ces animaux utilisent de préférence les matières grasses pendant leur hibernation. Mais le quotient respiratoire de l'animal qui consomme les matières grasses est de 0,7 en moyenne, et l'on a cependant constaté sur les mammifères engourdis des quotients plus bas : 0,42 et même 0,33 (Regnault et Reiset, Valentin, Voit, Dubois, etc.). Pour expliquer ce cas, on admet que les graisses ne sont pas consommées intégrale- ment, et que leur oxydation ne se fait pas d'un seul trait, pour les amener aux termes ultimes, CO- et H-0. Ces substances seraient d'abord transformées, par une fixation d'oxygène, en hydrates de carbone, et ce seraient ces derniers qui fourniraient par leur oxydation complète l'énergie rendue actuelle au moment des réveils. A l'appui de cette interprétation viendrait le fait d'une augmentation de la quantité de glycogène chez la marmotte engourdie (Cl. Bernard, R. Dubois). Ce phénomène d'une fixation par les graisses de cet oxygène qu'on ne retrouve pas dans le CO-, éliminé au même instant, pourrait nous donner une explication, non seulement de l'abaissement du quo- tient respiratoire, mais encore de l'augmentation de poids observée sur la marmotte en l'absence de toute ingestion d'aliments ou d'eau. Si les choses se passaient ainsi, on devrait trouver un parallélisnie entre la marche du quotient respiratoire et celle du 600 HIBERNATION. poids du corps. Nous avons vainement cherché dans les protocoles d'expériences de divers auteurs (ValExYiin, Dubois, Pembrey, Mares, Weinland, Riehl, etc.), pour trouver une relation entre les changements de poids du corps et le quotient respiratoire. De nouvelles recherches sont absolument nécessaires pour élucider la question. R. Dubois explique l'abaissement du quotient respiratoire des mammifères engourdis par l'accumulation de l'acide carbonique dans le sang et les tissus de ces animaux qui se trouveraient ainsi autonarcotisés par ce gaz. On pourrait cependant se demander si l'acide carbonique continue à s'accumuler pgndant toute la dure'e du sommeil, ou si cette accumulation s'arrête à un certain niveau dès que l'engourdissement a com- plètement saisi l'animal. Dans le premier cas on devrait trouver un abaissement gra- duel du quotient respiratoire au fur et à mesure que l'engourdissement avancerait. Une expérience de R. Dubois nous montre que le dixième jour de l'engourdissement le sang contient plus d'acide carbonique que le deuxième jour. L'indication est précieuse. Malheureusement il n'y est pas fait mention de la quantité d'oxygène consommé, et il est dès lors impossible d'établir le quotient respiratoire de cette marmotte. Mais R. Dubois s'est préoccupé de l'influence autonarcotisante de CO- plutôt que de la tota- lité des échanges respiratoires. Dans le second cas, en admettant que la teneur maximum du sang et des tissus en acide carbonique corresponde au plus haut degré d'engourdissement, il serait diffi- cile d'expliquer par cette hypothèse l'abaissement du quotient respiratoire correspon- dant à cet engourdissement. La question du quotient respiratoire est plus complexe qu'elle ne le semble à pre- mière vue. Nous avons trouvé sur la grenouille en hiver un quotient respiratoire plus grand qu'en été; et cependant cet animal consomme de la graisse pendant cette saison, ainsi que le prouve la disparition des réserves graisseuses comme les corps gi^as, la graisse des muscles, du foie, etc., que l'on constate au printemps. Malgré cela le quotient respiratoire des grenouilles est très haut pendant l'hiver : il s'approche de l'unité et peut môme la dépasser. Ce quotient respiratoire a une valeur assez constante durant tout l'hiver, et, sur 26 expériences que nous avons faites pendant cette saison, nous n'avons trouvé que deux fois le quotient inférieur à 0,8. Les courbes suivantes (p. 601) montrent la marche des échanges respiratoires des grenouilles aux différentes époques de l'année. Nous avons inscrit, à côté des courbes de l'oxygène et de l'acide carbonique, celle de la température, afin de mieux voir la solidarité des phénomènes qu'elles traduisent. On sait jusqu'à quel point les échanges respiratoires des animaux à sang froid sont influencés par la température ambiante, et nos expériences montrent que cette action est la même, quelle que soit la saison. Ce qui change d'une époque à l'autre de l'année, CO- c'est le rapport -j—- ou quotient respiratoire. Toujours inférieur à l'unité (0,77 en moyenne) pendant l'été, ce quotient monte à 0.94, et peut même dépasser l'unité pendant l'hiver'. On ne saurait considérer ce phénomène comme un effet de la température ambiante, vu que les oscillations de l'oxygène et de l'acide carbonique vont ensemble, quelles que soient les modifications de cette température. De plus, l'équilibre entre l'absorption d'oxygène et l'élimination d'acide carbonique n'est rompu à aucun moment, et cela nous empêche de chercher à expliquer l'élévation du quotient respiratoire par une accumulation d'acide carbonique dans le sang et les tissus, comme on l'a observé sur la marmotte (R. Dubois). La durée de nos expériences a varié entre 11 et 24 heures, justement dans le but d'éliminer les causes extérieures qui auraient pu troubler les échanges respiratoires. De ce qui précède, il ressort que, ni la température ambiante, ni la nature des prin- cipes immédiats consommés pendant l'hiver ne peuvent expliquer l'augmentation du 1. VePvNOn a mesuré les échanges respiratoires sur beaucoup d'animaux marins à la Station Zoologiquc de Naples; le quotient respiratoire moyen de 17 expériences est 0,91, et quatre fois il a dépassé l'unité. Ces expériences n'étant pas datées, nous supposons qu'elles ont été faites pendant l'Iiiver, en nous reportant aux analyses d'eau de mer qui ont été faites à cette «poque. HIBERNATION. 601 iio lOO quotient respiratoire chez la grenouille en hiver. Nous éliminons aussi l'influence de la double respiration — pulmonaire et cutanée, — vu que, dans aucune de nos expé- riences, nos grenouilles n'ont été dans l'eau. Il ne reste donc que l'influence de la saison qui pourrait nous donner une explication. Nous avons vu dans les chapitres précédents que le corps des hibernants se modifie d'une saison à l'autre, chimiquement et même morphologiquement. Ces modifications peuvent varier suivant les espèces et suivant leur manière de vivre. En ce qui concerne les grenouilles, le limon des marais qu'elles choisissent pour hiberner n'est pas en état de leur fournir tous les éléments nécessaires pour le bon accomplissement des échanges respiratoires, si réduits qu'ils soient. Signalons parmi les conditions défavorables de ce milieu sa faible te- neur en oxygène etsonim- mobilité relative. 11 n'y a presque pas de courants pour renouveler les cou- ches qui entourentle corps des grenouilles, contraire- ment à ce qui a lieu dans l'eau . Pour parer au danger d'une asphyxie dans ce milieu, il est possible que les grenouilles fassent quelques réserves d'oxy- gène avant leur engourdis- sement. R. Dubois suppose au contraire que cet état serait asphyxique et favo- rable à leur engourdisse- ment hibernal. L'utilisation de cet oxy- gène se trouvant dans leurs tissus expliquerait alors l'augmentation du quotient respiratoire que les grenouilles présentent pendant l'hiver. Cette sup- position serait appuyée par un autre fait, c'est que pendant l'été le quotient respiratoire est plus bas, malgré l'utdisation en plus forte proportion des hydrates de carbone pour les besoins de leur activité fonctionnelle, et malgré la production de la graisse, dont la plus grande partie provient de ces principes hydrocarbonés. Cette dernière réaction surtout s'accompagne vraisemblablement d'une élimination d'oxygène, et pourtant l'animal en prend encore au dehors beaucoup plus qu'il ne lui en faut pour l'acide carbonique qu'il produit, si l'on en juge d'après le rapport ^', qui est 0,77 en moyenne pendant l'été. 6) Température et Calorimétrie. — On sait que les animaux dits « à température variable » suivent de très près les oscillations thermiques du milieu ambiant : en d autres termes, ils s'échaufTent quand la température de ce milieu s'élève, et ils se refroidissent quand elle descend. De nombreuses observations prouvent cependant que la température de ces animaux n'est pas toujours égale à celle du dehors, et d'ailleurs nous avons vu que les végétaux eux-mêmes ont une température propre, au moins dans certaines phases de leur existence. Knaute (1894) a trouvé que la température interne des poissons d'eau douce qui continuent à se nourrir pendant l'hiver est supé- rieure à celle du milieu ambiant, alors que chez les Cyprinoïdes, qui ne prennent pas de nourriture pendant toute cette saison, il y a égalité entre leur température et celle du dehors. Les mammifères hibernants se comportent pendant toute la saison chaude 0<^ • ^^- Janv. Féo. Many Juin Juil. Août Jipt. ........ Tenvpé'naiiiva Fig. 98. — Échanges respiratoires des grenouilles non engourdies pendant les différentes époques de l'année, par J. Athanasiu. 602 HIBERNATION. comme les animaux à température fixe, et, pendant leur période d'engourdissement hibernal comme les animaux à température variable. La température interne de ces animaux peut descendre assez bas. Nous avons réuni dans un tableau les plus basses températures observées sur les mammifères engourdis. EN HIVER. ESPÈCE. TEMPÉRATURE INTERNE en été. AUTEURS. TEMPÉRATURE intérieure. État de veille. TEMPÉRATURE intérieure la plus basse observée pendant l'engourdissement. TEMPÉRATURE extérieure. degrés. d egrés. degrés. degrés. Marmotte. . . . 37,-5 • 36, .'5 4,6 4 R. Dubois. 1) )> 4,8 4,13 Valentin. Muscardin . . . 37 » 9,25 9,5 Pembrey. Spermophilc . . » 3.5-37 2 2 HORWATH. Hérisson » 34 10 10,5 Pembrey. » » .5,6 2,1 Valentin. Chauve-souris. . » » 2,25 3 PExMBREY. » » 2,7 2,7 Marshall-Hall. — . . . . » i> 7,2 6 Delsaux. M D'après quelques-unes des observations consignées dans ce tableau, il semble qu'il puisse y avoir égalité de température entre un mammifère engourdi et le milieu ambiant, et que, dans certains cas, le corps de l'animal puisse être plus froid que ce milieu. Cependant les observations rigoureusement prises prouvent que le mammifère dans le plus profond engourdissement est toujours plus chaud que le milieu ambiant, ne fût-ce que de quelques dixièmes de degrés. Mais ce phénomène n'est saisissable que si la température extérieure reste constante. Si cette température subit des changements brusques, on peut surprendre une égalité de température entre le corps de l'hibernant et le milieu extérieur, car ce corps demande un certain temps pour se mettre en équilibre thermique avec le milieu ambiant. R.MoNTi a fait à cet égard une expérience très démonstrative : une marmotte, dont la température interne était de l'i^Sja été placée dans un calorimètre d'ARSONVAL, où la DIFFÉRENCE TEMPÉRATURE EXTERNE TEMPÉRATURE INTERIS-E. MOYENNE entre la température interne et la DEGRÉ d'engourdissement. moyenne. température ambiante. degrés. degrés. degrés. [ 4,97 33,85 + 28,88 A moitié réveillée. Marmotte . . . 1 5,3.5 23,10 -f 18,75 Somnolente. 1 4,81 ( 8,63 10,16 -f 6,35 Sommeil léger. 10,23 + 1,6 Sommeil profond. i 4,1 36.2 + 32,1 Réveillé. Hérisson . . . 2,8 14,5 + 11,7 Somnolent. ! -' 5,6 + 2,5 Sommeil léger. température était de llo25. Après une heure et demie, l'indicateur du calorimètre accusa un gain de l'^a'.SS : la marmotte s'était donc refroidie. Dans une autre e.Tpérience, la HIBERNATION. 603 marmotte avait 8" et le calorimètre eu avait 10 : au bout de 40 minutes, l'indicateur montra une perte de 0':*',6 : la marmotte avait donc gai^né en chaleur. C'est encore à ces changements de la température extérieure qu'il faut attribuer le fait que l'animal a été trouvé plus froid que le milieu ambiant. Rappelons que pour ses expériences, R. Dubois a gardé les marmottes dans les sous-sols de la Faculté de Lyon oîi la température reste presque constante (10» durant toute l'année). Cette différence thermique entre le mammifère engourdi et le milieu extérieur n'est pas la même aux divers degrés d'engourdissement. Valentun a relevé des chiffres indiqués dans le tableau ci-dessous. Sur le même animal les différentes parties du corps n'ont pas toutes la même tempé- rature. D'une manière générale la moitié antérieure est plus chaude de 1° approxi- mativement que la moitié postérieure. On doit chercher l'explication de cette différence de température entre les parties antérieure et postérieure du corps, dans l'inégalité de l'irrigation sanguine dans ces deux territoires. (Ch. Righet). Dans le tableau qui suit se trouvent consignées les mesures de température faitespar V.\LEiNTiN et R. Dubois sur la marmotte : TEMPÉRATURE EXTÉKIECRE. ÉTAT de l"animal. TEMPÉRATURE de la BOUCHE. TEMPÉRATURE du RECTUM. AUTEURS. degrés. 6,4 3,9 4 4 Eveillé. Eiidoiirdissemeiil iinifund. degrés. 37,33 H, 02 4.72 7,12 degrés. 34, 2n 8,48 4,70 6,64 Valentin. R. Dup.ois. De ce qui précède, il résulte que les mammifères hibernants gardent pendant leur engourdissement une température supérieure à celle du milieu ambiant. Cela im- plique un système régulateur de cette température qui, tout en étant très imparfait, est cependant analogue à celui de tous des animaux à température constante. Pour mieux voirie fonctionnement de ce systèmerégulateurthermique des mammi- fères engourdis, faisons varier la tempéi^ature d'un milieu dans lequel se trouvent une marmotte et une grenouille, toutes les deux engourdies. En partant par exemple de 10", si la température externe monte, les deux animaux vont s'échauffer, mais pas également. Alors que la grenouille va suivre de très près il'élévation de la température ambiante, la marmotte, au contraire, à partir d'une certaine température, va s'échauffer plus vite que le milieu ambiant. Son engourdissement va diminuer au fur et à mesure que la température externe s'élèvera; si elle dépasse 25°, la marmotte se réveillera, et sa température montera à 37" (R. Dubois). Quand la température externe descend au-dessous de 10", nous voyons la grenouille devenir de plus en plus inerte et finir par être congelée, si cette température devient assez basse. La marmotte, au con- traire, dès que sa température interne s'approche de 0", commence à se réchauffer et finit par se réveiller complètement'. La différence est donc fondamentale entre ces deux animaux, et ce fait à lui seul serait largement suffisant pour montrer que les mammifères engourdis ne sont pas comparables au.K animaux à température variable. Depuis M.\N(.ili (1807), tous les expé- rimentateurs. Prunelle, Saissy, Valentin, Dubois, etc., ont vu que le froid intense réveillait les marmottes engourdies. Sur le spermophile, Mares (1802) a vu que les échanges respiratoires peuvent être doublés ou même triplés sous l'influence du froid. Le système nerveux de ces animaux engourdis n'a donc pas perdu le rôle qu'il avait 1. II n'en serailpas de morne pour la chauve-souris, et les recherches de Merzbacher montrent qu'on peut abaisser la température extérieure jusqu'à — 5° sans que l'animal se réveille : au contraire, il rentre dans une sorte ,de rigidité qui peut aUer jusqu'à la mort si le froid con- tinue. Il serait désirable que ces ex2>érieLices fussent multipliées atin de bien établir cette parti- cularité de la chauve-souris. 604 HIBERNATION. à remplir dans la régulation thermique quand ils étaient éveillés. Tout en ralentissant ses fonctions comme les autres tissus pendant l'hibernation, il ne cesse pas de veiller à ce que la température du mammifère engourdi ne descende pas au-dessous de certaines limites. Nous voyons qu'ainsi compris le système régulateur thermique des mammi- fères hibernants peut s'adapter aussi bien à une température de 37° (ou tout autre voi- sine, habituelle à ces animaux pendant la saison chaude), qu'à des températures très basses (0° ou 40,6) qu'ils peuvent avoir pendant l'engourdissement. Cette merveilleuse adaptation de tous les tissus, et spécialement du tissu nerveux à des températures très différentes augmente beaucoup la résistance au froid des mammifères hiber- nants. Ainsi R. Dubois, en refroidissant avec de l'eau un lapin et une marmotte éveillés, vit la respiration s'arrêter chez le premier quand sa température fut descendue à 26°, alors que la marmotte put être refroidie jusqu'à 13° sans le moindre danger. De même le hérisson supporte des refroidissements artificiels jusqu'à 10° et il se réchauffe facilement. Quoique la chaleur queles mammifères produisent pendant leurengourdissement soit très faible, on a cependant cherché à la mesurer. Parlaméthode calorimétrique directe, R. Dubois a trouvé un rayonnement de 868 calories pendant toute la période hibernale. Par la méthode calorimétrique indirecte, ce même auteur trouve 895 calories, soit en moyenne 881 calories. Tout récemment Marie Parhon ' (1909) a publié des recherches sur les échanges nutritifs des abeilles pendant les diverses saisons de l'année. Cette question se ratta- chant à l'hibernation, nous croyons utile de donner ici un court résumé des résultats obtenus par Parhon. Ses études ont porté sur les échanges respiratoires, l'azote total du corps, le glyco- gène total, la teneur en eau du corps et la thermogénèse. A. Les échanges respiratoires. — Après avoir démontré que la température des ruches- reste assez élevée pendant toute l'année (32°-33°), Parhon a mesuré les échanges respiratoires des abeilles pendant les quatre saisons, à égalité de température ambiante. Ainsi s'élimine l'inlluence de la température. Les expériences ont été faites aux tempé- ratures suivantes : 10°, 20°, 32° et 35°, car c'est entre ces limites que la température extérieure peut varier autour de la ruche. L'oxygène consommé et le bioxyde de car- bone produit par kilogramme et par heure à ces diverses températures ont été : A 10° A 20" A 32" A 35° O^ ^cn litres). CO- (en litres). Printemps. =18, 587 18,667 Été ... . =21,650 21,913 Automne. .= 5,697 6,548 Hiver . . .= 1.444 2,112 Printemps. =29,754 30,408 Été . . . .=17,336 17,525 Automne. .=24.795 25,881 Hiver. . .=22,549 23,038 Printemps. =14,894 15,065 Été, . . . = 11,721 11,851 Automne. . = 16,561 17,042 Hiver. . . = 12,934. 13,228 Printemps. = 5,528 5,544 Été . . . . = 3,216 5,346 Automne. .= 5,719 5,787 Hiver. . .= 5,645 5,599 CO- Comme on peut voir par ces chiffres, le quotient respiratoire -j—- se maintient assez rapproché de l'unité, ce qui prouve que les combustibles utilisés par ces animaux sont 1. Marie Parhon, Les échanges nutritifs chez les abeilles pendant les quatre saisons (Ann. cl. se. nat. iZooL), 9" série, voL ix, 1909. 2. Il faut entendre par température de la ruche, celle de la partie de l'enceinte où se trouve réunie la colonie d'abeilles. HIBERNATION. 605 les hydrates de carbone. II n'y a d'écarts qu'en hiver, et à la température de 10°, quand ce quotient dépasse l'unité'. Un rapprochement pourrait être fait entre ce phéno- mène et celui qu'a constaté Atha.nasiu sur les grenouilles. B. L'azote total dans le corps des abeilles varie peu suivant la saison. Elles con- somment les réserves de pollen. G. Le glycogène total varie peu suivant la saison. D. La teneur en eau des tissus atteint son minimum en été (71, 4i p. 100) et le maximum en hiver (74,82 p. 100). . E. Les abeilles peuvent lutter entre certaines limites contre le froid et contre la chaleur du milieu ambiant, grâce à leur système nerveux qui leur permet de régler la production et la perte de chaleur, suivant les besoins. A. cet égard, les abeilles doivent être placées entre les animaux homéothèmes et hétérothèmes. 7. La sécrétion urinaire. — L'urine des mammifères en hibernation a été étudiée par Valentin (18."J7). Deux marmottes ont été observéespendant toute leurpériode d'engour- dissement, leur urine recueillie et analysée. Marmotte Marmotte n» 1. n» 2. Durée de Ihibernation 137 jours. 162 jours. Quantité totale d'urine 115 gi-ammes. 315 grammes. Urée 5 p. 100. 3,6 p. 100. Cendres 0,8 — 0,8 — Acide phosphorique 0,27 — , 0.43 — NaCl 0,19 — 0,17 — Acide sulfurique 0,98 — 0,63 — La réaction de l'urine a été trouvée toujours acide pendant l'hibernation, alors qu'elle est alcaline en été comme chez les autres herbivores. La couleur varie : généralement elle est d'un jaune légèrement brun. Cependant Valentin l'a trouvée souvent teintée dans les deux premiers tiers de l'hiber- nation. Elle est plus transparente à l'approche du printemps. Le poids spécilique de l'urine varie entre 1.020 et 1.039. Le rein subit certaines modifications de structure pendant l'hibernation. R, Monti (1900) a trouvé la lumière des tubes contournes beaucoup plus réduite sur la marmotte engourdie. L'épithélium de ces tubes contient de nombreuses granulations qui disparaissent à l'état de veille, et qui sont considérées comme un produit de sécrétion de ces éléments. La miction se fait à des intervalles de temps variables suivant l'espèce des animaux engourdis, mais ces intervalles sont en général assez grands. Ainsi on trouve dans les observations de Valentin des cas où la marmotte n'a expulsé que sept fois de l'urine pendant toute la durée de son hibernation (157 jours). 8. Les sécrétions internes. — Parmi les glandes à sécrétion interne, le corps thy- roïde a été examiné par Peiser (190(5) sur la chauve-souris et sur le hérisson, aussi bien en été qu'à la fin de l'hibernation. La substance colloïdale diminue beaucoup en hiver, et l'on peut trouver des follicules complètement vides. L'épithélium des follicules, de cubique qu'il est, en été, devient plat à la fin de l'hibernation. Vhypophyse subit aussi quelques changements de structure chez la marmotte en hibernation, surtout dans le lobe glandulaire. Gemelli (190G) a trouvé une forte diminu- tion dans le nombre des cellules cyanophiles. Peu de temps après le réveil, on constate dans la plupart des cellules chromophiles des figures karyokinétiques. Cette activité cellulaire serait en rapport, d'après Gemelli, avec la fonction antitoxique de l'hypo- physe. Très réduite en hiver, puisque la production des toxines est aussi à son minimum, cette fonction reprend son activité au printemps, dès que les toxines sont engendrées dans l'organisme en plus grande quantité. La glande interstitielle de rovaire chez les mammifères hibernants serait réduite à rien pendant l'engourdissement hibernal (Domenico Gesa-Bianchi, 1907). Elle commence à se développer au réveil et devient très importante en été, époque de la grande acti- vité vitale et sexuelle de ces animaux. 606 HIBERNATION. 9. Les fonctions de relation. — Ces fonctions sont encore plus réduites que celles de nutrition pendant l'engourdissement hibernal, puisque le but de l'animal est de s'isoler autant que possible du milieu ambiant. Il se condamne à une immobilité complète; le système nerveux ferme presque complètement ses portes de communication avec l'exté- rieur par l'engourdissement des sens. L'isolement n'est cependant jamais absolu, au moins pour le mammifère hibernant. Comme un thermo-régulateur à gaz, qui possède une soupape de sûreté afm que la flamme ne s'éteigne pas, de même le mammifère engourdi possède, dans son système nerveux, des centres qui veillent pendant tout cet état. L'étude de la température interne nous en a fourni une preuve, et nous verrons plus loin qu'il y en a encore d'autres tout aussi démonstratives. A — Les muscles du squelette gardent leur excitabilité pendant l'engourdissement; mais la durée de la secousse musculaire est bien plus longue que sur la marmotte éveillée et cet excès de durée porte sur toutes les phases de la secousse musculaire. Marey (1868), Valenti.x (1870), Patrizi (1894) et R. Dubois (1899) ont bien mis ce fait en évidence. Le nombre d'excitations nécessaires pour mettre le muscle en état de tétanos est moindre pour la marmotte engourdie que pour la marmotte surchauffée (Patrizi). Le travail que peut produire le muscle de la marmotte froide est aussi moindre que celui de la marmotte chaude. Ce muscle serait plus résistant à la fatigue (R. Dubois). Mais, pour apprécier cette résistance, il faut tenir compte de la puissance du muscle évaluée en travail produit dans l'unité de temps, et toutes les recherches sont d'accord pour prouver qu'elle est moindre dans le muscle de la marmotte engourdie. 11 s'ensuit que, le travail n'étant pas fait dans les mêmes conditions de puissance, il est impossible de juger de la résistance de ce muscle à la fatigue. Le poids tenseur a une influence bien plus grande en hiver qu'en été sur la chaleur développée par un muscle de grenouille en contraction et réchauffement produit par une excitation est bien moindre en hiver qu'au printemps (Burker, 1905). La fatigue musculaire se produit beaucoup plus vite chez la marmotte chaude que chez la marmotte froide. La chaleur dégagée pendant la contraction musculaire à égalité d'excitation etdepoids soulevé est plus faible chez la marmotte engourdie que chez la marmotte à l'état de veille. B. Fonctions d'innervation. — Le système nerveux, comme les systèmes que nous avons étudiés jusqu'ici, subit des modifications fonctionnelles et morphologiques pen- dant l'hibernation. 1) L'action fonctionnelle de ce système doit être envisagée séparément chez les animaux à température variable et chez les mammifères hibernants. Chez les premiers, cette activité, concentrée sur les fonctions de nutrition, est entière- ment subordonnée à la température du milieu ambiant ; elle est d'autant plus intense que cette température est plus élevée, et cela, bien entendu, sans dépasser certaines limites. Les mammifères hibernants gardent au contraire, même pendant lengourdisse- ment, une autonomie assez marquée vis-à-vis du milieu ambiant. Leur système nerveux est donc à la tête, non seulement des fonctions de nutrition, mais encore des fonctions de relation, si réduites qu'elles soient. Nous avons vu plus haut la régularité avec laquelle, pendant l'engourdissement, s'exécutent les différentes fonctions telles que la circulation, la respiration, les échanges nutritifs, la thermogénèse, la miction, etc. Tout en marchant de pair avec les variations de la température extérieure dans certaines conditions, la plupart de ces fonctions peuvent s'accélérer, et l'animal se réveiller si le milieu ambiant s'échauffe ou se refroidit au delà de certaines limites. Cela est dû au système nerveux qui est le premier à subir l'influence de ces modifications thermiques du milieu ambiant, et c'est lui qui pousse les autres organes au travail. On avait cru que dans l'engourdissement complet les mammifères hibernants étaient incapables de faire des mouvements volontaires. Cependant Mangili rapporte une observation faite sur un loir ayant 4" de température interne, et qui malgré cela a pu faire un saut assez grand. Des observations semblables ont été faites par Marshall-Hall sur un hérisson engourdi, qui, jeté à l'eau, s'est mis à nager ; par HIBERNATION. 607 Merzbacher sur une chauve-souris, qui, étant transportée pendant i'hiver dans une chambre chaude, s'est mise à boire de l'eau, quoique sa température interne fi\t infé- rieure à celle de la chambre. Toutes ces observations prouvent la merveilleuse adaptation du système nerveux des mammifères hibernants, lequel peut ainsi fonctionnera des températures très basses (4") comme à 37°. Parmi les fonctions générales du système nerveux, l'excitabilité est très inégale- ment réduite pendant l'engourdissement dans les différents territoires. Suivant Grigoresgu, la sensibilité de la peau diminue beaucoup chez les grenouilles au com- mencement de l'hibernation. Valentin a trouvé que la vitesse de propagation de la vibration nerveuse ne dépassait pas un mètre par seconde dans les nerfs de la marmotte profondément engourdie. L'activité des centres nerveux situés dans l'axe cérébro-spinal (centres respiratoire, cardiaque, vaso-moteur, etc.). continue, quoique très ralentie, pendant l'hibernation. R. Dubois est arrivé après un grand nombre d'expériences sur la marmotte en hibernation à localiser dans le cerveau moyen, vers la partie antérieure de l'aqueduc de Sylvius, et du côté du plancher du troisième ventricule, des centres respiratoires (qui accélèrent ou qui ralentissent cette fonction). De ces centres dépendrait encore la calorilîcation (hypothermie et réchauffement, torpeur et veille). Ils auraient aussi une action sur l'accumulation du glycogène dans le foie et sur son utilisation. Chez la marmotte engourdie, on a observé encore la persistance des réflexes cornéen- rétinien, vésico-rectal, etc., ce qui prouve que les centres nerveux qui président à ces réflexes gardent une certaine activité pendant l'hibernation (Valenti.x, R. Dubois). Mais, en dehors de ces réflexes indispensables à l'entretien des grandes fonctions, il y en a encore quelques-uns, spéciaux à certaines espèces de mammifères hibernants, qui prouvent encore mieux cette activité du système nerveux: le réflexe de cramponne- ment {Klammerreflex) observé par Forel sur le spermophile ; le réflexe d'attachement {Anhaftreflex) observé par Merzbacher sur la chauve-souris ; le réflexe du sphincter cuculi observé par Barkow chez le hérisson. Nous allons examiner de plus près ces trois réflexes. FoREL (1887) a eu l'occasion d'observer deux loirs qui étaient restés tout l'hiver à l'état de veille. Ils ne s'engourdirent qu'au mois de mai, où leur température interne descendit à 22°. Dès lors la respiration se ralentit beaucoup ; les lèvres prirent une couleur cyanotique. Si l'animal était pincé, il réagissait en faisant des mouvements avec ses pattes. Si l'on mettait la plante d'une de ses pattes en contact avec une branche d'arbre, on voyait tout de suite les doigts se fléchir pour s'appliquer contre elle : laissé libre, l'animal restait suspendu. Il peut garder longtemps cette position; il arrive qu'il change la patte par laquelle il est suspendu, ce qui prouve qu'il ressent les effets de la fatigue. Un réflexe semblable a été observé par Merzbacher (1903) sur la chauve-souris. On sait que pendant leur hibernation ces animaux restent généralement suspendus par les pattes postérieures, la tête en bas. Si l'on prend une chauve-souris profondément engourdie, et qu'on la place sur le dos, on voit bientôt l'animal commencer à s'agiter. Les membres postérieurs surtout font des mouvements dans toutes les directions, comme s'ils cherchaient quelque chose. Les doigts s'écartent, les articulations du genou et de la hanche fléchissent, et quelquefois on observe une flexion de tout le train pos- térieur contre le thorax. L'animal fait tous ces mouvements dans le but de trouver un corps pour s'y attacher avec ses membres postérieurs. Ils cessent en effet dès qu'il trouve ce corps, qui peut être le doigt de l'observateur. On peut alors se rendre compte de la force et de l'adresse de ces mouvements, comme d'ailleurs dans les réflexes du sommeil normal. Merzbacher a localisé dans la moelle allongée le centre de ce réflexe. Ce qui prouve que c'est bien là son siège, c'est qu'il se produit tout aussi bien après l'ablation des hémisphères cérébraux, du cervelet et du cerveau moyen. Ce réflexe de la chauve-souris est spécial à son état d'hibernation, et il est d'autant plus prononcé que l'engourdissement est plus profond. Il diminue au fur et à mesure 608 HIBERNATION. que l'animal se réchauffe, et il manque complètement sur la chauve-souris éveillée. Un autre réflexe qui se maintient pendant l'engourdissement hibernal est celui du hérisson (Barkow). Cet animal, comme la marmotte, s'enroule en boule pour diminuer la sui'face de rayonnement calorifique. Si un excitant quelconque agit sur la peau d'un hérisson, on voit l'animal se serrer davantage, quel que soit le degré de son engourdis- sement. Ce réflexe, à vrai dire, n'est pas spécial à l'hibernation, comme celui de la chauve- souris, puisqu'il se produit tout aussi bien à l'état de veille. En dehors de ces centres nerveux qui président à l'accomplissement des réflexes que nous venons d'étudier, l'axe cérébro-spinal est en plein repos fonctionnel pendant l'engourdissement hibernal. Merzbacher (1903) a exploré l'excitabilité [des différentes parties du système nerveux central chez la chauve-souris en hibernation, et les troubles occasionnés par la destruc- tion de ces parties. En excitant la zone sensitivo-motrice de l'écorce cérébrale avec un courant constant ou induit, cet auteur n'a pu obtenir aucun mouvement, alors que sur l'animal réveillé l'excitation de cette zone donne lieu à des accès épileptiformes typiques. Si l'on applique de la créatine sur le cerveau découvert, l'animal se réveille, et sa fré- quence respiratoire monte à 240 par minute; on observe un frisson généralisé. Sous une excitation moindre, l'animal se met à courir avec de courts et très vifs mouvements -en arrière. Cette allure à petits pas précipités serait différente de celle que l'on observe sur l'animal à l'état de veille. • — La créatine empêche les chauves-souris de s'engourdir, quand elles sont exposées au froid, ou bien cet engourdissement arrive beaucoup plus tard que normalement. L'extirpation partielle ou totale des hémisphères cérébraux n'empêche pas les chauves-souris de se réveiller et n'entraîne aucun trouble dans la marche et le vol de ces animaux (?). Il y aurait donc un rapprochement à faire entre la chauve-souris et les oiseaux, quant aux localisations cérébrales motrices. L'extirpation du cervelet ne modifie pas le réflexe de suspension chez la chauve- souris engourdie. Sur l'animal éveillé, les lésions du cervelet entraînent au contraire des troubles plus ou moins profonds dans le vol et la marche de l'animal, suivant le degré de ces lésions. Après l'extirpation du cervelet, l'excitation électrique de la moelle allongée produit des mouvements diffus des extrémités. Si l'on applique de la créatine sur cette région, on obtient au bout de peu de temps des accès tétaniformes analogues à ceux que produit la strychnine. 2) Le système nerveux subit aussi quelques changements morphologiques, pendant l'engourdissement hibernal. Dans les cellules ganglionnaires de Bufo viilgaris, Levi (18981 a vu que les corpuscules de Nissl diminuent beaucoup pendant l'hiver. D'acido- philes qu'ils sont en été, ces corpuscules deviennent basophiles. Une étude plus appro- fondie a prouvé à Legge (1899) que les cellules nerveuses de l'axe cérébro-spinal se modifient aussi chez les mammifères engourdis, ce que n'avait pu voir Levi. Dans les cellules de l'écorce cérébrale, les corpuscules de Nissl sont allongés, même fusiformes, et se trouvent déplacés vers la périphérie où ils forment une sorte d'enveloppe au cytoplasme. Des modifications ont été signalées aussi par Baroncini et Beretta (1900) dans les cellules de la moelle épinière du muscardin et de la chauve-souris. Ces élé- ments se colorent de façon diffuse parce que la substance chromatophile y est très réduite. Une pareille diffusibilité des matières colorantes a été constatée aussi pour les noyaux. Souvent le nucléole peut quitter le noyau, et même la cellule. Ces modifications seraient plus prononcées dans les cellules de l'écorce cérébrale. Sur le hérisson engourdi (temp. int. de 8° à 0°), Marinesco atrouvé aussi une diminu- tion de la substance chromatophile, surtout dans les cellules des cordons. Celle qui persiste est réduite à des granulations très fines, ou même peut être diffusée dans le cytoplasme. A la suite des travaux de Demoor (1896-1898) sur la plasticité des neurones, Querton (1898) a cherché par la méthode de Golgi (imprégnation au chromate d'argent) l'état des neurones cérébraux pendant l'hibernation. Cet auteur a trouvé que les prolonge- ments proloplasmiques de ces neurones se rétractent, prennent un aspect moniliforme, HIBERNATION. 60» semblable à celui qu'a observé Demoor dans l'empoisonnennent par la morphine ou dans le sommeil normal. Mais Baronci.ni et Beretta n'ont pas confirmé les faits annoncés par QUERTO.N. Les neurofibrilles subissent aussi des modifications. Ainsi Tello (1904) a vu .sur le . lézard en hibernation que ces éléments formaient un réticulum peu abondant et d'une épaisseur considérable dans les cellules nerveuses de la moelle épinière. Si l'on chauffe ces animaux à 2o° ou à 30°, on trouve ces neurolibrilles extrêmement abondantes et d'une grande finesse. L'épaississement des neurofibrilles serait donc dû au repos du fonctionnement du sys- tème nerveux occasionné par l'engourdissement hibernal. Ca.ial, au moyen d'un refroi- dissement artificiel, a pu provoquer sur le chien et le chat cet épaississement des neuro- fibrilles. Marln'esco (1906) a confirmé en partie les résultats de Cajal, mais il a vu de plus que chez les mammifères le maximum d'hypertrophie neurofibrillaire est produit par une température extérieure de 10°; les trop basses températures ne produisent pas ces modifications. Si l'on s'en tient à la relation établie par Cajal entre les diraensions des neurofibrilles et l'activité des cellules nerveuses, il s'ensuit que cette activité serait plus grande à 2° ou 3° qu'à 10°. C'est ce qui doit avoir lieu en effet, car nous savons que les autres fonctions s'accélèrent chez tout animal à température constante exposé au froid intense, contrairement à ce qui a lieu pour les animaux à température variable. De plus Marinesco a prouvé que cette dilFérence entre ces deux catégories d'animaux se maintient pendant l'hibernation, et que les neurofibrilles d'un mammifère engourdi se comportent autrement que celles des animaux à température variable. Ses expériences ont été faites sur un hérisson engourdi ayant une température interne de 8» à 9", et qui a été sacrifié pendant cet état. Dans les cellules radiculaires et dans celles des cordons, les neurofibrilles sont minces et constituent un réseau peu visible. On ne trouve nulle part des neurofibrilles hypertrophiées, ainsi que Tello et Cajal en ont vu chez le lézard en hibernation. Les recherches de Marinesco concourent, avec ce que nous avons dit plus haut, à prouver l'existence d'une activité du système nerveux chez les mammi- fères en hibernation. 9. Le réchauffement des mammifères en hibernation. — Les mammifères hibernants ne restent généralement pas dans un état d'engourdissement continu pendant tout l'hiver. Sous l'influence de différentes causes internes ou externes, ces animaux peuvent se réchauffer pendant un certain temps pour s'engourdir de nouveau, et cela peut se répéter plusieurs fois durant la période hivernale. Il est intéressant de suivre les changements qui se produisent dans les différentes fonctions pendant le réchauffement. Les données ainsi acquises sur le mécanisme de l'hibernalion nous éclairent également sur celui de la therraogénèse chez les animaux à température constante. De nombreuses recherches ont été faites sur la marmotte par R. Dubois (1896) en vue d'élucider cette question. Quelle que soit la cause qui provoque le réchaulTemenl de la marmotte engourdie la marche des fonctions qui concourent à élever la température est presque la même. La respiration et le cœur s'accélèrent, la pression artérielle monte, la consommation d'oxygène augmente, la température du corps s'élève progressivement, et un peu plus vite dans la moitié antérieure du corps. Avec quelques-unes des données fournies par R. Dubois, nous avons construit les courbes de la respiration, du cœur, de la consommation d'oxygène et de la tempé- rature du corps pendant toute une période de réchauffement qui a dure une heure et demie. Ces courbes sont indiquées dans la figure ci-dessous : L'examen de ces graphiques nous montre d'abord le parallélisme qui existe entre les quatre fonctions dont la marche nous est représentée dans ces courbes. a) L'augmentation de la fréquence respiratoire favorise le réchauffement, d'abord par l'admission d'une plus grande quantité d'oxygène dans l'organisme, et ensuite par. la chaleur qui résulte de l'activité des muscles thoraciques. 6) Le besoin d'oxygène dans le réchauffement se comprend naturellement. Voici à cet égard une observation très démonstrative de Regnault et Reiset : deux marmottes DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VIII. 39 610 HIBERNATION. engourdies étaient restées sous une même cloche pendant près de huit jours; le soir du huitième jour la pipette à oxygène contenait encore une quantité de ce gaz assez grande pour suffire à la consommation de ces marmottes pendant deux jours, si cette consommation avait gardé la même allure que les jours précédents. Mais pendant la nuit une de ces marmottes se réveilla; la respiration devint très active; l'oxygène qu'elle avait à sa disposition fut bientôt consommé, et lanimal mourut asphyxié; l'autre marmotte, qui était restée endormie, fut retirée 5 ou 6 heures après la mort de la première; étant chauffée, elle se réveilla. Pendant que se produit cet accroissement de consommation de l'oxygène, on constate une augmentation parallèle dans la production d'acide carbonique, tandis que le quotient respiratoire se rapproche de l'unité (0,94) suivant R. Dubois, Weinland et Riehl. T c. R 0? 1 • 3^. isè. «« ^75. 3G°. ISJ. ]»3. ut 1,6S. y V ---' — 3A'. i3S. «2 40 ^. - f\ Y .+W+-.*^-» 32°. m. 38 l,iS. i / ^ é 1 \ \^ «-v 28". u9. J71. 103, 36 3t 32 30 ;S5. 125. ti 26? 2*' ^2" 95. 1i. 28 26. 2t 22 20 ^'/r /?// i^ 1 ***f'88 20". S3. JS qas ;*/ f \ *"'*"-^ ; IB". 55. le. jft. (}75 'K J ***"""— ♦—.,.J\iT/o *7. 12. •f^J. ^ le". 33. 10. qes. ■7^^ y li' 33. 8 0,S5 #" r 12" 10°. 23. 13. 10. G. *. 2 0. qis. q3S. fi^ i s/'jElSo »s 60^ ^o k5 6oj^5.3o »5 60 ^sso is 6o ^iS3o t5 eoJelendOhttàt ^■^■* T tempér-aMxre-. ^ic^^^Ç, cceur. R TespifcubùoTu. <> o O' oaygène- consomme'.. FiG. 99. — Variations des échanges avec la température pendant le réchauffement. Les matières hydro-carbonées sont donc le combustible principal pendant le réchauffement des mammifères hibernants. c). La chaleur qui résulte des combustions effectuées par cet oxygène, soit dans les muscles (Cii. Richet), soit dans le foie (Dubois), doit se répandre dans le corps entier, et râccélération cardiaque est justement en rapport avec cette distribution de calorique. Nous voyons encore que ces trois fonctions, qui vont en s'accélérant pendant le réchauffement, dépassent les limites naturelles de l'état de veille, et par conséquent les limites normales de leur pleine activité. Elles présentent en effet un maximum d'énergie quand la température du corps est comprise entre 18° et 30°, c'est-à-dire vers le milieu de la période de réchauffement. ^ton aus Fischsperma (Z. p. C, 1901, xxxii, 550-354). — Lawrow. Uber die Spaltungsproduckte des Histon von Lcucocytcn \lbid., 1899, xxviii, 388-398). — Novy. The immiinlzing power of fiucleohiston and of histon {Journ. of. e.rp. med., 1896, i, 693-716).— Thompson. Die physiol. Wirk. der Protamine und ihrer Spaltungsprodukte (Z. p. C, xxix, 1-18). — Kolische et Burian. His- ton in eineniFall von Leukdmie {Zeit. f. klin. Med., xix, 374). — Jolles. Ueber das Auftre- tcn und den Nachweis von Nucleohiston bei einem Faite von Pseudoleukàmie [ibid., xxxiv, fasc. 1 et 2). — Jolles. Ueber das Auftreten und den Nachweis von Histonen im Marne (Z. p. C, 1898, XXV, 236-241). — Krehl et Matthes (D. Arch. f. klin. Med., liv, 501). — Stexdel. 7Air Kenntniss der Thymus Nucleinsàuren (Z. p. 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Woch., xxv, 1888, 35). — Ueber spinale Dystrophien {Ibid., xxvi, 1889, 28). — Hughlings Jackson and the cortical motor centres in the light of physlolog. research {Brain, xxni, 1900, :i45-581). — Rapport Uber die Pro- jectionscentren und die Assoziationscentren des menschlichen Gehirns, Leipzig, 1900. — Ueber das kortikale Sehen des Hundes {Arch. f. Psych., xxxiii, 1900, 707-720). — Alte und neue Unters. ûber das Gehirn {Arch. fur Psych., 1902, xxxv, 275-372 ; 585-611 ; xxxvi, 1-113 ; xxxviii, 1903, 299-467; 849-1013). — Ueber die Function der motorischen Région des Hundehirns und ûber die Polemik des Herrn H. Munk {ibid., xxxvi, 605-629). — Einige Bemerk. zu der Arbeit C. V. Monakow's ûber den gegemvârtigen Stand der Frage nach der Localisation im Grosshirn {ibid., 907-913). — Démonstration zur Physiologie des kortikalen Sehens {Neurol. Centr., 1902, 422-423; 434-435). — Welfall und Gehirn (Berlin, Hirschwald, 1905). — Physiolog. und klin. Abhandlungen ûber das Gehirn Berlin, Hirschwald, 1904, 445 et 618 p. — The world and the brain {Intern. Quaterl., 1904, x, 165-180). 63(i HOLMCREN (Prithiof). HOFMEISTER (Fr.), professeur de physiologie à Strasbourg. Untersuchungen ùber die Zivischensubstanz im Hoden dcr Sciugetiere (1872, Ak. W., (3), Lxv, 23 pp.)- ~~ Ueber den Nachweis der Carbaminsàure in tierischen Fiilssigkeiten (1876, Jourh. f. med. Chemie, [2], xiv, 175- I8y. — Beitruge zur Kcnntnis dcr Amidosâurcn (1877, Ana.der Chemie, clxxxix, 6-43). — Ueber Lactoswie (1877, Z. p. C, i, 101-110). — Ueber die Rûckblldung von Eiweiss ans Pepton (1878, Prep. medicin. Wochenachrift). — Ueber ein Vcrfahrcn zur vôlligen Abscheidung des Eiweisses ans tierischen Fliissigkeiten (1878, Z. p. C, II, 288-295). — Ueber die chemischc Stnictur des Collagens (1878, Z. p. C, ii, 299- 323). — Ueber den Nachiveis von Pepton im Harn (1880, Ibid., iv, 253-267). — Ueber dus Pepton des Eiters (1880, Ibid., iv, 268-281). — Ueber die diirch Phosphorwoiframsdure fàllbaren Substanzeîi des Harns (1880, i6ttZ., 67-74). — Ueber der Vorkommen von Pepton im Ilarn (1880, Prag. med. Woch., N° 25). — Ueber des Schicksal des Pépions im Blute (188\ Z. p. C, V, 127-151). — Ueber die Verbreitung des Peptons im Tierkôrper (1881, Ibid., vi, 51-08). — Dus Verhalten des Peptons in der Magenschleimhaut (1881, Ibid.. vi, 69-73). — Ueber die physiologische Wirkiing des Platinbasen (1883, A. P. P., xvi, 393-'i39). — Unter- suchungen ùber Résorption und Assimilation der Nàhrstoffe (1885, A. P. P., xix, 1-33). — Ueber die automatischen Bewegiingen des Magens {mit Sch€tz, 1885, A. P. P., xx, 1-33). — Ueber die Verbreitung und Bedeutung des Lymphgewebes im Darm (1885, A. P. P., xx, 291- 305). — Die Vermehrung der Lymphzellen als Function der Ernàhrung (1887, A. P. P., xxii, 306-324). — Ueber Regelmâsssigkeiten in der eixveissfallender Wirkung der Salze und ihre Beziehung zum physiotogischen Verhalten desselben (1888, A. P. P., xxiv, 247-260). — Ueber die ivasserentziehende Wirkung dcr Salze (1888, A. P. P., xxv, 1-30). — Ueber den schweissmindernden Bestandtheil des Lârchenschwammes (1889, A. P. P., xxv, 189-202). — Ueber die Assimilationsgrenze der Zuckcrarten (1889, A. P. P., xxv, 240-256). — Ueber die Dai'stellung von kystallisiertern Tieralbumin und die Krystallisicrbarkeit coUoider Stoffe (1895, Z. P. C, XIV, 1&-6-112). — Ueber den Hungerdiabetes{i890, A. P. P., xxvi, 255-370). — UntersucJamgen iiber den Guellungsvorgang (1890, A. P. P., xxvii, 395-413). — Die Bei- teiligung gelOster Stoffe an Quclhmgsvorgàngen (1890, A. P. P., xxviii, 210-238), — Ueber die Zusammensetzung des krystallisirten Tieralbumines (1891, Z. p. C, xvi, 187-191). -— Die wirhsamen Bestandtheile des Taumellochs (1892, A. P. P., xxx, 202-203). — Ueber Methylierung im Tierlôrper (1894, A. P. P., xxxiii, 198-215). — Ueber Bildung von Harn- stoff durch Oxydation. (1896, A. P. P., xxxvii, 426-444). — Ueber jodiertes Eieralbumin (1897, Z. p. C, XXIV, 159-172). — Ueber Ban und Gruppierung dcr Eiioeisskôrper (1902, Ergebnisse der Physiol. Biochemie, i, 759-862). — Leitfaden fïir denpraktisch chemischen Unterricht der Mediziner. ii Aufl., 1906, m Aufl., 1908, 136 pp. HOLMGREN (Prithiof) professeur de physiologie à Upsala (1830-1905). 1851. — Ombergs fanerogamer och ormbunkar {Liste des plianérogames et fougéresà Om- berg). Botaniska Notiser, 186-7, 193-211, 225-250. 1861. — Om den hoida blodcellen {Les leucocytes). Upsala Universitets Arsshrift, 1-122. 1863. — Ueber den Mechanismiis des Gasaustausches bei der Respiration. {W. S., xlviii, 614-648). 1864. — Ueber die négative Schivankung des Muskelstroms im nerrenfreien Muskelgewebe Vorl. Mitth. (C. W., ii, 180). — Ueber die elektrische Stromschwankung am thdtigen Mus- kel {Ib., 291-293). 1865. — Centrijaciat ledning of nervretning i motoriska nerver {Irritation centripetale dans les nerfs moteurs). U. L. F'., i, 80-84. — Undersôkningarrôvandeiris'rovelsemekkani- sen med linhjdlp af Kalahar och atropin {Recherches du mécanisme moteur de l'iris avec la fève de Calabar et Vatropine). U. L. F., i, 68-80, 166-184, ii, 148-160. 1866. — Method abt. objektivera offektcn af Giisinbryck pà retina {La fluctuation du courant rétinien). U. L. F., i. 184-190. — Spobtkôrblarna och deras afsôndring (La sécré- tion des glandes salivaires). U. L. F., 3i9-326. -^ Undersokningar ôfver verkan of kloro- form pd kaniner (L'eff^tt du chloroforme sur les lapins). U. L. F., ii, 137-147). — Otn den verkliga naturen of den positiva strômfluktuationen vid en enkel muskel-ryckning {La fluc- 1. U. L. F. Upsala Lùkorefôrenings Fôrhandlingar. HOLMGREN (Prithiof). 637 tuation positive à la contraction musculaire simple). U. L. F., ii, 160-173. A. P., 1871, 237-251. iSQI. — Physiologiskaundersôkningar ôfver dufnans magar {lieclierches sur les estomacs du pigeon). U. l. F., n, 631-680, m, 118-135 . — Om fysiologien, de fijsiologiska institu- tisnerna och fysiologerna i uara dagar {La physiologie, les institutions physiologiques et les physiologistes de nos jours). U. L. F., m, 8-2:;. — Om der fysiologiska studiet [De l'étude de la physiologie). U. L. F., m. 26-42. iS&g. — Om kobhdtande dufvor {Despigeons carnivores). U. L. F., 1869, iv, 691-693; vi, (1871), 413-419; VII, 1872, 603-614). 1871. _0m retinastrômmen {Le courant rétinien). U. L. F.,\\, 4l9-455(Voir 1880). — Om fôriihlindhet och den Young-Hclmholtzcha fdrgleocien {La cécité des couleurs et la théorie de Young-Uelmholtz). U. L. F., vi, 634-687. — OmFôrsters perimeter och fârgsinnets topo- grafi {Le périmètre de Fôrster et la topographie du sens des couleur). U. L. F., vu, 87-122. 1873. — Om ôfnerlefuande organ i allmânhet och Coat's preparad i synnerhet {Des organes surrivants, spécialement la préparation de Coat). U. L. F., vu, 675-708. 1873. — Om enspirograf {Un spirographe double). U. L. F., iv, 465-473. — Nâgra ord om betydelsen af kroppsôfningar {Des exercices du corps). U. L. F., ix, 1-32. — Om fdrg- blindhetens teori {La théorie de la cécité des couleurs). U. L. F., 119-163, 187-202. 1874. — Metod att hasligt diagnosticera de olika arterna of fârgblindhel {Méthode pour diagnostiquer rapidement les espèces différentes de la cécité des couleurs). 11. L. F., ix, 577- 578. 1874. — Sdht att demomteradet lefrande hjârbathos kaniner {Méthode pour démontrer le CTur vivant du lapin). U. L. F., ix, 578-579. — Om cirkulationen i grodlungan {Méthode pour démontrer la circulation capillaire dans le poumon de la grenouille). U. L. F., 201- 418; Ludxvigs Festgabe, 1874, xxxiii-l. — Ett fall of fàrgblindhet {Un cas de cécité pour le violet). U. L. F., X, 541-545. — Om den mcdfôdda fàrgblindhetens diagnostik och teori {De la cécité congénitale des coideurs). N. M. A., vi, n. 24, 1-21 ; n. 28, 1-35. 1875. — Genomskârning of synnerven hos kaniner {Section du nerf optique du lapin). U. L. F., XI, 231-243. — Undersôkning of iris rovelser {Les mouvements de l'iris). U. L. F., xi, 476-480). 1876. — Om lialshuggning, belraktud frdn fysiologisk synpunkt {Sur la décapitation). U. L. F., XI, 588-648. — Om fdrgblindheten i dess fôrhâllaudc till jârnvâgstrafiken och sjôvà- sendet. U. L. F., xii, i71-25J, 267-358. Publié séparément en français: De la cécité des couleurs dans ses rapports avec les chemins de fer et la marine. Stockholm, 1877, 1-144 (Tra- duit en allemand, anglais, russe et italien). 1877. — Om fârgade skuggors anvândning sill apptâckande of fàrgblindhet {Sur l'emploi des ombres colorées pour découvrir la cécité des couleurs). Communication préliminaire. — Om mûgra praktiska metoder att upptâcka fàrgblindhet {Nouvelles méthodes pratiques pour découvrir la cécité des couleurs). U. L. F., xiii,, 193-226. 1878. — Om de fârgade skuggorna och fdrgblindheten {Les ombres colorées et la cécité des couleurs). U. L. F. xiii, 456-565 (Compte rendu en français, ibid., xiv, i). 1878. Zur Entdeckung der Farbenblindheit bel Massenuntersuchungen. Centrabl. f.prakt. Augenheilk. Leipzig, ii. 201-209. — Om fdrgblindheten i Sverige {La cécité des coideurs en Suède). U. L. F. xiii, 641-648. Trad. française, ibid., xiv (viii-xv). — Om pupillafztdndet hos furgblinda {Sur la distance des yeux chez les aveugles pour les couleurs). U. L. F. xiv, 71-91 {Compte rendu en français, ibid., îb. xxi-xxiii). — Ueber den Angevandbstand der Farhuchsinden. Grdfes Archiv, 25, i (1879), 135-160. 1879. — Bidrag sin fdrgbtindhetins statistik {Statistique de la cécité des couleurs). U. L. F., xiv, 204-258, 411-500. — Erlauternde Bemerkungen in der Cohnschen Sache. U. L. F. XIV, 538-598. — .Takattgelaer nid en halshuggning {Observations à une décapitation). U. L. F., XIV, 295-307. — Bidrag sin belysning of fnigan am fdrgsinnets historiska utveckling {L'évolution historique du sens des couleurs). U. L. F. xv, 222-259. 1880. — Ueber Sehpurpur und Retinastràme. Untersuch. aus dem physiol. Instit. Hei- delb. Il, 81-88. — Ueber die Retinastrâme (voir 1871). Ibid. irr, 278-326. — Hum de fârg- bliiida se fdrgerna [Comment les aveugles pour les couleurs voient les coideurs. Note préli- minaire). U . L. F. XVI, 69-75. En français. Ibid., i-viii. C. M. W. xviii, 898-900, 913-916, Proc. Roy. Soc. 31. — Ensidig fàrg Rlindhet {Cécité des couleurs unilatérale). U. L. F. xvi. o38 HOMATROPINE. 145, 222-224, 308-563. Om clolettblindhctcn och hiirn de fàrgblinda se fânjerna [De la cécité pour le violet et comment les aveugles pour les couleurs voient les couleurs). Fôrh. v. Skand. Naturf. 12 môhe i Stockh. 1880, 548. 1881. — Tankar om kroppsôfningar sdsom att ofvdrt folhs angelàgnasle behof {De Vim- portance des exercices du corps). Stockh. 1882. — Bidrag sin frdgan om ârfblighelen (De l'hérédité. Tableau généalogique de treize personnes avec syndacty lie). U. L. F. xvii, 313-517. — Nya inkttagelservid halshugg- ning {Nouvelles observations sur une décapitation). U. L. F. xviii, 68-79. — Om Rosrnthal- Falks fôrsôk och dess sydning {De l'expérience de Rosenthal-Falk). U. L. F. xviii, 203-212. 1883. — Om sâttet att upptdcka ensidig fàrgblindhet {Méthode pour découvrir la cécité unilatérale des coideurs). U. L. F. xviii, 533-539. — Undersôkningar tin fôrklaring of hud- fàrgens anmàrkta forûndring i polartrakterna {Le changement de la couleur de la peau dans les régions polaires). U. L. F. xix, 190-230. 1884. — Ueber den Farbensinn {Compte rendu, vin» Congr. intern. d. se. mcdic. à Copenh. T., 1-5. Verh. d. Physiol. Ges., Berlin (1886). Ann. d'ocul. T. 92, 132-136. 1885. — Om farggsinnet hos frdmmande folk. Redogôrelse for dr Karl Riulbergs under- sôkningar under fregatten « Vanadis <> verldsomsegling {La cécité des couleurs chez les nations étrangères. Recherches du docteur K. Rudberg pendant la circumnavigation de la frégate « Vanadis »). U. L. F. xsii, 83-96. 1887. — Nyn underssôkningar vid en halshuggning {Nouvelles observations relatives à une décapitation). U. L. F. xxiii, 133-140. 1888. — Om drftligheten. Hùgtidsfôredragi Upsala Ldkarfôrening {Sur l'hérédité). U. L. F. XXIV, 1-38. 1889. — Stud'ien liber die elementaren Farbenempftndungen, I. Skand. Arch. f. Physiol., I, 132-183. 1891. — Hermann von Helmholtz, hans lif och betydelse {Biographie). U. L. F. xxvii, 161-195. 1892. — Stiulien dbcr die elementaren Farbenempfindungen. ii. Skand. Arch. f. Phy- siol. III, 283-294. — Ernst von Biiicke, hans lif och betydelse {Biographie). U. L. F. xvin, 193-214. 1895. — Cari Ludwig, hans lif och betgdelse {Biographie). U. L. F. i, 133-180. — Om fdrgsinnet i vissa delar of synfàltet {Le sens des couleurs dans différentes parties du champ visuel). Ib., 480-488. 1897. — Undersùkning of fôrstovingen i ett fall of partien makropsie {Recherches sur le grossissement dans un cas de macropsie partielle d'un scotome) JV. M. A. xxx. N. 7, 1-14. — Fysiologiska Insfitutionen {L'institution de physiologie de l'Université). Upsala Uni- versitets Festskrift, 123-129. HOLOCAÏNE (ou diéthoxyéthylène diphéaylamide). — (C'^H^-^Az^O"^). Talber a obtenu celte base en combinant la phénacétine et la phénétidine. Elle donne des sels cristallisables et solubles. Son principal effet est d'agir comme anesthésique local, à la manière de la cocaïne. Aussi l'a-t-on employée dans la chirurgie dentaire (en in- jection sous-dermiquej, et dans la chirurgie oculaire (en instillations cornéennes). Elle paraît être, d'après Heinz et Sghlosser {Journ. Opht. Otol. and Lar. of Neiv-York, xiii, 412-419) cinq fois plus toxique (chez lapins et cobayes) que la cocaïne, et un peu moins toxique que l'eucaïne. — A. Gires {Th. de Paris, 1897) trouve cependant à l'holocaïne un pouvoir toxique un peu moindre. Injectée à des lapins à des doses moindres que 0,05 par kil., elle ne produit que de la surexcitation générale, comme la cocaïne ; la mort survient dans des convulsions, quand la dose atteint ou dépasse 0,07 par kil. D'une manière générale, elle agit comme la cocaïne, mais est notablement plus dangereuse à manier. On lui a attribué aussi quelques propriétés antiseptiques (Ran- DOLPH. John's Uopk. Hosp. Bull., 1898, ix, 134). (Pour la bibliographie de sou rôle comme anesthésique local, voir art. Holocain inlndex Catal., (2), 1905, vu, 225.) HOM ATROPINE (ou Oxytoluyltropéine) (C'eR^iAzO^'). — Cette base diffère de l'atropine par — CH- : Elle garde cependant la propriété physiologique caractéris- HOPPE-SEYLER (F.). 639 tique de l'atropine, et dilate la pupille. On n'a guère éludié ses autres eflels. Des cas d'intoxication à la suite de l'instillation oculaire ont été signalés (Edsell. Pitisb. med. Rev., 1896, x, 3S5). — Could {Med. News, 1893, lxii, 78). — Hehui {Ind. incd. lier. 1894, vu, 42). — Me Conachie {PliU. med. Journ., 1899, m, 088). — Morto.x {Ann. oplith. and otol., 1894, ni, 297). — Ziem {Centr. f. piact. Aug., 1887, xi, 236). HOMOGENTISI NIQUE (Acide) ou acide dioxyphénylacétique. — (C^H^Û^). Ce coi'psa été découvert, dans l'urine des individus ayant de l'alcaptonurie, par WoLKOFF etBAUMANN. Aussi convient-il d'appeler l'alcaptone acide honiogentisinique. Cet acide semble dériver d'une oxydation de la tyrosiiie par la tyrosinase, qui a la pro- priété de rendre foncées les solutions oîi il y a de la tyrosine, en produisant de l'acide homogentisinique (Voy. Tyrosine). L'acide glycosurique de Marshall, trouvé dans l'urine des alcaptonuriquespar Gevgeu, paraît être surtout de l'acide homogentisinique. L'ingestion de tyrosine augmente, au moins chez les individus atteints d'alcaptonurie, la quantité d'acide honiogentisinique qui existe dans l'urine. De même l'ingestion de phénylalanine. Le mécanisme chimique grâce auquel, dans l'urine de certains individus (dits alcaptonuriques), apparaît de l'acide homogentisinique n'est pas expliqué encore. On ne saurait dire s'il s'agit de procédés anormaux de fermentation dans l'intestin, ou d'un métabolisme dilTérent du métabolisme normal. Pour extraire ce corps de l'urine, on traite l'urine concentrée par un excès d'acétate de plomb (o gr. pour 100 gr. d'urine environ) à chaud, et on filtre. Le filtrat cristal- lise ; les cristaux sont broyés en présence d'éther ; après précipitation du plomb par H^S, on reprend l'éther, et celui-ci, en s'évaporant, donne des cristaux. Comme réaction générale de ce corps, les caractères suivants sont à retenir. Réduction de la liqueur cupro-potassique et d'une liqueur argeniique ammoniacale. En solution alcaline, brunissement au contact de l'air. Non réduction du nitrate de bismuth potas- sique ; coloration bleue, passagère avec le perchlorure de fer; précipité jaune avec le réactif de Millon, qui devient rouge quand on chauffe. GoNNERMANN a trouvé cc corps dans les champignons, les betteraves, et beaucoup de végétaux, ce qui s'explique, puisqu'il y a aussi bien de la tyrosine que de la tyrosinase {Homogent isinsdurc , die farbcbe.llngni'lc Substanz dunkler hùbenmf'te [A. g. P., lxxxii, 289-302). Bibliographie — Wolkoff et Baumann. Ueber das Wesen der Alkaptonurie (Z. p. C, XV, 228-282). — • Ueber die B^stimtnung der Homogentisins iin Alkapfonharn [ibid., xvi, 268). Baumann et Frenkel. Ueber die Synthèse der Hoinogentisinsdure {ibid, xx, 219). — Falta et Langstein. Die Entstehung von H. aus Phenylalanin {ibid., xxxvii, bl3). — Orton et Garrod, The benzoylation of Alkapton urine {J. P., xxvn, 89-94). — Huppert, Uher die Homogentisinsâure {D. Arch. f. klin. Med., 1900, lxiv, 129-139). HOPEI NE. — L'hopéine, soi-disant alcaloïde extrait du houblon, nest en réa- lité que de la morphine très légèrement adultérée. (A. PETrr. Hopcinc et Morphine. Journ. de pharm. et de chimie, 1886, xin, 317-319. — Note sur une substance vendue sous le nom d'hopéine cristallisée. Ibid., 177-178. — II. Paul, Pharmaceutical Journal, 18 mars et 17 avril 1886.) HOPPE-SEYLER (Félix) ^1823-1895). —Professeur de chmiie physio- logique à l'Université de Strasbourg. Bibliographie. — 1. De cartilnginani structura et chondrino noiinulla. Inaugural-Dis- sertation, Berlin, 1850. — 2. Analysen von Peritonealtranssudaten granulirler Leber. {Deutsche Klinik, 18b3). — 3. Ueber die Gcwebselcmcnte der Knorpel, Knochen und Zàhne {A. A. P., V, 170-189). — 4, Ueber cincn Fall von Aussetzen des Radialpulses wàhrend der Inspiration und die Ursachen dièses Phânomens {Deutsche Klinik 1854, Nr. 3). — 5. Zur Théorie der Percussion [A. A. P., vi, 143-174). —6. Theor. Betr. ûber die sog. cons. auscult. Erscheinungen, insbes. der Bronchophonie {Ibid., 1854, 331-350). — 7. Drittcr ârztlichcr Bericht iibcr das Arbeitshaus im Jahre 18o3 {Deutsche Klinik, 1854, Nr. 13^. — 8. Chem, 640 HOPPE-SEYLER (F.). Untcrs. eines nach aufgehobener Functlon atrophirten Seh-Nervcn [A. A. P., viii, 127-129). — 9. Ueber die Stimmvibrationen des Thorax bci Pneumonie [Ibid., 250-260). — 10. Veber serôse Transsiidate {A. A. P., ix, 245-265). — 11. Ueber den Einfliiss des Rohrziickers auf die Verdauung und Ernalirung {A. A. P., x, 144-170). —12. Ueber einen abnormen, Harns- toff enthaltenden, pancreatischen Saft vom Menschen [A. A. P.,xi, 96-98). — 13. Ueber die Einivirkung des Kohlenoxydgases auf das Humaloglobulin {A. A. P., xi, 288-290). — 14. Ueber den Einfluss des Warmeverlustes auf die Eigentempcratur icarmbUitiger Thiere [A. A. P., XI, 453-465). — 15. Ueber die Best immung des Eiweissgehaltes im Urin, Blutserum, Transsudaten mittels des Ventzke-SoleirschenPolarisalionsapparates {Ibid., 547-561). — 16. Ueber die Circumpolarisations-Vcrhultnisse der Leim- und Gallensubstanzen [A. A. P., xii, 480-481). Zur Blutanalyse. Ibid., 483-486. — 17. Ueber den Finfaiss, loelchen der Wechscl des Luftdrucks auf das Blut ausiibt (Arch. fur Anatomie, Physiologie und wissetischaftliche Medicin, 1857, 03). — 18. Nachwcis der Gallensàure bei Ictcrm [A. A. P., xiii, 101-102).— 19. Ueber dasVerhaltendcr Substanzen des Auges polarisirtcn Licht [Ibid., 102-104). — 20. Ueber die Einivirkung des Kohlenoxydgases auf das Blut [Ibid., 104-105). — 21. Bestim- mung des Milchzuckergehaltes der Milch mitteUt des Soleil-Ventzke'schen Polar isations- apparatcs {A. A. P., xiii, 276-277). — 22. Ueber die circumpolarisi rende Eigcnschaft der Gallensubstanzen und ihre Zerselzungsproducte {A. A. P., xv, 126-141). — 23. Ueber die chemische Zusammensetzung der Cerebrospinalflïissigkeit [A. A. P., xvi, 391-400). — 24. Ueber die Bildung des Harns {A. A. P., xvi, 412-414). — 25. Untersuchungen ilber die Bestandtheilc der Milch und ihre mtchstcn Zersetzungen {A. A. P., xvii, 417-451). — 26. Ueber Hdmatokrystallin und Krystallin {Ibid., 488-492). — 27. Ueber das Age oder Axin. (J. pr. Ch., cxxx, 102). — . 28. Ueber das Verhalten des Blulfarbstoffs im Spectrum des Sonnenlichts {A. A. P., xxiii, 446-449). — 29. Ueber die Anwesenheit von Gallensâuren im icterischen Harn und die Bildung des Gallenfarbstoffes {A. A. P., xxiv, 2-13). — 30. Unter- suchungen ûber die Constitution des Zahnschmelzes (A. A. P., xxiv, 13-33). — 31. Freie Cholalsàure in den E-xcrementen von Hunden, Einum^kung der Cholalsdurc auf die Btutzcllen im lebenden Organismus {A. A. P., xxv, 181-183). — 32. Ueber die Extravasate in Kropf- cysten {Ibid., 392-394). — 33. Ueber die Donné-VogeVchc Milchprobe {Ibid., 394-396). — 34. Ueber die Schicksale der Galle im Darmkanal {A. A. P., xxvi, 519-538). — 35. Ueber Indican als constanten Harnbestandlheil [A. A. P., xxvii, 388-392). — 36. Die Gallen- sâuren im icterischen Harn {C. W., 1863, 337). — 37. Einicirkung des Schwefelwasserstoff- gases auf das Blut {Ibid., 1863, 433). — 38. Optische Eigcnschaften des Manganoxyds und der Uebermangansûure {J. pr. Ch., xc, 303). — 39. Optisches Verhalten der Gallenbes- tandtheil (J. pr. Ch., xic, 257). — 40. Zerlegung der sogenannten Choloidinsâure in Cholal- sàure, Dyslysin, Cholonsdure (J. pr. Ch., lxxxix, 83). — 41. Ueber eine Verbindiing des Cholesterins mit Essiysâure [J. pr. Ch., xc, 31). — 42. Ueber die chemischen und optischen Eigenschaflen des Blulfarbstoffs {A. A. P., xxix, 233-236). — 43. {Ibid., 597-600). — 44. Ueber die optischen und chemischen Eigenschaften des Blulfarbstoffs {C. W., 1864, 817-834). — 45. Beitruge zur Kemitiiiss der Albuminstoffe (Z. Ch., 1864, 737). — 46. Ueber das Ver- halten des Gypses in Wasser bei hôheren Temperaturen und die Darstellung von Anhydrit auf nassem Wege {Pogg. Annal., cxxvii, 1865). — 47. Erkcnnung der Vergiftung mit Kohlenoxyd {C. W ., 1865, 52). — 48. Ueber die Zerselzungsproducte des Ilumoglobin {C. W., 1865, 65). — 49. Ueber das Verhalten des Bluts gegen Schwefelivasserstoff {Zeitschr. Chem., 1865, 514). — 50. Bcitrcige zur Kenntniss der Diffusionserscheinungen {Med. Chem. Unters., 1-18). — 51. Beitrâge zur Kenntniss der Constitution des Blutes {Ibid., 133). — 52. Ueber die Einwirkung des Schwefelivasserstoffs auf den Blut farbstoff {Ibid., 151). — 53. Ueber einige Bestandtheile der Maiskôrner {Ibid., 162). — 54. Ueber die spec. Drchung des reinen Traubenzuckers {Ibid., 163). — 55. Ueber das Vorkommen von Indium im Wolfram {Lieb. Ann., cxl, 247). — 56. Ueber die Ur sache der Giftigkeit der Blausàurc {A. A. P., xxxviii, 435). — 57. Beitrâge zitr Kennlnis des Blutes des Menschen und der Wirbelfhierc {Med. Ch. Unter., 169). — 58. Ueber das Vitellin, Ichlhin und ihre Beziehung zu den Eiweisstoffen {Ibid., 215). — 59. Ueber die Blausàure als anliphlogislisches Mittel. {Ibid., 258). — 60. Zur Chemie des Blutes und seiner Bestandtheile {Ibid., 293). — 61. Beitrâge zur Kenntniss des Blutes des Menschen und der Wirbelthiere (Ibid., Forts, 366). — 62. Ueber die Zusammensetzung der Blutkôrpcrchen des Jgel und der Coluber natrix {Ibid., 391). — 63. Analyse des Blutes von Coluber natrix {Ibid., 394). — 64. Ueber die Zersetzungspro- HOPPE-SEYLER (F.). 641 ducte des Hamoglohin (D. chem. Ges., m, 8-229). — 65. Uebcr Zersetzungsproducte des Blutfarbstoffs {€. W., 1870, 244). —66. Ueber die Quellen dcr Lehemkriiftc [Berlin, 1871). — 67. Ueber die Bilduiuf von Brenzcalechin ans Kohlchydraten, besonders Cellulose {D. chem. Ges., iv, Uj). — 68. Ueber die Bildiinf/ von Milchsàure aus VAicker, ohne Gdhrung [Ibid., IV, 346). — 69. Ueber die chemiselie ZusammeJisetzung des Eiters {Med. Chem. Unters., 486). — 70. BeitràQe ztir Kenntniss des Blutes des Menschen und der Wirbetthiere {Schluss), Ibid., 523). — 71. Ueber die Zusammensetzung des Blutes bel Chylurie [Ibid., 551). — 72. Ueber Fdulnissprocèsse und Desinfection [Ibid., 561). — Ueber Harnconcre- mente [Ibid., 582). — 73. Ueber Guanin im Harn vom Fischreiher [Ibid., 384). Ueber den Uarn von Pseudopus {Ibid., 584). — 74. Ueber das Vorkommen von leimgebendem Gcwebe bei Avertcbraten (Ibid., 586). — 75. Ueber die Entstehung von Brenzcatechin aus Kohlehy- draten {Ibid., 586). — 76. Ueber das Invertin {D. chem. Ges., 1871, 810). — 77. Ueber das Vorkommen von Phenot im thierischen Kôrper und seine Einicirkung auf Blut und Nerven {A. g. P., V, 470). — 78. Spectral Analysis {Quarterly german Magazine, Berli)i, 35). — 79. Ueber die Lichterzeugung durch Beivegung der Atome {Poggendorff's Ann., gxlvii, 101). — 80. Ueber den Ort der Zersetzimg von Ein-eiss und anderen Nâhrstoffen im thierischen Organismus [A. g. P., vu, 399). — 81. Mit E. Bauua.xn. Ueber Methylhydanto'insàure, Ibid., VII, 34). — 82. Einfache Darstellung von Harnfarbstoff {Ibid., vu, 1,005. — 83. Uebcr das Auftreten von Gallenfarbstoff im Harn {A. g. P., x, 208). — 84. Ueber die obère Tein- peraturgrenze des Lebens {Ibid., xi, 113). — 85. Ueber die Bildung von Dolomit. {Zeitschr. d. Deutschen geologischen Gesellschaft, 1875). — 86. Ueber die Rotationsconstante des Traubenzuckers (Zeitschr. f. analyt. Chemie, siv, n°^ 3 et 4). —87. Ueber die Processe der Gâhrungen und ihre Beziehung zum Leben der Organismen {A. g. P., xii, 1). — 88. Ueber Unterschiede im chemischen Eau und der Verdauung hôherer und niederer Thiere {Ibid., 395). — 89. Ueber Gâhrungen. Antwort auf einen Angriff des Ilerrn Moritz Traiibe {B. d. chem. Ges., x,694). — 90. Vonvort zur Zeitschr. f. physiol. Chemie (Z. p. C, 1-3). — 91. Weitere Mittheilungen uber die Eigenschaften des Blutfarbstoffs (Z. p. C, i, 1877, 121). — 92. Ueber die Stellung der physiologischen Chemie zur Physiologie im Allgemeinen (Z. p. C, I, 270). — 93. Bcstimmung der Albuminstoffc in der Kuhmilch {Ibid., 347). — 94. Vorldufige Mittheilungen (Z. p. C ., i, 396). — 95. Antwort auf émeute Angriffe des Herrn Moritz Traube {D. chem. Ges., x, 62). — 96, Ueber Guhrungsprocesse {Z. p. C, i, 1). — 97. Weitere Mittheilungen ûber die Eigenschaften des Blutfarbstoffs (Z. p. C, ii, 149). — 98. Ein fâcher Versuch zur Démonstration der Saucrstoffausscheidung durch Pflanzen im Sonneit- licht (Z. p. C, II, 425). — 99. Ueber Lecithin und Nucleïn in der Bierhefe (Z. p. C, ii, 427). — 100. Ueber die Ursache der Athembeuegungen (Z.p. C, m, 105). — 101. Ueber das Chlo- rophyll der Pflanzen (Z. p. C. m, 339). — 102. Uebcr Gàhrungsprocesse. Synthèse bei Gâhrungen (Z. p. C. m, 351). — 103. Ueber Lecithin in der Hefe (Z. p. C, m, 374). — 104. Errcgung des Saucrstoffes durch nascirenden Wasserstoff {D. chem. Ges., xii, 1551). — 105. Ueber das Chlorophyll (D. chem. Ges., xii, 1555). — 106. Ueber das Chlorophyll der Pflanzen (Z. p. C, IV, 193). — 107. Ueber die \Verânderungen des Blutes bei Verbrennungen der Haut (Z. p. C, V, 1). — 108. Ueber das Chlorophyll der Pflanzen. Drilte Mittheilung {Z.p. C, V, 75). — 109. Nachtrâgliche Bemerkungen iiber die Verânderungen des Blides bei Verbren- nungen der Haut (Z. p. C, 344). — 110. Ueber den Harnstoff in der Leber (Z. p. C, v, 349). — 111. Ueber die Einwirkung des Sauerstoffs auf Gâhrungen. Festschrift zur Feier des fiin- fundzwanzigjâhrigen Bestchens des Pathologischen Intituts zu Berlin {Strassburg , Trilbner, 1881, 80, 32). — 112. Ueber das Methâmoglobin (Z. p. C, vi, 166). — 113. Uebcr Erregung des Sauerstoffs durch nascirenden Wasserstoff {D. chem. Ges., XVI, 117). — 114. Gâhrung der Cellulose {Ibid., xvi, 122). — 115. Ueber die Activirung des Sauerstoffs durch freiiver- denden Wasserstoff wid die Bildung von Wasserstoff hyperoxyd und salpetriger Sâure {Ibid., XVI, 1917). — 116. Ueber die chemischen Vorgânge im Boden und Grunduasser und ihre hygienische Bedeutung (Arch. f. ôffentl. Gesundheilspflege in Elsass-Lothringen, 1883). — 117. Ueber die Einxvirkung von Sauerstoff auf die Lebensthcitigkeit niederer Organismen (Z. p. C, VIII, 214). — 118. Ueber Seifen als Bestandlheile das Blulplasma und des Chylus (Z. p. C, viii, 503). — 119. Ueber die Entiricklung der physiologischen Chemie und ihre Bedeutung fur die Medicin. Rede zur Erôffnung des physiologisch chem.ischcn Instituts {Strassburg, Triibner, 8°, 32 . — 120. Ueber Zersetzungsproducte des Blutfarbstoffs (D. chem. Ges., xviii, 601). —121. Ueber Trennung des Caseïn vom Albumin in der mew^chlichen DICT. DE l'HYSICLOGIE — TOME VllI. 41 64^ HORDENINE. Milch. (Z. p. C, IX, 222). — 122. Dasselbe. Nachtrag. (Z. p. C, ix, o33). — 123. Physiolo- ijisch-chemische Uebungen im prakt. Cwr.s fur Anfànger {Bemerkungen ùber die Reihenfolge und Ausfùhrung der Uebungen zur Orientirung bei den Arbeiten im Laboratorium). Strass- hurg, 188;j, 8", lij. — 124. Uebei' Activirung von Sauerstoff durch Wasserstoff im Entste- hungsmomente (Z. p. C, x, 35), — 125. Ueber Gàhrung der Cellulose mit Bildung von Methan und Kohlensâure (Z. p. C, x, 201). — 126. Ueber Blutfarbstoffe und ihre Zersetzungspro- ducte (Z. p. C, X, 331). — 127. Ueber die Gàhrung der Cellulose mit Bildung von Methan und Kohlensâure (Z. p. C, x, 401). — 128. Ein Apparat zur Bestimmung von Wasserstoff neben Methan in Gasmischungen (Z. p. C, xi, 257). — 129. Die Methangâhrung der Essig- sâure (Z. p. C, xi, 561). — 130. Ueber die Activirung des Sauerstoffs durch Wasse7'stoff{D. chem. Ges., xxii, 2215). — 131. Ueber Huminsubstanzen, ihre Entstehung und ihre Eigen$~ chaften (Z. p. C, xiii, 06). — 132. Beitràge zur Kenntniss der Eigenschaften der Blutfarb- stoffe {1. p. C, xiii, 477). — 133. Ueber Muskelfarbstoffe (Z. p. C, xiv, 106). — 134. Ueber Oxydationen im Blute (Z. p. C, xiv, 372). — 135. Ueber Blut und Harn eines Falles von melanotischem Sarkom (Z. p. C. xv, 179). — 136. Vcrbesserle Méthode der colorimetri- sehen Bestimmungen des Blutfarbstoffgehaltes im Blut und in anderen Flûssigkeiten {Z. p. C, XVI, 505). — 137. Apparat zur Gewinnung der in Wasser absorbirten Gase durch Combi- nation der Quecksilberpumpe mit der Entwickelung durch Auskochen [Zeitschr. f. analyt. Chemie, xxxi, 367). — 138. Beitràge zur Kenntniss des Stoffioechsels bei Sauerstoffmangel. Festschrift zum 70. Geburtstage von R. Virchow. — 139. En coll. avec Duncan. Ueher die Biffusion von Sauerstoff und Stickstoff in Wasser (Z. p. C. xvii, 147). — 140. En coll. avec DoNCAN. Beitràge zur Kenntniss der Respiration der Fische (Z. p. C, xvii, 165). — 141. Weitere Versuche iiber die Biffusion von Gasen im Wasser (Z. p. C, xix, 411). — 142. Bemerkungen zu der Arbeit des Herrn T. Araki iiber die Wirkungcn des Sauerstoffmangels (Z. p. C, XIX, 476). — 143. Apparat zur Messung der respiralorischen Aufnahme und Abgabe von Gasen am Mcnschen nach dem Princip von Regnault (Z. p. C, xix, 574). — 144. Ueber Chitin und Cellulose (D. chem. Ges., xxviu, 3329). — 145. En coll. avec Araki. Einwirkung der bei Sauerstoffmangel im Harn ausgeschiedenen Milchsàure aiif polarisirtes Licht und die Rotationsiverthe activer Milchsàuren im Allgemeinen (Z. p. C, xx, 365). — 146. Ueber die Vertheilung absorbirter Gase im Wasser des Bodensees and ihre Beziehungen zu den in ihm lebenden Thieren und Pflanzen {Schriften des Vereins fur Geschichte des Bodensees und seinerUmgebung, 1895, n° 24), Handbuch der physiologisch und pathologisch- chemischen Analyse, Berlin, l""" éd., 1858, 2« [1865, 3« 1869, 4« 1875, o« 1883, 6« 1893 (548 pp.), la dernière en collaborât, avec P. Thierfelder). Physiologische Chemie, Berlin, 1877-1881, 1036 pp. Bibliographie, d'après E. Baumann et A. Kossel (Z. p. C, 1895, xxi, 55-61). HORDENINE (C»» H'^ NO). — Ce nom a été donné en 1906 par E. Léger à un alcaloïde qu'il a retiré des germes de l'orge (touraillons). IJ eût été plus correct de donnera ce corps le nom d'hordéine ; mais ce mot existait déjà dans la littérature chi- mique pour désigner une substance mal définie, de nature protéique, retirée par Proust des semences d'orge. Historique. — Ce sont des recherches bactériologiques faites avec les bouillons de touraillons qui ont mis sur la voie de la découverte de l'alcaloïde. En 1890, G. Roux constatait que les vibrions du choléra ne cultivent pas dans un milieu où l'on a fait ma- cérer 5 p. 100 de touraillons, ou dans les infusions obtenues par un contact de 20 mi- nutes à 115°. A la suite d'une communication de 0. Roux qui préconisait l'emploi du tourail- ion en thérapeutique, différentes applications médicales furent faites dans des cas de diarrhée, d'entérite et de choléra. Dans le Marseille Médical, Boinet relate onze obser- vations recueillies en 1893, 1894 et 1895 par des médecins du midi de la France, qui ont obtenu des résultats thérapeutiques satisfaisants dans l'emploi des touraillons pour combattre le choléra et la diarrhée cholériforme. Un certain nombre de médecins des colonies, au poste de Boha en 1896, à celui de Cho-Moï en 1896, à Saigon en 1897, à Kayes en 1897, ont observé aussi pour la plupart des effets très remarquables. HORDE NINE. 643 C'est à la suite de ces communications que E. Léger a entrepris ses recherches, qui ont abouti à la découverte d'un alcaloïde nouveau. Préparation et propriétés chimiques. — Ce corps a été obtenu par la niéthodis de Stas. L'hordénine se trouve d'abord en solution éthérée ; celle-ci, soumise à la distil- lation, laisse un résidu poisseux qui ne tarde pas à se prendre en une masse de cristaux. On purifie le produit par des cristallisations répétées dans l'alcool. L'hordénine cristallise, par évaporation lente de sa solution alcoolique, en prismes orthorhombiques, possédant une très forte biréfringence (Wyrouboff). Les ciistaux sont anhydres, incolores, presque insipides, fusibles à 117°, 8 (corrigé) en un liquide inco- lore. Maintenue pendant longtemps à 140°-1d0°, l'hordénine se volatilise et peut, sans altération sensible, être sublimée à la manière du camphre. Sa solution alcoolique est sans action sur la lumière polarisée : il en |est de m»'me de la solution aqueuse du sulfate. L'hordénine se dissout abondamment dans l'alcool, le chloroforme, l'éther, moins dans la benzine, et peut cristalliser dans ces divers solvants. Elle se dissout à peine dans le toluène et encore moins dans le xylène commercial. Sa solubilité dans les carbures du péti'ole est à peu près nulle à froid. L'hordénine çst une base forte qui, non seulement bleuit énergiquement le tournesol rouge, mais encore rougit la phtaléine du phénol et déplace, à froid, l'ammoniaque de ses sels. L'acide sulfurique concentré ne la colore pas. Elle est à peine attaquée par la potasse en solution concentrée chaude et même par la potasse en fusion. Par contre, elle réduit, à froid, le permanganate de potassium en solution acide et, à chaud, l'azotate d'argent ammoniacal ainsi que l'acide iodique, ce dernier avec précipitation d'iode. Constitution. — D'après son poids moléculaire, l'hordénine répond ;"i la formule CiofjMjAjQ . p]jg ggj isomérique avec l'éphédrine, mais tandis que celle-ci est une base secondaire, celle-là est une base tertiaire, base mono-acide, renfermant un oxhydrile phénolique. Le caractère phénolique de l'oxhydrile se déduit de la réaction de l'acide azotique sur l'hordénine, réaction qui fournit de l'acide picrique. L'iodométhylate d'hordénine, C'^H'^NO. CH'I, traité par l'oxyde d'argent four- nit, selon la règle générale, le méthylhydrate correspondant C" H'^ NO. CH^ OH. Ce dernier, soumis à l'action de la chaleur, se décompose en eau, triméthylamine et un corps amorphe, phénolique, non volatil. Ce composé phénolique représente un produit de condensation du phénol qui, régulièrement, devrait prendre naissance dans la réac- tion. La condensation est déterminée par la température élevée à laquelle la réaction s'accomplit. Si l'on remplace dans ce cycle de réactions l'iodométhylate d'hordénine par l'iodo- méthylate de méthylhordénine, la température de décomposition du méthylhydrate de méthylhordénine étant beaucoup moins élevée que celle du méthylhydrate d'hordénine, la réaction devient régulière, et les produits obtenus sont normaux. Il se forme, comme dans le premier cas, de la triméthylamine; mais le deuxième produit est l'éther méthy- lique d'un phénol, c'est le paravinylanisol. En conséquence le corps qui, normalement, devrait prendre naissance dans le premier cas, est le paravinylphénol, et, si ce corps est remplacé par son produit de condensation, c'est à cause de l'instabilité qu'il possède à la température de l'expérience. La production d'acide picrique signalée plus haut montre que l'hordénine renferme- le groupement CGHi\^ /'OH d'autre part, la formatiop de triméthylamine prouve que l'hordénine renferme 2CH' liés à l'azote, autrement dit qne l'hordénine est un dérivé de la diméthylamine et ren- ferme par conséquent, le groupement \HCT Enfin la formation de paravinylanisol indique la présence, dans le composé consi- déré, d'une chaîne — CH^ — Cll^ — servant à relier les deux groupements précédents. €U HORDÉNINE. , Cette formation de paravinylanisol montre également que, dans l'hordénine, l'oxhydrilc se trouve en para. La fixation de cette position en para résulte également de l'action de permanganate de potassium sur l'acétylliordénine, laquelle fournil Tacide acétylparaoxybenzoïque. Tous ces faits ''onduisent à la conclusion suivante : à savoir que l'hordénine est la para-oxyphényléthyl-dimétliylamine et doit être représentée par le schéma CH2-CH2- N/p^" C HC CH C - I OH L'hordénine est donc en relation étroite avec une base dérivée de la tyrosine : la para-oxyphémyléthylamine et aussi avec les tyrosamines de Auma.nd Gautier. Traitée par l'acide sulfurique, elle donne, comme la tyrosine, un produit i|ui, après saturation par le carbonate de baryum, se colore en violet par le perchlorure de fer. (Réaction de PiRIA.) Sels et dérivés. — Un certain nombre de sels et de dérivés de l'hordénine ont été préparés par E. Léger. Le sulfate, C'0Hi»INO)2SO^H- + H-O, forme des aiguilles prismatiques, très solubles dans l'eau, très peu solubles, dans l'alcool à 9o°. Le chlorhydrate, C'"H' '.\0, HCl, est extrêmement soluble dans l'eau, il cristallise dans l'alcool à 90° en fines aiguilles anhydres. Le hromhydrate, C"*H^''NO, HBr, forme de très longues aiguilles prismatiques, bril- lantes, anhydres, très solubles dans l'eau. L'iodhydraie, C'"H'''>T), HL cristallise en prismes allongés anhydres. Le tartrate neutre, C'°1I' 'NDj-C'-^H^O*, cristallise dans l'alcool en aiguilles extrêmement solubles dans l'eau. Le tartrate acide, C'"H''.\0,C''H''0", forme des aiguilles anhydres, un peu moins so- lubles dans l'eau que celles du sol précédent. Le chhrocthylate, C'^H' 'XO, C-'H'CI, prismes très solubles dans l'eau, moins solubles dans l'alcool. Le brométhylate, C'^H''i\0, G-H-^Br, tables carrées, très solubles dans l'eau, peu so- lubles dans l'alcool. . Uiodornêthylate, G'"H''NO, GH^I, prismes peu solubles dans l'eau froide. tJiodéthylate, (-'"H'^.XO, G'-H'I. Aiguilles prismatiques, peu solubles dans l'eau froide. Viodhydrate d'acétylhordéninc, C'OH"^ (G^IFOjXO, \\l. Tables anhydres, un peu jau- nâtres. Le clilorhydrate de benzoylhordénine, G^^W" {C''\V'0)'^0, HCl. Aiguilles très solubles dans l'eau, beaucoup moins solubles dans l'alcol. Le hromhydratc de henzoylhordénine, OHV" {C''l\'0)'SO, HBr. Lamelles rectangulaires brillantes, peu solubles dans l'eau froide. La c'mnamylhordénine, C'^H*' (G^H''0)NO, se dépose dans l'alcool à 60° en aiguilles lon- gues et fines, anhydres, fusibles à uî>°,8, altérables en prenant l'odeur de l'essence d'amandes amères. Le chlorhydrate de cinnamylhordénine, C"'H'^(C^H^O)NO, HGl-f-H-O, aiguilles prisma- tiques, très solubles dans l'eau. Le chlorhydrate d'anisylhordànhie, G'«H"^(G»H'0-)NO, HGl+H^O. Grandes tables efdores- centes, peu solubles dans l'eau froide. Vlodométhylatc de inéthylhordéninr, C'OHi'NO, G-H''l, aiguilles longues et fines, très solubles dans l'eau chaude, fort peu solubles à froid. Toxicité. — Gette recherche, et celles qui seront relatées dans la suite, sont relatives HORDÉNINE. Uli au sulfate d'hordénine : les animaux sur lesquels a été éprouvée la toxicité du sulfate d'hordénine sont le lapin, le cobaye, le rat et le chien, et les voies d'introduction ont été la voie intra-veineuse, la voie sous-cutanée, la voie intra-rachidienne et l'ingestion. Toxicité pour le lapin. — On a étudié uniquement la toxicité par injection intra- veineuse sur des animaux de 2 à 3 kilogrammes et les doses employées ont varié entre 0 gr. 05 et 0 gr. 2o par kilogramme d'animal. Tableau de toxicité pour le lapin de l'hordénine en injection intraveineuse. Quantité Espèce, sexe et poids de l'animal. de sulfate Suite île ^ III iiii injectée par kil. linjcction. gr. crr. I Lapin jaune C? 3 501 0,03 Survie. II — blanc moucheté c? 2 890 0.10 — III — noir et blanc 9 2 070 0,10 — IV — jaune V 2 210 0,10 — V — blanc et gris d 1 970 0,20 — VI — gris. . .\ d 1 OtiO 0,20 — VII — jaune pâle ^ 3150 0,25 Mort on 3' VIII — gris cendré C? 2 000 0,25 Survie. IX - gris 9 2 010 0,25 Mort en 3', Ainsi la dose minimum mortelle est voisine de 0 gr. 2o par kilogramme d'animal, et quelquefois elle est un peu supérieure. La mort se produit toujours assez rapidement, elle a lieu par arrêt de la respiration et le cœur ne cesse de battre qu'ultérieurement. Si l'animal surmonte les accidents du début, il survit indéfiniment sans présenter de troubles consécutifs. Les premiers phénomènes que l'on observe sont des modifications respiratoires et de l'excitation corticale, des hallucinations, puis de la paralysie motrice, en général assez- passagère. La mort, quand elle se produit, a lieu à la suite d'accidents convulsifs, clo- niques et toniques, qui se terminent par l'opistotonos et l'arrêt de la respiration. Chez certains animaux qui survivent, il semble se produire des troubles digestifs, qui font penser à de la paralysie du tube digestif; cependant, chez des animaux morts rapi- dement, le contact de l'air a toujours provoqué des contractions marquées de l'intestin. Toxicité pour le cobaye. — Elle a été recherchée au moyen d'injections intra-vei- «euses et d'injections sous-cutanées. Tableau de toxicité pour le cobaye de l'hordénine en injection intra-veineuse. Espèce, sexe et poids do l'animal. Quantité de suH'ato Suite de • III I ~ injectée par kil. l'injection. gr. gr. I Cobaye cf 303 0.05 Survie. Il — 9 342 0,10 — III — (S 395 0,20 — IV — . : . . . d 331 0,25 — V — C? iOO 0,30 Mort ea 3'. VI — cf 368 0,35 Mort en 2'. VII — 9' 407 0,35 Survie. VIII — C? 368 0,40 Mort en 2'. IX — C? 425 0,50 Mort en 2'. La dose minimum mortelle pour le cobaye en injection intra-veineuse est très voisine de celle trouvée pour le lapin : elle est de Ogr. 30par kilogramme d'animal. L'exception observée pour le cobaye VII n'est probablement qu'apparente et tient à des condi- tions particulières de l'expérience. La mort, quand elle se produit, arrive très rapi- dement, en deux ou trois minutes : elle apparaît toujours à la suite d'attaques convul- sives, et elle est due à l'arrêt de la respiration. Quand ils échappent aux premiers accidents, les animaux se remettent ensuite d'une façon définitive et dans un espace de temps souvent inférieur à une heure. Les symptômes de l'intoxication sont tou- jours en première ligne les troubles respiratoires; puis surviennent les accidents cor- ticaux, les hallucinations, les convulsions et la paralysie motrice. 6^6 H O R D É N I N E. Tableau de toxicité pour le cobaye de l'hordénine en injection sous-cutanée. Espèce, sexe et poids de l'animal. Quantité de sulfate Suite de iM ^m injectée par kil. l'injection. gr- gr. I Cobaye c? 155 0,02 Survie. II — 9 155 - 0,03 " — III — cjf 231 0,04 — IV — (f 190 0,05 — V — c? 175 0,25 — VI — 9 212 0,50 — VII — d rii 1 — VIII — c? 247 1 — IX — c? 254 1 — X — c? 271 1,2P; — XI — 9 264 1,25 — XII — c? 322 1,50 — XIII — ..... J 328 1,50 — XIV — o" 292 2 — XV — 9 237 2 Mort en 23'. XVI — d" 374 2 Mort en 16'. XVII — c? 375 2 Mort en 26'. La toxicité par injection sous-cutanre est bien inférieure à la toxicité par injection intra-veineuse. La dose mortelle minimum est en effet environ 15 fois plus forte en injection sous-cutanée qu'en injection intra-veineuse. Les premiers accidents toxiques ne se manifestent qu'à partir de la dose de 1 gramme par kilogramme; les symptômes les plus caractéristiques sont une excitation vive, la production de mouvements brus- ques et impulsifs, l'apparition d'hallucinations, d'attitudes de terreur et de secousses qui rappellent celles qui s'observent au cours de l'intoxication absinthique. Outre les accidents convulsifs cloniques et toniques se produisent encore des troubles respira- toires et de la paralysie motrice. La mort, qui se produit après l'injection d'une dose de 2 grammes par kilogramme, est due à l'arrêt de la respiration : elle arrive assez rapidement, en moyenne entre IS et '25 minutes. Tous les accidents passagers dispa- raissent à peu près complètement en l'espace d'une heure, et l'animal revient ensuite très vite à son état normal. Si dans quelques cas on a pu noter des troubles digestifs consécutifs aux injections, le plus souvent le poids de l'animal ne s'est pas modifié ou seulement d'une façon très minime. Toxicité pour le rat. — C/est par voie sous-cutanée que la substance a été donnée à cet animal. Tableau de toxicité, pour le rat, de l'hordénine en injection sous-cutanée. Quantité Espèce, sexe et poids de l'animal. de sulfate Suite Il — " injectée par kgr. de l'injection. 1 Rat Ijlanc O 52 " 0,50 Survie. II — blanc et noir 9 76 0,50 — III — — C? 40 1 .. — IV — — 9 57 1 .. Mort en 33' V — — 9 60 1 .. Survie. VI — blanc et noir 9 71 1 » — VII — — O 63 1,25 Mort en 44' VIII — — 9 56 1.25 Survie. IX — blanc et noir cf 76 1,25 Mort en 27' X — blanc 9 5-^ 1,50 Survie. XI — — 9 72 1,50 Mort en 24' XII — — d" 50 1,75 Mort en 22' XIII — — C? 73 2 .. Mort en 46' Le faible poids de ces animaux et leur jeune âge n'ont pas permis de fixer les chiffres de la toxicité pour le rat d'une façon aussi précise que pour les animaux précédents; nous voyons en effet un rat succomber avec une dose de 1 gramme par kilogramme, alors (tue trois autres survivent à l'injection de la même dose. Un survit à la dose de HORDENINE. G47 d gr. 25, alors que deux autres succombent après avoir reçu une dose égale et enfin un a survécu à la dose de 1 gr. 30 par kilogramme. Quoi qu'il en soit, si le rat blanc est un peu plus sensible que le cobaye à l'injection sous-cutanée de cet alcaloïde, la diffé- rence est minime, et bien inférieure à celle que l'on observe pour le cobaye, quand on compare la toxicité intra-veineuse à la toxicité sous-cutanée. La mort est ici encore assez rapide : elle se produit de 20 et 45 minutes après l'injection; une heure après l'injection, l'animal survit toujours. On retrouve donc encore avec beaucoup de netteté ce fait déjà mis en évidence, à savoir que le poison n'est dangereux que pen- dant une phase très courte qui correspond au summum d'effet. Si l'animal supporte ce moment critique, il se remet ensuite très vite et ne présente plus de troubles con- sécutifs. Comme chez les animaux précédents, les troubles respiratoires apparaissent parmi les premiers symptômes de l'intoxication. La phase d'excitation est moins manifeste que chez le cobaye ou chez le chien, mais les phénomènes de paralysie sont plus mar- qués. La mort arrive toujours par arrêt de la respiration. Toxicité pour le chien. — Les animaux ont été soumis soit à l'injection intra- veineuse, soit à l'ingestion. Les injections ont été faites dans la veine saphène et les doses employées ont varié entre 0 gr. 02 et 0 gr. 50 par kilogramme. Tableau de toxicité, pour le chien, de Vhordénine en injection intra-veineuse. Quantité Espèce, sexe et poids de l'animal. de sulfate Suite ■ ^ ■■ — injectée par kgr. de l'injection. I Chien buU Cf 11400 0,02 Survie. II — — rj" 9 500 0,05 - III — roquet Cj" 8 600 0,10 — IV — fox 9 3 300 0,20 — Y _ roquet (^ 5 500 0,20 — VI — — C3" 8 000 0,25 — VII — loulou 9 6100 0,25 — VIII — fox C? 6 800 0,30 Mort en 10 IX — fox $ 5 000 0,31 Mort eu 5' X — fox 9 4 400 0,.50 Mort en 2' La première réaction consécutive à l'injection est une excitation plus ou moins vive, qui est toujours très précoce : souvent même elle se produit au cours de l'injection. Les troubles respiratoires apparaissent immédiatement et sont peu persistants, puis se montrent des phénomènes corticaux des hallucinations et un peu de paralysie motrice. Les troubles corticaux ne se produisent qu'avec de fortes doses, souvent ils sont peu durables, ils peuvent même avoir des phases de rémission, par exemple quand on éveille Inattention de l'animal. Les troubles de la motricité sont fréquemment caractérisés par des mouvements de recul, de la raideur des membres, des secousses convulsives, et quel- quefois un peu de chorée. Dans tous les cas ces accidents sont assez passagers, et, après un laps de temps variant entre un quart d'heure et une heure, l'animal revient à son état normal. Les jours suivants on ne remarque aucun trouble consécutif à l'intoxica- tion. Si la dose de sulfate injectée atteint 0 gr. 30 par kilogramme, dose minimum mor- telle, on observe surtout des phénomènes convulsifs, et, après quelques attaques clo- niques et toniques, la respiration s'arrête. La mort se produit par arrêt de la respiration, et le cœur ne cesse de battre que quelques instants après. Par ingestion il est impossible de faire mourirle chien, car l'introduction dans l'es- tomac d'une dose un peu forte d'hordénine est toujours suivie de vomissements, la sec- tion préalable des pneumogastriques n'empêche pas ces vomissements : si l'on comprime l'œsophage, ou si l'on en fait la ligature après l'introduction de la substance, on peut faire supporter à l'animal une dose de i gramme par kilogramme. Après l'injection de 2 et 3 grammes par kilogramme, la mort arrive assez tardivement à la suite d'accidents convulsifs. En résumé, la toxicité de l'hordénine est assez faible. La dose minimum mortelle eu injection intra-veineuse pour le lapin, pour le chien et pour le cobaye est très sensible- ment la même ; elle est voisine de 0 gr. 30 par kilogramme pour le chien et le cobaye et 648 HORDENINE. un peu moindre pour le lapin. En injection sous-cutanée la dose minimum mortelle est de 2 grammes par kilogramme pour le cobaye et de 1 gramme pour le rat. On verra, à propos de 1' <( action sur la température », que le lapin supporte en injection sous-cutanée une dose de sulfate d'hordénine supérieure à \ gramme par kilogramme, que le chat et le chien survivent à linjection sous-cutanée de 0 gr. 50 par kilogramme, dose qui provoque chez eux des attaques épileptiformes; enfin on remar- quera que le sulfate d'hordénine provoque les vomissements avec une intensité tou- jours plus grande quand il est injecté sous la peau que quand il est injecté dans le sang. La dose mortelle par ingestion chez le chien est voisine de 2 grammes par kilo- gramme. Les symptômes de l'intoxication sont relatifs pour la plupart à des actions sur le système nerveux. Ce sont surtout des phénomènes corticaux et bulbaires caractérisés par une excitation plus ou moins forte suivie d'une phase de paralysie. Les hallucina- tions tiennent la première place parmi les phénomènes d'excitation : ce sont ensuite les phénomènes convulsifs, des attaques doniques et toniques plus ou moins marquées suivant l'espèce animale; enfin apparaît la paralysie. Les réactions bulbaires sont aussi très précoces; elles se montrent dès le début de l'intoxication sous forme de troubles respiratoires : on constate toujours une polypnéeplusou moins dyspnéique, suivie d'une phase plus ou moins prolongée d'apnée. Les vomissements sont également constants après l'injection d'une dose mortelle. La mort est la conséquence d'une action de la substance sur le bulbe, el est due à un arrêt de la respiration. Si l'on ouvre le thorax d'un animal qui a cessé de réagir, on constate que le cœur continue à battre encore pendant quelque temps. La respiration artificielle retarde ou empêche la mort. II im- porte aussi d'indiquer que la phase de l'intoxication pendant laquelle la mort peut sur- venir est toujours très courte : si l'animal surmonte cette phase, il se remet vite et complètement sans présenter de troubles consécutifs. Pour une injection intra-vei- neuse, on ne voit jamais la mort survenir après une dizaine de minutes; et après trois quarts d'heure pour une injection sous-cutanée. Action sur le sang. — Le sulfate d'hordénine n'a pas d'action hémolytique, mais sa solution isotonique est assez concentrée, 6,5 p. 100 environ, ce qui indique un poids moléculaire assez élevé. Le point de congélation d'une solution à 6,5 p. 100 a été trouvé assez voisin de celui d'une solution de chlorure de sodium à 1 p. 100. Les solu- tions hypotoniques de sulfate à 1 p. 100 ont une action anti-coagulante qui varie avec la proportion de solution entrant dans le mélange. Il n'y a pas de rapport direct entre la toxicité de la solution et son action anti-coagulante; bien que le sulfate d'hordénine ait un poids moléculaire beaucoup plus élevé que le chlorure de sodium, ces deux sels agissent sensiblement aux mêmes doses sur la coagulation du sang. Le plasma oxalaté recalcifié est entravé dans sa coagulation par le sulfate d'hordénine à peu près dans les mêmes conditions que le sang total. La température de coagulation du plasma sanguin est notablement abaissée par le sulfate d'hordénine. Action sur la circulation. — Cette étude a été faite sur le chien et sur le lapin, anesthésiés presque toujours avec le chloralose, et exceptionnellement avec le chloro- forme. Le premier phénomène qui se produit du côté de la circulation à la suite de l'in- jection de quelques centigrammes de sulfate d'hordénine dans le torrent circula- toire, c'est une élévation marquée de la pression sanguine. Le tracé de la figure 100 donne l'indication de cette action. Les modifications cardiaques qui accompagnent l'élévation «le la pression sanguine ne sont pas toujours une simple accélération cardiaque avec diminution d'amplitude des pulsations. On voit habituellement, au contraire, à la suite d'une injection de 1 à 2 milligrammes par kilogramme, se produire un ralentissement notable du cœur avec augmentation d'amplitude des pulsations (fig. 101 et fig. 102). Ainsi les modifications circulatoires déterminées par Thordénine sont tantôt une élé- vation de la pression sanguine avec ralentissement et augmentation d'amplitude des pulsations cardiaques, et tantôt une élévation de la pression sanguine avec accélération et diminution d'amplitude des pulsations. Quel est donc le mécanisme de ces phéno- mènes différents? Déjà les modifications respiratoires qui se constatent sur les tracés HORDENINE. (U9 montrent que le système nerveux, et en particulier le bulbe, sont iniluencés par le sul- fate d'hordénine. Si l'on sectionne le pneumogastrique consécutivement à une injec- tion d'hordénine, les réactions cardiaques changent aussitôt. C'est ce que montre la figure 103. Le ralentissement cardiaque et raugmentation d'amplitude des pulsations sont donc bien la conséquence d'actions bulbaires transmises par l'intermédiaire des nerfs pneu- mogastriques, mais il ne faudrait pas se hâter de conclure que l'augmentation d'ampli- tude et le ralentissement cardiaque ont absolument besoin de l'intégrité des nerfs pneumogastriques pour se produire. La figure suivante (fig. lOi) montre qu'il n'en est rien. L'excitabilité du pneumogastrique se modifie sous l'influence de l'hordénine, comme le montrent les expériences faites sur les animaux à bulbe coupé ou anesthésiés par le chloralose. Les doses de 0 gr. 001 et de 0 gr. 002 par kilogramme de sulfate d'hordénine ne suppriment pas l'excitabilité du pneumogastrique. Après une injection intra-veineuse de 0 gr. 010 par kilogramme, l'excitabilité du Fig. 100. — Tracé reproduit et réduit par la photographie. — Effets de l'injection intra-voineuso d'une solution de sulfate d'hordénine sur la pression sanguine. — Chien roquet Ç , 7 500 grammes, âgé do deux à trois ans, anesthésio par une injection de 0,10 grammes de chloralose par kilogramme. La pression est prise dans le bout central do l'artère fémorale gauche, elle est de 12 centimètres de Hg, au début du tracé. Sur la ligne du temps l'espace compris entre deux traits est do deux secondes. — In, injection de 0,05 grammes de sulfate d'hordénine par kilogramme. nerf existe encore; mais, après une nouvelle injection de 0 gr. 100 par kilogramme, elle disparaît pour au moins une demi-heure. Le sulfate d'hordénine agit donc sur le système pneumogastrique, non seulement en l'excitant (phase de ralentissement cardiaque avec augmentation d'amplitude des pul- sations), mais encore en diminuant son excitabilité dans certains cas. C'est au moment de l'accélération cardiaque que l'excitabilité du pneumogastrique diminue ou disjtaraît; quand ensuite le cœur se ralentit, le nerf redevient de plus en plus excitable. Les faibles doses produisent surtout de l'excitation, et les fortes doses, de la paralysie. Les doses de 0 gr. 001 à 0 gr. 002 par kilogramme de sulfate d'hordénine ne diminuent que peu ou pas l'excitabilité du nerf; il n'y a pas de diminution de l'excitabilité, si le cœur ne s'ac- célère pas, et, en tous cas, l'elîet est très passager. Les fortes doses 0 gr. 01 et surtout 0 gr. 10 par kilogramme donnent une diminu- tion plus marquée de l'excitabilité. On peut même observer pendant un certain temps une inexcitabilité absolue du nerf. On notera encore ce résultat important de certaines expériences, que l'intoxication prolongée de l'animal à la suite d'injections répétées de doses fortes de sulfate d'hor- dénine abaisse la pression sanguine sans en provoquer secondairement le relèvement, malgré l'accélération du cœur. (iSO HORDENINE. L'excitabilité du dépresseur est modifiée par l'hordénine, comme celle du pneumo gastrique périphérique. De faibles doses la respectent, mais de fortes doses la suppriment. Les doses fortes ne donnent aussi qu'une paralysie passagère. Quand le dépresseur cesse de réagir, on constate que le grand splanchnique ne répond pas non plus aux excitations directes L'ingestion du sulfate d'hordénine n'a pas une influence très notable sur la circula- tion, même après plu- sieurs heures; le tracé de la pression n'est pas sensiblement modifié chez les chiens qui ont absorbé O^^Ol à Os',!! par kilogramme. Action sur le cœur. — L'étude de l'action de l'hordénine sur le cœur isolé a été faite en partie sur des cœurs de gre- nouilles excisés et placés dans des solutions de sulfate d'hordénine, en partie sur des cœurs isolés du même animal, disposés pour une circu- lation artificielle, en partie enfin, sur des cœurs de grenouilles laissés en place, mais n'ayant plus de relation avec le système nerveux e ne ép halo-médullaire, qui avait été préalable- ment détruit. Ces trois séries d'ex- périences montrent d'une façon concordante que l'hordénine agit sur le cœur, mais que son degré de toxicité pour cet organe est assez fai- ble. Si le cœur est disposé pour une circulation ar- tificielle,ou s'il est laissé en place sur l'animal privé de son système ner- veux central, on constate que l'hordénine lui fait perdre peu à peu de sa tonicité; il se laisse peu ù peu distendre par la pression du liquide qui circule, et la phase diaslolique s'accentue avec les progrès de l'intoxication; finalement, il s'arrête en diastole. L'arrêt diastolique peut ne pas être définitif, et, quand l'appareil vasculaire est conservé, le retour ad integrum est possible. Les expériences sur le cœur plongé dans une solution de sulfate d'hordénine montrent que dans ces conditions cet organe s'intoxique également; mais, en apparence, l'effet sem- ble différent, car l'arrêt a lieu en systole. La différence n'est qu'apparente ; car l'organe, n'ayant pas à lutter ici contre une pression intérieure, se rétracte progressivement. ■A S C S « ^ O — ë= 2 2 •* -S-'- O r ^ ^ c s •c; o m <-' — i--i Ses rt xf .2 w-t^ f o o "^ S'i^'s o 0) c x) ^ ^ c , c ^ .2 "5 '-4J s t: O ci aj o ii-c 'c a> g ." — ^ o es CJ c t. aj a o M = B y. t- :o s rt =" oj a ., •3 '« *à a 3 M ca 3 c c3 ♦J © c "S. 3 > c o © j3 s 01 _Ç5 © 0 C3 o ^ © c u 'Z3 O ■fcj .. 3 C a) rt c © © ■3 a 73 © 3 ? te Q 3 ca c _© © • — -3 .2* o CJ a s 6D C © C/3 o 3 o 3 -^ © 0 © oj 01 es a. s ni m c ■3 ^^ a © t;j 0 ■ C © GO c eu c Ci3 '3 © o y; 3 O ■O C 3 w a ■ — è' 0 3 © n O C ■3 ■© ■4.3 O © c^ rj © w c «3 15 c/: © 7Ï c 'o O u © -fj 73 *© o -ai o ç © 09 ©' en « o S '5 c 3 5 2 0 5^ •© X D © -a © -y: '■^ '~ o ^ C3 'ë 3 r. © a 3 S •© <3 © 0 © X ;h 'c •© 3_ o g Pu o o _© s ca c 0 N C © P t:! s © 3 o S fcD O o 0 .2 © ja © E © -..j 3 *© a © © T3 © s s s S © !r. t) © c © "câ c © S .G C S E., s 3 0 S 0 > •ta c/) '5 te Cl a 3 0 © a. 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La bile et l'urine augmentent un peu ù la suite de l'injection de faibles doses, mais elles diminuent ou se suspendent après de fortes doses. Une légère sécrétion salivaire peut se produire après une injection d'hordénine, mais, consécutivemeni, on peut aussi constater que la corde du tympan perd passagè- rement son excitabilité aux courants électriques. La sécré- tion pancréatique se modifie à peu près comme la sécrétion salivaire. L'animal auquel on a fait ingérer une solution de sulfate d'hordénine présente souvent une sécrétion salivaire consi- dérable, et du larmoiement; la sécrétion stomacale se produit également; car, dans certaines expériences, l'œso- phage ayant été lié et l'animal étant mort, on peut retirer de Testomac un liquide acide en quantité supérieure à celle ({u'on a introduite. En résumé, le sulfate d'hordénine à faible dose peut faire apparaître les sécrétions qui sont suspendues, comme la sécrétion salivaire, la sécrétion pancréatique, et la sécré- tion lacrymale; il peut aussi accroître passagèrement les sécrétions qui existent avant l'injection, comme la sécrétion biliaire et la sécrétion rénale; à forte dose, il ralentit ou arrête les sécrétions, et l'on peut alors constater une dimi- nution passagère de l'excitabilité des nerfs sécréteurs. D'une façon générale, l'action de l'hordénine sur les sécrétions est assez faible, et d'une durée peu considérable. Action sur l'appareil digestif. — Un des effets les plus constants de l'hordénine sur l'appareil digestif est le vomissement; il suit ordinairement d'assez près l'intro- duction de cette substance dans l'organisme; mais, pour que cette action se produise, il faut non seulement expérimenter sur un animal qui soit capable de vomir, comme le chat et le chien, mais il faut encore injecter la substance sous la peau ou la faire ingérer en solution, à l'aide d'une sonde. Il est en effet ù noter que les injections intra-veineuses chez le chien sont assez rarement suivies de vomissements. L'in- jection directe dans le duodénum provoque au contraire ce phénomène. L'intestin peut présenter de la paralysie à la suite de l'injection intra-vasculaire quand la dose est élevée, l'action directe d'une solution d'hordénine sur l'intestin isolée produit aussi ce résultat. L'ingestion de 0,01 gr. à 0,10 gr. par kilogramme ne donne lieu à aucun trouble digestif appréciable chez les animaux soumis à un régime bien déterminé; ni l'appétit, ni le poids de l'animal ne sont influencés. Action sur l'iris. — Placé dans une solution d'hordénine, même concentrée à i p. 100, l'iris d'anguille ne perd pas sa propriété de réagir à la lumière. L'instillation dans l'œil ou l'introduction de poudre entre les paupières ne donne lieu à aucune modification pupillaire. Les seules réactions de l'iris provoquées par l'hordénine sont d'origine centrale relies se produisent uniquement dans la phase des vomissements, c'est-à-dire quand le bulbe réagit le plus énergiquement. Action sur la tennipérature. — Cette action a été étudiée sur le lapin, sur le cobaye, sur le chat et sur le chien. D'une façon générale la température est peu modi- fiée par le sulfate d'hordénine : ce n'est que quand la dose est très élevée que la tempé- rature s'abaisse d'une façon notable. Action sur le système nerveux. — Tous les animaux intoxiqués par l'hordénine o a ^ '^ rt ■^ o c a "3 j^ ^ en H i^ •a o o 77^ — o H es 5 ■£, "— W; 7D •^ ? O '.X ^ a t. ^ 3 ni •t^ aj a, O t-. a) O O 3 o c "E, o c ■— ' T3 c w j3 ■*^ 3 o a "3 > o a o a 2 O 3 -*^ cS tn c a a O o o '^ ■^ _7 a o HH 7) (U 3 '^ a C- ■— tu o o a ^ .- s 3 .■^^ a C rj ^ _o Cl. '"' "rt o U "2 ;= o '^ -S ■r. -o 'S 3 ■A w ~ o a si ô cS © .a — " X s o o o > S •o S g •o m S 'x iJ3 ci •^ X js ''O 3 CD -o -^ a o 03 trf ^ 4-3 O .o o o V3 te c 5 ^ O o Ô o o n 1 O a 1 -o ci lÔ O o o HORDENINE. 653 présentent tout d'abord une série de réactions nerveuses d'origine centrale très carac- téristiques : agitation, liallucinations, mouvements impulsifs, troubles respiratoires, tremblement, attaques convulsives cloniques et toniques, puis diminution de la moti- lité pouvant aller jusqu'à la paralysie complète. L'hordénine agit aussi sur le bulbe dès le début de l'intoxication ; les troubles res- piratoires, les vomissements, le ralentissement cardiaque, l'élévation de la pression sanguine eu sont les indices certains. Les expériences sur le pneumogastrique, sur le grand splanchnique, sur les nerfs sécréteurs, sur les nerfs de l'intestin montrent encore que l'hordénine peut à une cer- taine dose parahser l'action des nerfs centrifuges. Sur les nerfs de sensibilité, l'hordénine n'agit qu'à dose très élevée : c'est du moins ce que montre l'étude des variations d'excitabilité du dépresseur et l'on a vu d'autre part que la cornée n'est pas insensibilisée même par des doses très considérables de sulfate d'hordénine. De même, quand on inteiTOge la sensibilité générale des animaux FiCi. 100. — Suite de l'expérience précédente. L'injection, en In, de sulfate d'hordénine a été do 2 milli- grammes par kilogramme : la réaction est plus marquée que précédemment. La pression s'élève davantage et l'amplitude des pulsations est plus considérable. La respiration, qui s'est accélérée immédiatement après l'injection, se ralentit beaucoup ensuite, puis reprend son rythme normal un pou plus tard. profondément intoxiqués, on ne la voit disparaître que dans la phase ultime de l'in- toxication. Les injections intra-dermiques provoquent bien un peu de diminution de la sensibi- lité, mais il n'y a là rien que de très banal, qui diffère peu de ce que produit, par action mécanique, l'injection d'une solution indifférente. Action sur les ferments solubles. — L'action de l'hordénine a été étudiée sur la maltase, sur l'invertine, sur la pepsine, sur la trypsine et sur la lipaseïdine. La maltase n'est pas empêchée dans son action même par la présence de 5 p. 100 d'hordénine : il en est de même pour l'invertine dont l'action est simplement retardée par de fortes proportions de cet alcaloïde. Ajoutée à la pepsine ou au suc pancréatique, l'hordénine retarde la digestion des ma- tières albuminoïdes : il semble qu'il y ait antagonisme entre les deux produits ou que l'albumine devienne plus difiicile à digérer. Le sulfate d'hordénine n'altère pas la présure ; mais, à partir d'une certaine propor- tion, elle l'empêche d'agir; cet antagonisme n'est pas direct, les deux substances ne ré- agissant pas l'une sur l'autre, mais la coagulation ou la non-coagulation dépendent de la prédominance de l'action de l'une des deux substances sur la matière coagulable. La saponification n'est pas entravée par le sulfate d'hordénine, il y a seulement une diminution d'activité au début. Après un temps suffisant, la saponification arrive à être complète même en présence d'une proportion de '6 p. 100 de sulfate d'hordénine. Action sur les microbes. — Les recherches faites autrefois avec le bouillon de tou- raillon ont naturellement amené à étudier l'action du sulfate d'hordénine sur certains microbes intestinaux. Si on ajoute aux bouillons de culture des proportions variables de sulfate d'hordénine on constate qu'il faut une proportion de 4 p. 100 de ce sel pour empêcher complètement le développement du. B.CoH et du V.de Massaouah et qu'il faut 5 p. 100 pour empêcher celui du B. crEhcrth du et V. de Finkler et Prior. Le pouvoir antiseptique de l'hordénine n'est donc pas aussi marqué qu'on était en droit de le supposer d'après les recherches bactériologiques faites avec les touraillons. 654 HUNTER. Toutefois cette propriété, jointe aux précédentes, en fait un médicament dont l'action thérapeutique mérite d'être prise en considération. S'il ne doit pas être regardé comme un spéciflque de certaines affections dysenté- riques, les recherches cliniques faites en France par J. Sabrazès et G. Guérive, R. Mercier et PÉPIN, aux colonies par Brau, I.ucas et Joyeux ont complété récemment les études chimiques et physiologiques de l'hordénine et justifié les prévisions que ces travaux avaient fait naître. Bibliographie. — Boinet. Du touraillon d'orge en thérapeutique {Marseille Médical. xxxvin, 1901, 673-68f;. — Brau. Essai sur la dysenterie amœbienne en Cocklnchine {Ann. d'Hyg. et de Méd. Coloniale). — L, Ca^v s. L'hordénine, son degré de toxicité, symptômes de l'intoxication {C. R., cxlii, 1906, 110-113; B. B., lx, 1906, 52-54). — Action de l'hordé- nine sur le sang [Ibid., lx, 1906, 109). — Action du sulfate d'hordénine sur la circulation [C. R., cxLu, 1906, 237-239; B. B., lx, 1906, 164). — Action du sulfate d'hordénine sur les ferments solubles et sur les microbes (C. R., cxlii, 1906, 350-352; B. B., lx, 1906, 264). — Étude physiologique du sidfate d'hordénine {Arch. Intern. de Phar. et de Thér., xvi, 1906, 43-206). — C. Fabre. Sur les propriétés bactéricides et les applications thérapeutiques des tourailles d'orge {Bull, de VAc. des Se, Insc. et Belles-Lettres de Toidouse, ii, 1899, 292-296). — G. Guérive. Le sulfate d'hordénine en thérapeutique {Thèse de Bordeaux, 1908, in- 8, 170 p.), — Kayser. Études des malts de brasserie {Ann. Inst. Pasteur, 1890, 484-499). — E. Léger. Sur l'hordénine; alcaloïde nouveau retiré des germes, dits touraillons, de l'orge {C. R., cxlii, 1906, 108-110; Bulletin de la Soc. Chimique, xxxv, 1906, 235; Journ. de Pharm. et de Chim. 1906, xxiii, 177). — Sur quelques dérivés de l'hordénine {C. R., cxLiv, 1907, 208-210; Journ. de Pharm. et de Chim., xxv, 1907, 273-283). — Sur la consti- tution de l'hordénine {C. R., cxliu, 1906, 234-236, 916-918; cxliv, 1907, 488-491 ; Bull. Soc. Chim. xxv, 1906, 868 et i, 148; Journ. de Pharm. et ae Chim., xxv, 1907, 5-9).— R. Mer- cier et G. Pépin. Le sulfate d'hordénine dans les affections intestinales {La Clinique, m, 1908, 780). — G. Roux. Société médicale de Lyon {Lyon médical, xliv, 1890, 476-478). — J. Sabrazès et G. Guérive. Valeur thérapeutique du sidfate d'hordénine {C. R., cxlvii, 1908, 1076). L. CAMUS. HOROPTÈRE. — Voyez Vision binoculaire. HUNTER (John) (1728-1793). — L'immortel .lohn Hunier naquit ù Longcalderwood, ( Lamarkshire, Ecosse) en 1728. 11 était le plus jeune de dix enfants. Son père William était déjà parti pour Londres, où il devint non seulement un médecin très répandu, mais encore professeur d'anatomie à « Windmill School of medicine ». J. HuNTER, après avoir étudié quelque temps à Glascow, arriva à Londres en 1748, et là il devint assistant {demonstrator) de son frère, pour l'anatomie. Alors il se livra avec assiduité à l'étude de l'anatomie. Il ne se contenta pas, comme la plupart de ses cama- rades, de travailler quelques heures par jour, mais il avait le scalpel en main, depuis le lever jusciu'au coucher du soleil, sans jamais se lasser dans sa recherche, ainsi qu'on le raconte de X. Bichat. Il passa ensuite quelques mois à l'Université d'Oxford; mais cet enseignement ne lui convint pas, et il retourna à Londres pour devenir en 1754 élève de Saint-Georges Hospital, puis chirurgien interne en f7o6, poste qu'il abandonna peu de temps après. A partir de 1757, il résolut d'étendre ses études analomiques non seulement à l'homme, mais aux animaux. Il se mit alors à disséquer des animaux de toute espèce, afin d'acquérir une notion plus compréhensive des lois de la nature. En même temps il étu- diait la physiologie, comprenant qu'il faut s'appuyer sur l'anatomie et la physiologie, pour connaître les phénomènes de la vie, à l'état de santé comme à l'état de maladie, pour avoir de saines notions de médecine et de chirurgie. En 1761, au moment de la guerre avec l'Espagne, il devint Staff surgeon de la flotte; son navire stationna durant deux ans à Belle-Isle sur la côte occidentale de France. C'est pendant ces deux ans de séjour à Belle-lsie qu'il commença son Treatise on the blood inflammation and gunshot HUNTER. Go5 woiinds. Cet ouvrage ne fut achevé que trente ans après, et ne fut publié quen 1794, un an après sa mort. Ce fut à Belle-lsle qu'il étudia l'arrêt des phénomènes de la digestion chez les lézards hibernants et qu'il fit quelques observations sur l'audition chez les poissons. De retourà Londres en 1763, âgé de trente-cinq ans, il se livra à la pratique médicale. 11 n'avait encore rien publié de ses observations. Afin de pouvoir se livrer à l'étude de l'anatomie et de la physiologie, il acheta deux ares de terrain (avec une collection d'animaux) dans un lieu placé à deux milles de Londres, qui est maintenant Earl's Court. En 1707, il fut nommé membre de la Royal Society; et en 1768 chirurgien de l'hôpital Saint-Georges. Là, il eut comme élèves des hommes qui devinrent plus tard illustres, et dont le principal fut Edward Tenner. Son premier ivre fut Treatise on the natural llistory of the human Teeth (177.3), dont la seconde partie parut en 1778. En 1783 il fut atleint d'une attaque d'angine de poitrine. La même année il publia le premier volume de ses leçons sur les principes de la chirurgie. De 1676 à 1783 il donna six Cronian Lectures h la Société Royale sur le mouvement musculaire. C'est alors qu'il institua à Leicester's Square un musée pour sa collection de pièces anatomiques, physiologicjues et pathologiques, relative à l'homme et aux animaux. Il ne cherchait pas à économiser de l'argent, mais tout l'argent qu'il gagnait, il en usait pour enrichir son Muséum qui reçut de lui près de deux millions de francs. Vers la fin de sa vie, les attaques d'angine de poitrine devinrent si fréquentes qu'il ne passait presque pas un jour sans soufirir. A partir de 1788, devenu le premier chirurgien de Londres, il publia une prodigieuse quantité de travaux scientifiques et médicaux, littéralement forethroiujh life. Ce fut en décembre 178o que fut faite par lui, pour la première fois, l'opération de la ligature de l'artère poplitée, bien au-dessus de l'anévrisme, pour traitement de l'ané- vrisme poplité. En 1786, quoique fort malade, il écrivit beaucoup, et publia son Treatise on the Vcne- real discases, et Observations on certain parts of the animal œconomy, deux ouvrages qui furent imprimés dans sa propre maison. C'est dans ce dernier livre que fut décrite la digestion post-mortale de la partie postérieuie de l'estomac; et c'est peut-être le mé- moire le plus caractéristique de toute l'œuvre de Hunter. En 1787 il donna son célèbre ouvrage « On the structure and œconomy of Whales >k 11 mourut d'une attaqiie d'angine de poitrine, à l'hôpital Saint-Georges, le 26 octobre 1793. Il avait 65 ans. Le témoignage tangible de l'iiîuvre colossale de Hlnter, et de ses invesLigations dans toutes les branches de la biologie, c'est le grand Ifnntcrian Muséum de Londres, célèbre dans le monde entier. Hunter n'y dé[»ensa pas moins de 1800000 francs. Ce musée fut acheté, après la mort de Hunter, par le gouvernement anglais au prix de 225000 francs et en 1800 donné au Royal Colleije of Surgeons. Depuis 1814, chaque aum'^e, en souvenir de Hunter, un discours est prononcé {Hunte- rian oratio) par un des membres les plus éminents de la profession médicale. Bibliographie. — The works of John Hunter F. R. S., with notes, edited by .lames F. Palmkr. 4 vol. London, 183"j. — Essaijs and obsorrations on ISatural History, Anatomy, Physioloyy, Psychology and Geolo(/y. Posthumous papers, edited by R. Owen, 1861. L'(''di- tion donnée par Palmer contient : T. i. Life of Hunter. Lectures on the Principles of Sur- gcry. — T. n. Treatise on, the natural history of diseuses of the human Teeth and Treatise oit the Venereal diseascs. — T. m. Treatise on the lilood, inflammation and f/unshot wounds. Inflammation of internai coats of veins. Introsusception. Opération for cure of poplitcal anevrism. Loose cartilages in joints. Horny excrescences. — T. iv. The Animal Œconomy. A ces travaux nous ajoutons la liste des principaux mémoires publiés dans les Phi- losophical Transactions. — Descent o f the test is [il (j-2). — Absorption by *!<^ms (1764). — Amphibious bipeds (1766). — Natural History of teeth {Pars i, 1771 ; Pars u, 1778).— Diges- tion of the Stomach after death (1772). — Torpédo (1773). — Réceptacles for air in birds (1774). — Gymnotus electricus and experinœnts on animais and vegetables with respect to the powcr ofproducing heat (1775). — Proposais for the recovery of people apparently droa- H56 HURTHLE (K.). ned (1776). — TItc Ircc Martin (1779). — Womeiitvho had small-pox during prer/nancij and who seemed to hâve communicated the same diseuse to tlie fœtus (1780). — An extmordinary pheasant (1780). — Organ of hearing in fishes (1782). — A netv marine animal (1785). — Testis in fœtus (178.6). — VcsiciUae séminales (1786). — Placenta (1786). — Observations on digestive sécrétions in the crop of breeding pigeons for the nourishment of their young (1786). — Coloiir of the pigmcntum nigrum (1786). — lise of the oblique muscles (1786). — Nerves ivhich supply the organ ofsmelling (1786). — Some branches ofthe fifthpair of nerves (1786). — Observations tending to show that the Wolf, Jackal and Dog are ail of the same species (1787). — An experiment to détermine the effect of extirpating one ovarium iipon the num- her of young produccd (1787). — Structure and œconomy of Whales (1787). — Horny excrcs- ccnces of the humanbody (1791). — Bées (1792). On trouvera d'ailleurs toutes les autres indications bibliographiques dans Palmer, Life of HUNTKR. L'œuvre de Hunter a été traduite en français par Riguelot. 4 vol. 8", Paris, 1846. W. STIRLING. H URINE. — Substance contenue dans les graines de Hura crepitans. Le suc laiteux est employé comme poison des flèches, et comme engin toxique pour la pêche. L'hurine, d'après Lewin {Traité de Toxicologie, trad. franc., 1903, 843), qui reproduit une ancienne observation de Boussingault (1828), serait cristallisable, et provoquerait des ulcérations de l'œil et de la peau (Chevallier, Note sur la graine du sablier, Ann. d'hyg., 1832, VII, 189. — LoRENZEX, Tre Forgiflningslilfaelde med Fro af Hura crepitans. Ugesk. f. Laeger., 1876, xxi, 43-45). Toutes ces données sont très insuffisantes, ainsi qu'un travail récent, fait aux colonies, par J.-J. Surie {Het melksap van de Hura crepitans. Nederl. Tijchchrift voorPharm., Chem., en ToxicoL, xii, 1900, 107-118). J'ai repris cette étude; mais mon travail est commencé seulement, de sorte qu'il est impossible de donner autre chose qu'une indication sommaire (mai 1909). Dans le suc de Hura crepitans, il y a un alcaloïde, relativement peu abondant, et d'ailleurs peu toxique, qui cristallise très bien sous la forme d'azotate. La partie essentiellement active est une albumose, ou albuino-toxine, très abondante, environ 8 p. 100. Cette toxine précipite par l'alcool, et se redissout dans l'eau. Elle tue les chiens et les lapins à la dose de 0,001 à 0,0015 par kilogramme. Encore ne s'agit-il pas d'un produit pur. Comme les albumoses végétales, elle agglutine les hématies à la dose de 0,01 p. 100; et dissout les hématies à 0,015 p. 100. Les chiens qui ont reçu 0,001 par kilogramme ne meurent pas, mais ils sont longtemps malades (3 à 4 semaines. et davantage) CH. R. H U RTH LE (K), professeur de physiologie à Breslau. I. - HÉMODYNAMIQUE 1. Zur Technik der JJntersuchung des Blutdruckes {A. g. P., 1888, xliii, 399-427). — 2. Ueber den Einfluss der Reizung vonGefàssnerven auf die pulsatorische Druckschwankung in der Kaninchen-Carotis (Ibid., iiS-i'iQ). — 3. Untersuchungen iiber die Innervation der Himge fusse [Ibid., 1889, xliv, 561-619). — 4. Technische Mitteilungen (Ibid., 1890, xlvu, 1-16). — 5. Ueber den Urspnmgsort der sekundâren Wellen der Pulscurvc [Ibid., 17-34). — 6, Ueber den Semilunarklappenschluss [Verhandl. des 9. Kongr. f. innere Medizin {Wies- baden, 1890, 490-496). — 7. Technische Mitteilungen {A. g. P., 1891, xlix, 29-50). — 8. Ueber den Zusammenhang zivischen Herzthaligkeit und Pulsform. {Ibid., 51-104). — 9. Krilik des Lufttransmissionsvcrfahrcns {Ibid., 1892, lui, 281-331). — 10. Ueber die Erkld- rung des Cardiogramms mit Hiilfe der Herztonmarkirung und iiber einc Méthode zur mechanischenRcgistrierung der Tone{Deutsch. med.Woch.,n° [H{}-2,i:). —11. 0 rient icrungs- versuche iiber die Wirlning des Oxyspartëin auf das llerz (.4. /'. P., 1892, xxx, 143-136). — HURTHLE (K.)- 657 12. Ueber die mechanische Reijistnrunfi der Herztune (A. (j. P., 1890, lx, 2G3-290). — 13. — Uebev den \V ider stand dcr Bluthnhn {Deutsche med. Woch., 1897, n» !jl). — 15. Tech- nische Mitleilumjen [A. 3 Les hybrides constituent-ils des types nouveaux parfaitement stables? Naudix affirme que non. Pour lui la Nature, qui a créé les espèces dont elle avait besoin, n'a que faire des hybrides qui ne répondent point à son plan; aussi les fait-elle disparaître en un petit nombre de générations, et quelquefois dès la première, en leur refusant la faculté de se reproduire. Il y a chez les hybrides fertiles une grande tendance à ['atavisme, et cela explique par exemple que les plus belles variétés d'Azalea, de Rhododendron, de Pelargonium ne produisent par le semis que des formes très ordinaires et souvent moins belles que la plante qui a fourni la graine. Il faut alors soutenir ces belles variétés par des hybri- dations nouvelles et successives. L'atavisme est parfois très marqué; il vient, selon DE QuAïREFAGES, attester le lien physiologique qui unit entre eux tous les descendants du premier croisement. En ce qui concerne le premier croisement d'espèces, Naudi.n a constaté qu'avec", Primula oflicinalis elP.grandiflora on a bien à la première génération des hybrides vrai.s, réellement intermédiaires, mais, à la deuxième génération, sur 9 plantes, 3 ressem- blaient au père, 3 à la mère; un seul était hybride, et alors infécond. Dans ce cas l'hybride ne fait pas souche, mais bien retour spontané aux parents. Quand, selon Naudin, l'hybride d'espèce est fécond (par exemple avec Linaria vul- garis et L. purpurea), les descendants à chaque génération se partagent en trois lots; l'un qui ressemble au père ; l'autre, à la mère; le dernier étant à l'état de variatioti désordon- née, comprenant par conséquent des plantes qui ne se ressemblent pas entre elles et qui ne ressemblent pas davantage aux parents et au premier hybride issu de leur croisement. L'hybride d'espèce ne fait donc pas souche à cause du retour et de la variation désordonnée. Selon de Quatrefages, il faut distinguer le retour et l'atavisme, et ne pas confondre la variation désordonnée avec les oscillations que présentent les hybrides de races pendant quelques générations. En effet, les oscillations linissent par disparaître, la race ne tarde pas à s'asseoir, alors que la variation désordonnée continue. D'autre part l'hybride qui, par atavisme, ressemble à un type ancestral paternel ou maternel, est hybride quand môme, ainsi que le montre sa descendance. Avec le retour l'un des deux sangs est irrévocablenîent éliminé ( de Quatrefages, Naudi.n). Nous verrons plus loin cependant que, d'après Godron, un hybride trois quarts de sang de Blé et un quart de sang d'.Egilops ovata s'est maintenu longtemps fertile et identique à lui-même au Jardin botanique de Nancy; mais alors l'homme doit intervenir pour conserver cet hybride quarteron {.Egilops speltœformis d'EspRiT Fabre dérivant lui- même d'un hybride demi-sang, Mgilops triticoides de Requien). Selon Godron l'jEgilops speltœformis disparaîtrait totalement, peut-être en une année, si on l'abandonnait à lui-même. Il est bon de dire en passant que les produits de croisement sont plus féconds avec l'une des formes parentes qu'entre eux. L'opinion de Quatrefages et Naudin n'est pas partagée par tous les biologistes. FocRE pense que, si les hybrides de Primula auricula et F. hirsuta ne se maintiennent pas indéhniment, cela tient à la consanguinité étroite que l'on est réduit à pratiquer à cause du trop petit nombre d'individus soumis à l'expérience. L'atavisme et le retour sont d'autant plus marqués, selon Darwin et Focke, que les hybiides sont plus jeunes. Legoq et Godron pensent qu'avec la sélection on peut arriver à conserver certains types hybrides {Mirabilis, Datiira, Linaria). Pour eux il peut se trou- ver dans la variation désordonnée des formes dominantes qui, fécondées entre elles, deviennent constantes. A côté des tendances ataviques des hybrides il faut signaler des tendances tératolo- giques manifestes, tendances qui sont d'autant plus accentuées que les individus croisés sont plus éloignés les uns des autres. La perle de la sexualité, dont il a été question plus haut, le montre fort bien. Loi de Mendel. — Mais, malgré ces recherches de Kœhlreuter, G.ertner, Herbert, Lecoq, Vichura, Naudin, etc., on n'avait pu dégager, pour la formation et la descen- dance des hybrides, une loi s'étendant à tous les cas sans exception. C'est que, pour découvrir cette loi, il faut des expériences méthodiques portant sur un grand nombre d'invidus et poursuivies pendant un temps assez long. 664 HYBRIDITE. Un moine autrichien, Gregor Mendel, eut l'audace d'entreprendre un travail de ce genre, et, après de longues et patientes recherches, il put communiquer on 1835 à la Société des Naturalistes de Hrùnn les importants résultats qui vont être exposés plus loin (G. Mexdel, Versucke ûber Vflanzenkybriden, Verhandl. d. Naturforsch. d. Vereins zu Brùnn, 1863, pp. 3-47). Mexdel songea pour ses essais aux plantes de la famille des Légumineuses, dont la Heur est, comme on sait, tout à fait spéciale. 11 fixa son choix sur les Pois {Pùum); cer- taines formes de Pois ont en effet des caractères constants; leurs hybrides sont à fécon- dité illimitée: en outre, comme il y a auto-fécondation avant l'épanouissement de la fleur, les dangers de pénétration par un pollen étranger ne sont pas à craindre, ce qui rend la culture pedigree 1res facile. iVjoutons que ces plantes se cultivent sans difficulté, que la durée de la période de végétation est courte, que la fécondation artificielle, quoique minutieuse, réussit toujours avec un peu d'habileté et de soins. Mendel utilisa 22 types, sans se préoccuper de savoir si c'étaient des espèces ou des variétés, car, disait-il, « on a aussi peu réussi jusqu'à présent à établir une différence essentielle entre les hybrides des espèces et des variétés (métis) qu'à tirer une ligne de démarcation nette entre espèces et variétés. » Les caractères différentiels constants qui ont été envisagés étaient les suivants : forme des graines mûres ; coloration de l'albumen de la graine; coloration de l'épisperme; forme de la gousse mûre; position des fleurs; longueur des tiges. Or Mendel avait déjà observé, grâce à des recherches faites sur des plantes d'ornement, que les hybrides ne tiennent pas exactement le milieu entre les espèces souches. Pour quelques caractères très frappants, comme la forme et la dimension des feuilles, la pubescence, etc., les hybrides sont bien réellement intermé- diaires; mais pour beaucoup d'autres il n'en est plus ainsi. On observe en effet dans les produits du croisement qu'un de ces caractères d'un parent domine et efface pour ainsi dire celui qui lui est opposé dans l'autre parent. C'est précisément ce que l'auteur a constaté dans ses hybrides de Pisum pour les sept caractères qui ont été indiqués plus haut. Mendel appela caractères dominants ceux qui passent chez l'hybride complètement ou presque sans modifications, caractères récessifs ceux qui restent à l'état latent dans la combinaison. Cette expression de « réces- sif » a été choisie, parce que le caractère qui s'y rapporte s'efface ou disparait chez les iiybrides pour reparaître sans modification chez les descendants. Les nombreux essais exécutés ont vérifié qu'il est indifférent que le caractère domi- nant appartienne à la plante femelle ou à la plante mâle, conformément aux lois de (ijERTNER. En outre certains caractères, en se transmettant, se sont exagérés chez les descen- dants, comme par exemple la hauteur des tiges; d'autres se sont montrés, par suite de la xénie (voir plus loin) ou de la double fécondation, du premier coup, comme ceux qui tiennent à la configuration des grains, à la nature et à la couleur de l'albumen (en réa- lité des cotylédons, car la graine est ex-albuminée). A la première génération des hybrides, les caractères récessifs réapparaissent à côté des caiactères dominants, et cela dans la proportion remarquable de 1 à .3 ; de sorte que, sur 4 plantes de cette génération, 3 possèdent le caractère dominant, et un le caractère récessif : on ne constate pour les caractères envisagés aucune forme de passage. Exemples : i° Forme des graines. — 253 hybrides ont donné dans la deuxième année d'expériences (celle qui a suivi l'année oîi le croisement a été fait) 7 324 graines parmi lesquelles 5474 étaient rondes ou arrondies, et 1 7oO ridées anguleuses. D'où l'on déduit i le rapport 5-— , très voisin, comme on le voit, de 1/3. 2° Coloration de Valbumen (en réalité des cotylédons). 258 plantes ont donné 1 8 023 graines, dont 6022 jaunes, et 2001 vertes, soit un rapport de .— --. Dans les deux expériences précédentes chaque gousse donne en général deux sortes de graines. H Y BRI DITE. 665 3° Couleur de l'épispcrme. — Sur 924 plantes, 705 ont donné des épispermes brun- 1 gris, 224 des épispermes blancs, soit un rapport de — -;, . O , 1 t > 4° Forme des gousses. — Sur 1 181 plantes, 882 ont donné des gousses à renflement 1 uniforme, 299 des gousses étranglées, soit un rapport de ——7 . 5° Coloration de la gousse non mûre. — Sur 08O plantes, 428 ont donné des gousses vertes, et lo2 des gousses jaunes, soit un rapport de — -^ . 6° Position des fleurs. — Sur 858 plantes, 651 avaient des fleurs axiales; 207 des Heurs terminales, soit un rapport de -—ry • 7" Longueur de l'axe. — Sur 1064 plantes, 788 avaient l'axe long; 277 l'axe court, soit un rapport de . 2,84 On voit donc que le rapport moyen du nombre des formes à caractère récessif et à caractère dominant est en moyenne de l à 3. A la seconde génération, toutes les plantes issues de la forme à caractère récessif pré- sentent ce caractère récessif; ces formes étaient donc pures. Mais celles qui proviennent de la forme à caractère dominant se compoitent comme les hybrides de première géné- ration. Ainsi, sur oô.") plantes provenant de graines rondes de la première génération, 193 redonnent uniquement des graines rondes, sont pures par conséquent, et 372 don- nent à la fois des graines rondes et des graines anguleuses. On obtient un résultat de même ordre avec les caractères de coloration. Mais, pour les 5 autres caractères, il faut opérer de la façon suivante. On choisit 100 plantes ayant dans la première génération le caractère dominant, et on sème 10 graines de chacune d'elles. On constate qu'en moyenne les descendants de 33 plantes n'ont que le caractère dominant et par conséquent sont pures, tandis que les descendants des 67 autres ont les uns (dans la proportion de 3/4) le caractère dominant, les autres (dans la proportion de 1/4) le caractère récessif. Si donc on désigne le caractère dominant par A, le caractère récessif par a, et par Aa la forme hybride, l'expression A- -j- 2Âa 4- a- donnera la série des formes pour les des- cendants des hybrides de chaque couple de caractères différentiels. Ces expériences confirment les conclusions de Kœhlreuter et deG.ERTNER, etc., d'après lesquelles les hybrides ont une tendance à retourner aux espèces souches. On constate, écrit Mendel, que le nombre des hybrides qui proviennent d'une fécon- dation diminue d'une façon marquée de génération en génération par rapport à celui des formes devenues constantes et de leurs descendants, sans que toutefois ces hybrides puissent disparaître. Si l'on admet en moyenne, pour toutes les plantes de toutes les générations, une fécondation également grande (par exemple 4 graines par plante) ; si Ton considère d'autre part que chaque hybride produit des graines dont une moitié seu- lement redonne des hybrides, le tableau suivant permettra de voir quelles sont [lour une génération donnée les quantités de plantes pures et hybrides, en supposant que chaque plante donne 4 graines : Formes Rapports Génération. A Aa a A : Aa : a 1 1 2 1 1:2:1 2 6 4 6 3:2:3 3 28 8 28 7:2:7 120 16 120 13 : 2 : 15 496 32 49G 31 : 2 : 31 » » » 2"— 1 : 2 : 2"— l Ainsi, à la lO^ génération, 2" — 1 = 1023. Par suite, pour 2048 plantes, il y en aura 2 seulement qui seront hybrides, tandis que i 023 seront pures avec le caractère domi- nant, et 1023 avec le caractère récessif. 6ft6 HYBRIDITE. Mendel a ensuite cherché à voir si sa loi. s'appliquait au cas où les deux plantes croi- sées diffèrent par plusieurs caractères, chacun d'eux étant dominant dans une plante, et récessif ou latent dans l'autre. Il a constaté alors que la l'orme des hybrides se rap- proche constamment de celle des deux plantes souches qui a le plus grand nombre de caractères dominants. Si par exemple la plante femelle a un axe court, des fleurs blanches terminales et des gousses à renflement continu; si de son côté la plante mâle a un axe long, des fleurs rouge violacé axiales et des gousses étranglées, l'hybride ne rappelle la plante femelle que par ses gousses; pour les autres caractères il coïncide avec la plante mâle. Si l'une des plantes souches n'a que des caractères dominants, l'hybride ne peut alors être dis- tingué que peu ou pas du tout. Les expériences de Me.ndel ont porté : 1° Sur des plantes qui différaient parla forme des graines et. la coloration de l'albu- men ; 2° Sur des plantes qui différaient par la forme des graines, la coloration de l'albu- men et la couleur de l'épisperme. Prenons, pour ne pas trop compliquer l'exposé, des plantes qui diffèrent par deux caractères seulement, et appelons A, B, les caractères de la plante femelle et a, b, ceux de la plante mâle. Désignons alors par : AB la plante femelle, ab la plante mâle. A la forme ronde, a la forme anguleuse, B l'albumen jaune, /j l'albumen vert. Après l'hybridation les graines sont rondes et jaunes. Les plantes qui en dérivent donnent des graines de 4 sortes qui se trouvent ensemble dans la.,même gousse; 15 plantes donnèrent en tout 556 graines, dont 315 jaunes et rondes, 101 anguleuses et jaunes, 108 rondes et vertes, 32 anguleuses et vertes. Toutes ces formes ont été semées l'année suivante. Parmi les graines rondes et jaunes, 11 ne levèrent pas; :i n'arrivèrent pas à fructificalion. Parmi les plantes restantes : 38 avaient des graines rondes et jaunes AB, 65 — — — — jaunes et vertes \Wi, 60 — — — — — et anguleuses et jaunes A«B, L38 — — — — — et vertes, anguleuses, jaunes et vertes AflBé. 96 plantes provenant des graines anguleuses arrivèrent à fructification : 28 n'avaient que des graines anguleuses et jaunes «B, 66 des graines anguleuses, jaunes et vertes aBb. Sur 108 graines rondes et vertes, 102 donnèrent des fruits : 35 n'avaient que des graines rondes et vertes Ab, 67 des graines vertes, rondes et anguleuses Aab. Les graines vertes et anguleuses donnèrent .30 plantes constantes ab. Les descendants des hybrides se présentent donc sous 9 formes différentes AB, Ab, ab, qui ont des caractères constants et ne changent plus dans les générations suivantes; AB6, fflBft, AaB, Aab, constants par un caractère, hybrides par l'autre et ne variant dans les générations suivantes qu'en ce qui touche ce dernier; chacune d'elles apparaît en moyenne 65 fois. La forme AaBb se trouve 138 fois; elle est hybride par ses deux caractères et se comporte exactement comme les hybrides dont elle provient. Si l'on compare le nombre des formes dans les 3 subdivisions, on a le rapport moyen 1, 2, 4. HYBRIDITÉ. 667 Ces formes sont donc représentées par l'expression : AB + A6 + rtB + ab + 2AB/^ + 2aBb + 2A«B + 2Aa6 + iAuBO expression qui est précisément donnée par le produit : (A + lAa + i) X (B + 2B« + ù). Là encore par conséquent les caractères différentiels se comportent tous de la même façon en combinaison hybride. La moitié des descendants de chaque couple de carac- tères différentiels est également hybride; l'autre moitié est constante; elle se divise en deux groupes égaux, possédant, l'un, le caractère de la plante femelle; l'autre, celui de la plante mâle. Mendel chercha à donner une explication de ces faits. Pour prendre le cas le plus simple, il admet que, par suite de la disjonction dans l'ovaire des hybrides, il se forme autant d'osphères ayant le caractère du mâle que d'osphères ayant le caractère de la femelle; de même pour les anthères et le pollen. En sorte qu'on peut avoir les combi- naisons suivantes dans l'aulo-fécondation de ces hybrides, si l'on désigne par A et a les formes à caractères différentiels constants, et par A« la forme hybride. Gamète mâle A A a a i X ■! Gamète femelle A A « rt Le calcul des probabilités exige en effet que chacune des formes de pollen A et a se conjugue un même nombre de fois à chacune des formes d'osphère A et a. On voit tout de suite qu'il y a deux formes pures, dont une identique à la plante mâle, et une autre identique à la plante femelle, et deux formes hybrides, c'est-à-dire A"^ + 2 Aa + a^; c'est précisément là l'expression à laquelle nous étions arrivé plus haut. De Vries, Correns, Tschermak ont repris toutes ces recherches; ils sont arrivés aux mêmes conclusions, mais ils ont essayé de préciser la portée de la loi de Mendel et de voir dans quels cas elle s'applique. Selon De Vries, cette loi ne peut se vérifier que dans ce que Mac Farfale a appelé en 1892 les croisements bisexuels, c'est-à-dire ceux qui se forment entre plantes ayant le même nombre de caractères dont plusieurs se ressemblent et les autres ne diffèrent que par une question de degré d'activité, non de nature. Il montre que ces croisements ne peuvent se manifester qu'entre les variétés et les espèces dont elles dérivent; car les variétés ne diffèrent de ces dernières que par la disparition d'un ou de plusieurs carac- tères {ré(j7'essifs) ou plus rarement par la réapparition de caractères perdus [dégressifs). Les caractères perdus chez une variété sont latents, et correspondent à ceux qui existent dans la variété dont elles dérivent ou qu'elles ont engendrée. S'il s'agit de deux espèces dérivées, les différences résultent d'un ou plusieurs caractères acquis {progressifs); ces caractères de l'espèce dérivée n'ont pas leurs analogues dans l'espèce mère; pour eux lès croisements sont dits unisexuels, et ne suivent pas la loi de Mendel. Avec des croisements bisexuels la fertilité ne peut diminuer, tous les caractères se correspondent 2 à 2, sans causer aucun trouble; la réciprocité dat)s la fécondation ne peut produire des hybrides différents, et l'hybride doit avoir les caractères du parent qui a les caractères actifs ou dominants. De Vries a hybride Chelidonium majus et sa variété lacinialum, Lychnis vespertina et sa variété glabre, le Mais amylacé et le Mais sucré, le Pavot à tache noire et celui à tache blanche, Datiira latula à fruits épineux et à Heurs bleues et Datura Stramoitiiim inermis sans épines et à fleurs blanches, etc. Le même auteur a montré que la tricotylie et la syncotylie sont des caractères réces- sifs par rapport à la bicotylie normale : la polyphyllie, la panachure des feuilles, la dnpli- cature des fleurs, la polycéphalie sont des caractères récessifs . D'après Biffen, l'absence de barbes, l'avortement des épillets latéraux de l'Orge sont des caractères dominants [Roy. Hort. Soc. of London, 1906. Congrès de l'hybridation). La loi de Mendel n'est pas, comme plusieurs l'ont cru, le fil conducteur qui permet 668 HYBRIDITE. de se guider infailliblement dans le labyrinthe de l'hybridation. Ses explications sont limitées; seuls, nous l'avons vu, certains caractères sont justiciables d'elle; quand ces caractères n'existent pas dans les espèces croisées, elle n'est d'aucun secours ; s'ils exis- tent seuls, elle explique très bien les propriétés morphologiques des hybrides. Mais il arrive souvent que dans la pratique les formes croisées possèdent des caractères régres- sifs et progressifs, en sorte que les hybrides ne présentent que pour les premiers la dissociation mendélique, tandis que pour les seconds ils obéissent aux lois des croise- ments unisexuels. Cette dissociation s'explique grâce aux pangènes ou particules représentatives de qualités des espèces et variétés. Ces pangènes sont groupés dans les chromosomes du filament nucléaire; ils peuvent s'échanger quand ils sont de même nature et se correspondent 2 à 2, ce qui a lieu avec les caractères régressifs ou dégressifs, non avec les caractères nouveaux, progressifs, qui existent chez une plante sans avoir leur semblable dans l'autre et provoquent alors la formation d'hybrides constants, sans disjonction. (De Vries, toc. cit. et Sur les unités des caractères spécifiques et leur application à l'étude des hybrides; Revue générale de Botanique, xii, 1900; 237. Sur la relation entre les caractères des hi/brides et ceux de leurs parents : ibid., xv, 1903, 241.) Hybrides dérivés. — Si l'on croise deux races d'une même espèce, et que le pro- duit obtenu soit à son tour croisé avec une plante d'une autre race de la même espèce, on obtient un hybride dérivé. Or le croisement avec une autre race et une autre espèce peut être fait, non après la première génération, mais après la neuvième génération hybride; le produit obtenu est encore un hybride dérivé. Dans ce cas, le nouveau croi- sement qui reproduit la dérivation a, par rapport aux croisés et à leurs descendants directs, les mêmes effets que le croisement primitif par rapport aux parents et à leurs descendants directs. Ainsi, à la neuvième génération, un hybride de deux races d'Ipomœa purpurea est croisé avec une autre race d'ipomée, et on a un hybride dérivé. Cet hybride, par exemple, a sur ses deux parents, dont l'un est déjà hybride, une certaine supériorité de taille et de fécondité; or cette supériorité est la même que celle du premier hybride vis-à-vis de ses deux générateurs. Comme cette supériorité, acquise du premier coup, se maintient dans la descendance directe des hybrides comparés à la descendance directe des générateurs, on peut dire dans le sens ci-dessus que, à la neuvième généra- tion, les hybrides simples d'ipomée reproduits entre eux sont dans le même état d'infé- riorité vis-à-vis de l'hybride dérivé de première génération que les descendants direcis des parents de l'hybride simple le sont vis-à-vis des descendants de cet hybride même. On peut donc admettre que l'elfet du croisement de deux plantes différentes est, en ce qui concerne certains effets, indépendant des croisements antérieurs. Lorsqu'on croise un hybride de deux espèces avec l'une de celles-ci, on obtient aussi un hybride dérivé. En répétant l'opération, c'est-à-dire en croisant ce dernier avec la même espèce, et ainsi de suite pour les hybrides dérivés successifs, on arrive, après un certain nombre de générations, à retrouver cette espèce, comme l'avaient déjà démontré IvŒHLREUTEii, et surtout Wiegmann; l'hybride disparaît; il est, comme on dit, absorbé; et, si l'hybride simple était dysgénésique, ses successeurs, dérivés, sont devenus, plus ou moins rapidement, eugénésiques, selon l'expression employée dans ce système, qui est identique au croisement continu des éleveurs, sauf qu'il porte sur des espèces diffé- rentes, au lieu de porter sur des races distinctes de la même espèce. Ainsi l'hybride de Dianthus chinensis et Dianthus caryophyllus donne, par croise- ment continu avec ce dernier, des hybrides dérivés qui lui font retour après trois ou quatre générations; mais, si le croisement continu se fait avec D. chinensis, il faut six générations pour que le retour ait lieu. On pourrait peut-être en conclure que la puissance d'hérédité de l'Œillet girofle est à celle de l'Œillet de Chine comme j est à 3. Il en est de même pour les hybrides de genre, comme le montre, notamment, la question autrefois si débattue des hybrides de Triticuni et d'.Egilops, ou encore de l'ori- gine du Blé. En 18;j3, Esprit Fabre, horticulteur à Agde, annonça qu'il avait trouvé la preuve que le Blé dérive de VMgilops ovata, Graminée sauvage très commune dans le Midi. (Esprit Fahiir. Des .Egilops du Midi de la France et de leur transformation, Mémoires de l'Aca- HYBRIDITE. 669 demie des Sciences et des Lettres de Montpellier, 1833. — F. Dunal. Courte introduction au trarail de M. Espkit Fabre sur la métamorphose des .Er/ilops en Triticum.) Fabre croyait qu'JEgilops ovata se transforme en Muilops triticoides Req., puis en ^. speltœformis Dun., et enfin en Blé. Or, WE. triticoides, qui avait été distingué pour la première fois par Requien, en 1821, près d'Avignon, et en 1824, près de Nîmes, est stérile par la partie mâle. GoDRON a montré qu'il lésultait de l'hybridation entre l'.Egilops et le Blé, et le fait a été vérifié, en i8a6 et en 1857, par Regel, en Allemagne ; Vilmorin et Groenland, à Paris ; Planchon, à Montpellier. Godron a fait voir ««paiement qu'en fécondant parle Blé ^yi- lops triticoides, on obtenait Mijilops xpcltseformis, qui, lui, est fécond au moins après quelques années. Les graines qui donnent cette forme se rencontrent donc dans la nature sur ^.triticoides ; mais, en semant les graines de ^E. speUaeformis, on obtient la même forme que Cosson considère comme une espèce véritable créée par hybridation dérivée, tandis que Godron la tient simplement pour un hybride fécond incapable de subsister sans le secours de l'homme. Godron a constaté, en outre, que, si, au lieu de féconder ^. speltœformis par le Blé d'Agde, on le féconde par d'autres espèces ou races de Blé, on obtient le retour des produits au type paternel à la troisième génération; retour incomplet, il est vrai, en ce sens que les plantes produites sont cette fois stériles, ou peu fécondes. C'était, d'ailleurs, une conviction profonde chez Godron que les phénomènes de retour aux parents, observés par Naudln, étaient probablement dus à la fécondation des hybrides par les parents, à Tinsu de l'expérimentateur. Hybrides combinés. — Si l'on croise un hybride issu de deux plantes A et B avec un autre issu de deux autres plantes G et D, on obtient un hybride combiné. De môme, s'il s'agit d'un hybride fécond de deux espèces croisé avec une troisième espèce, ou avec un hybride de deux autres espèces. Avec des races d'une même espèce, l'hybride combiné porte en lui, apparents ou latents, les caractères des quatre races qui ont servi à le former, mais on ignore dans quelle mesure il est supérieur aux descendants directs de ses deux parents, qui, eux- mêmes, sont déjà hybrides. Avec des espèces d'un même genre, l'hybride combiné a une tendance à être stérile, et il est généralement fort variable. Vichura h pu faire des hybrides combinés de Saules, dans lesquels entraient jusqu'à huit espèces. Un certain nombre de cépages utilisés pour la reconstitution du vignoble détruit par le Phylloxéra ne sont pas autre chose que des hybrides combinés; ainsi, le Jacquez est un hybride des Vitis œstiralis, cinerca et vinifera; de même pour VHerbemont. Faux hybrides. — En 1894, Mu-lardet [Note sur l'hybridation sans croisement, ou fausse hybridation. Mcm. Soc. Se. phys. et nat. de Bordeaux (4), a montré que les liybrides entre espèces diverses de Fiaisiers [Fragaria elatior, vesca, etc.) peuvent ressembler complètement soit au type paternel, soit au type maternel, et il a donné à ce phénomène le nom de fausse hybridation. En croisant Vilis rotundifolia et y. vinifera, V. vinifera et Ampélopsis hederacea, il se produit aussi de la fausse hybridation; lorsque V. rotundifolia donnait le pollen, il se formait des faux hybrides ressemblant à des vinifera; dans le cas inverse, on avait des hybrides ordi- naires. Avec le pollen d'Ampélopsis, on a également des faux hybrides ressemblant encore à des vinifera; le croisement inverse ne donne rien (Millardet, J^ote sur la fausse hybridation chez les Ampéliddes. Revue de viticidlure, 21 décembre 1901 ,. — Correns {Neue Untersuchungen auf dem Gebiete dcr Bastardungslehre, 1901, 1902, Bot. Centr., 1903, p. 487), et GiARD, Parthénogenèse de la macrogamète et de la microgamète chez les orga- nismes pluricclhdaires [Cinquantenaire de la Soc. de Biologie, vol. jubilaire, 1899, iVoi- 637, et Les faux hybrides de Millardet et leur interprétation {B. B., 1903, p. 779-782), admettent qu'il s'agit de pseudogamie, au sens où Focre l'entendait dès 1881 (Focre, loc. cit.); ou bien de fécondation végétative, pour employer l'expression de Strasburger, le pollen mettant en jeu l'embryogenèse sans amphimyxie, c'est-à dire provoquant, par influence cinétique ou chimique, la formation et le développement de l'œuf sans qu'il y ait mélange de gamètes. Giard [Dissociation de la notion de paternité,. B. B., 1903, 497). Dans ce cas, le faux hybride ressemble à la mère. Mais l'inverse peut avoir lieu; la microgaraète pouvant se développer parthénogénétiquement dans le sac embryon- 670 H Y BRI DITE. naire, et donner un faux hybride ressemblant au père. Dès 1899, Millakuet avait accepté cette interprétation dans une lettre écrite à Giard, lettre que ce dernier a publiée en 1903 {loc. cit.). Xénie. — A la suite d'une fécondation croisée entre variétés ou espèces différentes, il arrive que non seulement l'embryon qui résulte d'un œuf hybride est hybride lui- même, mais encore que les tissus voisins de l'embryon (albumen de la graine, et même jusqu'au péricarpe du fruit) soient modifiés dans leur structure, et participent plus ou moins des caractères de la variété ou de l'espèce mâle qui a fourni le pollen. Focke a donné à ce phénomène le nom de œénie [xenos, étranger). La xénie correspond, comme on le voit, à la télégonie chez les animaux. Comme cette dernière, elle a été souvent mise en discussion ; un grand nombre de cas, qu'on considérait comme devant lui être attribués, sont douteux, car ils peuvent s'expliquer tout aussi bien par la varia- tion constatée en dehors de toute hybridation. Cependant il y en a un certain nombre que Ion est obligé de considérer comme tels, et ce sont ceux-là que nous allons passer eh revue. Tout d'abord il en est qui s'expliquent très bien, à l'heure actuelle, par le phéno- mène de la double fécondation, découvert, il y a quelques années seulement, par Nawaschine et Guignaru. On comprend, en effet, que l'albumen soit hybride, puisqu'il provient lui-même d'une fécondation par le second anthérozoïde du boyau pollinique ; si cet albumen a des caractères spéciaux de couleur, de structure, de composition chimique, on pourra voir, tout de suite après la fécondation, s'il possède les caractères de celui de la plante mâle. Il est vrai que ce n'est plus delà xénie; mais, avant la découverte de la double fécondation, cela ne pouvait s'expliquer que par une influence à distance du boyau pollinique, et, par conséquent, devait être rangé parmi les cas de xénie. Giard fait remarquer, en 1903 (B. B., 497), qu'on pourrait concevoir un embryon et un albumen provenant de pollen d'espèces ou de variétés différentes. Mais Swingle et Webber aftirment que, jusqu'en 1897, aucun fait précis ne permet de supposer qu'une telle hypothèse s'est jamais réalisée. On sait depuis longtemps, par exemple, que des Mais à grains noirs peuvent donner des grains noirs l'année même de la fécondation croisée (de Vilmorin, de Vries, Correns). Or c'est l'albumen qui est coloré dans les grains ; il est donc devenu réellement hybride à la suite du croisement. Il en est de même pour les Maïs sucrés à grains riches fécondés par des Maïs amylacés. Des faits analogues ont été observés depuis longtemps, vérifiés ensuite par G.ertner, sur les Pois blancs fécondés par des Pois de couleur. Là, il ne s'agit de xénie propre- ment dite que dans le cas oi!i la coloration est produite par l'épisperme, le dévelop- pement de ce dernier étant consécutif à la fécondation, mais n'en résultant pas d'une façon directe, comme l'albumen. Gagnepain [Bull. Soc. Bot. Franc, 3« série, m; 129- 139) a obtenu, en eflet, que les grains du Lychnis dlurna, fécondés par le Lychnis ve^pcr- tina, sont colorés en gris cendré, et non en jaune fauve, comme dans l'espèce pure. Mais ou a cité un certain nombre de cas où la xénie s'est étendue au fruit lui-même, et c'est bien là la xénie proprement dite. TiLLEï DE Clermo.nt-To.n.nerre (Mcm. Soc. Llnn. Paris, m, 166, 1825' affirme que le célèbre Pommier de Saint-Valéry, stérile par avortement de ses étamines, donnait, lorsqu'il était fécondé par telle variété de Pommier, des fruits rappelant par la taille, l;i couleur et la saveur, ceux de cette dernière. Maximowigz [Bull. Acad. Saint-Pétersbourg, xvii, 27:i, 1872), fécondant Lilium liibife- nim par Lilium danricum, obtenait, chez le premier, des capsules semblables à celles du second; la fécondation inverse donnait des résultats analogues. Laxtox [Gardener's Chronicle, 1854, 304), en croisant le grand Pois sucré avec le Pois à cosses pourpres, aurait obtenu des gousses maculées de pourpre ; Gallesio [Traité du Citrus, 18H), fécondant l'Oranger par le Citronnier, a vu se développer une orange dont la peau présentai? une bande longitudinale ayant le caractère de celle du citron. La xénie vnàe, admise par G^erner dès 1729, puis, plus tard, par Berkeley, démontrée par Gallesio et Laxton, aurait été "observée aussi de façon certaine par Giltav, sur le Riz. HYBRIDITÉ. 61\ D'autre part il est admis, chez les horticulteurs, que la xénie est manifeste chez les Gucurbitacées cultivées; une variété fécondée par une autre ne conserve plus ses qua- lités propres de saveur. Lfxlebc du Sablon, qui a fait des fécondations croisées des Gucurbitacées et a analysé les fruits obtenus, a constaté que, si l'apparence extérieure des fruits n'est pas changée, la composition chimique est modifiée; on ne trouve plus les proportions habituelles de matières de réserve. La culture soignée des Gucurbitacées exige donc la fécondation artificielle afin d'éviter les pollens étrangers qui abâtardi- raient les races. Enfin, dans le monde viticole, l'opinion est répandue d'après laquelle une variété à raisins blancs fécondée par une variété à raisins noirs donnerait des raisins noirs, blancs ou panachés; l'inverse n'aurait pas lieu, c'est-à-dire qu'il n'y aurait jamais décoloration des raisins noirs. Millardet {loc. cit.) admet ces faits, pour lui scientifiquement établis par Henry Bouschet et son père, créateurs des hybrides fameux qui portent leur nom et aussi par un ampélographe éminent, le baron Antomo Mendola. Mais il remarque que cette xénie ne se produit qu'à la suite du croisement de variétés de même espèce et qu'elle n'a jamais lieu pour la Vigne quand on croise des espèces différentes. Viala et Pacottet, fécondant régulièrement dans les serres le Muscat d'Alexandrie et le Bicane, deux variétés coulardes de Vinifem, par le pollen d'Aramon-Rupestris Ganzin (hybride franco-américain) ou le Frankenthal [Vinifera), ne constatent jamais le phénomène de la xénie pas plus dans la forme que dans la couleur et le goût. Au reste cette question de la xénie est encore bien obscure. Le célèbre Knigut, mal- gré de nombreuses recherches, n'a pu le mettre en évidence. Lecoq n'a pas été plus heu- reux. Griffon ne l'a pas constaté en croisant des espèces de Solarium, de Lycopersicum et de Cap$icum [Bull. Soc. Bot. France, 1908). De "même Bunyard qui a expérimenté sur les Maïs, les Haricots, les Pois, les Pêches, les Pommes {Roy. Mort. Soc, 1907). Enfin, dans les vergers, les arbres fruitiers donnent bien les fruits de leur variété malgré la fécondation croisée; il est vrai de dire cependant que des pomologistes distingués (Liron d'Airolles, etc.) admettent dans ce cas son existence. Mais, si elle existe réellement dans certains cas, comment l'expliquer? Haagke admet que, à la suite de la fécondation croisée, l'œuf hybride agit par les substances nouvelles qu'il contient sur les tissus voisins, et de proche en proche sur ceux du péricarpe, qui, comme on le sait, deviendra le fruit. Cela ferait comprendre (?) que les changements dus à la xénie soient presque toujours des changements non de forme, mais de colora- tion. Les hybrides dans la culture et dans la nature. — Le nombre des hybrides créés par les praticiens et les botanistes, par les premiers surtout, est considérable. Tous ne présentent pas, est-il besoin de le dire, un grand intértU; mais la quantité de ceux qui sont retenus par la culture est encore énorme. C'est par l'hybridation qu'on a obtenu tant de belles formes parmi les plantes de pleine terre et de serre, tant de varié- tés de Céréales, tant de cépages qui nous ont permis de reconstituer le vignoble après l'invasion phylloxérique. Bradley, dès 1716, attribuait à l'hybridation par les vers et les insectes les variétés d'Auricules, et Linné, en 1744, les variétés de Tulipes et de Choux. Et qui n'a entendu parler des hybrides de Roses, de Bégonias, de Pélargoniums, de Chrysanthèmes, de Dahlias, de Tabacs, de Glaïeuls, de Tulipes, d'Orchidées, de Blés, de Vigne, etc.? Et sous ce rapport la pratique est loin d'avoir dit son dernier mol. Dans la nature, grâce à la facilité de la fécondation croisée, de nombreux hybrides se produisent, sans que l'homme intervienne. Les botanistes herborisants sont souvent aux prises avec des hybrides de Dianthus, de Cistus, d'Epilobium, de Mubus, de Cirsiitm, d'}[icracitun, de Mentha, de Salir, d'Orclth, etc. Il est bon d'ajouter toutefois que la nature hybride de beaucoup de formes, considérées comme telles, n'est pas démontrée expérimentalement, et il est probable que des essais en ramèneraient plusieurs au rang dépures variétés. Il en est même qui sont certainement de bonnes espèces malgré leur nom; tel est Ckenopodium Uybridum que Linné considérait à tort comme résultant du croisement entre Chenopodium album et Datura Stramonium, deux plantes rudérales bien éloignées au point de vue systématique (voir Sghiede, De j^Iantix hybridis sponte nati><. Cassel, 182.";). Technique de l'hybridation. — Nous ne nous étendrons pas longuement sur ce 672 HYBRIDITE. point qui sort un peu du cadre de cet article. Au reste une longue pratique, un certain tact, de l'habileté manuelle font plus que tous les renseignements les plus précis et les plus circonstanciés. On trouvera cependant dans Lecoq {De la fécondation naturelle et artificielle des végétaux et de Vhybridation, 1 vol., 425 pp. Paris, 1862), Millardet {Essai sur rhybridation de la Vigne. 1 br., 42 pp. Paris, 1891), de Vilmobin, Fruwirth {Die Pflanzenziichtung, Berlin, 1905), des indications fournies par des hommes compétents et que les ouvrages récents sur la matière donnent à nouveau, mais en les obscurcis- sant le plus souvent. Ces indications ont trait au choix des plantes à hybrider en vue de telle ou telle combinaison, à la préparation des sujets, à la castration des fleurs à féconder, à la protection des fleurs castrées, à la récolte du pollen et à sa conservation, à la pollinisation elle-même, aux instruments à employer, à l'époque des opérations, aux soins à donner dans la suite, etc. L'ouvrage de Millardet ne traite que de la Vigne, et les écrits de Vilmorin ne se rapportent qu'aux Graminées; celui de Fruwirth envisage le cas des plantes de grande culture; mais dans Lecoq il est question de toutes les familles de plantes intéressant l'Horticulture et l'Agriculture. Hybridation asexuelle. — En général il est admis qu'il n'y a pas d'hybridation possible en dehors de la reproduction sexuée. Cependant certains auteurs contempo- rains ont repris les idées de Darwin sur la possibilité de mélanger par la greffe les caractères de deux variétés, de deux espèces ou de deux genres de façon à faire naître des bourgeons susceptibles de donner des pousses hybrides. Il y aurait donc une hybridation asexuelle ou par greffe. Dans son grand ouvrage sur la variation, Darwin a accumulé un certain nombre de faits et d'observations de nature à étayer cette théorie. Darwin citait déjà entre autres les cas du Cytisus Adami et des Bizarrfa auxquels on a ajouté depuis le Néflier de Bron- vaux et quelques autres beaucoup moins caractéristiques. Le Cytise d'Adam est un arbi*e des plus curieux qui a le port de Cytisus Laburnum sur lequel on le multiplie par greffage, mais dont les'feuilles sont plus petites, glabres, et qui donne des grappes de fleurs rose pourpre ; les gousses sont toujours stériles, alors que le pollen est fertile. Sur les rameaux de cet arbre se développent des ramilles ou de fortes branches de Cytisus Laburnum pur avec ses grandes grappes pendantes d'un beau jaune et des touffes du buissonnant Cytisus purpureus à petites feuilles trifoliées glabres €t à fleurs pourpres isolées. On a, sans preuves, avancé que cet hybride singulier, qui présente à un si haut point la disjonction des caractères et le retour aux formes qui l'ont engendré, e'tait né vers 1825 à la suite du greffage d'un écusson de C. purpureus sur C. Laburnum. Mais les milliers de greffes analogues exécutées depuis n'ont jamais reproduit cet hybride; de plus Strasborger {Pringsheims Jahrbàcher, 190o) a montré récemment que le Cytisus Adami se comporte, au point de vue du nombre des chromo- somes dans ses cellules végétatives, comme un hybride sexuel ordinaire. Les Bizarria ont été longuement décrites et bien figurées dans le Nouveau Duhamel, dans Gallesio {loc. cit.), dans Risso et Poiteau. Ce sont des arbres qui donnent des fruits rappelant tantôt la Bigarade, tantôt le Citron, ou bien des fruits composites qui rappellent à la fois les. deux formes. Ces Bizarria sont très rares; il en existerait un spécimen actuellement à l'École d'Horticulture de Florence. On a avancé, sans preuve également, que les Bizarria ont pour origine un pied de Bigaradier greffé en 1644 par un jardinier de Florence sur le Citronnier. Ce pied aurait rejeté des rameaux hybrides qui seraient la souche des Bizarria actuelles. Or là encore les caractères cytologiques ne sont pas en faveur d'une hybridation asexuelle, et on n'est pas du tout sûr que les choses se soient passées comme certains le racontent; en outre les innombrables greffes faites depuis 1644 n'ont jamais fait naître d'hybrides. Les Bizarria vraies s'expliquent plutôt par la fécondation croisée, si fréquente dans les cultures d'Auran- tiacées. Quant au Néflier de Bronvaux, c'est un arbre qui se trouve entre Saint-Privat et Metz, à Bronvaux, et dont le tronc centenaire est une Aubépine et la cime un Néflier greffé sur lui. Or, au niveau du bourrelet de soudure, quelques rameaux se sont déve- loppés qui présentent des formes intermédiaires au Néflier et à l'Aubépine, ou bien qui sont de l'Aubépine pure ; sur les rameaux mixtes apparaissent des formes Néflier ou des formes Aubépine. Ces pousses anormales sont-elles le résultat d'une hybridation HYDRASTINE. 673 asexuelle consécutive au greffage, ou bien une simple varialion accidentelle, c'est ce qu'on ne saurait dire d'iino façon formelle. I^es caractères cytologiques ne sont pas en faveur d'ime telle liyl)ridation. D'autre part on a grefl'é bien souvent de Néfliers sur Aubépines et jamais on n'a constaté un cas analogue à celui de Bronvaux. Comme on le voit, il n'y a donc pas à se baser sur ces trois plantes précédentes pour établir la théorie de l'hybridation par greffe. Dans.de longues recherches entreprises depuis plus de quinze ans, Daniel {La varia- tion spécifique dans le greffage ou lujbridatlon asexuelle [Congrès de Lyon, 1901) a essayé, surtout a l'aide de plantes herbacées, de montrer que Tintluence du sujet sur le greffon est telle qu'un véritable mélange de caractères, plus ou moins accentué, pmit s'en- suivre. Les travaux de Daniix ont eu un grand retentissement par leurs conclusions qui allaient à rencontre de l'opinion séculaire des horticulteurs; l'application que leur auteur a voulu en faire à la Vigne sur laquelle, d'ailleurs, il a peu expérimenté person- nellement, conduisirent un certain nombre de praticiens et de botanistes à vérifier ces résultats si nouveaux et si surprenants. Griffon [liuH. Soc. Dot. Fr., 1907, 679, 1908, 397) a repris à peu près toutes les expériences de Daniel et n'a jamais pu observer d'influence spe'ciilque morphologique du sujet sur le greffon, et réci|iroqueinent. De son côté GuiGXARD [Ann. Sciences nat., (9), vr, 161, 1907) n'a pas trouvé d'influence spécifique d'ordre chimique. Enfin les viticulteurs sont à peu près unanimes à reconnaître que l'abâtardissement des cépages à la suite du greffage des vignes européennes sur les vignes américaines n'existe pas (voir Reproduction). Si l'on tient compte de tous ces faits, ainsi que de la critique des trois ou quatre soi-disant hybrides de greffe célèbres, on peut dire qu'à l'heure actuelle il n'existe aucune forme végétale devant nécessairement s'expliquer par l'hybridation asexuelle. On n'a pas démontré non plus que cette dernière soit impossible. Pourtant tout ce qu'on sait jusqu'à présent, tant au point de vue théorique qu'au point de vue pratique, tend à la faire considérer comme improbable. ED. GRIFFON. HYDANTOINE (glyCOlylurée). Voir Urée et Urique. HYDRASTINE (C^' II^' Az 0«).— Alcaloïde qu'on extrait deVHijdrasUs cana- densis, en même temps que la berbérine. Elle donne des sels cristallisables, et on peut obtenir des étbyl, méthyl et aliyl-bydraslines. Traitée par l'acide azotique étendu, elle s'oxyde, et donne de l'hydrastinine et de l'acide opianique. C2iH2iA7.O6 + O=H2O + CiiHi3AzO^ + Ci0H'0O3 hydrastiûo liydrastinine ac. opiani()ue L'hydrastine est très voisine de la narcotine; la nai'cotine pouvant être considérée comme de l'hydrastine méthoxylée. Elle a été recommandée en médecine, ainsi que l'extrait d'if, canadensis, contre les métrorrhagies, par Schatz, en 1883; mais son emploi ne paraît pas tout à fait justifié, encore qu'elle ait une action certaine, vaso-constrictive, sur les vaisseaux ulérins, sans provoquer les contractions musculaires de l'utérus même, comme l'ergotine. Injectée à des animaux, elle agit comme une substance éminemment vaso-constric- tive. Mais son action paraît se porter surtout sur les vaisseaux innervés par le nerf splanclinique; car, après la section des splancbniques, les fortes doses abaissent énor- mément la pression, sans retour à la normale. Ce qui caractérise nettement les effe-ts de l'hydrastine, c'est son action sur les vaso-moteurs, et spécialement sur les centres vaso- moteurs. Elle "agit aussi sur le cœur, qu'elle ralentit, par l'intermédiaire du pneumo- gastrique ; parfois même elle amène un état syncopal, tous phénomènes ne se produi- sant plus quand les nerfs vagues ont été sectionnés. Les centres vaso-moteurs sont, à n'en pas douter, paralysés par des fortes doses d'hydrastine ; car, lorsque la pression est devenue très basse, après la première période, caractérisée par une élévation, ni la strychnine, ni l'asphyxie ne peuvent ramener la pression artérielle à la normale. DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOMK VHf. 43 61i HYDRATATION. L'hydrastinine est une substance fluorescente, môme dans une solution au millio- nième. Elle a des effets analogues à l'iiydrastine; pourtant elle semble moins nocive sur le cœur, et la vaso-constriction persiste plus longtemps. L'hydrastine tue en para- lysant les ganglions du cœur. L'hydrastinine lue en abolissant l'activité du centre nerveux respiratoire. Enfin on n'observe jamais avec l'hydrastinine les convulsions imparfaites, tétaniformes, qui surviennent dans l'empoisonnement par l'hydrastine (Pellacani). Il paraît que, même à dose faible, l'hydrastine provoque un peu d'anal- gésie (Maïs). Les hétérothernies sont, relativement, moins sensibles que les homéo- thermes (Falk). On a signalé des cas d'empoisonnement (Miodowski). Il y a quelque incertitude pour la détermination de la dose toxique. D'après Marfori, l'hydrastine serait toxique à 0,00o, pour les grenouilles, à 0,010 pour les souris, et à 0,15 (par kil.) chez les lapins. Toutefois les vaso-moteurs sont tellement sensibles à l'action de cet alcaloïde, que l'injection de 0,01 (par kil.) produit déjà une élévation de pression (Serdjeff). De Vos, en plaçant des grenouilles dans des solutions d'hydrastine, a vu qu'elles meui^ent lorsque la solution a une concentration supérieure à 0,03 par litre, ce qui représente, évidemment, une tiès grande toxicité ; car, à cette dose, peu de substances sont toxiques pour les grenouilles. Il a aussi étudié les effets de l'intoxication chro- nique. D'après lui, il n'y aurait pas d'accumulation, mais plutôt une sorte d'accoutu- mance.. Pourtant, un chien de 3 080 grammes est mort au septième jour, après avoir reçu quotidiennement 0,10 de chlorhydrate d'hydrastinine. Il a, d'ailleurs, constaté que le chien est moins résistant que le lapin à l'action de ces alcaloïdes. Sur des lapins en gestation, l'hydrastine donnée chaque jour pendant un mois n'a pas été toxique, et n'a provoqué aucun accident. RoNssE, dans un travail très méthodique, a constaté que l'hydrastinine (à la dose quotidienne de 0,10 d'abord, puis de 0,20) administrée, pendant onze jours, à un singe, n'exerçait aucune modification sur les échanges. 11 en a été de même sur les lapins. Sur les pigeons, la dose mortelle a été de 0,03 pour des pigeons de 300 grammes, soit 0,1 par kilogramme. La mort survient dans des attaques tétaniques. Pour Ronsse, contrai- rement à J. DE Vos, il y a plutôt accumulation qu'accoutumance. Notons, en terminant, que, pour G. Poughet, » la facile altération de l'hydrastine, son mélange possible avec des produits de métamorphose : hydrastinine, hydrohydras- linine, méthylhydrastamide, hydrastinide, et les acides opianique, hémipinique, nico- tinique, rendent nécessaire une étude plus minutieuse de l'hydrastine » [Leç. de Phar- macodynamie, 1904, iv-v, 515). D'après Marfori, l'aride hydrastinique est tout à fait inactif. Bibliographie. — Fellner. Wien. med. M^och., 1882, xxxvi, 29, et Wlen. mcd., Jahrb., 1885, 330. — Rutherfood. A report on the biliary sécrétion of llte doy, uith ref'er. to the action of cholayogues {Brit. med. Journ., (1), 1879, 31). — iMays [T/ier. Gaz., 1886, 289- 295).— Slavatinsry {Th. de Pétersbourg, 1886). — Serdjeff [Th. de Moscou, 1890). — Marfori {A. i. B., xiii, 1890, 27-44). — Shurinoff {Th. de Pétersbourg, 1885). — Falck {A. A. P., cxix, 1890, 390-446). — Pellagam {Mem. dell' Ac. di med. di Gcnora, 1888, 446). — GuRGi {Ann. di Chimica e Farmac, 1886, iv). — Cerna {Ther. Gaz., 1891, 289 417-et 361). — Archangelsky {Th. de Pétersbourg, 1891). — Bcnge {Th. de Dorpat, 1893). — Vos (J. de) {Arch. de pharmacodynnmic, ii, 1896, 5-43). — Ro.msse {Ibid., 1898, 207- 287; et Ann. Soc. de méd. de Gand., 1898, 30-38). — Cabanes {Th. de Paris, 1889). — Lefèvre {Th. de Paris, 1893). — Miodowski. Ein Fall von acuter Vergiflung mit H. {Berl. Min. Woch., 1899, xx.svi, 115). — Ridder {Bull. Soc. de méd. de Gand, 1898). — Collin. {.Journ. de pharm. cl de chimie, 1900, 309-314). HYDRATATION (Fonction d'). — L'importance de l'eau n'avait pas échappé aux anciens, qui avaient fait de ce composé un des quatre éléments de la nature. Dans les phénomènes de la vie, l'eau joue un rôle primordial et prépondérant : aucun d'eux ne peut se manifester sans le concours du fluide biologique par excellence. Là où l'eau n'est pas, la vie est absente, là où elle diminue, la vie se ralentit, pour dis- paraître provisoirement ou définitivement, quand elle vient à faire défaut. La mort HYDRATATION. 675 elle-même, pour accomplir son œuvre de destruclion, exige de l'eau : autrement c'est la momification. Le mouvement incessant de l'eau à la surface de la terre donne à cet astre comme une sorte de vie : la mer occupe plus des trois quarts de sa surface et semble être l'immense réservoir d'où toute vie est sortie. La composition minérale de ses eaux se rapproche beaucoup de celle du bioprotéon (1)'. De la surface des eaux s'élèvent des vapeurs qui, après s'être condensées en nuages, en pluie, en neige, principalement sur les hautes montagnes, retournent à la mer après avoir fécondé la terre sur leur passage : des semences l'eau fait sortir les végé- taux, ceux-ci, avec de l'eau, du soleil et de l'énergie ancestrale, arraclienl le protéon minéral à son apparente inertie, le chargent de potentiel, d'où sortira presque toute l'activité extériorée par les êtres vivants. L'hydratation doit donc être considérée, en physiologie, comme une fonction pri- mordiale, fondamentale : elle occupe le premier plan, la respiration ne se présente qu'au second. En effet, avant de respirer et pour sortir delà vie latente, la graine ou la spore, d'abord hydratée, puis desséchée, a besoin de se réhydrater pour germer et, même dans l'acte de la fécondation, comme dans celui de la parthénogenèse naturelle ou artificielle, le phénomène initial est une déshydratation suivie d'une réhydratation. . (R. Dubois (2)). L'hydratation commande à tous les actes relatifs à la conservation de l'individu et à celle de sa descendance, à la nutrition comme à la reproduction. I. — Rôle physico-chimique de l'eau. — Pendant longtemps les organismes ont été classés en aquatiques et aériens. Par une ingénieuse généralisation Claudk Bernard (3) tenta de faire rentrer ces derniers dans la catégorie des premiers : il en- seignait que les éléments anatomiques, dont l'agglomération constitue les organismes aéi^ens polyplaslidaires ou pluricellulaires aériens, vivent, en réalité, dans un milifu aquatique représenté par le sang et les humeurs, comme poissons dans l'eau. Dans cette conception, les organismes aériens se trouvaient réduits à l'état d'aquariums ambulants renfermant ce que Claude Ber.xard appelait le milieu intérieuv. Il existe, il est vrai, de nombreux organismes aériens qui n'ont ni sang, ni lymphi;, ni sève : beaucoup d'êtres monoplaslidaires ou unicellulaires sont dans ce cas, mais aussi beaucoup de cellules sont pourvues de suc cellulaire aqueux, dans lequel baigne le bioprotéon proprement dit. Depuis longtemps, les physiologistes ont reconnu que l'eau n'est pas seulement un véhicule chargé de faire circuler dans les organismes ou autour d'eux les substames servant à la nutrition et à la respiration, de dissoudre les aliments pour les rendre assimilables et les résidus devenus inutiles ou nuisibles pour les rejeter à l'extérieur. En dehors de la circulation proprement dite, ils ont montré le rôle important (jiie l'eau joue dans les fonctions de locomotion, de préhension, de mastication, de digestion, d'ab- sorption, de sécrétion, dans la transpiration et la respiration comme modérateurs de la calorification, enfin son rôle mécanique dans les séreuses, les synoviales, le liquide céphalo-rachidien, les canaux de l'oreille interne, etc. Mais ce qui a été trop négligé jusqu'ici, c'est l'étude des propriétés physico-chimiques de l'eau, au point de vue du mécanisme intime des phénomènes qui se passent dans la profondeur du bioprotéon, et qui constituent la fonction d'hydratation proprement dite, la seule dont nous ayons à nous occuper dans cet article. Dès 1874, et même antérieurement, ainsi que dans de nombreuses publications ultérieures (4), Raphaël Dubois a insisté particulièrement sur l'importance qu'il con- 1. En dernière analyse, l'Univers nous aj^iiarait comme formé d'un élément unique incapable de se détruire ni de se créer, mais qui, par ses innonilirables et incessantes moLamorphoses donne à la Nature son infinie variété, d'où le nom de Protéon : l'énergie et la matière ne sont que deux aspects psychiques d'une seule et même chose. Le /tioprolcon est ce que l'on nomme communément jnatière vivante ou encoi-c protoplasme. Cette dernière expression doit être su]i- primée parce qu'elle désigne des choses fort différentes et pas nécessairement vivantes. Quant au mot « matière », il n'a plus aujourd'hui de signification précise. Toutes les découvertes récentes relatives à la radio-activité et à la désagrégation de l'atome n'ont fait que confirmer l'existence de l'élément unique, à la fois force et matière, auquel Rapuaki. Dubois a depuis bien des années donné le nom de prott'-on : V. Leçons tle physiologie générale et comparée, 1898. l"''' lec, n" 1). ^ 676 HYDRATATION. vient d'accorder au rôle de la chaleur spécifique de l'eau et de divers liquides orga- niques neutres. Déjà, en 1864, dans l'ordre chimique, Sainte-Glaihe Deville avait montré que l'eau, par sa chaleur spécilique, intervient dans les réactions avec une puissance singulière qu'il mit, le premier, bien en évidence (5). Armand Gautier a donné un exposé très clair de la question dans ses Leçons de Chimie biologique (6). Lorsqu'un corps solide se dissout dans l'eau sans s'y combiner à proprement parler, il absorbe d'abord, aux dépens du dissolvant, la quantité de chaleur qui répond au travail dépensé pour détruire la cohésion de ses molécules; ainsi séparées, celles-ci se diluent dans la liqueur comme un corps qui s'y volatiliserait. La substance qui se dissout s'approprie donc et rend latente la quantité de chaleur qui correspond à l'abaissement de température causé par la dilution. Ce phénomène important a pour effet d'augmen- ter le potentiel de ses molécules. L'énergie intérieure, l'aptitude aux combinaisons et au dédoublement du corps, ainsi dissous, s'accroît aux dépens du calorique du milieu, de toute la chaleur disparue transformée en éner,ii:ie intérieure ou affinité. Les sels, les sucres, les albuminoïdes, en solution, se comportent, en un mot, comme s'ils s'étaient échauffés de toute la chaleur disparue, et, dans certains cas, comme s'ils s'étaient par- tiellement volatilisés ou dissociés (dissociation en ions d'ARRHENius). Si l'on calcule les températures auxquelles les chaleurs latentes de dissociation pourraient porter les molécules de ces substances, si elles ne se dissolvaient pas, on obtient des nombres qui permettent de juger, comme l'a montré Beuthelot (7), de l'im- portance de ce phénomène. En divisant la chaleur latente de dissolution rapportée à l'unité de poids de chaque substance par sa chaleur spécifique, on a la température à laquelle la substance, si on lui appliquait directement la quantité de chaleur disparue du fait de la dilution, se liquéfierait. A. Gautier [loc. cit.) a doimé des exemples de ce calcul, d'où il ressort :1 ° que l'eau agit très diversement sur chaque substance pour les charger, par dilution, d'énergie latente; 2° que, même exception faite des cas de pro- duction d'hydrates définis ou d'actions chimiques décomposantes, les sels dissous ne sont pas seulement fondus, mais que les calories absorbées par la simple dissolution sont généralement supérieures à la chaleur latente de fusion; 3° que la quantité de chaleur ainsi disparue augmente, jusqu'à une certaine limite, avec le degré de dilution. Cette chaleur devenue latente, ce potentiel ainsi emmagasiné, tend donc à dédoubler la molécule en produisant des agrégations, des dérivés, des hydrates plus aptes aux com- binaisons nouvelles que n'était la molécule premièr'e. Elle tend, par exemple, à disso- cier les sels en acides et bases libres, comme le ferait une chaleur intense. Cette con- clusion est confirmée par l'observation des dédoublements nombreux que les sels éprouvent au sein de l'eau : ils peuvent même être accompagnés d'oxydation, d'hydro- génation. Beaucoup de chlorures se dissocient en oxychlorures et acide chlorhydrique. Les sulfates et les nitrates de mercure, de zinc, de bismuth, se décomposent en sels basiques et sels acides; le borate d'argent se dédouble en acide et en base sous l'effet de la dilution aidée d'une douce chaleur, etc. Les chlorures de fer, d'aluminium et d'autres sels sont dissociés lentement au sein de leurs solutions. Ce phénomène dure quelquefois des semaines avant d'arriver à une limite stable. La lumière parfois hàle ces dissociations. Les phosphates alcalins, celui de soude, en particulier, sont presque entièrement dissociés dans les solutions étendues. La question de masse est très importante : suivant les quantités d'eau ajoutées, les effets ne sont plus comparables : ainsi pour 0,37 d'eau, le chlorure stanneux se dissout avec abaissement de température, mais, en étendant la dissolution, on obtient un oxychlorure. Dans la préparation des carbonates par précipitation, l'eau déplace une quantité de CO^ qui décroît en raison directe de la quantité de carbonate de soude employé. Le chlorure d'aluminium absorbe, en se dissolvant, une quantité de chaleur qui croit avec la dilution de sa solution, si bien qu'à un moment donné ses molécules Cl et Al sont dissociées et séparables par dialyse. Selon la proportion d'eau, l'état de dilution, oiî peut même obtenir des actions inverses : l'eau peut donner à (5('rlains ferments zyma- siques le pouvoir réversif. D'après Croft Hill, la mallase, qui change le maltose en glucose, peut inversement, en agissant sur une solution un peu concentrée de glycose reproduire, non le maltose, mais un corps très analogue, l'isomaltose. Les ferments HYDRATATION. 677 réversifs agissent jusqu'à ce qu'un certain état d'équilibre entre les matériaux fermen- tatifs et les produits qui se forment ait été atteint, cet équilil»re se rétablissant si la limite a été dépassée. Les cliimisles ont étudié également d'autres liquides ayant une clialeur spécifique différente de celle de l'eau, et capables par leur mélange avec elle de modifier son action physico-chimique dans les phénomènes de dissociation. La «lissociation dans l'eau de i'oxychlorure de calcium cesse dès que celle-ci contient 85 grammes de chlorure de calcium formé par litre et à 10" de température; dans l'alcool éthylique, ce sel cesse de se dissocier lorscju'il a fourni à son dissolvant, à lo", 1110 grammes de chlorure de calcium ; dans l'alcool butylique, c'est à 16" et à 54 grammes que le phénomène s'arrête; dans l'alcool amylique, à 10° et à 48 grammes par litre; dans l'alcool propylique, de même, etc. D'autres sels se comportent semblablement. Ces exemples font comprendre comment des corps, en apparence chimiquement neutres et indifférents, peuvent imprimer aux phénomènes intimes des réactions biochimiques, des modifications profondes, ainsi qu'on pourra le voir plus loin, à prop-'is de l'action physiologique des alcools et des anesthésiques généraux. D'autres considérations, et celles-ci pour leur part, ont abouti à la création de r « état dilué » de Van t'IIoff, qui se complique de la théorie des « Ions » de Swante Arrhenius, appelée à modifier bien des idées en biochimie. Si l'eau change profondément l'état d'équilibre moléculaire des corps cristalloïdes, ces derniers réciproquement interviennent dans tous les phénomènes physiques, où l'eau joue ce premier rôle : osmose, tonicité, dialyse, diffusion, etc. Ainsi on sait que non seulement l'eau peut devenir un poison pour les cellules vivantes, mais encore que son action est d'autant plus nocive que sa tension osmotique est plus faible, qu'elle tient moins de substance en dissolution, qu'elle est plus pure. Si nous pouvons boire beaucoup d'eau sans grand inconvénient, c'est que notre eau de boisson contient toujours en dissolution des sels, des gaz : acide carbonique, oxygène, etc., qui élèvent sa tension osmotique. On a reconnu depuis longtemps, empiriquement, l'action nuisible de l'eau pure (eau distillée) employée en boisson. Il existe, à Gastein, une source malfaisante appelée « Gift-Bnmnen » (source empoisonnée). Or l'analyse révèle que l'eau de cette source est extrêmement pure, plus que l'eau distillée, car elle ne contient aucun gaz en solution. Par suite de sa tension osmotique nulle, elle gonlle et altère les cellules de la muqueuse digestive et agit comme un véritable caustique. L'action nuisible de l'eau très pure des glaciers et des montaç-nes est due à la même cause (Bkliard). La tension osmotique de l'eau est modifiée profondément par l'adjonction à l'eau de liquides organiques neutres, tels que l'alcool, l'élher, le chloroforme, dont la chaleur spécilique est moins élevée que celle de l'eau. Il importe de retenir, pour l'interprétation des faits qui seront exposés plus loin, que l'eau est de tous les liquides celui qui possède la cha- leur spécifique la plus élevée : or, d'après la loi de Bkclard, on sait que le pouvoir osmotique d'un liquide est en raison directe de sa chaleur spécifique. Il est intéres- sant, comme ou le verra ultérifurement, de rapprocher la loi de Bkclauo de celle de DuLONG et Petit, d'après laquelle les chaleurs spécifiijues sont en raison inverse de leurs poids moléculaires. C'est en se basant sur ces considérations et sur des expériences personnelles que Haphakl Dubois établit en 1870-1876 /a loi de toxicité des alcools, confirmée parles recherches de Audigk et Dujardix-Beaumetz et par divers autres expérimentateurs. La molécule d'eaa, considérée au point de vue chimique plus spécialement, présente d'intéressantes particularités : elle entre et elle sort avec une grande facilité des com- binaisons moléculaires : elle forme avec une foule de corps des Jiydratcs chimiquement définis, dissociables sous de légères inlluences. Un même composé chimique peut former plusieurs hydrates, qui ne se dissocient que successivement à des températures diffé- rentes. Tous les hydrates sont, ou basiques, ou acides, ou neutres. Dans les premiers l'eau joue le rôle d'acide; dans les seronds, celui de base. .Sous l'inlluence de zymases hydra- tantes, déshydratantes, disloquantes, la molécule d'eau se soude ou se sépare, et c'est elle qui bien souvent semble être la clef de voiVte de l'édifice moléculaire. On ne peut l'enlever aux sels ammoniacaux, par exemple, sans que ceux-ci se dissocient aussitôt. Les hydratations chimiques concourent activement avec les oxydations à la produc- 678 HYDRATATION. tion de la ca]orificaLion physiologique; dans la formation des nitrites, la chaleur d'hydratation, d'après Beuthelot, e'quivaut à un tiers de celle qui résulte des oxydations. Grâce à sa chaleur spécifique élevée, outre les propriétés déjà signalées, elle constitue un excellent régulateur de la calorification, puisqu'elle absorbe ou perd de nombreuses calories sans que sa température, ou celle des tissus ou des humeurs, qui en sont riche- ment pourvus, se modifie beaucoup sous l'influence des agents internes ou externes. En somme, ce qui ressort le plus nettement de l'étude physico-chimique du rôle de l'eau, c'est que ses principales propriétés sont dans une étroite relation avec sa chaleur spécifique. Aussi n'est-il pas surprenant que les recherches de Raphaël Dubois l'aient conduit à formuler cette loi que dans les phénomènes biologiques, Vhydratation agit dans le même sens que la chaleur, et le froid dans le même sens que les déshydratations (8). Les plasmas intercellulaires et intracellulaires, végétaux ou animaux, ne sont pas des solutions, mais ils sont comparables, par certains côtés, à des solutions étendues de sels et de matériaux organiques divers, qui se modifient sans cesse suivant les lois résultant du pouvoir osmotique de chacune de ces substances, de la quantité relative de principes qui sont au dehors et au dedans de chaque cellule, de la siructure des membranes dialysantes, etc. (Hydrolyse et Piasmolyse). Des associations diverses d'eau, d'acide carbonique, de sels, de matières albuminoïdes, d'amides, de sucre, de gaz, etc., se produisent ainsi dans chaque tissu, d"après Arm\xd Gautier (/oc. cit.). En partie dis- sociées par la dilution, qui jusqu'à un certain point est comparable à l'action des hautes températures, ces substances tendent à réagir suivant leur nature et leurs pro- portions que modifient en chaque point les phénomènes osmotiques et à former des combinaisons nouvelles différentes en chaque cas. On s'explique ainsi comment les organismes vivants arrivent à produire des composés à une température voisine de celle du milieu ambiant, telle que l'urée, pour la synthèse chimique de laquelle une quantité de chaleur artificielle considérable est indispensable. C'est, d'après A. Gautier, grâce à cette tendance à la dissociation et à l'union de l'eau ambiante aux divers membres dans lesquels la molécule tend ainsi à se dédoubler par dilution, qu'apparaissent dans les cellules animales les dérivés plus ou moins directs des albuminoïdes : protéoses, amides et acides amidés, dérivés des albuminoïdes, acides gras dus à l'hydratation des graisses: dans les cellules des glandes gastriques, l'acide chlorhydrique emprunté sans doute à la dissociation du chlorure de potassium, qui se charge, en se diluant dans l'eau, d'une grande quantité d'énergie. Il y a assez de preuves chimiques actuellement, pour établir que l'eau, envisagée dans son action physiologique, joue au moins un rôle de destructeur de l'état de masse. Quand elle ne produit pas des phénomènes purement chimiques, elle anime les matériaux dissous, elle simplifie leur poids moléculaire et les éloigne de cet état plus proche de l'inertie chimique qu'est l'état de masse. On pourrait dire que l'eau mobilise et dynamise le protéon inactif, à l'aide d'un peu de soleil et d'énergie ancestrale pour en faire passagèrement du bioprotéon. II. — Du rôle de l'eau dans la constitution physique du bioprotéon. — De même qu'on ne saurait comparer une membrane vivante à celle d'un dialyseur inanimé (Dastre, Lapigque), de même le bioprotéon ne saurait être en tout assimilé à une gelée organique quelconque. Pourtant on ne saurait nier que la substance vivante est, en der- nière analyse, dans cet état particulier que l'on appelle état colloïdal, et que c'est à ce dernier qu'elle doit la plus grande partie des propriétés qui la caractérisent. Les zymases, appelées à tort ferments solubles, auxquels le bioprotéon doit son activité et d'où dépendent, en réalité, tous les phénomènes d'assimilation et de désassimilation, par effets réversifs, ou autrement, appartiennent aussi à la catégorie des « corps coUoï- daux ». Le bioprotéon et ses zymases n'agissent qu'à l'état d'hydrogels et d'hydrosols, c'est-à-dire à l'aide de l'eau et en état colloïdal. En dehors des états solide, liquide, gazeux, le physicien Graham (9) en reconnais- .sait deux autres, Vétat cristalloidal et Yétat colloïdal. Les cristalloïdes ont la faculté de cristalliser, de diffuser facilement. Les colloïdes ont la consistance de gelées [gels) ou de pseudo-solutions [i^ols] plus ou moins visqueuses, opalescentes, parce qu'elles diffusent la lumière : ils sont rebelles à la dialyse et ne cristallisent pas. L'eau forme avec un HYDRATATION. 679 grand nombre de corps minéraux et organiques des gels et des sols. Les gels portent alors le nom à'hydrogcls. (inAiiAM a vu que dans ces gelées (hydrogels d'alumine, de silice) l'eau peut être remplacée par une proportion, beaucoup moindre en volume, d'alcool sans que cesse d'exister l'état colloïdal, mais l'hydrogel devient un alcoogel. L'alcool, à son tour, pourra être remplacé par l'éllier : on obtiendra ainsi un èthcrogcl. Mais ce qu'il y a d'intéressant surtout pour le physiologiste, c'est que l'alcool,. qui avait chassé l'eau de l'hydrogel, pourra inversement être chassé de l'alcoogel par l'eau, si celte dernière bcàigne celui-ci en assez grande quantité : c'est une question de masse, de proportions, comme ce qui se passe dans les phénomènes réversifs dus à l'action de certaines zymases (p. 677). Cela nous explique clairement commentdes tissus chargés d'alcool, d'éther, de chlo- roforme pourront être débarrassés de ces corps par la circulation, après que celle-ci aura cessé d'en apporter aux organes. L'état colloïdal se rapproche beaucoup plus de l'état d'émulsion que de celui de solution. Depuis longtemps, on savait que les colloïdes ne forment que des pseudo-solu- tions et qu'ils sont constitués par des corpuscules en suspension dans les liquides : l'emploi de l'ultra-microscope est venu récemment confirmer cette opinion. Dans tous les corps à l'état colloïdal, vivants ou non vivants, on constate l'existence de coi'puscules ultra-microscopiques, dont le nombre est en rapport avec la consistance plus ou moins grande du sol ou du gel.' Comme il ne s'agit pas de solutions vraies, mais de pseudo-solutions formées par des granules en suspension dans un liquide, on doit observer, entre les granules et le liquide qui les baigne, les mêmes actions de surface qu'entre un solide et un liquide, ou entre deux liquides non miscibles. On sait que ces phénomènes sont de deux ordres : pIié)iomènes d'absorption et phénomènes d'adsorption. D'après CuwoLsoN et Victor Henri (10), l'absorption (terme équivalent de dissolution) consiste en ce qu'une partie d'un des liquides se dissout dans l'autre liquide, ou bien qu'une partie du liquide se dissout dans le liquide ambiant. Par exemple, si l'on mélange de l'acide phénique et de l'eau, il se produit une séparation en deux couches liquides, dont l'une contient beaucoup d'acide phénique et peu d'eau, et l'autre beau- coup d'eau et peu d'acide phénique. Si l'on agite ce système et si on l'élève au voisinage de la température critique, il se forme une émulsion ultra-microscopique, stable, de teinte opalescente, et les gouttelettes ultra-microscopiques sont formées d'acide phé- nique et d'un peu d'eau, tandis que le liquide intergranulaire contient surtout de l'eau et peu d'acide phénique. Dans ce cas, on dit qu'une certaine quantité d'eau est dissoute ou absorbée à l'intérieur des gouttelettes. Fait essentiel : le phénomène est toujours réversible. Le plif^nomène d'adsorption est assez difTérent : il est, lui, irréversible. 11 consiste en ce que, à la surface de séparation entie un solide et un liquide ou un gaz, existe une couche extrêmement mince dans laquelle les éléments en présence se trouvent liés d'une façon particulière. Par exemple, on sait que le verre mouillé par l'eau retient une couche d'eau dont l'épaisseur est de l'ordre de 0,01 a (d'après Bunsen). Celle attrac- tion ou adsorption de l'eau pour la surface du verre est telle qu'il faut chaulîer le verre jusqu'à iiOO'^ pour le dessécher complètement et faire disparaître les traces d'eau ainsL adsorbées. Quand un liquide, comme l'eau, est adsorbé par un solide, deux cas peuvent se pré- senter : 1» ou bien le liquide qui est en contact avec le solide est simple. Dans ce cas, la couche d'adsorption contient ce liquide dont les molécules se trouvent dans un état d'atlraclions, de compressions qui constitue ce qu'on appelle l'attraction capillaire; 2° ou bien le liquide est une solution (par exemple une solution aqueuse de CuSO^ ou de sucre baignant du noir animal), la couche d'adsorption contient alors le corps dis- sous à une concentration différente de celle où il est dans le liquide extérieur. De plus,. si ce corps est un électrolyte, ses ions peuvent ne pas être également retenus, et l'un d'entre eux peut être adsorbé plus que l'autre. Dans l'exemple de CuSO'% le charbon adsorbe plus de Cu que de SO*-, et le liquide extérieur contient un excès de SO'^ : il acquiert une réaction acide par suite de l'hydrolyse de l'eau. C'est à des actions de ce genre que sont dues les dissociations de sels produites p.ir les colloïdes, par exemple, quand 680 HYDRATATION. on laisse diffuseï' une goulte de solution de sulfale de cuivre sur une plaque cou- verte de gélatine colloïdale, et c'est aussi pour ce motif que les cristalloïdes ne diffusent pas dans les colloïdes comme dans l'eau ou dans les solutions vraies. Quelle que soit la solution adsorbée, la grandeur de l'adsorplion dépend d'un certain nombre de facteurs, au premier rang desquels se trouve la concentration des solutions étudiées, c'est-à-dire la proportion d'eau dans les colloïdes vivants. Si l'on augmente progressivement la con- centration de la solution qui baigne le corps adsorbant, la concentration de la solution adsorbée croît d'abord rapidement; puis de plus en plus lentement. Dans les solutions colloïdales, chaque granule peut [irésenter des phénomènes d'absorption et aussi nécessairement des phénomènes d'adsorption. Ces considérations montrent donc que, dans le bioprotéon colloïdal, il y a lieu d'admettre l'existence de tous les phénomènes attiibuables à l'eau dans les solutions en raison de l'absorplion et qu'en outre il faut tenir compte de toutes les actions physico- chimiques qui seront dues à l'adsorption et dont il n'avait pas été question jusqu'à présent. La surface de contact des granules et du liquide inler-vasculaire étant excessivement grande, et le volume des granules très petit, ce sont surtout des phénomènes d'adsor- ption qui seront importants dans les milieux colloïdaux, puisque l'absorption dépend du volume et l'adsorption de la surface. En examinant la constitution d'une substance à l'état colloïdal, il est donc nécessaire de considérer, à côté du granule et du liquide iuLergranulaire, une zone dans laquelle se manifestent des phénomènes d'adsorplion. On admet que les granules sont tenus séparés dans les suspensions, parce qu'ils sont tous porteurs de charges électriques de même ordre. Dans les sols stables, les granules ont une tension supei lîrielle faible, une charge électrique grande, un milieu visqueux. C'est le contraire dans les solutions instables. 11 est facile de concevoir quels change- ments des modifications de l'hydratation peuvent apporter dans de semblables milieux. L'état plus ou moins visqueux ou de plus ou moins grande hydratation peut aussi exercer une influence sur certains mouvements observés dans les hydrogels et les hydrosols. SiEDENTOPK et ZsisMONDi Ont VU quc les granules colloïdaux sont animés de mouve- ments de deux sortes : des mouvements browniens proprement dits et des mouvements 1 de translation dépassant 10 [j. et parcourant cet espace en moins de - de seconde. Ce sont ces derniers mouvements que R. Dubois a observés et décrits autrefois dans les organes pliotogènes écrasés de larves du Lampyre. Il est vraisemblable que ces mouvements intimes produisent une sorte de brassage qui n'est pas sans intérêt au point de vue physiologique. On peut supposer, comme on l'a fait poui' le mouvement brownien, qu'ils ne sont que le résultat d'impulsions transmises par les molécules liquides. Mais on ne voit pas bien, puisque l'on admet que ces dernières, comme les molécules gazeuses, sont animées de mouvements propres, pourquoi d'inliniment petites particules solides en seraient dépourvues. Toutes ces considérations, empruntées à la chimie physique, donnent une nouvelle actualité à l'explication proposée autrefois de la constitution physique du bioprotéon par Naegeli, dans sa théorie des miccUes (M). Cette dernière ne diffère guère de celle des colloïdes, et l'eau y joue également le rôle principal. D'après cet auteur, les micelles sont des agglomérations de molécules entourées de zones concentriques d'eau attirées par elles. Ces micelles auraient la forme cristalline révélée par la réfringence de la cellulose, de l'amidon, des muscles, du protoplasme, en général. Elles exercent une attraction sur l'eau, mais il y a une limite ou elle est moindre que celle des micelles entre elles. Il se produit alors un arrêt de l'hydratation ; tant que l'équilibre subsiste dans ce système, la transparence peut être conservée; mais vient-il à se rompie, on observe une opalescence mate, comme dans un liquide oïi se seraient accu- mulés une foule de schyzomicètes. Les micelles seraient généralement unies en chaînes, qui, à leur tour, seraient disposées en réseaux ou bien en charpentes à mailles plus ou moins larges : les lacunes ou interstices micellaires sont occupés par de l'eau. D'après Naegeli, l'eau se trouverait dans le bioprotéon sous quatre états : 1" eau de constitution HYDRATATION. 681 chimique, 2° eau de constiliition physique, 3" eau d'adhésion et 4" eau de capillarité. La seconde est fixée physiquement an bioprotéon, mais en quantité déterminée, comme l'est au point de vue chimique moléculaire l'eau d'hydratation d'un sel ou son eau de cristallisation. La troisième est retenue par attraction à la surface des micelles : cette attiaction diminue du centre à la périphérie, puis vient ensuite, entre les micelles, l'eau de capillarité. La proportion d'eau va en augmentant depuis le 1*'"^ degré, c'est-à-dire de l'eau de constitution, au quatiième, soit eau de capillarité. Dans le bioprotéon l'eau est certaine- ment dans plusieurs étals différents : ainsi les réceptacles d'DElhalium septicum perdent par dessiccation 71, G d'eau p. 100 et par pression 66,7 seulement. Depuis longtemps Chevreul avait montré (12) que c'est de l'hydratation que dépendent la transparence, l'élasticité, la souplesse, la tonicité, la plasticité des tissus. Le tissu jaunii élastique, les tendons, l'albumine coagulée, la fibrine, les cartiUjges, la cornée ont, à l'état sec, une si grande ressemblance extérieure qu'il est difficile de les distin- guer. Mais, si on les plonge dans l'eau, chacune de ces substances absorbe une certaine quantité de liquide et reprend, en même temps, les propriétés physiques qui la carac- térisent. Ainsi le tendon devient souple et satiné, le tissu jaune retrouve toute son élasti- cité, l'albumine coagulée reprend l'aspect du blanc d'œuf cuit, la fibrine une certaine élasticité, le cartilage la fiexibilité ; la cornée redevient semblable à ce qu'elle était sur le vivant. Par la dessiccation tout cela disparaît de nouveau. Une partie de l'eau peut être enlevée par la pression enire plusieurs doublos de papier, mais, suffisamment desséchées, ces substances deviennent hygrométriques : donc il y a une affinité chi- mique, d'après Chevreul, d'où existence de deux états diiTérents de l'eau. Quand ces corps ne contiennent que de l'eau d'hydratation, ils restent transparents; mais, comme la déshydratation, une surhydralation peut aussi leur faire perdre leurs propriétés, par- ticulièrement la transparence. Sur le vivant, on peut provoquer des phénomènes de même ordre. Le cristallin des grenouilles, déshydratées lentement par immersion d'une patte dans une solution forte- ment salée, s'opacifie. Raphaël Dubois a montré que la cornée du chien s'opacifie par déshydratation puis surhydratation à la suite d'inhalations prolongées de chlorure d'éthylène (V. plus loin action dcsh(/dratiinte des anesthésiques) et c'est vraisemblable- ment à un phénomène de même ordre qu'il faut attribuer la cataracte expérimentale observée par Bouchard sur des lapins qui avaient absorbé de la naphtaline. L'opacification, ou seulement l'opalescence, d'un tissu peut être due encore à une autre cause, mais qui est liée également à l'état d'hydratation. VHlppopodius glcba est un élégant cœlentéré de la « Rivière de Nice », dont les anneaux sont transparents comme du cristal; mais vient-on à exciter mécaniquement les cellules de l'ectoderme qui les recouvre, aussitôt leui- contenu se trouble, devient opalescent. Si l'expérience est faite dans l'obscurité, au moment même de l'apparition de l'opalescence jaillit une belle lueur bleuâtre. Los agents déshydi'utants produisent le même ell'et. Mais, à la suite du rlioc, le phénomène paraît comparable à ce qui se passe dans une solution sursaturée soumise à un ébranlement. Il se peut que quelque chose d'analogue arrive dans les ganglions moteurs des plantes sensibles telles que la sensitivc (R. Dubois, 1, p. 402). Les physiciens admettent que l'état colloïdal ne difTère de l'état d'émulsion que par les dimensions des granules en suspension, qui seraient ultra-microscopiques dans les sels et dans les gels. Dans ce cas, le bioprotéon se rapprocherait des émulsions par certains côtés. Mais, si personne ne peut nier que le bioprotéon soit à l'état colloïdal, personne non plus ne peut nier que son état ne difi'ère de ce dernier et de l'état d'émul- sion. Outre une certaine organisation qui lui est propre, les histologistes oiit depuis longtemps signalé dans son sein l'existence de nombreuses granulations microscopic^iœs auxquelles on a donné les noms les plus divers : granulations proloplasmiques, micro- somes, bioblastes, plastidules, sphéndes, sphéroplastes, etc. Ces corpuscules, qui peuvent se multiplier par division, ne sont pas identiques les uns aux autres; selon leur action sur les matières colorantes, on les a divisés en trois catégories : les basophiles, les neu- trophiles et les amphiles. Ils ont certainement des rôles f)hysiologiques différents, spé- cifiques, et constituent comme la tlore ou la faune plastidaire ou cellulaire végétale ou animale. R. Dubois a donné à ces corpuscules le nom de vacuolides, parce qu'il avait 682 HYDRATATION. constaté dès 1887 (13) qu'ils présentent un état d'organisation principalement visible quand ils sont hydratés : on voit alors à leur centre une vacuole dont le contenu n'a pas la même réfringence que la couche périphérique et qui est le centre de formations diverses : sphéro-cristaux (organes lumineux des insectes, elc), granulations pigmen- taires, etc. Par hydratation, elles peuvent prendre des dimensions relativement consi- dérables et montrer une membrane d'enveloppe assez nettement pour que R^ Dubois n'ait pas hésité à en faire dériver les leucitea, en général, et en particulier, \es hydroleiwites et les tonoblmtes (1 p. 73 et 13). L'exactitude de cette opinion a été confirmée par Faurk- Frkmiet (14). Inversement les agents déshydratants, comme l'alcool, rétractent les vacuo- lides : ils peuvent même faire complètement disparaître la vacuole et réduire la vacuolide à l'état de simple granulation sans structure apparente. Ainsi pourraient s'expliquer les effets réversifs produits dans l'activité des ferments par de simples changements dans la proportion d'eau existant dans le milieu fermenlescible, D'^Tprès R. Dubois, ces vacuolides dérivent des granulations protoplasmiques microscopiques les plus fmes, et ces dernières ne sont elles-même que des granulations ultra-micro- scopiques du biohydrogel ou bioprotéon développées par hydratations successives. En effet, là où le microscope ne décelait la présence d'aucune granulation, l'eau fait apparaître granulations et vacuolides successivement, surtout si son action est activée par des réactifs alcalins qui sont, comme on sait, déshydratants : dans certains cas la vacuolide se gonfle au point de figurer absolument un hydroleucite. Comme les leucites, les vacuolides sont des laboratoires où s'opèrent toutes les réactions intimes bioprotéo- niques. On peut se les figurer comme d'infiniment petits dialyseurs dans lesquels, ou autour desquels, grâce à l'eau, toutes les forces de tension, d'absorption, d'adsorp- tion, etc., sans compter les forces de dissociations dues à l'eau, s'exercent avec cette prodigieuse activité que dénote l'énorme quantité d'énergie rayonnée par les êtres vivants : énergie empruntée d'abord à l'extérieur, puis transformée (énergie compen- satrice de R. Dubois) par l'énergie venue des ancêtres (énergie ancestrale ou évolutrice) que l'eau dégage des granulations bioprotéoniques, où elle se trouvait en puissance et pour ainsi dire en état de vie latente. C'est ce phénomène, vu dans son ensemble, qui nous apparaît quand, après la fécondation, l'œuf se réhydrate ou quand la spore et la graine vont germer et revenir à la vie active après avoir bu un peu d'eau. Les zymases, qui président à l'immense majorité des processus chimiques dans les organismes vivants, sont des colloïdes, et quelques colloïdes minéraux jouissent des pro- priétés de certaines zymases : les unes et les autres ne sont actifs qu'à fétat d'hydro- sols. Les zymases affectent parfois {purpurase de R. Dubois) et probablement toujours, l'état vacuolidaire dans les hydrosols. Tant qu'elles sont pourvues d'eau d'absorption vacuolidaire, elles se tiennent en suspension, mais elles sont précipitées par l'alcool, qui, en leur enlevant cette eau, augmente leur densité relative. Par l'innombrable quantité des granulations ultra-microscopiques, contenues dans une cellule, on s'explique comment celle-ci peut se reproduire un nombre de fois colossal sans que la vie cesse : elle rend compte également de la nécessité de la fécondation, du mécanisme de la transmission des caractères héréditaires, etc., etc. On peut très facilement, comme l'a montré R. Dubois (13), imiter la formation de ces vacuolides en déposant à la surface d'un hydrogel de gélatine (ou de certains autres col- loïdes également) un petit cristal de chlorure de baryum. On voit presque aussitôt naître au point d'inoculation une foule considérable de granulations animées d'abord de mou- vements rapiiies, les granulations finissent par former une « culture » ayant tout à fait l'aspect d'une colonie microbienne. Au début de la formation, ce qui représente le mi- crobe, ce sont des grains arrondis, en forme de vacuolides, qui grossissent, se segmen- tent et finalement retournent à l'état cristallin. Ce serait presque l'image de la vie, car la plus grande masse du protéon ne fait autre chose que transformer des cristalloïdes en colloïdes pour les rendre ensuite à l'état cristalloïdal (eau et cristalloïdes ordinaires). A. ces corpuscules organisés, R. Dubois avait d'abord donné le nom d'(( cobes » pour indiquer qu'ils montraient pour ainsi dire l'aurore de la vie, mais il a substitué à cette dénommation, pour supprimer toute confusion, celle, plus générale et plus précise, de i< Microbiojde^i ». Ce sont les mômes corpuscules que Butler Burcq a retrouvés plus tard etnon)més improprement /iaf/to6es. Kuckuck, de Saint-Pétersbourg, considère les micro- HYDRATATION. 683 bioïdes de II. Dubois comme présentant un véritable processus d'organisation et de fonc- tionnement vitaux et les assimile aux parties constituantes des organismes inférieurs découverts et décrits par Muller (16). On passe ainsi insensiblement de la théorie des colloïdes à celle des micelles, et de cette dernière à celle des vacuolides, mais on remarquera que toujours l'eau joue le rôle capital. Il n'y a pas lieu d'être surpris de son abondance dans les organismes, qui ne sont pour ainsi dire que de l'eau en mouvement comme on va le voir. III. — Teneur en eau des organismes, des organes et des tissus. — L'énorme quantité d'eau contenue dans le corps humain a depuis longt3inps attiré l'attention des savants : Bischoff, A. Volkmainn, BmoER et Schmidt, Voit, Bezold, Lawes et Gildert, Raxre, etc., ont publié sur ce sujet de nombreuses recherclies. D'après Bischoff (17) la proportion moyenne d'eau du corps de l'adulte est de o8,5 p. lUO : le poids des matières solides s'élève donc seulement à 41,5 p. 100. Il est évident qu'il ne faut pas attacher à ces chiffres une valeur absolue, car il ne s'agit que de moyennes, et cette proportion peut varier sous de nombreuses influences, comme on le verra plus loin. D'après IIermann, la proportion d'eau contenue dans le corps de l'adulte est de G3 p. 100, et, selon Beau.ms, elle représente les deux tiers environ du poids du corps. Influence de l'espèce. — La proportion de l'eau contenue dans les organismes est très variable avec les espèces. Quand on dessèche des cœlentérés, des méduses, par exemple, il ne reste que des traces de matières organiques et des sels. Un Hhizostoina Cucieri ne laisse après dessèchement qu'une mince pellicule. Beaucoup de cténophores renferment jusqu'à 99 p. 100 d'eau; dans la majorité des invertébrés, elle oscille entre 70 et 90 p. 100 et, pour l'ensemble des vertébrés, entre '39 et 80 p. 100. D'uae manière générale, les animaux aquatiques renferment plus d'eau que les ani- maux terrestres. Chez les amphibies et chez les poissons, cela tient surtout à ce que leurs muscles sont plus riches en eau que ceux des animaux terrestres. D'après Bezold (19), le corps d'une souris contient 68,71 p. 100 d'eau et 42 p. iOO de matières solides. Voit (20) a trouvé pour le corps d'un chat 58 p. 100 d'eau. Sous le rapport de l'hydra- tation, le corps de la chauve-souris serait intermédiaire à celui de l'oiseau et du mam- mifère. Influence des milieux. — On a vu que les animaux aquatiques sont plus hydratés que les animaux terrestres : les écrevisses par exemple, le sont plus que les cloportes, elles possèdent 6 p. 100 d'eau en plus. Des animaux marins tels que les crabes trans- portés dans l'eau douce, sont susceptibles de retenir une quantité d'eau plus considé- rable (Fredericq). Influence de la taille. — Il serait intéressant de compléter nos connaissances sur les variations d'hydratation en rapport avec la taille des adultes dans différentes espèces. Toutes proportions gardées, les petits animaux adultes paraissent plus hydratés que les gros, ils ont d'ailleurs besoin de plus de chaleur, leur surface étant plus grande par rap- port à leur volume. Influence de l'âge. — Les jeunes animaux sont plus hydratés que les adultes et ceux- ci plus que les vieux. Bezold a noté chez les souris : embryon : 87,15 p. 100; pour le noureau-né : 82,53 ; après huit jours : 76,78; adulte : 70,81. Le cœur des nouveaux-nés et celui des enfants est plus riche en eau que celui des adultes. Bischoff a noté chez un nouveau-né (lîlle) 66,4 p. 100 d'eau, proportion supérieure à celle de l'adulte, d'après cet auteur. Il a trouvé également pour le corps du nouveau-né humain 66 p. 100 d'eau et 34 de matières solides, tandis que le corps de l'adulte ne ren- fermerait que 58,5 p. 100 d'eau seulement. Ranke a dit que la quantité d'eau augmente dans le corps du vieillard : les muscles du vieillard renfermeraient plus d'eau que ceux de l'adulte. Il ne faut pas juger de l'ensemble par les muscles (jui sont très atrophiés chez le vieillard et souvent infiltrés. Beaucoup de faits démontrent, au contraire, que les tissus se déshydratent par la vieil- lesse, qui est une sorte de racornissement général ; la sclérose envahit tous les tissus, le cristallin devient opaque et perd son élasticité, comme chez les grenouilles déshydra- tées, etc. 684 HYDRATATION. La déshydratation progressive causée par l'âge est plus évidente encore cTiez les végétaux : les plantes jeunes sont beaucoup plus succulentes que les vieilles, les adultes tiennent le milieu. Dans les végétaux adultes, les jeunes pousses sont les plus hydratées. Chez certains arbres, le pommier, par exemple, on observe dans une même saison trois pousses succes- sives des feuilles : en desséchant les feuilles de ces diverses pousses, alors qu'elles sont encore les unes et les autres verdoyantes, on trouve que les plus vieilles sont toujours es plus pauvres en eau. Les chiffres suivants ont été donnés par U. Dubois : Feuilles de pommier Non sdcliées. Desséchées. 1" pousse 3 grammes. Op',98 2" — 3 — IB',10 3' — 3 — 16%23 Les cellules des végétaux jeunes ne renferment pas de vacuoles aquifères : les cel- vules plus âgées en possèdent qui deviennent parfois très grandes dans les cellules vieilles. (R. Dubois, Leçons, 241, figr. 129.) Influence des métamorphoses. — Chez les animaux à métamorphoses, l'état d'hydra- tation ne diminue pas toujours régulièrement de la période embryonnaire jusqu'à la vieillesse. R. Dubois (I, 240) a vu que, chez le papillon Vanesse, la chenille, quand elle est jeune, perd plus d'eau (82 p. 100 environ) que, quand elle est âgée de 10 jours (79 p. 100). Immédiatement après sa formation, la chrysalide renferme plus d'eau que la chenille, ce qui indiquerait qu'à ce moment, comme après la fécondation, il se fait une sorte de rajeunissement de l'animal : sa proportion peut s'élever alors à 86 p. 100. Dix jours plus tard, elle n'en fournit plus que 78 p. 100. Mais le papillon, chez lequel il y a eu for- mation de parties dures, telles que les ailes, les pattes, etc., ne possède plus que 60 p. 100 d'eau. Cette perte ne se fait pas complètement par évaporation pendant l'état de clirysalide, car, au moment de l'éclosion, le papillon rejette toujours par le tube diges- tif une certaine quantité de liquide. Dans plusieurs espèces, on a pu retarder beaucoup la transformation de la chrysalide en papillon par le dessèchement, mais l'évolution repart alors avec une grande rapidité après cette déshydratation, quand on rend l'humidité du milieu suffisante. Influence du régime. — Ranke a prétendu que la proportion d'eau augmente chez les animaux mal nourris (chiens, chats). Chez un chat nourri avec du pain, les organes renfermaient .3 à 4 p. 100 d'eau en plus que chez un autre animal nourri normalement. Dans l'inanition complète, au contiaire, le corps ne deviendrait pas plus riche en eau. C'est peut-être une adaptation utile; car, si l'eau n'est pas à proprement parler un ali- ment, elle permet au.x animaux en inanition de résister beaucoup plus longtemps à la mort, probablement en les empêchant de brûler leurs réserves pour entretenir la caloii- fication. Claude Rernard a montré, en effet, que, chez les chiens soumis à la diète d'ali- ments, mais auxquels on donnait de l'eau, le glycogène se détruit beaucoup moins rapi- dement que chez ceux qui sont soumis à la diète complète. C'est grâce à l'eau que les jeûneurs peuvent rester des semaines sans prendre d'aliments. Deux chiens de même race, pesant chacun 16 k. oOO, ont été mis à la diète, l'un sans eau et l'autre avec eau. Le vingtième jour, le chien privé d'eau mourait pesant dix kilos; le deuxième pesait à ce moment neuf kilos cinq cents grammes; il avait bu 3 k. 500 en 40 jours. Quand on lui rendit la liberté, il dévora .sans accidents 1 200 grammes de soupe et 1 kilogramme de viande. Cela est utile à retenir pour le régime à prescrire aux inanitiés (mineurs ense- velis, etc.) non pathologiques. Chez les animaux bien nourris, l'organisme est plus riche en matières solides et en matières sèches, telles que le tissu adipeux, et celles-ci plus riches elles-mêmes en ma- tières fondamentales. Lawes et Gilbert (21) ont, de leur côté, établi que les animaux de boucherie (bœufs, corhons, brebis) contiennent d'autant moins d'eau qu'ils ont plus de graisse. Le même fait pourrait se rencontrer chez l'homme, d'après Hermann (18) : les individus bi>^n nour- ris, gras, ont des organes moins riches que les individus mal nourris, boursouflés. Les variations de poids du corps, d'après cet auteur, ne doivent pas être attribuées seu- HYDRATATION. 685 lement à l'augmeiitalion ou à la diminution de l'albumine et de la graisse. Les chevaux de remonte qui n'ont pas encore mangé d'avoine deviennent d'abord <( maigr^s » lorsqu'on les nourrit bien (faux maigres) à la caserne. Enlin l'organisme peut perdre de l'albu- mine et de la graisse, et cependant augmenter de poids par l'elfet de l'eau. Or ce qu'il importe de considérer au point de vue de la résistance physiologique, ce n'est pas le poids d'un organisme, mais bien sa densité. Un adulte ou un vieillard très gras sont loin d'avoir la résistance d'un enfant dont l'embonpoint est dû, non à de la graisse, mais à la turgescence de ses tissus : l'eau elle-même peut exister dans des étals très dille- rents chez les uns et les autres (eau d'inliUration, de capillarité, d'absorption, d'adsorp- tion, d'hydratation chimique, etc.); la densité de l'adulte et du vieillard gras est moindre que celle de l'enfant vigoureux bien musclé u râblé » et l'on considère comme un heureux présage l'enfant qui est <( lourd comme un plomb ». Or, comme on le verra bientôt, ce sont les muscles qui fixent la plus grande proportion d'eau (R. Dubois) (22). Si la richesse en eau peut fournir d'importantes indications, il y a lieu de considérer surtout la façon dont elle est fixée et le degré de résistance qu'offrent les organismes à la déshydra- tation. (V. p. 687, Tension de dissoclaiion de l'eau et f/es tissu:^.) Variations de l'hydratation suivant les organes et les tissus. — La proportion d'eau n'est pas la même dans les divers organes : mais dans une même espèce, pour des indi- vidus comparables, elle est d'une grande fixité. Cette proportion n'est pas toujours en rapport avec l'état solide ou liquide des diverses parties de l'organisme, puisque le sang liiiuide contient moins d'eau que le rein ou bien que la substance grise de l'écorce cérébrale. Le tableau suivant, d'après des moyennes empruntées à divers auteurs par E. Be.\unis, donne la quantité d'eau contenue dans les tissus et les humeurs du corps humain (23). P. 1000 do tissus solides. Émail 2 Ivoire - 100 Squelette 4SU Gniisse 299 Tissu élastique 496 Carlilaj,'es 550 Foie •. 693 Moelle 697 Substance blanche du cerveau. . . 700 Peau 720 Cerveau 750 Muscles 757 Rate 758 Thymus 770 Tissu connectif 796 Rein 827 Subst. grise de l'écorce cérébrale. 858 Corps vitré 987 P. 1000 d'humeurs. Sang 791 Bile 864 Lait 891 Par rapport au.x poids du corps Bischofi- a donné les chiffres suivants : Rate 0,2 Rein 0,5 Cœur 0,6 Poumon 0,9 Intestin 2,3 Foie 2,6 Cerveau et moelle 2,6 Squelette 6,1 Sang 7 Peau 8,7 Tissu adipeux 9,3 Muscles 54,8 6S6 HYDRATATION. Pour les végétaux, il existe également des différences importantes suivant les divers organes. Chez le tournesol, p. 100 en poids de tissus frais, on a trouvé en eau : Graine 43,3 Graine (enveloppe). . . 70 Capitule 74 Tige 87,9 Feuille 72,5 D'une manière générale, la proportion d'eau est en rapport avec l'aclivité physiolo- gique des tissus; cela est évident pour les muscles qui renferment presque la moilié de l'eau totale. Mais, si l'on compare à poids égaux les divers tissus, on voit que la substance grise contient plus d'eau que la substance blanche, le foie plus que le tissu élastique et beaucoup plus que le tissu adipeux. Les organes électiques de la Torpille, qui sont des muscles transformés, et représentent un volume considérable par rapport au reste du corps, renferment une quantité d'eau énorme. Chez ces mêmes poissons, momifiés par le procédé de Raphaël Dubois, dont il sera question plus loin, on trouve, à la place des organes qui faisaient saillie pendant la vie, des cupules profondes dont le fond, d'une minceur extrême, n'est guère constitué que par l'accolement du tégument ventral et du tégument dorsal des parties correspondantes aux organes électriques. Bien que ces organes électriques soient des muscles transformés, on n'y rencontre ni sucre, ni glyco- gène (24). C'est l'eau qui, par ses changements de position, particulièrement par des modifications de tension superficielle et des effets capillaires, paraît èlre l'élément électrogène, comme elle est dans le muscle, par ses déplacements, l'agent principal de la contraction, c'est-à-dire du mouvement (v. page 698). Chez les végétaux, c'est la feuille, siège d'une grande activité physiologique, qui l'em- porte également pour la richesse en eau. Variations dues à diverses influences physiologiques. — Dans l'organisme humain l'élimination de l'eau se fait par quatre voies principales : les reins, la peau, les pou- mons (et les voies aériennes), et l'intestin; elle se répartit ainsi suivant Beauwis : rein, 1500 ce. ; intestin, 100 ce; peau et poumons, 800 à 900 ce. On conçoit que toutes les causes qui exagéreront le fonctionnement des émonctoires en question tendront à dimi- nuer l'état d'hydratation de l'économie. Pourtant, bien que la quantité d'eau absorbée par les différents individus varie dans des proportions parfois considérables, elle présente cependant une remarquable constance. La quantité d'eau suffisante pour l'homme serait évaluée environ à 1 litre et demi à deux litres pour les boissons et à un demi-litre pour l'eau contenue dans les aliments. La quantité d'eau fournie par les aliments, même secs, peut suffire à certains d'animaux; Garman a vu des souris, nourries exclusivement avec des grains bien desséchés, vivre pendant trois mois sans boire. C'est que non seulement les graines les plus sèches conservent toujours un peu d'eau, mais encore parce qu'il se forme de l'eau dans l'organisme avec l'hydrogène des graisses et par suite d'une foule de décompositions produites avec déshydratation par les zymases. Ainsi dans l'union de l'acide benzoïque et du glycocoUe pourformer de l'acide hippurique, il y aélimination d'eau. Ces cas sont extrêmement nombreux. D'ailleurs, comme on l'a déjà dit, le bio- protéon, issu de l'eau et des cristalloïdes, redevient eau et cristalloïdes par la mort qui coexiste avec la vie et par elle. La quantité d'eau formée par l'organisme humain a été évaluée à 10 p. 100 de la quantité éliminée, en moyenne. Il ne semble pas que l'eau se détruise dans les organismes. Quand la quantité nor- male d'eau diminue dans ces derniers par suite de l'évaporation ou de tout autre mode d'élimination, ou bien encore après l'absorption de substances déshydratantes du bio- protéon : sel marin, alcool, etc., on éprouve une impression particulière, la soif, qui se localise dans l'arrière-gorge et s'accompagne d"une sensation de sécheresse des mu- queuses buccale et pharyngienne. Mais cette sensation locale ne fait (jue tiaduire un état général de l'organisme : la déshydratation des tissus. L'huraectation directe de la muqueuse n'apporte, dans ce cas, qu'un soulagement momentané, tant que l'eau n'est pas absorbée en quantité suffisante, et, d'un autre côté, les injections d'eau dans les veines calment immédiatement la soif ((Mage.ndie, Dupuythen), Les naufragés, privés d'eau douce, ont souvent employé l'immersion dans l'eau de mer pour étancher leur soif. HYDRATATION. 687 Pour les grenouilles, c'est le contraire qui se produirai!, ce qui prouve qu'on ne doit pas considérer une membrane vivante, la peau, par exemple, comme l'équivalent de la membrane inerte d'un dialyseur. La soif est un symptôme qui se montre dans une foule de maladies, même apyré- tiques, et qui indiciue une déshydratation du bioprotéon. Influence des maladies. — Beaucoup de causes pathologiques provoquent des déshy- dratations plus ou moins localisées des tissus : scléroses, athéromes, gangrènes sèches, sclérèmes, etc. Dans d'autres cas, la déshydratation est aiguë et généralisée, le malade maigrit parfois à vue d'œil : en quelques heures, il peut perdre une quantité d'eau énorme; il ne maigrit pas; en réalité, il se déshydrate. Une foule de corps, ptomaïnes, leucomaïnes, toxines, et tous les poisons dont l'action est accompagnée de vomissemenis, diarrhée, sueurs profuses, peuvent agir de même. Mais ce n'est alors ni l'intestin, ni le système sudoral qui sont atteints, comme on le croit généralement, c'est le bioprotéon qui ne peut plus garder son eau de constitution, laquelle s'échappe par où elle peut et n'est malheureusement pas remplaçable par d'autre naturellement. Aussi, dans les cas d'empoisonnement, l'alcool, qui est, comme on le verra bientôt, un agent de déshydrata- tion, n'a-t-il pas donné comme antidote les résultats que l'on espérait de lui. L'alcool pourra ralentir l'absorption, la pénétration rapide et intime du toxique, il pourra, par ses effets propres, masquer certains accidents, comme les convulsions tétaniques, etc. Mais, en général, l'organisme empoisonné traité par de fortes doses d'alcool a à lutter contre deux poisons au lieu d'un, tous deux le plus souvent déshydratants. Ce n'est qu'à quelques exceptions près (empoisonnements par la strychnine, morsures de serpents) que l'on a obtenu quelques avantages pour des raisons indiquées depuis longtemps par R. DiBOis (2o). D'autres fois, on trouve dans certains tissus pathologiques des quantités d'eau supérieures à celles des tissus sains. R. Dubois i p. 240) a signalé dans des muscles envahis par des fibromes une proportion d'eau considérable, mais, en revanche, le muscle malade perdit son eau beaucoup plus rapidement qu'un muscle sain, servant de témoin, sous la cloche à dessiccation. Tension de dissociation de l'eau et des tissus. — Ce fait montre, avec beaucoup d'autres, qu'il ne faut pas tenir compte seulement de la proportion d'eau existant dans un tissu ou dans un organisme, mais encore et surtout, de l'énergie plus ou moins grande avec laijuelle il la retient. Il est généralement admis que les êtres affaiblis trans- pirent facilement sous l'inlluence du moindre etfort. D'après ce qui a été dit antérieurement, on s'explique très bien que toute cause chi- mique, physique ou physiologique qui troublera l'état d'équilibre du colloïde bioproté- onique, en diminuant l'absorption, l'adsorption, etc., pourra favoriser la dissociation de l'eau et des tissus, de même que beaucoup d'inlluences peuvent provoquer dans les com- posés minéraux la séparation de l'eau de cristallisation ou de l'eau d'hydratation. Celte dissociation peut ne pas s'effectuer, mais l'hydrate peut être pour ainsi dire sensibilisé, préparé à cette séparation par tout ce qui augmente ce qu'on est convenu d'appeler la tension de dissociation. Cette notion peut s'appliquer absolument au colloïde bioprotéo- nique, dont la stabilité est augmentée ou diminuée par des causes signalées déjà et par d'autres inconnues jusqu'à ce jour ou dont il n'a pas encore été question. Influence de la mort sur la déshydratation — Tension de dissociation nécro- biotique. — La maladie augmente la tension de dissociation bioprotéonique : il en est de même de la mort. Tous les naturalistes savent que pour forcer certains végétaux à se des- sécher dans les herbiers, les crassulacées, les orchidées, par exemple, il est nécessaire de les tuer par la chaleur ou par les poisons. Des chrysalides de papillons, des larves et quantité d'animaux inférieurs se dessèchent rapidement dès que la vie a cessé, tandis qu'à côté d'eux, des êtres de même nature quoique privés absolument d'aliments, con- tinuent à vivre sans subir d'autre perle d'eau que celle qui résulte du vieillissement et du fonctionnement de l'organisme. De jeunes grenouilles, des crapauds morts, placés à côté d'animaux de même taille, mais vivants, sous une cloche, au-dessus de l'acide sulfurique, se sont desséchés plus vite que ces derniers, contrairement à ce que l'on pouvait supposer, puisque chez ceux-ci la circulation ramenait constamment vers l'extérieur, c'est-à-dire au contact de l'atmosphère sèche, par les poumons et par la peau, le sang ainsi que la lymphe (R. Dubois, 1, 2i8). Dans certains cas, ce n'est pas 688 HYDRATATION. sous la forme de vapeurs que l'eau s'éihappe des lissus, mais bien à l'état liquide, ainsi que cela se voit chez les méduses qui viennent de mourir; et, chose curieuse, cette dissociation se pi'oduit même au sein de l'eau. L'influence exercée par la mort sur l'hydratation est donc bien de même sens que celle de la maladie, de la faiblesse physiologique, d'une foule de poisons et de la fatigue. Influence de la fatigue sur l'hydratation. — La fatigue peut êlre considérée comme le résullat d'une sorte d'empoisonnement par les substances de déchets (pono- gènes) et principalement par l'acide carbonique, dont l'accumulation dans los orga- nismes animaux et végétaux amène finalement le sommeil, lequel s'accompagne, lui aussi, d'une déshydratation de certains lissus, comme on le verra plus loin à propos de la vie ralentie et de la vie oscillante (p. 699). On sait également que l'acide ccirbo- nique est un aneslhésique pour les animaux comme pour les végétaux (26). Action des anesthésiques généraux sur l'hydratation. — Les aneslhcsiqucs généraux sont des corps fluides, ordinairement liquides, qui ont la propriété de provo- quer chez tous les organismes la suppression de la sensibilité, de l'irritabilité, de la motilité, et un véritable état de vie ralentie ou latente. Ces composés peuvent avoir des compositions chimiques très différentes. Ce sont des alcools, des éthers simples ou composés, des aldéhydes, des produits chlorés, des carbures d'hydrogène, des hydro- carbures. Malgré leur structure chimique personnelle, ils n'eu possèdent pas moins un ensemble de propriétés physiques et organoleptiques, qui leur donne comme un air de famille. Ils sont incolores et odorants, pos-sèdent une saveur piquante, et produisent, quand on les applique sur la mu(]ueuse, une sensation de chaleur plus ou moins brûlante. Ce sont des liquides neutres, mobiles, volatils, doués, en général, d'une tension de vapeur et d'un poids alomique d'autant plus grands, avec une solubilité dans l'eau d'autant plus faible, qu'ils sont plus déshydratants. Leur chaleur spécifique est ■petite, très inférieure à celln de l'eau : ils sont, en outre, dysosmotiques, c'est-à-dire qu'ils traversent difficilement les membranes des dialyseurs. En 1874, Raphaël Dubois attira l'attention sur l'importance qu'il convenait d'attri- buer à la faible chaleur spécifîqu'^ de l'alcool pour l'explication du mécanisme intime de l'action de cet anesthésique général. Le mélangede l'alcool à l'eau en contact avec le bioproléon abaisse la chaleur spécifique du milieu, avec toutes les conséquences signalées plus haut (p. 078). De plus, les phénomènes d'absorption cellulaire sont ralentis, puis arrêtés et, à une dose plus élevée, la cellule est déshydratée par exosmose et plongée dans la vie ralentie ou même latente. Ces faits avaient été mis en évidence dès 1869, dans le laboratoire de Bouchabd à l'Hùtel-Dieu, au moyen d'expériences sur les animaux et sur les végétaux, et particulièrement suila levure de bière : ils confirniaient la loi de Béglard, qui dit que le pouvoir osmotique d'un liquide est d'autant moins grand que sa chaleur spécifique est plus faible. L'eau, étant le liquide neutre possédant, comme on sait, la plus haute chaleur spécifique, sera aussi celui qui facilitera le plus la diflusion, les dissociations l't les combinaisons, l'imbibition, l'hydratation, par con- séquent la vie, et tous les liquides neutres mêlés à l'eau et possédant une chaleur spé- cifique inférieure, ne pourront que contiarier lafonction d'hydratation et même provo- quer la déshydratation. L'action déshydratante sera naturellement d'autant plus forte que la chaleur spécifique du liquide mélangé à l'eau sera plus failde. Donc la toxicité des alcools sera d'autant plus grande que leur chaleur spécifique sera plus faible. S'in- spirant de la théorie de R. Dubois, Audigk entreprit en 1875, avec la collaboration de Dujardin-Beaumetz, des recherches qui montrèrent que chez le chien, la toxicité des alcools est directement proportionnelle aux poids atomiques des alcools. Cela revient au même que lorsqu'on dit qu'elle est inversement proportionnelle aux chaleurs spécifiques, puisque, d'après la loi de Dulong et Petit, les chaleurs spécifiques des corps sont en raison inverse de leurs poids atomiques. Les conclusions de Audigé et de Dujardi.x-Beaumetz constituaii nt une première vérification de l'exactitude de la théorie de R. Dubois. La notion de chaleur spécifique introduite dans l'explication du mode de toxicité des alcools avait, en outre, cet avantage de rapprocher la loi qui la régit de celle qui avait été formulée pour les sels, en 1867, par Rabuteau : « Les métaux, disait-il, sontd'autant plus actifsqueleurpoidsatomique est plus élevé. "Cette loi a été heureusement modifiée HYDRATATION. 689 par les recherches de Chaules Righet sur Caction phfii^ioloçiiqm comparée des métaux alca- lins 1^28). De ses nombreuses expériences l'auteur tire les conclusions suivantes : « Les actions toxiques sont des actions chimiques : elles se font suivant les mêmes lois. Donc, pour les substances qui portent leur action sur les mêmes éléments anatomiques, les doses mortelles sont proportionnelles, non aux poids absolus, mais aux poids moiécu- culaires. » Les liquides organiques neutres à chaleur spécilique plus faible et à poids ato- mique plus élevé que l'eau, modifient tous les éléments anatomiques de tous les orga- nismes, parce qu'ils s'adressent à une fonction commune à tous, absolument fondamen- tale, celle de l'hydratation. Or, d'après tout ce que nous savons, ils agissent, non pas chimiquement mais bien physiquement, ou, plus exactement, leur mécanisme physiolo- gique rentre dans l'ordre de ceux que l'on étudie en chimie-physique. Ce qui ne les empêche pas de pouvoir se substituer les uns aux autres, dans certaines proportions, au sein des colloïdes, comme on l'a vu à propos des hydrogèles, des alcoogèles et des éthérogèles. Des considérations d'un autre ordre ont même conduit R. Dubois à la con- ception des équivalents physiologiques (29). Certainement chaque anesthésique géné- ral a bien son genre personnel d'activité, mais, en plus, tous possèdent le pouvoir d'entraver la fonction d'hydratation. En 1893, Charles Righet a, de son côté, montré que. plus les alcools et les éthers sont solubles, et moins ils sont toxiques (30). Plus récemment, P. CoLOLLiN (31) a fait remarquer que leur solubilité et leur volatilité sont en sens inverse des poids moléculaires. — 11 aurait pu ajouter, ce qui revient au mênie, en sens direct de leur chaleur spécilique. — Us sont d'autant moins toxiques qu'au point de vue de la chaleur spécifique ils se rapprochent plus de l'eau. D'après Cololl\n, cette loi serait générale pour tous les alcools et tous les organismes. L'exactitude delà théorie de R. Dubois a reçu encore une nouvelle confirmation par les recherches de Billard et de Dieulafait (32). Ces auteurs font remarquerque les alcools ont une faible tension superficielle : or la formule de Ramsay indique, d'une manière générale, que le poids moléculaire est d'autant plus élevé que la tension superficielle du liquide est plus taible. On peut ajouter, par conséquent, que la tension superficielle est proportionnelle à la chaleur spécifique. Us ont trouvé, par l'expérience, que la toxicité des divers alcools est d'autant plus grande que leur tension superficielle est plus faible. « Il ne nous a pas été possible, disent-ils, de relever des symptômes d'intoxication diflerents avec les divers alcools : les alcools ne doivent-ils leur toxicité qu'à l'abaisse- ment de tension superficielle qu'ils communiquent aux solutions aqueuses? En somme : chaleur spécifique, poids atomique, tension superficielle etc., toutes ces propriétés sont fonctions les unes des autres, et font jouer à l'eau le rôle prépondérant et plus particulièrement physique, dans le fonctionnement vital : mais c'est la notion de chaleur spécifique qui domine les autres. La célèbre découverte de l'anesthésie de la sensitive, due à Leclerc, de Tours (33), apporte un nouvel appointa la théorie de la déshydratation protoplasmique par les anesthésiques. On sait que les mouvements normaux de Mimosa pudica sont produits par des déplacements d'eau. En ce qui concerne les mouvements spontanés de veille et de sommeil, les déplacements seraient dus, d'après Paul Bert, à l'apparition ou à la disparition dans les renflemenls moteurs d'une substance attirant l'eau, le glucose, et principalement, d'après R. DuiiOis, à l'accumulation de l'acide carbonique, d'une part, et aux changements produits par la lumière, changements qui entraînent une déshy- dratation progressive du protoplasme (26). Les mouvements provoqués sont également dus à un déplacement d'eau : le fait n'est plus contesté aujourd'hui. D'ailleurs, diverses observations tendent à prouver que la contraction musculaire est due à la même cause. Les recherches d'E.MjELMA.NN (34) montrent que la contraction de la fibre musculaire striée consiste dans le passage d'une substance des couches isotropes dans les couches anisotropes, substance qui précisément est plus lluide que celle de la couche aniso- trope. Le passage s'opérerait grâce à l'existence de caualicules extrêmement fins exis- tant dans la couche anisotrope, d'après Schaker (35). On sait d'autre part que les pro- priétés optiques des disques des fibres musculaires, ainsi que la striation des. fibres musculoides de R. Duuois (36) sont dues à des différences d'hydratation. Leclerc avait bien vu J,oc. cit.) que, sous l'influence des vapeurs d'éther, le mouve- DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VIU. 44 690 HYDRATATION. ment des globules véhiculés par l'eau circulant dans les cellules des Chara, des poil* de Bégonia et de diverses borraginées s'arrête pour reprendre après cessation de l'ac- tion de l'anesthésique : or, chez les Chara et dans d'autres protoplasmes que ceux de ces végétaux, d'après Lanessan, les courants sont d'autant plus rapides que le protoplasme est plus riche en eau (38). Leclerc avait noté encore que les cellules des stomates du Pobjpode vulgaire se flétrissent, en perdant leur motilité, dans les mêmes condi- tions, pour la retrouver ensuite avec leur turgescence première. Mais il fallait mettre en évidence expérimentalement, et d'une manière frappante, irréfutable, que les va- peurs d'éther provoquent une déshydratation du bioprotéon et des mouvements d'eau au sein même des tissus. R. Dubois y est arrivé par de nombreuses expériences, dont les plus importantes ont été publiées principalement de 1883 à 1885 (37) : elles mon- FlG. 107. — Influence des anesthêsiques sur l'Echevena. A. Echeveria avant l'action dos vapeurs d'éther. — B. Le même après l'action do l'anestliésiquc. trcnt que non seulement l'éther, mais tous les anesthésiques généraux, agissent de cette façon; ce qui était à prévoir, en raison de ce qui a été dit plus haut de leur chaleur spécifique rapportée à celle de l'eau. Si l'on suspend dans un vase bien bouché, au-dessus de ces liquides volatils, un fragment de parenchyme végétal dense, c'est-à- dire pauvre en lacunes aérifères et en vaisseaux aériens, comme celui d'une feuille de Cactus, on ne tarde pas à voir sourdre à la surface de nombreuses gouttelettes de rosée qui vont en grossissant de plus en plus, jusqu'à ce qu'elles se détachent de la surface de la feuille. L'action des vapeurs d'éther peut être rendue très saisissante en plaçant dans un récipient bien clos un pied d'Echeveria, petite crassulacée commune dans nos jardins, à côté d'une capsule remplie d'éther (fig. 107). Au bout d'une heure, quelquefois plus tôt, les feuilles se couvrent de grosses gouttes transparentes et claires comme de l'eau : leur couleur devient plus foncée, et elles s'abaissent en prenant l'attitude de certaines plantes sommeillant pendant la nuit. Si, après les avoir essuyées, on les pèse, on con- state que leur poids a notablement diminué et qu'une petite quantité d'éther est venue prendre la place de la masse d'eau chassée au travers de l'épiderme malgré la forte résistance de celui-ci. Il s'agit ici de l'action de vapeurs anesthésiques, et non de l'im- mersion de parenchymes frais dans des liquides comme l'éther, le chloroforme et l'alcool, qui ont, comme on le sait depuis longtemps, la propriété de faire sortir des cellules des produits qui ne sont pas solubles dans la menstrue employée : c'est ainsi que l'hémo- globine sort du globule sanguin pour aller cristalliser dans l'éther, dans lequel on a immergé une goutte de sang, bien qu'elle n'y soit pas soluble. Dans l'expérience de R. Dubois, il sort principalement de l'eau, mais aussi d'autres principes immédiats qui parfois même ne préexistent pas tout formés dans le biopro- téon ni à l'état libre (37). Cette propriété des vapeurs d'éther et de chloroforme a été utilisée par R. Dubois pour extraire du siphon de la Pholade dactyle la luciférase, principe oxydant de la luciférine, et par Dastke pour isoler du foie, pour la première fois, le ferment hépatique. Dastre a généralisé cette méthode pour l'extraction des zymases. HYDRATATION. 691 Dès 1883, R. Dubois (37) avait insisté sur les déplacements effectués par les mouve- ments d'eau provoqués par les vapeurs anesthésiques dans les cellules, les tissus et les organes. Si l'on place, dans un vase bien bouché, des oranges au-dessus d'une couche d'élher ou de chloroforme, les vapeurs traversent l'épicarpe et le mésocarpe pour aller se substituer à l'eau des poils charnus de l'endocarpe. Cette eau devenue libre entraîne avec elle divers produits immédiats, entre autres l'acide citrique, et va se déverser dans tous les interstices en donnant à l'orange l'apparence d'un fruit dégelé. En même temps, la chair de l'orange a pris le goût amer du mésocarpe, comme cela arrive par la congélation. Quant aux cellules glandulaires de l'épicarpe, renfermant l'essence à chaleur spécifique très faible, elles ne sont nullement modifiées, bien que leur contenu soit soluble dans l'éther. Ces exemples de réactions internes provoquées par les déplacements de l'eau résultant de la déshydratation bioprotéonique des tissus normaux sont plus intéressants encore à analyser dans les graines de moutarde, les amandes amères et les feuilles de laurier-cerise fraîches soumises à l'action de vapeurs anesthésiques. Elles donnent alors naissance à des produits qui ne préexistaient pas: essence de moutarde, essence d'amandes amères, acide cyanhydrique, glucose, les phénomènes ne se produisent pas avec ces mêmes corps préalablement desséchés: il faut donc admettre qu'une certaine quantité d'eau appartenant aux tissus sort des cel- lules, entraînant avec elle des produits primitivement séparés ; par exemple, les zymases, comme l'émulsine et des composés modifiables par elles tels que l'amygdaline et le myronate de potassium. Ces corps entrent alors en conllit dans les espaces intercellu- laires ou intervacuolidaires, et donnent naissance à des produits, qui, à leur tour, pour- raient intoxiquer les tissus qui en ont fourni les éléments formateurs (R. Dubois, n° 37, 1883). L'anesthésique général peut donc agir : 1" par son action déshydratante, 2° parles réactions secondaires qui l'accompagnent. Dans ces conditions, on n'observe pas de ruptures cellulaires: les fruits éthérisés ou chloroformés augmentent de densité : ce changement dans les propriétés physiques du fruit s'explique par ce fait que les sucs cellulaires exosmosés viennent remplir les méats et espaces intercellulaires primitivement occupés par des gaz. C'est ce qui donne aux fruits éthérisés ou chloroformés l'apparence de fruits r/elés, puis dégelés ou cuits. Postérieurement aux recherches de R. Dubois, Detmer (30) et J. Reinke (40) ont signalé des faits analogues, et A. Nadson (41) a obtenu des phénomènes de transport entraînant des réactions internes colorées. Le liquide protoplasmique dans les feuilles de choux rouges est alcalin : en exsudant, il alcalinise le suc cellulaire qui est légère- ment acide et le fait virer du rouge au bleu. Non seulement ces rapprochements ont, en physiologie générale, un grand intérêt pour l'interprétation des phénomènes produits par le froid, la chaleur, la dessiccation, les anesthésiques, etc., mais il a réceinments ervi de point de départ et de base à une transformation industrielle dans le forçage des plantes, dont il sera question plus loin. Comme on l'a dit déjà, les mouvements spontanés ou provoqués de la Sensitive ne peuvent se produire que si les rentleineuts placés à la base des pétioles et des folioles se flétrissent par déshydratation : or, précisément, le froid et l'anesthésie con- duisent ici encore au même résultat. L'un et l'autre produisent le même effet. Quand la cause a cessé d'agir, les cellules parenchymateuses des renflements peuvent récu- pérer leur eau tonique, parce qu'elle n'est pas sortie de leur voisinage et est restée dans les espaces intercellulaires ou dans les vaisseaux. 1\ n'en est pas de même avec l'Echeveria: l'eau est chassée au dehors: elle ne peut être récupérée, et le végétal meurt anesthésié. L'ébranlement mécanique, les anesthésiques et le froid produisent également des mouvements dans le fruit mùr du Moniordica elaterium, qui se traduisent par la projec- tion en l'air d'une fusée renfermant les semences. Si l'on pratique une coupe transversale de ces fruits, on constate que, parmi les trois couches qui composent leur enveloppe, la médiane seule présente un aspect différent, selon que la déhiscence ne s'est pas produite ou bien qu'elle a eu lieu. Dans le premier cas, la couihe moyenne, composée de grandes cellules gorgées de sucs, est restée transpai^ente, tandis que, dans le second cas, ces cel- lules sont aérifères, ce qui donne à toute l'épaisseur de cette couche un aspect blanc mat caractéristique. La déhiscence a été produite par un déplacement d'eau. Dans 692 HYDRATATION. beaucoup de cas, le dessèchement suffit, et ici encore les mêmes agents déshydratants peuvent se remplacer. Les capsules de la Balsamine éclatent sous l'influence du choc, du froid, des anesthésiques et du dessèchement. Les phénomènes d'exsudation produits chez les végétaux par les anesthésiques généraux se retrouvent également dans les tissus animaux, muscles, foie, etc. Les œufs frais, dont la chambre à air est peu développée, placés dans les mômes conditions que VEcheveria, laissent transsuder des gouttelettes liquides à la surface de la coquille. On obtient un effet semblable en suspendant dans un flacon bien fermé renfermant des vapeurs anesthésiques une vessie remplie de liquide, on réalise ainsi une dialyse rapide susceptible d'être utilisée dans certains cas. Pendant la vie, on observe souvent dans les anesthésies prolongées par le chloro- forme, chez le chien, un astigmatisme cornéen irrégulier par déshydratation, et le flétris- sement des mamelles gonflées par la lactation. Le chlorure d'éthylène, en inhalation, détermine, chez ce même animal, l'opacité de la cornée par un curieux procédé. L'anesthésique passe dans l'humeur aqueuse, rétracte les cellules épithéliales de la face postérieure de la cornée et permet, au bout de quelques heures après le réveil, la sur- hydratation de la couche moyenne de la cornée, qui n'est pas chez le chien, comme chez l'homme et le chat, protégée par la membrane élastique, R. Dlbois (37). Les hypersécrétions salivaires et stomacales, qui accompagnent le début de l'anes- thésie; la soif, la sécheresse de la bouche persistant après celle-ci, comme dans l'ivresse alcoolique, sont autant de raisons pour admettre que la déshydratation s'étend à des tissus autres que la cornée. E. OvERTOx (42) a combattu la théorie de R. Dubois de la déshydratation protoplas- mique par les anesthésiques généraux. Mais aux faits et aux raisons multiples qui prou- vent son exactitude et sa généralité, Overtox n'oppose guère que des arguments théo- riques : la déshydratation n'a aucun rapport avec la narcose ; la perte d'eau de VEcheveria éthérisé est due à une altération profonde des cellules qui ont perdu leurs propriétés osmotiques normales et sont devenues perméables au suc cellulaire (42, p. 42), mais pi us loin (p. 43), OvEttTOx dit que l'eau expulsée provient du suc cellulaire, et non pas — ou en proportion extrêmement minime — du protoplasme. Il est difflcile de concilier ces deux interprétations. D'après cet auteur, la chaleur spécifique n'aurait aucune impor- tance dans le degré de toxicité des anesthésiques généraux: il n'admet pas non plus, malgré les expériences très démonstratives de Charles Richet, que la solubilité soit dans un rapport quelconque avec le degré d'activité des alcools. Ces négations ne reposent sur aucune démonstration expérimentale et sont contraires à tout ce qui a été publié sur ce sujet. OvERTOx a englobé dans la môme étude les anesthésiques généraux et les nar- cotiques proprement dits, qui n'agissent pas par le même mécanisme et dont l'activité n'est pas en rapport avec les chaleurs spécifiques. Pourtant, il ne repousse pas absolu- ment l'intervention de la déshydratation dans la narcose; mais ce sont seulement des éléments particuliers du protoplasme qui deviennent notablement plus pauvres en eau, et non pas les protoplasmes entiers, comme dans l'action des solutions salines assez fortes (42, p. 44). Finalement, il émet l'hypothèse que' les narcotiques indifférents » (^anesthésiques généraux) agissent en s'accuraulant dans les lipoïdes cérébraux dont ils changent l'état physique. Overtox suppose que les « plasmas lipoïdes >» ont pour fonc- tions de régulariser les fonctions osmotiques des cellules animales et végétales. Il fait donc intervenir ici (42, p. 177) la question d'osmose, c'est-à-dire d'hydratation, mais il prétend qu'il est difficile de décider si les perturbations osmotiques sont la cause ou l'effet de la mort, attendu que les deux phénomènes sont presque simultanés (42, p. 178). L'élection des anesthésiques généraux par les lipoïdes riches en lécithines avait été signalée dès 1883 (37) par Raphaël Dubois, qui a montré que, dans l'u^uf chloroformé ou éthérisé, l'anesthésique s'accumule dans le jaune, mais que ce f)hénomène n'empêche pas la déshydratation des autres parties. A côté de l'action toxique générale s'adressant à une fonction générale, fondamentale, comme l'hydralation, il peut y avoir des actions spécifiques caractéristiques ne portant que sur des tissus particuliers, sur cerlains élé- ments anatomiques ou même exclusivement sur des parties constituantes de ces der- niers. A une action constante, universelle, s'ajoutent le plus souvent des actions secon- daires, des variables suivant les toxiques et suivant les organismes (R. Dubois, 37). HYDRATATION. 693 Enfin 0\ ERTON considère le protoxyde d'azote comme un agent comparable à l'éther, au chloroforme, et dit qu'il pourrait aussi agir comme anesthrsique général, avec une pression suffisante; il paraît ignorer les recherches de R. Dubois sur ce sujet (47), celles de Martin de Lyon (48) et d'autres expérimentateurs. Les objections faites à la théorie de Raphaël Dcbois par Overtox ne sauraient pré- valoir contre les nombreux faits déjà cités et encore moins contre ceux qui suivent. La mort d'un végétal par déshydratation anesthésique est due surtout à son élat d'organisation complexe : Claude Bernard a vu des cellules de levure de bière conservées depuis deux ans et demi dans l'alcool absolu produire encore la fermentation. M"*" Stkphanowska (43) a fait d'importantes observations de déshydratation par les anesthésiques sur l'animal vivant. La Vorhicelle {V. mkrostoma, Ehr.) est un excellent sujet d'expérimentation: l'éther et le chloroforme la tuent rapidement, mais on arrive à trouver la dose compatible avec la vie de cet infusoire, et dès lors on peut observer les modifications qui s'opèrent au sein du protoplasme vivant pendant l'anesthésie et après sa fin. Après anesthésie par l'alcool, l'éther et le chloroforme, le protoplasme se présente comme une masse uniformément granuleuse, légèrement grisâtre, dans laquelle ont apparu plusieurs cavités rondes, remplies de liquide homogène, dont la couche mauve pâle le fait bien détacher du fond gris du protoplasme. La vacuolisation du protoplasme peut persister chez les Vorlicelles pendant une heure et même davantage. A mesure que les Vorlicelles reprennent leurs mouvements vigoureux, les vacuoles diminuentet finalement disparaissent complètement. Il ne sub- siste plus que l'unique vacuole contractile. Les Vorticelles, après une anesthésie modérée, se remettent très bien et peuvent servir à plusieurs expériences successives. Si l'anes- thésie est très violente, il se forme des vésicules qui crèvent au dehors, st la Vorticelle ne se rétablit pas. Stéphanowska démontre que ni le liquide des vacuoles, ni celui des vésicules ne peuvent venir du dehors. En employant des doses diluées d'anesthé- siques, on peut provoquer la diminution de turgescence de l'infusoire, la vésicule fait des plis. « En somme, dit Stépha.nowska, quel que soit le degré de l'anesthésie, les vapeim anésthcsiqurs produisent toujourf^ une dcshydratation du protoplasme vivant, mes observations actuelles sur l'anesthésie des Vorticelles s'accordent complèttuient avec les faits découverts par M. Raphaël Dubois. » Il est donc établi expérimentalement, et non par des considérations théoriques, comme les arguments contradictoires d'ûvEaro.N, que l'action des anesthésiques de déshy- dratation du protoplasrna s'effectue dans un onjanisme unicellulaire rivant et mobile, et qu'on peut assister à toutes les phases de cette dcshydratation (Stéphanowska). Le même auteur a noté que d'autres facteurs peuvent soutirer au protoplasme une quantité d'eau. La pression fait apparaître des vacuoles dans les protoplasmas des Paramircium et des Col- pidium. Un choc produit le même elï'et; mais on sait que ces agents mécaniques peuvent aussi provoquer l'insensibilisation des parties sensibles. Dans un autre travail Sté- phanowska a montré que les vapeurs d'éther déterminent une abondante exsudation d'eau chez la grenouille. L'éther provoque aussi la séparation de la substance nerveuse liquide, de celle qui est solide et lui sert de substratum, pour s'accumuler dans un cer- tain nombre de points du dendrite, d'oîi formation de points noirs représentant l'accu- mulation du liquide, et de points clairs représentant la substance plus dense, (-hez une souris en sommeil profond, provoqué par la fatigue résultant d'un exercice piolongé, elle a trouvé des altérations analogues dans les étages les plus inférieurs du cerveau. Cela ne doit pas surprendre, puis(pie l'acide carbonique est l'agent provocateur de la fatigue et du sommeil et qu'il est, en même temps, anesthésique. Dans une note ultérieure, Siki'hanowska et Yoteyko ont montré que les nerfs anesthésiés se comportent suivant la loi de RrrTER-VALLi pour la perte de l'excitabilité dans les nerfs mourants ou anémiés : la dessiccation agit dans le même sens que ces agents, et on sait que la soulïrance et la mort augmentent la tension de dissociation de l'eau et des tissus. On doit également à E. Fauré-Frémiet (44), sur les phénomènes protoplasmiques dus à l'anesthésie chez Glaucoma piriformis, des remarques importantes. Chez cet infusoire, l'anesthésie est caractérisée, au point de vue physique, par une cessation de mouve- 694 HYDRATATION. ments et par une réfringence spécial du protoplasme, ce qui semble bien indiquer une déshydratation. L'aspect de ces individus est le même que celui des individus en voie de conjugaison. L'emploi de la R-Cocaïne produit un gonflement des vacuoles, rapidement suivi de mort. Les phénomènes chimiques de l'anesthésie observée chez Glaucoma viridis, ont une réelle importance au point de vue de la physiologie générale. En traitant par un colorant vital, tel que le bleu de crésylène, un Glaucoma anesthésié, on constate que le cytoplasme prend une teinte générale ainsi que le noyau. Si l'on fait cesser l'anesthésie, cette teinte disparaît. Ainsi, il semble que les phénomènes réducteurs intracytoplasmiques qui dissocient dans la molécule du colorant le chromophore et l'auxochrome, sont affaiblis pendant l'anesthésie, mais qu'ils reparaissent aussitôt après, comme le montre la décoloration. « Ce fait rapproche le protoplasma anesthésié du protoplasme en état de vie latente par enkystcment. Or Venhystement est toujours accom- pagné d'une déshydratation. Nabias (45) a montré dans les poils de Tradescantia oirginia {var. albiflora) que le mode d'action des vapeurs d'anesthésiques généraux n'a aucun rapport avec celui qui a été hypothétiquement admis par Overton, et que le protoplasme perd bien réellement de l'eau et se contracte, au lieu de se laisser pénétrer d'emblée par le suc cellulaire. Il préconise, avec Denuck, l'administration préventive d'eau fraîche aux patients que l'on doit endormir, pour faciliter, au moment du réveil, la réhydratation des tissus. Cette méthode aurait donné déjà d'utiles résultats: elle se trouve en conformité avec les notions the'oriques de réhydratation des alcoogèles de Graham, l'eau ayant une action réversible dépendant de la masse, comme dans le cas de certaines zymases. Action du froid sur la fonction d'hydratation. — Il résulte des faits exposés plus haut que l'action des anesthésiques généraux est de tous points comparable à celle du froid et- du gel. En diminuant la chaleur spécifique des plasmas auxquels on les mélange, ils agissent comme s'ils produisaient dans les organismes une soustraction de chaleur com- parable à celle que produit le froid extérieur. Ce sont ces considérations qui avaient ameré R. Dubois à découvrir la loi qu'il avait formulée ainsi (1, p. 259). « On pourrait mul- tiplier les exemples qui prouvent que \ai déshydratation agit dans le même sens que le froid, et, inversement, que Vhydralntion provoque les mêmes effets que la chaleur. » C'est cette même loi que Loeb a rééditée à l'occasion des recherches sur ce qu'il appelle « héliotro- pisme animal » etquel'on désigne communément sous le nom de « phototropisme <> (67). Leclerc avait remarqué (33) que, pendant l'action de l'éther et pendant toute la durée de l'anesthésie, la température de la sensitive s'abaisse, pour se relever peu à peu à son niveau ordinaire au fur et à mesure qu'elle se rapproche du réveil complet et qu'elle retrouve définitivement son état d'équilibre physiologique normal. Overton, après Paul Bert, a remarqué que la tension de CO^ dans l'air inspiré nécessaire pour produire l'anesthésie est d'autant moindre que la température de l'animal est plus basse. Les effets toxiques des alcools sont accrus par l'abaissement de température : leur usage produit des effets désastreux dans les régions polaires, et le refroidissement au cours de l'anesthésie chirurgicale, ou après elle, constitue un danger redoutable. Action du froid sur l'hydratation. —Jumelle (46) a rappelé que, pendant la congélation, la mort du végétal n'est pas due à des déchirements de cellules : l'eau abandonne le protoplasme et vient se congeler dans les interstices cellulaires. L'eau qui se congèle à la surface de la cellule est de l'eau à peu près pure, comme la glace qui se forme dans les solutions. La formation de la glace en dehors des cellules est observable aussi bien chez les végétaux qui résistent que chez ceux qui périssent. Gœpert et Kunisch pensent que la mort vient de la congélation, d'autres, au contraire, avec Sachs et Drude, qu'elle dépend du dégel. Après des refroidissements égaux, un même organe peut continuera vivre quand le dégel se fait lentement, tandis qu'il se désorganise quand il est brusque. Au dégel, les glaçons se liquéfient et l'eau peut alors se résorber ; autrement, elle distend les espaces intercellulaires et peut venir suinter au dehors, comme sous l'influence des anesthésiques; mais ce n'est point là la seule analogie entre ces deux modes d'action; il se produit par suite du gel des modifications du bioprotéon comparables à celles que produit l'anesthésie. L'abaissement de la température, comme dans les solutions ou dans les corps non dissous, détermine des modifications importantes et durables. Par le dégel de l'empois HYDRATATION. 695 d'amidon et de l'albumine, la masse primitivement homogène se transforme en une masse spongieuse, par les pores de laquelle s'échappe une grande quantité d'eau. Il se fait des combinaisons nouvelles, comme dans une solution qui se congèle. D'autres fois, le suc cellulaire acide qui se répand à travers le protoplasme granuleux alcalin pro- voque des réactions nouvelles de même ordre (jue celles que nous avons vues naître par l'action des anesthésiques généraux; c'est ainsi qu'il se produit du sucre aux dépens de l'amidon dans les pommes de terre congelées. Des réactions analogues portent sur les grains de chlorophylle, sur les pigments colorés, déterminent des changements de colorations, tels que le brunissement ou le noircissement des tissus verts, le bleuisse- ment des ileurs de certaines orchidées, etc. Des essences sulfurées prennent naissance dans le chou gelé, comme l'essence de moutarde dans la graine de S/nfl/)i.s anesthésiée. L'abaissement de la température ralentit, puis suspend la vie des cryptogames infé- l'ieurs; mais la question de chaleur est plutôt secondaire : la condition primordiale de la vie latente est la dessiccation se produisant par le froid. Jumelle prend différentes espèces de cryptogames pendant la période du froid et constate qu'à la température extérieure les échanges sont suspendus. Les mêmes végétaux sont transportés k une température de 13° à 20° où les échanges se font ordinairement bien. On ne constate pas davantage d'échange gazeux. Mais le contraire se produit dès que l'on a introduit de l'humidité dans le milieu ambiant : un froid de — 10'^' arrête la respiration, tandis que par des températures de — 40° l'assimilation chlorophyllienne peut continuer, nouvelle analogie avec les anesthésiques qui suspendent la respiration, et non la fonction chloro- phyllienne. L'état particulier dans lequel se trouve l'eau dans les colloïdes bioprotéo- niques explique pourquoi chez beaucoup de végétaux il n'y a pas congélation même au- dessous de zéro. Sachs a montré que le froid ralentit le pouvoir absorbant des racines, ce qui prépare les végétaux au dessèchement hibernal, lequel leur permet de résister au froid. Si l'abondance de l'eau dans les tissus est la condition la plus favorable pour la con- tinuation des échanges gazeux, des expériences nombreuses prouvent que c'est la condition la plus favorable pour la résistance au froid. Les graines sèches supportent des températures beaucoup plus basses que celles qui sont gonflées d'eau, et une plante quelconque, à un moment donné, survit après un degré de froid auquel dans la suite elle périt parce qu'elle se trouve alors dans une autre phase de la végétation, où la proportion de son eau de constitution a augmenté. Ce dernier cas, pour n'en<;iter qu'un exemple, est celui des bourgeons des plantes ligneuses qui, presque secs en hiver, résistent à des froids intenses, tandis qu'au printemps leurs jeunes feuilles gorgées d'eau meurent déjà après une faible gelée. Plus une cellule sera pauvre en eau, plus la tem- pérature devra être basse pour amener sa séparation du bioprotéon. Les plantes, comme les cryptogames qui se dessèchent facilement, résistent à des froids intenses. Plus récemment Matruchot et Molliard (49) ont publié un important mémoire dans lequel ils démontrent que les modifications déterminées par le gel dans la structure du protoplasma et du noyau de cellules végétales sont absolument de même nature que celles occasionnées par la dessiccation, c'est-à-dire par une déshydratation proyressive. Applications pratiques des anesthésiques et du froid comme modificateurs de la fonction d'hydratation. — a) Forçage des plantes à fleurs et à fruits. — Il existe donc entre le mode d'action des anesthésiques et celui du froid sur les êtres vivants les plus grands rapports. Ce sont des agents analogues : mais l'analogie ne s'arrête pas aux faits signalés plus haut. Pendant la saison froide, l'immense majorité des végétaux et des animaux tombe dans un état de vie ralentie ou de vie latente. Quelques arbres verts, les oiseaux, les mammifères (à l'exception pourtant des hibernants), sont les seuls êtres vivants qui, pendant l'hiver, animent la Nature. Les végétaux ont besoin de repos pour reprendre au printemps leur activité, faire de nouvelles feuilles, des fleurs et des fruits. C'est un rajeimissement qui se fait aussi dans la fécondation, la conjugaison, la parthénogenèse et la germination par une déshydratation suivie d'une réhydratation, ainsi que nous le démontrons plus loin. 11 résulte de ce fait que, dans l'état naturel, on ne peut se procurer en hiver des feuillages, des fleurs et des fruits frais, et ce n'est souvent qu'en été ou dans l'arrière-saison que l'on peut avoir ces derniers. Le forçage a pour objet et pour résultat de provoquer ces productions végétales en 696 HYDRATATION. toute saison et en plus grande quantité; on faisait, il y a quelques années, le forçage par divers procédés tendant tous à faire subir artificiellement aux végétaux, arbustes, racines, rhizomes, graines, etc., le repos hivernal. On se servait particulièrement du dessèchement artificiel et du froid : le refroidissement entre autres, constitue un procédé ■coûteux et incertain, difficile à manier. Les grandes analogies physiologiques, on pour- rait même dire l'identité d'action entre le froid et les li(]uides anesthésiques à faible chaleur spécifique, découverte en 1883 par Raphaël Dubois, devaient nécessairement conduire les horticulteurs à penser qu'il serait possible, pour le forçage, de remplacer le froid et le dessèchement par l'emploi rationnel des anesthésiques. Le 17 novembre 1803, JoHANNSEN, pi'ofesseup de physiologie végétale à l'École supérieure d'agriculture de Copenhague, put présenter à l'Académie royale des sciences de cette ville les pre- miers lilas forcés au moyen de l'élhérisation et publier, en 1900, le résultat de ses expé- riences pratiques (oO). Celles-ci, d'après Albert Maumené, ont causé une véritable révo- lution dans l'art du forçage (51). De son côté Aimard (52) a fourni une nouvelle démonstration du mal fondé des cril.iques faites par Oveuton ;i la théorie de Raphakl Dlbois à propos du procédé de .Joha.vnsen (qui, lui aussi, est la meilleure réfutation des critiques d'OvERTOx). A. Giard a dit: « Le développement du bourgeon à fieur après une période de repos n'est pas sans une grande analogie avec l'évolution de la macrogamète, à la suile des phénomènes de maturation. Et, dans ce cas encore, il me paraît bien probable (quoique les conclusions ne soient pas nettement formulées par Johannsen, que l'action déshydratante des anesthésiques, signalée naguère par R. Dubois, aune part prédominante dans la mise en marche des divisions cellulaires (liS). » Ces consi- dérations sont identiques à celles qui avaient été développées antérieurement par R. Dubois {U). h) Embaumements. Momification à l'air libre. Crémation. — Les anesthésiques généraux sont naturellement des antiseptiques comme le froid, parce qu'ils paralysent l'activité des microbes, et empêchent l'échision des spores, en les empêchant de s'hydrater pour germer. Comme, d'autre part, ils augmentent la tension de dissociation de l'eau et des tissus, on pouvait espérer arriver à conserver les corps, en les desséchant facilement. Dès 1883 (55), des résultats encourageants furent obtenus au moyen de l'éther introduit dans l'estomac de grands chiens. En 1890, R. Dubois reprit à Lyon ses expériences com- mencées à la Sorbonne, et montra qu'on peut obtenir, à l'air libre, la momification du corps humain (55), môme dans des milieux relativement humides, eu faisant des injec- tions interstitielles de liquides organiques neutres (alcool amylique et éther nitrique, par exemple) dans la profondeur des organes, au moyen d'une seringue munie d'un trocart aiguille. Ce procédé a le grand avantage de n'exiger aucune mutilation du cadavre, d'être applicable à tous les cas où les autres ne le sont pas, après rupture des gros vaisseaux, par exemple', écrasement, brûlure, décomposition, etc. Il peut être pratiqué par le personnel le moins expérimenté, et n'introduit dans le cadavre aucune substance toxique capable de gêner les recherches médico-légales. Enfin, grâce à la dessiccation complète du corps, ce dernier brûle avec extrême facilité, sans fumées et sans vapeurs, presque sans odeur, rapidement et économiquement. Influence de la chaleur. — Quand la température s'élève peu à peu, il y a un maximum d'activité physiologique au delà duquel celle-ci se ralentit de plus en plus pour cesser ensuite complètement. Une chaleur trop élevée agit sur les organismes comme les anes- thésiques et comme le froid ; elle supprime l'irritabilité, la sensibilité, la motilité. Les ani- maux à sang froid s'endorment à une température voisine de celle des animaux à sang chaud. Ces derniers sont atteints de somnolence par les fortes chaleurs, mais il n'existe pas pour eux de torpeur estivale. Le Tanrec de Madagascar ne s'engourdit que pendant la mauvaise saison, qui correspond à notre été : les Gerboises du désert ne s'endorment pas dans les étuves sèches chaull'ées à des températures sahariennes (R. Dubois). La chaleur agit par dessiccation, dessèchement, sur les organismes; elle augmente la ten- 1. Raphaëi. Dubois a appliriué son procédé pour rembaumomcnt (lu Président Carxot, mais il s'est servi, non d'alcool métliylique, comme cela a été écrit, mais d'alcool amylique. V. L'Assassinat du Président Carnot.Bi/Aiolhèque de criminolof)ir, \1. 181)}, chez Masson, par A. Lacassagne. HYDRATATION. 697 sion de dissocialion de l'eau, d'où les Iranspiralions abondantes, exagérées par la fati- gue, c'est-à-dire par raccumulation dans l'économie d'un anesthésique, l'acide carbo- nique. La soif est intense dans les maladies accompagnées d'hyperlhermie, etc. A. DissART (S6) a prétendu que la chaleur sèche de l'étuve augmente les échanges respiratoires chez le lapin et le cobaye; mais il ressort de ses propres expériences que c'est seulement à la suite de la déshydratation, et au moment de la réhydratalion, que cet effet se produit. C/est, d'ailleurs, une loi générale, formulée par R. Dubois (1, 249), que l'hydratation marche dans le môme serm que l'o.njyénation et la chaleur; ces fac- teurs augmentent les échanges, à la condition de ne pas dépasser leur optimum. La déshydratation, l'acide carbonique, l'hypothermie, les ralentissent. Si l'hydratation, l'oxygénation et la calorificalion dépassent l'optimum physiologique, ils produisent des efTets analogues à ceux que déterminent les influences inverses. De son côté, Charles RicHET a depuis longtemps montré que la fatigue déshydrate le muscle. Les phénomènes respiratoires sont surtout exagérés quand, après avoir fait perdre de l'eau à un orga- nisme, on le réhydrate rapidement; l'oxygénation marche alors'de pair avec l'hydrata- tion (R. Dubois, Leçons, 249). Jolly (57) a montré le parallélisme qui peut se présenter entre le forçage par la chaleur et celui que produisent les anesthésiques; la condensa- lion jvotoplasmique par déshydratation est le phénomène commun qui réunit des faits en apparence tri's différents. Hyperhydratation. — Ce qui précède montre que le froid et la chaleur, poussés à des limites incompatibles avec l'équilibre normal de l'hydratation, produisent les mêmes effets. Quand on augmente artificiellement l'hydratation, on peut aussi produire des effets analogues à ceux que détermine la déshydratation. En 1883, Certes (60) et Regnard (61) ont montré que, sous l'influence de très hautes pressions dans l'eau (jusqu'à 600 ou 700 atmosphères), de nombreux animaux aqua- tiques tombaient dans une sorte de vie latente, sans que l'on sût pourquoi. Au début de ses expériences, P. Regxard avait remarqué que les pattes de grenouilles comprimées dans l'eau à 600 ou 700 atmosphères devenaient raides. R. Dubois (58) démontra alors que cet effet est dû à la pénétration de l'eau dans les cellules, à l'hyperhydratation du bioprotéon, de la façon suivante : 1° les muscles devenus raides augmentent de poids; 2° ils retrouvent leur élasticité après un temps suffisant de séjour dans un appareil à dessiccation, ou bien par immersion dans des substances déshydratantes, comme l'alcool étendu d'eau à 10 p. 100. Une grenouille entière, dont les poumons avaient été préalablement vidés d'air, et qui avait été rendue raide et inerte par la compression, retrouva la possibilité d'exécuter quelques mouvements spontanés après immersion dans un mélange d'acool et d'eau à 10 p. 100; 3° en enfermant les grenouilles avant la compression, dans un sac de caoutchouc imperméable, elles ne deviennent pas rigides. Au moment de la décompression, l'eau introduite de force dans le bioprotéon quitte celui-ci, et vient s'accumuler entre le sarcolemme ou le névrilemme et la partie protoplasmique. On avait objecté à R. Dubois que le bioprotéon, n'étant, pour ainsi dire, que de l'eau, ne pouvait pas être pénétré par de l'eau; l'expérience a prouvé le contraire, et la connaissance que l'on possède aujourd'hui de la conslitution des col- loïdes permet d'expliquer cette hyperhydratation d'une manière rationnelle. D'ailleurs, il n'est pas nécessaire d'avoir recours à de hautes pressions pour produire l'hydratation des tissus et des organismes ; l'eau pure est un poison du muscle, du nerf, de l'orga- nisme môme. La chaleur, comme la pression (ce qui se comprend, car elles agissent de la même manière), facilite l'hyperhydratation, jusqu'à une cei'laine liniile pourtant; on peut le prouver en faisant dans les artères des muscles des injections d'eau à des températures croissantes. Les contractions deviennent d'abord plus énergiques, puis bientôt survient la rigidité musculaire ; ce n'est pas la tempi'rature du liquide qui agit, mais la siirhydratation (jui augmente avec elle. La mort entraîne parfjis l'hyperhydratation : les infusoires morts se gonflent et éclatent dans l'eau, alors que, pendant la vie, ils sont sans inconvénient traversés par une masse énorme de ce fluide; un Paramœcium aurclia élimine, en quarante- six minutes, à la température de 27°, un volume d'eau égal à celui de son propre corps. ScHLEicH (59) a montré que l'on pouvait obtenir l'insensibilisation locale par des in- jections d'eau bouillie dans le derme. Les zymases ne sont pas atteintes par les hautes «98 HYDRATATION. pressions, ce qui explique pourquoi celles-ci ne suppriment pas la production de la lumière dans l'organe lumineux du Lampyre (62). Action des cristalloïdes sur la fonction d'hydratation. — L'eau pure étant un poison pour les cellules, comme on l'a vu plus haut, il faut que sa pression osmotique soit modérée, régularisée, et c'est le rôle des sels. Picot, Folk (65) et Mayer ont étudié l'action de l'eau additionnée de sels inlroduite dans la circulation. Dastre et LoYE (63) ont montré qu'on pouvait, sans danger, injecter à des chiens 1 lilre d'eau en cinq à quinze minutes dans la circulation, à la condition qu'elle ren- ferme Osi',7o de sel p. 100. On peut ainsi faire des lavages de l'organisme utiles dans beaucoup de cas, et fournir directement l'eau nécessaire à l'hydratation (Voir hydrolyse, p. 680). C'est sur ces données que sont calculées les compositions des sénims artificiels. Dans le milieu extérieur, la proportion utile de cristalloïdes dissous dans l'eau est très variable. On ne peut transporter impunément la plupart des animaux marins dans l'eau douce, et, réciproquement, les animaux des eaux douces dans la mer, parce que l'état d'hydratation des cellules des branchies et des téguments, d'abord, se trouve pro- fondément modifié. On obtient la déshydratation progressive de la grenouille en immer- geant simplement les pattes dans l'eau fortement salée ; le sang devient épais, la cir- culation est ralentie, les mouvements du cœur affaiblis, ainsi que ceux de la respiration : les échanges sont diminués, l'animal tombe dans l'inertie et la torpeur. Le cristallin devient opaque ; mais cette cataracte expérimentale, ainsi que tous les antres symp- tômes, disparaît dès que l'hydratation normale est rétablie par l'immersion dans l'eau douce. Il semble que la torpeur, dans ce cas, soit surtout due primitivement aux modifications de l'hydratation du système nerveux; car les muscles conservent à peu près complètement leurs propriétés physiologiques (R. Dubois). Dans les colloïdes, les plasmas et les membranes, la diffusion ne se fait pas comme dans l'eau ou dans les solutions salines. Dans les hydrogèles, elle suivrait, d'après Leduc, les lois de Ohm en électricité. La vitesse ou intensité de diffusion serait propor- tionnelle aux différences de pressions osmotiques, et varierait en raison inverse de la résistance; elle dépendrait, en outre, de la nature de la substance diffusante (64). Les phénomènes de chimiotropisme se rattachent aux faits dont il vient d'être question. Influences diverses agissant sur l'hydratation. — L'électricité, en dehors de l'éleclro- lyse proprement dite, a une influence manifeste sur l'hydratation. Porret a noté que dans les colloïdes l'eau se transporte du pôle négatif au pôle positif, sous l'influence du courant, et Hermann a vu dans les muscles des phénomènes de même ordre. On sait que les granulations colloïdales sont toutes chargées d'électricité, ou négative ou posi- tive, et que, lorsque des granulations de signes contraires se trouvent réunies dans un milieu colloïdal (hydrosols, plasmas), il y a formation de complexes, avec précipitation, agglutination, coagulation, etc. Il est bien évident que de semblables phénomènes, d'ordre électrique, ont une influence directe sur l'hydratation. La charge des granula- tions a aussi une influence par elle-même, indépendamment de son signe; car les gra- nules de même signe seront d'autant plus écartés que leurs charges respectives seront plus grandes; les espaces intergranulaires, remplis surtout d'eau, seront d'autant plus grands que les charges seront pli>s élevées. On conçoit aisément que, dans de sem- blables milieux, l'excitant puisse produire des mouvements explicables par des dépla- cements de molécules d'eau, comme ceux des sensitives, ou ceux du muscle. Inverse- ment, ces déplacements d'eau pourront produire des effets électro-moteurs, comme ceux que l'on observe dans les muscles, dans les organes électriques de la torpille et chez les végétaux (66). Les phénomènes galvanotropiques se réduisent à des phénomènes de cet ordre. La lumière exerce certainement une grande influence sur l'hydratation, mais celle-ci est mal connue, surtout chez les animaux. La fonction chlorophyllienne a été, à ce point de vue, l'objet de nombreuses et importantes recherches. L'héliptropisme des végétaux semble directement en rapport avec des différences de turgescence des cel- lules du côté éclairé et du côté non éclairé, suivant qu'il est positif ou négatif, corres- pondant à des inégalités dans l'hydratation. Peut-être en est-il de même dans les plié- HYDRATATION. 699 nomènes de phototropisme; ce qui semblerait l'indiquer, c'est que Lœb (67) a repris la loi de Raphaël Dubois, à propos de certains mouvements observés par lui sur Spii'o- yraphia Spallanzanl, sous l'inlluence de la lumière. L'ascension de la sève dans les végétaux serait due, d'après Godlewski (08), à ce que les cellules agissent comme de petites pompes aspirantes et refoulantes, par suite de mouvements périodiques de turgescence, susceptibles d'être influencés par la lumière. Ce serait aussi par une action de ce genre qu'il conviendrait d'expliquer les mouvements périodiques si curieux de VHedysanim girans. Influence du dessèchement sur la fonction d'hydratation : vie ralentie, vie oscillante, vie latente, anhydrobiose, anhydrisation, hibernation, sommeil. — Spalla.nzani (69) et les anciens observateurs ont montré qu'un grand nombre d'invertébrés, même assez élevés en organisation, puisqu'ils sont pourvus d'organes génitaux, de tube digestif, etc. : Rotifèi'cs, Tardif/rades, Ncmatodes, peuvent se dessécher naturellement, tomber en complète inertie physiologique, et revenir parfois beaucoup plus tard à la vie, quand l'humidité leur est rendue. Ces observations ont été contrôlées par de nombreux savants : Doyère (70), Semper, Davaine (71), Broga (72), Claude Bernard (73). P. Pou- CHET avait avancé que la reviviscence des Rotifères, Tardigrades, etc., était due à la survivance des œufs, et que les parents, moins résistants, péiissaient pendant le dessè- chement. PoucHET, en opérant par déshydratation trop brusque, tuait, en effet, les espèces sur lesquelles il expérimentait; Zellnka, D. Lance, Giard, ont fait voir qu'en opérant par déshydratation lente, même sur des espèces semi-aquatiques {Callidina symbiotica, Macrobiotus, Angulllula), vivant dans les Mousses humides, les Hépatiques, etc., on peut parfaitement ramener à la vie des animaux adultes, à organisation compli- quée, ce qui confirme l'opinion des anciens observateurs (74). D'après les recherches de Costes, Gerber, Balbiani, les colpodes enkystés et dessé- chés peuvent être conservés indéfiniment dans cet état. Gl\rd (74) a gardé plus de huit ans des Clamijdococcm plavialis desséchés et enkystés contre les parois du flacon où il les avait cultivés, et dont l'eau s'était complètement évaporée peu à peu. Chaque année, on put en détacher quelques kystes, et ces Volvocinés redevenaient mobiles au contact de l'eau. Quantité de protistes et de protozoaires se comportent de même. Les Anguillules du blé niellé s'enkystent dans le grain qui va se dessécher, et y séjour- nent tant qu'il ne tombe pas dans la terre humide. Ces organismes semblent, comme la graine, se préparer, par une déshydratation suivie d'une réhydratation, une sorte de rajeu- nissement. Dès qu'ils sont réhydratés, ils retrouvent leur activité, s'accouplent, se re- produisent et, finalement, s'enkystent de nouveau. Baker en a conservé, en état de vie latente pendant vingt-sept ans. Spallanzani a pu les dessécher et les revivifier jusqu'à seize fois de suite. Tous ces êtres réviviscents sont soumis, dans leur milieu naturel, à des variations qui les ont accoutumés, par adaptation progressive, à cet état de vie oscillante. Certains auteurs ont prétendu que chez'ces êtres desséchés la vie n'était pas complè- tement suspendue, qu'ils étaient seulement en état de vie ralentie. Kocks, par des expé- riences précises, a montré qu'elle était complètement suspendue (75). Beaucoup de mollusques terrestres [tlelix, Bulinu>i, Achantiuclla, etc., par dessèche- ment progressif, tombent en un état de vie latente qu'on a vu se prolonger jusqu'à cinq mois. Il y a plus : des mollusques absolument aquatiques [Ampullaria globosa, SwAixs, Vivipai'a bengalensis, Lam, etc.), envoyés à sec de Cochinchine et de Siam en France, ont repris leur vivacité dès qu'on les eut placés dans l'eau. Des ampullaires môme ont pu être gardés pendant six mois à l'état d'anhydrobiose (L. Vignal, Wattebled, etc.). Des escargots endormis se sont réveillés après avoir absorbé 27 p. 100 de leur poids d'eau, et ils se sont rendormis après avoir perdu environ 18 p. 100 en atmosphère desséchée. L'anhydrisation a été accompagnée d'une forte augmentation de CO- ---7- dans le corps de l'animal, malgré un très grand ralentissement des phénomènes respiratoires (R. Duuois, 8i-)'. Les végétaux aussi s'endorment et hibernent par déshy- dratation et autonarcose carbonique (R. Dubois). 1 . Le mécanisme intime du sommeil cliez l'escargot et vraisemblablement chez les autres invertébrés à sang froid est le même que cliez les hibernants poïkilothermes et autres vertébrés 700 HYDRATATION. Pendant la torpeur des vertébrés hibernants, qui n'est qu'un état plus profond du sommeil ordinaire, R. Dubois a montre', par dos analyses directes des tissus et des humeurs, ainsi que par la numération des globules du sang comparée dans les périodes de veille et de sommeil, qu'une déshydration notable accompagnait l'accumulation d'acide carbonique : ces deux phénomènes concourent à la production du sommeil (84). Chossat (76) a anhydiisé des grenouilles (et même des oiseaux), et a obtenu les mêmes symptômes à peu près que ceux qui ont été décrits chez les grenouilles déshydratées par exosmose (p. 681). La mort arrivait quand les grenouilles avaient perdu 35 p. 100 d'eau. A l'autopsie, on trouvait des lésions en rapport avec la diminution d'eau, et particulièrement des déformations des globules sanguins. l>e même auteur a établi des analogies entre l'état d'anhydrisation expérimenlale et celui qui résulte du choléra. Le Protoptcrm annectem, dipnoïque du fleuve de Gambie, se trouve pendant la saison chaude emprisonné dans la vase durcie, oh il s'enkyste dans une sorte de cocon de mucus desséché. Il ne communique alors avec l'extérieur que par un petit orifice, qui lui permet de respirer avec ses poumons; dans la vie aquatique, il se sert seulement de ses branchies. Pendant la période d'enkystement, sa respiration est très ralentie; ses mouvements, difficiles et lents; mais, dès qu'il est plongé dans l'eau, surtout dans l'eau tiède, il retrouve toute sa force, et une extrême agilité. Il n'est pas nécessaire, pour cela, qu'il possède des viscères; R. Dubois a vu (78) un Protoptcnis annectens, auquel il avait tout enlevé, et qui ne conservait que son squelette, ses muscles, sa moelle et son cerveau, sortir de l'étal de vie ralentie complètement pour (jiielques instants, après son immersion dans l'eau tiède, sans que l'on put rapporter ce phénomène à autre chose qu'à une hydratation directe des tissus restants. Rôle de l'hydratation dans les phénomènes de conservation de l'espèce [germinat'Mi, fécondation, conjugaison^ parthénogenèse naturelle et artificielle). Chez les végétaux où existe la fécondation, le grain de pollen a besoin de se gonfler, de s'hydrater, pour remplir son lôle et pénétrer dans l'ovule; mais, une fois l'acte de la fécondation achevé, l'ovule fécondé devient une graine et se déshydrate. Elle peut rester alors en état de repos, de vie latente, pendant un temps parfois très long, variable d'ailleurs avec les espèces. Pour que la graine sorte de son inertie et que le jeune végétal se développe, il faut que la graine se réhydrate. Sans cette réhydratation, qui est le phénomène initial, pré- liminaire, du retour à la vie active, la graine ne peut ni respirer, ni mettre en œuvre les matériaux qu'elle contient. La fonction d'hydratation prime donc toutes les aulres. La germination peut être retardée ou empêchée par toutes les causes qui entravent l'hydratation : anesthésiques généraux, froid, proportion trop forte de sels dans l'eau baignant la graine, etc. La réhydratation de la graine se fait avec une énergie considérable; elle se gonfle de façon à pouvoir soulever une forte colonne de mercure, et, à ce moment, la tensio'i de dissociation de l'eau est très faible, comme dans tous les tissus jeunes; mais elle croît depuis l'élat embryonnaire jusqu'à la vieillesse. Dans l'œuf animal, après la fécondation, la fixation d'eau se fait aussi avec augmen- tation de pression interne. Des œufs mûrs de Rana temporaria, engagés dans l'oviducte et entourés d'une mem- brane gélatineuse, sont piqués à l'aide d'une pointe de verre effilée. Après l'opération, la blessure n'est pas visible extérieurement; mais, peu après la fécondation, le vitellus com- mence à faire hernie et forme entre la membrane ovulaire et la membrane vitelline une tubérosité plus ou moins forte. Toutefois le gonflement de l'œuf est précédé d'une dés- hydratation de l'ovule. Au début de la fécondation, il se fait une concentration du vitel- lus, avec séparation d'un liquide qui permet au spermatozoïde de se gonfler jusqu'à atteindre di.\ ou vingt fois son volume primitif. A partir de ce moment, l'œuf animât acquiert, comme l'ovule végétal devenu graine, non seulement le pouvoir de fixer beau- coup d'eau, mais encore de la retenir avec énergie. Celte avidité des œufs fécondés pour supérieurs. Cette conchision de 11. Dubois vient d'éti-e confirmée expérimontalcmcnt dans un tra- vail récent (V. M"' Bkllion, Contribution à l'élude de l'hibernation chez les invertébrés. Thèse de doctorat 'es sciences naturelles de l'Unioersitè de Lyon, 1909j. HYDRATATION. 701 l'eau est facile à constater : ceux du ver luisant et de beaucoup d'insectes augmentent de volume très notablement après la ponte, tandis que les œufs non fécondés se flé- trissent (79). Si l'on place dans le vide sulfurique un même poids d'œufs stériles et d'œufs fécondés de vers à soie, et que l'on établisse les courbes respectives de leurs pertes de poids, on constate que ces courbes présentent des caractères bien différents. Alors que les œufs stériles se dessèchent comme un corps quelconque imbibé d'eau, on observe chez les œufs fécondés, au début, un dessèchement assez rapide qui bientôt se ralentit pour cesser ensuite complètement, une certaine quantité d'eau se trouvant fixée avec une énergie invincible dans les conditions indiquées. La coque de l'œuf n'a aucune influence particulière dans la marche du dessèchement. Des phénomènes de même ordre ont été constatés dans des œufs de vertébrés (R. Dubois, 80). Dans l'œuf de l'Oursin, après la fécondation, la segmentation est empêchée en entra- vant l'hydratation par addition de 2 p. 100 de sel à l'eau de mer. Si la segmentation a déjà commencé, elle s'arrête dans un milieu fortement salé : mais vient-on à rajouter de l'eau pure, elle reprend immédiatement son cours, et, chose intéressante à noter, comme on le verra plus tard, elle marche alors avec une rapidité plus grande, comme pour rattraper le temps perdu, mais, en réalité, parce que l'œuf a subi une seconde déshydratation. En n'ajoutant pas d'eau, il peut se produire également une segmenta- tion incomplète portant sur le noyau seulement, sans doute, parce qu'il est plus hydro- phile que le protoplasme environnant et le dépouille à son profit. Le mouvement de segmentation peut être suspendu également parles anesthésiques et parle froid, pour reprendre avec une plus grande force quand ces causes d'inhibition par déshydratation ont cessé leur effet. La déshydratation qui prépare à la réliydratation de renaissance à la vie active, ou de rajeunissement, a été constatée dans beaucoup d'autres cas : elle doit être un phéno- mène général, commun à tous les organismes végélaux ou animaux. Certaines manifes- tations physiologiques paraissent curieusement adaptées à ce besoin. Quand une plasmodie de fleur de tan, autrement dit d'OEthalium seplicum, se trouve uniformément étalée sur une bande de papier à filtrer mouillée et que cette dernière commence à se dessécher, elle se relire toujours vers les points restés les plus humides. Si, pendant que la dessiccation s'effectue, on place, perpendiculairement au papier, et à deux millimètres de lui, un porte-objet enduit de gélatine, on voit alors, en ce point, se soulever verticalement des ramifications du réseau protoplasmique attiré par la vapeur d'eau qui se dégage de la gélatine, et bientùt toute la plasmodie a émigré vers celle-ci en vertu d'un hydrotropismc positif. C'est le contraire qui se passe quand la plasmodie va former ses réceptacles fructifères : V Jujdrotropisme devient néqatif : les plasmodies s'éloignent alors des fragments de gélatine ou du papier humide. On constate égale- ment que, plus elles sont riches en eau et plus énergiques sont leurs mouvements, tandis qu'à la période de concentration fructifère elles tendent de plus en plus vers l'im- mobilité. Chez les Characéeti et autres cryptogames, l'activité des mouvements protoplasmiques et intra-cellulaires est aussi en rapport avec la richesse en eau. Mais il y a également une concentration préparatoire à la reproduction. A ce moment, chez beaucoup d'algues, en particulier chez lesŒdofjonium, tout le corps protoplasmique se détache de la paroi cellulosique, expulse le liquide qu'il renferme et le ramène à un volume moindre. Ouanlité de végétaux s'enkystent, en subissant des modifications de même nature, avant de se reproduire. C'est en s'appuyant sur les faits précédents et sur d'autres encore que Raphaël Dubois, dès 1898(1, 9'' leçon\ a montré nettement que, dans la fécondation, le plumomène initial, doininaleur, est une désiiijdratalion préalable suicie d'une réhi/dratalion abondante et éner- gique (o4). Trois ans après R. Dubois, Y. Delage est arrivé aux mêmes conclusions à propos de la parthénogenèse artificielle, dans sa « tliéorie de la fécondation » (81). Parthénogenèse naturelle et parthénogenèse artificielle. — Les Cladocères, les Daph- nies, les Branchipes, les Pucerons, beaucoup d'Hyménoptères, de Papillons, de Rotifères, donnent par la sécheresse des œufs parthénogénétiques, c'est-à-dire capables de se déve- lopper sans fécondation préalable. Certaines plantes dioïques, comme le Chanvre, sont dans le même cas. La parthénogenèse par dessèchement a également une influence sur 702 HYDRATATION. la nature du sexe des individus engendrés de cette façon. Cette remarque permet de supposer que l'hydratation, dans les conditions ordinaires, joue aussi un rôle dans la différenciation sexuelle. Étant donné que dans l'acte de la fécondation naturelle et dans d'autres procédés de reproduction (conjugaison, etc.) le phénomène initial, préparatoire au développement, est une déshydratation suivie d'une réhydratation, que, d'autre part, dans la parthéno- genèse naturelle, le développement de l'œuf non fécondé exige, dans un grand nombre de cas connus, une déshydratation préalable : il est naturel de penser que la déshydra- tation, suivie de la réhydratation expérimentale, peut artificiellement produire la par- thénogenèse ; c'est, en elfet, à ce curieux résultat qu'ont abouti dans ces derniers temps les efforts d'un grand nombre de savants, et particulièrement d'YvEs Delage, qui, le premier, a pu obtenir le développement complet d'un organisme animal par voie expé- rimentale (82) à partir d'un œuf non fécondé, mais fécondable. Déjà, en 1896, Klebs avait montré qu'en faisant agir des solutions salines ou sucrées sur desSpirogyra et divers autres cryptogames, on obtenait la formation de parthénospores, ou la germination parthénogénétique de lagynogamète et même de l'androgamète. Chez les animaux, les observations ont été faites surtout sur les œufs d'Astéries et d'Oursin. De nombreux auteurs : Tichomiroff, Hertwig, Mead, Morgan, Herbst, Loeb, Lei-èvrk, BuLLOT, Bataillon, Kostanecki, Giard, etc. (V. Parthénogenèse) ont vu qu'on peut pro- voquer un commencement de développement des œufs non fécondés d'échinodermes, de vers, de mollusques, de batraciens et de poissons en modifiant les propriétés chimi- ques et physiques de l'eau où on les immerge pendant un temps variable, pour les reporter ensuite dans leur milieu naturel (eau douce ou eau de mer). Pour obtenir ce résultat, tous les expérimentateurs se sont servis d'agents déshydratants, dont l'action a été étudiée dans cet article : sels organiques ou minéraux (sulfates d'alcaloïdes, chlorures de sodium, de potassium, de magnésium, de nickel, etc.), composés organiques non élecli'olytiques (sucre, urée, etc.), anesthésiques généraux (alcools, éther, chloroforme, toluol, benzol, acide carbonique, etc.), froid, ébranlement mécanique, et enfin dessic- cation pure et simple ! Ajoutons les corps acides et coagulants, comme le tanin, avec l'action complémentaire réhydratante de l'ammoniaque. C'est ce dernier procédé qui, entre les maiiis du savant expérimentateur Yves Delage, a permis d'obtenir un Oursin adulte avec un œuf non parthénogénétique, non fécondé et fécondable (82). En ce qui concerne l'œuf fécondé, comme celui qui est rendu artificiellement par- thénogénétique, les deux premiers phénomènes de son évolution sont une coagulation (déshydratation) : la formation de la membrane vitelline ; et une liquéfaction, hydrata- tion : la dissolution de la membrane nucléaire. On ne saurait trop insister sur ce fait que tous les agents employés avec succès pour provoquer la parthénogenèse artificielle sont des agents déshydratants, ou capables d'aug- menter la tension de dissociation de l'eau et du bioproléon, et que ceux (jui exercent l'action complémentaire la plus satisfaisante sont des agents liquéfiants, c'est-à-dire hydratants. La découverte de la parthénogenèse artificielle est la plus irréfutable des démons- trations en faveur de l'exactitude de la loi formulée et développée, en 1898, par Ra- phaël Dubois, que le phénomène initial et capital de la reproduction en général, et de la fécondation en particulier, n'est qu'une déshydratation suivie d'une réhydratution. La pro- création n'est qu'une reviviscence. CONCLUSIONS GENERALES I. — De même que la fonction de respiration est constituée par le rôle physiolo- gique de l'oxygène, de même la fonction d'hydratation est constituée par le rôle physio- logique de l'eau. II. — La fonction d'hydratation prime celle de la respiration, celte dernière ne pou- vant s'exercer que quand la première a été satisfaite. III- — D'ailleurs, sans la fonction d'hydx-atation, aucune fonction de la vie de nutri- HYDRATATION. 703 lion, de relation ou de reproduction, ne peut se manifester : elle les domine toutes : c'est une fonction générale primordiale. IV. — Au point de vue chimique, l'eau se comporte suivant les circonstances comme une base, comme un acide ou comme un corps indifférent : elle forme des hydrates ordinairement très instables : une quantité considérable de réactions physiologiques fondamentales se font avec fixation ou élimination de molécules d'eau : l'eau qui peut se former dans l'économie ne s'y détruit pas : dans l'inanition, elle ralentit la destruc- tion des aliments de réserve et retarde beaucoup la mort, sans être par elle-même un aliment, à proprement parler. V. — Au point de vue de la physique et de la chimie physique, elle possède la cha- leur spécifique la plus élevée et est, en même temps, le dissolvant le plus général. Elle communique aux corps qu'elle dissout des propriétés qu'ils ne pourraient acquérir qu'à des températures de fusion ou de volatilisation, ce qui explique pourquoi le bioprotéon produit, à de basses températures, des effets que l'on ne peut obtenir dans les labora- toires qu'à l'aide de beaucoup de chaleur artificielle. Les organismes vivants sont des machines thermiques à basse température. Par l'ionisation, l'eau dynamise les élec- trolytes, commande à tous les phénomènes d'osmose, de dialyse, de capillarité, de ten- sion superficielle, d'absoiption, d'adsorption, de dilfusion, etc. La partie fondamentale de la substance vivante est à l'état colloïdal:; le bioprotéon est fondamentalement un hydrogèle instable, à effets réversibles, sous de faibles et multiples infiuences d'hydra- tation et de déshydratation. VL — L'équilibre normal de l'hydratation ne peut être troublé sans que celui de l'organisme entier soit modifié. Les organismes vivants sont surtout constitués par de l'eau : ils ne sont guère que de l'eau en mouvement. L'eau, à l'aide d'une infime quantité de bioprotéon ancestral, et sous l'infiuence solaire, fait sortir le minéral de son énergie de position, édifie les colloïdes vivants qui, après la mort, redeviendront de l'eau et des cristalloïdes. La molécule d'eau est l'enjeu principal de la partie où se jouent le rajeu- nissement et le veillissement, la santé et la maladie, la vie et la mort. RAPHAËL DUBOIS. Bibliographie. — 1. Dubois (R.). Leçons de phtjsiologie générale et comparée , chez Masson, Patis, 1898 (f'^ leçon et 9« leçon). — 2. — Du rôle de Veau dans la féconda- tion [B. B., Lvi, 476, 1904). —3. Bernard (Ci..). Phénomènes de la vie, Paris. - 4. Dl- BOis (R.). Mode d'action de ralcoolsiir l'économie {B. B., lo6, 1874); Conférences sur l'alcoo- lisme {Bull. Soc. philot. du Maine, 1881); Action de quelques liquides organiques neutres sur la substaiiee organisée (C. 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La théorie de la fécondation {Rev. gén. des Se, 15 octobre 1901). —82. Les vrais facteurs de la parthénogenèse expérimentale {Arch. de Zool. exp. et gén., (4), vu, 487). — 83. Klebs. Die Bedingungen der F. bel einigen Algen und Pilzen, 1896, 245. — 84. Dubois (R.). La thermogénèse et le sommeil physiologie comparée de la marmotte {Ann. de l'Uni- versité de Lyon, 1896 1. — Sur le sommeil hivernal chez les invertébrés {Ann. de la Soc. linn. de Lyon, 1900). HYDRAZINES. — Les hydrazines sont des corps, très nombreux, qui dérivent directement du diamidogène H-Az — Az H-, ou diamidizamine. On comprend qu'il y ait d'innombrables dérivés de substitution : mélhyl, éthyl, phényl, acétyl- hydrazines, etc. « Tous ces corps déterminent, dit G. Pouchet {Lcç. de Pharmncodyn., 1904, iv-v, 114), des accès convulsifs, épileptoïdes, avec dilatation pupillaire, et vomissements. En outre, ils exercent sur la matière colorante du sang une action extrêmement fâcheuse; on observe la diffluence des hématies, la transformation de l'oxyhémoglobine en méthémoglobine... Ce sont des poisons hématiques dont l'inten- sité toxique est extrême ; et, par ce fait, elles doivent être absolument rejetées de la thérapeutique. » Parmi les hydrazines dont l'action a été physiologiquement étudiée, il n'y a guère que la phényihydrazine, et l'acétophénylhydrazine, ou pyrodine. (Voir Phénylhydra- zine et Pyrodine.) L'hydrazine, diamidogène, est un gaz incolore, qui semble agir à peu près comme l'ammoniaque (Lazzaro), provoquant des convulsions tétaniques à la dose de 0,02 chez les grenouilles, et de 0,2 chez les lapins. Chez l'homme, on l'a donnée comme antithermique; mais elle produit des exan- thèmes et de l'urticaire. Bibliographie. — Loew {Sitih. der f. Ges. Morph., u. Physiol. in Miinchen, 1890, vi, 154). — Lazzaro {Arch. di Farm, e terap., 1893, 168-174). — Do Bois Reyjiond et Thilo niCT. DE PHYSIOLOOIE — TOME VIII. 4") 70d HYDROXYLAMINE. Berl. I;lin. Woch., 18ÎI2, xxix, 774). — Baldi {Arch. d. Farm, c tcrap., 1893, 230, 263). — KoBERï (B. med. \Voch., 1890, xvi, 21). H YDROCARPINE. — Substance non déterminée contenue dans les fruits de VHydrocarpiis venerata (Gaertn). On s'en sert pour tuer les poissons, mais ces poissons, mangés par l'homme, sont toxiques (?) (Lewin. Traité de ToricoL, trad. franr. 1905, 607). HYDROCOLLIDINE. — (C^H^'Az). Base extraite par a. Gautier et Étard de la chair de poisson en putréfaction. C'est une substance toxique, convulsivante (C. R., 1881, xciv, 1601). HYDROCOTYLE. — VHydrocotylè vulgaris est une plante commune, toxique : elle provoque, chez lesmoutons qui la broutent dans les pâturages, de l'héma- turie. L'H. javanica est employée à Java comme poison pour les poissons. L'H. umbcl- lata agit comme vomitif (Lewin. Traité de Tod-icologie, trad. fYanç., 1903, 671). HYDROQUINONE.— (C6H'^(0H2)) Substance qui se produit par la réduc- tion de la quinine CH'O^-f 2H=C^H'^0^, ainsi que dans diverses nombreuses réactions. Sous l'intluence des oxydases, l'hydroquinone s'oxyde rapidement; mais en solution aqueuse elle n'absorbe pas l'oxygène de l'air. On l'a employée comme médicament antipyrétique, à la dose de I gramme environ, encore qu'elle ne paraisse pas dépourvue de propriétés toxiques qui la rendent dange- reuse (troubles du système nerveux). Elle paralyse le cœur des grenouilles, et, à la dose d'environ 1 gramme chez les lapins, produit des convulsions et la mort. Elle çst éliminée parles urines sous la forme d'une combinaison sulfurique. Sur les invertébrés, elle provoque, à dose faible (0 gr. 5 dans un litre), une augmen- tation énorme de l'excitabilité réllexe. Danilewski estime que c'est un poison prolo- plasmique des plus énergiques. Son action paraît être d'une manière générale analogue à celle de la résorcine, son isomère; mais l'hydroquinone est incontestablement plus active que la résorcine. Bibliographie. — Beyer. The influence of kairin, thalliii, hydrochinon, resorcin and antipyrin on the heart and .bloodvessels {Americ. journ. of med. se., avril 1886, 24 p.). — Danilewsky. B. Vergleich. toxic. Beobachfungen ûber die Wirkung des H. {A. P. P., xxxv, 1895, 105-109). — Seifert. H. als Antipyreticum {Berl. klin. Woch., 1884, xxi, 450-452).— EscossAis. J. Contribut. à l'étude pharmaco-dyiiamique et hématologiqite de l'hydroquinone, du pyrogallol et du nitrate de soude. Th. de Bordeaux, 1902, 99 p. — Alivia. Azione antipiretica delVidrochinone imita al salol, Parme, 1887. — Traversa. Sul valore antipire- tico deiridrochinone e sul mecnnismo dell' antipiresi [Incurabili, 1890, v, 20, 70, 139, 199, 288, 340, 448, 644). — Silvestrini et Picchini. Dell'idrochinone [Morgagni, 1886, xxvui, 321, 440, 607, 625 et 1887, xxix, 52, 159). HYDROXYLAMINE. — L'hydroxylamine est l'oxy- ammoniaque (A'H-OH) : c'est une base qui forme des sels cristallisables, et qu'on ne peut préparer qu'en solution aqueuse. Elle réduit les sels de cuivre en solution alcaline. L'hydroxylamine est essentiellement un poison hématique. D'après Raimondi et Bertoni (1879), qui ont fait les premières expériences à ce sujet, la couleur du sang est altérée, même avec des doses faibles, et tous les phénomènes toxiques sont identiques à ceux de l'asphyxie; car alors l'hémoglobine est détruite, et changée en méthémoglo- biiie. Cette réaction se produit aussi par l'action de l'hydroxylamine sur le sang, in vitro. Même quand le sang est chargé d'oxyde de carbone, l'hydroxylamine provoque encore la formation de mélhémoglobine (Lewin). Les phénomènes sont donc très ana- logues dans leur ensemble à ceux que donnent les nitrites, si bien que Lauder Bruiston a proposé de remplacer, dans le traitement de l'angine de poitrine, le nitrite d'amyle par l'hydroxylamine {Act. des médicaments, 1901, trad. franc., 304). Il est impossible en l'état actuel de dire si l'action de l'hydroxylamine est due à cette subs'.ance môme HYOSCYAMINE. 707 ou à la formation d'une certaine quantité d'acide nitreux qui se produit alors à l'état naissant. Même à la dose de 0 gr. Oo chez un lapin, il y a déjà une altération du sang qu'on peut percevoir au spectroscope. La dose mortelle est d'environ 0 gr. 3 pour le chien : 0 gr. 03 pour le lapin; 0 gr. 002 pour la grenouille. L'hydroxylamine agit énergiquement comme antiseptique. Les graines arrosées d'une solution diluée d'hydroxylamine meurent rapidement (MEYERet Sciiulze). 0. Loew a confirmé ces résultats. Il a pu montrer que l'hydroxylamine est bien plus toxique que l'ammoniaque, que la phénylhydrazine est plus toxique que l'aniline, que la pipé- ridine est plus toxique que la pyridine, ce qui confirmerait sa théorie sur la nature aldéhydique de l'albumine. Ainsi, il est démontré, par cette action de l'hydroxylamine sur les organismes infé- rieurs, qu'elle n'est pas seulement poison du sang, mais de toutes les cellules. Toutefois, chez les vertébrés, Faction sur le sang masque les autres propriétés toxiques. Bibliographie. — Raimondi et Bertoni {Revue scientifique huisse, 1883, 23-27 et Ann. di chim. e di farm., 1880, xi, 102-108). — Bixz (A. P. P., 1888, cxui, 1-9). — Lewin [A. P. P., 1888, XXV, 306-325). — Falk. Entgegnung auf die von Lewin gemachte Mittheil- lung ûher H. [Ihid., 4.o6.) — Lœw. Uber die Giftunrkimg des H. verglichcn mit der von andereii Substaiizen. {A. g. P., 1885, xxxv, yl6-o27). — Alonzo. Azione dell'idrossilamina sut rené {Clin. mcd. ital., 1898, xxxvii, 567-57:J). — Leber. Th. d'Erlangen, 1888. — ScHEiDEMANN. Th. de Kônigsberg, iSQ2. HYÉNIQUE (Acide). — Acide gras que Carius a retiré des glandes anales de l'hyène (G-'H-^'*0-) {Bull. Soc. chim., 1864, 375). Peut-être (cet acide est-il iden- tique à l'acide cérotique. HYGRINE. — (C^H''AzO). Base liquide qui accompagne la cocaïne dans le coca. Avec CrO' et SO'^H^, elle donne de l'acide hygrinique (C«ff<0AzO-) ^H^. HYOCHOLALIQUE (Acide). - Voy. Bile. H YOSCINE. — Voy. Scopolamine. HYOSCYAMINE. — Cet alcaloïde fut découvert par Eioer et Hesse dans les semences de VHyoscyanim niger {Ann. Chem. Pharm., vu, 270-1833). Il se rencontre dans un certain nombre de Solanées, en particulier dans le Datura slramonium et VAtropa belladona (Schmidt, Ann. Chem., ccvm, 219, 1881), dans les Scopolia (Schmidt, Arch. Pharm., (3), xxvi, 214), les Carniolica (Duxstan et Chaston, D. Chem. Ges., xxiu, 208), VAnisodm luridus (Schmidt, Arch. Pharm., ccxxix, 529). HESsEa trouvé l'hyoscyamine à côté de l'atropine et de la scopolamine dansleslleursde Dalura alba {Ann. Chem., cccni, 149, 1898). L'Hi/oscjjarnus muticus en contient égale- ment, mais en quantité variable suivant sa provenance ; celui qui croît en Egypte est particulièrement riche. Capsules et semences. 1,34 p. 100; feuilles, 1,393 p. 100 (Gadamer, Arch. Pharm., ccxxxvi, 704), tandis que celui de l'Inde contient une proportion d'alcaloïdes beaucoup moins considérable (W. B.Ddnstan et H. Brown, C/jem. Soc.,h\\u\- 72 et LX\ix-71, 1901). L'hyoscyamine existe encore dans la racine de Mandragore {Mandragora officinarum); H. Thoms et M. Wentzel {D. Chem. Ges., xxxi, 2037 et xxxiv, 1025, 1902) ont démontré que li' mandragorine d'AHRENS était constituée par un mélange (l'hyoscyamine et de scopolamine. D»' même Ladenburg a montré {Ann. Chem., ccvi, 282, et D. Chem. Ges., xiii-257, 1880) que la duboisine, extraite par Gerrard du Thiboisia myoporoïdcs, n'était que de l'hyos- cyamine. Dymond {Chem. Soc, lx, 90, 1892) a caractérisé l'hyoscyaminçilans les Lactuca virosa et 708 HYPNAL. sativa; ces recherches n'ont pas élé confirmées par Braitwaite et Stevenson {Pharm. Joiirn., (4) xvii-148), qui n'ont pu trouver aucun alcaloïde dans Latiica virosa sauvage. J. Hegnauld avait établi que l'hyosoyamine est isomérique avec l'atropine. Ladenrurg, reprenant la question, a montré qu'elle était bien un tropate de tropine et qu'elle pou- vait être facilement transformée en atropine. La synthèse de ses deux constituants ayant pu être réalisée par Willstâtter, sa constitution est connue avec certitude : c'est un composé bicyclique de formule : C' H-' AzO^ CH2_CH CH2 CH^OH Az — CHî CH — 0 — C0-CH(^ I I COOH GH2 — CH CH2 L'atropine est optiquement inactive, l'hyoscyamine est lévogyre, et Ladknburg admit d'abord que la première était la forme racémique de la seconde. ^Essayant de réaliser avec HuNDT la combinaison de la tropine avec les acides tropiques droit et gauche, il obtint des corps difFérenls de l'hyoscyamine. Il émit alors l'hypothèse que l'hyoscya- mine était constituée par la conjugaison de l'atropine avec l'acide tropique, mais il ne lui fut pas possible de réaliser la préparation de tropines optiquement actives (D. Chem. Ges., xn, 741 ; xiii, 104; xxii, 2.Ï90). Gadamer a montré que l'isomérie des bases hyoscyamine et atropine n'était due qu'à l'isomérie de l'acide tropique et que la première hypothèse de Ladenburg était seule exacte; depuis lors, Aménomiya a pu réaliser, en 1902, la synthèse de l'hyoscyamine natu- relle et de son isomère optique dextrogyre, inconnu jusqu'ici [Arch. Pharm., ccxl, 501). L'hyoscyamine cristallisée dans l'alcool aqueux se présente en fines aiguilles blanches ou en tables fusibles à 108%5.Elle est lévogyre et possède, d'après Gadamer, en solution dans l'alcool absolu, un pouvoir rotatoire [' {2''- Mém.,p. 18.) Voilà la « mystique » de Mesmer! Même point de vue dans le domaine biologique : « Le génie observateur d'HippocRATE l'avait conduit à reconnaître que les divers symptômes n'étaient que les modifications des efforts que la nature faisait contre les maladies. Après lui, lorsqu'on observa les mêmes symptômes dans les maladies chroniques, plus éloignées de la cause, isolées, sans fièvre continue, on substantifia ces accidents, on en lit autant de maladies, et on les caractérisa chacune par un nom; on étudia, on analysa ces accidents et leurs symptômes, comme des choses; on prit même pour indicateur les sensations du malade. Et voilà la source des erreurs qui désolent Vhumani'é depuis tant de siècles. » (2*' Mém., p. 34-35.) « Il y a lieu de regretter, ajoute Mesmer, que la méde- cine ignore encore le développement naturel et nécessaire de la plupart des maladies 716 HYPNOTISME. chroniques; c'est en s'y opposant par les remèdes, qu'elle en trouble la marche, en arrête la course, et très souvent en avance le terme par une mort prématurée. » (2« Mém., p. 36.) Comme tous les corps de la nature, l'homme est composé de deux principes : ma- tière et mouvement. La quantité de la matière qui lui est propre peut être diminuée ou augmentée. Diminuée, elle doit être renouvelée par les aliments. Le mouvement peut également diminuer ou augmenter {Syst., p. 121). Dans le premier cas il est néces- saire qu'il se rétablisse, aux dépens de la somme totale du mouvement, ce qui s'effectue par un arrêt plus ou moins long des dépenses. Lorsque la machine entretient le jeu libre de tous ces arrangements, elle est en état de veille. Lorsqu'une partie de ces fonctions (à savoir les fonctions de la vie animale) sont suspendues, elle se trouve en état de sommeil; le somnambulisme est un état mixte, avec prépondérance tantôt des caractères de la veille, tantôt de ceux du sommeil. Pendant le sommeil la dépense du mouvement est arrêtée ; mais, comme la vie végétale continue à emmagasiner le mou- vement, ce dernier, accumule en e.vcès, produit le réveil. {Syst., p. 161.) Les nerfs sont des prolongements du cerveau et de la moelle épinière, ramifiés dans tout le corps, où ils propagent la sensation et le mouvement. Les nerfs sont animés par des courants, qui ne sont pas des émanations [Ah sonder ung en), mais qui appartiennent à une caté- gorie du llux et reflux du fluide universel (5^ état de la matière). C'est à ce fluide, le plus subtil, qu'est due la propagation des sensations et du mouvement, propagation qui présente une analogie avec celle du feu. Comme dans la flamme, les matières capa- bles d'être brûlées se transforment en fumée, pour propager le feu, de même le nerf, pour rester actif, doit produire une sorte de fumée vitale pour propager les excitations. Le nerf est l'organe immédiat de la vie ; car c'est lui qui propage le feu vital. C'est lui, ou plutôt la « fumée » qui se produit eu lui, dont il est le récipient, qui est la cause et l'effet de la chaleur animale (Vrsache und Wirkung der thierischen Wârme, p. 121). Comme une série de points constitue une ligne, une série de lignes une surface, et une série des surfaces un corps, de même une série de petites sphères primitives {Urkugelchen) produit une fibre, une série de fibres, une membrane; et une membrane recourbée sur elle-même, un tube, un canal, un vaisseau. Les contractions de ces fibres s'effectuent sous l'influence des courants cosmiques, mais elles subissent égale- ment l'influence du Sensorium commune. Les sens reflètent les différentes séries de vibrations plus ou moins exactement, suivant le degré de leur perfection. La percep- tion peut être viciée par un dérangement de leurs structures, pa^' une mauvaise éducation^ par les erreurs, les préjugés, les passions et l'habitude (p. 135). Les différences primor- diales de nos sensations et images ne dépendent que des organes terminaux, car la nature des nerfs, aussi bien de ceux qui conduisent les sensations que de ceux qui provoquent les mouvements, est partout la même (p. 124). Indépendamment des organes des sens, le tissu nerveux tout entier reçoit des impressions plus faibles et d'un carac- tère inconnu, qui le mettent en relation intime avec l'Univers, par l'intermédiaire du fluide universel. De là la possibilité, dans certains états spéciaux, des perceptions k distance. Réciproquement, les pensées, les émotions, les états nerveux pathologiques peuvent réagir sur les cerveaux environnants, par la même voie de ce fluide subtil. Ce dernier remplit tout et unit tout; il est en relation spéciale avec le tissu nerveux du cerveau : « le physique de la pensée » produit une vibration dans ce fluide ; cette vibration se propage nécessairement tout autour, et en rencontrant un organe analogue et des conditions analogues, elle reproduit la même -pensée ou le même état nerveux (p. 139 et suiv.). Ainsi s'expliquent certains cas de contagion (Cf. Bouchuï. De la contagion nerveuse et de l'imitation dans leurs rapports avec les maladies nerveuses. Paris, 1862, p. 14), la persistance de certaines croyances et coutumes populaires, l'influence particulière de certains individus, de l'imagination, des songes, des sentiments bien- veillants ou malveillants (bénédictions et imprécations), surtout dans les réunions et cérémonies populaires... « Quel large champ d'études — ajoute Mesmer — s'ouvre ici à nos yeux! On pourra enfin comprendre que l'homme se trouve en relation avec toute la nature, et que l'action de cette faculté interne ne s'arrête jamais, quoique dans la plupart des cas elle reste insaisissable, étouffée qu'elle est par les sensations ordinaires, plus nettes et plus fortes (p. 142). » HYPNOTISME. 717 Telle est l'idée fondamentale du « Système des Réactions réciproques ». On y revient maintenant, car les dernières découvertes l'ont rendue nécessaire; mais la plu- part des savants gardent encore obstinément la conception étroite d'un organisme isolé dynamiquement de son milieu cosmique et social. Certes, ce n'est pas une théorie quelconque qui pourra nous faire connaître dans son ensemble l'interchange des rela- tions de l'être avec la nature ambiante ; il faut des faits, beaucoup de faits, et de faits sérieusement observés. Cette exigence est légitime ; ce qui l'est moins, c'est une sorte de néophobie qui empêche de voir et même de vouloir voir. La physiologie, la pathologie et la thérapeutique de Mesmer se résument dans les points suivants : 1» La maladie n'est qu'un trouble de l'harmonie qui doit exister entre les parties solides et les parties liquides de l'organisme, et à ce point de vue ou peut dire qu'il n'y a qu'une seule maladie, La santé consiste en une relation normale entre les fibres contractiles et les différentes circulations ; la maladie présente toujours un dérange- ment quelconque dans ces dernières ; car un défaut de* contractilité et d'innerva- tion détermine non seulement des changements quantitatifs, mais aussi des chan- gements qualitatifs dans les liquides. Rejetant également la théorie humoriste (les quatre humeurs) et la théorie nerveuse, \italiste ou non, animiste ou non, de ses con- temporains, Mesmer les réunit, en évitant leurs exclusivités, en une théorie d'irritabi- lité neuro-musculaire, se rattachant un peu à Haller et un peu à Brown, mais s'en distinguant par une conception plus vaste et plus rapprochée de nos connaissances modernes sur les vaso-moteurs. 2° Comme il n'y a qu'une seule maladie, il n'y a en réalité qu'un seul remède. Les spécifiques sont des illusions. Ce remède unique est le même que celui qui entretient la santé, en entretenant la vie. Qu'est-ce que la vie? Est-ce une fonction du fluide vital, de la force vitale ou de l'âme? Mesmer n'admet ni fluide, ni force vitale, et il considère l'àme comme inaccessible aux recherches. Le principe de la vie n'est pas dans l'orga- nisme, il lui est extérieur, et, comme toujours chez Mesmer, mécanique. D'abord, il n'y a pas de limite absolue entre le monde inanimé et le monde animé : le premier pré- sente également une sorte de nie. Les courants du fluide universel qui forment les corps en général, entretiennent aussi les corps organisés. Le fluide universel, outre ses ondes et ses courants partiels, présente un mouvement de va-et-vient en masse, un flux et reflux (une idée ancienne) qui tantôt fortifie et tantôt affaiblit les propriétés des corps, mouvement que nous observons grossièrement dans le flux et reflux de la mer, sous l'influence des positions différentes du soleil, de la lune et de la terre. Mesmer donne de ces phénomènes une théorie à peu près conforme à ce qu'on admet aujourd'hui, mais il ne les borne pas aux oscillations de l'eau dans l'océan. Cette influence embrasse néces- sairement tout, et surtout les corps animés, qui profitent de cette sorte de respiration (respiration de l'univers), qui accélère ou ralentit la végétation. C'est également l'ac- tion du fluide universel qui, par l'intermédiaire des courants des nerfs, règle les contractions des vaisseaux, et par conséquent de la circulation des liquides dans l'ani- mal, qui aimante, pour ainsi dire l'organisme, et constitue ce qu'on nomme fotxe vitale, cette « Nature » à laquelle on attribue vaguement l'entretien de l'organisme et même les guérisons spontanées. Et comme cette influence s'appelle le magnétisme natu- rel ou universel , c'est parce magnétisme que le corps vit et lutte contre les influences pathogènes. Le magnétisme animal, constituant une catégorie spéciale de ces influences, fortifiées, concentrées, et raisonnablement dirigées par la volonté de l'homme, est lé seul moyen vraiment efficace de fortifier la réaction salutaire de l'organisme, d'en augmenter la vibration vitale, de guérir et de préserver des maladies. Sous ce rapport, l'organisme est comparable à une aiguille aimantée. Une aiguille non aimantée, détour- née de sa position, oscillera et s'arrêtera à une position quelconque ; tandis que l'orga- nisme, troublé dans ses fonctions, tend à revenir à l'harmonie primitive, comme l'aiguille aimantée tend à revenir à sa position normale. Dans les deux cas, ce sont les courants extérieurs qui déterminent le retour à l'équilibre. Mais, lorsque le magnétisme de l'ai- guille est devenu trop faible, le magnétisme naturel ne suffit plus, et il faut fortifier son 1. Le mot magnétisme ne signifie clans ce sens autre chose qu'une action réciproque. 718 HYPNOTISME. nimanlation. De même, Je magnétisme animal peut être nécessaire à l'oi^ganisme malade pour fortifier sa tendance à conserver l'état noinial de la santé. La vie est donc une sorte de mouvement, qui tend à une certaine stabilité. Lorsque ce mouvement est épuisé, il s'ensuit la mort. Cette dernière est le résultat de la solidification graduelle de l'orga- nisme, avec rupture de la relation normale entre les solides et les liquides, puisque « arrêt du mouvement » et « solidification », ne sont qu'une seule et même chose. La santé consiste en une harmonie de tous les mouvements principaux : ceux de l'assimila- tion et ceux de l'élimination. Pour guérir d'une maladie il suffit de rétablir, dans les organes internes, ce double courant, centripète et centrifuge : « assimiler tout ce qui est assimilable, évacuer tout ce qui n'est pas assimilable » (Syst. d. Wechsel., p. 169)'. De cette façon, la vie de l'organisme (comme la vie du monde en général) se ramène aux deux principes fondamentaux : la matière et le mouvement. Attrayante simplicité ! Mais peut-elle être considérée comme suffisante?... On doit admirer la superbe, pour son temps, réduction de tous les mouvements de la vie, au double courant d'assimila- tion et de désassimilation; on peut mettre sur le compte des mérites de notre auteur qu'il ne nous parle pas, à l'instar de ses concitoyens, de l'âme du monde (Weltseele) et qu'il ne s'aventure pas dans les domaines d'une âme humaine en soi, une et indivi- sible, ou au contraire divisible et multiple, comme dans certaines conceptions modernes allemandes (Pfllger). On peut enfin justifier son obstination à éliminer toute idée d'une direction vitale interne, âme, esprit ou tluide, puisque telles étaient les ten- dances d'un demi-siècle entier, qui a suivi ses efforts. Mais de là à conclure qu'mi fiuide extérieur quelconaue puisse suffire pour x^emplacer l'idée d'une « force vitale », et obvier aux nécessités d'un arrangement sui. generis de diverses fonctions organiques, il y a encore un abîme. Les choses sont malheureusement plus compliquées, et leur explication mécanique prématurée. Cette idée de Mesmer n'a même pas le mérite de l'ori- ginalité, car une conception toute semblable avait déjà été émise par Hoffmann (1660-1742), qui admettait, il est vrai, un tluide nerveux, mais qui plaçait également la cause de tous les phénomènes vitaux dans un fluide extérieur, dans l'éther. Mesmer poussa seulement sonmécanicisme encore plus loin, en supprimant l'autonomie du fluide ner- veux et en créant une nouvelle catégorie du fluide, au-dessus de l'éther. On peut rap- procher cette conception de l'esprit universel de Maxwell. 4" « La quantité de mouvement propre à chaque organisme est définie » {Syst. d. Wechselwirkungen, p. 147). Nous avons vu que, d'après Mesmer (et c'est là une idée qui peut être considérée comme le point de départ de la théorie moderne de la conserva- tion de l'énergie) le mouvement des corps qui passent à l'état de repos ne s'annule pas; il se transforme seulement, en accélérant les vibrations des milieux subtils. Il en est de même pour le microcosme, pour l'organisme. La quantité de mouvement dont il dispose étant à peu près définie, il doit en user raisonnablement, car l'excès de mouve- ment dans un organe ne peut se manifester qu'au détriment de tous les autres organes (Principes de l'inhibition et de la dynamogénie de Brown-Séquahd, moins les obscurités de cette théorie modeine). Pareillement, au point de vue psychique, l'attention, qui n'est qu'une concentration de mouvement dans une direction donnée, s'effectue tou- jours aux dépens des courants dans toutes les autres directions. « 11 s'ensuit que, puisque le degré de nos connaissances dépend de l'usage de l'attention, l'emploi de ce mouvement doit être fait avec discernement et avec égard aux proportions ration- nelles » (147-148)-. (Cet important avertissement hygiénique n'est pas toujours écouté; 1. Cette idée ne se trouve pas dans les deux premiers ^léiaoires de Mesmer; mais même en 1814 elle constitue encore une remarquable nouveauté; car, malgré les découvertes de Lavoi- siER (qui fut combattu par ses contemporains en même temps que Mes:\ier), la théorie de l'échange des matières dans l'organisme ne fut formulée qu'en 1804 par le physiologiste polonais André Sniadecki dans sa Théorie des êtres organisés (Varsovie, 1804). Cet ouvrage a été traduit en allemand six ans plus tard, sous le titre : Théorie des organischen Wesen. Ans dem pohiischen. Konigsberg. 1810, et en français vingt et un ans plus tard : A. Sniadecki, Théorie des êtres organisés, etc. Traduit du polonais, par Bellard et Dessaix. Paris, 1825 (p. xxii, 283). 2. La «onccption d'un « capital biologique » propre à chaque individu, vient d'être présentée dernièrement comme neuve par Biïrlureaux, dans son livre, d'ailleurs remarquable, sous le titre : Lutte pour la santé, essai île pathologie générale, Paris, 1907 f3' édition). HYPNOTISME. 719 ceux qui, par exemple, cherchent à contre-balancer le surnii'uage intellectuel dans les écoles, par l'adjonction de la gymnastique, oublient que, la somme de l'énergie vitale étant assez limitée, la fatigue musculaire ne peut pas remédier à une fatigue psychique). Heureusement chaque être possède une tendance à subsister et à'résister à toute action destructive. Cet efl'ort peut présenter une grande diversité, en correspon- dance avec les différentes organisations. Tout changement et toute action qui relève de la destruction, est un Mal, comme, au contraire, tout ce qui relève de la conserva- tion, est un Bien (principe de Heruert Spencer, développé en 18oo). L'ensemble des rela- tions qui favorisent la conservation constitue l'état d'harmonie'. Une excitation, conforme à cet état, donne la sensation du plaisir. L'ensemble des dysharmonies, dans lesquelles les proportions normales sont supprimées, produit la douleur (p. Ii8). (Théorie de Nicolas Grote, publiée en 1880.) Lorsqu'un sens est plus actif que les autres, la vitalité de ceux-ci diminue néces- sairement, et, lorsque tous les sens sont assoupis, c'est le sens interne qui en profite. Le sommeil n'est pas un état tout à fait passif, c'est un état actif à sa façon. Pendant le sommeil normal ce sont les fonctions végétatives qui gagnent, à la suite d'une sus- pension de la vie animale. Dans le somnambulisme, ce que perdent les sens extérieurs est gagné par le sens interne, c'est-à-dire par les centres nerveux. Le sens interne n'a pas d'organe à part; il n'est concentré ni dans un point, ni dans une région circon- scrite. Tout le système nerveux, le cerveau, la moelle épinière, les plexus et les gan- glions, lui servent d'organe. Ils reçoivent des sensations, qui, à l'état normal, restent inconscientes, mais qui laissent des traces, se combinent et forment une intelligence cachée, que nous nommons l'instinct. C'est par ces sensations, pour nous inconscientes, que l'oiseau voyageur trouve son chemin dans l'atmosphère. Le système nerveux de l'homme, <( plongé dans l'océan des ondes universelles » en reçoit aussi des impres- sions, qui le mettent en contact avec toute la nature. Il peut donc percevoir des choses éloignées, et même quelquefois deviner le passé ou l'avenir, puisque les effets de ce qui fut et les causes de ce qui doit arriver, sont là. Voir le passé signifie : deviner les causes d'après les effets. Pressentir l'avenir veut dire simplement : prévoir les etïets d'après les causes, conformément à l'expérience inconsciente. Les facultés de l'homme éveillé et les facultés de l'homme endormi sont tout à fait distinctes et forment, pour ainsi dire, deux personnes différentes {Syst. d. Wechs., p. 161). On y voit clairement le germe de la théorie moderne de V Inconscient de Hartmann, du mot-double (Doppel-ich) de Max Dessoir, et du Subliminal de Fréd. Myers-. Les divers centres nerveux, lorsqu'ils perdent leur continuité avec les organes des sens, peuvent être comparés à un com- plexus de miroirs, différemment polis, qui reflètent l'univers à leur manière, et dont chacun est en relation spéciale avec cette série de la matière, qui lui correspond le mieux {Syst. d. Wechs., 15.'5-7). Ce n'est pas par l'air ou par l'éther que le sens interne reçoit ses impressions, mais par un fluide universel. Si l'homme en état de somnam- bulisme croit quelquefois entendre ou voir quelque chose à distance, il n'entend ni ne voit en idéalité : il traduit seulement, en langues connues des sens externes, les sensations inconnues du sens interne. {2" Mém., p. 82.) Mesmer distingue le somnambulisme proprement dit, la catalepsie et l'état téta- nique (degré supérieur de la catalepsie). Il ne fait pas d'autres distinctions; car il sait que toutes les nuances sont possibles, et qu'elles dépendent non pas d'une diffé- rence de nature, mais des aptitudes et des dispositions individuelles. Il admet aussi l'influence de l'éducation, qui en modifie les caractères, c La perfection de ce sommei critique varie , aussi par le caractère, le tempérament et les habitudes des sujets; mais singulièrement par une sorte d'éducation, qu'on peut leur donner dans cet état, et par la manière dont on dirige leurs facultés : on peut les comparer à cet égard à un télescope dont l'effet varie comme les moyens de l'ajuster. » (2« Mém., p. 81.) Le som- nambulisme est un état mixte, pouvant présenter tous les degrés de combinaisons entre 1. D'où le nom de Société de l'harmonie donné aux sociétés mesmérienneg. 2. Récemment encore cette idée de Mksmek a été présentée comme nouvelle dans le gros livre de Thomson J. Hudson sur la loi des phénomènes psychiques (trad. allem. par Edouard Heu- MANN, Leipzig, 2' édit., sans date). 720 HYPNOTISME. l'état de veille et celui du sommeil. Plus il se rapproche du premier, plus l'action des sens est encore confondue avec celle du sens interne, plus ses phénomènes se confondent avec ceux des rêveries. « Mais, lorsque cet état est le plus rapproché du sommeil les assertions des somnambules étant alors les résultats des impressions reçues direc- tement par le sens interne à l'exclusion des autres, on peut les regarder comme fon- dées dans la proportion de ce rapprochement » (p. 80). On voit dans cette remarque les réserves de Mesmer, opposées aux exagérations de PuYSÉGUR,le principal propagateur de la lucidité somnambulique. Mesmer ne connaît pas la théorie du somnambulisme par suggestion. Sa conception physique des phénomènes s'opposait à une étude plus complète des influences subjec- tives. Néanmoins on trouve des traces de cette idée lorsqu'il parle d'une sorte d' « édu- cation » hypnotique et énumère les moyens propres à fortifier l'action physique. Comme nous l'avons déjà observé, dit-il, la pensée, la volonté peuvent propager l'action magnétique; on trouve aussi dans la conviction (Ueberzeiigung), dans la persuasion (Veherredung), dans une connaissance plus parfaite, dans l'habitude, etc., des moyens de la forlifier. {Syst., 114). La persuasion veut dire ici à peu près autant que notre suggestion. Mais, en somme, Mesmer ignore son importance (comme Braid d'ailleurs) ; s'il fait des suggestions, c'est involontairement ou mentalement; en expérimentant il ne parle pas, il observe ; il ne cherche qu'à influencer ses sujets physiquement. Pourquoi Mesmer appelle-t-il le sommeil provoqué : sommeil critique? Pour le com- prendre, il faut rappeler sa théorie des crises. Une crise salutaire se manifeste, lorsque les courants qui entretiennent la vie et la santé prennent le dessus sur les influences morbides. Cela peut arriver spontanément — et on aura alors une crise naturelle, cau- sée par le « magnétisme universel » , c'est-à-dire par les courants cosmiques; ou bien elle peut être provoquée artificiellement par les courants d'un homme bien portant, c'est-à-dire par le . Mesmer se trouvait alors en Hongrie à Rohow dans le château du baron Horetzry, dont il commença le traitement, d'abord sans résultat. Les malades pauvres affinaient des environs, et furent traités par Mesmer avec plus de succès. Mais parmi la noblesse du château le doute persistait, Mesmer ayant déjà eu le temps d'attirer sur son nom l'accusation de charlatanisme. S'il était venu à Rohow, c'est uniquement parce que les médecins de Vienne, vaiN Swieten et va.\ Haen, après plusieurs années de soins, ayant abandonné tout espoir de guérison, va.\ Haen, pour se débarrasser d'un malade récalcitrant conseilla au baron de se faire magnéti- ser par Mesmer, tout en déclarant, que quant à lui, il n'attache aucune imporlarice à ce nouveau genre de traitement. La disposition des habitants et des hôtes du château fut donc peu favorable au novateur, et parmi eux, le précepteur du jeune baron Horetzky, M. Seifert, appartenait aux plus sceptiques. C'est lui qui nous raconte les faits. Il ser- vit d'interprète entre Mesmer et les paysans slovaques des environs; et, considérant le premier comme un farceur, ne demandait pas mieux que de pouvoir le démasquer. Un jour il trouve dans son journal la description d'une expérience, dans laquelle Mesmer avait, paraît-il, réussi à influencer trois malades, une jeune fille et deux hommes, en se plaçant à leur insu dans une chambre voisine et en dirigeant son doigt dans leur direc- tion. On lit l'article incriminé à haute voix, et Mesmer est prié de renouveler l'expé- rience. Il s'y oppose d'abord, ce qui fortifie les soupçons de Seiferï. Mais enfin il consent à faire l'essai. Dans une grande salle voisine les malades entouraient «le baquet, » qui à cette époque consistait encore en un assemblage d'aimants et d'une machine statique. Les malades, se tenant par les mains, furent inlluencés en outre par les attouchements de Mesmer et par l'approche de son doigt. Après avoir choisi un de ces malades, un jeune juif, qu'il considérait comme le plus sensible, Mesmer le place sous la muraille, le dos contre celle-ci, et passe dans l'autie pièce. Il se tient debout à trois pas environs de la muraille, épaisse de 2 pieds et demi, derrière laquelle se trouve le sujet. Une porte à deux battants, qui sépare cette pièce de la salle des malades, est occupée par M. Seifert, de telle façon que personne d'autre ne peut rien voir à travers le battant un peu entr'ouvert, ni d'un côté ni de l'autre, tandis que lui, Seifert, est en état d'observer en même temps et l'expérimentateur et son sujet. Après quelques mo- ments de silence, Mesmer fit plusieurs mouvements de travers, avec le doigt indicateur de son bras droit, à droite et à gauche, horizontalement et dans la direction du malade. Ce dernier commença à se plaindre et à gémir, en plaçant ses mains sur ses côtés. Ne se contentant pas de cette apparence d'une action, Seu-^ert lui demande ce qu'il ressent. — «Je me sens mal », dit le sujet. — « Précisez vos sensations », insiste Seifert. — « Tout remue en moi de travers, à droite et à gauche. » Pour ne plus continuer les questions à chaque nouveau essai, Seu-^ert enjoint au sujet, une fois pour toutes, d'annoncer, spontanément et avec exactitude, chaque changement dans ses sensations, aussitôt qu'il se produit, et sans attendre les questions. Bientôt après Mesmer croisa les bras. Environ huit secomles plus tard le sujet déclare de lui-même : « Maintenant, je ne sens plus rien. » Lorsque Mesmer recommença l'action, en dessinant avec son HYPNOTISME. 725 doigt dans l'espace des ligures ovales, le sujet se contracta de nouveau en disant : « Maintenant tout marche en moi en cercle, en remontant et en descendant. » A peine Mksmer at-il pris l'attitude du repos que le sujet déclara de lui-même : « Maintenant je ne sens plus rien. » L'expérimentateur continua, en changeant la forme de son action, qui fut toujours indiquée exactement par le sujet, aussi bien que les moments de repos, que Mesmeu faisait tantôt courts, et tantôt longs. <( Une entente préalable ou une autre tricherie quelconque étant complètement exclues, écrit Seikeri, il n'est guère possible de supposer que l'imagination seule puisse expliquer tant de concordances exactes, aussi bien par rapport à la nature des changements, que quant à la durée de l'action ou celle du repos. » En effet, que peut-on reprocher à cette expérience"? Telle qu'elle est décrite, d'une •façon détaillée et très consciencieuse par Seifert, elle ne laisse subsister qu'un seul doute : elle peut prouver une action mentale, mais non une action physique. Cepen- dant, au point de vue de la réalité des phénomènes, et même au point de vue de la théorie de Mesmer, ce détail n'a pas d'importance, car suivant lui l'action physique est inséparable de l'action mentale. Le sujet s'attendait, il est vrai, à quelque chose : il subissait donc l'inlluence de l'attention expectante, qui le rendait plus sensible, mais, comme celait une première expérience, et comme Mesmer ne disait rien, une coïnci- dence si souvent répétée n'est guère admissible. Je me rappelle qu'en 1885 Dumomtpallier a voulu me montrer une expérience ana- logue. Nous étions dans une grande salle de la Charité, pleine de malades. Duhontpal- LiER ordonne à M"'- Marie endormie, de se lever de son lit et d'aller se placer au fond de la salle, en nous tournant le dos. Aussitôt après il commença à faire des mouve- ments attractifs avec ses deux bras, en secouant ses manchettes, au milieu d'un silence général. M''^ Marie, se retourna, mais ne bougea pas. Les malades dans leurs lits se communiquaient leurs observations. Le sujet resta quelques secondes immobile, puis s'avança vers nous. Évidemment dans ces conditions l'expérience, qui d'ailleurs avait déjà été faite auparavant, ne prouvait rien. Deuxième expérience. — Un autre jour Mesmer essaya l'action électro-statique à dis- tance. Seifert, qui le suivait partout avec méfiance, raconte ce qui suit. En passant par la salle des malades, il rencontra un paysan slovaque, atteint d'un « endurcissement » dans la région de l'estomac, qui le faisait beaucoup souffrir. Assis à part et se tordant dans sa douleur, il énonçait les plus grossières imprécations contre Mesmer. Questionné sur la cause de ces injures, le malade répond qu'il reçoit en ce moment les plus fortes secousses, et que personne d'autre ne peut en être la cause, que ce diable de mé- decin allemand. Seifert alla dans la chambre voisine, oîi il trouva Mesmer faisant jaillir les étincelles d'une machine statique, en les soutirant à l'aide de ses doigts. Placé au seuil de la porte, Seifert a pu constater que les secousses douloureuses du malade coïncidaient avec la soustraction des étincelles, et il ajoute qu'il a vu ^ un effet semblable sur le même sujet, par l'action du magnétisme de Mesmer à l'aide d'un mi- roir, ou bien médiatement par l'intermédiaire du son ». Nous décrirons plus loin une expérience de ce genre. Pour le moment remarquons que l'action des étincelles à travers un mur doit être attribuée aux ondes hertziennes. Dans une étude spéciale de cette matière, faite par moi il y a deux ans au laboratoire de l'Institut général psychologique, en me servant d'un radioconducteur Branly et d'un petit récepteur télégraphique Breguet, j'ai pu constater que, dans ces conditions, une petite étincelle, tirée d'un des pôles d'une machine Wimshurst, suffit pour actionner le récepteur à une distance de plusieurs mètres, et que de très grandes étincelles, passant directement d'un pôle de la machine à l'autre, sans l'intermédiaire du corps humain, restent. inefficaces. J'attribue ce résultat à ce que le corps humain joue alors le rôle d'une antenne, et à quelques autres conditions, qu'il serait trop long d'exposer ici. Le phénomène avec un récepteur vivant et sensitif se complique encore d'une sorte de transmission de sensation (voir les expériences de Pierre Ja.net et autres dans ma Suy- tjestion mentale). Les sensitifs hypnotiques sont généralement très sensibles aux chan- gements du potentiel électrique dans l'atmosphère. Quant aux ondes hertziennes, mes expériences prouvent qu'elles peuvent parfois naître sous l'inlluence d'étincelles telle- ment faibles qu'elles restent invisibles. Mais, même dans des conditionsoù il estimpos- 726 HYPNOTISME. sible d'invoquer les ondes proprement dites, il y a quelquefois une action éloignée sur les sensitif». C'est ainsi que déjà vers 1815 Sniadecki, Nieszkowski et Bergmann ont pu constater sur la femme de ce dernier, cataleptique, l'action excitante d'une simple friction de là cire à cacheter, à travers trois chambres! Troisième expérience. — Mesmer a découvert que le son, en dehors de son action acoustique, peut être modifié par l'influence personnelle du magnétiseur. Chez le baron HORETZKY deux musiciens jouaient de temps en temps du cor de chasse, dans un pavillon du jardin. Les malades de Mesmer écoutaient cette musique avec plaisir. Cependant un jour, Seu-ert remarqua qu'au moment de la production de ce petit concert les malades commencèrent à s'en plaindre, ou même à prononcer des imprécations, et quelques-uns eurent des attaques de nerfs. Seifert alla chercher Mesmer, et, après avoir traversé deux salles, dont les portes étaient fermées, il le trouva auprès des musi- ciens, touchant le bord du cor de chasse, avec sa main droite. Il lui raconta que les malades sont inquiets, on ne sait pas pourquoi. Mesmer sourit; il tint encore le cor de chasse pendant la production d'un morceau suivant, puis il retira la main droite et toucha l'instrument avec sa main gauche. Enfin il le lâcha complètement, en disant : « Maintenant, ou dans un moment, les malades vont se calmer ». Ce qui arriva réel- lement. Une autre fois il essaya une semblable intluence par l'intermédiaire d'un corps vivant : une chanteuse se faisait entendre pour la société du château. Dans la salle des malades on entendit le chant faiblement ; cependant, lorsque Mesmer, sans prévenir personne, prit la main droite de la chanteuse dans la sienne droite, les mêmes phé- nomènes se reproduisirent, et peu de temps après, la chanteuse elle-même a été obligée de cesser à cause d'un malaise à la gorge. Alors Mesmer lâcha la main et approcha de la gorge de la chanteuse l'index de sa main gauche^ Son mal disparut bientôt. Quatrième expérience. — « L'action de mesmérisme — raconte Seifert — à l'aide d'un miroir ne fut pas moins efficace. Un jour Mesmer causa avec quelques visiteurs et habitués de la maison, dans une salle voisine de celle des malades. La porte qui les séparait était ouverte, mais la position était telle que nous ne pouvions pas voir les malades, et les malades ne pouvaient pas nous voir. Subitement, Mesmer indiqua du doigt à ses compagnons, dans une glace qui ornait la salle, l'image d'un de ses malades, assis dans le cercle du baquet et nous tournant le dos. Il dirigea sur cette image réflé- chie l'index de sa main droite. Le sujet n'était pas en état de le voir. Malgré cela il manifesta des secousses, et les autres malades, liés avec lui par la chaîne des mains, s'agitèrent également, chacun à sa façon. Cet étal continua jusqu'au moment oii Mes- mer, toujours à l'insu des malades, au lieu de l'index droit, dirigea le doigt de sa main gauche. L'expérience fut répétée plusieurs fois, à l'improviste, et non sans succès. » (KoERNER, /. c, p. 43.) On y voit la prétention de Mesmer de rester toujours dans le domaine physique de la polarité, dont nous dirons quelques mots plus loin. Les glaces peuvent-elles réfléchir l'action magnétique, comme elles réfléchissent les ondes hertziennes? Je ne peux pas me prononcer sur cette question, n'ayant pas fait d'expériences suivies sur ce sujet. Une étude semblable me paraît d'ailleurs fort diffi- cile, les expériences réussies étant toujours compliquées par la possibilité d'une action mentale. Il faudrait se contenter du plus ou moins, lorsque l'efTet est ou n'est pas favo- risé par les glaces. Mais pourquoi Mesmer dirigeait-il toujours un seul doigt et non la main tout entière? Cela tenait à sa conviction sur l'action des pointes. Cette conviction avait-elle une base quelconque? Oui. Les pointes agissent autrement que les surfaces, aussi bien dans les phénomènes électriques que dans les soi-disant phénomènes magnétiques du corps humain. Sans parler des choses connues, décrites dans les manuels de physique, on peut vérifier qu'avec une machine électro-statique, lorsque les étincelles grandes, directes, passant d'un pôle à l'autre, restent inefficaces, on les rend efficaces, c'est-à-dire capables de produire les ondes hertziennes, en introduisant entre les pôles une surface métallique, qui double les étincelles, les coupe en deux, pour ainsi dire. En revanche, lorsque les étincelles tirées à l'aide d'un conducteur quelconque, touchant rapidement un des pôles, sont actives, on les paralyse par l'approche d'une pointe. Chez un certain nombre de sujets hypnotisés, une pointe métallique, approchée à leur insu et sans contact, produit une excitation, une secousse, une sensation de froid, un réflexe de répulsion; qu'elle soit tenue par le magnétiseur, ou simplement posée à HYPNOTISME. 727 côté sur une chaise, à l'insu du sujet. Chez plusieurs personnes hypnotisées, ou endormies du sommeil normal, un doigt présenté à petite distance agit de même ; tandis que lecreux de la main, dans les mêmes conditions, produit plutôt une sensation de chaleur ou une attraction, quelquefois tout à fait inconsciente, même en dehors de la sensation calorique. Il est regrettable que Mesmer ne nous ait pas laissé les détails de ses recher- ches sur les pointes; mais sa persistance à employer un doigt ou une baguette pointue, comme moyen d'excitation, nous prouve qu'il a dû faire des constatations analogues. Ce moyen d'excitation, il l'employa aussi comme moyen de diagnostic, dévoilant les symptômes pathologiques latents et les nodi minoris resistentiae. En voici quelques exemples : a] Un Juif hongrois, voulant se moquer de Mesmer, lui affirma qu'il souffrait horriblement de la tête. Le doigt de Mesmer lui procura une telle migraine, qu'il se roula par terre de douleur. Son mal calmé, il n'a plus voulu revenir, disant « qu'il ne faut pas plaisanter avec le magnétisme ». b) De la même façon, Mesmer provoqua des convulsions chez trois malades qui se croyaient guéris par les exorcismes de Gassner (preuve que leur maladie restait latente; car, dans les guérisons complètes, le doigt ne provoque plus rien), c) Le baron d'Andelon était assez fréquemment tourmenté d'attaques d'asthme. « J'annonçai, dit Mesmer, que je ne le toucherais pas, afin de prouver que le contact immédiat n'est pas nécessaire à l'action du magnétisme animal. 4 à 5 pas plus loin, je dirigeai la verge de fer, que je tenais en main, vers sa poitrine et lui ôtai la respiration. Il serait tombé en défaillance, si je ne m'étais arrêté à sa prière. Au surplus, il assura sentir si distinctement les courants opposés que j'opérais en lui, qu'il s'engagea à désigner, les yeux fermés, chaque mouvement de mon fer. Cette dernière expérience eut lieu; mais on y fit peu attention... » (7) M''^ de Berlancourt de Beauvais, paralytique de la moitié du corps, souftrait en outre, de temps en temps, d'une terrible douleur au front. « Je dirigeai, raconte également Mesmer, mon fer vers son front. La douleur qu'elle y ressentit fut prompte : je la laissai se calmer. Dans l'intervalle, j'offris de prou- ver que le foyer du mal n'était pas dans la tête, mais bien dans les hypocondres. En conséquence, je dirigeai mon fer vex^s l'hypocondre droit. : la douleur fut plus subite et plus vive que la première fois; je laissai se calmer encore la malade, et, augurant que le vrai principe du mal était dans la rate, j'annonçai qu'on allait apercevoir la diffé- rence de mes effets. A peine eus-je dirigé mon fer vers ce viscère, que la demoiselle de Berlancourt chancela, et tomba, les membres palpitants, dans des douleurs excessives. Je la fis emporter lout de suite, ne jugeant pas à propos de pousser plus loin des expériences, que déjà plus d'un lecteur accuse peut-être de barbarie. » Il s'agissait d'une expérience, et non d'une cure. Dans une cure, Mesmer aurait continué son action de temps en temps, jusqu'au moment oîi les symptômes provoqués, devenant de plus en plus faibles, auraient complètement disparu. C'aurait été la méthode excitante de traitement magnétique, employée exclusivement par Mesmer dans la première moitié de sa carrière. C'est elle qui détermine de la part des commissaires du Roi la dénomination ironique du magnétisme comme « l'art de provoquer les convulsions ». Plus tard, il préféra une méthode plus douce, ressemblant à celle de PuYSÉGUR, avec cette différence qu'il ne s'efforçait jamais de produire le sommeil. Mais, dans le second cas comme dans le premier, les phénomènes morbides latents doivent toujours réapparaître, en s épuisant; autrement il n'y a pas de guérison radicale. On peut d'ailleurs assez souvent supprimer le symptôme latent provoqué, sinon avec profit pour le but définitif de guérison, du moins pour la satisfaction momentanée du malade. €) (( Le chevalier de Crussol, m'avait prié de le toucher, et je lui avais occasionné dans le côté une douleur, accompagnée de chaleur si sensible, qu'il avait engagé la compa- gnie à s'en assurer, en y portant la main. Cette douleur ne lui était pas inconnue. Elle servait assez fréquemment d'avant-coureur aux accès de mal de tête. M. de Crussol, désirant servir de sujet à une dernière expérience, me laissa ignorer ces particularités, et me demanda si je ne pourrais pas essayer de lui faire ressentir ses douleurs habi- tuelles, sans être prévenu de leur genre. Je me prêtai à en faire l'essai : il fut heu- reux, c'est-à-dire que M. de Crussol y gagna un violent mal de tête. Alors il réfléchit que je lui avais fait un fort mauvais présent, et me pria de le reprendre, si la chose était possible; elle l'était, et je trouvai juste de lui ôter son mal, avant de le laisser sortir de 728 HYPNOTISME. chez moi. » f) « Lorsque Mesmer touche un malade pour la première fois, raconte soii- antagoniste, le D' Thouret, il le touche au plus grand point de réunion d'influences vitales" au creux de l'estomac ». Alors a lieu la communication électrique. Cela fait, il se retire, étend le doigt, et il se forme alors entre le sujet et lui une traînée de fluide, par laquelle se conserve la communication établie. L'influence de Mesmer dure plu- .sieurs jours, et pendant ce temps-là, si la personne est susceptible, il peut opérer sur ^lle des effets sensibles, sans la toucher de nouveau, de loin et sans autre intermé- diaire que le fluide même. « Mesmer, se trouvant un jour avec MM. C... et d'E... auprès du grand bassin de Meudon, leur px'oposa de passer alternativement de l'autre côté du bassin, tandis qu'il resterait à sa place. Il leur flt plonger une canne dans l'eau et y plongea la sienne. A cette distance M. C... ressentit une attaque d'asthme, et M. d'E... la douleur au foie^ à laquelle il était sujet. On a vu des personnes ne pouvoir soutenir cette expérience et tomber en défaillance. — [}n autre jour Mesmer se promenait dans les bois d'une terre au delà d'Orléans. Deux demoiselles, profitant de la liberté de la campagne, devan- cèrent la compagnie, pour courir gaiement après lui. Il se mit à fuir; mais bientôt^ revenant sur ses pas, il leur présenta le bout de sa canne, en leur défendant d'aller plus loin. Aussitôt leurs genoux ployèrent, il leur fut impossible d'avancer. » J'ai cité ces faits comme caractéristiques, mais il est évident qu'il n'est pas néces- saire d'attribuer au fluide ou à l'action des pointes ce qui peut s'expliquer par la suggestion, par la cataplexie ou par l'attention expectante. L'action est compliquée dans plusieurs expériences, celles, par exemple, où Mesmer, par la direction de son doigt, faisait descendre ou monter une douleur, apparaître ou disparaître une enflure... Ses contemporains se sont contentés à ce sujet de quelques caricatures humoristiques, qui ont définitivement ridiculisé le Mesmérisme. Mais cela n'empêche pas que ces faits étaient vrais, que ces découvertes étaient de première importance, et que cette impor- tance n'est pas encore bien comprise aujourd'hui. Cinquième expérience. — .Elle a été faite en présence du physicien anglais Ingen- Housz, sur M"* Oesterllne : « J'invitai M. Ingenhousz à se rendre chez moi. Il y vint, accompagné d'un jeune médecin. La malade était alors en syncope avec des convul- sions. Je le prévins que c'était l'occasion la plus favorable pour se convaincre par lui- même de l'existence du principe que j'annonçais, et de la propriété qu'il avait de se communiquer. Je le fis approcher de la malade, dont je m'éloignai, en lui disant de la toucher. Elle ne fit aucun mouvement. Je le rappelai près de moi et lui communiquai le magnétisme (mimai en le prenant par les mains .' je le fls ensuite rapprocher de la malade, me tenant toujours éloigné, et lui dis de la toucher une seconde fois; il en résulta des mouvements convulsifs. Je lui fls répéter plusieurs fois ces attouchements, qu'il faisait du bout du doigt, dont il variait chaque fois la direction, et toujours, à son grand éton- nement il opérait un effet convulsif dans la partie qu'il touchait. Celte opération ter- minée, il me dit qu'il était convaincu. Je lui proposai une seconde épreuve... » « Nous nous éloignâmes de la malade — continue Mesmer — de manière à n'en pas être aperçus, quand même elle aurait eu sa connaissance. J'offris à M. Lngenhousz six tasses de porcelaine, et le priai de m'indiquer celle à laquelle il voulait que je com- muniquasse la vertu magnétique. Je la louchai d'après son choix : je fis ensuite appli- quer successivement les six tasses sur la main de la malade; lorsqu'on parvint à celle que j'avais touchée, la main fit un mouvement et donna des marques de douleur. M. Ingenhousz, ayant fait repasser les six tasses, obtint le même effet. Je fis alors rap- porter ces tasses dans le lieu où elles avaient été prises; et après un certain intervalle, lui tenant une main, je lui dis de toucher, avec l'autre, celle de ces tasses qu'il vou- drait ; ce qu'il fit : ces tasses rapprochées de la malade, comme précédemment, il en résultait le même effet. La communicabilité du principe e'tant bien établie aux yeux de M. Ingenhousz, je lui proposai une troisième expérience, pour lui faire connaître son action dans l'éloignement, et sa vertu pénétrante. Je dirigeai mon doigt vers la malade à la distance de huit pas : un instant après, son corps fut en convulsion, au point de- se soulever sur son lit, avec les apparences de la douleur. Je continuai, dans la même position, à diriger mon doigt vers la malade, en plaçant M. Ingenhousz entre elle et inoi : elle éprouva les mêmes sensations. Ces épreuves répétées au gré de M. Ingen- HYPNOTISME. 729" Housz, je lui demandai s'il en était satisfait, et s'il était convaincu des propriélés mer- veilleuses que je lui avais annoncées, lui offrant, dans le cas contraire, de répéter nos. procédés. La réponse fut qu'il n'avait plus rien à désirer et qu'il était convaincu; mais qu'il m'invitait, par l'attachement qu'il avait pour moi, à ne rien communiquer au public sur cette matière, alin de ne pas m'exposer à son incrédulité... » (1, Mém., p. 28. h La dernière expérience que je citerai encore a trait à l'action thérapeutique. Elle est intéressante à plusieurs points de vue et mériterait d'être lue dans l'original de Sei- FERT, à cause delà simplicité de son récit à la fois naïf et exact. Je l'abrège un peu, en supprimant les détails descriptifs, inutiles pour notre but. Sixième expérience. — Mesmer est arrivé à Rohow, pour soigner le baron Horetzky, sujet depuis des années à des crampes à la gorge, dont la nature nous est incon- nue. Les cinq premiers jours, il n'y a eu aucun changement, et le baron ne sentit rien. Il s'impatientait, et le soir du cinquième jour il s'en plaignit à Mesmer. « Si vous ne sentez rien, répondit ce dernier, cela prouve que votre maladie n'est pas de nature nerveuse. » Telle était alors son opinion, mais elle n'était pas tout à fait juste. Il n'y a pas de relation nécessaire- entre la sensibilité hypnotique et la nature organique ou fonctionnelle de la maladie. Celui qui ne ressent rien peut cependant être atteint d'une maladie nerveuse, et celui qui ressent beaucoup peut avoir une maladie organique. Nous en préciserons plus loin les conditions. Pour le moment je dirai seulement qu'à .cette époque Mesmer considérait le magnétisme comme un spécifique nerveux et il par- tageait l'erreur de nos médecins contemporains pour qui l'hypnotisme n'est applicable qu'aux troubles de nature fonctionnelle. Au fur et à mesure que son expérience s'élar- gissait, il changea d'avis, mais la phrase soulignée : « le magnétisme animal guérit directement les maladies nerveuses et médiafement les autres » ne se trouve pas dans la première édition de ses aphorismes. 11 est donc probable qu'en répondant au baron il ne croyait pas à la possibilité de le guérir, et il s'excusait, pour ainsi dire, de son échec, en attribuant à la maladie une cause non nerveuse. Seifert raconte que Mesmer renvoyait généralement les malades non nerveux à d'autres médecins. » Le lendemain soir, c'est-à-dire le sixième jour du traitement, en tàtant comme d'habitude le pouls du baron, pendant la magnétisation, Mesmer a dû apercevoir quelque changement (accélération du pouls), car il dit au malade : « Patience, vous allez bientôt sentir quelque chose! » Mais le jour suivant sembla contredire cette prédiction. Le patient n'éprouva toujours rien. Cependant, à une heure tardive, Mesmer est allé voir la baronne, et il la prévint, en présence de plusieurs témoins, que le jour suivant sera très grave pour le malade, mais qu'elle ne doit pas s'en effrayer. La baronne ne sembla pas faire grand cas de cette prémonition. Vers 8 heures du matin, pendant la séance de magné- tisation habituelle, le baron parut être en danger de vie. La baronne envoya immé- diatement chercher le D'" Ungerhoffer. En entrant dans la chambre du malade, Seifert vit ce dernier couché sur son lit et grelottant de froid, malgré Tépaisse fourrure dont il était recouvert. Il poussait des cris et divaguait comme dans une fièvre chaude. Assis devant son lit, Mesmer lui tenait la main droite avec sa main gauche, tandis que son pied droit déchaussé reposait dans un baquet rempli d'eau. Dans le même baquet s'en- fonçait une canne en bambou ferré, tenue par une autre personne, le violoniste Kolow- RATEK, obligé par .Mesmer de frotter continuellement celte canne avec sa main droite, de haut en bas. Le baron paraissait souffrir énormément et demanda à plusieurs reprises qu'on le tuât. Mesmer restait calme et pensif. Enfin, il lâcha la main du malade et saisit seulement son pouce. Il s'en est suivi une accalmie: mais, après quelques moments de repos, Mesmer saisit de nouveau la main, et les mêmes phénomènes se manifestèrent. Il répéta ce changement plusieurs fois, avec le même résultat (probablement avec affai- blissement des accès). Lorsque la baronne, affolée par les plaintes du malade, faisait des' reproches à Mesmer, celui-ci répondit tranquillement :« Ne vous ar-je pas prévenue. Madame? Votre mari sera bientôt sain et sauf. » Et il continua ses manœuvres. Enfin il cessa tout, et ordonna au baron de se lever. Il le fit, et à son grand étonnement et à la stupéfaction des assistants, il se sentit fort et gai. Seulement, sur ses lèvres, son men- tonet ses jolies il se forma une éruption vésiculaire. Il prit son violon, joua et sursauta gaiement. A ce moment entra le D"^ Ungerhoffer, tout ébahi de voir son patient dan^ cet étal. On lui raconta co qui s'est passé. Il lâta le pouls, secoua la tète, et dit : <■ Cette 730 HYPNOTISME. fièvre, il ne faudrait pas la laisser venir une seconde fois, elle u été par trop forte. » Mesmer protesta, en disant qu'il avait cette fièvre dans sa main, qu'il l'avait annoncée, etc. Mais le D'' Ungerhoffer mit tout en doute, en déclarant qu'il a en ce moment dans sa clientèle des cas de fièvre tout à fait semblables où les malades se plaignaient de dou- leurs excessives aux membres. Mesmer objecta que cette fièvre n'est pas venue d'elle- même, mais qu'elle fut provoquée par la magnétisation, qu'il pouvait la calmer ou la fortifier à volonté; et, pour prouver son dire, il assura qu'elle ne se manifestera plus avant une seconde magnétisation. Et la dispute continua, sans résultat. — Elle est très caractéristique, et elle se répète encore aujourd'hui entre médecins et magnétiseurs, tel- lement les crises de cette nature sont peu connues de la science. — Mesmer n'a pas magné- tisé le baron pendant les deux jours suivants, et la fièvre ne revint pas. Le 3'' ou 4'' jour, il avait voulu recommencer les séances, mais le malade s'y opposait. Il consentit enfin, persuadé par Mesmer, La séance commença à une autre heure, environ trois heures plus tard qu'auparavant. Les mêmes manifestations eurent lieu, quoique plus faibles ; mais le patient n'a pas voulu continuer, et, au bout de quelques minutes, avant d'avoir perdu connaissance, il sauta du lit, et déclara à Mesmer qu'il aimait mieux garder ses spasmes, plutôt que de supporter encore une fois de semblables souffrances. Rien n'y fit. Mesmer se fâcha et partit. 11 déclara que, si le baron avait continué sou traitement, les accès auraient été de plus en plus faibles, pour disparaître enfin définitivement; mais, comme il a interrompu le traitement trop tôt, un accès semblable se manifestera encore dans le temps. » Telle est réellement la marche naturelle des crises provoquées par des magnétisations réitéiées, et sa connaissance permet souvent de pronostiquer, avec une précision mathématique. Nous ne savons pas si le dernier point de la prédiction de Mes- mer se réalisa, mais Seifert assure que, pendant les quelques mois que dura encore son séjour à Rohow, le baron n'a eu ni spasmes ni fièvre. Ce qui répond également à la règle. Cette expérience est encore instructive au point de vue historique. Elle montre les origines du « baquet mesmérien », qui probablement naquit de l'idée d'une combi- naison de l'électricité avec le magnétisme. Il se peut aussi que la participation d'une seconde personne dans cette séance de Mesmer avait pour but de doubler les effets magnétiques, cardans l'histoire, primitive du mesmérisme on cite entre autres le fait de l'hypnotisation d'un cheval par quatre magnétiseurs à la fois! Le baquet mesmérien, et en général le traitement collectif de plusieurs malades, ont été vite abandonnés, et il faut avouer que l'étude des phénomènes physiologiques, qui ont eu lieu dans ces traitements, à part les quelques observations très superficielles des Commissaires du Roi et quelques expériences intéressantes de Kieser, n'a jamais été faite d'une façon méthodique. 11 y a là cependant quelques détails curieux à constater, et il est probable que l'observation plus attentive des phénomènes médianimiques, qui paraît proche, et les recherches sur la psychologie des foules remettront cette question à l'étude. ÉTAT ACTUEL DES RECHERCHES SUR LES CONDITIONS SUBJEC- TIVES ET LA THÉORIE PSYCHO-PHYSIOLOGIQUE DE L H YPN OTI SM E. L'histoire du mouvement d'idées provoqué par Mesmer présente une longue série d'oscillations entre la conception physique des phénomènes et leur conception psy- cho-physiologique. Autrement dit, elle présente une série de luttes entre les senti- ments révolutionnaires de quelques novateurs, trop empressés à admettre des forces nouvelles, et les sentiments conservateurs de la plupart des savants, qui veulent à tout prix faire entrer une partie des phénomènes dans les cadres connus, en niant sim- plement le reste. La complexité du sujet est telle, que non seulement elle entretint pendant plus d'un siècle l'existence de deux camps opposés, mais encore qu'elle détermina, de temps en temps, des oscillations inattendues, à droite et à gauche, dans l'esprit du même chercheur. C'est ainsi que déjà Deslon, excommunié par la Faculté, tout en restant un fervent adepte de Mesmer, lança cette phrase, désormais célèbre : « Si la médecine d'imagination est la meilleure, pourquoi ne ferions-nous pas de la médecine d'imagination? » {Observ, p. 46.) C'est ainsi que plus tard A. Bertrand, convaincu par le général Noizet, passa de l'école fiuidiste à la théorie subjective, tandis que l'apnire lui-même se convertit ensuite au fluide. C'est ainsi que le principal HYPNOTISME. 731 propagateiu- de la doctrine suggestive, Likbeault, publia à un moment donné son « Zoomagnétisme », pour revenir ensuite de nouveau, sous la pression de ses confrères, à ses conceptions primitives. C'est ainsi enfin que Iîraid ' lui-même, après avoir « porté un coup décisif au magnétisme animal », déclara cependant, qu'un certain nombre de faits ne s'expliquent pas par sa théorie de fatigue subjective. « Pendant longtemps — Jit-il — , je crus à l'identité des phénomènes produits par ma faron d'opérer et par celle des partisans du mesmérisme; d'après les constatations actuelles, je crois tout au moins à l'analogie des actions exercées sur le système nerveux. Toutefois, et à en juger d'après ce que les magnétiseurs déclarent produire dans certains cas, il semble y avoir assez de différence, pour considérer l'hypnotisme et le mesmérisme comme deux agents distincts. » Ce qui est tout à fait juste. Nous n'entrerons pas dans les détails de cette double évolution. On les trouvera faci- lement dans les nombreux ouvrages, eu partie déjà cités. Mais nous avons cru néces- saire de séparer nettement ces deux domaines, ces deux catégories des phénomènes, afin d'éviter entre eux une fâcheuse confusion et d'en faciliter l'étude méthodique. Lorsqu'on se trouve en présence d'un fait nouveau, d'un groupe de faits nouveaux, que doit-on faire? — Les vérifier d'abord, évidemment. Et cela se fait, si les phéno- mènes rentrent plus ou moins dans les cadres connus. Mais, dès qu'ils s'en éloignent trop, dès qu'ils paraissent « contredire » les vérités négatives acquises (les vérités positives ne peuvent pas se contredire), on ne les étudie plus, on les néglige. C'est ainsi qu'on procéda dans le domaine qui nous occupe. Dans toutes les autres branches de la physio- logie, il n'était guère admissible de traiter une question, sans connaître son histoire, saut pour le « magnétisme animal ». Le plus impartial des physiologistes qui se sont occupés de la question, Charles Richet, écrivit en 1880, après avoir cité les études superficielles de Heidenhain et autres : « Quant aux élucubrations des magnétiseurs de profession, je ne les indique pas, et pour cause... » On comprend dès lors pourquoi les études de Mesmer, de Puységur, de Deleuze, de Dupotet, sont restées inconnues. Heu- reusement les derniers bouleversements scientifiques ont un peu ouvert les yeux des savants sur la relativité de l'impossible, et l'éloge de la méthode impartiale n'est plus à faire, du moins en théorie. L'hypnotisme est né d'une négation du mesmérisme, d'une aversion pour le mesmé- risme. Et cette aversion, tout en étant anti-scienlilique, a conduit à des résultats fort importants, à la découverte d'un champ nouveau, immense et fécond : les influences subjectives. Au temps de Mesmer, lorsque Cabanis écrivit son remarquable ouvrage sur les Rapports du physique et du moral de l'homme, il consacra presque deux volumes entiers à l'influence du physique sur le moral, et à peine une trentaine de pages à l'action du moral, sur le physique. Telle était la mode scientifique de son temps. Elle s'accentua encore davantage avec le règne du matérialisme allemand et de la pathologie cellulaire. La bactériologie, qui caractérise l'époque actuelle, ne favorise pas non plus l'étude des influences morales. Mais voilà l'hypnotisme qui, eu évoluant au milieu de ces tendances mécanico- chiraiques, détermine peu à peu un revirement complet. Il est acquis, reconnu, et son champ s'élargit toujours. Après avoir véx'ifîé l'existence des faits nouveaux, que faut-il faire pour les introduire dans le domaine de la science"? — Il faut les décrire. Une bonne description suffit quel- quefois pour faire un autre pas en avant, pour classer les phénomènes nouveaux dans les cadres anciens. Mais il arrive que le fait, étant par trop nouveau, ne rime avec rien, n'entre dans aucun tiroir étiqueté. Il paraît inexplicable. On nous dit par exemple que sous un timbre-poste la vésication se produit par suggestion et qu'elle ne se produit pas, également par suggestion, sous un vésicatoire! On nous dit (Liébeault) que, parle même moyen, on peut faire sortir de l'oreille une boule de verre, inaccessible aux pinces chirurgicales?... Où placer des faits pareils? Comment les expliquer? Pour expliquer, il faut connaître la cause du phénomène, et la cause n'est jamais simple : elle se compose d'un agrégat de conditions nécessaires et suffisantes. 1. Jamhs Brmd. Ncuri/pnolof/i/ : trad. par le D' Simon, avec préface de Brown-Séquard, Paris. 1883, p, 27. 732 HYPNOTISME. Trouvons-les, déterminons les, par des observations précises et par des expé- riences vérificatives, réitérées : une fois que le fait nouveau sera devenu vérifiable, il restera acquis ppur la science. 11 ne faut pas demander davantage. I/avenir se char- gera du reste. Appliquons maintenant ces notions de méthode générale à la question de l'hypno- tisme. Nombre des personnes hypnotisables. — Les phénomènes hypnotiques sont-ils rares ou communs? — S'ils étaient très communs, on ne les aurait pas niés si longtemps. On peut donc s'étonner de trouver, dans les livres récents, qu'il y a des proportions énormes de succès obtenus par des moyens d'une extrême simplicité. Après que Liébeault eut publié que sur 1 012 malades il n'avait eu que 27 insuccès, ce qui signifie que presque tous les malades sont hypnotisables, ses imitateurs ont cru devoir obtenir à peu près autant. Van Renterghem a eu seulement 9 insuccès sur 178 cas, Wetterstrand, 17sur718; Forel, d'abord H sur 41, mais ensuite seulement 3 sur 29.Tu(> KEY hypnotise 80 p. 100; ScHRENCK-NoTzixG,94p. 100; Rincer, 95 p. 100; Vel.\nder,98 p. 100. MoLL à Berlin, VanEeden à Amsterdam, Bramwell à Goule, Kinsburg à Rlackpool, Gruise à Dublin, etc. obtiennent à peu près les mêmes chiffres : de sorte que les preuves sta- tistiques de l'universalité de l'hypnose paraissent complètement établies. Comment expliquer ces énormes proportions qu'aucun expérimentateur moins célèbre ne saura atteindre, quoique, suivant l'école de Nancy, à laquelle appartiennent tous ces médecins, et en général suivant les principes de l'hypnotisme, la personnalité de l'hypnotiseur n'y joue aucun rôle ' ? Avant de répondre à cette question, écoulons encore le principal représentant de l'école, Bernheim. Après avoir exposé sa méthode (celle de Liébeault, créée par l'abbé Faria-, un magnétiseur original, ridiculisé par les médecins) il ajoute : « Il est rare qu'une ou deux minutes se passent, sans que l'hypnose soit arrivée. » « Les quatre cinquièmes au moins de nos sujets tombent dans un sommeil profond avec amnésie au réveil. » « On n'est pas hypnotiseur quand on a hypnotisé deux ou trois sujets qui s'hypnotisent tout seuls. On l'est, quand, dans un service d'hôpital, où l'on a de l'autorité sur les malades, on influence huit à neu/' sujets sur dix. Tant que ce résultat n'est pas obtenu, on doit être réservé dans ses appréciations, et se dire que son éducation sur le sujet n'est pas achevée » (/. c, p. 89, 90). Dans ce passage Bernheim se sert du mot vague : « influencer » au lieu du mot précis : « hypnotiser ». Cependant ce détail n'a pas d'importance, puisqu'il assure positivement pouvoir provoquer chez 4/5 un sommeil profond avec amnésie, et puisqu'il explique dans son livre classique « De la suggestion » (2" édit. préface) qu'il appelle « somnambules les personnes qui tombent en sommeil profond, sans souvenir au réveil » c'est donc, bien « au moins » 4/5 somnambules (80 p. 100) qu'il obtient; sans parler de ceux qui présentent seulement une somnolence », une « catalepsie suggestive », une contracture suggestive » ou « l'obéissance automatique )', suivant sa classification détaillée, dans laquelle l'amnésie au réveil ne se manifeste qu'au l" degré de l'hypnose. I>es anciens magnétiseurs furent plus modestes. « Tous les praticiens s'accordent à déclarer, dit Ferdinand Barreau % que, sur 12 personnes soumises à l'action magné- tique, une seule devient somnambule. » La différence est énorme; car cela répond à un 1. Il va sans dire que c'est un principe inexact, éuoucé et propagé seulement pour contre- dire les anciens magnétiseurs. Mais voilà qu'on tombe maintenant dans l'extrême opposé : « Les résultats du traitement hypnotique, dit Bonjour., de Lausanne, dépendent beaucoup plus des qua- lités du médecin que de la suggestibilité du malade. » [Revue de l'hypnotisme. 1901, 310.) Les résul- tats du traitement magnétique, oui ; mais, dans l'hypnotisme, ne prétend-on pas pouvoir éliminer complètement la personnalité du médecin ? Ber.nheim n'a-t-il pas dit : » Il n'existe pas de magné- tiseur. Ni DoNATO, ni Hansen n'ont des vertus hypnotisantes spéciales. L'hypnose ne dépend pas de l'hypnotiseur, mais du sujet. » 2. « Lalibé Farta mourut avec la plus belle réputation de charlatan qu'homme du monde ait jamais eue et surtout mieux méritée,... » disent Bourneville et Regnard. Or Bernheim démontre que Bouunevii.i.e et Regnard ont employé en grande partie la méthode de Faria. [Uypnotisine. Siiyc/estion, Psychothérapie, éludes nouvelles, Paris, 1891, t. 82.') 3. Le )i!af/netisme humain, Paris, 1845, 83-86. HYPNOTISME. 733 taux de 8 p. 100 au lieu de SO p. )00! il est vrai que ces chill'ies ne sont pas tout à fait comparables; car la notion de somnambule était plus restreinte chez les anciens magné- tiseurs que chez les hypnotiseurs d'aujourd'hui. En unKiaril les conceptions, il faudrait mettre lo, peut-être 20 p. 100, au lieu de 8 p. 100, ce qui nous laisse encore bien loin de 80 p. 100! Mais peut-être la méthode suggestive est-elle tellement supérieure à l'ancieune méthode magnétique (lixaliou du regard, passes, imposition des mains) que cela suffit pour expliquer la ditférence ? 11 faut nous entendre sur ce point. Conformément au sens étyn)ologique du mot. ma(/nétiser veut dire : agir sur autrui par certaines manœuvres, sans chercher à pro- duire le sommeil, ou un état analogue, tandis que hypnotiser veut dire : chercher à pro- voquer le sommeil, ou un état analogue. On pourrait donc croire, théoriquement, que dans ce dernier cas on obtient le sommeil plus souvent, l/expérience montre qu'il n'en est rien. Si, dans certains cas, la suggestion directe paraît préférable, dans d'autres, les passes conduisent au but plus sûrement, quoique peut-être plus lentement. Et en somme, là où il y a prédisposition au sommeil, on l'obtient, même sans le rechercher; et là oîi la prédisposition fait défaut, la suggestion directe reste également inefficace. Par conséquent la méthode suggestive ne me paraît pas suffire pour expliquer les sta- tistiques de l'école nancéenne, d'autant plus que les mêmes suggestionneurs, en se servant de notions mieux déterminées, sont arrivés aux mêmes proportions que les anciens magnétiseurs : Lloyd Tuckev par exemple, suggestionneur lui-même, attribue à « l'atmosphère hypnotique » de Nancy ces chiffres exorbitants, tout en déclarant, que sur plus de 500 patients il n'a guère obtenu plus de SO somnambules. Ce qui se rapproche tout à fait des données anciennes. Mais voici une parole de Ber.nheiu, qui jette un peu de lumière sur ces questions : « Quelques personnes, qui n'ont pas encore l'expérience suflisante, se laissent inlluencer par des signes de conscience que présente le sujet, tels que rire, geste, ouver- ture des jeux, paroles prononcées: ils le croient réfractaire parce qu'il rit ou manifeste. Ils oublient que l'hypnotisé est un être conscient, qui entend, se rend compte et subit toutes les impressions du milieu qui l'entoure ; je montre tous les jours à mes élèves des hypnotisés, qui rient quand on dit quelque chose qui prête à rire; il en est cjui ressemblent à s'y méprendre à des simulateurs, que des observateurs non expérimentés prennent pour des complaisants. Et cependant je montre que les mêmes sujets sont analgésiques, hallucinés, amnésiques au réveil... » L'observation est en partie jwile; mais, en la généralisant trop, on risque d'élargir tellement la notion de l'hypnose qu'elle se confond enfin, non seulement avec le sommeil normal ou avec une simple somnolence, mais tout simplement avec l'état de veille normale. Dire, sans restriction, que l'hypnotisé est un être conscient, c'est effacer d'un seul trait la plupart des particularités propres à l'hypnose, et sans lesquelles cette notion, tellement caractéristique, devient vraiment inutile. Et alors on risque réelle- ment d'englober dans une même statistique quantité de dormeurs, d'analgésiques, d'hallucinés et d'amnésiques par complaisance. Telle était l'opinion de Donato après son retour de Nancy; de Donato, dont l'habi- leté fut incontestable, et qui déclarait ne pouvoir hypnotiser ou « influencer > à sa manière qu'un ou deux cinquièmes des sujets. L'exagération de la statistique nancéenne s'explique encore par deux confusions : 1« Par une confusion entre le magnétisme et Vhypnotismc. — On ne peut hypnotiser qu'un petit nombre de sujets, mais on peut magnétiser tout le monde: et, pourvu qu'on soit un peu plus fort ou un peu plus sain que l'organisme sur lequel on agit, on (ibtient toujours des résultats thérapeutiques plus ou moins marqués, qui n'ont cependant rien à faire avec l'hypnose. C'est ainsi par exemple qu'à l'aide d'un dynamomètre on peut se convaincre que quelques passes, faites sur les bras, augmentent les forces ou du moins les équilibrent des deux côtés, et que, dans des cas spéciaux, que la théorie, ou plutôt une pratique un peu étendue, permet de prévoir, on obtient au contraire une dimi- nution objective au dynamomètre avec augmentation subjective des forces selon le sentiment du sujet, et cela indépendamment de l'attente soit du sujet soit même de l'opérateur non initié à ces phénomènes. Si donc, comme critérium de l'intlnence hypnotique, on se base dans certains cas, non sur les signes de l'état hypnotique, mais T6i HYPNOTISME. sur les résultats thérapeutiques obteuus, on augmentera nécessairement le nombre des personnes» influencées ». Au point de vue pratique, il n'y aurait rien à redire, mais.au point de vue de la doctrine, cette façon de procéder cesse d'être scientifique. Quiconque nie l'action physique des passes, du regard, de l'imposition des mains, ne devrait pas s'en servir comme moyen suggestif, car il s'exposera toujours à l'objection de Lafo.ntaine. Voulez-vous nous convaincre que c'est la suggestion pure et simple que vous pratiquez? Alors faites réellement de la suggestion pure et simple : mais ne faites ni passes, ni imposition de la main, sous prétexte que vous ne croyez pas à leur action. LiKBEAULT, dans la première période de sa carrière, magnctisait d'après la méthode de DupoTET ; puis il essaya la méthode hypnotique de Braid et la rejeta comme beau- coup moins efficace et quelquefois même nuisible ; enfin il reprit la méthode magné- tique, compliquée par la suggestion. Bernheim ordonne d'abord au malade de fixer ses yeux, ensuite il lui frotte les globes oculaires, ou bien il passe les deux mains plu- sieurs fois de haut en bas devant ses yeux (méthode de Dupotet), tout en faisant des suggestions. Ce ne sont pas pour lui des passes magnétiques, bien entendu: ce sont tout simplement a des gestes », inutiles en eux-mêmes, et destinés seulement à con- centrer l'attention du sujet. Gela rappelle la façon de procéder de certains peuples sauvages, qui empoisonnent leurs flèches, et qui attribuent la vertu mortelle de ces flèches, non au poison, mais à une inscription cabalistique incisée sur l'arme. Que dirait-on du médecin qui, pour prouver que son nouveau remède peut remplacer la morphine, l'administrerait au malade en même temps que cette dernière? Il est bien difficile d'éliminer l'action personnelle du médecin en général, et son action soi-disant magnétique en particulier, mais il faut convenir que les suggestion- neurs de l'école de Nancy ne se donnent pas la moindre peine pour l'éliminer. S'ils le faisaient, dès la première expérience ils se seraient vite aperçus de l'abaissement énorme de leur statistique. 2° Par une identification doctrinaire entre Vhypnose et le sommeil normal. — Nous allons l'étudier brièvement, mais spécialement, à cause de l'importance théorique de cette erreur, propagée par l'école de Nancy. Elle a été inspirée non par une étude physiologique quelconque, mais tout simplement par le désir de prêter des apparences inoffensives à une méthode trop vivement combattue. L'hypnose et le sommeil normal. — L'assertion, faite a priori, qu'il y a identité de ces deux états, est contredite par les observations suivantes : 1° Le sommeil noi'mal est un besoin phjsiolonique, auquel il est encore plus difficile de se soustraire qu'au besoin d'une alimentation régulière. Il se manifeste périodique- ment, à peu près en correspondance de la fatigue que détermine l'activité générale de l'état de veille : il est réconfortant par le repos qu'il donne, et se dissipe au moment de la restauration des forces. L"hypnose est un état anormal, dont on peut très bien se passer, qui ne se manifeste spontanément que dans des cas tout à fait exceptionnels, et qui n'est en aucune relation avec la fatigue journalière. Je n'ai jamais remarqué une facilité plus grande dans la production de l'hypnose à une heure tardive, ou une diffi- culté plus grande à une heure matinale. L'hypnose, elle aussi, est un état réconfortant, mais à un degré beaucoup plus élevé et dans un temps généralement beaucoup plus court. L'hypnose cesse rarement d'elle-même. Le sujet a besoin d'être soigneusement déshypnotisé, si l'on veut éviter certains troubles, plus ou moins durables, ce qui n'est pas le cas après le sommeil normal. 2° Les caractères de l'hypnose et ceux du sommeil ordinaire se rassemblent parfois. On peut rapprocher les hallucinations liypnagogiques du rêve et les hallucinations suggérées de l'hypnotisé, mais chez l'hypnotisé elles sont très rarement spontanées, tandis que chez le dormeur normal elles sont très rarement provoquées. La sensibilité est plus ou moins obtuse dms le sommeil, sans cependant arriver à l'analgésie ou même l'anesthésie complète, qui est très fréquente dans l'hypnose. On n'a même pas essayé de pratiquer des opérations pendant le sommeil normal, tellement cet essai se- rait di'Taisonnable, tandis que l'on a fait plusieurs centaines d'opérations graves dans l'hypnose. De l'autre côté, dans ce dernier état il se manifeste souvent une hyperesthésie spécifique, étrangère au sommeil normal. Il en est de même pour les autres signes carac- téristiques de l'hypnose. A-t-on jamais observé la catalepsie, l'excitabilité neuro-muscu- HYPNOTISME. 73b laire, les contractures spontanées, dans le sommeil naturel, chez les sujets non hypno- lisables'? Non. En revanche il nous est arrivé d'observer dans l'étal hypnotique l'in- vasion du sommeil normal. Le sujet s'endormait pour la nuit, étant hypnotisé, et son sommeil cessait le matin, sans modifier l'état hypnotique qui persistait. N'est-ce pas une preuve manifeste de l'indépendance de ces deux états? Il arrive assez souvent que l'hypnotisé bâille, en disant qu'il a sommeil : mais on n'a jamais vu bâiller un homme qui dort réellement. La confusion de ces deux états est donc purement doctrinaire. 3° On ne peut pas dormir indéfiniment, sauf dans des cas tout à fait rares et patho- logiques. On ne peut pas de même dormir à volonté, étant reposé. Au contraire, même chez une personne reposée, on peut prolonger le sommeil magnétique presque indéfini- ment, et le rétablir immédiatement après le réveil. Tous les expérimentateurs s'accor- dent à constater que chaque nouvelle production de l'hypnose la rend généralement de plus en plus facile, contrairement aux particularités du sommeil normal, qui ne peut pas être répété coup sur coup. Il y a une éducation très marquée dans l'hypnose, et rien de semblable dans le sommeil normal. Enfin, l'hypnose, provoquée avant le sommeil ordinaire, l'améliore considérablement, tandis qu'un court sommeil naturel, dans les mômes circonstances, agit plutôt contrairement. 4° L'argument le plus sérieux en faveur de celte confusion physiologique, est le suivant : « On peut dans le sommeil normal provoquer les mêmes phénomènes que dans l'hypnose. » C'est exact, quoique ce ne soit pas la règle. Mais, comme le sommeil peut survenir dans l'hypnose, l'hypnose ne pourrait-elle être provoquée dans le som- meil, surajoutée au sommeil, sans que ces deux états soient identiques de nature? Il peut y avoir simplement une transformation momentanée, et passage d'un état à l'autre. Et puis, même en admettant le fait brut, comme preuve d'une unité fonctionnelle, il faudrait encore prouver que cette unité se manifeste toujours, ou du moins souvent. La plupart des hommes endormis normalement devraient être susceptibles des mêmes manifestations hypnotiques qu'un hypnotisé proprement dit. Eh bien! mes expériences prouvent qu'il n'en est rien. On peut transformer le sommeil en hypnose, mais seule- ment chez des sujets hypnotisabk'S ; lorsqu'on n'est pas hypnotisable, on ne l'est pas, qu'on soit endormi ou réveillé. Le somnambulisme spontané, et encore mieux le noc- tambulisme, constitue un argument en faveur de l'identité, et j'ai pu observer un cas de noctambulisme très net, de longue durée, présentant ce qu'on appelait jadis <( condi- tion seconde » chez un homme non hypnotisable. Cependant, même dans ce cas, pro- bablement rare, j'ai pu constater une différence notable entre l'état somnambulique spontané, et l'hypnose proprement dite : point de suggestibilité, point d'anesthésie, point de catalepsie. Le rétrécissement du champ psychique, qui d'ailleurs existe aussi dans le rêve spontané, constituait la seule ressemblance. Le rapprochement serait beaucoup plus apparent, et peut-être même plus intime, si l'on comparait la léthargie hypnotique avec le sommeil normal, très profond. On y distingue la même paralysie flasque, la même insensibilité, la même aidéie. Cependant, ici encore, il y a des difTérences marquées : la léthargie hypnotique, très profonde, peut être encore modi- fiée par l'influence d'une musique douce, qui laisse inditférent le dormeur normal, non hypnotisable : elle semble donc être un état moins profond, tandis que, sous d'autres rapports, elle peut se rapprocher beaucoup plus de l'état de coma que le sommeil très profond normal, ce qui prouverait, au contraire, une plus grande pro- fondeur du sommeil. 5° On a essayé dernièrement de donner à l'identification qui nous occupe une base physiologique. Dans son élude sur les Étals d'hypnose chez les animaux (Lyon, 1908), Jea.n Jarricot prétend pouvoir attribuer l'hypnose, aussi bien que le sommeil naturel, à une autonarcose carbonique. L'école de Nancy identifie l'hypnose chez l'homme avec le sommeil naturel. Heubel a identifié avec le même sommeil l'hypnose chez les ani- maux; il ne restait plus qu'à leur trouver une base physiologique commune. C'est ce que fait Jarricot. « Le sommeil hypnotique, dit-il, est dû à la même cause que le sommeil ordinaire : l'accumulation de l'acide carbonique dans l'organisme. » On sait, 1. OcHOROwic/, Des di ffe'rences qui existent entre le sommeil hupnotique et le sommeil normal. (Conqrès intern. de Ps;/c/i. Ph>/s., 1890, 20.) 736 HYPNOTISME. que, d'après les recherches de Raphaël Dubois sur le sommeil hivernal de la marmotte, la proportion de CO- augmente dans le sang, lorsque l'animal va s'endormir, et qu'il s'y accumule pendant le sommeil. Au début du réveil, le quotient atteintbrusquement O2 une valeur supérieure à celle du sommeil, et même de la veille. En rapprochant ces faits d'autres faits connus, à savoir que l'inhalation de CO- produit d'abord le ralen- tissement de la respiration et de la circulation, l'hypothermie, puis le sommeil, pou- vant aller jusqu'au coma, et que, de l'autre côté, sous l'influence d'une augmentation suffisante de CO^ dans le sang, il se produit une excitation des centres nerveux res- piratoires, Jarricot arrive à cette hypothèse, que non seulement le sommeil normal, mais aussi l'hypnose, proviennent d'une intoxication par CO-, qu'une certaine quan- tité de ce gaz endort, et qu'une quantité plus grande réveille. Comme trait d'union, l'auteur co«sidère la léthargie volontaire des Yoguis de l'Inde, produite par un ralen- tissement graduel de la respiration, comme le procédé le plus efficace pour favoriser l'accumulation de l'acide carbonique dans l'organisme. Certes il y a beaucoup d'ana- logie entre le sommeil hivernal des animaux et la léthargie prolongée des Yoguis, et il se peut que le rôle de CO^ y soit également analogue. Mais, en supposant que, même pour un physiologiste peu exigeant, la quantité de CO- dans le sang, cause et effet en même ■temps, suffise pour expliquer la léthargie temporaire, il resterait à prouver que, dans les autres phases de l'hypnose, plus caractéristiques de cet état, il en est de même. Il fau- drait prouver que, lorsque Bernheim dit : « Dormez! » la quantité deCO^ dans le sang du sujet augmente, et qu'elle augmente encore davantage lorsqu'il dit : <■ Réveillez-vous! » Il ne faudrait pas oublier non plus, que, dans les cas de ralentissement graduel, mais ■excessif, de la respiration, ce n'est pas la quantité de CO- qui augmente, mais bien l'échange des matières qui diminue, comme dans un poêle dont on a limité le tirage, en même temps que la combustion. C'est Voxygénation qui diminue avant tout, et c'est de son insuffisance qu'il faut d'abord tenir compte. Avant les auteurs cités par Jarricot, Paul Bert avait fait l'expérience suivante : il plaça sous une vaste cloche un petit loir gris, bien éveillé, au-dessous duquel des fragments de potasse absorbaient l'acide car- honique. La cloche n'était pas complètement fermée : l'air pouvait y entrer, mais seule- ment en quantité très limitée, par un tout petit orifice, de telle sorte que l'épuisement de l'oxygène se faisait fort lentement. Dans ces conditions, malgré une température extérieure de 14", à partir du troisième jour, le lérot se trouvait en pleine hibernation, ou du moins dans un état tout à fait analogue. C'est donc bien la privation d'oxygène, et non l'intoxication carbonique, qui semble avoir joué le rôle principal dans la production de cet état. Et cependant cela ne nous autorise pas encore à conclure que, de même que cet engourdissement spécial, le som- meil ordinaire, lui aussi, doive naître d'une privation d'oxygène ; car nous savons d'au- tre part, depuis les expériences de Pettenkofer et Voit, que pendant le sommeil' normal nous absorbons plus d'oxygène qu'à l'état de veille. Il est donc beaucoup plus probable que le sommeil normal est caractérisé par un emmagasinement de l'oxygène, sinon dans l'hémoglobine, du moins dans le protoplasme des cellules; ce qui s'accorde bien avec ses propriétés réparatrices. Et quant aux phénomènes d'apparence toxique, nous savons que l'acide carbonique est moins toxique que le défaut d'oxygène. Mais en général doit-on suppioser l'intoxication physiologique? Cette idée avait déjà été émise par Sommer et développée par A. -M. Langlois dans ses Contributions à V étude du aommcil naturel et artificiel 1 1877). 11 la considère dès maintenant comme « classique ». Je crois qu'il se hâte trop. Nous voici à peine au seuil d'une étude physiologique du sommeil, et celle de l'hypnose n'est même pas commencée. 11 est donc bien prématuré de les iden- tifier, et encore plus de leur attribuer une cause commune : l'intoxication carbo- nique. Remarquons en outre que celte hypothèse détruirait le principe même de l'école de Nancy, car, en devenant une intoxication, le sommeil cesserait d'être un phénomène normal, physiologique. En somme, les rapprochements, d'ailleurs intéressants et instructifs, de J. Jarricot ne me paraissent pas de nature à consolider l'identification dont nous parlons. Ce qu'il y a de certain cependant, c'est que, la notion de l'hypnose étant très complexe, aucun rapprochement entre l'hypnose et les états analogues ne doit être négligé, ni considéré HYPNOTISME. 737 comme impossible. On doit rejeter seulement la confusion généralisée, cai^actéristique de la doctrine de Nancy. Conception pathologique de l'hypnose. — Une opinion tout à fait contraire a été émise par un grand nombre de médecins, et par l'École de Paris en particulier : l'bypnose n'a aucun rapport avec le sommeil ordinaire; c'est un état rare, pathologique, une névrose expérimentale. Mais pas plus que l'idée précédente, cette doctrine ne fut le résultat d'une analyse scientifique complète et impartiale. Ici encore, du moins à son origine, elle a été inspirée par un esprit de contradiction contre les charlatans, qu'il fallait ridiculiser à tout prix, après avoir profité de leurs découvertes. Les anciens magné- tiseurs faisaient grand cas de leurs somnambules : ils les présentaient presque comme des êtres supérieurs, doués de qualités surnaturelles, dont la valeur s'imposait à eux d'autant plus facilement que la critique des observateurs laissait souvent beaucoup à désirer. Ne pouvant plus nier le fait du somnambulisme artificiel, on s'efforça de l'abaisser, en le présentant comme un état pathologique, comme une aberration de l'esprit. A la prétention des magnétiseurs qui guérissaient des maladies, réputées incurables, par le somnambulisme provoqué, ou répondit par une assertion contradictoire : « Vous aggravez Tétat nerveux des hystériques; vous leur inculquez une névrose nouvelle. » Finalement on est arrivé à une conception patholof/ique de l'hynose. Examinons si une pareille opinion se peut soutenir. Nous connaissons un petit nombre de maladies expérimentales : on les provoque par des manœuvres chirurgicales ou par des injections bactériologiques, on n'est pas en état de les faire disparaître avec la même facilité. Avons-nous le droit d'appeler « maladie » un état qu'on provoque et supprime à volonté, sans le moindre inconvé- nient pour le sujet, et sans aucune opération chirurgicale, chimique ou bactériologique? On n'appelle pas malade un homme qui est seulement ivre, car ce serait élargir outre mesure l'idée de maladie. On dit qu'il se trouve dans un état anormal et passager d'excitation toxique, sans cependant être malade. 11 pourrait tomber dans une maladie, le delirlum treinens, par exemple, à la suite d'une intoxication trop forte et trop prolongée, mais ce n'est pas comparable. Or l'hypnose ne présente aucune intoxication; elle peut être répétée et prolongée à volonté, sans déterminer le moindre malaise, à condition d'être conduite d'après les règles. Au contraire, elle rend l'organisme plus réfractaire aux maladies. Il y a à Paris des somnambules de profession, très âgées, qu'on endort plusieurs fois par jour depuis leur jeunesse et qui se portent admirablement. La narcose produite par l'éther ou le chloroforme est-elle une maladie? On aurait presque le droit de l'appeler ainsi, parce qu'elle constitue une vraie intoxication, qui ne se laisse pas dissiper sur commande, et qui quelquefois, même quand elle est conduite d'après les règles, rend le patient vraiment malade pendant des semaines. Elle ne peut être répétée ni trop souvent, ni trop longtemps, ni dans certains cas de faiblesse ou de troubles organiques. Et cependant on ne dit pas que c'est une maladie. On dit seu- lement que c'est un état artificiel, anormal. L'hypnose, du moins celle qui chez les magnétiseurs porte le nom de sommeil magnétique, peut être déterminée chez les indi- vidus les plus débiles, et j'ai pu provoquer cet état dans un cas d'insuffisance mitrale, avec profit pour le malade. La menstruation est-elle une maladie? Non, puisque c'est un état physiologique, normal, nécessaire. Ce qui n'empêche pas que la plupart des femmes en souffrent réel- lement. Il y aurait une confusion dans nos idées, si l'on tendait la notion de la maladie, déjà assez confuse par elle-même, jusqu'aux états intermittents des conditions physiologiques. Mais, dira-t-on peut-être, les signes caractéristiques de l'hypnose, celle du moins qui est produite par les médecins en dehors de l'école nancéenne, ont des caractères pathologiques ? En réalité, il n'y a de pathologique, dans l'hypnose, que ce qu'on y veut bien mettre. Et on peut y mettre ce qu'on veut : la santé comme la maladie. L'hypnose n'est jamais pathologique en elle-même. Seulement la propriété qu'elle possède de révéler des symptômes morbides, latents dans l'organisme, détermine souvent le mé- lange des caractères de l'hypnose proprement dite avec les symptômes des maladies existantes, qui présentent un aspect pathologique. Mais là encore ces aspects sont rela- tifs : car le transport d'une maladie, propre à l'état de veille, dans l'état de somnambu- DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOMK Vllf. 47 738 HYPNOTISME. lisme provoqué, constitue une méthode thérapeutique, qui peut guérir radicalement. Il fau- drait, si l'on en doute, expérimenter sans parti pris ; et ne pas continuer à propager cette erreur, qui entrave énormément le progrès, que l'hypnose est un état patholo- gique. A ce compte, il faudrait appeler le sommeil ordinaire un état pathologique, puisqu'il s'accompagne souvent d'hallucinations spontanées, lesquelles ne se manifestent jamais dans l'hypnose, raisonnablement conduite, chez des sujets sains. L'hypnose n'est pas un état simple, toujours identique : elle se présente sous quantité de formes diverses; mais dans toutes ces formes, prise en elle-même, elle constitue un état de repos, de reconstitution, d'équilibration des forces, qui n'a rien de maladif en soi; bien au contraire. C'est donc un état anormal, provoqué, mais non pathologique. Sensibilité hypnotique. — Il nous faut maintenant développer une idée, extrême- ment importante, basée uniquement sur l'expérience, et cependant également étran- gère aux doctrines des deux écoles. On pourrait croire qu'entre deux opinions ^contra- dictoires tertium non datur. Il n'en est pas ainsi. La conception de l'hypnose physiologique étant aussi erronée que la conception de l'hypnose pathologique, quelle est sa nature? quelle est la condition essentielle de sa production, conditio sine quâ non? Cette condition, elle est de nature subjective. Ni le fluide, ni aucun autre agent phy- sique extérieur, ne peuvent produire l'hypnose là où cette condition subjective manque. Voilà une vérité, un peu vague encore, mais tout à fait bien établie. C'est un résultat positif — peut-être le seul— ^ de cette acharnée et interminable opposition que la science classique a faite aux découvertes des magnétiseurs. Malgré toutes les divergences d'opi- nion, les expérimentateurs sont d'accord sur un point: Vexistence des réfractaires. Leur nombre est très grand, suivant l'école de Paris; très petit, suivant l'école de Nancy; assez grand, suivant les magnétiseurs; mais enfin tous s'accordent à reconnaître l'exis- tence de deux catégories physiologiques des humains : les sensibles et les réfractaires, les hypnotisables et les non-hypnotisables. Sans tenir compte des transitions, qui existent partout — natura non facit saltus, — et en considérant seulement les extrêmes, nous voilà en présence d'un fait, non soupçonné avant la découverte de l'hypnotisme : c'est qu'il peut y avoir une énorme différence dans les réactions physiologiques de deux individus de même espèce. Il y a aujourd'hui encore des règles générales que l'on applique indifleremment à tout le monde. Lorsqu'il faut faire une opération chirurgicale, on chloroforme même ceux chez qui l'anesthésie hypnotique serait préférable. Lorsqu'il s'agit de l'insomnie, on administre un narcotique, alors que pour un sensitif, une suggestion aurait suffi. Dans l'anémie, tout le monde reçoit le fer, quoique chez un certain nombre de sujets le même métal, ou un autre, appliqué extérieurement, eiit mieux réussi. On empoi- sonne le cerveau avec du brome, alors que des passes ou une simple imposition de la main calmeraient beaucoup mieux. Et ainsi de suite. Voici deux hommes d'une apparence semblable. Je leur dis : Vous ne pourrez pas traverser cette ligne que je trace sur le plancher: et réellement l'un d'eux reste cloué sur place, tandis que l'autre traverse la ligne en riant. L'un s'endort parce qu'il se croit magnétisé, et l'autre ne s'endort pas, même après une centaine de magnétisations. Ces faits sont-il connus? Oui. En a-t-on tiré une conséquence? Non. Auparavant on les considérait comme impossibles, contraires à la physiologie, et qui «bouleverseraient toute notre science, s'ils étaient vrais ». Aujourd'hui, ils sont reconnus vrais, et l'on ne pense plus au bouleversement. Précisons les faits acquis. Je nomme sensibilité hypnotique Vensemble des conditions subjectives, qui rendent un organisme capable de subir des influences, apparemment minimes et nulles pour les autres. Cette aptitude conditionne, non seulement la production de l'hypnose, mais aussi quantité de réactions faciles, nettes, utilisables dans un sens ou dans l'autre, et tout à fait étrangères aux catégories connues. Cette aptitude spéciale, de quoi dépend-elle ? Influence du sexe. — Malgré les apparences, elle ne paraît pas grande. Si l'on entend beaucoup plus souvent parler des femmes somnambules que des hommes, cela tient surtout à cette circonstance que ce sont presque exclusivement les hommes qui hypno- HYPNOTISME. 739 lisent, et ceux-là clioississent plus volontiers leurs sujets parmi les femmes. L'opinion de Teste, que « les femmes sont incomparablement plus magnétisables » (hypnotisables) « que les hommes », opinion d'ailleurs très répandue, ne me paraît pas fondée, .rai trouvé, il est vrai, une prépondérance marquée parmi les femmes malades; mais elle est compensée par une proportion moindre parmi les femmes bien portantes. J'attribue ce résultat à une résistance plus grande des hommes sensitifs vis-à-vis des inlluences pathogènes, et cette résistance tient peut-être à une vie plus active. Cependant, ayant obtenu des chiffres très inégaux dans diflerentes séries d'expériences, je n'ose pas me prononcer là-dessus définitivement. On sait que Donato et Hansen expérimentaient presque exclusivement sur des hommes, et que la découverte du somnambulisme par PuYsÉGUR (Mesmer gardait le secret de l'existence de cet état auprès de ses élèves non médecins) s'attache au nom du petit paysan Victor. Charcot expérimentait uniquement sur des femmes (hystériques), mais l'école de Nancy, dont l'expérience est incompara- blement plus étendue, n'a pas trouvé une différence sensible. «Il ressort du tableau sta- tistique de Beaums, dit Bernheim, que les proportions des sujets hynoptisables sont à peu près les mêmes chez les hommes et chez les femmes, et qu'en particulier, contraire- ment à l'opinion courante, la proportion est presque identique, pour ce qui concerne le somnambulisme : 18,8 p. 100 chez les hommes; 10,4 p. 100 chez les femmes. » On a prétendu que la menstruation prédispose les femmes à l'hypnotisme. C'est encore une erreur : quelquefois il y a une petite différence en plus, quelquefois une petite différence en moins, mais le plus souvent la prédisposition reste absolument la même. En tous cas je n'ai jamais observé d'aptitude hypnotique qui ne se manifeste que pendant la menstruation. Il en est de même pour la ménopause, contrairement aux observations insuffisantes de Teste. La seule forme de l'hypnose qui paraisse être en quelque relation avec la puberté et la ménopause, relation favorable dans le premier cas, défavorable dans le second, c'est la trance médianique, degré supérieur et modi- fication spéciale du somnambulisme profond. Si le sexe, en général, n'influe pas sur le nombre des personnes hypnotisables, il influe assez nettement sur les formes caractéristiques de l'hypnose. Les femmes sont plus souvent bavardes en somnambulisme, elles ont une tendance spéciale aux discus- sions scientifiques et à une propagande religieuse ou morale ; il y a plus de diversité dans leur sommeil, plus de pose : une prédisposition certainement plus grande à la simulation par complaisance. L'aspect général des phases est plus artisti'que, plus théâ- tral, et leur finesse dans les suggestions par conjecture n'est pas comparable à celle des hommes. Charcot aurait eu plus de difficulté dans la création de son « grand hypno- tisme », s'il avait expérimenté sur des hommes. Ces derniers présentent, plus souvent l'abrutissement par fascination, avec phénomènes plus marqués de l'athlétisme hypno- tique (utilisé surtout par Haxsex), et leurs explications, quant à la nature des effets obtenus, sont généralement plus exactes ou, du moins, plus compréhensibles, car les femmes se sei'vent souvent de mots quelles ont entendus sans les comprendre. Elles ont également une tendance à créer des noms nouveaux, et les seuls cas de glossolalie, c'est-à-dire de la ci"éation inconsciente d'une langue nouvelle (observés par Korneh, par moi, — observation inédite — et par Flournoy), se rapportent à des femmes. Influence de l'âge. — Question très embrouillée par les auteurs, malgré sa simpli- cité apparente. Teste affirme qu'ayant magnétisé un grand nombre d'enfants, depuis 6 mois jusqu'à 5 ans, il n'a presque jamais réussi. Braid, Azam, Berger sont du même avis. Liébeault, au contraire, n'a pas eu d'insuccès. Comment expliquer cette contra- diction? Je crois qu'elle tient surtout à une confusion déjà indiquée entre le magné- tisme et l'hypnose. Liébeault a magnétisé un grand nombre d'enfants par l'impositior. de la main et par l'emploi de l'eau magnétisée, et il les a tous influencés, en obtenant des résultats thérapeutiques extraordinairement favorables. Il faut lire, à ce sujet, son Élude sur le Zoomagnétisme (1883). Or il est certain que le magnétisme agit sur les enfants avec une surprenante facilité. Si les mères savaient ce qu'elles peuvent obtenir par une simple imposition des mains, elles auraient moins recours aux remèdes pharmaceutiques. Teste cherchait le somnambulisme. Aussi a-t-il eu des déboires; car il est réellement rare qu'on puisse obtenir sur des enfants les formes complètes de l'hypnose. Il faut pour cela un développement avancé des facultés. Teste explique son 740 HYPNOTISME. échec par le manque d'une attention concentrée chez les enfants, et par le manque de foi. En réalité, la foi guérit souvent; mais elle ne conduit qu'à une sensibilité imagi- naire, lorsque la vraie fait défaut, et la concentration de l'attention constitue plutôt un facteur anti-hypnotique, qui maintient la veille, le travail mental, la conscience ; tandis que, pour faciliter l'hypnose, il faut de la passivité, et une immobilité mentale aussi grande que possible. Les données de Liébeault, rendues manifestes dans le tableau de Beaunis, restent pour moi incompréhensibles. 11 en ressort que Liébeault a obtenu 26,5 p. 100 de som- nambules chez les enfants au-dessous de 7 ans, et 55,3 p. 100 de 7 à 14 ans! Ce sont des proportions qui manifestent trop l'inlluence de l'obéissance, admise par cet auteur et ses élèves. Pour moi, la soumission des enfants et des gens du peuple peut conduire à une simulation, mais non à l'hypnose vraie. Ne devient pas somnambule qui veut. Mais, lorsqu'on est suggestionné par la généralité des succès magnétiques obtenus, et que l'on s'est convaincu de cette idée fausse (l'identité de l'influence magné- tique avec les différents degrés de sommeil), on cesse d'être observateur, et on voit du somnambulisme là oii il n'y a que complaisance. Voici le tableau complet, tel qu'il a été dressé par Beaunis, d'après les données de Liébeault : Proportion des sujets fiypnotisables . Sommeil très Sommeil Sommeil Non Age. Somnambulisme. profond. profond. léger. Somnolence. influencés Jusqu'à 7 ans . . . . 26,5 4,3 13 52,1 4,3 » 7 à 14 ans. , . . . 55,3 7,6 23 13,8 )i n 14 à 21 — . . . . 2S.2 5,7 44,8 5,7 8 10,3 21 à 28 — . . . . 13,2 5,1 36,7 18,3 17,3 9,1 • 28 à 35 — . . . . 22,6 5,9 34,5 17,8 13 5,9 35 à 42 — . . . . 10,5 11,7 35,2 28,2 5,8 8,2 42 à 49 — . . . . 21,6 4,7 29,2 22,6 9,4 12,2 49 à 56 — . . . . 7,3 14,7 35,2 27,9 10,2 4,4 «6 à 64 — . . . . 7,3 8,6 37,6 18,8 13 14,4 64 et au delà- . . . 11,8 8,4 38,9 20,3 6,7 13,5 « Ce qui frappe, dit Beaunis, dans ce tableau, c'est la forte proportion des somnam- bules dans l'enfance et dans la jeunesse (26,5 p. 100 de 1 à 7 ans, et 55,3 p. 100 de 8 à 14 ans) ; on remarquera aussi que, pour ces deux périodes de la vie, tous les sujets, sans exception, ont été plus ou moins influencés. Dans la vieillesse, au contraire, on voit le nombre des somnambules décroître, mais tout en restant encore à un chiffre relativement élevé (7 à H p. 100) « (Bernheim, De la Suggestion, 1886, p. 14). Depuis 1 886, tous les auteurs répètent ces chiffres et ces remarques ; mais, en y regar- dant de près, et abstraction faite des exagérations, quant au chiffre des enfants som- nambules, on peut y voir également autre chose. (Remarquons, en passant, qu'il y a dans ce tableau trop d'erreurs arithmétiques. Toutes les séries, sauf la quatrième, sont inexactes, car le nombre des réfractaires pour chaque âge, additionné au nombre des hypnotisables, n'atteint jamais la somme de 100,0, sauf pour la plus tendre enfance, oîi elle est dépassée ; Liébeault a réussi à endormir plus d'enfants qu'il n'en a eu : 100,2 sur 100,0.) Ensuite, si, au lieu du somnambulisme, trop facile à simuler, on prend comme terme de comparaison le sommeil profond, on aura, en moyenne, pour les deux pre- mières séries de l'enfance, 10,9, et pour les trois dernières séries de la vieillesse, 37,2, ce qui pourrait faire croire que les vieillards sont deux fois plus hypnotisables que les enfants. Et l'on obtiendrait même une aptitude plus de quatre fois plus grande, en comparant le premier degré de l'hypnose, caractérisé par 19,7 pour les vieillards des deux dernières catégories et seulement par 4,3 pour les deux premières catégories de l'enfance. Si, au contraire, on est d'avis que c'est le sommeil « très profond » qui donne une mesure plus exacte, on aura tout de même 17,0 pour les vieillards, et seule- ment 11,9 pour les enfants. Enfin, si, mécontents d'une comparaison simple, nous HYPNOTISME. 741 voulions nous baser sur la relation qui existe entre le nombre des cas de sommeil léger par rapport au nombre des cas de sommeil profond, on aura : Sommeil Sommeil léger. profond. Au-dessous de 7 ans.. ..... 52,0 1.3,0 6 i ans et au delà 20,.'î 38,9 ce qui semblerait prouver, encore une fois, que les vieillards sont beaucoup plus facile- ment hypnotisables que les enfants. Veut-on prouver que l'âge mûr est plus impression- nable que l'enfance? C'est encore possible avec le même tableau. On n'a qu'à comparer la fréquence du sommeil profond à l'âge de 49 à 56 ans, qui est de 3.j,2, avec la fré- quence du même degré dans l'enfance, marqué par le chiffre 13. — Mais si, au lieu de prendre des chiffres détachés, on additionne toutes les formes de l'hypnose pour la. jeu- nesse de 14 à 21 ans, en comparaison avec la somme pour 65 ans et au delà, on aura : d'un côté, 89,4, et de l'autre, 86,1, c'est-à-dire la même chose. Le nombre des réfrac- taires à ces différents âges sera aussi à peu près égal : 10,3 et 13,5. Et pourtant la plu- part des auteurs, suggestionnés" par Liébeault, répètent toujours qu'il est beaucoup plus facile d'hypnotiser les jeunes que les vieux! En vérité, l'âge n'a pas d'inlluence décisive sur l'existence ou la non-existence de la sensibilité hypnotique; les chiffres donnés par Liébeault pour l'enfance sont illu- soires, et tous ses chiffres sont, en général, exagérés, sauf pour les réfractaires à la suggestion, dont le nombre est incomparablement plus grand en réalité. La sensibilité hypnotique subit l'influence de l'âge, comme toutes les autres fonctions de l'organisme; et plutôt moins. Elle se développe avec les autres facultés, et ne peut donner sa manifestation complète qu'avec le développement complet des facultés. Elle décroît dans la vieillesse, comme toutes les autres sensibilités, mais, en prin- cipe, elle persiste. On naît sensitif, et on meurt sensitif; on naît réfractaire, et on meurt réfractaire. Il n'y a que des changements de degré et de forme, déterminés tantôt par l'âge seul, et tantôt par d'autres facteurs dont nous parlerons plus loin. Une seule forme de l'hypnose, la plus élevée, la plus subtile, la plus créatrice, nom- mée transe, semble subir une influence décisive de l'âge. Elle peut disparaître presque complètement dans la vieillesse. Influence des maladies. — Faut-il être malade pour être hypnotisable? Et en parti- culier faut-il être hystérique, épileptique, anémique, neurasthénique, ou du moins très nerveux? Non. Il y a un grand nombre de personnes débiles, très nerveuses, très Imaginatives, et non hypnotisables. Elles présentent quelquefois ce que j'appelle : une sensibilité hypnotique imaginaire. Elles ont peur de tout, tressaillent à la moindre impression, elles croient facilement à tout : « on n'aurait qu'à les regarder pour les endormir », et, en réalité, il n'en est rien. Examinées à l'hypnoscope, elles ont toutes sortes de sensations extraordinaires, mais ne présentent aucun changement objectif dans la sensibilité cutanée. A une seconde épreuve, les sensations extraordinaires dimi- nuent ou disparaissent. De même les tentatives d'hypnotisation, qui paraissent d'abord produire quelque chose, ne produisent ensuite absolument rien. D'un autre côté, un certain nombre de personnes calmes, équilibrées, fortes, et qui n'ont jamais été sérieu- ement malades, sont profondément sensitives. Parmi les épileptiques on trouve très souvent des réfractaires, malgré les assurances contraires de Maggiorani. Et quant à l'anémie, c'est une illusion de Heidenhain, basée sur une expérimentation insuflisante, que de croire qu'elle conditionne l'hypnose. De même pour la neurasthénie. C'est surtout pour l'hystérie que les relations avec la sensibilité hypnotique sont importantes. En distinguant deux formes principales de l'hystérie : la grande (plus ou moins convulsive), et la petite, dont les menus symptômes fonctionnels sont innom- brables, on trouvera que réellement presque toutes les hystériques à convulsions^ à contractui'es, à changements subits de la sensibilité, sont facilement hypnotisables et que, parmi les petites hystériques, il y en a peu. Ce fut une idée de Charcot qu'il n'y a que les hystériques qui soient hypnotisables, et que le grand hypnotisme n'est qu'une forme expérimentale de la grande hystérie. Le reste, ce sont des formes frustes, étudiées à Nancy, « où l'on n'a jamais vu une vraie hystérique ». (J'étais présent à une 742 HYPNOTISME. séance de la Société de psychologie physiologique oii Charcot émit celte opinion contre Bernheim, en l'appuyant d'un coup de poing sur la table.) Il avait raison. On n'a jamais vu à Nancy « une vraie hystérique ». Ni à Nancy, ni ailleurs. Et je dois ajouter qu'on ne la verra plus. Ce type, modulé à la Salpêtrière, avec tant de soins inconscients, immortalisé avec tant de précision nosographique dans le livre classique de Paul RicHER, ne ressuscitera plus; pour cette simple raison, que la croyance en son exis- tence ne pourra plus être évoquée*. (Nous examinerons plus loin, dfins le chapitre « Tau- lologie expérimentale », ce genre spécial de créations scientifiques. Or le grand hypno- tisme appartenait à la même catégorie. On s'imaginait qu'il était l'iipanagede la grande hystérie, telle qu'elle avait été observée dans le service de Charcot, mais en réalité tous les deux constituent une création artificielle. Si à Nancy on produisait par sugges- tion une quantité de somnambules, sans s'inquiéter des signes plus ou moins véridiques de leur état, à la Salpêtrière on torturait un tout petit nombre d'hystériques, pour en tirer l'aveu d'un stigmate objectif, indiscutable. Comme tous les physiologistes qui se contentent d'une étude méticuleuse sur un ou deux sujets, convaincus qu'ils sont de l'unité physiologique du genre humain, Charcot arriva à des généralisations tout à fait illusoires. Il n'a même pas essayé de vérifier si réellement toutes ses hystériques étaient hypnotisables. Cependant, après ma communication sur l'hypnoscope, à la Société de Biologie, en 1884, il m'invita ù faire des essais à la Salpêtrière. Il fit venir 14 femmes hystériques, séparément l'une après l'autre, et j'étais chargé de les soumettre, pendant deux minutes chacune, à l'épreuve de l'hypnoscope. Le résultat fut que, sur ces 14 malades, je n'en ai trouvé que 4 d'hypnotisables, et encore, parmi ces quatre, il n'y avait qu'une seule, que j'aie déclaré pouvoir être hypnotisée dès la première séance, .l'appris ensuite que c'était la célèbre Wittiiax^, la principale coupable du grand hyp- notisme. Les trois autres n'étaient sensibles qu'à des degrés moindres, et les dix res- tantes, point du tout. On a vérifié ensuite, pour la plupart d'entre elles, sinon pour toutes, que c'était exact. Il est donc tout à fait erroné de croire que tous les hystériques sont hypnotisables. On ne trouve un taux réellement très élevé que parmi les hystériques à forme convul- sive. Et c'est cette circonstance, facile à constater, qui fit naître la croyance à une rela- tion intime, causale, entre Thystérie et l'hypnose. Cette relation est certaine, et l'analogie entre les symptômes de l'hystérie et ceux de l'hypnose, indiscutable. Seulement — et c'est là un point capital, que je défends à peu près seul, depuis plusieurs années — pour être vraie, cette relation doit être retournée. On ne doit pas dire : c'est l'hystérie qui prédispose à l'hypnose. On doit dire : c'est la sensibilité hypnotique qui prédispose à l'hystérie. Remarquons bien que la différence est capitale. Dans la première concep- tion, la sensibilité hypnotique, comme aptitude spéciale physiologique, n'existe pas: il n'y a que l'hystérie et ses conséquences, on est en pleine pathologie : une diathèse morbide prend différentes formes; sa forme expérimentale, plus ou moins analogue au sommeil, s'appelle hypnose. Elle est liée indissolublement à cette diathèse ou à cette névrose, naît et disparaît avec elle. Si, chez un sujet donné, la névrose semblait absente auparavant, et si l'on réussit tout de même à provoquer l'état hypnotique, c'est que, par imprudence, on provoque une maladie, on crée une névrose expérimentale. Les applications thérapeutiques de l'hypnotisme deviennent illogiques, et la physiologie, elle aussi, ne gagne à peu près rien, par la découverte de l'hypnotisme. Si, au contraire, la vérité est du côté de la seconde conception, la sensibilité hypno- tique constitue une diathèse spéciale, mais physiologique, qui prédispose à l'hypno- tisme et à l'hystérie en même temps; l'hypnose est un état anormal, mais non patholo- gique : ses applications deviennent possibles et utiles, et la physiologie gagne une vérité nouvelle, pleine de conséquences imprévues, qui transforment la doctrine schématique de l'unité nerveuse de l'espèce humaine. On sera étonné de la largeur des horizons que cette conception va nous ouvrir, non seulement dévns les diverses branches de notre savoir, mais aussi pour la vie pratique. Remarquons bien que, dans cette deuxième conception, il ne suffit pas d'admettre la 1. Ce qui n'empêche pas, cette restriction faite, que l'intéressant travail de Paul Riciîer ne soit ■ encore utile à, consulter. HYPNOTISME. 743 possibilité de l'iiypnose chez des sujets sains : il faut encore reconnaître l'existence, chez un certain nombre de sujets, sains ou malades, de cette aptitude spéciale, indivi- duelle, innée et persistante (au moins en principe), que nous avons nommée sensibilité hypnotique. Malgré sa simplicité et son évidence, pour quiconque se donne la peine d'analyser les faits un peu attentivement et sans prévention, cette idée n'a pas trouvé de parti- sans, probablement à cause de sa contradiction principale avec tout ce qu'on trouve dans les livres, tant hypnotiques que magnétiques. Il est vrai que Pierre Janet la cite, pour appuyer ses vues personnelles (p. 451); mais il ne paraît pas s'apercevoir qu'elle est en flagrante contradiction avec les siennes. jAprès avt.ir énuméré, ce qui était son droit, les frappantes analogies qui unissent l'hypnose et l'hystérie, il déclare « bien exagérée, l'opinion qui soutient que le somnambulisme n'est rien d'autre qu'une manifestation de l'hystérie ». Mais il distingue l'hystérie et les symptômes d'hystérie, ce qui rappelle un peu les universalia ante rem des réalistes du xi'' siècle. « Les symp- tômes d'hystérie, dit-il, n'appartiennent pas à une maladie unique, toujours la même dans son origine et dans son évolution : ils se retrouvent au cours d'autres maladies, tout à fait différentes. Dans la fièvre typhoïde, dans l'anémie, dans la syphilis, même à la période secondaire, si l'on en croit Fournier, il y a des contractures et des anesthé- sies... Un médecin qui s'occupait aussi d'hypnotisme m'a fait remarquer avec quelle facilité la plupart (?) des phtisiques entrent en somnambulisme. » Or n'est-il pas alors plus juste de dire que. par conséquent, le somnambulisme pro- voqué n'a rien à faire avec la phtisie, la syphilis, la fièvre typhoïde, qu'il dépend du malade et non de la maladie, et que la prédisposition pour l'hypnose, aussi bien que pour l'hystérie (ou toute autre maladie sine mater ia), tient aune diathèse physiologique, à une particularité individuelle? Pierre Janet préfère rester dans la pathologie et con- sidérer le somnambulisme des phtisiques comme appartenant à la catégorie des « symp- tômes hystériques accompagnant les maladies banales ». Et dans la suite, en rappelant la définition de Féré, que « les hystériques sont en état permanent de fatigue, de para- lysie psychique », il élargit encore sa conception, en appelant l'état maladif, favorisant l'hypnose, la misère psychologique. En conséquence il ne reconnaît pas la possibilité d'hypnotiser les gens tout à.fait bien portants : d Que l'on fasse, écrit-il, une expérience bien simple : que l'on prenne une vingtaine de personnes, des hommes de préférence, de trente à quarante ans (?), bien portants au physique et au moral, n'ayant aucune hérédité, ni aucun antécédent névropathique, et que, sans les procédés fatigants qui com- mencent par les rendre malades, on essaye de provoquer chez eux le somnambulisme caractéristique, ou l'écriture automatique*. Si l'on obtient ces phénomènes sur la moitié seulement (?) de ces personnes, nous nous rendrons très volontiers et nous reconnaî- trons que le somnambulisme est normal (?). Mais, l'expérience n'ayant pas été faite, nous douions encore beaucoup du résultat», p. 451. P. Janet voudrait trop prouver à la fois. D'abord personne n'a jamais prétendu que le somnambulisme provoqué est normal. II est anormal, sans cependant être pathologique. Ensuite, il est exagéré de demander 50 p. 100 de réussites, puisqu'on ne pourra pas arriver à ce pourcentage chez des malades avérés. Je ne comprends pas non plus pour- quoi on devrait se borner à l'âge de 30 à 40 ans? Janet penserait-il qu'à cet âge on est plus rarement malade, qu'entre 20 et 30 ans? Enfin l'expérience a déjà été faite. Sans parler de l'école de Nancy, sans parler des milliers de personnes plus ou moins bien portantes, hy(»notiséeS par Donato et Hansen, sans parler des expériences de Harry Vincknt, qui prétend pouvoir hypnotiser plus facilement les personnes bien portantes que les malades, et avoir obtenu 96 p. 100 de succès sur les membres de l'Université d'Oxford, je ne mentionnerai que mes propres observations. Après avoir commencé à expérimenter sur mes camarades d'école (en 1867), pendant de longues années, jusqu'à 1879, je n'ai pas osé agir sur un malade, de peur de lui occasionner du tort. Je croyais aux craintes des médecins, et je me refusais de croire aux asser- tions véridiques des anciens magnétiseurs. Mais, depuis lors, j'ai eu l'occasion de me convaincre : 1" que la sensibilité hypnotique n'a rien à faire avec une maladie quel- conque; 2° qu'elle constitue une particularité individuelle, innée, et pour la plupar 744 HYPNOTISME. héréditaire, comme par exemple l'oreille musicale. I^a dilléreiice consiste seulement dans ce fait que l'oreille musicale ne conduit à aucune maladie, tandis que la sensibi- lité hypnotique, par sa nature même, prédispose d'une façon spéciale et compréhensible, aussi bien à la production du somnambulisme artiticiel qu'à l'éclosion des maladies nerveuses fonctionnelles. Un bàlon flexible et élastique peut prendre les différentes formes qu'on lui donne; un bâton rigide s'y oppose ou se casse, sans se plier. Il en est de même pour les orga- nismes. Ceux qui présententcette ilexibilité physiologique dontnous parlons, manifestent plus souvent diverses modifications fonctionnelles, tantôt anormales seulement, et tantôt pathologiques, tandis que d'autres, plus difficiles à manier, à impressionner, à ébranler, ou bien résistent à l'action, ou bien subissent un changement profond, une lésion organique. Il y a beaucoup plus de sujets hypnotisables dans l'hystérie que dans l'ataxie locomotrice, mais ce serait une erreur de croire que la première prédispose, et que la seconde s'oppose au somnambulisme. Ces faits prouvent seulement que,sous l'intluence de facteurs pathogènes analogues, les divers types nerveux réagissent diffé- remment. Et quant à l'identification de la sensibilité hypnotique avec la misère psy- chologique, je ne la trouve pas acceptable. Certes, une sensibilité plus grande, de n'im- porte quelle nature, peut être, sous certains rapports, assimilée à une faiblesse. Mais peut-on appeler faiblesse une acuité visuelle plus prononcée, une dextérité et une endu- rance plus grandes de cerlains muscles"? Et puis, même là où ce mot paraît s'appliquer, comme par exemple pour la sugges- tihilité en général, nous voyons, là encore, «les faits de nature contraire : la suggestibi- lité, qui semble dénoter une sorte de faiblesse, conduit cependant aussi bien à une inhibition qu'à une dynamogénie. Si l'on veut se servir absolument du mot faiblesse ou misère, pour caractériser la suggestibilité, il faut tout de suite ajouter que ce n'est pas une faiblesse ou misère pure et simple, mais une prédisposition, un moyen, qui peut être employé indifféremment, pour le bien ou pour le mal, pour augmenter la débilité, ou pour redonner des forces. Et alors est-ce bien une faiblesse, ce qui donne la force? Est-ce bien une misère, ce qui augmente la richesse? Un seul argument de P. Janet parait inattaquable, mais.il est basé sur une illusion. Nous rexamii>erons plus loin. Influence; des tempéraments et de l'intelligence. — Laissons la pathologie, et voyons le tempérament qui conditionne l'aptitude à l'hypnose. Est-ce le tempérament nerveux, sanguinaire, mélancolique ou lymphatique, etc.? On trouvera dans les auteurs quantité d'assertions à ce sujet. Teste affirme qu'il faut être nerveux, et cette opinion est très répandue. « Les tempéraments nerveux, dit Ch. Riche;t, sont, comme on le pensera sans peine, plus susceptibles que les autres. » Mais il ajoute : « Cependant quelquefois on réussit très bien avec des femmes pâles et lymphatiques, et on échoue avec les femmes nerveuses. >> C'est cette dernière observation qui est plus juste. Si l'on a si souvent confondu la sensibilité hypnotique avec la nervosité, c'est par une simple association des mots nervosité et sommeil nerveux. A vrai dire c'est une question de terminologie, mais, en se bornant à la conception populaire de nervosité, on arrive à cette conclusion qu'elle n'a rien à faire avec la prédisposition à l'hypnose. Hansen préférait les tem- péraments actifs et les constitutions robustes et musculaires. Harry Vincent dit éga- lement : <( Les plus difficiles de toutes sont les personnes d'un tempérament faible et chancelant », et, tandis que la plupart des auteurs traitent de neurasthéniques les -sujets hypnotisables, Harry Vince.nt dit au contraire : « Certaines personnes présen- tent à l'hypnotiseur des difficultés presque insurmontables : ce sont les neurasthé- niques... L'opinion que les sujets hystériques et faibles de corps, ou d'esprit, sont plus facilement hypnotisables que les autres, est contredite par l'expérience de tous les hypnotiseurs. Un esprit fin, intelligent, sera plus facilement hypnotisable qu'un esprit lourd, sans instruction; un homme sain, plus facilement qu'un homme malade. » Ce qui n'empêche pas que certains auteurs voient de l'imbécillité partout où l'hypnose est réalisable. Pour Lloyd Tucrey les idiots et les types purement intellectuels sont également difficiles ù hypnotiser, et c'est le tempérament animal qui est favorable. HYPNOTISME. 7^5 En outre, il faut être gai et avoir une intelligence lente. Pour Teste, il faut être ner- veux et très maigre. Pour Hinscn, les matérialisLes et les gens sarcastiques sont réfrac- taires. Une seule remarque de ce dernier auteur est assez juste, celle qui unit une grande sensibilité musicale avec la sensibilité hypnotique. Mais l'inverse se rencontre également. Pour Preyer les personnes qui se fatiguent facilement sont plus facilement hypnotisables (jue celles qui présentent une endurance pour la fatigue, ce qui est tout à fait faux. Comme la logique n'a rien à faire dans ces appréciations, le même physio- logiste, après avoir répété l'opiiuion de Braid, concernant la fatigue, répète celle de Bernheim, concernant l'obéissance : les soldats sont pour lui très facilement hypnotisables, étant habitués à obéir. Il parait cependant qu'ayant plus d'endurance ils devraient être plutôt réfractaires. Je ti'ouve inutile de continuer les citations. D'après mon expérience d'une quaran- taine d'années, ni le tempérament, ni le degré d'intelligence ou d'instruction, ni le manque, ni l'excès de forces, ne décident rien en faveur de la sensibilité ou contre elle. Elle existe par elle-même à des degrés différents, ou n'existe pas du tout. Les asser- tions contradictoires ne sont basées que sur cette mauvaise habitude, malheureusement très répandue, d'induire arbitrairement du particulier au général. Influence de la race et du climat. — Les expériences hypnotiques faites dans divers pays n'ont pas donné de différences marquées par rapport aux nationalités. Cependant il ne faut pas oublier que, pour avoir le droit de conclure dans un sens ou dans l'autre, il faudrait des statistiques, qui jusqu'à ce moment sont absolument insuffisantes. Mon impression personnelle est que, si les nationalités européennes se distinguent peu sous ce rapport, la race juive paraît dotée d'une proportion plus grande de sensitifs. Mais cela peut tenir au hasard, car le nombre des juifs hypnotisés par moi, qui me paraît présenter un pourcentage beaucoup plus élevé, ne dépasse pas une cinquantaine. Aux Indes la population autochtone paraît très sensible. Esdaille y a fait 260 opé- rations dans des conditions d'insensibilité hypnotique, qui semblent dépasser tout ce qu'on peut obtenir en Europe, L'existence des Fakirs parle aussi en faveur de cette supposition. (( Une étrange influence sur l'aptitude à l'hypnose, dit (jEssmann, est due à certaines conditions climatériques. Les méridionaux, et en général les personnes ayant longtemps subi l'action des tropiques, sont généralement beaucoup plus facilement hypnotisables que les habitants des climats froids ou modérés. » Cela est possible, mais les preuves manquent. Influence de la profession. — En examinant à l'hypnoscope les gens de diverses professions, on constate certaines diflerences qui méritent d'être mentionnées. Les extrêmes se rencontrent d'un côté chez les médecins, et de l'autre chez les artistes dra- matiques. Chez les premiers je n'ai trouvé que '.) p. fOO d'hypnotisables, et, parmi les seconds, 80 p. 100. A quoi tient cette énorme dilTérence? Certes, ce n'est pas une vraie influence de la profession. Ici encore, comme pour les maladies, les dépendances doi- vent être renversées, pour exprimer la réalité. Les jeunes gens sensitifs supportent difficilement l'étude médicale. Boerhaave mentionne un étudiant qui a été obligé d'interrompre ses études; car il ressentait les symptômes de chaque maladie décrite par le professeur. J'ai connu un médecin, qui, après avoir passé ses études avec grand'- peine, fut obligé de cesser la pratique, pour une cause analogue : il subissait trop l'in- lluence suggestive involontaire de ses malades. Un autre exerce encore, mais il s'est adonné principalement aux travaux littéraires. Cet empêchement n'est pas insurmon- table. J'avais une malade très sensitive qui, après avoir été délivrée par moi d'une grave maladie hystérique, enchantée du résultat, se mit à soigner par le magnétisme les malades de sa contrée, et elle a guéri entre autres un épileptique, dont les fréquents accès n'ont cependant exercé sur elle aucune fâcheuse influence. Mais elle était enthou- siaste, et elle se suggestionnait elle-même pour résister à l'idéoplastie. Pour les acteurs, la suggestibilité constitue au contraire une circonstance favorable. On sait avec quelle facilité les somnambules de Ch. Richet réalisaient le phénomène de l'objeclivation des types, avec quelle grâce le sujet de Magmn présente l'expression des senti- ments, et combien de véritables illusions il y a dans les « transformations i> et les « incarnations » des médiums spirites. Il est donc beaucoup plus facile de devenir acteur et d'arriver à un certain degré de perfection, pour un homme hypnotisable, 7ifi HYPNOTISME. que pour ua non sensitil'. Il est probable que, chez les poètes et les autres artistes, le taux des sensibles dépasse aussi la moyenne. Il doit être au contraire très bas chez les criminels de profession. Une étude comparalive à ce sujet n'a pas encore été faite. Expériences hypnoscopiques. — Ayant mentionné à plusieurs reprises l'hypnoscope ut ses applications, je dois au lecteur quelques explica,lions à ce sujet. C'était en 1880. Bodaszewski, alors assistant de la chaire de physique à l'école polytechnique de Lemberg, et moi, nous voulûmes vérifier la prétendue action de l'ai- mant sur le corps humain. Admise par Mesmer et par d'autres, bien longtemps avant lui, elle a e'té proclamée ensuite par Axdrv et Thouret (1779), par Becker (1829), Bul- MER]NG (1835), Lippic (1846) et Maggiorani (18G9), sans parler de Reichenbach (1856) dont les recherches sur l'od concernaient également, entre autres, l'influence phy- siologique de l'aimant. Ayant réuni quatre de mes meilleurs sujets hypnotiques (tous étudiants de l'Université) et nous plaçant dans de bonnes conditions de contrôle, au labo- ratoire de l'Ecole polytechnique, nous n'avions pu constater aucune des assertions de Reichexbach, concernant les phénomènes lumineux odiques, sauf une acuité visuelle plus grande des sujets poui' les effluves électriques connus. Quant à l'action physio- logique proprement dite de l'aimant, nous l'essayâmes d'abord sur nous-mêmes, sans résultat. Nous nous servîmes d'aimants d'une très grande dimension, appartenant à la machine magnéto-électrique « Alliance ». En tenant un doigt ou une main entre les pôles de ces aimants, nous n'avions constaté que quelques sensations vagues, prove- nant de la fatigue. A ce moment entra M. B., un de mes élèves à l'Université, facilement hypnotisable. Sans lui raconter de quoi il s'agit, je le priai de tenir un doigt à l'endroit indiqué. Quelques minutes après je lui demande : " Sentez-vous quelque chose de parti- culier? — Rien du tout, >> répond-il. Nous voulions déjà conclure que tout est illu- sion (en raisonnant du particulier au général), lorsque M. B. s'exclama : « C'est drôle tout de même, je ne peux plus plier mon doigt! » Et en l'examinant attentivement je constatai que non seulement son doigt était presque en contracture, mais encore qu'il était tout à fait anesthésié. Alors, voyant qu'il faut rechercher non seulement les sen- sations, mais aussi les changements objectifs, l'idée m'est venue d'essayer aussi. les autres jeunes gens hypnotisables. Tous se montrèrent influençables immédiatement à des degrés différents et en correspondance avec leur aptitude à l'hypnose. Nous deux restâmes réfractaires, aussi bien à l'aimant qu'à l'hypnose. A partir de ce moment je me suis mis à répéter ces expériences sur une plus vaste échelle. Le résultat fut toujours le même, à quelques exceptions près, exceptions qui confirmaient plutôt la règle, car ils dépendaient toujours de l'immixtion d'un facteur étranger : 'état pathologique du doigt examine'', simulalion, sensibilité ditïérente des deux côtés, suggestion ou auto- suggestion. Les personnes, immédiatement (dans deux minutes) et nettement (avec insensibilité surtout) influen- çables, pouvaient être hypno- tisées avec une facilité qui correspondait au degré de la sensibilité empirique à l'ai- mant: les autres point du tout. . En même temps, j'étudiai la forme la plus convenable à donner à l'aimant, et je me suis arrêté à celle qui est représen- tée par la figure 108 qui reçut le nom d'hypnoscope'. Mes assertions ont été vérifiées par A. Barétv-, par Grasset', et d'autres. Mais en général on s'est contenté de quelques expériences faites à la hâte, ">. L'hypnoscope, u?ie nouvelle application de l'aimant. Liim. Electr., 8 nov. 1884. 2. A. liARÉTY, Le ?nagnétisnie animal, étudie sous le nom de force neiiriqw rayonnante, un vol. de 662 p. Paris, 1887. 3. Grasset, Note sur l'hypnoscope d'Ochorowicz [Revue de l'hypn., i" avril 1887. FiG. 108. HYPNOTISME. 747 d'une façon inexacte, et personne, autant que Je sache, n'a publié une série d'essais vérificatifs et comparables. Ce qui n'empêche pas que certains auteurs ont cru pouvoir énoncer des opinions contradictoires, sans avoir étudié la question, et même sans avoir lu ma note. Un d'eux, Orlowski, est allé jusqu'à prétendre que Je me suis con- vaincu moi-même que les propriétés de l'hypnoscope n'étaient qu'une illusion'. Ceux qui savent que dans l'histoire de l'hypnotisme en général les sentiments et les suggestions ont Joué un rôle beaucoup plus important que la conscience et l'exacti- tude scientifiques, ne s'étonneront pas de ces procédés un peu étranges, que l'on n'ose- rait pas appliquer, avec tant de nonchalance du moins, à un autre groupe de recherches. En réalité, ayant publié ma note sur l'hypnoscope il y a vingt-quatre ans, après quatre années d'essais, Je m'en sers presque tous les Jours depuis, et Je n'ai Jamais rencontré un seul fait vraiment contradictoire. Il y en a peut-être. .Je dirais même que, connaissant parfaitement la relativité de tous nos moyens de diagnostic, Je suis plutôt étonné de ne pas avoir rencontré une seule contradiction nette et simple. Mais Je ne puis affirmer l'avoir rencontrée, car ce serait faux. Qu'on me la montre, et Je serai enchanté de pouvoir l'examiner en détail. Voici comment doit être faite l'expérience, pour avoir une valeur pratique : Après avoir vérifié l'état de la sensibilité cutanée du doigt à l'aide d'une épingle (et en cas de complications pathologiques, la sensibilité générale des diverses régions de la peau), on introduit un doigt de la personne examinée, l'index de préférence, dans le tube aimanté, comme l'indique la figure 108, les deux pôles allongés de l'hypnoscope touchant la face interne du doigt. On évite une conversation animée avec le sujet, pour ne pas le distraire trop, car l'attention expectante facilite l'expérience : on ne donne aucune indication de l'efiet possible, et, après deux minutes d'application (pas plus long- temps, si l'on veut se borner à l'expérience hypnoscopique), on pose au sujet la ques- tion : « Avez-vous une sensation quelconque? » Si le sujet dit non, demandez encore si le contact du métal lui paraît toujours froid (l'hypnoscope ne doit pas être appliqué, immédiatement après avoir été retiré de la poche), ou bien si le fer a pris la tempéra- ture du doigt? Ce dernier cas étant normal, c'est seulement le froid persistant ou aug- mentant qui pourra signifier quelque chose. En notant ensuite la nature de toutes les autres sensations subjectives que peut ressentir le sujet, telles que : picotement, engourdissement, lourdeur, gonflement, etc., on ne doit pas cependant y attacher une trop grande importance, car le vrai critère de la sensibilité hypnotique réside non pas dans les sensations subjectives, mais dans les- changements objectifs. Ces derniers peuvent appartenir à l'une des quatre catégories suivantes : 1. Mouvements involontaires. — Tremblements du doigt ou du bras entier; ils sont assez rares et signifient par eux seuls plutôt un état d'énervement qu'une vraie sensi- bilité hypnotique. Mais ils sont importants, réunis à d'autres efïets. 2. Analgésie ou anesthésie plus ou moins complète. — C'est un effet fréquent, et le plus important de tous. Lorsqu'il y a une diminution notable de la sensibilité à la piqûre, l'existence de la sensibilité hypnotique est certaine, surtout si d'autres changements, objectifs ou même subjectifs, s'ajoutent encore à l'anesthésie. 11 va sans dire que si, •avant l'expérience, il y avait déjà anesthésie, et 'quelquefois même sans cela, l'hypno- scope produit une amélioration de la sensibilité, ou même une hyperesthésie plus mar- quée. La signification hypnoscopique du changement reste la même. Si donc certains auteurs, Rzeczniowski par exemple, ont voulu tirer de ce fait une objection contre l'hypnoscope, elle est sans fondement. 3. Paralysie, impossibilité de remuer le doigt, la main ou le bras entier. — C'est égale- ment un signe certain. Lorsqu'il s'accompagne d'autres effets encore, de l'anesthésie surtout, en prolongeant l'expérience hypnoscopique au delà de deux minutes, on peut obtenir l'hypnose complète, sans d'autres moyens. Ce fait a été constaté par Gessmann chez des sujets déjà plusieurs fois hypnotisés par lui. Mais il peut se produire aussi de prime abord, quoique beaucoup plus rarement. Dans des cas où la paralysie du doigt fait défaut, le sujet peut encore être hypnotisable, s'il présente de l'anesthésie seule, ou [. St. Orlowskt, Suggestya i Ibjpnolyzm. Varsovie. )902. 61;j. 748 HYPNOTISME. présenter quelques-uns des autres effets mentionnés; mais ce sujet, lorsqu'il sera dans l'hypnose, restera toujours plus mobile, plus indépendant que celui qui ne peut pas plier son doigt retiré de l'hypnoscope. La paralysie seule, sans anesthésie, est rare, et constitue une indication contraire : l'hypnose d'un pareil sujet sera caracté- risée par l'immobilité; et l'amnésie au réveil sera difficile à obtenir. 4. Contracture, rigidité du doigt, de la main, ou du bras entier. — C'est un effet moins fréquent, mais très caractéristique. A son degré moyen il va présenter la flexibilitas cerea, difficile à constater sur le doigt, mais visible facilement sur le bras. La contrac- ture proprement dite, ou le doigt à ressort de Nélaton, produit une rigidité absolue. Associée aux effets précités, elle dénote toujours une impressionnabilité maximale; toute seule, c'est-à-dire sans anesthésie ni sensations caractéristiques, elle signifie une grande impressionnabilité réflexe musculaire, avec difficulté du sommeil proprement dit : le sujet pourra être tétanisé, mais non endormi : cela d'ailleurs est assez rare. Si à la contracture s'ajoute l'hyperesthésie, on aura de la peine à manier un tel sujet, et il faudra d'abord l'influencer à distance. Ces quatre groupes d'effets, relativement objectifs, peuvent évidemment se combi- ner de toutes les manières possibles; plus ils sont nets et nombreux, plus grande est l'aptitude à l'hypnose. Non seulement le parallélisme est complet, quant au degré de la susceptibilité, mais encore la nature des effets obtenus, pendant les deux minutes que dure l'expérience hypnoscopique, permet de faire des inductions de grande probabilité sur la nature et les caractères spécifiques, individuels, de l'hypnose qu'on obtiendra ensuite sur le même sujet par d'autres moyens. L'armature de l'hypnoscope doit être retirée (en glissant) pour l'application de l'in- strument ; la sensibilité cutanée doit être examinée, autant que possible, avec la même pointe (je me sers toujours d'une pointe de l'esthésiomètre de Weber), appliquée sur la partie interne du doigt, entre les deux pôles et au bout du doigt de l'hypnoscope. On examine les deux autres catégories d'effets objectifs (paralysie, contracture) après avoir retiré l'hypnoscope, et en disant au sujet : « Pliez votre doigt. » S'il n'y arrive pas facilement, on recherche soi-même, mécaniquement, si le doigt est seulement paralysé et Uexible, ou bien paralysé par la raideur des muscles contractures. En retirant l'hypnoscope, on replace l'armature, pour lui conserver sa force. Une force plus grande que celle que je donne à l'aimant, qui n'a pas été dépassée, ni même égalée par une autre forme quelconque du même poids, est inutile. Si Hellenbach et Gessmann crurent pouvoir obtenir davantage avec des hypnoscopes plus forts, c'est qu'ils n'ont pas fait de distinction entre la sensibilité vraie et la sensibilité imaginaire. Contrairement à ce qu'indique une théorie purement physique, l'hypnoscope, tout en donnant plus avec une force moyenne qu'avec une force très faible, ne donne rien de plus, ou presque rien, avec une force beaucoup plus grande, ce qui suffit déjà pour mettre en doute le rôle exclusif du magnétisme minéral, dans l'action de l'hyp- noscope. Cette action n'est pas seulement suggestive; elle estaussi de nature physique ; mais elle n'est pas eu proportion directe et réguUère de l'aimantation. Elle est très compliquée d'ailleurs et masque des influences encore inconnues. Nous ne nous y arrêtons pas, notre but n'étant pas d'étudier, ou même de prouver l'action physiologique du magnétisme minéral, mais seulement d'indiquer un moyen pratique, simple et commode pour la recherche des sensitifs. Voici encore, au sujet des sensations perçues, quelques remarques que je considère comme de moindre importance, mais qui néanmoins doivent être prises en considé- ration. Questionnés sur le genre de leurs sensations, les sujets vous donneront des explica- tions plus ou moins claires, dont voici les plus fréquentes : 20 fois sur 100 : « Fourmil- lements ou picotements >> 17 fois sur 100 : « souffle froid, froid humide, chaleur et sécheresse ». Les deux sensations peuvent coexister, l'une à droite, l'autre à gauche. 8 fois sur 100 : diverses sensations douloureuses, o fois sur 100 : gonflement de la peau, 2 fois sur 100 : une lourdeur intense dans le doigt ou dans le bras entier, etc. Quelquefois à l'engourdissement du doigt s'ajoute spontanément, ou par imagina- tion, un courant électrique, des étincelles, des secousses électriques, etc. Il faut alors vérifier la chose, car très souvent ce ne sont que des coryectures suggestives, basées HYPNOTISME 749 sur l'idée d'un appareil électrique, comme le tremblement du doigt, qu. peut provenir tout simplement de l'émotion. Quant aux sensations auto-suggérées, il est impossible de les éliminer complètement; mais, au point de vue du diagnostic, elles sont sans importance, puisque les sujets hypnotisables sont en même temps des sujets plus ou moins suggestionnables. D'ailleurs il est essentiel de séparer les sensations causées uni- quement par l'émotion, car elles n'ont aucun rapport avec la sensibilité hypnotique. Le moyen en est bien simple : on répète l'expérience, et les sensations diminuent ou dis- paraissent, tandis que certains effets, dus à la sensibilité hypnotique, persistent et même acquièrent une plus grande précision. Les auteurs qui nont pas tenu compte de cette particularité sont arrivés à des résultats illusoires, qui diminuent la valeur de leui-s statistiques, mais qui n'infirment en rien la valeur pratique de l'hypnoscope. Quelques exemples montreront la dépendance réciproque entre les résultats de l'expérience hypnoscopique et l'aptitude à l'hypnose. [. M"'' St. ï. Expérience hypnoscopique à droite : Effet immédiat : « C'est très froid; je ne sens plus mon doigt. » Anesthésie com- plète : contracture. Expérience hypnoscopique à gauche : « Froid plus intense encore; en remuant le doigt, il lui semble qu'on souffle dessus ; ça pique. » Le doigt reste paralysé, sans contracture nette. Ce côté étant momentanément beaucoup moins fort (au dynamo- mètre : 20) la contracture est moindre (main droite au dynamomètre, avant l'expé- rience : 75). M"" St. T. s'endort au bout d'une minute, par l'imposition de la main droite (ou gauche) sur le front : état aïdéique, puis polyïdéique (somnambulisme gai, enfantin) avec rétrécissement notable du champ psychique : vision à travers les paupières; rap- port; traces d'attraction par l'approche de la main. Mlle St. T. est un médium à effets physiques. 2. (Observation de Grasset.) Une hystérique facilement hypnotisable et qui pré- sente alors un sommeil à caractère somatique (contractures et anesthésie généralisée avec lucidité intellectuelle parfaite). Expérience hypnoscopique à droite : (c J'ai appliqué, devant les élèves de la clinique médicale, l'hypnoscope d'OcHOROwicz à l'index de cette malade. Au bout de très peu de temps (une minute environ) elle a éprouvé de l'engourdissement dans ce doigt : la sensibilité à la piqûre de l'épingle s'est énioussée, puis a disparu absolument. L'anesthésie s'est ensuite étendue aux autres doigts, à toute la main, au poignet et à la partie tout à fait inférieure de l'avant-bras. Quand (après deux minutes d'application) j'ai enlevé l'appareil, l'anesthésie était com- plète dans la région indiquée, le poignet et la main engourdis, et la malade était dans l'impossibilité absolue de fléchir l'index, immobilisé en extension. Ces résultats, ajoute Grasset, ne peuvent être attribués à la suggestion. D'abord la malade ignorait absolu- ment ce qui devait se produire : j'étais à peu près seul à connaître les observations d'OcHOROwiGz, et, par suite, à prévoir les résultats obtenus. De plus, j'ai même lutté par la suggestion contre ces résultats, lui annonçant quelle devait éprouver tout cela à l'autre main, tâchant de lui persuader, avec autorité, qu'elle se trompait dans la narra- tion de ses sensations, l'accusant même de nous tromper, etc. Les phénomènes observés sont donc très nets, et reproduisent le plus haut degré de ce qui a été observé par OcHOROwicz. >> Expérience hypnoscopique à gauche : « Pendant que les troubles développés à la main droite y persistaient encore, j'ai placé l'hypnoscope à l'index de la main gauche. Les mêmes troubles se sont alors déve- loppés dans le côté gauche, sans déterminer aucun transfert : les troubles du bras droit n'en ont été nullement modifiés. » Grasset a encore constaté un autre fait, qui lui paraît étrange. Quelques semaines après, ayant appliquée la même malade un hypnoscope non aimanté, il obtint le même résultat. Il n'y a là rien d'étonnant; c'est plutôt la règle, qui comporte seulement des exceptions. Une seconde épreuve est déterminée principalement par une association idéo-organique (voir plus loin) entre un signe (un ensemble des signes) et un état orga- nique, avec lequel il s'est associé la dernière fois. Cette association prévaut presque 750 HYPNOTISME. toujours sur l'influence purement physique, relativement faible. De sorte que l'iiypno- scope aurait pu être même en bois ou en verre, à condition de garder les mêmes appa- rences. Il est donc, en général, assez difficile de démontrer l'action purement magné- tique à l'aide d'un hypnoscope. En tout cas, pour pouvoir obtenir quelques indices d'une action magnétique en dehors de toutes les autres, ilest préférable, en expérimentant sur un sujet vierge, de commencer par un hypnoscope non aimanté, pour passer ensuite à l'hypnoscope normal. Et auparavant encore il faut bien étudier la sensibilité du sujet aux métaux. Voici cependant une expérience, sur un sujet déjà essayé à l'hypnoscope, dont les conclusions, grâce au hasard, sont assez démonstratives : J'avais l'habitude d'endormir une de mes malades à l'heure où arrivait la poste. L'hypnoscope produisait chez elle, comme effets caractéristiques, un froid intense avec picotements désagréables. Elle était en même temps sensible au fer, à l'acier et à l'étain, qui lui paraissaient toujours chauds et agréables. Un jour le facteur apporte un hypnoscope commandé chez Ducketet à Paris. Il était emballé dans une petite boite en bois blanc. Je passe cette boîte à la somnambule, qui est curieuse de savoir ce que c'est. Mais elle n'y arrive pas. Je lui permets d'ouvrir la boîte : « C'est du fer, dit-elle, c'est froid, ça pique, je ne veux pas tenir ça » (elle ne savait pas que le métal, auquel elle était sen- sible, qui lui paraissait toujours chaud, et qu'elle connaissait sous forme d'une plaque noire, et non nickelée ni luisante comme l'hypnoscope, était du fer). Le lendemain arrive un second hypnoscope, non aimanté. Même curiosité de la part de la somnam- bule, qui prend en main la boîte, toute semblable. « C'est du fer, dit-elle sans l'ouvrir, mais c'est dînèrent. — Pourquoi difiérent? Ce doit être absolument la môme chose, car j'en ai commandé deux pareils. — Non, il n'est pas pareil. — Ouvre la boîte et regarde bien. » Elle l'ouvre, puis ajoute : « Tu vois bien que ce n'est pas la même chose : c'est bon, c'est chaud et ça ne pique pas. » Après avoir laissé les deux hjpno- scopes sur mon bureau, pendant plusieurs minutes, pour les remettre à la tempéra- ture ambiante, je recommence l'expérience dans d'autres conditions. Je lui dis d'écarter les bras, j'éteins le gaz, et, en pleine obscurité, je lui place l'hypnoscope aimanté dans sa main droite, et l'hypnoscope non aimanté dans sa main gauche : Presque immédia- tement, elle laisse tomber l'hypnoscope de droite, en disant .• << C'est froid, ça pique », et elle garde celui de la main gauche qui lui paraît a chaud et agréable ». 3. (Obs. Baréty.) Même mémoire. Expérience hypnoscopique à droite : « Après deux minutes, sensation de gonflement et de raideur, qui augmente jusqu'à quatre minutes et persiste après au même degré. Il semble à la malade que le doigt a été lié à la base et qu'il est gonflé, doublé de volume et engourdi. Je retire l'hypnoscope, et je constate une insensibilité absolue du doigt sur tout son pourtour et dans les limites couvertes auparavant par l'hypnoscope. Cette anesthésic absolue, qui fait dire à la malade qu'il lui semble qu'elle n'a plus de doigt, persiste plus de dix minutes, puis dispaïaît graduellement. » Expérience hypnoscopique à gauche : « Deux minutes après : sensation d'engourdissement. Après deux minutes et demie : à partir du moment d'application, cette sensation augmente. Après quatre minutes, sensation d'une grande lourdeur. Même sensation qu'à l'autre doigt. Puis cette sensa- sation se maintient. Je relire l'hypnoscope et je trouve le doigt insensible. ■< « M^'^ M... s'endort ou bout d'une demi-minute. Je continue les passes : le sommeil devient plus profond. L'anesthésie est absolue et générale, ouïe et vue conservées à mon égard. Amnésie au réveil... » Voici maintenant un cas compliqué, un de ceux qui ont induit en erreur les anta- gonistes de l'hypnoscope, et qui, cependant, confirme la règle : 4. (Obs. de Baréty.) M^^* C. Expérience hypnoscopique à gauche : « Après une minute et demie, sensation d'engourdissement dans le doigt. Après deux minutes, cette sensation est à peine supportable, dans tout le bras, y compris l'épaule. « J'ai chaud! » dit la] malade. Après trois minutes, elle est obligée de retirer l'hypnoscope, dont elle ne peut plus supporter les effets. Le doigt est légèrement hyper- HYPNOTISME. 751 eslhésié ; l'engourdissement peisisie, mais diminue apiès deux minutes. Après quatre minutes, l'hyperesthésie a disparu, et il n'existe plus (lu'un léger degré d'engourdisse- ment à l'épaule. » Expérience hypnoscopiquo à droite : Un peu plus tard l'iiypnoscope est appliqué au doigt indicateur de la main droite. La malade ne ressent aucun effet, même après plus de dix minutes d'application. « Soumise à l'action des passes, M"*C... dit : « Je suis alourdie, j'ai sommeil. )> Puis elle s'endort. Je continue les passes. Le sommeil s'accuse davantage. Pourtant il n'ar- rive pas à être complet. La malade ne répond pas à mes questions, quoiqu'elle déclare m'entendre confusément. Sa vue est trouble. Elle se sent fatiguée, lasse, et surtout très calme. Après l'avoir laissée dans cet état de sommeil provoqué incomplet pendant douze à quinze minutes, je la réveille. La céphalalgie a disparu ; elle se sent très calme. » Si, au lieu de faire l'expérience hypnoscopique des deux cùtés, l'auteur s'était borné au côté droit, il aurait pu conclure que Fhypnoscope trompe, puisque la malade s'est endormie, quoique l'hypnoscope n'ait accusé aucune sensibilité hypnotique. Au contraire, en se contentant d'une expérience avec l'index gauche, il aurait pu croire à un sommeil complet, qui ne se produisit pas. Dans des cas pareils, il faut prendre la moyenne : l'hypnose restera incomplète. Parfois il se produit des changements dans le temps : à une époque donnée, la malade présentera un sommeil assez profond, et à une autre, pi-esque rien, suivant la prépondérance momentanée de la moitié gauche ou de la moitié droite de son système nerveux. Lorsque ce changement est notable, il sera toujours indiqué par l'hypnoscope : 5. EusAPiA Paladino à l'âge de 38 ans (1893). Expérience hypnoscopique à droite : Anesthésie, paralysie, contracture dans toute la main. Expérience hypnoscopique à gauche : Mêmes effets, mais plus forts, atteignant aussi l'avant-bras. Dynamomètre à droite = 40, dynamomètre à gauche = 90. Elle s'endort très facilement, malgré sa volonté contraire. Phénomènes médiani(iues prépondérants à gauche. Vision dans l'obscurité, ouïes yeux fermés, etc. Les effets furent un peu différents, quand elle eut atteint l'âge de 32 ans (1907). Expérience hypnoscopique à droite : Chaleur, picotement, un peu d'engourdissement, un peu d'hyperesthésie dans le doigt seulement. La main gauche, dont la sensibilité cutanée est un peu supérieure, n'a pas ét(' examinée à l'hypnoscope. Mais, même si elle avait donné beaucoup plus, ce serait tou- jours en moyenne une grande diminution de la sensibilité hypnotique. Dynamomètre à droite ^ 39 ; à gauche = 43. Elle ne peut pas être hypnotisée contre sa volonté, et avec consentement le som- meil est léger; il se dissipe tout seul. Les phénomènes médianiques sont beaucoup plus faibles, sans prépondérance marquée au côté gauche. 0. Jeune fille du service de Auguste Voisin à la Salpêtrière. Expérience hypnoscopique à droite = 0; expérience hypnoscopique à gauche ^0. « Et cependant, je l'ai déjà hypnotisée, me dit-il, en me la montrant : elle présente même une catalepsie très prononcée. » Il lui prend les deux mains et lui ordonne de fixer son l'egard. Bientôt après la malade ferme les yeux et reste immobile dans son lit. Il la pique légèrement, sans réaction. Son bras droit, soulevé, reste en l'air. Très étonné de cette exception évidente à la règle, et voyant que Voisin est pressé de me montrer d'autres malades, je le prie de me permettre d'étudier ce cas le len- demain. En quittant la salle, je remarque un sourire sur les lèvres de quelques autres malades. Instinctivement je me retourne, et, à travers la porte vitrée qui vient de se refermer sur nos pas, je cherche du regard notre jeune cataleptique; son bras dioit n'était plus en catalepsie. Mais, voyant que je la regarde encore, elle s'empresse vite de le remettre en cet état, en le soulevant bien haut. C'était une simple simulation. Recherches hypnoscopiques de Gessmann. — Cet auteur a (rouvé le movi.'n de 752 HYPNOTISME. contredire mes assertions, en se basant sur une série de 522 cas, séiie d'ailleurs intéressante en elle-même. Le moyen est bien simple : il considère comme essentiel ce que je considère comme secondaire, et il omet complètement ce qu'il fallait prendre surtout en considération. Nous avons vu que les effets de l'hypnoscope sont doubles, subjectifs et objectifs, et que c'est sur ces derniers qu'il faut avant tout porter son attention, en considérant les sensations subjectives seulement comme des indications supplémentaires, de second ordre. Anestbésie ou hypereslhésie ; paralysie et contrac- ture : tels sont les signes principaux à rechercher. Gessmann n'en tient pas compte; il sait seulement que le sujet soumis à l'expérience doit éprouver toutes sortes de sensa- tions, et, s'il ne sent rien (comme mon premier sujet M. B.), il doit être rejeté comme non hypnotisable. Connaissant l'exactitude qui règne dans l'étude moderne de rhypnotisme,je ne m'éton- nerai de rien; je ne demanderai même pas pourquoi Gessmann suppose que mes essais ont été fait exclusivement sur des hystériques, et je me contenterai d'examiner les résultais obtenus par lui : Voici le tableau de cet auteur : NON HYPNOSE IIYI'NOTISABLES. par GENRE ^ V2 HYl'NOTISABLUS. l'hypnoscope. de o g ) Souffle froid .... 104 36 68 12 24 24 44 4 13 Sensat. d'electrisation . 116 43 73 23 38 20 35 7 2.5 Tremblement jusqu'au bras 28 4 24 3 21 1 3 M 2 Pression générale sur le doigt 8 1 7 » 2 1 0 1 3 Chaleur 2i 14 10 <» 6 5 4 3 7 344 121 223 .^8 110 63 H3 15 50 De sorte que, sur o22 personnes essayées, 344 ont [accusé une action de l'hypno- scope, et 178 rien. Parmi les 344 sensitifs, il y avait 122 hommes et 223 femmes. Sur ces 122 hommes, 58 seulement se sont montrés hypnolisables, et 63 non ; sur 225 femmes : 140 hypnolisables et 113 non. « Les essais, dit Gessmann, ont donné, quant au genre des sensations, un résultat semblable à celui qu'a obtenu Ochorowicz. Seulement la propor- tion se montra beaucoup plus élevée deux tiers au lieu de un tiers. » Mais ce qui est plus frappant encore, c'est la conclusion de Gessmann, qui dit qu'en somme la valeur pratique des hypnoscopes pour rechercher des sujets est très relative et probléma- tique, tandis qu'ils se sont montrés très utiles pour l'étude de l'influence du magné- tisme minéral sur le corps humain'. Pour moi c'est l'inverse de la vérité. Les hypno- scopes ne peuvent servir à une étude sérieuse de ce genre qu'exceptionnellement, car pour cela il faudrait éliminer complètement la suggestion, en agissant à l'insu du sujet. Cette étude peut être faite plutôt à l'aide des électros, iniluencés à distance et à l'insu des sujets. Les hypnoscopes ont au contraire vuie grande valeur pratique, à condition d'être appliqués conformément aux règles établies par mes expériences, et non d'après le procédé, purement subjectif, de Gessmann-. 1. G. Gessmann, Maç/netismus und Hypnotismus. Wien, Leipzig, 1887. 2. Pourquoi les hypnoscopes, au pluriel? Parce que, faute de vérificateurs sérieux, j'ai eu des imitateurs, Durville a inventé son sensitivométre, qui, au lieu d'un anneau, forme un bra- celet — ce qui le rend moins commode dans l'application — et Gessmann a perfectionné mon hypnoscope, en prenant, au lieu d'un aima-it fort, quatre aimants faibles et en supprimant le contacc et la pression du métal. Chose étrange! Voulant éhrainer la pression, il a obtenu tout HYPNOTISME. 753 Sur 344 personnes sensibles à l'aimant, il a eu seulement 168 hypnotisables et 178 îîon hypnotisables. D'oii provient cette grande diiTérence? i. Elle provient d'abord de ce fait, que dans la plupart des cas Gessmann se contenta d'un seul essai d'hypnotisation; or chacun sait, et Gessmann le dit lui- même, que tous les sujets ne s'endorment pas dès la première séance. Aussi, dans toutes les statistiques, la mienne y compris, ne qualifie-t-on le sujet de réfractaire, qu'après plusieurs essais. 2. Il a éliminé beaucoup de sujets, et des plus sensibles, en négligeant d'examiner la sensibilité de la peau et celle des muscles, après l'expérience hypnoscopique. F.e défaut de cette précaution suffit à lui seul pour faire comprendre une grande partie des différences, car, comme nous avons vu, il y a des sujets de premier ordre, qui subissent des effets objectifs, mais qui n'ont pas de sensations particulières. 3. En revanche, il a augmenté le nombre des sensitit's non hypno- tisables, en ne tenant pas compte des sensations imaginaires (de la 2^ ou 3« expérience) qui ont été ■exclues de i"na statistique. Lorsque à une 2"= ou S'^ reprise le sujet ne sentait plus rien, il était déclaré non sensitif, et une tentative d'hypnotisation confirmait que réel- lement il n'était pas hypnoti- sable. Rien d'étonnant qu'avec autant de différences dans les conditions Gessmann ait abouti à des résultats différents. Je verrais une objection autrement sérieuse contre l'hypnos- cope, s'il avait obtenu les mêmes résultats. En somme, Gessmann, sugges- tionné par les statistiques de l'École de Nancy, croit que le nombre des hypnotisables dépasse de beaucoup la proportion de un tiers, indiquée par moi et confirmée par l'hypnoscope. 11 dit que cette proportion, admise auparavant, ne peut plus suffire aujourd'hui. A-t-il prouvé qu'elle est en réalité plus grande? 11 le dit, mais il prouve en réalité le contraire. Sur 522 personnes examinées, 121 hommes et 223 femmes, il a trouvé 58 hommes et 110 femmes hypnotisables; total 168. Par rapport aux 522, c'est un peu moins d'un tiers. Je m'empresse d'ajouter que le chiffre de 30 p. 100, ou de un tiers environ, n'a pas de valeur absolue. C'est une limite moyenne, relative, autour de laquelle les résultats vont osciller, conformément aux inlluences secondaires, conformément à la conception ■de l'hypnose, propre à chaque observateur, enfin à sa capacité d'observateur. Car, si Bernheim prétend que l'éducation d'un hypnotisateur n'est pas achevée tant qu'il n'arrive pas à hypnotiser 4''o de ses malades, j'ai des raisons sérieuses pour croire que, s'il arrive à hypnotiser les 4/5, son éducation d'observateur est encore loin d'être terminée. Distinctions à faire dans l'étude de l'action physiologique de l'aimant. — Gessmann de même la sensation de pi-essioa !... Cette élimination était-elle utile ? A mon point de vue, non. Mais, utile ou non, elle a change les conditions; car avec mon liypnoscope la pression du métat facilite l'effet obtenu, et fait partie do l'expérience. Et puis Gessmann n'a pas réfléchi que, sraction du magnétisme diminuant avec le carré des distances, il n'y a pour supprimer tes diffé- rences d'éloignement, inévitables en raison de la grosseur et de renfoncement de doigt, qu'un seul moven : le contact immédiat. FiG. 109. — llypnoscopo de Cîessmann. DICT. Dlî PHYSIOLOGIE. — TOME VUI. 48 75i HYPNOTISME. dentifie à tort les indications empiriques de l'hypnoscope avec les preuves de l'action physiologique de l'aimant. Cela me détermine à ajouter ici quelques observations, qui ijie paraissent nécessaires. L'action de l'aimant sur le corps humain n'est pas encore admise par la science classique, et cela s'explique aisément, par sa subtilité souvent impalpable, et par sa complexité. On facilitera les recherches en distinguant bien ce qui suit : i° C'est une action physiologique lente sur les fonctions vitales, qui ne se manifeste ni par une sensation quelconque, ni par aucun changement immédiat, vérifiable, mais qui s'accumule et aboutit à une modification réelle. Elle se produit chez tout le monde, ou peu s'en faut. C'est ainsi qu'un petit aimant, placé dans la poche gauche du gilet, peut supprimer insensiblement une douleur névralgique du cœur, plus ou moins vite, suivant l'intensité du mal. Cette action peut apparaître a) en dehors de la sug- gestion, 6) compliquée par l'attention expectante ou la suggestion. Elle n'a aucun rapport avec la sensibilité hypnotique, ni avec la sensibilité (dans le plus large sens du mot). 2° C'est une action sur les nerfs, immédiate, mais purement subjective, qui se mani- feste par diverses sensations, faibles en réalité, mais quelquefois grossies singulière- ment, ou même transformées par l'imagination. Dans ce dernier cas elle dénote une sensibilité hypnotique imaginaire, c'est-à-dire fausse, émotionnelle; dans le premier cas, une sensibilité, réelle peut-être, mais trop faible pour donner lieu à des phénomènes hypnotiques proprement dits. 3" C'est une action immédiate et objective, qui ne crée aucun vrai changement. Ainsi, dans un certain nombre de cas, l'aimant produit par exemple le transfert d'un symptôme déjà existant, mais rien de nouveau. Si les troubles indiqués plus haut : 1" sensations diverses; 2" mouvements involontaires; 3° anesthésie; 4" paralysie; îj" contracture, n'existent à aucun degré, le sujet n'est pas hypnotisable, quoique l'aimant provoque chez lui un transfert. 4" C'est une action immédiate, en partie physique, en partie psychique, mettant en jeu, par l'application de l'hypnoscope, une aptitude subjective (spéciale), à des change- ments faciles, nets et profonds de toute sorte, (par l'intermédiaire des nerfs vasomo- leurs (?)), et que nous nommons la sensibilité hypnotique vraie. Elle signifie une mobi- lité particulière des réllexes, de la circulation du sang, et un flux nerveux, qui tantôt s'accumule dans un organe, tantôt disparaissant dans un autre (inhibition et dynamo- génie). C'est donc une spéciale plasticité à des influences minimes, que l'aimant découvre de cette façon. Ce qu'on nomme « suggestibilité », n'est qu'une catégorie spé- ciale de cette plasticité en général. Par conséquent, si l'on s'imagine que l'action empirique de l'hypnoscope et l'action physiologique de l'aimant sont synonymes, on se trompe. Il faut séparer ces influences. Non seulement l'expérience hypnoscopique dans sa forme type ne suffit pas pour déterminer, ni même pour prouver, l'action physiologique de l'aimant, mais même des expériences spécialement arrangées à cet effet sont souvent sujettes à caution. Tel est par exemple le cas d'une étude sur ce sujet, faite par des physiologistes distingués, Tambuuini et Sepimli, qui ont eu le grand mérite d'avoir abordé hardiment et scienti- fiquement les problèmes du magnétisme. En comparant les courbes qu'ils ont obtenues, sur un sujet endormi, en s'entourant de différentes précautions expérimentales, on a l'impression d'un fait absolument prouvé. Il est certain qu'en expérimentant sur des sujets hypnotisables et en état d'hypnose, on obtient des troubles immédiats et beaucoup plus palpables qu'avec des sujets non hypnotisables et à l'état normal. Mais en même temps on s'expose à bien des dangers imprévus. Remarquons d'abord que, si l'on s'imagine, comme c'était l'illusion de Charcot, qu'un sujet en léthargie n'entend et ne voit rien, on se trompe énormément. Il entend et voit tout, et il se souvient de tout. Seulement il faut savoir que les découvertes hypnotiques ont donné au pronom personnel » H » une signification fort complexe. La personne normale n'entend rien et ne se souvient de rien, mais en dehors d'elle il y a plusieurs personnes, confondues avec elle à l'état normal, séparées d'elle dans différents états hypnotiques, et qui peuvent encore entendre et se souvenir, et cela à tous les degrés et avec toutes les formes ({u'on pourra imaginer. HYPNOTISME. 753 FiG. 110. — A, Courbe respiratoire pendant l'iiypnose avant l'application de l'aimant. — B, La même, après l'applica- tion. Ensuite une action physiologique est toujours individuelle. On ne peut la généra- liser qu'en fermant les yeux sur les différences personnelles. De sorte que si, chez le sujet de Tamburini et Seppili, l'aimant fortifie et accentue les fonctions du cœur, il en peut être autrement pour un autre sujet et pour le même sujet dans un état diffé- rent, dans lequel une autre personnalité, héréditaire, ou artificiellement créée, domine la situatiou. Tamburimi et Seppili ont eux-mêmes prouvé que le tracé respiratoire est tout à fait différent pendant la léthargie et pendant la catalepsie. Cette différence est-elle constante? Non, car elle dépend encore des impressions et émo- tions momentanées de ces diffé- rentes personnes physiologiques, séparées ou combinées. Et ce n'est pas tout. Elle dépend encore des idées, des souvenirs, des suppositions, des désirs de l'expérimentateur lui-même. Elle en dépend bien réellement et ob- jectivement, comme nous allons le voir tout à l'heure. Enfin, pour revenir à l'agent externe physique, c'est-à-dire au magnétisme miné- ral, si l'on veut déterminer son action physiologique, i faut d'abord faire l'expérience avec unj[aimant en bois; la répéter, poui éliminer l'influence possible de l'émotion; la refaire ensuite avec un aimant non aimanté, la répéter encore, et, alors seulement, pré- ciser comparativement l'action de l'aimant vrai. Si elle donne quelque chose de plus ou quelque chose de différent, ce sera le commencement d'une vérification; car il faudra encore se servir, toujours à l'insu du sujet, d'un électro-aimant, tantôt inactif, et tantôt animé par le courant. En supposant que cette série d'essais donne des résultats réguliers et favorables à l'action du magnétisme, aura-t-on le droit de les attribuer purement et simplement au magnétisme"? Pas encore. Car, suivant mes e.xpériences, 1° la relation des cITets obtenus avec la force de l'ai- mant est très incertaine; 2° les diffé- ii'iits pôles de l'aimant n'agissent |tas d'une façon contraire, quoi qu'en disent Reichenbach, Gessmann et DURVILLE. On est donc réduit, pour le mo- ment, à supposer un X, qui complique l'action simple, que nous connais- sons en physique. En voici une preuve : Parmi les effets produits par l'aimant, il y en a un qui m'a beaucoup frappé, d'autant plus qu'il fut tout à fait im- prévu et indépendant de la suggestion. Il s'agit de l'attraction que l'aimant parait exercer sur le corps. J'ai montré cette expérience en 1881 à la Société médicale de Lemberg. Le sujet, M. R., un de mes élèves à l'Université, jeune homme robuste, très fort et bien portant, se trouvait en état aidéique, absolument inerte. Il avait les yeux fermés, les pupilles cutivulsées en haut : sa tête était recouverte complètement d'un voile opaque. Si, dans ces conditions, tout en causant d'autres choses, et sans faire le moindre bruit, j'approchais de sa main immobile un aimant fort, à une distance de 15 centimètres environ, la main et le bras tout entier subissaient une inlluence attrac- tive, et suivaient l'aimant, jusqu'au moment où le bras, devenu peu à peu contracture et insensible, ne pouvait plus continuer son mouvement. Il manifestait un tremblement, Fio, 111. — A, Courbe respiratoire pendant l'hypnose avant application de l'aimant. — B, La même après l'appli- cation. — C, La même après l'enlèvement. 756 HYPNOTISME. FiG. 112. — A B, Courbe respiratoire pendant l'hypnose avant l'éloignement de l'aimant. — B C, La même après l'application. — CD, La même après l'éloignement. causé apparemment par ]a même tendance attractive empêchée dans son action, comme une aiguille en fer, arrêtée dans les mêmes conditions, par un obstacle mécanique. Les deux pôles agissaient de même. Pour recommencer cette expérience, il fallait supprimer l'état tétanique par un léger massage. Et alors, dans n'importe quelle direction, l'attrac- tion se manifestait de nouveau. Cette expérience pouvait-elle être considérée comme une preuve de l'action magnétique? Non, et pour une raison bien simple. Un bloc de métal, une pierre, un verre, un livre, tenus dans ma main, agissaient de même, ou presque. Croit-on que c'était alors ma main, tenant ces objets, qui attirait ce sujet? Oui et non. Il est vrai que, sans aimant, elle agissait de même : mais l'aimant tenu par une autre personne, ou posé tout simplement à côté, sur une chaise, agissait encore de même. Et alors ? A cette époque il m'a été impossible d'élucider la question, non seulement à cause de la grande complexité du phé- nomène, mais encore à cause de certaines préventions scientifiques, dont je ne savais pas me délivrer. Je ne croyais pas à la possibilité d'une suggestion mentale, surtout d'une suggestion mentale involontaire, en partie inconsciente, et cependant systématisée, systématisée peu à peu (sans trop de consé- quence, grâce à mon impartialité relative), par une combinaison des pensées de deux inconscients : le mien et celui du sujet. Enfin, je ne connaissais pas encore, dans ce temps, la force et l'importance des associations idéo-organiques. Bref, je considère j>ujourd'hui ce phénomène ''omme un composé de l'action de plusieurs facteurs associés : 1° Une sensibilité réelle du sujet à l'action de l'aimant à distance; 2° Une association consécutive de l'effet produit par cette action avec les apparences d'une autre ac- tion différente, mais semblable ; 3° La possibilité d'une vue anor- male à ti'avers certains corps opa- ques, vue que je connais aujourd'hui, et que j'ignorais alors; 4» Une action mentale, involon- taire de ma part, également étran- gère à mes idées d'autrefois. Aujourd'hui je sauiais peut-être mieux disséquer ces inlluences di- verses. Malheureusement, les sujets de cette catégorie étant foi^t rares, une occasion, tout à fait analogue, ne se présenta plus. Complications de la sensibilité hypnotique. — .lusqu'à ce moment nous avons considéré, pour plus de clarté, la sensibilité hypnotique, comme une et indivisible. Il s'en faut, et de beaucoup, qu'il en soit ainsi. Dès maintenant, nous pouvons y distinguer quatre aptitudes différentes : 1° La suggestibilité, c'est-à-dire une faculté passive, qui permet de réaliser les diffé- rentes suggestions ou aulo-suggeslions, positives et négatives. C'est l'imagination. FiG. 113. — A B, Courbe respiratoire pendant l'hypnose avant l'éloignement de l'aimant. — B C, La même après l'application. — CD, La même après l'éloignement. HYPNOTISME. lOl opposée à la i-éalité, modifiant la réalité. A l'aide de cette faculté on ne découvre rien, mais on obtient à peu près tout ce qu'on veut. C'est l'arme la plus active, immédiate- ment active, entre les mains de l'hypnotiseur ; moyen créateur ou du moins modifica- teur par excellence; preuve d'une prépondérance fréquente de l'esprit sur le corps, du cerveau sur toutes les fonctions, une immixtion de la psychologie dans la physiologie. Mais, comme je viens de le dire, cette faculté ne découvre rien, et la science hypnotique serait déjà à son apogée, s'il n'y avait que la suggestion. 2" La sensibilité anormale vis-à-visdes influences minimes, généralement considérées comme nulles, mais qui, chez les sensitifs, suffisent pour produire différents effets pal- pables. Telle est leur sensibilité vis-à-vis de l'aimant, des métaux, des médicaments à distance, des ondes hertziennes, des changements cosmiques et atmosphériques imper- ceptibles pour la plupart des hommes; enfin vis-à-vis l'action mentale sans signes exté- lùeurs. Cette impressionnabilité non ordinaire permet la découverte de nouvelles vérités ; elle peut servir comme instrument de recherches, instrument excessivement délicat, et malheureusement difficile à manier. Elle ne crée rien; mais prouve l'existence d'in- tluences cachées, obscures, mais réelles. 3" Faculté de dédoublement entre l'action de divers centres nerveux, qui normale- ment agissent en commun, et principalement entre le cerveau et les centres automa- tiques. Faculté des mouvements inconscients, plus ou moins compliqués et plus ou moins intelligents; cumherlandisme, écriture automatique, etc. Cette faculté dissèque des actions psychologiques, normalement confondues, ou tout à fait inabordables. Elle peut donc conduire à des observations nouvelles et à une notion moins incomplète des mystères de l'organisalion nerveuse. i° Faculté de dissociation entre les organes et le principe dynamique qui les anime, qui peut aller jusqu'à des manifestations extra-organiques, c'est-à-dire en dehors du corps. Faculté des sujets hypnotisables d'un degré supérieur, appelés médiums pro- prement dits. Cette faculté, encore insuffisamment coniîue, nous prépare une révolution complète en physiologie, en psychologie et probablement aussi en physique. Je men- tionne cette catégorie spéciale des facultés hypnotiques, étant absolument certain de son existence ; mais je m'abstiendrai d'en donner une analyse, encore prématurée dans un dictionnaire de physiologie. Telles sont les divisions principales de la sensibilité hypnotique. Ce n'est d'ailleurs qu'une esquisse grossière. Dans l'avenir, toutes ces catégories comporteront de nom- breuses subdivisions. La tautologie expérimentale. — On nomme en logique tautologie, un vice de raison- nement ou de locution, par lequel on redit toujours la même chose, tout en ayant l'air de dire quelque chose de nouveau. Tautologie expérimentale, signifiera donc le même vice dans une recherche expérimentale. Une expérience, qui tout en ayant l'appa- rence d'une preuve, n'est en réalité qu'une redite d'une opinion préconçue. Avant la découverte de l'hypnotisme, une pareille conception n'avait pas le sens commun. L'expérience était toujours considérée comme une vérification suprême. Elle pouvait combattre une thèse, apparemment bien raisoimée; mais elle ne pouvait pas être fausse en elle-même. Parmi les autres vérités inattendues, l'hypnotisme nous a révélé encore l'existence d'une expérimentation qui ne jrrowc rien, d'une tautologie expérimentale. Les faits de cette nature abondent, et il nous est impossible d'avancer dans celte étude sans en avoir pris connaissance. 1. Un jour, DuMONTPALLiER me montre une de ses malades. M... .le l'essaie à l'hypnos- cope : anesthésie, contracture. Par conséquent elle devait être facilement hypnotisable. J'essaye de l'hypnotiser, rien. Voyant mon étonnement, Dumontpalliër dit : <( Vous ne pourrez pas l'endormir : elle porte son métal ». A cette époque les plaques métallosco- piques de Rurq étaient considérées uniquement comme des moyens esthésiogènes. Un des sujets s'imagina que, puisque son métal reconstitue la sensibilité, il doit s'opposer à une action, qui supprime la sensibilité; et il se fit cette auto-suggestion, consciente ou inconsciente, qu'il ne pouvait pas être endormi avec son métal sur la peau. Dumont- palliër, après avoir observé ce fait, le « confirma ■> ensuite sur d'autres sujets, en les sug- gestionnant involontairement, et il fit sa communication, dans laquelle il « prouve » expé- rimentalement cette « découverte ». La vérité est que depuis une trentaine d'années 758 HYPNOTISME. j'hypnotise sans la moindre difficulté des personnes portant continuellement /turs métaux. On a cru cependant à cet obstacle, car l'idée d'un pareil empêchement confirmait les opinions (en partie justes) de plusieurs magnétiseurs quant aux métaux en général. Donc il fallait les enlever du sujet, et n'en pas porter soi-même, pour pouvoir magné- tiser. Une robe en soie empêchait également la production de l'hypnose. Un magnéti- seur, dont je ne me rappelle plus le nom, prétendait même qu'il est impossible d'en- dormir une personne, qui, étant assise, tient les jambes croisées. 2. Il en fut de même d'une autre loi découverte par Dumontpallier : « La cause qui fait, défait ». 11 endormait, contracturait, réveillait et décontracturait parle même moyen. Or, comme ce sont toujours la volonté de l'hypnotiseur et l'idée de l'hypnotisé qui jouent le rôle principal, il a suffi qu'elles concordassent à un moment donné, pour produire l'effet attendu. Je me rappelle une jeune fille, que j'essayai en vain d'endormir : voyant à peine quelques traces d'engourdissement au bout d'un temps assez long, je décide de la déshypnotiser, et je souffle sur ses yeux. A ce moment l'action accumulée produisit son effet : elle tomba endormie. Il se forma, par simple coïncidence, une association idéo-organique entre l'image du souffle et l'état hypnotique. A partir de ce moment il suffisait de lui souffler sur les yeux pour l'endormir, et comme, pour la réveiller, je me suis servi du même moyen, j'aurais eu le droit de dire : « La cause qui fait, défait ». En réalité, dans la grande majorité des cas, le souffle réveille, mais n'endort pas. Et il en est de même pour tous les autres moyens d'hypnotisation : fixation d'un objet brillant, passes, sensations monotones, vive lumière, musique, etc. Si l'on agit par sug- gestion, on ne dit pas : « Vous continuerez à dormir », lorsqu'on veut réveiller, mais on dit : « Réveillez-vous »! Ce qui n'empêche pas que certains hypnotiseurs ont pris au sérieux cette <■< décou- verte » de DuMONTPALLiEK. Elle a même été considérée comme un progiès important. « En démontrant, dit Bérillon, dès le début de ces expériences, que tous les agents qui ont déterminé une action, peuvent la défaire, et en insistant surtout sur ce fait, que l'agent mis en œuvre est toujours celui qui défait le plus rapidement son action, Dumont- pallier fournissait aux expérimentateui^s un procédé dont la valeur a été immédiatement reconnue par nous. En efl'et, cette proposition « l'agent qui fait, défait », est une loi qui, en hypnotisme, ne supporte pas d'exception. » (1). Il en est ainsi de toutes les créations artificielles de la tautologie expérimentale. L'observation vraiment objective donne des résultats moins uniformes. Il y a cependant une trace de vérité dans l'idée de Dumontpallier. Gomme c'est tou- jours principalement une association idéo-organique qui produit les différents phéno- mènes de l'hypnose répétée, c'est comme un instrument à deux tranchants : si A est associé à B, B est associé à A, et par conséquent tantôt A provoque B, tantôt B pro- voque A. Pour comprendre mieux la réversibilité dans l'action du même moyen, dési- gnons par rt l'état normal, avant ou après l'hypnose, /i l'hypnose elle-même, et m le moyen par lequel on endort. Nous aurons une association par contignité dans le temps : n -\- m + h m, est donc associé d'un côté avec n, et de l'autre avec h; si on l'associe de nouveau avec m. n + m + h + m + [n) on fera revivre la tendance à reconstituer n avec lequel m fut déjà associé, et il se peut (si d'autres influences et surtout d'autres associations le permettent), que l'adjonction de m à /i reproduira n, c'est-à-dire le réveil. Il y a, dans les phénomènes hypnotiques en général, une tendance de ce genre. Rien d'absolu dans la suite des états hypno- tiques: mais, si un sujet donné entre d'abord dans un état profond, aïdéique (léthargie), pour passer ensuite dans un état relativement moins profond de polyïdéisme actif (somnambulisme), il faudra, pour le réveiller, qu'il entre d'abord de nouveau dans (1) Edgard Bérillon. Hypnotisme expérimental, ])récédé d'une lettre-préface de Dumont- pallier, Paris, 1884, p. 14S. HYPNOTISME. 759 l'état aidéique, car c'est lui qui est associé avec l'état de veille précédent, et non le somnambulisme. Cette observation n'est pas théorique; elle m'a été suggérée par un sujet, d'une façon tout à fait inattendue. J'essaie de le réveiller, et je vois que le réveil tarde à se produire. >< Pourquoi ne vous réveillez-vous pas? » — « Il faut que je m'endorme d'abord plus profondément, pour me réveiller », répond le sujet. Et il avait raison. Généralement, ce passage inverse s'accomplit si vite qu'on ne le remarque pas; mais, si le sujet est un peu fatigué (c'était le cas) le passage se ralentit, et on peut l'observer. Ce détail constitue une des raisons pour lesquelles il est toujours préfé- rable de réveiller lentement, prescription que l'on trouvera chez tous les bons observa- teurs. Donc il y a du vrai dans la thèse de Dumontpallier ; mais ce n'est pas une loi, et dans la plupart des cas il est préférable de se servir d'une association par contraste, et non par contiguïté; d'autant plus qu'elle peut être appuyée par certaines influences rationnelles, objectives. 3. DuRviLLE, partisan de la polarité, voit au contraire une efficacité spéciale dans des iniluences contraires. « Le sujet assis, si on lui présente la main droite au front, la tête se porte légèrement en arrière, les paupières s'abaissent et il s'endort. La main gauche, pi^ésentée au même point, le réveille. » {Traité exp. de magn., 1895, p. 104). Je n'ai jamais remarqué une semblable différence dans l'action de la main gauche ou droite ; et il est à remarquer qu'un des magnétiseurs les plus autorisés, Dupotet, se servit toute sa vie indifféremment des deux. Je n'ai pas l'intention d'aborder ici en détail la question de la polarité. Elle est très compliquée; mais il est certain que l'assertion de Durville, que je viens de citer, ne repose que sur une illusion, systématisée dar^s l'esprit de l'auteur, et répercutée par ses sujets. Un sujet hypnotisé pour la première fois sera, s'il est hypnotisable, hypnotisé indifféremment par l'application au front de la main droite ou de la main gauche. D'ailleurs, il n'y a pas de concordance entre les différents systèmes de polarité qu'on a présentés. Entre Dècle et Chazarin, qui eux aussi, ont « découvert » la polarité, et Durville, il y a même une radicale opposition. Les recherches indépendantes de Baréty ne sont nullement comparables avec celles de A. de Rochas : les sujets de Reichenrach voient rouge, où les sujets de Durville voient jaune. Ces diverses séries d'études sont-elles tout à fait illusoires? Probablement pas tout à fait, mais le positif y est caché sous une couche si épaisse d'illusions et de contradic- tions, que le moment ne me paraît pas proche, où ces questions pourront être analy- sées avec profit. D'après mes observations personnelles, il y a dans l'organisme humain une tendance à la polarité. Elle découle d'abord de la dualité symétrique du système cérébro-spinal, qui fait qu'on peut souvent distinguer (même en dehors de l'hystérie) •.les personnes malades d'un côté, ayant une maladie de la moitié droite, ou une K maladie gauche ». Plusieurs organes, situés par exemple à gauche, peuvent paraître affectés de maladies spéciales et locales, tandis qu'en réalité ce ne sont pas le poumon gauche, le cœur, la rate, etc., qui sont malades, mais le côté gauche du système ner- veux. Dans les cas d'un équilibre pathologique relatif des deux moitiés du corps, il se peut encore que les symptômes se montrent tantôt à droite et tantôt à gauche. La « somme de la maladie » (qu'on me permette cette expression) insuffisante pour occuper en même temps tout le corps, se déplace par moments, et manifeste ce qu'on appelle un « transfert » : il est donc inexact de considérer ce phénomène comme appartenant uniquement à la catégorie des manifestations hystériques. Un état catarrhal, une dour leur rhumatismale, une congestion, peuvent se transférer également {métastase des anciens auteurs). Rien de plus commun, quoique on n'y fasse guère attention, que les transferts spontanés dans le coryza; l'état de la muqueuse du conduit nasal s'améliore à droite, empire à gauche, et réciproquement. Voilà ce qu'on peut appeler une ten- dance vers la polarité. Ensuite il y a certaines oppositions primordiales entre les deux côtés du corps, entre la tête et les extrémités, entre les bords interne et externe de la même extrémité, etc. C'est ainsi par exemple qu'en essayant l'influence des mé- taux je trouve souvent une opposition sensorielle constante entre les deux bords de la main. Pour essayer la sensibilité individuelle aux métaux, j'applique un procédé plus court et plus simple que celui dont se servit Burq. En prenant cette sensibilité dans le 760 HYPNOTISME. sens favorable à l'org-anisaie, j'ai trouvé que les métaux utiles pour la santé d'un indi- vidu lui paraissent plus chauds que les autres. J'examine donc d'abord la première impression que produisent les plaques, posées sur le dos de la main, séparément, l'une après l'autre, et je les parta^^'e en deux catégories ; celles qui paraissent plus froides et celles qui semblent moins froides ou chaudes. Ensuite je compare ces dernières, deux, à deux, en les plaçant, tantôt l'une plus haut et l'autre plus bas, tantôt l'une au bord extérieur et l'autre au bord intérieur de la main. Or, dans ce dernier cas, il arrive que la différence des sensations caloriques s'efface sous l'influence de la position, et même se renverse d'une façon constante. Par exemple, Pt, Au, Ai,', paraissent froids, et Fe, Zn, Sn, chauds, tant qu!on les essaie (évidemment à l'insu du sujet) au milieu du dos de la main; mais, si on les applique deux à deux, l'une au bord droit, l'autre au bord gauche du dos de la main, les impressions changent, la différence spécifique disparaît, et ce n'est plus la nature chimique du métal, c'est l'endroit où il a été placé qui décide de l'impression; toutes les plaques placées à droite paraissent chaudes, toutes les plaques placées à gauche paraissent froides. Il y a donc une sorte de polarité dans la sensibi- lité cutanée de certains endroits. Mais ce n'est pas une polarité vraie, dans le sens des pôles de l'aimant. Et si Papus dit : >< Le pôle N de l'aimant émane des lueurs blanches, très agréables et fortifiantes pour le sujet » (lequel?) « à l'état de somnam - bulisme(LuYS, Rochas). Le pôle S émane des lueni^s rouges et désagréables pour le su- jet. Le pôle N attire le sujet, le pôle S le repousse » {La magie et Vhypnose, p. 28), je considère cette assertion comme une simple tautologie expérimentale. Elle appartient à la même catégorie que les études concernant le « pentagramme » magique. En somme, quant à la polarité, je crois que, malgré ses exagérations primitives, c'est encore le créateur du magnétisme animal moderne qui en a donné la formule la plus exacte : ce II se manifeste particulièrement dans le corps humain, des propriétés analogues à celle de l'aimant ; on y distingue des pôles également divers et opposés, qui peuvent être communiqués, changés, détruits et renforcés ». (9'' Aphorisme ou Propo- sition de F. A. Mesmer). Ce sont donc des propriétés analogues, mais non identiques, et les soi-disant pôles ne présentent pas une stabilité comparable à celle de l'aimant, car on peut les changer et modifier. Rien d'étonnant qu'on en ait créés tant, et de tout à fai^ différents. On peut les « fortifier » (par suggestion volontaire ou involontaire), mais on n'a pas la moindre preuve qui permette d'identifier leur action, comme le font certains auteurs modernes, avec celle de la polarité magnétique. Et si Durville, pour découvrir sa polarité, s'est servi d'une pile électrique (il ne dit pas de combien d'éléments) en approchant du corps du sujet un fil de cuivre, traversé par le courant de cette pile, il a oublié que les courants électriques qui existent dans le corps sont infiniment plus faibles que les courants d'une pile (même d'un seul élément) et que, par conséquent, s'il y a entre eux une action apparente, analogue aux réactions dynamiques de deux piles, ces réactions ne peuvent pas dépendre des courants du corps, mais bien d'influences tout à fait étrangères à une action électro-dynamique quelconque. En 1882, ignorant fhistoire du magnétisme, ignorant également les travaux de Braid, Gharcoï imita quelques expériences publiques de Donato sur une ou deux hysté- riques, leur donna l'apparence d'une grande, d'une trop grande exactitude, et ramena oute la symptomatologie de l'hypnotisme aux trois états : catalepsie, léthargie et somnambulisme. .( Le sujet en catalepsie a les yeux grands ouverts », en réalité il peut les avoir demi-ouverts ou tout à fait clos. On obtient l'état léthargique « par un simple passage dans un lieu parfaitement obscur » ou « par la simple occlusion des paupières » (car, l'état léthargique étant le contraire de la catalepsie, si cette dernière se provoque ]»ar une vive lumière : accident arrivé à Lucile de Donato, il faut bien qu'une obscurité parfaite provoque la léthargie). » Au moment où le sujet tombe en léthargie, on entend « un bruit laryngé tout particulier » (particulier à Wittmann), en même temps un peu d'écume se montre sur les lèvres » (je n'ai jamais vu rien de semblable) « l'hyperexcita- bilité neuro-musculaire est toujours présente » (chez Wittmann, spécialement éduquée dans cette direction. Chez d'autres elle fait défaut ou se montre également dans d'autres états, et même à l'état normal, à divers degrés. Telle qu'elle a été décrite par Chahcot, elle ne se manifeste jamais spontanément. i< La contracture ainsi provoquée se résout rapidement sous l'influence de rexcitation des muscles antagonistes »(ou par HYPNOTISME. . 7Gl \\n autre moyen quelconque : un magnétiseur qui ne connaît pas les muscles antago- nistes n'obtiendra rien, en les pressant par hasard, mais il pourra obtenir la résolution en pressant les mêmes muscles, si telle est son opinion personnelle). « On produit l'état somnambulique par une pression ou friction exercée sur le vertex » (C'était une pure coïncidence, que l'on s'empressa d'utiliser pour une association idéo-organique, ne sachant pas ce qu'on faisait). Dans le somnambulisme « les yeux sont clos ou demi- clos » (ou tout à fait ouverts) : » l'hyperexcitabilité neuro-musculaire, telle qu'elle a été définie, absolument caractéristique pour la léthargie, n'existe pas dans le somnam- bulisme».) Rien d'étonnant, puisqu'elle n'existe jamais spontanément). Il suffit d'abaisser les paupières du somnambule pour le faire passer en léthargie. C'était un écho des anciennes expériences de Lasègue (1866), une banalité hypnotique sans importance, élevée par ce dernier à la dignité d'une nouvelle méthode pour produire l'anesthésie. Dernièrement encore on a discuté là-dessus. Benedikt, de Vienne, vient de publier une lettre [Revue de VHypnotisme, novembre 1008), dans laquelle, tout en accordant la priorité de la découverte à Lasègie, il s'attribue un perfectionnement : « Je veux ajouter, dit-il, que j'ai complété la méthode de Lasègue par une petite pression sur les yeux, exercée avec les doigts'. De son côté Charcot disait : « Lorsque, chez un sujet amené à l'état somnambulique, on exerce à l'aide des doigts appliqués sur les paupières une légère compression des globes oculaires, l'état léthargique peut remplacer l'état somnambu- lique ». (Ou inversement, suivant les habitudes prises par le sujet). En réalité, ces trois découvertes se valent ; la pression sur les globes oculaires ne produit rien chez les sujets insensibles à l'hypnoscope, et, chez des sujets nettement sensibles, une pression sur les globes oculaires, sur le vertex, sur le front, les tempes, le menton, etc., produira ce qu'on voudra, pourvu qu'on sache créer, entre ce signe et l'état voulu, une association par l'habitude. 5°) La preuve hypnotique de la localisation de Broca, donnée par Charcot, appartient à la même catégorie. Charcot ignorait sans doute qu'il avait eu un prédécesseur, qui, à l'aide de semblables expériences, avait « prouvé » toute la phrénologie de Gall. Il s'agit de Braid. Le créateur de l'hypnotisme, qui imita Ch. Lafontaine, pour démontrer que Lafontai>!e s'était trompé, imita également un autre magnétiseur ambu- lant et lui donna raison. Cet autre magnétiseur, aujourd'hui totalement oublié, s'appe- lait Spencer-Hall. De sa profession, compositeur d'imprimerie, il parcourait l'Angle- terre vers 1842, en donnant des conférences publiques avec démonstrations. Il s'intitulait phréno-mesmérkte. Également versé dans la doctrine de Gall et celle des magnétiseurs, il les combina spirilueliement, et par la netteté de ces expériences réussit à faire de nombreux prosélytes, entre autres ElliotsOxN, Eduin Lee et James Braid. Ce dernier les confirma pleinement. En pressant le cuir chevelu, à l'endroit des divers organes phré- nologiques, par l'intermédiaire d'un bouchon de liège pour exclure l'action du fluide magnétique, il obtint, chez des sujets convenablement sensibles, toutes sortes d'effets correspondant aux organes touchés. Il a fallu être assez naïf pour croire, d'abord que par ce moyen on élimine l'action du (( lluide », et ensuite que la pression du cuir chevelu communiquée à la peau, celle de la peau communiquée au crâne, celle du crâne communiquée aux circonvolutions de la substance grise, peuvent mettre en jeu les diverses facultés psychiques des organes hypothétiques de Gall et Spurzheim. Mais qu'importe! l'effet était là, et indubitable. L'expérience confirma la doctrine. Seulement, en désaccord avec la « pression » de Braid, Spencer-Hall perfectionna son système et produisit les mêmes phénomènes sans contact. Une de ses somnambules, exercée à ces expériences, arriva à Paris en 1. Dans nu livre de magnétisme, publié par G. P. Billot en 1S.W, on trouvera entre autres les lignes suivantes : « Vendredi 4 février 1832, à 4 heures du soir. M"' Laure est endormie de suite par la seule pression de mes doigts sur ses yeux. Incontinent, elle dit : etc. » [Recherches psychologiques, II, 201). Et si un médecin hypnotiseur quelconque désire perfectionner encore et d'une façon vraiment originale la méthode de Lasègue, n'aura qu'à continuer la lecture du passage cité... « Le soir, à 10 heures précises, M. le médecin m'endormira. Il n'est pas néces- saire qu'il vienne ici, ni qu'il me touche; en quelque endroit qu'il se trouve, à l'heure indiquée, il pressera ses yeux, comme il fait sur les miens et je m'endormirni. Une demi-lieure après, il m'éveillera en pressant tout de même ses yeux. J'ai dit que l'intention fait tout en ceci... » 762 HYPNOTISME. 1845. Elle a été examinée par les magnétiseurs parisiens, qui, plus perspicaces que Braid et Charcot, et sartout ayant une meilleure connaissance du magnétisme, ne se sont pas laissés prendre aux apparences. Voici comment le Journal du Magnétisme de l'époque décrit ces essais : « La magnétisée est assise, le magnétiseur lui dirige sur la tête, sans contact et à quelques centimètres de distance, un doigt à l'endroit qui cor- respond ù l'organe phrénologique qu'on veut surexciter. Dans le cas qui nous occupe, c'est l'organe de la vénération qui a été désigné, quoique la patiente ne connaisse pas le français : les indications sont données par écrit au magnétiseur (précaution qui n'a jamais été prise à la SalpêtrièreJ) : la patiente presque instantanément se jette à genoux. Sur une autre indication, le doigt fut dirigé sur l'organe de la mélodie, et un chant reli- gieux anglais fut aussitôt entonné, puis interrompu par un rire immodéré, causé par la stimulation de l'organe de la gaieté. Sur la demande de M. Mathieu, on fit recom- mencer le chant pour l'interrompre à volonté. L'expérience réussit. La combativité sti- mulée fait entrer la patiente dans une colère extrême contre le magnétiseur : elle se lève avec fureur, lui met une main à la gorge, tandis que de l'autre elle tient une chaise pour l'en frapper. Mais le doigt diingé sur la bienveillance fait cesser cette exaltation par degrés, jusqu'au calme parfait. L'estim.c de soi vient ensuite; la magné- tisée se lève, marche, prend des attitudes dédaigneuses, et critique avec amertume l'exécution d'un morceau de musique, qu'on entend à l'étage supérieur. M. Cruxen demande à procéder lui-même; sur l'affirmation qui lui est donnée, il agit sur la des- tructivité, la magnétisée le saisit aussitôt par l'habit, qu'elle tire avec force en sens divers, de manière à le déchirer. Puis, tout à coup, elle quitte l'habit, porte la main à la montre, qu'elle enlève avec une dextérité étonnante. Le docteur dirige alors son action sur la vénération; l'habile voleuse remet la montre où elle l'a prise, se repent et commence à pleurer, mais, en stimulant la gaieté, le calme revint sur ses traits... » Séance du 4 septembre. — Relativement aux expériences phréno-mesmériques, qui ont rempli la séance précédente, l'opinion générale de la Société est que la volonté seule est tout dans le développement de ces curieux phénomènes : qu'ils se produisent indépendamment de toute connaissance phrénologique ou idée de location cérébrale. La direction du doigt sur l'organe phrénologique est insignifiante: bien plus, on peut développer un sentiment, en dirigeant le doigt sur un organe diamétralement opposé. » Il se peut que le sujet en question fût réellement sensible à l'action de la volonté, non exprimée verbalement. Ce qui est certain (car ce détail est mentionné dans le journal), c'est qu'il fut sensible à l'approche de la main. Or les sujets de cette catégorie ne sont pas bien rares, et une pareille sensibilité suffit, — en supposant la connais- sance de la phrénologie — à faire naître une association entre l'excitation d'un point déterminé et un groupe de sentiments. Elle expliquerait alors les phénomènes indiqués, sans une action mentale. 6° A peu près à la même époque, il y eut dans les journaux magnétiques une vive discussion au sujet de l'analgésie provoquée, en somnambulisme. Les uns prétendirent qu'elle persiste après le réveil, d'autres qu'elle disparaît avec le réveil, et que, par consé- quent, les expériences d'insensibilité hypnotique constituent une pure barbarie. Il semble qu'une pareille question soit facile à résoudre expérimentalement. Certes : mais le malheur est que les expérimentateurs des deux camps obtenaient constamment des résultats contraires. Les sujets des uns ne sentirent rien, malgré le réveil; les autres se plaignirent de vives douleurs. Pour ma part, je n'ai jamais observé ce dernier cas. Une de mes somnambules, opérée par Chiwat dans un état aïdéique, ne savait même pas, dans l'état consécutif au somnambulisme, que l'opération fût déjà faite, et encore moins à l'état de veille. Je crois donc que l'analgésie persistante est, sinon la règle, du moins le cas le plus fréquent, et que, si certains hypnotiseurs l'ont vu tou- jours disparaître après le réveil, c'est uniquement parce que leurs croyances, leurs craintes surtout, réagissaient sur leurs sujets. « Veuillez et croyez » disait Puyse'gur, et il avait raison. Quoi qu'on en dise, c'est la formule scientifique de l'hypnotisme. Elle m'a paru ridicule dans le temps : je la trouve exacte aujourd'hui. 1° Ayant mentionné Puységur, je ne puis laisser passer sous silence une importante tautologie expérimentale, répandue par cet auteur, qui était pourtant un excellent observateur. Elle persiste encore, et les auteurs, directement ou indirectement sugges- HYPNOTISME. 7^3 tiennes par lui, obtiennent des preuves expérimentales en faveur d'une idée fausse. On se rappelle, que, dans ma polémique avec Téminenl professeur Pierre Janet, concer- nant la nature pathologique de l'hypnose, je lui avais accordé un argument sérieux en faveur de sa thèse. Cet argument, le voici : C'est un « fait », au sujet duquel P. Janet n'a pas le moindre doute : il le croit seulement insuffisamment connu, quoique de très grande importance : « quand l'hystérie guérit sérieusement, et non pas seulement en apparence, le somnambulisme et la suggeslibililé disparaissent ». {Automatisme , p. 446). Voilà réellement une proposition de grande importance. Si elle est vraie, tous jnes arguments en faveur de l'indépendance de la sensibilité hypnotique, comme d'une apti- tude sui generis, anormale, mais non pathologique, tombent : l'hypnose reparaît de nouveau comme une simple modification de l'hystérie et doit être considérée, sinon comme une névrose toute faite, au moins comme une diathèse hystérique. Je ne vois même pas de raisons suffisantes pour conserver les restrictions de P. Janet lui-même, qui dit : « Faut-il s'arrêter là, et soutenir que le somnambulisme n'est rien d'autre qu'une manifestation de l'hystérie? c'est une opinion qui serait bien exagérée... » Exa- gérée ou non, elle serait juste en principe, si seulement le fait était vrai. Mais il n'est qu'une tautologie expérimentale. La disparition de la sensibilité hyp- notique après guérison complète de Ihystérie (ou d'une autre maladie quelconque), n'a jamais été observée que par des hypnotiseurs qui se sont imaginé cela. Et c'est un fait extrêmement curieux que cette idéoplastie négative, suggérée involontairement; car elle prouve jusqu'où peut aller la puissance occulte de la tautologie expérimentale. L'erreur remonte encore à Mesmer. C'est lui qui, le premier, en sa qualité de méde- cin, jugeait maladif ce qui n'était qu'anormal. Lorsqu'un malade ne réagissait pas à ses manœuvres, il le déclarait exempt d'une maladie nerveuse, et, en conséquence, pensait qu'un homme atteint d'une maladie nerveuse et guéri, ne devrait plus être intluenrable. Il parait qu'il modifia ensuite son opinion; mais, considérant toujours le somnambulisme provoqué comme une crise, il croyait que cette crise n'avait plus de raison d'être lorsqu'il n'y avait plus de maladie. Quoi qu'il en soit, il suggestionna dans ce sens ses élèves, et parmi eux Puyskgur, le principal propagateur de cette idée. 11 n'avait pas besoin de les suggestionner à son tour dans le sens propre du mot, car, comme nous le savons déjà, le hasard voulut que son premier sujet fut sensible à l'action mentale, et puis il faut savoir que, si une action mentale directe et immédiate est fort rare, une action lente, indirecte, retardée, est très commune dans l'hypnotisme. Une fois que sa conviction fut cristallisée, elle réagissait sur seis malades sans qu'il s'en doutât, lui apportant de nouvelles « preuves expérimen- tales »... de son idée préconçue. On la retrouve chez plusieurs auteurs qui ont subi l'in- fluence du sorcier de Busancy. C'est ainsi par exemple que Despine dit « les effets du somnambulisme sont nuls chez les personnes bien portantes » {Somn., p. 131). P. Janet a-t-il lu PuYSÉGUR? Je ne sais; mais en tout cas il a lu Despine, et, s'il croit tout de même avoir agi en observateur absolument impartial, cela peut tenir à une de ces désagrégations entre le moi conscient et inconscient, qu'il a si bien mis en relief dans son livre sur l'automatisme. Et il ne faut pas oublier qu'un de ses sujets princi- paux (comme j'ai eu l'occasion de m'en assurer personnellement) était directement et immédiatement influençable par l'action mentale. D'ailleurs, comme preuve que P. Janet ne fut pas toujours à l'abri d'une influence suggestive inconsciente, qu'il me permette de citer le détail suivant : après la publication des trois états classiques de Charcot, p. Janet a cru faire mieux, en découvrant l'existence de neuf états différents dont il a publié la description détaillée dans la Revue scientifique, ^'y yoyani qu'une création artificielle, dans le genre de celle de Charcot, je priai P. Janet, à l'occasion de mon séjour au Havre, de provoquer cheE Léonie un de ces états, dans lequel, suivant lui, la catalepsie est impossible à obtenir. Ce qu'il fit avec complaisance. Prenant alors la main de Léonie, je soulève son bras, et, sans rien dire, je m'imagine fortement que ce bras va rester en l'air. Quelques secondes ont suffi, pour que la catalepsie se déclarât : le bras resta en l'air, et conserva les positions que je lui imposai. Je n'avais qu'à imaginer le contraire, pour que le bras, légèrement soutenu par ma main, retombât de nouveau inerte. Et il n'est même pas nécessaire d'invoquer, dans tous ces cas, la 764 HYPNOTISME. suggestion mentale, car le sujet peut être suggestionné mécaniquement par l'attitude de la main, que le magnétiseur croie ou non pas à la catalepsie, comme dans les expé- riences de cumberlandisme. En résumé, je considère la disparition de la sensibilité hypnotique (en dehors des oscillations naturelles de cette aptitude) comme un phénomène suggéré, ne l'ayant jamais observé dans d'autres conditions. « Les malades nerveux, dit Gessmanx, qui, à l'aide de la méthode hypnotique, ont été délivrés de leur mal, conservent, sans aucun changement, leur aptitude à l'hypnose ». {Magn. iind Hyp., p. 68). Et il a raison. Tant qu'il n'y a pas de suggestion contraire, la sensibilité persiste. Je dois ajouter que, d'autre part, j'ai vu la sensibilité hypnotique s'affaiblir notablement à la suite d'une maladie, ou d'une aggravation dans la maladie existante. 8° La facilité avec laquelle on obtient des contractures, chez des sujets prédisposés, a été un des principaux moyens d'études pour les hypnotiseurs modernes et la prin- cipale source de toutes sortes d'erreurs. On pourrait composer un volume, rien qu'en citant les diverses découvertes illusoires auxquelles elle a donné lieu. On a imité les expériences de DoNATO et de Hansen, eu s'efîorçant de leur donner plus d'exactitude. Mais, faute d'une connaissance spéciale du terrain — connaissance que possédaient Haxsen et DoNATO — et par ignorance de l'histoire du magnétisme, les chercheurs ont été amenés à une tautologie expérimentale sans valeur. « L'aptitude à la contracture par excitation cutanée, disent Bixet et Férk, est en général répandue sur toute la surface du corps. Mais il est possible de la limiter à une région déterminée, en excitant de diverses façons les téguments du crâne » (p. 94). Illusion! Il n'y a aucun rapport entre les téguments du crâne et la contracture de divers membres. Mais on peut former une association idéo-organique entre la pression des divers points de la tête (ou de la plante des pieds) avec la contracture d'un muscle déterminé, ou encore avec l'impossibilité de la contracture d'un muscle déterminé. C'est ainsi peut-être que Vigouroux, ayant échoué dans un premier essai à produire la contrac- ture du deltoïde (tandis qu'il produisit facilement la contracture d'autres muscles), s'imagina que ce muscle possède une résistance spécifique, et, en conséquence, il n'a plus pu obtenir la contracture du deltoïde, qui en général s'obtient plutôt plus facile- ment que les autres. Nous avons vu que les sujets de Dumontpallier devenaient réfrac- taires avec leur métal sur la peau. Certains magnétiseurs ne peuvent pas endormir une personne en robe de soie, et Durville ne peut pas contracturer un membre s'il lui présente la main en n position hétéronome ». « Si, pendant qu'une grande hypnotique — continuent Binet et Féré — est en léthargie ou en catalepsie, on fait la friction du vertex, le sujet entre en somnambulisme total, et toutes les parties de son corps acquièrent l'aptitude aux contractures cutanées » (Il ne l'acquiert pas, il l'avait déjà). « Si on fait la contracture latéralement, sur un seul côté de la tête, on provoque un hémi-somnambulisme, localisé au côté du corps correspondant: l'autre moitié ne change pas d'état; on a un hémi-somnambulisme, associé à l'hémi-léthargie ou à l'hémi-cata- lepsie ». (C'est vrai : seulement les mêmes phénomènes peuvent être obtenus par une friction du côté opposé, si l'on a la conviction qu'en agissant sur le cerveau on doit obtenir une action croisée et si l'association idéo-organique s'est formée en sens con- traire. Tel est le cas de Dumontpallier qui exerçait la pression sur les centres mo- teurs). « Si entin, au lieu de faire une friction étendue du vertex, on pratique une forte pression avec le doigt, ou un corps mousse ( !), sur certains points du cuir chevelu, qui semblent en rapport avec les centres moteurs — c'est le phréno-mesmérisme de Spencer- Hall modernisé) — on détermine le somnambulisme partiel du membre; donc le centre moteur paraît avoir été impressionné. On peut ainsi somnambuliser isolément une moi- tié de la face, un bras, une jambe, ou les deux bras, les deux jambes, la totalité de la face. Il est même possible de déterminer le somnambulisme isolé de la partie supé-. rieure de la face (!) en excitant un point du crâne situé au-dessus d'une ligne horizon- tale, passant par l'arcade sourcilière, et en arrière d'une ligne verticale, passant en arrière de l'apophyse mastoïde, etc. » Est-ce assez scientifique, comme précision? Les auteurs en sont enchantés. .( Par leur précision, disent-ils, ces expériences sont à l'abri de la fraude ». (De la fraude, oui, de l'illusion, non). Les auteurs n'ont qu'un doute : ils ne savent pas « si ces expériences sont une confirmation des localisations cérébrales, HYPNOTISME. 765 ou si elles s'expliquent par rexistence de zones rédexogènes; cette dernière interpréta- lion, disent-ils, nous parait toutefois plus vraisemblable » (malheureusement elles sont fausses toutes les deux). « On rencontre, en effet, chez les sujets hystériques hyp- notisés, beaucoup de zones dont l'excitation agit à distance par voie réflexe; d'abord les zones hystérogènes, dont la compression provoque l'attaque d'hystérie et l'arrête, quand elle est lancée ». C'est encore une tautologie de Charcot; un point hyperes- thésié quelconque, lorsqu'il est fortement excité, provoque une douleur; cette douleur peut déterminer une attaque, l'hypnose, ou seulement un cri, et quelques mouvements de défense, suivant les dispositions du sujet. Quelquefois une nouvelle pression pourra occasionner, ou un second cri seulement, avec mouvement réflexe de défense, ou le réveil, ou même l'arrêt de l'attaque. Mais ce dernier cas est excessivement rare, même quand on est très fortement convaincu de l'efOcacité de ce moyen. Il échoue toujours, lorsque cette condition fait défaut, et la pression ovarienne reste également inefficace pour la production de l'attaque, si l'ovaire n'est pas hyperesthésié, ou bien si, tout en étant hyperesthésié, on le presse immédiatement après l'épuisement de l'attaque. Les zones hypnogènes duprofesseurPixREs, n'ont pas d'autres significations. Elles peuventêtre plus efficaces, seulement à condition d'une association déjà établie, entre la pression d'un point (quelconque) et la production de l'hypnose. « Puis les zones hypnogènes, distinctes des premières, comme siège et comme eifet, dont l'excitation produit et, sui- vant les cas, modifie, et même supprime, le sommeil hypnotique : viennent ensuite les zones dynamogènes, signalées pour la première fois par l'un de nous, dont l'excitation produit une exagération momentanée de la force musculaire, mesurable au dynamo- mètre; il existe aussi des zones érogènes,dont nous parlerons plus loin; enfin Heiden- HATN, BoRN, et en France, Dumontpallier et Magnin, ont décrit des zones réllexogènes, dont l'excilation produit chez les hypnotiques des effets moteurs, plus ou moins distants du point de la peau qu'on a excité. Chez quelques sujets de Heidenhain, en tirant la peau de la nuque, dans la région des vertèbres cervicales, on produit par action réflexe un gémissement, dû à une expiration sonore : c'est la répétition sur l'homme de la célèbre expérience de Goltz sur les grenouilles... >^ Malheureusement cette expérience de Hei- denhain est impraticable. Jamais un hypnotiseur, n'ayant aucune connaissance de l'expérience de Goltz, ne provoquera chez un hypnotisé, également ignorant de cette expérience, un gémissement particulier, en tirant la peau de la nuque, dans la région des vertèbres cervicales. Voilà, je crois, une collection suffisante, quoique incomplète, des différentes zones... illusiogènes. 9° En face de pareils faits, on peut réellement se demander si l'action des idées inconsciemment préconçues ne s'étend pas davantage, si elle ne dépasse pas le domaine propre de l'hypnotisme?... Pour ma part, je n'en doute pas. L'histoire moderne de nou- veaux médicaments, de nouvelles méthodes et théories thérapeutiques est là, poui' illustrer abondamment les surprises que nous procure celte puissance occulte. Et le domaine sévère de la physiologie expérimentale en est-il libre? Je crois que, du moment qu'on expérimente sur un être vivant, on n'est jamais à l'abri d'une infiuence psychique extériorisée. Aujourd'hui encore on ne croit pas au magnétisme, on considère comme des illusions les faits déjà très nombreux d'une transmission mentale, qui, seule parmi les phénomènes hypnotiques, n'a rien à craindre de l'immixtion d'une tautologie expé- rimentale, pourvu qu'elle soit libre d'une intluence suggestive ordinaire. Lorsque ces faits seront enfin reconnus, il faudra bien faire une révision complète de notre savoir physiologique, à ce point de vue particulier, et alors on verra la différence qu'il y a entre une expérimentation vraiment impartiale et une tautologie expérimentale. « Au fond, dit Charles Righet, rien n'est plus difficile qu'une impartiale et attentive observa- tion... Pour bien regarder, les expérimentateurs doivent oublier tout ce qu'ils ont appris, et laisser dans l'ombre toutes les théories ». Cela arrive-t-il en pratique?... Et puis, en supposant cette condition réalisée, ne courrons-nous pas un autre risque opposé? L'abnégation des théories, conduit à un respect exagéré du fait. « Un fait — dit le même physiologiste — bien et complètement observé dans tous ses détails, vaut toutes les théories du monde ». Cette formule était juste avant la découverte de l'hyp- notisme, quand on n'avait encore aucune raison pour soupçonner les faits. Aujour- 766 HYPNOTISME. d'iiui, il faut s'en méfier, autant que des théories. Nous venons de voir qu'un fait « bien et complètement observé dans ses détails », peut être faux, étant réellement et objecti- vement provoqué par une théorie fausse. Et d'autre part, nous avons vu une théorie relativement fausse, (celle de Mesmer au point de vue de son exclusivité physique et objective) conduire à la découverte d'innombrables faits réels. Ch. Richet n'ignore pas cette possibilité. En parlant des idées de Mayer, il dit lui-même : « Ce n'est pas la pre- mière fois qu'entre les mains d'un homme de génie une erreur d'interprétation con- duit à une grande découverte. » Soyons donc indulgents pour les théories; tâchons seulement d'en avoir toujours deux de contraires, pour pouvoir se réjouir également du triomphe de l'une et delà défaite de l'autre. Ce qui est vraiment préjudiciable pour le progrès, c'est cette uniformité des théories qui règne en ce moment, et ce respect exagéré des faits, cherchés toujours dans la même direction. Plus d'indépendance de la routine, plus de hardiesse dans la reconnaissance des faits, aussi bien que des théories, et surtout moins de « néophobie » : telle est, je crois, la formule, après la découverte de l'hypnotisme. Je me hâte d'ajouter, que c'est, au fond, celle de mon savant ami. HYPNOTISME DES ANIMAUX Les animaux étant également hypnotisables, les liens suggestifs entre l'homme et le chien indubitables, on doit se demander si, quelquefois, lorsqu'on a la chance de tomber sur quelques animaux sensitifs (et ils sont peut-être plus sensitifs que nous, sous certains rapports) on n'est pas exposé à une tautologie expérimentale, même dans une vivisection physiologique ordinaire? Sans rien préjuger, je soumets le fait suivant à la méditation du lecteur : « Vous savez — dit Charles Richet dans sa leçon inaugurale sur la physiologie et la médecine (1887) qu'il y a au cerveau, entre la paroi crânienne et la masse cérébrale, une mem- brane fibreuse résistante, la dure-mère. Or il se trouve, que cette dure-mère est d'une sensibilité exquise : on ne peut pas la toucher sans que l'animal pousse des cris de dou- leur. Elle est, je ne dirai pas aussi sensible, mais plus sensible qu'un tronc nerveux. Il n'y a pas dans tout l'organisme, d'organe qui soit plus sensible. Pour qu'un chien sup- porte sans se plaindre une piqûre ou une déchirure de la dure-mère, il faut qu'il soit profondément chloralisé. Dès qu'il y a en lui la moindre trace de sensibilité, elle est réveillée aussitôt par l'attouchement de la dure-mère. Il semble que rien ne soit plus facile que de constater ce phénomène. Quoi de plus simple que de mettre la dure-mère à nu, de la pincer, et de constater que le chien alors crie et se débat? « Cependant, il faut croire que cela n'est pas très facile; car il s'est trouvé, il y a cent ans à peine, un très grand physiologiste, un des plus grands assurément, Haller, qui a reconnu que la dure-mère était insensible. Haller a étudié la sensibilité de la dure-mère à l'aide d'expériences nombreuses, maiti il était aveugle par sa théorie de l'ir- ritabilité, qui lui faisait admettre que les parties fibreuses ne sont point irritables. « Nous mîmes, dit-il, la dure-mère à nu, nous irritâmes cette membrane avec le scalpel et le poison chimique : l'animal ne souffrit aucune douleur. Sur un chien on a arrosé la dure-mère avec de l'huile de vitriol : l'animal a paru gai... « L'expérience 62, sur un chat. — La dure-mère découverte fut piquée, irritée, brûlée pendant longtemps, sans que l'animal se plaignit. « Haller rapporte une douzaine de cas analogues, et il ajoute : <> J'ai fait beaucoup plus d'expériences que je n'en rapporte ici. Il y en avait cinquante de faites en 17o0. Elles ont toutes réussi avec la même évidence et sans laisser de place à un doute rai- sonnable; je les crois suffisantes pour démontrer que la dure-mère est insensible. » « Eh bien ! non, cent fois, mille fois non ! La dure-mère est d'une sensibilité extrême. C'est un fait éclatant, facile h voir, incontestable. Nulle partie du corps n'est aussi sen- sible. Alors comment Halleu n'a-t-il pas vu ce phénomène si évident? Comment expli- quer cette colossale erreur en une question si facile? Je ne saurais le dire. Sans doute il avait la vue troublée par sa théorie, il voulait trouver la dure-mère insensible, et il la trouvait insensible. Comme nous le faisons probablement aujourd'hui, il voyait, non ce qui est, mais ce qu'il voulait voir. N'est-il pas vrai, messieurs, que c'est inquiétant HYPNOTISME. 767 pour notre science? Il y a autour de nous des faits aussi évidents que la sensibilité' de la dure-inère, et cependant nous ne les voyons pas, parce qu'on ne nous les a pas enseignés. Il y a là un cercle vicieux, dont le savant doit chercher à se dégager. On ne voit que ce qu'on connaît. Mais combien plus intéressant d'apprendre à voir ce qu'on ne connaît pas! C'est aussi beaucoup plus diflicile. et bien peu d'hommes ont ce rare talent d'observateurs, de trouver ce qu'ils ne cherchent pas, ce qu'ils ne savent pas, ce qu'ils n'avaient pas d'abord imaginé » . Généralement, en physiologie, on commence par les animaux, pour appliquer ensuite les résultats acquis à l'homme. En hypnotisme la route suivie fut inverse : on vérifie sur les animaux ce qu'on a constaté sur l'homme. Celte vérification est-elle déjà faite? En très petite proportion seulement. 1° On a réussi à provoquer des états, apparemment ou réellement analogues à cer- tains états hypnotiques de l'homme, chez l'écrevisse, le crabe, la grenouille, le lézard, le serpent, la salamandre, le coq et la poule, l'oie, le cygne, le pigeon, la dinde, le paon, le canari, l'étourneau, le perroquet, le lapin, le lièvre, l'écureuil, le mouton, le cobaye, le cochon, le chat, le chien, le cheval, le lion, le chameau et l'éléphant. 2° Sous l'influence d'une idée erronée, concernant l'unité nerveuse des espèces, la plupart des auteurs parlent de l'hypnose de l'écrevisse, de la grenouille, etc. Comme si toutes les écrevisses, toutes les grenouilles et même tous les chats et tous les che- vaux étaient également sensibles. En vérité ces auteurs choisissent les individus, sans s'en douter. 11 est probable que les différences individuelles augmentent avec le degré de la hiérarchie animale, sans compter l'influence d'autres facteurs. 3" La simulation n'est pas exclue des expériences faites sur les animaux. Plusieurs d'entre eux « font le mort » pour éviter le danger, auquel ils se croient exposés. 4" Il n'est pas impossible d'appliquer la suggestion aux animaux, malgré le manque delà parole, car 1» certains animaux apprivoisés comprennent un certain nombre de suggestions verbales, et 2" on peut les suggestionner mécaniquement; car une position forcée leur sviggère une paralysie, et amène l'impossibilité même des mouvements qui manifestent .la douleur : or l'absence des signes de douleur, fait à tort conclure à l'insensibilité. Pour comprendre ce mécanisme, il faut connaître seulement la force des associations idéo-organiques, prépondérantes chez l'animal. 5. La peur (cataplexie de Preyer) provoquée par une subite immobilisation, explique une partie des effets inhibitoires, qui n'ont cependant rien à faire avec la plupart des phénomènes obtenus chez l'homme. 6. On n'a observé chez les animaux rien de semblable à la forme de l'hypnose la plus caractéristique pour l'homme : le somnambulisme. Cela peut tenir d'un côté au manque de la parole, qui rend difficile l'observation, mais surtout, à cette observation générale que j'ai faite et qui me paraît importante : que l'état de veille des animaux se rapproche beaucoup plus du somnambulisme de l'homme que de son état de veille. 7. On a observé des états plus ou moins rapprochés de la catalepsie et de la léthargie, ou du sommeil profond avec anesthésie. Sous l'inlluence suggestive des théories régnantes, un auteur a même cru devoir distinguer le « grand hypnotisme » chez les grenouilles... 8. L'état de fascination, que provoque le serpent chez les grenouilles et les petits oiseaux, se rapproche davantage de la fascination humaine, popularisée parDo.xATo. Cet état a été observé par Harrv Vincent, qui dit qu'il ne se manifeste qu'exceptionnelle- ment. Sur cent grenouilles, jetées dans une cage de serpent, six seulement ont été fascinées, les autres sautèrent et cherchèrent à s'évader, jusqu'au moment où elles furent atteintes par le serpent. 9. Quant aux conclusions physiologiques qu'on a cru pouvoir tirer de l'étude de l'hypnotisme chez les animaux, elles dénotent plutôt l'influence des théories régnantes, qu'une recherche vraiment impartiale. Le malheur est que la plupart des auteurs qui se sont occupés de cette question n'ont pas eu une connaissance suffisante, pratique, de l'hypnotisme chez l'homme, ni de la psychologie intime des animaux. On confond donc sous le nom de l'hypnose des états fort différents, et l'on schématise les causes d'après les doctrines, comme s'il s'agissait d'un seul et même état simple. Czermak expé- rimentait suggestionné par Braid. Il ne voyait que la fatigue visuelle. Stefanowska, 768 HYPNOTISME. dont certaines expériences sont intéressantes, subit trop l'influence des théories patho- logiques de la Salpêtrière. Danilewski et Biernacki sont suggestionnés par une opinion, officielle en Russie, qui assimile l'hypnotisme à l'action des narcotiques. Verworn au contraire ramène tout à la fatigue ordinaire et aux réflexes, et ne voit rien d'hypno- tique chez les animaux. Heubel, sous l'influence de l'École de Nancy, ne reconnaît que le sommeil naturel. Suivant Danilewski et Biernacki, il y a dans Ihypnose hyperactivité du cerveau; suivant Stefanowska,!! y ahypoactivité; les phénomènes sont pathologiques et absolument les mêmes que chez l'homme. D'après Verworn ils sont absolument différents, quoique normaux. Suivant Heubel, les phénomènes sont produits par l'absence d'excitation; suivant Ch. Richet, par excès d'excitation. Enfin pour Jarrigot ils sont en même temps normaux et lésultant d'une intoxication carbonique. Quelques faits sont encore à relever : 1. Heubel constate un état hypnoïde des grenouilles malgré l'ablation des hémisphères. De même, après une section des nerfs optiques, et chez des oiseaux dont les yeux étaient bandés. Ces faits suppriment la théorie de la fatigue visuelle. 2. Ch. Richet précise les diflërences qui existent entre l'état hypnoïde d'une grenouille décapitée (moelle sectionnée au-dessous du bulbe) et non décapitée. La première con- serve toujours ses mouvements réflexes, et on ne peut l'étendre sur une table sans qu'aussitôt elle retire ses membres postérieurs. Au contraire, les grenouilles non déca- pitées et tenues au préalable pendant quelques minutes dans la main, conservent, si on les étend sur la table, l'attitude qu'on leur a donnée. Elles peuvent être touchées, remuées, excitées, sans se déplacer, et le son d'un timbre très bruyant, vibrant à côté, ne provoque aucune réaction de l'animal. 3. Plusieurs auteurs ont constaté que, chez la grenouille en état cataleptoïde ou léthargique, la sensibilité cutanée diminue et même disparaît. 4. Chez la grenouille décérébrée, il y a une hyperexcitabilité cutanée très notable. ï). Chez la grenouille décérébrée et cataleptisée, la sensibilité reste la même avant, pendant et après l'hypnose (Danilewski). 6. En humectant les hémisphères, mis à nu, avec des solutions faibles d'excitants médullaires, strychnine et thébaïne, Biernacki croit avoir constaté : a) qu'ils rendent plus superficiels les phénomènes hypnotiques, b) que l'hypnose atténue leur action toxique. L'atropine et la cocaïne semblent au contraire exercer une action favorisante, même chez des grenouilles réfractaires, et la torpeur devient plus profonde chez les grenouilles hypnotisables. En somme, Biernacki voit dans l'hypnose des ani- maux une hypoactivité de la moelle et une hyperactivité du cerveau. Un fait me paraît particulièrement intéressant, car j'ai eu l'occasion de l'observer chez l'homme, à la suite d'un empoisonnement volontaire, c'est l'atténuation de l'action toxique des poi- sons, par l'hypnose : il faudrait continuer les recherches dans cette direction. 7. Stefanowska a constaté l'action réveillante des aneslhésiques dans l'hypnose. « Elle est constante; elle réussit toujours, sans exception, elle est très rapide. » Il suffit pour le prouver d'introduire, sous une cloche contenant des grenouilles hypnotisées, une éponge imbibée d'éther sulfurique, de chloroforme ou d'alcool absolu. L'ammo- niaque agit de même, et aussi l'acide formique à 50°, quoique à un degré moindre *. 8. Jarrigot a exécuté sur une série de grenouilles vertes {Raria esculenta) l'ablation de deux poumons. Elles tombaient toutes (c en hypnose », presque aussitôt qu'elles étaient mises dans le décubitus dorsal, « même celles qui étaient auparavant réfrac- taires ». Cet auteur obtint le même résultat en faisant respirer les grenouilles normales dans une atmosphère enrichie artificiellement en acide carbonique -. 9. Wasnievvski a essayé l'action diagnostique de l'hypnoscope chez les animaux. 11 constate que cet instrument, si facilement applicable au doigt de l'homme, ne se laisse pas appliquer aux animaux; car ni le simple contact avec la peau, ni la suspension de 1. D' F. Philips. Cçurs théorique et pratique du Braidisme ou hi/pnotisme nerveux. Paris, 18G0, p. 39. ' 2. Jean Jaruicot. Les études d'hypnose provoquée c/iez les animaux. Essais d'une assimilation des éludes d'hupnofte au sommeil naturel, considéré comme une laulonarcose carbonique. Lyon, J'JOS. HYPNOTISME. 769 riiypnoscope" ne donnent jien ; mais que les animaux sont cependant sensibles aux frottements de la peau (passes) à l'aide d'un aimant, et que, plus cette impressionnabilité (mesurée par les changements de la sensibilité cutanée) est grande, plus les animaux sont faciles à hypnotiser '. Pour ma part je mentionnerai un cas d'hypnotisme chez le cheval, qui me paraît intéressant» J'avais été, dans une voiture attelée à deux, faire une excursion de plusieurs kilomètres en dehors de la ville. Les petits chevaux, nouvellement achetés, n'étaient pas encore entraînés pour l'attelage, et l'un d'eux surtout, fort vicieux, m'occasionna beaucoup d'embarras. Arrivé enfui après mille aventures à l'endroit désiré, je fis dételer les chevaux, pour leur donner de l'avoine. Mais le plus vicieu.^ s'échappa, et en bonds furieux parcourut une grande cour de l'endroit. Ayant réussi à ni'approcher de lui, dans un moment de tranquillité relative, je me mis à le fixer. Il s'arrêta, et me permit de lui poser une main sur le front, en le frottant légèrement avec le pouce de la même main. A mon grand étonnement, au bout de quelques minutes le cheval s'affaissa et tomba par terre, profondément endormi. Cet état ne dura pas longtemps; bientôt il se redressa de lui-même, mais devint tout à fait calme ; de sorte que le reste de la route a pu s'effectuer sans entrave. C'est le seul cas d'un état analogue à la léthargie de l'homme que j'aie observé chez le cheval. 11 est à rapprocher des phénomènes observés par B.\lassa et autres dompteurs. Mon impression générale sur les recherches hypnotiques modernes relatives aux animaux est celle-ci : 1° On s'efforce de donner aux faits une rigueur scientifique, mais on oublie qu'une nouvelle catégorie de phénomènes demande l'élaboration de nouvelles méthodes. Celles qu'on applique aujourd'hui sont absolument insuffisantes, car elles négligent une quantité de facteurs subtils qui entrent en jeu. 2° On néglige toujours dédaigneusement les expériences hypnotiques sur les animaux, faites par les anciens magnétiseurs ei d'après une méthode (le regard et les passes) qui seule permet une gradation volontaire des phénomènes, met l'animal vraiment entre les mains de l'hypnotiseur, et qui, en outre, permet des expériences thérapeu- tiques sans sommeil. Les anciennes observations sont souvent superficielles, cela est certain, mais elles ne le sont pas plus que les observations récentes du laboratoire; elles pèchent seulement par d'autres côtés. Les négliger complètement, c'est refarder volontairement le progrès. 3° Pour être exact, il faut noter, en donnant une statistique, toutes les expériences qu'on a faites pour mettre en relief les différences individuelles qui existent chez l'animal comme chez l'homme. FORMES ET DEGRÉS DE L'HYPNOSE. On a imaginé tant de classifications, que l'analyse complète dépasserait les bornes de cet article. Elle serait, d'ailleurs, de peu de profit pour le lecteur, et voici pourquoi : Dans aucun domaine physiologique, la diversité des phénomènes réunis sous un même nom n'atteint ce degré de complexité. Ber.nheim dit avec raison : « Chaque dor- meur a, pour ainsi dire, son individualité propre, sa manière d'être spéciale. » Et il faut ajouter que cet auteur admet une quantité des sujets « hypnotisés » qui ne dorment pas du (out, et qui se comportent aussi chacun à sa manière. C'est très exact. Il est regrettable qu'après cette constatation profonde le chef de l'école suggestionnisle retombe dans l'erreur commune. Suggestionné par Liébeault, il se fait l'image person- nelle d'une hypnose quasi complète, puis la coupe en morceaux et essaie de nous faire croire que ces morceaux constituent les degrés. Il y en avait huit dans son pre- mier livre, il y en a neuf dans le second. La plupart des auteurs (Forel, Moll) les ont réduits à trois, et c'est plus raisonnable, quoique toujours artificiel. Jamais aucune classification hypnotique ne répondra à l'idée d'une classification naturelle, car, pour cela, il faudrait une certaine stabililé et une généralité suffisante des caractères, et 1. Joseph Wainiewski. Hypnotyzm u rwicerzat. Warsawa, 1890. DICT. DE PHYSIOLOGIE. — T. VIII. 49 770 HYPNOTISME. c'est précisénienl leur mobilité, leur diversité, leur transformabilité qui caractérisent l'hypnose. Et comme la vie psychique tout entière, consciente et inconsciente, participe à ces changements, on voit d'ici la complexité qui en résulte. Ce qu'il y a de stable dans l'hypnose, c'est l'individu. Chaque sujet a son hypnose à lui. Cette hypnose, de forme particulière, se répète, en principe, continuellement chez le même sujet. Elle dépend plus ou moins des méthodes employées, des dispositions momentanées du sujet, de la personnalité du magnétiseur, de ses idées et désirs, des conditions exté- rieures, mais elle reste, en principe, ce qu'elle est : une manifestation individuelle. Le sujet doinie ce qu'il peut donner, ni plus ni moins. Ea plupart présentent toujours la même phase et le même degré; d'autres sont capables de plusieurs phases et de plu- sieurs degrés qui leur sont également personnels; ils entrent dans ces états, ou directe- ment, ou graduellement par des phases intermédiaires, mais il est tout à fait inexac de croire que ceux qui présentent l'état hypnotique « le plus élevé » doivent néces- sairement présenter aussi tous les degrés précédents. Et puis, qu'est-ce que le degré le plus élevé ? Qu'est-ce encore qu'une hypnose complète? Est-ce celle qui s'accompagne d'une insensibilité absolue"? Je connais des somnambules dont le sommeil est amnésique à un degré suprême, et qui gardent la même sensibilité avant, pendant et après l'hypnose. Est-ce l'amnésie la plus complète qui caractérise ce degré suprême? Relativement, oui ; mais il y a des sujets amnésiques à l'état de veille, et ceux qui ont une tendance à l'automatisme commettent beaucoup d'actes tout à fait inconscients sans être pourtant endormis. Est-ce la suggestibilité maximale? Certainement, si l'on considère que « tout est suggestion »; mais d'abord la suggestibilité n'embrasse jamais tous les sens, ni toutes les divisions de la vie organique au même degré; et puis les meilleurs sujets « magnétiques» ne sont presque pas sugges- tionnables. Est-ce la possibilité des contractures au plus haut degré? Assurément, si l'on appuie sur les phénomènes musculaires plutôt que sur les autres ; mais il y a des sujets qui présentent ce phénomène à l'état de veille, et qui ne se laissent pas endormir. Bernheim rattache les plus hauts degrés de l'hypnose à VhalhicinabiUté. Au septième degré, absence d'hallucinabilité ; au huitième, hallucinabilité pendant le sommeil; au neuvième, hallucinabilité pendant le sommeil et après le sommeil. Par conséquent, pour lui, le summum de l'hypnotisme c'est un symptôme d'aliénation mentale provoqué à l'état normal. Heureusement, les huit premiers degrés en sont privés. Que veut dire alors ce caractère appartenant au premier degré : « sensations diverses, telles que chaleur, engourdissement, par suggestion »? Une sensation de chaleur [quand il fait froid, n'est-ce pas une hallucination ? Pour moi, l'hallucinabilité, même post-hypno- tique, est un phénomène relativement banal, et je crois qu'il serait beaucoup plus juste de considérer comme les plus profonds ces états de l'hypnose dans lesquels il n'y a plus de pensée, hallucinatoire ou non, où l'inertie, l'anesthésie et l'amnésie atteignent leur point culminant. Mais Bernheim ne connaît pas ces états. Manipulant uniquement avec la suggestion, il n'obtient que ce qu'il suggère, et il ne suggère que ce qu'il connaît. « Quant à la léthargie, c'est-à-dire l'inertie complète, l'organisme réduit à la vie végétative, je ne l'ai pas observée », dit-il dans son premier livre [Sug., p. 202), et c'était un aveu correct, auquel il n'y avait rien à reprocher. Malheureusement, dans son second livre, publié quelques années plus tard, l'auteur ne garde plus la même réserve; il ne dit plus : « Je ne l'ai pas observée », il dit : « Cela n'existe pas. » (( Cette idée d'inconscience pendant l'état léthargique existe encore chez beaucoup d'observateurs. Elle a été la source de toutes (?) les erreurs qui ont été commises. Le sujet est conscient, il l'est h toutes les périodes, à tous les degrés de l'hypnose (?), il entend ce que je dis, son attention peut être dirigée sur tous les objets du monde exté- rieur. L'inconscience hypnotique, le coma hypnotique n'existent pas. A son réveil, il ne se souviendra de rien, mais je pourrai évoquer le souvenir de tout ce qui s'est passé en lui et autour de lui (p. 100). » Il est bon, pour un hypnotiseur, d'être sur de lui-même. Malheureusement, cela ne suffit pas toujours. L'assurance de l'auteur prouve seulement qu'en 1891, pas plus qu'en 1886, il n'a observé l'hypnose très profonde, avec amnésie complète et difficulté du réveil, en dehors d'une attaque d'hystérie. Ce qu'il décrit, c'est une léthargie appa- HYPNOTISME. 771 rente, mais non une vraie aidéie. Et puis, il confond deux choses tout à fait disparates : Vaulcie ou le coma hypnotique, qui est sans pensées et, par conséquent, sans souvenir, même inconscient, et V inconscience hypnotique qui comporte des images, des émo- tions, des désirs, des pensées inconscientes, lesquels peuvent être remémorés dans un ^état analogue, ou même différent, à l'aide d'une association suggérée. Ces deux phénomènes sont absolument distincts; le coma hypnotique peut ne pas exister, et l'inconscience hypnotique peut rester un fait acquis, et inversement. On peut admettre le coma, Taïdéie, et nier l'existence des phénomènes psychiques inconscients. Il y avait des psychologues (ignorant l'hypnotisme) qui, comme J. Stuart-JVIill, niaient l'existence de la vie psychique inconsciente, la considérant comme phénomènes physiologiques, et non psychologiques. C'est un point de vue comme un autre; faux, d'après moi, et qui ne se laisse plus défendre; mais, du moins, ces psychologues étaient conséquents; tandis que Berxheim supprime l'inconscience hypnotique en générai, et admet" les ((autosuggestions inconscientes » (S»;y., p. 19o}. Il faudrait se décider; car les deux thèses sont inconciliables. Vouloir comprendre l'hypnotisme sans admettre la vie psychique inconsciente, ce serait une tâche un peu difficile. LiÉBEAULT, dont la psychologie ne fut pas de beaucoup supérieure à celle de son éminent disciple, distingue cinq degrés principaux : 1° somnolence; 2" sommeil léger; 3" sommeil profond; 4" sommeil très profond; ;Jo somnambulisme. Il ne savait même pas, ce que savait déjà Mesmer, que le somnambulisme ne peut pas constituer le plus profond état de l'hypnose, pour cette simple raison que c'est un état mixte, un réveil partiel, une veille dans le sommeil : autrement ce mot n'aurait pas de sens défini. Inutile de dire que cette classification est purement artificielle. N'était ce dernier mot (( som- nambulisme », on ne se douterait même pas qu'il s'agit d'une classification de l'hyp- nose, tellement elle est vague. Et malgré ce caractère vague, qui rend les subdivisions élastiques, on ne sait pas où placer l'état de fascination, la catalepsie, les contractures, les phénomènes hypnotiques à l'état de veille, l'extase, l'automatisme, la léthargie sans rapport, la transe, etc. Par une classification encore plus vague et plus réduite en même temps, on peut éviter une partie des objections. On pourrait, par exemple, distinguer trois classes : 1° Phénomènes à l'état de veille, avec souvenir; 2° Phénomènes dans un état diffé- rent, avec souvenir dans un état analogue; 3° Phénomènes dans un état difi'érent de la veille, avec amnésie complète. Car c'est encore la possibilité ou l'impossibilité du sou- venir qui rend le mieux compte du degré de l'hypnotisation réalisée. Une autre classification analogue pourrait être faite au point de vue de la sensibilité cutanée ; une troisième au point de vue de la suggestibilité ; une quatrième au point de vue de la difficulté du réveil, etc. Mais ce serait toujours une schématisation partielle, non générale : et le profit de pareilles classifications restera excessivement relatif. Mais voici ce qui est possible, et même nécessaire : Après avoir reconnu l'impossibilité d'une classification naturelle complète, il faut faire une classification volontairement artificielle, mais utile, non pour embrasser toutes les phases de l'hypnose, ce qui n'est pas réalisable, mais pour faciliter une description aussi exacte que possible des hypnoses individuelles. J'ai un sujet intéressant, et je veux publier les phénomènes qu'il présente; il s'agit seulement de bien analyser tout ce qui le concerne, de bien faire comprendre au lec- teur quelles sont les conditions de chaque jdiénomène. On est tellement porté, par la nature même de l'intellligence, à une induction du [jarticulier au général, qu'il vaut mieux, au lieu de chercher une nivellation, une unification prématurées, sinon impos- sibles, tâcher de bien faire, ce qui est plus facilement réalisable, une bonne mono- graphie hypnotique, monographie dans le sens biographique et dans le sens phéno- ménal. Ces dernières seront [dus difficiles, mais encore [tossibles; tandis que les traités de généralisation, avec leur prétention d'englober tout dans une doctrine, sans appuyer sur les côtés obscurs ou tout à fait incompréhensibles pour le moment, sur les diffé- rences individuelles, sur l'application relative de chaque théorie, sur les phénomènes les plus contraires aux théories régnantes; de pareils livres, dis-je, font plutôt du tort à la science. 772 HYPNOTISME. C'est dans cet ordre d'idées que je fus conduit, il y a une trentaine d'années, à ima- giner une classification artificielle, en complétant les 'observations de Braid, classifi- calion purement psychologique qui embrasse trois états théoriques : 1" Le polyïdéisnie ; 2" Le monoïdéisme ; 3° L'aïdéisme. Notre vie psychique est une suite d'idées (dans le sens le plus large de ce mot, c'est-à-dire non seulement d'idées proprement dites, mais d'images, de sentiments, de désirs, de sensations, de volitions, de souvenirs. C'est un flux plus ou moins rapide et plus ou moins large; il se ralentit et s'accélère, se concentre en se rétrécis- sant, et s'éparpille en s'étendant. Il y a un obstacle naturel qui lui assigne des limites. Est-ce le cerveau?Est-ce une autre cause? Peu importe, puisque nous n'en savons rien. Ce qui est certain, c'est que ces limites existent; à un moment donné, nous ne sommes capables que d'un nombre limité d'idées, Wunot, le grand maître des schématisations scientifiques, a même calculé ce nombre : nous pouvons nous imaginer douze idées à la fois, au maximum. Pour ma part, je ne saurais fixer un chiffre, mais je sais qu'il est limité. 11 change d'après les individus et les moments; les uns peuvent jouer plusieurs parties d'échecs par cœur, conduire un orchestre ou une armée avec une présence d'esprit extraordinaire ; les autres perdent la tête dès qu'il s'agit de penser à deux choses à la fois. Je crois donc que le nombre maximum peut être de vingt pour les uns, et cinq pour les autres. Et encore quelques personnes peuvent compliquer leurs pensées dans une direction, et non dans une autre, suivant leurs aptitudes individuelles, et le degré de l'habitude. La question est tout à fait relative, car elle dépend encore de la défini- tion d'une idée simple, et de l'unité de temps dont on se sert, et qui a toujours une durée. Mais, en schématisant pour notre but spécial, nous pouvons nous servir des approxi- mations. Les idées, limitées dans leur nombre, se contre-balancent réciproquement; plus elles sont nombreuses, plus il est difficile de les avoir toutes conscientes; les plus fortes prennent le dessus sur les plus faibles, et les autres restent demi-conscientes ou incon- scientes. Je n'entrerai pas dans les détails d'une analyse psychologique, nécessaire j:)our élucider la question de la conscience, opposée à l'inconscience, et qui n'est pas si obscure qu'on le croit généralement. Je me bornerai à ce qui est nécessaire pour la compréhension de divers états hypnotiques. L'état normal de l'homme, l'état de veille consciente, c'est un état polyïdéique au maximum. A chaque moment de notre activité consciente, nous recevons une foule de sensations provenant en partie de l'entourage, en partie de la superficie de notre corps, en partie enfin de son intérieur. Aux sensations s'ajoutent les souvenirs, les traces plus ou moins nettes des sensations précédentes. De sorte que ce grand nombre d'élé- ments psychiques coexistant à chaque moment donné constitue, d'un côté, une limi- tation de la conscience des idées présentes, et, de l'autre, une condition sine quâ non de la conscience d'un certain nombre d'entre elles. Mais, en somme, il y a poly'idéie, et la largeur du champ psychique se rapproche plus ou moins du maximum. Dans le somnambulisme, au contraire, il y a toujours un rétrécissement notable du champ psychique. C'est encore un état polyïdéique, mais à un degré beaucoup plus faible. Les idées sont plus claires, parce qu'il y en a moins (Mesmer) ; et, parce qu'il y en a moins, elles sont plus ou moins inconscientes. Comme critère du degré de l'inconscience, nous n'en avons qu'un seul, mais suffisant : la plus ou moins grande difficulté de remémo- ration à l'état normal, pris comme type, comme terme de comparaison. Plus un acte est conscient dans tous ses détails, plus il se grave dans la mémoire, et plus sa repro- duction est facile. Cette facilité diminue graduellement avec le temps et avec l'afllux des sensations nouvelles; elle est maximale immédiatement après l'acte. Lorsque cet acte eut lieu dans un moment de distraction, il n'est plus remémorable, même immé- diatement; nous l'appelons inconscient lorsque cette remémoration est tout à fait im- possible. Le somnambulisme est une distraction, une inconscience systématisée, et isolée plus ou moins de la vie normale. Le champ psychique étant rétréci, un grand nombre d'an- neaux d'association manquent, et, par conséquent, la remémoration devient défec- tueuse, ou même impossible. HYPNOTISME. 773 Quoique les rapports de ces changements psychiques avec le cerveau nous soient absolument inconnus, nous pouvons nous représenter, pour faciliter la compréhension, que, dans le somnambulisme, il n'y a que certaines parties du cerveau qui sont actives, tandis que le reste de la substance grise est plus ou moins paralysé. A la suite d'une pareille concentration, les idées peuvent être beaucoup plus claires, plus ou moins hallucinatoires, tout en restant inconscientes, c'est-à-dire non reméniorables à l'état normal. Cependant, par suggestion, c'est-à-dire par une association artificielle avec un groupe quelconque psychique de l'état de veille, la reproduction peut être ellecluée en proportion inverse des différences qui caractérisent les deux états. Lorsqu'elles sont trop grandes, la suggestion post-hypnotique peut manquer. Le rétrécissement du champ psychique s'accentuant de plus en plus, le sujet cesse de comprendre la plupart des mots usuels, et quelquefois le désir de s'entendre avec l'entourage le détermine à forger des noms nouveaux. En dernier lieu, nous arrivons à un état où (théoriquement) il n'y a plus qu'une seule idée. Elle devient, par cela même, plus forte que jamais, plus claire, plus hallucinatoire, plus irrésistible comme tendance, comme idée-force de Fouillée, plus persistante enfin, tout en étant absolument inconsciente, c'est-à-dire irreproductible à l'état normal. C'est la monoïdéie. Dans cet état, chaque idée devient régnante, chaque image est une hallucination; chaque tendance, un acte; et, une fois réalisé, cet acte persiste et dure jusqu'à ce qu'une nouvelle tendance ou impulsion le remplace. C'est la monomanie hypnotique, l'attraction irrésistible fascinatoire, l'hallucinabilité excessive, l'écholalie, la catalepsie. Cette dernière ne constitue pas un état spécial ; elle n'est qu'un des symp- tômes particuliers de l'état monoïdéique, qui, suivant les individualités, prend diffé- rentes formes, actives ou passives. La catalepsie des muscles en est une forme passive. L'état monoïdéique est le nœud de l'hypnose. C'est autour de lui qu'elle oscille; c'est lui qui conditionne ses phénomènes les plus extraordinaires, tant au point de vue de la perception que du mouvement, l'idée n'étant qu'une création intermédiaire entre les deux (Mesmer). L'inhibition du cerveau, s'élargissaut encore, amène l'état aïdéique, le plus profond, le plus inerte de tous. Il constitue la léthargie de Gharcot, moins les caractères parti- culiers et artificiels qu'il lui attribua, et qui ne présentent pas de valeur générale. Théoriquement, c'est un état simple, toujours le même. En réalité, il présente encore une gamme de nuances individuelles, puisque l'aïdéie, absolue pour nous observateurs, reste relative pour le sujet. Si ce n'est pas un état pathologique provoqué par un épui- sement nerveux excessif, il est encore maniable, et il peut même être actif à sa façon dans l'extériorisation de la motricité, suivant l'ingénieuse expression de A. de Rochas. Il s'appelle alors transe profonde, dans laquelle par moment le monoidéisme, et même le polyïdéisme, peuvent faire éclosion. Il va sans dire que tous ces états se combinent aussi dans l'hypnose simple, et, si je ne voulais pas effrayer le lecteur par la complexité des phénomènes qui en résultent, j'aurais ajouté que l'état de veille lui-même, tout en restant en apparence toujours polyïdéique, est, en réalité, combiné par moments avec des états passagers mono et aïdéiques. De même, l'état monoïdéique peut être plus ou moins accentué dans la direction de l'activité ou de la passivité, et dans différentes régions, tant sensorielles qu'émotives ou kinésiques. On trouvera dans mon livre sur la suggestion mentale quelques précisions à ce sujet, les autres attendent leur tour dans d'autres mono- graphies. Cette classification théorique en trois états est nécessaire, quoique insuffisante, pour la compréhension des phénomènes. Même pour une simple description de l'état dans lequel se trouve un sujet donné, elle doit être complétée par une élude des conditions extérieures, somatiques. On dira par exemple que le sujet se trouve dans un état d'aï- déie tétanique ou paralytique, ou simplement anesthésique, suivant l'état de ses muscles et de sa sensibilité. On dira qu'il se trouve dans un état de « polyïdéie active esthé- sique » lorsqu'il agira spontanément, en conservant ses relations avec le monde exté- rieur, ou bien de « polyïdéie passive anesthésique » dans les cas de passivité insensible, avec rapport, comme dans le sommeil magnétique proprement dit, ou sans rapport, comme par exemple dans l'extase. 774 HYPNOTISME. L'état de lascinalion sera caractérisé comme un monoïdéisme passif, dont les parti- cularités pourront encore être indiquées parles adjectifs : dynamogénique, hyperestké- sique, paralytique, et ainsi de suite, suivant les cas. C'est tout ce que nous pouvons obtenir d'une classification double, combinant d'un côté les caractères psychiques, et de l'autre les caractères physiques. Une classification simple restera toujours insuffisante. Moyens d'hypnotisation. — Nous pourrons maintenant préciser, au point de vue purement psychologique, en quoi consiste la sensibilité hypnotique. Elle consiste en une tendance vers le monoïdéisme, ou rétrécissement du champ psychique. Où cette tendance naturelle constitutive existe, l'hypnose pourra être provoquée facilement; elle sera impossible où cette tendance fait défaut. Mais, objectera peut-être le lecteur, dans ce cas il n'y aurait pas de différence entre l'hypnose et le sommeil ordinaire? Ce der- nier, lui aussi, tend vers une aïdéie (sommeil sans rêves), et manifeste quelquefois des traces certaines de monoïdéisme (vivacité des rêves, hallucinations hypnagogiques d'ALFRED Maury)? Cela est exact, en partie; l'analogie existe. Mais : 1° ce monoïdéisme joue dans le sommeil normal un rôle beaucoup moins marqué ; 2° il ne se manifeste qu'à la suite d'une fatigue normale du cerveau; il n'existe pas in potentiâ à l'état de veille; il ne constitue, chez les non hypnotisables, qu'un phénomène accidentel, passa- ger, relativement rare et sans tendance à persister; tandis que, chez les hypnotisables, il est toujours prêt à se manifester, indépendamment de la fatigue, et d'une façon constante, souvent irrésistible. La moindre secousse psycho-physique le réalise, ou, du moins, provoque des oscillations marquées, et relativement persistantes, entre le poly- ïdéïsme normal et l'aïdéïe complète. Enfin 3», — et c'est la différence principale — cette tendance psychique ne va pas de pair (chez les non sensitifs) avec une tendance soma- tique analogue aux changements brusques et persistants dans la sensibilité, dans la motricité, dans les réflexes, dans la circulation capillaire, dans l'échange des matières, dans l'état allotropique du cerveau. Je m'arrête, sans avoir épuisé les différences essentielles, pour ne pas paraître trop hypothétique. Bref, cette sensibilité particulière étant donnée, on comprend qu'un moyen quel- conque, insignifiant pour les autres, pourra amener un trouble marqué dans la vie psycho-physique d'un sujet, et, parmi ces ti^oubles, les différents états de l'hypnose. Les moyens de l'obtenir, indiqués par différents observateurs, ne sont pas moins nombreux que les essais de classification. Ils sont intéressauts à ce point de vue qu'ils s'unissent d'habitude dans l'idée de leuis défenseurs à une conception personnelle des causes plus propres que les autres à amener le sommeil artificiel, et par consé- quent, qui doivent jeter plus ou moins de lumière sur la nature physiologique des phé- nomènes qui s'y rattachent. Cela paraît juste théoriquement : dans un domaine moins nouveau, moins rebelle aux rapprochements physiologiques, le raisonnement serait peut-être suffisant, ou du moins justifiable. Il n'en est rien cependant. Les moyens ou méthodes, qui, dans certaines circonstances, amènent l'hypnose avec une facilité extrême, ne jettent aucune lumière physiologique sur la nature intime de cet état. En effet, quelles indications théoriques pouvons-nous tirer par exemple de ce fait, que Lasiîgue provoquait la catalepsie par une pression des globes oculaires, CuARCOT par un coup de tam-tam, Luys par son miroir rotatif, et Heidenhain par le tic lac d'une montre? Une seule, qui d'ailleurs n'étonnei^a plus le lecteur, à savoir que, malgré les apparences, tous ces moyens sont peu de chose vis-à-vis de cette condition subjective essentielle : la prédisposition. Avec un sujet prédisposé, tous les moyens sont bons : avec un sujet réfractaire de nature, ils sont tous également mauvais. J'exagère un peu pour être plus clair; mais cette exagération relative ne se rapporte qu'à des cir- constances d'ordre secondaire, qui n'ébranlent pas le principe. Malgré son évidence pour moi et, j'ose l'espérer, aussi pour mes lecteurs, ce principe, entrevu déjà par Baûmler, est loin d'être connu. On croit toujours faire des progrès, en découvrant des moyens d'hypnotisation de plus en plus efficaces, et avec le manque d'une préparation philosophique et faute d'une connaissance suffisante des méthodes exactes d'observa- tion, on arrive lous les jours à des « découvertes » tout à fait illusoires. P. Ladamh:, auteur d'un livre à titre étrange : {La névrose hypnotique ou le magnétisme dévoilé, étude de physiologie pathologique sur le système nerveux, Neuchàtel et Genève, HYPNOTISME. 775 1881, connaît les différences individuelles. Il cite Prever, qui les a observées chez les cochons d'Inde et les lapins; il mentionne les mérites à ce sujet de Beard, mais il croit toujours que tout le monde est hypnotisable en principe, et qu'il faut seulement trouver le moyen qui lui convienne le mieux pour l'hypnotiser. Par conséquent, il individua- lise, ce qui est juste, mais il appuie toujours sur l'importance des moyens, en déni- grant l'importance du terrain. « Lorsqu'on veut pratiquer l'hypnotisme, dit-il, il faut varier ses moyens d'action pour produire le sommeil. Strohl, qui a une grande expérience des procédés d'hyp- notisation, fait depuis quelques mois (!) des essais avec un fil de platine rougi par l'élec- tricité. Les personnes les plus réfractaires résistent difficilement à ce puissant moyen, et l'on peut espérer que les recherches sérieuses ^■?) qui se font actuellement de tous côtés sur cette question nous doteront tôt ou tard d'un procédé simple et facile, pour produire l'hypnotisme toutes les fois que le médecin désirera son emploi dans le traite- ment des maladies nerveuses (p. 152). >■> Vain espoir! Les « recherches sérieuses » qu'on a faites depuis 1881 n'ont abouti à la découverte d'aucun moyen supérieur, comme efficacité, aux moyens employés aux temps de PuYsÉGUR et de l'abbé Faria. Ce qui malheureusement a fait des progrès réels, c'est la confusion entre les phénomènes magnétiques et hypnotiques, qui augmenta énor- mément le nombre des personnes « hypnotisables » à la suite d'une observation défec- tueuse. On n'est pas arrivé à augmenter le nombre des somnambules, comme on n'est pas arrivé à donner une oreille musicale à celui qui n'en avait pas. Inutile d'ajouter que depuis 1881 nous n'avons plus entendu parler du fil de pla- tine rougi par l'électricité, et que ce « puissant moyen » doit être placé sur le môme rang que le bouchon de carafe de Braid, le disque hypotaxique de Durand de Gros, le miroir rotatif de Luys, les pentagrammes droits et renversés de Papus, la pression sur le vertexde Gharcot, la plaque chauffée de Berger, la machine électrostatique avec fara- disation unipolaire de Welnhold, le courant galvanique de El'le.nblrg, l'aimant caché dans la poche de Maggiorani et les applications iso et éthéronomes de Duryille. Toutes ces méthodes se valent; la plus savante ne donne rien de plus que la plus bête, car l'efficacité des moyens (en dehors de la prédisposition innée et du dressage individuel) consiste uniquement dans l'assurance, dans la foi et la volonté de l'hypnotiseur. La meilleure est celle dans laquelle on a le plus de confiance. Ch. Richet disait déjcà en 1880 : « Toutes les causes que nous indiquons peuvent échouer et échouent, lorsqu'on veut rigoureusement en adapter l'application à tel ou tel individu, qui n'a jamais été endormi. Au contraire, chez les individus sensibles, tout réussit, et la difficulté est inverse. Au lieu de chercher un moyen qui réussisse tou- jours, il s'agit de trouver un moyen qui échoue toujonrs, et on n'en trouve pas. » {Somn. prov., Rev. phil., 475.) Je n'ai qu'une objection à faire à ce passage, c'est que l'auteur y oppose les sujets sensibles aux individus qui n'ont jamais été endormis, il faudrait dire : réfractaires. Ch. Richet conclut que <( dans l'état actuel de la science, ce qu'il y a de mieux, c'est d'admettre que plusieurs causes agissent simultanément et concurremment ». Ajoutons que l'une d'elles peut prévaloir sur les autres, dans un cas donné ou à un moment donné, sans pour cela constituer une preuve de son exclusivité spécifique. Ch. Richet résume les suppositions tjui ont été émises à ce sujet en huit hypothèses suivantes : 1° L'hypothèse de l'éclat d'un objet brillant; 2" l'hypothèse de la fixation du regard (avec plus ou moins de strabisme et de spasme de l'accommodation) ; 3° l'hypothèse de la frayeur; 4° l'hypothèse de l'attention expectante; 5° l'hypothèse d'un fluide particu- lier au magnétisme animal; 6° L'hypothèse d'excitations monotones, faibles et répétées; 7° L'hypothèse des courants électriques faibles et répétés ; 8° l'hypothèse de l'absence d'excitations extérieures. Aujourd'hui il faudrait ajouter encore : 9° l'hypothèse de la polarité sans fluide; 10° l'hypothèse des points hypnogènes; 1 [° l'hypothèse de la suggestion, ou de la concen- tration de l'attention sur l'idée de sommeil ; 12° l'hypothèse dé la volonté pure et simple. Après avoir énuméré les huit hypothèses, Ch. Richet les fait suivre de quelques remarques, qui s'appliquent à toutes les douze : 776 HYPNOTISME. « Aucune de ces causes ne peut être considérée comme définitivement démontrée. Ce sont des mots dont on se paye, quand on ne connaît pas la véritable cause, et pour ma part, j'accorderais volontiers que la cause du somnambulisme nous est encore tout à fait inconnue... » 11 considère comme probable le concours de plusieurs causes, et il ajoute : « L'attention expectante est favorisée par des excitations visuelles et auditives, qui vont, par leur monotonie et leur répétition, ébranler le système nerveux prédis- posé. L'influence de la volonté se traduit peut-être par ce fait, que l'état électrique de la main du magnétiseur se modifie sous l'infiuence des émotions qu'il ressent et des mouvements qu'il fait. Tout cela, certes, est bien hypothétique, et nos conclusions sont toutes négatives : mais c'est quelque chose que de savoir reconnaître qu'on n'a que des solutions négatives. » Pouvons-nous, après une trentaine d'années, dire quelque chose de positif? Faisons observer tout d'abord que l'idée d'une <( cause » des phénomènes hypno- tiques, d'une cause simple et spécifique, doit être définitivement abandonnée. L'hyp- nose n'étant pas toujours la même, la cause de cet état variable et compliqué ne peut également être simple. Et puis, la notion scientifique d'une cause ne doit jamais être simple, car ce que nous nommons cause n'est qu'un ensemble des conditions dont on choisit parfois les principales sous le nom de causes, mais qui, sans le reste des condi- tions complémenlaires, sont en elles-mêmes insuffisantes. Dans une étude expérimen- tale, nous pouvons seulement avancer pas à pas dans la connaissance des conditions, de plus en plus complète. Lorsqu'elle est complète, notre tâche est finie. La philoso- phie pourra en tirer d'autres conséquences plus générales, plus profondes, en rassem- blant les inductions des différents groupes expérimentaux, mais l'étude expérimentale proprement dite ne peut donner rien de plus. Résumons donc, ce qui est possible en ce moment, à savoir en quoi consiste la prin- cipale condition subjective psychologique de l'efficacité d'une méthode quelconque d'hynotisation? K Tous les moyens, et toutes les méthodes capables d'amener un rétrécissement du champ psychique, avec oscillations relativement persistantes, entre la polyïdéie nor- male et l'aïdéie, peuvent déterminer l'hypnose. » Et cette dernière sera d'autant plus complète ou profonde, que ces oscillations s'éloigneront plus de la polyïdéie normale et se rapprocheront plus de l'aïdéie. Nous pouvons en même temps faire une contre-épreuve logique et répondre à la ques- tion posée par Ch. Richet: le moyen qui échoue toujours n'est pas introuvable. Le voici : « Toutes les influences qui, par leur nature, soutiennent et raniment la polyïdéie maximale, sont absolument anti-hypnotiques. Prenons un exemple. Voici un sujet facilement hypnolisable ; mais il est animé par un sentiment qui préoccupe toute son intelligence, éveille des souvenirs, amène les désirs, augmente le nombre des sensations vives et le force à réfléchir sur les déter- minations à prendre. 11 se trouve dans un état de polyïdéisme actif, plus prononcé que d'habitude : il e.s( devenu réfractaire. Imaginons une foule, présente à une rare solennité patriotique; on est tout œil, tout oreille ; on éprouve des sensations, les unes plus fortes que les autres, on en a de tous les côtés. Dans cette foule, il y a environ 3 p. 100 des sujets qu'un rien hypnotise à l'état normal, ils sont peut-être plus enthousiastes que les autres, plus absorbés par ce qu'ils voient, à cause de leur tendance au monoïdéisme, mais, en même temps, ils restent dans un état polyïdéique accentué, et aucun magnétiseur au monde, par sa vo- lonté ou son fluide, aucun hypnotiseur, par ses suggestions, ne pourra les hypnotiser. Il y a donc des influences qui échouent toujours, celles qui maintiennent le polyïdéisme maximal. Nous comprendrons maintenant que des excitations faibles, monotones, aussi bien qu'une sensation unique très forte, peuvent déterminer un état hypnotique, car toutes concourent au même but: elles rétrécissent le champ psychique, tantôt en diminuant le nombre des sensations .possibles, tantôt en étouffant celles qui existent. Les autres conditions, telles qu'immobilité, passivité, silence, lumière faible, occlusion des yeux ou strabisme artificiel, ne sont que des rapprochements aux conditions qui accompaynent l'état hypnotique déjà établi. HYPNOTISME. 777 Jusqu'à ce moment nous n'avons parlé des moyens propres à provoquer l'hypnose qu'au point de vue de leur efficacité. Il est une autre question, c'est de savoir si ces moyens, à peu près efficaces, sont également bons à d'autres points de vue, et surtout au point de vue de leur utilité pour les malades. Sous ce rapport les différences sont énormes. La méthode de Braid, qui a donné de si bons résultats entre les mains du promo- teur, grâce à son influence personnelle, est aujourd'hui presque abandonnée; elle est fatigante, souvent nuisible pour le sujet, et toujours dangereuse, parce qu'elle lui crée l'habitude de tomber eu hypnose à la suite de la fixation d'un objet quelconque. La méthode suggestive, la plus répandue encore, présente également plusieurs incouvénienls : si elle est moins préjudiciable aux sujets, c'est uniquement gi'âce aux croyances de ces derniers, que la personne qui endort possède un pouvoir particulier, en dehors de la suggestion; autrement, ils prendraient l'habitude de subir l'influence d'une parole, d'une affirmation quelconque. Eu même temps, la méthode suggestive n'est qu'une imitation du traitement symptoniatique ordinaire, dans lequel la suggestion remplace le médicament. Elle néglige, ou même contrarie, les réactions salutaires de l'organisme, en supprimant, sans discernement, les symptômes critiques. La méthode des anciens magnétiseurs, la moins répandue, est cependant la plus utile pour les malades. Malheureusement elle est la plus fatigante pour l'opérateur, et tout le monde ne peut pas l'exercer avec profit. Considérée dans ses détails, elle n'est pas sans objection; surtout la fixation du regard, utile quelquefois, quand il ne s'agit que de maîtriser un aliéné, présente presque les mêmes inconvénients que la fixation d'un objet inerte. Aussi peut-on l'éviter dans la plupart des cas, en ordonnant au sujet de fermer les yeux dès le commencement de l'action. L'impositiou des mains et les passes sont au contraire toujours utiles, et, dans la plupart des cas, inoffensives. La méthode excitante de Mesmer lui-même demande cependant une prudence par- ticulière, une connaissance approfondie de la part du magnétiseur et une confiance exceptionnelle du malade. Il est donc préférable de ne pas l'appliquer dans des cas où les méthodes plus douces de ses élèves ont suffisamment prouvé leur utilité. Et maintenant, pour tei'miner, ajoutons quelques mots au sujet du rapport qui existe entre les méthodes d'hypnotisation et les causes de l'hypnose. La nature des différents états que l'on réunit sous ce nom nous est encore abso- lument inconnue. Il vaut mieux le dire franchement que de perdre son temps à ana- lyser ou combiner les différentes hypothèses arbitraires, plus ou moins ingénieuses, plus ou moins anatomiques, et plus ou moins invérifiables, qui ont été émises à ce sujet. Surtout psychique dans son essence, le phénomène de l'hypnose ne pourra pas être compris physiologiquement, avant une compréhension approximative de la vie psy- chique générale, du sommeil, de la pensée, de l'activité nerveuse, de la nature psy- chologique de l'homme, nature qui, d'après les dernières découvertes. médiumniques, encore non vérifiées par la science officielle, paraît beaucoup plus compliquée qu'on ne l'avait cru jusqu'à ce moment. Aussi nous bornerons-nous à indiquer aux chercheurs un seul point, qui, suivant nous, présente certaines chances de réussite, ou du moins pourra servir de point de départ à une étude plus approfondie. Il faut distinguer nettement entre une première manifestation de l'hypnose et les répétitions de cet état. L'étude des causes nous oblige nécessairement à cette distinction. Les causes d'une premièie provocation de l'hypnose peuvent être fort difi'érentes : celles des répétitions sont essentiellement toujours les mêmes. Quels que soient les premiers agents déter- minants, une fois l'hypnose provoquée, il se forme entre les influences, manœuvres, signes, paroles, d'un côté, et l'état hypnotique de l'autre, une association idéo-orga- nique, plus forte que les associations psychologiques ordinaires à cause de la tendance plus grande vers l'aïdéie, et cette association devient indissoluble. Toutes les fois que les influences données (ou leurs images seulement, car psychologiquement cela revient au même) se présentent, il s'ensuivra la production de l'hypnose ou du réveil, absolument comme le nom : Pierre X provoque l'image connue de Pierre X; avec celte différence toutefois que dans ce dernier cas l'association est purement psycho- physiologique ou même physico-physiologique. L'idée s'associe, non pas avec une autre 778 HYPOGLOSSE (Nerf grand). idée, mais avec un état organique qu'elle provoque. La possibilité de pareilles associa- lions est absolument certaine, et l'on s'apercevra tôt ou lard de l'immense utilité de celle application inattendue d'une théorie purement psychologique, mais qui a fait ses preuves depuis plus d'un siècle, à la physiologie, qui s'obstine encore à être pure- ment anatomique, malgré la valeur très relative des hypothèses correspondantes, qui changent continuellement. Et il ne faut pas croire que la théorie des associations idéo-organiques n'est qu'une consécration pure et simple de la théorie de la suggestion. Elle le contient et l'explique, mais elle nous donne des vues plus larges et en même temps plus profondes. C'est elle qui, en outre, nous rend compte de l'habitude, des idiosyncrasies enracinées, mais non primordiales, des résistances et des aptitudes spéciales envers beaucoup d'influences et d'actions, tantôt favorables, tantôt défavorables à l'organisme donné, et qui ne se laissent pas justifier par une suggestion proprement dite. Telles sont, rapidement esquissées, les conditions subjectives des phénomènes hypnotiques. L'étude des conditions objectives, embrassant la question physique du magnétisme animal, et qui devrait compléter les deux parties de cet article, n'est pas encore assez mûre, pour être exposée dans un dictionnaire de physiologie. Quant à la bibliographie complète de l'hypnotisme, elle est trop vaste pour pouvoir être donnée. D'ailleurs on trouvera dans le cours de cet article plusieurs indications qui permettront de recourir aux sources. Dessoir a donné une très bonne bibliographie (1888). J. OCHOROWICZ. HYPNOTOXINES. — Nom donné par P. Portier et Ch. Richet aux toxines produisant des effets de coma et d'hypnose avant de déterminer la mort. {Effets pItjjsiolo(jiques du poison des filaments pêcheurs et des tentacules des Célentcrés. Hypno- toxine) {C. R., cxxxiv, 1902, 247-248). HYPOGLOSSE (Nerf grand). — Galien rangea déjà ce nerf au nombre de ceux qu'il appelle duri et motorii et en fit le nerf moteur de la langue, réser- vant au seul lingual la faculté de transmettre les impressions sapides. Par contre, BoERHAAVE, se foudaut sur ce que l'hypoglosse est exclusivement destiné à la langue, tandis que la li' paire se distribue à diverses autres parties, regarda le premier comme chargé des fonctions gustatives, tandis que le lingual ne servirait qu'à des mouvements musculaires. Willis adopta une opinion intermédiaire: l'hypoglosse, quoique présidant surtout aux mouvements de la langue, n'en aurait pas moins de l'influence sur le goût. ViEussENs, MoRGAG.Nf, entre autres, professèrent la même opinion (Longet, T. P., 1869, m, 584). L'anatomie, l'expérimentation, les observations pathologiques ont donné raison à Galfen. Origine réelle et centre cortical de rhypoglosse. — L'origine réelle du nerf de la 12*= paire se trouve dans une longue colonne de substance grise, située en partie au devant et au dehors du canal central, dans la moitié inférieure du bulbe, en partie direc- tement en dessous du plancher du 4^ ventricule, de chaque côté de la ligne médiane. Cette partie supérieure de la colonne correspond à ce que l'on appelle l'aile blanche interne ou trigone de f hypoglosse. Dans le sens vertical les limites du noyau sont assez exactement indiquées par deux plans horizontaux qui rasent les deux extrémités de l'olive bulbaire. De grosses cellules multipolaires constituent le noyau représentant un prolonge- ment du groupe cellulaire antéro-interne des cornes antérieures de la moelle. Leurs axones vont former les racines du nerf. Quelques-unes de leurs dendrites ou prolonge- ments protoplasmiques vont souvent jusqu'à atteindre le noyau de l'hypoglosse du côté opposé et donnent lieu ainsi, par leur entre-croisement, à la formation d'une commis- sure particulière, la commissure protoplasmatique, analogue à celle qui existe le long de la moelle épinière entre les cellules radiculaires des nerfs rachidiens (Gajal). Existe-t-il un entre-croisement entre les fibres radiculaires du nerf? Admis par Orersïeiner, il a été nié par Kœlliker et Mathias Duval. Les recherches de Mingazzini HYPOGLOSSE (Nerf grand). 779 (1890) ont en eflet montré qu'après l'aiTachement ou la section de l'hypoglosse l'atrophie est limitée au noyau du côté correspondant. Déjà avant cet auteur, Ganser, Mayser, (iunpEN (cités par Bechterew, Les voies de conduction du cerceau et de la moelle épiniéve, 11)00, p. 235) étaient arrivés au même résultat, en employant la même méthode. Van GEHUCHTEN,qui avait admis chez le poulet une décassation partielle, conclut maintenant de ses expériences que toutes les fibres de l'hypoglosse sont des fibres directes. Après la section de ce nerf, chez un animal quelconque, on n'observe les modifications réac- lionnelles connues sous le nom de chromolyse que dans les cellules du noyau du côté correspondant, tandis que toutes les cellules du noyau opposé restent normales. Si l'on arrache l'un des nerfs, ce qui amène non plus seulement la chromolyse, mais la dispa- rition des cellules d'origine, on trouve que toutes les fibres envahies par la dégénéres- cence wallérienne indirecte (dégénérescence rétrograde de certains auteurs) provien- nent de la masse grise du côté correspondant, et qu'aucune d'elles ne se laisse poursuivre jusque dans le noyau du côté opposé {Anat. dusyst. nerveux, 1000, 529). M. DuvAL avait décrit à la 12'' paire deux noyaux, l'un principal, l'autre accessoire, situé un peu en avant du premier et s'était appuyé sur l'observation pathologique pour localiser dans le premier le centre des mouvements nécessaires à l'articulation des mots, dans le second celui de la déglutition {B. B., 1879, 239). Un autre noyau acces- soire constitué par un îlot de cellules situées à la face externe du noyau principal a été attribué par Roller à l'hypoglosse. Mais la participation de ces noyaux accessoires à la formation du nerf n'est plus guère admise et le noyau de Roller serait un noyau vaso-moteur. Les altérations réactionnelles des cellules de l'hypoglosse à la suite de cancers de la langue ont permis à G. Parhon et M. Goldsteln {Roumanie médicale, 1900, n"' 1-2) puis à Parhox et J. Papinl^n {Semaine médic., déc. 1904) de reconnaître dans le noyau de la 12*= paire une série de groupements secondaires, dont chacun représenterait un centre distinct pourun ou plusieurs muscles de la langue. Les expériences de KosAKACt Jagita {Jahresb. f. Psych.undNeuroL, 1903, xxiv, 130, cités par Parhon et Papinian) les ont conduits aux mêmes résultats. Nous ne pouvons que renvoyer aux mémoires de ces auteurs pour ces essais de localisation. Nées de leur noyau, les racines de l'hypoglosse se portent en avant et en dehors en passant entre le réseau central et le réseau latéral du bulbe, puis entre l'olive et le corps para-olivaire interne et émergent, comme les filets moteurs radiculaires des nerfs rachi- diens, au niveau du sillon collatéral antérieur, entre la pyramide antérieure du bulbe et l'olive. Les cellules radiculaires de l'hypoglosse sont en ^relation au moyen du faisceau py- ramidal et particulièrement de son faisceau géniculé avec le centre cortical de ce nerf localisé au niveau de la partie inférieure de la circonvolution frontale ascendante. IIoghe, Romanow (cités par Bechterew, lac. cit., 569) ont suivi le trajet des fibres pyra- midales depuis l'écorce jusqu'au noyau bulbaire. L'expérimentation physiologique dé- montre d'ailleurs que chacun des centres corticaux de l'hypoglosse doit être en con- nexion aussi bien avec le noyau du côté correspondant qu'avec le noyau contro-latéi^al. Les expériences de Beevor et Horslev, et les figures qui les illustrent font voir aussi que ce centre est relativement étendu et s'irradie à toute l'aire faciale de l'écorce aussi bien chez l'orang {Philosoph. Trans., 1890, glxxxi, 129) que chez le macaque {Ibid., 81). Les deux physiologistes anglais ont fait une analyse minutieuse des mouvements de la langue produits par l'excitation des centres corticaux de l'hypoglosse chez le bonnet chinois, et les divisent en : 1" mouvements à représentation corticale bilatérale, 2" mou- vements à représentation unilatérale. Les premiers sont ceux qui restent les mêmes et se font dans le même sens : que l'on excite soit l'un, soit l'autre hémisphère. Ils comprennent les mouvements de pro- traction directe et de rétraction directe. Quel que soit en effet le centre que l'on excite, après avoir sectionné la langue sur la ligne mi'diane, chacune des deux moitiés de l'organe exécute exactement le même mouvement, soit en avant, soit en arrière, et avec la même vigueur. Les mouvements à représentation unilatérale sont 1" celui de protraction avec dévia- tion de la pointe vers le côté opposé; 2° celui de protraction, la pointe restant du côté 780 HYPOGLOSSE (Nerf grand). correspondant; 3° celui de rétraction vers le côté correspondant (obtenu rarement), 4" celui de rotation autour de l'axe longitudinal, qui s'exécute de telle sorte que le dos de la langue vient s'appliquer sur la joue du côté correspondant. A la suite de la section de la langue sur la ligne médiane, quelques-uns de ces der- niers mouvements présentent des particularités curieuses. Ainsi, si l'on excite par exemple à gauche la zone corticale qui provoque la protraction de la langue avec dévia- tion de la pointe vers le côté opposé, pendant que la moitié gauche dépasse l'arcade dentaire, la moitié droite ne reste pas passive, mais subit un actif mouvement de ré- traction. On observe aussi celte même combinaison de mouvements pendant les accès épileptiques, quand la zone en question y participe. Beevor et Horsley comparent ces mouvements associés de la langue à la déviation conjuguée des yeux vers la droite, lorsqu'on excite l'hémisphère gauche. Dans les mêmes conditions, c'est-à-dire division de la langue sur la ligne médiane et excitation de l'aire corticale gauche, les deux moitiés de l'organe exécutent isolément le mouvement de rotation dont il a été question plus haut, de telle sorte qu'elles arri- vent à se superposer, la surface de section de la moitié gauche regardant en haut, celle delà moitié droite regardant en bas (Philosoph. Tram., 1894, clxxxy B), P. I, 39. Grunbaum et Sherrington, dans leurs expériences sur la zone faciale de l'orang, ont signalé aussi un détail qui a son intérêt [Proceed. of the Roy. Soc, 1903, lxxii, 152). Dans deux cas, à la suite de l'excitation de cette région, ces physiologistes ont observé une protrusion de la langue suivie d'une occlusion énergique des mâchoires qui se produisit assez rapidement pour que la langue ne pût pas être ramenée derrière les arcades den- taires et fût saisie entre les dents. Outre que le rapprochement de ce fait avec la pro- duction de morsures de la langue chez les épileptiques s'impose, il montre aussi qu'une succession de mouvements commandés par les centres corticaux peut être mal coordonnée. Si le noyau de l'hypoglosse est soumis par l'intermédiaire du faisceau pyramidal à l'inlluence cérébrale, d'autres voies d'association le mettent en rapport avec les nerfs sensitifs cérébro-spinaux et sont destinées à lui apporter les excitations réilexes. Les mieux connues Sont celles qui l'unissent à la voie sensitive centrale des nerfs bulbaires voisins, glosso-pharyngien, pneumogastrique, trijumeau et qui contribuent à former le riche plexus que l'on remarque autour des cellules radiculaires de l'hypoglosse. Les fibres collatérales qui établissent ces connexions ne viennent pas directement des ra- cines des nerfs sensitifs, mais des fibres qui partent de leurs noyaux terminaux dans le bulbe et qui remontent vers la couche optique et l'écorce (Cajal). Effets des excitations du nerf. — Les effets de l'excitation de l'un des hypo- glosses ont été incidemment étudiés par Heidenhain à l'occasion de ses recherches sur les propriétés pseudo-motrices de la corde du tympan {A. P., 1883, SuppL, 133). L'hypoglosse gauche par exemple étant sectionné et dégénéré, et l'animal étant couché sur le dos, la langue reposant, par conséquent, sur la voûte palatine, si l'on excite le nerf du côté droit, il ne se produit, pour un courant juste suffisant, que de faibles con- tractions fibrillaires. Si l'on renforce l'excitant, on obtient un mouvement de i^étraction de la langue qui en même temps s'incurve à droite. Pour une excitation plus forte encore, l'organe se soulève (en réalité vers le plancher de la bouche) pendant que sa face inférieure s'incurve fortement, puis la langue est projetée en avant de telle sorte que sa pointe dépasse les dents de la mâchoire inféi-ieure, comme si elle voulait lécher la lèvre inférieure droite. J'ai eu souvent occasion de vérifier la description de Heiden- hain; cependant j'ai observé aussi parfois dans le mouvement de projection en avant pro- voqué par un courant fort une véritable torsion de la pointe vers le côté opposé, c'est-à- dire, dans le cas particulier, vers le côté gauche. Quoi qu'il en soit, ce qui est certain, c'est que, suivant l'intensité de l'excitant, des muscles différents entrent en activité. Beevor et Horsley, dans leurs expériences sur le macaque {Proceed. of the Roy. Soc, 1888, XLiv, 269), insistent surtout sur ce point, sur lequel nous aurons à revenir, qu'à la suite de l'excitation de l'un des nerfs la langue est projetée du côté correspondant et non du côté opposé, et qu'en même temps elle s'aplatit vers sa base. Si l'on sectionne l'organe sur la ligne médiane, les mouvements restent strictement limités au côté cor- respondant à l'excitation. HYPOGLOSSE (Nerf grand). 78t EcRKARD (cité par Landois, T. P, 1893, 6o3) a trouvé que, si [l'on fait passer à travers le nerf un courant ascendant de moyenne intensité, il se manifeste, à la rupture, une trémulation au lieu d'une contraction dans la moitié correspondante de la langue : le même phénomène s'observe à la fermeture du courant descendant. On a déjà dit plus haut que des trémulations s'obtiennent également avec un courant faradique faible et l'on verra plus loin qu'elles apparaissent aussi après la section du nerf; il semble qu'il y ait dans les muscles de la langue une disposition particulière pour cette sorte de mouvements. Effets de la section du nerf. — 1° Suites immédiates. — On sait que, si un nerf moteur est paralysé, les muscles du côté sain entraînent, grâce à leur tonicité, les parties auxquelles ils s'insèrent, dans le sens de leur action. C'est ainsi que dans la paralysie du facial droit, par exemple, les traits sont déviés à gauche. Il n'en serait pas de même à la suite d'une paralysie unilatérale de la langue. Bidder a fait remarquer (A)'ch. f. Anat. und PhysioL, 1842, 110) que quand l'un des hypoglosses est sectionné, la langue est déviée non du côté sain, mais du côté paralysé. Cette déviation, toutefois, ne se manifeste, d'après Schiff, que quand la langue est projetée au dehors; au repos elle est plutôt dirigée vers le côté sain, à l'exception de la pointe [Arch. f. physiol. Hcilk., 1831, 579). Déjà Abercrombie (1834 (cité par Beevor et Horslev) professait que, dans les cas d'hémiplégie, la langue est déviée du côté paralysé. Schiff a donné de cette particularité l'explication suivante : quand le génio-glosse se contracte, il porte la langue non seulement en avant, mais vers le côté opposé ; pour que l'organe se meuve directement en avant, il faut que les deux génio-glosses se contractent simultanément; mais, si l'un d'eux est réduit à l'inaction, celui du côté sain, projette la langue du côté paralysé. Bujder avait admis que cette déviation est due principalement à l'action unilatérale des élévateurs de l'os hyoïde du côté sain, laquelle aurait pour effet de donner à cet os, et par conséquent à la langue elle-même, une direction oblique par rapport au maxillaire. Cependant Bidder faisait intervenir aussi dans une certaine mesure l'action, restée sans contrepoids, du génio-glosse sain. L'interprétation de Schiff a été, en général, adoptée par les pathologistes. Pour Beevor et Horslev elle est inexacte, parce que, comme il a été dit plus haut, l'excita- tion de l'un des hypoglosses détermine une projection de la pointe vers le côté corres- pondant, et non vers le côté opposé. Ces auteurs estiment d'ailleurs que le sens de la déviation, dans les observations cliniques, n'a peut-être pas été très rigoureusement établi. Cependant les assertions de Schiff et de Bidder sont bien nettes en ce qui concerne les résultats expérimentaux. La section des deux nerfs a pour conséquence l'abolition immédiate des contrac- tions volontaires ou réflexes des muscles de la langue. Cependant d'après Schiff, quelques mouvements de la racine de la langue en haut et en arrière ne sont pas impossibles, puisqu'ils sont sous la dépendance des muscles stylo-hyoïdiens innervés par le facial : d'autres déplacements de la base de l'organe pourraient être dus aux muscles qui abaissent l'os hyoïde et le larynx. Quoi qu'il en soit, cette double opération aurait pour conséquence, d'après une opinion généralement accréditée, la paralysie totale des mouvements de mastication et de déglutition. Les auteurs reproduisent volontiers la description qu'a donnée Paxizza des troubles fonctionnels consécutifs à la section des deux nerfs. Si l'on laisse pendant quelque temps un chien, qui a subi cette opération, sans manger ni boire, et qu'on vienne ensuite à lui présenter une certaine quantité de lait, dit Longet, d'après le phy- siologiste italien, l'animal en approche son museau avec avidité, il exécute avec sa tête et sa mâchoire iiiféi'ieure les mêmes mouvements qu'il ferait pour laper, sans toutefois pouvoir tirer la langue hors de la bouche, si bien qu'après quelques tentatives inutiles il renonce à son entreprise. Alors pèse-t-on le liquide, on en retrouve exactement la même quantité. Si l'on offre à l'animal un morceau de pain trempé dans du lait, il se met à le mâcher; mais à peine est-il divisé qu'il le laisse retomber pour le reprendre encore, le subdiviser et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'après l'avoir réduit en petits frag- ments il l'abandonne. Si la pointe de la langue vient pendant les mouvements de la tête à sortir par l'un ou l'autre angle de la bouche, elle reste dehors sans que le chien puisse la retirer, de sorte que pendant les mouvements de mastication il la mord et pousse des cris de douleur. TH'J HYPOGLOSSE (Nerf grand). La section du nerf hypoglosse paralyse non seulement les mouvements volontaires de la langue et ceux qui concourent à l'acte de la mastication, mais elle annule encore ceux qui aident à l'accomplissement de la déglutition. Si l'on forme un bol avec des déblais de pain et de viande et qu'on le mette sur la face dorsale de la langue, malgré tous les mouvements que l'animal exécute, il n'arrive pas à le mâcher et à l'avaler : ou bien il s'échappe de la bouche par suite des mouvements de la mâchoire inférieure, ou bien il se loge entre la langue et l'arcade dentaire, et on l'y retrouve encore après plu- sieurs heures. La déglutition ne s'opère donc pas, à moins que le bol alimentaire ne pénètre dans le pharynx en y tombant par l'effet de son propre poids, et encore, même dans ce cas, elle ne s'exécute qu'imparfaitement, attendu que le bol comprimé par les constricteurs du pharynx se divise et revient en partie dans la bouche par son orifice postérieur que la langue paralysée ferme d'une manière incomplète. Le même effet a lieu si l'on fait boire l'animal ou si on lui verse un liquide dans la bouche. Il en résulte qu'il faut beaucoup de temps et de patience pour nourrir l'animal auquel on a fait subir cette mutilation et pour l'empêcher de mourir de faim. Tel est le tableau à peu près textuellement reproduit, et fort sombre, comme on voit, qu'a tracé LoiNget de la situation des chiens privés de leurs deux hypoglosses. Stannius [Arch. f. Anat. iind PhysioL, xv, 132) rapporte aussi qu'il eut beaucoup de peine à maintenir en vie pendant quelques semaines des chats auxquels il avait coupé ces deux nerfs et qu'il fut obligé de les nourrir artificiellement. C'est dans le même sens que s'exprime S. Mayer [H. H., v, (2), 406), probablement d'après les précé- dents expérimentateurs. Les chiens privés des nerfs hypoglosses, dit également Landois (T. P., 702), ne peuvent plus boire : la langue est pendante et ils la mordent. Cepen- dant, d'après Philippeaux et Vulpian (cités par Morat \ T. P., n, 213), la mastication et la déglutition ne sont pas tout à fait imposs-ibles. « L'animal au bout de quelque temps arrive à suppléer par des mouvements divers à l'inactivité de la langue. Celle-ci, bien qu'ayant perdu ses mouvements propres, n'est pas pour cela complètement immobile ; mais des mouvements lui sont communiqués par des muscles de la région du cou innervés en partie, tant par le trijumeau que par le facial ou les nerfs cervicaux. » J'ai fait il y a quelques années, chez des chiens auxquels j'avais coupé les deux hypoglosses derrière l'os hyoïde, des observations qui montrent que les troubles fonc- tionnels qui résultent de cette opération sont loin d'être toujours aussi graves qu'on les dépeint. Comme je ne les ai pas encore publiées, je les reproduis ici avec quelques détails : L Chez un chien, j'ai sectionné, le 19 juillet 1904, l'hypoglosse gauche, puis, le 26 du même mois, l'hypoglosse droit. L'animal reste à jeun jusqu'au lendemain; on lui pré- sente alors du lait, et, en 10 minutes, sur 220 ce. il n'en avale que 22 ce. Entre 11 h. 1/2 du matin et 3 h. 45 de l'après-midi, il boit encore 97 ce. On lui donne alors de gros morceaux de viande qu'il avale sans grande difficulté après les avoir morcelés. Quel- quefois seulement un morceau reste collé sur le dos de la langue ou entre la joue et les arcades dentaires. Le 28 juillet il n'arrive encore qu'à boire 20 ce. de lait en 12 minutes : mais il mange facilement des morceaux de viande et ne les laisse retomber que rarement; puis, en une demi-heure, il avale encore 44 ce. de lait. II. Le 27 juillet, section des deux hypoglosses. Le lendemain on donne au chien de la viande : il la fragmente mais n'arrive pas à l'avaler; les morceaux restent dans la gueule ou retombent; il ne touche pas au lait qu'on met à côté de lui. Mais le 29, dans la matinée, il boit en 12 minutes 70 ce. de lait; dans l'après-midi de la même journée, il mange facilement de gros morceaux de viande, tant qu'on lui en donne. III. Un chien opéré le 28 juillet a avalé facilement le lendemain de gros morceaux de viande et bu assez rapidement 45 ce. d'eau. Le ;j août il a bu 70 ce. de lait en a à G minutes. IV. Vn chien opéré le 18 août ne parvient pas le 20 à boire du lait : il plonge le museau dans le liquide, fait des mouvements de la mâchoire et des lèvres, mais au bout de quehiue temps on constate que le contenu du vase est resté intact. On lui donne 1. Je cite de seconde main, parce ([ue je n'ai pu trouver, dans les mémoires à moi connus de PiiiLippEAUX et Vulpian, les obsorvalions signalées par Morat. HYPOGLOSSE (Nerf grand). 783 alors de la viande crue en morceaux, il n'arrive pas à les avaler, les introduit dans la bouche, les laisse retomber, les reprend en appliquant avec force le museau contre terre, mais n'aboutit pas. Immédiatement après, on lui jette des fragments de graisse sèche, à surface lisse par conséquent. Après deux ou trois essais infructueux, il arrive à les avaler très régulièrement. On lui donne alors à nouveau de la viande, et il réussit presque toujours à la déglutir, comme s'il avait appris maintenant comment il faut s'y prendre. V. Un chien opéré le 20 juillet des deux hypoglosses mange et boit seul dès le len- demain. Le 27, dans la matinée, il boit en 10 minutes 127 ce. de lait : cependant on ne le voit pas se servir de sa langue. On lui laisse dans sa cage le reste du lait, soit 149 ce. ; dans l'après-midi tout avait disparu. 'A 4 heures on lui donne de gros morceaux de viande qu'il avale aussi facilement qu'un chien intact. Il est sacrifié ce même jour à S heures. A l'autopsie on constate que, si l'hypoglosse droit a été divisé complètement du côté gauche, par contre, un rameau nerveux a échappé à la section, de sorte que l'excitation du nerf gauche provoque encore des mouvements de la langue. Néanmoins le lingual gauche était devenu moteur. Comme ces animaux étaient destinés à d'autres expériences auxquelles la section des deux hypoglosses servait seulement de préliminaire, je n'ai examiné que par intermittence la façon dont ils arrivaient à se nourrir : mais les indications précédentes suffisent pour montrer qu'ils restent capables d'ingérer non seulement les aliments solides, mais aussi les liquides. Les uns, il est vrai, mettent beaucoup de temps à boire, mais chez d'autres, comme par exemple dans les expériences II et III (pour ne pas parler de l'expérience V dans laquelle la division de l'un des nerfs a été incomplète) l'in- troduction des liquides se fait encore assez rapidement. II est probable qu'à la longue elle devient plus parfaite encore. Remarquons en effet qu'il s'agit ici d'animaux récem- ment opérés. Il n'est pas vrai non plus, comme le dit Landois, que la langue est pendante; au contraire on ne la voit plus apparaître hors de la bouche. BiDDER, chez deux chiens auxquels il avait coupé les hypoglosses en deux tea^ps, à 50 et séjours d'intervalle, a fait des observations à peu près semblables {loc. cit.). La langue, dit cet auteur, ne peut plus s'incurver en cuillère pour lancer les liquides au fond de la bouche : ceux-ci y sont appelés par les mouvements des lèvres et par la succion. Aussi leur ingestion se fait-elle lentement, quelle que soit d'ailleurs l'avidité de l'animal. Le mécanisme de la succion, invoqué par Bidder, n'est guère vraisemblable, puisque la langue ne peut plus remplir son office de piston; peut-être cependant ces mouvements de la base de la langue en bas et en arrière, qui seraient conservés d'après Sghiff, contribuent-ils à appeler les liquides dans la cavité buccale. Voici en réalité, à ce qu'il m'a semblé, comment les choses se passent. L'animal, qui ne peut plus laper, plonge son museau dans le liquide, et ce sont les mouvements brusques et rapides des lèvres et des mâchoires qui projettent le liquide au fond de la bouche oii sa présence provoque le réflexe de la déglutition. Quand on lui donne des aliments solides, c'est surtout par des mouvements de la tète de bas en haut et d'avant en arrière qu'il lance les morceaux vers le pharynx, et au bout de quelque temps il arrive k exécuter cette gymnastique avec une grande rapidité. J'ajouterai encore que Gluce et ïhiernesse ont pu, après la double section des nerfs hypoglosses, conserver en vie pendant longtemps des chiens qui continuaient à manger et à boire comme s'ils n'avaient subi aucune opération, bien que cependant ils fussent dans l'impossibilité de laper et que la déglutition fût gênée. {Journal de la Physiol., 1859, II, 686). 2" Suites éloignées. — Quelque temps après la section de l'hypoglosse, il se produit deux phénomènes intéressants: 1» le lingual, ou plutôt la corde du tympan, acquiert des propriétés motrices qu'il ne possède pas normalement ; 2" la langue devient le siège de mouvements fibrillaires continus. La première de ces deux manifestations ne nous occupera pas ici : elle appartient plutôt à l'étude de la corde du tympan {Voy. Fa- cial). Remarquons seulement que cette curieuse modification ne porte pas en réalité sur les fonctions, mais sur les propriétés delà corde du tympan; c'est-à-dire que la para- lysie de la langue ne diminue en aucune façon, et qu'il ne reparait pas, en général, de mouvements réflexes de l'organe, lorsque la corde est devenue motrice. Heidenhain, il 784 HYPOGLOSSE (Nerf grand). est vrai, a pu obtenir parfois des contractions très nettes dans la moitié paralysée derla langue par l'électrisation des filets sensibles du nerf saphène, ou par l'excitation de la muqueuse nasale au moyen de l'ammoniaque. Mais ces résultats nes'observentqu'excep- tionnellement ; ils n'ont d'autre intérêt que de montrer que la corde du tympan, deve- nue motrice après la dégénérescence de l'hypoglosse, peut être provoquée à l'activité non seulement par des excitations directes, mais aussi, en de rares circonstances, par celles qui agissent sur les origines centrales de ce rameau nerveux. L'autre phénomène dont nous avons parlé, les contractions fibrillaires spontanées, rentre de plein droit dans notre sujet. Signalées pour la première fois par Schiff (Lehrb. der Miiskel und Nerven PhysioL, 1858-1839, H7), elles débutent généralement chez le chien du 3'' au 4° jour après la section de l'hypoglosse; chez le lapin également au bout de 70 heures, parfois après 80 à 84 heures, d'après Bleuler et Lehman.n [A. g. P., 1879, xx, 354). D'abord limitées à quelques régions seulement de l'organe, à la pointe par exem- ple, elles prennent ensuite une extension de plus en plus grande, en même temps qu'elles deviennent plus vives, du moins jusqu'à la 3'^ semaine. Plus tard elles parais- sent de nouveau s'affaiblir, mais sans cependant disparaître; Heidenhain les a suivies ainsi jusqu'à la 6<> semaine, et Schiff les a vues persister indéfiniment. Si l'on examine de près les caractères de ces mouvements, on constate que ce ne sont pas les gros faisceaux musculaires qui sont animés de secousses ; il semble que ce soient les faisceaux primitifs qui se meuvent isolément et indépendamment les uns des autres (Heidenhain) : on dirait un mouvement vibratile. Les trémulations ne dépendent pas de l'intégrité du nerf lingual; car la section de ce nerf ne diminue pas leuf intensité, et la section préalable de la corde du tympan ne les empêche pas de se manifester (Schiff, Recueil de Méin. Pliy.^iol., i. 745). Schiff avait cru voir que 8 à 10 jours après la section de l'hypoglosse, alors que les mouvements fibrillaires sont très prononcés, l'excitation du lingual les arrête, et il pensait avoir ainsi trouvé dans la corde du tympan, puisque c'est elle seule qui est en cause dans ces expériences, un nouvel exemple d'un nerf inhibiteur. Mais BLEULfiR et Lehmann ont constaté au contraire que l'excitation du lingual les renforce. Heidenhain a confirmé cette observation, et j'ai souvent eu occasion de la vérifier. D'après Schiff, il faudrait chercher la cause des trémulations fibrillaires dans l'exci- tabilité exagérée des terminaisons de l'hypoglosse, liée à la dégénérescence progres- sive de ce nerf, et mise en jeu par le sang. Bleulkr et Lehmann ont montré au contraire que le sang ne peut pas être l'excitant de ces mouvements, puisque l'arrêt de la circula- tion ne les modifie pas; l'oblitération des carotides primitives, celle des carotides et des sous-clavières, prolongée pendant quelques minutes, fut sans influence; l'excitation et la section du sympathique cervical n'eurent pas plus d'effets. Chez les lapins tués par hémorragie, les trémulations continuèrent 10 à 11 minutes après que la langue eut été excisée, et une fois pendant 22 minutes, après que l'organe eut été introduit dans la cavité abdominale de l'animal, pour l'empêcher autant que possible de se refroidir trop rapi- dement. Heidenhain a vu également les mouvements persister après la ligature des deux artères linguales : ce n'est qu'au bout de 20 minutes qu'ils commencèrent à s'alïàiblir, mais ils n'avaient pas disparu au bout de 40 minutes, et quand, après 42 minutes,, la circulation fut rétablie, ils reprirent presque immédiatement leur intensité première. Heidenhain a étudié aussi l'influence de divers agents sur les trémulations fibrillaires. La curarisation la plus profonde ne les abolit pas, comme l'avaient déjà vu d'ailleurs Bleuler et Lehmann. La morphine augmente leur activité pendant la période d'excita- tion, mais les arrête entièrement pendant celle de la narcose profonde. Après une injection intra-veineuse de nicotine (2 ce. d'une solution de 2 gouttes de nicotine dans 100 ce. d'eau) ils se renforcent d'abord pendant que la langue rougit, puis celle-ci se tétanise du côté oîi l'hypoglosse a été sectionné '.'dans une 2' période, qui dure de 10 à 12 minutes, la langue devient pâle et les trémulations disparaissent tout à fait : à ce moment l'excitation du lingual n'a plus d'effet ni sur la vascularisation ni sur la motri- cité de la langue : enfin, dans une 3' période, l'excitation du lingual produit de nouveau la vaso-dilatation, mais non encore des contractions de la langue ; cependant les mou- vements fibrillaires ont reparu. 11 n'y a pas de relation directe entre la motricité acquise par le lingual et ces tré- HYPOGLOSSE (Nerf grand). 785 inulations. La preuve, c'est que le curare abolit celle-là et n'a aucune influence sur celles- ci. D'autre part, comme l'a fait remarquer Heidexhaix, il y a une période dans la réijé- nération de l'hypoglosse où ce nerf a repris toute son aptitude fonctionnelle, tandis que le lingual a déjà perdu tout pouvoir moteur sur la langue; néanmoins les contractions fibrillaires persistent encore. Tout porte à croire que les tre'mulalions dépendent d'une excitabilité exagérée de la fibre musculaire elle-même. Une autre conséquence de la paralysie de l'hypoglosse, c'est une atrophie notable de la langue, limitée à l'une des moitiés de l'organe, si l'un des nerfs seulement a été sectionné : en même temps, le bord correspondant est frangé, déchiqueté, couvert d'ul- cérations et de cicatrices, traces des morsures qu'il a .subies. A partir de la 3' semaine, on trouve aussi au microscope les altérations caractéristiques des paralysies mus- culaires : amincissement des faisceaux primitifs, multiplication des noyaux, etc. (Hei- ■denhain). Action vaso-motrice. — Outre ses fibres motrices, l'hypoglosse contient aussi ({uelques libres vaso-constrictives pour la langue. Aussi sa section produit-elle une légère rougeur; son excitation, une faible pâleur de l'organe. Ces fibres lui viennentdu ganglion cervical inférieur du sympathique; cependant elles ne sont pas bien nom- breuses, parce que ce ganglion n'a pas une influence très marquée sur les vaisseaux delà langue. On a supposé aussi que des filets vaso-moteurs pouvaient provenir directement de l'hypoglosse lui-même, mais il n'y a rien de positif à cet égard (Laxglev, Schiifer's T. P., 1900, 624). Sous le nom de rameaux vasculaires, Valextix a décrit quelques filets très grêles de l'hypoglosse qui vont se perdre sur la carotide interne : quelques-uns se porteraient sur 'le côté interne de la veine jugulaire. S'agit-il de fibres vaso-motrices, ou, comme il est plus vraisemblable, de filets sensitifs? Branche descendante. — Le rôle de ce rameau nerveux a donné lieu à de nom- breuses controverses. On sait qu'après s'être anastomosée avec la branche descendante interne du plexus cervical, la branche descendante de la 12* paire fournit des filets -aux muscles sterno-hyoïdien, sterno-thyroïdien, omo-hyoïdieii. D'après quelques auteurs, la branche descendante de l'hypoglosse est exclusivement constituée par des fibres provenant des nerfs cervicaux et n'en contient pas qui appartiennent en propre au nerf crânien. Il faut remarquer, en effet, que celui-ci, avant de fournir la branche descendante, s'est déjà anastomosée au moment où il croise l'apophyse transverse de l'atlas, avec l'anse qui unit les deux premiers nerfs cervicaux entre eux. C'est Back qui, en 1835, aurait pour la première fois posé le pioblème et résolu en ce sens, que toutes les fibres de la branche descendante sont fournies au nerf de la 12*^ paii'e par les nerfs cervicaux. Cette opinion a été ensuite reprise et développée par HoLL. D'après cet anatomiste, la branche descendante est composée de deux groupes de fibres. Les unes, supérieures ou descendantes, proviennent de l'anse formée par les deux premiers nerfs cervicaux, suivent le tronc de l'hypoglosse et s'en séparent plus loin pour entrer dans la constitution de sa branche descendante; quelques-unes d'entre elles continuent leur trajet vers la périphéiie et abandonnent le nerf pour fournir le rameau du muscle thyro-hyo'idien et celui du génio-hyoïdien. Le 2' groupe de fibres émane des 2« et 3^ nerfs cervicaux, et, sous le nom de branche descendante du plexus cervical, se dirige en bas vers l'anse nerveuse de l'hypoglosse. De ces fibres, les unes se réunissent à celles que le groupe précédent envoie à la branche descendante de l'hypoglosse et vont former avec elles les rameaux des muscles sterno-hyoïdien, sterno-thyroïdien, omo-hyoïdien, tandis que les autres se réfléchissent en anse, remontent vers le tronc de l'hypoglosse et contribuent à innerver les muscles thyro-hyoïdien et génio-hyoïdien. En résumé, Holl conclut que le nerf de la 12'= paire se distribue exclusivement aux muscles de la langue, tandis que les muscles sous-hyoïdiens, y compris le thyro-hyoïdien et le génio-hyoïdien, sont innervés par les nerfs cervicaux (Zeitschr. f. Anat. uncl Entwick- iung, 1876, m, 82). Déjà VoLKUANX Arch. f. Anat. luul Physiol., 1840, vu, ."iOl avait déduit de ses dissections et de ses expériences que les fibres de la branche descendante de l'hypoglosse ne pro- viennent que pour une très faible part de ce dernier nerf, et que, môme chez le cheval, ce rameau devrait être plutôt appelé ascendant, parce qu'il ne fait qu'amener des DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VIII. 50 786 HYPOGLOSSE (Nerf grand). filets à ce nerf, sans en recevoir de lui. D'autre part, en excitant les racines de l'hypo- glosse chez des animaux récemment tués, V'olkmann n'obtint de contractions que dans les muscles de la langue, y compris toutefois le thyro- hyoïdien. Frappé de ce fait que la galvanisation du nerf était sans action sur les autres muscles sous-hyQïdiens, il répéta l'expérience sur divers animaux (4 veaux, 2 lapins, 1 chèvre, 1 mouton, 2 chiens), et ne put provoquer que dans 3 cas des mouvements limités au sterno-hyoï- dien, deux fois chez le veau, une fois chez le chien. D'oîi Volkmann conclut que le nerf de la 12* paire ne fournit à sa brandie descendante que très peu de fibres motrices et que normalement il n'innerve que le thyro-hyoïdien. On a vu que pour Holl ce dernier est lui-même soustrait à rinlluence de l'hypoglosse. 11 est vrai que, si l'on s'en rapporte aux expériences de Volkmann, l'excitation du bout central de la branche descendante de l'hypoglosse, encore adhérente au tronc du nerf, détermine des contractions non seulement dans le génio-hyoïdien, mais aussi dans le génio-glosse, l'hyo-glosse, le muscle lingual. L'excitation des racines du premier nerf cervical, chez un veau récemment tué, produisit aussi un mouvement de projection de la langue avec incurvation de l'organe, de sorte que, pour Volkmann, les muscles intrin- sèques de la langue, ou du moins certains d'entre eux, recevraient des rameaux moteurs non seulement de l'encéphale, mais encore de la moelle. Mais E. Wertheimer [B. B., 1884, 589) a constaté que chez le chien, le chat, le lapin, la branche descendante de l'hypoglosse se détache du nerf avant que celui-ci ait reçu des fibres anastomotiques des nerfs cervicaux; or, si, chez ces divers animaux, on vient à exciter cette branche à l'aide d'un courant faradique, on provoque immédiatement un abaissement de l'os hyoïde, dû à la contraction des muscles sous-hyoïdiens. Cet effet ne peut, être dû qu'à des fibres propres du nerf de la 12<^ paire, puisqu'au moment où celui-ci les fournit il n'a encore contracté aucune connexion avec les nerfs cervicaux. H est à remarquer que Ellenberger et Baum [Anal, du chien, trad. franc., 1894, SOS") donnent des anastomoses de l'hypoglosse avec le plexus cervical une description tout ù fait semblable à la précédente. Ces auteurs ne mentionnent d'autres relations entre ces nerfs que celle qui s'établit à la partie moyenne du cou entre la branche descen- dante de l'hypoglosse et la branche descendante du plexus cervical, laquelle est formée par la racine antérieure ou ventrale du 1'=' nerf rachidien. Si, au lieu d'exciter la branche descendante interne, on excite le tronc même de l'hy- poglosse, l'action prédominante des muscles propres de la langue élève au contraire l'os hyoïde; et c'est probablement de la sorte qu'il faut expliquer quelques-uns des résultats obtenus par Volkmann. Une expérience plus décisive encore, faite par E. Wertheimer chez le chien, est celle qui consiste à sectionner ou à arracher les anastomoses qui unissent les nerfs cervicaux ù l'hypoglosse, et, après que celles-ci sont dégénérées, à exciter la branche descendante du nerf crânien. Dans ces conditions on obtient encore, avec un courant faible, une contraction bien nette, non seulement dans le muscle thyro-hyoïdien, mais encore dans les faisceaux supérieurs du sterno-hyoïdien et quelquefois dans ses faisceaux inférieurs; quant au sterno-thyoïdieii, il paraît exclusivement innervé par les fibres d'origine cervi- cale, c'est-à-dire médullaire. De ces expériences, qui ont donné un résultat constant, E. Wertheimer a conclu que, chez le chien, le lapin, f hypoglosse contribue à animer les mviscles sous-hyoïdiens. Parhon et GoLDSTEiN- ont confirmé ces conclusions par une méthode différente {Rou- manie médic, 1899, n" 1144). Ils arrachent sur un certain nombre de chiens la branche descendante de l'hypoglosse et sacrifient les animaux 15 à 23 jours plus tard. En prati- quant ensuite des coupes sériées sur le noyau de la 12" paire, ces auteurs ont trouvé constamment, au niveau de la partie la plus postérieure et externe du noyau, un petit groupe cellulaire assez bien délimité, qui présentait la réaction à distance, tandis que les autres cellules du noyau ne présentaient aucune trace de lésion. Ce groupe cellu- laire occupe à peu près la moitié inférieure du noyau. Aucune altération ne s'était manifestée, d'autre part, dans les trois premières racines de la moelle cervicale. Nous sommes ainsi amenés, ajoutent ces expérimentateurs, à une conclusion diamétralement opposée à celle de Holl, c'est-à-dire que chez le chien la branche descendante de l'hy- poglosse tire exclusivement son origine de ce dernier nerf. HYPOGLOSSE (Nerf grand). 787 Plus tard, dans une étude des lésions secondaires du noyau de l'hypoglosse, consé- cutives au cancer de la langue, chez l'homme, ces mêmes auteurs ont trouvé que la partie la plus inférieure de ce noyau était presque intacte à gauche, bien que, dans la moitié gauche de la langue, il n'existât pas un seul muscle épargné par le processus cancéreux. Parhon et Goldstein pensent donc que, chez l'homme aussi, cette partie du noyau représente l'origine de la branche descendante. Ils reconnaissent cependant que cette localisation, fondée sur un seul cas, est un peu incertaine (loc. cit.) Par contre Van Gehuchten {loc. cit., 537), ayant sectionné l'hypoglosse chez le lapin à l'endroit où ce nerf avait déjà abandonné sa branche descendante, a trouvé en chromo- iyse toutes les cellules du noyau d'origine; ce qui semble prouver que les fibres de la branche descendante ne proviennent pas de ce noyau. En d'autres termes, la branche descendante étant restée intacte, la partie du noyau qui lui appartient aurait dû rester intacte également. Chez le singe, Beevoh et HoRSLEY {Procced. ofthe Roy . Soc, i8S8, xliv,269,) ont constaté que l'excitation du nerf pratiquée en dehors du crâne, juste au dessous du point oîi il est rejoint par le 1^"^ nerf cervical, provoque, en même temps que les mouvements de la langue, ceux des muscles abaisseurs de l'os hyoïde, si bien que dans certains cas l'abais- sement de la langue empêche la projection de l'organe en avant : même résultat si l'on excite le bout périphérique de l'hypoglosse sectionné. Mais, quand ou agissait sur le nerf dans l'intérieur du crâne, les effets étaient tout différents : les muscles sous-hyoïdiens restaient au repos. Par conséquent, chez le singe, l'hypoglosse ne fournirait pas de filets aux muscles sous-hyoïdiens; c'est le l"' et le 2' nerf cervical : le 1"' plus particulièrement au sterno-hyoïdien et au sterno-thyroïdien, le 2" plus spécialement à l'omo-hyoïdien. Les expériences récentes de Kosaka et Jagita mettent assez bien d'accord ces résul- tats divergents. L'origine de la branche descendante, d'après ces auteurs <( est exclusi- vement bulbaire chez les oiseauj et chez le lapin, en grande partie bulbaire chez le chien, mais seulement médullaire chez le singe. Il est à penser, d'après cette dernière consta- tation, qu'il doit en être de même chez l'homme » (cité d'après Parhon et Papinian, loc. cit.) Il n'y a donc guère que les observations de Van Gehuchten qui restent en contradiction avec celles de Kosaka et Jagija. La branche descendante interne peut fournir anormalement un nerf diaphragma- tique accessoire et un rameau cardiaque. On a supposé que ce dernier proviendrait d'une anastomose émanée du pneumo-gastrique. Chez un certain nombre de chiens, E. Wertheimer a excité le bout périphérique de l'anse de l'hypoglosse, sans obtenir la moin- dre modification de la fréquence des battements du cœur. (B. B., 1885, 279) Mais ces expériences ne sont pas décisives, puisque le rameau cardiaque, au dire des auteurs, ne serait pas constant. La branche descendante tout entière pourrait exceptionnelle- ment provenir du pneumo-gastrique. Sensibilité de l'hypoglosse. — Mayer, de Bonn, a décrit en 1833 au nerf de la 12" paire une racine ganglionnaire chez le bœuf, le porc, le chien ; mais il ne la trouva pas chez toutes les espèces de chiens, et il ne put la découvrir ni chez le chat ni chez le mouton. VuLPiAN, qui a consacré un travail spécial à cette question (Journ. de la Phi/siol. 1862, 5), dit avoir examiné les espèces de chiens les plus variées et ne l'avoir jamais vu manquer chez aucune : cette racine existerait aussi constamment chez le chat, mais excessivement ténue. Vulpian l'a en vain cherchée chez le lapin. Chez l'homme, sur une vingtaine de bulbes rachidiens d'adultes, et sur plusieurs enfants nouveau-nés, le résul- tat fut négatif; dans un de ces cas cependant, Volpiax se demande s'il n'a pas eu sous les yeux la racine ganglionnaire, mais il n'ose se prononcer. Dans l'espèce humaine, il est certain que cette anomalie est excessivement rare. Testut n'en rapporte que huit exemples, dont trois personnels, en y comprenant celui de Vulpian qui est cependant douteux [Anal, hum., lOOo, 111, 129). Chez l'homme adulte, l'hypoglosse est donc devenu un nerf purementmoteur, si l'on fait abstraction de quel- ques anomalies exceptionnelles. Toutefois, si l'on se reporte à la période embryonnaire, on constate, comme l'a fait d'abord Fhoriep sur des embryons de ruminants, qu'il se dévelopjie à la manière d'un nerf rachidien ordinaire, c'est-à-dire qu'il possède comme ces derniers une racine anté- 788 HYPOGLOSSE (Nerf grand). rieure et une racine postérieure. Mais la racine antérieure se compose primitivement de trois faisceaux superposés qui correspondent non pas à une, mais à trois protover- tèbres distinctes. L'iiypoglosse lui-même ne répond donc pas à un seul nerf, mais à trois nerfs rachidiens fusionnés ensemble, dont le dernier seul présente une racine sen- sitive. Ces résultats ont été confirmés pour d'autres espèces animales. L'homme lui-même ne fait pas exception à la règle. Chez des embryons humains de 6°"°j9 et 10°"°, 2, His a trouvé annexé à l'hypoglosse un ganglion, qui disparaît d'ailleurs très rapidement. Mais, tandis que chez l'homme la régression de cette portion seiisitive est, normalement du moins, rapide et complète, chez nombre d'espèces animales, l'hypoglosse conserve sa racine postérieure. Chez les vertébrés inférieurs, c'est chose fréquente : parmi les mam- mifères, celte persistance est normale chez les Ruminants, fréquente chez les Carni- vores et les Équidés, plus rare dans les autres espèces d'après Froriep et Beck. (voir CuNÉo, in Anat. de Poirier, 1899, m, 908). L'assimilation toute naturelle de cette racine ganglionnaire aux racines postérieures des nerfs rachidiens doit s'étendre aussi aux propriétés et aux fonctions de cette racine chez les animaux sur lesquels elle a été rencontrée. Cependant il n'a pas été fait d'expériences méthodiques sur ce point, ou plutôt, si l'on devait se rapporter à celles qui jusqu'à présent ont été tentées, cette assimilation ne serait pas jusliliée. Volkmann (loc. cit.) dit en effet avoir excité le bout périphérique du filet ganglionnaire chez le veau, et avoir obtenu en un point très limité, sur le milieu du dos de la langue, un mouvement qui se produisait à chaque excitation galvanique. L'expérience, répétée une seconde fois sur la tête d'un veau récemment tué, donna les mêmes résultats. Il est probable que ceux-ci étaient dus à la diffusion du courant, quoique Volkmann déclare qu'il était en garde contre cette cause d'erreur; toujours est-il que l'excitation méca- nique ne produisit aucun effet. Cependant dans une 3' expérience Biddkr aurait obtenu une contraction par l'excitation mécanique de la petite racine : mais l'épreuve, répétée devant Volkmann, échoua, tandis que la galvanisation eut ses conséquences habituelles. Volkmann a même tiré de ces expériences la conclusion, certainement erronée, que les nerfs moteurs (des muscles striés) peuvent présenter aussi un ganglion sur leur trajet. D'autre part, Longet dit avoir pu agir sur les filets originels de l'hypoglosse à travers l'espace occipito-atloidien et jamais leur arrachement ne lui parut être accompagné de douleur. Ce qui est certain, c'est que le nerf est sensible dès sa sortie dn crâne, comme l'a noté Stannius qui pratiquait l'arrachement à ce niveau (loc. cit.). Si c'est au voisinage de l'os hyoïde que chez le chien ou le chat on divise ou on pince le nerf, la douleur est assez vive pour arracher des cris plaintifs à l'animal. Herbert Mayo et Magendie avaient déjà fait cette observation, confirmée par Longeï ; ce dernier ajoute avec raison que Panizza est certainement dans l'erreur, quand il affirme que chez le chien l'irritation et l'excision de l'hypoglosse ne sont point douloureuses. Puisque chez certaines espèces animales ce nerf possède une racine ganglionnaire, sa sensibilité doit trouver, en partie, sa source, dans ses fibres propres : mais elle est principalement empruntée aux nerfs voisins, plexus cervical, pneumo-gastrique, lin- gual. Les anastomoses de l'hypoglosse avec les nerfs cervicaux lui apporteraient aussi des fibres sensitives pour les muscles de la langue, de sorte qu'après la section des nerfs sensibles de cet organe, lingual et glosso-pharyngien, il peut conseiver encore un reste de sensibilité (Landois, T. P., 702). Le rameau méningé de Luschka, qui se détache de l'hypoglosse dans le canal con- dylien antérieur et va se distribuer en partie à l'os occipital, en partie aux parois du sinus occipital, est évidemment un nerf sensible. 11 proviendrait, d'après Luschka, du nerf lingual, mais rien ne dit qu'il n'est pas fourni par les nerfs cervicaux oulc pneumo- gastrique. C'est au lingual que serait due, d'après Cl. Bernard, la sensibilité récurrente de l'hy- poglosse {Sijst. iicrv., II, 231). j'ai constaté à deux reprises, chez des chiens curarisés auxquels on avait introduit des canules dans les deux conduits de Wharto.n, que l'exci- tation de l'un des hypoglosses, au niveau du plancher de la bouche, provoquait une sali- HYPOPHYSE. 789 vation peu abondante, mais bien nette, non seulement du côté correspondant, mais encore du côté opposé. Peut-être ces effets sont-ils dus aux fibres récurrentes du lin- gual. D'après Lewin, (cité par Landois), la branche descendante recevrait aussi de ce der- nier nerf des filets sensitifs pour les muscles sous-hyoïdiens. La proximité de l'hypoglosse, nerf moteur, et du lingual, nerf sensitif, la facilite avec laquelle ces nerfs se prêtent aux opérations nécessaires les ont souvent fait choisi i- comme sujets d'expériences par les physiologistes qui se sont proposé d'examiner les conséquences de la suture des nerfs d'espèce différente. Mais cette question ressortit à la physiologie générale des nerfs, et non à une étude des fonctions spéciales de l'hypoglosse. On trouvera au surplus les principales indica- tions qui s'y rapportent dans un mémoire récent de E. Wertheimer et Ch. Dubois, sur la suture du nerf lingual et du nerf hypoglosse. {Arch. intern. de Plujsiol., v, 90). E. WERTHEIMER. HYPOPHYSE. SOMMAIRE PREMIÈRE PARTIE ANATOMIE. EMBRYOLOGIE. HISTOLOGIE. I. Anatomie. — 1) Analomle comparée. 2) Forme. Dim'.nsiom. Poids. Couleur. 3) Constitution anatomique. 4) Vaisseaux et nerfs. — II. Embryologie. — 111. Histologie. — i) Lobe postérieur. 2) Lo/je antérieur. 3) Colloïde. 4) Sécrétion graisseuse. 5) Hi/pophyse pendant la gestation. DEUXIÈME PARTIE PHYSIOLOGIE. CHAPITRE I. — Méthodes directes. — § I. Extraits hypophysaires. — 1) Action sur la circulation . 2) Action sur l'appareil cardio-vascutaire. 3) Action sur le rein, i)- Action sur^ le métabolisme. 5) Action sur les fibres musculaires. 6) Action sur les organes. 1) Action sur le système nerveux sympathique et autonome. %) Action sur V accroissement somatique. 'è) Action combinée des extraits. 10) Toxicité. 11) Pouvoir antitoxique. % II. — Excitations. Extirpation. — 1) Choix de l'animal. 2) Procédés opératoires. 3) Excitations mécaniques. 4) Excitations électrigues. 3) Excitatiofis fonctionnelles. 6) Hypophysectomie. T) Hypophy- .^ectomie complète. 8) Hypophysectomie partielle. CHAPITRE II. — Méthodes indirectes. — 1) Influence de l'âge. 2) Influence de la fatigue. 3 Rapports avec d'autres appareils glaîidulaires : Glandes génitales; Thyroïde; Capsules surrénales. 4) Action sur les centres nerveux. 5) L'hypophyse et les centres réflexes cir- culatoires. 6) L'hypophyse et le liquide céphalo-rachidien. 7) L'hypophyse et le sommeil. 8) L'hypophyse et l'hématopoièse. TROISIÈME PARTIE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. 1) Acromégalie. Gigantisme. 2) L hypophyse et les maladies. 3) Insuffisance hypQphysaire. 4) Médi- cation hypophysaire. 5) Grej]es de l'hypophyse. BIBLIOGRAPHIE. PREMIÈRE PARTIE. Anatomie. Embryologie. Histologie. L'hypophyse, Hypophysis, tire son nom de sa position ('j::o, sous, çja-.;, production). (Ail. Gehirnanhang, Schleimdrûsc ; aiig. Hypophysis; ital., ipofisi.) Elle est aussi appelée corps ou glande pituitaire. Suivant les auteurs, elle a reçu des noms divers, tels que : glandula p'iluitaria ou pituitosa; lacuna; appendicufa cerebri (Ebel) ; glans pituitam exci- 790 HYPOPHYSE. piens {Wésale) ; glande basilairc; glande colatoire ; appendice sus-sphénoidal du cerveau (Chaussier). Anatomie. — L'hypophyse est un petit organe glandulaire, à forme variable, géné- ralement ovoïde, placé, comme son nom l'indique, à la face inférieure du cerveau, auquel elle est reliée par la tige pituitaire. Dans la région médiane de la base de l'encéphale, entre le chiasma, en avant, les bandelettes optiques, sur les côtés, et les tubercules mamillaires en arrière, se trouve une lame grise, corps cendré ou tuber cinereum, qui forme une sorte de cône, Vinfundi- huluin, qui se prolonge obliquement en avant et en bas, pour se terminer par une petite colonne de substance grise qui constitue la tige pituitaire. C'est cette colonne, qui a chez l'homme 4 à 6 millimètres de long, qui relie l'hypophyse à la face inférieure du cer- veau. Le tuber cinereum et la tige pituitaire, formés de substance grise, ferment, à la partie inférieure, le troisième ventricule. Chez l'homme, sauf de rares exceptions, la tige pituitaire ne présente un canal cen- tral que dans sa moitié supérieure, la moitié inférieure étant pleine ; aussi n'y a-t-il pas de communication directe entre le ventricule et l'hypophyse. Comme nous le ver- rons, il n'en est pas ainsi chez beaucoup d'animaux. Chez l'homme, l'hypophyse occupe la selle turcique, dans laquelle elle est fixée par une véritable loge ostéo-fibreuse presque complète, un dédoublement de la dure- (uère, tente pituitaire ou diaphragme de l'hypophyse, perforée à son centre pour le passage de la tige pituitaire. L'hypophyse remplissant la selle turcique présente les rapports suivants : en avant, la paroi osseuse, et, en arrière, la lame quadrilatère du sphénoïde ; sur les côtés, les sinus caverneux qui la séparent des carotides internes. A ces rapports il faut ajouter, en avant et en arrière, les deux branches, antérieure et postérieure, du sinus coronaire qui se trouve dans le dédoublement de la tente pituitaire, et qui, par conséquent, est plus en rapport avec la tige pituitaire et la face supérieure de l'hypophyse. Des tractus conjonctifs, ainsi que des vaisseaux, font adhérer l'organe aux parois de cette loge. Anatomie comparée. — Dans la série animale, les rapports de l'hypophyse ne se présentent pas toujours dans les mêmes conditions; car tantôt elle est complètement emprisonnée dans une loge ostéo-fibreuse, comme chez l'homme, tantôt, au contraire, elle est presque libre. Mais ce qu'il y a d'important, au point de vue biologique général, c'est que cet organe existe toujours, assez développé, dans toute la série des verté- brés. Il y aurait même chez les invertébrés, comme les larves de certains mollusques, de certains vers et échinodermes, une ébauche d'hypophyse représentée par un appareil formé de petites cavités, dans lesquelles pénètre l'eau qui doit arroser le système nerveux central (L. Andriezen). La glande subneurale de l'amphioxus a de l'analogie avec la glande pituitaire des vertébrés supérieurs, elle est en rapport intime avec le canal bucco-infundibulaire, qui fait communiquer la cavité neurale avec la cavité buccale. Cet organe a donc une existence générale; aussi W. Mùller disait qu'entre l'hypo- physe de la myxine et celle de l'homme il n'y avait pas de différence. De cette fixité on ne peut que conclure à l'importance de l'organe. L. Gentès, qui a étudié, au point de vue morphologique, l'hypophyse chez tous les vertébrés, en a donné une bonne description comparative, que nous allons résumer. Chez les poissons, elle est très développée et très volumineuse, par rapport au cer- veau, et n'est pas renfermée dans une loge ostéo-fibreuse, comme chez beaucoup d'autres animaux. Chez les batraciens, tels que la grenouille, elle n'est pas très développée ; accolée, pour ainsi dire, à lu base du cerveau, sans tige pituitaire, elle est vraiment sessile, et par le fait, libre; car le plancher osseux du crâne (os parabasal) ne présente qu'une légère dépression, et non une loge ostéo-fibreuse. Chez les reptiles sauriens [Lacerta muralis, Merr.), l'hypophyse est bien pédiculée, et se trouve enfermée dans une loge ostéo-fibreuse que lui forme la selle turcique. Aussi resle-t-elle adhérente à la base du crâne, lorsque l'on extrait le cerveau. Il en est de même chez Lacerta viridis, L. Chez les oiseaux, l'hypophyse est, proportionnellement, plus petite que chez les HYPOPHYSE. 791 poissons et les batraciens; elle est profondément enfermée dans une loge ostéo-fibreuse, à laquelle elle adhère solidement. La lige pituitaire se rompt lorsqu'on veut extraire le cerveau de la cavité crânienne, et l'hypophyse reste en place. Chez les mammifères, la situation de l'hypophyse présente de grandes variétés suivant les espèces. C'est ainsi que, chez certains mammifères, elle est solidement enfermée dans une loge profonde formée par la selle turcique, et complétée par la tente de l'hypophyse, percée simplement d'un orifice pour le passage de la tige pitui- taire, qui se rompt lorsque l'on extrait ie cerveau de la cavité crânienne; chez certains autres, elle est relativement libre, quoique logée dans la selle turcique, mais le repli de la dure-mère ne forme qu'un diaphragme incomplet, laissant un orifice assez large pour que la glande puisse passer à travers, et suivre le cerveau soulevé. Ces détails anatomiques ayant de l'importance au point de vue du manuel opéra- toire, sur lequel nous reviendrons plus loin, il est nécessaire de les connaître. Chez le cheval, l'hypophyse est volumineuse; elle ressemble à un petit marron aplati de bas en haut. Elle n'est pas, à proprement parler, enfermée dans une loge ostéo-fibreuse, la selle turcique n'étant pas très profonde, mais la tige pituitaire est assez large, et la dure-mère forme un repli constituant un diaphragme assez complet, très adhérent à l'organe. Chez les bovidés : taureau, veau, l'hypophyse est à peu près aussi volumineuse que, chez le cheval; elle est enfermée et solidement fixée dans une loge ostéo-fibreuse. Chez le mouton, même disposition : loge ostéo-fibreuse formée par une selle turcique profonde dans laquelle l'hypophyse est bien enclavée. Chez le lapin, l'hypophyse est relativement volumineuse ; elle est complètement enfermée dans une loge ostéo-fibreuse, et même la tente formée par la dure-mère s'ossifie quelquefois. Chez le cobaye, la disposition de l'hypophyse est à peu près comme chez le lapin. Chez le rat, la disposition diffère un peu au point de vue de la fixation de l'hypo- physe. La selle turcique existe bien, mais le repli dure-mérien n'est pas complet, et livre facilement passage à l'organe, lorsque le cerveau est soulevé. Chez le chat, l'hypophyse est relativement petite, comme chez tous les carnivores, la tige pituitaire est courte, l'organe occupe la selle turcique, sans y être enfermé complè- tement, mais elle y adhère par sa partie postérieure, son lobe nerveux. Aussi quelquefois, lorsqu'on soulève le cerveau, le pédicule nerveux se rompt, le lobe nerveux peut rester dans la selle turcique, tandis que le lobe épithélial ou antérieur peut adhérer au cerveau. Chez le chien, l'hypophyse n'est pas très développée, elle est en forme de cône aplati, elle occupe la selle turcique, à laquelle elle adhère seulement par un pédicule vasculo- conjonctif qui passe par son pôle inférieur. Ce pédicule se rompt quelquefois spontané- ment, lorsqu'on soulève le cerveau, ou, sinon, il est facile à sectionner pour libérer complètement l'organe. Cette adhérence part du rebord postérieur de la selle turcique, pour atteindre la portion postéro-inférieure de l'organe, représentée par le lobe ner- veux. Ce qui fait que, comme chez le chat, parfois, en soulevant le cerveau, la portion nerveuse seule peut rester dans la selle turcique, le reste de l'organe accompagnant facilement l'encéphale, car le repli de la dure-mère ne forme qu'un diaphragme incom- plet, avec un orifice central large. Forme, dimensions, poids, couleurs. — Chez l'homme, l'hypophyse a la forme d'une masse ellipsoïde, ovoïde, à grand axe transversal, ou d'un gros haricot disposé transver- salement (Paulesco). Sa couleur est grisâtre, ou gris rougeàlre. Un peu aplatie d'avant en arrière, elle a le volume d'un gros pois. Les dimensions de ses divers diamètres sont les suivantes : Diamètre antéro-postérie'ur. millimètres. 0.006 à 0,008 0,008 0,005 à 0,007 0,0068 0,008 0,010 Diamètre vertical, millimètres. 0,006 à 0,008 0,006 0,005 à 0,007 0,006 0,006 0,00oo Diamètre transversal. millimètres. 0,012 0,012 à 0,015 0,015 0,012 cà 0,015 0,012 à 0,015 0,015 Auteurs. Sappev. Testut. Poirier. Thaon. Paui.esco. Ch. Livox. 792 HYPOPHYSE. Le poids varie plus que les dimensions. Il serait, en moyenne, de 05'',25 à OsfjoO pour Cruveilhier, de 0^%40 pour Sappey, de O^^So à Osi',45 pour Testut, de 08^'",66 pour Caselli,, de 06', 48 pour Comte et pour Launois, de O'-^OO pour Poirier et Charpy, de Os^oO pour ScHoNEMANN, de 0^'%442 pour Ch. Livon. Bien entendu, ces chiffres expriment des moyennes pour individus adultes. Si l'on étudie le poids de l'hypophyse suivant les^ âges, on trouve de grandes variations. POIDS SUIVANT l'aGE d'aPRÈS ScHONEMANN. Chez le nouveau-né 0,13 A 10 ans 0,33 A 20 — . 0,55 A 30 — 0,67 A 50 — 0,60 POIDS SUIVANT l'âge d'aPRÈS CoMTE. gr- De 0 à 1 an 0,13 De 1 à 10 ans 0,25 De 11 à 20 ans 0,51 De 21 à 30 — 0,55 De 31 à 40 — 0,67 De 41 à 30 —...... 0,61 Le poids de l'hypophyse augmenterait donc jusqu'à un certain âge, 40 ans environ dans les conditions normales, puis commencerait à diminuer. Mais ces chiffres peuvent varier d'une façon notable, si l'on s'adresse à des hypophyses recueillies sur des cadavres d'individus adultes, d'âges divers, ayant succombé à des infections aiguës ou chroniques. Launois, qui a étudié cinquante hypophyses d'hommes et cinquante de femmes, a trouvé les résultats suivants : poids de L'iIVPOrilYSE CHEZ 30 HOMMES ADULTES. Poids Numéro. Age. Maladie ayant causé la mort. de l'hypophyse. Années. Centigrammes. 1 35 Tuberculose pulmonaire 78 2 60 Hémorragie cérébrale 54 3 27 Tuberculose pulmonaire 53 4 64 — — 33 5 22 Méningite tuberculeuse 43 6 27 Tuberculose pulmonaire 68 7 36 Pleuro-pneumonie 76 8 63 Cancer du foie 55 9 66 Hémorragie cérébrale 59 10 56 Cancer du pj'lore 32 11 21 Tuberculose pulmonaire 67 12 80 Sénilité 38 13 50 Tuberculose pulmonaire 67 14 45 Hémorragie cérébrale 74 15 35 Tuberculose pulmonaire 61 16 40 Paralysie générale progressive 79 17 40 Diabète pancréatique 32 18 42 Méningite tuberculeuse 89 19 75 Hémiplégie 68 20 31 Delirium tremens 67 21 30 Tuberculose pulmonaire 74 22 62 — — 53 23 77 Ramollissement cérébral 73 24 30 Tuberculose pulmonaire 73 25 40 Lymphadénie 34 26 30 Œdème de la glotte 49 27 38 Congestion pulmonaire 60 28 30 Tuberculose pulmonaire 67 29 30 — — 63 HYPOPHYSE. 793 Numéro. 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 44 42 43 44 45 Poids Age. Maladie ayant causé la mort. de l'Iiypophyso. Années. Centigrammes. 32 Congestion pulmonaire 55 48 Pleurésie purulente 57 24 Tuberculose pulmonaire 55 23 Méningite cérébro-spinale 42 43 Tuberculose pulmonaire 65 40 Néphrite aiguë 52 57 Emphysème pulmonaire 49 29 Tuberculose pulmonaire 65 53 Cancer de l'estomac 50 70 Hémiplégie gauche 65 50 Cancer du foie 47 50 Anévrysme de l'aorte 52 42 Néphrite tuberculeuse 57 53 Cirrhose atrophique 55 37 Pleurésie purulente 42 36 Tuberculose pulmonaire 73 POIDS DE l'hYI'OPHYSE CHEZ 50 FEMMES .\DULTES Numéro. 47 48 49 50 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 Age. Années. 64 60 24 38 52 41 42 66 40 30 32 50 53 28 .59 60 45 32 43 71 60 44 48 58 68 29 42 67 63 35 38 45 26 20 26 35 50 40 26 32 29 49 Poids Maladie ayant causé la mort. de l'hypopliyse. Centigrammes. Hémiplégie 71 Maladie de Paget 62 Tuberculose pulmonaire 7i _ — 70 Hémorragie cérébrale 68 Tuberculose pulmonaire 42 Hémorragie cérébrale 78 Myocardite 60 Tuberculose pulmonaire 44 _ — 69 _ — . 58 Hémorragie cérébrale 90 Broncho-pneumonie 57 Infection puerpérale 65 Myocardite scléreuse 40 Néphrite chronique 52 TulDcrculose pulmonaire 62 Infection puerpérale 85 Myocardite scléreuse 54 Tumeur thyroïdienne 51 Kyste de l'ovaire 93 Anévrysme de l'aorte 55 Hémorragie cérébrale 120 Œdème aigu du poumon 80 Cancer de l'utérus 67 Tuberculose pulmonaire £8 Cancer du côlon 60 Pneumonie 77 Asystolie 49 Tuberculose pulmonaire 61 _ — 57 — — 56 — — 74 — — 60 — — 83 — — 55 Néphrite chronique 60 Asystolie (Maladie mitrale) 50 Tuberculose pulmonaire 70 Infection puerpérale 62 Tuberculose pulmonaire 69 Hémiplégie 68 79^ HYPOPHYSE. Poids Numéro. Age. Maladie ayant causé la mort. de l'hypophyse. Années. Centigrammes. 38 39 A.çystolie. Néphrite 58 39 60 Asystolie (lésion mitrale") 42 ^0 41 Tuberculose pulmonaire 75 ■41 50 Broncho-pneumonie 61 ^2 51 Cancei' du pylore 60 43 40 Endocardite 45 44 30 Tuberculose pulmonaire 66 40 52 Cancer de l'utérus 48 46 71 Sénilité 52 47 40 Tuberculose pulmonau-e 70 48 28 — — 59 49 44 Pleurésie purulente 63 50 30 Pneumothorax tuberculeux 07 De l'étude de cette statistique il résulte, d'après Launois, que le poids moyen de l'hypophyse de l'homme adulte est de 58''S'',80, et que le poids moyen de l'hypophyse de la femme adulte est de ôO-^s'-^io. Mais il faut défalquer le poids des hypophyses des tuberculeux et des hémorragiques cérébraux, qui ont, généralement, des hypophyses volumineuses. On arrive alors à trouver un poids moyen de 08^'',48 pour un âge de "JO ans et demi. Le poids moyen, dans les onze cas d'hémorragie cérébrale, a été de 0e'',l"j'6. Caselli, sur cent hypophyses pesées sur des sujets d'âges variés, morts à l'asile d'aliénés de Reggio, arrive à trouver une moyenne de Oe^GG? pour les hommes, et Oe'',731 pour les femmes. Il n'a pas constaté de rapport suivant l'âge, car il a obtenu des différences notables. Pour lui, l'hypophyse est d'autant plus petite, que le poids du cerveau est plus grand, et réciproquement. Non seulement le poids de l'hypophyse paraît plus élevé chez la femme que chez l'homme, mais encore, sous l'influence de la grossesse, cet organe prend des propor- tions beaucoup plus grandes. Ainsi, Comte a vu chez des femmes, vers la fin de la gros- sesse, l'hypophyse atteindre les poids suivants : Age. Poids de l'iiypophyse. Années. gr. 29 - 1,090 23 0,730 38 1,265 27 1,175 21 1/2 0,665 39 1/2 0,540 Launois et Mulon, Thao.-m ont fait des constatations identiques au point de vue de l'augmentation de l'hypophyse pendant la gestation. Il n'est nullement question ici du poids que peut atteindre l'hypophyse dans l'acro- mégalie : ce poids devient alors quelquefois énorme : 30 grammes. Le poids spécifique de l'hypophyse serait, d'après Poirier, de 1,0657. Relativement l'hypophyse est moins développée chez l'homme que chez les autres animaux. Poissons. — Chez la carpe, l'hypophyse a une forme ellipsoïde, elle est très allongée dans le sens anléro-postérieur. Elle a un aspect lobule, sa couleur est rougeâtre. Chez le silure, elle a une forme ovoïdale, mais elle est moins allongée que chez la carpe. Chez le brochet, elle est relativement plus petite, elle a une forme pyramidale. Batraciens. — L'hypophyse est sessile sur la grenouille ; relativement volumineuse, elle est de la grosseur d'une tête d'épingle; aplatie de haut en bas, elle a la forme d'une lentille. Reptiles. — Tortue et couleuvre ; chez ces animaux, l'hypophyse présente les mêmes caractères que chez les batraciens. Oiseaux. — Poule. Chezcet animal, l'hypophyse est comparativement pluspetite que chez les poissons et les batraciens, elle a la forme d'une pyramide à base supérieure. Chez le coq son poidsmoyen est de06%0133,lepoidsmoyenderencéphaleétantde3e'',32 (Fichera). Mammifères. — Chez le cheval, l'hypophyse est volumineuse, d'un jaune rougeâtre. HYPOPHYSE. 795 elle a la forme d'un petit marron aplati de haut en bas, sans prédominance réelle du diamètre transverse sur le diamètre aiitéro-postérieur, Ch. Livo.v, qui a fait un cei'lain nombre de mensurations et de pesées, a trouvé les cbifTres suivants : HYPOPHYSES DE CHEVAL. Diamètre Diamètre Diamètre • transverse. antéro-postérieur. vertical. Poids. millimètres. millimètres. millimètres. Rr. 0,022 0,020 0,010 3,070 0,020 0,019 0.008 2,0.o0 0,017 0,018 0,008 1,760 0.0-20 0,018 0,007 2.0ri0 o.on 0,018 0,0065 1,455 0.022 0,020 0,008 2,595 o,on . 0,019 0,007 1,660 0,018 0,018 0,008 2,000 0,019 '0,018 0,010 2,175 0,018 0,018 '0.010 2,195 0,019 0,018 0,009 1,840 0,019 0,018 0,008 1,710 0,018 0,018 0,011 2,470 0,019 0,019 0,009 2,307 o,on 0,018 0,011 2,190 0,018 0,016 0,008 1,565 Donc on peut dire qu'en moyenne l'hypophyse du cheval a les dimensions suivantes : 0,0187 pour le diamètre transverse; 0,0183, pour le diamètre antéro-postérieur, et 0,0086 pour le diamètre vertical ; son poids moyen est de 2'?'',0G8. Le poids moyeu de l'hypophyse chez le taureau est de 3e'", 35; chez le buffle non châtré, FicHER.\ l'a trouvé en moyenne de ie'",80. Chez la vache, Thaon et Garxier l'ont trouvé de 3s>",80. Chez le veau, l'hypophyse présente à peu prés la même forme et les mêmes dispositions que chez le cheval. En somme, chez les bovidés, l'hypophyse est assez volumineuse. Chez le mouton, l'hypophyse a une forme assez irrégulière à grand diamètre antéro- postérieur, sa face supérieure est plane et présente ceci de particulier, c'est que sa partie médiane est formée par le lobe nerveux, ainsi à découvert, les côtés étant con- stitués par le lobe glandulaire, ayant l'aspect de deux haricots allongés, séparés par le lobe nerveux. Sa face postéro-inférieure a l'aspect d'une carène s'enfonçant profondé- ment dans la selle turcique. Ses dimensions moyennes sont, d'après Ch. Livon : Diamètre transverse 0,010 milli- mètres; diamètre antéro-postérieur 0,012o; diamètre vertical 0,0085 à la partie médiane qui correspond à la carène. Son poids moyen, pour un encéphale de 110 grammes environ est de 0,(566 milligrammes; Thaox a trouvé 0,600 milligrammes. La couleur est différente, comme chez beaucoup d'animaux, suivant le lobe; le lobe glandulaire est jaune-rouge ; le lobe nerveux gris-rouge. Dans ses études comparatives sur le développement de l'hypophyse, Ch. Livox a exa- miné un certain nombre d'organes chez des fœtus d'agneau d'âges dilTérents et, les com- parant au poids de l'encéphale, il a trouvé les chiffres suivants : FŒTUS D AGNEAUX. Poids Poids Diamètre Diamètre Diamètre du cerveau. de l'hypophyse. antéro-postérieur. transverse. vertical. gr. gr. miilim. miilim. millira. 62,155 0,108 0,007 0,005 0,004 53,750 0,058 0,008 0,0055 0,005 49,970 0,052 0,006 0,005 0,003 47,067 0,060 0,005 0,005' 0,0035 46,380 0,098 0,007 0,006 0,004 40,270 0,078 0,007 0,0053 0,0035 40,028 0,058 0,008 0,005 0,003 32,470 0,032 0,005 0,005 0,003 31,760 0,043 0,007 0,004 0,0025 30,350 0,056 0,007 0,004 0,003 16,502 0,043 0,006 0,004 0,0025 796 HYPOPHYSE. Il est facile de constater en jetant les yeux sur ce tableau que l'hypophyse est un organe dont le développement est précoce et par conséquent ne suit pas l'évolution de l'encéphale. Chez les carnivores tels que le chat et le chien, l'hypophyse est relativement petite. Chez le chat, elle est sphéroïde et a la grosseur d'un petit pois : la tige pituitaire est très courte. • Chez le chien, sa forme est celle d'un cône aplati à base dirigée en haut : comme chez le chat, la tige pituitaire est très courte, ce qui fait que l'organe paraît comme collé à l'infundibulum. Sa colpration est jaune rougeâtre. Ses dimensions et son poids varient nécessairement avec la taille de l'animal. Ch. Livon a trouvé que pour des chiens de 6 à 10 kilog. le diamètre transverse était de 0,006 millimètres, le diamètre antéro-postérieur de 0,004 millimètres et le diamètre vertical de 0,002 millimètres; le poids de 0,040 milligrammes; pour des chiens de 20 kilog. le diamètre transverse de 0,008 millimètres, le diamètre antéro-postérieur de 0,006 millimètres et le diamètre vertical de 0,003 millimètres; le poids, de 0,094 milli- grammes. Chez les rongeurs, l'hypophyse est assez volumineuse. Chez le lapin, elle est à peu près sphérique, de couleur rougeàtre. Ses dimensions moyennes sont de 0,003 millimè- tres dans les deux diamètres, transverse et antéro-postérieur, et 0,0025 pour le diamètre vertical; son poids est de 0,018 milligrammes pour un encépliale d'un poids moyen de 8Ç'',419 milligrammes (Ch. Livon). FrcHEiiA, Stieda, Leonhardt ont donné comme poids de l'hypophyse du lapin de 0,015 à 0,025 milligrammes ; Hofmeister, de 0,016 à 0,022 mil- ligrammes; Gley, 0,020 milligrammes. Chez le cobaye, l'hypophyse présente à peu près les mêmes caractères que chez le lapin; de couleur jaune-rouge, elle a la forme d'un cœur, et son volume est relative- ment plus grand puisque, sur ce petit animal, ses diamètres et son poids sont à peu près identiques, 0,003 à 0,004 millimètres pour les deux diamètres, transverse et antéro- postérieur (Ch. Livon) et 0,015 milligrammes pour le poids moyen (Fichera). Alezais, qui a étudié le développement de l'hypophyse chez le cobaye, a trouvé pour des animaux de plus en plus gros, comme poids moyen et comme poids comparé à 100 grammes d'animal les chiffres suivants : Poids Hypophyse. de l'animal. Poids moyen. grammes. P. 100. 50 à 100 0,004 0,0060 101 à 200 0,005 0,0050 201 à 300 0,006 0,0026 301 à 400 0,009 0,0026 401. à 500 0,011 0,0024 501 à 600 0,014 0,0027 601 à 700 0,015 0,0024 701 à 800 0,015 0,0021 801 à 900 0,016 0,0018 Étudiant l'évolution de l'organe, il constate que, comme le reste du système nerveux, l'hypophyse, chez le cobaye, est remarquable par la précocité de son développement; mais qu'à partir du premier mois, au lieu de continuer à décroître comme le reste du système nerveux par rapport au poids et à la surface du corps, elle reste à peu près pro- portionnelle à la surface comme plusieurs autres organes (rate, reins). De nerveuse son évolution devient glandulaire. Le tableau suivant indique pour des animaux, divisés en quatre groupes suivant leur développement : dans la première colonne, le poids absolu moyen de l'organe; dans la seconde, sa proportion pour 100 grammes du poids du corps ; dans la troisième, sa pro- portion par décimètre carré; dans la quatrième, sa proportion pour 100 grammes de muscle. La surface du corps étant calculée d'après la formule de Meeh, est en décimè- tres carrés, dans ces quatre groupes, de 1,84, 4,40, 6,57, 8,38. Le poids des muscles est successivement de : 25, 75, 155, 239 grammes. HYPOPHYSE. 797 Hypi Dpliyso. Poids des Poids absolu. Par 100 gr. Par déc. carré. Par 100 gr. cobayes. de muscles. grammes. 50 cï 200 0,0053 0,0042 0,0028 0,0353 200 à 400 0,0085 0,0028 0,0019 0,0113 400 à 600 0,0120 0,0024 0,0018 0,0077 600 à 800 0,0152 0,0021 0,0018 0,00t)3 Chez le rat, l'hypophyse est volumineuse relativement, comme l'indiquent les chif- fres suivants donnés par Ch. Livon, d'après ses mensurations sur le rat noir {mus rat- tm) ou sur le rat gris {mus decumanus) surmulot. Elle est presque sessile, de couleur rouyeàtre, lenticulaire, à grand diamètre tran.s- verse. Hypophyse. Poids Poids des du rats. cerveau. grammes. grammes 169 1,641 137 1,580 178 1,670 189 1,715 153 1,600 153 1,566 119 1,680 102 1,554 131 1,655 ^^ Diamètre Diamètre Diamètre Poids. transverse. antéro-postérieur. vertical. 0,009 0,004 0,0025 0,001 0,005 0,004 0,0025 0,001 0,005 0,004 0,0025 0,0015 0,007 0,004 0,003 0,002 0,005 0,0035- 0,0025 0,0015 0,004 0,0025 0,0025 0,0015 0,004 0,0025 0,0025 0,0015 0,003 0,002 0,002 0,0015 0,004 0,003 0,003 0,002 De ce tableau on peut déduire les moyennes suivantes : pour un rat de 148 grammes dont l'encéphale pèse ie'",G29 milligrammes, l'hypophyse a un poids moyen de 0,005 mil- ligrammes et les dimensions de 0,0033 pour son diamètre transverse; 0,002o pour son diamètre antéro-postérieur et 0,0013 pour son diamètre vertical. Il est important d'ajouter que, dans l'étude d'un organe comme l'hypopliyse, au point de vue de son poids absolu, comme de son volume, on doit tenir toujours compte du développement des animaux sur lesquels portent les observations, ce développe- ment variant beaucoup suivant les espèces, surtout celles qui sont employées le plus communément dans les laboratoires, chiens, lapins, cobayes. Constitution anatomique. — Quels que soient la forme, la position et les rapports de l'hypophyse chez les vertébrés que nous avons passés en revue, un fait anatomique général, c'est qu'elle est formée de deux portions bien distinctes; l'une postérieure et l'autre antérieure. La postérieure, en continuité directe par le tuber cinereum avec la substance cérébrale et que l'on appelle pour cela lobe nerveux ou postérieur, de cou- leur plutôt griscàlre; l'antérieure de nature épithéliale, que l'on désigne sous le nom de lobe glandulaire ou lobe antérieur, dont la couleur jaune rougeàtre la distingue du lobe postérieur. Ces deux parties se voient très nettement sur une coupe sagittale de l'organe. Chez tous les animaux, le lobe nerveux est plus petit que le lobe glandulaire qui quelquefois l'entoure complètement. Le lobe nerveux occupe alors la partie centrale de l'organe comme chez les poissons. Chez la grenouille, le lobe nerveux est petit, il est tout à fait accolé au plancher du 3*= ventricule. . Quant au lobe épithélial, il est formé lui-même de deux parties : l'une, mince, qui est en contact immédiat avec le lobe nerveux; et l'autre, présentant un développement plus grand, séparée de la première par une fente. On retrouve la même disposition chez les reptiles. Chez les oiseaux, les deux portions sont bien distinctes. Sur la poule et l'oie, elles sont séparées par du tissu cellulaire lâche. Chez les mammifères, ces deux parties existent toujours, mais avec des dispositions variées suivant les animaux. Chez le cheval, le lobe nerveux, qui se continue avec la substance cérébrale, est cen- 798 HYPOPHYSE. tral. Le lobe épithélial l'entoure complètement, sauf au niveau du pédicule, il est plus épais en avant et en bas qu'en arrière et en haut (Paulesco). Cette portion épithéliale est, elle-même, formée de deux portions: l'une, médullaire, en contact direct avec le lobe nerveux; l'autre, corticale ou périphérique, qui entoure la précédente à la partie supérieure et antéro-inl'érieure. Ces deux parties distinctes par leur structure ne sont pas séparées par une fente. Chez le veau, la disposition générale est la même, seulement les deux portions du lobe épithélial sont séparées par une fente. Chez le mouton comme chez l'agneau, le lobe nerveux est à découvert à la partie supérieure. Le lobe épithélial est constitué par deux couches, l'une médullaire, l'autre corticale; la médullaire est très réduite, une fente la sépare de la corticale, beaucoup plus développée. Chez le lapin, comme chez les bovidés, le lobe nerveux occupe la portion postérieure et supérieure de l'organe, il est à découvert en arrière et en haut. En avant et en bas, il est entouré par le lobe épithélial dont les deux portions, médullaire et corticale, ne sont pas séparées par une vraie fente. La disposition est la même chez le cobaye. Parmi les carnivores, le chat présente la disposition suivante. Le lobe nerveux est lenflé en massue dans l'hypophyse même. Ce renflement présente en son milieu une cavité, qui n'est autre qu'un prolongement du troisième ventricule par le pédicule. Ce lobe nerveux est entouré de tous côtés par le lobe épithélial, formé de deux portions bien distinctes; l'une, médullaire, appliquée contre le renflement nerveux ; l'autre, corti- cale, séparées par une fente qui entoure le lobe nerveux dans toute son étendue et va presque jusqu'au pédicule oîi elle forme un cul-de-sac au point où la substance médul- laire se réunit à la substance corticale. Comme chez les autres animaux, ces deux por- tions, ainsi que nous le verrons plus loin, se différencient par la nature des cellules qui les constituent. Mais chez cet animal il existe une particularité. En arrière et en bas, la poi^tion cor- ticale du lobe épithélial fait défaut, et la portion médullaire en ce point est en contact direct avec le périoste de la selle lurcique auquel elle adhère. Aussi, lorsque l'on sou- lève le cerveau, le pédicule nerveux peut-il se déchirer, et le lobe nerveux, revêtu de la portion médullaire épithéliale, restera dans la selle turcique, tandis que la portion corticale ou glandulaire reste attachée au cerveau qu'elle suit. L'hypophyse du chien a de grandes analogies avec celle du chat. Elle adhère à la selle turcique par sa partie inférieure et postérieure; mais le lobe nerveux ne présente pas le prolongement ventriculaire qui s'arrête au pédicule. Ensuite, la portion corticale entoure le lobe nerveux de tous côtés, et ne laisse pas, comme chez le chat, une lacune par laquelle la substance médullaire est en contact direct avec la selle turcique. Cependant, comme chez le chat, la portion, nerveuse entourée de la portion médul- laire épithéliale, peut quelquefois adhérer au fond de la selle turcique et y rester lorsque l'on soulève le cerveau. Chez l'homme, les deux lobes sont bien distincts; l'un, qui se continue avec l'infun- dibulum, le lobe nerveux, petit, postérieur, à forme ovoïde, à couleur gris jaunâtre; l'autre, rougeàtre, plus volumineux, antérieur, lobe glandulaire, accolé au précédent et l'enveloppant même, grâce à sa forme de rein, dont le bord concave, dirigé en arrière, embrasse la moitié antérieure du lobe postérieur. Ce lobe envoie même en avant de la tige pituitaire une languette qui peut remonter jusque au chiasma des nerfs optiques. Il n'y a pas de diverticule ventriculaire passant par la tige pituitaire pour gagner le lobe nerveux. Comme chez la plupart des animaux, le lobe épithélial n'est pas formé de deux por- tions : aussi la fente n'existe-t-elle pas. Les deux lobes sont accolés l'un à l'autre, réunis par du tissu conjonctif. La fente existerait pour Masay. Chez tous les animaux, l'organe est enveloppé par une membrane fibreuse épaisse qui est fournie par la dure-mère. On peut appeler bile de la glande, le point où les deux lobes entrent en contact. La dinérence qui existe entre ces deux lobes tient à leur origine embryonnaire. Vaisseaux et nerfs. — Vaisseaux sanguins. — La richesse vasculaire de l'hypophyse HYPOPHYSE. 79a peut èlre considérée comme une preuve de son activité. Elle reçoit des artères propres, et donne naissance à des veines. Cruvei;-hier, Sappey, Beaunis et Bouchard, Poirier, Testut, se bornent à dire que dans le sinus caverneux la carotide interne donne naissance à des arte'rioles dont quelques-unes vont se perdre daiîs le corps pituitaire. Ge.xtès et LaUiNOIs ont repris cette étude de la vascularisation de l'hypophyse et en ont donné une description détaillée. La carotide interne, au niveau de son premier coude dans le sinus caverneux, sur la partie extei'ne de sa face supérieure, donne naissance à une artériole qui n'est autre que l'artère hypophysaire, qui cheminant sur la face supérieure de la carotide qui lui donne naissance et en plein sinus caverneux, se dirige transversalement en dedans et donne naissance à deux rameaux, Tun antérieur, qui va en avant et en dehors vers le moteur oculaire externe, et l'autre postérieur, qui va en arrière et en dehors, gagner la pointe du rocher. Diminuée par ces deux branches, l'artère hypophysaire se dirige toujoux's en dedans, en restant accolée à la carotide. Au moment oîi elle se sépare de ce vaisseau, elle donne naissance à un nouveau petit rameau, qui se porte en dedans et en bas, croise les bords latéraux de la lame quadrilatère, au-dessous des apophyses clinoïdes posté- rieures, et va se terminer par de fines ramifications, dans les parois de la loge ostéo- fibreuse formée par la surface basilaire de l'occipital. C'est après avoir fourni cette branche que l'artère hypophysaire traverse la cloison interne du sinus caverneux, et pénètre dans la loge de la glande. Elle se glisse entre le plan osseux de la selle turcique et la face inférieure de l'organe qu'elle couvre de ses ramifications terminales (Launois). D'après Ge.ntsis, au voisinage de sa terminaison, l'artère se diviserait en deux branches secondaires; l'une antérieure pour le lobe épithélial, l'autre postérieure pour le lobe nerveux. Bien entendu il y a une artère hypophysaire droite et une gauche. Un fait à noter, c'est la flexuosité de cette artère qui, déroulée, est trois fois longue comme la distance qui sépare son origine de son point de terminaison à l'hypophyse. Gomme le fait remarquer Gentès, cette disposition paraît devoir empêcher l'arrivée brusque du sang dans l'organe. Chez l'embryon, il y a deux systèmes d'irrigation, un extrinsèque, l'autre intrin- sèque, tous deux d'origine carotidienne; un système veineux fait suite au système arté- riel extrinsèque et va se jeter dans le sinus pétreux inférieur ou dans le sinus pétreux supérieur; un autre fait suite au système artériel intrinsèque, remonte vers la base du cerveau et semble se rendre dans la veine sylvienne profonde. Chez l'adulte, par suite de la disparition de la cavité hypophysaire, il n'en est plus de même. Les réseaux capillaires se collectent en deux régions à l'intérieur de la glande. Les uns aboutissent à une veine assez volumineuse, qui se trouve comprise dans l'épaisseur d'une travée conjonctive formant l'armature du squelette interne de l'or- gane. A sa sortie de la glande, le tronc veineux remonte le long de la tige pituitaire et, au point où elle s'applique sur cette tige, elle reçoit d'autres rameaux veineux, qui ont collecté le sang de l'a face supérieure ou des parties latérales de l'hypophyse. Parfois, ces rameaux collecteurs, au lieu de se déverser dans le tronc précédent, cheminent parallèlement avec lui à la surface du pédicule nerveux, et la tige pituitaire, sur laquelle se prolonge souvent un diverticule glandulaire, est entourée de vaisseaux veineux plus ou moins développés. Après avoir suivi pendant un certain temps la tige pituitaire, les rameaux veineux s'en séparent, gagnent les parties latérales du cerveau, et se rendent vraisemblablement dans la veine sylvienne profonde, ainsi que permettent de le supposer les dispositions chez l'embryon. L'hypophyse est donc un organe dont le réseau vasculaire sanguin est très riche, les mailles qu'il forme sont plus ou moins larges, mais elles sont très nombreuses dans le parenchyme glandulaire, et lui communiquent cette couleur rougeàtre qu'elle a chez tous les animaux. Il est bon d'ajouter que, d'après Trolard, il existe au-dessous de l'hypophyse un sinus transversal irrégulier, allant d'un sinus caverneux à. l'autre, et venant faire saillie 800 HYPOPHYSE. tantôt en avant, tantôt en arrière de la glande. On rencontrerait aussi parfois un petit sinus supplémentaire, complétant le cercle veineux. Dans l'intérieur de l'organe, les capillaires circulent entre les cordons du paren- chyme glandulaire, sans présenter une orientation particulière (Launois). Un fait intéressant au point de vue biologique, c'est que les capillaires possèdent un épilhélium syncytial, qui se rapproche beaucoup par son aspect de celui que Yialleton et Renaut ont décrit dans les fins vaisseaux des capsules surrénales. Lymphatiques. — Par analogie on pourrait supposer que, comme le corps thyroïde, l'hypophyse possède un riche réseau lymphatique servant à l'évacuation de la sécrétion. Caselli, sans indiquer son mode d'investigation, prétend que dans l'hypophyse les lym- phatiques sont nombreux et forment des lacunes. Pisenti et Viola restent dans le doute en parlant de la sécrétion de l'hypophyse qui s'infiltre entre les traînées cellulaires. Thaon, cherchant à résoudre la question, a employé des procédés divers, sans jamais arriver à démontrer la présence de lymphatiijues : aussi arrive-t-il à cette conclusion, que l'hypophyse ne renferme pas de lymphatiques. N'est-ce d'ailleurs pas conforme, dit-il, à la règle habituelle des organes intra-craniens et de la moelle? Du reste, les auteurs qui ont étudié l'hypophyse, sont généralement muets sur la question des lymphatiques. Nerfs. — La présence desnerfs ne paraît pas encore complètement élucidée. Soit par la méthode de Nissl, soit par celle de Cajal, Thaon n'a trouvé de cellules nerveuses vraies ni dans le lobe antérieur, ni dans le lobe postérieur, mais il a observé quelques fibres nerveuses se ramifiant dans le lobe antérieur, et d'autres qui vont jusque dans le lobe postérieur et s'y perdent. 11 a constaté, très rarement d'ailleurs, que quelques fibrilles se terminaient par un renllement au voisinage de la cellule. Masay, de son côté, a observé des fibres nerveuses rares, se ramifiant entre les cellules glandulaires. Gemelli a poussé l'étude des nerfs de l'hypophyse assez loin pour pouvoir décrire des filets nerveux nombreux arrivant directement de la paroi infundibulaire, suivant en faisceau le pédoncule hypophysaire, et arrivés au niveau du lobe nerveux, s'écartant les unes des autres, s'entre-croisant, s'anastomosant en se divisant, et parcourant le lobe ner- veux dans tous les sens en formant un riche plexus. Puis, ces fibres gagnent la région glandulaire postérieure, et se terminent entre les cellules cylindriques de l'épithélium, par de petits renflements, des boutons ou de petites plaquettes. 11 a constaté qu'il y avait une véritable ressemblance entre la distribution des éléments nerveux dans la paroi infundibulaire, chez les poissons, et celle que l'on observe dans certains organes sensoriels. Aussi se demande-t-il si l'infundibulum n'est pas, chez les poissons, un organe sensoriel. Gentès, par la méthode de Golgi, a trouvé que les fibres nerveuses qui abordent le feuillet proximal présentaient une richesse inouïe, et qu'elles avaient la valeur de fibres sensitives ou sensorielles, c'est-à-dire de fibres centripètes. JoRis reconnaît que la neuro-hypophyse contient toujours beaucoup de fibres ner- veuses, formant un plexus extrêmement riche. Beaucoup de ces fibres se termineraient dans l'épaisseur même de la neuro-hypophyse : elles entoureraient de leurs ramifications ténues les cellules qui parsèment le stroma. Thaon se demande, sans avoir pu le vérifier d'une façon quelconque, si l'hypophyse ne reçoit pas des fibres sympathiques du plexus carotidien, qui lui arriveraient par les artères. Embryologie. — Le développement embryologique de l'hypophyse est double, et diffère suivant que l'on considère le lobe postérieur ou le lobe antérieur. Sur le développement du lobe postérieur ou nerveux, il n'existe pas de divergence entre les auteurs. Ce lobe provient de la base de l'encéphale, il est formé par une évagi- nation du plancher du cerveau intermédiaire, dont l'extrémité forme le lobe nerveux ou postérieur de l'hypophyse : la base représente l'infundibulum ; et la partie moyenne, la tige pituitaire. Ce lobe peut donc être considéré comme étant franchement d'origine nerveuse. Mais pour le développement du lobe antérieur ou glandulaire, malgré un grand nombre de travaux à son sujet, il y a encore beaucoup de iivergence entre les auteurs, et l'on se trouve en présence d'opinions parfois fort contradictoires. HYPOPHYSE. 801 En résumant les travaux des embryologistes, on peut les diviser en trois groupes : Les uns attribuent à l'hypophyse une orig'ine endodermique; Les autres une origine ectodermique; Les derniers enfin, une origine à la fois ectodermique et endodermique. Origine endodermique. — Les auteursqui attribuent au lobe antérieur de l'hypophyse cette origine, le font naître par un diverliculum de la paroi dorsale de l'intestin primi- tif sous la base du crâne : R.vthke (1838), Luschka (1860), Dursy (1868), Mikucho- Maclay(1868), W. Mulleu (1871). Origine ectodermique. — C'est ce mode de développement qui est admis par la grande majorité des auteurs qui ont étudié la question. La première ébauche se manifeste, sur des embryons de poulet, au quatrième jour d'incubation, sur l'homme à la quatrième semaine. A mesure que l'embryon se développe, le cerveau antérieur se fléchit de plus en plus sur l'axe médullaire et forme au niveau de la jonction du tube digestif avec la cavité buc- cale primitive, un angle dièdre, angle stomodœo-intestinal, situé immédiatement en avant du point où la chorde dorsale, par sa partie antérieure, vient se terminer immé- diatement en arrière de l'inserlion de la membrane pharyngienne. La membrane pharyngienne ne tarde pas à se résorber, ne laissant qu'un vestige qui formera à la base du crâne le voile pharyngien primitif. C'est en avant de ce voile, au fond de l'angle stomodœo-intfstinal, que prend naissance l'évagination qui va se déve- lopper vers le cerveau intermédiaire, formant lapoche hypophysaire, ou poche de Rathke. Celte poche, constituée en partie par un processus actif de développement épithélial vers le cerveau intermédiaire, et en partie par la flexion de plus en plus grande de la voûte du stomodœum, va s'approfondir de plus en plus à mesure qu'elle s'éloigne de son point d'origine, et forme un véritable sac communiquant par un conduit avec la cavité buccale. Peu à peu cette poche s'éloigne du pharynx, et, à mesure que la distance de séparation augmente, le conduit devient un pédicule qui s'allonge. Creux d'abord, ce pédicule finit par former un tractus épithélial qui arrive à disparaître, lorsque le mésenchyme de la base du crâne devient cartilagineux et subit l'évolution osseuse. Ainsi séparé de son point d'origine et par suite de l'évolution de la base du crâne, le sac hypophysaire devient intracranien, et se porte vers la face inférieure du cerveau intermédiaire, ne conservant aucun rapport avec la cavité pharyngienne. Cependant, chez tous les vertébrés cette communication ne disparaît pas. Chez les sélaciens et les ganoïdes, par exemple, elle persiste pendant toute l'existence et forme un conduit creux qui traverse la base du crâne et se continue avec l'épithélium de la muqueuse buccale. Mirucho-Maglay, Dursy, Romiti, Suchannek, Parker, Muller, Froriep, Maggi, Soco- Low ont constaté la persistance d'un petit canal chez les mammifères; Luschka, Dursv, LaNDZERT, ROMITT, SuCHANNEK, KiLLIAN, GlACOMINI, ROSSI, KuSS, ESCAT, GASELLr, RiZZO, SoKOLOw, etc., l'ont constaté aussi quelquefois chez l'homme, renfermant des vaisseaux pour l'hypophyse. L'existence de ce canal semble confirmer l'origine ectodermique de l'hypophyse, ainsi que les coupes pratiquées sur des embryons humains ou animaux (Landois). Cette origine est admise par : Séessel (1877), Kolliker (1879), Rabl-IU'okhard (1880- 1883),Balfour (1881), Todaro (1881), Scott (1881-1887), Mi.not (1887-1892), Froriep (1882), DoHRN (1882),GoTTE (1883), Kraushaar (1885), His (1886), Waldsmith (1887), Emery(1893), WiEDERSHEtM ',1893), Saint-Rémy (1895), Haller (1896), Lundborg (1894), Salzer (1897), CoRxiNG (1897), Chiarugi (1898), Rossi (1900), Johnson-Oou, Hertwig (1900), Hoffmann, GuERRi, Landois (1904), Gentès (1907), etc. Fichera (1905), a constaté, chez le poulet, qu'à la place du conduit primitif faisant communiquer le sac hypophysaire avec le pharynx, il existe un tractus fibreux renfermant des vaisseaux pour la dure-mère de la selle turcique et pour le tissu rétro-pharyngien. Origine endo-ectodermique. — Enfin quelques auteurs ont cru pouvoir attribuer à l'hypophyse une origine à la fois endo et ectodermique. C'est ainsi que Kupfer consi- dère cet organe comme ayant une triple origine, une buccale et une endodermique en arrière de la membrane pharyngienne et une troisième, provenant du processus infun- dibuli ou glande infundibulaire. DICT. DE PHYSIOLOGIE. — T. VllI. 51 802 HYPOPHYSE. Celte origine mixte est encore admise par Valenti, Nussbaum, Collina et Orru. En résumé, il ressort de cette étude embryologique que d'une part une ébauche se forme par l'évagination du plancher du cerveau intermédiaire pour donner naissance au lobe nerveux, et que d'une autre part une poche épithéliale se forme au niveau de l'angle stomodœo-intestinal, fait saillie dans le crâne, et va à la rencontre de l'ébauche nerveuse, en constituant le lobe glandulaire. C'est l'accolement de ces deux ébauches qui constitue l'organe que l'on appelle l'hypophyse, formée de ses deux lobes, le lobe postérieur ou nerveux, le lobe antérieur ou glandulaire, que l'on retrouve toujours dans toute la série des vertébrés et à tous les âges. Histologie. — Une simple coupe sagittale ou horizontale montre à l'œil nu que l'hypophyse est composée de deux substances bien distinctes, correspondant aux deux lobes étudiés à propos du développement. Ces deux substances sont intimement unies l'une à l'autre et enveloppées par une membrane fibreuse commune, qui n'est qu'une dépendance de cette portion de la dure-mère qui forme la tente de l'hypophyse. C'est au niveau du pédicule et de la cloison qui sépare les deux lobes, que se trouvent les vaisseaux sanguins les plus nombreux: on en trouve aussi un assez grand nombre dans la substance corticale. Peremesro, le premier, en 1866, donna une description de la structure de l'hypophyse. Ses recherches furent confirmées par Lothringer et Rogowitsch. Pour ces auteurs, l'hypophyse se compose de deux lobes, l'un interne, de nature nerveuse; l'autre externe, de nature épithéliale; mais, pour eux, chaque lobe possède une cavité propre; celle du lobe nerveux n'est autre qu'un diverticule du ventricule moyen du cerveau (cavité infundibulaire) ; celle du lobe épithélial (cavité hypophysaire) le divise en deux portions : l'une médullaire ou interne [Markschicht), l'autre corticale ou externe (Korkschicld). Nous avons déjà vu que, si ces cavités existent chez certaines espèces animales, elles n'existent point chez l'homme. Mais au point de vue histologique la diiïérence est grande entre le lobe nerveux et le lobe glandulaire. Chez l'homme, il faut tenir compte d'une disposition particulière de la couche qui constitue le feuillet para-nerveux, et qui est formée par un épithélium cubique à une ou ■plusieurs couches, reposant solidement et se confondant avec le tissu conjonctif qui délimite le lobe nerveux lui-même. Lobe nerveux ou lobe postérieur. — Chez les vertébrés inférieurs, l'extrémité de lin- fundibulum se transforme même en un petit lobe cérébral renfermant des cellules gan- glionnaires et des fibres nerveuses (Hertwig). Chez les vertébrés supérieurs, au contraire, on ne trouve point de cellules ganglion- naires ni de fibres nerveuses dans le lobe interne de l'hypophyse. Il est formé de cellules fusiformes serrées les unes contre les autres, ce qui lui donne une grande ressemblance avec un sarcome à cellules fusiformes (Hertwig). Chez l'homme plus particulièrement, le lobe nerveux est moins volumineux que le lobe glandulaire, il n'a que 2 à 3 millimètres d'épaisseur sur 3 à 4 millimètres de hau- teur. Il est situé à la partie postérieure, logé dans une dépression que présente la por- tion glandulaire. Il présente un stroma conjonctif servant de soutien aux éléments cellulaires que l'on y rencontre et sur la nature desquels, l'accord n'est point encore fait. C'est lui qui se continue avec l'infundibulum par la tige pituitaire qui lui sert d'or- gane de suspension et qui le relie au cerveau. Les capillaires sanguins y sont nom- breux, les fibres nerveuses que l'on y voit sont fines, se divisent et se subdivisent, for- mant un réseau épais. Où. la divergence est grande entre les auteurs, c'est sur la nature des éléments cellulaires que l'on y rencontre. Pour les uns ce sont, des cellules ner- veuses (Krause, Berkley) ; pour les autres, ce ne sont pas des cellules nerveuses (Henle, ScHWALBE, ToLDT, Ramon Y Cajal, Kolliker, Caselli, Gentès, Thaon). Cc qui semble résulter de l'ensemble des études sur celte question, c'est que, dans le lobe postérieur de l'hypophyse, on trouve des cellules indéterminées, arrondies, fusiformes ou ramifiées, bipolaires ou multipolaires, très probablement de nature névroglique et épendymairc, avec un réseau assez riche de fines fibres nerveuses. Cette partie de l'organe semble assez souvent infiltrée d'une substance amorphe ressemblant à la substance gélatineuse de Rolando, de la moelle épinière. HYPOPHYSE. 803 JoRis, dans un premier mémoire, dit que le lobe nerveux est plutôt glandulaire; que c'est une masse conjonclivo-neuroglique, qu'il n'y a ni fibres, ni cellules nerveuses, et que la portion para-nerveuse, seule, renferme des cellules épendymaires émigrées. Mais, dans un autre mémoire, il reconnaît que le lobe postérieur de l'hypophyse représente une annexe des centres nerveux, une neuro-hypophyse, accole'e à l'hypophyse glandu- laire ; que l'on y trouve de la névroglie, des fibres nerveuses et des cellules dont la nature reste indéterminée ; que ce n'est point une masse conjonctive, mais un organe glandulaire, dont tous les caractères montrent l'activité et non l'atrophie. Il ne partage pas l'avis de Kolliker et des autres auteurs qui considèrent cette partie de l'hypophyse comme un organe nerveux. Pour lui la tige pituitaire est enveloppée par les trois méninges. Entre la pie-mère et la dure-mère, il y a une couche cellulaire qui s'accumule en arrière du chiasma et se prolonge entre les trabécules des espaces sous-arachnoïdaux. Elle représente sans doute les vestiges d'une partie de l'hypophyse existant chez certains vertébrés inférieurs et participant à la sécrétion du liquide céphalo-rachidien. SoYER, dans une étude cytologique de l'hypophyse humaine, faite sur des coupes pratiquées par Prenant sur l'hypophyse d'un supplicié, dit que le tissu intérieur de soutien, qui constitue la masse la plus importante du lobe nerveux, est réfractaire aux colorants habituels du conjonctif et présente un feutrage tourbillonnaire. Dans ce feu- trage, il a observé : 1» du pigment en abondance, qui se présente sous forme d'amas, soit isolés, soit plus ou moins confluents, avec des expansions ramifiées, véritables piginentophores, qu'il considère comme des dégénérants nerveux ou névrogliques, formés in situ ou émigrés du cerveau ; 2° des éléments très grands, peu colorables, générale- ment anucléés, qu'il appelle corps énigmatiques ; 3° des cellules dégénérantes, qui ne sont que des éléments détachés du revêtement épithélial de la région para-nerveuse, et qui s'infiltrent dans la neuro-hypophyse, où ils forment de petites nappes colloïdes libres ou imparfaitement collectées ; 4° de très nombreuses fibrilles nerveuses ou névro- gliques. De plus, la tige et la neuro-hypophyse présenteraient un envahissement constant d'innombrables noyaux conjonctifs et une multitude de lymphocytes. Lobe glandulaire ou lobe intérieur. — Comme le lobe nerveux, le lobe glandulaire présente un squelette formé par un stroma conjonctif, mais dans ce lobe il est beaucoup plus développé et se continue avec l'enveloppe fibreuse externe. D'une façon générale, les travées conjonctives forment des irradiations partant de la région postérieure et supérieure, pour se porter vers la périphérie où le tissu conjonctif est très dense et forme là une trame épaisse autour des vaisseaux qui viennent se distri- buer dans la glande en suivant le pédicule. On distingue, parmi ces travées, deux gros trousseaux fibreux qui se dirigent en divergeant en dehors et en bas (Launois). Ce tissu conjonctif forme de minces cloisons, qui s'insèrent les unes sur les autres, limitant des alvéoles allongés, qui logeront les cordons que forment les cellules glandulaires. C'est encore ce système de cloison, qui sert de charpente aux capillaires sanguins. Portion corticale. — Le parenchyme glandulaire est formé par des cellules glandu- laires qui remplissent les alvéoles allongés, formés par les cloisons de tissu conjonctif dans lesquelles cheminent les capillaires sanguins (Launois). Les cordons que forment ces cellules s'enchevêtrent en tous sens, ce qui fait que sur une coupe ils présentent des dispositions différentes, suivant qu'ils sont coupés perpendiculairement, obliquement ou longitudinalement. Quelquefois, au milieu de la travée, les cellules, au lieu d'être tassées les unes contre les autres, sont séparées par une goutte de matière amorphe colloïde, substance qui constitue la sécrétion de la glande, qui -doit pénétrer dans le sang. Parfois, la substance sécrétée est très abondante et alors le cordon cellulaire se dilate et peut ressembler à une vésicule tout à fait analogue à une petite vésicule du corps thyroïde. C'est à cause de cette substance que quelques auteurs ont parlé d'acinus ou de folli- cules de l'hypophyse (Stieda, Pisenti et Viola, Caselli). Les cellules qui forment ces cordons n'ont pas toutes le même aspect : elles ont des affinités tinctoriales particulières, ce qui les a fait diviser en cellules chromophiles et 804 HYPOPHYSE. cellules chromopbobes (Flesch, Dostojewski, Lothringer, Rogowitsch, Stieda, Saint- Rémy). PisENTi et Viola, Schônemann, Louis Comte, Benda, Thom, Erdheim, Caselli, Gemelli, Launois et Mulon, Guerrini, etc., distinguent les chromophiles en cellules éosinophiles, qui se colorent fortement par l'éosine et en cellules cyanophiles, qui se colorent par l'hématoxyline. Pour Launois, il y a encore les cellules &idérophiles qui se colorent par l'hématoxyline ferrique. Chacune de ces catégories de cellules comprend des variétés particulières qui sont d'autant plus importantes à connaître qu'elles semblent correspondre à une étape diffé- rente du processus sécrétoire (Launois). Launois résume ainsi les éléments cellulaires divers que l'on trouve dans le paren- chyme glandulaire de l'hypophyse : L Groupe acidophile ou sidérophile. — Petits e'iéments, cytoplasme exigu, non granu- leux, noyau compact. Éléments moyens, granulations à la fois éosinophiles, fuchsinophiles etsidérophiles; contours nets et réguliers; noyaux riches en chromatine et d'aspect varié. Éléments à granulation à la fois aurantiophiles et sidérophiles; contours irréguliers, gros noyaux vésiculeux. IL Groupe basophile. — Éléments moyens ou gros ; cytoplasme acidophile plus ou moins riche en granulations basophiles. : IIL Groupe chromophobe. — Éléments à cytoplasme délicat, mousseux, peu colorable, contenant encore quelques granulations acidophiles ou sidérophiles. Éléments identiques, mais contenant quelques granulations basophiles. Éléments à noyau condensé, dont le cytoplasme mousseux ne contient aucune enclave. Ce qu'il y a de particulier et de caractéristique en même temps, c'est la variété de distribution de ces cellules à aspects différents : tantôt, dans le même cordon glan- dulaire, elles sont toutes, ou presque, du même groupe-, tantôt au contraire, un groupe prédomine, ou bien on voit tous les groupes représentés à peu près également. On rencontre aussi, dans les cellules de l'hypophyse, des granulations se colorant en noir par l'acide osmique, qui seraient des granulations graisseuses pour Launois, des granulations de mucine pour Pirone. Pour les granules des cellules chromatophiles ou cyanophiles ou sidérophiles, elles seraient dues à un trouble pathologique (Vassale, Caselli, R. Pirone, Schônemann). Sur des pièces tout à fait normales Schônemann ne les a jamais rencontrées. Ces différentes cellules sont-elles chargées de fonctions différentes, comme le pré- tendent Flesch, Dostoiewski, Lothringer, Rogowitsch, Stieda, Schônemann, Thom, CoLLiNA, ScAFFiDi, CoMTE, Caselli, —OU bien n'y a-t-il dans l'hypophyse qu'un seul type de cellules, dont les aspects divers représentent les phases variées de leur fonctionne- ment. Telle est l'opinion de Saint-Rémy, Benda, R. Pirone, Morandi, Gemelli, Guerrini, Launois, Ch. Livon, Thaon, Joris, etc. Entre les cellules, on trouve çà et là des masses amorphes, formées par une sub- stance liquide coagulée à aspect colloïde : le pourtour n'est autre que celui des cellules qui environnent ces masses. Cette substance, qui n'est en somme que le produit de sécrétion, est quelquefois en quantité assez grande pour dilater un des cordons glandu- laires, et lui donner l'aspect d'une grosse vésicule. Quant aux cellules environnantes, elles sont variées, tantôt chromopbobes pures ou basophiles, tantôt chromopbobes aci- dophiles, et la substance sécrétée semble être quelque peu acidophile. Ce qui fait qu'on peut dire que d'après les réactions tinctoriales il y a deux sécrétions dans Thypophyse, l'une basophile, l'autre acidophile, qui doivent se mélanger avant d'être déversées dans la ciixulation. Pour Joris, ces vésicules ne seraient pas une étape normale de la sécrétion; elles procèdent d'une dégénérescence, ou peut-être de l'involution de certaines cellules, ou i)ien c'est une accumulation par défaut d'excrétion. Soyer, sur l'hypophyse humaine, a décrit la formation de ces vésicules ou pseudo- acini, qui proviendraient de la dégénérescence hyaline de certaines cellules. Les élé- ments, groupés autour de ces cellules dégénérées, s'organisent en une couronne radiée. HYPOPHYSE. 805 jusqu'à ce que l'un d'eux, cellule de couloir, forme une sorte de petit chemin entre le contenu de la vésicule centrale, pleine de sécrétion holocrine et les capillaires environ- nants. Cette vésicule deviendrait ainsi partie intégrante du réseau sanguin intra-hypo- physaire; et, ce qui le montrerait, c'est que ces vésicules sont remplies, les unes de col- loïdes, les autres de globules sanguins, d'autres d'un mélange en proportions diverses, de colloïde et de globules. A côté des cordons à cellules chromophiles, Soyer a remarqué que les cellules chromophobes deviennent d'autant plus abondantes que l'on se rapproche plus de la périphérie, et qu'elles aussi sont destinées à dégénérer, à subir une véritable fonte, ne laissant que des grains sidérophiles. En somme, pour lui, la cellule hypophysaire, qu'elles qu'en soient les transformations successives, semble, en fin de compte, destinée à aller se perdre dans le sang, soit par une sorte de fonte holocrine plus ou moins précoce, soit par une dégénérescence plus tardive, qui en laisserait subsister quelques parties figurées. Portion médullaire. — Au point de jonction des deux lobes antérieur et postérieur, il y a chez certains animaux une cavité. Chez l'homme, elle n'existe pas, quoique l'on ait signalé la présence quelquefois d'une fente, fente paranerveuse, toujours enclose dans la glande, ne communiquant pas avec l'extérieur. A ce niveau la structure est un peu différente. Les auteurs qui l'ont étudiée ont trouvé un épithélium cylindrique, entourant des tubes glandulaires et un riche réseau vasculaire (Lothringer) avec kystes colloïdes; des cellules à noyau volumineux (Pisenti) ; des amas de cellules semblables à celles de l'épithélium pavimenteux de la muqueuse pharyngienne (Caselli) ; avec des cavités plus ou moins larges, tapissées d'épithélium et remplies de substance colloïde. PourGENTÈs, sur le chien et le chat, l'épithélium de cette partie médullaire de l'hypo- physe est beaucoup plus compliqué. La couche qui regarde la cavité hypophysaire est formée de cellules ressemblant aux cellules de soutien de la muqueuse olfactive. Au- dessous on trouve des cellules bipolaires dont un prolongement se dirige vers la péri- phérie, et l'autre vers les parties profondes. Ces cellules sont entourées de nombreuses terminaisons nerveuses. Cette portion médullaire ne serait donc pas glandulaire, mais constituerait un organe sensoriel. Pour Gemelu, c'est un épithélium épendymaire riche en terminaisons nerveuses. R. PiRONE arrive à peu près aux mêmes conclusions : pour lui ce n'est pas un organe glandulaire. Rossi en fait une dépendance du lobe postérieur ou nerveux. GuERRiNi la considère comme une portion médullaire formée d'acini glandulaires revêtus de cellules cubiques et contenant delà substance colloïde. Cette structure serait pour lui comparable à celle de la thyroïde.. Pour Laonois, la couche conjonctive est formée défibres conjonctives avec quelques fibres élastiques. L'épithélium est polymorphe, ou cubique simple, ou cylindrique simple, ou encore cylindrique cilié, rappelant le revêtement épithélial du pharynx de la grenouille et du naso-pharynx de l'homme. Dans le voisinage de cette fente paranerveuse, on trouve des vésicules à aspect thyroïdien, et, dans les hypophyses dépourvues de fente paranerveuse, des vésicules ciliées et des globes épidermiques, rappelant les corpuscules de Hassall du thymus (Launois). Toutes ces particularités histologiques ne seraient que des vestiges embryonnaires (Launois, Thaon). Pour Thaon, l'épithélium est constitué par une couche de cellules cubiques à gros noyau à protoplasma mal coloré, ou par des cellules rappelant celles du lobe antérieur, dont elles ont la môme origine. Cette fente paranerveuse, souvent vide, contient fréquemment une matière amorphe, teintée en bleu pâle par l'hématéine (Thaon). Vraisemblablement c'est un produit d'éla- boration de certains des éléments épithéliaux de la paroi, c'est un mélange de sécré- tion acidophile, amphophile et mucoïde, se colorant diversement sous l'influence des produits tinctoriaux (Launois). Dans cette région, d'après Thaon, on trouve des vésicules de deux sortes : les unes 806 HYPOPHYSE. formées par un simple épithélium cylindrique, souvent cilié (Launois), pleines d'une substance analogue à celle de la fente; les autres, plus volumineuses, qui rappellent les vésicules de la thyroïde, dont la paroi est formée par un épithélium cubique, mal coloré, à gros noyau, ou bien par des cellules rappelant celles des travées avoisinantes. Le contenu de ces vésicules varie: parfois c'est une substance homogène, amorphe, pâle, d'autres fois il est composé de deux parties, l'une basophile, finement granuleuse, l'autre acidophile et sidérophile.plus cohérente, ressemblant à la colloïde de la thyroïde. Ces vésicules paraissent jouer un rôle important dans le fonctionnement sécrétoire de l'organe. Tel n'est pas l'avis de Launois, qui ne leur attribue qu'une importance minime. Ces vésicules peuvent aussi se développer pathologiquement et former des kystes volumineux (Weichselbaum, Percy-Funiwall, etc.). Cette difîérence entre les cellules qui constituent cette 'partie médullaire, tient au mode de développement de l'hypophyse, car cette région correspond, comme nous l'avons vu, à la rencontre et l'accolement des deux évaginations qui constituent l'organe. Il suffit que l'évolution des cellules qui tapissent la partie antérieure de la poche hypo- physaire ait subi un ralentissement, pour que ces cellules conservent des caractères qui les différencient de celles de la portion glandulaire de l'hypophyse, et qu'elles présen- tent toutes les transitions entre les acini glandulaires et les cavités colloïdes (Pisenti et VioL.'^). On ne peut admettre une origine blastodermique différente pour chaque variété àe cellules, comme le pensent Valenti et Kupfer. Colloïde. — En étudiant la structure de l'hypophyse glandulaire, on trouve entre les cellules, formant des amas plus ou moins grands, une substance homogène, ayant par- fois l'aspect de véritables vésicules, mais sans paroi propre. C'est le produit de sécré- tion des cellules glandulaires, la substance colloïde, que l'on a comparée à celle que l'on rencontre dans la thyroïde. Elle est quelquefois encore adhérente aux cellules bor- dantes, d'autres fois elle en est séparée. Cette substance conserve une certaine affinité acidophile ou basophile, elle est insoluble dans l'alcool, l'eau, l'éther et donne la réac- tion xanthoprotéique avec l'acide nitrique (Launois, Durck). Les cellules bordantes, avec lesquelles elle est en rapport, présentent tous les types dus aux différentes phases de leur évolution fonctionnelle. En se basant sur les réactions tinctoriales, les auteurs ont vu que les produits de sécrétion cellulaire étaient au nombre de deux: l'un basophile, et l'autre acidophile, ou éosinophile, du reste comme dans la thyroïde. L. Comte avait déjà remarqué que l'examen de 108 hypophyses lui donnait l'impres- sion de l'existence d'au moins deux variétés de substance colloïde. Quelques auteurs avaient pensé que cette substance était un processus dégénératif ou pathologique, mais elle existe toujours, même dès les premiers âges de la vie. A trois mois et demi, elle apparaît chez l'embryon humain (Thaon). C'est donc bien un produit de sécrétion normale, comme le pensent presque tous les auteurs. On la trouve dans les tubes glandulaires, dans les capillaires, dans les grosses vési- cules du hile, entre les cellules, entourant quelquefois les capillaires comme d'un manchon. Thaon a observé qu'entre les cellules, dans les capillaires ou dans les grosses vési- cules, la colloïde hypophysaire est souvent fuchsinophile, ou colorée en noir par l'hé- matoxyline au fer. Par la thionine anilinée, à côté de la colloïde bleue, on voit des parties nettement violettes par métachromasie (Thaon), de même que les cellules basophiles (violettes) se distinguent très facilement des autres. Quelle est la nature de cette colloïde ? On peut par analogie la comparer à celle de la thyroïde, de la prostate, des vésicules séminales, etc. Elle ne donne pas de gélatine à la coction. L'acide acétique la gonfle et la dissout ensuite, contrairement à la mucine : l'alcool la gonfle, l'acide chlorhydrique la dissout : elle se colore d'une façon variée. Pour Thaon, parmi les diverses substances c'olloïdes de l'hypophyse, il y a de la mu cîne ou des substances qui s'en rapprochent, car le violet de méthyle, la thionine ani- linée surtout, donnent, à côté de la colloïde bleue, une substance à couleur métachro matique violet-rouge intense, qui est la teinte ordinaire de la mucine. HYPOPHYSE. 807 En employant le 'mucicarmin de P. Meyer, L. Comte se demande aussi s'il n'y a pas de la mucine avec la substance colloïde. Pour R.PmoNE, il y aurait deux produits semblables à ceux que Galeotti décrivait dans les vésicules thyroïdiennes, l'un provenant des granulations basophiles du pro- toplasme et qui serait de la mucine basophile, l'autre provenant des granulations fuchsinophiles -ou éosinophiles, pour laquelle l'activité nucléaire entrerail en jeu, qui serait la colloïde vraie. Cette substance colloïde est formée d'une partie cyanophiJe et d'une autre éosino- phile, suivant son affmité pour l'hématoxyline ou l'éosine. Pour Caselli, ces deux sub- stances proviennent: la première, des cellules cyanophiles; la seconde, des cellules éosinophiles. Pour GuERRiNi,au contraire, toutes les cellules hypophysaires donnent lieu à une double sécrétion : la première est formée des granulations se colorant en rouge, la seconde est due aux plasmosones. La substance colloïde proviendrait de l'accumula- tion de ce dernier produit qui se fond en une masse homogène, un peu granuleuse, se colorant en vert par la méthode de Galeotti. D'après Sterzi, on ne trouverait pas de la substance colloïde dans toute la série des vertébrés, ce ne serait qu'à partir des reptiles jusqu'au haut de l'échelle. Les jeunes enfants, les jeunes animaux, ont des hypophyses dans lesquelles on trouve peu de colloïde éosinophile homogène, tandis qu'on en voit beaucoup plus dans les hypophyses des sujets plus âgés, et c'est surtout dans les vésicules. Y a-t-il là un rapport avec la fonction ou la composition chimique de la sécrétion? C'est ce que se demande Thaon. Sécrétion graisseuse. — A côté d'une sécrétion colloïde, l'hypophyse produit encore de la graisse (Launois). Benda, qui l'avait constatée, croyait qu'elle était spéciale à certaines cellules de l'hy- pophyse. Pour Launois, la présence de la graisse explique les vacuoles observées par LoTHRixGER, RoGOwiTSGH, Stieda, Comte, les réactifs employés favorisant la disparition de la graisse. Ce n'est point l'avis de Pirone, qui voit dans ces vacuoles une altération cadavérique. En examinant des fragments de glande fraîche dissociée, Lauxois a constaté, en dehors des éléments épilhéliaux, des granulations, des gouttelettes ou des amas plus volumineux, formés d'une substance incolore, réfringente, mais isotrope. Cette substance présente tous les caractères de la graisse. En examinant des coupes par congélation d'hypophyse fraîche et en les colorant par l'acide osmique, ou voit les granulations et les gouttelettes prendre assez rapidement une teinte bistre, qui vire au noir après lavage et séjour de vingt-quatre heures dans l'alcool à 70°. Le Sudan lll, méthode de Daddi, ou le scarlach, méthode de Herxheimer, mettent en évidence des cellules bourrées de granulations rouges. Cette graisse est très pauvre en oléine (coloration noire, seulement secondaire, Starre, P. MULOX). Sur des coupes de glandes fixées par le réactif de Flemming, on voit des corpuscules arrondis, de volume inégal, plus ou moins colorés en noir par l'osmium, on rencontre aussi des masses présentant un aspect mûriforme. On trouve des granulations graisseuses dans tous les éléments constitutifs de l'hy- pophyse, même dans la colloïde. Aussi beaucoup d'auteurs se sont-ils demandé si ce n'était pas le résultat d'une altération post mortem. Launois reconnaît qu'il y en a chez les sujets âgés plus que chez les sujets jeunes, et que c'est surtout dans les cas d'hémorragie cérébrale ou de méningite tuberculeuse, parce que alors la circulation cérébrale s'est trouvée exagérée, momentanément tout au moins. La présence de la graisse est constante chez les animaux sains, tels que cobaye, chat, chien; mais les granulations sont plus petites et plus rares. Il faut, pour bien les déceler, employer la coloration parle scarlach (Launois). Du reste, la plupart des auteurs, Benda, Loeper, Launois, Esmonet, Mulon, Thaon, etc., considèrent la graisse de l'hypo- physe comme une sécrétion normale. Cette graisse se formerait, comme dans la mamelle, par transformation d'une partie 808 HYPOPHYSE. du corps protoplasmique et désagrégation partielle de celui-ci. Elle ne reste pas dans la cellule, elle devient extra-cellulaire, puis peut passer par dialyse dans les capillaires sanguins ou lymphatiques? ou par effraction (Renaut, Rivière). On trouve dans les vais- seaux sanguins de l'hypophyse, des granulations graisseuses et des leucocytes farcis de granulations graisseuses. Peut-être, eu l'absence de lymphatiques, ces leucocytes sont- ils chargés de s'emparer des produits de la sécrétion et de les porter au dehors (Lauxois.) Toutes les graisses qui constituent ces granulations ne sont pas dissoutes par le xylol. Elles paraissent de composition diverse; assez pauvres en oléine, elles sont très vraisemblablement plus ou moins combinées à une molécule albuminoïde (lécithine) (Thaon). Hypophyse pendant la gestation. — A côté de la structure de l'hypophyse à l'état normal, doit se placer l'étude du même organe dans un état qui est physiologique aussi, la grossesse, et qui peut servir de trait d'union entre l'élude histologique et l'étude physiologique de cet organe. Les différents auteurs qui ont étudié l'hypophyse chez la femme enceinte ont con- staté de notables modifications de structure (Comte, Lauxois et Mulon, Thaon, Joris). Vers la fin de la grossesse, L. Comte a observé que l'hypophyse non seulement aug- mentait de poids, comme nous l'avons dit précédemmeiil, mais présentait une augmen- tation dans le nombre des cellules, une vascularisation plus intense, et que de plus, la substance colloïde y était plus abondante. Launois a fait des constatations analogues : il a trouvé une augmentation du poids et un nombre de cellules sidérophiles plus grand qu'à l'état normal. Il a observé que les tubes glandulaires affectaient une disposition i^ayonnante, due à la turgescence des cellules, et que la substance colloïde était en plus grande quantité. Thaon de même, dans deux cas, a trouvé de l'hyperaclivité et de l'hyperplasie glan- dulaire avec augmentation de la colloïde qui remplissait les vésicules en les distendant et qui s'accumulait entre les vébicules et dans les vaisseaux capillaires. Mais, dans toutes ces observations, il s'agit de femmes ayant succombé à des maladies infectieuses (éclampsie, septicémie). Récemment, H. Joris a repris cette étude, non plus sur des femmes ayant succombé à la suite d'une maladie, mais sur des animaux, surtout des chattes. 11 a pu suivre ainsi les modifications aux diverses époques de la gestation, et il a constaté, dans les deux lobes, des modifications commençant dès le début de la gestation, se développant assez rapidement, pour diminuer vers la fin. Jusque-là, on ne connaissait que l'hyper- trophie et l'hyperplasie du lobe antérieur seul, vers la fin de la grossesse, le lobe ner- veux ne présentant pas de modifications notables (Lauxois). Les recherches de Joris tendent à établir que chez la chatte au moins : 1° dans le lobe antérieur, partie vérita- blement glandulaire, l'état des cellules et leur manière de se comporter vis-à-vis des réactifs, dénotent une suractivité se manifestant dès le début de la gestalion et se ralen- tissant aux approches du terme; 2° dans le lobe postérieur ou nerveux, certaines cel- lules disséminées dans le stroma réticulé de ce lobe et les cellules du revêtement épendymaire de la cavité infundibulaire, se transforment pendant la gestation et acquièrent la structure caractéristique des éléments à fonction glandulaire. On peut donc conclure que pendant la gestation, l'hypophyse est en état d'hyper- fonctionnement, et que les produits de sécrétion doivent passer dans les vaisseeux san- guins, et que, de plus, le lobe postérieur et le lobe antérieur participent tous deux à ce processus. Pendant l'allaitement, le fonctionnement serait normal, d'après Guerrtxi. DEUXIÈME PARTIE. Physiologie. L'étude histologique qui précède est de nuture à montrer que l'hypophyse est loin d'être un organe rudimentaire, en voie de régression et ne devant jouer qu'un rôle très insignifiant. Par cette revue histologique, au contraire, on peut constater qu'on se HYPOPHYSE. 809 trouve en présence d'une j:;lande à fonction active, rentrant dans la catégorie des glandes à sécrétion interne, et jouant un rôle très important dans l'organisme. Mais quel est ce rôle? Il paraît très complexe, et, malgré toutes les recherches entreprises, surtout depuis quelques années, on n'est pas encore fixé exactement sur lui. La fonction de l'hypophyse a passé par des phases variées; mais c'est' depuis peu de temps seulement qu'on a étudié cet organe le microscope à la main, soit à l'état physiologique, soit à l'état pathologique, que l'on a commencé à comprendre sa nature et le rôle qu'il pouvait jouer; l'expérimentation est venue alors apporter un large contingent de renseignements. Donc, dans l'histoire du rôle de l'hypophyse, on peut considérer deux périodes : 1° celle des hypothèses basées sur- des considérations anatomo-philosophiques ; 2° celle des déductions histologiques et expérimentales. La première période remonte à Galie.n, qui voyait dans l'hypophyse un émonctoire dii cerveau, sécrétant la pituite, qui filtrait par la lame criblée vers les fosses nasales et, par de légers pertuis de la selle turcique, vers le pharynx, d'où lui est venu le nom qu'elle a conservé de glande pituitaire. C'était au ii<^ siècle. Vésale (xvi^ siècle), Hiolan, Barïuolin (xvn'' siècle), partageaient la même opinion, avec quelques variantes sur le rôle des vaisseaux de la base du crâne. Spiegel (xvn'= siècle) était du même avis. Descartes (xvn" siècle), ayant attribué à la glande pinéale le siège de l'àme, on donna à l'hypophyse le rôle mécanique de mettre obstacle à l'issue des esprits vitaux par l'infundibulum (Piccolomini). Un fait intéressant, c'est de voir Vieussens (xvii^ siècle) attribuer à l'hypophyse une sécrétion jouant un rôle dans la régularisation de la circulation; il est vrai qu'il lui fait sécréter aussi le liquide céphalo-rachidien, avec la glande pinéale et la toile choroï- dienne. Toujours au xvii'' siècle, Diemerbroeck attribue à l'hypophyse une sécrétion qui pénètre dans le troisième ventricule, et Willis lui fait prendre dans le troisième ventri- cule, pour les transporter dans le courant sanguin, certaines substances excrémentilielles qui s'y forment pendant la vie. Boerhaave et Sylvius la considèrent comme un ganglion lymphatique. Au xvui" siècle, ce ne sont encore que des hypothèses basées sur rien de précis. Littré pense qu'elle reçoit la lymphe des ventricules, qu'elle la mélange avec un produit de sécrétion qui lui est propre et la déverse dans le sang; Lieutaud et d'autres lui attri- buent une nature nerveuse; Monro en fait une glande du système lymphatique du cer- veau et des méninges. Au commencement du xix^ siècle, l'idée qui domine, c'est que c'est un organe de nature nerveuse. Telle était l'opinion de Rurdach, Bock, Gall, Hirzel, Tiedemann, Carus, Bresghet, Bazin, Bourgery, Lusghka, etc. Meckel en fait une glande, et Magendie un organe de nature lymphatique, qui absorbe le liquide céphalo-rachidien pour le porter dans le sang. Enfin, on pensa que c'était un organe ayant joué dans la période embryonnaire un rôle relativement au développement, et qui n'était plus qu'un vestige inutile. C'était, du reste, l'opinion qui prédominait à l'égard de beaucoup d'organes dont on ne connaissait pas la fonction, organes qui ont pris une importance physiologique considérable depuis que, sous l'inlluence des idées de Browx-Séquard et Cl. Bernard, la notion des [glandes à sécrétion interne a pris véritablement corps. Aussi Liégeois n'hé- site-t-il pas à faire de l'hypophyse une glande jvasculaire sanguine à sécrétion interne. Un fait qui devait donner une impulsion extraordinaire à la notion des sécrétions internes, vint à se produire. Le corps thyroïde, que l'on considérait comme presque inutile, fut soumis à l'expérimentation^ et l'on vit, grâce aux recherches de Schiff, Reverdin, Kocher, Horsley, Dastre, Gley, etc., qu'il jouait, au contraire, un rôle des plus importants dans la nutrition de l'organisme. C'est à partir de ce moment que débute la seconde période de l'histoire de la fonction de l'hypophyse.^Car on commence â étudier sa structure avec soin ; on constate, â l'autopsie de chiens thyroïdectomisés, qu'elle est hypertrophiée, qu'elle a subi des modifications, qu'elle a toutes les apparences d'un organe glandulaire très actif, don- 810 HYPOPHYSE. nant naissance à une sécrétion, et que, par conséquent, ce n'était point un organe en période de régression. Sur ces entrefaites, les recherches et les constatations de Pierre Marie), sur les altérations presque constantes de cet organe dans l'acromégalie, donnèrent une impul- sion nouvelle et une indication précieuse. Depuis, de nombreux travaux ont été entrepris, et nous verrons combien sont nom- breuses les fonctions auxquelles ce petit organe si profondément caché et qui, pendant si longtemps, avait passé inaperçu, est censé présider. Cette seconde période histologique et expérimentale, si féconde en travaux, sur quoi se base-t-elle pour établir les fonctions de l'hypophyse? Sur les faits expérimen- taux et sur les recherches anatomo-pathologiques. Il se trouve que, pour l'hj^pophyse, c'est l'anatomie pathologique qui a commencé, et qui a fourni les premières indications qui ont guidé les expérimentateurs. Il faut reconnaître, du reste, qu'il en a été ainsi pour presque tous les organes; les connaissances que l'on a sur leurs fonctions ont, toujours débuté par l'observation pathologique, l'expérimentation n'étant venue ensuite, que pour chercher à reproduire les lésions pathologiques observées. Pour l'hypophyse, les premières observations qui ont attiré l'attention sur elles sont dues aux expériences pratiquées sur la thyroïde, notamment par Rogowitsch et Stieda, qui ont constaté que, sur les chiens et les lapins thyroïdectomisés, l'hypophyse était hyperhémiée, augmentée de volume, que les cellules qui la constituent étaient modi- fiées, et que l'on trouvait de la substance colloïde en plus grande quantité. Mais, avant d'aborder l'étude des lésions anatomo-pathologiques, ou celles qui peuvent provenir d'une corrélation fonctionnelle, il est beaucoup plus logique de savoir ce que donne d'abord l'expérimentation directe ou indirecte, ou, pour mieux dire, avec ou sur l'hypophyse. Ces notions physiologiques connues, il sera beaucoup plus facile de com- pai'er, et l'on pourra discuter en connaissance de cause. Les recherches peuvent se diviser en deux séries, suivant qu'elles sont basées sur des méthodes directes ou indirectes. La première série peut, elle-même, se diviser en deux groupes : le premier compre- nant les expériences exécutées avec l'hypophyse fraîche ou desséchée, ayant servi à fabriquer des extraits; le second, les expériences ayant porté sur la glande elle-même : excitations, extirpation. CHAPITRE I. ~ METHODES DIRECTES. § I. — Extraits hypophxjsaires. Les premiers essais d'expériences avec des extraits aqueux et glycérines d'hypophyses sont dus à Vassale et Sacghi (1892-1894j. Ces expérimentateurs ayant cherché à faire l'ablation de l'hypophyse, injectèrent aux animaux opérés de l'extrait glandulaire, et constatèrent une légère amélioration dans les troubles morbides. Mais ils ne firent aucune constatation sur la véritable action physiologique de ces extraits aqueux gly- cérines. Pour eux, la seule action a été d'atténuer les perturbations morbides des animaux hypophysectomisés; ils ne voyaient dans ces extraits qu'un rôle de suppléance fonctionnelle. Mais bientôt l'exploi des extraits hypophysaires fut fait d'une façon plus méthodique, et on ne tarda pas à s'apercevoir que des modifications importantes se produisaient, sous leur inlluence, dans l'organisme et surtout du côlé de la circulation. On varia les expériences, ainsi que la manière de préparer les extraits/que l'on obte- nait ou par macération, ou par dessiccation. Tantôt la glande pituitaire était employée en totalité, tantôt on séparait les deux lobes, et l'on expérimentait avec l'un ou l'autre. D'où une série de recherches qui ont donné lieu à des résultats fort intéressants que nous allons passer en revue. Action de l'extrait hypophysaire sur la circulation. — Les premiers travaux sur HYPOPHYSE. 811 l'action physiologique des extraits hypophysaires sont ceux (I'Oliver et Sch^efer et de SCZYMONOWICZ. Oliver et A. Sch.îîfer, eu 1895, observèrent qu'en injectant du suc d'hypophyse dans la circulation, il se produisait une élévation de pression sanguine comparable ù celle que produit, dans les mêmes conditions, l'injection d'extrait de capsules surrénales. Ils fabriquaient leurs extraits ou leurs sucs, en faisant macérer des hypophyses fraîches dans de l'eau salée. Ils ne parlent, dans leur travail, que de l'augmentation de pression; ils ne disent rien ni sur les caractères du rythme cardiaque, ni sur l'augmentation d'amplitude des battements du cœur. Sgzymonowicz refaisant, en 1896, la même expérience, trouve que la pi^ession a de la tendance à baisser, et que les battements du cœur augmentent de fréquence. Dans le courant de la même année 1898, Cn. Livon, Howell et de Cyon reprirent les mêmes expériences, et arrivèrent aux résultats suivants. Ch. Livon employait, pour faire ses expériences sur le chien, les extraits totaux d'hypophyses de mouton et de cheval, qu'il préparait en broyant les organes avec de l'eau salée à 7 p. 1000, glycérinée à 1 p. 10. Après une macération d'une heure environ, la flltration était opérée, avec expression à travers un linge serré. Il note une élévation assez rapide de la tension, avec ralentissement du rythme et grande intensité des pul- sations cardiaques. En suivant les tracés, on peut constater que l'hypertension se mani- feste presque aussitôt que pénètre le fiitratum dans la circulation. Cette première hypertension est suivie bientôt d'une légère hypotension, qui fait vite place à l'hypertension caractéristique; mais, dès la première hypertension, le rythme se ralentit, et l'amplitude des pulsations augmente. HowELL emploie des extraits glycérines, et obtient, chez le chien, une élévation de pression et un ralentissement des battements du cœur, dont la puissance est augmentée ; même constatation que Ch. Livon. Mais Howell remarque que les extraits actifs ne sont fournis que par le lobe postérieur; les extraits faits avec le lobe antérieur sont inactifs. De même, il observe qu'une première injection confère une sorte d'immunité, puisque une seconde injection ne produit jdus d'élévation de pression. Mais Cn. Livon n'a pas observé la même accoutumance ; elle peut, en effet, se produire, mais ce n'est qu'après plusieurs injections. Même après la section des pneumogastriques, Howell trouve que le rythme est encore un peu ralenti, et que l'amplitude des pulsations est encore augmentée. Pour lui, l'extrait d'hypophyse agit sur le cœur, par son action sur les centres d'inhibition cardiaque, et par son action périphérique directe sur la musculature cardiaque même, ou sur les nerfs intrinsèques du cœur. Ch. Livon n'est pas arrivé aux mêmes résultats; pour lui, après la double vagotomie, l'extrait pituitairo ne produit plus le ralentissement des battements cardiaques, ni l'augmentation de l'impulsion; l'hypertension seule subsiste, et l'excitation du nerf dépresseur n'empêche nullement l'action de l'extrait hypophysaire. De Cyon procède différemment pour préparer les extraits qu'il injecte. D'abord, il emploie des extraits fabriqués avec des hypophyses préalablement séchées et pulvéri- sées, ou bien il injecte à des lapins un extrait ayant subi une ébuUition prolongée sous pression (2 atmosphères). Aussi dit-il dans une note {Arcli. de Phys., 1898, p. 631) : « Les extraits se comportent différemment dans leur action, suivant la température à laquelle ils ont été préparés, et aussi suivant la manière dont sont traités leurs éléments albu- minoïdes ». Avec cet extrait obtenu par ébullition, il provoque sur le lapin une élévation de pression artérielle, en môme temps qu'un ralentissement du pouls. Pour DE Cyon, l'hypophyse produit plusieurs substances actives, l'une probablement combinaison organique de phosphore, qu'il appelle hypophysine, agit spécialement sur la force et le nombre des battements du cœur; l'autre impressionne, de préférence, les vaso-constricteurs. A partir de cette époque, les travaux publiés sur cette question sont très nombreux, et d'ailleurs ils ne concordent pas toujours. OsBORNE et Sw. Vincent trouvent dans le suc hypophysaire de veau deux substances : 815 HYPOPHYSE. l'une, hypertensive, excitante pour le système nerveux, produite par le lobe antérieur; J'autre, hypotensive, déprimante, produite par le lobe postérieur; l'action de cette der- nière serait analogue à une injection d'extrait de substance cérébrale. ScH.EFER et Vincent confirment les observations de Howell, et trouvent dans les extraits hypophysaires du lobe nerveux deux substances : l'une, insoluble dans l'alcool et l'éther, soluble dans les solutions alcalines, augmente la pression sanguine ; l'autre, soluble dans l'alcool absolu et l'éther, produit de la diminution de pression. Ces deux substances sont dialysables, et ne sont pas détruites par la coction. Pour ces auteurs, l'hypertension serait due à une action sur les artérioles. SiLVESTRiNi injecte à des lapins des extraits d'hypophyse de bœuf; comme Ch. Livon, il constate d'abord une élévation légère de la pression, suivie d'un abaissement; puis une nouvelle élévation, pendant laquelle les pulsations cardiaques deviennent de plus en plus amples. Avec l'hypophyse humaine, il obtint le même résultat. Comme Howell, il ne reconnaît aucune activité au lobe antérieur, mais il n'en trouve pas non plus au lobe postérieur. Ce n'est que le feuillet épithélial paranerveux qui don- nerait un extrait actif sur la circulation. ScH.EFER et Herring (1906), injectant de l'extrait aqueux du lobe nerveux, ont constaté une vaso-constriction généralisée, une diminution de volume du rein, et une suppression de la sécrétion rénale. Mais cette phase est très courte; quelquefois même elle peut faire défaut, et alors survient une vaso-dilalation rénale, avec diurèse abondante. Pour eux, dans l'extrait hypophysaire, il y aurait un principe ayant une action spécifique, stimu- lante, sur l'épithélium des reins. L'utilité de la sécrétion interne de l'hypophyse serait au service de la sécrétion rénale. Dans leurs expériences, ces derniers ont montré beaucoup plus de minutie et de soin pour préparer leurs extraits. Ils ont soin de séparer les lobes antérieurs et les lobes postérieurs, ils les font sécher, et obtiennent ainsi des poudres qui conservent longtemps leur activité, et dont ils peuvent doser la quanlité. Ils dissolvent une partie de poudre dans cent parties de solution physiologique, et c'est en employant 2 à4 cen- timètres cubes de cette solution qu'ils ont étudié l'action de l'extrait; même avec 1 cen- timètre cube ils ont obtenu des effets très marqués. La poudre du lobe antérieur s'est montrée inactive; celle du lobe postérieur, au contraire, très active, et non pas seulement la partie en contact avec la couche paraner- veuse, mais tout le lobe. Garnier et Thaon ont expérimenté avec des hypophyses de bovidés dont ils séparaient les deux lobes, qu'ils faisaient macérer dans la solution physiologique de chlorure de sodium. Après 16 à 20 heures de macération, le liquide était filtré sur papier et injecté au lapin. Quelquefois la filtration était faite par expression à travers un linge. Une fois l'extrait a été préparé extemporanément en broyant la glande avec du sable et le sérum, sans dilierence dans le résultat. Ils n'ont rien observé sur la respiration : le tracé n'a pas été moditié. Comme Howell et Silvestrlni, ils n'ont rien observé avec l'extrait du lobe antérieur. Ils n'ont rien obtenu avec la matière colloïde recueillie à part, comme l'avait fait SiLVESTRINI. Mais, avec l'extrait provenant du lobe postérieur, ils ont obtenu des modifications importantes de la circulation. Au moment de l'injection, élévation rapide de la pres- sion, ralentissement des battements, augmentation d'amplitude, puis chute brusque en hypotension pendant peu de temps et relèvement de la pression en hypertension; à mesure que le tracé monte, les battements deviennent plus rares, et les pulsations plus amples. Us arrivent à cette conclusion que, dans le lobe postérieur de l'hypophyse des bovidés, il y a une substance que l'on peut extraire par l'eau salée et qui a pour effet de faire varier la pression sanguine, et surtout de ralentir les battements cardiaques et d'en aug- menter la force. Si la dose injectée correspond à un cinquième de lobe, pour un lapin, la mort peut survenir, non immédiatement, mais au milieu de l'hypertension. Il y a alors chute, diminution d'amplitude et mort dans une crise convulsive. Cette substance existe sur le taureau comme sur l'animal châtré. HYPOPHYSE. 813 Parfois, pendant l'hypertension, les battements se groupent en séries de 3 à 4, sépa- rées par un battement plus faible ou par un crochet dû à un abaissement brusque de la pression. De Cyon a décrit chez le chien un phénomène semblable, qu'il appelle les contractions renforcées. Pour Garnier et Thaon une seule injection ne produit pas d'accoutumance; car, en les répétant au début, on obtient les mêmes effets. Salvioli et Carraro en 1 907, ont repris l'étude de l'action de Thypophj'se, en employant des extraits obtenus en triturant avec soin des glandes pituitaires fraîches de bœuf, mouton, chien, chat, porc, avec de la solution physiologique égale à cinq fois le poids delà glande employée. Leurs expériences ont porté sur des chiens, des lapins et des chats, et les résultats qu'ils ont obtenus sont à peu près semblables à ceux des auteurs précédents. Pour eux, la partie postérieure seule est active, même séparée de la petite couche épithéliale paranerveuse fortement appliquée sur elle. La pression est ainsi modifiée : d'abord légère hypotension, suivie d'une hypertension, plus ou moins notable, avec raréfaction et renforcement des battements cardiaques. Ces auteurs ont remarqué qu'avec des doses faibles ils obtenaient plutôt l'hyperten- sion avec légères modifications du rythme ; tandis qu'avec de fortes doses c'était la raréfaction et l'amplitude des battements qui prédominaient, avec une légère hyperten- sion. Pour arriver à une accoutumance il faut des injections répétées. Alors la respiration n'est pas modifiée et la toxicité des extraits est faible, même avec des doses élevées. Ils n'ont observé comme symptômes que de la somnolence et de la faiblesse musculaire. Pour eux l'hypertension est d'origine périphérique; le ralentissement est dû à l'ex- citation du vague, et, comme ils l'ont obtenu sur des animaux à vagues sectionnés, ils admettent qu'il y aurait une action sur les ganglions ou sur les fibres musculaires du cœur. Même après avoir administré de l'atropine, ils ont vu le ralentissement et le ren- forcement des pulsations. Ils ont trouvé que les vagues restaient excitables par l'élec- tricité, même yous l'action de l'extrait. Ils admettent que la section des dépresseurs ne change rien, et que leur excitation, pendant l'action de l'extrait, produit une vaso-dilatalion variable, qui démontre que, malgré la vaso-constriction due à l'extrait, une vaso-dilatation peut encore se produire pour modérer ou même annuler l'action de l'extrait. Nous avons vu que tous les auteurs n'ont pas obtenu des résultats semblables. Haluox et Carrion ont employé pour leurs expériences des extraits secs, qui ont l'avantage d'être plus commodes à l'usage et qui se conservent très longtemps. Ils pré- parent leurs extraits en recueillant un grand nombre d'hypophyses de bœufs qui vien- nent d'être abattus. Ils les réduisent rapidement en pulpe, et y ajoutent un volume égal d'alcool à 90°. Ils dessèchent ensuite en couche mince, à la température de 38° à 40°, et réduisent en poudre. Préparé ainsi, un gramme de cet extrait sec pulvérisé correspon- drait à 46"', oO de tissu glandulaire frais. Le poids moyen de l'hypophyse de bœuf fraîche étant de 3ff'-,oO. Ces auteurs ont constaté que les injections d'extraits hypophysaires, non seulement produisaient une hypertension générale, avec augmentation d'amplitude et ralentisse- ment des pulsations, mais donnaient naissance à une vaso-constriction, courte dans la muqueuse nasale, un peu plus longue dans le rein, et très intense et très persistante dans la thyroïde. Ce dernier fait est confirmé par la clinique et par la disparition des battements du goitre, chez certains basedowniens soumis à la médication hypophysaire. La vaso-constriction du rein est suivie d'une vaso-dilatation qui dure assez longtemps, et qui est accompagnée de diurèse. Halliox et Carrion ont cohstaté que les injections d'extraits hypophysaires non seu- lement produisaient une hypertension générale, mais donnaient naissance à une vaso- constriction très intense des vaisseaux de la thyroïde. Fait conllrmé par la clinique et par la disparition des battements du goitre chez certains basedowniens soumis à la mé- dication hypophysaire. D'un autre côté J. Pal a observé, comme la plupart des expérimentateurs, que l'ex- trait hypophysaire déterminait une hypotension passagère, suivie d'une hypertension. 814 HYPOPHYSE. Il a fait agir alors de l'extrait sur des artères excisées (coronaire, carotide, rnésenté- rique, crurale, rameaux périphériques de l'artère rénale), maintenues vivantes d'après le procédé de Oscar W. Meyer, et il a constaté la production d'une dilatation. Il est à noter que la pilocarpine agit comme l'extrait hypophysairesur les vaisseaux, avec cette différence qu'elle dilate l'artère rénale tout entière, tandis que l'extrait hypophysaire ne dilate que les rameaux périphériques de cette artère, les autres parties restant con- tractées. Sur des lapins soumis à des injections répétées d'extrait hypophysaire, G. Etienne et J, Parisot ont constaté une hypertension permanente, pouvant durer quinze jours après la dernière injection intra-veineuse, et J. Parisot a remarqué que, dans les mêmes conditions, la vaso-constriction du corps thyroïde persistait aussi. LocKHART, MuMMERY et W. Legge out obscrvé, comme beaucoup d'expérimentateurs, la chute de pression du début suivie de l'hypertension persistante. De tous ces travaux peut-on tirer une conclusion? La seule qui paraisse évidente est la suivante : Les extraits hypophysaires, provenant surtout du lobe postérieur, ont une action très marquée sur la circulation. Ils augmentent la pression sanguine et diminuent le rythme des battements cardiaques, dont ils augmentent l'amplitude. Avant d'aller plus loin, il est permis de se demander par quel mécanisme l'extrait hypophysaire agit sur la circulation. Est-ce par excitation du pneumogastrique, ou bien par un effet direct sur les gan- glions périphériques (cœur, vaisseaux)? Le problème, qui paraît facile à résoudre, se trouve compliqué par le fait des résul- tats expérimentaux qui varient d'un auteur à l'autre, et qui sont plutôt de nature à jeter de la confusion sur la question qu'a apporter de la lumière. Il faut reconnaitre avec Choay que le mode de préparation des extraits peut avoir une grande influence sur leur activité. Nous avons vu, en effet, que certains auteurs préparent leurs extraits par macéra- tion simple dans l'eau salée : d'autres ajoutent à cette solution NaCl, ou de la glycérine, en proportion plus ou moins grande, et la filtration se fait avec ou sans expression. Pour la préparation des extraits secs, même variété. Les uns se contentent de broyer les hypophyses et d'opérer la dessiccation rapide dans la chambre à acide sulfu- rique dans le vide ou à froid, d'autres y ajoutent de l'alcool à 90"; d'autres enfin obtiennent les extraits secs par l'évaporation des macérations dans l'eau salée, que l'on additionne d'éther acétique pour la conservation pendant l'évaporation dans le vide; et ainsi de suite les techniques varient. Sans compter les différences dues aux préparations, suivant qu'elles sont faites avec la glande totale, ou avec les lobes antérieurs ou postérieurs séparés. Et, même dans ce dernier cas, la façon dont les lobes sont séparés par les opérateurs peut être cause de modifications dans les résultats. La section des pneumogastriques, qui est la première expérience qui vient à l'esprit pour élucider le problème du mode d'action, est loin de donner les mêmes résultats entre les mains des expérimentateurs. Ainsi, pour De Gyon, àcaiise de l'énergie de l'excitation des vagues produite par l'hy- pophysine, la section des pneumogastriques chez le chien n'empêche pas la production des pulsations renforcées par séries; l'atropine même n'interrompt pas toujours une série. Howell, malgré la section des vagues, sur les chiens ou sur des animaux atropi- nisés, a observé, avec des extraits glycérines d'hypophyse, l'élévation de la pression, le ralentissement et le renforcement des battements cardiaques. Pour SiLVESTRrNi, les effets de l'extrait hypophysaire ne sont modifiés ni par la sec- tion des vagues, ni par celle du nerf dépresseur. Ch. Livon, Garnier et Thaon ont observé, au contraire, que la double vagolomie, chez le chien, empêche le ralentissement et l'augmentation d'amplitude des battements cardiaques; l'injection intra-veineuse d'extrait piluitaire ne donnant lieu dans ces con- ditions qu'à de l'hypertension. Mais la section d'un seul vague ne modifie en rien l'action de l'extrait. Ch. Livon a aussi observé que, lorsque l'hypertension est produite, l'excitation chez le chien des vagues et surtout du vague gauche, ne produit généralement ni l'arrêt ni la chute HYPOPHYSE. 815 de pression qui se produisent d'ordinaire. Un autre fait que Ch. Livon a signalé aussi le premier, c'est que l'excitation du dépresseur, qu'il soit intact ou que l'excitation ne porte que sur le bout supérieur sectionné, ne donne plus sur le lapin, la chute caracté- ristique de la pression, la diminution de pression est presque insignifiante, ou bien, si l'excitation dure quelque temps, on observe une faible diminution avec oscillations assez grandes: mais rien de comparable à ce qui se produit chez le lapin qui n'a pas reçu d'extraitd'hypophyse. Il est vraiquetousles auteurs n'ontpas obtenuces mêmes résultats. Se basant sur leurs expériences, Salvioli cICarraro concluent à une action périphé- rique. En effet ils ont obtenu les résultats ordinaires en injectant de l'extrait hypophy- saire sur des animaux à moelle cervicale sectionnée entre la quatrième et la cinquième cervicale. Sur une patte séparée du reste du corps par une ligature très serrée, ils ont obtenu la vaso-constriction des vaisseaux de cette patte par une injection dans ces vais- seaux. Mais, en respectant seulement le sciatique et en injectant l'extrait dans la jugu- laire, ils n'ont observé qu'une légère vaso-constriction tardive. Enfin, sur le cœur isolé, Hedbom, Allen Gleghorn, ont constaté que, sous l'influence de l'extrait hypophysaire, les battements étaient renforcés, et que leur rythme diminuait. Mais là encore on est à se demander si c'est une action sur le muscle ou sur les élé- ments nerveux. Action de l'extrait hypophysaire sur l'appareil cardio-vasciilaire. — Connaissant les effets de l'adrénaline sur l'appareil cardio-vasculaire, il était intéressant de savoir si l'extrait hypophysaire, dont l'action sur la circulation ressemble beaucoup à celle de l'adrénaline, pouvait donner lieu aux mêmes altérations. C'est le problème que bien des expérimentateurs se sont posé. Baduel (1906) a trouvé qu'il y a une grande analogie entre les lésions produites par les deux extraits, surrénal et hypophysaire. Il a constaté, après administration d'extrait hypophysaire, que l'aorte était le siège de foyers athéromateux, qu'il y avait dégénérescence de la tunique moyenne et épaississement de la tunique interne ; que les artères du foie, de la rate et du poumon présentaient de l'infiltration périvasculaire; que le cœur avait des plaques d'infiltration à petites cellules et que les artères coro- naires étaient rigides. Mais ces constatations n'ontpas été confirmées par les autres expérimentateurs. G. Etienne et J. Parisot, en effet, ont pratiqué, sur des lapins, des injections de i cent, cube à 6à 7 cent, cubes d'une solution contenant Qs', 0183 d'extrait hypophysaire par centimètre cube. Après chaque injection d'extrait ils ont observé sur l'animal une diminution de réac- tion aux excitations, une torpeur considérable pouvant aller jusqu'au sommeil, et eu même temps une légère dyspnée et une augmentation notable dans la force des pulsa- tions cardiaques. Ces faits se présentaient avec les premières injections, puis s'atté- nuaient, et finissaient presque par disparaître, ce qui indiquerait une accoutumance. La polyurie signalée par Scuaei'er et par d'autres auteurs se manifestait, et quelquefois on assistait à des phénomènes graves suivis de mort, comme avec l'adrénaline. La pres- sion s'élevait et l'hypertension persistait, puisqu'on pouvait encore la constater 10 à 13 jours après la dernière injection. A l'autopsie les auteurs ont trouvé le cœur hypertrophié, surtout au niveau du ven- tricule gauche, et de très légères lésions valvulaires aortiques. Ce n'est qu'exceptionnel- lement qu'ils ont observé un léger athérome, même avec surcalcification des animaux (procédé de Lœper et Boveri). Des résultats également négatifs ont été constatés par Carraro, Hallion et Alquier, Renon et Delille. Les résultats diffèrent donc beaucoup de ceux que l'on obtient avec l'adrénaline. On peut donc conclure que l'extrait hypophysaire n'a qu'une action athéromisante, très faible et même nulle, comparée à, son action hypertensive, qui est très forte. Action de l'extrait hypophysaire sur le rein. — L'action générale des extraits hypo- physaires sur l'appareil circulatoire doit nécessairement avoir une répercussion sur divers organes. Le rein paraît être un des plus influencés, car l'augmentation de la sécrétion urinaire, sous l'inlluence de l'administration d'extraits hypophysaires, a été constatée par un grand nombre d'auteurs. 816 HYPOPHYSE. Magnus et Scii.EFER (1901), après les injections intra-veineuses d'extrait hypo- physaire, ont observé une augmentation très notable de la sécrétion urinaire, ainsi qu'une dilatation persistante du rein. Pour eux, c'est dans le lobe postérieur que se trouve le principe diurétique; et les extraits aqueux seuls agissent sur le rein. ScH.KFER et Herring (1906) ont obtenu des résultats semblables. Ils ont constaté que le principe diurétique, qui existe seulement dans le lobe postérieur, était insoluble dans l'alcool absolu et dans l'éther, mais soluble dans l'eau; qu'il dialysait et que l'ébul- lition ne le détruisait pas. Aussi, avec des injections intra-veineuses d'extrait aqueux, ont-ils observé une diminution de volume du rein, et une suppression de la sécrétion rénale. Mais cette phase est très courte, quelquefois même elle peutTaire défaut, et alors survient une vaso-dilatation rénale, avec diurèse abondante. Pour [eux, dans l'extrait hypophysaire, il y aurait un principe ayant une action spécifique, stimulante, sur l'épi- thélium des reins. L'utilité de la sécrétion interne de l'hypophyse serait au service de la sécrétion rénale; car l'extrait hypophysaire jouit d'un pouvoir diurétique supérieur à celui de toute autre substance diurétique. Hallion etCARHTON out étudié les modifications vaso-motrices du rein sous l'influence des injections d'extrait hypophysaire; et ils ont noté d'abord une vaso-constriction de courte durée, puis une vaso-dilatation très prononcée, persistante, accompagnée d'une forte diurèse. La polyurie a été observée de même, par Etienxe' et Parisot, chez les lapins sur lesquels ils ont fait leurs expériences. J. Renon et A. Delille sont arrivés à des résultats identiques, avec des injections intra-péritonéales d'extrait total ou d'extrait du lobe postérieur. Cette concordance dans les observations permet donc de conclure que les extraits hypophysaires du lobe postérieur, comme de l'hypophyse totale, ont une action très marquée sur le rein et possèdent un pouvoir diurétique tout particulier. Action de l'extrait hypophysaire sur le métabolisme. — Les modifications de la circu- lation amènent-elles des changements dans la nutrition? Les premières recherches d'OswALD sembleraient indiquer qu'il n'y en a pas; car, ayant administré des extraits hypophysaires à des chiens, il n'a pas trouvé des modifications dans les proportions de l'azote et du phosphore éliminés. Mais John Malcolm, reprenant cette étude sur des chiens, avec des hypophyses de bœuf, est arrivé aux conclusions suivantes : Avec l'extrait sec de la portion glandulaire on constate une rétention de l'azote et du phosphore; une excrétion exagérée de calcium et une augmentation très forte du magnésium dans les fèces; avec l'extrait sec de la portion nerveuse, même rétention de l'azote. Mais, pour le phosphore, il y a d'abord une augmentation dans son élimination, puis une diminution; le calcium est excrété en excès et le magnésium ne paraît pas modifié; avec la glande totale fraîche, on observe une augmentation de l'excrétion de l'azote, une tendance à la rétention du calcium; l'élimination du magnésium, d'abord augmentée, est ensuite diminuée. D'après W.-H. Thompson et H. -M. Johnston, l'administration d'hypophyses de cheval et de veau stimule le métabolisme chez le chien (augmentation de l'azote élimininé, de l'urée et des phosphates). Sous l'influence de l'administration d'extraits hypophysaires, en général, le poids de l'animal diminue uq peu (Thompson et Johnston, A. Carraro) : cette diminution de poids paraît être un phénomène de début; car, si l'on continue l'administration un certain temps, les animaux reprennent leur poids initial, et même augmentent. A. Delille a vu des lapins, au bout de 14 mois de traitement, présenter une véritable surcharge graisseuse. Action de l'extrait hypophysaire sur les fibres musculaires. — Ainsi que le montrent les expériences de Salvioli et Carraro, l'extrait hypophysaire aurait une action directe sur les fibres lisses des vaisseaux et les ferait contracter. D'un autre côté, AV. Cramer a démontré que les extraits hypophysaires de bœuf fai- saient dilater la pupille d'yeux de grenouille énucléés. Les fibres lisses dilatatrices de la pupille sont donc infiuencées par ces extraits, dans lesquels la substance qui fait dilater la pupille paraît différente de celle qui possède le pouvoir diurétique. De vieux HYPOPHYSE. 817 extraits; en effet, conservent leur pouvoir diurétique et n'ontplus d'action sur la pupille Pal a confirmé les observations de Cramer sur la pupille d'yeux de grenouille. La fibre cardiaque est-elle influencée directement par l'extrait hypophysaire ? Hebdorn, Allen Cleghorn ontbienvu, sur le cœur isolé, les battements devenir plus forts et se ralentir en même temps. Mais on est obligé de tenir compte des éléments nerveux intra-cardiaques. Peut-on avancer que l'extrait hypophysaire a de l'action sur les fibres striées en augmentant leur toxicité? Ou ne peut qu'e le supposer en constatant l'affaiblissement musculaire général qui accompagne les maladies de l'hypophyse, et la disparition de l'asthénie musculaire par l'opothérapie hypophysaire. Action de l'extrait hypophysaire sur les reins. — Les injections d'exti'aits ont nécessairement de l'influence sur les divers organes. En dehors, du cœur et du rein, étudiés précédemment, on trouve des modifications importantes. C'est ainsi que sous l'influence des extraits hypophysaires, l'hypophyse présente d'abord des signes de stimulation, d'hyperfonctionnement, puis d'épuisement, d'hypo- fonctionnement (Guerlni, Hallion et Alquier, Rénox et Delille). Les capsules surrénates- généralement s'hypertrophient (Baduel, Hallion et Al(jiiier, Renon et Delille, Parhopi et Golstein). La thyroïde semble profondément modifiée: les vésicules diminuent de volume, leur contenu colloïdal se raréfie et disparaît même de certaines vésicules. Il y a de la ten- dance à l'atrophie sans sclérose cependant (Hallion et Alquier, Renon et Delille), Parhon et Golstein, de leur côté, n'ont pas constaté d'altérations. — Du côté des organes génitaux, les auteurs n'ont rien trouvé de particulier à signaler. Le foie est toujours congestionné et présente les signes de la dégénérescence granulo-graisseuse (Garraro, Hallion et Alquier, Renon et Delille, Parhon et Golstein). Quant aux autres organes, comme le poumon, la rate, le pancréas, ils sont plus ou moins congestionnés. Action de l'extrait hypophysaire sur le système nerveux. — Frankl-Hochwart et A. Frôhligh ont observé que l'extrait hypophysaire provoquait des contractions de la vessie et en diminuait l'excitabilité pour le courant faradique par son action sur les nerfs pelviens (système autonome). Le nerf hypogastrique (système sympathique) n'est point influencé. L'utérus chez le lapin se comporte de la même façon. Pour eux l'extrait hypophysaire rétrécit un peu la pupille et n'exerce aucune action sur le pneumogas- trique. Tandis que l'adrénaline agit sur le système nerveux sympathique, l'extrait hypophysaire a surtout de l'action sur les organes du bassin, et n'agit que sur quelques filets sympathiques, ainsi que sur quelques autres nerfs autonomes. Les auteurs établissent un rapport entre cette action et les troubles génitaux que l'on observe dans l'acromégalie, ainsi que les troubles vésicaux qui se produisent dans les cas de tumeur de l'hypophyse sans acromégalie, probablement dûs à un défaut de sécrétion hypophysaire. Aussi pensent-ils que l'on pourrait administrer l'extrait hypophysaire quand on aurait besoin d'augmenter l'excitabilité de la vessie et de l'utérus. Action de l'extrait hypophysaire sur raccroissement somatique. — Partant de ce fait que les recherches d'iniques tendent h attribuer à l'hypophyse une action sur le tro- phisme des os, on a entrepris des expériences sur des animaux en voie d'accroisse- ment, afin de voir si leur développement pouvait être modifié sous l'influence des extraits hypophysaires. Caselli d'abord expérimenta avec l'hypophyse de bœuf, qu'il faisait macérer pen- dant vingt-quatre heures dans du sérum physiologique glycérine, à poids égal, pour étudier l'influence sur le développement de l'organisme. Il pratiquait, sur de jeunes lapins et sur de jeunes chiens, des injections sous-cutanées de 1 à 2 centimètres cubes pendant deux à quatre mois. Les résultats ne furent pas très favorables; dans quelques rares cas, il y eut un peu de retard de développement. Cerletti ensuite a entrepris des expériences semblables. Le maximum d'activité devant coïncider avec la période de développement, il a employé des hypophyses d'animaux en bas âge i des agneaux). Ces organes variaient de poids entre 20 et 30 cen- tigrammes. DICT. DE PHYSIOLOGIE — TOME VIU. û2 818 HYPOPHYSE. Chez des chèvres surtout, il a obtenu, des résultats très intéressants et signilîcatifs. Il y a un retard constant soit dans l'augmentation de poids, soit dans le développement squelettique des animaux en expérience. Le retard dans le développement du squelette paraît suivre une règle plus uni- forme que celle qui préside au développement du poids du corps. En examinant les os dépouillés des parties molles, on constate des faits particuliers et importants. Chez les lapins soumis au traitement hypophysaire, le tibia est moins long; les épiphyses, particulièrement dans leur diamètre frontal, présentent un dévelop- pement plus considérable qu'à l'état normal. Si le diamètre de la diaphyse de l'os est le même, d'une façon absolue, que celui de l'os normal, à cause de sa diminution de longueur, il est relativement d'un diamètre plus grand, puisqu'il est moins long. Ces expériences sembleraient indiquer, sans le démontrer, que le développement du squelette peut être influencé par l'emploi des extraits hypophysaires. Action de l'extrait hypophysaire combiné à l'extrait thyroïdien, à l'extrait capsulaire et à l'extrait ovarien. — A. Conti et 0. Curti ont fait une série d'expériences pleines d'intérêt sur les deux extraits combinés de l'hypophyse et de la thyroïde de veau. Après avoir constaté que l'extrait thyroïdien ne modifiait ni la pression sanguine, ni les mouvements du cœur, mais e'ievait le ton et la résistance des centres régulateurs de l'appareil circulatoire, ils observent qu'une dose élevée d'extrait du lobe infundibulaire de l'hypophyse détermine toujours la mort du lapin. Mais, si l'on injecte cette même dose mortelle sur un lapin qui a reçu une ou deux injections préventives d'extrait thyroïdien, il ne meurt pas. Même résultat avec l'extrait du lobe glandulaire de l'hypophyse : il ne modifie ni la pression, ni le pouls, comme l'extrait thyroïdien, mais il rend plus tolérables les doses toxiques d'extrait du lobe infundibulaire. Ces auteurs ont aussi observé que, si l'on injectait un mélange d'extrait thyroïdien et diextrait hypophysaire, le résultat n'était pas modifié : cependant la tolérance de la part de l'animal serait moins manifeste. Complétant leurs recherches par une injection d'un mélange d'extrait hypophysaire et d'extrait de capsules sui'rénales, toujours de veau, ils ont remarqué que les caractères de la courbe circulatoire obtenue étaient ceux de l'extrait capsulaire, dont l'effet phy- siologique était supérieur. Mais le lapin meurt, si la dose d'extrait hypophysaire employée est une dose toxique. Dans des expériences analogues sur l'action combinée des extraits, Parisot a trouvé que, chez l'animal intoxiqué par l'extrait thyroïdien, l'extrait hypophysaire avait semblé diminuer et notablement amender les symptômes d'intoxication. D'autre part, en administrant ces deux extraits simultanément à un animal sain, il a observé que l'extrait thyroïdien semblait perdre de sa toxicité, et ne produire que beaucoup plus lentement des symptômes d'intolérance. De leur côté, Rénon et Delille, en associant divers extraits, sont arrivés aux conclu- sions suivantes : Lorsque on injecte dans le péritoine d'un lapin neuf de l'extrait hypophysaire total, en même temps que de l'extrait surrénal, la toxicité de ce dernier ne paraît pas diminuée : avec l'extrait du lobe antérieur le résultat est le même. Après plusieurs injections préalables d'extrait hypophysaire total, les lapins suc- combent le premier jour qu'ils reçoivent une dose, même faible, d'extrait surrénal. Mais les animaux soumis depuis longtemps au traitement par l'extrait du lobe anté- rieur résistent beaucoup plus aux injections d'extrait surrénal que les lapins sains. Étudiant l'effet de l'extrait hypophysaire sur l'extrait ovarien, ils ont remarqué que la toxicité de ce dernier semblait diminuée. En associant l'extrait hypophysaire à l'extrait thyroïdien, ils n'ont rien observé de bien apparent. Enfin, injectant aune lapine, simultanément, des doses minimes d'extrait d'hypo- physe, de surrénale, d'ovaire et de thyroïde, ils ont constaté la mort en quelques heures. Parhon et GoLDSTEiN, faisant absorber à un chien châtré de la macération thyro- tiypophysaire, ont trouvé une congestion considérable de l'hypophyse avec beaucoup de cellules éosinophiles; de la colloïde en abondance dans la thyroïde. Ils n'ont rien trouvé HYPOPHYSE. 819 du côlé des surrénales et du pancréas, mais le foie et les reins étaient congestionnés. Toxicité. — Après rénuméi'ation de tous ces travaux, on en arrive à poser la ques- tion de la toxicité des extraits hypophysaires. Les reclierches sur cette question ne sont encore ni très nombreuses et surtout ni très précises. Cependant quelques auteurs l'ont abordée. Comme les expérimentateurs n'ont obtenu sur cette question que des résultats variés et contraires, on pourrait les diviser en deux groupes : 1° Ceux qui ne recon- naissent à l'hypophyse qu'une toxicité presque nulle; 2° ceux qui, au contraire, lui attribuent une toxicité propre, relativement grande. Cependant la classification est difficile, car les résultats varient suivant la quantité employée, suivant la voie d'administration, et suivant que l'on a utilisé la glande totale ou l'un des deux lobes. De même il semble que la toxicité est plus grande lorsque l'on emploie la substance fraîche que lorsque l'on fait usage d'extraits secs. Quoiqu'il en soit, parmi ceux du premier groupe ont peut citer : Mairet et Bosc, ScHAEFER et SwALE ViNCENT, Thompson et JoHNSTON, Salvioli et Garraro, Étienne et Parisot, RÉNON et Delille, Hallion et Alqcier, etc. Parmi ceux du second groupe : Conti et Curti ; Carnïer et Tiiaon, Carraro, Masay, Urecchia, Parisot, etc. D'une façon générale, on peut dire que les animaux supportent très bien des doses faibles ou moyennes, et que ces doses déterminent même chez eux une accoutumance qui permet d'arriver à des doses fortes. Mais si, d'emblée, on emploie une forte dose, la mort se produit rapidement. Une question se présente alors. Qu'entend-on par une dose forte ou mortelle? Il faut reconnaître que, jusqu'à préseut, les données manquent de précision, à cause de la technique, laquelle change pour ainsi dire avec chaque expérimentateur. On peut se demander aussi si l'origine de l'hypophyse employée ne joue pas un rôle important. Ce dernier point a été élucidé par Parisot, qui a vu que les résultats étaient les mêmes, que l'hypophyse provienne d'un animal semblable à celui qui est intoxiqué ou d'animaux différents. Un fait sur lequel tout le monde est d'accord, c'est que le lobe antérieur est inofîensif. Pour le lobe postérieur, Carraro a trouvé que l'extrait correspondant à un lobe d'hypophyse fraîche de bœuf, en injection intra-veineuse, tuait un lapin d'un poids supérieur à 1 500 grammes. Masay donne comme dose mortelle pour un cobaye : deux hypophyses de chien. Quant à Urecchia, il a employé des doses massives (la à 20 hypophyses de bœuf) en injections intra-péritonéales sur des chiens, et il a vu la mort survenir en huit à neuf jours. Garnier etÏHAONont entrepris quelques expériences sur celte toxicité, et ont trouvé qu'approximativement 2 grammes d'hypophyse fraîche de vache tuaient un kilogr. de lapin. Ils ont recherché si cette toxicité pouvait varier lorsque la préparation était plus ou moins vieille. Ils ont observé qu'après 24 heures de séjour à la glacière un extrait d'hypophyse de taureau, qui tuait un kilog. de lapin à la dose de 1K"',30 au moment de sa préparation, le tuait à la dose de 1 gramme. Après 48 heures, la toxicité s'est élevée à 0^%31 par kilogr. Après 3 jours, la dose mortelle est remontée à lsr,09 par kilogr. Mais les recherches de A. Conti et 0. Curti jettent un jour nouveau sur cette toxicité, et la question est toute à reprendre, car, si, comme l'ont montré ces auteurs, l'extrait du lobe antérieur est préventif contre la toxicité de l'extrait du lobe postérieur, toutes les expériences pratiquées avec l'hypophyse entière sont entachées d'erreur. Il est intéressant aussi, au plus haut degré, de constater cette action préventive de l'extrait thyroïdien, dont l'injection rend l'animal beaucoup plus résistant à l'action nocive de l'extrait du lobe nerveux de l'hypophyse, il y a là un fait d'une portée biolo- gique générale en ce qui concerne la synergie glandulaire. Pouvoir antitoxique. — A côté de cette toxicité, on peut se demander si, comme l'ont 820 HYPOPHYSE. avancé Guerrini et Gemelli, l'hypophyse possède un pouvoir antitoxique foiictioûnel et direct. Comme nous le verrons dans la troisième partie de cet article, l'hypophyse, en présence des intoxications et des infections, réagit si fortement que souvent elle paraît s'épuiser. Son rôle antitoxique fonctionnel peut donc être considéré comme très probable; mais a-t-elle un rôle anlitoxique direct? Pour chercher à éclaiixir ce point, A. Delille a répété avec l'hypophyse les expériences qu'OppENHEiM a faites avec la surrénale. Il a préparé des extraits hypo- physaires frais et secs, qu'il a mélangés avec des subtances toxiques m vitro, et qu'il a injectés à des animaux ou bien il a injecté l'extrait, puis le toxique ou le toxique, puis l'extrait. Il n'a rien obtenu qui fût concluant. Il a de même expérimenté, sans résultat, pour voir si l'extrait hypophysaire pouvait modifier les propriétés actives du sérum (alexine, opsonine, etc.). Jusqu'ici on ne peut rien dire du pouvoir antitoxique direct des extraits hypo- physaires. § II. — Excitations — Extirpation. Pour tâcher d'élucider ce problème, encore obscur, de la fonction de l'hypophyse, on a suivi la méthode ordinaire, qui a foui'ni tant de résultats : l'expérimentation directe sur l'organe, afin de pouvoir déterminer son rôle par les conséquences de son excitation ou de son ablation. Les tentatives ont été nombreuses et variées ; car un organe dont les extraits possédaient des propriétés si nettes sur la circulation devait réagir ù l'expé- rimentation. Mais l'hypophyse par sa situation topographique n'est pas d'un accès facile. Choix de l'animal. — La première question que doit se poser l'expérimentateur est celle de savoir sur quel animal il est plus convenable et plus commode d'opérer. Cette question présente ici une grande importance car tous les animaux n'offrent pas une même disposition de leur hypophyse. Comme nous l'avons vu précédemment, c'est un organe en général profondément placé, dans une loge ostéo-fibreuse formée par la selle turcique et la dure-mère, qui constitue la tente de l'hypophyse, perforée seulement pour laisser passer la tige pitui- taire. Mais cette disposition n'est pas identique dans toute la série des vertébrés, et certains animaux présentent des dispositions spéciales, qui peuvent faciliter l'expéri- mentation sur cet organe. Ces dispositions doivent être connues du physiologiste. Chez les Batraciens, on trouve une hypophyse assez volumineuse. Chez la grenouille elle n'est nullement renfermée, car il n'existe pas de loge ostéo- fibreuse au niveau de la selle turcique, l'os parabasal présentant simplement une petite dépression ; d'un autre côté, il faut tenir compte de la disposition de l'hypophyse qui chez la grenouille est pour ainsi dire sessile; accolée à la base du cerveau, au niveau du plancher du ventricule moyen, elle est dépourvue de tige pituitaire. Cette disposition permet d'en faire assez facilement l'ablation; mais par le fait de son accotement au ventricule, on n'extirpe le plus généralement que la portion corticale du lobe épithélial; si l'on veut enlever la portion nerveuse on pénètre dans le ventricule. Chez les Reptiles, on trouve une disposition à peu près identique. Chez les Oi&eaux, l'hypophyse est relativement peu volumineuse, et présente cette par- ticularité, chez la poule et l'oie, par exemple, que les deux lobes sont bien distincts, étant réunis par du tissu cellulaire lâche. Cette disposition permettrait l'ablation isolée de chacun des lobes; mais l'organe est placé lui-même dans une loge ostéo-fibreuse profonde, à laquelle elle adhère fortement. Chez les Mammifères, l'hypophyse varie beaucoup suivant les espèces comme forme, dimensions et topographie. Chez le cheval elle est volumineuse, elle a la forme d'un petit marron aplati : son pédicule, qui la relie au cerveau, est assez large : il s'insère à la partie antérieure et supérieure. La selle turcique n'est relativement pas très profonde, et, d'après Paulesco, la loge osseuse n'existe pour ainsi dire pas. HYPOPHYSE. 821 Chez le veau, elle présente à peu près la même forme que chez le cheval, mais elle est renfermée dans une loge osseuse, dans laquelle elle est maintenue solidement par des lames fibreuses qui l'enveloppent complètement. Chez le mouton, l'hypophyse assez volumineuse a une forme pyramidale, et se trouve renfermée dans une loge ostéo-fibreuse complète. Chez les Rongeurs, lapin et cobaye, l'hypophyse est contenue dans une loge ostéo- fibreuse. Mais chez le rat (le gris, le noir ou le blanc), elle n'est pas enfermée dans une loge ostéo-fibreuse. C'est à peine si, à la place de la selle turcique, se trouve une légère dépression qui contient l'hypophyse, que ne retient pas le repli de la dure-mère. Chez les Carnivores, chat et chien, l'hypophyse est relativement petite: mais .sur ces deux espèces animales elle n'est pas étroitement emprisonnée dans la selle turcique, attendu que la tente formée par la dure-mère ne constitue qu'une cloison très incom- plète pouvant livrer passage à l'organe entier, quand on soulève le cerveau. On peutdire que la loge ostéo-fibreuse n'existe pas. A. — ■ Procédés opératoires. Fixés sur la topographie de l'hypophyse chez la plupart des animaux de laboratoire, examinons quels sont les principaux procédés opératoires employés pour expérimenter sur cet organe. Grenouille. — Cet animal ayant une hypophyse qui n'est pas contenue dans une loge ostéo-fibreuse peut servir de sujet d'expérience, lorsque l'on veut découvrir l'organe ou l'extirper. Deux procédés permettent d'arriver sur l'hypophyse : 1° la voie buccale; 2° la voie crânienne. Voie buccale. — C'est le procédé employé par A. Caselli et G. Gaglio dans leurs recherches. La grenouille peut être anesthésiée avec des vapeurs d'éther : on la fixe sur le dos, en ayant soin de lui maintenir la bouche ouverte le plus possible. Ensuite, après avoir fait une incision longitudinale d'environ 1 centimètre dans la voûte de l'arrière-bouche, et mis en évidence, en écartant les bords de la plaie, la croix de l'os parabasal, on applique, au centre de cet os, une couronne de trépan de 3-4 millimètres. Après avoir enlevé la rondelle osseuse, on aperçoit l'hypophyse à travers la dure- mère; on incise cette membrane avec une aiguille, et l'on peut enlever la glande avec une pince à pointes courbes et fines. C'est un procédé qui donne des complications infectieuses. Aussi Boteano, sur les conseils de Paulesco, a-t-il employé la voie crânienne. Après avoir aseptisé la peau de la grenouille, on la confie aux mains d'un aide. Oa fait sur la ligne médiane et dorsale de la tête une incision cutanée, depuis les narines jusqu'à 1-2 centimètres en arrière de l'articulation cranio-vertébrale. Avec un bistouri, on ouvre la suture sagittale; puis avec des ciseaux on sec- tionne l'os fronto-pariétal transversalement, au niveau de l'orbite. On insinue ensuite l'une des branches d'une pince à dissection sous l'os fronto-pariétal qu'on l'abat, en même temps que l'os prootique, préalablement sectionné. On met ainsi à découvert une moitié de l'encéphale; puis, à l'aide d'un petit écarteur, on soulève le lobe optique (reconnaissable à sa couleur noirâtre) au dessous et en arrière duquel se trouve la pituitaire que l'on cueille avec une pince courbe. Après avoir ramené l'os à sa place, on suture la peau avec du catgut fin, et l'on met la grenouille dans un vase contenant très peu d'eau, que l'on renouvelle fréquemment. Poule. — G. FrcHERA a pratiqué ladestruction de l'hypophyse sur des poulets jeunes, mâles et femelles, en atteignant l'organe par la base du crâne : car c'est le seul moyen de l'atteindre dans sa profonde loge ostéo-fibreuse. Procédé opératoire : Après avoir fixé l'animal sur le dos, le cou étendu, et après avoir déplumé les régions sus et sous-hyoïdiennes, on pratique une incision de 2-3 centimètres, partant antérieurement de la portion cutanée correspondant au plancher buccal et se terminant en arrière, au niveau de l'angle de l'arcade mandibulaire. Cette incision doit 822 HYPOPHYSE. passer sur la ligne médiane de la région qui correspond à l'appareil cai'tilagineux hyoï- dien, et suivre la portion horizontale de l'arcade mandibulaire. En écartant les lèvres de la plaie, on tombe sur un espace triangulaire, limité exté- rieurement par le muscle mylo-hyoïdien, intérieurement, d'abord par le larynx et la trachée, ensuite par le pharynx ou arrière-bouche et l'œsophage. Profondément cet espace est fermé par les muscles génio-hyoïdien et stylo-hyoïdien. Atin d'avoir un champ d'expérience plus libre, on sectionne ces muscles. Cela fait, au moyen d'une sonde cannelée, on suit la paroi du pharynx à sa partie pos- térieure, on la détache d'abord des vertèbres cervicales; et, en remontant vers la base du crâne, on décolle )e pharynx jusqu'au milieu du sphénoïde basilaire. On cherche, en glissant doucement la pointe de la sonde cannelée sur le bord anté- rieur de l'occipital basilaire, la tubérosité osseuse placée en arriére de la portion centrale du sphénoïde basilaii'e, et qui correspond au milieu d'une ligne qui unit les angles de l'arcade mandibulaire. On écarte avec soin le dôme du pharynx, afin de ne pas troubler la respiration, et l'on détermine le point central de la base du sphénoïde, que l'on perfore facilement et rapidement au moyen d'un thermo-cautère en forme d'aiguille. A peine l'instrument a-t-il traversé le sphénoïde basilaire, qu'il pénètre dans la selle turcique où on le maintient quelque temps en le poussant légèrement, afin de bien atteindre l'hypophyse qui se trouve ainsi carbonisée. Le seul avantage de ce procédé, qui ne peut s'appliquer que sur les gallinacés, c'est que l'opération se fait en dehors de la cavité bucco-phai^ngée, et que par conséquent les complications infectieuses sont moins à craindre que s'il y avait communication directe entre la cavité crânienne et la bucco-pharyngienne. Lapin. — Sur le lapin, l'hypophyse est difficile à atteindre, car elle est renfermée dans une loge ostéo-fibreuse dont la partie supérieure est formée par une lame dure- mérienne qui quelquefois s'ossifie. De plus, le crâne de ces animaux est très petit, et ils offrent peu de résistance aux traumatismes. Plusieurs procédés ont été employés pour arriver sur l'hypophyse. Procédé de Gley. — En 1891, Gley a essayé de détruirel'bypophyse afindevnirsi des rapports fonctionnels n'existaient pas entre cet organe et la thyroïde. Il a employé le procédé suivant : On fait un petit trou de trépan à la partie supérieure du crâne, vers le milieu d'une ligne transversale passant par l'angle postérieur des deux oibites. Par ce trou on introduit un trocart que Ton enfonce perpendiculairement à travers la masse cérébrale; quand l'animal ne s'agite pas, on est sûr de tomber exactement dans la selle turcique. On peut, le trocart étant en place, glisser à l'intérieur une longue aiguille par laquelle on injecte quelques gouttes de suif. Cette modification a pour [but de détruire la glande, tout en diminuant l'hémorragie inévitable dans la dilacération. Bien entendu, toutes ces opérations sont faites aseptiquement. 11 est clair que la mortalité des animaux ainsi traités est considérable, à cause des complications opératoires : lésions des pédoncules et surtout hémorragies, à la suite desquelles il y a compression cérébrale. Aussi ce procédé est-il abandonné aujour- d'hui. De Cyow, qui a fait ses recherches surtout sur le lapin, a suivi la voie crânienne inférieure par le procédé suivant : On fait une longue incision partant de l'os hyoïde et se dirigeant en bas, comme pour placer une canule trachéale. On trachéoto- mise l'animal, et on sectionne ensuite toutes les parties molles entre l'os hyoïde et le larynx jusqu'à la base du crâne. Avec un large crochet mousse, on attire en haut et en avant l'os hyoïde, ainsi que le moignon du pharynx, et on aperçoit la base du crâne. Avec l'index on peut facilement explorer la base de la loge hypophysaire. Une petite veine, qui chemine sur la ligne médiane de la base du crâne et qui pénètre dans cette loge, est souvent lésée pendant la trépanation : on arrive rarement [à l'éviter. On fait pour le mieux et on la comprime avec un tampon d'ouate. Pour bien trouver la position où l'on doit appliquer la tréphine de 2 millimètres environ, on se guide sur les apophyses ptérygoïdes. Le bord postérieur de la base de la loge hypophysaire, faisant légèrement saillie, indique exactement la place où doit se faire la perforation. La tréphine doit être placée exactement perpendiculaire à l'os sphénoïde, et son application doit se faire autant que possible avec une faible pression. HYPOPHYSE. 823 Le champ opératoire est éclairé au moyen d'un réflecteur frontal. Généralement, il se produit une petite hémorragie provenant de la loge hypophysaire : on l'anête avec de petits tampons d'ouate. Sur le chat et le chiei^, l'hypophyse est plus facile a atteindre, à cause de sa disposi- tion et de sa liberté relative : aussi a-t-on beaucoup expérimenté sur ces animaux. Les procédés suivis sont variés ; les uns permettent d'aborder l'organe par la base du crâne, les autres par des voies différentes. Nous allons les passer en revue au point de vue opératoire. Sur le chat, Marinesco a suivi la voie buccale par la méthode suivante : On perfore le voile du palais à l'aide du thermo-cautère. Avec l'index, on recherche les deux apo- physes ptérygoïdes et, au milieu de l'espace qu'elles limitent, on applique une couronne de trépan de 5 millimètres de diamètre. Faisant sauter alors la rondelle osseuse, on peut détruire directement la glande pituitaire avec une baguette de fer recourbée en crochet et préalablement rougie au feu. Gemelli, de son côté, qui pour ses expériences préfère le chat, à cause de la confor- mation de sa bouche qui se prête très bien à l'application du trépan sur la base du sphénoïde, emploie le procédé suivant : Après avoir fait une injection de chlorhydrate de morphine (0,01 centig. par kilog, de poids vif) et obtenu l'anesthésie, on fixe l'ani- mal en décubitus dorsal sur la table opératoire. On place un coussin sous la tête, et l'on ouvre aussi largement que possible la gueule, dont on fixe les deux maxillaires. On fixe la langue au moyen d'une pince, et on la tire au dehors et en bas. Après avoir lavé la bouche avec soin, on procède à l'opération aussi aseptiquement que possible. On fait d'abord une incision sur la ligne médiane du voile du palais, de '.i à 4 centimètres, on écarte les bords de l'incision, et on les maintient au moyen de deux petites pinces spéciales; on découvre la voûte pharyngienne jusqu'à l'implantation du vomer. Avec un tampon d'ouate, on enlève le mucus qui s'y trouve presque toujours, et on pratique sur la ligne médiane une incision de 1 centimètre et demi, dont le milieu doit correspondre à une ligne réunissant les bords postérieurs des apophyses ptérygoïdes. Ensuite on décolle la paroi pharyngienne, le périoste et on met le sphénoïde à nu. Chez le chat adulte, cet os est composé dedeuxparties :1e présphénoïde et le basisphé- noïde. C'est ce dernier qui forme le plancher de la selle turcique , par conséquent c'est sur lui qu'il faut porter le trépan. Pour le reconnaître, on procède de la manière suivante : On cherche, au moyen d'une sonde, une petite crête que présente le prébasisphénoïde et. qui est très manifeste. Là, où cesse cette crête, il [y a une sutui^e qui unit le presphé- noïde au basisphénoïde. Chez les animaux jeunes, elle'est très manifeste et présente un petit disque cartilagineux, facilement reconnaissable à sa couleur blanchâtre. En suivant la ligne médiane, on trouve presque toujours un petit trou, que Ton con- sidère comme le résidu du canal cranio-pharyngien. C'est sur ce point que l'on doit faire la craniectomie. Soit avec une gouge, soit avec un trépan, on fait une brèche de 4 à 7 millimètres. Il y a généralement une petite hémorragie que l'on arrête par tamponnement. La table interne étant enlevée, on voit la dure-mère que l'on incise sur la ligne médiane; puis, avec une pince ou une curette, on extirpe l'hypophyse. Le point le plus délicat de l'opération, c'est pour extraire l'organe dans sa totalité sans hémorragie. Il y a écoulementabondantde liquide céphalo-rachidien. Onremetautant que possible les bords de la dure mère en place, on obture soigneusement la brèche osseuse avec du mastic anglais des dentistes, on suture la brèche du voile du palais, on nettoie avec soin, et on applique une couche de collodion à l'iodoforme. En cas d'hémorragie il faut renoncera poursuivre l'expérience. Sur le chien, les procédés employés sont variés. Voie crânienne supérieure. — ■ C'est le procédé employé par Lo Monaco et Van Ryn- BERR. On pratique au sommet du crâne une ouverture, on incise la dure-mère latéra- lement au sinus longitudinal supérieur, et, par cette ouverture, on introduit le long dé la faux du cerveau, un petit instrument à manche métallique long et mince, dont l'extré- mité inférieure est recourbée en forme de cuillère à bords mousses. Ce petit instrument, avec sa partie concave tournée vers la faux, est introduit en un point occupant le milieu d'une ligne transversale, réunissant la partie antérieure d'un su HYPOPHYSE. pavillon de l'oreille à l'autre. Eu' le poussant perpendiculairement jusqu'à la base du cerveau, après avoir perforé le corps calleux et l'infundibulum, on tombe dans la cavité osseuse qui constitue la selle turcique. Il suffit alors d'imprimer au manche de cet ins- trument en cuillère, un mouvement de rotation égal à un quart de tour, de façon qu'il pénètre mieux dans la cavité, et on le manœuvre de manière à e'craser et broyer ce qui se trouve dans cette cavité. Cela fait, on donne à la cuillère sa position première, afin de la retirer de la masse cérébrale. On fait ensuite un double plan de sutures et on recouvre soigneusement la plaie avec un pansement pour éviter l'infection secondaire. La complication la plus fréquente, c'est l'hémorragie mortelle par les vaisseaux de la base du crâne. C'est un procédé défectueux, mais les quelques survies obtenues prouvent que la per- foration du corps calleux, comme la lésion de l'infundibulum, sont compatibles avec la vie de l'animal, au moins pendant une vingtaine de jours. Voie buccale. — Manuel opératoire de Vassale et Sacchi. L'animal étant anesthésié, on maintient sa gueule largement ouverte, la langue tirée au dehors au moyen d'un fil, afin qu'elle ne tombe pas sur le champ opératoire. On fait sur la ligne médiane du voile du palais, une incision de 3 à 4 centimètres, suivant la grosseur de l'animal. Dans chaque lambeau du voile du palais on passe deux fils, et en les écartant on découvre parfaitement la portion supérieure du naso-pharynx. On cherche comme point de repère les apophyses ptérygoïdes, et avec un bistouri recourbé, on taille un lambeau muco- périostique dont la base correspond à 3-4 millimètres en arrière des apophyses ptéry- goïdes. Ce lambeau étant rejeté en arrière, il est facile d'attaquer l'os au moyen d'une gouge recourbée et légèrement pointue. Souvent, lorsque on a fait sauter la table externe, on a une hémorragie du diploé; on s'arrête alors et on tamponne. L'hémor- ragie arrêtée, on procède au temps le plus délicat, c'est-à-dire à la perforation de la table interne. En efTet," pour peu que l'on dévie de la ligne médiane, la gouge peut entamer les sinus caverneux qui contournent la selle turcique, et l'on a une hémorragie mortelle. Aussi faut-il aller avec une extrême délicatesse, non^ seulement pour ne pas léser les sinus, mais encore pour ne pas pénétrer dans le parenchyme de Ihypophyse, glande éminemment vasculaire. S'il y a hémorragie, on l'arrête au moyen d'un tampon- nement simple, ou avec une substance hémostatique. Mais, si l'on ne peut obtenir l'hé- mostase complète, il e^^t inutile de continuer. Pour détruire la glande, on se sert soit du thermo-cautère, soit de l'acide chromique. Ordinairement on joint l'action de l'acide chromique à celle du thermo-cautère. La destruction de l'hypophyse étant achevée, on lave méticuleusement les cavités nasales. On ramène en avant le lambeau muco-périostique, et on suture le voile du palais. Pour éviter les infections secondaires intra-craniennes, avant de suturer les lambeaux des muqueuses pharyngée et palatine, on peut fermer hermétiquement la brèche osseuse avec du ciment hydraulique ou du mastic de dentiste. La voie buccale a aussi été suivie par Caselli dans sa deuxième méthode. Son pro- cédé ne diffère pas de celui de Vassale et Sacghi. Pour arrêter l'hémorragie qui peut provenir du diploé, après l'ablation de la table externe, il emploie, outre le tamponne- ment prolongé, l'applicalion de la gélatine, suivant la formule donnée par Lancereaux et Paulesco (gélatine blanche 4 à 5, solution de NaCl à 7 p. 1 000, 200 ce). La table interne enlevée, on pénètre avec un bistouri pointu et mince par l'ouverture, pour ouvrir la dure- mère sans hémorragie. A ce moment, une certaine quantité de liquide céphalo-rachidien s'écoule, mais cet écoulement s'arrête vite. On introduit à travers l'ouverture deux petites pinces à cuillère, ou un instrument particulier dont se sert Caselli, en forme de curette, et l'on peut enlever ainsi l'hypophyse avec une hémorragie insignifiante. La brèche osseuse est fermée avec de la paraffine à l'iodoforme. La voie buccale a été employée sur le chien, par Dalla Vedova et beaucoup d'autres expérimentateurs. Voie sphéno-palatine. — C'est la première méthode employée par A. Caselli. Pour arriver par ce procédé sur l'hypophyse, on pratique, après avoir aseptisé la région, une incision en forme de V, partant d'un point distant de 2 centimètres environ de la base HYPOPHYSE. 825 du pavillon de l'oreille, descendant jusqu'au bord de la mâchoire inférieure, et remon- tant pour rejoindre un autre point situé à 1 centimètre environ de l'angle externe de l'orbite. Le lambeau cutané compris entre ces deux incisions est détaché, jusqu'au bord de l'arcade zygomatique, dont on sépare en haut les insertions aponévrotiques tempo- rales, en bas celles du masséter. Avec une cisaille solide, ou encore mieux avec une scie à chaîne de Gilli, on résèque l'arcade zygomatique à ses deux extrémités et on l'extirpe. Cela fait, on sépare le muscle temporal de ses insertions à l'apophyse coronoïde, et au moyen d'un fil solide on le relève en haut. En bas, le masséter est maintenu par une pince de Péan. Arrivé sur l'apophyse coronoïde, on la résèque à environ 1 centimètre de l'angle qu'elle fait avec la branche ascendante du maxillaire inférieur. Puis on sectionne transversalement les fibres du muscle ptérygoïdien externe, ainsi que toute l'épaisseur du muscle ptérygoïdien interne. Au moyen d'une rugine, on détache ces muscles de leurs insertions à la table [externe du crâne, et on découvre la fosse sphéno- palatine, dans une étendue aussi grande que possible. Pour perforer, au moyen de la gouge et du maillet, la boîte crânienne, on choisit comme repère un point situé environ à 1/2 centimètre en avant de l'implantation de l'arcade zygomatique. Il est bon de diriger la gou'.'e de haut en bas et d'arrière en avant. A petits coups répétés, on fait sauter la table osseuse dans un espace de 2 centimètres carrés, en cherchant à pratiquer une ouverture de forme ovalaire, dont le plus grand diamètre est dirigé de haut en bas, et dont l'extrémité inférieure se prolonge vers le trou ptérygoïdien antérieur. Le crâne ainsi ouvert, au moyen d'un petit bistouri on incise la dure-mère, en faisant un petit lambeau en V à base supérieure. A la suite de cette opération, le liquide céphalo-rachidien s'écoule : en soulevant le lambeau dure- mérieii, on découvre la circonvolution du lobe temporo-sphénoïdal. Avec une petite spatule, on cherche à soulever doucement le lobe temporo-sphénoïdal, de manière à pouvoir découvrir l'apophyse clinoïde de la selle turcique. Il est assez difficile de pou- voir obtenir un déplacement suffisant de la masse cérébrale; cependant on arrive à avoir assez d'espace pour introduire un petit instrument construit spécialement pour enlever l'hypophyse sans léser autant que possible les parties environnantes. Cet instrument se compose d'une petite cuillère, dans laquelle une autre petite cuillère, de diamètre inférieur, peut tourner librement en tous sens, grâce à sa tige qui parcourt l'intérieur de la tige de la première cuillère. L'instrument ouvert ressemble à une cuillère à double paroi, tandis qu'une fois fermé, il ressemble à une petite calotte sphérique. On introduit cet instrument dans la brèche osseuse, en lui faisant parcourir la fosse médiane selon une ligne droite de dehors en dedans. La cuillère doit avoir sa convexité tournée en haut et sa concavité en bas, de façon à ne pas léser le cerveau. On pénètre directement à une distance variant de 1 à 2 et quelquefois 4 centimètres, suivant le déve- loppement de l'animal en expérience, et on l'encontre un obstacle formé par le bord de la tente de la selle turcique implantée d'une apophyse clinoïde à l'autre. En poussant l'instrument un peu plus en avant, on perçoit alors nettement que la petite cuillère se trouve en rapport avec une cavité, qui n'est autre que la selle turcique. On tourne alors la cuillère d'avant en arrière, en pressant légèrement en bas, comme pour recueillir le contenu de la selle turcique. Une fois as^suré, grâce à un index exté- rieur, que la cuillère a bien sa concavité en haut et sa convexité en bas, on fait tourner la cuillère interne d'avant en arrière, et l'on ferme ainsi l'instrument pour l'extraire ensuite lentement avec son contenu, qui sera l'hypohyse seule, si l'opération a été réussie. Avec une petite aiguille armée d'un fil de catgut, on suture le lambeau dure-mérien. Puis, au moyen d'un gros fil de catgut, on réunit le tronçon du muscle temporal avec celui du masséter, et on rabat en bas le lambeau cutané, en suturant tout autour avec un solide fil de soie. Comme il y a, au-dessous des muscles temporal et masséter, une cavité plutôt ample, il est bon de placer un drain. On peut après l'opération appliquer un bandage, mais les animaux ne le tolèrent que difficilement; aussi faut-il le faire tenir par une application de coUodion. C'est encore la voie sphéno-palatine que Pirone a suivie, par un procédé qui diffère peu de celui de Casellf. Le premier temps est le même, avec cette différence, que Pirone 826 HYPOPHYSE. pratique une longue incision cutanée rectiligne le long de l'arcade zygoniatique, au lieu de l'incision en V. La surface osseuse étant découverte, comme dans le procédé de Caselli, on pratique l'hémostase, aussi complètement que possible; puis, se guidant sur le moignon de l'apophyse coronoïde, on applique sur le crâne une petite. couronne de trépan, et l'on fait une brèche que l'on élargit le plus possible dans le sens antéro-postérieur, avec une pince ostéotome. Il est important d'avoir une ouverture suffisante, afin de pouvoir aisé- ment opérer dans la cavité crânienne; on y arrivera sans inconvénient; car l'agrandis- sement de la brèche osseuse se fait sans accidents. Lorsque tout écoulement sanguin du diploé a cessé, au moyen d'une petite pince portant un tampon d'ouate stérilisée, on va délicatement détacher la dure-mère de la base du crâne, en se guidant toujours sur le moignon de l'apophyse coronoïde. On détache les méninges jusqu'à leurs insertions sur les apophyses clinoïdes; on arrive ainsi à la selle turcique facilement et sans produire de contusion de la substance céré- brale. Alors, avec un petit bistouri de Gr.î:fe, on incise la dure mère, près des apophyses clinoïdes, ce qui donne issue à un peu de liquide céphalo-rachidien. Avec une petite spatule, on écarte les bords de l'ouverture méningée. On aperçoit aussitôt la première branche du trijumeau et le pathétique dans sa portion qui est immédiatement au-devant du canal fibreux. En soulevant ensuite délicatement, avec la spatule, la substance céré- brale, en évitant les troncs nerveux, on voit l'oculo-moteur commun. En se servant d'un réflecteur frontal pour éclairer cette partie profonde, on réussit toujours à distinguer la tige de l'hypophyse et sa partie moyenne. Avec une petite pince, on peut facilement extraire cet organe, sans aucune lésion des organes voisins. Il n'est pas nécessaire, ensuite, d'essayer la suture des méninges, qui, à cet endroit, serait très difficile, car leurs bords tendent à rester en contact. On applique un peu de gaze à l'iodoforme dans le trajet extra-cranien de la plaie. Au bout de 12 à 14 heures, on suture les parties molles et on ferme définitivement la plaie, que l'on protège par des tours de bande amidonnée. Voie latérale du cou. — Afin d'éviter l'infection bucco-pharyngée, Thaon a essayé de pénétrer jusqu'à l'hypophyse, en pratiquant une incision sur la partie latérale du cou, et en glissant contre la paroi du pharynx sans l'ouvrir. Détachant les insertions supé- rieures du pharynx, il meta découvert la base du crâne, sur laquelle il applique une cou- ronne de trépan. C'est une méthode difficile et dangereuse, non seulement par les hémorragies et les sections des nerfs importants auxquelles elle expose, mais encore parce qu'elle entraîne des troubles respiratoires. Voie latérale du crâne. — Abandonnant la voie latérale du cou, Tiiaon a abordé l'hypophyse par la paroi crânienne latérale, en procédant de la façon suivante. L'animal, anesthésié par de petites doses de chloroforme après avoir reçu préalable- ment une injection de morphine atropine, est solidement fixé sur la table d'opération; la région crânienne latérale est rasée et nettoyée. On fait, le long de l'arcade temporale, une incision prolongée en haut et en bas, pour pouvoir récliner deux volumineux lam- beaux; on résèque l'arcade zygomatique à ses deux extrémités, et on la rabat en bas. On incise les masses musculaires temporales, jusqu'à la paroi osseuse crânienne. Il est très utile de réséquer la pointe de l'apophyse coronoïde. Sur la partie la plus déclive de la fosse temporale osseuse, on pratique, au trépan et à la pince coupante, une brèche large. On incise la dure-mère (une artère méningée est parfois coupée). Il faut alors relever le cerveau, ce qui expose à des attritions et à des hémorragies en nappes, dan- gereuses et gênantes. A l'aide d'un puissant éclairage, on parvient alors, si l'hémorragie n'est pas trop abondante, à voir, au delà du nerf oculo-moteur externe (qu'on est souvent amené à couper), le pédicule de l'hypophyse. Parvenu à ce temps de l'intervention, on a maintenant à opérer au fond d'un véritable puits étroit, musculaire et osseux, très pro- fond déjàpour arriver jusqu'à la brèche osseuse, sans compter encore la distance comprise entre celle-ci etl'hypophyse. Avec un crochet, tranchant par un seul de ses bords, eu forme de curette, monté sur une longue tige et fait spécialement pour cet usage, on cherche (au delà du ressaut que forme un repli saillant de la dure-mère, au-dessus du sinus caverneux qu'ilfautà toutprix éviter de blesser) à pénétrer dans la dépression de la selle HYPOPHYSE. 827 turcique, d'ailleurs ici (chez le chien) peu profonde, et fermée en haut par une tente dure- mérienne largement ouverte. On détache l'hypophyse, et on essaie de la ramener, soit du même coup avec le même instrument, soit avec une de ces pinces fines, longues et cou- dées à leur extrémité, qui sont en usage dans la chirurgie oto-rhinologique. On suture les plans incisés, après mise en place du fragment osseux de la paroi crânienne. C'est une opération longue, difficile et dangereuse à cause des hémorragies, des ■attritions du cerveau et quelquefois de la hernie cérébrale. Voie temporale. — La voie temporale a été employée d'abord par Paulesgo, qui décrit son procédé de la façon suivante : L'animal (chien ou chat) est attaché sur le ventre, sur la table d'opération. Sa tête est solidement fixée avec un mors, qui permet d'ouvrir largement sa gueule, manœuvre nécessaire pour abaisser l'apophyse coronoïde du maxillaire inférieur. Le dessus de la tète est rasé, depuis les sourcils, jusqu'au delà de la nuque, jusqu'aux épaules; latéralement, il faut raser les joues et aussi les oreilles. Les régions rasées sont soigneusement lavées à l'eau chaude et au savon. (Il est bon . mois après une ablation par- tielle, a constaté des troubles trophiques, caractérisés par une atrophie de tous les organes et un développement graisseux extraordinaire, l'animal était tout à fait obèse. Ce cas est à rapprocher du fait, cité par Madelung, d'une jeune fille qui, après lésion de l'hypophyse par un coup de feu, vit se développer une obésité colossale ; on a du reste cité les rapports existant entre l'obésité et les tumeurs de l'hypophyse; Mohr, dès 1841; puis Frohligh et Berger. D'un autre cùté Dergum et Burh ont observé plusieurs fois, différentes lésions de l'hypophyse dans les adiposes douloureuses locales (maladie de Dercum). Un fait signalé aussi par plusieurs auteurs, c'est que les tentatives d'extraction de l'hypophyse sur de jeunes animaux ayant survécu et qui, par conséquent, ont conservé des morceaux de glande, ont produit des arrêts de développement. Ce qui vient à l'appui de l'opinion de ceux qui prétendent que l'hypophyse joue un très grand rôle au point de vue des échanges nutritifs. Du reste Narbuth, de Saint-Pétersbourg, a montré que la dégénérescence de l'hypophyse diminue les oxydations, tandis (lue l'ingestion d'extraits hypophysaires les augmente. Sérum hypophysotoxique. — Malheureusement, pour arriver sur l'hypophyse, il faut pratiquer des vivisections toujours sérieuses, et on est en droit de se demander si les troubles observés ne sont pas le résultat de l'opération elle-même. C'est justement pour éviter ces traumatismes que F. Masav, se basant sur les observations de Demoor et Van LiNT sur le sérum antithyroïdien et les cytotoxines, a essayé de préparer du sérum hypophysotoxique. Les résultats qu'il a obtenus sont très intéressants, et montrent le parti que l'on pourrait tirer d'expériences semblables. 11 prépare ce sérum en injectant des hypo- physes de chien, bi-oyées avec de la solution physiologique, à des lapins ou à des cobayes de préférence, puis prenant le sérum des lapins ou des cobayes ainsi préparés, il l'injecte à déjeunes chiens avec précaution, à cause de l'anaphylaxie, qui a montré le danger des injections de sérum répétées trop souvent. Dans ses expériences il a constaté que le sérum hypophysotoxique produisait tou- jours : 1» Amaigrissement dû à la régression musculaire et à la disparition graduelle du pannicule adipeux, même avec une bonne alimentation ; 2° Affaiblissement musculaire; 3» Affaissement du train postérieur; démarche plantigrade, écartement des membres, courbure du dos ; 4» Modifications du squelette, gonflement épiphysaire et déformations diverses. En somme, une véritable cachexie dans laquelle les animaux finissent tous par tom- ber avant de succomber. Cette cachexie semble bien être le résultat d'une altération de l'hypophyse, car l'examen histologique de l'organe montre une altération profonde des cellules, dont les limites ont généralement disparu. Les noyaux nagent dans un milieu homogène. Plu- HYPOPHYSE. 837 sieurs d'entre eux sont frappés de dégénérescence. Certains ont un aspect boudiné, d'autres ont subi la dégénérescence fragmentaire. La glande présente des lésions nécrotiques très graves. Par endroits on trouve un amas considérable de substance homogène qui contient des globules de sang. Cette matière forme dans la partie glan- dulaire un véritable lac, qui semble avoir détruit le parenchyme; sur les bords on trouve des noyaux isolés et nécrosés qui nagent dans cette substance. Un organe dans cet état doit être incapable de toute fonction. Pauhon et GoLDSTEix, eux aussi, ont préparé un sérum hypophysotoxique, mais son emploi ne leur a donné aucun résultat précis. § III. — Méthodes indirecte!!. Après avoir cherché à résoudre le problème du rôle physiologique de l'hypophyse en s'adressant directement à l'organe, on s'est demandé si on ne pourrait pas arriver à des conclusions par la méthode indirecte, c'est-à-dire, en étudiant cet organe sous l'influence de conditions diverses, naturelles ou provoquées. Influence de l'âge. — Il semble qu'à mesure que l'individu se développe, il se produit un''perfectionnement progressif, phénomène qui réfute l'opinion de ceux qui admettent que l'hypophyse est un organe rudimentaire en voie de régression. Les cellules pré- sentent d'abord un mince protoplasma, mal coloré, avec un noyau arrondi. Elles sont éosinophiles, puis peu à peu elles se modifient et prennent la différenciation tinctoriale (Thaon). Chez les enfants de 12 à 15 ans, on ne retrouve pas le même aspect que chez l'adulte : il y a moins de colloïde, la fente épithéliale est nettement marquée, les vésicules sont moins apparentes, les cellules ne sont pas aussi volumineuses, elles ont l'air plus serrées, les noyaux sont plus rapprochés; le protoplasma n'a pas les affinités tincto- riales qu'il a chez l'adulte. A un examen superfiriel, ou dirait un organe lymphoïde, c'est l'aspect d'un organe riche en éléments sécréteurs jeunes (Thaon). Chez les vieillards, l'hypophyse conserve son aspect de glande en activité. Elle doit continuer à régler la trophicité de certains tissus de l'organisme : elle ne s'arrête pas à l'âge adulte, elle doit continuer son rùle de défense de l'organisme, les cellules sont volumineuses, bien colorées. Dans les vésicules du hile, il y a assez de colloïde, mais à aspect épais, plissé, comme desséché, c'est de la matière colloïde ancienne, inutilisée : on en trouve rarement dans le reste de la glande : il n'y en a pas dans les capillaires (Thaon). Caselli a décrit l'atrophie sénile de l'hypophyse : il a trouvé dans l'organe des néoformations conjonctives, mais il faut tenir compte des processus pathologiques; c'est ainsi que Thaon a constaté de la sclérose dans 4 cas de 70 à 85 ans, mais il s'agis- sait d'états pathologiques spéciaux : polyarthrite chronique, athéromasie généra- lisée, etc. Il n'y a pas de différence entre l'hypophyse de l'agneau et celle du bélier adulte. Pour GuERRiNi, chez le cobaye et le lapin, fœtus et nouveau-nés à la mamelle, les sécrétions sont moins actives que chez l'animal qui prend lui-même ses aliments, ce qui fait! dire à Thaon : est-ce que la sécrétion de l'hypophyse de la mère suffirait? De toutes ces observations on ne peut tirer aucune conclusion relativement aux modi- fications dues à la sénilité. Il n'y a pas de type caractéristique, ce qui semblerait prouver que l'hypophyse est un organe qui remplit pendant toute l'existence un rôle important. Fatigue. — Dans la fatigue et dans le travail musculaire exagéré, l'hypophyse éprouve des modifications fonctionnelles qui ont été signalées par Guerrini. Aux périodes initiales, correspond une hyperfonclion de la glande. Avec l'augmen- tation de la fatigue cette hyperfonction est un peu plus grande. Au delà d'une, certaine limite, l'organe apparaît comme épuisé. Comme signe de l'hyperfonction on a : les cel- lules pleines de plasmosomes et de granulations, l'augmentation considérable de la substance colloïde dans les espaces interacineux, l'augmentation des granulations dans les vaisseaux. 838 HYPOPHYSE. L'hypophyse se comporte comme dans les intoxications légères, la fatigue détermi- nant une intoxication légère. Elle hyperfonctionne également dans ce cas parce que, dans l'organisme, s'accumulent des substances anormales provenant des échanges. Ou ne constate pas de multiplications cellulaires parce que le phénomène est de courte durée. L'hypophyse hyperfonctionne chez les animaux tétanisés ou chez lesquels on trans- fuse dans la circulation du sérum d'animaux tétanisés. Rapports de l'hypophyse avec d'autres appareils glandulaires. 1° Glandes génitales. — Les phénomènes constatés du côté de l'hypophyse pendant la gestation, montrent qu'il y a un rapport, évident entre cet organe et les glandes géni- tales de la femme. Ce rapport. ne se manifeste-t-il que pendant la gestation, ou bien se montre-t-il dans d'autres états? Et chez le mâle existe-t-il un rapport analogue? On sait que les glandes génitales ont des corrélations physiologiques avec la thy- roïde. Par analogie on peut penser que des rapports doivent exister aussi avec l'hypo- physe. La preuve de ces rapports est fournie par l'observation des malades chez lesquels l'hypophyse est altérée (gigantisme, acromégalie). On remarque en effet, chez ces ma- lades, des insuffisances ou des malformations de développement des organes sexuels et de leurs annexes. Aussi y a-t-il manque de désir, absence de procréation, amé- norrhée, atrophie des ovaires, de l'utérus, des mamelles et des testicules. On sait que les glandes génitales (testicules, ovaires) ont une grande influence sur le développement du squelette : l'expérimentation a montré qu'il en était de même de l'hypophyse. On peut donc, en se basant sur la pathologie et l'expérimentation, établir un rapport physiologique entre les glandes génitales et l'hypophyse. Il était tout naturel, pour vérifier cette corrélation, d'étudier comparativement l'hypo- physe chez les animaux entiers et châtrés. Thaon, dans ses examens histologiques et dans ses expériences avec des extraits, n'a pas obtenu de différences assez nettes ni de caractères assez tranchés pour arriver à une conclusion. Mais, étudiant l'hypophyse chez des animaux châtrés et non châtrés, G. Fichera a trouvé chez 50 coqs, poids moyen de l'hypophyse : 0 gr. 0133 ; chez 50 chapons : 0 gr.0267 ; (poids moyen du cerveau des coqs, 3 gr. 35; — du cerveau des chapons : 3 gr. 34.) Chez S taureaux, poids moyen de l'hypophyse : 3 gr. 35 ; chez 5 bœufs : 4 gr. 46. Chez 5 buffles non châtrés : 1 gr. 80; chez 5 buffles châtrés : 3 gr. 45. Au microscope, il a constaté chez les animaux châtrés une grande vaso-dilatation, des cellules volumineuses et nombreuses, à noyaux vésiculeux et à cytoplasme conte- nant en abondance de la substance éosinophile. Comparativement, chez les animaux normaux, lés cellules sont rares. Chez trois jeunes coqs auxquels il enlève les testicules et qu'il tue au bout de 5,20, et 25 jours, il constate que les lésions histologiques se produisent en quelques jours dans l'hypophyse. Injectant à 3 chapons de l'extrait testiculaire de coq et sacrifiant les animaux à intervalles divers, après les injections sous-cutanées, il constate qu'avec 1-2 injections, l'hypophyse des chapons revient au type de celle du coq. Si l'on cesse les injections, la modification disparaît. Expérimentant sur des femelles auxquelles il enlève les ovaires, 3 cobayes et 3 lapines qu'il tue 10, 20, 30 jours après, il trouve l'hypophyse augmentée de volume. Chez le cobaye 0 gr. 015 à 0 gr. 022 (au lieu de 0 gr. 015 poids moyen normal) ; chez la lapine 0gr.02à 0 gr. 031 (au lieu de Ogr. 016 àO gr. 018 poids moyen normal). Les modi- fications histologiques sont les mêmes que chez les mâles. Il faut ajouter que Fichera n'a pas trouvé de modifications dans les organes génitaux (testicules et ovaires) de 4 poulets mâles et femelles, auxquels il avait détruit l'hypo- physe. CiMORoxi a obtenu des résultats semblables à ceux de Fichera ; Barxabo, après avoir enlevé un testicule et lié le canal déférent du côté opposé, a trouvé l'hypophyse aug- mentée de volume comme sur les animaux châtrés. HYPOPHYSE. 839 Ces rapports peuvent donc être admis si l'on tient compte de la corrélation qui existe entre l'acromégalie, le gigantisme et l'hypophyse, et si l'on fait attention aussi que, chez les animaux châtrés comme chez les acromégaliques et les géants, il y a un plus grand développement du système osseux, dû surtout à une durée plus longue que la normale pour l'activité des cartilages juxta-épiphysaires et du périoste. 2" Thyroïdes. — Une vraie parenté existe entre l'hypophyse et la thyroïde. Analogie au point de vue de l'origine embryonnaire; ressemblances aiiatomiques, les deux organes présentant des cellules analogues et des vésicules remplies d'une même substance colloïde. Un seul caractère anatomique les distingue, c'est que les lymphatiques très nombreux dans la thyroïde, sont absents dans l'hypophyse. SCHÔNEMANN, BOYGE, BeADLESS, BuRCKHARDT, CoMTE, PlSENTl et VlOLA, VaSSALE, KoCHER, HiNSDALE, FouRNivAL, Lancereaux et MuRRAY, Launois et Rov, etc., ont constaté des lésions associées ou compensatrices dans les altérations de l'une ou de l'autre. ScHÙNEMANN sur 85 cadavres de goitreux a trouvé l'hypophyse hypertrophiée 84 fois; Comte a trouvé l'hypophyse hypertrophiée chez les goitreux. Chez un crétin myxœdé- mateux de 10 ans, il a trouvé Phypophyse pesant 0 gr. 36, au lieu de 0 gr. 33, qui est son poids moyen à cet âge. Il y avait de la colloïde en abondance et une augmentation de cellules chromophiles. Chez une femme goitreuse, Pisenti et Viola ont trouvé l'hypophyse hypertrophiée et Vassale dans un cas typique de myxœdème avec thyroïde petite et sclérosée a observé l'hypertrophie et l'hyperplasie de l'hypophyse. Dans un cas de thyroïdectomie complète chez un jeune homme de 19 ans, mort à 25 ans avec de la cachexie myxœdémateuse, Kogher a trouvé l'hypophyse pesant 1S'',59 au lieu de Os^'',60 qui est son poids moyen àcet âge. 11 faut ajouter que Coulon et Schônemann ont constaté sur des crétins l'atrophie de l'hypophyse et de la thyroïde, et Ponfigk, dans un cas de myxœdème congénital a observé les mêmes atrophies. On trouverait donc de l'hypertrophie de l'hypophyse chez les goitreux et de l'atro- phie chez les crétins myxœdémateux. D'un autre côté, dans les maladies dans lesquelles l'hypophyse est altérée (acromé- galie, gigantisme), souvent la thyroïde est hypertrophiée; quelquefois elle est atrophiée, mais, comme le fait observer Thaon, rarement elle est normale. Dans 36 cas d'acromégalie, HiNSUALEa constaté 13 fois l'hypertrophie de la thyroïde, 12 fois de l'atrophie. Sur 24.cas, Four>m\al a trouvé la thyroïde hypertrophiée 19 fois. Lancereaux et Murray ont signalé la coexistence du goitre exophthalmique avec l'acro- mégalie. Dans le gigantisme, le corps thyroïde a été trouvé hypertrophié. Launois et Roy l'ont rencontré pesant 2b0 grammes; Bassoe 112 grammes, au lieu de 20 à 25 grammes qui est son poids moyen. Les follicules étaient distendus par une grande quantité de colloïde. On peut ajouter que Gley et Eiselsrerg ont remarqué que la thyroïde joue un rôle important au point de vue du développement du squelette, et si l'on rapproche la corré- lation dont il a été question précédemment, qui existe entre l'hypophyse et les glandes génitales, des relations de la thyroïde avec les ovaires et les testicules dans l'antago- nisme thyro-ovarien de Parhon et Goldstein, on constate entre toutes ces glandes des processus analogues. D'ailleurs, Dastre et Gley ont entrepris leurs recherches sur l'hypophyse, à la suite d'expériences sur la thyroïde, et ils ont observé de grandes analogies entre ces deux organes; après la thyroïdectomie chez le lapin, Rogowitscii le premier, Stieda, Hof- ME1STER ensuite, ont constaté une hypertrophie des cellules de l'hypophyse, surtout des chromophobes, chez les jeunes lapins. Huit à quinze jours après la thyroïdectomie (Rogowitsgh), l'hypophyse pesait 4 centigrammes au lieu de 2 centigrammes qui est son poids normal. Le protoplasma cellulaire était très développé. En laissant les para-' thyroïdes et en évitant les accidents aigus de la thyroïdectomie, Hofmeister a obtenu une survie beaucoup plus longue et une hypertrophie bien plus grande avec hyper- hémie. La glande est modifiée dans sa structure, au lieu des cellules granuleuses, on trouve des cellules avec un corps agrandi, la substance colloïde est plus abondante. 940 HYPOPHYSE. Une parlie se présente plus ou moins vacuolisée, l'autre dans un état de désintégralion granuleuse. Toutes les cellules ne se colorent pas de la même façon, et, même dans la cellule, il Y a des points qui se colorent mieux que d'autres par le carmin. Les vaisseaux sont dilatés et généralement pleins de globules sanguins. Pour l'auteur, l'hypophyse serait un organe complémentaire à la glande thyroïde, la substance colloïde ne pouvant plus se former dans la thyroïde se formerait dans l'hypophyse. ScmvARTz a constaté l'hypertrophie de l'hypophyse dans l'hypothyroïdisme. Gley, clic?, un lapin Ihyroïdectomisé, a trouvé une hypophyse pesant 10 centigrammes. Tizzoni et Centanni, expérimentant sur le chien, chez lequel le poids de l'hypophyse ne varie pas beaucoup, constatent qu'après la thyroïdectomie non seulement il y a hypertrophie, mais encore des lésions cellulaires. Leonhardt a vu qu'en pareil cas il y avait, avec de l'hypertrophie, de Thyperplasie. Les mêmes constations d'hyperlrophie ont été faites par HoRSLEY, EisELBERG, LusENNA, clc. Cependant Blumreich, Jacoby, Traîna et d'autres n'admettent pas cette hypertrophie. Alquier, qui a pratiqué sur des chiens des thyroïdectomies totales en un ou deux temps, des thyroïdectomies unilatérales avec ou sans ablation d'une parathyroïde du côté opposé ou d'une partie de l'autre thyroïde, a toujours constaté une augmentation de volume de l'hypophyse avec hyperfonctionnement, hyperproduction de substance col- loïde, état vésiculeux du noyau, sans karyokinèse, et, dans certains cas, il a trouvé des signes de dégénérescence en même temps que de l'hyperfonction. Thaon a thyroidectomisé complètementun jeune bélier en laissant les parathyroïdes. Sacrifiant l'animal au bout de 40 jours, il n'a pas constaté l'hypertrophie signalée par la plupart des auteurs, mais, de la tendance à l'hyperplasie avec lésions cellul.iires très manifestes. Les cellules glandulaires étaient volumineuses, en travées serrées et nombreuses, la substance colloïde était abondante, il y avait de nombreux amas de noyaux; le tissu conjonctif du lobe postérieur n'était pas modifié. Les cellules présen- taient des lésions au début : vacuolisation du proloplasma, et. par endroits, état homo- gène de la cellule. Quelques noyaux, même, étaient altérés et présentaient lant('it des fragmentations de leur réseau, tantôt au. contraire un aspect condensé anormal (pycnose). Thaon n'admet pas qu'il y ait suppléance : pour lui les lésions sont occasionnées par un trouble humoral (suppression d'une fonction antitoxique par exemple) créé par la suppression de la thyroïde. CiMORONi, qui a étudié l'hypertrophie de l'hypophyse survenant à la suite de la thyroïdectomie, arrive aux conclusions suivantes : l'hypertrophie de l'hypophyse à la suite de l'ablation de l'appareil thyréo-parathyroïdien est due à l'ablation des thyroïdes et non des parathyroïdes; l'examen histologique montre un caractère spécifique à cette hyper- trophie, par la présence de cellules spéciales remarquables surtout par leur gros volume, et qui ne ressemblent pas à celles que fournit l'examen histologique après la castration. La formation de ces éléments doit, suivant toute probabilité, être attribuée à l'augmen- tation de l'activité fonctionnelle d'un ordre particulier de cellules hypophysaires, les- quelles ne sont pas nettement différenciablesen conditions normales et dans l'hypertro- phie consécutive à la castration, mais qui ne deviennent évidentes en augmentant de volume qu'après l'ablation de la thyroïde. Il faut citer encore les expériences de Gatta, qui, sur 4 chats, enlève la thyroïde et détruit l'hypophyse, mais dont les aïiimaux ne vivent que trois ;i six jours, et celles de Caselli, qui, pour étudier les relations fonctionnelles pouvant exister entre l'hypophyse et la thyroïde, enlève sur o chats et 2 chiens l'hypophyse, les parathyroïdes et une thyroïde et dont les animaux meurent en trois ou quatre jours, sans présenter les acci- dents moteurs qui suivent l'extirpation des parathyroïdes. Sur 8 chiens, le même auteur enlève les parathyroïdes, et, pendant la tétanie, il enlève l'hypophyse : la tétanie se modifie, les accidents moteurs font place à de la paralysie, à du coma, et la mort arrive en un ou deux jours. Puis il pratique la thyroïdectomie sur 6 chiens préalablement hypophysectomisés, et il arrive à cette conclusion que l'hypophysectomie aggrave les effets de la thyroïdectomie sans en altérer les symptômes, mais en en accélérant J'évo- ution. HYPOPHYSE. 841 F. ^Iasay, dans une nouvelle série d'expériences, a cherché à expli({uer ou mieux à démontrer, la suppléance foncUonnelIe qui peut exister entre la thyroïde et l'hypo- physe. Sur des chiens d'âges variés, il a pratiqué la thyroïdectomie. Dès les premiers symptômes d'hypothyroïdisme, il a soumis ses animaux à des injections sous-cutanées d'émulsion faite avec de l'extrait sec d'hypopliyse. Il n'a pas constaté de résultats importants, et même, la mort a paru arriver plus vite. Les résultats ont été identiques avec des extraits faits avec des hypophyses fraîches de chien. De Cyon envisage d'une autre façon le rapport qui existe entre les deux organes. Pour lui, c'est un rapport mécanique et chimique. L'hypophyse répond à sa destination physiologique en tant que régulateur de la pression intra-cranienne, en ce sens que, lorsque cette pression vient à augmenter dans de trop grandes proportions, elle met en mouvement le mécanisme de la thyroïde, qui fonctionne comme une écluse, et qui a le pouvoir de diminuer l'afilux du sang vers le cerveau par la voie des carotides internes, et en même temps d'augmenter considérablement son écoulement par les veines du cerveau, et, comme l'hypophysine agit encore plus que l'iodothyrine, l'hypophyse hypertrophiée peut, dans les cas de maladie on de destruction de la thyroïde, empf'cher les suites mortelles de l'insuffisance thyroïdienne, au moins en partie, et pendant quelque temps, l'hypophysine remplaçant l'iodothyrine dans ses effets sur les nerfs cardiaques et dans le métabolisme. Comme la plupart des auteurs, il a constaté l'hypertrophie hypophysaire après la thyroïdectomie, mais, pour lui, cette hypertrophie n'est pas suffisante pour contre- balancer les effets nuisibles de la thyroïdectomie sur le système nerveux cardiaque, que ce soit des filets du vague ou du sympathique. De l'ensemble de tous ces travaux, on ne peut que conclure à l'existence d'une cor- corrélation évidente entre l'hypophyse et la thyroïde. Mais, que l'on admette la théorie humorale ou mécanique, on se heurte toujours à des faits contradictoires. Est-ce un simple rapport de suppléance fonctionnelle? Les injections d'extrait hypophysaire semblent démontrer que ce n'est pas dans une action aussi simple que se limite la corrélation entre ces deux organes, et d'un autre côté, il serait diflicile d'admettre que., lorsqu'on enlève les thyroïdes, elles puissent être remplacées pendant quelques jours par un organe aussi petit que l'hypophyse, tandis que lorsque l'on enlève l'hypo- physe, les thyroïdes, bien plus grosses que l'hypophyse, ne paraissent la suppléer en rien. Est-ce un rapport mécanique? Cette théorie comme lés autres, est difficile à concilier avec bien des faits : l'origine purement sympathique des vaso-dilatateurs de la thyroïde, et la vaso-constriction intense que produit dans la thyroïde l'extrait hypophysaire (Hal- LiON et Cahuion). Donc, tout ce que l'on peut dire, c'est qu'il y a corrélation mais non suppléance. Il y a même un rapprochement au point de vue chimique. On trouve en effet dans les deux organes de l'iode (Baumann, Schmtzler et Ewald], du brome (Paderi) et des traces d'arsenic (A. Cautier). 3" Capsules surrénales. — Des relations fonctionnelles analogues aux précédentes paraissent exister entre, l'hypophyse et les capsules surrénales. Mais ici la pathologie n'a pas fourni comme pour la thyroïde un contingent d'observations : aussi les faits ne sont-ils pas nombreux, ils se bornent aux observations de Boinet, Marenghi, de Sajous, A. Delille, Oppenhisim, I>œper. BoiNET, ayant enlevé les capsules surrénales sur cinquante animaux, a trouvé quatre fois l'hypophyse augmenti-ede volume. Marenghi, de son côté, examinant l'hypophyse de cobayes, de lapins et de chats auxquels il avait enlevé les capsules surrénales, a trouvé de nombreuses figures karyokinétiques et Golgi trouve que ces expériences parlent en faveur d'une suppléance. 11 y a là l'indication de recherches à faire, car les faits sont trop peu nombreux pour arriver à une conclusion quelconque. Cependant de Sa.ious prétend que l'hypophyse gouverne les fonctions des capsules surrénales, grâce à des connexions nerveuses bien déterminées (nerf hypophyséo-sur- rénal). RÉi\ON et A. Delille ont observé que les injections répétées d'extrait total d'hypo- physe provoquent l'hyperfonctionnement et l'hypertrophie des surrénales, tandis que 842 HYPOPHYSE. les injections d'exirait surrénal laissent l'hypophyse normale ou déterminent del'hyper- activité, sans hypertrophie réelle. Oppenheim et Lœper ont trouvé l'hypophyse très hypertrophiée dans deux cas de tuberculose surrénale. Rknon de même, dans un cas de caséification totale des surrénales et dans un autre cas de sclérose, sans tubercules des capsules surrénales, a noté une hypertrophie de l'hypophyse avec signes d'hyperactivité. Action sur les centres nerveux. — L'hypophyse a-t-elle une action sur les cen- tres nerveux? Pour les anciens, il existait une connexion fonctionnelle spéciale entre l'encéphale et cet organe, mais cette hypothèse no reposait sur rien, si ce n'est la situa - lion topographique sans doute. Haller voyait dans l'hypophyse une glande ouverte dans les espaces subduraux, opinion qui n'est basée sur rien, car, chez l'homme entre autres, l'organe est enve- loppé par une capsule épaisse. Caselli, après son ablation, a constaté des lésions ce'rébrales et spinales analogues à celles qui suivent l'ablation de la thyroïde et des parathyroïdes. On pourrait mettre ces lésions sur le compte de l'intoxication due à la suppression de la fonction anti toxique (Vassale et Donaggio, Masetti). C'est l'interprétation que l'on pourrait donner, si l'on admet le rôle de l'hypophyse dans les affections dystrophiques et nerveuses (maladie de Dercum, de Basedow, tétanie, épilepsie, etc.). P. I. Herring, étudiant la physiologie comparée de l'hypophyse, trouve que sa consti- tution et les détails histologiques font penser à une glande qui déverserait ses produits de sécrétion dans Finfundibulum et aussi dans les ventricules cérébraux, ce qui fait que l'on pourrait la considérer, au moins en partie, comme une glande cérébrale spé- ciale. C'est, en somme, revenir à l'hypothèse de Diëmerbroeck. Ch. Livon a émis une hypothèse qui semblerait faire jouer à l'hypophyse un rôle important vis-à-vis des centres nerveux. Se basant sur une note de FjÉpine relative aux capsules surrénales, il s'est demandé si la sécrétion interne de l'hypophyse n'agirait pas directement sur les terminaisons nerveuses qui se trouvent dans cet organe, et si l'on ne pourrait pas voir là, la voie de pénétration de cette sécrétion. Cette opinion serait basée sur les faits suivants. D'après Gentès, le lobe postérieur renferme des cellules l)ipolaires dont un prolongement se dirige vers la périphérie et l'autre vers les parties profondes. Ces cellules sont entourées de nombreuses terminai- sons nerveuses. Pour lui, ce n'est pas un organe glandulaire, mais un organe sensoriel. (îEMELLi etPiR0NE,de Icur côté, y voient aussi un organe plutôt nerveux que glandulaire. Au milieu de ce petit organe glandulaire, quel pourrait être le rôle de ces nombreux éléments nerveux, si ce n^est d'être impressionnés par la sécrétion de la portion vrai- ment glandulaire? L'expérimentation semble favorable à cette hypothèse. Si, en effet, on sépare l'hypophyse simplement en faisant la section de la tige pitui- taire, les animaux sont dans le même état que si l'on avait pratiqué l'hypophysectomie complète : ils succombent au bout d'un temps plus ou moins long (Paulesco). Si l'on détache simplement l'hypophyse de la selle turcique et qu'on la prive seule ment des vaisseaux qu'elle en reçoit, les animaux survivent. Le rôle physiologique de l'hypophyse est donc lié à l'intégrité de sa communication avec le cerveau par la tige pituitaire. Est-ce par un conduit central que se fait cette communication? On sait qu'il n'existe pas toujours, surtout chez l'homme. Est-ce par les veines de cette tige? Elles sont bien grêles et beaucoup moins nombreuses que celles qui, de l'hypophyse, vont se jeter dans les plexus environnants. Il ne reste donc, pour expliquer le passage indispensable à la vie que la voie nerveuse. Une autre preuve serait encore fournie par ce fait, c'est que lorsqu'on étudie expéri- mentalement l'action des extraits sur la pression sanguine, ce n'est que le lobe nerveux •qui fournit un extrait actif, le lobe glandulaire est inactif. On peut donc admettre que le produit actif de la sécrétion se concentrerait sur les éléments nerveux du lobe postérieur, et môme, d'après Silvestrini, c'est dans le feuillet épithélial paranerveux seul, que l'on trouverait un extrait actif. L'hypophyse et les centres réflexes circulatoires.— Après avoir enlevé l'hypo- HYPOPHYSE. 8i3 physe sur un lapin, de Cyon pratique la laparotomie, et, comprimant l'aorte abdominale, il constate que le tracé de la pression sanguine ne varie pas jiendant cette compression, [/explication de ce fait serait la suivante : l'hypophyse est le point de départ des réflexes qui règlent la circulation et sa pression. Si on la supprime, les excitations, même les plus fortes, n'ont plus d'effet sur la pression, car les centres nerveux ne sont plus avertis. F. Masay, qui a refait cette expérience sur le cliien, est arrivé à un résultat à peu près semblable, et, pour lui, ce n'est pas le résultat de la suppression de l'hypophyse, mais le choc opératoire, qui empêche le changement de la pression et du rythme car- diaques. Du reste, pendant son expérience, les réflexes asphyxiques circulatoires se pro- duisent d'une façon normale, ce qui prouve que les centres i^éflexes sont encore avertis. Gaglio a repris cette expérience sur des grenouilles hypophysectomisées depuis un temps plus ou nïoins long, et a constaté que les centres réflexes étaient aussi excitables à l'augmentation de la pression artérielle par la ligature de l'aorte abdominale que chez les grenouilles normales. Injectant ensuite de la strychnine à des grenouilles, les unes normales, les autres hypophysectomisées, il a constaté chez toutes les mêmes phé- nomènes du côté du cœur (ralentissement et un léger arrêt), preuve que la strychnine excite de la même façon les noyaux bulbaires chez les unes et les autres. Ch. Livox, ayant pratiqué la compression de l'aorte abdominale sur des chiens hypo- physectomisés, est arrivé à des résultats intéressants. Il a d'abord constaté que, sur les animaux hypophysectomisés, la compression avait des conséquences différentes suivant que l'on comprimait l'aorte abdominale à sa partie inférieure ou à sa partie supérieure, entre les piliers du diaphragme, et que ces résultats étaient identiquement les mêmes sur les animaux à hypophyse intacte. La compression de l'aorte abdominale inférieure ne donne, dans les deux cas, que des modifications de pression insignifiantes, tandis que la compression de l'aorte abdominale supérieure donne naissance, aussi bien sur l'animal normal que sur l'animal hypophysectomisé, à une hypertension considérable, suivie d'une hypotension relativement très grande, à la cessation de la compression. C'est que, lorsqu'on comprime l'aorte abdominale inférieure, tous les vaisseaux abdomi- naux qui forment un immense lac, sont ouverts, et grâce aux réflexes qui leur arrivent par les splanchniques, ils se dilatent et reçoivent le trop-plein de la circulation, mais, si on comprime au-dessus de l'origine de ces vaisseaux, les réflexes vaso-dilateurs ne peuvent plus se produire efficacement, et on voit l'hypertension se manifester avec les phénomènes concomitants : ralentissement et augmentation d'amplitude des pulsa- tions. L'hypophyse ne jouerait donc aucun rôle dans la prodijiction des réflexes circula- toires qui accompagnent la compression de l'aorte. Mais elle pourrait jouer le rôle de centre pour d'autres réflexes, si, comme on Fa dit, elle est en rapport avec les origines du pneumogastrique, et si c'est par lui qu'elle agit sur la circulation. On sait que les fibres centripètes du pneumogastrique jouent un rôle important au point de vue des réflexes circulatoires. Si l'hypophyse est en rapport direct avec le noyau du pneumogastrique, et si elle est le centre de réflexes circulatoires, son ablation doit nécessairement amener de la perturbation dans l'efTet réflexe circulatoire produit par l'excitation de ces fibres centripètes. Or il n'en est rien : l'excitation du bout cépha- lique du pneumogastrique, dans les conditions ordinaires, produit l'hypertension clas- sique par vaso-constriction générale des vaisseaux de l'organisme par voie réflexe, et on constate, en même temps, que les battements deviennent plus amples et que le rythme se ralentit. L'hypertension dure pendant toute la durée de l'excitation; lorsque celle-ci cesse, la pression revient à son point de départ. Ce réflexe se produit aussi rapidement et aussi énergiquement que si l'animal était intact. Ces diverses expériences semblent donc indiquer que les réflexes vasculaires ne sont pas modifiés par l'ablation de l'hypophyse (Cn. Livox). L'hypophyse et le liquide céphalo-rachidien. — Aucun fait précis ne permet de faire jouer un rôle quelconque à l'hypophyse, relativement au liquide céphalo-rachi- dien. ViEUSSENS, il est vrai, a émis l'hypothèse que le liquide céphalo-rachidien était 8ii HYPOPHYSE. sécrété par le plexus choroïde et les glandes hypophyse et pinéale. D'un autre côté, Pettit et Girard ont montré la structure glandulaire des plexus choroïdes et, en raison de l'analogie qu'il y a entre leurs cellules constitutives et celles de l'hypophyse, on leur a fait jouer un rôle analogue au point de vue de la sécrétion du liquide céphalo-rachi- dien. L'hypophyse et le sommeil. — Une théorie dont Salmon s'est fait le promoteur, c'est que l'hypophyse présiderait au mécanisme du sommeil. Le sommeil serait donc fonction de l'hypophyse. Aucun fait ne corrobore cette théorie, car les arguments donnés par Salmon lui sont plutôt contraires. Il s'appuie sur la somnolence que l'on constate dans les cas de tumeurs de l'hypophyse, dans l'éthylisme; dans l'obésité, sur l'insomnie qui accompagne les abcès de l'hypophyse. Mais ne sont-ce pas là des phénomènes communs h bien des affections cérébrales et surtout aux lésions de la base du cerveau? Une objection sérieuse, c'est que les animaux hypophysectomisés sont somnolents, apathiques : si réellement le sommeil était fonction de l'hypophyse, le contraire devrait se manifester. Pour élucider la question, Gemelli a étudié comparativement l'hypophyse sur la mar- motte pendant son sommeil hivernal et pendant l'été. Il n'a rien observé qui puisse venir appuyer la théorie soutenue par Salmon. Mais cette étude l'a conduit à des obser- vations intéressantes. 11 a constaté, en effet, que pendant le sommeil hivernal, l'hypo- physe présentait une diminution notable des cellules cyanophiles, et qu'au printemps, au contraire, elles augmentaient, et présentaient alors de nombreuses figures karyokiné- tiques. l/hypophysesuit donc la loi d'évolution de tous les organes: on pourrait ajouter que c'est une preuve que ce n'est point ini organe rudimentaire en voie de régression; il est vrai que celte opinion ne rencontre presque plus d'adeptes. Pour Gemelli, cette constatation est une preuve de l'action antitoxi(iue de l'hypophyse, dont la sécrélion interne sert, avec d'autres glandes à sécrétions internes, à neutraliser des toxines, qui prennent naissance dans les réactions vitales de l'organisme. Mais il est toujours permis de se demander si ces modifications constatées dans l'hypophyse, sont cause ou effet. -' Du reste, si la théorie de Salmon était vraie, on devrait, si l'hypophyse est le centre du sommeil, constater pendant le sommeil une activité fonctionnelle : or il n'en est rien, puisque c'est le contraire qu'on constate. On ne peut donc considérer la portion antérieure de l'hypophyse comme étant un centre du sommeil physiologique. L'hypophyse et rhématopoièse. — Pour mémoire, ajoutons qu'on a encore attribué à l'hypophyse une fonction bématopoiétique. Mais cette théorie, qui rappelle un peu les fonctions attribuées autrefois en bloc à toutes les glandes vasculaires sanguines, ne repose sur aucun fait qui puisse lui prêter un semblant de vérité. TROISIÈME PARTIE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. Acromégalie. Gigantisme. L'étude faite dans le chapitre précédent des relations qui existent entre l'hypophyse et d'autrps appareils glandulaires tels que la thyroïde, les glandes génitales, les cap- sules surrénales, montre l'influence que ces divers organes ont les uns sur les autres, l'importance du rôle qu'ils jouent dans l'organisme, et, par conséquent, la nature dystro- phique des affections qui naîtront à. la suite des lésions qui pourront les atteindre, sans parler de la gamme des symptômes qui découleront nécessairement de cette influence réciproque. HYPOPHYSE. 8io Depuis que Pierre Marie, en 1886, a décrit une dystrophie spéciale et bizarre dans ki([uelle on constate un développement anormal du volume des extrémités, pieds, mains, lêle, d'où le nom d'acromégaiie qu'il lui a donné, l'attention a été attirée sur les lésions du corps pituitaire qui paraissent être l'origine de cette dystrophie. Ce n'est pas le lieu de décrire ici toute la pathologie de cette affection, ni d'ana- lyser tous les travaux parus, mais cependant on ne peut faire ditîéremment, dans cet article, que d'étudier sommairement les troubles observés, cherchant à en tirer profit pour l'explication du rôle physiologique de l'hypophyse elle-même, la pathologie venant bien souvent éclairer la physiologie. Dans les autopsies d'acromégaliques, P. Marie et Marinesgo ont constamment trouvé l'hypophyse altérée (augmentation de volume, tumeurs diverses). Aussi, considèrent-ils l'acromégalie comme une dystrophie liée à la diminution ou à l'abolition des fonctions de l'hypophyse. Ou en arrive alors à se demander si les symptômes qui caractérisent cette dystro- phie ressemblent à ceux qui ont été décrits comme étant la conséquence de la destruc- tion partielle ou totale de l'hypophyse? Que trouve-t-on cliniquement? De vingt à quarante ans, mais surtout de vingt à trente ans, on voit apparaître une hypertrophie des extrémités et une augmentation de volume plus ou moins étendue des os de la face et du crâne. Souvent, le sujet est d'une taille bien au-dessus de la moyenne, et, si l'on étudie le système osseux au moyen de la radiographie, on peut constater un dévelop- pement exagéré de la selle lurcique qui a suivi le développement de l'hypophyse. Comme troubles fonctionnels, on constate, au début, de la somnolence, de l'apathie, de la céphalée et avec cela, diminution de l'appétit sexuel, de l'impuissance, des troubles de la menstruation, puis surviennent des douleurs variables. On observe souvent des troubles dans la sécrétion urinaire et quelquefois de la glycosurie. Le malade est mélancolique et d'humeur bizarre et présente parfois une soif très vive et un appétit augmenté. Ces symptômes peuvent se compliquer de ceux qui accompagnent les tumeurs céré- brales, tels que troubles nerveux et circulatoires dus à la compression des organes qui sont dans le voisinage : chiasina des nerfs optiques, sinus caverneux, carotides, nerfs optiques, nerfs oculo-moteurs, communs et externes, nerfs pathétiques, rameau ophtal- mique du trijumeau, pédoncules cérébraux, base de l'encéphale, etc. Que montre l'autopsie? Presque toujours on trouve une lésion plus ou moins grave de l'hypophyse. Très nombreux sont les auteurs qui ont signalé ces altérations dues, la plupart du temp^, à des tumeurs variées (adénomes, sarcomes, épithéliomes, angiomes, gliomes, hypertrophies, hyperplasie, etc.). Un autre trouble dystrophique doit se rapprocher de l'acromégalie, c'est le gigantisme, caractérisé par un développement précoce du sujet, de quinze à dix-huit ans en moyenne. Ce développement ne se fait pas régulièrement. Ainsi le tronc relativement se développe peu, mais ce sont surtout les extrémités, les membres inférieurs, qui prennent des proportions démesurées. De plus, la croissance peut continuer au delà de vingt- cinq ans, jusqu'à trente ans et au delà, si la mort ne survient pas, ce qui se produit généralement sur ces géants qui, alors, deviennent acromégaliques presque toujours. C'est là, pour certains auteurs, la preuve que l'acromégalie et le gigantisme ne sont qu'une même affection, dont l'évolution est différente suivant l'époque de l'apparition des accidents. Si la maladie se développe pendant la période d'accroissement, on cons- tate du gigantisme, si c'est après cette période, ce sera de l'acromégalie. (Brissaud et Meige). Un fait intéressant, et qui permet en effet de rapprocher ces deux affections, c'est que chez les géants, comme chez les acromégaliques, les facultés mentales sont d'ordi- naire peu développées: ils sont apathiques ou emportés, et, s'ils ont de la force muscu- laire au début, elle disparaît souvent de bonne heure. Ils présentent très fréquemment des troubles urinaires, quelquefois de la glycosurie. Leurs fonctions génitales sont presque nulles; car la plupart du temps, les testicules, la prostate, les ovaires, l'utérus, les mamelles, sont atrophiés ou rudimentaires. Us sont généralement impuissants, sans appétit génésique. 846 HYPOPHYSE. De plus, il n'est pas rare de constater des signes d'infantilisme, absence de poils au pubis et aux aisselles, pas de barbe, ni de moustaches. A l'autopsie de ces géants, on a toujours trouvé une augmentation considérable de la selle turcique et des lésions de l'hypophyse. Même dans certains cas d'infantilisme sans gigantisme, Raymond et Nazari ont trouvé des lésions de l'hypophyse. Ce qui viendrait corroborer l'idée d'une origine commune pour l'infantilisme et le gigantisme. Faits négatifs. — Cependant, malgré l'opinion de la grande majorité des auteurs qui considèrent l'acromégalie, le gigantisme, et même l'infantilisme, comme des lésions dys- trophiques dues à des altérations de l'hypophyse, on doit noter que, dans bien des cas, on a trouvé des tumeurs de l'hypophyse sans acromégalie ni gigantisme, et cependant ces tumeurs, de natures diverses, étaient bien placées pour donner naissance à ces affec- tions ; car il s'agissait soit de tumeurs telles que des adénomes, des angiomes, des enchondromes, des épithéliomes, des lipomes, des sarcomes, etc.; soit de lésions pro- fondes ayant détruit l'hypophyse (anévrysmes, échinocoques, hémorragies, suppura- tion, syphilis, tuberculose, etc.). Dans un autre sens, mais rependant beaucoup moins fréquemment, il faut le recon- naître, on a cité des cas d'acromégalie dans lesquels l'autopsie n'avait révélé ni tumeur, ni lésion de l'hypophyse. Mais ces cas sont rares; car, d'après Launois et Roy, on n'au- rait pas rencontré de gigantisme sans tumeur hypophysaire, et l'altération de l'hypo- physe, presque constante dans l'acromégalie, ne fait jamais défaut dans le gigantisme. Sans entrer dans une discussion profonde de la question, il est permis de se deman- der, si la physiologie peut s'éclairer de ces divers cas qui viennent d'être résumés ainsi : Lésions de l'hypophyse avec acromégalie ou gigantisme; lésions de l'hypophyse sans acromégalie ni gigantisme; acromégalie ou gigantisme sans lésions de l'hypophyse. Pour expliquer la dysLrophie de l'acromégalie, on a émis plusieurs hypothèses basées sur les observations pathologiques. La première considère l'acromégalie comme la conséquence de l'altération et même de la suppression de la fonction hypophysaire. Cette première hypothèse, qui est celle de P. Marie et de Marinesco et qui a rallié la majorité des auteurs, a pour base des observations très nombreuses, dans lesquelles on a trouvé à l'autopsie des lésions de l'hypophyse ou des tumeurs diverses comprimant ou ayant détruit l'organe. On pourrait, en somme, comparer l'acromégalie à une autre affection dystrophique, le myxœdème, qui se développe lorsqu'une autre glande à sécrétion interne, le corps thyroïde, éprouve une perturbation, la mettant en hypofonctionnement. Il est assez difficile, il est vrai, de faire accorder cette interprétation avec les faits négatifs. Mais en présence d'un cas sans tumeur, il est toujours permis de se demander si la dystrophie n'est pas le résultat d'un trouble sécrétoire seulement, et si ce n'est pas la qualité de la sécrétion qui est modifiée. Sternberg, dans les cas d'acromégalie maligne à marche rapide, a toujours trouvé l'hypophyse siège d'une lésion. Lancereaux, pour qui l'absence de la fonction hypophy- saire est bien l'origine de l'acromégalie, donne une explication basée sur les obsei^va- tions de Gley, Hoi meister. Moussu, Reynier et Paulesco, etc., relativement à l'arrêt de développement des os, par l'absence de prolifération des cellules cartilagineuses de con- jugaison, chez l'homme ou les animaux qui présentent, dans leur jeune âge, de l'absence congénitale de la thyroïde, ou qui sont athyroïdés. Pour lui, le développement exagéré que l'on constate dans l'acromégalie tient à une hyperactivité de la glande thyroïde qui ne serait plus modérée par l'hypophyse, dont ce serait le rôle. Ce qui semblerait appuyer l'hypothèse de Lancereaux, c'est que quelquefois on a trouvé la destruction de l'hypophyse accompagnée de l'hypertrophie de la thyroïde avec de l'acromégalie. Dans la deuxième hypothèse, l'acromégalie serait due : 1° à une hyperfonction de l'hypophyse, qui donnerait lieu au développement exagéré que l'on constate, et, 2° à un arrêt dans le processus ou à la dégénérescence ou à la destruction complète de l'organe, qui produit alors l'arrêt de développement osseux et la cachexie à laquelle succombent les acromégaliques (Tauburini). HYPOPHYSE. 847 Cette hypothèse est appuyée sur quelques faits dans lesquels on a constaté un déve- loppement de l'hypophyse, dû à l'hyperplasie des cellules chroniophiles (Benda, Vassale), et cela même sur un acromégalique mort prématurément, chez lequel l'hypophyse paraissait normale à première vue, et qui présentait de l'hyperplasie (Lewis). D'un autre côté, certains auteurs n'ont vu dans l'altération hypophysaire, qu'un phé- nomène secondaire (Strumpell, Schulze, Vassale), L'acromégalie ne serait autre chose qu'une altération de la nutrition générale, dans laquelle on trouverait, parmi les lésions et les troubles fonctionnels signalés, les altérations diverses de l'hypophyse. Pour d"autres, l'acromégalie serait due à la persistance des glandes fœtales, telles que le thymus et l'hypophyse (Massalongo) qui persisteraient à fonctionner chez l'adulte, et qui, ne subissant pas la régression normale, donneraient lieu aux lésions acromégaliques. Il existerait, en outre, un rapport hypothétique de ces glandes avec le grand sympathique, qui expliquerait les troubles nutritifs. Parmi les hypothèses émises, il en existe d'autres qui ne s'accordent pas précisé- ment avec les faits observés. Ainsi Klebs voit dans l'acromégalie une origine thymique. Pour lui, c'est le thymus qui déverserait dans la ciiculation des produits spéciaux qui viendraient se fixer au niveau des extrémités, et donneraient naissance à leur dévelop- pement exagéré. PiNELEs et Mendel voient dans l'acromégalie une altération générale des glandes dites vasrulaires sanguines. Pour Verstraeten, Freuxd, Monteverdi et Torrechi, c'est le résultat d'une altération des organes génitaux. Rechlinghausen, lIoLSCHEMNiROFF, Arxold, Dallemagne, Tikomiroff, D'Abundo, en font une lésion due à diverses altérations du système nerveux. De toutes ces hypothèses, il n'y en a que deux qui, en présence des faits cliniques, méritent d'être discutées : celle qui considère l'acromégalie comme le résultat de l'hyperactivité hypophysaire, et celle qui en fait au contraire la conséquence de la dimi- nution et même de l'abolition de la fonction hypophysaire; les autres ne sont que des vues de l'esprit, et ne supportent pas un examen sérieux, môme celle qui admet que l'hypophyse n'est atteinte que secondairement dans l'acromégalie. Les objections sont trop évidentes, attendu que non seulement les symptômes de la tumeur ont quelquefois précédé de longtemps l'apparition des troubles acromégaliques (Modena), mais encore, parce qu'il serait anti-rationnel d'admettre qu'une entité morbide toujours identique comme l'acromégalie, puisse produire tantôt un adénome, tantôt un sarcome, tantôt un angiome, un enchondrome et ainsi de suite, au niveau de l'hypophyse, sans parler des hypertrophies et des hyperplasies observées. L'hyperactivité de la glande pituitaire suivie de sa dégénérescence, comme l'a avancé Tamburini, peut-elle être la cause de l'acromégalie? Il faudrait admettre que, sous l'inlluence de cette hyperactivité, d'abord, il se déversât dans la circulation une abon- dante sécrétion hypophysaire, qui donnerait naissance à la dystrophie acromégalique, en attendant que, sous l'inlluence du processus morbide, la dégénérescence ne se [tro- duise, l'accroissement des os ne s'arrête et la période cachectique ne se déclare. •' Pour que cette hypothèse coïncidât avec les faits, il faudrait que les autopsies eussent démontré ce premier stade d'hyperactivité. Certains auteurs, il est vrai, ont signalé, dans quelques cas, des hypophyses qui semblaient répondre à ce pi'emier stade : or, un examen sérieux a démontré que cette hypertrophie signalée n'était pas due à une aug- mentation de la fonction, mais à la présence d'une tumeur maligne ou à un adénome. Comment comprendre d'un autre côté, que les troubles occasionnés par la présence d'une tumeur commencent par produire l'hyperfonctionuemenl précédant l'hypofonc- tionnement. Et avec cette hypothèse, comment expliquer les cas d'acromégalie sans altération de l'hypophyse et ceux dans lesquels l'hypophyse était hypertrophiée ou le siège d'une tumeur sans acromégalie"? Du reste, parce que la glande est hypertrophiée, est-ce un signe d'hyperactivité? On pourra dire que les cellules sont augmentées en nombre. Est-ce une raison pour qu'il y ait hyperactivité sans altération? Lorsqu'il s'agit d'une s.écrétion comme celle de l'hypophyse, comment savoir si elle n'est pas modifiée dans sa composition, justement 848 HYPOPHYSE. à cause de cette augmentation du nombre et du volume des cellules ? On sait que dans les intoxications expérimentales on détermine des phénomènes qui paraissent être de l'hyperfonction suivie d'hyperplasie. Cette hyperfonction liypophysaire ne paraît cepen- dant pas déteiminer aucun, symptôme d"acromégalie. Il est vrai que cette augmentation fonctionnelle peut être considérée comme une défense de l'organisme, si réellement l'hypophyse est avant tout un organe anlitoxique (Gemulli, GuEfiRiNi, etc.)- D'un autre côté, bien que les expériences ne soient pas encore assez nombreuses, et n'aient pas été faites d'une manière suivie dans ce but, jusqu'à présent les injections répétées d'extrait hypophysaire n'ont donné lieu à aucun symptôme ressemblant à de l'acromégalie expérimentale, et cependant, si l'exagération du produit hypophysaire devait donner naissance à une dystrophie quelconque, les injections répétées d'extrait devraient produire quelque chose de semblable. Or, pour le moment, c'est plutôt le con- traire qui a été observé, retard constant soit dans l'augmentation de poids, soit dans le développement squelettique (Cerletti). Enfin, Caunetto, se basant sur un certain nombre d'examens et ayant trouvé de l'acromégalie véritable sans hyperplasie du lobe glandulaire de l'hypophyse, avec des cas d'acromégalie associée à un néoplasme hypophysaire privé d'éléments fonctionnant (cellules chromophiles) et enfin des cas de tumeurs de l'hypophyse riches en éléments actifs, et malgré cela sans acromégalie, en déduit que cette affection ne peut pas être le résultat d'une hyperfonction de l'hypophyse. L'hypothèse qui considère l'acromégalie comme la conséquence d'une insuffisance plus ou moins marquée de l'hypophyse, est encore celle qui semble réunir le plus grand nombre de faits à son actif. Les observations, en effet, sont très nombreuses dans lesquelles, à l'autopsie d'acro- mégaliques, on a trouvé l'hypophyse dégénérée ou altérée par tumeur. Simple coïn- cidence, dira-t-on? Il serait vraiment curieux que cette dystrophie si bizarre se déve- loppât presque toujours en même temps qu'une tumeur de cet organe encore mystérieux, dont on ne connaît pas bien les fonctions. Aussi peut-on dire que la lésion hypophysaire est bien primitive et non secondaire. Cette étiologie serait complètement démontrée, si expérimentalement on avait pu reproduire des symptômes se rapprochant de ceux signalés chez les acromégaliques. Malheureusement, les ablations d'hypophyse n'ont rien donné de semblable, comme cela a été signalé dans le chapitre précédent. Les animaux hypophysectomisés ne pré- sentent pas une survie suffisante pour que l'on puisse étudier les troubles trophiques qui pourraient survenir, et, lorsque l'hypophysectomie n'est pas complète, ce qui reste de l'organe, en permettant la survie, paraît suffire pour remplacer l'organe dans ses fonctions. Cependant, il serait logique de trouver dans les hypophysectomies presque totales, qui sont compatibles avec une survie plus ou moins longue, des phénomènes d'insuffisance hypophysaire, au moins au début. Il y a là un point encore obscur. On a bien rapporté des cas d'hypophysectomie complète avec survie. Mais il est toujours permis de se demander s'il ne restait pas des parcelles d'organe, et, dans ces cas, l'insuffisance hypophysaire aurait dû se manifester; car la fonction de l'organe, par le fait de son ablation plus ou moins complète, devait être fort diminuée. La même réflexion peut s'appliquer aux observations que de Cyon a faites sur les chiens de Berne, qu'il a trouvés porteurs d'hypophyses atrophiées. Ces chiens devraient être ou acromé- galiques, ou géants. D'un autre côté, comment interpréter les cas que l'on a publiés, de lésion de l'hypo- physe sans acromégalie et ceux d'acromégalie sans lésion hypophysaire. En présence de ces faits, on ne peut s'empêcher de songer qu'à côté des altérations hypophysaires, que nous connaissons, comme étant la cause de dystrophies, il doit yen avoir d'autres qui nous échappent. A côté des lésions dégénératives, il y a les lésions irritalives sans altérations apparentes, et qui peuvent produire des effets bien difl'érents. De plus, les faits signalés antérieurement, concernant les rapports qui existent entre les diverses glandes à sécrétion interne et l'hypophyse, permettent d'invoquer la synergie glandulaire, comme jouant un rôle important dans toute cette pathogénie, et HYPOPHYSE. 849 alors, dans certaines conditions, la lésion hypopliysaire pourrait être compensée par une ou plusieurs autres hyperfonctions glandulaires, ou bien un trouble quelconque dans la physiologie glandulaire spéciale ou générale pourrait modifier la fonction hypophysaire. On aurait alors la clef de ces faits qui semblent négatifs. Dans l'acromégalie, souvent on trouve la glande thyroïde augmentée de volume, preuve d'un certain elTort compensateur. Il serait intéressant de savoir si, dans les ca.« d'acromégalie sans lésion apparente de l'hypophyse, la thyroïde présente cette hyper- trophie compensatrice, car ce serait une nouvelle preuve de cet efTort compensateur contre l'insuffisance hypophysaire. Dans la thyroïdectoniie ou dans l'atrophie thyroï- dienne, qui donne naissance au myxcedème, il y a presque toujours hypertrophie de l'hypophyse avec des signes d'hyperfonctionnement. Tous ces phénomènes sont des signes très apparents de cette synergie glandulaire, sur laquelle Ch. Livon a attiré l'attention depuis quelques années, en divisant les glandes en deux grands groupes, les hypertensives et les hypotensives, qui doivent se prêter un mutuel appui dans leur rôle important de défense de l'organisme. (V. Glandes, VII.) Rien n'empêche donc d'admettre que, malgré un aspect normal, les cellules de l'hypophyse ne possèdent un protoplasma modifié par telle ou telle condition biolo- gique, et dontle fonctionnement sera plus oumoins altéré, au point de vue dynami(iue. On pourrait encore émettre l'opinion que l'acromégalie étant la conséquence d'une lésion spéciale de l'hypopliyse, tant que cette lésion ne sera pas produite, la dystrophie ne se manifestera pas. La réfutation d'une pareille hypothèse est facile en présence des lésions si diverses de l'hypophyse, que l'on a trouvées à l'autopsie d'acromégaliques. 11 faut reconnaître que les expériences de Masav, avec un sérum hypophysoloxique, viennent apporter un appoint sérieux à la théorie de l'insuffisance hypopliysaire, comme cause de l'acromégalie. A la suite de l'administration répétée de ce sérum, les animanx éprouvent des phénomènes particuliers de cachexie qui les conduit à la mort. Si les animaux sont jeunes, ou observe des troubles de nutrition osseuse et générale. Les épiphyses augmentent de volume, et les os présentent des déformations diverses. Mais le point capital, c'est qu'en produisant une altération de l'hypophyse on fait naître chez l'animal un état dystrophique et cachectique qui le mène à la mort, lout comme, en clinique, les altérations de l'hypophyse font naître un état dystrophique et cachectique qui conduit à la mort. Quoi qu'il en soit, de tout ce qui précède, il parait évident que l'acromégalie recon- naît comme origine une altération de la fonction hypophysaire. De quelle nature est cette altération? C'est ce à quoi il est impossible de répondre pour le moment d'une façon précise. Les faits cliniques bien observés, ainsi que l'expérimentation, finiront par soulever le voile. Ce qui a été dit pour l'acromégalie, peut s'appliquer tout aussi bien au gigantisme, qui semble lui-même n'être qu'une dystrophie due à une altération hypophysaire, puisque, dans cette affection, les autopsies révèlent toujours une lésion de la glande pituitaire. L'hypophyse et les maladies. Si, dans l'acromégalie et le gigantisme, les lésions de l'hypophyse doivent être con- sidérées comme primitives, il n'en est pas de même de celles que l'on observe à la suite de beaucoup de maladies de nature infectieuse. Ces lésions sont réellement secon- daires, et viennent prouver le rôle impartant que l'hypophyse est appelée à jouer, pro- bablement comme organe de défense. A propos de l'acromégalie, il a été question des différentes tumeurs de l'hypophyse, et des trouilles dystrophiques auxquels elles donnent naissance. Il est intéressant de constater que, dans un grand nombre d'atTections généralement infectieuses, l'hypophyse est plus ou moins profondément altérée, suivant que la maladie a suivi une marche plus ou moins rapide. Thaon et Garnier, qui ont fait une étude spéciale de l'hypophyse dans les maladies, sont arrivés à des résultats fort intéressants. Us ont trouvé que l'hypophyse réagissait DICT. DK PHYSIOLOGIE. — TOME VUf. Ok 850 HYPOPHYSE. ou s'altérait très vraisemblablement, sous l'iniluence des toxines déversées dans l'orga- nisme par les agents pathogènes. Dans la tuberculose, en éliminant les cas dans lesquels il y a une localisation hypo- physaire, cas relativement rares, on trouve l'hypophyse non seulement hypertrophiée, dans la plupart des cas, mais encore profondément altérée et dans les éléments cellu- laires, et dans sa charpente conjonctive, lorsque l'évolution de la maladie a été lente. Lorsque l'évolution a été rapide, les cellules présentent des signes d'activité glandu- laire, comme du reste dans beaucoup d'autres alîections; lorsque, au contraire, la marche a été plus lente, le fonctionnement de l'organe paraît diminué, les éléments cellulaires sont plus pâles : on ne trouve de produit de sécrétion ni entre les travées cellulaires, ni dans les vaisseaux. La charpente conjonctive participe aussi à l'altération, surtout dans les cas à évo- lution très lente. Elle s'épaissit considérablement et présente fréquemment tous les caractères d'une véritable sclérose de l'organe. Dans la variole, les lésions portent sur les cellules, qui présentent une vacuolisation Intense du protaplasma et des lésions nucléaires {Kariolysc}. Dans l'érysipèle avec septicémie, àpart un peu de congestion, l'hypophyse ne paraît pas altérée. Des signes d'hypersécrétion se remarquent dans la pneumonie et la broncho-pneu- monie. Dans le tétanos, comme dans la fièvre typhoïde, les lésions diffèrent suivant l'évo- lution de la maladie . Lorsque l'évolution est rapide, on trouve les signes d'une hyper- activité glandulaire, dans les cas à évolution plus lente, l'organe est pour ainsi dire épuisé; à côté de l'hypersécrétion, se voit de l'histolyse des travées glandulaires. R. PiRO^'E, dans la rage, a trouvé que l'hypophyse était le siège d'un véritable processus inflammatoire (infiltrai ion périvasculaire et difTuse d'éléments lymphoïdes). Dans deux cas de diabète, Thaon a trouvé un certain degré d'hyperplasie. Dans la maladie d'AoDiso.x, l'hypophyse est en général hypertrophiée et présente un certain degré de prolifération cellulaire. Dans un cas d'athéroraasie généralisée, Thaon a noté une hypophyse hypertrophiée et présentant de la sclérose en îlots avec de très légères lésions cellulaires. L'hypophyse ne présente pas de lésions dégénératives dans le cancer : il n'y a pas de sclérose de la charpente; l'activité glandulaire seule semble renforcée. Dans deux cas de péritonite puerpérale, à côté des lésions hyperplasiques de la gestation, ou a pu constater les lésions cellulaires de l'infection, portant sur le proto- plasma et les noyaux, avec augmentation de la sécrétion. Il y a simplement de la tendance à l'hypersécrétion dans l'urémie. Dans les intoxications d'origine intestinale, les poisons qui pénètrent dans l'organisme paraissent agir énergiqueraent sur l'hypophyse qui est hypertrophiée, en hyperfonc- tionnement et dontles cellules présentent des lésions protoplasmiques et nucléaîres. ToRRi, de même, ayant examiné l'hypophyse sur les cadavres de personnes mortes de pneumonie, de fièvre typhoïde, de tuberculose, de diphtérie, de septicémie, de tétanos, a noté, jjresque dans tous les cas, une hyperplasie des cellules chromophiles et une diminution de la substance colloïde. Donc, dans ces maladies qui donnent toutes lieu à des intoxications, l'hypophyse réagit assez énergiquement et présente des phénomènes d'hypersécrétion; mais, si la réaction dure t^rop longtemps, l'organe s'épuise, et ce sont les lésions de la sclérose qui se développent. Ces phénomènes d'hyperactivité peuvent être considérés comme l'exagération des phénomènes normaux habituels qui se passent dans l'hypophyse, et peuvent jeter un peu de clarté sur la physiologie de l'organe, et sur la nature de la colloïde qui distend les vésicules, colloïde qui doit bien être considérée comme le produit de la sécrétion de la glande pituitaire. Comme confirmation des faits observés en pathologie humaine, l'expérimentation est venue apporter son tribu 1. CuERRI^'l, Ce.melli, Thaon et C.ai'.nihr, etc., ont étudié sur l'hypophyse l'effet des HYPOPHYSE. 851 intoxications et des infections expérimentales. Ils ont constaté des lésiotis analogues à celles qui ont été signalées plus haut, et ontélé observées en ))athologie humaine. Après injections de poisons divers, endogènes et exogènes, toxine diphtérique, pyocya- nine, sérum d'anguille, après ligature de l'intestin ou des uretères, etc., on a noté d'abord de l'hyperactivité, suivie ensuite de l'épuisement de la sécrétion. En somme, on observe, au début des intoxications expéiimentales, une augmentation de la sécrétion hypophy- saire, qui va en progressant, jusqu'à ce qu'apparaissent les phénomènes prémortels, qui indiquent le commencement de l'épuisement cellulaire : pour Guerrini, c'est au moment de l'apparition des phénomènes prémortels que la sécrétion est la plus active. Si l'intoxication, au lieu d'être aiguë, est chronique, le processus diffère. Il y a d'abord hyperfonctioiuiement, puis hypertrophie et enfin hyperplasie du parenchyme glan- dulaire. Ce que l'on connaît de la corrélation existant entre l'hypophys? et la thyroïde dis- pense de revenir sur les lésions hypophysaires qui accompagnent le myxœdème ou la thyroïdectomie expérimentale. Dans les deux cas, la dystrophie semble développer dans l'hypophyse nne hypertrophie compensatrice par hyperactivilé, et même, pour CiMORixi, cette hypertrophie serait due à l'augmentation de l'activité fond ionnelle d'un groupe particulier de cellules hypophysaires, qui ne deviendraient évidentes qu'après l'ablation de la thyroïde. L'expérimentation s'accorde donc avec la pathologie, pour démontrer la réaction de l'hypophyse dans les cas d'intoxication et d'infection. Aussi Guerrixi et Gemelli s'ap- puienl-ils sur ces faits, pour attribuer à l'hypophyse, comme principale fonction, une véritable fonction antitoxique, que la pathologie semble confirmer. Insuffisance hypophysaire. L'insuffisance hj^pophysaire existe-t-elle, et est-on en état de la diagnostiquer ? Pour J. AzAM, elle est caractérisée par cle l'abaissement de la tension artérielle et de l'accélération du pouls, qui sont les symptômes principaux, auxquels viennent s'ajouter l'insomnie, l'anorexie, les sudations abondantes et des sensations pénibles de chaleur. Les faits démontrent que, dans beaucoup de maladies toxi-infectieuses, l'hypophyse réagit énergiquement, peut-être plus que bien d'autres organes, ce qui prouve qu'elle remplit dans l'organisme un rôle important, soit seule, soit plus probablement avec d'autres glandes semblables, grâce à cette synergie qui existe entre elles. Par consé- quent, si sa fonction ne se manifeste plus d'une façon normale, il peut y avoir insuffi- sance. D'un autre côté, si l'hypophyse est altérée, si l'intoxication l'a frappée, sa fonction sera éminemment troublée, et il y aura encore insuffisance hypophysaire. Par consé- quent, cette question de l'insuffisance hypophysaire doit se présenter à l'esprit du cli- nicien, en face des données récentes de l'expérinjentation et de l'observation clinique, et il est permis de considérer, dans bien des cas, la tachycardie, l'hypotension,, l'as- thénie, l'insomnie, les troubles psychiques et même les troubles myocardiques, comme la conséquence d'une insuffisance, soit de l'hypophyse, soit des surrénales, glandes hypertensives. Depuis que les connaissances sur les glandes à sécrétion interne se sont accrues, on a de la tendance à mettre sur le compte de l'insuffisance hypophysaire beaucoup de troubles nutritifs qui font partie de ce que l'on appelle, avec juste raison, le syndrome hypophysaire. Aussi doit-on se demand,er si la glycosurie, l'obésité, l'atrophie générale, peuvent être considérées comme le résultat d'une insuffisance ou d'une altération de la fonction hypophysaire. Parmi les principaux travaux relatifs à cette question, ceux de Fruhlich et de Bar- tels ont appelé tout spécialement l'attention sur ce fait, que ces symptômes se rencon- traient fréquemment avec des tumeurs de la région hypophysaire, sans que l'hypophyse soit le moins du monde lésée. Ce ne serait donc qu'un rapport de situation et non le fait d'une lésion? Peut-on dire que ces tumeurs agissent sur des centres trophiques spéciaux, directement ou indirectement. Dans l'état actuel de nos connaissances sur la physiologie des différentes parties de la base de l'encéphale, la réponse n'est pas facile. 852 HYPOPHYSE. Ces troubles de nutrition, cependant, ont une grande importance, car ils permettent de faire une localisation plus précise de la tumeur, qui doit siéger entre le chiasma en avant, l'angle pédonculaire en arrière, le diaphragme hypophysaire en bas, le tuber cinéréum en haut. Glycosurie hypophysaire. — C'est Loeb, le premier, qui semble avoir attiré l'attention sur la coïncidence de la glycosurie avec les tumeurs de l'hypophyse. Pour lui, cette glycosurie est le résultat de la compression que la tumeur exerce sur le quatrième ven- tricule et les régions voisines. Les observations de glycosurie avec tumeurs de l'hypophyse, ne sont pas rares, et les cas de gigantisme et d'acromégalie avec diabète sont assez fréquents; or le gigan- tisme et l'acromégalie peuvent bien être considérés comme des syndromes pituitaires. La glycosurie a été signalée chez plusieurs géants (Gaselli, Buda y. et Janeso, Dalle- MAGNE, Launois et RoY, ctc). Dans l'acromégalie elle existerait dans le tiers et même la moitié des cas, pour P. Marie, tandis que Hansemann ne l'aurait trouvée que douze l'ois sur quatre-vingt-dix-sept cas, et Hixsdale, quatorze fois sur cent trente cas. Cependant, les auteurs sont nombreux qui ont observé la glycosurie en même temps que l'acromé- galie ou des tumeurs de l'hypophyse (Chadbourne, Chvostek, Fiiszr, Kali.\dero, Lance- reaux, Sch/effer, Cunningham Thomsom, Pechadre, Lathuraz, Bury (Ross), Coke Squangf,, Dallemagne, Rollestox, Norman Dalton, Hansejiann, Harlow BROOKsetHiNSDALE, Strûmpell, Ravaut, Arxoldo Casklli, p. Marie, Marixesco, State et Ferrand, Lauxois et Roy, etc.). Dans l'acromégalie avec diabète, la lésion hypophysaire ne fait jamais défaut : cepen- dant il peut ne pas y avoir acromégalie, mais lésion de l'hypophyse et diabète. Celte glycosurie présente des caractères particuliers. Elle est en général incomparable- ment plus abondante que dans aucune autre maladie nerveus'e, puisqu'elle peut atteindre 700 grammes par jour (Debove), et, de plus, elle est très souvent intermittente, proba- blement à cause des changements de volume du corps pituitaire, qui est très vascu- laire. Mais comment peut-on interpréter cette glycosurie? Est-ce la conséquence d'une altération de la fonction hypophysaire, ou bien n'est-ce que le fait de la compression des parties voisines? L'explication est pour le moment assez diflicile à donner, et les diverses hypothèses émises manquent de précision. Arxold Lora.nd, rapprochant le diabète, l'acromégalie et la maladie de Basedow, affections dans lesquelles on trouve des lésions du pancréas, de l'hypophyse et de la glande thyroïde, a donné comme explication de la glycosurie que l'on rencontre fré- quemment dans ces affections, que ce diabète n'était qu'un symptôme, et un symp- tôme de la maladie des glandes sanguines. On pourrait rapprocher de cette explication les faits de Dallemagne, Haxsemann et Pineles, qui ont constaté chez leurs malades des lésions du pancréas. Debove considère ce diabète comme dû à un trouble dans le fonctionnement de l'hypophyse, et il s'appuie, d'une part, sur ce que, parmi les lésions de l'encéphale qui donnent le plus souvent lieu au diabète, il faut citer celles de l'hypophyse avec ou sans acromégalie, et d'autre part sur les expériences de Borchardt, qui, injectant de l'ex- trait hypophysaire, a obtenu, non seulement l'hypertension ordinaire, mais encore une forte glycosurie. Pour lui cette forme de dial)ète peut exister sans lésion apparente de l'organe; car il faut établir une ditîérence entre les lésions dégénératives et les lésions irritutives qui produisent des effets tout autres : on pourrait donc se trouver on présence d'un réflexe particulier ou d'une altération sanguine. Léplne paraît aussi se ranger à l'opinion que le diabète, dans ce cas, résulterait d'un vice de la sécrétion interne de l'hypophyse. Mais une objection capitale peut être faite à toutes ces explications, c'est que toutes les tumeurs de la région hypophysaire, même quand l'hypophyse n'est pas atteinte, donnent naissance à de la glycosurie. On en arrive alors à voir dans cette glycosurie le résultat d'une inlluence de voisi- nage, comme le prétend Loeb, et d'une compression exercée sur les parties voisines de l'encéphale. On peut admettre que, dans la région de la base du cerveau qui est en rap- port avec le corps pituitaire, il y a un centre glycogénique, qui serait influencé par la HYPOPHYSE. 853 compiessioii exercée pai' la tumeur, car il faut retenir, comme le dit Léim.ve, que l'irri- tation de diverses parties du cerveau peut occasionner l'apparition du diabète. Et en efTel, eu dehors du centre de Cl. Bernard, Schifk, Eckiiard, ont produit du diabète expérimental, en agissant sur des paities diverses de l'encéphale. Aussi Caselli, se basant sur une de ses expériences de destruction du lobe posté- rieur de l'hypophyse sur un chien, chez qui il observa de la glycosurie, admet qu'il existe, dans le tuber cinereum, un centre nerveux dont la lésion donne lieu à une gly- cosurie marquée, s'accompagnant de symptômes propres au diabète sucré. La fréquence de la glycosurie dans le cas de tumeurs de l'hypophyse, rend très vrai- semblable l'hypothèse d'un centre glycogénique voisin, sur lequel la tumeur agirait par compression directe. Ce que l'on peut dire, c'est que, jusqu'à présent, rexpérimentation n'a pas donné de résultats propres à éclairer complètement ce point; car, en parcourant Jes divers tra- vaux publiés, on voit que dans les très nombreuses expériences faites sur l'hypophyse, la présence de la glycosurie est signalée quelquefois et non constamment, ce qui porte- rait à croire que réellement l'hypophyse n'est pas l'origine directe de la glycosurie observée, et qu'il faut en chercher la genèse dans un point de la région voisine. Obésité hypophysaire. — La coexistence de l'obésité et des tumeurs de l'hypophyse a été signalée depuis longtemps. Mohr dès 1841, puis Frôhlich, Berger, Erdheim, Boyge et Beadles, von Hippel, Gloser, Pechkranz, Selke, Bartels, etc., ont constaté, dans bien des cas de tumeurs de l'hypophyse, l'existence d'une adiposité prenant quelquefois des proportions considérables. Ces observations, assez nombreuses pour permettre d'établir un rapport entre les tumeurs de l'hypophyse et l'obésité, ont conduit à faire de cette dernière, un des symptômes de l'insuffisance hypophysaire. D'un autre côté, Dercum et Burh ont observé, plusieurs fois, diiférentes lésions de l'hypophyse dans les adiposes douloureuses locales (maladie de Dercum). Il est par conséquent naturel de considérer ce développement exagéré du tissu adi- peux comme un trouble dû à une perturbation de la fonction hypophysaire. Il faut encore remarquer ijue ce développement adipeux a été observé avec l'acromé- galie, et même avec le myxœdème, qui n'est pas [rare dans les tumeurs de l'hypophyse ou qui presque toujours s'accompagne de son hypertrophie (Schunemann, Kocher, Comte, PisENTi et Viola, Boyce et Beadles, Burckhardt, Vassale). Certains faits cliniques et expérimentaux semblent confirmer cette manière de voir. Ainsi l'observation de Madelung concernant une jeune fille de 6 ans, qui, à la suite d'un coup de feu ayant lésé l'hypophyse, vit se développer une obésité colossale. Mais il faut noter que la balle s'était logée dans la région de l'infundibulum. Puis, le cas observé par RÉNON, Delille et Monnier-Vinard, d'un malade de 36 ans atteint d'obésité progres- sive, d'impuissance, de polyurie avec polydypsie et d'affaiblissement accentué de la mi'moire. L'obésité était surtout localisée à la face et à la moitié inférieure du tronc, et avait coïncidé avec l'apparition de la polydypsie et de la polyurie. L'examen du système osseux fit constater une disproportion très nette entre la lon- gueur du tronc et celle des membres, ainsi qu'une augmentation de volume de la selle turcique; une paroi crânienne d'épaisseur considérable et inégale; des sinus frontaux agrandis, tous symptômes faisant songer à une lésion de l'hypophyse. Enfin le fait expé- rimental de Ch. Livon, qui, sur un chien, incomplètement hypophysectomisé et ayant survécu huit mois, constata, à l'autopsie, une adiposité généralisée extraordinaire. D'une façon générale, cette adiposité se développe d'une façon variable ; parfois assez rapidement, parfois au bout d'un assez long temps, deux ans dans lo cas de Frôhlich. Elle iieut atteindre un très grand développement, et, tantôt se localiser à certaines parties du corps, tantôt se généraliser, ce qui est le plus habituel. Elle envahit alors non seulement le tissu cellulaire du tronc et des membres, mais encore l'épiploon, le mésentère et même les organes tels que le foie et le cœur (Boyce et Beadles, von Hippel, Mohr, Gloser, Pechkr.\nz, Rénon, Delille et Monnier-Vixard, Ch. Livon). Comment peut-on expliquer cette obésité? Pour Erdheim, Selke, Bartels, ce serait le résultat d'une lésion de la base du cerveau. 854 HYPOPHYSE. Pour FrOhlich, UnTHorr, il faudrait en chercher la cause délerniinante dans une altération de la sécrétion interne de l'hypophyse. Il est assez difficile, actuellement, de se prononcer entre les deux orijij;ines, car, si les tumeurs produisent des lésions de l'hypophyse, elles déterminent en mémo temps des trouhles du côté de l'encéphale. Cependant on a décrit sous le nom de dégénéres- cence adiposo-génitale un syndrome caractérisé par l'insuffisance génitale, des trouhles visuels et une obésité à développement rapide, produisant l'impression d'une infiltra- tion myxœdématense. Ce qui semblerait confirmer l'opinion que l'origine de ce syndrome est bien due à la présence d'une tumeur hypophysaire, c'est que Schlœiter pratiqua l'hypophyseclomie sur un homme présentant ce syndrome et trouva une tumeur de l'hypophyse qu'il ne put enlever complètement. Dans deux cas semblables, von Eisrlsijerg fit l'hypophysec- lomie et les troubles visuels s'atténuèrent, l'obésité diminua, les érections apparurent, et les poils poussèrent. Ces résultats semblent réellement indiquer que le développement exagéré du tissu adipeux est le résultat d'une altération profonde delà fonction hypophysaire. Troubles de développement des organes génitaux. — Les organes génitaux, dans les lésions de l'hypophyse, participent aux troubles trophiques. Dans l'acromégalie, au début, on obseive parfois une augmentation de volume de ces organes, mais cette hypertrophie ne tarde pas à faire place à une atrophie complète. Généralement, le pénis atteint régressivement le volume du petit doigt; les testicules sont mous, atro- phiés; les poils du pubis sont absents ou clairsemés (Babinski). Si la lésion hypophysaire atteint un jeune individu, il y aura arrêt du développe- ment des organes génitaux : si le sujet est plus âgé, on notera des phénomènes' régressifs. Chez la femme, le principal symptôme que l'on observe, c'est la suppression des règles, et cette aménorrhée est précoce. Launois et Roy, dans leur étude, ont attiré l'attention sur l'atrophie génitale des géants et leur stérilité. C'est ce que H. Meige a appelé le gigantisme infantile. Mais, ainsi que povxr la glycosurie et l'adipose, ces troubles de développement peuvent se produire sur des sujets porteurs de tumeurs de la région hypophysaire, sans que l'hypophyse soit lésée (Schmidt, Rimpler, Cœtzl, Erdheim, Babinski, Pechkranz, Bartels), aussi peut-on se demander s'ils font partie du cortège de l'insuffisance hypo- physaire. Troubles psychiques. — Un fait intéressant et sur lequel la physiologie n'a jeté jusqu'à présent aucun jour, c'est l'existence de troubles psychiques pouvant accompa- gner les tumeurs de l'hypophyse (Soca, Schusteb, Frôhlich, Cestan et IIalberstadt. Ces troubles se manifesteraient dans la moitié des cas et présenteraient une grande variété dans la forme :. tristesse, délire mystique, irritabilité du caractère, psychose maniaque dépressive, délire de persécution, aliénation mentale. F. Moutier a signalé un cas d'acromégalie amblyopique, avec crises épileptiformes, et, dans les inter- valles, absences et troubles intellectuels. D'une façon générale, les malades sont rapidement fatigués. Launois et Roy, étudiant les troubles intellectuels chez les géants acromégaliques, ont constaté l'affaiblissement des trois modes principaux de l'activité psychique . Mais il ne faut pas oublier que les troubles intellectuels sont fréquents dans toutes les tumeurs de l'encéphale: il n'y a donc rien d'étonnant qu'une tumeur, ayant son siège dans une région telle que celle dans laquelle se trouve l'hypophyse, ait quelque retentissement sur les fonctions cérébrales. Ce serait beaucoup s'avancer que d'attribuer ces troubles intellectuels à une altéra- tion de la sécrétion liypophysaire; car, dans les cas de tumeurs de l'hypophyse avec ou sans acromégalie, on a constaté des troubles cérébraux dans près de la moitié des cas. Ces mêmes troubles n'ont pas été observés dans les cas où il n'y avait que de l'altéra- tion de la sécrétion (hyper- ou hypofonctionnement), sans tumeur pouvant gêner par sa présence la circulation, ou pouvant exercer une compression sur telle ou telle région de l'encéphale et produire ainsi des troubles intellectuels. Ensuite, ces troubles psychiques n'ont jamais été signalés dans les cas d'insuffi- HYPOPHYSE. 855. sance liypophysaire manifestée par de l'hypolension, de l'accélération du pouls, elc. (Azam). Ce qui seml)lerait indiquer qu'ils ne peuvent pas être mis sur le compte de l'hypophyse seule, et qu'ils sont bien le t'ait d'un retentissement quelconque sur certains centres cérébraux voisins de la région hypophysaire. Azam, qui, sons la direction de R^:NON, a fait des recherches daus ce sens, dans les cas d'insuffisance hypophysaire et même d'insuffisance pluriglandulaire, n'a jamais constaté de véritables cas d'aliénation ou de psychose vraie, et cependant ces insuffi- sances ont pu être améliorées et même guéries par Topothérapie hypophysaire. Preuve évidente d'une insuffisance vraie . Autres troubles dus à l'insuffisance hypophysaire. — La maladie de Basedow, pour Alberto Salomon, rentrerait dans le cadre des affections dues à l'insuffisance hypophy- saire, car elle serait la conséquence d'une intoxication ayant pour cause [une altération de la fonction de l'hypophyse, qui est essentielle pour la nutrition des éléments nerveux, et qui est intimement reliée, au pointdevue fonctionnel, à la thyroïde. Ce rapportesttel que, lorsque l'une des deux glandes est malade, l'autre semble entrer en hyperfonction- nement pour la suppléer. Par conséquent, dans les maladies qui sont accompagnées d'hyperactivité de la thyroïde, il n'est rien d'étonnant qu'on trouve de l'insuffisance hypophysaire. L'étiologie de la maladie de Basedow serait donc l'insuffisance hypophysaire ayant produit une intoxication des centres nerveux, surtout des centres bulbo-protubérantiels, et secondairement l'hypersécrétion thyroïdienne. On se trouverait en présence d'une intoxication par altération d'une sécrétion interne, et ce fait permet d'entrevoir un vaste champ d'exploration. Comme confirmation de l'interprétation de Salomo.n, Benda, dans trois cas de maladie de Basedow, a trouvé deux fois l'hypophyse très petite et dure : dans le troi-i sième cas, elle paraissait normale, mais, dans les trois cas, l'examen histologique a permis de constater une diminution nette des cellules et la rareté des éléments glandulaires. Cette insuffisance hypophysaire expliquerait les troubles trophiques qu'on observe si fréquemment dans la maladie de Basedow, et qui sont caractérisés par une cachexie précoce. Dans le myxœdème consécutif au goitre exophtalmique, il faut encore songer à l'hy- pophyse, dont l'insuffisance a peut-être été le point de départ de la lésion. C'est encore à l'insuffisance hypophysaire que l'on pourrait attribuer les cas d'infan- tilisme accompagné de lésions de la thyroïde, vu les rapports importants qui existent entre toutes les glandes à sécrétion interne. Mais c'est dans les affections toxi-infectieuses que cette insuffisance se fait surtout sentir. On sait que, dans ces affections, l'hypophyse, au début, présente des signes de réaction vive et d'hyperfonctionneraent; mais bientôt, sous l'infliuence des toxines contre lesquelles elle réagit, elle s'épuise, s'altère et devient scléreuse. Son insuffisance est dès lors complète. C'est du reste ce que démontrent les observations cliniques, qui permettent de constater que, dans la plupart de ces affections toxi-infectieuses, les prin- cipaux symptômes sont ceux qui semblent caractériser la défaillance de l'hypophyse ; abaissement de la tension artérielle, accélération du pouls, anorexie, insomnie, suda- tions abondantes, sensations pénibles de chaleur. Ce qui confirme le fait, c'est que bien souvent, l'opothérapie hypophysaire a donné d'excellents résultats (Rénon, Delille, Azam, Parisot). A côté des cas fournis par la pathologie, l'expérimentation a-t-elle apporté quelques données un peu plus précises sur cette insuffisance? 11 faut reconnaître que jusqu'à présent les résultats obtenus par les liypophysec- tomies, complètes ou partielles, sont loin d'être concluants. Dans les hypophysectomies complètes, la survie n'est généralement pas assez grande, et, dans les partielles, on se demande toujours si le fragment qui reste n'est pas suffisant pour la fonction. De plus, dans les deux cas, la suppléance, par les autres glandes, de la fonction, abolie ou diminuée, est une question qui doit se poser. Mais on ne peut s'empêcher de trouver étrange qu'à la suite d'une ablation presque totale de l'organe des symptômes d'insuffisance ne se manifestent pas. Pau- _XEsco, dans ses expériences d'hypophysectomie partielle, ne signale aucun symptôme 856 HYPOPHYSE. particulier rappelant le syndrome d'insuffisance. Cependant, il ressort de la lecture de ses observations d'hypophysectomie incomplète, que les chiens ayant pre'senté une survie assez longue, sauf quelques exceptions, avaient augmenté de poids et étaient gras. Or on sait que l'obésité peut être considérée comme un symptôme d'insuffisance hypophysaire. De l'ensemble de tous ces faits, l'existence d'une insuffisance hypoph}^- saire semble une chose évidente. Mais ce qu'il est assez difficile d'établir, ce sont les conditions sous l'influence desquelles elle peut prendre naissance. On se trouve en présence d'un organe à fonctions mystérieuses; car ni l'expérimen- tation, ni la clinique n'ont pu, jusqu'à présent, dévoiler son rôle précis, et, en présence des résultats si variés, des faits si divers, on en arrive à se demander si ce n'est pas une altération spéciale des éléments de l'organe qui détermine certains troubles tro- phiques observés, ou si, dans d'autres cas, ce n'est pas une altération de la sécrétion elle-même qui produit ces troubles. Tout autant de ques^'ons dont la solution est encore impossible, tant que la fonction de l'hypophyse restera pour nous une fonction entou- rée d'obscurité. Cependant il est permis de faire ici un rapprochement entre les sécrétions dites externes et les sécrétions dites internes. Si l'organisme a besoin, pour maintenir son équilibre normal, des sécrétions externes, il n'a pas moins besoin, pour maintenir cet équilibre, des sécrétions internes, ce qui explique la synergie glandulaire. On sait que les glandes du tube digestif se prêtent un mutuel appui. Pourquoi n'en serait-il pas de même pour les glandes à sécrétion interne, qu'elles appartiennent au groupe des hypertensives (à adrénaline), ou au groupe des hypotensives (à choline)? Il est évident alors que, si l'une d'elles vient à être altérée, il y aura nécessairement retentissement sur une ou plusieurs autres glandes, et on aura alors un ensemble de symptômes dus à des lésions polyglandulaires, qui doivent être par conséquent bien plus fréquentes que les lésions uniglandulaires. La conséquence, c'est que la symptomatologie est beau- coup plus compliquée, attendu que l'on ne se trouve plus en présence d'une insuffisance uniglandulaire, mais bien pluriglandulaire. Opothéraple hypophysaire. En présence des résultats obtenus avec d'autres organes, l'idée d'employer l'hypo- physe pour combattre les symptômes d'insuffisance hypophysaire devait nécessairement venir à l'esprit de tout observateur. Mais l'expérimentation n'a pas donné les mêmes résultats qu'avec d'autres organes. Car si, après l'ablation de la thyroïde, du pancréas, on peut arrêter les troubles qui suivent ces ablations par des injections d'extraits faits avec des organes similaires, il n'en est pas de même de l'hypophyse, et tous les auteurs, qui, après avoir pratiqué l'hypophysectomie, ont essayé de retarder les troubles consécutifs par l'administration d'hypophyse, ont échoué dans leurs tentatives. Cependant l'administration de l'hypophyse, soit sous forme de poudre desséchée, soit sous forme d'extrait, donne des résultats évidents. Ainsi que dans les expériences sur les animaux, on constate, comme premiers résultats, que la tension artérielle se relève, et que le nombre des pulsations diminue, tandis que leur ampleur augmente. De plus il se produit une abondante diurèse, l'appétit revient, le sommeil est meilleur. Le poids ne subit pas une modification régulière; cependant l'embonpoint a de la tendance à augmenter. Quant à la formule sanguine, les résultats ont été jusqu'ici si variables que les auteurs n'en tirent aucune conclusion générale. Le système nerveux semble être stimulé. Quelle est la partie qu'il convient d'administrer? On sait qu'au point de vue physiologique il y a une grande difféi^ence entre l'action produite par l'extrait du lobe antérieur et l'action obtenue avec l'extrait du lobe posté- rieur. Ce dernier se montre seul actif sur l'appareil rirculatoire. Aussi, se basant sur les faits expérimentaux, certains auteurs n'ont administré que des préparations faites seulement avec le lobe postérieur. Il ne faut pas perdre de vue que, si expérimentalement le lobe nerveux produit des modifications de la circulation, c'est le lobe glandulaire i[ui paraît être la partie la plus HYPOPHYSE. 857 active de la glande, et !o lieu de préparation de la sécréLion, à moins qu'il nV ait là qu'une prohypopliysine, ne se transformant qu'en présence d'une substance particulière, qui se trouverait dans le lobe nerveux ou dans les éléments de; la membrane paraner- veuse. Les exemples de ces profermetits sont assez nombreux dans l'organisme pour qu'on y songe en face de la non-activité de l'extrait de la portion glandulaire, et l'activité de l'extrait de la portion nerveuse. D'un autre côté, Coxti et Curti, dans leurs expériences comparatives avec les deux extraits, ont vU que les animaux supportaient bien mieux des doses fortes d'extrait nerveux, quand ils avaient reçu préalablement de l'extrait glandulaire. On peut donc dire qu'il est plus physiologique d'employer des préparations faites avec l'hypophyse totale : c'est, du reste, ce que font maintenant tous ceux qui ont recours à cette médication. Bien entendu l'opothérapie hypophysaire a été employée largement dans les cas où on supposait avoir affaire aune tumeur ou à urie lésion de l'hypophyse, et les résultats ont été favorables dans bien des cas. C'est ainsi que, chez beaucoup d'acromégaliques, on a constaté de l'amélioration. Cette amélioration paraît surtout marquée lorsque la glycosurie accompagne l'acromégalie. Pour Marinesco, l'extrait pituilaire exercerait une action élective spéciale sur les cellules restées intactes dans la glande, ou bien exerce- rait une action sur la pression intra-cranienne, ou sur les vaisseaux de la tumeur pituitaire. En présence du syndrome d'insuffisance hypophysaire, l'emploi de l'opothérapie pituitaire est tout indiqué: il a donné entre les mains de Rénon, Delille, Azam, Satre, des résultats très encourageants, surtout dans les affections toxi-infectieuses, dans les- quelles ce syndrome prend quelquefois un développement très évident. L'action de l'hypophyse se produisant sur la circulation et donnant lieu à des modi- lications des battements cardiaques, on a songé à l'administrer dans les cardiopathies aiguës et chroniques f.I. Parisot, Trérotoli, Réxon et Delille). Cette médication paraît très favorable dans les toxi-infections, quand le myocarde semble fléchir, lorsqu'il y a abaissement de la tension artérielle, accélération du pouls et diminution de la diurèse, symptômes que l'on peut mettre plutôt sur le compte de l'insuffisance hypophysaire que sur celui d'une myocardite aiguë. Dans les myocardiles chroniques, quand il y a hyposystolie, la médication hypo- physaire peut rendre de véritables services; car, sous son influence, la pression s'élève et la diurèse augmente. Dans les affections mitrales, les résultats sont les mêmes. Mais, dans les alTections aortiques, c'est une médication tout à fait contraire, qui pourrait même être très dangereuse. Cet emploi de l'opothérapie hypophysaire, basé sur les effets physiologiques, est tout à fait judicieux; mais il faut retenir que ce n'est qu'une médication symptomatique, qui devra être continuée et associée à d'autres médicaments. D'ailleurs on sait, d'après les recherches de G. Etienne et J. Parisot, de Rknon et Delille, de Canaro, que l'extrait hypo[>hysaire n'a pas, sur l'aorte et les gros vaisseaux, l'action nocive de l'adrénaline ou de l'extrait surrénal. Maîret et BosG ont employé l'opothérapie hypophysaire chez des épileptiques, et n'ont pas obtenu d'amélioration dans les crises, qui étaient même parfois augmentées. [.a médication prolongée a donné lieu à des accès délirants. En revanche, Lkopold Lkvi et IL DE Rothschild, qui ont soumis au traitement hypophysaire deux idiots et une maladie de Little incomplète, ont obtenu une amélioration extraordinaire. L'opothérapie hypophysaire peut rendre des services, non seulement dans les affec- tions hypophysaires, avec tendance à l'insuffisance, mais à cause de cette synergie glandulaire, dont il a été souvent parlé, dans les affections ayant pour cause des troubles sécrétoires d'autres glandes, avec lesquelles l'hypophyse est en corrélation. Cette opolhérapie par action indirecte p^^ut rendre, de réels services. On connaît la parenté réelle qui existe entre l'hypophyse et la thyroïde : cette parenté est encore démontrée par les bons eflets que donne l'opothérapie hypophysaire dans certaines affections ayant pour origine des troubles de la sécrétion thyroïdienne. C'est ainsi que, dans la maladie de Basedow, cette médication adonné de très bons résultats; les phéno- mènes d'hyperlhyroïdisme s'amendent, les symplùmes s'atténuent, on constate des 858 HYPOPHYSE. améliorations quelquefois rapides. Le goitre diminue de volume, les battements cessent, les malades augmentent de jjoids. Cette action salutaire peut être mise sur le compte de l'effet vaso-constricteur intense que l'extrait hypophysaire exerce sur la thyroïde, et sur la puissance antitoxique de cet extrait sur l'extrait thyroïdien (Parisot, Rénon et Delillk). On peut se rendre compte de cette action antitoxique, ensoumettant des lapins à des doses élevées d'extrait thyroïdien; ils ne tardent pas à présenter des symptômes d'intoxication (diarrhée, tachycardie, etc.;. Il suffit de leur administrer de l'extrait hypophysaire, pour voit' disparaître tous ces symptômes, et la guérison arrive rapidement. Dans cette question de l'opothérapie, il faut tenir grand compte de raction des glandes les unes sur les autres; car les extraits organiques possèdent une action éner- gique, soit en stimulant ou régularisant les sécrétions ou les fonctions des glandes sem- blables, soit en augmentant ou en modérant les sécréLions ou les fonctions des glandes appartenant à un autre groupe. Ainsi Rénon et Deltlle ont observé que les injections répétées d'extrait hypophysaire provoquent l'hyperfonctionnement et l'hypertrophie des surrénales; que les injections d'extrait surrénal provoquent de l'hyperactivilé de l'hypophyse, mais jamais d'hypertrophie. L'extrait ovarien développe une congestion considérable de l'hypophyse, avec hyper- fonctionnement ; l'extrait thyroïdien paraît limiter le fonctionnement de la glande pituitaire, tandis que l'extrait pituilaire paraît limiter le fonctionnement de la thyroïde. C'est en tenant compte de ces effets indirects que l'on pourra combiner un emploi judicieux des extraits pour faire de l'opothérapie associée, et éviter ceux qui pourraient correspondre à une glande en hyperfonclionnement, afin de ne pas aggraver les symp- tômes que l'on cherche à combattre. Greffes de l'hypophyse. Les tentatives de transplantation d'organes ont donné, pour certaines glandes, des résultats fort intéressants au point de vue biologique, et môme chirurgical. Mais, en général, les fonctions des éléments greffés sont arrêtées, ou profondément altérées; et on comprend que, pour les glandes cà sécrétion externe, l'empêchement de l'écoulement de la sécrétion doit conduire peu à peu à l'atrophie de la portion greffée. Aussi peut-on compter sur une réussite meilleure avec les glandes à sécrétion interne, et les faits ne manquent pas de transplantations suivies de succès avec la thyroïde, les capsules surrénales, l'ovaire et le pancréas, en ce qui regarde sa sécrétion interne (MiNROWSKI, Hédon). Sagerdotti a entrepris, avec l'hypophyse, une série de recherches, espérant élucider quelques points obscurs de la fonction de cet organe. 11 a expérimenté sur le lapin, et surtout sur le rat, mais toujours sur le même ter- rain, c'est-à-dire lapin sur lapin, rat sur rat; sans quoi, il observe que l'organe transplanté se nécrose complètement au bout de peu de jours. Il a essayé la transplantation dans divers organes : rein, rate, thyroïde, péritoine, mais il a donné la préférence à la voie sous-cutanée. Les expériences étaient faites avec des hypophyses de fœtus, mais sans résultats différents. Examinant jour par jour ce que devenait l'hypophyse ainsi greffée, il a constaté qu'elle pouvait continuer à vivre, mais que parfois on observait une nécrose de la partie centrale, la partie périphérique restant seule vivante. De tels faits peuvent s'ex- pliquer en admettant. que les cellules épithéliales de l'hypophyse ne peuvent pas rester longtemps sans nourriture. Aussi, lorsque, dans des conditions que l'on ne peut éviter, les voies qui portent le sang au delà de la périphérie ne s'établissent pas rapidement, les parties centrales meurent-elles, tandis que survivent les éléments des couches péri- phériques, qui, au commencement, se trouvent les mieux imbibés de plasma sanguin. Quand l'organe survit, on remarqiie des cas de régression rapide, à côté d'une vraie régénération dans d'autres cas. Cette régénération est caractérisée par de la caryocinèse dans les cellules propres à la portion glandulaire greffée. La régression se nuinifeste par de la dégénérescence graisseuse et la caryolyse qui se rencontrent toujours à des degrés divers. HYPOPHYSE. 859 Mais la régression prend généralement le dessus, el, au Lout de soixante jours, on ne trouve plus qu'un petit groupe de cellules, lorsque tout n'a pas été réahsorbé. En suivant l'évolution des cellules, on voit qu'elles perdent, au bout de quelques jours, leurs caractères d'activité fonctionnelle. Il arrive fréquemment que les lobes et les cordons épithéliaux de la portion greffée se creusent de cavités de grandeurs variées, limitées par des cellules tantôt cubiques, tantôt prismatiques. Dans ces cavités, on trouve des éléments détachés en voie de destruction, des granulations graisseuses, mais pas de substance colloïde, ni de granulations (jue l'on pourrait regarder comme une sécrétion. De ces cavités, les unes sont formées [>ar une augmentation de la trans- sudation; les autres, ce sont les plus nombreuses, par dissolution et réabsorption des éléments cellulaires. En présence de ces constatations, on peut déduire que l'activité fonctionnelle s'arrête vite dans les fragments d'hypophyse greffée, par atrophie et régression des éléments cellulaires. Un fait intéressant, au point de vue biologique, a été observé par Sacerdotti sur une greffe datant de soixante jours. Les éléments parenchymateux avaient presijue complè- tement disparu ; cependant il restait une petite cavité tapissée d'un épithélium vibra- tile. Cette poche était tout à fait semblable à celle qu'on voit sur l'hypophyse normale, et certainement devait exister sur l'hypophyse avant sa transplantation. On sait que c'est un résidu embryonnaire, ayant résisté à un premier phénomène de réabsorplion. L'observation de Sagekdotti montre que les éléments qui constituent cette cavité sont doués d'une résistance toute particulière. C. Parhon et M. Golstein ont essayé de faire des greffes hypophysaires chez un poussin, une grenouille et un chien, en opérant toujours d'espèce à espèce, mais leurs tentatives n'ont pas été couronnées de succès. Ces recherches ne paraissent jeter aucun jour nouveau sur les fonctions de l'hypo- physe, et même, au point de vue expérimental, on ne pourrait^tirer aucun parti de ces transplantations. Peut-être si ces transplantations étaient pratiquées sur des animaux hypophysecto- misés, les résultats seraient-ils différents au point de vue de l'évolution de la partie greffée, car Ckistiani a démontré que les greffes d'organes ne réussissaient bien que lorsque l'aiiimalen avait besoin; autrement dit, quand il se trouvait en état d'insuffi- sance de l'organe greffé. Mais on sait la difficulté qu'il y a à conserver des animaux privés de leur hypophyse. 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HYSTÉRIE Historique et délimination du sujet. — Avant de nous engager dans la descrip- tion des accidents hystériques et dans l'étude de leur pathogénie, il nous faut indiijuer, sans prétendre à un historique complet de la question, quelle a été la signification de ce mot <( hystérie » dans le cours des siècles, et comment il a fini par dénommer une série de troubles de plus en plus étendus. Dans les livres hippocratiques sont dé-criles d'une façon sommaire les crises convul- sives qui surviennent chez la femme. Leurs causes, c'est une ascension delà matrice vers le foie et aux hypochondres. Getle théorie a conduit au nom même de la maladie. Elle fut adoptée par Celse, et, si Galien n'admet plus le déplacement de la matrice dans le ventre, il lui attribue toujours un rôle capital dans le développement des crises convulsives. Cette pathogénie règne sans conteste pendant de longues années. En 1618, un médecin de Pont-à-Mousson, Ch. Lepois, est le premier à réagir contre cette opinion des HYSTÉRIE. 875 anciens. 11 décrit l'hystérie de l'homme et des petites filles, ce qui démontre que cette alfection ne dépend nullement de la matrice. Il rapproche l'hystérie de l'hypocondrie, ot, suivant les théories du temps, attribue ces deux maladies à certaine perturbation des esprits animaux. Mais jusqu'à ce moment l'hystérie ne comprend toujours que les crises convulsives, et, si la connaissance en est plus complète, si la pathogénie en est mieux connue, on reste pouriant toujours dans les limites de la description des anciens auteurs. Avec Sydenham, sous ce même mot vient se ranger toute une série de manifestations nerveuses; l'hystérie prend une extension inattendue, et l'on peut dire que le grand médecin anglais a ouvert la voie à toutes les recherclies modernes. « L'afTection hystérique n'est pas seulement très fréquente, écrit Sydenham, elle se montre encore sous une infinité de formes diverses et elle imite presque toutes les maladies qui arrivent au genre humain. » En dehors de la crise hystérique convulsive, ou su [location de matrice, il décrit en effet les apoplexies, les troubles cardiaques ou pulmonaires, les désordres digestifs, les douleurs hystériques, etc. « Je n'en finirais point, dil-il encore, si j'entreprenais de rapporter ici tous les symptômes de l'afTection hystéiique, tant ils sont différents et même contraires les uns aux autres. Cette maladie est un protée qui prend une infinité de formes différentes; c'est un caméléon qui varie sans cesse ses couleurs. » Comme Ch. Lepois, il n'attribue à l'utérus aucun rôle dans l'apparition de ces accidents. « Ils relèvent surtout des agitations de l'âme produites tîubitement par la colère, le chagrin, la crainte, ou par quelque autre passion sem- blable. )) (Sydenham, Dissertation sur V affection hystérique.) L'étude de Sydenham ne fut pas développée par ses successeurs, et au xviii* siècle on ue peut guère citer que Sauvage et Pomme qui aient dans une certaine mesure contribué à étendre nos connaissances des manifestations hystériques. La description de l'hystérie n'est abordée dans toute son ampleur que dans l'ou- vrage de Briquet paru en 1859. Il a étudié avec soin un grand nombre d'hystériques dans son service à la Charité et a méthodiquement classé tous les accidents. Son ambition était « d'avoir vu tout ce qui peut se passer dans cette maladie ». Cette description fut encore complétée sur certains points par Lasègue, par Bouchut. Chargot et ses élèves ont enfin, dans des tra- vaux nombreux, que nous retrouverons au cours de cette étude, étendu nos connais- sances. Les derniers travaux parus, de Bernheim, de Déjerine, de Babinski, etc., sont surtout consacrés à la définition de l'hystérie, et à la détermination des meilleurs procédés thérapeutiques à mettre en œuvre. Dans ce travail, nous passerons en revue tous les accidents que les auteurs modernes ■ont observés dans l'hystérie et rangés sous cette commune dénomination. Nous ne pou- vons admettre l'opinion de Bernheim qui voudrait réduire l'hystérie aux crises convul- sives. Mais dans notre description, nous essayerons surtout de mettre en évidence le mécanisme psycho-jihysiologique des accidents de l'hystérie. Envisagée sous cet angle, l'étude de l'hystérie est des plus instructives et jette un jour nouveau sur les fonctions inférieures et les fonctions latentes de l'activité psychique. Nous passerons donc en revue ces diverses manifestations hystériques en essayant ■de reconnaître leur mécanisme psycho-physiologique. Après avoir analysé toutes les données du problème, nous nous efforcerons, dans un chapitre de synthèse, de retrouver, cachée sous ces manifestations variées, la trame commune qui les relie et leur donne un caractère bien déterminé, permettant d'isoler l'hystérie au milieu des autres névroses et des autres formes de dégénérescence mentale. les anesthésies hystériques. Parmi les stigmates de l'hystérie, un des plus importants et des mieux étudiés est certainement l'anesthésie de la peau, des muqueuses ou des organes des sens. Ce signe si caractéristique n'avait pourtant pas frappé les premiers écrivains dont nous avons parlé. Seuls les délégués du Parlement, qui jusqu'au xvu"^ siècle recherchaient sur les sorcières la marque du diable, c'est-à-dire un point de la peau où la piqûre de l'aiguille ne fût pas sentie, observaient sans le savoir un genre d'anesthésie hystérique. 876 HYSTERIE. Jusqu'à une époque très récente, et nous en dirons tnut à l'heure la raison, les médecins n'avaient pas con>taté l'existence de ce !>ymptAme considéralile ch"/. les hys- tériques. Sydenham est muet sur ce point, et le firemier travail qui fa^se m'-ntion de ce signe est une lettre de Gendrin à l'Académie lie Mé lecine de Paris (1846). « Dans tous les cas d'hystérie, dil-il, sans ex'i ption, depuis le début de la ma adie. jusqu'à sa termi- naison, il esisie un état d'insensibilité générale ou parlielle. Au plus léf,'^er "i^gré, l'Hues- thésie n'occupe que certaines régions de la peau; au plus haut de^'ré, elle occupe t..ute la surface téirumentaire et celle des membranes muqueuses acces>ibles k nos moyens d'investigation telles que la conjonctive, la pituit.iire, la muqueuse bucco phaiyn- gienne, celles du rectum, du canal de l'urèthie, de la v-ssie. du va;iii). Il n'esi pas très rare que l'anesthésie existe dans les organes d^s sens et qu'elle s'étend^ dans les par- ties profondes. Certains malades perdent jusqu'à la conscience de la position de leurs membres et des actes de la locomotion. » En 1859, Briquet donne une description déjà précise de l'anesthésie hystérique. 11 l'avait rencontrée dans 85 p. 100 de cas Sur les 240 cas d'anesthésie hystérique, il relève 143 fois l'existence d'une anesthésie en îlot, 93 fois d'une héinianesthésie, 4 fois d'une anesthésie lotale. A partir de 1872, Chargot, dans ses études sur l'hystérie et dans les travaux de ses élèves, étudie les caractères cliniques des anesthésie-^ hystériques et en donne une des- cription systématique qui n'a pas ^té dépassée. A partir de ce moment, les travaux publiés sur cette question ont surtout servi a expliquer la nature de ces anesthésies curieuses et paradoxales sur plus d'un point. Bernheim le premier, en 1886. dans une communication à l'Association pour l'avancement des sciences réunie à Nancy, exprime nettement l'idée que l'anesthésie hystérique « est un phénomène purement p-ychique ». Cette idée est soutenue également par Moebius en 1888 dans son travail sur la concep- tion de l'hystérie : Ueber den Begriff iUt Hystérie. En 1889, Pierre Janet développe celte idée ei fait une étude très serrée des caractères psychologiques de ces anesthésies. DÉiERiNE. Babinski Soutiennent cette façon de voir actuellement adoptée d'une façon générale. Dans les pages qui vont suivre, nous indiquerons très rapidement ces carac- tères cliniques de l'anesthésie hystérique, tels qu'ils ont été établis par Gharcot et ses élèves. Puis nous exposerons avec plus de détails les travaux de Bernheim, de Janet, de Babinski et de tous les auteurs qui ont essayé de pénétrer le mécanisme de l'anes- thésie hystérique; les recherches expérimentales à cet égard nous permettent d'arriver à une conception nette de ce stigmate qui relève, comme les autres accidents hysté- riques, d'un trouble psychique primitif. Description de Tanesthésie hystérique. — L'anesthésie cutanée hystérique peut être totale ou partielle, c'est-à dire porter sur tons les modes de sensibilité ou seule- ment sur certaines sensalions : c'est ainsi qu'il peut y avoir perte des sensations dou- loureuses avec conservation des sensations tac^tiles, perte de toutes les sensibilités avec conservation de la sensibilité à l'électricité (Ch. Richet), etc. Il peut aussi s'agir soit d'une anesthésie totale, soit d'une anesthésie incomplète. Mais un des caractères plus nets de l'anesthésie hystérique, c'est sa répartition. L'anestbésie peut être étendue sur toute la surface cutanée, ce qui est rare; Briquet, nous l'avons déjà dit, ne l'a constatée que 4 fois sur 240 malades. Plus souvent elle est hémilaléiale, occupant toute une moitié de corps, et plutôt la moitié gauche du corps que la moitié droite. Cette hémianesthésie s'accompagne souvent, nous le verrons, d'une anesthésie des sens du même côté; elle est dite sensitivo-sensorielle. Enfin elle est également accentuée dans toute la moitié du corps anesthésiée et s'arrête nette- ment sur la ligne médiane. Parfois l'anesthésie occupe un membre ou un segment de membre, le bras jusqu'à l'épaule, la jambe jusqu'au genou, etc. Chargot a fait remarquerque l'anesthésie n'obéit nullement alors à la distribution analomique des nerfs sensitifs qui innervent la région considérée. L'anesthésie est disposée en segments géométriques que délimitent des lignes circulaires, suivant un pi; n perpendiculaire au grand axe du membre. Enfin dans certains cas l'anesthésie est disséminée et très irrégulièrement répartie : sa distribution ne paraît obéir à aucune règle. Toutefois ces plaques d'anesthésie cutanée apparaissent parfois au niveau d'un organe malade, on les trouve sur la peau HYSTERIE. 877 à" ralidoiniMi lipz les hystéiiques lyspepliques, ou encore tout autour de l'arliculalion dans les arlhmpalhies hystériques. Os îlo s a iestU(^si(|iies n'ont qu'une existence transitoire et sont variables d'un jour rt l'autrt^. Les hémiaieslh-^sies et les anesthésies en se^ment sont au contraire reniarquable> par leur persistance. Les rétlexes cuUinPs sont diniinués parfois du côté an^sthésié, mais ils ne sont pas siippri lies. Même au niveau des zones insensibles, on peut provoijut^r It^s réflexes pu'illaires st^nsMif-.; quand on excite fortern nt une partie anesthésiqne de la peau, la pupille se ailale, c^nirne elle le fait lorsiju'on ex ile douloureusement un organe sen- siùi quf-lionqne, ^t pourtant la malade ne sent rien. La lemp'Ta ure cutanée n'est as modifiée dans l'étendue des régions insensibles mai- dans riiéinianestliésin il existn pourtant une ischémit- parfois as>*ez nette de tout le «-ôté insensible. On sait depuis longietnps que les fiiqùres de la peau dans toute cette élen 'ue ne saignent pas. Pitres a obsnrvé que les vaisseaux de la peau vifdemment excites se conlracteiii et arrêtent l'h morragip; on voit en effet utie aréole pâle se for- mer au niveau d'- la piqûre qui persiste et s'accentue quand l'épingle a été enlevée. Mais ranr-.tlipsie ne lient pas a cette vaso-constriclion énergique ; l'application d'un sinapisme sur la fean p ovoqne une vaso-dilatation tiès vive, les piqûres saignent abon- danim'iit, et pnurtant l'anesthésie |iersi>te. (loniioe l'avait indiqué Ge.ndrin, l'anesthésie peut s'étendre aux muqueuses et aux organes de- sens. La perte de la sensibilité est très souvent liée dans ce cas à l'anes- Hié>ie cutanée; l'œil, les mui|ueuses buccale et nasale deviennent insens b es du côté oij >ièjre l'ane-ihésie de la peau : ainsi est constituée l'ane-thesie s-nsitivo-iensorielle dé -ri'e par Ch.^kgot. Mais ce n'est pas une règle absolue et l'anesthésie des muqueuses et des organes d -S >eus peut exister seule. On a II lié aussi l'anestliésie de la muqueuse bu 'cale ave disparition du ^'oût et celle d ' la niiiq i"iise na-i-tle avec disparition de l'olorit. Kriquet avait noté aussi la dis(»arition de la se isibililé des muqueuses anale ou vaginale. L'anesthésie génitale, d'après Briquet, est assez fréquente et peut exidiquer la fri. Th \oN, on ne le trouve que chez un sixième des hystériques. On le rencontre aussi chez des individus normaux (Thaon. Hystérie du larynx. Annales 'ien mnlaiiies de Vor^ilh', vu, 1S81, 30 à 41). L'anesthésie oeulaire est unilatérale en général, et elle existe du mèm" côté que l'an 'Sthesi ' cutanée. Charcot en a fait une élude des plus complèies. La i-onjonc ive peut devenir anestliésique au contact, et, comme nous l'avons signalé à propos de la perte de la sen-ibilité de la peau, les réflexes sont malgré tout con- servés, :el 1' réflexe lacrymal. On ne voit disparaître que les aositio I desi'S membres. Le sens stéréognostiqu", c'est-i-dire la possibilité de sentir les formes les objets touchés et saisis, [)eui également être aboli. Il semble ''.ixliix que l'anesthésie puisse atteindre dans une certaine mesure les vis- 878 HYSTERIE. cères organiques. Pitbes a noté que l'anesthésie épigastrique est fréquente; une pres- sion, même forte, au niveau du plexus solaire, ne réveille plus aucune douleur. Nous rappellerons aussi que la syncope consécutive à un choc sur l'abdomen peut faire défaut chez de grands hystériques ; ainsi les convulsionnaires de Saint-Médard se fai- saient administrer les grands secours, c'est-à-dire de violents coups sur le ventre, et l'innocuité de ces traumatismes ne paraît devoir s'expliquer que par une sorte d'anes- thésie viscérale. Différences entre l'anesthésie organique et l'anesthésie hystérique. — Ces anesthésies hystériques se dilFérencient profondément des anesthésies observées au cours des affections organiques du système nerveux. Pour ce qui est des anesthésies hystériques disséminées ou segmentaires, elles ont pour caractère leur distribution même : elles ne correspondent en effet à aucun trajet nerveux périphérique, à aucune distribution radiculaire. Seule l'hémianesthésie rappelle la distribution des anesthésies organiques, mais elle diffère profondément de l'anesthésie de cause cérébrale par une série de signes sur lesquels Déjerine a eu le mérite d'attiier l'attention. a Dans l'hystérie et dans l'hystéro-traumatisme, dit-il, les troubles de la sensibilité acquièrent souvent une intensité que, pour ma part, je n'ai jamais constatée à un pareil degré dans l'hémianesthésie de cause cérébrale. L'hémianesthésie hystérique peut être en effet totale, absolue, le sujet ayant perdu toute espèce de sensibilité du côté anes- thésié. Dans l'hémianesthésie organique, on ne constate pas une perte complète, totale, absolue de la sensibilité. Cette dernière peut être, surtou t au début, extrêmement diminuée dans la moitié correspondante du corps, peau et muqueuse, mais elle n'est jamais abolie d'une manière complète. Dans l'hémianesthésie de cause cérébrale, on observe d'ordinaire une sorte de parallélisme entre l'état de la motilité et celui de la sensi- bilité : c'est ainsi que le membre le plus paralysé est en même temps le plus anes- thésié. En d'autres termes, dans l'hémiplégie par lésion cérébrale compliquée d'hémi- anesthésie, les troubles de la sensibilité sont plus marqués au membre supérieur qu'au membre inférieur, au tronc et à la face et au niveau de cette extrémité supérieure, ils sont d'autant plus accusés, que l'on examine des régions plus éloignées de la racine du membre; la main, par exemple, est plus anesthésiée que l'avant-bras, ce dernier plus insensible que le bras, etc. Cette distribution de l'anesthésie et la décroissance de son intensité à mesure que l'on remonte vers la racine des membres (particularité sur laquelle on n'avait pas attiré l'attention jusqu'ici) me paraissent appartenir en propre à l'hémianesthésie de cause cérébrale. Je ne les ai jamais observées dans l'hystérie. » [Traité de pathologie générale de Bouchard, v, 980.) Nous avons signalé plus haut que l'hémianesthésie hystérique coïncidait souvent avec une diminution de la sensibilité des organes des sens (ouïe, goût, odorat), et un rétrécissement du champ visuel du même côté. Mais, d'après Déjerixe, dans l'hémi- anesthésie organique, que celle-ci relève d'une lésion corticale, sous-cutanée ou capsu- laire, le rétrécissement du champ visuel n'existe pas, et lorsque les centres sont atteints, leur sensibilité est diminuée également du côté anesthésié et de l'autre. La lésion qui provoque l'hémianesthésie peut siéger dans l'écorce corticale ou dans la profondeur. Pour ce qui est de l'hémianesthésie corticale, elle n'intéresse jamais les sens spéciaux. Les zones centrales des sens spéciaux sont en effet trop éloignées l'une de l'autre et trop éloignées de la zone rolandique. Une lésion corticale s'étendant jusqu'au pli courbe et heclionnant la couche sagit- tale à ce niveau provoque seule, eu même temps qu'une hémianesthésie, des troubles de la vision, mais il s'agit alors d'une hémianopie homonyme latérale. 'Pour ce qui est des lésions siégeant dans le voisinage du segment postérieur de la capsule interne, elles ne provoquent pas davantage une hémianesthésie sensitivo-senso- rielle. Comme Déjerine l'a établi, il faut qu'une lésion siégeant en ce point atteigne la couche optique en détruisant les fibres terminales du ruban de Reil ou les fibres du neurone thalamo-cortical pour qu'il apparaisse une anesthésié plus ou moins accentuée. Mais jamais dans ces conditions il n'existe de troubles sensoriels. Pour que ces sens spéciaux soient atteints, il faut que les lésions s'étendentbeaucoup plus loin : il faut, par HYSTERIE. 879 exemple, (jue la lésion détruisant le seyment rétro-loiiticiilaire et la capsule inteini', sectionne en même temps le faisceau visuel à ce niveau; ce qui détermine d'ailleurs une hémianopie homonyme latérale et non un rétrécissement du champ visuel. Pour que l'audition soit atteinte, il faudrait que le neurone auditif venu de la pre- mière circonvolution temporale fût détruit dans une lésion du segment sous-lenti- culaire de la capsule interne. Enfin l'olfaction ne serait atteinte que si la lésion tou- chait le milieu postérieur du trigone. Mais tous ces troubles de l'audition et de l'olfaction sont unilatéraux, et ils sont également passagers; les centres sensoriels étant bilatéraux et réunis entre eux par de nombreux faisceaux, la suppléance ne saurait larder à s'établir. Somme toute, dans aucun cas, une lésion organique ne peut réaliser le type de l'anesthésie sensitivo-sensorielle qui reste bien un groupement de symptômes de nature exclusivement hystérique. NATURE DE l'aNESTUÉSIE HYSTÉRIQUE. I. — Caractères psychologiques de l'anesthésie hystérique. — Tels sont résumés d'une façon rapide, les caractères principaux des anesthésies hystériques. Mais notre description serait fort incomplète si elle s'arrêtait à ces quelques données. Ce n'est pas seulement leur limite, leur mode de distribution, la participation des sens spéciaux qui caractérisent ces anesthésies. Leur originalité propre se révèle par quel- ques caractères plus particuliers qui ont été mis en lumière par des recherches récentes et qui ont conduit à une interprétation plus exacte des accidents hystériques. Nous insisterons avec plus de détails sur ces points, qui ont une importance capitale pour l'étude psycho-physiologique de l'hystérie. 1. Les hystériques ignorent leur anesthésie. — C'est ici un des caractères les plus étonnants de ces anesthésies. Nous avons déjà indiqué que les anciens, etSvDENHAM lui- même, n'avaient pas noté l'existence de zones anesthésiques chez les hystériques. Lasègue le premier a nettement indiqué l'inconscience de ces malades pour un trouble si curieux de leur sensibilité. Pourtant autrefois Pierre de Langre, conseiller au Parlement de Bordeaux, avait indiqué très nettement que les sorcières ignoraient qu'elles fussent marquées avant qu'on les eût examinées (Gilles de la Tourette, i, 129). Mais voici ce que dit Lasègue sur ce point : « Il semble que le fait d'être privé des notions que fournit le contact apporte un obstacle aux actes les plus ordinaires de la vie. Si heureusement que la vue supplée au toucher, elle ne peut suffire à tout, et si elle donne la notion, elle ne saurait créer la sensation même du contact. Il suffit d'arrêter un instant sa pensée sur la série de petites misères qui résulteraient de la suspension accidentelle de la sen- sibilité de la peau, pour qu'on se représente l'étrange impression qu'éprouverait chacun de nous, si appuyant le coude sur la table, si tenant la plume entre ses mains, si s'asseyant sur un siège, il n'était averti par une sensation tactile. Et cependant il est d'expérience que les hystériques non encore éclairés par les investigations d'un médecin ne font pas mention de l'anesthésie. J'ai examiné à ce point de vue un grand nombre de filles affectées d'hystérie, d'une intelligenee plus que moyenne ; je les ai sollicitées avec de vives instances de ne rien omettre des incommodités qu'elles éprouvaient, et je n'en ai pas encore rencontré une qui fît spontanément figurer l'anesthésie parmi les accidents dont elle avait à se plaindre. » (Lasègue. Anesthésie et ataxie hystérique. Archives générales de Médecine, 18G4.) Si les hystériques sont tellement indifférentes à leur anesthésie, c'est que celte anes- thésie n'entraîne pour elles aucun trouble dans la vie de tous les jours. L'anesthésie hystérique la plus profonde ne se complique d'aucun accident. Lorsque j'étais interne de Déjerine à la Salpêtrière, j'ai observé souvent des hystériques atteintes d'une anesthésie totale à la chaleur et qui pourtant ne présentaient aucune brûlure sur les mains. Je me souviens surtout d'une malade, présentant une anesthésie totale et généralisée, qui exerçait depuis de longues années le métier de cuisinière. Bien qu'à l'exploration il lui fût impossible de distinguer un objet fortement chaulfé d'un objet froid, elle ne s'était jamais profondément blessée en maniant les casseroles ou auprès de son fourneau. Les syringomyéliques, qui, elles, ont au contraire une anesthésie 8«0 HYSTÉRIE. ors'aniqiip totalft à la chaleur, portent presque toujours aux doigts la trace de hrûlures piofdiidHS. Dkjerine fnit remarquer aus>i irès so «vent dans ses cours la difTére-nce qui existe 'iitre une hystériq le qui pre'sente un réiréi'issemeiit du champ visuel iiiêrne cniisiilêrabl'^ et un malaile qui a un réirécissem nt visuel dû à une caus-- orifauique. ThuiMs qu-" ce dernier ne s'ava ce dans la rue qu'avec mille [trécautions, ne pouvant jamais voir qu'un pspace très limité devant lui et redoutant les voitures qui peuvent survenir ^ droite ou à gauche, une hysteriqui^ avec un télrécissement très marqué, s'avance .-ans hésitation au triveisde mul'' obstacle-i. Ces malades n'ont donc aucun'- p'-rceptum de leur aneslhéai'' et ne la soupcjonnent nullement. Pieure Janet rappnrte un exemnl ■ qui tahlit nettement celti' (iilTérence entre l'an'-thésie organique et l'anestliésie hystérique. Une jeune tille, à la >uiie d'un acciilent léger (section par un Irairmenl de v-iie d'un (ilet du médian au des-ons de l'éminenfe thénar) se plaif^nait d'une in>ensibilité persistante et très gênante à la paume de |.< main. Cette insensibilité tenaii à une sect on de quelques tiiets nerveux sensilifs. El en < xaniinant la malade, on trouva sur tnui le cAté gauche, du haut en bas, une an-sthésin totale hystérique, don elle n'.ivaii pas dit un mot. EMe n'éprouvait en eifet quelque gène que de l'aiiesth-sie de la main et ne lessentait aucun inconvénient de si».n hémianestliésie hystérique tolaie. 2. Caractère paradoxal et contradictoire des aneslhésies hystériqU'es. — Les carac- tère» que nous venons d'indiquer soni drj • par eux-mêmes assez extraor^linaii es. On ne conçoit pas facib-ment t)ii une anesilié-ie aussi profoide pui>se exister sans que le malade en ait conscience. Mai» reite anesthésie bizarre devient encore plus curieuse si on l'étudie de pins près. 11 ibt un fait qui a irappé de nombreux ob^eivateurs : une hystérique peut avoir perdu toul sens musculaire, elle peut, le> \eux lènnés, ne pas connaître la position de ses muscles et n'avoir aui-U' e loliou d'un objet que l'on m^t dans ses mains. Mais cessons l'f-xamen : observons celle mala te livrée à c lle-inêm»' : elle va se servir de ses mains sans les r^-gardei-, elle ponir.i coudre, elle pourr.' bioil r, elle pourra >e coiffer, levant ses mains au dessus de sa lète et dirigeant pairaitemenl leur mnuvemeni sans les voir. E le se comporte donc comnif une >imul dr ce, et c'est la première explication qui vient à l'esprit. PiEKRE Janet a bien insisté sur ce^ conliailiciions naïves :« Je propose à I-abelle une pente 'O vention pour véritier aid lement -on anesthésie : elle doit me répondre « oui » quand elle sent, « n •.. » quinil elle ne sent pa-. Comme ede est tort naïi'e, elle accepte sans sourciller, et l'on i state alors une singulière contradiction, quoiqu'elle ait les y nx cachés par un écran, |uoique j'évite t^iuie espèce le rythme et pince plu- sieur- foi 11 régulièiement du inèine côté, a aiit de passer à l'autre, elle ne se trompe jamais et dit toujours « oui » ipi.nd je l;i pince à droite, et « non » quand je la pince à gauclie. La même expérience repi'-tée -ur un tiomme, I'..., donne exactement le même résultat jusqu'à ce qu'il s'ape çoive «le la bizairerie de ses répon-es et qu'il eherclie à répouilre a^ec atienti m. 11 cesse lors, mais alors seule nenl, de dire « non » quand • on pince son rAté auesthési.pr-. » (Pieire Ja\et. Eiat mental 'les hyalériques, 21.) Rkhvhei.m a menti. Miné au-si ces eouiiadi.tions des hvsiérii^ues. Lorsqu'on ferme les ye IX d'une hystérique a ■ -thé-ique et qu'on lui dit d'aller loU'her avec la main sai le la m iin qu'elle e>t cen ée ne . a seniir, on la voit diriger sa main tout autour de la inaui -oi-ili-ant anesth siijue, mais sans pouvoir li toucher. « Non seulement la main droite sensiide ne tro ive p ^< la ni i n g^aiic le anesthésiée. mais elle évite de la trouver, elle tiiiine autour d'elle, >• le ii fnit. >> Tous (V s malades dans c rtain s coniituns expérimentales se comportent donc cnnime s'il- avaient le- S' nsiiti • s q lils -on! censés avoir perdues, et c'est ce qui donne à l'a esihe-ie hystérique un ear cièi' pirado d. 3. Dans certaines conditions, la malade sent parfaitement même dans les régions anes- thésiques • — Enlin il esi po-sn.le le p ouve, que les hystériques sentent parfaileinent d.Mis certaines conditums inaljre leur aue-thésie. Dès 1H78, Regnard signalait qu'une hystérique amauioti.|ue pour e rouge voit pourtant, npiè- avoir Mxé un carré rouge, une ima.-^e coiuidérnenlaire verie. liieir nneiK : -i l'on ;irésente à une hystérique amau- roiique f).>ur le vert un di-que oi-mé >le rayons rouy:es et de i ayons verts, celte malade HYSTÉRIE. 881 distingue pHrfaitpment le rouge, mais le vert lui paraît blanc. Que l'on fasse alors tourner r.ipidernent le disque de façon que c^s couleurs complémentaires se fusionnent pour former le gris, l'hystérique veria une couleur composée. « Quand la vibration verte arrive au centre, elln n'est pas jugée, mais elle agit néanmoins, et la preuve c'est qu'ajoutf^e à la vibration rouge elle donne la perception du blanc. » (Rkgnard, B. B., 26 janvier 1878, 32.) On peut mettre en évidence encore plus nettement la persistance de la sensibilité par l'usage de la boîte 'le Flees. Cet appareil, qui a la forme d'un stéréoscope, contient à l'inléiieiir un jeu de miroirs disposés de telle sorte que l'image droite est vue à gauche et l'image gauche est vue à droite. En étudiant ainsi l'amaurose unilatérale chez les hystériques, on se reml compte tiès neltement que l'œil dit aveugle voit parfaite- ment, comme l'ont constaté Parinaud, Pitres, Bernheim. Les malades se comportent à cet égard enlièrenient comme les simulateurs, et pourtant, nous le verrons, il ne s'agit pas de simulation-*. Cette persistance de la sensibilité est encore plus nette dans les anesthésies suggé- rées, qui sont en tout semblables à des anesthésies hystériques. C'est ainsi que l'on peut suggérer à un sujet de ne pas voir telle ou telle personne : le sujet obéit, se comporte comirie s'il ne voyait pas, et il doit pourtant reionnaître la personne qu'il ne doit pas voir. On peut modifier celte expérience de mille façons et, dans un jeu de cartes, lui interdire de voir les cartes sur lesquelles est écrit le mot invisible (Pierre Janet). Tout SH passe comme si le sujet ne voyait pas les cartes invisibles. Par la suggestion, on peut faire cesser la surdité en disant au sujet : « Maintenant vous entendez », et aussitôt l'audition revient. Tout nous conduit donc à celte conclusion : l'aneslhésie hystérique est d'un ordre tout spécial. Le sujet reconnaît les sensations pour lesquelles il doit être anesthésique, et il n'est anpsthésique qu'autant qu'il sait ou qu'il se souvient qu'il doit être anesthésique. Malgré les apparences, il ne s'agit pas d'une simulation d'annsthésie. Il serait curieux d'avoir autant de malades disposés à simuler l'anesthésie, et se prêter d'une façon si bénévole aux petits supplices, piqûres, brûlures, etc., auxquels on doit se livrer pour rechercher l'aneslhésie. D'autre part, quand on a vu une malade supporter sans aucune réaction le passage d'une aiguille à travers le bras ou même dans certains cas Une pptile opératiim chirurgicale, il est difficile de douter de la réalité de l'anes- thésie. Mais si l'anesthésie est bi^n réelle, elle obéit à une idée. C'est parce qu'il ne doit pas sentir, que l'hystérique ne sent pas : l'anesthésie n'existe guère que lorsqu'on la cherche et vient d'autant plus souvent qu'on la recherche plus systématiquement. Nous devons noter, en effet, que l'anesthésie ne se rencontre pas avec une égale fré- quence dans tous les services d'hôpitaux. Rare chez Bernheim, elle était au contraire à peu près la règle dans le service de Charcot. II. — Démonstration de la nature de l'anesthésie hystérique. — L'étude des caractèies psychologiques de l'anesthésie aussi bien que l'étude de sa distribution cnnduit à cette conclusion : l'anesthésie hystérique n'est pas organique. Tout l'appareil sensoriel fnn<'tionne parfaitement, depuis l'extrémité périphérique des nerfs sensibles jusqu'aux centres. La nature purement psychique de ce trouble peut être mise en évidence : 1° Par la pathologie expérimentale, c'est-à-dire qu'elle peut être reproduite de toutes pièci'S avec tous ses caractères sur certains sujets suggestibles; 2° Par la thérapeutique; l'étude des moyens de guérison de ces anesthésies nous fournit une démonstration de leur nature psychique que nous jugeons capitale. 1. Reproduction de l'anesthé-ie hystérique par suggestion. — Chez la plufiart des sujets sugge-tibles, il est facile par simple affirmation de créer des anesthésies en tout semblables aux anesthésies hystériques. Il suffit souvent d'énou'-er au cours^ d'un examen clinique ce qu'on s'attend à trouver pour que l'anesthésie se crée de toutes pièces sous les yeux de l'observateur. La suggesiioiï a une action instantanée, et, si elfe doit agir, c'est immédiatement après une simple affirmation que le sujet réalise l'anesthésie que l'on recherche. Les anesthésies ainsi créées présentent tous les caractères des anesthésies hystériques : elles sont, à la volonté de l'expérimentateur et suivant la docilité du malade, totales ou DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME VlII. 56 882 HYSTERIE. partielles, localisées à la moitié du corps ou sur tel ou tel point, et nous avons déjà indiqué leurs caractères contradictoires qui rappellent trait pour trait l'apparence des anesthésies hystériques. Mais ces anesthésies suggérées mettent en évidence le rôle important de l'intelli- gence. C'est l'idée de l'anesthésie donnée au sujet qui crée l'anesthésie. Nous verrons plus loin, à propos des discussions sur la nature de l'anesthésie, que nous trouvons là un argument précieux pour apprécier le mécanisme psychologique de ces accidents. 2. Procédés de guérison des anesthésies hystériques. — Les anesthésies hystériques peuvent non seulement apparaître par suggestion, mais elles peuvent aussi, dans un certain nombre de cas, disparaître par suggestion. Ce n'est pas une règle absolue; il est certains malades chez lesquels la suggestion ne parvient pas à détruire une aues- thésie profondément créée. Mais toutefois cette éventualité se rencontre assez souvent pour que Sollier ait pu baser sur ce fait une méthode de traitement de l'hystérie. En vertu d'idées théoriques que nous n'avons pas à discuter ici, il pense que l'anesthésie joue un rôle capital dans la production des accidents hystériques, et qu'une hystérique n'est vraiment guérie que le jour où la sensibilité est revenue à la normale. En vertu de ces considérations, il se borne chez ces malades à rappeler par suggestion verbale la sensibilité disparue et il y réussit dans la grande majorité des cas. Cette sensibilité des hystériques à la suggestion explique probablement un certain nombre de phénomènes qui ont autrefois beaucoup intrigué les médecins. Burq depuis 1849 soutenait que l'application de plaques métalliques à la surface des zones anesthé- siques suffisait pour faire reparaître la sensibilité chez un grand nombre d'hystériques. Chaque malade présentait d'ailleurs une idiosyncrasie curieuse; suivant le cas, l'or, le cuivre, le plomb devaient être employés. Si, au lieu d'appliquer le métal sur le côté anesthésique, on l'applique sur le côté sensible, au bout de quelque temps a lieu le phénomène du transfert, c'est-à-dire que l'anesthésie se déplace : le côté sain devient anesthésique, le côté anesthésique devient sensible. On crut d'abord pouvoir expliquer ces phénomènes par les courants électriques qui prennent naissance au contact de la peau et du métal. Mais Sghiff fit remarquer que cette action est aussi marquée lorsqu'on interpose un corps violent entre la peau et le métal, etc. Lorsque Burnet et Hagk-Tuke eurent montré que l'anesthésie disparaît lorsque l'on emploie au lieu du disque une plaque de bois, il fallut bien reconnaître que la raison de ces phénomènes était dans une suggestion inconsciente exercée par le médecin sur son malade. Il ne faudrait pas croire pourtant que l'on obtient toujours une guérison absolue et complète par simple suggestion. Certaines anesthésies hysté- riques sont tenaces, bien que leur nature psychologique soit suffisamment démontrée par les exemples que nous avons rappelés. Certains malades conservent leur anesthésie malgré les affirmations répétées de guérison. On peut avoir alors recours à des moyens détournés qui, par une action psychique, peuvent amener la guérison de l'anesthésie. Si l'on n'attire plus l'attention de la malade sur son anesthésie, au bout de quelque temps on s'aperçoit que l'anesthésie n'existe plus. On peut aussi, comme le préconise Déjerine, user de la claustration absolue, la malade étant prévenue qu'elle ne pourra sortir de l'hôpital ou de la maison de santé que lorsque tous les désordres auront cessé. En quelques jours l'anesthésie disparaît, avec tous les autres accidents. Quel que soit d'ailleurs le procédé thérapeutique employé, qu'il s'agisse d'une sugges- tion ou d'un oubli systématiquement provoqué des accidents anesthésiques ou d'une contrainte violente exercée par l'isolement absolu, le traitement met en évidence l'in- fluence de l'idée dans la répartition et l'étendue de l'anesthésie. Quand par un procédé quelconque la malade ne se souvient plus de la nécessité de ne pas sentir, l'anesthésie disparaît. Elle ne revient que si on la fait renaître pour ainsi dire en la cherchant et en appelant l'attention du malade. Par quel mécanisme psychologique peut-on expliquer ces anesthésies hystériques d'un ordre si particulier? Pierre Janet, qui en a fait une étude des plus complètes, pense que l'anesthésie est semblable à celle que l'on observe dans les états de distraction. L'hystérique ne sent HYSTERIE. 883 pas, parce qu'elle ne peut pas réunir dans le champ rétréci de sa conscience toutes les excitations qui lui parviennent. Cette explication met en évidence la nature psycholo- gique de l'anesthésie. Mais on peut lui opposer une objection sérieuse : l'anésthésie, bien loin d'être créée par distraction, apparaît lorsque la malade songe à son anes- thésie. Nous avons déjà insisté sur ce fait. D'autre part, cette anesthésie souvent n'est pas totale, l'anesthésie est souvent limitée à un certain groupe de sensations qui ne sont pas perçues parce que la malade les reconnaît. Bernheim nous paraît bien plus près de la vérité, lorsqu'il dit — sans que ce soit guère une explication, il est vrai — que l'idée de l'anesthésie inhibe la sensation. On observe des phénomènes analogues sur l'individu normal : l'habitude du micro- scope permet de ne percevoir que les images reçues par l'œil dirigé sur l'oculaire. Toutes les sensations qui arrivent par l'autre œil ne sont plus perçues. Mais cette inhibition volontaire de la sensibilité, peu apparente h l'état normal, joue chez l'hystérique un rôle des plus importants. LES H YPERESTHÉSIES. Les considérations que nous a suggérées l'étude des anesthésies hystériques pour- raient s'appliquer avec autant d'exactitude aux hyperesthésies. Aussi nous étendrons- nous fort peu sur ce point : l'exaltation de la sensibilité est d'ailleurs un symptôme moins souvent noté que sa diminution, peut-être parce qu'il est moins souvent cherché. L'hyperesthésie cutanée peut être répartie sur tout le corps (Briquet) ou sur une moitié du corps (Gilles de la Tourette). Elle peut être disposée en segments au niveau des membres ou disséminée en plaques. Ces zones d'hyperesthésie siègent parfois au niveau d'un organe malade. Dans toutes les dyspepsies hystériques, il y a une augmenta- tion ou une diminution de la sensibilité cutanée à la piqûre. Ces hypei'esthésies, comme les anesthésies, sont de nature psychique. Brodie avait noté « que la douleur est plus forte quand la malade voit l'examen auquel on la soumet; si au contraire quelque chose vient la distraire, c'est à peine si elle profère une plainte ». L'attention paraît y jouer le môme rôle que dans l'anesthésie. On peut d'ailleurs, sur des sujets en état d'hypnose, et chez certains malades par simple affirmation, créer des zones hyperesthésiques présentant tous les caractères observés chez les hystériques. Ces zones hyperesthésiques peuvent apparaître après un traumatisme qui réalise une véritable suggestion à l'insu du patient. Nous retrouverons tous les caractères des hyperesthésies localisées dans des zones hystérogènes. Nous pourrions en aborder ici l'étude, mais nous préférons reporter leur description et la discussion sur leur nature à la fin du chapitre consacré aux attaques convulsivcs. On a signalé également chez les hystériques la possibilité de la perception des viscères. Sollier et Bain ont publié quelques observations qui laissent supposer que les malades perçoivent le cheminement d'un corps étranger dans leur tube digestif. Mais les observations publiées sont loin d'entraîner la conviction. LES ATTAQUES GONVULSIVES ET LES ZONES HYSTÉROGÈNES. Parmi les stigmates de l'hystérie, c'est-à-dire parmi les accidents essentiels et carac- téristiques de cette maladie, nous rangeons les attaques convulsives. Dans la courte étude historique que nous avons écrite au début de ce travail, nous avons vu que, pour les premiers auteurs qui ont essayé de délimiter ce trouble du système nerveux, l'attaque convulsive avait été toute l'hystérie. Hippocrate, Galien rattachaient la crise convulsive à l'ascension du globe utérin vers la gorge, et le nom même d'hystérie n'est venu que de cette interprétation des crises convulsives. Avec Sydenham la conception nosographique de l'hystérie s'étend ; la crise convulsive n'en est plus un stigmate indispensable. Briquet aussi n'y voit qu'un accident relative- ment rare, puisqu'il ne l'observe que sur la moitié de ses malades. Enfin, pour la plupart des auteurs contemporains, l'attaque hystérique, tout en ayant des caractères très spéciaux, qui permettent un diagnostic immédiat de l'alTection, est loin d'exister chez tous les malades hystériques. Seul, Bernheim, revenant à la définition primitive, 8Si HYSTERIE. considère que la crise convulsive, mise en jeu de Tappareil émotif iiyslérogène, est le caraclère essentiel, nécessaire et suffisant de l'hystérie : tous les autres accidents rapportés à tott à i'hy«térie doivent se ranger duis le groupe des -s si particuliers, ses causes, qui relèvent, semble-t-il, d'un désord e dans le fonctionnemeni du système nerveux, nous permettront de pénétrer plus avant dans le mécanisme psychophysiologiqne de l'hystéiie. Aussi est-ce à bon droit que la plupart des auteurs en font un stigmate des plus nets, des plus spontanés et pratiquement des plus facil'S à le -onnaître. Formes de l'attaque d'hystérie. — Les attaquas apparaissent souvent chez un jeune siiiet hystérique, à la suite d'une émotion, d'un chagrin, d'une peine. Elles sont caractérisées >>ar un ensemble de phénomènes physiologiques et intellectuels, très nom- br ux et encore mal définis Pour mettre un ordre relatif dans la description de cet accident, nous passerons en revue l^^s dilférents aspects sous lesquels peut se piésenter la crise d'hystérie. I. Attaque d'hystérie simple. — Le plus ordinairement et dans les formes les plus simples et les plus faciles à interpréter-, l'attaque d'hystérie ne dilTère pas des manifes- tations d'une émotion excessive. En effet, à la suite d'une émotion violente et pénible presque toujours, la malade est prise subitement d'une constriction à la gorge, et d'une oppression gênante. La respiration devient suspiriense et angoissée, les yeux se con- vulsenl et se pâment, la malade tombe à la renverse, gémit, tandis que les membres, le tronc, le bassin sont secoués de mouvements plus ou moins rythmiques. Cet état se prolonge plus ou moins longtemps et se termine par une crise de larmes abondantes ou par une crise de rire. N'e>t-ce pas ici la reproduction d'une émotion violente? « Au moment d'une émntion brusque et vive, dit Briquet, la femme a de la constriction à l'épigastre, elle res-ent de l'oppression, son cœur liât, quelque chose lui monte à la gorge et l'étrangle, enfin ele ressent dans tous les membres une fiioUesse qui la l'ait eh quelque sorte tonib T, uu bien elle éprouve une agitation, un besoin de mouvement qui lait contracter ses muscles : c'est bien là le mndèle exact de l'accident hystérique le plus commun, du spasme hystérique le plus ordinaire. » Il ne 'auirrait pas croire toutefois que l'attaque hystérique reproduise exactement ce tableau diiis tous les '-as. « Les variétés d'attaques sont infinies, dit Gilles de laTkurette, étmt donné que -haque sujet imprime à sa crise un cachet personnel et pourtant fort variable. Par exemple chez telle malade, ce qui domine, ce sont les phénomènes convul- sifs et la crise. Après une aura assez rapide, constituée par une sensation d'étouffe- ment, la malade tombe à terre, perd plus ou moins connaissance, et s'agite d'une façon désordonnée, les bras, les jambes, le tronc, la face, la bouche, tous les muscles peuvent s'agiter peiKlant l'attaque. » Dans d'autres cas, la crise est constituée par une sorte de syncope incomplète. La malade se laisse tomber, reste plus ou moins immobile, les yeux fermés, les membres flasques. Tout -fois les battements du cœur sont normaux, bien que le pouls soit très faible, d'après Briquet; la respiration est ralentie, mais régulière. L'attaque peut être constituée par là simple exagération des accidents de l'aura. La S'M)saiiun d'une boule qui remonte jusqu'au cou s'accentue à tel point que la malade redoute de mourir étoulTée. « La femme, dit ASibruise Paré, auparavant que ces acci- dents adviennent, sent monter de sa matrice une très grande douleur jusqu'à sa bouche, à l'esiomach et au coeur, et lui semble qu'elle estouffe et dit sentir monter quelifiie morceau ou autre chose qui lui clost le gosier avec grand battement de cœur. » Il est .1 i)b i.)le que cette seusalioa de boule ou de globe hystérique est due, comme HYSTERIE. 885 le pensait Georget, à un spasme des muscles de l'œsopha^je, du pliarynx et du larynx. Cette variété de crise, désignée par les anciens sous le nom de suffocation de matrice, a élé décrite avec beaucoup de pn^cision par Briquet. « Après quelques hem es 'l'anxiété, l'épigastre se serre, il semble (|u'un poids considérable presse la région é(iii>astrique ou qu'une corde serre la base de la poitrine : uiip douleur déchirante et très vive se fait sentir en cet endroit ; des palpitations se déclarent pend.tnt lesquelles le cœur semble soulever la poitrine : la violence des baitements et le sentiment de soufl'rance sont tellement grands, que la malade semble craindre que le cœur ne se rompe dans la poitrine. Ces battements sont extrêmement rapides et précipités. Les muscles de la poiti'ine, bien que convulsés et faisant éprouver l-^ sentiment de la suffocation et de l'étouffement, se contractent néanmoins très rapidement et précipitent la respiration au point de provoquer cent inspirations par minute. Une sensation trAs douloureuse semble monter à la gorge sous la forme d'un globe et, arrivée là, y provoque une stran- gulation qui cause la douleur déchirante la plus vive et pendant laquelle la malade parait près d'étouffer. Alors la déglutition devient complètement impossible. Une violente douleur éclate dans la tête, les mains s'agitent, se crispent involontairement, l'intelligence néanmoins se conserve tout entière. Cet état de souffr.ince est quelquefois porté à un degré effrayant et dure pendant quelques heures; puis des sanglots éclatent, des pleurs surviennent, les urines coulent claires et abondantes, et tous ces accidents se calment en laissant après eux de la céphalalgie, des douleurs de l'épigastre, aux côtes, dans le dos, et un sentiment de brisement et de courbature dans les inemftres. » Enfln, au cours de l'attaque peuvent apparaître des accidents nouveaux qui lui donnent une forme un peu différente, attaque de tic, reproduction persistante de même mouvement, contorsions et jongleries, etc. A l'occasion de l'attaque, la fantaisie i4 l'ima- gination de malades semblent se donner libre cours. Après le début de l'attaque, « la représentation commence, dit Pierre Janet; elle danse et tord son ventre à la façon des bayadères, puis elle se roule par terre, exécute des mouvements de bassin bien caz"ac- téristiques, elle saute debout sur ses pieds, lève le bras droit en l'air et appuie la tête contre lui en gardant une posture fixe, ou se met à genoux comme pour prier. Au milieu de ces actes, elle entremêle des cris, un cri rauque et aigu, puis le miaou des chats, l'aboiement des chiens, ou bien elle répète des mots à la façon des petits enfants : << Zozo, ma nounou, tatata », etc.; enfin elle n'oublie pas les gros mots ni lesinjuies dont elle possède à ce moment un riche répertoire. Tout cela duie à peu près une heure. » Tous ces actes sont les produits de l'im.agination déréglée de la malade, et ils sont pour une large part volontaires et, semble-l-il, destinés à intéresser et à étonner le spectateur. Une malade dans la solitude ne présente pas des crises aussi intéressantes. D'ailleurs, lorsque ces crises prennent une allure fantaisiste, on remarque que les malades ont la conscience de leur attaque et en conservent un souvenir exact. 2. Attaques d'idées fixes : les extases, attaques délirantes. — Ces faits nous condui- sent aune nouvelle catégorie d'attaques, où les phénomènes intellectuels prédominent et où les accidents physiologiques de l'attaque s'atténuent jusqu'à disparaître coni()lète- ment. Cette variété d'attaque hystérique a élé très bien décrite et étudiée par Pierre Janet. Le plus souvent, pendant l'attaque, qui apparaît toujours dans les mêmes conditions, les malades restent immobiles, parfois à peu près complètement inertes, les yeux clos en général. Ces attaques ont élé souvent décrites sous le nom de sommeil hystérique. Certaines malades sont complètement flasques, les autres présentent un certain degré de raideur et reprennent avec entêtement leur position primitive quand on essaye de la modifier. En interrogeant ces malades soit par l'écriture automatique, soit à la fin de l'accès lorsque le souvenir persiste encore, P. Janet s'est aperçu qu'elles ne sont pas sans pensées, elles sont au contraire absorbées par une série de pensées obsédantes. Les idées les plus variées peuvent ainsi apparaître pendant l'attaque comme dans le rêve, elles se présentent presque toujours sous la forme d'images extrêmement vives ou complexes qui donnent à la malade l'illusion de la réalité. Ce sont des images visuelles, reproduction des scènes qui ont jadis vivement impressionné le sujet. Ce sont aussi des images verbales et auditives : la crise est en effet remplie par un long bavardage intérieur. 886 HYSTERIE. Chez un certain nombre de ces malades, le rêve qui les obsède se traduit par une attitude : la malade pendant toute l'attaque se maintient les mains en prière, les bras en croix, etc. Les extatiques qui prennent la pose de llmmaculée Conception, ou qui reproduisent les attitudes du Christ, appartiennent à cette catégorie. Enfin, chez un certain nombre de malades le rêve s'extériorise en paroles. Ce sont des malades qui, suivant l'expression de Paul Richer, « parlent leur rêve au lieu de le jouer ». Ces faits nous conduisent aux attaques de délire par une transition régulière. Pitres a défini en efl'et les attaques de délire, « des crises aiguës d'excitation délirante qui surviennent quelquefois chez les hystériques à titre d'équivalent clinique des attaques convulsives complètes et régulières ». « Tous ces accès de manie aiguë se ressemblent, dit-il encore ; quelle que soit leur cause, ils sont toujours caractérisés par la surexcitation du corps et de l'esprit, par l'agi- tation désordonnée des membres, par des clameurs incohérentes. Les malades qui en sont atteints crient, chantent, rient, gesticulent à tort et à travers, déchirent leurs vête- ments, injurient leurs gardiens, et cela sans suite, sans discernement, comme s'ils étaient poussés par un besoin automatique et irrésistible d'activité. La manie hystérique ne diffère guère de la manie simple ou de la manie épileptique que par son étiologie. » (Des attaques de délire hystérique. Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie. 1891, n° l.) Ces attaques délirantes s'observent dans les deux sexes; mais elles sont beaucoup plus fréquentes chez l'enfant. Briquet en cite plusieurs exemples : « Ces attaques, dit-il, surviennent surtout chez les sujets jeunes, et principalement chez ceux dont l'intelli- p-ence est fort avancée, et dont l'imagination et l'impressionnabilité sont très vives. Elles viennent ordinairement comme les autres attaques à l'occasion d'une émotion ou d'un trouble quelconque accidentellement survenu. » Le pronostic de ces états délirants n'offrirait aucune gravité, et d'après Gilles de la TouRETTE, ils ne passeraient jamais à l'état chronique. 3. Les attaques de sommeil. — Les faits que nous venons de passer en revue se relient les uns aux autres et constituent les attaques dans lesquelles prédominent de plus en plus les phénomènes intellectuels. Une autre catégorie de faits comprend les crises qui ont été décrites sous le nom d'attaques de sommeil. Le plus souvent, à la suite d'accidents convulsifs ou d'autres accidents hystériques, le sujet tombe dans le sommeil. Il paraît endormi profondément. La respiration est très calme, souvent ralentie, descendant quelquefois à dix mouvements d'inspiration et d'expiration par minute. Le pouls est régulier. L'aneslhésie paraît totale ; par contre, la résolution musculaire n'est pas complète et souvent on note un certain degré de con- traction, surtout des muscles masticateurs et aussi des paupières qui présentent une sorte de frémissement. La durée des attaques de sommeil est très variable; elle est de quelques heures en général, mais peut se prolonger pendant des semaines ou des mois. On a signalé des crises de sommeil de plusieurs années, mais leur authenticité est douteuse. L'état de sommeil se termine lorsque la malade se réveille spontanément ou â, la suite d'une attaque. Le sommeil hystérique peut revêtir une forme différente. Debove et Achard ont décrit l'apoplexie hystérique. Le malade tombe brusquement dans le coma. Ce début subit, sans accident antérieur, s'observe surtout chez l'homme, et n'était son apparition à la suite d'une émotion vive, d'une peur, d'un choc moral, il serait parfois fort difficile d'en reconnaître la nature. Il faut rapprocher de ce fait les cas de mort apparente, désignés sous le nom de léthargie. Les fonctions vitales paraissent ici complètement abolies, et il est certain qu'autrefois tout au moins, on a pu confondre cet état avec la mort réelle. « Les fonc- tions du cœur et des poumons paraissent suspendues ; le pouls est insensible et la cha- leur animale semble entièrement éteinte : les malades sont froids, pâles, immobiles et restent dans un état plus ou moins prolongé de mort apparente qui peut se terminer par l'extinction totale de la vie. » (L. Villermay. Traite des maladies nerceuses ou vapeurs, et particulièrement de l'hystérie ou de l'hypocondrie, 1816. Tome i, p. 64.) HYSTERIE. 887 Ce sont là, d'ailleurs, des accidents fort rares; nous reviendrons sur ces faits de sommeil prolongé et de léthargie, lors de l'étude des troubles trophiques dans l'hystérie. 4. La grande attaque hystérique de Charcot. — Nous aurons terminé l'énumération des principales formes des attaques hystériques quand nous aurons rappelé la description systématique donnée par Charcot de la grande attaque hystérique. Dans cette étude, nous suivrons la description si complète de Paul Richer. L'attaque est précédée d'une période prémonitoire [caractérisée par des troubles psychiques ou d'ordre sensitif ou sensoriel. Le caractère se modifie, la malade devient triste et irritable, et pressent son attaque. Elle se plaint de sensations anormales, elle ressent l'aura ovarienne ou abdominale qui était attribuée par les anciens auteurs à une ascension de la matrice vers la gorge. Après cette période prémonitoire, la crise éclate. Elle évolue, d'après Charcot, en quatre périodes. a) Première période ou période épileptoïde. Averti par l'aura de l'arrivée de sa crise, le sujet se laisse tomber à terre ou s'étend sur son lit, sans pousser de cri, ce qui constitue une première différence avec l'attaque épileptique. A partir de ce moment et pendant toute la première période de l'attaque, la perte de connaissance est complète, d'après Charcot. Les convulsions épileptoïdes qui caractérisent cette première attaque évoluent en trois phases : phase tonique, phase clonique, phase de résolution musculaire. Les convulsions toniques varient avec chaque malade. La tête se raidit et se renverse en arrière, faisant saillir le cou qui se gonfle. Les yeux convulsés cachent habituelle- ment leur pupille sous la paupière. La respiration se ralentit et s'arrête par longues pauses. Après quelques mouvements assez lents, le sujet s'immobilise, le corps contracté et tendu. En général le malade est dans l'extension complète et dans le décubitus dorsal : le corps raidi, comme une barre de fer, repose sur le dos ou sur l'un des côtés. Mais parfois les membres sont dans les positions les plus bizarres, diversement fléchis ou étendus : le corps courbé en arrière peut ne s'appuyer que sur les pieds et sur la tête, dessinant un arc de cercle. La respiration est suspendue. Bientôt survient \a. phase clonique: la respiration suspendue se rétablit péniblement, « puis elle s'effectue dans le plus grand désordre, l'inspiration est sifflante, l'expiration saccadée, il y a parfois des hoquets, des mouvements bruyants de déglutition se pro- duisent, le ventre est agité de secousses et de borborygmes sourds « (Richer). En môme temps, de brèves et rapides oscillations, commençant par le membre tétanisé le premier, se généralisent aux autres membres et au tronc. Puis le calme revient peu à peu, les convulsions disparaissent et font place à la troi- sième phase de resolution musculaire. En général cette première période épileptoïde dure quatre à cinq minutes. b) La deuxième période de la grande attaque se caractérise par les grandes convul- sions-« rappelant les sauts, les tours de force qu'exécutent les clowns dans les cirques, d'où le nom de période de clownisme que lui a donné Charcot ». Ces attitudes illogiques revêtent les aspects les plus variés et les moins attendus : arc de cercle, la tête et les pieds reposant sur le lit, ou bien le tronc se courbe en for- mant un arc à convexité postérieure, ou encore s'incurve latéralement. A ces attitudes illogiques succèdent immédiatement de grands mouvements désordonnés, extrêmement violents; plusieurs hommes vigoureux peuvent à peine maintenir une femme débile à l'état normal. La troisième période comprend les attitudes passionnelles. Ces attitudes traduisent le rêve de la malade et varient avec chaque sujet. En sa mimique et ses gestes, la malade exprime ses préoccupations habituelles, et les scènes de sa vie qui l'ont le plus forte- ment émue. Les rêves se succèdent, tantôt terrifiants, tantôt joyeux. En général, à la fin de cette période, les malades se voient environnés d'animaux réels ou fantastiques. Puis les atti- tudes passionnelles se font de plus en plus rares et la malade arrive à la quatrième période de la crise. Cette période, assez courte en général, parfois prédominante, est constituée par un délire de mémoire, où la malade revit encore les phases de son existence passée : il est gai, triste, mystique ou obscène, suivant la personnalité de la malade. 888 HYSTERIE. Puis la malade revient à elle. La durée d'un paroxysme convulsif de celte ordre est en général de la à 30 minutes. Tel est le cadre dans lequel, d'après Charcot, évoluent les paroxysmes ronvulsifs de l'hystérie. Suivant les cas, on observerait la prédominance de telle ou telle partie de la crise, mais toujours on retrouverait plus ou moins marquée la succession des quatre périodes de la crise d'hystérie normale. Cette notion n'a pas été acceptée en dehors de la Salpêtrière et de l'école de Charcot. La plus grande objection qui a été élevée contre cette conception, c'est que spontuné- ment il est très rare d'observer des paroxysmes conviilsifs présentant c-tte évolution régulière en quatre périodes. C'est l'opinion soutenue d'abord par Bernheim, Déjeri.ne, Pierre Janet, et communément admise aujourd'hui. Lorsque Charcot professait à la Salpêtrière. le plus grand nombre des malades pré- sentaient des crises régulières et du même type. Mais l'imitation et l'enlraînement jouaient un grand rôle dans le développement de ces accès convulsit's. L'hy>térique en état de crise est en effet suggestible, et il est aussi facile de diriger l'accès dans le sens que l'on de'sire, que de l'arrêter. Pour reprendre une expression de Bernheim, les phéno- mènes décrits à la Salpêtrière étaient de « Thystérie de culture ». Nature des crises hystériques. — Dans les pages qui précèdent, nous venons de passer en revue les différentes manifestations des attaques d'hystérie. L'attaque primi- tive et originelle, qui ne parait être qu'une émotion exagérée, peut, nous l'avons vu, se modifier considérablement, suivant que prédominent les accidents de suffocation, d'exci- tation cérébrale, un état de dépression qui conduisent de l'évanouissement hystérique à l'attaque de sommeil et à la mort apparente. Dans certaines conditions artificielles, la crise peut prendre le type complexe décrit par Charcot, et où semblent parvenir à leur maximum les désordres convulsifs et les états délirants. Mais au-dessous de ces manifestations, nous ti'ouvons toujours l'état émo- tionnel primitif. Jaa'et, quia consacré à ces questions une étude psychologique intéres- sante, a montré que l'on découvrait toujours un rêve émotioimel sous-jacent à ces mani- festations si vaiiables. Nous pouvons donc admettre que la crise hystérique relève de la malléabilité de l'organisme, de la facilité pour les états de peine ou de joie à déterminer des réactions émotionnelles excessives, et peut-être plus encore du défaut d'inhibition, du défaut de volonté pour arrêter les manifestations désordonnées de l'émotion. L'étude étiologique vient confirmer cette vue, et tous les auteurs ont insisté sur la fréquence des émotions vives à l'origine de ces accidents. La première crise apparaît après un choc moral, chagrin, peur, etc. Une fois la crise constituée, si personne ne vient donner à l'hysiérique, par une parole énergique, le pouvoir d'arrêter l'accès, si l'entourage le favorise par son empressement, par des soins inutiles, ou sa facilité à s'émouvoir à son tour, la crise, loin de diminuer, va prendre un nouveau développe- ment. Les accès apparaîtront à toute émotion un peu forte et bientôt ils surviendront sans motif appréciable. La malade paraît s'abandonner à ses émotions avec une absolue passivité et la crise devient bientôt une habitude. Elle se reproduit sans cesse, toujours avec les mêmes caractères, qui, une fois acquis, restent indéfiniment fixés. Un second caractère, c'est que la conscience n'est jamais complètement abolie. Tout contribue à le prouver. Comme Déjerine le fait souvent remarquer, une crise d'hystérie violente ne s'accompagne d'aucun traumatisme sérieux, il est même fréquent après l'accès de ne constater aucune ecchymose. La différence est grande à cet égard avec les accès épileptiques. La persistance de la conscience se manifeste aussi par la suggeslibi- lité de la malade pendant la crise. Bernheim a insisté avec beaucoup de justesse sur ce point : il donne l'exemple typique d'hystériques en pleine crise, chez lesquelles par simple énonciation à haute voix on peut faire apparaître tous les phénomènes que l'on désire. L'influence de la suggestibilité est démontrée par les épidémies de crises convul- sives, dans les couvents, dans les pensionnats. D'oîi la règle très sage de ne jamais réunir dans une même salle et de ne jamais laisser communiquer librement des hysté- riques atteintes d'accidents convulsifs, sous peine de voir les malades s'entraîner pour ainsi dire dans leurs manifestations morbides. Cela nous amène à signaler un dernier caractère de ces accidents, qui est leur cura- bilité. Il est aussi facile de les arrêter par un traitement approprié que de les développer HYSTERIE. 88» en leur prêtant une trop grande importanoe ou en ayant l'air de s'y intéresser. Dans le service de Dkjerine, à la Salpêtrière, je n'ai jamais vu les crises convulsives durer plus de un ou deux jours. Kn ne témoignant aucun intérêt pour ce genre de dénidusl ration émotionnelle, en menaçant la malade de la claustralion complète dans une cellule si les crises se reproduisent, on arrête toutes ces manifestations. La crainte du cabinet noir habilement exploitée fournit à la malade une énergie suffisante pour arrêter et modérer ses émotions. « Dans mon service, écrit Déjerine, les accidents de grande hystérie n'ont jamais duré plus df huit jours. » Somme toute, nous trouvons dans les crises convulsives les caractères communs à tous les accidents hystériques. Primitivement la crise n'est qu'une émotion excessive qui se transforme vite en une habitude à laquelle la malade se laisse aller d'autant plus facilement qu'elle croit ne pouvoir y résister. Elle s'auto-suggestiomie et son entourage la maintient dans ses idées erronées. Sé[)arée de son milieu, excitée à vouloir et à revenir dans le droit chemin, la malade guérit en quelques jours; les crises même anciennes disparaissent avec une facilité qui provoque toujours un certain étonueraent. Il n'y a pas d'accidents qui démontrent mieux combien l'hystérique est malléable par l'idée qu'elle accepte ou qu'on lui impose. Les zones hystérogènes. — A l'étude des crises hystériques, se relie celle des zones hystérogènes. Charcot et Pitres en ont donné une définition qui a été longtemps admise sans conteste : la zone hystérogène est une région ciiconscrite du corps, douloureuse ou non, d'où partent souvent, pendant les attaques spontanées, des sensations spéciales qui jouent un rôle dans l'ensemble des phénomènes de l'accès hystérique, et dont la présence a pour effet soit de déterminer l'attaque convulsive, ou une partie des phéno- mènes spasmodiqiies de l'attaque, soit d'arrêter brusquement les convulsions. Ces zones peuvent exister sur tout le corps, mais elles sont infiniment plus fréquentes au niveau de l'abdomen. La compression des ovaires, d'après Charcot, ou de la région épigastrique peut exciter ou refréner une crise convulsive. Mais il semble bien que ces zones hystérogènes soient nées de toutes pièces par l'exa- men médical; on peut, en effet, les créer ou les faire disparaître par simple affirma- tion; on peut, sur des sujets prédisposés, créer une zone avec tous ses caractères sur un point quelconque du corps. Aussi, sans nier absolument l'existence des zones hystérogènes spontanées, car il est possible que l'excitation de certains domaines du grand sympathique mette enjeu tout l'appareil émotionnel réfiexe, il faut faire ici, comme dans bien d'autres domaines de l'hystérie, de sérieuses réserves. La suggestibilité est si développée, que les phénomènes primitifs disparaissent au milieu de la végétation exubérante des désordres artificiels dus à l'imagination des malades. PARALYSIES ET CONTRACTURES HYSTÉRIQUES. Les paralysies et les contractures sont des accidents hystériques des plus fréquents et des mieux connus. Relevant, comme la plupart des autres désordres hystériques, d'un trouble psycbique primitif, ces accidents doivent à leur origine une allure toute particulière. Si nous insistons aussi longuement sur leur description, c'est qu'aucune autre manifestation hystérique ne peut mieux démontrer la nature réelle de cette maladie. Les contractures hystériques ont un certain nombre de caractères communs. Leur début est brusque, en général; une fois constituée, la contracture hystérique est très intense; les membres atteints sont immobilisés si fortement que des efforts consi- dérables ne peuvent modifier leur situation. Quelle que soit l'attitude du membre, qu'il soit en flexion ou en extension, les muscles antagonistes sont aussi intéressés; on en juge par la palpation; ils sont également raides et durs au toucher. La contracture disparaît toujours dans le sommeil chloroformique. Persiste-t-elle dans le sommeil naturel? Charcot et ses élèves l'affirmaient, mais Babinski a fait, sur ce point, de sérieuses réserves, et il est loin d'être établi que la contracture ne disparaît pas pendant le sommeil. Tous les muscles obéissant à la volonté peuvent être atteints par la contrac- S90 HYSTERIE. ture. La forme hémiplégique est rare. On observe plutôt une contracture des deux membres inférieurs; les muscles du tronc, du cou peuvent être aussi atteints. Au niveau de la face, la contracture se faisait souvent sous le type de l'hémispasme glosso- labié, dû aune contraction spasmodique portant sur un côté de la bouche ou sur la langue. Sur les muscles des yeux, la contracture donne naissance au blépharospasme, au strabisme par contracture. Cette contracture dure parfois des années, toujours localisée aux mêmes membres ; plus rarement, elle est mobile, atteignant, suivant le genre, tel ou tel segment de membre. Enfin, après avoir duré pendant plusieurs jours ou plusieurs mois, la contracture peut guérir souvent d'une façon brusque et en apparence miraculeuse. Même lorsque la guérison paraît rapide et immédiate, le malade ne retrouve pas aussitôt l'intégrité de sa force musculaire. Pendant des semaines, d'après P. Richer, les muscles restent dans l'état qu'il a désigné sous le nom de diathèse de contracture ; tout en étant plus faibles, les muscles sont plus excitables, et la moindre percussion fait apparaître une contrac- ture plus ou moins persistante. Charcot et P. Richer pensaient même que les contractures ne pouvaient se développer que sur des muscles présentant des troubles de leurs contractiles; mais les recherches modernes n'ont pas confirmé cette opinion. Les paralysies hystériques débutent souvent, comme la contracture, d'une façon lu usque. Gomme les contractures, elles atteignent tous les muscles du segment du membre paralysé, et non seulement les muscles dont le mouvement est supprimé, mais les muscles antagonistes. La paralysie est rarement complète ; on trouve quelques mouvements conservés. La rontractilité à l'excitation faradique est conservée. Les réflexes cutanés ont, en général, disparu; les réflexes tendineux persistent, ou sont augmentés. Enfin, caractère important, et qui les sépare des paralysies organiques, les paraly- sies hystériques sont variables d'un jour à l'autre, sous l'influence d'une émotion, ou sans cause nette. La paralysie se prolonge pendant des mois ou des années, ou dure seulement quelques jours ou quelques heures. La guérison peut être brusque, comme le début. La paralysie se présente sous des aspects variés. En général, on observe la forme hémiplégique souvent associée à l'anesthésie sensitivo-sensorielle du même côté. Mais on peut trouver une localisation sur tous les muscles obéissant à l'action volontaire. La musculature interne de l'œil n'est jamais touchée ni par la paralysie, ni par la contracture. Complications trophiques des paralysies et des contractures. — Signalée par Vrelkoff en 1884, établie définitivement par Babinsri en 1886, l'atrophie musculaire hystérique paraît toujours secondaire, lorsqu'elle existe, à une paralysie ou à une ■contracture; mais il est difficile de comprendre pourquoi elle accompagne certaines para- lysies ou contractures, à l'exclusion des autres. Elle s'observe surtout dans la mono- plégie hystérique, et plus souvent chez l'homme que chez la femme. Le traumatisme, cause fréquente de raonoplégie chez l'homme, joue peut-être un rôle dans l'étiologie de ce trouble secondaire. L'atrophie musculaire survient, en général, quelques semaines après l'apparition de la monoplégie. Elle atteint la totalité des muscles du membre paralysé, aussi bien les petits muscles de la main que les muscles de l'avant-bras et du bras dans la para- lysie du membre supérieur. Il n'existe pas de réaction de dégénérescence dans les muscles atrophiés. Enfin, au cours des contractures hystériques, on peut observer des rétractions fibro- lendineuses, comme dans tous les cas où les muscles sont immobilisés pendant long- temps dans la même altitude. Ëtiologie et nature des paralysies hystériques. — Comme Ch. Richet et Brissaud l'ont démontré, la contracture est une forme de l'activité musculaire. En effet, la compression du membre par la bande d'EsMARCH, en supprimant l'apport nutritif au niveau du membre, fait cesser la contracture. HYSTERIE. 891 La contracture ne relève pourtant pas du même mécanisme qu'une contraction volontaire. Elle n'est pas un tétanos, elle est un état musculaire intermédiaire entre l'état de contraction et l'état de relâchement. C'est une augmentation du tonus musculaire. L'étude de la secousse musculaire par l'excitation électrique dans les cas atténués en fournit la preuve. Entre la secousse musculaire normale et la contracture perma- nente, on peut trouver tous les degrés intermédiaires, dit P. Richer *. « Au degré rudimen- taire, la secousse musculaire n'est que peu modinée, la descente en est moins rapide; elle est interrompue parfois par un plateau de peu d'étendue. En résumé, il y a un simple allongement de la secousse, et cet allongement doit être considéré comme le premier indice de la contracture; c'est la contracture passagère... La durée de cette secousse de contracture peut s'étendre au point qu'elle devient une contracture durable ; et, dans ces transformations successives, la forme du tracé ne diffère que par la durée de la descente. » La contracture hystérique n'est donc qu'une variété de tonus mus- culaire, et comme le tonus, elle persiste indéfiniment sans entraîner de fatigue. La paralysie ne tient pas à une diminution du tonus musculaire, contrairement à ce que l'on pourrait croire. Il y a seulement une suppression des mouvements volon- taires. L'origine psychique de cet accident avait déjà été vue par Brodie qui l'indiquait nettement dans une formule heureuse : « Cène sont pas les muscles qui n'obéissent pas à la volonté, c'est la volonté elle-même qui n'entre pas en jeu. » Plusieurs caractères en démontrent bien la nature. Comme Babinski l'a parfaitement signalé, la distribution est toujours semblable à celle que pourrait réaliser une contrac- tion ou une paralysie suggérée à un sujet en état d'hypnose. La distribution de la para- lysie ou de la contracture correspond toujours à un groupe musculaire qui agit syner- giquenient dans la contiaction volontaire. On ne trouve pas de paralysie hystérique respectant le long supinateur, comme dans la paralysie saturnine, par exemple. L'étiologie confirme ces données dans un certain nombre dé" cas. Souvent paralysie ou contracture apparaissent à la suite d'un traumatisme, surtout si le traumatisme a été accompagné d'un état émotionnel violent (accident de chemin de fer). C'est l'exa- gération d'un trouble pour ainsi dire constant même chez des individus normaux. « Les troubles sensitifs et moteurs qui se produisent sur les membres soumis à une •contusion n'appartiennent pas, tant s'en faut, en propre aux sujets hystériques, écrivait Charcot. Chez ces sujets-là sans doute, ils se produisent sous l'inlluence de chocs en appa- rence les plus légers, et ils acquièrent facilement un développement considérable, hors de proportion avec l'intensité de la cause traumatique. Mais on les retrouve en dehors de l'hys- térie, à peu près nécessairement chez un individu quelconque à la suite d'une contusion, pour peu que celle-ci ait une intensité notable. C'est ainsi que sous l'inlluence du choc pro- duit par exemple sur l'avant-bras par la pénétration d'une balle de fusil, le membre tout entier peut se montrer parésié, insensible pendant une période de temps plus ou moins longue. Une simple contusion sans plaie suffit à déterminer des accidents du même genre. On peut avancer, je crois, d'une façon très générale, que plus la contu- sion est légère, et moins le sujet est névropathe, moins il est hystérique, si l'on peut parler ainsi, plus les accidents parétiques et sensoriels sont légers, courts, fugaces. » (Charcot. Leçons sur les maladies du système nerveux^ m.) Les émotions vives, la peur peuvent provoquer des accidents analogues. Ne dit-on pas que la peur « coupe bras et jambes »? Cette expression traduit l'inhibition que pro- voque une émotion quelconque chez une malade suggestible et présentant dans ces conditions des troubles moteurs; chez les hystériques, cette parésie passagère va se transformer en paralysie permanente. Une de mes malades, dit Briquet, reçoit à l'improviste la nouvelle de la mort de sa mère; à l'instant les jambes tremblent, fléchissent sous elle et on la relève paraplé- gi-que. Les contractures peuvent prendre naissance dans les mêmes conditions. Nous avons vu, chez le professeur Déjerine, une malade atteinte d'une contracture en adduction de de deux cuisses à la suite des efforts qu'elle avait faits pour résister aune tentative de viol. i. PaulRicher. Paralysies et contractures musculaires hystériques. Doin, Paris, 1892. 892 HYSTERIE. L'autosuggestion qui produit la paralysie peut se réaliser par un mécanisme difTé- rent. L'hémiplégie hystéiique n'est souvent qu'un phénomène d'inhibition, ajouté à une lésion cérébrale réelle. Gilles de la Tourette a fait à cet égard des conslalations intéressantes. « Nous avons eu bien souvent, dit-il, l'occasion d'observer des hémiplégies et des monoplégiesbrachialt-shystériques chez des syphilitiques dont le cerveau avait été touché plus ou moins fortement par la vérole. Au lieu et place de l'hémiplégie ou de la moiio- plégie organiques qu'un traitement approprié avait écartées, apparaissait une hémiplégie ou une Mionoplégie hystérique, vis-à-vis dn laquelle la lésion organique disparue avait certainement joué le rôle à la fois d'agent provocateur et loralisateur. » Quel que soit d'ailTeurs le mécanisme par lequel se réalise la paralysie ou la contrac- ture, c'est en définitive à un trouble psychique qu'aboutissent toutes ces causes. Les méthodes ciiralives de ces accidents en démonti'ent très nettement la nature. C'est ici que triomphent les cures miraculeuses, et la thérapeutique moderne a su. par des procédés de suggestion ou d'éducation emploj'és systématiquement, provoquer à volonté ces guérisons autrefois spontanées et isolées. Peut-on aller plus loin et essayer de pénétrer le mécanisme psychologique de ces accidents? Il est bien certain que le sujet a l'idée plus ou moins nette que son bras, para- lysé ou contracture, ne peut lui obéir; mais ce qui constitue le caractère essentiel^ c'est la rapidité avec laquelle cette idée se réalise en acte. Nous voyons ainsi que ce qui distingue la paralysie ou contracture hystérique, c'est la malléabilité de l'organisme sous l'influence d'une représentation mentale et en dehors de la volonté du sujet. Un autre caractère non moins important, c'est qu'une action psychothérapique quel- conque peut guérir un accident en permettant au malade d'étendre son pouvoir volon- taire sur des actes dont la direction lui échappait. Chorée hystérique. — Parmi les troubles moteurs, nous ne pouvons passer sous silence la chorée hystérique, qui sous forme d'épidémie s'est répandue au moyen âge à travers toute l'Europe. La danse de Saint-Guy en Allemagne, la tarentine en Italie n'étaient que des acci- dents hystériques. Si de nos jours ces manifestations s'observent encore, ce n'est que d'une façon sporadique, ou encore chez l'enfant sous forme de petites épidémies d'école ou de maison. Germain Sée en 1850 sépare le premier ce syndrome hystérique de la chorée de Syden- HAM. Chargoï en distingue les caractères essentiels. L'agitation musculaire, incoordonnée dans la chorée vraie, revêt ici une forme rythmique : secousses rythmiques du bassin, des membres, des pieds, des mains, de la tête, mouvement et salutation rythmés, mouvement de danse ou chorée saltatoire, etc. Le rôle de l'imitation dans la genèse de ces accidents lors des épidémies, la disparition rapide par un traitement psychothérapique suffisent à démontrer l'origine psychique de cet accident hystérique. TROUBLES DIGESTIFS d'oRIGINE HYSTÉRIOUE. Les troubles gastro-intestinaux sont des plus fréquents dans l'hystérie. Sur les 358 hystériques qu'il a étudiées, Briquet a relevé leur existence dans presque tous les cas. Pour mettre un ordre relatif dans l'exposé de ces accidents très nombreux et d'ap- parence si variable, nous les rangerons en trois groupes, suivant qu'ils relèvent d'un trouble prédominant des sécrétions digestives, de la sensibilité ou des mouvements de l'estomac et de l'intestin, classification un peu schématique, car il est bien certain que parfois certains désordres atteignent à la fois les diverses fondions de l'appareil digestif. 1. Troubles de la sécrétion. — La sécrétion salivaire est parfois augmentée d'une façon ordinaire chez les hystériques, le malade a la bouche constamment pleine de salive et peut en i-ejeter près d'.un litre par jour. L'expérience apprend que l'autosug- gestion joue un rôle certain dans cette sécrétion excessive qui cesse toujours pendant la nuit. Assez souvent cet accident se développe sur , un trouble organique léger moins HYSTÉRIE. 893 réel; quelque désordre dans les foncMons digeslives provoque une sécrétion >alivaire plus abond Mite, mais sur le malade qui présente les caractères psjciiiqnes de l'hys- térie, ce symp'ôme sans importance va se transformer en une complir.-il on qui n'est pas sans danger. L'attention expectante du malade entretient une sécrétion continue. On peut d'ailleurs par une médication purement suggestive arrêter rapidem nt cette sécrétion désordonnée. La sécrétion de l'estomac ne paraît pas modifiée dans les dilTérentes manifestations digestives de l'hystérie. 2. Accident hystérique relevant d'un trouble dans les fonctions motrices de l'appareil digestif. — Le spdsme de Vœsopiiaye peut s'oliserver au cou s de l'hystérie, mais cet accident est relativement assez rare. Il présente dans son évolution l'allure «inguiière de toutes les manifestations hystériques apparaissant ou .■-'atténuant d'un jour à l'autre, souvent modilié par une émotion, enfin obéissant d'une façon évidente aux idées de la malade; c'est ainsi que le sp;isnie peut n'exister que pour une variété déterminée d'aliments. Même lorsqu'il estansnlu, le spasme n'est pas en ;^'énéral assez persistant pour entraîner un trouble considérable de la déglutition; la malade parvient à absorber- une petite quantité d'aliments sultisanie pour entretenir la vie. Les vomissements hystériques constitu^ni un trouble infiniment plus banal que le spasme de l'œsophage. Cet accident peut apparaître sous l'influence de cau>-es morales, par exemple par imitation. Mais beaucoup plus souvent, par suite d'une (iréiis|iosition nerveuse, les vomissements syrnptomaliqu»', d'une affection gasfriqru' qupIcon(|ue pr-en- nent sous l'influence d'une autosuggestion inconsciente mie allure toute différente. Dans toutes les maladies gastriques aecompa:.'nées de vomissements, l'hystérie peut provoquer l'apparition de vomissements incoercibles. Les vomissements normaux du début de la grossesse prennent souvent chez les malades prédisposées le même caractère. Quel que soit leur mode de début, les vonlisseménts hystériques ont une allure qui en fait un syndrome des plus nets. Une lois installés, les vomissements hystériques sont persistants et se reproduisent chaque jour pendant des mois et de- années. C'est un trnit commim à Ions les acci- dents de gastropathies hystériques, dû ■ értainement au faible pouvoir d'inhibition de ces malades : il suffit en effet par quelques menaces ou [lar l'isolement de réveiller la volonté de ces malades pour arrêter en quelqu s jours des v< mrssemen s qui persistent ■depuis des mois ou des années. Le vomissement est facile, il se produit sans effort aussitôt après les repas et sou- vent la ma ade veut se remettre à table dès qu'il a cessé. Enfin un autre caractère qui n'est pas sans valeur, c'est la conservation d'im bon état g-énéral. Malgré les vomissements incessa its, la malade présente un aspect florissant, car les vomissements sont toujours partiels. On a prétendu que, chez certaines hystériques, les vomi-si en dehors de cette névrose et n'en dépendent pas directement. 894 HYSTERIE. 3. Troubles digestifs hystériques dus à une modification de la sensibilité gastrique. — La gastralgie hystérique a été signalée par la plupart des neurologistes qui ont traité des manifestations organiques de l'hystérie. On désigne sous ce nom un accès douloureux extrêmement violent, traduit en général par la malade d'une façon excessive et qui se termine par une crise convulsive avec larmes abondantes ou par une crise syncopale. Mais, si l'on étudie ce fait avec grand soin, on voit que la gastralgie hystérique ne s'observe en réalité que dans les afTections organiques de l'estomac accompagnées de vives douleurs. L'hystérie donne seulement à l'accès douloureux une allure assez tra- gique; nous ne nions pas qu'il ne puisse exister des crises de gastralgie hystérique pri- mitive, mais d'après notre expérience, nous pensons, Albert Mathieu et moi, qu'il faut toujours se défier dans ces cas d'une lésion gastrique sous-jacente et en particu- lier d'un ulcère de l'estomac. Parfois ces accès de gastralgie ont été suivis cVhématémèses que Charcot et ses élèves attribuaient aussi à l'hystérie. Mais la lecture des observations semble bien indiquer que dans tous les cas il s'agissait d'un ulcère méconnu de l'estomac*. Accidents hystériques dus à, la disparition de la faim. — L'anorexie hystérique a été décrite à peu près vers la même époque par Gall et par Lasègue. Cette affection s'observe chez des jeunes filles, prédisposées aux manifestations hys- tériques, ayant déjà eu souvent des accidents convulsifs. La jeune malade perd à la fois tout appétit et toute volonté de s'alimenter et tombe dans un amaigrissement extrême qui va parfois jusqu'à la mort. Nous ne voulons pas décrire encore une fois ici ces accidents qui ont déjà, à propos de l'article Faim, été longuement étudiés dans ce dictionnaire; on y trouvera toute la description de Lasègue. Nous dirons seulement que cet état n'est pas spécial aux hystériques. L'inanition est une des complications les plus habituelles des diverses variétés de troubles dyspep- tiques nerveux. L'hystérie donne seulement à ces désordres quelques caractères un peu spéciaux qui doivent diriger toutes les méthodes du traitement^. L'inanition progres- sive résulte d'une autosuggestion de la malade, rebelle à tous les raisonnements, mais qui cède facilement aux méthodes d'autorité : en quelques jours, avec un isolement très suivi, on obtient une alimentation que la malade était incapable de prendre seule. Il existe en effet ici un défaut de volonté tel que, même le désirant, la malade ne peut plus mettre obstacle à l'évolution des accidents; l'inanition s'accentue chaque jour, et seule l'intervention énergique du médecin et la contrainte que réalise l'isolement peut donner une nouvelle vigueur à sa volonté défaillante. Gomme nous l'indiquerons à propos des troubles'trophiques, la nutrition obéit chez les hystériques anorexiques^aux mêrries règles que chez les autres malades inanitiés. manifestations de l'hystérie sur l'appareil génito-urinaire. Les manifestations vésicales de nature hystérique s'observent surtout chez les femmes. Briquet signale la cysta/gie vésicale hystérique qu'il a rencontrée une vingtaine de fois sur 400 hystériques. La vessie est douloureuse à la distension et la moindre |quan- tité d'urine provoque un besoin intense de l'évacuer; mais il s'associe toujours à ce trouble un spasme de l'urèthre, de sorte que la miction est parfois impossible, et si elle est possible, très douloureuse. On peut observer aussi la rétention d'urine. Brodie en a donné une bonne descrip- tion. 11 ratlache nettement la rétention à un trouble de l'innervation centrale invo- lontaire qui est, comme nous l'avons déjà répété, la raison d'être de bien des accidents hystériques. « Ce que nous avons déjà dit des autres paralysies hystériques, écrit-il, peute'galement s'appliquer ici. Ce n'est pas que les muscles soient incapables d'obéir à la volonté, mais c'est la volonté qui ne s'exerce pas. Néanmoins, les choses se passent 1. On trouvera des détails complémentaires sur les différentes manifestations digestives hysté- riques dans les études que nous avons publiées, Mathieu et moi, dans les Notes de clinigne et de thi^rapeutiq ne sur les maladies de V appareil digestif. Doin, Paris, 190S. 2. Mathieu et Rou.x, Ulnanition chez les dyspepti(jues et les nerveux. Paris, 1906. HYSTERIE. 895 ainsi au début, mais si la malade a laissé sa vessie se distendre énormément, une para- lysie véritable peut s'ensuivre et on ne parviendra à vider l'organe qu'avec une sonde. » Brodie avait bien vu que ces malades guérissent, en général, toutes seules si on les abandonne à leur sort, tandis que, si l'on a recours au cathétérisme, on peut retarder la guérison indéfiuinient. Nous avons déjà signalé dans le domaine de Vappareil génital l'existence de zones hystérogèues tesliculaires ou ovariennes, et nous avons discuté leur valeur. Souvent il existe aussi une hyperesthésie e.Ktrême de l'utérus survenant à l'approche des règles. L'utérus devient douloureux au toucher et son contact provoque les réactions habituelles des zones hystériques, mais ces accidents différent peu de ceux que l'on peut observer au cours des métrites, et alors un diagnostic exact est très difficile. L'hyperesthésie de la muqueuse vulvo-vaginale s'observe assez souvent et s'accom- pagne d'une contracture du sphincter vaginal. Enfin nous devons indiquer l'existence de la fausse grossesse nerveuse. La crainte ou le désir d'une grossesse suffit à entraîner chez certaines hystériques une augmenta- tion de volume du ventre qui fait croire à l'existence d'un utérus très volumineux. Ce développement anormal de l'abdomen tient à une contracture musculaire, car il dis- paraît toujours dans le sommeil chloroformique. La ressemblance avec une grossesse est encore accrue, lorsque les règles sont supprimées et lorsque les seins se gonflent, comme on l'a constaté dans un certain nombre d'observations. MANIFESTATION'S DE l'hYSTÉRIE SUR l'aPPABEIL RESPIRATOIRE. Nous décrirons ici seulement les accidents les plus fréquemment observés dans l'appareil respiratoire, accidents qui relèvent d'un trouble psychique d'une façon évi- dente dans bien des cas. Il en est ainsi pour le mutisme hystérique, par exemple. La malade a conservé tous les mouvements de la langue et des lèvres, il lui est possible de siffler, de souffler, mais elle ne peut articuler un mot, elle ne peut parler même à voix basse. Rien dans l'état du larynx n'explique ce mutisme. La malade n'est pas aphasique, elle a conservé tout son langage intérieur, elle peut converser par signes. Cette affection peut se prolonger pendant des années. Il n'existe ici qu'un désordre psychique. La malade obéit sans le vouloir aune auto- suggestion et, malgré Jses efforts, ne peut articuler un mot. Il faut la contrainte d'un isolement sévère et bien conduit pour que la parole se rétablisse aussi claire et aussi nette qu'autrefois. L'aphonie oîi la malade peut chuchoter, mais non parler à hautevoix, le bégaiement hystérique sont des troubles du même ordre, et relèvent également d'une perversion de la volonté. La toux hystérique, signalée par Lasègue, survient à heures fixes dans le courant de la journée, et souvent par paroxysmes intenses, rappelant les crises convulsives. Elle cesse toujours pendant le sommeil. La nature des accidents est encore plus nette dans les désordres hystériques si variés où les cris simulent des gloussements de poule, des aboiements et rugissements. Il s'agit souvent de petites épidémies de pension, car l'imitation joue un rôle important dans l'apparition de ces troubles. Nous signalerons enfin le hoquet, les vifs reniflements, les éternuements hystériques. Le spasme laryngé peut s'associer aux paroxysmes convulsifs, et donne parfois aux malades un aspect assez effrayant; mais il cède toujours, et Gouguenheim repousse toute intervention chirurgicale dans ces cas. Sous le nom d'asthme hystérique, on a décrit des crises de polypnée. La malade est prise d'une respiration extrêmement rapide, jusqu'à 170 à 180 par minute,, sans qu'il existe la moindre cyanose, sans qu'on constate parfois une accélération du pouls. Enfin, pour ce qui est des hémoptysies hystériques, nous pensons avec tous les auteurs modernes qu'on ne peut affirmer leur existence. Le diagnostic ne peut être établi que par exclusion et on n'est jamais en droit d'éliminer, par exemple, une tuber- 896 HYSTÉRIE. «ulose encore latente. D'après Faisans, c'est, en effet, la tuberculose qai est la cause réelle des soi-disant hémoptysies hystériques. LES TROUBLES TROPHIQUES DANS l'hYSTÉRIE. Nous abordons ici un des chapitres les plus curieux et les moins bien connus de l'hys- térie. Il y a vingt ou trente ans, on a décrit des troubles trophiques de-s plus variés au cours de l'hystérie et ces désordres conduisaient évidemment aux hypothèses les plus intéressantes. Pour certains auteurs, ces troubles trophiques étaient consécutifs à des processus psychiques et il fallait admettre que la volonté consciente ou subconscienle pénétrait assez pri)fttndément dans l'organisme pour en modifier la nutrition. Pour d'autres auteurs, il s'agissait d'un trouble dans les échanges chimiques caractérisant le terrain sur lequel évolue l'hystérie. Nous aurons à discuter ces questions. Mais notre premier soin sera de déterminer tout d'abord quels sont les troubles trophiques que l'on peut observer dans l'hystérie d'une façon certaine, car sur bien des points, comme nous le verrons, il faudra faire de sérieuses réserves. Dans bien des cas, ce n'est pas seulement la nature du trouble trophique qui est inconnue, mais sa réalité même est difficile à établir. On comprend donc que nous ne pouvons apporter ici que des données provi- soires; nos conclusions, loin d'être définitives, seront plutôt des hypothèses desti- nées à indiquer dans quelle voie doivent s'orienter les recherches ultérieures. Dans cette description des troubles trophiques, nous suivrons surtout les études de Gilles de la TouRETTE et Cathelineau', qui ont résumé d'une façon très complète presque tout ce que l'on peut connaître sur ce point. Mais nous insisterons au>si sur un certain nombre de faits qu'ils passent sous silence et sur quelques travaux postérieurs à la publication de leur mémoire qui nous paraissent avoir une importnnce prépondérante. Par elle-même, l'hystérie n'entraîne aucun trouble nutritif. Chez la grande majorité des malades en puissance d'hystérie, présentant les stigmates ou même des accidents tels que contracture, paralysie, etc., la nutrition paraît normale. Gilles de la Tourette n'a noté Chez la plus grande partie des malades de Chargot aucun trouble appréciable. « Pendant les deux années qu'ont duré mes recherches, vivant pour ainsi dire conti- nuellement au milieu des malades, aaous avons tenu à connaître exactement comment vivaient et s'alimentaient les hystéri [ues. Ce que nous avons noté, ce (|u'avaient d'ailleurs parfaitement constaté lies surveillantes de nos salles chargées de distributions journalières, c'estque la quantité d'aliments ingérés par les hystériques suifirait à entre- tenir en parfaite santé une personne saine ayant le même train de vie... Klles mangent très substantiellement et à de nombreuses r-prises dans la journée; c'est même pour certaines d'entre elles une véritable occupation. » Des nombreux hystériques anorexi([ues que j'ai pu suivre dans le service de Déjerine à la Salpêtrière se comportent comme des individus normaux. Dès qu'on commençait à alimenter ces malades, leur poids se relevait et augmentait au prorata de la quantité d'ali- ments ingérés. Les urines renfermaient une quantité d'urée proportionnelle à la quantité d'albumine contenue dans la ration alimentaire. Regnard avait aussi noté que le taux des excréta urinaires rapporté au kilogramme •est égal chez l'hystérique et chez l'individu sain dans des conditions d'alimentation et de vie équivalentes^. La nutrition n'est donc pas constamment modifiée chez les hystériques. Les troubles de la nutrition que \\m a décrits ne peuvent représenter que des acci- dents apparaissant parfois chez centaines malades hystériques et dont la nature doit ■être discutée. Nous rangerons ces accidents sous quatre chefs : 1° Les troubles de la nutrition dans les paroxysmes hystériques décrits par Gilles de la Tourette et Cathelineau. 1. Gilles de la Tourette et Cathelineau. La nutrition dans l'hystérie. Paris, 1890. 2. Rkonard. Recherches expérimentales sur les variatioas pathologiques de combustions res- piratoires. Paris., 1878.. Libr. du Progrès médical. Paris. HYSTÉRIE. 897 2" L'iscliurie hystérique et la polyurie hystérique. 3° Le ralentissement delà nutrition chez certaines liyslériques, en particulier dans le sommeil prolongé, dans l'anorexie et dans la léthargie. 4° La fièvre hystérique. 5° Les troubles trophiques cutanés. I. — Les troubles de la nutrition dans les paroxysmes hystériques, — Gilles de l\ Tourette et Cathelineau ont décrit avec un grand soin les modilications que l'attaque d'hystérie détermine dans la coniposition des urines, et attribuent à la formule qu'ils en ont dégagée une valeur indiscutable pour reconnaître la nature de l'attaque. Les crises épiieptiques en particulier se traduisent par une formule exactement inverse, de sorte que la séméiologie urinaire peut trancher ce diagnostic parfois si diffi- cile. Quels sont donc ces caractères dans la sécrétion de l'urine, qui viennent révéler le trouble profond que le paroxysme convulsif provoque dans la nutrition de l'hysté- rique ? Les modifications portent à la fois sur la quantité de l'urine, sur sa teneur en résidu fixe et en phosphates, et enfin sur la proportion relative des phosphates alcalins et des phosphates terreux. En ce qui concerne la quantité des urines, l'attaque convulsive est suivie d'une miction abondante d'urine claire, de faible densité. Briquet avait noté déjà ces caractères, et il comparait ces urines, abondantes après la crise, aux urines nerveuses qui suivent les émotions morales. Il est donc bien certain que l'attaque s'accompagne d'une polijune immédiate. L'urine totale de 24 heures est au contraire diminuée le jour de l'attaque; dans une faible proportion, il est vrai. La composition de l'urine de 24 heures, recueillie à partir de l'attaque, indique aussi des modifications profondes. Le poids du résidu fixe diminue d'un tiers en moyenne. Alors qu'à l'état normal, le jour oîi il n'y avait pas d'altaque, Gilles de la Tourette et Cathelineau ont trouvé en moyenne 46 grammes de résidu fixe pour 1000 centimètres cubes, le jour de l'attaque le résidu fixe n'était que de 35 grammes. La mémo diminution s'observe en ce qui concerne l'urée et les phosphates. On ne trouve en moyenne que 13 grammes d'urée par 24 heures, alors que les mêmes malades, en dehors des périodes des paroxysmes convulsifs, ont en moyenne 20 grammes d'urée. De même pour l'acide phosphorique total dont la moyenne n'atteignait le jour du paroxysme que 1 gr. 24 alors que la moyenne normale était de 2 gr. 19. Mais ici on trouve un autre caractère qui aurait une haute importance. Tandis qu'à l'état normal il y a dans l'urine de 24 heures trois fois plus de phosphates alcalins que de phosphates terreux, dans la période d'attaque les quantités respectives de ces phosphates devien- nent égales : il y a presque autant de phosphates terreux que de phosphates alcalins. Cet abaissement du résidu fixe et de l'urée ne provient pas d'une modification dans l'alimentation habituelle : Gilles de la Tourette, qui avait prévu cette objection, main- tenait ses malades au même régime le jour de l'attaque et les jours intermédiaires. Une objection plus sérieuse a porté sur la méthode du dosage. Olivieuo ' (B. B., 22acril 1902) a soutenu que la méthode de séparation des phosphates alcalins et terreux par l'ammoniaque, leur dissolution par l'acide acétique et leur dosage par l'acétate d'urane, était imparfaite et ne donnait pas la quantité totale de phosphate terreux. Mais, d'après (iiLLEs DE LA TouRETTE et Maireï, Ics errcurs possibles sont minimes, toujours de même sens, et n'altèrent pas sensiblement les conclusions, très importantes, que l'on peut tirer de ces dosages. En effet, d'après Gilles de la Tourette, la formule urinaire de l'attaque d'hysti-rie s'opposerait presque point pour point à la formule que l'on trouve dans l'attaque d'épi- lepsie. La quantité totale d'urine augmente lors d'une attaque dans l'épilepsie et tous les excréta, résidu fixe, urée, phosphate, s'élèvent également par rapport à l'état normal. Enfin l'inversion de la formule des phosphates n'existerait pas dans l'épilepsie. Il est vrai que ces conclusions ont été en partie réfutées par Fkré (B. B., 1892) et par Roger (B., B., 1893), ces deux auteurs ayant trouvé dans l'épilepsie la formule urinaire soi-disant caractéristique de l'hystérie. Quelle que soit la valeur séméiologique de celte donnée, il n'en est pas moins vrai qu'un état émotif aussi violent que la crise DICT. DE PHYSIOLOGIE. — T. VIII. ij" 89), qui s'est occupé assez longuement de cette question dans son traité, avoue qu'il croit plutôt à une erreur d'observation qu'à une dérogation aux lois naturelles. Il rapporte deux faits d'anurie hystérique où il fallut longtemps pour reconnaître la simulation. La première malade gardait dans sa poche un petit récipient dans lequel elle urinait et elle jetait ensuite l'urine par la fenêtre. La seconde malade ne put être surprise en flagrant délit, mais au bout de quelque temps on, vit sur le mur extérieur du bâtiment, depuis la fenêti'e de la chambre d'isolement jusqu'au sol, la trace nette de l'urine que la malade faisait ainsi disparaître. La supercherie ne pouvant être éliminée dans les observations anciennes, on ne pourra vraiment s'occuper de cette question que si de nouvelles observations, avec con- trôle rigoureux, établissent nettement la réalité de l'ischurie hystérique. Polyurie hystérique. — Cet accident encore mal connu a fait l'objet d'études intéres- santes de la part de Debove, Mathieu, Babinski, Déjerine. Ehrardt lui a consacré sa thèse inaugurale. La polyurie apparaît souvent chez les hystériques à la suite de libations prolongées, ou après une émotion vive, un choc moral, etc. Elle s'installe brusquement et persiste; la malade urine chaque jour quinze, vingt, trente litres. Les urines sont à peine colorées, de densité très faible, l'urée n'est pas augmentée et sa quantité est proportionnelle à l'abondance de l'alimentation. Il n'existe ni glycosurie, ni albuminurie, et, malgré la polyurie persistante, la vie n'est pas compromise. ' La polyurie paraît être consécutive à l'ingestion exagérée de liquide, et cette poly- dipsie morbide est facilement curable par suggestion, comme l'ont noté la plupart des auteurs. III. — Du ralentissement de la nutrition dans certains cas d'hystérie, en par- ticulier dans l'anorexie, le sommeil prolongé et la léthargie. — Le plus souvent, comme nous l'indiquions au commencement de cette étude, les hystériques ne se dis- tinguent pas des individus normaux par une nutrition d'un type particulier. Au cours de ses recherches expérimentales sur Pinanition dans l'hystérie, Dehove a observé un amaigrissement comparable à celui que l'on observe pendant les périodes de jeûne chez un sujet normal : une malade a perdu 2 k.70O en 6 jours; une seconde malade, 4 k. 400 en (i jours également; une troisième, 3 k. 400 en la jours; une quatrième, o k. 700 en 1.0 jours. (Debove, Inanition dans l'hystérie. Société médicale des hôpitaux, 188a.) Gilles ue la Tourette a toujours trouvé un amaigrissement proportionnel à la restric- tion de la ration alimentaire dans les états de léthargie. Pendant l'état de mal, l'amai- grissement quotidien est constant et varie de 200 à 500 grammes par jour suivant la durée de l'état de mal et suivant la quantité des aliments absorbés lorsque l'anorexie n'est pas absolue. Plus récemment encore, Tigerstedt* a pu étudier les échanges sur une hystérique âgée de 27 ans et plongée dans le sommeil pendant toute la durée des recherches. Au moment du début de l'examen, la malade dormait depuis 7 jours. Elle dormit dans la chambre de respiration pendant 23 h. 3/4 et se réveilla 1/4 d'heure avant la fin de l'expérience. La malade était restée î> jours complètement à jeun, ensuite elle reçut pendant 3 jours, sous forme de lait, d'œufs et de vin, 20 grammes d'albumine, 31 grammes de graisse et 34 grammes d'hydrates de carbone. Pendant les 24 heures d'examen, elle excréta Gff'",22 d'azote et 107 grammes de carbone, ce qui correspond à une destruction de SS^i-jS! d'albumine et de 113^'', 22 de graisse. L'ensemble des échanges était donc de 1 221"^^', 4, ce qui, pour un poids de 45'', 5, correspond à 24'"'', 00 par kilogramme et par 24 heures. Or, pendant le sommeil naturel, sur un individu normal, les échanges onl la même intensité. .Joh.annsen a trouvé 24''*', 48 par kilogramme, et Tigerstedt et Sonders 20'=*', 88. 1. Tigerstedt. Das Minimum des Stoffiveclisels beim Menschen. {Nordisk Med. Archiv. Fest- hand, 1897, n- 37 (résumé dans le Jahreshevicht liber die Forschvitle der Thierchemie, 1897, 633). 1)00 HYSTERIE. L'activité des écliauges pendant le sommeil hystérique est donc aussi accentuée que pendant le sommeil naturel, et on ne peut dans ce cas parler d'un ralentissement de la nutrition. On a pourtant observé chez certaines hystériques une diminution marquée des échanges. Gh. Richet a publié sur ce sujet une note intéressante que l'on trouvera citée in extenso dans ce dictionnaire à l'article Faim (vi, 26-27). Sur la première des malades observées par Ch. Richet, en tenant compte de l'alimentation très réduite et de la diminution du poids du corps, on voit que la ration quotidienne était de 510 calo- ries, soit 11 calories par kilogramme et par 24 heures. Sur la seconde malade, l'entre- tien de la vie ne correspondait qu'à une dépense de 9 calories par kilogramme et par 24 heures. Ch. Richet a pu constater aussi que, chez certaines malades, cette réduction des échanges s'expliquait en partie par une diminution extrême de la perte de chaleur par évaporation : la perte moyenne de vapeur d'eau par 10 kilogrammes et par heure attei- gnait sur une malade en moyenne 2^'",49, soit seulement le quart de la perte survenant chez des individus normaux. Ch. Richet a pu aussi, en collaboration avec M. Hanriot, étudier la respiration d'une hystéro-épileptique de la Salpêtrière en état de léthargie. La ventilation pulmonaire était réduite à un minimum. Pendant 16 minutes, cette malade n'a introduit dans ses poumons que quatre litres dair; pendant 36 minutes elle n'a fait que huit inspirations. Dans une autre expérience, la malade n'a donné que 4 lit. 75 d'air pour la ventilation en 30 minutes, soit cinquante fois moins qu'à l'état normal. Somme toute, si nous embrassons dans une vue d'ensemble les faits que nous venons de rapporter, nous voyons qu'il est difficile d'avoir sur l'état de la nutrition chez les hystériques des données très précises. Dans la majorité des cas, il semble que l'hystérique du fait de sa maladie n'éprouve aucun trouble nutritif appréciable avec nos moyens d'investigation actuels : elle maigrit si elle ne s'alimente pas, augmente de poids avec une alimentation abondante, enlin excrète avec les urines des résidus nor- maux qui ne permettent pas de mettre dans un groupe à part au point de vue de la nutrition les malades atteintes d'hystérie. Toutefois il semble que dans certaines condi- tions mal connues, pendant la léthargie, l'activité des échanges puisse se ralentir consi- dérablement, mais ces faits sont très exceptionnels, et, en dehors de l'observation de Ch. Richet et Hanriot, nous manquons de données précises sur ce point. Si nous laissons de côté ces faits, nous constaterons que toutes les hystériques chez lesquelles on a pu observer un ralentissement des échanges étaient très insuffisamment alimentées depuis longtemps, et c'est vraisemblablement à l'inanition et non à l'hystérie qu'il faut attribuer ces modifications dans la nutrition. En etfet, l'inanition ralentit rapidement les échanges : dans ses expériences si précises, Benedict a constaté en employant le calorimètre respiratoire de ATWATER,que trois jours de jeûne sur un individu normal font baisser la chaleur produite de 2 000 à 1 500 calories par 24 heures-. Magnds Lévy a observé que dans l'inanition chronique chez les dyspeptiques, le besoin d'oxygène des tissus, apprécié pour les échanges respiratoires du malade, le matin, à jeun et dans l'immobilité complète, peut tomber très au-dessous de la normale. Sur un malade dont la ration par 24 heures n'était depuis longtemps que de 800 calories, il n'était consommé par minute et par kilogramme que S^^l à 3^^,'3 d'oxy- gène, au lieu du chiffre normal 3,7 à 4,1 ^. Von Nooroen est revenu sur ces faits à différentes reprises : un individu bien portant, privé d'alimentation brusquement, excrète dans les 24 heures 8 à 10 grammes d'azote correspondant à 50 ou 60 grammes d'albumine. Mais, chez un malade en état d'inanition chronique, il n'est excrété dans les mêmes conditions que 5 à 7 grammes d'azote chez l'homme et 3 à 6 grammes chez la femme. Parfois même, on ne peut constater qu'une 1. Ch. PacHET. Travaux du Laboratoire, II, 320, 1893. 2. Les échanges nutritifs pendant l'inanition. Neiv-York Med. Journal, 1907. 3. Magnus Levy. Influence des maladies sur la dépense d'énergie à l'état de repos. Zeitschrift fiir klinisçhe Medizin, XVI, 1906, 177. HYSTERIE. 901 élimination de 2s',3, 2s'',9 et. même moins d'azote'. L'organisme, vivant à une rnlior. minime, réduit ses besoins à un degré que l'on n'observe jamais chez l'homme sain. La simple observation clinique permettait de prévoir ces conclusions. Nous avons observé avec Mathieu, chez les dyspeptiques, un état d'inanition chronique; pen- dant une première période les malades perdaient rapidement une notable propor- tion de leur poids, puis un état d'équilibre semblait s'établir, et avec une ration alimentaire qui atteignait à peine 1 000 calories, ils vivaient d'une vie très restreinte, mais sans trop maigrir-. Nous croyons donc que, chez les hystériques anorexiques, l'or- ganisme réduit aussi ses besoins pour s'adapter à une ration insuffisante, mais jusqu'à présent, rien ne prouve que l'hystérie par elle-même intervienne dans ce ralentisse- ment de la nutrition. IV. — La fièvre hystérique. — Admise par les anciens auteurs, Baillou, Morgagm, Tessot, Pomme, Briquet, la question de l'existence d'une fièvre hystérique ne pouvait être abordée qu'une fois que le thermomètre fut introduit dans les procédés d'explo- ration médicale. Or Pinard^ concluait de ses premières recherches que chez les hysté- riques il n'existe qu'une pseudo-fièvre, caractérisée par la chaleur de la peau et la rapidité du pouls, mais sans aucune élévation Ihermométrique. En 1884, DU Castel confirmait cette opinion et rappoi tait à la Société médicale des Hôpitaux de Paris l'histoire d'une jeune malade qui simulait une haute température, en percutant le réservoir du thermomètre pour faire monter la colonne de mercure. Depuis on a rapporté de nombreux exemples de fièvre hystérique : dans bon nombre d'observations les indications thermométriques étaient d'une haute fantaisie. Lombroso aurait noté chez une malade, au même moment, les températures suivantes : 36''6 dans la bouche, 45° sous l'aisselle, 38°7 dans le rectum. Dans un autre cas de fièvre, la fièvre dura six semaines, atteignant 48°a et pendant cette période le poids monta de ")4 à 60 kilogrammes (cité par Gilles de la Tourette). Il s'agit évidemment dans ces cas de supercherie. Dans d'autres observations, où la simulation peut être écartée, le diagnostic de fièvre hystérique n'est établi que par exclusion : on parle de fièvre hystérique, parce qu'aucune cause nette ne peut être trouvée à cette hyperthermie persistante. Or quand peut-on affirmer qu'un foyer infectieux, de très petite dimension, n'a pas échappé à l'examen ? Aussi la question de la fièvre hystérique est-elle encore ouverte. En faveur d'une fièvre dorigine nerveuse, on ne peut citer que les expériences de Debove qui « dans une série de sujets hypnotisés et hypnotisables, en suggérant une sensation de chaleur intense, a produit une élévation de température, qui a varié, suivant les expériences, de 0"o à i°o ». Ce dernier chilTre aurait été presque régulièrement obtenu chez les sujets facilement suggestionnables {Société médicale des Hôpitaux, 188> Nous avons d'ailleurs une preuve de la réalité de ce mécanisme dans les résultats de la thérapeutique. Nous avons répété à satiété que tous ces accidents relèvent d'un traitement identique, qui consiste à donner au malade des raisons de vouloir et à lui permettre d'étendre son action volontaire sur tout son organisme. Parmi les procédés qui permettent de réveiller cette volonté, le meilleur est sans contredit l'isolement. La menace d'une claustration indéfinie, la séparation de la vie extérieure, toute la contrainte exercée par le médecin sont autant de motifs de vouloii', et des motifs très puissants. Déierine a longuement insisté sur cette méthode de traitement dans ses publica- tions {Traitement des psychonévroses à l'hôpital par la méthode de l'isolement. — Revue de Neurologie, 15 décembre 1902) ou dans celles de ses élèves (Camus et Pagxiez : Isolement et psychothérapie. Alcan, 1904). HYSTERIE. !i()7 « I, 'isolement est absolu, dit Déjerine, la privation des lettres et des visites est con- tinuée, jusqu'à ce qu'une amélioration très nette soit obtenue. En générai, c'est l'affaire de dix à quinze jours au plus. A ce moment, progressivement, on diminue la rigueur de l'isolement. L'idée d'avoir les rideaux ouverts deux à trois heures par jour, la pro- messe de recevoir une lettre ou une visite lorsque la guérison sera effectuée ou très proche sont, du reste, de puissants leviers pour le traitement. J'ajouterai enfin que depuis huit ans que je suis à la Salpêtrière, les symptômes qui caractérisent ce que l'on a appelé la grande hystérie n'ont jamais duré plus d'une semaine daus mon service. » On a pu mettre en œuvre, contre les accidents hystériques, d'autres procédés de trai- tement: suggestion à l'état de veille ou d'hypnose, thérapeutique impressionnant forte- ment l'imagination; mais, dans tous ces faits, on discerne, sous l'action curative et en faisant la hase pour ainsi dire, la foi du malade au médecin, au médicament, ou à une intervention mystérieuse qui lui donne ainsi la force de vouloir. * -X- « Nous arrivons ainsi à une délinition des accidents hystériques qui répond bien à ce que nous lui demandions, c'est-à-dire d'isoler ces troubles morbides et de les distinguer des autres désordres analogues. Dans cette étude, nous avons établi, avec les preuves qui nous ont paru les plus cer- taines : 1° La nature psychique des accidents que présentent les hystériques, accidents que l'on peut reproduire exactement sur les sujets en état d'hypnose. 2" La malléabilité extraordinaire de l'organisme des hystériques sous l'influence des processus psychiques, des idées, des émotions, etc., caractère véritablement spécifique. .3° L'absence parfois totale d'inhibition volontaire spontanée, pour mettre un terme aux accidents une fois réalisés. 4° La curabilité de ces accidents par une thérapeutique exclusivement morale. Tous ces caractères, sans pénétrer dans le mystère de la vie mentale encore trop mal connue, nous permettent de mieux comprendre la nature de l'hystérie. Ils ont aussi une valeur pratique, puisque, tout en ignorant la cause primitive des accidents hystériques, nous sommes à même de les guérir et d'en prévenir le retour. JEAN-CHARLES ROUX. ERRATA Article Hématie, page o02, à la ligne aO..., du lieu de : Il fautadmettre avec FoAque le lifiuide cndo-globulaire ne diffuse pas dans les milieux, // faut lire : Il faut admettre avec Foa que le liquide endo-globulaire a une pression osmotique plus considérable que le liquide extra-glotju- laire dans les milieux... A la ligne 4o, même page, au lieu de : Dans les solutions hvpotoniqucs, des couches périphé- riques se formeraient pour..., il faut lire : Dans les solutions h\'potoniques, les couches périphé- riques se tendraient pour... Page 793, le titre : Poids de l'Hypophyse chez 50 femmes adultes s'applique au n" 1 et suivants, et non à partir du n" 4G. Page 817. ligne 11, /ire : sur les organes, au lieu de: sur les reins. TABLE DES MATIERES DU HUITIEME VOÏ.UME Pages. Graphique (méthode). M. Pompilian . . 1 Greffe (animale). . . A. Branca. ... 76 Gréhant (N.) 103 Grenouille Neveu Lemairk . 109 Gruenhagen (W.-A. 163 Grùtziier (P.) 163 Guanidine R. Laueer. . . . 168 Guanine R. Laufer. ... 173 Guano R. Laufer. . . . 183 GuUa-Percha 187 Gynocardia 187 Hachich R. Meunier . . . 188 Haies (Slephen) 200 Hall (Marshall) 201 Haller(A. V.). . . . Paul Héger . . . 202 Halliburton (W.-D.) 212 Hallucination .... N. Vasciiide. . . 213 Hamamelis ■ 221 Hamburger (H.-J.] 222 Hanimarsten (0.) 226 Harmaline 228 Harvey (W.) .... P. Héger .... 228 Hédérine 232 Hédon (E.) 232 Héger (P.) 233 Heidenhain (P.) 237 Hélicine 2*1 Héhcomhine 241 Héliotropisme. ... H. Busquet ... 241 Helléboréine 241 245 252 Helmholtz (H.). ... P. Grïitzner . Helmont (J. B. V.;. . P. Héger . . . Helvellique (acide) 259 Hématies P. Nolf "60 Hématogène 312 Hématoxyline 313 Héiuéralopie .... J. P. Nuel . . . 313 Hémicellulose 319 Hémicolline 319 Hémiélastine 319 Hémocyanine 319 Hémoglobine .... P. Nolf 321 Hémolyse P. Nolf 397 Hémorragie Athanasiu. . . . 486 Hensen (V.) 533 Pages. Hérédité Le Dantec. . . . 534 Hering (E.) 554 Hermann (L.) 557 Héroïne H. Busquet . . . 3.39 Herzen (A.) 561 Hespéridine f . 363 Hibernation Athanasiu. . . . 563 Hippocrate P. Héger .... 623 Hippurique (acide"!. . P. Lassahmerk . 626 Hirudine 633 Histidine 634 Histone 634 Hitzig (Ed.) 635 Hofureister (Fr.) 636 Holmgren (Fr.)i 636 Holocaïne 638 Homatropine 638 Homogentisiue 639 Hopéine 639 Hoppe-Seyler (F.) 639 Hunter (J.) Stirling 654 Hybridité Griffon. .... 658 Hydratation (Fonct. d'). R. Dubois. ... 638 Hydrazines G. Pouchet . . . 705 Hydrocarpine 706 Hydrocollidine 706 Hydrocotyle 706 Hydroquinone 706 Hydroscylamine 706 Hyenique (acide) 707 Hygrine 707 Hyocholalique (acide) 707 Hyoscinc 707 Hyoscyamine 707 Hypaphorine 708 Hypermétropie 708 Hypnal 708 Hypnone 709 Hpnoscope 789 Hypnotisme et Mes- mérisme J. Ociioro\vicz . . 709 Hypnotoxines 778 Hypoglosse (nerf ... E. Wertiikimeh . 778 Hypophyse On. Livox. . . . 789 Hystérie J.-Gn. llou.x . . . .s74 -i_^Cb^^=;#''iV- *— PAHIS. — TYP. l'U. ISEXOLAllD, 19, HUE DES S A 1 N T S- PÈ U E S. — 4 87 2 9 h ^ 0 ",u. 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