DICTIONNAIRE DE PHYSIOLOGIE PAR CHARLES RICHET MEMBRE DE l'iNSTITUT PROf'ESSKL'R DE PHYSIOLOGIE A LA KACOLl'É DE MEDECINE DE PARIS AVEC LA COLLABORATION E. ABELOUS (Toulouae) — ANDRÉ (Paris) — ATHANASIU (Bukarest) - BARDIER (Toulouse) BATTELLI (Genève) — G. BONNIER (Paris) — F. BOTTAZZI (Florence) — . E. BOURQUELOT (Paris) A. BRANCA (Paris) — ANDRÉ BROCA (Paris) — H. CARDOT (Paris) — J. CARVALLO (Paris) A. CHASSEVANT (Paris) — R. DUBOIS (Lyon) — G. FANO (Florence) — L. FREDERICQ (Liège) J. GAUTRELET (Paris) - E. GLEY (Paris) — GOMEZ OCANA (Madrid) — L. GUINARD (Lyon) — GUILLAIN (Paris) H. J. HAMBURGER (Groningen) — M. HANRIOT (Paris) — HÉDON (Montpellier) — P. HÉGER (Bruxelles) F. HEIM (Paris) — P. HENRIJEAN (Liège) — J. HÉRICOURT (Paris) — HÉRISSEY (Paris) — F. HEYMANS (Gand) J. lOTEYKO (Bruxelles) — P. JANET (Paris) — E. LANIBLING (Lille) — P. LANGLOIS (Paris) L. LAPICQUE (Paris) R. LÉPINE (Lyon)— CH. LIVON (xMarseille) — MANOUVRIER (Paris) — MARCHAL (Paris) M. WIENDELSSOHN (Paris)— E. MEYER (Nancy) — J.-P. KIORAT (Lyon) — NEVEU-LEMAIRE (Lyon) Kl. NICLOUX (Paris) — P. NOLF (Liège) — J.-P. NUEL (Liège) — AUG. PERRET (Paris) — A. PINARD (Paris) F. PLATEAU (Gaud) — NI. POMPILIAN (Paris) — G. POUCHET (Paris) - E. RETTERER Paris) J. ROUX (Paris) — P. SÉBILEAU (Paris) — W. STIRLING (Manchester) — TIFFENEAU (Paris) TIGERSTEDT (Helsingfors) - TRIBOULET (Paris) - E. TROUESSART (Paris) - H. DE VARIGNY (Paris) G. WEISS (Paris) - E. WERTHEIMER (Lille) PREMIER FASCICULE DU TOME X AVEC GRAVURES DANS LE TEXTE i PARIS LIBRAIRIE FÉLIX ALCAN 108, BOULEVAKD S AINT-GKRMAIN, 108 28 DICTIONNAIRE DE PHYSIOLOGIE LANTHOPINE (C^^H^'NQi). - Un des alcaloïdes de l'opium. Décrit par Hesse (1870). LANUGINIQUE (Acide), (v. Laine.) LAPACHOL (ou Acide Lapacholique). — Coips crii^iaiiisabie qu'on extrait du bois de Japacho. Le sel d'argent a pour formule G' 'IP-^O'^Ag. Kn faisant bouillir la sciure de bois de lapacho, on a une substance cristallisable qui est entraînée avec la vapeur d'eau (lapachonone) et qui se colore à la lumière pour se décolorer à l'obscurité. LAPICQUE (Louis). — Professeur de physiologie générale au Muséum d'Histoire naturelle, Paris. 1886. — Collaboration à l'ouvrage : Les champignons mpérieiirs, par L. Forquigno.n, professeur à la Faculté des Sciences de Dijon, 1 vol., Doin, Paris. 1887. — Recherches sur V action physiologique de Vlnée ou Strophantus hispidiis (avec E. Glev, B.D., 2 juillet); — Sur le mode d'action de Vlnce (avecE. Glev, fi. B., 5 novembre). 1888. — Note sur un nouvel uréomètre {B.B., 18 fe'vrier;. 1889. — Procédé rapide de dosage du fer dans le sang (B. 7i., 2 mars); — Procédé rapide du dosage du fer dans le sang {Société Chimique, 12 juillet); — Toxicité du cyanure d'éthyle (B. B., 30 mars) ; — Recherches sur la répartition du fer chez les nouveau-tics {B. B., 22 juin); — Recherches sur la quantité de fer contenue dans le foie et dans la rate des jeunes animaux {D. B., 20 juillet); — Comment Viodure de potassium agit sur le cœur (avec Germain Sée, Ac. de Médecine, 8 octobre); — Action de la caféine sur le système nervo- musculaire (avec E. Parisot, B. B., "décembre). 1890. — Sur l'action physiologique de l'acide sélénieux (avec E. Chabruî, C. /{., 20 jan- vier); — Action de la caféine sur les fonctions motrices et respiratoires à l'état normal et à l'état d'inanition (avec Germain Sée et Parisot, Académie de Médecine, 11 mars); — Sur l'action de la caféine comparée à celle de Kola {B. B., 10 mai) ; — Rôle de la ration azotée dans r alimentation {Médecine moderne, 1'^'' mai); — Sur le dosage colorimétriquc du fer {B. B., 29 novembre). 1891. — Note sur la diminution de l'oxygène du sang artériel dans la maladie pyocya- nique {avec Charrix et Gley, B. B., 25 juillet); — Note sur l'appareil servant au dosage de l'oxygène par le procédé de Schutzenberger et Risler, B. B., 25 juillet); — Note sur l'action des alcalins {B. B., 31 octobre). 1892. — Sur le dosage calorimétrique du fer {Société chimique, 22 janvier); — Sur DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME X. 1 /r \ '{'■ ii /^ 2 LAPICQUE (L.). raction physiologique des combinaisons de l'iode (B. B., 6 février); — Actioyi de l'iodure de strontium sur la circulation (avec A. Malbec, B. B., 4 juin); — Activité comparée des iodures alcalins et alcalino-terreux. Action des iodiires sur le cœur [B. B., il juin); — V alcalinité du sang [Tribune Médicale, i6 et 23 juin); — Quelques faits relatifs à la répar- tition du fer chez les jeunes animaux [B. B., 16 10 juillet). 1893. — Accidents tétaniques d'origine infectieuse chez la grenouille (avec E. Gley, 28 janvier); — Étude quantitative sur le régime alimentaire des Abyssins [B. B., 4 mars). 1894. — Note sur le régime alimentaire des Malais {B. B., 3 février). — Photographies relatives aux habitants des îles Mergui {les Selons). Observations anthropologiques et ethno- graphiques sur cette population {Société d'Anthropologie, 15 ftivrier) ; — Deux expériences sur lallation azotée minimaehez l'homme (avecCn. Marette, B. B., 17 mars); — Les populations sauvages de la Péninsule Malaise. Congrès des Soc. savantes, Paris, 29 mars);— Recherches sur la ration d'albuminoïdes nécessaires à l'homme {Archives de Physiologie, i" juillet); — Recherches sur les variations physiologiques de la toxicité- urinaire (avec Ch. Marette, B. B., 21 juillet); — Observations sur le procédé de Kjeldahl-Hexninger pour le dosage de l'azote {Soc. chimique, 9 novembre). 1895. — Quantité de fer contenue dans le foie et larate d'un fœtus à terme{B.B., 19jan- vier) ; — Quantité de fer continue dans l'urine {Soc. chimique, 9 février); — Sur l'élimina- tion du fer par l'urine {Archives de Physiologie, 1" avril); — Sur l'élimination par le reindu fer injecté dans le sang {B. B., 30 mars) ; — Article Aliments du Dictionnaire de Physiologie (avec Ch. Richet, 87 p. in-4) ; — Recherches chimiques sur un cas de diabète pigmentaire (avecE. Auscher, B. B., 25 mai); — Hyperglobulie expérimentale (avec E. Auscher, B. B., 25 mai); — Recherches chimicjues sur un cas de diabète pigmentaire {suite). Hydrate de fer colloïdal (avec E. Auscher, B. B., 29 juin); — Article Anthropologie {au point de vue phy- siologique), dans le Dictionnaire de Physiologie) ; — Sur le dosage du fer dans les recherches physiologiques. Thèse pour le Doctorat en Médecine, Facidté de Paris) ; — Foie et toxine diphtéritiquc{B. B., 7 mars); — Accumulation d'hydrate ferrique dans l'organisme animal (avec E. Auscher, Archives de Physiologie, août); — Documents ethnographiques sur l'ali- mentation minérale {V Anthropologie, mars); — Sur l' explication physiologique de l'usage du sel comme condiment {B. B., 30 mai) ; — Dosage du fer dans les tissus que l'on ne peut débarrasser mécaniquement de leur sang (avec A. Guillemonat, 20 juin); — Variations pathologiques de la teneur en fer du foie et de la rate chez l'homme (avec A. Guillemonat, 6. B., 20 juin) ; — Fréquence relative de la rubigine en pathologie humaine (avec A. Guille- monat, B. B., 20 juin) ; — Variations quantitatives du fer organique sous l'influence des toxines microbiennes (avec Charrat et Guillemonat, B, B.,21 juin); — Le fer dans le foie et dans la rate : comparaison de l'homme avec diverses espèces animales (avec Guilllemonat, B. B., M juillet); — La race Négrito et sa distribution géographique {Annales de Géographie, 15 juillet) ; — Teneur en fer du foie et de la rate chez l'homme (avec Guillemonat, Archives de Physiologie, octobre). 1897. — Production expérimentale de la rubigine (avec E. Auscher). Société médicale des Hôpitaux, 12 février); — Observations sur les dosages du fer de MM. XX... dans un cas de cirrhose pigmentaire {B. B., 27 février et 6 mars); — Quantité de fer contenue dans les fèces de l'homme (avec Guillemonat, B. B., 3 avril); — Sur l'histoire de la sidérose viscé- rale et des pigments ferrugineux (B. B., 1" mai, 15 mai); — Expérience montrant que le foie détruit l'hémoglobine dissoiUe et qu'il en garde le fer {B. B., 8 mai); — Observations et expériences sur les mutations du fer chez les Vertébrés {Thèse de Doctorat es Sciences, Paris, Carré et Naud); — Détermination quantitative de la ration alimentaire de l'homme {Revue mensuelle de l'École d'anthropologie de Paris, décembre). 1898. — Sur la relation du poids de l'encéphale au poids du corps {B. B., 15 janvier); — Localisation de la rubigine produite par injection du sang dans le péritoine (avec E. Auscher, B. B., 15 janvier); — Variation de la moelle épinière en fonction de la taille • chez le chien (avec Ch. Dhéré, B. B., 25 juin); — Relation entre la forme du cerveau et la grandeur du sujet chez le chien {B. B., 9 juillet); — Variation de la composition chimique du cerveau suivant la grandeur de cet organe {B. B., 30 juillet); — Variation des diverses parties des centres nerveux en fonction du poids du corps chez le chien (avec Ch. Dhéré, B. B., 30 juillet); — Sur le rapport entre la grandeur du corps et le développement de l'encé- phale (avec Dhéré, Archives de Physiologie, octobre). LAPICQUE (L.). 8 1899. — Méthode colorimétrique pour apprécier la résistance globulaire (avec Vast, B. B., 13 mai); — Action de la toluylènediamine sur les globules rouges (avec Vast,- C. R., IS mai); — Du rôle des mouvements dans la perceptionvisuelle monoculaire {Revue mensuelle de r École d'anthropologie, juin). 1900. — Sur la teneur en fer de l'hémoglobine de cheval (avec H. Gilardoxf, B. B., 12 mai); — Sur la toxicité urinaire [B. B.,9 juin); — Sur la courbe hématoiytique (B. B., 28 juillet) ; — Contre l'application piire et simple des lois de l'osmose aux échanges interstitiels [B. B., 27 octobre), — Remarque sur une communication de M. Wallacc Wood, intitulée : <■<■ Côté cardiaque et côté solaire » [B. B., 22 décembre). 1901. — Sur le temps de réaction suivant les races ou les conditions sociales (B. B., 15 juin); —Sur l'activité de la réduction de Voxyhémoglobine aux diverses altitudes {Obser- vation sur une communication de M. Hénocque) (B. B., 23 novembre) ; — Repos et travail {au point de vue énergétique). Rectification à la Bibliographie de M. Lefèvre {B. B., i"^ mars). 1902. — L'expérience du compas de Weber et la localisation^Jactile : question de voca- bulaire physiologique (avec V. Henri, 5 avril) ; — Sur te rôle de la rate dans la fonction hématoiytique {B. B., 19juillet). 1903. — Sur la relation entre la longueur de l'intestin et la grandeur de l'animal B. B., 10 janvier); — Influence du chloral sur les battements rythmiques dans le cœur de chienexcisé (avec M™'^ Gatin-Gruzevvska,B. B., 7 février); — Sur la contractililé et l'exci- tabilité de divers 7nuscles{!X\eG M™*= Lapicque), {B. B., 7 mars) ; — La loi d'excitation élec- trique et les décharges de condensateur (avec M™<= F.apicque, B. B., 4 avril); — Variation de la loi d'excitation élecirique pour les divers muscles de la grenouille suivant la rapidité de contraction (avec M™'' Lapigque, B, B., 4 avril); — Expériences sur la loi d'excitation électrique chez ciuelques invertébrés (avec M™" Lapigque, B. B., 9 mai); — Expression nou- velle de la loi d'excitation électrique {B. B., 13 juin) ; — Hyperglobitlie périphérique sous l'influence du froid (avec A. Mayer, B. B., 27 juin); — Excitabilité et contractilité de divers muscles. Réponse ci M""" Joteyl;o{a.vec M.^" LAPrcQUE, B. B., 25 juillet);— Recherches sur la loi d'excitation électrique (avec M™" Lapicuue, Journal de Physiol. et de Pathol. gén., septembre et novembre). 1904. — A propos d'une communication sur l'activité des combustions organiques aux hautes altitudes {B. B., 16 avril); — ■ Critiques générales sur la mesure des échanges par la méthode de Hé.nogqoe [B. B., 10 novembre) ; — En quoi peut être utile à la Sensitive le mouvement par lequel elle répond à un contact ? {B. B., 28 mai); — Deux ascensions en ballon pour l'étude des questions physiologiques [B. B., 23 juillet) ; — Diminution de l'hémo- globine clans le sang central pendant les ascensions en ballon (B. B., 23 juillet) ; — Oscillo- grammes de diverses ondes électriques appliquées à l'excitation musculaire Journal de Phy- siol. et Pathol. gén., septembre); — Pouvoir d'excitation du régime permanent du courant électrique sur le nerf moteur {Annales d'Electrohiologie, octobre); — Variation systématique de la loi d'excitation avec la température {ibid.). 1905. — Observations sur la note de M. Gellé : La réforme de l'orthographe et la phy- siologie (B. B., 21 janvier); — Sur l'excitation des nerfs par les ondes électriques très brèves {B. B., 18 février); — Durée des processus d'excitation pour différents muscles (avec M'^" Lapicque, b. B., 18 mars) ; — Sur la forme de la loi d'excitation électrique exprimée par la quantité {Réponse à M. Hoorweg, B. B., 8 avril); — Poids de l'encéphale en fonction du poids du corps chez les oiseaux (avec P. Girard, B. B., 8 avril); — Sur la loi d'excita- tion électrique en fonction de la durée utile des décharges de condensateur (B. B., l--'" juillet); — Observations sur la communication de M. Weiss : A propos de l'excitation électrique des muscles et des nerfs (B. B., 8 juillet); — Ethnogénie des Dravidiens. Conclusion : Prédravi- dicn de type nègre et protodravidien de type blanc {B. B., 8 juillet) ; — Sur la grandeur des temps à considérer pour les phénomènes d'excitation ; comparaison de la grenouille à quekiues invertébrés marins [Bull, de la Station biol. d'Arcachon, 8"= année) ; — Le pro- blème anthropologique des Parias et des castes homologues chez les Dravidiens {Soc. d'Anthro- pologie, 2 novembre). 1906. — Influence de la proportion de myéline sur la flxation du chloroforme par les centres nerveux (B. B., 27 janvier); — Observations sur une communication de M. Zaami:- TowsKi relative aux lois d'excitation {B. B., 27 janvier); — Les nègres d'Asie et la race nègre en général {Revue scientifique, 14 et 21 juillet); — Comparaison de l'excitabilité du 4 LAPICQUE (L.). muscle à celle de son nerf moteur (avec M»'' Lapicque, B. B., 26 mai); — Variation cVexci- tabilitc du muscle dans la curarlsation (avec M™" Lapicque, B.\B., 9 juin); — Unité fonda- mentale des races d'Iwmmes à peau noire. Indice radio-pelvien (C. R., 2 juillet); — Poids des diverses parties de l'encéphale chez les oiseaux (avec P. Girard, JB. B., 7 juillet); — La loi Du Bois-Reymond en présence des conceptions nouvelles sur l'excitation électrique. Com- munication à la Section de Physiologie de l'Association Médicale Britannique [Congrès de Toronto, août) ; — Sur les limites de Visodynamie ; à propos du coefficient isodyname des albuminoides. Congrès international d'Hygiène alimentaire. Paris, 2 octobre) ; —Exercices d'observation (Leçons de choses). Introduction à l'étude des sciences pliysiques et naturelles (l vol. ia-12, 224 pages. Gornély, Paris, 1906); — Sur les fonctions rythmiques des ani- mni.v littoraux soumis à l'alternance des marées. Observation sur la note de M. Bohn, B. B., 29 décembre. 1907. — Influence d'une variation locale de température sur l'excitabilité du nerf moteur (avec M°"' Lapicque, B. B., 12 janvier) ; — Sur la précision dans la question du rythme des marées (B. B., 23 février et 16 mars); — Première approximation d'une loi nouvelle de l'excitation électrique basée sur une conception physique du phénomène, B. B., 13 avril) ; — Les théories récentes de l'excitation électrique et les décharges de condensateur [B. B., 20 avril); — Sur l'excitation par décharges de condensateur; détermination directe de la durée et de la quantité utiles (B. B., 27 avril); — Tableau général des poids somafique et encéphalique dans les espèces animales (Société d'Anthropologie, 2 mai); — Sur les décharges'de conden- sateur [A propos de la note de M. Cluzet). Importance de la vérification d'es formules par la comparaison avec le courant constantiB. jB.,4 mai, 25 mai, 8 juin,6 juillet) ; — Sur le poids de l'encéphale chez les animaux domestiques (avec Pierre Girard, B. B., l""" juin); — Le poids encéphalique en fonction du poids corporel entre individus d'une même espèce [Soc. d'Anthropologie, 6 juin); — Tableau général du poids encéphalique en fonction du poids du corps [C. R., 24 juin) ; — Sur la nature du phénomène par lequel l'électricité excite les nerfs [Journal de Physiot. et de Path. greu., juillet) ; — Recherches quantitatives sur l'excitation électrique des nerfs traitée comme une polarisation [Journal de Physiol. et de Path. gcn., juillet); — Sur la fécondité des croisements entre races humaines distantes [Soc. d'Anthropo- logie, 4 juillet); — Polarisation de membrane dans les électrolytes du milieu physiologique reproduisant la loi de l'excitation électrique des nerfs [B. B., 6 juillet); — Sur l'osmose à travers les sacs de collodion [B. B., 6 juillet); — Comparaison du poids encéphalique entre les deux sexes de l'espèce humaine [B. B., 9 novembre); — Centres échelonnés pour la coordination de la marche chez les crustacés décapodes [B. B., 30 novembre); — Différence sexuelle dans le poids de l'encéphale chez les animaux : rat et moineau [B. B., 21 décembre); — Plan d'une théorie physique du fonctionnement des centres nerveux, 28 décembre). 1908. — Orthorhêonome à volant. Excitabilité de nerfs différents pour des ondes lentes ou rapides [B. B., 11 janvier). — Alloculion à propos de la mort de M. Giard, président de la Société de Biologie [B. B., 17 octobre); — Observation sur la communication de M. Feuilljée, intitulée Hémolyse, Flux leucocytaire et ictère {B. B., 12 décembre 1908); Limite supérieure sur le mécanisme de la curarlsation (avec M™° Lapicque, B. B., 26 dé- cembre); — Note sur la récolte du sang de Poulpe en vue d'une étude ultérieure [avec Dhéré, b. b.. 26 décembre). 1 909. — Réponse à M. Weiss [Identité de la formule de Weiss et Hoorweg ,B.B., 23 janvier); — Consommations alimentaires d'oiseaux de grandeurs diverses en fonction de la tempéra- ture extérieure (avec M™'^ Lapicque, 20 février); — Les échanges chez les homéolhcrmes au repos en fonction de la température extérieure (avec M"^ Lapicque, B. B., 27 mars); — Fer du foie chez quelques oiseaux, principalement chez le canard (avec J. Petetin, B. B., 22 mai) ; — Théorie des substitutions alimentaires isodynames et valeur nutritive de l'albu- mine [Revue Scientifique, 12 juin); —Actions polaires antagonistes dans l'excitation élec- trique du cœur de l'escargot (avec H. Cardot, B. B., 10 juillet); — Définition expérimentale de l'excitabilité [B. B., 24 juillet); — Excitabilité électrique de l'estomac de la 'grenouille (avec M"« Lapicque, B. B., 24 juillet); — Consommations alimentaires des petits oiseaux aux températures élevées (avec M"" Lapicque, B. B., 31 juillet); — Théorie de l'excita- tion électrique précisée par l'étude de la diffusion au moyen d'un modèle hydraidique C. R., V6 novembre); — Conditions physiques de l'excitation électrique étudiées sur LAPIN. S lin modèle) hydraulique de la polarisation, ["'mémoire : Théorie et technique. 2'^ mémoire : Expériences {Journal de Physiologie et de Pathologie générale, novembre); — Le poids de Fencéphale dans les différents groupes d'oiseaux (Bulletin du Muséum d'Histoire natu- relle, n» 7). 1910. — Excitateur pour le sciatique de la grenouille {B. B., \l\ janvier); — Courhe vitale du fer du foie dans Vespéce humaine (B. B., 22 janvier); — Principe pour une théo- rie du fonctionnement nerveux élémentaire [Revue générale des Sciences, 15 février); -^ V addition latente et ses rapports avec le paramétre chronologique de l'excitabilité (avec M™<= Lapicque, C. R., 21 mars); — A propos d'une réclamation de M. Weiss {sur la con- stante de temps de l'excitabilité ou chronaxie) [B. B., 23 avril); — Détermination de la chronaxie par les décharges de condensateurs (avec M™« Lai'icque, C. R.,1 mai); — Varia- tion de la vitesse d'excitabilité avec la température (avec M'"" Lapicoue el M"'= Filon, B. B , 28 mai) ; — Action du curare sur les muscles de divers. animaux (avec M™'' Lapicque, B. B., H juin); — Modifications dans l'excitabilité du nerf par une striction progressive {a\ec H. Laugier, b. b., 2 juillet) ; — Sur la respiration d'un Batracien urodcle sans poumons. Euproctus montanus (avec J. Petetin, B. B., 9 juillet); — Nouvelles rcchenhes sur un modèle de la polarisation en vue de la théorie physique de l'excitation (avec J. Peteti.n, Journal de Physiologie et de Pathologie générale, septembre); — Démonstrations au Con- grès international de Physiologie de Vieiine, 27-30 septembre) : 'l" Modèle hydraulique de la polarisation; 2° Excitations sélectives suivant la chronaxie au moyen du double con- densateur {Archives internationales de Physiologie, octobre) ; — Quelques chronaxics chez des Mollusques et Crustacés marins (avec M"" Lapicque, B. B., 22 octobre); — Relation du poids encéphalique à la surface rétinienne dans quelques ordres de Mammifères {C. R., 27 décembre). 1911. — Essai d'une nouvelle théorie physiologique de l'émotion (Journal de Psycholo- gie, n° 1). — Sur la résistance du circuit d'excitation dans les mesures d'excitabilité. Bispositif pour les décharges de condensateur {Journal de Physiologie et de Pathologie générale, jan- vier) ; — Sur la nutrition des petits oiseaux {Bull, du Muséum d'Histoire naturelle, n° 1); — Sur le signe électrique de l'hydrate de fer colloïdal {B. B., 11 février); — Le jeûne nocturne et la réserve de glycogéne chez les petits oiseaux (avecM"«= Lapicque, B. B., 11 mars); — Sur la courbe des échanges chez l'homéotherme au repos en fonction de la température exté- rieure. Réponse à M. Lefebvre (avec M™« Lapicque, B. B., 13 mai) ; — Durée utile des décharges de condensateurs ; expériences sur l'Escargot (avec M™*^ Lapicque, C. R., 10 juil- let) ; — Sur les rats noirs du Jardin des Plantes (avec M. Legendbe, Bulletin du Muséum, novembre) ; — Dispositif pour les excitations rythmiques par décharges de condensateur {B. B., 23 décembre). 1912. — Recherches sur l'excitabilité du pneumogastrigue ; première approximation de la chronaxie des nerfs d'arrêt du cœur (avec J. Meyerson, jB. B., 13 janvier) ; — Sur le poids de l'encéphale des Mammifères amphibies {Bulletin du M»se»m, janvier) ; — Curarisation par la Yératrine, antagonismes da7is la curarisation (avec M""^ Lapicque, B. B., 17 février); — Recherches sur l'excitabilité des vaso-moteurs (avec Roigey, B. B., 2 mars); — Sur l'antagonisme entre le curare et la physostigmine (avec M™'= Lapicque, B. B., 27 avril). LAPIN. — Le lapin fait partie, avec le chien, le cobaye, le chat et la gre- nouille, des animaux usuels de l'expérimentation physiologique. Les raisons en sont multiples : le lapin est de bas prix, facile à se procurer et à nouriir, peu encom- brant dans le laboratoire, aisé à manier. L'animal cependant est émotif : son cœur particulièrement réagit avec intensité aux excitations extérieures. Il suffît d'ouvrir un Manuel de physiologie pour voir à chaque page ou à peu près le lapin sujet d'expé- rience. Les méthodes de laboratoire ayant pénétré dans la clinique, c'est encore le lapin qui est utilisé par le médecin pour opérer différentes réactions. Journellement à l'hôpital le lapin sert à éprouver la toxicité d'une urine, d'une culture microbienne, à fournir un sérum hémolysant ou agglutinant, etc. Rappellerai-je enlin l'usage des moelles de lapin dans la vaccination antirabique? Nous ne saurions dans cet article passer en revue tous les travaux dont le lapin fait l'objet. Nous nous sommes donc limités à ce qui était essentiel et nous avons <55 b LAPIN. essayé de définir et de préciser l'anatomie et la physiologie, la description et le fonc- tionnement normal des divers organes de l'animal. Étant donné le caractère général de l'article, nous avons cru ne devoir point le ter- miner par un index bibliographique. Qu'il nous suffise d'indiquer comme source syn- thétique de documents concernant l'anatomie du lapin, Anatomie des Kaninchen, par Krause (Leipzig, W: Engelmann) et Dus Kaninchen, par Gerhardt (Leipzig, 1909). Il n'existe pas d'ouvrage analogue ayant trait à la physiologie du lapin; c'est donc dans les divers traités de physiologie générale ou comparée, dans les manuels de vivi- section, dans les périodiques les plus divers, que nous avons dû puiser pour écrire cette monographie. I. - ZOOLOGIE. Caractères zoologiques. — Le lapin — Lepus cuniculm — appartient à l'ordre des rongeurs {Rodcntia, Li.vné). Les rongeurs ont des incisives sans racine, les canines manquent; les molaires ont des replis d'émail transversaux, l'articulation pour le maxillaire inférieur permet à peine un mouvement de latéralité. 2 5 6 Caractères de la famille des Léporidés. — La formule dentaire est i - m - ou -. Les 1 o 5 dents n'ont pas de racine. Le cerveau est allongé. Les foramina optica sont unis sur la ligne médiane. Le processus zygomatique du maxillaire supérieur a une racine. Foramen infraorhitale petit. La face antérieure du maxillaire est percée d'une grande ouverture ou de plusieurs petits orifices. Le palais osseux est court, formant un pont entre les molaires médianes. Les clavicules sont diversement développées. Les parties internes des joues sont couvertes de poils sur une grande partie. La disposition des incisives supérieures est caractéristique pour l'ordre des Léporidés. Derrière deu.x grosses incisives à sillon, se trouvent deux plus petites dents, tandis qu'à la mâchoire inférieure on remarque deux incisives seulement. Caractères du genre Lepus. — Molaires -. Oreilles longues et larges; clavicules rudi- mentaires; queue courte, touffue, pattes postérieures longues, plus fortes que les anté- rieures; en arrière 4, en avant ,j doigts, la plante des pieds est couverte de poils. Pour ce qui a trait à l'âge paléontologique, le genre Lepm remonte au pliocène européen. Caractères de l'espèce Lepus vulgaris (Lin.\k) Europeus (Pall.xs), lièvre. Oreilles plus longues que la tête, à extrémité noire; de couleur jaune brun, taché de noir; la nuque jaune rougeâtre, de même que les surfaces latérales des extrémités : le ventre et le partie ventrale de la queue sont blancs ; la partie dorsale de la queue est noire, l'iris est jaune brunâtre. Les extrémités (et notamment le tarse), par comparaison avec les lapins, sont relativement longues. Lepus variabilis. — Lièvre des Alpes, ou lièvre des neiges. Lepwi cunicidus férus. — Lapin sauvage (Lapin, Rabbit, Coniglio, Conejo, Coelho, Kaninchen). Gris brunâtre en dessus; en dessous, surtout la gorge, le ventre et la partie médiane de la cuisse, de couleur blanche. La poitrine est grise. Iris brun. Queue en dessus gris noirâtre, blanche en dessous. Oreilles un peu plus courtes que la tête; tarse relativement court. Poids, ls''5, environ. Le pays d'origine est l'Afrique, l'Europe du Sud, la Grèce, l'Espagne, d'où les lapins envahirent le reste de l'Europe. Le lapin sauvage vit dans les terrains sablonneux. Les variétés sont très nombreuses: lapin angora, lapin russe, etc. Lepus cuniculus domesticus. — Il est de couleur grise, gris-rouge, noire, blanche, albinos (avec iris rouge) ou tachetée. En général l'iris est brun; les oreilles sont de même longueur que la tête. Les femelles apprivoisées se cherchent à l'époque de la gestation un gite propre où les petits sont à l'abri des attaques du mâle. Le lapin a comme le lièvre une portée de 30 à 31 jours; il met bas 7 à 8 fois par an, 3 à9 petits; ceux-ci sont aveugles durant 7 jours, la fente des paupières étant fermée LAPIN. 7 par entre-croisement des revêtements épithéliaux de ses bords: ils sont apparemment nus, les poils n'étant visibles qu'à la loupe. A l'âge de !i mois, ils sont susceptibles de procréer; l'accouplement n'a lieu cependant qu'après 6 mois, et les animaux n'attei- gnent leur développement qu'à un an. La fécondité du lapin est proverbiale; à maturité sexuelle, la vie des femelles n'est qu'un enfantement constant. Les mises bas ont lieu toutes les 5 semaines. Si l'on accepte cette donnée qu'une femelle met au monde annuellement 7 fois 8 petits, la descendance s'élève en 4 ans à plus d'un million d'individus, à supposer que tous restent vivants. Domestiqué, le lapin peut même être plus fécond, il peut avoir par an dix fois 12 petits (?) Les femelles jeunes ont moins d'embryons. Le lapin sauvage atteint S-JO ans; le lapin domestique, 7-8 ans. Les différences de sexe sont peu marquées. Le mâle présente l'extrémité supérieure du thorax plus étroite que la femelle. Le poids moyen est de 2 kilogrammes. Les femelles sont généralement plus grasses que les mâles. Races. — Le croisement a donné lieu à de nombreuses races. I. Lapin allemand {Lepus ciiniculus domestlcus). — A peine 2 kilogrammes. Couleurs variées : gris, jaune-rougeâtre, albinos, tacheté. Lapin hollandais. — Espèce voisine, en différant par la petite taille. IL Lajnn de garenne. — 2-,!j00 à 3 kil. ; couleurs variées, se domestique facilement; est élevé en France en liberté. III. Lapin français. — Couleurs grise, noire, blanche tachetée; très fécond; c'est un lapin de garenne domestique. IV. Lapin argenté. — Gris d'argent, dont le lapin de l'Himalaya, le lapin russe et le lapin chinois ne sont que des variétés. V. Lapin bélier. — 5 à 7 kilogr., gris, jaune, noir, blanchâtre; oreilles longues et larges, atteignant O'",oo; largeur 0'",i4. VI. Lapin géant (patagon). — Grande variété de lapin français, (7-8 kilogr.), mais moins fécond. VIL Lapin angora. VIII. Lièvre-lapin. — Certains lapins domestiques ont une coloration rappelant celle du lièvre; ils tiennent le milieu entre les deux espèces, n'ont pas de caractères nets : les extrémités postérieures sont développées. Maladies du lapin. — Le lapin domestique est sujet à de nombreuses maladies aigui'S et chroniques qui peuvent compromettre le succès de maintes expériences. Le typhus, la morve, la pneumonie, la diarrhée chronique sont mortelles le plus souvent; la gale finit même par tuer l'animal. Les maladies limitées aux organes sont surtout la tuberculose, l'ictère, la chlorose, le catarrhe nasal et respiratoire, le catarrhe intestinal, la stomatite, la tympanite, la conjonctivite. Nombreux sont les parasites susceptibles d'infecter le lapin et de produire des troubles graves : les grégarines, le taenia, les cysticerques, l'ecliynorynchus, les oxyures, les distomes, etc. Poids des divers organes. — Chez un mâle de 1198 grammes, Krause indique les chiffres suivants : les fèces pesaient IIU grammes, soit 6 p. 100. Le squelette, y com- pris les ligaments à l'élat frais, 160 grammes; les muscles, 397 grammes; la peau et les poils, 181 grammes. Restaient 344 grammes pour les autres organes. Les chiffres pour les fèces varient avec l'alimentation. On a noté un poids de fèces de 20 p. 100 avec une alimentation exclusive de foin. En ce qui concerne les organes isolés, Custor a constaté en p. 100 du corps chez deux lapins : Organes Organes respira- Organes génito- Peau. Squelette. Muscles. Intestins, loires. digtstifs. Foie. Kale. raneiéas. uriuaires. M:Uo. . . 13,5 12,4 55,7 18,3 » .. » Fcinellc . 13,0 12, .-5 rî4,7 19,- » ■> .. Moyenne. 13,2 12,4 55,2 19,0 1,5 10,7 6,2 0,1 0,3 1.7 LAPIN. CONTENTION. Anesthésie. — Les aneslhésies à l'éther et au chloroforme sont peu recommaii- dables, entraînant facilement la mort; une éponge, imbibée de quelques gouttes de chloroforme tenue devant les narines de l'animal, amène en 6 à 8 secondes un arrêt subit du cœur et de la respiration en inspiration. V. Dupont et J. Gautrelet (C. R. Ac. se, 1912) ont insisté sur l'intérêt que présente l'anesthésie par voie rectale chez le lapin, à l'aide de mélanges titrés d'air et de chloroforme. Il est préférable d'user de morphine; on injecte sous la peau quelques centimètres cubes d'une solution à 1 p. 100. Lechloral donne lieu à un sommeil plus ou moins persistant pendant lequel l'animal réagit aux excitations mécaniques; la respiration est ralentie, le cœur et la pression san- guine sont affaiblis. On peut injecter le chloral (solution à 5 p. 100, 0,03 par kilo dans la veine marginale de l'oreille). Ch. Ricbet recommande l'injection péritonéale. FiG. 1. — Contention simple du lapin par les deux mains d'un seul aide. On peut curariser les lapins, mais auparavant il faut pratiquer la trachéotomie, afin de faire la respiration artificielle. Le chloralose enfin ne donne pas des résultats absolument constants. Comment tuer le lapin? — Pour tuer les lapins opérés, il est divers modes ; la stran- gulation est utilisée par quelques physiologistes. Certains provoquent l'asphyxie en quelques minutes, en comprimant la trachée à l'aide d'une pince. On peut ouvrir le thorax, chloroformer l'animal, piquer le bulbe entre l'occipital et l'atlas, simplement enfin donner quelques coups secs à l'aide de la main sur la nucjue. Préhension et Contention. — 11 faut saisir le lapin de manière à avoir la main en dehors des atteintes des dents et des griffes. De plus, il faut se tenir pour averti que le lapin fait des mouvements extrêmement subits et exposant les opérateurs à manquer les expériences ou à être blessés (C. Bernard). Quand on opère, on peut se contenter souvent d'un seul aide pour maintenir l'animal, surtout si la vivisection porte sur la région du cou. A cet effet, l'aide saisit fortement la tête de l'animal avec la main droite, le pouce appuyé sur la mâchoire inférieure, tandis que les quatre doigts s'appliquent sur la voûte crânienne. De la main gauche il assujettit à la fois les quatre membres et les porte en arrière ; il suffit pour cela de saisir les pattes de derrière et l'une des pattes de devant entre le pouce et les trois derniers doigts, tandis que l'autre patte antérieure est maintenue entre l'index fortement serré contre le médius. Mais il est préférable en général de se servir de l'appareil de Czermak, lequel immo- bilise d'une façon parfaite tout le lapin et maintient surtout très bien la tête. Cet appa- reil se compose d'une planche garnie de trous pour attacher les membres de l'animal. LAPIN. 9 A une extrémité de cette planche s'élève une tige verticale de fer sur laquelle glisse, de manière à être arrêtée à différents niveaux, une tige horizontale dont l'extrémité libre porte l'appareil destiné à fixer la tête : ce n'est autre chose qu'un mors en fer placé entre deux sortes de mâchoires métalliques. On introduit le mors derrière les incisives du lapin, à l'aide de la vis on rapproche les deux mâchoires qui serrent étroitement la tète et le museau en s'appliquant l'une sur le crâne, l'autre sur le maxillaire inférieur, jusque vers son angle postérieur et au delà. La tête est ainsi fixée, et, l'appareil qui la maintient pouvant isoler sur son axe transversal, on peut incliner le cou de l'animal vers la droite ou la gauche selon les nécessités de l'opération. Les différents mors, les différentes tables imaginées depuis, ne sont que des modi- fications plus ou moins heureuses de l'appareil de Czermak. On trouvera dans les Travaux de laboratoire de Roussy la description d'un certain nombre de ces appareils, en particulier des tablettes d'immobilisation (p. 138), et des mors ouvre-bouche. Dans le même ouvrage, on trouve également le plan de cages métalliques, stérili- sables, permettant donc de recueillir aisément et proprement les urines du lapin. IM. - DIGESTION. Inanition. — Le lapin vit environ 12 jours, d'après Dugès, et 17 jours d'après Cl. Bernard, sans aliment. La marche de la perte horaire de poids chez le lapin à jeun est (Rubner) : Du premier au deuxième jour, 2 gr. 5. Du deuxième au huitième, 1 gr. îi. Ch. Richet a déterminé la durée de l'inanition chez le lapin bien portant et chez le lapin malade ; elle est de dix jours dans le premier cas ;de quatre jours dans le second. La dénutrition chez l'animal fébricitant est très rapide ; elle peut s'élever à 5 grammes par kilogramme et par heure chez le lapin. Alimentation. — Le lapin est herbivore et possède une dentition et un tube intestinal, adaptés à son alimentation. Nous signalerons les recherches récentes de A. Ignatowski, qui eut l'idée d'étudier les troubles occasionnés par une nourriture carnée chez le lapin. Les lapins nourris exclusivement de viande (80 grammes dans les 24 heures) succombent en 10 jours à une intoxication acide. Avec une alimentation mixte (.3 à 20 grammes de viande), on observe des troubles digestifs portant sur le gros intestin et de la néphrite aiguë parenchymateuse. Une ingestion prolongée de petites doses de viande agit sur les organes parenchymateux : altérations cirrhotiques au premier degré du foie, néphrite interstitielle, sclérose très prolongée de l'aorte : Garmer et Simon (1907) ont également insisté sur les foyers de nécrose cellulaire avec afflux leucocytaire réalisés dans le foie du lapin soumis au régime carné. Déglutition. — Œsophage. La couche musculaire de l'œsophage est formée de deux sortes de fibres, les unes externes, longitudinales; les autres, internes, circulaires. Suivant la région considérée, ces fibres sont striées ou lisses : le passage se fait gra- duellement des premières aux secondes à mesure qu'on descend vers le cardia. Les nerfs moteurs de l'œsophage proviennent, d'après Rethi, des trois nerfs glosso -pharyngien, vague et spinal. JoLYET (1866) a montré que l'influence exercée par le vague sur l'œsophage revient en partie aux filets propres, et en partie au spinal. Chez le lapin, comme probablement chez l'homme, les fibres motrices destinées à la portion trachéale de l'œsophage n'abandonnent le tronc du pneumogastrique qu'avec le récurrent. Aussi, quand sur un lapin on électrise légèrement ce dernier nerf à son origine, détermine-l-on la tétanisation énergique de cette région. La section des pneumogastriques au niveau du cou paralyse les nerfs moteurs de l'œsophage, puisque ceux-ci suivent le trajet des récurrents. Pas de nerf d'arrêt, pour l'œsophage du lapin (Espezel). D'après Waller et Prévost (1867), et LuscHER (c. p., ix, 477), l'excitation des récurrents donne lieu à des mouve- ments réflçxes de déglutition, 10 LAPIN. Ranvier a montré que chez le lapin où les muscles sont, comme on vient de le voir, en majorité striés, les mouvements péristaltiques de l'œsophage une fois commencés, leur propagation n'est pas arrêtée par la section brusque des vagues. Le plexus ganglion- aire situé dans la musculature de l'œsophage participe à l'excitation et à la coordina- tion des mouvements péristaltiques de cet œsophage. Glandes salivaires. — De chaque côté, dans la bouche, 6 glandes salivaires : sous-orbitaire, buccales, raandibulaire superficielle, parotide, sous-maxillaire, sublinguale. Glande sous-orbitaire. — Longueur sagittale : 8 millimètres; largeur et épaisseur, 4 millimètres; poids, 0 gr. 1.^. Elle est située dans l'angle inférieur et antérieur de la cavité orbitaire, derrière la racine du processus orbitaire de l'os zygomatique, à l'extré- mité antérieure de la paupière inférieure : latéralement, elle est contiguë aux alvéoles des troisième, quatrième et cinquièm.e molaires; sou canal débouche vers la troisième molaire supérieure. Glandes buccales. — Sont situées entre la muqueuse buccale et le muscle buccina- teur; les supérieures se composent d'un lobule isolé qui débouche par un court canal k côté de la glande infra-orbitaire. La glande buccale inférieure cylindrique a 12 millimètres de longueur, 4 à 5 millimètres de largeur, et pèse 11 centigrammes. Elle a son axe longitudinal parallèle au bord supérieur de la partie buccale du corps du maxillaire inférieur, 4 à 5 conduits débouchent vers la première ou deuxième molaire inférieure. Glande mandibulaire superficielle. — Petite glande située près de l'alvéole de la canine inférieure. Parotide. — Pèse environ 1 gramme. On lui distingue 3 parties : la partie supérieure comprend un lobe plat de 1 centimètre de diamètre et 2 centimètres d'épaisseur; le lobe supérieur est situé devant le pavillon de l'oreille, derrière le bord postérieur et l'insertion du masséter, au-dessous du processus temporal de l'os zygomatique ; le lobe intermédiaire est long de 2 et .3 centimètres, large de 3 millimètres, épais de 1 à 2 millimètres, se cache derrière l'angle du maxillaire inférieur ; le lobe inférieur est triangulaire, long de 1 centimètres, épais de 4 à o millimètres et situé derrière l'insertion du ptérygoïdien interne sur le maxillaire inférieur; il eiupiète sur le tendon du muscle mandibule, est en rapport avec la glande sous-maxillaire, et recouvert par le tissu cellulaire sous-culané et la peau. Canal de Sténon. — Chez le lapin la disposition anatomique du canal de Sténox est analogue à celle du chien; le canal se dirige directement en avant, de son point d'origine à la partie médiane du bord antérieur de la glande parotide vers le bord antérieur du masséter dont il croise transversalement les fibres, et débouche à la muqueuse buccale en face de la dernière molaire supérieure. Pro^cédé opératoire. — Pour mettre à nu le canal, le procédé est le même que chez le chien. Seulement, comme à cause de son petit calibre (0™™,2) il est presque impos- sible d'y introduire une canule, on agit ainsi pour se procurer de la salive parotidienne: l'animal étant immobilisé, on rase la joue, puis on fait une incision verticale qui divise la peau, le tissu cellulaire, les vaisseaux et nerfs jusq-u'au muscle masséter. On a ainsi une plaie qui saigne un certain temps. L'écoulement sanguin étant arrêté, quand l'animal exécute des mouvements de mastication, on voit sourdre du canal de Stk.nox, sectionné pendant l'opération, la salive qui coule goutte à goutte; la salive est obtenue en petite quantité, et la fistule ne tarde pas à s'obstruer. Pour avoir sur le lapin une fistule intermittente versant le liquide sécrété tantôt dans la bouche, tantôt au dehors, on a proposé le procédé suivant : on perfore de part eu part la joue au niveau du canalparotidien et dans la plaie on introduit un petit tube d'argent cà double rebord, ouvert à ses deux bouts. Un de ses orifices communique avec l'extérieur, l'autre avec l'intérieur de la bouche. Au milieu de ce tube, se trouve une ouverture latérale, que l'on place vis-à-vis du bout parotidien du conduit sectionné. La salive s'écoule ainsi dans ce tube et se porte en partie dans la bouche, en partie au dehors. Il n'y a qu'à boucher l'orifice interne ou l'orifice externe suivant que l'on veut que la totalité de la salive s'écoule au dehors ou au dedans. On arrive à cela facilement au moyen d'un petit bouchon qui glisse dans l'intérieur du tube, et que l'on promène LAPIN. 11 fif au moyen d'une tigo qui le traverse, de façon à boucher tantôt l'orifice intérieur, tantôt l'ûrifice externe (Livon). Glande sous-maxillaire. — De forme ellipsoïde, elle a une longueui' d'environ 1<"",5; son poids est de 0e'-,6; elle se trouve dans la partie médiane de la portion anté- rieiuf de l'appendice du muscle ptérygoïdien interne recouverte en bas par le fascia et le muscle sub-mental; en arrière elle est contiguë à la partie inféiieure de la paro- tide : dans la ligne médiane elle rejoint la glande du côté opposé : au-dessus d'elle se trouve le muscle mylohyoïdien. Canal de Wharton. — Chez le lapin, le canal de Wharïon est trop ténu pour que l'on puisse y inlrodirire une canule. Il a 0^'^,?i de diamètre, 3cm. de longueur et des parois très minces; il est couché d'aboi'd sur la partie antérieure de la glande sous- maxillaire, il suit le tendon d'origine du muscle mandibule, se croise avec lui, et avec l'artère maxillaire externe à angle droit, parvient au bord postérieur du mylo- hyoïdien par dessus celui-ci et par-dessus le génio-hyoïdien. Il court ensuite au- dessus de la sublinguale contre la face latérale des muscles hyoglasse et génio- glosse et s'ouvre à côté du frein de la langue sans qu'il existe de papille. Glande sublinguale. — La glande sub- linguale oblonguea 14mm.delong, 3mm. de large, 2 mm. d'épaisseur; elle pèse O*?'',! ; se trouve au fond de la cavité buc- cale ; y débouchent ses canaux excréteurs, au-dessus du muscle mylo-hyoïdien, qui les sépare de la glande sous-maxillaire, sur le côté du muscle génio-hyoïdien. Salive. — Peu de documents sur sa composition, G. Bernard, dans la Phijsio- loijic expérimenlale, dit que la salive parotidienne du lapin est plus active que celle du chien. Œhl cite le sulfocyanure de potas- sium comme élément de cette salive parotidienne. Langley a découvert une enzyme dans la sous-maxillaire. Enfin, G. Bernard (18o8) a constaté que, dans l'état de repos, la sous-maxil- laire ne sécrète pas et que le sang veineux est alors noir. Mais, si on excite la sensibilité gustative par application d'un peu de vinaigre sur la langue, le sang présente une teinte vermeille et la sécrétion est éveillée. Mêmes effets en excitant la corde du tympan. Dents. — On trouve deux incisives à la mâchoire inférieure, 4 à la mâchoire supé- rieure, dont 2 petites en arrière des principales : 10 molaires à la mâchoire inférieure, 12 à la mâchoire supérieure. A noter que les incisives du lapin ont un accroissement continu durant toute l'exis- tence. Estomac. — La capacitô moyenne de l'estomac est de 4 à 5 décilitres. Allongé d'un côté à l'autre, incurvé sur lui-même, parfois légèrement étranglé dans sa partie moyenne, ce réservoir présente deux faces, une grande courbure convexe de 26cm. de pourtour, une petite courbure concave, une extrémité gauche (le cul-de-sac) et une extrémité droite, plus étroite, se continuant avec le duodénum dont le sépare un rétrécissement (cul-de-sac droit). Quand on ouvre l'estomac, on est frappé par la différence d'aspect que présente !a membrane interne suivant qu'on l'examine à gauche ou à droite. Du côté gauche elle a tous les caractères de la muqueuse œsophagienne : elle est blanchâtre, sèche et recou- 'Of^e> xa FiG. 2. — Artftrc et veino sous-maxillaires. T>, canal do la sous-maxillaire; Vfa, veine faciale antéi-ieure; A7/, hypoglosse; Bs, rameau sous-men- tonnier gauclio venant de l'artère maxillaire externe gauche. It LAPIN. verte d'une épaisse couche d'épithélium. A droite, elle devient épaisse, ridée, spon- gieuse, vasculaire, prend une teinte rouge brunâtre, rendue marbrée par des taches beaucoup plus foncées, perd de sa consistance et ne paraît plus l'evêtue que d'une très légère pellicule épilhéliale. Le changement de propriétés qui établit cette distinction s'opère brusquement, et la séparation des deux muqueuses est indiquée par une crête saillante plus ou moins sinueuse et nettement dessinée. D'où deux compartiments ou sacs : le sac gauche est considéré comme une sorte d'isolement de l'œsophage (lequel s'insère sur le milieu de la petite courbure). Le sac droit constitue le véritable estomac, c'est à lui seul qu'est dévolue la fonction sécrétoire. Les glandules peptiques sont logées surtout dans la portion moyenne de l'estomac, tandis que les glandes à mucus sont disséminées dans ces autres régions : aussi est-ce dans la portion moyenne que les liquides fournis par les parois de l'estomac du lapin présente au plus haut degré l'acidité et les caractères propres du suc gastrique (Prévost et Le Rover, 182o), Sghiff a trouvé que le suc gastrique préparé avec la portion pylo- rique ne jouissait que de propriétés digestives faibles, tandis que le liquide obtenu avec le cardia avait une grande puissance (M. Lo\get). Prout a montré que l'estomac du lapin contient de l'acide chlorhydrique libre, ZwEiFEL et WoLFHûGEL out VU, 13 jours après la naissance du lapin, la pepsine appa- raître, mais ce n'est qu'un mois plus tard que l'estomac en renferme la quantité nor- male : la sécrétion gastrique est acide à la naissance. L'estomac du lapin contient con- stamment des aliments. Même après plusieurs jours d'abstinence, on trouve encore des aliments dans l'estomac du lapin que l'on sacrifie. Péristaltisme de restomac. — Le périslaltisme gastrique du lapin, dit Auër (1907, Amer. Joiim., of Physiol, xvni, 360), peut s'observer à la seule inspection de l'épi- gastre. On peut enregistrer les mouvements à l'aide de tambours. L'ouverture de la cavité péritonéale inhibe le péristaltisme qui réapparaît dès la fermeture de la cavité. Le jeûne diminue les mouvements, la distension de l'estomac les augmente. Les va- peurs d'éther et de chloroforme les inhibent. Les sons que l'on entend dans la région pylorique sont dus à l'expulsion des matières liquides gastriques, pénétrant dans le contenu gazeux du duodénum. On observe chez le lapin une portion préantrale bien définie avec sphincter. Foie. — Le foie est une glande de coloration brun-rouge, de consistance molle, non élastique. Il se divise en 4 lobes principaux et plusieurs autres lobes plus petits. Le canal cholédoque débouche dans la paroi supérieure de la portion initiale du duodénum, à environ 1 cm. adroite du cardia; il permet l'introduction d'une canule. Il comprend le canal cyslique et le canal hépatique. Celui-ci conduit la bile hors du lobe hépatique gauche. Dans le canal cystique prennent naissance des canaux plus petits, qui sont réservés aux autres lobes du foie. A noter la présence d'une vésicule biliaire. La Technique, pour extirper un lobe ou plusieurs lobes du foie, consiste à faire une incision médiane de la paroi abdominale du lapin, incision commençant à l'appendice xyphoïde et longue d'environ 6 cm. Faire l'ablation au galvano-cautère. Fistule biliaire. — Même incision. Poids du foie. — 79 mensurations ont été faites, dont 29 par Mackay; les autres sont dues à Nasse, Falck, Lapicque, Gh. Richet, etc. Le poids moyen est d'environ 60 gr. pour un lapin moyen de 1456 gr. (v. art. Foie). Composition. — 1000 p. de foie de lapin renferment (Oidtman.n) .j60,o p. d'eau; 439,5 p. de matières solides. Zaleski a trouvé 189 p. de fer dans 1 OOO p. de matières solides, et Oidtmann 8,12 de sels minéraux. D'après Dastre, 1 gr. de foie débarrassé de sang contient 0,040 de fer. Heffter (1891) a dosé la lécithine dans le foie des lapins normaux et après intoxica- tion phosphorée. Sur 13 lapins normaux, la proportion de lécithine a été de le', 38 pour des lapins de 1740 gr. en moyenne, 12 lapins intoxiqués n'avaient plus que ilsi\3 de lécithine pour 1000 gr. de foie; grande diminution, par conséquent. D'après Paton, le poids de cholestérine est égal à 0,06 du poids du foie. LAPIN. 13 îïALDi (1887) a trouvé la jécoiiae dans le foie de lapin. Pigments. — La bile de lapin est ordinairement vert clair; cette couleur est due au pigment biliprasinique, comme le démontre l'expérience suivante : On étend la bile à 5 volumes. On traite par quelques gouttes de soude à 30 p. 100. La liqueur devient jaune et trouble. On chauffe, la couleur jaune s'accentue et passe au rouge. Le trouble se reproduit par refroidissement. On ajoute de l'acide acétique glacial, la liqueur pi'eiid la couleur verte : le virage peut-être alternativement plusieurs fois répété. La liqueur verte soumise à l'action du vide passe au jaune que l'acide ne détruira plus. Quelquefois, rarement cependant, la bile de la vésicule est blanche et trouble, elle est semblable à celle que l'on nomme bile décolorée dont les pigments on été déposéo. Il faut admettre ici que les pigments font défaut, ce qui démontrerait l'indépendance des deux processus qui fournissent l'un les acides biliaires, l'autre le pigment, ou que le pigment biliaire aurait été oxy co^ Poids du lapin. et par heure. et par heure. — Auteurs. kgr. gr. 2,755 0,987 1,244 0,91 \ Regnault 2.780 0,867 1,107 0,92 i et 4,140 0,797 1,039 0,95 i Reiset. 1,433 1,012 1,354 0,97 ] Pembrey 1,882 0,762 0,943 0,90 et 1.931 0,889 1,142 0,94 ) GURBER. Variations. — Régime. — Le tableau ci-dessous résume les recherches de Reiset et Regnault {Ann. de Chimie et de Physique, xxvi, 1849, 402-310), sur la respiration du lapin. ALIMENTATION. RAPPORT de Az à Oxyg. alisorbé. QUOTIENT RESPIR.\TOIRE. OXYGÈNE AB.SORBE en une heure par l'animal. 0. ABSORBÉ PAR KILO(m. en une heure. mas. 0,0U81 min. 0,0008 moy. 0,047 0,0033 0,0050 0,0089 0,950 0,849 0,919 0,997 0,674 0,707 gr- 3,590 2,439 3,035 3,390 2,518 2,731 gr- 1,093 0,797 0,918 0,893 0,735 0,763 Pain et avoine Inanition Température. — Inlluence de la température extérieure et de la température du corps. Laulanié [B. B., 1892, 19) a obtenu les résultats suivants chez le lapin ÉTAT. 0 ABSORBÉ PAR KILOGR. et par heure. CO- EXHALÉ PAR KILOGR. et par heure. CHALEUR PRODUITE par kilogr. et par heure. QUOTIENT Normal . . . lit. 0,613 1,'173 1,045 0,712 1,052 lit. 0,587 1,032 1,018 0,672 0,985 cal. 4,006 6,079 5,676 4,727 5,587 0,957 0,879 0,974 0,943 0,931 Tondu et nu Tondu et enveloppé dans une Tondu et enveloppé dans l'ouate. 1 Tondu et nu Le quotient respiratoire est abaissé par la tonte; l'absorption de l'oxygène étant, surtout au début, plus fortement accrue que l'exhalation de C0-. LAPIN. 31 Taille. — Despretz a trouvé qu'un grand lapin produit environ 2 litres de CO- par heure {Ann. chim., 1824, xxvi, 55). Pour DuLONG, 1 litre 146 de GO- est exhalé en 1 heure par un lapin de 1 990 grammes, 0',806 par un lapin de 990 grammes {Ac. Se, xvm, 345). État hygrométrique. — Lehmann {Lehrb. der phy$lol. Chcmie, 1853, u\, 503) a calculé que la quantité de CO^ exhalé correspondant à 1 000 grammes de poids vif était ])ar heure, chez le lapin, à 35°, 5, 08'-,451 dans l'air sec, et 0,677 à l'ais humide. Pression atmosphérique. — Legallois (i8i3) a fait plusieurs expériences sur l'acti- vité de la respiration sous la pression atmosphérique et dans l'air raréfié. Mais il n'indique pas quel était le degré de raréfaction. En 3 heures un lapin a consommé : T^^Oo d'oxygène à pression ordinaire. G'"=,45 — dans l'aii' raréfié. Un second lapin a consommé G"", 5 d'oxygène à l'air ordina .^"".G? — — raréfit La production de CO- a été pendant le même temps pour le premier, 6,16 dans l'air ordinaire, 6,56 dans l'air raréfié; pour le second, 5,02 et 4,56. L'oxygène consommé et l'acide carbonique excrété étaient donc moindres dans l'air raréfié. Lehmann a vu, par contre, l'exhalation de CO- plus abondante avec l'augmentatioii de pression. En calculant pour 1000 grammes de poids vif, il a trouvé que la quantité de ce gaz dégagé était : 5e'',92l à la pression de 739 mm. 68%313 — 80o — Les tableaux ci-dessous, résultant des expériences de Van Maar [Skand. Arch. f. P%.s., xui, 329, 1904), indiquent la valeur des échanges gazeux dans chacun des poumons, soit chez un lapin normal, morphine, soit chez un lapin tué par piqûre du bulbe et respi- rant artificiellement. I. — Lapin normal. Air expiré Oxygcno C0-' CO^ Poumon. en 10 niiu. absorbé. exhalé. o- cc. ce. ce, , \ droit, .... 1 630 124 86 0,69 l gauche ... 1 285 81 64 0,79 g droit .... 1 718 122 88 0,72 " I gauche ... 1 311 79 64 0,81 ., \ droit .... 1 742 127 90 0,71 "^ \ gauche ... 1 330 79 63 0,80 II. — Lapin respirant artificiellement. ^ droit .... 1543 31 42 1,36 i gauche ... 1361 31 38 1,13 ^ droit .... 1604 25 36 1,42 \ gauche ... 1 633 42 49 1,17 \ droit .... 1616 26 26 1,38 "^ \ gauche ... 1 637 30 47 1 .20 32 LAPIN. Influence de la pression partielle de l'oxygène sur la répartition des échangfes dans les deux poumons. I. — Lapin 2 kilogr.; respiration naturelle; durée de chaque expérience, 15 minutes; 2 500 ce. d'air sont inspirés dans les 15 minutes. Oxygène Respiration totale. p." 100 Oxygène C02 . — — ^ ^— - — Poumon. del 'air inspiré. absorbé. éliminé. o. CO* t droit . . 21,1 150 119 ) 274 232 ^ \ gauclie 21,1 124 113 S 9 ^ droit. . 23.6 197 122 \ 292 236 l gauche 21, i 95 113 3 1 droit. . 45,9 172 118 266 223 ( gauche 21,1 96 108 4 { droit . . 51,8 183 115 \ 268 218 \ gauclie 21,1 83 103 1 5 droit. 59,0 171 113 l 251 214 1 gauche 21,1 84 101 ] 6 droit . . 1 gauche 21,1 21,1 134 112 110 105 1 235 216 Lapin 2 kilogr. ; e. •périence de 15 minutes: entr ' les expériences oii l'on a Uns Si de l'ovyr/ène, l'animal respire 15 minutes à l ai r libre. 1 droit . . 21 113 112 l 245 205 gauche 21 111 93 S 2 droit . 21 171 118 ] 136 187 1 gauche 0,10 13 69 i 3 j droit . . . . 21 151 114 i 139 181 ( gauche 1,93 1 67 ) ( ( droit . \ gauche 21 135 98 l 150 133 4 1,12 3 57 ■ ) 5 ( droit . . 21 149 94 i 133 146 \ gauche . 1,80 4 52 ) 6 droit . 21 134 85 l 143 155 gauche 3,8 i 11 50 ^ 7 droit . \ gauche . 21 21 98 24 86 69 ! 192 155 Respiration des tissus. — Sïassa.no {Arch. dl Fisiologia, m, H2-140) a éludié la res- piration des tissus chez les lapins adultes. Il a vu que la respiration du foie est beau- coup plus élevée que celle des muscles. Pendant quatre heures, par exemple, à .38", 10 grammes de foie ont donné : 3",934 de 0^ absorbé 4^%483 de C02 éhminé dans les mêmes conditions 10 grammes de muscles ont donné : 02 :l-,306 :0'=%880 Comparaison de lu respiration cutanée et de la respiration totale de l'organisme du lapin (Regnault et Rkiset). Poids du lapin 2'"'',425 CO- excrété en 24 heures par la peau. . . . Os',833 C02 excrété par le poumon et la peau .... 60 grammes. Système nerveux respiratoire. — Automatisme respiratoire. — Rose.^thal déli- mite, par une section de la moelle entre la cinquième et la sixième cervicale et par une section de la moelle allongée à la partie inférieure de la protubérance, le tronçon bulbo-niédullaire qui contient les parties nerveuses nécessaires à l'entretien de LAPIN. 33 la respiration. Il coupe les deux pneumogastriques et toutes les racines postérieures des nerfs médullaires; dans ces conditions les mouvements rythmés du diaphragme continuent un certain temps. Influence des gaz du sang sur la respiration. — Les vaisseaux du cou de deux lapins sont mis à découvert, sectionnés et mis en relation d'un animal à l'autre de manière k réaliser une circulation croisée. Normalement aucun trouble; mais, si l'on produit l'asphyxie chez l'un d'eux, en ouvrant sa poitrine, c'est chez l'autre lapin seulement que l'on constate la dyspnée : la poitrine du premier est ouverte, le poumon est afîaissé ; mais les mouvements du diaphragme et des côtes sont normaux. Réflexe respiratoire. — Voies centrifuges. — Il va de soi, étant donnée l'importance dudiaphragrae dans l'inspiration, que c'est au nerf phrénique surtout qu'est dévolu le rôle de nerf moteur. Voies centripètes. — Vague. — Normalement l'excitation du bout central du vague (pratiquée avec les chocs d'induction) a pour eiïet d'accélérer le rythme en même temps que de diminuer l'amplitude des respirations. Avec l'augmentation de la force du courant, l'accélération s'accroît et aboutit au tétanos du diaphragme. C'est l'arrêt du diaphragme en inspiration. Le vague contien- drait d'après cela des fibres sensitives à fonction inspiratrice. L'arrêt peut se faire également en expiration; cet arrêt est surtout passif. Au Congrès de Heidelberg, J. Gomez Ocana a noté cet arrêt en expiration, à la suite de fortes excitations du vague. Wedenski et Heidenhain ont vu que l'excitation faible et rapide du vague au début de l'inspiration diminue la profondeur des inspirations suivantes ; une excitation forte, la profondeur des expirations suivantes. Quand l'excitation a lieu au début de l'expiration, il se produit une diminution de l'expiration et de l'inspiration suivantes. Section des deux j)neumogastriques. — A la suite de la section des deux vagues les lapins meurent habituellement au bout de 24 heures avec tous les symptômes de la pneumonie; l'arrachement des nerfs des ix<', x*', xu'- paires d'un seul côté provoque aussi une pneumonie mortelle (Grijniiagen). D'après NicoLAÏDÈs, cependant, les lapins peuvent survivre à la suppression des vagues pulmonaires; le type respiratoire normal se rétablit assez vite après leur section. Centres. — L'existence d'un centre respiratoire, ou pour mieux dire de deux centres respiratoires symétriquement placés dans le bulbe, résulte d'expériences pratiquées chez le lapin (Langendorff). RoKiTANSKY a VU quc des lapins jeunes, préalablement strychnisés et dont la moelle a été séparée du bulbe, exécutent quelques mouvements respiratoires mêlés aux convul- sions strychniques. Langendorff, opérant sur les lapins nouveau-nés, est également arrivé à démontrer l'existence de centres respiratoires secondaires dans la moelle. (Cf. expériences de Wertheijier chez le chien). Asphyxie. — Legallois a signalé la résistance à l'asphyxie des lapins nouveau-nés et pendant le premier mois de la vie de ces animaux. Comment se comporte le lapin adulte dont on comprime la trachée? Les auteurs, Ch.Richet en particulier, ont indiqué que l'animal succombe vers la qua- trième minute. J. Gautrelet et P. Lande [Revue de médecine légale, août 1908), comprimant la traché» à l'aide d'une pince à forcipressure, ont vu l'oxyhémoglobine disparaître en moins de o minutes du sang artériel aussi bien que du sang veineux; cette réduction de l'oxyhé- moglobine peut être obtenue avant la mort de l'animal; dans certaines expériences le sang ne donnait plus qu'une raie à l'hématoscope après 3 minutes de compression de la trachée, et, la pince étant enlevée après 3 minutes 30 secondes, l'animal revenait à la vie. Dans l'asphyxie par submersion, le sang veineux est réduit complètement en 3 minutes et demie environ ; quant au sang artériel, il présente deux raies, plus de 2 heures après la mort. Enfin, dans la mort par hémorragie, la réduction de l'hémoglobine est très rapide ; ce mode d'asphyxie se rapprochant de l'asphyxie par compression de la trachée (Gautrelet et Lamde). DICT. DE l'HYSIULOGIE. — TOME X. 3 34 LAPIN. Pachon et Chambuelent ont vu sur la lapine (1809) que l'asphyxie, même progressive, est insuftisante pour provoquer des contractions utérines déterminant la parturition. A l'asphyxie Exgstrom attribue le premier mouvement respiratoire. Oprrant sur des fœtus de lapins encore contenus dans leurs membranes et protégés contre le froid et contre toute irritation cutanée, il a vu l'interruption de la circulation placentaire provoquer la respiration. VII. - SÉCRÉTIONS INTERNES. Glycogénie hépatique. — Cramer donne les chiffres suivants de glycogène dans le foie du lapin. Poids Poids du fragment Poids du foie. analysé. du glycogène. Glycogène. gr. . gr. gr. p. 100. 80 28 2,5.307 0,9038 80 24,5 2,3344 0,9528 80 27,5 2,3954 0,9438 Après la mort la disparition du glycogène hépatique est en corrélation avec l'aug- mentation inverse du glycose. Après la mort. Glycogène. Glycose. p. 100. p. 100. 5 minutes 8,030 0,781 4 heures 6,430 1,171 6 — 5,772 1,704 22 — 4,793 1,778 SÉRÉGK, ayant dosé le glycogène dans les lobes droit et gauche du foie de lapin, l'a trouvé en quantités inégales dans chacun d'eux. Thymus. — Il pèse environ 1 gr. La plupart des auteurs (Thiroloix, Lucien et Parisot, Ghika) ont observé des troubles dans le développement, et même la mort après des convulsions, chez les jeunes lapins dont ils avaient fait l'ablation du thymus. Appareil thyro-parathyroïdien. — Ghez le lapin, la glande thyroïde est située entre l'angle postérieur et supérieur du cartilage thyroïde, le cartilage cricoïde, les neuf premiers anneaux de la trachée. Elle est étroitement appliquée à la face interne de l'ar- tère carotide et recouverte parle muscle sternothyroïdien. Aux environs du cinquième au neuvièmeanneau trachéen, une partie intermédiaire très minces'appliquantcontrelaface antérieure de la trachée unit les deux lobes l'un à l'autre. La longueur de chacun des lobes est d'environ 17 mm.; sa largeur de 7 mm. Le poids varie entre 70 et 80 milli- grammes (Gley). Les glandules externes sont le plus ordinairement placées au-dessous du corps à un demi-centimètre plus bas environ, appliquées sur la carotide, et complète- ment cachées par le sterno-thyroïdien. Parfois cependant elles sont sur le même niveau que le corps principal, mais en dehors de chacun des lobes, recouvertes par le sterno- thyroïdien et reliées chacune par un tractus conjonctif au lobe du même côté (Gley, Moussu). Exceptionnellement la parathyroïde externe est située sur l'extrémité supéro- externe de la thyroïde. Chaque glandule est pourvue de vaisseaux, la longueur est de 4 à 6 mm.; la largeur de 1 à 1,5 mm.; son poids de 0 g. 004 à 0 g. 006 (Gley); les glandules internes sont incluses dans le lobe thyroïdien correspondant vers le tiers supérieur de la face interne; elles possèdent une capsule propre qui les isole du tissu thyroïdien, sauf en certains points où elles sont en continuité de tissu avec la glande (Kohn, Nicolas). Chaque thyroïde ne paraît avoir qu'une glandule interne distincte. Teneur en iode des glandes et glandules de lapin. Poids des glandes fraîches.. . . Os^ig Teneur en iode 0"'",034 Poids des glandules 0s%012 Teneur en iode 0""f,08 LAPIN. 35 Extirpation. — L'extirpation de la thyroïde fut pratiquée par nombre d'auteurs chez le lapin; ScHiFF, Tizzoni, Gley, Rousseau en particulier ne notèrent aucun trouble. Par contre, sur les jeunes animaux, Hofmeister, Moussu, Jeandelize observeront l'arrêt de la taille, l'amaigrissement ou l'empâtement des tissus. Jeandelize note aussi l'absence d'augmentation de poids, l'hypothermie, l'arrêt de développement de;:; testicules. L'adulte résiste mieux, en général, à cette opération. Jeandelize cite cependaut le cas d'une lapine qui, après avoir mis bas, se cachectisa et succomba. Gley a insisté sur l'hypertrophie des glandules externes, consécutives à l'ablation de la thyroïde, y compris les pai^athyroïdes internes. L'extirpation totale des parathyroïdes chez le lapin ne peut être pratiquée qu'en même temps que celle des lobes thyroïdiens : citons, comme ayant pratiqué cette opé- ration, Gley, Hofmeister, Rousseau, Reynier et Paulesco, Moussu, etc. Gley a opéré 53 lapins dont 13 seulement ont survécu; les autres ont eu des phéno- mènes convulsifs. Rousseau a opéré 41 animaux, dont 27 ont succombé dans les 3 premiers jours, 4 seulement survivaient après 18 mois; les accidents aigus ont consisté en tremble- ments, rigidité de la nuque, convulsions et paralysie. Il a noté la dilatation pupillaire, la salivation, le prurit et l'hypothermie. Jeandelize, enlevant les 2 parathyroïdes externes chez une lapine de 13 semaines, a observé des phénomènes convulsifs passagers; après 2 mois, il enlève les deux lobes parathyroïdiens, l'animal succombe 3 mois après l'opération, il trouve à l'autopsie une parathyroïde : à un autre lapin, il enlève les lobes thyroïdiens et les parathyroïdes internes sans observer aucun trouble; après un mois et demi, il extirpe les parathy- roïdes externes, hémiplégie et mort de l'animal après un mois et demi. Greffes. — Christiani a réalisé (1901) des greffes thyroïdiennes sous la peau ou dans le péritoine du lapin; il a noté un processus de régénération des tissus beaucoup plus actif que chez le rat. Petrowsky {Thèse Kiev, 1903) a noté, sur des lapins en inanition ou soumis au régime ordinaire, les modifications des échanges nutritifs qui succèdent à la thyroïdectomie. La thyroïdectomie incomplète abaisse les échanges phosphores et azotés; l'animal augmente de poids. La thyroïdectomie complète diminue l'azote et le phosphore uri- naires : la tétanie précède la mort. Le corps thyroïde stimulerait donc les échanges nutritifs. Capsules surrénales. — Anatomie. — Les capsules surrénales se présentent sous la forme de deux corps lenticulaires, très aplatis, de couleur pâle. Elles pèsent chacune environ 25 centigrammes (pour un lapin de 1 300 grammes). La capsule gauche est assez éloignée du rein, elle est même parfois en contact avec la veine cave ; la veine capsulaire se jette dans la veine rénale. — La capsule droite est complètement accolée à la veine cave, masquée par cette veine : la veine capsulaire droite qui se jette dans la veine cave est toujours très courbe (Langlois, Thèse de la Faculté des Sciences, Paris, 1897). On a signalé des glandes accessoires derrière la veine cave ou accolées à ce vaisseau (SiREHLet Weiss, Gouri'Ein), ou dans l'écorce rénale; mais on n'est pas fixé sur leur fréquence. Stilling en a trouvé chez tous les lapins examinés; Alezais et Arnaud chez un lapin sur vingt. Technique. — Ablation. — Quoique beaucoup d'auteurs aient préféré la voie lom- baire, Langlois a procédé presque toujours cà l'aide d'une laparotomie latérale, pour enlever les capsules surrénales. Quand il s'agit d'une destruction parti-elle, il suffit de toucher, avec la sonde portée au rouge, un point quelconque de la capsule. Pour la des- truction totale, Langlois a constaté qu'il était possible d'extirper non seulement la capsule gauche, mais la capsule droite, avec la sonde cannelée. Les artères capsulaires sont très petites ; inutile de poser des ligatures. L'ablation d'une seule capsule est sans effet appréciable; les lapins parfois cependant maigrissent et ne reviennent point à leur poids primitif. Langlois a même vu deux animaux mourir dans un état d'émaciation profonde. La destruction totale des deux capsules entraîne fatalement et rapidement la mort, 00 36 LAPIN. après une perte graduelle de la force musculaire. On a noté chez le lapin des convulsions vers la fin. Si l'on ne pratique que des destructions partielles des deux capsules, les troubles observés sont fonction de la gravité des lésions faites et de l'intervalle mis entre la cau- térisation des deux glandes (La.\glois). D'après Bbow.n-Séquard, le lapin survit 9 heures environ à l'ablation d'emblée des deux capsules. D'après Holmgren et A.\derson, il survivrait 5 à 6 jours en moyenne. Enfin, d'après Strehl et Weiss, le lapin ne résisterait que 8 à 14 heures à l'ablation en un temps des deux glandes, 21 à 76 heures, si l'opération est faite en deux temps, l'in- tervalle étant d'un mois. Dose d'adrénaline toxique (chlorhydrate) pour le lapin iBatteli.i et Tamasio). 0?'',002 par kilogr. Pas mortelle. Os-''',ÛOi — Rarement mortelle. Os',010 — Souvent mortelle. 0p%020 — Toujours mortelle. Rate. — Elle est petite, oblongue, pâle, rougeàtre. Les follicules lymphatiques sont visibles cà l'œil nu. Elle pèse 0 gr. 65. 12 heures après le repas, elle pèse, par rapport an poids du corps, 3600 : 1 ; 8 heures après, 2 352 : 1. Extirpation. — Incision à travers la peau et les muscles de 6 cm., commençant sur la ligne médiane à l'appendice xyphoïde, ou partant de l'extrémité antérieure de la U" côte gauche : dans la première méthode, pas d'hémorragie, mais il faut tirer l'estomac en dehors: derrière la partie supérieure de la grande courbure se cache la rate. Maggiorani a trouvé, après l'extirpation de la rate du lapin, diminution de la fibrine et des globules rouges du sang. D'après Tedesghi, la rate du lapin est l'organe le plus riche en fer. Normalement, la rate du lapin contiendrait des microbes, dont la virulence est nulle ou atténuée (Carrière et Vanverts). L'excitation du bout périphérique du vague provoque la contraction des fibres mus- culaires de la capsule et des trabécules de la rate chez le lapin (Œhl). Rôle de l'épiploon. — Hkger a expérimenté sur le lapin, afin de mettre en évidence les mouvements de l'épiploon, et la manière dont il se comporte vis-à-vis des corps étrangers introduits dans la cavité abdominale. Sa méthode consiste essentiellement dans l'injection de poudres métalliques, ou.de perles, ou de fragments opaques pour les rayons Rœntge.n; l'examen fluoroscopique permet de suivre la migration des particules, qui sont bientôt accaparées par l'épiploon, et peuvent arriver jusqu'au lobe gauche du foie. HÉGER {Arch. Int. Phys., lOOij rattache la mobilité de l'épiploon à celle du diaphragme, et démontre l'existence d'une sécrétion épiploïque. VIII. — EXCRÉTION RÉNALE. ~ Reins. — Chaque rein mesure 3 cm. de long, 2 cm. de large et 1 cm. 5 d'épaisseur. Chaque rein pèse environ 7 gr. 3, 7 gr. o ; le gauche semble plus lourd. Le rein droit s'étend du bord inférieur de la H*= côte droite au bord supérieur de la 2'' vertèbre lombaire; le rein gauche du milieu de la seconde au milieu de la 4'= vertèbre lombaire ; le rein gauche est donc situé plus bas que l'autre. Chaque rein ne possède qu'une pyramide de Malpighi. Vessie et urine. — A noter la minceur de la paroi de la vessie; quand celle-ci est pleine, elle comprime l'orifice inférieur du cecum, en haut. Courtade et Guvo.n ont noté que le contenu vésical peut relluer dans les uretères, s'il y a obstacle à son élimination par l'urèthre. On peut aisément sonder le lapin mâle à l'aide de bougies en gomme n° 7. L'urine est trouble, jaune, d'od«ur désagréable, de réaction alcaline. Le trouble pro- LAPIN. 37 vient de phosphates et carbonates terreux et de phosphates de magnésium et d'ammo- nium. On trouve aussi du carbonate de calcium, des octaèdres d'oxalate de chaux ; l'urine renferme en outre de l'urée, de l'acide sulfurique, un peu d'acides phosphoriqtn! et lactique. Normalement, on trouve des traces d'albumine. Si le lapin est nourri avec la viande, l'urine devient acide. Densité : 1,34. A — - 0,60 en moyenne. Nous empruntons à Bardiek et Fremkel (J. de Phys. et de Path. gén., 1901, 721) les chiffres suivants ayant trait à la composition de l'urine du lapin. Coefficient Az. ui-éique. azoturiquj. Extr. sec. p. 100 p. 24 h. p. 100 p. 24 h. gr. gr. gr. gr. gr. lOJ.Î 1,027 0,83 59,18 bfiQ 11,01 1,24 0,80 58,7 6,63 13 1,169 0,83 57,2 6,44 .apir 1. Quantité. Az. total, p. 100 p. 24 h. gr. gr. I. 96 12,.50 1,20 II. 112,9 13,70 1,34 11. U2,7 13,17 1,69 Rapport ceniires Matières Mat. Ccnd res. organiques. organ. p. 100 p. 24 h. p. 100 p.24l> gr. gr- gr- gr- 30,08 2,88 29,1 2,78 10,33 36,3 4,2 22,4 3,53 1,62 38 4,3 19,2 2,17 1,98 D'après Harxack, le lapin serait le seul anima! de laboratoire qui, normalement, n'élimine jamais d'indican urinaire. Penrosch provoqua l'indicaiiurie en faisant ingé- rer de la viande fraîche à un lapin. Orthweiler annonça que l'absence d'indican pro- vient de ce que cet animal n'ingère pas de substance capable de fournir de l'indol par putréfaction. Bluuenthal et Rosenfeld ont constaté que le lapin, mis en état de jeûne, élimine aussitôt de l'indican. Labbé et VrrRY (B. B., 1907, 588) ont repris la ques- tion et ont constaté que le lapin au régime végétal banal n'élimine pas d'indican. Par contre, l'indicanurie apparaît si l'animal est soumis à une alimentation insuffisante ou à une ration renfermant une albumine animale. Récemment {B. B., 1910) E. et J. Gautrelet ont donné, sous forme de tableau, la moyenne des éléments urinaires dosés par 24 heures et par kilog. Ils ont effectué leurs recherches sur des lapins soumis à un régime exclusivement composé de chaux (700 gr. p. 24 h.), pour des animaux pesant 2'''',lo0 environ; nous reproduisons les seuls chifTres ayant trait à la moyenne des dosages par kilog. de poids. Volume 187",3 Acidité absolue (en SO» H^) 0,580 Xantho-uratcs 0»^040 Phosphates (en Ph O^) Os',206 Densité 1014.5 Urée 18%164 Azote total (en urée) lg',28o Éléments fixes 4«M07 Ammoniaque oe^oes Alcalinité apparente (en Na OH) 12°M00 Acide uriquo Os'-,022 Rapp. azolurique 0,903 Sulfates 0s'.252 Sulfoconjugués Traces très faibles Urobiline 0b\073 Chlorures (en NaCl) 0«^492 Peptones Leucotnaïnes Traces très faibles IX — CHALEUR ANIMALE. Température des lapins (prise dans le rectum). Moyenne. 17 observations 39°26 (Mareau) 28 — 39''30 (Erler) 13 — 39°24 (Adamkievicz) 16 — 39»03 (Parinaud) 32 — 39=34 (Schreiber) 104 — 39°81 (Ch. Kichet) La moyenne générale de ces 210 observations est de 39,55, avec un minimum de 38,3 et un maximum de 40,6. 38 LAPIN. D'une façon générale d'ailleurs, ajoute Ch. Richet {La température des mammifères et des oiseaux, Revue scientifique, 303), la température du lapin est difficile à prendre. Nul animal n'est aussi sensible que celui-ci aux excitations sensitives. Le seul fait de le prendre ou de l'attacher, ou même simi^lement de le tenir, suffit pour que sa tempéra- ture baisse de plus d'un dixième de degré. Variations. — Contention. — Par le seul fait de la contention, le lapin se refroidit vite et beaucoup, comme l'ont vu tous les physiologistes, et comme l'indiquent les chiffres suivants (Ch. Richet). Lapin attaché : à 10 li. 50. . . 32°9 — : à 11 h 38°9 Influence de la fourrure. La température des lapins rasés est inférieure au moins d'un demi-degré à celle des lapins ayant leur fourrure. Malgré leur température plus basse, leur rayonnement calorifique est plus élevé. Pour suppléer à cette dépense de chaleur, ils consomment une plus grande quantité d'aliments. Malgré cette alimentation plus abondante, ils diminuent graduellement de poids (Ch. Richet). Saison. — Pour 74 températures d'hiver, la température moyenne a été de 39°62. Elle a été de 40" pour 38 températures d'été (Ch. Richet, Gley et Ro.\deau). Section de la moelle. — Cl. Bernard coupe la moelle épinière au niveau de la septième vertèbre cervicale ou à la limite des régions cervicale et dorsale. Il voit la température du lapin descendre en quelques heures à 21». Cet abaissement est dû à la paralysie vaso-motrice cutanée, et à celle d'un grand nombre de muscles producteurs de chaleur. Chauffage. — Delaroche soumet à l'étuve à 40°7 pendant 12 minutes un lapin, dont il voit la température alors s'élever de 40 à 43°. Claude Bernard soumet un lapin à l'étuve sèche à 100° : il meurt en 10 minutes. Si l'étuvr^ est humide : A 80'= le lapin meurt en 2' A 60° — — 3' A 45° — — 10' On peut voir la part qui revient à la surface cutanée et à la surface pulmonaire dans réchauffement total de l'animal, placé à l'étuve. Lapin : tète dans l'éliue. Temp. normale. . . 40" Après 5 ninules . • 40° — 10 — . 40° — 15 _ . 41° - 20 — . 41° — 25 — . 43° — 30 — . 43° - 38 — . 43" mort Corps seul dans Véluve. Temp. normale. . . 39°5 Après 4 minutes . 42° — 10 — . 43° — 13 . — . 44° — 20 — . 45° mort Inanition. — L'état d'inanition modifie les pertes de poids dues à l'hyperthermie. Chez le lapin normal exposé à une température ambiante de 40° à 45° la perte de poids atteint en moyenne 3 p. 100 p. k., p. h. Mais cette perte diminue graduelle- ment après les premiers jours d'inanition absolue. Cette modification dans les variations de poids chez les animaux à jeuji ou alimentés, chauffés, peut être due à plusieurs fac- teurs, mais un des plus importants se trouve dans les variations des conditions poly- pnéiques. Chez le lapin normal, la polypnée réflexe s'établit presque immédiatement après le commencement de réchauffement. Chez 1 animal profondément inanitié, ayant perdu LAPIN. :^9 30 à 35 p. 100 de son poids total, la polypnée ne se produit plus i. Gautrelet et J. P. Langlois, B. B., 1904, 5 mars). Calorimétrie. — Le tableau ci-dessous indique, d'après divers auteurs, la quantité de calories dégagées (mesurées directement), sur des lapins de divers poids. Poids Calories do l'animal, par heure et par kiloy Auteurs, kil. 3,720 2 600 Ch. Richet. 3,720 2 000 3,470 3 500 3,440 3 750 2,850 5 100 SiGALAS. 2,810 3 800 2,800 4 900 GLANDES GÉNITALES. Is mesurent o millimètres La;. ilùl (li ffm/ Mt-^ Testicules. — Ellipsoïdes et relativement volumineux de long et 12 millimètres d'épaisseur et pèsent ciiaruii 1- bourses, tantôt dans l'abdomen ; dans ce cas, ils sont rattachés au fond de la gaine vaginale par un gubernaculum testis. Los canalicules séminifères sont très déve- loppés. Il est facile de les isoler les uns des autres. Épididyme. Canal déférent. — La tête de l'épididyme est aplatie, la queue forme un appendice conique très détaché. Le canal déférent est séparé des vaisseaux du testi- cule à l'intérieur de la gaine vaginale, de sorte qu'il y a deux cordons testiculaires. Lorsque les canaux déférents arrivent au- dessus de la vessie, ils restent libres sans dilatation et viennent s'ouvrir à des hau- teurs diiférentes dans le canal de l'urètre sous une petite valvule. Vésicule séminale. — Une seule, allongée, à parois minces couchées sur le col et une partie de la face supérieure de la vessie. Canal de l'urètre. — Conduit très dilatable sans rentlement érectile à son extrémité. Prostate. — Oblongue et volumineuse; elle est située en travers de l'origine de l'ui'ètre; mais elle se prolonge en avant de façon à recouvrir la terminaison des canaux déférents et une assez grande partie de la vésicule séminale. Deux glandes de Cowper sont enveloppées par le muscle sphincter de l'urètre. Pénis. — A l'état de relâchement, il offre une direction horizontale parallèle à la région coccygienne. Sa longueur totale est de 8 centimètres environ, 4 centimètres pour le partie fixe, et 4 centimètres pour la partie libre. Le bord dorsal est tranchant; l'autre bord est creusé d'un sillon dans lequel est logé le canal de l'urètre. Le pénis est logé dans un fourreau dont la face externe est garnie de poils plus longs que ceux des régions voisines. Le fourreau est pourvu d'un muscle rétracteur qui se fixe autour du pénis. Les autres muscles qui agissent sur la verge sont : i" deux iscliio-caverneux énormes; 2" un hulbo-caverneux rudimentaire ; 3° un muscle longet plat dont les fibres dirigées obliquement de haut en bas et d'avant en arrière commencent sur les bords de la ^eslcule colon des( eu \ebMO \p> C01HL piostatKiue Tl ttsliculo Cd dant UC uieteies dioit et ^auche la, aoito abdoiniuale S, «jmpathujue alidommal iO LAPIN. du coccyx pour se terminer sur les faces de la portion profonde du corps caverneux, en se contractant il rapproche le pénis de la face antérieure des vertèbres coccy- giennes; 4° un muscle formé de deux ventres charnus attachés par l'arcade ischiale et prolongé en arrière par un tendon qui se fixe sur le dos de la verge; ce muscle sous-ischio-caverneux joue un rôle important dans l'accouplement. Lorsque la verge est en érection, elle devient simplement verticale. Cette position est impropre à la copulation. C'est alors qu'a lieu la contraction du sous-ischio-caverneux qui a pour résultat l'élévalion du pénis, sans rapprochement de l'abdomen et la possibilité du coït. Glandes annexes. — Au-dessous de la base de la queue, de chaque côté de l'anus et du fourreau, on voit deux cavités larges et peu profondes tapissées par un tégument blanchâtre, humide et dépourvu de poils. Au centre de ces cavités existe une papille percée d'un trou à son sommet. Cette papille répond à la glande anale. Les glandes anales sont coniques, formées de deux petites masses superposées; l'une de couleur brune, l'autre jaunâtre ; elles résultent de l'amas des culs-de-sac glan- dulaires qui sécrètent un produit gras et onctueux. Au fond de ces cavités vient encore s'ouvrir le canal excréteur de deux autres glandes. Ces glandes sont situées profondé- ment de chaque côté du rectum; elles sont épaisses et formées de culs-de-sac dont les cellules renferment beaucoup de graisse : ce sont les glandes rectales. Sperme. — Le sperme est épais, visqueux, avec des grumeaux : il se coagule après l'éjaculation. Les spermatozoïdes sont composés d'une tête en forme de disque et d'une queue. Les dimensions de la tête sont 0"''"005 de longueur, 0'"™0036 de largeur et de 0'"™001 d'épaisseur; la longueur de la queue est de 0'"™045. La réaction du sperme dans le testicule est neutre : alcaline dans l'épididyme. Il contient une matière albuminoïde (Frerichs). Ovaires. — Ils ont environ 5*^™, 5 de longueur sur 4 à b millimètres de largeur, pèsent chacun 0^'",25 ; leur teinte générale est d'un blanc rosé. Les vésicules de Graaf, et les corps jaunes, extrêmement nombreux, sont disséminés sur toute la surface des glandes ovigères. Oviductes. — Le pavillon de la trompe est développé, il dépasse, en avant, l'extré- mité de l'ovaire; il se replie de haut en bas et d'avant en arrière, pour venir se fixer sur cet organe. Utérus. — Deux utérus distincts, accolés l'un à l'autre à l'origine et divergents dans le reste de leur étendue. Leur longueur est de 10 à 12 centimètres. Chaque utérus est cylindrique, llexueux, et s'ouvre au fond du vagin par une petite fleur épanouie. Les ligaments larges fixent l'utérus flottant dans la cavité abdominale, à la région sous-lombaire. Ces liens sont au nombre de deux, plus développés en avant qu'en arrière et irrégulièrement triangulaires. L'attache des ligaments se fait comme chez la vache sur la concavité des cornes de l'utérus. Celui-ci est tiré en haut et en dehors. Vagin. — Il est aplati de bas en haut, soutenu parles bords de sa face inférieure, et long de ;j à 8 centimètres. Son origine n'est pas nettement indiquée, parce que le méat urinaire s'entre-croise plus ou moins avec un canal qui doit naturellement appartenir au vagin. Ce canal est situé à gauche du méat: il cesse bientôt pour reparaître au voi- sinage du canal utérin gauche. Vulve. — Longue de 6 centimètres, la cavité vulvaire est presque entièrement située au delà de l'arcade ischiale, attachée avec le rectum à la face inférieure de la région coccygienne. L'orifice de la vulve présente les grandes et les petites lèvres. Celles-ci commencent vers la commissure supérieure et viennent se fixer sur les bords du clitoris. Cet organe a pour base un corps caverneux de 4 centimètres de longueur. Les muscles de la vulve sont : 1° un constricteur postérieur; 2° un constricteur antérieur; 3» deux ischio- caverneux; 4" un sous-ischio-caverneux. Glandes. — Une paire de glandes rectales et de glandes anales. Sécrétion interne de l'ovaire et du testicule. — Le rôle de la glande interstitielle n'est pas élucidé. LAPIN. 41 Les expériences de Bouin, Angel et Vjllemix sur la lapine ont montré que le corps jaune tient sous sa dépendance les caractères sexuels secondaires de la femelle. Notons également les recherches de IIorsley qui a vu l'Iiypertrophie de l'ovaire restant en place, alors que l'autre était enlevé de l'organisme. Carmichaisl et Marshall ont enfin étudié les corrélations existant entre l'ovaire et l'utérus de la lapine. Ils ont vu que, si l'on fait chez des animaux adultes l'ablation des ovaires, on détermine une dégénérescence de l'utérus et des trompes de Fallope. La sécrétion testiculaire interne est due aux cellules interstitielles; sans doute les caraclères sexuels du mâle sont peu accentués, mais la sécrétion externe règle les phénomènes de croissance de l'animal. Peut-être aussi faut-il, avec Loisel, rappro- cher la consommation excessive de graisse, de la maigreur relativement plus grande du nulle pendant la période génitale, de l'engraissement marqué et de l'inertie des castrats. Mamelles. — Les mamelles de la lapine sont au nombre de dix, disposées sur deux rangées latérales étendues depuis le pli de l'aine jusque sous la poitrine. Elles n'oftrent pas, comme chez les grands quadrupèdes, de réservoirs galactophores; les canaux galactifères se réunissant directement en un nombre variable de conduits définitifs qui traversent le mamelon pour s'ouvrir à son extrémité par cinq à dix orifices. (Chauveau.) Lait. — Lebedeff a obtenu quelques gouttes de lait par traite directe de la lapine. 80 grammes de lait renfermaient 18 grammes de graisse. Cette graisse renfermait 72,5 p. 100 d'acide oléique, 10,3 p. 100 d'acides solides. Pizzi donne comme composition du lait : P. 100. Eau 69,5 Albumines et caséinogène 15,54 Graisses 10,4 Lactose 1,95 Sels 2,56 XI. - SQUELETTE. Le squelette du la[)in conrprend 213 os, sans compter les osselets de l'ouïe, les dents, les sésamoïdes. Us se répartissent ainsi : Crâne, 10; face, 15 ; colonne vertébrale avec sacrum et queue, 43; thorax, 25: extrémité antérieure, 66; extrémité postérieure, 54. Le squelette de l'homme renferme 205 os de même ordre. Composition chimique. — Nous devons à Wildt (1872) des chiffres intéressants concernant la composition chimique de certains os, et sa variation suivant l'âge. Les recherches de cet auteur portèrent sur les os des extrémités, y compris la clavicule, mais non le bassin. Age. Aussitôt après naissance. 3 jours Poids de l'os frais. 0,6534 1,1519 6,9206 10,7724 15,9722 29,0307 36,2533 43,2605 43,3350 42,0020 41,4820 Eau. p. 100. 65,67 60,17 65,98 56,11 51,36 51,16 37,32 26,73 26,69 20,88 21 ,45 Graisse. p. 100. 0,57 0,55 1,65 1,92 0,5i 1,61 5,87 12,30 17.39 17,'00 16,28 Substances solubles dans eau chaude. p. 100. 4,61 5,37 2,62 2,29 2,19 1,57 ■ 1,50 1,48 1,27 1,28 1,17 Substances organiques, p. 100. 13,59 16,68 15,13 16,29 15,78 14,76 18,14 17,69 15,43 15,40 16,10 Substance inorgan. p. 100. 15,56 17,23 18,62 23,39 30,13 30,90 37,17 41,80 39,22 44,39 45,00 14 _ 2 — 3 4 6 — 8 — 1 an 3-4 ans . Substance Phosphate Carbonate Fluorure organique. Phosphate Ca. Mg. calcium. calcium. 46,61 43,24 1,61 4,43 1,41 49,'18 43,96 1,51 4,44 0,91 44,82 47,76 1,52 3,90 0,89 41,06 30,61 1,37 3,36 1,40 34,37 35,82 1,56 6,74 1,51 32,32 57,12 1,49 7,21 1,86 31,28 57,90 1,33 7,68 1,61 29,74 39,33 1,61 7,89 1,41 28.23 .59,30 1,46 9,03 1,78 2.^,76 61,21 1,48 9,64 1,91 23,35 60,38 1.31 4,47 2,27 42 LAPIN. Composition de la cendre des os, p. 100 de substance sèche. Age. Aussitôt après naissance. 3 jours 14 — 1 mois 2 3 — 4 — 6 — 8 — 1 an 3-4 ans On voit que la teneur en eau et en substances solubles dans l'eau diminue avec l'âge, tandis que la teneur en graisse croît. Os de la face. — I.a face, beaucoup plus étendue que le crâne, se compose de deux mâchoires. La mâchoire supérieure ou antérieure, traversée dans sa longueur par les cavités nasales, est formée de dix-neuf os larges, dont un seul, le vomer, est impair. Les os pairs sont : les maxillaires supérieurs, les os incisifs ou interniaxillaires,les pala- tins, les ptérygoïdiens, les zygomatiques, les lacrymaux, les os nasaux, les cornets supé- rieurs et les cornets inférieurs. Quatre os seulement, les incisifs elles maxillaires, sont destinés à l'implantation des dents; les autres établissent l'union entre le crâne et la mâchoire supérieure ou concourent à la formation des cavités nasales. La mâchoire inférieure a pour base un seul os, le maxillaire inférieur. Le maxillaire supérieur du lapin est moins étendu proportionnellement que celui des autres animaux : la table externe est mince et percée de trous. Tubercule molaire étroit et dirigé au dehors. Apophyse palatine très étroite, et ne concourant ainsi que pour une part légère à la formation de la voûte palatine. Elle ne i^ejoint pas le sommet de l'apophyse interne de l'os incisif. L'intermaxillaii^e, Yolumineux, se fait remarquer parle grand développement de son apophyse montante qui atteint le frontal, et la largeur des fentes incisives, qui se con- fondent au-dessus des apophyses internes. Il porte deux incisives placées l'une au-dessus de l'autre. Les palatins se rapprochent de ceux du cheval. Quant à la disposition de la partie qui concourt à former la voûte palatine, le conduit palatin s'ouvre aussi entre le palnis et le maxillaire supérieur. Les crêtes palatines sont très développées. Le zygomatique est aplati d'un côté à l'autre : le sommet, uni avec l'apophyse zygoma- tique du temporal, est simple: la base se confond avec la tubérosilé malaire. Large et long, l'os nasal s'articule par toute l'étendue de son bord externe avec l'apophyse montante r'e l'intermaxillaire. Les os nasaux présentent une extrémité anté- rieure peu saillante. Les cornets sont disposés comme chez le chien, mais les replis sont moins nombreux. Dans le maxillaire inférieur, l'apophyse coronoïde est courte, le condyle étroit et allongé d'avant en arrière^; !e bord postérieur est très échancré; l'espace interdentaire est très long; le corps ne porte que deux alvéoles pour les incisives. CuviER avait pensé que l'un des moyens déjuger de l'intelligence des animaux serait de comparer l'aire du ci âne à l'aire de la face mesurée sur une coupe médiane de la tête débarrassée de la mâchoire inférieure . Colin a étudié à ce point de vue la têie de nos animaux domestiques. En laissant de côté la surface occupée par les sinus, il a trouvé que l'aire du crâne est à celle de la face, chez le lapin, comme 1 à 1,45. D'après le tableau de Coli.n, le lapin se tiouve, quant à l'aire du crâne, entre le chien et la cljèvre. Os du crâne. — Le (:râne comprend 7 os plats dont 5 sont impairs : roccii)ital, le pariétal, le frontal, le sphénoïde, l'ethmoïde. Un seul est pair, le temporal. LAPIN. 43 Occipital. — Il se compose de quatre pièces partiellement séparées chez les jeunes animaux : la partie basiiaire, les condyles et l'écaillé. Cette dernière est soudée chez l'adulte aux condyles. FiG. 10. — Vue supérieure du crâne d'un lapin français. Le crâne est légèrement asymétrique. Ma, méat auditif externe ; Ps, procossus sus-orbitairo du frontal ; Of, os frontal. L'ethmoïde se trouve entre les cavités crânienne et nasale; la plus faible portion seu- lement fait partie du crâne. On y distingue : la lame criblée, la lame verticale et les masses latérales. FiG. 11. — Vue inférieure du crâne d'un lapin français. Le pariétal, à peu près quadrilatère, a ses crêtes temporales reportées près de ses bords latéraux. Le frontal est étroit et allongé : l'apophyse orbitaire est mince, relevée et dirigée en Fie 12. — Vue latérale du crâne. Ti, tubercule interpariétal; Oi, os interpariétal ; To, tubercule occipital; A'.V, point de pénétration pour la piqûre "du centre diabétique; Po, protubérance occipitale externe. arrière et en haut; mais elle n'atteint pas le zygomatique et se trouve échaiicrée profondément à sa base. Le corps du sphénoidc est très court, tiiangulaire, épais à son bord supérieur, !,k LAPIN. percé en son milieu d"un orifice qui aboutit à la fosse fjituilaire; les ailes sont très développées; les apophyses sous-spliénoïdales, bifides, sont étroitement embrassées par les ptérygoïdiens et les palatins; la fossette optique est remplacée par un large trou qui communique en même temps avec les deux fosses orbitaires. La portion écailleuse du Um'poral est circulaire et porte une apophyse zygomatique courte, aplatie d'avant en arrière à sa base d'un côté à l'autre, à son extrémité. Sa surface articulaire est concave transversalement et allongée d'avant en aiTière. La portion tubéreuse offre une bulle tympanique considérable, appliquée étroitement sur un conduit auditif large et oblique en arrière : l'apophyse inasloïde se présente comme une simple crête située au-dessus du conduit auditif; le prolongement hyoïdien est absent. Colonne vertébrale. — La colonne vertébrale du lapin comprend 7 vertèbres cervi- cales, 12 dorsales, 7 lombaires, 4 sacrées, d6 à 18 coccygiennes. Les vertèbres cervicales s'élargissent légèrement au fur et k mesure qu'on se dirige en arrière; l'atlas se fait remarquer par l'horizontalité de ses apophyses transverses et le rétrécissement qu'elles offrent à leur origine; l'axis, par la présence d'un tubercule bifid^e à l'extrémité postérieure de son apophyse épineuse et d'une échancrure située au- dessous de la tubercule, les suivantes par leur faible épaisseur; les quatrième, cinquième et sixième par la Irifidité de leurs apophyses transverses, la septième par la brièveté de l'apophyse épineuse. L'apophyse transverse des vertèbres dorsales est continuée en arrière par une lan- guette osseuse triangulaire qui augmente la largeur de la lame vertébrale. La face infé- rieure du corps est plus évidéedans sa partie moyenne, et la crête inférieure plus saillante que chez le chat. Mais, ces détails étant à part, les vertèbres dorsales du lapin sont assez semblables à celles du chat et du chien. Les trois premières lombaires portent à la face inférieure du corps une crête très saillante qui simule une'véritable épine inférieure; les autres, une crête médiane qui s'atténue un peu en allant vers la dernière. L'apophyse épineuse se prolonge en arrière par une languette osseuse translucide qui disparaît dans les deux dernières; les tuber- cules articulaires antérieurs sont plus développés et plus rapprochés de la ligne médiane que dans les carnassiers. Enfin les apophyses transverses sont proportionnelle- ment plus longues, et celles de la première sont remarquables par l'élargissement échancré qu'elles présentent à leur extrémité libre. Le sacrum, relativement plus long que celui des carnassiers, se fait remarquer par la présence de quatre vertèbres dont les apophyses épineuses sont isolées les unes des autres. Le cor;c(/,r comprend quinze à dix-huit vertèbres qui s'amincissent graduellement : elles sont fortes et tubéreuses; les cinq ou six premières sont aussi parfaites que de vraies vertèbres; les dernières sont de petits os en forme de V. Nous ne dirons qu(! peu de mots des autres os. Côtes. — Le lapin a 12 paires de côtes; les trois dernières sont cartilagineuses et libres. Membres antérieurs. — La clavicule est rudimentaire. Pas de mouvement de pronation ni de supination. Neuf os du carpe. Membres postérieurs. — Le bassin a une situation presque verticale et une grande longueur. L'insertion avec le sacrum se fait presque en son milieu. Peau. — La peau du lapin a une surface d'environ 1 375 cmq. ; elle présente un tissu assez dense, de petite, mais parfaite, élasticité ; elle se transforme en muqueuse aux orifices du corps de l'animal, sans délimitation nette. Poils. — La peau est recouverte de" deux sortes de poils, les jarres droites, roides et brillantes, cachant complètement le duvet qui est très doux et se trouve abondant entre les précédents. La peau de l'animal est plus efficacement protégée en hiver qu'en été; elle pèse environ, durant la saison froide, 181g. Les poils renferment 7,15 p. 100 de soufre; en outre ils donnent 2,88 p. 100 de cendres, dont 0,34 d'acide silicique (Gorup-Besanez). LAPIN. 45 XII. - MUSCLES. Muscles blancs et muscles rouges. — Krause, le premier, avait remarqué que le muscle semi-tendineux du lapin était rouge, alors que le grand adducteur de la cuisse était complètement blanc; mais c'est surtout Ranvier qui, dans uu travail important (1874) a fait ressortir les Jifîérences qui existent au point de vue anatomique et fonc- tionnel entre les muscles blancs et rouges de cet animal. D'après Ch. Righet (Phjjsiologie des muscles et des nerfs), le nombre des excitations nécessaires et suffisantes pour provoquer le tétanos serait de : 40 pour les muscles de lapir 20 pour les muscles rouges. Les'^nuscles rouges du lapin, ainsi que la myocarde renfermeraient plus de fer que les autres muscles. La vitesse de propagation de l'onde musculaire en réponse à l'excitation mécanique est de 3cà 4 m. par seconde dans les muscles rouges, 11 m. par seconde dans les muscles blancs (RoLLETT, 1874). Voici, d'après Carvallo et Weiss, la densité de quelques muscles de lapin {.îourn. de physiol. et de path. gén., 1899, 207) : Gastrocnéniiens. Soléaire iméros. (blanc). (rouge). Cœur. Diaphragme, i 1063 1060 1054 1 059,5 2 1 065 1057 1 054 1062 3 1065 1057 1054 1062 4 1 065 1057 1 054 1062 0 1065 1057 1054 1062 6 1 065 1059 1 054 1063 Composition chimique du muscle. — Les muscles de la cuisse ont doimé les chifl'res : Eau 75,08 Matières solnliU-s 24,92 Albuminoïdes 20,85 Azote p. 100 de substance sèche . . . 13,5 Glycogène musculaire. — Chamer (1888) donne les chiffres suivants relativement à la teneur du glycogène de divers muscles. Muscles. Poids. Glycogène. P. 100. gr. gr. gr. Muscles dorsaux 90 0,3755 0,417 Adducteurs du meml)re postérieur. 100 0,444 0,444 Teneur des moitiés droite et gauche (Ckamer). Poids du glycogène Poids des tissus. musculaire. gr. gr. A gauche 146,3 0,46 A droite 147,7 0,49 A gauche 153,0 0,03 A droite 132,1 0,02 Mort du muscle. — D'après Bhown-Skoiard l'irritabilité musculaire tlisparaît environ 8 heures après la mort. D'après Bierfreuxd, les muscles dont le mode de contraction est différent ne se comportent pas de même quant- à la rigidité post-mortem. La contraction des muscles rouges de lapin est si tardive par rapport à celle des muscles blancs ([ue la contrac- tion de ces derniers peut être terminée quand celle des premiers est à peine à mi-temps. 46 > LAPIN. Récemment Kisch {Hofm. Beit., viii, 210) a éludié la disparition après la mort du glycogène dans les muscles et ses rapports avec les conditions piiysioiogiques. Voici quelques chiffres relatifs au lapin : I. — Expériences relatives à l'influence d'oxygène. Glycogcne fTl_vcogène disparu sans O. disparu avec O. Quantité p. 100 Quantité p. 100 Lapin. Degrés. par heure. par heure. 1 15 16,44 18.10 2 18 8,32 20 3 18 16 17,87 4 18 68,70 _ 75 La présence d'oxygène détermine une activation très nette de la disparition du glycogène. II. — Expériences relatives à la nature du muscle- Destruction du glycogène par les muscles Destruction squelettiques. par le cœur. Quantité p. 100 Quantité p. 100 Lapin. Degrés. par heure. par heure. 1 1.5 6,60 18 2 15 9 17,7 Le cœur retient donc une quantité beaucoup plus grande de glycogène que les muscles squelettiques. Nombre. — H y a lieu de compter, non compris ceux des organes splanchniques, 167 muscles pairs pour les côtés droit et gauche de l'animal ; en outre il faut indiquer le diaphragme et le mylo-hyoïdien impair. Chez l'homme on arrive à 300 muscles pairs. Les muscles se répartissent ainsi chez le lapin : Tète 14 Cou 15 Dos ' 7 Queue 4 Poitrine 34 Abdomen 4 Extrémité antérieure . . . 51 P^xtrémité po-stérieure. . . 40 Nomenclature des muscles. — Muscles de la face : muscle grand zygomatique muscle petit zygomatique, muscle élévateur supérieur des lèvres, muscle élévateur du nez, muscle élévateur de l'angle de la bouche, muscle dentaire supérieur, muscle buccinateur, muscle dépresseur de la lèvre inférieure. Muscles masticateurs : muscle masséter, muscle temporal, muscle ptérygoïdien interne, muscle ptérygoïdien externe. Muscles de la tête : muscle droit postérieur de la tête superficiel, muscle droit pos- rieur de la tète mineur, muscle droit postérieur de la tête majeur, muscle oblique de la tète majeur, muscle oblique de la tète mineur, muscle droit de la tète latéral. Muscles du cou : muscle sternomastoïdien, muscle sternohyoïdien, muscle sterno- thyroïdien, muscle thyroïdien, muscle stylohyoïdien majeur, muscle mandibule, muscle stylohyoïdieii mineur, muscle mylohyoïdien, muscle géniohyoïdien. Muscles de la région latérale du cou : muscle scalène ante'rieur, muscle scalène médian, muscle scalène postérieur. Muscles longs de l'atlas : muscle long du cou, muscle droit de la tête antéro-majeur, muscle droit de la tète antér )-mineur. Muscles du dos : muscle serratus postérieur, muscle splénius de la tête et du cou, muscle sacrospinal, muscle iliocostal, muscle grand dorsal, muscle spinal, muscle in- teilransverse, muscles multifides. Muscles de la queue : muscle extenseur médian de la queue, muscle extenseur latéral, LAPIN. 47 muscle abducteur postérieur, muscle abducLeur antérieur, muscle fléchisseur de la queue. Muscles de la poitrine : muscles intercostaux externes, muscles intercostaux internes, muscle élévateur des côtes, muscle diaphragme. Muscles du ventre : muscle oblique externe de l'abdomen, muscle oblique interne de l'abdomen, muscle droit de l'abdomen, muscle carré des lombes. Muscles de l'extrémité supérieure. — Muscles reliant l'extrémité supérieure avec le tronc : muscle cléido-mastoïdien, muscle transverso-scapulaire, muscle grand élévateur de l'épaule, muscle cucullaire, muscle large du dos, muscle rhomboïde du cou, muscle du dos, muscle élévateur de l'angle de l'épaule, muscle pectoral superficiel, muscle grand pectoral, muscle petit pectoral, muscle serratus petit antérieur. Muscles de l'avant-bras : muscle deltoïde, muscle abducteur supérieur du bras, muscle abducteur inférieur du bras, muscle sus-épineux, muscle sous-épineux, muscle grand rond, muscle petit rond, muscle sous-scapulaire, muscle coraco-brachial, muscle petit extenseur de l'avant-bras, muscle triceps brachial, muscle biceps brachial, muscle brachial interne. Muscles du bras : muscle long extenseur du carpe radial, muscle petit extenseur du carpe radial, muscle abducteur du pouce, muscle extenseur du pouce, muscle extenseur commun des doigts, muscle extenseur propre du 4^ doigt, muscle extenseur propre du petit doigt, muscle extenseur du carpe, muscle rond pronateur, muscle rond fléchisseur du carpe radial, muscle rond fléchisseur profond des doigts, muscle rond palmaire, muscle rond fléchisseur sublime des doigts, fléchisseur du carpe ulnaris, muscle rond petit fléchisseur des doigts, muscles lombricaux, muscles interosseux. Muscles de l'extrémité inférieure. — Muscles de la hanche : muscle grand biceps, muscle moyen biceps, muscle petit biceps, muscle piriforme, muscle tenseur du fascia- lata, muscles obturateurs interne et externe, muscles Jumeaux, muscle carré de la jambe, muscle ilio-psoas, muscle psoas majeur, muscle psoas mineur. Muscles de la cuisse : muscle grêle, muscle sartorius, muscle pectine, muscle court adducteur, muscle long adducteur, muscle grand adducteur, muscle quadriceps fémo- ral,rauscle biceps fémoral, muscle tenseur du fascia crural, muscle semi-membraneux muscle semi-tendineux. Muscles de la jambe : muscle extenseur propre du premier doigt de pied, muscle tibial antérieur, muscle extenseur long des doigts de pied, muscle premier long péronier , muscle second long péronier, muscle troisième péronier, muscle quatrième péronier, triceps de la jambe, muscle plantaire, muscle poplité, muscle long fléchisseur des doigts de la patte, muscles lombricaux, muscle interosseux. Physiologie des muscles de rextrémité supérieure. MUSCLES POUR LES MOUVEMENTS DU BRAS et de l'avant-bras. BRAS. Î5 a i g < i z 6 §1 z; ^ [ Deltoïde + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + Sous-épineu'ï Grand pectoral (partie supérieure) . — ■ (partie inférieui'e). . Petit rond Abducteur supérieur du bras .... Abducteur inférieur du bras 48 LA'PIN. MUSCLES. B AVANT -BRAS. EXTENSION. FLEXION. EXTENSION. KLEXION. + + + + + + + + + + Brachial interne • . . . . Anconé latéral ... médian mus:;les DESTINÉS AUX MOUVEMENTS de l'avant-bras et de la patte. ATANT-BRAS. PATTE. i z 6 1 i. 1 6 < O g g Ë l Fléchisseur radial du carpe .... Fléchisseur du carpe Palmaire . + i + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + Extenseurs radiaux du carpe .... Abducteur du pouce Extenseur du 4' doigt — du petit doigt — commim des doigts. . . ■ — du pouce Fléchisseur profond des doigts . . — sublime des doigts . . . Fléchisseur du petit doigt XIII. - SYSTEME NERVEUX. Moelle épinière. — La moelle descend jusqu'à la deuxième vertèbre sacrée. Le canal central est rempli de liquide cérébro-spinal. Elle pèse environ Z^^,^\ les renflements cervical et lombaire sont peu marqués. Le fdum terminale s'élend jusqu'à la huitième vertèbre coccygienne. Centres. — Le centre cmo-spinal du lapin est situé entre la ô"" et la 1^ lombaire; le centre du sphincter de la vessie (Masius), au niveau de la 1" dorsale. ,^^ ,.-„,, j^^ , Le centre de ]'4/acî). Les vaso-constricteurs des vaisseaux de la rétine proviennent du sympathique cer- vical. Les vaso-moteurs de l'oreille du lapin viennent de la IIl'^ paire cervicale, ils suivent FiG. 18. — Nu, nerfs sympathiques dans la cavité abdominale; Vu, vessie; Vpi\ corne de la vési- cule prostatique; Cd, côlon descendant: UU', uretères droit et gauche ; Aa, aorte abdomi- nale ; SS', nerfs s.ympathiques droit et gauche; /a, artère iléolombaire gauche ; Mi, artère mésentérique inférieure; Gmi, ganglion mésen- térique inférieur ; H, terminaison du nerf hypo- gastrique. FiG. 19. — Nerf splanchnique et ganglion cDïliaque ; An, aorte descendante abdomi- nale ; Asp, nerf splanchnique gauche : Sps, surrénale gauche ; Yrf, veine rénale gauche; Vci, veine cave inférieure; Am, artère mésentérique supérieure ; Gc, gan- glion CKliaque supérieur. le trajet du nerf vertébral. Leur excitation provoque la"contraction des vaisseaux, sur- tout de la pointe de l'oreille, bien que cependant la contraction s'étende à une distance variable près de la base (Fletcher, J. of Phys., 1898). D'après Bradford et Dean, le vague contient des vaso-moteurs destinés au poumon. Les vaso-dilatateurs des organes génitaux externes et de la muqueuse anale sortent, distincts des constricteurs, de la II« à la IV« racine sacrée. Sympathique abdominaL — Nerf splanchnique. Commence dans la cavité thoracique au niveau du huitième et du dixième ganglion dorsal; il reçoit des rameaux des neu- vième, onzième et douzième ganglions dorsaux; le splanchnique droit traverse l'inser- tion lombaire du diaphragme, pénètre dans la cavité abdominale cà droite de l'aorte; le gauche, à gauche de cette artère. Le splanchnique droit passe devant la capsule surrénale droite, et se rend à l'extrémité droite du ganglion cœliaque supérieur; le gauche a un trajet analogue. Puis le splanchnique se divise en deux ou trois rameaux, dont l'un, postérieur, se rend au plexus rénal. Ce rameau représente le petit nerf splanchnique de l'homme, qui fait défaut chez le lapin. LAPIN. . 57 XIV. ORGANES DES SENS. Cavité nasale. — La cavité nasale est vaste, renfermant des divisions nombreuses communiquant entre elles, et dépouillées de muqueuse. Les sinus sont peu développés. Deux conduits naso-palatins remplissent le foramen incisif, et mettent en communi- cation les cavités nasale et buccale. Ils débouchent au palais derrière les petites inci- sives supérieures. L'organe de Jacobsox présente un tube cartilagineux étroit, privé de muqueuse olfactive. Œil. — Les yeux sont dirigés latéralement. Le globe oculaire est relativement grand : son poids, 2s'",46, s'élève à plus d'un tiers de celui du bulbe de l'homme, alors que les poids totaux des deux corps sont dans le rapport de 1 à 30. La cornée est vaste : son diamètre, relativement à celui du bulbe, est à peu près dans le rapport de 5 à 6 (chez l'homme, la proportion est de 2 à 1); elle mesure 13""™, 5 de haut et 15 millimètres de large. La sclérotique est mince. La membrane de Descemet a 0"'",026 d'épaisseur. La choroïde est brunâtre. Le corps ciliaire frêle a 1™'",2-1™™,6 de largeur. 11 renferme du pigment, sauf chez l'albinos. Le muscle ciliaire a i millimètre de long. L'iris est brun. Chez l'animal vivant, la pupille peut mesurer 4™™, 8 horizontale- ment,, et b™™,9 verticalement. Après excitation électrique du sympathique du cou, la pupille se dilate jusqu'à 10""',8 ou 11™"°, 3. La rétine renferme des fibres à myéline. Le cristallin possède un axe de 11 milli- mètres de long; les faces antérieure et postérieure sont recourbées suivant un rayon de 14 millimètres; par contre, chez les lapins de petiie taille, on a trouvé un diamètre de 10 millimètres, un axe de 8'"'°,1; le rayon de courbure de la face antérieure étant de 6 millimètres, celui de la face postérieure de o°'",2. Le poids spécifique est de 1,1232. Corps vitré. Son index de réfraction s'élève à 1,33471. Les muscles de l'œil sont au nombre de neuf; ce sont : les muscles orbiculaires de Toeil, élévateur de la paupière supérieure; supérieur, inférieur, antérieur, postérieur de l'œil, droit supérieur de l'œil, oblique, inférieur et rétracteur du bulbe. Glande lacrymale. — La glande lacrymale est arrondie irrégulièrement ; elle pèse Os'',0;i ; elle se trouve située à l'angle temporal de l'œil, devant la paroi temporale de l'orbite. Les voies lacrymales ne présentent qu'un seul petit canal lacrymal inférieur, dont l'ouverture, facile à voir, est entourée d'un anneau cartilagineux. Le conduit naso- lacrymal est relativement long. La glande de Harder se trouve à l'angle nasal de l'œil, au milieu du bord postéro- latéral de l'os maxillaire supérieur; elle mesure 2 centimètres de long, l'",5 de large, et 9 niillimètres d'épaisseur. Elle pèse 0S'^,&. L'humeur que sécrète la glande de Harder est épaisse et blanchâtre, et versée par un ou deux orifices dans la troisième paupière ; elle a pour usage de favoriser le mou- vement de cet organe sur la surface de l'œil et des paupières proprement dites. Oreille. — L'oreille externe possède vingt muscles particuliers; les cartilages ont une disposition complexe. La conque est très grande. Dans la moitié supérieure, elle affecte la forme d'une feuille légèrement concave, dont le cartilage est mince. Pas d'anthélix. Ce n'est que dans la moitié inférieure qu'existe l'hélix. Le tragus a la forme d'un demi-tube avec quatre cornes. A noter l'existence du scutulum, plaque cartilagineuse reposant sur le crâne, dans la région médiane. Les nerfs sensibles sont : les rameaux auriculaires du vague, du nerf auriculo-tem- poral, le nerf petit occipital, et le nerf grand auriculaire, qui vient du plexus cervical. Muscles de l'oreille externe. — Do la tête au scutulum : Muscle intermédiaire du scu- tulum, muscle fronto-scutulaire, muscle cervico-scutulaire. Du scutulum aux cartilages de l'oreille : Muscle scutulo-auriculaire supérieur anté- rieur. Muscle scutulo-auriculaire supérieur postérieur. Muscle scutulo-auriculaire infé- rieur. 58 LAPPACONITINE. — LARYNGES (Nerfs). De la tête aux cartilages de VorciUe : Muscle parotido-auriculaire antérieur, muscle parotido-auriculaire postérieur, muscle maxillo-auriculaire, muscle temporo-auricu- laire, muscle cervico-auriculaire, muscle vertico-auriculaire, muscle occipito-auri- culaire, muscle liélico-auriculaire. Muscles reliant les diverses parties des cartilages de Voreille : Muscle transverse de l'oreille, muscle grand du tragus, muscle petit du tragus, muscle moyen du tragus, muscle supérieur de l'hélix, muscle inférieur de l'hélix. Action de ces muscles. — Les nerfs moteurs viennent du facial. Les muscles transverses grand, petit et moyen du tragus étendent l'oreille. Les muscles scutulo-auriculaire supérieur, antérieur et postérieur, et le scutulo- auriculaire inférieur fixent l'oreille sur le scutulum, quand elle est relevée. Les muscles intermédiaires du scutulum, fronto-scutulaire, maxillo-auriculaire et temporo-auriculaire redressent les oreilles, tournant leurs faces latérales en avant. Les muscles cervico-scutulaire, cervico-auriculaire, vertico-auriculaire, occipito- auriculaire et hélico-occipital ramènent l'oreille en arrière. Les muscles parotido-auriculaire antérieur et postérieur ramènent l'oreille en bas. L'appointement des oreilles et l'extension de la conque sont le résultat de la contrac- tion simultanée de tous les muscles. Quand leur jeu cesse, les oreilles s'abaissent. Oreille moyenne. — La caisse du tympan présente une ampoule osseuse, Bulla tym- pani, qui donne l'impression d'un appareil de résonance. Au-dessus, se trouve une cavité secondaire qui correspondrait aux cellules mastoïdiennes de l'homme. Les muscles du marteau et de l'étrier sont fortement développés. Le premier se rend, à travers une fente particulière séparée de la trompe d'EusTACHE, débouchant de l'aile musculaire. Le manubrium du marteau est en forme de sabre. La membrane du tympan est ovale, verticale, légèrement inclinée en avant. Le facial court à travers un demi-canal. Oreille interne. — Dans l'oreille interne, la fenêtre vestibulaire est arrondie; la fenêtre cochléaire est allongée. Les canaux semi-circulaires du labyrinthe reposent librement; ils sont contigus à la fosse mastoïdienne de l'os temporal, où se trouve le ftocculus cerebelli. L'aqueduc cochléaire est court et large; l'aqueduc du vestibule long et étroit. JEAN GAUTRELET. LAPPACONITINE (C^H'-W^O»). — Alcaloïde très toxique, isolé parRosEN- DHAL (1896), et extrait de VAconitum septentrionale. LA RIXI NIQUE (Acide)— (C'fH'»0=). Acide isomère de l'acide opianique qu'on extrait de l'écorce de mélèze {Pinus larix). LARYNGÉS (Nerfs). SOMMAIRE. — Anatomie. — Distribution périphérique. — Origines centrales. — Physiologie. — Vivisections. — Fonctions des nerfs laryngés. — Phénomènes locaux. — SensihiUlé. — Motricité'. — Vaso-molricité. — Sécrétions. — Trophisme. — Phénomènes généraux. — Action sur la respiration. — Action sur la circulation : cœur, vaisseaux. — Action sur les sécrétions internes. — Bibliographie. Les nerfs laryngés constituent des branches collatérales du pneumogastiique. Nais- sant de sa portion cervicale et thoracique, ils sont au nombre de trois de chaque côté. i° Le laryngé supérieur; 2» Le laryngé moyen; 3" Le laryngé inférieur ou récurrent. 11 est indispensable d'envisager d'abord la partie anatomique : distribution périphé- rique et origines centrales, pour bien se rendre compte du rôle physiologique. ANATOMIE. Distribution périphérique. — Laryngé supérieur. — Ce nerf devient apparent à la partie inférieure et interne du ganglion plexiforme du pneumogastrique. 11 est situé plus bas et plus profondément que les nerfs lingual, glosso-pharyngien et grand hypo- LARYNGÉS (Nerfs). 59 glosse. Il se porte d'abord en bas et en dedans sur les côtés du pbarynx, en décrivant une courbe à concavité dirigée en avant et en haut, il passe obliquement sur la face interne des carotides et, arrivé près de l'os hyoïde, contre le pharynx, il se divise en deux branches, l'une externe ou inférieure, l'autre interne ou supérieure. La branche externe ou inférieure descend sur la face externe du pharynx, se dirigeant obliquement en bas et en avant, passant entre le corps thyroïde et le constricteur inférieur du pharynx et va innerver le muscle crico-thyroïdien. Après avoir fourni les rameaux à ce muscle, elle perfore la membrane crico-thyroïdienne et va se distribuer en petits rameaux terminaux à la muqueuse de la portion sous-glot- tique du larynx, ainsi qu'à la muqueuse du ventricule. « Dans son trajet descendant, le nerf lai'yngé externe envoie quelques filets très déliés au corps thyroïde, et au constricteur inférieur du pharynx et contracte avec le grand sympathique, sur la face externe de ce dernier muscle, quelques anastomoses dont l'ensemble, plus ou moins complexe, constitue le plexus de Haller (Testut). » D'après Exner, le muscle crico-thyroïdien ne serait pas le seul muscle innervé par le laryngé supérieur. Ce nerf, en même temps que le laryngé inférieur, innerverait les muscles ary-arylénoïdien, crico-aryténoïdiens latéial et postérieur et thyro-ary- épiglottique. La branche laryngée interne ou supérieure suit un trajet à peu près horizontal, continuant la direction du ]aryngé supérieur. Tout d'abord, elle est située sur le constricteur inférieur du pharynx, ensuite, accompagnée de l'artère laryngée supé- rieure, elle marche parallèlement à la grande corne de l'os hyoïde, entre le muscle thyro-hyoïdien, qui est en avant, et la membrane thyro-hyoïdienne, qui est en arrière, perfore cette membrane et arrive dans l'épaisseur des replis aryténo-épigiottiques où elle se résout en branches terminales, que l'on peut distinguer en antérieures ou épiglot- tiques, en moyennes ou laryngiennes et en postérieures ou pharyngiennes, suivant leur direction. Les antérieures se distribuent à la muqueuse des deux faces de l'épiglotte, ainsi qu'cà une petite portion de la muqueuse lingua,le; les moyennes se ramifient dans les replis aryténo-épigiottiques et dans la muqueuse qui tapisse la portion sus-glottique du larynx; les postérieures se perdent dans la portion de la muqueuse pharyngienne qui recouvre la face postérieure du larynx. Parmi ces filets, il en est un plus long que les autres, qui se porte verticalement en bas, entre la muqueuse et le muscle crico-aryténoïdien postérieur et vient s'anastomoser avec un filet ascendant du laryngé inférieur; cette anastomose, qui réunit le laryngé supérieur au laryngé inférieur, constitue l'anse nerveuse de Galien. En résumé, cette branche innerve la muqueuse de toute la partie sus-glottique du larynx. Il est bon de signaler, comme anomalie, que Cruveilhier a vu le laryngé supérieur naître par deux racines, dont la principale venait du pneumogastrique, et dont l'aulre, très grêle, venait du glosso-pharyngien. Il a vu aussi le laryngé externe du laryngé supéiieur, naître directement du pneumogastrique lui-même. Laryngé moyen. — Ce filet nerveux qu'ExNER le premier a décrit chez le lapin et le chien, constitue une branche du rameau pharyngien du pneumogastrique et va gagner le muscle crico-thyroïdien. Exner l'a décrit comme étant un filet moteur accessoire du muscle crico-thyroïdien. Pour Onodi, ce rameau nerveux ne serait autre chose qu'une réunion de fibres détachées de la branche externe du laryngé supérieur, pénétrant dans le rameau pharyngien du pneumogastrique, qu'elles abandonnent ensuite pour atteindre le muscle crico-thyroïdien. Ch. LivoN, qui en a repris l'élude sur le chien, le décrit comme un filet distinct, qui naît du plexus pharyngien du pneumogastrique, et qui se dirige en haut et en dedans, pour venir gagner la branche externe motrice du laryngé supérieur, avec laquelle il s'anastomose, au moment où cette branche forme un coude à convexité inférieure pour gagner le muscle crico-thyroïdien. Laryngé inférieur ou récurrent. — Ce nerf se sépare du tronc du pneumogastrique dans la partie supérieure de la cavité thoracique, pour remonter ensuite vers le larynx, 60 LARYNGÉS (Nerfs). d'où son nom de récurrent. Ses origines différent suivant qu'on les étudie du côté droit ou du côté gauche, comme du reste le tronc du pneumogastrique lui-même, dont le trajet et les rapports ne sont pas identiques de chaque côté, dans cette région. Le laryngé inférieur droit provient du pneumogastrique droit qui croise la face antérieure de la sous-clavière. Il quitte son tronc d'origine au niveau de la portion inférieure de l'artère sous-clavière, et se dirige un peu en arrière et en dedans pour contourner la face inférieure de celte artère en formant une anse, puis il se dirige en haut, passe sur la face postérieure de l'artère et s'appliquant sur la partie latérale droite de l'œsophage, remonte directement vers le larynx, perfore le muscle constricteur inférieur du pharynx et se loge à la face postérieure du larynx dans la gouttière formée par le cartilage thyroïde et le cartilage cricoïde et vient par ses branches terminales innerver tous les muscles intrinsèques du larynx à l'exception du muscle crico-thyroïdien. Le laryngé inférieur gauche se sépare du pneumogastrique au niveau de la face antérieure et du bord inférieur de la crosse de l'aorte à un niveau plus bas que celui de l'origine du laryngé du côté opposé, ce qui fait qu'il est plus long que celui du côté droit. 11 se dirige en dedans et en arrière, embrasse la crosse de l'aorte dans une courbe à concavité supérieure, puis comme celui du côté opposé, remonte vers le larynx en se plaçant dans celte espèce de gouttière que forme l'œsophage en s'adossant à la trachée. A la partie supérieure, quand il atteint le larynx, il se comporte comme son congénère. D'après Chaput, le récurrent gauche chez le fœtus n'embrasse pas l'aorte par sa concavité, mais le côté inférieur du canal artériel. Pendant ce long trajet récurrent, de la partie supérieure du thorax au larynx, chaque nerf laryngé inférieur donne naissance à de nombreuses branches collatérales qui sont: a) Des filets cardiaques, variables comme nombre, qui se détachent du nerf au moment où il contourne la face inférieure du vaisseau artériel. Ces filets vont se perdre dans le plexus cardiaque à la base du cœur; ils s'unissent aux filets cardiaques cervicaux du pneumogastrique et du grand sympathique. Comme le fait remarquer Gruveilhier, il est important de noter la connexion intime qui existe entre les nerfs récurrents et les nerfs cardiaques. On voit presque toujours des anastomoses très considérables entre les nerfs cardiaques supérieur, moyen et inférieur et le nerf récurrent. Quelquefois même ce nerf est l'aboutissant des nerfs cardiaques supérieur et moyen, et le point de départ du nerf cardiaque infé- rieur. Les anastomoses entre les nerfs récurrents et les nerfs cardiaques constituent quelquefois un véritable plexus. 6) Des filets anastomotiques avec le ganglion cervical inférieur du sympathique (Van Gehuchten). c) Dos filets œsophagiens, qui sont plus nombreux à gauche qu'à droite, ce qui amène un amoindrissement plus marqué du récurrent gauche lorsqu'il arrive au larynx. Ces filets sont destinés, les uns à la tunique rausculeuse, les autres à la muqueuse de l'œsophage, dans lesquelles on peut suivre leur lerniinaison. d) Des filets trachéens qui vont principalement à la paroi postérieure ou membra- neuse de ce conduit et se distribuent également à sa couche muqueuse et à sa couche musculeuse.' e) Des filets pharyngiens (un ou deux seulement) qui sont spécialement destinés au muscle constricteur inférieur du pharynx. f) Enfin les filets terminaux dont l'épanouissement se fait dans le voisinage du cartilage cricoïde. Ces filets au nombre de cinq sont tous destinés aux muscles intrin- sèques du larynx, à l'exception d'un seul qui se porte directement vers la partie supérieure, pour gagner un filet descendant du laryngé supérieur, s'anastomoser avec lui pour former l'anse de Galien, dont il a été question à propos du laryngé supérieur. Les filels musculaires sont les suivants: Le nerf du crico-aryténoïdien postérieur, oblique en haut et en dedans, s'enfonce dans l'épaisseur du muscle par sa face postérieure. LARYNGES (Nerfs). 61 Le nerf de l'aryLénoïdien se porte entre le cartilage cricoïde et le muscle crico- aryténoïdien postérieur, pour venir se distribuer dans l'épaisseur du muscle aryté- noïdien. Ce muscle ne reçoit du nerf laryngé supérieur que des filets sensitifs. Les nerfs des muscles crico-aryténoïdien latéral et thyro-aryténoïdien, réunis en un seul tronc, sont la véritable terminaison du récurrent. Ils se portent au côté externe de ces deux faisceaux musculaires et les pénètrent par des filets très déliés. En résumé, le nerf récurrent anime tous les muscles propres du larynx, moins le crico-thyroïdien qui reçoit son innervation du laryngé supérieur et du laryngé moyen. Anse de Galien. — Ce filet nerveux, qui établit une communication directe entre le laryngé supérieur et le laryngé inférieur, est une branche de bifurcation du récurrent. En effet, un peu au-dessus du cartilage cricoïde, chez le chat, qui présente une dispo- sition anatomique particulière qui facilite la démonstration, le récurrent se divise en deux branches pénétrant dans le larynx, en dedans du cartilage thyroïde : la branche interne, la plus volumineuse, est destinée aux muscles intrinsèques du larynx; la branche externe et postérieure, plus grêle, longe la face interne du cartilage thyroïde et va se jeter aussitôt dans le nerf laryngé supérieur. C'est cette branche qui constitue l'anastomose de Galien : elle va rejoindre le laryngé supérieur au niveau du point où s'en détachent les filets sensibles intra-laryngés et en dedans du point d'émergence du laryngé externe (François-Franck). Chez le chat, l'anastomose de Galien est accessible en dehors de la cavité laryngée, au-dessous du bord inférieur du cartilage thyroïde, dans un espace d'un centimètre environ, ce qui facilite les investigations. Origines centrales. — Une question, qui intéresse aussi bien l'anatomiste que le physiologiste, se pose. Quelle est l'origine des nerfs laryngés? Est-elle simple ou double? Viennent-ils simplement du pneumogastrique, ou bien l'accessoire ou spinal leur fournit-il des fibres? Existe-t-il un centre cortical? et dans ce cas peut-on suivre les fibres dans leur trajet inlra-cérébral ? Ce sont tout autant de questions complexes sur lesquelles les auteurs ne sont pas d'accord. Nous fondant sur les travaux assez nombreux parus sur ces difîérents problèmes, nous allons essayer de jeter un peu de jour sur la question des origines centrales des nerfs laryngés. L'existence des centres corticaux laryngés n'est pas douteuse, mais les fibres qui en partent font-elles partie du pneumogastrique ou de l'accessoire de Willis (spinal)? C'est là le côté important à élucider. Pour cela on peut se fonder et sur l'expérimenta- tion physiologique et sur l'anatomie pathologique. Un point qui semble établi, c'est que, dans les nerfs laryngés, il y a des fibres venant du pneumogastrique et d'autres venant du spinal. Les fibres laryngées vont donc suivre les racines de ces deux troncs nerveux, pour aller rejoindre les neurones qui constituent leurs noyaux d'origine. Le pneumogastrique, nerf mixte, a des fibres à origines multiples, les unes motrices, les autres sensibles, et d'autres, enfin, sympathiques. Expérimentalement on arrive à déterminer la place occupée par les cellules d'ori- gine des fibres motrices, en coupant, chez le lapin, le nerf delà dixième paire dans le voi- sinage immédiat de la base du crâne et en cherchant, au bout d'une dizaine de jours, les cellules en état de chromolyse. On trouve alors que les cellules lésées forment deux colonnes cellulaires nettement distinctes : une colonne ventrale et une colonne dorsale. La colonne ventrale est formée de cellules volumineuses. Elle constitue le noyau moteur ventral du vague ou noyau moteur à grosses cellules de Van Gehuchten. Elle correspond au noyau ambigu des auteurs. La colonne dorsale est formée de cellules beaucoup plus petites, c'est le noyau moteur dorsal ou noyau moteur à petites cellules. Ce noyau dorsal a été considéré pendant longtemps comme constituant le noyau sensible faisant suite à celui du glosso-pharyngien, il constitue l'aile grise sur le plan- cher du quatrième ventricule. Mais l'expérience semble bien démontrer que ce sont des cellules d'origine motrice, puisque après la section elles sont en chromolyse. On admet généralement que toutes les fibres motrices du pneumogastrique ont leurs cellules d'origine dans le côté correspondant du bulbe. Cajal a contesté ce fait. Pour 62 LARYNGÉS (Nerfs). lui, un certain nombre de fibres radiculaires du nerf vague s'entre-croiseraient avec des fibres venant du noyau ambigu du côté opposé. Va.\ Gehuchten a constaté que toutes les fibres motrices étaient bien directes. Les fibres sensibles du nerf pneumogastrique ont leurs origines dans les deux gan- glions situés sur le trajet du nerf, l'un supérieur, le ganglion jugulaire {ganglion jiuju- lare), l'autre inférieur, le ganglion plexiforme (ganglion nodosuin). Le tronc radiculaire du pneumogastrique reçoit encore, comme le glosso-pharyn- gien, deux groupes de fibres additionnelles qui proviennent les unes du raphé, les autres, qui constituent les fibres sympathi(iues, du faisceau solitaire de Stilling. Le spinal ou accessoire de Willis a des origines doubles représentées par les filets bulbaires et les filets médullaires. L'expérimentation montre que ces fibres, soit bulbaires, soit médullaires, sont motrices. En efîel, si l'on coupe le nerf dans la cavité racbidienne, cbez le lapin, et que, après une survie d'une dizaine de jours, on reeherche les cellules lésées dans le névraxe, on trouve en chromolyse toules les cellules motrices en connexion avec le nerf de la onzième paire. Ces cellules altérées occupent la partie latérale de la corne antérieure depuis le quatrième nerf cervical, jusqu'un peu au-dessus du premier (Van Gehughten). Ces cellules ventrales représentent le noyau d'origine des fibres de la partie spinale, ainsi que cela résulte aussi des recherches faites par Bu.\zl-Federn. Dans la partie inférieure du myélencéphale, on trouve encore des cellules en chro- molyse dans une longue colonne grise située de chaque côté de la ligne médiane, en arrière de la partie inférieure du noyau de l'hypoglosse. Cette colonne cellulaire se continue directement en haut, avec le noyau moteur dor- sal du vague, constituant ainsi un noyau unique que l'on peut désigner, avec Mathias- Duval, sous le nom de noyau pneumo-spinal ou vago-spinal. Les deux tiers inférieurs environ de ce noyau sont formés exclusivement par les cellules d'origine des fibres bul- baires du nerf de Willis. Ce noyau moteur dorsal du nerf accessoire déborde considé- rablement en bas l'extrémité correspondante du noyau de l'hypoglosse. Dans celte par- tie inférieure, il est situé immédiatement en arrière et un peu en dehors de la coupe du canal central. Dans sa partie supérieure il est situé immédiatement en ai'rière du noyau de l'hypoglosse. D'après Van Gehuchtex, les cellules volumineuses qui forment environ le tiers inférieur de la colonne grise connue sous le nom du noyau ambigu et qui ont toujours été consi. dérées comme les cellules d'origine des fibres de la partie bulbaire du nerf spinal, sont indépendantes du nerf de la onzième paire. Il est arrivé à ce résultat par la méthode de coloration au bleu de méthylène. L(B spinal, comme le pneumogastrique et le glosso-pharyngien, reçoit une racine sympathique par des fibres venant du faisceau solitaire. Les nerfs laryngés provenant, ainsi qu'il a été dit plus haut, du pneumogastrique et du spinal, c'est dans les noyaux d'origine de ces deux nerfs que l'on doit rechercher leurs cellules d'origine. Seulement, il s'agit de bien établir quelles sont réellement les fibres d'origine du spinal. Si, comme elles ont été décrites plus haut, elles sont bulbaires et médullaires, ou bien si, comme quelques auteurs le prétendent, les véritables origines du spinal ne sont représentées que par les fibres médullaires, les fibres bulbaires faisant partie du pneumogastrique. Cette distinction est capitale, car, suivant la description que l'on admet, on en arrive à trouver que le nerf spinal n'a absolument rien à faire avec l'innervation du larynx. Cependant on ne peut oublier une expérience fondamentale; c'est celle de l'arra- chement du spinal (Cl. Bernard) qui est suivi de la raucité de la voix, due à une alté- ration de l'innervation des muscles du larynx, et qu'accompagne la dégénérescence de fibres contenues dans le pneumogastrique. Celte distinction est importante afin de pouvoir interpréter les résultats de l'expéri- mentation et de l'anatomie pathologique. C'est ainsi que Dees, ayant coupé le vague au milieu du cou, chez des animaux nou- veau nés, ayant exclu par conséquent les nerfs moteurs du larynx, a constaté, en sacri- LARYNGÉS (Nerfs). 63 fiant les animaux au bout de trois à quatre semaines, la dégénérescence du noyau ambigu et des racines 'sortantes du vague du côté de la section. Le noyau et les racines de l'accessoire étaient complètement intacts. Dans un cas de tabès, avec paralysie du récurrent gauche, Grabower a constaté que les racines extra-bulbaires des deux nerfs accessoires étaient intactes. Les racines du pneumogastrique, surtout à gauche, étaient atrophiées. 11 est bon de retenir que, pour Grabower, l'accessoire est un nerf purement spinal ; que le noyau ambigu, un des noyaux moteurs du vague, est le dernier centre d'inner- vation des muscles du larynx, que le nerf accessoire n'est pour rien dans l'innervation du larynx, et que les impulsions motrices de cet organe sont transmises par les quatre à six racines inférieures du vague. Ces résultats confirmés par Grossmann, Onodi, Reusz, n'ont pas été admis par tous les auteurs. D'un autre côté, Schilperoort parle de la fréquence des troubles des fonctions du larynx dans la syringomyéiie, où l'on remarque d'une façon régulière la paralysie récur- rentielle unilatérale complète. Ce qui ressort donc des faits énoncés, c'est que les altérations des noyaux bulbaires du vague et du spinal produisent des lésions motrices du larynx. Mais ces noyaux ne sont que des relais; il est nécessaire de remonter plus haut, jusqu'aux centres corticaux, et, ces centres étant connus, il sera utile de rechercher le trajet suivi par les fibres établissant une relation entre ces zones corticales et les noyaux bulbaires. Existe-t-il un centre cortical pour le larynx? L'expérimentation et l'anatomie répondent affirmativement. C'est Krause qui le premier, en 1882, localisa chez le chien le centre cortical du larynx à la partie inférieure et latérale de la circonvolution précruciale, un peu en arrière du pli de passage sis entre cette circonvolution et la circonvolution antérieure. Mais déjà en 1878, Duret, ayant chez iin chien intéressé la région que Ferrier consi- dère comme le centre moteur de la langue et des lèvres, avait constaté que, pendant quelques semaines, l'animal avait perdu la faculté d'aboyer. Chez un autre chien, pressant sur la même région, il avait excité l'aboiement. C'est en excitant un point bien déterminé du gyrus praefrontalis d'OwEN, dans le voi- sinage du sillon crucial, dans la partie antérieure et externe du gyrus, habituellement limité en dehors péjr un petit vaisseau partant de l'extrémité du sillon crucial et se dirigeant en avant et en bas, que Krause constata de visu la fermeture partielle ou totale de la glotte et du vestibule. Par des ablations bilatérales de la même région, il obtint des phénomènes pathologiques persistants : modification de l'aboiement, diffi- culté ou même disparition de l'aboiement , perte de la notion des mouvements des cordes vocales, nécessaires à la phonation. Des résultats semblables ont été obtenus par d'autres expérimentateurs, Soltmann entre autres. Aux expériences de laboratoire sont venus se joindre les faits cliniques, et, parmi eux, le cas tout à fait typique de Garel, d'une paralysie de la corde vocale gauche, dont la cause tenait, comme l'a démontré l'autopsie, à deux points de ramollissement rouge sur le pied de la troisième circonvolution frontale droite. Meillon, quia réuni un grand nombre de faits d'anatomie pathologique, admet que le centre cortical du larynx est situé sur la partie postérieure du pied de la troisième frontale ascendante, empiétant un peu sur le précédent. Ce centre aurait une action uni- latérale et croisée. Dans tous les cas observés, le centre respiratoire n'a point été distin- gué du centre phonatoire, et la paralysie laryngée a fourni à l'examen laryngoscopique une corde vocale en position cadavérique. A l'appui de ces faits, il faut ajouter que les auteurs sont nombreux, qui ont constaté des paralysies unilatérales de la glotte dans les cas d'hémiplégies apoplectiques récentes (Gibb, ZiEMssGN, LuYS, Lewin, Brysox Delà van, Gharcot, P.Marie, FCller, Browning, etc.). Seuon et HoRSLEY ont cherché à déterminer sur le macaque le centre cortical da larynx : ils sont arrivés à le localiser dans une zone circonscrite : en avant, par l'extré- mité inférieure du sillon précentral et par une ligne qui le prolongerait jusqu'à la 64 LARYNGÉS (Nerfs). scissure de Sylvius; en bas, par cette scissure; en arrière, par un sillon innomé vertical partageant en deux le pied de la frontale ascendante; en haut, par une ligne horizontale passant par l'extrémité supérieure de ce sillon. Comme Krause, ils arrivent aux conclusions : 1° il existe dans chaque hémisphère un centre de la représentation du rapprochement bilatéral des cordes vocales; 2° son excitation unilatérale produit un effet bilatéral; 3° la destruction unilatérale n'est suivie d'aucun effet. Laxnois est moins précis; pour lui, il existe dans le cerveau des points dont la lésion «ntraine des troubles dans les mouvements des cordes vocales qui président à l'émis- sion normale de la voix. Enfin Masini, sous la surveillance de LuciANi.a entrepris une série d'expériences qui l'ont amené à formuler les conclusions suivantes : 1° Existence chez le chien d'un centre moteur glottique à la partie extérieure des hémisphères; 2° Ce centre s'étend à presque toute la zone motrice, bien que son foyer de plus grande intensité soit limité au centre laryngé de Krause (base de la circonvolution j'irae- ^rociata) ; 3° Ce centre n'est ni isolé ni distinct, mais il se confond avec les autres centres moteurs, plus intimement avec ceux du phai^nx, de la langue, du voile du palais, et moins intimement avec les autres; 4° La lésion unilatérale donne lieu à des troubles moteurs laryngés prédominant du •côté opposé, ainsi qu'à des troubles de la sensibilité muqueuse; 5° La lésion bilatérale produit une paralysie persistante du mouvement et de la sen- sibilité, sans atteindre le degré de la paralysie absolue; 6° Outre les centres laryngés corticaux, il faut reconnaître l'existence des centres laryngés sous-corticaux, si l'on veut se rendre compte de la compensation parfaite des désordres résultant de l'ablation unilatérale et de l'absence de paralysie complète après extirpation bilatérale. En présence de tous ces faits il est difficile de ne pas admettre l'existence de centres corticaux pour le larynx, et même, malgré les divergences apparentes, on peut arrivera localiser assez bien ce centre au niveau du pied de la troisième circonvolution frontale, dans le voisinage de la circonvolution de Broca. C'est du reste la conclusion à laquelle sont arrivés la plupart des auteurs qui se sont occupés de cette question. Maintenant, ce centre est-il unilatéral, comme le pensent Séguin et Bryson-Delavax, ou bien est-il bilatéral? Les expériences comme les observa- tions pathologiques semblent bien démontrer qu'il est bilatéral. On peut citer, à l'appui de cette dernière opinion, les expériences de Pbota qui a enlevé chez le chien une seule corde vocale, et qui au bout de plusieurs mois a examiné les altérations qui auraient pu se produire dans les deux centres cortico-phonateurs indiqués par Krause. Il a constamment rencontré des lésions cellulaires également pro- noncées sur les deux zones cortico-phonatrices. On ne peut donc que conclure avec lui que l'action de chacun des centres de Krause est bilatérale sur la glotte, et que les voies de transmission doivent être croisées et directes, sans prédominance de l'une sur l'autre. Quel est le trajet suivi par les fibres établissant une jonction entre les centres corti- caux et les noyaux bulbaires du vague et du spinal? L'expérimentation ne fournit pas sur ce point de données précises, mais la clinique permet de suivre assez bien ce trajet. En effet, dans bien des cas de paralysie partielle ou totale d'une corde vocale, l'autopsie a permis de constater des lésions existant dans l'hémisphère cérébral même, tandis que l'écorce paraissait intacte. Ainsi Garel et Dor, chez un homme ayant présenté la corde vocale gauche immobile en position cadavé- rique, ont trouvé à l'autopsie une écorce cérébrale intacte, mais un petit foyer de ramollissement rouge récent dans l'hémisphère droit à la portion supéro-inlerne du noyau lenticulaire, et empiétant de 1 à 2 millimètres sur la partie externe de la capsule interne. Dans d'autres cas, les lésions ont été constatées dans la substance blanche sous- jacente à l'extrémité tout à fait inférieure des circonvolutions frontale et [«ariétale ascendantes ou bien dans le pédoncule cérébral. LARYNGÉS (Nerfs). 6S Il est donc permis d'attribuer aux fibres laryngées le trajet suivant : parties de la zone corticale, elles passent dans la partie la plus externe du genou de la capsule interne et gagnent le pédoncule cérébral. Comme ce sont des fibres motrices, elles occupent dans le pédoncule la région du pied et, dans ce pied, elles restent dans l'aire du faisceau géniculé qui occupe le segment le plus interne. De là, elles vont rejoindre les noyaux qui se trouvent dans le plancher du quatrième ventricule. Beketreff affirme que les tubercules quadrijumeaux postérieurs contiennent des centres réfiexes pour la phonation. Pour O.NODi le centre réllexe se trouve localisé dans une région étendue de la ligne de séparation entre les tubercules quadrijumeaux antérieurs et postérieurs, jusque dans le plancher du quatrième ventricule, sur une surface de 8 millimètres. Pour Semon, HoRSLEY et (Jrabower, ce centre est au niveau des deux tiers supérieurs de l'aile grise. Ce que l'on peut dire, c'est qu'il existe des'centres réfiexes pour le larynx, les uns phonateurs, les autres respiratoires; ils s'échelonnent depuis les tubercules quadriju- meaux postérieurs jusqu'à la partie supérieure de la moelle; mais ils prêtent encore à la discussion quant à leur siège précis. ♦ Telle est la conclusion à laquelle conduisent les faits d'anatomie pathologique. PHYSIOLOGIE. Vivisections. — Avant d'entreprendre l'étude détaillée des propriétés des nerfs laryngés, il est important de décrire par quels procédés on peut les découvrir sur l'animal, afin de porter sur eux les investigations. C'est généralement sur le chien que les expériences se font. Mais le chat et le lapin sont aussi des animaux sur lesquels on expérimente : il en est de même de la grenouille. Le cobaye n'a été, que je sache, choisi par aucun auteur. Il y a donc intérêt à indiquer comment doivent se pratiquer les expériences sur chacune des espèces cilées. Sur la grenouille, il faut relenir qu'il n'y a qu'un seul nerf laryngé, dont les rapports et la situation n'offrent aucune analogie avec les nerfs laryngés des autres espèces animales employées dans les laboratoires. Pour découvrir le nerf laryngé sur la grenouille, on doit procéder de la façon suivante : l'animal étant faiblement curarisé, ou ayant le bulbe sectionné, on le fixe sur le dos, au moyen de fortes épingles, sur une plaque de liège. Avec des pinces on saisit la peau de la région sternale et, au moyen de petits ciseaux courbes, on la coupe de façon à dénuder depuis les clavicules jusqu'à la partie médiane de l'abdomen. On sectionne les clavicules avec des ciseaux, puis on incise la paroi thoracique de manière à former un petit lambeau que l'on relève et qui comprend tout le sternum. La région se trouve alors découverte. On introduit dans l'œsophage un tube de verre que l'on pousse jusque dans l'estomac. On soulève ainsi le cœur et les parties environnantes; on voit alors deux nerfs à peu près parallèles, dont le supérieur est l'hypoglosse, l'inférieur le glosso- pharyngien. Ces deux nerfs sont couchés sur le muscle pétro-hyoïdien. Un peu plus profondément, on voit un mince rameau nerveux presque tout à fait parallèle aux vaisseaux pulmonaires et qui se rend ensuite au larynx, c'est le nerf laryngé que l'on peut isoler, exciter, etc. Le vague est situé encore un peu plus profondément et un peu plus inférieurement, on le reconnaît à sa couleur plus grise. Laryngé supérieur. — Chez tous les mammifères employés dans les laboratoires, le laryngé supérieur atfecte la même disposition : aussi le procédé opératoire est-il le même. L'animal immobilisé et anesthésié est placé sur le dos, la tête en extension forcée et, afin de faire bien saillir la région hyoïdienne, on place un billot sous la nuque. On pratique sur la ligne médiane une incision partant de la région sus-hyoïdienne et descendant au-devant du cartilage thyroïde, jusqu'au-devant de la trachée; l'incision doit comprendre la peau, le peaucier et le tissu cellulaire. On arrive alors sur les muscles mylo-hyoïdien à la partie supérieure et sterno-hyoïdien. En se dirigeant un peu en dehors, on trouve l'interstice cellulaire qui existe entre ce dernier muscle et le sterno-mastoïdien; il n'est pas nécessaire d'inciser le mylo-hyoïdien; au moyen de la DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME X. 5 ee LARYNGÉS (Nerfs). sonde cannelée on pénètre dans cet interstice et l'on met facilement à nu le paquet vasculo-iierveux enveloppé par du tissu conjonclif que l'on divise. Ce paquet est formé par la veine jugulaire interne en dehors, la carotide en dedans, le vague ou pneumoé gastrique entre les deux. On isole ce dernier dans sa partie supérieure, et au niveau du cartilage thyroïde, on distingue le nerf laryngé supérieur qui naît de la partie supé- rieure du pneumogastrique et qui se dirige d'arrière en avant et un peu en dedans, en décrivant une courbe à concavité supérieure, et qui pénètre dans le larynx au-dessus du muscle thyro-hyoïdien. Sur le lapin ce nerf fournit une des racines du dépresseur. Laryngé inférieur. — Ce nerf forme de chaque côté de la trachée un tronc assez volumineux. Il est accessible beaucoup plus facilement à droite. Il est assez superficiel- lement situé le long du bord externe de la trachée, et, pour le découvrir de ce côté, il suffit de pratiquer, sur la ligne médiane et antérieure du cou, une incision compre- nant la peau, le peaircier et le tissu Cellulaire sous-cutané. On tombe sur les muscles slerno-hyoïdiens dont l'interstice est occupé par une grosse veine qu'il faut ménager en écartant les muscles l'un de l'autre, le muscle sterno-hyoïdien droit est fortement érigné de ce côté, et l'on découvre le nerf récurrent que l'on peut suivre jusqu'au bord inférieur du larynx. Du côté gauche, le récurrent est aussi sur le bord externe de la trachée, mais dans le sillon formé par l'adossement de l'œsophage contre cet organe : c'est dans ce sillon qu'il est facile de le trouver. Sur le chien, on peut se dispenser d'inciser les tissus pour faire la section des récur- rents : on peut pratiquer cette section par la méthode sous-cutanée. Pour cela, l'animal étant maintenu sur le dos, la tête en extension, on pique la peau sur la partie antérieure de la trachée avec un petit crochet tranchant, et l'on arrive ainsi jusque sur les côtés du tube trachéal dans sa portion supérieure. Cela fait, on remonte le long de la face externe, droite ou gauche, de la trachée, on accroche et on coupe les nerfs récurrents qui sont accolés sur les parties latérales des premiers anneaux du tuyau respiratoire et l'on retire l'instrument. On reconnaît que la section est opérée à la raucité de la voix de l'animal (Livox, Manuel de vivisections, 298). Anastotnose ou Anse de Galien. Ce petit filet nerveux qui i^elie le laryngé supérieur au laryngé inférieur est une branche de bifurcation du récurrent. C'est surtout sur le chat que l'on peut expérimenter, car, sur cet animal, un peu au-dessus du cartilage cricoïde, le laryngé inférieur se divise en deux branches, dont l'une, l'externe, qui n'est autre que l'anse de Galien, reste sur un certain trajet en dehors de la cavité laryngée, avant d'y pénétrer au-dessous du cartilage thyroïde. C'est donc au niveau de l'intervalle crico-thyroïdien que l'on peut expérimenter sur cette branche anastomotique. Fonctions des nerfs laryngés. — Les nerfs laryngés non seulement commandent toute la physiologie du larynx, mais par leur relation avec certains centres nerveux ils donnent naissance à des phénomènes réflexes généraux d'une grande importance. Aussi doit-on étudier pour chaque nerf, en premier lieu, l'action locale, et, en deuxième lieu, l'action générale. Phénomènes locaux. — La sensibilité et la motricité du larynx sont sous la dépen- dance des nerfs laryngés. Quelle est la part de chacun des nerfs dans ces phénomènes? Sensibilité. — Le larynx présente une sensibilité spéciale, très vive, exquise même, dans toute la portion sus-glottique, tandis que la portion sous-glottique en est presque dépourvue. Or, toute la muqueuse de la portion sus-glottique est innervée par la branche interne du laryngé supérieur, qui vient se distribuer à toute la partie qui constitue l'entrée du larynx y compris l'épiglotte, les replis aryténo-épiglottiques et même la portion postéro-inférieure de la langue. La sensibilité de toute cette région est telle que la moindre parcelle liquide ou solide qui vient se mettre en contact avec la muqueuse, détermine un réflexe énergique, la toux expulsive. Il n'en est pas de même de la portion sous-glottique, dont la sensibilité est vraiment obtuse L'innervation n'a plus la même origine. La muqueuse est innervée par une autre branche du laryngé supéiieur, la branche externe, et par le récurrent. Cette différence de sensibilité peut se démontrer expérimentalement de la façon suivante : LARYNGÉS (Nerfs). ' 67 Si on fait pénétrer par la partie supérieure quelques gouttes d'eau sur rorifice glottique, immédiatement, il se produit une forte toux expulsive, mais si au contraire, par un orifice pratiqué à la trachée, on injecte par la partie inférieure une plus forte quantité d'eau, il ne se produit pas de réflexe défensif. Donc, des nerfs qui viennent se 2) ; — Le récurrent est-il un nerf exclusivement moteur? [Bull, de laryngoL, otol., rhinol., 1910). — Burger. De la conductibilité centripète du nerf laryngé inférieur et de la position médiane pathologique de la corde vocale [Berlin. Klin. Wochenschr., 1892, n» 30); — Paralysie des récurrents [Th., Utrecht, 1899). — Charcot (J. -M.). Leçons inédites, mars 1885. — Cognes (J.), Du cornage chez l'homme [Th. Paris, 1874). — Davies (H.). Relation entre le nerf phrénique et le nerf laryngé inférieur avec explication du trajet détourné de ce nerf [The Lancet, 21 janvier 1893). — Desverxine (G. -M.). 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Parmi les premières on aperçoit d'abord l'épiglotte avec des variétés assez nom- breuses pour gêner souvent l'inspection de la cavité laryngienne. 11 s'en trouve qui, très aplaties dans le sens transversal, ont quelque peu la forme d'une oreille de lapin; ou bien la face antérieure de l'opercule n'est pas excavée et toute la partie antérieure du larynx reste cachée. L'épiglotte agit comme une soupape qui se relève quand l'air est chassé de la poitrine et qui s'abaisse pour protéger le larynx quand les aliments passent dans l'œîophage. Sur les côtés de l'image sont les replis aryténo-épiglottiques qui se portent de l'épiglotte aux deux cartilages aryténoïdes. Les parties centrales sont les cordes vocales supérieures (fausses cordes ou bandes ventriculaires), formant une saillie de coloration rouge. En dedans, les vraies cordes vocales, nacrées à l'état naturel. L'espace triangulaire que délimitent les cordes inférieures porte le nom de glotte. Au-dessous de la glotte, on peut apercevoir des bandelettes jaunâtres circulaires. Ce sont les premiers anneaux de la trachée. Entre les deux cordes supérieure et inférieure, s'ouvre de chaque côté une petite cavité: le ventricule de Morgagni. Dans les ventricules existe une arrière-cavité (appen- dice ou diverticule), étudiée par Luschka, Gerlach et Frankel. Cet appendice ofîre la structure adénoïde des amygdales. Ce serait donc une amygdale laryngée, et le ventri- cule aurait une double fonction : résonnance et absorption des cellules nuisibles dans une région si souvent envahie par les germes pathogènes. Telle est l'image du larynx dans le miroir d'examen. En réalité, cet organe est constitué par divers éléments anatomiques : cartilages, muscles, muqueuses, vaisseaux et nerfs. Les cartilages, au nombre de quatre, sont superposés et reliés par de petits liga- ments fibreux. Il en résulte des articulations qui leur permettent de jouer les uns sur les autres. En procédant du bas vers le haut de l'organe, c'est d'abord le cricoïde (du mot grec 7P7_o;, anneau), en forme de bague dont le chaton serait tourné en arrière vers l'œsophage. Puis le thyroïde, souvent comparé à un bouclier, qui fait saillie sous la peau du cou en avant. A l'arrière de ses parties latérales, il présente, en haut, les cornes supérieures qui vont s'attacher à l'os hyoïde et en bas les cornes inférieures qui vont s'insérer sur les côtés du cartilage cricoïde. De la sorte, les cartilages thyroïde et cricoïde peuvent osciller l'un sur l'autre, et ce mouvement contribue à tendre les cordes vocales par un mécanisme que nous étudierons plus loin. Les cartilages aryténoïdes, au nombre de deux, l'un à droite et l'autre à gauche, sont posés sur le bord supérieur du cricoïde, en arrière. Ils ont la forme d'une pyramide à base triangulaire. Sur la partie antérieure de leur base proémine une sorte d'éperon {apophyse vocale), qui donne attache à l'extrémité postérieure de la corde vocale cor- respondante. Ces deux petits cartilages exécutent des mouvements de pivot qui concourent à fermer et cà ouvrir l'orifice glottique compris entre les cordes vocales. Leur rôle est ainsi très important dans le mécanisme de la respiration et de la phonation. L'épiglotte se présente comme un opercule qui se rabat sur l'orifice supérieur du larynx pour en interdire l'accès quand les aliments passent de la bouche dans l'œso- phage. L'émission de la voyelle É la relève et permet d'apercevoir la glotte dans le petit miroir laryngoscopique. A signaler enlin les petits cartilages de Santorixi et de Wrisberg, placés entre les LARYNX. 79 deux aryténoïdes, et ceux d'ELSBERG dans l'extrémité antérieure des cordes vocales L'ensemble de ce squelette cartilagineux est suspendu à l'os hyoïde. Les muscles du larynx destinés ïi mouvoir ces diverses pièces cartilagineuses ne doivent pas être décrits ici. Je mo bornerai à les signaler eu rappelant leur siège et leur forme. On les désigne d'après les cartilages sur lesquels ils sont insérés. 1° Le muscle crico-thyroïdien, étalé en forme d'éventail à l'extérieur du larynx. 11 fait basculer les deux cartilages l'un sur l'autre en avant, el allonge ainsi les cordes vocales en éloignant leurs deux points d'attache. Sa situation superficielle sous la peau le rend très sensible aux effets de l'électrisation. Les résultais graphiques obtenus par HoopER (de Boston) établissent que les muscles soulèvent le cricoïde contre le thyroïde, celui-ci restant fixe. Dans ce mouvement le cricoïde oscille autour d'un axe transversal qui passe par les deux articulations crico-lhyroïdiennes. 2° Le muscle crico-aryténoïdicn postérieur est situé sur la face posiérieure de l'organe. Inséré sur le cricoïde en bas, il monte obliquement en dehors pour s'attachera l'ary- ténoïde. Par ses contractions il le fait pivoter sur lui-même, l'apophyse vocale se porte en dehors, et la glotte s'ouvre. C'est un dilatateur de la glotte. 3« Le muscle crico-aryténoïdicn latéral est disposé entre le cricoïde et le thyroïde. Il va des parties latérales du cricoïde à l'aryténoïde pour le faire pivoter en sens inverse du muscle précédent. C'est donc son antagoniste, un constricteur de la glotte. 4° Le muscle inter-aryténoïdien est situé entre les deux aryténoïdes et formé de fibres enfre-croisées en forme d'X. Par ses contractions, il rapproche l'un de l'autre ces deux cartilages el concourt ainsi à fermer la glotte. 0° Le muscle thyro-aryténoïdien s'étend de l'angle rentrant du thyroïde à l'apophyse vocale de l'aryténoïde. On lui dislingue deux parties : l'une interne en forme de cordon, siluée dans l'épaisseur de la corde vocale; l'autre externe, en forme de lame, qui enve- loppe en dehors le ventricule de Morgagni. Par ses contractions, ce muscle tend la corde vocale; en la raccourcissant, Neumann, par des expériences sur les chiens, a vu que l'insertion posiérieure des cordes s'abaisse pendant leurs adduction et tension. Ces recherches ont été poursuivies au moyen d'ouvertures pratiquées dans le larynx et la trachée et de l'excitation électrique des muscles laryngiens ou des nerfs récurrents qui les animent. D'après Ludwig, quelques fibres, émanées de l'aryténoïde, se fixeraient au bord libre de la corde vocale (muscle ary-vocal de Ludwig) ; en se contractant, elles empêchent le contact des cordes dans une certaine étendue et diminuent la partie vibrante. 6" Le muscle ary-épiglottique situé sur les bords de l'épiglotte et qui a pour effet delà rabattre sur l'ouverture du larynx. 1° Les quatre petits muscles hyo-épiglottiques, signalés par John Mac Ixtyre en 1893, mais que Lusghka et Chauveau avaient entrevus déjà chez les mammifères. Deux médians s'insèrent à la face posiérieure du corps de l'os hyoïde, deux latéraux partent de ses grandes cornes. Ils se dirigent en bas et en arrière pour aller s'attacher, <^n se fusionnant entre eux, à la face antérieure de la base de l'épiglotte. Leur rôle est de relever cet opercule. En somme, tous ces petits muscles sont répartis en deux groupes : ceux qui ouvrent la glotte, muscles respirateurs, dilatateurs, abducteurs (crico-aryténoïdiens postérieurs), et ceux qui la ferment, muscles phonateurs, constricteurs, adducteurs (crico-thyroïdiens, crico-aryténoïdiens latéraux, inter-aryténoïdiens, thyro-aryténoïdiens). Le sens musculaire nous indique le degré de contraction de chacun de ces muscles dans les actes de la respiration et de la phonation. La muqueuse du larynx, de coloration généralement rosée, est blanche et nacrée au niveau des cordes vocales. Elle est pourvue de petites glandes acineuses en forme de grappes. Les culs-de-sac pénètrent dans les faisceaux des muscles sous-jacents, de sorte que, si la phonation dessèche les cordes, la contraction simultanée des muscles expulse le mucus et les lubrifie. Ces glandes sont nombreuses, surtout vers la partie moyenne des cordes et sur la région inter-aryténoïdienne. Le larynx a des artères et des veines, des vaisseaux lymphatiques dont la description n'est pas à faire ici. Les nerfs sont étudiés à l'article Laryngés (nerfs). 80 LARYNX. II.- LARYNGOSCOPIE. Des procédés divers ont été employés pour étudier le fonctionnement du larynx. 1° La vivisection sur les animaux, utilisée par Loîsget, Magendie et Second. Sur des larynx amenés au dehors du cou, ils ont pu constater que seule la lésion des cordes vocales inférieures abolissait la voix. Ils ont même constaté de vi$u les modifications qui correspondent aux vaiiations d'intensité et de hauteur du son. Certains cas pathologiques ont permis de contrôler leurs observations sur des larynx humains. C'est ainsi que Mayo a vu fonctionner la glotte sur un homme qui s'était coupé la gorge au-dessus des cordes vocales. Grâce aux observations de LoiNget et de Magexdie sur les animaux, grâce à celles de Mayo, de Rudolphi, de Kœmpelex, sur l'homme, grâce enfin aux expériences que Muller a faites sur des larynx pris après la mort, nous savons que lescordes vocales inférieures sont la partie vibrante de l'organe et que les variations dans la hauteur des sons émis par le larynx tiennent à des changements qui se produisent dans sa longueur, l'épais- seur et la tension de ces cordes. C'est donc avec raison qu'on a pu comparer le larynx des animaux supérieurs à un instrument à anche. Muller a même expérimenté au moyen d'anches membraneuses qu'il construisait en tendant des membranes de caoutchouc sur l'extrémité d'un tuyau cylindrique. Ces expériences l'ont conduit à conclure : que, quand on diminue de moitié la lon- gueur de la partie vibrante, l'anche membraneuse fait entendre l'octave du son initial^ que si on accroît la tension des lèvres vibrantes de l'anche, le son monte; que, si l'espace laissé entre ces lèvres est large, la vibration ne se produit plus; que, si l'on rend plus fort le courant d'air qui passe entre les lèvres, on augmente la tension des mem- branes, et le ton s'élève. La laryngoscopie est le procédé qui permet de voir, à l'aide d'une instrumentation spéciale, l'intérieur de l'organe phonateur. I. Laryngoscopie indirecte avec le miroir. — Historique. — C'est Levret qui, en 1743, eut le premier l'idée d'examiner le larynx avec un appareil de son invention, le glottiscope, mais cette idée ne fut pas poursuivie, et il faut arriver à 1825 pour voir BozziNi tentera l'Université de Vienne de nouveaux essais qui restèrent également isolés. Dix ans plus tard, en 1833, Garcia, professeur de chant à Londres, eut l'idée d'appliquer à l'examen de la cavité laryngienne le petit miroir des dentistes. Il put ainsi voir la glotte et fit de sa découverte l'objet d'un rapport qui fut favorablement accueilli par la Société Royale de Londres. Cependant ce fut Czermak qui, en parcourant les principales capitales d'Europe, vulgarisa la méthode et la fit accepter. Nous étudierons successivement l'instrumentation et la technique. Instrumentation. — Pour examiner un larynx il faut : 1° une source lumineuse permettant l'éclairage de la gorge, 2° des miroirs de différents diamètres. L'éclairage peut être ou indirect (par réflexion), ou direct (par réfraction). Éclairage indirect. — C'est surtout ce mode d'éclairage qui est employé par les praticiens, car il est à la: fois et le plus simple et le plus scientifique. Pour cet éclairage il faut une source lumineuse forte : ce peut être simplement une lampe à huile ou à gaz; mais, pour diminuer l'inconvénient résultant de la coloration de la lumière, il est préférable d'utiliser soit un bec Auer, soit une lampe électrique puissante. Il faut également un réflecteur frontal qui se fixe sur le front au moyen d'un ban- deau ou mieux par un arc métallique faisant ressort et disposé dans le sens antéro- postérieur. Ce réflecteur est constitué essentiellement par un miroir concave dont la distance focale doit être de 15 à 20 centimètres et dont le centre est percé d'un orifice par où l'œil doit s'exercer à regarder. Certains praticiens, par habitude ou par inexpé- rience, négligent ce détail et se contentent de projeter la lumière en laissant le miroir sur le front et en regardant avec les yeux. C'est une faute, car on perd ainsi tout béné- fice de l'éclairage indirect qui réside dans le parallélisme du rayon visuel et du rayon lumineux, parallélisme que l'on n'obtient pas par l'éclairage direct. LARYNX. 81 Éclairage direct. — L'éclairage direct a surlout été préconisé en France par Molr.v, Fauvel et Krisiiaber : tous deux avaient imaginé un appareil qui se plaçait sur une lampe à huile et éclairait par réfraction à travers une lentille plan-convexe. Plus tard Drumond inventa un appareil à lumière oxhydrique d'une puissance éclai- rante considérable (800 bougies), mais les proportions colossales de cet appareil le rendaient d'un maniement difficile et par suite peu pratique. L'éclairage électrique se substitua à tous ces appareils, et le meilleur appareil pour l'éclairage direct est actuellement le photophore électrique dont la lumière est fournie par une petite lampe à incandescence aui se fixe sur le front au moyen d un arc métal- lique. Miroirs. — Les miroirs sont placés au fond de la bouche pour recevoir l'image du arynx. Ils sont généralement de forme circulaire, mais il en est aussi de carrés et d'ovales. Les miroirs carrés ont été définitivement abandonnés; quant aux ovales, ils n'ont d'utilité que dans les cas d'hypertrophie amygdalienne trop considérable. Pour la pratique courante, on n'emploie que les miroirs ronds. Le diamètre de ces miroirs est variable : on en fait de sept diamètres différents que l'on désigne en allant du plus petit au plus gros par les chiffres 00, 0, 1, 2, 3, 4, a, mais, pour la plupart des examens, il suffit d'avoir à sa disposition trois miroirs, un petit n» 0, un moyen n° 3 et un grand n" o. On doit préférer les miroirs à glace aux miroirs entièrement métalliques que l'on a proposés pour rendre la désinfection plus aisée, car ces derniers miroirs ne donnent pas une image laryngée nette, Aussi bien, d'ailleurs, si l'on ne peut faire bouillir les miroirs à glace dans la crainte de désagréger le tain, on peut, du moins, les désinfecter suffisamment en les plongeant dans une solution d'oxycyanure de mercure à 5 p. 1 000 ou de phéno-salyl à 30 p. 1000, solution qui, d'après les recherches de Christmas, détruit les pyogènes et les bacille?. Technique. — Le praticien possède ces deux instruments essentiels d'un examen laryngoscopique : un appareil d'éclairage (direct ou indirect) et un miroir; le malade est assis en face de lui, les genoux rapprochés, tandis que lui-même, assis également, écarte les jambes, de façon à pouvoir librement se rapprocher ou s'éloigner. Le malade sort la langue et respire largement par la bouche; le praticien saisit alors le bord droit de la langue entre le pouce et l'index de la main gauche munis d'un petit carré de linge, de façon à maintenir solidement la langue et éviter tout glissement, ce qui ne manque pas de se produire, si on laisse tenir la langue par le malade lui-même. En prenant la langue par le bord et non par la pointe, on amène plus en avant sa base, et de cette façon l'épiglotte est relevée plus complètement. Il faut maintenant introduire le miroir dans la gorge, mais auparavant une pré- caution est nécessaire, car l'air chaud et humide de l'expiralion arrivant au contact du miroir froid le ternirait et rendrait l'examen impossible. Le miroir doit donc être chauffé par sa face réfléchissante sur la lampe d'éclairage ou sur une petite lainpe à alcool, puis essayé sur le creux de la main de l'explorateur, afin de ne pas brûler le sujet. Le miroir étant à la température voulue est porté rapidement jusque sous la luette qui est éclairée en même temps par le faisceau lumineux du rétlecteur frontal. Le manche du miroir doit être tenu de la main droite comme une plume à écrire; le miroir lui-même, placé sous la luette, doit être élevé et abaissé jusqu'à ce que l'épi- glotte et l'intérieur du larynx s'y réfléchissent. Le miroir sera incliné à 45° environ sur le plan de l'entrée du larynx, de sorte que, l'image laryngoscopique étant une image renversée, la partie antérieure de l'organe apparaît en haut, la partie postérieure en bas. On regarde d'abord en faisant respirer le sujet avec régularité : peu à peu, l'épi- glotte se relève et permet au regard de plonger dans le larynx; mais, si l'épiglotte- reste abaissée, il faut faire prononcer, à plusieurs reprises, par le malade, la syllabe E sur un ton aigu. En suivant cette technique, on oblient généralement un excellent résultat. Mais il peut arriver que l'émission de cette voyelle E soulève la base de la langue et aille à rencontre du but en rendant l'examen plus difficile : il faut alors se contenter d'explorer sans rien demander au sujet. On ne doit laisser le miroir eu place que quelques secondes, pour deux raisons priii- DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME X. G 82 LARYNX. cipales : d'abord, par le refroidissement, le miroir se ternit assez rapidement, ensuite, le sujet se fatigue si on lui demande un examen trop prolongé. Il vaut donc mieux pro- céder par explorations brèves, mais réitérées, en portant chaque fois son attention sur une partie différente de l'endo-larynx. Si le malade a des réflexes incoercibles, on pratiquera des attouchements avec une solution aqueuse de cocaïne à 1 p. 10. Laryngoscopie directe. — La laryngoscopie directe, sans miroir réflecteur, est ■d'innovation assez récente, puisque ce n'est qu'en 1896 que-KiRSTEiN (de Berlin) l'a décrite sous le nom d'aïUoscopie. Ce procédé est basé sur cette constatation qu'en attirant fortement la langue en bas et en avant, on parvient, chez un nombre restreint de sujets, k voir dans la cavité du larynx. Le malade s'assied, le tronc un peu incliné en avant, le cou desserré et la tête renversée, de manière que les rayons visuels fassent un angle de 30" avec l'horizon. Le praticien se place debout devant lui et introduit au-dessus de sa langue une spatule autoscopiqiie. Il existe deux genres de spatule autoscopique : l'une, pré-laryngienne, légèrement recourbée en bas, a son extrémité libre et qui ne dépasse jamais la gout- tière glosso-épiglottiqiie: l'autre intra-laryngienne, toute droite, qui doit être enfoncée derrière l'épiglotte pour refouler cet opercule en avant et mettre en vue l'endo-larynx. Ces spatules sont fixées à angle droit sur un manche qui porte, dans sa partie haute, une petite lampe électrique. Cette source lumineuse a sa lumière déviée de 90", grâce à un prisme et dirigée dans la spatule pour éclairer le larynx. Rarement, on parvient à voir toute l'étendue des cordes; plus souvent, on n'aper- çoit que la région aryténoïdienne ou même l'épiglotte. D'autre part, peu de malades se prêtent volontiers à ce genre d'examen; la plupart toussent et vomissent, ce qui rend impossible l'exploration. A côté de la laryngoscopie qui est le procédé de choix pour l'examen du larynx, il faut citer d'autres procédés qui peuvent être d'une certaine utilité. Ce sont : l'inspec- tion, la palpation, l'auscultation, la stroboscopie et la radioscopie. L'inspection renseigne sur la forme et les positions du larynx. Quant à la stroboscopie avec l'appareil spécial de Spikss, elle sert 'à 'observer les moindres vibrations des cordes vocales. Un moteur électrique fait tourner devant l'œil de l'observateur un obturateur qui interrompt la vue par intervalles réguliers. Dès que l'obturateur a atteint [une vitesse égale au nombre de vibrations des cordes vocales par seconde, ces cordes semblent immobiles. L'obturateur sert également de sirène et indique, par la hauteur du son émis, le nombre des interruptions. L'application de la radioscopie à l'examen du larynx a été surtout étudiée par Max ScHEiER, Mackintvre, Burger et MiGXON (de Nice). Max Sgheier a étudié, par ce procédé, les progrès de l'ossification dans l'organe phonateur. La radioscopie est encore utile à la pathologie du larynx en montrant dans le ■thorax une tumeur ou un anévrisme qui, comprimant le nerf récurrent, paralysent ainsi une corde vocale. ill. - MOUVEMENTS EXTRINSEQUES ET INTRINSEQUES DU LARYNX. Les mouvements extrinsèques ou d'ensemble qu'exécute le larynx sont surtout des déplacements dans le sens vertical et dans le sens transvei'sal. L'ascension de l'organe se produit visiblement au deuxième temps de la déglutition, -quand les muscles sus-hyoïdiens soulèvent la partie inférieure du pharynx pour la porter à la rencontre du bol alimentaire. Ce temps terminé, le larynx redescend sous la peau du cou par le seul efîet de la pesanteur. Le médecin utilise ce soulèvement physiologique du larynx pour reconnaître si une tuméfaction de la région fait corps avec le squelette cartilagineux ou non. Il demande au malade de faire un mouvement de déglutition. Si à ce moment la tumeur, goitre ou ■autre, est soulevée en même temps que le larynx, nul doute qu'elle adhère à l'appareil LARYNX. 8'^ respiratoire. Que si elle reste immobile, on doit penser à quelque adénopathie, ou, en tout cas, à une tumeur indépendante du tube laryngotrachéal. L'observation attentive du cou permet, si un malade est atteint d'un rétrécissement des voies respiratoires, de localiser cet obstacle dans le larynx ou la trachée. On demande au malade d'inspirer fortement : si le larynx s'abaisse, c'est que la sténose située dans le larynx est reportée vers le bas par l'efTort de l'air inspiré; que s'il ne s'abaisse pas, on peut admettre que la sténose est dans la trachée, parce que l'air inspiré allonge la trachée seule au-dessus de l'obstacle sans entraîner le larynx. Le larynx peut encore se déplacer d'un côté à l'autre, mais sous un effort venu du dehors, par exemple si on le prend entre les doigts. 11 fait entendre alors chez quelques personnes un bruit léger de frottement contre la colonne vertébrale. Les déplacements dans le sens transversal résultent souvent de tumeurs cervicales qui refoulent l'organe d'un côté ou de l'autre, à ce point, quelquefois, qu'il n'est plus possible de voir l'intérieur du larynx par l'examen avec le petit miroir. L'extension d'une tumeur maligne à la colonne vertébrale fait disparaître cette mobilité, et la fixation du larynx devient une contre-indication à l'exérèse chirurgicale. Les mouvements intrinsèques du larynx ont été vus d'abord par les physiologistes, qui, ouvrant le cou des animaux, attiraient le larynx an dehors. Aujourd'hui, grâce à la laryngoscopie. on peut étudier avec le petit miroir les divers mouvements qui se produisent dans l'endo-larynx. On choisira de préférence un sujet qui supporte facilement le contact du miroir, ou on touchera préalablement les parties, deux ou trois fois, avec un petit tampon d'ouate hydrophile trempé dans une solution aqueuse à 1 : 50 de chlorhydrate de coca'ine. Le miroir employé sera circulaire à 2 centimètres de diamètre environ. L'observateur tiendra lui-même, dans un carré de linge, le bout de la langue du sujet. L'ol)servation portera successivement sur l'épiglotte, les cartilages aryténoïdes, les cordes vocales supérieures, ou bandes ventriculaires, et les cordes vocales inférieures. L'épiglotte se tient habituellement rabattue sur l'orifice supérieur du larynx. Pour la faire dresser il faut que le sujet en observation émette la voyelle E sur un ton aigu. L'émission de toutes les autres voyelles laisse l'opercule couché. Pour l'enfant l'épiglotte se redresse mal parce que cette partie du larynx est encore pliée sur elle- même comme un pétale non éclos. Les deux aryténoïdes se rapprochent ou s'éloignent en même temps que les cordes, plissant ou étalant entre eux la muqueuse hiteraryténoïdienne. La fixité d'un de ces petits cartilages révèle au laryngologiste une paralysie de la corde ou une arthrite crico-aryténoïdienne, le plus souvent tuberculeuse. Les cordes vocales supérieures s'éloignent dans l'inspiration et se rapprochent dans i'elTort]; mais leurs mouvements de va-et-vient sont bien moins accentués que ceux des cordes inférieures ou vraies cordes. Celles-ci se tendent et viennent au contact dans l'effort phonatoire. Leur portion cartilagineuse se presse moins fortement. Tne condition particulière, le rire, ouvre très largement le larynx et permet de voir son intérieur. Au moment où le sujet rit, son épiglotte se dresse, ses cordes vont et viennent en entrouvrant largement la glotte. On a recours à ce moyen quand on est en présence d'un larynx difficile à voir. Centres de la phonation. — De nombreuses expériences qui ont été faites, il résulte que le centre nerveux réflexe de la phonation a son centre dans la moelle allongée. La preuve que ce centre ne se trouve pas dans le cerveau est qu'on a vu des anencéphales crier sous l'influence d'excitations extérieures ou de douleurs internes. Les premiers expérimentateurs cherchèrent, sur les circonvolutions du cerveau le « centre de la voix » ; mais ils ne purent le découvrir, car la voix se compose d'un ensemble très complexe de mouvements thoraciques, laryngiens et buccaux. Les investigations de Krause ont été plus heureuses parce qu'il s'est borné à cher- cher, sur l'écorce cérébrale, le centre du rapprochement des cordes. Il l'a trouvé sur le chien, à la partie inférieure de la circonvolution frontale ascendante, sur sa jonc- tion avec la troisième frontale. Semo.n et Horsley sont arrivés au même résultat en excitant sur un cerveau de singe. 84 LARYNX. Quand on excite, sur un animal en expérience, cette région de la surface cérébrale, à droite ou à gauche, on constate que les deux cordes vocales se rapprochent l'une de Tautre. Centres laryngés corticaux. — Des deux centres phonatoire et respiratoire cor- ticaux de Krause, seul le premier est localisé sûrement chez l'homme. Pour Brœckaert, comme pour Semox, Horsley, Onodi et Klemperer, on peut considérer l'effet bilatéral de chaque centre phonatoire comme démontré. Qu'arrive-t-il si on détruit ces centres? Les avis sont partagés, car si, pour les uns, la destruction totale supprime l'aboiement chez le chien (Krause, Hanow, Aro.nsohn) et pendant un temps plus ou moins prolongé, pour les autres (Onodi et Klemperer), il n'y a aucune modification après l'opération. Katze.\stein constate une modification passagère, et la croit due au malaise post-opératoire. Brœckaert ne croit pas qu'une laparotomie, par exemple (faite pendant l'anesthésie), puisse supprimer l'aboiement, ainsi que l'admet Katzenstein, même peu de temps, tandis qu'après la destruction des centres phonatoires c'est l'accident phonatoire qui persiste plus que tout autre. Dès 1895 il conclut que l'adduction active des cordes était détruite avec l'ablation des centres de Krause et que le retour de la phonation s'expliquerait par des suppléances cérébrales plus ou moins lentement établies. Onodi croit à l'existence d'un centre phonatoire complémentaire protubérantiel situé entre les tubercules quadrijumeaux postérieurs et la région du vague. Brœckaert n'admet pas ce centre complémentaire et estime que le centre bulbo- phonatoire doit s'étendre plus loin que la zone indiquée par Semon et Horsley. Centres laryngés bulbaires. — On admet en général, avec Semon et Horsley, qu'il existe dans le bulbe deux centres réflexes phonatoire et respiratoire, mais ni la physio- logie ni la clinique n'ont pu en déterminer le siège et l'étendue. Cependant, par la méthode de Nissl, par la chromolyse constatée au niveau du bulbe après simple arra- chement des nerfs, des recherches précises ont été entreprises par divers auteurs et notamtnent par Fr. de Beule, élève de vax Gehughten. D'après ces recherches, on doit placer le centre bulbaire de l'innervation motrice dans le noyau dorsal du vague dont il occupe les six huitièmes moyens, et la destruction de ce noyau réalise la position cada- vérique de la corde. Brœckaert a pu confirmer ces conclusions chez le lapin. Fr. de Beule a encore prouvé que seule la moitié postérieure du noyau dorsal du vague est en connexion avec le spinal et que le centre respiratoire bulbaire siège dans le tiers anté- rieur du noyau moteur du larynx. Toux laryngée. — La toux est un phénomène réflexe produit par l'excitation du nerf pneumo-gastrique. Cette excitation peut partir de divers points du corps, puisqu'on a pu distinguer des toux gastrique, utérine, auriculaire, etc. Mais le point de départ habituel se trouve dans les voies respiratoires. La toux laryngée est des plus fréquentes. Qu'un corps étranger tel qu'un insecte, un grain de raisin, ou même un peu de boisson, surprenne la vigilance de l'épiglotte et tombe dans la cavité laryngienne, instantanément la muqueuse irritée provoque la toux, un mouvement lirusque d'expira- tion se produit et le corps étranger et repoussé au dehors. Il peut aussi venir du dedans, c'est le cas des mucosités qui montent de la trachée. Dès qu'elles arrivent au contact des cordes vocales, elles déterminent la toux qui a pour effet de les expulser par la bouche. La sensibilité du vestibule du larynx s'émousse dans les paralysies récurren- tielles (Massé) et le malade est exposé à de graves suffocations, si le bol alimentaire se détourne de l'œsophage. Les principales affections du larynx communiquent à la toux laryngée quelques caractères différentiels. Elle est coqueluchoïde ou éructante chez les tuberculeux, rauque et dure dans les laryngites chroniques et en cas de polypes du larynx. Chez les tabétiques, l'ictus laryngé suivi de syncope débute parfois par un accès de toux. Névroses du larynx. — La répartition des nerfs du larynx en deux variétés con- duit à distingner les névropathies de la sensibilité et celles de la motricité. 1° Névroses de la sensibilité. Nous y trouvons l'anesthésie du larynx, chez les hystériques, chez les paralytiques généraux, ainsi que dans la phase agonique. Il y a d'autre part Vhyperesthésie du larynx qui produit une toux graniteuse ou aboyante. La paresthésie du larynx consiste dans une sensation de corps étranger qui disparaît LARYNX. 85 pendant les repas. Selon qu'il s'agira d'une exagération ou d'une diminution de la motricité, il y aura spasme (hyperkine'sie) ou paralysie (hypokinésie). 2° Névroses de la motllUé. Il y a des spasmes respiratoires chez l'enfant (laryngisme striduleux) et chez l'adulte (ictus ou vertige laryngé des tahétiques). Il y a aussi des spasmes phonatoires se pro- duisant soit à l'inspiration (hoquets, sanglots, aboiements, cris de coq), soit à l'expi- ration (toux nerveuse caractérisée par deux ou trois secousses sèches et reprenant à chaque expiration). Mais les paralysies sont d'un intérêt plus grand. Elles sont complètes ou incom- plètes, bilatérales oujunilatérales. La paralysie du nerf laryngé supérieur immobilise le muscle crico-thyroïdien qui doit tendre les cordes vocales en rapprochant les cartilages cricoïde et thyroïde, et il en résulte que la voix devient voilée ou même rauque. Le lai^ngoscope montre alors les cordes détendues, laissant entre elles un espace fusiforme. La paralysie du nerf laryngé inférieur ou récurrent réalise, suivant les cas, des types différents d'attitude glottique. Si la paralysie atteint les rameaux qui se distribuent aux muscles adducteurs, les cordes inférieures restent très écartées les unes des autres et le sujet est complètement aphone. Dans le cas oîi les rameaux des muscles adducteurs sont en cause, les cordes se tiennent en adduction constante. La voix est indemne, mais l'inspiration est gênée parce qu'à ce moment les cordes s'appliquent fortement l'une contre l'autre. Les fibres qui vont au muscle ary-aryténoïdien sont parfois atteints isolément. Dans ce cas, au moment de la phonation, la portion postérieure intercartilagineuse de la glotte reste seule béante. Un type fréquent est celui d'une corde en adduction permanente avec inclinaison en avant de l'aryténoïde correspondant. On l'observe après l'ablation chirurgicale d'un goitre si l'un des récurrents a été sectionné. Cette attitude de la glotte correspond aussi aux anévrysmes aortiques qui compriment l'anse du récurrent gauche. Enfin tous les muscles peuvent être paralysés et les cordes se tiennent en position intermédiaire à l'adduction et à l'abduction. C'est ce que l'on observe dans la pam/f/sie/aiio-g'/oA^^o-Zaryng'ee, admirablement décrite par DucHE.NNE (de Boulogne). « Elle est, a écrit Charcot, l'expression clinique de la lésion primitive et systématique des noyaux d'origine des nerfs moteurs crâniens situés dans la moitié inférieure du bulbe. » La langue se prend d'abord. 11 en résulte une difficulté pour prononcer les consonnes (anarthrie), pour mastiquer et pour déglutir. Puis l'orbiculaire des lèvres est atteint, et le malade est dans l'impossibilité de siffler. Enfin les muscles du larynx sont atteints et le trouble s'ajoutant à la paralysie des lèvres, de la langue et du voile du palais conduit le malade à l'alalie complète. 11 ne profère plus qu'une sorte de hurlement, caractéristique de l'atïection. La mort est fatale. Elle survient dans un accès de suffocation ou dans une syncope cardiaque. Influence des fatigues générale et locale sur le larynx. — La fatigue géné- rale, le surmenage, influent fâcheusement sur la fonction vocale du larynx. Il en est ainsi de tous les exercices violents : courses, football, tennis, danse, etc. Les excès vénériens fatiguent surtout le registre médium. Quelques statuettes antiques témoi- gnent que les anciens ne l'ignoraient pas, puisqu'ils allaient jusqu'à pratiquer l'infibu- lation à des chanteurs. Dans un groupe d'artistes dramatiques, le premier rôle peut être responsable de la fatigue des autres parce qu'ils se mettent inconsciemment à son allure pour la vitesse ou la tonalité. Si l'orateur poursuit son discours malgré la sensation de fatigue, on voit se pro- duire la crampe des orateurs. La voix se voile, et le larynx se contracture au point que l'orateur reste complètement aphone. La fatigue laryngée survient quand il y a surmenage ou malmenage laryngé. Le mauvais fonctionnement du larynx peut être attribuable à l'élève qui comprend mal l'enseignement de son professeur de chant ou aux systèmes fantaisistes de celui-ci. Un professeur est très nuisible s'il fait erreur sur le classement d'une voix. Une voix .Sb LARYNX. déclassée ne revient à la santé que lorsqu'elle rencontre un maître plus expérimenté.. Un artiste peut forcer sa voix sans l'enrouer à la condition de ne pas serrer. Forcer^ c'est contracter énergiquement les muscles de la poitrine, serrer, c'est contracter vio- lemment son larvnx. IV. - ROLE DU LARYNX DANS LA RESPIRATION. Placé à l'entrée de l'arbre respiratoire, le larynx est le siège de phénomènes par- ticuliers qui coïncident avec les différentes phases delarespiration. Quand Tampliation de la cage thoracique se fait surtout par la base oii est le dia- phragme, on dit que la respiration est diaphragmatique : c'est ce mode de respiration ((iii est habituel à l'homme. L'ampliation porte-t-elle sur les dimensions transversales, sur les parties latérales où sont les côtes, la respiration est dite costale. Plus accentué, ce mode de respiration se fait principalement par le sommet de la cage thoracique, où sont les clavicules; nous avons alors la respiration dite claviculaire. Tels sont les trois principaux types de respiration; nous étudierons plus tard l'im- portance de ces types dans la phonation, le cri, le chant et le langage, actuellement nous ne nous occuperons que du rôle du larynx qui est d'ailleurs le même quel que soit le mode de respiration employé. Au moment de l'inspiration, surtout dans le type de respiration claviculaire, le larynx s'abaisse ainsi que la trachée qui se dilate en même temps. Dans l'expiration au contraire, le larynx s'élève, alors que la trachée se rétrécit. Dans l'inspiration modérée la glotte a la forme d'une ouverture triangulaire élargie dans la partie inter-aryténoïdienne; dans l'inspiration profonde la glotte s'élargit considérablement. Au moment de l'expiration les cordes vocales se rapprochent et interceptent un triangle plus ou moins isocèle. Rôle du larynx dans l'effort. — Pour lixer la cage thoracique, condition indispen- sable pour produire l'effort, on fait une inspiration profonde, puis la glotte se ferme, et les muscles expirateurs se contractent alors e'nergiquement. Cette occlusion de la glotte a été constatée directement chez les animaux, chez l'homme elle est prouvée par le fait que l'émission des sons s'arrête au moment de l'effort. Au contraire, l'effort terminé, il se produit une expiration bruyante (exemple des boulangers et des ouvriers qui déplacent ou soulèvent un lourd fardeau). Mais, pour être très importante, l'occlusion de la glotte n'est pas la condition sine qua non de la production de l'effort, car des animaux et des hommes porteurs de fistules de la trachée peuvent encore faire des efforts, mais qui sont moins violents et plus courts que si l'occlusion de la glotte était parfaite. V. - ROLE DU LARYNX DANS LA PHONATION. Dans la respiration normale, la traversée du larynx par l'air se fait sans qu'il se produise, à l'expiration et à l'inspiration, de bruit particulier; à peine perçoit on un léger souffle. Mais certaines modifications du larynx, et surtout de la glotte, viennent-elles à se produire, le courant d'air expiré détermine alors la formation d'un son vocal ou voix. Ce sont ces modifications du larynx et de la glotte dans le but de produire la voix que nous allons étudier dans ce chapitre. Si l'on voulait assimiler le larynx à un des instruments de musique connus, c'est (Certainement des instruments à anche que cet organe se rapproche le plus par confor- mation. Les cordes vocales inférieures, en effet, ne sont autre chose que des anche?^ membraneuses qui offrent cette particularité de pouvoir varier à chaque instant d'épais- LARYNX. 8T seur, de lonf,'ueur, de largeur eL de tension. 1-e porte-vent est constitué par la trachée et les bronches, le tuyau sonore par les cavités supérieures à ia glotte (larynx, pharynx, fosses nasales, cavité buccale). Deux conditions sont indispensables pour la production de la voix : 1° le courant d'air expiré doit avoir une certaine pression; 2° les cordes vocales doivent être tendues. Pour entrer en vibration, les cordes vocales doivent être écartées de leur position d'équilibre par une pression d'air suffisante. Cette pression a pu être mesurée en adap- tant un manomètre à la trachée dans des cas de fistule trachéale. D'après les expé- riences faites par Cagniard-Laïour sur une jeune femme, et par GrCtzner sur un jeune homme, il a été possible de fixer des moyennes pour des mesures de cette pression : elle est de 160 millimètres d'eau pour les sons de moyenne hauteur, de 200 millimétrés pour les sons élevés, et de 947 millimètres pour les sons lesplus élevés qu'il est possible d'émettre. Pour que la voix soit belle et d'un maniement facile, il est nécessaire non seulement que la pression d'air expiré soit suffisante, mais encore que l'appareil vocal soit régulièrement constitué. La trachée doit être régulièrement calibrée, les cordes vocales doivent être rectilignes et se rapprocher exactement; les cartilages aryténoïdes doivent avoir la forme de pyramides grêles portant à leur face antérieure une apophyse vocale bien marquée. Le vestibule du larynx, placé, comme on le sait, entre l'épiglotte et la glotte, doit être spacieux ainsi que le pharynx dont la paroi postérieure doit former une gouttière large et très régulière de façon à mieux réfléchir les sons émis par le larynx. Comment fonctionne le larynx dans la phonation? C'est ce qu'un examen attentif au laryngoscope va nous montrer. Chez un sujet qui respire naturellement on voit la glotte à demi entr'ouverte. Dans l'inspiration profonde la glotte s'entr'ouvre plus largement. Demande-t-on au sujet en expérience d'émettre un son aigu sur la voyelle E qui relève l'épiglotte? On voit les cordes vocales venir en contact l'une de l'autre etvibrer en oscil- lations rapides. Ces vibrations se voient mieux dans les notes graves parce que les cordes sont alors moins tendues. En même temps, phénomène extérieur qu'on peut voir sur le devant du cou, le carti- lage thyroïde bascule en avant sur le cartilage cricoïde, et plus la note monte, plus le thyroïde incline en avant. Ainsi sont éloignées l'une de l'autre les deux extrémités de chaque corde vocale qui se trouve tendue passivement. Pour étudier les vibrations des cordes vocales, AlexaiNDre Hodgkinson a eu recours à un ingénieux procédé : il insuflle dans le larynx une poudre fine d'indigo qui, se mêlant au mucus, forme un enduit mobile qui dessine des lignes nodales et des zones de vibration comme le sable sur les plaques vibrantes. Cette expérience a permis de constater notamment que l'amplitude des vibrations est plus grande au milieu qu'aux extrémités des cordes. Les sons de poitrine ou de fausset donnent des figures différentes. Bien qu'en général le larynx s'élève vers le maxillaire inférieur quand la voix monte, pour s'abaisser quand elle descend, ces déplacements ne sont pas nécessaires, puisque d'excellents artistes ne les présentent pas. Lermoyez, qui a fait sur le cadavre des expérien«es relativement à l'effet phonique de la tension passive des cordes vocales, a constaté en attachant des poids variés à l'extré- mité antérieure des cordes, que la voix montait au fur et à mesure que les poids étaient plus lourds. Des larynx de cadavre ont pu donner ainsi jusqu'à trois octaves. Lemox Browne fait remarquer que l'attitude de l'épiglotte peut modifier la qualité de la voix. Et en elTet pour la voyelle A nous la voyons abaissée, tandis qu'elle se relève pour la voyelle E. La glotte peut être comparée à l'anche des instruments de musique, dû hautbois, de la clarinette, de l'orgue. Les ventricules de Morgagni, aménagés au-dessus des cordes vocales, laissent libres leurs mouvements. Les ventricules servent aussi à renforcer le son, et ils sont très déve- loppés chez les singes hurleurs d'Amérique. On ne doit pas confondre la. phonation, qui a une origine essentiellement laryngée, avec Varliculat ion qui se produit dans les "parties sus-laryngiennes, pharynx et bouolio, que Del Sarte désignait du nom de repercuteurs. C'est ainsi que les laryngectomisés 88 LARYNX. n"ont plus de phonation, mais peuvent articuler avec l'air qu'ils font entrei" du dehors dans leur bouche. Contrairement à l'opinion de la plupart des physiologistes qui ne considèrent la trachée que comme un simple tuyau conduisant Tair sur la glotte, Nicaise pense que, dans certains actes physiologiques, dans la respiration forte, dans la voix, le chant, les cris, la trachée devient un véritable organe actif. Il a démontré qu'elle se rétrécit et se raccourcit pendant l'inspiration et qu'elle se dilate et s'allonge pendant l'expiration : la perfection du chant dépend du mode de contraction de la trachée qui, dilatée, tend con- tinuellement à reprendre son diamètre normal de contraction. Pour que la voix se produise, il faut que le courant d'air expiré présente une certaine tension afm d'assurer les vibrations des cordes vocales. Pendant l'inspiration, la pression de l'air contenu dans la trachée et les bronches est négative, c'est-à-dire qu'elle est moins forte que la pression atmosphérique. Dans la respiration calme, cette pression négative est de — i à — 2 millimètres de mercure. Dans l'expiration, la pression estposi- tive; elle est de 2 à 3 millimètres de mercure dans l'expiration calme, mais cette pres- sion est insuffisante pour faire vibrer les cordes vocales. Cagniard-Latour, qui a mesuré la tension du courant d'air correspondant à certains sons, a trouvé sur une femme une tension de 11 '"'",75 de mercurje pour les sons de moyenne hauteur et de 14™™, 79 pour les sons élevés. La tension maxima, correspon- dant aux sons les plus élevés possibles, est de 96™™, 48. Grltzner a trouvé des chiffres identiques. La hauteur ou acuité des sons est représentée par le nombre de vibrations, elle augmente avec la tension des cordes vocales et le rétrécissement de la glotte qui est le plus prononcé dans les sons très aigus. Ce sont surtout les muscles du larynx qui régissent la hauteur du son. Le timbre vocal dépend de l'état des cordes vocales et du larynx et de la forme des cavités superposées à la glotte. La perte de l'élasticité et de la contractibilité de la trachée diminue les vibrations des cordes vocales et produit des variations d'émission du son qui est moins intense. Les altérations qui peuvent se produire dans la structure de la trachée, par exemple avec les progrès de l'âge, modifient sa résonance et le timbre du son. En vieillissant, la portion membraneuse s'atrophie, devient mince et llasque ; les anneaux cartilagineux s'épaississent. Dans les sons aigus qui exigent le plus grand nombre de vibrations, la tension de l'air intra-trachéal est très élevée. Elle s'accompagne d'une grande dilatation de la trachée et d'une élévation du larynx. Pour Beau.nis, cette ascension du larynx dans les sons aigus est un simple phénomène accessoire et sans importance essentielle pour la production du son. La perfection du son dépend de l'harmonie qui existe entre les muscles expirateurs, les fonctions de la trachée et celle des muscles du larynx. Si l'un des trois facteurs est défectueux, il en résultera des troubles dans l'émission des sons. Comme tous les sons le son glottique a trois qualités : l'intensité, la hauteur, le timbre. L'intensité ou la force des sons est mesurée par l'amplitude de leurs vibrations, elle dépend de la puissance plus ou moins grande avec laquelle le courant d'air expiré frappe les cordes vocales, moins élastiques et moins souples. (Pour la théorie physique de la phonation et du chant, voyez Voix.) VI. — ROLE DU LARYNX DANS LE CHANT. Nous avons parlé jusqu'à présent de la voix parlée, qui n'est qu'un mode de la pho- nation, la voix chantée en constituant un autre. Dans le chant, le larynx a un rôle tout à fait spécial et il présente des mouvements complexes qni sont le résultat de l'art, et par- ticuliers aux larynx chanteurs. Pour étudier les jeux variés de l'appareil vocal pendant le chant, nous avons pensé que le meilleur procédé était d'examiner au laryngoscope les larynx des diverses caté- gories de chanteurs. Aussi bien une pratique personnelle du chant, commencée au LARYNX. 89 Conservatoire de Paris, poursuivie sous la direction de maîtres autorisés et corroborée d'une observation suivie de l'art du chant chez les artistes, me facilitait-elle cette étude. Mes observations ont été faites sur quatre-vingt-sept chanteurs (hommes, femmes, enfants), sans compter ceux auxquels nous avons pu demander, au cours d'un examen médical, tel ou tel autre mécanisme vocal, à titre de contrôle. Nous étudierons d'abord les phénomènes simples (de la nature) : gammes, voix de poitrine, voix mixte, voix de tête, passages, timbres clair et sombre. Nous aborderons ensuite les phénomènes complexes (de l'art) : son filé, coup de glotte, trille, appogiature, notes lourées, portamento, son traîné, son coulé, notes rebattues, rnordans, gru petto. .Nous ne parlerons pas de la respiration chez les chanteurs, étudiée plus haut, dans le rôle du larynx dans la respiration. Gammes montante et descendante. — Pour mreu.x saisir les différentes positions des cordes vocales suivant la note émise, il est préférable de faire faire des arpèges allant du gi^ave à l'aigu et vice rend, au chanteur dont on examine le larynx. En efîet, outre que le miroir laryngé serait très mal supporté pendant toute la durée d'une gamme, les variations qui pourraient se produire dans la longueur ou le rapproche- ment des cordes seraient très minimes d'une note à l'autre, tandis qu'elles seront bien mieux caractérisée dans les écarts de tierce ou de quarte qui constituent l'arpège. Or nous avons pu constater en procédant ainsi que, règle générale, tandis que l'appa- reil vocal fait monter ou descendre le son, les cordes vocales ne paraissent ni se rac- courcir, ni s'allonger, ni s'épaissir, ni s'amincir. La glotte conserve invariablement la même attitude. C'est aux mêmes conclusions qu'était arrivé Lermoyez par ses recher- ches sur le cadavre. En effet, dans sa thèse de doctorat consacrée à une Étude expéri- mentale sur la phonation (1886), il écrit : >< Le degré d'occlusion glottique est absolu- ment indifférent à la hauteur du son. » C'est ce que disait à peu près Mûller quand il écrivait en 1839 : « A tension égale des cordes vocales, le plus ou moins d'étroitesse de la glotte n'a pas d'influence notable sur l'élévation du son. » Ces constatations sont en contradiction absolue avec la fameuse théorie des attitudes glottiques de Mandl. Il prétendait que Ja glotte était largement ouverte, surtout à sa partie moyenne, dans les sons graves, que dans les sons me'diums les cordes se rappro- chaient un peu, surtout au niveau de leurs apophyses vocales, et qu'elles s'accolaient presque complètement dans les sons aigus. Aussi, bien que chez trois femmes nous ayons vu les deux cordes se serrer un peu l'une contre l'autre dans l'aigu, nous devons admettre que la forme glottique ne change pas, que la gamme monte ou descende. D'après la théorie la plus récente, les variations dans la hauteur delà voix sont dues au plus ou moins de tension des cordes vocales, et non à la longueur ou à la largeur de la glotte. Dans les autres parties de l'appareil phonateur j'ai constaté : 1» que l'épiglotte s'élève à mesure que le son monte; 2° Que le voile du palais se relève de même, pour s'abaisser quand la gamme descend; 3° Aux sons aigus correspond une luette rétractée, crispée sur le bord inférieur du voile. Voix de poitrine, voix mixte, voix de tête. — Dans la voix de poitrine, l'appa- reil est conti^acté, la glotte serrée, le thyro-aryténoïdien, muscle de la corde vocale, est contracté ainsi que le pharynx, les couches fibreuse et muqueuse de la corde vibrent comme le thorax. Dans la voix de tête l'appareil est relâché, la glotte entr'ouverte, le muscle de la corde détendu, ainsi que le pharynx : seule la muqueuse vibre et non le thorax. Dans la voix mixte, qui pour les maîtres de chant n'est qu'une voix de poitrine sans intensité (mi-voix, mezza voce, demi-teinte), la glotte se desserre un peu dans le sens transversal, mais elle ne prend aucunement l'attitude de fausset. La poitrine continue à vibrer, quoique plus faiblement. Sons filés. — Le son lilé consiste dans l'émission d'abord aussi faible que possible d'une note qui progressivement augmente d'intensité, arrive au maximum de force, puis s'atténue peu à peu, descendant par tous les degrés qu'elle a montés d'abord pour finir 90 LARYNX. aussi faible qu'elle avait commencé. C'est en somme un crescendo suivi d'un diminuendo que réunit un fortissimo. J'ai constaté que, dans ce son tilé, la glotte, qui- tout d'abord se montre entr'ouverte d'avant en arrière, se ferme progressivement au fur età mesure que la note entle. Les cordes vocales prennent surtout contact par leur portion moyenne et ce contact est d'autant plus intime que le fortissimo est plus intense. Les extrémités antérieure et postérieure de la glotte restent toujours légèrement entre-bâillées. Timbres clair et sombré. — Il se produit des changements très sensibles dans l'appareil vocal du chanteur suivant que ce dernier émet le son en voix claire ou en voix sombrée. On dit également timbre clair ou ouvert, et timbre fermé ou sombré. Le timbre clair est celui du comédien, le timbré sombré celui du tragédien. La note en timbre clair sonne vivement comme si elle éclatait au-devant des lèvres, « a fior dl labre », disent les Italiens, tandis que la note en timbre sombré, plus arrondie,, semble résonner principalement dans le fond de la bouche : c'est ce qu'on appelle encore arrondir la voix. Toutes les voix doivent sombrer, ari'ondir le son, en ai rivant au registre aigu, faute de quoi la fonction s'altère. Ainsi le baryton devra sombrer sa voix à partir du mi^^ ou du fa 3. La voix sombrée est surtout obtenue par un abaissement du larynx et de la langue entraînée par lui, grâce à l'os hyoïde auquel elle s'attache. J'ai constaté que le larynx s'abaissait en moyenne d'un centimètre chez l'homme et d'un demi-centimètre chez la femme. Le coup de glotte. — Le coup de glotte est un procédé spécial qui attaque la note en mettant les cordes au contact intime, alors que d'ordinaire le son laryngien se pro- duit par la tension et le rapprochement des cordes vocales sans que leur contact soit nécessaire. Les partisans du coup de glotte Garcia, Faure) font valoir qu'il empêche toute déperdition d'air avant l'attaque du son et qu'il assure à la note plus de précision et de netteté. Ses détracteurs estiment qu'en faisant abandonner les contractions progressives le coup de glotte peut produire des altérations irrémédiables des cordes vocales. Les larynx que j'ai examinés à ce point de vue spécial exécutaient le coup de glotte de deux façons assez différentes. Sur les uns, l'épiglotte s'abaissait, les cordes vocales supérieures se contractaient jusqu'à venir presque au contact et ellesy arrivaient même parfois. Les cordes vocales inférieures s'appliquaient brusquement et fortement l'une contre l'autre. Tout en un mot réalisait le phénomène coimu en physiologie sous le nom d'effort. Ce n'était pas seulement le coup de glotte, mais, qu'on me passe l'expression, « coup de larynx » dans son ensemble. C'est le faux coup de glotte qui amène prompte- ment des altérations du larynx et de tout l'appareil vocal. Sur d'autres larynx bien plus nombreux et mieux entraînés à cet exercice, j'ai vu simplement les cordes vocales infé- rieures venir au contact intime l'une de l'autre, puis se desserrer un peu dans la suite de l'émission. Les cordes vocales supérieures n'entraient pas en contraction et l'épi- glotte ne s'abaissait pas vers le larynx. Cette modalité constitue le vrai coup de glotte, qui, ne demandant pas d'effort, ne peut entraîner de suites fâcheuses. Le trille ou cadence est une succession rapide de deux notes voisines, obtenue par une agilité de l'organe qu'on ne rencontre dans aucun autre des jeux du chant. Garcia nous dit, en effet, que les vibrations du trille sont de 200 degrés du métronome de Straëtzel, tandis que la plus grande agililé que puisse obtenir la vocalisation ne dépasse pas 152 degrés. J'ai examiné les larynx de plusieurs artistes exécutant le vrai trille, en prenant la précaution défaire triller sur la voyelle E et de ne pas trop retenir au dehors la langue du sujet. Voici ce que j'ai constaté : Les cordes vocales sont immobilisées dans un léger écartenient. On n'y voit ni rap- prochement, ni allongement; les bandes ventriculaires ou cordes vocales supérieures sont animées d'un mouvement rapide, mais très court, de rapprochement et d'écartement. Un mouvement identique, mais beaucoup plus accusé, agite les replis aryténo-épiglot- tiques qui forment la circonférence supérieure du larynx. C'est principalement sur ces replis que le mouvement du trille s'accuse et s'observe bien. L'épiglotte s'agite d'avant en arrière, comme vibrante, s'abaissant et se relevant aussi vite que les deux notes LARYNX. 9t voisines se succèdent; la base delà langue la suit dans ses oscillations, les piliers posté- rieurs du pharynx — et cette particularité est constatable sans miroir, au simple examen de l'arrière-bouche — se rapprochent et s'éloig-nent l'un de l'autre, entraînés dans une oscillation de même vitesse. Parfois la luette exécute de légers mouvements d'avant en arrière. Le mécanisme du trille se réduit, en somme, à un mouvement très rapide qui rap- proche et éloigne successivement toutes les parties sus-glottiques de l'axe du tuyau vocal. C'est donc un phénomène sus-glottique et non un phénomène glottique. Étendue physiologique et catégories de la voix humaine. — Je crois utile dans cette étude physiologique d'indiquer sommairement l'étendue moyenne des diverses catégories de voix, telles que l'art les utilise. On distingue deux variétés de ténors d'opéra : 1° Le fort ténor [tenore diforza, des Italiens), tels Duprez, Alvarez, Tamagno; 2° Le premier ténor, tel que Mario, Nicolini, Vaguet, qui a la même étendue que le premier, mais moins de volume. Les voix de ténor d'opéra-comique (Clément) et de baryton (Battaille, Faure, Renaud, Noté) sont les plus fréquentes chez l'homme. Les basses ordinaires ne vont guère plus bas que {'ut au-dessous des lignes, les voix russes descendent aisément au la. Dans le cimetière de Saint-Pétersbourg on peut voir la tombe d'un de ces chanteurs qui fut surnommé le contre-fa, car il descendait de deux lignes encore. Le langage russe appelle ces basses /es creuseurs. La voix de mezza soprano est la plus répandue chez les femmes. Il se rencontre de& voix particulièrement étendues. C'est ainsi que l'Alboni parcourait près de trois octaves,, et son passage était insensible. Quant aux larynx de ces diverses catégories de chanteurs, chez le ténor, la trachée et les résonateurs sus-glottiques sont relativement courts dans le sens vertical. Le larynx s'évase de bas en haut, et le thyroïde n'accuse pas sa saillie sous la peau. Les cordes vocales sont courtes. Elles ont de plus, d'après Joal, un aspect caractéristique du genre ténor; leur bord externe est curviligne, cintré, ce qui tiendrait au raccourcis- sement du diamètre antéro-postérieur du larynx. Chez la basse, le thyroïde est saillant. Le pharynx, le larynx, la trachée sont allon- gées verticalement. Les cordes sont longues.' Le baryton présente des caractères intermédiaires au ténor et à la basse. Chez le soprano, le thyroïde est peu saillant; le larynx est petit comme chez l'enfant, cylindrique. Les cordes sont courtes. Le contralto a un larynx plus grand et des cordes longues. Le cartilage thyroïde soulève la peau du cou. Le mezzo-soprana présente des caractères intermédiaires entre le soprano et le contralto. L'appareil vocal aux divers âges. — Les organes de la voix se modifient assez sensiblement aux divers âges de la vie. L'enfant, dont le larynx est très petit, n'a pas encore son timbre personnel. On recon- naît difficilement un enfant au son de sa voix. C'est vers l'âge de trois ans que quelques enfants commencent à moduler. Vers la quinzième année chez les garçons et vers la treizième chez les filles apparaît la mue, beaucoup plus accentuée chez les garçons. II se produit un enrouement prolongé : le larynx agrandit toutes ses dimensions du double environ. Le cartilage thyroïde devient plus saillant et au laryngoscope on constate que le larynx est uniformément congestionne', que les cordes vocales sont notablement plus allongées que chez l'enfant. Quand l'homme est mutilé avant la puberté, son larynx ne subit pas l'évolution delà mue et sa voix garde le caractère infantile, eunuchoïde, des castrats. Cette voix infantile peut d'ailleurs exister chez certains sujets normaux constituant ainsi une mue prolongée que des leçons d'orthophonie corrigeront aisément. Comme je l'ai déjà dit, le phénomène de la mue est moins sensible chez la femme, •le l'ai étudié sur un jeune contralto qui arrivait à la puberté. Ses cordes étaient con- gestionnées et sa voix se couvrait d'un voile, « d'un brouillard », suivant son expression, dans le passage de la voix de poitrine à la voix de tête. 9^ LARYNX. Ch. Labus estime que l'homme n'est en possession complète de toutes ses facultés vocales que vers 30 ans environ et la femme vers 28 ans. L'ossification des cartilages du larynx commence vers 40 ans chez l'homme et seulement .vers 70 ans chez la femme. Entre 50 et 60 ans les articulations s'enroidissent, les muscles perdent de leur tonicité, et la voix devient cassée, chevrotante. Les voix graves se conservent plus longtemps que les voix aiguës. VII. — LARYNX ARTIFICIELS. Il e'iait naturel qu'après la laryngectomie, on cherchât à rendre au malade un sem- blant de voix qui lui permît de converser avec ses semblables et lui rendît ainsi moins pénible son infirmité. C'est là l'origine des larynx artificiels dus à l'ingéniosité de divers praticiens durant ces dernières années. Quoiqu'on n'ait pas obtenu, jusqu'à ce jour, des résultats excellents, on ne saurait trop encourager les recherches dans cette voie. Malheureusement, même si l'on pouvait |)arvenir à remplacer l'organe naturel, le patient ne saurait en th-er un grand profit, car, opéré dans la plupart des cas pour une affection cancéreuse, il ne tarde pas à succomber des suites d'une infection secondaire. Passons en revue les diverses méthodes qui ont été proposées pour constituer les larynx artificiels; les unes, uniquement chirurgicales, cherchent par l'autoplastie à reproduire les diverses parties qui composent le larynx normal; les autres, plutôt mécaniques, ont pour but de remplacer le larynx naturel par un instrument qui en remplira les fonctions. La première méthode a été pratiquée avec un certain succès par Goris (de Bruxelles). Ce chirurgien a cherché à reconstituer un larynx par l'autoplastie à l'aide d'un lambeau prélevé sur le sternum et suturé aux tissus cervicaux de façon à réaliser l'épidermisa- tion de la cavité. Le lambeau a la forme d'un trapèze à grand côté inférieur et des dimensions d'un tiers supérieures à celles de la cavité à tapisser; il est relevé, replié sur lui-même, face cruentée en avant, puis situé par ses bords latéraux au fond de la cavité pour former un larynx, en ramenant par-dessus les tissus du cou préalablement décollés. Huit jours après, section du pédicule et division du lambeau sur la ligne médiane. Les bords inféi'ieurs sont ourlés de façon à former des saillies analogues aux ventricules du larynx. Il y eut un certain rétrécissement consécutif. Cette intervention permit au malade de se faire comprendre par la voix chuchotée. Dans le même but, Ricardo Botey tapissa la cavité opératoire avec des greffes dermo- épidermiques prises sur le bras. Il obtint ainsi une cavité cutanisée, établissant une libre communication entre la bouche et les voies aériennes et rendant possible le rétablissement d'une phonation à sons graves, sans appareil prothétique. Un autre laryngectomisé avait, à la suite de l'opération, sans intervention spéciale dans le but de constituer un larynx, une voix forte et timbrée, quoique monotone. Cette particularité serait due, d'après Forns, au fait qu'il suffit d'un son ou d'un bleuit originaire des cavités intra-glottiques et modulant dans les cavités supérieures pour produire la voix. Un exemple curieux de voix produite sans appareil et sans autoplastie nous est fourni par un opéré de Goptstein. Le praticien avait confectionné un appareil qui semblait donner tous les résultats désirables au point de vue de la phonation. Mais, loin de se résigner au port de cet appareil gênant, l'opéré s'exerça à parler sans son secours et put arriver, aidé des conseils du médecin, à prononcer normalement et à chanter à haute voix dans l'élendue d'une octave. Une étude attentive du cas montra (]ue le son était produit au niveau d'un reste d'épiglotte avec l'aide des replis glosso- épiglottiques et autres bandes musculaires. L'air était fourni à ce nouvel instrument vocal par une poche cervicale qui s'était formée à la place occupée avant par le larynx. Le cou se gontlait avant l'émission des sons et s'affaissait durant la phonation qui se trouvait interrompue par une nouvelle prise d'air. LARYNX, 93, Arrivons maintenant aux larynx arliliciels proprement dits, c'est-à-dire aux appa- reils qui, placés entre la trachée d'une part et la cavité buccale d'autre part, ont pour but de reproduire la voix humaine. A cet effet, Gottstein construisit un appareil qui reliait, au moyen d'un tuyau exté- rieur flexible l'orifice trachéal à la cavité buccale; dans ce tuyau se trouvait une glotte artificielle mise en mouvement par la colonne d'air expirée par la trachée et sortant par la bouche. Le patient 'parlait d'une voix haute et distincte, quoiqu'un peu mono- tone, si bien qu'il put reprendre son service dans une compagnie de chemin de fer. Pour maintenir l'orifice trachéal aussi indépendant que possible de la cavité buc- cale, on a placé le larynx artificiel à l'extérieur. Ce larynx était composé de deux' parties, l'une trachéale, l'autre pharyngienne, réunies entre elles au moyen d'un tube en caoutchouc Uexible afin de faciliter les mouvements d'extension et de Uexion du cou. La partie pharyngienne constituée par un petit tube métallique traverse par une de ses extrémités l'orifice cervical ménagé au-dessous de l'os hyoïde et porte une sou- pape permettant le passage pharyngien de l'air tout en empêchant le recul des liquides (la soupape de caoutchouc est la mieux tolérée et n'entrave pas la déglutition). A l'autre extrémité du tube, l'extrémité externe est recourbée en bas, et est destinée à recevoir l'embout en argent terminant en haut le court tube en caoutchouc qui relie les deux parties du larynx. Cette portion du larynx est maintenue par deux rubans attachés aux deux extrémités de la plaque et liés derrière les oreilles ou derrière la nuque. La partie trachéale de ce larynx artificiel n'est autre chose qu'une canule à trachéo- tomie dont la canule interne dépasse en avant de près de deux centimètres la plaque mobile de la canule externe et porte un petit tube d'argent par lequel elle se relie à la partie pharyngienne de l'appareil. Le malade pointeur de cet appareil respire par l'orifice externe de la canule tra- chéale, comme un simple trachéotomisé, et, lorsqu'il veut parler, il n'a qu'à mettre son doigt sur cet orifice pour faire passer l'air par le tube en caoutchouc et la partie pha- ryngienne de l'appareil. Le .larynx placé, on comprenait facilement le malade. L'air de l'extérieur aspiré par les mouvements de la bouche et du pharynx passait en quantité suffisante pour donner une certaine intonation aux mouvements de la bouche et des lèvres et rendre les mots complètement compréhensibles. D'ailleurs la partie de la canule interne qui portait le tube en caoutchouc étant recourbée en bas, une partie de la colonne d'air expirée ne pouvait qu'être engagée vers ce tube pour arriver de là à la bouche. Lorsque le malade bouchait avec son doigt l'orifice externe de la canule, tout l'air pulmonaire étant chassé vers la bouche, il se produisait une voix chuchotée très forte. A l'aide de ce larynx le malade avalait très bien sans que la moindre parcelle d'ali- ment pénétrât dans la partie trachéale. Enfin signalons le larynx artificiel présenté par Jaboulay et construit par Martin (de Lyon). Cet appareil permettait au malade de respirer, boire, manger et parler très distinctement. VIN. — PHYSIOLOGIE COMPARÉE. LA VOIX DES ANIMAUX. La production de la voix chez tous les animaux est identique à peu près à celle de l'homme, mais elle se fait d'une manière moins parfaite. Elle est toujours plus ou moins monotone, et est constituée par des bruits plutôt que par des sons musicaux. Chez certaines espèces, la phonation proprement dite fait défaut et la voix ne consiste qu'en un bruit de souftle faible et sourd. Parfois cependant elle acquiert une puissance très grande et un éclat strident qui dépendent de l'action des résonateurs. Nous passerons rapidement en revue les principales espèces animales au point de vue de la phonation. De.nigker et HouLART, dans un travail très intéressant, ont montré qu'il existe chez les singes anthrophoïdes, notamment chez l'orang-outang, de vastes sacs laryngiens placés de chaque côté du larynx. Ces sacs laryngiens ne sont autre chose que les ven- tricules de MoRi.AGNi très amplifiés, au point de s'accoler en avant. On a vu chez cer- ■94 LARYNX. tains orang-outangs des prolongements de ces sacs jusque dans la nuque et dans la région axillaire '. On trouve également des ventricules très amples chez le cheval. Il existe même chez cet animal un sinus sous-épiglottique, limité en bas par un repli muqueux transversal, qui constitue une sorte de corde vocale vibrant comme les autres cordes. Le hennisse- ment est spécial au cheval entier; il n'existe pas chez la jument et chez le cheval hongre, qui ont une voix plus aiguë et plus terne. Le braiement de l'àne est dû à une série d'inspirations et d'expirations précipitées, «omme convulsives. Il se compose de deux temps bien distincts. Pendant le premier temps, le son est aigu et résulte d'une forte aspiration, tandis que dans le deuxième, le son est grave et engendré par l'air expulsé des poumons. Le porc possède une glotte très étroite, et, d'après Colin, les sons graves du grogne- ment seraient dus aux vibrations de l'air dans les ventricules. Chez le bœuf, les cordes vocales font à peine saillie sur les parois latérales du larynx, et il n'y a poui- ainsi dire pas de ventricules. On s'explique ainsi que cet animal ne puisse émettre que des mugissements sourds. Le mugissement du bœuf l'ésulte de modifica- tions successives de la voix laryngienne qui sont attribuables à des changements de position dans diverses parties de la bouche et présentent une grande analogie avec cer- tains sons de la voix humaine. Chez tous les carnassiers, et chez le chien en particulier, les ventricules sont vastes et l'épiglotte longue. Les oiseaux possèdent deux larynx, l'un situé à l'extrémité supérieure de la trachée, et l'autre à son extrémité inférieure. Le larynx supérieur est constitué par une simple fente allongée, entourée de pièces résistantes, mais sans replis ni muscles. Ce n'est pas en passant dans son intérieur que l'air est mis en vibration. Le vrai centre de la phonation est le larynx inférieur ou syrinx. Immédiatement au- dessus de lui les anneaux trachéaux se soudent et se renflent pour former le tambour. Entre l'extrémité supérieure des deux bronches se trouve la membrane iympaniforme de Ciivier, qui va s'attacher à une petite saillie osseuse, V&peron. Chez les oiseaux chan- teurs existe un petit repli, la membrane semi-lunaire deSavart, qui est disposée au-dessus de l'éperon osseux. Cette membrane se trouve chez le rossignol, l'alouette, la fauvette. Enfin, sur le troisième anneau de chaque bronche, il existe un dernier repli membra- neux susceptible de vibrer. Cinq paires de muscles allant de la trachée aux bronches et servant à tendre les diverses membranes lympaniformes et semi-lunaires représentent la partie musculaire de ce larynx inférieur chez les oiseaux chanteurs. Toujours nombreux et variés chez les oiseaux chanteurs qui peuvent avoir 5, 6, et même 7 paires de muscles intrinsèques, ces muscles diminuent de nombre chez les oiseaux dépourvus de talent musical, et le syrinx de certaines espèces n'en possède qu'une paire. La trachée des oiseaux est d'ailleurs très longue, et elle peut, sous l'action des muscles sterno-trachéens et cléido- trachéens, s'allonger et se raccourcir : cette particularité de la trachée des oiseaux a été bien démontrée par Cuvier. Nous avons dit précédemment que, chez les oiseaux, le vrai centre de la phonation était le larynx inférieur; en effet, Cuvier a pu sectionner la trachée chez un merle et chez une pie, sans amener aucune modification de la fonction vocale. Bien qu'il soit démontré par cette expérience que le larynx supérieur n'intervient pas directement dans la phonation, il est certain qu'il a son utilité, car c'est par les modifications apportées à ses deux larynx et à sa trachée que l'oiseau chanteur arrive à une perfection et à une variété de mélodies exquises. C'est en raccourcissant ou allongeant sa trachée, grâce à ses muscles sterno-trachéens et cleido-trachéens, qu'il réalise l'étendue de son clavier vocal. De même que chez l'homme, le larynx n'est pas tout chez l'oiseau, et tel chanteur, qui a un appareil vocal très perfectionné, peut avoir une mauvaise voix. Cette particu- 1. Les gibbons ont un hurlement assourdissant. Les alouates de l'Amérique méridionale, appelés singes hurleurs par les voyageurs, ont uu larynx pourvu d'un résonateur hyoïdien, qui augmente considérablement Ja puissance de leur voix, laquelle peut être perçue, dit-on, à un kilomètre de distance. LARYNX. 95 larilé n'avait pas échappé à Cuviek qui estimait qu'outre le larynx, il fallait faire inter- venir l'ouïe et l'instinct dans la perfection du chant de l'oiseau. Il n'est pas douteux en effet, que le talent de l'oiseau se perfectionne par l'ouïe; tel merle, par exemple, peut augmenter considérablement son répertoire par l'imitation; au contraire, tel rossignol isolé de ses semblables peut perdre la plus grande partie do ses mélodies. C'est parce qu'ils ont fait cette remarque que les éleveurs ne manquent jamais de mettre un bon chanteur dans chaque volière, afin d'améliorer les voix des autres, et de leur donner le ton. L'hérédité intervient, et les progrès acquis par l'imita- tion peuvent se transmettre à la progéniture. Le perroquet, chez lequel on s'attendrait à trouver un larynx très compliqué, ne présente rien de spécial. Fait curieux, le larynx du perroquet a même moins de muscles que celui des oiseaux chanteurs. Chez cet animal le larynx inférieur ne se compose que de trois paires de muscles dont deux agissent comme constricteurs de l'orifice glottique et comme tenseurs de la membrane tympaniforme, tandis que la troisième a une fonc- tion dilatatrice. Son langage lui vient surtout d'un instinct d'imitation particulièrement développé. Le perroquet n'est d'ailleurs pas le seul oiseau qui soit capable d'articuler. La pie, par exemple, articule, quoique à un degré moindre, et, dans son Histoire des Animaux, Pline raconte que certains rossignols articulaient le grec et le latin et que les corbeaux éclos dans le temple de Castor et Pollux saluaient de leur nom Tibère et les jeunes €ésars. Ce n'est pas tout; dans un mémoire communiqué à l'Académie royale des Sciences €n 1715, Leibniz prétend avoir entendu un chien prononcer une trentaine de mots (!!). Toutes ces observations manquent de rigueur scientifique et ne présentent qu'un intérêt historique. Il est toutefois incontestable que certaines espèces volatiles d'Amérique poussent la faculté d'imitation à l'extrême. Certains oiseaux de ces régions, tels que la grive persifieuse du Mexique et l'oiseau-moqueur des États-Unis, arrivent à imiter le chant de toutes les variétés d"oiseaux qui les entourent. Au point de vue de la phonation, on peut, d'après Milne Edwards, diviser les oiseaux en plusieurs catégories. Nous avons d'abord les oiseaux chanteurs et parmi ceux-ci on peut ranger le rossi- gnol, la fauvette et beaucoup d'autres petits passereaux. Puis viennent les oiseaux iaseurs ou moqueurs (pies et perroquets), les oiseaux siffleurs (chevaliers), les oiseaux <;riards (coq, martin chasseur, etc.), les roucoulants (colombe) et enfin les tambourineurs. (Voir Oiseaux.) L'appareil vocal des poissons n'est pas rattaché à leur appareil respiratoire, et, par diverses expériences faites, notamment sur les trigles, Dufossé a remarqué que les vibrations occasionnant le grognement spécial à ce groupe sont dues surtout à la con- traction de certains muscles intercostaux ; ces vibrations seraient renforcées par la résonance de la vessie natatoire voisine de ces muscles. Chez certains insectes la production du bruit est due au frottement de la tête contre le protothorax. La stridulation des sauterelles est due au frottement des élytres l'un au-dessus de l'autre. Le bourdonnement est causé par les vibrations de l'air qui en s'échappant de l'appareil respiratoire frotte contre les bords élastiques des stigmates situés à la base des ailes. Chez les cigales, le mâle seul produit des sons, et l'appareil producteur de ces sons a une structure très compliquée : il est double, symétrique et logé dans la partie posté- rieure du larynx et la partie adjacente de l'alKlomen. (Voir Insectes.) CASTEX. Bibliographie. — Pour la bibliographie de la Physiologie de la Phonation, nous renvoyons aux articles Laryngés (nerfs) et Voix. La nombreuse bibliograpliie qui se rapporte à la kiryngoscopie, aux larynx artifi- ciels, est surtout médicale. Quant aux travaux sur le larynx dans la série animale, ils sont presque unique- ment d'ordre anatomique. 96 LASERPITINE — LAVOISIER. LASERPITINE — (C^WO'). Substance cristallisable qu'on extrait de racines de Laserpitium lalifolium. LATH YRISME. — On a désigné sous ce nom des accidents de paralysie, d'ataxie, d'impotence, survenant chez des individus ayant fait consommation de blé de sar- rasin [Pohjgonum fagopyrum L.) ou de Lathyrus cicera, L. clymenum, etc. Il est vraisem- blable que ces symptômes d'intoxication sont dus à l'action de champignons parasites. Chez les animaux on a observé aussi des phénomènes analogues : pneumonies, derma- tites, et quelquefois convulsions. LAU DAN I DINE — (G^oh^^NOM. Un des alcaloïdes de l'opium découvert par Hesse en 1870. Corps très voisin de la laudanine. LAUDANINE (C^oH-^NO^). un des alcaloïdes de l'opium, isomère delà lauda- nidine (IIesse, 1870). LAUDANOSINE. — Un des alcaloïdes de l'opium découvert par Hesse en 1871. C'est Téther méthylique de la laudanine. PiGTET et Athaxasescu, PicTET et FiNKELSTEi.x (D. ckem. Ges., xlii, 1979) en ont fait la synthèse, première synthèse d'un des alcaloïdes de l'opium. Eu faisant réagir l'homové- ratrylamine et l'acide honiochlorovératrique ilsoblinrent la dihydropapavérine ;le dérivé chlorométhylé de cette dihydropapavérine, étant traité par l'acide chlorhydrique et la poussière de zinc, a donné de la laudanosine. La laudanosine cristallise en aiguilles qui fondent à 89". Elle est plus toxique que la papavérine, n'a pas de propriétés narcotiques, mais est plutôt convulsivante, comme la thébaïne. L'étude détaillée en a été faite par A. Babel, au point de vue physiologique, dans le laboratoire de Mayor, à Genève (fic^i. méd. de la Suisse romande, iS99. Étude comparative de la laudanosine et de la papavérine au point de vue pharmacodynamique, t. à p. ,'32 p.). V. aussi Wortmann, Beitr. zur Kenntniss der Wirkung des Laudanosins. Th. in. Marburg ; 1874) et Falck (Leipzig, physiol. Arbeit, 1875, XI, 25). Chez la grenouille, la laudanosine est plus toxique que la papavérine, dans le rapport de 1 à 2,7, et n'a pas d'action narcotique. Chez le lapin, la différence est plus grande encoi'e, puisque, en injection hypodermique, la laudanosine est 16 fois plus toxique, de 0,03 parkil. Les phénomènes convulsifs dominent la scène de l'intoxication (chez le lapin) et cepen- dant la pression artérielle baisse notablement. .Malgré la différence de toxicité, la lauda- nosine a des effets très analogues à ceux de la papavérine et aussi de la thébaïne; le coefficient de toxicité pour 1 kilo serait : Thébaïne 0,013 Laudanosine 0,021 Codéine 0,062 Papavérine 0,070 LAU RI NE. — Substance cristallisable dans l'alcool et insoluble dans l'eau, qu'on trouve dans les baies de Laurus nobilis (C--H'^-0'>). LAURIQUE (Acide) (C'^H^'^O^). — Acide gras de la série G°H^-0^ On le trouve dans divers produits végétaux (baies de laurier, beurre de coco) et dans le blanc de baleine en petite quantité. Point de fusion : 43°, 5. LAUROTÉTANINE (G»9H2'0=5N). —Alcaloïde cpe Greshoff a extrait des lauracées de Java, et Filippo de Tetranthera citrata [Arch. d. Pharm., 1898, 236, 605). LAVOISIER (Antoine-Laurent), né à Paris le 16 août 1 748, déca- pité le 8 mai 1791, passe avec raison pour le fondateur de la chimie moderne, mais il appartient à la physiologie par l'importance des découvertes qu'il a faites dans le LAVOISIER. 97 domaine des sciences biologiques. Ne suffit-il pas de citer la découverte de la respi- ration des animaux et celle de l'origine de la chaleur animale? Fils d'un procureur au Parlement de Paris, devenu avocat en 1764 après de bril- lantes études au collège Mazarin, Antoine Lavoisier comptait suivre la carrière pater- nelle: cependant il se sentait porté vers les sciences naturelles et occupait volontiers ses loisirs à des observations variées sur la botanique, l'astronomie, la géologie; il s'intéressait à une foule de problèmes scientifiques tels que le tonnerre, les aurores boréales, le passage de l'eau à l'état de glace, etc.; dès cette époque il commença à recueillir des observations quotidiennes qu'il continua toute sa vie sur la corrélation entre les oscillations barométriques et la prévision du temps. En 1765, l'Académie de Paris mit au concours le sujet suivant : « Le meilleur moyen d'éclairer, pendant la nuit, les rues d'une rjrande ville, en combinant ensemble la clarté, la facilité du service et l'économie. » Lavoisier se proposa de résoudre ce problème; le mémoire qu'il présenta lui valut une médaille d'or, remise le 9 avril 1764. C'est en réalité dans les recherches que Lavoisier s'imposa à ce propos qu'il faut trouver le point de départ des découvertes importantes auxquelles il fut conduit de la manière la plus impérative par la puissance de son esprit. Paris était, à cet époque, éclairé par des lanternes à chandelles; pour comparer le pouvoir éclairant des lampes à huile et celui des chandelles, Lavoisier s'enferma pen- dant six semaines dans une chambre tendue de noir; il conduisit ses expériences avec une admirable méthode; marquant à quelle distance il pouvait lire les caractères d'un livre, essayant différents modèles de lampe, étudiant et notant toutes les particularités du pouvoir éclairant et de la combustion. C'est ainsi qu'il fut amené à constater que celle-ci ne se fait pas sans air... L'air passait cependant pour un élément indécompo- sable. En faisant brûler du phosphore sous une cloche de verre, Lavoisier constata bientôt qu'il n'en était pas ainsi. Voici le procès-verbal abrégé de cette expérience fon- damentale : « J'ai mis dans une capsule d'agate 8 grains de phosphore de Kunckel; j'ai placé cette petite capsule sous une cloche de verre renversée dans de l'eau et j'ai introduit, avec un entonnoir recourbé, une petite couche d'huile à la surface de l'eau. J'ai ensuite fait tomber sur le phosphore le foyer d'une lentille de verre de 8 pouces de diamètre. Bientôt le phosphore a fondu, puis il s'est allumé en donnant une belle flamme... Dans le premier instant l'eau de la cloche a un peu baissé, en raison de la dilatation occa- sionnée par la chaleur; mais bientôt elle a commencé à remonter sensiblement... et lorsque les vaisseaux ont été refroidis elle s'est arrêtée à un pouce 5 lignes au-dessus de son premier niveau... L'absorption d'air avait été de un cinquième de la quantité d'air totale contenue dans la cloche...!/ se fait donc une combinaison d'une partie de fuir avec la vapeur du phosphore pendant la combustion ; cette partie est d'un cinquième, jamais plus; le gaz restant est irrespirable, impropre à obtenir la combustion... » Et Lavoisier se demande : Existe-t-il différentes espèces d'air'? C'est à dessein que nous citons ce texte : [il montre comment les premières expé- riences sur la combustion envase clos ont conduit Lavoisier àla solution duproblèmede la respiration des animaux; etce texte estencore intéressant à cetautrepointde vue qu'il montre la parfaite exactitude des observations faites : Lavoisier ne soupçonnait pas encore à ce moment l'existence de l'oxygène et on voit qu'il a fixé avec précision la proportion de ce gaz qui existe dans l'air ; la lecture de toute l'œuvre de Lavoisier con- duit invariablement à cette remarque que tout est vrai, que tout est resté vrai, dans ce qu'il a décrit. Aux Pâques de 1775, Lavoisier lut à l'Académie un mémoire dans lequel il établit que « l'air atmosphérique n'est pas un élément » mais un mélange d'oxygène avec quatre cinquièmes d'un gaz irrespirable, impropre à entretenir la vie. Sans doute Lavoisier était au courant des découvertes alors toute récentes des phy- siciens anglais : Bayle, en avril 1774, avait chauffé l'oxyde de mercure et recueilli dans une cornue de verre un gaz que Priestley, au mois d'août de la même année, déclarait 1. Œuv7'es de Lavoisier, t. II, p. 122. DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME X. 1 98 LAVOISIER. être de l'oxygène. Mais Lavoisier avait expérimenté de son côté de façon géniale et son esprit pénétrant, allant au delà du fait isolé, è'élevait aussitôt à la généralisation la plus haute : « Je hasarde, disait-il modestement, de proposer aujourd'hui à l'Académie une théorie nouvelle de la combustion, ou plutôt, pour parler avec la réserve dont je me suis imposé la loi, une hypothèse à l'aide de laquelle on explique d'une manière très satisfaisante tous les phénomènes de la combustion, de la calcination et même, en partie, ceux qui accompagnent la respiration des animaux. » C'est de 1773 que date cette autre expérience : « Un moineau fut mis sous une cloche remplie d'air et reposant à la surface du mercure; la partie vide de la cloche était de 31 pouces cubiques; l'animal cessa de vivre au bout de 55 minutes... Cet air était vicié, impropre à entretenir la combustion. » Il est possible de suivre dans les expériences successives de Lavoisier tout le travail de son esprit chercheur, travail qui devait aboutir à la rédaction du premier mémoire sur la respiration des animaux, en 1777 : « Il se fait dans le poumon un échange : d'une part, l'air éminemment respirable est absorbé; de l'autre part, le poumon restitue à sa place une portion d'acide crayeux aériforme presque égale en volume. » Sous le nom d'acide crayeux aériforme, Lavoisier désigne le gaz qui se dégage de - la craie [en présence d'un acide. « L'air de la respiration précipite l'eau de chaux, écrit-il le 3 mai 1777... L'air vicié par la respiration contient près d'un sixième d'un acide aériforme parfaitement semblable à celui qu'on retire de la craie... » Nous ne pouvons passer en revue toutes les publications de Lavoisier : nous n'avons à considérer son œuvre qu'au point de vue de la physiologie. Nous venons de voir à quel point on ferait erreur en considérant Lavoisier comme un chimiste que les cir- constances auraient amené sur le tard à appliquer à la physiologie quelques-unes de ses découvertes. Bien au contraire : la théorie de la combustion est née dans son esprit dès l'instant oîi il a institué ses premières expériences; elle se compléta peu à peu; c'est en 1777 que Lavoisier rattacha la production de la chaleur animale à la combustion du charbon dans l'économie S mais lui-même nous dit que dès 1772 il avait conçu tout l'ensemble du système publié depuis- et dans cet ensemble il comprend la théorie de la respi- ration. Le t( iMémoire sur la chaleur « est daté de 1780. Lavoisier et de Laplace partent de ce principe que « toutes les variations de chaleur, soit réelles soit apparentes, qu'éprouve un système de corps en changeant d'état se reproduisent dans un ordre inverse lorsque le système repasse à son premier état». On remarquera que cet énoncé implique l'idée de la conservation de l'énergie. Lavoisier construit le calorimètre à glace ; il rend compte des premiers résultats obtenus dans les expériences faites au moyen de cet appareil. C'est dans le quatrième chapitre de ce mémoire que se trouve pour la première fois établi avec précision le rapport entre la combustion du carbone dans l'organisme et la production de la cha- leur animale : « On a vu précédemment, dit Lavoisier, que dans la combustion du charbon la formation d'une once d'air fixe (acide carbonique) peut fondre 26 onces, 692: de glace; en partant de ce résultat on trouve que la formation de 224 grains d'air fixe doit en fondre 10 onces, 38. Cette quantité de glace fondue représente conséquemment la chaleur produite par la respiration d'un cochon d'Inde pendant 10 heures "... « La respiration est donc une combustion, à la vérité fort lente, mais d'ailleurs par- faitement semblable à celle du charbon ;... la chaleur développée dans cette combustion se communique au sang qui traverse les poumons et de là se répand dans tout le sys- tème animal. Ainsi l'air que nous respirons sert à deux objets également nécessaires à notre conservation : il enlève au sang la base de l'air fixe dont la surabondance serait très nuisible; et la chaleur que cette combinaison dépose dans les poumons répare la perte continuelle de chaleur que nous éprouvons delà part de l'atmosphère et des corps environnants. » L Œuvres de Lavoisier, t. II, p. 232. 2. Ibidem, p. 104. 3. Ibide»), t. II, p. 330. LAVOISIER. 99 Dans la série des mémoires de Lavoisier on peut suivre le développement initial de toutes nos théories modernes sur la respiration et même sur l'origine de l'énergie dans les êtres vivants. Nous ne pouvons résister au désir de faire encore quelques citations qui se rapportent à ce sujet : dans un mémoire lu à la Société de médecine en 178o et publié dans le Recueil des mémoires, tome III, parlant des altérations qu'éprouve l'air respiré, Lavoisier, après avoir établi que l'atmosphère contient 25 parties d'un air éminemment propre à la respiration et 75 parties d'un fluide irrespirable, le gaz azote, écrit ce qui suit : « Des différentes substances qui entrent dans la composition de l'air de l'atmo- sphère, l'air vital est la seule qui soit essentielle au maintien de la respiration; le gaz azote n'y concourt en rien, si bien qu'on pourrait même substituer à ce gaz un autre lluide... pourvu que ce fluide n'eût point de qualité irritante ou délétère. « Pour bien connaître le genre d'altération qui arrive à l'air lorsqu'il a été respiré par les animaux, j'ai introduit un cochon d'Inde sous une cloche de cristal renversée sur du mercure; elle contenait 248 pouces cubiques d'air vital. Je l'y ai laissé pendant une heure et un quart; au bout de ce temps je l'ai retiré de la même manière qu'il*y avait été introduit, c'est-à-dire en le faisant passer par le mercure. Je ne me suis pàs aperçu que ces deux passages l'eussent aucunement incommodé. » Lavoisier constate que par suite du séjour du cochon d'Inde dans l'atmosphère confinée contenue sous la cloche, l'air a diminué d'environ un trente-deuxième de son volume, mais il a augmenté de pesanteur absolue, d'où il résulte évidemment : 1° que l'air extrait quelque chose du poumon pendant l'acte de la respiration ; 2° que la sub- stance extraite, combinée avec l'air vital, forme de l'acide carbonique... » Mais, en calculant exactement les poids des gaz existant sous la cloche avant et après l'expérience, Lavoisier constate un déficit, et aussitôt il dit : « Il est évident qu'indépendamment de la portion d'air vital qui a été convertie en acide carbonique, une portion de celui qui est entré dans le poumon n'en est pas res- sortie dans le même état; et il en résulte qu'il se passe dé deux choses l'une dans l'acte de la respiration : ou qu'une portion d'air vital s'unit avec le sang, ou bien qu'elle se combine avec l'hydrogène pour former de l'eau... en supposant, comme il y a quelque lieu de le croire, que celte dernière hypothèse soit préférable, il est aisé, d'après l'ex- périence ci-dessus, de déterminer la quantité d'eau qui se forme par la respiration, et la quantité d'hydrogène qui est extraite du poumon... » Dans ce mémoire, Lavoisier rend compte d'expériences dans lesquelles il a aug- menté la proportion d'oxygène dans l'air placé sous la cloche, il observe avec sagacité les effets nocifs des variations de la composition de l'air respiratoire, les qualités irri- tantes de l'acide carbonique, et, passant d'emblée aux applications médicales, il analyse l'air des salles de l'hôpital et des salles de spectacle. Quelque imparfaites que soient mes premières expériences, dit-iJ, on aperçoit que dans les salles d'assemblées nom- breuses, l'air, qui naturellement ne devrait être composé que de deux fluides, l'air vital et le gaz azote, en contient trois, au moyen de la conversion d'une partie d'air vital en gaz acide carbonique ; que ces trois fluides ne sont pas mélangés dans des pro- portions égales dans toutes les parties de la salle... qu'il s'établit une espèce de circu- lation d'air, etc. » En 1789, dans un mémoire sur la respiration des animaux, fait en collaboration avec Seguin, la pensée de Lavoisier revêt sa forme définitive : « La respiration, dit-il, n'est qu'une combustion lente de carbone et d'hydrogène, qui est semblable en tout à celle qui s'opère dans une lampe ou dans une bougie allumée... sous ce point de vue les animaux qui respirent sont de véritables corps combustible's qui brûlent et se con- sument. » « Ce genre d'observations, dit-il encore, conduit à comparer des emplois de force entre lesquelles il semblerait qu'il n'existe aucun rapport. On peut connaître, par exemple, à combien de livres en poids répondent les efforts d'un homme qui récite un discours, d'un musicien qui joue d'un instrument. On pourrait même évaluer ce qu'il y a de mécanique dans le travail du philosophe qui réfléchit, de l'homme de lettres qui écrit, du musicien qui compose. Ces effets, considérés comme purement moraux, ont quelque chose de physique et de matériel. Ce n'est pas sans quelque justesse que la 100 LAVOISIER. langue française a confondu sous la dénomination commune de travail les efforts de l'esprit comme ceux du corps, le travail du cabinet et le travail du mercenaire. » Toute une physiologie nouvelle naissait ainsi, pour ainsi dire sans effort, grâce au génie de Lavoisier. C'est à lui qu'on doit la notion formulée par Ch. Richet en ces termes : « La vie est une fonction chimique. » Et c'est lui qui, parlant de la « chaleur sensible >> et du sens exact qu'il faut attribuer à ce terme, formule cette pensée que la physiologie moderne croit avoir réve'lée : « En général nous n'avons de sensation que par le mouvement; en sorte qu'on pourrait poser comme un axiome : point de mouve- ment, point de sensation. Plus on réfléchira sur cette assertion, plus on en reconnaîtra la vérité*. » Nous n'avons, dans les lignes qui précèdent, envisagé l'œuvre de Lavoisier qu'au point de vue de ses rapports avec la physiologie; cependant ce n'est pas seulement sous ce point de vue qu'il convient de la considérer. L'activité de Lavoisier s'étendit à d'autres domaines ; pour pouvoir se livrer en toute indépendance à ses recherches scien- tifiques il avait sollicité et obtenu en 1769 une place de fermier général; son entrée dans cette administration gouvernementale coïncide avec son mariage : il épousa M"" Paulze, dont le père était l'un des administrateurs de la ferme. Disposant de ressources considérables, Lavoisier sut les employer utilement, tant pour subvenir aux frais de ses expériences, que pour accomplir des buts humanitaires ou poursuivre des réformes utiles. En 1788, la récolte du blé ayant été mauvaise, Lavoisier offrit 50 000 livres à la ville de Blois et 6 000 à Romorantin, à titre de prêt sans intérêt. A Villefrancœur, où se trouvait sa résidence d'été, il dépensa 120 000 francs pour améliorer la condition des paysans, fonda une école gratuite et servit cà l'instituteur un traitement annuel. Lavoisier exerça, dans l'administration de la ferme générale, une influence considé- rable et toujours généreuse : il fit abolir le droit dit « de pied fourchu » qui obligeait au paiement de 30 pièces d'argent par homme les Juifs qui devaient traverser le Clex'- moutois. Il réforma l'assiette de l'impôt en établissant l'octroi et intervint dans maint projet d'utilité publique. Nommé, par Turgot, inspecteur général des poudres et des salpêtres, il perfectionna la fabrication par l'emploi du chlorate de potasse; préoccupé de l'augmentation du rendement de la terre, il institua des champs d'expérience sur une terre de 240 arpents qu'il possédait dans le Vendômois et montra que, par l'amélio- ration des procédés de culture, on pouvait en doubler la production. Il existe de nombreux manuscrits de Lavoisier, traitant toujours, avec une grande clarté et une remarquable hauteur de vues, des sujets les plus divers : création d'une caisse d'épargne et de retraite pour le peuple, d'une caisse d'assurances agricoles, construction d'un canal latéral à la Loire destiné à rendre ce fleuve navigable en tout temps, établissement de la carte géologique de l'Orléanais, établissement d'un nouveau système de poids et mesures, etc. Lors de la convocation des États généraux en 1789, Lavoisier se rendit à Blois pour prendre part à la rédaction du cahier de l'ordre de la noblesse, rédaction dont il avait été chargé en qualité de secrétaire du bailliage de Blois. Dès le préambule, il énonce des pensées généreuses : « Le but de toute institution sociale est de rendre le plus heureux possible ceux qui vivent sous ses lois. Le bonheur ne doit pas être réservé à un petit nombre d'hommes : il appartient à tous..., c'est un droit commun qu'il laut partager..., la liberté individuelle est le premier et le plus sacré des droits de l'homme..., l'impôt devrait atteindre toutes les personnes dans les proportions du produit net de leurs revenus. » Ce cahier fut adopté le 28 mai 1789 par les 99 membres de la noblesse du bailliage de Blois. Lavoisier fut donc sympathique au mouvement régénérateur du début de la révo- lution-; il voulut éclairer l'opinion sans toutefois se mêler directement à la politique et publia, le l""'' janvier 1792, une brochure sur l'état des finances, mais il n'osa la signer de son nom devenu suspect. Il démissionna de toutes fonctions rétribuées, refusa les fonctions de Ministre que 1. Œuures de Lavoisier, t. II, p. 6i3. LÉCANORIQUE (Acide). 101 lui offrait Louis XVI (15 juin 1792) 'el continua, malgré les agitations extérieures, ses recherches de laboratoire; à la fin de mai 179311 étudia, avec Borda, la dilatation com- parée du cuivre et du platine en vue de la construction du mètre-étalon, problème dont la solution ne devait être donnée qu'en 1872 par la Commission internationale du mètre. Le 8 août 1793, un décret de la Convention supprima l'Académie et toutes les sociétés savantes; Lavoisier lutta de toutes ses forces pour sauver du désastre cerlairies grandes entreprises scientifiques en cours : cartes géologiques et minéralogiques, poids et mesures, anatomie de Vicq d'AzYR, etc. Mais lorsque le 17 août les académi- ciens vinrent au Louvre où Lavoisier les avait convoqués, ils trouvèrent les portes closes et les scellés apposés par ordre du Directoire. Le 24 novembre 1793, tous les fermiers généraux furent mis en état d'arrestation, Lavoisier vint se constituer prisonnier en même temps que son beau-père Paulze; tous deux furent enfermés à la prison de Port-libre. Les fermiers généraux étaient globale- ment inculpés; on les accusait d'avoir volé 130 millions au pays, accusation dont l'inanité fut démontrée plus tard, car il fut prouvé que, tout compte fait, il leur était dû 8 millions. (Arrêt du Conseil d'État, 1806.) Le 5 mai 1794, la Convention décida, sur un rapport de Dupin, que tous les fermiers généraux seraient traduits devant le tribunal révolutionnaire; ce vote fut rendu à 4 heures; le même soir, à 11 heures, dans des chariots où ils souffrirent horriblement, les 32 inculpés furent transférés à la Conciergerie. C'est là, pendant qu'il attendait l'heure de comparaître devant le tribunal révolutionnaire que Lavoisier écrivit les lignes suivantes adressées à son cousin Augez de Villers ' : « J'ai obtenu une carrière passablement longue (il avait 50 ans!), surtout fort heu- reuse et je crois que ma mémoire sera accompagnée de quelques regrets, peut-être de quelque gloire. « Qu'aurais-je pu désirer de plus? Les événements dans lesquels je me trouve enve- loppé vont probablement m'éviter les inconvénients de la vieillesse. Je mourrai tout entier, c'est encore un avantage que je dois compter au nombre de ceux dont j'ai joui. Si j'éprouve quelques sentiments pénibles, c'est de n'avoir pas fait plus pour ma famille, c'est d'être dénué de itout et de ne pouvoir lui donner, ni à elle ni à vous, aucun gage de mon attachement et de ma reconnaissance. (( 11 est donc vrai que l'exercice de toutes les vertus sociales, des services importants rendus à la patrie, une carrière utilement employée pour le progrès des arts et des con- naissances humaines, ne suffisent pas pour préserver d'une fin sinistre et pour éviter de périr en coupable. Je vous écris aujourd'hui parce que demain il ne me serait peut- être plus permis de le faire et que c'est une douce consolation pour moi de m'occuper de vous et des personnes qui me sont chères dans ces derniers moments... » On le voit : pas de haine contre ceux qui vont lui prendre la vie, pas un trouble dans ce regard qui semble défier le sort, rien que le regret de ne pas avoir fait plus! Le président du tribunal qui condamna Lavoisier s'appelait Coffinhal; une demande de sursis « pour terminer des travaux ntilos à l'humanité », lui ayant été adressée en faveur de Lavoisier, Coffinhal répondit : « La République n'a pas besoin de savants, il faut que la justice suive son cours! » L'exécution eut lieu le 8 mai 1794 (19 floréal an II); Lavoisier eut la douleur de voir tomber la tète de son beau-père pour lequel il avait la plus vive affection; il fut exécuté le quatrième, ses restes furent jetés au cime- tière du Parc Monceau, et, à part les insultes des journaux, le silence se fit autour de son nom. La vie de Lavoisier fut courte, mais son œuvre durera aussi longtemps que la pensée humaine. PAUL HEGER. LÉCANORIQUE (Acide) (C^Hi'O''). —Acide extrait de certains lichens [Lccanra). Par ébuUition avec la chaux il donne de l'acide orsellique ; puis de l'orcine et ^0^' C'6H'*0' H-0 = 2 CO^ + 2C"H802 (orcine). 1. Archives nationales, "W. 362; 783. Ces détails sont extraits du livre de Grimaux : Lavoisier. 102 LE CAT. LE CAT (Claude-Nicolas), né à Blérancourt Aisne) en 1700, mort eu 1768, plus célèbre comme chirurgien que comme physiologiste, introduisit en France la méthode de Cheset.den pour l'opération de la taille vésicale. Chirurgien en chef de THôtel-Dieu de Rouen, il fonda daus cette ville en 1736 un amphilhécàtre de dissection et, en 1744, une Académie dont il rédigea les statuts et publia lui-même les mémoires. Actif et enti'eprenant. Le Cat s'est occupé de sujets très divers, de littérature, de philosophie et d'architecture. Son œuvre physiologique comprend un traité des sens (1740 ; un traité de la nature du fluide des nerfs (1765); un traité de la couleur de la peau humaine en général et de celle des nègres en particulier (1765); une étude intitulée : Noiœeau système sur la cause de révacuation périodique du st?a'e (1766); un traité des sensations et des passions en général et des sens en particulier (1767). Cette dernière œuvre comprend trois volumes : le premier est un traité de physiologie fort incomplet dans lequel se résument les ensei- gnements donnés par l'auteur dans son cours d'analomie; les idées générales qu'il y développe ne sont qu'une traduction confuse des doctrines de Descartes sur le « fluide animal >> dont Le Cat pense avoir prouvé d'une manière irréfutable l'existence en montrant que la ligature du nerf phrénique paralyse le diaphragme et que l'ablation de la ligature permet la restitution du mouvement. Le tome II traite uniquement des sens et contient des notions intéressantes se rapportant à l'anatomie macroscopique des organes des sens, à la marche des rayons lumineux dans l'œil et au mécanisme de l'audition. Les planches anatomiques dressées par l'auteur ne sont pas sans mérite; mais, bien qu'il ait tenté de se servir du micro- scope, il n'a qu'une idée très imparfaite de la structure intime des parties qu'il décrit '. Le tome III du traité des sens est consacré en entier à la théorie de l'ouïe: il comprend une remarquable description des appareils de l'audition, avec de bonnes planches anatomiques, des notions exactes sur le bruit et le son, et surtout des aperçus originaux et même des expériences sur le mécanisme des sensations auditives. Très remarquable est par exemple l'explication de l'action des ondes sonores sur la membrane du tympan (p. 148 et suiv.). Par son activité, sa science anatomique, sa pénétration. Le Cat mérite d'occuper une place dans l'histoire de la physiologie au xviii<^ siècle; s'il est difficile d'émettre une appréciation favorable sur son mérite en tant que physiologiste au sens étendu de ce mot, on doit reconnaître que dans le domaine spécial où se sont confinées ses études il a rendu de réels et importants services à la connaissance des fonctions déli- cates de la vue et de l'ouïe. P. H. Bibliographie. — Dissertation physique sur le balancement d'un arc-boutant de réijlise Saint-Nicaise de Reims. Reims, 1724, in-12; — Éloge du P.-J.-B. Mercastel, de V Oratoire, professeur de mathématiques. Mercure de France, Novembre 1734; — Dissertation sur le dissolvant de la pierre et, en particulier, sur celui de M"<^ Stcphens. Rouen, 1739, in-12; — Traité des sens. Rouen, 1740, in-8°; — Remarques sur tes mémoires de VAcadtmic de chirurgie. Amsterdam, 1745, in-12; — Lettres concernant Vopéralion de la taille pratiquée sur les deux sexes. Rouen, 1748, in-12; — Recueil des pièces sur l'opération de la taille. Rouen, 1740-53, in-S»; — Lettre sur la prétendue cité de Limmes {Mémoires de Trévoux, avril 1752); — Éloge de Fontenelle. Rouen, 1759, in-8°; — Traité de la nature du fluide des nerfs et son action dans le mouvement musculaire. Berlin, 1765, in-8°; — Traité de la couleur de la peau humaine en général et de celle des nègres en particidier. Amsterdam, 1765, in-S"; — Nouveau système sur la cause de l'évacuation périodique du sexe. Amsterdam, 1766, in-S"; — Lettre sur les avantages de la réunion du titre de docteur en médecine avec celui de maître en chirurgie. Amsterdam, 1766, in-8°; — Traité des sensations et des passions en général et des sens en particulier. Paris, 1767, in-8°, 3 volumes; — Parallèle de la taille latérale. Amsterdam, 1766, in-S"; — Cours abrégé d'ostéologie. Rouen, 1768, in-8». 1. Tome II, p. 207: « La peau est un tissu de fibres, de nerfs et de vaisseau dont l'entrela- cement en tous sens forme une étofi'e à peu près de la nature de celle d'un chapeau. » LECITHINES. 103 LECITHINES. — Historique. — La découverte des lécithines remonte à 1846. GoBLEY, pharmacien à Paris, isola du jaune d'œuf de poule un corps complexe qu'il nomma lécithine, de Àà/.iOo;, jaune d'œuf. Un peu plus tard, il retrouva la même substance dans le cerveau, le sang, le sperme ainsi quedans lalaitancede carpe. Strecrer décou- vi'it la lécithine dans la bile de porc et l'identifia avec une substance qui constitue une partie importante du prolagon de Liebreigh, ainsi que des corps auxquels Vauquelin avait donné le nom de Matière gmsse blanche, Kvih.x celui de mijélocone et Couerbe celui de cérébrote. Hoppe-Seyler établit que les lécithines sont très répandues dans les cellules et les tissus des animaux. Liebreigh montra qu'elles sont plus abondantes dans le tissu nerveux. Miescher et Schmiedeberg les retrouvèrent dans les nerfs, le jaune d'œuf et le sperme. W. Glikin, puis Otolski démontrèrent leur présence dans la moelle osseuse. Plus tard, on les rencontra dans le pus, les muscles, la lymphe, les globules et le plasma sanguin, de même que dans divers tissus et liquides pathologiques. Enfin, elles furent trouvées chez les végétaux, surtout dans les graines et les racines, particulièrement dans celles où l'on avait signalé la choline ou la névrine. Définition et constitution chimique des lécithines. — Ces substances appar- tiennent au groupe tout k fait artificiel des /ipoï(/es, parmi lesquels elles se rencontrent à côté des cholestérines, du protagon, de la cérébrine, elc. On appelle encore les lécithines graisses phosphorées. Cette dénomination se justifie par ce fait qu'il entre, dans ces substances, deux sortes d'éléments constitutifs des corps gras, la glycérine et les acides, combinés à un radical phosphorique. Mais une telle dénomination est incomplète en ce qu'elle ne tient nul compte d'une partie basique de la molécule, constituée généralement par la choline. La formule générale des lécithines peut s'écrire : CH^OR CHOR ] OH OH I I I CH20 — PO — 0C2Hi — N = (CH:^ R représente, dans cette formule, le radical des acides stéarique (C'*H-^'^0),palmitique (C'^H^'O), oléique (G"^H^'0), ou encore d'autres acides non saturés tels que l'acide lino- léique (H. Cousin). Les lécithines sont donc des triglycérides dans lesquels deux fonc- tions alcool de la glycérine sont éthérifiées par des acides, la troisième l'étant par le radical d'une combinaison elle-même éthérée de l'acide phosphorique avec une base organique, la choline. Une lécithine contient donc ciuq fois la fonction éther, plus deux fonctions de caractère opposé : une fonction de l'acide phosphorique resté libre et la fonction basique de la choline qui est l'hydrate de triméthyloxéthylammonium. Cette dernière base elle-même peut n'être pas constante, car elle est remplacée, dans certaines lécithines, par la bètaïne, la muscarine, la mytilotoxine, etc. Les acides dilFérents ou les basesvariées qui entrent ainsi dans l'édifice moléculaire des lécithines font de ces sub- stances une famille de corps construits sur un même modèle, auxquels est dévolu, comme nous le verrons, un rôle important dans les phénomènes de nutrition. A propos de la constitution des lécithines, il faut ajouter que la lécithine de l'oeuf, qui est douée de pouvoir rotatoire, doit cette propriété à la présence d'un carbone asy- métrique. On trouve ce carbone dans les deux formules suivantes (Ulpiani) : CH20 Acide phosphorique. Choline. CHO Reste d'acide gras. CH*0 Reste d'acide gras. II CH20 Reste d'acide gras. I CHO Acide phosphorique. Choline. CH^O Reste d'acide gras. C'est, comme l'on voit, le carbone médian de la glycérine qui est asymétrique ; il l'est, dans la formule L avec deux restes d'acide identiques, dans la formule II, avec deux restes différents. La formule] doit être préférée, car Willstàtter et Ludecke ont préparé une lécithine active, qui ne contenait que l'acide oléique. Ils ont établi, en outre, que 104 LECITHINES. l'acide glycérophosphorique obtenu avec [la lécithine est doué d'un pouvoir rotatoire qui est gauche pour les sels de baryum et de calcium. Cet acide répond donc à la constitution : CH^O P0-ÎH2 I GHOH CH20H Préparation. — On extrait les lécithines du cerveau ou du jaune d'œiif. Voici quelques-uns des procédés employés. I. — Débarrassé du sang et des membranes, le cerveau finement divisé est épuisé par l'éther, puis le résidu est traité à 40° par l'alcool absolu. Le liquide ainsi obtenu est concentré et refroidi à 0°. On sépare par filtration le dépôt de lécithine et de cérébrine qui s'est formé; on le lave avec un peu d'alcool absolu froid et on en extrait la lécithine par l'éther. L'extrait éthéré est évaporé, le résidu desséché à 40°, dissous dans un peu d'alcool absolu et refroidi à — 10°. On obtient ainsi la lécithine distéarique. U. — Les jaunes d'oeuf, d'abord traités à froid par l'éther jusqu'à ce que ce liquide ne se colore presque plus en jaune, sont ensuite épuisés par l'alcool à 50—60°. Après évaporation de l'extrait alcoolique à 50—60°, le résidu sirupeux est traité par l'éther et le résidu dissous dans le moins possible d'alcool absolu. En refroidissant à — 10° cette solution alcoolique filtrée, la lécithine se sépare peu à peu (Diakonow). L'éther a cepen- dant dissous une proportion importante de lécithine; on le distille, on dissout le résidu dans le chloroforme et on précipite, de cette solution fortement concentrée, la lécithine par l'acétone (AltmaniN, cité dans l'ouvrage d'HoppE-SEYLERj. De l'éther qui a servi, comme on l'a (}it plus haut, à un premier traitement du jaune d'œuf, on peut, d'après Gilso.x, extraire une nouvelle 'portion de lécithine, si, après évaporation du solvant, on reprend le résidu par l'éther de pétrole. Le liquide filtré est agité, dans un entonnoir à décantation, avec de l'alcool à 75 p. 100; après séparation des deux liquides, la couche alcoolique est décantée et le liquide éthéré resté dans l'entonnoir est de nouveau agité, à plusieurs reprises, avec de l'alcool. Les liquides alcooliques réunis sont abandonnés à eux-mêmes puis filtrés lorsqu'ils sont devenus limpides et séparés par distillation du reste de l'éther. Abandonnés dans un lieu frais, ils laissent déposer un précipité; la solution est filtrée, décolorée par le noir animal puis évaporée à 50-60°. Le résidu de cette évaporation est traité par l'éther. On décante, filtre et évapore de nouveau. Les dei^nières traces de cholestérine sont enlevées par dissolution de la lécithine ainsi obtenue dans le moins possible d'alcool absolu. Aban- donnée à une température de— 5° à — 15°, cette solution laisse déposer lalécithine pure. m. — Le jaune d'œuf est épuisé par l'éther, et celui-ci distillé. Le résidu huileux est séparé par filtration à chaud (37°) puis il est traité par l'éther et la dissolution obtenue est additionnée d'acétone tant qu'il se dépose un précipité. On dissout ce préci- pité dans l'éther, on ajoute plusieurs volumes d'alcool absolu et on laisse déposer. Au bout de quelques heures, il se forme un dépôt amorphe que l'on sépare par filtration. Le liquide filtré, puis traité par l'acétone, abandonne de la lécithine pure que l'on peut faire cristalliser dans l'alcool absolu (Zuelzer). IV. — Le jaune d'œuf est traité au baiu-marie, avec réfrigérant à rellux, par l'alcool à 96^ Après refroidissement à 0°, la solution est filtrée et le filtrat est traité par une solution alcoolique de chlorure de cadmium (on emploie 2 grammes de chlorure pour 100 grammes de jaune d'œuf). Après avoir abandonné le mélange à lui- même pendant plusieurs heures, on filtre. La combinaison chlorocadmique est lavée avec une solution alcoolique de chlorure de cadmium, puis avec de l'alcool. Le magma desséché à l'air est épuisé par l'éther, puis porté à l'ébullition au bain-marie, avec réfrigérant k reflux, avec huit fois sou poids d'alcool à 80°. A l'aide d'un tube à brome, on fait tomber lentement dans le liquide, toujours plongé dans le bain-marie, une quantité correspondante d'une solution concentrée de carbonate d'ammonium, on agite en même temps, et on cesse d'ajouter le sel ammoniacal quand la réaction du liquide est devenue franchement alcaline et qu'une prise de liquide ne contient plus de LECITHINES. 105 cadmium. On filtre à chaud et on refroidit lentement à 10°. Le dépôt formé est dissous dans le chloroforme et précipité par l'acétone. Le rendement est de 3 p. 100. Du liquide alcoolique filtré on peut encore extraire une nouvelle portion de lécithine, soit de 1 à 1,5 p. 100 (BEliGELL). Il importe de remarquer que les produits ainsi obtenus constituent un mélange de lécithines différant entre elles, par les radicaux acides présents dans leur molécule. La séparation parfaite de ces lécithines est très difficile. En refroidissant lentement la solu- tion alcoolique du mélange, on provoque d'abord le dépôt de la majeure partie de la lécithine stéarique, la lécithine oléique restant en solution (Diakonow). Propriétés. — Si on abandonne longtemps à 0» une solution alcoolique concentrée de lécithines, celles-ci peuvent se déposer sous forme cristallisée, mais très difficilement. Elles se présentent habituellement sous la forme d'une masse demi-consistante, cireuse, de couleur blanc jaunâtre, et pouvant être pulvérisée après dessiccation complète dans le vide. Solubles dans l'alcool, surtout à chaud, dans le benzène, le chloroforme, le sul- fure de carbone et les huiles, les lécithines sont moins solubles dans l'éther. Propriété heureusement mise à profit, comme on l'a vu plus haut, pour leur purification, elles sont précipitées par l'acétone de leur solution éthérée, alcoolique ou chloroformique. Elles sont insolubles dans l'eau, mais mises en contact avec une ] petite quantit^de ce liquide, elles se gonllent en donnant une sorte d'empois qui brunit rapidement, par l'action de la chaleur ou môme à froid, au bout de quelque temps. Bien que l'on admette que les lécithines pures ne commencent d'ailleurs à se décomposer qu'à 100°. Bordas et de Raczowski ont montré que, dans le lait chauffé à feu nu, la proportion de lécithines diminue de 14 p. 100 de sa valeur à 60°; la diminution atteint 28 p. 100 entre 80 et 05°. Si le lait est chauffé à l'autoclave, à 105-110°, la quantité de lécithines dimi- nue de 30 p. 100. Voilà donc encore une modification utile à connaître parmi celles que subit le lait lorsqu'on le stérilise par la chaleur. Chauffé au bain-marie à 95°, le lait ne perdrait que 12 p. 100 de ces lécithines. Triturées avec une grande quantité d'eau, elles donnent une émulsion ou des solutions colloïdales traversant les fibres et précipitables par les sels à cations bivalents; calcium, magnésium, etc. (W. Kogh). Ces précipités se redissolvent dans l'eau après séparation de l'électrolyte. Leur formation peut, d'ailleurs, se produire aussi, quoique très lentement, sous l'influence des sels à cations monovalents (Lo.xg et F. Gepuart). Les grains de lécithine extraite de l'œuf ou des tissus laissent voir au microscope polarisant une crois à branches s'élargissant à partir du centre (Dastre et Morat). Comme nous avons eu l'occasion de le dire à propos de leur constitution, les lécithines sont douées de pouvoir rotatoire : celles du jaune d'œuf sont dextrogyres (Ulpiaisi), P. Mayer a pu séparer une lécithine racémique des lécithines ordinaires, et par dédou- blement lipasique, il a obtenu le composé gauche du racémique en question. Les diastases lipasiques dupancréas dédoublent les lécithines avec formation d'acides gras et d'acide glycérophosphorique (Bokat). Par la putréfaction, il se forme de l'acide glycérophosphorique et de la choline, celle-ci pouvant, à son tour, se décomposer avec formation de méthylamine, d'ammoniaque, d'acide carbonique et de méthane (Hase- broek). Les lécithines se combinent avec les acides et les bases. La combinaison avec facide ohlorhydrique donne avec le chlorure de platine une combinaison double ^C'^'-H^^PNO^Clj' PtCl'^ soluble [dans l'éther, insoluble dans l'alcool et renfermant 10,2 p. 100 de platine lorsqu'il s'agit de la lécithine distéarique. La combinaison avec le chlorure de cadmium qui contient 3 molécules de lécithine pour 4 molécules de chlorure est très peu soluble dans l'alcool; mais se dissout bien dans un mélange de sulfure de carbone et d'éther ou d'alcool. Une solution de lécithines dans l'alcool n'est pas précipitée par l'acétate de plomb et l'ammoniaque. Les lécithines sont facilement entraînées sous forme de précipité par d'autres sub stances telles que les matières protéiques et elles peuvent même modifier la solubiLté d'autres corps présents dans le môme milieu. S'agit-il là d'une sorte d'adsorption ou de combinaisons chimiques ? C'est un point non encore élucidé. Les proportions de corps qui se fixent ainsi les uns sur les autres ne semblenfpas constantes. Ce que l'on peut retenir, c'est que les lécithines présentent, à la manière des nucléines, une grande aptitude à •106 LECITHINES. se combiner avec les albumines. C'est ainsi que, dans le jaune d'œuf, on trouve une combinaison peu stable d'une lécithine avec la vitelline. Cette combinaison se dédouble ■en ses éléments sous la seule influence de l'alcool bouillant. Des combinaisons sem- blables, mais plus stables, de lécitliines et d'albuminoïdes, appelées lécithalbumines par LiEBERMANN, paraissent se rencontrer dans la muqueuse de l'estomac, le poumon, le foie et le lait. Les lécithines oléiques donnent la réaction de Pettenrofer, qui consiste, comme l'on sait, dans la production d'une coloration rouge pourpre avec l'acide sulfu- rique concentré et le sucre. La matière colorante ainsi formée est soluble dans l'acide acétique; cette solution étendue donne une large bande d'absorption entre G et E. La solution chloroformique présente deux bandes d'absorption, une entre C et D, l'autre entre D et G. Si l'on étend la solution, la première bande disparaît et la seconde devient plus étroite (Thudighum). Par ébullition avec les acides étendus, et mieux encore avec les alcalis, les lécithines sont dédoublées en acide glycérophosphorique, acides gras et choline. Si on chauffe, par exemple, la lécithine de l'œuf avec une solution saturée de baryte, les acides gras se déposent sous forme de savons de baryum. Si on filtre et si on précipite la baryte en ■excès par un courant d'acide carbonique, on peut obtenir, par évaporation, une liquide sirupeux qui, traité par l'alcool, laisse déposer le glycérophosphate de baryum. La cho- line reste dans la solution alcoolique d'où on peut la précipiter par le chlorure de platine. Recherche, caractérisation et dosage des lécithines. — Caractérisation micro- chimique. — LoisEL a donné une technique permettant de caractériser les lécithines dans les tissus et de les différencier des graisses ordinaires. Si l'on choisit le formol comme fixateur, il faut n'y laisser séjourner que peu de temps les pièces que l'on veut inclure dans la paraffine. Quel que soit d'ailleurs le fixateur adopté, on mordancera les pièces avec l'alun que l'on aura pu, du reste, ajouter directement au liquide fixateur. On laissera les pièces très peu de temps dans ralcool, et on les éclaircira par la benzine, l'éther ou l'acétone. La coloration sera faite avec le violet de gentiane, le vert de méthyle, l'hématoxyline ou la fuchsine acide qui laissent les graisses incolores. Enfin, il sera bon de contrôler les résultats de cette coloration à l'aide de l'alcool chaud ou du chloroforme, dissolvants de la lécithine. Si l'on veut, en même temps, caractériser les corps gras neutres, on peut employer n'importe quel fixateur. Pour éclaircir les coupes, c'est le xylol qui convient le mieux parce que c'est lui qui dissout le plus lentement les graisses neutres. Celles-ci se colorent, comme on le sait, par l'acide osmique, mais il convient de contrôler cette coloration par l'action d'un solvant tel que l'éther, le sulfure de carbone ou le benzène. Les substances telles que le Soudan, le brun Bismarck, l'orcanette, qui colorent les corps ^ras, colorent de même les lécithines. Enfin, tandis que l'acétone désagrège très promptement les graisses, les lécithines ne sont pas attaquées par ce solvant, même après un contact de huit jours. Caractérisation optique. — Dans les tissus, les lécithines peuvent se présenter sous une forme physique telle qu'elles soient biréfringentes. On a mis à profit cette propriété pour les caractériser et les différencier des corps gras neutres. L'évaporation partielle d'un liquide qui a dissous des lécithines en provoque le dépôt sous forme de flocons l)lancs que l'on peut examiner dans la glycérine à l'aide du microscope polarisant. Les niçois étant à l'extinction, la surface entière du champ est constellée de croix (Dastre et Morat, loc. cit.). Dosage. — Il n'existe pas de méthode de dosage rigoureux des lécithines, et cela pour la raison qu'en effectuant ce dosage d'après la proportion d'acide phosphorique trouvée, on s'expose, dans nombre de cas, à doser du phosphore provenant d'autres phosphatides. On peut en dire autant d'un dosage qui serait basé sur la proportion de choline présente. S'il s'agit cependant d'un tissu qui ne renferme, avec les lécithines, que des phosphates, des glycérophosphates et des nucléoalbumines, on peut l'épuiser par l'alcool et l'éther, ou, mieux, par l'alcool et le chloroforme. Ces solvants sont ensuite évaporés, et le résidu est repris par l'éther. On termine l'opération par un dosage ■d'acide phosphorique. La formule Mg^ P2O^.2C'^*H30PNO8 montre qu'il suffit de multiplier le pyrophosphate de magnésie par 7,27 pour obtenir la quantité de lécithine, de même LÉCITHINES. 107 que la formule P-O^âC^^H-'-'PNO^ montre qu'il suffît de multiplier la teneur en P-0' par 11,360 pour arriver au même résultat. Les chifiVes obtenus ne sauraient être rigoureux en raison de la différence de phosphore contenu dans les diverses lécithines. Le com- posé distéarique contient, en effet, 3,84 p. 100, le dioléique 3,86 p. 100, et le dipalraitique 4,12 p. 100 de phosphore. Dans le cas où les substances phosphorées qui peuvent accompagner les lécithines dans l'extrait éthéro-alcoolique ne contiennent pas de choline, c'est-à-dire sont telles que la jécorine ou le protagon, on peut caractériser les lécithines en préparant le chlo- roplatinate de choline. Pour cela, l'extrait précédent, apiès évaporation du solvant, est porté à rébullition pendant une heure avec de l'eau de baryte. Après filtration, on enlève la baryte en excès par un courant d'acide carbonique, on évapore à consistance sirupeuse et on traite par l'alcool absolu. Le liquide liltré, additionné d'une solution alcoolique de chlorure de platine, donne un chloroplatinate qui est dissous dans un peu d'eau puis amené à cristallisation par évaporation sur l'acide sulfurique. Pour une documentation analytique plus complète, on pourra consulter le Précis de technique chimique de A. Mouel (Doin, Paris, 1909). Physiologie. Proportions dans les tissus. Rôle physique. Métabolisme. — Les pro- portions de lécithines qui ont été extraites de divers groupements cellulaires sont très variables. En effet : Cent parties contiennent : Lécitliines. Cerveau (substance blanche) 11,00 — (substance grise) 2,50 Sang (veine porte) 0,24 — (veine sus-hépatique^ 0,29 — (globules rouges) O,";.^ Spermatozoïdes 1,50 Foie 2,10 Muscles 0,596 Bile 0,03 Rétine 2,48 Jaune d'œuf 6,80 à 9,40 Lait de femme „ 0,0499 à 0,058 Lait de vache 0,0630 Semences de légumineuses 0,8 à 1,64 — de céréales 0,25 à 0,53 — d'oléagineuses ■. . . . 0,23 à 0,88 — de conifères 0,11 à 0,47 A propos de la teneur du lait en lécithines, Geikin a montré que le lait écrémé a perdu ses lécithines, de même qu'il a perdu la majeure partie de son fer. Ce fait est essentiel dans la question de l'alimentation des enfants. Dans un travail tout récent, P. Rengniez a dosé les différentes formes de composés phosphores qui se trouvent dans les farines. Pour le phosphore lécithique, il donne les résultats suivants rapportés à 100 p. de farines et évalués en anhydride phosphorique : Farines de pois 0,093 — fèves 0,08 — lentilles 0,06 — haricots 0,02 — avoine 0,02 — maïs 0,01 — blé 0,01 Comme le remarque Lambling, l'ubiquité des lécithines dans les organismes vivants constitue, à elle seule, une preuve indirecte de leur importance biologique. On doit donc ranger ces substances parmi les constituants essentiels ou primaires de la cellule -vivante. Elles s'y rencontrent en partie à l'état libre, en partie à l'état de combinaisons avec les albuminoïdes, les hydrates de carbone, les toxines ou même certains éléments i08 LECITHINES. tels que le fer. L'individualité chimique de la plupart de ces combinaisons n'est pas encore suffisamment établie pour leur mériter quelques développements dans cet article. Ce que l'on doit remarquer, tout d'abord, c'est que les lécithines constituent, dans les cellules, associées à d'autres colloïdes, des solutions colloïdales homogènes, ou encore, comme dans le jaune d'oeuf, grâce à leur double caractère acide et basique, de véri- tables combinaisons. Elles peuvent, en outie, se trouver condensées, dans les milieux cellulaires, sous forme de petites gouttelettes. Beaucoup de granulations paraissent être formées exclusivement de lécithines, alors que d'autres sont encore très riches en ces substances. D'ailleurs, ces gouttelettes et granulations lécithiques peuvent augmen- ter notablement lorsque les fonctions cellulaires sont modifiées par quelque trouble pathologique. On voit alors ces gouttelettes envahir plus ou moins les tissus. Elles pré- sentent les apparences de corps gras et brunissent un peu, quoique de manière moins intense que les graisses, par l'acide osmique, surtout quand elles renferment des radi- caux d'acides non saturés. Le passage des lécithines d'un état physique à l'autre se fait d'ailleurs sous des influences minimes, caries solutions colloïdales de ces corps peuvent être coagulées par des concentrations salines très voisines de celles des humeurs. Les propriétés colloïdales des lécithines, leur aptitude à dissoudre d'autres colloïdes et même des cristalloïdes, en présence d'un peu d'eau, expliquent les difficultés inhérentes à leur purification. C'est ainsi que la jécorine, découverte dans le tissu hépatique par Drechsel et qui paraît bien aujourd'hui être un diamino-monophosphatide, a pu être longtemps considérée comme une association intime de lécithine, de glucose, de dextrine et d'une substance sulfurée. Les lécithines paraissent devoir à leur caractère de colloïde une partie du rôle important qu'elles jouent dans les phénomènes de la vie cellulaire. Elles figurent, en effet, au premier rang des lipoïdes proloplasmiques auxquels est due la perméabilité des parois de la cellule. Ces parois ou, plus généralement, la couche externe du proto- plasma, sont formées en majeure partie par ces lipoïdes, de sorte que la perméabilité de la cellule pour certains corps est liée à la solubilité de ces derniers dans les lipoïdes des membranes ou des couches enveloppantes (Overïon). Cette cause de perméabilité ne représenterait d'ailleurs, d'après les travaux de R, Hôber, qu'une partie de la perméa- bilité totale, en ce sens que la cellule subirait passivement le passage des substances solubles dans les lipoïdes, tandis que, pour les substances insolubles dans ces corps, le passage n'aurait lieu qu'au moment des besoins, sous des influences encore indéter- minées. On peut encore, à ce point de vue, ajouter que Provazek admet que le périplaste des trypanosomes contient de la lécithine, les solutions de celte substance donnant lieu à des formations semblables à cet organite. D'ailleurs, sous l'influence de certains pro- duits chimiques, les lécithines prennent des structures alvéolaires fort régulières, rap- pelant la structure du protoplasme et justifiant l'hypothèse d'une participation de ces lipoïdes à la constitution des alvéoles protoplasmatiques. Par exemple, une solution peu concentrée d'acide sulfurique fait apparaître des vacuoles dans des préparations sur verre de lécithines. Ces vacuoles se contractent, se vident et se reforment comme chez les protozoaires. Sous l'influence d'un peu d'acide chlorhydrique, il se forme des gouttes de lécithine entourées d'une membrane assez solide qui croissent comme des cellules de Traube et se meuvent comme les amibes. 11 n'est pas douteux, d'autre part, qu'à ce rôle physique exercé par les lécithines dans les phénomènes biologiques, s'ajoute un rôle non moins important dans les pro- cessus d'ordre chimique. Dans l'inanition, les lécithines cellulaires diminuent : Heffter a pu constater que, chez le lapin en inanition, les lécithines du foie tombent de 3,07 à 1,39 p. iOO, mais qu'ainsi diminuées, elles représentaient encore plus de la moitié de l'extrait éthéré fourni par l'organe. Lu effet analogue est produit par certaines mala- dies cacheclisantes (Heffter). A un animal soumis à l'inanition on peut comparer une graine qui germe dans l'obscurité. Or, dans ce cas encore, les lécithines subissent une diminution marquée (E. Schulze). On voit alors apparaître de la choline et de l'acide phosphorique libre. On peut supposer que le processus de dédoublement, d'ordre diastasique, se fait en deux phases : il se forme d'abord de la choline, et la combinaison LECITHINES. 109 d'acide glycérophosphorique et d'acide gras, celle-ci se dédoublant, dans une seconde phase, en ses générateurs, acides gras, glycérine et acide phosphorique. Dans l'orga- nisme animal également, le dédoublement deslécithinesse fait par l'action de diastases. Clementi a établi le dédoublement des lécithines non seulement par le suc pancréa- tique, mais encore par le suc intestinal. C'est, d'autre part, à l'action d'une lécithi- nase que F. Rôhmanx et R. Weigert rapportent la diminution de l'extrait éthéré que l'on constate dans la digestion aseptique des globules rouges. Ces auteurs, à ce propos, appellent l'attention sur ce fait que Marixo-Zuco et C. Martini ont démontré la présence de choline dans le sang. M. Doyon et A. Morel ont, de même, démontré la diminution de l'extrait éthéré dans le sang et, en particulier, des éthers d'acides gras (graisses, lécithines, éthers de la cholestérine). Ils ont établi, en outre, que ce phénomène est lié à l'existence des globules du sang, mais non à la présence, dans le sérum, d'une lipase hydrolysantedes graisses neutres. Le même dédoublement paraît avoir lieu dans le foie. En effet, la proportion de jécorine décroît dans l'extrait aqueux de l'organe abandonné à 37° en présence d'un antiseptique, alors que l'on constate une augmentation de l'acide phosphorique (E. Salkowski, F. Siegert, Kutscher et Lohmann). C'est par un mécanisme analogue que l'autolyse de la levure de bière ou du tissu pancréatique donne naissance à la choline. Les transformations de cette base, au cours des échanges, paraissent d'abord con- sister en une oxydation du groupement oxéthylénique. Il se formerait ainsi successive- ment de la névrine, de la muscarine et de la bétaïne : CH^-CH20H CH = CH2 GH2_CHi Voihommen von Cholesiciin iind Prdtotjni) hn Shanui dry .roten Blutkôrperchen [Med. chcm. Unters., 1867, 140);— Ueber das Vilellin, Icliluliii, etc. (lô/rf., 215). — ■ LiEBREiCH. Ueber die chemlsche Beschaffenheit der Gehirnsiibstanz [Licbvj'i^ Annalen, cxxxiv, 29; Zeit. phys. Cliem., xxvii, 2o9). — Miesoher-Schmiedebrrg. PJiijsiol. chem. Untersiichungen uber die LurhsmilrJi [Arch. exp. Patli., xxxvii, 100, 1896). — Glirix (W.). Ueber den Lccithiiii/ehult (/es K)iochenmarkes bci Ticreii nnd beim Menschen (liioc/i. Z., IV. 241). — Otolsiu. Das Lecithin de>i Knochemnarkcs (76/(7., iv, 124). — Cousin (H.) (B. B., Lv, 913, 1903 et C. R., r.xxxvii, 68, 1903). — Ulpiani {Gazz. chim. itat., xxxi, 2, 47, 1901'. — Willstàtter (R.) et LCdecke (K.) (D. chem. Ges.. xxxvii, 37o3, 19041. — Diakonow. Uebei' die phosphorhaltigen Kôrper der Hûhner und Stôreier {Med. chem. Untev- siich., 1807, 221; — Ueber das Lecithin [Ibid., 404); — Ueber die chem. Coustit. défi Leci- thins [Cbl.med. Wiss., 1868); — Df/.s Lecithin im Gehirn {Ibid.). — GiLsn\. licilrdue zur Kenntniss des Lecithins [Zeit. phys. Chem., xii, 585). — Zuelzer. Uelier Ihnstelhnu,/ von Lecithin und anderen Myelinsubstanzeii ans Gehirn und Eigelbextructen (Z. phys. Chem., xxvii, 26o). — Bergell. Darstellung des Lecithins {Chem. Ber., xxxiii, 2584). — Bordas et DE Raczowski (C. E. Acad. Se, cxxxvi, 1903, 56). — Koch (W.). Lécithine und ihre Bedeii- tung fur die lebende Zelle {Zeit. phys. Chem., xxxvii). — Long et Geimiart (Journ. of Amer, chem. Soc, xxx). — nA>TRE cIMorat (Thèse de doctorat es sciences nat., Paris, 1876). — Bokay. Ueber die Vcrdaulichkcit des iXncleins und Lecithins (Zeit. phys. Chem., i, 157). — Hase- BROEK. Uebcr das Schicksal des Lecithins im Organismus und cine Beziehung dessclbc7i zum Sumpfgas im Darmkanal {ibid., xii). — Ulpiam [Chcm. Zentralbl., 1901, ii, 30 et 193). — Mayer (P.) {Bioch. Zeitschr., i). — Thudichum. Die chcmische Constitution dcx tichirns, 1901. — LoisEL {B. B., 1903, 703). — Reng.xiez (P.). Thèse de Doctorat en PInirmarir, Paris,' 1911. — Lamblia'g. Précis de biochimie, Paris, 1911. — Prowezer. Das L'cithin und seine biologische Bedeutung {Biol. Centralbl., 382, juin 1908). — Clementi. Intorne all'azione délia lipasi pancreatica ed enterica sulla lecitina (Arch. di Fisiologia, vin, fasc. 5, 399-409). — ScHULZE. ï'cher ilie zur Darsh'Uinuj von Lnlthin und andere Phosphatiden an Pflanzen- samen renrrndharrn Mrlhmlni iZril. f. physi,,!. Chcm., xvii, 207, 1893). — Stoklasa. Ueber die physiol. Bedeutung îles Lecithin in den Pflanzen {lier, der deutsch. Ges., xxis, 270, 1896). — Danilewski. De l'influence de la lécithine sur la croissance et la multiplication des organismes {C. H. Ae. des Se., cxxi, 1167, 1895 et cxxiii, 1896, 195). — Sero.xo. Sur DICT. l)K PIIYSIOT.OCIE. 114 LEOALLOIS. les injections de lécithine chez l'Iiomme et chez les animaux {Giorn. cl. R. Accad. med. di Torino; Arch. ital. de Biol., xxiii, 1897). — Wildiers. Inutilité de la lécithine comme exci- tant de la croissance {La Cellule, xxvii, n" 2, 383, 1900). — Balthazard. Les lécithines du foie à l'état normal et pathologique {B. B., lv, 1901, 922). — Lépine. Sur la relation existant entre l'état graisseux du foie {avec augmentation de la lécithine hépatique) et le phosphore incomplètement oxydé de l'urine {Ibid., xliii, 1901, 978). — Uesgrez et Zaky. Influence des lécithines sur les échanges nutritifs {Ibid., 1900, 794; Journ, de Physiol. et Pathol. générale, 1901; C. R. Acad. des Se, cxxxii, 1901, 512. — Claude et Zaki. La léci- thine dans la tuberculose {Ibid.. cxxxin, 1901, 486). — Gilbert et Fournier. La lécithine en thérapeutique [C. R. B. B., 1901, 145). — Carrière. Influence de la lécithine sur les échanges nutritifs [C. R. Acad. des Se, cxxxiii, 1901, 314). — Bernard (Léon), Bigart et Labbé (Henri). Sur la sécrétion des lécithines dans les capsules surrénales {C. R. B. B., lv, 1903, 120). — Gillot. Contribution à l'étude des composés organiques du phosphore {Thèse de la Faculté de méd. de Paris). — Doyon et Morel. La lipase existe-t-elle dans le sérum normal? {C. R. B. B., liv, 1902, 243-498). — Billon et Sïassamo. Action de quelques com- posés phosphores sur la nutrition {Ibid., 1903, 775). — Morichau-Beaughant. Étude théra- peutique sur la lécithine {Thèse Fac. de Méd. de Paris, 1901). — Yoshimoto. Ueber den Einfliiss des Lécithins auf den Stoffivechsel (Zeit. f. physiol. Chemie, lxiv, 464). — Vay. Action immunisante des extraits lécithines de bacilles pesteux {Deutsch. med. Wochenschr., 24 déc. 1908, 2265). — Kyes. Sur les lécithines du venin des serpentai {Bioch. Zclischr., viii, 1908, 42). — MuLO.N et Feuillié. De la présence des lécithines dans les cylindres leucocy- taires {granulo-graisseux) {B. B., xliv, 1908, 670). — Glikin. Sur la signification biolo- gique de la lécithine {Bioch. Zeilschr., vu, 286-297, 1907. — Bolle. Ueber den Lecithinge- halt des Knochenmarks von Menschund Haustieren (Ibid., xxiv, 179-191). JIESGREZ. (Octobre 1910.) LEGALLOIS (Julien-Jean-César), né à Chemeix en Bretagne le 1'^'' avril 1770, mort à Paris dans les premiers jours de février 1814, médecin et physio- logiste éminent, exerça sur l'évolution de la science expérimentale au début du xix"^ siècle une inlluence considérable. L'histoire de la vie de Legallois est intéressante; elle a été écrite par son fils Eugène et figure comme introduction dans la publication de ses œuvres, en 1824. Orphelin à l'âge de 13 ans, Legallois consacra les faibles ressources dont il disposait à acquérir une solide instruction : après avoir terminé ses études moyennes au collège de Dol, il s'inscrivit à l'Université de Caen, où il s'appliqua surtout aux mathématiques et à la philosophie; à 19 ans, il aborda l'anatomie, puis il partit pour Paris où il comptait poursuivre ses études médicales. Une grave maladie vint contrarier ses projets, puis les troubles révolutionnaires l'empêchèrent de les exécuter. Mêlé au mouvement qui agitait la France, Legallois fut chargé d'une mission dans son propre département où il eut à surveiller l'exploitation des salpêtres; lorsque la tourmente fut passée, Legallois, qui n'avait plus de ressources, demanda et obtint d'être envoyé comme élève salarié à l'école de médecine de Paris. A maintes reprises Legallois avait fait preuve d'intelligence et d'initiative; déjà en 1792 il avait adressé au ministre de la Guerre une lettre demandant la création d'une école de médecine clinique; en revenant à Paris, ou l'enseignement clinique était alors négligé, il rédigea une pétition demandant aux magistrats du peuple la création d'une chaire de médecine pratique et priant qu'elle fût confiée au citoyen Corvisart. 11 suivit assidûment les leçons de ce maître et s'exerça aux opérations chirurgicales sous la direction de Desault; poursuivant en même temps ses études littéraires, il se familiarisa avec le latin, le grec, l'italien et l'anglais. En septembre 1801, il soutint une thèse sur la question suivante : Le sang est-il identique dans tous les vai^^séaux qu'il parcourt? Le titre seul suffit à démontrer le peu de développement des connaissances physio- logiques contemporaines; plus démonstrative encore à cet égard est l'allure générale de cette dissertation; le soin avec lequel sont rapportées les opinions des plus anciens LEGALLOIS 115 auteurs, le souci de la discussion méthodique à propos d'un fait qui paraît devoir être jugé immédiatement par rexpérience, la rédaction même où l'on voit chacune des pro- positions être suivie d'une série de corollaires dans une forme qu'un scoliaste ne désa- vouerait pas, tout indique que l'auteur est encore empêtré dans les lisières de l'argu- mentation logique. Cet opuscule marque bien la période de transition entre les anciens errements encore en vigueur dans les écoles el les révélations de l'expérimentation naissante. Dans la suite, Legallois se dégagera tout à fait des formes surannées qui caractérisent sa première publication. Médecin par nécessité, physiologiste par instinct, Legallois ne manqua point de trouver jusque dans sa pratique obstétricale maint problème à résoudre; c'est ainsi qu'un cas particulier d'accouchement l'amena à rechercher combien de temps peut survivre un fœtus à terme qui n'a pas en(;ore respiré à l'air et qui se trouve privé de la respiration placentaire. Il expérimenta aussitôt sur des cobayes, des lapins, des chats et des chiens. Ayant constaté, au cours de ces recherches, que la décollation détermine la mort par asphyxie, il chercha à entretenir la vie chez des animaux dont il avait sectionné la moelle cervicale, en employant le procédé de la respiration artificielle par insufflations trachéales. Le fait que l'animal décapité peut survivre si on l'empêche d'asphyxier paraissait en contradiction avec les anciennes doctrines qui attribuaient au cerveau un rôle essentiel en tant que source de la vie. Legallois arrive à convaincre que le principe de la vie du tronc est dans le tronc même, affirmation qui devait conduire logiquement son auteur à une étude approfondie des fonctions de la moelle épinière. Poursuivant, chaque fois que ses occupations lui en laissaient le loisir, ses intéres- santes expériences, Legallois opère des sections diverses de la moelle épinière chez les animaux et observe avec exactitude les symptômes consécutifs au lésions expérimen- tales; il reconnaît que si le cerveau agit sur la respiration, c'est par l'intermédiaire de la moelle. «' Ce n'est pas du cerveau tout entier que dépend la respiration; mais bien d'un endroit assez circonscrit de la moelle allongée, lequel est situé à une petite dis- tance du trou occipital, et vers l'origine des nerfs pneumo-gastriques. Car, si l'on ouvre le crâne d'un jeune lapin et que l'on fasse l'extraction de son cerveau par portions suc- cessives, d'avant en arrière, en le coupant par tranches, on peut enlever de cette manière tout le cerveau proprement dit et ensuite tout le cervelet et une partie de la moelle allongée. Mais elle (la respiration) cesse subitement lorsqu'on arrive à com- prendre dans une tranche l'origine des nerfs pneumo-gastriques. « On pourrait donc décapiter un animal de manière qu'il continuât de vivre de ses propres forces et sans le secours de l'insufflation pulmonaire. » Ce texte suflit à établir que la découverte du centre bulbaire de la respiration a été faite par Legallois en 1808. Il y a du reste, dans les « expériences sur le principe de la vie » datant de cette époque, un grand nombre de faits absolument nouveaux relatifs à la vie des nerfs, aux fonctions de la moelle épinière, au rôle de la circulation sanguine dans la nutrition des centres nerveux. Les résultats si brillants obtenus depuis cinquante ans par la méthode des circulations artificielles sont pr(.'vus et prédits par Legallois quand il affirme que s'il existait quelque moyen de suppléer à la circulation naturelle < on pour- rait ressusciter un cadavre quelque temps après la mort ». Eugène Legallois, reprenant cette idée paternelle avec un filial enthousiasme, a inséré dans l'édition des œuvres de Legallois en 1824 une note intitulée : De la possibilité d'opérer une résurrection. Il indique le plan d'expériences à faire pour « reporter la vie dans les foyers nerveux d'un animal en y faisant arriver un sang vivifié et échauffé dans des poumons » ; il s'excuse de ne pas avoir les moyens de réaliser ces expériences, elles ont, comme on le sait, été faites depuis avec un succès qui justifie absolument les pré- visions de Legallois. Certes celui-ci faisait erreur en supposant que le <( principe de vie » est porté de la moelle aux organes ou encore que « les mouvements du cœur puisent toute leur force dans cette moelle »; mais si ces interprétations étaient erronées, les faits expérimen- taux que Legallois a mis en évidence sont restés inattaquables. L'article Anatumie et phi/siologic du cœur, écrit par Legallois pour le Dicliomiaire 116 R. LEPINE. encyclopédique, et mieux encore les deux mémoires <> sur la chaleur des animaux que l'on entretient en vie par l'insufflation pulmonaire » attestent les progrès immenses réalisés par l'auteur dans la technique de ses expériences : les procès-verbaux pour- raient, aujourd'hui encore, servir de modèles. C'est l'illustre collaborateur de Lavoisier, l'auLear de la Mécanique céleste, c'est Laplace qui avait engagé Legallois à entreprendre des expériences sur la chaleur des animaux; c'est à Laplagil que Legallois avait dédié ses expériences sur le principe de la vie et il semble bien que la filiation puisse s'établir ainsi entre le fondateur de la chimie biologique et le prédécesseur de Mage.ndie. En lisant les écrits de Legallois, il semble que l'on assiste à Téclosion d'idées encore imparfaitement assurées dans lesquelles on reconnaît, non saus émotion parfois, les grandes directions que la physiologie allait prendre et dont Claude Bernard devait donner les lumineuses formules. Legallois n'a pas entrevu leur heureuse 'destinée : ayant épuisé ses ressources en poursuivant ses expériences, il demanda et obtint la place de médecin de Bicêtre; il avait toujours été le médecin des pauvres; il trouvait à Bicêtre, avec une aisance assurée, une sorte de ministère de la bienfaisance; il aurait pu sans doute y vivre quelques années paisibles tout en continuant ses recherches; mais la mort vint le surprendre brusquement : atteint d'une fièvre soudaine, il se condamna lui-même, et, six jours après, mourut, à l'âge de quarante-quatrr ans. PAUL HEGER. Bibliographie. — i. Le sany est-il identique dans tous les vaisseaux qu'il parcourt? (Thèse de Paris, an XIII, in-8). — ii. Recherches chronoloqiques sur Hippocrate, Paris, 1804, in-8). — m. Recherches sur la contagion de la fièvre jaune (Paris, ISO.'J, in-8). — IV. Expériences sur le j^rincipe de la rie, notamment sur celui des mouvements du cœur et sur le siège de ce principe (Paris, 1812, in-8). — v. Articles du Dictionnaire des sciences médicales. — vi. Œuvres de César Legallois, avec des notes de M. Pariset, Paris, 1824, 2 vol. in-8. (L'édition renferme une Notice sur Vauteur par Eugène Legallois et une courte dissertation du même sur la possibilité d'opérer une résurrection.) — vu. Expé- riences physiologiques sur les animaux, tendant à faire connaître le temps durant lequel il peuvent être sans danger privés de la respiration soit à l'époque de Caccoucliement lorsqu''ih nont point encore respire, soit à. différents âges après la naissance. Imprimé en 1835 sous les auspices de l'Acad. roy. des Sciences de l'Institut de France, brochure. LÉPIDINE v. Quinoléine). LÉPINE (Raphaël), (Lyon, 18tOi, professeur à la Faculté de médecine de Lyon (1877). A. Nerfs vaso-dilatateurs et troubles vaso-moteurs. Troubles vaso-moteurs des membres dans quelques affections fébriles et spécialement dans la pneumonie [B. B., 1867, 133); — Variations de température des membres pai-alysés relativement aux membres sains [Mém. Soc. de Bioh, ii, 1868, 18); — Sur la température des nouveau-nés {Mém. Soc. de Biol., 1869, 207); — Sur un cas d'hémiplégie survenue dans le cours d'une pneumonie (B. B., 1869, 346); — Développement et diffusion du ferment saccarifiant [Arb. aus der physiol. Anstalt zu Leipzig, 1870); — De l'influence qu'exercent les c.ccitalions du bout périphérique du nerf sciatique sur la température du membre correspondant (Mém. Soc. Biol., 1876, 21); — État parétique des membres du côté correspondant à un empyème (Soc. méd. des hôpitaux de Paris, 1875) ; — Analyse chimique de la substance cérébrale dans deux cas d'hémiplégie réjlexe [Hev. de méd., 1886); — Taches ecchymotiques de la muqueuse stomacale d'un cobaye B. B., 1870, 38). B. Divers sur le cerveau. Structure des canaux périvasculaires dans les centres nerveux {B. B., 1867, 173 ; — — Note sur deux cas d'hémorrhagie sous-méningée [Mém. Soc. Biol., 1867, 45); — Canaux périvasculaires des centres nerveux dans les méningites {A. d. P., 1869); — De l liémiplegie pneumonique {Th. in., Paris, 1870);— Fréquence des lésions cérébrales par contre-coup {Bull. Soc. anat., 1873, 800 et Rev. de méd.. 1896, 655); — Hémiplégie diabétique {Rev. de méd., 1886). R. LE PI NE. 117 C. Localisations cérébrales. Des localisations cérébrales [Th. d'ayrég., 187GJ; — Sur une particularité relative à la rotation de la tête et à la déviation conjuguée des yeux dans certains cas d'apoplexie (B. B., 1873, 23); — Excitation des parties superficielles du cerveau et leurs effets sur le cœur et les sécrétions [B. B., 1873, 231)-,— Excitation faradique des héndsphères cérébraux. Action sur le cœur [B. B., 1875, 335); — Influence de l'excitation du cerveau sur la sécrétion salicaire (avec Bochefontaine) [B. B., 1875, 257); — Purah/sie glosso-labice cérébrale à forme pseudo-bulbaire [Revue mensuelle, 1877 et'Ber. de méd., ]mn 1899); — Trismus d'origine cérébrale (fier, de méd., 1882); — Localisation corticale des mouvements du pouce [Rev. mensuelle, 1878 et Rev. de méd., 1883, 5G9 ; 1886, 6o5) ; —Cécité psychique [Rev. de méd., 1897). D. Épilepsie. Hystérie. Épilepsie pléthorique [Rev. mensuelle, 1877 et fier, de méd., 1881, 80; 1883, 572); — Actes réflexes partie de la plèvre et déterminant des convulsions épileptiformes ou des para- lysies [B. B.. 1876, 139); — Un cas d' épilepsie grave amélioré par l'emploi combiné des sai- gnées et de la diète lactée et amylacée [B. B., 1877, 279) ; — Épilepsie et pouls lent [Lyon médical, 1884 et Rev. de méd., 1910) ; — Somnambulisme avec surdité pour les sons non écoutés (Rev. de méd., 1894; 1896, 646); — Théorie mécanique de la paralysie hystérique, du somtmmbulisme, du sommeil naturel et de la distraction [B. B., 1895, 95); — Mécanisme des paralysies hystériques [Rev. de méd., 1896, 650). E. Nutrition. Urine. Influence de la privation de nourriture sur la croissance chez les cobayes [B.B., 1874, 351); — Influence de la croissance sur la perte de poids chez les jeunes animaux privés de nourriture (B. B., 1874, 352) ; — Art. i' Inanition ^>du nouv. Dict. de méd. et de chirurgie, 1872) ; — Excrétion du phospliore par l'urine [Revue mensuelle, 1879) ; — Phosphore incom- plètement oxydé (C. fi., 1884) ; — Soufre non complètement oxydé de l'urine [Rev.de mcd., 1881 et C. R., 1883) ; — Contribution à l'étude de l'excrétion de l'azote total et de l'azote des matières cxtractives par l'urine [B. B., 1880, 332); — Sur l'albumine rétractile (avec Caze- neijve) [B. B., 1880, 377 et 935); — Sur l'excrétion du soufre par l'urine [B. B., 1880, 334) ; — Sur la périodicité régulière à type généralement neutre des maxima et des minima de l'excrétion diurne de l'urée [Mém. Soc. Biol., 1882, 6); — Sur l'acide phosphorique et le phosphore non complètement oxydé dans l'urine des épileptiqucs [B. B., 1884, 499); — Cys- tite produite par le micrococcus ureae (avec E. Roux) (C. fi., 1885) ; — Sur la toxicité des urines chez les pneiimoniques [B. B., 1889, 301); — Sur la détermination quantitative de l'acide phospho-glycérique dans l'urine à l'état physiologique et dans diverses conditions anormales, notamment dans le foie gras (avec Eymonnet [B. B., 1882, 622) ; — Note relative à l'action du bain à température excessivement basse sur la composition de l'urine [B. R., 1880, 80) (avec Flavakd); — Des effets de la saignée sur la composition de l'urine chez les chiens à l'inanition [B. B., 1880, 89) (avec Flavard). F. Cœur et sang. Sur une méthode pour doser les gaz du sang chez l'homme yB. B., 1873, 74) ; — Analyse des gaz des liquides pathologiques [B. B., 1873, 113) ; — Sur un caractère sphygmographique qu'on peut observer dans certains cas de rétrécissement mitral [B. B., 1873,163) ; — Sur un procédé propre à augmenter l'amplitude du pouls dans rasystolie [B. B., 1873, 104) ; — Xiite sur la chaleur développée pendant la coagulation du sang [B. B., 1876, 56); — Détrnnoia- tion de l'alcalinité du sang chez, l'homme {B. B., 1878, 84) ; — Sur l'écartement des systoles auriculaire et ventriculaire dans certains cas de bruits de galop [B. A., 1882, 97);— Note sur ta présence temporaire dans le sang humain d'un très grand nombre de globules rouges très petits [microcytes) (avec Gkrmo>;t (U.) [B. B., 1877, 164) ; — Influence des saignées sur l'apparition dans le saiig humain de petits globules rouges [microcytes (avec Germont (U.) (B. B., 1S77, 278);— Sur la numération des globules rouges chez l'enfant nouveau-né (avec Germont (U.) et Schlemmer) (B, B., 1876, 44); — hxfluence de réchauffement et du refroi- dissement du cœur sur les effets de l'excitation du «er/vagiie (avec Trido.n) [Mém. Soc. Biol., 1876, 38); — Anémies pernicieuses [Rev. de méd., 1877); — Augmentation de la valeur globulaire dans l'anémie cancéreuse [Lyon méd., 1900); — Réduction de l'oxy hémoglobine (avec Bonlud) [C. R., 10 avril 1905); — Origine de l'oxyde de carbone existant à l'c.t(it vor-. mal dms le sang [Journ. de physiol., juillet 1906), 118 LEUCINE G. Glycosurie. Diabète. Communications nombreuses à partir de 1889 dans Lyon médical, et à partir de 1890 dans les Comptes rendus de l'Acad. des Sciences (1890-191.3). L'indication bibliographique complète est donnée à l'art. Glycolyse de ce Dictionnaire et surtout dans le Diabète sucré, 1 vol. in-8, Paris, 1909, 700 p.:. Voir aussi Revue de médecine 1910 et 1911. H. Digestion. Glandes digestives. Absorption et sécrétion dans les divers segments de Vintestin grêle [Arch. de physioL, 1883); — Crampe du pylore (Sem. médic, 1901, 161); — Résorption éventuelle de la bile par le réseau veineux sus-hépatique [B. B., 1896, 998); — Gastrexie [Soc. méd. des hop. de Paris, 1883); — Résorption de la bile par les veines sus- hépatiques (avec P. Aobert) {B. B., 1885, 767); — Rech. exp. 'sur la question de savoir si certaines cellules des glandes dites à pepsine de l'estomac présentent une réaction acide [B. B., 1873, 3ol); — Température du pancréas comparée à celle du foie (Arch. de méd. exp., 1899); — Traitement du hoquet par la traction de lalangue [B. B., 1896, 13o). I. Thérapeutique. Pharmacodynamie. Sur l'action du furfurol [B. B., 1887, 437); — Sur l'altération du sang produite par Vacétanilide et par la dioxynaphtaUne (B. B., 1887, 517) ; — Sur le mécanisme de la glyco- surie consécutive à remjjoisonnement par la vératrinc [B. B., 1892, 554); — Valeur de la caféine [Lyon, méd.^ 1882); — Vacétanilide [Rer. de méd., 1887); — La terpine [Rev. de méd., 1885, 136 et 538); — Etude physiologique des nouveaux antipyrétiques [Arcli. de méd.expér., 1889 et 1890); — Faut-il traiter la fièvre? {Sem. méd., 1900; Lyonméd., 1910); — Action contraire ou paradoxale des médicaments {Sem. méd., 1888, 149; 1894, 121); — Phénomènes réactionnels {Semaine médicale, 30 janv. 1907). J. Divers. Action des rayons X sur les tissus animaux (avec Bonlud) (C. fi., 11 janv. 1904); — Action des rayons X sur le corps thyroïde (B. B., 23 janv. 1904); — Fièvre typhoïde chez le chien (C. fi., 1897 et fier, de méd., 1899). LEUCINE. — f'a leucine (de àejzj;, blanc) a été trouvée par Pboust (1) (1818), parmi les produits de la putréfaction du gluten et du fromage en présence de l'eau, puis par Braco.nnot (1820) (2), parmi les produits de décomposition de divers pro- téiques, gélatine, etc. Jusqu'en 1891, on a admis que la leucine est l'acide a-aminoca- proïque normal CH= — CH^ — CH^ — CH- — CH — NH^ — CO^H, identique, au pouvoir rotatoire près, à l'acide de synthèse qu'HiiF.xER (3) avait obtenu en partant de l'acide caproïque de fermentation ou acide normal. Mais, parles travaux de Sghultze et Likier- NiK (4), confirmés et fortifiés par ceux de E. Fischer (5), de E. Fischer et Hagenbach (6), il est établi aujourd'hui que la leucine naturelle est Vacide a-an/mo-isobutylacétique (CH3)2 = CH — GH2 — CH — NH3 — GOOH sous sa forme lévogyre (Meucine). La leucine de synthèse (voy. plus loin au mot leucine racémique) est un racémique, la d/-leucine, que l'on a réussi à dédoubler en /-leucine, identique à la leucine naturelle, et en acide dextrogyre, la rf-leucine. La leucine racémique et la rf-leucine sont uniquement des produits de laboratoire; seule, la leucine a été trouvée dans la nature. A côté de cette /-leucine naturelle, E. Ehlrich (7) a placé, en 1904, une isoleucine dextrogyre (f/-isoleucine), extraite par lui des mélasses de sucrerie, désucrées-par la strontiane, et qui se trouve aussi parmi les produits de l'hydrolyse des protéiques, à côté de la leucine. Par les recherches synthétiques de F. Ehrlkjh (8), puis, d'une manière plus précise encore, par celles de Bolveault et R. Locquin (9), de R. Locquix (9 bis), cette d-isoleucine a été identifiée avec l'acide oi-amino-p-méthyl-^t-éthyl-propio- nique dextrogyre. CH=\* * On remarquera que cette formule contient deux atomes «le carbone asymétriques (marqués chacun par un astérisque), tandis que celle de la leucine n'en présente quun seul. On prévoit donc pour ce composé deux racéiniques, dédoublables chacun en un produit droit et en un produit gauche. On a appelé l'un de ces racémiques (celui dont le LEUCINE. 119 composant droit est Fisoleucine naturelle, ou d-isoleucine) isoleiicine (f//-isoleucine), et l'autre allo-isoleucine (rf/-allo-isoleucine). On connaît l'isoleucine racémique (c'est le pro- duit de synthèse d'EHRLicH et de Bocveault et Locquin), et on l'a dédoublée en ses deux composants, le droit, identique à la f/-isoleucine naturelle, et le gauche. De ces trois isoleucines, le produit droit a été seul trouvé dans la nature; c'est l'isoleucine natu- relle. Les deux autres sont des produits de laboratoire. Quant aux allo-isoleucines, elles ne sont encore qu'incomplètement connues, et aucune d'elles n"a été rencontrée dans la nature. Les deux seules leucines naturelles sont donc actuellement la l-leiicine et la d-iso- leucine. Cependant l'existence, dans les protéiques, d'un troisième noyau de lèucine (dextrogyre), qui serait l'acide oL-aminocaproique normal, CH3 — CH2 — CH2 — CH2 — CH.NH2 — COOH devient de plus en plus probable (E. Abderhalden et A.'Weil) (9 ter). Leucine gauche. — Or/.g/ne. Voici, d'après E. Abderhalden (10), les quantités de leucine qu'a fournies l'hydrolyse des divers protéiques pour 100 parties en poids de protéique desséché à 100'% et supposé exempt de cendres : Sérumalbumine, 20,0; ovalbumine, 7,1 ; lactalbumine de vache, 19,4; sérumglobuline, 18,7; édestine de semence de chanvre, 20,9; édestine de semence de^coton, 15,3; édestine de semence de tournesol, 12,9, édestine de semence de courge, 4,7; globuline de fèves de soja, 8, b; légumine, 8,2; globutine de BerthoUetia excelsa, 8,7; amandine de Prunus amygdalus, 4,45; gliadine de farine de froment, 6,0; zéine de maïs, 18,6; hordéine de l'orge, o, 7; gliadine de farine de seigle, 6,3; gluten de farine de froment, 6,0; leucosine de farine de froment, 11,3; conglutine de semence de lupin ,6,73; avénine de l'avoine, 13,0; albumine de semences de pin, 6,2; fibrine du sang, 15,0; caséine du lait de vache, 10,3; caséine du lait de chèvre, 7,4; vitelline du jaune d'œuf, 11,0; histone du thymus, 11,8; globine de l'oxy- hémoglobine de cheval, 29,0; globine de l'oxyhémoglobine de chien, 20,9; flbroïne de soie, 1,3; soie de NejJhila maduga^cariensis, 1,8; élastine, 21,4; ichtylépidine des écailles de Cyprinus carpio, 15,1; membrane coquillière de l'œuf de poule, 7,4; mem- brane des œufs de ScyUium stellare, ^6,S, coïline de l'estomac de poule, 13,2; spon- gine, 7,3; kératine de corne de bœuf, 18,3; kératine de corne de mouton, 13,3; kératine de crin de cheval, 7,1 ; kératine de plume d'oie, 8,0; kératine de laine de mouton, 11,5; gélatine, 2,1. Un tableau plus étendu (avec bibliographie complète) a été dressé récem- ment par (jkza Zemplén (10 bis). Depuis que l'on connaît l'isoleucine, qui accompagne la leucine dans les protéiques, on se rend compte que les poids de leucine cités ci-dessus comprennent une certaine quantité d'isoleucine (et aussi de valine, très diffi- cile à séparer de l'isoleucine). Néanmoins, E. Fischer estime que les chiffres ci-dessus ne sont pas trop élevés, sans doute à cause des pertes inévitables. On a trouvé en outre, la leucine dans le contenu intestinal et parmi les produits de l'hydrolyse trypsique des protéiques, dans le pancréas, la rate, le thymus, les glandes lymphatiques, la glande thyroïde, le foie, le rein. Mais ces recherches n'ont pas tou- jours porté sur des organes tout à fait frais, en sorte que la leucine trouvée a pu pro- venir de l'autolyse des protéiques des tissus. Cependant, il est certain que le foie frais (chien), que la chair de beaucoup de poissons (Suzuki et Joshimara (10 ter) contiennent de la leucine. On en trouvé aussi dans le corps des invertébrés et dans les tissus des plantes, et notamment dans les jeunes plantules (E. Schulze), dans les tubercules de pommes de terre, dans divers champignons, dans le seigle ergoté, etc. La leucine appa- raît aussi dans un grand nombre de tissus ou de productions pathologiques, dans le foie, la bile, le sang et l'urine au cours de l'atrophie jaune aiguë ou de l'intoxication par le phosphore (11) ; dans l'urine au cours de la cirrhose du foie (12), de la cystinurie (13), de l'ictère (rarement) (14), dans le pus, ce qui n'a rien de surprenant, puisque les globules du pus sont riches en diastases protéolytiques, Synthèse et préparation. — La synthèse de la leucine naturelle a été faite en dédou- blant en ses deux composants la leucine racémique de synthèse (voy. plus loin), prise sous la forme de son dérivé benzoylé, ou mieux de son dérivé formylé, et combinée à la cinchonine (pour le dérivé benzoylé), ou à la brucine (pour le dérivé formylé). Le sel liO LEUCINE. de la forme droite rristallise d'abord, et celui du dérivé gauche reste dans les eaux mères (E. Fischer; E. Fischer et 0. Warburg (15). Pour ]3i préparation. Rohmann part de lanutrose du commerce (caséinate de sodium) ; 500 grammes de ce produit sont mis à digérer à 'M\°, pendant huit jours, avec 2;i centi- mètres cubes de CO^Na-, ii litres d'eau'constitués en partie par l'extrait aqueux (plus CHCI'^) de 1,300 grammes de pancréas, le tout additioimé de 50 centimètres cubes d'une solu- tion alcoolique de thymol à 10 p. 100. On sépare la tyrosine qui s'est déposée pendant la digestion, on neutralise par HGl et on concentre.' I.a leucine brute qui se dépose est purifiée en passant par le chlorhydrate de la leucine éthyiique (Rohmann) (16). — On peut aussi faire l'hydrolyse du protéique (caséine, corne, élastine du ligament de la nuque du bœuf, etc.) par HCI fumant ou par SO^H'^ à 30 p. 100 à l'ébuUition, pendant vingt heures, ou mieux encore par HFl à 30 p. 100 pendant une centaines d'heures au bain- marie (Hugounenq et Morel (17). Quand l'hydrolyse est achevée, on précipite SO'H- ou HFl par la chaux, on concentre (en séparant la tyrosine qui se dépose d'abordi jusqu'à cristallisation de la leucine brute. Celle-ci est purilîée par le procédé d'éthéritica- tion de E. Fischer (18) ; c'est-à-dire que la leucine brute, transformée en éther éthyiique, est distillée dans le vide sous 11 millimètres de pression. La majeure partie de la leu- cine éthyiique passe de 83° à 85°. On en dégage la leucine libre par saponification avec l'eau, E. Fischer (19). Avec 1 kilogramme d'ovalbumine brute, Hl'gounenq et Morel (17) ont obtenu, par hydrolyse chlorhydrique, sulfurique ou Uuorhydrique, respective- ment 80, 112 et 156 grammes de leucine. Mais depuis que l'on connaît l'isoleucine, on se rend compte que la leucine ainsi obtenue est toujours accompagnée d'isoleucine et aussi de valine (19 bis) (voyez, plus bas). Dans la caséine, Levenne et D. van Slyke (20) ont trouvé 7,92 de leucine, 1,43 d'isoleucine et 6,69 p. 100 de saline. La séparation, très laborieuse, peut être réalisée en transformant le produit en un sel de cuivre et en épuisant un grand nombre de fois, par l'alcool méthylique, qui dissout l'isoleucine et la valine cuivriques mélangées à la leucine. Ebrlich et Wendel (21), Levenne et D. van Slyke (20) ont décrit un [procédé permettant de séparer la saline de la leucine et de l'isoleucine. Pour la séparation de la leucine en présence d'autres acides aminés (tyro- sine, pbénylaianine, alanine, valine), voy. les travaux de J. Habermann et Ehrenfeld, de Schulze, de Levenne et van Slyke (21 bis). Propriétés. — (La plupart des indications qui suivent se rapportent à des prépara- tions de leucine qui contenaient évidemment des quantités variables d'isoleucine.) La leucine pure est en pailllettes blanches, souvent associées en choux-lleurs; moins pure, elle est en sphères à structures rayonnées ou en amas amorphes. Sa saveur est fade et un peu amère. L'eau la mouille difficilement. Elle se dissout dans 40 parties d'eau à 20°, et fond en tube fermé à 295°. En solution aqueuse à 2,21 p. 100, elle donne [a]'"' =— t0°,42. Eli solution dans HCI à 20 p. 100, où elle devient dexlrogyre, elle donne, à 3,66 p. 100, Ia]'"°= + 15°, 53 (Ehrlicu et Wendel) (21). Sa densité à 18° est de 1,293 (Engel et Vilmain) (22) et sa chaleur de combustion moléculaire BSi^-'^SO (Berthelot et André) (23), SoS'"'",» (E. Fischer et Wrede) (24). Chauffée, la leucine se sublime bien au-dessous de son point de fusion, en donnant des ilocons blancs et en dégageant une odeur d'amylamine, produit qui se forme à partir de la leucine par perte de C0-. Chauffée dans un courant de HCI ou de CO-, elle donne, par l'union de deux molécules et perte d'une molécule d'eau, un corps cyclique, la leu- cinimide. Chauffée avec de l'eau à 150°, elle n'est pas altérée; mais, à cette tempéra- ture, l'eau de baryte la racémise (Schulze etBossHARn; E. Fischer (4) (5). Par sa fonction acide, la leucine se combine avec les bases et les alcools, en donnant des sels et des éthers ; par sa fonction aminé, elle se combine aux acides pour donner aussi des sels; ou bien elle donne naissance, par des substitutions dans le groupe NH-, à des dérivés nombreux, dont plusieurs sont très précieux pour caractériser ce corps. Le sel de cuivre (CMl^-^0-)-Cn est en écailles d'un bleu pâle, très peu soluble dans l'eau (1 partie pour 1400 parties d'eau bouillante, d'après Hofmeister) (25), plus soluble quand la substance est impure, peu soluble dans l'alcool méthylique, ce qui permet de le séparer de l'isoleucine et de la yaline (Lhrlicu et Wenpel) (21 1. Les solutions de leucine LEUCINE. 121 sont colorées en bleu par la solution de sulfate de cuivre, en rouge par celle de per- chlorure de fer, mais les colorations ne sont pas intenses. En solution alcaline, la leu- cine dissout l'oxyde cuivrique , mais ne le réduit pas à chaud. — l,e sd d'argent est en aiguilles peu solubles. — Les sels de mercure ne donnent un précipité blanc avec les solutions de leucine qu'en présence d'un peu de carbonate de sodium. — Le chloroplali- nate (C*^H''NO-)''H-PtCl" est un précipité jaune cristallin qui se forme quand on mélange une solution de chlorure de platine à une solution chlorhydrique concentrée de leucine (2G). — V acide pli ofphotungstique ne précipite pas la leucine en présence d'un excès d'acide chlorhydrique ou d'un excès du réactif; cependant Levenne et Beatty (27) rapportent que 1 centimètre cube d'une solution d'acide phosphotungstique à 1 p. 4, ajoutée à .3 centi- mètres cubes d'une solution de leucine à 10 p. 100, pri'cipite à l'état huileux 56,4 p. 100 de l'acide aminé. La précipitation n'a donc lieu qu'en solution très concentrée, conditions que les liquides physiologiques ne remplissent jamais pour la leucine. — Le chlorlu/drate de la /-leucine est une masse cristalline blanche (Rohmann) (28). — La l-leucine éthyliqiie est un liquide à odeur désagréable, bouillant sous H millimètres à 83°, Ji (E. Fischer) (29). Son chlorlnjdrate est cristallisé, et fond à]i;i4° (Rohma.xn) (28\ — La benzotjl-l-leucine est en cristaux fondant à 105°-107°) (corr.) E. Fischer) (15). — La benzène-sidfo-l- leucine forme des aiguilles fusibles à H9°-120<» (corr.) (E. Fischer) (19). — La p-naphtalène-sidfo- l-leucine est en prismes allongés, minces, fusibles à 00"-G7», solubles dans 400 p. d'eau bouillante. On la prépare d'après la méthode de E. Fischer et Hergell (30). — La fortnyl- l'leucï)ie est en cristaux fondant à 139'^-142° (E. Fischer et Warburg(15). — La combinai- son avec Visocyanate de naphthylc est en prismes peu solubles, fondant à 163°, 5 (Neuberc et Manasse) (31). — La carbimide de la l-leucine cthylique ou acide cL-iiramido-isobul y lacé- tique est liquide, et bout sous 18 millimètres à 128''-130°, et par l'action de NH^ sur cette imide et saponification ultérieure, on ohtleniVacide l-leucinc hydantoique ou acide a.-ura- mido-isobutylacétique (CH3)2 = CH — CH^ — CH (NH — GO — NH^) — COOH, en aiguilles fu- sibles à 2000-210", à 205° d'après Lippich. Ce corps se forme aussi par fusion de la leucine avec l'urée (Hugounenq et Morel) (32), ou plus simplement par ébuUition de la leucine et de l'urée avec un excès d'eau de baryte (voy. plus loin) (Lippich). Cet acide, très peu soluble dans l'eau (1 p. 17 00 à 20°), se déshydrate facilement par chauffage au delà de 150° (HuGOUNEiNQ et Morel) (32), ou plus simplement par ébuUition avec de l'acide sulfurique ^74 (Lippich) (33), et donne Vhydanloine de la leucine, ou isobutyl-hydantoïne (CH3)2 = CH — CH2 - CH(CO) - NH - CO — NH I I corps cristallisé en grandes écailles, brillantes que l'éther abandonne en belles aiguilles fusibles à 212°. Signalons aussi la leucine-tyrosine-urée, composé analogue a.nx polypep- ticles de E. Fischer (voy. ce mot) (Hugounenq et Morel) (32). — Oxydée par l'eau oxygénée, la leucine donne de l'isovaléraldéhyde, de l'acide isovalérique, de l'acétone, de l'am- moniaque, et probablement de l'acide isobutyrique (Dakin (34). Voici maintenant comment se comporte la leucine vis-à-vis des réactifs générale- ment employés dans l'étude de l'urine, où la question de la recherche de la leucine se pose souvent. La leucine est précipitée par l'acétate. de plomb et l'ammoniaque (sépa- ration de la valine d'après Levenne et Jacobs) (35). L'action de divers sels, de l'acide phosphotungstique a déjà été indiquée plus haut. Chauffée avec de l'acide phosphorique à 150°, elle n'est pas attaquée et, à ia même température, la solution alcaline de chlo- rure de baryum n'en sépare que des traces de CO^, constatation intéressante au point de vue du dosage de l'urée par hydrolyse dans ces conditions. Dans le procédé de dosage de l'urée d'après M^jR^(ER et Sjœqvist, un peu de leucine passe dans le filtrat éthéro-alcoolique. En présence de l'acide azoteux, elle abandonne à froid tout son azote (ScHULTZE et Likiernik (36). Enfin les réactions à l'aide desquelles on peut caractériser la leucine sont les sui- vantes, citées en partie d'après Ellinger (37). Quand on évapore de la leucine pure sur une lame de platine avec un peu d'acide sulfurique, il reste un résidu à peine visible. Si l'on additionne ce résidu de quelques, gouttes de soude et si l'on chaulTe, ia leucine ainsi traitée se dissout en donnant \]i\ 122 LEUCINE. liquide limpide comme de l'eau, ou plus ou moins coloré, selon la pureté du produit. Si cette solution est ensuite concentrée au-dessus de la lampe à gaz, le liquide restant se ramasse, à un moment donné, en une goutte huileuse, qui n'adhère plus à la lame de platine, sur laquelle elle roule et se déplace. Ce phénomène, très caractéristique, se produit même avec de la leucine incomplètement purifiée (Scherer). Une solution aqueuse de leucine, additionnée d'une trace de quinone solide et d'une goutte d'une solution de carbonate de sodium, donne une forte coloration violette. Cette réaction se produit aussi avec d'autres acides aminés et avec les protéiques (Wurster) (38). — La leucine ne donne pas, avec le furfurol et l'acide sulfurique concentré, la coloration rosée que l'on obtient avec la tyrosine. — Avec le réactif de Frœhde (acide sulfomolybdique), avec le chlorure d'or et l'acide formique (réactif d'AxENFELD), la leucine se colore en bleu, réaction qu'elle partage avec diverses autres substances ,(Pickering) (39). — La leu- cine réduit à chaud le nitrate mercureux à l'état de mercure métallique (Hofmeister). — Un très bon caractère de la leucine, c'est sa transformation en son acide hydan- toïque. On chauffe la leucine avec deux à trois fois son poids d'urée et un peu d'eau de baryte dans un ballon ouvert, jusqu'à disparition de l'odeur d'ammoniaque. On filtre ensuite, on lave le filtre avec de l'eau, et on concentre au bain-marie ; puis le liquide, filtré à nouveau, s'il y a lieu, est acidifié avec précaution par de l'acide acétique. L'acide /-leucine hydantoïque se précipite à l'état cristallisé. 11 est très peu soluble dans l'eau, facilement soluble dans les alcalis, soluble dans l'alcool, insoluble dans l'éther. L'alcool l'abandonne en longue» aiguilles, qui fondent avec dégagement de gaz à 20.îj° (Lippich) (40). On peut caractériser ainsi 1 centigramme de leucine. Physiologie. — Comme la leucine est un constituant de tous les protéiques et que dans certaines albumines elle fait plus du quart du poids de la molécule, l'histoire de ses destinées dans l'organisme représente une partie importante de l'étude de la dégra- dation ou de la synthèse des protéiques. Dans cette étude, on rencontre d'abord la leu- cine dans le contenu intestinal avec les autres acides aminés, constituants des pro- téiques (KuTSCHER et Seemann; K. Glaessner) (41,42). On ignore ce que devient cet acide aminé après, ou peut-être même déjà pendant son absorption par la paroi intestinale. Sert-elle dans la paroi intestinale même à la reconstitution de protéiques nouveaux, propres à l'espèce considérée, ou bien cette reconstruction n'a-t-elle lieu que plus loin, au niveau des tissus? C'est tout le problème, non encore résolu, de l'assimilation des pro- téiques qui se présente ici et que nous n'avons pas à étudier dans cet article. Plus loin on voit reparaître la leucine dans les tissus, et ici vraisemblablement comme produit de la dégradation des protéiques parle fait du travail des tissus. La leucine, à la vérité, n'a été saisie dans les tissus normaux que tout à fait exceptionnellement (voy. au début de cet article), sans doute parce qu'elle représente un produit intermédiaire, que le travail de dégradation conduit aussitôt plus loin. Le chien et le lapin détruisent, en effet, la leucine qu'on introduit dans leur organisme, et ici il est intéressant de consta- ter que la leucine dextrogyre, non naturelle (voy. plus hautj, n'est pas détruite, et que si l'on fait ingérer la racémique (d/-leucine), le composant gauche seul est complète- ment détruit chez le lapin (Wohlgemuth; Abderhalden et Samuely) (43-44). On ne peut donc que soupçonner une production régulière de leucine dans les tissus au cours de la dégradation normale des protéiques, mais on saisit ce corps dans le sang et dans l'urine au cours de l'atrophie jaune aiguë (jusqu'à 3 gr. 2 par litre de sang dans un cas rap- porté par C. Neuberg et P. E. Richter (45) et dans d'autres cas pathologiques cités au début de cet article. Aussi admet-on, en général, que la leucine constitue, avec les autres acides aminés des protéiques, la première étape de la simplification de ces matériaux. Il est probable que la leucine subit ensuite, comme les autres acides aminés, une désamination, avec production intermédiaire de l'acide a-ictonique correspondant, puis de l'acide renfermant un atome de carbone de moins, ici l'acide isovaléranique (0. Neubauer) (46). Quant à l'ammoniaque ainsi libérée, elle sert à la production de l'urée. Du moins Abderhalden et Babkix (47) ont vu que la leucyl-leucine est complète- ment brûlée chez le chien et que l'azote de ce dipeptide apparaît dans l'urine à l'état d'urée. Mais que devient le reste non azoté de la molécule? Ici deux hypothèses se pré- sentent, qui d'ailleurs ne s'excluent pas l'une l'autre. En premier lieu, l'acide gras, produit de la désamination, continuerait à descendre l'échelle de la dégradation orga- LEUCINE. 123 nique, et ici se pose la question de savoir si la leucineest un producteur de corps acé- toniques. De fait, la leucine, passant en circulation artificielle à travers le foie détactié de l'animal, fournit au sang efférent de notables quantités d'acétone (C. von Noorden et H. Embden) (48), surtout quand on fait durer le courant assez longtemps (H. Embden) (49), et comme l'acide Meucique, l'isoamylamine, etl'isovaléraldéhyde se sont montrés dans la même expérience comme étant aussi des producteurs énergiques d'acétone, il est possible que ces corps soient des produits intermédiaires conduisant de la leucine aux corps acétoniques(F. Sachs) (50). D'autre part, l'ingestion de 33 grammes de leucine a provoqué, chez un diabétique de Baer et Blum, l'excrétion d'un surplus de 13 grammes d'acide jï-oxybutyrique (ijl). Il est possible, en second lieu, que le reste désaminé de la molécule de la leucine serve à la construction d'autres produits et notamment à celle du glucose. Il est vrai que l'on se heurte ici à cette difficulté que la chaîne carbonée de la leucine est bifurquée, tandis que celle du glucose est linéaire, mais la facilité avec laquelle la saccharine, corps à chaîne bifurquée, sort du sucre, montre que la valeur de cette objection n'est pas bien grande. Toutefois une production de glucose à partir de la leucine, par exemple chez le chien phloriziné (Halsey) (52) ou une accumulation de glycogène dans le foie après ingestion de leucine chez le lapin (0. Simon) (52 bis) ne sont pas démontrées, en sorte que cette question, qui est une partie du grand problème de la production du glucose à partir des protéiques, reste encore ouverte. Il est intéressant de rappeler ici comment la levure de bière traite la leucine (et l'isoleucine) dans ses opérations nutritives. On sait que dans la fermentation alcoolique on voit apparaître, à côté de l'alcool éthylique, des alcools supérieurs (« huiles de fiisel »), et notamment l'alcool iso-amylique (inactif), l'alcool amylique actif et l'alcool isobutylique. Ces produits, que pendant longtemps on a rapportés à, l'action de ferments parasites sur le sucre, sortent en réalité respectivement de la leucine, de l'isoleucine et de la valine par le procédé de la désamination combiné à celui de la décarboxylation. C'est ce qu'expriment les équations ci-après, bornées ïi la leucine et à l'isoleucine (F. Ehblich) (53) : çlg^CH - CH-^ - CH.NH2 _ C02H + HK) = NH^ + CO^ + ch3/<^ïî " C^' " CH20H Leuciue Alcool isoamylique (inactif). [?ÎJJ.;^CH — CH.NH2 - C02H + H^O = NH^ + C02 + gJJJ.i^CH — CH^OH Isoleuciue. Alcool amylique (actif). La levure opère la désamination de ces acides aminés pour se procurer l'aliment azoté qui lui est nécessaire, car si on lui fournit des sels ammoniacaux, la quantité d'huile de fiisel produite est beaucoup moins grande {F. Ehrlich) (54), et cette action a été constatée aussi dans des opérations industrielles (Pringsheim) (55). Leucine droite. — On obtient la leucine droite en dédoublant la leucine racémique au moyen du Pénicillium ylaucum qui consomme le produit gauche (Schulze et Bosshard) (4), ou bien en passant par le dérivé beuzoïjlé et le sel de cinchonine ou mieux par le dérivé formijlé et le sel de brucine. Le sel de la forme droite cristallise d'abord (E. Fis- cher, E. Fischer et 0. Warburg) (15). Son éther éthylique n'est pas dédoublé par le suc pancréatique du chien (0. Warburg) (56) Elle dévie à gauche en solution chlorhydrique ([a]^° z=— 16°, 91 pour une solution à 4,73 p. 100 dans HGl à 21 p. 100), de même que la formule. gauche dévie à droite, quand elle est en dissolution dans le même acide (E. Fischer). Leucine racémique. — On l'obtient en racémisant la leucine gauche par chaufiage avec de l'eau de baryte à 150° (Schulze et Barbieri; Schulze et Bosshard) (4), ou par syn- thèse en saponifiant le cyanhydrate de l'isovatéraldéhydate d'ammoniaque (Schulze et Lijîierxik) (57) et en terminant l'opération d'après E. FiscneR (15). Mais cette synthèse ne donne pas toute la sécurité désirable, car l'aldéhyde isovalérique employée n'est pas sûrement un individu chimique unique. Au contraire, le produit de synthèse obtenu par Bouveault et Locquin à partir de l'éther a-oximino-isobutylacétique que l'on 1:24 LEUCINE. réduit par l'amaltîame d'aluminium donne toute sécurité à cet égard (50). Ce sont des paillettes brillantes, fusibles à 290" (Bouveault et Locquin) à 293-295"; en tube capillaire (E. Fiscrer), Voyez pour Vélher éthylique, pour les dérivés acétylé, benzoylc, siilfoben- zéniqiie, sulfonaplUaléniqiie E. Fischer (18) et Bouveault. et Locqui.v ("lO) pour ]e dérivé forinyJc È. Fischer et \Yarburg (15); pour la combinaison aver- Visocyanate de phénylc, E. Fischer (15). Isoleucine droite. — On a donné au début de cet article la formule de structure de ce corps. On l'a trouvé jusqu'à présent dans les mélasses de sucrerie et, à côté de la leucine, dans un grand nombre de protéiques (fibrine du sang, ovalbumine, gluten, caséine, édestine) (F. Ehrlich ; Levenne et van Slike) [1, 21). La syntlièse a été faite par Ehrlich (8) en partant de l'alcool amylique actif, qu'il a transformé en cyanliydrate du valéraldéhydate d'ammoniaque. Ce corps, saponifié, a donné un mélange de f/-isoleucine et de son stéréo -isomère, la d-allo-iso-isoleiiclne. Puis Bouveault et Locquin (9) ont fait la synthèse de l'isoleucine racémique en réduisant par le zinc et l'acide cblorhydriquera-oximino-inéthyiéthylacélate d'éthyle et en saponifiant le produit obtenu. Enfin Locyui.x (9) a dédoublé ce racémique parle procédé de Fischer et Warburg (15) en (^isoleucine droite, identique à l'isoleucine naturelle et en /-iso- leucine. Ces deux isoleucines sont en petites paillettes brillantes, à saveur fade, légèrement amère, fondant avec sublimation à 280-290°. Pour la f/-isoleuciiie on a [al' =+ 11°, 29 " D pourOgr. 6233 de substance dans 20 gr. 2381 de solution aqueuse, et pour la /-isoleucine [a]^"° = — 10'',35, pour 0 gr. 6900 de substance dans 22 gr. 2025 de solution aqueuse (Locquin). Chauffée, la c/-isoleucine se décompose, comme la leucine naturelle, en CO- et en rf-amylaraine, et en partie, par perte d'eau et union de 2 molécules, en d-isoleuci- nimide. On a dit, k propos de la physiologie de la leucine, comment la levure traite la molécule de l'isoleucine naturelle. Allo-isoleucines. — On a vu que, quand on prépare la d-isoleucine d'après Ehrlich, on l'obtient toujours mélangée de d-allo-isoleucine. On obtient le même mélange, quand on isomérise la r/-leucine en d-allo-isoleucine par chauffage avec de l'eau de baryte à 180 (46). Mais ces deux produits peuvent être séparés par l'action" de la levure de bière qui transforme la d-isoleucine en alcool d-amyiique, et qui laisse intacte l'allo-isoleucine. L'étude des allo-isoleucines est encore très incomplète. E. LAMBLING Bibliographie. — 1. Proust (.4. C, (2), x, 40. — 2. Bragoxnot {Ibid., xiii, 119). — 3. HuFNER [Journ. prakl. Ch. N. F., i, 6, 1810). — 4. Schulze et Likiernik (D. chein. G., XXIV, 669, 1891).— Schulze et Barbieri (Z. P. C, ix, 108, 1886). — Schulze et Bosshard {Ibid., x, 135, 1887). — 5. E. Fischer {D. chem., G., xxxiii, 2370, 1900). — 6. E. 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STRUC. TQRE DES LEUCOCYTES. A) Caractères généraux des leucocytes. — B) Leucocytes hya- lins. — (i) Lymphucytes. — A) Mononucléaires. — C) Leucocytes granuleux. — Caractères généraux. — a) Acidnpliiles. — b] Basopliiles. — c) Neut.ropliiles. — d) Amphophiles. — D) Action de quelques agents sur les leucocytes. — E) Les leucocytes dans la série. — IV. NUMÉRATION DES- GLOBULES BLANCS EN GÉNÉRAL ET DES DIVERSES ESPÈCES DE GLOBULES BLANCS. APPLICATIONS. — Leucocytoses : Hyperleucocytoses totales. — Hypo- leiicocyioses totales. Hyperleucocytoses partielles ou associées : Lymphocytose, Mononucléose, Xeutruphilie, Aoidophilie, Basophilic. — Hypoleucocytoses partielles ou associées. — V. BIO- LOGIE DU LEUCOCYTE. —A) Sécrétion. — B) Excrétion. — C) Mouvement. — a) Le mou- veiucnt ainiboïde. — h] La diapédèse. — c) La phagocytose. — D) Rôle dans les Transsu- dats, les Exsudais, la formation du pus et la cicatrisation. — VI. ORIGINE ET DESTINÉES DES LEUCOCYTES — A) Origine. — Conceptions unicistes et dualistes. — Les organes leucopoiétiques. — B) Multiplication des leucocytes. — C) Destinées des leucocytes. L - TECHNIQUE. Synonymie : ylobiiles blancs du sang, globules de la lymphe, globules de mucus, globules de pus, globules blancs. Lorsque, à l'exemple de Malpigiii, on examine au. microscope le sang qui circiiledans les vaisseaux d'une membrane mince telle que l'épiploon, on constate, en suspension dans le plasma sanguin, de petits éléments que Malpighi (1665) regarda comme des globules graisseux. Ces éléments, on les observe aisément en étalant une goutte de sang entre lame et lamelle, et en tubaiit à la paraffine la préparation obtenue de la sorte. Les uns sont très nombreux, discoïdes, de même taille, d'un jaune pâle : ce sont les globules rouges. Les autres sont rares, sphériques, plus ou moins volumineux, incolores et à reflet grisâtre. Ce sont les leucocytes, ou globules blancs. Mais l'examen du sang circulant donne peu de renseignements : les globules san- guins sont trop mobiles pour se prêter à un examen prolongé, et les objectifs puissants sont inutilisables en pareille circonstance. 126 LEUCOCYTES. L'étude du sang frais entre lame et lamelle ne peut être prolongée au delà d'un temps assez court, en raison des altérations dont les globules sanguins sont bientôt le siège. Aussi emploie-t-on de préférence une méthode d'examen préconisée, dès 1821, par Prévost et Dumas. On étale le sang à examiner, et on le dessèche rapidement. Ehrligh recommande la fixation par la chaleur à 120° et l'usage de teintures dont il a fixé les formules. Toute brutale qu'elle soit, cette méthode est celle qu'on a le plus générale- ment employée pour faire l'étude des éléments figurés du sang, et des globules blancs en particulier. La méthode de choix pour l'examen du sang consiste à étaler le sang sur une lame et à traiter la gouttelette par les fixateurs (liqueur de Flemming, etc.) et les colorants employés pour les autres tissus. Les leucocytes s'étudient aisément dans les petits vaisseaux et dans les tissus préa- lablement fixés par les méthodes usuelles et colorés par les teintures appropriées. M. — HISTORIQUE. Classification. — C'est à Leuwexhœk (1722) qu'est due la découverte "des globules blancs de la lymphe; Hewson (1770) observa les leucocytes du sang;DELLA Torre (1776) retrouva dans le chyle ces éléments, que J. MIIller (1834) étudia soigneusement, et c'est Recrliisghausex qui, le premier, signala leur présence dans le tissu conjonctif. Mais on ne tarda pas à s'apercevoir que les leucocytes sont de types variés, et on les a répartis en une série de groupes. ViRCHOW (1845-1846) connaît déjà les lymphocytes et les leucocytes, ceux-ci très petits, ceux-là relativement volumineux. W. Jones (1846) distingue les leucocytes homogènes et les leucocytes granuleux. Mais Sghultze (1865) parle de lymphocytes petits et gros, de leucocytes unis et multinucléés, de leucocytes granuleux (leucocytes à granulations de Seumer). La classification d'HAYEM est calquée sur celle de Max ScHULïZE. 11 distingue les leucocytes delà première variété (lymphocytes), de la seconde (leucocytes), et de la troisième (leucocytes granuleux) variété. LowiT rapporte les leucocytes à deux types : les uns sont petits, les autres sont volumineux; et, selon l'état du noyau, on distingue dans ces derniers des leucocytes à noyau polymorphe, des leucocytes à noyaux multiples. Plus tard, Ehrligh (1878-1891), par l'emploi des couleurs d'aniline, a opposé les leu- cocytes hyalins et les leucocytes granuleux, qu'il répartit en une série de types ; et De.nys contribue à confirmer cette classification, en disant que les leucocytes hyalins et granuleux reconnaissent une origine difl'érente. Le nom de leucocytes est dû à Ch. Robin (18.^8). III. - CARACTÈRES GENERAUX DES LEUCOCYTES. A. Structure des leucocytes. — A) Dans le sang circulant les leucocytes sont des éléments globuleux, incolores, à reflet grisâtre ou argentin. Ils sont sphériques, quand ils occupent le centre du vaisseau, et irréguliers, lorsqu'ils s'aitpliquent contre la paroi vasculaire, où ils paraissent se fixer parfois, ou lorsqu'ils s'accumulent contre cette paroi, quand le courant sanguin se ralentit. Leur noyau n'est visible que sur les leuco- cytes hyalins (axolotl, grenouille), et surtout quand les leucocytes s'étalent à la façon d'une membrane. B) Dans les préparations de sang fixé et coloré, il est facile de s'assurer que les leu- cocytes sont des cellules, c'est-à-dii'e des filaments formés par une masse cytoplas- mique, individualisée par un noyau. Le noyau est sphérique ou polymorphe (noyau contourné, en boudin, monililorme) et ce polymorphisme serait en rapport avec l'état d'activité du noyau. Il est simple ou multiple (leucocytes du triton), très apparent sur les globules de pus frais, qui sont, pour la plupart, des leucocytes morts, et sur tous les leucocytes colorés et fixés par les LEUCOCYTES. 157 méthodes usuelles. La chromatine s'y montre disposée en réseau, ou répartie sous forme de granules ; et le noyau, limité par une membrane nucléaire, est porteur de un ou deux nucléoles vrais ou faux. Le corps cellulaire des leucocytes paraît nu, et plus ou moins développé, selon les leucocytes considérés. A faible grossissement, il semble homogène et transparent comme du verre; à fort grossissement, il est de structure réticulée. Schœfer prétend même que le cytoplasme est réticulé au pourtour du noyau, et homogène partout ailleurs. Les leucocytes sont pourvus d'un centre cellulaire. M. IIeidenhain (1892) l'a décou- vert dans les leucocytes de la paroi intestinale de la salamandre. II est constitué par un corpuscule central ou par une paire de corpuscules centraux réunis par une sorte de petit fuseau et par une masse de protoplasma homogène (sphère), d'où rayonne une série de filaments (aster), qui s'étendent parfois jusqu'à l'extrême périphérie de la cellule. M. Heidenhain a retrouvé le centre cellulaire dans les leucocytes contenus dans les crachats d'un malade atteint de pneumonie. Les cellules de la lymphe péritonéale sont vraisemblablement des leucocytes d'aspect variable, suivant leur âge. Leur cytoplasma comprend une partie centrale, criblée de vacuoles remplies d'un liquide et d'un grain albuminoïde et une portion périphérique homogènes. Autour du noyau, il existe soit des grains, soit des bâtonnets, soit des filaments disposés en réseau autour du noyau, selon que la cellule est plus ou moins évoluée. Renaut et DuBREUiL rapprochent cet appareil Olaire des chondriomites de Benda. Il existerait aussi dans les leucocytes des mitochondries. Benda (J899) les décrit sur les leucocytes polynucléaires d'un polype nasal, comme disposées par petits amas. A l'étude de ces formations, F. Meves vient (1910) de consacrer un mémoire. Elles sont irrégulièrement réparties sous forme de graines et de bâtonnets et peuvent revêtir le même aspect dans une même cellule. On les observe chez la salamandre sur les lym- phocytes, sur les leucocytes delà couche lymphoïde du foie, sur les mononucléaires, sur les leucocytes à noyaux polymorphes et chez les Mammifères, tels que le lapin, il existe aussi des mitochondries, par exemple, les leucocytes constituent les centres germinatifs des ganglions mésentériques. Les granules décrits autrefois par Altmann (1895) et ScHRiDDE (1905) doivent être considérées comme des mitochondries. Enfin, on décrit encore dans les leucocytes : 1°) les corpuscules de Kurloff, encore très mal connus; 2°) les corpuscules de Gésaris Démet, ou corpuscules de Ferrata (1909) qui s'observent sur les mononucléaires de l'homme et des mammifères (Cobaye) et font défaut pendant la vie fœtale. Ces corpuscules se colorent en rouge violet par la teinture de Leishmann (Lanfrancuini, 1909); de nombre et de volume variables, ils rappellent par leur aspect des plasmosomes et seraient l'indice de l'activité fonctionnelle du leu- cocyte. Leur étude nécessite de nouvelles recherches. B. Leucocytes hyalins. — Les leucocytes hyalins sont essentiellement caractérisés par ce fait que leur protoplasma est transparent et dépourvu de granulations. ,De plus, leur noyau est unique et de forme arrondie. On distingue deux types de leucocytes hyalins : les lymphocytes et les leucocytes mononucléaires. a) Lymphocytes. — Synonymie ; petits mononucléaires, leucocytes de la première variété, globulins de quelques auteurs, leucocytes d'origine, leucocytes primaires. Les lymphocytes sont de petits éléments globuleux dont le diamètre (o à 8 [t.) dépasse à peine celui des hématies. Ils sont presque entièremeut formés par un noyau relativement énorme et par une mince enveloppe cytoplasmique, parfois rassemblée en calotte à l'un des pôles du noyau. Le noyau est régulièrement arrondi, et de siège central. Il est sou- vent pourvu d'un ou de deux nucléoles et d'un réseau chromatique serré. Le corps cellulaire très réduit a jadis été nié (noyaux libres de Robin) : il est difficile à voir. Il est franchement basophile et se colore plus énergiquement que le noyau parle bleu de méthylène. Il serait de structure réticulée. Les lymphocytes sont très abondants dans le tissu réticulé (rate, ganglions, folli- cules clos) et, dans le canal thoracique du lapin, ils constituent la totalité de la lymphe que draine ce canal. 12S LEUCOCYTES. /)) Leucocytes mononucléaires. — Synonymie : grands mononucléaires, petite forme de la deuxième variété. Les leucocytes mononucléaires sont de taille relativement considé- rable; dans le sang, ils sont deux ou trois fois plus gi'os qu'un lymphocyte (Uj à 17 ;j.), et dans les tissus, quand ils s'étalent en membrane, leur diamètre atteint 40 [j.. Leur noyau rond ou ovale est volumineux, d'aspect clair et vésiculeux et souvent de ' siège excentrique. La chromaline y est rare et certains auteurs y décrivent un on deux nucléoles vrais que nient d'autres observateurs. Le cytoplasme est abondant, homogène ou alvéolaire. Comme le noyau, mais moins énergiquement que lui, il se colore par les teintures basiques, quand le leucocyte est dans l'intérieur des vaisseaux sanguins; mais les réactions du corps cellulaire sont variables quand le leucocyte siège dans l'épaisseur des tissus. c. Leucocytes granuleux. — Les leucocytes granuleux sont essentiellement caractérisés par ce fait que leur cytoplasme est bourré de grains. On a beaucoup discuté sur ces grains. On a dit que c'étaient des produits absorbés par le leucocyte (myéline, hémoglo- bine, hémaloïdine) ; ou a prétendu c|ue c'étaient des produits élaborés ou transportés par la cellule (glycogène, graisse) ; on a soutenu qu'il s'agissait de résidus de l'absorption cellulaire (noyaux, microbes) ou de produits de dégénérescence. — On est à peu près, d'accord aujourd'hui pour dire que ces grains sont de nature albunànoïde; ils sont très résistants à l'action des réactifs, comme les tablettes vitellines qui surchargent le proto- plasma de certains œufs; ils sont visibles sur les éléments frais, en pleine activité; on les observe aussi bien sur les cellules quiescentes que sur les éléments en voie de division. Enfin, ces grains examinés à l'ultra-microscope (Davis, 1904) sont mobiles dans le cytoplasme, surtout quand le leucocyte émet des pseudopodes. Arrondis chez les Mammi- fères, ils affectent parfois la forme d'une aiguille (Oiseaux, Batraciens). Les leucocytes granuleux sont encore caractérisés par leur noyau unique et parfois multiple. Ce noyau est parfois d'un remarquable polymorphisme; il porte des lobes et des incisures, des parties renflées et des parties grêles, il se replie sur lui-même de mille façons, et simule parfois des lettres telles que l'S, l'O, l'U, le Z, l'Y, l'E. Mais les leucocytes granuleux ne sont pas tous identiques les uns aux autres. Ehrlich, en les fixant par la chaleur, et en faisant agir sur eux des teintures en solution glycérinée, a pu les classer en leucocytes acidophiles, basophiles et neutrophiles, selon que les granulations fixent les couleurs acides, basiques ou neutres. Il importe de rappeler ici (jue Ehrlich classe les couleurs d'aniline en trois groupes d'après un caractère conventionnel. Ces couleurs, qui sont des sels, doivent leur pro- priété tinctoriale soit à l'acide, soit à la base, soit à la fols à l'acide et à la base qui entrent dans la composition du sel. Ainsi, le vert de méthyle en solution dans l'eau acétique est une couleur basique. Sont aussi des couleurs basiques la satrane, le violet de gentiane, le bleu de méthylène, le violet dahlia. Les principales couleurs acides sont l'éosine, l'aurantia, l'orange, le picrate d'ammoniaque, l'induline, la nigrosine. Le picrate de rosaniline qui doit sa couleur à un acide coloré et à une base également colorée est un colorant neutre. Ehrlich a formulé un mélange (triacide d'EHRLicn : vert de méthyle, fuchsine acide et orange), qui, versé sur une même préparation, colore avec un ton différent les gra- nulations des diverses espèces de leucocytes. On emploie dans le même but le mélange de bleu de méthylène et d'éosine indiqué par Klem. Bien que le déterminisme des teintures obtenues avec les couleurs d'aniline nous échappe encore, bien que nous ignorions encore si la coloration est un phénomène physique ou résulte d'une réaction chimique, on peut supposer que les différentes colo- rabilités des grains sont fonctions de propriétés physico-chimiques ditïérenles, que ces grains soient formés de substances" différentes ou d'une même substance à des stades différents de son évolution. On se fait l'idée suivante de la constitution de la matière colorante et du processus de la coloration. « Toute couleur d'aniline, dit Prenant, est considérée comme constituée par un groupe colorant caractéristique, le chromophore et par un auxochrome basique ou acide; de là, deux groupes de couleurs d'aniline, les cou- leurs acides et les couleurs basiques, les premières ayant un auxochrome à groupement oxhydrile OH, les autres, un auxochrome à groupement amidé NH. Ces qualificatifs LEUCOCYTES. {"29 (l'acide et de basique signifient qu'elles possèdent un noyau chromogène à auxocUrome, ayant une fonction acide ou basique, noyau dont elles sont les sels. » Ils ne veulent pas dire que la matière colorante a des réactions acides ou basiques. Ces préliminaires une fois posés, examinons les diverses variétés de leucocytes gra- nuleux. 1° Leucocytes acidophiles. — Synonymie : leucocytes éosinophiles, fuchsinophiles, oxyphiles, à granulations, a) Leucocytes de Semmer (1875). Les leucocytes acidophiles sont des éléments assez rares, d'un diamètre de 9 à 12 [jl. Leur noyau est double et par- fois triple. Les deux ou trois masses nucléaires sont d'aspect semblable : elles sont iso- lées ou réunies par un filament des plus ténus. Le cytoplasme est semé de granulations- arrondies, très volumineuses, assez clairsemées, qui se colorent électivement parTéosine en un beau rouge pourpre. Ces granulations, qui sont énormes chez l'àne et le che- val, ont l'aspect de cristalloïdes chez les oiseaux. Elles sont insolubles dans l'eau (Robln) et l'alcool au tiers, à l'inverse de l'hémoglobine; elles sont également insolubles dans l'acide acétique. Ces leucocytes acidophiles sont très abondants chez les poissons, où ils constituent la majorité des leucocytes; ils sont assez nombreux chez le cheval, et beaucoup plus rares chez les autres mammifères. Habershex (1900) pense que les granulations éosi- nophiles sont peut-être identiques aux granulationsiodophiles, qu'on a décrites, à l'état pathologique, dans les leucocytes de l'homme. 2° Leucocytes basophiles. — Synonymie : leucocytes à granulations ô, leucocytes métachromatiques, Maslzellen). Rares dans le sang, moins rares dans le tissu conjonctif des diverses organes (testi- cules, foie, peau, rate, myocarde), les leucocytes basophiles, individualisés par Ehrligh (1877), sont des éléments de 10 à 12 (j., dont le noyau souvent excentrique est globuleux ou réniforme. Le cytoplasme est chargé de granulations assez fines, de taille et de distri- bution irrégulières. Ces granulations fixent électivement les couleurs basiques comme le bleu de méthylène, le bleu de JJnna, la thionine, mais présentent ce caractère particulier d'être riiétachromatiques. Au lieu de se colorer par la thionine, elles se teignent en un rouge plus ou moins violacé. Les granulations S prennent le grain : elles sont solubles dans l'alcool et l'acide acétique; une fois colorées, elles résistent moins longtemps que le noyau à la décoloration. Elles se colorent avec le rouge neutre et fixent avec métachromasie le bleu de méthylène dilué : ces deux caractères leur sont communs avec la volutine des Protistes (Guillermond et Maivas, 1908). 3" Leucocytes neutrophiles (Synonymie : leucocytes polynucléaires, grande forme de la ^1" variété de Hayem, leucocytes à granulations). Les leucocytes neutrophiles qui représentent les trois quarts des leucocytes du sang ont un diamètre de 12 à 14 \>.. Leur noyau est riche en chromatine et partout fort colo- rable; il présente un aspect très spécial; il a la forme d'un bissac, d'un boudin étran- glé par places et replié sur lui-même; il est parfois ramifié et les étranglements qu'il porte sont si grêles qu'ils ont souvent passé inaperçus, d'oîi le nom de polynucléaires appliqué souvent aux neutrophiles. En réalité le noyau est unique; c'esl là la règle; en revanche il est fréquemment fragmenté quand le neutrophile est situé dans un exsudât. Le cytoplasme des neutrophiles est abondant, réfringent, et c'est exceptionnellement, sur le frais, qu'il laisse voir le noyau (triton, axolotl). 11 est semé de granulations d'une finesse extrême, qui ne se voient bien que sur les pièces fixées et se colorent en violet dans un mélange de fuchsine acide et de bleu de méthylène. Les neutrophiles, au dire de Doiiixici, se rapprochent des leucocytes amphophiles des rongeurs parce qu'ils se colorent par les réactifs basiques. Jolly les considère au contraire comme des acidophiles faibles, et Marino (1903), reprenant les vues de Kan- THACK et Hardy (1894), n'hésite pas à les rayer de la nomenclature. Pour lui, il n'existe chez l'homme que deux espèces de granulocytes : les basophiles et les acidophiles; ces derniers comptent deux variétés selon que leurs granules sont fins ou volumi- neux: les granules acidophiles correspondent aux neutrophiles des auteurs; les granules acidophiles volumineux sont les éosinophiles. 4° Leucocytes amphophiles (Synonymie : leucocytes pseudo-éosinophiles, leucocytes à granulations }, leucocytes indulinophiles). Absents chez l'homme, propres aux ron- .DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME X. 9 130 LEUCOCYTES. geurs (lapin, cobaye) et aux oiseaux, ces leucocytes sont chargés de granulations qui sont insolubles dans l'eau et l'alcool au tiers et se dissolvent dans l'acide acétique. Pour certains auteurs, ces leucocytes traités par le mélange d'un colorant acide et d'un basique retiennent, les uns le colorant acide, les autres le colorant basique ; ils n'ont donc qu'une « affinité indifférente » pour les deux ordres de couleurs ; pour d'autres leurs granulations, visibles sur le vivant, sont acidophiles, comme les granulations a; elles diffèrent de ces dernières parce qu'elles fixent plus vivement l'induline, parce qu'elles sont plus fines, moins réfringentes, et leur teneur en eau serait moins considérable (Ehrlich). Action de quelques agents sur les globules blancs. — Lorsqu'on examine les globules blancs dans leur propre plasma, à une température égale à celle de l'ani- mal sur lequel on a prélevé ces globules, les globules vivent pendant plusieurs heures, pendant une semaine (Cardile, 1898) et davantage. Quand ils ont épuisé l'oxygène contenu dans le plasma, ils se dirigent vers les bords de la préparation pour absorber l'oxygène de l'air. Mais, si l'on borde la préparation avec de la vaseline ou de la paraffine, l'oxy- gène n'arrive plus dans le liquide ambiant; les globules blancs deviennent immobiles, prennent une forme globuleuse, un aspect transparent ; ils meurent en émettant à leur surface des gouttes sarcodiques et leur noyau devient alors aisément visible (Pour l'action de la chaleur, voir Biologie des leucocytes.) Les matières colorantes ne teignent généralement que les leucocytes morts. L'eau pure ajoutée en abondance détermine la mort du leucocyte. L'eau salée physiologique constitue un milieu où les éléments peuvent vivre pres- que aussi aisément que dans le plasma. L'iode colore le glycogène des leucocytes en rouge acajou. Enfin, lorsqu'on fait agir sur l'organisme les rayons X, faction passagère des rayons Roentgen à faible dose provoque une augmentation des leucocytes polynu- Hiléaires immédiate, suivie bientôt d'une diminution des leucocytes ileucopénie). La destruction des leucocytes porte surtout sur les polynucléaires. Le tissu médul- laire est en réaction. Letissulymphoïde est en grande partie détruit, les lymphoïdes se fragmentent. Après une dose forte et prolongée la leucopénie et la diminution des hématies tendent à devenir permanentes. Les deux tissus producteurs de leucocytes sont détruits; la moelle osseuse prend le type de la moelle graisseuse. Dans les leucémies chroniques, les résultats obtenus sont de tous points compa- rables aux résultats expérimentaux (E. Beaujard, 1905; Radiothéraphte dans les leu- cémies). Les leucocytes dans la série. — Chez les Échinodermes comme l'oursin, à côté d'éléments chargés d'hémoglobine, on trouve des amibocytes qui se rapportent à trois types : les uns sont incolores et portent de longs prolongements polymorphes; d'autres sont munis de pseudopodes courts, lobés et sont chargés d'un pigment rouge (échinochrome) ; d'autres enfin, connus sous le nom de corpuscules mùriformes, sont chargés de grains acidophiles. Les globules blancs des Échinodermes, comme ceux des Bryozoaires, sont des reins unicellulaires qui se chargent des produits de désintégration de l'organisme pour les excréter; de plus, et toujours chez les Échinodermes, les amibo- cytes sont doués d'un remarquable pouvoir phagocytaire. Comme l'a vu Hjalmar Théel, au cours de la transformation du Pluteus, ces cellules fixent les substances calcaires du spicule « et les transportent à des amas de cellules calcigères qui les sécrètent et les déposent dans un nouveau centre de calcification ». Chez les Vers comme Allobophora fœtida le liquide coelomique contient des amibo- cytes, des leucocytes à grains acidophiles, et de grands éléments arrondis, de matière inconnue. Ces éléments, qu'on appelle les éléocytes, donnent à la lymphe son aspect laiteux. Chez les Crustacés, comme l'écrevisse, il reste deux variété d'amibocytes : les uns finement grenus (ambocytes neutrophiles), les autres chargés de gros grains acidophiles qui sont de nature albuminoïde (globulinesj. Chez les Lamellibranches (Chatin, 1897), certains leucocytes granuleux se com- portent comme chez les Vertébrés : ils essaiment leurs granulations dans les tissus (clasmatose). LEUCOCYTES. 131 On trouvera des détails sur l'histologie comparée des leucocytes dans le travail de Gruxberg, ;i901), la thèse d'ÂNNA Drzavina et dans le mémoire de Kohlmann. Nous nous bornerons ici à quelques indications d'histologie comparée, fournies par LoEWENTHAL (1909), sur les leucocytes éosinophiles, les mieux connus, en raison de ce fait qu'ils sont d'un examen relativement aisé. Les éosinophiles existent dans les diverses classes de Vertébrés, chez les Poissons (perche, tanche, sterlet, sélaciens), chez les Batraciens (grenouille, bombinator, sala- mandre), chez les Reptiles, les Oiseaux (rossignol, moineau) et les Mammifères, mais les granulations caractéristiques de ces éléments varient d'aspect dans les diverses classes de Vertébrés. Ce sont des grains arrondis, des lentilles biconvexes, des bâtonnets droits, des filaments ondulés. Les grains arrondis s'observent chez les Mammifères, l'homme, le lézard et l'orvet, les Batraciens, la perche et la tanche. Chez le lézard, on trouve aussi des granulations ovoïdes, bacilliformes ou en anses recourbées, que Loewenthal croit se constituer o,ux dépens de granulations alignées. Chez les oiseaux, outre les grains éosinophiles, on trouve des formations acidophiles lenticulaires, bâtonnoïdes ou simulant des filaments ondulés. Le cheval possède des grains ovoïde:> dans ses leucocytes de Semmer (Seiijier, 1875, ZlETSCHlIAA'X, 1906). Les propriétés des enclaves éosinophiles sont loin d'être identiques chez les divers vertébrés. Ehrlicu dans ses premiers travaux disait que l'action de l'eau, même peu prolongée, détruisait les propriétés électives des grains vis-à-vis de l'éosine. Son élève G. Schwarze (1880) soutient que l'eau est sans action sur les grains éosinophiles. La vérité est qu'il existe de grandes différences de solubilité entre les diverses enclaves éosinophiles. Aussi chez le lézard et l'orvet « la coloration par les solutions aqueuses d'hémalun et d'éosine suivie d'un lavage à l'eau distillée fait disparaître les granulations éosinophiles, alors qu'en procédant de la même manière avec le sang d'homme, on arrive fort bien à faire la démonstration de ces granulations (Loewenthal). Varient également les dimensions des enclaves, quisont tantôt très fines et très clairse- mées (orvet, perche), tantôt plus volumineuses et plus serrées (Batraciens), tantôt grosses et assez peu nombreuses (Homme). D'ailleurs il existe des variations dans la taille des granulations chez une même espèce, et ces constatations incitent à penser que les grains sont capables de s'accroître. IV.— NUMÉRATION DES GLOBULES BLANCS. A) Numérations globales. — La numération des globules blancs s'effectue comme celle des globules rouges. On prélève avec une pipette graduée une quantité connue de sang, soit 1 millimètre cube. On dilue ce sang dans un liquide indifférent, par exemple dans 2;j0 ce. de sérum artificiel, et on mélange exactement. On dépose une goutte du mélange sur un porte-objet creusé d'une cuvette d'un cinquième de millimètre de profondeur; et l'on recouvre d'une lamelle qui transforme la gouttelette arrondie en une lame à faces parallèles. On porte la préparation obtenue de la sorte sur un microscope pourvu d'un oculaire qui porte gravé un quadrillé d'un cinquième de millimètre de côté. On compte les globules qui se projettent sur ce quadrillé et sont contenus dans un espace cubique d'un cinquième de millimètre de coté; comme les leucocytes sont peu nombreux et très inégalement répartis, on répèle cette numération, à dix reprises par exemple, en chan- geant la préparation de place. On prend la moyenne de ces 10 numérations, et l'on trouve, par exemple, que l'espace cubique de 1/5 de millimètre de côté contient N globules blancs, l'n calcul simple permet de trouver le nombre N' de leucocytes d'un millimètre cube de la dilution. En effet Nx5x5xo = Nx 125 = N'. Une seconde multi- plication N' X 250=N" permet de connaître la teneur du sang pur en leucocytes. La numération des globules blancs montre qu'il existe chez l'homme G à 8 000 glo- bules par millimètre cube de sang, soit un globule blanc pour 640 ou 645 globules rouges. i32 LEUCOCYTES. Le tableau suivant, établi d'après les chiffres de Hayem, indique le nombre de leuco- cytes par millimètre cube de sang chez quelques animaux. Cobaye 5 000 Grenouille 6 000 Homme 6 000 à 8000 Chat 7 000 Triton 8 000 Cheval 9 000 Lézard . 10 000 Chien 10 000 Poule 26 000 B) Numération des diverses variétés de globules blancs. — Il ne nous suffit plus aujourd'hui de savoir que la teneur du sang en leucocytes augmente ou diminue. Il y a un intérêt considérable à savoir si la variation porte parallèlement sur toutes les variétés de leucocytes ou si elle porte seulement sur un ou plusieurs types de leucocytes. La numération des variétés de leucocytes s'effectue comme la numération globale des leucocytes, à cette différence près qu'on dilue le sang dans du sérum coloré par l'éosine, le violet dahlia, substances qui rendent plus aisée l'étude des divers leucocytes. D'après Cabstaajen (1900) les diverses variétés de leucocytes varient de nombre au cours de l'existence. Le jour de sa naissance, l'enfant a beaucoup de polynucléaires et peu de lympho- cytes. Au bout d'une semaine (du sixième ou neuvième jour) les deux variétés de leuco- cytes sont sensiblement égales en nombre. A partir du douzième jour, les lymphocytes sont plus nombreux que les polynucléaires, et toujours les éosinophiles sont beaucoup plus nombreux chez le jeune que chez l'adulte. Les lymphocytes sont surtout nombreux pendant les 5 premiers mois de la vie extra- utérine (30,78 p. 100). Puis ils diminuent jusqu'à 5 ans (25,08 p. 100), et jusqu'à 13 ans leur nombre oscille de 51 à 62 p. 100. Les autres formes de leucocytes à partir de 6 mois varient de 6,83 à 8,87 p. 100. Il y a moins de 1 p. 100 de gros mononucléaires, mais on observe des variations considé- rables sur les éosinophiles. A partir de l'âge de 15 ans jusqu'à la vieillesse, le pourcentage des leucocytes est donné par le tableau suivant : p. 100. Lymphocytes 57,3 à 69,22 Grands mononucléaires 0,05 à 0,55 Formes de transition 6,5 à 8.88 Éosinophiles 0,95 à 10,85 Polynucléaires 57,3 à 69,22 A titre de document, nous donnons le taux des diverses variétés de leucocytes chez le cheval et chez trois animaux de laboratoire, chez la chèvre qui possède 12400 leuco- cytes par millimètre cube de sang et chez le lapin qui n'en possède que 10000. (Les numérations qui portent sur le cobaye se rapprochent beaucoup des données obtenues chez le lapin.) Oiien (Tallqvist et Villebrandt) P. 100. Lymphocytes 5à10 Grands mononucléaires 10 à 15 Neutrophiles 70 à 80 Acidophiles 4 ;ï 8 Basophiles 0,5 LEUCOCYTES. 133 Lapin (Tallqvist et Villebrandt) P. 100. Lymphocytes 20 à 25 Mononucléaires 20 à 25 Amphophiles 40 à 53 Acidophiles 0,3 à 3 Basophîles 2 <à 3 Cheval (Tabusso, 1908) Lymphocytes.' 46 à 36 Munonucléaires^ 0,8 ;i 6,6 Neutrophiles 43 à 69 Acidophiles 0,2 à 33,6 Basophiles 0 à 1,2 Co/jaye (Howard, 1901) » Lymphocytes 30 à 42 Mononucléaires 1,6 à 5 Neutrophiles ol,2 à 63,5 Acidophiles 0,5 à 6 Basophiles Oui Leucocytoses. —Les variations dans le nombre des leucocytes sout considérables. Quand le taux des leucocytes s'élève au-dessus de la.normale, on dit qu'il y a hyper- leucocytose ; il y a hypoleucocyfose dans le cas contraire. L'hyper et l'hypoleucocytose peuvent être soit physiologiques soit pathologiques. Elles peuvent porter sur la totalité des leucocytes (leucocytoses totales) ou sur 1 ou 2 espèces de leucocytes (leucocytoses partielles). 1) Hyperleucocytoses totales. — A) Variations physiologiques.) a. Âge. — Les leucocytes sont très abondants chez l'enfant jusqu'à la lin delà première année (18 000), et chez la femme pendant la seconde moitié de la grossesse et durant la lactation. b) Digestion. — La leucocytose digestive, niée par Grancher et Malassez (1876), BouGHUT, a été admise par Jacob qui l'étudia le premier, par Virghow, Moleschotï (1854) et ses élèves, von Poql (1889), Reinert (1891), Rieder (1892), Cot (1903). Selon Cot chez le chien sain soumis à l'abstinence, on n'observe pas en général de variations leucocytaires aux heures qui correspondent aux périodes dige&tives habi- tuelles. Chez le chien au cours de la digestion il existe des variations leucocytaires évidentes surtout chez certains individus. Cette leucocytose n'est pas^égale après l'inges- tion de tous les aliments. On peut ranger ces dernières dans l'ordre décroissant suivant : viande de bœuf crue, graisse, lait, viande de bœuf cuite. Mais fa leucocytose n'atteint pas nécessairement le même degré chez tous les animaux avec le même aliment. Pendant l'hyperleucocytose digestive, les rapports des diverses variétés de leucocytes sont peu modifiés. La splénectomie ancienne, datant de 3 mois, n'a pas paru influencer la leucocytose digestive. Ch. Righet a remarqué que l'ingestion de viande crue donne seule une leucocytose abondante, tout comme une injection intraveineuse de substances albuminoïdes. Il admet que dans ce cas des traces d'albuminoïdes solubles sont passées dans la circulation, sans être attaquées par les sucs digestifs. Dans la viande bouillie au contraire, ces albumi- noïdes ont été insolubilisés par la cuisson. Ch. Righet conclut que ce n'est pas la digestion qui produit la leucocytose, mais la pénétration dans l'organisme d'albuminoïdes hétérogènes. Chez l'homme et chez la femme qui n'allaite pas et n'est pas enceinte, les leucocytes augmentent de nombre 3 à 4 heures après le repas. c) Bains. — D'après Thayer, un sujet qui a 32;iO globules blancs par millimètre cube de sang avant un bain froid, en présente 12 500 vingt minutes après le bain et ce 1. KuRLOFF, Opie, Stauble Ont donné aussi les formules leucocytaires du cobaye. 134 LEUCOCYTES, nombre va ensuite en diminuant progressivement. Un bain chaud fait varier le nombre des leucocytes en plus ou en moins, suivant qu'il est pris long ou court. Ces variations dans la teneur des leucocytes sont-elles toujours vraies ou fausses? se produisent-elles dans toute la masse du sang ou seulement dans le sang des vaisseaux périphériques silr lequel portent les numérations, et en ce cas sont-elles dues à une dis- tribution inégale des leucocytes dans les divers territoires de l'économie? C'est là une question qui n'a guère été envisagée. B) Hyperleucocyfoses patholorjiques ou expérimentales. L'augmentation des leuco- cytes (hyperleucocytose), est connue depuis Donné : ses causes sont multiples. L'injection intraveineuse de toxines provoque une leucocytose intense qui persiste longtemps (Ch. Righet). L'ingestion dans les aliments d'une toxine telle que la crépiline (extraite d'uni' euphorbiacée, Eura crepitans) k peut aussi développer chez un animal anaphylactisé une leucocytose éclatante (18000 leucocytes au lieu de 10 000) même lorsque la dose ingérée est minime (0 gr. 02) et n'est que la deux centième partie d'une dose à peine offensive » (P. Lassablière etCn. Richet). 2) Hypoleucocytoses totales. — Autant sont fréquentes les hyperleucocyfoses, autant sont rares les hypoleucocytoses. Les hypoleucocytoses totales ne paraissent s'observer à l'état physiologique que chez les vieillards et les sujets soumis à un jeûne prolongé. On les provoque artificiellement à la suite de l'injection veineuse d'eau salée, à la suite de l'injection d'hématies de mouton dans le sang du chien : on les observe (J. Camus et Pagmez), à la suite des saignées et toutes les fois que la pression artérielle vient à diminuer. Certains médicaments passent pour provoquer l'hypoleucocytose. Tels sont la picro- toxine, l'agaricine, le sulfonal, le menthol et aussi les acides tannique, campho- rique, etc. L'hyperthermie expérimentale a les mêmes effets. (E. Lesné et L. Dreyfus, 1908.) Enfin l'hypoleucocytose paraît dans une série d'affections'. Elle est générale dans la période d'état de la fièvre typhoïde non compliquée. Dans cette maladie on ne peut observer d'hyperleucocytose qu'au début (pendant la période de diarrhée) ou quand il existe des complications. Un ne trouve alors que 2 000 ou 1000 globules blancs par millimètre cube. On connaît l'hypoleucocytose de la rougeole non compliquée, et cette hypoleucocy- tose peut permettre un diagnostic précoce entre la rougeole et la scarlatine. Dans certaines anémies, on a vu les leucocytes tomber à 400 par millimètre cube 1. Dans ua mémoire postérieur à la rédaction de cet article, Ch. Richet a étudié la réaction leucocytaire chez le chien. Il appelle réaction leucocytaire le nombre de globules blancs constaté par la numération simple. Il n'a pas tenu compte des variétés de leucocytes. Il a pu constater ainsi que, chez le chien ayant normalement 100 leucocytes par centième de millimètre cube, il suffit pour provoquer la leucocytose d'une faible injection (1 centimètre cube à un chien de lOkilog.) d'une solution isotonique de clilorure de sodium. Le chiffre des leuco- cytes monte alors de 100 à 143. La propeptone, à la dose de 0,5 ou 0,03 p. 100 dans un centimètre cube d'eau provoque une réaction leucocytaire de 180; comme aussi le plasma musculaire, même à la dilution de 1/1000. Les animaux qui ont présenté cette réaction sont immunisés ; c'est-à-dire qu'une seconde injection ne produit plus la même réaction. Il faut environ vingt jours pour que cette immunité à la réaction leucocytaire s'établisse. Au bout de deux mois et demi elle semble avoir disparu. En outre, cette immunité est interchangeable, par conséquent générale. Un animal qui a eu une forte réaction leucocytaire à la propeptone n'en aura plus ni avec la crépitine, ni avec le chlorure de sodium, et inversement. Les doses extrêmement faibles sont encore actives; il suffit de doux miUièmes de milli- gramme de crépitine pour avoir un effet très appréciable sur les leucocytes. D'ailleurs réaction et immunité sont phénomènes ne portant que sur les leucocytes. r)u n'atteint ainsi qu'un seul tissu, et dans une seule de ses manifestations. On évolue dans une phy- siologie toute spéciale qui est aljsolument soustraite à toute constatation autre qu'un plus ou moins grand nombre de leucocytes. Toutes ces expériences de Ch. Richet ont été faites avec P. Lassablière. (Ou. Richet. La réaction leucocytaire. Presse médicale, 2 juillet 1913, 537-341). LEUCOCYTES. 135 (leucopénie) c'est là un signe de pronostic grave, puisqu'il indique l'arrêt de la leuco- poièse. I, Leucocytoses partielles. — Nous examinerons successivement les hyperleucocj-- toses et les hypoleucocytoses partielles. A. Hyperleucocytoses partielles. On distingue autant de leucocytoses partielles qu'il y a de variétés de leucocytes. 1) LympJiocytose. — La lymphocytose (augmentation de nombre des lymphocytes) est physiologique durant la première année de la vie et pendant la digestion. En clinique elle est d'observation rare. C'est chez les leucémiques qu'elle est de beaucoup le plus notable. Chez ces malades, le sang en hyperleucocytose peut contenir près de 200 000 lymphocytes par millimètre cube. Les lymphocytes peuvent être dans le sang aussi nombreux que les globules rouges. ■ La lymphocytose a encore été observée dans certaines maladies du tube digestif, dans la coquelmlie, dans la deuxième période de la fièvre typhoïde, à la fin de la période d'éruption de la rougeole, dans les accès de paludisme, dans la syphilis congénitale. 2) Leucocijtose mononucléaire {Mononucléose). — L'augmentation des leucocytes mononucléaires peut être pure ou associée à la lymphocytose. La mononucléose pure a été encore observée dans la deuxième période de la fièvre typhoïde, dans la tuberculose et la syphilis, dans la varicelle, la variole, dans les oreillons non compliqués d'orchite, enfin dans les périodes intercalaires qui séparent les accès de paludisme. Dans tous ces cas, les mononucléaires peuvent représenter la moitié et plus (50 à 60 p. 100) des leucocytes du sang. La seconde modalité de la leucocytose mononucléaire a été observée par Proscher (1904) en injectant dans les vaissaux du lapin des extraits de tumeur cancéreuse. .3) Leucocytose neutroph'de. — La leucocytose neutrophile est physiologique au cours de la vieillesse, comme l'ont annoncé Jolly (1897) et Dobrovici (1904). De 22 à 45 ans on trouve 61,5 p. 100 de neutrophiles ; ce chiffre s'élève à 8.^,3 p. 100 chez les vieillai^ds. La leucocytose neutrophile s'observe aussi dans les maladies. Après les liémorrhagies, on voit parfois augmenter les neutrophiles de nombre. Dans les néoplasies, leur nombre s'élèvera à Ib ou 20 000. Aussi, dans les cas où le diagnostic de cancer est douteux, l'apparition d'une leucocytose neutrophile est en faveur de l'hypothèse d'un cancer (Hayem), et surtout d'un cancer ulcéré. RiEDER a observé des chitfres de lo 000 leucocytes (après une hémoptysie), 26.jOO (cancer utérin). « Cette leucocytose parait proportionnelle à la quantité de sang perdu, d"une part, et, d'autre part, à l'activité des organes leucopoiétiques. » La leucocytose neutrophile s'observe encore dans les cachexies (mal de Bright), dans l'agonie de sujets qui n'avaient jamais eu d'hyperleucocytose. La leucocytose neutrophile est de règle dans les maladies infectieuses, à l'exception de la typhoïde et de la rougeole sans complications, à l'exception de la méningite tuberculeuse. Dans la pneumonie et l'érysipèle, elle est très précoce (24 000) et transitoire, en l'absence de complications. Dans la variole, elle se produit au moment de la formation des pustules, et seulement dans les cas graves. Dans la scarlatine, «die se montre 1 à 6 jours après l'apparition de l'éruption; elle dure 20 à 30 jours. Elle se chiffre par 10 à 23000 neutrophiles. La leucocytose neutrophile est de règle dans les cas moyens de diphtérie ; elle n'est pas modifiée par la sérothérapie. Besredka tire de cette leucocytose des indications pour le pronostic. Un à deux jours après l'injection de sérum, le pronostic est bon, mauvais ou fatal selon que les neutrophiles forment les 60 p. 100, 50 p. 100 ou moins de oOp. 100 des leucocytes. On connaît la neutrophilie de la syphilis primaire et secondaire et celle du rhuma- tisme articulaire aigu; cette dernière (15 à 17 000) est proportionnelle à la gravité de l'alfection. Dans les affections génitales de la femme, la leucocytose est en rapport avec la suppuration. 136 LEUCOCYTES. Les formes légères d'appendicite ne s'accompagnent pas le plus souvent d'hyper- leucocytose. Il en serait de même des appendicites simplement suppurées au dire de Federmann (1904), tandis que d'autres auteurs signalent le contraire. Que la leucocytose apparaisse ou s'accroisse (15 à 30 000 leucocytes) le pronostic s'aggrave : (c'est signe de gangrène ou de perforation). Quelle diminue, c'est là un indice d'amélioration. Toutefois l'hypoleucocytose a été observée dans l'appendicite : Federmann l'a observée dans des formes très toxiques, à pronostic très réservé. L'obstruction intestinale donne des indications hématologiques semblables à l'appendicite. La leucocytose par intoxication a été observée dans la narcose prolongée obtenue parle chloroforme et Téther, dans l'empoisonnement par le gaz d'éclairage, l'arsenic, le chlorate de potasse, après l'administration de la pilocarpine ou de quinine. Enfin une mention particulière doit être faite de la leucocytose hématopoiétique (leucémie, leucocythémie). Les neutrophiles augmentent de nombre (70 000), on les a vus devenir 80 fois plus nombreux qu'à l'état normal (500 000 par mm^). On cite pour- tant des cas où, en l'absence de leucémie, les neutrophiles se sont élevés à 70 ou 80 000; à 70 000 dans un cancer du corps thyroïde (Hayem), à 73 000 dans une bronchopneumonie survenue dans une cirrhose hypertrophique du foie (Parmextier et Bensaude), à 79 000 dans une pneumonie infantile (Gu.ndubin). Leucocytose èosinophile. — La leucocytose éosinophile est locale ou générale; dans le premier cas elle reste localisée dans les tissus, au pourtour des lésions parasitaires (kyste hydatique) ; dans le second, elle est générale etporte sur les éosinophiles en circu- lation dans les vaisseaux. WiDAL et BuRNET (1906) ont même vu une éosinophilie sanguine (19 p. 100) se développer et persister plusieurs années après une éosinophilie locale, de siège pleural. Cette leucocytose est pure ou associée à laneutrophilie. Ainsi Nowack (1905) a observé dans le sang une neutrophilie qui coïncidait avec une éosinophilie remarquable des tissus. La leucocytose éosinophile s'observe dans la leucémie myélogène, l'asthme et sur- tout au moment des paroxysmes (10 à 50 p. lOOj. Elle est fréquente dans la scarlatine et d'un pronostic favorable, et de règle dans la blennorrhagie (40 p. 100 au 2'' mois). Mais c'est surtout dans les dermatoses et dans les affections parasitaires que l'éosinophilie est caractéristique. Elle a été signalée dans les dermatoses pemphigoïdes, où les vésicules et les bulles sont remplies d'éosinophiles, dans le psoriasis, le lupus, la lèpre et l'urticaire, où les éosinophiles forment parfois les 60 p. 100 des leucocytes. J. Gaillard (1906) a constaté 8 fois, sur 11 malades atteints de maladie de Recklin- GHAUSEN, une éosinophilie (de 2,1 à 15 p. 100). Les cinq enfants d'un des sujets examinés et qui présentait de l'éosinophilie, avaient tous de l'éosinophilie, et l'éosinophilie était surtout marquée chez ceux de ces enfants qui ne portaient pas de taches pigmentaires. Après la splénectomie, Audibert et Valette (1907) ont noté une éosinophilie consi- dérable (23 p. 100), qui 6 mois après l'intervention était tombée à 6,1 p. 100. L'éosinophilie est très fréquente, sinon constante chez les sujets atteinis de sporo- trichose (Brissaud, Joltraix et A. Weill), d'ascaridie (8,5 p. 100), de kystes hydatiques (10 p. 100, AcHARD et Laubry), de ladrerie (11 p. 100, Achard et Lœper), de strongles (13 à 14 p. 100), d'oxyures (16 p. 100) et dans ce dernier cas, l'éosinophilie coïncide avec l'hyperleucocytose (10 à 20 000 leucocytes). Les éosinophiles arrivent même à représenter les 34/100 (ténia), les 53/100 (filariose), les 68/100 (trichinose), les 72/100 (uncinaviose), des leucocytes du sang. Cette éosinophilie a été observée chez l'homme, comme chez les animaux (sclérostomiase du cheval, Valillo (1909j. L'éosinophilie du cheval est un phénomène très individuel; elle n'est pas propor- tionnelle au nombre de parasites dont l'animal est porteur. Les infections, la fatigue, la mort du parasite dans l'intestin, abaissent le taux de Téosinophilie, ou font même disparaître cette lésion (Wei.xbehg et Alexander, 1908). L'éosinophilie parasitaire serait due aux toxines que fabrique le parasite. Ces toxines LEUCOCYTES. 137 agiraient sur la moelle osseuse qui, de ce fait, élaborerait des éosinophiles en grande abondance (Weinberg et Mellor, 1908). Hyperleiicocytoses basophiles. — La leucocytose basophiie porte ou sur les baso- philtvs du sang ou sur ceux des tissus. Dans le premier cas, elle est peu considérable (20 p. 100) : on l'observe par exemple en injectant un sérum hémolytique dans le sang du lapin. On l'a signalée aussi dans la maladie de Basedow, l'hystérie, la chlorose, l'asthme, le rhumatisme. Dans le second cas, la leucocytose est intense (11 p. 100). Wolff l'a décrite dans les exsudais pleuraux survenus au cours de la leucémie myélogène. En résumé, des diverses variétés de leucocytose, la lymphocytose et la leucocytose neutrophile relèvent tantôt de causes physiologiques, tantôt de causes morbides. Toutes les autres leucocytoses sont d'ordre pathologique. II. Hypoleucocytoses partielles. — A côté des hypoleucocytoses totales, il existe des hypoleucocytoses partielles. Elles portent par exemple sur les lymphocytes, dans la tuberculose et le cancer, lésions qui détruisent ou altèrent les ganglions lym- phatiques. Elles portent sur les éosinophiles, pendant la durée des maladies infectieuses (pneumonie, typhoïde, rougeole, érysipèle). La maladie une fois terminée, il se produit en revanche une hyperleucocytose éosinophile post-fébrile ou réactionnelle. Enfin on peut voir (Etienne, Rémy et Boulanger, 1909) une hypoleucocytose totale se développer 24 heures après une injection de tuberculine, et persister pendant 6 mois. Si l'on étudie le pourcentage des leucocytes granuleux, on constate que les éosinophiles ne varient pas de nombre, que les basophiles augmentent de nombre le lendemain de l'injection, et que les neutrophiles, dont le nombre a d'abord diminué, augmentent au bout de 6 mois. Ce fait montre bien que les diverses espèces de cellules granuleuses ont une évolution absolument indépendante. Un fait du même ordre ressort d'expériences de Howard (1907). En injectant à des cobayes de l'eau salée, des albuminoïdes ou des émulsions bactériennes, on observe d'abord une leucopénie. Dans un second temps, ir se produit une hyperleucocytose neutrophile, en même temps qu'une hypoleucocytose éosinophile, qui tient sans doute à la destruction de nombreux leucocytes éosinophiles. Chimie des leucocytes. — La chimie du leucocyte prête encore à discussion : les renseignements qui suivent sont empruntés pour la plupart au livre d'A. GauTier. Les leucocytes sont constitués : a) De matières minérales (Cl, P'-0% K, Na, Ga, Mg, Fe) ; b) De matières organiques telles que le glycogène (qui n'existe que pendant la vie), la lécithine, les savons à acides gras, la cholestérine, la cérébrine. On y trouve aussi des substances extractives indéterminées. Mais ce sont surtout les matières protéiques qui constituent la masse principale du globule blanc. Ces matières protéiques sont : 1» Une substance présentant certaines propriétés de la mucose, mais qui diffère chimiquement de cette mucose. C'est la " substance hyaline » de Rovida ; 2° Des nucléo-albumines; 30 Une albuminoïde coagulable à 73» et très voisine de la sérumalbumine. La fibrine et la myosine, quelquefois signalées, ne paraissent pas exister. Toutefois cette dernière substance pourraitse trouver dans les leucocytes, quand s'effectuent, par exemple, d'importantes régressions du système musculaire (métamorphose des batra- ciens anoures). LiLiENFELD, BU précipitant l'extrait aqueux de globules blancs par l'acide acétique, et en traitant le précipité par l'alcool-éther, obtient un résidu de nucléo-histone, sorte de nucléo-albumine qui se décompose facilement en nucléine et en histone. Celle-ci, voisine des albumoses, exerce sur la coagulation du sang une action retardatrice très mar- quée. Pour A. ScHMiDï, les leucocytes contiendraient le ferment de la fibrine et deux autres substances, la cytine et la cytoglobuline, qui sont capables de se transformer en pré- globuline, puis en fibrinogène. Au dire de Pekelharing et d'HAMMARSTEN, le ferment de la fibrine serait une nucléo- albumine calcique. 138 LEUCOCYTES. V. - BIOLOGIE DU LEUCOCYTE. Nous n'avons jusqu'ici examiné que le leucocyte fixé dans l'altitude où l'ont sur- pris les réactifs. Il importe maintenant de suivre le leucocyte dans les manifestations diverses de son activité, et de rechercher son origine et sa fin. Fonctions du globule blanc. — A. Le globule blanc est capable de sécrétion. C'est une glande unicellulaire. Nombre de faits justifient cette interprétation. Chez les invertébrés (car cela est discuté chez les mammifères) le globule blanc revêt successivement les formes de lymphocyte, de mononucléaire; puis il élabore de fines granulations neutrophiles qui sont le stade préparatoire de la grosse granulation baso ou acidophile. Cette granulation albuminoïde du groupe des globulines paraît se dissoudre ultiraement dans le sang. Le globule blanc peut contenir de la graisse, du glycogène, toutes substances qu'il est facile de caractériser à l'aide de réactifs appropriés. Il importe d'ailleurs de remarquer que ces constituants chimiques du leucocyte ne sont pas d'une absolue fixité. Après ingestion de médicaments ferrugineux, on trouve dans les lymphatiques des leucocytes chargés d'un fer qu'on peut déceler parle sulfure d'ammonium, et que les leucocytes transportent vers les ganglions. « Ce rôle de véhi- cule leur a été attribué pour la graisse et on a même soutenu (autrefois) que les globules blancs pénètrent jusque dans la lumière du tube digestif et se chargent de gouttelettes graisseuses. Enfin le glycogène que l'on trouve dans le sang serait presque un quart du glycogène véhiculé par les leucocytes " (Lambling). A côté des substances figurées, qu'élabore ou que transporte le leucocyte, il en est d'autres qui, pour échapper à l'analyse histologique, n'en sont pas moins certaines. Elles sont représentées par des ferments. Ces ferments ont été étudiés en France par P. Portier, Aghalme, Lépine, Fiessinger et Marie (P.-L.); en Allemagne parE. Mûller, Jochman.x, Wiens, Stern, Eppenstein, Ernst, FuRTH, V. Czyharz, etc. 1° Protéase ou djastase protéolytique. Cette diastase, étudiée par Muller et Joch- MANN (1907), par E. Mûller et Wiexs (1909), par Achalme, par Opie et Barrer, par Fies- SLNGER (N.) et Marie (P.-L.), agit en milieu neutre. Si l'on additionne le pus d'un antiseptique, il se liquéfie rapidement à 37° et dans la liqueur apparaissent des acides aminés et des bases puriques qui sont les produits de l'autolyse des protéines et des nucléo-albumines. Cette diastase digère aussi les exsudats et les fragments de fibrine ou de tissu qu'on met en sa présence. Elle entre enjeu au cours de la pneumonie. A la période d'état de cette maladie, les alvéoles sont comblés par un exsudât fibrineux qui très rapidement disparaît : au début de l'hépatisation grise, les leucocytes envahissent l'exsudat, le dissolvent par les fer- ments qu'ils forment en se détruisant eux-mêmes. Enfin on a cherché à localiser le siège de la protéase. Ce ferment est surtout abon- dant dans les polynucléaires. Voilà pourquoi le sang de leucémie myélogène déposé à l'étude sur du sérum coagulé, provoque rapidement le creusement de cupules de liqué- faction plus ou moins profondes. Toutefois le pus des abcès froids non traités par l'iodoforme ne jouirait pas de pro- priétés protéolytiques (Muller et Jochman.n). Ajoutons qu'un ferment tryptique aurait été constaté chez les polynucléaires et chez les myélocytes, par H. Stern et Eppenstei.x (1907). 2» La lipase qu'HANRiOT a démontrée dans le sérum sanguin serait originaire des leucocytes hyalins. Elle existe dans les ganglions (Poulain) et la rate (Fiessinger, P.-L. Mariej, et fait défaut dans la moelle des os. 3» L'amylase qui agit sur les hydrates de carbone. 4" Un ferment (Lépine), qui provoque la destruction du sucre du sang, et qui n'est pas identique aux peroxydases, comme l'ont montré (1907), V. Czyharz, Erxst, Furth. C'est là une glycolase. LEUCOCYTES. I3;V o° Les diastases d'oxydation ont été étudiées par P. Portier. Elles se rapportent aux trois types connus des diastases d'oxydation : les catalases, les peroxydases,les oxydases vraies. Les premières, qu'on trouve dans le pus, sont des diastases capables de décomposer l'eau oxygénée. Les secondes ont la même propriété; mais de plus, en présence de l'eau oxygénée,, elles peuvent oxyder la teinture de gaiac et la solution aqueuse de gaiacol; elles bleuissent la première et rougissent la seconde. Enfin les oxydases vraies ont les mêmes réactions que l'oxydasc, à cette différence qu'elles oxydent la teinture de gaiac en l'absence de l'eau oxygénée. 6" Les diastases de coagulation qu'élabore le leucocyte sont la chymosine (Achalme), qui coagule la caséine du lait, et la thrombine ou ferment de la fibrine ; 7° Le ferment de la fibrine paraît aussi fourni par les leucocytes. C'est Alex.vndke Sghmidt de Dorpat qui le premier a compris que la fibrine se forme aux dépens d'une matière albuminoïde du plasma, le fibrinogène, sous l'iniluence d'une diastase. En effet, dans le sang sorti des vaisseaux, les leucocytes abandonnent au plasma une pro- diastase (prothrombine, proplasmase, proferment de la fibrine), et cette prodiastase se transforme en diastase (thrombine, plasmase), sous l'action des sels de chaux (Arthus, Pages), du plasma. Si l'on précipite du plasma ces sels de chaux à l'aide d'oxalates alcalins, le sang ne se coagule plus. L'addition de sels de chaux à ce sang décalcifié restitue au sang sa coagulabilité. Les sels de chaux ne paraissent pas les seules substances capables d'amener la transformation de la prothrombine en thrombine. Delezenne, en recueillant le sang d'un vaisseau à l'aide d'une canule vaselinée, pour soustraire ce sang au contact des lèvres de la plaie, constate que ce sang se coagule avec une extrême lenteur. Les lèvres de la plaie amènent une coagulation instantanée en déversant dans le sang des traces de leur substance. Les tissus agiraient (Morawitz) à l'aide d'une kinase qui provoquerait, avec les sels de chaux, la transformation de la prothrombine en thrombine. Selon d'autres auteurs, « dans le sang sortant des vaisseaux, la kinaso serait fournie par les éléments figurés (leucocytes et plaquettes) et la prothrombine existerait dans le plasma, ou serait sécrétée par les leucocytes » (Lambllxg). Nous nous bornons ici à ces données très géné- rales et nous renvoyons pour les détails aux articles Sang et Coagulation. Disons toutefois qu'une série d'expériences semble démontrer que le ferment de la fibrine est bien élaboré par les globules blancs. L'une d'entre elles est classique. Isolons par deux ligatures un segment de jugulaire du cheval ; réséquons la veine au delà des 2 ligatures; suspendons verticalementle segment isolé. Les globules rouges, plus lourdsqueles leucocytes, déposent dans la partie iuférieure de ce segment; le plasma se rassemble à sa partie supérieure, et contre ces deux zones s'étend une mince couche for- mée par les globules blancs et les globulins. Si on prélève un peu du liquide de chacune des trois zones (zone de plasma, zone de leucocytes et de globulins, zone d'hématies) et qu'on le mélange dans un pende liquide d'hydrocèle qui ne coagule pas spontanément, on constate que la zone moyenne de la veine qui contient leucocytes et globulins présente seule un pouvoir coagulant des plus accusés. D'autre parties transsudats séreux (liquide d'hydrocèle) ne se coagulent jamais spon- tanément, à l'inverse des exsudats infiammatoires. Or ces derniers contiennent seuls des leucocytes '. En résumé, le leucocyte élabore : a) des diastases de coagulation (chymosine, thrombine). b) des diastases d'hydratation et de déshydratation exerçant leur action sur les protéides, les hydrates de carbone ou les graisses; c) des diastases d'oxydation et de désoxydation. Ces diastases interviennent sans doute dans la production des précipitines, des hémo- lysines et des bactériolysines (Werbitzki, 1909)! 1. On s'est demandé pourquoi le sang des régies ne se coagule pas, et on a émis l'hypothèse que ce fait était dû à une insuffisance de la thrombine qui serait inactivée ou retenue par le nuicu'i cervical (Cristea et Denk, 1910). 140 LEUCOCYTES. B. Le globule blanc est capable d'excrétion. « Les globules des Échinodermes et des Bryozoaires, ceux des vaisseaux des Oligochètes, sont des cellules excrétrices flottantes, des reins unicellulaires qui se chargentdes produits de désassimilation de l'organisme. » Spiluian.n etBRDNTz (1011) ont insisté sur ce rôle éliminateur auquel ils font jouer une fonction considérable en pathologie; et ils écrivent: " 1° Les liquides sont fixés mécanique- ment par certaines formes de leucocytes [Phase de fixation). 2° Les globules blancs trans- portent les substances fixées à des organes d'excrétion clos ou ouverts [Phase de transport). 3" les organes d'excrétion clos ou ouverts (foie, rein) s'emparent par un pro- cessus glandulaire spécial, des produits fixés par les leucocytes [Phase d'excrétion). » Chez les Mammifères, les leucocytes acidophiles essaiment souvent leurs granulations au sein des tissus (Bonne) et ce phénomène peut être considéré comme un acte d'excrétion. C. Enfin le globule blanc est un élément mobile, c'est-à-dire capable de se déplacer. Le mouvement amiboïde s'étudie sur de la lymphe de grenouille (Wharton Jones, 1846) maintenue à la chambre humide, et au besoin légèrement réchauffée à l'aide de la platine chauffante. Dans ces conditions on voit le leucocyte émettre sur place des prolongements qui <■ rentrent «bientôt dans le cytoplasme, tandis que d'autres prolonge- ments apparaissent. Dans certains cas les prolongements apparaissent à une extrémité de la cellule; puis le corps cellulaire, entraînant le noyau, quitte la place qu'il occupait pour venir prendre celle où ses prolongements s'étaient étalés. Le phénomène se répète de la même faron et parfois dans le même sens, et le leucocyte se déplace dans une direction donnée. E. Maurel a soumis (1890) les leucocytes à l'action de diverses températures. A 25° le leucocyte présente ses propriétés amiboïdes; A 20° il se déforme sur place; A 16° tout mouvement disparaît; A 14° le leucocyte d'un animal à température constante meurt. De 25° à39° l'amiboïsme est d'autant plus net que la température s'écarte davantage de 25°. Le maximum d'activité s'observe de 39° à 42°. Au-dessus de 44° la vie du leucocyte est menacée. Porté à 47°, ne fût-ce que quelques minutes, le leucocyte meurt. Cesphénomènes constatés chez l'homme sont identiques chez la femme et chez l'enfant. Maurel a montréaussi qu'il existe des rapports constants entre la température normale d'un animal et la température maximale supportée par le leucocyte et il considère «que le coma et la mort de l'animal réchauffé ou refroidi au delà de certaines limites sont la conséquence de l'immobilité et de la mort de ses leucocytes ». (1890-1891, Recherches expérimentales sur les leucocytes du sang, Paris, Doin.) Le mouvement amiboïde est-il une propriété générale, propre à tous les globules blancs, au moins in vitro'} On discute encore sur ce point. Nombre d'auteurs affirment que le lymphocyte est immobile. D'autres, tels que Jolly, Wolf, prétendent que tous les leucocytes sont capables de mouvement. Mais ce mouvement ne serait pas identique dans toutes les variétés de leu- cocytes. Les lymphocytes sont les moins mobiles de tous les leucocytes. Leurs mouvements sont peu marqués et, pour les voir, il faut les examiner en provoquant une augmentation de température relativement considérable. On aurait vu ces mouvements dans les lympho- cytoses et dans la lymphe du canal thoracique. Les leucocytes mononucléaires (et les myélocytes) n'ont que des mouvements lents et de faible amplitude. Les leucocytes granuleux, et surtout les neutrophiles, seraient les plus mobiles. On a pu observer ces mouvements dans des leucocytes observés plusieurs semaines ou plusieurs mois soit entre lame et lamelle, soit en tubes scellés (Jolly). Tous les auteurs ne pensent pas cependant que les prolongements dits amiboïdes re- présentent une formation normale; ils seraient l'indice non de l'activité du leucocyte, mais de sa désagrégation (plasmolyse) ; c'est là l'opinion de Lôwit, de Griesbach (1891), de Retterer, etc. S'il est vrai que le leucocyte est un amibocyte, c'est en tant qu'amibocyte qu'il intervient dans l'incorporation des corps étrangers (phagocytose) et dans la migration (diapédèse). LEUCOCYTES. 141 Phagocytose et diapédèse sont démontrables par une expérience classique. Qu'on injecte dans le sac lymphatique dorsal d'une grenouille un liquide tenant en suspension du carmin pulvérisé, puis qu'on place dans ce même sac lymphatique un minuscule fragment de moelle de sureau, au bout de quelque temps les cavités cellulaires de la moelle de sureau seront remplies partiellement de leucocytes chargés de carmin. Les leucocytes ont fixé le carmin (phagocytose), puis ont pénétré dans la moelle de sureau (migration) Diapédèse. — En 1824, Dutrochet observa le premier la diapédèse sur la queue des têtards de batraciens. Plus tard, Cohnheim (1867) immobilisa une grenouille à l'aide du curare; il pratiqua une incision à la paroi abdominale, attii-a une anse intestinale à travers les lèvres de la plaie, et c'est sur le péritoine enflammé par ces conditions d'observation anormales (contact direct de l'oxygène de l'air) qu'il observa la diapédèse. Tout d'abord, les vaisseaux se dilatent; la dilatation porte d'abord et surtout sur les artères qui doublent de diamètre au bout d'une heure ou deux; elle porte plus tard sur les veines, et en dernier lieu sur les capillaires, qui de tous les vaisseaux sanguins sont les moins dilatés. En même temps la vitesse du sang s'accroît dans ces vaisseaux. Au bout de deux heures, la circulation se ralentit; les leucocytes viennent prendre contact avec la paroi vasculaire (margination des leucocytes) et le centre du vaisseau est occupé presque exclusivement par une colonne d'hématies. Dans un dernier stade les leucocytes insinuent un prolongement à travers un orifice préformé, ménagé entre (stigmate) ou à travers (stomate d'ARNOLD) certaines cellule.s endothéliales du capillaire. Stricker, Golubew pensent qu'il s'agit là d'un orifice néoformé, qui serait dû à la contraction de rendothélium des capillaires. Quoi qu'il en soit, on voit apparaître sur le contour externe du capillaire une pointe protoplasmique qui grossit à mesure que diminue la partie de la cellule encore contenue dans la lumière du vaisseau. Quand on observe le phénomène « on est frappé par la difficulté que présente le passage du noyau; une fois que celui-ci se trouve en dehors du vaisseau » le reste du protoplasme traverse la paroi presque d'un seul coup. Il est évident qu'un noyau fragmenté en plusieurs lobes doit traverser la paroi beaucoup plus facilement qu'un grand noyau entier. Voilà, dit Metchnikoff, pourquoi les leucocytes polynucléaires se trouvent dans le pus en plus grande quantité que les mononucléaires, puisque la diapédèse est la prin- cipale source des éléments du pus. » (M. Duval.) La diapédèse se produit donc grâce à l'état des vaisseaux, mais elle ne résulte pas, comme le croyait Coh.xheim, d'un phénomène passif, c'est-à-dire des modifications de la pression vasculaire. Elle représente un phénomène actif (Thona, Recklk\ghausen). Le leucocyte intervient par son activité. Aussi la diapédèse continue-t-elle chez la grenouille dont le cœur a cessé de battre. Que l'activité du leucocyte se trouve entravée par l'opium ou le chloroforme, malgré la dilatation vasculaire, malgré la margination des leucocytes, la diapédèse ne se produira point. Il importe enfin de noter que tous les leucocytes ne sont pas aptes à diapédéser. Les leucocytes acidophiles et neutrophiles (et peut-être seulement l'une de ces deux formes) sont capables de diapédèse. Ce sont en effet ceux-là qui sont le plus sensibles à l'action de l'oxygène, les seuls qui possèdent des mouvements amiboïdes très éner- giques, les seuls dont le noyau paraisse adapté à cette fonction tout à fait spéciale. Nous examinerons ultérieurement le sort des leucocytes diapédésés. Phagocytose. — L'incorporation des substances (corps étrangers, bactéries, etc.) est une fonction commune à nombre de cellules vivantes (Metchnikoff, Kantacuzèxe). Nom- bre de cellules fixes, de cellules endothéliales sont capables de phagocytose. Il en est de même des leucocytes. Tous d'ailleurs ne sont pas phagocytaires au même degré. Si cette propriété est très marquée chez les gros mononucléaires (Macrophages) et chez les neutrophiles [Micro- phages), elle existe aussi chez les lymphocytes (Helly, 1904) et les éosinophiles (Mesnil, Nattan Larrier et Parvu (1909). La phagocytose s'exerce sur les corps étrangers, sur les cellules de l'organisme, sur des cellules animales ou végétales d'origine exogène (parasites). Qu'on injecte du carmin dans les sacs lymphatiques dorsaux de la grenouille, et l'on trouvera bientôt le carmin incorporé par les leucocytes. Les poussières de charbon qu'on U^ LEUCOCYTES. trouve dans les alvéoles du poumon chez les habitants des villes ont été également phagocytées par les leucocytes, et ce sont surtout les polynucléaires qui fixent l'encre de Chine en suspension dans l'eau salée. Mais la phagocytose ne s'exerce pas seulement sur les corps inertes (Achard et Fecillié, 1908). Nombre de cellules, mortes au cours de l'évolution normale ou patho- logique, sont incorporées par les leucocytes. Chez les insectes, quand la larve se transforme en nymphe, les amibocytes attaquent les tissus larvaires; les fibres musculaires sont fragmentées en petits tronçons dits sarcolytes, que les leucocytes englobent, digèrent et réduisent en fines sphérules granu- leuses ; tous les divers organes, à l'exception des organes génitaux, subissent le même sort (Weisma.nn, Kowalewsky). La régression de la queue chez les têtards des Batraciens nous fournit un autre exemple de phagocytose (Metchnikoff, S. Mayer, Bataillon, Mercier). Les muscles sont phagocytés par les leucocytes, comme on a pu s'en rendre compte en injectant du carmin chez les animaux en expérience. Les cellules nerveuses vieillies sont phagocytées parles leucocytes, assurent certains auteurs (Pugnat); par la névroglie, affirment quelques autres. ^,es globules rouges qui diapédèsent à la fin de l'expérience de Cohnheim et qui diapédèsent d'une façon passive, parce qu'ils sont poussés par la pression sanguine à travers une de ces perforations pratiquées par les leucocytes (diapédèse active), ces glo- bules rouges, une fois diapédésés, ne tardent pas à s'altérer (Rouget, 1874). Se trouve-t-il à leur voisinage un leucocyte? celui-ci bien vivant ne tarde pas à incorporer l'hématie déformée, à la détruire, et le pigment qu'il garde quelque temps est le témoin de l'acte phagocytaire. La phagocytose s'exerce enfin sur les cellules étrangères à l'organisme. Den'vs injecte dans la queue d'un lapin quelques centimètz'es cubes d'une culture de staphylocoques. Le lendemain il tue le lapin et centrifuge l'exsudat pleural qui est très riche en leucocytes. Il recueille ces leucocytes et les met en suspension dans du sérum de lapin. Il dépose alors sur un porte-objet une goutté de ce sérum et une goutte de culture de bacille du foin, vieille de 6 heures. En examinant la prépara- tion avec une platine chauffante (3b°-40'') on voit les globules blancs incorporer les bacilles. La phagocytose du bacille de Koch, du Proteus, du Streptococcus, du bacille de He.xsen, de spores de bactéries par les leucocytes est bien connue. La phagocytose du bacille de Koch, par exemple, s'effectue in vivo à l'aide des leucocytes du tissu tuberculeux; elle s'observe aisément in vitro, surtout si l'orr addi- tionne les bacilles d'un peu de sérum de l'individu malade (Lowenstei.n, 1909). On sait même que les leucocytes peuvent phagocyter des protozoaires. James et Betleyont (1905) ont vu chez 6 chiens de l'Assam des leucocytes phagocyter un parasite semblable à une hémogrégarine, sur 39 animaux examinés dans leurs expériences. Depuis cette époque, on a décrit des leucocytozoaires chez le chien du Tonkin, l'écureuil des palmiers, le chat, le lapin, le cobaye, le rat, la souris. Il importe maintenant de préciser les conditions dans lesquelles s'effectue la phago- cytose. 1° Le leucocyte phagocytaire. — C'est un fait bien établi que certains leucocytes sont aptes à phagocyter certains micro-organismes, mais restent inactifs en présence d'autres bactéries. Ainsi les neutrophiles phagocytent le streptocoque, mais n'englobent jamais la bacille de Hensen, tandis que les mononucléaires, qui détruisent le bacille de Hense.x, n'attaquent jamais le streptocoque. Bordet, en injectant dans le péritoine d'un cobaye un mélange de Streptocoques et de Proteus a constaté que certains éléments phagocytent électivement le Proteus, tandis que d'autres portent leur action sur le Streptocoque. 2° L'élément à phagocyter. — L'élément à phagocyter intervient par sa taille et par sa nature. Les microphages englobent seulement des bactéries ou des poussières inertes (charbon, carmin). LEUCOCYTES. 143 Les macrophages au contraire sont capables d'incorporer une cellule entière ou une hématie. Si la proie est plus volumineuse encore, on voit les macrophages fragmenter la proie ou l'entourer en se fusionnant et en constituant ainsi une cellule géante à noyaux multiples. — Dans la granulation tuberculeuse, par exemple, le centre de la granulation est occupé par une cellule géante pouvue de 20, 30, oO noyaux qu'entoure une couronne de gros éléments connus sous le nom de cellules épitliélioïdes et qui seraient des mononucléaires. L'élément à phagocyter intervient encore par sa nature, c'est-à-dire par ses qualités physico-chimiques (Massart el Bordet). Ses sécrétions attirent (chimiotactisme positif, certains globules blancs, et exercent sur d'autres globules blancs une véritable répulsion (chimiolactisme négatif). Ce sens opposé du chimiotactisme s'expliquerait par des variations de la tension superficielle du leucocyte, variations déterminées par les sécrétions microbiennes. — Un exemple ne sera pas inutile. Lorsqu'on introduit dans la cavité péritonéale d'un lapin un tube capillaire rempli d'une culture de staphylocoque doré, on constate au bout de 10 à 12 heures que le tube est rempli de leucocytes, et ce qui prouve bien que ce sont les staphylocoques, et non le milieu de culture, qui déter- minent ce chimiotactisme positif, c'est qu'un tube capillaire rempli de ce milieu de cul- ture stérile ne se remplit pas de leucocytes, et qu'un tube de culture chargé de produits de sécrétion microbienne, mais débarrassé par filtration sur porcelaine de ses micro- organismes, ne tarde pas à se remplir de leucocytes. La chimiotaxie et, en dernière analyse, les variations de la tension superficielle expliqueraient donc le mécanisme de la phagocytose. Comment s'eifectue l'englobement du corps phagocyté et que devient ultérieurement . Certaines cellules interstitielles du testicule provien- draient, chez le cheval, de leucocytes fixés (Rouin et Ancel). Rénaux pense que les leucocytes, en pénétrant dans les tubercules fibreux, peuvent remanier ce tissu et le transformer en tissu réticulé, mais il est inutile de transcrire loO LEUCODRINE — LIMACINE. toutes les destinées, qu'à tort ou à raison, on a prêtées» plus ou moins gratuitement, au leucocyte. Bornons-nous à rappeler seulement celles qui ont été le mieux étudiées. II existe dans les membranes péritonéales du triton d'énormes éléments (1 millimètre; fusiformes ou arborisés, pourvus d un noyau clair et d'un corps cellulaire, sinueux, fait de segments irréguliers, alternativement renflés et amincis. Ce sont là les clasma- tocytes qui s'effritent en abandonnant dans la séreuse des parties de leur cytoplasme et ces clasmatocytes des Batraciens seraient des Mastzellen de forme spéciale. Chez les Mammifères, ces clasmatocytes sont petits; ils sont individualisés par un noyau massif, allongé, irrégulier; le cytoplasme est porteur de prolongements latéraux ou terminaux qui sont grenus et réfringents. Ces prolongements ne s'anastomosent jamais. Ces clasmatocytes s'observent dans le péritoine à côté de Mastzellen et des Plasma- zellen, dont ils se distinguent aisément. Or ces clasmatocytes sont des leucocytes transformés et, dans certaines conditions, ils font retour à leur forme initiale. En chauffant, pendant 1 heure, à 23° la lymphe péritonéale d'une grenouille, Ra.nvieh détermine l'apparition de clasmatocytes. En provoquant, à l'aide du nitrate d'argent, une péritonite expérimentale, le même auteur voit tous les clasmatocytes disparaître de la séreuse péritonéale. Leucocyte et clasmalocyte sont donc des éléments « intertransformables ». Ce qui frappe dans l'histoire du leucocyte, c'est sa résistance; et ce fait que sou existence est en quelque sorte indépendante de celle de l'organisme dont il fait partie. Déjà Da VAINE, en 1850, comparait le leucocyte aux protozoaires, LieberrOhn (18o4) faisait de lui une sorte d'animalcule parasite : c'est cette idée que reprennent J. Renaut et GuLLAND. Henaut remarque en effet que le leucocyte jouit d'une véritable individua- lité, comparable à celle des organismes monocellulaires. « Qu'est-ce que le leucocyte? » se demande Gulland. A cela je répondrai que le leucocyte est un organisme monocellu- laire, qui, au milieu des tissus du Yertébré, garde le caractère et les mœurs d'un Pro- tozoaire. II mène une existence indépendante de celle de l'organisme dont il est l'hôte >■, de l'organisme aux dépens duquel il vit et auquel en revanche il rend d'incessants ser- vices (symbiose). Né de l'organisme, il s'en sépare donc de plus en plus, et il acquiert une résistance qu'on ne trouve dans aucun autre élément. Il peut vivre dans le sang aussi bien que dans les tissus. Il peut vivre dans l'organisme, aussi bien qu'en dehors de l'organisme auquel il appartient. Il résiste aux centrifugations répétées, aux changements de milieu qu'on lui impose, et, dans ces milieux nouveaux pour lui, il garde ses propriétés origi- nelles : il est capable de se mouvoir et d'exercer sa fonction phagocylaire. BRANCA. LEUCODRINE. — Principe amer de feuilles de Leucodendron concinnum dextrogyre. Elle donne un dérivé diacétylé C'^H^O» (C-H-'O^). LEUCOMAINES V. Ptomaïnes). LEVURES (V. Fermentation). LIGNINE (C^«H"Oi»). — Substance qu'on a identifiée avec l'hydrocellulosc (V. La.nge, 7Air Kenntniss des Lignins, Z. p. C, 1889, xiv, 15 et 21 /). LIGULINE. — Substance colorante rouge que Nicklès [Journ. de pharm. et de chimie, xxxv, 328) a extraite des baies mûres du troène {Ligustrum vulgare). Des feuilles du même arbre on a extrait une substance amère, la ligustrine, identique à la syringine. LIMACINE. — Nom donné par Bracoî hétérogène », qu'à aucun moment la lipase n'est réellement dissoute; il estime que la grosseur de la particule doit être comprise entre 0 [j.,2 et 2 [j.. Propriétés physiques et chimiques. — Comme nous l'avons dit, les réactions de la lipase ont été étudiées, non sur des solutions pures ou au moins purifiées, mais sur le suc pancréatique brut. La lipase paraît insoluble dans l'eau; elle est en effet retenue par des filtrations répétées sur le papier. Elle est absorbée par le coUodion^. Elle est dissoute ou plutôt mise en suspension dans une solution aqueuse de glycérine ou dans Téther où l'on a dissous de la matière grasse \ Aussi la lipase ne dialyse-t-elle pas ^. Comme toutes les enzymes, la lipase a une température optima qui paraît différente pour leslipases des différentes origines; celle qu'on extrait du pancréas est située entre 35 et 5o°-', mais elle agit encore notablement à 0°'". Au-dessus de 55" la lipase est rapi- dement détruite, plus vite en milieu acide qu'en milieu alcalin; toutefois, à l'état sec, il faut atteindre une température de 120° pour réaliser sa destruction totale. De même, quand on dessèche avec précaution du pancréas, sans dépasser 40-50°, on constate qu'il a perdu moitié de son pouvoir lipasique. Celui-ci ne change plus si l'on chauffe la poudre desséchée ainsi obtenue à 80-100°. A 120° au contraire, la poudre sèche devient complètement inactive ". RosE,\HEiM 1- a constaté qu'en filtrant à plusieurs reprises sur le papier la lipase pancréatique, on peut la dédoubler en 2 fractions inactives : la lipase proprement dite 1. HuFNER, Journ. f. praktische Chemie, 1872, V, 312. 2. Paschvtin, Ai'ch. Anat. und Physiologie, 1873,382. 3. LoEWENHART, Jouru. of biol. Chemistry, 1907, II, 460. 4. Bansik, Zeitschrift fiir physiol. C/iem., 1911, 238. , 5. Berzeller, Biochem. Zeilschr., 1911, XXXIV, 170. 6. P. MuLLER, Wien. Alcad., 1905, CXIV, 1. 7. Taylor, Journ. ofbiolog. Chemistry, II, 87, 1906. 8. Starkensteix, Biochem. Zeitschr.,\^{{i, XXIV, 214. 9. Slosse et LiMBOCH, Arch. inl. phys., VIII, 432, 1909. 10. Visco, Accud. Lincei, 1910. XIX. 11. CiiOAY, Journ. pharm. et chim., 1910, 10. 12. RosENHEiM, Journ. of physiol., 1910, 40. LIPASES. 155 et le co-enzyme. Par le mélange des 2 portions, on obtient un liquide qui recouvre l'activité lipasique initiale. Le co-enzyme dialyse, est thermostable, soluble dans l'alcool dilué, mais non dans l'alcool absolu ou dans l'éther. Le sérum active à un haut degré la lipase devenue inactive par séparation du co-enzyme. Du reste, la bile a une action activante des plus manifestes sur l'action lipolytique du suc pancréatique. Cette action, entrevue jadis par Cl. Bernard, a été mise au point par les travaux de Bruno ', Hewlett^, Magnus % Engel *, Kuttner ^, von Furth et SchCtz", LoEWENHART et SouNDER '', DoNATH *, Terroine '', KoRENTscHEwsKY '". Cette actiou, d'abord attribuée à la lécithine, appartient nettement aux sels biliaires. Elle est considérable, puisque la bile peut activer jusqu'à 14 fois l'action du suc pancréatique ; la concentration optimum varie avec le corps à dédoubler; pour l'huile d'olive, elle est de 2 à 4 p. 100, tandis qu'elle n'est que de 0,1 p. 100 de sels biliaires pour le dédoublement des éthers. Cette action activante a lieu, non pas parce que les sels biliaires interviennent dans la réaction chimique de dédoublement, mais par une activation sur le suc pancréa- tique (DoNAïH, Terroine). Aussi peut-on admettre dans ce suc l'existence d'un zymogène inactif fournissant de Ja lipase par l'action des sels biliaires. L'activité n'est pas la même pour les éthers et les graisses, et dépend surtout de la nature des acides mis en liberté, elle porte surtout sur la vitesse de la réaction, mais aussi sur l'état final, la quantité d'acide mis en liberté étant plus grande en présence des sels biliaires. Les sels biliaires ne sont pas seuls à provoquer cette activation. Donath a montré que la lipase, inactivée par chauffage à 63°, est réactivée par le sérum de cheval. Au contraire, chauffée à 77-80°, elle devient paralysante pour une solution active de lipase. 11 en conclut qu'elle naît d'un zymogène inactif et se compose d'une partie thermo- labile et d'une partie thermostable. D'après Rosenheim et Schaw 'S les substances hémolytiques accélèrent l'action de la lipase, tandis que la cholestérine la retarde. Enfin la kinase a aussi une action accélérante, mais un peu moindre que celle des sels biliaires. Quant au mélange de kinase et d'un sel biliaire, il a une action bien supé- rieure à celle des deux substances prises séparément. Au contraire, la présence de la lécithine ne modifie pas l'activité du suc pancréatique ''. La quantité de lipase diminue progressivement dans le suc pancréatique; le suc humain*^ recueilli par une fistule ne renfermait plus de lipase le S'ajoure Visco a vu l'activité lipasique disparaître en quelques jours à la température ambiante, en quel- ques heures à 40° '^. Enfin Terroine *^ a montré que la pancréatine digère la lipase, et que celle-ci est pro- tégée contre l'action de la pancréatine par addition d'albumine. Action sur les graisses. — Nous avons vu plus haut que Cl. Bernard avait établi que le suc pancréatique a sur les graisses une double action émulsivante et saponi- fiante, et que Berthelot avait pu séparer avec certitude les acides gras, et soupçonner la glycérine dans les produits de ce dédoublement. Les matières grasses les plus diverses sont ainsi saponifiées. Lewkowitsch et Mac Leod '6 ont montré que l'extrait de pancréas saponifie l'huile de graine de coton et le lard dans une proportion de 47 à 84 p. 100. 1. Bruno, Arch. des Se. inolog. St-Pétershourg, 1899, 114. 2. Hewlett, /. llopkins Hospital Proc, \Wô\ XVI, 20. 3. Magnus, Zeitseh. phys. Ch.em., 1906. 376. 4. Engei., Beltr. Chem. Phys. uml Palh., 190;i, VU, 77. .'). Kuttner, Zeitseh. phys. Chem., 1907, 472. 6. Von Furth et Schùtz, Beilr. Che»i. phys. undpath., 1906, 28. 7. LoEWENHART et SoNDER, Joiim. IHof . Chem., 1906, 415. 5. Donatii, Beilr. Chem. phys. undpalh., 1907, 340. 9. Terroine, B. B., 1910. 439-518-666-754. 10. KoRB^iTSCREwsKY, Ann . Se. biol. St-Pctersbourg, 1911, XVI, 271. 11. Rosenheim et Schaw Mackenzie, Proc. phys. Soc., 1910, 8 et 12. 12. Kaladakofï- et Terroine, B. B., 1907, 372. 13. Sterbutchew, Arch. russes de pathologie, 1897, IV, 1. 14. Visco, Comptes rendus Accud . Lineéi, 1910. 15. Terroine, B. «., 1908. 329. 16. Lewkowitsch et Mac Leod, Proc. Roy. Soc. London. 1903, LXXII, 47. 154 LIPASES. La réaction a lieu en lous milieux, de préférence en milieu alcalin; toutefois ïer- rolxe' a pu montrer que l'action, notable en milieu neutre, diminue continuellement si l'on ajoute un acide. Au contraire, si Ton ajoute un alcali, elle passe par un maximum, au delà duquel l'action de l'alcali est retardante. Les acides gras et les savons formés pendant la saponification ont une action retar- datrice sur l'hydrolyse; au contraire, la glycérine l'accélère, fait en opposition avec ce que nous connaissons de l'action des produits de décomposition sur les fermentations diaslasiques. Les électrolytes, en particulier le lluorure de sodium, retardent le dédou- blement d'autant plus qu'ils sont plus concentrés, mais sans que l'on y trouve aucune action spécifique-. En l'absence de toute substance ajoutée artificiellement, l'action de la lipase pan- créatique suit la loi de ScHUTz Borisofk, c'est-à-dire que la quantité de graisse saponifiée est proportionnelle à la racine carrée de la quantité de ferment ajoutée ^. Action de la lipase sur la lécithine. — Bokay annonija, en 1873 ', que le suc pancréatique dédouble la lécithine en acide phospho-glycérique, névrine et acides rgras. Cette réaction fut confirmée par de Politis ■', Hasserbroek '■, Cleme.nti ', ce dernier ayant principalement expérimenté à l'aide de la lipase du suc entérique. Sghumoi'F- SiMANOWsKi, SiEBER et Peter Bergele •*, dès 1901, mirent en doute ce dédoublement, qui fut infirmé par les expériences de Stassano et Billox, Slowzoit ' et finalement deKala- BOUKOFF etTERROiNE 1**. En réalité, quand la lécithine est pure, elle ne parait pas attaquée par le suc pancréatique à 40°, même en présence des sels biliaires. Action sur les éthers. — Les lipases ont la propriété générale de saponifier un très grand nombre d'éthers. Cl. Bernard et Berthelot l'ont établi pour les glycérides. Han'riot 1' a montre que c'était un véritable réactif de la fonction 'Hher; seuls les éthers de divers acides minéraux, bromures, iodures, azotates, sulfocyanates, résistaient à son action. Dans le cas des acides gras normaux, il a trouvé que le nombre de molé- cules d'acide mises en liberté décroît avec le poids moléculaire de l'acide. Ainsi une même quantité de lipase met dans les mêmes conditions en liberté 41 molécules d'acide formique, 17 d'acide acétique, 9 d'acide propionique, 7 d'acide butyrique. Morel et Terroine ont étendu ces recherches à un grand nombre d'éthers. Ils ont montré que l'intensité du dédoublement varie' considérablement suivant les éthers: elle dépend, tant de la nature de l'alcool que de celle de l'acide ; les éthers de deux acides ou de deux alcools isomères sont très inégalement dédoublés, l'avantage étant toujours ,aux composés normaux 12. Les mêmes auteurs, étendant leurs recherches aux glycérides tri-acides, ont trouvé que l'action diastasique va en croissant; depuis la triacétine jusqu'à la trilaurine, et décroît au delà. Chose imprévue, les éthers que Ton trouve dans l'alimentation habi- tuelle sont à peine attaqués parle suc pancréatique. Enfin, si l'on considère les éthers mono, di et trisubstilué de la glycérine par un même acide, on constate que les éthers trisubstitués sont les plus aisément dédoublables, puis les di, puis les mono. Remar- quons enfin que l'hydrolyse par l'eau seule ou par les acides des mêmes éthers ne suit pas une loi analogue. Hantsoh avait constaté la saponification de l'éther acétique additionné de bile : le mucus de celle-ci étant précipité par l'acide acétique qui prend naissance. 1. Terroine, B. «., 191C, 404. 2. Terroine, Bioch. Zeituc'i., 1910, 404 et 429. 3. Engel, Beitr. Chem. Phi/s. u. Paih., 1905, VII, 77. 4. Bokay, Zeilsch. phys. Chem., 1, 137. 5. De Politis, Z. B., 1884, XX, 193. 6. Hasserbroek, Zeilsch. phys. Chem., 1888, XXII, 148. 7. Clementi, Arch. di fisioL, 1910, VIII, 399. 8. ScHU.MOFK-SiMANOWSKi et SiEBER, Zeitsr/i. phijs. Chem., 1906. .jO. 9. Slowzoff, Beitr. Chem. Phys. iind Palh., 190é, 508. 10. Kalaboukoff et Terroine, B. B., 1909, 176. U. B.AUKIOT, Archives de physiologie, 1898, 803. 12. Morel et Terroine, B. B., 1908, II, 377 et 1909, I. 1G3: II, 272. LIPASES. 135 Baas ' a constaté le dédoublementpar le suc pancréatique des salicylates d'éthyle et de méthyle et de la salicylamide. Rôle de la lipase pancréatique dans l'organisme. — Les données prt'cé- dentes se rapportent toutes à l'action in vitro du suc pancréatique sur les matières grasses. Mais de nombreuses expériences ont permis d'établir son rôle dans l'organisme. Presque toutes ont porté sur des chiens, quelques-unes sur des lapins; toutefois Glaessner-, Terbuïgheff, ont pu opérer sur du suc pancréatique humain, recueilli par une fistule. BÉRARD et Colin ' admettent que la digestion des graisses a lieu, même en l'absence du suc pancréatique. Ayant pratiqué une fistule pancréatique, ils constatèrent que le contenu du canal thoracique contenait de la graisse, dans la proportion des 4/5 de ce qu'a donné une vache témoin, soumise à la même alimentation. Schiff'', répétant l'expérience de Cl. Bernard, remarqua que l'inflammation, produite par l'injection de graisse dans le canal pancréatique, s'étend au canal cholédoque et que, par suite, la bile n'arrive plus librement dans l'intestin ; il modifia donc la tech- nique de Bernard en injectant, dans le canal pancréatique, de la paraffine sur laquelle le suc pancréatique est sans action. Les animaux ainsi traités mangeaient bien et digé- raient complètement 120 à loO grammes dégraisse par jour. Baldi^, ayant extirpé le pancréas à des chiens, les alimenta avec de la viande non dégraissée. Il constata que les fèces renfermaient une grande quantité de graisse, tandis que des chiens dépancréatisés soumis au jeune, ou des chiens normaux alimentés avec la viande grasse, ne présentaient que peu de graisse dans leurs excré- ments. Il en était de même chez des chiens où l'on empêchait l'arrivée de la bile dans l'intestin. LoMBROso* montra que la ligature des canaux pancréatiques ne conduit pas au même résultat que l'ablation du pancréas au point de vue de l'absorption des graisses alimen- taires. Chez les chiens dépancréatisés elle fait apparaître une quantité de graisse dans les excréments égale à celle introduite par l'alimentation, tandis que la ligature des conduits pancréatiques permet encore l'absorption d'une quantité de graisse un peu inférieure à la normale. Lombroso a constaté que, dans ce cas, le suc entérique du chien atteint un pouvoir lipolytique élevé, grâce auquel la digestion des graisses peut être effectuée. Dans une dernière série d'expériences, Lombroso a même vu, chez des chiens dépancréatisés, l'excrétion de graisse être supérieure à l'ingestion. Il admet que dans ce cas l'intestin peut sécréter de la graisse. Dès lors il est difficile d'affirmer qu'il ne peut y avoir en même temps absorption d'une certaine quantité de graisse. Visentini" a confirmé que si l'on empêche le suc pancréatique d'arriver à l'intestin, soit par ligature du canal, soit par son oblitération par injection, l'animal perd de GO à 80 p. 100 de la graisse alimentaire par ses excréments. Cette matière grasse est formée presque exclusivement de graisses neutres et d'acides gras, et ne renferme pour ainsi dire pas de savons. Il suffit même qu'il reste un fragment du pancréas (Gioante) ^ ou que l'on ait greffé un morceau de pancréas sous la peau (Jaxsen) '',pourque l'absorption des graisses alimentaires puisse encore se faire dans la proportion de 80 p. 100. Si l'on enlève le fragment ainsi grefie, la quantité de graisses rejetées par les excréments augmente considérablement. Il faut donc admettre que le pancréas sécrète une lipase qui, dans le cas d'oblitération des voies naturelles est résorbée et peut être excrétée avec les autres sucs digestifs. C'est ainsi que Benech et Guyot '" ont constaté l'activité lipasique du 1. Baas, Jahresber. der Tliierchemie, 1875, 179; — Zeilsch. phys. Chem., 1800, 416. 2. Glaessner, Zeitsch. phys. Chim., 1904, 465. • 3. BÉRARD et Colin, Bull, de l'Acad. de médecine, 1856, 859. 4. Schiff, Jahvesb. d. Thierchemie, 1872, 222. 5. Baldi, Arch. ital. di biol., 1897, 255. 6. Lombroso, Arcli.sc. med., 1904, 141 \—Ac. des Se., Turin, 1904, 153; —B. B., 1904, 70-7(;. 7. Visentini, Areh. di fisiol., Florence, 1905, 14 i. 8. Gigante, Arch. di far mac, 1911, 115. 9. Jansen, Zeitsch. pharm. Chem., 1911, 158. 10. Benech et Guyot, B. B., 1903, 714 et 994. 156 LIPASES. suc gastrique, et que Loeper et Esmonnet' ont montré que la lipase pancréatique s'absorbe dans l'intestin grêle, et qu'elle peut passer, quoique difficilement, à travers le rein, Nengki 1 et plusieurs de ses élèves ont abordé d'une autre façon le rôle saponifiant du suc pancréatique dans lé tube intestinal. Il administrait à des chiens de la tribenzoï- cine, avec l'espoir d'évaluer la quantité dédoublée dans l'intestin par le dosage de l'acide hippurique passant dans les urines. Il évalue la proportion dédoublée à environ 60 p. 100. Le dédoublement du benzoate de phényle s'effectue dans les mêmes conditions, mais plus complètement, soit dans l'intestin, soit in vitro. Au contraire, l'ingestion du ben- zoate de résorcine ne fait pas apparaître un excès d'acide hippurique dans l'urine. HÉDON et Ville-, en dosant les graisses dans les fèces : 1° de chiens dépancréatisés ; 2° de chiens avec fistule biliaire; 3° de chiens dépancréatisés ayant une fistule biliaire, constatèrent que chez les premiers, le dédoublement des graisses s'opère avec énergie, que chez les seconds la graisse alimentaire saponifiée peut atteindre 64 p. 100 de la graisse ingérée. Chez les derniers, le dédoublement devient très faible; il peut cepen- dant encore atteindre 10 p. 100. Pour compléter ces résultats, Hédon dosa la graisse absorbée en nature dans le chyle recueilli par une fistule du canal thoracique. Chez les animaux des deux premières catégories, le chyle est lactescent et contient de 2 à 3 p. 100 de la graisse alimentaire. Au contraire, chez les chiens à qui on supprime à la fois la bile et le suc pancréatique, le chyle est à peine louche et ne renferme que des traces de graisses. Le foie et le pan- créas ont donc une importance analogue dans la digestion des graisses. SÈROLIPASE. Comme nous avons déjà eu l'occasion de le voir à plusieurs reprises, la lipase a été signalée en bien des endroits de l'organisme autres que le pancréas et le suc pancréa- tique : estomac, intestin, ganglions lymphatiques (Poulain) ^ globules blancs (Marie et Fresslnger) '% mais il n'a pas été établi si ces lipases étaient ou non identiques avec la lipase pancréatique. Il existe au contraire dans le sang une lipase distincte, la sérolipase découverte par M. Hanriot^% pour laquelle Arthus a proposé le nom de monobutyrinase^. .Son action sur les éthers et les graisses, et son rôle dans l'organisme ont donné lieu à de longues discussions avec Doyon et Morel ". Par bien des caractères, elle se distingue de la pancréaticolipase. Si en effet on prépare deux solutions; l'une, de sérum, l'autre, de suc pancréatique, telles qu'elles décomposent la même quantité de butyrine à la même température en milieu neutre, on pourrait dire qu'elles renferment la même quantité de ferment. Dans ce cas, en variant les conditions de température et d'activité du milieu, le parallélisme d'action entre les deux solutions devrait subsister; or il n'en est rien, comme le montrent les chiffres suivants : Suc paiicréati(iue. Sérum. Activité en milieu alcalin (0,2 CO^Na^ par litre) 23 22 — neutre — 9 16 Activité en milieu neutre à 15» 20 2? — 30° 20 30 — 42° 22 42 1. Lœper et EsMONNET, B. D., 1908, 188 et 310. 2. Nencki, a. p. p., 1886, 367. 3. HÉDON et Ville, Arch. p/ujs. norm. et path., 1897, 621. 4. Hanriot (M.), B. B., 1902, 182, 655, 977 et 1903, 723 et 1068. 5. Hanriot et Camus, «. B., 1897. 6. Poulain, B. B., 1901. 7. Arthus, Journ. physiol. et path., 1902. 8. Doyon et Morel, B. B., 1902; 498, 614, 784, 1524; — 1903, 682, 982, 1209. LIPASES. 157 Ces réactions ditTérencient la paucréaticolipase de la sérolipase. Au contraire, les ^érums des divers animaux semblent renfermer la même lipase, car leur action varie proportionnellement quand les conditions extérieures changent. Enfin la sérolipase se différencie par son défaut d'activité sur les éthers à poids moléculaire élevé et par son manque d'activation par les sels biliaires, mais elle a, avec le ferment pancréatique, ce caractère commun de saponifier rapidement la plupart des éthers. Hanriot a proposé, pour la recherche des lipases en général, l'emploi d'une solution à 1 p. 100 de butyrine; on ajoute à 10 centimètres cubes de cette solution 1 centimètre cube du liquide à essayer; on ajoute de la phlaléine et on neutralise exactement le liquide, pui^ on met à l'éluve à 25" pendant 20 minutes. Au bout de ce temps on déter- mine l'acide mis en liberté, par la quantité de carbonate de soude nécessaire pour le neutraliser. Si l'on appelle activité Upasique le nombre de millionièmes de molécules d'acide mis en liberté, on voit que, dans l'expérience précédente, cette activité sera directement mesurée par le nombre de gouttes d'une solution de carbonate de soude renfermant 26'',! 2 par litre, c'est-à-dire telle que chaque goutte sature exactement 10"*^ molécules d'acide. La sérolipase est un ferment soluble; son action n'est pas entravée par les divers antiseptiques, sauf pour le tluorure de calcium qui la diminue. Elle est détruite versôS", et sa température optima est aux environs de .55". Le sang de tous les mammifères examinés renferme de la lipase avec une activité spécifique à peu près constante pour un même animal, mais variable d'une espèce à l'autre. Ainsi le sang de l'homme ayant une activité 12, celle du mouton serait 9 et celle de l'anguille 155. La sérolipase agit sur la fonction élher en général. La plupart des éthers de divers alcools sont saponifiés. Toutefois ceux des éthers minéraux, bromures, azotates, sulfo- cyanates, les éthers sulfobenzoïques ne sont pas décomposés. L'hydrolyse paraît d'autant plus aisée que le poids moléculaire de l'acide mis en liberté est plus faible. C'est sans doute pour cette raison que les graisses neutres à poids moléculaire élevé sont à peine dédoublées. La sérolipase a été rencontrée dans un grand nombre d'organes ou de liquides nor- maux : le foie, la rate, les pigments biliaires, le muscle, le testicule, etc. En revanche, l'urine, le liquide céphalo-rachidien, etc., n'en renferment pas. Hanriot avait déjà fait remarquer qu'elle ne provient pas du pancréas: d'abord nous avons vu que ces deux lipases sont difîérentes, puis le sérum d'un chien conserve sensi- blement la même teneur en lipase quand on lui enlève le pancréas'. Van Hess - a montré que l'ablation du pancréas, son atrophie presque complète ou la ligature des canaux excréteurs, sont sans action sur la teneur en lipase du sérum sanguin. Au contraire, la ligature des conduits rénaux augmente brusquement la teneur du sang en lipase. Ce fait est d'autant plus bizarre que l'urine ne contient pas de lipase. La lipase est susceptible chez l'homme de varier dans des conditions diverses, sur- tout pathologiques. Elle ne paraît pas modifiée par l'état de digestion ou de jeûne, ni par le travail. Au contraire elle varie dans les divers états morbides. Quelques-uns augmentent son activité. Tels sont : le diabète, la diathèse arthritique, l'empoisonne- ment par l'oxyde de carbone. Au contraire, la plupart des maladies provoquent de l'hypolipasie, d'autant plus prononcée que l'état général est plus grave, en sorte que le dosage de la lipase a une valeur pronostique réelle. Réversibilité de l'action lipasique. — On sait que la plupart des diastases ayant l'action limitée par les produits de la décomposition peuvent produire l'action inverse qui règle l'état d'équilibre. Les lipases n'échappent pas à cette loi. Hanriot a montré que la sérolipase peut combiner l'acide butyrique et la glycérine," 1. Voyez sur cette question Garnier (Ch.), B. B., 1903, 1064, 1095, 1367,1389, 1423; Arc/i. méd. expér., 1903, 183. — Riff, Sur la lipase du sang. Thèse, Nancy, 1904. Gillet, Jouvn. phys. et palh., 1903, 303. — Hanriot et Clerc, B. C, 1901. Clerc, Thèse, Paris, 1902; Soc. Mol., 1901. Kastle, Amer. Chem. Jouin., 1902, 481. — Aciiard et Clerc, Comptes rendus Ac. Se, 1899; — Arch. méd. e.rp., 1900, 1901 et 1902. 2. YAyi Uess, Journ.of biol. chem., X, 381, 1912. 158 LIPASES. Kasïlk el Lœwenhart* ont constaté la même action étliérifiante sur un mélange d'alcool et d'acide butyrique très dilué. PoTTEviN ^ a établi que le suc pancréatique et le tissu du pancréas séché après épuisement avec l'alcool et Téther peuvent combiner l'acide oléique avec la glycérine, l'alcool méthylique el l'alcool isoamylique, La solution filtrée sur fdtre Chamberland conserve ses propriétés liposynthétiques que l'addition de bile accélère, d'après Hansick ', tandis que, d'après Donath et Taylor^, l'activation par les sels biliaires serait limitée aux propriété lipolytiques. LIPASES VÉGÉTALES Les végétaux renferment également des lipases'. I. Protophytes. — Les Bactériacées saponifient les graisses ajoutées à leur milieu de culture. Bactéries du sol (Rubner'^), Bactendhim lipoiyticum (Hijss ''), Vibrio cholerse, V. Finkier-Prio)\ V. Metschnikovi, Bac. typhi, Bac. Riddert, Bac. pyocyaneus, Micro- coccus tetragenes (Sommaniga **), Bac. fluorescent, Bac. liquefaciens, Bac. prodigiosus (JenseiN^), Staphylococcus pyogenes aureus (Ei.ik.mann '"), Bac. de lioch (Carrière*'). Parmi les bactéries pathogènes, beaucoup' hydrolysent les graisses. Sommaniga a même avancé que toutes les bactéries saponifiantes sont pathogènes. II. Thallophytes. — l'' Algues. — On n'a pu mettre en évidence des lipases. Et pourtant les graisses semblent jouer un rôle important dans la nutrition des Algues. Certaines de celles-ci, telles que Vaucheria, en contiennent même, à l'exclusion de l'ami- don (Altmanns'-). 2° Champignons. — Les lipases ont été signalées chez les Champignons suivants : Mucor (Laxa*^) cordiceps, Cyclopium oleagmum, Einpusa, Juzengœa ostecospenna (Biffen*^), Pénicillium glauciim (Camus L.''^) (Gérard'^), Aspei^gillus niger (Camus L.^'', Garnieri*), Sterigmatocystis nigra et surtout t'ersico/or |(Garmer Ch. ''^), Saccharomyces cerevisias (Delbruck -"), Lactorius sanguisflueiis) (Rouge-', Beloa^o^-), Lepiota procer a, Pohjporus confluens, Boletus elegans, Uydrum refandum, Clavaria flava (Zellxer-^). III. Spennaphytes. — Le latex du mûrier cî papier {Broussonetia papyrifera) possède, comme le suc pancréatique, trois diastases très actives, l'une d'elles saponifie les corps gras (Gerber-'-^). 1. Kastle et Lœwenhart, Am.Chem. Journ., 1900, 491. 2. PoTTEviN, Comptes rendtis, 1903, 167 et 1152; Bull. Soc.chbn., 1906, 693. 3. Hansick, Zeitsch. phys. Chem., 1910, 232 et 1911, 238. 4. Donath, toc. cit. ."•). Hanriot, Wochenschrifl f. Brauerei, 1902, 588. 6. RuBNER, ^rc/i. /". Hyg., xxxviii, 69-92, 1900. 7. Huss Harald, Centralbl. f. Bald. II Abt., xx, 474-484, 1908. 8. Sommaniga (E. von), Zeitschr. f. Uyg. xviii, 441-456, 1894. 9. .Jenskn, Centralbl. f. Bakt. II Abt., vm, 1902. 10. Eijkmann (C), Centralbl. f. Bakt., I Abt., xix, 841-848. 1901. H. Carrière, B. B., 53, 1901. 12. Altmanns {F.), Mo7-pholof/ie und Biologie der Algen. II, 147-148, 1905. 13. Laxa (0.), Arch.f. Hyg.,' i\, 119-151, 1901. 14. BiFFEN (R.-H.), Ann. of Bot., 13,363-376, 1899. 15. Camus (L.), B. B., 49, 192-193, 1897. 16. Gérard (E.), Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 124, 370-371, 1897. 17. Camus (L.), B. B., 49, 230-231, 1897. 18. Garnier (Cil), B. B., 55, 1583-1584, 1903. 19. Garnier (Cii.), B. B., 55, 1490-1492,1903, 20. Delbruck (M.), Wochenschr. f. Brauerei, 20, n" 7, 1903. 21. Rouge (E.), Centralbl. f. Bakt., II, (2) xviii, 403-417, 587-607, 1907. 22. Delcano (N.-T.), Arch. des Se. biol. de St-Pétersbourg, 14, 257-362, 1909. 23. Zellner (J.), Monatshefle f. Chemie, 27, 295-304, 1906. 24. Gerber (C), Comptes rendus Acad. des Sciences, 152, 1611. 1911. LIPASES. ISÎV LA LIPASEIDINE. Des lipases, il convient de rapprocher la lipaséidine. M. Nigloux^ désigne ainsi l'agent saponificaleur de la graine de ricin. Renfermé dans le cytoplasma, cet agent se distingue immédiatement des autres lipases : il ne se dissout pas dans l'eau et même perd ses propriétés au contact de ce liquide. Historique. — Tandis que Berthelot précise le rôle de la lipase pancréatique, la même année (1853) Pelouze^, étudie les lipases végétales. 11 prend des graines grasses (chènevis, arachide, etc.), les réduit en farine et les abandonne à la température ordi- naire. De temps en temps, il extrait Thuile. Il constate que la matière grasse devient de plus en plus acide. Ainsi avec de la noix en pâte, il trouve qu'après cinq jours l'huile de noix extraite renferme 9 p. 100 d'acides gras libres, après huit jours, 15 p. 100; avec (les graines d'oeillette, après quatre mois, 85 et même 90 p. 100. Dans ces conditions les matières grasses contenues dans les graines sont donc saponifiées. Pelouze essaie vainement d'en extraire une diastase. Maillot (1880^), avec des graines de ricin, obtient une préparation diastasique qui serait douée de propriétés lipolytiques. (iREEN (1890''^) fait macérer des graines de ricin dans de l'eau additionnée de 5 p. 100 de chlorure de sodium et de cyanure de potassium à 2 p. 100. Ce mélange hydrolyse l'huile de ricin : il se forme de 5 à 7 p. 100 d'acides gras. Green ne peut obtenir une saponitîcation plus avancée. SiGMUND (1890^) répète les expériences de Pelouze et de Green. Camstein, Hoyer et Wartenherg (1902^) mélangent 5 gr. de graines de ricin en pâte à une solution d'hydrate de chloral à i p. 100. Ils voient que l'acidité du mélange, main- tenu à 30°, était au début de 3 p. 100; après vingt-quatre heures, de 5 p. 100. L'acidité avait donc peu augmenté. Si l'on continue l'observation, après deux jours il existe o8 p. 100 d'acides gras libres, après trois jours 85 p. 100, après quatre jours 95 p. 100. Ainsi, il y a une période d'incubation pendant vingt-quatre heures, puis tout d'un coup, la réaction se déclare. Celle-ci ne peut être attribuée à l'influence de microrganismes, puisqu'elle a lieu en présence d'hydrate de chloral ; de plus, c'est la petite quantité d'acides libres qui favorise l'expérience. Si, en effet, dès le début, on réalise une certaine acidité du milieu, la période d'incubation estsupprimée, la saponi- fication marche aussitôt avec une grande rapidité. Enfin, en 1904, M. NrcLoux isole les éléments cytoplasmiques de la graine de ricin, montre que l'activité lipolytique réside dans le cytoplasma, et précise l'inlluence du milieu. Préparation. (Méthode deM.NicLoux.) — La graine de ricin, décortiquée,est broyée et mélangée avec de l'huile de coton. Le mélange, rendu homogène, est filtré, d'abord sur un tissu à mailles lâches, puis sur une toile fine. On centrifuge l'huile filtrée, et l'on obtient deux couches distinctes : l'une, inférieure, blanchâtre, renferme, outre les grains d'aleurone, quelques débris de membranes cellulaires; l'autre, supérieure, grisâtre, contient presque tout le cytoplasma. Au moyen d'un solvant, benzène ou éther de pétrole, on enlève l'huile. On centrifuge de nouveau et on obtient le cytoplasma sec. Propriétés. — Celui-ci forme une masse blanche, amorphe, très hygrométrique. Son pouvoir saponifiant est considérable : une partie saponifie 50 parties d'huile en 30 minutes dans la proportion de 80 p. 100 environ; oOO parties en 24 heures dans la même proportion. 1. NicLOux (M.), Comptes rendus Acad. des Sciences, 138, 1173-1176, 1288-1290, 1332-1354, 1904; kl. Comptes rejidus Soc. de B/oL, 36, 702-704, 839-843, 868-870, 1904; Id. La saponification des corps gras. Thèse Sciences, 76 p. Paris, 1905-1906. 2. Pklouze, Ann.dechim. etde pivjs., 3- série, XLV, 319-327, 1853. 3. Maillot 'Ed.), Étude compan-e du pignon et du ricin de l'Inde. Thèse pharm., Nancy. 108 p., 1880. 4. Green -F.-R.), Proc. Roy. Soc. London, 48, 370-392, 1890. 3. SiGMUND (W.), Sitzungsber. d.Wien. Akad., I. 99, 407-411, 1890. 6. Camstein (W.), Hoyer (E.) et Wartenberc. (N.), Berichle d. Deutsch. chem. Gesellschaft, 33, 3988-4006, 1902. 160 LIPASES. Dans cette hydrolyse des substances grasses, le cytoplasraa suit les lois générales de Taction diastasique (Nicloux). 1" Pendant toute la durée de la saponification, le ( ytoplasma reste comparable à lui- même; 2° Les produits de la réaction : la glycérine et les acides gras, retardent très nette- ment l'hydrolyse. 3° L'équation : K = - tang. — — exprime la relation entre la quantité x d'huile saponifiée au bout du temps t et la quantité a d'huile prinnitive. Le processus est réversible : la lipaséidine reconstruit la triacétine et la trioléine {Taylor'). Influence du milieu. — L'eau détruit instantanément ce pouvoir saponiliant : on pèse des quantités égales de cytoplasraa, d'huile et d'acide acétique. Dans un petit mor- tier on mélange cytoplasraa + huile, puis ensuite eau acidifiée; dans un autre : cyto- plasraa + eau acidifiée, puis ensuite huile. Le premier raélange est le siège d'une sapo- nification régulière; le second ne présente pas la moindre trace de saponification {NiCLOUX). La température agit sur le cytoplasma d'une manière différente, suivant qu'il est seul où qu'il effectue une saponification (Niglocx) : seul, le cytoplasma sec, en suspen- sion dans l'huile, peut subir l'action d'une température de 100** pendant vingt heures, de 110° pendant quinze minutes, sans perdre son activité; dans le deuxième cas, une température de 55° le rend complètement et rapidement inactif. < L'étude détaillée de la saponification montre que l'acidité absolue joue un rôle mi- nime; la qualité de l'acide un rôle important (Nicloux). L'acide borique empêche l'action de la lifiaséidine (Agulhon^). Les sels acides jouissent des mêmes propriétés que les acides (Nicloux). Le radium agit très faiblement : une ampoule contenant du bromure de radium est placée dans du cytoplasma, d'activité a :r^6,9. Après quarante-huit heures d'action a = 6, .3 (Nicloux). L'asparagine, la leucine, le glycocoUe ont une action favorisante importante (Urbain, Perruchon et Lançon^). En présence de sulfate d'hordénine, la lipaséidine est d'abord moins active. Après un temps suffisant, la saponification est complète (L. Camus ^). Rôle dans la germination. — On sait (Muntz-') que pendant la germination le contenu des graines oléagineuses devient acide. La matière grasse de r^iserve se dédouble donc et des acides gras sont mis en liberté. La lipaséidine, agent lipolylique du cyto- plasma, opère ces transformations grâce à la présence de CU- qui apporte l'acidité néces- saire (Nicloux). CO- provient de l'hydrolyse des matières albuminoïdes : graisse d'aleu- rone (E. Urbain*^). Action de la lipaséidine introduite dans l'organisme animal. — La lipaséidine n'est pas détruite dans l'estomac. Introduite avec de l'huile et une quantité convenable d'acide dans un estomac vide, elle saponifie énergiquement. Si l'animal est en état de digestion gastrique, il est inutile d'ajouter un acide; l'acidité naturelle du suc gastrique suffit (J. Camus et Nicloux). Dans l'intestin grêle et dans le rectum la lipaséidine manifeste une action digestive très marquée (J. Camus et Nicloux ). Enfin si, à des animaux ayant des lésions du poumon et des voies biliaires, on fait ingérer de la lipaséidine, on augmente la digestion et l'absorption des graisses (J. Camus et Nicloux^). 1. Taylor (A.-E.), U?iw. of California Publ. PathoL, 1, 33, 1909. 2. Agulhon (H.), Comptes rendus Acad. des Sciences, 148, 1340, 1900. 3. Urbain (E.), Perruchon, Lançon (L.), Comptes rendus Acad. des Sciences, 139, (J41. ■1904. 4. Camus (L.), Comptes rendus Soc. de bioL, 60, 264, 1906. ti. MuNTz, Ann. de chim. et dephys., 4" série, XXII, 472-486, 1871. 6. Urbain (E.), Comptes reiidus Acad. des Scioices, 139, 606, 1904. 1. Camus (J.) et Nicloux (M.), Comptes rendus Soc. de liiul., 68, 080, 1910; >:l passim. LITHIUM. 161 LITHIUM. — Le lithium est un métal monovalent, de poids atomique égal à 7, découvert par Arfwedso.n (1817) dans un minéral appelé le pétalite (silicate d'alu- minium et de lithium). Répartition dans la nature. — Le lithium est très répandu dans la nature, encore qu'il n'existe qu'en petite quantité dans les divers corps qui le contiennent. On le trouve dans des minéraux autres que le pétalite, tels que le spodumcn, la tourmaline, le triphane, la triphylline, le lépidolithe. On en décèle des traces dans les eaux de Viltel, Santenay, Royat, Vichy, Contrexéville, Néris, Baden-Baden, Carlsbad, Franzenbad, Hall (Autriche), etc. C'est un élément constitutif de l'eau de mer, de beaucoup de végé- taux et de l'organisme animal. Hermann (1905) a noté sa présence en proportions sensiblement identiques dans tous les tissus de l'homme, et même dans certaines humeurs, comme le sang et le lait. Toxicité générale. — Le chien, d'après Rabuteau, est tué par une injection de 3 grammes de sulfate de lithium. Chez ce même animal, Ch. Richet a constaté qu'une dose de 0S'',13 de lithium par kilo, sous forme d'un sel soluble et par voie hypoder- mique, tue le chien en vingt-quatre heures. J. Blare (1873) trouva que la quantité de sulfate de lithium nécessaire pour faire mourir un lapin était de 1 gramme par kilo. D'après Ch. Richet, OsM de lithium, en injection sous-cutanée, tue un lapin de poids moyen au bout de deux jours. L'ingestion de 1 gramme de carbonate de lithium serait mortelle pour cet animal en vingt-quatre heures (Ru.xge). Le pigeon succombe avec une dose variant entre Os'',054 et Os'",085 de lithium, en injection hypodermique (Ch. Richet). Chez la grenouille, Valentin a obtenu la mort en quelques minutes par immersion de l'animal dans une solution de chlorure de lithium à 10 p. 100. Brunton et Cash ont observé le même efTet par injection souscutanée de 0S'",03 à 0s'',04 de LiCI. Les poissons {lulus et Crenilabrus ocellalus) meurent si on les place dans une solu- tion de LiCl Contenant 0S'',25 de Li par litre (Ch. Richet). Le lithium est toxique vis-à-vis du ferment lactique (Ch. Richet, A. Chassevant). Le chlorure de lithium, dans la proportion de 0«^014 par litre de lait, ralentit considéra- blement la fermentation lactique de ce liquide. Ch. Richet a étudié l'action de très faibles doses. Sous leur influence la fermentation devient plus intense que normale- ment; mais ce pouvoir d'accélération de quantités minimes présente des variations, suivant q^ue celles-ci sont plus ou moins infimes. Une proportion de O^'',! de lithium par litre accélère la fermentation. Des doses plus faibles (0,01, 0,001, 0,0001) ont un pouvoir d'accélération moindre. Enfin des doses plus petites encore (0,00001, 0,000001, 0,0000001) provoquent une nouvelle ascension de la courbe qui représente la grandeur de la fermentation*. La toxicité comparée du lithium et des autres métaux a donné lieu à de nombreux travaux. Rabuteau (1865), confirmé par Blake, a émis l'opinion que la toxicité des corps simples est proportionnelle au poids atomique. D'après cette conception, le lithium serait le moins toxique des métaux alcalins. Poids Métaux. atomiques. ^ Lithium 7 Ammonium 18 Sodium 23 Potassium 39 Rubidium 83 Cœsium 135 Huseman.n' a montré le premier que le lithium est plus toxique que le sodium, quoique son poids atomique soit plus faible. • 1. Voir, dans les Travaux du laboratoire de physiologie de Ch. Richet, les interprétations de ces faits, qui, d'ailleurs, ne sont pas spéciaux au lithium et qui s'appliquent comme une règle- générale à des doses minimes de beaucoup d'autres métaux. DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME X. 11 162 LITHIUM. Ch. Richet, dans des expériences faites sur les poissons, sur le cœur de grenouille et sur le ferment lactique, a également obtenu des résultats qui controuvenl la loi de Rabuteau. Les tableaux suivants, empruntés à Ch. 'Richet, montrent la place occupée par le lithium dans l'échelle de toxicité des divers métaux alcalins. Expériences sur la toxicité du lithium et des métaux alcalins vis-à-vis des poissons. POIDS ATOMIQUES. MÉTAUX. POIDS DE MÉTAL (en oraji.mes) daus 1 litre de solution toxique limite. 23 7 39 IS 26 0.2.-3 0,20 0,064 Lithium Poeassium Ammonium Tableau II. Expériences sur la toxicité du lithium et des métaux alcalins vis-à-vis du cœur de la grenouille. POIDS DE MÉTAL POIDS ATOMIQUES. MÉTAUX. (en grammes) dans 1 litre de solution to.xique limite. 13.J Cœsium 1U9 •^3 10 i 8.5 Rubidium 43 7 Lithium 27 39 Potassium 26 18 Ammonium 25 Tableau III. Expériences sur la toxicité du lithium et de divers métaux vis-à-vis du ferment lactique. MÉTAUX. QUANTITÉ DE SQBSTANCIÎ NKCESSAIRE pour empêcher la fermentation. Potassium 5 000 2 500 2 000 2 000 2 000 1250 500 80 63 25 15 15 1 S 4 Rubidium . . . Strontium ... ... . . Fer Plomb Nickel Cobalt Thallium LITHIUM. 163 Dans ce dernier tableau, la place qu'occupe le lithium est en conformité, non pas avec la loi de Rabuteau, mais avec la loi découverte récemment par Ch. Richet et d'après laquelle les corps simples ont une toxicité d'autant plus grande qu'ils sont moins répandus dans la nature. Le lithium, en effet, peu offensif comme le potassium, le magnésium et le calcium, présente, ainsi que nous l'avons vu, une diffusion relative assez grande dans le monde inorganisé. D'après Gh. Richet, la toxicité des sels de lithium varie suivant la saison : elle est plus grande en été qu'en hiver pour les animaux à sang froid (poissons) et plus grande en hiver qu'en été pour les animaux à sang chaud (pigeons, cobayes). Ce phénomène paradoxal s'explique parfaitement si l'on songe aux conditions physiologiques diffé- rentes que crée le froid chez les homéothermes et chez les poikilothermes. L'action toxique est évidemment une action chimique; comme toutes les actions chimiques, elle doit donc être exaltée par la chalfeur et_ralenlie par le froid. Or les tissus des ani- maux à température variable sont froids en hiver et chauds en été. Il s'ensuit que pen- dant l'hiver les actions toxiques, se passant dans un milieu froid, sont lentes et peu énergiques, tandis qu'en été, se passant dans un tissu chaud, elles sont plus actives. Il n'est donc pas surprenant de voir des poissons résister longtemps en hiver à des doses qui, en été, seraient pour eux rapidement mortelles. C'est précisément l'inverse qui s'observe pour les pigeons, et l'explication en est très simple. Comme nous le montrerons plus loin, les sels de lithium sont des poisons du système nerveux central qui préside aux fonctions de nutrition et à la régulation ther- mique. Si, dans la résistance au froid, le système nerveux est vaincu, l'animal se refroidit et meurt. C'est ce qui se passe pour les pigeons empoisonne's en hiver. On affaiblit par le poison leur système nerveux, et, dès que la résistance au froid ne peut plus se faire, l'animal meurt par suite de l'abaissement excessif de sa température. C'est pour celte raison que la dose toxique de lithium pour le pigeon est de 08^'",085 en été et de 0e^0o4 en hiver. Absorption et élimination. — Les sels de lithium peuvent être absorbés par voie stomacale, cutanée, hypodermique ou rectale. Bence Jones a fait avaler à un animal à jeun 3 grains de chlorure de lithium et a découvert, cinquante minutes plus tard, le métal dans l'humeur aqueuse de l'œil et dans le cartilage de l'articulation du genou. Il a administré cà une femme en parturition 7 grains de sel de lithium huit heures avant l'expulsion de l'enfant et il a trouvé cette substance dans le cordon ombilical. Enfin il a donné 20 grains de LiCl à un malade trois ou quatre heures avant l'opération de la cataracte, et il a pu déceler ensuite le lithium dans le cristallin; sept jours plus tard, on constatait encore la présence de ce corps dans les sécrétions. L'absorption par injection hypodermique est extrêmement rapide. Good a introduit sous la peau un grain de chlorure de lithium chez le chat; huit à neuf minutes après l'injection cette substance a été trouvée dans l'urine et dans la salive. L'absorption cutanée existe chez les animaux à sang froid (poissons, grenouilles). Elle ne s'observerait pas chez les mammifères; HOfner a fait prendre à un de ses élèves un bain de pieds de trente-cinq minutes dans une solution de chlorure de lithium à 1 p. 100 chauffée à 30° et n'a pas pu caractériser le lithium dans l'urine de ce sujet, quoique le spectroscospe permette de déceler des proportions intinitésimales de ce métal. Toutefois, l'absorption cutanée, impossible dans les conditions ordinaires, s'effectuerait facilement par voie électrolytique. Bourget (de Lausanne) et Dutoï (de Lyon) ont immergé un individu dans la solution d'un sel de lithium et ont fait traverser celle-ci par un courant continu. De cette manière, ils ont pu retrouver le métal dans l'urine; il avait donc été absorbé par la peau. Action sur la nutrition. — Ch. Richet a montré que l'injection de bromure de lithium provoque une perte rapide et considérable de poids. On pourrait attribuer cet amaigrissement au fait que l'animal en expérience, par suite d'un mauvais fonctionne- ment de son système nerveux, lutterait contre le froid dans des conditions particulière- ment dispendieuses. Cii. Richet, pour prévenir celte objection, a expérimenté sur des sujets maintenus dans une étuve chaude; la perte de poids n'en a pas moins été très grande. Deux exemples montreront l'étendue de cette dénutrition : un pigeon d'un poids initial de 345 grammes reçoit le 23 novembre 0,000 de bromure de lithium; le 16i LITHIUM. 4 décembre, le pigeon, bien que conservé à l'étuve, ne pèse que 283 grammes. Un autre pigeon est passé dans les mêmes conditions en l'espace de quatorze jours de 27o grammes à 182 grammes. Good, en 1903, a confirmé sur le chien les résultats énoncés par Ch. Richet relativement à l'action du lithium sur la nutrition. Action sur la circulation. — Hesse (ISTIj) a injecté du chlorure de lithium dans les veines de grenouilles et de pigeons et il a obtenu des effets toxiques sur le cœur à des doses où les muscles et les nerfs ne sont pas atteints : ce métal est donc un poison électif du cœur, Lauder Brunton et Cash (1884) ont confirmé ce résultat : une dose de 0S'',03 à 0e'",04 de chlorure de lithium chez la grenouille affaiblit très notablement les battements cardiaques, Krumhoff (1884) a étudié l'action des sels de lithium sur la pression artérielle chez FiG. 21. — Aclluii du cJilorui-e de lithium su?- le cœur de grenouille. Tracé pris avec la pince cardiaque de Marey. En +, excitation du cœur par des chocs d'induction. Les chiffres indicjuent la position de la bobine induite. les mammifères, ('es sels provoquent une chute de pression, vraisemblablement d'ori- gine cardiaque. Cependant l'influence dépressive du lithium est, à poids égal, infé- rieure à celle du potassium. A l'autopsie des animau.\^ intoxiqués par le lithium, on trouverait des hémorrhagies dans la paroi ventriculaire, HusEMANiN a émis l'opinion que l'arrêt du cœur par le lithium est dû à une excitation du noyau bulbaire du pneumogastrique. C'est là une opinion erronée (H. Blsquet) : le lithium ralentit et arrête les battements cardiaques chez les animaux (grenouille, lapin, chien) vagotomisés ou atropines. H. BusQUET (1911) a étudié l'intluence du lithium sur l'excitabilité du cœur, suivant la méthode utilisée tout d'abord par Engelman.n et ensuite par Kronecker. Cet expéri- mentateur a cherché quel est le choc d'induction le plus faiblei capable de donner une systole supplémentaire, chez la grenouille, avant et après l'injection intra-veineuse d'un centimètre cube à un centimètre cube et demi d'une solution de chlorure de lithium à 2 p. 100. Une dose de Os^QS à 0»'''',04 provoque une diminution considérable de l'amplitude des systoles; néanmoins, le seuil de l'excitation capable de produire une extrasystole demeure le même (fîg. 21). En augmentant la dose, on finit par pro- LITHIUM. 165 voquer, en même temps qu'une diaiinution d'amplitude, un relentissement notable du rythme, et c'est seulement alors que l'excitabilité diminue progressivement jusqu'à disparaître totalement au moment de l'arrêt définitif. En outre, si l'on considère l'organe en état d'intoxication profonde, on constate que la systole ne se fait pas sur toute l'étendue du ventricule; il existe des îlots qui ne se contractent pas du tout. Ce phénomène, encore qu'il soit banal dans les intoxications cardiaques, méritait d'être signalé : on sait, en effet, que Herlng a affirmé l'existence de ces contractions partielles chez les mammifères au cours de l'arythmie désignée sous le nom de pouls iO--'). On la prépare en traitant les graines par l'alcool; on défèque par l'acétate de plomb, et on obtient finalement un chloroplatinate qui cristallise. Dreser, qui a opéré avec un produit très pur, a constaté que la dose par kilogramme de 0,001 de sel (chlorhydrate) avait déjà des effets émétisants et rendait la respiration difficile. Il considère que la lobéline est essentiellement un poison bulbaire, agissant sur le centre de la respiration. Si la dose est forte, la mort survient par paralysie de la respiration. Avec des doses faibles la respiration est accélérée, même après' la section des nerfs vagues, et la ventilation pulmonaire est augmentée. La lobéline paralyse aussi l'action du nerf vague sur le cœur, même à doses relativement faibles. L'action sur les muscles lisses des bronches est plus douteuse. Quant à l'effet de la lobéline sur la pression artérielle, elle a été étudiée avec soin par J. Ott. Il y a d'abord une élévation de pression (due à une contraction des capil- laires et à une excilation des centres nerveux vaso-constricteurs). A dose plus forte, lat pression baisse. Chez les grenouilles, après une période d'excitation passagère, la lobéline produit une sorte d'état narcotique général, et finalement elle agit comme poison curarisant. L'effet émétisant est constant chez les chiens elles chats; et, si Choupps et Pixet n'ont pas pu l'obtenir, c'est qu'ils ont introduit le poison par voie stomacale et non par voie hypodermique. En somme, ce qui domine l'histoire physiologique de la lobéline, c'est son action sur les centres respiratoires. L'aspidospermine, qui a à peu près la même influence, est moins active. Sur l'homme on a constaté quelques cas de mort, en général dus à l'ingestion de doses trop fortes d'extrait aqueux de L. inflata, recommandé par des charlatans. Taylor dit que la dose toxique pour les feuilles est de 1 gramme, et que la dose mortelle est 4 fois plus forte. Les accidents de l'intoxication sont des vomissements, de la diarrhée, une prostration extrême, une angoisse respiratoire, et parfois des convulsions. Bibliographie. — Dreser. Pharmakologische Untersuchungen iiber das Lobelin der L. inflata (A. P. P., 1889, xxvi, 237-266). — Chouppe et Pinet. Quelques recherches sur l'action de la lobéline (B. B., 1887, 291-293). — Bliedtner. Beitrag zur Kenntniss der Wirkung der Lobelin {Th. inaiig., Kiel, 1891). — Dragexdorff. Lobelia Alkalo'ide [Pharm. Zeitsch. f. Russland, 1886, xxv, 353-358). — Rosen. Chemische und pharmakologische Untersuchungen iiber die L. nicotianae folia {Ibid., 1886, xxv, 494). — Altamirano (F.). Apuntes para el estiidio de la accion fmoligica e terapeutica de la L. taxiflora {Estudio, Mexico, 1891, IS- IS). — SiEBERT (C). Beitrag zur Kenntniss des Lobelin^^ und Lupanins [Th. inaug., Erlan- gen, 1891). — Ott. Note on the action of Lobelina on the circulation {Boston med. and surg. Journ., 1875, xcii, 124-128, et Philad. med. Times, 1876, vi, 121-125). On trouvera dans l'Index Catalogue, viii, 301, 1887, de nombreuses citations biblio- graphiques sur l'emploi de la Lobelia inflata en médecine, notamment pour ses effets anti-syphilitiques ou anti-asthmatiques, et aussi sur les cas d'empoisonnement qui sont assez nombreux (Brown, 1836; Davis, 1844; Wood, 1850; H. Johxso.n, 1858; Tidy, 1869, etc.). A consulter au point de vue historique le travail important de J.-U. et G. -G. Lloyd, Historical researches on Lobelia inflata {Pharmaceutical Journal and Transactions, (3), xvu, 1886, 566). LOCANIQUE — LOCOMOTION. 171 LOCANIQUE (Acide). — Principe colorant du lokao ou vert de Chine LOCOMOTION. — O'i appelle Locomotion {loco movere, transporter d'un lieu dans un autre) cet acte ou celte série d'actes physiologiques par lesquels un être vivant arrive à se déplacer dans l'espace en totalité. C'est du moins cette locomotion naturelle qui seule nous intéresse, à l'exclusion de tout autre système artificiel. Tout est en mouvement, dans la nature. La matière que nous appelons inerte est elle-même toujours en état de transformation, de sorte qu'il est difficile de dire où commence la vie et où elle finit. La cellule organisée, végétale ou animale, constitue, selon les conventions admises, le premier principe auquel on reconnaît la vie; mais celle-ci ne peut durer un seul instant qu'à la condition d'avoir des rapports constants, interrompus, avec le milieu extérieur. Or tous les échanges chimiques ou physiques qui sont la base même de la vie ne se conçoivent pas sans transport de matière et, par conséquent, sans mouvement. La digestion, la respiration, la circulation, les échanges cellulaires, etc., qui sont des travaux d'élaboration, de transport, d'assimilation de Taliment, d'élimination des déchets, nécessitent des mouvements très complexes, caractéristiques de la vie, dont ils sont en quelque sorte l'essence. Mais leur existence même est liée à la présence constante de l'aliment. Un grand nombre d'êtres vivants le trouvent sur place. Tels sont les végétaux et les animaux fixés. La nature s'est chargée de pourvoir à leur subsistance, en leur appor- tant tous les matériaux nécessaires à leur vie, sans qu'ils aient à se déplacer. S'ils n'ont pas d'appareil locomoteur, c'est qu'il leur serait inutile, car tout change autour d'eux. Ils jouissent donc d'une vraie locomotion relative. Mais la plupart des animaux doivent aller à la recherche de leur nourriture et possé- der un appareil locomoteur approprié à leur genre de vie, adapté au milieu dans lequel ils vivent et, d'une façon générale, rendu nécessaire par les conditions extérieures. Le degré d'évolution inllue également, non sur le principe même du mo}^n loco- moteur, mais sur sa forme extérieure, et surtout [sur son degré de perfection. Or le nombre des espèces composant la série animale est immense, leur forme, leur genre de vie varient à l'infini, et leurs organes locomoteurs suivent une échelle parallèle. Depuis le mouvement de l'amibe jusqu'au vol de l'oiseau on trouverait par milliers d'échelons , des êtres se distinguant tous de leurs voisins par quelque caractère. Aussi n'entre-t-il pas dans notre programme de faire une revue complète de la loco- motion dans le règne animal, mais d'en fixer quelques types qui renferment tous les autres, parce qu'ils sont, ces autres, portés à leur plus haut degré de perfection. On distingue généralement trois sortes de locomotions, selon qu'elle est terrestre, aquatique ou aérienne. Cette façon de diviser en trois groupes la locomolion animale est indirecte et arbitraire, car cette classification a pour base non une différence dans le système ou moyen mécanique, mais l'élément dans lequel ou à la surface duquel se meut et vit l'animal. Elle a cependant le mérite de correspondre d'une façon générale aux trois types de locomotion les plus différenciés de la série animale, car l'élément influe ici d'une façon considérable sur la fonction, et la fonction a créé l'organe approprié à cet élément. Nous passerons en revue les difi"érents modes de locomotion terrestre sauf la reptation (voir Reptation). La locomotion aquatique ou Natation fera l'objet d'un article spécial, ainsi que la locomotion aérienne, qui sera traitée à l'article Vol. Nous allons d'abord rappeler quelques principes généraux de mécanique, qu'il est absolument nécessaire de connaître pour comprendre la physiologie de la locomotion. L- CONSIDERATIONS GÉNÉRALES. A) Le mouvement en général. — Un mouvement est un déplacement d'une masse dans l'espace. Ce phénomène ne peut se concevoir sans que la masse ait reçu, à un moment donné, une impulsion résultant de l'action d'une force 172 LOCOMOTION. Nous disons à un moment donne, car il n'est pas nécessaire que la force agisse d'une façon constante. En effet, en vertu de son inertie, une masse ayant reçu une impulsion qui lui a communiqué une certaine quantité de mouvement, continue à se déplacer, jusqu'à ce que des frottements ou des forces inverses soient venus annihiler l'effet de cette première impulsion. La force est donc l'élément fondamental de tout mouvement. Mais son existence est absolument liée à celle de la masse à mouvoir. Elle suppose également l'existence d'une autre masse qui sert de point d'appui à la première, et réciproquement. En principe ces masses peuvent l'une et l'autre être quelconques. La force aura un point d'application sur chacune des masses, et elle imprimera à chacune d'elles une quantité de mouvement égale. C'est le grand principe de l'égalité de l'action et de la réaction. Pour nous l'expliquer d'une manière simple, supposons (fig. 22) deux sphères homo- gènes M et M' réunies par un ressort à boudin (F tendu qui représente la force. Il est facile de voir que ce ressort va exercer sur les sphères un effort égal et de sens inverse, et qu'il va tendre à les rapprocher. Si à un moment donné on laisse le ressort agir en délivrant les deux masses en même temps, il va communiquer à chacune d'elles une égale quantité de mouvement. Ainsi, si les deux masses sont de même poids, elles vont se rapprocher d'une même quantité. e-y Fig. 22. — M, M', masses à mouvoir; F, ressort; e, e', espaces parcourus par l'une et l'autre masse sous l'in- fluence du ressort F. JNIe = M'e' et e : Mais,''si les masses sont inégales, les chemins par- courus seront en raison inverse de ces masses. M__e_ W ~ e' Si l'une des masses (M) est infinie par rapport à l'autre, son déplacement sera infiniment petit; mais par contre le déplacement {e') de la masse (M') sera maximum, et égal au raccourcissement total du ressort moteur, c'est-à-dire que le rendement du ressort moteur sera maximum par rapport à la masse M', la masse M étant devenue un point fixe. On peut donc poser cette loi générale, qui est le corollaire de ce qui précède : Le rende- ment, en travail utile, d'une force, sera en raison directe de la fixité relative du point d'appui. Le point d'appui, qui influe d'une manière aussi considérable sur l'économie de tra- vail, a donc en locomotion une importance exceptionnelle et ses caractères généraux ont une grande part non seulement dans la morphogénie des organes locomoteurs des ■animaux, mais aussi dans leur mode d'action : il est nécessaire de faire ressortir ces caractères. B) Le point d'appui. — Pour être fixe, un point d'appui doit résister efficacement à l'aclion mécanique représentée par la force qui agit sur lui. Il doit donc être d'autant plus solide que la masse à mouvoir est plus grande et qu3 la force qui meut cette masse est plus énergique. Celle-ci produit à la surface du point d'appui une certaine pression p qui est définie mathématiquement par la relation : F •où p est cette pression, F, la force et S la grandeur de la surface de contact. La résistance R offerte par le point d'appui doit être au moins égale à la pression que la force exerce sur lui ; on peut donc poser : F )0 = R = 7r LOCOMOTION. 173 Ce que l'on peut traduire ainsi : La résistance d'un point d'appui doit être en raison directe de l'effort qu'il devra supporter et en raison inverse de la surface de contact. Si pour un même effort, la solidité du point d'appui diminue, on pourra compenser cette insuffisance par une augmentation de la surface d'appui. Ainsi le chameau peut marcher sur le sable du désert, qui n'offre qu'un point d'appui mouvant, parce qu'il s'appuie sur lui par de larges surfaces, qui rendent sa résistance efficace. L'oiseau de son côté possède de très grandes surfaces, qui seules trouvent sur le point d'appui fluide et léger qu'est l'air une résistance suffisante. Quand le point d'appui est solide, la terre ferme, par exemple, les surfaces de con- tact de l'animal sont petites, quelles que soient les autres propriétés physiques du point d'appui et en particulier sa densité. Mais il n'en est pas de même si le point d'appui est lluide comme l'eau et l'air. La résistance du point d'appui est alors en raison directe de sa densité et de la surface de contact, et proportionnelle au carré de la vitesse du mouvement. Ce que l'on exprime par la formule générale • Rr=SV2K où R est cette résistance, S la surface de contact ou surface de pression, V la vitesse du mouvement et K un coefficient qui varie avec la densité du fluide, sa viscosité et aussi, d'après les expériences les plus récentes, avec la vitesse*. 11 est important ici d'attirer l'attention sur l'élément vitesse, qui influe tant sur la résistance du fluide. Si nous examinons la formule R = (K)SV2 nous voyons que V- est un facteur dont les valeurs croissent en progression géomé- trique, tandis que les autres facteurs K et S sont des facteurs simples arithmétiques. En résumé, le point d'appui doit posséder des propriétés physiques et mécaniques appropriées à l'intensité de l'effort moteur et à la façon dont cet effort se produit. Il peut être, soit solide et de masse relativement grande quand cet effort est grand ou s'exerce par l'intermédiaire de petites surfaces; soit liquide, quand l'action est relative- ment faible et s'exerce sur des surfaces relativement grandes; soit gazeux, quand l'action, quelle que soit du reste son intensité, s'exerce par l'intermédiaire de surfaces relativement très grandes ou que celles-ci se meuvent avec une grande vitesse. G) La force motrice et son adaptation au mouvement. — Pour qu'un être vivant puisse se déplacer à sa volonté, c'est-à-dire posséder un moyen de locomotion véritable, il est de toute nécessité qu'il possède un moteur. Le protoplasme, d'une façon générale, a pour qualité primordiale la motilité. Nous ne pouvons pas le suivre dans toutes ses manifestations, ni chercher en lui le premier rudiment de la force motrice. Mais il est un tissu profondément différencié dont le mouvement semble être l'unique attribut. C'est le tissu musculaire. C'est donc le muscle que nous prendrons comme type du moteur animal. Nous renvoyons à l'article Muscle, pour tout ce qui concerne sa structure, sa constitution chimique, son rendement comme moteur, etc. Nous nous occuperons seulement ici des moyens qu'il emploie pour devenir un organe locomoteur. Nous avons vu précédemment que, pour mouvoir une masse, une force devait avoir deux points d'application, l'un sur cette masse et l'autre sur une autre masse servant de point d'appui. Or tout muscle travaille en se raccourcissant. On ne conçoit pas en effet comment un muscle pourrait en s"allongeant fournir un effort de quelque importance. Ce n'est donc qu'en rapprochant l'un de l'autre ses deux points d'insertions qu'il pourra tra- vailler utilement. Ce mouvement de rapprochement est très limité, et se réduit au cin- 1. Pour l'air en particulier, le coefficient K n'a pas une valeur fixe : il varie non seulement avec l'angle d'attaque, mais aussi avec la vitesse, de sorte que la résistance totale R croîtrait, si l'on considérait K comme un coefficient constant pour un même angle, plus vite que le carré de la vitesse. 174 LOCOMOTION. quième environ de la longueur de la portion charnue de la fibre musculaire. Ce n'est donc que par une série de mouvements alternatifs s'ajoutant les uns aux autres, que le muscle arrivera à produire des mouvements de grandeur illimitée. D'autre part ces mouvements alternatifs ne sont possibles que s'il existe deux forces inverses agissant Tune après l'aulre. Cette deuxième force sera constituée par un muscle antagoniste. Mais un lien méca- nique est nécessaire entre ces deux muscles pour qu'il puisse former un couple antago- niste. Ce lien est constitué par le levier qui devient par conséquent l'accessoire indis- pensable, non seulement à ce simple point de vue de servir de lien entre deux forces inverses mais également pour modifier, transformer la force musculaire suivant les besoins. D'une façon générale il amplifie le mouvement, transformant la contraction puissante, mais courte, du muscle en un mouvement plus ample et plus rapide, mais de puissance moindre. Pour exposer d'une façon plus claire ces deux fonctions du levier, examinons le méca- ^ nisme représenté dans la figure 23; sup- posons un levier L articulé en o avec un autre levier L' et dépassant de part et d'autre l'articulation. En m s'attache un muscle M et en m' un autre muscle M'. Si M se contracte, l'extrémité m du levier L va être entraîné vers A, tandis que m' va s'en éloigner et le muscle M' va s'allonger néces- sairement. Si les deux muscles venaient à se contracter ensemble avec la même énergie, aucun mouvement ne se produi- rait, mais les leviers L et L' formeraient un ensemble rigide. Si les deux muscles se contractaient avec une énergie diffé- rente, c'est le plus fort qui entraînerait de son côté son point d'insertion. Dans un tel cas, le rendement de la force motrice pour- rait être aussi mauvais que l'on voudrait. Les deux muscles M M' ne doivent donc jamais se contracter ensemble, pour un bon rendement mécanique. Examinons maintenant ce qui se passera au point /, extrémité du levier la plus éloignée de l'articulation o et des points d'insertion m et m' . Si M se contracte avec une certaine énergie et entraîne le point [m jusqu'en n, cette dislance mn représentera le chemin parcouru par le point d'application de la force F, et le travail de cette force sera : F X {mn') FiG. 23. — L et L', leviers articulés au point O ; M et M', muscles ; A, point d'attache supérieur des muscles M et M' ; m et m', points d'attache infé- rieurs sur le levier L; « et n\ position des points d'attache mm' après contraction du muscle M; //', trajet de l'extrémité du levier L par contrac- tion du muscle M. D'un autre côté, le levier étant rigide, le point / décrira autour du point o un autre arc / /'tel que : [ol] __ (om) (Tn-{m7i) La force F du muscle et l'elTort/'en / seront inversement proportionnels à leur bras de levier {om) et {ol) qui sont les rayons des cercles décrits. Il s'ensuit qu'ils sont éga- lement inversement proportionnels aux arcs, d'où : II' mn' ¥ {mn) = f{ll') On retrouve donc abstraction faite des c au point l tout le travail fourni par le muscle sans perte aucune s pertes par frottement, et on voit les avantages de l'emploi du levier LOCOMOTION. 175 1- • p^^ 't^ \ A ; ? k R t 1 A ObvnlL jïeiires de levier. qui constitue non seulement un substratum rigide par l'intermédiaire duquel le muscle peut transmettre ses efforts, mais aussi un transformateur de l'énergie musculaire, indispensable dans la plupart des conditions où celui-ci est appelé à travailler. On trouve dans le règne animal les tpois genres de levier (fig. 24). Les vertèbres de l'homme sont des leviers du premier genre oîi le point d'appui est entre la résistance et la puissance. Le tarse de l'homme et des quadrupèdes en général, constitue, pris en bloc, un levier du deuxième genre où la résistance (poids k soulever) se trouve entre l'appui (contact avec le sol, pointe du pied de l'homme, sabot du cheval etc.) et la puissance (insertion du biceps sural sur le calca- néum). Le mandibule chez l'homme et les animaux constitue un levier du troi- sième genre si l'on considère que l'in- sertion des masséters constitue le point d'application de la puissance, les con- dyles le point d'appui, et les incisives par exemple celui de la résistance. Nous devons dire toutefois que cette façon de considérer trois formes de leviers est plus ou moins arbitraire, du moins en ce qui concerne la locomotion. Les divers segments du squelette peuvent en elTet con- stituer tour à tour des leviers de tous les genres : ainsi le cubitus de l'homme est un levier du premier genre quand un athlète élève un poids au-dessus de sa tête, ce ^poids constituant la résistance; l'ai ticulation, le point d'appui; et le triceps brachial, la puissance. Il devient du deuxième genre dans l'acte de marcher sur les mains, le triceps étant toujours le muscle en travail. Enfin il devient du troisième genre quand on s'élève à la barre fixe et que le biceps se contracte. Il n'existe donc en réalité qu'un seul levier dont la forme et l'adaptation varie. Ce levier comporte un ou plusieurs points d'application de la puissance et deux autres points d'application qui peuvent tour à tour, suivant les cas, être appui ou résistance. La grande variété de mouvements qui constitue la locomotion, surtout chez les vertébrés supérieurs, exige également une grande variété dans la structure des divers appareils qui les produisent. Ce facteur inter- vient non seulement pour fixer la forme des leviers osseux, mais aussi pour fixer le nombre, la puissance des muscles et les rappo'^ts de ces muscle entre eux. D'après Sappey, il existe quatre modes principaux de mouvements : Y opposition, la circumduction, la rotation et le glissement. Le^ mouvements d'opposition sont des mouvements simples de charnière; ce sont les plus répandus. Ils exigent la présence de deux catégories de muscles opposés les uns aux autres. Ces muscles peuvent être composés de faisceaux synergiques concourant au même but. Les mouvements de circumduction sont plus complexes. lisse réduisent à des mou- vements d'opposition qui peuvent avoir lieu dans tous les plans. Ici l'articulation doit être universelle, telle que, par exemple, l'articulation scapulo- humérale. Trois muscles au minimum sont nécessaires, et ils doivent être disposés en étoile de telle façon qu'il* puissent être deux par deux synergiques ou antagonistes. Supposons en effet (fig. 2o) trois muscles (A B G) s'insérant sur un même levier L, vu en bout. S'ils «e contractent l'un après l'autre, ce levier sera attiré tour à tour vers les points A B ouC quand les muscles correspondants se contracteront. Mais si, par exemple. Fig. 25. — Schéma montrant que trois muscles sont nécessaires pour pro-. duire des mouvements en tous sens dans "une articulation universelle. A, B, C, muscles ; L, section d'un levier sur lequel ces muscles s'atta- chent par leur bout mobile. 176 LOCOMOTION. A et B se contractent ensemble avec la même énergie, le levier L prendra une direction L D, qui est celle de la résultante des deux elîorts musculaires. Si B se contracte avec C, la direction sera LE ; si C se contracte avec A, ce sera L f. Toutes les directions inter- médiaires seront données par des efforts musculaires tels que la résultante ait la direc- tion donnée. On voit aussi que le mouvement peut s'effectuer non seulement suivant tous les rayons d'un même cercle, mais aussi suivant toutes sortes de cercles, ou de courbes, quelles qu'elles soient. Le mouvement de rotation est un mouvement suivant l'axe du levier. Ce mouvement ne peut pas, dans le règne animal, être circulaire continu. Ce ne peut être qu'un mouve- ment circulaire alternatif. L'articulation atloido-axoïdienne est le type du genre. Malgré l'opinion de Sappey qui considère ce genre de mouvement comme diliérent des mou- vements de circumduction, nous croyons qu'ils peuvent jusqu'à un certain point se confondre. D'une façon générale, et sauf des cas très particuliers, les deux mouvements coexistent dans la même articulation. Les deux articulations scapulo-humérale et coxo-fémorale les possèdent. Les mêmes muscles peuvent même dans bien des cas concourir à produire les deux genres de mouvements. Le glissement existe dans toutes les diartbroses. Il accompagne nécessairement tous les mouvements articulaires pro- prements dils, quels qu'ils soient. Ils constituent une résistance passive, et non un mouvement articulaire véritable. Nous ne pouvons entrer dans le détail ni décrire une à une les diverses formes articulaires que l'on rencontre chez l'animal, nous ne pouvons pour cela que renvoyer aux traités spéciaux. Les quelques caractères énoncés ci-dessus suffisent, croyons-nous, à montrer le mécanisme général des mouvement articulaires. Bu jeu des antagonistes. — Nous avons dit que, pour un bon rendement du travail moteur, un muscle ne devait jamais se contracter en même temps que son antagoniste. Disons tout de suite qu'à notre avis ceci constitue un principe de mécanique qu'il n'est pas possible- de révoquer en doute, puisque, les deux muscles constituant deux forces de direction contraire, leur résultante étant égale à leur différence, il s'ensuivrait une perte d'énergie égale. à deux fois la plus petite des deux composantes. Toutefois certains auteurs, Winslow, Duchenne de Boulogne, Demexy, ont constaté, du moins dans certains mouvements, la contraction simultanée de deux muscles ou groupes de muscles antagonistes. Duche.nne de Boulogne est même arrivé à cette conclusion qu'il existe une harmonie entre les muscles ou groupe de muscles antagonistes, les uns produisant les mouvements et les autres entrant enjeu pour le modérer. Quel avantage pourrait bien résulter de cette contraction simultanée et inégale? Ne serait-il pas plus simple que le muscle producteur du mouvement agît avec une force adéquate à l'effort à produire, sans faire intervenir un autre muscle modérateur pour absorber un excès de force au détriment du rendement mécanique de la machine animale? Quel autre facteur pourrait-on faire intervenir pour justifier cette théorie? Nous n'en voyons pas. Cependant Beaunis entreprit sur la grenouille une série d'expériences afin de jus- tifier cette théorie. Cet auteur a fait ses expériences sur les muscles gastro-cnémiens d'une part, et tibial antérieur et péronier, d'autre part, tous détachés du squelette par une extrémité et reliés à un dispositif permettant d'enregistrer leurs contractions. En excitant la grenouille pour provoquer des contractions réllexes, il constata les faits suivants (cités d'après Paul Richer) : l" Les deux muscles {ou groupes de muscles) antagonistes se contractent simultanément: c'est le cas le plus habituel, le type normal; 2° Un seul des muscles se contracte, l'autre reste immobile; c'est l'exception; 3° Un des muscles se contracte, le muscle antagoniUe se relâche et s'allonge. Ces deux derniers faits s'expliquent d'eux-mêmes, quoique, pour le dernier, nous nous refusions à accorder une puissance appréciable à un muscle qui se distend. Quant au premier fait, le plus important, il a été ainsi interprété suivant la théorie de Duchenne : les deux contractions sont inégales, et c'est la plus énergique qui l'em- porte sur l'autre. Nous devons ajouter que, dans les expériences de Beaunis, l'animal étant attaché LOCOMOTION. 177 sur une planchelle, les tendons sectionnés, rien ne donne une indication du sens du mouvement que l'animal désirait exécuter; et rien n'indique qu'aucun mouve- ment dans un sens ou dans l'autre se fût produit si l'animal eût élé dans son état normal. Demeny, ayant fait par la méthode graphique une série d'expériences sur l'antago- nisme musculaire, les résume de la façon suivante : (( Dans les contractions statiques énergiques, les antagonistes se contractent syner- giquement, soit pour immobiliser un segment osseux, soit pour empêcher la disjonction des surfaces articulaires quand les deux segments sont dans le prolongement l'un de l'autre. « Si l'on résiste statiquement contre un effort qui tend à produire la tlexion ou l'ex- tension, les antagonistes de ce mouvement se relâchent. « Les antagonistes se relâchent aussi pendant le mouvement toutes les fois qu'une FiG. 26. — A, membre antérieur de cheval, préparé pour étudier le fonctioimement des muscles antagonistes : a, fléchisseur externe et c, extenseur antérieur du métacarpe; t, tige de ter introduite daus le radius; 6, appareil de liaison du muscle et de la tige de fer. B, appareil de liaison composé de : g, manchon en caoutchouc, I)ouché aux extrémités et présentant en haut un tube de sortie pour transmission par air ; /(. ressort intérieur puissant. C, appareil enregistreur portant deux tambours do Marky, reliés aux deux petits appareils 6 adaptés aux deux muscles sectionnés de l'animal (•!. Athanasic . résistance extérieure agit dans le sens de leur action, que cette résistance extérieure soit vaincue ou non par les muscles qui luttent contre elle, que ces muscles se rac- courcissent ou bien subissent une élongation. « Dans les mouvements naturels, il y a en général synergie des antagonistes. « Dans les mouvements à vitesse lente et uniforme, il y a action simultanée des antagonistes. « Dans les mouvements à vitesse variable, les antagonistes agissent comme modéra- teurs de la vitesse et entrent en jeu un peu avant que le mouvement ait cessé ou changé de sens. ^ « Les antagonistes i^éagissent les uns sur les autres passivement par l'intermédiaire des os. » Ces conclusions ne sont pas, à notre avis, suffisamment précises. Toutefois l'auteur DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME X. 12 178 LOCOMOTION. reconnaît que, quand un muscle Lutte contre une force inverse, sou antagoniste se relâche ; mais il n'insiste pas suffisamment sur ce qu'il entend par mouvements naturels, par mouvements à vitesse lente et uniforme ou à vitesse variable, dans lesquels il y aurait synergie des antagonistes. Tous les mouvements, quels qu'ils soient, sont le résultat de l'action d'une force luttant contre une force inverse. Si un muscle travaille à vaincre cette dernière, son antagoniste va-t-il toujours, ou seulement dans quelques cas, agir comme un frein? Si ces cas ne sont pas autrement précisés, il nous semble qu'il y a contradiction entre la première partie et la seconde des conclusions de Demeny. L'expérience suivante d'ArHAX.vsiu (1902) semble réfuter d'une façon complète la théorie de la contraction simultanée des muscles antagonistes et réduire à néant l'in- terprétation qui a été donnée par Beauxis des faits expérimentaux. La technique suivie semble mettre les faits expérimentaux à l'abri de toute interprétation erronée; lais- sons la parole à l'auteur : « Une tige de fer est introduite, d'avant en arrière, dans l'os radius, près de son Fuj. 27. — Tiacé^ obtenus par Athanasiu au moyen du dispositif indiqué fig. 26. extrémité inférieure (fig. 26, A). Les tendons sectionnés des muscles, iléchisseur externe et extenseur antérieur du métacarpe (parfaitement antagonistes) sont attachés à la tige de fer au moyen de deux appareils (myographes à air). Notre myographe ^lig. 26, B) se compose d'un manchon de caoutchouc g, bouché aux extrémités, et au milieu duquel se trouve un ressort en laiton h. L'intérieur de ce manchon est rais en com- munication par un tube de caoutchouc avec un tambour de Marey. Les deux tambours sont disposés dans la même position pour avoir une inscription horizontale (fig. 26, C), On prend une ligne de zéro qui est donnée par la position dans laquelle ces muscles se trouvent, quand le membre s'appuie fermement sur le sol; pour obtenir ce résultat un aide lève le membre du côté opposé. L'animal est ensuite mis en marche, l'appa- reil étant porté par un aide qui suit de près l'animal. » Il est à remarquer que les tendons, ici, comme dans les expériences de Beaunis, sont sectionnés à leur partie inférieure, et on pourrait conclure de ce fait qu'il y a similitude dans la technique. Il n'en est rien ; car, si les tendons ont d'abord été coupés, ils sont de nouveau reliés au squelette par l'intermédiaire du ressort et de la lige de fer. Mécaîiiquement les rapports normaux sont conservés, ce qui n'avait pas lieu dans les expériences de Beaums. La preuve la plus manifeste qu'il en est ainsi, c'est que l'animal peut marcher. Et J. Athaxasiu de conclure : « L'analyse des graphiques de la figure 27 nous montre que les deux muscles antagonistes ne se contractent pas en même temps, puisque leurs courbes sont de sens contraire. De p'us, l'antagoniste qui n'est pas en LOCOMOTION. 179 activité se rétracte au delà de sa tonicité (qui dans notre cas est mesurée parla tension des ressorts métalliques]. En effet les lignes de relâchement descendent au-dessous de la ligne de zéro. » Paul Righer a également cherché à vérifier les faits énoncés par Beaunis. IlTa fait chez l'homme dans le jeu normal de ses muscles. Nous ne pouvons entrer dans le détail de ses expériences. Nous dirons seulement qu'il dislingue deux sortes de mou- vements : A) Les mouvements lents, et B) les mouvements rapides. Les conclusions sont les suivantes : A) « Dans les mouvements lents il faut distinguer deux cas : « 1» Ceux qui s'exécutent dans un plan vertical ou plus ou moins oblique; « 2° Ceux qui se passent dans un plan horizontal. >' Les premiers sont influencés par la pesanteur; dans les seconds, la pesanteur n'est pour rien. Dans les premiers, quel que soit le sens du mouvement, l'ac- tion musculaire est dirigée toujours du même côté, du côté de l'effort à faire pour vaincre" entièrement l'action de la pesanteur et pour lui résister partiel- lement. , ce qui est conforme à la conception de la plupart des auteurs et correspond à la définition courante. Il y a ainsi un double pas droit et un double pas gauche, et, comme les deux pieds se posent sur le sol alternativement, ces doubles pas empiètent l'un sur l'autre de telle sorte que le chemin parcouru est la somme des distances couvertes à chaque pas. On a utilisé plusieurs méthodes pour étudier la longueur et la fréquence des pas. Une des premières et des plus utiles est la méthode des empreintes. Elle fut d'abord employée par Neugebauer. Voici en quoi elle consiste : on fait marcher sur une bande de papier blanc divisée en deux suivant sa longueur, par une ligne droite, un sujet dont la plante des pieds a été préalablement frottée avec du sesquioxyde de fer pulvé- rulent. Le sujet doit suivre la ligne trarée sur le papier, de sorte que ses empreintes se dessinent à droite et à gauche de cette ligne. Gilles de la Tourette, ayant utilisé cette méthode, est arrivé aux conclusions sui- vantes, que nous citons d'après Paul Richer : « 1" La longueur moyenne du pas est égale, chez l'homme adulte, à 0°»,63; chez la femme, à O'",o0; « 2« Dans les deux sexes (la jambe gauche étant à l'appui), le membre inférieur droit forme un pas plus long que le membre inférieur gauche (la jambe droite étant à l'appui) : en un mot le pas droit est plus grand que le pas gauche ' ; i< 3° L'écartement latéral des pieds, ou base de sustentation, mesure en moyenne, chez l'homme en marche, H à 12 centimètres, avec prédominance de 1 centimètre pour l'écartement latéral gauche. Il mesure en moyenne, chez la femme en marche, 12 à 13 centimètres, avec prédominance de 1 centimètre pour l'écartement latéral gauche ; « 4° La somme des angles ouverts en avant et en haut, par l'intersection de la ligne d'axe des pieds avec la ligne de marche, égale en moyenne 31 à 32» avec prédominance d'ouverture de 1 degré pour le pied droit. Chez la femme en marche, cette somme égale en moyenne 30 à 31°, avec prédominance d'ouverture de 1 à 2 degrés pour le pied droit. » Demeny, appliquant cette méthode à l'étude des diverses allures de l'homme, montre que les empreintes des pieds sur le sol se rapprochent de plus en plus de la ligne de progression à mesure que la vitesse augmente et la recouvrent même aux grandes vitesses, et qu'en même temps l'angle formé avec cette ligne par l'axe des pieds diminue. Vitesiie de progression dans ses rapports avec la fréquence du pas ou influence de la fré- quence sur la longueur du pas. — La fréquence des pas a nécessairement une influence sur la vitesse de progression. A longueur de pas égale, la vitesse de progression sera en raison directe de la fréquence. Mais la longueur des pas varie avec leur fréquence, de sorte qu'à une certaine cadence correspond une certaine longueur du pas. Les fi^ères Weber admettaient que la cadence et la longueur suivaient deux lignes parallèles, augmentaient ou diminuaient ensemble. Cette loi n'est pas absolue, ainsi que l'ont démontré Marey, puis Demeny, qui est arrivé aux mêmes résultats. La méthode des empreintes, citée plus haut, était incapable de fournir des rensei- gnements complets. Aussi Marey adopta-t-il une autre méthode qui lui permit d'opérer sur de grandes distances parfaitement mesurées. Autour d'une piste circulaire de oOO mètres de circonférence et parfaitement plane, -établie à la station physiologique, fut installée une ligne télégraphique, dont les i. Ceci ne peut être vrai pour le double pas: le double pas droit et le double pas gauche étant nécessairement égaux dans la progression en ligne droite. LOCOMOTION. 187 Tracés de l'odographe fixe pour vitesse différente (Marey). poteaux, espacés de îJO mèti-es, portaient un petit appareil, qui permettait au mar- cheur de rompre un instant et automatiquement un circuit électrique. Ces interrup- tions commandent le mouvement d'un style inscripteur, installé sur un cylindre enregistreur de vitesse appropriée et connue, de telle sorte que les déplacements de ce style, en s'additionnant, totalisent le chemin parcouru par le marcheur. La courbe en zigzag obtenue donne non seulement le chemin parcouru, mais aussi la vitesse du coureur, la mesure du temps étant donnée par la vitesse du cylindre K Un timbre installé au milieu du terrain, et marchant à une cadence connue et réglable, règle le rythme des pas des marcheurs. Cette méthode permet donc de connaître : 1° Le nombre de pas à la mi- nute ; l■^nn| | | | | | | | | J^-^ L-' L-^f 2° Leur longueur, en divisant le chemin parcouiu dans un temps donné par le nombre de pas cor- respondant; 3° La vitesse du sujet à chaque instant. 11 résulte de ces expériences : que la longueur du pas augmente avec la cadence entre 40 et 75 par minute (fig. 32 et 33), pour décroître ensuite sans que la vitesse du sujet décroisse, jusqu'au rythme de 85 par minute, au delà duquel la vitesse de progression du sujet commence à décroître. La règle adoptée par les frères Weber n'est donc juste qu'entre certaines limites très restreintes. La vérité est qu'il existe un rythme optimum, auquel correspond une vitesse de progression maximum, qu'il est impossible de dépasser, et qui est la vitesse limite que permet l'organisation physique du sujet. D'après Demeny, la cadence d'une allure va en sens inverse de la taille, tandis que la longueur du pas augmente avec elle. Il s'ensuit qu'il serait absurde de faire marcher h une même cadence des hommes de taille différente, mais que, si chacun d'eux marche à la cadence qui convient à son organisation physique, la vitesse de progression est sensiblement la même pour des hommes de taille sensiblement dilférente. L. iManouvrier (1902) -, dans un travail sur les rapports anthropométriques et sur les principales proportions du corps humain, prouve que la longueur des jambes et par conséquent la longueur el la fréquence des pas, ne sont pas fonction de la taille. L'auteur distingue en effet, à ce point de vue, trois variétés de conformation : la brachyskélie, la mésoskélie ou mésatiskélie, et la macroskélie. Ces trois variétés forment une série ordonnée suivant le rapport croissant du membre inférieur à la longueur du buste = 100. Nous reproduisons ci-dessous le tableau établi par L. Manouvrier, après un grand nombre de mesures sur des sujets pris au hasard. ^p^' s^^ ^ ■^ du_ SS^ Fig. 33. 50 b5 -60 65 TO 75 60 85 Courbes de la vitesse et de la longueur du pas rentes cadences (Marey). 90 pas minute à diffé 1. Pour plus de détails voir : La Nature, 1887, et Marey, La Méllwde graphique. 2. Etude sur les rapports anthropométriques et sur les principales proportions du corps [Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, 3" série, t. II, 1902). 188 LOCOMOTION. Cette figure montre que la brachyskélie et la macroskélie se rencontrent clans toutes les tailles. La longueur des pas n'est donc pas fonction de la taille, comme l'a admis Demeny, mais bien de la longueur des jambes. Dans un nouveau travail (1905) % L. Manouvrier montre la portée pratique d'une pareille remarque au point de vue du classement des jeunes soldats dans le rang, à la place qui convient le mieux à leurs aptitudes physiques. En etïet, un usage constant veut que les hommes de chaque section soient rangés d'après leur taille, avec précession des grandes tailles. L. Ma^ouvrier propose un TAILLE û ^V^ii '9^ '*' kV kr'Moyenni FiG. 34. — Brachj-skélie et macroskélie. Courbes indiquant les rapports des longueurs du buste et du membre inférieur (fémur, tibia) et du membre supérieur (humérus, radius) chez un certain nombre de sujets de taille différente (de \'',^2 à l",??) (L. Manouvrier). classement d'après la longueur des jambes avec précession des courtes jambes, dont les résultats seraient les suivants : « Suppression d'une cause continue de fatigue et d'ennui dans les marches; « Régularisation automatique de la marche des colonnes; « Facilitation de l'alignement des files dans la marche en colonne ou en bataille, d'où allégement de la surveillance et de l'instruction; « Exploration complémentaire de l'allongement des colonnes en marche, et légère possibilité probable d'accélérer la vitesse d'écartement des troupes marchant sur une même route; « Facilitation de la marche au pas cadencé et détermination des cas où elle est utile. » Le pas au point de vue dynamique. — Durée et intensité de Cappui du pied siw le sol. \. L. Manouvrier, Le classement des hommes et la marche dans l'infanterie. {Rev. d'Artil- lerie, XXXVIII, 1905). LOCOMOTION. 189 FiG. 35. — Tentative de représentation, au moyen d'une tige de métal courbée, de la trajectoire sinueuse parcourue par le pubis. Pour comprendre la perspective de cette figure solide, il faut supposer que le fil de fer est, par son extré- mité gauche, rapproché de l'observateur, tandis que par son extrémité droite, il s'en éloigne (L'amplitude des oscillations a été fort exagérée pour qu'elles soient plus saisissables). (Maeey). Leur mesure. — A toute allure normale (marche ou course), le poids du corps se porte tantôt sur l'un des pieds, tantôt sur l'autre. Il en résulte un déplacement latéral alter- natif du centre de gravité, accompagné de réactions verticales dues à l'extension des membres inférieurs, de telle sorte que ce centre de gravité décrit dans l'espace une trajectoiTe fort complexe et qui montre que les forces en jeu sont au moins au nombre de trois : 1° Une force qui produit le mouvement d'avancement ou progression, et dont la direction est tangentielle à la sur- face du sol ; 2" Une force qui produit les mouvements ascensionnels pério- diques du centre de gravité et nor- male au sol; 3° Enfui une force qui produit les oscillations transversales, force à peu près horizontale, située dans un plan perpendiculaire à la pre- mière. Cette dernière est la pesan- teur qui, agissant sur le centre de gravité, tend à le faire tourner autour du point d'appui unilatéral constitué par le contact de l'un des pieds seulement sur le sol. Nous avons vu en effet plus haut (p. 184), que, dans la station droite, la ligne de gravité passe entre les deux pieds; et, plus loin, que les empreintes des pieds se trouvent de chaque côté de la ligne de marche, trajectoire moyenne autour de laquelle oscille le centre de gravité Nous avons également vu qu'aux allures de plus en plus rapides les empreintes se rapprochent de celle ligne de marche, ce qui coïncide, comme nous le verrons plus loin, avec une atténuation très sensible des oscillations latéiaies. Cependant, quoique la pesan- teur soit la cause réelle de ces oscil- lations transversales, il est évident qu'elle seule ne saurait les entre- tenir, et que le centre de gravité ne saurait passer de l'un à l'autre point d'appui sans une certaine dépense d'énergie. Cette énergie tire évidemment son origine des oscillations verticales produites par la pression normale du pied sur le sol. C'est donc cette dernière force, transformée en énergie potentielle, par élévation du centre de gravité, qui entretient les oscillations trans- versales. Nous restons donc en présence de deux forces : la pression normale ou verticale, et la pression tangentielle. La chaus- sure exploratrice de Marey et le dynamographe de Marey et Demeny ont servi à mesurer leur intensité. Chaussure exploratrice de Marey. — Cet appareil est très simple. Sur la semelle d'une chaussure ordinaire on colle une autre semelle en caoutchouc, d'une épaisseur de 1 cent. 1/2 environ, dans laquelle est ménagée une chambre à air à l'endroit indiqué dans la figure 36 par les lignes ponctuées. Une plaquette de bois, de dimensions un peu inférieures à celles de la chambre, est collée sur celle-ci, de façon à faire saillie à l'extérieur. Fiii. 36. — Cliaussure exploratrice destinée à signaler la pres- sion du pied sur le sol avec sa durée et ses phases (Marey). 190 LOCOMOTION. Quand le pied se pose sur le sol, cette plaquette s'enfonce, et comprime l'air de la chambre. Celle-ci communique par un tube en caoutchouc avec un tambour à air, qui inscrit sur un cylindre enregistreur les variations de pression. Le mar- cheur emporte avec lui l'enregistreur. On voit dans la figure 37 les tracés obtenus par ce procédé. Un étalonage préalable permet de se faire une idée de la pression du pied sur le sol, Tracé des appuis et soutiens des deux pieds dans la marche ordinaires. Le trait pointillé est le tracé du pied gauche ; le trait continu celui du pied droit (Marey). mais cette évaluation est toujours sujette à caution, attendu que la chambre à air n'intéresse qu'une faible partie de la surface d'appui du pied, M.^rey avait sans doute senti lui-même Finsuffisance de cet appareil, puisqu'il a créé plus tard avec Demeny, un nouvel appareil, le dynamographe. Dynamographe de Marey et Demeny. — Cet appareil permet de mesurer la pression normale et la pression tangenlielle (fig. 38), à chaque instant de l'appui du pied et inscrit la courbe de ces pres- •^ \v sions. i ' v.^^\\ Neuf spirales formées chacune d'un tube en caoutchouc à paroi assez épaisse et dont le bout central est fermé, sont fixées sur une planche en chêne. On voit sur la figure leur dispo- sition. Un disque en carton les recouvre, et une nouvelle planche maintenue par des guides métalliques, s'applique exactement sur elles. Une dixième spi- rale se trouve disposée à Tune des extrémités perpendiculairement aux premières. Elle est destinée à mesurer la pression tangentielle. Les neuf premières spirales dispo- sées en carré communiquent par un tube collecteur unique avec un tam- bour inscripteur. Un deuxième tam- bour communique avec la dixième. Si un effort normal se produit sur la plate-forme, les neuf spirales en caoutchouc s'affaissent, une certaine quantité d'air se trouve chassée et vient soulever le style du tambour inscripteur. Il en est de même pour un effort tangentiel; mais, cet effort étant beaucoup plus faible que le précédent^ une seule spirale suffit, pour résister à cet effort sans s'écraser tout à fait. Il est évident que les tubes en caoutchouc avec lequel sont confectionnées les spirales dynamographiques doivent être convenablement choisis, car c'est l'écrasement du caoutchouc qui mesure l'effort, l'air ne faisant qu'enregistrer cet écrasement. Les tracés obtenus avec cet appareil à différentes allures (tig. 39) semblent indiquer que la pression du pied sur le sol est variable. Toutefois l'interprétation de ces tracés est difficile, et l'on serait tenté d'y voir des FiG. 38. — Plate-forme dynamographique donnant la courbe de la pression des pieds sur le sol (Marey). LOCOMOTION. 194 effets d'inertie du dynaraographe, si ces résultais n'avaient été contrôlés par l'analyse chronophotographique. S'il existe réellement des variations de pression, il est évident que la chronophotographie doit les mettre en relief, car elle 'peut donner, avec une approximation aussi grande que l'on voudra, la notion du travail. Cette notion, il est vrai, n'est pas donnée directement; mais, par un calcul très simple, on peut la déduire des notions de vitesse et de poids, la vitesse nous étant donnée directement par la /\7t FiG. 3',). — Forme de la pression normale du |)ied dans différentes allures. 1 3, pas cadencé. Le pas cadencé (3) se fait remarquer par le choc du pi de la pression au poids du corps (Demény). sas de route ; •>, pas de charge ; au début, puis par le maintien notion du temps et des espaces parcourus, la seconde pouvant être donnée directement par le pesage du sujet. Interprétation des données dynamographiques et chronophotographiques . — Nous venons de voir que de l'appui du pied sur le sol résultent : 1° une pression verticale et une pression tangentielle. Ces deux actions ne sont en réalité que les composantes d'une force unique, qui est la pression du pied suivant une certaine direction OR, qui est la diagonale du parallélogramme construit sur les compo- santes : OV, pression verticale et OT, pression tangentielle. Pour que l'impulsion du pied soit correcte, au point de vue mécanique, c'est-à- dire pour qu'il y ait conservation de l'équilibre, il faut et il suffit que cette ligne OR passe par le centre de gravité G du sujet en mouvement, ou du moins par un point très rapproché de ce centre. S'il n'en était pas ainsi et que le centre de gravité se trouvât en G' par exemple, la force OR tendrait à faire tourner le corps du sujet autour du point G'. C'est ce qui arrive sans doute dans les sauts dits sauts périlleux, où une impulsion vive du pied se transforme en un mouvement rapide de rotation autour du centre de gravité, qui se trouve dès lors en dehors de la ligno OR, en avant, si ce saut s'exécute en avant, en arrière, s'il s'exécute en arrière. Dans le saut à pieds joints, ce centre se trouvera nécessaire sur la ligne OR. Mais, dans la marche et dans la course, et en général chaque fois que le poids du corps se portera alternativement sur les deux pieds, le centre de gravité se trouvera toujours en dedans, la verticale passant par le point d'appui oscil- lera de droite à gauche, et vice versa, d'un plan vertical passant par la ligne de progres- sion. De cette façon le poids du corps se trouve pour ainsi dire porté ou lancé d'un pied sur l'autre, alternativement. En somme, nous pouvons diviser le temps d'appui du pied sur le sol en trois phases; une première phase pendant laquelle le pied reçoit la masse du corps, projetée précédemment par l'autre pied de 0 à 5 (tracé. de la fig. 41) ; une deuxième phase pen- FiG. 40. — Décomposition des forces à Ja fin de l'appui du pied. OR, direction de relfort; &, centre de gravité ; OV, composante verticale ; OT, composante horizontale. 192 LOCOMOTION. dant laquelle le pied suppoi^te seulement le poids du corps (de 5 à 8); et une troisième phase, pendant laquelle se produit l'impulsion, conformément aux principes exposés ci-dessus. La première et la troisième de ces phases correspondent à un excès de pression du pied, excès de pression qui s'explique, pour la '.première, par la nécessité d'égaler la composante verticale de la force 'vive du ^corps qui revient 'au sol, pour la troisième, par la nécessité de redonner au corps une nouvelle vitesse verticale. Ces trois phases sont nettement séparées dans la marche, ainsi que le montrent les tracés suivants de Demexy obtenus par le dynamographe (fig. 42). On peut voir que la seconde phase, ou phase d'appui, est très longue à la cadence de 40 pas par minute, et qu'elle se raccourcit de plus en plus à mesure que la cadence augmente. A la cadence de 90 pas par mi- nute, c'est la première phase qui est la plus longue. Enfin, aune cadence très élevée, dans la course par exemple, les trois phases se confondent (fig. 43) se réduisant à un effort simple, mais très ï\apide et très énergique, du pied sur le sol. Chacune de ces phases d'appui du pied correspond à une cer- taine direction de la force OR (fig. 40) qui, ainsi que nous l'avons vu, doit passer par le centre de gravité et le centre d'appui du pied sur le sol. Que devient la pression tangentielle qui est une des composantes de cette force OR? Les chronophotographies nous montrent que, quand le pied aborde le sol, le centre de gravité du corps est situé en arrière de la verticale, de sorte que la force OR a forcément une direction oblique (fig. 44) d'avant en arrière et de bas en haut, d'où il s'ensuit que la composante tangentielle OT sera négative. L'intensité de cette force pourrait être facilement calculée d'après de simples données chronophotogra- phiques. Ce fait est également mis en évidence au moyen du dynamographe (fig. 45). Ces deux tracés montrent les rapports de la pression normale avec la pression tan- gentielle pendant un appui du pied. On voit que cette dernière, d'abord négative, est ensuite nulle, pour devenir positive. Il est à remarquer que, dans sa phase positive, elle est plus intense que dans la phase négative, ce qui est une nécessité pour qu'il puisse y , Double appui. -+A' Appui unilatéral droit. "^ Double appui. Appui unflatéral gauche FiG. 49. — Projection sur plan horizontal de l'axe des hanches aux ditTérents temps de la marche (P. Richer). ses deux axes seraient donc nettement déterminés si nous pouvions connaître les points correspondants des trajectoires des deux hanches et pendant la durée d'un pas complet, c'est-à-dire si nous pouvions fixer dans l'espace les positions relatives des hanches aux mêmes instants. 11 n'y a pas eu à notre connaissance d'expériences dans ce but. Cela tient sans doute à ce que, avec un seul appareil chronophotographique, on ne peut voir qu'un côté ^du sujet. Peut-être Jarriverait-on, au moyen de deux appareils syn- chrones, photographiant un sujet, l'un à droite et l'autre à gauche, en même grandeur et en superposant les clichés, arriver à voir les rapports des deux trajectoires droite et gauche des hanches et à déduire de là les mouvements du bassin. Il serait intéressant de comparer pour le mouvement de bassin, les résultats que cette méthode pourrait donner avec ceux que donne la méthode directe qu'ont employée Marey et Demeny pour mettre en évidence les mouvements de torsion du tronc. On procède ainsi : on fixe sur le dos du marcheur trois baguettes blanches, dont l'une verticale indique les mouvements du rachis, tandis que deux autres, horizontales, indiquent les mouvements du bassin et des épaules. On photographie le sujet soit vu de dos et fuyant devant l'appareil, soit vu par en-dessus. Paul Richer a synthétisé en deux figures schématiques très simples les mouvements du bassin dans ses rapports avec les différentes phases du pas d'une part et les mouve- LOCOMOTION. ments relatifs des hanches et des épaules, toujours dans leurs rapports avec les diffé- rentes phases du pas d'autre part (figures 49 et 50j. On peut voir sur ces figures que le mouvement de rotation du bassin autour de son axe vertical est maximum au moment du double appui, et minimum au moment de l'appui unilatéral, correspondant avec le passage du centre de gravité par la ver- ticale; que les épaules ont un mouvement de rotation inverse autour du même axe, et que, au^momeut du passage du centre de gravité par la verticale, les axes transversaux des épaules et du bassin sont dans un même plan. Quant aux oscillations du bassin autour d'un axe horizontal dirigé dans le sens de la progression, Marey s'exprime ainsi : « Les oscillations du bassin autour de son axe horizontal interfèrent avec les ondulations de la trajectoire de la hanche; elles ont pour effet de rendre fort inégaux les deux minima de cette trajectoire. Pour la hanche droite,*le minimum qui se produit après le levé du pied droit est le plus bas, parce qu'il coïncide avec l'oscillation descendante du côté correspondant du bassin; le Moment de la verlicale. Moment de la verticale. Moment de la verticale Moment de la vertica ^ Appui unilatéral droit. Double appui Appui unilatéral gauche. Double appui. Appui unilatéral droit. Double appui. Appui unilatéral gauche. FiG. 50. — Projection sur plan horizontal de l'axe des hanches et de l'axe des épaules aux différents temps de la marche (P. Richer). minimum suivant, qui correspond au levé du pied gauche, est atténué, au contraire, parce qu'il correspond à l'oscillation ascendante du bassin. » Quant aux oscillations des épaules autour de leur axe horizontal, il est à remarquer que cette partie du torse se porte toujours du côté de la jambe portante. Il s'ensuit un abaissement de l'épaule correspondante tandis que l'autre, au contraire, s'élève. Pen- dant la période de double appui, les deux épaules sont dans un même plan horizontal. Il faut également signaler que ce mouvement de rotation autour de l'axe horizontal est combiné avec un mouvement de transport latéral de la masse supérieure du tronc, accompagnée nécessairement d'une légère flexion du rachis dans le même sens. Les sommets de la sinuosité qui en résulte correspondent avec la phase d'appui ferme du pied. Le membre supérieur ne reste pas immobile pendant la marche. En effet, on peut voir dans la figure oO qu'il oscille en sens inverse du membre inférieur correspondant. Cette oscillation du membre supérieur a pour effet immédiat d'atténuer les oscillations des épaules autour de leur axe vertical. La tête a aussi nécessairement des oscillations latérales et verticales. La figure 51, empruntée à Demeny, montre leurs rapports avec 'les différentes "phases _du pas. On voit que l'élévation maximum de la tète et sa déviation latérale maximum coïncident avec le moment de l'appui ferme du pied du même côté, que le minimum d'élévation 200 LOCOMOTION. coïncide avec le double appui, et que dès lors la déviation latérale est nulle. Quand le corps se porte sur l'autre pied, la déviation latérale se porte du même côté, et l'élévation redevient maximum. Il y a donc deux oscillations verticales pour une oscillation trans- versale. Sur cette même figure sont indiquées les torsions du tronc a-ie nous avons exposées plus haut. nl'v' Oscillation du centre de gravité. — Nous avons vu plus haut que, d'aprëfe-'lt-^ic^serva- tions de Demeny les oscillations verticales du centre de gravité dans la marche sont beaucoup plus faibles que celles de la tête. II résulte de ce fait, une économie de travail importante, car comme nous le verrons plus loin dans l'étude dynamique de la locomo- tion, ces oscillations verticales du corps sont la principale cause de la dépense d'énergie. La course. — Nous avons défini la marche : Un mode de progression dans lequel l'un des pieds vient s'appuyer sur le sol avant que l'autre l'ait quitté. Pour faire ressortir la différence fondamentale entre la marche et la course, nous définirons celle-ci : Un mode de progression dans lequel l'un des pieds vient s'appuyer sur le sol après que l'autre l'a quitté. Le principal caractère auquel on reconnaît la course est donc une période jDcrul/e MiUwtwn DétrHtton. ùlic^/c FiG. 51. — Projections horizontale et verticale de la trajectoire du sommet de la tête d'un marcheur pendant un pas. On voit la position des empreintes des pieds par rapport à la projection horizontale de la trajec- toire, l'inclinaison de l'axe du pied et la corrélation entre la déviation latérale, l'élévation de la tête, la variation de vitesse et la torsion du tronc (Dbmbny). de suspension du corps dans l'espnce, « pendant laquelle le corps est flottant dans l'air » suivant l'expression de Giraud-Teulon. Marey et Demeny ont fait de la course une étude très complète; c'est principalement de leurs études que nous nous inspirerons dans ce qui va suivre. Comme le pas de marche, le pas de course est divisé en deux périodes : une période d'appui et une période d'oscillation du membre inférieur. a) Période d'appui. — Le pied aborde le sol par la plante tout entière, dans la course ordinaire ; par le talon, quand les enjambées sont longues, quelquefois par la pointe, si les enjambées sont courtes et les pas précipités. Nous ne nous occuperons que de la course ordinaire. Dans celle-ci, la plante reste appliquée sur le sol pendant un peu moins de la moitié de la durée de l'appui. Le pied se déroule ensuite autour de l'extré- mité des métatarsiens comme dans la marche. L'angle décrit peut atteindre 90°, de sorte que la surface plantaire est presque verticale au moment où le pied quitte le sol, La cheville décrit un arc de cercle, comme dans la marche. Le genou décrit également un arc de cercle autour de la cheville pendant la durée de l'appui ferme du pied, puis il s'élève brusquement (voir lig. 32), sa vitesse horizon- tale diminue, d'oii redressement de la jambe et élévation simultanée de la hanche. Celle-ci s'abaisse pendant la première période de l'appui ferme du pied; l'axe de la cuisse, d'abord très oblique, se redresse progressivement (voir fig.52); la courbe décrite est à concavité supérieure. b) Levé du pied. — Au moment où le pied perd contact, la cheville continue sa LOCOMOTION. 201 course en avant et décrit, pendant toute Ja durée de la suspension du corps qui suit immédiatement, une courbe qui se redresse de plus en plus, pour devenir presque une droite pendant le deuxième temps de suspension. A la fin de ce deuxième temps elle s'infléchit len*'^ment vers le sol. Le gev il^fi s'est redressé pendant l'appui, se fléchit de nouveau pendant le premier temps ('illispension, pour se redresser pendant le deuxième temps. Sa courbe, d'abord ascendante, s'infléchit de plus en plus vers le bas et atteint un minimum correspondant à l'appui de l'autre pied, se relève à nouveau et atteint un nouveau maximum, pendant le deuxième temps de suspension. La hanche décrit une courbe sinusoïdale dont les minima correspondent avec les temps d'appui droit et gauche, les maxima avec les temps de suspension. La vitesse de la hanche aux divers points de sa trajectoire varie très peu, sauf FiG. 52. — A, période d'appui du pied droit; le pied, qui avait été immobile dans la première partie de cette phase, pivote autour de sa pointe ; L, période de lever du pied; elle se divise en trois phases; la pre- mière et la dernière correspondent à des suspensions du corps au-dessus du sol; la trajectoire do la hanche y est convexe par en haut ; la phase moyenne correspond à Tappui du pied gauche ; la trajec- toire de la hanche y est concave par en haut. Dans ces épures chronophotographiques, les vitesses se mesurent d'après l'écartement des images qut sont prises à des intervalles de temps égaux. Un ralentissement se traduit donc par uu rapprochement des points sur la trajectoire, une accélération par l'écartement de ces points (Marey et Demeny). pendant la période d'appui du même côté, où elle se trouve légèrement diminuée. Enfin, l'axe de la cuisse qui relie le genou à la hanche tourne autour de celle-ci, pen- dant toute la durée du pas. Il est vertical vers la fin du premier temps de suspension,, c'est-à-dire au moment où va se produire l'appui de l'autre pied. Le bassin décrit surtout des mouvements de rotation autour d'un axe vertical. La hanche droite avance sur la jambe quand celle-ci est à l'appui, et vice versa. L'appui ferme du pied correspond avec le maximum de torsion de cette partie du tronc. Les oscillations de la tête sont d'autant plus petites que la vitesse est plus grande. Dans la course de vélocité sa trajectoire est à peu près horizontale (fig. 53). Par contre, dans cette course, les mouvements de flexion du membre inférieur sont très accentués, comme on le voit dans la figure 53. Les mouvements d'extension de la cuisse sont aussi un peu exagérés. La trajectoire du centre de gravité est d'autant plus tendue que la vitesse est plus grande et tend à se confondre avec une droite parallèle au plan du terrain. Parallèle de la marche et de la course au point de vue cinématique. — La marche et la course dont nous venons d'analyser les mouvements pré^ntent entre elles une grande -202 LOCOMOTION. analogie et nous avons dit que les anciens auteurs tendaient à les considérer comnie un mode de locomotion unique et ne différant guère l'une de l'autre que par la vitesse de progression. 11 y a évidemment une grande analogie entre le pas de marche et le pas de course considérés isolément, et en particulier dans le mode d'action sur le sol.^^ Dans les deux, il y a une période d'appui ferme du pied et une période de déroule- ment de la cheville autour d'un même axe, passant près des articulations métatarso- phalangiennes. Dans la marche le pied aborde le sol par le talon; dans la course par le talon, la plante ou la pointe suivant la longueur du pas. Dans la course, le membre inférieur décrit autour de l'articulation de la hanche un angle plus grand que dans la marche. Il en est de même de ses divers articles qui décrivent des angles respectifs plus grands dans la course que dans la marche. Les mouvements des membres sont donc exagérés dans la course. Les trajectoires des divers points considérés, cheville, genou, en subissent nécessairement le contre-coup et décrivent des sinuosités plus accentuées ou / / ///Z/ / FiG. 53. — Course de vélocité. P, P, appuis successifs du même pied gauche, longueur du pas, S", 27 ; A, appui du pied droit ; VP, verti- cale passant par la cheville du pied à l'appui ; HH, liorizontale se confondant presque avec la trajectoire du sommet de la tète (Analyse chronophotographique) (Dbmeny). plus brusques. Les oscillations verticales de la hanche sont un peu plus grandes dans la course que dans la marche. Par contre, les oscillations du tronc sont beaucoup moindres et leur niveau moyen est plus bas dans la course que dans la marche. Enfin, remarque intéressante : Dans la marche « la vitesse moyenne du pied est supérieure au double de la vitesse de progression du corps », cela est dû à l'appui ; dans la course, au contraire, « la vitesse moyenne du pied est inférieure au double de la vitesse de progression du corps », cela est dû au temps de suspension (Marey et Demeny) *. Nous avons également vu plus haut, en étudiant le pas au point de vue dynamique, que la courbe des pressions sur le sol ne présente qu'une oscillation de très courte durée dans le pas de course, tandis qu'il y a deux et même trois oscillations, de durée totale beaucoup plus longue. Du travail mécanique dans la marche et dans la course. — On sait que le travail méca- nique est le produit d'une force par le chemin parcouru par son point d'application. Où est la force? Dans les muscles. Où est son point d'application? Au centre de gravité. \. C. R. Ac. des Se, ClIL 20 sept, et 4 oct. 1! LOCOMOTION. 203 Nous avons vu plus haut qu'une force, pour être utile, voire pour pouvoir se mani- fester, a en réalité deux points d'application : l'un sur une masse qui, en général et dans la pratique courante, est infiniment grande et qui sert de point d'appui; l'autre sur une autre masse, généralement beaucoup plus petite, et qui est la masse à mouvoir. Nous avons vu également comment le muscle produit le mouvement et comment il s'adapte aux conditions si diverses que lui impose la variabilité des efforts à produire, tant en intensité qu'en direction, et commentla nature a simplement résolu le problème. Or il n'a pas encore été possible de mesurer directement la force déployée par un muscle là un moment quelconque de son action, encore moins si l'on a affaire à un groupe de muscles synergiques, et même, dans beaucoup de cas, à un grand nombre de groupes à la fois. De plus, parmi tous les muscles en jeu il en est qui font du travail passif ou physio- logique (Chauveau), lequel ne peut s'évaluer en kilogrammètres, tandis que d'autres fournissent du travail actif. Quelle part respective aura chacun de ces muscles dans la dépense d'énergie? Cette évaluation nous semble encore inaccessible. Aussi, en ce qui concerne la locomotion, s'en est-on tenu à la mesure du « travail » telle qu'elle FiG. 54. — Attitudes, longueur de pas et angle de déroulement du membre inférieur droit dans la marche et dans la course. Les lignes ponctuées correspondent à la course (Marey et Demeny). ressert des oscillations du corps et des membres dans l'espace. Mais ce travail ne doit pas être confondu avec la dépense énergétique réelle, car il faut tenir compte du ren- dement de la machine humaine. L'évaluation du travail mécanique dans la locomotion de l'homme a été faite d'une façon très complète par Marey et DemeiNY. Nous avons déjà décrit les oscillations du corps dans l'espace et montré que les différents points du tronc décrivent des courbes complexes s'infléchissant tour à tour vers les trois axes, et le centre de gravité décrit des courbes du même ordre. Mais les mouvements horizontaux étant très peu étendus, Marey et Demeny les ont néghgés pour ne tenir compte que des oscillations verticales et du déplacement horizontal dans un plan vertical passant par la ligne de progression. L'oscillation des membres inférieurs nécessite également un travail, car une assi- milation complète de Toscillation de ces membres avec l'oscillation pendulaire n'est pas possible, étant donné que leur période d'oscillation peut varier dans de grandes proportions, variation qui ne peut se produire que par l'effet de la contraction des muscles. Marey et Demeny ont donc étudié : 1° Le travail suivant la verticale ; 2° Le travail suivant l'horizontale ; 3° Le travail nécessaire à l'oscillation du membre inférieur pendant sa suspension. A) Travail suivant la verticale. — Le centre de gravité s'élève à chaque pas à une certaine hauteur h, décrivant, ainsi que nous l'avons vu, une série d'oscillations régu- lières, entre deux droites parallèles passant l'une par les maxima, l'autre par les minima de la trajectoire de ce centre. La distance de ces deux parallèles représente la hauteur 204 LOCOMOTION. à laquelle le poids du corps est soulevé à chaque pas. On suppose, pour ne pas compli- quer le problème, que la progression a lieu dans un plan rigoureusement horizontal. Si donc le marcheur pèse P kilogrammes, le travail accompli à chaque pas suivant la verticale sera : Ti = P/i mais physiologiquement le travail est plus grand, car les muscles pendant l'abaissement du corps travaillent pour modérer sa chute, ce qui occasionne un travail supplémen- taire. C'est là du travail passif que Marey et Demeny estiment avoir une valeur se rap- prochant de celle du travail actif. Le travail réel suivant la verticale serait donc : Ti==P(2/0 Cependant ces mêmes auteurs reconnaissent qu'une partie de ce travail résistant du muscle se trouve emmagasiné dans celui-ci, et transformé en travail actif dès l'ascen- sion suivante; mais il leur a été impossible d'en estimer la valeur. Le travail réel suivant la verticale aurait donc une valeur intermédiaire et serait plus grand que P h et plus petit que P (2/i). Marey et Demeny estiment la limite maxima du travail Ti suivant la verticale [P{2h}] à environ 6 kgm. 2 pour un homme de 73 kg. marchant à une vitesse de 75 pas à la minute. D'après Amar le travail passif qui résulte du freinage pendant la partie descendante 52 de l'oscillation serait (énergéliquement) — — du travail actif. Le travail serait donc : de sorte que, si le marcheur pèse 75 kilos, les oscillations verticales étant de 0 m. 04 le travail dépensé serait : (1) 100 B) Travail suivant l'horizontale. — Ce travail résulte des variations de la vitesse hori- zontale et est donné par la notion même des forces vives maxima et minima. Si la masse totale du corps M se déplace à une vitesse qui croît et décroît succes- sivement d'une certaine vitesse V, limite supérieure, à une aulre vitesse v, limite infé- rieure, l'énergie cinétique maxima sera et l'énergie minima Mi.2 de sorte que le travail musculaire T2 déployé tant en travail actif qu'en travail résistant sera : MV2 M)'2 M La méthode chronophotographique donne directement la vitesse horizontale à chaque instant ; le calcul de la force musculaire déployée est dès lors facile à faire. Marey et Demeny estiment ce travail T2 à 2 kgm 5. T2 = 2 kgm. [i (2) LOCOMOTION. 205 C) Travail de translation du membre inférieur. — La valeur de ce travail est très diffi- cile à déterminer. Quelle est la part de la pesanteur, quelle est la part des muscles dans le mouvement très complexe du membre inférieur qui, ainsi que nous l'avons vu, tourne tantôt autour de la cheville comme centre, tantôt autour des articulations métatarso-phalangiennes, tantôt autour de l'articulation de la hanche, le centre de rotation se déplaçant suivant la trajectoire de cette articulation? Un homme pesant 7a kilos et marchant à la cadence de 40 pas à la minute fourni- rait, d'après Marey et Desieny, un travail T3 — 0 kgm. 3 (3) travail assez faible, et presque négligeable. Travail total. — Le travail total dépensé dans un pas de marche à la cadence de 40 pas par minute, serait donc pour un homme de 75 kilos : Ti + T2 + T3 = 6,2 + 2,5 + 0,3 = 9 kgm. Nous avons vu qu'à mesure que Fallure s'accélère les oscillations verticales dimi- jf, . K>1 lo y y y Cou-rae. ^ r- r .- \i. r- r- r ^ — ^ — - . — ■^ ^ -^ . — — _ — ;^;. y< iûc iof vo iM lie ns 150 J3S 1^ 7'^s' FiG. 55. — Valeurs relatives du travail dépensé dans les différents actes qui constituent un pas. Les expé- riences ont été faites sur un homme pesant 64 kilogrammes, marchant ou courant sur un terrain ferme parfaitement horizontal (Marey et Demeny). nuent. Il s'ensuit une diminution du travail Ti suivant la verticale, favorable aux allures vives. Mais il n'en est pas de même des travaux To et T3 qui augmentent au contraire dans de vastes proportions. Ainsi le même sujet quia fourni, dans la marche à la cadence de 40 pas, un travail total de 9 kilogrammètres, fournit dans un pas de course rapide un travail de 24 ''sm i^ se subdivisant ainsi : Ti = 2 kgm. 3 — oscillations verticales. T2 = 18 kgm. 4 — accélération et ralentissement horizontaux. T.3 = 3 kgm. 4 — translation du membre inférieur. Total. . 24 kgm. 1 Et en introduisant la notion du temps qui est donnée par le nombre de pas par minute, on trouve que la puissance développée dans la marche lente est de 12 kilo- grammètres par seconde, et dans la course rapide 112 kilogrammètres par seconde, soit près de dix fois plus. Demeny a cherché à déterminer le travail dépensé aux différentes allures par un homme pesant 64 kilogrammes, progressant sur un terrain parfaitement horizontal. Nous reproduisons (figure 55) la courbe qu'il a construite d'après les données des 206 LOCOMOTION. expériences qu'il avait faites en collaboration avec Marey. Sont portés en abscisses les nombres de pas à la minute, et en ordonnées les trois éléments du travail total disposés de bas en haut dans l'ordre suivant : 1° Travail dû à la translation du membre inférieur; 2" Aux oscillations verticales du corps; 3° Aux accélérations et ralentissements horizontaux. Cette figure montre que le travail absorbé par l'oscillation du membre infe'rieur dans la marche croît d'une façon régulière jusqu'à 90 pas par minute; que le travail absorbé par les oscillations verticales atteint un maximum vers la cadence de 70 pas par minute, pour diminuer au delà, mais que cette diminution correspond avec un accroissement rapide du travail dû aux oscillations horizontales. Dans la course, nous constatons également une augmentation très régulière du tra- l[ / f t î:f 3y /l ^ / A Cars. y \ / -■■-'- J / '■'■ '' isr n^ AUrcLc . ^ ^^^ '}:^::><^\ >]: „.^ ! L— 1 — ^J " 1 -^^^r^ -Vrt^^ -■- — — 1 —H i i- j E J — i — ' -\- I .-. i 1 ... 1 loo» /•./ 1 \ Ll__ 1 1 1 J 1 1 1 1— o n.K'.-,^ 4i) y,s 50 3S (.0 bS /o p f'O sr r r FiG. 56. — Comparaison du travail à l'heure et au kilomètre dans des allures dont la caience s'accélère régulièrement ; variations correspondantes de la vitesse (Marey et Demknt). vail due à l'oscillation du membre inférieur; mais le travail dû aux oscillations verti- cales diminue progressivement, tandis que le travail dû aux accélérations horizontales atteint un minimum à la cadence de lOo pas à la minute, pour croître ensuite réguliè- rement, mais plus vite que la cadence. On peut déduire de ces courbes l'allure et la cadence les plus favorables au mar- cheur ou au coureur, pour couvrir dans un temps minimum et avec une dépense d'énergie minima un certain espace. Desieny a établi, toujours d'après la même^érie d'expériences, le tableau ci-dessus (fig. 56). Il est aisé de constater que d'une façon générale le travail au demi-kilomètre'est le plus grand, tant dans la marche que dans la course entre 5a et 100 pas à la minute; que le travail dépensé sur le même trajet dans une course à environ 120 pas par minute, est à peu près le même que dans la marche lente à 40 à la minute; qu'il existe dans la marche une limite (80 pas à la minute), au delà de laquelle la dépense de travail croît beaucoup plus vite que la vitesse de progression; que d'une façon géné- rale le travail à l'heure croît avec la cadence, quelle que soit l'allure (marche ou course) : LOCOMOTION. 207 « J'ai négligé, dit Demeny, le travail dû à l'effort statique de soutien du membre à « l'appui, mais il est entendu que ces évaluations n'ont qu'une valeur comparative; du « reste la valeur absolue de nos résultats est un maximum. » Marches ascendante et descendante. — Les évaluations de Mare y et Demeny, nous l'avons dit, ont été faites sur un sujet progressant sur un terrain plat absolument horizontal. Cette condition ne se trouve, pour ainsi dire, jamais réalisée dans la nature. Il est évident que si le sujet monte ou descend, si le terrain est accidenté, etc., ses mouvements s'en ressentiront, et par conséquent son travail de progression pourra varier dans des limites très étendues, qu'il est difficile de déterminer. Quelles que puissent être ces variations, il devra en tout cas produire une certaine ({uantité de travail Q qui devra être évaluée comme ci-dessus en tenant compte des variations de la vitesse horizontale et de l'oscillation des membres inférieurs, des oscillations verticales, et ajouter à cette quantité Q une autre quantité P/i, qui est la hauteur à laquelle aura été porté le centre de gravité dans le même temps. Si le déplacement a lieu eu descendant, les muscles doivent lutter contre la pesan- teur pour éviter la chute et font du travail résistant. Nous avons vu plus haut, à pro- pos des oscillations verticales du corps, que ce travail ne peut pas s'évaluer mécani- quement, mais qu'il nécessite une dépense énergétique de 52 p. 100 (Amab) du travail nécessaire à une ascension de même étendue. La marche ascendante nécessiterait donc un travail : T = Q + PA et la marche descendante un travail moindre, soit : P/t X 52 T = Q + 100 L'exposé qui précède montre combien il est difficile de mesurer le travail méca- nique réel produit par l'homme dans les différents actes de la locomotion. Travail mécanique et travail statique sont intimement unis, et il n'est guère possible de les séparer. Le travail statique n'existe pas pour les physiciens. Cette dénomination constitue même un non-sens physique, tout travail étant le produit d'une force par un chemin parcouru. Or, dans le travail statique le chemin parcouru = 0, d'oîi le travail statique = 0. La définition donnée par Poxgelet ne semble donc pas pouvoir être appliquée au travail des muscles, qui est un travail interne purement physiologique et apparaît à l'extérieur sous la forme d'elîorts, accompagnés ou non de mouvements. (Voir article Muscles.) Dépense énergétique de la locomotion. — Nous savons que toute contraction muscu- laire avec ou sans raccourcissement, c'est-à-dire avec ou sans travail extérieur, néces- site une certaine dépense d'énergie que l'on peut évaluer en calories en se basant sur la quantité d'oxygène consommé. Zuxtz et ScHUiiBURO les premiers ont appliqué cette méthode à la locomotion de l'homme. Leurs expérieiijces portèrent sur cinq sujets de poids et de taillas différents. De l'ensemble de leurs expériences, ces auteurs ont établi la moyenne de la dépense énergétique dans la marche de l'homme. Cette dépense s'élève à 0%518 par mètre-kilogramme, à la vitesse moyenne de 4 500 mètres à l'heure. Reprenant ces travaux, Amar a obtenu par les mêmes méthodes un chiffre un peu inférieur : O^jSOô par mètre-kilogramme. Ce dernier auteur a construit la courbe que nous reproduisons de la dépense énergétique en fonction de la vitesse de pro- gression. Cette courbe montre que la dépense énergétique ne varie guère dans les marches lentes, mais qu'elle croît rapidement à partir de 4 ^s, 8 à l'heure pour atteindre 1 calo- rie par mètre-kilogramme à la vitesse de 8 kilomètres à l'heure. Si nous rapprochons les données fournies par cette courbe de celles du tableau, nous trouvons : Que d'une part, d'après la courbe d'AsiAR, la dépeiYSe énergétique chez un homme de 64 kilogrammes marchant à une vitesse de 4 '^'",500 à l'heure est de 25%26 par pas, ce qui équivaut à un travail de 10 ''5inj5. 208 LOCOMOTION. Que d'autre part, d'après les courbes établies par Marey et Demeny, le travail méca- nique produit dans les mêmes conditions de vitesse et de poids est de _8''5'»,500 environ. Le rendement à celte allure serait donc : Or, Amar, comparant les résultats obtenus par lui avec ceux de Baume et Fischer, ne constate qu'un rendement de 49 p. 100 : (( C'est, dit-il, un rendement considérable, d'après lequel on est en droit de suspec- « ter toutes les évaluations concernant le travail musculaire dans la locomotion. » Nous ne pouvons ici entrer plus avant dans cette question, qui sera traitée à l'article Iduscles. Variétés dans la marche et dans la course. — Nous avons défini la marche : « Le mode de locomotion dans lequel l'un des pieds vient s'appuyer sur le sol avant que l'autre l'ait quitté »; et la course : « Le mode de locomotion dans lequel l'un des pieds vient toucber le sol quand l'autre l'a déjà quitté. » Double appui d'une part et suspen- sion d'autre part constituent les carac- tères distinctifs de ces deux genres de locomotion. Mais il est des caractères secondaires qui permettent de distinguer plusieurs genres de marches, et plusieurs genres de courses : A) Marches. — 1° Les marches natu- relles : a) marche en extension qui est celle que nous avons décrite; b) marche en flexion, reconnue parDEMENv en 1886, appliquée par de Raoul, dans l'armée, étudiée par Manouvrier (1890) au point de vue anthropologique par Comte et Félix Regnault (1896), par Félix Regnault et DE Raoul et enfin par Félix Regnault (1913); c) marches ethniques (Bourgarel, de Rochas, Félix Regnault) pratiquées par les sauvages, les montagnards, etc., et qui tirent leurs caractères spéciaux de la nature du sol, des mœurs, etc. (F. Regnault). 2" Les marches artificielles : a) marches professionnelles; h) marches dues à la mode; c) marches passionnelles; d) marches d'origine psychique; e) marches patholo- :giques (Demeny, Félix Regnault, Ducroquet); f) marches sportives (Paul Richer), parmi lesquelles la marche des pedestrians anglais ', marche spéciale rappelant l'amble des •quadrupèdes. Nous ne pouvons étudier l'un après l'autre ces difTérents modes de marcher et de Dd par M Kg. 1.^0 / 0.9 / 0,8 / 0,7 0.6 ^ 0.5 5, 4 6.6 7,8 0?± 3 V,2 v_ 2,4 FlG. 57. - 3,6 4.8 7,2 5,4 Km. Dépense dynamique par mètre kilogramme à différentes allures (Amar). 1. Etchandy la décrit ainsi : » Dans cette marche, le corps doit être droit, la tête bien en arrière, les coudes au côté, les avant-bras horizontalement en avant, les mains fermées. Pour marcher, on lance la jambe en avant, presque en extension, le pied va se placer devant celui qui est encore ;posé, le talon touchant le sol le premier et le pied légèrement tourné en dehors. Il ne faut pas -écarter démesurément les jambes sous peine de perdre en vitesse. En même temps que la jambe gauche, le bras gauche est poussé eo avant et s'allonge comme pour donner un coup de poing, ■et de même le bras droit doit être projeté en avant avec le pied droit, pour être ramené ensuite «n flexion au pas suivant. « Le rôle des bras est très important à leur avis et doit être étudié avec grand soin. Il est ■curieux de noter qu'ils ont trouvé utile de remplacer le balancement asymétrique des bras par un balancement symétrique, et c'est d'autant plus curieux que les Arabes trouvent de même un avantage à contrarier la marche naturelle et en diagonale de leurs chevaux et des ânes et ils apprennent à ces bêtes, au moyen d'entraves, à transporter en avant à la fois les deux membres du même côté et à marcher l'amble plutôt que leur pas naturel. Or, à cette allure, les animaux A'ont plus vite qu'au pas sans se fatiguer davantage. » (Etchandy, Le Monde médical, n° 74, p. U.) LOCOMOTION. 209 courir, d'abord faute de documents assez précis, et ensuite parce que cela nous entraîne- rait trop loin. B) Courses. — i" Courses de grand fond dépassant 42000 mètres (de 12 à 13 kilo- mètres à l'heure) où le temps de suspension est réduit au minimum. Félix Regnault). 2° Courses de fond de 2 SOO à 42 000 mètres (16 kilomètres à l'heure) : les temps de suspension sont bien marqués, si la course se fait soit en extension, soit en flexion. 3« Courses de résistance (400 à 2 300 mètres) qui sont bondies; le coureur se reçoit élastiquement sur les pointes (Marey et Félix Regnault). 4" Course de vélocité de 60 à 400 mètres; les bonds sont peu élevés, la chute a lieu sur la plante des pieds (Marey, Félix Regnault). On peut dire que la marche et la course peuvent, quant à leurs caractères secon- daires, varier indéfiniment, et il est probable qu'il en est ainsi. Nous irons même plus loin : il y autant de formes de marches, et même de courses, qu'il y a d'individus diffé- rents. Tout le monde sait qu'on peut reconnaître une personne à sa démarche, preuve qu'il existe des caractères personnels. L'œil perçoit ces caractères, si peu définissables qu'ils puissent être, et il serait le plus souvent très difficile, même à un œil exercé, de les préciser. C'est, sans doute, dans cette sorte de coefficient personnel qu'il faut cher- cher les raisons pour lesquelles certains individus ont des allures plus rapides ou plus économiques que les autres au point de vue de la dépense de travail. Il y a des coureurs de demi-fond, et, dans ces catégories, ce n'est pas toujours le sujet le plus fart, le plus musclé qui est champion, mais sans doute celui à qui son organisation physique per- met la meilleure utilisation de la force. A ce point de vue spécial d'une meilleure utilisation de la force, certains auteurs sportsmen ont préconisé les allures en flexion, marche ou course, parce que celles-ci réduisent les oscillations verticales du corps, qui sont, de beaucoup, les plus dispen- dieuses, du moins si nous acceptons, comme une vérité acquise, la notion du travail que, principalement d'après Marey et Demeny, nous avons exposée plus haut. Le commandant de Raoul s'était fait depuis 1893 l'apôtre de ce genre de marche dans l'armée. Comte et Félix Regnault étudièrent ce mode de locomotion, utilisant pour cela l'outillage que Marey avait créé à la station physiologique. — Plus tard (1898) Félix Regnault et de Raoul, publièrent sur ce sujet un livre en collaboration. Depuis cette époque Félix Regnault a soutenu le même point de vue dans divers articles, et tout récemment il a établi un parallèle entre les allures en extension et les allures en flexion. Nous reproduisons ci-dessous le parallèle tel que cet auteur l'a établi. Marche en extension. Le pied s'appuie sur le sol dès qu'il a pris contact avec hii. Il se pose d'abord par le talon. La jambe au moment du posé du pied est en arrière de la verticale élevée du point d'appui. Le genou, étendu au début de l'appui du pied, reste étendu pendant que le corps passe en avant de son appui. L'articulation de la hanche est peu fléchie. Au moment du double appui, l'angle formé par les deux cuisses est petit. Le corps est vertical ou faiblement incliné en avant. La réaction verticale du tronc est plus grande. La pression du pied sur le sol est plus forte. DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME X. Marche en flexion. Le pied, en prenant contact avec le sol, glisse d'abord sur lui, puis il se pose par toute la plante. La jambe, au moment du posé du pied, est en avant de la verticale élevée du point d'appui. Le genou, fléchi au moment du contact du pied avec le sol, continue à se fléchir quand le corps passe en avant. L'articulation de la hanche est très fléchie ; elle l'est aux mêmes moments que le genou. Au moment du double appui l'angle formé par les deux cuisses est très grand. Le corps est plus incliné en avant. La réaction verticale du tronc est plus petite. La pression du pied est plus faible. 14 i210 LOCOMOTION. Course en extension. Le pied arrive sur le sol en formant arec lui un angle plus ouvert. 11 s'y appuie d'emblée par le talon. La jambe, au moment de l'appui du pied, forme avec la verticale un angle de 12°. L'angle du levé, ou angle que fait la jambe avec la verticale au moment du levé du pied, est de 30». Le genou, au moment où le pied appuie sur le sol, forme un angle de 169». L'amplitude des oscillations des segments des membres est : du pied sur la jambe, '.S"; de la jambe sur la cuisse, 84°; de la cuisse sur le tronc,, 65°. L'angle formé par les deux cuisses, au mo- ment du levé du pied, est de 40°. Le corps a une inclinaison moyenne en avant de 5° sur la verticale. L'amplitude des oscillations verticales du corps est de 7 centimètres. La pression du pied sur le sol au moment de l'appui est de 165 kilogrammes. La courbe de pression s'élève et tombe brus- quement. Course en flexion. Le pied arrive sur le sol en formant avec lui un angle moins ouvert. Il la touche du talon, puis glisse sur une longueur de 27 centimètres, s'y pose enfin par toute la plante. La jambe, qui continue à osciller pendant que le pied glisse sur le sol, forme avec la ver- ticale, au moment de l'appui, un angle de 2°. L'angle du levé est de 33". Le genou, au moment où le pied appuie sur le sol, forme un angle de 140°. L'amplitude des oscillations des segments des membres est : du pied sur la jambe, 62° ; de la jambe sur la cuisse, 63° ; de la cuisse sur le tronc, 77°. L'angle des deux cuisses est de 77°. Le corps a une inclinaison moyenne en avant de 13». L'amplitude des oscillations verticales du corps est de o centimètres plus faible que dans tout autre genre de course. La pression qu'exerce le pied sur le sol au moment de l'appui est de 123 kilogrammes. La courbe de pression s'élève, et tombe dou- cement. Peut-on réellement induire, des parallèles ci-dessus, que les allures en flexion soient supérieures aux allures en extension"? Gela nous semble fort loin d'être démontré. En effet, d'une part, nous considérons que le glissement du pied sur le sol au moment où il va poser, constitue un freinage nuisible à la progression, et nous ne pouvons admettre qu'un frotlemenl dans aucun cas puisse être considéré comme une économie d'énergie. D'autre part, si ces allures diminuent l'amplitude des oscillations verticales du corps dans de notables proportions, il n'en est pas moins vrai, ainsi que l'ont fait remarquer Ma.xouvrier et après .lui Paul Richer, que l'état de contraction prolongée de certains muscles, et en particulier des quadriceps cruraux, constitue un travail passif. Cette contraction statique du muscle est-elle préférable, comme économie d'énergie, à la contraction balistique de ces muscles dans les allures en extension? L'ne étude approfondie de la dépense énergétique pourrait seule fixer ce point encore fort obscur. Il est à signaler que les essais pratiqués dans l'armée n'ont jamais donné de bons résultats et ont été abandonnés. Du reste, F. Regnault, lui-même, dans un article récent, concède qu'au-dessous de 6 à 7 kilomètres à l'heure la marche en flexion fatigue plus que la marche ordinaire en extension. En ce qui concerne les courses, le même auteur se résume ainsi : « Les courses de fond se courent en flexion. Moins l'espace à parcourir est grand, plus elles se rappro- chent du type en extension. Les courses de résistance, dont le type est de 800 mètres, sont bondies. <( Les courses de vélocité, au contraire, dont le type est de 800 mètres, sont glissées. » Que faut-il conclure de ces faits? Il est difficile de se prononcer faute de données précises. Nous n'avons en effet aucune idée de la dépense énergétique que nécessitent les unes et les autres allures, à vitesse de progression égale, pour pouvoir baser un LOCOMOTION. i!H parallèle sur des faits scientifiques. Toutefois, dans l'état actuel de la question, si l'on considère seulement quatre vitesses de progression, qu'il s'agisse de ntiarches ou de courses : — 1° petites vitesses; 2" moyennes vitesses; 3" grandes vitesses; 4° très grandes vitesses, — il est peut-être permis de dire qu'aux moyennes vitesses l'avan- tage est aux allures en flexion, tandis qu'aux petites et grandes vitesses l'avan- tage est aux allures en extension. Le saut. — MuLLER avait défini le saut : « un déplacement ayant pour caractère que le corps demeure un certain temps éloigné du sol ». Si vague que soit cette définition, elle fait ressortir assez bien le caractère essentiel du saut, qui réside dans un temps de suspension plus ou moins long. Voici comment ce même auteur en conçoit le méca- nisme : « Le corps est préalable- ment incliné sur les cuisses. Les trois articulations, hanche, genou, cheville, d'abord fléchies, se disten- dent simultanément de façon à sou- lever le corps à une grande distance du sol. Le sol résiste à l'action musculaire de sorte que toute l'im- pulsion se trouve communiquée au centre de gravité qui se trouve pro- jeté suivant la direction moyenne des articulations qui se déploient. » Mayow, cité par Barthez, com- pare le corps h. un projectile lancé par les extenseurs. GiRAUD-TiiULON, faisant sienne l'opinion déjà émise au xvii" siècle par BoRELLi, croit à l'existence d'une force élastique qui par brusque détente lance le corps dans l'espace. Cette idée de détente brusque a été plus tard admise par Marey et Dejieny, qui s'expriment ainsi : « Le saut consiste en une projection de la masse du corps par la détente brusque des membres inférieurs préalablement fléchis : c'est un mou- vement comparable à ceux que l'on étudie dans la balistique dont il suit les lois. » Le saut est donc le résul- tat d'un ensemble de phénomènes physiologiques et mécaniques, que Demeny a divisé en quatre phases : 1° Une phase préparatoire, pen- dant laquelle le sauteur se ramasse sur lui-même par la flexion de ses membres inférieures, (sauts de pied ferme) fait déjà observé par les auteurs anciens (Borelli, J. Muller, etc.) ; ou bien pendant laquelle il se donne par une course préalable une vitesse horizontale qui lui permettra de franchir un plus grand espace (sauts avec élan). 2^ Une phase d'impulsion, pendant laquelle les deux membres inférieurs se redressent brusquement, pour communiquera la masse du corps une certaine vitesse 212 LOCOMOTION. dans la direction voulue (sauts de pied ferme); ou bien pendant laquelle un seul des membres inférieurs soulève le corps préalablement doué d'une vitesse horizontale (sauts avec élan). 3° Une phase de suspension, pendant laquelle le corps llotte dans l'espace. 4° Une phase de chute^ pendant laquelle le corps, revenant en contact avec le sol, se reçoit élastiquement pour éviter les' chocs brusques nuisibles. Cela dit nous passerons en revue les genres de sauts les plus usités et qui seront : a) le saut en hauteur de pied ferme; b) le saut en longueur de pied ferme; c) le saut en longueur avec élan; d) le saut en hauteur avec élan. a) Saul en hauteur de pied ferm,e sur place. — Le sauteur, d'abord immobile dans l'attitude de la station droite, lève les bras en avant et en haut, tandis qu'il s'élève sur la pointe des pieds pour élever son centre de gravité le plus haut possible au-dessus du sol. Ce mouvement d'élévation, plus ou moins rapide selon les auteurs, est suivi d'un mouvement d'abaissement aussi rapide que possible de ce même centre de gravité. Les FiG. 59. — Phases successives dun saut en longueur (chronophotographie sur plaque fixe) (Makey). membres inférieurs se dérobent sous la masse du corps, les bras s'abaissent avec une vitesse croissante, et le sauteur prend alors l'attitude ramassée. C'est la fin de la phase préparatoire. A cet instant précis, nulle force musculaire n'est en jeu. Les membres inférieurs sont fortement fléchis, prêts à se distendre brusquement comme un ressort, et la phase d'impulsion commence. Les bras sont de nouveau projetés en avant, tour- nant avec vitesse autour de l'axe des épaules, tandis que synchroniquement s'opère la détente des membres inférieurs. On peut dire qu'à ce moment tous les extenseurs du corps, sauf ceux des bras, fournissent un efTort maximum; et la masse du corps s'élève d'un mouvement uniformément accéléré et perd contact avec le sol, quand il a atteint son maximum d'extension. On voit que les bras sont très élevés au-dessus de la tête dans une position telle que le centre de gravité se trouve le plus élevé possible. — La suspension a lieu. Elle sera d'autant plus longue que la vitesse verticale du corps au moment de la perte de contact sera plus grande. 11 devient alors un projectile, mais non un projectile inerte — et c'est là un point important — car un nouvel abaissement rapide des bras, qui se produit pendant la suspension, produit sur le reste du corps une réaction verticale momentanée de sens inverse, susceptible d'élever encore un peu la masse du tronc et des jambes. Cet abaissement rapide des bras se produit chaque fois que le sauteur désire franchir un obstacle élevé. Quand le centre de gravité a atteint le point culminant de sa trajectoire, il retombe d'un mouvement uniformément 1. La chute réelle, telle qu'on la conçoit dans le langage courant, commence au sommet de la trajectoire; le sens que nous donnerons après Demeny à ce mot est plus restreint; la phase de chute ne commence pour nous qu'au moment précis où les pieds reprennent contact avec le soL LOCOMOTION. 213 accéléré, et le corps retombe sur I^s membres inférieurs, légèrement fléchis, qui le reçoivent élastiquement. C'est la phase de chute. Il est h remarquer que, dans ce genre de saut, le centre de gravité est toujours au- dessus du point d'appui, et que l'impulsion est verticale. b) Saut en longueur sans élan. — Mabey et Deme.ny ont fait de ce saut une étude complète, tant au point de vue cinématique qu'au point de vue dynamique. Dans la période préparatoire, le sauteur exécute exactement les mêmes mouvements que dans le saut sur place, avec cette différence que la ligne passant par le point d'appui et le centre de gravité s'incline progressivement en avant pendant toute la durée de cette période, et continue même son mouvement pendant la phase d'impul- sion, de telle sorte qu'à la fin de celte dernière cette droite est très oblique. La phase d'impulsion ne diffère pas non plus de celle du saut sur place, quant aux mouvements exécutés par les membres inférieurs et supérieurs, si on les étudie dans leurs rapports avec la ligne d'impulsion passant par le centre de gravité, et non dans îeurs rapports avec la verticale, laquelle, dans le saut sur place, se confond avec la ligne d'impulsion. Il en est de même des deux autres phases (suspension et chute). Le saut en longueur ne diffère donc pas du saut sur place au point de vue purement ■cinématique, mais il en diffère par la direction des réactions des pieds sur le sol, tant à l'impulsion qu'à la chute. Cette direction est plus ou moins oblique. Cette obliquité influe d'une façon considérable sur la longueur du saut à impulsion égale. — Nous verrons plus loin, en étudiant le saut en général au point de vue dynamique, l'influence de la direction des forces sur la forme du saut. c) Saut en longueur avec élan. — Dans ce saut la phase préparatoire est constituée par une course rapirle qui sert à acquérir une grande vitesse horizontale. Cette course ne difîère pas de la coursée ordinaire, dite course de vitesse, sauf dans le dernier pas, et exclusivement en ce qui concerne le mouvement des bras, qui au moment oiî le pied postérieur se détache du sol sont tous les deux en arrière, tandis que dans la course ordinaire leurs mouvements sont alternés (attitude n° 1 de la fig. 59). L'impulsion est unilatérale, c'est-à-dire qu'elle est produite par l'une des jambes seulement, et par la jambe gauche, chez la plupart des sauteurs. Pendant celte phase la jambe à l'appui se détend vigoureusement, et les bras sont portés simultanément en avant ainsi que la jambe oscillante (Attitude n» 2 de la fig. 59). Pour la période de suspension, on remarque pendant la première partie une cer- taine dyssymétrie dans les mouvements. Le bras droit s'élève plus haut que le bras gauche, et simultanément la jambe gauche qui a quitté le sol s'élève et avance progres- sivement (attitude n» 3). Ces deux mouvements produisent un couple de forces inverses qui permettent au sauteur de garder son équilibre. Si cette compensation ne se pro- duisait pas, le soulèvement de la jambe gauche qui a produit l'impulsion, et qui par ce fait est restée en retard sur le reste de la masse du corps, produirait un mouvement de rotation du corps autour d'un axe horizontal antéro-postérieur. — Il est du reste facile d'observer que, dans certains sauts manques, cette compensation ne se produi- sant pas, le sauteur n'arrive pas à reprendre l'attitude symétrique (attitude n» 5), et dès lors retombe sur un pied et non sur les deux à la fois, comme cela a lieu norma- lement (attitude n° 0). — A partir du point culminant de la trajectoire les bras sont vivement abaissés et rejetés en arrière, pour revenir ensuite vivement en avant dès que les pieds ont repris contact avec le sol (attitudes 4, 5, 6, 7, 8). L'amortissement du choc est produit par un travail frénateur des extenseurs. d) Saut en hauteur avec élan. — Le saut en hauteur avec élan est en réalité un saut mixte en hauteur et en longueur. Le but de ce saut étant de franchir un obstacle élevé, il s'ensuit certaines modifications dans les mouvements des membres du sauteur. La phase préparatoire (course) est semblable à celle du saut en longueur, que nous venons de décrire, avec cette difi^érence que la course est moins rapide. L'impulsion est donnée par une détente brusque de l'une des jambes. Les mouvements des bras pendant cette phase sont assez variables suivant les sauteurs, comme on peut s'en rendre compte d'après les figures fig. 59 et 60. 214 LOCOMOTION. Dans la phase de suspension, les positions relatives des membres supérieurs ou inférieurs varient également avec les sujets. Certains franchissent l'obstacle, les deux jambes réunies, les bras étant vivement portés en arrière. D'autres passent leurs jambes l'une après l'autre, les bras exécutant des mouvements inverses. D'une façon générale, le sauteur tend à se raccourcir le plus possible, fléchit au maximum la cuisse sur le tronc et passe sur l'obstacle, soit la jambe également fléchie sur la cuisse, dans un plan vertical, soit dans un plan plus ou moins oblique par rotation simultanée de l'axe de la cuisse, soit enfln plus ou moins étendue. Le but de ces manœuvres du sauteur est de franchir l'obstacle avec le minimum d'effort; car elles Saut en longueur, avec élan, par l'Américain Sweeney : la succession des images se lit en com- mençant en haut et à droite. (Marey.) ont pour effet de diminuer la hauteur à laquelle il est nécessaire d'élever le centre de gravité au-dessus du point culminant de l'obstacle à franchir. La chute s'opère, soit élastiquement sur les deux pieds, comme dans le saut en longueur, soit sur un pied seulement, suivant la façon de sauter patiiculière au sujet. Le saut au poiot de vue dynamique. — Nous avons vu plus haut que pendant la période de suspension le corps est assimilable à un projectile et que les lois de la balistique lui sont applicables. La trajectoire du centre de gravité sera donc paraboli- que dans tous les cas où il y aura déplacement horizontal. Dans le saut en hauteur sur place, la trajectoire du centre de gravité est une parabole dont le paramètre tend vers 0. Quel que soit le saut, les espaces parcourus par le centre de gravité dépendent : 1» de la vitesse initiale, c'est-à-dire de la vitesse moyenne au début de la phase de suspension ; 2° de la direction. Saut en hauteur de pied ferme. — Dans le saut sur place la vitesse initiale v LOCOMOTION. 215 est verticale; le centre de gravité s'élèvera à une certaine hauteur /(, qui a pour expression : Le travail W dépensé pour élever le corps à cette hauteur h sera donc pour /'kilogs. etv mètres par seconde. (1) P.^P-k, ^''' — \k ~-\ ^ r. K Théorie du saut. Mais celte élévation du poids à une certaine hauteur est suivie d'une chute accélérée, de telle sorte qu'en se posant de ^ nouveau sur le sol le corps du sauteur a acquis une vitesse v' de haut en bas et par conséquent une énergie cinétique que les muscles doivent détruire, et qui a pour valeur : Pll'2 (2) W = ^- kgm. Cette vitesse v' sera égale à v si les pieds du sauteur repren- nent contact avec le sol au mo- ment même où le centre de gra- vité passe par le même point de l'espace où il se trouvait à la fin de l'impulsion, c'est-à-dire au point même où il était doué de sa vitesse initiale v. Le travail total actif ou résistant fourni parles muscles sera donc égal à la somme des équations (1) et (2), soit: ^., ^^,, Pi:2 Pi,'2 P ^ + ^^^ IF -+ — = 2? (" + " ^ ^^'^■ Saut en longueur de pied ferme. — Dans ce saut la ligne d"impulsion, passant par le point d'appui des pieds et le centre de gravité, est oblique, et fait avec l'horizontale un certain angle a (fig. 61). Le corps se trouve donc lancé à la fin de la phase d'impulsion suivant la ligne a h h. une vitesse v (vitesse initiale), la hauteur h qu'il pourra atteindre sera : \h v\ Fig. 6:i. — Théorie du saut et l'espace / franchi horizontalement /t = T- sin-a. ^9 1 = — Sijl^OL 9 Cet espace est maximum pour a = 45». D'autre part le travail actif nécessaire pour lancer le corps suivant a 6 à la vitesse initiale t;,']sera donné par la force vive initiale, soit W = Çfkgm. 2g et le travail passif par la force vive finale donnée par la vitesse v' au moment de la chute sur les pieds, soit Pd'2 Travail total = W + W' -K- + .-) 216 LOCOMOTION. on voit que cette formule est identique à celle du saut en hauteur sur place. Seule la direction des forces a changé. Saut en longueur avec élan. — Dans les deux sauts précédents l'impulsion est simple, c'est-à-dire qu'ils résultent d'une force unique de direction variable. Il n'en est pas de même pour les sauts précédés d'une course, dans lesquels deux forces entrent en jeu pour produire l'effet voulu : 1° Une force vive de direction horizontale, acquise par la masse du corps pendant la course préalable; 2° Une impulsion verticale, due à la détente de l'un des membres inférieurs, donnant naissance à une force vive dans le sens vertical. L'espace franchi dans un saut dépend donc des rapports de ces deux forces entre elles, ou, ce qui revient au même, des vitesses ^Vt horizontales et verticales du corps au moment où le pied perd contact avec le sol. — Mais si la vitesse horizontale — nous négligeons bien entendu la résis- tance de l'air — est une vitesse uniforme, la vitesse verticale est uniformément '^ retardée, et pour se faire une idée claire ^"''' *'"'" du mécanisme du saut il est nécessaire de baser nos raisonnements sur la notion du temps. — Supposons donc d'une part que le sauteur a acquis dans une course préa- lable une certaine vitesse horizontale, V, et, d'autre part, qu'il s'est donné une impulsion verticale capable d'élever son centre de gravité à une certaine hauteur [h] (fig. 62). Cette hauteur h a pour valeur : 2g- 2 où t = \e temps en secondes nous tirons de cette égalité v/f S La descente du centre de gravité nécessite un temps égal. La durée totale de la sus- pension sera donc double, soit : La distance franchie sera égale au produit de la vitesse horizontale par le temps de la suspension, soit : vv/: 8't ,7 . /7~ '8 L'examen de cette formule montre que la longueur du saut est en raison directe de la vitesse horizontale et de la racine carrée de la hauteur à laquelle est élevé le centre de gravité : — Si [h) nous est inconnue et que nous ayons comme donnée la vitesse initiale verticale, nous pouvons remplacer {h) par la valeur — qui lui est égale, et l'équation "9 devient : v/— = -v^ V ^ 9 Lr=Vi/-^ = = Vy L = 0,204 \v Vespace franchi 'dans un saut en terrain horizontal est donc égal au produit de trois facteurs : la vitesse horizontale, la vitesse verticale et une constante (0,204). — Cette règle n'est absolument vraie que si le centre de gravité, au moment où le pied reprend contact avec le sol, se trouve dans le plan horizontal passant par la position qu'il occupait pré- cédemment, à l'instant où le pied avait quitté le sol au moment de l'impulsion. LOCOMOTION. 217 En réalité le saut est un peu plus étendu; car le sauteur ne touche le sol que les jambes très fléchies. Il s'ensuit qu'au moment de l'appui des pieds le centre de gra- vité se trouve un peu plus bas qu'au début de la suspension. — La trajectoire parabo- lique n'est donc pas symétrique; la branche antérieure de la parabole est plus longue< L'espace franchi s'allonge de la projection horizontale de cet excès de la courbe descendante sur la courbe ascendante. Le travail dépensé dans un saut en longueur avec élan est difficile à évaluer, si l'on veut faire entrer en ligne de compte celui de la course préalable qui constitue sa période préparatoire; mais il est relativement très facile d'évaluer le travail absorbé par le saut proprement dit, c'est-à-dire le travail nécessaire pour produire la suspen- sion du corps pendant un temps plus ou moins long et lui faire franchir un certain espace. Le poids du corps se trouve en effet lancé à une certaine vitesse dans l'espace, et cette force vive acquise est le résultat soit de la force déployée dans la course préa- lable, soit de celle déployée dans la détente du membre à l'appui. Cette force vive repré- sente un certain travail que nous évaluerons comme pour les sauts précédents : \t est la vitesse du centre de gravité suivant la tangente à la trajectoire au début de la période de suspension. Elle est la résultante de la vitesse horizontale V et de la vitesse verticale r, et sa valeur en fonction de celle-ci nous est donnée par l'égalité : Le travail en fonction des vitesses horizontale et verticale du corps sera donc : Le travail résistant a la même valeur et est même un peu supérieur pour la raison exposée plus haut en ce qui concerne la longueur du saut, à savoir, que la branche descendante de la trajectoire parabolique est plus longue. Il s'ensuit une augmentation de la vitesse verticale, et par conséquent de la force vive totale au moment où les pieds reprennent contact avec le sol : Donc 2P(V2 + 1)2) Travail total minimum = 2W = — ^ ^ '■ 2.9 _P(V2 + v^) ~ 9 Les mesures directes prises sur les chronophotographies permettent d'acquérir la notion exacte de la vitesse horizontale. Un calcul très simple, que nous avons indiqué plus haut, permet de déduire de la hauteur maxinia atteinte parle centre de gravité, la valeur de la vitesse verticale initiale. Saut en hauteur avec élan. — Ce saut ne diffère pas essentiellement du saut en lon- gueur. Ainsi que cela résulte des données cinématiques développées plus haut par la course préalable, le sauteur se donne une certaine vitesse horizontale qui, avec la compo- sante produite par l'impulsion, donne une résultante tangente à la trajectoire laquelle, ici, contrairement à ce qui se passe dans le saut en longueur, doit être le moins tendue possible. Ce résultat est obtenu : 1° par un effort d'impulsion porté au maximum; 2" par une orientation appropriée de cet ell'ort. Cette impulsion commence daus la position ov, c'est-à-dire avant que le centre de gravité ne passe par la verticale, de sorte que les muscles du membre inférieur se tendent fortement sous l'effet de la vitesse horizon- tale ov acquise dans la course préalable. :18 LOCOMOTION. Ce surcroît de tension dû à la vitesse acquise met en jeu leur élasticité propre et augmente d'autant l'impulsion verticale. Il est facile de constater sur les photographies que, contrairement à ce qui se passe dans le saut en longueur, celte impulsion cesse aussitôt que le centre de gravité est sur la verticale élevée du point d'appui. Le saut en hauteur avec élan n'est donc qu'un saut en longueur dans lequel une partie de la vitesse horizontale acquise dans la course préalable est utilisée à pro- duire une tension musculaire plus grande, qui produit une impulsion verticale plus forte. Les formules établies pour le saut en longueur s'appliquent rigoureusement au saut en hauteur, tant pour la hauteur, qu'il est possible d'atteindre avec une vitesse initiale verticale déterminée, que pour l'évaluation du travail absorbé. L'impulsion dans le saut. — La chronophotographie permet, ainsi que nous venons FiG._64. — Deux sauts en longueur exécutés sur le dynamographe. En haut, les liauteurs CD, C D' réduites tontes deux à la même échelle ; en bas, tracés dynamométriques : les aires d'impulsion correspondant à chacun des sauts sont teintées de hachures. de le voir, de se faire une idée très précise des conditions dynamiques du saut quelle que soit sa forme. Le corps devenu projectile obéit aux mêmes lois que lui. Mais la vitesse acquise par un mobile quelconque dépend, non seulement de l'intensité des forces qui ont donné naissance au mouvement, mais aussi du temps pendant lequel ces forces agissent. « Ce n'est pas, disent Marey et Demeny', l'intensité absolue de l'effort qui influe sur la hauteur du saut, mais la quantité de mouvement, c'est-à-dire le produit des efforts par leur durée. » Ces auteurs ont mesuré au moyen d'un dynamographe, dont nous avons donné plus haut la description, l'intensité de la force à chaque instant et la durée totale de son action. Les courbes ci-dessous concernent deux sauts en hauteur exécutés sur le dynamographe. lis tirent de leurs expériences les conclusions suivantes : « 1° Si les aires d'impulsion sont égales, quelles que soient les formes des courbes, le saut aura la même hauteur ; 2° Pour des aires égales, celles-ci sont proportionnelles à la racine carrée de la hauteur du saut; 3° Pour des sauteurs différents, ou pour un homme chargé de poids additionnels, à égale hauteur de saut, les aires sont proportionnelles au poids total soulevé. » 1. C. R. de l'Acad. des Sciences, 24 août 15 LOCOMOTION. 219 Sous quelque forme qu'il se présente, l'effort musculaire se traduit par un travail extérieur mesurable par la chronophotographie. A égalité de travail produit, les effets sont les mêmes quelle que soit la puissance, c'est-à-dire le travail dans l'unité de temps. La puissance vive emmagasinée dans la masse en mouvement au bout d'un temps quelconque (durée de l'impulsion) nous intéresse seule au point de vue purement méca- nique. Mais au point de vue physiologique il est permis de se demander si la dépense énergétique sera la même dans les deux cas. Nous ne le croyons pas, et sans pouvoir en donner de preuve formelle, nous supposons que la dépense énergétique croît, non seulement avec l'intensité de l'effort, mais avec la durée de cet effort, ce qui semble indiquer qu'il doit exister un optimum, où une certaine puissance vive pourra être développée avec un minimum de dépense. Nous renvoyons à l'article Muscle pour ce qui concerne ce problème particulièrement intéressant de la physiologie du muscle. En résumé, le saut est toujours le résultat d'un travail accumulé dans la masse du corps, sous forme de puissance vive. Un travail résistant, qui sera approximativement de même valeur, est nécessaire pour amortir la chute. Il résulte de ces faits que le travail total dépensé dans un saut quelconque de tra- jectoire connue avec chute amortie sur les pieds sur un terrain ferme, est environ le double du travail qu'il faudrait déployer pour lancer, suivant la même trajectoire, un projectile du même poids que le sauteur. LA LOCOMOTION CHEZ LES QUADRUPÈDES. Les quadrupèdes comprennent la plupart des mammifères terrestres. Ils se divisent en un grand nombre d'espèces, de taille et de mœurs très différentes. Quoiqu'elles soient toutes construites suivant le même plan général, il y a cependant, pour les détails de leurs organes locomoteurs, de grosses différences, qui influent évidemment sur leur mode de locomotion. Les grands herbivores ont les pieds munis de sabots à surface relativement large, leur permettant de prendre un appui ferme sur le sol assez mou, où ils trouvent leur nourriture. Les carnassiers ont les pattes munies de griffes, qui leur permettent, non seulement de s'en servir pour déchirer leur proie ou se défendre, mais aussi de bondir sur cette proie en fixant leurs pattes dans le sol, comme des crampons. Les animaux qui marchent sur le sable des déserts, comme le chameau, ont des pieds à surface très grande; ceux qui vivent dans les montagnes et broutent les végé- taux poussant parmi les rochers, la chèvre par exemple, ont au contraire des extré- mités très effilées, qui leur permettent de s'appuyer sans crainte sur une petite aspérité du roc. Enfin les animaux rapides à la course ont également des membres très minces et allongés, les masses musculaires réunies à la base du membre, et communiquant, par de longs tendons, le mouvement aux articulations les plus éloignés. Quelques-uns, comme le lièvre qui avance par bonds successifs, ont les membres postérieurs beaucoup plus longs et plus développés que les membres antérieurs. Il n'entre pas dans notre programme d'étudier une à une toutes les variétés de la locomotion quadrupède. Les documents manquent du reste, et Userait impossible, dans l'état actuel de nos connaissances, de classer ces variétés dans un ordre logique, per- mettant d'en saisir les nuances, et de dégager de l'ensemble une théorie générale de la locomotion quadrupède. Nous sommes donc dans la nécessité de choisir un type connu en faisant remar- quer, s'il y a lieu, les différences qui peuvent exister entre lui et d'autres animaux sur lesquels quelques documents peuvent exister. Notre type sera le cheval, car il a donné lieu à un nombre incalculable d'ouvrages, et sa locomotion a été étudiée de très près, en raison de l'intérêt tout spécial que l'homme a toujours porté à cette question. Jusqu'à MuYBRiDGE, et surtout jusqu'à Marev, l'observation directe avait été la seule méthode d'étude employée. Les opinions étaient fort différentes surtout pour les Le rassembler. 220 LOCOMOTION. caractéristiques des allures, jusqu'à ce que la chronophotographie soit venue trancher définitivement la question, et mettre les auteurs d'accord. C'est donc surtout aux auteurs modernes que nous emprunterons les documents, pour ce qui va suivre, et ce seront surtout les travaux de Marey et le livre si documenté de GouBAux et Barrier* qui seront nos sources préférées. Nous étudierons d'abord les conditions de la station chez le cheval, et ensuite ses diverses allures. De la station chez le cheval. — La sta- tion est l'attitude de l'animal debout, immobile sur ses pieds. Armand Goubaux et Gustave Barrier (1884) distinguent deux genres de stations : la station ibre et la station forcée. Dans la station libre, ainsi que le nom l'indique, le cheval est aban- donné à lui-même et prend l'attitude la moins fatigante pour lui. 11 repose alors sur trois pieds seulement, les deux pieds antérieurs et un pied postérieur, le quatrième restant k demi-fléchi, porte simplement sur la pince et conserve celte situation jusqu'à ce que son congénère soit fatigué, et le rem- place ensuite ». Dans la position de repos, le pied postérieur touche le sol un peu en avant de l'autre, et le point de contact est plus rap- proché de l'axe longitudinal que pour son con- génère. Quand la station se prolonge, les membres antérieurs se soulagent également à tour de rôle, mais sur aucun .d'eux l'appui n'est jamais nul, vu la nécessité de conserver trois points d'appui, au minimum, pour conserver l'équi- libré. Cette station familière au cheval en liberté est moins intéressante au point de vue qui nous occupe que la « station for- cée », ou station sur les quatre pieds à la fois, chacun de ceux-ci supportant la part de la masse de l'animal qui lui correspond. Dans cette station, les quatre membres, formant les deux bipèdes antérieur et posté- rieur, sont disposés aux quatre angles d'un rectangle plus ou moins allongé selon leur ^^ position. A. Goubaux et G. Barrier distinguent : [>e rassembler, où les membres antérieurs et postérieurs sont ramenés vers le milieu de la base de sustentation ; dans cette position vue (le profil, l'axe longitudinal du corps de l'unimaljles axes de ses membres antérieurs et postérieurs, et la ligne de terre forment un trapèze à petite base inférieure. Le camper, où les membres au contraire s'éloignent et prennent leur point d'appui sur le sol, de telle sorte que la figure formée parles axes ci-dessus est un trapèze à grande base inférieure; Le placer, où les axes directeurs des mem- bres sont verticaux, de telle sorte que la figure qu'ils forment avec l'axe longitudinal du corps et avec la ligne de terre est à peu près un carré. Le placer. i. De l'extérieur du cheval, par A. Goubaux et G. Barrier (1889). LOCOMOTION. 221 FiG. 68. — Squelette du cheval. C'est ce dernier genre de station qui nous permettra d'apprécier les conditions d'équilibre de l'animal sur ses quatre membres. Richard (du Cantal) (i8i7) compare les quatre membres du cheval à quatre colonnes verticales," soumises aux lois des colonnes ordinaires, la verticalité, la direction perpen- diculaire à la surface d'appui vK Ainsi que l'a dit Giraud-Teulon^ (1858), les membres antérieurs offrent bien à première vue l'aspect d'une colonne. En réalité, il n'en est pas ainsi, et le squelette de l'animal nous montre que ses membres sont composés d'une série d'articles inclinés les uns sur les autres et dont les axes longitudinaux, forment une ligne brisée en zigzag. Seule l'articula- tion cubito-carpienne fait excep- tion à cette règle. Les muscles entrent nécessairement enjeu pour maintenir le poids de l'animal. Celui-ci n'est donc pas portés sur des colonnes rigides formées par le squelette, mais en réalité il est suspendu sur un système de res- sorts formés par les muscles extenseurs. Ces muscles portent toute la charge. Cette disposition ne serait pas économique ni avan- tageuse à aucun point de vue si la station eût été le but à atteindre. Mais, ainsi que nous l'avons dit pour la ligne de gravité, chez l'homme, cette disposition est au contraire éminemment favorable à la locomotion de l'animal, en ce qu'elle évite les chocs, lesquels, vu la masse de l'animal, rendraient toute allure rapide absolument impossible. Les actions de la pesanteur s'exercent suivant quatre lignes verticales passant par les quatre points d'appui de l'animal. Le tronc étant le poids principal à supporter, dit Sanson ^ « il est de fait que les membres y suffiront d'une manière d'autant plus heureuse et plus en rapport avec la conservation de leur intégrité, que ce même poids agira toujours dans la statipn, sui- vant la direction normale de sa propre gravitation; c'est-à-dire que la disposition des brisures qui se font remarquer dans la constitu- tion des colonnes de soutien sera agencée de telle sorte que les di- verses composantes se résoudront toutes en une résultante unique et invariablement parallèle à la direction du fil à plomb ». Il en sera ainsi quand la verticale, passant par le point d'appui sur le sol, passera aussi par le point d'appui du tronc sur le membre correspondant à l'autre extiémité de celui-ci, c'est-à-dire quand les aplombs seront réguliers, et que l'animal étant bien con- formé, sera mis en « placer » parfait tel que le montre la figure 70. Lignes d'aplomb sur le cheval. — Les membres antérieurs n'étant reliés au tronc que Centre de gravité du cheval. Schéma. 1. De la conformation du cheval, Paris, 1847. 2. Giraud-Teulon, Principes de Mécanique animale (1858) 3. Sa.nson, Nouveau Dictionnaire de Médecine, de chirurgie et d'hygiène. -222 LOCOMOTION. par de grandes masses musculaires, il est difficile de déterminer le point d'appui du tronc sur ces membres et de préciser la position de l'axe transversal autour duquel tourne le membre antérieur en fonction. Voici comment s'expriment à ce sujet A. GÔUBAUX et G. Barrier, ainsi que le procédé plus ou moins empirique qu'ils emploient pour déterminer le point de soutènen>ent : «... Choisissons tel cheval que la pratique reconnaît partout comme ayant de beaux aplombs (fig. 70). En pareil cas, il est à supposer que l'extrémité inférieure de ses membres de devant sera située sur la verticale qui passe par le joint de suspension correspondant du corps. Par le milieu b, du pied antérieur, menons cette verticale. Nous voyons qu'elle rencontre le rayon scapulaire en un point, a, qui jouit de la remar- quable propriété de se trouver en même temps sur l'horizontale a-c, laquelle passe pré- n d p h j L r •'iG. 70. — Les lignes d'aplomb sur le cheval vu de iirofil (A. Goobadx et G. Barfier). cisément par l'articulation coxo -fémorale, centre de suspension indiscutable du tronc sur la colonne postérieure. Il est donc probable que le point a, dont la situation, relati- vement à l'épaule, varie selon le degré d'inclinaison de celle-ci, constitue l'attache vraie du'membre antérieur. » Après des considérations mathématiques que nous ne pouvons reproduire ici, ces mêmes auteurs posent les règles suivantes qui doivent caractériser de bons aplombs des membre antérieurs : Cheval vu de profil (fig. 70). 1° Une verticale, ab abaissée du milieu K du bras, doit passer, en haut, par le centre de suspension antérieur, a, couper, en bas, le milieu du sabot, h, et se trouver équidistante des verticales ef gh, partant de la pointe de Vépaule et du sommet du coude, 2° Une verticale ij abaissée de l'articulation du coude, doit partager également le genou, le canon et le boulet, et tomber un pcu en arrière du talon. Cheval vu de face (fig. 71.) Une verticale, abaissée de la pointe de Vépaule, doit partager le genou, le canon, le boulet et le pied en deux parties égales. LOCOMOTION. 223 Les aplombs des membres postérieurs suivent les mêmes principes, avec celte diffé- rence que le centre de suspension du tronc est ici très facile à déterminer. Le bassin avec tous les muscles qui s'y attachent forme bloc avec le tronc, et repose sur les membres postérieurs avec lesquels il est directement articulé : ce sont donc évidemment les surfaces de contact des articulations coxo-fémorales qui constituent les points d'application de la charge. Voici, toujours d'après Goubaux et Barbier, les règles générales qui caractérisent de bons aplombs des membres postérieurs. Aplombs vus de profil : Une verticale [cd fig. 70) menée par le milieu, r, de la jambe, doit passer, en haut, par le centre de sus- pension postérieur, c (artic. coxo-fémorale), couper, en bas, le milieu du sabot, d, et se trouver équidis- tante des verticales op, mn, partant de la rotule et de l'angle de la fesse, la dernière tangente à la pointe du jarret et au boulet. Aplombs vus de derrière : Une verticale abaissée de la pointe de la fesse (cou d fig. 72) doit diviser également la partie inférieure du membre à compter de la pointe du jarret, et laisser entre les deux sabots un intervalle à peu près égal à la largeur du boulet. En résumé, dans un placer correct d'un cheval bien conformé, la masse de l'animal se trouve portée par quatre colonnes élastiques, constituées de telle sorte que chacune d'elles prise à part forme un ensemble équilibré, c'est-à-dire dont le centre de gravité se trouve verticalement au-dessus du point d'appui. Les axes des divers segments du squelette de ces colonnes élastiques sont situés dans deux plans latéraux et ver- ticaux déterminés par l'articulation coxo-fémorale et les points d'appui, antérieur et postérieur du côté cor- respondant. Le centre d'appui du tronc sur le membre antériear_se trouve dans ce plan à l'entre-croisement de la ligne verticale partant du pied antérieur correspon- dant avec la ligne horizontale partant de l'articulation coxo-fémorale du même côté. La station nécessite une contraction constante de la plupart des extenseurs des membres antérieurs et postérieurs. Un appui constant sur les quatre membres serait très pénible, et abandonné à lui-même, l'animal prend toujours une attitude asymétrique qui lui permet de mettre au repos ses divers membres, les uns après les autres. La locomotion proprement dite chez le cheval. — Définitions. On désigne sous le nom d'allures les divers modes de progression chez les quadrupèdes. On appelle : foulées les empreintes que laissent les pieds sur le sol; battues les bruits qui se produisent au moment des foulées; pistes, la succession des foulées. La distance qui sépare deux foulées successives constitue un pas. Le déplacement total du corps correspondant à un mouvement complet des quatre membres constitue le pas complet. Quand le pied touche le sol, on dit qu'il est à l'appui; quand il est supporté en l'air, on dit qu'il est au soutien. Des méthodes employées pour l'étude de la locomotion [du cheval. — 1° Observation directe. — Avant Muybridge et Marey les méthodes employées étaient très rudimen- taires. Sans vouloir diminuer en rien les mérites des auteurs qui les ont précédés, il es Fig. 71. — Les lignes d'aplomb sur le cheval vu de face (A. Goubaux et G. Barrier). 224 LOCOMOTION. exact de dire que nos connaissances ne reposaient alors sur aucune donnée réellement scientifique. Les notions acquises reposaient uniquement sur la finesse des observateurs analysant directement par leurs sens les différents actes de la locomotion. On conçoit ce que de pareils moyens devaient enfanter d'erreurs. La notion du temps se bornait à observer le rythme des battues; celle des chemins parcourus à l'observation des pistes. Pour identifier les quatre foulées correspondant à un pas complet, les observateurs avaient imaginé de ferrer chacun des pieds du cheval, d'une manière particulière. Il était ainsi facile de mesurer l'étendue des pas et leurs rap- ports au point de vue des chemins parcourus. Malgré ces moyens rudimeutaires, les auteurs étaient arrivés à quelques notions exactes et à saisir les principaux caractères des diverses allures. Les artistes, de leur côté, avaient réussi à donner des représentation assez justes des attitudes particulières par les positions extrêmes des membres, où ceux-ci ont une faible vitesse. MuvBRiDGE, en appliquant la photographie instan- tanée à l'étude des allures, et surtout Marey, en adaptant à cette étude la méthode graphique, et en créant la chronophotographie, dotèrent la science de puissants moyens d'observation, qui permirent de lever les doutes sur des points très controversés de la succession et du rythme des battues. 2° Méthode graphique. On sait que cette méthode comprend d'une façon générale tous les moyens et tous les appareils capables de situer dans le temps ou dans l'espace un phénomène ou une succession de phénomènes, soit que ceux-ci inscrivent d'eux-mêmes les caractéristiques que l'on cherche à saisir, soit que, artificiellement, on traduise en une série de points les résultats d'expériences exécutées dans des conditions déterminées parfaitement connues. La chronophotographie ne serait donc qu'une des branches de la méthode graphique. Nous renvoyons à l'article Graphique pour tout ce qui concerne les appareils classiques et la technique générale de cette méthode. Nous dirons seulement quelques mots sur la chronographie et particulièrement sur son adap- tation à l'étude de la locomotion chez le cheval. Chronographie. Voici comme Marey en expose le principe : « Supposons qu'une horloge conduise d'un mou- vement uniforme une bande de papier; une plume, fixée au-dessus de cette bande s'abaisse, et se relève tour à tour à des intervalles et pendant des durées variables; les contacts de cette plume avec le papier qui marche laisseront leur trace sous forme de traits, plus ou moins espacés et plus ou moins longs, qui en exprimeront la succession et la durée. Si ces traits sont équidistants, ils montreront que les contacts se sont produits à des intervalles de temps égaux. Enfin, si l'on veut mesurer la durée absolue des contacts et celle des intervalles qui les séparent, il faut connaître exactement la vitesse de la bande sur laquelle on inscrit : on en contrôle la marche en y imprimant les coups d'un balancier qui bat les secondes, ou bien, si le mouvement est très rapide, en traçant sur le papier les vibrations d'un diapason dont la période est connue. » Le phénomène dont on veut énumérer la durée devra agir sur le style inscripteur. ce que l'on peut obtenir, soit par transmission par l'air, soit par transmission élec- trique. Les divers procédés employés par les expérimentateurs sont assez connus des FiG. 72. — Aplombs vus de derrière (A. GouBAUD et G. Barrier). LOCOMOTION. 255 FiG. 73. — Explorateur des appuis des pieds du cheval sur le sol ; un tube de trans- mission fait communiquer la chambre à air avec le tambour du chrouographe (Marey). physiol^igistes pour que nous puissions nous dispenser d'en décrire le mécanisme (voy. Graphique). On peut aussi disposer, en regard de la feuille de papier, des styles en nombre suffisant pour qu'on puisse, non seulement connaître indivi- duellement la durée des diverses phases d'un seul phénomène, mais encore les rapports de ces phases et de ces phénomènes entre eux. Dans la locomotion du cheval, si l'examen des pistes et le rythme des battues donnent une idée de la succession des mouvements et des espaces parcourus, ils ne sauraient donner aucune idée des durées de l'appui et du soutien des divers membres, et c'est ici que la chronographie devient l'instru- ment indispensable pour connaître l'ensemble du problème. Nous avons décrit plus haut la chaussure exploratrice que Marey et Demeny ont employée pour l'étude de la locomotion de l'homme; la même idée a été appliquée par Marey, quoi- que d'une façon un peu différente, à l'étude de la locomotion du cheval. Sous les sabots du cheval, des boules de caoutchouc bour- rées de crin sont maintenues par des crampons vissés dans l'ajusture des fers (fig. 73). Chacune de ces boules commu- nique avec un long tube de caoutchouc relié par des bandes de flanelle aux membres du cheval; ces tubes se rendent à l'appareil inscripteur qui porte quatre styles traceurs et que le cavalier tient en main (fig. 74), La pression des pieds sur le sol comprime les boules dont ils sont munis, et chasse dans les tambours inscripteurs l'air que ces boules contien- nent. Tout se passe donc comme dans les expériences faites sur l'homme. Toute- fois, en raison du plus grand nombre de styles qui tracent la succession des ap- puis, on a groupé ces quatre styles en deux séries : l'une qui trace les appuis des pieds droit et gauche d'avant, l'autre qui trace, au-dessous de la première, les ap- puis des pieds d'ar- rière. Dans ces deux s é r les, les pieds droits ont leur nota- lion sous forme de lignes blanches, les gauches ont des notations teintées de ^hachures — (Marey, le Mouvement, p. 8). La figure 75 monti'e les notations obtenues par ce moyen dans trois allures normales du cheval : l'amble, le pas et le trot. On voit, ainsi que plusieurs auteurs l'ont déjà remarqué, que l'on peut assimiler un quadrupède à deux bipèdes assemblés marchant l'un derrière l'autre. Cette assimilation rend beaucoup plus facile l'interprétation des DICT. DE PHYSIOLOGIE. -^ TOME ï. 1-» Cheval au grand trot. Le point placé sur à l'attitude représentée. a notation correspond "2^ LOCOMOTION. tracés et permet de voir plus nettement la coordination des mouvements caractéris- tiques des diverses allures. Plusieurs systèmes de notations des allures ont été ima- ginés par les divers auteurs. La méthode de Mabey ayant prévalu, à cause de sa grande précision, nous ne citerons que pour mémoire : 1" VÈcheUe odochronométiique de Vincent et Goiffon (flg. 76). C'est une portée musi- cale de quatre lignes horizontales A D B C, dans laquelle les membres à l'appui sont figurés en lignes pleines, les membres au soutien en lignes ponctuées. La figure ci- contre est la notation du pas. Trois lignes verticales divisent l'échelle en quatre temps correspondant aux quatre battues, c'est-à-dire à un pas complet. Chaque membre reste deux temps à l'appui, deux temps au soutien, les battues se succédant dans Tordre suivant : Antérieur droit, postérieur gauche, antérieur gauche, postérieur droit. 2*^ Système ae Lecoq (fig. 77). Ce système ne peut donner qu'une notion incomplète des diverses phases d'un pas complet. Les appuis sont représentés en zéros pleins et les soutiens en zéros vides. Le nombre des colonnes verticales de chaque série est égal à celui des temps à enregistrer. La figure 77 représente la notation du pas ordinaire : FiG. 75. — Trois notations des allures du cheval : amble, pas et trot. la série gauche montre les appuis et les soutiens des membres gauches, la série droite ceux des membres droits. Les divers temps se succèdent de gauche à droite dans l'ordre indiqué. Ainsi : 1'='' temps. — Les deux membres gauches sont à l'appui, les deux droits au soutien. 2^ temps. — Le membre antérieur gauche à l'appui, le postérieur gauche au soutien tandis que le postérieur droit est à l'appui et l'antérieur au soutien, c'est-à-dire qu'il y a appui diagonal. 3* temps. — Les deux membres gauches sont au soutien; les deux droits à l'appui. 4* temps. — Le membre antérieur gauche est au soutien, le postérieur gauche à l'appui, l'antérieur droit à l'appui, le postérieur droit au soutien. Cette méthode très simple est incomplète parce qu'elle suppose des temps de longueur égale, ce qui n'est pas le cas dans le pas relevé, l'amble rompu, le trot décousu. Z' Système de Lenoble du Teil.— Le système de notation de Lenoble du Teil* donne à la fois la piste, la durée des appuis, les espaces parcourus, les positions respectives des membres. Voici comment l'auteur décrit lui-même sa méthode : « Lorsqu'un cheval marche sur un terrain sablé il laisse les empreintes de ses pas, les empreintes sont tracées par les pieds en contact avec le sol à ces différentes places. Nous savons que le contact de chaque pied avec le sol dure pendant un certain inter- valle de temps. 1. Lenoble du Teil distingue six périodes dans un pas : deux de soutien (le lever et le milieu du soutien; quatre d'appui (le poser, le commencement de l'appui, le milieu de l'appui, la fin de l'appui). LOCOMOTION. -^ .« ;s js; QPQO « Si nous supposons que, pendant le contact de l'un des pieds, le sol vient à glisser sous l'animal dans une direction perpendiculaire à celle de la marche, ce pied, au lieu délaisser simplement l'empreinte de son fer sur le sol, tracera une ligne d'autant plus longue que le contact aura duré davantage. La fin de cette ligne indiquera que le contact a cessé et que le pied s'est détaché _ -é ^ £ du sol. 2 I I I « Ce pied détaché du sol opérera maintenant sa translation, le 33^ = terrain glissant toujours dans la même direction sous l'animal. Dès lors la projection sur le sol de chacun des points suivis en l'air par le pied, au lieu de tracer une ligne droite dirigée suivant le sens de la marche, tracera une ligne oblique qui s'arrêtera au point où l'animal posera de nouveau son pied. « Là, une nouvelle ligne transversale représentera la durée du contact de ce pied avec le sol et ainsi de suite. Ainsi supposons (fig.78)que les deux pieds du bipède antérieur aient laissé sur le sol les empreintes suivantes : D D' pour le pied droit, G G' pour le pied gauche. La ligne XY représente la direction de la marche, à l'instant où le pied G commence son contact, le sol glissant de droite à gauche, ce pied G tracera la ligne pi. Nous savons que pendant les périodes d'appui (1) (au nombre de quatre) d'un pied son congénère opère ses périodes de translation (au nombre de deux); le pied D devant aller se poser en D'. Mais le sol a glissé pendant cette trans- lation ; le pied D ira se poser en P et il se posera à l'instant corres- pondant à la fin de l'appui de G (représenté par l'intervalle f /'). u Les périodes de contact de D avec le sol commenceront à ce moment en p et auront une durée de quatre périodes, comme G. Les périodes du contact se terminant en /". « Pendant ces périodes d'appui de D, G exécutera à partir du point 1, ses périodes de translation (au nombre de deux seulement), et se posera en p" instant correspondant à " ; " 1 a la fin de l'appui de D' et ainsi de suite. I ! 1 « Si maintenant nous traçons une ligne K L, perpendiculaire aux lignes d'appui, nous aurons les positions respectives des deux pieds aux endroits où cette ligne coupe les lignes représentant le contact ou la trans- lation des pieds. Nous voyons que le pied droit est au commencement de l'appui en c', et que le pied gauche commence sa trans- lation en /'. < p CQ o « D'après cela, si nous abaissons des per- .... pendiculaires (Pr P'I" etc.) sur les lignes de J | f . .| contact à chacune des périodes de ce contact, | ?'> ?o "^ nous aurons en même temps les positions 3 g = i respectives des pieds à terre et des pieds en -c '.î ;p i'i l'air à chacune des périodes. Nous pouvons c S = 0 donc représenter les pieds dans leurs posi- tions respectives à chacune des périodes d'un pas, dans une série de colonnes placées à côté les unes des autres et dont chaque colonne sera consacrée à une période (fig. 78). « Ainsi, nous savons qu'un pas complet est effectué entre deux positions identiques du même membre; entre un poser et son nouveau poser, par exemple. Le pied gauche G se trouve au poser en p; il se trouvera de nouveau au poser en p". " Si, pour chacun des commencemrnts de périodes indiqués par les perpendiculaires 1, 2, 3, 4, 5, 6 dans la figure 78, nous affectons une colonne particulière dans la lig. 78 bia, Fig. 77. Système Lecoq. » K w "5 ; '4 > 0 TÔT K to ; !o j in ' >o 0 ; n ^228 LOCOMOTION. nous aurons dans la première colonne de cette figure la disposition des pieds indiquée. Fig. 78 (ligne 1). Le point p représente le pied gauche au poser. Fig. 78 bis (colonne 1). L'empreinte p représente le pied gauche au poser. Fig. 78 (ligne 1). Le point F représente le pied droit à la fin de l'appui. Fig. 78 6îs (colonne 1). L'empreinte F représente le pied droit à la fin de l'appui. Fig. 78 (ligne ;2). Le point c représente. le pied gauche au commencement de l'appui. *fi Ç). a r - - y. i i 3 ' h L ) > 2 ' f i 5 nO- »> / c ] f r 1 ^ 0 - ^1 ï / c' / f 1" m l 1" 1' / 1 Fig. 78 bis (colonne 2). L'empreinte C représente le pied gauche au commencement de l'appui. Fig. 78 (ligne 2). Le point l représente le pied droit au lever. Fig. 78 bis (colonne 2). L'empreinte représente le pied droit au lever et ainsi de suite. Nous avons ainsi un plan de terre facile à lire et que nous construirions de même si nous avions fait une épure des quatre membres. » Les plans de terre de' Lenoble du Teil supposent la connaissance préalable des empreintes et du rythme des battues. Elles sont la représentation graphique de notions acquises. Malgré l'intérêt incontestable de cette méthode, on voit combien elle est infé- rieure à la méthode de Marey où la représentation graphique des allures se fait automa- tiquement par enregistrement direct. 3° La chronophotographie. — Dans le courant de l'année 1879, M. E.-L. Muybridge, de San Francisco, inaugura une méthode qui devait avec Marey acquérir son plein développement. Il prenait des séries de vues instantanées de chevaux aux diverses allures. Les détails de sa méthode sont décrits à l'article « Graphique ». Ces photogra- phies permirent de se rendre compte des attitudes de l'animal aux divers instants de LOCOMOTION. 2^29 sa locomotion, et constituèrent des documents précieux pour les artistes. Marey. en réunissant sur la même plaque ces attitudes, fit faire un grand pas à la méthode, non seulement en la simplifiant, mais encore en ce que l'épure du mouvement se trouvait pour ainsi dire construite par points. Les images étant séparées par des intervalles de temps égaux et connus, il était facile de suivre dans le temps et dans l'espace les divers points du mobile à étudier. La méthode permit également d'isoler les principaux point? de l'animal en mouvement, ces points choisis trarant eux-mêmes sur la plaque sensible leur trajectoire. Ainsi, pour l'étude du cheval, il prenait un cheval noir et fixait sur ses articulations de petits morceaux de papier blanc (fig. 79). La chronophotographie de l'animal en mouvement donnait alors une série de tra- jectoires dont chacune correspondait à un point déterminé du squelette. Il suffisait de réunir par des traits les points correspondants de chaque trajectoire pour obtenir une épure complète du mou- vement, avec l'indication des positions successives des divers fragments composant le squelette. Nous renvoyons à l'article Graphique, pour tout ce qui concerne les prin- cipes généraux et la technique de cette mé- thode. Des allures. — Les écuyers divisent les al- lures en deux classes : les allures naturelles : pas, trot, galop, que le cheval prend d'instinct suivant la vitesse de sa progression, et les allures acquises : amble, pas relevé, galop de course, qui sont le résultat d'un dressage particulier. Il est cepen- dant des chevaux qui prennent spontanément les allures dites acquises et, en particu- lier, l'amble et le pas relevé. .On dit que les allures sont marchées quand deux ou trois membres sont en contact simultané avec le sol (pas, pas relevé, amble) ; on les dit sautées, quand il y a un temps de suspension (trot, galop); diagonales, quand le mouvement des membres est associé diagonalement (pas, trot, galop) ; latérales, quand les membres du même côté se meuvent ensemble (amble, amble rompu). Certaines allures sont en même temps : marchées et diagonales (pas, pas relevé); marchées et latérales (les ambles); sautées et diagonales (trot, galop). Cette division n'a du reste rien d'absolu, ainsi que le montre le tableau (fig. 80), on voit en effet que, si l'amble est une allure franchement latérale, l'amble rompu est une allure mixte offrant un temps d'appui diagonal, 11 en est de même du pas relevé. Dans le trot ordinaire, l'appui est franchement diagonal; dans le trot décousu, il y a un temps d'appui latéral. Nous adopterons cependant cette classification, et nous étudierons tour à tour ces trois classes en faisant remarquer que lesdeuxpremièresclassés (allures marchées diago- nales et allures marchées latérales) sont caractérisées par un appui constant des pieds sur le sol : ce sont des marches; tandis que la troisième classe (allures sautées diago- nales) se distingue par un temps de suspension plus ou moins long, où les quatre membres sont ensemble au soutien. Elle comprend toutes les courses. Marches, — I, Allures marchées diagonales. — a) Dupas. — Le pas est une allure Fi«. 79. — Cheval préparé pour les pxpériencos de chronophotographie géométrique (Marey). Les points blancs sont des points de repère dont on désire connaître la trajectoire. 230 LOCOMOTION. « dans laquelle les quatre membres, associés par paires diagonales, se lèvent et se posent isolément, en faisant entendre quatre battues à peu près également espacées ». DuGÈs 1 dit que « les quatre jambes du cheval peuvent être représentées à l'esprit comme deux paires latérales agissant l'une après l'autre et dans chacune desquelles le mouvement du membre antérieur est toujours immédiatement précédé de celui du membre postérieur ». Les battues ont toujours lieu dans le même ordre, quel que soit le pied qui commence le mouvement. Cet ordre est indiqué par la figure 81 ; (lire cette figure dans le sens des aiguilles d'une montre). Notation du pas ordi- naire. — Les battues des divers pieds du cheval se succèdent à intervalles réguliers, ainsi que le montre la figure 82. Les tracés en traits pleins cor- respondent au bipède laté- ral droit; les tracés en traits pointillés au bipède latéral gauche. On peut voir que la durée des appuis esta peu près égale à la durée des soutiens et que la durée des appuis du bipède diagonal est égale à celle du bipède latéral. Mais il n'en est pas toujours ainsi, et la durée respective des appuis des deux bipèdes peut varier. Ainsi la notation repré- sentée dans la figure 82 se rapporte à un cheval qui restait plus longtemps sur ses appuis latéraux que sur lesdiagonaux. D'autres chevaux présentent une notation inverse. II est également nécessaire de tenir compte de la rapi- dité de l'allure, ainsi que le montre la figure qui représente la transition du pas au trot. On voit qu'au moment où l'allure s'accélère le cheval reste plus longtemps sur ses appuis dia- gonaux que sui' ses appuis latéraux. La notation classique du pas ordinaire indique donc une moyenne, mais non un rapport constant des appuis entre eux. Quand l'animal repose sur un bipède latéral, les membres du bipède opposé sont très rapprochés (fig. 83); quand il repose sur le bipède diagonal, les membres du bipède au soutien sont très éloignés, le pied antérieur étant au poser au moment où le postérieur est au lever. Fui. 80. — Notations synoptiques des allures du cheval d après les auteurs. 1, amble pour tous les auteurs; 2, amble rompu, d'après Merchr, pas relevé d'après Bouley ; 3, pas ordinaire du cheval d'allure, d'après Mazure, amble rompu d'après Bouley, traquenard d'après Lbcocq ; 5, pas normal d'après Lecocq; 5, pas normal d'après Bouley, 'Vincent et GoiFFON, SoLLEYSEL, CoLiN ; 6, pas normal, d'après Raabe : 7, trot décousu ; 8, trot ordinaire. fDans la figure, on suppose que l'animal trotte sans quitter jamais le sol, ce qui n'arrive que rarement. La notation ne rend compte qtie du rythme des battues, i \. DuoÈs, Traité de Physiologie comparée, II, 170. LOCOMOTION. est La base latérale d'appui est, d'après Lenoble du Teil, d'environ la moitié de la base diagonale d'appui. Variétés du pas. — La longueur des pas étant donnée par la distance entre deux foulées successives d'un même pied, l'examen des pistes nous donne à ce sujet des renseignements intéressants. Il est évident que la rapidité de l'allure, qui, nous l'avons vu, a déjà une certaine influence sur la durée des appuis latéraux et diagonaux, influe éga- lement sur la longueur des pas. Aussi les auteurs ont-ils été amenés à distinguer trois genres de pas : 1° Le pas ralenti, raccourci ou petit pas, « dans lequel les foulées postérieures restent toujours en arrière des antérieures » ; 2° Le pas ordinaire dans lequel les foulées antérieures se superposent aux antérieures. 3° Le pas allongé ou grand-pas, dans lequel les foulées antérieures se placent toujours en avant des antérieures. Longueur du pas et vitesse de l'allure. — D'après Vincent et Goiffon, la longueur moyenne du pas serait égale à la taille de l'animal, mesurée au garrot. Raabe l'estime à la longueur de la base de sustentation, multi- pliée par 1,5; Vollon et Lenoble du Teil à 1™,80 pour un cheval de 1°%60 de taille; DuHoussET à la longueur du corps, mesurée de la pointe du bras à celle de la fesse. G. Colin, moins absolu, estime que la longueur du pas pour un même individu oscille autour d'une moyenne variant avec l'animal et la vitesse de son allure. Cette longueur FiG. 81. — Ordre des battues des pieds du cheval dans le pas. Lire la figure daos le sens des aiguilles d'une montre. La succes- sion des quatre battues constitue un pas noiiiplet. G. 82. — Tracé et notations du pas avec égalité des appuis latéraux et diagonaux : AL), pied antérieur droit; PG, pied postérieur gauche; AG, pied antérieur gauche ; PD, pied postérieur gaucha. Les courbes des appuis et soutiens du bipède latéral droit sont des traits pleins ; celles du bipède latéral gauche, en traits pointillés (Maeey). peut varier de .33 centimètres environ pour des chevaux de i"',55 de taille et l-'>,20 de base de sustentation. La vitesse absolue de progression est aussi difficile à apprécier que la longueur du pas. Cette vitesse oscille suivant les divers auteurs entre 6,000 et 6,720 mètres à l'heure. Réactions. — D'après Marey, les réactions pendant le pas sont généralement faibles. « Nous avons constaté, dit-il, qu'en général les réactions de l'avant-main sont seules un peu fortes; il semble, à voir l'extrême faiblesse des mouvements de la croupe, que l'action des membres postérieurs consiste principalement en un effet de propul- sion en avant, avec très peu d'impulsion du corps dans le sens vertical. Cela s'accorde 232 LOCOMOTION. avec la théorie assez généralement admise, par laquelle es membres antérieurs n'auraient guère, à l'état normal, que le rôle de supports alternatifs de l'avant-main, tandis qu'aux membres postérieurs appartiendrait l'action propulsive et l'effort de trac- tion développé par l'animal. » Déplacement du centre de gravité. — De l'absence presque complète de réactions verticales chez le cheval dans le pas, il suit que les déplacements du centre de gravité sont également minimes dans le sens vertical. Quant aux déplacements horizontaux, ils ont nécessairement pour limites extrêmes les lignes des appuis latéraux, et comme entre deux appuis latéraux, existe toujours un appui diagonal de durée plus ou moins longue, il s'ensuit que les oscillations latérales du centre de gravité seront d'autant plus prononcées qu'il y aura plus de prédominance des appuis latéraux sur les appuis HH998H lin WSSÊÊÊ^ 2 HH^Hl^HH— ■1 ^gjm ^^m^//////////w//w///^^^Êl^ ■i^mn wk FiG. 83. — Notation du pas avec prédominance des appuis latéraux (Marey). diagonaux. Elles seront maxima dans l'amble oîi il n'y a pas d'appuis diagonaux. De l'amble. — « L'amble est une allure naturelle ou acquise dans laquelle les deux membres de chaque bipède latéral se lèvent et viennent à l'appui simultanément. » C'est donc un genre de pas dans lequel l'appui diagonal est réduit à zéro. Le nombre des battues se réduit à deux en raison du synchronisme et de la symétrie des mouvements des bipèdes antérieur et postérieur. Lecoq compare la succession des mouvements qui constituent l'amble à l'ensemble des mouvements de deux hommes, marchant au pas l'un derrière l'autre à une certaine distance. Celte idée a été reprise par Marey, qui s'exprime ainsi : « Prenons le cas le plus simple, celui dans lequel deux marcheurs, allant au pas, Transition du pas au trot ; notation chronograplii(|ue, se lisant de gauche à droite (Marby). exécutent tous les deux les mêmes mouvements en même temps. Si nous représentons, avec la notation ci-dessus employée, les mouvements de ces deux hommes, en plaçant en haut la notation qui appartient au marcheur d'avant, et en bas celle du marcheur d'arrière, on aura la figure suivante : " Les battues du pied droit et celles du pied gauche étant exécutées en même temps par le marcheur d'avant et par celui d'arrière, doivent se traduire par des signes semblables exactement superposés. » Mais si dans l'amble les battues sont seulement au nombre de deux, par pas com- plet, les pieds présentent quatre foulées distinctes. Les empreintes des pieds postérieurs sont situées très en avant de celles des pieds antérieurs du pas précédent, car l'espace embrassé par les pieds, dans cette allure, est très grand et est égal aux quatre tiers environ de la longueur de la base latérale de sustentation. L'ihipulsion n'est pas continue dans cette allure. Elle est, dit Colin, donnée en deux demi-temps séparés, dans la seconde moitié de l'appui du membre postérieur qui passe de la verticale à l'obliquité en arrière. Le membre antérieur du même côté, qui est à l'appui, la reçoit directernent. C'est à la fin de cette période que le corps est LOCOMOTION. 533 jeté sur l'autre bipède latéral. Il y demeure un autre demi-temps avant de recevoir la nouvelle impulsion du second membre postérieur. » Mouvements du centre de gravité. — Le centre de gravité se porte alternativement FiG. 85. — Le pas. Appui latéral gauche (A. Goubaud et G. Barribr) sur l'un et l'autre bipède latéral. Il décrit donc dans le sens latéral une sorte de sinu- soïde analogue à celle que nous avons déjà décrite pour la marche de l'homme. Dans KiG. 86. — Le pas. Appui diagonal gauche (A. Godbaud et G. Barrier). le sens vertical les réactions sont très faibles. Dans le sens antéro-postérieur, son déplacement est tour à tour accéléré et ralenti en raison des intermittences dans l'impulsion, t>3.4 LOCOMOTION. o aO OA è à HA Àpa p/îl aO PA/) Vitesse de l'allure. — D'après Lenoble du Teil, la vitesse moyenne est de 2"", 40 par seconde, soit 6,640 mètres à l'heure. Mais la vitesse varie beaucoup avec la conforma- tion et l'énergie des animaux. Ainsi, PA.^ I A. GouBAUx et G. Barrier citent le cas d'une jument dite l'Américaine, qui avait lutté avantageusement, à plusieurs reprises, sur le trajet Paris-Fontaine- bleau avec des chevaux anglais allant au galop. Amble rompu de Marche ou pas rompu X ; . : Il deLEyohLEDV Teil; pas relevé de Bovhv^Y. *'l \ \ '< : ! —Ces allures se distinguent de l'amble ordinaire en ce que les battues laté- rales ont lieu successivement et non simultanément, mais l'intervalle qui sépare les deux battues est très court. Elles se rapprochent ainsi du pas ordi- naire, car nous voyons apparaître un appui diagonal qui est d'autant plus long que l'intervalle de temps qui sépare ces deux battues est plus long. Traquenard. — Pour un certain nombre d'auteuvs (de la Guérinière, Lafosse, Cardini, Lecoq, h. Boulet, de CuRNiEU, DE Saint-Ange, Eug. Gayot), le traquenard est un amble rompu dans lequel les battues latérales sont séparées par un intervalle de temps plus grand que dans l'amble rompu ci-dessus décrit. — Pour d'autres au- teurs (Vallon, Merche, Goubaux et Bar- rier, c'est un trot décousu ou rompu. On voit d'après la figure 80 que les notations du traquenard considéré comme amble rompu et du trot décousu ou rompu diffèrent essentiellement : l'amble rompu étant une allure mar- chée, et le trot décousu une allure sautée. C'est donc surtout une quos- tion de définition qui sépare les au- teurs. Courses. — Allures sautées diago- nales. — Du trot. « Tous les auteurs, dit MAREy', s'accordent pour choisir-, comme type du trot franc, l'allure où les quatre pieds ne font entendre que deux battues, et où le sol est frappé tour à tour par les deux bipèdes dia- gonaux. On admet aussi que le trot est une allure loin de terre, et que, dans l'intervalle de deux battues successives, l'animal est un instant suspendu au- dessus du sol. » Le trot franc ainsi défini se distingue de toutes les autres allures du cheval d'une Ufi flPA rà ÛP FiG. 87. — Piste FiG. 88. - Piste Fig. 89. — Piste dupa* raccourci, du pas ordinab-e , dn pas allongé, d'après Lenoble du Teil. 1. C. fl. Académie des sciences, 4 novembre 1812. Des allures du cheval étudiées par la méthode graphique. LOCOMOTION. >35 façon nettement tranchée tant par les réactions verticales que les membres impriment au corps de l'animal tout entier que par le rythme des battues et la durée des appuis. La figure 94 met en évidence ces points caractéristiques. M Analysons, dit Marey, les détails de ces courbes. En haut sont les réactions prises au garrot pour l'avant-main, ce qui donne la ligne R A (réactions antérieures) et à la croupe pour l'arrière-main, ce qui donne la ligne R P (réactions postérieures). Au-des- sous se trouvent les courbes des appuis des quatre pieds; elles sont échelonnées sur deux niveaux différents : en haut sont les courbes des membres antérieurs, en bas celles S)^.^^ Vamble, appui latéral droit (A. Goubaud et G. Barrier). des membres postérieurs. Dans chacune de ces séries, les courbes du pied gauche sont formées de lignes ponctuées; celles du pied droit sont des traits pleins. (Ponctuées ou pleines, ces lignes ont été faites plus épaisses pour les membres d'avant que pour ceux d'arrière.) Le moment où chaque courbe s'élève exprime le commencement de l'appui ihi l'iod sur le sol. Le moment où la courbe redescend signale le levé du pied. On voit, FiG. 91. — Notation de l'allure de l'aiiilde chez le cheval (Marey). d'après ces tracés, que les pieds A G et P D, antérieur gauche etpostérieur droit, frappent le sol en même temps. L'abaissement simultané des courbes de ces deux pieds montre que leurs levers se font aussi d'une manière simultanée. Au-dessous de ces courbes est la notation qui exprime la durée de l'appui du bipède diagonal gauche i. La seconde battue est fournie par les |>ieds AD et P G ; bipède diagonal droit; et ainsi de suite, sur toute la longueur du tracé. Le trot dans sa forme normale et naturelle est dans une allure sautée, diagonale, en deux temps. 1. Nous rappelons qu'on désigne chaque bipède diagonal d'après le pied antérieur qui en fait partie. 236 LOCOMOTION. La durée de la période de suspension qui caractéiMse toute allure sautée a été f ^^ diversement appréciée par les auteurs. Pour Bouley, elle est très courte y] P^r rapport à la durée de l'appui; pour Raabe elle est au contraire très longue, et la durée de l'appui très courte. Ce désaccord tient sans doute, en premier lieu, à l'insuffisance des méthodes d'étude de ces auteurs, et, en second lieu, à ce qu'il existe plusieurs variétés de trot qui diffèrent surtout l'une de l'autre par la vitesse de progression, vitesse qui entraîne des chan- gements dans la durée des appuis et des suspeiisions. Ces variétés sont, d'après A. Goubaux et J. Barrier : ,î i° Le petit trot ou trot raccourci, allure lente dans laquelle « la masse Q est toujours supportée par un bipède diagonal ». La durée de la suspension est réduite au minimum sans appui simultané des bipèdes diagonaux. << L'espace couvert dans un pas complet est peu considérable, car le corps j . n'est déplacé en avant que de la moitié de la longueur de la base de susten- f\..\ tation. » ^- ' La piste de cette allure montre en effet que le pas est très court et que les pieds postérieurs se posent en arrière de la foulée du pied antérieur (n° i de lafig. 95). < 2" Le trot ordinaire dans lequel il y a un temps de suspension appré- ciable, rendu absolument nécessaire par ce fait que les pieds postérieurs marquent leurs empreintes aux mêmes points que les pieds antérieurs, j, ; ainsi que le montre la pose (n" 2 de la fig. 95). Il y a donc nécessairement f\ j, dans l'exécution d'un pas complet deux temps de suspension dont chacun ' correspond à la détente de chacun des bipèdes et la suit immédiatement. 3° Le grand trot ou trot allongé où la durée de la suspension est encore plus grande que dans le précédent, les foulées des pieds postérieurs venant se produire en avant des foulées des antérieurs {n° 3 de la fig. 95). 4" Le flying-trot des Anglais ou trot de course, dans lequel les pas sont très allongés, les foulées par conséquent très éloignées et la durée des appuis très courte (n" 4 de la fig, 95). Ce sont là les quatre variétés du trot franc ne se différenciant l'une de l'autre que par la vitesse de progression, les durées des appuis et des sus- pensions. Elles sont, en ce qui concerne leurs caractères généraux, absolument 1^ identiques. (i) Mais, dit Marey^ « il est un grand nombre de cas où l'allure est dite décousue, et dans lesquels l'oreille constate un dédoublement des battues, sans qu'on puisse toujours discerner quel est le pied de chaque bipède dia- ^ . gonal qui prend terre le premier ». \\--^ « Le trot décousu s'est rencontré dans plusieurs de mes expériences. Tantôt cette allure était soutenue, et alors le défaut de synchronisme por- tait, soit sur les battues des deux bipèdes diagonaux, soit sur un bipède seulement; tantôt, au contraire, le trot n'était décousu que pendant un instant, au moment du passage d'une allure à une autre. Dans tous les cas que j'ai observés jusqu'ici, le défaut de synchronisme tenait à ce que le membre postérieur était en retard sur l'antérieur qui lui correspond en diagonale. (\ \ « La fig. 92 représente la notation d'un trot décousu dans lequel les battues diagonales sont assez éloignées l'une de l'autre », 'ainsi que le montre Fi(i. 92. l'obliquité de la ligne ponctuée qui réunit entre elles les battues des bipèdes r'**bi diagonaux. d'après ^^ existe également des. allures de transition ou de passage d'une allure à hENOBLE une autre, par exemple du trot au pas (fig. 97), du trot au galop (fig. 98). 1)0 Teil. Dg^ns la fig. 97, exprimant la transition du trot franc au pas, la ligne ponctuée qui réunit les appuis du bipède diagonal s'incline de plus en plus; le trot devient de plus en plus décousu, la durée des suspensions diminue progressi- i. Marey. Des allures du c/ieval par la méthode graphique [C. R. Acad. Sciences), 4 nov. 1872, Ù LOCOMOTION. '237 veinent et l'on voit apparaître un appui latéral de plus en plus accentué jusqu'à calque les dernières battues présentent quatre temps égaux : c'est alors le pas ordinaire. <■ La fig. 98 est la notation du passage du trot au galop. On voit, dès le début de la ligure, que le trot est un peu décousu; la ligne ponctuée, qui réunit les battues diago- nales gauches A G, P D, est déjà un peu oblique et accuse un léger retard du pied pos- térieur. Cette obliquité va toujours en augmentant, mais pour le bipède diagonal gauche selemenl; le bipède diagonal droit A D, P G,^reste uni, même après l'établissement'du Fig. 93. — Notation du trot décousu (A. Goubaux et G. Barrier). galop. La transition du trop au galop se fait non seulement par le retard du pied pos- térieur, mais par l'avance du pied antérieur, de sorte que les deux battues diagonales, qui dans le trot étaient synchrones, laissent entre elles le plus grand intervalle, celui qui, dans le galop de chasse, constitue le grand silence. Longueur du pas dans le trot. — Ce que nous venons de dire prouve surabondam- FiG. 94. — Graphiques et notation du trot d'un cheval : RA, réactions de lavant-main ; RP, réaction de larrière-main ; AG et AD, courbes et notations des membres antérieurs ; PD et PG, courbes et notation des membres postérieurs (Marev). nient combien il est difficile de formuler quelque indication précise sur la longueur du pas. Colin* a fait une série d'expériences sur ce point, mais n'a donné aucun rensei- gnement sur les qualités physiques et les proportions des sujets qu'il y avait employés. A. Goubaux et G. Barrière examinant les résultats obtenus par Colin se sont posé la question suivante : « Y a-t-il un rapport simple et constant,. d'une part, entre la taille du cheval et la longueur de ses pas de trot, et d'autre part, entre la base de sustenta- tion primitive et cette même longueur de pas? En d'autres termes, le cheval le plus 1. Colin, Traité de Physiologie comparée des animaux. 2' édition, 1872. 2. A. GouBAU.x et G. Barrier, De l'extérieur du cheval, p. 588. 238 LOCOMOTION. élevé au garrot ou celui dont la base de sustentation a le plus d'étendue, est-il celui qui fait les pas les plus longs? » Pour répondre à cette question, ces deux auteurs ont construit, avec les documents de Colin, le tableau suivant : BiPrOBT L o.> G u E u n RAPiOKT L 0 N C L E U H (les p;ii T A 1 1. L E tnli-e la longueur des pas LOSCIEIR des pas de la base de ciili-e la longueui des pas et cl la laillo suslciUation relie de la I.aso Premier cheval muxima \ 1 maxinia \ ( 2-85 , 1 1.865 2-85 1 2.159 niiiiimn { 2-15 1-55 < ■... minima 2-15 r > l-,-.2 1.615 innyeiinf 2-58 y i ( ' 1.687 moyenne 2-58 \ ' 1.956 Dciixiénie cheval maxinia ] ! maxiina \ 2"92 1 1 1.815 2-92 > 2.255 minim.. 2-50 > l-ei ^ 1 ,..5. minima 2-50 . . l™.-.(i 1.025 moyenne' ' 2'"80 ' ( 1.800 •ïnoyennc 2-80 \ i ' 2 15 i - Troisième chevol iiijxima 2'"94 ) i 1.890 UiaMina 2'"9i 1 L 2.000 niiiinna 2-55 r > i»f;5 { 1.652 ^„™„ i ,~,.-, 1 2.258 moyenne 2-69 \ } .... ■r^' \ 2.375 Ils en tirent ces conclusions : « En ce qui concerne la taille. Les trois chevaux se classent ainsi : 1° Celui de taille moyenne (l™,bb); 2° Le plus petit (1^53); 3° Enfin le plus grand (l'",61). « En ce qui concerne l'étendue de la base de sustentation primitive. Le classement n'est plus le même que le précédent, car : Le premier devient le troisième (1"',13) ; Le deuxième reste le deuxième (1™,30); Enfin le troisième devient le premier (1™,32). " Il suivrait de cela que les chevaux les plus grands effectueraient les pas les plus courts et que ceux dont la base de sustentation est la plus étendue devraient être de même capables des pas les plus longs! Le bon sens se refuse à conclure de la sorte. Le problème est tellement complexe, par suite des nombreuses données qu'il comporte, que sa solution est nécessairement faussée, si on l'établit d'après quelques observations seulement et sans tenir compte de tous les éléments susceptibles de l'influencer, « En définitive, la grandeur de l'espace embrassé à chaque pas par le jeu des membres est liée surtout à la longueur des colonnes locomotrices, au degré d'ouverture et du mode d'action des angles articulaires, à l'étendue de la contraction musculaire, à de justes rapports entre la hauteur du corps, son ampleur et sa largeur, au développe- ment particulier de certaines régions, etc., etc. » A. GouBAUx et G. Baurieh ont étudié ces questions dans leur livre « de l'Extérieur LOCOMOTION. 239 Nous nous permettons d'y renvoyer le PA 0 KO Ça p(!\ PA OA (llP (^ rtPA Ù ?tï AA rtPA f\î^ Oa PA Art du cheval « si remarquable et si documenté, lecteur. Nous dirons seulement ici que ces deux savants auteurs donnent comme lon- gueur moyenne d'un pas de trot ordinaire 2™,40 pour un cheval de i™,60 de taille. Vitesse du trot. — La valeur du trot est d'en- viron 240 mètres par minute. Mais ce chiffre est loin d'être absolu. Si l'influence de la taille est minime, l'entraîne- ment a, par contre, une influence prépondérante. Le tableau ci-après, emprunté à A. Goubaux et G. Barrier donnera une idée des variations de vitesse par seconde et des espaces qu'un cheval peut parcourir sans arrêt . Oa y verra que les che- vaux très rapides cou- vrent des espaces géné- ralement moindres, sans doute parce que les al- lures vives occasionnent à l'animal un surcroît de dépense d'énergie tel qu'il est rapidement épuisé. Du galop. — Lenoble DU Teil définit le galop « une allure à trois temps dans laquelle les pieds se posent à terre succes- sivement, un pied pos- térieur le premier. Le poser de celui-ci est suivi du poser du bipède diagonal dont il ne fait pas partie et enfin le poser du pied antérieur opposé en diagonale à celui qui s'est posé le premier s'effectue en dernier lieu ». Pour A. Goubaux et G. Barrier « le galop est une allure sautée, rapide, en trois temps dans laquelle les battues simultanées d'un bipède diagonal s'opèrent entre les battues successives du bipède diagonal opposé, lequel entame le pas par le membre postérieur correspondant ». 4 A' Aa Piste du trot raccourci, 2 3 FiG. 9.-.. Piste du trot Piste du trot ordinaire, allongé, d'après Lenoble du Teil. Piste du flying-trot, 240 LOCOMOTION. Ces deux définitions s'équivalent. Marey désigne sous le nom de galop « plusieurs allures différentes dont le caractère commun est de faire entendre des battues irrégulières à retours périodiques ». Nous adopterons cette dernière définition, qui est la plus générale. u a "a o >OMS SEXES lUCES 5 1 l i ESI'ACES parcourus TEMPS MIS à les parcourir VITESSES moyennes par seconde OBSERVATIONS 1 jum. angl. 100' 930 12" 3-725 2 VEnNY chcv. russe attelé 128,000 9" 5"- 3,914 A M. Popoff. 3 Bettï-Bloss jum. ang:l « 24,139 Ib 0- 6,705 Elle portait 88^886. ^ Spider d" d° » 38,623 IbsO™ 7,152 5 » il" d» attelée 25,746 58™ 00' 7,398 Elle portait 25' 746. 6 F*1IEN0MEXA d" d» montée 27,358 53'° 00' 8,600 Elle portait 34' 745. 7 Vernt cl.ev. russe attelé 4,800 8-36' 9,302 k M. Popolf. 8 Slava jum. d° .) 4,800 8" 9-/4 9,812 9 VoLCriEBWITZA <1« d" « 3,200 5-2.5' 9,8i6 10 D» d" d° .. 4,800 8- 5' 9,896 W POLKANTCIIIK cliov. d" attelé 4,838 8- 7. 9,93; 23 kilogr. sous la sellette. l'2 LOUBEZNY d" d- » 6,000 10- 1' 9,983 15 POLKANTCHIK d" d" attelé 5,000 S-'SO' 10,000 14 kilogr. sous la sellette. li Mashistï d" d- » 4,267 7- 6* 10,016 15 Slava jum. d» >. 3,200 5-19"/4 10,031 1G Ma*histy cliev. d" » 3,200 5- 16' "4 10,126 17 POLKANTCHIK d" d" attelé 4,800 7-52' 10,169 IS SVET d" d" » 3,200 5- 14' 3/4 10,191 l'J LoUDEZNY d" d" « 6,400 10™ 28' 10,191 20 POLKANTClllK .l" d" attelé 3,200 5-13- 10,223 21 LoUBEZNY d" d- « 3,200 5-12' 10,256 22 SvET d" d» 4,800 7-45' 10,322 2Ô Kasmack (!■• d" >^ 4,830 7-49' 10,298 2i I.OUBKZNV d" d" » 4,800 7- 44' 5/4 10,334 2.". (;O.^FIDE^CE hon-e niigl attelé 1,609 2-35" 10,382 2G DlITCHMAN .1" d> inoutc 1,009 2-3.V 10,382 27 RlPTON .1" d" attelé 5,218 5- 7' 10,484 2S Kasmack cl.ev. russe « 3,200 5- 4"/, 10,. 509 2fl liÉllOIIN d" d« attelé 5,500 8-41» 10,5.50 .\ M. Popofl. — 15 kilog. r.o YOI.IANO d" angl . X 1 ,60S) 2-31- 10,655 sous la sellette * .•>! VtlINY d" russe attelé 4,000 0'"14' 10,695 A M. P(.poff. :-^t AiiciiKri d" nngl. >■ i0,232 IH) 11,175 (>ité jtar Jolui Lawrence. .>.i .S\-\TA CI.A1S d" cilifoi- nion " 1,609 2-18" 11,659 Journal des Haras (nov, 1881 . ■""^"^ ^~^^"" ^■^^^^"" Eu effet, si la forme ordinaire du galop est à trois temps, il existe également un galop à deux temps et un galop à quatre temps. Le galop à trois temps présente également trois variétés : Le 'petit galop ou galop raccourci ; Le galop proprement dit ou galop ordinaire; Et le gratid galop ou galop allongé. LOCOMOTION. Ul Nous étudierons tout d'abord le galop ordinaire à trois temps, qui est le plus commun. Le tracé de la figure 99, empruntée à Mauev, montre l'ensemble de ses caractères. 96. — Trot décousu (Marey). Transition du trot au pas (Marey). Trausiiiou du trot au galop : Mare y) G. 99. — Tracés et notation du galop à trois temps : R, courbe des réactions prises au garrot. Les courbes des appuis des pieds ont une amplitude considérable qui e.xprime l'énergie des appuis sur le sol. Le cheval qui a servi à cette e.xpériencc galopait à droite, comme ou le voit d'après la notation (Marey). Comme l'avait déjà vu Lenobledu ïeil,oii constate que le pied postérieur se pose le premier. C'est le pied gauche dans le cas présent. Ensuite, après un certain temps, poser simultané du pied postérieur droit et de l'antérieur gauche, c'est-à-dire du bipède dia- DICT. DE PHYSIOLOGIE. — TOME X. 16 >42 LOCOMOTION. gauche, et, après un intervalle de temps à peu près égal au premier, poser du pied antérieur droit. Les appuis, et en conséquence les soutiens des divers membres, sont à peu près d'égale durée. L'oreille aura donc entendu trois battues à intervalles de temps égaux : i° battue du pied postérieur; 2» battues simultanées du pied formant le bipède diagonal opposé; 3° battue du pied antérieur qui reste. Pendant un pas de galop complet le corps de l'animal est d'abord supporté par le pied gauche seul; ensuite, pendant un temps égal au tiers environ de l'appui total d'un pied, par trois pieds, les pieds postérieurs et un pied antérieur; ensuite le pied postérieur qui a abordé le sol le premier se lève, et l'animal se porte seulement sur un bipède diagonal; puis le pied antérieur restant se pose, et l'appui est de nouveau sur trois pieds : les deux antérieurs et un postérieur; enfin le pied antérieur qui vient de donner sa battue reste seul à l'appui, pendant un temps presque égal aux deux tiers de Le galop à droite (temps de projection). son appui total; suit un temps de suspension complet oii les quatre pieds sont au sou- tien et le cheval aborde de nouveau le sol par le pied qui a produit la première battue dans le cycle précédent. Nous voyons donc dans un pas de galop complet six phases, dont cinq phases d'appui et une phase de suspension : 1° Phase d'appui simple postérieure; 2° Phase d'appui triple par adjonction à la première d'un appui diagonal; 3° Phase d'appui double diagonal; 4° Phase d'appui triple par adjonction à la précédente de l'appui d'un pied antérieur; 5« Phase d'appui simple antérieure; 6° Phase de suspension. Pendant celte dernière phase, les pieds sont rapprochés les uns des autres, comme le montre la figure 100. Les figures 101,102 et 103 montrent les attitudes de l'animal aux trois temps du galop. Réaction. La ligne ondulée R (flg. 99) est la courbe des réactions qui se produisent au garrot. « On constate, dit Marey% un soulèvement onduleux qui dure pendant tout le 1. Marey, La Machine ariimale, p. ili. LOCOMOTION. 243 temps où l'animal touche le sol; dans ce soulèvement interviennent les effets des trois battues qui y impriment une triple ondulation. Le minimum d'élévation de la courbe FiG. loi. — Premier temps du galop à droite. Appui exclusif du pied gauche postérieur. Lo point blanc dans la notation, correspond à l'instant pendant lequel le cheval a été représenté, correspond comme dans le trot, au moment où les pieds ne touchent pas le sol. Ce n'est donc pas non plus une projection du corps en l'air qui constitue le temps de suspen- 102. — Cheval au 2' temps du galop à droite. sion dans le galop. Enfin, en comparant les réactions du galop à celles du trot (fig. 98; on voit, que dans le galop, les soulèvements et abaissements se font d'une façon moins 244 LOCOMOTION. brusque. Ces réactions sonl donc moins dures au cavalier, quoiqu'elles puissent, d'une manière absolue, présenter une amplitude plus grande. » Longueur du pas. — La longueur du pas de galop varie nécessairement, comme pour les autres allures," dans les limites très larges, ainsi que le montre le tableau de la page 245 dans lequel A. Goubaux et J. Barrier ont résumé une série d'expériences exé- cutées sous la direction de Chopard. On admet que la longueur moyenne du pas de galop a trois fois celle de la base de sustentation, c'est-à-dire 3 m. 60 pour un cheval de 1 m. 60 de taille mesurée au garrot. Variétés du rjalop et pistes. — Nous venons d'étudier en détail le galop ordinaire à trois temps. Mais nous avons dit plus haut qu'il existait des variétés de galop se distin- guant l'une l'autre par quelques caractères. Nous nous contenterons d'indiquer quatre variétés de galops : le galop ordinaire, le Clicval au 3' temps du galop ralenti ou petit galop, le galop allongé ou grand galop qui sont à trois temps, et le galop de course qui est à quatre temps. 1° La piste du galop ordinaire (n° 1, fig. 104) ne présente que trois foulées par pas, deux à droite et une à gauche '. Cela tient à ce que, quand le pied postérieur se pose, il vient recouvrir l'empreinte laissée par le pied antérieur du même côté. 2" Dans le galop ralenti ou petit galop, {n" 2, fig. 104) le pas est plus court que dans le précédent, de sorte que le pied postérieur qui marque la première foulée se pose en arrière de l'empreinte laissée par le pied antérieur du même côté. 3° Dans le galop allongé ou grand galop, le pied postérieur qui marque la première foulée se pose en avant de l'empreinte laissée par le pied antérieur du même côté. Les empreintes laissées par l'autre bipède sont plus éloignées que dans les deux variétés précédentes. Quand la vitesse s'accélère, ces empreintes s'écartent de plus en plus, et la piste devient alors celle du galop de course. 4° Galop de course. « Le galop de course est une variété de galop à quatre temps iné- gaux : la dissociation des battues de la deuxième foulée est telle que les membres paraissent agir par paires antéiieure et postérieure isolées, chacune laissant après son appui précipité un temps de suspension très court où le corps est en l'air'. » 1. Un cheval peut galoper à droite ou à gauche suivant le pied postérieur qui se pose le pre- mier sur le sol. Dans le galop à droite, le bipède latéral droit est plus élevé et plus avancé que son congénère gauche. Dans le galop à gauche, l'inverse se produit. 2. A. Goubaux et G. Barrikr, De /'Extérieur du cheval, p. G37. LOCOMOTION. 545 2 -a 00 ^ ■-5 s 1 § s a ei o :n CI <« Cl Cl oo o iO C3 o S cf cf !n ira C5 lo r- oo co a Cl Cl -* »* eo lO o o o S Cl Cl co Cl Cl CO -■-!< !0 sra îO •= •.■coixvxuaxsns sa asva VI aa a.iadONOi V odnojo •Bj lo.ijtîS nu :o Cl CCI :^ "-i* <2 O M W ;5 ne LOCOMOTION. PAA PA/T) PA Oa Ap ^A n pa Aa Richard supposait que le galop était en général une allure à trois temps. Marey a démontré que c'est une allure à quatre temps, dans laquelle les battues postérieures sont très rapprochées (fig. 105). La ligne brisée placée en haut de la figure 105 ^, , est le tracé des réactions tîl P II j ; au garrot. 4\) A ; i ; ; Nous y voyons trois élévations [principales, dont la plus forte cor- Ç)\ V ' i ■ respond à l'appui des OA membres postérieurs, les deux autres correspon- dant aux battues anlé- A(^ ^Û Àp Ap Ôa a^Î^ pa Arv -A rieures. Dans le galop de course on constate que la durée des'appuis est bien plus brève que dans le galop ordinaire et qu'iln'y a jamais d'appui triple, ou que, s'il existe, celui-ci est de courte durée. Le galop de course n'est du reste pas une allure régulière, et, comme le remarque Le- xoBLE du Teil, il existe peu d'harmonie dans les distances des mêmes em- preintes entre deux pas successifs. « En recherchant, dit-il, plusieurs relevés d'empreintes laissées par différents chevaux de course, et en comparant ces relevés entre eux, on est frappé de suite par la différence de l'allure de chacun de ces che- vaux. Et non seulement les traces laissées par plusieurs chevaux n'ont aucun rapport entre elles, mais deux traces successives du même cheval sont complète- ment dissemblables. » Enfin, l'aspect géné- ral de la piste montre que les foulées tendent à se produire sur une même ligne droite, la base de sustentation étant réduite au mini- {\? 'A Ap Fig. 104. Piste du galop l'iste du galop Piste du galop ordinaire, adroite, ralenti, à droite, allongé, à droite d'après Lenoble du Teil. Piste du galop de course. LOCOMOTION. 247 mura, absolument comme le ferait une roue privée de Jante et portant sur l'extrémité de ses rayons, suivant la comparaison de Lenoble du Teil. Mécanisme de la locomotion chez le cheval. — Nous venons de voir par quelle série de mouvements cet animal marche, trotte, galope et quels sont les caractères dis- tinctifs de chacune de ses allures. Mais, si nous voyons ses divers membres agir, soit tour à tour, soit simultanément, suivant un rythme caractéristique, cela ne nous renseignera pas d'une façon précise sur les forces que ces mouvements déterminent et surtout sur l'ori- gine de ces forces. Nous savons que ces forces ont pour origine les muscles, mais par quel mécanisme agissent ces muscles pour réaliser la progression qui est le but à atteindre? On a cru longtemps que les membres postérieurs du cheval assumaient seuls la tâche de faire progresser l'animal, les pieds antérieurs n'étant en quelque sorte que des colonnes de soutien. « Certains faits, dit Marey^ condamnent cette théorie. En ce qui concerne les membres postérieurs, s'ils agissaient, comme l'on dit, par leur accroisse- ment de longueur, c'est-à-dire comme un arc dont on couperait la corde, leur action propulsive ne pourrait se produire que dans les instants où l'appui du pied se ferait en arrière de la verticale passant par l'articulation de la hanche, tandis que, si le pied se trouvait verticalement au-dessous de la hanche, l'allongement, du membre n'aurait d'autre effet que de soulever la masse du corps; si le pied se trouvait en avant de cette FiG, 105. — Notation du galop de course; rëactions de cette allure. même verticale, l'allongement du membre ferait reculer l'animal. » On constate d'autre part que les chevaux atteints de paralysie des membres postérieurs arrivent à progresser par la seule action des membres antérieurs. Se rendant compte de l'insuffisance de la théorie jusqu'alors admise, Le Hello^ a cherché à en établir une plus précise, en s'appuyant sur des notions de mécanique générale et des faits d'expériences. L'auteur construisit à cet effet un appareil schéma- tique imitant, dans ses lignes essentielles, le squelette d'un cheval (flg. 106). Une tige rigide renflée à ses extrémités représente l'ensemble du tronc (bassin, colonne vertébrale, omoplate). Au point E (articulation de l'épaule) prendra naissance le membre antérieur formé d'une seule tige fléchie en deux endroits, les angles corres- pondant à ceux que forment entre eux les divers segments du squelette de ce membre. Quant au membre postérieur, il est figuré par des pièces multiples articulées corres- pondant chacune à un segment du squelette (fémur, os de la jambe, canon, phalanges). Des ressorts figurent les muscles : le ressort F allant du bassin au grand trochanter du fémur figure les muscles fessiers; le ressort IT figure les masses musculaires s'inséx'ant d'une part sur l'ischion, et d'autre part sur le fémur et les os de la jambe; le ressort R figure le triceps crural. On peut voir également sur la figure, représenté par un trait pointillé, le ligament funiculaire qui correspond aux fléchisseurs superficiels des phalanges du cheval. Si l'on élimine tour à tour l'action des divers ressorts qui figurent les groupes mus- culaires moteurs du membre postérieur, l'expérience montre : « 1° Que la création des forces locomotrices peut commencer bien avant [le milieu de l'appui. 1. Marey, Traité de Physique bioL, p. 243. 2. Le Hello, De l'action des organes locomoteurs agissant pour produire les mouvements des animaux. [Journal de VAnatomie, n" de janvier-février 1893; janvier-février 1895; juillet-aoû*. 1899 et septembre-octobre 1899). -248 LOCOMOTION. « 2" Que ',1e rôle impulsif appartient aux muscles de la région postérieure et surtout aux ischio-tibiaux; « 3° Que le maintien de l'extension des rayons inférieurs des membres dépend presque entièrement des mêmes muscles de la croupe, de la fesse et de la cuisse, dont l'action se transmet par les jumeaux de la jambe et par le fléchisseur superficiel ; « 4° Que l'action de la pesanteur sur la masse du corps est nécessaire à la propulsion, et que la rigidité de la colonne vertébrale, par laquelle se transmet le poids du corps au bassin, est indispensable à la production de l'effort impulsif, car, si l'on pratique sur le schéma une articulation qui permette à la colonne vertébrale de plier, un coude s'y pro- duit sous l'action des ressorts, et la propulsion est impossible, comme cela s'observe sur les chevaux atteints d'effort du rein (en langage vétérinaire) '. » Pour les membres antérieurs, les expériences de Le Hello ont montré que les muscles grands pectoraux travaillaient également à la propulsion. Hkli-o montrant la fai;on dont sont ir du membre postérieur droit o^ rayons osseux ot les muscles Les membres soit antérieurs, soit postérieurs, ont donc deux rôles simultanés, un de simple support et un rôle propulsif. A ces deux rôles correspondent, comme le dit Le Hello, deux catégories de puis- sances : « i» Les actions opérées sur l'ischion par les muscles ischio-tibio-fémoraux aux membres postérieurs, et celles qu'établissent sur le sternum les pectoraux et grands dorsaux aux membres thoraciques, lesquelles doivent être considérées comme les causes essentielles des déplacements de la masse dans le sens longittidinal. « 2» Les forces qui opèrent suivant l'axe général des membres qui sont des intermé- diaires nécessaires dans la mise en œuvre des actions précédentes, qui n'ont qu'une participation mal déterminée aux mouvements progressifs. » P. NOGUÈS. LOCOMOTION DES INVERTÉBRÉS. Nous étudierons dans cet appendice la locomotion chez les Invertébrés. Comme des animaux de forme et d'organisation très variées rentrent dans cette catégorie, dispo- sant de moyens de locomotion multiples, nous suivrons l'ordre de la série animale établi par les zoologistes. I. Protozoaires. — Nous touchons ici à la limite qui sépare le règne végétal du 1. Traité de Phi/s. biof.. p. 244. LOCOMOTION. 249 règne animal. Une partie de ces êtres unicellulaires, appartenant à la classe des Rhizo- podes, ne se distingue des végétaux inférieurs que par l'absence de chlorophylle. Leur mobilité est presque nulle, et nous pouvons les considérer comme ne possédant aucun moyen de locomotion, tels sont : les Sporozoaires, les Radiolaires, les Foraminifères, les Héliozoaires. Mais il est des Rhizopodes, comme les Amibes, qui se meuvent par une sorte de reptation à la surface des corps solides immergés. Au-dessus des Rhizopodes nous trouvons les Flagellés et les Infusoires ciliés, oii l'on rencontre la première différencia- tion en vue de la locomotion. Rhizopodes. La locomotion des Rhizopodes a été très complètement étudiée par Jennings^ Le type le plus général nous est fourni par TAmibe. Voici comment le décrit Jennings : « La locomotion usuelle de l'Amibe est à beaucoup d'égards comparable à un roulement. « La surface supérieure se déplace continuellement vers l'avant, et, passant en dessous, devient inférieure. Ce fait peut être facilement observé si l'on mélange à l'eau qui contient les amibes un peu de noir de fumée. Les grains très fins du noir de fumée se collent à la surface de l'animal, particulièrement sur Amoeba verrucosa, moins bien sur les autres types. « On voit des particules adhérentes à la surface supérieure se déplacer progressive- ment vers l'avant, atteindre le bord antérieur et prendre ensuite contact avec le sub- stralum, où il reste immobile jusqu'à ce que le corps entier de l'amibe soit passé en avant. Il remonte alors à l'extrémité postérieure pour se déplacer de nouveau vers l'avant. On a vu ainsi la môme particule faire plusieurs fois le tour du corps de l'animal. » Ce mouvement de roulement en avant n'intéresse pas seulement la surface de l'Amibe, mais sa masse tout entière, la surface en contact avec |le substratum étant seule au repos. Il est facile de constater ce fait. Il arrive en effet que des particules de noir de fumée se trouvent englobées dans la masse de l'animal, et on peut par trans- parence se rendre compte que, malgré cela, leur mouvement en avant ne se trouve pas interrompu, mais il est d'autant moins rapide que la particule se trouve plus près de la base. — C'est évidemment un roulement, car dans une roue nous constatons égale- ment que tous ses points se déplacent, sauf le point en contact avec le sol. Chez l'Amibe, le point d'appui est une surface relativement grande, mais, fait remar- quable, la partie antérieure seule de cette surface est très adhérente au substratum, tandis que la partie postérieure repose seulement sur lui. C'est donc la partie antérieure qui constitue le point fixe vers lequel convergent les mouvements observés dans le reste de la masse. L'animal se tire donc en avant par fixa- tion de sa partie antérieure. Il s'opère une sorte de traction sur le point d'appui, ce point d'appui se déplaçant toujours en avant, par déploiement ou roulement de la surface de l'animal dont les différentes fractions lui deviennent successivement adhé- rentes. Ce Jprocédé n'est pas spécial h l'espèce Amoeba verrucosa; mais il est employé par toutes les espèces d'amibes. Flagellés. Ces animaux, dont les dimensions peuvent atteindre quelques dixièmes de millimètre, doivent leur nom à la forme de (leur organe locomoteur, le flagellum ou fouet, appendice filiforme fixé à une extrémité du corps et souvent plus long que celui-ci. Dans la progression le flagellum est situé en avant et tire le corps à lui, à l'inverse de la queue de l'anguille qui est en arrière et pousse le corps devant lui. Ce fait est géné- ral chez les Flagellés et nettement caractéristique de ces animaux. Aussi le mouvement du flagellum, au lieu de s'accomplir dans un plan comme celui de la queue de l'anguille, semble dessiner une hélice. L'animal, en même temps qu'il progresse en avant, tourne sur son axe en sens inverse de son flagellum. Y. Delage et HÉROUARD donnent l'explication suivante de sa progression. L'animal ferait tournoyer sou flagellum d'un mouvement conique comparable à celui du bras 1. Jknnixgs, BfJiainnr nf thc Inwer nrganisms, 1906. 250 LOCOMOTION. autour de l'épaule. Ce mouvement, ferait tourner en sens inverse le système entier formé par le flagellum et le corps, et le flagellum, contourné une fois pour toutes en hélice, par suite de ce mouvement de rotation vraie, se visserait en quelque sorte dans l'eau et entraînerait le corps à sa suite. Les mouvements du flagellum ne sont pas automatiques, mais bien directement soumis à la volonté de l'animal. Il peut ainsi arrêter son mouvement ou en renverser le sens ou bien encore lui imprimer simplement un mouvement suffisant pour déter- miner un courant d'eau alimentaire, car le flagellum est aussi l'instrument de capture des aliments. Infusoires ciliés. Chez ces animaux dont les dimensions peuvent atteindre quelques dixièmes de millimètre, l'appareil locomoteur est constitué par des cils vibratiles excessivement nombreux. On peut les compter par centaines et même par milliers. Ces cils vibratiles sont une émanation de l'ectoplasme comme le flagellum précédemment décrit. Ils diffèrent de ce dernier par leur taille qui est plus petite, par leur mou- vement qui est alternatif au lieu d'être circulaire et continu, La forme générale du corps de l'Infusoire est ovoïde. Sa face ventrale est toutefois légèrement aplatie, car il rampe quelquefois sur cette face; mais il n'utilise que rare- ment ce mode de locomotion. Les cils forment au corps un revêtement complet. Ils sont implantés obliquement, inclinés vers l'arrière, le long de lignes longitudinales qui sont en quelque sorte les méridiens de ce corps ovoïde. Au bord du péristome les cils sont souvent remplacés par d'autres organes, les membranelles, qui forment une rangée de lamelles triangu- laires disposées transversalement et situées les unes derrière les autres. Ces membra- nelles, dont l'ensemble constitue la zone adorale, sont formées de cils agglutinés et sont logées dans une dépression longitudinale qui conduit au péristome. Elles sont animées d'un mouvement très vif qui fait tourbillonner l'eau et la dirige vers le péristome avec les particules alimentaires qu'elle contient. La locomotion de la Paramécie a été très bien observée et décrite par Jennings. « La Paramécie se meut par le battement de ses cils. Ceux-ci sont généralement dirigés en arrière et leur battement propulse alors l'animal en avant. Ils peuvent par- fois être dirigés en avant, leur battement dans ce cas fait reculer l'animal. La direction du battement des cils est toujours un peu oblique, de telle sorte que la Paramécie, en plus de son mouvement d'avancement ou de recul, tourne sur son axe longitudinal. Cette rotation est de même sens, soit que l'animal avance, soit qu'il recule. Elle n'est pas due, comme on pourrait le supposer, à la direction oblique de la dépression orale; car, si l'on coupe en deux l'animal, la moitié postérieure, qui n'a pas de dépression orale, continue son même mouvement de rotation. « Les cils de la dépression orale agissent d'une façon plus efficace que tous les autres. Il en résulte que la partie antérieure de l'animal dévie toujours du côté opposé, comme c'est le cas d'un bateau à un côté duquel on rame plus fort qu'à l'autre. Comme consé- quence l'animal nagerait en cercle s'il ne tournait pas en même temps sur son axe longi- tudinal. Par la rotation le mouvement en avant et la déviation latérale se combinent pour faire décrire à l'animal une trajectoire en spirale. « Quand le côté oral est à gauche, la déviation se produit vers la droite, et inverse- ment; quand le côté oral est à droite, la déviation a lieu vers la gauche; quand le côté oral est au-dessus, la déviation a lieu vers le ,bas. « Donc la déviation dans une direction donnée est compensée, après une demi-rota- tion, par une déviation égale dans la direction diamétralement opposée; la résultante est une trajectoire en spirale ayant un axe rectiligne. « Cette rotation sur l'axe longitudinal est un moyen généralement utilisé par les organismes aquatiques inférieurs, pour permettre à un animal dissymétrique de suivre un trajet rectiligne. » Cœlentérés. — Les formes libies des Coelentérés, les Méduses, ne possèdent pas d'appareil locomoteur différencié. La progression s'effectue chez ces êtres par des con- tractions rythmées auxquelles le corps entier de l'animal prend part. Leurs mouvements ont pu être étudiés par Marey au moyen de la méthode chronophotographique. Les Méduses ont un corps en forme de cloche qui porte le nom d'ombrelle, dont la LOCOMOTION. 251 surface convexe est supérieure dans la position physiologique. La surface concave, au centre de laquelle pend le manubrium, limite la cavité sous-ombrellaire qui est rétrécie sur tout son pourtour par une membrane mince et flexible, le vélum. Pour se déplacer, la Méduse exécute des contractions et des relâchements alternatifs de son ombrelle; chacun de ces mouvements chasse un certain volume d'eau dont la réaction propulse l'animal. Si la Méduse est verticalement orientée, la propulsion se fait de bas en haut, et l'animal s'élève ; si elle est inclinée horizontalement, la propulsion se fait dans le sens horizontal. Cette orientation de l'animal permet de voir comment les bords du vélum se retournent tour à tour en dedans et en dehors, suivant les mou- vements de l'eau alternativement aspirée et refoulée. La progression des Méduses est en général assez lente, et leur déplacement est dû beaucoup plus aux courants marins qu'à leurs mouvements propres. Chez les formes coloniales, les Siphonophores, on observe, sinon un appareil locomo- teur différencié, tout au moins des individus dont la fonction consiste uniquement à faire progresser la colonie. Au sommet d'une tige centrale, le stolo7i, est situé le pneumato- phore, sorte de cloche ellipsoïdale, le plus souvent fermée et remplie de gaz, qui joue le rôle de flotteur. Immédiatement au-dessous, sur deux rangées opposées et alternes, s'insèrent au moyen de courts pédoncules les cloches natatoires ou nectophores. Ces nectophores sont directement assimilables aux Méduses simples, sauf en ce qui regarde le manubrium qui est absent ici; le rôle nourricier incombe à d'autres individus, les gaslrozoïdes, situés plus bas sur le stolon. La progression de la colonie se fait de même façon que chez les individus isolés, par les contractions de l'ombrelle des cloches natatoires. Ces contractions sont coordonnées de telle façon que tous les efforts tendent à déplacer la colonie dans une même direc- tion, car le pédoncule au moyen duquel les cloches natatoires s'insèrent sur la tige est musclé et peut s'incliner dans tous les sens. Chez les Vélelles le pneumatophore, au lieu d'être ellipsoïdal, est rectangulaire et flotte horizontalement à la surface de l'eau. II porte sur sa face supérieure, suivant une diagonale, une lame verticale, le voile, qui offre une certaine prise au vent et sert à faire progresser la colonie. Vers. — Chez les Vers, animaux de forme allongée, mais dépourvus d'appendices locomoteurs, la progression se faille plus souvent au moyen de grandes ondulations du corps. On observe cependant d'autres formes de locomotion. Les Turbellariés peuvent se déplacer au moyen des cils vibratiles qui forme une partie du revêtement épithélial de leur corps. Ils se servent de ce mode de locomotion, qui est une sorte de glissement lent, pour se déplacer dans l'eau ou sur les parois des corps solides. Les Planaires, qui atteignent une certaine taille, nagent à la façon des Raies (poisi- sons), par une ondulation symétrique des parties latérales du corps. L'animal est orienté horizontalement dans la position physiologique, et ces ondes résultent du relève- ment et de l'abaissement successifs des différents points du bords. Sur les documents chronophotographiques obtenus par Marey à la Station zoologique de Naples, on constate que ces ondes se dirigent d'avant en arrière, et intéressent de chaque côté le tiers envi- ron de la largeur du corps. Les Némertes se déplacent, comme les anguilles, par de grandes ondulations du corps tout entier, ce qui constitue une véritable reptation dans l'eau. Ces ondulations toutefois ne semblent pas toujours s'exécuter dans un plan déterminé. Chez les Hiru- dinées, par contre, les ondulations, très amples, se font toujours dans le plan dorso-ven- tral qui est orienté verticalement pendant la natation. Arthropodes. — Les Arthropodes possèdent tous, ainsi que leur nom l'indique, des appendices locomoteurs articulés, conséquence de la couche de chitine plus ou moins rigide qui recouvre toutes les parties du corps. L'embranchement se divise en trois classes : les Crustacés, les Insectes et les Arach- nides, mais ce n'est que parmi les deux premières que se trouvent des formes aquati- ques qui se déplacent par une sorte de natation. Crustacés. — Les Crustacés, aussitôt que leur taille dépasse certaines limites, acquièrent une densité assez élevée, due à leur carapace de chitine qui se charge de sels calcaires. Ils vivent alors sur le fond, et leur progression prend les caractères d'une 252 LOCOMOTION. locomotion terrestre. Les Crustacés supérieurs, les Malacostracés, tels que le homard, la langouste, la crevette, etc., ne prennent guère leur appui sur l'eau que pour exé- cuter un mouvement de recul très rapide, produit par la flexion brusque de l'abdomen qu'ils ramènent sous le céphalothorax. Les Malacostracés ont 20 paires d'appendices, nombre rigoureusement fixe, tandis que les Entomostracés possèdent des pattes natatoires en"; nombre très variable selon les genres. De plus, chez ceux-ci, le rôle locomoteur n'est pas toujours rempli par les appendices du tronc. Les antennes souvent se différencient spécialement dans ce but et prennent un développement considérable. En dehors des antennes de la première paire, qui chez tous les Crustacés sont tou- jours simples, c'est-à-dire formées d'une seule rangée d'articles successifs, les appen- dices, malgré les modifications considérables qu'ils peuvent subir, appartiennent au type bifurqué. Dans chaque patte nageuse on distingue trois parties : une partie basilaire, le protopodite, qui porte à son extrémité deux branches, une branche intérieure, i'endo- podite, et une branche extérieure, l'exopodite. Ces deux branches sont elles-mêmes arti- culées et munies de poils chitineux. Entomostracés. — Les Branchiopodes, parmi les Phyllopodes, ont de dix à trente-six paires d'appendices foliacés. L'exopodite constitue un sac branchial aplati, l'endopo- dite seul servant à la locomotion. Les Cladocères se distinguent par le petit nombre de leurs pattes, quatre à six paires, dont la forme se rapproche de celle des pattes nageuses des Branchiopodes. Chez les Daphnies toutefois les pattes sont exclusivement respiratoires, la locomotion étant assurée par les antennes de la deuxième paire qui sont transformées en grosses rames bifurquées. Leur action fait progresser l'animal par une série de petits sauts qui ont valu aux Daphnies le nom de « puces d'eau >'. Les Ostracodes utilisent aussi pour 'la nage leurs antennes, qui atteignent un grand développement. Chez les Copépodes, les antennes antérieures forment également des rames puis- santes, plus longues que tous les autres appendices. Les véritables pattes natatoires, toutefois, sont thoraciques et au nombre de quatre ou cinq paires. Elles sont nettement bifurquées, possédant un protopodite à deux articles, un endopodite et un exopodite. L'exopodite et l'endopodite sont d'ordinaire à trois articles, et forment de larges rames aplaties. La progression des Copépodes est très rapide proportionnellement à leur taille, et ils peuvent exécuter des mouvements d'une brusquerie extraordinaire. Insectes. — La natation des Insectes peut être très bien étudiée chez le Dytique. Comme le dit (traber, ces animaux paraissent admirablement adaptés à leur milieu. « Le corps ressemble à un bateau, il ne présente aucune saillie ni angle qui puisse offrir une résistance inutile au mouvement; renflé au milieu et effilé aux extrémités il coupe l'eau comme un coin. Les parties mobiles, les rames, paraissent aussi bien adaptées à leur but que la masse qu'ils doivent mettre en mouvement. Ce sont les pattes postérieures qui sont chargées de ces fonctions, et elles sont placées exactement au milieu du corps où la largeur est la plus considérable. Les autres insectes se servent aussi de cette paire de pattes aussitôt qu'ils se trouvent dans l'eau, mais les pattes locomotrices des insectes aquatiques sont d'une construction particulière. Le pied forme la rame. Il est très allongé, et encore plus élargi, et peut être tourné et fléchi par des muscles distincts, de telle façon que pendant la phase passive la patte coupe l'eau par la tranche ; mais aussitôt que la poussée active doit être donnée, elle appuie sur l'eau avec toute sa lar- geur. La surface de la rame est encore augmentée par les poils sur le bord du pied qui se tendent au moment critique. » «On sait que les rames des insectes aquatiques agissent simultanément et en mesure. Mais aussitôt qu'un Dytique se trouve hors de l'eau sur un milieu résistant, il se sert de ses pattes postérieures absolument comme les insectes terrestres, c'est-à-dire qu'il les fléchit et les étend alternativement. Ceci montre que les insectes aquatiques n'ont pas encore oublié, malgré le manque d'habitude, le mode de locomotion des formes terres- tres. » Tous^les insectes aquatiques, cependant, ne se servent pas des pattes postérieures, comme les Dytiques et les Notonectes, pour nager. Les larves de certains Orthoptères, LOCOMOTION. 253 notamment, utilisent les pattes antérieures, laissant flotter passivement les pattes moyennes et postérieures le long du corps. Leur vitesse de nage est toutefois beau- coup moins grande. Mollusques. — Chez les Mollusques on peut distinguer les modes de locomotion sui- vants, rangés par ordre d'importance : 1° Reptation. 2° Nage. 30 Fouissage. 40 Marche. bo Saut. 1° Reptation. — La reptation est le mode de locomotion usuel de la grande majorité des Gastéropodes et des "Amphinernes (Chitonides). On voit que, chez ces animaux, l'organe locomoteur, est conslitué par la sole pédieuse, vaste semelle musculaire qui est appliquée intimement sur le substratum. Cette surface pédieuse subit pendant la progression des modifications d'ordres variés. Chez certaines formes qui constituent la majorité (Purpura, Biiccinum), elle paraît glisser d'une manière continue sans défor- mation directement perceptible (mouvement arythmique, Parker). Dans d'autres types au contraire on remarque que la face inférieure de la sole est parcourue périodi- quement par des ondes de contractions transversales colorées, très régulières, qui se déplacent dans des directions déterminées. Deux grands groupes peuvent êtres basés sur le sens de propagation des ondes par rapport à la direction de propagation de l'animal (Vlès) : 1° Groupe à ondes directes, se propageant de l'arrière à l'avant de la sole quand l'animal progresse vers l'avant ; 2° Groupe à ondes rétrogrades se propageant de l'avant à l'arrière de la sole quand l'animal progresse vers l'avant. Dans l'un et l'autre groupe des subdivisions peuvent être établies d'après les carac- tères de symétrie des ondes par rapport au plan sagittal, subdivisions dont les princi- pales sont les suivantes : dans le type monotaxique (Pulmonés dans le groupe à ondes directes; Chiton, Patella, dans le groupe à ondes rétrogrades), les ondes sont transver- sales, symétriques des deux côtés du plan sagittal, et sans interruption sur la ligne médiane. Dans le type ditaxique {Haliotis, Trochus, pour le groupe à ondes directes ; Littorina pour le groupe à ondes rétrogrades)* les ondes sont asymétriques par rapport au plan sagittal; chaque côté du pied a son système d'ondes propre, complémentaire de celui du côté opposé; la ligne médiane du pied n'est pas intéressée par les ondes et peut même être fissurée. Lorsque l'animal recule, quel que soit le groupe locomoteur auquel il appartienne, toutes les ondes s'inversent, comme cela est d'ailleurs normal dans tous les cas de locomotion ondulatoire (serpents, anguilles, etc.). Il est possible que beaucoup de Gastéropodes du groupe arythmique possèdent en réalité des ondes régulières, mais sans différenciations colorées les rendant directe- ment perceptibles, ainsi qu'on s'en rend compte par les déformations des bords des pieds. Le mécanisme intime des ondes de contraction dans les dilîérents types précé- dents a été étudié par Robert et Vlès. Divers points en sont discutés par Simroth, Parker, Robert, Vlès. Outre l'action musculaire, l'intervention des cils vibratiles dont est couverte la sole plantaire a été considérée par plusieurs auteurs comme indispensable dans la progression. Sauf pour les Gastéropodes tout jeunes ou pour de toutes petites formes, il est probable qu'il n'en est rien : nneFissurelle dont la surface de la sole plantaire a été complètement enlevée au rasoir, continue sans modification appréciable sa reptation (Dubois et Vlès). Un autre facteur beaucoup plus important serait le liquide sanguin qui se compor- terait dans les divers mouvements du pied comme dans un organe érectile. Ce point a donné lieu à de nombreuses discussions (voir Simroth qui résume les travaux anté- rieurs, Robert, Vlès, [Bidermann) : toujours est-il qu'un animal saigné à blanc continue à ramper. Des tableaux de mesure de vitesse de Gastéropodes reptateurs ont été donnés par Simroth (1882) et Vlès; le rendement mécanique de la sole pédieuse a été étudié par Vlès. 254 LOCOMOTION. En dejiors des Gastéropodes et des Amphineures la reptation paraît ne pas exister. Ctiez plusieurs formes de Lamellibranches (Prosobranche, Pectonculus) où elle avait été signalée, un examen plus attentif a montré un processus complètement différent (Drew Vlès). 2° Nage. — En écartant les formes embryonnaires dont les cils vibratiles constituent le principal appareil locomoteur, la nage est effectuée chez les Mollusques par des pro- cédés très divers. Chez plusieurs groupes de Gastéropodes à poids spécifique très peu différent de celui de l'eau, la nage est exécutée au moyen de nageoires, vastes ailes musculaires paires (Ptéropodes) ou impaires (Hétéropodes) ou alors à mouvement hélicoïdal spécial. Une étude spéciale des unes et des autres est due à Polimanri. Quelques Opisthobranches {Aceva) arrivent à s'élever dans l'eau en agitant symétriquement leurs parapodes. Chez les Céphalopodes, la nage peut être aussi effectuée à l'aide de nageoires {Sepiola, Sepia, etc.), mais le principal agent locomoteur dans la natation est la chasse brusque, par le siphon, de l'eau contenue dans la cavité palléale {Sepia, Lnligo, Octopus, Argonaute, etc.) En général, l'animal se déplace à reculons, les bras en arrière, le bout du sac viscéral en avant; les expansions palléales latérales (nageoires diverses) servent alors de plan directeur. L'animal peut aussi plus exceptionnellement (surtout Sepia) en dirigeant son siphon dans la direction voulue, se déplacer les bras en avant ou latérale- ment. Chez les Lamellibranches, la nage n'est effectuée que par très peu de formes {Pecten, Lima) suivant un procédé voisin de celui des Céphalopodes : l'eau emmaga- sinée dans la cavité palléale de la coquille ouverte, est chassée brusquement par la ferme- ture de celle-ci et l'animal se déplace par réaction. Des voiles musculaires membra- neuses dépendant du manteau jouent le rôle de valvules et canalisent la sortie de l'eau qui ne peut s'effectuer que par des points spéciaux. Dans Pecten la sortie normale de l'eau a lieu en deux jets horizontaux par deux points situés au voisinage de la char- nière, de sorte que l'animal se déplace l'ouverture des valves en avant. Fuscher, Marey, A.NTHONY, Vles Buddenbroc. La composante verticale des mouvements est donnée par l'action de l'eau sur la face inférieure inclinée de la coquille, par un mécanisme ana- logue à celui d'un aéroplane. Lima, au contraire, se déplace, le plan sagittal vertical; un premier jet d'eau sort du crochet, horizontalement et fournit la composante hori- zontale; un second, indépendant du premier, issu de la partie la plus inférieure de l'ou- ervture des valves est à peu près vertical et dirigé vers le bas, fournissant une part importante de la composante verticale. Cette dissociation des deux composantes, con- trairement au procédé du Pecten où elles sont liées, donne à la locomotion de Lima un caractère de mobilité et d'instabilité qui la fait ressembler à un papillon butinant de fleur en fleur. Il y a lieu de signaler enfin que quelques mollusques nagent dans l'eau en se cons- truisant des ^flotteurs (bulles de gaz; débris divers). 3° Fouissage. — Quelques Gastéropodes {Philine) effectuent leur reptation en se creu- sant un sillon au-dessous de la surface du sable. Un mode de fouissage beaucoup plus spécialisé se rencontre chez les Lamellibranches, qui s'enterrent véritablement dans le substratum et ils sont quelquefois capables d'y cheminer (Solen); le pied a ici la forme d'une languette plus ou moins aplatie que l'animal enfonce aussi mince que possible dans la couche où il va pénétrer; puis par un phénomène probablement érectile, l'extré- mité du pied gonfle considérablement et offre dans le sol une résistance suffisante pour que l'animal puisse se haler dessus, comme un navire sur une ancre, au moyen de la contraction des rétracteurs pédieux. Dans quelques formes à locomotion rapide (Solen) on constate que le gonfiement érectile est capable de se déplacer le long du pied à la manière d'une onde pédieuse de Gastéropode. Des recherches déjà anciennes montrent qu'il faut éliminer complètement l'hypothèse de l'intervention, dans l'érection du pied des Lamellibranches, de l'eau extérieure qui aurait pénétré par de soi-disant « pores aquifères ». Des cas aberrants, se rattachant malgré tout au fouissage, sont présentés par la iVucwie (Vlès, Drew) le Pectonculus (Vlès), et les Lamellibranches, telles que la Pholade ou le Taret, capables de creuser dans des matériaux durs, roches ou bois (Lloyd). En dehors des Lamellibranches, les Scaphopodes (Dentale) possèdent un procédé de fouis- • LOCOMOTION. 255 sage qui se rapproche, selon les genres, de celui du Solen [Dentalium] ou de la Nucule (Siphonodentolium) . 4° Marche. Un procédé locomoteur qui est une véritable marche est effectué par les Céphalopodes et en particulier par les Octopodes (Poulpe); l'animal est capable de se déplacer, au contact du fond, comme un Crustacé sur ses pattes. L'emploi des tentacules dans cette locomotion est loin d'être quelconque et irrégulier; il y en a quatre disposés de chaque côté du corps, et fonctionnant suivant un rythme successif et alternatif par- faitement défini, complémentaire pour les deux côtés, comme le feraient les pattes d'un crustacé. La lésion d'un ganglion cérébroïde produit, comme dans les Invertébrés à pattes, une rotation en cercle du côté opéré, les mouvements des tentacules de celui-ci réduisant leur amplitude. 5° Saut. Le saut se rencontre exceptionnellement chez quelques formes (Gastéro- podes, Strombus; Lamellibranches, Dorax) qui, en détendant brusquement leur pied replié, arrivent à se projeter à quelque distance. Il faut également ranger dans le saut les bonds que font quelquefois les Loligo au-dessus de la surface de la mer, à la manière de certains poissons dit volants. L. BULL. Bibliographie. — La bibliographie de la locomotion est très vaste : nous ne la donnerons que résumée. Il faut d'abord consulter les ouvrages généraux, anciens ou contemporains. BoRELLi. De motu animalium, in-4, Rome, 1680. — Fabrigius d'Acquapendente. De motu locali animalium secundum totum, in-4, Patavia, 1618. — Marey. Le mouvement, in-12, Paris, 1894. — Pettigrewi. 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Ils vivent dans les milieux les plus divers, dans l'air, dans la terre et dans l'eau, sur tous les points du globe, et jusqu'au fond des abîmes de la mer. Là, où sans la vie régnerait une nuit éternelle, des animaux aux formes étranges promènent dans les vallées silencieuses et profondes des fanaux étincelants, aux feux multicolores d'une incomparable beauté, tandis que dans leur sillage s'allument des forêts de polypiers, d'où jaillissent de féeriques illuminations. Ce merveilleux phénomène naturel a bien souvent excité la verve des poètes, beaucoup plus encore la curiosité et la sagacité d'innombrables savants, et non des moindres, depuis la plus haute antiquité. Tous ceux qui ont vu seulement la « lumière volante » des Lucioles d'Italie ont été frappés d'étonnement et d'admiration. Hier encore le secret de cet admirable flambeau vivant était inconnu : il ne l'est plus aujourd'hui, et demain peut-être imitera-t-on complètement ce chef-d'œuvre de la nature. La bibliographie concernant cette question est énorme : à elle seule, elle exigerait un fort volume. Déjà, en 1835, Ehrenbekg (1) ne cite pas moins de quatre cent trente- six auteurs qui se sont occupés des animaux lumineux de la mer exclusivement et, en 1887, Henhi Gadeau de Kerville ,(2) mentionne les travaux de trois cent vingt-six cher- cheurs connus qui ont écrit sur les Insectes seulement : le nombre de ces derniers pourrait aujourd'hui être porté à cinq cents environ. Par ces deux citations, on peut .juger du nombre considérable de recherches se rattachant à cette étude de la biopholo- génèse, qui constitue un des chapitres les plus intéressants de la physiologie générale, c'est-à-dire de l'étude des phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végé- taux : sa place est marquée entre celle de la bioélectrogénèse ou production de l'électricité et celle de la biotherinogcnèse ou production de la chaleur. Végétaux lumineux. — L'existence de la fonction photogénique n'a été constatée avec certitude que chez les végétaux achlorophylliens. Tous les végétaux lumineux rentrent dans deux groupes de Champignons : les Hyphomijcètes et les Bactériacées. Hyphomycétes. — Marc Alpine (4) a énuméré vingt et une espèces de champignons lumineux, dont sept douteuses : onze appartiennent au genre Fleiirotiis et cinq d'entre eux se trouvent en Australie (o). On avait émis l'opinion que la luminosité des Hyphomycétes est due à des Bactéria- cées photogènes parasites (6); R. Dubois a montré que cette opinion était erronée en ce qui concerne Agaricus olearius, mais il a vu des Bactéries lumineuses se développer sur des moisissures (AsperglUus niger) poussées accidentellement dans un bouillon renfer- mant de l'asparagine. En général, chez les Hyphomycétes jeunes, c'est l'hyménium qui brille et même exclusivement; mais chez les vieux, cette partie s'obscurcit et le pied peut devenir lumineux superficiellement, et même dans la profondeur. D'après Molisch, les spores tV Agaricus olearius ne brillent pas; il paraît en être de même chez Agaricus igneiis et chez Pleurotus japônicus. Toute la plante brille chez Agaricus gardneri, Champignon brésilien, qui émet une magnifique lumière verte, même par le dessus du chapeau. L'intensité de la lumière est assez forte pour qu'on puisse facilement lire dans l'obscurité. Dans certaines espèces, chez Agaricus melleus, par exemple, le Champignon adulte ne brille pas, alors que le mycélium est lumineux. Ce sont ces mycéliums qui rendent très souvent phosphorescents les vieux bois, les racines, les écorces et même les feuilles mortes, celles du chêne et celles du hêtre, plus spécialement. La phosphores- cence se montre principalement sur les essences suivantes : bouleau, hêtre, aune, marronnier, châtaignier, sapin, chêne blanc, saule, noyer. On voit souvent se déve- LUMIERE. lopper ces m3céliums dans les mines, sur les poutres de bois, où ils émeltent une lumière comparable au clair de lune et suffisante pour remplacer tout autre éclairage. La phosphorescence a été aussi observée sur des bois frais qui ne portaient aucune trace de mycélium (Dubois, Molisch) ; R. Dubois n'a pu y constater que la présence de Bactériacées d'une belle couleur verte dont les colonies avaient un joli aspect fluores- cent. On peut se demander si, dansées conditions, la lumière n'est pas due à l'émission par le bois de radiations obscures capables de devenir visibles grâce à la substance fluores- cente des Bactéries parasites. Brefelds (8) a cultivé les spores d'Agaricus melleus sur bouillon de pruneaux : il a observé d'abord un mycélium, puis uii petit sclérote, ensuite un rhizomorphe et enfin des biffes, dont la partie émergée seule brillait. Divers autres expérimentateurs ont obtenu les mêmes résultats. Molisch s'est servi avec succès comme milieu de culture d'un bouillon de pain cuit pas trop fluide inoculé avec des mycéliums et contenu dans une carafe. Le mycélium brille peu ou pas, mais seulement les rhizo- morphes : on peut les conserver lumineux pendant plusieurs mois. La luminosité des hyménomycètes disparait rapidement dans les gaz neutres : azote, hydrogène, et reparaît à l'air. L'oxygène n'augmente pas son éclat. Les vapeurs d'éther et (le chloroforme la suspendent si leur action n'est pas assez prolongée pour tuer les cellules qui fabriquent le principe photogène. Ce dernier ne peut être extrait parce que, la luminosité étant continue, il est consommé au fur et à mesure de sa production. C'est aussi ce qui explique pourquoi toute cause ralentissant l'activité cellulaire ou la supprimant agit de même sur la lumière, mais ce n'est pas FiG. 107. — Feuille morte de chêne en partie envahie par un mycélium phosphores- cent (5). . Ëj^,. . "rWi f ^^ÉS'^ ! •■ ■■ : :::-v'^ -^ y: '^ / ■■ -■■^^:2^'fiJ'à ' ■■- - une preuve ([ue la luminosité soit le résultat direct du fonctionnement cellulaire. La lumière se |)roduit entre .3° et 48^, son optimum est vers 1";° en général. Dans les cellules des hyplies de Clitocybe ilhtdans, la luciférine est sécrétée et consumée dan les vacuolides du cytoplasme, d'après L'lric Dahlgren (172). Bactériacées lumineuses, microbes lumineux ou photobactériacées. — On a signalé une trentaine d'espèces de Photobactériacées appartenant à cinq ou six genres (5) : Micrococcus, Bacterium, Bacillus, Micro&pira, Pseudomonas. R. Dubois (7 p. 16-17), puis Lehmann (10) ont signalé le polymorphisme des Photobactéries de plusieurs espèces, LUMIERE. Photobactérium sarcopliilum Dubois. Beijerincr (9) a proposé de réunir toutes les espèces dans le seul j^enre Photobacté- rium. Mais Fischer a combattu cette proposition et critiqué la rlassification de Beijf:- RiNCK basée sur la physiologie. D'après R. Dubois, des individus primitivement immobiles peuvent devenir mobiles par l'acquisition de cils. (Fig. 110.) La forme la plus commune est celle de bactéries en forme de biscuit ou de semelle. (Fig. 109.) Les classifications proposées, en particulier celle de Mic.ula, seraient, d'après MoLiscH (6, p. 85), certainement provisoires. Leur polymorphisme et leur polybiose s'opposent à toute classification morphologique ou physiologique ra- tionnelle (R. Dubois). Certaines Bactéries changent de forme sans perdre le pouvoir photogène; d'autres, au contraire, peuvent cesser de briller tout en con- servant leur forme suivant le milieu, l'âge, etc. (R. Dubois, 7, p. 17). La fonction photogène n'est donc pas liée à une condition essentielle de la vie de ces petits organismes. État naturel des photobactcries. — Les Photobac- téries se trouvent dans l'eau de la mer et principa- lement à la surface de beaucoup d'animaux marins qu'elles rendent phosphorescents quelques heures après qu'ils sont morts. En 1886, R. Dubois enferma dans des bocaux stérilisés des poissons péchés en pleine mer : au bout de trois jours, ils étaient phosphorescents (7, p. 11) : mais c'est PflCger qui, en 1875, émit le premier l'idée que la phosphorescence des Poissons morts devait être le résultat de l'activité de micro- organismes particuliers. F. Ludwig, en 1884, attribua à un même microbe la luminosité des Poissons, de la viande et même des bois lumineux : il lui donna le nom de Micrococcus Pftugeri. Les Poissons d'eau douce : ^ ne deviennent pas spon- tan-ément lumineux après leur mort, n)ais cela tient probablement à ce que le milieu de culture doit tou- jours renfermer une cer- taine quantité de chlorure de sodium, car H. Issats- CHERYivO a découvert dans l'eau douce et sur des ani- maux qui s'y trouvaient, une Bactérie lumineuse [Bacte- rium Hippanis Issatsch.) se cultivant bien dans les bouil- lons de gélatine peptone salés à 3 p. 100. La plupart des Poissons de mer deviennent spontanément lumineux après leur mort, mais il y a des exceptions : la Torpille électrique (R. Dubois), Mustelus lœvis (Russo) et YAcanthias vulgaris. La phosphorescence des Poissons cesse au moment où commence la putréfaction. La viande de boucherie présente assez souvent le même phénomène, surtout quand la température est voisine de + 10°, vers Pâques par exemple. Elle a été observée souvent sur la viande du Porc, du Cheval, du Bœuf, du Mouton et même sur celle du Lapin. En 1891, R. Dubois isola le premier à l'état de pureté, un microbe lumineux trouvé sur un Lapin dépouillé (7) : il lui donna le nom de Photobactérium sarcophilum (fig. 109). Il est polymorphe et présente aussi des variations physiologiques accompagnées Fig. 110. — Photobactéries non ciliées et ciliées (172) 280 LUMIERE. ou non d'extinction de la lumière. Ce microbe ne doit pas être confondu, sauf le cas de polymorphisme, avec Micrococcits phosphoreus Cohn., qui, d'après Nadson et Molisch, n'est pas un microcoque et que pour cette raison le dernier de ces deux observateurs a nommé Bacterium phosphoreum (6, p. 60). Cette espèce, d'après Molisch, serait celle qui produit ordinairement la phosphorescence de la viande. Elle existe un peu partout sur le continent, et, pour se la procurer, il suffirait d'abandonner à l'air de la viande de Bœuf ou de Cheval à moitié immergée dans de l'eau salée à 3 p. 100 pour voir cette dernière devenir lumineuse 87 fois sur 100. Ce Schizomycète est très brillant. Toutefois, la phosphorescence de la viande de boucherie peut être produite par diverses espèces ou variétés, dont Bacterium phosphoreum serait la plus répandue. Les Fholobactériacées se trouvent non seulement à la surface des mers, mais aussi dans les profondeurs : ces dernières sont les Halibactéries lumineuses de Richard (13). L'ingestion des viandes lumineuses n'a jamais causé d'accidents : la présence des Photobactéries indique même l'absence du Bacterium termo de la putréfaction, qui les éteint. C'est sans doute à la présence de ces mêmes microorganismes qu'il faut attri- buer la phosphorescence de diverses matières alimentaires : œufs d'Oiseaux, fromages, légumes, tels que Navets, Pommes de terre cuites, Carottes, Choux avariés, charcu- terie, etc., et même celle des cadavres humains constatée par divers observateurs. On a aussi fréquemment noté des cas de phosphorescence chez des individus vivants : phosphorescence de la sueur, de l'urine, et même des excréments. Mulder (4, p. 7) a rapporté l'observation d'un malade qui rendit des excréments phosphores- cents après avoir mangé des Squilles mal conservées. L'urine normale de la Mouffette d'Amérique serait également phosphorescente, d'après Azara. Nombreuses sont les observations de plaies lumineuses à la suite de blessures chez l'Homme. Quoy et Gai- MARD (14) ont observé une Tortue qui portait sur le dos une plaie phosphorescente. En 1885, R. Dubois inocula des Photobactéries à une plaie située sur le dos d'une Gre- nouille et vit la phosphorescence se maintenir pendant douze heures. Elle disparaissait presque aussitôt sur les plaies des animaux à sang chaud. En 1889, Billet et Giard observèrent sur la plage de Wimereux des Talytres phosphorescents. Ces petits Crustacés étaient visiblement malades et leur sang était rempli de Photobactéries mesurant environ 2 p.. Ils parvinrent à les inoculer à des Orchestries, à Hyale Nilsoni Rathke, à Ligia oceaniv.a L. et môme à des Isopodes terrestres : Piloscia muscorum et Porcellio scaber {Cloporte). Les Crevettes, les Palémons, les Crabes placés dans de l'eau rendue phosphorescente par les Talytres écrasés se couvrent d'une couche phosphorescente, mais ne deviennent pas malades (16). Plus tard, Tarchanoff a rendu une Grenouille lumineuse pendant deux ou trois jours en lui injectant du bouillon de culture photo- bactérienne dans les sacs lymphatiques : l'animal n'a pas succombé, grâce à sa puis- sante phagocytose (17). D'après Richard, les Halibactéries lumineuses sont dangereuses pour les petits mammifères : elles ressemblent par la forme au Vibrion du choléra, mais elles s'en distingueraient en ce que ce dernier ne se cultiverait pas dans l'eau de mer (13). La maladie lumineuse a été observée chez des Mowc/ies, des Moustiques et des Cousins par GoBLiTz, Alemzyn, Brischke, Sarokin, Sghmidt, Tarnomi et plus récemment, en 1904 et 1910, par B. ïssatsgheryko, au mois de juin, dans des endroits buissonneux, près de la ville de Nikolaieff dans le village de Warwarowka, sur des Cousins, d'où le nom de Bacterium (Photobacterium) chironimi donné à la Bactérie lumineuse qui paralyse et tue ces Diptères. Peut-être pourrait-on lutter contre les maladies transmissibles à l'Homme par les piqûres des Insectes en propageant dans les endroits malsains cette Photobactérie qui se cultive facilement en bouillons salés à 3 p. 100. C'est à la même cause sans doute que l'on doit la luminosité des Courtillières, dont parle Ludwig et peut-être aussi celle des Fulgores de Sibille de Merian. La luminosité observée chez des Oiseaux (Effraye, Héron) (18) peut avoir la même origine, étant donné surtout que l'on a observé ce phénomène dans des œufs en incuba- tion (19). Pourtant il pourrait s'agir également de parasites animaux, tels que des Podures ou aussi de débris d'Hyphomycètes poussés dans des troncs d'arbre vertnoulus où habitent souvent les Oiseaux nocturnes. LUMIERE. 281 Les photobactéries peuvent exister en symbiose sur des animaux vivants phologènes par eux-mêmes, tels que Pholas dactylm et Pelagia Noctiluca (R. Dubois, 7, p. 15), mais ils ne contribuent pas à la production de la lumière dans ces conditions. Dans l'eau de mer, on ne les voit pas briller à l'état naturel, ni même sur les ani- maux vivants et sains, comme les Poissons, à la surface desquels ils vivent parfois en grande quantité. Ce n'est donc pas à eux quil fallait, comme l'a fait Beuerinck, attri- buer la phosphorescence de la mer du Nord, qu'il avait eu l'occasion d'observer dans l'été de 1888, à un moment où l'on rencontrait des Noctiluques et beaucoup de Cœlen- térés. La plupart de ces derniers sont photogènes : ils sont poussés parfois en très grande quantité sur les côtes où ils meurent et s» désagrègent en communiquant à l'eau de mer une phosphorescence faible et tranquille (R. Dubois, 20). On peut imitei- ce phénomène en laissant mourir et se désagréger dans un grand bac ces animaux pélagiques : en agitant l'eau avec un bâton, on voit partir de tous les points des myriades d'étincelles en l'absence de tout organisme vivant lumineux. Culture des Photobactéries. — Toutes les Photobactéries se cultivent facilement sur des bouillons de gélatine peptone neutres ou très légèrement alcalins, mais salés avec 3 p. 100 de sel marin. Beuerinck a trouvé que tous les aliments ne conviennent pas également bien à toutes les espèces, aussi a-t-il proposé de diviser les Photobactéries en deux classes : 1° Photohactériacées à peptones, se contentant pour croître et briller d'absorber de la peptone et un corps albuminoïde; 2° Photohactériacées à peptones et à carbone, exigeant la présence simultanée d'un corps du groupe des peptones, qui fournit l'azote nécessaire, et d'un composé carboné sans azote. Beuerinck appelle « plastiques » les aliments propres à entretenir la croissance et la multiplication. Une substance capable de développer la luminosité est toujours plas- tique, mais l'inverse n'a pas forcément lieu. R. Dubois a fait remarquer à ce propos que les peptones servant aux cultures sont des produits fort complexes et qu'il eût été utile de rechercher d'abord à quoi ils doivent leur activité. Il a pu extraire de peptones du commerce de notables quantités de lécithine par l'éther à 6o". Ce produit ajouté à l'agar-agar salé suffit pour donner à ce milieu les qualités nécessaires pour obtenir des cultures lumineuses. Avec Photobacte- riumsarcophilum Dubois, les bouillons d'agar lavé à l'acide chlorhydrique, puis à l'ammo- niaque, et salés ne donnent qu'un développement très misérable et sans lumière. Mais vient-on à. ajouter à ce bouillon des nucléines ou des lécithines, on obtient des cultures très lumineuses. La lécithine n'agit, dans ces conditions, que par ses produits de décom- position : acides gras, acide phosphoglycérique, névrine, qui se séparent par la chaleur pendant la stérilisation. Toutefois, l'addition au bouillon d'agar-agar d'acides gras neutralisés (savons) ne donne pas de cultures lumineuses. Il en est de même si l'on ajoute à ce bouillon, en plus, de la névrine ou un sel de névrine (chlorhydrate). Au contraire l'acide phosphoglycérique avec l'agar-agar, qui renferme de l'azote, donne de belles cultures, mais on obtient un meilleur résultat encore en ajoutant à l'agar-agar du phosphoglycérate de névrine. Pour faciliter la recherche des substances les plus propres à produire la luminosité, R. Dubois s'est servi de bouillons liquides permettant d'éliminer les substances colloï- dales mal définies, telles que gélatine, agar-agar. Il a constaté ainsi que le phospho- glycérate de névrine dans l'eau salée à 3 p. 100, donne des bouillons lumineux, mais ces sortes de composés ne sont pas indispensables. On peut, par exemple, à la névrine substituer l'asparagine, l'urée ou même simplement des sels ammoniacaux. Avec le phosphate d'ammoniaque, la glycérine et l'eau salée à 3 p. 100, R. Dubois a pu obtenir des cultures lumineuses de P. sarcophilum, bien que Beuerinck ait prétendu que les sels ammoniacaux, les nitrates et les nilrites ne peuvent fournir de l'azote aux Photo- bactéries. C'est l'asparagine qui donne les meilleurs résultats. On peut conserver pendant plusieurs semaines des bouillons lumineux constitués uniquement par des substances chimiquement définies sans addition de colloïdes. La formule suivante de R. Dubois a 285 LUMIERE. permis de suivre aisément la marche de la fermentation photogène et d'étudier les substances qui favorisent, entravent ou suppriment le pouvoir éclairant. grammes. Eau commune !00 Asparagine 1 Glycérine. , i Phosphate de potasse 0,10 Sel marin 3 La glycérine elle-même peut être remplacée par divers autres aliments carbonés : dextrine, sucre, glucose, dulcite. La lactose donne les meilleurs résultats. Ce bouillon chimique a permis d'obtenir des cultures lumineuses avec diverses espèces de Bactériacées et, eiî particulier, avec Photohacterium phosphoreum. Il a l'avan- tage de ne pas se putréfier facilement comme les l)Ouillons de gélatine peptone et il s'altère difficilement à l'air. R. Dubois a employé également des bouillons renfermant exclusivement des substances végétales retirées des tourteaux de graines oléagi- neuses (21)'. D'une manière géne'rale, le milieu de culture doit être neutre ou légèrement alcalin, mais une trop forte alcalinité est nuisible. Certaines Pholobactériacées, peut-être toutes, peuvent se développer en milieu légèrement acide, car la viande phosphorescente fraîche et le mucus de Poisson de mer lumineux frais ont une réaction légèrement acide. Expérimentalement, R. Dubois a montré que P. sarcophilum peut se développer et même briller dans un bouillon gélatineux assez fortement acide, comme celui de gélatine peptone non neutralisé (7), mais il a constaté, en outre, que cette faculté ne sexerce que grcàce au pouvoir que possède le microorganisme de sécréter une sub- stance alcaline qui lui fait un milieu convenable à son développement et à son fonc- tionnement photogène. Il doit en être ainsi pour beaucoup de microbes pathogènes, qui peuvent se préparer un terrain de culture et. pour cette raison, sont toujours ino- culables, tandis que d'autres exigent un élat de réceptivité qu'ils ne peuvent créer par eux-mêmes. L'acidité est néanmoins contraire à la photogénèse, alors même que la multiplica- tion, et par conséquent la nutrition, continuent à s'exercer. La luminosité, disparue depuis plusieurs mois, dans de telles conditions, peut être ramenée par le transport des Photobactéries éteintes surun bouillon légèrement alcalin (R. Dubois, 7, p. 17). On peut donc ainsi éteindre et rallumer successivement des cultures en changeant la réaction du milieu, ce qui prouve bien que la fonction photogénique est indépendante delà vie elle-même de la Photobactérie. Ce fait a été mis en évidence depuis les expériences de R. Dubois, par plusieurs autres expérimentateurs. L'action des sels est très intéressante à connaître. Le chlorure de sodium est néces- saire à la nutrition de la Photobactérie et à son développement, mais une très petite quantité serait suffisante pour cela. D'après Mac Kenney (11), le sodium pourrait être remplacé par le magnésium, mais le potassium, le baryum, le strontium ne peuvent pas remplacer le sodium. L'auteur a négligé de dire si ses bouillons étaient absolument dépourvus de sodium, ce qui pourtant eût été indispensable, mais est peu vraisemblable. La proportion de 3 p. 100 de sel que l'on ajoute au bouillon est beaucoup plus grande que celle qui est [nécessaire à la nutrition du microorganisme, mais elle est utile pour donner au milieu une tonicité déterminée, indispensable à l'accomplisse- ment de la Photogénèse. Si le bouillon est trop ou trop peu salé, il ne brille pas; on peut à volonté éteindre un bouillon en ajoutant du sel marin, et l'animer un bouillon, éteint de cette façon, en rajoutant de l'eau. Ce fait est très général et n'est pas parti- culier aux Pholobactériacées. Il se produit en effet avec de l'eau rendue phosphorescente par la désagrégation de Cœlentérés photogènes, avec le mucus lumineux de la Pholade, etc. I.e milieu extérieur, en d'autres termes, doit être isosmotique, à peu près, avec le milieu intérieur des Bactériacées. On peut remplacer la dose de sel marin isosmotique par d'autres doses de différents corps : sucre, sels divers (chlorures de potassium, de magnésium, azotate de potassium, 1. Voir : Éclairage par les microbes, p. 287. LUMIÈRE. 283 iodure de potassium, sulfate de potassium, sulfate de magnésium) (Dubois, Beijerink, Molisch). Le rôle de Voxygène est important à connaître. Pour briller, les Photobactéries ont besoin d'oxygène. Si l'ensemencement sur géla- tine est fait dans un sillon profond, elles peuvent briller encore, et, si ce bouillon contient de la lécithine, il se produit alors un phénomène singulier. De chaque côté du sillon, on voit se former de petites sphères imitant des cellules, et ces sphères se défor- mant par pression réciproque au fur et à mesure de leur naissance et de leur accrois- sement, on assiste à la formation d'un véritable tissu, qui rappelle par son aspect exté- rieur celui des organes lumineux des Insectes, et qui, comme eux, est extérieurement limité par une zone crayeuse. Mais l'examen microscopique montre que ces cellules sont dépourvues de noyau; il n'eu est pas moins vrai que ce sont de singulières formations plastidaires dues au travail physiologique des microbes " •et que vues à un grossisse- ment suffisant, certaines Pho- tobactéries (fig. 111) présen- tent précisément l'aspect ca- ractéristique de ces éléments constitutifs des cellules que Dubois a découverts et dé- crits sous le nom de vaciio- iides, qu'il a assimilés à de petits leiicites et que l'on appelle aujourd'hui, à tort, mitochondries (3, p. 70 et 78, 1898). D'après Beuerinck , les Photobactériacées constituent le plus délicat réactif de l'oxygène que l'on connaisse. Les très faibles quantités de gaz mises en liberté par la lumière agissant sur des Algues vertes unicellulaires, suffisent à rendre la lumino- ,,,,,, d, . , .. • • ,■ , . • . . . , , . l'ii,. 111. — Fliotobacteries vues a un lort ^^rossissi-inont prcseiituiit site a un bouillon qui s'est laspect des « vacuolides .. de R. Dlbois (mitochondries des éteint par suite de l'absorption Allemands). de ro par les Photobactéria- cées : la lueur d'une allumette serait même suffisante. Reijerinck a montré également qu'après addition d'hydrosulfite, le bouillon continue à briller assez longtemps et que les Photobactéries, en présence du bleu d'indigo décoloré, redeviennent phosphores- centes avant que celui-ci bleuisse, ce qui indiquerait une affinité plus grande pour l'oxygène. Elles réduisent le bleu d'indigo, à la condition qu'il soit absorbé. Le même auteur fait remarquer que dans un tube la surface seule du bouillon brille, et que, si on fait arriver de l'air, aussitôt tout s'éclaire ; mais, comme le fait remarquer avec raison Molisch, tant que l'on n'aura pas prouvé que la production de la lumière est liée à une production proportionnelle d'acide carbonique, on ne sera pas en droit d'identifier la luminescence à la respiration, quoiqu'il y ait vraisemblablement des relations, mais indirectes, entre ces deux phénomènes. Enfin, les Photobacléries peuvent croître et se multiplier sans éclairer, et pourtant elles respirent (Ludwig, R. Dubois). Lorsque la température s'élève, l'intensité de la respiration croît d'une façon conti- nue, tandis que l'intensité lumineuse n'augmente que jusqu'à un certain degré pour diminuer ensuite. En d'autres termes, il n'y a pas concordance entre la courbe respira- toire et celle de la luminosité en fonction de la température. Peuerink admet que dans les cultures lumineuses l'oxygène est dans deux états 'JHJ LUMIERE. dirférents : il y aurait l'oxygène « excitateur » ne pouvant servir à la luminosité parce qu'il est fixé pour être utilisé pour la multiplication et la fermentation et l'oxygène « pho- togénique » qui serait dans un état de plus grande liberté, mais non en simple dissolution, parce qu'il peut dans le vide rester fixé. Il est certain que, si l'on place des Poissons morts phosphorescents dans l'air raréfié, la lumière peut non seulement persister assez longtemps, mais même s'exagérer au début. Toutefois, ce phénomène peut recevoir une autre explication que celle proposée par Beijerincr. La sécrétion alcaline, dont il a été question plus haut, n'est pas la seule qui ait été constatée chez les Photobactériacées. Ordinairement, elles ne liquéfient pas la gélatine, mais cela peut se produire cependant pour certaines espèces polymorphes, ou seulement pour des formes particulières résultant de ce polymorphisme (R. Dubois, 7, p. 2). Il est donc nécessaire que des substances liquéfiantes et très probablement des zymases soient sécrétées. Beijerinck a montré d'une manière très élégante la sécrétion de zymases saccharifiantes par quelques Photobactériacées. Si l'on cultive certaines espèces sur des plaques enduites de bouillon privé de substances carbonées, elles ne tardent pas à s'éteindre. Si elles ne sécrètent aucune zymase saccharifiante, on peut laisser tomber à leur surface des grains de fécule ou d'amidon sans voir apparaître de la lumière en ces points, tandis que des particules de maltose en provoquent rapidement la produc- tion. Au contraire, d'autres Photobactériacées productrices de zymases saccharifiantes s'éclairent dans les points où l'on a laissé tomber de l'amidon ou de la fécule cuits, lesquels ont dû, par conséquent, être préalablement saccharifiés. Il est bien évident, d'ailleurs, que les aliments présentés aux Photobactéries ont, en général, besoin d'être modifiés avant d'être al)sorbés et assimilés. Dans les bouillons liquides de culture, au fur et à mesure que la vie des Photo- bactéries se prolonge, on voit apparaître des produits d'excrétion : cristaux de phos- phates de chaux, de phosphates ammoniaco-magnésiens, des matières provenant de la décomposition des produits azotés : tyrosine, leucine, cristaux radiés analogues à ceux que l'on rencontre dans les organes lumineux des Insectes, etc., et le milieu devient acide. Le microscope ne permet pas de fixer le siège de la luminosité des Photobactéries en raison de leur petitesse. Contrairement à ce qui a été récemment avancé par Ulric Dahlgben (172), R. Dubois a combattu l'hypothèse que le photogène est le résultat d'une excrétion et qu'il ne brille qu'en dehors du microorganisme. En effet, si l'on filtre un bouillon lumineux avec un filtre de porcelaine, le liquide filtré est obscur. Il est vrai que l'on peut objecter que le filtre de porcelaine peut aussi arrêter les granu- lations et surtout ces zymases à gros grains que R. Dubois a dénommées macrozymaaes, dont l'une d'elles est nécessaire à la photogénèse. On peut supposer aussi que, la sécré- tion externe étant peu active, le produit mis en liberté est rapidement détruit par le passage au travers du filtre. La première objection seule subsiste, si, au lieu du filtrage, on emploie la centrifugation pour séparer les Photobactéries de leur bouillon. Dans ce cas, on obtient un précipité dense, lumineux, surnagé par un liquide obscur. R. Dubois s'est assuré que le liquide filtré ne renferme ni luciférine, ni luciférase, et il est évident que ces deux corps, dont le seul mélange suffit à donner de la lumière, en présence de l'eau et de l'O, ne coexistent pas non plus dans le liquide centrifugé obscur. Existe-t-il des principes chimiques photogènes à l'intérieur de la Photobactérie? ou bien la photogénèse n'est-elle pas plutôt le résultat direct de l'activité physiologique, vitale de la cellule? Dewar, et d'autres, ont soutenu cette dernière opinion. Si l'on congèle un bouillon lumineux et qu'on le broie avec du sable pour détruire complète- ment (?) les cellules bactériennes, la lumière n'existe plus à la décongélation. Mais qui ne sait que cette opération mécanique brutale est susceptible d'altérer physiquement ou chimiquement beaucoup de composés, et la substance photogéne, en particulier, est très labile, puisqu'elle peut s'oxyder lentement à l'air sans donner de lumière. Les partisans' de la « théorie vitale » invoquent encore ce fait qu'il y a suppression brusque de la lumière quand on chauffe un bouillon lumineux ou que l'on provoque la catalyse cellu- laire par l'action osmotique de l'eau distillée. Mais, dans ces conditions, l'extinction est toujours précédée d'une exaltation de l'éclat lumineux. C'est qu'alors les photogènes LUMIÈRE. 28o existant sont très vivement oxydés et que la cellule, étant en même temps détruite, ne peut plus en fabriquer d'autres. Enfin, on a fait valoir encore que par les dissolvants les plus divers, particulièretnent par ceux des lipoïdes, on n'avait pu extraire, même des Bactéries desséchées préalablement, aucun photogène. Ce fait n'a rien de surprenant puisque l'on sait depuis les recherches de R. Dubois que les substances qui réagissent l'une sur l'autre pour donner de la lumière sont de nature protéique et que le seul liquide qui pourrait former avec elle des sols, l'eau, provoque justement la destruction de l'une d'elles, avec émission de lumière. D'autre part, on conçoit facilement que les Photobactériacées, comme les autres Champignons, ayant une luminosité continue, les photogènes doivent être consommés au fur et à mesure de leur production et ne peuvent s'accumuler, comme cela airive pour les organes des animaux à photogénèse intermittente, ce qui rend inapplicable le procédé d'extraction imaginé par R. Dlbois pour ces derniers. E. Newton Harvey (173) a, par ailleurs, démontré que la poudre obtenue avec les cultures desséchées des Protobactéries se comporte comme celle obtenue avec les organes lumineux des Vers luisants (Lampyrides), et qu'en outre, le principe photogène des Bactéries est vraisemblablement de nature protéique. Enfin, d'autres ont avancé que la luciférine est le résultat d'une ségrégation qui peut être observée dans l'inté- rieur du corps cellulaire après fixation et coloration. Cette ségrégation se ferait dans l'intérieur d'une vacuole centrale, dont l'existence a été constatée par Ulrig Dahlgren, et par divers observateurs (v. fig. 111). Dans les individus de rultures activement lumi- neuses,cette vacuole est bien visible, mais elle disparaît quand la production de la lumière est suspendue provisoirement, les Pholobactéries restant bien saines, en bon état de nutri- tion et d'activé multiplication (172, p. 24). Il est extrêmement important de rapprocher ces constatations de celles qui furent faites en 1886 par R. Dubois (64) dans les organes lumineux des Insectes et d'autres animaux lumineux, montrant que la réaction photo- gène s'opère précisément dans les vacuoles de ces petits organites élémentaires, qui sont le dernier état de différenciation morphologique de la substance vivante ou bio- protéon. Cette structure vacuolidaire a été également reconnue dans les zymases à gros grains (luciférase, purpiirase), par R. Dubois. Elle est caractérisée par une substance centrale remplissant la vacuole et par une enveloppe, plus ou moins épaisse, la limitant et de nature différente. C'est précisément cette disposition qui avait amené R. Dubois à comparer leur fonctionnement à celui d" « infiniment petits dialyseurs » et à les consi- dérer comme de petits leucites (3, p. 70 et 78). Cette interprétation de R. Dubois a été reprise et développée, au point de vue mor- phologique, par un de ses élèves, Guillif.rmont, de Lyon, et par d'autres, à propos des mitochondries végétales, tandis qu'un autre de ses élèves, Regaud, de Lyon, reprenait pour son compte, en le généralisant, le mécanisme vacuolidaire découvert par R. Dubois chez les organismes lumineux. On doit reprocher à ces auteurs, ainsi qu'à ceux qui se sont occupés du même sujet, d'avoir substitué au mot « vacuolide» de Dubois, si caracté- ristique cependant, celui, plus récent et moins justifié, que Benda adonné à ces mêmes formations élémentaires. Les vacuolides de Dubois, les bioblastes d'ALTMANN et les Mito- chondries de Be.nda ne sont donc que de petits leucites, comme l'avait indiqué R. Dubois le premier, etcommetout le monde l'admet aujourd'hui. Il est à noter que les travaux d'ALTMANN furent déconsidérés parce qu'il avait établi un rapprochement entre les Bac- téries et les bioblastes ou vacuolides. Sous certains rapports, cependant, la compa- raison entre la structure des Photobactéries décrite par Ulric Dahlgren et celle des vacuolides découverte par R. Dubois pour la première fois dans les organes lumineux des Insectes est très suggestive au point de vue de la généralité du processus biophoto- génétique. Enfin, il est curieux également de rappeler, à ce propos, que R. Dubois a vu se former dans des colonies des Photobactéries cultivées en sillon profond dans un bouillon très riche en lécithine des amas de cellules donnant par leur agglomération et leur pression réciproque l'apparence d'un tissu végétal. Ajoutons que de nombreuses tentatives faites pour extraire des bouillons lumineux un principe volatil photogène ont complètement échoué (R. Dubois}. Dans les gaz neutres, azote et hydrogène, la lumière persiste longtemps, mais finit par s'éteindre, sans que l'on puisse dire si c'est l'oxygène qui manque à une combustion 286 LUMIERE. photogène, ou bien si c'est simplement la respiration, sans laquelle la nutrition et l'élaboration des corps photogènes lumineux ne peut se faire. Un courant d'acide carbonique à la pression ordinaire traversant un bouillon lumi- neux affaiblit beaucoup la lumière. Il la supprime complètement à six atmosphères. Les anesthésiques généraux, tels que l'éther et le chloroforme, abolissent définitive- ment la luminosité, quand on les fait agir fortement et assez longtemps, en tuant les Photobactéries; mais, avec des ménagements, on peut suspendre seulement pour un temps le pouvoir photogène. On peut même habituer progressivement les microbes lumineux à supporter les vapeurs d'éther sans s'éteindre rapidement. L'action de la température a été étudiée par plusieurs observateurs. En 1862, HELLRn avait remarqué que l'eau, rendue lumineuse par des Poissons, brillait encore à — 14°. FoRSTER, et après lui John, ont affirmé que les Photobactéries peuvent se multiplier à ±: 0». 11 résulte des expériences de R. Dubois (7, p. oj que le Pholobacterium sarco- philum brille et se développe le mieux au voisinage de 12<-. 11 peut supporter une température de 20° sans s'éteindre, aussi bien dans les bouillons alcalins que neutres ou légèrement acides. Si l'on élève rapidement la température, on voit les cultures pâlir entre 30° et 40° et s'éteindre déhnitivement vers 50°. Au contraire, si l'on refroidit brus- quement une culture lumineuse, la lumière pâlit, mais ne s'éteint pas vers — 3°. Elle persiste encore à — 7°, alors que le contenu du tube, dans le cas d'un bouillon liquide, est congelé. Il s'agit ici de refroidissement brusque; mais, d'après Me Ken.ney (H), la tempéra- ture limite pour l'émission lumineuse continue, durable, est un peu au-dessous de celle de la nutrition. Un changement soudain ou graduel de température est sans effet excitateur durable sur la luminescence : il ne la stimule pas. Il n'y pas de lumière dans les cultures main- tenues à une température inférieure à 0». Une température supérieure à celle qui est optimale pour la croissance est nuisible à la phosphorescence. Le bacterium phosphores- cens serait capable de s'adapter à une température de .3o°, c'est-à-dire supérieure de cinq degrés à la température maxima de la luminescence. C'est peut-être de cette façon que l'on pourrait expliquer les cas de phosphorescence observés chez l'homme. Éclairage par les Photobactéries. — La meilleure lumière pour l'éclairage serait celle qui contiendrait la quantité maxima [de radiations de longueur d'onde moyenne unie à la quantité minima de radiations calorifiques et chimiques. A l'heure actuelle, ce qui se rapproche le plus de cet éclairage idéal, c'est la lumière froide physiologique, dite lumière vivante. Les microbes lumineux produisent dans certains cas une belle luminescence, d'un éclat particulier. La lumière qu'ils émettent contient si peu de rayons ehimiques qu'il faut un très long temps de pose pour obtenir un cliché : les radiations calorifiques sont en quan- tité infinitésimale., et le spectre est très peu étendu du côté du rouge. Malgré cela, Molisch et Nadson ont pu observer chez de jeunes plantes des phénomènes d'héliotropisme. Cependant la force de pénétration de cette lumière est assez grande pourlui permettre de traverser, mais seulement après vingt ou vingt-cinq heures de pose, des corps opaques, tels que de minces planchettes de bois ou des feuilles de carton peu épaisses, mais non des feuilles d'aluminium, comme font les rayons X (R. Dubois 21 et 24). Dans les cultures ordinaires, le pouvoir éclairant est faible et très limité, mais R. Dubois a pu l'accroître considérablement par deux procédés. Le premier consiste à cultiver les Photobactéries dans des bouillons liquides dont on peut remplir des vases de verre de toutes dimensions. Ces bouillons contiennent de l'eau commune, du sel marin, un aliment ternaire, un aliment quaternaire azoté, un aliment phosphaté. Après avoir essayé des quantités considérables de produits ou de mélange de pro- duits, il a reconnu que les meilleurs résultats étaient fournis par les suivants : Aliments ternaires : glycérine, mannite. — quaternaires : peptones, asparagine. - — phosphores : lécithine, phosphate neutre de potasse. Les peptones fournissent de bons résultats, mais elles ont le grand inconvénient de nécessiter une stérilisation parfaite, sans quoi le bouillon est rapidement envahi parles LUMIÈRE. -28t microbes de la putréfaction. Il déyage alors une odeur infecte et s'éteint rapidement. L^asparagine, employée pour la première fois par R. Dubois, ne présente pas ces incon- vénients et permet d'obtenir des bouillons à prix moins élevé et nécessitant moins de précautions pour la stérilisation. Plus tard, R. Dubois (21) a perfectionn.'- ce premier procédé en enduisant la paroi interne de récipients en verre d'une couche de bouillon gélatineu.v, adhérent et inoculé avec des Photobactéries sélectionnées, un peu avant la solidification. On obtient ainsi une lu- mière fixe, donc, sans chaleur et très écono- mique, car uti ])allon préparé de cri te façon peut servir de veilleuse pendant un mois, si l'opéralion a été bien conduite (fîg. 112). R.Dc- Bois H même construit sur ce principe une lampe, à laquelle il a donné le nom de « lampe vivante ». Elle se compose d'un vase de veri'e à fond plat, dont la partie supérieure bouchée est recouverte de papier d'étain servant de réflecteur. L'aération est assurée par deux tubulures : une latérale et une supérieure, por- tant des bouchons de coton pour la filtration de l'air. On peut rem- placer ces derniers par des tubes recourbés vers le bas pour éviter la pénétration des germes extérieurs (fig. 1 13) . Cette lampe permet de lire facilement les caractères d'imprimerie, quand Fœil a été préalablement re- posé de la lumière du jour. .\ l'Exposition universelle de Paris, en 1900, R. Dubois a pu éclairer une vaste salle du Palais de l'Optique au moyen de grands récipients de verre préparés de cette façon. La lumière était aussi vive (|ue celle du plus beau clair de lune. Ce mode d'éclairage, qui sera peut-être perfectionné un jour, pouri'ait être utilisé dès à présent dans les poudrières, les soutes à poudre, dans les mines où l'on craint le grisou, etc. En effet, avec cette lumière froide, toute cause d'explosion peut être évitée. Les essais de R. Dcbois ont été répétés avec succès par Mousch. En résumé, dans le règne végétal, la biophotogénèse n'a été observée avec certitude que chez des organismes achlorop/iylliens et seulement chez des champignons des deux groupes des hijphomijcètes et des photobactériacées. Ces derniers sont très polymorphes et ne brillent que dans des conditions particulier es, ce qui prouve que l'exercice de la fonction photogénique n'est pas indispensable au fonctionnement vital de ces organismes. Chez les microbes lumi- neux, la fonction photogénique, bien qu'étant dans une dépendance assez étroite de celle de la respiration, ne se confond pas avec elle. Elle est vraisemblablement localisée dans les FiG. 112. — Pliotographic l'aille de ballons rcnf ihi liuste de Claude BiiRN.vuu oljtenn rmaiit des cultures do Pliotobactéries. ÎSS LUMIERE. vacuoles centrales qui donnent à ces microorganismes une très gravide ressemblance avec les vacuoUdes {biobla' 5 fr. Richet (Ch.). La Chaleur animale. 1 vol. in-8 avec lig. 6 fr. — Du Suc gastrique chez l'homme et chez les animaux, 1 vol. in-S 4 fr. 50 — Essai de psychologie générale. 1 vol. iu-12, »' édit 2 tr. 50 — Dictionnaire de physiologie, publié avec le con- cours de savants français et étrangers. Formera 15 vol. gr. in-8, se composant chacun de 3 fasc. Chaque volume. 25 fr. ; chaque fascicule, 8 Ir. 50. 9 vol. ont paru. — L'Anaphylaxie. 1 vol. in-16 3 fr. 50 — La Sélection humaine, 1vol. in-8 cartonné. 6 fr. — et SollyPrudhom.me. Le Problème des causes finales. 4« édition. 1 vol. in-12 2 fr. 50 SoLi.iER. Les Phénomènes d'autoscopie. 1 vol. in-12. 2 fr. 50 — Le mécanisme des émotions. 1 vol. in-8 . . 5 tr. — Chartier, F^élix Rose et Villandre, Traité clinique de Udurologie de guerre. Préface de M. le Médecin Inspecteur Baratte, i vol. grand in-8 avec 313 gravures et traces dans le texte 32 fr. Stbwart (Di" Pierre). Le Diagnostic des maladies nerveuses. 1 vol. in-S" avec 208 figures et diagr 15 fr. TissiÉ. La Fatigue et l'Entraînement physique. 3' éd. 1 vol. iri-12, avec grav. (;art. à l'angl 4 fr. PHYSIOLOGIE TRAVAUX DU LABORATOIRE DE M. CHARLES RIGHEÏ Tome 1. — Système nerveux, Chaleur animale. 1 vol. in.-8, 96 lig., 1893 . Épuisé. Tome II. — Chimie physiologique, Toxicologie. 1 vol. in-8, 129 fig., 1894, Épuisé. ToMi: 111. — Chloralose, Sérothérapie, Tuberculose. Défense de l'organisme. i vol. in-8, 25 fig., 1895 12 fr. Tome IV. — Appareils glandulaires. Nerfs et Muscles, Sérothérapie, Chloro- forme. 4 vol. in-8, 57 fig., 1898 12 fr. Tome V. — Muscles et Nerfs, Thérapeutique de l'Épilepsie, Zomothérapie, Réflexes psychiques. 1 vol. in-8, "8 fig., 1902 12 fr. Tome VI. — Anaphylaxie, Alimentation, Toxicologie. 1 vol. in-8, 1909. . 12 fr. Tome VII. — Anaphylaxie, Fermentation lactique. Aviation, 1 vol. in-8, 1915. 12 fr . Paris. — Typ. Philipi'K Kknûuard, 19, rue des Ssaints-Pcres — 50273.