DICTIONNAIRE SCIENCES NATURELLES IMIMIIMMIII)*|JMIIIIII11iMyillfMITI|^^ ■■■nnnaBBnBBBilBABBBBBa DES DANS L ECU EL ^ ON TRAITE METHODIQUEMENT DES DIFrERF.>S ETRES DE tA HATCRE , CONSlDÉnÉS SOIT EN ETIX-MÈMES, d'aPrÈS l'ÉTAT ACTUEL DE NOS CONNOISSANCES, SO IT RELATIVEMENT A l'uTILITÉ Qu'eN PEUVENT RETIRER LA MEDECINE, lVgrICULTCRE , LE COMMERCE ET LES ARTS. SUIVI D'UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. Plusieurs Professeurs du Jardin du Pxoi , et des principales Ecokà de Paris. TOME DIX-HUITIÈME. G4-GJU. m F. G. LEvr.Ax:LT, Éditeur, à STRASBOURG, et rue des Fossés M. le Prince, n." 33, à PARIS. Le Noraunt, rue de Seine, N."" 8 , à PARIS. 182 1. LIBRARY OF 1685- IQ56 DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES- TOME XFIIL GA = GJU. Le nomhre â^ exemplaires prescrit par la loi a été dé- posé. Tous les exemplaires sont revêtus de la signature de l'éditeur. DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES, DANS LEQUEL ON TRAITE METHODIQUEMENT DES DIFFÉREN3 ÊTRES DE LA NATURE, CONSIDÉRÉS SOIT EN EUX-MÊMES, d'a?RÈs l'ÉTAT ACTUEL DE ^'OS CONNOISSANCES, SOIT RELATIVEMENT A l'uTILITÉ Qu'eN PEUVENT RETIRER LA MÉDECINE , l'aGRICULTURE , LE COMMERCE ET LES ARTS. SUIVI D'UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. Ouvrage destiné aux médecins, aux agriculteurs, aux commercans, aux artistes, aux manufacturiers, et à tous ceux qui ont intérêt à connoître les productions de la nature, leurs caractères génériques et spécifiques, leur lieu natal, leurs propriétés et leurs usages. PAR plusieurs Professeurs du Jardin du Roi , et des principales Ecoles de Paris. TOME DIX-HUITIÈME, F. G, Levrault, Editeur, à STRASBOURG, et rue des Fossés M. le Prince, n." 33, à PARIS. Le Normant, rue de Seine, N." 8 , à PARIS, 1820. Liste des Auteurs par ordre de Matières. Physique générale. M. LACROIX , membre de l'Académie des Sciences et professeur au Collège de France. (L.) Chintie. M. CIÎEVREUL, professeur au Collège royal de Cbarlema^ue. (Ca.) Minéralogie ci Géologie. M. BRUIVGNIAHT, meuibre de l'Académie ■Ues Sciences, professeur i la Facullé des Sciences. (13.) M. BROCHANT DE VILLIEIvS , membre de l'Académie des Sciences. ( B. de V.) M. UEFRAiVCE, membre de plusieurs Sociélés savanles. (D. F.) Botanique. M. DESFOVTAINES, membre de l'Académie des Sciences. ( L)esk.) M. DE JUSSIËU, membre de l'Académie des Sciences, professeur au Jardin du Roi. (J.) M. MIRBEL, membre de l'Académie des Sciences , professeur ii la Faculté des Sciences. (B.M.J M. HENRI CASSINI , membre de la Société pbllomatique de Paris. (H. Cass.) M. LEMAN, membre de la Société pbiloma- li Galago de Demidoff; Galago DemidoJJ\ Fischer, Actes de Moscou, 1 , p. 24, fig. 1 : à pelage roux-brun; à museau noirâtre ; à oreilles moitié moins longues que la tête , et à queue plus longue que le corps et Unissant en pinceau. Si cette espèce diffère réellement de la précédente , du moins elle lui ressemble beaucoup. On a aussi pensé que Je Poto de Bosmann pourroit appar- tenir à ce genre , ce qui seroit à vérifier. Voyez Poto. (F. C.) GALAMiilZA. (Bot.) C'est en Hongrie le nom de Fagaric poivré, ag. piperatus , Linn. (Lem.) GALAISCIE (Bot.), nom languedocien de l'églantier, rosa eglanteria, selon M. Gouan. (J.) GALANDE. (Bot.) On donne ce nom à une variété de l'amandier. (L. D.) GALANDER {Ornitli.), nom allemand de la calandre, alauda calandra , Linn. , qui s'écrit aussi kalender. ( Ch. D. ) GALANE, Chelone. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, monopétalées , irrégulières, de la famille des bignoniées , de la didjnamie angiospermie de Linnasus, offrant pour caractère essentiel : Un calice ti cinq divisions profondes; une corolle monopétale en masque et ventrue; quaire étamines didynames ; un cinquième filament glabre et stérile, placé entre les deux supérieurs ; un ovaire supé- rieur; le style simple; le stigmate obtus. Le fruit est une capsule bivalve , à deux loges, renfermant un grand nombre de semences. On a séparé de ce genre , sous le nom de pentstemon , plusieurs espèces qui ont le cinquième filament stérile , barbu à sa partie supérieure : nous en parlerons en son lieu , en GAL 3ç, observant ici qu'il faut avoir une grande passion pour les genres nouveaux pour en créer un sur un caractère aussi peu important et qui ne paroit influer en rien sur les autres parties de la fleur. Nous ferons aussi connoitre ail- leurs Vourisia, Juss., qui est le chelone ruetlioides , Linn. fils, SuppL D'après ces réformes , il reste pour le genre Chelone les espèces suivantes. Galane glabre ; Chelone glabra , Linn. Belle espèce, qui croît naturellement dans plusieurs contrées de l'Amérique septen- trionale, que l'on cultive , ainsi que la plupart des suivantes , comme plantes d'ornement, au Jardin du Roi et ailleurs. Sa racine est fibreuse, épaisse, rampante; ses tiges, hautes de trois pieds, glabres, cylindriques ou à peine tétragones; ses feuilles presque glabres, opposées, lancéolées, vertes, den- tées en scie , médiocrement pétiolécs ; les supérieures plus étroites, un peu plus longues. Les fleurs sont blanches, dis- posées en un épi court et serré au sommet des tiges et des rameaux. La corolle est grosse , ventrue , ayant sa lèvre supéi'ieure voûtée en dos de tortue , un peu échancrée ; l'inférieure légèrement trifide ; les étamines et les anthères velues; les capsules obtuses, contenant des semences orbi- culaires, bordées d'un petit feuillet membraneux. Cette plante fleurit dans le mois d'Août : elle veut une terre humide et fraîche, une situation ombragée. Elle trace beaucoup. On la multiplie rarement par graines, plus sou- vent par la séparation de ses pieds, qui se fait en automne, encore mieux au printemps. Quelques personnes regardent comme variété de l'espèce précédente le chelone obliqua, Linn., qui est le chelone purpurea, Miller, digitalis mariana, etc. , Pluk. , ManL, 64, tab. 348, fig. 5. Sa principale diffé- rence consiste dans les fleurs purpurines : assez générale- ment ses feuilles sont un peu plus larges, plus profondément dentées. Galane barbue : Chelone harbata , Cavan. , Icon. rar. , 3 , tab. 242; Chelone ruellioides , Andr. , Repos., tab. 84, non Linn. SuppL; Chelone formosa, Wendi. , Obs. 5i. Cette espèce se distingue par ses fleurs d'un beau rouge écarlate. Ses tiges sont foihles, glabres , cylindriques; les feuilles inférieures péticlccs, glabres, lancéolées, très-entières; les caulinaires 4° GAL sessiles, opposées; les fleurs disposées en une belle panicule terminale, alongée; ses ramifications soutiennent deux, trois ou quatre fleurs pédicellées, pendantes, longues d'un pouce; les divisions du calice courtes, glabres, ovales, un peu mu- cronées; la corolle drpite, à deux lèvres; la lèvre inférieure a trois lobes aigus, réfléchis, chargés vers leurs bords d'une touffe de poils jaunâtres ; les filamens de couleur purpurine , courbés à leur sommet, soutenant deux anthères accolées à leur base, divergentes; le st3de saillant. Cette galane croît au Mexique : c'est la plus élégante de toutes celles que l'on cultive, et dont les fleurs durent le plus long-temps. On plante les galanes par touffes, dans les jardins paysagers, le long des massifs, sur le bord des eaux. (PoiR.) GALANGA , Maranta. (Bot.) Genre de plantes monocoty- lédoncs, à fleurs irrégulières, de la famille des amomées , de la monandrie monogynie de Linnœus, offrant pour carac- tère essentiel: Un calice fort petit, supérieur, à troisfolioles lancéolées; une corolle monopétale, tubuleuse à sa base; îe limbe à quatre ou six divisions inégales; trois extérieures semblables , une ou trois autres plus intérieures, plus grandes; une étamine; l'anthère linéaire, soudée sur une lanière sem- blable à une découpure de la corolle; un ovaire inférieur; un style ; un stigmate trigone et courbé. Le fruit est une capsule à trois ou à une seule loge par avortemcnt, ne con- tenant ordinairement qu'une seule semence dure et ridée. Il nous manque bien des observations sur la plupart des espèces qui composent ce genre, d'où résultent des incerti- tudes sur la place qu'elles doivent occuper, soit dans ce genre , soit dans ceux qui l'avoisinent. C'est ainsi que le maranta galanga a été placé parmi les alpinia par IVillde- now, avec les amomum par Loureiro , etc. Deux espèces àlieltenia , Yalha et le cliinensis , WiHd. , paroissent avoir de grands rapports avec cette espèce. Un autre galanga se trouve dans les lœwpferia, mais c'est une autre plante. Sacs pronon- cer sur ces réformes, nous ferons connoître les suivantes, et surtout le galanga officinal, dont il n'a pas été fait mention à l'article Alpinie. D'ailleurs je crois qu'il faudra retrancher de ce genre toutes les espèces dont le fruit est à trois valves, GAL 41 à (rois semences, lorsqu'elles seront mieux connues, si tou- tefois celles qu'on cite comme uniloculaires sont constantes, et ne le sont point par avortement. Galanga officinal: Maranta galanga , Linn., Flor. med. , tab. 174; Alpinia galanga, IVilld.; Galanga major, C. Bauh. , 35, dus., Exot., 211 ; Galanga, Rumph,, Amb., 5, tab. 63; vulgairement le Grand Galanga. Le galanga a des racines épaisses, noueuses, inégales, géniculées , à peu près de la grosseur d'un à deux pouces ; d'un brun rougeàtre en de- hors , plus pâle en dedans ; d'une odeur aromatique ; ra- meuses, entourées de banxles circulaires, courbées comme par articulations, garnies en-dessous de longues fibres enfon- cées perpendiculairement dans la terre. Dans le petit galanga, galanga minor ojficinarum , C. Bauh., 55, qu'on re- garde comme une simple variété du précédent, les racines, assez semblables à celles du grand , sont beaucoup plus pe- tites, à peine de la grosseur du petit doigt, douées d'une odeur aromatique plus pénétrante , d'une saveur plus pi- quante. Les tiges sont droites, très-simples, hautes d'environ six pieds : garnies de feuilles étroites , alternes , lancéolées, aiguës , longues d'un pied et demi sur trois ou quatre pouces de large. Les fleurs sont blanchâtres, pédonculées , disposées en une grappe terminale, étroite, paniculée. Leur calice est petit, d'une seule pièce, à trois divisions; la corolle mono- pétale, tubulée , à trois découpures extérieures réfléchies; une quatrième plus grande, plus intérieure, concave, spa- tulée ; un filament linéaire , pétaliforme,soiitenant une seule anthère: le style, filiforme et montant, va placer sa partie supérieure dans un sillon , qui partage l'anthère en deux parties, forme une très-petite saillie au-dessus de Tanthère et laisse paroître un stigmate en tête. Le fruit est une cap- sule presque en baie, de forme ovoïde, plus grosse qu'une baie de genévrier, rouge dans sa maturité. Cette plante croit dans les Indes orientales, aux lieux humides : on la cultive aussi dans les jardins du pays, à cause de l'emploi que l'on fait de ses racines. Si l'on en croit quelques auteurs, les Grecs anciens et mo- dernes, et mcme les Arabes, n'avoient aucune connoissance t^■^ GAL tlu galanga ; cependant Spielman et Murray assurent que cette plante ne leur étoit pas inconnue : toutefois son introduction dans la matière médicale ne paroît pas remonter au-delà des médecins arabes. Les Indiens, et particulièrement les habi- tans du Malabar, font un cas très-particulier des racines du galanga , qu'ils emploient comme aliment, comme assaisonne- ment et comme remède. Ils les réduisent en farine, et en préparent, avec le suc de coco, des pains et des gâteaux, qu'ils mangent avec délices, et dont ils prétendent avoir constaté les vertus merveilleuses dans les cas d'hystérie, de coliques et dans les affections des voies urinaires. L'impres- sion stimulante qu'excite cette racine sur l'organe du goût , la place, parmi les toniques, à côté du poivre, du gingembre et de la cannelle , dont elle se rapproche plus ou moins par sa manière d'agir : ainsi , elle a pu être utilement employée, soit intérieurement, soit à l'extérieur, pour stimuler le système nerveux, provoquer Faction musculaire, exciter les fonctions digestives , et pour augmenter les sécrétions , pax'- ticulièrement dans les affections qui tiennent à un état d'a- tonie. Cette racine, dit le docteur Chaumeton, losqu'elle fut expédiée pour la première fois en Europe , obtint de toutes parts, mais spécialement en France, cet acceuil fana- tiqnie réservé à toutes les drogues qui joignent, au prestige de la nouveauté , le mérite de venir de loin. On soutint que la racine de galanga étoit le plus précieux des aromates, le plus puissant des toniques.- on en distilla des huiles; on en fit des essences, des teintures; on en surchargea des préparations antiques, et on l'introduisit dans les nouvelles. Galanga de l'Inde: Maranta indica , Tuss. , Journ. bot., 5, p. 41 ; Martin., Centur. , tab. 59: Canna indica radicc alba, etc. , Sloan. , Jam. Hist., 1 , pag. 253 , tab. 149 : Maranta petiolis gangleonosis , Bro\vn , Jam., pag. 112. Cette plante, dit M. de Tussac , a été confondue jusqu'à ce jour avec le maranta arundinacea ; elle en diifère cependant par des caractères bien tranches. Dans le maranta arundinacea de Plumier, les pétioles et le dessous des feuilles sont velus ; ils sont glabres dans celui de l'Inde. Dans ce dernier les racines produisent des rejets charnus, longs, cylindriques, couverts d'ccaillcs triangulaires et rampant sous terre . avant que l'extrémité en sorte pour GAL 43 reproduire de nmivelles tiges : dans la plante de Plumier les rejets sortent du collet de la racine, à fleur de terre et constituent de suite la nouvelle tige, qui n'est qu'annuelle. Les feuilles sont glabres, ovales-lancéolées ; du sommet des rameaux sortent des panicules lâches , composées de fleurs blanches. Les divisions du calice sont concaves, aiguës, lan- céolées; Je tube de la corolle plus long que le calice, arqué, ventru à sa base ; les trois divisions extérieures du limbe courtes, égales, ovales-acuminées; les trois intérieures plus grandes : deux ovales , égales : la troisième plus petite , à deux lobes inégaux, sert de filament à. l'anthère. Le style, soudé d'abord sur la corolle , est libre à sa partie supérieure. Le fruit consiste en une capsule ovale, presque trigone , très- ordinairement monosperme; l'embryon petit, adhérent laté- ralement à un périsperrne grand et farineux. Cette espèce a été apportée des Indes orientales à la Ja- maïque, il y a plus d'un demi -siècle, par un capilaine an- glois. Elle a d'abord été cultivée sous le rapport de la curio- sité, et comme contrepoison des blessures faites par les flèches empoisonnées des sauvages. Cette propriété n'est rien moins que constatée; mais d'autres qualités, qu'on ne peut révo- quer en doute, ont déterminé les colons de la Jamaïque à faire de sa culture une spéculation mercantile. 11 en existe des plantations très- considérables. Quand les tiges sont des- séchées, on enlève les racines, ou plutôt les drageons suc- culens, longs quelquefois de plus d'un pied, sur un pouce ou un pouce et demi de diamètre. Ces drageons sont très- bons à manger bouillis et assaisonnés, comme toutes les ra- cines potagères; mais leur usage le plus important est d'en retirer une fécule abondante , saine et nourrissante. On en fait une bouillie des plus agréables pour la nourriture des enfans : on sert également sur les tables des crèmes faites avec cette fécule, en y ajoutant du sucre et quelques aro- mates; outre qu'elles flattent agréablement le goût, elles sont encore très-favorables à l'estomac. Les médecins anglois, même à Londres, ordonnent cette fécule a leurs malades, dans les cas où ils ordonnoient autrefois le sagou; ils la subs- tituent même au salep. Elle forme un objet important de commerce entre la Jamaïque et Londres, et la culture dr 44 GAL ce maranta augmente de jour en jour. On râpe ces racines dans un baquet d'eau, que l'on passe ensuite dans un filtre d'une toile assez claire. Après quelques heures de repos, on décante avec précaution l'eau du baquet, et l'on trouve dans le fond une fécule imitant par sa blancheur la fleur de farine la plus belle. Le marc qui est resté sur le filtre, ne doit pas être rejeté : étant cuit, il seit à engraisser la volaille et les cochons. Galanca a feuilles de balisier: Maranla arundinacea, Linn. ; Plum. , Gen. nov. , 16 ; Lainck. , lll. gen. , tab. 1 , fig. 1. Cette plante, confondue d'abord avec la précédente, ainsi que nous l'avons exposé, se distingue par son port, et surtout par les caractères de sa fleur et de son fruit. Sa racine est noueuse, garnie de longues fibres blanches, tendres et ram- pantes; elle produit trois ou quatre tiges droites, eflilées , presque de l'épaisseur du doigt, hautes de trois ou quatre pieds, dures, recouvertes par les pétioles longs, membra- neux , roulés en gaine, velus, ainsi que la côte des feuilles; celles-ci sont amples , ovales-lancéolées, aiguës; les rameaux noueux, articulés, glabres, feuilles, coudés aux articulations, ramifiés eux-mêmes en une panicule ample et lâche, garnie de fleurs blanches, petites; les trois folioles du calice lan- céolées; la corolle presque infundibuliforme; le fruit ovoïde, un peu ferme, presque de la grosseur d'une olive. Elle croît dans Tile de Saint-Vincent, aux lieux humides et voisins des ruisseaux. Les Caraïbes, au rapport d'Aublet, en mangent la racine pour faire cesser les fièvres intermittentes. On soupçonne que le maranta tonehat d'Aublet, Guian., 3, n'est qu'une variété de l'espèce précédente : maisVarundinas- trum de Rumph , Amh., 4 , tab. 7 , cité en synonyme , et auquel paroît se rapporter le donax arundinaslrum de Loureiro , n'y convient que médiocrement. La plante de Rumph est plus grande ; elle s'élève à la hauteur de six à huit pieds. Ses tiges sont nues inférieurement avec des entre - nœuds fort longs; les rameaux amplement paniculés. D'après Aublet, cet(e plante croit dans les terres humides de l'île de Cayenne et de la Guiane. Elle sert à faire des corbeilles et des paye- ras, espèce de paniers dans lesquels les Caraïbes renferment leurs petits meubles. Galanga de Surinam; Maranta comosa, Linn. , Suppl. Le port de cette plante, le caractère de ses fruits , donnent lieu de soupçonner que, mieux connue, elle pourroit bien cons- tituer un nouveau genre. Ses feuilles sont radicales, glabres, pétiolées, semblables à celles du balisier; sa hampe est nue, cylindrique, de la grosseur d'une plume de cygne, haute de trois pieds, soutenant un bouquet de folioles sessiles , réfléchies. Les fleurs sont sessiles, axillaires, entourées de deux rangs de bractées; ces fleurs viennent trois ensemble: leur calice est supérieur, caduc, à trois folioles pétaliformes; le tube de la corolle presque aussi long que le calice : le limbe à cinq divisions, dont quatre sont lancéolées, la cin- quième bifide; le filament court, inséré sur le tube; une anthère droite, oblongue; le style en massue, le stigmate simple. Le fruit est une capsule à trois loges, contenant plusieurs semences. Cette plante croît a Surinam. Galanga effilé ; Maranta juncea, Lamck. , Encj'cl. ; Bermu- dianajuncea, etc. , Plum., Manuscr. 5 , tab. 23 et 24 ; Maranta arouma, Aubl. , Gulan., 3. Sa racine est rouge, rampante, très-fibreuse. Ses hampes, nues, droites, effilées, hautes d'en- viron dix pieds, enveloppées à leur base par quelques gaines membraneuses, portent à leur sommet des feuilles glabres, ovales, aiguës, longuement pétiolées. Les fleurs sont rouges, presque sessiles, disposées le long des ramifications dun. pédoncule terminal et couvert d'écaillés vaginales , rou- geàtres , membraneuses, d'où sortent une ou deux fleurs. Leur corolle est à cinq divisions ouvertes, aiguës; le style un peu épais, le stigmate orbiculaire. Cette plante croît dans la Guiane , aux Antilles, dans les lieux marécageux et aquatiques. Les Caraïbes la nomment arouma ou aroman -. ils se servent de ses tiges fendues pour faire des paniers et autres meubles utiles. Plumier , dans ses manuscrits (5 , tab. 21 et 2 2) , cite encore , sous le nom de bermudiana amplissimo cannacori folio^ le maranta lutea, Aubl., Guian. , dont la racine est fibreuse: elle pousse quatre ou cinq grandes feuilles droites, ovales, longues de deux pieds, larges d'un, portées sur des pétioles longs de quatre ou cinq pieds. De leur centre s'élève une tige droite, nue, haute de neuf a dix pieds, terminée par 4G GAL quelques épis ovales, coniques, imbriqués d'écaillés rousiu-' très, d'où sort une petite •^leur jaune ; le fruit est rouge, réficulé, s'ouvrant en trois valves et contenant autant de semences. Celle plante croît, aux lieux humides, dans la Guiane et aux Antilles : les Caraïbes la nomment cachihou; ils se servent de ses tiges, coupées en lanières, pour faire des corbeilles et des paniers. Voyez le Maranta cachihou, Jacq. , Fragm., tab. Gg et 70. Galakga a fleurs en tète; Maranta capitata , FI. Per. , 1 , pag. 3, tab. 8. Plante du Pérou, qui croît aux lieux ombra- gés, dont les racines sont fibreuses, les tiges simples, pur- purines; les feuilles toutes radicales, longuement pétiolées , ovales-oblongues, lancéolées; les fleurs réunies en tête, mu- nies de bractées d'un vert jaunâtre; le calice blanchâtre; le tube de la corolle un peu renflé à sa base; les trois dé- coupures extérieures du limbe blanchâtres , les intérieures d'un jaune fauve : une capsule ovale , trigone , à trois valves. Le maranta l-ateralis , FI. Per., 1. c. , n'est peut-être qu'une variété de la même plante. Jacquin, dans ses Fragmenta, a figuré quelques espèces, telles que le maranta casupo , tab. 63, fig. 4; Maranta casu- pito , tab. 64, fig. 5 ; Maranta allonya, tab. 71 ; Maranta arou- ma, tab. 72 , 73, qui est le maranta j une ea. (Porn.) GALANGA DE MARAIS. (Bot.) On donne vulgairement ce nom au souchet odorant, au clioin marisque , au scirpe maritime, et à quelques espèces de laîchcs. On a aussi dé- signé sous ce nom la racine d'acorus et celle de l'achillée mille-feuille. (L. D.) GALANG-LAUT. {Bot.) Voyez Chritmus. (J.) GALANT. (Bot.) Ce nom vulgaire est donné à deux espèces de cestreau -. l'un est le galant de jour, cestrum diurnum; l'autre, le galant de nuit, cestrum nocturnum. (J. ) Gx\LANT D'HIVER ( Bot. ) , un des noms vulgaires de la galantine perce-neige. (L. D.) GALANTHUS {Bot.), nom latin du genre Galantine. (L.D.) GALANTINE; Galanthus, Linn. {Bot.) Genre déplantes monocotylédones , de la famille des narcissées , Juss. , et de Vkexandrie monogj'nie, Linn. , dont les principaux caractères GAL 47 sont les suivans : Calice nul; une spalhe monophylie, g'ou- vrant latéralement ; corolle de six pétales , dont trois exté- rieurs oblongs, et trois intérieurs plus courts, échancrés en cœur; six étamines plus courtes que les pétales; ovaire inférieur, surmonté d'un style à stigmate simple; capsule ovale, à trois Valves, à trois loges contenant plusieurs graines -globuleuses. Ce genre ne renferme que l'espèce suivante. Galantine terce- neige; vulgairement Galant d'hiver, Perce-neige : Galanthus nivalis , Linn., Spec, 4^5; Jacq. , FI. Aust., tab. 3i3. Sa racine est une bulbe tuniquée; elle produit deux feuilles oblongues, étroites, glauques, du mi- lieu desquelles nait une hampe grêle, haute de cinq à six pouces, terminée à son sommet par une seule fleur campa- nulée, pendante, portée sur un pédoncule qui sort de la spathe : ses pétales extérieurs sont d'un blanc de lait; les intérieurs plus épais et verdàtres. Cette plante croit natu- rellement dans les prés et les bois des montagnes , en France, en Allemagne , en Suisse , en Italie , etc. On cultive la galantine dans les jardins, à cause de ses charmantes fleurs , qui paroissent au milieu de l'hiver et quelquefois même lorsque la terre est couverte de neige, C'est réunie en touffe qu'elle fait le plus d'effet. Dans les jardins paysagers on peut la mettre aux pieds des arbres, et elle y restera plusieurs années de suite sans avoir besoin d'aucun soin particulier. Une terre sèche et légère est celle qui lui convient le mieux ; mais elle peut s'accommoder de toute autre , pourvu qu'elle ne soit pas trop humide. Elle se multiplie naturellement de graines; mais dans les jardins on préfère, pour la propager, se servir des cayeux que ses oignons produisent assez abondamment, et qu'on peut, à cet effet, relever tous les trois à quatre ans. On en connoit une variété à fleurs doubles; mais, selon nous, cette plante est une de celles que la multiplication des pétales n'embellit pas: la galantine double a perdu toute l'élégance qui faisoit le charme des fleurs de l'espèce na- turelle. Les bulbes de la perce -neige ont la propriété de provo- quer le vomissement; mais on n'en fait point d'usage en médecine. On a attribué à ces oignons d'autres propriétés. 48 GAL comme d'être émolliens, résolutifs, fébrifuges : ils sont éga- lement inusités sous ces rapports. Autrefois on préparoif dans les pharmacies une eau distillée de fleurs de perce- neige, qui passoit alors pour être utile contre la cataracte, et propre à blanchir la peau et à effacer les taches de rous- seur. L'insuffisance de cette préparation, dans tous ces cas, Va fait tomber en désuétude. ( L. D. ) GALANTINE {Bot.), nom provençal et languedocien de l'ancolie , aqiiilegia vulgaris , selon Garidel et M. Gouan. (J.) GALARDIENNE, Galardia. (Bot.) Voyez Gaillardie. (H. Cass. ) GALARDIES , Galardiœ. (Bot.) Dans un ouvrage publié à Philadelphie, en 1818, et intitulé : The Gênera of North American plants , l'auteur, M. Nuttal, propose de former, dans la famille des synanthérées, un groupe naturel nommé galardiœ, composé des cinq genres Helenium , Leptopoda, Acti* nella^ Galardia, Balduina, et caractérisé de la manière sui- vante : Péricline de plusieurs squames foliacées, à peu prés égales ou imbriquées : une couronne composée de fleurs neutres ou stylifères, à corolle radiante, ligulée , semi-trifide ou tridentée; corolles du disque à tube petit, à quatre ou cinq dents, et pourvues de glandes visqueuses; clinanthe hémi- sphérique ou convexe, inappendiculé, ou plus rarement fim- brillifère, ponctué ou très-profondément alvéolé; fruits ob- coniques, très -velus; aigrette de cinq à dix squamellules paléiformes , réunies à la base , simples ou surmontées d'une arête ; tige herbacée, excepté chez une espèce à'actinella, où elle est ligneuse; feuilles alternes, entières, rarement toutes radicales; calathides terminales, pédonculées. Dans notre quatrième Mémoire sur la famille des synan- thérées, lu à l'Académie des sciences le 11 Novembre 1S16, et publié dans le Journal de physique de Juillet 1817, nous avons indiqué une division de la tribu des hélianthées en plu- sieurs groupes naturels, dont l'un est notre section des hélian- thées-héléniées. Cette section renferme le groupe proposé depuis par M. Nuttal sous le nom de galardiœ; mais nos hélé- niées sont fondées sur des caractères beaucoup moins restiùc- tifs que les galardies du botaniste américain ; c'est pourquoi GAL 49 elles comprennent un bien plus grand nombre de genres. Les caractères assignés par M. Nuttal ont l'inconvénient d'ex- clure du groupe, des genres qui doivent évidemment y entrer. Nous croyons aussi que le nom d'héléniées , dérivé d'un genre ancien et très- connu, est préférable à celui de walardies , dérivé d'un genre moins connu et plus moderne. Voyez notre article Hélékiées. (H. Cass.) GALARIAS. (Ichthjol.) Voyez Callarias, dans le Suppl. du 6." vol. (H. C.) GALARIN (Bot.), un des noms vulgaires de la mâcre flottante. (L. D.) GALARIPS. {Bot.) AUioni désigne sous ce nom Vallamanda de L,jn<8ens. Voyez Allamaxde. (J.) GALATÉADÉES , Galateadce, {Crust.) Famille de crustacés malacostracées , macrourées, dont la quatrième paire de pattes est plus grande et didactyle ; les cinquième , sixième et septième paires simples; la huitième, petite, didactyle, ayant la queue formée de plus d'une pièce; les antennes in- férieures , longues , sans écailles à leur base. 1.'* Race. Test de forme triangulaire - ovale , alongée an- térieurement; troisième paire de pattes non dilatée. 2.*" Race. Test arrondi, légèrement convexe, non alongé antérieurement; troisième paire de pattes dilatée intérieu- rement, au moins à leur premier article. 1.'^ Race. 1," Genre. JEqi.ée, /Egla. Le deuxième article des antennes supérieures plus court, mandibules largement dentelées ; la troisième paire de pattes simple, la quatrième légèrement inégale; les doigts entiers; ?.es cuisses et les crochets des cinquième , sixième et septième paires simples; test uni, presque droit en arrière, divisé dans son milieu par une suture qui se dirige un peu en arrière; l'abdomen et le dos lisses; queue bipartie. jfEcLÉE UNIE, JEgla lœvis. Corps couvert de petites touffes de poils ; queue brusquement acuminée ; mains ovales ; poignets garnis intérieurement de crêtes dentelées; bras triangulaires; angles supérieurs et inférieurs légèrement épineux. i8. 4 5û CtAL Galalhea lœvis , Latr. , Encycl. méth. , Crust. ,pl. 3o8, fig. 2. Les seuls individus de cette espèce que j'ai vus, sont con- servés au Muséum d'histoire naturelle de Paris. On ne sait point d'où ils viennent. Les poils supérieurs du corps sont couleur brun sale. Le test est échancré de chaque côté an- térieurement. 2." Genre. Grimotée , Grimotœa. Le deuxième article des antennes supérieures pas plus court que le premier, claviforme à son extrémité. Mandi- bules dépourvues de dents: troisième paire de pattes alon- gée ; les trois derniers articles foliacés; la quatrième paire égale; les doigts droits, denticulés intérieurement, ïigus et très-recourbés à leur extrémité ; les cuisses des cinquième . sixième et septième paires de pattes épineuses en -dessous, leurs ongles simples ; test échancré en arrière; le dos en- taillé transversalement; bords des entailles garnis de poils, se dirigeant en avant. Abdomen entaillé et cilié comme le test; queue composée de plusieurs plaques, dont les deux postérieures plus grandes. Grimotée sociale, Grimotœa gregaria. Bec éfilé et triangu- laire , les angles légèrement dentelés; deux épines sur chaque côté de sa base , et deux autres plus petites par derrière. La quatrième paire de pattes comprimée avec des tubercules écailleux, garnis de poils sur leurs bords; couleur rouge de sang, plus foncée sur la région du cœur. Galalhea gregaria, Fabr., Ent. sjst. , 11 , 470. Cette espèce fut découverte sous les 07" 3o' de latitude sud, par sir Joseph Banks, dans son voyage autour du monde avec le capitaine Cook. La mer en étoit tellement couverte qu'elle paroissoit rouge comme du sang. Les côtés internes de la quatrième paire de pattes sont garnis de légères épines. 5.*^ Genre. Galatée, Galatea. Deuxième et troisième articles des antennes supérieures égaux; le premier terminé par trois épines; mandibules dé- pourvues de dents; extrémités de la troisième paire de pattes, ainsi que celles de leurs deux premiers articles, épineuses: quatrième paire égale; doigts dentelés à leur extrémité et GAL 5i creusés intérieurement ; les cuisses des cinquième, sixième et septième paires de pattes, épineuses à leur base; ongles un peu épineux en-dessous; test échancré en arrière; dos traversé de profondes entailles, bords semés de poils dirigés en avant; bec éfilé, armé de quatre piquans sur les côtés; abdomen sillonné et velu comme le test ; écailles ou segmen* obtus latéralement; queue triangulaire, composée de plu- sieurs plaques, les deux postérieures plus grandes, échan- crées sur leurs bords, avec leurs lobes arrondis. Ce genre lut établi par Fabricius , en 1798. Il l'écrivit Galafhea, au lieu de Galatea , et tous les auteurs qui lui ont succédé l'ont écrit comme lui. Les espèces de ce genre habitent les eaux profondes des côtes de l'Europe : on les trouve quelquefois parmi les thalassophytes à mer basse. Elles ont des mouvemens très-rapides, et lorsqu'elles sont prises, elles agitent vivement leur abdomen contre leur poi- trine. 1." Galatée porte-écailles, Galatea squamifera. Le troi- sième article de la troisième paire de pattes plus long que le premier; quatrième paire écailleuse. Les mains épineuses en dehors , les poignets ( carpes ? ) et les bras le sont en dedans. Galatea squamifera , Leach , Malac. Podoph. Britan. , tah. XXVUI, A. Cette espèce est très-commune sur les côtes sud -ouest de rx\ngleterre. Elle m'a aussi été envoyée de Marseille , de Malte et de Sicile, par mes amis MM. Ritchie , Roux et Swainson. Ma Galatea Fabricii , figurée planche XXI du sup- plément à l'Encyclopédie britannique, n'est autre que Fadulte de cette espèce. Les jeunes ont ordinairement une ligne blanchâtre sur toute la longueur du dos. 2." Galatée PORTE- ÉPINES , Galafea spinifera. Deuxième ar- ticle de la troisième paire de pattes plus court que le pre- mier; quatrième paire écailleuse , épineuse en-dessus et sur les côtés: bras dénués de dents en dehors. - Galatea spinifera , Leach , Malac. Podoph. Britann. , tab. XXVIII, B. Tous les auteurs ont confondu cette espèce avec le cancer strigosus de Linna?us , auquel il assigne , pour caractère spécial , Tjostrum aculiiin septemdentatum . tandis que l'espèce que nous 52 GAL décrivons a quatre dents de chaque côté du bec. On la trouve très -abondamment dans les mers d'Europe et la Mé- diterranée. I.orsqu'elle est vivante, le pédoncule de ses yeux, la partie supérieure de la coquille et de Tabdomen , sont magnifiquement colorés d'un bleu azurin ; les jeunes ont les pattes élégamment ornées d'anneaux rouges et blancs. 4.* Genre. Monidée, Alunida. Les deuxième et troisième articles des antennes supérieures sont égaux; le premier article armé de quatre épines; man- dibules dépoui'vues de dents; extréniité du premier article de la troisième paire de pattes terminé en épine, ainsi que le milieu inférieur du deuxième article; quatrième paire de pattes de longueur égale, arrondie et filiforme; doigts légè- rement dentelés en dedans; un des pouces ou tous les deux échancrés à leur extrémité ; les cuisses des cinquième, sixième et septième paires de pattes, épineuses en-dessus ; leurs ongles un peu épineux en-dessous; test échancré en arrière , sillonné transversalement sur le dos; les sillons légèrement garnis, sur leurs bords, de poils dont l'extrémité se dirige en avant; bec en forme d'épine, armé de deux piquans à chaque côté de sa base ; abdomen profondément sillonné , garni de poils comme le test; segmens {tigus latéralement; queue carrée transversalement, formée de plusieurs plaques , dont les deux postérieures plus grandes, légèrement échancrées sur leurs bords ; angles des échancrures arrondis. MuNiDÉE RLGUEUSE , Muriida riigosa. Quatrième paire de pattes épineuses, surtout à l'intérieur; six épines au deuxième segment de l'abdomen, quatre au troisième, toutes dirigées en avant. Cette espèce est le leo de Rondelet; Yastacus Baniffius de Pennant. Galathea rugosa des auteurs ; Galatliea longipeda du pre- mier ouvrage de M. de Lamarck. Voyez Malac. Podoph. Brit. tah. XXIX. Le premier article de la troisième paire de pattes plus long que le second. Dans l'état jeune, les doigts de la quatrième paire sont appliqués l'un contre l'autre sur toute leur longueur, tandis que dans les adultes ils sont écartés à leur base. Cette GAL 55 espèce se trouve assez rarement sur les côtes de France et d'Angleterre. Obs. N'ayant point vu les Galalhea antiqua et glabra deRisso, non plus que la Galathea amplectens de Fabricius , dont un dessin, représentant les pattes postérieures plus petites, se trouve dans la collection de Sir Jos. Banks, je m'abstiendrai d'en parler. Cependant il me semble qu'on pourroit former deux genres de ces deux dernières espèces. M. Sait a découvert une belle espèce de cette race dans la mer Rouge. Le dessin colorié qu'il m'en a donné, n'offre pas assez de détails pour que je puisse assigner le genre auquel elle appartient. 2." Race. • Les animaux de cette race ont le test si court qu'au pre- mier abord on les prendroit pour des brachiures, ordre dans lequel ils furent placés par les anciens naturalistes. Les au- teurs modernes les ont réunis sous le nom de PorceUane ; mais, en les examinant de plus près, je m'aperçois qu'ils doivent constituer deux genres distincts. ô.*" Genre. Pisidie, Pisidia. Les deuxième, troisième, quatrième et cinquième articles de la troisième paire de pattes, comprimés et dilatés inté- rieurement; le sixième alongé en triangle;, la quatrième paire de pattes comprimée. ^'^ Test, abdomen et pattes sillonnées transversalement et velues. \.° Pisidie verte, Pisidia tiridis. Les bras de la quatrième paire de pattes dentelés en avant et en arrière; les dents antérieures plus grandes et épineuses sur leurs bords exté- rieurs. Habitation inconnue. Donnée par le chevalier de Lamarck. Le test et l'abdomen sont sillonnés en arrière et ciliés, comme dans les genres Galatée , Munidée et Grimodée , et les cuisses de la cinquième, sixième et septième paires de pattes ont les mêmes caractères, ainsi que les pattes de devant, mais moins réguliers. Ce ne peut pas être la porcellane verdâtre de M. de Lamarck, puisqu'il Fa décrite comme étant lisse; ce 54 G AL n'est pas non plus la porcellane galathine de Bosc , puisqu'il lui donne pour caractère , corselet strié longitudinalement. Ces deux espèces me sont inconnues. *•■* Test dépourvu de sillons transverses. 2° PisiDiE DE Lamarck, Pisidia Lamarckii. Test traversé de lignes courtes et élevées, légèrement velu ; front peu saillant et canaliculé; mains granulées; bras squamulés antérieure- ment, et ayant trois dents. Habitation inconnue : mon cabinet. Il y a un sillon trans- verse entre et derrière les yeux. 3." PisiDiE ASIATIQUE, Pisidia Asiatica. Test, comme dans la précédente, strié de lignes courtes, élevées et transver- sales, légèrement velu ; front un peu saillant et canaliculé ; mains irrégulièrement granuleuses; bras squameux, dentelés devant et derrière. Habite les mers de l'Inde ; est très -commune à Plsle-de- France. Elle a aussi un sillon derrière et entre les yeux. 4.** PisiDiE DE LinnjEus, Pisidia Linnceana. Test marqué par des lignes courtes tt transverses légèrement ciliées; front, trifidc , le prolongement du milieu échancré et finement dentelé; les mains et les bras squameux; les écailles semées de grains très-fins. Habite POcéan européen et la Médi- terranée. On ne sauroit douter que ce ne soit le véritable cancer hexapus de Linnaeus, qu'il décrit expressément en ces termes: thorax convexiusculus , antice inler oculos trijidus , medio emargi- nato, chalcce lœves [Syst. nat., i , 2040). Le dessin de Pennant est inexact, et j'ai peine à croire qu'Herbst , fig. C, tab. 47 5 ait voulu désigner cette espèce. La description que Latreille en donne est excellente. Les bras dans cette espèce sont or- dinairement inégaux , et le pouce du plus petit d'entre eux toujours échancré à son extrémité. Le cancer longicornis de Linnœus est supposé appartenir à ce genre, avec lequel on a souvent confondu les espèces décrites plus haut. 5.° PisiDJE DE Say, Pisidia Sajana. Test et la quatrième paire de pattes marqués par des lignes courtes et iransverses; front trifide, le prolongement du milieu encore sous- trifide et finement granulé. GAL 55 Habite les côtes de la Géorgie et de la Floride dans l'Amé- rique. Communiqué par mon ami M. Say, sous le nom de Porce/- lana galathina. 6." PisiDiE SOCIALE , Pisidiu socia. Partie antérieure de test rabattue ; quatrième paire de pattes tuberculée ; les tuber- cules granulés. Porcellana sociata, Say, Journ. de l'Acad. nat. d. scienc. de Philadelphie, i , 466. Habite les côtes de la Géorgie. , Communiqué par M. Say. LaPoRCELLANEBLUTEL, Porcellano BlutelU , deM.Risso, est du nombre des espèces que je n'ai point vues: d'après la des- cription qu'en donne cet ingénieux auteur, je croirois qu'elle appartient à ce genre. Elle habite les rochers des côtes de jSice. La PoRCELLANE LONGUES- PATTES , Porcellana' longimana , du même auteur, m'est aussi inconnue, 11 est probable qu'elle formeroit un genre particulier. G." Genre. Porcellane, Porcellana. Le deuxième article de la troisième paire de pattes est très-comprimé et très-dilaté intérieurement; le troisième est cylindrique ; le quatrième légèrement dilaté à l'extérieur vers son extrémité; le cinquième est dilaté extérieurement, étroit vers le bout; le sixième a la forme d'un triangle alongé; la quatrième paire de pattes est très- comprimée et dilatée. Porcellane a larges pinces , Porcellana plafjcheles. Test suborbiculaire; front trifide; prolongement du milieu cana- liculé; mains oblongues ; doigts formant un triangle alongé. Cancer platjcheles , Pennant, Zool. Brit. , IV, t. 6, fig. 12; Porcellana platfcheles, Lam., Syst. des anim. sans vert. , i53. Le test et les pattes ont de petites lignes saillantes et ci- liées; les bords extérieurs des mains sont garnis de longs poils. Lorsque Fanimal est vivant, sa couleur est testacée- brune en-dessus, blanche en-dessous. Habite les rochers des bords de l'océan Européen et de la Méditerranée : fixée sous les pierres isolées. La Porcellane hérissée, Porcellanahirta, de M. deLamarck, appartient probablement à ce genre. Je n'ai jamais vu la 56 GAL PoRCELLANE PINCES -INÉGALES , P. anisoclcs , dc M. Latrcille. (W.E.L.) GALATFE, Galatea (Crust.); mal à propos nommée Gala- TKÉE, Galatliea : genre de crustacés de la famille des Galatéa- DÉEs. Voyez ce mot. ( W. E. L.) GALATÉE, Galatea. {Bot.) [Corjmbifères , Juss. = Sjngé- nésie polygamie frustranee, Linn.] Ce sous-genre de plantes, que nous avons établi dans le Bulletin de la société philo- niatique de Novembre 1818, appartient à la famille des synanthérées, à notre tribu naturelle des astérées, et au genre Aster. 11 diffère des autres sous-genres parla couronne composée de fleurs neutres, et jiar le péricline de squames inappendiculées, appliquées, coriaces, vraiment imbriquées. La calathide est radiée, composée d'un disque pluriflore , régnlariflore , aiidrogynitlore , et d'une couronne unisériée , ligulittore , neutriflore. Le péricline , très-inférieur aux fleurs du disque et cylindracé , est formé de squames imbriquées, appliquées, ovales-oblongues, subcoriaces. Le clinanthe est planiuscule, subalvéolé, à cloisons charnues, irrégulières, dentées, interrompues. Les ovaires sont oblongs, velus;leur aigrette est composée de squamellules nombreuses, inégales, filiformes, barbellulécs. Les fleurs de la couronne ont un faux-ovaire demi-avorté , inovulé , aigrette , le style nul ou demi -avorté. Galatée pauciflore : Galatea paucijlora, H. Cass. ; Aster dracunculoides, Lamck. , Encycl. C'est une plante herbacée , à racine vivace , produisant plusieurs tiges hautes de quatre pieds, dressées, cylindriques, striées, simples et glabres in- férieurement , divisées supérieurement en rameaux un peu pubescens, qui forment , par leur assemblage, une panicule corymbiformc terminale , ornée de calathides très-nombreuses. Les ti^es et les rameaux sont garnis d'un bout à l'autre de feuilles éparses, inégales, dont les plus grandes sont longues de quatre pouces et demi, larges de six lignes; toutes sont sessiks, étalées, oblongues - lancéolées , trincrvées, à bords entiers, mais rudes par l'eflct de denficules visibles à la loupe; leur face inférieure est un peu ponctuée , et parsemée de très- petits poils roides visibles à la loupe. Les calathides ont le dis- que jaune composé de quatre fleurs, et la couronne purpurine G AL 57 composée de trois à six fleurs, dont la languette est oblon- gue-lanréolée, à sommet très-aigu, entier ou bidenté ; le cli- nanthe est petit et semble pyramidal, parce qu'il ne porte que des demi-cloisons centrales d'alvéoles. Nous avons observé et décrit cette plante au Jardin du Roi, où elle est cultivée depuis très- long- temps, et où l'on igtiore son origine : elle constitue une espèce très-distincte, fort agréable, et remar- quable par le petit nombre des fleurs de»chaque calathide. Galatée BLANCHATRE : Galuteu canesccns , H. Cass. ; Aster canus, "VVilld. , Sp.pl. Cette plante vivace, qui habite les terrains garnis d'arbrisseaux et de gramens, dans le Bannat , province de Hongrie, a des tiges hautes de trois pieds et demi , dressées, cylindriques, striées, simples inférieurement, divisées supérieurement en rameaux pubescens ; les tiges et les rameaux sont garnis de feuilles alternes, éparses, sessiles, étalées, oblongues-lancéolées, aiguës au sommet, très-entières sur les bords, munies de trois nervures saillantes en-dessous , et garnies sur les deux faces de poils longs, mous, blan- châtres, couchés, appliqués, plus rares en-dessus qu'en- dessous; les feuilles inférieures ont deux pouces de long et cinq lignes de large ; les supérieures sont plus petites et plus chargées de poils; les calathides sont nombreuses, et dispo- sées en grandes panicules corymbiformes terminales; elles sont larges de neuf lignes, composées d'un disque jaune, multiflore, et d'une couronne purpurine ou lilas d'environ dix fleurs. Cette espèce est bien distincte de toutes les autres par les longs poils dont elle est garnie : nous l'avons décrite au Jardin du Roi , où on la cultive. Galatée ponctuée : Galatea punctata, H. Cass.; Aster punc- tatus, W'iild. , Sp. pi. La racine est vivace; les tiges , hautes de quatre pieds et demi, sont dressées, droites, cylindri- ques, un peu anguleuses, pubérulentes , ramifiées supérieu- rement; elles sont garnies de feuilles éparses, sessiles, éta- lées, les plus grandes longues de trois pouces et demi, larges de cinq lignes , oblongues-lancéolées , le plus souvent un peu obtuses, fermes, trinervées; leurs bords sont garnis de petits poils roides; leur face supérieure est parsemée d'une multi- tude de petites cavités ponctiformes , au fond desquelles on aperçoit à la loupe un petit tubercule; les calathides sont 58 GAL nombreuses, disposées en panicules corymbiformes termi- nales, dont les ramifications sont pubescentes et garnies de petites feuilles: chaque calathide est large de quinze lignes; son disque est multitlore , d'abord jaune, puis rougeàtre ; sa couronne est purpurine ou lilas. Cette espèce habite la Hongrie ; nous l'avons observée au Jardin du Roi. Galatée intermédiaire; Galatca intermedia, H. Cass. Les tiges sont hautes«de deux pieds , dressées , cylindriques , striées, simples inférieurement , rameuses supérieurement, garnies de feuilles ; celles-ci sont alternes, sessiîes. étalées, longues d'un pouce quatre lignes, larges de deux lignes et demie , les supérieures plus petites ; toutes sont oblongues- lancéolées, très - entières , ponctuées en -dessus, garnies de poils excessivement courts , et munies de trois nervures , dont les deux latérales sont très-foibles : les calathides , compo- sées d'un disque multiflore, jaune, et d'une couronne pur- purine ou lilas-clair, sont nombreuses et disposées en pani- cules corymbiformes terminales. Cette plante est étiquettée aster acris au Jardin du Roi, où nous l'avons décrite : elle semble intermédiaire entre la galatée ponctuée et la galatée roide. Galatée roide: Galalea rigida, H. Cass.; Aster frinenis , Hort. Reg. Par.; Aster acris, var. ^, Lamck. , Encycl. Plante toute glabre, à racine vivace ; tiges hautes d'un pied, un peu épaisses, très-roides, dressées, simples, garnies de feuilles d'un bout à l'autre; feuilles éparscs , sessiîes, étalées , longues de deux pouces, larges de trois lignes, linéaires- lancéolées , très-entières , trinervées , un peu coriaces ; cala- thides disposées au sommet des tiges en corymbe terminal bien fourni et arrondi, dont les ramifications sont roides et garnies de petites feuilles; disque jaune, multiflore; cou- ronne purpurine, composée d'une douzaine de fleurs. Nous avons décrit cette plante au Jardin du Roi ; elle y est cul- tivée depuis long-temps , mais on ignore son origine : M. de Lamarck la regarde comme une simple variété de Vaster acris. Galatée a couronne blanche : Galatea alhijlora, H. Cass.; Aster linifoliiis , AVilld. , 5p. pi. Cette plante est glabre , à l'exception des sommités, qui sont parsemées de petits poils: GAL 59 les tiges sont hautes d'un pied et demi , cylindriques, striées, simples inférieurement , mmeuses supérieurement, garnies de feuilles nombreuses, rapprochées; ces feuilles sont alternes, sessiles, étaléts, longues d'un pouce, larges d'une ligne, les supérieures progressivement plus petites; elles sont linéaires- aiguës, uninervées, poncticulées sur les deux faces, garnies sur les bords de petites dents cartilagineuses visibles à la loupe: les calathidcs, très -nombreuses, sont disposées en corymbes terminaux arrondis; elles sont larges de sept lignes, composées d'un disque jaune , multiflore , et d'une couronne blanche, interrompue, pauciflore, neutriflore : le péricline , très -inférieur 'aux fleurs du disque et subcylindracé, est formé de squames paucisériées, irrégulièrement imbriquées, oblongues- aiguës, uninervées, subfoliacées, les extérieures le plus souvent inappliquées supérieurement, les autres ap- pliquées; les fleurs de la couronne ont des rudimens d'éta- mines , un faux-ovaire grêle, inovulé, le style nul ou semi- avorté , la languette souvent irréguliére. Nous croyons de- voir attribuer cette espèce au sous -genre Galatea, quoique les squames extérieures du péricline soient inappliquées supérieurement : elle se distingue aussi des autres espèces par sa couronne blanche et par ses feuilles uninervées. Elle est vivace et habite l'Amérique septentrionale; on la cultive au Jardin du Roi, où nous l'avons observée. Notre sous-genre Galatea, qui nous semble très- naturel et distingué par des caractères suffisans, doit comprendre sans doute plusieurs autres espèces que celles qui viennent d'être décrites, mais qui sont les seules que nous ayons observées jusqu'à présent. (H. Cass.) GALATHÉE. (Crust.) Voyez Galatée. ( W. E. L.) GALATHÉE. [Foss.) M. Risso a trouvé, dans des excava- tions faites près de Nice , une espèce fossile de ce genre , à la- quq^le il a donné le nom de galathea antiqua. (Risso, Hist. nat. des crustacés de Nice, p. 75.) Elle a le test bombé, garni en-dessus de neuf plaques trans- versales , qui se trouvent relevées sur leurs bords inférieurs par une ligne saillante. Sa couleur est d'un jaune ochracé. On ne A'oit point de pattes; mais on distingue les places où elles étoient attachées. L'abdomen est un peu renflé. Elle a près €o GAL de deux pouces de longueur sur quatorze lignes de largeur. Voyez Galatée et Galatéadées. (De F.) GALATHÉE, Galatliea. {Conchyl.) Genre proposé par Bruguières dans rEncyclopédie méthodique, établi par M. de Lamarck , Ann. du muy. , vol. 5, p. 460, pi. 28. pour une belle coquille bivalve que Gmelin avoit placée parmi les venus sous le nom de venus sub>^iridis. Nous exprimons ainsi les caractères de ce genre : Animal inconnu . mais très-pro- bablement fort peu différent de celui des cyclades ; coquille assez épaisse, subtrigone, équivalve, à sommets proémincns, presque verticaux: charnière complexe, dissemblal le . dor- sale ; deux dents cardinales rapprochées sur la valve droite, avec un enfoncement triangulaire en avant et en arrière; deux dents cardinales écartées, et au milieu une excavation intermédiaire sillonnée sur la valve gauche; dents latérales médiocres; ligament postérieur, extérieur et très-bombé; deux impressions musculaires. Ce genre, qui est évidemment fort rapproché des cyclades, a été nommé Egérie par M. de Roissy; changement qu'il a cru devoir faire avpc assez de raison, parce que le nom de galathée est depuis long-temps employé poui» désigner un genre de décapodes. On n'y range encore qu'une seule espèce qui , comme toutes les cyclades jusqu'ici connues, est fluviatile. On dit qu'elle se trouve dans les rivières de Ceilan et des Grandes-Indes. M. de Lamarck la nomme la Galathée a rayons, Galailiea radiata; parce que, lorsqu'elle a été polie, on voit deux ou trois rayons violets partant des sommets et s'effaçant vers le bord ven- tral. La dénomination que lui avoit donnée Gmelin, de venus subs^iridis , auroit dû être préférée, puisque, dans son état naturel, elle est réellement entièrement couverte, si ce n'est probablement vers les sommets , d'un épiderme verdàtre , comme les cyclades. Du reste , c'est une très-belle coquille , encore fort rare, de trois à quatre pouces de long, presque toute blanche quand elle a été dépouillée. (De B.) GALAX. {Bot.) Voyez Erythrorhize. (Poir.) GALAXAURE, Gaïaxaura. {Corail.) Genre établi par M. Lamouroux (Polyp. flex., p. 269) pour quelques espèces de corps organisés phytoïdes , rangés parmi les corallines par Solander et la plupart des zoologistes, quoique Gmelin et GAL Gi Esper en aient placé plusieurs avec les tubulaires. Le fait est qu'on ne sait pas encore trop ce que c'est: ce ne peut être des tubulaires, puisqu'on n'a certainement encore pu y observer aucune trace d'animaux ou de polypes , qui sont très- développés dans ce genre, et qui sont toujours à l'extré- mité de chaque tube ; on ne peut non plus les assimiler exac- tement aux coriillines, dont les tigessont évidemment pleines, tandis que celles des galaxaures sont fistuleuses .- en sorte qu'il est assez convenable d'en faire une petite coupe générique nouvelle, qui devra être placée près des corallines. Dans le cas où il n'y auroit pas de polypes , ce geiîre peut être défini un assemblage plus ou moins considérable de petites tiges cylindriques, fistuleuses, dichotomes, ordinairement articulées, et simulant une sorte de petite plante. Mais si , comme le soupçonne M. Lamouroux , ces tubes sont ouverts à l'extrémité et renferment chacun un polype, alors ce genre devra être à peine séparé des tubulaires : et , en effet, les tubes sont formés d'une substance membraneuse , fibreuse, encroûtée, il est vrai , d'une légère couche de matière cal- caire ;'les galaxaures sont ordinairement petites, presque tou- jours fort régulièrement dichotomes; les unes sont fortement articulées, tandis que les autres le sont à peine. M. Lamou- roux, quoiqu'il n'en ait jamais vu de vivantes, suppose que leur couleur est un vert herbacé, tirant un peu sur le violet, comme les nisées et les acétabulaires. En général, ce sont des corps organisés qui, comme presque tous les zoophytes. ont encore grand besoin d'être étudiés , non plus dans les herbiers, comme on l'a fait jusqu'à présent, mais dans la mer où ils se trouvent. Quoi qu'il en soit, M. Lamouroux en caractérise douze espèces. 1° La Galaxaure oblongue ; Galaxaura oblongaia , Soland, et EU. , tab. 22 , fig. i. Articulations oblongues, comprimées, à écorce très-mince et rougeàtre. Des mers d'Amérique et du Portugal. 2° La Galaxaure ombeu.ée ; Galaxaura ombellata, Tuhul. omb., Esper., Zooph. , tab. 17, fig. 1 , 2. Rameaux se dicho- tomisànt beaucoup et tonnant une sorte d'ombrelle. Mer des Antilles. 3.° La Galaxaure obtuse : Galaxaura ohtusata , Soland. ei ^■- GAL ElUs, fab. 22, fig. 2. Dichotome ; articulations ovales-oblon- gues, arrondies aux deux extrémités. Isles de Bahama. 4.° La Galaxaure annelée ; Galaxaura annulala, Lamx. , Tubiif.dichot. , Esper. , tab. 6 , fig. 1,2. La tige et les rameaux anneiés. Indes orientales. 6." La Galaxaure rugueuse : Galaxaura rugosa , Soliand. et El!., tab. 22, fig. 5; Corail, rugosa et Tubul. fragilis , Gmel. Dichotome; les articulations annelées et un peu rugueuses, cylindriques, aplaties au sommet. Mers d'Amérique. 6.° La Galaxaure marginée; Galaxaura marginata, Soland. et Eli., tab. 22, fig. ^. Dichotome; rameaux subcontinus, lisses , s'aplatissant et se recourbant un peu par la dessiccation. Côtes des îles de Bahama. 7.° La Galaxaure lapidescente : Galaxaura lapidescens , Soland. et EU,, tab. 21 , fig. 9 , et tab. 22 , fig. 9. Dichotome; articulations cylindriques, velues. Cap de Bonne-Espérance. 8.° La Galaxaure fr^uticuleuse ; G-alaxaura fruticulosa , Soland. et EU., tab. 22, fig. 5. Rameaux cylindriques, con- tinus, jaunâtres, aigus au sommet. Côtes des îles de Bahama. 9.° La Galaxaure, endurcie; Galaxaura indurata , Soland. et Eli., tab. 22, fig. 7. Dichotome; rameaux presque continus, cylindriques, lisses, divergens. Des mêmes mers. 10.° La Galaxaure roide; Galaxaura rigida, Lamx., Polyp. lîex. , pi. 8, fig. 4, aB. Rameaux roides , cassans , annclés , yelus, sans articulations. 11." La Galaxaure lichenoïde ; Galaxaura lichenoides , Soland. et EU., tab. 22, fig. 8. Dichotome; rameaux conti- nus, un peu rugueux, comprimés supérieurement. Isles de Bahama. 12.° La Galaxaure sanoïde ; Galaxaura sanoides , Lamx. Rameaux dichotomes, filiformes, légèrement articulés, for- més en touffe ; grandeur, deux centimètres ; couleur gris-violet blanchâtre. Mers de l'Australasie. (De B.) GALAXEA. [Polyp.) Division du genre Madrépore de. Linnœus, proposée par M. Ocken ( Élém. d'hisl. nat. , p. 72 ) , et caractérisée ainsi : Tubes simples, courts; étoiles petites, séparées ou réunies par l'extrémité en un cercle, mais*déta- chées toutes dune manière distincte, et non complètement enfermées dans un ciment. Les espèces que M. Ocken range GAL 65 dans ce genre évidemment artificiel , sont divisées en quatre sections : la première, dont les tubes sont uniques, ne con- tient que le inadr. cyathus, gai. antuphfUum; la deuxième, dont les tubes semblent bourgeonner, c'est-à-dire naissant supérieurement du milieu d'un autre , renferme le gai. auto- phjdlites; la troisième, qui offre quelque ressemblance avec des clous, n'en contient encore qvi'une espèce, le gai. orga- num, type du genre Sarcinula de M. de Lamarck; et, enfin , la quatrième, dont les tubes semblent naître d"un seul point, renferme, outre le madr. fascicularis , que M. Ocken nomme gai. carj-ophyllites , les madr. cespitosa , cuspidata , calj- cularis, truncata et verrucaria-. ce sont des caryophyllies de M. de Lamarck. (De B.) GALAXIA. {Bot.) Voyez Galaxie. (Poir.) GALAXIAS. {Bot.) Daléchamps dit que quelques auteurs nommoient ainsi le chardon-marie, carduus marianus de Lin- nœus, siljhum de Vaillant et de Gsertner, probablement à cause des taches blanches répandues sur ses feuilles. (J.) GALAXIE, Galaxia. {Bot.) Genre de plantes monocotylé- dones, à fleurs incomplètes, de la famille des ir'ulées, de la iriandrie monogjnie de Linnœus, qui a des rapports avec les bermudièncs {sisyrinchium) , caractérisé par une spathe uni- valve ; une corolle infundibuliforme ; le tube droit, long, filiforme, élargi à son sommet en un limbe presque cam- panule, régulier, à six découpures égales; trois élamines plus courtes que la corolle, réunies à leur base; un ovaire inférieur; le style filiforme, à trois stigmates multifides. Le fruit consiste en une capsule presque cylindrique , à trois valves, à trois loges, contenant plusieurs semences fort petites. Ce genre a été établi par Thunberg pour quelques plantes du cap de Bonne-Espérance, rapportées d'abord aux ixia. Leur racine est bulbeuse; les feuilles simples, toutes radi- cales; la hampe courte, presque uniflore. Galaxie a feuilles ovales : Galaxia ovala, Thunb. , 'Nov. gen. , 2 , pag. 5 1 ; Icon. , Cavan. , Dissert. , 6 , tab. 1 8y ; Jacq. . Icon. rar., 2, tab. 291 ; Larack., III. , tab. 568 , fig. 1 : Ixia galaxia, Linn. , Suppl. , 93. Petite plante qui s'élève à peine ù la hauteur d'un pouce et demi; et dont la fleur est jaune . 64 G AL très-fugace. Sa racine est inunie d'une bulbe ovale, canne- lée, anguleuse, d'où sort un pédicule grêle, long d'un demi- pouce, qui, arrivé à la surface de la terre, donne naissance à une petite touffe de feuilles radicales, nombreuses, gla- bres, ovales, un peu obtuses, longues d'environ un pouce, vaginales à leur base. De leur centre s'élèvent une ou plu- sieurs fleurs, portées chacune sur une hampe nue, beau- coup plus courte que les feuilles, qui s'alonge un peu à me- sure que le fruit se développe : le tuhe de la corolle est filiforme, long de six lignes et plus. La fleur, d'après Thun- berg , varie du jaune au pourpre et au violet; elle se ferme le soir avant quatre heures, et sa corolle se contourne en se flétrissant. Galaxie a veuilles étroites : Galaxia graniinea , Thunb. , JVot^. gen. , 2 , pag. 5 i , Icon. ; Jacq. , Icon. rar. , tab. i 8 , fig. 2 ; Lamck. , III. , tab. 568 , fig. 2 ; Cavan. , Dissert. , 6 , tab. 1 8g , fig. 3: Ixia fugacissima , Linn., Suppl. , 94. Cette espèce, très- rapprochée de la précédente et aussi petite , s'en distingue facilement par ses feuilles, qui sont fort étroites , linéaires- subulées , presque filiformes , canaliculées , longues d'un pouce et plus, élargies et vaginales à leur base. Les fleurs sont très-fugaces, entièrement jaunes ou d'une teinte violette sur leur tube. Galaxie faux-narcisse : Galaxia narcissoides , yVilld. , Spec. , 3, pag. 685; SisjTinchium narcissoidcs , Cavan., Dissert., 6, tab. 192, fig. 3. Cette plante, d'après "N'N'illdcnow , ne peut appartenir aux bermudiènes , parmi lesquelles Cavanilles l'avoit placée, quoiqu'elle ait une spathe bivalve. Elle a le port d'un narcisse; mais sa fleur offre le caractère d'un galaxia. Ses racines sont fibreuses; sa tige droite, cylindri- que; les feuilles linéaires, ensiformes, à gaine renflée. Les spathes renferment environ quatre fleurs inclinées. La corolle est blanche , en forme d'entonnoir, quelquefois rayée, tant en dedans qu'en dehors, de stries d'un pourpre foncé. Cette plante croit au détroit de Magellan. Le Galaxia ovala, Andr. , Bot. reps., tab. 94, paroît de- voir être distingué de la première espèce. M. Persoon l'a nommé ixia ciiiata, Sjnop. , 1 , pag. 41. Ses feuilles sont plus alongées , ciliées à leurs bords; la corolle jaune, très- GAL 65 longue. Le galaxia olscura de Cavanilles , Dissert., 6, tab. ^^9 5 ^g- 4 5 est une plante encore très-peu connue, et qui, peut-être, appartient au genre VVittsenia. Le galaxia ixiœ- folia, Redout. , Liliac, tab. 41, est Vixia columnaris et varie- gata, Andr. , Bot. repos., tab. 2o3 , 211 , 21 3, 260. C'est Vixia monadelpha, Bot. Mag., tab. 607. Le galaxia plicata , Jacq. , est Vixia heterophfUa , Vahl , Enum. plant. Plusieurs autres espèces de galaxia, citées par différens auteurs, ont été pla- cées dans d'autres genres. (Poin.) GALAXIE, Galaxias. {Ichthjol.) M. Cuvier a établi sous ce nom un genre de poissons dans sa famille des ésoces , qui répond à une partie de celle des siagonotes de M. Duméril, et il lui a assigné les caractères suivans : Corps sans écailles apparentes ; bouche peu fendue; des dents pointues et médiocres aux os palatins et aux deux mâchoires , dont la supérieure a presque tout son hord formé par l'inter maxillaire; quelques fortes dents crochues sur la langue ; des pores sur les côtés de la tête. Le célèbre auteur de ce sous-genre des ésoces ne le com- pose encore que d'une seule espèce , qu'il nomme esox truttaceus, et qu'il croit nouvelle, à moins qu'elle ne puisse être rapportée à l'esox argenteus, Forst. Voyez Ésoces. (H. C.) GALAYL. (Bot.) Nom arabe du laitron commun, sonchus. oleraceus , suivant M. Delile. Il lui donne aussi celui de LiBBEYN, appliqué encore à d'autres plantes de la même fa- mille. Voyez ce mot. (J.) GALBA {Bot.) , nom donné dans les Antilles, suivant M. Richard, au calaba , calophjllum. (J. ) GALBANOPHORA. (Bot.) Necker a voulu, sous ce nom , séparer du bubon macedonicum , plante herbacée, le bubon galbanum, arbrisseau dont les graines sont comprimées, bor- dées dans leur contour, relevées de trois côtes sur le dos, et duquel on croit qu'est extrait le galbanum, cité dans les matières médicales. (J. ) GALBANUM. {Bot.) Gomme-résine fournie parle Bubon GALBANiFÈRE. Voycz cc mot , vol. V, p. 394. (L. D.) GALBERIJA {Bot.), espèce de vigne de Ceilan , qui est le cissus vitigineade Linnasus. (J.) 18. ' 5 Cm7Ji,. ) , nom catalan du râle d'eau, rallus aquaticus , Linn. (Ch. D.) • « GaLLADES. {Conchjyl.) Aristote paroît avoir désigné sous ce nom la chaîna piperata, qui est, en effet, toujours d'une blancheur éclatante. (De B. ) GALLAIQUE. (Min.) M. de Launay pense que les anciens donnoient ce nom à une variété de fer sulfuré d'une teinte blanche, qui se présentoit en cubes isolés : il pareit assez probable que c'est la même substance que Pline a désignée sous le nom d'androdame. (Brard. ) GALLARETA ( Ornith. ) , nom espagnol des sarcelles. (Ch.D.) GALLARIAS. (Ichthjol.) Voyez Galarias. (H. C.) GALLATES. {Chim.) Combinaisons de l'acide gallique avec les bases. Voyez Gallique [Acide]. (Ch.) GALLE, Galla. [Eniom.) On appelle ainsi une excroîssance produite sur les végétaux par la piqûre de divers insectes qui, pour la plupart, y déposent un ou plusieurs œufs, dont naissent des larves qui vivent ainsi en parasites. Ce nom est tout-à-fait latin; on le trouve dans Pline, Hist. natur. , lib. 20, cap. 20, et dans Virgile, Géorgiques, livre IV. La principale espèce , qui est recueillie dans le commerce pour servir essentiellement à la teinture, et qui provient de l'Asie mineure , contient un acide qu'on a nommé gallique, et les différens sels qui proviennent de l'union de cet acide avec une base , prennent le nom de gallate en. chimie. Les galles se développent sur les différentes parties des végétaux : sur les feuilles ou sur leurs pétioles , sur ou dans les fleurs, dans la queue ou le pédoncule des fruits ou des ^"o G AL fleurs; dans les Lourgcons, sur les branches, les rameaux, les troncs et même les racines de beaucoup de plantes; et souvent une même plante, comme le chêne, est piquée dans ses diflTérentes parties par autant d'espèces d'insectes divers, qui choisissent chacun la portion du végétal qui convient à la larve , de sorte qu'oii connoît plus de vingt sortes de galles différentes seulement sur le chêne. Réaumur, dans ses Mémoires, a fait connoitre. décrit et figuré un très-grand nombre de galUÉb la plupart sont pro- duites par des espèces de cynips et êçaiplolèpes , comme nous l'avons indiqué dans (?es ibux articles: mais il y a beaucoup d'autres insectes qui en produisent : ainsi , parmi les coléop- tères , quelques sciperdes, en particulier celle du peuplier, quelques charansons , quelques criocères; parmi les hyménop- tères, beaucoup de larves d'uropristes ou de mouches à scie, en particulier celles de plusieurs lenthrèdes , qui déterminent des excroissances de formes très-variées. Parmi les hémiptères, quelques espèces d'acanthies , comme celle qui rend monstrueuses les fleurs de la germandrée ; plu- sieurs espèces de psjUes, de pucerons, des thrips , qui pro- duisent les galles des feuilles du tilleul, des saules, des peu- pliers, des sapins, des genévriers: enfin , plusieurs dij)tères, tels que les scatopses et les cosmies . dont les larves se déve- loppent dans les tiges, ks racines, les fleurs des plantes cynarocéphales et crucifères , et y produisent des tumeurs ; ou dans les fleurs avortées du buis, des euphorbes, etc.; une sorte de tipule dans les fleurs du genêt. On a distingué les gallcj des végétaux en simples, qui ne nourrissent qu'une ou plusieurs larves dans une même cavité, comme dans la galle d'Alep ou des teinturiers, dans la galle fongueuse du chêne, dans celle en grappe de raisin, etc.; en galles composées, comme celles du bédeguar, du rosier, des racines du chêne, du lierre terrestre, du chardon hémo'^rhoidal. On désire un travail complet sur les galles : quelques au- teurs s'en s'ont occupés. Degéer, Réaumur, Guettard , de Reynier, ont déjà préparé ce travail. D'Anfhoine, Bosc , Marchant, ont donné la description de beaucoup d'espèces. Mais il n'y a pas de recherches générales sur cette partie GAL loi intéressante de Thistoire naturelle des végétaux et des in- sectes. Les principales espèces connues sont les suivantes. La Galle du rosier, ou Bkdeguar (voyez ce mot) .- elle est produite par un diplolèpe ou cj-nips. La Galle fongueuse du chêne , qui nourrit le diplolèpe ter- minal. La Galle en artichaux du chêne, du diplolèpe des bourgeons, La Galle en cerise du chêne, provenant de la piqûre du di- plolèpe des feuilles. La Galle du commerce, ou noix de galle, produite par le cynips de la galle. La Galle du genêt est produite par une espèce de diptère voisin des tipules , dont M. Latreille a fait le genre Céci- domje. Les galles vésiculeuses àii peuplier noir, du saule marceau , renferment des larves dé pucerons. La Galle des joncs est pror'uite par un psylle; . La Galle de l'euphorbe à feuilles de cjprès , celle de huis, par un scatopse ; H La Galle de la germandrée, par l'acanthie à grosses antennes. (CD.) Une variété de sauge produit dans la Perse une galle charnue succulente, de la grosseur d'une petite pomme, bonne à manger, et que l'on vend dans les marchés. Belon, dans son Voyage du Levant, parle d'une autre galle, cueillie sur le térébinthe , que l'on récolte au printemps pour les mêmes usages que celle du chêne. Elle a alors la même forme que cette dernière; mais si on la laisse sur l'arbre, elle s'alonge d'un demi-pied en forme de corne. (J.) GALLERIE ; Galleria, Fab. (Entom.) Nom sous lequel Fabricius a désigné un genre d'insectes lépidoptères, de la famille des séticornes, ou à antennes en soie, très-voisin de celui des teignes, avec lesquelles nous avons même cru de- voir les laisser dans la Zoologie analytique. En effet , ces in- sectes, sous l'état parfait, ne portent pas leurs ailes étalées dans l'état de repos, mais appliquées sur les côtés du corps, qu'elles embrassent comme un fourreau , en se relevant ce^ pendant à leur extrémité libre ou postérieurement. i02 GAL Rcaiiinur a très-bien décrit les mœurs de ces teignes dans son huitième Mémoire du tome III, et en a fait représenter les principaux détails dans la planche ig, pag. 280, du même volume. Nous on extrairons les faits que nous allons faire connoître, ayant eu occasion de suivre nous-même, plusieurs fois et pendant plusieurs années de suite , l'histoire de ces insectes. Il est probable que le nom de gailerie a été choisi par Fabricius pour indiquer l'une des particularités de la manière de vivre des larves de ces insectes, qui se construi- sent des espèces de galeries ou de tuyaux, qu'ils ne transpor- tent pas avec eux , mais sous lesquels ils vivent à l'abri , comme les mineurs dans leurs travaux souterrains. La principale espèce de ce genre, qui est la teigne de la cire, galleria cereana , a été figurée par Réaumur à la planche indiquée, et par Hubner dans son Histoire des lépidoptères, planche des teignes, n.° 25. Elle est grise, avec la tête et le corselet plus clairs ; les ailes ont de uetites taches brunes le long de leur bord intérieur, et elles sont comme échan- crées à leur extrémité, ce qui forme une sorte de crête re- levée e# arrière. Les larves de ces teignes se nourrissent uniquement de la cire des gâteaux alvéolaires, et elles font les plus grands dé- gâts dans les ruches des abeilles, à tel point que souvent ces in- sectes industrieux sont obligés d'abandonner leur demeure, et de laisser livrés a leur dévastation les rayons préparés pour recevoir le miel et le couvain. Leur corps, couvert d'une peau molle et tendre, porte cependant quelques poils roides et rares. Chaque individu a sa galerie ou son tuyau distinct, que l'insecte alonge à mesure qu'il veut aller en avant, de horte qu'il est de ces galeries qui ont jusqu'à douze pouces de longueur. A la vérité , ces tuyaux sont contournés : le îuyau est maintenu dans sa forme cylindrique par un tissu de soie serré que l'insecte file ; il est recouvert en dehors de petits grains de cire ou des excrémens de la chenille, qui masquent tout-à-fait la galerie, et qui, probablement, ga- rantissent les chenilles qu'elle renferme de la piqûre des abeilles , qui doivent faire tous leurs efforts pour s'en dé- barrasser. Voyez Teigne. (C. D.) GALLETTA. (Ornilh,) On nommç ainsi, à Turin, le roi- GAL io5 telet, motacilla regulus , Linn. ; et les noms de galletto di maggio , et galletto del bosco , désignent, en italien, la huppe commune , upupa epops, et le jaseur, ampelis garrulus, Linn. (Ch. D.) GALLICOLES. (Entom.) M. Latreille a désigné sous ce nom, qui signifie habitans des galles, une petite tribu d'in- sectes hyménoptères, qu'il avoit d'abord indiquée sous le nom de diplolépaires. Voyez l'article Cymips et Néottocryptes. (C. D.) GALLIGASTRE (Omith.), nom provençal de la poule d'eau commune, ftilica chloropus , Linn. (Ch, D.) GALLINA. {IcUlhjol.) A JNice , dit M. Risso, l'on donne ce nom au dactjloptère pirapède, espèce de poisson volant. Voyez Dactyloptère. ( H. C. ) GALLINA. (Ornith.) Ce nom latin de la poule est ap- pliqué , par divers auteurs , à des oiseaux de genres difie- rens. Avec Tépithète de rustica, c'est, dans Gesner, la bé- casse, scolopax rusticola, Linn.; avec celle de corylonim , c'est, chez le même auteur et chez Aldrovandc , la gelinotte ^ tetrao honasia, Linn.; avec les épithètes de syd^atica, crepitans, c'est , dans la France équinoxiale de Barrère , l'agami , psophia crepitans, Linn. La cane-pétière , otis tetrax , Linn., est ap- pelée, en italien, gallina pratajuola, et le vautour perenop- tere est nommé , dans la même langue , gallina di Furaone. (Ch. d.) GALLINAÇA. (Omith.) Ce nom et celui de gallinaço ont été donnés par les Espagnols et les Portugais au vautour urubu, vultur aura, Linn. Voyez Galinache et Callinasse. (Ch. d.) GALLINACCIA. [Bot.) Jean-Baptiste Porta décrit sous cç nom le même champignon que Sterbceck a désigné par celui de Florum fasciculus (voyez ce mot), et Garidel par celui d'a- garicus esciilentus , ou de barbo , nom provençal de ce cham- pignon, que nous avons dit être le boletus frondosus , Pers. , ou ramosissimus , Jacq. (Lem.) GALLINACCIO, GALLUCCIO , GALLINACCI , GALLI- NACEl. ( Bot.) Divers noms italiens de la chanterelle, aga- ricus cantharellus, Linn., champignon placé maintenant dans le genre Merulius. Cette plante est ainsi dénommée parce 104 GAL que ses sommités sont découpées et ressemblent, jusqu'à un certain point, à la tcte d'un coq qui chante. La chanterelle est proprement le gallinaccio giallo ou gialleto et guallieto des Italiens : il y a encore le gallinaccio bianco , qui est un autre champignon (voyez Girolle blanche, à l'article Girolle). La chanterelle étoit autrefois un objet de commerce en Italie: on en exportoit beaucoup pour la Hollande et pour la Belgique. (Lem.) Gx\LLINACE. (Min.) Nom donné par les Péruviens au verre volcanique ou obsidienne , dont on trouve des plaques taillées et polies, qui paroissent avoir servi de miroir daiisles guaques ou tombeaux des anciens habitans du pays. Sa belle couleur noire lui a valu le surnom de gallinace , parce qu'on l'a com- parée au plumage du vultur gallinœ , qui paroît être révéré dans ces contrées. Voyez Obsidienne. (Buard.) GALLINACÉS. (Oniith.) Les oiseaux de cet ordre habitent presque tous les contrées chaudes des deux continens; à l'exception des alectors, ils ont peu l'habitude de se per- cher. Quoiqu'ils n'aient point de nourriture exclusive, ils vivent en général de graines, et pour avaler la boisson qu'ils ont introduite dans leur bec, ils lèvent la tête en l'air; ce en quoi ils diffèrent des pigeons, qui, en plongeant le bec dans l'eau, boivent d'un seul trait. Us sont pulvéra- teurs, c'est-à-dire qu'ils aiment à se couvrir de poussière, habitude dont le principal motif paroit être de se débar- rasser de la vermine qui les tourmente. Les sexes présentent de grandes différences dans leur plumage jusqu'à ce que les individus aient atteint un âge avancé, époque à laquelle les femelles se revêtent quelquefois de celui des mâles , qui est plus éclatant ; et dans le plus grand nombre des es- pèces la taille de celle-là est moins forte. En comparant les gallinacés aux mammifères sous les rapports de la structure intérieure , on voit que ceux avec lesquels ils ont le plus d'analogie sont les ruminans. Comme eux, ils ont trois esto- macs successifs : la nourriture est réunie dans le premier jabot, qui travaille peu, et où les grains commencent seu- lement à se ramollir; la digestion s'ébauche dans le second , qui est glanduleux, et elle se termine dans le troisième, qui est très-vigoureux, et qu'on appelle gésier. Redi, Magno- GAL ^o5 letti et Rêailmur ont fait, sur la force digestive de l'es- tomac de ces oiseaux , des expériences que Spallan/.ani a vériKées et multipliées, et il est résulté du travail de ce dernier que, si la trituration, à laquelle seule Kéaumur at- tribuoit tout le mécanisme de la digestion, préparoit la ma- cération des alimens, l'action des sucs gastriques servoit à compléter l'opération, à laquelle les petites pierres avalées par les gallinacés contribuoient fort peu , si même elles étoient de quelque usage. La longueur du tube intestinal ajoute encore à l'analogie de cet ordre d'oiseaux avec les mammifères, auxquels on vient de les comparer. Le sternum osseux des gallinacés est diminué par deux échancrures qui sont si larges et si profondes qu'elles occupent presque tous ses côtés. La pointe aiguë de la fourchette ne se joint que par un ligament à sa crête tronquée en avant, et, les muscles pectoraux se trouvant ainsi affoiblis, les galli- nacés ont moins de facilité pour le vol , auquel ils n'ont en effet recours qu'après avoir d'abord essayé de se soustraire par leurs pieds aux dangers dont ils se voient menacés. S'il n'est aucun de ces oiseaux dont le chant soit agréable, c'est à cause de l'extrême simplicité de leur larynx inférieur. Les gallinacés sont presque tous polygames, et le désir de la reproduction est plus impétueux et plus fortement ca- ractérisé chez eux que dans les autres classes d'oiseaux. La passion de l'amour, qui les domine, est même souvent ac- compagnée d'une sorte de frénésie , et les mâles se livrent des combats à outrance pour la possession des femelles. Les alectors , c'est-à-dire ces grands gallinacés d'Amérique qui n'ont pas d'éperons, et dont la queue n'est composée que de douze pennes, comme les hoccos, les pauxis, les guans ou jacous, les paraquas, l'hoazin, qui vivent, dans les bois, de bourgeons et de fruits, se perchent sur les arbres et y nichent; mais les autres font par terre, avec quelques brins de paille ou d'herbe étalés, grossièrement , un nid , dans lequel la femelle pond un nombre d'oeufs considérable. Le mâle , étranger à la construction du nid et à l'incubation , l'est également à la nourriture de la femelle pendant qu'elle couve , et il ne s'occupe pas davantage des petits , dont les yeux s'ouvrent à la lumière dès l'instant ^o6 GAL de leur naissance, et qui vont eux-mêmes chercher leur nourriture , sous la direction de la mère , qui la leur in- dique. Aucune autre espèce d'oiseaux n'offre à l'homme plus de ressources pour ses besoins, ses goûts et ses jouissances. La chair de beaucoup de gallinacés est un mets sain et léger, qui restaure les malades , et qu'en état de santé l'on savoure avec délices. Leurs plumes servent aussi à divers usages, et la conquête du dindon, de lapeintade, etc., a fait placer ceux à qui elle est due, au rang des bienfaiteurs de l'huma- nité. Les caractères extérieurs et généraux auxquels se recon- noissent les gallinacés sont: un bec voûté , dont la mandibule inférieure a les bords recouverts par la mandibule supé- rieure, et que Linnœus compare à un harpon propre à ra- masser les alimens; des narines en partie couvertes par une membrane- cartilagineuse ; des pieds de médiocre hauteur^ ou courts, et propres à la course; des tarses ai-rondis , nus et réticulés, ou emplumés; trois doigts devant, et un ou point derrière; les doigts antérieurs unis à la base par une membrane , ou totalement séparés ; le pouce , lorsqu'il existe, élevé de terre, ou n'y touchant que par le bout, et quelquefois mutique; les ongles non rétractiles, courbés, pointus, et rarement comprimés sur les côtés; une queue composée de douze à dix -huit rectrices , et quelquefois presque nulle , comme le prétend M. d'Azara à l'égard des tinamous. Ces oiseaux, que l'on peut diviser en nudipèdes et plu- mipèdes, fournissent peu de caractères saillans pour leur séparation en genres. Linnaeus y comprenoit, sous le nom de gallinœ, outre l'autruche, l'outarde et le dronte, qui depuis en ont été distraits; les paons, les dindons, les fai- sans , les marails, les hoccos , les tétras, les peintades. M. Cu- vîer a divisé les gallinacés en sept grands genres, savoir : les paons, pat^o; les dindons, meleagris; les alectors, alector; les faisans , phasianus ; les peintades, nuinida; les tétras , tetrao; les tridactyles, liemipodius , et les tinamous, tinainus. Ses subdivisions dans les genres qu'il en a cru susceptibles, sont : pour les alectors, en hoccos proprement dits, crax; pauxi, GAL 107 Qurax; guans ou jacous,penetope; parraquas , ortalida; hoazin , opisthocomus : pour les faisans, en coqs, gallus; faisans pro- prement dits, phasiamis; et en houpifères, lophophores, cryp- tonix : pour les tétras, outre les coqs de bruyère, les geli- nottes, les latropèdes, auxquels il conserve le nom de tetrao , en gansas , pterocles ; perdrix , perdix , lesquelles comprennent les francolins, les perdrix ordinaires, les cailles, coturnix, et les colins. ( Ch. D.) CALLINARIA. (Bot.) Rumph , dans l'Hert.^mè., nomme ainsi deux espèces de casse, cassia obtusifolia et aciitifulia , dont les noms indiens signifient herbe à la poule. Elles tirent ce nom de la propriété qui leur est attribuée de guérir les maladies des poules, soit par l'usage intérieur, soit par l'appli- cation sur les parties souffrantes. (J.) GALLINASSE. [Ornith.) Cet oiseau, désigné dans le Dic- tionnaire théorique et pratique de chasse et de pêche de Delisle de Sales, et dans celui de l'Encyclopédie méthodique, comme un corbeau du Pérou , est le vautour urubu , nommé gallinaza par les Espagnols, qui prononcent gallinaça , et par les habitans du pays, suyuntu , qu'on prononce soujountou. Voyez Gallinaze. (Ch. D.) GALLINAZE. (Ornith.) M. Vieillot a formé des vautours urubu et aura, considérés, d'après Sonnini et M. d'Azara, comme deux espèces différentes, un genre particulier dans la famille des vautours, et il lui a appliqué, en françois, le nom de gallinaze, et en latin celui de cutharista , dérivé d'un mot grec correspondant au verbe purgo , qui annonce des habitudes communes à l'ordre entier , plutôt qu'une qualité distincte. Les caractères assignés par cet auteur aux gallinazes sont d'avoir le bec un peu grêle, alongé , à bords droits; les narines simples, percées à jour, situées sur la partie antérieure du bec ; la tête et le cou ridés ou mame- lonnés, un peu poilus. Les deux espèces sont : i." l'iribu proprement dit de M. d'Azara , n." 2 , correspondant à l'urubu de Buffon , catharista urubu, Vieill. ; 2." Tacabiray , Azara , n." 3 , catharista aura , Vieill. Aboyez Vautour. (Ch. d.) GALLINE. (Ichthyol.) On donne vulgairement ce nom à plusieurs espèces de poissons du genre Trigle, mais plus par- io8 GAL ticulierement au Iri^le grondin et au gronau. Voyez Trigle. (H. C.) GALLINELLA {Bot.) de Césalpin , Jean-Baptiste Porta et des Italiens. Voyez Galunole. ( Lem. ) , GALLINELLA. {Omith.) Cetti , pag. 277, applique ce nom au râle d"eau , rallus aciuaticus , Linn. (Ch. D.) GALLINETTE. ( IchlhyoL ) Voyez Gallina et Gallino. (H. C.) GALLINETTO {IchthjoL) , nom que l'on donne, sur la côte de Nice, à l'hirondelle marine, Ligla hirundo , Linn. Voyez TftiGLE. (H. C.) GALLIINO {Ichthfol.) , nom nlcten du gronau, poisson du genre Trigle. Voyez ce dernier mot. (H. C.) GALLINOGRALLES. (Onuïh.) M. de Blainville , dans son Prodrome , a proposé , pour désigner une famille d'oiseaux de l'ordre des échassiers qui ont des rapports avec les gal- linacés, ce terme, composé des mots gaUinacei et grallatores. (Ch. D.) GALLINOLE et GALLINETTE. (Bol.) Noms qu'on donne, en Languedoc et dans d'autres parties du midi de la France, aux cla\'aires rameuses des espèces que nous avons décrites, à l'article Clavaire, sous les noms de clavaires coralloïde, cendrée, améthyste et bicolore. Ces champignons ont été ainsi appelés à cause de leurs sommités, semblables en quelque sorte à de petites crêtes de poule ou de coq, surtout dans la variété bicolore , qui est blanche avec les extrémités purpurines. En Italie on les nomme gallinella , qui signitie poulette. (Lem.) GALLINSECTES. (Entom.) Nom vulgaire des Cochemlles (voyez ce mot) , genre d'insectes hémiptères de notre fa- mille des phytadelges ou plantisiiges. M. Latreille a désigné sous ce nom de gallinsectes une petite famille, ou plutôt une tribu de cette division, qui comprend les cochenilles et les kermès ou chermès, dont les femelles apodes se lixent sur les végétaux, et dont le corps se gonfle après la fécondation, pour servir d'enveloppe aux œufs, qui éclosent ainsi sous le cadavre de leur mère, le-, quel simule une sorte de galle ou d'excroissance végétale. (C D.) GAL 109 GALLINULA. (Conchyl.) Klein {Tentam. osfracol.,^. 56) fait sous ce nom un petit genre de quelques espèces de strombes., (De B.) GALLINULA (Ornilh.) , nom latin et générique, pro- posé par Brisson et adopté par Latham , pour les poules d'eau que Linnaeus n'a pas séparées des foulques , fulica. (Ch. D.) GALLINULE. (Omilh.) M. Vieillot a adopté ce ferme françois pour désigner les poules d'eau, gallinula de Brisson et de Latham: et quoique ce mot ne soit qu'un diminutif de poule, sans présenter une idée particulière et propre à faire sur-le-champ distinguer ce groupe d'oiseaux aquatiques des gallinacés proprement dits, on Tauroit adopté pour éviter des innovations; mais, si la dénomination d'hydrogalline , déjà employée par M. de Lacépède, n'est pas très-régulière quant à son origine, elle offre au moins, en un mot alongé seulement d'une syllabe , l'avantage d'exprimer ce que ne dit point gallinule , et l'on croit devoir la préférer. "Voyez Hydrogalline. ( Ch. D.) GALLIQUE. [Acide]. (Chim.) Acide qu'on extrait de la noix de galle, et qui est caractérisé par la couleur bleue qu'il développe quand on le mêle avec un sel soluble de per- oxide de fer. Composition. En poids. En volume. Oxigène 38,56 ... 1 Carbone 66,64 ... 2 Hydrogène .... 5,oq ... 2 (Berzelius.) Propriétés phjsiques. ^ L'acide gallique a ordinairement la forme de petites ai- guilles transparentes, d'une blancheur parfaite. 11 a une sa- veur aigre qui n'est pas sensiblement astringente. Propriétés chimiques. L'acide gallique rougit la teinfure de tournesol. Richfer estime qu'il faut 5 parties d'eau bouillante et 20 d'eau froide 110 G AL pour en dissoudre une d'acide. L'alcool froid en dissout plus que l'eau; car, si l'on mêle une solution alcoolique saturée avec de Teau, il se produit un précipité : lorsque Tacide gal- lique se sépare lentement, soit de Teau , soit de l'alcool, il cristallise en aiguilles soyeuses, très-brillantes ; mais, pour qu'il conserve sa blancheur, il ne faut pas le mettre en con- tact avec des papiers dont on nauroit pas enlevé le sous- carbonate de chaux et le peroxide de fer avec de l'acide hydrochlorique. Il ne précipite pas la gélatine. L'acide sulfurique foible n'altère pas sensiblement l'acide gallique; mais l'acide concentré le décompose. L'acide nitrique, versé dans une solution d'acide gallique, y développe une couleur pourpre , qui bientôt passe au jaune ; il se produit une légère odeur nitreuse : l'acide gallique est décomposé. La solution aqueuse d'acide gallique, mêlée à l'eau de po- tasse concentrée, ne donne pas de précipité. Les liqueurs prennent une couleur jaune, qi i devient rouge par le con- tact de l'oxigène. Cette couleur perd peu à peu de son inten- sité, et finit par passer au jaune-orangé. Si , deux heures après avoir fait le mélange des liqueurs, on neutralise l'alcali en excès par l'acide acétique, on observe que l'acétate de peroxide de fer n'y produit que quelques flocons d'un brun verdàtre* Au bout de vingt- quatre heures, la même épreuve fait connoître que tout l'acide gallique a été dé- composé. La solution de soude se comporte comme celle de potasse. L'eau de baryte , ajoutée à la solution d'acide gallique, en sépare des flocons blancs, qui deviennent verts, puis bleus et po^rpreiR par le contact de l'oxigène; ils finissent par prenore une couleur gris -fauve •. alors l'acide gallique est décomposé. Les eaux de strontiane et de chaux se comportent comme celle de baryte : ces trois bases ne décomposent pas l'acide gallique aussi rapidement que la potasse et la soude. Ces expériences me conduisent à penser que , s'il existe réellement des gallades alcalins ( c'est-à-dire des alcalis unis à l'acide gallique non altéré), on ne peut certainement pro- GAX. diiire ces composés en mtlant avec le contact de l'air des solutions d'alcalis et d'acide gallique. Il seroit important de savoir si ces composés existent réellement. La solulion d'acide gallique, mêlée avec le carbonate de potasse, devient jaune, puis d'un vert foncé. A la longue il se dépose quelques flocons. L'acétate de plomb est précipité en flocons blancs par l'acide gallique, et en flocons jaunâtres pour peu que celui- ci contienne cette substance que j'ai décrite, en i8i5, dans FEncyclopédie (partie chimique, tom. VI, pag. 235 et suivantes ) , et à laquelle M. Braconnot , qui ignoroit probablement mon travail, a donné le nom d'acide ella- gique. L'acétate de peroxide de fer est précipité en Lieu. Ce précipité, «qui est le principe colorant de l'encre à écrire (vo3-ez Encre, tom. XIV, pag. 462 ), a été considéré par M. Proust comme du gallate de peroxide de fer, et par M. Ber- thoUet comme un mélange de charbon et d'oxide noir de fer. Si l'existence de la combinaison de l'acide gallique avec le peroxide de fer est douteuse, celle de ce même acide avec le protoxide de ce métal est certaine; car, en mettant du fer avec une solution d'acide gallique sous le contact de l'air, il y a dégagement de gaz hydrogène, dissolution du fer : la liqueur se colore en bleu dés qu'elle a le contact de l'oxigène. L'acide gallique, dissous dans l'eau, se décompose sponta- nément ; il se produit une matière brune, abondante en charbon. L'acide gallique , chauffé dans une petite cornue, se fond , dégage quelques vapeurs huileuses, et il se sublime dans le col de la cornue des aiguilles ou des lames cristallisées , que l'on a prises généralement pour de l'acide gallique non altéré , mais qui m'ont paru différer de cet acide sous plusieurs rap- ports. Il reste beaucoup de charbon. Telles sont les propriétés que j'ai reconnues à l'acide galli- que extrait par le procédé que j'ai décrit, en i8i5, dans l'Encyclopédie > article cité. Je vais le rapporter. Préparation de l'acide gallique. On fait infuser une partie de noix de galle pulvérisée avec huit parties deau ; on filtre dans un flacon qui ne doit en être rempli qu'aux trois quarts de sa capacité. On bouche le vase, et on l'abandonne dans une chambre dont la tempé- rature est de i5 à ^5 degrés. 11 se dépose d'abord un sédi- ment d'un gris jaunâtre , formé en grande partie d'acide ella- gique ; il se produit ensuite des moisissures. Quand la décom- position est jugée assez avancée, on expose le flacon à une température de 6 à o degrés ; il se précipite beaucoup de petites aiguilles du plus beau blanc : c'est l'acide gallique. On jette le liquide sur un filtre , de manière que le sédiment et les moisissures restent pour la plus grande partie dans le flacon. On recueille l'acide gallique sur le filtre», et en le fondant dans l'eau froide et passant la solution dans un papier lavé à l'acide hydrochlorique, on obtient, par l'éva- poration spontanée de l'eau, de très -beaux cristaux. J'ose assurer que ce procédé est le plus convenable pour obtenir l'acide gallique. J'en expliquerai la théorie au mot Tannin. Usasie. L'acide gallique pur n'est d'aucun usage. Mais cet acide , uni aux autres principes de la noix de galle, est employé dans les laboratoires comme réactif de plusieurs substances métalliques, notamment du fer et du titane, et dans plu- sieurs teintures comme matière colorante. (Ch.) GALLITE. [Ornith.) M. d'Azara a décrit, n."' 226 et 226, sous les noms de petit coq et de guirayetapa, deux oiseaux appartenant à son ordre des Queues-rares , dont M. Vieillot a fait, dans la famille des M;)'oi/itj-es, le genre Alectrurus, carac- térisé par un bec plus large qu'épais , droit, conico-convexe, dont la mandibule supérieure est un peu crochue à la pointe et rinféi'ieure droite , et qui a les narines arcpndies , situées vers le milieu du bec: la langue large, courte, et non ter- minée en pointe; les angles delà bouche garnis de longs poils noirs; la penne bâtarde des ailes courte et pointue; la troisième rémige la plus longue de toutes; les doigts dis- tribués trois en devant et un derrière; les pennes de la GAL iiS queue verticales et susceptibles de rester relevées dans la première espèce, la seconde n'ayant que les deux rectrices extérieures sur un plan vertical, et rien n'annonçant si sa queue est relevée comme celle de l'autre. Ces oiseaux sont d'un naturel tranquille et peu farouche; ils ne s'élèvent pas beaucoup , mais ils volent avec légèreté et sans secousse; ils n'entrent pas dans les bois, et ne se perchent que sur les joncs et les plantes aquatiques. Quoi- qu'ils prennent ordinairement par terre les insectes dont ils se nourrissent , ils se jettent sur ceux qui passent près d'eux. Quand ils sont effrayés, ou lorsqu'ils veulent dormir, ils se cachent si bien sous les plantes , qu'on ne peut les en faire* sortir. M. d'Azara a toujours trouvé les mâles à d'assez grandes distances entre eux ; mais il a quelquefois rencontré en petites troupes des femelles, qu'il a peut-être confondues avec des jeunes, comme on est d'ailleurs en droit de Tin- férer des inductions qu'il tire , sur un prétendu herma- phroditisme, de la forme et de la disposition des pennes de la queue. Le Galute tricolore [Alectrurus tricolor , Vieiil. ) celui que M. d'Azara nomme petit-coq, est long de cinq pouces et demi; les douze pennes caudales ont de fortes barbes, et, à l'exception des deux intermédiaires , elles ont la forme d'une pelle, c'est-à-dire qu'elles s'élargissent beaucoup à leur extrémité, et présentent un plan vertical, comme celles du coq; les deux intermédiaires ont douze lignes de moins que celles du milieu. Le mâle a le front marbré de blanc et de noir; le dessus de la tête et du cou , la queue et ses parties supérieures sont d'un noir profond , ainsi qu'au demi- collier au bas du cou ; les côtés de la tête et les parties in- férieures sont de couleur blanche ; le dos et le croupion sont cendrés; les plumes scapulaires et les petites ouvertures du dessus des ailes sont d'un beau blanc; les grandes cou- vertures et les rémiges sont noirâtres, avec une bordure blanche; l'iris est brun. Le bec, qui est olivâtre, a la pointe tirant sur le noir, et cette dernière couleur est celle du iarse. La femelle, dont les dimensions sont plus petites, a le dessus de la tête et du cou d'un brun noirâtre, avec une bordure d'une teinte plus claire , le dos d'un brun î8. 8 ïi4 GAL roussàtre, les couvertures supérieures et les pennes alaires noirâtres et finement bordées de blanchâtre. Les pennes cau- dales, de la même forme que celles du mâle, mais pliées en deux parties , présentent un enfoncement et ne se relèvent pas au-dessus du croupion. Le dessous du corps est, chez quelques femelles, d"un blanc moins sale; les autres teintes sont moins vives , et la gorge est brune. Cet oiseau se trouve entre les 26." et 28.* degrés de lati- tude , arrive à Buenos-Ayres en Septembre, et en repart au mois de Mars ; quelques-uns restent toute l'année dans le pays. Le mâle monte presque verticalement dans les airs, en battant vivement des ailes et relevant beaucoup sa queue ; on le prendroit alors pour un papillon. Descendu à environ trente-six pieds de terre, il se laisse tomber obli- quement pour se poser sur quelque plante. La seconde espèce, que M. Vieillot ne présente pas dé- cidément pour telle, et qui est le guira yeta-pa, c'est-à-dire, en langage guarani , l'oiseau coupeur ou en ciseaux , est longue de onze pouces et demi : elle a, comme le petit-coq, dix-neuf rémiges et douze rectrices ; l'extérieure de chaque côté se joint, dans le mâle, au-dessous des autres; toutes deux sont ébarbées sur dix-sept lignes de longueur, et leur plan est vertical. La seconde penne, plus courte, excède de cinq pouces les deux intermédiaires; les autres sont étagées , et toutes, fortes et roides , ont l'extrémité pointue. L'oreille est couverte de plumes noires, alongécs, et celles qui en- tourent les yeux et couvrent la base du bec, la gorge, une partie du devant du cou et les autres parties inférieures, sont blanches; un collier de plumes noires occupe le bas du cou et le haut de la poitrine; le dessus de la tête et du cou est noirâtre , le dos et le croupion sont plombés ; les rémiges sont brunes, et les grandes couvertures supérieures noires, avec un liséré blanc ; les autres sont marbrées de blanc et de cendré; les rectrices sont noirâtres et terminées de brun ; l'extérieure est entièrement noire ; l'iris est brun , le bec de couleur de paille sèche, et le tarse noirâtre. La femelle, beaucoup plus petite que le mâle, a la tête et le devant du cou blanchâtres, le demi-collier d'un roux sale ; le dessus (lu corps blanc, avec un peu de rouge sur les flancs le GAL nS dos, le croupion et les petites couvertures supérieures des ailes, d'un brun roussâtre ; les grandes couvertures plus foncées et bordées de rouge , et les pennes caudales noi- râtres. Cette espèce a paru à M. d'Azara composée de huit à dix fois plus de femelles que de mâles , vu qu'il a rencontré les premières en bandes de plus de trente; mais il ne dit ce- pendant pas qu'il y ait polygamie parmi ces oiseaux, (Ch. D.) GALLITRICHUM. (Bo^) Les anciens botanistes nommoienl ainsi la sclarée , salvia sclarea , ainsi que quelques autres espèces du même genre. (J.) GALLITZINITE {Min.), nom donné à une variété de titane oxidé ferrifère , en l'honneur du prince Dimitri de Gallitzin, qui cultive la minéralogie. (Brard.) GALLO ( Ornith.) , nom du coq en espagnol et en italien. (Ch. D.) GALLOT {IchthjoL), nom vulgaire de la tanche de mer, lalrus tinca , Linn. M. de Lacépède en a fait son labre taj- coïde. Voyez Labre. (H. C.) GALLUCCIO. (Bot.) Voyez Gallinaccio. (Lem.) GALLULUS. (Ornith.) Ce terme est employé par certains auteurs pour désigner le jaseur, ampelis garrulus, Linn. (Ch. d.) GALLUS (Ornith.), nom latin du coq. (Ch. D.) GALLUSCHEL et G^NSEL (Bot.), noms silésiens de la chanterelle, champignon du genre Merulius. (Lem.) GALLYRION (Bot.), nom grec du lis, cité par MentzeL (J.) GALMEY (Min.), synonyme allemand de la caiamine- Voyez Zinc oxidé. (Brarï5.) GALONNÉ. (Erpétol. et Ichthj'ol.) Ce nom spécifique a été donné à un Squale, à un Lézard, à une Grenouillé. (Voyez ces différens mots.) Nous avons parlé de la vipère galonnée de Daudin, ou coluhef Lemniscatus de Linneeus, a l'article Élaps. (H. C.) GALOPINA. (Bot.) Genre déplantes dicotylédones, à fleurs complètes, monopétalées, de la famille des rubiacées , et de la tétrandrie di^nie de Linnœus, offrant pour caractère essen- ii6 GAL tiel î Un calice à peine saillant ou presque nul; une corolle monopétale, à quatre divisions roulées en dehors; quatre étamines; deux styles; le fruit inférieur, composé de deux semences hérissées , globuleuses. Galofina fausse -circée : Galopina circeoides , Thunb., Nof. gen., 1 ; Poir. , Encycl., Suppl.; WiHd en., Spec, i , pag. 706 : Anthospermum galopina , Thunb., Prodr. 02. Plante herbacée , du cap de Bonne-Espérance. Ses tiges sont glabres, simples, cylindriques, droites, foibles, rougeàtres , hautes d'environ deux pieds, rarement rameuses ; les rameaux alternes, étalés; les feuilles opposées , pétiolées , glabres , entières , oblongues , aiguës , plus pâles en-dessous , longues d'un pouce et plus , ren- fermant, dans leurs aisselles, d'autres feuilles plus petites. Les fleurs sont opposées, disposées en une panicule lâche, difiFuse , terminale; les pédoncules et les pédicelles glabres, capillaires, accompagnés de bractées sétacées , opposées. Leur calice est à peine apparent; la corolle monopétale, contenant quatre étamines; les filamens longs, capillaires; les anthères droites, alongées; l'ovaire inférieur, surmonté de deux styles un peu plus courts que les étamines ; les stigmates simples; le fruit fort petit. (Poir.) GALOS-PAULES. (Mamm.) Marmol , dans sa Description de l'Afrique, rapporte que les Espagnols donnent ce nom à un singe couleur de chat sauvage, qui a la queue longue et le museau blanc ou noir. On a rapporté cette description au patas, mais sans fondement. (F. G.) GALPHINIE, Galphinia. (Bot.) Genre de plantes dicoty- lédones, à fleurs complètes, polypétalées, très-rapproché des malpij:hia (moureiller) , appartenant à la famille des malpi- ghiacées , et à la décandrie trigjnie de Linnaeus , caractérisé par un calice à cinq divisions , privé de glandes ; cinq pétales inégaux, plus ou moins onguiculés; dix filamens libres; un ovaire à trois loges monospermes ; trois styles. Le fruit n'est pas connu. Ce genre, très- peu distingué des malpighia , auxquels il devroit peut-être appartenir, en diffère par ses filamens libres et non connivens à leur base, par son calice privé de glandes. Peut-être que les fruits, s'ils étoient connus, ofFriroient quel- que autre caractère. Ce genre a été établi par Cavanilles. Il se compose de trois espèces. GAL i»7 Galphinie glauque : Galphinia glauca, Cavan. , Tcon. rar. , 5, tab. 489; Poir., Illust. suppL, tab. 967. Arbrisseau décou- vert dans le Mexique , à Salvatierra et Acambaro. Il s'élève h la hauteur de six pieds , et se divise en rameaux rougeàtres , cylindriques, garnis de feuilles opposées, très-médiocrement pétiolées, ovales- obtuses , entières, vertes en -dessus , glau- ques en -dessous, souvent munies d'une petite dent à leur partie inférieure. Les fleurs sont disposées en une grappe terminale; les pédicelles opposés, munis de petites bractées axillairCs, ovales- aiguës : le calice divisé en cinq découpures profondes, ovales, étalées; la corolle jaune, souvent rou- geàtre à son sommet; les pétales ovales, onguiculés; le supé- rieur plus grand ; les filamens libres; les anthères oblongues, aiguës, presque sagittées, échancrées à leur base; l'ovaire et les styles rouges. On distingue, dans l'intérieur de l'ovaire, trois loges monospermes. Galphinie hérissée; Galphinia hirsuta, Cavap. , Icon. rar. , 5, p. 62. Cet arbrisseau s'élève un peu plus que le précédent: il présente des rameaux velus, opposés, rougeàtres, élancés, garnis de feuilles ovales , médiocrement pétiolées , hérissées à leurs deux faces. Les fleurs sont disposées en une grappe terminale, longue d'un demi- pied et plus, semblable d'ail- leurs à celle de l'espèce précédente. Cet arbrisseau croit au Mexique, entre Chilpancingo et Rio-AzuL Galphinie glanduleuse; Galpliinia glandulosa , Cavan., Icon. rar., 6, page 43, tab. 565. Cette espèce, découverte au Mexique, comme les deux précédentes, s'en distingue par ses tiges et ses rameaux glabres, par ses feuilles lancéolées; les pétioles munis de deux glandes à leur base. ( Poir. ) GALUCHAT. {Ichthjo}.) On appelle ainsi dans les arts une sorte de peau verte ou grise, extrêmement dure et ré- sistante, susceptible du plus beau poli, granulée, et ayant l'apparence d'un corps minéral renfermant des corpuscules d'une teinte plus claire dans une pâte foncée. On en connoît deux espèces , l'une à petits et l'autre à gros grains. Cette peau sert à couvrir les boîtes et les étuis destinés à renfermer les bijoux et les petits meubles précieux. Celle à petits grains est fournie par la roussette, squalus canicula, ^'8 GAL Linn., poisson du genre des squales, fort commun sur nos cAfes : elle est peu estimée. Long-temps on a ignoré d'où provenoit l'autre espèce, que les gaiuiers de Paris tirent exclusivement de l'Angleterre, et qu'ils paient fort cher. M. de Lacépède a démontré qu'elle étoit la dépouille d'une raie de la mer Rouge et de celle des Indes; c'est la raie sephen , raja sephen , Forskal. Pourquoi notre industrie ne s'est -elle pas encore emparée de cette branche de commerce? Nous savons les moyens de la faire prospérer, et nous l'abandonnons aux étrangers, quand nous- mêmes en avons le plus grand besoin. Procurons- nous donc directement le galuchat dont nous manquons, et allons le chercher dans les mers les plus éloignées; il nous reviendra encore à meilleur marché. Voyez Pastenague et Sephen. (H. C.) GALUGA (Bot.), nom malais du rocou, suivant Rumph. (J.) GALUNGEN, KALUNGEM. (Bot.) Selon Daléchamps, c'est par corruption que Serapion et les Maures nomment ainsi le calungian des Arabes, qui est le galanga. (J.) GALVANI {Ichthyol.) , nom spécifique d'une Torpille. Voyez ce mot. (H. C.) GALVANI A. (Bot.) Genre de plantes établi parVandelli, Specim. Flor. Lus. et Bras., pag. i5 , tab. i , fig. 7. Ce genre, delà famille des rubiacées , de la pentandrie monogjnie de Linnaeus, a beaucoup de rapports avec le palicourea d'Au- blet, ainsi qu'avec les psycotkria. Il diffère du genre d'Au- blet par le tube de sa corolle ventru, fermé à son orifice; par les poils des filamens; par les anthères alongées , bifides à leurs deux extrémités. Le calice est fort petit, d'une seule pièce, à cinq dents; la corolle monopétale; le limbe à cinq découpures aiguës; les étamines au nombre de cinq; les fila- mens insérés à la base du tube de la corolle , pourvus de poils qui ferment l'orifice du tube ; les anthères à deux loges ; îin ovaire inférieur en ovale renversé ; le style filiforme , légèrement incliné, plus long que les étamines; le stigmate à deux divisions divergentes. Le fruit consiste en une baie à deux loges; chaque loge renferme une semence striée. Cette plante croît au Brésil. (Poib..) GAM »ty CtALVEZIA. (Bot.) Dans les manuscrits de Dombey se trouvoit sous ce nom un genre du Pérou que nous avions adopté et mentionné, dans le Gênera plantarum , parmi les scrophulaires ou personées. Les auteurs delà Flore ont réuni ce genre dans la même famille au dodartia, dont il diffère seulement par une corolle renflée et un stigmate simple, et ils ont appliqué le nom de galvezia à un autre genre, décrit ci-après. (J.) GALVÉZIE, Galvezia. {Bot.) Genre de plantes dicotylé- dones, à fleurs complètes, polypétalées , de la famille des laurinées, de Voctandrie tétragjnie de Linnœus , offrant pour caractère essentiel : Un calice à quatre découpures; quatre pétales ; huit étamines , les alternes plus courtes ; un appen- dice glanduleux sous les ovaires , au nombre de quatre, con- nivens; autant de styles ; quatre drupes supérieurs, renfer- mant chacun une noix à une seule loge. Galvézie ponctuée : Galvezia punctata, Prodr. Flor. Fer., pag. 56, tab. 35 ; et Sjst.,^a.g. 97. Arbre du Chili, très-remar- quable , dont les feuilles répandent une odeur aromatique très-agréable : elles sont opposées, médiocrement pétiolées, oblongucs, lancéolées, dentées en scie, parsemées de points transparens , glabres, épaisses, coriaces, toujours A'ertes ; les fleurs disposées en grappes paniculées , axillaires, un peu plus courtes que les feuilles; les ramifications opposées, com- primées , garnies à leur base de petites bractées lancéolées,- le calice divisé en quatre petites folioles ovales, caduques; la corolle blanche , à peine une fois plus grande que le ca- lice ; les pétales alongés , concaves et réfléchis; les anthères ovales; les ovaires placés sur un corps oblong, glanduleux. Le fruit consiste en quatre drupes ovales, en bosse, ponc- tués. (PoiR.) GAMACHE. (OrmtJi. ) Suivant Salerne, on nomme ainsi, dans le département de la Dordogne , la fauvette à tête noire, motacilla atricapilla, Linn. (Ch. D.) GAMAL {Mamm.), nom hébreu du chameau. (F. C.) GAMALA {Mamm.), nom chaldéen du chameau. (F. C.) GAMAMAH. {Ornith.) Selon Gesner et Aldrovande , le pigeon porte , en Arabie , ce nom et ceux de chamamah et d'azamach. (Ch. D.) I20 GAiyi GAMANA PERIDE, (Bot.) On lit dans VHistoria plantarum de Rai , que ce nom est un de ceux donnés au quinquina dans le Pérou. (J.) GAMAON (Bot.), nom portugais de l'asphodèle , selon M. Vandelli. (J.) GAMARSA. (Bot.) Voyez Cogomerillos. (J.) GAMASE, Gamasus. (Entom.) M. Latreille a établi sous ce nom un genre d'insectes aptères, de la famille des acères , voisin des tromlidies , ou de celle des rhinaptères, près des cirons. Ce nom de gamasus est emprunté du grec. Suivant M. Latreille , il signitieroit agile. Le ciron des coléoptères , acarus coleoptratorum de Linnœus , en est le type ; mais M. Latreille annonce que ce genre n'est pas encore bien cir- conscrit. Voyez MiTTE. (C. D.) GAMAT ( Bot. ) , nom malais du menispermum glaucum de M. de Lamarck, rapporté par M. De Candolle à son genre Cocculiis. (J.) GAMBALEVROT. (Omith.) On nomme ainsi, dans les Langues, en Piémont, le pluvier gris, qui est le vanneau suisse en habit d'hiver, tringa helvetica , Linn. (Ch. D.) GAMBALIEN. (Erpétol.) Voyez Caméléon. (H. C.) GAMBARETTO. (Entom.) C'est le nom du taupe-grillon ou courtilière en Italie , à cause de sa ressemblance avec l'écrevisse. (C. D.) GAMBARUR. (Ichthj^ol.) Voyez Demi-bec (H. C) GAMBERELLO. (Bot.) Micheli indique sous le nom italien de gambereUo di colore affummicato , un petit agaric dont le chapeau , creusé en forme de godet, de couleur de fumée, est porté sur un stipe alongé, comparé ainsi à une petite jambe , comme le signifie le nom italien de gambereUo. (Lem.) GAMBETTE. (Ornith.) Cet oiseau se rapporte au cheva- lier aux pieds rouges, tringa gambetta, Linn., et totanus ca- lidrls, Bechst. (Ch. D.) GAMBO-GOOSE. (Ornith.) C'est l'oie armée de Buffon , anas gamhensis, Linn. (Ch. D.) GAMBRA. (Ornith.) M. Temminck a ainsi nommé, dans son Histoire générale des gallinacés, tom. 3, pag. 368 , une perdrix qui se trouve sur les bords de la rivière de Gambie GAN 121 ou Gambra , et qui est la même que la perdrix de roche , perdix pefrosa, Lath. (Ch. D.) GAMMA. {Entom.) C'est un nom donné à quelques espèces de papillons portant sur leurs ailes des lignes blanches qui ont la forme de cette lettre grecque, F ou y. Ainsi le papillon diurne G blanc , C album, a été nommé gamma , et la noc- tuelle gamma a été appelée le gamma doré par Geoffroy. (CD.) GAMMAROLITHE. (Foss.) C'est un des noms génériques qui ont été donnés anciennement aux crustacés fossiles. (D. F.) GAMONONG (Bot. ) , nom malais de Yhebenaster de Rumph , qui paroît appartenir au genre Plaqueminier. (J.) GAN. {Ornith.) L'oiseau auquel on donne , sur le lac de Constance, ce nom et celui de ganner , est le harle vulgaire, mergus merganser , Linn. et Lath. (Ch. D. ) GA]>iDASULÏ , Hedjchium. (Bot.) Genre de plantes mono- cotylédones, à fleurs irrégulières, de la famille des amomées , de la monandrie monogjnie de Linnœus, très- rapproché des hœmpferia, offrant pour caractère essentiel : Un calice très- long, tubulé, troaqué obliquement à son bord; une corolle monopétale , à long tube grêle : le limbe à six divisions ; deux très-étroites, linéaires; trois autres ovales- oblongu es; la sixième plus large, échancrée en cœur : un filament at- taché à l'orifice du tube ; une anthère longue , linéaire , canaliculée ; un ovaire inférieur; le style très-long, tra- versant le sillon de l'anthère; le stigmate presque en tête, pubescent. Gandasuli A BOUQUETS : Hedychium coronarium, Lamk., Dict. enc. , 2 , p. 6o3 ; Kœnig, in Retz. , fasc. 5 , p. yS ; Kœmpferia liedj'chium , Lamk. , III. gen. , tab. i , fig. 3 ; Gandasidium , Rumph., Amboin., 5, p. ijS, tab. 69, fig. 3. Plante intéres- sante par l'odeur suave de ses fleurs , et qui croît à Java et dans la presqu'île de Malacca. Sa racine est blanchâtre, presque cylindrique, horizontale, avec des cicatrices annu- laires, garnie de fibres filiformes : elle produit des tiges droites, simples, hautes de trois pieds et plus, garnies de feuilles alternes, oblongues, aiguës, presque sessiles, en- tières, vertes et glabres en-dessus, pâles en-dessous, parse- »^2 GAN r.iées de poils longs et rares, longues d'un pied, larges d'un pouce et demi, traversées par une côte blanche avec des stries obliques , latérales et très- fines. Les fleurs sont disposées en un épi sessile , terminal , ovale-oblong, un peu lâche, composé d'écaillés en forme de spathes, deux à deux , l'une plus large, enveloppant l'autre , alternes sur l'axe commun , vertes, glabres, oblongues, con- caves, roulées en dedans à leurs bords, enveloppant deux fleurs qui s'épanouissent l'une après l'autre. Ces fleurs sont blanches avec un peu de jaune, et répandent une odeur très-agréable : leur calice est membraneux , saillant hors des écailles, long d'un pouce, une fois plus court que le tube de la corolle, tronqué obliquement à son bord, comme la corolle des aristoloches: le tube de la corolle est grêle, long de deux pouces et demi, un peu courbé, légèrement renflé après sa sortie hors du calice, terminé par un limbe d'un pouce et demi de diamètre , ouvert , à six divisions inégales, trois plus intérieures. Le filament est plane, linéaire, large d'une ligne; l'anthère linéaire, soudée au filament, courbée, longue de quatre lignes, à deux lobes canaliculés, appliqués l'un sur l'autre , laissant entre eux une cavité qui donne passage au style. L'ovaire est petit, oblong ; le style capil- laire , de la longueur de la fleur : il traverse le tube , suit le filament de l'étamine , et enfile la cavité longitudinale de l'anthère, formant, en sortant, une saillie courte que ter- mine le stigmate. La plante cultivée ne donne point de graine ; elle se multiplie par les cayeux que l'on sépare de ses racines. Elle fait l'ornement des jardins dans les Indes orientales. Les jeunes filles s'ornent la fête de ses fleurs, à cause de la bonne odeur qu'elles répandent. 11 seroità désirer qu'on puisse la propager en Europe. (Poir.) GANDASULIUM. {Bot.) La plante, de la famille des amomées , nommée ainsi par Rumph , est Vhedychium de Kœnig et de M. de Lamarck. Voyez Gandasuli. (J. ) GANDIS {Bot. ) , un des noms donnés dans l'Inde, suivant Clusius, au folium Indum ou Cadegi-indi. Voyez ce mot. (J.) GANDOLA. {Bot.) On trouve, dans ÏHerb. Amboin. de Rumph, cité sous ce nom, le basella. (J.) GAN 1^3 , GANEBU (Bot.), nom japonois de la vigne sauvage, vitis labrusca, suivant M. Thunberg. (J.) GANEJOU. (Bot.) D'après Clusius, c'est le nom donné par les Hongrois à un champignon pernicieux , qui paroît être le même que le fungus hombaceus , figuré pi. 24, BB, de l'ouvrage de Sterbeeck sur les champignons, et le même que notre Champignon ov fumier. Voyez cet article , ïom. VIII , p. 129, et FoNGE. (Lem.) GANELLI. {Ichthjol.) A Nice , selon M. Risso, l'on donne ce nom à la raie pécheresse. Voyez Baudroie. (H, C.) GANGA. (Ornith.) On a déjà exposé dans ce Dictionnaire, au mot Alchata, considéré comme synonyme de la gran- doule, les incertitudes qui existoient sur la véritable place qu'il convenoit d'assigner à cet oiseau. Parmi les faits que Darluc a cités dans son Histoire naturelle de Provence, tom. 1 , pag. 067 , les plus importans sont de nature à le rapprocher des pigeons, puisqu'il ne pond que deux, et rarement trois œufs; que les petits naissent sans plumes, et que la mère leur dégorge la nourriture jusqu'à ce qu'ils soient assez forts pour quitter le nid : tandis que les per- drix , dont la ponte est considérable , ne s'occupent pas de ce soin, et que leurs petits, qui sont couverts de plumes au moment de leur naissance , vont sur-le-champ à la re- cherche des alimens, qu'ils savent dès-lors se procurer eux- mêmes. Les divers auteurs qui ont parlé du ganga l'ont néanmoins rangé assez généralement parmi les gallinacés, et Darluc, n'osant trancher la difiiculté, n'a vu d'autre moyen de se tirer d'embarras sur ce point, que de l'appeler pigeon-perdrix de la Grau. M. Temminck, qui, dans le 5." volume de son Histoire gé- nérale des pigeons et des gallinacés, associe au ganga plusieurs espèces étrangères , en a fait , sous le nom de pterocles , un genre qu'il a placé entre les tétras et les perdrix; mais, quoiqu'il n'ait pas été à portée d'étudier personnellement les mœurs du premier , sans égard pour les observations de Darluc , con- firmées depuis par M. de B elle val , de Montpellier, il at- tribue aux oiseaux de ce genre une ponte de quatre à cinq œufs, et dit que les petits courent aussitôt après leur naissance. Le même auteur donne aussi aux gangas la fa- culte de courir très-vite *ur le sable, et il la fait résulter de la forme de leurs pieds, tandis que le ganga cata ou la grandoule marche lentement. Quoi qu'il en soit , les divers naturalistes continuant de présenter les gangas comme ap- partenant à la famille des gallinacés , malgré la forme et la longueur de leurs ailes, leur vol élevé et très-rapide, leur ponte, la manière de boire et d'élever les petits, et indi- quant seulement des caractères propres à en faire un genre particulier, on se bornera à faire remarquer que le signe extérieur qui les distingue plus particulièrement des galli- nacés et des pigeons, est l'élévation et la petitesse de leur pouce. On peut encore ajouter à ce caractère principal un bec court et comprimé , dont la mandibule supérieure se courbe vers la pointe et dépasse l'inférieure ; des narines à moitié fermées par une membrane, et ouvertes en-des- sous; le tour des yeux nu, mais non de couleur rouge; la langue charnue, entière; les tarses couverts, sur la partie antérieure, de plumes très-courtes; les trois doigts antérieurs réunis, jusqu'à la première articulation, par une petite mem- brane; les ongles très-courts et obtus; les ailes longues, étroites, pointues, et dont la première penne excède les autres; la queue composée de seize pennes, dont les deux centrales sont alongées en fils. La justesse de l'application du mot œnas à ce genre pa- roissant encore susceptible d'être contestée , on adoptera ici de préférence le mot pterocles, qui n'indique qu'une par- ticularité dans la forme des ailes. A l'exception de la grandoule, qui se trouve dans les contrées méridionales de l'Europe, les gangas habitent la zone torride, où M. Temminck les regarde comme les re- présentans des tétras, habitans des parties septentrionales du globe. Leur taille est svelte , leur corps peu charnu , et leur chair musculeuse et fibreuse, qualités convenables pour des oiseaux obligés de fournir à un vol long et soutenu. M. Temminck en a décrit cinq espèces. Ganga cata : Pterocles setarius , Temm. ; Tetrao alchata, Linn. ; yEnas cata, Vieil. Cette espèce, figurée dans les planches enluminées de BufTon , n.°' io5 et 106, est celle qui porte , en Arabie , les noms de kata, cata, chata, alchata; GAN 125 dans le midi de la France , ceux d^angel et de grandoide , et qui a été décrite par Brisson sous la dénomination de geli- notte des Pyrénées. Le mâle a , sans compter les filets de la queue, dix pouces six lignes, et avec eux treize pouces et demi; il est de la grosseur de la perdrix. Son bec a sept lignes de longueur, et quatre de hauteur à sa base; derrière les yeux est un petit tr^it noir; les joues sont d'un cendré jaunâtre; le dessus de la tête, le cou, le dos et le croupion sont rayés transversalement de noir et de jaunâtre sur un fond d'un roux olivâtre ; les petites et les moyennes couvertures des ailes ont, sur le bord extérieur, une large bande oblique d'un rouge marron, et sont terminées par un croissant blanc , qui est bordé d'une fine raie noire ; les grandes couvertures sont d'un jaune olivâtre, et terminées par un croissant noir; les rémiges sont cendrées, mais la barbe extérieure des deux premières , qui sont effilées et s'alongent, dit Darluc , comme chez les hirondelles , sont noires; les pennes de la queue, d'un cendré olivâtre sur les barbes intérieures, ont les barbes extérieures rayées de jaune et de noir; les deux du milieu sont très-étroites, et se ter- minent en filets noirs. La gorge est de cette dernière cou- leur ; les côtés et le devant du cou sont d'un cendré tirant sur le jaune ; au devant du cou s'étend , en forme circu- laire, une bande noire très-étroite, et il y a, plus bas, une seconde bande, séparée par un espace de deux pouces, dont la couleur est d'un rouge orangé ; le ventre et les parties inférieures sont blancs. La femelle adulte , qui n'a point de filets à la queue , et dont les deux pennes inter- médiaires ne dépassent les autres que d'environ un pouce, diffère principalement du mâle par sa gorge blanche ; et les jeunes, mâles et femelles, dont la gorge est de la même cou- leur, se reconnoissent aux taches noires qui ne font encore qu'indiquer la place des colliers. Ces oiseaux vivent en troupe dans la plaine stérile de la Crau, où on les trouve en tout temps; ils s'accouplent au mois de Mars, et pondent, en Juin, deux ou trois œufs sur la terre, sans y pratiquer de nid. Ils ne se laissent point approcher, et lorsqu'ils aperçoivent quelqu'un, ils s'envolent à tire-d'aile et très-haut, en poussant de grands cris. L'ari- ^26 G AN dite des plaines les oblige, pendant les chaleurs de l'été, à aller , surtout le matin , se désaltérer au bord des étangs , où les chasseurs les attendent à l'affût; et Darluc prétend que, lorsqu'ils ont essuyé quelques coups de fusil, ils ne s'arrêtent plus , et boivent en volant et rasant la surface des eaux. La chair des grandoulcs est noire, dure, et en géné- ral peu estimée; mais celle des petits est plus tendre, et re- cherchée des gourmets. Cette espèce, que l'ori trouve aussi dans les landes sté- riles, du côté des Pyrénées et le long des bords de la Mé- diterranée, en Espagne, en Sicile, à Naples et dans tout le Levant, paroît être fort nombreuse 'en Perse. Ganga des sables ou unibande : Ptcrocles arenarius , Temm.; Telrao arenarius et Perdix calcarata, Lath. , et Tefrao arenaria, Pallas, J6. Sa racine est vivace, longue, rampante, de la grosseur d'une plume à écrire, rouge en dedans et en dehors ; elle produit plusieurs tiges quadrangulaires , ra- meuses, rudes au toucher, hautes de deux à trois pieds, garnies de feuilles ovales-oblongues , pointues, verticillées par quatre à six, hérissées, en leurs bords et sur leur ner- vure, de dents crochues. Ses fleurs sont jaunâtres , petites, disposées en panicule à l'extrémité des rameaux et dans les aisselles des feuilles supérieures; elles paroissent en Juin et Juillet. Les fruits qui leur succèdent sont des baies noirâtres. Cette espèce croit naturellement dans les haies et les buissons, surtout dans le midi de la France et de l'Eu- rope : on la cultive dans plusieurs cantons , à cause de la grande consommation qu'on en fait dans la teinture. Garance voyageuse; Rubia peregrina, Linn., Spec. i58. Cette espèce a beaucoup de ressemblance avec la précédente: mais elle en diffère par ses feuilles, qui persistent d'une année à l'autre; par ses fleurs plus grandes, toujours divisées en cinq découpures larges et ovales à leur base, brusquement rétrécies à leur sommet en pointe acérée. Ses feuilles sont oblongues-lancéolées , cinq à six ensemble à chaque verfl- cille. F.Ue croît naturellement aux environs de Paris , de Lyon , de Marseille. Garance luisante; Rubia lucida, Linn., Syst. nat., 12, pag. 702. Cette plante a ses feuilles persistantes, comme GAR Ui la précédente : mais elle s'en distingue à ses tiges presque lisses, surtout dans leur partie inférieure,- à ses feuilles verticillées seulement quatre cnseuible, et plus luisantes en- dessus. Ses fleurs sont blanchâtres. Elle se -trouve dans le midi delà France, dans les parties niéridior'ales de l'Europe, en Barbarie , etc. La racine de la garance des teinturiers étant la partie productive de cette plante , il est essentiel de consacrer à sa culture un terrain qui lui soit favorable, et où il lui soit facile de s'étendre et de prendre le plus d'accroissement possible. Sous ces rapports uiie terre légère , et en même temps fraîche et substantielle, est celle qui lui convient le mieux. On a observé que la garance réussit mieux dans les champs où l'on vient de récolter du blé, de l'orge ou de l'avoine, que dans ceux qui étoient en prairies artificielles; et la raison en est que, la garance ayant besoin d'un terrain bien ameubli, elle trouve cette condition bien plutôt après la culture des céréales qu autren;ent. De simples ];ibours ne sont pas suffisans pour la terre dans laquelle on doit mettre de la garance; elle doit être dé- foncée à deux pieds de profondeur , et c'est en Novembre et Décembre qu'on doit s'occuper de ce travail préparatoire, afin de pouvoir faire ses semis ou sa plantation à la fin de l'hiver. On forme une garancière de trois manières : i." par le semis en place; 2." par le semis fait en pépinière pour être repiqué ensuite; 3." par la séparation des racines tirées d'une plantation déjà existante. Les garances des pays chauds sont plus estiuiées que celles des pays iroids, parce que leurs racines donnent plus de couleur et une couleur plus foncée. D'après cette considé- ration , lorsqu'on veut cultiver de la garance dans les pays du INord , il est toujours plus avantageux d'eu tirer les graines du Midi. Comme la graine de la garance est de nature cornée, et que, lorsqu'elle est trop dessérhte, elle ne lève qu'au bout de deux ou trois ans, et même point du tout, il faut, pour lui conserver sa faculté germinative, lorsqu'on doit tarder ^42 GAR à la semer, la faire slratiOer dans de la terre ou du sable un peu humide. C'est en Janvier et Février qu'on sème la garance, et ses graines se répandent de trois manières, à la volée, en raybns ou en planches. Le semis à la volée a l'inconvénient de pro- duire une plantation souvent peu égale, trop claire en quel- ques endroits, trop épaisse dans d'autres, et dans laquelle les hinages nécessaires à son entretien sont toujours assez difficiles H exécuter. Cependant cette manière de faire est celle qui est le plus, généralement pratiquée en France. Dans la se- conde manière de semer, au contraire, dans le semis eu rayons, on répand les graines par lignes parallèles à la dis- tance d'un pied et demi à deux pieds, et l'intervalle qui reste entre chaque rayon donne le moyen de faire les bi- nages avec beaucoup de facilité , et de butter les pieds des plantes quand cela est nécessaire. Dans les pays où le semis en planches est en usage, on divise le champ destiné à recevoir les graines de garance en planches, auxquelles on donne alternativement quatre à six pieds de largeur : on creuse les premières d'un demi- pied de profondeur; la terre qui en sort est jetée sur les secondes, et les graines sont répandues dans les premières, soit à la volée, soit en rayons écartés d'un pied. Quant aux plates- bandes restées vides, on y sème, au printemps, des harjcots, des pois, du mais, etc. A l'automne de la première année du semis, après que les légumes ou grains de la se- conde plate-bande sont récollés, on remplit d'abord celle où est la garance, et l'année suivante on Félève d'un demi-pied, et on ajoute de la terre sur les côtés, de manière à lui donner alors six pieds de largeur, en prenant la terre de la planche vide , qui se trouve ainsi réduite à quatre jiieds. La troisième année, au printemps, on élève encore la même plate-bande de quelques pouces par un autre emprunt de terre; et par ce moyen les racines inférieures, par la profondeur où elles sont, trouvent une humidité qui les fait pousser avec vi- gueur, tandis que les supérieures, rencontrant une terre nouvelle et bien meuble , végètent également avec beaucoup de force, ce qui les fait multiplier en nombre et augmenter eii volume. Cette manière de cultiver la garance est celle GAR ^^5 qui est pratiquée dans le Levant : depuis quelque temps elle a commencé à être mise en usage dans quelques cantons de la France, et on l'applique également à la plantation en racines ; mais dans ce cas on commence à remplir les planches garnies de racines a l'automne de la première année de la plantation. Le semis en pépinière ne se pratique que dans les pays chauds, où les printemps sont souvent très-secs, et où le semis en place ne pourroit réussir que si on avoit la faci- lité de l'arroser par irrigation ; mais , comme cela est fort rare, on est forcé de semer la garance dans un terrain qui soit dans le voisinage des eaux , afin de l'arroser lorsque le. temps l'exige, et on la repique ensuite, dans les terres des- tinées à sa culture, à peu près de la même manière que lorsqu'on en fait la plantation au moyen de racines tirées d'une ancienne garancière. Pour planter la garance par cette troisième méthode, on a besoin , lorsqu'on détruit une vieille plantation , de ré- server les plus belles têtes des racines, et on les divise en éclats, de manière à ce que chaque portion ait deux à trois bourgeons , ou , lorsqu'on ne doit pas encore arracher sa garance, on s'en procure du plant en enlevant seulement les pousses latérales des plus forts pieds; mais il faut user de ce moyen avec beaucoup de ménagement , car il diminue beaucoup les produits des pieds qui ont été ainsi sevrés d'une partie de leurs racines. Les racines de garance se plantent, ou dans des trous faits au plantoir, ou en rigoles faites avec la pioche ou la bêche, et auxquelles on donne six pouces de profondeur. Il ne faut pas mettre moins de six pouces entre chaque pied dans les terrains médiocres, ou huit à dix dans les bons, et le collet de chaque racine ne doit pas être recouvert de plus de deux pouces de terre. Comme ces racines sont très-sensibles au hàle, il est bon d'avoir la précaution de les tenir dans des paniers couverts, et, en outre, de ne les arracher qu'au moment de les planter et seulement ce qu'on peut en em- ployer dans la journée. Dans le nord de la France, ce n'est qu'en Février, et même au commencement de Mars, qu'on plante la garance ; dans les pays du Midi , il faut le faire en Septembre et Octobre. ^44 GAR Les garancières formées par la voie de la plantation de- mandent, pendant leur première année, les soins qu'on donne à celles provenues de semis à leur seconde année , et ensuite les unes et les autres se traitent de même. Les premières donnent plus tôt leur produit, mais il est moins bon et moins beau. On doit d'ailleurs se garder , selon M. Bosc , d'employer constamment ce moyen de multiplication , parce que, lorsqu'on le pratique trop long-temps de suite, et qu'on néglige de renouveler les plants par les graines, ceux-ci finissent par dégénérer et par ne plus donner que des pro- duits très-inférieurs. Quant au semis de garance fait sur place , qui est vérita- blement la meilleure manière d'établir une garancière , voici comme il doit être traité. La première année il n'a besoin que d'être sarclé dans le courant du printemps , et dun léger binage pendant l'été. Les soins qu'il exige la seconde année sont un binage au printemps, un autre en été, et un labour un peu profond vers la fin de l'automne. La culture est la même la troisième année, avec la différence qu'au premier binage on butte les pieds de garance, c'est- à-dire qu'on recouvre de terre la base d'une partie de leurs tiges, pour que cela les fasse pousser avec plus de vigueur et fasse grossir leui's racines. Avant de pratiquer le second binage, on peut faire couper les tiges de garance pour les donner aux bestiaux, qui les aiment beaucoup; mais cela ne doit pas se répéter plusieurs fois dans l'année , comme quelques agronomes l'ont conseillé, parce que la suppression des tiges et des feuilles, trop multipliée, empêche les racines de prendre autant de nourriture et d'acquérir la grosseur qui, dans la culture de cette plante , doit être le principal but du culti- vateur. C'est à la fin de la troisième année, en Octobre et No- vembre, que les racines de garance ont acquis toute la gros- seur désirable, et qu'elles contiennent le plus de matière colorante; c'est aussi à cette époque qu'il faut les faire arra- cher. Si l'on prolongeoit leur culture un an ou deux de plus, il y anroit beaucoup plus à perdre qu'à gagner. La meilleure manière d'arracher la garance est d''y procéder GAR 145 à tranchée ouverte, en fouillant la terre jusqu'au-dessous des racines. On est bien dédommagé des frais de cette opé- ration par le bénéfice qu'elle procure, parce qu'on enlève facilement toutes les racines sans en perdre une seul« , ce qui n'arrive pas lorsqu'on se contente de fouiller simple- ment la terre au pied de chaque touffe, ou en employant la charrue ordinaire , avec laquelle on fait encore plus de perte, à cause du peu de profondeur à laquelle elle pé- nètre. Dans un bon terrain , un pied de garance peut donner jusqu'à quarante livres de racines fraîches, qui diminuent communément par la dessiccation des six septièmes aux sept huitièmes. Les brins les plus gros sont toujours les plus riches en matière colorante. Aussitôt que la garance est arrachée, il faut la laver à grande eau, pour en détacher toute la terre qui pourroit la salir; il faut aussi l'éplucher de toutes les parties pour- ries , et la faire sécher le plus rapidement qu'il est possible. A cet effet, on la porte dans un grenier ou hangar exposé à un courant d'air, mais à l'abri de la pluie, et on l'y laisse environ dix à douze jours, jusqu'à ce qu'elle ait perdu la plus grande partie de son eau de végétation ; alors on l'expose au soleil si le temps est beau , ou on la met dans une étuve ou dans un four, après qu'on en a retiré le pain. Lorsque les racines de garance sont parfaitement desséchées , on les conserve dans un lieu bien aéré et qui soit en même temps exempt d'humidité, jusqu'à ce qu'on les fasse réduire en poudre pour l'usage. C'est dans des moulins à tan qu'on leur fait subir cette préparation, dont les marchands s'occupent d'ailleurs beaucoup plus souvent que les cultivateurs. On donne, dans le commerce, le nom de garance- grappe a la garance moulue , qui est la plus riche en principes co- lorans : on l'obtient en passant au tamis la poudre au mo- ment oîi elle sort du moulin. La garance rohée est, au con- traire, la plus mauvaise espèce; elle n'est formée que des plus petites racines et de l'épiderme qui se détache des grosses lorsqu'on les vanne pour les nettoyer, Dambournay, d'après quelques expériences, avoit cru devoir conseiller d'employer pour les teintures la garance 18. ' 10 146 GAR fraîche; mais M. Chaptal, dans son Nouveau traité de la teinture sur coton, est d'un avis opposé, et, d'après ses ex- périences, il assure positivement qu'à l'état frais les racines de garance ne fournissent ni autant de couleur, ni une couleur aussi vive et aussi solide , que lorsqu'elles sont sèches. Les teinturiers emploient la garance pour donner une couleur rouge à la laine, à la soie, et mêuîe au coton. Ce rouge est très-solide , et il résiste bien à l'action de Tair et du soleil. On est parvenu, dans ces derniers temps, à rendre ce rouge très-vif, très -éclatant et approchant beaucoup du pourpre. Les peintres en font aussi usage, mais depuis peu d'années seulenient ; car cela ne remonte pas à plus de douze ans. L'alumine est la substance que l'on fait servir de base à sa partie colorante. Par ce moyen , elle prend du corps et donne une belle couleur rose, que l'on emploie aisé- ment et avec beaucoup de succès à l'huile; aussi s'en sert-on généralement aujourd'hui de cette manière, parce qu'elle est beaucoup plus solide que les laques tirées de la coche- nille. Elle s'emploie de même pour peindre à l'aquarelle , où elle présente aussi plus de solidité que les laques ou car- mins tirés de la cochenille; mais elle est d'un très-difficile usage, et ne donne pas un aussi beau ton. La garance étoit a peine cultivée en France il y a cent soixante ans. On doit à Colbert les premiers encouragemens donnés à cette culture; et, en lyôG, Louis XV ordonna que ceux qui entrcpreudroient des plantations de garance dans des marais et auiies lieux non cultivés, seroient, «pendant vingt ans, exempts d'impositions. Depuis les encouragemens donnés a ta culture de cetîe plante, on en a formé des plantations dans plusieurs cantons de l'Alsace, de la Flandre, du Languedoc, de la Normandie, etc.; mais elle n'est pas encore assez étendue pour satisiaire à la grande consomma- tion qui s'en fait dans nos manufactures : nous sommes en- core obligés de tirer de l'étranger une partie de la garance qui nous est nécessaire. Il nous en vient du Levant et sur- tout de la Hoilancte, et parmi cette dernière c'est celle de Zélîiudt qu'oji estime le plus. La racine Je garance a été souvent employée en médecine, comme astringente, apéritive , diurétique et fondante. Les GAR H7 anciens formulaires la mettent au rang des cinq racines apé- ritives mineures. Elle a été conseillée et plus ou moins pré- conisée dans les obstructions des viscères du bas-ventre, dans la jaunisse, l'hydropisie, la leucorihée , Ja gravelle , la goutte, etc.; mais il paroît que ses prétendues vertus, dans ces difiéreiites maladies, avoient été considérablement exagérées .- car aujourd'hui on la regarde comme très-insuffi- sanle dans tous ces cas, et les médecins de nos jours en ont presque entièrement abandonné Fusage. Elle a la singulière propriété de colorer en rouge les os des animaux auxquels on la donne pour nourriture ; ce qui a été constaté d'abord par les observations de Belchier, de Mizauld , et ensuite par les expériences de Bergius , de Bezenes , de Bœhmer , et surtout de Duhamel. (L. D.) GARANCE [Petite], (Bot.), nom vulgaire de l'aspérule à l'esquinancie. (L. D.) GARANNIER JAUNE [Bot.), nom provençal, suivant Garidel, de la giroflée jaune, chciranthus cheiri. (J.) GARAOUAN. (Bot.) Voyez Ceruana. (J.) GARATAUK. {Ornith.) Les Turcs nomment ainsi la grive draine, turdus viscis'orus, Linn. (Ch. D.) Gx\RB. {Bot.) Les Maures, suivant Avicenne , nomment ainsi le saule pleureur ou saule du Levant, salix bahjlonica , que Daléchamps nomme garab. (J.) GARBA, DJARBA. (Bot.) Ce nom est donné, dans l'Ara- bie et dans l'Egypte, au lunaria scabra de Forskal , qui est, .selon M. Delile , la même plante que le cheiranthus farselia de Linnoeu<. (J.) GARBA. [Ornith.) On donne, dans le bas Montferrat, ce nom et ceux de garbeou, garbou .. sgarbeou , au loriot d'Europe , oriolus galbula , Linn. (Ch. D.) GARBELL^\ (Ornitli.), dénomination italienne du loriot, oriolus gijlbula, Linn., qu'on appelle aussi galbero , garbou, etc. (Ch. D.) GARBOTEAU. (Ichthjol.) Voyez Gaubotin. (H. C. ) GARBOTIN. (IcUthjol.) Nom vulgaire du cjprinus jeses , de Linnaeus, poisson compris dans la division des ables, faite dans le grand genre des cyprins. Voyez Able dans le Supplé- ment du 1." volume de ce Dictionnaire. (H. C) U8 GAK GARCA {Ornith.), nom portugais de la grue, ardea grus, Linn. (Ch. D.) GARCH, HANDACHACHA, THUSF (Bot.) -. noms arabes du lotier commun, lotus carniculatus , selon Daléchamps. (J.) GARCIA. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs incomplètes, monoïques, polypétalécs, de la famille des eup'orblacées , et de la monoécie polyandrie de Linnseus , dont le caractère essentiel consiste , pour les fleurs mâles, dans un calice à deux découpures profondes; une corolle composée de dix ou onze pétales; deux glandes à la base de chaque lilament; un grand nombre d'étamines : dans les fleurs femelles, un caiice à deux découpures profondes; sept ou neuf pétales; un bourrelet glanduleux à la base de l'ovaire ; un style ; un stigmate à trois lobes; une capsule à trois coqiies. Garcia incliné : Garcia nu/ans , Vahl , Symh., 5, pag. loo; Act. soc. hist. nat. Hafn. ? pag. 218 , tab. g ; Willd. , Spec, 4, pag. 492. Arbre découvert dans l'Amérique, à l'île de Sainte- Marthe. Ses rameaux sont alternes , cylindriques , blanchâtres vers leur sommet; garnis de feuilles alternes, pétiolées , glabres, oblongues, acuminécs, très-entières. Les fleurs sont au nombre de six environ , disposées presque en grappes A^ers l'extrémité des rameaux; les mâles séparées des femelles sur des branches diiTércntes. Dans les unes et les autres, le calice est profondément partagé en dix découpures; la co- rolle composée de dix a onze pétales dans les fleurs mâles, de sept à neuf dans les femelles, tous linéaires, chargés en- dessous de longs poils très-épais, de couleur purpurine en- dessus avec des poils plus courts et plus rares ; les étamines nombreuses; l'ovaire, obscurément trigone, surmonté d'un seul style, terminé par un stigm;ite à trois lobes. Le fruit est une capsule à trois coques. (Poir.) GARCIANA. (Bot.) Genre de plantes observé par Lou- reiro dans la Cochinchine. AYilldenow le regarde comme congénère du phjdidrum de Ga-rtner , adopté par Schreber et Wilkîeiiow, dont il diffère seulement parce que son an- thère, suivant la description, est roulée en spirale. Voyez PniLYDRE. (J.) GARCINIA. (Bot.) Voyez Mangoustan. (Poir.) GARDE -BŒUF. (Orm//i.) L'oiseau auquel ce nom est GAR 149 donne par les Européens établis en Egypte, paroît être l'ai- grette ou héron-g;irzctte , ardea gavzetta, Linn. (Cii. D.) GARDE- BOUTIQUE. (Ornith.) Un des noms vulgaire- ment donnés au martin-pêcheur, alcedo ispida , Linn. , duprès la fausse opinion que son corps, suspendu dans les magasins , préservoit les étoffes de laine de l'attaque des teignes et autres insectes destructeurs. (Ch. D.) GARDE -CHARRUE. {Ornith.) Salerne , pag. 223, cite cette dénomination vulgaire comme appliquée au motteux , motacilla ccnanthe , Linn. (Ch. D.) GARDELLO. [Ornith.) Ce nom, et ceux de gardellin , gardellino , sont donnés, en Italie , au chardonneret ,/rmgiWa carduelis , Linn. (Ch. D.) GARDÈNE, Cyardenia. {Bot.) Genre de plantes dicotylé- dones, à fleurs complètes, monopétalées, régulières, de la famille des rubiacées , de la pentandrie monogynie de Linnaeus, très-voisin des mussœndaet des genipa , offrant pour caractère essentiel : Un calice à cinq dents ou à cinq découpures; une corolle infundibuliforme ; le tube alongé ; le limbe à cinq ou neuf divisions; cinq étamines, atlachées à l'orifice du tube; les anthères oblongues , sessiles , quelquefois un peu saillantes ; un ovaire inférieur; le style filiforme; le stigmate épais et bifide. Le fruit consiste en une baie presque sèche , à deux ou quatre loges contenant des semences nombreuses, dispo^ sées longitudinalement en un double rang dans chaque loge. Les botanistes ne sont point très- d'accord sur les espèces qui doivent composer ce genre, M. de Lamarck y avoit d'a- bord réuni les mussœnda , qu'il en a séparés depuis dans ses Illustrations des genres ; mais il y a ajouté les genipa. M, Richard pense qu'il faut aussi y réunir les Duroia (voyez ce mot). Enfin, plusieurs espèces de gardénia sont renvoyées aux randia. GardÈne a large fleur : Gardénia florida , Linn.; Lamk., III. gen. , tab. i58 , fig. 1 ; EUis , Act. angl., vol. 5 1 , tab. 2 3 ; Ehret, Pict. , tab. i5: Castjopiri, Rumph , Ainb. , 7, tab. 14, fig. 2; vulgairement le Jasmin du Ca?. Arbrisseau très-remar- quable par la beauté et l'odeur très -agréable de ses fleurs, Il s'élève à la hauteur de quatre à six pieds, sur une tige droite , rameuse dans sa partie supérieure , revêtue d'une i5o GAR éoorce brune ou grisâtre. Les rameaux sont glabres, un peu noueux; garnis vers leur extrémité de feuilles opposées, quelquefois ternées , ovales , aiguës aux deux bouts, presque sessiles, glabres, vertes, e-ntières, longues de deux pouces et demi , larges d'environ un pouce, avec des stipules inter- médiaires , solitaires , à demi vaginales. Les fleurs sont pres- que sessiles, solitaires, au sommet des rameaux, blanches, un peu jaunâtres, d'une odeur suave; leur calice est dé- coupé en cinq ou six lanières droites, linéaires, contournées; Li corolle un peu coriace; le tube presque aussi long que le calice; le limbe de deux pouces au moins de diamètre; ses divisions, de cinq à neuf, planes, ovales, obtuses, presque aussi longues que le tube. Le fruit est une baie glahre, oblongue , anguleuse , couronnée par le calice, uniloculaire , à cinq ou six valves : elle renferme une pulpe jaunâtre ou de couleur de safran, qu'on vend dans les boutiques et qu'on emploie pour teindre en la même couleur. Celte plante est originaire des Indes orientales; elle croît également au Japon , dans l'île d'Amboine et au cap de Bonne- Espérance : on l'y cultive à cause de l'élégance et de la bonne odeur de ses fleurs. On la cultive aussi dans plusieurs jardins de l'Europe, dans lesquels elle a été introduite vers le milieu du siècle dernier. Elle conserve ses feuilles en hiver : quand, elle est soignée convenablement , elle fleurit deux fois , en Mai et en Septembre. On peut la cultiver en plein air dans le midi de la France ; mais il faut la tenir, à Paris , dans les ^erres d'orangerie pendant l'hiver : elle exige une terre franche, légère , mêlée de moitié de terre de bruyère , renou- velée deux fois par an après la floraison. Comme cette plante ne donne jamais de fruits dans nos jardins, on la multiplie par marcottes et par boutures. yVu Japon on en fait de belles haies vives. Gardène radicante : Gardénia radi c ans ,Thunb. , Flor. Jap. , tab. 20, et Dissert., n." 1 , tab. 1 , fig. 1. Cet arbuste diffère du précédent en ce qu'il est beaucoup plus petit; par sa tige plus grtle , couchée, radicante à sa partie inférieure; les feuilles plus étroites, lancéolées; les fleurs blanches, pres- que sessiles au sommet des rameaux; les divisions du calice droites , lancéolées, contournées , de moitié plus courtes que GAR ï^i le tube de la corolle. Cet arbuste croît au Japon. On le cul- tive au Jardin du Roi. Gardène de Thunberg : Gardénia Thunbergia, Linn. , Suppl.; Gardénia verticillata, Lamk, , Encycl., et lU. gen. , «ab. i63, iig. 5; Thunbergia cagensi^MonU, Act. Stockholm., 1775, tab. 11 ; Bergkias, Sonn. , l'tin. Guian. , pag. 48, tab. 17; vulgai- rement la Caquepire. Arbrisseau très-agréable , chargé d'un grand nombre de belles fleurs, que l'on cultive au Jardin des plantes, et que M. Sonnerat a découvert dans les bois de la Guinée et Thunberg au cap de Bonne-Espérance. Il s'élève à la hauteur de quatre pieds et plus , sur une tige droite, chargée, à sa partie supérieure, de rameaux nom- breux, courts, cylindriques, un peu pileux. Les feuilles sont verticillées trois ensemble à chaque nœud, inégales, vertes, glabres, luisantes, ovales, entières, acuminées, rétrécies en pétioles, munies en-dessous de quelques poils dans l'aisselle des nervures. Les fleurs sont scssiles , solitaires, terminales, blanches, d'une odeur très-agréable. Le calice est long d'un pouce, en ejitonnoir , presque spathacé, à sept ou huit dé- coupures oblongues et spatulées ou un peu concaves à leur sommet, fendu d'un côté jusqu'à sa moitié-; le tube de la corolle cylindrique, presque long de trois pouces; le limbe large de deux, à neuf ou dix découpures ovales; neuf ou dix anthères sessiles; l'ovaire couronné de tubercules necta- ^ rifères. Le fruit est une baie oblongue, à quatre loges, con- tenant des semences imbriquées , lenticulaires. Gardî-^nede Madagascar; Gardénia Madagascariensis , Lamk. , Encycl. Très - belle espèce, recueillie par Commerson dans l'île de Madagascar. Ses rameaux sont ligneux, glabres", grisâtres; ses feuilles opposées, pétiolées, glabres, coriaces^ entières , ovales , un peu aiguës , longues de trois pouces sur au moins un pouce et demi de large ; les stipules lan- céolées ; les fleurs presque sessiles, solitaires, axillaires, lon- gues de trois pouces et plus, couvertes en dehors d'un duvet cotonneux; le calice court, presque glabre; le tube très- long: le limbe à cinq divisions oblongues, peu ouvertes; les anthères linéaires , non saillantes. Gardene gommier : Gardénia gummifcra , Linn. , Suppl. ,164; Thunb. , Dissert. , n.° 4 , tab. 2. Cette espèce est remarquable ^5-^ GAR par une gomme - résine , fort semblable à la gomme -élémi, qui découle de ses feuilles et des crevasses de son écorce. Elle ressemble daillcurs a la gardène a larges fleurs par la grandeur et la figure du limbe de sa corolle. Ses feuilles sont oblongues, obtuses, hérissées dcgpoils. ainsi que le calice, très-courts, à cinq dents; le tube de la corolle est très-long, filiforme, couvert de poils très -fins. Elle croit à l'île de Ceilan. Gardène CAMPANULÉE : Gardénia Piolhmannia, Linn. , Suppl. . pag. i65 : RoLhmannia capensis , Thunb. , Act. Stockholm. , 1776 , pag. 65, tab. 2. Les (leurs de cette espèce, cultivée au Jar- din du Roi , répandent le soir et la nuit une odeur très-suave. Son bois, très-dur, est employé pour faire des essieux : ses rameaux noueux , comme articulés ; les feuilles opposées , un peu rétrécies en pétiole à leur base, oblongues, entières, aiguës. Les fleurs sont sessiles, solitaires, axillaires; les dents du calice subulées ; la corolle glabre, infundibuliforme ; le limbe campanule, à cinq découpures ovales - aiguës : cinq étamines non saillantes. Cet arbrisseau croît au cap de Bonne- Espérance. Gardène a longues fleurs; Gardénia longijlora , Flor. Per. , 12 , pag. 67 , tab. 219 , fig. a, non Aiton. Cet arbrisseau , dé- couvert dans les forêts des Andes au Pérou , a des tiges très- rameuses, hautes de dix à douze pieds. Les rameaux sont très-longs, étalés; les plus jeunes courts et tétragones; les feuilles médiocrement pétiolées, oblongues, lancéolées, ai- guës, glabies, un peu luisantes en-dessus, légèrement héris- sées en-dessous sur leurs veines, longues de deux pouces; les stipules rougeàlres, caduques et subulées ; une fleur pres- que sessile à l'extrémité de chaque rameau; le calice A^elu , a peine long d'un pouce; la corolle blanche, très-velue en dehors; le tube filiforme, très -long, velu à son orifice; le limbe très- ouvert; ses découpures longues d'un pouce et demi; les baies grandes, alongées, jaunâtres, à dix nervures brunes, longitudinales. Le gardénia longijlora d'Alton , HorA. Kew., edif. nov. , 1 , p. 368, est une autre plante, originaire de Sierra-Leone, que l'on cultive au Jardin du Roi, dont la corolle est infundibuliforme; les découpures de son limbe rabattues en dehors; les feuilles oblongues. GAR ï55 GardkiNE a feutlles de clusier : Gardénia clusiœfolia , Willd. ,, Spec. , 1 , pag. 1229 ; Jacq. , Collect. append., pag. 07 , tab. 4, fig. 3 : Arbor jasmini floribus, etc. , Catesb., CaroL , i , Uib. 69. Arbrisseau des îles de Bahama , haut d'euviron cinq pieds, dont les tiges sont droites, rameuses à leur partie supérieure.; les rameaux cendrés; les feuilles glabres, médiocrement pé- tiolées , coriaces , entières , en ovale renversé , obtuses ou un peu échancrées, rétrécies à leur base, longues de six pouces; les stipules larges, sessiles , triangulaires, aiguës. Les fleurs sont très -odorantes, terminales, pédonculées; la corolle coriace; le tube d'un vert pâle; les découpures du limbe blanches, un peu jaunâtres à leur sommet, lancéolées, aiguës, de la longueur du tube; les anthères sessiles, acu- minées. Le fruit est une baie ovale, assez grande, contenant plusieurs semences planes, arrondies. Gardîjne de la Nouvelle -Grenade : Gardénia granatensis , Poir. ; Gardénia parviflora , Kunth , in Humb.. Nov. gen. , 3, pag. 408 , tab. 293 ; non Poir., Encycl. Arbrisseau épineux, très-rameux; les rameaux pubescens dans leur jeunesse; les feuilles opposées, pétiolées, ovales-acuminées, très-entières, rétrécies à leur base, un peu coriaces, pubescentes , longues d'un pouce et demi sur huit à neuf lignes de large ; les stipu- les ovales-acuminées, pubescentes; six à huit fleurs sessiles, situées au sommet des rameaux; des bractées subulées , sou- dées à leur base, entourant l'ovaire; un calice campanule, à quatre dents, soyeux, pubescent; la corolle blanche , pi- leuse en dehors , longue de huit à neuf lignes ; son tube cylindrique , trois fois plus long que le calice : les décou- pures du limbe lancéolées, acuminées , un peu réilcchies; l'ovaire pubescent; le style saillant, pileux à sa base. Cette plante croît à la Nouvelle-Grenade. Gardène a petites fleurs ; Gardénia parviflora, Poir., Enc, Suppl. , non Kunth. Arbrisseau des Indes orientales, dont les rameaux sont glabres, cendrés; les feuilles coriaces, pé- tiolées, glabres, ovales, acuminées, très- entières , luisantes en-dessus, longues d'environ quatre pouces, larges de deux et plus. Les fleurs sont petites, approchant de celles des chiococca , disposées en petites grappes axillaires , un peu touffues, très-glabres, à peine longues d'un pouce; la corolle îH GAR petite et blanchâtre; les fruits globuleux, de la grosseur d'un pois. On cite plusieurs autres espèces de gardénia, Roxburg , dans les Plantes du Coromandel , a ligure et décrit les sui- vantes : Gardénia dumetorum , tab. i56 ; Gardénia fragrans , tab. iSy; Gardénia latifolia , tab. i5^: Gardénia spinosa , tab. î56 ; Gardénia uliginosa, tab. i55. On trouve dans le Botanical Magazin, tab. 1904, le Gardénia amana , dont les tiges sont munies d'épines droites, situées dans Faisselle d'une fieuille ovale, aiguë, glabre: les fleurs terminales, solitaires; le ca- lice campanule, denticulé. (Poir.) GAKDENNA. {Omith.) L'espèce de grive dont Aldro- vande parle sous ce nom, est la draine, t.urdus viscivorus , Linn. I Ch. D. ) GARDERACANTHA. {Bot.) Dans l'Ile de Lemnos, suivant Dodoeiis, le chardon - bénit , cnicus benedictus , est ainsi nommé (J.) GARDPJROBE (Bot.), nom vulgaire donné soit à l'aurone, arfemi.'iia abrotanum , soit a la santoline. (J.) GARDES. ( Véner. ) On donne ce nom aux ergots du cerf en vénerie. ( F. C.) GARDIO {IchtJij'oI.) , nom languedocien de la rosse , poisson d'eau douce du grand genre des cyprins. (H. C.) GARDON. {Ichthjol.) Voyez Able, dans le Supplément du 1." vokuiie, et Rosse. (H. C.) GARDOQUIA. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, monopétalées , irrégulières, de la famille des labiées, de la dinynainie ^ymnospermie de Linnaeus, très- rapproché des mélisses et des sarriètes, offrant pour carac- tère essentiel : Un calice tubulé, à deux lèvres, à cinq dents ou à cinq découpures; une corolle tubulée , beaucoup plus longue que le calice, barbue à son orifice; le limbe à deux lèvres; la supérieure échancrée ; l'inférieure à trois lobes presque égaux; quatre étamines didynames , écartées entre elles; quatre semences au fond du calice. Ce genre , comme la plupart de ceux qui appartiennent à la famille des labiées, n'a que des caractères peu tran- chés. Très- rapproché des mélisses et des sarriètes , il ne diffère des premières que par son calice à deux lèvres , et G AU ^55 Jes secondes par ses ëtamines écartées et les lobes de la lèvre inférieure de la corolle presque égaux. 11 comprend des arbrisseaux, presque tous originaires du Pérou, très-ra- meux, à odeur forte, à feuilles entières, opposées: les Heurs sont jaunâtres ou de couleur incarnate, axiilaires, solitaires, rarement verticillées , réunies deux ou trois sur le même pédoncule. Il a été établi par les auteurs de la Flore du Pé- rou , qui en ont indiqué six espèces, mais sans autre descrip- tion qu'une seule phrase spécifique. M. Kunth , dans le Aov. gen. Humb. et BonpL, en a décrit une dixaine, qui paroissenl presque toutes différentes de celles de la Flore du Pérou. Nous allons indiquer les plus remarquables. Gardo^uia a petites FEUiLtEs : Gurcloquia microphjlla, Kunth, fiov. gen. in Humb. et Bonp., 2, pag. 5 11. Arbrisseau de deux ou trois pieds, qui répand une odeur très -agréable. Ses rameaux sont pubescens dans leur jeunesse; les feuilles médiocrement pétiolécs, ovales en cœur, obtuses, glabres, un peu roulées et ciliées à leui^s bords et sur la nervure du milieu, luisantes, à peine longues d'une ligne; les pétioles pileux; les fleurs solitaires, axiilaires, presque longues d'un pouce; les pédoncules très- courts, pubescens; le calice un peu rude, à dix stries, à cinq dents; la corolle rougeàtre, presque cinq fois plus longue que le calice , pubescente en dehors; le tube court; l'orifice très-long; les étamines à peine saillantes; les anthères réniformes , à deux loges; le stigmate bifide. Gardoquia bicolore; Gcirdoquia discolor, Kunth, l. c, pag. 3 12. Ses rameaux sont opposés, tétragones , très-nombreux, pubescens et blanchâtres dans leur jeunesse ; les feuilles obîon- gues, entières, aiguës au sommet, rétrécies en coin à leur base, vertes et un peu pubescentes en -dessus, soyeuses et blanchâtres en-dessous , à peine pétiolées ; les fleurs médio- crement* pédonciJées , axiilaires et solitaires à rextrémité des rameaux; leur calift; tubulé , velu et pileux; à dix ner- vures; son orifice fermé par des poils blancs; la corolle trois ou quatre fois plus longue que le calice , purpurine , pubes- cente en dehors; les lobes du limbe arrondis, Poritice nu; les filamens glabres; quatre ovaires glabres, fort petits ; le style filiforme et saillant; le stigmate niédiocrcHient bifide. ^S'î GAR Gardoquia a feuilles d'if; Gardoquia taxifolia , Runth , Le. pag. 3i2. Arbrisseau distingué par ses feuilles linéaires, lan- céolées ou oblongues, obtuses, glabres, très-entières, rélré- cies à leur base, un peu ponctuées en-dessous, longues de quatre à cinq lignes, larges de deux; les fleurs axillaires , solitaires, longues d'un pouce et plus; le calice glabre , fermé par des poils; la corolle rouge.itre. Gardoolia glabke; Gardoquia gtabra, Kunth , l. c, p. 5i5. Cette espèce diffère très-peu de la précédente. Ses rameaux sont pubcscens ; ses feuilles oblongues, lancéolées, aiguës à leurs deux extrémités, roulées à leurs bords, glabres, légè- rement dentées en scie , ponctuées et glanduleuses en-dessous; les pétioles articulés vers leur milieu; les fleurs pubescentes, fermées par des poils à leur orifice. Gardoquia argentée; Gardoquia argentea , Runth, /. c. , pag. 3i3. Arbrisseau chargé de rameaux très - nombreux , touffus, tétragones, argentés et soyeux. Les feuillts sont pres- que sessiles, oblongues, lancéolées, obtuses, très- entières , roulées à leurs bords, à nervure moyenne très-saillante , longues de deux ou trois lignes , argentées et soyeuses à leurs deux faces; les fleurs d'un rouge écarlate , longues d'un demi-pouce: les étamines didynames ; une seule fertile ; les trois autres stériles. Gardoquia a feuilles de thym ; Gardoquia thymoides , Kunth , /. c, p. 5 14. Ses rameaux sont pubescens ; ses feuilles ovales- aiguës, presque en cœur, roulées cà leurs bords, légèrement dentées en scie, presque glabres en -dessus, blanchâtres et pubescentes en -dessous, longues de trois lignes, larges de deux; les fleurs verticillées ; le calice pubescent , à dents inégales, subulées; la corolle jaunâtre, pubescente, barbue à son orifice; son limbe tacheté de pourpre. Gardoquia a grandes fleurs; Gardoquia grandi flor a , Kunth, 1. c. , pag. 3 1 4 ; an- Gardoquia incana^ Sjst.flor,. Per. ? Arbrisseau de trois pieds , chargé de rameaux nowubreux, pubescens dans leur jeunesse. Les feuilles sont ovales, presque rondes, obtuses, aiguës à leur base, dentées vers leur sommet, légè- rement pubescentes en-dessus, tomenteuses et blanchâtres en-dessous, longues d'un demi-pouce , larges de quatre lignes; les fleurs solitaires, axillaires , longues de neuf ou dix lignes; GAR i'7 la corolle jaune, pubcscente en dehors, barbue dans le fond de son oritice ; les étamines un peu saillantes; quatre semences lisses, brunes, trigones, obtuses, placées au fond du calice. Gardoquia tomentelse; Garduquia lomentosa , Kunth , /. c, , pag. 014. Espèce très- rapprocliée de la précédente, répan- dant une odeur aromatique. Ses tiges sont hautes de trois pieds, très -rameuses; les rameaux pubescens dans leur jeu- nesse; les feuilles ovales-arrondies , un peu aiguës, presque tronquées à leur base, roulées à leurs borls, lé^jèrement dentées en scie, pubescentes en-dessus, blanches et tomeu- teuses en-dessous, longties au plus de six lignes; les pédon- cules axillaires, chargés de deux ou trois fleurs; le calice tomenteux;la corolle de couleur inc.irnate , pubescenle en dehors; le tube court; l'orifice alongé, barbu dans le fond j les lobes du limbe obtus; les seuiences brunes, obtuses, trian- gulaires. Gardoquia élégante; Gardoquia elegans , Kunth, l. c, pag. 3i5. Arbrisseau d'une odeur aromatique, très-rameux, haut de trois ou quatre pieds ; les rameaux blanchâtres et tomen- teux dans leur jeunesse; les feuilles rhomboidales, presque rondes, obtuses, dentées en scie, pubescentes en-dessus, blanchâtres et 'tomenteuses en -dessous, coriaces, entières vers leur base, longues de neuf lignes, larges de huit; les pédoncules axillaires, chargés de deux ou trois fleurs; la corolle rouge, pubescente en dehors, jaune à son oritice, marquée de taches incarnates. Gardoquia mignone ; Gardoquia pulcliella, Kunth , l. c. , pag- 3i5. Cet arbrisseau s'élève à la hauteur de trois ou quatre pieds : ses rameaux sont dressés, tétragones , tomenteux et pubescens; ses feuilles ovales ou un peu arrondies, rétrécies en coin à leur base, crénelées, roulées à leurs bords, un peu rudes en-dessus, blanchâtres et tomenteuses en-dessous, lon- gues de huit à neuf lignes, larges de sept; les pédoncules axillaires, à trois fleurs longuement pédicellées ; le calice tomenteux; la corolle incarnate et ponctuée de jaune. Quelques autres espèces^e gardoquia sont citées par les auteurs de la Flore du Pérou, telles que le Gardoquia striata à feuilles ovales, striées: Gardoquia revoluta, à feuilles très- petites , ovales en cœur , roulées à leurs bords : Gardoquia ^58 GAK niultiflora; les pédoncules chargés de plusieurs fleurs : ïti feuilles ovales, dentées en scie : Gardoquia elliptica; les pédon- cules presque ternes ; les feuilles elliptiques, ovales, dentées en scie: Gardoquia obovata., à feuilles entières, en ovale ren- versé; les pédoncules ternes. (Poir. ) GARENT-OGUEN {Bot.), nom donné chez les Iroquois , suivant le P. Lafifeau , jésuite missionnaire, au ginseng du Canada, panax quinquefoliuw. (J. ) GARESOL {Ornith.), nom arabe de la huppe, tipupa epops, Linn. ( Ch. D.) GARFAHL. {Ornith.) Le nom qui est ainsi écrit, d'après Bartholin , dans le Faiina suecica de Linnaeus , et qui cor- respond aux mots garfiilh , garfugl, geirfugl et goirfugl, cités par Muller, Othon Fabricius , etc., est applicable au grand pingouin de Buffon, alca impennis , Linn. (Ch. D. ) GARGA {Ornith.), nom turc du casse-noix, corvus carjo- catactes, Linn. (Ch. D.) GARGANELLE {Ornith.), nom italien de la sarcelle com- mune, anas querquedula , Linn., que les Anglois appellent garganev. { Ch. D.) GARGANOIS. {Bot.) C"est , selon Mentzel , la même plante que le tragium de Dioscoride , lequel est rapporté par C. Bauhin au houcage , pimpinella saxifraga. (J.) GARGIA {Ornith.), nom italien du butor, ardea stellaris , Linn. ( Ch. D.) GARGOT {Ornith.), nom piémontois du canard-garrot, ancs clangula, Linn. (Ch. D.) GARHOUDA.( Ornii/i.) Ce terme est donn'é par le P. Paulin de Saint-Barthelémi, tom. i , pag. 421, de son Voyage aux Indes orientales, comme le nom de Fèpervier en langue samscrite. (Ch. D.) GARICUM ( BoL ) , nom arabe de Fagaric, selon Dalé- champs. (J. ) GARIDELLE {Bot.) : Garidella , Tourn., Linn. Genre de plantes dicotylédones, de la famille des renonculacces , Juss. , et de la décandrie trjginie, hiiÊk,, dont les principaux ca- ractères sont les suivans : Calice de cinq folioles ovales-oblon- gues; corolle de cinq pétales , plus grands que le calice et à deux lèvres; dix étamines; trois ovaires supérieurs, chargés CxAR i59 chacun d'un stigmate latéral et presque sessile ; trois capsules soudées ensemble dans leur partie inférieure, et contenant plusieurs graines. Le nom de Garidella, donné par Tournefort à ce genre, rappelle le botaniste provençal, J. Garidel, qui en a donné une bonne figure dans son Histoire des plantes qui naissent aux environs d'Aix. Les garidelles sont des plantes herbacées, à feuilles ailées et à fleurs tenuinales. On n'en connoit que deux espèces. Garidelle nigelline : GaridcUa nigellastrum , Linn., Spec, 608; Garidella foliis tenuissime di^isis , Tourn. , Inst. , 655; Garid. , Aix, 2o3 , tab. Sg. Sa tige est grêle, glabre, haute d'un pied ou environ , divisée dans sa partie supérieure en quelques rameaux effilés. Ses feuilles sont deux fois ailées, à découpures linéaires, aiguës; ses fleurs, mélangées de bleu, de rouge et de blanc, sont petites, solitaires à l'extrémité des rameaux ; leurs pétales ont la lèvre intérieure fort courte, et l'extérieure partagée en deux découpures li- néaires. Cette plante est annuelle, et croît naturellement dans les champs, en Provence, en Italie, et dans l'île de Candie. Ses semences sont un peu acres et aromatiques ; oa n'en fait aucun usage. G.ARiDELLE A LONGS ONGLETS; Garidella unguicularis , Lamck., Illust. , tab. 579, fig. 2. Cette espèce est caractérisée par ses feuilles supérieures , simples ou trifides , et par ses pé- tales à onglets capillaires, saillans, une fois plus longs que le calice. Elle a été trouvée dans l'Orient. (L. D.) GARIDELLE {Omith.) , un des noms vulgaires du rouge- gorge , wotacilla rubecula, Linn. (Ch. D.) GARIES. {Bot. ) On donne ce nom au chêne dans quelques parties de la France. (L. D.) GARIN {Conchjl.) ; Adanson , Sénég. , p. 200, pi. 14. Espèce de coquille bivalve , adhérente , placée par Linnœus parmi les huîtres, par Bruguières dans le genre Spondyle, et dont M. de Lamarck a fait son genre Plicatule. Voyez ce mot. (De B.) GARIINELLO (Ornith,), nom italien de la cresserelle^ falco tinnunculus , Linn. (Ch. D.) GARlOï (Bot.), nom vulgaire de la benoîte. ( L. D.) i6o GAK GARLU. (Ornith.) Ce nom est rapporté par Gueneau de Montbeillard au geai à ventre jaune de Cayenne , pi. enl., n." 249; mais M. d'Azara , n.° :iOo, article Bienteveo ou JPui- taga, observe que c'est une erreur, et suivant M. Vieillot c'est le tyran tictivie. (Ch. D.) GARMEL. {Bot.) Les Arabes donnent ce nom à une faba- gelle commune dans le désert , qui est le zj'gophjUum portu- lacoides de Forskal, et, selon Vahl, le zjgophjdlum's'unplex de Linnœus. Dans le pays on croit que ses feuilles, broyées dans l'eau et appliquées sur les yeux , font disparoître les taies. (J.) GARMUTH. (Ichthjol.) Voyez Garamit. (H. C.) GARNA. {Bot.) Voyez Djarna. (J.) GARNITRE. {Bot.) Voyez Ganitri. (J.) GARNOT {ConchjL); Adanson , Sénég. , p. 40, pi. -. Espèce de patelle à coquille cloisonnée des anciens auteurs, et à laquelle M. de Lamarck a donné le nom de Crépidule. Voyez ce mot. (De B.) GARO , Aquilaria. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones , à fleurs incomplètes, dont la famille n'est pas encore connue. Il appartient à la décandrie monogjnie de Linnaeus, et paroit se rapprocher des samj'da et des anavinga. Il ofiVe pour ca- ractère essentiel : Un calice turbiué, persistant; le limbe à cinq divisions; point de corolle; un anneau intérieur, imi- tant une corolle, attaché à l'orifice du calice, partagé à son. sommet en dix lobes inégaux , alternes, avec lesfilamens très- courts des étamines: les anthères oblongues, versatiles; un ovaire supérieur; point de style; un seul stigmate. I-e fruit consiste en une capsule ligneuse, à deux loges, à deux valves; deux, plus souvent une seule semence, entourée à sa base d'un arille spongieux. Garo dk Malacca : Aquilaria malaccensis , Lamk. , Encycl. , 2, page 610, et 1 , page 4g ; III. gen. , tab. 556 : Aquilaria ovata, Cavan., Dissert, bot., 7 , pag. 077, tab. 224 : vulgai- rement Garo ou Bois d'aigle. Cet arbre croit dans les Indes orientales, et particulièrement à Malacca. Ses rameaux ont le bois blanc, tirant un peu sur le jaune ; ils sont recouverts d'une écorce d'un gris roussàtre , un peu chagrinée : ces ra- meaux sont velus vers leur sommet, garnis de feuilles alter- nes, péliolées, glabres, d'un beau vert, velues avant leur GAR 161 entier développement, ovales-lancéolées, entières, fortement acuminées, longues de trois pouces et demi , larges de deux, garnies à leurs bords de poils courts. Les fleurs sont petites, dépourvues de corolle; les étainines courtes, placées alter- nativement entre les lobes d'un anneau presque campanule; l'ovaire ovale, couronné par un stigmate simple , fort petit. Le fruit est une capsule turbinée , longue d'environ un pouce , à deux loges, à deux valves ; les valves épaisses, subéreuses, divisées par une cloison , renfermant chacune une semence noire, petite, ovale, aiguë, et dont une avorte presque tou- jours. Au bas de chaque semence on trouve un arille sous la forme d'un corps spongieux. Garo ? OPHisPERME : AquHaria ophispermum , Poir. ; Ophisper- muin sinense, Lour. , F/or. cochinc, 1 , pag. 344' Grand arbre de la Chine, dont les rameaux sont étalés, garnis de feuilles luisantes, altei-nes, lancéolées, ondulées, très- entières ; les fleurs terminales et solitaires; leur calice campanule, à cinq découpures ovales -alongées, égales, presque droites; point de corolle ; un anneau court , tomenteux , à dix lobes, alter- nant avec autant d'étamines; les filamens très -courts; les anthères petites, alongées, point versatiles; un ovaire ovale, comprimé; un style plus long que les éfamines, soutenant un stigmate bifide. Le fruit est une capsule comprimée, élargie , lancéolée, à deux loges monospermes, s'ouvrant à leur som- met; les semences ovales, acuminées (munies d'une aile laté- rale , Loureir.). (Poir.) GAROBUSTO. {Ichthyol.) Dans le langage languedocien on donne ce nom aux petits poissons, ou fretin , yue les pêcheurs abandonnent aux pauvres sur les bords de la mer. (H. G.) GAROFOLI (Bot.), nom italien de Pœillet, qui paroit dériver du latin , caiyopJvyllus , sous lequel il étoit désigné par Tournefort. (J. ) GAROSMUS, GAROSMUM. {Bot.) Cordus et Dodoens nommoieat ainsi l'anserine puante, chenopodium vulvaria , qui est le connina des Toscans , suivant Césalpin. Garosmum signifie garum olens , ayant l'odeur du poisson nommé garus. (J.) GAROU ou GAROUETTE(Bo^), noms vulgaires du daphné garou. Quelques botanistes ont aussi adopté la première de j8. li ^G2 GAR ces dénominations comme nom François générique de tous les daphnés. ( L. D.) GAROUILHE. {Bot.) Dans quelques cantons, on donne ce nom au chêne -kermès ; dans d'autres, c'est le maïs qui s'appelle ainsi. (L. D.) GAROUPE {Bot.), nom vulgaire de la camclée à trois coques. ( L. D.) GAROUTTE. {Bot.) On donne ce nom , dans l'Anjou , à une espèce de gesse {lathjrus cicera). Voyez aussi Garou. (L- D.) GAROVO {Bot.), nom espagnol du caroubier, ceratonia, suivant Dodoens. (J. ) GARRANIER {Bot.), un des noms vulgaires delà giroflée de muraille. ( L. D.) GARROFERA. {Bot.) C'est, dans le Midi, un des noms que Ton donne au caroubier. ( L. D.) GARROT. ( Ornith. ) Ce canard est Vanas clangula de Linnaeus. ( Ch. D. ) GARROUN. {Ornith.) On donne, suivant le ncuv. Dict. d'hist. nat. , ce nom au vieux mâle de la perdrix. (Ch. D.) GARRU. {Bot.) Voyez DuRRAKA. (J.) GARRU. ( Ornith. ) Sur les côtes du département de la Somme, on appelle ainsi le combattant, tringa -pugnax ^ Linn. (Ch. D.) GARRULUS. {Ornith.) Ce nom latin est appliqué, par Gesner et Aldrovande , au roUier , et par Brisson au geai= (Ch. d.) GARRUS. {Bot.) Le houx, commun dans les bois de la Sainte - Baume , en Provence, y est ainsi nommé, suivant Garidel. (J.) GARS. {Ornilh.) Ce nom , qui s'écrit aussi garsz, est donné, en langage breton, à l'oie domestique, anas anser , Linn. (Ch. d.) GARSILHA. {Bot.) Nom portugais du couradi du Malabar^ qui est le gre^via orientalis. (J. ) GARSOTfE {Ornith.), un des noms vulgaires de la sar- celle commune, anas querqueduLa, Linn., qui s'écrit aussi garzotte. (Ch. D.) GARULÉON, Garuleuw. {Bot.) [ Corjmhifères , Juss. = Sjngénéiie polygamie nécessaire, Linn.] Le caractère essentiel GAR iC,5 et distînctif du genre Ostcospermum est, ainsi que son nom l'indique, d'avoir les péricarpes osseux, c'est-à-dire, épais et durs. Cependant l'espèce nommée cœruleum par Jacquin et pinnatifiduin par l'Héritier, a les péricarpes simplement coriaces, c'est-à-dire minces, flexibles, élastiques, comme dans la plupart des synanthérées; elle diffère aussi des vrais calendula par la forme de ses péricarpes, qui ne sont point arqués ni munis d'appendices membraneux ou splniformes, et des meteorina par son disque, qui est mascnliflore au lieu d'être androgyniflore. Cette espèce doit donc être considérée comme le type d'tin nouveau genre appartenant à la famille des synanthérées et à notre tribu naturelle des calcndulées , dans laquelle nous le plaçons entre Vosteospermum et le meteorina. Nous le nommons garuleum , et nous lui assignons les caractères suivans. Calathide radiée; disque multiflore, régulariflore , niascu- liflore ; couronne unisériée, multiflore, liguliflore , fémini- flore. Péricline subcampanulé, un peu inférieur aux fleurs du disque, formé de squames bisériées, égales, appliquées, oblongues-aiguës, coriaces-foliacées; les intérieures plus lar- ges, ovales-lancéolées, membraneuses sur les bords latéraux. Clinanthe convexe, inappendiculé. Cypsèles delà couronne obovoïdes-oblongues, subtriquètres, inaigrettées; à péricarpe sec, coriace, mince, ridé extérieurement, couvert d'aspé- rités et muni de trois côtes. Faux-ovaires du disque oblongs, comprimés, lisses, inaigrettés etinovulés. Corolles de la cou- ronne à languette longue , étroite , terminée par trois petites dents. Styles du disque à. branches entregretfées inférieure- ment , libres et divergentes supérieurement, hérissées de collecteurs piliformes sur la face extérieure, et bordées de deux bourrelets stigmatiques sur la face intérieure. Une fleur de synanthérée peut être mâle , soit parce que l'ovaire est dépourvu d'ovule , soit parce que le style est dépourvu de stigmate , soit par le concours de ces deux causes réunies. Le disque du garuleum n'est mascnliflore que par défaut d'ovules , tandis que celui de ïostevspermum est masculiflore non-seulement par défaut d'ovules, mais encore par défaut de stigmates. GAFiiîr.ÉON VISQUEUX : Carulcum viscosum . H. Cass. , Bull, de ^^4 GAR la soc. philom. , Novembre 1819; Osteospermum cœruleum , Jacq. : Osteospermum pinnatifidum , THérit. C'est un arbuste du cap de Bonne- Espérance, haut de quatre pieds, doué d'une odeur analogue à celle du souci; ses rameaux sont longs, simples, dressés, droits, cylindriques, et couverts, ainsi que les feuilles, d'une sorte de duvet glutineux ; ils sont garnis de feuilles alternes, étalées, longues de douze à quinze lignes, larges de neuf lignes, à base dilatée, semi- amplexicaule , presque décurrente, à partie inférieure pétio- liforme , la supérieure pinnatifide , à pinnulcs oblongues , incisées ou dentées. Les rameaux sont terminés par des co- rymbes de trois , quatre ou cinq calathides , dont chacune est portée sur un long pédoncule garni de quelques bractées linéaires-subulées; les calathides, larges d'un pouce, sont composées d'un disque jaune et d'une couronne bleu-de-ciel. Cet arbuste est cultivé pour l'agréable couleur de ses cala- thides , qui ressemblent beaucoup à celles de l'agathée céleste; on le multiplie de boutures dans le cours de l'été, ou par ses graines semées au printemps sur couche et en terrine : il exige une terre consistante, et d'être garanti de la gelée dans l'orangerie, où on a soin de lui procurer de la lumière et un air souvent renouvelé, et de le préserver de l'humidité. (H. Cass.) GARUM, Garum. [Iclithjol.) Les anciens Romains don- noient ce nom, ou plutôt celui de garus, à une sorte de sauce, qui servoit non -seulement d'assaisonnement, mais encore de remède contre plusieurs maladies, et que les Grecs appeloient yxpoç , ou ^^^'ppov suivant Dioscoride. Pline {lib.ô i, cap. j et 8) rapporte qu'on i'abriquoit cette liqueur précieuse en faisant subir un commencement de putréfaction à des in- testins et à des débi-is de poissons qu'on avoit saupoudrés de sel, et en recueillant le fluide corrompu {sanies putrescen- tium) qui en sortoit; on y joignoit du laurier, du thym et d'autres aromates. Cftte liqueur étoit noire , d'un aspect dégoûtant et d'une odeur repoussante, comme on peut en juger par ces deux vers de Martial, Unguenlum fueiat, quod onyx modo parva gerebat: 3Nunc, postfjuam olfecit Papilus, ecce garum est. GAR ï65 Mais elle excitoit énergiquement l'appétit, et pour cette seule raison elle fut si estimée sous les premiers empereurs, où- on la servoit dans les repas de luxe , qu'on la payoit aussi cher que les parfums les plus rares. Aussi ce même Martial, qui fait peu de cas de l'odeur d'une sauce aussi recherchée. dit-il, dans une autre épigramme, Nobile nunc sitio luxiiriosa garum , et nous indique , parle choix de Tépithète, en quel grand honneur elle étoit tenue chez ses contemporains. On employoit plus particulièrement pour la confection de l'assaisonnement dont il s'agit, les intestins, la tête, les ouïes, etc., de l'anchois, du maquereau, et du picarel , sparus smaris. 11 y en avoit d'ailleurs une infinité d'espèces ; Dioscoride parle même d'un garum de viande, et un autre auteur loue celui des sauterelles. Le plus estimé étoit fait avec le maquereau. Aujourd'hui l'emploi du garum est abandonné en Italie; mais en Turquie et aux Indes on en fait encore usage. A Constantinople les aubergistes en usent pour conserver les poissons cuits qui n'ont point été consommés dans la journée. On se servoit aussi beaucoup du garum comme d'un médi- cament. Il passoit pour détersif et antiseptique; aussi recom- mandoit-on de laver avec cette liqueur les ulcères gangre- neux. Enfin orf en a fait un antilyssique, et on ordonnoit d'en appliquer sur les morsures faites par des animaux en- ragés. (H. C.) GARUNDO-PALA. {Bot.) Nom brame d'un arbrisseau, qui est le natsjatam du Malabar, et que Linnaeus, d'après Commelin , confondoit avec celui qui fournit la câpre du Levant. Cette opinion n'est point confirmée par les botanistes modernes, qui ont rejeté ce synonyme de son menispermum cocculus , faisant partie du genre Cocculus de M. De Can- dolle. (J.) GARVANE ou GARVANCE (Bot.), nom vulgaire , donné dans quelques cantons de la France à la ciserole tête-de- belier ou pois chiche (J.) GARVIES (Ichthjol.) , nom par lequel on désigne la sar- dine à Kinkardine. (H. C.) 'S^ GAR GARVOCK (Ichlhjol.) , nom de Ja sardine à Inverness en Ecosse. (H. C.) GARYOPHYLLATA. ( Bot. ) Chez plusieurs auteurs anciens on trouve ainsi écrite la plante nommée plus généralement carj'ophA'Uata , maintenant geum , la benoîte. C'est la garioji- lata de Ccsalpin. Le nom garjophyllata est encore donné par Daléchamps et d'autres à la saxifrage ordinaire, saxifraga rotundifolia. (J. ) GARYOPHYLLUM. (Bot.) L'arbre ainsi nommé par Pline est jugé par Clusius être le même que son anomum quorum- dam ; mais la figure qu'il donne de sa plante, est absolument conforme à celle de Plukenet ( t. i55, fig. 5). rapportée au myrtus acrls de Swartz , qui est une plante des iles d'Amé- rique , conséqueniment inconnue à Pline. On seroit plus porté à croire que son garyophyllum , qui a les fruits petits et sphériques , est la cannelle giroflée, mjrlus carjophjllata , originaire de Ceilan. (J.) GARZA (Orm7h.) , nom espagnol du héron , ardea. (Ch. D.) GARZETTE. (Ornith.) Cet oiseau , le même que l'aigrette, est Vardea garzelta, Linn. ( Ch. D.) GAS ou GASH (Ornith.), noms languedociens du geai, corvus glandarius , Linn. (Ch. D.) GASAR. (Conchyl.) C'est sous ce nom qu'x\danson (Sénég. , p. 396, pi. 14) donne la figure et surtout une excellente description de l'huître des arbres ou parasite. Voyez Huître. (De B.) GASCANEL, GASCANET , GASCON [Ichthjol.) : noms vulgaires du caranx trachure, caranx IracJ^urus. Voyez Ca- RANX. (H. C.) GASCHVE {Bot.) , nom arabe de Vipomena trijlora de Forskal, qui croit dans PÉgypte. (J.) GASCON {Ichthvol.) Voyez Gascanel. (H. C.) GASELLE (Mamm.) , nom tiré de l'arabe Gazal. Voyez ce mot. (F. C.) GASI-ALCHALEB. (Bot.) Voyez Chasi-attraleb. (J.) GASIOR {Ornith.), nom polonois de l'oie domestique, anas anser , Linn. ( Ch. D. ) GASOTTO {Ornith.), nom italien de la grive draine, lurdus viscivorus, Linn. ( Ch. D.) GAS 167 GASTA (IchthfoL), un des na»breux noms par lesquels la sardine est désignée. Voyez Clutée. (H. C.) GASTAUDELLO. {IcMiyoL) A Nice l'on appelle ainsi le scombrésoce carnpérien , dit M. Risso. Voyez Scombrésoce. (H. C.) GASTEROPELECUS. (Ichthjol.) Voyez Serpe et Sternicle. (H. C.) GASTÉROMYCIENS , Gasteromjci. (Bot.) Voyez Castro - MVCIENS. (LeM.) GASTÉROPLÈQUE. [Ichthyol.) Gronou a établi sous le nom de gasferoplecus un genre de poissons des mers d'Amé- rique, dont le ventre est très-tranchant et dont il n'a point aperçu les catopes. Linnseus , qui les a aperçus, a placé ce poisson parmi les dupées , sous les doubles noms de cltipea sternicla et de cliipea sima. Pallas, lui ayant reconnu une seconde nageoire dorsale adipeuse, l'a fait entrer dans le genre Sa/mo, sous l'appellation de salmo gasteroplecus. M. de Lacé- pède l'a laissé parmi les dupées sous le nom de dupée feinte. Voyez Stermcle. (H. C.) GASTÉROPODES [Malacoz.), mot hybride. Voyez Gastro- podes. (De B. ) GASTÉROSTÉE, Gasterosteus. {Ichthj^ol.) Les ichthyolo- gistes ont appelé de ce nom, tiré du grec, ytmrlyi^-, venter, et o "' a tt- ■ 3 0 0^0 1 - " - Gram. ..299. 4.4.88 4.6423 5.;535 3.3«94 4.4°32 2.4aiti 3.2088 3-1459 2.3.44 s'ôsoo 3.00C6 2.2072 2.8480 2.8674 1.8011 2.3:167 2.3398 ..52.09 ..9752 1.9758 ..25o5 ..O205 ..645 ...768 ..5475 ..43.^7 ..5283 ..0364 ..3495 ..3:i64 0.9784 ;:;5oo I . 2 r , 0 0.9678 ■.24Î, I.l302 ..2573 0.5945 0.7752 0. n-T^ 1 0.5624 ! o.'6872 0.7306 NOMS OBSERVATEL'RS. Gay-Lussac. John Davy. Le ro^mc. Gay-Lussac et Tbéi Gay-Lussac. John Davy. Davy. Gay-Lussac. Colin. mot cl Arago. Les mèiucs. Tbtnard et Gay-Lu Blol el Arago. Bcrard. Théodore de 5aussi Cruickshanck:;. Davy. Biot et Arago. Tomson. Trorasdorff. 2ï6 ( ^K7. NOMS DES FLUIDES ÉLASTIQUES. 3 1. " 0 «cl: |!| i'i' " ^B ■=, ^ ' 0 NOMS D ES OBSERVATEURS. Gaz hyl.ogène Vapeur d'iode o.oji-l 3.4484 3.1764 V.'xWï ..6o3o 0.0360 0 Oî5o o.4..,o 0.095, ;:;;;4 4.473:; 3.3595 5 '. Ô958 i.sjro 0 S^oo 4:479" 4- 1^65 ■>..o825 1.2160 0.8. .ne. Le même. Colin et Robiquet. d'éllier bydriodique . . . — — d'essence de térébenthine d'iiydr. percarb.de cblore ■' 4:49 5.O.O. i 4434 de snlfure de carbone . . d'éther snlfurlque d'étber bydrochlorique. -, d'acide cliloro-cyanique d'alcool absolu — — d'acide bydro-cyanique. 2,5?6o 2.».. 9 '•9I7' 0 6:!35 Le même. Le môme. Thénard. Gay-Lussac. Le même. Le même. de carbone Cette table a été publiée par M. Gay-Lussac, dgns le 1." volume des Annales de chimie et de physique. Depuis, MM. Berzelius et Dulong ont déterminé la densité de plusieurs gaz : ils ont trouvé pour L'hydrogène o,o685 L'oxigène i,io32 L'acide carbonique 1,6260 2.' DIVISION. Composition en volumes de diff'crentes espèces de combinai- sons dont les ëlémens peuuent être réduits à V état gazeux. Volume Proportion en volume deîacomliinaison. des elémens Chlore. Oxigène. Oxide de chlore 1 7 1 Acide chloreux' . , x î 5 Acide chlorique* x 1 7 I Acide des muriales oyigéné.-;. 2 Découvert par le coiule Stadion. Protoxide d'azote i Deutoxide d'azote i Acide hyponitreux ^ Acide nitreux -i" Acide nitrique x Acide sulfureux i Acide sulfurique x GAZ 2^7 Volume Proportion en volume de la combinaison. des élémens. Azote. Oxigène. 1 i Oxide de carbone. Acide carbonique. Acide chloroxicarbonique. . ., Acide hydriodic|ue Cyanogène Ammoniaque Acide hydrosulfurique Hydrogène protocarburé. Hydrogène percarburé. . . Vapeur d'eau. Vapeur d'alcool Vapeur d'éther hydratique. . . Vapeur d'acide hydro-cyanique Vapeur d'acide chloro-cyaniq. Vapeur d'éther chlorurique. . . Vapeur d'éther hydrochlorique 1 1- 1 2 1 27 Soufre. Oxigène - 1 1 5 CarLone. Oxigène. -i â ^ 1 Oxide de carbone. Chlore. 1 1 Hydro§ène. Iode. I X CarLone. Azote. 1 1 Hydrogène. Azote. IV â Hydrogène. Soufre 1 i Hydrogène. Carbone. 2 ï 2 1 Hydrogène. Oxigène Hydr. percarb. Eau. 1 1 2 1 Hydrogène. Cyanog. Cyanogène. Chlore. Hydr. percarb. Chlore. 1 1 Hydr. percarb. Hydrochlor. 1 I ^»s GAZ Propriétés caractéristiffues de chacjue espèce de gaz. l/^ SECTION. Gaz qui rallument la bougie qu'on vient d'éteindre, si la mèche contient encore quelques particules charbonneuses en ignition. a) Sans détonation. Oxigcne. Incolore, inodore, sans action sur les réactifs colorés; le seul propre à l'entretien de la vie des animaux. Absorbable en totalité par les hydrosulfates et les sulfures hydrogénés. Solidifié en totalité, et en dégageant une vive lumière, quand on le fait passer bulle à bulle dans une cloche étroite pleine de mercure où l'on a mis un petit morceau de phosi" phore que Ton a chauffé ensuite extérieurement. A froid, sans action sur le phosphore et l'arsenic qu'on y projette; un volume mêlé à deux volumes d'hydrogène ne détone point quand on expose le mélange au soleil. Protoïide d'azote. Incolore, inodore; saveur légèrement sucrée; sansaction sur les réactifs colorés; n'éprouve pas de changement de la part del'oxigène. Quand on enflamme un mélange de i volume de ce gaz avec i volume d'hydrogène , on obtient de l'eau, et ^vo- lume d'azote , si la décomposition du protoxide est complète. b) u4(^cc détonation. ' Oxidc de chlore (préparé par l'acide sulfurique et le chlorite de potasse). Jaune orangé verdàtre foncé ; détruit la couleur du tour- nesol, sans la rougir préalablement; à loo degrés il détone en dégageant de la lumière ; un volume produit f volume de chlore et i volume d'oxigène; assez soluble dans l'eau; absorbé par l'eau de potasse. 1 II peut arriver que la bougie s'éteigne au moment de la détona- tion; mais, si on la plonge dans le gaz après qu'il a détoné^ la bougie se rallumera si sa nièclie confient quelques particules embrasées. GAZ 2XÇ) 2/ SECTION. Gaz qui, quand ils ont le contact de l'air, s'enflamment, soit spontanément, soit lorsqu'on f plonge une bougie. A. Gaz qui sont sans action sur les réactifs colores. Hydrogène perphospliuré. Incolore; s'enflamme dès qu'il a le contact de l'air; pro- duit de l'eau et de l'acide phosphorique. Le chlore l'en- flamme : il se produit de l'acide hydrochlorique et de l'a- cide chlorophosphorique , si le chlore est en excès. Hfdrogène protophosphuré. Incolore : odeur d'ail ; ne s'enflamme point à la tempéra- ture ordinaire , quand il est en contact avec l'air : s'enflamme quand il est échauffé, produit de l'eau et de l'acide phos- phorique. Hydrogène arseniqué. Incolore; odeur nauséabonde, extrêmement forte, qui n'est point alliacée; très -délétère. Sa flamme est bleuâtre: s"il brûle lentement dans une petite cloche, il dépose une matière brune, qui paroît être de l'hydrure d'arsenic. 11 est enflammé par le chlore ; il se produit du chlorure d'arse- nic et de l'acide hydrochlorique. Si le produit de sa com- bustion est agité avec de Feau , et que le chlore ne soit pas en excès, on obtient une dissolution d'acide hydrochlorique et d'acide arsenieux , qui précipite en jaune par l'acide hydrosulfurique. Hydrogène. Quand il est bien pur, il est inodore ; il peut rester quelque temps dans une cloche débouchée dont l'ouverture est en en- has : quand on le mêle avec un volume d'oxigène égal au sien et qu'on enflamme le mélange dans un eudiomètre, il reste la moitié de l'oxigène employé, c'est-à-dire ^ volume. Le produit de la combustion est de l'eau. Oxide de carbone. Presque inodore; brûle avec une flamme bleue : le pro- duit est de Tacide carbonique qui précipite l'eau de chaux. ^2o GAZ Un volume de ce gaz, mêlé avec un volume d'oxigène dans un eudiomètre placé sur le mercure, se réduit par l'in- flammation à ] '- volume. En traitant ce résidu par l'eau de potasse , on absorbe i volume d'acide carbonique , et il reste ~ volume d'oxigène. Hydrogène percarhuré. Odeur légère; in(olore; brûle avec une flamme blanche, en produisant de l'eau et de l'acide carbonique. Pour le brûler complètement dans un eudiomètre à mercure , il faut pour 1 volume de gaz 3 volumes d'oxigène ; il se produit 2 volumes d'acide carbonique, et une quantité d'eau repré- sentée par 2 volumes d'hydrogène et 1 volume d'oxigène. Pour opérer cette combustion sans danger, il faut mêler 5 volumes d'oxigène à 1 volume de gaz. Un volume de chlore, mêlé à un volume d'hydrogène per- carburé , produit de l'éther chlorurique. Hydrogène prolocarhuré. Incolore; légère odeur; inflammable; flamme moins volu- mineuse que celle du précédent. 11 exige, pour sa combus- tion, 2 volumes d'oxigène : le produit de la combustion est I volume d'acide carbonique et une quantité d'eau repré- sentée par 2 volumes d'hydrogène et 1 volume d'oxigène. II ne forme pas d'éther chlorurique , quand on le mêle avec son volume de chlore. B. Gaz qui agissent sur les réactifs colorés à la manière a) des alcalis. Gaz ammoniaque. Verdit la teinture de violette , bleuit celle d'hématine ; c'est le seul gaz dont la dissolution aqueuse agisse sur les réactifs colorés comme un alcali. Odeur forte. U répand des fumées blanches très- épaisses , quand on le mêle avec des gaz acides, notamment avec le gaz hydrochlorique. Pour qu'il puisse s'enflammer par le contact de la bougie, il Aiut le mêler avec cinq fois son volume d'air, ou, ce qui vaut mieux, avec les trois quarts de son volume d'oxigène. GAZ 221 h) Des acides. Gaz acide hydrosulfurique. Incolore; odeur d'œufs pourris: noircit les traits que l'on a traces sur du papier avec une solution d'acétate de plomb ; est absorbé par l'eau et la potasse; rougit la teinture de tour- nesol et finit par la décolorer. Sa solution aqueuse, mêlée à l'acide sulfureux, dépose du soufre. Enflammé dans une cloche étroite , il se produit de l'eau et de l'acide sulfureux ; une portion de soufre échappe à la combustion et se préci- pite sur les parois de la cloche. Gaz acide hjdro-teliurique. Incolore; odeur analogue à celle des œufs pourris: rougit la teinture de tournesol: absorbable par l'eau et la potasse. Quand on l'agite avec une solution de chlore , on obtient une liqueur qui précipite en blanc lorsqu'on y verse du sous- carbonate de soude. Cj'anogêne. Odeur forte et 'pénétrante ; brûle avec une flamme vio- lette et en produisant de l'acide carbonique: sa solution dans l'eau de potasse, mêlée à un acide, puis à des sulfates de protoxide et de peroxide de fer, forme du bleu de Prusse. 11 rougit légèrement la teinture de tournesol. 3.* SECTION. Gaz qui éteignent la hougie qu'on jy plonge , et qui ne sont pas susceptibles de s'enjlammer. A. Gaz (jui sont sans action sur les réactifs colorés , et qui ne sont pas absorbés par Peau de potasse. Azote. Inodore, incolore; impropre à l'entretien de la vie, sans être délétère; éteint les bougies, ne précipite pas l'eau de chaux; mêlé avec 2,5 fois son volume d'oxigène , et électrisé dans une cloche de verre posée sur le mercure et dans la- quelle il y a de la potasse ou de la chaux, il produit de l'acide nitrique. 222 CxAZ Detitoxide d'azote. Incolore; mais , dès qu'il a le contact de l'air, il produit une vapeur rouge-orangée, qui est de l'acide nitreux. Ce dernier est caractérise non -seulement par sa couleur, mais encore par son odeur extrêmement pénétrante et irritante. Le deutoxide d'azote est insoluble dans l'eau. Lorsqu'on y plonge du phosphore allumé, celui-ci, loin de s'éteindre, brûle avec une activité extrême. B. Gaz qui ont de Faction sur les réactifs colorés , et qui sont absorbés par Peau de potasse. Chlore. Jaune-verdàtre ; odeur forte et désagréable ; très-délétère : il jaunit la teinture de tournesol , décolore celle de violette , etc.; le phosphore, l'arsenic, qu'on y plonge à froid, sen- flamment. Le mélange de volumes égaux de chlore et d'hy- drogène détone quand il est exposé au soleil. Acide sulfureux. Incolore ; odeur du soufre qui brûle : rougit le tournesol. Absorbé par l'eau. Absorbé par le borax cristallisé qui a été réduit en petits morceaux. Mêlé avec le gaz acide hydro- sulfurique humide , il y a décomposition des deux acides ; il se produit de l'eau, et il se dépose du soufre. Acide carbonique. Presque inodore; n'a qu'une foible action sur la teinture de tournesol, et surtout sur le papier coloré avec cette ma- tière ; impropre à la combustion , à la respiration : l'eau en absorbe un volume égal au sien; précipite l'eau de chaux. Ce précipité, floconneux d'abord, se réunit ensuite en petits grains qui, recueillis et séchés, font une vive effervescence avec l'acide acétique. Acide chloroxicarhonique. Incolore; odeur très-forte; rougit fortement le papier de tournesol; mis en contact avec de l'eau, il décompose ce liquide et il se produit de l'acide hydrochlorique et de l'acide carbonique : s'il y a assez d'eau, les deux acides sont dissous j GAZ 225 sil n'y en a qu'une très-petite quantité, l'acide hydrochlorique l'est seul. Quand on y chauffe de rantinioine ou du zinc, le chlore s'unit aux métaux : il reste un volume d'oxide de car- bone égal au volume de l'acide chloroxicarbonique. Quand on le chauffe avec l'oxide de zinc, on obtient un chlorure et un volume d'acide carbonique égal au volume du gaz primitif. Un volume de ce gaz absorbe quatre volumes d'ammoniaque. Le sel peut être sublimé dans le gaz sulfureux, sans éprouver de décomposition. Acide hjdrochlorique. Incolore : odeur forte; rougit fortement le papier de tour- nesol; répand des fumées blanches quand il a le contact de l'air; impropre à la respiration et à la combustion; très- soluble dans l'eau : la solution précipite le nitrate d'argent en un chlorure qui est insoluble dans l'acide nitrique, mais qui se dissout bien dans l'ammoniaque; la solution d'acide hydro- chlorique mise en contact avec le peroxide de manganèse, donne lieu à un dégagement de chlore. Acide hydriodique. Incolore; odeur forte; rougit le papier de tournesol; très- soluble dans l'eau; répand des fumées blanches dans l'air. Le chlore en précipite de l'iode. Acide phtoroborique. Odeur très-forte ; impropre à la respiration et à la combus- tion; répandant des fumées excessivement épaisses quand il a le contact de l'air : quand on y plonge une bande de pa- pier, sur-le-champ celle-ci noircit, parce que du charbon est mis à nu. Acide plitorosilicique. Odeur forte; impropre à la respiration et à la combustion; dès qu'il a le contact de l'eau, il se dépose de la silice à l'état de gelée. 3.* DIVISION. De Fanaljse des mélanges gazeux. La première chose à faire , lorsqu'on veut examiner la composition d'un mélange gazeux, c'est d'en introduire une quantité déterminée, loo volumes par exemple, dans une GAZ cloche à mercure , et de les y agiter avec 5 volumes d'une forte solution de potasse à l'alcool. S'il y a une absorption^ on la notera. A. Les gaz non absorbés pourront être , 1.° Oxigène ; 2.° Azote ; 3.° Protoxide d'azote ; 4.° Deutoxide d'azote ; 6.° Oxide de carbone; 6." Hydrogène ; 7." Hydrogène protocarburé et percarburé ; 8." Hydrogène protophosphuré et perphosphuréj g.° Hydrogène arseniqué. B. Les gaz absorbés pourront être, 1.° Chlore; 2.° Oxide de chlore; 3.° Cyanogène; 4.° Ammoniaque ' ; 5." Acide carbonique; 6.° Acide sulfureux ; 7.° Acide phtoroboriquc ; 8.° Acide phlorosilicique; g." Acide chloroxicarbonique; 10.° Acide hydrochlorique ; 11." Acide hydriodique; 12.° Acide hydrosulfurique ; i3.° Acide hydrotellurique. Observations. Il y a plusieurs gaz qui ne peuvent exister ensemble dans un même mélange; nous allons les citer. Gaz du premier groupe^ qui ne peuvent exister ensemble aux températures ordinaires. j.° V oxigène ne peut exister avec le deutoxide d'azote; résultat: acide nitreux ; i L'ammoniaque n'est absorbée dans la potasse que par l'eâu qui tient celle-ci en dissolution. GAZ 225 Vhydrosène perpUosphuré ; résultat! ' , , . "^ " -^ ^ l acide phosphorique ; Vhjydrogène phosphuré , dans le cas où la pression du gaz est peu considéi'able. 2." Lepiotoxide d'azote ne peut exister avec ! azote, eau , acide phosphorique. 3." Le deutoxide d'azote ne peut exister avec l'oxigène. 4.° Vhydrogène perphosphuré ne peut exister avec Voxigène , le protoxide d'azote. Gaz du second groupe, qui ne peuvent exister ensemble. 1.° Le chlore ne peut exister avec le cjyanogène et l'eau ? f azote , V ammoniaque ; résultat | acide hydrochlorique, qui s'unit à ( une portion d'ammoniaque; r 1 ,r 4.1» ' w .(acide sulfurique, l acide sulfureux et leau; résultat i acide hydrochlorique; „■,,,.,. , ,. .(acide hydrochlorique, I. acide hydnodique ^ résultat l •' . (iode ou chlorure d'iode ; ,,.,,, ij- . < T. ^( acide hydrochlorique, l acide hydrosulfurique: vésultdtl •' \ r (soufre ou chlorure de soufre; ,,.,,,.,,. , ,^ j acide hydrochlorique, i acide nydrotellurique : vesultatl ■' , ,, ( tellure ou chlorure de tellure. 2.*' Voxide de chlore ne peut exister probablementavec aucun des gaz dont la présence exclut celle du chlore , parce que les élémens de l'oxide de chlore ne sont que très-foiblement unis, 3.° Le cjanogène ne peut exister avec le chlore et Veau ? V ammoniaque ; Vacide hjdrosulfurique et> Veau. 4." L'ammoniaque ne peut exister avec le chlore; le cyanogène , Voxide de chlore ? 18. - i5 226 GAZ volumn aucun des gazj'^'' ammoniacaux; lousj d'acide phto- acides; résultat] '""* solides, excepté roborique. i i ( ceux formés { d'ammoniaq, 2 3 5." U acide carbonique ne peut exister avec V ammoniaque. 6° Vacide sulfureux ne peut exister avec le chlore et Veau; Voxide de chlore et Veau ? Vammoniaque ; !eau , iode, soufre; Vacide hjdrosulfurique ; résultat) '''^"' [ soufre. 5.° U acide phtorohorique ne peut exister avec Vammoniaque. 6.° Vacide phtorosilicique ne peut exister avec Vammoniaque. 7.° Uacide chloroxicarbonique ne peut exister avec Vammoniaque. 8.° Vacide hydrochlorique ne peut exister avec V ammoniaque ; Voxide de chlore. 9." Vacide hjdriodique ne peut exister avec le chlore; Voxide de chlore? Vammoniaque ; Vacide sulfureux. 10.° Vacide hjdrosulfurique ne peut exister avec le chlore et Veau; Voxide de chlore? Vammoniaque; Vacide sulfureux. 11." Vacide hjydrotellurique ne peut exister avec le chlore; Voxide de chlore ? Vammoniaque; Vacide sulfureux? GAZ ^^7 Gaz pris dans les deux groupes, qui ne peuvent exister ensemble aux températures ordinaires. 1.° Le deutoxide d'azote ne peut exister avec Voxide de chlore? le chlore et l'eau. 2." Uoxide de carbone ne peut exister avec le chlore exposé au soleil; résultat : acide chloroxicarbonique. 5." L'hjdrogène ne peut exister avec le chlore exposé au soleil; résultat: acide hydrochlorique; Voxide de chlore? 4.° L'hydrogène percarburé ne peut exister avec le chlore; résultat : éther chlorurique. 5.° Vhjdrogène phosphuré ne peut exister avec [ acide hydrochlorique , le chlore; résultat! chlorure de phosphore ou acide chloro- ( phosphorique. Voxide de chlore? Vacidehjdriodique; résultat: composé solide , cristallin. G." Vhydrogène arseniqué ne peut exister avec , ,, . ,, diacide hydrochlorique, le chlore; résultat! , -^ ,, . l chlorure d arsemc ; Voxide de chlore ? 7.° Le chlore ne peut exister avec le deutoxide d'azote et Veau ; Voxide de carbone et Vhj'drogène. exposés au soleil, Vhjdrogène percarburé ; lliydrogcne phosphuré ; Vhj'drogène arseniqué. Moyens de j^econnoître les gaz cjui constituent un mélange insoluble dans l'eau de potasse. Reconnoitre l'oxigène. Faire passer le mélange dans une cloche pleine de mercure j y introduire ensuite un papier bleu de tournesol humide, puis du deutoxide d'azote: le papier bleu deviendra rouge, et, si l'oxigène est eu quantité suffisante , les gaz se coloreront en orangé. 22b GAZ Les sulfures hydrogénés absorbent l'oxigène. Quand l'oxigène n'est pas en grande quantité dans un mélange, et que celui-ci est humide, le phosphore y répand des fumées blanches. Reconnoitre le deuLoxide d'azote. Opérer comme i)récédemment ; seulement, au lieu de faire passer du deutoxide d'azote dans le mélange , y introduire de l'oxigène. On peut encore, en agitant le mélange avec une solution de sulfate ou d'hydrochlorate de protoxide de fer, absorber le deutoxide d'azote : dans ce cas la solution devient brune. Reconnoitre le protoxide d'aztte. M. Thenard prescrit d"agiter pendant dix à douze minutes une assez grande quantité de gaz avec le quart de son volume d'eau; de remplir de cette eau une grande fiole, à laquelle on adapte un tube courbé dont l'ouverture s'engage sous une cloche pleine de mercure: par l'élévation de la température, le protoxide d'azote, qui a pu se dissoudre dans l'eau, sen dégage ; on le reconnoît ensuite au moyen de la bougie. Reconnoitre l'hjdrogène carburé. Si le mélange contient une quantité notable d'hydrogène percarburé, le chlore que l'on y fera passer produira de l'éther chlorurique , qui apparoîtrasous forme degouttelettes. S'il est en moindre quantité, ou si c'est de l'hydrogène pro- tocarburé , le soufre qu'on fera sublimer dans le mélange en précipitera du charbon. Reconnoitre lliydrosène phospliuré. Si l'hydrogène est saturé de phosphore, et s'il est en quantité notable dans le mélange, il prendra feu dès qu'il aura le contact de l'oxigène. S'il n'est qu'en petite quantité . ou si l'hydrogène n'est pas saturé de phosphore, l'odeur pourra le faire reconnoitre, ou mieux encore l'une ou l'autre des expériences suivantes. i." On agitera le gaz dans un flacon avec de l'eau de chlore; il se produira de l'acide hydrochlorique et de l'acide phosphorique : en faisant coacentrer le liquide, on obtieu- GAZ =29 dra un résidu sirupeux acide, qui, saturé par l'ammoniaque, précipitera le nitrate d'argent en jaune-serin. 2.° En supposant que le mélange ne contienne ni oxigène, ni protoxide, ni deutoxide d'azote, on fera passer le mé- lange dans une petite cloche de verre courbe pleine de mer- cure ; on y portera o^,o3 de potassium, au moyen r''une tige de fer; puis on chauffera (on aura soin d'employer un excès de gaz) : le potassium se convertira en un phosphure brun. On videra la cloche du gaz qu'elle contient; on y fera passer de l'eau : il se dégagera aussitôt de l'hydrogène phosphure. (Thenard.) L'hydrogène phosphore, gardé sur l'eau, laisse précipiter de petits flocons rougeàtres. Reconnoitre l'iiydrogène arseniqué. S'il est en quantité notable , il sera facile à reconnoitre par la propriété qu'il a de déposer une matière d'un brun marron lorsqu'on plonge une bougie allumée dans une cloche rem- plie du mélange. S'il n'est pas en quantité suffisante , on peut le traiter, 1.° comme on a traité l'hydrogène phosphure, par l'eau de chlore; dans ce cas on obtient de l'acide arsénieux ou de l'acide arseniqué en dissolution dans l'eau : 2.° si le mélange ne contient pas d'oxigène et d'oxide d'azote , M. Thenard conseille de le traiter par le potassium; on obtient alors un arseniure de potassium, qui, étant traité par l'eau , donne du gaz hydrogène arseniqué et des flocons d'hydrure d'arsenic. Quant à l'azote, à l'hydrogène, à l'oxide de carbone, nous ne dirons rien ici des moyens de les reconnoitre, parce que ces moyens exiojent trop de manipulations. Nous les renverrons cà la suite de cet article. Des mojens de reconnoitre les gaz cjui constituent un mélange soliihle dans la potasse. Reconnoitre le chlore. Couleur jaune verdàtre, s'il est en quantité notable : il dé- truira la couleur du tournesol , attaquera le mercure; celui- cî*deviendra irisé, puis brun ou gris: en traitant cette ma- tière par l'eau de potasse, filtrant la liqueur, la saturant ^3o GAZ d'acide nitrique , on obtiendra , en la mêlant avec lé nitrate d'argent, un précipité insoluble dans lacide nitrique et so- luble dans l'ammoniaque. (Thenard.) Reconnoitre l'oxidc de chlore. Couleur jaune verdàtre , s'il est en quantité suffisante ; sans action sur le mercure, sur une feuille de cuivre; mais si on le chauffe, il se réduit en oxigène . et en chlore qui attaque le mercure. Si on le chauffe avec la feuille de cuivre, celle-ci peut être enflammée, si le gaz est en quantité suflS- sante. Reconnoitre le cjanogène, La solution de potasse qu'on a mise en contact avec le mélange produit du bleu de Prusse, lorsqu'on la mêle , i.°àde l'acide sulfurique, 2.° à une solution de sulfates de protoxide et de peroxide de fer ; mais, pour être certain de l'existence du cyanogène dans le mélange, il est nécessaire d'avoir absorbé préalablement la vapeur d'acide hydrocyanique qui pourroit s'y trouver, au moyen du peroxide de mercure. Reconnoitre V ammoniaque. Parmi les gaz solubles dans l'eau de potasse , il n'y en a aucun qui puisse être mêlé avec l'ammoniaque. On recon- noît ce gaz, 1.° à la propriété qu'il a d'être absorbé par l'eau , et de donner à celle-ci la faculté de faire revenir au bleu la teinture de tournesol rougie par un acide, et de rendre l'hématine pourpre ou bleue ; 2.° aux fumées blanches épaisses qu'il donne quand on le met en contact avec du gaz hydrochlorique. Reconnoitre l'acide sulfureux. A son odeur, à la propriété qu'a sa solution alcaline de précipiter le sulfate de cuivre en sulfite de cuivre et de potasse, jaune, qui devient rouge quand on l'expose dans l'eau à une température de 100 degrés; enfin, à sa propriété d'être ab- sorbé par le borax et de former avec l'excès de base de ce sel un sulfite qui , étant chauffé avec du charbon , se réduit en sulfure : ce dernier est facile à reconnoitre par sa saveôr d'acide hydrosulfurique. GAZ ^5i Reconnoitre l'acidie phtorohorique. Une petite bande de papier qu'on y plonge , donne lieu à une fumée blanche, puis elle est réduite en charbon. Le premier phénomène seulement peut être produit par les gaz hydrochlorique , hydriodique etphtoro-silicique. (Thenard. ) Reconnoitre l'acide phtorosilicique. Mis en contact avec l'eau , il dépose des flocons gélatineux blancs. Reconnoitre l'acide hjdrochlorique. L'absorber par des fragmens de borax; dissoudre ensuite le borax dans l'eau et mêler la solution au nitrate d'argent : s'il y avoit dans le mélange de l'acide hydrochlorique , on obtiendroit un précipité de chlorure d'argent, qui est inso- luble dans un excès d'acide nitrique, et qui est soluble dans l'ammoniaque. (Thenard.) Reconnoitre l'acide hydriodique- Le chlore fait passer ce gaz au violet, et il en précipite de l'iode. Cet acide est absorbé parle borax, comme le pré- cédent; mais la solution du borax forme, avec le nitrate d'argent, un précipité qui diffère du chlorure d'argent, en ce qu'il est insoluble dans l'ammoniaque. Reconnoitre l'acide cJiloroxicarhonique. Il faut avant tout absorber le chlore, l'oxide de chlore, l'acide hydrochlorique et les autres acides puissans que le mélange pourroit contenir: pour cela, i.° on ajoute au mé- lange du gaz hydrochlorique , afin de convertir l'oxide de chlore en chlore et en eau ; 2.° on absorbe le chlore par le mercure, 3.° l'acide hydrochlorique et les acides puissans par le borax; ensuite on absorbe le gaz acide chloroxicarbonique par l'alcool. En mêlant cette solution avec de l'eau chaude, on obtient du gaz acide carbonique et une liqueur qui pré- cipite le nitrate d'argent en chlorure. (Thenard.) Reconnoitre l'acide hydrosul/urique. Le mélange exhalera l'odeur des œufs pourris, et lors- qu'on y plongera des papiers imprégnés d'acétate de plomb, de sulfate de cuivre , ceux-ci se coloreront en brun. ^'5= GAZ Reconnaître Vacide hydroteUiirique. Après avoir traité le mélange par le borax, l'aleool et Tacétate de plomb, afin d'absorber l'acide hydrochlorique et les autres acides puissans, l'acide chloroxicarbonique , l'acide hydrosulfurique, on obtiendra un résidu ayant l'odeur des œufs pourris, et qui sera soluble en tout ou en partie dans la potasse. Cette solution, traitée par le chlore en ex- cès, précipitera ensuite de l'oxide de tellure quand on y versera du carbonate de potasse, et du sulfure de tellure noir quand on yversera de Thydrosulfate de potasse. (Thenard.) Reconnoitre l'acide carbonique. Il faut traiter le mélange par l'acide hydrochlorique , le mercure, le borax, l'alcool: puis mêler le résidu à de l'eau de baryte : on obtiendra , s'il y a de l'acide carbonique , un précipité qui fera effervescence avec l'acide acétique foible. Analyse de plusieurs mélanges gazeux. En donnant ici les moyens d'analyser plusieurs mélanges gazeux , nous ne prétendons pas offrir à nos lecteurs un traité systématique de ce genre d'analyse; nous voulons seu- lement présenter quelques exemples que nous choisissons parmi les analyses qu'on a le plus souvent occasion de faire. hes personnes qui voudroient avoir des détails plus amples sur cet objet, les trouveront dans le quatrième volume de la Chimie de M. Thenard. L'exemple que nous donnerons d'abord , est celui de l'ana- lyse de l'air atmosphérique, ou plutôt d'un mélange d'oxi- gène et d'azote ; parce que cette analyse est une des plus simples que l'on puisse faire, parce que c'est la première qui ait été essayée, et que c'est à son occasion que l'on a inventé ces instrumens si ingénieux qu'on a nommés Eudio.mètres (voyez ce mot) et dont l'usage a été ensuite étendu à l'ana- lyse de tous les mélanges gazeux. Ces premiers travaux sont si importans dans l'histoire de la science, que nous les pré- senterons à peu près dans l'ordre historique, en faisant con- noître les différons moyens que l'on a mis en usage pour analyser l'air. GAZ ^33 Nous examinerons ensuite les procédés qu'on peut em- ployer pour analyser , Un mélange d'oxigéne et d'hydrogène; Un mélange d'oxide de carbone et d'hydrogène carburé; Un mélange de chlore et d'un gaz soluble ou insoluble dans la potasse ; Un mélange d'acide carbonique et d'un gaz acide absor- bable par le borax ; Un mélange d'acide hydrosulfurique et d'un gaz acide ab- sorbable par le borax ; Un mélange d'acide carbonique et hydrosulfurique ; Un mélange d'oxigène , d'azote , d'acide carbonique , d'hy- drogène et d'hydrogène carburé; Un mélange semblable au précédent, qui contiendroit en outre de l'oxide de carbone. 1." ARTICLE. analyse d'un mélange d'oxigène et d'azote. Tous les procédés que l'on emploie pour arriver à ce but, se réduisent à absorber l'oxigène au moyen d'un corps com- bustible qui s'y combine , et à l'isoler ainsi de l'azote auquel il est mêlé. Les principales substances dont on a fait usage pour cet objet, sont, i.° le gaz nitreux ; 2.° le mélange de deux parties de fer et d'une partie de soufre , les sulfures hydrogénés et les hydrosulfates solubles ; 3." le gaz hydrogène; 4.° le phosphore. 1." Le gaz nilreuT. Landriani , guidé par les expériences de Priestley , imagina le premier, en 1776, un instrument auquel il donna le nom d'^udiomètre , dont l'objet étoit de faire connoître la diminution de volume que l'air éprouve de la part du gaz nitreux aidé du contact de l'eau. Magellan, Gerardin, et surtout Fontana , inventèrent de nouveaux eu- diomètres à gaz nitreux. Priestley, Ingenliousz , Lavoisier , Scherer, M. Humboldt, M. Dalton et M. Gay-Lussac , s'occu- pèrent successivement de chercher la proportion qu'il y avoit entre l'absorption produite par le mélange de l'oxigène et du gaz nitreux, et le volume de l'oxigène absorbé : ils arri- vèrent tous à des proportions différentes. Aujourd'hui le gaz nitreux n'est plus employé comme moyen eudiométrique , ^34 GAZ les causés d'erreurs auxquelles il donne lieu étant trop nom- breuses et trop difficiles à éviter. 2° Mélange de deux parties de limaille de fer et une partie de soufre, humecté; sulfure }i^'droc:,éné de potasse; hydrosulfate dépotasse. Schéele fit, dans le mois de Janvier 1778, l'ana- lyse de l'air au moyen d'un mélange de deux parties de limaille de fer et d'une partie de soufre humecté : il conclut de ses expériences, que 100 volumes d'air contenoient presque constamment 27 volumes d'oxigène ; dès 1777, il étoit arrivé au même résultat en faisant usage du sulfure hydrogéné de potasse. Depuis Schéele, plusieurs physiciens ont employé ce dernier composé; tel est surtout M. Marti. Ce chimiste a fait voir, en 1790, que le sulfure absorboit non -seulement de l'oxigène, mais encore de l'azote; que, cependant, l'on pouvoit faire assez exactement l'analyse de l'air, en employant une dissolution de sulfure de potasse dans l'eau qui avoit été préalablement saturée de gaz azote. M. Berthollet, ayant repris ce sujet plus tard, dit que le sulfure nabsorboit point l'azote ; qu'en conséquence il pou- voit être employé comme moyen eudiométrique. En i8o5 , MM. Gay-Lussac et Humboldt observèrent que la solution du sulfure que l'on avoit fait chauffer , absorboit, outre l'oxigène , une certaine quantité d'azote , qui étoit égale à celle que la chaleur avoit chassée de la solution : que cette quantité d'azote étoit d'ailleurs moindre que celle qui auroit pu être absorbée par l'eau de la dissolution à l'état de pureté que l'on auroit fait préalablement bouillir; que l'on pouvoit absorber l'oxigène de l'air, sans absorber l'azote, en employant une dissolution de sulfure faite à froid. Ces physiciens firent re- marquer que , si M. Berthollet n'avoit point eu d'absorption d'azote, c'est qu'il avoit opéré avec une solution de sulfure qui étoit dans cette dernière condition. Pour faire l'analyse de l'air par un sulfure hydrogéné, il faut dissoudre à froid du sulfure de potasse dans l'eau, filtrer la liqueur , et faire passer un volume connu d'air dans une cloche graduée remplie de la dissolution. Si l'on opéroit sur le mercure, ce métal se sulfureroit prompfe- ment, surtout si l'on vouloir accélérer l'opération en agitant la cloche. Ce moyen eudiométrique est peu employé, à cause GAZ 235 du temps qu'il exige et des variations de volume qui peu- vent survenir dans l'air qu'on analyse, par les changemens de température et de pression de l'atmosphère. 5." Le gaz hjdrogène. En 1778, M. Volta prescrivit la combustion de l'hydrogène pour connoitre le degré de pu- reté de lair; il imagina un eudiomètre au moyen duquel, après avoir introduit des volumes connus d'air et d'hydro- gène dans cet instrument , et après avoir enflammé le mé- lange par l'étincelle électrique , il pouvoit déterminer le rapport qu'il y avoit entre le volume du résidu de la combus- tion et le volume des deux gaz avant la combustion. En 1800, MM. Gay-Lussac et Humboldt, après avoir examiné diffé- rens moyens eudiométriques, et observé que, toutes les fois que l'oxigène et l'hydrogène gazeux s'unissent par Tétin- celle électrique , c'est toujours dans le rapport de 1 k 2 , donnèrent à ce moyen eudiométrique la préférence sur tous les autres. L'eudiomètre à gaz inflammable a cela d'avanta- geux, qu'il peut servir non-seulement à l'analyse d'un mé- lange qui contient de l'oxigène ou de l'hydrogène libre , mais encore à déterminer la proportion des élémens de tout gaz composé qui est susceptible d'être enflammé par l'étin- celle électrique quand il est mêlé à l'oxigène. L'instrument dont on fait usage maintenant pour ces analyses, est infiniment plus simple que celui de Volta. C'est un cylindre de verre creux, très-épais, fermé à son sommet par une virole de fer, à laquelle est fixée extérieu- rement une petite tige surmontée d'une boule de même métal : ce cylindre est ouvert à sa base; mais cette ouver- ture est susceptible de se fermer au moyen d'une pièce de fer que l'on a légèrement creusée , et dans la cavité de la- quelle est un écrou qui s'applique à un pas de vis pratiqué sur un cercle en fer qui est mastiqué extérieurement au cylindre. Lorsqu'on veut se servir de ^t instrument, on le remplit de mercure; on y introduit, au moyen d'une petite cloche graduée, les gaz que l'on veut analyser; puis on fait glisser dans l'intérieur un gros fil de fer roulé en spirale et garni d'une boule à son extrémité supérieure: cette boule doit être placée à une ligne environ du plan de fer qui termine le cylindre. On ferme ensuite l'extrémité inférieure ^36 GAZ de ce dernier avec la pièce de fer dont nous avons parlé plus haut; enfin, on touche la boule de la virole avec le plateau d'un électrophore chargé, ou bien encore avec le bouton d"une bouteille de Leyde : aussitôt il éclate une étincelle dans Tiiitéricur du cylindre, qui détermine une inflammation , si le mélange gazeux en est susceptible par sa nature et la proportion de ses principes. On dévisse ensuite la pièce de fer, on retire le fil de fer du cylindre, et on fait passer le résidu gazeux dans la cloche graduée. En di- visant le volume qui a disparu par 5, on a le volume de l'oxigène contenu dans le mélange, dans la supposition que ce mélange étoit formé d'oxigène et d'azote, et que le volume d'hydrogène qu'on y avoit mêlé étoit suiïisant pour absorber tout l'oxigène. Dans le cas où un mélange ne contiendroit pas asscif d'oxigène pour enflammer Thydrogène, il faudroit prendre 5 volumes de mélange, 5 volumes d'hydrogène et 1,5 volume d'oxigène. 4." Le phosphore. En 1773, Lavolsier , ayant examiné sa combustion en vase clos, observa qu"il réduisoit l'air à en- viron les quatre cinquièmes de son volume. En 1791 , M. Seguin, qui avoit coopéré à beaucoup d'expériences de La- voisier, et qui avoit eu l'occasion d'observer dans ces expé- riences la forte action du phosphore légèrement échauffé sur le gaz oxigène , proposa ce corps comme moyen eudiomé- trique. II faisoit passer dans une cloche de Axrre d'un pouce de diamètre sur huit ou dix pouces de hauteur, un petit morceau de phosphore, l'y faisoit fondre, en approchant du sommet de la cloche un charbon ardent; ensuite il y introduisoit bulle à bulle un volume d'air déterminé au moyen d'une petite cloche graduée. La combustion une fois opérée , il faisoit repasser dans la cloche graduée le résidu de l'opération , et voyoit par là combien il y avoit eu d'oxi- gène solidifié par le||hosphore. On peut encore se servir d'un tube de verre fermé à son extrémité, de o'",oi5 de dia- mètre, pour opérer la combustion du phosphore par l'oxi- gène d'un mélange qu'on veut analyser. La combustion vive du phosphore est un très-bon moyen de connoitre la proportion d'oxigène non combiné qui est contenu dans un mélange ; mais il ne faut point en faire GAZ 237 îisage si ce mélange contient un gaz qui puisse être enflammé lors de la combustion du pliospliore. La combustion lente du phosphore, dans une atmosphère humide, a été proposée pour l'analyse de l'air ; mais, pour que ce procédé soit applicable à l'analyse de tous les mélanges d'oxigène et d'azote, il faut que le premier ne fasse pas plus d'un tiers du mélange. La combustion lente du phosphore peut encore servir à déterminer la proportion d'oxigène contenu dans un mélange qui seroit susceptible d'être allumé par la combustion rapide du phosphore : dans ce cas , si la proportion trop forte de Toxigène s'opposoit à la combustion leate du phosphore, il faudroit introduire dans le mélange un volume connu de gaz azote. 2.* ARTICLE. Analjse d'un mélange d'oxigène et d'iijdrogène. On en fera passer loo mesures dans un eudiomètre à mercure , et on essaiera de faire détoner. Il peut arriver : a) Qu'il jy ait détonation. Il faut alors mesurer le résidu , et voir s'il est formé d'oxigène ou d"hydrogène ; ensuite sous- traire ce résidu des loo mesures introduites dans l'eudio- mètre. En appelant D la différence, ~ D représentera l'oxi- gène et f D l'hydrogène qui ont été brûlés. S'il n'y avoit pas de^ résidu, le mélange seroit formé ea volume de ^ d'oxigène et de f d'hydrogène. b) S'il n'y avoit pas détonation , cela prouveroit que l'un des gaz est à l'autre dans une proportion trop forte pour qu'il y ait combinaison: dès-lors il faudroit reconnoître, au moyen de la bougie , la nature du gaz en excès ; il faudroit ajouter une quantité connue de l'autre gaz , afin d'avoir un mélange détonant. Dans le cas où l'oxigène est mêlé à une grande quantité d'hydrogène , on jieut en déterminer la proportion par la combustion lente , et même par la combustion rapide du phosphore : dans le premier cas il faut que les parois de la cloche soient humectées. Les sulfures hydrogénés , qui absor- bent l'oxigène à l'exclusion de l'hydrogène, peuvent être 238 GAZ encore employés pour faire l'analyse du mélange dont nous parlons. 3/ ARTICLE. Analyse d'un mélange d'oxide de carbone et de gaz hydrogène carburé. L'analyse d'un pareil mélange exige nécessairement la con- noissance du poids du gaz qu'on analyse : conséquemment, avant de procéder à l'analyse, il est nécessaire de déterminer la densité du mélange ; avec cette donnée on peut détermi- ner le poids d'un volume donné du gaz évalué en fractions de litre, puisque le poids d'un litre d'air sec est connu. 1.° On a une cloche d'un petit diamètre divisée en centi- mètres cubiques; chaque centimètre est divisé en dix parties. On fait passer dans cette cloche dix centimètres cubes du mélange , dont on a déterminé le poids par le calcul. Dési- gnons ce poids par A. On transvase le gaz dans un eudio- mètrc sur le mercure ; on y ajoute quarante centimètres d'oxigène, dont le poids est B: on enflamme les gaz par l'étin- celle électrique. ■2° On fait passer le résidu de la combustion dans la cloche graduée; on note le volume, et on voit la quantité dont les gaz ont diminué; on absorbe l'acide carbonique par un petit morceau de potasse humectée; quand l'absorption a cessé, on note le volume du résidu gazeux : connoij^sant le volume de l'acide carbonique absorbé, on en connoit le poids , puis- qu'on sait ce que pèse le litre d'acide carbonique. Avec cette donnée on a le poids C du carbone et le poids B' de l'oxigéne auquel C s'est combiné. 3." On fait passer un petit morceau de phosphore dans une cloche de verre mince de o,™oi5 environ de diamètre, remplie de mercure; quand on a fondu le phosphore au moyen d'une lampe à alcool ou d'un charbon , on fait passer bulle à bulle le résidu gazeux (2). Si tout le gaz combustible a été brûlé, et si l'oxigéne étoit pur, l'absorption du gaz par le phosphore sera complète. En soustrayant de B, poids de l'oxigéne , le poids B" du volume de l'oxigéne qui étoit en excès à la combustion, on a le poids B" de l'oxigéne étranger au mélange inflammable, qui a été employé pour brûler ce dernier. GAZ 239 Les expériences précédentes fournissent toutes les données nécessaires pour déterminer la composition du mélange; en effet, on connoît A poids du gaz, c'est-à-dire, l C poids du carbone ; la somme des poids de ses O poids de l'oxigène ; élémens* ( H poids de l'hydrogène ; B' poids de l'oxigène qui s'est uni à C; B" poids de l'oxigène qu'^ a ( en eau E, absorbé pour être converti ( en acide carbonique (C-hB), Il est évident que (A-h-B'") == {C-+-B') -f- E. {C-i-B') étantconnu, on a E = {A-\-B"') — (C-^B'). ( le poids de l'hydrogène H , £ donne, par deux propor- ., -j j u • > r> ^ n '^ i^ r ' et le poids de 1 oxigeneij'" quelle tions contient. On fait la somme de (B'-l-B'^) ; on en retranche B'" ; la différence est l'oxigène O contenu dans A. Si l'on calcule la quantité de carbone à laquelle O se com- bine pour former de l'oxide de carbone, le reste du carbone est la quantité qui étoit unie à l'hydrogène. 4.* ARTICLE. Analyse d'un mélange de chlore et d'un des gaz sui^ans : Oxide de chlore; Acide carbonique; Acide sulfureux; Acide phtorohorique; Acide phtorosilicique ; Acide chloroxicarbonique ; Acide hjdrochlorique. En agitant un volume connu de ces gaz avec le mercure, le chlore seul est absorbé : la diminution de volume fait donc connoître le volume du chlore qui étoit mêlé à l'autre gaz. Ce même procédé pourroit être employé pour séparer le chlore qui seroit mêlé à un gaz insoluble dam la potasse. 240 GAZ 5.* ARTICLE. Analyse d'un mélange de gaz acide carbonique et d'un des gaz suiyans : Acide sulfureux; Acide hjdrochlorique; Acide hj'driodique ; Acide phLoroborique; Acide phtorosilicique. On introduit le mélange dans une cloche pleine de mer- cure , et on y fait passer ensuite des fz'agmens de borax, qui sont sans action sur le gaz acide carbonique , et qui absorbent le gaz auquel il est mêlé. 6." ARTICLE. Analyse d'un mélange de gaz acide hjdrosulfurique et d'un des gaz suivans ; Acide hjdrochlorique; Acide lijdriodique ; Acide phtoroborique; Acide phtorosilicique. On la fait, comme la précédente , avec le borax, qui n'ab- sorbe pas le gaz hydrosulfurique. 7.*^ ARTICLE. Analyse d'un mélange de gaz hjdrosulfurique et d'acide carbonique. •»■ En agitant un volume connu de ces gaz avec l'acétate acidTe de plomb, l'acide hydrosulfurique est absorbé; il se produit de l'eau et un sulfure de plomb : le résidu gazeux est Tacide carbonique. 8.*^ ARTICLE. Analyse d'un mélange d'oxigène, diacide carbonique, d'azote, dliydrogène et d'hjdrogène carburé. a) On absorbei^a l'oxigène par le phosphore légèrement échauffé : dans ce dernier cas il est bien nécessaire d'observer si la combustion du phosphore ne détermine pas l'inflamma- tion de l'hydrogène. Lorsque la proportion de l'oxigène n'excède pas un tiers du mélange , on peut absorber l'oxigène GAZ Ht en mettant les gaz en conta'ct avec un cylindre de phos- phore dans une cloche humectée qui repose sur le mercure. b) On absorbera l'acide carbonique par une solution con- centrée de potasse. Observation importante. On pourroit employer, pour absor- ber l'oxigène, une solution de sulfure hydrogéné de potasse faite à froid ; dans ce cas il faudroit, avant de mettre le mé- lange en contact avec le sulfure, eu séparer Tacide carbo- nique au moyeu de la potasse : lorsqu'au contraire on fait usage du phosphore , il faut commencer par absorber l'oxi- gène avant l'acide carbonique. c) Le mélange, privé d'oxigèneet d'acide carbonique, sera mêlé dans reudiomètre même à une quantité d'oxigène A plus que suffisante pour brûler complètement l'hydrogène et l'hydrogène carburé. On fera détoner, et on notera la contraction. d) On absorbera ensuite l'acide carbonique produit par l'eau de potasse concentrée. Le volume absorbé donnera la quantité de carbone, et li quantité A' d'oxigène qui a été nécessaire pour brûler ce carbone. e) On fera ensuite passer bulle à bulle le résidu gazeux dans une cloche de verre pleine de mercure, où l'on aura chauffé un petit morceau de phosphore ; tout l'oxigène en excès à celui qui a brûlé les gaz combustibles, sera absorbé: nous désignerons cet excès par A"; le gaz qui restera , sera l'azote. /) Maintenant, pour déterminer la quantité d'hydrogène , il sutlîra de soustraire d'A la quantité A' -i- A" ; la diffé- rence A'" représentera la quantité d'oxigène qui a été em- ployée à brûler un volume d'hydrogène qui est le double du volume d'A'". Observation. Si dans l'opération (c) la quantité A d'oxigène ajoutée au gaz ne pouvoit en déterminer la combustion , parce qu'il y auroit trop de gaz non combustible, il faudroit ajouter une quantité B d'hydrogène sutbsante pour déter- miner l'inflammation ; après l'opération , on retrancheroit cette quantité B de la quantité d'hydrogène trouvée par le calcul (/j. M2 GAZ Analyse d^un niélûvge semblable au précédent, qui contiendroit en outre de l'oxide de carbone. Après avoir déterminé la proportion de l'oxigène et de l'acide carbonique par les procédés exposés dans l'article précédent, on prendra la densité du mélange privé de ces deux gaz; on en fera détoner un poids connu dans l'eudio- metre à mercure avec un poids également connu d'oxigène, on déterminera le poids de l'acide carbonique produit, puis celui de l'oxigène en excès à la combustion , et enfin le poids de l'azote. Avec ces données il sera facile de calculer la pro- portion des élémens du mélange, si on se rappelle la ma- nière dont on a procédé pour déterminer la proportion d'un mélange d'oxide de carbone et d'hydrogène carburé. (Ch.) GAZ ACIDE ACÉTIQUE ( Chim. ) , dénomination qu'on a appliquée improprement à la vapeur de l'acide acétique, (Ch.) GAZ ACIDE CARBONIQUE. {Chim.) C'est la combinaison à l'état gazeux du carbone avec la plus forte quantité d'oxi- gène à laquelle il peut se combiner. Voyez Carbonk^'Ue [Acide], tome VII , page 62. (Ch.) GAZ ACIDE CRAYEUX. {Chim.) A l'époque où l'on igno- roit la nature du gaz acide carbonique que l'on retiroit du carbonate de chaux, soit par la chaleur, soit par des acides, Bucquet donna cà ce fluide aériibrme le nom de gaz crayeux. (Ch.) GAZ ACIDE FLUORIQUE. {Chim.) C'est le nom que l'on a donné improprement à la vapeur de l'acide hydrophto- rique. (Ch.) GAZ ACIDE MARIN. {Chim.) C'est le gaz acide hydro- chlorique. (Ch.) GAZ ACIDE MARIN DÉPHLOGISTIQUÉ. ( Chim. ) C'est le chlore. (Ch.) GAZ ACIDE MURIATIQUE. {Chim.) C'est le gaz acide hy- drochlorique. (Ch.) GAZ ACIDE MURIATIQUE OXIGÉNÉ. {Chim.) C'est le nom que l'on a donné au chlore , lorsqu'on le considéroit comme un composé d'acide muriatique et d'oxigène. (Ch.) GAZ 243 GAZ ACIDE NITREUX. {Chim.) Depuis que M. Dulong a démontré que Tacide nitreux pur étoit liquide jusqu'à lu température de 27 degrés, on a remplacé l'expression de gaz acide nitreux par celle de vapeur acide nitrense. Si on observe souvent un fluide aériforme fortement coloré en rouge par de l'acide nitreux , et qui ne peut être liquéfié par la pression à la tempéi-afure ordinaire, cela tient cà ce que la vapeur nitreuse est mêlée à un gaz permanent. (Ch.) GAZ ACIDE PRUSSIQUE. {Chim.) Cette dénomination doit être remplacée par celle de vapeur hydrocjanique. (Ch.) GAZ ACIDE SPATHIQUE. {Chim.) Cette dénomination a été employée improprement pour désigner la vapeur de l'acide hydrophtorique. (Ch.) GAZ ACIDE SULFUREUX. {Chim.) C'est la seule combi- naison connue du soufre avec l'oxigène qui soit gazeuse et acide. (Ch.) GAZ AÉRIEN. {Chim.) Quelques personnes ont employé cette expression pour désigner Tair atmosphérique. (Ch.) GAZ ALCALIN. {Chim.) C'est le plus ancien nom du ga/ ammoniaque. (Ch.) GAZ AiMMONlAC, GAZ AMMONIACAL, actuellement GAZ AMMONIAQUE {Chim.) -. noms que l'on a donnés à la combinaison qui est formée de trois volumes d'hydrogène et d'un volume d'azote condensés en deux volumes. ( Ch. ) GAZ AZOTE {Chim.), nom donné à un des gaz de l'atmos- phère, qui n'a pas, tomme l'oxigène, la propriété d'entre- tenir la respiration des animaux. Voyez Azote. (Ch.) GAZ AZOTE PHOSPxHURÉ. {Chim.) 11 est démontré au- jourd'hui que le gaz qui a reçu ce nom , n'est qu'un mélange d'azote et de vapeur de phosphore. (Ch.) GAZ AZOTE SULFURÉ. {Chim.) M. Gimbernatet, depuis, M. Monheim, avoient annoncé l'existence d'une combinaison d'azote et de soufre dans plusieurs eaux minérales : on sait aujourd'hui que cette combinaison est encore inconnue, et que le prétendu gaz azote sulfuré qu'on a retiré de ces eaux, n'étoit qu'un mélange de gaz azote et d'acide hydrosulfu- rique. (Ch.) GAZ DF:PHL0G1ST1QUÉ {Chim.), nom donné à l'oxigène par Priestley. (Ch.) 2 44 GAZ GAZ DEUTOXIDE D'AZOTE {Chitti.)-. combinaison formée d'un volume d"oxigène et d'un volume d'azote, sans conden- sation apparente. Voyez Azote, Supplém. du Tom. III. (Ch<) GAZ HÉPATIQUE {Chim.): ancienne dénomination de l'hydrogène sulfuré , ou plutôt de l'acide hydrosulfurique. Hépatique est dérivé du mot hépar , que l'on appliquoit au sulfure de potasse et de soude. ( Ch. ) GAZ HYDROGÈNE (Chim.) -. corps simple , qui est natu- rellement à l'éfat gazeux quand il est libre de toute combi- naison. Voyez Hydrogène. (Ch.) GAZ HYDROGENE ARSENIE , ARSENIQUÉ , ARSE- NIURÉ {Chim.) -. combinaison gazeuse de l'hydrogène avec l'arsenic. Voyez Arsenic, Supplément du Tome III. (Ch.) G^Z HYDROGENE CARBONÉ ou CARBURÉ. {Chim,} Combinaison gazeuse du carbone avec l'hydrogène. Il en existe au moins deux: lune au minimum de carbone, qu'on appelle gaz hydrogène protocarhuré ; l'autre au maximum de carbone , que l'on appelle gaz hydrogène percarburé. Voyez Hydrogène. (Ch.) GAZ HYDROGÈNE PHOSPHORE ou PHOSPHURÉ. {Chim.) On compte généralement deux combinaisons d'hydrogène et de phosphore : l'hydrogène saturé de phosphore , qu'on ap- pelle gai hydrogène perphosphuré , et 1 h3'drogène au minimum de phosphore, que l'on appelle gas hydrogène protophosphuré. Le premier se distingue du second en ce qu'il s'enflamme spontanément quand il a le contact de l'air , tandis que le second a besoin d'être échauffé. (Ch.) GAZ HYDROGÈNE SULFURÉ. {Chim.) C'est le gaz acide hydrosulfurique. (Ch.) GAZ HYDROGÈNE TELLURE. {Chim.) C'est le gaz acide hydrotellurique. (Ch.) GAZ INFLAMMABLE. {Chim.) C'est le plus ancien nom du gaz hydrogène; cependant il faut savoir qu'il a été donné quelquefois a des gaz qui ne sont pas de l'hydrogène pur , mais des combinaisons de cet élément avec d'autres corps inflammables. (Ch.) GAZ INFLAMMABLE DES MARAIS. {Chim.) C'est le gaz qui se dégage des marais ou des eaux stagnantes où il y a des matières végétales en décomposition. C'est un mélange GAZ 245 ordinairement formé de 86 de gaz hydrogène protocarburé et de 14 de gaz azote. (Ch.) GAZ MÉPHITIQUE. (Chim.) C'est l'acide carbonique. (Ch.) GAZ NITREUX. {Chim.) C'est le gaz deutoxide d'azote, (Ch.) GAZ NITROGÈNE (Chim.), nom que Fourcroy avoit pro- posé de donner à l'azote, parce que celui-ci produit l'acide du nitre en se combinant à l'oxigène. (Ch.) GAZ NITRO-MURIATIQUE. [Chim.) Nom que l'on a donné à l'émanation de l'eau régale. Elle est essentiellement compo- sée de chlore et d'acide nitreux en vapeur. (Ch.) ' GAZ OLÉIGÈNE. {Chim.) Fourcroy avoit proposé de donner ce nom au gaz hydrogène percarburé , qui a la pro- priété de former Féther chlorurique , dont l'aspect est hui- leux, lorsqu'on le mêle avec un volume^ de chlore égal au sien. (Ch.) GAZ OXIDULE D'AZOTE. (Chim.) C'est le protoxide d'a- zote. (Ch.) GAZ OXIGÈNE. {Chim.) Corps simple, éminemment com- burent, qui est toujours gazeux lorsqu'il est libre de toute combinaison. Voyez Oxigène. (Ch.) GAZ FERMANENS. {Chim.) Plusieurs auteurs ont donné au mot gaz la même extension qu'à l'expression fluides aéri- formes. En conséquence ils ont divisé les gaz en non perma- nens , ce sont les vapeurs; et en gaz permanens , ce sont les fluides aériformes que nous avons appelés simplement gaz, (Ch.) GAZ PROTOXIDE D'AZOTE {Çhim.) -. combinaison d'un volume d'oxigène et de deux volumes d'azote , condensés en deux volumes. Voyez Azote, Supplément du Tome III. (Ch.) GAZAL {Mamm.), nom qui, dit-on, est générique chez les Arabes pour désigner plusieurs espèces d'antilopes. Voyez Gazelle. (F. C, ) GAZALIBU (Bot.), nom arabe de Fivraie, lolium, suivant Avicenne et Matthiole , cités par Mentzel. (J. ) GAZANÉ (IchthjoL), nom que l'on donne, à Marseille, au syngnathe tuyau, syngnathus pelagicus , que l'on appelle à jSice cavao , dit M. Risso. Voyez Syngnathe. (H. C.) GAZAME, Gazania. (Bot.) [Corymbifères, Juss, = Sjyn^é^ 246 GAZ nésie polygamie fruslranée , Linn.] Ce genre de plantes, établi par Gaertncr, eu 1791 , dans le second volume de son traité sur les fruits, appartient à la famille des synanthérées , k notre tribu naturelle des arctotidées, et à la section des arctotidées-gortérioes, dans laquelle nous le plaçons immé- diatement auprès de notre genre Melanchrysum , qui en diffère cependant par plusieurs caractères très- essentiels. Voici les caractères génériques du gazania , que nous ne connoissons que par la description et la figure données par Gaertncr. La calathide est radiée, composée d'un disque mulliflore , régulariflore, androgynillore, et d'une couronne uuisériée, liguliflore , neutriflore. Le péricline est campanule, pléco- lépide, formé de squames nombreuses, paucisériées, imbri- quées, oblongues - lancéolées , foliacées, entregreffées infé- rieurement, libres supérieurement. Le clinanthe est plane, alvéolé, à cloisons garnies de courtes fimbrilles piliformes. Les ovaires sont obpyramidaux , tétragones , glabres ; leur aigrette est longue , caduque , fauve , composée de squamcl- lules très - nombreuses , entregreffées à la base, filiformes, excessivement capillaires, et absolument inappendiculées. Les fleurs de la couronne ont un faux-ovaire demi-avorté et inaigretté ; leur corolle a le tube nul ou presque nul , et la languette très-longue, lancéolée, bidentée. Gazanie de Gartner, Gazania Gccrtneri : Gazania rigens , Gaertn. , de Fruct. et sem. plant. , tom. 2, pag. 461 , tab, ij5 , fig. 2; Mussinia speciosa, WiHd., Sp. pi.; Gorteria rigens, ^, Thunb. , Act. Hafn, , 4, pag. 4, lab. 4, fig. 1. C'est une plante herbacée, annuelle; sa racine est divisée, fibreuse; il n'y a point de tige proprement dite ; les feuilles sont toutes radicalps , vertes et légèrement pubcscentes en-dessus, blan- ches et tomenteuses eu-dessous, à bords roulés en -dessous; les unes sont indivises, Ilnéairçs-lancéolées, les autres pinna- tifides , à divisions linéaires - lancéolées, très- entières ; les calathides sont solitaires au sommet de hampes ou pédon- cules radicaux, deux fois plus longs que les feuilles et pubes- cens; leur péricline est cylindracé, pubescent, denté; les coroUes de la couronne sont oblongues - lancéolées , jauiics, avec une bande obscure sur le jnilieu de leur face inié- GAZ 247 rieure , et une lâche noire à la base de la face supérieure. Cette plante habite la région du cap de Bonne -Espérance , comme toutes les autres arctotidées : on la trouve dans les terrains sablonneux, prés Grœne-Kloof etSwarlland. VVill- denow, dont nous traduisons la description, et qui a vu la plante sèche, dit qu'elle diffère du vrai gorleria rigens par le port, par la structure du péricline, par la tige nulle, par la racine annuelle. En effet, le gorteria rigens est une plante ligneuse, pourv^uc de véritables tiges, et ses calathides sont portées, non sur des hampes, mais sur des pédoncules situés au sommet des tiges. M. de Lamarck a donné , dans ses Illusfrationes gêner um , sous le titre de Go^nnia , la figure d'une plante offrant une hampe, ou un long pédoncule, terminé par une calathide , et des feuilles lancéolées, très- entières , comme pétiolées : mais les figures de M. de La- marck , représentant les caractères génériques du gazania, ne sont qu'une servile copie des ligures de Gasrtuer, ce qui nous fait craindre que l'auteur des Illustrationes n'ait négligé de vérifier ces caractères sur sa plante , de sorte qu'il a pu faire dessiner, sous le nom de gazaniû , le vrai gorteria rigens, qui n est pas du même genre. La ressemblance extérieure du gazania Gcertneri avec le gorteria rigens a produit plusieurs erreurs, qui ont déjà beaucoup embrouillé la nomenclature en cette partie, et qu'il importe de signaler et de redresser, pour faire cesser la confusion qui en résulte. Gœrtner , auteur du genre Ga- zania, a très- bien observé, décrit et figuré ses caractères génériques; mais il a fait une erreur de synonymie, en dé- clarant que la plante sur laquelle il les observoit , étoit le gorteria rigens de Linnaeus. Long-temps après Gaertncr, Will- denow a reproduit, probablement sans lesavoir, le genre Gazania sous le nouveau nom de mussinia , et il l'a très- imparfaitement cai'actérisé: mais, plus exact sur la synonymie, iî a bien distingué le vrai gorleria rigens de Linnasus, qui ne peut pas être rapporté au gazania ou mussinia, et il Va laissé dans le genre Gorteria. Il est indubitable que le gaza- nia de Gœrtner est au nombre des six espèces rapportées par Willdenow au mussinia, et il nous semble infiniment probable que c'est le mussinia speciosa. Cependant la des- 248 GAZ cription de ■VYillfIeno\A- semble indiquer un péricline de squames unisériées, égales, tandis que la plante de Gasrtnei' a le péricline formé de squames paucisériées , inégales : mais Willdenow, observant un échantillon sec, a pu se tromper sur ce caractère , assez variable d'ailleurs dans quelques plantes analogues au gazania ou muss'niia; et en supposant que Willdenow n'ait commis aucune erreur, la différence que nous remarquons sufliroit peut-être pour établir que sa plante est une autre espèce que celle de Gartner, mais il n'en seroit pas moins constant que le mussinla est le même genre que le gazania. M. Robert Brown n'a pas remarqué Terreur de synonymie commise par Gœrtner, non plus que l'identité du gazania et du mussinia, reconnue par M. de Jussieu dans ses Mémoires sur les synanthérées , publiés dans les 6.*, j." et S." volumes des Annales du muséum d'histoire naturelle; mais il a imaginé, contre toute vraisemblance, que cet observateur si exact avoit commis les plus grossières erreurs dans sa description et dans sa figure du gazania : eu conséquence il a présenté, en i8i3, dans la seconde édition de VHortus Kcvensis d'Alton, un genre Gazania comme étant celui de Ga'rtner , mais avec des caractères tout différens, et applicables au vrai gorleria ri gens , sur lequel M. Brown les a décrits, tandis que Gaertner avoit observé une plante d'un autre genre. Nous avons pensé que , le gazania de Gitrt- ner étant beaucoup plus ancien qvie le mussinia de Willde- now, qui est absolument le même genre, le premier nom devoit être conservé de préférence au second. Nous avons été convaincu surtout qu'il ialloit bien se garder, en con- servant le nom de gazania, de changer, comme M. Bro\vn , les caractères assignés par Gaertner à ce genre , pour en subs- tituer d'autres fournis par une plante étrangère au genre dont il s'agit et inconnue à l'auteur de ce genre. C'est pour- quoi, considérant que le gorteria personnala est l'espèce primi- tive et le vrai type du genre Gorteria, comme Gaertner l'a judicieusement remarqué, et que le gorteria rigens n'est point réellement congénère de cette première espèce, nous avons proposé, dans le Bulletin de la société philomatique de Jan- vier 1817, le genre Melanclnysmn , ayant pour type le gor- teria rigens et présentant les caractères suivans. GAZ 249 Calathide radiée; disque multiflore, régulariflore , andro- gyniflore; couronne unisériée , liguliflore, neutriflore. Péri- cline supérieur aux fleurs du disque , cylindracé, plécolépide ; formé desquames bi-trisériées, un peu inégales, imbriquées, entièrement entregreffees , mais surmontées d'un appendice libre, étalé, linéaire ou lancéolé, foliacé. Clinanthe épais , charnu , à face supérieure conique , alvéolée , à face inférieure creusée d'une cavité où s'insère le pédoncule. Ovaires tout couverts de longs poils capillaires, mous, appliqués, dressés et s'élevant plus haut que l'aigrette ; aigrette composée de squamellules nombreuses, bisériées , un peu inégales, lon- gues, laminées, membraneuses, linéaires-subulées, finement denticulées en scie sur les bords. Fleurs de la couronne à faux-ovaire nul , à style nul , à corolle formée d'un long tube et d'une très- grande languette bidentée au sommet. En comparant les caractères génériques du gazania et ceux du melanchrj'sum , on voit que ces deux genres diffèrent, 1." par le clinanthe plane et fimbrillé en-dessus, point creusé en -dessous, dans le gazania, conique et sans fimbrilles en- dessus, creusé d'une cavité en-dessous, dansle m elanchrjsum ; 2." par les ovaires glabres dans le gazania, tout couverts de poils excessivement longs dans le melanchrysum ; 5." par les squamellules de l'aigrette, capillaires et inappendiculées dans le gazania, laminées et denticulées dans le melanchrj'sum; 4.° par les fleurs de la couronne pourvues d'un faux-ovaire et dépourvues de tube dans le gazania, dépourvues de faux- ovaire et pourvues d'un tube dans le me/a^c/irJ^swn^. M. Brovvn ji'avoit sûrement pas remarqué ces différences, quand il a supposé que le gorteria rigens de \Villdenow étoit le type du genre Gazania de Ga;rtner. Les genres Gazania et Mclanchrysum diffèrent du genre Gorleria, limité comme il doit l'être, principalement en ce que les ovaires du gorteria sont inaigrcttés. Voyez notre ar- ticle Gorteria. (H. Cass.) GAZAR-SJŒTANl. {Bot.) Voyez Chellœ. (J.) GAZE. (Entom.) C'est le nom que Geofî'roy a donné au papillon de l'aube-épinc, papilio cratœgi , dont les ailes sont presque dépourvues d'écaillcs, et ressemblent ainsi à une gaze légère et gommée. (CD.) ^5o GA2i GAZETTE (Chim.) : propriété qu'ont certaines substances d'être à l'état gazeux. (Ch.) GAZELLE (A/amm.), nom dérivé du mot arabe Gazal (voyez ce mot), et par lequel les naturalistes désignent plus particulièrement TAntilope corine, ou I'Antilope kevel, et qu'on emploie même quelquefois génériquement comme sy- nonyme d'AxTiLOPE. (Voyez ces différens noms.) On Ta joint à d'autres mots, pour désigner d'autres animaux; La Gazelle commune est la Corine ; La Gazelle a bourse , le Saïga ; La Gazelle a cornes droites, TOnix; La Gazelle bleue, I'Antilope bleue ; La Gazelle du bézoard est une Chèvre. "Voyez ces divers noms. (F. C.) GAZIEH. (Bot.) Voyez Fetueh. (J.) GAZOLA (Ornith.) , nom portugais du butor, ardea slel- laris, Linn. (Ch. D.) GAZOMETRES. (Chim.) Appareils destinés cà contenir et à mesurer des volumes de gaz plus ou moins considérables. Nous rciivoyons aux ouvrages de chimie la description de ces appareils, qui exige nécessairement des figures pour être bien comprise. (Ch.) GAZON D'ANGLETERRE (Bot.), nom vulgaire de la saxifrage hypnoide. ( L. D.) GAZON DE MONTAGNE, GAZON D'ESPAGNE (Bot.) -. noms vulgaires sous lesquels on désigne communément le statice armeria. (L. D.) GAZON D'OLYMPE (Bot.), nom vulgaire du statice arme- ria, qui croît sur les berges, et que l'on cultive en bordure dans les jardins. (J.) GAZON DU PARNASSE (Bot.), nom qui est commun à ]a parnassie des marais et au muguet à deux feuilles. (L. D.) GAZON TURC. (Bot.) C'est la saxifrage liypnoïde. (L.D.) GAZOUL. (Bot. ) Adanson , trouvant le genre Ficoïde , Fi- coides de Toui'nefort, mcsemhrjanlhemum de Linnœus, trop nombreux en espèces , a voulu le subdiviser en quatre genres. Il a rangé sous son vicscmlryum toutes celles qui ont beaucoup d'étamines, cinq styles et un fruit à cinq loges; sous le vossia , celles qui diffèrent des précédentes par le GEA ^5i nombre des styles élevé de huit à quinze , et des loges du fruit , à quinze : il a nommé mannetia, celles qui n'ont que dix à vingt étamines, quatre styles et quatre loges, et gazoul, les espèces munies de dix à douze étamines , de cinq styles et de dix loges. Nccker, admettant les mêmes genres, nomme le premier mesembrjanthus , le second abijantliemum , le troisième nj'cteranthus. Il indique de plus des espèces à étamines nom- breuses, à stigmate sessile divisé en cinq lobes, et à fruit quinquéloculaire, dont il forme son nouveau genre Gj'nicidia. Voyez Ghasul. (J.) GAZZA. [Ornitli.) L'oiseau qui porte, en Italie, ce nom et ceux de gazzara ^ gazzola , gazzuola, est la pie commune, corvus pica, lànn. (Ch. D.) GAZZOLI. {Bot.) Suivant Seguier, près de Vérone on donne ce nom au potamogeton perfoliatum, très-abondant dans le fleuve Mincio. (J.) GEA. (Ornith.) Voyez Gau. (Ch. D. ) GEAI. {Ornith.) On a exposé, au mot Corbeau, les motifs qui ont déterminé à diviser le genre Cor¥'us , et à appliquer, avec Brisson , la dénomination de garrulus aux g«ais, quoi- qu'ils ne possèdent pas de caractères qui puissent les faire nettement distinguer. Les seules différences qu'on ait re- marquées jusqu'à présent entre eux et les corbeaux propre- ment dits, sont, que leur bec est plus court : que la mandi- bule supérieure , dont l'arête est plus mousse , a une petite échancrure A^ers le bout, qui s'incline brusquement; que la queue, souvent carrée ou arrondie, s'alonge peu, même lorsqu'elle est étagée , et que les plumes, lâches, soyeuses et eflilées, qui couvrent le front et le sommet de la tête, se re- lèvent en forme de huppe à la volonté de Tanimal. Les geais, pétulans, criards et curieux, sont attirés par le moindre bruit extraordinaire; mais ils fuient à l'aspect du danger. Ils ne marchent que par sauts , et se nourrissent de graines, de baies, de noix et d'insectes. Ils se plaisent dans les bois, et font leur nid sur les arbres; dans l'automne, ils se réunissent en familles. Plusieurs espèces sont séden- taires, et d'autres voyagent dans l'arrière-saison. M. Levaillant propose de distribuer les geais en deux sections, dont la première comprendroit ceux de l'ancien 252 GEA continent, qui ont, en général, les tarses plus courts; et la seconde ceux du nouveau monde , qui les ont plus alon- gés. C'est ainsi qu'on en va distribuer les espèces. Geais de l'ancien continent. Geai commun: Garrulus glandarius, Vieill. ; Corvus garrului ^ Gmel. et Lath., pi. enl. de BufFon, n". 481 ; de Lewin , t. 2, n." 38; de Donovan , tom. 1, n.° 2 ; de George Graves, tom. 1 ; et surtout de Levaillant , Oiseaux de paradis, n.° 40. Cet oiseau, dont la longueur est d'environ treize pouces, l'envergure de vingt-un pouces, et le poids de sept onces, a le bec de couleur de corne foncée , la langue membra- neuse, noire et fourchue; les côtés de la bouche offrent des moustaches noires. Le fond du plumage est d'un gris vineux et varié de taches longitudinales, noir sur le tou- pet, plus clair aux parties inférieures, et même blanc sous la queue. Les pennes primaires de l'aile sont noirâtres, bordées de gris, et les pennes secondaires noires et blanches; l'aile bâtarde est rayée transversalement de bleu très-foncé et de bleu d'azur beaucoup plus clair ; la queue , coupée carrément, est cendrée à son origine, et noire dans le reste de son étendue. Les couleurs roussâtres du mâle sont plus vives que celles des femelles, et les plumes de la tête sont plus longues , ce qui la fait paroitre plus grosse. Les jeunes ont, dans leur premier âge, du bleu sur le haut des bor- dures blanches des pennes alaires et à la naissance de la queue , ce que l'on ne voit plus dans un âge avancé , et ce qui, suivant M. Levaillant, est d'autant plus remarquable que les jeunes oiseaux ont toujours en moins les couleurs les plus éclatantes des vieux. On rencontre quelquefois des geais blancs ou jaunâtres et dont l'iris est rouge, comme chez les albinos, ce qui prouve que ce changement de couleur, qui toutefois ne s'étend pas aux plumes azurées des ailes, provient d'une altération accidentelle et de la même nature, Tels sont les individus dont on trouve la figure dans l'Histoire naturelle des oiseaux d'Angleterre, par Donovan, tom. 2, pi. 34, et dans les Oiseaux de paradis de M. Levaillant, pi. 41. Ce dernier naturaliste a vu, dans l'état de domesticité, un in- GEA =55 dividu qui èloh noirAtre; et sur ce qu'on lui a dit que cet oiseau ne vivoit presque que de chenevis , il observe que cette graine huileuse produit le même effet sur d'autres, et notamment sur les moineaux, lorsqu'on la leur donne pour toute nourriture. Pline parle aussi de geais ou pies à cinq doigts ; mais ils n'ont jamais dû être considérés comme formant une race particulière; et cette monstruosité, qui s'est également ren- contrée chez des poules, sera provenue de la surabondance des molécules organiques que l'état de domesticité procu- roit aux deux espèces mieux nourries. Les geais ordinaires sont répandus dans presque toutes les contrées de TEurope, où ils se nourrissent, en été, de sorbes, de groseilles, de cerises, d'insectes. Quoique les bois soient leur demeure ordinaire, ils les quittent souvent pour faire des excursions dans les champs ensemencés de pois et de fèves, où ils font beaucoup de dégâts, et dans les jardins, où ils détruisent les fruits mûrs. On prétend qu'ils mangent aussi les œufs, et même les pe- tits d'autres oiseaux. En hiver, ils vivent de glands et de noix , qu'ils ont ramassés et déposés dans le creux des arbres, d'où ils ne sortent eux-mêmes que pendant les jours plus doux qui tempèrent quelquefois la rigueur de cette saison. Leur bec, qui a l'apparence d'un coin arrondi, leur donne les moyens de fendre les noix et les glands non encore partagés d'eux-mêmes; mais ils ne peuvent casser les noi- settes entières, à moins qu'elles n'aient été percées par un ver, cas dans lequel, en les assujettissant sous les pieds, ils parviennent à en briser la coque. Leur instinct les porte à entasser les autres dans des trous d'arbres , ou à les enfouir dans quelque terrier abandonné , où l'humidité fait rompre la coque en gonflant l'amande. Les observations faites par Gueneau de Montbeillard sur la manière dont les geais captifs dépouillent le calice des œillets , pour mettre la graine à découvert avant de la manger, rendent peu pro- bable le fait articulé par Belon , qu'ils avaient les noisettes et les châtaignes tout entières. Leur estomac est, d'ailleurs, d'une bien moindre consistance que le gésier des grani- vores. 254 GEA L'usage, dans lequel sont les pies et les geais sauvages, d'amasser des provisions pour l'hiver, explique la cause qui, même en domesticité, les porte à dérober et cacher des objets qu'ils ne peuvent employer comme alimens , ce qui leur a fait donner la dénomination de voleurs. Quoique beaucoup de geais restent constamment dans les lieux où ils sont nés , un nombre au moins égal abandonne nos climats, suivant Sonnini , pour aller cherclier au loin une température plus douce , et des provisions fraîches et plus abondantes. Au commencement de l'automne , ce naturaliste en a vu arriver des troupes dans quelques contrées du Levant que n'attristent jamais les glaces ni les frimas , et d'où elles repartoient au printemps. Une partie de ces oiseaux , qui ne sont que de passage dans plusieurs des lies de la Méditerranée, paroit même se rendre en Egypte, en Syrie et en Barbarie. I/auteur cité s'est proba- blement trompé, soit en attribuant le plumage plus terne de ces oiseaux voyageurs à une altération produite dans les couleurs par les fatigues d'une longue traversée , soit en supposant que les femelles seules voyageoient; car la teinte grise du plumage est sans doute due , comme l'a présumé M. Vieillot , à la présence d'une plus grande quantité de jeunes, qui ne prennent leurs belles teintes qu'à la seconde mue. Au reste, de l'aveu de Sonnini lui-même, il y a des geais qui couvent dans l'île de Scio et dans les plus grandes îles du nord de l'Archipel. Les geais ont les sensations vives, les mouvemens brusques, et ils sont si colériques qu'ils s'emportent au point d'oublier le soin de leur propre conservation et de se prendre quel- quefois la tête entre deux branches , où ils meurent sus- pendus en l'air. Leur cri ordinaire est très-désagréable, et les sons en r sont ceux qu'ils font le plus entendre : ils ont de la disposition à contrefaire différens oiseaux qui ne chantent pas mieux , tels que la cresserelle , le chat-huant , etc. ; et lorsqu'ils aperçoivent dans les bois un renard ou quelque autre animal de rapine, ils jettent un cri perçant qui fait rassembler plusieurs individus de leur espèce. Ces oiseaux s'approchent souvent des habitations voisines des forêts et surtout de celles autour desquelles il y a des GEA 255 noyeps, et ils ramassent toutes les noix tombées lorsqu'elles se dégagent de leur enveloppe : ils savent aussi reconnoitre celles dont le brou commence à se fendre, et, après les avoir abattues d"nn coup de bec, ils les emportent tout en- tières pour leurs provisions d'hiver. Ils pratiquent sur des arbres, à l'insertion des premières grosses branches et quelquefois au sommet des buissons, un nid composé de brins de bois sec au dehors, et ijitérieurement de racines entrelacées avec des filamens d'herbes. La femelle y pond quatre à cinq œufs d'un gris verdàtre, tachetés de points ei de petits traits bruns, dont on trouve la figure dans les Ova aviitm de Klein , tab. 8 , n.° 2 ; dans la pi. 38 de Lewin , tom. 2, et dans l'O^arii/m. hritaiinicum de George Graves, part. 1 , pi. 3. Le mâle partage les soins de l'incubation , qui dure treize à quatorze jours; et il y a ordinairement une seconde couvée. Les petits, qui subissent leur première mue dès le mois de Juillet, ne quittent leurs parens qu'au printemps de l'année suivante, époque où la saison des amours les invite à s'ipparier. Ceux qu'on veut élever doivent être laissés dans le nid jusqu'à ce que les plumes qui poussent à la base de la mandibule supérieure soient un peu saillantes; et, au lieu de les nourrir avec du pain et du lait, aliment trop peu substantiel, on doit leur donner, de préférence, des pois trempés dans du bouillon, et mêlés avec du cœur de mouton cuit et haché menu. Ils imitent naturellement les cris des animaux dans la société desquels ils vivent, comme le miaulement du chat, l'aboiement du chien; mais, pour faciliter l'articulation des sons qui leur sont étrangers, on est dans l'habitude de leur couper le filet qui se voit sous la langue. Il y a des personnes qui trouvent la ciiair des geais man- geable , si on la fait bouillir et rôtir, après leur avoir retranché la tête; mais les jeunes seuls peuvent, au moyen de ces préparations, servir à la nourriture des hommes, et c'est plutôt afin de les écarter des terres ensemencées , ou pour se procurer un simple amusement, qu'on cherche à s'en emparer. Leur animosité contre les chouettes étant connue , on en tire parti. Après avoir chargé un arbre de gluaux, et attaché l'oiseau de nuit au pied de cet arbre 256 GEA Sur une grosse branche, on froue très -^ légèrement , pour faire approcher un oiseau quelconque, qui, en voyant la chouette, jette un cri d'effroi, et fait accourir les geais, les grives, les merles d'alentour. On ne doit sortir de la cachette où l'on s'est placé que quand ces oiseaux sont presque tous englués et tombés par terre ; car il ne seroit plus possible de les attirer sous le même arbre , si on les avoit épouvantés par le moindre bruit. A défaut de chouette ou de petite chevêche en vie, on en emploie une empaillée» On prend aussi des geais à la pipée, à la fossette, aux abreuvoirs, au saut, à la répenelie. On peut encore attirer les geais sur un arbre chargé de gluaux, en attachant un geai sur le dos et le faisant crier; mais il ne faut pas croire, comme des auteurs l'ont supposé, que, dans cette attitude , les geais du voisinage s'approchent assez du patient pour que celui-ci les serre avec les pattes et mette l'oiseleur à portée de les prendre à la main. On ne doit pas accorder plus de confiance aux résultats supposés du placement d'un plat d'huile dans un lieu fréquenté par les geais , où ceux- ci, venant se mirer dans le vase, s'imbiberoient assez les ailes pour ne plus pouvoir s'envoler. Les femmes ont , dans un temps , fait usage , pour orner leurs vêtemens , des plumes azurées qui recouvrent les grandes pennes alaires des geais, et cette mode a dû causer une grande destruction dans l'espèce; mais elle s'est bientôt éclipsée comme tant d'autres. Geai BonÉAL : Garrulus infaustus, Vieill. ; Cor^'us sihiricus , Gmel.; Corvus infaustus, Lath. ; Cornus russicus , S. G. Gmelin. Cet oiseau, long de dix à onze pouces, et dont la queue est arrondie , a été long-temps confondu avec le merle de roche ; il est figuré, dans les planches enluminées de Buflfon, n.° 608 , sous le nom de geai de Sibérie, dans le Muséum Carlsonianutn de Sparrman , Fasc, 4, pi. 7G, et dans les Oiseaux de paradis de Levaillant , pi. 47 , sous la dénomi- nation de geai orangé. Il a la tête huppée et noirâtre; le front, les joues et la gorge, d'un blanc sale; le dessus du corps et les deux pennes centrales de la queue d'un cendré brun , et les autres rousses , ainsi que le croupion , le ventre €t le dessous du corps. Le bec et les pieds sont noirâtres. GEA 257 On le trouve dans les parties septentrionales de l'Europe, telles que le Danemarck, la Suède, la Pologne, la Russie, la Norwège, où il habite les bois et les buissons, et il ne vient pas dans les contrées teinpcrccs. M. Levaillant, qui a proposé les deux sections ci-dessus indiquées pour les geais, avoue que, par la longueur de ses tarses, le geai boréal déroge à cette distribution; mais, comme ce n"est pas uniquement sous ces rapports qu'on la adoptée, et que parmi les geais de l'ancien continent ce- lui-ci est le seul qui appartienne à l'Europe, on a cru le devoir laisser à cotte place. Geai longip ou a coi.lii'.r blanc ; Garrulus galericulatus, Cuv. On ne connoît de cette espèce qu'un individu envoyé de l'île de Java à M. Temminck , qui le conserve dans son cabinet , où M. Levaillant a fait prendre le dessin de la planche 42 de ses Oiseaux de paradis. Ce geai a la queue ample et étagée dans les quatre premières pennes de chaque cAté; son bec et ses pieds, d'un brun noirâtre, sont con- formés comme ceux du geai d'Europe. On voit sur la tête une huppe dont deux plumes sont bien plus longues que les autres, et, à l'exception d'un collier blanc qui entoure la nuque et les côtés du cou , le reste du plumage est en- tièrement noir. Geai a joues blanches : Garrulu^ auritus , Vieill.,-et Corvus auritus , Gmel. , Lath., Daud. Sonnerat, qui a donné une ligure de cet oiseau, pi. 107 de son Voyage aux Indes, l'a décrit le premier sous le nom de petit geai de la Chine, à cause de sa taille inférieure d'un tiers à celle du geai commun, et M. Levaillant lui a substitué, pag. 126 et pi. 43 dut. i.-'^de ses Oiseaux de paradis, la dénomination de geai à joues blanches , qui est plus convenable , si on ne lui préfère, d'après Daudin (Traité d'Ornith., tom. 2, p. 25o), celle de geai à oreilles blanches. Les dix pennes de sa queue sont de longueur inégale , et présentent une forme ar- rondie. Une large plaque blanche, qui part de l'œil , couvre les joues et les oreilles; et les plumes du front, que Son- nerat dit être de la même couleur, sont présentées par M. Levaillant comme ayant seulement leur extrémité d'un bleu pâle. Le dessus de la tête, le cou et le haut de la 18. 17 ^5S GEA gorge sont iioiiàlres ; le dos, le croupion, les scapulairc*-. la poitrine et le ventre, d'un gris terreux et olivâtre; les grandes pennes des ailes et de la queue brunes. Le bec est noir, et les pieds sont lii^ms. Latliam , après avair décrit ce geai, pag. 83 du premier supplément à son Sjnopsis , dit quelques mots sur une autre espèce qu'il a vue dans le cabi«et du docteur Fothergill ^ et qu'il croit avoir été aussi envoyée de la Chine : il la nomme cornus purpurascens , dans VIndex orniUi., et elle est appelée, dans le Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle , geai à Icle pourprée. Le dessus du corps est d'un roux pâle , le des- sous jaune; la queue, assez longue, est noire, ainsi que ks ailes; les pieds sont de couleur de chair. Geais du nouveau continent, Ceai bleu : Garrulus cristatus ,VicUl. , pî. sSg d'Edwards, 629 de Buffbn , et /|5 de Levaillant. Celte espèce, de l'Amérique septentrionale, a environ onze pouces de longueur. Le bleu domine sur la huppe et sur le plumage supérieur, où l'on remarque aussi une teinte purpurine; il est coupé, sur les pennes alaires et caudales , par des raies transversales noires , qui sont plus prononcées sur le centre de la queue et l'ex- trémité des ailes, et il l'est plus encore par la bordure blanche de la première , et les taches de la même cou- leur qui sont dispersées sur la seconde; le tour des yeux est également blanc, ainsi que la gorge, qui est entourée d'une bande noire remontant jusqu'à la nuque. La poitrine est d'un gris vineux, qui diminue d'intensité sur les parties inférieures, dont les dernières sont tout-à-fait blanches; le bec et les pieds sont d'un noir plombé. Les plumes, suscep- tibles d'être relevées, sont moins longues chez la femelle, et ses couleurs sont moins vives. Ces geais, auxquels Pennant attribue une belle voix, font seulement entendre des cris moins rauques que ceux de leurs congénères. Ils habitent le Canada, la Caroline; et les individus qui, à l'automne, se retirent des contrées boréales pour s'avancer vers le sud, passent en Pensylvanie par troupes nombreuses. Ils vivent de châtaignes, de glands, de vers, et mangent, dit-on, de petits serpens; ils causent GEA ^^9 de grands raviigcs dans les champs de maïs. Ils placent leur nid dans les lieux couverts et liumides , et leur ponte con- siste en quatre ou cinq œufs de couleur olive , tachetés de gris noirâtre. M. ^ ieillot regarde comme une espèce particulière son geai azurin , garnilus cyaneus , qui habite les mêmes lieux, mais qui est d'une plus petite taille , n'a pas d'aigrette sur la tête, et dont le plumage entier est d'un bleu d'azur. Le même auteur présente aussi comme une espèce distincte son geai gri«-blcu , garnilus cœrulescens , qui se trouve dans les États-Unis d'Amérique, et dont les parties supérieures sont variées de gris et de bleu ; les pennes alaires et caudales de cette dernière couleur, et les parties inférieures d'un gris roux; mais il n'en a vu qu'un individu, et il soupçonne lui-même que c'étoit un jeune ou une femelle de l'azurin. Geai brun : Garnilus fuscus , Vieill. ; Cornus oanadensis , Gmel. et Lath. Cet oiseau, qui se trouve à la baie d'Hudson, à Terre-Neuve et en d'autres parties de la côte occidentale du nord de l'Amérique , est ligure dans les planches enlu- minées de Buffon, sous le n.° 55o , avec la dénomination de geai brun du Canada. Il a beaucoup de ressemblance avec le geai commun ; mais il en diffère par la forme de sa queue, qui est étagée, et par sa taille, qui n'est que de dix pouces. L'oiseau que M. Levaillant a fait peindre, pi. 48, sous le nom de geai brun-roux, et que M. Cuvier présente comme une variété de celui de Buffon , diffère du premier en ce qu'il a la queue carrée; mais la description ne fait pas mention de ce caractère, qui sufliroit pour détruire l'iden- tité d'espèce: et l'on se bornera à observer ici , relativement au plumage, que le geai de M. Levaillant a le derrière du cou, le manteau, le dos elles pennes caudales intermédiaires d'un brun terreux clair; les pennes latérales et les couver- tures inférieures de la queue , les moyennes et les grandes couvertures des ailes, le croupion et les ilàncs, roux; les pennes alaires d'un brun noir, avec une bordure rousse; la gorge blanche; le bec , les pieds et les ongles bruns. Ce geai vit dans les forêts, et pendant l'hiver il approche des habitations, 011 il cause les mêmes dommages que les nôtres j à défaut de grains, il se nourrit d'algues, de vermisseaux 25o GEA et de chair. Il fait sur les pins un nid dans lequel la fe- melle pond des œufs de couleur bleue. Geai de Steller ; Garrulus Stelleri ,yieil\. , et Corvus Slelleri , Gmel. , Latli., Daud. Cette espèce n'est pas décrite de la même manière par les divers naturalistes. Suivant Daudin, elle auroit quinze pouces de longueur, et la tête seulement un peu huppée; M. Vieillot la présente comme longue seule- ment de treize pouces et demi, et ayant une huppe de près de deux pouces de hauteur. Le premier ajoute que son plumage est noirâtre; que les ailes sont bleues et ont des stries transversales noirâtres, et que la queue, également bleue, longue et cunéiforme, offre des lignes noires effacées sur les pennes intermédiaires. Suivant M. Vieillot, le même corbeau a le dessus du corj>s d'un noir pourpré, inclinant au vert sur le croupion ; les couvertures des ailes mélangées de noir bruiiàtre et de bleu foncé ; les pennes secondaires de cette dernière couleur, avec plusieurs raies transversales noires; les pennes primaires de la même teinte, et bordées à l'exté- rieur de vert bleu ; le devant du cou et la poitrine noi- râtres, et les parties inférieures d"un bleu pâle; les pennes caudales longues de cinq pouces et demi, et un peu ar- rondies, d'un bleu foncé, avec les tiges noires. Le même auteur dit que le geai de Steller se trouve dans l'Amérique du Nord ; et, selon Daudin etSonnini, il habite vers la baie de Nootka et sur les côtes du canal du Roi George. D'une autre part, M. Cuvier renvoie, pour le geai de Steller, à la planche 44 de M. Levaillant, qui représente son geai bleu-verdin, et M. Vieillot fait de cet oiseau son graculus melanogaster , qu'il déci-it séparément, comme ayant la tête, le cou et la poitrine mélangés de bleu et de vert, qui'se fondent dans un brun clair; le croupion et le ventre noirs; les ailes et la queue bleues, avec des raies noires; le bec et les pieds jaunâtres. M. Levaillant ne lève point les incer- titudes qui résultent du rapprochement de son geai bleu- yerdin , envoyé de la mer du Sud , et plus petit même que le geai bleu d'Amérique dont Bartram fait mention, avec celui auquel on donne treize pouces et demi et même quinze pouces de longueur. Tout porte donc à croire qu'il y a ici une confusion d'espèces. GEA 2Cu Mauduyt, Buflon et Daudin ont décrit, sous le nom de Geai du Pérou, Corvus peruvianus , Lath., pi. enl. , n.° 685, l'espèce qui a été figurée depuis par M. Levaiilant , pi. 46 , avec la dénomination de geai péruvien. Cet oiseau , de la taille du geai blanc, et dont la queue est longue et étagée , a le front et les côtés de la bouche d'un bleu d'azur; le iiaut de la tête, qui se boursoufle en forme de huppe, les joues et les côtés du cou blancs; la nuque, le dessus du corps et des ailes, et les six pennes intermédiaires de la queue, verts; la gorge et le devant du cou noirs; les six pennes latérales de la queue , la poitrine et le dessous du corps jaunes; le bec et les pieds d'un noir brun. Cet oiseau se trouve dans l'Amérique méridionale. Brown a figuré, pi. 10 de ses Illustrations de zoologie, un oiseau qu'il a nommé choucas de Surinam, et décrit comme ayant la taille d'une corneille ordinaire et la teinte géné- rale du plumage d'un vert bleu et foncé. C'est le cor^^us surinamensis , ou geai vert de Gmelin ; le corvus argjrophthal- mus , ou geai de Carthagène de Latham , et geai œil-d'ar- gent de Daudin : mais, de l'aveu de M. Vieillot, cet oiseau seroit vraisemblablement placé d'une manière plus conve- nable avec les choucas qu'avec les geais. On a donné de pareilles dénominations à des oiseaux auxquels elles appartiennent encore moins : telles sont celles de geai d^ Auvergne, de montagne, du Limousin, d'Es- pagne, au casse -noix; de geai d^ Alsace et de Strasbourg , au roUier commun; de geai de Bohème, au jaseur; de geai de halaille, au gros -bec d'Europe. On appelle encore quel- quefois la huppe geai huppé, et le cormoran nigaud geai à pieds palmés. (Ch. D.) GEANT. [Bot.) Le docteur Paulet donne ce nom à Vaga^ ricus giganteus , Schœffer, Fung. Bav. , tab. 84. 11 nomme Géant blanc Vagaricus giganteus de Leysser et de AYilldenovv. Ce dernier champignon est de couleur blanche , et remarqua- ble par la grandeur de son chapeau , qui a un pied de dia- mètre. Le premier est de couleur jaunâtre; il a un chapeau d'un diamètre beaucoup plus petit. Ces champignons crois- sent en Bavière et en Prusse. (Lem.) GEANT. (Ornith.) L'oiseau auquel ce nom est donné dans 262 GEA les Voyages de Léguât (Amsterdam, 1708, tom. 2, pag. 72), paroît être le flammant, phanicopterus ruber , Linn. (Ch.D.) GÉANTHRAX. {Min.) M. Tondi a adopté ce nom, dans son Tableau synoptique d'orcognosie, ou Connoissance des mon^ tagnes et des roches, pour designer Yanthracite. Lucas, Ta- bleau des espèces minérales , 2.* partie. (BRAnD.) GEASTER. {Bot.) Micheli a établi sous ce nom le genre de champignons décrit ci-après à l'article Geastrum. (Lem.) GEASTEROIDES. {Bot.) Battara {Fimg.Arim., tab. 29, fig. 168 ) représente sous ce nom un champignon voisin des vesses-loups , que Paulet nomme vesses-loups à têtes et à piliers, et qu'il rapporte au Ijcoperdon coronatum , Schaeff. {Bav., pi. 182) et au Ij'coperdon fenestratum , Eatsch {Elcm., tabl. 29, fig. 168); mais ce botaniste confond ici plusieurs espèces. En etfet, le Ijcoperdon coronatum , Schaelf. , est le même que le geastrum rufescens, Pers. , Syn. , son péridium est scssile ; et le Ijcoperdon fenestratum , Batsch , est une variélé du geastrum quadrijidum , Pers., Sjn. , dont le péridium est stipité. Il paroît que le geasLeroides { ou geastroides , comme l'écrit Adanson) est une monstruosité de ce dernier cham- pignon ; c'est le /«ngus antJiropomorphus de Scger et une es- pèce de carpobolus pour Adanson. Voyez Anthropomorphites et Geastrum. (Lem.) GÉASTRE. {Bot.) Voyez Geastrum. GEASTROIDES. {Bot.) Voyez Geasteroides. (Lem.) GEASTRUM {Bot.)-, vulgairement Vesse-loup étoilée , Gbastre. Champignons très-voisins des lycoperdons ou vesse- îoups, avec lesquels même ils ont été long-temps réunis, et qui en diffèrent par leur structure très-remarquable. Ils sont globuleux et composés d'un péridium contenu dans une enveloppe qui , à la maturité du champignon , se divise par le sommet en plusieurs lanières coriaces ou rayons qui s'étalent horizontalement à terre , ou se re- courbent en-dessous en soulevant la plante. Le péridium, situé dans le centre de cette collerette, est sessile ou stipité, et s'ouvre au sommet par un orifice, qui tantôt est une simple déchirure, et tantôt une ouverture bordée de cils. L'intérieur contient une poussière fine, brune, entremêlée de filamens épars et peu distincts, qui s'échappe sous la forme de fumée, comme dans les vesses-loups. GEA ^G3 Les gëastrum croissent à terre. C'est après les pluies de l'automne que ces champignons curieux se montrent. Ils sont d'abord enfoncés ; mais petit à petit ils sortent de terre , <'t dans leur maturité complète ils sont quelquefois déta- chés de terre et soutenus sur les lanières de leur enveloppe externe: celle-ci est sensible aux variations de la température de Tair; elle se contracte ou s'étale selon que l'atmosphère est sèche ou bien humide. Quelques botanistes pensent que cette enveloppe extérieure des géastrum doit être considérée» comme une sorte de volva, différente cependant du volva des amanites et du volva des phallus ou satyres. Entre cette en- veloppe et lepéridium on observe quelquefois une seconde en- veloppe très-mince, très-fugace et peu apparente; c'est elle que M. De Candolle regarde comme le véritable volva. Cette enveloppe a beaucoup d'analogie avec celle qu'on observe dans le genre Bovista (voyez Boviste), et que Palisot-Beau- vois prend pour l'épiderme du péridium. Un examen scru- puleux fera découvrir sans doute cette seconde enveloppe dans toutes les espèces de géastrum , et nous ne croyons pas qu'elle soit exclusive aux seules espèces dont M. Desvaux a cru devoir faire, à cause de cela, un genre distinct , celui qu'il a nommé plecostoma. Il est même <à remarquer que , sur les dix espèces environ connues de géastrum, six sont rap- portées aux plecostoma, et que les autres espèces, lesquelles restent dans le géastrum , offrent aussi cette seconde enve- loppe, de l'aveu même de l'auteur du genre Plecostoma. La différence seroit seulement dans la régularité ou l'irrégula- rité avec laquelle cette enveloppe se déchire; or, ce carac- tère est d'une grande variabilité et ne peut pas caractériser les deux genres Plecostoma et Géastrum. Nous suivons en cela l'opinion de M. Persoon , qui, dans son Traité sur les cham- pignons comestibles, persiste à ne point diviser le géastrum, genre dont le premier établissement est dû à Micheli. Ce naturaliste l'avoit désigné par geaster, dénomination grecque, qui, comme celle de géastrum, signifie terre et étoile, ou mieux étoile terrestre : la forme de ces champignons et leur manière de croître justifient l'application de ces dénomina- tions. Les espèces de ce genre, quoique peu nombreuses, sontdiffi- 264 GEA ciles a caractériser. M. Desvaux a cherché à en établir plusieurs nouvelles; mais il nous semble que ces espèces ont été fon- dées seulement sur des figures et non pas sur les objets réels, et l'on sait quel est le degré de confiance qu'on doit, en cryptogamie , accorder aux figures; d'ailleurs, ce botaniste n'ayant point donné les phrases spécifiques, nous ne savons sur quels fondeniens il a pu établir certaines espèces, consi- dérées jusqu'ici comme de simples variétés d'autres espèces très -connues. I.innœus a confondu plusieurs de ces espèces dans son Ljcoperdon stellatum , ce que Woodvvard a démonti'é un des premiers. Parmi les dix ou douze espèces connues, et qui presque toutes croissent en Europe , nous ferons remarquer les sui- vantes. §. 1.*'' Péridium sessile, s'ouvrant au sommet par une simple déchirure. — Gcastrum , Desv. Géastrum hygrométrique: Geastriim Ivygrometricum , Pers. , Sjnops. fung. , p. i55; Journ. bot., 2, p. i55; Decand., FI. fr. , n.°'j2o; Ljcoperdon stellatum, Bull., Champ., tab. 238; la Vesse-dc-loup étoiléc ou VEtoilede terre, Paul., Champ., 2 , p. 447 , pi. 202 , fig. ] . Collerette d'un brun roussàtre, divisée en six, sept et même huit lanières; péridium sessile, marqué de stries élevées et réticulées ; ouverture arrondie , point striée. Ce champignon croît en automne dans les bois sablonneux, et paroit après les grandes pluies. Il est d'abord assez pro- fondément enfoncé en terre , mais son enveloppe ou colle- rette le soulève en s"épanouissant. Cette collerette étale ses lanières autour du péridium, en formant une étoile qui a jusqu'à deux pouces et demi de diamètre. Les lanières finis- sent par se rouler sur elles-mêmes de dedans en dehors et par leur pointe; par ce mouvement elles font sortir de terre ce champignon, et même l'en séparent entièrement; alors le péridiuiu représente un petit globe porté sur un piédestal. Ce qu'il 3 a de remarquable , c'est que ce phénomène , pro- duit par la sécheresse , est détruit par l'humidité, alors les la- nières se déroulent et reprennent leur position horizontale. Bolton , Buliiard, etc., ont observé entre la collerette et GEA 265 le péridium une seconde enveloppe mince, membraneuse et rameuse. J'ai trouvé cette plante dans les bois de Romainville, près Paris, où l'indique Bulliard. Géastruji brun -marron : Geaslrum hadium, Pers. , Journ. bot., 2 p. 27; Lycoperdon stellatum , Bull., Champ., pi. 471 , li<^. MIS. Collerette à cinq ou six rayons courts de couleur de marron obscur, quelquefois grisâtre. Cette espèce, de nioilic plus petite que la précédente , a été découverte par Bulliard au bois de Boulogne, près Paris, où elle est assez commune en automne. Ce botaniste la considéroit comme une variété de l'espèce précédente ; mais il paroit avoir con- fondu quatre espèces sous le nom de Ijcoperdon stellatum , et d'après M. Desvaux la même erreur auroit été commise par M. Persoon. (Voyez Journ. bot., vol. 2, p. 101.) GéastrUiM roux : Gcastrum rufescens , Pers. ; Schaeff. , Fung., tab. 182; Schmid. , tab. 40. Collerette rousse ou brun-rous- sàtre, à six ou sept rayons; péridium sessile , glabre, de cou- leur beaucoup plus pâle; orifice un peu cilié ou denté. Cette espèce croît dans les bois de sapins : c'est une des plus grandes du genre. Lorsque sa collerette est étalée , elle a jusqu'à quatre pouces et demi de diamètre. Il en existe une variété beaucoup plus petite , figurée par Schmidel (pi. 5o,fig. 1 — 5). 11 paroit que la figure 4 , de la planche 100 de Fouvrage de Micheli , se rapporte à la grande variété. Ce géastrum seroit pourvu d'une enveloppe ou d un ré- seau entre la collerette et le péridium, selon M. Desvaux, qui ne veut pas que cette espèce soit le Ijcoperdon siellatum , Bull. , pi. 47 1 , fig. L, ainsi que l'a cru I\I. De Candolle. Cette dernière plante est dépourvue du réseau ci-desi>us : c'est le géastrum castaneum , Desv. §. 2. Péridium slipiié ; orifice plissé ou pectine. — Plecostoma , Desv. Géastrum couronné : Geaslrum coronatum, var. A, Pers., Sjn. fung. , 162; Schmid., le, pi. 46. Collerette à sept et huit rayons brunâtres, granuleux en dehors; péridium globuleux, stipité, à disque plane, ouverture alongée en cône. Cette espèce croît en Italie, en Allemagne, et probable- ^«G GEA ment en France. Elle atteint plus de cinq pouces de dia- mètre. Elle est de couleur brune ou de bistre. Géastrusi nain : Geastrum nanum, Pers. , Journ. bot., 2, P^b- 27, pi. 2, fig. 3; Geastrum striatum , Decand., FI. fr. , n. 718; Lj'coperdon stellatum , var. B, Woodw. : Geastrum coronatum , B, Pers., Sjn.fung., i52 ; V esse-de-loup en voûte, colletée? Paul., Champ. , 2 , p. 448 , pi. 202 , fig. 4. Collerette de six à huit rayons, d'un gris brun: péridium sphériquc , stipité, bord de l'orifice alongé en cône pointu, strié, garni de cils alonges. Cette espèce, la plus petite du genre, n'a qu'un pouee et demi de diamètre lorsqu'elle est étalée. Elle croit sur la terre dans les lieux secs. On la rencontre assez fréquemment à Fontainebleau. Geastrum multifide ou pectine : Geastrum pectinatum , Pers., Sjnops. fung., p. i32; Journ. bot., 2, p. 27, pi. 2, fig. 4 ; Schmid., Icon. , tab. 57, fig. 11 à 14 ; Lycoperdon forni- catum, Bryaut, Ilist. ace. lycoperdon, fig. 12, i3, i4, 16, 27 ; Geastrum multifidum? Decand., FI. fr. , n.'' 717. Collerette h sept ou huit rayons multifides, concaves et bruns; péri- dium sphérique, de couleur de bistre, atténué à ses deux pôles, plissé, ponctué et porté sur un stipe le plus souvent sillonné; orifice alongé en cône, frangé ou cilié sur le bord. Cette espèce croît dans les bois de sapins. Elle a près de deux pouces dans son plus grand développement.. Geastrum quadrifide: Geastrum quadrijidum , Pers., Synops. fung., i33; Schseff., Fung., tab. a85; Schmid., Icon., tab. 07 , fig. 1 ; Vesse-de-loup à tête et à pilier, Paul., Champ. , 1 , p. 55o; Vesse-de-loup à route et à pilier, Paul., /. c, 2, p. 448, pi. 202 , fig. 5 et 6. Collerette à quatre découpures , se divisant en deux membranes; l'inférieure irrégulière, concave, appli- quée sur la terre ; Pautre , plus régulière , soulevant un péri- dium stipité, globuleux, brunâtre, terminé par un orifice arrondi, proéminent, cilié ou frangé. Cette espèce très-singulière croit dans les bois de sapins. Il paroît que c'est elle, si toutefois on ne confond pas plu- sieurs espèces en une seule , qui est le Geasteroides de Battara. (Voyez ce mot.) M. Persoon rapporte à cette espèce le Ijcoperdon fenestra- GEB ^G7 lum de Bafsch, et il en écarte le lycoperdon fornicatum Huds. , ^Voodw., SchfefT. , qu'il y avoit d'abord rapporté. Selon Paulet, cette plante est la même que celle que Seger a fait connoitre le premier dans les Mémoires des curieux de la nature, mais sous un nom et avec une figure capables d en donner une idée peu juste, ayant fait représenter, sous le titre de Fungus anLhropomorphos , un groupe de ces plantes qui , comme des hommes, semblent se tenir par la main, ont des hn:s, des cuisses, des jambes, et jusqu'aux traits de la figure Jiumaine. Dans vin autre endroit du même ouvrage on le trouve sous le titre de Champignon représentant l'agneau pascal , etc. La figure qu'en a donnée Seger, en représente plusieurs qui avoient pris naissance l'un à côté de l'autre; mais l'ima- gination en a détruit toute la véi-ité. Dans les figures bizarres de Seger le péridium forme la tête , son stipe le col , les quatre découpures de la membrane supérieure représentent les bras et les épaules , et les quatre sections de la membrane inférieure les hanches et les cuisses. L'imagination du dessi- nateur ou de Fauteur a ajouté, à une de ces figures^ un nez, une bouche et des yeux. (LiiM.) GEATCHEIER (Ôrnlth.) , nom de l'alouette chez les Ko- riaques. ( Ch. D.) GEAU. {Ornith.) Voyez Gal. (Ch. D.) GEBEL HENDY. {Bot.) Ce nom arabe est celui du dalisca cannabina, dont les graines sont employées dans l'Egypte comme émétiques. (J.) GEBETIBOBOCA. (Bot.), nom caraïbe d'un angrec, epi- dcndriim sccundum, tiré de Iherbier de Surian. (J. ) GÉBIÉE ; Gebia, Leach. [Crust.) Les crustacés que M. I-each a réunis sous ce nom de genre, appartiennent aux Décapodes à longue queue ou Macroures (voyez ces mots) , et ne diffèrent des écrevisses qu'en ce que le pédoncule de? antennes latérales n'a point de saillies en forme d'écailles ou d'épines, et que la lame des appendices natatoires du bout de la queue n'est que d'une seule pièce ; et ils se distin- guent des Talessines par la forme presque triangulaire, et non linéaire, des feuillets du bout de la queue. On ne connoît encore avec certitude que deux espèces de gcbiées, et toutes deux habitent nos mers. ^Go GEB La Gébiée ÉïOiLÉE {Gehia stcllata, Leach ; Thalassyma litto- ralis , Risso ) a un peu moins de deux pouces de longueur ; ses pinces sont velues et garnies d'une forte arête en -dessus; les dentelures des doigls sont peu sensibles. Sa couleur est d'un vert sale luisant, et le corselet uni et rougeàtre. L'organisation de ce crustacé lui donne des habitudes par- ticulières, comme le rapporte M. Risso. U se tapisse pendant le jour dans des trous qu'il se creuse sur le rivage , et il n'en sort que la nuit pour chercher sa nourriture. Aussitôt qu'on s'approche, il s'élance à l'eau et nage par élaiis , au moyen de sa queue, qu'il détend avec force, après l'avoir repliée sous son abdomen. Cet animal se nourrit de néréides et d'aré- nicoles, et il est très -recherché par les pêcheurs comme appât. En Juin et Juillet, la femelle est pleine d'œufs , qui sont verdàtres. La Gébiée delture ; Cebia deltura, Leach , Malac. Brit. , t. 5 i , fig. 9 et lo. Corps long de deux'pouces, blanchâtre, lavé de rouge clair en quelques parties. Pince des serres unie, avec des poils disposés en lignes en -dessus et en -dessous. Dents assez fortes au côté interne des doigts. 'Pouce tubercule. Deux côtes sur la pièce du milieu de la nageoire caudale, réunies à leur base par une ligne élevée. Œufs rougeàtres. M. Risso parle encore d'un thalassine rouge-carmin, avec l'abdomen d'un blanc nacré ; mais il ne le regarde que comme une variété de son riverain. GEBOSCON. {Bot.) Un des noms grecs anciens de Pail , cité par Ruellius , avec celui d'claplioboscon, mentionné pré- cédemment pour quelques plantes ombellifères. (J. ) GÉCARCIN; Gecarcinus , Leach. (Crust.) Genre séparé de la nombreuse famille des Crabes par M. Leach , et qui a pour caractères : le test en forme de cœur , largement tron- qué en arrière; les pieds- mâchoires extérieurs écartés l'un de l'autre , et la deuxième paire des pieds plus courte que les suivantes. Les gécarcins sont des crustacés de l'Amérique méridio- nale , dont plusieurs voyageurs ont beaucoup parlé à cause de leurs singulières mœurs. M. Latreille ( Règne animal , par M. G. Cuvier ) dit en deux mots ce que ces animaux, sous ce rapport, offrent de plus vraisemblable. Ils passent, GEC =f^9 dit-il, la plus grande partie de leur vie à terre, se cachani dans des trous et ne sortant que le soir. Il y en a qui se tiennent dans les cimetières. Une fois par année, lorsqu'ils veulent faire leur ponte, ils se rassemblent en bandes nom- breuses, et suivent la direction la plus courte jusqu'à la mer, sans s'embarrasser des obstacles. Après la ponte ils reviennent très-alfoiblis. On dit qu'ils bouchent leur terrier pendant la mue ; lorsqu'ils l'ont subie et qu'ils sont encore mous, on les appelle boursières, et on estime beaucoup leur chair, qui cependant est quelquefois empoisonnée. On attribue cette qualité au fruit du mancenillier. Le Gécarcin tourlourou : Gecarcinus rulicola; Cancer ru- iicola, Linn., Herbst, Cane, tab. 5 , fig. 36, et tab. 20, fig. 116. Test d'un rouge de sang foncé; impression dorsale en forme de H, se prolongeant jusque près des yeux; carpe denté au côté interne ; les tarses ayant six arêtes. Le Gécarcin bourreau : Gecarcinus carnifex; Cancer carni- fc'x , Herbst, tab. 41 , fig. 1. Test jaunâtre ou coupé de lignes purpurines, l'impression dorsale ne se prolongeant pas jusque près des yeux; carpe ayant une petite dent au côté interne, et les tarses quatre arêtes. M. Latreille indique encore deux gécarcins, le fouisseur et le guanhumi. GÉCARCIN. [Foss.) On voit dans le cabinet Je la Monnoie et dans la collection de M. de Drée des débris fossiles d'une espèce de ce genre, à laquelle M. Desmarest a donné le nom de gécarcin-trois-épines , gecarcinus trispinosus. Ce fossile est de la couleur et de la grosseur d'une châ- taigne. Sa forme, en coeur, est tronquée postérieurement; le bord antérieur n'est point tranchant : on aperçoit latérale- ment une petite fossette où l'œil, qui sans doute étoit pé- doncule, devoit être logé dans le repos. La carapace est lé- gèrement chagrinée, et présente des lignes qui désignent ses différentes régions ; les angles latéraux et antérieurs sont mousses, légèrement renflés, séparés de la région de l'esto- mac par une ligne sinueuse. On y voit trois épines, dont la plus forte est celle du milieu. La queue des mâles est fort étroite et composée de six pièces. Le plastron est divisé en cinq parties, et creusé d'un ^7o GEC sillon très-étroit et très-profond pour recevoir la queue. Les trois pièces antérieures du plastron sont les plus grandes, la première surtout. La dernière pièce de la pince est renflée, et porte quelques tubercules au côté extérieur. On remarque sur cette pièce une épijie à la partie antérieure de l'articu- lation qui Tunit avec la pi'écédente. On ignore où ces fossiles ont été trouvés. (D. F.) GECEID. {Oniith.) Ce nom désigne, dans Gesner, l'a- louette cochevis, alauda cristata , Linn. (Ch. D. ) GECKO (Erpélol.) : Gecko, Daudin ; Stellio , Schneider.; Ascalaboles , Cuvier. On a donné ce nom à un genre de rep- tiles sauriens de la famille des eumérodes, lequel renferme lin grand nombre d'espèces répandues dans les pa3S chauds des deux Continens. Leur conformation singulière, leur air triste et lourd , leur ressemblance avec les crapauds et les salamandres, les ont fait haïr et redouter, et ne permettent point aux naturalistes de les confondre avec les sauriens des autres genres de la famille des eumérodes. Les geckos ont un caractère distinctif qui les rapproche un peu des anolis : leurs doigts sont élargis sur toute leur lon- gueur, ou au moins à leur extrémité, et garnis en -dessous d'écaillés ou de replis de la peau très-réguliers; ces doigts sont d'ailleurs presque égaux. Ces reptiles n'offrent point la forme élancée des lézards, forme que nous retrouvons dans les anolis ; ils sont recon- noissables aux caractères génériques suivans : Tête très-aplatie; corps déprimé; peau chagrinée en-dessus de très -petites écailles grenues, parmi lesquelles sont souvent des tubercules plus gros , et couverte en-dessous d'écaillés un peu moins petites , plates et imbriquées ; langue épaisse , charnue, non extensible; jeux grands, à pupille très-variable suivant l'intensité de la lumière; tympan un peu renfoncé; mâchoires garnies tout autour d'une rangée de très -petites dents serrées; paupières très- courtes; quelquefois des pores aux cuisses ; queue garnie de plis circulaires; ongles rélractiles aux quatre pieds , et conservant, comme ceux des chats, leur tranchant et leur pointe; marche lourde et rampante. On trouve les geckos dans l'Amérique méridionale, en Afrique et aux Indes. Les naturalistes les ont partagés en GEC 271 plusieurs familles , cl M. Cuvier les a dernièrement divisés en Plaljdactjles , en Hémidactjles, en Thécadactjles, en P/jo- dactjles et en Phjllurcs. Nous allons successivement examiner les principales espèces de ce genre, en les rapportant à des groupes distincts. §. I." Geckos manquant d'ongles aux pouces seulement, et de pores au-dei'ant de l'anus et aux cuisses; dessous des doigts garni d'écaillés transversales , partagées par un sillon longitu- dinal profond où l'ongle peut se cacher entièrement ; doigts élargis sur toute leur longueur. ( Thécadactyles, Cuvier.) Le Gecko lisse: Gecho lœvis , Daudin ; Stellio perfoliatus , Schneider; Lacerta rapicauda, Gmelin. La peau est couverte partout d'une multitude de très-petites écailles, qui la ren- dent lisse et comme satinée , et qui sont un peu plus distinctes et comme arrondies sous le ventre et sous la queue ; celle-ci est légèrement conique et presque égale à la longueur du corps de Tanimal , qui est ordinairement de huit à dix pouces. Le corps est trapu ; les membres sont gros et courts, et munis chacun de cinq larges doigts à peine demi-palmés à leur base, arrondis et munis en -dessus d'un ongle très- court, saillant et recouvert par de petites écailles, en sorte que chaque extrémité des doigts a trois côtés, et ressemble même, en petit, à une capsule de tulipe, dit Daudin. Ce gecko est gris, marbré de brun en -dessus; sa queue, naturellement longue et entourée de plis, comme à l'ordi- naire, se casse très- aisément et repousse alors, en prenant la forme d'une petite rave. Ce sont ces monstruosités acciden- telles qui lui ont fait donner par plusieurs naturalistes mo- dernes le nom de gecko rapicauda. 11 habite Surinam et les Antilles , oij il paroit être désigné , aussi bien qu'une espèce de scinque , sous le nom caraïbe de mabouia. Le Gecko de Surinam ; Gecko surinamcnsis , Daudin. La peau de cette espèce est comme chagrinée et entièrement cou- verte d'écaillcs uniformes, d'un très-petit volume, et un peu plus grandes sous la queue et le ventre. Il n'y a aucun tu- bercule sur le corps, et la queue, longue et cylindrique, est dépourvue de verticilles. La forme de ce saurien est asses élancée ; il a le corps 272 GEC svelte et moins large que la tête, qui est elle-même assez alongée. Tous les membres sont amincis; chaque pied est muni de cinq doigts. La teinte générale est d'un cendré pâle; toute la partie supérieure du corps est marquée de petites gouttelettes bru- nâtres et comme effacées. Derrière chaque œil est une bande étroite d'un jaune pâle , bordée des deux côtés d'un trait brun un peu effacé. Cette bande se prolonge au-dessus des bras sur les flancs, et s'efface insensiblement au-delà des cuisses. Le ventre est blanchâtre. La queue a quelques bandes brunes en-dessus, avec une très- large raie de la même teinte sur son milieu. Le gecko de Surinam a été rapporté de la colonie de ce nom par le voyageur Levaillant ; on en doit la première description à feu Daudin. Suivant M. Cuvier , le geclo squalidus d'Hermann doit ap- partenir à cette même division. §. II. Geckos à doigts élargis sur louLe leur longueur , garnis en- dessous d'écaillés transversales , et pri't'és d^ ongles au nombre de trois sur cinq au moins- pas de pores aux cuisses le plus souvent. (Platvdactyles, Cuvier.) Le Gecko sans ongles; Geclco inunguis , Cuvier. Peau cou- verte de tubercules; pas de pores aux cuisses: dos violet ; ventre blanc ; une ligne noire sur les flancs. Pas d'ongles du tout ; pouces très-petits. De l'Isle-de-France. Le Gecko ocellé; Geclo ocellalus , Oppel. Peau couverte de tubercules; pas d'ongles; pas de pores aux cuisses; pouces très-petits. Teinte générale grise; des taches œillées brunes, à milieu blanc. De PIsle-de-France. Le Gecko cépédien ; Geclco cepedianus, Pérou. Teinte géné- rale aurore, marbrée de bleu; une ligne blanche le long de chaque flanc : des pores aux cuisses ; pas d'ongles ; pouces très-petits. ^ De l'Isle-de-France. Ces trois espèces sont figurées à la 5." planche de l'ouvrage de M. Cuvier sur le Règne animal. GEC 273 LeCElTJE; Lacerta geitje, Spaririann. Queue courte, lan- c^^olée, fort pointue, presque aussi épaisse dans son milieu que le corps de l'animal, qui est sans écailles, tacheté de noir en-dessus et blanc en-dessous, avec douze ou qua- torze papilles sur le bord de la mâchoire inférieure; cinq doigts à chaque pied; des pores aux cuisses; pas d'ongles du tout. Ce gecko habite le cap de Bonne -Espérance , où on le regarde comme tiès-veninieux. On y assure en clTet que sa morsure produit une sorte de lèpre terrible qui se termine presque toujours par la mort, et que les effets ne s'en mani- festent qu'au bout d'un an ou de six mois au plus tôt. Néan- moins, dit Sparmann, dans son Voyage au cap de Bonne- Espérance , quoiqu'on voie fréquemment cet animal au prin- temps près de Gorée-rivcr et en d'autres lieux, on n'entend point parler souvent de maladies causées par sa blessure. Les habitans assurèrent au voyageur suédois que, près de Sitsikamma, l'animal se nichoit ordinairement dans les co- quilles vides de la bulla achatina. La queue de ce reptile se détache et tombe au moindre choc. Ses mouvemens sont lents. Le Gecko des siuratlles : Gecko fascicularis , Daudin ; le Gechote , Lacépède; Lacertus facetaniis , Aldrovandi ; Lacerta mauiilanica et Lacerta turcica , Gmelin ; Gecko muricatus , Laurenti. Pas d'ongles aux pouces, aux deuxièmes et aux cin- quièmes doigts de tous les pieds ; point de pores aux cuisses; tête rude; tout le dessus du corps semé de tubercules poin- tus , formés chacun de trois ou quatre tubercules squami- formes, plus petits et rapprochés ; queue courte , C}liiidrique; un pli longitudinal au bas des lianes, sur les côtés du ventre; les écailles du ventre, de la gorge, du dessous de la queue, petites, pentagonales et légèrement imbriquées ; anus trans- versal et précédé par une rangée de quarante- cinq grains poreux : teinte générale d'un gris cendré, avec \ts doigts et les écailles fasciculées brunâtres. Taille de quatre à cinq pouces. Cet animal hideux , qui se cache dans les trous des mu- railles et les tas de pierres, se recouvrant le corps de pous- sière et dordurcs, habite tout autour de Ja mer Méditerranée , 18. iB ^n GEC et jusqu'en Provence e( en Languedoc, où il est commun - dit Olivier, et où il porte le nom de Tarente , nom qui a é'.é aussi donné au stelHon et à un lézard vert, et qui se rap- proche de celui de tcrrenloln, par lequel les Italiens le dé- signent. Le gecko des murailles recherche la chaleur et fuit les lieux bas et humides; aussi le trouve-t-on fréquemment sous les toits des masures et des vieilles maisons, où il passe l'hiver sans cependant tomber dans un é(at d'(Migourdissement complet. Dès les premiers jours du printemps il sort de sa retraite et va se réchauffer au soleil; mais au moindre bruit ou lorsqu'il va pleuvoir il rentre dans son trou. Cet animal, assez agile, se nourrit d'insectes, et se criim- ponne facilement aux mti railles à l'aide de ses ongles cro- chus et des écailles qui gariussent le dessous de ses doigts ; aussi le voit-on quelque'bis marcher dans une position ren- versée le long des plafonds des appartemens, ou demeurer long-temps immobile sous les voûtes des églises, ainsi que l'a observé Olivier. On a dit, mais à tort, qu'il éloit veni- meux. Il ne jette aucun cri. §. III, Gechos à doigts élargis sur toute leur longueur, garnis en-dessous d'écaillés transversales ; pouces seulement privés d'on- gles; une rangée de pores au-devant de l'anus. Le Gecko a gouttelettes: Gecko guttatus , Daud. Des tuber- cules arrondis et peu saillans sont répandus sur le dessus du corps, dont la teinte rousse est semée de taches rondes et blanches. Le dessous de la queue, qui est courte , arrondie , pointue et munie à sa base de six larges anneaux, est garni d'écaillés carrées et imbriquées; il est d'ailleurs, comme le ventre , d'un blanc jaunâtre sans aucune tache. Taille de huit à neuf pouces, La couleur des taches est sujette à varier dnns cette espèce: quelques individus les ont d'un bleu clair; chez d'autres elles sont jaunâtres. Ce gecko existe dans tout l'Archipel des Indes. Seba, qui l'a figuré dans le tome J." de son grand ouvrage, et qui lui a consacré la planche CVIII, le fait venir de Ceilan , et dit que c'est à lui particulièrement que l'on donne le nom de GEC ^75 gecko par onomatopée, à cause de son cri; mais, bien au- paravant, Bontius en avoit dit autant d'une espèce de Java. Le Gr.CKO a bandes blanches : Gecko vittatus , Houttuyn , Daudin; Lacerta vittata, Gmelin ; Lacerta unistriata , Shaw. Tête ua peu aplatie, large vers les tempes; museau arrondi et déprimé; yeux ronds, assez grands, peu bombés; une ranaée de petites plaques carrées autour des mâchoires; une multitude de très- petites écailles rondes , bombées , comme tuberculeuses, de dea,K grosseurs diftérentes , irrégulière- ment disposées entre elles , recouvrant tout le dessous de ranimai , de ses membres , de sa queue , ses côtés , sa gorge ; queue mince, arrondie, formée de trente -deux à trente- quatre anneaux, dont les écailles sont petites, nombreuses et disposées sur plusieurs rangées transversales; deux ou trois grains arrondis derrière chaque coin de l'ouverture de l'anusj membres amincis, un peu alongés , munis chacun de cinq; doigts, armés, à l'exception du pouce, d'ongles crochus, places sur la dernière phalange et la dépassant à peine. Ce gecko est roussàtre en-dessus et blanchâtre en-dessous, on voit sur son dos une bande longitudinale blanche, large de deux lignes, laquelle se bifurque sur la tête et sur la ra- cine de la queue : cette dernière partie est anneiée de blanc. Ce reptile habite plusieurs des de l'Océan indien , Java et Sumatra eu particulier. A Amboine il se tient sur l'arbre nommé pandang de rivage , et voilà ce qui l'a fait appeler lui-même lézard de pandang dans ce dernier pays. C'est à la division des geckos comprenant le lézard de pan- dang dont nous parlons, que M. Cuvier rapporte Vanolis sputateur de Daudin. Voyez l'article Anolis dans le Supplé- laent du second volume de ce Dictionnaire. Nous y avons donné quelques détails sur cet animal remarquable. §. IV. Geckos ajant la hase des doigts garnie d'un disque ovale , formé en-dessous par un double rang d'écaillés en chei>ron ; cinq ongles à tous les pieds; une rangée de pores de chaque côté de L'anus ; le dessous de la queue revêtu de Larges plaques. ( Hémidactyles , Cuvier. ) Le Gecko a tubercules TRtÈDRES ; Gecko triedrus , Daudin, Dix-huit rangées lono:itudiuales de tubercules trièdres et py- ^76 GEC rainitlaux sur le clos et les flancs; six rangées semblables sur- la base de la queue, et quatre seulement sur le reste de cette partie; peau couverte d'ccaillcs hexagonales, plus marquées sous le ventre qu'ailleurs ; cinquante plaques trans- versales, lisses, étroites sous la queue; sous chaque cuisse une rangée longitudinale de huit écailles, marquées dans leur centre d'un pore roux, oblong et un peu saillant; teinte générale d'un jaune pâle un peu sale; une tache brune ob- longyie, entre deux taches blancijàtres alongéts , derrière chaque œil; une multitude de petits points noirâtres sur le dos, avec qiîclques nuages bruns qui s''étendent sur l'orci- put; des taches arrondies et blanchâtres sur les flancs; pieds courts; doigts séparés, alongés. Taille de sept à huit pouces. On ne sait dans quel pays vit ce saurien , que Daudin a décrit le premier, et qui paroit être le même animal que le slellio mauritanicus de Schneider. Le stellio p'.cifjurus du même auteur en est aussi fort voisin. Le ToKAiE; GecJco tiiberculosus , Daudin. Tout le dessus du corps couvert d'écaillés infiniment nombreuses , très-petites . et parsemées de tubercules épars , assez rapprochés , gros , ajToudis et pointus, mais sans facettes, comme dans l'espèce précédente ; une rangée de pores sous chaque cuisse : couleur générale d'un brun clair, avec quelques taches d'une teinte marron, disposées deux à deux , sur le dos et d'une forme irrégulière ; un trait brun derrière chaque œil. Taille d'un pied. Ce gecko habite Siam, et est appelé loltaie par les Malais, à cause du cri qu'il fait entendre et que ce mot semble re- présenter^ Ferraidt en avoit parlé, long-temps avant Daudin, dans ses Mémoires sur le& animaux, 5." partie, pi. 67. Le Gecko a yuEUE épineuse : Gecho spinicauda , Daudin : Gecko actileatus , Houttuyn. Tête large, aplatie; museau ar- rondi; dos, dessous de la tête et dessous de la queue couverts d'un nombre infini de très-petites écailles rondes, parmi les- quelles on en voit quelques-unes un peu plus grosses et éparses sur le dos, tandis qu'on aperçoit des épines sur la base de la queue ; dessous du corps et des membres revêtu d'écaillés arrondies ou rhomboïdales, imbriquées, lisses et disposées sur des lignes obliques , comme réticulées entre GEC 277 elles; une rangée de pores sous cliaque cuisse; queue arron- die , presque aussi longue que le corps, munie à sa base de trois larges anneaux; cuisses assez grosses; bras et jambes amincis; ventre volumineux: feinte générale d'un gris cen- dré sale en-dessus, d'un gris jaunâtre en-dessous ; des teintes rembrunies sur le dos : ongles petits, apparens et crochus. Taille de six à huit pouces. Daudin rapporte provisoirement à cette espèce le gecko Acnimeux des Indes, dont parlent Bontius et Valentin , et dont les habitans de Java se servent pour empoisonner leurs iièches. Le premier de ces observateurs écrit que la morsure de ce hideux reptile est tellement dangereuse que, si la partie affectée n'est point retranchée ou brûlée, on meurt en peu d'heures. Son urine, dit-il aussi, est un poison des plus corrosifs; son sang, et sa salive, jaune et épaisse, sont regardés de même comme des venins mortels. M. Cuvier place encore dans cette division , sous le nom de Gecko de Ja\"a, un reptile qui ne paroît différer du tokaie que parce qu'il est plus lisse, et qui, selon Bontius, a été ijommé gecko, par imitation de son cri. Il habite autour de Batavia dans des lieux iiumides ou de vieux troncs d'arbres, et pénétre dans les maisons, où on l'a en horreur, parce qu'on le croit venimeux. ^. V. Gcchos ayant les bouts des doigts seulement dilatés en plaques, dont le dessous est strié en éventail; les ongles placés dans une fissure pratiquée au milieu de cette plaque , fort cro- chus et ne manquant à aucun doigt. (PrYODACrYLEs , Cuvier.) Le Gecko des maisons : Gecko lobatus , Geoffroy Saint-Hi- laire ; Gecko teres , Laurent! ; Lacerta gecko , Hasselquist, Lin- naeus, Gmelin; Stellio Hasselquistii, Schneider; Gecko perlatus , Houttuyn. Corps déprimé, large et trapu, lisse, d'un gris roussàtre piqueté de brun; écailles et tubercules très-petits; doigts libres; queue ronde; anus transversal, avec trois petits tubercules à chaque coin; une rangée de grains poreux sous les cuisses. Taille d'un pied au plus. Cette espèce est commune dans les lieux humides et som- bres des maisons des divers pays qui bordent la mer Médi- terranée au midi et à l'orient, en Egypte, en Arabie, en 27» gp:c Syrie, en Barbarie, d'où elle s'est ensuite répandue dans diverses contrées de l'Europe méridionale. Au Caire on nomme le gecko des maisons abou burs (père de la lèpre), parce qu'on prétend qu'il donne ce mal\en empoisonnant avec ses pieds les alimens et surfout les salaisons, qu'il aime beaucoup. Quand il marche sur la peau , il y fait naître des ï-ougeurs , mais peut-être seulement à cause de l'acuité de ses ongles, dit M. Cuvicr. Sa voix ressemble au coassement àes grenouilles. Son cri peut être, dit-on, rendu parles syllabes gcc-ko. Linnaeus le compare à la strideur d'une belette. Les anciens auteurs, en parlant de ce reptile, ont du reste attaché trop d'importance aux fables que débitent les Levan- tins sur son compte : Bontius, par exemple, a eu tort de dire que le gecko peut imprimer ses dents sur les corps durs, même sur l'acier ; il ne les a même point assez fortes pour percer la peau. Ce n'est ni par sa morsure , ni par sa salive, ni par son urine , que cet animal est nuisible. Hasselquisî, a remarqué que le venin est exhalé par les lobules des doigts. Cet au- teur, en lySo, a vu au Caire deux femmes et une fille qui furent sur le point de mourir ponr avoir mangé du fromage sur lequel cet animal avoit marché. Une autre fois il vit la main d'un homme qui avoit voulu saisir un gecko, se cou- vrir à l'instant de pustules rouges, enflammées et accompa- gnées d'une démangeaison pareille à ceLe que cause la pi- qûre de l'ortie. On assure que les chats poursuivent le gecko et s'en nour- rissent. Oa l'écarté des cuisines en Fgyp'e en y conservant beaucoup d'ail. Lui-même se nourrit d'insectes. Ses œufs ont le volume d'une noisette. Le Gecko porphyre; Gecko porphyreus ^ Daudin. Petit et svelte, d'un roux brun marbré en-dessus, et parsemé d'une certaine quantité de très- petites taches rondes, pâles et éparses sur les flancs, le dos et les membres, d'un blanc roussàtre en -dessous. Ce gecko habite diverses parties de l'Amérique méridionale , principalenicnt l'ile de Saint-Do- mingue. Daudin , qui l'a décrit le premier, la confondu à tort avec GEE =79 le m«tqra des Antilles , dont Le Romain parle à rartlcle Lézard de rEricvclopédie de Diderot. M. CnVier rapporte à sa section des ptyodactyles quelques j * A/r niiTTiPril a fait un genre sous le nom saunens dont M. Uumerii a. lan t> d'UROPLATE. (Voyez ce mot.) Les Phvlllres sont des geckos qui n ont point les doigts élargis. (H. C.) GECKOIDE, Geckoides. {Erpétol.) Dans son \ oyage aux -terres australes (tom. i , pag. 4o5), Péron propose l'établis- sèment d'un genre de ce nom dans la famille des reptiles sauriens. Il y place , comme type, \c gecko platuru.^ de Shaw , que Ton trouve dans les marais des environs du port Jackson. Les caractères qu'il assigne à ce nouveau genre, sont les sui- vans : Doigts grêles, alongés , très-comprimés latéralement et dépour- vus des folioles qui caractérisent les geckos; queue lancéolée. Le geckoide de Pérou a le corps très-plat, la tête fort grosse, les yeux saillans , la pupille linéaire et verticale. Il se nourrit d'insectes aquatiques. Sa queue se détache avec la plus grande facilité et pour peu qu'on y touche. Voyez Gecko. (H. C.) GECROTE ( Erpétol.), nom d'une espèce de gecko du sous- genre des platydactjles. (H. C.) GECKOTIENS. {Erpétol.) M. Cuvier a établi sous ce nom une famille de reptiles sauriens. Elle est formée par le seul genre Gecko. Voyez ce mot. (H. C.) GEDEMALCHER. {Ornitli.) C'est, en norwégien, l'engou- levent, capriu.ulgus europœus , Linn. , qu'on appelle en alle- mand Geissmelker. ( Ch. D.) GEDWAR. (Bot.) La zédoaire est ainsi nommée par Clu- sius. Il dit encore ailleurs que c'est le geiduar apporté de la Chine dans l'Inde. (J.) . GEECKA. {Ornith.), nom que porte, en Laponie , le coucou, cuculus canorus, Linn. (Ch. D.) GEELGORDST {Ornith.), terme qui , suivant Aldrovande, désigne le bruant commun, em h eriza ciirinella , Linn. (Ch. D.) GEELICHEN, GEELŒRCHEN {Bot.) -. noms de la chan- terelle , champignon du genre Uerulius , à Meissen, en Saxe, et en Prusse. (Lem.) 28o GEE GEERIA. (Bot.) Nccker substitue ce nom à celui de enourea , donné par Anblet à un de ses genres qui paroit appartenir à la famille des sapindées, et dont aucune raison ne peut motiver le changement de dénomination. (J.) GEERING-LANDA. (Bot.) La plante légumineuse qui porte ce nom à Sumatra, paroît être un cniquier, guilan- dina, dont les graines nommées geering ( c'est- cà- dire petits grelots) font du bruit dans leur cosse. L'expression landa, cz CCS Tïiots). Il diF^re des premiers jiar les anlciines, les \enx et les proporlic ps rela- tives des pieds; des seconds, p.irie troisième article des ;;irds- inàchoiri^ extérieurs, et des iroisièuies, parla forme du test. En ellet, les gélasimcs ont le test en forme de trapèze, les pieds-mâchoires extérieurs rapprochés l'un de l'autre, et leur troisième article k l'extrémité latérale et supérieure de celui qui le précède. Les quatre antennes sont découvertes et distinctes, les latérales cétacées. Les yeux sont situés à rexfrémifé d'un pédicule grêle, prolongé jusqu'aux angles extérieurs du test , et reçu dans une fossette longue et linéaire. Les pieds diminuant graduellement de longueur, à partir de la seconde paire; mais un des caractères les plus remarquables des gélasimes est la grandeur dispropor- tionnée d'une de leurs serres, l'autre restant ordinairement très- petite. Ces crustacés habitent près des rivages et les pays chauds. On en counoit surtout trois espèces. La Gélasime maracoaM ; Gelasirna marucoani , Herbst , Cane, tab. i , fig. i. Test chagriné, deux dépressions linéaires dans le sens de la longueur du test ; corps jaune rcugeàtre. Il se trouve à Cayenne et au Brésil. La GitLAsn'E combattante; Gelasirna pu gilator ; Ocypocle pu- gilator, Bosc. Test uni, ponctué, fond gris, une tache vio- lette en avant, et en arrière des lignes noires disposées paral- lèlement. Cette espère se forme, en très-grand nombre, des terriers, qui sont cylindriques et très- profonds, l.cs mâles se distinguent des femelles par des couleurs plus .'ortes, une taille moindre, et une queiie triangulaire. Les femelles portent des œufs dès le mois de Février. Pendant l'hiver vette gélasiu.e reste engourdie au fond de ses terriers. Elle se trouve dans la Caroline. La Gélasime appelante; Gelasirna vocans ; Cancer vocans , Degéer, Ins., t. 7, p./|5o, pi. 26, fig. i2. Test uni avec son bord antérieur terminé en pointe ; corps jaune pâle, ponctué de roux. M. Bosc a vu, dans la Car(;Iine , cette espèce se jeter en foule sur les charognes pour les dévorer. Le nom de vocans lui a été donné parce qu'on la voit souvent élever sa grosse pince, comme pour avertir, pour appeler. 288 GEL GELASON. {Bot.) C'est, suivant Adanson, le nom celtique du diotis maritima, Desf. (H. Cass.) GELATINA. (Bot.) Genre proposé par M. Rafinesque- Schmaltz pour placer quelques champignons d'une substance gélatineuse , sans forme déterminée, naissant sur le bois, et qui se trouvent dans plusieurs parties de l'Airlérique septen- trionale. M. Ralinesque en désigne plusieurs espèces sous les noms de fatidissima , Iiitea, ruhra , alha. (Lem.) GELATINARIA. {Bot.) Roussel, dans sa Flore du Calva- dos, établit sous ce nom un genre de plantes cryptogames de la famille des algues , qui a pour type le conferva çela- tinosa , Linn. C'est le même que celui appelé par les bota- nistes batrachospermum. (Lem.) GÉLATINE. {Chim.) Substance formée de Oxigènc. . . . 2-, 207 Azote 16,998 Carbone. .. 47:881 Hydrogène.. 7?9i4' ( Gay-Lussac et Thenard.) ProprieLcs ph ysiques. Elle est solide , plus dense que Teau , sans couleur, inodore , insipide. Propriétés chimiques. a) Cas où la gélatine agit par attraction résultante. Exposée dans une atmosphère humide , elle absorbe un peu d'eau. A froid, elle ne se dissout pas ou que très-peu dans l'eau , si ses particules sont très- cohérentes ; à 100 degrés elle s'y dissout bien. Lorsque cette solution est assez concentrée , elle se prend en gelée parle refroidissement; c'est de là que lui vient le nom de gélatine. Cette propriété est due , sans doute, à ce que , la gélatine étant beaucoup plus soluble à chaud qu'à froid, par le re- froidissement elle se sépare en grande partie de l'eau à l'état solide ; mais cette matière solide est si divisée qu'elle enveloppe entre ses particules l'eau ' qui la tenoit en disso- 1 Cette eau contient la gélatine qu'elle est susceptible de dissoudre à froid. GEL 2«9 lution , et sa force de cohésion est si foible que le liquide y reste interposé. La solution aqueuse de gélatine n'a aucune action sur les couleurs végétales •• si la solution de colle de poisson rougit le tournesol, et si celle de colle forte agit comme un alcali sur l'hématine , cela dépend de substances étrangères à la gélatine. Les acides et les alcalis, qui sont assez étendus d'eau pour ne pas changer la composition de la gélatine, ne la précipi- tent pas de sa dissolution. Un assez grand nombre de sels la précipitent , notamment ceux qui ont une saveur très-astringente, comme Thydro- chlorate d'iridium', le nitrate de mercure^. Ces précipités sont formés de gélatine, de la base du sel, et certainement aussi de l'acide qui étoit uni à cette dernière-, mais nous ignorons si l'acide est à la base dans le même rapport que dans le sel. M. Mérimée a observé que le persulfate de fer la précipi- toit. En constatant ce fait, nous avons remarqué que le pré- cipité égoutté pouvoit être redissous par Feau bouillante, et que l'ammoniaque ajoutée à la dissolution n'en précipitoit pas ou que très -peu de peroxide de fer, même au bout de vingt-quatre heures, ce qui prouve évidemment que la géla- tine a de l'action sur cette base. M. Mérimée a encore observé que l'alun épaissit la solu- tion de gélatine , et que le mélange redevient parfaitement limpide lorsqu'on y ajoute de l'eau. L'hématine, la noix de galle et les matières végétales solu- bles dans l'eau, qui ont une saveur astringente, précipitent la gélatine en formant avec elle des composés plus ou moins insolubles. On a généralement attribué la précipitation de la gélatine, par les substances astringentes, à un principe immédiat que l'on a nommé tannin ; mais, comme l'existence d'un pareil principe est loin d'être démontrée, nous revien- drons sur ce sujet au mot Substances astringentes. L'amer de Velter, et les substances que M. Hatchett a i Vauquelia. .a Thomson. 18. 19 39° GEL nommées tannins artificiels , précipitent ]a gélatine en s" unis- sant avec elle. Nous en parlerons au mot Substances astrin- gentes artificielles. Les huiles , réther et l'alcool concentré ne dissolvent pas la gélatine sèche. Lorsqu'on verse de l'alcool dans une solution aqueuse de gélatine, il s'y fait un précipité, qui est de la gélatine. Quelle que soit la quantité d'alcool, il reste toujours une quantité notable de matière en dissolution. Le précipité est redissous quand on ajoute de l'eau au mélange des deux liquides. b) Cas où la gélatine agit par affinité élémentaire. Lorsqu'on fait passer du chlore dans une solution de géla- tine, ou lorsqu'on mêle ccllc-ci avec de l'eau de chlore, il se produit des llocons blancs, qui finissent par se réunir en filamens soyeux , élastiques. Ce précipité est insipide ; il rougit légèrement le tournesol; il ne se dissout pas dans l'eau et l'alcool : quand on l'abandonne plusieurs jours à lui-même, il s'en sépare du chlore. Les alcalis le dissolvent ; une portion de ces bases devient chlorure. M. Bouillon-La- grange a considéré cette substance comme de la gélatine oxigénée. Depuis , M. Thenard l'a examinée, et l'a considérée comme un composé de chlore, d'acide hydrochlorique et de gélatine probablement altérée. L'acide nitrique favorise la dissolution de la gélatine sèche dans l'eau ; mais il finit par la convertir en plusieurs com- posés, notamment en acide oxalique. L'acide sulfurique concentré exerce sur la gélatine une action extrêmement remarquable , dont M. Braconnot a fait connoître le résultat. Il mit 12 grammes de gélatine en macération avec 24 grammes d'acide sulfurique concentré. Au bout de vingt-quatre heures la liqueur n'étoit pas sensi- blement colorée; il y ajouta un décilitre d'eau, et fit bouillir, pendant cinq heures, en ayant soin de remplacer l'eau qui se vaporisoit : il satura l'excès d'acide par la craie; filtra, fit concentrer la liqueur, et l'abandonna ensuite à elle-même. Il obtint, 1." des cristaux sucrés: 2.° un liquide sirupeux incris- tallisable. GEL 291 Cristaux sucrés. Ils sont sous forme grenue ou prismatique; leur saveur est douce et sucrée, à peu près comme celle du sucre de raisin. Ils sont un peu plus solubles dans l'eau que le sucre de lait. L'alcool bouillant, même foible , ne les dissout pas. Ils ne sont pas susceptibles d'éprouver la fermentation alcoolique. Cette propriété nous empêche d'adopter le nom de sucre de gélatine que M. Braconnot leur a donné , parce que les espèces qui forment le genre Sucre ont pour carac- tère principal de produire de l'alcool lorsqu'elles sont placées dans des circonstances convenables. (Voyez Sucre, et Fermen- tation Ai-cooLK'LE , Tom. i(), pag. 440-) Lorsqu'on les soumet à la distillation , on obtient un su- blimé blanc et un produit ammoniacal : c'est une preuve qu'ils contiennent de l'azote : cette composition les distingue encore des espèces du genre Sucre , qui sont dépourvues de cet élément. A froid, l'acide nitrique ne les dissout pas ou que très-peu j à chaud , la solution a lieu sans effervescence et sans produc- tion d'acide nitreux. En faisant évaporer doucement l'excès d'acide nitrique , on obtient un résidu plus pesant que les cris- taux employés. M. Braconnot le considère comme une com- binaison d'acide nitrique et de la substance des cristaux; il l'appelle acide nitro-saccharique. L'acide nitro-saccharique cristallise en prismes incolores qui ressemblent aux cristaux de sulfate de soude : il a une saveur acide et légèrement sucrée; il est très-soluble dans l'eau. Exposé au feu , il se boursoufle beaucoup et fuse obscurément en exhalant une vapeur piquante. Il forme deux comhinaisons avec la potasse; lune est avec excès d'acide, et l'autre est neutre : toutes deux cristallisent en aiguilles et détonent par la chaleur. Il forme avec la chaux un sel qui cristallise en prismes fins, qui n'est pas déliquescent, et qui fuse quand on le jette sur un charbon ardent. Il forme avec la magnésie un sel déliquescent, qui, exposé au feu , se fond , se boursoufle, fuse et laisse un résidu spon- gieux brun. ^92 GEL Il forme avec l'oxide de plomb jaune un composé dont la solution , incristallisable , se réduit , par la concentration , en une substance de consistance mucilagineuse, qui détone forte- ment par la chaleur. Liquide sirupeux incrislallisable. Ce liquide contenoit, i." de la matière sucrée cristallisahle ; ■2° une matière peu azotée, précipitable par la noix de galle, qui s'opposoit à ce que la précédente pût cristalliser; 3.° de l'ammoniaque, qu'on en dégageoit par la potasse; 4."* une ma- tière nouvelle que M. Braconnot appelle leucine. Lorsqu'on traite le liquide sirupeux par l'alcool foible et bouillant, il n'y a qu'une petite quantité de matière dissoute: la solution, filtrée chaude, laisse précipiter par le refroidisse- ment un sédiment blanchâtre , formé de matière sucrée cris- tallisahle et de leucine. La liqueur , séparée du sédiment et concentrée, a une odeur de miel et de la tendance à cris- talliser. Quant à la portion du liquide sirupeux indissoute par l'alcool , elle a une saveur sucrée et en même temps celle du bouillon. Propriétés de la leucine. La leucine est blanche, pulvérulente : on peut l'obtenir en cristaux grenus, ou en petits cristaux, qui se réunissent sous la forme des moules de bouton qui ont un rebord à la cir- conférence, et un point ou une dépression au centre. Elle a le goût du bouillon : chauffée dans une petite cornue, elle se fond, répand une odeur de viande grillée, se sublime en partie sous la forme de petits cristaux blancs, grenus , opaques , et il se produit un liquide ammoniacal. Elle se dissout dans l'eau : elle n'est pas précipitée par la noix de galle et par le sous-acétate de plomb ; le nitrate de mercure paroît être la seule dissolution métallique qui puisse le précipiter: la liqueur séparée du précipité est rose. La leucine se dissout dans Tacide nitrique. La solution, exposée au feu, ne produit qu'une très-légère effervescence, sans qu'il se forme d'acide nitreux. Le résidu est entière- ment formé d'un acide particulier que M. Braconnot regarde comme un composé de leucine et d'acide nitrique, et qu'il GEL 293 appelle en conséquence acide nilro-li^ucique. Cet acide se dis- sout dans l'eau et peut cristalliser en fines aiguilles diver- gentes presque incolores : il forme, avec les bases, des sels différens, des nitro-saccharates, mais qui fusent ou détonent comme eux par l'action de la chaleur. Je ferai observer, relativement aux acides nitro-saccha- rique et nitro-leucique , que je crois avoir le premier décotivert une substance organique qui, en se combinant à l'acide nitrique , forme un acide particulier. (V^oyez, au mot Indigo, ce qui est relatif à l'action de l'acide nitrique sur cette substance , et en particulier sur l'amer au minimi/m d'acrdg nitrique , qui devient amer de Velter en se combinant à cet acide.) Quand on expose la gélatine au feu , elle se fond , noircit , exhale une odeur de corne, se réduit en eau, en huile empyreumatique , en acide acétique, en ammoniaque, en gaz acide carbonique et hydrogène carburé , et en un char- bon azoté qui est difficile à incinérer. La gélatine , dissoute dans l'eau et abandonnée à elle-même dans une température de i5 à 25 degrés, devient acide, se moisit, et finit par se décomposer entièrement, en exhalant une odeur très-fétide. La gélatine , réduite en gelée , se dé- compose également, si elle n'est pas exposée à un air sec. On observe que la gelée de gélatine qui s'altère, perd de sa consistance, et qu'un liquide s'en sépare. L'alcool que l'on a mis en contact à chaud avec la gélatine , tient en dissolution une matière grasse, que M. Berzelius considère comme un produit de la décomposition de la gélatine. Préparation de la gélatine et de là colle forte. Gélatine. La gélatine la plus pure qu'il est possible de se procurer, se prépare de la manière suivante : on prend de ïichthyo- colle ou colle de poisson (c'est la vessie natatoire de plusieurs poissons des mers du Nord , particulièrement celle du grand esturgeon, dont on a enlevé la membrane extérieure (voyez Ichthyocolle); on la déroule et on la coupe en très -petits morceaux; on la fait bouillir dans l'eau. Presque toute la 294 GEL matière est dissoute ; on filtre la liqueur bouillante : quand la solution est formée de 2 à 3 parties de gélatine pour 300 d'eau bouillante, elle se prend en gelée par le refroi- dissement; en faisant sécher cette gelée à l'étuve, après l'avoir mise dans des assieltes de porcelaine, on obtient pour résidu la gélatine sèche. Cette substance contient un peu d'acide, car sa solution rougit légèrement le tournesol. Colle forle. On prend des peaux, des rognures de peaux non tannées, des oreilles de veau, de bœuf, de mouton, etc.; on les fait tremper pendant au moins vingt-quatre heures dans l'eau : quand elles sont humectées, on les retire de l'eau, on les laisse égoutter, on les lave, et ensuite on les fait macérer dans de l'eau de chaux plus ou moins foible. On les en retire, on les lave de nouveau; puis on les met, avec un peu d'eau , dans une grande chaudière de cuivre placée sur un fourneau en maçonnerie : on chaufte doucement, et on finit par porter le liquide a l'ébullition. Les ma- tières animales se dissolvent peu à peu ; il se produit des écumes qu'on enlève : quand tout est dissous , on peut, en ajoutant de Talun ou de la chaux en poudre , faciliter le départ des substances dont la présence dans la colle en dinànueroit la transparence. Lorsqu'on juge la liqueur suffi- samment cuite, ce qui demande treize heures de feu envi- ron, on la tire de la chaudière, pour la passer immédiate- ment dans des mannes d'osier, ou dans une toile de crin. La liqueur, ainsi filtrée, est reçue dans une cuve de bois, où elle s'éclaircit par un repos de quelques heures. On la décante, on la fait concentrer, on l'écume et on la transvase dans des moules ou boites de bois humectées : par le refroi- dissement la colle se prend en gelée. Après vingt- quatre heures , on détache la gelée des parois du moule avec un couteau à deux tranchans , dont on a mouillé la lame ; on divise la gelée en plusieurs morceaux ; on les enlève du moule un à un avec la main ou avec une palette ; on les met sur une planche horizontale à l'extrémité de laquelle s'élève verticalement une petite planche contre laquelle le morceau de gelée s'appuie par une de ses faces Axrticales. Au moyen GEL 95 d'un fil de fer on divise ce dernier en tranches horizontales, que Ton porte ensuite dans un séchoir ou hangar, couvert et garni de rideaux des deux côtés. Là on pose les tranches sur un filet à pêcheur tendu, et on les y retourne de temps en temps , afin qu'elles se dessèchent également et qu'elles ne contractent pas d'adhésion avec le filet. La belle colle est rousse ou d'un brun roux ; elle n'est point tachée; elle a peu d'odeur; elle a une cassure bril- lante; elle se gonfle beaucoup dans l'eau froide, lorsqu'on l'y tient plongée. Si on l'en retire au bout de quatre jours, et si on la fait sécher, elle doit revenir à son poids primitif. M. Bostock estime que la colle forte contient io,5 d'eau pour 100. Ce qu'on nomme colle de Flandre, est une colle préparée avec plus de soin que la colle forte ordinaire , ou que la colle forte d'Angleterre : elle n'est pas aussi propre que cette dernière à coller le bois. C'est avec celle-là qu'on prépare la colle à louche: pour cela on la fait fondre dans un peu d'eau; on ajoute à la solution quatre onces de sucre candi par livre de colle; on cuit un peu, et on coule la solution dans des moules, où elle se prend en gelée. La colle des doreurs, des peintre», se prépare avec des peaux d'anguilles, ou bien encore avec du parchemin, du cuir blanc, des peaux de chat, de lapin, etc. Les colles fortes préparées par ces procédés sont alcalines à l'hématine : c'est pour cette raison que les substances astrin- gentes foibles, qui précipitent la colle de poisson, ne préci- pitent pas les colles fortes de leur solution aqueuse. Les colles fortes ont souvent une odeur très-désagréable , qu'elles communiquent au papier, à la peinture à la colle, enfin , aux corps qu'on y incorpore ou sur lesquels on les ap- plique. Cette propriété est due, ainsi que je l'ai découvert, à un acide volatil qui est produit par la décomposition spontanée des substances gélatineuses , quand celles-ci séjour- nent trop long-temps dans l'eau avant d'être soumises à l'ac- tion de ce liquide bouillant. Lorsqu'on fait macérer les os dans l'acide hydrochlorique à 4 degrés, suivant le procédé de Hérissant, on dissout la partie inorganique de l'os, et le tissu organique reste indis- 296 GEL sous en conservant la forme de l'os. En traitant ce tissu par l'eau bouillante, on peut faire une colle excellente, ainsi que M. Darcet l'a prouvé. Nous ferons observer que l'acide hydrochlorique dissout un peu de tissu organique avec la partie terreuse. • Sur la gélatine envisagée comme principe immédiat (les animaux. Plusieurs chimistes ont regardé la gélatine comme un principe immédiat des parties solides des animaux , qui se dissolvent dans l'eau bouillante en tout ou en partie, et qui donnent à ce liquide la faculté de se prendre en gelée parle refroidissement : Fourrroy et M. Bostock l'ont mise au nombre des principes du sang, et en général de tous les liquides snimaux qui ont la propriété de précipiter par l'in- fusion de noix de galle, quand ils ont été préalablement ex- posé'-- à l'acfion de la chaleur pour coaguler l'albumine qu'ils pouvoient contenir. Aujourd'hui on admet assez géné- ralement que la gélatine n'est point un principe immédiat; qu'elle est le résultat d'un changement de composition que la peau, le tissu organique des os, les tendons, etc., éprou- vent lorsqu'on les faitî)ouillir dans l'eau: l'on admet de plus, que la précipitation en flocons de plusieurs liquides animaux mêlés à une infusion de noix de galle, n'est pas un caractère suffisant pour conclure l'existence de la gélatine, parce que l'albumine , étendue d'eau , ne se coagule pas par la chaleur , et qu'elle a, ainsi qu'un grand nombre de substances, la propriété d'être précipitée par la noix de galle. La colle de poisson e«st employée dans les pharmacies , et dans les offices pour faire des gelées de table. La gélatine est un des principaux alimens de nature ani- male : elle se trouve dans la viande bouillie, dans le bouil- lon , etc. Les différentes variétés de colle forte sont employées pour faire adhérer de petites pièces de bois, pour faire de forts cartons ; elles sont un des ingrédiens de la peinture à la colle; GEL =97 elles sont employées pour clarifier les vins : dans ce cas elles paroissent soiivent agir en déterminant le dépôt de substances astringentes qui, par la tendance qu'elles ont à se déposer des liquides qui les ont dissoutes, peuvent altérer la trans- parence de ces derniers. En chimie, la gélatine a été employée pour reconnoître l'existence des Substances astringentes. Voyez ces mots. (Ch.) GÉLATINEUSES [Plantes]. (Bot.) La plupart des végé- taux sont ligneux ou herbacés. Il y en a qui ont la consis- tance du cuir ou de la corne (plusieurs /ucus), du liège ( plusieurs champignons ) , d'une écume ( spumaria miici- lago), etc. On nomme gélatineuses les plantes qui, comme la tremelle, par exemple, ont la consistance d'une gelée. ( Mass. ) GÉLATINEUX. {Bot.) Paulet donne ce nom à deux cham- pignons , qu'il distingue par gélatineux à soies et par gélati- neux papille. Ces deux espèces, de consistance de forte gelée et diaphanes , forment à elles seules les deux familles des agarics gélatineux unis et des agarics gélatineux à papilles , qui constituent le genre que Paulet désigne sous le nom à'agaric- gelée. Le Gélatineux a soies (Paul. , Trait. , 2 , p. 96 , pi. 1 1 , fig. 1) est encore appelé par Paulet agaric gélatineux à bandes. Cette plante est la même que Vauricularia tremelloides de Bulliard , et que le thelephora mesenterica de Persoon. La surface infé- rieure de ce champignon est couverte de poils ou de soies; l'autre surface est marquée de sillons profonds. Le Gélatineux a papilles (Paul., Trait., 2 , p. 97 , pi. 11, fig. 20) est la même plante que Vagaric épineux en gelée de Paulet, et que Vhjdnum gelatinosuni de Schœffer [Fung. Bav. , tab. 144, 146 ), J«acquin, Persoon, etc. Ce champignon est remarquable par sa consistance gélatineuse et demi-trans- parente. Sa surface inférieure est garnie de papilles coni- ques. ( Le.m. ) GÉLATINEUX {IcMijoL), nom d'une espèce de cyclop- tère décrite par Pallas, et que M. Cuvier rapporte au genre LiPARis. Voyez ce mot. (H. C. ) GELBENECH. {Bot.) Suivant Anguillara , cité par C. Bauhin , la gratiole est nommée gratia Dei, et sa graine gel- 29^ GEL bencch ou papayer spumeum. Cette plante est encore ïeupa- toriuin mesur. , et le limnesium de Cordus, différant d'un autre eupatoire de Mesuë. qui est Yachillea ageratum. (J.) GELBInG (Onn7h.), nom allemand du loriot commun, oriolus galhitla , Linn. (Ch. D. ) GELBUL/E. [Bot.) Suivant C. Bauhin , anciennement on nonimoil ainsi, dans quelques lieux, les cônes sphériques du cyprès. (J.) GELDING {Mamm.) , nomangloisdu cheval hongre. (F. C) GELEE. {Chim.) Ce mot a plusieurs acceptions. Il dé- signe, 1.° la température de l'eau solide : 2." le produit de la congélation qui s'est opérée dans certaines circonstances; c'est dans ce sens qu'on dit la gelée blanche : 3." l'état que des substances très- différentes par leur nature prennent, lorsque, ayant été dissoutes dans un liquide , elles s'en séparent à l'état solide, en retenant entre leurs particules tout le dis- solvant, ou au moins une partie, qui leur donne l'aspect de la glace; exemples, silice en gelée, alumine en gelée, etc. (Ch.) GELÉE MINÉRALE. (Min.) On ne connoît point encore de minéraux gélatineux dans la nature; aussi cette ancienne dénomination étoit-elle très-inexacte , quand on l'appliquoit à des substances farineuses , que l'humidité intérieure des mines pouvoit bien ramollir, changer en pâte ou en bouillie claire , mais jamais en véritable gelée. Les minéralogistes ne reconnoissent aujourd'hui de gelées minérales que celles qui se produisent dans les acides, quand on y fait séjourner la poussière des différentes variétés de mésotjpe , etc. (Brard.) GELÉE VÉGÉTALE ou GÉLATINE VÉGÉTALE. (Chim.) On appelle ainsi une substance extraite des végétaux, à la- quelle on a donné pour caractère de se prendre en gelée lorsqu'elle se sépare de l'eau où elle est tenue en dissolution, comme cela arrive à la gélatine . qu'on prépare en faisant bouillir dans l'eau plusieurs matières animales, filtrant le liquide et le laissant refroidir. (Voyez Gélatine.) Nous allons décrire par ordre chronologique les différentes observations que l'on a faites sur les substances qu'on a appelées gelée végétale. Nous adopterons cette expression de GEL 299 préférence à celle de gélatine végétale , parce qu'on pour- roit croire qu'il y a quelque analogie de nature entre ces substances et la gélatine qu'on obtient des matières animales. Gelée des tamarins. M. Vauquelin, après avoir retiré de la pulpe des tama- rins macérés dans l'eau, 1.° du mucilage, 2." du sucre, 3." de l'acide tartarique pur, 4.° du surtartrate de potasse, 5." de l'acide citrique, 6.° de l'acide malique , traita cette pulpe par l'eau bouillante : la liqueur, passée dans un linge serré , se prit en une masse brune tremblante , qui se sépara , 1." en un liquide tenant en dissolution du mucilage et du surtartrate de potasse; 2.° en une gelée molle, demi-transpa- rente. La gelée des tamarins ne se dissout qu'en très-petite quan- tité dans l'eau froide ; elle se dissout entièrement dans l'eau bouillante : la solution se prend en gelée par le refroidisse- ment. M. Vauquelin dit qu'une ébullition suffisamment pro- longée de la solution lui fait perdre cette propriété et paroît convertir la gelée en mucilage. C'est , suivant lui , ce qui arrive lorsqu'on fait des gelées de fruits, si, n'ayant pas mis assez de sucre pour absorber une certaine quantité d'eau du fruit, on veut suppléer à l'action du sucre par l'évapo- ration de l'eau. Gelce de la casse. M. Vauquelin a obtenu cette gelée en épuisant par l'eau chaude de la pulpe de casse; passant le lavage dans un tamis, puis dans un filtre de papier; le faisant concentrer; enlevant une pellicule de gluten"; abandonnant à elle-même la liqueur concentrée au quart de son volume primitif. Par le refroi- dissement la gelée s'est solidifiée : on l'a mise sur un filtre; puis on l'a pressée , afin de la séparer du liquide qu'elle re- tenoit. La gelée de casse est peu soluble dans Feau froide ; elle se dissout très-bien dans l'eau bouillante : la solution se prend 1 C'est probablement la subs'a.te ijuc Fourci.Ty a prise pour de ilbumine vé;;étalc. 3oo GEL en gelée par le refroidissement; elle s'unit facilement à la potasse et à la soude. L'acide nitrique la convertit en acide oxalique sans en dégager d'azote. La gelée de casse ne paroit pas contenir d'azote; car, en la distillant, elle donne beaucoup de gaz acide carbonique et inllammable , beaucoup d'acide pyro - acétique , très-peu d'huile, et des traces d'ammoniaque. Gelée du lichen islandicus. M. Berzelius a traité le lichen de la manière suivante pour en reconuoitre la nature : En faisant t'vaporerl'eau, traitant le résidu par l'al- cool , on dissout Vacide gallique, le sirop sucré. acide gallique; 4ogramm. de\"rop sucré; lichen ont étéi^mer d'un jaune clair ; lextractif brun; épuisés par l'eau à 20 des. Vamer cC un jaune clair , l'eau avoit dis- jsurtartr. de potasse : 8 de tartrate de chaus phosphate de chaux;) en faisant évaporer Tal- cool à siccité, et en repre- nant le résidu par l'eau, V acide gallique et le sirop sont dissous, et Vamer ne: l'est pas. LelichenépuiséparTeaufroide/' L'alcali a enlevé la portion a été traité à quatre reprises, àl d"amer qui étoit restée dans latempératurede 2odcgrés, par ] le lichen, et peut-être un 1^ liv. d'eau chaque fois, tenante peu de gelée. En faisant éva- 1 gr. de carbonate de potasse cristallisé; l'eau alcalisée conte-j noit 2^82 de matière végétale. ' Les 55 grammes de lichen ont été épuisés par l'eau bouillante. On einployoit deux livres d'eau dans chaque traitement. On en a fait quatre. Les lavages ont été passés au travers d'un linge. Il est resté sur/ ^^ "'^^ d'une gomme formée celui-ci i4^i8 de résidu. | P^' l'ébullidon aux dépens de la gelée porer cette solution , l'amer se décompose par la réaction de l'alcali. Le premier lavage seule- ment s'est pris en gelée par le refroidissement. Les quatre lavages avoient dissous 20^,49 de gelée sèche, que M. Ber- zelius appelle fécule de lichen , GEL 3oi L'alcool bouillant , appliqué au liclien épuisé par l'eau alcalisée , n'a dissous qu'une petite quantité de cire colorée en vert. M. Berzelius appelle le résidu squelette /éculacé. Gelée ou fécule de Uclien. Quand on a suffisamment lavé le lichen à l'eau froide et à l'eau alcalisée, on peut obtenir une gelée qui n'est pres- que pas colorée. Cette gelée, abandonnée à elle-même, se contracte et se sépare ainsi de l'eau qu'elle retenoit entre ses particules : en cela elle diffère de la gélatine animale, qui, une fois prise en gelée , n'éprouve pas de contraction sensible. La gelée de lichen est presque insipide; elle a seulement un arrière-goût analogue à l'odeur qui s'exhale du lichen qu'on fait bouillir dans l'eau. La gelée se réduit par une dessiccation lente en une masse noire , très-dure , qui présente une cassure vitreuse. Cette masse se gonfle dans l'eau froide sans se dissoudre ; elle se dissout, au contraire, dans l'eau bouillante, excepté le peu de matière colorante qu'elle relejp.oit: la solution se coagule par le refroidissement en une gelée blanche, opaque. L'eau d'où la gelée s'est séparée, n'en retient presque pas en dissolution. La solution de gelée évaporée se couvre de pellicules, qui ne sont autre chose que de la gelée altérée. Cette solution est précipitée par l'infusion de noix de galle. La solution de carbonate de potasse n'a pas plus d'action sur la gelée que l'eau purej la potasse caustique la dissout même à froid. Cette solution n'est pas précipitée par les acides. L'acide nitrique , mis dans une cornue en digestion avec la gelée desséchée, la dissout; elle perd sa viscosité, et il reste au fond de la cornue une poudre brune qui disparoît à la longue : en augmentant la température , l'acide nitrique est décomposé; il se produit un peu d'acide oxalique, qui ne devient pas brun par la concentration du liquide, ainsi que cela arrive au sucre traité par l'acide nitrique. Il ne se pro- duit pas d'acide saccholactique , ainsi que cela a lieu pour les gommes. 3o2 GEL Le chlore qu'on fait passer dans une solution de gelée, la décolore si elle est colorée , mais ne lui fait pas éprouver d"autres changemens; elle se coagule comme auparavant. 5^ dégelée distillée ont donné, i) a °,g5 d'un liquide aqueux d'une odeur désagréable, sur lequel il y avoit quelques gouttes d'une huile brune épaisse; ce produit ne contenoitpas sensiblement d'ammoniaque ; 2) des gaz acide carbonique . oxide de carbone, et un peu d'hydrogène protocarburé ; 3) 1 ^ d'un charbon spongieux , facile à incinérer : il laissoit o, 1 5 de cendres formées de carbonate de chaux, de phosphate de chaux, d'oxide de fer et d'un peu de silice. M. Berzelius , ayant remarqué les plus grandes analogies entre les propriétés de la gelée de lichen et l'amidon , a fait les expériences que nous allons rapporter pour les rendre encore plus sensibles. Il a pris trois solutions, également concentrées, de gelée, de sagou et d'amidon; il les a mêlées avec les réactifs suivans à la température de 5o degrés. a) L'acétate d'alumine ne précipite aucune des dissolutions. l) Le sulfate de fer , idem. c) Le nitrate de protoxide de mercure y fait un précipité blanc très-léger. d) Le sous-acétate de plomb les précipite toutes les trois en blanc; au bout d'une heure, le précipité est déposé et le liquide surnageant est parfaitement clair. e) L'infusion de noix de galle les précipite en blanc ou blanc -jatinâtre : les précipités sont redissous par l'eau bouil- lante ; ils reparoissent quand les liqueurs se refroidissent. /) Les solutions de sagou et de gelée, abandonnées à elles- mêmes, se conservent assez long-temps sans acquérir de mau- vais goût ni de mauvaise odeur; seulement elles se moisissent. D'après toutes les observations que nous venons d'exposer, M. Berzelius considère la gelée comme une modification de la fécule, ou plutôt de l'amidon, et ce qui appuie cette opinion , c'est que nous avons observé que l'iode , qui forme avec l'amidon une belle couleur bleue , colore pareillement la solution de gelée de lichen. GEL 5o5 Siège et usage de la gelée r>égélale. Quelle que soit Topinion que l'on adopte sur la nature rie la gelée, soit comme principe immédiat et particulier, soit comme modification de l'amidon' ou de la gomme'', il n'en est pas moins vrai que cette substance est très-répan- due dans les végétaux: elle se trouve, en outre des substances dont nous avons déjà parlé, dans tous les fruits dont on fait des gelées -, je l'ai rencontrée dans les baies du vibumum opiilus en quantité notable. La gelée végétale est éminemment nutritive quand elle est mêlée au sucre et à des substances acides, aromatiques; en un mot, à des corps qui en relèvent l'insipidité et qui en facilitent la digestion. La gelée de lichen est prescrite , comme mucilagineuse, adoucissante et nutritive dans plu- sieurs maladies. (Ch.) GELÉE VÉGÉTALE. [Bol.) Ce nom a été donné par quel- ques agriculteurs aux espèces de nostocs, de rivulaires et de collema. ( Leji. ) GELIDIUM. [Bot.) Genre de plantes marines, établi par M. Lamouroux dans la famille des algues, et qui faisoit au- trefois partie du genre Fucus de Linnseus. Ce genre appar- tient à l'ordre des floridées de Lamouroux : il est caractérisé par sa fructitication , qui consiste en des tubercules presque opaques, oblongs, situés sur les rameaux et à leurs extré- mités, composés d'un amas de petites ciipsules. Les gelidium sont des plantes cornées, très-découpées, de forme très-élégante et ornées de couleurs vives. C'est parmi elles qu'on trouve , selon M. Lamouroux , les espèces si re- cherchées par plusieurs peuples de l'Asie et des côtes orien- tales de l'Afrique, qui s'en nourrissent ou qui en font usage dans les sauces pour leur donner de la consistance , ou pour modifier la saveur acre et brûlante des épiceries. Ce même naturaliste assure que les fameux nids de salanganes , dont les Chinois et les Asiatiques sont si friands, et qu'ils paient i Berzelh a Proust. 3o4 GEL au poids de l'or, sont composés d'espèces de gelidium, ainsi qu'il s'en est assuré. Ces plantes se réduisent dans leur vieil- lesse en une espèce de gelée qui flotte à la surface de la mer, mélangée avec d'autres débris de corps -marins ; les hirondelles salanganes vont recueillir cette écume gélatineuse et en construisent leurs nids. On a vu des fils de cette ma- tière visqueuse pendant au bec de ces oiseaux. Latham et George Stounton sont de l'opinion que ces nids sont l'ou- vrage de plusieurs espèces d'hirondelles , et non de l'hiron- delle comestible {Hirundo esculenta, Linn.). Quoi qu'il en soit, nous avons observé plusieurs de ces nids, et nous y avons reconnu des débris de plantes marines du genre que nous traitons , mais en trop mauvais état pour permettre d'en déterminer les espèces, probablement dlflTérentes de celles du même genre qui sont connues. On peut lire, à l'ar- ticle Hirondelle , les diverses opinions émises sur la nature de ces fameux nids, le délice des gourmets de l'Inde. Ce genre se rapproche des genres Gigai-tina et Plocamium. II diffère du premier , parce que ses tubercules fructifères sont entièrement opaques, et que ceux des gigartina sont opaques seulement dans le centre : la même différence existe par rapport au plocamium; mais dans ce dernier genre les dernières ramifications sont cloisonnées. Comme ces diffé- rences sont assez légères, elles justifient en quelque sorte M. Agardli d'avoir fait des grlidium et des gigartina deux tribus dans son genre Spharococcus , et Lyugbye , d'avoir porté dans le genre Gelidium quelques-unes des espèces de gigartina de Lamouroux , et notamment le gigartina pjgmœa. (Lamx.', Ess. , tab. 4 , fig- ^2, i5.) Nous ferons remarquer les espèces suivantes parmi celles que l'on rapporte , et qui sont au nombre d'une vingtaine. Ces espèces sont en général difKciles à caractériser. Gelidium corné: Gelidium corneum , Lamx.; Fucus corneus , Turn., Hist.; Decand. , FI. fr., n.° 74; Stackh. , Ner. BriL , p. 61, tab. 12; Nereidea, Stackh. Plante cartilagineuse, un peu brillante, d'un rouge plus ou moins violet, quelquefois verdâtre, à tige étroite, comprimée, longue d'un à trois pouces, divisée en rameaux opposés, très - découpés , à dé- coupures également opposées , sur le même plan. Cette espèce , GEL 5o5 qui varie beaucoup , est commune dans TOcéan et dans la Méditerranée. Gelidu;m en jiassle : Gelidium clavatum , Lanix. ; Fucus cla^atus; Lamx. , Dissert,, pag. -22 , pi. 212 , fig. 1 , 2-^ Ulya filiformis , FI. Dan., tab. 949 ; Fucus cœspitosus , Decand. , Fl^ fr. , n." 48 (non Stackli. ex Lamx.). Petite plante d'un pouce et demi de longueur, capillacée, brune, rameuse, <à rameaux très-étalés; les derniers de tous renflés en une petite gousse alongée en forme de massue obtuse , remplie de petits grains. Cette espèce croît en fouITes serrées sur le sable et sur les rochers de l'Océan. Elle n'est pas rare au Havre et ailleurs sur nos côtes. Gelidium versicolou : Gelidium versicolor , Lamx.; Fucus lersicolor et capensis , Gmel. , Fucus, tab. 17 , fig. 1,2; Fucus cartilagineus , Linn., Poir. Grande plante de deux ou trois pieds de longueur, cartilagineuse, demi-transparente, ver- sicolore , purpurine, jaunâtre ou verdAtre à la fois; tige très- rameuse, comprimée, et à ramifications plusieurs fois ailées et alternes sur le même plan; les derniers rameaux courts, dentiformes ou renflés en forme de gousi;es. Cette belle espèce, une des plus intéressantes de la famille des algues, croît abondamment au cap de Bonne-Espérance. Dans l'Océan elle s'attache aux rochers. Elle se trouve aussi, quoique fort rarement, sur les côtes d'Europe : nous en pos- sédons un échantillon recueilli sur les côfcs de France. On fait avec le gelidium versicolor des tableaux d'une grande élégance j qui servent à orner le cabinet du botaniste comme celui de l'homme du monde. Il suffît pour cela de laver plusieurs fois dans l'eau douce la plante , aussitôt qu'on l'a retirée de la mer; on lui enlève ainsi les sels déliqucscens qui la recouvrent: puis on la dessèche, après l'avoir étalée convenablement dans du papier et en la comprimant ; on l'applique ensuite sur du papier blanc , et on l'y fixe à l'aide d'une eau gommée ou bien avec du fil. Gelidium corne- de-cerf : Gelidium coronopijolium, Lamx. 3 Fucus coronopifolius , Turn., Fucus , tab. 122; Stackh. , Ncr, Brit., tab. 14 ; Esper, Fucus, tab. i58; Lamx., Dissert., tab. 53; Sphœrococcus coronopifolius, Agardh, Sjnops. , page 3o, 18. uo 3o6 GEL plante comprimée, plane, longue de trois à cinq pouces, très-rameuse, plusieurs fois dichotome; ramifications écar- tées, multi'ides, un peu embrouillées vers les extrémités; tubercules fructifères, sphériques , mucronés, portés sur des pédicelles écartés, terminaux. Cette espèce, très-commune dans l'Océan et dans la Mé- diterranée , varie beaucoup dans la longueur de ses dernières ramifications: elle est rougcàtre ou jaunâtre, et forme quel- quefois des touffes serrées que l'on trouve sur la plage, où elle est rejetée par la mer pendant les tempêtes. On trouve toutes ces espèces sur les côtes de France, ainsi que les gelidium setaceum , Poir. ; concatenatum , Lamx. ( Lem.) CELINE (Ornith.), nom que Ton donne, en plusieurs en- droits, à la poule commune. (Ch. D.) GELINETTE. {Ornith.) Cette dénomination vulgaire de la gelinotte s'applique aussi à la poule d'eau , et Ion appelle encore petite gelinotte le merle dominicain de la Chine, turdus leucocephalus , Linn., dont la connoissance est due à Sonnerat. (Ch D.) GELINOTTE. (Ornith.) Les oiseaux connus sous ce nom forment une section du genre Tétras. Voyez ce mot. (Ch. d.) GELONA. (Bot.) Adanson désigne sous ce nom un genre qu'il établit dans la famille des champignons et aux dépens du genre Agaricus, Linn. 11 y ramène les espèces dont le chapeau est porté sur un stipe latéral ou même sessile : dans le nombre de ses espèces se trouve le gelone des Italiens et Vagaric de l'aune (voyez Fonge ) , dont Pries vient de faire un genre particulier sous le nom de schizop'^jllus. (Lem.) GELONE. 'Bot.) L'un des noms italiens d'un champignon comestible qui paroit être Vagaricus umbilicatus, Scop., ou Tune de ses variétés : il s'appelle aussi cerrena, cardela, ra- gagni , selon Micheli. Voyez Peupliere. (Lem.) GELONIUM. (Bof.) Gœrtner a décrit et figuré sous ce nom, t. lOM, un fruit à deux loges et à deux graines, entou- rées à demi par un arille , privées de périsperme et ayant les lobes de l'embryon contournés à la manière des sapin- dées. Ce fruit a une grande affinité avec celui du cupania^ genre de la même famille, et n'en diffère que par le nombre GEL 3o7 de ses loges, réduit à deux, probablement par suite d'un avortement. M. du Pelit-Tliouars , dans ses Plantes de Mada- gascar, décrit sous le même nom un arbre qui parolt appar- tenir à la même famille, et peut être aussi un ctipania; mais il admet dans la fleur cinq écailles extérieures, ce qui infirme un peu l'analogie. Un autre gelonium de MM. Roxbourg et A^ illdenow est absolument différent, et appartient aux eu- phorbiacées : c'est celui que les botanistes ont conservé sous ce nom, (J. ) GELONIUM. (Uof.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs incomplètes, dioïques , de la famille des eiipliorbiacées , de la dioécie icosandrie de Linnacus , caractérisé par des fleurs dioï- ques : dans les fleurs mâles, un calice à cinq folioles ; point de corolle; douze étaniines et plus : dans les tleurs femelles, un calice comme dans les fleurs mâles ; un ovaire supérieur; point de style ; trois stigmates déchiquetés. Le fruit est une capsule supérieure, à trois loges , à trois valves; une semence dans chaque loge. Ce genre comprend des arbres ou arbrisseaux exotiques, à feuilles alternes, à fleurs axillaires , presque en ombelle. Gelonium a feuilles elliptiques; Gelonium hifarium , Willd., Spec, 4,'pag. 83i. Arbre ou arbrisseau des Indes orientales, dont les rameaux sont cylindriques, couverts d'une écorce cendrée et garnis de feuilles alternes, pétiolées, elliptiques, longues de trois à cinq pouces, luisantes, entières, d'un vert gai en -dessus; plus pâles, un peu jaunâtres et veinées en- dessous ; un peu inégales et rétrécies à leur base , obtuses et mucronées à leur sommet; entourées, avant leur développe- ment, d'une stipule caduque, qui laisse, à la base du pé- tiole, une impression en forme d'anneau, comme dans les poivres, les figuiers, etc. Les fleurs sont axillaires, réunies, environ au nombre de six, en une sorte d'ombelle sessile: les folioles de leur calice sont obtuses, concaves, inégales j les filamens filiformes; les anthères oblongues , à deux loges. Gelonium a feuilles lancéolées; Gelonium lanceolatum , "Willd., l. c. Ses tiges sont chargées de rameaux alternes, cylindriques, de couleur cendrée; garnis de feuilles médio- crement pétiolées , alternes, glabres, oblongues- lancéolées, «oriaces, longues de deux ou trois pouces, rétrécies à leur 3o8 GEL base, entières, obtuses à leur sommet, luisantes, d'un vert foncé en-dessus, plus pâles en-dessous. Les calices renfer- ment environ trente étamincs, à anthères droites, ovales: le calice des fleurs femelles est à cinq folioles ovales, se re- couvrant Tune l'autre; l'ovaire ovale, à six angles; point de style; trois stigmates bifides. Le fruit est une capsule à trois coques, à trois loges, et autant de semences. Cette espèce a été découverte dans les Indes orientales. (Potr.) GELOTOPHYLLIS. (Bot.) Pline, dans son 24.Mivre, cha- pitre 17 , parle d'une plante de ce nom qwi croît sur les bords 17. Le genévrier de Phénicie est un arbrisseau dont la tige , chargée de rameaux nombreux , disposés en pyramide , est haute de douze à quinze pieds. Ses jeunes rameaux sont grêles, re- couverts en entier de feuilles très- petites , ovales, ob- tuses, un peu charnues, opposées trois à trois, exacte- ment appliquées sur la surface des rameaux , et imbri- quées les unes sur les autres. Les fleurs mâles et les fleurs femelles sont souvent réunies sur les mêmes pieds, plus ra- rement séparées sur des individus différens. Les premières forment de petits chatons ovoïdes, très-nombreux, portés sur de courts pédoncules feuilles et disposés latéralement le long des rameaux. Les fleurs femelles , soit qu'elles naissent sur le même pied , soit qu'elles viennent sur un autre individu , sont aussi portées sur des pédoncules garnis de feuilles imbriquées; mais elles sont beaucoup moins nombreuses. Les fruits qui leur succèdent sont gros comme dès pois , roussàtrcs à l'époque de leur maturité , qui n'a lieu qu'au bout de deux ans : ils contiennent ordinaire^ ment neuf osselets ovales, irréguliers, légèrement compri-» 32 8 G EN mes et un peu anguleux. Cette espèce croît naturellement dans le midi de la /^ance . en Espagne, en Italie, en Bar- ,barie et dans l'Orient,- on la cultive dans les fardins : elle résiste bien au froid des hivers les plus rigoureux du cli- mat de Paris, quoiqu'elle soit originaire de pays beaucoup plus chauds. Son bois est dur et noueux: ses fruits servent de nourriture à plusieurs espèces d'oiseaux , surtout aux grives et aux merles, et à certains quadrupèdes, comme les martres et les renards. Genévrier de Lycie ; Junipcrus Ijcia , Linn. , Spec. , 1/171. Ce genévrier a tant de rapports avec le. précédent qu'il ne paroit en être qu'une variété ; il en diffère seulement parce que ses fruits sont une fois plus gros : il se trouve de même dans les pays du Midi. Linnœus avoit avancé que l'encens qu'on brûle dans les églises étoit produit par cette espèce ; d'autres ont cru qu'il Tétoit par le juniperus thurifera ; on sait aujourd'hui., d'après les renseignemens fournis par le docteur Roxburgh, que celte résine précieuse est le pro- duit d'un arbre nommé, par cet auteur, hrossvallia dentatu. Genévrier saiîine • Juniperus sabina , Linn., Spec, 1/(72; Bull., Herb., t. iSg. Ci't arbrisseau , connu vulgairement sous le nom de sahine, s'élève à la hauteur de dix à douze pieds. Ses jeunes rameaux sont, comme dans les deux espèces pré- cédentes, entièrement recouverts de feuilles ovales, oppo- sées, un peu aiguës, convexes sur le dos. I-es fleurs inàlcs et les fleurs femelles sont séparées sur des individus diffé- rens. Les fruits qui succèdent aux dernières sont ovales-ar- rondis, d'un bleu foncé et presque noirâtre, de la grosseur d'un grain de groseilles : ils ne contiennent ordinairement qu'un petit osselet ovale, un peu comprimé. La sabine croit en Espagne, en Italie, dans le Levant, et en France, dans les montagnes du Dauphiné et de la Provence : elle est cul- tivée dans les jardins. On en eonnoit deux variétés : la pre- mière , plus élevée, appelée sabine mâle; et la seconde, qui forme un arbrisseau beaucoup plus bas , nommée sa- bine femelle. Cette espèce fait un joli effet dans les jardins paysagers; on peut en faire des rideaux de verdure , parce qu'elle supporte bien la tonte aux ciseaux. Elle se multiplie de GEN 329 boutures plus facilement que toute autre espèce , ce qui fait que rarement on se donne la peine de lélever de graines. La Sabine est employée en médecine : ses feuilles ont une odeur résineuse et aromatique très-pénétrante, et leur saveur est fortement amère : leur infusion, prise intérieurement, et même leur application sur le bas-ACntre , agissent éga- lement, dit-on, comme vermifuges. Cette même infusion aqueuse, et toutes les autres préparations qu'on en peut faire, ont beaucoup d'action sur l'utérus, et passent pour être de puissans cmménagogucs; on assure même qu'à une dose un peu forte elles peuvent produire l'avortemeut , ce qui doit mettre en garde sur la manière de les administrer. Les maquignons allemands font, dit-on, prendre de la Sabine à leurs chevaux, pour leur donner de l'ardeur. Les Baschkirs, peuples de la Russie, lui attribuent une grande vertu contre les sortilèges , et ils ont bien soin d'en suspendre de petites branches au-dessus des portes de leurs maisons. Genévrier de \^jrginie : Juniperus virginiana, Linn., Spec, 1471; Mich., Arb. amer., 3, p. 42, pi. 5. Cette espèce, connue en Amérique sous le nom de cèdre rouge, ressemble presque en tous points à la sabine ; mais elle en diffère sensiblement sous le rapport de son élévation : elle forme un arbre de quarante à quarante -cinq pieds de hauteur. On la trouve dans plusieurs parties des États-Unis et au INIexique , principalement dans le voisinage de la mer. On la cultive en France depuis environ soixante ans. J,es arbres de cette espèce font un bel effet par la verdure perpétuelle et la délicatesse de leur feuillage. Au printemps , dans le moment de la floraison , les pieds mâles paroissent tout jaunes , à cause de la grande abondance de ileurs dont ils sont cou- verts, et des nuages de poussière fécondante qui s'en échap- pent : pendant l'hiver, les pieds femelles prennent un aspect particulier, par la grande quantité de fruits d'un bleu foncé dont ils sont chargés, et qui se conservent sur les arbres jusqu'au retour de la belle saison. Le nom de cèdre rouge, que porte ce genévrier en Amé- rique, lui vient de la couleur dont son bois est dans le cœur. Ce bois est odorant, fort et léger; il a le grain fin, 33o GEN serré, et il a une qualité précieuse, celle d'être d'une très- longue durée. Cet arbre diminue rapidement de grosseur de la base au sommet, ce qui le rend peu propre à faire des pièces de charpente d'une certaine longueur. 11 a d'ailleurs l'inconvénient de croître très-lentement : Kalm a compté î8^ couches annuelles sur un tronc qui n'avolt que i5 pouces de diamètre, et 260 sur un autre de 18 pouces. Dans tous les ports des Étals-Unis on emploie beaucoup de bois de cèdre rouge pour la charpente supérieure des vaisseaux. Dans les villes et dans les campagnes, on en fait des pieux et des palissades pour la clôture des cours et des jardins; on s'en sert pour faire les tuyaux souterrains destinés à la conduite des eaux; on en fabrique aussi de petits ouvrages de boissellerie, des meubles, des boiseries, dont l'odeur pénétrante, mais pourtant agréable, éloigne les insectes. - Genévrier des Ber.mudes ; Juniperus bermudiana , Linn., Spec, 1471. Celui-ci est un arbre de quarante à cinquante pieds, dont les rameaux sont redressés et rapprochés de la tige. Ses feuilles sont subulées, aiguës, verticillécs par trois ou par quatre, étalées dans les jeunes individus, courtes et imbriquées dans ceux qui sont plus âgés. Les fruits sont d'un rouge pourpre. Cette espèce croit dans les îles Bermudes : les habitans en construisent des bateaux légers qui durent très-long-lenips. Son bois est léger, tendre, d'un brun clair ou rougeàtre. C'étoit avec lui seul qu'on faisait autrefois les enveloppes des crayons fins; mais, depuis qu'il est devenu rare, on lui substitue le plus souvent celui du genévrier de Virginie, qui est beaucoup plus commun. Genévrier thurifère; Juniperus ihurifcra, Linn., Spec, 1471. Cette espèce s'élève de vingt-cinq à trente pieds de haut; ses feuilles sont linéaires , aiguës, opposées deux à deux, et im- briquées sur quatre côtés; ses fruits sont très-gros , noirs lors de leur maturité. Elle croît en Espagne et en Portugal. Ce genévrier ne produit point l'encens , comme l'indique l'épi- thète de ihurifera. Genévrier élevé ; Juniperus exce'ôd, Willd. , Spec, 4? P* 862. Ce genévrier a beaucoup de rapports avec la sabine; mais c'est un arbre de quarante à cinquante pieds d'élévation. Ses fcuiîlcs sont opposées, un peu obtuses, marquées su? GEN 33i leur dos d'un point glanduleux, imbriquées sur quatre rangs; les plus jeunes aiguës, ternées, étalées. Les fruits sont petits et noirs. Cet arbre croît vers les bords de la mer Caspienne et dans la Tauride : on le cultive au Jardin du Roi. Tous les genévriers se multiplient de graines : plusieurs espèces réussissent bien de marcottes, et même de boutures; mais les pieds qui viennent de semis sont toujours plus vi- . gourcux et plus droits. Les graines doivent êîre semées en automne , le plus tôt possible après leur maturité, parce que, lorsqu'on les garde jusqu'au printemps, elles germent plus difficilement. Excepté le genévrier des Bermudcs, qui a be- soin d'être mis en serre pendant l'hiver, toutes les autres espèces peuvent être élevées et cultivées en pleine terre dans le climat de Paris. (-L. D.) GENGES. (Ornith.) Gesner , qui parle de cet oiseau d'après Rasis, se borne à dire que sa chair est astringente. (Ch. D.) GENGIBIL (Bot.), nom arabe et turc du gingembre. (J.) GENGLIN (Ichthj^oL) , un des noms des jeunes meuniers, cyprinus jeses , Linn. Voyez Able, dans le Supplément du 1." volume de ce Dictionnaire. (H. C. ) GENIBRE (Bot.), nom provençal du genévrier. (J.) GENICHELLA. [Bot.) Dodocns rapporte ce nom, donné par quelques auteurs au sceau-de-Salomon, poly^onatuvu iJ.) GENICULARIA. {Bot.) Ce genre, fondé par Roussel (H. du Calv. ) , comprend les espèces de chantransia génicuiées, qui ne sont point munies d'un axe central comme les espèces qui constituent le genre Lenianea de Bory de Saint- Vincent. Ce genre seroit donc le chantransia , Dec, moins celui que nous venons de citer. (Lem.) GENICULARIS (Bot.), nom ancien, donné par les Ro- mains, suivant RucUius , à la coquelourde des jardins, agro" stemma coronaria, que d'autres nomment aussi geranopcdion et corjmbion. La valériane est aussi nommée genicularis, sui- vant Dodoens. (J.) GÉNICULÉ, Geniculatus (Bot.) -. articulé et fléchi en genou à l'articulation. La tige de la spergule, du géranium sangui- neum, etc.; les racines de la gratiole, etc.; le pédoncule du pelargonium, etc.; les filcîs des étamines du mahcrnia, etc.; 332 GEN le style du geum urbaivuin , etc.; Tarête de l'avoine, etc., sont géniculés. (Ma;^s.) GENIFA'RE. (Bol.) C'est le nom qu'on donne au fruit du genévrier commun, ou quelquefois à cette espèce elle- même. Voyev Genkvhieh. ( L. D. ) GKNIOSTOME, Geniostoma. (Bot.) Genre de plantes dico- tylédones, à fleuis complètes, muriopétalées , de la famille des apocinees, de la pentaiulrie monogynie de Linna^us, offrant pour caractère essentiel : Un calice à cinq divisions; une corolle monopétalf, tubulée, barbue à son orifice; le limbe à cinq divisions : cinq élamines situées à l'orifice de la co- rolle, alternes avec ses lobes -. un ovaire supérieur; un style; un stigmate sillonné. Le fruit est une capsule oblongue , à deux loges, contenant dans chaque loge plusieurs semences attachées à un placenta filiforme. Geniostojie HE roche : Geniostoiiio rupestris , Forsc. , ISov.gen. , ^4? tab. 12, et Prodr. , n." 104; Lamk. , lll. gen. , tab. i5 3. Plante des îles de la mer du Sud, découverte par Forster, et dont nous ne connoissons encore que le caractère du genre. Sa fleur est pourvue d'un calice supérieur, à cinq divisions aiguës : la corolle est d'une seule pièce, tubulée, plus longue que le calice. Son tube s'élargit insensiblement en un limbe ouvert, partagé en cinq lobes munis de trois dents; celle du milieu plus grande : cinq étamines, dont les filamens sont très -courts, insérés à Forifice de la corolle, terminés par des anthères oblongues et saillantes ; un ovaire supérieur, ovale, surmonté d'un style plus long que le tube de la corolle, soutenant un stigmate épais, cylindrique, obtus et sillonné. Le fruit consiste en une capsule oblongue, biio- culaire , renfermant dans chaque loge plusieurs semences presque anguleuses , attachées à un placenta filiforme. (POIR.) GENIPAT. (Bot.) L'arbre cité sous ce nom parThevet ne peut être autre que le genipayer, genipa, puisque la pulpe du fruit de l'un et dt l'autre noircit les parties delà peau sur lesquelles on Papplique. Cette propriété fait donner le même nom dans la Guiane , suivant Aublet, au fruit de plusieurs espèces de costus , dont on tire une couleur noire employée pour écrire et pour teindre les fils. (J. ) GEN 555 GENIPAYER, Genipa. (Bot.) Genre de plantes dicotylé- dones, à fleurs complètes, mouopétalées, de la famille des rubiacées , de la pentandrie monogynie de Linnœus, très- rap- proché des gardénia, offrant poiir caractère essentiel : Ua calice entier à cinq petites dents ; une corolle inftmdibuli- forme ; le limbe :- c;''r grandes divisions étalées; cinq an- thères presque sessiks v.t saillantes à l'orifice du tube,- un ovaire inféiùeur; un style; le stigmate en tête : une baie assez grosse , à deux ou quatre loges , contenant chacune plusieurs semences. Ce genre, peu distingué des gardénia, si ce n'est peut-être par ses baies charnues , y a été réuni par plusieurs auteurs; d'autres l'ont conservé. Il se compose des deux esoéces sui- vantes. Gexipayer D'AftiÉaiQUE : Genipa americana, Linn. ; Burm. in Plum., Amer., tab. i36": Janipha, Marcgr., Bras., 92 ; Janiba, Pis., Bras., i38: Gardénia genipa, Willd. , Spec. , 1 , p. 1228; Swartz, Obs., 84. Arbre de trente-six à quarante pieds d'élé^ vation. Son tronc est épais; il soutient une cime ample, étalée, garnie de feuilles grandes et nombreuses, qui pro- curent un ombrage agréable. Le bois est d'un gris de perle; son écorce grisâtre, ridée et raboteuse; les branches, très- étalées, sont chargées, par intervalle, de rameaux presque verticillés , et vers leur sommet de feuilles presque sessiles, grandes, lancéolées, entières, opposées, réunies par touffes, vertes, glabres à leurs deux faces, larges d'euviron trois pouces sur près d'un pied de longueur. Les. fleurs naissent en bouquets au sommet des rameaux, d'une odeur agréable, d'abord blanches , puis d'un blanc jaunâtre , d'environ un pouce et demi de diamètre, portées sur des pédoncules courts, rameux , un peu pédoncules : leur calice est presque tronqué à ses bords, à cinq dents peu sensibles; la corolle presque en roue; le tube court; le limbe très - ouvert , à cinq découpures profondes, ovales, aiguës; les fi la m en s -très- courts, subulés, attachés à l'orifice du tube, réfléchis sur le limbe, entre ses divisions; les anthères oolongues, point conniventes; l'ovaire ovale, surmonté d'un style simple, et d'un stigmate ovale-oblong ou en massue, saillant hors du tube de la corolle. Le fruit est une grosse baie charnue, 334 GEN ovale, rëtrëcie en poînfc à ses deux extrémités, tronquée et omhiliquée à son sommet, un peu pubescente, d"nn vert ilanchâtre , de la grosseur d'une orange , revêtue d'une écorce charnue , contenant une pulpe blanchâtre , aigre- lette, et un suc qui teint en violet- brun ou noirâtre tout ce qu'il touche : elle se divise en deux loges, renfermant chacune plusieurs semences comprimées , anguleuses , nichées dans la pulpe. Cet arbre croît aux Antilles et dans l'Amérique méridio- nale : il fleurit en Juin , et porte des fruits mûrs vers la fin de l'été ; au mois de Décembre il perd une grande partie de ses feuilles. Les Indiens mangent ses baies lorsqu'elles sont mûres; elles sont très -rafraîchissantes, et apaisent la soif. Ce fruit est astringent; la teinture qu'on en obtient est très- fugace. Le bois prend ua assez beau poli; on en fait des montures de fusils, et quand il est vieux, on le recher- che pour faire des brancards. Gexipayer caruto ; Cenipa caruio , Kunth in Humb. et Bonpl. , jVov. gen. , 3 , pag. 407. Arbre d'environ vingt pieds , dont les rameaux sont glabres, cylindriques: les feuilles opposées, presque sessiles , en ovale renversé, obtuses, rétrécies à leur base, veinées, presque membraneuses, glabres en-dessus, brunes, pubescentes en-dessous, longues de neuf à dix pouces, larges de cinq ; les stipules caduques. Les fleurs sont termi- nales, pédonculées, au nombre de deux ou trois sur chaque pédoncule, soutenues par des pédicelles longs d'un pouce, accompagnées de deux ou trois bractées ovales, fort petites. Le calice est tronqué, campanule, glabre, à cinq dents peu marquées: la corolle blanche, en soucoupe; le tube court, élargi , soyeux tant en dedans qu'en dehors; le limbe à cinq ou six découpures oblongues, obtuses, soyeuses; cinq ou six anthères sessiles, linéaires, saillantes; le pollen cendré; le style non saillant; le stigmate jaune, épais. Le fruit est une baie ovale -oblongue, charnue, couronnée par le calice, bonne à manger, divisée en quatre loges, renfermant cha- cune plusieurs semences. Cet arbre a été découvert par MM. Humboldt et Bonpland sur les bords de l'Orénoque. Les na- turels du pays retirent du suc de ses fruits une couleur noire qu ils appliquent par taches sur leur visage. (Poih.) GEN 355 GENIPI. (Bot.) Les habitans des montagnes donnent le nom de génipi à diverses plantes de la famille dis synan- thérces, qui croissent dans ces régions : ainsi, par la dénomi- nation de génipi blanc, ils ont coutume de désigner les arle- misia nipcstris et clacialix , les achillea nana et mosc'na'a; celle de génipi noir désigne Vartemisia spicata , et le génipi jaune est le senecio incanus. (H. Cass. ) GENISSE (Mamm.), nom de la vache dans sa seconde année. ( F. C) GENISTA. (Bot.) Voyez Genêt. ( L. D.) GE^ISTA-SPARTIUM. (Bot.) Tournefort et ses prédéces- seurs dcsignoient sous ce nom tous les genests épineux dis- persés par Linnaeus dans les genres Ulex , Genista, Spartitmt et AnthylUs. (J.) GÉNISTELLE (Bot.), nom vulgaire du gentt herbacé. (L.D.) GENISTO'iDES. {Bol.) Mœnch a voulu, sous ce nom, sé- parer les espèces de genisla à calice bilabié de celles qui l'ont unilobé , à lobe terminé par cinq dents. Il attribue aussi à son genre une gousse linéaire polysperme et des fleurs en épi. Le même rétablit le genistella de Tournefort , nommé par Linnaeus genista sagittalis, caractérisé par Tétendard de la corolle plus long que les ailes et la carène , par la division de celle-ci en deux pétales, et par une gousse linéaire, lisse, contenant quatre à six graines. On peut ajouter que les tiges sont aplaties, abords très-minces et presque membraneux. Ce genre a»oit été antérieurement restitué par Adanson sous le nom de chamœspartium. Mœnch sépare encore le genista germanica sous le nom de scorpius , auquel il attribue un ca- lice bilabié, une carène partagée en deux, plus longue que l'étendard et les ailes, et des étamines monadelphes. Ces divers changemens n'ont point encore été adoptés. (J.) GENITALIS (Bot.), un des noms anciens du glayeul, sui- vant Rucllius. (J. ) GENOPLESIUM DE BAVER [Bot.) -. Gcnnplcsium Baveri , Rob. Brown , JN'or. HolL, i , pag. Sig; Ferdin. Baver, Icon. Plante de la Nouvelle-Hollande, dont M. R. Brown a formé un genre particulier de la famille des orchidées , de la gy-an- drie monogjnic de Linnaeus, très-rapproché àçs prasop}iyllum , 336 GEN dont le caractère essentiel consiste dans une corolle treS" îrrégulière, presque en masque ; les pétales supérieurs rappro- chés en casque , dont deux intérieurs adhéiens ; les deux latéraux inégaux à leurs côtés; la lèvre ascendante, entière, onguiculée, point éperonnée; la colonne de la fructification à demi bifide , sans découpures latérales; une anthère paral- lèle au stigmate. Les racines sont bulbeuses ; les tiges ou hampes simples , très-ordinairement pourvues d'une seule feuille à leur base: les fleurs sont disposées en un épi terminal; les pétales pos- téi'ieurs de la corolle plus longs que les autres, é(affes ; les intérieurs connivens au-dessous de la colonne ; la lèvre en forme de capuchon à sa base, (Poir.) GENORIA. (Bot.) Voyez Ginork. (Poir.) GENOSIRIS. (Bot.) Genre de plantes monocotvlédones , à fleurs incomplètes, monopétalées, de la famille des iridées , de la triandrie nionogynie de Linnœus, très -rapproché des patersonia, offrant pour caractère essentiel : Une corolle mo- nopétale, tubulée , trifide à son limbe; point de calice; trois étamines ; les filamcns non connivens; un ovaire»* inférieur ; un stjle; trois stigmates cylindriques, obti'.s; une capsule à trois valves. M. Rob. Brown rapporte le genoùris à son genre Pater- sonia ; cependant, à en juger d'après les caractères que M. de Labillardière lui attribue, on voit qu'il diffère des patersonia par sa corolle à trois et non à six div isions , par les filamens des étamines séparés et non connivens. On n'en§cite qu'une seule espèce. Genosiris fragile: Genosiris fragilis , Labill., Nov. HolL. 1 , page 10, tab. g; Patersonia glaitca , Rob. Bro^vn , Noi'. I-Joll., 1 , pag. 004. Cette plante est pourvue de racines tubé- reuses , composées de filamens roides , épais, presque simples. Les feuilles sont vaginales à leur base , comprimées, linéaires, aiguës, finement striées, nues sur leur carène et à leur base, un peu convexes ou roulées sur elles-mêmes, environnées extérieurement par d'autres feuilles beaucoup plus courtes et plus larges, les extérieures semblables à des écailles: de leur centre s'élèvent des hampes filiformes, glabres, presque à deux angles, quatre fois plus courtes que les feuilles; elles GEN 357 se terminent par une spathe à deux folioles striées, coriaces, renfermant trois à cinq fleurs. Chaque fleur sort d'une pe- tite paillette un peu plus courte, lancéolée, d'un roux clair» Le tube de la corolle est cylindrique ; le limbe à trois dé- coupures ovales, très-fragiles, de couleur bleue; les filamens des étamines très-courts, insérés à Forilice du tube, opposés aux découpures de la corolle; les anthères rapprochées, sail- lantes, oblongues, à deux lobes; Tovaire inférieur et oblong ; le style saillant, cylindrique; trois stigmates obtus. Le fruit est une capsule oblongue, rétrécie à sa base, à trois loges, à trois valves, chaque valve divisée par une cloison : plusieurs semences ovales, un peu noirâtres, attachées a un réceptacle presque filiforme, libre à l'époque de la maturité. L'embryon est presque globuleux , fort petit , situé proche l'ombilic , avec un périsperme corné. Cette plante a été découverte par M. de Labillardière à la Nouvelle -Hollande. (Poir.) GENOT {Conchjl.) ; Adanson , Sénégal, pag. 145, pi. 9. Gmelin en fait son voluta sanguisuga , mais très-probablement à tort; car cette coquille a évidemment plus de rapports avec certaines espèces de cônes qu"avec les volutes. (De B.) GENOIJILLÉ. (Bot.) Voyez Géniculé. (Mass.) GENOUILLET {Bot.) , nom vulgaire , suivant M. Bosc , du sceau-de-Salomon, poljgonatum, ou muguet anguleux. (J. ) GENRE. {Bot,) Voyez Théosie fondamentale. (Mass.) GENS-ENG, {Bot.) Voyez Ginsen. (Pom.) GENSIN. {Bot.) M. Thunberg cite sous ce nom japonois une plante qu'il croit être un corchorus. Mentzel parle d'une racine du Japon, nommée gensing , qu'il range parmi les mandragores. On ne confondra pas ces plantes avec le vrai ginseng , espèce de panax , que l'on écrit aussi quelquefois genseng. ( J. ) GENTARUBIA. {Ornith.) On nomme ainsi, en Sardaigne, leflammant, phanicopterus ruber, Linn. (Ch. D.) GENTE. {Ornith.) Ce terme est donné, dans le Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle, comme un des noms vul- gaires de la cigogi.e blanche, ardea ciconia, Linn. ( Ch. D. ) GENTIANE, Gentiana , Linn. {Bot.) Genre de plantes dico- tylédones , qui a donné son nom à la famille des gentianées , et que Linnœus place dans sa pentandrie dlgjnie. Ses princi- 1^. 23 333 GEi\ j>aiix caractères sont les suivons : Calice monophylle , ayant ordinairement son bord découpé en cinq lobes ou cinq dents, ou quelquefois plus, rarement membraneux, fendu latérale- ment, et seulement trifide ou quadrifide; corolle monopé-» taie, tubulcuse à sa base , un peu campanulée ou infondi- buliforme, ayant son limbe partagé en cinq lobes, plus ra- rement en quatre , six. ou dix ; cinq étamines-, ou en même nombre que les divisions du limbe ; ovaire supérieur, fusi- forme , anguleux , aminci à son sommet, et terminé par deux «dgmates arrondis; capsule oblongue , fourchue ou bifide en sa partie supérieure, à une seule loge, qui s'ouvre en deux valves , et contient des graines nombreuses , souvent entourées d'un rebord membraneux et portées sur les bords ren'trans des valves. Toutes les espèces de ce genre sont des plantes herbacées, à feuiïles simples, sessiles et opposées, et à fleurs terminales ou axillaircs, solitaires ou fasciculées. J. Bauhin, attribuant, d'après Pline, la découverte de la gentiane et de ses propriétés médicales à Gentius , roi d'ii- îyrie > qui lui donna son nom , ne manque pas de faire l'éloge de ce prince^ et regrette les simples et utiles délassemens des rois de l'antiquité qui honoroient l'étude de la nature et de la médecine en s'y livrant. Mais que deviennent ces réflexions, quand on apprend dans Tite-Live que Gentiud fut un prince sans mœurs comme sans capacité, détesté de ses sujets, meurtrier de son propre frère, et qui causa par ses vices la perte de son royaume et celle de sa famille, traînée avec lui dans Rome, à la suite d'un char de triomphe P Les gentianes , dont on compte aujourd'hui environ cent espèces, se plaisent, en général, dans les climats froids; plu- sieurs d'entre elles ne croissent même que sur les plus hautes montagnes du globe , et jusque dans le voisinage des neiges éternelles. Le plus grand nombre de celles que nous con» noissons est propre aux montagnes alpines de l'Europe ; d'autres ont été trouvées dans la Sibérie ou dans les contrée? froides de l'Asie; quelques-unes habitent l'Amérique septen^^ trionale» MM. de Humbold et Bonpland en ont trouvé quinze espèces nouvelles dans les hautes montagnes du Pérou et du Mexique, et une seule a été observée jusqu'à présent dans GEN 339 îa Nouvelle-Hollande. Ces plantes sont remarquables par la beauté et rélégance de leurs Heurs, autant que par la ri- chesse et la variété de leurs couleurs^ La corolle de plusieurs espèces donne toutes les nuances de bleu , depuis le plus bel iniiigo jusqu'à l'azur céleste : celle de plusieurs autres offre différentes teintes de rouge, de pourpre, de rose; dans quelques-unes c'est la couleur de Tor, ou un jaune plus «u moins foncé ; dans beaucoup de variétés , enfin , c'est un blanc plus ou moins pur. La nature auroit tout fait pour les gentianes , si elle eût donné un doux parfum à leurs fleurs; mais elle le leur a refusé. Transportées des montagnes qui les ont vues naître dans nos jardins, ces plantes y languissent ordinairement; on ne réussit qu'avec peine à en cultiver quelques espèces, en les plaçant à l'ombre et au nord , dans du terreau de bruyère. C'est moins le froid que les hivers trop humides qui leur sont contraires. L'amertume des gentianes ne permet pas aux animaux herbivores de s'en nourrir, et on les trouve toujours en- tières dans les pâturages. Linnœus , dans le Pan suecus {Amccn. acad.) , met cependant la gentiane -amarclle au nombre des plantes dont les brebis se nourrissent. Les espèces étant trop nombreuses dans ce genre pour les rapporter toutes ici, nous nous bornerons à parler des plus remarquables, et surtout de celles qui, sous le rap- port de leurs propi'iétés , méritent d'être connues. * Corolles quinque/Idcsj rarevicni quadi^ifides ^ presque campanulées^ Gentiane JAUNE ou grande Gentiane : Gentiana lutea , Linn., Spec.f 329; Gentiana, Glus., Eist., 011. Sa racine est vî- vace , épaisse , alongée , jaunâtre : elle produit une tige simple , haute de trois pieds , garnie de feuilles ovales , glabres , nerveuses, sessiles et connées à leur base. Ses fleurs sont jaunes, nombreuses, disposées par faisceaux opposés dans les aisselles des feuilles supérieures , et comme ver- ticillées ; leur corolle est profondément découpée et étalée en roue. Cette plante croît eu France, dans les Alpes, lee 540 GEN Pyrénées, les Vosges, les Cévennes , au Mont-d'Or et ait Puy de Dôme d'Auvergne , et dans les montagnes alpines de la Suisse , de l'Italie , de l'Allemagne , etc. La célébrité de la grande gentiane comme médicament, et surtout comme fébrifuge , remonte jusqu'à l'antiquité. Avant la découverte du quinquina, la grande gentiane ctoit regardée comme un des meilleurs remèdes qu'on pût employer dans le traitement des fièvres intermittentes. Notre sol ne produit point, en effet, de plante plus émi- nemment amère et tonique ; et malgré tout ce qu'on a dit des vertus des écorces de saule, de marronier dinde, de putiet , et des propriétés de la camomille , de la benoîte , etc. , la gentiane paroît être celle de toutes nos plantes indigènes qui se rapproche le plus du quinquina par ses qualités, et, par conséquent, la plus propre à le remplacer dans tous les cas où l'on ne pourroit s'en procurer. La partie de cette plante qu'on emploie en médecine est la racine, et c'est ordinairement à l'état de dessiccation qu'où en fait usage. Cette racine a une saveur extrêmement amère, dont le goût reste long-temps affecté. Dans toutes les maladies qui ont pour symptôme une débilité plus ou moins marquée des voies digestives, la gentiane, en infusion, en poudre ou en opiat , produit toujours un très-bon effet: on l'em- ploie aussi avec avantage dans les flux atoniques, les en- gorgemens des viscères de l'abdomen, l'iiydropisie, le scor- but , les scrofules , les affections vermineuses. Dans les maladies chroniques, où l'action des toniques doit être employée avec modération , on donne la gentiane par petites doses , pour en continuer long-temps l'usage. Ainsi sa poudre se prescrit depuis six jusqu'à vingt-quatre grains, et la décoction depuis un scrupule jusqu'à un gros. Mais, dans les fièvres intermittentes et dans celles de mauvais caractère, où il faut agir plus fortement et plus prompte- ment, on administre la gentiane en poudre depuis un demi- gros jusqu'à deux gros, qu'on répète deux à trois fois par jour. C'est ainsi qu'à cette dernière dose nous avons plu- sieurs fois guéri des fièvres intermittentes aussi bien qu'avec le quinquina, surtout en associant la gentiane avec la valé- xiane. GEN 341 Appliquée à l'extérieur, la racine de gentiane en poudre, ou sa décoction, sont encore un des meilleurs moyens de remplacer le quinquina sur les plaies gangreneuses et de mauvais caractère. Cette racine , coupée par morceaux et macérée dans l'eau , fermente bientôt , et donne , par la distillation , une liqueur alcoolique très-forte et très-pénétrante ; mais cette eau-de- vie , en usage dans les Alpes et dans les Pyrénées, conserve toujours quelque chose de l'amertume de la plante, et af- fecte la gorge d'une manière désagréable. Les entrepreneurs d'une fabrique d'eau-de-vie de gentiane établie aux environs de Lausanne paroissent néanmoins avoir trouvé le moyen de perfectionner cette liqueur et d'en corriger les défauts ordinaires. La ressemblance assez marquée des feuilles naissantes de la grande gentiane avec celles de l'ellébore blanc, a causé plus d'une fois des mépi'ises funestes. Un des hommes qui, dans le seizième siècle, se livrèrent avec le plus d'ardeur à l'étude des plantes d'Europe , Lobel , raconte qu'il pensa lui-même être victime d'une semblable erreur. {Adi>, stirp. , p. i3o.) Gentiane pourprée: Gentiana pupurea, Linn., Spec, 32g; Flor. Dan., t. 5o. La tige de cette espèce est haute d'un pied et demi à deux pieds , garnie de quatre à cinq paires de feuilles ovales , glabres et nerveuses. Ses fleurs sont portées sur de courts pédoncules, disposées en deux verti- cilles , dont l'inférieur est peu garni, et le supérieur forme un gros bouquet terminal ; la corolle est grande , campa- nulée , pourpre, marquée intérieurement de quelques points plus foncés. Cette gentiane croît dans les Alpes , les Pyré- nées , les montagnes de la Suisse , de la Norwége. Gentiane ponctuée : Gentiana punctata , Linn., Spec, Sag; Jacq. , Flor. Aust., t.* 28. Cette plante est moins grande que la précédente, et elle en diffère, d'ailleurs, par ses feuilles plus pointues, par ses fleurs plus petites, parsemées en de- dans et en dehors d'un grand nombre de points bruns, par leur calice plus court , à cinq ou six dents inégales. Elle croît dans les Alpes, les Pyrénées, et dans les montagnes de la Suisse, du Tyrol, de l'Autriche, etc. Les racines de ^^1^ GEN cettG espèce et de la précédente ont une amertume encore plus forte que celles de la gentiane jaune, et leurs pro- priétés doivent être regardées comme identiques, si elles ne sont même plus énergiques. Villars les a employées toutes les deux avec beaucoup de succès contre les fièvres intermittentes. Dans les pharmacies d'Allemagne et dans celles du Nord, c'est la gentiane pourpre qui est la plus généralement usitée* Gentiane des marais : Gentiana pneumonantlie, Linn. , Spec. , 33o ; FloT. Dan., t. 269. Sa tige est haute d'un pied , gréle , rougeàtre , garnie de feuilles lancéolées-linéaires, un peu connées à leur base. Ses fleurs sont grandes, campanulées , d'un bleu superbe , portées sur de courts pédoncules au som- met de la tige, et dans les aisselles des feuilles supérieures. Cette plante se trouve dans les prés humides et marécageux, en France, en Allemagne, en Italie, en Suède, en Russie, en Sibérie, etc. Elle n'a qu'une amertume foible et assez agréable. En Russie, le peuple l'emploie contre Tépilepsie. Gentiane croisette : GcnliLua cruciala , Linn., Spcc. , 534; Jacq. , Fior. Aust.j t. 07::. Sa racine produit ordinairement plusieurs tiges un peu couchées à leur base, longues de six à huit pouces, garnies de feuilles lancéolées, dont chaque paire forme une gaine lâche; ses fleurs sont d'un bleu foncé, tubulées , peu campanulées, à quatre divisions, presque sessiles , disposées par verticilles au sommet de la tige ou dans les aisselles des feuilles supérieures. Cette plante croît dans les lieux montueux et découverts, en France, en Suisse, en Allemagne , en Hongrie , en Russie , en Sibérie. La ra- cine de la gentiane croisette est douée d'une forte amertume qui laisse sur l'organe du goût une impression durable. On la prend intérieurement, en Suisse, contre les fîèvres in- termittentes , et on l'emploie extérieurement sur les vieux ulcères. Quelques auteurs l'ont recommandée, fraîche etcon- tuse , appliquée en forme de cataplasme sur le bas-ventre , comme un très-bon moyen contre les \ers intestinaux. Gentiane a tige courte: Genliana acaulis , Linn., Spec, 33o; Jacq., Fhr. Aust.^ t. i56. Cette plante se présente sous des aspeets fort différens , selon la pâture du sol , du climat, et seloïi r%e; ce qui produit des variétés plus ou moins GEN 543 remarquables , que quelques auteurs ont prises pour des espèces distinctes. Sa racine, composée de fibres menues, produit plusieurs feuilles ovales-lancéolées, sessiies, glabres, luisantes , étalées en rosette. Du milieu de ces feuilles s'élève une tige souvent plus courte que la fleur, quelquefois égale à elle, d'autres fois plus longue, et, enfin, presque nulle dans une variété qui se trouve sur les sommets des Alpes. Cette tige est garnie, dans sa partie moyenne, d'une pairç de feuilles , et elle est terminée par une fleur longue de dix- huit lignes à deux pouces, d'un beau bleu foncé, marquée intérieurement de cinq bandes d'un jaune clair et parse- mées de points violets. Cette plante croit dans les Alpes, les Pyrénées, et les montagnes alpines de l'Italie, de la Suisse, de l'Autriche , etc. Elle est très-amère, Villars a employé avec avantage son infusion vineuse ou aqueuse pour remé^^ dicr à la foiblesse qui a lieu pendant les convalescences pénibles et languissantes. Dans quelques parties de l'Alle- magne, les pa) sans se servent de »ç$ fleurs, pendant le temps de Pâques, pour teindre en bleu des œufs destinés, d'après un ancien usage , à être distribués à la jeunesse. Cette es- pèce est celle qu'on trouve le plus fréquemment dans les jardins, où elle fleurit en Avril. Dans les Alpes, ses fleura ne s'épanouissent qu'en Mai, Juin ou Juillet, selon les hau« teurs où elle se trouve, ^"'* Cot'olles quinqué- a décemjides , infondibulif ormes. Gentiane rniNTANiÈRE ; Gentiana verna, Linn, , Spec,, 53 1. Sa racine produit plusieurs tiges couchées à leur base, hautes de deux pouces, terminées par une seule fleur, dont la co^ J-olle est d'un beau bleu , à tube grêle , et à limbe divisé en cinq découpures ovales, aiguës. Les feuilles sont oval^s-^ lancéolées; les unes ramassées en rosette à la base des tiges, et les autres disposées par deux à trois paires dans la lon- gueur de ces mêmes tiges. Cette plante croît sur les mon- tagnes alpines de la France, de la Suisse, de Pltalie , de PAUemagne, etc. Elle présente beaucoup de variétés, qui ont fourni matière à quelques auteurs de la diviser en plu- sieurs espèces, selon que ses feuilles sont plus larges ou plus étroites , ses tiges plus basses ou plus élevées ; mais tpute? '.344 GEN les variations qu'on observe dans les différens individus de cette plante, paroissent tenir aux mêmes influences qui font varier la gentiane à tige courte. Haller dit avoir préparé une très-belle couleur, bleue sans doute, avec le suc des fleurs de la gentiana verna. Cette espèce est cultivée dans quelques jardins, où elle donne des A'ariétés à fleurs paies, et même presque blanches. On l'obtient difficilement de graines, ainsi que la précédente, et il vaut mieuîc, pour se procurer ces plantes, les faire venir vivantes des Alpes. Gentiane des Pyrénéks : Gentiana pyrenaica , Linn. , Manf., 55; Gouan, Illust. , 7, tab. 2, fig. 2. Cette espèce a beau- coup de rapports avec la gentiane printanière; mais elle en diffère par ses feuilles en général plus étroites, et surtout parce que le limbe de sa corolle est partagé en dix décou- pures alternativement grandes et petites. Elle croit sur le mont Laurenti, dans les Pyrénées. Gentiane des neiges : Gentiana nivalis , Linn., Spec, 55 2; Flor.Dan., t. 17. Sa racine est annuelle , assez grêle; elle produit une tige simple ou peu rameuse, garnie de feuilles ovales dans le bas de la plante, et lancéolées dans sa partie supérieure. Ses fleurs sont solitaires, terminales, quinqué- fides, d'un bleu vif. Cette espèce croît sur les montagnes alpines, en France, en Suisse, en Autriche, en Laponie, etc. Gentiane utriculeuse ; Gentiana utriculosa, Linn., .Spec, 352. Sa racine est'îmnuelie , et produit une tige rameuse, haute de cinq à six pouces, garnie à sa base d'une rosette de feuilles ovales, et, dans sa longueur, de feuilles plus alongées et plus étroites. Ses fleurs sont solitaires au sommet de la tige et des rameaux, d'une belle couleur bleue, re- marquables par leur calice renflé, plissé et comme ailé. Cette plante croît dans les pâturages des montagnes, en France, en Suisse, en Italie, en Allemagne, etc. *** Corolles quadri- ou quinquejides , ayant Vent j^ée de leur tube ou les bords de leur limbe frangés ou ciliés. Gentiane d'Allemagne; Gentiana germanica,^\W^à. ^ Spec, 1, p- 1046. Sa racine est annuelle et produit une tige ra- GEN H5 meuse , haute de cinq à six pouces, garnie de feuilles ovales- lancéolées : ses fleurs sont violettes, terminales ou axillaires; elles ont le tube de leur corolle assez large , garni d'appen- dices barbus , et leur limbe est partagé en cinq découpures. Cette espèce croît sur les collines et dans les pâturages secs, en France , en Allemagne , etc. Gentiane ciliée : Gentiana ciliafa, Linn. , Spec. , 534; Jacq. , rior.Aust., t. 110. Sa racine estvivace; elle produit une tige simple ou peu rameuse , haute de six à huit pouces , garnie de feuilles lancéolées ou lancéolées-linéaires; ses fleurs sont solitaires à l'extrémité de la tige ou des rameaux, grandes, bleues, et à limbe partagé en quatre découpures dentées et ciliées en leurs bords. Cette plante croît aux pieds des montagnes , en France , en Italie , en Suisse , en Allemagne. (L.D.) GENTIANE BLANCHE. {Bot.), nem vulgaire du laser à feuilles larges. (L. D.) GENTIANÉES. {Bot.) Famille de plantes à laquelle la gen- tiane donne son nom . et qui fait partie de la classe des hypo- corollées ou monopétales à corolle insérée sous Fovaire. Elle a , comme toute cette série , un calice monophylle ou mono- sépale , ordinairement partagé en plusieurs lobes. La corolle est tubulée , régulière ; les divisions de son limbe sont égales en nombre à celles du calice et alternes avec elles. On compte autant d'étamines insérées à son tube entre ses divisions : leurs anthères sont insérées par le milieu sur Fextrémité des filets. L'ovaire libre, surmonté d'un style et d'un ou deux stigmates (de deux styles dans le mitreola), devient une cap- sule, rarement un peu charnue, s'ouvrant dans sa longueur en deux valves, dont les bords rentrans sont tantôt repliés en spirale sur eux-mêmes, tantôt dirigés en ligne droite, l'un vers Fautre, pour former ensemble une cloison. Dans le pre- mier cas, la capsule est uniloculaire ; dans le second, elle est partagée en deux loges différentes ou en deux capsules uniloculaires , appliquées Tune contre l'autre , et s'ouvrant^ du côté intérieur dans le point de leur contact. Les graines sont nombreuses et menues, attachées sur les bords renflés des valves, qui, dans la capsule à deux loges, se réunissent en uu réceptacle central. L'embryon, contenu dans ces graines, 546 GEN et observé par Gasrtner , est droit , presque cylindrique, placé au centre d'un périsperme charnu, et muni d'une ra- dicule longue , dirigée vers le hile ou l'ombilic de la graine. Les plantes de cette famille sont des herbes, ou rarement dessous-arbrisseaux. Leurs feuilles sont toujours opposées, ordinairement entières et sessiles. Les deux supérieures, plus petites, sont souvent rapprochées des fleurs terminales sous forme de bractées. La famille peut être subdivisée en trois sections : dans la première, caractérisée par une capsule uniloculaire , sont les genres Gentiana, Erjthrœa de Reneaulme et de M. Richard ; cenlaurella deMichaux; Vohiria,Coutoubea d'AiMet ouPicrium de Schreber; Chlora, Swertia dont le Frasera de Walther est congénère, A la seconde section , dont la capsule simple a deux loges, se rattachent les genres Chœlothilus de Necker {gentiana hete- roclita de Linuoeus); Exacum et Sebœa qui se confondent ensemble ; Lisianthus , Tashia d'Aublct ou Mjrmecia de Schre- ber; 5ata/Ta d'Adanson , Chironia, Nigrina. Une capsule didyme , ou composée de deux accolées en- semble , désigne une troisième section , dont ie spigelia et le mitreola font partie. A la suite des gentianées on a placé les genres Potalm d'Au- blet ou Nicandra de Schreber, Villarsia deMichaux, Anop' terus de M. Labillardière , qui patoisscnt tenir le milieu entre elles et les apocinées. (J.) GENTIANELLA. (Bot.) Delarbre et Barckhausen séparent du genre Gentiana, sous ce nom, le gentiana, ciliata , distiu^ gué par une corolle en soucoupe à quatre divisions frangées sur les bords et velues dans leur milieu intérieur. C'est le même genre détaché qui est nommé crossopetalum par Frœ- îich et hippion par Schmidt. Clusius nommoit gentianella. une autre espèce, qui est le gentiana aculis ; c'est le même genre que Pieneaulme nommoit tliylacitis , et Barckhausen ciminalis , qui est caractérisé par une corolle en cloche à cinq divisions, plus longue que sa tige, et par des anthères con- ïiées. (J.) GENTIANELLE; Exacum, Linn. , Willd. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, de la famille des gentianées , Juss., et GEN 347 de la té.tranàrie monosynie, Linn., dont les principaux carac- tères sont les suivans : Calice persistant à quatre divisions; corolle monopétale , infondibuliforme, ou hypocratériforme , à limbe divisé en quatre découpures; quatre étamines atta- chées au tube de la corolle; un ovaire supérieur, ovale ou oblong, surmonté d'un style à stigmate épais et à deux lobes; capsule ovale ou oblongue, un peu comprimée, sil- lonnée de chaque côté , à deux loges contenant plusieurs graines. Les divisions du calice, de la corolle, et les étamines sont quelquefois au nombre de cinq. Les gentianelles sont des herbes presque toutes annuelles, à feuilles simples, opposées, et à fleurs axillaires ou ter- minales : on en connoit aujourd'hui une vingtaine d'espèces, pour la plupart exotiques, et ne présentant aucun intérêt sous le rapport de leurs propriétés. D'après cela , nous ne parlerons ici que des deux suivantes, qui croissent natu- rellement en France. Gentianelle filiforme : Exacum Jiliforme , Willd. , Spec, i , p. 638; Genliana Jiliformis , Linn., Spec, 335; Centaurium palustre lu teum minimum, Vaill. , Bot. Par., tab. 6, fig. 5. Sa tige est grêle, haute de deux à six pouces au plus, garnie de feuilles sessiles, lancéolées-linéaires, écartées, et commu- nément divisée en rameaux filiformes , terminés chacun par une petite fleur jaune, dont les divisions de la corolle sont ouvertes, et dont le calice est à quatre dents aiguës. Cette plante se trouve dans les lieux où l'eau a séjourné l'hiver , et au bord des étangs. Gektianelle n.-une : Exacum pusillum , Decand. , Flor. fr. , n.° 2786; Gentiana pusilla , Lamck. , Dict. , 2, p. 646; Chi~ ronia inaperta , "VVilld. , 5pcc., 1, p. io6g; Centaurium palustre minimum, Jlore inaperto , Vaill., Bot. Paris,, tab. 6, fig. 2. Sa tige est haute de deux à trois pouces, divisée dès sa base en rameaux dichotomes , garnis de feuilles oblongucs, sessiles. Ses fleurs sont petites, d'un blanc jaunâtre, portées sur de courts pédoncules à l'extrémité des rameaux ou dans les aisselles des feuilles ; leur calice est à quatre divisions profondes, et le limbe de la corolle est fermé. Cette espèce se trouve dans les endroits où l'eau a séjourné pendant l'hiver. (L. D.) 348 GEN GENTIANOÏDES. {Bot.) La plante des environs de Buenos- Aires, que Feuillée désigne sous ce nom, est le genliana sessilis de Reichard, qui n'est pas mentionné dans ce genre par Wilklenow. (J.) GENTILHOMME. {Ornith.) Le hui'e-siile , auquel les Écos- sois donnent le nom de gentleman, gentilhomme, et dont il est question dans l'Histoire naturelle de Norwége, de Pon- toppidan, édition angloise , tom. 2, pag. 76, a été regardé par Buffon (tom. 9, in-4.°, pag. 428) et par d'autres au- teurs, comme une espèce de mouette ou de goéland; mais, quoique l'évêque de Berghen en ait donné une description peu exacte, la grande étendue de l'envergure et la forme du bec, recourbé à sa pointe, sembloient devoir suffire pour faire remarquer l'inconvenance du rapprochement. En com- parant la iigure de Pontoppidan , quelque mauvaise qu'elle soit, à celle du fou, qu'on trouve dans Buffon lui-même, tom. 8, pi. 29 , on reconnoît aisément une analogie que ne sauroit détruire la prétendue crête dont la tête est couronnée dans la première. L'oiseau dont il s'agit est le fou de Bassan, pelecanus lassanus , Linn. ;et les synonymies d'Othon Fabri- cius [Fauna groenlandica , pag. gi , n." 69) et d'Othon-Fréd. MuUer {Zool. Dan. prodr. , p. 18, n." 149) ne laissent à cet égard aucun doute. Peut-être la supposition d'une crête aura eu pour cause l'état où se sera trouvée , dans l'individu qui avira servi au descripteur et au dessinateur, la peau nue qui entoure les yeux du fou ; et l'habitude de suivre, à l'époque de leur apparition, les harengs, dont cet oiseau est très- avide, présente un nouveau signe d'identité avec le même oiseau. Le Jean-van-Ghent , ou Je an-de-Gand des navigateurs hoUan- dois au Spitzberg, dont on fait mention dans le Receuil des voyages au nord, tom 2 , pag. 110, et que Buffon , à Fen- droit cité, rapproche aussi des goélands et surtout du man- teau noir, est encore le même oiseau que le gentilhomme, have-sule , ou sula d'Hoier , et sula bassana de Brisson. (Ch. D. ) GENTIS. (Bot.) Mentzel cite ce nom parmi ceux qui étoient donnés anciennement à la gentiane ; et les deux tirent leur origine de Gentius, roi d'illj-rie, qui, le premier, a fait connoître cette plante. (J.) GEO 549 GÉOCORISES. {Entom.) M. Latreille a employé ce nom, qui signifie punaises de terre , pour désigner une famille d'insectes hémiptères à demi-élytres croisées ou hétéroptères, pour les distinguer des punaises aquatiques, qu'il nomme Hydhocorises. Voyez Rhinostomes et Zoadelges. (C. D.) GÉODES. {Min.) Les géodes sont des sphéroïdes siliceux, dont le centre offre un vide plus ou moins grand, qui est hérissé de cristaux de quarz. Ces espèces de coques pierreu- ses , qui se trouvent souvent engagées au milieu des roches les plus étrangères à leur nature, en sont cependant contem- poraines; car il me paroît assez difficile d'admettre qu'elles aient été formées après coup et par infiltration , comme le pensent cependant quelques naturalistes distingués. Je prends pour type les géodes d'agate , et particulière- ment celles qu'on trouve dans les environs d'Oberstein dans le Palatinat. Les roches qui constituent ces montagnes , et par- ticulièrement le Gallienherg , sur l'origine desquelles les mi- néralogistes ne sont point d'accord , renferment une multi- tude de noyaux d'agate, qui s'en détachent facilement, et qui sont tellement isolés et tellement circonscrits qu'ils écartent toute idée d'infiltration. Les agates les plus volu- mineuses sont celles qui renferment ordinairement des géo- des, c'est-à-dire des vides tapissés de cristaux; les plus petites , au contraire , sont presque toujours solides ou pleines dans toute leur épaisseur: mais, pour tout ce qui tient aux accidens de cristallisation, l'on retrouve , dans l'un et l'autre cas, une conformité parfaite avec les phénomènes de la cris- tallisation artificielle. Si l'on suppose, en effet, que toutes les places qui sont occupées maintenant par les agates aient été remplies dans l'origine par un fluide qui tenoit la subs- tance siliceuse et les principes colorans en dissolution , on trouvera que la couche extérieure ou la croûte des géodes est le produit de la précipitation des molécules les plus gros- sières, qui étoient simplement tenues en suspension; qu'ea allant vers le centre, ou du dehors au dedans, on trouve ordinairement des couches plus pures et plus transparentes, jusqu'au point , enfin , où le liquide , dégagé d'une grande partie des substances qui le saturoient à l'excès, a peraàs aux molécules qu'il contenoit encore, de se rapprocher à 35o (^EO loisir et d'affecter les formes régulières qui sont propres à leur espèce , et avec d'autant plus de perfection que l'espace du vide est plus étendu. On remarque même dans les agates pleines, qui n'ont pu donner naissance à des géodes, que la substance qui occupe le centre et qui a été formée la der- nière est souvent transparente, vitreuse, cristalline, et qu'oa y distingue des aiguilles convergentes , qui sont des ébauches de cristaux. On sent bien qu'une foule de causes acciden- telles peuvent apporter nombre d'exceptions à cette marche; mais, si la nature s'en écarte souvent, il n'en est pas moins vrai qu'elle la suit plus souvent encore. J"ai remarqué à Oberstein , dans le beau gisement des agates du Gallienberg , en brisant un grand nombre de géodes , que, toutes les fois que le liquide avoit tenu en dissolution quelques substances étrangères aux agates, elles avoient cris- tallisé vers la fin et même après que la géode quarzeuse avoit été terminée : telles sont les aiguilles de titane qui se font remarquer dans l'intérieur des cristaux de quarz, les paillettes de manganèse qui ornent leur surface, les cubes de chabasie qui s'y sont groupés, et, mieux encore, cette eliaux carbonatéc brune , dont un cristal solitaire traverse tout le vide de la géode et semble jeté au hasard tout à travers les pyramides d'améthyste. Les calcédoines globuleuses qui sont creuses dans leur Antérieur, qui renferment quelquefois une goutte d'eau mo- bile; les enhjydroe , enfin, sont encore des géodes qui pré- sentent en petit les mêmes modifications que celles que nous venons de décrire : en effet , ces corps ovoïdes sont engagés dans une roche tout-à-fait étrangère à leur nature; ils s'en détachent avec facilité; leur épaisseur varie comme leur vo- lume , qui n'excède cependant guères un pouce ou dix-huit lignes de diamètre. Elles sont souvent creuses, mais on en trouve beaucoup aussi qui sont absolument solides et qui présentent seulement à leur centre des indices de cristallisa- tion quarzeuse. Quant à celles qui sont de véritables géodes, leur intérieur est tapissé de très-petites pointes cristallines, qui sont les pyramides des cristaux de quarz, dont le prisme forme l'épaisseur totale de la coque ou seulement une partie de cette espèce de voûte. C'est au milieu de ces géodes qu'il GEO 55i se tl"ouve quelquefois encore une petite quantité d'eau, qui se meiit dans le vide comme le liquide d'un niveau à bulle , et qui devient visible à lœil si Tépaisseur de la calcédoine permet d'en polir la surface. Faujas fait remarquer qu'il urrive souvent que ces coques ne sont formées que par l'as- semblage des cristaux de quarz, de sorte qu'en polissant leurs bases on met leurs sutures à découvert) et que l'eau intérieure s'échappe en suintant par ses légères fissures. C'est pour cette raison que les enhydres persistantes sont extrêmement rares et qu'elles sont très-recherchées par les amateurs. On les trouve particulièrement dans les volcans éteints du Vicentin , à Montc-Tondo , Monte-Galda, Monte- Berico, Monte-Main, San-Floriano , et dans les îles Féroë , qui sont aussi volcaniques. ' Les agates creuses d'Oberstein et les enhydres du Vicen- tin sont des géodes par excellence; et quoique cette déno- mination ait été appliquée à tous les échantillons de minéra- logie qui présentent une cavité tapissée de cristaux, je ne crois pas qu'il soit juste de l'étendre aux fissures ou aux espèces de poches à cristaux qui se trouvent dans les filons -et même au milieu des roches calcaires, non plus qu'aux silex des craies, qui doivent souvent leurs formes et leurs cavités ^ux animaux marins qu'ils ont remplaces et dont ils conser- vent encore les traces ou les empreintes. Je distingue, enfin, aussi des géodes proprement dites, les cavités des lav.s, qui ont reçu par infiltration évidente quelques substances étran- gères qui s'y sont cristallisées çà et là sans former des coques ou des globules entiers. (Brard.) GEODIE, Geodia. (Spong.) Nouveau genre de corps orga- nisés fort rapprochés de certaines éponges, et encore mieux des faux alcyons , établi par M. de Lamarck pour une seule espèce, qu'il regarde comme inédite et qui existe dans son cabinet. Les caractères qu'on peut assigner à ce genre sont: Corps libre ? polymorphe , tubériforme , creux et vide , charnu dans l'état frais , ferme et dur dans l'état sec , par- semé de pores enfoncés, épars dans toute sa circonférence, si ce n'est dans un espace isolé et orbiculaire où existe un « Faujas , Clasjs^ûcalion de* proiuits -volcaniques. 352 GEO amas de trous en forme de cellules. La seule espèce de ce genre, que M. de Lamarck nomme la Géodie bosselée , G. gib- herosa, est décrite, Ann. du Mus. , i , p. 204. Sa forme est ar- rondie, et elle est couverte de tumeurs et de tubercules iné- gaux. Elle est composée d'une chair qui empâte des fibres extrêmement fines. M. de Lamarck croit qu'elle vient des mers de la Guianc. (De B. ) GEODORUM. {Bot.) Genre de plantes monocotylédones, à fleurs incomplètes, irrcgulières , de la famille des orchi- dées, de la sj'nanàrie diandrie de Linna?us, offrant pour carac- tère essentiel : Une corolle à six pétales, cinq semblables et presque unilatéraux, le sixième en forme de capuchon, ven- tru , souvent éperonné à sa base , et non articulé avec la colonne des organes sexuels: une étamine à deux lobes ; le pollen distribué en deux paquets avec un petit lobe en arrière. Le fruit est une capsule uniloculaire ; les semences nombreuses. Ce genre comprend quelques espèces placées d'abord parmi les malaxis ou les liinodorum. On distingue les suivantes: Geodorum pourpre : Geodorum purpureiim, Rob. Brown in Ait. , Horf.Keçv., edit. no\'.;Li!nodoruinnutnns,B.os.h., Corom., 1 , pag. 33 , tab. 40 : Malaxis nutans , Wiiid. , Spec, 4 , pag. gS. Très -belle espèce, découverte par Roxburg sur la côte du Coromandel. Ses racines sont munies de bulbes arrondies, au nombre de deux ou trois, placées l'une au-dessus de l'autre, garnies en-dessous de fibres charnues; les feuilles inférieures sont vaginales à leur base, puis élargies, ovales, longues de huit à dix pouces , larges de cinq , entières , aiguës , traversées par cinq nervures ; les hampes , beaucoup plus longues que les feuilles, sont garnies dans toute leur lon- gueur de gaines alternes, aiguës; les fleurs disposées, à l'extrémité des hampes , en un épi pendant , long de quatre pouces, chargé de fleurs nombreuses, éparses, presque sessiles, assez grandes ; la lèvre ou le pétale inférieur ovale , aigu. Geodorum dilaté : Geodorum dilatatum , Ait., Uort. Kev^. , l. c; Limodorum recurifum ,S\vartz , No'. act. Ups,, 6, pag. 79; Roxb. , Corom., 1, pag. 33, tab. 5g. Cette espèce a des bulbes charnues, striées, assez grosses; elles produisent de GEO 353 grandes feuilles , presque toutes radicales , élargies , nerveuses , lancéolées, un peu aiguës, une fois plus longues que les ham- pes ; celles-ci sont courtes, simples, cylindriques, envelop- pées d'écailles alternes, vaginales. Les flrurs sont disposées eu une grappe courte , terminale, un peu globuleuse , fortement recourbée; ces fleurs sont nombreuses, pédicellées, presque en ombelle: la corolle blanche, un peu jaunâtre; les pétales égaux , ovales , lancéolés ; la lèvre ou le pétale inférieur élargi , arrondi, un peu crénelé à son sommet, muni d'un éperon très-court. Cette plante a été découverte dans les Indes orientales. Andrew, dans son Botan. Repos., tab. 626, en a figuré une autre espèce, sous le nom de geodorum citrinum, (POIR.) GEOFFRiEA. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, papillonacées , de la famille des légumi- neuses, de la diadelphie décandrie de Linnaeus , offrant pour caractère essentiel: Un calice à cinq découpures, une co- rolle papillonacée ; les ailes et la carène presque égales; dix étamines diadelphes; un style; un drupe ovale, marqué d'un sillon de chaque côté, renfermant un noyau bivalve, monosperme. Ce genre comprend des arbres ou arbustes à feuilles ailées avec une impaire; les rameaux sont nus ou armés d'épines, les fleurs disposées en grappes paniculées. Il fout ajouter à ce genre, comme espèce, Vandira racemosa, rangé parmi les geoffraea. Lamck., III. gen. , tab. 604, fig. i. (Voyez Angelin.) Geoffr.ea épineux : Geoffrœa spinosa, Willden. , Spec, 0 , pag. 112g; Lamck., III. gen. , tab. 604, fig. 3; Jacq. , Stirp. Amer., tab. 180, fig. 62: Umari , Encycl. , vol. 8; Ulmari , Marcgr. , Bras., 121. Arbre d'environ douze à quinze pieds de haut, garni de rameaux diffus, presque en buisson, armés de quelques épines subulées , souvent longues d'un pouce; les feuilles ailées, composées d'environ sept paires de folioles oblongues, opposées, entières, glabres, obtuses. Les fleurs sont d'un blanc sale ou jaunâtre, d'une odeur un peu désagréable, disposées en grappes simples, touffues, axillaires, longues de trois à quatre pouces; le calice cam- panule , comprimé et anguleux à un de ses côtes, divisé en cinq découpures presque égales i les deux supérieures diver- i8. a3 554 GEO gcntcs, un peu arrondies, aiguè's; les trois inférieures plus profondes, ovales- lancéolées ,^ acuminées; la corolle un peu plus longue que le calice : le fruit est un drupe assez sem- blable à celui de l'amandier, d'un jaune verdàtre ; l'écorce légèrement tomenteuse , renfermant une pulpe molle , douce , un peu jaunâtre, d'une odeur désagréable: un noyau forte- ment adhérent à la pulpe , et renfermant une amande blan- châtre , d'une saveur astringente. Cet arbre croît au milieu des grandes forêts, dans les terrains sablonneux peu distans des côtes maritimes , à la Jamaïque et dans les environs de Carthagène. Geoffr/Ea sans ÉPINES: Geojfrœa inermis , Swartz , Prodr. , 106, et FI. Ind. occid. , 5, pag. J255; "Wright, Act. Angl. , 3777, vol. 67 , tab. 10. Arbre d'une médiocre grandeur, re- vêtu d'une écorce un peu glauque et cendrée; ses rameaux sont lisses , étalés , cylindriques , dépourvus d'iépines ; les feuilles ailées, presque longues d'un pied, composées de cinq à huit paires de folioles coriaces, ovales-lancéolées, glabres, entières, acuminées , pédicellées; deux stipules axillaires à la base du pétiole commun ; deux autres subulées à la base des folioles. Les fleurs sont très-nombreuses, disposées en une ample panicule droite, terminale, très-rameuse: le ca- lice urcéolé , pubescent, un peu rouillé, à cinq dents droites, courtes, aiguës, presque égales; la corolle purpurine; l'éten- dard échancré, arrondi, onguiculé, un peu denticulé à ses bords: les ailes conniventes à leur sommet avec de petites dents latérales. Le fruit est pédicellé , orbiculaire, un peu dur, uniloculaire. Cette espèce croît à la Jamaïque, sur le bord des fleuves, à Porto -Ricco, etc. GeoffrjEa tomenteuse : Gcoffrœa tomentosa . Poir. , Encycl. suppl. Espèce découverte au Sénégal par M. Roussillon. Ses rameaux sont épais, cylindriques, un peu comprimés, irré- gulièrement anguleux à leur partie supérieure; revêtus d'un duvet tomenteux, cendré ou jaunâtre; garnis de feuilles éparses, fort longues, ailées avec une impaire, composées de neuf à onze folioles distantes , presque sessiles , membra- neuses, ovales - lancéolées , longues de deux ou trois pouces sur environ un pouce de larije, vertes, glabres en- dessus, un peu jaunâtres et tomenteuses en-dessous, entières, obtu- GEO 355 ses : Its pétioles pubescens, renflés et presque calleux à leur base. Les fleurs sont disposées en grappes latérales, presque simples, longues de quatre à six pouces, couvertes d'un du- vet tomenteux : chaque fleur pédicellée , un peu inclinée; leur calice velu , urcéolé , à cinq dents courtes; les pétales presque égaux. Geoffr.ea a feuilles émoussées : Geoffrcea retusa , Poir. , Encycl. : Lamclc, III. gen., tab. 604, fig. 2, a, !>, etc. Cette plante a été observée à Cayenne par M. Richard. Ses rameaux sont glabres, cylindriques, garnis de feuilles ailées, compO" sées de onze à treize folioles opposées, pédicellées, coriaces, ovales, presque elliptiques, un peu arrondies à leur base, fortement émoussées et souvent échancrées à leur sommet , longues d'environ deux pouces sur un de large, glabres, vertes, luisantes en -dessus, d'un brun cendré en-dessous, à nervures simples, saillantes en-dessous. Les fleurs sont dis- posées en une panicule droite, terminale, assez ample, com- posées de grappes éparses , très-serrées, chargées de fleurs nombreuses ; leur calice un peu campanule , à cinq dents presque égales; les pétales de même longueur; l'ovaire ob- long, pédicellé, aigu à ses deux extrémités; le style forte- ment recourbé ; le stigmate aigu. Le Geoffrœa surinamensis , 'S'Villden. , Spec, 3, pag. ii3o, est une espèce peu connue, qui me paroît très-rapprochée du geoffrœa retusa. Ses rameaux sont sans épines; ses feuilles ailées, composées de folioles ovales -oblongues, obtuses, échancrées; 3a carène composée de deux pétales. Elle croît à Surinam. (Poir.) GEOFFROY [IchthjoL), nom spécifique d'un crénilabre décrit par M. Risso et rangé par lui dans le genre Lutjan. Voyez Crénilabre. (H. C.) GEOFFROY. ( Ornith. ) Cet oiseau du Sénégal est un de ceux dont on doit la connoissance à M. Geoff'roy de Villeneuve , et M. Levaillant le lui a dédié en le décrivant , tom. 2 , jp. 90, de son Ornithologie d'Afrique , où il Va fait figurer dans son jeune âge, et dans son état parfait, pi. 80 et 81. La dé- pouille de plusieurs individus existe dans le muséum d'his- toire naturelle de Paris et dans d'autres cabinets ; et j d'après le crochet très-marqué qu'on observe au bec de 356 GEO cet oiseau , vers l'extrémité de la mandibule supérieure , des naturalistes l'ont placé parmi les pie-grièches. C'est le lanius plumatus de Shaw, et M. Cuvier l'indique comme pouvant former, avec le manicup de Buffon , pipra albifrons , Gmel. , qui n'a de commun avec les manakins qu'une réunion des deux doigts externes un peu plus prolongée qu'à l'ordi- naire , une section distinguée par un bec droit et grêle, et par une huppe formée de plumes redressées. M. Levaillant , qui a examiné un assez grand nombre d'in- dividus de la première de ces espèces, pense que les mœurs en doivent être bien différentes de celles des pie-grièches, et que les oiseaux dont il s'agit vivent en troupes, comme les étourneaux, et se nourrissent de la même manière, en cherchant leur pâture dans les lieux humides , où la couche terreuse qu'il a trouvée sur le bec de plusieurs lui a fait présumer qu'ils l'enfonçoient pour en retirer des vers et d'autres insectes. La forme droite et alongée du bec, dont les côtés sont aplatis, lui a aussi paru établir d'autres dif- férences génériques avec les pie-grièches , et ce sont ces considérations qui auront sans doute déterminé M. Vieillot à former de cet oiseau un genre particulier sous le nom de prionops, en françois hagadais, quoique ce dernier terme fût déjà consacré à désigner un pigeon mondain. Quoi qu'il en soit , les caractères assignés par MM. Vieillot et Levaillant à ce genre , dans lequel le manicup n'est pas compris, consistent dans un bec à base large, aplatie en- dessous , et garnie en-dessus de plumes dirigées en devant . tendu et très-comprimé par les côtés; la mandibule supé- rieure échancrée et crochue vers le bout; l'inférieure re- troussée et amincie à la pointe; les narines oblongues, cou- vertes de plumes, dont une partie se hérisse sur le front; les paupières larges et déchiquetées en forme de dentelures qui se rabattent autour de l'œil ; les ailes à penne bâtarde courte, et la deuxième rémige la plus longue. Le Bagadais Geoffroy, Prionops Geoffroii . Vieil!., est de la taille d'une grive : le bec est noir; les paupières sont jaunes, ainsi que les pieds et les ongles. La tête est ornée d'une huppe molle, qui se rejette en arrière, et qui pa- roît à M. Levaillant devoir se relever à volonté j les plumefi GEO 357 de cette huppe, du capistrum et des joues, sont blanches; celles qui couvrent la tête et les oreilles, sont d'un noir tirant sur le gris; la gorge, le cou, la poitrine, les flancs et le dessous des ailes et de la queue, sont d'un blanc de neige; le manteau, les scapulaires et les ailes, sont d'un noir à reflets bleuâtres,' à l'exception d'une large bande blanche qui fait partie des grandes couvertures; les deux pennes extérieures de la queue sont de cette dernière cou- leur, et les autres deviennent de plus en plus noires à me- sure qu'elles se rapprochent du centre. Les femelles se recon- noissent à des teintes plus cendrées, à une huppe plus pe- tite, et à des paupières moins larges. (Ch. D.) GEOGLOSSUM, Ccoglosse. (Bol.) Les espèces de ce genre de la famille des champignons, établi par M. Persoon , avoient été comprises par les botanistes dans le genre Clavaria, dont elles diff"èrent par leur forme aplatie , dilatée vers le sommet, qui peut être considéré comme une sorte de cha- peau en forme de petite massue comprimée ou de langue, qui se confond avec le stipe , et dans lequel on observe des utricules distinctes. Ces champignons sont charnus, simples ou fourchus, et croissent en automne, à terre ou sur le terreau formé par les arbres pourris, dans les jardins, les pâturages, les bois, etc. Le nom générique de geoglossum (terre et langue, en grec) rappelle leur forme et leur habitation. Les individus sont ordinairement épars ; quelquefois, cependant, on en trouve une grande quantité réunie sur un très- petit espace. Le nombre des espèces est de sept , selon M. Persoon ; mais Linck , Pries, etc., ont augmenté ce nombre, soit par la découverte de nouvelles espèces, soit en démontrant que quelques autres espèces de clavaria dévoient y être ramenées. Le nombre des espèces peut être porté à quatorze. Linck a légèrement mo- difié les caractères de ce genre , et il en résulte que dans quelques espèces le chapeau et le stipe sont distincts. Un très-petit nombre d'espèces ont été observées en France, et presque toutes dans le Nord. Les deux suivantes sont les plus communes. Geoglossum langue-de-serpent : Geoglossum glalrum, Pers. , Synop. , 608; Clavaria ophioglossoides , Linn. ? Decand. , Fli 558 GEO \ fr. , n." 26S ; Bull., Champ., pag. 196, tab. 672 ; Langue de serpent, Paulet , Trait. , 2, pag. 429, pi. 196, fig. 2; Vaill., Par., pi. 7 , fig. "3. Cette espèce a la forme d'une langue de serpent, tantôt simple, tantôt fourchue, le plus souvent con- tournée et creusée en spirale. Elle a deux ou trois pouces de longueur sur deux ou trois lignes de largeur. Sa couleur extérieure est le noir ou le noir brunâtre ; mais elle est blanchâtre à Tinlérieur. Sa consistance est sèche et sa sur- face parfaitement glabre, caractère distinctif entre cette plante et la suivante ; Ton observe à sa surface une poussière noire très- fine, qui tombe d'elle-même lorsqu'on pose le champignon sur une glace. Cette plante est commune en automne aux environs de Paris : elle croit à terre ; nous Pavons aussi observée sur de vieilles poutres pourries de la machine de Marly , et sur des souches décomposées du sorbier des oiseleurs. Dans les prai- ries tourbeuses du Hartz , on en trouve une variété noire, remarquable par la longueur de son stipe , distinctement écailleux. Geoglossum velu : Geoglossum hirsiilum, Pers. , Sjnops,, 608 ; Clavaria ophioglossoides , Sowerb., Fung., pi. 83. Cette espèce est très -voisine de la précédente; elle s'en distingue par sa surface velue : elle est noire; croit en touffes; elle est com- primée et unie à son extrémité : dans une variété elle est arrondie et plissée. Cette espèce se trouve dans les bois et les prairies. (Lem.) GÉOGNOSIE. (Min.) La géognosie a proprement pour objet la connoissance du globe terrestre, c'est-à-dire, delà nature, de la disposition et de tous les accidens des masses minérales dont il est formé. Cette science naquit seulement avec Saussure , Pallas , Werner, Dolomieu, Faujas, Spallanzani. Elle se distingue ainsi de la géologie, dont les systèmes remontent aux pre- miers âges de la civilisation. Le mot géognosie, sorti de Pécole allemande, commence à remplacer en France celui de géologie, dont l'application est moins précise. Voyez Terre, Terrains, Gisemens. (Brard.) GÉOGRAPHIE. {Conehyl.) On trouve quelquefois désigné sous ce nom le cône Brocard de Soie. Voyez Cône. (DeB.) GEO 359 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. (BoL) On désigne sous le nom de géographie botanique Tétude méthodique des faits' relatifs à la distribution des végétaux sur le globe , et des lois plus ou moins générales qu'on en peut déduire. Cette branche des connoissances humaines n'a pu exciter l'atten- tion des observateurs que depuis que la géograpliie et la botanique, enrichies par un grand nombre de faits, ont su s'élever à des idées générales. Les anciens naturalistes avoient fort négligé l'étude et même l'indication des patries des plantes. Linnaeus est le premier qui ait pensé à les indiquer dans les ouvrages généraux ; il est le premier qui ait donné et le précepte et le modèle de la manière de rédiger les Flores ; il est le premier surtout qui ait distingué avec soin les habitations , c'est-à-dire les pays dans lesquels les plantes croissent , et les stations , c'est-à-dire la nature particulière des localités dans lesquelles elles ont coutume de se développer. C'est donc de Linnœus que sont réellement sorties les pre- mières idées de géographie botanique. Depuis cette époque, tous les botanistes ont indiqué avec plus de précision la patrie des plantes, et quelques-uns même ont fait de cette étude l'objet de leurs recherches spé- ciales. Ainsi Giraud-Soulavie , dans son Histoire naturelle de la France méridionale, publiée en 1783, et Bernardin de Saint-Pierre , dans ses élégantes Etudes de la nature , ont pré- senté à cet égard quelques considérations intéressantes, mais dépourvues de cette exactitude qui fixe l'attention des sa- vans et qui seule constate la vérité. M. Link', en 1789, a fait connoitre les plantes qui lui paroissent propres aux ter- rains calcaires. M. Stromeyer*, en 1800, a présenté sur la géographie botanique le plan d'un travail qui fait connoître toute l'étendue de la science, et qui fait regretter qu'elle n'ait pas été étudiée plus tôt. M. Lavy^, en 1801 , a classé les plantes du Piémont relativement à leur ordre géographique. 1 Linkj Flotte Gcettingensis sf/ecimen ; in-8." Gtettingce , 1 789. 2 Stromeyer, Commentatio sistens hisioriœ vegetahilium géographie» spécimen j in-8.° Gattiiigas , 1800. 3 Lavy, Stationes plantarum Pedemontio indigenanim ; iu-S." Tau- rini, 1801 5Go GEO M. Kielman', en 1804, a publié quelques observations in- téressantes sur la végétation des Alpes. J'ai moi-même, puis- que l'ordre chronologique me force à me citer ici, exposé d'une manière abrégée , dans la Flore françoise ^, quelques observations générales déduites de l'étude des plantes de France, et j'ai, depuis, ajouté à cette base quelques détails ultérieurs, soit dans les rapports de mes voyages^, soit dans l'article Géographie botanique et agricole du Dictionnaire d'a- griculture 4 ^ soit enfin dans le 3.* volume des Mémoires de la société d'Arcueil, publié en 1817. M. Bossi a fait à la Lombardie l'application de la méthode que j'avois proposée pour la France^. Mais l'ouvrage le plus précieux que nous possédions sur la géographie des plantes, le seul, peut-être, qui l'ait fait entrevoir dans toute son étendue, est la Géo- graphie des plantes que M. de Humboldt a publiée dans son Tableau physique des régions équatoriales^, auquel on doit joindre quelques développemens insérés dans ses élégans Ta- bleaux de la nature 7; ouvrages remarquables par le grand nombre de faits qu'ils font connoître , et par leur heureuse liaison avec les lois les plus importantes des sciences physi- ques. Dès-lors la géographie botanique prit une marche plus assurée. M. Wahlenberg, dans sa Flore de Laponie*, et en- suite dans ses Essais sur la végétation de la Suisse 9 et des monts Carpathes'", a développé Fhistoire générale des vé- gétaux de ces trois pa}-» avec une sagacité remarquable. 1 Kielman, Dissertatio de vegetatione in regionibus Alpinis; in-ô." Tuhingœ, 1804. 2 Flore françoise, 3.* édition, i8o5, vol, 2, p. i , avec une carte géographique, 3 Rapports des voyages botaniques et agronomiques dans les dépar- temens de la France, imprimés parmi ceux de la Société d'agriculture de Paris ; i8o3 — 1814. 4 Dictionnaire d'agriculture, chez Déterville , à Paris, 6 vol. , 1809. 5 Giornale délia società d'incoragemento del regno d'Italia , n.° 7. 6 Essai sur la géographie des plantes; 1 vol. in-4.°, Paris, 1807. 7 Tableaux de la nature, traduits par Eyries ; 2 vol. in- 12. Paris, 1808. 8 Flora Laponica, 2 vol. in- 12. Berolini, 1813. 9 De vegefaiione et climate Helvetiœ tentamen ; in-8.* Tiguri , i8i3. ïo Flora Carpathorum principalium; in-S." Ga:ttingcs , 1814. GEO 36i M. Robert Brown a fait connoître plusieurs généralités pi- quantes sur la géographie botanique de la Nouvelle - Hol- lande ' et de la partie d'Afrique voisine du Congo % et a , dans ses divers Mémoires, comme c'est le propre de son talent, ouvert aux botanistes une nouvelle route. M. Schouw^ a cherché à démêler , au milieu des faits nombreux et divers qui semblent se contredire , si l'on pouvoit admettre que chaque espèce de plante eût pris naissance dans un seul lieu; il prépare , sur la géographie des plantes de l'Italie , un travail que les botanistes attendent avec impatience. M, Boue'* a publié quelques considérations utiles sur la manière d'étu- dier la Flore d'un pays donné , et les a appuyées sur l'exemple de l'Ecosse. M. Winch ^ a fait un travail presque analogue sur quelques parties de l'Angleterre. M. Léopold de Buch, après avoir indiqué, dans son Voyage en Norwége , plusieurs faits curieux de géographie botanique, a publié un travail très- intéressant sur la distribution des plantes dans les îles Ca- naries^, résultat de ses propres recherches et de celles de son ami Chr. Smith , dont la botanique a pleuré depuis la mort misérable. Enfin, M. de Humboldt a recueilli, avec son talent ordinaire , tout ce que l'on connoît sur les bases de la géographie des plantes, et, en le combinant avec ses propres recherches, en a tracé, dans les Prolégomènes de la Flore d'Amérique 7 , Je tableau le plus fidèle et le plus brillant. A ces divers ouvrages il faut, pour avoir une idée com- plète de l'état actuel de nos connoissances , joindre cette multitude immense de notes relatives à la patrie des plantes 1 Geneial geogiaphical remarks on the botany of Terra aitstralis ; in-4.'' London, 1814. 2 Observations on the herbarium collected hjprof. Chr. Smith, in the vicinity of Congo; in-4.° London, 1818. 3 De sedibus plantariim originariis sectio prima. Havnice , iBiôjiu-S." 4 De méthode Floram cujusdam regionis conducendi ; in-3.° Edin- burgi , 1817. 5 Essai on the geographica! distrikution of plants through the coun- ties of Northumhertand , etc.; in-8." NewCasllc , 1819. 6 Allgemeine Uehersicht der Flora auf den Canarischen Tnseln Berlin, 1819 ; in-4." 7 HuniLoldt, Bonpland et Kuiuh , Nova plantarum gênera et specics ^timericœ , etc.; in-4.° Paris, ioi5 et suiv. 56^ GEO qu'on trouve éparscs dans les écrits des voyageurs, dans le.N collections des naturalistes , dans les Flores et les ou-, rages généraux de botanique; j'oserai peut-être encore ajouter ici, que, par la manière dont j'ai récapitulé ces notes dans le Système universel du règne végétal , elles deviendront plus utiles dans l'avenir à l'étude de la distribution des plantes sur le globe. Tel$ sont les ouvrages qui constituent la bibliothèque de la géographie botanique , et dpnt cet article doit être le ré- sumé : j'y joindrai les considérations qui m'ont été fournies par l'examen attentif que j'ai fait, pendant sept années de voyages en France , de la distribution des plantes sur le sol qui nous entoure. Je me propose de publier sous peu la statistique végétale de la France, qui contiendra, entre autres résultats de mes voyages, l'ensemble des faits observés sur la distribution des plantes sauvages et cultivées sur la surface de la France. L'article actuel peut être considéré comme l'introduction de cet ouvrîige. Toute la science me paroit se classer sous trois chefs gé- néraux : 1.° L'influence que les élémens extérieurs exercent sur les végétaux, et les modifications qui résultent, pour chaque espèce , du besoin qu'elle a de chaque substance , ou des moyens par lesquels elle peut échapper à son action ; 2.° Les conséquences qui résultent de ces données géné- rales pour l'étude des stations; 5.° L'examen des habitations des plantes , et les consé- quences qui en résultent relativement à Fensemble de la science. I.'* Partie. Injluence des élémens ou agens extérieurs sur les végétaux. Nous devons examiner ici l'influence de la température , de la lumière , de l'eau , du sol et de Fatmosphère , et ne pas perdre de vue que , quoique pour la clarté de l'expo- sition nous devions les séparer, elles agissent cependant pres- que toutes à la fois. GEO 363 A. Influence de la température. De toutes ces influences la plus prononcée est la tempéra- ture. Cette action est tellement claire qu'elle est connue de tout le inonde, et qu'en l'analysant je ne puis que classer des faits la plupart ti-iviaux. La température influe sur les végétaux, ou par une action purement physique sur leurs liquides et leurs solides , ou par une action physiologique sur leur force vitale. Considérée dans son action purement physique, la tempé- rature dilate ou condense les parties des plantes , comme celles de tous les corps. L'influence sur les solides est peu mani- feste; celle sur les liquides est tellement évidente, qu'on peut établir en principe que l'action physique de la température sur les végétaux ou les parties de végétaux est sensiblement proportionnée à la quantité de liquides aqueux qu'ils ren- ferment. Ainsi , les organes qui ne renferment point de liquides, sont comme insensibles aux extrêmes du froid et du chaud : tels sont les bois à leur état parfait, et les graines complètement mûres. De là vient que les graines peuvent être transportées par des causes occasionelies dans des cli- mats entièrement difTérens des leurs , et y conservent leur vie là où les plantes elles-mêmes périroient. Mais, pour analyser les effets de la température sur les liquides des végétaux, il faut distinguer ceux qui sont hors du végétal et destinés à y pénétrer , et ceux qui sont déjà introduits dans son tissu. Toutes les matières dont les végétaux se nourrissent, sont ou de l'eau, ou des substances dissoutes ou suspendues dans Teau. Si la température est au-dessous de la congélation , l'eau, devenue solide, ne peut pénétrer dans le tissu, et la végétation est suspendue : si la température est trop élevée, le terrain se dessèche et ne fournit plus d'alimens. La p^e•^ mière cause de stérilité s'observe au pôle et dans les hautes montagnes; la seconde, dans les lieux très-chauds. Mais l'ac- tion de la température est très-sensible à la surface du sol, et Test moins à une certaine profondeur: d'où il résulte, 1.° que, dans un terrain donné, les plantes à racines profondes résistent mieux aux extrêmes de la température que celles à 364 GEO racines superficielles ; 2." qu'une plante donnée résiste mieux aux extrêmes de la température dans un terrain plus com- pacte, ou moins bon conducteur du calorique, 01; moins doué de la faculté rayonnante, que dans un sol ou trop léger ou bon conducteur, ou rayonnant fortement le calorique. 3.° La nature des plantes et celle du sol étant données , les plantes résistent mieux au froid dans une atmosphère sèche, et à la chaleur dans une atmosphère humide. Quant aux liquides renfermés dans le tissu même du vé- gétal, ils sont soumis aux lois générales de la physique. Le froid peut les atteindre au point de les congeler; et comme cette congélation est toujours accompagnée de dilatation , celle-ci , lorsqu'elle est brusque , rompt les parois des cel- lules ou des vaisseaux , et détermine ainsi la mort partielle des plantes. Si, au contraire, la chaleur est extrême, elle détermine une trop forte évaporalion , d'où suit la flétrissure et le dessèchement. Voyons par quels mécanismes les plantes peuvent plus ou moins résister à ces effets. Leur résistance contre la congélation se fonde sur la marche de leur nutrition. Leurs racines sont plongées dans un sol dont la température est en hiver plus chaude que celle de l'air: elles absorbent donc, quoiqu'cn petite quantité, un liquide qui, en s'introduisant dans leur tissu, tend à le ré- chauffer au point que l'intérieur des gros arbres est en gé- néral au même degré de température que celle indiquée par un thermomètre placé à la profondeur moyenne de leurs racines. Cette action s'étend jusqu'aux sommités , parce que les liquides ne se communiquent pas leur chaleur de molé- cule à molécule, et qu'ils ne peuvent la transmettre qu'avec lenteur aux substances ligneuses et mauvaises conductrices qui les entourent. Il s'établit ainsi une lutte entre le froid exté- rieur de l'atmosphère et la chaleur interne de la sève. Les différences d'un arbre à l'autre tiennent essentiellement à la facilité plus ou moins grande avec laquelle la chaleur de celle-ci peut se dispenser. Ainsi, ï.", plus le nombre des couches interposées et distinctes par des zones d'air captif sera grand entre l'aubier (qui, renfermant plus d'humidité, est plus susceptible de gel) et l'extérieur, plus les arbres pourront résister au froid : c'est ainsi que les vieux arbres GEO 365 résistent mieux au froid que les jeunes' ; c'est ainsi que les bouleaux, dont l'écorce présente un grand nombre d'épi- dermes superposés , résistent à des froids étonnans ; c'est ainsi que la plupart des arbres monocotylédones, étant privés d'écorce, vivent moins bien dans les climats froids que les dicotylédones; c'est ainsi que les jeunes pousses résistent bien mieux au froid lorsque, dans leur premier développement, elles sont abritées par des bourgeons écailleux que lors- qu'elles sont à nu , etc. 2." Plus les couches extérieures sont dépourvues d'eau et abondamment munies de matières charbonneuses ou rési- neuses, plus aussi les végétaux résistent au froid : ainsi les plantes grasses gèlent assez facilement ; ainsi les conifères résistent à des froids très-vifs, tandis que les arbres verla non résineux gèlent à des degrés de froid peu intenses; ainsi les jeunes pousses , imbibées d'eau au printemps , gèlent à des degrés de froid qu'elles supportent en automne, lors- qu'elles sont moins aqueuses; ainsi les arbres gèlent moins facilement après un été bien chaud, qui a, comme disent les jardiniers , parfaitement aodte' leurs pousses, qu'après un été froid et pluvieux , où les pousses n'ont pas acquis toute leur dureté. Toutes ces causes combinées, soit entre elles, soit avec l'état particulier de chaque organe, soit avec la nature du tissu intime de chaque végétal , expliquent assez bien la diversité d'action d'un même degré de froid sur des végé- taux divers. Si nous examinons de la même manière l'action, d'une température trop élevée , nous verrons que certains végétaux, tels que les bois très-durs, y résistent, parce que, renfermant peu de sucs aqueux, ils offrent peu de matière à évaporer; d'autres, comme les plantes grasses, parce qu'elles sont douées d'un très-petit nombre d'organes évapo- ratoires; d'autres, comme les herbes des lieux humides, parce qu'elles pompent promptement une quantité d'eau suffisante pour suppléer aux effets de l'évaporation. 1 L'azédarach, jeune, gèle souvent, à Montpellier, à 3 ou 4 degrés et je l'ai vu, plus âgé, supporter sans péiir un froid de i5° (therm. centigr. ) dans le jardiu botanique de Geucvc. 566 GEO Quoique ce soit par des causes très -complexes que les végétaux résistent aux actions extrêmes du froid et du chaud, et que par leur réunion on pût peut-être expliquer com- plètement pourquoi telle plante gèle là oii une autre très- semblable ne gèle pas: il seroit, je pense, impossible d'ex- pliquer, par ces simples considérations de physique, pour- quoi , entre les limites mêmes où la végétation est possible , des plantes différentes requièrent des degrés de chaleur dilFé- rens , en sorte que telle graine germe à 5 ou 6", et que telle autre en exigera 20 ou 3o pour se développer. Cette diversité, qu'on retrouve dans les animaux, doit, très-probablement, dans les deux règnes organiques, être rapportée à l'intensité de l'excitabililé de la fibre ou du tissu de chaque espèce. Le problème se complique donc de causes physiques appréciables et de causes physiologiques que nous sommes obligés d'ad- mettre, quoique nous ne puissions en rendre compte avec la même précision. L'influence de la température sur la géographie des plantes doit être étudiée sous trois points de vue : 1.° la tempéra- ture moyenne de l'année ; 2.° les extrêmes delà température, soit en froid , soit en chaud ; 3." la distribution de la tempé- rature dans les différens mois de l'année. La température moyenne, qui pendant long-temps a été l'objet presque unique des physiciens, est en réalité la donnée la moins importante pour la géographie des plantes : à ne la considérer que comme une indication Vague , elle est d'un emploi assez commode; mais la même température moyenne peut être déterminée par des circonstances tellement diffé- rentes, que les conséquences et les analogies qu'on en vou- droit déduire sur la végétation, seroient très-erronées. On tire des résultats plus bornés, mais plus exacts, de l'é- tude des points extrêmes de la température : ainsi toute localité qui, ne fût-ce que de loin en loin, présente ou un froid oti une chaleur d'une certaine intensité, ne peut pré- senter à l'état sauvage les végétaux incapables de supporter ce degré extrême. Lorsque ces températures exagérées ne reviennent qu'à de longs intervalles , l'homme peut mainte- nir dans le pays la culture d'un A^égétal qui ne sauroit s'y maintenir sauvage, soit parce que, à chaque fois qu'il est GEO 3^7 détruit par la rigueur exagérée de la saison, il le rétablit par des graines ou des plantes tirées de pays plus tempérés,- soit parce que, dans ces momens critiques, il l'abrite contre l'intempérie de l'air; soit, enfin, parce que l'agriculteur ne demande pas toujours aux plantes qu'il cultive de porter des graines fertiles. C'est ainsi que la vigne , l'olivier et la plupart de nos plantes cultivées végètent très-bien pour notre usage dans des climats dont il seroit impossible qu'elles supportassent les hivers, si elles étoient livrées à elles-mêmes : c'est une des causes qui établit une difTérence absolue entre la géo- graphie agricole et la géographie botanique. Dans cette dernière, qui nous occupe essentiellement ici, les plantes ne peuvent s'établir à demeure dans un pays que lorsque ce pays ne présente pas , même de loin en loin , des causes de destruction complète. Ainsi, quelle que soit la température moyenne, une plante ne peut vivre sauvage dans un climat où, ne fût-ce que tous les vingt ans, elle viendroit à geler; ou , si quelques graines y sont portées par des causes accidentelles, elles n'ont jamais le temps de s'y établir d'une niapière fixe. Les plantes annuelles, qui n'ont d'autre moyen de réproduction que leurs graines , sont com- plètement exclues de toute localité où une intempérie quel- conque peut, ou les tuer, ou seulement empêcher^ la pro- duction de leurs graines: aussi sont-elles exclusivement bor- nées aux régions tempérées. Les végétaux vivaces peuvent encore vivre sauvages dans des climats qui ne leurpermettent pas toujours de produire des graines; celles qui sont douées de moyens particuliers de réproduction par les racines, peuvent vivre même dans des climats où elles ne sauroient presque jamais donner des graines fertiles. Sous ces divers rapports, et sous plusieurs autres, la dis- tribution de la température dans les mois de l'année est la partie la plus importante de cette étude. 11 est des climats éminemment uniformes, dans lesquels une certaine teuipérature moyenne est produite par un hiver doux et un été frais : tels Sont en général tous les pays maritimes; ce qui tient à ce que leur température est con- tinuellement ramenée près de la moyenne par la mer, ce vaste réservoir de température constante, qui les rafraîchit 368 GEO Fêté et les réchauffe l'hiver : telles sont encore , sans qu'on en connoisse bien les raisons, les parties occidentales des deux continens de rhémisphère boréal, et, jusques à un certain point, la presque-totalité de rhémisphère austral. Au con- traire , une même température moyenne peut être produite par la combinaison d'hivers très -froids avec des étés très- chauds : c'est ce qu'on observe dans les pays continentaux comparés aux pays maritimes, dans les parties orientales des continens comparées aux occidentales , dans l'hémisphère boréal comparé à l'hémisphère austral. Les plantes annuelles, qui ont absolument besoin de cha- leur pendant l'été pour mûrir leurs graines, et qui peuvent passer l'hiver endormies , pour ainsi dire , à l'état de graines et indifférentes au froid de l'hiver, préfèrent les climats de la seconde série; les plantes vivaces , qui peuvent mieux se passer de mûrir leurs graines, et qui redoutent les grands froids de l'hiver, préfèrent ceux de la première. Parmi celles-ci, les plantes qui perdent leurs feuilles s'accommo- dent mieux des climats inégaux, et les plantes toujours vertes préfèrent les climats égaux. Si de ces données générales on descend dans les détails , on concevra facilement comment lu température de chaque saison en particulier, comment la durée de la chaleur dans certaines époques de l'année ou de la journée (durée que nos tableaux météorologiques ne représentent que d'une manière imparfaite) , peuvent exclure tel ou tel végétal de chaque localité. Je n'ai pu, pressé par l'espace, indiquer ici que les principes et la marche du raisonnement : ceux qui voudront étudier ce sujet curieux d'une manière approfondie , doivent lire et méditer le beau travail de M. de Humboldt sur les lignes isothermes, inséré dans le 3.*^ volume des Mémoires de la société d'Arcueil. B. Influence de la lumière. L'influence de la lumière solaire sur la végétation est presque aussi importante que celle de la température, et, quoiqu'elle influe un peu moins que la précédente sur la distribution géographique des végétanx , elle mérite cepen- dant une mention très-particulière. GEO 559 La lumière est l'agent qui opère le plus grand nombre défi phénomènes de la vie végétale. 1." Elle détermine une grande partie de l'absorption de la sève; les plantes pompent peu (riiumidité pendant la nuit et à l'obscurité. 2." Elle déter* mine complètement l'émanation aqueuse des parties vertes des plantes; celles-ci n'exhalent point ou presque point d'eau pendant la nuit ou à l'obscurité, tandis que cette exhalaison est très -considérable de jour et surtout aux rayons directs du soleil. 3." La lumière détermine, sinon absolument dans tous les cas, au moins dans presque tous ceux qu'on connoît bien et qui nous intéressent le plus; la lumière détermine j dis-je, dans le parenchyme des parties vertes, la décompo- sition de l'acide carbonique, et conséquemment la fixation du carbone dans les végétaux, la coloration des parties vertes, le degré de leur consistance et de leur alongement, l'inten- sité des propriétés sensibles, et, enfin, la direction de plu* sieurs organes. 4«° Elle est une des causes principales, et peut-être l'unique, des mouvemens singuliers connus sous le nom de sommeil des feuilles et des fleurs. 5.° Pendant l'ab* sence de la lumière les parties vertes absorbent une certaine quantité de gaz oxigène , déterminée pour chacune d'elles dans un temps donné. Quoique ces diverses influences s'exercent sur presque taus. les végétaux, elles ne s'exercent pas sur toutes les espèce» au même degré, et c'est de cette diversité même que naît le besoin qu'a chaque végétal d'une dose particulière de lumière. A considérer le globe dans sa totalité , la lumière est en moyenne plus également répartie que la chaleur; mais elle offre des disparates importantes dans son mode de répartition. Dans les pays situés près de l'équateur, une lumière intense» parce qu'elle agit plus perpendiculairement , éclaire les végé- taux à peu près également toute l'année pendant douze heure» chaque jour* A mesure qu'on s'éloigne de l'équateur et qu'où s'approche du pôle, l'intensité des rayons devenus plus obli- ques va en diminuant; mais, parla distribution de ces rayons ^ la lumière manque presque complètement pendant l'hiver j où l'absence de végétation la rendroit presque inutile aujs plantes, et est presque continue pendant la durée de la yé^é- us, H 370 GEO tation , de sorte que sa continuité compense en tout ou en partie son intensité. Quoique les conséquences de la conti- nuité de la lumière n'aient pas encore été suflisamment étu- diées, on voit déjà, d'après cette donnée générale, qu'in- dépendamment de ce qui tient à la température , les plantes qui perdent leurs feuilles peuvent mieux siipporter les pays septentrionaux, et que celles à végétation continue doivent avoir un plus grand besoin des régions méridionales. Les plantes dont les feuilles et les fleurs conservent habituelle- ment la même position, peuvent vivre dans les climats du nord , où la lumière est presque continue en été ; tandis que c'est dans les climats méridionaux qu'on trouve et qu'on doit trouver les espèces qui sont remarquables par le sommeil et le réveil alternatif de leurs feuilles ou de leurs fleurs , mou- vement qui est en rapport avec Talternative des jours et des nuits. Dans les pays situés au niveau de la mer, les rayons solaires ne parviennent aux végétaux qu'au travers d'une épaisse atmosphère, qui éteint, pour ainsi dire, une partie de leur éclat : à mesure que l'on s'élève sur les sommités des mon- tagnes, l'action de ces rayons est plus intense, parce que l'atmosphère est moins épaisse : d'où il résulte que , sous chaque latitude donnée , les espèces qui ont besoin en proportion de plus de lumière que de chaleur, doivent occuper le sommet des montagnes , et celles qui veulent plus de chaleur que de lumière doivent demeurer dans les plaines. Tous ceux qui ont tenté de cultiver les plantes des Alpes dans les plaines, savent combien il est difficile d'imiter cette station et de leur donner de la clarté sans trop de chaleur. Enfin , dans chaque pays déterminé , les plantes se distri- buent entre les diverses localités, d'après le besoin qu'elles ont d'une certaine quantité de lumière, et le point auquel chacune d'elles peut, sans trop souffrir, supporter un certain degré d'obscurité. Ainsi, toutes les plantes à feuilles très- aqueuses, qui ont besoin de beaucoup d'évaporation ; toutes les plantes grasses qui , ayant très-peu d'organes évaporatoires , ont besoin d'un stimulant pour déterminer sûrement leur action ; toutes celles qui sont d'un tissu très-abondant en car- bone , ou qui ont des sucs très-résineux ou huileux, ou qui GEO 371 offrent une grande étendue de surfaces vertes, etc., ont be- soin de beaucoup de lumière et se trouvent dans les lieux découverts : les autres, selon qu'elles s'écartent davantage de ces conditions, vivent ou à l'ombre légère des buissons, ou à celle plus forte des haies ou des murs, ou à celle des forêts (qui varient entre elles selon la nature des arbres) , ou , comme le font certains champignons, dans les cavernes et à l'obscurité totale. On a encore peu étudié les végétaux relativement à la dose de lumière dont ils ont besoin ; mais je ne doute pas qu'il n'y ait, à cet égard, de grandes diversités, et qu'elles ne puissent expliquer celles des stations : ainsi j'ai vu des fougères rester vertes dans des caves où les autres plantes étoient toutes étiolées; ainsi j'ai vu la lumière artificielle des lampes produire des effets très-divers sur ditférens végé- taux exposés à son action. Ce sujet seroit digne des recher- ches de quelques observateurs exacts. Les époqiîcs même où une certaine dose de lumière parvient aux végétaux, quoi- que ^oins variables que ce qui tient à la température, pré- sentent encore quelque intérêt. Ainsi, par exemple, les mousses et les arbustes toujours verts, comme le houx, qui végètent principalement en hiver , vivent très-bien dans les forêts d'arbres qui perdent leurs feuille* , où ne pourroient vivre des plantes qui végètent surtout pendant l'été. C. Influence de l'eau. Tout le monde connoît l'absolue nécessité de l'eau pour la végétation, et les physiologistes ne se sont, à cet égard, distin- gués du vulgaire , que parce que quelques-uns, tels que Van- Helmont , ont eu l'art d'exagérer encore un efi'et si puissant. Si nous nous bornons d'abord à l'examen de l'eau en tant que faisant partie du sol lui-même , nous savons qu'elle est le véhicule universel qui apporte aux végétaux tous leurs alimeus, et qu'elle-même fait partie de la nourriture qui se fixe dans les plantes et accroît leurs parties solides. Sous ce double rapport les végétaux peuvent différer , et quant à la quantité absolue d'eau qu'ils acquièrent, et quant au mode de son absorption , et quant au besoin qu'a chaque espèce de trouver certaines matières dissoutes dans l'eau qu'elle 372 GEO absorbe. Montrons, en peu de mots, l'influence de ces diffé- rences sur la géographie botanique. La quantité diverse de l'eau absorbée par chaque espèce offre les disparates les plus prononcées, et chacun sait que c'est une des causes qui influent le plus puissamment sur la distribution topographique des végétaux. Ceux qui ont besoin d'absorber une grande quantité d'eau, savoir, ceux à tissu lâche et spongieux; ceux qui ont des feuilles larges, molles et surtout munies d'un grand nombre de pores corticaux; ceux qui ne portent que peu ou point de poils à leur superficie; ceux dont la végétation est rapide; ceux qui forment peu de matériaux huileux ou résineux; ceux dont les parties ne sont pas susceptibles d'être altérées ou corrompues par l'humidité; ceux, enfin, dont les racines sont très-nombreuses, ont en général besoin d'absorber beau- coup d'eau et ne peuvent vivre que dans des lieux où ils en trouvent naturellement une grande proportion. Ceux, au contraire, qui ont le tissu serré et compacte, qni ont les feuilles petites, dures ou munies d'un petit nom- bre de pores; ceux qui ont beaucoup de poils; ceux dont la végétation est lente; ceux qui forment dans le cours de leur végétation beaucoup de matériaux huileux ou résineux; ceux dont le tissu est susceptible d'être altéré ou corrompu par trop d'humidité; ceux, enfin, dont les racines sont peu nombreuses, ont besoin d'une petite quantité d'eau et choi- sissent de préférence pour leur station naturelle les lieux les plus secs. Le degré d'action de chacune des causes que je viens d'énu- mérer , et leur combinaison mutuelle , déterminent pour chaque espèce le besoin d'une quantité d'eau à peu près dé- terminée. Mais, quelque compliquées que soient ces causes, il faut encore les combiner avec d'autres : ainsi , plus la tem- pérature est élevée , et plus la lumière est intense dans une époque et un lieu donnés ; plus aussi, toutes choses étant d'ail- leurs égales, les plantes ont besoin d'absorber une plus grande quantité d'eau, parce qu'elles en combinent et en éliminent davantage. De là vient le besoin qu'ont certaines plante» de trouver plus ou moins d'eau à certaines époques de leur vie , ou dans certaines localités, ou dans certains modes de culture. GEO 575 $i je suivois dans les détails cette marche de raisonnement, je pourrois montrer assez clairement comment les végétaux, par des causes diverses, ont besoin d'une quantité d'eau dé- terminée, et, par conséquent, doivent prospérer chacun dan» la localité qui répond à ses besoins. Mais les exemples sont trop faciles à trouver poiir qu'il vaille la peine de les pré- senter à l'attention du lecteur. Les conséquences mêmes des lois générales que je viens d'indiquer, sont généralement con- nues : ainsi on sait que les plantes à racines profondes pros- pèrent mieux dans les pays sujets à de longues sécheresses, parce que le fond de la terre végétale présente toujours un peu d'humidité; celles à racines trés-superficielles ne peuvent vivre que dans des climats où l'humidité est plus continue , etc. Mais la nature de l'eau absorbée par les plantes présente encore de grandes diversités: moins l'eau est chargée de prin- cipes nutritifs , plus il est nécessaire que les végétaux en absorbent dans un temps donné pour suffire à leur nourri- ture ; plus , au contraire , l'eau est chargée de principes qui altèrent sa fluidité ou sa transparence, et qui, en tant que molécules solides, tendent à obstruer l'orifice des pores ou à gêner l'absorption par leur viscosité, moins aussi les végé- taux en absorbent dans un temps donné. La nature même des molécules dissoutes ou suspendues dans l'eau influe beaucoup sur la distribution topographique des plantes. Ces matières dissoutes sont : 1." de l'acide car- bonique; 2." de l'air atmosphérique; 5.° des matières solubles, végétales ou animales; 4.° des principes alcalins ou terreux. On conçoit facilement que, quoique les besoins spéciaux des plantes soient beaucoup moins différens que ceux des ani- maux comparés entre eux, il doit y avoir à cet égard des diversités remarquables. Quoique cet objet ait été moins étudié que les autres parties de la physiologie végétale, on peut déjà entrevoir bien des faits qui s'y rapportent : ainsi, les végétaux dont le tissu doit contenir beaucoup de carbone, tels que les arbres à bois dur , redoutent plus que d'autres les eaux extrêmement pures et qui renferment peu de ga?. acide carbonique. Les plantes qui présentent beaucoup de matières azotées dans leur composition chimique, telles que les crucifères et 374 GEO les champignons, recherchent de préférence les terrains qui renferment beaucoup de matières animales en solution; les plantes qui présentent a leur analyse chimique une quantité notable de certaines substances terreuses, telles que la silice dans les monocotylédones , le gyps dans les légumineuses, etc., ont besoin d'en trouver dans le sol où elles croissent, et, s'il en manque, Tagriculteur a soin d'en ajouter artifi- ciellement. Les espèces qui offrent, lorsqu'on les brûle, une quantité de substances alcalines plus considérable qu'à l'or- dinaire , ne peuvent vivre que là où ces matières sont ac- cumulées : ainsi , toutes celles qui ont un besoin absolu de carbonate de soude, ne peuvent prospérer que près de la mer ou des sources salées; quelques-unes peuvent suppléera ce besoin de leur nature par l'absorption du carbonate de po- tasse, et alors ell?s peuvent vivre indifféremment près et loin de la mer. Ainsi la nature diverse des matières dis- soutes dans les eaux est évidemment une des nombreuses causes qui déterminent les stations des espèces végétales. Jusqu'ici je n'ai examiné l'eau qu'en tant qu'elle est destinée a être absorbée par les plantes; mais leau agit encore sous un autre rapport : lorsqu'elle est amassée en quantité plus con- sidérable que la plante ne peut en absorber, elle réagit sur son tissu, et tend à le décomposer, a le dissoudre ou à le corroiijpre. Parmi les plantes qui ont besoin d'absorber une grande quantité d'eau, il en est qui ne peuvent pas résister long-temps a cette action, pour ainsi dire, extérieure de l'eau accumulée : ainsi, les plantes à racines très-charnues, comme les bulbes succulentes ou les racines bulbeuses du pro- tea argentea , ou les tubercules charnus des cyclamens, sont assez facilement altérés par l'humidité, et ces plantes ne peuvent vivre par conséquent dans des lieux aquatiques ou marécageux. Au contraire , les tiges et les feuilles de cer- taines plantes sont naturellement douées de moyens par les- quels elles peuvent résister à l'action de l'eau extérieure. Ainsi, les unes ont la faculté de sécréter une matière vis- queuse qui les enveloppe et les protège contre l'eau; c'est ce qu'on voit très-bien dans les hatrachospermum , par exemple : d'autres, telles que plusieurs potamogétons , suintent à leur superficie une espèce de vernis qui empêche l'eau de les GEO 375 toucher, et qui agit pour les en défendre, précisément comme l'huile dont sont enduites les plumes des oiseaux aquatiques. Enfin , les plantes monocotylédones , dont la surface présente un tissu remarquablement siliceux et par conséquent très- peu altérable par l'humidité, résistent mieux que les dico*- tylédones à l'action de l'eau extérieure. Aussi voyons- nous un plus grand nombre de plantes aquatiques parmi les mo- nocotylédones que parmi les dicotylédones; aussi certaines plantes, même charnues, telles que les aloès, peuvent vivre plusieurs mois sous l'eau sans en être sensiblement altérées. Me seroit-il permis de faire remarquer ici, en passant, que c'est à cause de cette quantité de silice et de cette inalté- rabilité qui en est la suite , que la plupart des peuples du monde ont choisi des monocotylédones pour couvrir leurs maisons? Les septentrionaux ont employé le chaume d'après le même principe par lequel les peuples des tropiques em- ploient les feuilles des palmiers. Ce que je viens de dire de l'eau accumulée à l'état de liquide autour des racines ou des feuilles des plantes, seroit applicable , avec de légères modifications , à l'eau dissoute ou suspendue dans l'air : c'est ce que nous verrons tout à l'heure, en parlant de l'influence de l'atmosphère,- mais je dois auparavant dire quelques mots de l'influence du sol. D. Injluence du sol. Cette influence est peut-être plus compliquée encore que toutes les précédentes; on peut cependant la réduire à trois considérations principales. 1." Le sol sert de point d'appui aux végétaux , et par conséquent sa consistance doit lui donner, sous ce rapport, une aptitude particulière pour soutenir, plus ou moins bien, des plantes douées de formes diverses. Ainsi , les terrains de sable très-mobile ne peuvent servir de point d'appui qu'aux végétaux ou assez bas et couchés pour que le vent ne les renverse pas , ou aux arbres munis de racines assez profondes et assez ramifiées pour les fixer dans cette matrice mobile ; encore ces deux effets seront-ils modifiés dans leurs résultats selon qu'il s'agira de pays plus ou moins sujets à l'action impétueuse des vents, selon qu'il s'agira d'arbres qui vivent 576 GEO naturellement isolés, ou de ceux qui, croissant en soclétéâ nombreuses, se protègent réciproquement. Les règles inverses se trouvent vraies pour les terrains compactes : les plantes à petites racines peuvent y être suffi- samment fixées, et celles-là seules peuvent y vivre; caries racines très-grandes ne sauroient pénétrer dans des terrains trop tenaces. Enfin , les deux termes extrêmes de cette série présentent également des terrains stériles: les sables trop mobiles, ou les eaux trop courantes; les argiles trop compactes, ou les rochers trop durs, sont, par des causes inverses, presque entièrement dépourvus de végétation. 2." La nature chimique des terres ou des pierres qui com- posent le terrain, influe aussi sur le choix des végétaux qui peuvent le peupler ou y prospérer; mais c'est ici encore un effet qui , quoiqu'en apparence simple , est en réalité très- complexe. Les différentes terres agissent sur la végétation par des circonstances physiques , ainsi , par exemple , selon qu'elles sont plus ou moins douées de la force hygroscopique , ou, en d'autres termes , selon qu'elles absorbent l'eau ambiante plus ou moins facilement , qu'elles la retiennent avec plus ou moins de force, ou l'abandonnent plus ou moins facilement. Les plantes qui exigent plus ou moins d'humidité, peuvent prospérer dans tel ou tel terrain; mais cet effet, évident en lui-même , se complique avec d'autres circonstances : ainsi , Kirwan a montré par l'analyse comparée des terres réputées bonnes pour le froment dans divers pays, qu'elles contiennent d'autant plus de silice que le climat est plus sujet à la pluie, d'autant plus d'alumine que le climat est moins pluvieux; ou , en d'autres termes, que le terrain , pour être bon pour un végétal donné, doit être plus hygroscopique dans un climat sec , moins hygroscopique dans un climat humide : d'oii résulte évidemment que, dans des localités différentes, on peut trouver les mêmes espèces de végétaux dans des terrains différens. 3.° Chaque nature de roche a un certain degré de téna- cité et une certaine disposition à se déliter ou à se pulvé- yîser ? de là résulte la facilité plus ou moins grande de cer- GEO 377 tains terrains à être forniéh ou de sable ou de gravier, et à être composés de fragmens de forme ou dp grandeur à peu prcs déterminée. Certains végétaux, par les causes ci-dessus indiquées, pourront préférer tel ou tel de ces sables ou de ces graviers; mais la nature propre de la roche n'agit ici que médiatement : ainsi , lorsqu'on rencontre des roches calcaires qui se délitent comme les schistes argileux, on y trouve les mêmes espèces de végétaux. Les deux considéra- tions que je viens d'indiquer sont très-particulièrement ap- plicables aux lichens des rochers. 4.° Les roches, selon leur couleur ou leur nature, sont plus susceptibles d'être réchauffées par les rayons directs du soleil, et, par conséquent , elles peuvent un peu modifier la température d'un lieu donné; par conséquent aussi in- fluer, quoique légèrement, sur le choix des plantes suscep- tibles d'y prospérer. Mais, indépendamment de toutes ces causes physiques, la nature chimique des roches a-t-elle une influence sur les végé- taux? On ne peut, sans doute, le nier absolument; mais on doit convenir que cette action a été en général fort exagérée. Il faut remarquer, en effet, que les plantes ne vivent pas en général sur le roc pur, mais dans un détritus de ces mêmes roches ; que les roches d'un pays même assez borné présen- tent souvent des natures très-diverses ; que la terre végétale n'est pas seulement formée par les roches qui l'entourent immédiatement, mais encore par le mélange des molécules terreuses chariées par les eaux , transportées par les vents et déposées dans un lieu donné par les débris des animaux ou des végétaux qui y ont vécu précédemment. Il résulte de toutes ces causes que les terres végétales diffèrent beau- coup moins entre elles que les roches qui leur servent de support, et que la plupart des plantes trouvent dans la plu- part des terrains les alimens terreux qui leur sont néces- saires ; aussi , après sept années de voyages en France , j'ai fini par trouver presque toutes les plantes naissant sponta- nément dans presque tous les terrains minéralogiques. Lors- qu'il s'agit d'une localité peu étendue et par conséquent d'un même climat , on trouve bien quelquefois certaines plantes qui s'arrêtent à la limite d'un terrain; mais, lorsqu'on Sys GEO étend ses recherches sur un espace plus étendu, on voit souvent cette même plante vivre, sous un climat différent, dans ce terrain qu'elle dédaignoit ailleurs. Je pourrois citer «ne foule d'exemples à l'appui de ces diverses assertions: ainsi on dit que le 'buis ne croit que dans les terrains cal- caires, et il est vrai qu'il paroît les préférer; mais je l'ai trouvé en abondance dans les schistes argilo- calcaires des P) rénées, et il n'est complètement exclu ni des granités de la Bretagne, ni des terrains volcaniques de l'Auvergne. On dit que le châtaignier ne croît point dans les pays calcaires , et il y est en elFet plus rtire qu'ailleurs; cependant on trouve de beaux châtaigniers des deux côtés du lac de Genève, au pied des montagnes calcaires du Jura et du Chablais. M. Car- radori a trouvé, par des expériences de laboratoire, que la magnésie pure est un poison pour la plupart des plantes; et M. Dunal, ayant été, a ma denrande, visiter un point des environs de I.unel où le sol présente une grande quan- tité de magnésie presque pure , y a trouvé les mêmes plantes que dans le calcaire environnant , et leurs racines prospé- roient dajîs les fentes de cette roche magnésienne. Sans nier donc entièrement l'influence de la nature chimique des terres (et j'ai , plus haut , en parlant des matières dissoutes dans l'eau , cité quelques exemples qui la prouvent) , je pense qu'elle ne doit jamais être séparée des influences purement physiques, et qu'on lui a en général attribué une importance exagérée. E. Influence de t atmosphère. Plus nous avançons dans la carrière que nous nous sommes proposée , plus nous trouvons que tout est compliqué, qu'au- cun efl'et ne peut être produit par une cause unique, qu'au- cun agent n'opère d'une manière simple. Ainsi l'atmosphère peut agir ou simultanément ou séparément par sa composition accidentelle, c'est-à-dire par l'eau et les autres matières qu'elle i-enferme , suspendues ou dissoutes; par son mouve- ment, par sa transparence et par sa densité. Je ne parle pas de sa composition primitive , car les expériences les plus exactes ont prouvé que les proportions d'azote et d'oxigène sont constamment les mêmes dans l'atmosphère; mais des matières qui n'en font pas partie intégrante et nécessaire , GEO 379 s'y mêlent dans certains lieux, et la rendit plus ou moins propre à certaines espèces de végétaux. Ainsi, comme cela a lieu dans certaines grottes ou certaines mines, les quantités de gaz acide carbonique ou d'hydrogène "peuvent être assez considérables pour empêcher la végétation de toutes les plantes, ou pour ne permettre que celle de quelques-unes, ou plus robustes, ou plus avides de ces substances. Ainsi Tair chargé des émanations salines de la mer nuit à certains végétaux, et favorise au contraire le développement de ceux qui ont besoin de carbonate de soude, comme on le voit dans les vallées du midi de l'Europe, où l'on trouve des plantes maritimes, et où l'on peut cultiver de la soude à une grande distance de la mer , pourvu qu'elles soient ouvertes de son côté et exposées au vent marin. Mais ces effets divers sont bornés à des localités peu éten- dues: l'influence la plus générale que l'atmosphère exerce sous le rapport des substances qu'elle renferme , est son in- fluence hygroscopique. Elle est habituellement chargée d'eau , ou invisible et simplement appréciable par l'hygromètre , ou A'isible et à l'état de vapeur. On n'a encore qu'un petit nombre d'observations ou d'expériences exactes pour connoître, 1." si ces deux étals de l'eau atmosphérique agissent d'une manière bien différente sur les végétaux; 2." pour déterminer l'in- fluence sur les plantes d'une certaine quantité habituelle ou momentanée, continue ou variable, d'humidité atmosphé- rique. Les expériences, un peu vagues il est vrai, des culti- vateurs, et les observations déduites de la distribution des plantes sur le globe, tendent à prouver que cette influence est assez importante : tel végétal prospère mieux, à égal de- gré de température, dans un air modérément humide; tel autre dans un air très-humide ou très-sec. C'est une des cir- constances que la culture en plein air ne peut point imiter, que la culture des serres n'imite que d'une manière impar- faite, et qui influe, par conséquent, sur les diflirultés que nous éprouvons à transporter les végétaux d'un pays dans l'autre. Far conséquent, elle doit agir aussi sur la géographie des plantes, et mérite plus d'attention que les voyageurs ne lui en ont accordé jusqu'ici. C'est en partie à cette cause que tient la différence de la végétation des pays maritimes et des 58« CxEO pa',s continentauf , des montagnes et des plaines, etc. Les brouillards empêchent la fécondation des fleurs, et, par con- séquent, telle plante ne pourroit prospérer habituellement dans un climat qui seroit trop souvent nébuleux à l'époque de sa floraison. L'influence de l'agitation de l'air est bien connue dans les cas extrêmes, mais n'a pas encore été appréciée dans les détails. Tout le monde sait que les vents trop impétueux brisent ou déracinent les arbres, et leur effet est grave dans les pays où ces accidens sont intenses ou fréquens; il l'est d'autant plus que la nature du sol est plus sa- blonneuse, et qu'il s'agit d'arbres à tiges plus élevées, à branches plus ramifiées , à bois plus fragile , à feuilles plus larges, à fruits plus gros. Mais la stagnation absolue de l'air paroît aussi nuisible a la végétation : déjà plusieurs jardiniers avoient observé qu'on se trouve bien d'établir un peu de mouvement dans l'air des serres; et récemment M. Knight a prouvé que des arbres retenus immobiles croissent moins dans un temps donné que ceux qui sont soumis à l'action du vent. Quoiqu'on n'ait point encore assez apprécié cet effet pour savoir s'il agit sur la distribution des végétaux, je ne crois pas devoir le passer entièrement sous silence. Mais, de -toutes les influences de l'atmosphère, la plus difficile peut-être à réduire à sa véritable valeur est l'action de sa densité, ou, ce qui est la même chose, l'influence de la hauteur absolue sur la végétation. J'ai déjà cherché à analyser cette influence de la hauteur dans un Mémoire qui fait partie du troisième volume de ceux de la société d'Arcueil, et je me bornerai à indiquer les bases générales du phénomène. La hauteur peut agir sur les végétaux, parce qu'elle a une action très-prononcée, etsiirla température, et sur l'in- tensité de la lumière solaire , et sur l'humidité ambiante, et sur la rareté de l'air atmosphérique. A mesure qu'on s'élève dans l'atmosphère, la température va en diminuant , d'après des lois aujourd'hui assez bien connues des physiciens , et qui paroissent dépendre de ce que l'air rare a plus de capacité pour la chaleur que l'air dense. Les faits qui prouvent que l'abaissement de la tera- GEO 33i pérature dans les hautes montagnes est une des causes qui in- fluent le plus sur la distribution des végétaux, sont les suivans. 1." La fixité de la croissance naturelle de chaque plante à une élévation déterminée au-dessus du niveau de la mer, est d'autant plus grande qu'il s'agit de pays plus voisins de l'équateur , d'autant moindre qu'il s'agit de pays plus tem- pérés : ce qui tient à ce que, plus on s'éloigne de l'équa- teur, plus l'exposition d'un lieu donné a d'influence sur sa température. 2° Dans les pays tempérés , comme la France , par exemple , les plantes qui sont peu affectées par la température et qui croissent à toutes les latitudes , croissent aussi à toutes les hauteurs où le terrain n'est pas couvert de neiges éternelles, depuis le niveau de la mer jusqu'au sommet des montagnes. J'ai recueilli environ sept cents exemples de cette loi : ainsi la bruyère commune, le genévrier, le bouleau, etc., croissent indiff'éremment au niveau de la mer et à 5ooo mètres de hauteur. 5.° Si des plantes qui, selon leur constitution, redou- tent une température trop chaude ou trop froide , crois- sent à des latitudes diverses, on observe que c'est à des hauteurs telles que l'efTet de l'élévation puisse compenser celui de la latitude : ainsi, les plantes des plaines du Nord croissent dans le Midi sur les montagnes. 4.** Les plantes cultivées en grand suivent des lois tout-à- fait correspondantes aux précédentes : celles qu'on cultive à toutes latitudes, végètent aussi à toutes hauteurs; celles qu'on ne trouve qu'à des latitudes déterminées, s'arrêtent aussi à des hauteurs proportionnelles : la pomme de terre, qui vient si bien dans nos plaines, se cultive, au Chili, jusqu'à 36oo mètres d'élévation ; l'olivier, qui n'atteint nulle part 44° de latitude, ne s'élève pas au-dessus de 400 mètres de hauteur. S.° L'élévation au-dessus du niveau de la mer établit, dans la comparaison de la température des saisons, des effets assez analogues à ceux qui résultent de la distance de l'équateur,^ de sorte que les effets sur la végétation en sont d'autant plus analogues dans les deux cas. A mesure qu'on s'élève dans une ligne verticale, il résulte de la diminution de la densité de l'air, que l'intensité de la 38^ GEO lumière solaire va en augmentant : cet effet est représente dans la ligne des distances à Téquateur, parce que la conti- nuité de ]a lumière pendant la durée de la végétation est d'autant plus grande qu'il s'agit d'une latitude plus élevée. A mesure qu'on s'élève dans les montagnes, on voit l'hy- gromètre, par sa marche descendante, annoncer que l'hu- midité de l'air va en diminuant : le même effet général a lieu à mesure qu'on va de l'équateur au pôle. Dans les montagnes couvertes de neiges éternelles et où les plantes sont arrosées habituellement avec de l'eau glacée, celles qui craignent les températures trop chaudes peuvent vivre à des hauteurs inférieures à celles que, sous la même latitude, elles supportent lorsqu'elles ne sont pas arrosées par de l'eau de neige. Il semble donc que, sous tous ces rapports, l'espèce de fixité des plantes à de certaines hauteurs tient éminemment à l'abaissement de la température d'après l'élévation. Le seul point de vue, purement théorique, d'après lequel on pourroit croire que la rareté de l'air a par elle-même une action directe sur la végétation, c'est le besoin qu'ont les vé- gétaux d'absorber une quantité plus ou moins grande de gaz oxigène pendant la nuit par leurs parties vertes, et jour et nuit par leurs parties colorées. Il n'est pas douteux qu'il y auroit un terme d'élévation où l'atmosphère, devenue trop rare, ne présenteroit pas assez d'air pour satisfaire à ce be- soin des plantes; mais partout les montagnes se trouvent couvertes de neige avant que cet effet devienne sensible. Aussi voyons-nous les plantes qui ont besoin de la plus grande dose d'oxigène , tout comme celles qui ont besoin de la moindre, croître indifféremment dans les plaines et dans les montagnes. Si cette influence entre donc pour quelque chose dans la station des plantes à certaines hauteurs, elle ne me paroît pas appréciable au milieu de l'influence pré- dominante de la température de la lumière et de l'humidité. La diminution de la pression de l'air peut encore, selon M. de Humboîdt, agir en favorisant et en augmentant l'éva- poration. Cet effet est certain en théorie; mais je ne con- nois pas de moyens, dans les connoissances actuelles, pour en apprécier l'influence réelle. GEO 335 Pour prouver combien, dans les climats tempérés, l'in- fluence de la hauteur est moindre qu'on ne pourroit le croire , j'ai coté, dans une suite de tableaux qui font partie du Mémoire cité plus haut, les maxima et minima des hau- teurs où j'ai trouvé une même espèce de plantes. Ces ta- bleaux , oii j'ai presque toujours négligé à dessein les exem- ples où la difïérence ne va pas à mille mètres, prouvent que l'influence des hauteurs est beaucoup moins grande qu'on ne l'avoit cru. 2.° Partie. Des stations. Nous venons d'analyser Tinfluence générale des agens exté- rieurs sur les végétaux, et d'entrevoir comment la structure propre à chaque plante, combinée avec cette influence gé- nérale, détermine pour chaque espèce, ou la possibilité de vivre dans un lieu déterminé, ou sa plus grande prospérité dans une certaine localité. Nous devons maintenant appli- quer ces données générales aux stations et aux habitations des plantes. C'est sur cette distinction fondamentale que me semblent reposer tous les moyens de mettre quelque exacti- tude dans la généralisation des faits connus. On exprime par le terme de station, la nature spéciale de la localité dans laquelle chaque espèce a coutume de croî- tre, et par celui dliabitation, l'indication générale du pays où elle croît naturellement. Le terme de station est essentielle- ment relatif au climat, au terrain d'un lieu donné; celui d'habitation est plus relatif aux circonstances géographiques et même géologiques. La station de la salicorne est dans les naarais salés, celle de la renoncule aquatique est dans les eaux douces et stagnantes; l'habitation de ces deux plantes est en Europe , celle du tulipier dans l'Amérique septen- trionale. L'étude des stations est , pour ainsi dire, la topogra- phie, et celle des habitations la géographie botanique. La confusion de ces deux classes d'idées est une des causes qui ont le plus retardé la science , et qui l'ont empêchée d'ac- quéi-ir quelque exactitude. Nous voyons très-évidemment que dans une région bornée les plantes se distribuent unique- ment par le besoin que chacune d'elles a, d'après sa structure, de certaines combinaisons des milieux où elle doit vivre. S8/, GËO J,H même cause détermine-t-elle les habitations ? C'est une des questions fondamentales de la science , et même pour la discussion des faits il importe de ne pas confondre ceux qui sont relatifs à ces deux classes d'idées. Nous nous bornerons d'abord à l'examen des stations des plantes d'une même ré- gion. I.es lois relatives aux stations paroissent applicables à toutes les régions; mais on ne doit comparer que les exem- ples réellement comparables, c'est-à-dire, déduits d'une même région. Toutes les plantes d'un pays, toutes celles d'un lieu donné, sont dans un état de guerre les unes relativement aux autres- Toutes sont douées de moyens de réproduction et de nutri- tion plus ou moins eilicaces. Les premières qui s'établissent par hasard dans une localité donnée, tendent, par cela même qu'elles occupent l'espace, à en exclure les autres espèces: les plus grandes étouffent les plus petites; les plus vivaces remplacent celles dont la durée est plus courte; les plus fé* coudes s'emparent graduellement de l'espace que pourroient occuper celles qui se multiplient plus difficilement. Dans cette lutte perpétuelle il se passe deux phénomènes principaux. :." Certaines plantes , d'après leur organisation, ont besoin de certaines conditions d'existence : l'une ne peut pas vivre là où elle ne trouve pas une certaine quantité d'eau salée: l'autre, là où elle n'a pas, à telle époque de l'année, telle quantité d'eau ou telle intensité de lumière solaire, etc. Il résulte de ce besoin de certaines circonstances, que certaines plantes ne peuvent pas se développer dans certaines localités : première cause de la distribution locale des végétaux. 2.° Le^ conditions d'existence de chaque espèce ne sont pas rigoureusement fixes, mais admettent une cer- taine latitude entre des limites. On pourroit, pour chaque espèce . déterminer le point qui convient le mieux à sa na- ture, relativement à la dose de chaleur, de lumière, d'humi- dité , etc., qu'elle doit recevoir pour être dans le plus grand degré de prospérité possible: ce point une fois déterminé^ on ne tarde pas à reconnoitre que chaque espèce peut s'en écarter en plus ou en moins dans des limites quelconques. Lorsque ces limites sont très -rapprochées, la plante est plus délicate; elle ne peut vivre que dans un petit nombre de GEO 38^. localités, et ne peut, par le même motif, ni se naturaliser au loin ni se cultiver facilement : telles sont, par exemple, les bruyères, les pinguicula, les brunia , etc. Lorsque ces li- mites sont larges et plus elles sont larges, plus aussi la plante est robuste ; plus elle peut vivre dans des localités diverses; plus aussi elle est facile à cultiver et à naturaliser au loiu : telles sont la plupart des graminées, les plantains, les cen- taurées , etc. On trouve tous les degrés de délicatesse ou de force entre ces deux extrêmes. Mais, à mesure que la localité dans laquelle une plante se développe est plus contraire à sa nature , à mesure aussi elle y croit plus foible; de sorte que telle espèce, le carex arenaria, je suppose, qui, dans un terrain sablonneux acquiert tout son développement et étouffe toutes ses voisines, pourra bien dans un terrain compacte être à son tour étouffée par ces mêmes espèces qu'elle auroit domptées dans son sol de prédilectiojî. Ce que le terrain produit dans l'exemple que je viens de citer, pourroit être, dans d'autres cas faciles à remarquer, produit par la température, la lumière, l'eau ou l'atmosphère; bien plus, les mêmes plantes, dans les mêmes localités, luttent les unes avec les autres, et avec des succès différens selon leur âge. Ainsi, dans la culture des dunes des landes, on sème pêle-mêle du genêt et du pin : le genêt, qui pousse très- rapidement , domine et protège les jeunes pins, et quand il se trouve trop serré , il les étouffe quelquefois ; le pin, lorsqu'il échappe à ce danger, grandit plus que les genêts, il les dépasse et finit par les étouffer à son tour. Le même effet peut être produit par des maladies ou des accidens, par la nature diverse des couches de terre à diffé- rentes profondeurs j par les intempéries plus dangereuses pour une espèce que pour l'autre, et enfin par l'action de l'homme. On peut conclure de ces faits, que je me contente d'in- diquer, vu que la plupart sont très- bien connus; on peut, dis-je, conclure que dans chaque localité, parmi les plantes qui y sont semées naturellement et qui peuvent réellement y vivre, celles qui y prospèrent davantage tendent à s'em- parer de l'espace et à en exclure celles qui y sont plus languissantes : seconde cause de la distribution locale des i8. 35 586 GEO végétaux, et de la tendance naturelle de chacun d'eux à vivre dans le terrain oui lui convient le mieux. Onpcut facilement, de ces considérations générales, déduire l'explication d'un fait observé dès long-temps, mais plus mé- thodiquement par M. de Humboldt, savoir, qu'il est des espèces dont on trouve le plus souvent les individus épars et égrenés, et d'autres, qu'on a nommées plantes sociales, dont les indi- vidus naissent rapprochés et comme en sociétés nombreuses. Ainsi, pour citer des extrêmes de ces deux manières de vivre, le cvpripediitm calceolus ou l'orchis hircina vit presque tou- jours isolé , tandis que les bruyères de l'ouest , les rhodo- dendrons des Alpes, les potamogétons, etc., vivent le plus souvent en sociétés nombreuses. Cet effet est dû à des causes diverses. Ainsi, lorsqu'un terrain donné est d'une nature tel- lement particulière qu'il convient très-bien à certaines es- pèces et mal à la plupart des autres, celles qui y prospèrent finissent par s'en emparer entièrement. C'est ainsi qu'on trouve des plantes sociales dans tous les terrains spéciaux: telles sont ïelimus arenarius dans les sables, les sphagnum dans les lieux tourbeux, les rhododendrons sur les pentes élevées des Alpes , les bruyères dans les landes , etc. Toutes ces plantes sont sociales , parce qu'elles ne vivent que dans des localités déterminées. Au contraire, lorsqu'un terrain convient, au même degré, à un grand nombre de végétaux différens, ceux-ci luttent ensemble , à forces égales, pour s'y établir, et y vivent alors mélangées. C'est ainsi que dans nos terrains cultivés toutes les mauvaises herbes prospèrent pêle-mêle lorsqu'on leur en laisse la liberté; c'est ainsi que les forêts des régions fertiles des tropiques présentent un mélange de plusieurs arbres , tandis que celles des pays tempérés, moins favorisées du cli- mat , présentent d'ordinaire une essence dominante. Enfin , les espèces éminemment robustes, qui par cela même sont le plus souvent dispersées, deviennent quelque- fois sociales : c'est ce qui a lieu , par exemple, dans les très- mauvais terrains , où ces plantes robustes peuvent vivre , tandis que toutes les autres périssent ; c'est ainsi que les individus de Veryngium campestre sont égrenés dans certains pays, et vivent souvent en sociétés dans les sables à demi fixés du bord desmçrs. CxEO 38; A ces causes générales, déduites du mode de nutrition, il faut joindre les causes qui dépendent de la réproduction des plantes : celles qui se propagent par des racines, des tiges ou des jets rainpans , comme la piloselle ; celles qui produisent un grand nombre de graines, et dont les graines ne peuvent pas être facilement emportées au loin par les vents, vivent plus rapprochées entre elles qne celles d'organisation ana- logue d'ailleurs , mais à graines peu nombreuses ou très- volatiles. La disposition ou le rapprochement des individus d'une même espèce est donc une conséquence immédiate de la théorie générale des stations, telle que nous l'avons déve- loppée ci-dessus. La classification des stations des plantes, qui, à la ma- nière dont elle est exposée dans la plupart des livres, semble fort simple, est en réalité fort compliquée et peu susceptible d'une exactitude rigoureuse. Nous avons vu , dans la pre- mière partie de cet article, combien une seule des cir- constances qui influent sur la végétation présente de modi- fications, la plupart simultanées : or , une station est une espèce de résultat moyen produit par la combinaison variée et inégale de toutes ces circonstances : ainsi, un marais est différent de lui-même, selon qu'il est alimenté d'eau douce ou d'eau salée-, qu'il est sur un sol d'argile ou sr.r du sable, dans la 'plaine ou sur une montagne, dans un climat chaud ou froid, etc. Quoique cette difficulté soit évidente, il existe cependant des données générales dans les stations, de sorte qu'il est utile de les distinguer, lors même qu'on ne peut le faire avec rigueur. Voici les classes qui paroissent les moins incertaines , savoir : 1.° Les plantes maritimes ou salines, c'est-à-dii,'e celles qui, sans croître plongées dans l'eau salée et sans flotter à sa sur- face, ont cependant besoin de vivre près des eaux salées pour en absorber une portion nécessaire à leur nourriture. Il faut distinguer ici celles qui, comme la salicorne, vivent dans les marais salés , et qui paroissent absorber des matières salines par leurs racines et leurs feuilles; celles qui, sem- blables au roccella fuciformis , vivent sur les rocs exposés à i'air marin, et ne semblent absorber que par leurs feuilles; 388 GEO et, enfin, les plantes, telles que Veryngitim campeslre, qui n'ont pas besoin d'eau salée , mais qui vivent sur les bords de la mer comme ailleurs, parce qu'elles sont assez robustes pour ne pas trop redouter Taction du sel. 2." Les plantes marines, appelées récemment ihalassiophjles par M. Lamouroux, qui croissent, ou plongées dans Teau salée, ou flottantes à sa surface. Ces plantes se distribuent dans le fond de la mer ou des eaux salées, d'après le degré de salure de l'eau ; d'après le degré habituel de son agita- tion, la continuité ou l'intermittence de leur immersion, le degré de ténacité du sol, et peut-être l'intensité de la lumière. 3.° Les plantes aquatiques, qui vivent plongées dans les eaux douces, soit entièrement immergées, comme les con- ferves; soit flottantes à la surface, comme les stratiotes; soit fixées dans le sol par leurs racines, avec le feuillage dans l'eau, comme plusieurs potamogétons ; soit enracinées dans le sol, et venant ou flotter à la surface, comme les nym- phaa, ou s'élever au-dessus de la surface, comme Valisma plantago. Cette dernière sous-division se rapproche beaucoup de la classe suivante. 4." Les plantes des marais d'eau douce et des lieux très- humides, parmi lesquelles on doit distinguer principalement celles des terrains tourbeux, des prairies marécageuses, du bord des eaux courantes; et, enfin, celles des terrains inondés pendant l'hiver et plus ou moins desséchés'pendant l'été. 5.° Les plantes des prairies et des pâturages, dans l'étude desquelles il faut distinguer celles qui , par leur réunion so- ciale, soit naturelle , soit artificielle, forment le fond de la prairie, et celles qui croissent entre elles avec plus ou moins de fréquence et de facilité. Ces plantes des prairies ne dif- fèrent que par le degré d'humidité de celles des prairies marécageuses. 6° Les plantes des terrains cultivés. Cette classe est tout-à- fait due à raction de l'homme : les plantes qui croissent dans nos terres cultivées sont celles qui, dans l'état sauvage, se plaisent dans les terrains légers et substantiels ; plusieurs d'entre elles ont été transportées d'un pays à l'autre avec les graiues mêmes des plantes cultivées. Celles qu'on trouve GEO 389 dans les champs, les vignes et les jardins, quoique souvent les mêmes, présentent souvent aussi un choix particulier déterminé par le mode de culture. 7.° Les plantes des rochers, desquelles on passe, par des nuances insensibles, à celles des murailles, des lieux ro- cailleux et pierreux, et jusques à celles des graviers, qui, à mesure que la masse des fragmens va en diminuant, nous conduisent, par de nombreuses nuances, jusqu'à la classe sui- vante. L'étude des plantes des rochers présente des diver- sités remarquables . d'après la nature propre de chaque roche. 8.° Les plantes des sables ou des terrains très-meubles, pour la classification desquelles on éprouve quelque diffi- culté : car celles des sables maritimes se confondent avec les plantes salines; celles des terrains meubles avec les espèces des terrains cultivés ; et celles des sables grossiers ne diffèrent pas de celles des graviers. g.° Les plantes des lieux stériles, à raison de ce qu'ils sont trop compactes , comme le sont les terrains argileux, ou ceux dont la superficie se durcit par la sécheresse ou la chaleur, ou ceux qui sont fortement tassés par l'homme ou les ani- maux. Cette classe hétérogène renferme des végétaux peu tranchés. 10.° Les plantes des décombres, ou qui naissent voisines des habitations humaines: ces espèces, en petit nombre, semblent déterminées dans le choix de leur station , les unes par le besoin qu'elles ont des sels nitreux , d'autres peut-être par le besoin de matières azotées. 1 1." Les plantes des forêts , parmi lesquelles il faut distin- guer les arbres qui, par leur réunion, composent la forêt, et les végétaux qui peuvent avec plus ou moins de facilité croître sous leur abri. Parmi les végétaux habitans des bois, leur distribution dans des forêts de diverses essences se dé- termine d'après le degré d'obscurité plus ou moins grand que chaque espèce peut supporter , soit toute l'année , comme dans les forêts d'arbres verts; soit pendant tout l'été, dans les forêts d'arbres qui perdent leurs feuilles. 12." Les plantes des buissons et des haies. Les arbustes qui composent cette station, diffèrent des végétaux des forêts par leurs moindres dimensions et par la légèreté de leur om- ^9" GEO brage : les espèces qui croissent entre eux sont plus parti- culièrement les herbes grimpantes. ï 3.° Les plantes souterraines , qui vivent , soit dans les ca- vernes plus ou moins obscures, comme les byssus ; soit dans le sein même de la terre , comme les truffes. Ces plantes peuvent se passer de l'action de la lumière, et plusieurs d'entre elles ne peuvent même la supporter. Les espèces qui naissent dans les cavités des vieux troncs , ont de grands rap- ports avec celles des cavernes. 34.° Les plantes des montagnes, parmi lesquelles on pour- roit admettre comme sous-divisions toutes les autres stations. On a coutume de classer comme plantes montagnardes celles qui, dans nos climats, ne se trouvent qu'à une hauteur ab- solue de plus de 5oo mètres ; mais cette limite est tout-cà-fait arbitraire. La division la plus importante à établir parmi les plantes montagnardes, est celle des espèces qui croissent dans les montagnes alpines où la neige persiste pendant tout l'été, et où l'arrosement est non -seulement continu, mais d'autant plus abondant et plus froid qu'il fait plus chaud; et des espèces qui croissent dans les montagnes dépouillées de neige pendant l'été, et où, par conséquent, Tarrose- ïnent cesse au moment où il seroit le plus nécessaire. Ces dernières sont évidemment plus robustes que les premières, et sont beaucoup plus faciles à soumettre à la culture. i5.° Les plantes parasi7e5, c'est-à-dire, qui sont dépourvues de la faculté, ou de pomper leur nourriture du sol, ou de l'élaborer complètement, et qui ne peuvent vivre qu'en absorbant la sève d'un autre végétal : on en trouve dans toutes les stations précédentes. On doit distinguer parmi les plantes parasites : 1.° celles qui naissent à la surface des vé- gétaux, et s'y implantent pour vivre à leurs dépens, telles que le gui et la cuscute; et 2." les parasites intestines, qui se développent dans l'intérieur même des plantes vivantes, et percent le plus souvent l'épiderme pour paroitre au dehors, telles que les urédos et les aecidium. ]6.° Les Tplàiiies fausses -parasites , c'est-à-dire, qui vivent ou sur des végétaux morts ou sur des végétaux vivans, mais sans en pomper la sève. Cette classe , qui a souvent été con- fondue avec la précédente , présente trois sous-divisions assez GEO 3ç,i distinctes. La première, qui se rapproche des vraies para- sites, comprend des plantes cryptogames, dont les germes, apportés probablement pendant l'acte de la végétation, se développent à l'époque où soit la plante, soit l'organe qui la recèle, commence à dépérir, et qui vivent de sa substance pendant son agonie ou après sa mort; telles sont les némas- pores et plusieurs sphéries : ce sont de fausses parasites in- testines. La seconde comprend des végétaux , soit crypto- games, comme les lichens et les mousses, soit phanérogames, comme les épidendrums , qui vivent sur les arbres vivan* sans pomper leur sève, et en se nourrissant ou de l'humidité superficielle de l'écorce , ou de celle de l'air : ce sont de fausses - parasites superficielles ; plusieurs peuvent vivre sur les rochers, les arbres morts ou le sol. La troisième com- prend les fausses-parasites accidentelles, comme le sont les herbes qu'on voit naître çà et là dans les cavités des troncs. Ces seize classes admettent assez tolérablement la totalité des végétaux connus; mais, comme j'en ai prévenu, elles nç doivent point être considérées d'une manière rigoureuse. Les unes se rapportent à l'influence du sol, d'autres à celle de l'eau , d'autres à celle de l'air ou de la lumière ; et dans chacune d'elles on a pris un élémen,t prédominant pouï base de la division , et on a négligé momentanément tous les autres. Cette méthode est peu logique ; mais on est forcé de s'en contenter là où des causes très-nombreuses se compliquent ensemble. L'influence de la température , quoique très-puissante sur les végétaux , a été négligée dans la classification des sta- tions; nous la verrons, au contraire, tenir le premier rang dans le peu qui est appréciable pour nous dans la théorie des habitations, dont nous allons maintenant nous occuper. 3.^ Partie. Des habitations. Si l'étude des stations nous a déjà présenté bien des parties vagues et peu susceptibles d'appréciations rigoureuses, celle des habitations nous offre cette incertitude à un degré plus éminent encore. Une partie du phénomène de la distribution Sgv GEO des végétaux dans les pays divers, paroît bien tenir à l'in- fluence appréciable de la température ; mais il est encore une partie de faits qui échappe à toutes les théories actuelles, parce qu'elle se lie à l'origine même des êtres organisés , c'est-à-dire au sujet le plus obscur de la philosophie natu- relle. Tous ou presque tous les végétaux, livrés à eux-mêmes, tendent à occuper sur le globe un espace déterminé; c'est la détermination des lois d'après lesquelles se fait cette Circons- cription végétale, qui constitue l'étude des habitations. Si l'on se contente de connoissances relatives aux espèces, on peut assez bien déterminer, pour chacune d'elles, les limites en latitude, en longitude et en hauteur, qu'elle n'a pas cou- tume de franchir. La collection de ces faits de détail est la base de la science. Lorsqu'on les aura tous réunis avec exac- titude , peut-être en pourra-t-on.déduire des lois générales et rigoureuses; mais nous ne connoissons probablement pas la moitié des espèces du globe , et pat-mi celles que nous con- noissons il en est à peine la moitié dont l'habitation soit déterminée avec précision. Les généralités que nous tentons d'établir en ce moment , sont donc évidemment provisoires ; mais elles tendent, tout imparfaites qu'elles sont, à faire connoitre l'ensemble de la végétation, et à diriger les voya- geurs dans le choix de leurs observations ultérieures : c'est sous ce double rapport qu'elles ont déjà un intérêt réel. L'influence de la température est manifeste lorsque l'on compare la nature, le nombre et le choix des végétaux qui croissent dans les pays divers, à différentes latitudes et à différentes hauteurs. Cette influence paroît plus grande en- core lorsqu'on réfléchit que ces élémens se compensent de manière à procurer aux individus d'une même espèce une température à peu près semblable dans les localités diverses où elle se trouve. Il se passe ici le même phénomène que pour les stations; savoir, que les espèces délicates, qui ont besoin d'une température bien déterminée (soit quant à l'in- tensité , soit qujint à Tépogue) , n'habitent que dans un seul pays, tandis que les espèces plus robustes, qui s'accom- modent de divers degrés de froid et de chaud, peuvent se rencontrer à des distances très-considérables, La température GEO 395 des eaux présentant de moindres diversités que celles de l'air, il est probable que les plantes aquatiques doivent être , moins que toutes les autres, bornées à un climat déterminé: c'est aussi ce que les botanistes croient avoir observé; mais je ne suis pas bien certain que ce résultat probable soit fondé sur des comparaisons assez nombreuses et assez exactes. Le nombre des espèces diverses d'un rtpace donné va en augmentant à mesure qu'on avance veilles pays chauds , et en diminuant vers les pays froids. Cette loi est évidente dans les montagnes, qui ont bien moins de plantes à leur sommet qu'à leur base; mais plusieurs autres causes concourent avec la température pour produire ce résultat, qui est plus clair en comparant les pays soumis à des latitudes diverses. Ainsi M. de Humboldt compte 4000 espèces seulement dans l'Amé- rique tempérée et i3ooo dans l'Amérique équinoxiale entre les tropiques, i5oo dans l'Asie tempérée et 4600 dans l'Asie équinoxiale. Ces nombres ne peuvent être que très-approxi- matifs , vu que les différens pays sont très- inégalement connus. On peut atteindre à une précision un peu plus grande, en comparant, sous d'autres rapports, le choix des végétaux du Nord et du Midi. En général, si l'on part des régions tempé- rées, on voit évidemment, 1." Que le nombre proportionnel des plantes dicotylédones va en augmentant à mesure que l'on approche de l'équateur, et en diminuant vers le pôle ; 2.° Que le nombre des acotylédones ou cellulaires suit une règle inverse , c'est-à-dire qu'il va en augmentant vers le pôle, et en diminuant vers l'équateur; 5.° Que celui des monocotylédones , parmi lesquelles je comprends les fougères, souffre peu de variations compa- rativement aux deux classes précédentes, et forme environ un sixième de la Flore totale de chaque pays, comme du monde entier. Ces trois propositions peuvent se déduire du tableau sui- vant. 394 GEO 1." Tableau, indiquant le nomhre proportionnel des trois g classes de végétaux dans divers pays. Laponie. Latit. bor. 66 — 69°. D'après M. Wahlenberg. Nombre total des plantes, 1087. ^"'^^^ Dicotylédones 840 1 MoRocotylédones 186 1 Acotyiédones 067 » Islande, Lat. bor. 63-~6y\ D'après M. Hooker : nombre total 642. Dicotylédones 289 1 Monocotylédones i35 i Acotyléduncs 268 1 Allemagne. Latit. bor. 46 — 54°. Principalement d'après M. Hoffmann : nombre total , 36!ïo. Dicotylédones 1466 1 Monocotylédones * 483 1 Acotylédones ** 1 700 t France. Latit. bor. 42 — Si". D'après la Floce françoise et le Supplément : Nombre total 5966. Dicotylédones 2997 1 Monocotylédones 79^ ' Acotylédones 2171 i Barlarie. Lat. bor. 34 — Sj", D'après M. Desfontaines : nombre total 1^77. Dicotylédones i 200 1 Monocotylédones 3 16 i Acotylédones*** 61 i Egypte. Latit. bor. 24 — 32°. D'après M. Delille : no-mbre total • • . . io3o. Dicotylédones, 776 t Monocotylédones 192 i Acotylédones. ■. 62 1 •anàti : 3 : 5 : 2-/. : 7'A : 2'/ 1% l'A 6'/. 16 * Ce nombre est plus fort que celui de Hofimann , parce que j'ai supputé les gf aminées d'après la partie publiée d'à la Flore deM. Schrader. '* Ce nombre paroît au-dessous de la vérité. Je n'ai pu noter les algues et les champignons que par approximation. *■* Ce nombre est au-dessous de la vérité. L'auteur s'est moins occupe de cryptogames que du reste du règne végétal. GEO 39» Jamaïque, Latit. bor. 18". D'après M- Lunan : nombre total *.,...■ i335, 8oiiài»ioi.commc Dicotylédones • • 801 i : 1 ^^ Monocolj'lédones 4«2 » '• ^'k Acotylédofies *22 i ; Ji Guianefrançoise. Latit. bor. 1 — 4". D'après Aublet : nombre total 1209. Dicotylédones 960 1 l 1 '/» Moiiocotylédones 226 i ', 6 Acotjlédones*** 23 i '. T.? Amérique équinoxiale entre les tropiques. D'après M. de Humboldt : total des espèces observée», 4160. Dicotylédones 3226 i I 1 '/, Monocotylédones 664 i '.6% Acotylédones 280 1 ; i5 ISouvelle- Hollande. Latit. austr. 10 — 43°. D'après M. Rob. Brown : total des espèces connues, 4160. Dicotylédones 2900 i : i '/, Monocotylédones 860 i : 4 % Acotylédones 400 i ^ 10 Tristan da Cunlia. Latit. austr. 3 7°. D'après MM. du Petit-Thouars et Dugald -Charmichael. Total des espèces J i3. Dicotylédones 18 1 16 Monocotylédones 3j i I 3 Acotylédones 58 i l 2 Glohe, dans sa totalité. D'après M. Persoon, en i8o5 et 1806. Total des espèces 27000. Dicotylédones 17070 1 l 1 '/, Monocotylédones 456o 1 '. 5 %„ Acotylédones, environ 477" • • ^/,o Ou les Dicotylédones font du nombre total environ % Monocotylédones '/, Acotylédones % Ce genre de calculs ne peut pas être fort exact , i.° parce qu'on y compare des Flores faites d'après des principes divers et avec un soin inégal; 2." parce que les acotylédones sont beaucoup moins bien connues que les deux autres classes , et manquent même complètement dans plusieurs Flores. Sous ce dernier rapport on atteint à une précision plus 59^ GEO grande en comparant seulement les rapports numériques des dicotylédones et des monocotylédones. C'est dans ce but que sont rédigés les deux tableaux suivans. 2/ Tableau , indiquant le nombre des dicotylédones et des mono- cotjlédones dans di\>erses Flores non consignées dans le premier tableau, EtatS'unis de l'Amérique septentrionale. D'après M. Pursh : Vasculaires 2891 Dicotylédones 2253 Monocotylédones 638 Isles Britanniques. D'après M. Smith : Vascul.iires i485 Dicotylédones 1078 Monocotylédones 407 Suisse. D'après Haller. .. . Vasculaires 1713 Dicotylédones i3i5 Monocotylédones 397 Venise. D'après M. Moricand : Vasculaiies 7r>7 Dicotylédones 568 Monocotylédones 189 Crimée et Caucase. D'après M. Marscliall de Bieberstein : Vasculaires 2413 Dicotylédones 2000 Monocotylédones* 41 3 Royaume de Naples. D'après M. Tenore : Vasculaires 2 537 Dicotylédones 2001 Monocotylédones 536 Isles Canaries. D'après l'ouvrage et les notes manuscrites de M. de Buch. Vasculaires 371, ou , en comptant les plantes acclimatées, 533 Dicotylédones.... 3o8 419 Monocotylédones... 63 114 Sainte-Hélène (île de). D'après M. Roxburgh : Vasculaires 6i Dicotylédones 3 1 Monocotylédones 3o Les fougères sont comptées d'après vme note fournie par M. Steven, GEO 397 5/ Tableau. Nombres proportionnels des monocotyUàones et des dicotylédones, tels quils résultent des deux tableaux précédens. 1." Classe. Continens ou iles voisines des continens. Monocot, sont auj dicotyl. Laponie lat. 66 — 69" lat. moy. ey^So' 100: i83 Islande 63—67° ~ 65° 100 : 170 Isles Britanniques 60 — 59° — 54",3o' loo : 265 Allemagne 4^ — 54° — 49"'3o' 100 : 304 Suisse 46 — 48° — 47* »oo : 33i France 42 — 5i° — 46°,3o' 100 : 375 Venise- 45 — 46° — 45°,27' 100 : 3oo Royaume deNaples.. 33 — 42° — 40° 100 : 392 États unis d'Amérique. 3i — 47° — 09° 100 : 353 Barbarie 34 — 87° — ?.5°,3o' 100 : 379 Nouvelle-Hollande... 10 — ^3° — 84°* 100 : 337 Isles Canaries 28— 3o° — 29" 100 : 490 Egypte 24 — 32° — :îô° 100 : 404 Cuiane Françoise.... 1 — 4° -- 2°.3o' 100 '. 424 Amérique équinoxiale entre les tropiques. .. . o' 100 '. 493 2/ Cl.asse. Isles éloignées des continens. Jamaïque lat. bor. 18° 100 : 194 Sainte-Hélène lat. ausfr. i5°55' .... 100 : io3 Tristan da Cunha lat. austr. 87° 100 '. 49 Il résulte des tableaux précédens, que, ].° Si l'on se borne aux continens ou aux grandes îles très- voisines des continens , le nombre des monocotylédones , com- paré aux dicotylédones, va en augmentant vers le pôle et en diminuant vers Téquateur, avec assez de régularité. 2.° Dans les îles éloignées des continens le nombre propor- tionnel des dicotylédones est plus petit que leur latitude ne paroit le comporter. Ainsi, dans la Jamaïque, où selon l'a- nalogie la proportion devroit être =1:4, elle se trouve être =1 : 1,94; à Sainte-Hélène, où la proportion devroit être aussi à peu près =1:4, elle se trouve =i:i,o3; à Tristan da Cunha , où la proportion devroit être = 1 : 3,6 , elle se trouve =1 :o,49. Ce double résultat, et surtout le dernier, pourroit tenir en partie à ce que les monocotylédones ont généralement * Moyenne des lieux suifisamment exploré". ^98 GEO besoin de plus d'humidité que les dicotylédones : aussi voyons- nous les régions très-sèches , comme les Canaries , la Crimée , le royaume dcNaples, présenter moins de monocotylédones que l'analogie de leur latitude ne l'indique , tandis que la Guiane, les environs de Venise , qui sont fort humides, en ont un peu plus que la moyenne des pays situés aux mêmes latitudes. Des calculs analogues , qu'il seroit trop long de rap- porter en détail, montrent que le nombre des arbres, qui, proportionnellement aux herbes , est très -petit près du pôle, va sans cesse en augmentant à mesure qu'on approche de l'équateur, et comme le plus grand nombre des arbres appartient à la classe des dicotylédones, ce résultat est tout- a-fait conforme aux précédens. Pour donner une idée de cette disproportion, je dirai qu'on compte en Laponie ii arbres et 24 arbustes qui s'élèvent au-dessus de deux pieds: on trouve en France 74 espèces d'arbres sauvages et 196 ar- bustes s'élevant au-dessus de deux pieds. La Flore de la Giiiane , pays mal connu, mais situé sous les tropiques, offre 225 arbres et un nombre très-grand d'arbrisseaux, c'est- à-dire que la proportion des arbres à la totalité de la végé- tation est en Laponie >„„ , en France i^„ , à la Guiane . . ^r. Ce plus grand nombre de végétaux ligneux qu'on observe dans les pays chauds, se retrouve même en comparant la distribution sur le globe des espèces de chaque famille. Ainsi les fougères en arbre ne vivent que sous les tropiques : les palmiers, qu'on peut regarder comme des liliacées en arbre, ne sortent guère de cette zone : les malvacées fournissent , sous les tropiques, les plus grands arbres du monde, et ne présentent que des herbes dans les pays les plus septentrio- naux où elles parviennent ; on en peut dire autant des ru- biacées, des composées, etc. Jusqu'ici nous voyons la végétation de la zone tempérée tenir le milieu entre celle de la zone glaciale et de la zone torride: mais il est un point de vue sous lequel elle présente un caractère qui lui est propre, c'est qu'elle est la patrie de prédilection des herbes annuelles et bisannuelles. Ainsi , en négligeant les acotylédgncs , la Laponie ne présente que GEO 599 36 espèces d'herbes , qui ne fructifient qu'une seule fois; on n'en connoît à la Guiane que ^3, et la France en compte lo-jS: de sorte qu'en comparant ces nombres absolus avec la totalité des végétaux de chaque pays, on trouve que le nombre proportionnel des plantes annuelles est en Laponie it^ , à la Guiane >, , en France au-delà de ^. Les extrêmes de la température produisent ici des effets analogues : les herbes délicates ne peuvent réussir que dans ces heureuses zones tempérées où Thomnic, qui à bien des égards est Fun des êtres les plus délicats de la nature , a lui-même éminem- ment prospéré; ce n"est que dans ces fortunés climats que Fœil est récréé chaque printemps par cette verdure nouvelle dont la fraîcheur est inconnue et aux habitans de la zone polaire , et à ceux qui vivent sous le soleil brûlant de l'é- quateur. Ce que nous venons d'esquisser pour les classes, on devra le f.ire un jour pour toutes les familles; mais la plupart des Flores étrangères sont encore trop incomplètes pour qu'on puisse donner une grande importance aux résultats qu'on obtiendroit aujourd'hui de recherches longues et minutieuses à faire sur des documens imparfaits. M. de Humboldt a tenté ce beau travail pour quelques grandes familles, et a lui- même consigné les résultats curieux auxquels il est parvenu, dans un article qu'il a bien voulu me communiquer et qui se trouvera à la suite de celui-ci .- ceux qui désireront pour- suivre ce genre de recherches autant que le comporte l'état actuel de la science, devront aussi étudier avec soin et les Prolégomènes du grand ouvrage botanique de M. de Hum- boldt , et les notes de géographie botanique qu'il a placées à la fin des principales familles des plantes, et les Mémoires de M. Brown sur la Nouvelle-Hollande et le Congo, que j'ai déjà cités plus haut. L'espace me manque pour donner ici tous les faits de détail; je m'attache surtout à faire connoitre la marche du raisonnement qui me parolt propre à la science que quelques botanistes philosophes travaillent à créer. Toutes les lois que, selon la précision des documens, nous venons d'établir avec plus ou moins de probabilité sur la dis- tribution des plantes, relativement aux degrés de latitude, on devroit les chercher relativement aux hauteurs absolues 4oo GEO au-dessus de la mer; mais le nombre des plantes dont l'ha- bitation a été constatée sous ce rapport, est trop borné pour oser l'entreprendre: on peut déjà cependant entrevoir que les mêmes lois s'y représentent avec assez de précision. Les classes , les familles ou les genres qui s'approchent le plus du pôle, tendent à s'élever plus haut sur les montagnes, tandis que celles qui restent dans les zones voisines de l'équa- teur sont aussi celles qui dans les pays tempérés restent dans les plaines. A mesure qu'on avance vers l'équateur, on re- trouve sur les montagnes un choix de végétaux analogues , quant aux genres et aux familles, à ceux des plantes des pays tempérés; et comme lesmontagnes des pays équinoxiaux sont plus hautes que les nôtres, on y retrouve même des plantes de genres et de familles analogues à nos plantes montagnardes. Mais, quoique la latitude et la hauteur soient les causes dominantes de la température moyenne d'un lieu, il est en- core d'autres causes que j'ai indiquées plus haut, et qui in-* fluent principalement sur la distribution de la chaleur dans les diverses époques de l'année : tels sont le voisinage ou la distance de la mer, la forme générale des continens , la di- rection des vents, etc. Ces causes modifient continuellement les résultats précédens, et établissent de certains rapports de végétation entre des localités éloignées. Pour achever ce qui est relatif à cette espèce d'arithmé- tique botanique, comme l'appelle M. de Humboldt, et pour montrer jusqu'à quel point elle peut peindre l'aspect général de la végétation des pays divers, je dirai encore qu'on a tiré quelque parti de la comparaison du nombre proportionnel des espèces et des genres d'un pays. Plus le nombre moyen des espèces de chaque genre ou de chaque famille est borné, plus l'aspect de la végétation présente de variété; plus, au contraire , ce nombre est grand , plus le coup d'œil du pays présente de monotonie dans les formes. Le tableau suivant fait connoître ces résultats pour quelques pays; mais il est nécessaire de faire observer ici combien peu ces résultats offrent de certitude réelle. Ils sont , en effet, modifiés par la tendance plus ou moins grande des auteurs à diviser davan- tage les genres , ou à distinguer plus d'espèces ; ils le sont GEO m encore par cette autre circonstance, que, dans les paya souvent étudiés, les espèces ont été toutes distinguées, tandis qu'on confond plus souvent les unes avec les autres lors^ qu'il est question de plantes étrangères. Au milieu des in- certitudes de ce genre de calcul, il est difficile de ne pas remarquer que c'est dans les îles isolées que le nombre des espèces de chaque genre est proportionnellement le plus petit : fait que je me borne à consigner ici , en attendant des résultats plus exacts. 4." Tableau. Nombre proportionnel des genres et des espèces de divers pays. Moyenne des espèces par gènrt; 7'A 6% Espèces. Genres. France 5966 ... . . 83o Allemagne ....... 4100 ... . . 608 Cap ( 10.' classe du Prodr. de Thunb.) i3oo ... .. 265 Elals-unis 2891*... .. 739 1087 ••■ 1485*... .. 320 Isles Britanniques- .. 458 Barbarie 1577 ... . . 5o4 Islande 642 . . . 211 Jamaïque i335 .. . 5o4 426 . . 566 1209 ... m3 . . . Tristan da Cunha. . . . 55 Sainte-Hélène 61*.., 35 371 *... . . 212 5 4 3'/. 3 ^% 2 J'ai cherché à prouver jusqu'ici que les habitations consi- dérées dans leur ensemble paroissent déterminées par la tem- pérature. Sans doute, il faut combiner avec elle les consi-^ dérations déduites des stations; car il est clair que, plus un pays sera sablonneux , plus on y trouvera de plantes des sables , etc. Mais, lors même que l'on donne à ces causes toute la latitude qu'on peut leur attribuer, peut-on parvenir à rendre complètement raison des faits les mieux connus? C'est ce dont je doute, et ce qui exige une nouvelle discussion. * Les nombres marqués d'un astérisque se rapportent aux plantes TaSculaires seulement. 18, à6 402 GEO H ne seroit peut-être pas difficile de trouver deux points dans les États-Unis et l'Europe, ou dans l'Amérique et l'A- frique équinoxiale, qui présentent toutes les mêmes circons- tances, savoir, une même température, une même hau- teur, un même sol, une dose égale d'humidité; cependant, presque tous, peut-être tous les végétaux seroient ditférens dans ces deux localités semblables: on pourroit bien trouver une certaine analogie d'aspect et même de structure entre les plantes de ces deux localités supposées; mais ce seroient en général des espèces diirérentes. Il semble donc que d'au- tres citconstances que celles qui déterminent aujourd'hui les stations, ont influé sur les habitations. Avant de discuter cette question, établissons d'abord les faits indépendamment de toute théorie. Lorsque l'on compare entre elles les diverses parties du monde séparées par de vastes mers, on trouve de grandes différences dans le choix des végétaux ; mais il y en a aussi quelques-uns de communs. S'il s'agit de l'hémisphère boréal , on trouve de ces espèces communes à plusieurs régions, prin- cipalement vers le pôle , où tous ces pays se réunissent ou se rapprochent beaucoup. On en retrouve encore çà etlà dans le reste des deux continens; mais, si l'on fait abstraction des espèces qui paroissent avoir été transportées par l'homme , leur nombre va toujours en diminuant à mesure qu'on approche des régions australes , où la distance des continens devient plus grande : ainsi, sur 2891 espèces phanérogames décrites par Pursh dans les États-Unis, on en trouve 385 qui se retrouvent dans l'Europe boréale ou tempérée , et sur ce nombre , comme l'observe M. de Humboldt , il en est plusieurs qu'il est difficile de croire transportées par l'homme; telles sont le satjrium viride, le betula nana , etc. Au contraire, MM. de Humboldt et Bonpland n'ont trouvé, dans tous leurs voyages dans l'A- mérique équinoxiale, qu'environ vingt-quatre espèces (toutes cyporacées ou graminées) qui fussent communes à l'Amé- rique et à quelque partie de l'ancien monde. Le nombre des acotylédones commun aux deux continens est plus considé- rable (autant du moins que la difficulté de distinguer les espèces dans cette classe permet de l'affirmer). Mais les proportions paroissent les mêmes, c'est-à-dire qu'il y a plus GEO 4o5 d'espèces communes aux deux continens vers le nord que vers le sud. Si l'on compare la Nouvelle-Hollande avec l'Europe , on trouve, d'après M. Brown , que sur 4100 espèces connues dans cette terre australe il y en a 166 qui lui sont communes avec l'Europe. Sur ce nombre, 1 5 sont dicotylédones , 32 monocotylédones, et 119 acotylédones. Parmi les deux pre- mières classes , il en est plusieurs qu'on peut soupçonner avoir été transportées par l'homme; mais il en est quelques- unes, telles que les potamogétons, sur lesquelles ce soupçon paroîtroit peu fondé. Le nombre des espèces communes aux parties de l'an- cien continent fort éloignées les unes des autres est peut- être un peu plus considérable que dans les deux exemples que je viens de citer; mais il est encore très-borné : il faut en effet 6e défier beaucoup , dans les recherches de ce genre , des Flores un peu anciennes; ce n'est que depuis quelques années que les botanistes ont senti toute l'importance de cette question, et ont apporté à l'examen de ces plantes dites communes à divers pays une suflisante attention. Les premiers voya- geurs croyoient toujours retrouver dans les pays lointains les plantes de leur patrie, et se plaisoient à leur en donner les noms. Dès qu'ils en ont rapporté des échantillons en Eu- rope , l'illusion s'est dissipée pour le plus grand nombre : lorsque la vue des échantillons secs a laissé encore des doutes, la culture dans les jardins a contribué à les lever, et il reste aujourd'hui (sauf les plantes transportées par l'influence de l'homme ) un bien petit nombre d'espèces phanérogames communes à des continens divers. Ainsi, la Nouvelle-Hol- lande a ^„ , l'Amérique équinoxiale >3i de ses espèces coni- munesavec l'Europe, et moins encore avec le reste du monde. Avant d'attacher quelque degré d'importance à ce petit nombre d'espèces communes à des régions fort éloignées, il convient d'examiner quels sont les divers moyens par lesquels les graines peuvent se transporter d'un pays dans un autre. S'il s'agit d'un transport de proche en proche , il suffit que les circonstances nécessaires à la vie de l'espèce ne soient pas interrompues, ou, en d'autres termes, qu'il ne se rencontre pas sur la route des espaces dans lesquels Ja 404 GEO végétation de telle ou telle espèce devient impossible. Ces barrières naturelles au transport des plantes sont de divers genres. 1.° Les mers sont des obstacles à la propagation des plantes d'autant plus puissans qu'elles sont plus étendues. Ainsi les plantes des îles participent à la végétation des continens dont elles sont voisines , à peu près en proportion inverse de leur distance : par exemple , en faisant exception des végétaux évidemment naturalisés, on trouve que, sur 1486 végétaux vasculaires qui croissent dans les îles britanniques, il n'y en a que Z|3 ou -i^_ qui n'aient pas encore été re- trouvées en France ; sur 633 espèces, les îles Canaries en offrent 3 10, soit environ '%, , qui n'ont pas été retrouvées sur le continent d'Afrique , et la Flore de Sainte-Hélène présente à peine deux ou trois espèces qui aient été re- trouvées dans l'un des deux continens voisins. Les mers ar- rêtent le transport des plantes par leur étendue et par l'in- fluence délétère de l'eau salée sur les graines soumises à son action. Ainsi les graines du lodoicea des îles Sechelles, trans- portées par les courans aux Maldives, comme l'a vu M. La- billardière , ou celles du mimosa acandens et du dolichos urens , transportées des Antilles aux Hébrides, comme je l'ai appris de M. Louis Necker, arrivent dans ces pays loin- tains privées de la faculté de germer. Mais, quand nous avons des exemples prouvés de graines transportées régulièrement à de telles distances, quand nous avons de fortes probabilités pour croire que l'action délétère de l'eau salée n'agit pas au même degré sur toutes les graines, quand nous voyons les îles offrir si souvent des végétaux semblables à ceux des côtes voisines, pouvons-nous douter qu'un certain nombre d'espèces ne puissent avoir été et être ainsi transportées par la mer d'une région à l'autre , et prospérer , lorsque les plantes y rencontrent un climat conforme à leurs besoins ? Ce transport, qui est très-difficile quand les mers sont très- vastes, devient plus facile lorsqu'il se trouve entre deux continens quelques séries d'îles qui servent aux graines comme de points d'étapes : c'est ainsi que les îles Aleuliennes établissent une communication entre le nord de l'Asie et de l'Amérique ; aussi presque toutes les plantes recueillies jus- GEO 4o5 ques à présent dans ces îles sont du nombre des espèces com- munes à l'ancien et au nouveau continent. Il est des mers qui semblent avoir moins que les autres arrêté le passage des végétaux; telle est, par exemple, la mer Méditerranée, qui présente sur ses deux bords une végéta- tion presque semblable : sur 1677 espèces observées par M. Desfontaines en Barbarie, il y en a seulement 3go environ, soit à peine ^ , qui naient pas été retrouvées en Europe. Ce phénomène peut tenir ou à la multitude des îles qui sont dispersées dans celte mer, ou à ce qu'elle est depuis plus long-temps que toute autre parcourue Ipar les navigateurs , ou peut-être à ce qu'elle a dû son origine à quelque irruption de l'océan postérieure <à Torigine de la végétation. 2.° La seconde sorte de limites naturelles pour le transport des végétaux est déterminée par les déserts assez vastes et assez continus pour que les graines ne puissent être qu'avec peine transportées d'un côté à l'autre : c'est ainsi que les sables arides et brûlans du Sahara offrent une barrière presque impossible à franchir, et établissent une grande dif- férence entre les végétaux des deux parties de l'Afrique séparées par le désert. Hors les plantes transportées évidem- ment par l'homme, on peut à peine trouver dans la Flore atlantique quelques espèces qui aient été observées au Sénégal. Les steppes salés de l'Asie occidentale produisent un effet analogue, mais d'une manière moins prononcée, parce qu'ils sont plus interrompus, et moins générale, parce qu'il est un certain nombre d'espèces végétales qui peuvent encore vivre dans cette eau saumâtre. 3.° Une troisième sorte de limites est déterminée par les grandes chaînes de montagnes : celles-ci peuvent influer, ou parce qu'étant couvertes de neiges éternelles elles offrent un obstacle à la propagation des graines, ou parce que la différence brusque de température déterminée par le-ur élé- vation empêche certaines espèces de se propager d'un côté à l'autre. Mais il faut remarquer que ce genre de limites est très-imparfait , comparé aux deux précédens. Les chaînes de montagnes sont toujours coupées par des fissures plus ou moins profondes, qui permettent aux plantes de s'étendre d'un côté à l'autre ; ainsi on remarque très -bien en France 4o6 GEO que quelques plantes du Midi s'échappent au travers des gorges des Alpes ou des Cevennes, et se trouvent sur le re- vers septentrional de ces deux chaînes , principalement dans les lieux où elles sont plus basses ou plus interrompues. Enfin, tout obsuicle continu à la végétation d'une espèce quelconque Tempêche de s'étendre dans une certaine di- rection : un grand marais est une limite pour les plantes qui craignent l'eau ; une grande forêt, pour celles qui craignent l'ombre ; un changement de latitude ou d'élévation , pour celles qui craignent le froid. Les plantes sont, à des degrés inégaux, douées de la faculté de franchir ces limites, et il importe beaucoup , pour la ques- tion qui nous occupe, de prendre une idée générale de ces moyens de transport, soit naturels, soit factices. 1." Les mouvemens des eaux transportent fréquemment les graines des plantes riveraines ; j'en ai déjà dit quelques mots en parlant de celles que les courans de la mer charient avec eux : mais les rivières produisent cet effet d'une ma- nière plus sûre , parce que l'eau douce nuit moins que l'eau salée à la faculté germinative ; ainsi on voit souvent des plantes alpines se développer le long du cours des rivières qui descendent des Alpes. Mais , en donnant à ce transport des graines par les eaux toute l'importance possible, on ne peut guères expliquer comment les graines des plantes aquatiques peuvent s'être transportées d'un bassin dans un autre. Comment , par exemple, l'aldrovanda peut- il se trouver dans le bassin du Pô et dans celui du Rhône? Si ces faits étoient rares, on pourroit admettre quelques causes accidentelles ; mais les plantes aquatiques, qui, moins que toutes les autres, peu- vent être transportées par le vent, l'homme ou les animaux, sont la plupart dispersées dans diverses régions. Ce fait ne seroit-il point une conséquence et une preuve nouvelle des inondations ou déluges qui , en recouvrant d'eau une partie quelconque des terres, ont pu jadis transporter et déposer çà et là les graines des plantes aquatiques ? Il est difficile de comprendre autrement l'existence des poissons et autres ani- maux d'eau douce dans des lacs privés de toute commu- nication entre eux ; et la même explication^ en s'appliquant GEO Ao? aux deux régnes organisés, devient plus probable pour l'un et pour l'autre, et moins gigantesque relativement au fait sj)écial auquel je l'avois d'abord appliquée. Ainsi les eaux, soit dans leur état actuel, soit dans des états anciens dont d'autres phénomènes attestent la réalité, contribuent à expliquer la dispersion de certaines espèces de plantes. 2.° L'atmosphère peut aussi contribuer au même phéno- mène : nous en avons la preuve directe dans certaines trom- bes, qui transportent quelquefois à de grandes distances des graines de végétaux divers ; nous voyons tous les jours les vents transporter çà et là les graines qui , par leur petitesse, ou par les ailes et les aigrettes dont elles sont munies, se prêtent facilement «à leur action. Mais, outre les faits de ce genre , tellement triviaux que personne ne songe à les con- tester, il en est d'autres qui doivent peut-être se rapporter à la même cause. Les graines ou germes des cryptogames sont d'une dimension si petite et d'un poids si léger, qxie nous les voyons emportés dans l'air, comme ces molécules de poussière impalpable qui flottent sans cesse dans l'atmos- phère. On peut concevoir que ces graines sont ainsi trans- portées à d'immenses distances , sans que cette hypothèse contrarie les lois de la physique ni même celle des simples probabilités. Ainsi les vents qui soufflent long- temps dans de certaines directions , devront transporter avec eux cer- taines espèces de cryptogames ; j'oserois presque en citer un exemple : la côte de Bretagne est habituellement battue par les vents de sud-ouest , et j'ai trouvé sur les arbres de la promenade de Quimper-Corentin deux lichens (le sticta crocala etle ph-yscia flavicans) qui n'avoient encore été trouvés qu'à la Jamaïque et qu'on ne retrouve point dans le reste de la France. 5.° Les animaux concourent encore au transport des graines d'une région dans l'autre. Les semences qui , comme le xan- thium spinosiim ou le galium aparine , sont munies de crochets ou de piquans, s'attachent aux poils des animaux, et sont ainsi chariées hors de leur terre natale ; celles qui se troti- vent entourées par des péricarpes charnus , dont certains oiseaux font leur nourriture , résistent souvent à l'effet de la 4o8 GEO digestion, et sont semées çà et là avec les excrémens de ces oiseaux : la manière dont les grives sèment le gui, peut donner un exemple de ce fait. Les migrations des oiseaux, à des distances considérables, et même au travers des mers, peuvent, dans quelques cas, transporter des graines au loin. 4.° Enfin, l'homme joue un rôle si important et si actif sur le globe, qu'il en modifie continuellement la surface, et que son action , soit volontaire, soit involontaire, se fait sentir sur la plupart des corps de la nature. 11 s'est répandu dans le monde entier, et a transporté partout avec lui les végétaux qu'il cultive pour ses besoins. Lorsque l'introduction de ces cultures est récente, on n'a point de doute sur leur origine ; mais , lorsqu'elle est ancienne , on ignore la vraie patrie de ces plantes nourricières. Ainsi personne ne con- teste l'origine américaine du maïs ou de la pomme de terre, non plus que l'origine dans l'ancien monde du café ou du froment. Mais il est certains objets cultivés de très-ancienne date entre les tropiques, tels, par exemple, que le bananier , dont l'origine n'est pas avérée : tantôt l'un des continens Ta fourni à l'autre ; tantôt tous les deux possédoient des espèces analogues, qui se confondent aujourd'hui sous le nom de variétés. On peut voir, dans le beau Mémoire de M. Brown sur les plantes du Congo, par quel genre de raisonnemens et d'analogies on peut démêler la vérité relativement à ces anciennes naturalisations. Parmi celles qui sont plus récentes, il en est encore de difficiles à constater : c'est ainsi que les Nègres arrachés de l'Afrique par Tavide activité des Européens et transportés dans les colonies américaines, y ont porté avec eux quelques- uns des arbres fruitiers et des végétaux utiles de leur pa- trie ; c'est ainsi que nous avons vu de nos jours des armées porter çà et là des graines et des procédés de culture d'une extrémité de l'Europe à l'autre, et nous montrer ainsi com- ment dans des temps plus anciens les conquêtes d'Alexandre, les expéditions lointaines des Romains et ensuite les croisades ont pu transporter plusieurs végétaux d'une partie du monde à l'autre. Mais, outre les plantes qu'il cultive, l'homme en charie sans cesse avec lui, qu'il répand sans s'en douter et quelque^ GEO 409 fois contre son grë dans le monde entier : ainsi toutes les mauvaises herbes qui croissent au milieu de nos céréales et que peut-être nous avons reçues d'Asie avec elles, nous les avons nous-mêmes introduites dans toutes les parties du globe ; ainsi, avec les blés de Barbarie, les habitans du midi de l'Europe sèment depuis plusieurs siècles les plantes d'Alger et de Tunis; ainsi, avec les laines et les cotons de l'Orient ou de la B<;rbarie, on apporte fréquemment en France des graines de plantes exotiques, dont quelques-unes se natura- lisent. J'en citerai un exemple frappant. Il est à la porte de Montpellier une prairie consacrée à faire sécher les laines étrangères après qu'elles ont été lavées: il ne se passe presque point d'année qu'on ne trouve dans ce pré aux laines des plan- tes étrangères naturalisées; j'y ai cueilli la psoralea palœstina , Yhyperictim crispum, le cenlaurea parviflora , etc. On voit de même, dans quelques villes maritimes, les plantes étrangères naturalisées par les lests des batimens : Bonamy en cite plu- sieurs semées de cette manière dans les environs de Nantes: le datura stramonium , le senebiera pinnatijida , etc., pourroient bien avoir été introduits en Europe de cette manière. Enfin, les jardins de botanique, où l'on réunit tant de végé- taux divers, deviennent autant de centres de naturalisation: ainsi Verigeron canadense , le phytolacca decandra , etc., qui paroissent en être sortis, sont aujourd'hui plus communs en Europe que bien des plantes indigènes; ainsi nous avons vu dernièrement, aux portes de Genève, le veronica JïUformis se naturaliser autour d'un jardin particulier de botanique. Dans nos pays anciennement civilisés, médiocrement favo- rables à la végétation et sans cesse débarrassés des plantes inutiles par l'agriculture , ces sortes de naturalisation de hasard ne se font qu'avec lenteur, et un grand nombre de plantes ainsi propagées périssent sans postérité; mais dans les pays chauds et mal cultivés ces naturalisations deviennent très-faciles. Ainsi M. Burchell a vu le chenopodium amhro- sioides , qu'il avoit lui-même semé dans un point de l'ile Sainte- Hélène , se multiplier en quatre ans au point d'y être une des mauvaises herbes les plus communes. On trouve une preuve expérimentale de ces naturalisations que l'homme fait à son insçu , dans la comparaison même des plantes qui 4>o GEO se retrouvent à de grandes distances : ainsi , dans la Nouvelle- Hollande , danslAmérique, au cap de Bonne-Espérance, on trouve plus d'espèces originaires d'Europe que d'aucune autre partie du monde; d'où l'on voit que l'influence de l'homme l'emporte d^ms ce cas sur celle des causes purement physiques. Les pays dans lesquels on aborde pour la première fois, ne présentent en général que les espèces véritablement indi- gènes, et, à mesure que les relations de commerce se mul- tiplient, on voit s'accroître le nombre des plantes euro- péennes ou communes à divers continens. Hâtons - nous donc, pendant qu'il en est temps encore, de faire les Flores exactes des pays lointains ; recommandons surtout aux voya- geurs celles des îles peu fréquentées par les Européens : c'est dans leur élude que doit se trouver la solution d'une foule de questions de géograj)hie végétale. Si l'on réfléchit maintenant à l'action perpétuelle des qua- tre causes de transport de graines que je viens d'indiquer, les eaux, les vents, les animaux et l'homme, on trouvera, je pense, qu'elles sont bien suffisantes p( ; r expliquer ce petit nombre de végétaux qu'on retrouve --uiblables dans des continens divers. La première s'applique particuliè- rement aux plantes aquatiques, la seconde aux cryptogames, les deux dernières aux phanérogames ordinaires. Leur action, lente, simultanée, continue et inaperçue, tend sans cesse à transporter les plantes en tous sens, et celles-ci se natura- lisent là où elles rencontrent des circonstances favorables à leur existence. De l'ensemble de ces faits on peut donc déduire qu'il existe des régions lotaniques ; je désigne sous ce nom des espaces quelconques qui, si l'on fait exception des espèces introduites, offrent un certain nombre de plantes qui leur sont particulières et qu'on pourroit nommer véritablement aborigènes. Les plantes d'une région s'y distribuent, d'après leur nature, dans les localités qui leur conviennent, et elles tendent avec plus ou moins d'énergie à dépasser leurs li- mites et à se répandre dans le monde entier; mais elles sont la plupart arrêtées, ou par des mei's, ou par des déserts, ou par des changemens de température, ou seulement parce qu'elles viennent à rencontrer des espaces déjà occupés par les GEO 411 plantes d'une autre région. Il y a donc des régions parfai- tement circonscrites et déterminées; il en est d'autres qu'on ne peut apprécier que par un certain ensemble ou une certaine masse de végétaux communs. Nous sommes encore loin de pouvoir appliquer ces prin- cipes avec quelque exactitude; maison peut cependant déjà entrevoir quelques-unes de ces régions de manière à éveiller sur ces recherches l'attention des voyageurs. Voici à peu près celles qui se présentent à moi dans l'état actuel de nos connoissanccs. 1.° La région ?y'perioree7ine, qui comprend les extrémités boréales dé l'Asie, de l'Europe et de l'Amérique, et qui se confond trop avec la suivante. 2." La région européenne, qui comprend toute l'Europe moyenne, sauf les parties voisines du pôle, et celles qui en- tourent la Méditerranée elle sYtend à l'est jusqu'à peu près aux monts Altaï. 5." La région sibérienne, où je comprends les grands pla- teaux de la Sibérie et de la Tartarie. 4.° La région méditerranéenne , qui comprend tout le bassin géographique de la Méditerranée; savoir : la partie d'Afrique en-deçà du Sahara, et la partie d'Europe qui est abritée du nord par une chaîne plus ou moins continue de montagnes. 5.° La région orientale, ainsi designée relativement à l'Eu- rope australe , et qui comprend les pays voisins de la mer Noire et de la mer Caspienne. 6.° L'Inde avec son archipel. 7.° La Chine, la Cochinchine et le Japon. 8.° La Nouvelle- Hollande. 9." Le cap de Bonne-Espérance, ou l'extrémité australe de l'Afrique, hors des tropiques, 10.° L'Abyssinie, la Nubie et les côtes du Mosambique , sur lesquelles on manque de documens suffisans. 11.° Les environs du Congo, du Sénégal et du Niger, ou l'Afrique équinoxiale et occidentale. 12.° Les îles Canaries. 13." Les Etats-Unis de l'Amérique septentrionale. a/i." La côte ouest de l'Amérique boréale tempérée. 4 5.° Les Antilles. 412 GEO i6.° Le Mexique. 17.° La partie de l'Amérique méridionale située entre les tropiques. 18.° Le Chili. 19.° Le Brésil austral et Buénos-Ayrès. 20." Les terres Magellaniques. Enfin , il faudroit joindre à cette indication générale cha- cune des îles qui est assez écartée de tout autre continent pour présenter un choix de végétaux qui lui est propre. Les botanistes savent qu'en général les plantes de ces vingt régions sont différentes les unes des autres, de sorte que, lorsqu'on trouve dans les écrits des voyageurs des 'plantes de lune de ces régions qu'on dit avoir été retrouvées dans une autre, on doit, avant d'admettre cette proposition, étudier les échantillons venus des deux pays avec un soin tout par- ticulier. A ne considérer cette division du globe que comme une précaution dans la synonymie et la détermination des espèces, elle auroit déjà quelque utilité; mais elle sert sur- tout à pouvoir exprimer sous une forme un peu plus générale la multitude immense des faits relatifs aux patries des plantes. Parmi les phénomènes généraux que présente l'habitatioa des plantes, il en est un qui me paroît plus inexplicable encore que tous les autres : c'est qu'il est certains genres , certaines familles, dont toutes les espèces croissent dans un seul pays (je les appellerai, par analogie avec le langage médical, genres endémiques) , et d'autres dont les espèces sont réparties sur le monde entier (je les appellerai, par un motif analogue , genres sporadiques). Ainsi, quoique très-nom- breuses, toutes les espèces des genres Hermannia, Manulea , Borbonia, Clujtia, AnthoUza , Gorteria, etc., sont originaires du cap de Bonne-Espérance: celles de Banksia , de Stjphelia, de Goodenia, etc., de la Nouvelle - Hollande ; celles de Mu- lisia, de Cinchona, de Fuchsia, de Cactus, de Tillandsia, etc., de l'Amérique équatoriale : tandis qu'au contraire la plu- part des genres ont des espèces qui croissent spontanément dans des pays très-divers. Quelques familles mêmes semblent affecter certaines régions : ainsi les hcspéridées sont toutes de rinde ou de la Chine ; les labiatiflores, de l'Amérique mé- ridionale; les épacridées, de l'Australasie. Mais rien ne pa- GEO 4i3 roît cependant bien régulier dans cette disposition des espèces sur le globe. Ainsi, par exemple, nous possédons en Europe certaines espèces de genres très-nombreux, et dont toutes les autres espèces sont originaires de quelque autre région. Toutes les passijlora habitent l'Amérique, sauf une, décou- verte il y a peu de temps dans l'extrémité australe de l'Afrique par M. Burchell. Tous les mesemlrjanthemum habitent le cap de Bonne-Espérance, excepté les M. nodiflorum et copticum, qu'on trouve en Corse et en Barbarie; tous les ixia , excepté Yixia bulbocodium , commun sur nos côtes méridionales ; tous les gladiolus, excepté le gladiolus communis, si commun dans nos moissons; toutes les bruyères, au nombre de deux ou trois cents espèces, excepté cinq à six qu'on trouve en Eu- rope; presque toutes les oxalis , excepté trois espèces sau- vages en France et quelques-unes en Amérique. Ces espèces égrenées, qu'on compareroit volontiers à des soldats séparés de leurs régimens, ont été les causes pour lesquelles les bo- tanistes ont pendant si long-temps négligé l'étude des ordres naturels : il falloit que la botanique exotique fût très-avancée pour qu'on pût reconnoître leurs affinités ; car elles sem- bloient échapper à toutes les règles, lorsque ces règles n'é- toient établies que sur les familles européennes. Au reste, cette disposition plus ou moins régulière des espèces et des familles sur le globe est un fait avéré , mais qu'il est aujour- d'hui tout-à-fait impossible de réduire à quelque théorie. Un autre fait assez remarquable qui se présente dans la com- paraison des régions , c'est que certains pays qui n'offrent point ou presque point d'espèces semblables, donnent nais- sance à des espèces analogues , c'est-à-dire appartenant aux mêmes genres. Ainsi, par exemple, les États-Unis d'Amé- rique présentent un grand nombre de genres semblables à ceux de l'ancien continent : tantôt les espèces sont partagées entre les Etats-Unis et l'Europe, comme, par exemple, dans les genres Fraxinus, Populus, Pinus , Tilia; tantôt entre les États-Unis et l'Asie, comme dans les genres Juglans, Ma- gnolicL, Vitis; quelquefois entre les trois régions, comme pour les genres Acer , Salix , Delphinium, etc. Ce phénomène se présente d'une manière plvis piquante lorsqu'il s'agit de genres très-peu nombreux en espèces : ainsi, par exemple*. 414 GEO nous ne connoîssons , dans le monde entier , que deux iiqui- dambars, deux panax , deux platanes, deux stillingia, deux planera; l'une des espèces de chaque genre habite l'Asie orientale, Tautre l'Amérique septentrionale: nous ne con- noissons que deux majanthemum , deux vallisncria , deux ostrya, deux châtaigniers, deux hipophae , l'une des espèces en Europe, l'autre aux États-Unis: nous ne connoissons que trois espèces de larix , de carpinus, de trollius , l'une en Eu- rope , la seconde en Sibérie , la troisième aux États-Unis. Ce que je viens de dire des trois régions principales de la partie tempérée de IJiémisphère boréal, est également vrai des trois régions équatoriales ; ainsi on trouve entre les tropiques, en Asie , en Afrique et en Amérique , des espèces analogues, mais jamais semblables entre elles : par exemple , les espèces des genres Cratœi^a, Bertiera, Elœis, etc. , sont par- tagées entre l'Amérique et l'Afrique équatoriales ; celles des genres Sagus , Strophrantlius , etc., entre l'Asie et l'Afrique équatoriales; celles des genres Psycîiof n'a. Bégonia, etc., entre l'Amérique et l'Asie équatoriale; celles des genres Melastoma, Stercutia, Jussieua, entre les trois régions équatoriales. Nous ne connoissons dansle monde entier que deux cjtinus , l'un dans la région méditerranéenne, l'autre au Mexique; deux. splienoclea, l'un au Malabar, l'autre au Mexique; deux melotliria, l'un en Guinée, l'autre aux Antilles; deux grrocaipus, l'un dans l'Inde , l'autre aux Antilles; deux sauvagesia, l'un à Cayenne , l'autre à Madagascar, etc. La même analogie s'aperçoit aussi entre les régions de l'hémisphère austral, mais d'une manière moins marquée, soit parce que les mers en occupent une partie proportionnény^nt plus grande, soit surtout parce que nous connoissons moins les détails de leur botanique locale. Si nous comparons les régions analogues des deux hémis- phères, nous y trouverons de même quelques rapports assez remarquables : ainsi, les espèces des genres Caltha , Empe- trum , etc. , se trouvent dans les parties les plus froides des deux hémisphères, et manquent dans tout l'espace inter- médiaire; les espèces des genres Oxalis, Passerina, etc., se trouvent dans les régions tempérées des deux hémisphères, et manquent dans les espaces intermédiaires ; les hjpoxis offrent même ceci de singulier, qu'une partie des espèces GEO 4i5 croit dans la région tempérée australe de rancicn monde , et l'autre seulement dans la région tempérée boréale du nouveau. Enfin , certaines régions présentent des analogies plus par- ticulières encore , et que je dirois volontiers plus mystérieuses. Par exemple, certains genres assez nombreux en espèces sont partagés entre le cap de Bonne-Espérance et le cap de Van- Diémen ; tels sont les pe/argon/Hm , les protea, etc. La région àes Canaries et celle de l'Europe otfrent un grand nombre de genres semblables , mais qui ont cette particularité que les espèces herbacées sont en Europe, et les espèces ligneuses aux Canaries : ainsi, on trouve dans cette région des son- clius, des prenanthes, des convolvulus , des echium , qui sont des arbrisseaux et presque des arbres; l'ile de Sainte-Hélène , dont les forêts sont des espèces de solidago, est, sous ce rapport, analogue aux Canaries. Il semble au premier coup d'œil , et cette idée est si sé- duisante qu'elle est presque populaire, que ces espèces sont les mêmes que les nôtres, devenues ligneuses par leur sé- jour dans un climcft chaud; mais il n'en est rien : les espèces ligneuses des Canaries restent ligneuses dans nos climats plus froids; nos espèces herbacées ne deviennent point ligneuses dans les pays chauds, ou du moins celles qui en sont légè- rement susceptibles ne le deviennent pas plus aux Canaries qu'ailleurs. Observons, en effet, pour faire mieux sentir ce caractère particulier de la végétation des Canaries, que d'autres régions également chaudes ont de même des espèces communes avec l'Europe , mais qui y sont herbacées comme chez nous : ainsi, les sonchus et les ecJiium d'Egypte , les cojwolvulus d'Egypte et de l'Inde, sont herbacés et non li- gneux comme aux Canaries. Ces rapports de certains pays les uns avec les autres tiennent sans doute à des ressem- blances de localités quelquefois appréciables, quelquefois inconnues; mais, même dansée dernier cas, elles peuvent servir de guides dans les naturalisations. Au reste, tout ce que nous venons de dire des régions ne doit s'entendre que des plantes sauvages; car, dès que les graines d'une espèce trouvent, où que ce soit, un climat et un terrain convena- bles, elles peuvent s'y développer comme dans leur sol na- tal. Ce fait nous aniène à l'idée déjà indiquée plus haut, 4)6 GEO savoir, que les stations tiennent uniquement à des causes physiques agissant actuellement, et que les habitations pour- roient bien avoir été en partie déterminées par des causes géologiques qui n'existent plus aujourd'hui. Dans cette hy- pothèse on concevroit facilement pourquoi certaines plantes ne se trouvent jamais sauvages dans des lieux où elles vien- nent parfaitement dès qu'on les y apporte. Mais cette théorie participe, il faut l'avouer, à l'incertitude de toutes les idées relatives à l'état ancien de notre globe et à l'ori- gine primitive des êtres organisés. Sous le premier rapport, on pourroit se demander, avec quelques physiciens, si les parties les plus élevées du globe ^ ayant été les premières découvertes par les eaux, n'ont pas dû être les premières peuplées de végétaux, et servir comme de centres d'oîi les plantes se seroient dispersées de tous côtés. Cette hypothèse seroit assez d'accord avec l'idée des régions; mais la différence de température des plaines et des mon* fagnes, aussi bien que la circonstance, observée plus haut, que certaines chaînes de montagnes semblent plutôt servir de limites que de centres de végétation , empêche de pouvoir donner trop d'importance à cette idée, que le célèbre Will- denow paroissoit avoir admise. Dira-t-on , avec quelques autres naturalistes , que les ter- rains primitifs ont dû les premiers se couvrir de végétaux, ceux-ci ayant dû précéder le développement des animaux, et par conséquent la formation des terrains secondaires ? Dans cette idée , les parties primitives du globe devroient être les centres des régions; mais, outre qu'il est difficile de reconnoîtrc des traces de cette dispersion, il est très-douteux que les espèces de plantes qui végètent aujourd'hui soient les mêmes que celles qui ont dû exister avant les terrains secondaires, et dont nous trouvons des empreintes ou des débris dans ces terrains. Cette étude curieuse , commencée il y a peu de temps, au moins avec quelque exactitude, par M. de Stei'nl)erg, et que M. Adolphe Brongniart , tout jeune qu'il est, paroît déjà destiné à perfectionner; cette étude, dis-je, semble indiquer que nos espèces végétales sont diffé- rentes des espèces antédiluviennes, et que par conséquent il y a eu développement d'une nouvelle végétation depuis la formation des terrains secondaires. GEO 417 Que seroit-ce, si de ces considérations purement géolo- giques nous passions à celles qui tiennent aux bases, et je dirois volontiers à la métaphysique de i'histoire naturelle ? Toute la théorie de la géographie Ijotanique repose sur l'idée que l'on se fait de l'origine des êtres organisés et de la per- manence des espèces. Je n'entreprendrai point de discuter ici ces deux questions fondamentales et peut-être insolubles; mais je ne puis me dispenser de faire remarquer leurs rap- ports avec l'étude de la distribution des végétaux. Tout l'article qu'on vient de lire est rédigé en suivant l'opinion que les espèces des êtres organisés sont perma- nentes, et que tout individu vivant provient d'un autre être semblable à lui : j'ai cherché à montrer qu'en suivant cette opinion, à laquelle tous les faits certains nous condui- sent , et qu'on n'attaque qu'en combinant les conséquences de faits douteux ou ambigus, on pouvoit se rendre raison de la plus grande partie de la géographie des plantes. Que si l'on vient à dire que la permaHcnce des espèces n'est pas prouvée, je répondrai qu'elle l'est au moins dans certaines limites : si l'on vient à trouver que deux ou trois plantes voisines, prises pour des espèces, sont des variétés, nous étendrons seulement les bornes qui circonscrivent telle ou telle espèce; mais l'idée même d'espèce n'en sera pas altérée. De ce que les botanistes ont quelquefois admis trop d'espèces, parce qu'ils ont mis trop d'importance à des caractères dé- duits des parties les plus visibles, mais les moins essentielles, des organes de la végétation , peut-on raisonnablement con- clure que les organes de la fructification participent à la même incertitude , et qu'il n'existe pas d'espèces fixes? Je ne le pense pas, et je ne vois pas que ceux- mêmes qui sou- tiennent ces idées, se conduisent d'après elles. La plupart sont obliges de convenir qu'au moins dans les êtres d'organi- sation compliquée, lorsqu'une fois les types des espèces sont fixés, ils sont constans dans des limites données: c'est ce qu'on observe dans tous les êtres des deux règnes organisés dont lanatomie est bien connue. Mais quelle preuve a-t-on qu'il en soit autrement dans les êtres à organes moins distincts et moins bien connus? On auroit facilement soutenu, avant Hedvvig , qu'il n'existoit point d'espèces constantes dans les 18. 27 4i8 GEO mousses : aujourd'hui on est obligé de se rejeter dans les cham- pignons, dans les algues, pour citer des exemples qu'on ne puisse pas arguer d'erreur dès le premier examen. Singulière logique que celle où l'on néglige à dessein les conséquences de tous les faits bien connus, pour établir les théories générales sur des faits mal connus et bornés <à un petit nombre d'êtres! L'identité plus fréquente des cryptogames, dans divers pays éloignés, a paru un argument en faveur de leur production par les élémens extérieurs; mais nous avons vu qu'on peut l'expliquer par l'agitation permanente de l'atmosphère ; et les partisans des formations spontanées me sembleroient, au con- triiire , dans l'impossibilité d'expliquer le fait général et in- contestable, qu'un grand nombre d'espèces bien déterminées ne se trouvent que dans une région , et ne se rencontrent pas sauvages dans des pays où toutes les circonstances leur sont favorables et où elles vivent très-bien lorsqu'on les y sème. Jusqu'à présent les variétés des végétaux paroissent se ranger sous deux chefs généraux : t;elles qui sont produites par les élémens extérieurs actuels et qui sont modifiables par des circonstances contraires, et celles qui sont formées par l'hy- bridité et que les circonstances extérieures ne paroissent pas altérer. Les différences constantes des végétaux nés dans diverses région? ne semblent se rapporter ni à l'une ni à l'autre de ces classes: on ne peut les attribuer aux circons- tances externes, car d'autres circonstances ne les détruisent pas; on ne peut les attribuer à l'hybridité, car l'hybridité ou le croisement des races suppose nécessairement le rap- prochement des êtres analogues. Je comprends très -bien, quoique je ne partage pas complètement cette opinion, je comprends et j'admets, dans quelques cas, que, dans un pays où se trouvent rapprochées plusieurs espèces des mêmes genres, il peut se former des espèces hybrides, et je sens qu'on peut expliquer par là le grand nombre d'espèces de certains genres qu'on trouve dans certaines régions; mais ie ne conçois pas comment on pourroit soutenir la même explication pour des espèces qui vivent naturellement à de grandes distances. Si les trois mélèzes connus dans le monde vivoient dans les mêmes lieux, je pourrois croire que l'un d'eux est le produit du croisement des deux autres ; mais GEO 419 je ne saurois admettre que, par exemple, l'espèce de Sibé- rie ait été produite par le croisement de celles d'Europe et d'Amérique, Je vois donc qu'il existe , dans les êtres organisés , des différences permanentes qui ne peuvent être rapportées à aucune des causes actuelles de variations; ce sont ces diffé- rences qui constituent les espèces : ces espèces sont distribuées sur le globe en partie d'après des lois qu'on peut immédiate-' ment déduire de la combinaison des lois connues de la phy- siologie et de la physique , en partie d'après les lois qui parois- sent tenir à l'origine des choses et qui nous sont inconnues. Tel est, en résumé, le point où la géographie botanique est obligée de s'arrêter. Ne perdons pas de vue que cette science n'a pu commencer que lorsque l'étude des espèces a été assez avancée pour lui fournir des faits nombi-eux et constatés, et que, d'un autre côté, il importe de l'étudier beaucoup , afin d'en fixer les bases avant que les rapports de commerce, les naturalisations, les voyages, les cultures dans les jardins, aient achevé de confondre toutes les régions les unes avec les autres , et quelquefois même aient lié les espèces entre elles par des productions intermédiaires. Pour donner une idée, et du degré réel de confiance qu'on peut accorder aux résultats des connoissances acquises au- jourd'hui , et du nombre des espèces qui restent à découvrir pour pouvoir établir la géographie des plantes sur la con- noissance réelle des espèces, je terminerai cet article en rappelant un calcul approximatif, que j'ai mentionné ail- leurs', sur le nombre proportionnel des espèces connues et de celles qui restent à découvrir sur le globe. Le catalogue le plus complet du règne végétal que nous possédions aujourd'hui, ÏEnchiridium de M. Persoon , con- tient 21,000 espèces, sans compter les cryptogames, qu'on peut estimer à 6000. Depuis lors les grands ouvrages de MM. Brown , de Humboldt, Pursh , etc., en ont fait connoître plusieurs milliers, et il existe, dans les collections des natu- ralistes, un nombre très-considérable de plantes qui, quoi- que non décrites , ne peuvent pas être considérées comme inconnues. Pour avoir une idée approximative du nombre i Biblioth. univ. des sciences, vol. 6, p. » ig. 420 GEO total des espèces , soit décrites , soit réunies dans les collec- tions , j'ai comparé le nombre des espèces des familles dont j'ai été en dernier lieu appelé à faire des monographies, avec le nombre que les mêmes genres présentent dans Persoon ; voici le résultat de cette comparaison. Dans Persoon. Dans leSyst, uaiv. llenonculacées 268 Sog Dilléniacées 2i 90 Magnoliacécs 21 37 Anonacécs 44 1 of) Menispermécs iiy 80 Beibéridées 23 5o Podoph)' liées 4 6 IVymphaeacées i3 3o Papavéracées 27 53 Fumariarées. ..'.... 32 49 Crucifères 604 970 Cappai idées 70 2i5 1064 2194 Si divers botanistes faisoient donc simultanément le même travail sur toutes les familles du règne végétal, les 27,000 espèces indiquées dans l'ouvrage de Persoon se trouveroient portées à 56, 000. 11 n'est, en effet, nullement probable qu'il y ait eu dans les livres et dans les collections modernes plus d'augmentations dans ces douze familles que dans toutes les autres; la plus grande portion de ce calcul repose même sur deux familles européennes et qu'on croyoit des mieux con- nues. En me bornant à dire que le nombre des espèces dé- crites ou observées dans lés collections est de 56,ooo , je suis probablement au-dessous et non au-dessus de la vérité. Mais quelle proportion du nombre réel des végétaux du globe représentent ces cinquante-six mille espèces déjà ac- quises pour la science? Si Ton calcule que c'est depuis trente ans que le plus grand nombre a été recueilli; si Ton com- pare le nombre proportionnel des espèces européennes et étrangères; si , entin, l'on cherche à se faire une idée de l'é- tendue des pays peu ou point parcourus par les botanistes et du nombre des végétaux qu'ils doivent renfermer, on ar- rive par ces voies diverses à ce même résultat , qu'il est probable que nous n'avons encore recueilli que la moitié des végétaux du globe, et que par conséquent le nombre total des espèces peut être évalué entre iiOjOoo et 120,000 : nombre GEO 421 immense, qui tend à prouver l'admirable fécondité de la na- ture-, qui démontre la nécessité de perfectionner , autant que possible , les méthodes de classification naturelle ; qui doit , en- fin , montrer aux voyageurs et aux botanistes qu'il reste beau- coup à recueillir et à observer dan;, tous les pays du monde. On voit par ce qui précède , que les lois de la géographie botanique ne sont guères établies que sur la connoissance souvent incoimplète d'un quart des végétaux du globe. Ce nombre , tout borné qu'il est, peut suffire pour donner une idée de la théorie des stations, parce que l'étude d'une seule région suffit pour expliquer une foule de faits com- muns à toutes; mais, quant à la théorie des habitations, nous avons besoin de recherches nombreuses et exactes. Les travaux qui, pour l'avancement de cette partie de la science, me paroissent les plus dignes d'être recommandés aux obser- vateurs, sont les suivans. Il importe d'abord de multiplier les Flores locales dans (lifTérens points du globe, en ayant soin de mettre plus de précision, qu'on ne l'a fait généralement, aux limites géo- graphiques de l'espace dont on décrit la végétation , aux élévations absolues auxquelles les plantes vivent dans di- verses localités , et à l'état habituel des milieux ou élémens qui peuvent influer sur la végétation. Les Flores des îles offrent en particulier un intérêt réel, soit par les bizarreries qu'elles présentent, soit parce que le travail, étant circonscrit , peut être fait avec exactitude. Il importe que les voyageurs ne se contentent pas seule- ment de noter qu'ils ont trouvé telle espèce connue dans tels lieux, mais qu'ils rapportent des échantillons qui puis- sent en constater l'identité. Il est encore à désirer qu'ils notent avec soin les circonstances locales qui peuvent faire présumer si Fespèce est réellement indigène, ou si elle a été naturalisée ; si elle vit en société ou éparse , si elle est abondante ou rare dans le pays : en un mot , des détails précis et variés sur les stations et les habitations des plantes sont absolument nécessaires pour donner une marche plus cer- taine à la géographie botanique. J'ose recommander ces recher- ches aux voyageurs : il est, je le répète, instant de les faire avant que la civilisation ait trop changé la surface du globe. 4^^ GEO Quant aux botanistes sédentaires, leur rôle pour l'avance, ment de la géographie botanique est de comparer tous les résultats obtenus par les voyageurs , pour en déduire les géné- ralités. Il seroit fort précieux, pour faciliter ce travail, que quelque savant exact et laborieux voulût bien compulser toutes les Flores déjà publiées, et les ranger dans l'ordre des familles naturelles, afin de pouvoir profiter, sans trop de perte de temps, des documens déjà acquis par la laborieuse activité des naturalistes. Je ne doute point qu'un pareil tra- vail ne fasse naître dans l'esprit de celui qui l'entreprendroit une foule d'idées nouvelles et de rapprochemens ingénieux. 11 seroit encore singulièrement utile et à ce genre de re- cherches, et à plusieurs autres branches des sciences , qu'il se publiât enfin un résumé exact et complet des connois- sanccs acquises sur l'état actuel de la géographie physique et die cette partie de la physique générale qui fait réelle- ment partie de la géographie. Assez long -temps, dans les livres élémentaires consacrés à celte étude, nous n'avons vu que les divisions politiques et les travaux des hommes; il est temps que nous possédions quelque recueil , soit méthodique , soit même alphabétique , sur la nature même des pays divers. Si, en formant ces vœux, je pouvois déterminer quelque savant à exécuter ces travaux , j'aurois sans doute plus con- tribué à l'avancement de la géographie botanique que par l'es- quisse bien imparfaite que je viens d'en présenter. (DeCand.) Sur les lois que l'on observe dans la distribulîon des formes végcLales ; par Alexandre de Hnniboldt. ' Les rapports numériques des formes végétales peuvent être considérés de deux manières très-distinctes. Si l'on étudie les plantes, groupées par familles naturelles, sans avoir égard à leur distribution géographique, on demande quels sont les types d'organisation d'après lesquels le pbis grand nombre d'espèces sont formées? Y a-t-il plus de Glu- I Cet article est tiré de la seconde édition, inédile , de la Géographie des plantes de M. de Humbold! GEO 423 macées que de Composées sur le globe ? ces deux tribus de végétaux font-elles ensemble le quart des Phanérogames ? quel est le rapport des Monocotylédonées aux Dirotylédonées P Ce sont là des questions de phytologie générale, de lu science qui examine l'organisation des végétaux et leur enchaîne- ment mutuel. Si Ton envisage les espèces qu"on a réunies d'après l'analogie de leur forme, non d'une manière abstraite, mais selon leurs rapports climatériques ou leur distribution sur la surface du globe, les questions que Ion se propose offrent un intérêt beaucoup plus varié. Quelles sont les familles de plantes qui dominent sur les autres Phanéro- games plus dans la zone torride que sous le cercle polaire? les Composées sont-elles plus nombreuses, soit à la même la- titude géographique, soit sur une même bande isotherme, dans le nouveau continent que dans l'ancien P Les types qui dominent moins en avançant de l'équateur au pôle, suivent- ils la même loi de décroissement à mesure qu'on s'élève vers le sommet des montagnes équatoriales ? Les rapports des fa- milles entre elles ne varient-ils pas sur des lignes isothermes de même dénomination, dans les zones tempérées au nord et au sud de l'équateur P Ces questions appartiennent à la géographie des végétaux proprement dite; elles se lient aux problèmes les plus importans qu'offrent la météorologie et la physique du globe en général. De la prépondérance de certaines familles de plantes dépend aussi le caractère du paysage, l'aspect d'une nature riante ou majestueuse. L'abon- dance des Graminées qui forment de vastes savanes, celle des Palmiers ou des Conifères , ont influé puissamment sur l'état social des peuples, sur leurs mœurs, et le développe- ment plus ou moins lent des arts industriels. En étudiant la distribution géographique des formes, on peut s'arrêter aux espèces , aux genres et aux familles na- turelles (Humboldt, Prolog, in Ko^. Gen. , tom. 1, p. Xlll , 14 et 53). Souvent une seule espèce de plantes, surtout -parmi celles que j'ai appelées sociales , couvre une vaste étendue de pays. Telles sont, dans le nord, les bruyères et les forêts de pins: dans l'Amérique équinoxiale, les réunions de Cactus, de Croton, de I3ambusa et de Bralhys de la même espèce. Il est curieux d'examiner ces rapports de multiplica 424 GEO tion et de développement organique : on peut demander quelle espèce, sous une zone donnée, produit le plus d'in- dividus; on peut indiquer les familles auxquelles, sous dif- féreiis climats , appartiennent les espèces qui dominent sur les autres. No're imagination est singulièrement frappée de la prépondérance de certaines plantes que l'on considère à cause de leur facile reproduction, et du grand nombre d'in- dividus qui offrent les mêmes caractères spécifiques , comme les plantes les plus vulgaires de telle ou telle zone. Dans une région boréale où les Composées et les Fougères sont aux Phanérogames dans les rapports de i : i3 et de i : 26 (c'est- à-dire, où l'on trouve ces rapports en divisant le nombre total des. Phanérogames par le nombre des espèces de Com- posées et de Fougères) , une seule espèce de fougères peut occuper dix fois autant de terrain que toutes les espèces de Composées ensemble. Dans ce cas, les Fougères dominent sur les Composées par la masse, par le nombre des individus appartenant aux mêmes espèces de Pteris ou de Polypo- dium ; mais elles ne dominent pas, si Ton compare à la somme totale des espèces de Phanérogames les formes diffé- rentes qu'offrent les deux groupes de Fougères et de Com- posées. Comme la multiplication de foutes les espèces ne suit pas les mêmes lois, comme toutes ne produisent pas le même nombre d'individus , les quotiens obtenus en divi- sant le nombre total des Phanérogames par le nombre des espèces des différentes familles ne décident pas seuls de l'aspect , je dirois presque du genre de monotonie de la nature dans les différentes régions du globe. Si le voyageur est frappé de la répétition fréquente des mêmes espèces, de la vue de celles qui dominent par leur masse , il ne l'est pas moins de la rareté des individus de quelques autres espèces utiles à la société humaine. Dans les régions où les Rubiacées, les Légumineuses ou lesTérébinthacées composent des forêts, on est surpris de voir combien sont rares les troncs de certaines espèces de Cinchona, d'Hœmatoxylum et de Baumiers. En s'arrêtant aux espèces, on peut aussi, sans avoir égard à leur multiplication et au nombre plus ou moins grand des individus, comparer sous chaque zone , d'une manière absolue, les espèces qui appartienneixt à différentes familles. GEO 4=5 Cette comparaison intéressante a été faite dans le grand ouvrage de M. De CandoUe ( Kegni vegetabilis Sjstema ISa- turœ, t. 1, p. 128, 396, 439, 4^4, 5 10). M. Kunth l'a tentée sur plus de 35oo Composées déjà connues jusqu'à ce jour (Nov. gen. , t. 4, P- ^^8). Elle nindique pas quelle famille domine au même degré sur les autres Phanérogames indigènes, soit par la masse des individus, soit par le nombre des espèces ; mais elle offre les rapports numériques entre les espèces d'une même famille appartenant à différens pays. Les résultats de cette méthode sont généralement plus précis, parce qu'on les obtient sans évaluer la masse totale des Phanérogames, après s'être livré avec soin à Pétude de quelques familles isolées. Les formes les plus variées , des Fougères, par exemple, se trouvent sous les tropiques; c'est dans les régions montueuses, tempérées, humides et ombragées de la région équatoriale, que la famille des Fou- gères renferme le plus d'espèces. Dans la zone tempérée , il y en a moins que sous les tropiques ; leur nombre ab- solu diminue encore en avançant vers le pôle .- mais comme la région froide, par exemple, la Laponie, nourrit des es- pèces de Fougères qui résistent plus au froid que la grande masse des Phanérogames, les Fougères, par le nombre des espèces, dominent plus sur les autres plantes en Laponie qu'en France et en Allemagne. Les rapports numériques qu'offre le tableau que j'ai publié dans mes Prolegomena de distributione geograpliica plantarum , et qui reparoît ici per- fectionné par les grands travaux de M. Robert Brown , dif- fèrent entièrement des rapports que donne la comparaison absolue des espèces qui végètent sous les zones diverses. La variation qu'on observe en se portant de Péquateur aux pôles, n'est par conséquent pas la même dans les résultats des deux méthodes. Dans celle des fractions que nous suivons , M. Brown et moi , il y a deux variables , puisqu'en changeant de latitude , ou plutôt de zone isotherme , on ne voit pas varier le nombre total des Phanérogames dans le même rapport que le nombre des espèces qui constituent une même famille. Lorsque des espèces ou des individus de même forme qui se reproduisent d'après des lois constantes, on passe aux divi- sions de la méthode naturelle qui sont des abstractions diyer- 4^6 GEO seinenl graduées ^ on peut s'arrêter aux genres, aux familles, ou à des sections plus générales encore. Il y a quelques genres et quelques familles qui appartiennent exclusivement à de certaines zones, à une réunion particulière de conditions climatériques; mais il y a un plus grand nombre de genres et de familles qui ont des représentans sous toutes les zones et à toutes les hauteurs. Les premières recherches qui ont été tentées sur la distribution géographique des formes, celles de M. Treviranus, publiées dans son ingénieux ou- vrage de Biologie (tom. 2, pag. 47, 63, 83, 129), ont eu pour objet la répartition des genres sur le globe. Cette méthode est moins propre à présenter des résultats généraux, que celle qui compare le nombre des espèces de chaque fa- mille ou des grands groupes d'une même famille à la masse totale des Phanérogames. Dans la zone glaciale , la variété des formes génériques ne diminue pas au même degré que la variété des espèces : on y trouve plus de genres dans un moindre nombre d'espèces (De Candolle, Théorie élément. , p. 1 90 ; Humboldt , AWa gen. , tom. 1 , pag. XVII et L ). Il en est presque de même sur le sommet des hautes montagnes, qui reçoivent des colons d'un grand nombre de genres que nous croyons appartenir exclusivement à la végétation des plaines. J'ai cru devoir indiquer les points de vue différens sous lesquels on peut envisager les lois de la distribution des végétaux. C'est en les confondant que l'on croit trouver des contradictions qui ne sont qu'aijparentcs, et que l'on attribue à tort à l'incertitude des observations ( Berliner Jahrbiiclier der Gewâchskunde , Bd. i, p. 18, 21, 3o). Lors- qu'on se sert des expressions suivantes : « cette forme ou <,; cette famille se perd vers la zone glaciale ; elle a sa vé- « ritable patrie sous tel ou tel parallèle ; c'est une forme « australe ; elle abonde dans la zone tempérée ; >^ il faut énoncer expressément si l'on considère le nombre absolu des espèces , leur fréquence absolue croissante ou décrois- sante avec les latitudes , ou si Ton parle des familles qui do- minent, au même degré, sur le reste des plantes phanéro- games. Ces expressions sont justes ; elles offrent un sens précis , si l'on distingue les diflérentcs méthodes d'après lesquelles on peut étudier la variété des formes. L'île de GEO . 427 Cuba (pour citer un exenii)le analogue cl tiré de l'économie politique) renferme beaucoup plus d'individus de race afri- caine que la Martinique; et cependant la niasse de ces indi- vidus domine bien plus sur le nombre des blancs dans cette dernière île que dans celle de Cuba. Les progrès rapides qu'a faits la géographie des plantes de- puis douze ans, parles travaux réunis de MM. Brown , Wah- lenber*', De Candolle , Léopold de 13uch , Farrot, Ramond . Schouw etHornemann, sont dus, en grande partie, aux avan- tages de la méthode naturelle de M. de Jussieu. En suivant , je ne dirai pas les classifications artificielles du système sexuel , mais les familles établies d'après des principes vagues et erronés (Dumosœ, Corjdales , Oleraceœ), on ne reconnoit plus les grandes lois physiques dans la distribution des végétaux sur le globe. C'est M. Robert Brown qui , dans un mémoire cé- lèbre sur la végétation de la Nouvelle-Hollande , a fait con- noitre le premier les véritables rapports entre les grandes divi- sions du règne végétal, les Acotylédonées , les Monocotylédo- néts et les Dicotylédonées ( Brown , dans Flindev's voyage to Terra auslralis , tom. 2 , p. 558 ; et Obsen'. sjst. et geographical on tlie herbar. ofthe Congo, p. 3). J'ai essayé , en 1 8 1 5 , de suivre ce genre de recherches, en l'étendant aux différens ordres ou familles naturelles. I.a physique du globe a ses élcmens numériques, comme le sjstème du monde, et l'on ne par- viendra que par les travaux réunis des botanistes voyageurs à reconnoître les véritables lois de la distribution des végé- taux. Il ne s'agit pas seulement de grouper des faits: il faut, pour obtenir des approximations plus précises (et nous ne prétendons donner que des approximations), discuter les cir- constances diverses sous lesquelles les observations ojit été faites. Je pense, comme M. Brown , qu'on doit préférer , en général, aux calculs faits sur les inventaires incomplets de toutes les plantes publiées, les exemples tirés de pays considéra- blement étendus, et dont la Flore est bien connue, tels que la France, l'Angleterre, l'Allemagne et la Laponie. 11 seroit à désirer qu'on eût déjà une Flore complète de deux terrains de 20,000 lieues carrées, dépourvus de hautes montagnes et de plateaux, et situés entre les tropiques dans l'ancien et le nouveau monde. Jusqu'à ce que ce vœu soit accompli, il 428 . GEO faut se contenter des grands herbiers formés par des voya- geurs qui ont séjourné dans les deux hémisphères. Les habita- tions des plantes sont si vaguement et si incorrectement in- diquées dans les vastes compilations connues sous les noms de Systema re^etahilium et de Species plantaruln , qu'il seroit très-dangereux de s"en servir d'une manière exclusive. Je n'ai employé ces inventaires que subsidiairement , pour contrôler et modifier un peu les résolt<.ts obtenus par les Flores et les herbiers partiels. Le nombre des plantes équinoxiales que nous avons rapportées en Europe, M. Bonpland et moi, et dont notre savant collaborateur, M. Kunth , aura bientôt terminé la piib icatioii . est peut-être numériquement plus grand qu'aucun des herbiers formés entre les tropiques : mais il se compose de végétaux des plaines et des plateaux élevés des Andes. Les végétaux alpins y sont même beaucoup plus considérables que dans les Flores de la France , de l'Angleterre et des Indes, qui réunissent : ussi les productions de dififérens climats appartenant à uni même latitude. En France, le nom- bre des espèces qui vogèlent e> clusivement au-dessus de 5oo toises de hauteur , ne paroi t êireque <; de la masse entière des Phanérogames (DeCand., dans les Mém. d'Arcueil, t. 3 , p. ^gS), Il sera utile de considérer un jour la végétation des tropiques et celle de la région tempérée , entre les parallèles de 40° et de 5o°, d'après deux méthodes différentes, soit en ch'erchant les rapports numériques dans l'ensemble des plaines et des montagnes qu'offre la nature sur une grande étendue de pays, soit en déterminant ces rapports dans les plaines seules de la zone tempérée et de la zone torride. Comme nos her- biers sont les seuls qui font connoître , d'après un nivelle- ment barométrique, pour plus de 4000 plantes de la région équinoxiale , la hauteur de chaque station au-dessus du niveau de la mer, on pourra, lorsque notre ouvrage des Nova gênera sera terminé, rectifier les rapports numériques du ta- bleau que jepublie aujoui'd'hui, en défalquant des4ooo Pha- nérogames que M. Kunth a employés à ce travail [Prolegotn. , pag. XVI) les plantes qui croissent au-dessus de mille toises, et en divisant le nombre total des plantes non alpines de chaque famille par celui des végétaux qui viennent dans les régions froides et tempérées de l'Amérique équinoxiale. Cette GEO 42g manière d'opérer doit affecter le plus, comme nous le ver- rons tantôt, les familles qui ont des espèces alpines très-nom- breuses, par exemple, les Gramiirées et les Composées. A 1000 toises d'élévation, la température moyenne de l'air est encore, sur le dos des Andes équatoriales, de 17° cent., égale à celle du mois de Juillet à Paris. Quoique sur le plateau des Cordillères on trouve la même température annuelle que dans les hautes latitudes (parce que la ligne isotherme de 8°, par exemple, est la trace marquée dans les plaines par l'intersection de la surface isotherme de 8° avec la surface du sphéroïde terrestre), il ne faut pas trop généraliser ces analogies des climats tempérés des montagnes équatoriales avec les basses régions de la zone circompolaire. Ces ana- logies sont moins grandes qu'on ne le pense ; elles sont mo- difiées par l'inlluence de la distribution partielle de la cha- leur dans les différentes parties de l'année {Proleg., p. LIV, et mon Mémoire sur les lignes isothermes; p. iSy). Les quo~ tiens ne changent pas toujours en montant de la plaine vers les montagnes, de la même manière qu'ils changent en ap- prochant du pôle : c'est le cas des Monocotylédonécs consi- dérées en général; c'est le cas des Fougères et des Composées. {Proleg., pag. LI et LII; Brown , on Congo, pag. 5.) On peut d'ailleurs remarquer que le développement des végétaux de différentes familles et la distribution des for- mes ne dépendent ni des latitudes géographiques seules, ni même des latitudes isothermes; mais que les quotiens ne sont pas toujours semblables sur une même ligne isotherme de la zone tempérée, dans les plaines de l'Amérique et de l'ancien continent. Il existe sous les tropiques une diffé- rence très -remarquable entre l'Amérique, l'Inde et les côtes occidentales de l'Afrique. La distribution des êtres organisés sur le globe dépend non -seulement de circons- tances climatériques très -compliquées; mais aussi de causes géologiques qui nous sont entièrement inconnues , parce qu'elles ont rapport au premier état de notre planète. Les grands Pachydermes manquent aujourd'hui dans le nouveau monde, quand nous les trouvons encore abondamment, sous des climats analogues, en Afrique et en Asie. Dans la zone équinoxiale de l'Afrique la famille des Palmiers nôo GEO est bien peu nombreuse , comparée au grand nombre d'es- pèces de l'Amérique méridionale. Ces différences, loin de nous détourner de la recherche des lois de la nature, doi- vent nous exciter à étudier ces lois dans toutes leurs com- plications. Les lignes d'égale chaleur ne suivent pas les paral- lèles à l'équateur; elles ont, comme j'ai tâché de le prouver ailleurs, des sommets convexes et des sommets concaves, qui sont distribués très-régulièrement sur le globe, et forment diffé- rcns systèmes le long des côtes orientales et occidentales des deux mondes, au centre des continens et dans la proximité des grands bassins des mers. Il est probable que, lorsque des physiciens-botanistes auront parcouru une plus vaste étendue du globe, on trouvera que souvent les lignes des maxima d'airroupement (les lignes tirées par les points où les fractions sont réduites au dénominateur le plus petit) dévient des lignes isothermes. Eu divisant le globe par bandes longitu- dinales comprises entre deux méridiens, et en en comparant les rapports numériques sous les mêmes latitudes isothermes, on reconnoîtra l'existence de dilïerens sjslèmes d'à groupement. Déjà, dans l'état actuel de nos connoissances, nous pouvons distinguer quatre systèmes de végétation , ceux du nouveau continent, de l'Afrique occidentale, de l'Inde et de la Nou- velle-Hollande. De même que, malgré l'accroissement régu- lier de la chaleur moyenne du pôle à l'équateur, le maximum de chaleur n'est pas identique dans les différentes régions par dififérens degrés de longitude, il existe aussi des lieux où certaines familles atteignent un développement plus grand que partout ailleurs : c'est le cas de la famille des Composées dans la région tempérée de l'Amérique du nord, et surtout à l'extrémité australe de l'Afrique. Ces accumulations partielles déterminent la physionomie de la végétation , et sont ce que l'on appelle vaguement les traits caractéristiques du paysage. Dans toute la zone tempérée les Glumacées et les Composées l'ont ensemble plus d'un quart des Phanérogames. Il résulte de ces mêmes recherches, que les formes des êtres organisés se trouvent dans une dépendance mutuelle. L'unité de la nature est telle, que les formes se sont limitées les unes les autres d'après des lois constantes et immuables. Lorsqu'on connoit sur un point quelconque du globe le nombre d'espèces qu'offre une GEO 43i grande famille (p. ex-., celle des Glumacées, des Composées ou des Légumineuses) , on peut évaluer avec beaucoup de proba- bilité, et le nombre total des plantes phanérogames, et le nombre des espèces qui composent les autres familles végétales. Ces! ainsi qu'en connoissant, sous la zone tempérée, le nombre des Cypéracées ou des Composées, on peut deviner celui des Graminées ou des Légumineuses. Ces évaluations nous font voir dans quelles tribus de végétaux les Flores d'un pays sont encore incomplètes : elles sont d'autant moins incertaines que l'on évite de confondre les quotiens qui appartiennent à diffe- rens systèmes de végétation. Le travail que j'ai tenté sur les plantes, sera sans doute appliqué un jour avec succès aux dif- férentes classes des animaux vertébrés. Dans les zones tempé- rées il y a près de cinq fois autant d'oiseaux que de mammi- fères, et ceux-ci augmentent beaucoup moins vers l'équateur que les oiseaux et les reptiles. La géographie des plantes peut être considérée comme une partie de la phjsique du globe. Si les lois qu'a suivies la na- ture dans la distribution des formes végétales étoient beau- coup plus compliquées encore qu'elles ne le paroissent au premier abord, il ne faudroit pas moins les soumettre à des recherches exactes. On n'a pas abandonné le tracé des cartes lorsqu'on s'est aperçu des sinuosités des fleuves et de la forme irrégulière des côtes. Les lois du magnétisme se sont manifestées à l'homme dès que l'on a commencé à tracer les lignes d'égale déclinaison et d'égale inclinaison, et que l'on a comparé un grand nombre d'observations qui parois- soient d'abord contradictoires. Ce seroit oublier la marche par laquelle les sciences physiques se sont élevées progres- sivement cà des résultats certains, que de croire qu'il n'est pas encore temps de chercher les élémens numériques de la géographie des plantes. Dans l'étude d'un phénomène com- pliqué, on commence par un aperçu général des conditions qui déterminent ou modifient le phénomène; mais, après avoir découvert de certains rapports, on trouve que les pre- miers résultats auxquels on s'est arrêté, ne sont pas assez dé- gagés des influences locales : c'est alors qu'on modifie et cor- rige les élémens numériques , qu'on reconnoît de la régularité dans les effets mêmes des perturbations partielles. La cri- 432 GEO tique s'exerce sur tout ce qui a été annoncé prématurément comme un résultat général, et cet esprit de critique, une fois excité, favorise la recherche de la vérité et accélère le progrès des connoissances humaines. AcoTYLÉDONÉEs. Plantcs cryptogames (Champignons, Lichens, Mousses et Fougères); Agames celluleuses et vasculaires de M. De Candolle. En réunissant les plantes des plaines et celles des montagnes, nous en avons trouvé sous les tropiques-^ ; mais leur nombre doit être beaucoup plus grand. M. Brown a rendu très-probable que dans la zone torride le rapport ' est pour les plaines >, , pour les montagnes-^ {Congo, p. 5). Sous la zone tempérée, les Agames sont généralement aux Phanérogames comme 1:2; dans la zone glaciale , elles attei- gnent le même nombre, et le surpassent souvent de beaucoup. En séparant les Agames en trois groupes, on observe que les Fougères sont plus fréquentes (le dénominateur de la frac- tion étant plus pelit) dans la zone glaciale que dans la zone tempérée [Berl. Jahrb., B. 1 , p. 02 ). De même les Lichens et les Mousses augmentent vers la zone glaciale. La distri- bution géographique des Fougères dépend de la réunion de circonstances locales d'ombre , d'humidité et de chaleur tempérée. Leur maximum (c'est-à-dire le lieu où le déno- minateur de la fraction normale du groupe devient le plus petit possible) se trouve dans les parties montagneuses des tropiques, surtout dans des lies de peu d'étendue, où le rap- port s'élève à >3 et au-delà. En ne séparant pas les plaines et les montagnes, M. Brown trouve pour les Fougères de la zone torride >. En Arabie, dans l'Inde, dans la Nouvelle-Hol- lande et dans l'Afrique occidentale (entre les tropiques), il y a .^ ; mais les Fougères sont rares dans les vallées très-larges et les plateaux arides des Andes, où nous avons été forcés de séjourner long- temps {Congo , pag. 45 , etNoi'. gen. , tom. 1 , pag. 35). Dans la zone tempérée , les Fougères sont >,^ ; en France -<:, ; en 1 Dans cet article , les fractions i^ , i-fj , if, indiquent le rapport entre les espèces d'une famille et la somme des Phanérogames qui végètent dans le même pays. Les abréviations Trop., Teuip. , Gluc, désignent les trois zones, torride, tempérée et glaciale. GEO 433 Allemagne, d'après des recherches récentes , ^, {Berl. Jahrb., B. 1, pag. i'6). Le groupe des Fougères est extrêmement rare dans l'Atlas, et manque presque entièrement en Egypte» Sous la zone glaciale, les fougères paroissent s'élever à >^. MoNOcoTYLÉDONÉEs. Lc dénominateuF devient progressive- ment plus petit en allant de l'équateur vers le 62.^ de latitude nord : il augmente de nouveau dans des régions plus bo- réales encore, sur la côte du Groenland, où les Graminées sont très-rares {Congo, pag. 10). Le rapport varie de ^ à > dans les difTérentes parties des tropiques. Sur 388o Phanérogames de l'Amérique équinoxiale que nous avons trouvées, M. Bonpland et moi , en fleur et en fruit, il y a 654 Monocotylédonées et 3226 Dicotylédonées : donc la grande division des Monocotylédonées scroit ^ des Phanérogames. D'après M. Brown, ce rapport est dans l'ancien continent (dans l'Inde, dans l'Afrique équinoxiale et dans la Nouvelle- Hollande ) , <:. Sous la zone tempéréç on trouve ); Royaume de Naples , 1:4^; Suisse, 1 : 4<^ ; Isles britanniques, 1 : 5-^^). Sous la zone glaciale, ^, Glumacées (les trois familles des Joncacées , des Cypéracées et des Graminées, réunies).= Trop.,>,. — Temp., >^. — G/ac. ,-^. L'augmentation vers le nord est due aux Joncacées et aux Cypéracées, qui sont beaucoup plus rares, relativement aux: auti-es Phanérogames, sous les zones tempérées et sous la zone torride. En comparant entre elles les espèces appartenant aux trois familles, on trouve que les Graminées, les Cypéracées et les Joncacées sont sous les tropiques comme 2!^ , 7 , 1 ; dans la région tempérée de l'ancien continent, comme 7, 5, 1; sous le cercle polaire, comme 2^ , 2^, 1. Il y a en Laponie au- tant de Graminées que de Cypéracées : de là vers léquateur les Cypéracées et les Joncacées diminuent beaucoup plus que les Graminées; la forme des Joncacées se perd presque entiè- rement sous les tropiques [l^ov. gen. , T. I.", p. 240). Joncacées seules. = Trop,, ^^,„. — Temp,, i^,. — Glac. , >, (Allemagne, <;, ; France, -^,; ). Cjpéracées seules. = Trop, Amérique, à peine ^^ ; Afri- que occidentale, >;^ ; Inde, ^- ; Nouvelle -Hollande , >,^ {Congo , p. 9). — Temp,, peut-être ^, (Allemagne, -^j : France , 434 GEO toujours d'après les travaux de M. De Candolle, ^, ; Dane- marck, >g). — Glac, >. C'est le rapport trouvé en Laponie et au Kamtschatka. Graminées seules. = Trof. J'ai admis jusqu'ici >-. M. Brown trouve pour l'Afrique occidentale >, , pour Tlnde^^ {Congo, p. 41). M. Hornemann s'arrête pour cette même partie de l'Afrique à <„ {De indole plant. Guineensium , iSig, p. 10). — Temp. Allemagne, >;^; France, >,,. — Glac, >. Composées. En confondant les plantes des plaines avec celles des montagnes, nous avons trouvé dans l'Amérique équinoxiale -^ et ^ ; mais, sur 554 Composées de nos her- biers, il n'y en a que 94 qui végètent depuis les plaines )usqu'à 5oo toises ( hauteur à laquelle la température moyenne est encore de 21°, 8; égale celle du Caire, d'Alger et de nie de Madère ). Depuis les plaines équatoriales jus- qu'à 1000 toises de hauteur (où règne encore la température moyenne de Naples), nous avons recueilli 2GS Composées. Ce dernier résultat donne le rapport des Composées, dans les régions de l'Amérique équinoxiale au-dessous de 1000 toises, de ^ à> . Ce résultat est très-remarquable, puisqu'il prouve qu'entre les tropiques, dans la région très-basse et très-chaude du nouveau continent il y a moins de Composées, dans les régions subalpines et tempérées plus de Composées , que sous les mêmes conditions dans l'ancien monde. M. Brown trouve pour le Rio-Congo et Sierra-Léone , >3 ; pour l'Inde et la Jfouvelle-Hollande , >,; [Congo, p. 26; Nov. gen. , t. IV , p. aSg). Quant à la zone tempérée, les Composées font en Amérique ^ (c'est peut-être aussi dans l'Amérique équi- noxiale le rapport des Composées des très -hautes montagnes à toute la masse des Phanérogames alpins) ; au cap de Bonne- Espérance, ir ; en France, > (proprement ^-^ ) ; en Alle- magne , ^5. Sous la zone glaciale les Composées sont , en Laponie, >;, ; au Kamtschatka, >.. (Hornemann, p. 18; Berl. Jahrb., B. I, p. 29.) Légumineuses. = Trop. Amérique, > ; Inde, i^ ; Nou- velle-Hollande, ^; ; Allemagne, >_^ ; Amérique boréale, >g ; Sibérie, >^ {Berl. Jahrb., B. I, p. 22). — Glac, k^,. Labiées. = Trop., > . — Temp. Amérique boréale , >„ ; Al- GEO /i^ô lemagne , >e ; France , >( . — Glac. , >^„. ha. rareté des Labiées et des Crucifères dans la zone tempérée du nouveau conti- nent est un phénomène très-remarquable. Malvacées. = Trop. Amérique, i^ {Congo, p- 9); dans la seule côte de Guinée, <, (Hornemann, p. 20).— Temp., ^„„. — Glac, o. Crucifères. = Presque point sous les tropiques, en faisant abstraction des montagnes au-dessus de 1200 à 1700 toises {Nov.gen., p. 16). France, ^-^j Allemagne ,>,; Amérique boréale, i^^. RuBiACÉEs. Sans diviser la famille en plusieurs sections, on trouve pour les tropiques , en Amérique k^ , dans l'A- frique occidentale >,!^ ; pour la zone tempérée , en Alle- magne >.„ , en France >.^ ; pour la zone glaciale , en Laponie ^„. M. Brown sépare la grande famille des Rubiacées en deux groupes qui offrent des rapports climatériques très- distincts. Le groupe ùesStellatœ sans stipules interposées ap- partient principalement à la zone tempérée : il manque presque entre les tropiques , excepté sur le sommet des mon- tagnes. Le groupe des Rubiacées à feuilles opposées et à sti- pules appartient très-particulièrement à la région équinoxiale. M. Kunth a divisé la grande famille des Rubiacées en huit groupes, dont un seul, celui des Cofféacées, renferme dans nos herbiers un tiers de toutes les Rubiacées de l'Amérique équinoxiale. {ISov. gen. , t. III, p. 54i.) E0PHORBIACÉES. = Trop. Amérique, >i5 ; Inde et Nouveller Hollande, >;„ ; Afrique occidentale, <8 {Congo, p. a5). — Temp. France, i<„ ; Allemagne, >„. — Glac, Laponie ^„„. Éricinées et RosAGEs. = Trop. Amérique, <3o' — Temp. France, >,5 ; Allemagne, ^„ ; Amérique boréale , -<;(;. — Glac. Laponie, >^. Amentacées. = Trop. Amérique, k^^. — Temp. France , ^„ ; Allemagne, >„ ; Amérique boréale , >r^. — Giac. Laponie , -<:o. Ombellifères. = Presque point sous les tropiques au-dessous de 1200 toises; mais, en comptant dans l'Amérique équi- noxiale les plaines et les hautes montagnes, >,„ : sous la zone tempérée beaucoup plus dans Pancien que dans le nouveau continent. France, -^j ; Amérique boréale , >:,; Laponie, > - En comparant les deux mondes , on trouve en générai 436 GEO dans le nouveau, sous la zone équatoriale, moins de Cypé- racées et de Rubiacées, et plus de Composées; sous la zone tempérée, moins de I4 . Légumineuses zSo 148 . Crucifères 190 46 , Omhellifères 170 5o . Caryophyllées i65 40 . L.ibioes »49 78 . Rhlnanthées 147 79 • Amentacées 69 ii3 . Ces nombres absolus sont tirés des ouvrages de MM. doUe , Pursh et Wahlenberg. La masse des plantes décrites en France est à celle de l'Amérique boréale dans le rapport (Je j.^ : 1 ; à celle de Laponie, dans le rapport de 7:1. 38 DeCan- GEO 4S9 feuilles sont simples, longues d'un pied, en forme de coin, acuminées à leur base, partagées à leur sommet en deux portions divergentes, soutenues par de très -longs pétioles ; la spathe est double, à deux valves: le spadice porte à son sommet trois ou quatre épis cylindriques ; les fleurs situées comme dans l'espèce précédente. (Poir.) GEOPHILA. (Bot.) Nom donné par Bergeret à un genre voisin du colchique , qui avoit été précédemment nommé merendera par M. Ramond, et que Picot La Peyrouse réunit au bulbocodium de Linnœus , dont il diffère cependant par ses trois styles. (J. ) GÉOPHILE. (Entom.) Ce nom, qui signifie qui aime la terre , a servi à M. Leach pour désigner un genre de scolo- pendres à pattes très-nombreuses, dont les postérieures sont plus longues que les autres, et qui de plus sont aveugles. Voyez Aptères , Myriapodes et Scolopendre. (C. D. ) GEOPHONUS {ConchjL), nom latin du genre Géopoxe. (De B.) GÉOPONE, Geop\onus. {Conchyl.) Petit genre de coquilles presque microscopiques, d'une ligne au plus, établi par M. Denys de Monfort (Conchyl. System., vol. 1, p. 18) pouF une espèce vivant dans la mer Méditerranée, où elle se trouve au milieu des plantes marines , et que Von Fichtel et Von MoU {Test. micr. , pag. 66, tab. 10, fig. 6, 9) ont nommée nautilas macellus. M. Denys de Monfort, qui la Bomme la Géofone jaone, à cause de sa couleur, lui donne pour caractère, qu'étant enroulée verticalement, mais non tout-à-fait symétriquement, sans que la spire soit visible, et sans ombilic , la cloison qui en forme la terminaison est percée de six trous placés dans une série longitudinale d'avant en arrière; il paroît en outre qu'elle est cloisonnée. (De B.) GEORGIA. {Bot.) Ehrhart avoit donné ce nom générique au mnium pelluciduin, Linn. , mousse qui se fait remarquer par son péristome simple, à quatre dents pyramidales. Ce genre a été conservé , mais sous le nom de tetraphis , qui rappelle la structure du péristome. (Lem.) GEORGINE, Georgina. {Bot.) [Corj'mbiféres, Juss.=Sfngé' aésie polygamie frustranée , Linn.] Ce genre de plantes, éta- 44o -GEO bli par Cavanilles , en 1791, dans ses Icônes et Descrîpliones Plantarum , appartient à la famille des synanthérées, à notre tribu naturelle des hélianthées, et à la section des hélian- thées-corëopsidées. L'auteur du genre lui avoit donné le nom de dahlia : mais, comme Thunberg avoit précédemment em- ployé ce même nom pour désigner un genre de la famille des urticées, Willdenow a nommé le genre de Cavanilles Georgina, en l'honneur de Georgi , botaniste russe. Voici les caracléres génériques que nous avons observés sur un grand nombre d'individus vivans. La calathide est radiée , composée d'un disque multiflore, régulariflore , androgyniflore , et d'une couronne unisériée, liguliflore . neutriflore. Le péricline est double : l'intérieur, ou vrai péricline, supérieur aux fleurs du disque, campa- nule, formé d'environ huit squames très-libres, unisériées, égales, appliquées, ovales-oblongues, obtuses, membraneuses , à base coriace-charnue; l'extérieur, involucriforme , plus court, formé de cinq à huit squames bractéiformes , unisé- riées, égales, étalées ou réfléchies, ovales-lancéolées, souvent comme pétiolées, foliacées. Le clinanthe est plan , garni de squamelles égales aux fleurs, larges, planes, ovales-oblon- gues, obtuses, membraneuses. Les ovaires sont obcompri- més, munis d'un bourrelet basilaire et d'un bourrelet apici- laire : leur aigrette est ordinairement nulle; mais souvent on observe deux petits rudimens de squamellules, en forme de protubérances arrondies ou coniques, situées sur les deux angles du bourrelet apicilaire, et quelquefois ces rudimens sont tfès-développés, en forme de squamellules continues au bourrelet, épaisses, charnues, inégales, irrégulières, varia- bles, simples ou divisées, cylindracées , anguleuses ou lami- nées. Les fleurs de la couronne, au nombre de huit environ , sont pourvues d'un faux -ovaire absolument semblable aux vrais ovaires du disque, et contenant comme eux un ovule; mais le style et son stigmate sont toujours mal conformés, imparfaits , semi-avortés ou même tout-à-fait nuls : la corolle a le tube court, et la languette large, elliptique, tridentée au sommet, veloutée en-dessus, munie en-dessous de plu- sieurs nervures , dont deux plus fortes. En comparant les caractères que nous venons de décrire GEO 441 avec ceux du genre Coreopsis , que nous avons décrits à la page 420 du tome X de ce Dictionnaire, nous ne trouvons aucune différence qui puisse suffire à la distinction des deux genres. Les autres botanistes croient trouver trois différences essentielles, en ce que, suivant eux, le péricline intérieur est plécolépide, les ovaires sont inaigrettés, et la couronne de la calathide est féminiflore , dans le georgina; tandis que, dans le coreopsis , le péricline intérieur est chorisolépide , les ovaires sont surmontées de deux cornes ou arêtes, et la couronne de la calathide est neutriflore. C'est une triple erreur. Les squames du péricline intérieur sont parfaitement libres jusqu'à la base dans le georgina, aussi bien que dans le coreopsis. Les vrais coreopsis ont souvent l'aigrette nulle, comme le georgina, et l'ovaire du georgina est souvent sur- monté de deux cornes plus ou moins développées et fort analogues à celles des vrais coreopsis. Quant au sexe des fleurs de la couronne, nous avons toujours trouvé le stigmate de ces fleurs nul ou imparfait dans toutes les calathides de georgina que nous avons examinées; cependant, comme ces mêmes fleurs ont l'ovaire bien conformé et pourvu d'un ovule , il est possible que , dans le pays où la plante est in- digène, et dans les circonstances favorables à sa fructifica- tion, le stigmate se développe suiïisamment pour que la fécondation s'opère, et qu'ainsi la couronne devienne fémi- niflore. Quoi qu'il en soit, en éliminant du genre Coreopsis les espèces dont nous avons composé notre genre Pteroplvyton, le coreopsis peut être caractérisé et limité avec exactitude, et ce genre doit comprendre au nombre de ses espèces le georgina de "Willdenow ou dahlia de Cavanilles. C'est pour- quoi nous allons décrire cette plante sous le nom de co- réopside géorgine. CoRÉOPSiDE GÉORGINE : Coreopsis Georgina, H. Cass. ; Geor- gina variahilis , Kunth , Nov. gen. et Sp. pi., in-fol. , tom. 4, pag. 191 ; Georgina siiperfliia et frustranea , Decand., Ann. du Mus.; Georgina variahilis et coccinea, Wiild., Hort. Berol. ; Georgina purpurea , rosea et coccinea, "Willd., Sp. pi. ; Dahlia pinnata , rosea et coccinea, Cavan., Icon. et Descript. plant. Cette belle plante herbacée, originaire du Mexique, a la racine vivace , composée de faisceaux de tubercules horizon- 442 GEO taux , oblongs , amincis aux deux bouts , longs d'environ un demi-pied. La fige, qui s'élève jusqu'à environ six pieds, est dressée, rameuse, cylindrique, épaisse, dure, tantôt nue, tantôt couverte d'une poudre glauque, tantôt parsemée de petits poils. Les feuilles sont opposées, connées, grandes, une ou deux fois pennées avec impaire; à pétiole commun, nu ou ailé; à folioles opposées, sessiles ou pétiolécs, ovales, pointues, dentées, tantôi, glabres, tantôt plus ou moins pu- bescentes. Les calathides, composées d'un disque jaune et d'une couronne de couleur variable , sont solitaires au som- met de longs rameaux simples , nus, grêles, pédonculiformes: elles fleurissent dans nos jardins depuis la fin de Juillet jus- qu'aux premières gelées, et se font remarquer parleur gran- deur et leurs couleurs agréables. La culture a produit plusieurs variétés de géorgine , qui se rapportent toutes à deux races principales, et que nous allons signaler brièvement. CoRÉOPsiDE GÉORGINE NUE : Corcopsis Georgina nuda , H. Cass. ; Georgina superjlua, Decand.; Georgina s'ariabilis , Willd. Cette première race, qui sans doute a donné naissance à la seconde, se compose de plantes plus élevées et plus robustes; les tiges sont nues, c'est-à-dire qu'elles ne sont point couvertes d'une poudre glauque, mais elles sont souvent rougeàfres, et quelquefois garnies de petits poils, surtout vers le som- met; les feuilles sont moins divisées, plus grandes et d'un vert foncé ; enfin, les fleurs de la couronne sont pourvues d'un style plus ou moins développé, quoique toujours im- parfait. On rapporte à cette race : i." la géorgine rouge, dont les languettes sont proportionnémcnt plus larges et plus courtes que dans toutes les autres variétés: 2.° la géorgine pourpre, dont les languettes sont plus longues que dans la précédente ; 5." la géorgine lit as , dont les languettes sont plus longues que dans toutes les autres variétés, et dont les sommités des tiges sont presque toujours un peu velues; cette variété pa- roît être la plus rustique de toutes ; 4." la géorgine paie, plus petite que les précédentes, à languettes d'un rose pâle, moins longues et moins étalées que dans la géorgine lilas ; 5.° la géorgine jaunâtre , bien distincte de toutes les autres GEO 445 variétés de cette race par la couleur de sa couronne et par sa stature moins élevée. CoRÉOPSiDE GÉORGiNE POUDRÉE: Coreopsis georgiua pruinosu , H. Cass. ,; Gecrgina frustranea , Decand. ; Georgina coccinea, Willd. Les variétés qui dépendent de cette race sont plus basses, plus délicates et d'un vert plus clair, que les variétés de la race précédente; les tiges sont couvertes d'une poudre glauque; les feuilles sont beaucoup plus petites et plus divi- sées; le style est tout-à-fait avorté dans les fleurs de la couronne. Cette race comprend: 1. ° la géorgine ecar/afe, dont les cata- thides sont assez grandes, à couronne de couleur ponceau- orangé; 2.° la géorgine safranée , dont les calathides sont de moitié plus petites, à couronne de couleur de feu - orangé plus clair ; 5." la géorgine jaune , à calathides aussi petites que dans la précédente variété, mais à couronne d'un jaune pur. Cavanilles , qui, le premier, nous a fait connoître les géorgines , avoit cru pouvoir en distinguer trois espèces. \\ illdenow les adopta d'abord: mais ensuite il les réduisit à deux, qu'il caractérisa principalement par la tige nue dans la première , poudrée dans la seconde. M. De Candolle crut confirmer les deux espèces de Willdenow, en ajoutant que, dans la première , les fleurs de la couronne étoient femelles, et que dans la seconde elles étoient neutres. M. Kunth a re- connu, aussi bien que nous, que toutes les géorgines avoient la couronne neutriflore, et, comme nous, il a pensé que les prétendues espèces de Cavanilles , et même celles de Will- denow, n'étoient que des variétés d'une seule et même es- pèce. 11 cite à l'appui de cette opinion une observation im- portante de M. Lelieur, qui a obtenu la géorgine poudrée en semant des graines de géorgine nue. Dumont-Courset avoit depuis long-temps énoncé la même opinion. Les racines tubéreuses des géorgines peuvent fournir un aliment salubre , mais d'une saveur peu agréable , selon MM. De Candolle et Dumont-Courset , qui en ont mangé après les avoir fait bouillir ou cuire sous la cendre. Cependant ou dit que les habitans du Mexique les mangent avec plaisir, et M. Thiébaut de Berneaud prétend que leur substance 444 GEO farineuse et sucrée , préparée de diverses manières , est un aliment agréable et délicat: il ajoute que les feuilles peuvent servir de fourras;e et d'engrais, et que la racine plait beau- coup aux chevaux, aux bœufs et aux moutons. M. De Can- dolle dit, au contraire, que les chevaux et les vaches refusent d'en manger. En attendant que de nouvelles épreuves aient résolu ces questions, il nous paroît probable que les qualités des racines dont il s'agit sont analogues à celles des racines du topinambour (helianthus liiberosus, Linn. ) : et il est cer- tain que jusqu'à présent la plus grande utilité des géorgines est de concourir avec avantage a la richesse et à la variété des ornemens de nos jardins. On reproduit et multiplie ces plantes par le semis des graines ou par la division des racines : mais les graines ne mûrissent -pas toujours bien dans notre climat ; celles des géorgines poudrées surtout sont presque toujours imparfaites : ainsi la division des racines est le moyen le plus sûr. Au mois de Mars, on sépare les différens faisceaux de tubercules dont se compose la racine , de manière qu'un petit morceau de la racine principale reste attaché à chaque faisceau ; on plante chacun de ces faisceaux dans un grand vase rempli d'une terre substantielle et consistante, composée de terre franche mêlée avec de la tei're de couches; on arrose, et on place les vases dans une serre chaude ou tempérée , ou même dans une bonne orangerie. Quand les atteintes du froid ne sont plus à craindre, c'est-à-dire au commencement de Juin, on transplante les géorgines le long d'un mur exposé au midi , dans une plate -bande large de trois pieds, défoncée jusqu'à un pied et demi de profondeur, et remplie d'une terre sem- blable à celle des vases. Il faut les arroser fréquemment pendant leur croissance, en évitant toutefois de leur donner une humidité trop grande ou stagnante. Au mois d'Octobre on coupe les tiges un peu au-dessus de leur base, on déterre les racines, on les nettoie, et on les conserve pendant l'hiver dans un lieu où la gelée ne puisse les atteindre , en les cou- vrant de sable bien sec. Dans nos départemens méridionaux les géorgines peuvent demeurer toute l'année en pleine terre , au moyen d'une couverture de litière sèche pendant les gelées. (H. Cass.) GEO 445 GÉORISSE. {Entom.) Nom donné par M. Latreille à un genre de petits coléoptères à cinq articles, voisins des bir- rhes, dont une espèce a été décrite par Paykull , et ensuite par Fabricius sous le nom de Plmelia pygmœa. Ce petit co- léoptère , n'étant pas hétéroméré, ne pouvoit en effet rester parmi les pimélies; mais, si M. Latreille a voulu indiquer par ce nom que l'insecte fouit la terre, il auroit dû l'écrire ainsi , Géorysse, comme il l'avoit fait pour le genre Orysse parmi les uropristes. (G. D.) GÉOTRICHUM. {Bot.) Champignons formés de filamens cloisonnés, rameux , couchés, entremêlés et composant de petites touffes ou flocons. Sur ses filamens sont dispersés des séminules ou sporidies ovales, tronquées à leurs deux extré- mités. Ce dernier caractère distingue seulement ce genre de celui appelé sporotrichum. Tous les deux ont été établis par Linck, et font partie de la série des hjssoïdées dans l'ordre des mucédinées , dans la méthode adoptée par ce botaniste prussien. GÉOTRICHUM BLANC ; Geotrichum candidum , Linck , Btrl. Magaz. , 3, p. 7 , pi. 1 , fig. 26. C'est la seule espèce de ce genre .- elle croît à terre dans les bruyères et les bois arides. Elle forme sur la terre de petites taches blanches, coton- neuses ou granuleuses. Il est probable que Linck a observé cette plante en Allemagne. (Lem.) GÉOTRUPE, Geotrupes. {Entom.) Genre d'insectes coléop- tères à cinq articles à tous les tarses, ou pentamérés, de la famille des lamellicornes ou pétalocères. C'est M. Latreille qui a le premier emprunté ce nom de deux mots grecs, yn , la terre, et tpvttm}, je perce, je per- fore, ou du mot yiupv^cç ■) fossoyeur , et il y avoit rapporté une division du genre Scarabée , déjà indiquée dans les au- teurs , dont le prolongement du front, qui recouvre la bou- che ou le chaperon, est large, quadrilatère et rhomboïdal, dont les pattes de devant offrent une jambe aplatie et den- telée , et qui ont un écusson distinct entre les élylres ; mais Fabricius, en adoptant le nom, l'a transporté au genre Sca- rabée de M. Latreille, et, comme pour augmenter la diffi- culté déjà si grande de la synonymie, il a pris le nom de géotrupe pour désigner le genre Scarabée. Ainsi les scarabées 446 GEO de Fabricîus sont nos géotrupes ou ceux de M. Latreille , et les géotrupes de M. Fabricius sont nos scarabées. (Voyez Pétalocères.) Voici les caractères naturels du genre Géotrupe : Corps arrondi, court, très- convexe ; tête distincte, à chaperon avancé, carré ou rhomboïdal; à antennes courtes ou de la longueur de la tête au plus , insérées sous le chaperon en masse lamellée ; corselet arrondi, plus court que l'abdomen; écusson arrondi, distinct à la base des élytres , qui dépassent l'abdomen et qui l'embrassent en-dessous sur les côtés; pattes courtes , à hanches larges , à cuisses comprimées ; toutes les jambes aplaties, tranchantes et dentelées en dehors; tarses à cinq articles, très-petits, à peine distincts aux pattes anté- rieures. Il est facile de distinguer ce genre d'avec tous ceux de la même famille des pétalocères, d'après la forme et l'étendue du chaperon , qui est très-court et à peine distinct dans les trox et les scarabées; qui n'est pas en croissant comme dans les aphodies et les bousiers, ni coupé carrément comme dans les hannetons, les cétoines et les trichies , tandis que les géotrupes l'ont en losange ou rhomboïdal. Les géotrupes, ainsi que leur nom l'indique, percent la terre sous la forme d'insectes parfaits ; ils la creusent ainsi sous les bouses et les matières cxcrémentitielles des solipèdes et des ruminans, pour y entraîner des portions de ces ma- tières, au milieu desquelles ils déposent leurs œufs, d'où proviennent des larves en tout semblables à celles des bou- siers et des autres pétalocères. Leur corps est blanc , mou , courbé en arc; l'extrémité du ventre est obtuse, repliée en- dessous ; la tête seule est cornée , avec des mâchoires et des mandibules bien distinctes ; les pattes sont courtes et termi- nées chacune par un crochet unique. Les géotrupes volent principalement le soir, comme les hannetons; mais, comme ils ne se posent jamais sur les arbres et qu'au contraire ils se dirigent principalement vers les ma- tières stercorales , ils volent très-bas , souvent à fleur de terre ; ils font beaucoup de bruit, parce que leur vol est lourd, et, comm« il a lieu presque toujours en ligne droite, l'in- secte semble n'avoir pas la faculté de se détourner et il GEO 447 vient souvent se heurter sur les obstacles qui s'opposent à sa route directe; et c'est peut-être à cause de ce qu'ils se jettent ainsi sur le corps de l'homme, que cette sorte de mal-adresse a passé en proverbe et que l'on dit, étourdi comme un scarabée ou comme un hanneton. Les principales espèces de ce genre sont les suivantes : 1." Géotrupe typhoée ou phalangiste; g. tj'phœus, Linn. (Voyez dans l'atlas de ce Dictionnaire le n." i de la planche des coléoptères pétalocères. ) Geoffroy en a donné une figure à la planche i , n.° 3 , du tome 1." de l'Histoire des insectes des environs de Paris, et Olivier, planche n.° 7 , 5a. Car. Noir; corselet à trois pointes dirigées en avant : très- longues dans le mâle et dépassant la tête, surtout les latérales ; beaucoup plus courtes dans la femelle. Cet insecte est noir, quelquefois d'un brun rougeâtre ; les élytres sont striées. Le nom de phalangiste lui a été donné par Geoffroy, parce que dans le mâle les pointes saillantes du corselet, dirigées en avant, lui donnent quelque rapport avec les piques des phalanges macédoniennes. Il se trouve dans les bouses des prairies sèches. Géotkupe stercoraire ; G. stercorarius. C'est le grand pilu- laire de Geoffroy, qui a donné une très-bonne description de cette espèce, fort commune aux environs de Paris, où le peuple l'appelle fouille -merde ou mère à poux , à cause du grand nombre de cirons dont il est souvent couvert. Panzer en a donné une bonne figure, planche 2 3 du 2.' cahier de sa Faune d'Allemagne. Car. Noir bronzé ou bleuâtre en-dessus : à élytres striées ; cor- selet lisse et brillant d'un noir verdàtre , cuivreux en-dessous. C'est à tort que Geoffroy indique cette espèce comme celle qu'adoroient les Égyptiens; on voit évidemment, dans leurs hiéroglyphes et sur les cachets , la représentation d'un bousier du sous-genre des ateuches , que nous avons décrit sous le n° i5 : c'est aussi à tort qu'il le désigne sous le nom de pilulaire. Cette espèce ne dépose pas ses œufs dans les boules de fiente, comme le font la plupart des bousiers ateu- ches, dont les pattes de derrière facilitent, parleur alonge- Bient, cette sorte de manœuvre et de transport. 448 GEO 3.° Géotrupe printan'nier; g. vernalis. C'est le petit pilu- laire de Geoffroy. II est d'un bleu foncé rougeâtre ; ses élytres sont brillantes , polies, sans stries enfoncées. 4.° Géotrupe sylvatique; g. sj'l^aticus. Il ressemble au stercoraire ; mais sa couleur est plus bleue , et ses élytres offrent, entre les stries, des rides qui semblent les grésiller ou les raccornir. Sa larve se développe principalement dans le détritus ou la sorte de bouillie que produit la putréfaction des gros bolets ou champignons poreux des bois ; voilà pourquoi on l'a désignée sous le nom de géotrupe des forêts. Fabricius a rapporté dix -sept espèces à ce genre de sca- rabées. (C. D.) GÉOTRUPINES. {Entom.) M. Latrcille avoit indiqué sous ce nom de famille les deux genres Lèthre et Géotrupe. Voyez Pétalocères. ( C. D. ) GEPALO. (Bot.) Les habitans de la côte de Canara, dans la presqu'île de l'Inde , nomment ainsi , au rapport de Clu- sius, son nucLeus moluccanus , qui paroît être le croton mo- luccanum. (J. ) GER DZIKA (Ornith,), nom polonois de l'oie sauvage, anas, anser , Linn. (Ch. D.) GERABIB (Ornith.) , nom arabe du corbeau, coruus corax , Linn. (Ch. D.) GERADYEH. (Ornith.) On appelle ainsi, en Egypte, la cresserelle , yûZco linnunculus , Linn. (Ch. D.) GÉRANIACÉES. (Bot.) Cette famille de plantes, placée parmi les hypopétalées , ou polypétales à étamines insérées sous l'ovaire , est composée presque uniquement d'un seul genre ancien, le géranium, qui, conséquemment, lui donne son nom. Mais ce genre est tellement nombreux en espèces, qui s'élèvent à près de trois cents, que pour la facilité de l'étude on s'est décidé à le partager en trois, assez bien distin- gués. Les caractèi'es communs à ces genres ou à cette famille , outre ceux déjà indiqués, consistent dans un calice 'divisé profondément en cinq lobes égaux , alternes avec cinq pé- tales qui sont égaux ou inégaux : les étamines, en nombre double ou plus rarement égal à celui des pétales, et insé- GER 449 récs au même point, ont leurs filets réunis par le bas en un anneau et distincts supérieurement ; tantôt ils sont tous fer- tiles ou munis d'anthères, tantôt quelques-uns sont stériles. Lovaire, libre et simple, est surmonté d'un style terminé par cinq stigmates. Le fruit se partage en cinq capsules ovales ou fusiformes, s'ouvrant à l'intérieur et remplies d'une ou deux graines ,• chacune est surmontée d'une arête d'abord appliquée contre le style , laquelle se détache ensuite par le bas, en s'écartant du centre et emportant avec elle sa cap- sule, qui reste pendante, à la manière de la branche d'un lustre. L'embryon des graines, dépourvu de périsperme, a sa radicule alongée, réfléchie sur les lobes irrégulièrement plissés , et dirigée vers le bas de la loge. Les plantes de cette famille sont herbacées ou s'élèvent en arbrisseaux ou sous-arbrisseaux. Les feuilles sont opposées ou alternes, toujours accompagnées de stipules. Les pédoncules quiportent les fleurs, sont opposés aux feuilles alternes, axil- laires aux feuilles opposées. Les genres de cette famille sont d'abord le pelargonium , Verodium et le géranium, antérieurement réunis en un seul, auxquels on joint encore le monsonia et le griclum , difïerens du caractère général en quelques points. A leur suite on a laissé quelques genres qui ont de l'affi- nité avec cette famille, sans lui appartenir, et qui devien- dront probablement les types de familles nouvelles : ces genres sont la capucine, tropœolum; le magellana de Cava- nilles ; la balsamine , halsamina ou impatiens de Linnasus .; Voxalis, le rhjnwlheca de la Flore du Pérou. (J.) GER AN 1ER; Géranium, Linn. (Bot.) Genre de plantes de la monadelphie décandrie du système sexuel, et qui a donné son nom à la famille naturelle des géraniacées de Jussieu. Ses principaux caractères sont les suivans : Calice de cinq folioles égales ; corolle de cinq pétales égaux ; dix étamines , dont cinq alternativement plus grandes , toutes fertiles ; un ovaire supérieur, surmonté d'un style terminé par cinq stigmates; cinq capsules monospermes, surmontées chacune par une arête appliquée le long d'un axe central, se détachant, à l'époque de la maturité du fruit , de la base de ce même axe , pour se replier avec 18. 29 ifio GER élasticité en arc ou en cercle, et restant fixée à son ex- trémité. Les géranium de Linn.Tus ayant été divisés, ainsi que nous l'avons dit à l'article Ehodier (vol. i5. p. 21 1), en trois genres, Erodium, Géranium et Pelargonium , le géraiiier ne se trouve comprendre maintenant que quarante et quelques espèces, dont plus de la moitié croit naturellement en Europe; les autres espèces , en beaucoup plus petit nombre , ont été trou- vées en Asie ou en Afrique, ou dans le nouveau continent et les terres australes. Ces plantes sont rarement frutescentes; elles forment le plus souvent des herbes à feuilles arrondies , lobées ou diversement découpées, munies de stipules à leur base , et leurs fleurs sont portées sur des pédoncules communément bifides. Nous ne parlerons ici que des plus remarquables. '"' Pedo/iciiies unijlores. Géramer épineux : Géranium spinosum, Linn. , Mant,, g8; Cavan. , Dissert. , 4 , p. 1 96 , tab. 76 , fig. 2. Sa tige est droite , courte, rameuse, un peu ligneuse, épaisse, parsemée de tubercules arrondis, charnus, glabres, terminés chacun par une épine roide et aiguë. Ses feuilles sont légèrement pétiolées, opposées, ovales ou cunéiformes , crénelées, char- gées de points glanduleux. Les fleurs sont d'un pourpre clair. Cette espèce croit au cap de Bonne-Espérance. Géranier sanguin ; Géranium sanguineum , Linn. , Spec. , g58. Ses racines, dures , un peu ligneuses , d'un rouge bru- nâtre , produisent une tige souvent divisée dès sa base en rameaux étalés, un peu redressés, velus; garnis de feuilles opposées, pétiolées, arrondies, partagées en cinq ou sept divisions trifides. Ses fleurs sont grandes, larges de plus d'un pouce, d'un rouge pourpre, plus rarement roses, portées sur de longs pédoncules axillaires, munis de deux petites bractées un peu au-dessus de leur partie moyenne. Cette plante se trouve dans les terrains sablonneux et sur les bords des bois : elle passe pour être astringente. GER /.5i ** Pédoncules h {flores; racines vi^/aces, Géranier. a feuilles d'anémone : Géranium anemonefolium . "Willd. , Spec, 3, p. 698 ; l'Hérit. , Ger. , t. 36; Curt., Bot. Mag., t. 206. La tige de cette espèce est une souche ligneuse, cylindrique, envii'on de la grosseur du pouce, écailleuse, longue de quelques pouces; de sa partie supérieure naissent des feuilles longuement pétiolées, et des rameaux longs d'un à deux pieds. Les feuilles inférieures sont partagées, presque jusqu'à leur pétiole , en cinq lobes deux fois pinnatifides, et les supérieures n'ont ces mêmes lobes qu'une fois divisés. Les pédoncules naissent dans la bifurcation des rameaux, ou à leur extrémité, et ils se bifurquent eux-mêmes pour porter deux fleurs d'un rouge cramoisi. Ce géranier est originaire de l'île de Madère : on le cultive dans les jardins, où il fleurit en Juin , Juillet et Août. Il faut le mettre en pot, afin de le rentrer dans Torangeric pendant l'hiver. GÉRANiEa LiviPE : Géranium pliccum , Linn. , Spec. , gSS ; Cavan., Disserl., 4, pag. 210, tab. 89, fig. 2. Ses tiges sont droites, velues, simples, un peu rameuses, hautes d'envi- ron un pied, garnies de feuilles alternes , pétiolées , velues, molles au toucher, à cinq lobes dentés et incisés. Les fleurs sont d'un pourpre livide, assez grandes, portées sur des pé- doncules opposés aux feuilles et disposés dans la partie su- périeure des tiges, formant quelquefois une sorte de pani- cule lâche; leurs pétales sont arrondis et -munis d'une petite pointe particulière. Cette espèce croît dans les pâturages des montagnes, en France, en Allemagne, en Hongrie et dans la Belgique. Géranier nocecx ; Géranium nodosum , Linn., Spec, gôSj Cavan., Dissert., i^, pag. 208, tab. 80, fig. 1. Sa tige est tétragone, glabre, droite, un peu rameuse, haute d'un pied ou un peu plus, garnie de feuilles opposées, d'un vert gai, parsemées de quelques poils rares : les inférieures lon- guement pétiolées et partagées en cinq lobes; les supérieures presque sessiles, et seulement à trois lobes. Ses fleurs sont d'un rouge pourpre, assez grandes , terminales; leurs pé- tales sont échancrés. et les folioles de leur calice sont ter- 452 GER minées par un filet particulier. Cette plante croît dans les bois des njontagncs , en Angleterre, en France, en Italie. Géramer des prés : Géranium pratense , Linn. , Spec, 964; Cavan., Dissert., 4., pag. 210, tab. 87, fig. 1. Sa tige s'élève à deux ou trois pieds de haut, en se divisant en rameaux dichotomes, velus, garnis de feuilles grandes, opposées, hérissées de poils, partagées profondément en cinq ou sept divisions pinnatifides. Ses fleurs sont grandes, bleuâtres ou blanches, avec des veines violettes, disposées à l'extrémité des tiges et des rameaux; leurs pétales sont arrondis, et les folioles calicinales sont lancéolées. Cette espèce se trouve dans les prés humides, en France, en Allemagne, en Suisse, etc. On la cultive pour l'ornement des jardins. Géranier ARGENTÉ : Géranium argenteum , Linn., Spec, 954; Cavan., Dissert., 4, p. 2o5, tab. 77, tîg. 3. Sa racine est grosse , un peu ligneuse , divisée dans sa partie supérieure en deux ou trois ramifications , desquelles naissent de petites touffes de feuilles longuement pétiolées, soyeuses, blan- châtres, arrondies, découpées profondement en cinq à sept lobes, eux-mêmes partagés en deux à trois divisions étroites. Les fleurs sont grandes , purpurines , portées sur des pédon- cules qui naissent immédiatement des racines , ou sur des tiges fort courtes. Cette plante croit sur les Alpes , en France , en Italie et îans la Carinthie. *** Pédoncules h i flores ; racines annuelles. Géranier luisant : Gcranium lucidum , Linn.. Spec, CjSS -. Flor. Dan., t. 218. Ses tiges sont rameuses, hautes de huit pouces à un pied; garnies de feuilles opposées, pétiolées, arrondies, luisantes, presque glabres, partagées en cinq à sept lobes arrondis, trifides. Ses fleurs sont d'un pourpre clair, petites, axillaires, portées sur des pédoncules égaux aux feuilles ou un peu plus longs. Cette espèce croît en Europe, dans les lieux pierreux, ombragés et montueux. Géranier colombin , vulgairement Pied -de- pigeon : Géra- nium columhinum , Linn., Spec, 966; Cavan., Dissert., 4. p. 200, tab. 82, fig. 1. Ses tiges sont simples ou un peu rameuses, hautes d'environ un pied, chargées de poils courts, ainsi que toute la plante. Ses feuilles sont opposées, décoy- GER 453 pëes presque jusqu'au pétiole, qui est très-long dans les in- férieures, en cinq divisions pinnatifides, à lanières linéaires. Ses fleurs sont purpurines, axillaircs; chacune des l'olioles de leur calice se termine par une arête , et la corolle a ses pétales échancrés. Cette plante est commune dans les bois et les buissons. Géramer robertin; vulgairement Herbe a Robert, Herbe A l'esquinancie, Bec-de-grue: Géranium rohertianum , Linn. , Spec, 955; Cavan., Dissert., 4, p- 21 5, tab. 86, fig. 1. Ses tiges sont rameuses, pubescentes, redressées, souvent rou- geâtres, hautes de huit à douze pouces; garnies de feuilles opposées , partagées en troisà cinq lobes, eux-mêmes découpés en plusieurs divisions. Ses fleurs sont d'un rouge incarnat , de grandeur médiocre. Toute la plante a une odeur forte et désagréable : elle croit dans les bois et les buissons. Elle pas- soit autrefois pour vulnéraire, résolutive et astringente; on Ta principalement conseillée dans les hémorragies et l'esqui- nancie : aujourd'hui elle est fort rarement employée par les médecins; mais sa décoction en gargarisme , ou l'herbe pilée et appliquée extérieurement, sont encore, parmi le peuple, des moyens dont on fait souvent usage contre les maux de gorge. (L. D.) GERANOGETON (Bot.), un des noms anciens du géranium , cités par Ruellius. ( J. ) GERANOPODION. (Bot.) Voyez GENicrr.Auis. (J.) GERANOS [Ornilh.], nom grec de la grue commune, ardea gnis , Linn. (Ch. D.) GÉRARDE, Gerardia. (Bot.) Genre de plantes dicotylé- dones, à fleurs complètes, monopétalées , irrégulières, de la famille des personnées , de la didjnamie angiospcrmie de Lin- nseus, qui a des rapports avec les dodariia , et se caractérise par un calice à cinq divisions; une corolle tubulée ; le limbe à deux lèvres inégales, à cinq lobes arrondis ou presque en cœur; quatre étamines courtes, didynames; un style simple; un stigmate obtus. Le fruit est une capsule bivalve , à deux loges, contenant plusieurs semences. M. Bosc , qui a observé la plupart des gerardia dans leur pays natal, dit que leurs graines veulent être semées peu après qu'elles sont arrivées à leur parfaite maturité ; qu'il 454 GER leur faut de la terre de bruyère ; qu'elles demandent à être couvertes d'eau pendant l'hiver, quoique les pieds qui en proviennent ne puissent prospérer que dans la sécheresse. C'est donc uniquement sur le bord des étangs dont les eaux diminuent considérablement pendant Tété, et qui sont situés en pays sablonneux ou autour des mares construites à cet effet, qu'on peut espérer de les conserver, après avoir fait venir de leur pays natal les graines placées dans de la terre humide. Les gerardia orneroient agréablement les jardins par la beauté, la grandeur et les vives couleurs de leurs fleurs. Les gerardia, ainsi que l'observe très- judicieusement M. de Lamarck, forment un de ces genres peu saillans par leurs caractères, et qui ne sont composés, le plus souvent, que de 1 assemblage d'espèces qu'on auroit pu rapporter à d'au- tres genres déjà connus, mais qu'on a rapprochées d'après un aspect particulier. Leurs feuilles sont opposées, simples ou pinnatifides; les fleurs axillaires , souvent terminales; la co- rolle quelquefois très -ouverte et presque campanulée. La plupart des espèces noircissent par la dessiccation. On y rap- porte le genre Afzelia , établi par Waltherius, trop rappro- ché par son port du gerardia delphinifolia , pour en être séparé et placé dans un autre genre : d'un autre côté, on auroit pu en séparer avec plus de raison la première espèce, gerardia tuberosa , qui en diffère par son port, parle limbe de sa corolle, par ses fleurs presque en épi, garni de brac- tées, ainsi qu'on le verra dans la description suivante. Gerarde tubéreuse : Gerardia tuberosa, Linn.; Lamck. , III. gen., tab. 629, fig. 3 ; Burm. in Plum. , Amer., tab. 76 , fig. 2. Cette plante est pourvue de racines tubéreuses , grêles , fasci- cuîées ; elles produisent des feuilles nombreuses, étalées sur la terre, oA'^ales - arrondies , longuement pétiolées , à peine larges d'un pouce , un peu velues, ondulées à leurs bords, vertes en -dessus, rougeàtres en-desso;js; les pétioles velus. 31 sort d'entre les feuilles plusieurs tiges très-simples , moins longues qu'elles, velues, terminées chacune par un épi de fleurs imbriqué de bractées en écailles. Ces fleurs sont pe- tites, purpurines, solitaires entre chaque bractée; leur calice est court, d'une seule pièce, à cinq dents; la lèvre supé- GER 455 rieure de la corolle droite, presque arondie , légèrement échancrée; la lèvre inférieure à trois lobes, celui du milieu bifide. Le fruit est une capsule oblongue , enflée , de la gros- seur d'un grain de froment, parsemée de points rougcàtres , divisée par une cloison en deux loges qui renferment deux semences orbiculaires. Cette plante croît à la Martinique. Gérarde a feuilles de dauphinelle; Gerardia delphinifolia ^ Linn. ; Roxb. , Corom. , tab. 90; Pluken. , tab. 358, fig. 3 ? Plante des Indes orientales, à tige herbacée, annuelle, lisse, droite, presque tétragone, haute d'un pied, munie de quel- ques rameaux alternes; les feuilles sont fines, glabres, linéai- res, ailées; les folioles presque capillaires; les supérieures presque simples; les fleurs axillaires , opposées, médiocrement pédonculées; le calice tubuleux, à cinq dents linéaires, de la longueur du tube; la corolle ouverte à son orifice, à cinq lobes arrondis, les deux supérieurs plus courts; les anthères épineuses postérieurement, dont deux ont les épines tour- nées en bas, les deux autres parallèles à l'anthère. Gérarde a feuilles menues : Gerardia teniiifolia ,Vahl , Symh., 3, pag. 79; Antirrhinum purpiireinn , etc., Pluken., tab. 12, fig. 4. Ses tiges s'élèvent à la hauteur d'un pied et plus; elles sont droites, glabres, rameuses : les rameaux alternes, quoi- qu'ils paroissent opposés ou dichotomes .- les feuilles des tiges sont très-étroites, linéaires, aiguës, glabres, entières, longues d'un pouce; celles des rameaux presque capillaires, courbées en dedans en demi-cercle : les fleurs axillaires, solitaires, médiocrement pédonculées; les calices glabres, campanules, à cinq petites dents aiguës; la corolle purpurine. Cette plante croît dans l'Amérique septentrionale. Le gerardia setacea de Waltherius, Flor. Carol. , 170, s'en distingue évidemment par ses feuilles beaucoup plus fines, sélacécs; par ses rameaux nombreux, capillaires, à peine feuilles; par ses fleurs termi- nales, solitaires. Cette espèce croît dans les mêmes contrées que la précédente. Gérarde pourprée : Gerardia purpurea , Linn. , Pluken., tab. 388, fig. 1. Cette espèce a des tiges un peu rudes, légère- ment tuberculées , à en juger d'après les individus que j'en possède; elles sont presque cylindriques, striées, rameuse*, hautes d'u» pied et plus : les feuilles sont linéaires, très- 456 GER étroites, opposées, les supérieures alternes, un peu tuber- culées; les pédoncules très -courts, axillaircs , unittores; le calice à cinq dents cainpanulées ; la corolle d'un pourpre foncé, tubuleuse, presque campanulée. Le gerardia erecta, Mich. , Flor. Bor. Amer., i , pag. 20 , diffère de l'espèce pré- cédente, par ses tiges glabres, lisses, très-roides ; par ses ra- meaux paniculés : les feuilles sont linéaires, un peu plus larges et plus longues ; les pédoncules presque aussi longs que les feuilles, axiliaires , uniflores: la corolle purpurine. Ces deux espèces croissent à la Caroline. Gérahde a fleurs jaunes : Gerardia flava , Linn., var. ^; pinnatijida , Pluken. , tab. 089, fig. i; y ar. intégra , Pluken. , lab. 089, fig. 3. Ses tiges sont hautes d'un pied et plus; ses feuilles opposées, à peine pétiolées, lancéolées, dentées ou presque pinnatifidcs à leurpartie inférieure, entières et assez semblables à celles de la jacée dans la variété. Les fleurs sont grandes, axiliaires, jaunes ou d'un blanc jaunâtre, dis- posées en un épi lâche et terminal; les anthères ternjinées chacune postérieurement par deux épines. Le gerardia quer- cifolia , Pursh , Flor. Amer., 1 , tab. 19, paroît appartenir à la première variété. Le gerardia auriculafa de Michaux, Flor. Bor. Amer., 2, pag. 20, est également très -rapproché de la variété a -• il en diffère par ses fleurs scssiles et purpurines; par ses tiges rudes, presque simples; par ses feuilles rudes, entières, scssiles, munies de deux oreillettes à leur «base. Toutes ces plantes croissent dans l'Amérique septentrionale. Gérarde laciniée; Gerardia pedicularia , Linn. ; Lmck. . III. gen. , tab. 629, fig. 2. Cette espèce a le port d'une pédicu- laire; sa tige est paniculée ; ses feuilles opposées, oblongues , pinnatifidcs ; les découpures obtuses, denticulées: les fleurs sont grandes, axiliaires; les dents du calice crénelées; les co- rolles oblongues, pubescentes en dehors, ventrues, ouvertes à leur orifice: les pédoncules plus longs que les fleurs. Cette plante croit dans la Virginie. Ge;rarde GLUTiNEUSE : Gerardia g} utinosa , Linn.; Osb. , Ilin., pag. 229, tab. 9j Lamck., lU. , tab. 629, fig. 1. Cette plante est velue sur toutes ses parties, munie d'une tige droite, un peu cylindrique, chargée de rameaux courts; les feuilles sont opposées, pétiolées, ovales, aiguës, un peu velues, den- GER 457 iées en scie, au moins larges d'un pouce, assez semblables à celles de la scrophulaire ; les fleurs axillaires, médiocrement pédonculées, réunies en grappes terminales; leur calice à cinq divisions aiguës, dont une supérieure plus grande; deuK bractées filiformes, hérissées, ainsi que le calice, de poils glutineux; la corolle tubulée , presque longue d'un pouce, labiée, ouverte à son orifice; les anthères ovales. Cette es- pèce croît à la Chine. Une autre espèce, du Japon, gerardia japonica, Thunh. , Flor.jap., 261 , a ses tiges simples, velues.: ses feuilles pétiolées, velues, ailées à leur base, pinnatifides à leur partie supérieure; les pinnules aiguës et dentées; les fleurs solitaires, axillaires, pédonculées; les pédoncules plus courts que les feuilles; la corolle purpurine. Gérarde nigrine : Gerardia nigrina , Linn. fils, SuppL;A'fe- lasma scabrum , Berg. , Cap. , pag. 162 , tab. 3 , fig. 4 ; Nigrina viscosa , Linn. , M ant. Cette plante a reçu le nom de nigrine, à cause de la couleur noire que lui donne la dessiccation. On la trouve au cap de Bonne-Espérance. Ses tiges sont droites, rudes, herbacées, longues d'un pied et demi; ses feuilles sessiles, linéaires- lancéolées , aiguës, un peu dentées à leur base, rudes, longues de deux pouces. Les fleurs sont soli- taires, pédonculées, axillaires et terminales; la corolle oblon- gue, un peu enflée, plus grande que le calice, à cinq décou- pures. Le gerardia orobanchoides , Lamck. , Encycl., paroît être la même plante que Vorobanche purpurea, Linn. fils, Suppl. , qui n'est point un orobanche. Sa tige est simple, pubescente , un peu épaisse, terminée par un gros épi de fleurs : les feuilles petites , oblongues, presque opposées; les inférieures semblables à des écailles: les fleurs grandes, cam- panulées, ventrues, un peu pédonculées; les lobes du limbe courts, larges, dentés, obtus. Elle croît au cap de Bonne- Espérance. Gérarde a flettrs sessiles ; Gerardia sessiliflora , Vahl , Sjymb. , 3 , pag. 79. Plante du cap de Bonne-Espérance, à tige basse, haute de trois ou quatre pouces au plus, presque simple, lâchement pileuse : les feuilles sessiles, opposées, en cœur, à cinq nervures, munies de trois dents vers leur base; les inférieures plus petites, un peu rudes en -dessus, lisses en- dessous, ciliées à leurs bords : les fleurs sessiles, axillaires. 458 GER solifaircs, opposées; le calice ^abre , à cinq découpures étroites, lancéolées, lâchement denticulées. GÉRAiiDE AFZELiE : Gerurdia afzelia , Mich. , Flor. Bor. Amer., 2, pag. 20 ; Afzelia cassioides , Gmel. , Syst., 927; Gcrardia cassioides , Fursh , Amer., 2, pag. 4-4; Sej^meria tenuifoUa , Pursh, /. c, pag. 737. Cette espèce a été découverte dans la Caroline , aux lieux sablonneux. Elle est remarquable par la finesse de son feuillage, composé de petites feuilles pinna- tifides, très-glabres, à découpures courtes, sétacées, aiguës; ses tiges sont glabres, xm peu scabres , élancées, cylindriques et rameuses; les rameaux grêles, paniculés ; les fleurs axil- laires, souvent opposées, réunies en un épi lâche , terminal; les pédoncules capillaires, de la longueur des fleurs, uni- flores; le calice campanule, à cinq découpures subulées; la corolle jaune, à peine plus longue que le calice ; les capsules glabres, arrondies, acuminées, à deux loges polyspermes. Le gerardia marilima, Schmaltz , Journ. Bot., 1 , pag. 229, est une espèce encore peu connue, de la Nouvelle-Jersey, à feuilles épaisses, linéaires, aiguës, concaves en -dessous; les pédoncules uniflores, de la longueur des fleurs; le calice un peu crénelé, les deux lobes supéi-ieurs de la corolle velus. Le gerardia tubulosa et le gerardia scabra de Linnaeus fils , Suppl. , ne sont pas plus connus. Gérarde ligneuse; Gerardia fruticosa , Pursh, Flor. Amer., 2, pag. 420, tab. 18. Arbrisseau élégant, très-rameux, haut de trois ou quatre pieds ; ses rameaux légèrement pubes- cens, garnis de feuilles touffues , opposées, lancéolées, aiguës, quelquefois obtuses et mucronées , longues de six lignes, glabres, entières, rétrécies en pétiole à leur base; les fleurs assez semblables à celles de la digitale, pédonculées, axil- laires, réunies en gi'appes terminales, munies de bractées presque aussi longues que les pédoncules; le calice à cinq divisions profondes , lancéolées , aiguës , accompagné d'une petite bractée linéaire ; le tube de la corolle renflé; le limbe à cinq lobes presque égaux, arrondis; les filamens une fois plus courts que le tube; les anthères oblongues , hérissées; le style de la longueur du tube. Cette plante a été décou- verte dans l'Amérique septentrionale, sur les montagnes, parmi les forêts de pins. (Poir.) GERASCAî^THUS. (Bot.) Ce genre , établi par P. Brown, dans son Histoire de la Jamaïque, a été réuni par Linnaeus au sébestier, mjxa. (J.) GERBÉRIE, Gerheria. (Bol.) [Corjmbifèrcs , Juss. = Synge.. nésie polygamie superflue, Linn.] Dans la première édition du Gênera plantarum , publiée en 1707 , Linnaeus a établi, sous le nom de gerbera, un genre de plantes, dont Jean Bur- mann a, bientôt après, décrit deux espèces, dans ses Jlano- rum Africanarum plantarum décades. Le genre Gerbera se re- trouve encore dans la seconde édition du Gênera plantarum de Linnaeus. Mais ensuite ce botaniste a lui-même abandonné son genre Gerbera pour le réunir à V Arnica, dans lequel il a compris les deux espèces de Burmann sous les noms d'ar- nica gerbera et crocea. Cette confusion des deux genres a été admise sans réclamation par tous les botanistes. 11 est sur- prenant que MM. Lagasca et De Candolle , dans le cours de leurs recherches sur les synanthérées à corolles labiées, n'aient pas songé à examiner Varnica gerbera; car la labia- tion de la corolle étoit suflisamment indiquée, quoique très- mal décrite, dans la description générique du gerbera faite par Linnasus. Cet examen eût préservé M. De Candolle d'une erreur de géographie végétale qu'il a commise en disant que toutes les labiatiilores sont originaires du noT|veau continent. Ayant observé avec beaucoup de soin, dans l'herbier de M. Desfontaines, les arnica gerbera et piloselloides de Lin- naeus, nous avons reconnu facilement que ces plantes ne pouvoient appartenir ni au même genre ni à la même tribu naturelle que Varnica monfana , qui est assurément le véri- table type et l'espèce primitive du genre Arnica. C'est pour- quoi , dans le Bulletin de la société philom.atique de Février 1817 , nous avons rétabli le genre Gerbera de Linnaeus, en indiquant ses véritables affinités, et les espèces que nous croyons pouvoir lui attribuer. Ce genre de plantes appartient à la famille des synanthé- rées et à notre tribu naturelle des mutisiées, dans laquelle nous le plaçons immédiatement auprès du Trichocline. Ce dernier genre, que nous avons proposé dans le Bulletin de la société philomatique de Janvier 1817, et qui a pour type 4^° GER le doronicum incanum de Lamarck , diffère du gerleria prin- cipalement par le clinanthe hérissé de fiuibrilles, par les corolles de la couronne à languette intérieure indivise, et par les étamines à filet papille. Voici les caractères géné- riques du gerberia, que nous décrivons tout autrement que Linnseus. Calathide radiée; disque multiflore, labiatiflore , andro- gyniflore: couronne unisériée , biliguliflore , féminiflore. Péricline supérieur aux fleurs du disque, formé de squames imbriquées, lancéolées - aiguës , coriaces. Clinanthe plan, înappendiculé. Ovaires cylindracés , hérissés de papilles membraneuses, et pourvus d'un bourrelet apicilaire dilaté horizontalement; aigrette longue, composée de squamellules plurisériées , nombreuses, un peu inégales, droites, filifor- mes, un peu épaisses, barbellulées. Corolles de la couronne a languette extérieure très-longue , linéaire , un peu épaisse , fridentée au sommet; à languette intérieure beaucoup plus courte et plus étroite, divisée Jusqu'à sa base en deux lanières linéaires - subulées , membraneuses, cirriformes. Corolles du disque à lèvre extérieure tridentée au sommet, souvent roulée en dehors; à lèvre intérieure plus étroite , divisée jusqu'à sa base en deux lanières linéaires, souvent roulées en de,hor|. Etamines du disque à filets larges, épais, lami- nés, glabres; à articles anthérifèrcs longs et grêles; à appen- dices apicilaires très-longs, linéaires, entregreffés; à appen- dices basilaires très -longs, subulés , membraneux. Fausses- étamines de la couronne, au nombre de cinq dans chaque fleur, rudimentaires , semi- avortées , complètement libres et absolument dépourvues de pollen. Styles offrant tous les caractères propres à la tribu des mutisiées. Gerbérie de LinnjEKs • Gerberia Linnœi , H. Cass.; Arnica gerbera, Linn. C'est une plante herbacée, haute d'environ un pied ; sa tige est scapiforme, dressée, très-simple , tomen- teuse , couverte à sa base d'une bourre épaisse, presque dénuée de feuilles, mais pourvue de quelques petites brac- tées subulées, éparses ; les feuilles sont radicales, longues d'environ six pouces, larges de neuf lignes, épaisses, coria- ces, très-glabres en-dessus , tomenteuses en-dessous, formées d'un long pétiole, et d'un limbe oblong, pinnatifide , à pin- GER 46i nules arrondies, très-entières; une calathide , large de près de trois pouces, est située sur le sommet de la tige; sa couronne nous a semblé purpurine. Nous avons observé et décrit cette belle plante sur un échantillon sec, conservé dans l'herbier de M. Desfontaines. Elle habite l'Afrique et particulièrement le cap de Bonne - Espérance , où on la trouve sur la pente des montagnes et où elle fleurit au mois d'Octobre. Gerbérie a feuilles de coronope : Gerberia coronopifoUa , H. Cass. ; Arnica coronopifoUa , Linn. Cette espèce, que nous ne connoissons que par le peu de mots qu'en a dit Linnaeus , habite les mêmes lieux que la précédente , à laquelle elle ressemble beaucoup , et dont elle ne diffère que par ses feuilles pennées ou très-profondément découpées en lanières linéaires. Gerbérie de Burmann : Gerberia Burmanni , H. Cass. ; Doro- nicitm pyrolœfoliinn , Lamck. , Encycl.; Arnica crocea, Linn.; Gerbera foliis planis denlalis , flore purpureo , Burm., R.ar. Afric. plant, decad. , 167, tab. 56, fig. 2. Le collet de la racine est abondamment garni , ainsi que la base des pétioles, de poils blancs, longs, fins, cotonneux ou même soyeux; il n'y a pas de véritable tige; les feuilles sont radicales, composées d'un pétiole long de deux pouces au moins, et d'un limbe long d'un pouce et demi, large à peine d'un pouce, ovale jou elliptique, roide ou coriace, glabre sur les deux faces, et bordé de dents rares , peu profondes; les cala- thides, composées de fleurs jaunes ou rougeàtres, sont soli- taires au sommet de hampes ou pédoncules radicaux, plus longs que les feuilles, grêles, glabres, pourvus d'écaillés éparses, ligulaires , aiguës; le péricliae est formé de squames bisériées, linéaires - lancéolées , glabres, les extérieures un peu plus courtes que les intérieures. Nous n'avons point vu cette espèce, qui habite le cap de Bonne-Espérance, et que M. de Lamarck, dont nous avons calqué la description, a observée sur un échantillon sec. Gerbérie piloselle : Gerberia piloselloides , H. Cass.; Arnica piloselloides , Linn. Cette plante africaine est herbacée, haute de neuf pouces ; sa racine émet de grosses fibres; il n'y a point de tige proprement dite ; les feuilles sont toutes radi- 'l^:^ GER cales, inégales, longues de quatre à cinq pouces, larges d'environ quinze lignes, oblongues-obovales, obtuses, très- entières, ctrécies inférieurcment en un pétiole hérissé de très-longs poils; leur limbe est garni de longs poils, épars sur la face supérieure , très-rapprochés sur la face inférieure et les bords; une hampe ou pédoncule radical, très-simple, grêle, tomenteux , dépourvu de feuilles et de hraclées , est terminé par une calafhidc. L'échantillon sec que nous décri- vons, existe dans l'herbier de M. Desfonlaints ; l'espèce à la- quelle il appartient, habite la région du cap de Bonne-Espé- rance. Gerbérie de Lagasca : Gerheria Lagascce , H. Cass. : Aphyllo- caulon, Lag. , Anienid. natur., pag. 38. Plante herbacée, à feuilles toutes radicales, pinnatifides, à hampe munie dune ou deux bractées squamiformes , et terminée par une cala- thide composée de jfleurs à corolle jaune. M. Lagasca, dans sa Dissertation sur les Chénantophores ou synanfhérées à corolles labiées, a proposé, sous le nom â'apliyllocaulon , un genre de plantes qu'il a placé entre le chœtanthera et le per- diciiim. Les caractères qu'il assigne à ce genre, sont absolu- ment semblables à ceux que nous avons observés sur l'arnica gerbera : il est donc indubitable que Yaphjllocaiilon n'est point un genre nouveau, mais une espèce de l'ancien genre Gerhera^ que nous avons dû rétablir. L'auteur n'ayant point indiqué la patrie de cette plante , et n'ayant donné de ses caractères spécifiques qu'une description très -incomplète , insuffisante pour la distinguer de toutes ses congénères, on pourroit soupçonner que ïaphjllocaulon n'est autre chose que Yarnica gerbera; mais il n'est pas vraisemblable que cette dernière plante ait pu être considérée comme nouA^elle par un botaniste aussi instruit que M. Lagasca. Cet auteur a cru mal à propos que les fleurs de la couronne étoient her- maphrodites, comme celles du disque, ce qui seroit con- traire à la règle que nous avons établie dans notre article Composées ou Synanthérées , tome X, page 346; mais il a lui-même exprimé des doutes sur l'hermaphrodisme de ces fleurs , et nous pouvons affirmer avec assurance qu'elles sont femelles. Indépendamment des cinq espèces que nous venons de GER 465 décrire ou de mentionner, il y a lieu de croire que plu- sieurs a.utres plantes , attribuées par les botanistes au genre Arnica, devront être rapportées au gerberia, quand on aura pu observer avec soin leurs caractères génériques. (H. Cass.) GERBILLES; Gerbillus , Demar. (Mamm.) Ce genre a été formé par M. Demarest de la réunion de quelques rongeurs à longues jambes postérieures, qui se rapprochoient des ger- boises, sans en être précisément, et qui cependant ne pou- voient être naturellement réunis à aucun autre groupe. La plupart des espèces qui entrent dans la composition de ce genre, ne sont point encore exactement connues : on n'a pu bien voir que le squelette, la tête et les dents d'une seule; les autres n'ont été rapprochées de celle-là qu'avec doute par quelques naturalistes, et en attendant qu'il soit possible d'établir les rapports de leur organisation externe avec leur organisation interne. D'autres ont donné leurs dé- terminations comme absolues : aussi compte-t-on déjà, dans ce genre , dix à douze espèces. Nous nous bornerons à indi- quer les principales. Toutes les gerboises ont trois doigts articulés à un seul os du métatarse. Les gerbilles, au contraire, ont constamment autant d'os au métatarse que de doigts aux pieds de der- rière : leurs pieds de devant ont quatre doigts avec un rudi- ment de pouce ; elles ont de plus la tête alongée des rats, au lieu de la tête arrondie des gerboises, et vivent comme ces dernières dans des terriers qu'elles se creusent et où il paroît que celles des contrées froides s'engourdissent en hiver. Voilà les seules particularités communes aux gerbilles qui soient connues. Nous donnerons les détails en décrivant les espèces. La Gkrbille; Dipus pjramidum , GeoflT. Cette espèce étant la seule qui soit complètement connue, nous la décrirons la première. M. Geoffroy-Saint-Hilaire la trouva en Egypte aux environs des grandes pyramides. Sa longueur, du bout du museau à l'origine de la queue, est de quatre à cinq pouces environ : la queue est un peu plus longue que le corps ; la tête est alongée et semblable à celle des rats ; ses oreilles sont arrondies et de médiocre grandeur ; sa lèvre supérieure est fendue , et ses narines n'ont point de mufle ; ses pieds de 464 GER derrière ont cinq doigts presque égaux, armés d'ongles fouis- seurs. De fortes moustaches garnissent la lèvre supérieure ; la queue est presque nue jusqu'à son extrémité, où se trouve une petite mèche de poils. Les poils du corps sont doux, assez courts, serrés et colorés irrégulièrement en-dessus de roux et de brun; toutes les parties inférieures du corps sont d'un blanc sale. Les mâchoires ont , l'une et l'autre , trois molaires de chaque côté, et celles de la supérieure sont semblables à celles de l'inférieure. La première est la plus grande , et a trois tubercules qui la partagent à peu près également dans sa longueur; la seconde en a deux, et la troisième, qui est la plus petite, n'en a qu'un. Il paroît qu'on s'accorde à regarder comme appartenant à la même espèce le dipus gerbillus d'Olivier, que ce natura- liste trouva aux environs de Memphis, et dont il a donné une figure dans son Voyage dans l'empire ottoman, tom. 3 , pi. 22 : il ne paroît différer du gerbille des Pyramides que par la couleur du pelage, qui est d'un jaune clair en-dessus et d'un blanc très- pur en -dessous. La Gerbille du Canada; Dipus Canadensis, Davies, Trans. Soc. Linn., tom. 4, fig. , p. i55. Cette espèce n'est connue que par la figure qu'en a donnée Davies, qui ne la décrit point, et se borne à dire, pour la caractériser, qu'elle a quatre doigts aux pieds de devant , cinq à ceux de derrière. L'examen de cette figure fait connoitre quelques autres détails. On voit que cette gerbille a la taille et la physionomie de la souris, sauf ses oreilles, qui sont très-courtes : les ongles sont fouis- seurs; la queue, plus longue que le corps, n'a que quelques poils dispersés dans son étendue. M. Davies rapporte que ce petit animal se trouve dans les bois et dans les prairies ; qu'il passe l'hiver engourdi au fond de son terrier, où il se prépare avec soin une retraite spa- cieuse, et que, dès qu'il est surpris, il s'échappe en faisant des sauts très - considérables à l'aide de ses deux longues jambes de derrière. La Gerbille du tamarisc ; Mus tamariscitni^ , Pall. , Gliiis , pi. 19. C'est à Pallas que nous devons la connoissance de cette espèce de rongeur: il la découvrit sur les côtes méri- GEîl ^65 dionales de la mer Caspienne, où elle se nourrit principale- meut de ])lanfe5 salées et du tamarisc qui lui a donné soi' nom. Cet animal a Ac six à sept pouces de lou^Tueur du bout du museau à l'origine de la queue, et la queue est d'environ un pouce plus courte que le corps. Sa tOte n'a point la forme et la physionomie de celle des rats; elle res- semble plutôt à celle des loirs, ce qui avoit autrefois porté Erxleben à en faire un écureuil, et M. Desmi.rcst un loir. En effet, cette gerbille a le museau arrondi et les yeux très- grands , ainsi que les oreilles, dont la forme est ovale; mais sa queue est à peu près uniformément couverte de poils. Les narines sont velues, excepté à leur partie moyenne, où se voit un petit sillon nu : un pli se remarque dans la peau, au-dessus d'elles. La lèvre supérieure est fendue, et de fortes moustaches en garnissent les côtés. Le pelage est épais, assez doux et très -long sur le dos; un duvet très- fourni et d'un gris foncé recouvre immédiatement la peau. Les dents incisives, les seules qu'on connoisse, ont leur face antérieure jaune, et celles d'cn-haut sont partagées longitudinalement par un sillon. Toutes les parties supé- rieures du corps sont d'un gris jaunâtre, qui pâlit sur les flancs et prend une teinte brune sur la croupe ; les parties inférieures sont blanches ; la queue est couverte d'anneaux alternativement gris et bruns, mais plus pâles en -dessous. Les yeux et le nez sont environnés d'une teinte blanchâtre, et cette teinte se retrouve sur les côtés de la tête et du cou. Ces animaux vivent aux pieds des arbres, où ils creusent des terriers profonds , composés de deux galeries , et ils n'en sortent que pendant la nuit. La Gekbille de l'Lxde : Yerhua, Trans. Soc. Linn. , tom. 8, p. 279; Nouv. Bull, de la soc. phil. , p. 121 , pi. 1.", fig. 1.'* On doit la découverte de ce joli rongeur à M. Thomas Hard- wicke. La grandeur de cet animal égale à peu près celle du rat : il a environ six pouces et demi du bout du museau à l'origine de la queue, et celle-ci en a sept. Les pieds de derrière ont cinq doigts; les trois moyens sont très-longs ; le pouce est le plus court de tous, et ils sont armés d"ongles fouisseurs. Les incisives supérieures sont larges, et l'on voit à leur partie moyenne un sillon longitudinal; les inférieures, 18. 3o ^66 GEK plus étroites que les supérieures, sont beaucoup plus longues. Les oreilles sont larges, arrondies et à. peu près nues, et les yeux grands et noirs ; toutes les parties supérieures d'un beau marron, et couvertes de petites taches brunes, disposées en lignes dans le sens de la longueur du corps. La tête est d'une teinte plus pâle que le corps autour des yeux et sur les joues; toutes les parties inférieures sont blan- ches. La queue n'est, dans sa longueur, couverte que de quelques poils légers; mais elle est terminée" par un long pinceau brun. Cette espèce se nourrit de graines ; elle fait , dans son terrier profond et spacieux, des magasins considé- rables d'épis d'orge et de blé, auxquels elle ne touche que lorsque les moissons sont faites et que la terre est dépouillée : elle ne sort de sa retraite que pendant la nuit. La Gerbille de la zônetorride; Mus longipes , Pall., Gliris , pi. 1 8 , B. C'est au célèbre Pallas que nous 'levons cette espèce de rongeur, qui a reçu deSchreber et de Gmelin le nom de meridianus ; ils la réunissoient aux gerboises. Elle est moins grande que le rat commun, et sa queue est à peu près de lu longueur de son corps; sa tête a la physionomie de celle des rats; les pieds de derrière ont cinq doigts armés d'ongles propres à fouir; les incisives sont jaunes, et les supérieures partagées par un sillon longitudinal ; les oreilles sont grandes et ovales, et les moustaches très- longues. Les couleurs des parties supérieures du corps sont d'un fauve grisâtre et d'un blanc pur en-dessous , mais tout le long de la ligne moyenne est une ligne brune : la queue est uniformément de la cou- leur du dos; elle est velue et terminée par un pinceau. Cette gerbille se trouve dans les déserts de sable qui séparent le Volga de l'Ural, où elle se creuse des terriers et vit de grains. M. Desmarest rapporte encore à ce genre la Gerbille sori- ciNE , Gerbillus soricinus , de M. Rafinesque-Schmaitz, décou- verte par ce naturaliste dans l'Amérique septentrionale. Elle est d'un gris brun en-dessus, et ses flancs sont marqués d'une raie longitudinale rousse ; ses oreilles sont ovales, nues et arrondies ; sa queue est d'une égale dimension dans toute sa longueur, et d'un gris brun en -dessous. C'est là tout ce qu'on trouve sur cet animal dans le Précis des découvertes CrER AG7 séméiologiques (p. 14) de M. Ratinesque , qui rapporte en- core à ce genre plusieurs autres espèces, dont cependant il ne donne point les caractères. (F. C. ) GERBO. (Mamm.) Corneille-Lebrun donne ce nom à une gerboise ; il l'a dérivé du nom arabe jerbuah , que l'on donne au même animal. (F. C. ) GERBOA, GERBUA. {Mamm.) Les Anglois ont ainsi écrit le nom arabe de Jerbuah. Voyez ce motet Gerboise. (F. C. ) GERBOISE {Mamm.) : Mus, Linn. ; Jaculus, ErxL ; Dipus, JBodd. Nom d'une petite espèce de rongeurs, que les natu- ralistes ont rendu générique , et qui est dérivé de jerbuah , nom arabe du même animal. Jusqu'à ces derniers temps on comprenoit généralement sous le nom de gerboises tous les rongeurs dont les pattes antérieures étoient très-courtes comparativement aux posté- rieures, et qui, à cause de l'extrême disproportion de leurs jambes, ne pouvant courir que sur celles de derrière, de- venoient alors eu quelque sorte des bipèdes. C'est ainsi qu'on trouve dans Buffbn le tarsier, et dansErxleben le kan- guroo , réunis à la gerboise, et qu'on a communément re- gardé comme une espèce de ce genre un grand rongeur du cap de Bonne-Espérance, dont les jambes de derrière sont très-longues, mais qui dilTère essentiellement des gerboises à beaucoup d'autt^s égards (voyez Hklamis) ; etc. Depuis qu'on a mieux examiné les rapports d'organisation qu'ont entre eux les mammifères, on a vu que les espèces de gerboises étoient en plus petit nombre qu'on ne l'avoit pensé d'abord. En effet, il n'en a encore été reconnu exactement que deux : le gerboa , communément nommé gerbo , et l'alagtaga. Ces animaux ont le corps épais, la tête large, courte, aplatie en-dessus et le cou à peine sensible, ce qui, joint à la dis- proportion de leurs membres, les rendroit peu agréables à la vue , si leurs proportions disgracieuses n'étoient compen- sées par un pelage très-doux au toucher et dont les teintes sont harmonieuses , et par de grands yeux noirs qui animent leur physionomie tout en y conservant de la douceur. Les voyageurs, depuis bien long -temps, avoient parlé de ces animaux; le gerboa surtout étoit connu dès la plus haute 468 GER antiquité : cependant, jusqu'à Pallas , ils étoient à peu près restés confondus ; c'est à lui que nous devons leurs carac- tères distinctifs, que BufiTon , toujours prévenu par le sys- tème qui le portoit à diminuer le nombre des espèces , n'avoit regardés que comme des différences accidentelles, non constantes et propres seulement à caractériser des variétés. C'est aussi à ce professeur célèbre que nous de- vons la plupart des détails intércssans que nous possédons aujourd'hui sur le naturel et les mœurs de ces singuliers animaux. Les gerboises ont six molaires à la mâchoire inférieure et huit à la supérieure. La première de ces dernières dents n'est qu'un petit tubercule qui tombe avec l'âge; toutes les autres sont à racines distinctes , et leur couronne est découpée si irrégulièrement parles circonvolutions de l'émail, qu'aucune description ne pourroit les représenter : c'est pourquoi nous renvoyons, pour faire connoître cette partie importante de l'organisation , à l'article Mastication , où nous traiterons des dents. Les membres antérieurs sont très -courts et ont quatre doigts armés d'ongles fouisseurs, avec un rudiment de pouce; les postérieurs, très-longs, varient pour le nombre des doigts. La queue est assez alongée , presque nue, mais terminée par un flocon de poils. Les yeux sont grands et à fleur de tête , et la pupille presque ronde. La conque ex- terne de l'oreille est très- développée ; les narines sont en croissant et ne sont point entourées d'un muffle ; la langue est douce, peu extensible, et la lèvre supérieure fendue. Tout le pelage est épais, et les moustaches sont très - lon- gues : les mamelles sont au nombre de huit; la verge est dans un fourreau. Ce sont des animaux qui vivent de racines et de grains, et qui boivent peu. Ils se creusent des terriers comme les lapins, où ils s'arrangent un lit de feuilles et de mousse, et passent l'hiver dans un engourdissement léthargique semblable k celui des loirs et des marmottes. Ils portent leurs alimens à leur bouche avec les pattes antérieures. Lorsqu'ils mar- chent à deux pieds, ils ne le font pas en avançant un pied après l'autre alternativement, mais en sautant sur l'extré- mité des doigts, et ils s'aident de leur queue comme d'un GER 469 troisième membre : ce secours leur est nécessaire; car, lors- qu'on leur a coupé la queue , ils tombent en arrière et ne peuvent plus sauter, ainsi que LepechinTa expérimente. Dans leur marche à deux pieds, leur corps est fortement porté en avant, et leurs pieds antérieurs tellement appliqués contre la poitrine qu'on ne les aperçoit pas: lorsqu'ils sont effrayés, ils peuvent franchir la distance de huit ou dix pieds; ils s'aident des membres postérieurs, surtout lorsqu'il s'agit de descendre ou de monter. Leur vie se passe" dans l'obscurité; la lumière les incommode , et le Jour est le temps de leur sommeil. Mais . dès que la nuit tombe , leur veille commence. C'est alors qu'ils s'occupent de leurs divers besoins, qu'ils pour- voient à leur nourriture , et qu'ils se recherchent au temps des amours, c'est-à-dire, au commencement de la belle saison. L'Ar.AGTAGA , Dipus jaculiis, a la taille d'un gros rat, et il se distingue du gerbo par les cinq doigts qu'il a aux pieds de derrière , le gerbo n'en ayant que trois : de ces cinq doigts de l'alagtaga, les deux externes sont très-courts et sans uti- lité pour l'animal , de sorte que cette espèce , comme l'autre , ne marche réellement que sur trois doigts. Ces cinq doigts sont articulés à trois os métatarsiens ; les trois du milieu à l'os principal , et les deux latéraux à deux autres petits os situés à droite et à gauche du premier. Il est en-dessus d'un fauve très-pàle, qui prend une teinte plus foncée vers la croupe; les côtés sont grisâtres; toutes les parties inférieures du corps sont d'un blanc pur : on voit sur chacune des fesses une tache blanche en forme de croissant; la queue est de la couleur du corps, mais la mèche qui la termine est noire avec l'extrémité blanche. Le museau est blanc à son extré- mité et brunâtre en-dessus. Les alagfagas fouissent la terre avec la plus grande facilité: leurs terriers consistent dans de simples boyaux dirigés obli- quement, et 011 des espèces de soupiraux, percés verticale- ment , facilitent le renouvellement de l'air. Lorsque la mau- vaise saison doit arriver, ils bouchent très-exactement leur terrier et s'engourdissent ; ils s'engourdissent encore dans les grandes chaleurs. Leur course est si rapide que Pallas assure qu'un cheval ne pourroit les atteindre. 470 GER Cette espèce se trouve dans les déserts de la Tartarie , et s'étend d'orient en occident, depuis les contrées situées entre l'Argun et TOnon , et du midi au nord, depuis le tropique jusqu'au 5o/ degré de latitude. Us préfèrent les terrains formes aux terrains sablonneux, et on ne peut les conserver en esclavage qu'en leur donnant les moyens de fouir et de se cacher. LeGerbo, Dipus sagitta. Cette espèce est un peu plus petite que la précédente, et n'a, comme nous l'avons dit, aux pieds de derrière, que trois doigts qui sont articulés à un seul os métatarsien. La queue et les oreilles sont aussi plus courtes proporlionnément que celles de l'alagtaga , et il en est de même du grand doigt moyen des pieds de derrière, qui dépasse à peine les autres dans la première espèce et qui au contraire les dépasse de plusieurs lignes dans la seconde. Les parties supérieures des gerboas sont d'un fauve clair, et les parties inférieures blanches ; et l'on voit dans cette espèce , comme dans celle que nous venons de décrire, une ligne blanche en forme de croissant sur les fesses : les oreilles sont grises, excepté vers leur base antérieure , où il y a du blanc. Le pinceau de 1 extrémité de la queue est aussi terminé par des poils blancs. Il paroît certain que ces petits animaux se trouvent dans toutes les contrées sablonneuses du nord de l'Afrique et de l'Asie centrale ; du moins les naturalistes s'accordent à re- garder comme appartenant à la même espèce, le mus sagitta de Pallas, et les animaux décrits par les voyagcui's en Orient sous les divers noms de gerbo , jerboa, yerbua, etc. Les gerbos vivent en tribus , et paroisscnt rechercher les bulbes pour leur nourriture , préférablemcnt à toute autre chose. Pallas avoit encore parlé de deux autres gerboises, qu'il ne regardoit que comme des variétés de son mus jaculus. M. de Blainville, ayant trouvé les difl'érences qui les distinguent suf- fisantes pour caractériser des espèces , leur a donné les noms particuliers suivans. La Gerboise brachyore : Dipus hrachjurus. Blainv. ; Mus jaculus, var. B , Pallas. Un peu plus petite, ayant le museau moins alongé et les oreilles plus courtes que l'alagtaga ; le tarse plus court et les doigts plus forts proportionnément que GER 471 ceux de cette dernière espèce; mais du reste lui ressemblant par le nouibre des doigts et les couleurs. On trouve cette espèce en Sibérie, et c'est elle qu'on rencontre exclusive- ment au-delà du lac Baïkal. La PETITE Gerboise : Dipus minutus , Blainv. ; Mus jaculus , var. C, Pall. , dont la taille ne dépasse jamais celle du mulot: ses couleurs sont celles de l'alagtaga , seulement elle a le museau de la couleur des parties supérieures du carps, au lieu de l'avoir blanc; sa cuisse est proportionnellement plus grande que celle de Talagtaga : elle égale le tibia, au lieu d'être plus courte d'un tiers. Elle auroit aussi Jine molaire de moins à la mâchoire supérieure , si nous n'étions fondés à pré- sumer que c'est la première de ces dents, dont 1 âge amène la chute , qui ne se sera point trouvée dans les individus examinés par Pallas. Cette espèce se trouve plus au midi que la précédente et même que l'alagtaga. M. de Blainville fait encore entrer dans le genre Gerboise, sous le nom de Grande Gerboise, Dipus maximus , Blainv., un rongeur grand comme un lapin de moyenne taille, qui se voyoit, en 1814, à Londres, dans la ménagerie du Strand , et que l'on disoit originaire de la Nouvelle -Hollande. Cet animal, qui étoit extrêmement farouche, ne permettoit pas qu'on l'examinât en détail, et après sa mort il a été jeté, de sorte qu'on n'a pu reconnoitre son organisation et déterminer précisément ses caractères. La couleur de toutes les parties supérieures de son corps étoit d'un gris clair , et deux lignes noires , naissant de chaque côté de la tête et passant sur les yeux, se réunissoient sur le chanfrein en forme de chevron. Toute la partie anté- rieure de la tête et le dessous du corps étoient blancs. On voyoit quatre doigts aux pieds de devant, et trois à ceux de derrière ; le doigt moyen des extrémités postérieures étoit plus long que les deux autres, et le tarse, par sa longueur, ressembloit beaucoup à celui des gerboises; la queue étoit de moyenne longueur, touffue et tout-à-fait relevée contre le dos; les oreilles étoient d'une médiocre grandeur et déforme carrée; la lèvre supérieure étoit fendue, la cloison des na- rines recouverte de poils, et l'on voyoit beaucoup de plis à 472 GER la peau qui recouvroit les os du nez. L'œil ëtoit grand et noir, ce qui ne laissoit point voir la forme de la pupille. Le pelagf étoit doux et épais ; de fortes moustaches garnissoient la lèvre supérieure , et i;aissoient d'un point au-dessus de l'œil et d'un autre point en arrière des joues. Telle est la description que j'avois faite moi-même de ce rongeur. Geiîboise du Cap. Voyez HélaiMis. Gerboise des Pyramides. Voyez Gehbille. (F. C. ) GERCE ou GERSE {Enlom.) -. vieux mot françois qui indi- quoit la teigne, insecte qui ronge les feuilles, les étoffes, les pelleteries, et y fait des gerçures. ( C. D.) GEKENDE. (Erpét.) Ce nom a été donné à une espèce de serpent qui paroit appartenir au genre Boa. (H. C. ) GERFAUT. {Ornith.) Voyez au niot Faucon, tom. 16 de ce Dictionnaire, pag. 229, la seconde section de ce genre. (Ch. D ) GLRGILION. (Bot.) Voyez Gangila. (J.) GEiiGYDAN. (Bot.) Dans la Nubie, suivant M. Delile, on nomme ainsi le sida mulica, espèce d'abutilon. ( J.) GERGYG-EL-GHAZAL. {Bot.) Le ruta tuberculala de Forskal est ainsi nommé dans la Nubie, suivant M. Delile. (J.) GERGYR (Bot.), nom arabe delà roquette, brassicaeruca, suivant M. Delile; elle est dans Daléchanips sous ceux de guargir ou ergir, et Forskal la nomme djœrdjir dans sa Flore d'Égvpte. (J.) GERIFALCO (Omiih.), dénomination italienne du ger- faut, qu'on appelle aussi girifalco. (Ch. D.) GERILLE. {Bot.) L'un des noms vulgaires de la chante- relle ou girolle ordinaire , champignon qui avoit été placé par Linnœus dans son genre Agaricus , et qui est maintenant rangé dans le genre Mehulius. Voyez ce mot. (Lem.) GEllLE {Ic-ithyoJ.), nom que Ton donne sur la côte de Nice à la mendole , poisson qui sera décrit à Fariicle Picarel. (H. C.) GERLE BLAViE. {Ichtlijol.) A Nice on appelle ainsi un poisson dont M. Ris-.o a fait un spare sous la dénomination de spare alcyon, sparus alcedo. (H. C. ) GERLESSO {ïclilhjol.), nom du spare Lilobé à Nice. M. Cuvier rapporte cette espèce aux Daurades. (H. C.) GER 475 GERM (Bot.) , nom arabe du sccura de Forskal , qui paroît devoir être réuni à Vavicennia. (J.) GERMAINE, Germanca. (Bot.) Genre de plantes dicotylé- dones, à fleurs complètes, monopétalées, irrégulières, de la famille des labiées, de la didynamie gjmnosperinie de Lin- nauis, rapproché des ociinum, offrant pour caractère essen- tiel : Un calice fort petit, à cinq découpures, à deux lèvres, la supérieure plus grande et entière; une corolle labiée, renversée , terminée postérieurement par un éperon ; la lèvre supérieure large , en cœur , à trois lobes , les deux latéraux plus petits ; la lèvre inférieure plus petite , con- cave, entière; quatre étamines didynames; un st3le; quatre semences nues au fond du calice. L'Héritier a donné à ce genre le nom de plectranthus , au lieu de celui de germanea que lui avoit imposé M. de Lamarck. M. R. Biown a adopté , pour ses plantes de la Nouvelle-Hollande, le nom de l'Héi^tier. Le caractère qu'il donne à ce genre n'étant pas exactement conforme à celui qu'ont indiqué MM. de Lamarck et l'Héritier, j'ai cru devoir conserver, sous le nom de plectranthus, les espèces de M. BroAvn , d'autant plus que cet auteur ne fait aucune mention de l'éperon qui accom- pagne la corolle et forme im des principaux caractères de ce genre. Dans le genre de M. Brown , il n'est question que d'une simple gibbosilé à la base du calice, à l'époque de la maturité des semences. On a reconnu que plusieurs espèces d'ociinum de Linnseus et de Forskal dévoient entrer dans ce genre. Germaine a feuilles d'ortie : Germanea urticcp/olia , Lamck. , Encj'cl. et m. gen., tab. 5i4; Flectrantlius fruticosus ,VHéTit., Stirp., 83 , lab. 41. Arbrisseau rameux et odorant, qui s'élève à la hauteur d'un à deux pieds, sur une tige droite, presque glabre; les rameaux herbacés, légèrement pubescens, d'un vert rougeàtre , garnis de feuilles pétiolées, assez grandes, se rapprochant de celles du lamium orvala , larges, ovales en cœur, un peu rudes, aiguës et à doubles dentelures, lon- gues de trois pouces, larges de deux. Les fleurs sont nom- breuses, d'un bleu pâle ou gris de lin , disposées en grappes nues à l'extrémité des rameaux. Cette plante croît au cap de Bonne-Espérance; on la cultive depuis long-temps au Jar- ^»74 GER din du Roi : elle produit un efTet agréable par la beauté de ses touffes fleuries et la facilité de sa multiplication. Cette plante fleurit en automne. On la propage de dra- geons, de boutures et de graines , qu'il faut semer sur couche au printcmj)S : eile exige une terre substantielle , qu'on re- nouvelle tous les ans; elle craint l'humidité pendant l'hiver, et doit être , en conséquence , placée dans la partie la plus sèche et la plus éclairée de l'orangerie. Germaine ponctuée: Germanea punctata, Lamck. , Encycl. , Supp. ; Plectranthus punctatus , IHérit., Stirp. , 2, lab. 41 ; Ocimum punctalum , Linn. fils, Suppl. Plante herbacée, haute d'environ un pied ; originaire de l'Afrique. Ses tiges sont cylindriques, légèrement hispides, parsemées de points ob- longs et roussàtres; les rameaux étalés, garnis de feuilles opposées, pétiolées, ovales, pileuses, ridées et rayées, lon- gues de deux pouces et plus, larges d'un pouce et demi, dépourvues de stipules. Les fleurs sont petites, disposées, à l'extrémité des rameaux, en verticilles rapprochés , velus, formant un épi presque cylindrique , terminal , accompagné de bractées ovales. Le calice est campanule , parsemé de glandes d'un jaune orangé, à deux lèvres ; la supérieure droite, ovale, entière; l'inférieure à quatre découpures ob- longues, aiguës; la corolle bleuâtre; la lèvre supérieure de son limbe à quatre lobes, celui du milieu très-grand, échan- cré; la lèvre inférieure oblongue , obtuse et concave ; le tube muni d'une bosse à sa partie supérieure. On cultive cette plante au Jardin du Roi. Germaine a feuilles rondes; Germanea rotundifolia , Poir. , Encycl. , Suppl. Cette espèce , recueillie par Commerson à risle-de - France , a quelques rapports avec la précédente. Ses tiges sont glabres, épaisses, striées; les feuilles inférieures glabres, pétiolées, arrondies ou ovales, longues de deux à trois pouces, à crénelures obtuses; les pétioles comprimés, de la longueur des feuilles : les feuilles supérieures sont ses- siles, plus petites, ovales, un peu amplexicaules, en cœur à leur base; les fleurs disposées, à l'extrémité des tiges , en une grappe courte, droite, épaisse; la corolle purpurine; les deux lèvres distantes; la supérieure ovale, un peu cré- nelée, rétrécie en onglet à sa base. GER 475 Germaine maculiéë : Germanea mûcu/o5a, Lamck. , Encycl. , 2, pag. 691 , Ohserv.; Galeopsis maculosa , Lamck. , Encycl. , n." 5. liante du cap de Bonne-Espérance, que Ton a cultivée au Jardin du Koi. Ses tiges sont tendres, épaisses, herbacées, hérissées de poiJs blancs, renflées aux articulations, hautes d'un pied et plus , parsemées de taches purpurines ou noi- râtres; les feuilles pétioîées, opposées, ovales , vertes, ridées , crénelées, un peu velues; les fleurs bleuâtres, petites, réu- nies en épis courts, terminaux; le calice labié ; la lèvre supé- rieure élargie ; la corolle renversée , munie sur son tube d'une bosse saillante ; les anthères bleues : le style bifide à son sommet. Germaine a fleurs en casque ; Germanea galeata , Vahl , Symh. , 1 , pag. 43 , suh Plectrantho. Espèce découverte à File de Java, qui a le port de Vocimum scutellarioides ; mais ce dernier est pourvu de bractées, et ses fleurs sont plus pe- tites, géminées dans chaque aisselle : tandis que l'espèce dont il s'agit ici a des tiges velues et cannelées; des feuilles pétioîées, ovales, élargies, acuminées , velues en -dessous , dentées en scie; les fleurs disposées en une grappe droite, terminale ; les pédicelles opposés et rameux , sans bractées ; la corolle pubescente , munie d'une bosse à sa base; la lèvre inférieure en casque. Germaine a fleurs nues; Germanea nudiflora , "\YilId., Spec, 3 , pag. 168 , sub Plectrantho. Cette plante , qu'on soupçonne originaire de la Chine , a des tiges courtes, droites, pubes- centes, à peine longues de six pouces; les feuilles inférieures pétioîées, longues de deux ou trois pouces, glabres, en cœur, acuminées, pubescentes en-dessous sur les nervures: les pé- tioles ailés vers leur sommet ; les feuilles supérieures plus petites, amplexicaules ; les fleurs disposées en une panicule terminale , longue d'un pied et plus, composée de verticilles formés de quatre petites grappes longues d'un pouce , munies de petites bractées en cœur ; la lèvre supérieure du calice à trois lobes obtus; l'inférieure à deux découpures linéaires, subulées ; la corolle petite, fermée, pubescente; le tube muni d'une bosse. Germaine de Forskal; Germanea Forskalœi, Vahl, Sjml}., î j pag. 44? suZ» Plectrantho; Ocimum liadiense, Forsk. , yEgj'pt.} ^76 GER ]og. Ses tiges sont velues; ses feuilles pétiolées , ovales, pi- leuses, très-obtuses, à grosses denlelures; les pétioles courts; les fleurs disposées en grappes droites, longues de six pouces, formées de verticillt-s de huit a riix fleurs; les calices striés, en bosse a leur base : les découpures inférieures sétacées, ascendantes : la corolle d'un bleu pâle , quatre fois plus longue que le calice : le tube de la corolle muni d'une bosse. Cette plante croit sur les montagnes, dans l'Arabie heureuse. Germaine a pEriLLEs épaisses : Germanea crassifolia , Vahl , L c. , page 44, sub Plectrantho ; Ocimum zatarhendi, Forsk. , jEgj'pt., log. Cette espèce se distingue de la précédente par ses feuilles charnues , par ses bractées ovales, meuibraneuses. Ses tiges sont pileuses: ses feuilles pétiolées, élargies, ovales, un peu arrondies, longues d'un deuii-pouce, velues, obtuses, crénelées , tronquées à leur base : les fleurs disposées en grappes terminales, longues de six à sept pouces, formées de verti- cilles composés de six fleurs pédicellées; la lèvre inférieure du calice élargie et arrondie; l'inférieure plus courte, à quatre découpures linéaires, lancéolées; le tube de la corolle blanchâtre, muni d'une bosse: le limbe violet; la lèvre supé- rieure entière, obtuse; Tinférieure blanchâtre, à quatre dents peu sensibles. Cette espèce a été observée en Egypte. Germaine a petites fleurs; Germanea -parviflora, Henck., Adiimhr. plant., pag. 17, sub Plectrantho. Plante découverte au Pérou , dont les tiges sont hautes d'un pied et demi, rou- geàtres, pubescentes et rameuses; les feuilles longuement pétiolées, ovales, aiguës, tomenteuses, molles, un peu char- nues, rétrécies en coin à leur base, à nervures rougeàtres, à grosses dentelures; les grappes terminales, composées de vcrticilles très-rapprochés , dépourvus de bractées; les fleurs petites, d'un bleu clair, pubescentes, dix à douze cà chaque verlicille ; le calice ventru à sa base, pileux, cilié et glan- duleux; la lèvre supérieure ovale, aiguë; Pinférieure à quatre découpures inégales, subulées ; la corolle un peu pileuse, une fois plus longue que le calice; la lèvre supérieure très- étroite , blanchâtre , ovale - concave, entière; l'inférieure arrondie , à trois lobes, parsemée de points bleuâtres; le tube muni dune bosse. (Poir.) GER 477 GERMANDRÉE. (Bot.) Ce genre de Tonrnefort , en latin chamœdijs , a été réuni par Linnarus au genre Teucrium. (J.) GERMANDRÉE; Teucrium, Linn. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, de la famille des labiées, Juss., et de la didj- namie ^yvmospermie, Linn., dont les principaux caractères sont les suivans : Calice monophylle , persistant, à cinq dents; corolle monopétale, à deux lèvres, dont la supérieure fendue profondément, et Tinférieure à trois lobes, dont le moyen plus grand ; quatre étamines saillantes, didynames ; quatre ovaires, au centre desquels est un style filiforme, de la longueur des étamines, et terminé par un stigmate bifide; quatre graines nues au fond du calice. Les germandrées sont des herbes ou des arbustes, quel- quefois des arbrisseaux à feuilles opposées et à fleurs axil- laires ou terminales. On en connoît aujourd'hui environ quatre-vingts espèces, presque toutes naturelles à l'ancien continent, et dont une grande partie croît en Europe et surtout dans ses parties méridionales. Nous ne parlerons ici que des plus remarquables, et de celles qui , par leurs pro- priétés, présentent quelque intérêt. * Feuilles découpées. Germandrke botride ; vulgairement Botrys , Germandrée FEMELLE : Tcucrium hotrjs , Linn., Spec, 786; Chamœpjtis altéra, Dod., Pempt. , 46. Ses tiges sont herbacées, rameuses, hautes de six à dix pouces; ses feuilles sont péliolées , ve- lues, divisées en trois à cinq découpures; ses fleurs sont purpurines, disposées trois à quatre ensemble dans les ais- selles des feuilles. Cette plante est annuelle, et elle croît dans les champs. Ses fleurs et ses feuilies sont légèrement aromatiques, et elles passent pour toniques et fébrifuges. Germandrée-ivette, vulgairement Petite Ivette : Teucrium chamcvpj'lis , Linn., Spec, 787; F/or. Dan., t. 753. Sa tige est partagée dès sa base en rameaux étalés, velus, longs de cinq à huit pouces; ses feuilles sont divisées jusqu'à plus de moitié en trois découpures linéaires ; ses fleurs sont jaunes avec une tache rougeàtre, sessiles et solitaires dans les ais- selles des feuilles supérieures. Cette espèce se trouve dans les champs arides et sablonneux : elle est annuelle. 478 GER Toutes les parties de la germandrce-ivette ont une odeuf résineuse : la plante est céphalique , apéritive, tonique et antispasmodique. On l'a beaucoup vantée autrefois contre la goutte ; on en fait usage en infusion théiforme ou en na- ture, après l'avoir fait sécher et réduire en poudre. ** Feuilles entières ; fleurs axillaires ou en grappe. Germandrée McsyuÉE, Vulgairement Ivette musquée; Teu- crium iva , Linn., Spec. , 787. Cette espèce diffère de la précédente en ce qu'elle est plus velue dans toutes ses parties , en ce que ses tiges sont plus dures, et surtout en ce que ses feuilles sont entières, munies seulement d'une à deux dents a leur sommet. Ses fleurs sont communément rougeàtres, plus rarement d'un jaune clair. Toute la plante a une sa- veur amère et une forte odeur résineuse, qui quelquefois paroît ressembler beaucoup à celle du musc, surfout dans les grandes chaleurs. Elle croît dans les champs du midi de la France. Ses propriétés sont les mêmes que celles de la petite ivette. Germandrée des Canaries; Teucrium canariense , Lamck. , Dict. enc. , 2, pag. 692. Celle-ci est un arbrisseau de cinq pieds de haut ou plus, divisé dans sa partie supérieure en rameaux dont les plus jeunes sont velus, garnis de feuilles pétiolées , ovales, crénelées, d'un vert grisâtre en-dessus, presque cotonneuses en-dessous. Ses fleurs sont d'un pourpre foncé, pédonculées, pendantes et solitaires dans les aisselles des feuilles. Cette espèce passe pour être originaire des iles Canaries, et elle est cultivée au Jardin du Roi depuis envi- ron quarante ans. On la rentre dans l'orangerie pendant l'hiver. Germandrée frutescente : Teucrium fruticans , hinn. , Spec, 787; Teucrium fruticans hoeticum , Clus. , Hist., 348. Cette germandrée est un arbrisseau de deux à trois pieds de haut, dont les jeunes rameaux sont cotonneux et blanchâtres dans leur jeunesse; garnis de feuilles ovales, grisâtres en-dessus, cotonneuses et blanchâtres en-dessous, légèrement pétiolées. Ses fleurs sont d'un bleu clair, portées sur de courts pé- doncules , et solitaires dans les aisselles des feuilles supé- rieures. Cette plante croît naturellement dans le midi de GER 479 l'Europe, en Barbarie, etc. : on lu cultive dans les jardins de botanique. Dans le nord de la France , on la rentre dans l'orangerie pendant l'hiver. GEaMANDRÉE aquatique; Vulgairement Scordium , Chamarras: Teucrium scordium, Linn., Spec, 790; Bull., Herb. ; t. 2o5. Sa racine est rampante, vivace ; elle produit une ou plusieurs tiges velues, rameuses, hautes de six à huit pouces, garnies de feuilles ovales-oblongues, sessiles, molles au toucher, cré- nelées ou dentées en leurs bords. Ses fleurs sont rougcàtres, portées sur de courts pédoncules, et solitaires ou deux en- semble dans les aisselles des feuilles supérieures. Cette plante croit dans les prés humides et marécageux : elle joint à une saveur très-amère une odeur forte, pénétrante, et qui a beaucoup de rapport avec celle de l'ail. Elle est tonique, fébrifuge, antiscorbutique, antiseptique, vermifuge, et on la regardoit autrefois comme vulnéraire. Elle entre dans plu- sieurs préparations pharmaceutiques, et principalement dans le diascordium , auquel elle a donné son nom. Les bestiaux répugnent à la brouter, et lorsqu'ils le font, ce n'est qu'à défaut d'autre nourriture ; elle communique une odeur d'ail au lait des vaches qui en ont mangé. Germandrée sauvage ou des BOIS; vulgairement Sauge des BOIS, Sauge sauvage, faux Scordium : Teucrium scorodonia , Linn., Spec, 789; Bull., Herb., t. 5oi. Ses racines sont vivaces, traçantes; elles produisent des tiges quadrangu- laires , velues, hautes d'un pied ou environ, garnies de feuilles pétiolées , cordifornies, dentelées et ridées. Ses fleurs sont d'un blanc jaunâtre , disposées en épi unilatéral à l'ex- trémité des tige» et des rameaux. Cette plante est commune dans les bois montagneux. Ses propriétés sont analogues à celles de la précédente; mais elle est beaucoup plus rare- ment employée en médecine. Germandrée chènette ; vulgairement Petit Chê^e, Chê- NETTE : Tcucrium chamœdrys , Linn., .Spec, 790; Trissago sive chamœdrys , Math., Valgr., 818. Sa racine est vivace, i^am- pante; elle produit une tige longue de quatre à six pouces, divisée dès sa base en rameaux nombreux, étalés, pubes- cens, garnis de feuilles ovales ou ovales-oblongues, créne- lées et d'un vert gai; ses fleurs sont purpurines, disposées 48o GER deux à trois ensemble dans les aisselles des feuilles supé- rieures. Cette plante croit sur les bords des bois et sur les collines; clic est tonique, stomachique, fébrifuge et anti- scorbutique. Sa saveur est beaucoup plus amère qu'aroma- tique. On en fait un usage assez fréquent en médecine, sous le nom de petit crêne : on l'emploie en infusion théiforme , ou en nature, réduite en poudre. Germandree luisante : Teucrium lucidum , Linn. , Spec. , 790. Cette espèce a les plus grands rapports avec la précé- dente ; elle en diffère seulement en ce qu'elle s'élève davan- tage, qu'elle est plus ligneuse, plus glabre dans toutes ses parties, et que ses fleurs sont disposées dans les aisselles des feuilles supérieures de manière à former une longue grappe. Elle croît dans les bois et les haies des montagnes du midi de la France et de l'itiilic. Germandree maritime, vulgairement Marum ; Teucrium ma- rum, Linn., Spec., 788. Celte espèce est un arbuste dont les tiges, hautes d'un pied ou environ, se divisent en ra- meaux nombreux, grêles, cotonneux, garnis de petites feuilles ovales-lancéolées, pétiolées, d'un vert grisâtre en- dessus, blanches et cotonneuses en-dessous. Ses fleurs sont purpurines, solitaires dans les aisselles des feuilles supé- rieures, mais rapprochées de manière à former une longue grappe terminale , tournée d'un seul côté. Cette plante croît dans les lieux maritimes, en Provence, en Espagne, dans le Levant , etc. Toutes ses parties ont une odeur aro- matique très-pénétrante que les chats aiment beaucoup ; car, lorsque ces animaux trouvent des pieds de cette plante, ils se plaisent à se rouler dessus et à en mâcher les feuilles et les branches: aussi, lorsqu'on la cultive dans un jardin, faut -il avoir soin de la préserver de leurs atteintes en la couvrant d'une cage en grillage. Cette germandree est assez rarement employée en m^éde- cine , quoique beaucoup de médecins recommandables se soient accordés pour la présenter comme un médicament énergique , et qu'ils citent des observations qui prouvent qu'ils s'en sont servis avec succès dans l'apoplexie séreuse , l'asthme, le catarrhe chronique , l'hystérie, l'hypocondrie, etc. La propriété stimulante très- prononcée dont jouit cette GER 4SI plante, est due à la grande quantité d'huile essentielle qu'elle contient; huile dans laquelle on trouve du camphre en assez, grande proportion pour qu'on puisse l'en extraire avec quelque avantage. Pour en faire usage , il faut l'employer en infusion théi- forme , à la quantité d'un à deux gros pour deux livres d'eau, ou en nature et en poudre, à la dose de vingt à trente-six grains. Elle entre d'ailleurs dans plusieurs pré- parations pharmaceutiques, entre autres dans la thériaque. Germandrée de Marseille : Teucriuin massiliense , Linn. , Si)ec., 789. Ses tiges sont ligneuses dans leur partie inférieure, et souvent couchées à leur base, hautes d'un pied, garnies de feuilles ovales ou ovales-lancéolées, un peu en cœur à leur base, rugueuses et cendrées en leur surface. Ses fleurs sont rougeàtres , axillaires , disposées en grappe tournée du même côté; leur calice est remarquable par la dent supé- rieure, qui est fort large , formant un lobe arrondi. Cette plante croit aux iles d'Hyères et dans le Levant. Lorsqu'on la froisse entre les doigts, elle exhale une odeur de pomme de reinette. *** Feuilles entières; /leurs en tête. Germandrée des Pyrénées; Teucrium pjrenaicum , Linn., Spec, 791. Ses racines sont vivaces; ses tiges sont grêles, velues, étalées, longues de quatre à cinq pouces, garnies de feuilles arrondies, crénelées; ses fleurs sont blanches, panachées de violet , disposées en tête terminale et sessile. Cette plante croît dans les Pyrénées. Germandrée cotonneuse; Teucrium polium , Linn., Spec, ycj^. Ses tiges sont un peu ligneuses, rameuses, étalées à leur base, chargées, ainsi que toute la plante, d'un duvet court et serré, garnies de feuilles sessiles, oblongues, cré- nelées en leurs bords, blanchâtres et cotonneuses, quelque- fois repliées en-dessous. Ses fleurs sont petites, blanches, ou plus rarement purpurines, ramassées, à l'extrémité de la tige et des rameaux , en tête sessile , ari-ondie ou ovale. Cette plante se trouve sur les collines et dans les lieux secs du midi de la France, en Espagne, en Italie : elle fournit des variétés nombreuses. ( L. D.) 18. 3i 482 GER GERMANDRÉE BATARDE {Bot.), nom vulgaire de la véronique teucriettc. (L. D.) GERMANDRÉE D'EAU. {Bot.) C est \c teucrium scordium, le scordium des pharmaciens, nommé aussi vulgairement cha- marras, qui, froissé, exhale une odeur d'ail. (J. ) GERMANEA. {Bot.) Le genre déplantes labiées, voisin du basilic, que M. Lamarck nommoit ainsi, a reçu de l'Héritier le nom de plectranthus. Voyez Germaine. ( J. ) GERMANO. {Ornith.) D'après Cetti , pag. 021 et 323, cette dénomination italienne est appliquée, en Sardaigne , à deux espèces de canards. (Ch. D.) GERMINATION. {Bot.) La germination est la suite du dé- veloppement de l'embryon, depuis le moment de sa matu- rité jusqu'à celui où il se débarrasse des enveloppes sémi- nales, et tire directement sa nourriture du dehors. L'embryon , en état de germination , prend le nom de plan- tule. On y distingue deux parties principales, le caudex as- cendant et le caudex descendant. A l'exemple de Linnœus, nous ne considérons sous la dénomination de caudex que le corps ou, si Ton veut, que l'axe de la plantule , et nulle- ment les cotylédons, les feuilles et les subdivisions de la racine principale. Le premier effet de la germination est le gonflement total ou partiel de rembr)fon , d'où résulte une rupture dans les enveloppes séminales; rupture qui, toute mécanique qu'elle est, s'opère avec une sorte d'uniformité dans beaucoup d'es- pèces, à cause de l'organisation primitive des graines et du mode de germination. Quand i'embryon se gonfle dans plusieurs points à la fois, les enveloppes, fortement distendues, s'entr'ouvrent et se dé- chirent comme au hasard (haricot, fève). Quand le caudex descendant fait seul effort contre la paroi interne des enve- loppes, et que celles-ci n'ont point d'opercule, elles se percent avec plus ou moins de régularité {cyclamen). Quand le caudex descendant presse un opercule, cette calotte se détache , et l'ouverture est souvent aussi régulière que si elle eut été faite avec un emporte-pièce {canna, commelina , tradescantia, asperge, dattier, etc.). L'évolution commence presque toujours par le caudex des- GER 485 Cendant. S'il existe une coléorrhyze > elle s'alonge ; mais le mamelon radiculaire, plus prompt dans sa croissance, la crève à son extrémité (graminées, capucine, etc.) : s'il n'y a point de coléorrhyze , le collet tantôt s'amincit insensible- ment dans sa longueur et se confond avec la radicule (pin, etc.), et tantôt se distingue de la radicule par un bourrelet charnu {martjnia perennis , momordica , cucurbita , belle de nuit, etc.). Le caudex ascendant se développe peu de temps après, et il ne tarde pas à se montrer, si la plumule est dépourvue de coléoptile; mais, si elle en est pourvue, l'apparition du caudex est moins prompte, la plumule pousse et perce lé- gèrement la paroi interne de la coléoptile, qui se dilate, s'amincit, et s'ouvre ou se déchire avec plus ou moins de régularité. Le caudex ascendan.t commence quelquefois au-dessous des cotylédons , et alors il les soulève et les porte à la lu- mière (potiît»n, belle de nuit, etc.) ; d'autres fois il com- mence au-dessus des cotylédons, et alors il les laisse dans la terre, où ils demeurent cachés (marronier d'Inde, gra- minées, etc.). Dans le premier cas, on les dit épigés; dans le second, on les dit hypogés. Les cotylédons épigés verdissent, s'alongent, s'élargissent, se couvrent de poils et de glandes, se marquent de nervures et de veines; les cotylédons hypogés ne sortent point des enveloppes séminales, conservent souvent leur couleur blan- châtre et leur forme primitive, et ils augmentent toujours en volume , soit par le simple gonflement du tissu cel- lulaire, dont ils sont formés en grande partie (marronier d'Inde, etc.), soit par le gonflement et l'accroissement de ce tissu (dattier, etc.). Après la germination, on désigne par le nom de feuilles séminales les cotylédons épigés , et sous celui de feuilles primordiales, les petites feuilles qui composent la gemmule. Plusieurs causes tirées de l'organisation des graines con- tribuent à la germination. Nul doute que le périsperme ne serve de première nourriture à la plantule. Un embryon d'oignon , retiré soigneusement de son périsperme , et placé sous une terre douce et fine, se conserve long-temps san? 484 GE?» se flétrir, mais ne prend pas d'accroissement; que si vous semez la graine telle qii'elle sort du péricarpe, l'embryon se développera en un long fil : l'une de ses extrémités res- tera engagée dans les enveloppes séminales (oignon, etc.); l'autre s'enfoncera dans la terre : toutes deux tireront des sucs nutritifs, celle-ci de l'humidité du sol, celle-là de la substance même du périspernie changé en une liqueur émul- sive, et chacune croîtra, en sens inverse de l'autre, par l'ellet de sa propre succion. Quand le périspernie sera épuisé, la succion de la racine fournira à l'entretien de toute la plan- tule, et l'extrémité cotylédonaire se dressera vers le ciel. Le phénomène se passe à peu près de la même manière dans les anLhericum, les aloès, etc. L'extrême dureté du périsperme dans la graine du dattier, de l'asperge, du commelina commiinis, etc., n'empêche pas qu'il ne puisse remplir ses fonctions; l'eau parvient toujours à le ramollir. Il se résout en une liqueur laiteuse après un temps plus ou moins long , et la partie du ctStylédon qui reste sous les tuniques séminales, absorbant cette liqueur, se dilate, s'enfle comme une éponge, et remplit à la fin toute la capacité de la graine. Les cotylédons jouent un grand rôle à cette première époque de la vie. Si vous les retranchez, dans le potiron, avant ou au moment de la germination , la plumule se fane et meurt; si vous en supprimez la majeure partie, la plante n'a qu'une végétation foible et languissante : mais si vous laissez subsister en entier ces mamelles végétales , comme parle Charles Bonnet , vous pouvez impunément couper la radicule et toutes les ra- dicelles qui se développeront durant l'expérience; la tige ne poussera pas avec moins de vigueur que si la jeune plante fût restée intacte. Faites plus, divisez un embryon de hari- cot dans sa longueur, de telle sorte que chaque portion emporte avec elle un cotylédon; ces deux moitiés se déve- lopperont aussi bien qu'un embryon tout entier : preuve évidente que la blessure occasionée par la soustraction des lobes séminaux n'est pas ce qui met obstacle à la croissance du blastcme. Enfin , il suffit d'humecter les cotylédons pour que l'embryon se développe. L'utilité de ces lobes dans la germination ne sauroit donc être révoquée en doute . quoi. CxER 48b qu'en ait pu dire un de nos plus savans botanistes. Au reste , lu présence des cotylédons n'est pas une condition d'existence pour toutes les plantes. Sans parler des agames et des cryp- togames, qui semblent la plupart en être dépourvues, il est quelques phénogames dans lesquelles on n'en a point trouvé : témoin les cuscutes. Duhamel observe que les graines , dépouillées de leurs enveloppes, réussissent ditïicilement. Les enveloppes sémi- nales sont bonnes, en ce qu'elles préservent les parties inté- rieures de l'action de la lumière ; qu'elles modèrent l'entrée ou le départ des fluides; qu'elles forment un crible que ne traversent point les molécules terreuses et les substances mucilagineuses suspendues dans l'eau. l,e tissu plus perméable du hile et la bouche du micropyle favorisent pourtant l'in- troduction des sucs nutritifs. L'eau, la chaleur et l'air sont des agens extérieurs indis- pensables à l'évolution des germes. L'eau assouplit les enveloppes séminales et facilite leur rupture; elle pénètre le tissu de l'embryon, et le dispose à recevoir les substances nutritives. Celles de ces substances qui ne sont point à l'état gazeux ne peuvent s'introduire dans la plante et parcourir ses vaisseaux qu'en dissolution dans l'eau : ce liquide lui-même devient un des principaux alimens de la végétation. Ses élémens , désunis par des pro- cédés naturels que les théories des chimistes n'expliquent point, forment, en se combinant avec le carbone, les prin- cipes immédiats, tels que l'amidon, le sucre, la gomme, les acides, les huiles, le camphre, les résines , le ligneux, etc. Il convient néanmoins que l'eau soit distribuée avec économie aux végétaux terrestres ; sans cela elle leur est nuisible. Les graines qui sont plongées dans ce liquide , y pourrissent presque toutes, à moins qu'elles n'appartiennent à des végétaux aquatiques; encore, parmi ces dernières, s'en ti'ouve-t-il quelques-unes qui montent à la surface de Feau à l'époque de la germination, et ne se développent qu'au contact de l'air. De ce nombre sont les graines des iemna et des salvinia. La chaleur est un stimulant des forces vitales dans tous les êtres organisés; il est pour chaque espèce de graine une température nécessaire à sa prompte et vigoureuse germina- 436 GER tion. Si la chaleur s'élevoit de 45 à 60 degrés, elle altére- roit les organes et détruiroit le principe de la vie; si elle s'abaissoit à zéro , il n'y auroit pas de mouvement organique, et le germe derneureroit dans l'inaction. A toutes les époques de la vie , l'air n'est pas moins indis- pensable aux plantes qu'aux animaux. Des graines dans le vide de la machine pneumatique ne germent pas. Homberg cite à la vérité quelques exceptions ; mais Théodore de Saussure, qui a examiné le phénomène en habile physicien , ne voit dans ces anomalies prétendues que les résultats d'ex- périences fautives ou d'observations incomplètes. Est-ce l'air tel qu'il compose l'atmosphère, c'est-à-dire, formé d'environ 21 parties d'oxigène , de 79 d'azote, et de TT5 à j^ de gaz acide carbonique , qui est indispensable à l'évolution des germes? ou bien est-ce un seul de ces gaz ? ou bien en est-ce deux .agissant de concert ou séparément? Ces questions ont été traitées à fond , et l'on sait aujourd'hui que les graines ne germent pas dans l'azote et le gaz acide carbonique purs ; qu'elles germent quand elles sont en contact avec de l'oxigène ; que ce gaz, en état de pureté, hâte leurs premiers développemens , mais les fait bientôt périr; qu'il convient davantage à la plantule quand il est mêlé à une certaine quantité d'azote ou d'hydrogène; que les propor- tions les plus favorables dans ce mélange sont trois parties d'hydrogène ou d'azote pour une d'oxigène; que l'acide car- bonique en excès nuit beaucoup à la germination ; que l'ac- tion bienfaisante de l'oxigène consiste à débarrasser les graines de leur carbone surabondant; que , si l'on ne remarque point de diminution dans une atmospiière qui a servi à la germi^ nation, c'est que le volume de gaz acide carbonique pro- duit est à très-peu près le même que celui de l'oxigène absorbé. La perte du carbone, occasionée par le dégagement du gaz acide carbonique pendant la germination, produit un effet bien remarquable. Les quantités respectives de l'oxi- gène, de l'hydrogène et du carbone, qui composent la fé- cule du périsperme, n'étant plus les mêmes, celte matière passe à Félat de sucre et devient sohible d'insoluble qu'elle éîoit. Observons que le chimiste imite ce procédé naturel, GER 487 lorsqu'il transfoi'nie l'amidon en sucre par le moyen de l'acide sulfurique; mais, dans cette préparation de Tart, la fécule ne perd point de carbone, et si la pi'oporlion des éléniens change, c'est qu'une partie de l'eau est décomposée et iixée. Le périsperme , réduit en une liqueur émulsive, pénètre par les vaisseaux des cotylédons jusqu'au blastème , et lui présente la nourriture dont il a besoin pour se déve- lopper : foible comme il est, il ne peut digérer les sucs de la terre; il faut que ses alimens aient reçu une première préparation. Tout ce qui se passe alors dans la graine , indique un commencement de fermentation spiritueuse ; mais bientôt, la lumière agissant sur la plumule , la fermentation s'arrête, le gaz acide et l'eau se décomposent, l'oxigène du gaz est rejeté, le carbone et les élémens de l'eau se combinent et forment des produits inflammables, fixes et volatils, tels que les huiles, les résines, le ligneux j etc., qui remplacent la matière saccharine et le mucilage. Les mêmes phénomènes ont lieu dans toutes les jeunes pousses, soit qu'elles provien- nent de racines, soit qu'elles proviennent de parties exposées à l'air. Ces faits ont été développés avec beaucoup de saga- cité par le savant Sénebier. D'après ce que nous venons de dire, on peut déjà présu- mer que toutes les substances qui augmentent la quantité relative de foxigène de l'atmosphère d'une graine placée dans des circonstances favorables à sa germination, doivent hâter l'accomplissement de ce phénomène. Cette conjecture est justifiée par l'expérience : M. de Humboldt a montré que des graines de cresson alenois germent en six heures dans une dissolution de chlore, tandis que ces mêmes graines em- ploient un temps cinq à six fois plus considérable pour ger- mer dans de l'eau pure. A Taide du chlore, on est parvenu à tirer de leur état d'engourdissement les graines du dodo- nœa angustifoUa , du mimosa scandens , et de quelques autres espèces exotiques qui avoient résisté aux moyens ordinaires. Les acides nitrique et sulfurique, délayés dans une grande quantité d'eau, une dissolution légère d'oxi-sulfate de fer, le minium, la litharge, et en général toutes les substances qui retiennent foiblement l'oxigène , ont la même action sur les graines. Au reste, il est bon de dire que ces ger- 488 GER minations hâtives sont rarement heureuses . la plumule pousse d'abord avec assez rie vigueur ; mais bientôt sa croissance se ralentit, et presque toujours la plante meurt prématuré- ment. On voit que des trois fluides aériformes dont la réunion compose l'atmosphère', l'oxigène seul est indispensable à la germination; toutefois ce gaz, qui anime les forces vitales et dont aucun être organisé ne sauroit se passer, seroit contraire à tous, si son action n'éfoit tempérée par le mélange d'une grande quantité d'azote. Dans le système de notre monde, la juste proportion des élémens de l'air est une condition d'existence pour les animaux et ])Our les plantes: les uns et les autres, plongés dans l'oxigène pur, périroient long-temps avant d'avoir atteint l'âge de la reproduction; l'activité or- ganique, portée à son comble, deviendroit la cause d'une mort prochaine , et la vie seroit anéantie parla surabondance du gaz qui l'entretient. Le sol le plus convenable à la germination est celui que l'eau ne lie point en pâte , mais qui la contient suspendue entre ses molécules comme dans une éponge, qui se laisse facilement pénétrer par l'air atmosphérique , et qui n'oppose aucune résistance à la jeune pousse. De là on peut conclure l'utilité des labours, et le mal que font aux semis les pluies qui délayent la terre, soulout lorsque , de grandes séche- resses venant ensuite, elle se prend en une croûte épaisse qui ferme tout accès à l'air et met obstacle à l'apparition de la plumule. Les graines fines doivent être à peine re- couvertes de terre : les grosses graines peuvent être enfoncées plus avant ; mais il est une profondeur à laquelle aucune graine ne germe , parce qu'elle n'y trouve pas l'oxigène né- cessaire pour transformer en gaz acide son carbone sura- bondant. 11 arrive quelquefois que, lorsqu'on remue la terre d'un jai'din de botanique, lies graines anciennement enfoncées, ramenées à la surface, produisent des plantes perdues depuis long-temps. On a vu , sur les ruines d'an- tiques édifices, se développer tout-à-coup des espèces incon- nues dans le pays; leurs graines, transportées sans doute de quelque canton éloigné avec les matériaux du ciment, n'ayant point été exposées au contact de l'air, avoient con- GER 4«9 serve durant des siècles toute leur force germiiialive. Des observateurs dignes de foi attestent que, dans les vastes con- trées de l'Amérique septentrionale, après la destruction dune forêt, le sol, abandonné à lui-même, se couvre sou- vent d'arbres d'une autre espèce que ceux que la hache ou le feu a détruits : phénomène facile à expliquer, si l'on admet que des semences enfoncées dans la terre pendant un temps immémorial puissent y rester dans l'inaction, et s'y conserver saines jusqu'au moment où elles éprouvent l'in- fluence de l'air atmosphérique. L'évolution est plus prompte à l'obscurité qu'à la lumière; la raison en est simple : l'un des effets de la lumière sur les plantes est de décomposer le gaz acide carbonique, d'expulser l'oxigène et de fixer le carbone ; d'où résulte l'en- durcissement des parties. Mais l'embryon, pour germer, a besoin d'être en état de mollesse; au lieu de retenir le car- bone et de l'assimiler à sa propre substance , il faut qu'il le rejette, ce qui ne peut se faire qu'autant que le car- bone, en se combinant avec l'oNigène, forme du gaz acide carbonique : or, la lumière, qui tend sajis cesse à décompo- ser ce gaz et à fixer le carbone , doit nécessairement ralentir la germination. Il ne semble pas que la terre fournisse par elle-même aucun aliment aux graines ; mais elle les reçoit dans son sein , elle les environne d'une humidité bienfaisante , elle les met à l'abri de la lumière, elle les préserve de l'excès de la cha- leur et du froid. Quant à l'espace de temps nécessaire pour la germination , il varie suivant la nature des graines et les circonstances où elles se trouvent. Les graines des graminées germent très- promptement; quelques-unes, telles que le blé, montrent leur plumule en moins de trente-six heures. Les graines des crucifères, des légumineuses, des cucurbitacées, des labiées, des ombellifères, etc., sont un peu plus tardives; celles du rosier, du cornouiller, de l'aubépine, etc., ne germent qu'au bout d'un à deux ans. Toutes sont plus hâtives qu{ind elles sont semées immédiatement après la récolte : alors les graines sont encore imbibées des sucs de la végé- tation, leurs enveloppes sont très -perméables, et leur péri- 496 GER sperme est tout prêt à fermenter. Quand les graines sont des- séchées et raccornies par l'âge , on peut avancer l'époque de la germination , en les faisant tremper , quelques heures avant de les semer , dans de l'eau à une douce température. Germination des dicot/ylédons. Si , laissant de côté les excep- tions et les anomalies , on ne considère que les faits géné- raux, vous trouvez que le mode de germination distingue assez bien les dicotylédons des monocotylédons; mais si vous pénétrez dans les détails, vous ne verrez plus de limites. Une graine dicotylédone étant semée , les lobes séminaux se gonflent, s'écartent, déchirent leurs tuniques, repoussent la terre de droite et de gauche, font passer dans la radicule l'émulsion qu'ils contiennent ou qu'ils puisent dans le péri- sperme; le caudcx descendant se dirige vers le centre de la terre; le caudex ascendant, souvent arrêté par son sommet entre les cotylédons, se courbe d'abord en arc, puis se re- dresse et monte vers le ciel ; les lobes séminaux , tantôt im- mobiles avec le collet, qui ne prend aucun accroissement, restent cachés sous le sol (marronicr d'Inde, noyer, capu- cine , etc.) . et tantôt , poussés par le collet qui s'élève , gagnent la surface de la terre (sensitive, potiron, belle de nuit, frêne, érable, pin, etc.). Ainsi s'exécute la germination dans une foule de graines bilobées. Portons à présent notre attention sur quelques faits parti- culiers. Dans le marronier d'Inde, les cotylédons demeurent sous les enveloppes séminales, et leurs pétioles, en s'alongeant, dégagent le sommet du caudex ascendant, qui, sans cela, ne pourroit se produire à la lumière. L'embryon du manglier, arbre des lagunes maritimes des contrées équinoxiales, se développe dans le fruit encore suspendu à la branche; il perce le péricarpe, produit un caudex descendant de plusieurs centimètres de longueur, se détache par son propre poids, laissant son cotylédon au fond du fruit, tombe, lu radicule la première, et s'enfonce verticalement dans la vase, où il ne tarde pas à s'enraciner. Le nelumbo et le nénuphar ont un caudex ascendant qui attire à lui seul tous les sucs des cotylédons, et le mamelon GER 491 radiculaire ne se développe pas. A son défaut, des radicelles caulinaires naissent de la base des feuilles, et pourvoient aux besoins de la plante. Le gui est essentiellement parasite; sa germination n'a de suite que lorsqu'elle s'opère sur la jeune écorce d'un végétal ligneux : son caudex descendant perce les enveloppes sémi- nales, et s'ouvre à son extrémité inférieure en une espèce de coléorrhyze qui prend la forme du pavillon d'un cor de chasse. De l'intérieur de cette coléorrhyze sortent des suçoirs radicaux par lesquels l'embryon s'attache à l'écorce des branches. Le trapa nalans a deux cotylédons inégaux en volume; le plus gros, renfermé dans les enveloppes séminales, pousse en avant un très-long pétiole , à l'extrémité duquel sont atta- chés la radicule, la plumule et le petit cotylédon. Le cyclamen, germe à la manière de plusieurs monocotylé- dons : son lobe séminal (car il n'en a qu'un ) ne quitte les en- veloppes qu'à la fin de la germination ; son caudex descendant les perce d'abord, et se change bientôt après en un tuber* cule qui s'enracine par la base. La cuscute, plante parasite, privée de cotylédons, en- fonce dans la terre son caudex descendant, et déploie son caudex ascendant en une tige sans feuille , aussi déliée qu'un fil. Cette tige, qui ne tarde pas à se ramilier, enveloppe dans ses replis les herbes voisines, s'attache à leur écorce par de petits suçoirs, se dessèche à sa partie inférieure, et finit par se séparer de la terre , dont elle n'a plus besoin. Après que la cupule dans laquelle est renfermé le gland du pin, du sapin, du mélèze, du cèdre, s"est entrouverte en deux valves, l'embryon développe son extrémité radi- culaire; celle-ci pousse en avant le sommet du péricarpe, qui s'alonge en une gaine membraneuse, jusqu'à ce que, ne pouvant plus s'étendre , il se déchire , et laisse paroître la ra- dicule. Germination àesmonocolylédons. Passons maintenant à l'exa- men des principaux modes de germination des espèces uni- lobées. Dans le maïs, le sorgho, etc., plantes de la famille des graminées, l'embryon, lout-à-fait excentrique, est recouvert 492 GER par la double paroi du tégument et du péricarpe, qu'il crève sitôt qu'il commence à germer. En premier lieu , les deux appendices antérieurs du cotylédon se touchent par leurs bords, et cachent leur blasteme ; mais, durant la germina- tion . ces appendices s'écartent : la coléorrhyze et la plumule paroissent comme deux petits cônes à bases opposées. En- suite le mamelon radiculaire s'alonge vers le centre de la ferre , et perce la coléorrhyze, dont les lambeaux subsistent en iorme de gaine à la base de la radicule; le caudex as- cendant s'élève vers le ciel; la piléole, cette feuille primor- diale extérieure, close de toutes parts, s'amincit, s'étend , se fend à son sommet, et laisse poindre les autres feuilles de la gemmule. Le cotylédon demeure sous la terre, dans les enveloppes séminales , et ne prend qu'un foible accroisse- ment. A la fin. la substance du périsperme, absorbée par le cotylédon, s'épuise, et la plantule, sevrée, tire toute sa nourriture de la terre et de l'air : c'est alors que la germi- nation est achevée. Elle s'opère à peu près de même dans les autres graminées. Dans l'oignon , l'asphodèle , le jonc , etc. , le cotylédon sort de terre et se développe en un fil grêle , se redresse vers le ciel, portant la graine à son sommet ; et la coléoptile, située a sa base, se fend en longueur pour laisser sortir la plumule. Dans le costus speciosus , le sommet du cotylédon ne change pas de forme; mais sa base, qui constitue la coléoptile, s'ouvre d'elle-même, se dilate, s'élargit, et devient une feuille semblable à celles qui doivent suivre. Dans le scirpus sjWaticus, romanus, etc., et dans d'autres cypéracécs, la plumule se développe d'abord et paroit la pre- mière. Dans le can-«a, le caiyota , le glonosa, le ligridia, etc., la coléoptile s'élève en cône, et, venant à se percer à son sommet, forme une gaine à la base de la jeune tige. Dans Valisma, le daniasonium, le polamogeton , le naias , le lutomus, etc., le collet descend dans la terre, poussant de- vant lui la radicule jusqu'à ce que des radicelles formées im- médiatement au-dessous de la plumule, qui s'échappe de la coléoptile par une fissure latérale, attachent plus fortement la plantule au sol. GER 495 Les cjcas , à cette première époque de la vie, se com- portent comme beaucoup de dicotylédons , et ont comme eux deux lobes séminaux : les enveloppes séminales s'entr'ou- vrent, et la radicule s'échappe; les cotylédons restent en- fermés dans les enveloppes, mais leurs pétioles s'alongent et dégagent la plumule. Après la germination, les cycas déve- loppent leur caudex de la même manière que les palmiers, les dracœna, les fougères, avec lesquels ils ont plusieurs traits de ressemblance. Direction de la plumule et de la radicule pendant la germi- nation. Pendant la germination , la plumule s'élève vers le ciel, et la radicule descend vers le centre de la terre : cette loi ne souffre d'exception que pour quelques parasites (le gui, par exemple), qui germent en tout sens. Comme jusqu'ici on a recherché inutilement la cause de ce phéno- mène général , on soupçonne qu'il résulte de cet ordre de choses que nous appelons la vie, et dont le principe nous est et nous sera toujours inconnu. Duhamel introduisit dans des tubes d'un diamètre déterminé, des graines d'un diamètre à peu près égal à celui des tubes ; ce fut tantôt un gland, tantôt une fé\e, tantôt un marron : il recouvrit ces graines de terre humide , et suspendit les tubes de façon que les radicules regardoient le ciel, et les plumules la terre. Les radicules et les plumules se développèrent; mais, les premières ne pouvant descendre, et les secondes ne pou- vant monter, les unes et les autres se contournèrent en spirale. Hunter plaça une fève au centre d'un baril rempli de terre , lequel tournoit sur lui-même par un mouvement continu; la radicule, sans cesse éloignée de sa direction naturelle , s'alongea dans la direction de l'axe du baril. M. Knight attacha des graines de haricot autour d'une roue que l'eau faisoit mouvoir : les radicules gagnèrent l'axe de la roue; les plumules sortirent de la circonférence eu rayons divergens. M. Knight suppose que les radicules étoient attirées vers Taxe par la force centripète , et que les tiges en étoient éloignées par la force centrifuge; mais, si l'on considère qu'à chaque révolution toutes les graines, arri- vant successivement au sommet de la roue, se trouvoient 494 GER pour un moment dans la position la plus favorable à leur croissance, on pensera que le développement rayonnant des graines ne fut que l'effet de la tendanrc ordinaire des tiges et des racines vers le ciel et la terre. Remarque sur la nature des cotylédons. Les cotylédons sont les premières feuilles dans la graine : lorsque leur tissu n'est pas rempli de périsperme, ils sont minces et veinés comme des feuilles ordinaires ; ceux qui s'élèvent au-dessus du sol et reçoivent la lumière , verdissent et décomposent le gaz acide carbonique à la manière des autres feuilles. Ils se rapprochent des feuilles encore par de certains ca- ractères propres aux différentes espèces. Ainsi, après la germination , les cotylédon* épigés des borraginées ou aspé- rifoliées sont tout couverts de poils rudes; ceux des ana- gaîlis sont parsemés en-dessous de points d'un rouge livide; ceux du menispermum fenestratuin sont percés de trous; ceux de la sensitive se meuvent et s'appliquent l'un contre l'autre, lorsqu'on les touche, etc. La cuscute n'a point de feuilles et n'a point de cotylédons. L'unité ou la pluralité des cotylédons s'accorde, en général, avec la structure des feuilles. La plupart des monocotylédons ont des feuilles engainantes, de sorte que la plus extérieure recouvre les autres; le cotylédon est la première feuille de l'embryon , et il cache la plumule dans son étui. Mais la plupart des cotylédons ont, au contraire, des feuilles libres pétiolées, ou du moins rétrécies à leur base, et dès l'em- bryon elles se montrent telles , puisqu'il offre plusieurs coty- lédons distincts. Ces rapports dans l'organisation végétale ne dépendent pas de lois si rigoureuses que la nature ne puisse jamais s'en affranchir; les ombellifères , les araliacées, etc., beau- coup de synanthérées ont deux cotylédons, et, toutefois, leurs feuilles sont engainantes. [ Mirbel , Elémens de physio- logie végétale, etc.] (Mass.) GERMON; Orcjnus, Cuv. {Ichthjol.) Genre de poissons de la famille des atractosomes, établi par M. G. Cuvier aux dépens des scombres de Linnœus , et très-voisin des thons. Les caractères des espèces qui la composent sont essentielle- ment les suivans: GER 495 Deux nageoires dorsales rapprochées ; nageoires pectorales très- longues et pan-enant au-delà de l'anus; carène saillanle sur chaque côté de la queue; unerangéede dents pointues à chaque mâchoire ; défausses nageoires derrière la seconde dorsale et l'anale. ( Voy. Atractosomes etScojiB.iE.) Les espèces contenues dans ce genre, sont: Le C7ERMON : Orcjnus germa; Scomber germo , Lacép. Mâ- choire inférieure avancée ; corps alongé , conique à ses deux extrémités; tête revêtue de Limes écailleuses, grandes et bril- Lintes; corps recouvert, ainsi que la queue, d'écailles pe- tites, pentagonales, ou arrondies; ouverture des narines alongéc en fente; œil grand et convexe; nageoires pectorales en forme de faux, roides, fortes et placées chacune au-dessus d'une fossette creusée sur le côté de l'animal, et dans laquelle la nageoire est reçue en partie lorsqu'elle est en repos; un appendice charnu dans l'angle de chacune de ces nageoires ; catopes reçus dans des fossettes analogues pratiquées sous le ventre ; première nageoire dorsale falciforme et logée de même dans un sillon sur le dos; fausses nageoires du dessus et du dessous de la queue triangulaires, et au nombre de huit ou neuf tant en haut qu'en bas; nageoire caudale en croissant, très-étendue; ligne latérale fléchie en divers sens jusqu'au-dessous de la seconde nageoire du dos; dos d'un bleu noirâtre ; côtés azurés ; ventre argenté, avec quelques bandes transversales qui disparoissent avec la vie de l'animal; ca- topes bruns en dedans, argentés en dehors; seconde nageoire dorsale rougeàtre ou dorée. Taille de trois à quatre pieds. Conimerson , le premier , a observé le germon dans le grand Océan austral, vers le vingt -septième degré de latitude mé- ridionale et le cent-troisième de longitude, dans le voyage qu'il fit avec le célèbre navigateur Bougainville, Une troupe très-nombreuse d'individus de cette espèce de poissons en- toura le vaisseau françois, à la grande satisfaction des ma- telots et des passagers, fatigués par l'ennui et les privations inséparables d'une longue navigation. Avec des hameçons on en prit sur-le-champ un grand nombre, dont le plus petit pesoit environ vingt livres , et le plus gros à peu près soixante. La saveur de leur chair éloit très-agréable et analogue à celle du thon et de la bonite. 496 GER Cette pêche abondante fournit au naturaliste que nous venons de citer, Foccasion de disséquer le germon, et d'y reconnoître quelques particularités. Le foie, par exemple, d'un rouge pâle, d'une forme trapézoïde, hérissé de pointes vers une extrémité, divisé en lobules à l'extrémité opposée, creusé à l'extérieur par plusieurs ciselures, est composé à l'in- térieur de tubes vermiculaires, droits, parallèles les uns aux autres, et exhalant une humeur jaunâtre par des conduits communs. La vésicule du fiel, conformée presque comme un lombric, a une longueur égale à celle du tiers de l'animal. L'Alalunga : Orcynus alalunga; Scomber alalunga, Gmel. ; Scomber alalunga, Linn. ; Scomber sarda , Bloch, lab. 334. Mâchoire iiiféi'ieure avancée, ligne latérale tortueuse; sept fausses nageoires au-dessus et au-dessous de la queue ; anus deux fois plus près de la nageoire caudale que de la tête. Teinte générale variant entre le bleu et l'argenté. Nageoires grises, mêlées de jaune, à l'exception de la première dor- sale , qui est noire. L'alalunga, décrit pour la première fois par Cctti, dans son Histoire des poissons et des amphibies de la Sardaigne , a une chair blanche et agréable ; il pèse de douze à seize livres, et vit, comme le thon, dans la mer Méditerranée , en troupes nombreuses et bruyantes, qui paroissent réguliè- rement à certaines époques. On le pêche aussi dans l'Océan, sur les côtes de France et d'Espagne. Il est d'une voracité excessive. A Malte, les François le nomment thon blanc, et alalunga est le nom par lequel les habitans de la Sardaigne le dési- gnent. Linnaius a donc eu tort d'écrire alalunga. (H. C. ) GERNOUNUCH {Bot.), nom arabe du cresson de fontaine, sisjmbrium nasluvtium , suivant Shan'. (J. ) GEROFLEE, Caryophjlleus. (Enlomoz.) Genre de vers intes- tinaux établi par Schrank sous la dénomination de caryo- phjUinus , changée par Gmelin en celle de carjoplijlleus, quia été adoptée par tous les zoologistes modernes et entre autres par M. Rudolphi. Abilgaard avoil proposé d'y substituer le nom de PhjUine. Les caractères de ce genre sont : Corps dé- primé, plus large et terminé en avant par une dilatation dentelée, bouche pourvue de lèvres ; anus terminal ; termi- GER ' 4ç^7 naîson. des organes de la génération à quelque distance de l'anus. Ce genre ne conlient qu'une seule espèce, décrite paP Pallas comme une espèce de taenia, par Gœtze comme une fasciole, et que M. Rudolphi figure sous le nom de T. muta- bilis, LA Giroflée citaxgeante , pi. VIII, figi 16 — 18. Son corps , d'un pouce à une ligne de long, sur une ligne à une ligne et demie de large, est oblong, le plus souvent com- primé et décroissant un peu d'une extrémité à l'autre; la plus large, qu'on regarde comme la tête , est élargie en forme de pétale d'œillct, ce qui a déterminé le nom du genre, et comme bordée d'un nombre variable de dentelures ou laci- niures. La bouche , rarement visible , est pourvue de deux lèvres larges, courtes et très-obtuses ; l'extrémité qu'on pense être la postérieure, est obtuse, et M. Rudolphi dit y avoir observé deux fois un orifice distinct. L'organe mâle , formé par une espèce de cirrhe, sort par un orifice arrondi à quelque distance de l'anus. L'appareil femelle se terrbine extérieurement par une fente transverse un peu plus éloi- gnée de l'extrémité postérieure que l'organe mâle , et au bord antérieur de laquelle on trouve souvent un petit tubercule. Le canal intestinal paroît évidemment devoir être complet, et cependant M. Rudolphi place ce genre près des ligules. Cette espèce de géroflée se trouve fréquemment dans le canal intestinal de presque toutes les espèces de cyprins, et pen- dant toute l'année. Elle a la vie assez tenace, et ses mouve- mens sont assez singuliers; elle s'alonge , se contracte, se dilate en avant , développe ou cache les laciniures de sa lèvre supérieure, de manière à changer souvent de forme. Je ne serois pas étonné que la variété que M. Rudolphi a figurée tab. VIII , fig. 18 , fût une larve de quelquesdnsectes hexapodes d munis sur la face extérieure d'une grosse bosse qui ■s'élève au-dessus de Taréole apicilaire. Les faux -ovaires du disque sont comprimés bilatér^Jcnient , striés, munis d'un rebord sur chaque arête antérieure et postérieure, et sur- montés d'une aigrette coroniforme, très-courte, dimidiée, .irrégulièrement découpée. Les corolles de la couronne ont le tube court, et la languette très-longue, large, légèrement tridentée au sommet. GiBBAiRE BICOLORE : GUlaria hicolor , H. Cass. , Bull, de la Soc. philom., Septembre 1817. Tige rameuse , cylindrique , striée, pubescente. Feuilles alternes, irrégulièrement rapprochées, longues, étroites, demi-cylindriques, uninervées, aiguës au sommet, à base élargie et semi-amplexicaule , glabres, ar« mées sur la face inférieure convexe de quelques spinelles éparses. Calathides terminales, solitaires, à disque couleur de feu, à couronne blanche en-dessus, couleur de feu en- dessous. La gibbaire est remarquable par la beauté de ses cala- thides. Nous l'avons étudiée dans l'herbier de M. de Jussieu , où elle est nommée arctolis , et où il est dit qu'elle a été re- cueillie au cap de Bonne-Espérance par Thunberg. (H. Cass.) GIBBAR (iV/amm.), nom donné, par les habitans de la Saintonge ou Charente inférieure , à une espèce de Baleine. Voyez ce mot. (F. C.) GI6BE, Gihhus. {Conchjl.) M. Denys de Montfort , Conch. syst. , tom. 2 , p. 002 , a cru devoir, sous ce nom générique, séparer des véritables maillots ou puppa, une belle espèce de ce genre, qui vit dans l'intérieur des terres de la Guiane , du côté de Sinamari , et qui est encore fort rare dans les collec- tions. Son caractère distinctif le plus remarquable consiste dans une sorte de bosse ou de déviation latérale qu'offre le dernier tour de spire, et dans la forme presque carrée de l'ouverture, qui est du reste bordée et placée a peu près comme dans les maillots. La déviation du dernier tour de spire produit aussi une large ombelle qui existe peu dans ceux-ci: et la forme de toute la coquille est conique, la 528 GIB spire étant assez élevée, quoique obtuse. Du reste , c'est tôUt- à-fait Taspect général des maillots: la couleur est blanche en dehors comme en dedans; les stries d'accroissement sont aussi très-niarquécs. Cette singulière coquille, dont on ne connoît pas ranimai, ce qui seul pourroit servir à expliquer l'ano- malie qu'elle offre, est connue dans le commerce sous le nom d'ENFANï UNIQUE. M. Dcnys de Montfort la nomme le G. de Lyonnet , G. Lyonneti, parce que long-temps ce célèbre ana- tomiste a possédé le seul individu qui existoit en Europe. Depuis ce temps, M. Lescalier, administrateur de Cayenne, en a rapporté cinq à six autres. Elle a rarement plus d'un pouce de long. (De B. ) GIBBECIERE. {Conchjd.) Nom marchand d'une belle es- pèce de peignes, dont les deux valves sont également creuses, de couleur blanche agréablement variée de jaune orangé; c'est Vostrea variegata, Linn. (DeB. ) GIBBERA. (Ornith.) Belon , en parlant des peintades, pag. 247, cite, d'après Varron , ce terme, par lequel les Romains désignoient une poule dont le plumage étoit éga- lement varié . et que cependant il rapporte aux dindons. (Ch. D.) GIBBIE, Gihbium. (Entom.) Nom employé par Scopoli, dans son Appendice à l'Introduction de l'histoire naturelle, pour un genre établi afin d'y ranger une espèce de pline , petit èoléoptère de la famille des térédyles, et voisin des espèces que Geoffroy nommoit bruches. C'est le ptinus scotias de Fa- bricius. Panzer en a donné une figure à la planche 8 de son cinquième cahier de la Faune d'Allemagne , et Geoffroy la décrit ainsi sous le nom de bruche sans ailes. « Rien n'est « plus singulier , pour la forme, que ce petit insecte; il res- « semble à un globe brun et lisse, porté sur des pattes. Sa « tête fait seulement une petite pointe d'un côté. Cette tête « est très-petite , et il en sort des antennes presque aussi f< longues que le corps; elles sont placées au devant des yeux, « qui sont très-petits : le corselet est large et fort court: « les étuis sont convexes, lisses, polis, d'une couleur de « marron ; ils sont joints et réunis ensemble, et, de plus, ils « enveloppent une grande partie du dessous du corps, en r( sorte que l'insecte est tout cuirassé. Sous ces étuis réunis GIG 5^9 « et immobiles il n'y a point d'ailes. Ses pattes et ses an- « tennes sont très -peu velues et d'une couleur claire; le filiformes. Les calathides sont immédiatement rapprochées en capi- tules globuleux ; chaque capitule est composé d'un grand nombre de calathides portées par un calathiphore nu. La der- nière rangée intérieure de la couronne, contiguë au disque, t^st ordinairement aigrettée. GiFoin COMMUNE; Gifola vulgaris , H. Cass. ; Filago germO' nica, Linn. C'est une plante herbacée, annuelle, à racine petite et rameuse, à tige haute d'environ six pouces, dressée, puis étalée, ramifiée, dichotome , cylindrique, un peu lai- neuse, garnie de feuilles; celles-ci sont alternes, demi-am- plexicaules, dressées, lancéolées, aiguës, un peu ondulées. 63a GIG laineuses sur les deux faces ; les capitules sont solitaires < d'abord terminaux, puis axillaires ou latéraux. Cette plante, nommée vulgairement colonnière , ou herbe à coton, est com- mune en Europe, dans les champs et sur les bords des che- mins et des fossés; elle fleurit en Juillet et Août. Le; filago pjramidata dt Linnaeus n'ayant point encore passé sous nos yeux, nous ne pouvons affirmer qu'il appartienne au genre Gifola , quoique la description de ce botaniste nous le persuade. Pour évifer les répétitions, nous renvoyons le lecteur à nos articles Evax et FilagO , où nous avons démontré que le filago pjgmœa étoit le vrai type du genre Filago de Linnœus; que ce genre devoit être conservé sous ce nom, et que Vevax de Gsertner devoit être supprimé. (H. Cass. ) GIGALOBIUM. (Bot.) Sous ce nom P. Browne faisoit un genre du mimosa scandens de Linnaeus, remarquable par sa gousse ligneuse aplatie, renflée sur les graines et longue de deux pieds ou plus. ( J. ) GIGANTEA. {Bot.) Suivant C. Bauhin, les Bourguignons nommoient ainsi le topinambour, helianthus tuberosus. (J.) GIGANTEA. (Bot.) Fronde simple ou découpée, cartila- gineuse, épaisse, très-glabre, intérieurement formée par une humeur muqueuse rétiforme , dans laquelle sont des graines étroites, rassemblées en petites taches ou divisées eo, séries. Stackhouse ramène dans ce genre de la famille des algue» quatre espèces, savoir, les gigantea bullata , simplicifolia, iulbosa et digitata, qu'il avoit d'abord laissées dans les/«c«s, comme Linna-us Pavoit fait pour la dernière de ces espèces, qui se fait remarquer quelquefois par une grandeur gigan- tesque. Ces espèces rentrent dans le genre Laminaria de Lamouroux, adopté par Agardh et par Lyngbye. (Lem. ) GIGARlINA. {Bot.) Les plantes marines rapportées à ce genre par M. Lamouroux ont été placées dans les fucus par les botanistes qui Pont précédé. Elles sont caractérisées par leur fructification, laquelle consiste en tubercules sphériques ou liémisphériques sessiles, dont le centre est opaque et le reste demi-transparent, à peu près comme ctla s'observe dans un grain de raisin. Ce genre renferme, selon Lamouroux, une GIG 533 cinquantaine d'espèces, presque toutes d'Europe; mais il nous paroît peu naturel et foiblement caractérisé. Il est vrai que l'auteur ne se dissimule point que les trois divisions qu'il établit pour les espèces, pourront peut-être devenir autant de genres. Stackhouse a fait rentrer un grand nombre des espèces dans ses genres Dasjplvyila , Pinnatijida, Kalifor- mia, Verrucaria , l'iagellaria , Titbercularia et Clavaria , et, par une singulière circonstance, le genre qu'il nomme Gigar- tina ne rentre pas dans celui du même nom du botaniste françois , comme on le verra dans l'article Gigarxina, qui suit celui-ci. Lyngbye adopte le genre Gigartina de M. Lamouroux ; mais il renvoie presque toutes ses espèces dans d'autres genres, tels que le Gelidium , le Chordaria, le Gaslridium et le Lomentaria. Enfui Agardh place les espèces de M. Lamouroux dans ses genres Sphœrococcus , Chondria et Chordaria. Les espèces de gigartina sont des algues rameuses à tige et rameaux grêles, cylindriques, tantôt munies de petites fron-^ dules, tantôt en étant privées; presque toujours dépourvues de ces contractions ( endophragmes , Gaillon) qui donnent à quelques-unes des espèces l'apparence articulée des ceramium. Ces espèces à contractions ont été placées parmi les ceramium par Stackhouse, et avant lui par Roth ; mais M. Lamouroux: fait remarquer qu'elles présentent la double sorte de fructi- fication propre aux fucacées, et que ce caractère n'existe pas dans les thallassiophytes articulés , ni par conséquent dans les vrais ceramium. Il fait remarquer encore que, dans les espèces qui offrent des contractions qu'on pourroit prendre pour des articulations , le tissu cellulaire intérieur n'est nulle-, ment interrompu , tandis que dans les ceramium l'interruption est complète. Mais toutefois ce caractère nesauroit être donné comme décisif ; car il y a des algues de notre section des fucacées qui ont de vraies cloisons, et la couleur verte, ou olivâtre, ou rougeàtre, des ceramium ; ainsi leur fructifica- tion peut seule faire reconnoître ces espèces d'algues. Voici les espèces les plus remarquables de ce genre : §. 1.^'' Espèces munies de petites froiidules ou petites feuilles, l," GPCAivTiNiV RAisjN : Qi^'irtina uyuria, Lamx. ; Fucus uva»- 534 GIG rius , Murray, Sjst.; Jacq. , Collcct., 3, t. i5, fig. i ; Esper, Icon. Petite plante d'un pouce et demi de hauteur environ, d'un brun verdàtre ou rougeàtie , divisée dès la base en trois ou quatre rameaux à peine divisés, garnis, surtout vers l'ex- trémité, de petites frondes sphériques ou oblongues, visqueuses à l'intérieur. Cette plante croît dans la Méditerranée ; elle tient au sol par un empâtement calleux : elle a été trouvée à Nice , à Marseille , etc. 2." GiGARTiNA VERMicuLAiRE : G'igartina vermicularis , Lmx. , Ess. Thalass. , p. 49, lab. 4, lig. 8, 9, 10 ; Fdcus vermicu- laris , Gmel., ¥uc., tab. 18, fig. 4; Fucus sedoides , Réaum., Act. Acad. Par., 1712, p. 40, tab. 4, fig. B ; Stackh. , JVer. Brit., p. 67, tab. 12; Dasjphjlla vermicularis , Stackh. Petite plante de deux à trois pouces de longueur, d'un vert bru- nâtre ; tige fixée par un petit disque aplati, menue, ra- jneuse; rameaux divergens, garnis de petites frondes gélati- neuses, cylindriques, pointues à leurs deux extrémités, éparses, excepté au sommet des rameaux, où elles sont rap- prochées; tubercules fructifères situés sur les frondules supé- rieures. Cette jolie espèce se trouve sur nos côtes dans la Méditerranée et dans l'Océan. On trouve encore sur nos côtes les gigartuia dasjphj-lla , tenuissima, pedunculata et suhfusca , Lamx. Toutes ces espèces sont figurées parmi les fucus de Turner, et, à l'exception de la dernière , font partie du genre Dasyphylla de Stackhouse. §. 2. Tige et rameaux dépoiir^'us de frondes el sans contractions, 3° GiGARTiNA coxFERvoÏDF. : Gigartiua confcrvoides , Lamx.; Fucus confcrvoides , Turn. , Icon., 84; Encycl. bot. , 1668, csp. 68; Stackh., Ner. Brit., tab. i5; Wulf, m Jacq., Coll, 3, tab. 14, fig. 1 ; Verrucaria confervoides , Stackh., J^er, Brit., edit. ait. Racine fibreuse; tiges très-alongées, fort grêles, renflées dans leur milieu, presque membraneuses, plutôt comprimées que cylindriques, plus ou moins rougeâ- tres, rameuses; rameaux translucides, filiformes, aigus, épars bu alternes, simples ou peu ramifiés, peu alongés , garnis, ainsi que les tiges, de tubercules latéraux solitaires ou agglomérés, contenant de petits grains rougeàtres. Cette espèce, confondue par beaucoup de botanistes avec la sui- GIG 535 vante , est assez commune sur les rochers de l'Océan , en France et en Angleterre. 4.° GiGARTiNA FLAGEI.LIFORME : GigartinaJlagelUformis, Lmx. ; Fucus longissimus, Gmel. , Fuc, tab. i3; Stackh. , Ner. Brit., tab. 96; Fucus Jlagelliformis, Œd., Dan., tab. 65o ; Turn., Uist., 85; Flagellaria longissima, Stackh., Ner., edit. ait.; Chordaria Jlagelliformis , Agardh , S^nops., p. 12; Lyngb. , Tent. hjdroph. ic. Racine calleuse, produisant plusieurs tiges longues d'un pied et plus, cylindriques, très- rameuses dès le bas; rameaux filiformes, dichotomes ou épars, quelque- fois rejetés du même côté, d'un rouge foncé ou d'un brun- olive presque noir , opaques. Cette plante se trouve sur toutes les côtes de l'Europe baignées par l'Océan. Elle offre çà et là de petits flocons sétacés, qui sont très-bien repré- sentés dans la figure 65o dje la Flore danoise. Selon Stack- house , sa fructification consiste en des tubercules fort petits, nus, plongés dans la substance de ses rameaux et vers leur extrémité, 5.° GiGARTiNA PURPURIN : Gigartiua purpurascens, Lamx. ; Fucus purpurascens , Turn., Hist. , tab. 9; Fucus corallinus , FI. Dan., tab, yoq; Tubercularia purpurescens , Stackh., Ner. Brit., edit. ait. D'un rouge pourpré, quelquefois nuancé de brun; tige longue d'un à six pouces et plus, très -menue, fort rameuse ; rameaux filiformes ou sétacés , épars çà et là, renflés et contenant dans le renflement des tubercules fructi- fères qui, parleur développement, se changent en mame- lons latéraux, renfermant chacun un globule opaque. Cette plante se rencontre sur les côtes baignées par l'Océan, en France, en Angleterre, dans fout le Nord, etc. 6." GIGARTI^:A VERMIFUGE : Fucus helminthocorton , Latour. , Journ. phys. , 20, tab, 1 ; Haem., Dissert, cum ic. ; Jaum., Fl.fr., tabl. 4 5 fig» 1 ? ^ ; Ceramium helminthocortos , Roth, Catalect. Petite plante d'un à deux pouces , de couleur blonde , brunâtre ou rougeâfre, qui forme des touffes serrées, compo- sées de plusieurs tiges grêles à trois ou quatre rameaux cornés, redressés, presque simples, à extrémités pointues, et à peine sensiblement articulés ; tubercules fructifères , hémisphéi'i-» ques , latéraux , épars et sessiles. Cette espèce se trouve dans la Méditerranée , en Pro^ 556 GIG rence , en Corse, en Espagne, dans l'Archipel, etc. Elle est employée en médecine : sa propriété vermifuge paroît l'avoir introduite depuis fort long- temps dans les phar- macies; elle y est connue sous les noms vulgaires de corat- line de Corse, à'helminthocortos , de mousse de mer et de mousse de Corse. C'est particulièrement de la Corse et de la Sardaigne qu'on apporte celle dont on fait usage en France et ailleurs en Europe. On se contente de la ramasser sur les rochers, sans la débarrasser des autres végétaux ou des poly- piers avec lesquels elle se trouve mélangée ; aussi peut-on, avec ■^MM. De CandoUe et Jaume-Saint-Hilaire, compter dans la mousse de ;Porse plus de vingt espèces différentes de corps étrangers ,, notamment des coraliines , et siirtout celle très- improprement nommée coralline officinale par Linnaeus , dont la vertu vermifuge paroit être nulle. C'est à Latourette qu'on doit la première description de cette plante, qu'il re- gardoit comme une espèce de fucus. On l'administre en poudre, en infusion et en sirop : on la convertit en gelée , en la faisant simplement bouillir dans de l'eau , et on corrige par du sucre sa saveur désagréable. Cette seconde division du genre Gigartina est la plus nom- breuse en espèces. Nous ne ferons que nommer le gigartina pistillata , Lanix. , ou fucus pislillatus, Turn., Gmel. , etc., qui est le fucus gigartinus de quelques auteurs. C'est dans ce genre qu'on avoit d'abord place \e fucus lichenoides , Desf. , Allant., dont M. Lamouroux a formé, dans les polypiers flexibles, un genre qui sera décrit à l'article Liagore, et dans lequel viennent se placer quelques autres productions ma-- rines semblables à des lichens, et qu'on avoit rangées parmi les fucus, §. 3, Tiges et rameaux nus, garnis de contracUons ou endo- phragmes articuliformes très -visibles, 7.° Gigartina ex forme de kali : Gigartina haliformis , Lamx. ; Fucus kaliformis , Trans. Linn. Lond. , 5, tab. 18 j Engl. Bot., tab. 640; Turn, , Hist.fuc, ic. ; Lam. , Diss. , tab. 29: Kaliformia verlicillala , Stackh. , Ner.Brit., edit. ait. ; CJiondria fca/j/ormis , Agardh : Gastridium Icaliforme , Lyngb. Plante longue de quatre à huit pouces et plus , d'un rouge GIG 557 clair ou blanc jaunâtre , molle, très-rameuse; ramifications filiformes, 'tubuleuses, éparses ou verticillées et comme arti- culées, (laulaiit plus courtes qu'elles sont plus près de l'ex- trémité de la plante; tubercules fructifères d'un rouge noi- râtre, sessiles et latéraux. Cette plante se trouve rejetée sur les côtes par TOcéan , en France et en Angleterre : on la compare pour sa forme à certaines espèces de soudes ou kalis. 8." GiGARTiNA ARTICULÉE : Gigarlina articulata, l.amx. ; Fucus articulalus, Turn.,Hist., tab. io8 ; Stackh. , Atr. Brit, , tab. 8: IJl^a articulata, Ligthf. ; Decand. , FI. Fr. , tom. 2, p. 17; Poir. , Encycl. bot., 8, p. 178: Chondria articulata, Agardli; Daxyphjlla articulata^ Stackh., Ner. Brit. , edit. ait.; Lomen.' taria articulata, Lyngb. , Tentam., ic. En touffe peu forte, longue de trois à quatre pouces; tige rose, ou purpurine ou verdàtre , adhérente aux rochers ou aux plantes marines par un petit disque étroit, rameuse, formée par une suite d'articulations ovoïdes on oblongues, d'une ligne environ de diamètre. Cttle plante délicate croit dans l'Océan et se trouve rejetée sur les plages de France, d'Angleterre, etc. Selon Sta<;khouse, les tubercules fructifères sont contenus dans les dernières articulations. Dans cette division se trouvent rangés lej^f/cw^ opuntia, Turn.y placé par Stackhouse dans son genre Ralifor>nia; le fucus cla- vellosus, ïurn., ou gastridium clavellosum , Lyngb.; le fucus cœspitosus, ou clavaria cœspitosa , Stackh.; entin, la gigartina pygmœa, Lamx. (Ess. , Thaï., tab. 4, tig. 12 , i3), ou gelidium pjgmœum , Lyngb. , qui tous se rencontrent sur nos côtes occidentales. (Lem.) GIGARTINA. (Bol.) Autre genre de la famille des algues, auquel Stackhouse rapporte son fucus Lccjlingii, et qu'il ca- ractérise ainsi qu'il suit : Fronde cartilagineuse, comprimée, presque dicholome, à rameaux égaux , obtusangles ; fructi- fication sessile, globuleuse, située au bas d'une épine ou corne terminale. ( Lem.) GIGARUM, CICHERUM. (Bot.) Ces noms, qui ont quel- que rapport avec le latin arum , sont donnés dans la Tos- cane au gouet ou pied-de-veau. Dodoens le cite sous le nom de gigaro. Les Espagnols le nomment joro. (J.) 538 GIG GIGENIA. (ôrnith.) Ce terme est employé par Aldro- vande comme synonyme de turdus , grive. (Ch. D.) GIGERI (Bot.), nom du sésame dans les Antilles; c'est aussi le gingelli ou gingili des Indes orientales. (J.) GIGIRANG (Bot.) , un des noms donnés à Varalia chinensis dans l'iIe de Java , suivant Burmann fils ; sa variété y est nommée gangirm-murra. (J.) GIGLIO (Bot.), nom italien du lis blanc, suivant Dodoens. Le même est donné quelquefois à l'iris. (J. ) GIL (Ornith.) , nom polonois du rouge-gorge, motacilla ruhecula, Linn. (Ch. D.) GILARDINA (Ornith.), nom de la maronette ou petit râle d'eau, rallus porzana , Linn., en Piémont, où l'on ap- pelle gilardouii le râle de genêt, rallus crex, Linn. (Ch. D.) GILARUM. (Bot.) Suivant Dodoens, Rlarcellus, ancien auteur , affirme que ce nom étoit donné dans les Gaules au serpolet. (J. ) GILBAN (Bot.), nom arabe de la gesse cultivée, lathyrus sativus , suivant M. Delile. (J.) GILBE (Bot.), un des noms vulgaires du genêt des tein- turiers. (L. D.) GILGUERO. (Ornith.) Ce nom espagnol du chardonneret commun ,fringilla carduelis, Linn., est donné également par les Espagnols de Buenos-Ayres au chardonneret Olivarez, ou gafarron de M. d'Azara , r.° \'5!\ ,fringilla magellanica, Vieil. (Ch. d.) GILHOOTER. (Ornith,) L'oiseau ainsi nommé dans Char- ieton est la hulotte, strix aluco , Linn. (Ch. D. ) GILIA. (Bot.) Genre de la Flore du Pérou, qui doit être réuni au cantua, dans la famille des polémoniacées , duquel il diffère cependant par sa tige herbacée. Voyez Ipomopsis. (J. et PoiR.) GILIBERTIA. (Bot.) Deux genres ont été successivement consacrés à la mémoire de Gilibert, professeur de botanique à Lyon. Gmelin a substitué ce nom à celui de quivisia, donné par Commerson au bois de quivi, genre de la famille des méliacées, qui doit conserver sa première dénomination. Le gilibertia de la Flore du Pérou paroit devoir être réuni au polj'scias de Forster dans la famille des araliacées. (J.) GIL 555 GILIBERTIA. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, polypétalées, régulières, de la famille des arallacées, de ïheptandrie heptagjnie de Linnasus , très-rap- proché des polyscias de Forster , offrant pour caractère essen- tiel : Un calice supérieur à sept dents; sept pétales, autant d'étamines; un ovaire inférieur; point de style; sept stig- mates ovales. Le fruit est une capsule ou une baie à sept loges monospermes. Le nombre des parties de la fructifica- tion varie quelquefois de sept à huit. GiLiBERTiA OMBELLE; GiUbertia umbellata, Ruiz et Pav. , Flor. Pér. , 5, p. 75 , tab. 3 12. Arbre découvert dans les grandes forêts du Pérou. Il s'élève à la hauteur de trente pieds. Ses rameaux sont glabres, jaunâtres, cylindriques, garnis de feuilles éparses, pétiolées, oblongues, acuminées ou aiguës, luisantes en-dessus, veinées en-dessous, fort grandes, longues de six à huit pouces, munies à leurs bords de quelques pe- tites dents rares. Les pédoncules sont terminaux, couverts d'écaillés ovales et rougeàtrcs, soutenant une ombelle à rayons nombreux; le rayon du centre plus alongé , angu- leux; les autres comprimés, articulés dans leur milieu ; deux petites écailles opposées à Parliculation ; l'involucre commun composé de folioles courtes, ovales, rougeàtrcs; les fleurs d'un blanc verdàtre ; le calice court; les pétales ovales, éta- lés; les filamens subulés, de la longueur des pétales; les an- thères ovales; les stigmates scssilcs , ovales, étalés. Les fruits de la grosseur d'une cerise, d'un vert jaunâtre, à odeur de fenouil , à sept ou huit loges contenant chacune une se- mence oblongue , petite et rougeàtre. (Poir.) G1LL.\ VITRIOLI. (Chim.) On appeloit ainsi le sulfate de zinc, purifié par la cristallisation, que l'on employoil autrefois comme vomitif. (Ch.) GILLENA. (Bot.) Le lintis de Linnaeus étoit ainsi nolnmé par Adanson ; mais, ce genre ayant été supprimé avec raison et réuni au cLethra dans la famille des ériciuées , l'un et l'autre nom restent sans emploi. Mœnch , voulant séparer du spirœu Pespèce désignée sous le nom de spirœa trifoliata, à cause de .son calice resserré par le haut et de son fruit simple , capsulajre et à trois loges, lui avoit donné celui de gillc~ nia. (J.) 540 GIL GILLENIA. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones j à fleurs complètes, polypétalées , régulières, de la famille des rosacées, de Vicosandrie penfagynie de Linnaeus , très- rap- proché des spirœa, offrant pour caractère essentiel .- Un ca- lice campanule, resserré à son orifice, à cinq dents, cinq pétales; des étamines nombreuses, insérées sur le calice ; cinq ovaires, autant de styles rapprochés et de stigmates en tête. Le fruit consiste en cinq capsules, chacune d'elles divisée- en cinq loges; deux semences dans chaque loge. Ce genre a été établi pour une plante rangée d'abord parmi les spirœa, mais qui en diffère essentiellement par la forme de son calice, et plus particulièrement par ses cap- sules divisées en cinq loges , tandis que celles des spirœa n'en ont qu'une seule. GiLLENiA TRIFOLIÉE : GUlenta tvifoUata , Mœnch , Mefh. ; Nuttal, Amer., 2 , pag. 607 : Spirœa trifoliata, Linn. , Spec. ; Miller, Dict. et Icon. , lab. 266 : Ulmaria major, etc. , Pluk. , Almag., tab. 206, fig. 5. Plante vivace , cultivée au Jardin du Roi , originaire de la Caroline et de plusieurs autres con- trées de l'Amérique septentrionale , qui s'élève à la hauteur d'environ un pied sur une tige glabre , rougeàtre , divisée en rameaux alternes, étalés. Les feuilles sont pétiolées, alternes, ternées, composées de trois folioles pédicellées , lancéolées, longues d'environ deux pouces, glabres à leurs deux faces, acuminées à leur sommet, un peu rétrécies à leur base, vertes en-dessus, plus pâles en -dessous, dentées en scie à leur contour; les dents inégales, très-aiguës, les nervures simples, latérales et obliques. Les fleurs sont disposées à l'ex-. trémifé des l'ameaux en une panicule très-làche , médiocre- ment rameuse ; les pédoncules et les pédicelles glabres , étalés, munis de quelques petites bractées sétacées ; le calice est glabre, verdàtre, campanule, à cinq dents aiguës; la co- rolle blanche, au moins quatre fois plus longue que le ca- lice ; les pétales étroits, linéaires, obtus; les étamines plus courtes que la coro4le. Le fruit est une capsule à cinq loges; deux semences dans chaque loge. (Poir.) GILLIT. [Orniih.) On appelle ainsi le gobe-mouche pie de Çayenne, muscicapa bicolor , Linn., lequel est le domi^ nicaiu de M. d'Azara , n.° 176. (Ch. D.}^ GIN 541 GILLON. (Bot.) Dans quelques cantons on donne ce nom au gui. (L.D.) GILLONIÈRE (Omith.), un des noms vulgaires de la grive draine, turdus xisci^orus , Linn. ( Ch. D. ) GILOCK. (Ornith.) Ce nom, dans Schwenckfeld , désigne le courlis ordinaire, scolopax arcuata, Linn. (Ch. D.) GILSTEIN. (Min.) On donne, en Valais, le nom de Gt7- stein à la pierre oUaire et à la serpentine, dont on cons- truit les fourneaux ou poêles qui chauffent les appartemens. Ces roches, dont les principales carrières sont situées dans le canton d'Hérémence et surtout dans la vallée de Viége, sont d'autant plus propres à cet usage , qu'elles supportent fort bien la chaleur sans éclater, et que leur poli est tel qu'on peut les toucher et se chauffer sans se brûler; aussi ces poêles sont-ils en usage dans le haut et bas Valais , et dans une partie de la Savoie. (Brard.) GILT CHARRE {Ichthj'oL) , nom anglois du salino carpio de Linnaeus. (H. C.) GILT HEAD , GILT POLL {Iclithyol.) -. noms anglois de la daurade, sparus aurata, Linn. Voyez Daurade. (H. C. ) GIMBERNATIA (Bot.) , nom donné par les auteurs de la Flore du Pérou au chuncho du Maragnon, que nous avions établi antérieurement sous celui de chuncoa. (J.) GIMELL. (Mamm.) C'est le nom du chameau en arabe moderne. (F. C.) GIMMEIZ. (Bot.) Voyez Djummeiz. (J.) GIMPEL. (Ornilh.) Ce nom, qui s'écrit aussi Gjwpel , dé- signe, en allemand, le bouvreuil ordinaire, loxia pjrrhula, Linn. (Ch. D.) GIMRI (Ornitli.) , nom arabe de la tourterelle, suivant Forskal, Descript. anim., pag. g. (Ch. D.) GI-NAM. {Bot.) Voyez Ginkgo. (J.) GINANNIA. {Bot.) Scopoli et Schreber ont substitué ce nom à celui de paloue , donné par Aublet à un de ses genres de la famille des légumineuses , que nous avions imprimé sous celui de palos'ea , qui se rapporte mieux à la dénomina- tion primitive. Schreber et Swartz regardoicnt ce genre comme ayant une grande affinité avec le broivnea, et Jacquin, dans ses Fragmenta botanica, les dit absolument congénères. 542 GIN Les observations faites sur des échantillons fort incomplets ne suflFisent pas pour décider la question. (J.) GINDE , SISEN {Bot.) -. noms japonois du narcisse , suivant M. Thunberg. (J.) GINEPRO (Bot.), nom italien du genévrier, juniperus , suivant Dodoens : c'est le ginebre ou enebre des Espagnols. (J.) GINESTRELLA. ( Bot. ) Suivant Césalpin , on nomme ainsi dans la Toscane une espèce de leoniodon ou pissenlit , qui est mangée en salade. (J.) GIjN'ETTA (Mamm.) , un des noms de la gcnette. (F. C ) GIjNGE. (Bot.)^ un des noms indiens de Vabrus, pois-de- bédaut, suivant Camerarius, cité par C. Bauhin. (J.) GINGELl, GINGILL (Bot.) Voyez Gior.Ri. (J.) GINGEMBRE. {Bot.) Voyez Amomum. (roin.) GINGEON. {Ornitli.) Ce canard, qu'on nomme aussi lin- geon , a été rapporté au canard jcnscn et au canard siflleur, pi. enl. de BufTon, n." 45 , anas Pénélope, Lion. M. Vieil- lot le regarde comme devant être plutôt le canard slfïleur à bec noir, anas arborea, Lath., pi., cnl. , n." 84. (Ch. D.) GINGI. {Bot.) Le chanvre est airisi nommé à Java , sui- vant Burmann. (J. ) GINGIBIL {Bot.), nom arnbe et persan du gingembre, suivant Daléchamps. (J.) GINGIDIUM. {Bot.) La plante que Dioscoride nommoit ainsi, paroît être, d'après les indications do C. Bauhin, l'ar- ledia squamata de Linnacus. Dodoens, Lobel et d'autres nom- moient de même le tordylium syriacum. Ce nom avoit encore été donné par Cordus et Daléchamps à deux carottes, daucus. visnaga et daucus gingidium ; mais aucune de ces plantes ne l'avoit conservé. Forster avoit cru pouvoir s'en servir pour désigner un de ses genres nouveaux, lequel n'a pas été adopté par Linnftus, Vahl et "VV'illdenow , qui l'ont regardé comme absolument congénère du ligusticum, quoique, selon l'au- teur, il ait l'ombelle composée seulement d'un petit nombre de fleurs dont celles du centre avortent, et que les deux in- volucres soient composés de six feiiilles. (J.) GINGIDIUM {Bot.); Forst. , Austr. , tab. 21. Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, polypétalées, régUf mères, de la famille des ombellifères , de la pentandrie digjnic GIN 64S de Linnœus , rapproché des œnanthe et des cuminum, dont le caractère essentiel consiste dans un calice à cinq dents; cinq pétales lancéolés, en cœur, réfléchis en dedans; cinq étamines; un ovaire inférieur; deux styles. Le fruit est ovale, couronné par le calice , composé de deux semences mar- quées de quatre stries. Ce genre a été établi par Forster pour une plante qu'il a découverte dans les îles de la mer Pacifique , mais dont il ne nous a fait connoître que le caractère générique, sans aucun autre détail : son inflorescence en fleurs disposées en ombelles et ombellules ; les premières inégales, les secondes peu garnies de fleurs, celles du disque stériles; un involucre composé de six folioles, tant aux ombelles qu'aux ombel- lules. (PoiR.) GINGOULE. {Bot.) Ce nom est donné, selon le docteur Paulet, à la chanterelle ou girolle ordinaire , et à l'agaric du panicaut, ou l'oreille de chardon, agaricus eryngii , Decand. Ces deux champignons sont excellens cà manger, et regardés comme une friandise dans certains endroits ; ce qui explique le nom de gingoule , dérivé des deux mots latins, gignere, engendrer, et gula, gosier, comme qui diroit, né pour être mangé avec gourmandise. (Lem.) GINKGO, GINAN, ITSIO {Bot.) -. noms japonois du s alis- huria , connu maintenant dans nos jardins sous celui de gingo. (J.) GINKGO ou GINGO. {Bot.) Genre de plantes dicotylé- dones, à fleurs incomplètes, monoïques, de la monoécie polyandrie de Linnœus , dont la famille naturelle n'est pas encore déterminée, qui paroît avoir quelques rapports avec les pistaciers. Son caractère essentiel consiste dans des fleurs monoïques. Les fleurs mâles sont disposées en un chaton fili- forme; les étamines sont nombreuses; les anthères vacillantes, deltoïdes, à deux loges réunies seulement au sommet; les fleurs femelles solitaires, munies d'un calice persistant, à quatre divisions ; un ovaire supérieur. Le fruit est un drupe sphérique renfermant un noyau. GiNKGo BiLOBÉ : Ginhgo biloba, Linn., Mantiss.; Thunb. , Jap., 028 ; Gingo, Kœmpf. , Aman. exot. , pag. 811 et 812, Icon., 8i3; Satisburia adiantifolia , Smith, Act. soc. Linn, ^44 G-irs Lon'i., 5, pag. 300. Bel arbre, originaire dii Japon et delà Chine, cultivé en France depuis plusieurs années, qui par- vient, d'après Ka'mpfer, à la grandeur d'un noyer, remar- quable par la forme très-paiticulière de ses feuilles. Son bois est tendre , revêtu d'une écor<^e grisâtre , crevassée , Tin peu ridée ; l'intérieur rempli d'une moelle fongueuse. Son tronc se divise en rameaux alternes, glabres, très-ouverts, garnis de feuilles alternes sur les jeunes pousses, fasciculées sur les nœuds ou tubercules des branciies, pétiolées, cunéi- formes, à bord supérieur arrondi , légèrement incisé ou cré- nelé inégalement, avec une grande échancrure au milieu, qui le partage en deux lobes. Ses feuilles sont glabres, fme- inent striées par des veines nombreuses, parallèles et four- chues, sans nervures ni côtes remarquables , assez semblables par leur forme aux feuilles de l'adianthe : elles sont larges d'un à trois pouces; les pétioles longs de deux pouces, un peu canaiiculés. Ses fleurs sont unisexuelles ; elles naissent au sommet des rameaux : les mâles sur des chatons un peu longs et peu- dans ; les fleurs femelles solitaires dans les aisselles des feuilles, soutenues par des pédoncules épais, longs d'un pouce. Le fruit est un drupe ovale, arrondi, de la gros- seur d'une prune de Damas, parsemé de tubercules à sa surface, charnu, d"un jaune pâle à l'extérieur, blanc et succulent en dedans; sa chair adhère fortement au noyaii , qui est une fois plus gros qu'une pistache , et dont la coque, mince et fragile, renferme une amande d'un goût légèrement acerbe, mais assez agréable. Cette amande entre dans la préparation de plusieurs alimens ; on la sert aussi sur les tables, et on la mange après les repas pour aider la digestion. On la fait encore rôtir sur des charbons , comme les châtaignes. Cet arbre supporte bien la rigueur de nos hivers; on le perpétue de marcottes et de drageons. Peut -être pourroit-on parvenir à le naturaliser et à en obtenir de bons fruits. (Poia.) GINNUS. (Mamm.) C'est le nom qu'on donne au mulet qui provient quelquefois de l'accouplemen-t d'un mulet avec nne jument ou une ànesse. fi". C.) GINOCHIELLA. (Ornith.) Aldrovande dit que cet oiseau GIN 543 pourroit être rapporté au genre de l'œdicnème, vulgaire- ment nommé courlis de terre , s'il n'avoit quatre doigts aux pieds; mais cette seule circonstance l'en écarte, et c'est vrai- semblablement le motif pour lequel Brisson l'a rangé parmi les vanneaux , sous le nom de vanellus bononiensis. Au reste , l'existence même de l'oiseau dont il s'agit n'est pas très-au- thentique. (Ch. D.) GINOCHIÉTTO {Bot.), nom italien du sceau-de-Salomon ^ poljgonatum, cité par Matthiole. (J. ) GINORE, Ginoria. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, polypétalées , régulières, de la famille des iylJiraires , de la dodécandrie monogjnie de Linnœus , ca- ractérisé par un calice coloré, urcéolé, à six divisions; six pétales longuement ongtiiculés , insérés vers le haut du tube du calice; douze éfamines attachées au-dessous des pétales; les anthères réniformes; un ovaire supérieur, surmonté d'un style subulé, d'un stigmate obtus. Le fruit est une capsule uniloculaire, acuminée par le style, à quatre sillons, à quatre valves, renfermant des semences nombreuses, atta- chées autour d'un placenta épais, arrondi. GiNORE d'Amériql'e: Gînoria americana , Linn. ; Jacq. , Amer., tab. 91, et Icon. pict., tab. 107; Lamck, lU. gen., tab. 407. Arbuste élégant, qui a le port d'un myrte, originaire de l'île de Cuba, qui croît le long des ruisseaux, parmi les pierres et les rochers, dont les fleurs, ainsi que les fruits, se montrent dans le mois de Décembre. Les tiges s'élèvent à la hauteur de trois ou quatre pieds : elles se divisent en ra- meaux glabres, cylindriques, comprimés à la naissance des feuilles; celles-ci sont opposées, presque sessiles, glabres, entières, lancéolées, aiguës, longues d'un pouce et demi; les pédoncules un peu plus courts que les feuilles, solitaires dans l'aisselle des feuilles supérieures ; les fleurs grandes, d'un beau rouge bleuâtre, inodores, ayant envii'on un jiouce de diamètre; leur calice est campanule, persistant, à six divisions aiguës ; la corolle composée de six pétales plans , arrondis, étalés, beaucoup plus grands que le calice, munis de longs onglets: les étamines plus courtes que la corolle;- l'ovaire arrondi, aplati en-dessus ; le style de la longueur de la corolle, persistant, à stigmate obtus. Le fruit eoit^' x8. 55 .546 GJN siste en uae capsule arromlie, luisante, un peu apïatîe en-dessus, d'un ronge noirjtre , à une seule loge, s'ou- vrant par son soniniet eu quatre valves , contenant des semences petites et nombreuses, attachf'es autour d'un pla- centa épais, arrondi. U est a regretter que cet arbrisseau ne soit point cultivé dans nos jardins d'Europe; il y pro- duiroit un très-bel effet. (Poin.) GINOUS. {Mamm.) On dit que c'est un des nomsdu Magot. Voyez ce mot. (F. C.) GINOUSELE. [Bot.) Suivant M. Gouan , l'épurge, ei/phor- hia laLkjris , est ainsi nommé aux environs de Montpellier. (J.) GIN-RAN {Bot.), nom japonois, suivant M. Thunberg , de son epidendrum nervosum, qui est le inalaxis nervosa de Svvartz. ( J.) GINSEN ou GINSENG, Vanax. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes , polypétalées , régulières, de la famille des araliacées , de la pentandrie digynie de Lin- naeus, offrant pour caractère essentiel : Des fleurs souvent polygames ; un calice court , à cinq dents persistantes ; cinq pétales égaux, recourbés; cinq étamines caduques; un ovaire inférieur, surmonté de deux styles courts; les stigmates sim- ples. Le fruit est une baie en cœur, ombiliquée , à deux loges; une semence dans chaque loge. Dans les fleurs poly- games, le calice des fleurs mâles est entier; les filamens des étamines un peu plus longs. Le pistil manque. Ce genre comprend des herbes ou arbrisseaux à tige simple , à feuilles la plupart digitées, quelquefois disposées en ver- ticille ; les fleurs réunies au sommet des tiges en ombelles simples ou composées, auxquelles succèdent des baies à deux semences. Dans ce genre est compris ce célèbre ginseng dont les Chinois font un usage si fréquent. * Espèces a tige herbacée. GiNSEN A CINQ FEUILLES : PuTiax quhiquefoUum , Linn., Spec; Lamk., III., gen., tab. 860, fig. 1 ; Blackw., tab. 5]3; Flor. medic, tab. 184: Aureliana canadensis , Lafit. , Gins., S\ . tab. 1; Catesby, Carol. , App. , tab, 16; Araliastrum, etc., Trew, Ehret. , tab. 6, fig. 1 ; vulgairement Jin-chen en GIN Uf Chine; Orkhoda chez les Tartares-Mandchoux ; Garent- DGUEN chez les Iroquois; Gen-Seng, Ging-Seng, Ginseng , chez les François. Cette plante, qui a joui pendant long- temps de la plus haute réputation , est pourvue de racines charnues, fusifonnes, de la grosseur du doigt, longues de deux ou trois pouces, roussàtres en dehors, jaunâtres en dedans, souvent divisées en deux branches pivotantes, garnies de quelques fibres menues à leur extrémité, d'une saveur un peu acre, légèrement amère , aromatique. Au- dessus du collet de la racine est un tissu noueux, tortueux, où sont imprimés les vestiges d'anciennes tiges détruites^ Ces racines poussent, chaque année, une tige glabre, droite, haute d'un pied, très-simple, garnie à sa partie supérieure de trois feuilles pétiolées , disposées en verticille, composées chacune de cinq folioles inégales, un peu pédicellécs , ovales- lancéolées, aiguës, vertes à leurs deux faces, un peu vei- nées, dentées à leurs bords. Du centre des trois feuilles s'élève un pédoncule commun qui supporte une petite om- belle simple, composée de fleurs de couleur herbacée, dont un grand nombre avortent ; il leur succède des baies arron- dies, un peu comprimées latéralement, de couleur rouge à l'époque de leur maturité. L'ovaire est quelquefois surmonté de trois styles dans les fleurs hermaphrodites. Cette plante , cultivée au Jardin du Roi , n'a été connue en Europe qu'au commencement du dix-septième siècle; elle y fut apportée par des Hollandois qui revenoient du Japon. Les Japonois la tiroient de la Chine : on prétend qu'elle croît dans les grandes forêts de la Tartarie , sur le penchant des montagnes, entre le 09.^ et le 47.* degré de latitude septentrionale, où elle est si rare qu'elle se vendoit , chez les Chinois, trois fois son poids d'argent. On sait aujourd'hui qu'elle est très-commune dans la Virginie < le Canada et la Pens\lvanie; on en a transporté en Chine? une si grande quantité qu'elle s'y vend maintenant à un très-bas prix. Il est difficile de la multiplier dans nos jardins d'Europe autrement que par des graines tirées de son pays natal, celles qu'elle donne dans nos jardins étant trop sou- vent d'une médiocre qualité, outre que ses racines se prêtent difficilement à des divisions au moyen desquelles 548 GIN on pourroit la propager. Sa culture consiste à la placer à l'ombre, dans la terre de bruyère, et à l'arroser pendant les chaleurs: elle ne craint pas les plus fortes gelées; elle fleurit au mois de Juin : elle perd ses tiges tous les ans; mais ses racines sont vivaces. La haute réputation du Ginseng en a fait long-temps une plante rare et précieuse. Sa racine, qui est seule usitée en médecine, est recueillie par les Tartares et les Chinois avec beaucoup de soins et d'appareil, au commencement du printemps et à la fin de l'automne. Geoffroy rapporte , d'après le père Jartoux, que, pour la livrer au commerce, on commence par la ratisser avec un couteau de bois de iiambou , en prenant garde de déchirer son écorce ; on la lave ensuite dans une décoction de graine de millet ou de riz, et on la fait sécher exactement à la fumée de cette même graine , qui a été bouillie dans l'eau. Quand elle est bien sèche, on en retranche les radicules, et, lorsque le vent du nord soufle, on l'enferme dans des vases de cuivre bien clos , qu'on tient dans des endroits secs : sans cette pré- caution ces racines seroient en danger de se pourrir promp- tement, ou d'être rongées par les vers. On fait un extrait des plus petites racines, et on garde les feuilles pour s'en servir comme de thé. Le même auteur rapporte que l'em- pereur de la Chine avoit employé dix mille Tartares , en l'année 170g, pour recueillir cette plante dans les déserts où elle croit naturellement, les avoit fait garder par une troupe de mandarins qui campoient sous des tentes , dans des endroits convenables à la subsistance de leurs chevaux, et qui, de là, envoyoient des détachemens de troupes pour veiller à cette récolte. M. Vaidy a décrit, d'après John Burow, un procédé dif- férent de celui qui vient d'être exposé, mais qui paroît être véritablement employé par les Chinois, puisque l'au- teur anglois le tenoit de la bouche même d'un mandarin. Selon ce procédé, on recueille les racines du ginseng après la floraison ; on les lave , avec l'attention de ne point en altérer la peau ; on les plonge ensuite pendant trois ou quatre minutes dans de l'eau bouillante , et on les essuie ^soigneusement avec un linge fin : alors on le& fait sécher GIN 549 dans une poêle , sur un £eu doux. Quand elles commencent à devenir élastiques, on les place parallèlement sur un linge humide , avec lequel on les enveloppe en les liant for- tement : ces paquets sont placés eux-mêmes sur un feu doux, pour les priver de toute humidité. Enfin, on les met dans des boites doublées en plomb , lesquelles sont ren- fermées dans d'autres boites plus grandes, avec de la chaux vive, pour écarter les insectes. Cette racine, ainsi desséchée, est de la longueur d'environ deux pouces, de la grosseur du petit doigt, d'un jaune pâle à l'extérieur, d'une subs- tance demi-transparente, compacte et comme cornée inté- rieurement; sa saveur, quoique sucrée et analogue à celle de la racine de réglisse, est un peu amère et légèrement aromatique. Les Indiens et les Chinois en particulier considèrent cette racine comme un analeptique précieux, comme un tonique puissant, et comme un excellent aphrodisiaque : ils lui attribuent la propriété de donner de l'embonpoint à ceux qui en font usage; de rétablir, comme par enchantement, les forces épuisées par la fatigue , les plaisirs de l'amour ou des méditations profondes ; ils lui supposent la faculté de préserver des maladies pestilentielles, et de prévenir les accidens des maladies éruptives. Les Chinois y ont recours dans toutes leurs aflections, et les gens riches, parmi eux, ne prennent pas un médicament dont le ginseng ne fasse partie. Dans la petite vérole, lorsque l'éruption cesse de pousser, on en donne une grande dose avec un heureux succès: elle augmente la transpiration, répand une douce chaleur dans le corps des vieillards, affermit tous les mem- bres; on prétend même qu'elle rend tellement les forces à ceux même qui sont à l'agonie , qu'elle leur procure le temps de prendre d'autres remèdes, et souvent de recou- vrer la santé. 11 y a sans doute beaucoup d'exagération dans l'éloge que l'on fait des propriétés de cette racine : néanmoins le père Jartoux assure avoir éprouvé sur lui-même, pendant qu'il étoit en Tartarie , les vertus salutaires du ginseng, après un tel épuisement de travail et de fatigues qu'il ne pouvoit pas même se tenir à cheval ; et il dit qu'une heure après 55o GIN en avoir pris la moitié d'une racine , il avoit été entièrement rétabli, qu'il s'étoit senti plus vigoureux et en ctat de sup- porter le travail beaucoup mieux qu'auparavant. On ne finiroit pas, si l'on vouloit rapporter tous les effets mira- culeu.>t et vraiment incroyables qu'on attribue à cette mer- veilleuse racine, décorée, dans le style figuré des Asiatiques, des titres d^esprit pur de la terre, de recette d'immortalité , de reine des plantes, etc. Toutes ces prétendues propriétés médicales du ginseng , auxquelles le célèbre Cullen n'ajoute aucune croyance, ne paroissent fondées, au jugement de Peyrilhe , que sur l'exa- gération superstitieuse des Chinois, et sur la cupidité des négocians hollandois , très-flattés d'une erreur qui, dans un lejnps de rareté, leur a fourni l'occasion de vendre une seule de ces racines jusqu'à cent cinquante florins. Quoi qu'il en soit, cette racine, pulvérisée, est administrée en substance d'un à deux gros, et en infusion aqueuse ou vi- , neuse , à dose double ou triple. Ou l'introduit dans des con- serves, des biscuits et des gâteaux. GiNSEN A TROIS FEUILLES : Panox trifoUum , Linn., Spec. ; Lamk. , III. gen., tab. 860, fig. 2; Araliastrum , etc., Trew, Eliret., tab. 6, fig. 2; Nasturtium marianum, etc., Pluck. , tab. 435, fig. 7. Cette espèce, très-rapprochée de la précé- dente , n'en est peut-être qu'une variété; elle en diffère cependant par sa tige beaucoup plus courte, et par la pe- titesse de ses autres parties : elle parvient à peine à cinq pouces de hauteur. Sa tige est pourvue, dans sa partie su- périeure, de trois feuilles pétiolées , disposées en verticille , composées de trois, quelquefois de quatre folioles sessiles, Ovales- lancéolées, dentées. Ses fleurs sont réunies en une petite ombelle terminale à l'extrémité d'un pédoncule qui semble n'être que la continuation de la tige. Cette plante croît dans la Virginie, le Maryland , etc. Forster, Prodr. , n° 099 , fait mention d'une espèce découverte dans la Nou- velle-Zélande, sous le nom de Panax simplex , à feuilles alternes, lancéolées, dentées en scie; les ombelles sont com- posées d'autres petites ombelles ou ombellules. GIN 55i a tîge GiNSEN A AIGUILLONS : Punux aculcatum , Linii. fils, Supp.; Jacq. , Icon. rar., 5 , tab. 634 ; Zanthoxjlum trifoUalum, Linn. , Spec. Petit arbrisseau originaire delà Chine, qui s'élève à la hauteur d'environ trois pieds, dont les tiges, les rameaux et les pétioles sont armés d'aiguillons, et le feuillage d'un vert luisant. Ses feuilles sont alternes, pétiolées , compo- sées chacune de trois folioles glabres , ovales, dentées à leurs hords. On trouve sous chaque pétiole un petit aiguillon très- aigu , et à leur sommet un ou deux autres, près de l'inser- tion des folioles; souvent même la nervure de chaque fo- liole est chargée de quelques petits aiguillons, et les den- telures terminées chacujie par un lilet très-court. Les fleurs sont pédonculées, disposées en ombelles simples , terminales, hémisphériques; les styles au nombre de trois. On cultive cette plante au Jardin du Roi ; elle passe l'hiver dans l'oran- gerie , et se perpétue de boutures et de drageons. Le Panax arborea, Linn. fils, Supp., est une plante ligneuse de la Nouvelle-Zélande, dont les feuilles sont pétiolées, di- gitées, composées chacune de sept folioles oblongues, très- glabres, luisantes, denticulées à leurs bords, de diverse grandeur; les fleurs disposées en une grande ombelle com- posée , à rayons alongés : elle n'est point encore connue dans les jardins de botanique. GiNSEN DE Teknate : Panax frulicosuiti , Linn., Spec; Scu- leUaria tertia , Rumph., Anihoin. , 4, pag. 78, tab. 33. Arbris- TSeau de l'ile de Ternate, qu'au rapport de Fvumph on cul- tive à Amboine , dans les jardins, non-seulement comme or- nement, mais principalement à raison de son usage en mé- decine : ses racines et ses feuilles passent pour diurétiques; elles sont employées utilement dans la néphrétique, la dy- surie, etc. Ses tiges s'élèvent à la hauteur de six ou sept pieds; elles sont garnies de feuilles alternes, pétiolées, plu- sieurs fois composées , deux et trois fois ailées , à folioles glabres, lancéolées, dentées et ciliées à leurs bords : les pédoncules sont ramifiés sans ordre; leurs dernières divisions portent de petites ombelles un peu lâches. Le fruit est une baie un peu comprimée , qui renferme deux semences sil- 662 GIN lonnées. Toute la plante a une odeur pénétrante qui ap- proche de celle du persil. Le Panax pinnatum, Lamk., Encycl. , se distingue de la précédente par ses feuilles simplement ailées avec une im- paire; les folioles ne sont pas dentées; les baies sont ar- rondies, légèrement comprimées, un peu plus grosses que celles du genévrier, renfermant deux semences presque osseuses. Cette plante croît dans les Moluques; elle a été figurée par Rumph, sous le nom de scutellaria secunda , Herh. Amboin., 4, pag. 76, tab. 32. Ses feuilles ont une sa- veur piquante : une odeur assez forte , aromatique : quelques personnes, à Amboine , les font cuire comme potagères; d'autres les mâchent crues pour se parfumer la bouche; les femmes s'en frottent les cheveux , et en font même usage dans les bains. GiNSEN ÉLÉGANT : Panox speciosum , Willd., Spec, 4 5 P'ig» 1126; Encycl., Supp. , 2 , pag. 778 (par erreur, P. spinosa). Grand et bel arbre, qui croît aux environs de Caracas, sur les collines stériles, et que M. Ledru a également recueilli à Porto-Ricco. Son tronc est revêtu d'une écorce blanchâtre: ses feuilles naissent à l'extrémité des rameaux ; elles sont alternes, longuement pétiolées , digitées , composées de neuf à dix folioles pédiceUées, longues d'un demi-pied , luisantes, veinées, d'un vert foncé en-dessus, tomenteuses et soyeuses en-dessous, un peu jaunâtres, oblongues , acuminées à leur sommet, légèrement sinuées à leurs bords. Les fleurs sont disposées en une panicule droite, alongée , terminale, pu- bescente, un peu blanchâtre; les ramifications courtes, presque simples, soutenant de petites fleurs en ombelles, dont le calice est pubescent, à cinq petites dents aiguës; l'ovaire comprimé, surmonté de deux styles courts, persis- tans. Le fruit est une baie sèche, de la grosseur d'un pois, comprimée , arrondie , contenant deux semences orbicu- laires. GiNSEN A FEUILLES DORÉES : Panax clirjsophjllum , Vahl, Egl. , 1, pag. 53; Panax worotoloni , Aubl. , Guian. , 2, pag. 949, tab. 36o; Jacaranda, Barr. , j^quin. , 61, et Marcgr., Bras. ; vulgairement Bois-canon bâtard. Arbre de Saint-Jean. Il a déjà été fait mention de cette plante à l'article Bois- CAO 553 CANON BATARD ( voycz cc iiiot). Cc bcl arbrc est remarquable par le duvet Jaunâtre et tomme doré qui revêt les jeunes rameaux, le dessous des feuilles, ainsi que les pétioles, les calices et les pétales en dehors. Les feuilles sont trés-am- ples, composées de sept k neuf folioles longues de huit à dix pouces; le pétiole commun long d'un pied. Les fleurs sont disposées en une ample panicule diffuse et terminale ; les deux ramifications inférieures opposées; les autres al- ternes, accompagnées de bractées; les dernières divisions soutiennent des ombelles de huit à treize rayons , munies d'une écaille à leur base. Le fruit est une baie arrondie , comprimée, plus large que longue, à deux, rarement à trois loges; une semence à demi orbiculaire dans chaque loge. (nxsE?; A FErii-LEs kétrécîes ; Panax attenuatiim , Swartz , Flor. Ind. occid. , 2, pag. 662. Cette espèce, découverte à la Jamaïque , a des tiges ligneuses, pourvues de rameaux glabres, cylindriques. Ses feuilles sont alternes, éparses, pétiolées , composées de trois ou cinq folioles ovales , élargies , pédicellées, longuement rélrécies k leur sommet, roides, très-glabres, crénelées à leurs bords; les fleurs disposées en ombelles terminales, à cinq rayons très-alongés ; le pé-- doncule commun très-court; les ombellules très-courtes; les involucres fort petits; le calice urcéolé ; la corolle composée de cinq pétales ovales , aigus et caducs ; le fruit glabre , ar- rondi, un peu comprimé. (Poin. ) GINTEL. {Ornith.) Voyez Gyntel. (Ch. D.) GIOÇARA. (Bot.) Voyez Giçara. (J.) GIOÉNIA, Char. [Malacoz.) Dénomination qui rappelle à la fois une des plus fortes supercheries qui aient été faites en histoire naturelle, et combien il est important d'avoir des notions positives sur l'organisation des animaux avant de recueillir dans des traités généraux les observations particu- lières. On sait en efl'et, depuis la remarque qui en fut faite par Draparnaud , que l'animal dont un chevalier de Malte sicilien , Gioéni , avoit proposé modestement de faire sous son propre nom un genre et même une nouvelle famille de testacés , auquel un zoologiste allemand , nommé Retzius , avoit cru devoir donner le nom de tricla, et qu'enfin Bruguièresi 554 GIO dans FEncyclopédie méthodique, avoit dé'crit et figuré sous la dénomination de Chah , n"est autre chose que restomac d'une espèce de bulle, la bullc-oublie, huila lignaria; et ce- pendant Gioéni en décrivit les mœurs et les habitudes avec un assez grand nombre de particularités, dont nous croyons devoir donner l'extrait. « Etant , dif-il, à examiner les basaltes <^ volcaniques qui de lEtna s'étendent à la mer Ionienne, les « pécheurs me montrèrent plusieurs multivalves dont la figure «singulière me frappa, et qu'ils me dirent ne connoifre que «depuis un assez petit nombre d'années et depuis qu'ils em- « ployoicnt une espèce de filet qui racle le fond de la mer. «Comme il m'étoit impossible de reconnoitre l'animal ainsi «contracté, je m'avisai d'en chercher de vivans. Je réussis «enfin à m'en procurer quelques-uns dans un vase rempli «d'eau de mer. Leur vie assez courte ne me permit que de «joindre quelques particularités à la description que j'en vais «donner.'-' il commence en effet par donner des détails nom- breux et assez exacts sur l'extérieur et l'intérieur de ce prétendu animal; après quoi il ajoute . «Cet animal vit entiè- « rement caché sous le sable : pour en sortir, il se fait un «chemin avec son écusson (la plus petite pièce calcaire de «l'estomac), qu'il meut en tout sens, et par son moyen il « s'élève sur le tranchant des deux valves; il pose ensuite à «terre la trachée postérieure (c'est le commencement de lin- «testin), et dirige l'autre (l'œsophage) verticalement. Le «même écusson sertau mouvement progressif: l'animal l'avance «en retirant la partie supérieure et la comprimant sur le sable; «il se traîne ensuite lentement, mais avec tant de force qu'il «laisse derrière lui deux sillons formes par le tranchant de «ses valves", comme pourroit le faire un char. Il m'a semblé «qu'il pouvoit à peine faire une ligne de chemin en huitse- « condes. Il se dirige en arrière par le même mécanisme, mais «encore beavucoup plus lentement. Dans ses mouvemcns je « lui ai vu alonger la trachée supérieure et tàter le sol, peut- «être pour chercher ses alimens. Au moindre choc il la rentre « entièrement en dedans, en la mettant à couvert sousla partie «supérieure de l'écusson ; si le choc est plus violent, l'animal «tombe sur l'un des flancs, tâchant de se creuser, à l'aide de «son écusson, un abri sous le sable. Dans cette position, et GIR 555 « en le prenant entre les doigts, j"al au comment, avec le même «■ organe il peut couvrir et défendre à volonté les deux ouver- «turessur lesquelles il se trouve.^' Ces détails sur les habitudes d'un estomac, dont la description est réellement fort exacte, sont tellement circonstanciés , qu'il est peut-être permis de croire que, lorsqu'il est détaché immédiatement de l'animal, il conserve encore quelque temps la faculté de se mouvoir, et que ce sont ces mouvemens particuliers que Gioéui a con- vertis en mouvemens de translation. Quoi quil en soit, les résultats de son erreur ou de sa supercherie sont consignés dans une dissertation de 24 pages in-S.", imprimée , en 1 782 , à Naples , sous le titre de Descrizione di una nuova famiglia e di un nuovo génère di testacei , trovati ncL littorale di Catania da Giuseppe Gioeni , etc., avec une planche qui donne les ligures détaillées de l'estomac sous toutes ses faces. (De B. ) GIOGLIO (Bo/.) , nom italien de l'ivraie vlvace , lolium perenne, selon Daléchamps , ainsi que de l'ivraie des blés, lolium temulenluin , qui est aussi nommée logHo. (J. ) GIOJx\ (Ornith.), nom du coracias, à Turin . où le choucas des Alpes est appelé gioja d'mounlagna. (Cn. D.) GIOL (Bot.), nom de l'ivraie, lolium temulcntum , aux en- virons de Montpellier, selon M. Gouan. (J.) GIOLEÏ [Bot.), un des noms vulgaires de la momordique élastique. (L. D.) GIORNA. {Iclithjol.) M. de Lacépède a donné ce nom à une espèce de raie que l'on a rangée depuis parmi les cépha- loptères. Voyez ce mot. (H. G.) GIP-GIP. [Ornith.) On appelle ainsi, au Brésil, une es- pèce de martin-pêcheur, clccdo hrasiliensis , Lath. (Gh. D.) GIRAFE, GIRAFFE; Camdopardalis , Linn. {M amm.) Nom dérivé du nom arabe girnaJJ'a, et que les Européens ont adopté pour désigner le plus élevé des mammifères connus. La girafe appartient a la famille des ruminans , où elle constitue, à elle seule, un genre qui, d'une part, a des rap- ports avec les cerfs, et de l'autre avec les antilopes. Elle a le front couronné, comme les premiers, de deux protubé- rances osseuses qui ne sont point revêtues de matière cornée, et, comme dans les seconds, ces protubérances, n'étant point caduques , restent constamment couvertes de peau et de poils. 556 GIR Lorsque cet animal a acquis toute sa grandeur et qu'il relève sa tête, il a jusqu'à vingt pieds de hauteur, et il doit surtout cette taille considérable à ses jambes de devant et à son cou, qui leur est proportionné; son train de der- rière est beaucoup plus bas que celui de devant, ce qui donne à son corps et doit donner à ses mouvemens un ca- ractère tout particulier. Sa tête a des analogies de forme avec celle des chameaux; mais, ce qui la caractérise essen- tiellement, c'est l'élévation sphcrique très-grande delà partie moyenne de son chanfrein. Ses organes de la mastication sont semblables à ceux des ruminans à cornes creuses, c'est- à-dire qu'il a huit incisives inférieures et six molaires de chaque côté des deux mâchoires, et point de canines comme les chameaux , les chevrotains et quelques cerfs; sa lèvre supérieure est très-grande et Irès-mobile, mais entière et sans muffle ; ses oreilles ressemblent à celles du bœuf, ainsi que sa langue, qui est couverte de papilles cornées. Du reste il a tous les caractères généraux des Ruminans (voyez ce mot). Son pelage est ras, gris, parsemé de grandes taches jaunâtres, en forme de parallélogrammes; sa queue, qui descend jus- qu'aux jarrets, est terminée par une touffe de poils noirs; tout le long de son cou règne une crinière droite, alternati- vement composée de poils noirs et jaunes: et les protubé- rances de sa tête sont garnies à leur sommet, qui est obtus, de poils roides et droits, qui y forment une sorte de brosse. La patrie de cet animal est l'Afrique. Aujourd'hui, pour le trouver, il faut s'avancer dans l'intérieur de ce continent, où il paroit avoir été moins rare autrefois ; car depuis fort long-temps il n'en a point été amené en Europe, et les Ro- mains en ont vu plusieurs. Il a été décrit très-distinctement par Oppien et Strabon. Pline l'indique , et nous apprend que César le fit voir le premier à Rome aux jeux du cirque. Le nom de caméléopard lui avoit été donné par les Latins (car les Grecs ne le connurent point), à cause des rapports qu'il a avec le chameau par son naturel et sa taille, et avec la panthère par ses taches. D'après ce que la plupart des voyageurs rapportent, on voit que la girafe est un animal assez facile à apprivoiser, et comme il est très-fort, il ne seroit peut-être pas im- GIR 557 possible de le soumettre utilement , en Afrique , à la do- mesticité. Nous avons donné dans l'Atlas une figure originale de la girafe , faite d'après le squelette et la peau bourrée qui se trouvent dans le Muséum d'histoire naturelle. (F. C. ) GIRAFRA. (Mamm.) C'est ainsi que Jonston écrit le nom de la girafe. (F. C.) GIRx\LDIEU {Oniith.) , un des noms vulgaires de la ma- rouette, rallus porzana , Linn. (Ch. D.) GIRANDETS et GIRANDOLES. (Bot.) Voyez Girolles. (Lem.) GIRANDOLE (Bot.) , nom vulgaire sous lequel on désigne Vamaryllis orientalis , et la gyroselle , meadia dodecatheon. (L. D.) GIRANDOLE D'EAU {Bot.), nom vulgaire de Vhottonia paluslris. (L. D.) GIRARD (Ornif/i.), un des noms vulgaires du geai com- mun , cort'us glandarius , Linn. (Ch. D.) GIRARD -ROUSSIN {Bot.), un des noms vulgaires de l'asaret dEurope. ( L. D.) GIRARDE. {Bot.) On donne ce nom à une variété de la julienne des dames. (L. D.) GIRARDEL. {Ornith.) L'oiseau auquel on donne ce nom dans les environs du lac Majeur, est rapporté, par Brisson , à sa grande barge grise , scolopax glottis, Linn. : lotanus glottis , Bechst. , et chevalier aboyeur de M. Temminck. (Ch. D. ) GIRARDELLA COLUMBA. {Ornith.) Nom que, suivant Aldrovande, lesMilanois donnent à la grinette, /u/ica nœyia, Linn., et gallinula nœvia , Lath. Brisson applique ailleurs le mot girardello au corlieu, scolopax phœopus , Linn. (Ch. D.) GIRARDINE. (Ornith.) Dans le département de la Somme, on donne ce nom, que les Milanois écrivent giraldina , à la marouette ou petit râle d'eau , rallus porzana. Linn. (Ch.D.) GIRASOL. {Bot.) Les Portugais nomment ainsi le grand soleil des jardins, helianthus annuus, au rapport de Vandelli. Dodoens dit que le girasole des Italiens est le ricin ordi- naire , et Mentzel , que c'est le tournesol , crotuni tinctorium. On trouve encore dans Clusius le nom de sirasol, donné, sur la côte malabare, à une variété du fruit du jaquier de llnde . 558 GIR artocarpus jacca, laquelle est regardée conimeiaférieure pour le goût à celle nommée barca. Un autre girasoL, cité, par Linscot et C. Baiihin, est la variété de riz la plus estimée dans l'Inde : celle dont on fait le moins de cas, est nommée cliawbasal. (J.) GIRASOL. (Min.) Les joailliers, les lapidaires, les ama- teurs et les ancieiis minéralogistes ont donné ce nom à une variété de quarz ou de silex, dont la transparence est troublée par un nuage légèrement laiteux qui reflète une lumière aurore quand on la tourne vers le soleil. M. de Bournon, qui a rassemblé une suite magnifique de variétés de cette pierre , pense même encore qu'elle doit constituer une espèce distincte et séparée du quarz et de la calcédoine , à laquelle il propose de conserver le nom de girasoL En attendant que l'analyse et la forme cristalline^ qui sont les seuls fondateurs de l'espèce en minéralogie , aient détruit ou confirmé l'opinion de ce savant minéralo-* giste , nous continuerons de ranger cette substance dans notre espèce Silex, à côté des hj'drophanes et des opales ^ avec lesquels le girasol a la plus grande analogie, puisque, d'une part, certaines variétés acquièrent de la transparence dans l'eau, et que ses reflets le disputent parfois à ceux de l'opale. Les fabriques d'émaux fournissent aux lapidaires une com- position laiteuse où il entre une petite quantité d'étain , et qui imite fort exactement le girasol naturel. Voyez Silex, Gi- RAsor,. (Brard.) GIRASOL FEUILLETÉ [Bot.), ou Girasole des Italiens, selon Micheli et Paulet : petit agaric blanc, à chapeau noir au sommet, avec de petites zones circulaires, fauves, dis- tinctes entre elles et cependant comme séparées les unes des autres, et à stipe creux et cylindrique. (Lem.) GIRASOL ORIENTAL, {iîin.) C'est le nom vulgaire du corindon-télésie, qui oflTre des reflets d'une légère teinte de rouge et de bleu sur un fond translucide et laiteux. Il ne faut pas le confondre avec le saphir astérie , qui présente l'image d'une brillante étoile à six rayons sur un fond d'azur. Voyez Corindon, Télbsie , Girasol. (Brard.) GIRATORES. (Ornith.) Cette dénomination latine est GIR , 559 donnée par M. de Blainville, dans son Prodrome, à un ordre d'oiseaux comprenant les pigeons , et dont les carac- tères sont d'avoir les pieds marcheurs , et Fexterne des quatre doigts à demi palmé. (Ch. D.) GIRAU {Ornith.) , nom du geai commun, corvus glanda- riiis , Linn., dans les confins du Brabant. (Ch. D. ) GIRAUMO^T. {Bot.) On donne ce nom à une variété de la courge-pepon. ( L. D.) G1RA\\ECZ {Orniih.), nom illyrien de la grive mauvis, lurdus iliacus,' Linn. (Ch. D.) GIRCHI. (Mamm.) C'est le nom d'un écureuil chez les Burates, (F. C. ) GIRELLA. {Mamm.) Ruysch dit qu'on appelle ainsi, en Autriche , un animal qu'il rapporte aux rats et qu'il dit être de la grandeur dune belette : on ne peut point le recon- noïtre à ces particularités. (F. C.) GIRELLA [IclilhyoL), nom que, suivant M. Risso , on donne, à Nice, à son labre Giofredi. (H. C.) GIRELLE, JuHs. {Iclithyol.) M. Cuvier a récemment donné ce nom à un genre de poissons de la famille des léiopomes. Il l'a formé aux dépens de celui des labres des autres ichth3'o- logisfes , et il y place les espèces de ce genre qui présentent les caractères sulvans : Une seule nageoire dorsale :''catopes tlioraciques ; tête entière- ment lisse et sans écailles; ligne latérale fortement coudée vers la Jïn de la nan^eoire dorsale ; ni épines ni dentelures aux oper- cules et aux préopercules. Le type de ce genre , qui diffère des Labres proprement dits en ce que ceux-ci ont les joues et les opercules cou- vertes d'écaillés et la ligne latérale droite, est: La GiRELLE DE LA MER MÉDITERRANÉE : JuUs vulgaris ; LubrUS julis, Linn. Les deu:c dents de devant de la mâchoire supé- rieure plus grandes que les autres ; teinte générale d'un violet éclatant, relevée de chaque côté par une bande en zigzag d'un bel orangé ; nageoire caudale arrondie ; une bande jaune , une bande rouge et une bande bleue , placées l'une au-dessus de l'autre sur les nageoires dorsale et anale. Taille de trois à cinq ou six pouces. Ce poisson , d'une forme élégante, et s'ur lequel brillent 5Co Glll d'un doux éclat les couleurs les plus vives, est regardé géné- ralement comme un des plus beaux des eaux de lEurope. Il vit par troupes au milieu des rochers, dans la mer Méditer- ranée et dans la mer Rouge. 11 est commun sur les rivages de plusieurs des îles de l'Archipel de la Grèce. Sa chair est ferme et délicate. Il se nourrit de petits crustacés et de frai de poisson , et il mord aisément à la ligne. Il y a plusieurs variétés dans cette espèce. On croit pou- voir distinguer les individus mâles à deux taches placées l'une au-dessus de l'autre sur les premiers rayons de la na- geoire du dos, et dont la supérieure est rouge et l'inférieure noire. Il paroît qu'Aristote , Athénée, Elien etOppien, ont parlé de ce poisson sous le nom de /ovA/ç. Les autres espèces rapportées au genre Girelle ont été partagées en deux sections. §. 1." Girelles ayant des pores à la télé. La Girelle a grandes écailles : Julis macrolepidota; Lahrus macrolepidotus , Bloch , 284, 2. Mâchoires également avan- cées; tête courte et comprimée; deux demi-cercles de pores muqueux au-dessous des yevix ; nageoire caudale arrondie; écailles très-grandes, lisses, rdfides; teinte générale jaune; nageoires nuancées de violet; des taches violettes sur les opercules, et quelques taches bleues à l'origine de la nageoire dorsale. On croit que cette espèce vit dans les mers des Indes orientales. La Girelle a deux raies : Julis bivitlala ; Lahrus hivillatus , Bloch, 284, 1. Toutes les nageoires pointues, excepté celle de la queue, qui est arrondie : tête large à son sommet et comprimée sur les côtés; front étroit; dos et ventre rouges; côtés jaunes; nageoires nuancées de violet et de jaune; deux raies brunes le long du corps, l'une passant au-dessus de l'œil , l'autre sur le ventre. Bloch a, le premier, fait connoîlre ce poisson, dont la patrie n'a point encore été indiquée. La Girelle a deux bandes : Julis hi/asciata ; Lahrus hifaS' GIR 56i ciatus, Bloch, 283. Nageoire caudale en croissant; dos gris; ttte violette ; poitrine blanche ; nageoires dorsale et anale rougeàtres, bordées de bleu; catopes et nageoires pectorales jaunes; caudale brune avec une grande tache bleue; deux bandes brunes transversales sur le corps ; bouche petite ; mâchoires égales et garnies d'une rangée de dents serrées , dont celles de devant sont les plus longues; yeux petits; iris vert ; écailles grandes , minces et lisses. Des Indes orientales. La GiRELLE MÉLA?TÈRE, JuHs melaptcra , que Bloch a nommée Labrus inelapierus, et qu'il a figurée sous ce nom dans son grand ouvrage, n'est, suivant M. Cuvier, que le coris angu- latus de M. de Lacépéde. Nous en avons parlé à l'article Coais, et nous y renvoyons le lecteur. §. 2. Girelles n'ayant point de pores sur la tête. La GiRELLE DU Brésii, : Julis brasiliensis ; Labrus irasiliensis , Bloch, 280. Nageoire caudale trilobée, à premier et à der- nier rayons prolongés en arrière; deux dents recourbées, et plus longues que les autres, à la mâchoire supérieure ; quatre dents semblables à la mâchoire inférieure ; deux ou trois lignes longitudinales bleues sur les nageoires dorsale et anale, qui, de même que presque tout le corps, brillent de l'éclat de l'or; nageoires pectorales et caudale bleues, ainsi que les catopes; écailles grandes et lisses. Ce beau poisson , dont on trouve la description dans les manuscrits du prince Maurice de Nassau , vit dans les eaux du Brésil. Il parvient à la grosseur d'une carpe et passe pour un manger délicat. La GiRELLE croissant: Julis lunaris; Labrus lunaris , Linn. Nageoire caudale en croissant ; tête large et oblongue ; bouche étroite ; opercules des branchies terminées en pointe et rayées de lignes blanches ; tête de couleur pourprée ; iris argenté ; corps cendré ; une tache oblongue sur chaque écaille; queue rousse; une ou deux raies pourprées sur les nageoires pectorales, dorsale et anale. Des mers de l'Inde et de l'Amérique méridionale. La GiRELLE T£TE- BLEUE : JuHs cjanocephalu ; Labrus cyano- sephalus , Bloch, 286. Nageoire caudale arrondie; ligne la- 18. 36 562 CAR térale interrompue: écailles grandes, rondes ef minces,- operculi^ fermiiiée.s en pointe du c:'>té de la quei.e; têie et dos bleus; côtés argeatc's ; nageoires d'un gris tiri-nt sur le vert. Bloch , qui a décrit ce poisson, n'en connoissoit point la patrie. La GiaELLE VERTE : Julis viridis ; haWus viridis, Bloch, 282. Nageoire caudale trilobée, à premier et à dernier rayons très- jjrolongcs en arrière; les deux dents de devant de chaque môchoire plus longufs que les autres: écailles vertes, bordées de jaune ; n.igeoircs jaunes, bordées ou rayées de vert. De la mer du Japon. La GiRELLE HÉBRAÏQUE : JuUs liebruica ; Labrtis hehraicus , Lacép., III, pi. 29, fig. 3. Des raies imitant les caractères hébraïques ou orientaux, sur la tête et les opercules; une petite tache à la base d'un très-grand nombre d'écaillés ; na- geoire caudale trilobée. Ce poisson a été dessiné et observé par Commerson dans le grand Océan équatorial. M. Risso dit qu'il vit aussi dans ia mer ^Méditerranée , et qu'il s'approche des rochers du Saint- Hospice , dans le voisinage de Nice, en Juin et en Octobre. Suivant ce dernier naturaliste , sa taille est d'en- viron un pied , et sa chair est grasse et délicate. La GiRELLE MALAt'THRE : J uHs mulaptera ; Lahrus malapteriis , Bloch, 286, 2. Bouche étroite; écailles grandes et lisses; teinte générale d'un blanc bleuâtre , avec cinq taches noi- râtres de chaque côté, et les nageoires nuancées de jaune et de bleu. Des mers du Japon. La GiRELLE MALAPTÉRONOTE : JuUs malaptcvonota : Lahrus ma- lapteronotus , Lacép., III, 3i , 1. Mâchoire inférieure un peu avancée ; dents antérieures de la mâchoire inférieure inclinées en avant ; une tache foncée sur la pointe de l'oper- cule ; nageoire caudale arrondie. Le nom spécifique de ce poisson, tiré du grec ixctXcty.cç -, mou, vfi'iov.) nageoire, et vSç , dos, indique une des particu- larités qui le distinguent, celle de n'avoir que des rayons mous à la nageoire du dos. GIR 563 M. de Lacépède a, le premier, fait connoître aux natu- ralistes, d'après les manuscrits de Conimerson , la girelle malaptcronote, qui habite le grand Océan équalorial. La Girelle- PARTERRE : Julis hortulana; Labrus hortulanus , Lacép. , Jll, 2g, 2. Nageoire dorsale basse ; museau avancé; dents de la mâchoire supérieure presque horizontales; deux lignes latérales se réunissant en une vers le milieu de la na- geoire du dos; nageoire caudale arrondie ; la surface du corps et de la queue divisée par des raies obliques en losanges, dont le milieu présente une tache ; des taches sur la tête et les opercules. Observée , comme la précédente et la suivante , par Corn» merson, dans le grand Océan équatorial. La Girelle téneoure : Julis tœnioura ; Labrus tœniourus , Lacép., III, 29, 1. Les dents des deux mâchoires grandes et séparées; écailles grandes et bordées d'une couleur foncée ; nageoire caudale arrondie, avec une bande transversale à la base , disposition qu'indique le mot téniourc. La GiAELLE CHLOROPTÈRE : JuUs chloroptevci ; Lahrus chlorop- ferus, Bloch, 288; Sparus chloropterus , Lacép. Nageoire cau- dale arrondie ; chaque mâchoire garnie de deux dents alon- gées, saillantes et placées sur le devant, et de deux rangées de molaires arrondies et inégales en grandeur; une partie de la nageoire caudale couverte de petites écailles; couleur gé- nérale verdàtre; toutes les nageoires vertes; tête comprimée, brune et rayée de bleu ; anus plus proche de la tête que de la nageoire caudale. Des mers du Japon. La GiRELLE HÉMISPHÈRE : JuUs liemisphœi'iuni ; Sparus luemi- sphœrium, Lacép. Tête arrondie en demi-sphère; dents an- térieures de la mâchoire supérieure plus longues que les autres; ligne latérale double de chaque côté; nageoire cau- dale arrondie , avec une bande transversale courte à l'extré- mité; une tache noire à la base de chaque nageoire pecto- rale et à la partie antérieure de la dorsale. Observée par Commerson dans le grand Océan équinoxial. La GiRELLE BRACHiON : J uUs bracliiou ; Sparus brachion, Lac, III, 18, 3. Chaque nageoire pectorale tixée à un prolonge- ment charnu ; dix incisives plates et larges sur le devant de 564 GIR la mâchoire supérieure ; huit incisives presque semblables sur le devant de celle d'en- bas; nageoire caudale arrondie; nageoires dorsale et anale très-longues et très-hautes. De l'Océan équinoxial , comme le précédent. La GiRELLE FAscÉE : JuUs fiisciala ; Hologjmnosus fasciatus, Lacép. Nageoire dorsale longue et basse ; quatorze bandes transversales étroites, régulières et inégales, et trois raies très-courtes et longitudinales de chaque côté de la queue; écailles presque invisibles; nageoire caudale courte et presque rectiligne ; mâchoires égales ; dents petites et aiguës. Ce poisson , qui vit aussi dans le grand Océan équatorial , a servi de type à M. de Lacépède pour l'établissement d'un genre particulier , que M. Cuvier n'admet point. (Voyez Ho- LOGYMNOSE. ) La GiRELLE DEMI-DISQUE: 3 uUs semi-iUscus ; Labrus semi-discus , Lacép. Nageoires dorsale et anale festonnées; une tache en forme de demi-disque à l'extrémité de la nageoire caudale, qui est en croissant. La GiRELLE CERCLÉE: JuUs doUata ; Lahrus doliatus , Lacép. Nageoire caudale en croissant ^vingt- trois bandes transver- sales de chaque côté du corpL Ces deux espèces vivent dans le grand golfe de l'Inde. (H. C.) GIRELLO. {Ichthjol.) Suivant M. Risso , à Nice, on donne ce nom à la girelle, julis vulgaris. Voyez Girelle. (H. C.) GIRELLO ÏURCO. {Ichthjol.) D'après le même natura- liste, on appelle ainsi, à Nice, la girelle hébraïque, que M. de Lacépède a rangée parmi les labres. Voyez Girelle. (H. C.) GIRERLE. ( Ornith.) On nomme ainsi, en Suisse , la grive mauvis, turdus iliacus , Linn. Aldrovande écrit ce mot Gixerle. (Ch. D.) GIRGILIEN. {Bot.) Voyez Gangila. (J.) GIRl, GOTOO {Bot.) : noms japonois du voUcameria japo- nica de M. Thunberg. Le giri-lcolinjam des Brames, mala- inschi-kua du Malabar, est le helcnia allughas de 'WiUdenoAv. (J.l GIRIFALCO ou GERFALCO. {OrniLh.) On désigne par ces noms, en Italie 5 le gerfaut ,/a/co gjrfalco ou hierofalco, (Ch.D.) GIR 565 GIRIMASO (Bot.), nom brame du bengiri des Malabares. Voyez Bengiri. (J.) GIRINO (ErpétoL), nom italien des têtards, des crapauds et des grenouilles. (H. G.) GIRITILLA. {Bot.) Bunnann , dans son Thés. Zejl., cite et figure sous ce nom une plante de Ceiian , qu'il rapporte au genre Ljsimachia , en indiquant coznme synonyme une' autre Ijsiinachia de Hermann, et Linnaeus réunit ensemble les trois dans son FI. zeyL; mais il n'en fait aucune mention dans ses Species , et la même omission a lieu dans les édi- tions postérieures de cet ouvrage. Burmann fils rapportoit la plante mentionnée par son père cà Vexacum pedunculatum de la famille des gentianées , qui paroit avoir avec elle beaucoup d'aflinité ; mais ce rapprochement n'a pas été adopté par Willdenow, et sa place définitive est encore in- certaine. D'une autre part, Hermann cite un ghinitilla, qui est selon lui une gentiane aquatique, et un ghirittella, qu'il dit être un liseron ; ce qui jette beaucoup d'incertitude sur les plantes qui portent ces noms. (J.) GIRIY (Bot.) : nom brame du Biti-maram-maravara. Voyez ce mot. ( J. ) GIRLITS. {Ornith.) Ce nom allemand, qui s'écrit aussi Girlitz , désigne le cini, fringilla serinus , Lath. (Ch. D. ) GIRNAFFA (Mamm.), nom arabe de la Girafe. Voyez ce mot. (F. C. ) GIROFLADE DE MER. {Zoophjt.) Rondelet, et non Belon, comme le veut le Nouveau Dictionnaire d'hist. natur. , dit que les pêcheurs de la Méditerranée donnoient de son temps, à cause de son odeur semblable à celle de l'œillet, ce nom à une espèce de Rétépore de M. de Lamarck, Millepora cellu- losa, Linn. (De B. ) GIROFLÉE. {Bot.) Anciennement on nommoit ainsi non- seulement un chciranthus , qui portoit aussi le nom de violier, mais un œillet , qui est encore la giroujlada des Langue- dociens, le garofoli des Italiens, le carpiphjllus des anciens botanistes. (J.) GIROFLÉE; Cheiranthus , Linn. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, de la famille des crucifères, Juss. , et de la tétradynamie siliqueuse de Linnasus , dont les principaux 566 GïPt caractères sont les suivans : Calice de quatre folioles droites, deux d'entre elles souvent un peu bossues à leur base; co- rolle de quatre pétales à onglet plus long que le calice ; six étamincs, dont deux plus courtes que les autres; un ovaire supérieur, linéaire, surmonté d'un style court et terminé par un stigmate bifide ou tri fi de ; silique alongce, à deux Talves, a deux loges, contenant plusieurs graines plates, ordinairement entourées d'un rebord particulier. Les giroflées sont des plantes herbacées ou sufirutescentes, à feuilles alternes et à fleurs disposées au sommet de la tige ou des rameaux en épis , ou en grappes souvent d'un bel aspect. On en connoit aujourd'hui une trentaine d'espèces, toutes naturelles à l'ancien continent, et parmi lesquelles plusieurs sont depuis long-temps cultivées pour l'ornement des jardins. Nous parlerons seulement des suivantes. * Fleurs purpurines ^ violeltes ou blanches ; feuilles cotonneuses. Giroflée triste : Cheiran,thu.<; trislis , Linn. , Spec. , 925 ; Lru- coium minus , etc., Barrel. , Icon., n." 8o5 et 999. Le bas de sa tige forme une souche un peu ligneuse , partagée en plu- sieurs rameaux longs de huit à douze pouces , garnis de feuilles lancéolées-linéaires, couvertes d'un duvet court, k poils rayonnans ; les inférieures sont sinuées et même pinna- tifides; les supérieures sont communément entières et plus étroites. Ses fleurs , d'une couleur ferrugineuse ou purpu- rine obscure, sont sessiles le long de la partie supérieure des rameaux et disposées ea épi lâche : elles exhalent, sur- tout le soir, une odeur agréable. Les fruits sont dessiliques grcies, linéaires, blanchâtres et cotonneuses comme le reste de la plante, terminées par le stigmate sessile , à trois lobes peu prononcés. Cette plante croît dans les lieux arides et pierreux de la Provence, du Languedoc, de l'Espagne et de l'Italie. Giroflée a trois pointes : Cheiranthus Iricuspidatus , Linn., Spec, gofi ; Leucoium marinum , Camer., Hort., 87, t. 24. Sa racine, pivotante, annuelle, donne naissance à une tige souvent r, 16 et 18; Pluck. , tab. i55 , lig. 1 ; Rumph., Aivb. 2 , tab. 1 et 2 ; Sonner., Voyage à la Nouvelle-Guinée, pag. 196 , tab. 119. Arbre d'une mé- diocre grandeur , qui a le port d'un caféier , et ne s'élève com- munément qu'à la hauteur de vingt-cinq à trente pieds, sur GIR 571 un tronc droit, d'un pied au plus de diamètre, terminé par une cime large, un peu conique. Ses rameaux sont opposés, foibles, glabres, effilés, étendus horizontalement, garnis de feuilles pétiolées , opposées, glabres, ovales-lancéolées, très- entières, longues de deux à quatre pouces sur un pouce et demi de largeur, un peu luisantes en-dessus, parsemées en- dessous de petits points résineux et de nervures latérales très-fines , presque parallèles. Les fleurs sont très-odorantes, terminales, et forment une petite panicule en corymbe , à ramifications opposées; les pédoncules sont glabres, ac- compagnés de bractées fort petites et presque écailleuses, très-caduques, qui, quelquefois plus nombreuses et comme imbriquées, donnent aux fleurs du giroflier l'apparence d'un double calice, qui a donné lieu à cette variété désignée dans Piumph sous le nom de Caryophyllum regium , Herb. Amh. , u , pag. jo, tab. 2, et Pluck., lab. i55, fig. 5. Les uns considèrent le calice comme oblong et infundi- buliforme, en le représentant comme adhérant avec l'ovaire; d'autres le bornent à ces quatre petites folioles étalées, concaves, aiguës, persistantes, qui couronnent l'ovaiRC : elles sont d'un rouge de sang , ainsi que l'ovaire ; la corolle est blanchâtre, composée de quatre pétales arrondis, un peu plus grands que le calice, alternes avec ses divisions, te-ès-caducs ; les fiiamens des étamines capillaires, un peu plus longs que les pétales, attachés, selon M. de Lamarck, à l'extérieur d'un rebord quadrangulaire élevé au disque de la fleur; les anthères petites et jaunâtres: l'ovaire oblong, inférieur, coloré, couronné par la fleur, chargé d'un style simple, qui s'élève du milieu d'un disque quadrangulaire et concave, et se termine par un stigmate simple. Le fruit est une baie ovale-oblongue , d'un rouge brun ou noirâtre, terminée par le calice durci et presque connivent, ombi- liquée , à une seule loge, renfermant une semence ovoïde, grosse, jaunâtre, composée de deux lobes sinueux, appli- qués l'un sur l'autre, de manière que la ligne qui les di- vise tsi arquée en la forme d'un S. Le giroflier croît natu- rellement dans les iles Moluques , d'où il a été transporté dans beaucoup d'autres. Les fleurs du giroflier, un peu avant leur épanouisse- ^72 GIR ment, ont presque entièrement la forme d'un clou; leurs pétales , couchés alors les uns sur les autres , sous la forme d'un bouton globuleux , forment la tête du clou , tandis que l'ovaire forme sa longueur et sa pointe. C'est dans cet «tat, c'est-à-dire dans l'instant le plus voisin de l'épa- nouissement, que l'on cueille les fleurs naissantes, renfer- mant les embryons des fruits, qu'on les dessèche, et qu'on les débite dans le commerce sous le nom de clous de girofle. Ces clous sont donc les ovaires des fruits desséchés, longs d'un demi-pouce , ayant la forme d'un clou ; mais ils ne sont pas toujours garnis de leur petite tête, parce quelle tombe facilement lorsqu'on transporte les clous de girofle : ils sont acres, chauds, aromatiques, un peu amers et agréables; leur odeur est très-pénétrante. On fait la récolte des clous de girofle, savoir, des calices des fleurs et des embryons des fruits, avant que les fleurs s'épanouissent, depuis le mois d'Octobre jusqu'au mois de Février : on les cueille en partie avec les mains, et on les fait tomber en partie avec de longs roseaux: ils sont reçus dans de grandes toiles que Ton étend sous les arbres, ou bien on les laisse tomber sur la terre, dont on a soin , dans le temps de cette récolte , de couper toute l'herbe. Lors- qu'ils sont nouvellement cueillis , ils sont roux , légèrement noirâtres; mais ils deviennent noirs en se séchant, et par la fumée à laquelle on les expose pendant quelques jours sur des claies: on les fait ensuite bien sécher au soleil. Les fruits qu'on laisse sur le giroflier, ou qui échappent à l'exac- titude de ceux qui font la récolte des clous de girofle, en restant sur l'arbre, continuent de grossir presque jusqu'à la grosseur du pouce, et se remplissent d'une gomme dure et noire, qui est d'une agréable odeur et d'un goût fort aro- matique : on les nomme antojles ou clous matrices, mères des fruits , et enfin baies de giroflier. Ces fruits tombent d'eux- mêmes l'année suivante. Leur vertu aromatique est plus foible que celle des clous ; mais ils ne sont pas moins re- cherchés : ils servent aux plantations , et produisent, au bout de cinq à six ans , des arbres en état de porter des fruits. Les clous de girofle doivent être bien nourris, gras, pe- sans , au moment oii on les récolte : faciles à casser ; d'un GIR 573 rouge tanné ou brun; garnis, s'il se peut, de leur bouton, qu'on nomme leur fût; d'un goût chaud et aromatique, brû- lant presque la gorge; d'une odeur excellente, et laissant échapper une humidité huileuse lorsqu'on les presse : ou rejette les clous qui n'ont point ces qualités, qui sont mai- gres, mollasses, presque sans goût et sans odeur. Les Hol- landois ont coutume de confire les fruits ou clous matrices avec du sucre , lorsqu'ils sont récens : dans leurs longs voyages sur mer, ils en mangent après le repas, pour fa- ciliter la digestion et prévenir le scorbut. On ignore l'époque précise où les clous de girofle com- mencèrent à être connus en Europe. On lit dans VHistoire des plantes de J. Bauhin , que les habitans des îles Moluques ne faisoient presque aucun cas de leurs girofliers, jusqu'au moment où des vaisseaux chinois, étant venus les visiter, transportèrent une très-grande quantité de girofles dans leur pays; qu'ils les répandirent ensuite dans les autres contrées de l'Inde, dans la Perse, l'Arabie, etc. Les îles Moluques ne furent découvertes qu'en i5ii par les Portugais, qui s'emparèrent du commerce , après s'être établis sur ces côtes; mais ils ne tardèrent pas à en être dépouillés par les Hol- landois, qui les en chassèrent avec le secours des habitans du pays. Le giroflier croissoit autrefois en grande abondance dans toutes les îles Moluques; mais, par la suite, les Hol- landois ne le laissèrent croître que dans les îles d'Amboine et de Ternate : ils firent arracher, dans les autres îles, tous les pieds de girofliers qui s'y trouvoient, afin de s'en assurer la possession exclusive. Pour dédommager le roi de Ternate de la perte du produit de ses girofliers, ils lui payoient tous les ans , en tribut ou en présens , environ trente-deux mille deux cent cinquante florins. On prétend que, depuis un certain nombre d'années , on a vu ces îles se repeupler de girofliers et de muscadiers, par le moyen des oiseaux qui se nourrissent de leurs fruits , et qui en ont dispersé les semences dans ces contrées : au reste , la culture du giro- flier est aujourd'hui répandue dans toutes les contrées favo- rables à ce précieux aromate, ainsi que nous allons l'ex- poser. « La France, dit M. de Lamarck, a l'obligation à M. Poivre, 574 GIR « ancien intendant de l'Isle-de-France , et qui a voyagé aux « Indes, à la Chine, à la Cochinchine , etc., d'avoir in- « troduit à l'Isle-dc-France , en 1770, les arbres à épiceries « fines, tels que le giroflier, le muscadier, le cannellier, « qu'il eut l'adresse de se procurer dans ses voyages. Ces « arbres intéressans furent néanmoins fort négligés après « le départ de M. Poivre , qui , malgré la sagesse de son ad- « ministration , malgré tout le bien qu'il fit , fut déplacé « et repassa en France en 1773. Sa belle entreprise, d'éta- nt blir à l'Isle-de-France la culture des arbres à épiceries « fines, essuya alors beaucoup de contrariétés de la part de « ceux qui lui succédèrent : ils prétendirent avec opiniâtreté f< que ces arbres ne rapporteroient jamais, et ils firent rt même répandre ce préjugé en France, lequel fut consigné « dans quelques ouvrages composés dans la capitale de ce « royaume. « Heureusement les arbres précieux dont il est question « furent confiés, en 1776, aux soins de M. Céré , major « d'infanterie, et qui fut alors directeur du Jardin du Roi à « rislc-de-France. Il n'y avoit plus, à cette époque, que « trente-huit girofliers et quarante-six muscadiers: mais le << zèle et les talens de RI. Céré , qui joint à l'amour du « bien public des connoissances très-étendues sur la culture , « firent bientôt prospérer cette intéressante plantation. 11 « multiplia tellement les arbres dont il s'agit, que, depuis, « le Jardin du Roi en a fourni les habitans de l'Isle-de-France « et de Bourbon, et qu'il en a fait des envois considérables f< à l'île de Cayenne , à Saint-Domingue, à la Martinique. « Les premiers clous que les girofliers de l'Isle-de-France « commencèrent à produire , furent, à la vérité, maigres et « secs, comme provenant d'arbres encore très-peu vigou- « reux; niais, les années suivantes, les mêmes arbres, de- « venus plus forts , en produisirent de beaucoup mieux « nourris, et ceux que M. Céré a envoyés à cette époque « étoient assez gros, gras, très-aromatiques, et ne parois- « soient ne le céder presque en rien <à ceux des Moluques V. qu'on trouve dans le commerce. f< Selon les observations de M. Céré, le giroflier, que « l'on doit regarder plutôt comme un arbrisseau que comme GIR 575 « un arbre, donne deux à quatre livres de clous : il en don- « nera deux quand on l'ctètera pour le rendre plus fort « contre les ouragans, et davantage quand on le laissera « venir à volonté et former une espèce d'arbre. Il faut « cinq mille clous parfaits pour former le poids d'une livre; « l'arbre qui en fournit deux livres donne donc dix mille « clous, ce qui est considérable. Celui qui, en 1782, a « donné quatre livres de clous secs, ou vingt-mille clous, « a produit, comme on le voit, un très-grand avantage. « II faut dire qu'outre les clous il a aussi fourni plus de « six mille fruits ou baies mûres. >^ Dans les fies de France et de Bourbon , le giroflier de- mande à être tenu bas, comme à huit, neuf ou dix pieds d'élévation, pour qu'il devienne capable de résistance contre les terribles ouragans : il faut les espacer à dix ou douze pieds, laisser dans la fosse un vide de dix-huit pouces, que le temps remplira de reste et à profit pour l'arbre. Il ne veut pas être éievé en arbre, à cause de la foiblesse de ses branches , et inènie de celle de son corps ; à cause de Té- tendue considérable de sa tête, formant un poids trop fort pour être supporté par un corps si foible , et à cause de sa ramification étonnante, qui forme un volume impénétrable au soleil, faisant obstacle au vent, qui le renverse bientôt. L'usage le plus général des clous de girofle est dans les cuisines , comme assaisonnement : ils sont tellement recher- chés dans quelques pays de l'Europe, et plus encore aux Indes, que l'on y n;éprise presque tous les alimens privés de cette épice ; on les mêle dans presque toutes les sauces, les vins, les liqueurs spirif Lieuses et les boissons aromatiques; on les emploie aussi parmi les odeurs. Les clous de girofle sont toniques, cordiaux et très-échauffans ; on s'en sert pour ranimer les forces de l'estomac et des autres parties : ils sont utiles aux personnes foibles ; mais ils sont dangereux et fort à craindre pour ceux qui ont le sang animé et en quelque sorte bouillant ou effervescent, ou dont la bile est exaltée. On obtient des clous de girofle, par la distil- lation, une huile essentielle plus pesante que l'eau. Les parfumeurs en font un grand usage. Cette huile est extrê- mement chaude, et même un peu caustique; ou- s'en seré 5?^ GIR pour la carie des os et le mal de dent : on l'emploie aussi en liniment avec d'autres huiles aromatiques , et l'on en frotte les parties paralytiques ou d'autres, dans l'apoplexie, les afFeclions soporeuses, etc. Dissoute dans l'esprit de vin, elle est considérée comme un excellent topique pour arrêter les progrès de la gangrène. Quand les clous de girofle sont l'écens, ils fournissent , par expression, une huile épaisse, roussàtre, odorante. On prétend que, pour se préserver de la contagion de l'air, il est utile d'employer le girofle en fumigation ou comme masticatoire ; d'autres en font une poudre dont ils remplissent de petits sacs que l'on plonge dans du vin de Canaries, et qu'ils portent en amulette sur l'estomac, dans la vue de se préserver de la peste et du scorbut. Quelquefois on y joint de l^^ngélique sèche, de lu noix muscade, de l'iris et des fleurs de lavande avec du storax et de l'encens oliban; on en met une certaine quan- tité entre deux pièces de coton , qu'on enveloppe ensuite '' d'une étoffe de soie piquée : on en forme une espèce de bonnet, utile, dit-on, dans les maladies de la tête qui vien- nent de vieilles douleurs catarrheuses. (Poir.) GIROFLIER DES ALPES (Bot.), nom vulgaire de l'ara- bette des Alpes. (L. D.) GIROL { Conchjl.) ; Adans. , Sénég. , pag. 6, pi. 4. C'est une variété de la voluta olis>a , Linn. , et par conséquent une espèce du genre Olive de M. de Lamarck. Voyez ce mot. (De B.) GIROLE. (Bot.) Dans les marchés de Lyon on donne ce nom à la racine de chervi. ( L. D. ) GIROLE {Ornilh.) , nom de l'alouette d'Italie, alauda italica, Linn. et Lath. (Ch. D. ) GIROLETTE EN BOUQUET (Bof.), ou la Petite Girolle de Vaillant et la Girolette en limaçon de Vaillant; Paul., Tr. , ch. 2, p. 162, tab. 66, fig. 7. C'est un petit champi- gnon très-voisin de la chanterelle ou girolle ordinaire , me- riilius cantharellus, Pers. , avec laquelle même il est confondu par Persoon et De CandoUe ; mais qui s'en distingue par la couleur de son chapeau cannelle foncé ou marron clair, et celle de son stipe, qui est jaune. Il s'élève à deux pouces, croit en touffe, et n'est pour ainsi dire qu'une peau coriace, GIR 577 rayée par l'impression des nervures inférieures. Dans sa jeu* nesse le chapeau est d'un diamètre presque égal à celui du stipe : cel'ii-ci est creux. Cette espèce n'est point mal-fai- sante. Elle est figurée dans Vaillant , Bot. Par^, pi. XI, fig. 9, lo, 11, 12 et i3. ( Lem.) GIROLLES ou GIRANDETS. (Bof.) Nom d'une des fa- milles établies par Paulet dans les champignons , et qu'il nomme ainsi du latin sjrare , tourner, parce que dans ces plantes le chapeau . de rond et convexe qu'il est d'abord, se creuse ensuite et change de forme dans le développement, au point qu'il semble tourner. Paulet n'en compte que trois espèces, qui se font remarquer par leur couleur jaune, ou de chamois, ou de safran, également répandue , et par les plis ou nervures qui rampent à la surface inférieure, depuis la base du stipe où elles s'évanouissent, jusqu'aux bords du chapeau. La Girolle ordixaîre , Paulet, tom. 2, p. 129, pi. 56, fig. 1 à 5 , est l'espèce la plus commune : on la nomme plus vulgairement Gerille, Gingoule, Chanterelle, Oreille-de- iiÈVRE; c'est VAgaricus cantharellus , Linn., ou Merulius can~ tharcllus , Pers. , qui sera décrit à l'article Merulius. Ce champignon, d'une odeur agréable, est très-bon à manger. La Girolle prdinée, Paulet, 1. c. , p. 100, pi. 07, fig. i , est la même plante que Batsch a nommée Agaricus pruinatus , Elem. , fig. 55, parce que les nervures ou plis de la partie inférieure sont recouverts d'une poussière farineuse blanche, ]\I. Persoon pense que cette plante est une variété de son merulius fuligineus, que M. De Candolle regarde comme une variété du merulius cinereus du même auteur , et de ïkeUella hjdrolips de Bulliard , Herb., tab. 466, fig. 2. La Girolle en fuseau , Paulet, 1. c. , p. i5o , pi. 07, fig. 2 , 0, est un champignon à surface sèche, roux-fauve partout, haut de deux à trois pouces, à nervures fines et à stipe fusi- forme , avec un sillon au milieu , d'une substance blanche, pleine et ferme : elle ne paroît avoir aucune mauvaise qualité. Dans sa Synonymie des espèces de champignons , Paulet place sous le n." 10 un groupe qu'il désigne aussi par giVan- dets ou girolles , et qui diûere de la famille du même nom . j8. 07 67S GIR quoique la chanterelle en soit le type, et que l'un et l'antre rentrent dans le genre Merulius des botanistes actuels. Ce groupe de girolles se divise en deux sections. La première comprend les espèces à nervures ramifiées, et qui sont la chanterelle, merulius cantharellus , grande espèce; le fungus croceus, Sterb. , tab. 4, fig.A, petite espèce pâle etsafranée, et le fungus vescus 5 de Loesel, espèce laiteuse, à nervures blanches. La deuxième section est caractérisée par ses plis ou feuil- lets, ou nervures de la partie inférieure, qui sont droits. La première espèce et la plus grande cstYagaricus pseudo-onctuosus de Batsch , Elem. , tab. 9, fig. 07, dont la couleur est celle du safran; etYagaricus scrohiculatus, Scop. , Schgeff. , tab. 227, est la deuxième espèce, remarquable par sa couleur soufrée, son stipe bosselé et sa substance lactescente ; la girolle soufrée à pulpe blanche ou pradellus , Sterb., tab. 20, fig. C, est la troisième espèce; une quatrième est la petite girolle-safran à pulpe jaune ou Vagaricus incurvus , Schaeff. , tab. 65; enfin, la petite girolle rousse et homhée, ou le fungus perniciosus , Sterb., Theatr. , tab. 20, fig.E, est la cinquième et dernière espèce que Paulet rapporte à cette section, qui ne comprend que les champignons suspects. Indépendamment de toutes ces espèces de girolles, le doc- teur Paulet donne encore ce nom à des champignons qu'il place dans d'autres familles. Tels sont: 1.° Les GRANDES GiROLLES OU IcS OrEILLES DES BUISSONS, qui forment sa vingt-huitième famille, dans les agaricus (voyez Fonge) remarquables par leur chapeau tourné à peu près en forme d'oreille d'animal, ou languette, ou lobé, et par leur stipe renflé. Cette famille ne contient que deux espèces, qui sont excellentes à manger : l'une est I'Oreille du houx , de Paulet, agaricus aquifolii , Pers. ; et I'Oreille de chardon, Paul., agaricus eryngii, Decand. , qui seront décrits a leurs articles. 2.° La Girolle BLANCHE, ou POreille- de -lièvre (voyez ce dernier nom). 0." La GiROLLE-ENTONNOiR OU Fausse Girolle , Paul., Trait. 2, p. 160, pi. 66 , fig. 1 , 2 , est une espèce d'agaric de la famille des entonnoirs mous , et probablement le même que GIR 579 îe faux mcusscr.on-enlotinoiv de Paulet, puisque cVst lui-même qui fait ce rapprochement. Cet agaric n'a pas plus de trois pouces de haut; il est d'une belle couleur rousse, répandue généralement sur toute sa surface, laquelle est sèche et unie. Son chapeau est mince, d'abord rond et régulier; puis il se déforme et se creuse en entonnoir irrégulier. Ses feuillets sont de longueur inégale. Ce champignon, d'une odeur peu agréable, se trouve dans les bois de Vincennes et de Bou- logne, en automne et quelquefois en hiver, lorsque cette saison est douce et pluvieuse. Il a incommodé un chien auquel on en avoit fait manger; cependant rien n'annonce en lui des qualités suspectes. 4.° La Girolle femelle ou la Jumelle, de la même famille que la précédente, est un petit agaric d'un pouce de hau- teur,' et d'une belle couleur fleur de capucine, répandue partout jusqu'à l'intérieur de sa substance : ses feuillets ne sont point ramifiés et seulement entremêlés de petites por- tior\s de feuillets; son stipe est plein et fragile. On trouve cette espèce , en automne , dans la forêt de Senard; elle n'est point mal -faisante. 5.° La PETITE Girolle de Vaillant, ou la Girolette en bou- quet (A'oyez cet article) , qui est encore de la même famille. fi." Girolle -AGARIC a branches : c'est le merulius ramosus coriaceus de Scopoli , dont cet auteur ne donne point la description. 7.° Girolle-aurore : c'est Yagaricus aurora, Bafsch, tab. 9 , fig. 36 , dont le chapeau est lavé de gris-brun agréable , et le stipe jaune lavé de rouge ou d'aurore, dont la couleur se continue sur toute la partie inférieure. 8.° Les Girolles blanches , qui font partie des Grands- PoiVRÉs (voyez cet article). "^ 9.° La PETITE Girolle blanche, qui est un petit agaric blanc, tenace, figuré dans Sterbeeck, Theaty., tab. 16, fig. L 10.° Girolle feuilletée pourpre. Paulet classe sous ce nom deux champignons figurés par Cimel , et dont les dessins sont conservés au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Ces des- sins représentent deux agarics d'Italie , en forme d'entonnoir, assez semblables aux vraies girolles, dont l'un offre des bandes concentriques de couleur pourpre , et Pautre est pourpre et aurore. B8o GIR 11.° La PETITE Girolle a suc jaune, qui est Yamanita fulviit lacté croceo de Haller, lUst. HeW., n.° 2419. Ce champignon est d'un roux tendre ou blond ; les bords de son chapeau se relèvent en-dessus ; il est rempli d'un suc acre couleur de safran. Il croît sous les pins et les sapins. 12.° Girolles a feuillets. Voyez Grands -Poivrés. i5.° Girolles jaunes ou safranées, les mêmes que les Girolles qui font partie du groupe de ce nom dans la Syno- nymie de Paulet. (Voyez plus haut.) 14." Girolle violette. C'est le nom que Paulet donne au merulius violaceus de Haller. (Lem.) GIRON {Bot.), un des noms vulgaires du gouet maculé. (L. D.) GIRON {Ornith.), un des nonts que, suivant Muller, H." 225, porte en Laponie le lagopède, tetrao lagopus , Linn. (Ch. D. ) GIRONE {Ornith.), nom italien du héron blanc, ardea alla, Linn. et Lath. (Ch. D. ) GIROUFLADA {Bot.), nom languedocien de l'œillet des jardins, selon M. Gouan. (J.) GIROUILLE, GIROUILLO {Bot.) : noms donnés, suivant Garidel, par les paysans de la Provence , soit à deux espèces •de carotte, soit à une espèce de cancalide , dont ils man- gent la racine. M. Bosc applique à ces dernières le nom de gironille. ( J. ) GIS {Bot.), un des noms anciens de la prêle, equiselum, suivant Ruellius. (J.) GISEKIA. {Bot.) Voyez Gisèque. (Poir.) GISEMENT. {Min.) Voyez Indépendance des formations", Roches, Terrains. (De H.) GISEQUE, Giseliia. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs incomplètes, de la famille des portulacées , de la pen- tandric pentagjnie de Linnaeus, offrant peur caractère essen- tiel : Un calice à cinq divisions, point de corolle; cinq éta- 1 Nous donnerons à cet article un tableau comparatif des formations de l'ancien et du nouveau monde, tiré d'un ouvrage inédit de M. de lluMBOLDT, ayant ptmr titr« De la superposiiiofl, de« roches. GIS 581 mines, les filamens dilatés à leur base; un ovaire supérieur à cinq lobes, surmonté de cinq styles et d'autant de stig- mates obtus. Le fruit consiste en cinq capsules rapprochées, indéhiscentes, monospermes. GisÈyuE NODiFLORE : Gisekict noclljlora , hinn. , Mant.; Lamk., m. gen. , tab. 221; Roxb. , Çoroni., tab. i85 : Anth-ydiis in- dica, etc., Pluk. , tab. 567, fig. 1; Kolreutera molluginoules , Murr. , Comm. Gott. , 1772, pag. 67, tab. 2, fig. 1. Petite plante des Indes orientales, assez semblable, par son port, à l'euphorbe à feuilles de thym, qui se rapproche aussi des trianthèmes et des pharnaces. Ses tiges sont glabres, menues, herbacées, cylindriques, un peu rameuses, étalées et couchées sur la terre, longues de près d'un pied , garnies de feuilles opposées, pétiolées, oblongues, elliptiques, ob- tuses, entières, beaucoup plus courtes que les entre-nœuds, et chargées de quelques poils courts. Les fleurs sont petites, de couleur herbacée, un peu blanchâtres, pédonculécs, dis- posées cinq à huit à chaque nœud dans toute la longueur des tiges, et formant des espèces de petites ombelles simples en verticilles : les pédoncules sont simples , uniflores, à peine de la longueur des pétioles. Le calice est partagé en cinq découpures profondes , ovales , concaves , un peu aiguës , per- sistantes , à bords légèrement scarieux : il n'y a point de coroUe ; les filamens sont courts, ovales à leur base, subulés vers leur sommet, terminés par des anthères arrondies; l'ovaire supérieur, arrondi, à cinq lobes, surmonté de cinq styles courts, recourbés, terminés par cinq stigmates obtus. Le fruit consiste en une capsule à cinq loges, ou plutôt en cinq capsules rapprochées, arrondies, minces, scabres , contenant chacune une semence ovale et glabre. ( FOIR. ) GISIGISI (Bot.), nom japonois de la patience frisée, sui- vant M. ïhunberg. (J.) GISOITERIS. (Bot.) Genre de la famille des fougères, établi par Bernhardi, et qui n'a pas été adopté. Il avoit pour type le Ijgodium palmatum , Swartz , qui est YJijdroglossum palmatum, Willd. Selon Bernhardi il se distingue par les capsules solitaires recouvertes et s'ouvrant par une fente. Voyez HyfiROGLossuM. (Le.m.) 582 GIS GIST SCHAN. (Mamm.) Chez les Tunguses c'est le nom du chevreuil. (F. C.) GITES DES MINERAIS. (Min.) Les filons , les couches, les masses et les amas sont les principaux gîtes des substances ij»inérales qui contiennent quelque matière propre aux arts et aux manufactures : ce n'est même que dans le sens d'utilité économique que l'on entend cette expression; car le quarz, la baryte, le mica, et une foule d'autres minéraux insigni- iians, ont aussi des gîtes assez constans, et l'on n'attache aucune importance à les déterminer rigoureusement. La connoissance du gîte des minerais fuit la base de l'art du mineur ; car on ne doit point exploiter un filon comme une couche, un amas comme une masse, etc. Il importe donc infiniment de ne point les confondre ; et pour les re- connoître , ce qui n'est pas toujours aisé, on peut faire usage des observations suiv^antes , qui sont devenues iQurs caractères dislinctifs. 1.° Les filons traversent obliquement les couches des mon- tagnes qui les renferment, en formant avec elles des angles divers, mais qui approchent toujours beaucoup plus de la ligne verticale que de la ligne horizontale : ils sont donc postérieurs à ces couches, puisqu'ils les coupent. Tout porte à croire que les filons ont été des fentes qui se spnt remplies, soit par un liquide qui tenoit diverses substances en dissolution, soit par des matières terreuses ou des galets qui s'y sont précipités: quelques-unes même sont restées vides. Desmarets, pour distinguer les couches métal- lifères des filons proprement dits, nommoit les premières Jïlons - couches , et les secondes filons -fentes. On a, dans le monde, une idée fausse de ces gîtes, qui y sont cependant assez connus de nom; on se les représente toujours comme des arbres dont le tronc seroit situé dans la partie la plus profonde de la terre, et dont les branches et les rameaux occuperoient les couches les plus voisines de la surface : mais ceux qui sont familiarisés avec les travaux .souterrains des mines, savent parfaitement que les filons sont des fe/ites plates, remplies, d'une étendue i^ndéfinie en longueur et profondeur, dont la largeur éprouve des variations fré- quentes, et qui sont quelquefois accompagnées; en effet, GIT 583 par d'autres fenles, subordonnées aux principales, et qui peuvent être considérées , à la rigueur, comme des branches ou des ramifications; mais, comme elles sont toujours plates, et jamais arrondies , la comparaison est absolument fausse. Duhamel père publia, en 1764, un Mémoire sur les filons, iendant à détruire cette erreur. (Voyez Filons.) 2.° Les amas transversaux des minéralogistes François , qui répondent aux stehende Stacke des Allemands , ne smnt que des filons puissans et raccourcis , relativement à la longueur des autres, qui s'amincissent rapidement en forme de coin, mais qui sont ordinairement d'une grande largeur k leur origine. On a remarqué que ce sont plus particulièrement ces sortes de filons qui se trouvent remplis par des roches ou des minerais d'alluvion, et qui contiennent quelquefois des débris de corps organisés, tandis que les autres sont re- marquables par des druses ou cavités tapissées de cristaux , qui se présentent de place en place et dans les points où ils sont les plus puissans. L'un des plus beaux exemples que Ton puisse citer de ces sortes de filons ou amas transversaux, est le gite de la ca- lamine de la grande montagne près d'Aix-la-Chapelle, qui a quarante mètres d'épaisseur et quatre à cinq cents de longueur. 3.' Les amas entrelacés. Les Stockwerls des Allemands, dont nous ne pouvons donner une idée qu'en nous servant, avec Duhamel, des expressions d'' assemblages déracines, de rendez- vous défilons, etc., sont des espaces de terrains, grands ou médiocres, d'une figure régulière ou irrégulière, quelque- fois remplis de minéral avec sa gangue seulement, comme les filons ordinaires; d'autres fois composés de la réunion de plusieurs filons; et, enfin, il en est qui présentent une grande quantité de filons, branches, veines, fentes et ro- gnons, inclinés tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, et même par couches, le tout sans régularité ni suite constante, qui se joignent, se croisent et se coupent, tant dans leur direc- tion qu'en profondeur, dont les largeurs ou épaisseurs sont par momens assez considérables et souvent très-petites. ' Ccomctrie souterraine do Duhamel; 584 GIT D'après cette description , on peut se représenter un espace ou un bloc de roche concassé, pénétré de fentes et brisé dans tous les sens, dont les quartiers auroient été agglutinés ensuite par la matière qui forme les veines de ce singulier gîte. Doit-on considérer le stockwerck comme appartenant à la famille des filons, et comme étant postérieur à la forma- tion du terrain qui le contient ? C'est ce qui paroit le plus probable; mais on remarquera cependant que ce gîte diffère essentiellement des liions par son extrême irrégularité , par sa manière d'être, et surtout parce que la roche qui en sé- pare les différentes parties est ellc-mêaie imprégnée de la substance minérale qui fait l'objet de l'exploitation , en sorte qu'on est force d'admettre que, si les filets dont l'en- trelacement compose le stockwerck. ne sont point contem- porains de la formation de la roche, ils l'ont au moins suivie de bien près et sont presque aussi anciens qu'elle : en effet, c'est principalement l'étain oxidé qu'on trouve dans cette sorte de gîte, et l'on sait qu'il partage, avec le molybdène et le schéelin, l'espèce de privilège exclusif de faire partie constituante des granits et de se trouver à la tête des mi- nerais rangés par ordre d'ancienneté relative. L'un des prin- cipaux stockwercks qui aient été décrits, est celui qui cons- titue la fameuse mine d'étaiu de Geyer en Saxe : M. de Bonqard ne le considère cependant pas comme tel ; il n'y reconnoît point assez l'irrégularité qui caractérise ce gîte, et le range , en conséquence , au nombre des amas transversaux, Duhamel assure, eu décrivant et figurant la mine de Geyer, que l'on n'accorde, en Allemagne, cette dénomination de stockwercks qu'aux gîtes qui ont plus de sept toises de lar- geur. 4." Les amas en rognons se trouvent engagés au milieu des couches d'un terrain, et en interrompent une ou plu-, sieurs, suivant leur grandeur ou la puissance de ces mêmes couches. On peut s'en former une idée en les considérant comme des grottes ou des cavités créées avec les couches, mais remplies après coup, souvent par des substances stériles, souvent aussi par des minerais précieux, il ne faut pas con- l'ondre les amas isolés avec les iiions à rognons, ou h chape- GIT 585 let qui offrent des renfîemens et des étrangleracns succes- slls : les masses minérales dont il s'agit ici sont absolument Jsolées les unes d'avec les autres, tandis que celles qui ap- })artiennent aux filons sont pour ainsi dire attaciiées en- semble par des filets ou des fissures qui servent de guiiles aux mineurs pour passer d'un amas à. un aulre. Ce gîte est un des plus difficiles à exploiter, puisqu'on est obligé de s'abandonner au hasard dans la recherche des amas, qui sont disséminés à travers le terrain, irrégulière- ment et sans ordre. Plus ces amas sont étendus, moins ils sont nombreux; ce sont les Nierensveis des Allemands. La mine de mercure du Stahlberg, près IMeissenheim, ci-devant département de la Sarre , en Palatinat, en est un exemple. Je ne confonds point avec les minerais disposés en masses par rognons , ceux qui sont disséuiinés en très-petits noyaux (JSierchen) dans toute l'étendue du terrain, et qui obligent à exploiter la roche elle-même, pour les en séparer ensuite par le lavage ou toute autre préparation mécanique : tels sont les minerais de cuivre carbonate nouvellement décou- verts à Chessy près Lyon ; les minerais de plomb des environs de Saint- Avoldt en Lorraine; ceux qui sont répandus dans le grès de Bleyberg (Roër), et qui semblent s'y être cristallisés couime les pyrites dans les schistes. En un mot, les amas par rognons supposent toujoui-s une cavité souterraine d'une certaine étendue, qui auroit été remplie après coup, de manière que l'emplacement de ce gîte peut être contempo- rain , selon toute apparence, des couches du terrain , et que le minerai peut y avoir été déposé plus ou moins long-temps après. La rencontre de quelques cavités vides semble prou- ver que le minerai n'a point été déposé au moment de la for- mation des excavations, qui l'ont reçu par la suite. Quant aux uànérais disséminés , tels que l'étain , les pyrites , la galène, le cuivre, etc., il paroît qu'ils datent de l'époque où les roches qui les renferment se sont déposées ou cristal- lisées, puisqu'ils font partie constituante des granités, des schistes ou des grès. Cependant l'existence des matières métal- liques dans les terrains de transport, dar.s les grès, n'est point encore, ainsi que le remarque M. Cordier , expliquée d'une Rlfinièrç satisfaisante. «En effet, dit ce savant minéralogiste , S85 GIT « en parlant du gisement du cuivre carbonate de Chessy, « il ne s'agit point ici d'un gîte où tous les élémens peuvent « être regardés comme étant incontestablement contempo- c< rains. Les bancs métallifères , comme les bancs environnans , « font partie d'un puissant terrain composé de matériaux « évidemment transportés. Si la matière métallique est con- « temporaine du dépôt , on ne conçoit pas pourquoi elle « ne s'est pas également répartie dans la roche, du moins « dans chacune des assises qui en renferment : si elle s'est « infiltrée postérieurement , on ne voit pas comment elle « a pu trouver les vides que supposeroit la pureté d'une ,x partie des masses.' ^^ 5," Les couches ou hancs. Si l'on tient beaucoup à distin- guer les bancs d'avec les couches, ce qui est assez inutile j on pourra dire que les couches sont moins épaisses que les bancs; mais on conçoit que cette distinction, purement arti- ficielle, est illusoire, puisqu'on ne sauroitdire à quelle épais- seur la couche commence à devenir banc , et réciproque- ment. L'usage a cependant introduit une sorte de distinction entre l'un et l'autre : on dit un banc de pierre , un banc de grès, et une couche de houille, une couche d'argile, etc. Au reste , les bancs et les couches se distinguent essentiel- lement des filons, en ce qu'ils sont contemporains et pa- rallèles aux autres assises de la montagne ou des terrains; iju'ils en font partie , et qu'ils semblent avoir été déposés pendant la période durant laquelle ils se sont formés. Les couches sont moins sujettes que les filons à subir des alternatives de rétrécissement et de développement ; en effet, il est assez naturel de penser qu'une fente ou une ca- vité quelconque qui s'est remplie après coup , et qui est le produit d'une cause violente ou anomale , doit présenter un bien plus grand nombre d'inégalités de puissance ou de ri- chesse qu'une couche qui s'est déposée et nivelée réguliè- rement en se consolidant : aussi trouve-t-on beaucoup moins d'accidens, de druses et de cristallisations, dans les couehes que dans les filons. Les bancs n'offrent point de ramifications i Ann. dss mines, tc»î. 4, t>. 10. GIT 537 comme les filons : cependant il arrive souvent, surtout dans les couches de houille , qu'elles subissent des replis sur cUes- inémes, des inflexions ou des ondulations; qu'elles sont in- terrompues par des filons stériles, et qu'on ne les retrouve qu'au-dessus ou au-dessous du point où elles ont disparu : mais une partie de ces irrégularités accidentelles sont jjos- térieures à leur formation, et communes à toutes les cou- ches du terrain dont elles font partie. (Voyez Failles.) 6." Les masses. Lorsque les couches acquièrent une épais- seur extraordinaire qui dépasse de beaucoup celle qu'on est convenu tacitement de leur accorder, quand plusieurs cou- ches de même nature se succèdent et ne sont séoarées que par de très -petits filets de substances hétérogènes, elles prennent le nom de masses. Ce gîte, qui est extrêmement riche, puisqu'il offre toujours une grande quantité de mi- nerai à^extraire, présente cependant tant de difficultés dans le cours de son exploitation, quand on ne peut opérer à ciel ouvert, qu'on pourroit souvent lui préférer une couche de moyenne épaisseur; car, si l'enlèvement complet du mi- nerai formant un gîte est une condition dictée par le bien général et par l'intérêt des générations à venir, cette sage prévoyance est souvent onéreuse pour l'exploitant, qui, commençant l'attaque, doit prendre le gîte par le pied, ou du moins dans la partie la plus basse possible, pour re- monter ensuite, en ne laissant rien ou presque rien en ar- rière. Les masses se trouvent au jour, ou dans l'intérieur de la terre : dans le premier cas , elles constituent souvent des col- lines entières qui sont exploitables à ciel ouvert ; et dans l'autre, on ne peut les attaquer qu'à l'aide de puits ou de galeries. Les gypses de Paris , l'aluminite de la Tolpha , le sel gemme de Cardonne en Espagne, et un grand nombre de mines de fer en roche, apparîienncnt aux masses externes; tandis que plusieurs houillères et les vastes salines de la Pologne sont des masses internes et souterraines, qui exigent tous les secours de l'art, et qui , malgré les plus grandes précautions, sont sujettes aux catastrophes les plus affreuses. 7,° Les dénôts extérieurs , ou les ailuvions. A fous les gîtes 533 GIT qui précèdent, dont les uns sont étrangers aux terrains qui les renferment , et dont les autres font partie intégrante de ces mêmes gisemens , Ton doit ajouter ceux qui cons- tituent des alluvions plus ou moins anciennes, et qui ren- ferment aussi des minerais plus ou moins précieux. Ce gîte, qui repose indistinctement sur toute espèce de terrain, com- prend une partie des minerais de fer limoneux et maréca- geux, les sables stanifères , aurifères et platinifères, de l'an- cien et du nouveau monde; ceux qui fournissent une partie des diamans, ainsi que les saphirs, les spinelles, les topazes, les cymoplianes et les autres pierres précieuses qui sont ver- sées dans le commerce. Les dépôts extérieurs dont il est ici question , sont formés par des sables ou des graviers pro- A'enant des montagnes environnantes , ou appartenant à des révolutions anciennes qui se rattachent aux dernières épo- ques du vieux monde ; ils constituent le fond d'u» grand nombre de plaines ou de vallées, et sont souvent traversés par des fleuves qui les entraînent au loin et charient les substances précieuses qu'ils renferment. Une grande partie de l'or qu'on extrait annuellement de l'une et l'autre Amérique, provient, suivant M. de Humboldt, des terrains d'alluvion que l'on lave continuellement et très en grand. Beaucoup de rivières et de fleuves roulent des paillettes de ce précieux métal , et le plus gros morceau qui ait été trouvé au Choco, fut retiré du lit d'une rivière (il pesoit 2 5 livres). Il en est de même du plus gros diamant qu'on ait trouvé au Brésil , et qui appartient au roi de Portugal : on le rencontra dans le ruisseau de l'Abaïté (voyez Oa, Diamant). Le platine, ce métal si précieux pour les arts et les sciences, se trouve, en Amérique, dans un terrain d'alluvion qui occupe une surface de six cents lieues carrées, et l'on exploite plusieurs mines d'étain dans les ter- rains de transport d'Angleterre , d'Allemagne , etc. L'origine des substances minérales précieuses qui se trou- vent dans le sable des rivières, a piqué la curiosité des miné- ralogistes et des gens les plus étrangers à cette science. Rien ne sembloit aussi naturel et même aussi probable, en effet, que de trouver de l'or en place en remontant les ruisseaux qui en charient des paillettes; mais, en Europe, du moins,, GIT 58<5 ces espérances de fortune se sont toujours évanouies. Le pro- blème est encore à résoudre, et la récolte des grains d'or qui se trouvent dans les sables du Rhin, du Rhône, de l'Ar- riège, etc., est abandonnée depuis long-temps à ces hommes qu'on nomme orpailleurs, parce qu'ils font métier de laver les sables aurifères dans des jattes de bois. MM. Napione et de Bournon pensent que l'or des alluvions provient de la décomposition des pyrites aurifères , dans les- quelles, en effet, il n'est point combiné, mais simplement mélangé; en sorte que l'oxide de fer qui teint ordinairement les sables où l'on trouve de l'or, seroit le résidu de cette même décomposition. Cette explication , qui est très-plau- sible pour les grains ou les simples paillettes, n'est pas aussi satisfaisante pour les grosses pépites qu"on trouve aussi dans les mêmes terrains de transport, et que l'on ne sauroit guère supposer avoir été conteuTies dans des pyrites. Quant à l'or des rivières, Ton pense généralement qu'il existe dans des alluvions qui sont traversées par ces courans d'eau dont ils forment le lit dans certaines parties ; ce qui explique assez bien la richesse passagère et locale des fleuves, qui cessent d'être aurifères, quand on les remonte au-delà de tels ou tels points. Le Rhin cesse d'être aurifère quand on dépasse Strasbourg en allant vers Bàlc. A l'égard des diamans, l'on sait aujourd'hui qu'ils se trou- vent en place dans une espèce de poudingue ferrugineux qui a peu de consistance ; et il n'est pas fort étonnant que l'action d'un courant désunisse cette roche simplement agglutinée, qu'il isole les diamans et les charie avec les autres élémens de leur gangue : aussi une partie de ceux qu'on trouve aux Indes et au Brésil se rencontrent-ils dans le lit de plusieurs grandes rivières qu'on détourne pour fouiller leur lit. (Voyez Diamant.) Une partie des pierres gemmes se trouvent dans des sables ferrugineux , titanifères , volcaniques ; d'autres semblent étrangères à cette origine, et appartiennent, selon toute apparence, aux terrains primordiaux. M. de Bournon, en considérant la parfaite conservation des cristaux de ces belles substances pierreuses, pense qu'elles ont été fort peu roulées, et qu'elles proviennent de la destruction d'un filon Sgo GIT voisin du lieu où on les trouve aujourd'hui, et qui les ftiiroit foules recelées. En effet, cette brillante réunion de saphirs, de topa?es, de rubis, de cymophanes, de tourmalines de toutes couleurs, ont dû nécessairement composer des groupes , des druses analogues à celles que nous trouvons en Europe; car leur pureté, leur volume, la perfection de leurs angles et de leurs faces, démontrent assez qu'elles ont occupé des espaces favorables à la cristallisation, à moins, cependant, qu'on ne veuille supposer que toutes ces substances aient été engagées, comme les grenats, dans des roches talqueuses , friables , qui se seroient détruites : mais la rareté des cris- taux complets exclut cette opinion , et fait revenir à l'idée des cristaux groupés ou implantés.' Le Brésil , le Pégu , le royaume d'Ava et Ceilan sont les principaux lieux où Ton trouve les gemmes dites orientales; on les apporte en Europe , et particulièrement en Angle- terre et en Portugal , avec une telle abondance qu'il n'est point rare d'en voir des sacs remplis : ce sont surtout les topazes que l'on vend ainsi à la livre; mais l'on doit bien penser que ces parties (car c'est ainsi qu'on les nomme) con- tiennent peu de belles pierres, et que celles-ci se vendent séparément et à la pièce. C'est à un de ces sacs, qui arrlvoit des Indes et qui étoit rempli de saphirs, que Ion doit le beau travail que M. de Bournon a publié sur la réunion de cette gemme au corindon et à l'éméril. Je ne cite ces exemples que pour donner une idée de l'abondance extrême de ces gîtes. Le petit ruisseau d'Expailly , près de la ville tlu Puy , département de la Haute-Loire, présente aussi, dans son sable ferrugineux volcanique, un grand nombre de zircons et quelques saphirs. L'on en trouve également dans le territoire volcanique de Léonédo, dans le Vicentin. Si tous les gîtes qu'on vient de décrire étoient toujours bien caractérisés dans la nature, il ne seroit pas permis de prendre un filon pour une couche , un amas pour une masse , etc.; mais il existe tant de gîtes mixtes ou différemment: embrouillés, qu'il n'est pas possible, même aux gens de » Le comte «le Bournon, Catalogue du caLinet particulier du Roi^ pag. 37. GIT 591 l'art les plus exercés, de déterminer rigoureusement à quelle espèce ils doivent être rapportés : aussi les différens gîtes qui ont été cités ne doivent-ils élre considérés que comme des types parfaits, autour desquels viennent se rattacher tous ceux qui s'en rapprochent plus ou moins. Les différentes modifications des gîtes en apportent né- cessairement dans le mode d'exploitation qui leur est propre. Tantôt le mineur se traîne dans des couloirs de quelques pouces de hauteur, pour n'enlever que la partie utile et diminuer les frais d'extraction : tantôt il divise son travail en massifs, qu'il attaque ensuite de front ou par échelons; il ménage des piliers qui partent de la partie la plus profonde des travaux, et qui se prolongent à de grandes hauteurs, mais dont les intervalles sont soigneusement remblayés. Ail- leurs il s'élève sur ses propres déblais, en laissant dans lïn- térieur toute la gangue stérile , et n'envoyant au jour que les minerais déjà choisis. Il traverse les masses solides dans tous les sens, les excave avec une hardiesse dont il est sou- vent victime; produit des vides immenses que de légers pi- liers, réservés à regret, soutiennent à peine, et qui donnent à ces antres souterrains cet aspect pittoresque et architec- turel que les voyageurs décrivent et qu'ils embellissent sou- vent du fruit de leur brillante imagination. Le feu, le fer, la poudre et l'eau même sont employés pour arracher à la terre les minerais contenus dans leurs gîtes. Avant !a découverte de la poudre , et à l'époque où les forêts étoient plus communes qu'elles ne le sont au- jourd'hui, on attendrissoit avec le feu les roches qui résis- toient à l'effort du pic et des Coins; peut-être même les faisoit-on éclater en jetant de l'eau dessus avant qu'elles ne fussent refroidies. La tradition, l'histoire du rocher d'An- nibal ; l'examen des vieux travaux, où la trace du feu est encore évidenteij et, enfin, l'usage que l'on en fait encore dans quelques exploitations d'Allemagne, ne laissent aucun doute à ce sujet. Le tirage à la poudre a remplacé très- avantageusement cette ancienne méthode, qui devoit en- traîner les plus grands inconvéniens dans les travaux sou- terrains; mais on ne doit pas, cependant, la considérer comme étant tout-à-fait dépourvue d'avantages , puisqu'on 592 GIT s'en sert encore dans un pays où l'art des mines est port(^ à un point de perfection qu'on chercheroit vainement ailleurs. La poudre est employée avec le plus grand succès pour iriser les roches vives et entières, ou pour ébranler celles qui sont crevassées. Lorsque l'explosion a eu lieu (ce que l'on opère, comme on le sait, au moyen d'une cartouche de deux à trois onces que l'on serre dans un trou rond , fait au moyen d'un fleuret), l'ouvrier reconnoit toutes les parties qui ont été ébranlées au son qu'elles rendent sous le marteau, L'elFet plus ou moins grand d'une mine tient beau- coup plus à l'intelligence avec laquelle le mineur l'a dirigée, qu'à la quantité de poudre employée. Toutes les pierres ne se cassent pas avec la même facilité : aussi doit-on propor- tionner la profondeur du trou, la force de la cartouche, et l'épaisseur du bloc que l'on veut détacher, à la qualité de la roche. Les outils du mineur varient aussi avec le gîte qu'il exploite; mais les principaux, ou ceux qui sont commuas à presque toutes les localités, sont, pour l'usage de la poudre, les dillérentes sortes deburins, de fleurets ou pistolets aciérés, les bourroirs simples ou à terre grasse, les curettes, les épin- glettes elles petites masses : pour les roches crevassées, ce sont les pics aciérés, les coins, les leviers et les batf crans ou grosses masses ; pour la houille, ce sont de petits pics très-pointus et eflilés, des coins pyramidaux, des pelles, etc. Les pointes et les pointerolles ne sont guère employées qu'à entailler les cavités carrées qui sont destinées à recevoir l'extrémité des pièces de bois servant à consolider les diffé- rentes parties des travaux souterrains. L'eau ne sert qu'à extraire directement le sel qui est con- tenu dans les gypses et les terres argileuses oîi il se trouve souvent mélangé. On pratique, à cet effet, dans ces terrains salés, de grandes excavations souterraines qu'on nomme sa- lons : l'on y amène de l'eau douce ou de l'eau peu salée, détournée de quelque source intérieure ; on l'y fait séjourner jusqu'à ce qu'elle ait acquis le degré convenable de salure, et on la conduit ensuite aux ateliers, où l'on en opère l'éva- poration. Je ne puis entrer dans les détails tecliniques de l'art d'ex- ploiter les divers gites des minerais; j'en ai dit assez pour GIU 695 faire entrevoir l'étendue de ce sujet, qui commence aux simples excavations des sablonnières, qui s'élève jusqu'aux opérations les plus délicates de la trigonométrie souterraine, et où la boussole, compagne inséparable des marins, de- vient aussi le guide des mineurs. (Brard.) GITH. {Bot.) C. Bauhin soupçonne que la plante à laquelle Dioscoride donnoit ce nom et celui de melanthium , est la nigelle ordinaire , nigella arvensis. Brunsfels et Dodoens avoient eu avant lui la même opinion, et ce dernier combat celle d'autres auteurs, qui croyoient que la plante de Diosco- ride pourroit être le githago , agrostemma gilhago des bota- nistes. (J. ) GITH BATARD {Bot.), nom vulgaire de la nigelle cul- tivée. (L. D.) GITHAGO. {Bot.) Nom donné par Tragus à une plante com- mune dans les blés , connue sous le nom vulgaire de miellé , et que les Italiens nomment githone. C. Bauhin et Tournefort Tavoient réunie au genre Ljchnis. Linnœus, trouvant dans son nombre de cinq styles un caractère distinctif et généri- que, l'a nommée agrostemma, parce que les paysannes en font des couronnes de fleurs, et il lui associoit quelques autres iychnis munis de cinq styles. Cette première espèce diffère des autres par ses pétales entiers, nus et plus courts que les divisions du calice. Adanson a, pour cette raison, établi le genre Githago , en nommant les autres coronaria. Si cette distinction est adoptée , il faudra observer que c'est pour cette première espèce que le mot agrostemma a été fait. (J. ) GITHONE. {Bot.) Voyez Githago." (J.) GITON {Conchj'l.) ; Adanson, Sénég.,p. 124, pi. 8. Très- petite espèce de poupre. (DeB.) GIU. {Ornith.) Scopoli désigne, par ce nom et par celui de chiu , une espèce de petit- duc, d'une couleur cendrée blanchâtre, avec des raies transversales noirâtres, qu'on trouve dans les contrées voisines de la Carniole. ( Ch. D. ) GIUGGIOLE(Bo^), nom italien du fruit du jujubier, selon Daléchamps. (J.) GIUGGIOLINA {Bot.), nom italien, selon Adanson, du sésame, nommé aussi en françois jugéoline. (J.) GIULA {Bât.), nom italien, cité par Dodoens, de son 18. ' 33 594 GJU halsamita niinor , qui est Teupatoire de Mésué , achillea âge- Vatum. (J) GIUMEITS. (Bof.) Un des noms, peut-être défigurés , et cités dans Rauwolf, du mumeiz des Arabes, qui est le iiguier sycomore. C'est aussi le giume de Prosper Alpin , Valiumeizi pu giumeizi cité par Daléchamps. Voyez Djummeiz. ( J. ) GIVAL (Conchjl.) ; Adanson , Sénég. , p. 07, pi. 2 : Patella grœca, Linn. Espèce du genre Fissukelle de M. de Lamarck. Voyez ce mot. (De B.) GIVAUDANE {Omith.) , nom provençal de la perdrix l)artavelle , pcj-dfx saxatilis , Meyer. (Ch. D.) GÏVIN. (Bot.) C'est le gevuin, gevuina, arbre du Chili. (J.) GIVRE. {Phys.) Voyez Météores. (L.) GIWUL, DIWUL (Bot.) .- noms du limonia acidissima , k Ceilan. (J.) GIXERLE. (Ornith.) Voyez Girerle. (Ch. D.) GJOEK (Ornith.), nom suédois du coucou, cuculus ca-^ noms, Linn. ( Ch. D.) GJOEK TYTA ou TIDA (Ornith.), nom suédois du tor- col, v«nx torquilla, Linn. (Ch. D.) GJUGIN. (Bot.) Le géranium palustre est ainsi nommé au Japon, suivant M. Thunberg, (J,) FIN pu DIX HUITIEME VOLUME. Strasbourg, de rimprimerie de F. G. Levrault , imprimeur du Roi, En vente chez les mêmes libraires à Strasbourg et Paris : PROCLI PHILOSOPHI PLATONICÏ OPERA, e codcl mss. bibiioth. Reg. Parlsiensls, tuin primum edidit, lectlone varielaïc , versione latina , commentariis illustravit Victor COUSIN, Professor philosopîiiœ in acad. Parisiens!. Tomus secundus , conlinens parteni dimidiam commentarii IN PRIMUM PLA- TONIS ALCIBIADEM. LE GUIDE DU PONTONNIER. Mémoire sur les ponls militaires, contenant les passages de rivières les -plus remarquables exécutes jusqu'à nos jours, et les principes de l'art du Pontonnier ; avec les figures nécessaires à l'intelligence du texte, et une carte lopographique de l'île de Lobau, représen- tait les ouvrages de campagne construits dans cette île en 1809, par A. F. DRIEU, Capitaine au Corns ropl d'artillerie. Chevalier de la Légion d'honneur- m m volume in -8.° meurj HISTOIRE GÉNÉALOGIQUE DE LA MAISON SOUVERAINE DE lïESSE, oEPurs les temps les PLUS RECULÉS jusqu'a NOS JOURS; 2 voI. in-8/