m DIGTIONISAIRE DES CIENCES NATURELLES, DANS LEQUEL TRArrF. MÉXMODÏQUEMENI DES DIFFÉRENS ÊTKES DE LA NATURE , C0>::;IIJÉ!\É5 SOIT EN EUX-MÊMES, d' APRES l'ÉTAT ACTUEL DE NOS CONXOISS ANCES , SOIT RELATIVEMENT A l'uTILITB QU'eN PEUVENT RF.TinER LA MÉDECINE, l'agriculture, LE COMMERCE ET LES ARTS. iUIYî D'UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES NATURAUSTES. iusiear.s Piofos5eurs du Jardin du Roi, et des principales Écoles de Paris. TOME VINGT-TROISIÈME, lEA-IRY F. G. Leviuxjlt, Editeur, à STRASBOURG, et rue des Fossés M. le Prince, N.° 3i , à PARIS. Le Nor^nt, rue de Seine^ N.** 8, à PARIS. 1822. LIBRARY OF 1685- IQ56 DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES. TOME XXIII. IEA = IRY. Le nomhre ^exemplaires prescrit -par la loi a été déposé. Tous les exemplaires sont revêtus de la signature de r éditeur. ^!^/^ ^Ùi*^!:^!K^''^^) > DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES, DANS LEQUEL ON TRAITE MÉTHODIQUEMENT DES DIFF1ÉRENS ÊTRES DE LA NATURE, CONSIDÉRÉS SOIT EN EUX-MÊMES, d'aPRÈS l'ÉTAT ACTUEL DE NOS CONNOISSANCES , SOIT RELATIVEMENT A l' UTILITÉ Qu'eN PEUVENT RETIRER LA MÉDECINE , l'aGRICULTURE , LE COMMERCE ET LES ARTS. SUIVI D'UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. Ouvrage destiné aux médecins, aux agriculteurs, aux commercans, aux artistes, aux manufacturiers, et k tous ceux qui ont intérêt à connoître les productions de la nature, leurs caractères génériques et spécifiques, leur lieu natal, leurs propriétés et leurs usages. PAR Plusieurs Professeurs du Jardin du Roi ,' et des principales Ecoles de Paris. TOME VINGT-TROISIÈME. F. G. Levrault, Éditeur, à STRASBOURG, et rue des Fossés M. le Prince, N." 3i, à PARIS. Le Nokmant, rue de Seine, N.*' 8, à PARIS. 1822. Liste des Auteurs par ordre de Matières. Phjsitjue générale. M. LACROIX, membre de l'Acadëmie des Sciences et professeur au Collège de France. ( L. ) Chimie. M. CHEVREUL, professeur au Collège royal de Charlemagne. C*^".) Minéralogie et Géologie. M. BRONGNIART, membre de l'Académie de< Sciences, professeur à la Faculté des Sciences. ( B. ) M. BROCHANT DE VILLIERS, membre de l'Acidémie des Sciences. ( B. de V.) M. DE F RANGE, membre de plusieurs Sociétés savantes. ( D. F.) Botanique. M. DESFONTAINES, membre de l'Ac-idémie des Sciences. (Desf. ) M. DE JUSSIEU, membre de l'Académie des Sciences, prof, au Jardin du Roi. (J.) M. MIRBEL, membre de l'Académie des Sciences, professeur à la Faculté des Sciences. (B. M.) U. HENRI CASSINI , membre de la Société pbilomatique de Paris. ( H. Ciss. ) M. LEMAN , membre de la Société philo- mulique de Paris. (Lem.J M. LOISELEUR DESLONGCHAMPS, Docteur en médecine, membre de plusieurs Sociétés savantes. ( L. D. ) M. MASSEY. ( Mass. ) M. POIRET, membre de plusieurs Sociétés savantes et littéraires , continuateur de l'Encyclopédie botanique. (Poir.) M. DE TUSSAC, membre de plusieurs Sociétés savantes, auteur de la Flore des Antilles. (De T.) MM. DE HUMBOLDT et RAMOND nouveaux qu'ils ont observés dans leurs v plus p.irticulièrcmcnt occupés. M. DE CAN M. F. CUVIER est cbargé de la direction articles généraux de loologie et ù l'histoire Zoologie générale, ^natomic et Physiologie- M. G. CUVIER , membre et secrétaire per- pétuel de l'Académie des Sciences, prof.au Jardin du Roi , etc. ( G. C. ou CV. ou C.) Mammifères. M. GEOFFROY , membre de l'Académie des Sciences , professeur au Jardin duRoi, ( G. ) M. DUMONT, membre de plusieurs Sociétés savantes. ( Ca. D.) Reptiles et Poissons. M. DELACÉPÈDE, membre de l'Académie des Sciences , professeur au Jardin du Roi. (L. L.) M. DUMERIL, membre de l'Académie de» Sciences, professeur à l'École de méde- cine. (C. D.) M. CLOQUET, Docteur en médecine. (H.C) Insectes. M. DUMERIL , membre de l'Académie de» Sciences, professeur à l'Ecole de médecine. (C. D.) Crustacés. M. W. E. LEACH, membre de la Société royale de Londres, Correspondant du Mu- séum d'histoire naturelle de France. (W. E. L.) Mollusques, Fers et Zoophytes. M. DE BLAINVILLE, professeur à la Faculté des Sciences. ( De B.) M. TURPIN, naturaliste, est cbargé de l'exécution des dessins et de la direction de la gravure. Jonneront quelques articles sur les objets oyages , ou sur les sujets dout ils se sont DOLLE nous a fait la même pt générale de l'ouvrage, et il coopérera aux des mammifères. (F, C.} DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES. lEA IeAIEAMADOU. {Bot.) Nom donné, suivant Aubîet, par les Créoles deCayenne, à une espèce de muscadier sauvage, virola sehifera de cet auteur, que les naturels d'Oyapoc nom- Bient voirouchi, et les Galibis dayapa et virola. Ses graines donnent un suif dont on fait des chandelles dans la Guiane. (J.) 1EBAL,EBAL (Bot.) : noms africains du chiendent des boutiques, selon Ruellius et Mentzel. (J. ) lÈBLE (Bot.), nom vulgaire d'une espèce de sureau, sambucus ebulus, Linn. Voyez Hièble. (L. D. ) lEIERECOU. {Bot.) Voyez Couguerecou. (J.) lELLOO ( Orniih. ) , nom du gypaète chez les Mongols. (Ch. D.) lEONPALA. {Bot.) Voyez Jeonpala. (J.) lERABOTANE. {Bot.) Voyez Hierabotane. (J.) lERATOUNE. {Bot.) Nom grec d'une plante citée par Clusius , dans son Hist. plant., ayant le port d'un trèfle ou d'un lotier, des gousses que l'on peut manger avant leur maturité, comme celles des pois ou haricots. Cet auteur ne détermine pas l'espèce. (J. ) lERÉE. {Foss.) Dans l'exposition méthodique des genres de l'ordre des polypiers, M. Lamouroux a établi sous ce 23. ' i 1ER nom un geui'e nouveau , auquel il assigne les caractères sul- vans : Pol/ypier fossile , simple, pjriforme , pédicellé ; pédicule très -gros, cylindrique, s' évasant en masse arrondie, à surface lisse; un peu au-dessus commencent des corps de la grosseur d'une plume de moineau, longs, cylindriques , Jlexueux , solides, plus nombreux et plus prononcés à mesure que l'on s'éloigne delà base, et formant la masse de la partie supérieure du polj^pier ; sommet tronqué , présentant la coupe horizontale des corps cylindriques ob- servés à la circonférence. Cet auteur dit qu'il est extrêmement difficile de pronon- cer sur la classe à laquelle appartient ce singulier corps ; il ne peut dire si c'est une actinie , un alcyon ou bien un po- lypier sarcoïde actlnaire. Il croit que, si c'étoit une actinie, les corps cylindriques en seroient les tentacules. Si ces corps étoient des cellules ou des tubes polypeux , n'étant pas épars sur la surface du polypier, l'ierée ne pourroil appartenir aux alcyonées, et il le piace provisoirement parmi les polypiers actinaires. M. Lamouroux a donné à cette espèce le nom d'Ierée pyriforme , et d'après la figure qui se trouve dans l'ouvrage ci-dessus cité, pi. 78, n." 3, ce corps a quatre pouces et demi de longueur sur trois pouces de diamètre. L'individu qui a servi à établir les caractères du genre , ayant été roulé par les eaux, on peut croire qu'il dépend d'une couche qut paroît moins ancienne que le banc bleu des Vaches noires, et qu'on trouve à Saint-Himer, près de Pont-l'tlvéque, dépar- tement du Calvados, à Laigle et aux environs de Mortagnc ; département de l'Orne. Cette couche, qui semble être crayeuse, renferme une grande quantité de polypiers dcpendans de l.'i famille des alcyonées. Dans le supplément du premier volume de ce Diction- naire nous avons décrit, à l'article Alcyon, page loS, une espèce que nous rapportons à ce genre, et à laquelle nous avons donné le nom d'alcyon changeant ; mais elle paroît avoir beaucoup de rapport avec le genre lerée. Sa forme n'est pas précisément la même ; mais j'ai la preuve que diffé- rens individus qui dépendent de cette espèce sont d'une forme plus ou moins alongée. Ceux que je possède, au lieu de corps longs, flexueux et solides, ont leur surface supé- IF 5 i'iéùre criblée de trous arrondis, lesquels ont pu contenir des corps qui auroient disparu , comme il arrive souvent aux astrées de certaines localités; ou bien les corps qu'on remar- que dans rieréc pyriforme ne seroient peut-être qu'une gangue moulée dans ces trous. Au surplus je pense que ces polypiers doivent ttre distin- gués des alcyons, et surtout de ceux qu'on a appelés figue de mer et haliirhoé. ( D. F.) lEUSE ou YEUSE. {Bot.) C'est une espèce de chêne, quercus ilex , Linn. Voyez Chêne. (L. D.) lEUZ. (Bot.) Voyez Gianzi. (J.) IF; Taxus^ Linn. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, de la famille des conifères, Juss. , et de la dioécie monadelpliic de Linnœus, dont les principaux caractères sont les suivans: Fleurs monoïques ou dioïques: dans les mâles, calice de plu- sieurs écailles imbriquées; les supérieures plus grandes, op- posées ; cinq à dix étamines ayant leurs fih'mens réunis en colonne saillante et portant des anthères rapprochées en tête: dans les fleurs femelles, calice comme dans les mâles ; ovaire ovoïde , porté sur un réceptacle orbiculaire et surmonté d'un stigmate sessile ; noix monosperme , presque entièrement re- couverte par le réceptacle qui a pris de l'accroisscm.ent aprè?» la fécondation , est devenu pulpeux et presque de la forme d'une baie. Les ifs sont des arbres à rameaux nombreux , à feuilles simples, toujours vertes , et à fleurs axillaires. On en connoît huit à dix espèces , dont l'une croît naturellement en Europe. Ce sera particulièrement de celle-ci que nous traiterons dans cet article , et nous ne dirons que quelques mots des espèces exotiques. If baccifère ou If commun: Taxus laecifara, Linn., Spec, 1472 ; Nouv. Duham., 1 , pag. .61 3 tab» 19; Blackw. , Herb. , tab. 672. Cette espèce est un arbre dont la tige, cylindrique et très-droite, s'élève à trente ou quarante pieds de hauteur, pu un peu plus, en se partageant latéralement en branches nombreuses, presque verticillées, dont les dernières ramifi- cations sont garnies de feuilles linéaires, d'un vert foncé, trçs-rapprocliées les unes des autres , et disposées de deux côtés opposés. Les fleurs sont axillaires, sessiles, monoïques 4 IF ou dioïques, rouseàtres; les mâles très-nombreuses, et les fer melles plus rares. Les fruits sont de petites noix ovoïdes , contenant une amande oléagineuse, et aux trois quarts en- veloppées pur le réceptacle, qui a pris de Taccroissement, est devenu pulpeux, duii rouge vif et a presque la forme d'une haie, d'où l'on donne souvent le nom de baies à ces fruits. L'if croit naturellement dans les lieux secs et froids des montagnes de la France et de lEurope , dans le nord de l'A- sie et dans le Canada. L'histoire de l'if présente beaucoup de contradictions, quand on recherche ce que les divers auteurs ont écrit sur ses pro- priétés les uns n'en ont parlé que comme d'un arbre dont toutes les parties étoient mal-faisantes ; les autres, au con- traire, ont prétendu qu'il n'avoit pas de qualités nuisibles. Théophraste, le plus ancien auteur dans leqiicl il soit ques- tion de l'if, dit que ses feuilles sont un poison pour les che- vaux, mais que les ruminans peuvent en manger sans en éprouver aucun mal; et il ajoute que ses fruits, mangés par les hommes , ne leur font de même aucun mal. Les Gaulois , d'après le témoignage de Strabon , em- ployoient le suc de l'if pour empoisonner leurs flèches , et César, dans ses Commentaires {de heîlo gallico , lib. VI), rapporte que Cativulcus, roi des Éburoniens , se servit de ce même suc pour s'empoisonner. S'il faut en croire Plutarque , l'if est surtout mal -faisant pendant qu'il est en fleur; et c'est, sans doute, parce que Virgile croyoit aux dangereuses émanations de cet arbre pendant sa floraison . qu'il le dit nuisible aux abeilles et qu'il ne veut pas qu'on en plante près des maisons. Sic tua Cyrneas fugiant examina taxas. Eclog. IX , vers. 3o. I^e pioprius îectis taxum sine .... Georg., lib. IV, vers. 47- Lucrèce fait aussi allusion aux dangereuses propriétés de l'if dans les deux vers suivans: Est etiam magnis Hcliconis mo/itibus arbor ^ Fions odore homitiem tetrg coiisueia necare. ÎF 5 Dioscoride confirme tout ce que nous avons rapporté jus- qu'à présent des propriétés mal-faisantes de l'if: selon lui , les fruits de cet arbre donnent le flux de ventre aux hommes , et il ajoute que, dans la Caule N.-^rbonnoise surtout, il recèle un venin si délétère que son ombrage suffit pour rendre ma- lades ceux qui se reposent ou s'endorment dessous , et que même on a en des exemples de personnes qui avoient péri par le seul effet des émanations reçues de cette manière. Pline dit que l'aspect de l'if est triste et de mauvais au- gure, et il renchérit encore sur les mauvaises qualités que lui attribue Dioscoride: car il assure d'une manière positive que ses fruits sont vénéneux, surtout en Espagne , et que le bois partage ces mêmes qualités délétères , des personnes étant mortes pour avoir bu du vin qui avoit été renfermé dans des tonneaux de bois d'if. Il ajoute d'ailleurs que quelques au- teurs ont prétendu que les poisons qui servent à empoison- ner les flèches avoient d'abord é;é appelés taxica, du nom latin de l'if, taxas , et que ce n'est que par la suite que cette dénomination fut changée en celle de toxica. Cette dernière assertion de Pline a été réfutée par plusieurs comuienfateurs, qui se fondent, avec raison, sur ce que Dioscoride emploie le mot rc^mov 1 pour signifier venin ou poison, non comme dérivé du latin, mais comme emprunté aux Barbares qui ont coutume d'empoisonner leurs flèches et qui les nomment toxa. En suivant l'histoire de lif des auteurs anciens dans les modernes, Matthiole nous apprend qu'il a traité des bergers et des bûcherons attaqués de fièvres ardentes pour avoir mangé des fruits d'if. J. Bauhin rapporte que des chevaux et animaux domestiques sont morts après en avoir brouté les feuilles. Le jésuite Schott dit que ces mêmes feuilles, jetées dans des eaux dormantes où il y a des poissons, les étour- dissent et les engourdissent au poiiit qu'on peut ensuite les prendre à la main. Rai confirme aussi ce que les anciens ont dit des dangereuses émanations de l'if, en rapportant que les jardiniers qui étoient chargés de tondre un if très-touffu dans le jardin de Pise , ne pouvoient résister plus d'une demi- heure de suite à ce travail, et qu'ils étoient empêchés de le continuer par les violentes douleurs de tête qu'ils ressentoient. IF On est très-persuadé en Normandie, où Ton trouve Tif com- munément, que ses feuilles et même son bois sont vénéneux-, et on y raconte une histoire de deux curés morts subitement dans une chambre lambrissée en if, et que leur successeur ne put habiter sans danger qu'après en avoir fait enlever la fatale boiserie. Malgré (ous les témoignages que nous venons de citer, quel- ques auteurs n'ont pas craint d'être d'un sentiment contraire et de révoquer en doute les propriétés mal-faisantes de Tif. Ainsi , Suétone . parmi les anciens, rapporte que l'empereur Claude fit publier que le suc des fruits de cet arbre étoit l'antidote du venin de la vipère; et, parmi les modernes, Lobel, Gbnlitsch , le continuateur delà Matière médicale de Geoffroy , et BuUiard , se sont prononcés affirmativement pour l'innocuité de ces fruits, et Pena , Daléchamps et Gérard ont assuré, le dernier surtout, après en avoir fait l'expé- rience lui-même, qu'on pouvoit impunément s'endormir à l'ombre de Tif. M. Rêver, dont nous parlerons encore plus bas, m'a fait assurer que c'étoit chez, lui-même qTi'étolt arrivée l'histoire des curés dont on attribue la mort à une poutre d'if qui se trou- voit dans leur chambre; mais qu'ayant eu occasion d'habiter cette même chambre, au lieu de faire retirer la poutre, il en brava l'influence, en plaçant son lit sans rideaux sous cette même pièce de bois , et que non-seulement il n'en mourut pas subitement, comme ses prédécesseurs, mais encore qu'il se porte bien à présent, plus de trente ans après. Il seroit difficile, d'après ces autorités nombreuses et con- tradictoires, de se prononcer pour ou contre ce qu'on doit définitivement penser des bonnes ou mauvaises qualités de l'if, si les expériences positives qui ont été faites, dans ces derniers temps, sur les différentes parties de cet arbre, ne nous mettoient à même de l'apprécier maintenant d'une ma- nière plus certaine. M. Percy, qui a été chirurgien en chef des armées, et . qui est aujourd'hui membre de l'Académie françoise , a fait, il y a trente et quelques années, des observations sui- vies sur l'emploi des fruits de l'if à l'intérieur, et il s'est assuré qu'ils étoient adoucissans, diurétiques cf laxatifs : qu'il IF n faudroit en prendre une grande quantité pour qu'ils pussent produire un flux de ventre abondant, mais, d'ailleurs, sans danger. A peu prés dans le même temps que M. Percy , M. Har- mand de Montgarny a fait connoître les expériences qu'il avoit faites avec l'extrait et la poudre de feuilles ou de l'é- corce de l'if; et, d'après ses expériences, ces préparations, quand elles étoient portées à des doses un peu fortes , comme douze grains pour l'extrait et deux gros pour la poudre , ont causé divers accidens, tels que la diarrhée , des nausées, des vomissemens, des vertiges, un assoupissement, un en- gourdissement plus ou moins long, avec la rigidité des ex_ trémités. Le même rapporte qu'il périt une grande partie de pois- sons dans un canal où l'on avoit jeté des racines d'if, et que des gens qui mangèrent de ce poisson empoisonné, eurent, pendant plusieurs jours, un dévoiement copieux, accom- pagné de coliques. Deux faits encore , rapportés par le même M. de Montgarny , tendent aussi à faire croire que les vapeurs qui s'échappent de l'if sont véritablement narco- tiques. Un chien tomboit dans une sorte d'assoupissement lé- thargique qui duroit plusieurs heures, toutes les fois qu'il s'endormoit sous un if très-toulTu ; et une fille de vingt-six ans s'étant endormie un soir sous le même arbre , elle de- meura, pendant deux jours, dans une sorte d'ivresse. Le docteur H. Perceval , de Manchester, rapporte, dans la Bibliothèque britannique de Juillet 1808, plusieurs observa- tions qui prouvent l'effet vénéneux des feuilles de l'if, et d'après lesquelles il paroit que ces feuilles sont beaucoup plus mal-faisantes lorsqu'elles sont fraîches que lorsqu'elles sont desséchées. Plusieurs animaux sont morts après qu'on leur en eut fait prendre le suc exprimé pendant qu'elles étoient dans le premier état. Enfin, on peut conclure des expériences récentes rappor- tées ou faites par M. le docteur Orfila, que le suc retiré des feuilles d'if , ou l'extrait qu'on en peut préparer, sont vénéneux. Environ neuf gros du premier, qu'on a fait avaler à un petit chien, lui ont donné la mort: et un autre animal de la même espèce et de moyenne taille a également suc- 8 IF combé, quelques heures après lïnjection dans la veine jugu- laire de quarante grains de l'extrait aqueux des feuilles, dis- sous dans une demi-once d'eau. Pour résumer tout ce que nous avons dit jusqu'à présent sur les propriétés de l'if, nous croyons que les expériences des modernes confirment assez ce que les anciens avoient dit contre cet arbre, pour qu'on doive le ranger au nombre des espèces végétales suspectes et mal-faisantes. Point de doute que le suc des feuilles et leur extrait ne soient vénéneux à une dose un peu forte , et que dans les pays plus chauds que le nord de la France et l'Angleterre, comme en Grèce, en Italie, en Espagne, ce suc ne puisse être encore plus délétère ; et que l'ombre des ifs, qui, le plus souvent, n'a fait éprouver aucun mal à ceux qui s'y étoient exposés dans notre pays ou en Angleterre , peut très-bien , dans des climats plus méridionaux, avoir causé des assoupissemens lé- thargiques, qui quelquefois même auront été suivis de la mort. Quant aux fruits de l'if, ils paroissent être exempts des mauvaises qualités propres aux feuilles, au bois et àl'écorce, et leur pulpe devient seulemenl laxative lorsque , comme celle de beaucoup d'autres fruits , elle est prise en trop grande quantité. L'amande contenue dans la petite noix, qui est le véritable fruit de l'if, a une saveur agréable, ana- logue à celle de la noisette : elle fournit par expression une huile qu'on peut employer pour l'assaisonnement des alimens et autres usages économiques; mais on n'est pas dans l'habi- tude de faire l'extraction de cette huile. Le bois d'if est d'un rouge brun, plus ou moins veiné : c'est le plus pesant des bois de l'Europe après le buis; le pied cube pèse, vert, quatre-vingts livres neuf onces, et lorsqu'il est parfaitement sec, soixante -une livres sept à huit onces. Il est très- dur et presque incorruptible; il a le grain fin, serré , se travaille facilement et est susceptible de recevoir un très-beau poli. Varennes de Fenille a trouvé le moyen de lui donner une couleur d'un pourpre violet assez vif, qui le rapproche beaucoup de la beauté de certainsbois des Indes. Ce moyen consiste à en faire immerger des tablettes très-minces dans l'eau d'unl)assin pendant quelques mois: cela développe IF 9 sa partie colorante au point qu'elle pénètre tout le bois assez profondément pour que Foulil ne l'enlève pas dans le travail qui suit le placage. Cette opération réussit encore plus promp- tement lorsque le bois a toute sa sève au moment où il est plongé dans l'eau. Les menuisiers, les ébénistes, les luthiers, les tourneurs, recherchent le bois d'if; il est excellent pour tous les ou- vrages qui exigent de la force et de la durée. On l'em- ploie pour les vis, les dents d'engrenage des roues de mou- lins , les essieux de voitures. On en fait de très-beaux meubles , des vases , des tabatières , des étuis ; on en a vu des ouvrages de marqueterie et de sculpture conservés sans au- cune vermoulure , quoiqu'ils fussent faits depuis plus de cinq cents ans. Les anciens se servoient de ses branches pour faire des arcs, parce que son bois joint aux autres qualités dont nous avons déjà parlé, une grande élasticité. Virgile a dit, en parlant de cet usage , Ityrceos taxi torquenfur in arciis. Gcorf?., lib. II, V. 448. Aujourd'hui, les habitans des Alpes font, avec les branches de cet arbre, des cercles et des échalas qui durent très-long- temps. Pallas dit qu'en Colchide et en Géorgie qw se sert aussi de ces échalas pour les vignes, et qu'ils sont presque incorruptibles. Chez les Romains , l'if étoit regardé, ainsi que nous l'avons dit plus haut, comme un arbre triste et de mauvais augure, et ses rameaux servoient à faire des couronnes pour les cé- rémonies lugubres ; c'est à quoi Statius fait allusion dans les vei's suivans : En iaxea marcef Sylva comis , hilaresque hederas plorata cupressus Excluait ramis. La verdure continuelle de l'if a été regardée comme un symbole de l'immortalité ; elle Tavoit fait consacrer chez nos ancêtres aux plantations dans les cimetières : aujourd'hui le cyprès est plus particulièrement destiné à ombrager les tom- beaux ; cependant, dans quelques cantons de la Suisse, en Angleterre et surtout en Ecosse , on a conservé l'usage de placer des ifs dans les cimetières. Il y a cent ans et plus, l'if étoit très -multiplié dans les parcs et dans les grands jardins d'agrément : docile à la taille , il prenoit, sous les ciseaux du jardinier, toutes les formes qu'on vouloit lui donner. Le plus souvent on le tailloit en boules, en pyramides , en palissades , en portiques disposés avec symétrie dans les allées des parcs et des parterres; il fut même un temps où on lui faisoit prendre les formes les plus bizarres et les plus fantastiques. On a vu des ifs taillés de manière à représenter des saints et des anges, des dieux et des héros de la fable, quelquefois des animaux et des vases. Aujourd'hui la mode ridicule de défigurer l'if est passée, de- puis que les jardins paysagers, dits jardins anglois, sont de- venus le goût dominant. Dans ces derniers, on ne donne plus de plsce qu'à un petit nombre de ces arbres, que l'on groupe avec les autres arbres verts , en les laissant croître en liberté. L'if se multiplie de graines, de boutures et de marcottes. Le premier moyen est préférable, parce que les arbres qui en proviennent s'élèvent plus droits et forment une tête plus touffue et plus régulière. Ceux, au contraire, qui sont ve- nus de boutures ou de marcottes, sont sujets à se courber d'un côté ou de l'autre, et ne sont jamais aussi vigoureux. Il faut semer les graines de l'if avec la pulpe qui les en- toure et aussitôt qu'elles sont mûres ; lorsqu'on attend au printemps, elles ne germent que l'année d'après. On sème dans un terrain exposé au nord, un peu ombragé, et on recouvre les graines d'un demi-pouce de terreau de bruyère. Toutes les graines ne lèvent pas la première année; il y en a qui ne poussent que la deuxième et même la troisième. A la. fin de l'automne de la deuxième année du semis, on peut mettre les jeunes ifs en pépinière, jusqu'à ce qu'on les place à demeure, ce que l'on peut faire depuis l'âge de quatre jusqu'à six ans. L'if n'est point délicat : il s'accommode de presque toutes les espèces de terrains; mais il se plaît mieux à l'ombre qu'au grand soleil. Il craint peu le froid . et depuis l'hiver de 1709, le plus rigoureux dont on ait mémoire en France et qui en a endommagé plusieurs , on en a rarement vu qui aient été maltraités par le froid. IF L'if vit très -long -temps et acquiert avec les années une grosseur coiossale. Il existe, dans le département de l'Eure , plusieurs ifs remarquables par leur grosseur et leur vétusté. M. Rêver, correspondant de l'Académie des inscriptions et belles-lettres de Rouen, rapporte (dans un ouvrage ayant pour titre : Voyage des élèves de l'école centrale d'Evreux dans le département de l'Eure) que l'on voit dans la com- mune de FouUebec, à deux lieues de Pont-Audemer , un de ces arbres qui a vingt- un pieds de pourtour. Sa grosseur prodigieuse et sa solidité extraordinaire suffisent pour sou- tenir le chœur de l'église à laquelle il est adossé , et qui s'écrouleroit dans un profond ravin si l'arbre ne lui prêtoit pas son appui. . . . Dans le feuillage de ce vieux if nichent une foule d'oiseaux, tels que fauvettes, merles et grives, qui dévorent avec avidité les baies extrêmement douces que l'arbre produit encore en abondance. M. Le Prévost, membre de l'Académie de Rouen, qui cul- tive avec succès les sciences naturelles, et qui en mtme temps s'occupe beaucoup des antiquités et des choses cu- rieuses qu'on trouve dans la ci-devant Normandie, en m"an- nonçant que l'if de Foullebec existe encore aujourd'hui, à peu près tel qu'il a été décrit, il y a quelques années, par M. Rêver, m'écrit que l'if est indigène dans plusieurs loca- lités du département de l'Eure, et qu'on voit dans le cime- tière de Boisney, arrondissement de Bernay , deux de ces arbres placés à quelques pas de distance, dont l'un a vingt et l'autre seize pieds de tour , et qu'il n'est pas rare d'en trouver de dimensions à peu près analogues dans le même département. Mais ces ifs de l'ancienne Normandie paroîtront beaucoup moins étonnans quand on saura qu'il en existe un à Fortin- gall, en Ecosse, dont la grosseur a beaucoup plus du double. Dans ce pays, assure-t-on , on montre aux voyageurs un if qui a cinquante-trois pieds (mesure angloise) de circonfé- rence. Il est maintenant ouvert et en assez mauvais état ; un cimetière est à côté : les processions funèbres passent par l'ouverture du tronc. Quelques-unes de ses branches sont encore vertes , et beaucoup de voyageurs en emportent des morceauxj comme des reliques. IF Ce^ arbres doivent êfre fort âgés, car l'if croît très-lente- ment : on a compté cent cinquante couches annuelles sur un tronc qui n'avoit que treize pouces de diamètre, et deux cent quatre-vingts sur un autre qui, mesuré de même, n'avoit que vingt pouces; ce qui ne suppose guère plus de cinq pieds de circonféiencc pour un arbre de deux cent quatre-vingts ans; et en prenant ce dernier pour terme de comparaison, rif de Foullebec auroit onze à douze cents ans d'ancienneté, et celui de Fortingall en auroit peut-être près de trois mille. On aura peine à croire que ces arbres puissent dater d'une antiquité aussi reculée, et il est possible d'ailleurs que la nature du terrain et la vigueur particulière à certains in- dividus hâtent quelquefois ieur croissance : ainsi, parmi plu- sieurs ifs qui ex'stent au Jarclin du Roi à Paris, au lieu ap- pelé les petites Buttes , et qui ptissent pour avoir été plantés peu après rétablissement de ce jardin, en i635, ce qui leur donne environ cent quatre-vingts ans d'âge, le plus gros de ces arbres, mesuré à hauteur d'homme, a cinq pieds deux pouces de circonférence. En supputant l'âge des ifs de Foullebec et de Forting;ill d'après celui du Jardin du Roi, le premier auroit environ huit cents et le second dix- huit cents à deux mille ans. Jusqu'à présent il n'a été question que de l'if commun; il nous reste à parler des espèces exotiques qui sont culti- vées maintenant dans nos jardins. If nucifëre : Taxas nucifera , Linn. , Spec. 1472; Gaertn., Fruct., fab. 91 , fig. 6. C'est un arbre élevé, branchu, à feuil- lage élégant, consistant en feuilles deux fois ailées, ressem- blant à de petits rameaux, et composées d'une grande quan- tité de folioles linéaires , alternes, presque imbriquées, d'un vert glauque. Ses fruits sont des noix ovales-aiguës, lisses, de la grosseur d'une olive , entourées d'une pulpe verdâtre, fibreuse, et contenant une amande oléagineuse. Cette espèce croît naturellement au Japon. Dans ce pays, on mange les amandes de ses fruits, que l'on préfère lorsqu'elles sont sè- ches, parce qu'elles sont moins âpres et meilleures que fraî- ches. On en relire par expression une huile dont on fait usage dans les cuisines. L'if nucifère pourra passer l'hiver en pleine terre dans nos départemens du midi; à Paris et IFL i5 dans le nord , il faut le rentrer dans l'orangerie pendant l'hi- ver. Comme il ne fructifie pas, on le multiplie de marcottes et de boutures. If verïicillé : Taxus verticillata, Thunb., Flor. Jap., 276; Lamk. , Dict. encycl. , tom. 5 , pag. aSo. Arbre de quinze à vingt pieds , dont les rameaux nombreux , serrés et plus courts à mesure qu'ils approchent du sommet, forment une cime touffue, conique, n peu près semblable à celle du cy- près. Ses feuilles sont linéaires, obtuses, arquées en faux, glabres, vertes et convexes en-dessus, pâles et concaves en- dessous, avec deux lignes saillantes. Les ('euilles sont de la longueur du doigt, sessiles et verticillées environ huit en- semble. Cette espèce croît naturellement au Japon ; nous ne la possédons en France que depuis quatre ans. On dit qu'en Angleterre on la cultive en pleine terre. Comme elle est encore fort rare, on la rentre dans l'orangerie pendant l'hi- ver. Elle peut se multiplier de boutures. Au Japon, on se sert de son bois, qui est blanc, léger et durable, pour faire des boites, des coffrets et autres petits ustensiles; plongé dans l'eau chaude, il exhale une odeur agréable. Voyez Hi. (L. D.) IF (ConchyL), nom vulgaire d'une espèce de cérite, C. aculeatum , Murex aculeatus. (De B.) IFLOGE, I/loga. (Bot.) [Corymbifères , Juss. = Syngénésie polygamie superflue, Linn. ] Ce genre de plantes, que nous avons proposé dans le Bulletin des sciences de Septembre 1819, appartient à l'ordre des s^nanthérées , à notre tribu naturelle des inulées , et à la section des inulées-gi'abhaliées. Voici les caractères génériques que nous avons observés sur des échantillons secs, dans les hei'biers de MM. Desfontaines et de Jussieu. Calathide subcylindracée, discoïde : disque pîuriflorc , ré- gulariflore,androgyninore ; couronne pluriseriée, tubuliflore, féminiflore. Péricline un peu supérieur aux fleurs, formé de squames subunisériées , à peu près égales, appliquées, con-. caves, ovales-lancéolées, acuminées , coriaces-scarieuses , dorées, inappendiculées. Clinanthe cylindrique, court, inap- pendiculé au sommet qui est occupé par le disque , et garni ^4 IFL du reste de squameiles imbriquées , un peu supérieures aux fleurs, et absolument semblables aux squames du péri- cline. Ovaires oblongs, glabres; aigrettes du disque compo- sées de squamellules unisériées , égales, caduques, filiformes, nues inférieurement et barbellées supérieurement; aigrettes de la couronne nulles. Corolles de la couronne tubuleuses, longues , grêles , filiformes. Les calathides, rapprochées pour la plupart en capitules très- irréguliers, sont séparées les unes des autres par des bractées. Ifloge de Desfontaines : Tjloga Fontanesii , H. Cass. ; Gna-' phalium caulijlorum , Desf. , Flor. Atl., tom. II, pag. 267. C'est une plante herbacée, annuelle, tomenteuse , blanchâtre, longue d'un à trois pouces : sa racine est longue, perpendi- culaire, filiforme, tortueuse; la tige se divise à sa base en plusieurs rameaux simples, filiformes, ceux du centre dres- sés, les extérieurs couchés à leur base; les feuilles sont alter- nes , longues de six à huit lignes , subulées ; les calathides sont petites, sessiles, axillaires et terminales, éparses tout le long delà tige. Cette plante a été trouvée par M. Desfontaines, dans les sables du désert, près Elhamraah , en Barbarie, où elle fleurit en hiver. Vifloga ne peut être convenablement attribué, ni au genre Gnaphalium, danslequel on Ta confondu jusqu'à présent, ni à notre genre Gifola , auquel on pourroit être tenté de le rap- porter d'après nos observations sur ses caractères génériques, et il doit constituer indubitablement un genre particulier. En efi'et, il diffère du gnaphalium par le clinanthe squamelli- fère , et par l'aigrette plumeuse dans le disque, nulle dans la couronne; il diffère du gifola par l'aigrette plumeuse, ainsi que par les squames et les squameiles scarieuses et colo- rées. (Voyez nos articles Gifole , tom. XVIII, pag. 55i, et Gnaphale, tom. XIX, pag. 11 5.) Les squames du péricline et les squameiles du clinanthe sont, chez toutes les synanthérées , des bractées de la même nature et attachées sur le même axe. Le seul moyen de les dis ingtier méthodiquement dans tous les cas, est d'attribuci' au péricline les bractées qui se trouvent placées en dehors ou au -dessous des fleurs les plus extérieures delà calathide, IGI i5 et d'attribuer au clinanthe les bractées qui se trouvent placées en dedans ou au-dessus de ces mêmes fleurs : c'est pourquoi nous disons que ^ifloga a un péricline unisérié, et un clinanthe squaniellifère. Les botanistes qui n'adoptent pas la règle dont il s'agit, devront dire que le péricîine est for- mé de squames imbriquées, entre lesquelles sont cachées les fleurs femelles, et que le clinanthe portant les fleurs herma- phrodites est nu. Cette méthode de description est sans doute plus commode et plus conforme aux apparences exté- rieures ; mais elle nous paroît moins exacte et moins régu- lière que la nôtre. (H. Cass.) IFVETEAU. (Bot.) Dans quelques cantons on donne ce nom à rif commun, ou à un ieune if. ( L. D. ) IGARSOK. (Ichtlijol.) Au Groenland , on appelle ainsi le cotte quatre -cornes. Voyez Cotte. (H. C.) IGCIEGA. [Bot.) Dans le Recueil abrégé des voyages il est question d'un arbre de ce nom dans le lirrsil , menlionné anciennement par de Laet , qui laisse suinter de son écorce une espèce de résine ou d'encens , utile en application sur les parties affectées d'humeurs froides , et que l'on regarde comme une espèce de mastic. Un autre arbre nommé iVfaigcica, c'est-à-dire , mastic pierreux , donne une résine si dure et si transparente , qu'on la prendroit pour du verre. Il paroît que ces arbres sont les mêmes que Vicicariba, qui fournit la résine Icica. Voyez ces mots. (J. ) IGE, IGI. (Bot.) Voyez Ibara. (J.) IGEL (Mamm.), nom allemand de notre hérisson. (F. C) IGEL-KOTT [Mamm.], nom que les Suédois donnent avi hérisson. (F. C.) IGGLING. (Ichthjol.) En Dalécarlie, on a donné ce nom au cjprinus apJi^a de Linnœus. Voyez Kime. (H. C.) IGHUCAMICI. {Bot.) Dans le Recueil abrégé des voyages il est question d'un arbre de ce nom qui se trouve aux en- virons de Saint- Vincent , dans le Brésil, dont le fruit, assez semblable à un coing, est un puissant remède contre la dys- senterie. (J.) IGILMA. (Ornith,) Cet oiseau du Kamtschatka, qui porte aussi le nom de monichagatka , est Vanas arctica cirr]iata de Steller, et l'aica cirrhata de Gmeli^ et de Latham. (Ch, D.) ^^ IGL IGLICZE {Bot.) , nom donné , dans la Hongrie , à un genêt épineux, suivant Clusius. (J. ) JGLITE ou IGLOITE. ( Min. ) Ce sont les noms qu'on a donnés à quelques variétés d'arragonite cristallisées en pyra- mides alongées en forme d'aiguilles, qui viennent d'Iglo en Hongrie. Voyez Chaux carboixatée arragonite, tom. VIII, pag. 261. (B.) IGNAME, Dioscorea. (Bot.) Genre de plantes monocoly- lédones, à fleurs incomplètes, dioïques, de la famille des as- paraginées , de la dioécie hexandrie de Linnasus , oBi'ant pour caractère essentiel : Des fleurs dioïques, pourvues d'un ca- lice campanule, à six divisions; point de corolle; six éta- mines : dans les fleurs femelles, un ovaire supérieur, trigone, surmonté de trois styles; une capsule triangulaire , à trois loges; deux semences membraneuses dans chaque loge. Ce genre, aujourd'hui très-nombreux en espèces, ren- ferme des plantes grimpantes, la plupart pourvues d'une ra- cine tubéreuse et comestible ; les tiges sont herbacées ou un peu ligneuses ; les feuilles alternes , quelquefois opposées ; les fleurs petites , disposées sur des grappes axillaires. Je parlerai des espèces les plus remarquables , particulièrement de celles qui peuvent fournir à l'homme un aliment sain et agréable. Igname ailée : Dioscorea alata , Linn. ; Katsjii-lielengu , Rheed., Malah., 7, tab. 58; Ubium vulgare , Rumph., Ainb. , 6, tab. 120, 121 , 122. Cette plante intéressante produit une grosse racine tubéreuse, longue de deux à trois pieds et plus, noirâtre à l'extérieur, blanche ou rougeâtre en dedans, un peu acre ou visqueuse ; de formes différentes , selon les va- riétés : tantôt digitécs ou palmées, tantôt contournées en plis de serpent, ainsi qu'on les voit représentées dans les figures que j'ai citées de Rumph. Ces racines pèsent quelquefois de trente à quarante livres. Ses tiges sont herbacées, grimpantes, longues d'environ six pieds et plus, quadrangulaires, munies sur leurs angles de membranes rougeàtres , crépues et cou- rantes, garnies de feuilles opposées, pétiolées , en cœur, acuminées, lisses, vertes, traversées par sept nervures; les fleurs jaunâtres et petites , disposées en grappes axillaires , vers le commet des tiges : des bulbes scssiles croissent souvent à la IGN 17 paMîe supérieure des tiges et produisent de nouveaux indi- vidus. Cette espèce croît naturellement dans les Indes orientales, entre les tropiques; elle est aujourd'hui cultivée dans les deux Indes, à cause de sa grande utilité, en x\frique et même dans les mers du Sud. Cette culture est irès-simple : elle consiste à labourer la terre au commencement de la sai- son des pluies, à y introduire des morceaux de racines con- servées à cet effet, auxquels il suffit qu'il y ait un œil pour produire de nouveaux pieds. On abandonne ensuite la plan- tation à la nature, jusqu'à la saison sèche, pendant laquelle on consomme ces racines, en les arrachant à mesure du be- soin. Elles varient dans leurs couleurs, leur saveur et leur forme, selon les localités : elles germent, même exposées à l'air, avec tant de facilité, qu'il est difficile de les conserver long-temps, à moins qu'elles ne soient tenues dans des en- droits très-secs. Elles fournissent un aliment très-sain, d'une saveur assez douce; mais elles ont besoin de quelque assaison- nement pour les rendre plus agréables. On les manf^e rôties sous la cendre ou simplement cuites à l'eau; elles remplacent le pain : on en fait encore des bouillies agréables et autres préparations alimentaires. Igname élevée : Dioscorea altissima , Lamk. , Encyclop. , n.° 6 ; Burm. , Amer., tab. 117, fig. 2; Plum., Spec, 1, et Mss., vol. 3, tab. 144. Cette espèce croît à la Martinique. Elle est pourvue d'une racine noueuse, géniculée , garnie de fibres ; il s'en élève une tige cylindrique , presque ligneuse, verdâtre , noueuse, qui monte très-haut, en grimpant sur les arbres , divisée en un grand nombre de rameaux étalés , longs , fort menus : les feuilles sont pétiolées, opposées, en cœur, acuminées, à sept nervures, larges de deux pouces, et un peu plus longues; les fleurs petites, verdàtres , campanulées , disposées en grappes alongécs , opposées, grêles, axilhiires et pendantes. Igname DU Japon : Dioscorea japonica , Thunb., Flor.Jap., pag. i5i; Dsojo , vulgo Jamma-imo , KsBmpf. , Aii:er,, 828. Ses racines sont tubéreuses : elles produisent une- tige fili- forme , anguleuse , glabre et grimpante , garnie de feuilles opposées, pétiolées, oblongues , en cœur, acuminées, eu- 23, ^8 lGi\ tiéres, longues d'un pouce, réticulées, k neuf nervures; les pétioles anguleux, presque de la longœur des feuilles; les Heurs disposées en épis axillaires , solitaires ou géminés , plus longs que les feuilles. Cette plante croît au Japon. On mange ses racines cuites et coupées par morceaux. Igname a sept lobes : Dioscorea septemloba, Thunb. , Flor. Jap., pag. 1Z19. Cette plante a une tige cylindrique et grim- pante , garnie de feuilles alternes, pétiolées, en cœur, gla- bres à leurs deux faces , à sept lobes anguleux ; celui du mi- lieu très-grand et acuminé, à sept nervures, longues d'envi- ron quatre pouces et aussi larges: les fleurs petites, disposées sur des grappes axillaires ; elles produisent des capsules ovales , triangulaires; à angles ailés, échancrés. Cette plante croît au Japon. La Dioscorea quinquelola, Thunb., l, c. ; Kai , vulgo Tokoro, Kasmpf. , Aman., 827, diffère de la précédente par ses feuilles supérieures à cinq et trois lobes, à neuf nervures : les grappes sont axillaires; celles des individus mâles presque paniculées , fort grêles. Igname velue : Dioscorea villosa , Linn. ; Pluk. , Amnlth. , lab. SyS, fig. 5. Cette espèce, originaire de la Virginie et de ïa Floride, que l'on cultive au Jardin du Roi, a des tiges grimpantes; des feuilles plus souvent glabres que pubescentes, ovales, élargies, à peine écliancrées; les fleurs alternes , ses- siles, distantes, ou quelquefois réunies plusieurs ensemble, d'un blanc uu peu jaunâtre , disposées en grappes étalées , paniculées , au moins une fois plus longues que les feuilles. Igname NUMMULAiRE : Dïoscorea nummularia , Lamk. , Encycl.; Vbium nummularium, Rumph. , Amh., 5 , tab 162. Ses racines, d'une grosseur médiocre , sont d'abord charnues et tubercu- lées; elles deviennent ensuite dures, presque ligneuses : ses tiges sont grimpantes , tenaces , longues et rameuses , garnies à leur base de piquans très-nombreux , et de feuilles opposées, glabres, en cœur, mucronées, à trois ou cinq nervures : les fleurs disposées en grappes axillaires, opposées; celles des in- dividus mâles ramifiées comme par verlicilles : les capsules courtes, plus larges que longues, à trois ailes arrondies ; elles offrent l'apparence de petites pièces de monnoie. Cette plante croit aux îles MoJuques, dans les bois, sur le bord des ri- vières. Les cochons sont très -avides des racines de cette IGN 19 igname , quaad elles sont jeunes et tendres : les naturels du pays font avec les tiges et les rameaux des liens très-solides. Il en découle , surtout dans les temps pluvieux , un suc caus- tique, qui corrode la peau. Igname DE Cayenne : Dioscorea cayennensis , Lamk., Encycl, Cette espèce pousse des tiges grêles , herbacées , grim- pantes, garnies de feuilles alternes, pétiolées , hastées en cœur, glabres, à cinq ou sept nervures, tronquées à leur hase, avec deux oreillettes courtes, un peu divergentes. Les grappes sont axillaires , solitaires , très-simples : leur calice a trois folioles une fois plus petites et plus aiguës que les trois intérieures. Igname a racines blanches : Dioscorea ehurnea , Lour. , FI. Cochin. , 2, pag. 767; AnKappa-helengu , Rheed., Hort.malab., 7, tab. 5o ? Cette plante a des racines verticales, pourvues d'une ou de deux bulbes assez semblables, par leur forme et leur grandeur, à des dents d'éléphant, longues de trois pieds, un peu courbées: elles produisent des tiges grimpantes , li- gneuses , très-longues; les rameaux quadrangulaires, ainsi que les pétioles; les feuilles glabres, alternes, en cœur, à sept nervures; les fleurs hermaphrodites, disposées en grappes alongées, latérales, très-simples; les trois folioles intérieures du calice ovales, jaunâtres, charnues. Le fruit consiste en une capsule oblongue , ovale , à trois angles très-saillans. Cette plante croît à la Cochinchine; on l'y cultive à cause de ses racines, dont on fait le même usage que de celle de l'igname ailée. Elles fournissent un aliment assez recherché. ( Poir. ) IGNAMUS. {Bot.) Voyez Imhame. (J.) IGNARUCU {Erpétol.) , nom brésilien de I'Iguane. Voyez ce mot. (H. C.) IGNATIA. (Bot.) Genre de Linnaeus fils, désignant l'arbre delà fève de Saint-Ignace, qui diffère du vomiquier, strych- nos , par son fruit pyriforme , ligneux, rempli de graines anguleuses en divers sens , et non orbiculaires comme dans les autres. Il nous a paru que ce dernier caractère n'étoit pas suffisant pour séparer ces deux genres : cependant Lou- reiro fait aussi de Vignatia un genre sous le nom de Ignatiana, Voyez VoMiyuE. ( J. ) IGJMAVUS. {Mamm.) Ce nom latin , qui signifie paresseux. '^0 IGN a été donné aux bradypes par les anciens naturalistes qui ont écrit sur les productions de l'Amérique méridionale. (Dem.) IGNEOULITI. {Bol.) Nom caraïbe d'un mélastome de Fherbier de Surian , qui est le melastoma ciliata de M. de Lamarck , et plus récemment le rhexia inconstans de Vahl. (J.) IGNIARIA. (Bot.) Césalpin, selon Adanson , désigne ainsi les champignons subéreux, qu'il nomme encore /uragi igniarii et EscA. Voyez ce dernier mot. (Lem.) IGNIS SYLVESTRIS, FEU SAUVAGE. (Bot.) C'est le nom que Césalpin donne au clathrus cancellatus , champignon cu- rieux par sa structure treillagée et par sa couleur d'un rouge de feu. Voyez Clathrus. (Lem.) IGNITION et INFLAMMATION. {Chim.) Ces mots s'ap- pliquent à deux phénomènes, où des corps deviennent lumi- neux par l'acte de leur combinaison avec d'autres corps; mais il y a cette différence , que le premier s'applique à un corps qui est tixe et qui reste fixe pendant la combi- naison, et le second s'applique aux corps qui produisent de la flamme, parce qu'ils sont volatiles, ou que la combinaison qu'ils forment jouit de cette propriété. (Ch.) IGOANA {ErpétoL) , nom que les habitans de Saint-Do- mingue , selon Hernandez, donnoient à I'Iguane. Voyez ce mot. (H. C.) IGOUINGOUM. {Ornilli.) Ce nom kamtschadale est donné par Kraschcninnikow comme désignant une espèce de ca- nard. (Ch. D.) IGOUKOUNGOUKOU {Omith.) , nom qu'une espèce de canard porte au Ramtschatka. (Ch. D.) IGTAIGCICA. (Bot.) Voyez Igciega. (J.) IGUANE , Iguana. {ErpétoL) Les naturalistes ont donné ce nom à un genre de reptiles de Tordre des sauriens et de la famille des eumérodes. Ce genre est distingué par les carac- tères suivans : Doigts arrondis , séparés les uns des autres , non opposables ; corps et queue couverts de petites écailles imbriquées ; un goitre pectine , comprimé et pendant sous la gorge; tout le long du dos, une rangée d'' épines, ou plutôt d'écaillés redressées , comprimées et pointues; tête couverte de plaques; une rangée de tubercules IGU ai poreux sur les cuisses; une rangée de dents comprimées , triangu- laires, à tranchant dentelé à chaque mâchoire; deux petites ran~ gées de dents au bord postérieur du palais ; queue sans épines; Jlancs simples; langue charnue, échancré'' au sommet. A l'aide de ces notes et du tableau que nous avons donné à l'article Eumérodes, il devient très-facile de distinguer les Iguanes des Caméléons , qui ont les doigts opposables et réunis jusqu'aux ongles; des Stellions , qui ont la queue épineuse ; des Lézards et des Agames , qui n'ont point de goitre sous la gorge ; des Drarons , qui ont les flancs garnis d'une membrane en forme d'ailes; des Anolis et des Geckos, qui ont les doigts aplatis en -dessous. (Voyez ces différens mots, et Eumérodes et Iguaniens.) Le mot iguane est originaire de Saint-Domingue. (Voyez Igoana et Leguan. ) Les reptiles que le plus grand nombre des naturalistes ont Jusqu'à présent regardés comme devant appartenir au genre des iguanes, sont assez nombreux; mais des observa- teurs modernes, après les avoir examinés et comparés avec plus d'attention que leurs prédécesseurs, en ont reporté plusieurs parmi les agames, et ont fait des genres à part du basilic et de l'iguane marbré. Les espèces principales que ce genre renferme aujourd'hui sont les suivantes. L'l»;uANE ORDINAIRE d'Amérique : Iguana tuberculata , Lau- renti; Lacerta iguana , Linnseus. Dos bleu , changeant en vert et en violet, piqueté de noir; ventre plus pâle; cinq doigts à chaque pied; membres robustes et alongés ; queue un peu comprimée sur les côtés; de grandes épines dorsales; une grande plaque ronde sous le tympan, à l'angle des mâchoires: des écailles pyramidales éparses parmi les autres sur les côtés du COU; bord antérieur du goitre profondément pectine- Taille de quatre à cinq pieds. Ce reptile est assez commun dans toute l'Amérique chaude,. où il se tient dans les bois, aux environs des rivières et des sources d'eau vive, se tenant la plupart du temps sur les ar- bres, allant quelquefois à l'eau , et se nourrissant de fruits, de graines et de feuilles. Sans être ni venimeuse ni dangereuse, sa morsure est extrêmement douloureuse, et, lorsqu'il est ea colère , le goitre qu'il a sous la gorge s'enfle et s'étend;>. r «^ IGU L'iguane a la vie très-dure et résiste fort bien aux coups de bâton ; aussi le chasse-t-on avec l'arc ou le fusil. Les femelles sont plus petites que les mâles, mais leurs couleurs sont beaucoup plus éclatantes. Elles pondent dans le sable des œufs gros comme ceux des pigeons, mais un peu plus alongés et d'égale grosseur par les deux bouts. Ces œufs ont la coque blanche , unie et molle ; ils sont totalement remplis par du jaune et n'ont, pour ainsi dire, pas d'al- bumen. Ils ne durcissent jamais au feu ; ils deviennent seule- ment un peu pâteux ; mais ils n'en sont pas moins d'une saveur fort agréable, et à Surinam et dans la Guiane on les mange habituellement. Une seule femelle en pond quelque- fois jusqu'à six douzaines. La chair de l'iguane passe aussi pour délicieuse et est fort estimée dans toute l'Amérique chaude. Elle est blanche et délicate. Beaucoup de personnes néanmoins la regardent comme mal-saine, surtout pour les individus entachés d'un vice vénérien : on prétend en effet que, chez ceux-ci, elle occasionne le retour des douleurs ostéocopcs. A Paramaribo elle se vend fort cher aux gourmets. Pison, et plusieurs des anciens voyageurs en Amérique, ont vanté les vertus du bézoard d'iguane, pierre qui, disent- ils , se forme dans l'estomac ou le crâne de cet animal. Mais aujourd'hui cette substance est tombée dans le plus aîfsolu discrédit aux yeux des médecins. L'Iguane ardoisé; Iguana ccerulea , Daudin. D'un bleu vio- làtre uniforme, plus pâle en-dessous ; la crête pectinéedu dos moins élevée que dans l'espèce précédente ; un trait blan- châtre oblique sur l'épaule , comme dans l'iguane ordinaire ; les écailles pyramidales des côtés du cou disposées par rangées longitudinales. Longueur totale de trois pieds seulement. Ce reptile habite les mêujes lieux que l'iguane ordinaire, et n'est peut-être, ainsi que le pense M. Cuvier, qu'une va- riété d'âge ou de sexe de celui-ci. Séba , qui paroît l'avoir fait Êgurer à la pi. 96 , fig. 4 , du tome 1 , de son bel ouvrage , le fait venir de l'île Formose. Daudin en possédoit un individu dans sa collection ; M. Alex. Brongniart en a un dans la sienne. L'Iguane a col nu, Cuvier; Iguana delicatissima, Laurent!» IGU as il ressemble à l'iguane ordinaire, surtout par les épines dor- sales; mais il n'a point la grande plaque à l'angle de la mâ- choire, ni les tubercules épars qu'offre celui-ci sur les côtés du cou. Le dessous du crâne est garni de plaques bombées; le goitre est médiocre et non pectine. Laurent! , qui a trouvé cet animal dans la collection du comte de Turn , dit qu'il vient des Indes. L'Iguane cornu de Saint-Domingue; Iguana cornuta , Lacé- pède. Assez semblable à l'iguane ordinaire et encore plus à l'espèce précédente ; une pointe conique osseuse entre les yeux; deux écailles relevées sur les narines ; point de grande plaque à l'angle de la mâchoire , ni de tubercules sur le cou. Taille d'environ quatre pieds. On trouve assez communément l'iguane cornu dans les mornes de Saint-Domingue , entre l'Artibonite et les Gonaïves. Il se nourrit de fruits, d'insectes et de petits oiseaux qu'il saisit avec une agilité merveilleuse , et , pendant le jour , il se tapit sur les arbres et sur les rochers pour guetter sa proie. Pendant la nuit et durant toute la saison des grandes cha- leurs, il se retire dans les creux des rochers ou dans les trous des vieux arbres, et y passe environ cinq ou six mois dans une sorte d'engourdissement. Ce reptile est regardé par les Nègres comme un mets dé- licieux ; aussi le recherchent-ils avec ardeur. Au rapport des colons , sa chair a la saveur de celle du chevreuil , et les chiens marrons en font un grand carnage. On ne sait pas au juste quelles sont ses couleurs. M. de Lacépéde, le premier, l'a décrit à la fin de son Histoire naturelle des serpens , et Bon- naterre en a ensuite donné une bonne figure dans le Dic- tionnaire d'erpétologie de TEncyclopédie méthodique. L'Iguane a bandes, Iguana fasciala. Bleu foncé avec des bandes transversales plus claires; dentelures du dos petites; fanon médiocre et non dentelé; point de grande écaille à l'angle de la mâchoire. Cet iguane est de Java. Peut-être est-il le reptile que Bontius a nommé caméléon. M. Brongniart l'a figuré dans son Mémoire sur les reptiles , pi. i , fig. 5. C'est probablement aussi à cette espèce qu'il faut rapporter les très-grands iguanes qu'on trouve à Batavia , et qui sont quelquefois aussi gros que la c 24 IGU cuisse d'un homme. Dans son voyage avec Cook , Banks en tua un qui avoit cinq pieds de longueur. On mange leur chair aux Indes orientales, comme en Amé- rique on mange celle de l'iguane ordinaire. Leurs œufs sont aussi très-estiniés. (H. C. ) IGUAINIENS. (Erpétol.) M. G. Cuvier donne ce nom à la troisième famille des reptiles sauriens. Les animaux qui la composent ont la forme générale, la longue queue et les doigts libres et inégaux des lacerliens; leur œil, leur oreille, leur anus, leur verge sont semblables; mais leur langjie est charnue, épaisse, non extensible et seulement échancrée au bout. Le célèbre naturaliste que nous venons de citer, range dans cette famille les genres Steluon , Cordyle , Fouette- queue, Agame, Galéote , Changeant, Lophyre , Basilic, Dragon, Iguane, Marbré, Anolis. Voyez ces différens mots, et Lacertiens , Sauriens et Reptiles. (H. C. ) IHARFA. (Bot.) Voyez Iavorfa. (J.) IHUR. (BoL) Dans l'île d'Amboine on nomme ainsi une espèce de palmier rondier, lontarus. (J, ) IIRA. (Bot) Nom brésilien, cité par Pison, du miel sau- vage que les habitans du Brésil vont chercher dans les forêts. (J.) IITO. (Bot.) Cet arbre du Brésil, cité par Marcgrave, n'est pas le même, selon son éditeur, que celui qui est dé- signé par Pison sous ce nom. Cependant Linnaeus les indique tous deux pour son guarea Irichilioides. (J. ) LTARSOAKALE {Omith.) , un des noms groenlandois du petit guillemot, aie a aile , Linn. (Ch. D.) IRAN. (Bot.) Dans VApparatus medicaminum de Murrai il est fait mention d'une racine de ce nom, recueillie en Chine, dans la province de Kiang-nang, laquelle a la forme et la consistance d'une racine d'orchis. On la conserve dans quelques collections, sans indication précise de ses propriétés- (J.) lIvAN BATOE BOANO. (îehth^ol.) Dans les Indes orien- tales, on appelle ainsi l'acanthure noiraud de M. de Lacépède, chœtodon nigricans de Bloch. Voyez Acanthure. (H. C.) IRAN BATOEJANG. (Ichthyol.) Nom qu'aux Indes orien- tales, on donne à l'holacanthe anneau. Voy. HotACANïHE. (H. C.) IRA 25 IKAN CÀCATOEA {Ichthjol.), nom japonois du spare noir de M. de Lacépède. Voyez Spare. (H. C.) IKAN CACATOEA IJA {Ichlhjol.), nom japonois du spare cynodon de M. de Lacépède. Voyez Denté. (H. C.) IKAN CAMBING. {Ichtliyol.) Dans les Indes orientales on appelle ainsi le teira. Voyez Flatax. (H. C. ) IKAN DiOELON. {Ichth.)'oL) On appelle ainsi aux Indes orientales l'aulostome chinois , Jistularia chinensis , Linn. Voyez AiJLosTOME. (H. C. ) IKAN DOERIAN [IclUhjol.) , nom que l'on donne, aux Indes, au guara, diodon hjstrix. Voyez Guara et Diodon. (H. C.) IKAN JORDAIN. {Ichlhjol.) Les naturels d'Aniboine donnent ce nom au lutjan jourdin de M. de Lacépède , lequel est Vanthias bifasciatus de Bloch. Voyez Lutjan. (H. C.) IKAN KAKATOEA ITAM. (Ichthjol.) Aux Indes orien- tales c'est le nom du chéilodactyle fascé. Voyez Chéilodac- TYLE. (H. C.) IKAN KAPELLE. {IchthyoL) Aux Indes orientales, c'est le nom du gai A'^erdàtre. Voyez Gal. (H. C.) IKAN KOELAR. [Ichthyol.) Aux Indes orientales, on donne ce nom à l'holacanthe bicolor. Voyez Holacanthe. (H. C.) IKAN LUTJANG. {Ichthyol.) Nom malais, latinisé par Bloch , et que porte aux Indes la première espèce de son genre Lutjanus. Voyez Lutjan. (H. C.) IKAN MAKEKAE. {ichlhjol.) Aux Indes orientales on nomme ainsi Fholocentre tigré. Voyez Holocentre. ( H. C. ) IKAN MOELOET BETANG. (Ichthjol.) Aux Indes orien- tales on donne ce nom à l'espadon, hemiramphus brasiliensis, poisson que Linnasus a placé parmi les ésoces. Voyez Demi- Bec. (H. C.) IKAN ONGO. {Ichthjol.) Au Japon , c'est le nom d'un poisson du genre Holocentre , holocentrus ongus. Voyez Ho- lOCENTRE. (H. C. ) IKAN FAMPUS CAMBODIA. (Ichthjol.) Aux Indes orien- tales on donne ce nom à Fholacanthe anneau. Voyez Hoxa- CANTHE. (H. C. ) ^G IRA IKAN PAROOLY. (Iclithyol.) Aux Indes orientales, on donne ce nom au chœtodon cornutus de Linnaeus, poisson que nous avons décrit à l'article Heniochus. Voyez ce mot. (H.C) IKAN RADJABAN. {Ichthjol.) Aux Indes orientales on appelle ainsi une espèce de poisson du genre Holocentre. Voyez ce mot. (H. C.) IKAN SENGADGI MOLUKKO (Ichthjol.), nom que, dans les Indes orientales, on donne àTholacanthe duc. Voyez HOLACANTHE. (H. C. ) IKAN SETANG. (Ichthfol.) Voyez Kakatoche capitano. (H.C.) IKAN SIAM. (Ichthj'ol.) Aux Indes orientales , on donne ce nom au moucharra , espèce de glyphisodon. Voyez Gly- PHISODON. (H. c. ) IKAN SOE SALAT. (Ichthjol.) Aux Indes orientales on appelle ainsi le spare pointillé de M. de Lacépède , perça punctulata de Linnaeus. (H. C.) IKAN SUMBILANG. (Ichthjol.) Dans les grandes Indes, on donne ce nom au plotose anguillaire de M. de Lacépède. Voyez Plotose. (H. C.) IKAN TEMBR^ CUNING. (Ichthjol.) Aux Indes orien- tales on appelle ainsi le spare cuning de M. de Lacépède. (H.C.) IKAN TERBANG BERAMPAT SAJAP. (Ichthjol.) Aux Indes orientales on désigne ainsi l'exocet sauteur. Voyez Exocet. (H. C. ) IKAN TSJABELANG JANG TERBANG. (Ichthjol.) Aux Indes orientales on appelle ainsi le voilier. Voyez Istiophore. (H.C.) IKAN TSJAKALANG HIDJOE. (Ichthjol.) Nom que, dans les Indes orientales on donne à l'ORmiE. Voyez ce mot. (H. C.) IKAN WARNA. (Ichthjol.) Aux Indes orientales on ap- pelle ainsi Vanthias diagramma de Bloch , que nous avons décrit à notre article Diagramme. (H. C.) IKARA-MOULI. (Bot.) Nom, cité dans PHistoire abrégée des voyages, d'une racine des Indes orientales, extrêmement chaude, et réputée bonne pour guérir les indigestions et com- battre les venins. On ne dit point à quel genre de plantes ILE ^7 elle appartient : sa propriété peut faire présumer que c'est une aujouiée. ( J. ) IKINGUSA (Bot.), un des noms japonois de la joubarbe, suivant Kaeinpfer. ( J.) IKIRIOU. {Erpétol.) A Cayenne, on donne ce nom à un énorme serpent qui paroît être le même qu'on nomme boiguacu au Brésil. Voyez Boïguacu. (H. C.) IRORN (Mamm.), en suédois écureuil. (F. C.) ILAD. (Bot.) A Java, suivant Burmann , on nomme ainsi le carex amboinica de VHerb. Amboin., qui est son scirpus panicutatus , devant être reporté au genre Scleria, dans les cypéracées. ( J. ) ILANDA. {Bot.) Suivant Hermann , ce nom est donné, dans l'ile de Ceilan , à un arbre qui est le rhamnus jujuba de Linnœus, ziziphus jujuba de Willdenovv. Dans un herbier de la côte du Coromandel il est nommé ilindai. (J.) ILATA. {Bot.) Les Portugais qui habitent la côte mala- bare, nomment ainsi le henné, ia^vsonia. (J.) ILAT BOAYA. {Bot.) Espèce de joubarbe de Java, que Rumph nomme sempervivum majus indicum : c'est le lida boaya des Malais. ( J. ) ILATHERA. ( Ornith. ) On appelle ainsi , dans lile de Baha- ma, le canard marec , anas ia/iamens/s , Lath. (Ch. D.) ILATRUM. {Bot.) Suivant Césalpin, ce nom et celui de linternum étoient donnés au phi Ujrea média, qui étoit , selon lui , le phiUyra de Théophraste , le phillyrea de Dioscoride. (J.) ILDBRIMER, {Ornith.) L'oiseau qui est indiqué sous ce nom dans Clusius, Exotic. auct. , p. 367 , est l'imbrim ou grand plongeon de la mer du Nord, colymbus immer ,Liiin. (Ch.D.) ILDER, ILLER {Mamm.) : noms danois et suédois du pu- tois. (F. C.) ILDGEIERS-DIUR. {Mamm.) Nom que les Norwégiens , suivant Wormius, donnent à son ours de la seconde espèce, entièrement noir, plus petit, plus carnassier que le brun, qu'il nomme Gresdiur. Si cette espèce existe, elle n'est point encore connue des naturalistes, (F. C.) ILE ou ISLE. {IchtJyyol.) LaChesnaye des Bois parle , sous ce nom, d'un poisson des Indes orientales, mentionné par Ruysch , et dont il est difficile de déterminer la nature. (H. C.) 28 ILE ILETRO. (Bot.) L'alaicrne est ainsi nommé aux environs deLucques, suivant Clusius. (J.) ILEVERT (Bot.), nom d'une variété de prunier dont le fruit est alongé et verdàtre; ( L. D. ) ILEX. (Bot.) Ce nom, donné par Dioscoride et d'autres anciens aux diverses espèces d'yeuse ou chêne vert, leur avoit été conservé parTournefort, qui en faisoit un genre distinct , à cause de la persistance de leurs feuilles. Linnaeus , ne regar- dant pas ce caractère comme générique , a réuni ces espèces au chêne, quercus ; ensuite il a transporté le nom ilex au houx, qui étoit Vaquifolium des anciens et de Tournefort , mais qui avoit été nommé ilex par Lonicer et C. Bauhin. Voyez Houx. (J.) ILIADA. (Ornith.) Cette dénomination et celle àdias sont données, en grec, à la grive mauvis , turdus iliacus , Linn. et Lath. (Ch. D.) ILICIUM. (Bot.) Voyez Badiane. (Poir.) ILICUS. (Ichthjol.) Au rapport de La Chesnaye des Bois, Trallien a parlé sous ce nom d'un poisson qui nous est tota- lement inconnu et dont la chair étoit recommandée par les anciens médecins. L'histoire de cet animal est fort obscure ; d'après même ce que dit le premier des auteurs précités, il n'est point très-sûr que , par le mot ilicus , on ait désigné un poisson. (H. C.) ILIGALI (Ornith.), nom koriaque d'une espèce de canard. (Ch. D.) ILINDAI. (Bot.) Voyez Ilanda. (J.) ILIODÉES. ( Bot. ) C'est ainsi que M. Palisot de Beauvois désignoit la première section de sa famille des algues. Les genres qu'il y ramenoit et qui ont été cités à notre article Algues, Suppl., vol. ] , pag. i25, sont caractérisés par leur substance molle, muqueuse, qui enveloppe de petits corps ovoïdes nus, sans filamcns , ou à filamens articulés, diver- sement ramifiés. (Lem.) ILKIVICHA. (Ornith.) L'oiseau que lesKorivTques appellent ainsi, est le rouge-gorge, motacilla ruhecula, Linn. (Ch.D.) ILLA. (Bot.) Nom malabare, adopté à Ceilan et cité par Burmann , donné par Adanson au tomex tomentosa de Lin- naeus, qui a été reconnu plus tard, par Linnaeus lui-même, ÏLL 29 être congénère du callicarpa , auquel se rapporte aussi le porphyra de Loureiro. (J. ) ILLANKEN. (Iclith^yol.) On connoît sous ce nom, dans le lac de Constance, une espèce de salmone que quelques auteurs ont considérée comme une simple variété du saumon. C'est le salmo illanca de Wartmann , le salino lacustris de certains ichthyologistes. Voyez Salmone. (H. C.) ILLÉCÈBRE; Illecebrum , Linn. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, de la famille des paronjchiées , Juss. , et de la pentandrie monogynie , Linn., dont les principaux caractères sont les suivans : Calice partagé en cinq divisions profondes, renflées sur le dos , acuminées à leur sommet ; corolle de cinq pétales filiformes , insérés au bas du calice et alternes avec ses découpures; cinq étamin'es réunies en tube à leur base; ovaire supérieur, surmonté d'un style très -court, terminé par un stigmate en tête; capsule monosperme, recouverte par le calice connivent. Les illécèbres sont de petites plantes herbacées, à feuilles opposées et à fleurs ramassées par paquets axillaires ou ter- minaux. La plus grande partie des illecelrum de Linnaeus a été rapportée à d'autres genres par les botanistes modernes, et particulièrement au paronjcliia de Jussieu. Il ne reste plus dans le genre Illecebrum que trois ou quatre espèces qui paroissent réellement lui appartenir ; toutes les autres que quelques auteurs y placent encore , sont assez incer- taines. Comme ces plantes ne présentent d'ailleurs aucun intérêt, nous ne parlerons ici que de l'espèce suivante, qui est la plus connue. Illécèbre verticillé ; Illecebrum 'verticillatum , Linn., Spec, 2g8 ; Flor. Dan., tab. 335 ; Polygonum pari/um , flore albo ver- ticillato , Vaill., Bot. Paris., tab. li, fig. y. Sa racine est fibreuse, annuelle; elle produit des tiges nombreuses, ra- meuses, grêles, étalées et couchées sur la terre, longues de deux à six pouces, et garnies de feuilles ovales, opposées, sessiles, rétrécies à leur base et glabres. Les fleurs sont blan- châtres, très-petites, verticillées aux aisselles des feuilles et dans presque toute la longueur des tiges. Cette plante croit dans les lieux humides et sablonneux. ( L. D.) ILLEHUE. {Bot.) Nom caraïbe, suivant Surian , de la 3o ILL poincillade commune, dans les Antilles. Il cite aussi sous celui de illahueboue une espèce de carmentine , justicia , mentioniée dans le Catalogue de Vaillant, et, sous celui de illehuau, une plante malvacée qui est le pavonia spicata de Cavanilles. (J.) ILLEU. (Bot.) Feuillée cite ce nom péruvien pour une plante qu'il croit être une bermudienne, sisyrinchium. Une autre plante du même genre est nommée huilmo. Une troi- sième, illmu , du Pérou, étoit aussi une bermudienne de Feuillée; mais elle a six étamines au lieu de trois, et c'est maintenant le conanthera des auteurs de la Flore péruvienne. (J.) ILL-HVEL. (Mamm.) M. de Lacépède dit que les Islan- dois donnent ce nom aux cétacés dont les mâchoires sont armées de dents. (F. C.) ÎLLL(IchthjoL) A ce que dit Gesner, les anciens Grecs donnoient le nom d'/AAo/ à de très-grands poissons, que les naturalistes modernes regardent comme des êtres fabuleux. Il en est parlé dans les Géoponiques de Tarentin. (H. C.) ILLING. {Ornith.) L'oiseau connu aux Philippines sous ce nom, ou celui d'iting, est le gulin ou goulin de J. G. Camel , le merle chauve de ces iles, de Brisson , et sa 36." grive, gra- cula calva, Linn. (Ch. D.) ILLIPÉ , Bassia. [Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, monopétalées, de la famille des sapotées , de la. dodécandrie monogjnie de Linna'us, offrant pour caractère essentiel : Un calice coriace, à quatre divisions profondes; une corolle campanulée , à huit divisions ; seize étamines , quelquefois beaucoup plus; un ovaire supérieur, surmonté d'un style simple et d'un stigmate aigu. Le fruit consiste en un drupe ovale , charnu , laiteux , renfermant quatre ou cinq noyaux monospermes. Ce genre renferme quelques arbres des Indes orientales, intéressans parles usages économiques de leurs fleurs, et par- ticulièrement de leurs fruits. 11 est à regretter que ces arbres ne puissent être cultivés en Europe. Nous n'en connois- sions d'abord qu'une espèce ; Roxburg nous en a fait con- noître deux autres, avec des détails très-curieux sur leurs usages économiques. Illifé a longues feuilles : Bassia longifolia , Linn.; Lamk. , ILL 3i IlL gen., tab. SgS ; Arhor facum major, Rumph., Amh., 3, tab. 49. Grand arbre laiteux , dont les rameaux sont cylin- driques, glabres, feuilles vers leur sommet, raboteux dans leur partie nue. Les feuilles sont éparses, très-rapprochées , pétiolées, ovales-oblongues, presque lancéolées, glabres, en- tières, aiguës, d'un vert foncé en-dessus, plus pâle en-des- sous, longues de cinq à six pouces sur un pouce et demi de large : les pédoncules sont simples, nombreux , d'abord pres- que verticillés, longs d'environ un pouce, situés près du som- met des rameaux; ils s'alongent ensuite et deviennent tout- à-fait pendans. Les fleurs sont blanches, leur calice velouté au dehors; le style saillant presque d'un pouce hors de la co- rolle ; les filamens attachés à son tube, huit entre les divi- sions du limbe , huit autres plus bas , alternes avec les pre- mières ; les anthères droites, sagittées , velues en dedans. Le fruit est un drupe ovale, charnu, laiteux, contenant quatre à cinq noyaux, quelquefois deux, oblongs, presque trigones, monospermes. Cette plante croit dans les Indes orientales et au Malabar. Le bois de cet arbre est employé dans les constructions en solives et en poutres : il est très -combustible. Les na- turels aiguisent par le bout les rameaux et les branches; ils s'en servent comme de flambeaux pour aller, le soir, à la pêche des poissons , des crabes et des coquillages sur les bords de la mer. On mange ses fleurs lorsqu'elles tombent : mises dans l'eau; elles lui donnent un petit goût agréable 5 et la rendent rafraîchissante, Illipé a larges feuilles : Bassia latifolia , Roxb. , Corom, , 1 , pag. 20, tab. 19 ; Mahwahlree , Act. soc. Bengal. , 1 , p. 3oo; Madhuca indica, Gmel. , Sjst. Arbre assez fort, chargé de branches et de rameaux nombreux, étalés horizontale- ment, garnis de feuilles amples, ovales, presque elliptiques, arrondies à leurs deux extrémités , longues de six pouces , larges de quatre. Les fleurs sont nombreuses , pendantes , réunies en un paquet terminal; les pédoncules simples, longs d'un pouce; le calice glabre, à huit dents ovales; les divi- sions de la corolle ovales, une fois plus courtes que le tube; les élamines vont quelquefois jusqu'au nombre de trente-six. I-e fruit est un drupe, de la grosseur d'une pi^une, à quatre. 32 ILL quelquefois deux semences oblongues , aiguës. Cet arbre croît sur les montagnes, dans les Indes orientait s. Son bois est d'une dureté médiocre, d'un grain fin et rougeâtre. Lorsqu'on l'entame , il en découle une gomme- résine très-abondante, dont on ne fait aucun usage. Les fleurs desséchées font un objet de commerce assez considé- rable : elles se mangent sans autre préparation , quelque- fois mêlées aux carries, ou bien bouillies avec le riz : elles donnent une nourriture saine et fortifiante: même fraîches, elles ont un goût relevé et agréable. Si on les fait fermejiter avec de l'eau, et que l'on en distille le produit, on obtient une liqueur alcoolique , dont une très-petite quantité suffit pour enivrer. Ces fieurs paroissent au mois de Mars-, lorsque les feuilles sont toutes touibées; elles forment une grappe de trente à quarante fleurs: elles restent constamment fermées, et les corolles ne tombent que vers la fin d'Avril, un peu après le lever du soleil, temps que Ton choisit pour les ra- masser, afin de les faire sécher au soleil, ce qui n'exige que peu de jours; ainsi préparées, elles ont le goût, l'odeur et même l'aspect du raisin sec. Les graines exprimées donnent en grande abondance une huile qui se fige facilement : en vieillissant, elle contracte un goût de beurre un peu rance. Elle est l'objet d'une grande consommation et d'un commerce actif dans diverses parties de l'Inde : on la brûle; on la mêle dans le beurre clarifié, c'est-à-dire , rendu aussi coulant que l'huile. Cet arbre est cultivé avec soin dans son pays natal. On en sème les graines vers le commencement des pluies, ou sur couches (si on veut le transplanter) , ou à trente et quarante pieds de distance, sur le terrain qu'il doit occuper. Après sept ans, il commence à donner des fleurs; à dix ans, il donne demi-récolte ; à vingt ans , il cesse de croître, et il vit jusqu'à cent ans. Un arbre», en plein rapport , donne trois cents livres de fleurs, qui valent soixante irancs , argent de France , et soixante livres d'huile , qui valent cinquante- deux francs; ce qui forme, pour le propriétaire, un revenu très-lucratif. La récolte de cet arbre est plus assurée qu'au- cune autre production de l'Inde , parce qu'il ne craint pas les sécheresses qui, quelquefois, font manquer le riz, le ÏLL 55 millet et autres grains. (Journ. de botan., 4 vol., pag. 118.) Illipé butyracé : Bassia hutj^racea , Roxb. , Asiat. rech. , vol. 8; Biblioth. britan., vol. 4: , pag. 22; Fulwah seu Ful- ivarali. Le tronc de cet arbre a environ six pieds de circon- férence ; il est chargé de rameaux dont l'écorce est lisse , brune , parsemée de taches cendrées. Les feuilles sont alternes, pé- tiolées , ovales , cunéiformes à leur base , entières , velues en-dessous, longues de six à douze pouces; les fleurs grandes, nombreuses, pendantes, d'un jaune pâle, placées à la base des jeunes pousses; le calice a de quatre à six divisions , cou- vertes d'un duvet ferrugineux ; le tube de la corolle presque cylindrique , de la longueur du calice ; les divisions obtuses , plus longues que le tube ; trente à quarante étamines; l'ovaire à dix ou douze loges monospermes , velu, entouré d'un an- neau pubescent. Le fruit est un drupe oblong, charnu, ne renfermant , par avortement , que deux ou trois noyaux. Cet arbre croît dans les Indes orientales. Ses semences donnent une substance butyreuse , ferme, dont se nourrissent les naturels des diverses parties de l'Inde, et qu'ils emploient dans leur cuisine ordinaire , seule ou mêlée avec le ghée , qui est du beurre clarifié par l'ébuUition. On emploie l'huile exprimée des fruits mûrs comme l'huile ordinaire à brûler , lorsqu'on n'a pas de quoi se procurer de l'huile de cocos. La première est plus épaisse; elle dure plus long-temps, mais donne moins de lumière ; elle fume un peu , et son odeur n'est pas agréable. Cette huile est l'ingrédient principal du savon commun du pays ; on la vend pour cet usage au même prix que celle du coco. Les naturels la substituent au ghée et à l'huile de cocos, dans la préparation des mets et dans les sauces. On en fait des gâteaux dont la vente est un objet de commerce parmi les pauvres : elle s'emploie en topique dans les maladies éruptives, telles que la gaie, etc., ainsi que l'écorce de Tarbre. Le peuple ramasse les fleurs , qui tombent en Mai ; il les fait sécher au soleil, les rôtit et en fait un bon aliment : il les fait aussi bouillir en consistance de gelée, en forme de petites boules, qu'il vend ou échange contre du riz, du poisson ou autres denrées. Le fruit, mûr ou non, sert aussi de nourriture : lorsqu'il n'est pas mûr, on enlève la peau , et après en avoir retiré le noyau non 25. 3 34 ILL mûr, on fait bouillir le reste en gelée , et on le mange avec du sel ou du piment. On peut ajouter que les oiseaux de nuit, les écureuils, les lézards, les chiens et les chacals pren- nent leur part des fleurs de cet arbre. Le bois est aussi dur et se conserve aussi bien que le bols de tech ; mais on ne le travaille pas aussi facilement : il ne fournit pas des poutres et des planches aussi longues, excepté dans les terrains argileux , oii l'arbre s'élève à une hauteur considérable; mais, dans cette nature de sol, il ne fournit que peu de branches , et moins de fruits que dans les terrains sablonneux et mélangés , qui lui conviennent plus particuliè- rement. Il paroit que Tarbre nommé par Mongo-Parck, scliea, ou arbre à beurre d'Afrique, est, d'après la description qu'il en donne, une espèce du même genre. II dit, pag. 352 de ses Voyages dans l'intérieur de l'Afrique : « L'apparence du « fruit place évidemment l'arbre appelé schea. dans l'ordre ,(, naturel des sapotilliers , auquel appartient le hassia. Il « ressemble un peu au hassia latifolia ou madheuca, décrit par « le lieutenant Hamilto-n , dans les Recherches asiatiques , « vol. 1 , pag. 5oo.^^ On voyoit, ajqute Mongo-Parck, le peuple occupé partout à cueillir le fruit du schea, avec lequel on prépare un beurre végétal : ces arbres croissent en quan- tité dans toule cette partie de Bambarra. On ne les plante point; on les trouve dans les bois, et lorsqu'on abat ceux-ci pour défricher, on n'épargne que les schea. L'arbre ressemble laeaucoup au chêne d'Amérique, et le fruit, dont le noyau séché au soleil fournit la matière butyreuse par l'ébullition dans l'eau , ressemble, jusqu'à un certain point, à l'olive d'Espagne. Ce noyau est enveloppé d'une matière pulpeuse, d'un goût sucré, recouvcî'te d'un épiderme mince de cou- leur verte, et le beurre qu'il fournit, outre l'avantage de se conserver pendant une année sans être salé, est plus blanc, plus ferme, plus savoureux que le meilleur beurre animal. La préparation de ce comestible paroît être l'un des premiers objets de l'industrie africaine dans ce pays et dans les con- trées voisines, et cette matière y forme un des principaux articles du commerce intérieur. (Poia.) ILLI^É, ILLIPAT. (Bot.) C'est le bassia, genre de la famille ÎLT U des sapotées , qui porte ce nom sur la côte malabare, suivant Kœnig, cité par Linnaeus, et sur la côte de Coromandel, suivant les herbiers envoyés de ce lieu. Voy. Illipé ci-dessus. (J.) ILLMU. (Bot.) Voyez Huilmo , Illeu. (J.) ILLOSPORIUM. {Bot.) Champignons extrêmement petits, qui croissent sur les végétaux. Ils sont très-voisins des genres Bactridium ,Sporidesmium et Apiosporium ; ils en différent seule- ment par la présence d'une membrane extrêmement mince, granuleuse, sur laquelle sont épars ou groupés, en globules irréguliers , des sporidies ou séminules colorées. Ce genre a été établi par Martius , dans sa Flore d'Erlangen : Nées et Ehren- berg l'ont adopté. L'Ill. rose {III. roseum, Mart.) forme des vésicules et des taches d'un blanc rose sur les lichens du genre Peltidea. Les séminules forment de petits tas plus rose. Cette espèce est la même que le conisporium Linchii , Nées , Sjyst., p. 27, §. 47. (Lem.) ILLY-AMMANOEK. (Bot.) Sur la côte de Coromandel, suivant Burmann , on donne ce nom à un médicinier , ja- tropha gossypifolia. ( J. ) ILOTE, llotus. {Conchjl.) Nom de genre imposé par M. Denys de Montfort à un petit corps crétacé, presque micros- copique., décrit et 6guré sous le nom de nautilus orhiculus par L. von Fichtel, Test, microscop., p. 112, tab. 21 , fig. a-d, qui l'a trouvé dans les sables de la mer Méditerranée , prés Livourne. Quoiqu'il soit presque impossible d'en bien juger d'après la simple figure de l'observateur que nous venons de citer, et d'y voir rien autre chose qu'une sorte de très-petite nummulite dont la partie la plus saillante de chaque face ne seroit pas dans le centre , M. Denys de Montfort n'y trouve pas moins une coquille libre, univalve . cloisonnée et cellulée, contournée en disque et presque lenticulaire, ayant sa spire excentrique, apparente, mammelonéesur les deux flancs; la bouche linéale, triangulaire, échancrée sur le dos et cel- lulée, recevant dans son milieu le retour de la spire; le dernier tour enveloppant tous les autres; les cloisons unies ,et le dos caréné. L'espèce qui sert de type à ce genre et qu'il nomme TIlote rotalé , llotus rotalisaius , n'a qu'une ligne de diamètre au plus ; elle est blanche et irisée. (De B. ) ILTIS {Mamm.), nom allemand du putois. (F. G.) 36 ILW ILWARSVOGEL (Ornilh.), nom dalécarlien de rortolaa de neige, emberiza nivalis , Linn. (Ch. D.) ILY [Bot.), nom malabare du bambou. (J.) ILY-MULLU. [Bot.) Nom malabare, suivant Rhéede , d'une plante gramince , qui est le stipa littorea de Burmann , le spinifex squarrosus de Linnseus. (J.) ILYN. [Min.) M. Nose a donné ce nom, d'un mot grec qui veut dire limon, à une roche qui forme la masse prin- cipale de beaucoup de montagnes des deux côtés du Rhin, et qui s'étendent même assez loin. C'est une roche composée qui paroît avoir subi l'action du feu , et qui se distingue de l'argile et de l'argilolite (Thonslein) par sa fusibilité. Elle est connue sur les bords du Rhin sons le nom de Graustein, et passe au basalte et à la wake. Elle est d'un gris de cendre, quelquefois d'un brun mordoré ; assez compacte : sa cassure donne des surfaces mattes et raboteuses. Elle a une dureté moyenne, et i^pand , par l'insufflation de l'haleine, l'odeur argileuse. On y trouve des cristaux de fclspafh et d'haiiyne disséminés. L'ilyn , autant qu'on peut en juger par cette description, paroit avoir beaucoup de rapports avec le Trachyte. Voyez ce mot. (B.) IMAGE, Imago. (Entom.) On no^me ainsi l'insecte parfait, ou le quatrième état par lequel passe et où arrive l'insecte lorsqu'il est complètement organisé, c'est-à-dire quand il a subi toutes ses* métamorphoses : d'abord sous la forme d'œuf , il a paru ensuite sous celle de chenille ou de larve; après différentes mues ou changemens de peau, qui souvent encore lui ont communiqué des aspects divers, il prend la forme de chrysalide ou de nymphe; enfin il arrive à l'état parfait : voilà ce que Fabricius et d'autres auteurs ont nommé l'image. Sous cette forme l'insecte ne croît plus; souA^ent il ne prend plus de nourriture, et c'est alors seu- lement qu'il peut reproduire sa race ou son espèce. Les anciens n'ignoroient pas ces circonstances. On trouve dans Arisfote, livre V, chap. 18 , ce passage, que nous allons emprunter à la traduction de Camus. « Les papillons vien- ne nent de chenilles : c'est d'abord moins qu'un grain de « millet, ensuite un petit ver qui grossit et qui au bout IMB 37 ^ de trois jours est une petite chenille. Quand ces clienilles « ont acquis leur croissance, elles perdent le mouvement « et changent de forme. On les appelle alors chrysalides : « elles sont alors enveloppées d'un étui ferme : cependant « si on les touche, elles remuent. Les chrysalides sont ren- « fermées dans des cavités faites d'une matière qui ressemble « aux fils d'araignées; elles n'ont pas de bouche ni d'autres « parties distinctes. Peu de temps après l'étui se rompt, et « il en sort des animaux volans , que nous nommons papil- « Ions. Dans leur premier état, celui de chenille, ils man- « gent et rendent des excrémens ; devenus chrysalides, ils « ne prennent ni ne rendent rien. Il en est de même de « tous les animaux qui viennent de vers.» Voyez Métamor- phoses. ( C. D.) IMANTOPÉDE. (Ornith.) L'échasse étant nommée en grec imantopois , on a étendu l'application de ce terme, et le mot imantopède désigne en général des oiseaux munis de longues jambes, à moitié nues. (Ch. D.) IMATIDIE, Imatidium. (Entom.) Fabricius a décrit sous ce nom, qui en grec, ijuctriS'iov , signifie petit manteau, une division de coléoptères étrangers, tous de l'Amérique méri- dionale, et qui paroissent être des cassides, c'est-à-dire, des tétramérés phytophages. Leur corps n'est pas entière- ment caché , la tête étant libre et visible en-dessus. Voyez l'article Casside, tome VII. ( C. D.) IMBER. {Ornith.) L'oiseau désigné par ce nom et par celui à^imher goose est Vimbrim. Voyez ce mot. (Ch. D. ) IMBERBE {Ichthyol.) , nom spécifique d'un poisson delà mer Méditerranée , Vophidium imberbe de Linnaeus. Voyez FlERASFEîl. ( H. C. ) IMBERBES. (Ornith.) M. Vieillot appelle ainsi une famille de son ordre des oiseaux sylvains et de la tribu des anyso- dactyles, qui comprend les genres Tacco, Scjthrops , Vou- roudriou , Coulicou , Coucou , Indicateur , Toulou et Ani. (Ch. D.) IMBOUREL. [Bot.) Dans un herbier de Coromandel donné à Commerson par M. Cossigny, on trouve une plante rubiacée de ce nom , qui a beaucoup de rapport avec le chayaver, espèce d'oldenlandia. (J.) IMBRIACO ou IMBRIAGO. iTchthyol.) Sur les côtes de 38 1MB la mer Méditerranée, on donne ce nom à la trigla lineaia de Linnœus, qui est la trigle lastoviza de M. de Lacépède. Voyez TarcLE. (H. C.) IMBRICAIRE, Imbricaria. (Bot.) Genre de plantes dicoty- lédones, à fleurs complètes, monopétalées, de la famille des sapotées, de Voctandrie monogjnie de Linnœus , olTrant pour caractère essentiel : Un calice à huit divisions ; une corolle monopétale à huit découpures profondes, déchiquetées en lanières; huit appendices filiformes; un ovaire supérieur ; un style ; un stigmate. Le fruit est une baie à huit loges mono- spermes, très-souvent à quatre semences au moins par avor- tement. Ce genre est si rapproché des mimusops , que plusieurs auteurs les ont réunis; réforme qui doit être adoptée, si, véritablement, le nombre des loges est tellement variable que de huit, dans les imbricaires , elles se réduisent à une seule dans les mimusops. Commerson a désigné ce genre sous le nom d'imbricaria, à cause de l'usage que l'on fait de son bois, qui, divisé en lames ou en lattes, est employé pour la couverture des maisons, Smith a employé le nom d'imbricaria pour un autre genre , qni appartient au jungia de Gaertner. On trouve encore, dans la Flore d'Amérique de Michaux, un genre Imbricaria qui rentre dans la famille des lichens. Imbricaire a gros fruits ; Imbricaria maxima , Lamk. , III. gen. , tab. 3oo; Mimusops imbricaria, Willd., Spec, 2, pag. 326; vulgairement Nattier, Bois de natte, Bardothier. Arbre observé par Commerson dans les Indes orientales, dont les feuilles sont éparses, rapprochées par touffes, coriaces, ovales- oblongues , entières, glabres, pétiolées , longues d'environ trois pouces et plus sur deux de large; les pétioles longs d'un pouce et demi. Les fleurs sont solitaires , mélangées con- fusément avec les feuilles, formant, comme elles, des touffes terminales ; les pédoncules simples , couverts d'un duvet fer- rugineux : les quatre découpures extérieures du calice pu- bescentes; les intérieures plus étroites, blanchâtres, de la longueur de la corolle : le tube de celle-ci très-court; son limbe étalé en forme d'une étoile frangée : les étamines courtes , insérées sur le tube de la corolle , opposées à autant de filamens écailleux inclinés sur l'ovaire. Le fruit est une IMB Ss baie ou une pomme globuleuse, de la grosseur d'une orange moyenne, acuminée parle style, divisée en huit, plus ordi- nairement en quatre loges, avec le même nombre de semen- ces : celles-ci sont oblongues, d'une forme irrégulière, mar. quées d'une cicatrice latérale. ( Poir.) IMBRICARIA, Embricaire et Imbricaire. {Bot.) Genre de la famille des lichens, établi par Acharius , et qu'il a réuni ensuite au parme/i'a, qui comprend aussi le lobaria du même auteur. M. De Candolle conserve le genre Imbricaria; nous suivrons ici son opinion , tout en convenant que le rappro- chement d'Acharius ne manque pas de justesse. Les imbricaria sont de beaux lichens, qui forment sur les écorces d'arbres , sur les pierres et sur les rochers , des plaques membraneuses ou coriacées, adhérentes par leur partie in- férieure, et disposées en roses ou étoiles découpées, plus ou moins, en lanières étroites, obtuses, qui se recouvrent ou s'embriquent les unes sur les autres, du centre à la circonfé- rence. Le dessous est souvent garni de fibrilles. Les scutelles ou conceptacles sont situés en-dessus , fixés par leur centre, d'abord en forme de godet, puis plans, et d'une couleur différente de celle de l'expansion , avec un rebord le plus souvent de la couleur de cette dernière , ou plus pâle. Ces scutelles sont ordinairement plus nombreuses dans le centre. On voit en outre sur plusieurs espèces des glomérules pul- vérulens épars ou marginaux , qui couvrent même quelque- fois une grande partie de la surface du lichen, et surtout le centre; alors les scutelles avortent, et le lichen se détruit plus tôt en cette partie. Ce genre renferme près de soixante-dix espèces, presque toutes d'Europe; quelques-unes sont d'Amérique. Trente se trouvent en France, dont vingt-une aux environs de Paris. Beaucoup d'espèces méritent d'être citées, parce qu'on les rerfcontre souvent sur les arbres, dans les bois, les vergers et les promenades : elles se font remarquer par leur élégance et par leur couleur. §. i." Expansion hérissée en-dessous et divisée en lobes linéaires. î ." Imbricaria étoile : Imbricaria stellaris , Decand. , FI. 40 IMB fr. , 1047; Lichen stellaris, Linn. , Hoffm. , Enum. , pi. i5, fig. 1 et 2 ; Dillen., Musc, t. 24, fig. 70; Parmelia stellaris , Ach, , Syn., 216. Expansion rayonnante , d'un vert griscàlre, plissée ou rugueuse, blanche en -dessous avec des fibrilles grises; découpures presque linéaires , un peu convexes, muitifides; scutelles d'un noir voilé de gris ou glauque, à rebord d'abord entier, puis flexueux et crénelé. Commun sur les écorces des arbres. 2.° Imbricaria pulvérulent : Imhricaria pulverulenta , Dec, FI. fr., 1049; Loharia Tpiilverulenta , Hoffm., PL, llch. , t. 8, fig. 2: Lichen omphalodes , 3 acq, ,, Coll., 2, t. i5, fig. 2. Ex- pansion étoilée, d'un blanc bleuâtre ou d'un gris roux et givreux, couverte en-dessous d'un duvet noir; découpures jnultifides et distinctes sur les bords , planes, déprimées , on- dulées , tronquées à leur extrémité ; scutelles d'un gris bleuâtre, à bord entier ou flexueux. Commun sur les écorces d'arbres. Lorsqu'il est humecté, il prend une couleur d'un vert gai, et son aspect givreux disparoit. Il offre plusieurs variétés. 3.° Imbricaria gris: Imbricaria grisea, Decand. , FI. fr. . n." io5o; Lichen griseus , Lamk. ; Lichen lanuginosus , Hoffm., Enumer. , pl. 10, fig. 4; Lichen pifjreus , Engl. bot., fab. 2064; Parmelia pityrea , Ach., Syn. , p. 201. Expansion orbi- culaire, grise, pulvérulente, blanche en -dessous avec des fibrilles noires; découpures du centre plissées, frisées eÉ comme rongées , pulvérulentes sur les bords ; découpures ou lobes du pourtour plans, arrondis, crénelés, givreux; scu- telles concaves , d'un noir brun , givreuses , à bord entier. Ce lichen n'est point rare; cependant il n'est pas commun avec ses scutelles. Il croît sur les écorces d'arbres et sur les murs. 4,° Imbricaria orbiculaire : Imbricaria cfcloselis, Decand., Flore fr. , io5i ; Lichen orbicularis , Hoffm., Enum., pl.'g, fig. I ; Parmelia cyclo&elis , Ach.; Lichen cjcloselis , Engl. bot. y tab. 1942. Orbiculaire, d'un gris livide, garni en -dessous d'un duvet noir spongieux ; découpures embriquécs, un peu planes, très-découpées et comme digitées, crénelées, à peine ciliées; d'abord entier sur le bord, puis élevé, crispé et un peu pulvérulent; scutelles éparses d'un noir brun, à bord, IMB 41 élevé et entier. Il se rencontre fréquemment sur les troncs d'arbres, et fait le passage de l'espèce précédente à la sui- vante. 5.° Imbricaria a cheveux noirs : Imhricaria ulothrix, Dec. , FI. fr. ,n.° 1062; Lichen ciliatus , Hoffm. , E/xwm., pi. i4i ^ig- i- Expansion étoilée , d'un gris glauque un peu livide, garnie en-dessous de fibrilles noires ; découpures écartées, linéaires , nombreuses, dichotomes, planes et ciliées sur les bords; scutelles d'un noir brun, à contour entier, garni en-dessous de cils fibreux, peu apparens. Ce petit lichen croit sur les arbres et quelquefois sur les planches exposées à l'air humide. 6." Imbricaria brodé : Imbricaria retiruga, Decand., FI. fr. , io54; Lichen saxatilis, Linn. , HofFm., Enum., tab. i5, fig. 1, et tab. 16,' fig. 1; Engl. bot., tab. 6o3 ; ^l\uU, in Jacq., Coll. 4, tab. 20, fig. 2; Parmelia saxatilis , Ach., Sjn., 204 ; Vaill. , Bof. Par. , tab. 21 , fig. 1. Expansion orbicu- laire, grise, rude au toucher, lacuneuse et réticulée par des nervures, noire et fibreuse en-dessous; lanières embri- quées, sinuées et lobées, planes, dilatées ou arrondies et presque tronquées aux extrémités; scutelles de couleur baie et crénelées sur le bord. Cette espèce , quelquefois assez étendue , croît sur les rochers et sur les écorces d'arljres. 7." Imbricaria brûlé : Imbricaria adusia , Decand., FI. fr. , n.° io55 ; Lichen oinphalodes , Linn.; Engl. bot., pi. 604 ; Vaill., Bot. Par., tab. 20, fig. 10; Dill. , Hist. musc, tab. 20, fig. 80; Parmelia omphalodes , Ach. Expansion orbiculaire , d'un brun olivâtre ou noirâtre, luisante, ponctuée de noir, fibrillifère et noire en-dessous; lanières sinuées, multifides, linéaires, planes, presque tronquées , arrondies et crénelées au pourtour; scutelles baies, un peu crénelées sur le bord. Vient sur les rochers et les écorces d'arbres. §. 2. Expansion hérissée en-dessous , et divisée en lobes larges et arrondis. 8.° Imbricaria a feuilles de chêne : Imbricaria quercina, Decand., n." io56 ; Lichen quercinus , "WiHd., FI. Berol. , tab. 7, fig. 10; Lichen quercifolius ,^\iU , ap. Jacq., Coll., 3, tab. g, fig. 2 ; Lichen tiliaceus, HofTm., Enum., tab. 16, fig. 2 ; Engl. lot., tab, 700; Parmelia tiliacea, Ach., Syn., p. 199. 42 IMB Expansion orbiculaire , membraneuse , d'un gris glauque et un peu givreux, d'un noir brun en-dessous, r.vec des fibrilles noires; lobes sinués, lacinics, les derniers arrondis et créne- lés; scutelles presque brunes, orbiculaires , presque entières sur les bords. Cette belle espèce est fréquente sur les écorces d'arbres, dans les bois, et plus rare sur les rochers. 9.° Imrricaria plombé : Imbricaria phimbea , Decand. , FI. fr. , n." io58; Parmelia plumhea, Ach. , Syn. excl. syn. Expan- sion orbiculaire, d'un gris de plomb livide, garnie en-dessous d'un duvet snongieux de couleur bleue ; découpures du pourtour aplaàes , plissées , rayonnantes, arrondies, inci- sées et crénelées ; scutelles éparses , convexes , brunes , à bord presque de même couleur et entier. Cette jolie espèce croît sur les troncs d'arbres et sur les rochers. Elle est com- mune dans beaucoup d'endroits. En France elle se rencontre dans les Cévennes, en Gascogne et en Bretagne, à Fontaine- bleau, etc. La figure 3 , pi. 45, ord. 23 de Micheli, ne pa- roît point devoir la représenter ; car l'auteur dit que le lichen qu'elle représente , est blanc en-dessous ; mais il paroît bien que c'est le lichen plumbeus , Lightf., Scot., tab. 26. U Imbricaria carulescens , Decand. (excZ. Sjn,) , ou Parmelia ruhiginosa, Ach., et Lichen affnis , Engl. bot., tab. 943, est très-voisin du précédent : il en diffère surtout par ses scu- telles entassées dans le centre de l'expansion, planes, d'un brun roux, crénelées et blanchâtres tout autour. On le trouve dans les mêmes lieux. $. 3. Expansion glabre , divisée en lobes larges et arrondis. 10.° Imbricaria des murailles : Imbricaria parietina, Dec., Fl.fr., n." 1060; Lichen parietinus , Linn., Hoffm., Enum., pi. ]8, fig. i; Engl. bot., tab. 194; Dill., Musc, tab. 24, fig. 76. Expansion orbiculaire, d'un beau jaune doré ou jon- quille, plus pâle en -dessous et un peu fibrillifère ; lobes rayonnans, déprimés, plans, dilatés à l'extrémité, arrondis, crénelés et crispés ou frisés. Scutelles de même couleur plus foncée, entières, et plus pâles sur les bords. Cette espèce, des plus communes, et remarquable par sa couleur, couvre quelquefois les troncs d'arbres de larges et nombreuses pla- IMB 43 ques, qui suivent les sinuosités des écorces. Elle croît égale- ment sur les pierres et sur les murs. Lorsqu'elle vieillit , elle devient verdàtre. On la trouve partout. 13.° Imbricaria olivacé : Imbricaria olivacea, Decand. ^ FI. fr., n.° 1061; Lichen olivaceus , Linn., Hoffm., Enum. ^ tab. i3, fig. 3— 6; Dill., Musc, tab. 24, fig. 77? 78; Vaill., Bot., tab. 20, fig. 8. Expansion orbiculaire , d'un brun olive, unie ou ponctuée, plane ou ridée, plus pâle, brune, scabre et un peu fibrillifère en -dessous; lobes rayonnans, déprimés, plans, dilatés, arrondis, crénelés; scutelles un peu aplaties, plus pâles en couleur, crénelées sur le bord. Croît sur les rochers et les écorces d'arbres dans les bois. 12.° Imbricaria CIBOIRE : Imhricaria acetabulum, Decand. , FI. fr. , n.° 1062 ; Lichen acetabulum, Jacq. , Coll. , 3 , tab. 9 , fig. 1 ; Hoffm., Enum., tab. 18, fig. 2; Dill., Musc, tab. 24, fig. 79 ; Vaill. , Bot. Par. , tab. 1 1 , fig. 1 3 : Parmelia corrugata , Ach. Expansion orbiculaire, membraneuse, un peu ridée, d'un vert glauque , brun-noir en-dessous et fibrillifère; lobes incisés, arrondis, lâches, flexueux et plissés , très-entiers; scutelles amples, flexueuses, rousses ou brunes, à bord crénelé, ou ridé et vert. Cette espèce, une des plus grandes de ce genre, et remarquable par la forme des scutelles, croît sur les écorces des arbres dans les bois. 13." Imbricaria froncé : Imbricaria caperata , Decand., FI. fr. , n." io65; Lichen caperalus , Linn.; Wulf, in Jacq., Coll., 4, tab. 20, fig. 1; Engl. bot., 654; Hofifm., Enum., tab. 19, fig. 2 , et tab. 20, fig. 2 ; Platisma caperatum , ejusd.^ PI. lich. , tab. 58, fig. 1 , tab. Sg, fig. 1 , tab. 42 , fig. 1. Ex- pansion orbiculaire , coriace , d'un jaune verdàtre pâle ou soufré , rugueuse , souvent couverte de poussière dans le milieu, noire et hispide en -dessous; lobes plissés, sinués , laciniés, arrondis, presque entiers; scutelles brunes, à bord verdàtre, recourbé, entier d'abord, puis pulvérulent. Ce lichen, qui forme quelquefois des plaques larges comme la main et froncées dans le centre , est commun sur les écorces d'arbre dans les bois et sur les rochers. On remarque que dans le premier cas il offre rarement des scutelles. 44 IMB 5. 4' Expansion glahre^ divisée en lobes linéaires, i4'** Imbricaria lONCTUÉ : Imbricaria conspersa , Decand., FI. fr., 11.° 1064 ; Lichen centrifugus, Hoffm. , tab. )o, fig. 5 , PL lich., tab. 16, fig, 2. Expansion orbiculaire ou irrégu- lière, d'un jaune verdàlre pâle, lisse, souvent ponctuée de noir, d'un brun noirâtre en-dessous et fibrillifère ; dé- coupures sinuées , lobées , arrondies , crénelées , un peu aplaties; scutelles situées au centre, brunes, à bord jaunâtre presque entier. Cette espèce croît sur les rochers et sur les pierres, dans les lieux montagneux. Elle est quelquefois en- tièrement pulvérulente dans le centre ; quelquefois aussi la partie centrale se détruit, et il ne reste que les décou- pures de la circonférence : c'est ce qui Ta fait confondre avec le lichen centrifugus , Linn. i5.° Imbricaria renflé : Imbricaria physodes , Decand., Fl.fr., n." 1066; Lichen phy soies , Linn., Hoffm., Enum., tab. 1 5 , fig. 2 ; Engl. bot. , tab. 1 26 ; Jacq. , Coll. , 3 , tab. 8 , fig. 2 , 3; FI. Dan. , tab. 118S, fig. 2 ; Dill. , Musc, tab. 20, fig. 49 ; Parmelia physodes , Ach. Expansion arrondie ou ob- longue, un peu rayonnante sur les bords , d'un blanc glauque ou grisâtre, à découpures imbriquées, sinuées, multifides, convexes , glabres , renflées à leurs extrémités et ascen- dantes, d'un noir brun en -dessous; scutelles rouges, en- tières sur les bords et nues. Ce lichen est quelquefois un peu plissé ou chargé sur les bords d'une poussière grisâtre ; quel- quefois aussi il offre de petits tubercules punctiformes noirs ; quelquefois encore il est bordé de noir. Sa couleur varie: dans une variété elle est olivâtre. On le trouve sur les troncs d'arbres, sur les pierres, à terre, sur les mousses et dans les bois. ( Lem. ) IMBRICARIA. (Bot.) Ce nom avoit d'abord été donné par Commerson à un genre de la famille des sapotées, qui a été réuni au mimusops par Willdenow. M. Smith , suivi par M. Persoon, a appliqué le même nom h un sous - arbrisseau , nommé avant lui rnollia par Gmelin , et jwngia par Gaertner, mais qui paroît ne pouvoir être séparé de Yescallonia, genre maintenant voisin de l'airelle dans les éricinées. Un troisième imbricaria , qui prévaut maintenant, est celui d'Acharius, IMM 45 fait sur quelques espèces de lichens, et adopté par MM. Michaux et De Candolle. Voyez Imericaire et l'article précé- dent. (J.) IMBRIM. (Ornith.) Ce grand plongeon de la mer du Nord est le colymbus immer ^ Linn. TCh. D.) IMBRIQUE. (Bot.) Composé de parties qui se recouvrent comme les tuiles d'un toit. L'involucre de l'artichaut, par exemple, la bulbe du lis, etc., sont imbriqués, c'est-à-dire, composés d'écaillés en recouvrement. Les étamines et les camares du fruit du tulipier , du magnolia , etc. ; les feuilles du tamarix gallica , du Juniper us virginiana , du sedum acre; les graines du cobœa, de Vasclepias , etc.; les divisions du calice du liseron ; les pétales de la rose , dans la préfleuraison , c'est-à-dire, avant l'épanouissement de la fleur, sont encore des exemples de cette disposition particulière. (Mass.) IMBUTINI. (Bot.) Micheli désigne par imbutini des bois y couleur de feuilles mortes, un champignon du genre Peziza €t voisin du peziza acetabuliformis , de Dillenius. Cette espèce croît en touffe, et chaque individu forme un petit entonnoir [imbutino j en italien) stipité. (Lem.) IMBUTINO. {Bot.) Micheli donne ce nom à plusieurs es- pèces de petits agarics , dont le chapeau a la forme d'un petit entonnoir. L'un de ces champignons paroit être Vaga- ricus rufus , Scop. Ils ne sont d'aucune utilité. (Lem.) IMERCOTEFLAK (Ornith.) , nom groenlandois de la grande hirondelle de mer de Buffon, sterna hirundo , Linn. (Ch. D.) IMGARA , IMGU {Bot.) : noms arabes généraux des gommes ou sucs végétaux , selon Clusius , lesquels s'appli- quent plus particulièrement à Vassa fietida extrait d'une espèce de férule. (J.) IMMA. {Min.) Valmont de Bomare a introduit ce mot dans son Dictionnaire, et c'est le seul motif qui nous engage à en parler d'après lui. C'est, dit-on, le nom persan d'une ocre rouge. (B.) IMMÉDIATE [Insertion]. (Bot.) Voyez Insertion. (Mass.) IMMENFRAS. ( Ornith.) L'oiseau auquel les Allemands don- nent ce nom et celui d'immenwolf , est le guêpier, merops apiaster, Linn. (Ch. D.) IMMISCE -BALUK. {Ichthjol.) Les Turcs nomment ainsi l'athérine joél, atherina hepsetus. Voyez Athéri;s^e. (H. C.) 46 IMM IMMORTELLE (Bot.) , nom vulgaire des Helichrymm et des Xeranthcmum, (H. Cass.) IMMORTELLES. {Bot.) Adanson a divisé l'ordre des sy- nanthérées en dix sections, dont la quatrième porte le nom d'immortelles. Cette section, que Tauteur distingue de celle des chardons parle péricline non épineux, est tout-à-fait artificielle; car les quinze genres dont elle se compose ap- partiennent à neuf tribus naturelles différentes. Vacosta, le cyanas , une partie du rliacoma, le rhaponticum (Ad.), et Vamberboi , sont des centauriées; une partie du rhacoma et le serratula sont des carduinées; le plerophorus est une astérée ; le tarclionanthus est une vernoniée; le xeranthemum (Tourn.) est une carlinée ; le lonas , le santolina et le gnaphalium (Tourn.) sont des anthémidées ; le polyinnia est une hclian- thée ; le gnaphalodes est une inulée; le denira est une ambro- siée. (H. Cass.) IMMUSSULUS. {Oniith.) Ce nom, que divers auteurs écrivent aussi immusculus , immustulus , est rangé par M. Savigny ( Système des oiseaux d'Egypte) au nombre des synonymes de l'aigle commun , son aquila fulva et le falco chrysaetos, Linn. Charleton , Exercitationes , p. 71, n." 8, a appliqué le même nom d''immussulus à l'orfraie ou grand aigle de mer, falco ossifraga, Linn. (Ch. D. ) IMO. {Bot.) Ce nom japonois est un de ceux donnés, sui- vant M. Thunberg , soit à Varum esculentum , espèce de gouet, dont on mange, dans ce pays, la racine et les tiges ; soit au convolvulus edulis de cet auteur, dont la racine tubéreuse, comme celle de la patate, est aussi employée comme nour- riture dans le Japon. (J.) IMPALUNCA. {Mamm.) On trouve ce nom dans quelques auteurs comme étant, au Congo, celui d'une espèce de ga- zelle. (F. C.) IMPANGUEZZÉ. {Mamm.) Ce nom, rapporté par Merola, est, dit -il, au Congo et à Angola, celui de gazelles de différentes couleurs , très-légères à la course , et armées de cornes extrêmement longues. (F. C) IMPARI-PENNÉE [Feuille], {Bot.), pennée avec impaire, c'est-à-dire, pennée et terminée par une foliole solitaire: telles sont les feuilles du frêne , de la rose , de l'acacia , etc. (Mass.) IMP 47 IMPATIENS. (Bot.) Une espèce de balsamine avoit été nommée impatiens herba par Dodoens , parce que ses capsules, parvenues à leur maturité , s'ouvrent avec élasticité au moindre contact. Ce caractère existe égal-ement dans les autres espèces connues plus anciennement S'ous le nom de lalsamina, adopté par tous les auteurs depuis Tragus jusqu'à Tournefort. Cependant Linnaeus lui a substitué pour nom générique le mot impatiens, qui, en qualité d'adjectif, ne peut être employé que comme nom spécifique. Il a donc été nécessaire de rétablir le nom balsamina, maintenant reçu. (J.) IMPENNES. (Ornith.) Nom latin, donné par Illiger à sa 41." famille d'oiseaux, composée du seul genre Manchot, dont les ailes , courtes et recouvertes de petites plumes en forme d'écaillés, font l'ofiice de nageoires. (Ch. D.) IMPERATA. (Bot.) Cyrillo faisoit sous ce nom un genre du lagurus cylindricus , qui est un calamagrostis de M. Kœler. Mais MM. de Lamarck et Schrader le réunissent au genre Saccharum . dont il diffère cependant en quelques points. (Voyez ci-après.) On trouve encore dans l'ouvrage de Mœnch le gypsophila saxijraga , devenu genre sous le nom de Impe- ratia, parce qu'il, a , comme les œillets, quatre écailles au bas du calice. (J.) IMPERATA, Imperata. (Bot.) Genre de plantes monoco- tylédones , à fleurs glumacées , de la famille des graminées , de la triandrie monogynie de Linnaeus, offrant pour caractère essentiel : Des épillets géminés à deux fleurs mutiques, en- tourées d'une touffe lanugineuse ; les valves calicinales plus longues que celles de la corolle , dont l'inférieure est de moitié plus courte ; les écailles oblongues et ciliées ; deux ou trois étamines; deux styles; les stigmates plumeux. Ce genre a été établi par Cyrilo , adopté par Rob. Brown et DeBeauvois , pour quelques plantes placées d'abord parmi les saccharum, tel que le saccharum cjlindricum (Voyez Ca- namelle), auquel on a ajouté les espèces suivantes.- Imperata spontané : Imperata spontanea , Beauv. ; Saccha- rum spontaneum , Linn. ; Kerpa , Rheed. , Malab. , 12 , tab. 4C. Belle graminée, qui croît sur les côtes du Malabar, aux lieux aquatiques. Ses tiges sont fistuleuses, hautes de douze pieds; les feuilles étroites, longues de deu' {Mémoires de l'Institut pour L'année i8i5 , p. 47- ) Dans la monographie géognostique d'un terrain de peu d'é- 72 IND tendue, par exemple, des environs d'une ville, on ne sauroit distinguer assez minutieusement les difi'érentes couches qui composent les formations locales. Des hancs de sable et d'ar- giJe,.les sousiiivisions des gypses, les strates de calcaire mar- neux et oolitliique , désignés en Angleterre sous les noms de Purbeck-Beds, l'ortland -Stone, Coral-Ray, Kelloway- Rock et Coru-Brash, acquièrent alors beaucoup d'impor- tance. De minces couches de terrains secondaires et tertiaires, renfermant des assemblages de corps fossiles très-caracté- ristiques, ont servi dliorizon au géognosle. On a pu, dans leur prolongement , rapporter à l'une délies ce qui se trouve place au-dessus ou au-dessous dans l'ordre de la série totale. Les dénominations particulières par lesquelles on distingue ces couches, offrent même beaucoup d'avantage dans une description géognostique , quelque bizarre ou im- propre que puisse être leur signification ou leur origine puisée dans le langage des mineurs. Mais, dès que l'on traite du gisement des roches sur une surface très-étendue, il est indis- pensable de considérer les formations ou agroupemens habi- tuels de certaines couches sous un point de vue plus général. C'est alors qu'il faut être plus sobre et plus circonspect dans la distinction des roches et dans leur nomenclature. L'ou- vrage de M. Freiesleben , sur les plaines de la Saxe , qui ont plus de 700 lieues carrées [Geogr. Beschr. des Kupfer- schiefergebirges , in 4 Th., 1807 — i8i5), offre un beau modèle de la réunion d'observations locales et de généra- lisations géognostiqucs. Ces généralisations, ces essais de simplifier le tablrau des formations et de ne s'arrêter qu'à de grands traits caractéristiques, doivent être plus ou moins timides, selon qu'on décrit le bassin d'un fleuve, une pro- vince isolée . un pays grand comme la France et l'Allemagne , ou un continent entier. Pj'us on apjtrofonùit l'étude des terrains , plus la liaison entre des formations qui nous paroissent d'abord entièrement indé^/Cndantes, se manifeste par le grand phénomène d'alter- nance, cest-à-dire par une succession périodique de couches qui offrent de l analogie dans leur composition, et quelque- fols même dans de certains corps fossiles. C'est ainsi que ilans les montagnes de transition, par exemple, en Amérique IND 75 (à l'entrée des plaines de Calabozo) , des bancs de griinstein et d'euphotide ; en Saxe ( près de Friedrichswalde et Maxen) , les schistes avec ampélites , Icsgrauwackes , les porphyres, les calcaires noirs elles griinstein, constituent, d'après leur alter- nance fréquente et répétée, une même formation. Souvent il arrive que des bancs subordonnés ne paroissent qu'à la limite extrême d'une formation, et prennent l'aspect d'une roche in- dépendante. Les marnes cuivreuses et bitumineuses (Kupfer- schiefer), qui se trouvent placées en Thuringe entre le cal- caire alpin (zechstein) et le grès rouge (rothcs liegende), et qui sont devenues depuis des siècles l'objet de grandes exploitations , sont représentées dans plusieurs parties du Mexique, de la Nouvelle- Andalousie et de la Bavière méridionale, par des couches multipliées d'argile marneuse, plus ou moins carburées , et enclavées dans le calcaire alpin. Des circonstances semblables donnent souvent à des gypses , à des grès, et à de petits bancs de calcaires compactes, l'apparence de formations particulières. On reconnoit leur dépendance ou levir suhordinaLlon par leur association fré- quente avec d'autres roches , par leur manque d'étendue et d'épaisseur, ou par leur suppression totale fréquemment observée. 11 ne faut point oublier (et ce fait m'a beaucoup frappé dans les deux hémisphères) que les grandes formations de calcaires, par exemple le calcaire alpin, ont leurs ^rès , comme les grès très -généralement répandus ont leurs bancs calcaires. De minces couches de grès, de calcaires et de gypses caractérisent , sous toutes les zones , les dépôts de houille et de sel gemme ou d'argile muriatifère (salzthon) , dépôts isolés qui le plus souvent ne sont recouverts que de ces petites for- mations locales. C'est en négligeant ces considérations, qui devroient être familières à tout géognoçte expérimenté, que l'on a rendu trop compliqué le type des grandes formations indépendantes. Le phénomène de Valtemance se manifeste, ou localement dans des roches sjiperposées plusieurs fois les unes aux au- tres et constituant une même formation complexe , ou dans la suite des formations considérées dans leur ensemble. Ce sont ou des grunstein et des syénites, des schistes et des calcaires de transition, des couches de calcaires et de marne 74 IND qui alternent immédiatement, ou c'est tout un système de micaschisrcs et de roches fcMspalhiqnes grenues (granités, gneis et syénites) qui reparoît parmi les terrains de transi- tion et que séparent du système homonvme primitif les grau- wackes et les calcaires à orthocératites. La première con- noissance de ce fait, un des plus importans et des plus inatten- dus de la géognosie moderne, est due aux belles observations de MM. Léopolci de Buch , Brochant et Haussniann. Ce phé- nomène rapproche, non par rapport au temps ou a l'ancien- neté relative, mais par rapport à l'analogie de composition et d'aspect, le terrain de transition du terrain primitif. De ce que, dans le premier, des roches grenues , dépourvues entièrement de débris organiques, succèdent à des roches compactes qui contiennent ces mêmes débris, de célèbres géognosles ont conclu que cette alternance de roches coquil- 1ères ef non coquillères [ ourroit bien s'étendre au-delà des terrains que nous appelons primitifs. On n'a pas seulement demaiidé si des thonsrhiefcr , des micaschistes et des gneis ne supportoient pas les granités que l'on a crus les plus anciens; on a aussi agité la question de savoir si des grauwackes et des calcaires noirs à nurlrépores ne pourroient passe retrou- ver sous ces mêmes granités. D'après cet aperçu, les roches primitives et de transition ne formeroient qvi'un seul terrain, et les premières pourroient être regardées comme intercalées dans un terrain postérieur au développement des êtres orga- nisés et qui pénètreroit a une profondeur inconnue dans l'intérieur c'u globe. J'avoue qu'aucune observation directe n'a pu être citée jusqu'ici pour étayer ces suppositions. Les fragmens de roches que j'ai vus enchâssés dans les laves îithoïdes des volcans du Mexique, de Quito et du VésuA^e, et que l'on croit arrachés aux entrailles de la terre, semblent appartenir à des roches altérées de granité , de micascliiste , de syénite et de calcaire grenu, et non à des grauwackes et à des calcaires à madrépores. On a conservé, dans le tableau des roches, les grandes divisions connues sous le nom de terrains primitifs, intermé- diaires, secondaires et tertiaires. Les limites naturelles de ces quatre sjstèmes de roches sont le thonschiefer avec am- pélite et pierre lydienne , alternant avec des calcaires com- IND 75 pactes et des grauwackes, la formation des houilles et les for- mations qui succèdent immédiatement à la craie. En géognosie, romnie dans la botanique descriptive (phytographie), Icssous- divisions ou les petits groupes des familles ont des caractères plus tranchés que les grandes divisions ou les classes. C'est le ras de toutes les sciences dans lesquelles on s'élève de l'indi- vidu aux espèces , des espèces aux genres , et de ceux-ci cà des degrés d'abstraction encore supérieurs. Une méthoiie repose nécessairement sur des abstractions diversement graduées, et les passages deviennent plus fréquens à mesure que les carac- tères sont plus complexes. Les terrains intermédiaires de Werner, que M. de Buch a limités le premier avec la saga- cité qui le distingue {MoU's Jahrb,, 1798, B. 2, p. 264), tiennent, par le thonschiefer ampéliteux , les syénites à zir- cons, les granités quelquefois dépourvus d'amphibole, et les micaschistes anthraciteux , aux terrains primitifs, tandis que les grauwackes à petits grains et les calcaires madrépo- riques et compactes les lient aux grès houillers et aux cal- caires des terrains secondaires. Des porphyres de formations très-différentes ont leur siège principal parmi les roches de transition; mais ils débordent, pour ainsi dire, en masses considérables vers les terrains se- condaires, où ils se lient au grès houiller, tandis qu'ils ne pénètrent dans le terrain primitif que comme des couches subordonnées et de peu d'épaisseur. Le mouvement pro- gressif, ou, si j'ose me servir de ce mot impropre, l'étendue de Voscillalion de la serpentine et de l'euphotide , est très- dilTérente. Ces roches de diallage , constituant plusieurs for- mations distinctes, rarement recouvertes, et d'un gisement difficile à vérifier, s'arrêtent presque à la limite inférieure des terrains secondaires; vers le bas elles percent bien avant dans les terrains primitifs au-delà du micaschiste. La craie semble offrir une limite naturelle aux terrains tertiaires, que MM. Cuvier et Brongniart ont caractérisés les premiers, et avec justesse , comme des terrains entièrement différens des dernières formations secondaires , décrites par l'école de Freyberg [Géogr. miner, des cmirons de Paris, p. 8 et 9). Frappé des rapports qui existent entre le terrain tertiaire ^t les couches sous la craie , M. Brongniart a même pro- rs IND posé récemment de désigner les formations tertiaires sous le nom de terrains secondaires supérieurs. (Sur le gisement des ophiolithes , p. 57 : comparez aussi les discussions géognosli- ques très -intéressantes que renferme le Traité des roches de M. de Bonnard, p. i38, 210 et 212.) La distinction des quatre terrains que nous venons de nommer successivement , et dont trois sont postérieurs au développement de la vie organique sur le globe, me paroit digne d'éire conservée, malgré le passage de quelques forma- tions à des form;itions différentes, et malgré les doutes que plusieurs géognostes très-dist'ngués ont fondés sur ces passages. La classification des terrains marque de grandes époques de la nature, par exemple, la première apparition de quelques ani- maux pélagiques (zoophytes, mollusques céphalopodes) et la destruction simultanée d'une énorme niasse de monocotylédo- nes; elle offre comme des points de reposa l'esprit, et tout en se rappelant que les formations mêmes sont bien plus impor- tantes que les grandes divisions, on a souvent lieu , en avan- çant des hautes montagnes vers les plaines, de reconnoitre l'influence diverse que Tagroupement des roches primitives et intermédiaires, celui des roches secondaires et tertiaires ont exercé sur l'inégalité et la configuration du sol. C'est à cause de cette influence que l'aspect du paysage, la forme des mon- tagnes et des plateaux , le caractère de la végétation , varient moins, lorsqu'on voyage parallèlement à la direction des couches, qu'en les coupant à angle droit [Greenough , Crit. examinât, of Géologie , p. 58). Je continue, en suivantMM.de Buch , Freiesleben, Bro- chant , Beudant , Buckland , Raumer ( Geh. von I^'ieder-Schles. , 3819) et d'autres géognostes célèbres, à grouper les forma- tions indépendantes d'après les divisions en terrains primitifs , de transition, secondaires , etc. , sans m'appesantir sur l'im- propriété de la plupart de ces dénominations. Je continue de séparer l'argile (avec lignites) superposée à la craie, de celle qui est dessous, et la craie même , des formations secondaires plus anciennes. Mais ces distinctions par assises et par groupes d'assises, si utiles dans la description d'un terrain de peu d'étendue, ne doivent pas empêcher le géognoste , lorsqu'il tente de s'élever à un point de vue plus général , de lier ces IND 77 argiles et la craie au calcaire du Jura, et de les regarder comme les derniers strates de cette grande formation com- posée de couches calcaires et marneuses. Les assises inféiieures de la craie {tujjeau) renferment des ammonites. Le calcaire de la montagne de Saint -Pierre de Maestricht indique, comme l'ont déjà observé MM. Omalius et Brongniart ( Céogr. miner., p. i3), le passage de la craie à des calcaires secon- daires plus anciens. Près de Caen , selon les belles observa- tions de M. Prévost, les argiles sous la craie renferment ces mêmes lignites qui se trouvent, en plus grande masse, dans l'argile superposée à la craie; des cérites, qui rappellent le calcaire grossier de Paris, se montrent, dans un calcaire à trigonies, placés entre des argiles inférieures à la craie et les couches oolithiques. Je n'insiste pas sur ces faits particuliers; je les cite seulement pour prouver, par un exemple frappant, comment, en rapprochant des Lits observés sur différens points d'un même pays, le grand phénomène de YaUernance. nous révèle des liaisons entre des formations qui, au premier abord, paroissent n"avoir presque rien de commun. C'est le propre de ces couches qui alternent les unes avec les autres, de ces roches qui se succèdent en série périodique , d'offrir les contrastes les plus marqués dans les deux couches qui se sui- vent immédiatement. En géognosie , comme dans lesdifférentes parties de l'histoire naturelle descriptive, il faut reconnoître l'avantage des classifications , des coupes diversement gra- duées, sans jamais perdre de vue l'unité de la nature. Aussi, ceux qui ont avancé le plus la philosophie naturelle , ont eu à la fois et la tendance à généraliser et la connoissance exacte d'une grande masse de faits particuliers. On a l'habitude de terminer la série des terrains par les roches volcaniques, et de les faire succéder aux terrains se- condaires et tertiaires, même aux terrains de transport. Dans un tableau formé d'après le seul principe de l'ancienneté rela- tive, cet arrangement ui'a paru peu convenable. Sans doute que des laves lithoides se sont répandues sur les formations les plus récentes, même sur des couches de galets. On ne sauroit nier qu'il n'existe des productions volcaniques de différentes épo- ques; mais, d'après ce que j'ai pu observer dans les Cordil- lères du Pérou, de Quito et du Mexique , dans une partie du 78 IND inonde si célèbi'e par la fréquence des volcans, il ma paru que le site principal des feux souterrains est dans les roches de transition et au-dessous de ces roches. J'ai reconnu que tous les cratères enllaminés ou éteints des Andes se sont ouverts au milieu de porphyres trappéensou trachytes {Berl. Ahhandl. der hbn. Acad., i8i3, p. i5i), et que ces trachytes sont liés à la grande formation de porphyre et de sjénite de transition. D'après cette remarque, il m"a paru plus naturel de faire suivre parallèlement, comme par bisection , les terrains secondaires et volcaniques aux terrains de transi- tion. Par cette nouvelle disposition la formation des porphyres et des grauwackes , ou celle des porphyres, des syénites et des granités de transition, se trouve liée à la fois, i.° aux porphyres du grès rouge dans le terrain houiller secondaire, 2.° aux trachytes ou porphyres trappéens qui sont dépour- vus de quarz et mêlés de pyroxènes. J'emploie à regret le mot de terrain volcanique , non que je doute, comme ceux qui dé- signent les trachytes, les basaltes et les phonolithes (porphyr- schiefer) sous le nom de terrain trappéen , que tout ce que j'ai réuni dans le terrain volcanique ne soit produit ou altéré par le feu; mais parce que plusieurs roches, interca- lées entre les roches (primitives?), de transition et secon- daires, pourroient bien aussi être volcaniques. J'aurois de plus voulu éviter toute idée (historique) de l'origine des choses dans un tableau (statistique) de gisement ou de superposition. A Skeen, en Norwége , une syénite basaltique et poreuse, renfermant des pyroxènes, est placée , d'après l'observation de M. de Buch, entre le calcaire de transition et la syénite zirconienne. C'est une couche, non un filon (dyke); c'est un phénomène bien moins problématique que le basalte (urgriinstein P Buch, Geogn. Beob. , T. I , p. 124, et Raumer, Granit des Riesengebirgcs , p. 70) renfermé dans le mica- schiste de Krobsdor: en Silésie. Les trachytes avec obsidienne du Mexique sont intimement liés aux porphyres de transi- tion , qui alternent avec des syénites. Les mandeistein, ap- partenant au grès rouge, prennent, sur le continent de l'Europe et dans l'Amérique équinoxiale, tout l'aspect d'un mandeistein de formation basaltique. M. Boue, dans son intéressant Essai géologique sur l'Ecosse ^ p. 126 — 162 . a IND 79 décrit des roches pyroxéniques (dolérites) enclavées dans le grés rouge. Sans rien préjuger sur l'origine de ces masses, ni , en général , sur celle de toutes les roches primitives et de transition , nous désignons ici par le nom de terrains volcaniques la série la moins interrompue de roches altérées par le feu. En faisant l'énumération des roches, je me suis servi des noms le plus généralement employés par les géognostes de la France, de FAllemagne, de l'Angleterre et de Tltalie ; j'au- rois craint, en essayant de perfectionner la nomenclature des formations, d'ajouter de nouvelles difficultés à celles que présente déjà la discussion des gisemens. J'ai cependant évité avec soin les dénominations, trop long-temps conservées, de calcaire inférieur et supérieur; de gypse de première, seconde ou troisième formation ; A ancien ou Ae nouveau grès rouge, etc. Ces dénominations offrent sans doute un vrai caractère géognos- tique : elles ont rapport, non à la composition des roches, mais à leur âge rehitif. Cependant, comme le type général des formations de l'Europe ne peut être modelé sur celui d'un seul canton , la nécessité d'admettre des formations parallèles {sich vertretende Gehirgsarten) rend les noms de premier ou second gjvpse, de grès ancien ou mitojen , extrêmement vagues et obscurs. Dans un pays on est en droit de considérer une couche de gypse ou de grès comme une formation particu- lière, tandis que dans un autre on doit la regarder comme subordonnée à des formations voisines. Les meilleures déno- minations sont sans doute les déno,. r-ations géographiques: elles font naître des idées de superposition très-précises. Lors- qu'on dit qu'une formation est identique avec le porphyre de Christiania, le lias de Dorsetshire , le grès de Nebra (bunter sandstein ) , le calcaire grossier de Paris , ces assertions ne laissent, à un géognoste instruit, aucun doute sur la posi- tion que l'on veut assigner à la formation que l'on décrit. Aussi c'est comme par convention tacite que les mots : zecJz- stein de Thuringe , calcaire de Derbyshire , terrain de Paris , etc., se sont introduits dans le langage minéralogique ; ils rappellent un calcaire qui succède immédiatement au grès rouge houiller ,* un calcaire de transition placé sous le grès houiller, enfin, des formations plus récentes que la 8o IND craie. Les seules difficultés que présente la multiplicité de ces dénominations géographiques, consistent dans le choix des noms et dans le degré de certitude que l'on a acquis sur le gisement ou l'âge relatif de la roche à laquelle on rapporte les autres. Les géognostes anglois cherchent sur le continent leur lias et leur red-marl ; les géognostes allemands leur hunte sandsteUi et leur muschelkalh. Ces mots se trouvent associés dans l'esprit des voyageurs à des souvenirs de localités. 11 ne s'agit par conséquent . pour faire naître des idées précises, que de choisir des localités assez généralement connues et qui sont célèbres, soit par l'exploitation des mines, soit par des ou- vrages descriptifs. Pour diminuer les effets des vanités nationales, et pour rattacher les nouveaux noms à des objets plus importans , j'avois proposé , il y a long- temps ( 1796 ) , les dénominations de pierre calcaire alpine, et calcaire du Jura. Une partie des Hautes-Alpes de la Suisse, et la majeure partie du Jura, sont sans doute formées de ces deux roches : cependant les noms, aujourd'hui généralement reçus, de calcaire alpin f zechstein) et de calcaire du Jura, devroient être, à ce que je pense , modifiés ou entièrement abandonnés. Les assises inférieures des montagnes du Jura , remplies de gryphites , appartiennent à une formation plus ancienne, peut-être au zechstein; et une très -grande partie du calcaire des Alpes de la Suisse n'est certainement pas du zechstein , mais , d'après MM. de Buch et Escher, du calcaire de transition. Il vaut donc mieux choisir les noms géographiques des roches parmi les noms de montagnes isolées et dont toute la masse visible n'appartient qu'à une seule formation , que de les emprunter, comme je l'ai fait à tort, à des chaînes entières. J'avois pensé , et beaucoup de géognostes ont partagé cette opinion, que le calcaire du Jura (calcaire à cavernes de Franconie ) étoit généralement placé , sur le continent, au- dessous du grès de Nebra (bunte sandstein), entre ce grès et le zechstein. Des observations postérieures ont prouvé que le nom de calcaire du Jura avoit été avec raison appliqué à des roches qui sont très -éloignées des montagnes de la Suisse occidentale; mais que la véritable place géognostique de cette formation (lorsqu'il n'y a pas suppression des forma- IND 81 ïîôns inférieures^ se trouve bien au-dessus du gresdeNebra^ entre le muschelkalk (ou le quadersandstein ? ) et la craie. Un nom géographique, justement appliqué à plusieurs roches analogues, nous rend attentif à leur identité de gisement; mais la place que des roches homonymes doivent occuper dans la série totale , n'est bien déterminée que lorsque le nom géographique a été choisi après avoir acquis une cer- titude entière sur leur gisement. Les géognostes se trouvent encore dans une position semblable, en fixant l'âge relatif de la molasse d'Argovie (nagelfluhe) et du quadersandstein xle Pirna (grès blanc de M. de Bonnard), deux roches trés- 7'écentes, qui ont été très-bien étudiées séparément , mais dont les rapports entre elles et avec la craie et le calcaire du Jura n'ont été que très- récemment éclaircis. On peut être assez sûr d'avoir rencontré dans le nouveau continent des roches, identiques avec la molasse ou le quadersandstein, sans pouvoir prononcer pour cela sur leurs rapports avec toutes les autres roches secondaires ou tertiaires. Quand des formations ne se touchent pas immédiatement, ei, qu'elles ne sont pas recouvertes par des terrains d'un gisement connu, on ne peut juger de leur ancienneté relative que d'après de simples analogies. Les termes de la série géognostique sont ou simples ou com- plexes. Aux termes simples appartiennent la plupart des for-» mations primitives : les granités, lesgneis, les micaschistes, les thonschiefer , etc. Les termes complexes se trouvent en plus grand nombre parmi les roches de transition : c'est là que chaque formation comprend un groupe entier de roches qui alternent périodiquement. Les termes de la série n'y sont pas des calcaires de transition ou des grauwackes, constituant des formations indépendantes: ce sont des associations de thon- schiefer, griinstein etgrauwacke; de porphyre et grauwacke- de calcaire grenu stéatiteux et de poudingues à roches primi- tives ; de thonschiefer et de calcaire noir. Lorsque ces asso- ciations sont formées de trois ou quatre roches qui alternent, il est diflicile de leur donner des noms significatifs, des noms qui indiquent toute la composition du groupe, tous les mem- bres partiels du terme complexe de la série. On peut alors aider à fixer les groupes dans la mémoire, en rappelant les S^ IND roches qui y dominent sans manquer absolument dans le» groupes voisins. C'est ainsi que le calcaire grenu stéatiteux caractérise la formation de la Tarantaise ; le grauwacke , la grande formation de transition du Harz et des bords du Rhin ; les porphyres métallifères riches en amphibole et presque dépourvus de quarz, la formation du Mexique et de la Hongrie. Si les phénomènes d'alternance et d'agrou- pement atteignent leur maximum dans les terrains de tran- sition, ils ne sont pas entièrement exclus pour cela des terrains primitifs et secondaires. Dans l'un et l'autre de ces terrains, des termes complexes sont mêlés aux termes simples de la série géognostique. Je citerai parmi les forma- tions secondaires le grès placé au-dessus du calcaire alpin (le grès de Nebra , le bunte sandstein), qui est une asso- ciation d'argile marneuse, de grès et d'oolithes; le calcaire qui recouvre le grès rouge houiller (le zechstein ou alpen- kalkstein), qui est une association moins constante de cal- caire, de gypse (muriatifère) , de stinkstein et de marne bitumineuse pulvérulente (asche des mineurs du Mansfeld). Dans les terrains primitifs nous trouvons les trois premiers termes de la série, les roches les plus anciennes, ou isolés ou alternant deux à deux, selon qu'ils sont géognostique- ment plus rapprochés par leur âge relatif, ou bien alternant tous les trois. Le granité forme quelquefois avec le gneis, le gneis avec le micaschiste, des associations constantes. Ce;^ alternances suivent des lois particulières : on voit (par exemple, au Brésil, et, quoique moins distinctement, dans, la chaîne du littoral de Venezuela) le granité, le gneis et le micaschiste dans une triple association ; mais je ne con- nois pas de granité alternant seul avec du micaschiste, du gneis et du micasch'ste alternant seuls avec le thonschiefer. Il ne faut pas confondre , et j'ai souvent insisté sur ce point dans cet article, des roches passant insensiblement à celles qui sont en contact immédiat avec elles, par exemple, des micaschistes qui oscillent entre le gneis et le thonschiefer, avec des roches qui alternent les unes avec les autres , et qui conservent tous leurs caractères distinctifs de composi- tion et de structure. M. d'Aubuisson a fait voir, il y a long-temps, combien l'analyse chimique rapproche le fhou- IND 85 schîefer du mica. (Journal de phjsique , T. 68, pag. 128; Traité de Géognosie , 1\ II, pag, 97.) Le premier, il est vrai, n'a pas l'éclat métallique du micaschiste; il renferme un peu moins de potasse et plus de carbone-, la silice ne s'y réunit pas en noeuds ou lames minces de quarz comme dans le micaschiste : mais on ne peut douter qtie des feuillets de mica ne constituent la base principale du thonschiefer. Ces feuillets sont tellement soudés ensemble , que l'œil ne peut -les distinguer dans le tissu. C'est peut-être cette aflinité même qui empêche Falternance des thonschiefer et des micaschistes : car dans ces alternances la nature semble favoriser l'association de roches hétérogènes-, ou, pour me servir d'une expression figurée, elle se plaît dans les asso- ciations dont les roches alternantes offrent un grand con- traste de cristallisation , de mélange et t'e couleur. Au Mexique j'ai vu des griinstein vert-noiràtre alterner des milliers de fois avec des syénites blanc -rougeâtre et qui abondent plus en quarz qu'en feldspath : il y a dans ce griinstein des filons de syénite, et dans la syénite des filons de griinstein ; mais aucune des deux roches ne passe à l'autre. (Essai politique sur la JSIouvelle Espagne, T. II, p. 623.) Elles offrent sur la limite de leur contact mutuel des différences aussi tranchées que les porphyres qui alternent avec les grauwackes ou avec les syénites , que les calcaires noirs qui alternent avec les thonschiefer de transition , et tant d'autres roches de composition et d'aspect entièrement hétérogènes. Il y a plus encore : lorsque dans des terrains primitifs des roches plus rapprochées par la nature de leur composition que par leur structure ou par le mode de leur agrégation, par exemple, les granités et les gneis, ou les gneis et les micaschistes, alternent, ces roches ne montrent guère cette même tendance de passer les unes aux autres qu'elles présentent isolément dans des formations non com- plexes. Nous avons déjà fait observer plus haut que sou- vent une couche /S, devenant plus fréquente dans la roche a., annonce au géognoste voyageur qu'à la formation simple a va succéder une formation complexe dans laquelle a, et 0 alternent. Plus tard il ai'rive que /3 prend un plus grand développement; que a n'est plus une roche alternante^ mais 84 ÏND une simple couche subordonnée k fi , et que cette roche /2 se montre seule jusqu'à ce que par la fréquente apparition de couches y elle prélude à une formation complexe de fi alternant avec y. On peut substituer à ces signes les mots de granité , gneis et micaschiste ; ceux de porphyre , grau- wacke et syénite ; de gypse, marne et calcaire fétide (stink- stein ). Le langage pasigraphique a l'avantage de généraliser les problèmes ; il est plus conforme aux besoins de la phi- losophie géognostique, dont j'essaie de donner ici les premiers élémens, en tant qu'ils ont rapport à l'élude de la superpo- sition des roches. Or, si souvent entre des formations simples et très-rapprochées dans l'ordre de leur ancienneté relative, entre les formations a, fi, y, se trouvent placées des for- mations complexes, a fi et fiy (c'est-à-dire a. alternant avec fi, et fi alternant avec y); on observe aussi, quoique moins fréquemment, qu'une des formations (par exemple, a) prend un accroissement si extraordinaire qu'elle enveloppe la formation fi, et que fi, au lieu de se montrer comme une roche indépendante, placée entre a et y , n'est plus qu'une couche dans et. C'est ainsi que dans la Silésie infé- rieure le grès rouge renfei-me la formation du zechstein ; car le calcaire de Kunzendorf, rempli d'emi)rcintes de pois- sons, et analogue à la marne bitumineuse et abondante en poissons de Thuringe , est entièrement enveloppé dans le grès houiller. (Buch, Beoh. , T. I, p. io4» ^^7 ; ^d., Reise nach Norwegen, T. I, p. iS8 ; Raumer, Gebirge von Nieder- Schlesiea, p. 79.) M. Beudant (Voj. min., T. JII , p. i85) a observé un phénomène semblable en Hongrie. Dans d'au- tres régions, par exemple, en Suisse et à l'extrémité méri- dionale de la Saxe, le grés rouge disparoît entièrement, parce qu'il est remplacé et pour ainsi dire vaincu par un prodigieux développement de la grauwacke ou du calcaire alpin. (Freiesleben , Kup/Tsch. , B. IV, 109.) Ces effets de l'altcnance et du développement inégal des roches sont d'autant plus dignes d'attention, que leur étude peut jeter du jour sur quelques déviations apparentes d'un type de superposition généralement reconnu, et qu'elle peut servir à ramener à un type commun des séries de gisement obser- vées dans des pays très-éloignés. IND 35 Pour désigner les formations composées de deux roches qui alternent les unes avec les autres, j'ai généralement préféré les mots granité et gmis , sjénite et griinstein , aux expressions plus usitées de granité - gneis , sjénite- griinstein. J'ai craint que cette dernière méthode de désigner des for- mations composées de roches alternantes , ne fit plutôt naître l'idée d'un passage du granité au gneis, de la syénite au griinstein. En effet, un géognoste dont les travaux sur les trachytes de l'Allemagne n'ont pas été assez appréciés, M. Nose, s'étoit déjà servi des mots granité-porphyres et porphjre- granites , pour indiquer des variétés de structure et d'aspect, pour séparer les granités porphyroïdes des porphyres qui, par la fréquence des cristaux empâtés dans la masse, pré- sentent une structure d'agrégation, une véritable structure granitique. En adoptant les dénominations de granité et gneis, de syénite et porphyre, de grauwacke et porphyre, de calcaire et fhonschiefer , on ne laisse aucun doute sur la nature des termes complexes de la série géognostique. Parmi les différentes preuves de l'identité des formations dans les régions les plus éloignées du globe, une des plus frappantes et que l'on doit aux secours de la zoologie , est l'identité* des corps organisés enfouis dans des couches d'un gisement analogue. Les recherches qui conduisent à ce genre de preuves ont singulièrement exercé la sagacité des savans, depuis que MM. de Lamarck et Defrance ont commencé à déterminer les coquilles fossiles des environs de Paris, et que MM. Cuvier et Brongniart ont publié leurs mémorables travaux sur les ossemens fossiles et les terrains tertiaires. Comme la plus grande masse des formations qui composent la croûte de notre planète ne renferme pas des dépouilles de corps organisés ; que ces dépouilles sont très-rares dans les terrains de transition, souvent brisés et difficiles à séparer de la roche dans les terrains secondaires très-anciens, l'étude approfondie des corps fossiles n'embrasse qu'une petite partie de lagéognosie, mais une partie bien digne de l'attention du philosophe. Les problèmes qui se présentent sont nom- breux : ils ont rapport à la géographie des animaux dont les races sont éteintes, et qui par cette raison appartiennent déjà à l'histoire de notre planète : ils nécessitent la discus- 86 IND sion des caractères zoologiqnes par lesquels on voudroit dis- tinguer les différcnles formations superposées. Pour rester fidèle au but que je me suis proposé, de ne considérer, dans cette Introduction au Tableau des roches, les objets que dans leur plus grande généralité, je vais citer les questions de zoologie géognostique qui paroissent les plus importantes dans l'état actuel de la science, et dont la solution a été tentée avec plus ou moins de succès : Quels sont les genres et (si l'état de conservation et le peu d'adhérence à la masse rocheuse permettent une détermination plus complète ) quelles sont les espèces auxquelles on peut rapporter les dé- pouilles fossiles ? Une détermination exacte des espèces en fait- elle reconnoître avec certitude qui sont identiques avec les plantes et les animaux du monde actuel ? Quels sont les classes , les ordres et les familles d'êtres organisés qui offrent le plus de ces analogies P Dans quel rapport le nom- bre des genres et des espèces identiques augmente-t-il avec la nouveauté des roches ou des dépôts terreux? L'ordre ob- servé dans la superposition des terrains intermédiaires , secondaires, tertiaires et d'alluvion , est-il partout en har- monie avec l'analogie croissante qu'offrent les types d'organi- sation? Ces types se succèdent-ils de bas en haut (en. passant des grauwackes et des calcaires noirs de transition , par le grès houiller, le calcaire alpin, le calcaire du Jura et la craie, au gypse tertiaire, aux terrains d'eau douce et aux alluvions modernes) dans le même ordre que nous adoptons dans nos systèmes d'histoire naturelle . en disposant les êtres selon que leur structure devient plus compliquée, et qu'aux organes de la nutrition d'autres systèmes d'organes se trouvent ajoutés ? La distribution des corps organisés fossiles indique-t-elle un développement progressif de la vie végétale et animale sur le globe; une apparition successive de plantes acotylédones et monocolylédones, de zoophytes, de crustacés, de mollusques (céphalopodes, acéphales, gastéropodes), de poissons, de sauriens ( quadrupèdes ovi- pares), de plantes dicotylédones, de mammifères marins et «le mammifères terrestres? En considérant les corps fossiles, non dans leur rapport avec telle ou telle roche dans laquelle on les a découverts, mais simplement sous le point de vue IND 57 de leur distribution climatérique , remarque-l-on une diffé- rence appréciable entre les espèces qui dominent dans l'an- cien et le nouveau continent, dans les climats tempérés et sous la zone torride, dans l'hémisphère boréal et dans l'hémisphère austral P Y a-t-il un certain nombre d'espèces tropicales que l'on trouve partout, et qui semblent annoncer qu'indépen- dantes d'une distribution de climats semblables aux climats actuels, elles ont éprouvé, au premier âge du monde, la haute température que la croûte crevassée du globe forte- ment échauffé dans son intérieur a donnée à l'atmosphère ambiante P Est-on sûr de distinguer par des caractères précis les coquilles d'eau douce et les coquilles marines? La déter- mination du genre suffit-elle? ou n'y a-t-il pas (comme parmi les poissons) quelques genres dont les espèces vivent à la fois dans les fleuves et les mers ? Quoique dans quelques- unes des roches tertiaires les coquilles fluviatiles se trou- vent mélangées (par exemple à l'embouchure de nos ri- vières) avec les coquilles pélagiques, n"observe-t-on pas en général que les premières forment des dépôts particuliers, caractérisant des terrains dont l'étude avoit été négligée jusqu'ici , et qui sont d'une origine très-récente ? A-t-on jamais découvert sous le calcaire du Jura , près des pois- sons réputés fluviatiles , dans le schiste bitumineux du cal- caire alpin, des coquilles d'eau douce? Des espèces iden- tiques de fossiles se trouvent-elles dans les mêmes formations sur différens points du globe? Peuvenl-elles fournir des ca- ractères zoologiques pour reconnoître les diverses formations superposées? ou ne doit-on pasplutôtadmettre que des espèces que le zoologiste est en droit de regarder comme identiques, d'après les méthodes adoptées, pénètrent à travers plusieurs formations; qu'elles se montrent même dans celles qui ne sont pas en contact immédiat ? Les caractères zoologiques ne doivent-ils pas être tirés et de l'absence totale de certaines espèces, et de leur fréquence relative ou prédominance , enfin de leur association constante avec un certain nombre d'au- tres espèces? Est-on en droit de diviser une formation dont l'unité a été reconnue d'après des rapports de gisement et d'après l'identité des couches qui sont également intercalées aux strates supérieurs et inférieurs , par la seule raison que le? sa lîSD premiers de ces strates renferment des coquilles d'eau donce, et les derniers des coquilles marines ? L'îibsence totale de corps organisés dans cerJaines niasses de terrains secor.daire et tertiaire, est-elle un motif suflîsant pour considérer ces masses comme des formations particulières, si d'autres rap- ports géognostiqucs ne justifient pas cette séparation P Une partie de ces problèmes s'étoit présentée depuis long- temps aux naturalistes. Déjà Lister avoit avancé, il y a plus de cent cinquante ans, que chaque roche étoit carac- térisée par des coquilles fossiles diflercntes. [Phil. Trans., n." 'jG , p. 2285.) Pour prouver que les coquilles de nos mers et de nos lacs sont spécifiquement différentes des co- quilles fossiles (lapides sui generis), il affirme «que les der- « nières, par exemple, celles des carrières de Northamp- « tonshire, portent tous les caractères de nos Murex , de nos « Tellines et de nos Troclms; mais que des naturalistes qui « ne sont pas accoutumés à s'arrêter à un aperçu vague et « général des choses, trouveront les coquilles fossiles spécifi- /< quement différentes de toutes les coquilles du monde actuel. ^^ Presque à la même époque, Nicolas Stenon (De solido intra solidum contenlo, 1669, p. 2, 17, 28, 63, ^^ , f'g- 20 — 26) distingua le premier « les roches (primitives) antérieures « à l'existence des plantes et des animaux sur le globe et « ne renfermant par conséquent jamais des débris organi- « ques, et les roches (secondaires) superposées aux premières « et remplies de ces débris [lurhidi maris sediinenta sibi imd- ^ cem imposita). '^ Il considéra chaque banc de roche secon- daire «comme un sédiment déposé par un fluide aqueux; ^'' et exposant un système entièrement semblable à celui de Deluc « sur la formation des vallées par des affaissemens « longitudinaux, et sur l'inclinaison de couches d'abord toutes « horizontales,^^ il admet pour le sol de la Toscane, à la ma- nière de nos géologues modernes, «six grandes époques de r, la nature [sex distinctœ Etruriœ faciès , ex prœsenti facie .< Etruriœ collectœ)^ selon que la mer inonda périodiquement .< le continent, ou qu'elle se retira dans ses anciennes limites. >^ Oans ces temps où l'observation de la nature fit naître en italie les premières idées sur l'âge relatif et la succession des ,*;Quches primitives et secondaires, la zoologie et la géognosie IND 89 lie pouvoicnt encore se prêter un secours mutuel, parce que les zoologistes ne connoissoient pas les roches, et que les géognostes étoient entièrement étrangers à l'histoire na- turelle des animaux. On se bornoit à des aperçus vagues, on regardoit comme spécifiquement identique tout ce qui offroit quelque analogie de forme ; mais en même temps, et ceci étoit un pas fait dans la bonne route, on étoit attentif aux fossiles qui prédominoient dans telle ou telle roche. C'est ainsi que les dénominations de calcaire à gijphites, de calcaire à trochites , de schistes à fougères , schistes à trilobiles (Gryphiten- und Trochiten-Kalk ; Krauter- und Trilobiten- Schiefer) , furent très-anciennement employées par les miné- ralogistes d'Allemagne. La détermination des genres caracté- risés par les dents, par les fossettes , par les lames saillantes et crénelées de la charnière , par les plis et les bourrelets de l'ouverture de la coquille, est bien plus dlflicile dans les roches secondaires très -anciennes que dans les formations tertiaires , les premières étant généralement moins friables et plus adhérentes au test du corps fossile. Cette difîiculté augmente lorsqu'on veut distinguer les espèces; elle devient presque insurmontable dans quelques roches calcaires de transition et dans le muschelkalk , qui renferme des co- quilles brisées. Si les caractères zoologiques d'un certain nombre de formations pouvoient être tirés de genres bien distincts, si les trilobites et les orthncératites appartenoient exclusivement aux terrains intermédiaires . les gryphites au calcaire alpin (zechstein), les pectinites au bunte sandstein (grès de Nebra), les trochites et mytulites au muschelkalk, les tellines au quadersandstein , les ammonites et turiitelles au calcaire du Jura et à ses marnes , les oursins ananchytes et les spatanges à la craie, les cérites au calcaire grossier; la connoissance de ces genres seroit d'un secours aisé pour la détermination des roches : on n'auroit plus besoin d'exa- miner sur les lieux la superposition des formations ; on re- connoîtroit ces dernières sans sortir de son cabinet , en ne consultant que les collections. Mais il s'en faut de beau- coup que la nature ait rendu si facile à l'homme l'étude des masses coquillères qui constituent la croûte de notre pla- nète. Les mêmes types d'organisation se sont répétés à des go ÏND époques très- différentes : les mêmes genres se retrouvent dans les formations les plus distinctes. Il y a des orthocéra- tites dans les calcaires de transition, les calcaires alpins et le grès bigarré ; des térébratulitcs dans le calcaire du Jura et dans le muschelkalk ; des trilobites dans les thonschicfcr de transition, dans le schiste bitumineux du zechstein , et, selon un excellent géi;gnosïe, M. de Schlottlieim , même dans le calcaire du Jura; il y a des pentacrinitcs dans le thonschiefer de transition et dans le muschelkalk le plus moderne. Les ammonites pénètrent a travers beaucoup de formations cal- caires et marneuses, depuis les grauwackes (Raumer, Ver- suche,p. 22-, Schlottheim, Petrefacletikunde , p. 38) jusque dans ies couches inférieures de la craie. Il y a des troncs de inonocotylédones et dans le grès rouge, et dans les marnes du gypse d'eau douce, fii-mées à une époque où le monde étoit déjà rempli de plantes dicotvlédones. Mais, a une époque où les naturalistes ne s'arrêtent plus à des notions vagues et incertaines, on a reconnu avec saga- cité que le plus grand nombre de ces fossiles (gryphites. térébratulites , ammonites, trilobites, etc.), enfouis dans différentes formations , ne sont pas spécifiquement les mêmes ; qu'un grand nombre d'espèces qu'on a pu exanuner avec précision, varient avec les roches superposées. Les poissons que l'on observe dans les schistes de transition. (Claris), dans les schistes bitumineux du zechstein , dans le calcaire du Jura, dans le calcaire tertiaire à céritede Paris et de Monte Bolca, et dans le gypse de Montmartre, son t^ des espèces distinctes, en partie pélagiques, en partie fluviatiles. Est- on en droit de conclure de la réunion de ces faits, que toutes les formations sont caractérisées par des espèces par- ticulières; que les coquilles fossiles de la craie, du muschel- kalk , du calcaire du Jura et du calcaire alpin , diffèrent toutes entre elles ? Je pense que ce seroit pousser l'induc- tion beaucoup trop loin, et M. Brongniart même , qui con- noit si bien la valeur des caractères zoologiques, restreint leur application absolue au cns <, où la superposition (les « circonstances de gisement) ne s'y opposent pas. ^^ Je pour- rois citer les cérites du calcaire grossier, qui se trouvent (près de Caen) au-dessous de la craie, et qui semblent IND 9» indiquer , comme la répétition des argiles avec lignitest en-dessus et au-dessous de la craie, une certaine connexité entre des terrains qu'au premier coup d'œil on croiroit en- tièrement distincts. Je pourrois m'arrêtcr à d'autres espèces de coquilles qui appartiennent à la fois à plusieurs forma- tions tertiaires, et rappeler que si un jour, par des carac- tères peu sensibles et par de foibles nuances , on parvenoit à séparer des espèces que l'on croit identiques aujourd'hui , la finesse même de ces distinctions ne rassureroit pas trop sur l'universalité, d'ailleurs si désirable, des caractères zoolo- giques en géognosie. Une autre objection, tirée de l'influence que les climats exercent même sur les animaux pélagiques, me paroît plus importante encore. Quoique les mers, par des causes physiques très-connues, offrent, à de grandes profon-, deurs, la même température sous l'équateur et sous la zone tempérée, nous vo3'ons pourtant, dans Tétat actuel de notre planète , les coquilles des tropiques ( parmi lesquelles les uni- valves dominent , comme parnu les testacés fossiles) différer beaucoup des coquilles des climats septentrionaux. Le plus grand nombre de ces animaux aiment les récifs elles bas-fonds: d'où il suit que les différences spécifiques sont souvent très- sensibles, sous un même parallèle, sur des côtes opposées. Or, si les mêmes formations se répètent et s'étendent, pour ainsi dire , a. de prodigieuses distances, de l'est à l'ouest et du nord au sud , d'un hémisphère dans l'autre, n'est-il pas probable . quelles que soient les causes compliquées de l'ancienne température de notre globe, que des variations de climats ont modifié, jadis comme de nos jours, les types d'organisa- tion , et qu'une même formation ( c'est-à-dire une même roche placée, dans les deux hémisphères, entre deux formations homonymes) a pu envelopper des espèces distinctes ? Il ar- l'ive souA^ent sans doute que des couches superposées présen- tent un contraste de corps fossiles très-frappant. Mais peut- on conclure de là qu'après qu'un dépôt s'étoit formé, les êtres qui habitoient alors la surface du globe, aient tous été détruits ? 11 est incontestable que des générations de types différens se sont succédé les unes aux autres. Les ammo- nites, que l'on trouve à peine parmi les roches de transition, atteignent leur maximum dans les couches qui représentent i)2 IND sur différens poinfs du globe le muschelkalk et le calcaire du Jura ; ils dispavcissent dans les couches supérieures de la craie et au -dessus de cette formation. Les échinilcs, très- rares dans le cidcaire jîlpin et même dans le muschelkalk , deviennent au contraire très-communs dans le calcaire du Jura , dans la craie et les terrains tertiaires. Mais rien ne nous prouve que cette succe.ssi(>n de diflFérens types organi- ques, cette destruction graduelle des genres et des espèces, coïncide nécessairement avec les époques où chaque terrain s'est formé. « La considération de similitude ou de différence « entre les débris organiques n'est pas d'une grande impor- « tance, dit M. Beudant {Voyage min., T. III, p. 278), « lorsque l'on compare des dépôts qui se sont formés dans « des contrées très-éloignées les unes des autres : elle est de « beaucoup d'importance, si l'on compare des dépôts très- « rapprochés.» Tout en combattant les conclusions trop absolues qu'on pourroit être tenté de tirer de la valeur des caractères zoolo- giques , je suis loin de nier les services importans que l'étude des corps fossiles rend à la géognosie , si l'on considère cette science sous un point de vue philosophique. La géognosie ne se borne pas à chercher des caractères diagnostiques; elle embrasse l'ensemble des rapports sous lesquels on peut con- sidérer chaque formation ; \.° son gisement; 2.° sa constitu- tion or} ctognostique (c'est-à-dire, sa composition chimique, et le mode particulier d'agrégation plus ou moins cristalline de ses molécules); 5." l'association des différens corps orga- nisés que l'on y trouA'e enfouis. Si la superposition des masses rocheuses hétérogènes nous ré\'èle l'ordre successif de leur formation , comment ne pas nous intéresser aussi à connoître 3'état de la nature organique aux différentes époques où les dépôts se sent formés? On ne peut révoquer en doute que, sur une surface de plusieurs milliers de lieues carrées ( en Thu- ringe et dans toute la partie septentrionale de l'Allemagne), neuf formations superposées, celles de calcaire de transition , de grau^vacke, de grès rouge, dezechstein avec schiste bitu- mineux (de gypse muriatifère), de grès à oolithes (de gypse argileux), de muschelkalk et de grès blanc ( quadersand- gtein ) , ont pu être reconnues comme distinctes , sans re- IND 95 coiirir aucunement à l'emploi de caractères zoologiques; mais il ne suit pas de là que la recherche la plus minu- tieuse de ces caractères , ou, pour mieux dire, que la connois- sance Ja plus intime des fossiles contenus dans chacune des formations ne soit indispensable pour offrir un tableau complet et A'raiment géognostique. 11 en est de Fétude des terrains comme de celle des êtres organisés. La botanique et la zoologie , considérées de nos temps sous un point de vue plus élevé, ne se bornent plus à la recherche de quelques caractères extérieurs et distinctifs des espèces ; ces sciences approfondissent l'ensemble de l'organisation végétale et ani- male. Les caractères tirés des formes de la coquille suffisent pour distinguer les diverses espèces d'acéphales testacés. Re- garderoit-on pour cela comme superflue la connoissance des animaux qui habitent ces mêmes coquilles? Telle est la con- nexité des phénomènes et de leurs rapports naturels ( de ceux de la vie, comme de ceux qu'offrent les dépôts pierreux formés à différentes époques), que, si l'on en néglige quelques- uns , on se forme non-seulement une image incomplète, mais le plus souvent une image infidèle. • Dans le cas de la conformité de gisement, il peut y avoir identité de masse (c'est-à-dire de composition minéralogique) et diversité de fossiles, ou diversité de masse et identité de fossiles. Les roches /2 et /S' placées à de grandes distances horizontales entre deux formations identiques « et y , ou appartiennent à une même formation , ou sont des forma- tions parallèles. Dans le premier cas, leur composition miné- rale est semblable; mais, à cause de là distance des lieux et des effets clinintériques, les débris organiques qu'elles rea- ferment, peuvent différer considérablement. Dans le second cas, la composition minéralogique est différente, mais les débris organiques peuvent être analogues. Je pense que les mots, formations identiques , formations parallèles, indiquent la conformité ou non-conformité de composition minéralogique, mais qu'ils ne font rien préjuger sur l'identité des fossiles. S'il est assez probable que des dépôts ^ et &' , placés à de grandes distances horizontales entre les mêmes roches x et y, sont formés à la même époque , parce qu'ils renferment les mêmes fossiles et une masse analogue , il n'est pas également 94 IND probable que les époques de formation sont tiés-éloiguée.-) les unes des autres, lorsque les fossiles sont distincts. Ou peut concevoir que sous une même zone , dans un pays de peu d'étendue, des générations d'animaux se sont succédé, et ont caractérisé, comme par des types particuliers, les époques des formations; mais à de grands éloignemens hori- zontaux des êtres de formes très-diverses peuvent, sous dilfé- rens climats, avoir occupé simultanément la surface du globe ou le bassin des mers. II y a plus encore : le gisement de /3 entré a et 'y prouve que la formation de /3 est antérieure à celle de -y, postérieure à celle de a-, mais rien ne nous donne la mesure absolue de l'intervalle entre les époques- limites, et différens dépôts (isolés) de /2 peuvent ne pas être simultanés. Il semble résulter des faits que le zèle et la sagacité des naturalistes ontréunis depuis un petit nombre d'années, que, si l'on ne doit pas toujours s'attendre à trouver, comme le prétendoit Lister, dans chaque formation différezite d'autres dépouilles de corps organisés, le plus souvent des formations reconnues pour identiques par leur gisement et leur compo- sition renferment , dans les contrées les plus éloignées du globe, des associations d'espèces entièrement semblables. M. Brongniart, dont les travaux, joints à ceux de MM. Lamarck , Defrance, Beudant, Desmarest , Prévost, Férussac , Schlott- heim , Wahlenberg, Buckland, Webster, Phillips, Greenough , "Warburton , Sowerby , Brocchi , Soldani , Cortesi , et d'autres minéralogistes célèbres, ont tant avancé l'étude de la conchj- liologie souterraine, a fait voir récemment les analogies frap- pantes qu'offrent, sous le rapport des corps fossiles, certains terrains d'Europe et de l'Amérique septentrionale. Il a essayé de prouver qu'une formation est parfois tellement déguisée, que ce n'est que par des caractères zoologiques que l'on peut la xeconnoître (Brongniart, Hist. nat. des crustacés fossiles, p. Sj , £2). Dans l'étude des formations, comme dans toutes les sciences physiques descriptives, ce n'est que l'ensemble de plusieurs caractères qui doit nous guider dans la recherche de la vérité. La description spécifique des débris de plantes et d'animaux renfermés dans les divers terrains, nous en offre pour ainsi dire la Flore ou la Faune. Or, dans le monde primordial, IND 95 coiniue dans celui d'aujourd'hui, la végétation et les pro- ductions animales des diverses portions du globe paroisscnt avoir été moins caractérisées par quelques formes isolées d'uu aspect extraordinaire, que par l'association de beaucoup de formes spécifiquement difféicntes, mais analogues entre elles, malgré la distance des lieux. En découvrant une nouvelle terre près du détroit de Torres , il ne seroit pas aisé de dé- terminer, d'après un petit nombre de productions, si cette terre est contigue à la Nouvelle-Hollande , ou à l'une des lies Moluques ou à la Nouvelle -Guinée. Comparer des forma- tions sous le rapport des fossiles, c'est comparer des Flores et des Faunes de divers pays et de diverses (époques ; c'est résoudre un problèuie d'autant plus compliqué qu'il est mo- difié à la fois par l'espace et le temps. Parmi les caractères zoologiques appliqués à la géogaosie , l'absence de certains fossiles caractérise souvent mieux les for- mations que leur présence. C'est le cas des roches de transi- tion : on n'y trouve généralement que des madrépores , des en- criuites , des trilobites, des orthocératites et des coquilles de la famille des térébratules , c'est-à-dire des fossiles dont quel- ques espèces , non identiques, mais analogues , se rencontrent dans des couches secondaires très-modernes ; mais ces roches de transition sont privées de bien d'autres dépouilles de corps organisés, quiparoissent en abondance au-dessus du grès rouge. Le jugement que l'on porte sur l'absence de certaines es- pèces, ou sur l'absence totale des corps fossiles, peut cepen- dant être fondé sur une erreur qu'il sera utile de signaler ici. En examinant en grand les formations coquilliéres, on observe que les corps organisés ne sont pas toujours égale- ment distribués dans la masse; mais 1.°, que des strates en- tièrement dépourvus de fossiles alternent avec d'autres strates qui en fourmillent ; 2." que, dans une même formation, des associations particulières de fossiles caractérisent certains strates qui alternent avec d'autres strates à fossiles distincts. Ce phénomène , observé depuis long-temps , se retrouve dans le muschelkalk et dans le calcaire alpin (zechstein), qu'une couche de trochites sépare souvent du grès houiller fBuch, Beob., T.I,p. i35, 146, 171 ); il est propre aussi au calcaire du Jura et à plusieurs formations tertiaires. En n'étudiant que 9^ iM) la craie des environs de Paris , on pourroit presque croire qur les coquilles univalvcs manquent entièrement à cette forma-- tion : cependant les univalves polythalames , les ammonites , comme nous Tavons rappelé déjà, sont très -communs en Angleterre, dans les couches les plus anciennes de la craie. Même en France (côte de Sainte -Catherine près de Caen ) la craie tuffeau et la craie chloritée contiennent beaucoup de fossiles que l'on ne trouve pas dans la craie blanche (Brongniart, Caractères zool. , p. 12). Comme dans difTérens pays les terrains ne se sont pas développés également, et que l'on peut prendre des lambeaux de formations pour des formations entières et complètes , celles qui sont dépourvues de coquilles dans une région, peuvent en offrir dans une autre. Cette considération est importante pour obvier à la tendance assez générale de trop multiplier les formations ; car. lorsque sur un même point du globe un terrain (par exemple de grès) abonde dans sa partie inférieure en corps fossiles, et que sa partie supérieure en manque entière- ment, cette seule absence des fossiles ne justifie pas la scission du même terrain en deux formations distinctes. Dans la description géologique des environs de Paris. M. Brongniart a très-bien réuni les meulières sans coquilles avec celles qui sont comme pétries de coquilles d'eau douce. Nous venons de voir qu'une formation peut renfermer dans différens strates des péti-ifications spécifiquement diffé- rentes, mais que le plus souvent quelques espèces du strate inférieur se mêlent à la grande masse d'espèces hétérogènes qui se trouvent réunies dans le strate superposé. Lorsque cette différence porte sur des genres dont les uns sont des coquilles pélagiques, les autres des coquilles d'eau douce, le problème de Punité ou de Pindivisibilité d'une formation devient plus embarrassant. Il faut d'abord distinguer deux cas : celui où quelques coquilles fluviatiles se trouvent mêlées à une grande masse de coquilles marines, et celui où des coquilles marines et fluviatiles pourroient alterner couche par couche. MM. Gilet de Laumont et Beudant ont fait des observations intéressantes sur ce mélange de produc- tions marines et d'eau douce dans une même couche. M. Beudaot a prouvé, par des expériences ingénieuses, corn- IND 97 ment beaucoup de mollusques fluviatiles s'habituent gra- duellement à vivre dans une eau qui a toute la salure de l'océan. Le même savant a examiné, conjointement avec M. Marcel de Serres, certaines espèces de paludines qui, préfé- rant les eaux saumâtres , se trouvent prés de nos côtes, tantôt avec des coquilles pélagiques, tantôt avec des co- quilles fluviatiles. [Journ. dephys., T. LXXXIII , p. 107, T. LXXXVIII, p. 211 ; Brongniart, Géogr. min. , p. 27, 5/,, 89.) A ces faits curieux se joignent d'autres faits, que j'ai publiés dans la Relation de mon Voyage aux régions équi- noxiales (T. I, p. 555 et T. II, p. 606) , et qui semblent expliquer ce qui s'est passé jadis sur le globe, d'après ce que nous observons encore aujourd'hui. Sur les côtes de la Terre-ferme, entre Cumana et Nueva-Barcelona , j'ai vu des crocodiles s'avancer loin dans la mer. Pigafetta a fait la même observation sur les crocodiles de Bornéo. Au sud de l'île de Cuba, dans le golfe de Xagua, il y a des laman- tins dans la mer, sur un point où, au milieu de l'eau salée , jaillissent des sources d'eau douce. Lorsqu'on réfléchit sur l'ensemble de ces faits, on est moins étonné du mélange de quelques productions terrestres avec beaucoup de produc- tions incontestablement marines. Le second cas que nous avons indiqué , celui de l'alternance , ne s'est jamais pré- senté, je crois, d'une manière aussi prononcée que l'alter- nance du thonschiefer et du calcaire noir dans un même terrain de transition, ou (pour rappeler un fait qui a rap- port à la distribution des corps organisés) que l'alternance de deux grandes formations marines ( calcaire à cérites et grès de Romainville) avec deux grandes formations d'eau douce (gypse et meulières du plateau de Montmorency). Ce que l'observation attentive des superpositions a offert jusqu'ici , se réduit à des couches alternantes de gypse et de marne, placées entre deux formations marines , et renfermant au centre (dans leur plus grande masse) des productions terrestres et d'eau douce, et vers les limites supérieure et inférieure, tant dans le gypse que dans les marnes, des productions marines: telle est la constitution géologique du gypse de Montmartre. La variation spécifique dans les pétrifications, le mélange observé à Pierrelaie, et le phénomène d'alternance que pré- a3. 7 98 IND sente Montmartre , ne suffisent pas pour motiver le morcel- lement d'une même formation. Les marnes et le gypse, qui renferment des coquilles marines (n." 126 de la troisième masse), ne peuvent être géognosfiquement séparés des marnes et des gypses qui renferment des productions d'eau douce. Aussi MM. Cuvier et Brongniart n'ont pas hésité de considérer l'en- semble de ces marnes et de ces gypses marins et d'eau douce comme un même terrain. Ces savans ont même cité cette réunion de couches alicrnaiites comme un des exemples les plus clairs de ce que l'on doit entendre par le mot formation. {Géogr. miner., p. 3i, Sg, 189.) En effet, dans un même terrain peuvent êtr.e renfermés différens systèmes de couches : ce sont des groupes , des sous-divisions, ou , comme disent les géognostes de l'école de Freiberg , des membres plus ou moins développés d'une même formation (Freiesleben , Kupf., T. I, p. 17, T. in,p. 1). Malgré le mélange de coquilles pélagiques et fluviatiles que Ton observe quelquefois au contact de deux formations d'origine différente , on peut donner à l'une de ces forma- tions le nom de calcaire ou de grès marin, lorsqu'on ne veut tirer la dénomination des roches que des espèces qui consti- tuent la plus grande masse et le centre des couches. Cette terminologie rappelle un fait qui a- rapport , pour ainsi dire , à la géogonie , à l'ancienne histoire de notre planète : elle pré- cise (et peut-être un peu trop) l'alternance des eaux douces et des eaux salées. Je ne conteste pas l'utilité des dénominations grès ou calcaire marin pour des descriptions locales; mais, d'après les principes que je me suis proposé de suivre dans le tableau général des formations caractérisées d'après la place qu'elles occupent comme termes d'une série , j'ai cru devoir l'éviter avec soin. Tous les terrains au-dessous de la craie et même au-dessous du calcaire à cérites ( calcaire grossier du bassin de Paris) sont -ils, sans exception, des calcaires et des grès marins ? Ou les monitors et les poissons des schistes cuivreux dans le calcaire alpin de Thuringe : les ichthyosaures de M. Home, placés au-dessous des ooli- thes d'Oxford et de Bath , dans le lyas de l'Angleterre (qui sur le continent est représenté par une partie du calcaire du Jura); les crocodiles de Honfleur, enfouis dans des argiles IND 99 avec bancs calcaires au-dessus des oolithes de Dive et du cal- caire d'Isigny, par conséquent supérieurs au calcaire du Jura, prouvent-ils qu'il y a déjà au-dessous de la craie, entre ce terrain et le grès rouge, de petites formations d'eau douce, intercalées aux grandes formations marines ? Les houilles à fougères sous le grès rouge et sous le porphyre secondaire ne nous otfrent-elles pas un exemple évident d'une très-ancienne formation non marine? Ces circonstances prescrivent, dans l'état actuel de la science, beaucoup de réserve, lorsqu'on se hasarde, d'après des caractères purement zoologiques, de morceler des terrains dont l'unité a paru constatée par l'alternance des mêmes couches et par d'autres phénomènes de gisement. (Engelhard et Raumer, Geogn. Vers., p. 126 — i53.) Cette réserve est d'autant plus nécessaire que, d'après le témoignage d'un minéralogiste qui a long-temps approfondi cette matière , M. Brongniart , « il existe une espèce de transition entre la formation du calcaire marin et du gypse d'eau douce qui suit ce calcaire, et que ces deux terrains n'offrent pas cette séparation brusque qui se montre, sur les mêmes lieux , entre la craie et le calcaire grossier, c'est-a-dire entre deux formations marines. On ne peut douter, ajoute le même observateur, que, les premières couches de gypse n'aient été déposées dans un liquide analogue à la mer , tan- dis que les suivantes ont été déposées dans un liquide ana- logue à l'eau douce. ^^ {Géogr. min., p. 168 et igS.) En énonçant les motifs qui m'empêchent de généraliser une terminologie fondée sur le contraste entre des produc- tions d'eau douce et des productions marines, je suis loin de contester l'existence d'une formation d'eau douce supé* rieure à toutes les autres formations tertiaires, et qui ne renferme que des bulimcs , des limnées, des cyclostomes et des potaniides. Des observations récentes ont démontré com- bien cette formation est plus répandue qu'on ne l'avoit cru d'abord. C'est un nouveau et dernier terme à ajouter à la série géognostique. Nous devons la connoissance plus in- time de ce calcaire d'eau douce aux utiles travaux de M. Brongniart. Les phénomènes qu'offrent les formations d'eau douce, dont l'existence n'étoit anciennement connue que par les tuffs de la Thuringe et par le Travçrtin toujours re- loo IND naissant des plaines de Rome (Reuss, Geogn. , T. II, p. 642 ; Buch, Geogn. Beob. , T. II , p. 21 — 3o ) , se lient delà ma- nière la plus satisfaisante aux lois admirables que M. Cuvier a reconnues dans le gisement des os des quadrupèdes vivi- pares. (Brongniart, Annales du Muséum, T. XV, p. oây , 58i ; Cuvier, Recli. sur les ossem. fossiles , T. I, p. LIV. ) La distinction entre les coquilles fossiles fluviatiles et mari- nes est l'objet de recherches très-délicates : car il peut arriver, lorsque les dépouilles des corps organisés se détachent diffici- lement de la niasse du calcaire siliceux qui les renferme, qu'on confonde des ampullaires avec des natices , des potamides avec des cérites. Dans la famille des conques on ne sépare avec certitude les cyclades et les cyrènes , des venus et des Iut cines, que par l'examen des dents de la charnière. Le travail que M. de Férussac a entrepris sur les coquilles terrestres et fluviatiles, jettera beaucoup de jour sur cet objet important. D'ailleurs , lorsqu'on croit voir un genre de .coquilles péla- giques au milieu d'un genre de coquilles d'eau douce, on peut agiter la question, si effectivement les mêmes types gé- nériques ne peuvent se retrouver dans les lacs et dans les mers. On connoît déjà l'exemple d'un véritable mytilus fluviatile. Peut-être les ampullaires et les corbules offriront-ils des mé- langes analogues de formes marines et de formes d'eau douce. (Voyez un mémoire de M. Valenciennes , inséré dans mon Recueil d'obs. de zoologie et d'anatomie comparée , T. IJ , p. 2 1 8.) Il résulte de ces considérations générales sur les caractères zoologiques et sur l'étude des corps fossiles, que, malgré les beaux et anciens travaux de Camper, de Blumenbach et de Sommering , l'exacte détermination spécifique des espèces , et l'examen de leurs rapports avec des couches très-récentes et voisines de la craie, ne datent que de vingt -cinq ans. Je pense que cette étude des corps fossiles, appliquée à toutes les autres couches secondaires et intermédiaires par des géognostes qui consultent en même temps le gisement et la composition minérale des roches, loin de renverser tout le système des formations déjà établies, servira plutôt à étayer ce système, à le perfectionner, à en compléter le vaste ta- bleau. On peut envisager sans doute la science géognostique des formations sous des points de vue très-différens, selon IND loi que l'on s'attache de préférence à la superposition des masses minérales, à leur composition (c'est-à-dire, à leur analyse chimique et mécanique) , ou aux fossiles qui se trouvent ren- fermés dans plusieurs de ces masses; cependant la science géognostique est une. Les dénominations, géognosie de gise- ment ou de superposition , géognosie oiyctognostique (analysant le tissu des masses), géognosie des fossiles , désignent, je ne dirai pas , des embranchemens d'une même science, mais diverses classes de rapports que l'on tâche d'isoler pour les étudier plus particulièrement. Cette unité de la science, et le vaste champ qu'elle embrasse , avoient été très-bien reconnus par Werner, le créateur de la géognosie positive. Quoiqu'il ne possédât pas les moyens nécessaires pour se livrer à une déter- mination rigoureuse des espèces fossiles, il n'a cessé, dans ses cours, de fixer l'attention de ses élèves sur les rapports qui existent entre certains fossiles et les formations de différens âges. J'ai été témoin de la vive satisfaction qu'il éprouva , lors- qu'en 1792 M. de Schlottheim , géognoste des plus distingués de l'école de Freiberg, commença cà faire de ces rapports l'objet principal de ses études. La géognosie positive s'enrichit de toutes les découvertes qui ont été faites sur la constitution minérale du globe; elle fournit à une autre science, improprement appelée théorie de la terre, et qui embrasse l'histoire première des catastrophes de notre planète , les matériaux les plus précieux* Elle réfléchit plus de lumières sur cette science qu'elle n'en reçoit d'elle à son tour; et, sans révoquer en doute l'ancienne fluidité ou le ramollissement de toutes les couches pierreuses (phénomène qui se manifeste par les corps fossiles, par l'as- pect cristallin des masses, par les cailloux roulés ou les frag- mens empâtés dans les roches de transition et les roches secondaires), la géognosie positive ne prononce point sur la nature de ces liquides dans lesquels, dit -on, les dépôts se sont formés , sur ces eaux de granité, de porphjre et de gypse, que la géologie hypothétique fait arriver, marée par marée, sur un même point du globe. Dans le tableau des formations je n'ai point indiqué l'incli- naison desstrates comme caractère géognostique. Nul doute que la discordance de deux roches (Ungleichformigkelt der Lage- rung) , c'est-à-dire , le manque de parallélisme dans leur direc- 102 IND tion et leui* inclinaison , ne soit le plus souvent une preuve évi- dente de l'indépendance des formations; nul doute que la grande inclinaison du terrain houiller ( coal-measures ) , du grès rouge et des roches de transition , si justement opposée en Angleterre par M. Buckland à l'horizontalité du calcaire ma- gnésien , du red-marl, du lyas et de toutes les couches plus modernes encore, ne soit un phénomène très-digne d'atten- tion : mais, dans d'autres régions de la terre, sur le continent de l'Europe et dans l'Amérique équinoxiale, le calcaire alpin et le calcaire du Jura , qui représentent ces formations horizon- tales de l'Angleterre, sont très-inclinés aussi. En embrassant sous un même point de vue de vastes étendues du globe, les Alpes, les montagnes métallifères delà Saxe, les Apennins, les Andes de la Nouvelle-Grenade et les Cordillères du Mexi- que, on observe que l'inclinaison des strates n'augmente pas du tout (comme on le répète encore souvent dans des ouvrages très-estimés) selon l'âge des formations. 11 y a quelquefois, et sur des étendues de terrain très-considérables, des couches presque horizontales parmi les roches très-anciennes; et, qui plus est, ces phénomènes s'observent plutôt parmi les roches primitives que parmi les roches de transition , et dans les premières plutôt parmi les gneis et les granités stratifiés que parmi les thonschiefcr et les micaschistes. Il m"a paru , en gé- néral , que les roches les plus inclinées se trouvent (si Ton fait abstraction de couches très-rapprochées des hautes chaînes de montagnes) entre le micaschiste primitif et le grès rouge. L'horizontalité des strates n'est bien générale et bien prononcée qu'au-dessus de la craie, dans les terrains tertiaires, par conséquent dans des masses d'une épaisseur comparativement peu considérable. Ce n'est point ici le lieu d'approfondir la question de savoir si toutes les couches inclinées sont des couches relevées , comme le prétcndoit Stenon dès l'année 1667, et comme le semble prouver le phénomène local de galets ou fragmens aplatis placés parallèlement aux surfaces des couches inclinées dans des conglomérats de transition (grauwacke) et dans le nagelfluhe, ou s'il est possible que des attractions que l'on suppose avoir agi à la fois sur une grande partie de la surface du globe, ont produit dans nos plaines des strates inclinés dés IND io3 leur origine, semblables à ces lames superposées, et sans con- tredit primitivement inclinées , qui forment le clivage d'un cristal. Certains grès (Nebra) offrent un parallélisme très- régulier dans leurs feuillets les plus minces, coupant sous uu angle de 20° à 55" les fissures de stratification horizontales ou inclinées. Sans vouloir tenter de résoudre ces problèmcG, il me sera permis de réunir à la fin de cette introduction quelques faits qui se lient à l'étude des gisemens. Lorsqu'au Tnilieu de pays non montagneux , ou sur des plateaux non interrompus par des vallées, où la roche reste constamment visible, on voyage pendant huit à dix lieues dans une direc- tion qui coupe celle des couches à angle droit, et que l'on trouve ces couches (de thonschiefer de transition) parallèles entre elles, presque également inclinées de 5o à 60 degrés, vers le nord -ouest par exemple , on a de la peine à se former une idée d'un relèvement ou d'un abaissement si uniformes, et des dimensions de la montagne ou du creux, qu'on doit admettre pour expliquer par une impulsion vio- lente et simultanée cette inclinaison des strates. En raison- nant sur l'origine des couches inclinées , il faut distinguer deux circonstances très -différentes : leur position dans la proximité d'une haute chaîne de montagnes qui est traversée par des vallées longitudinales ou transversales, et leur po- sition loin de toute chaîne de montagnes, au milieu des plaines ou de plateaux peu élevés. Dans le premier cas, les effets du relèvement paroissent souvent incontestables, et les coucjies inclinent assez généralement vers la chaîne, c'est-à- dire sur la pente septentrionale des Alpes au sud , sur la pente méridionale, mais beaucoup moins régulièrement, au nord {Buch , in Schr. ]S al. Freunde, 180g, p. io3, 109, 179, 181; Bernouilli , Schweiz. Miner. , p. 20 ) ; mais, à de grandes dis- tances de la chaîne , celle-ci paroît influer sur la seule direc- tion des couches , et non sur leur inclinaison. J'ai été, dès l'année 1792, très-attentif à ce parallélisme ou plutôt à ce loxodromisme des couches. Habitant des montagnes de roches stratifiées où ce phénomène est très-constant, exa- minant la direction et l'inclinaison des couches primitives et de transition , depuis la côte de Gênes, à travers la chaîne de la Bochetta , les plaines de la Lombardie , les Alpes du Saint- 104 IND Gothard, le plateau de la Souabe, les montagnes de Baireuth et les plaines de l'AIleinagne septentrionale, j'avois été frappé, sinon de la constance, du moins de l'extrême fréquence des directions ?îor. 3 — 4 de la boussole de Freiberg (du sud-ouest au nord-est). Cette recherche, que je croyois devoir con- duire les physiciens à la découverte d'une grande loi de la nature, avoit alors tant d'attraits pour moi, qu'elle est de- venue un des motifs les plus puissans de mon voyage ài'équa- teur. Lorsque J'arrivai sur les côtes de Venezuela, et que je parcourus la haute chaîne du littoral , et les montagnes de granite-gneis qui se prolongent du Bas-Orénoque au bassin du Rio Negro et de l'Amazone, je reconnus de nou\ eau , dans la direction des couches, le parallélisme le plus surprenant. Cette direction étoit encore hor. 5 — 4 (ou N. 45" E.), peut-être parce que la chaîne du littoral de Venezuela ne s'éloigne pas considérablement de l'angle que fait avec le méridien la chaîne centrale de l'Europe. J'ai énoncé les premiers résultats que m'offroient les roches primitives et de transition de l'Amérique méridionale, dans un mémoire publié par M. de Lamétherie , dans son Journal de Physique, T. 54, p. 46. J'y ai mêlé (comme cela arrive souvent aux voyageurs , lorsqu'ils publient le résultat de leurs travaux pendant le cours même du voyage), à des observations très -précises sur la grande uniformité dans la direction des couches (à l'isthme d'Araya , à la Silia de Caracas, au Cambury près Portocabello , sur les rives du Cassiquiare .- voyez ma Kelat. hist. , T. I, p. Sgo, 642, 564, SyS, T,. II, p. 81 , 99, 125, 141), des aperçus généraux que j'ai regardés depuis comme vagues et moins exacts. Quatre années de courses dans les Cordillères ont rectifié mes idées sur un phénomène qui est beaucoup plus important qu'on ne l'avoit cru autrefois; et, de retour en Europe, je me suis empressé de consigner le résultat général de mes observations dans la Géographie des plantes , p. 116, et dans l'Essai politique sur la Nouvelle-Espagne , T. II, p. 520. L'indication de ce résultat étoit sans doute restée inconnue au savant auteur du Critical fxamination ofGeology {p. 276), lorsqu'il a combattu les asser- tions publiées pendant mon absence, en 1799, P^^" ^^' ^^ Lamétherie. IND io5 Il n'existe dans aucun hémisphère, parmi les roches, une uniformité générale et absolue de direction; mais, dans des régions d'une étendue très-considérable, quelquefois sur plu- sieurs milliers de lieues carrées , on reconnoit que la direction , plus rarement l'inclinaison , ont été déterminées par un sys- tème de forces particulier. On y découvre, à des distances très-grandes, un parallélisme de couches, une direction dont le type se manifeste au milieu des perturbations partielle», et qui reste souvent le même dans les terrains primitifs et de tran- sition. Cette identité de direction s'observe plus fréquemment loin des hautes chaînes alpines très- élevées , que dans ces chaînes mêmes , où les strates se trouvent contournés, redres- sés et brisés. Assez généralement, et ce fait avoit déjà frappé M. Palassou (Essai sur la Min. des Pyrénées, 1781) et même M. de Saussure ( Voyages dans les Alpes, §. 2002), la direc- tion de couches très -éloignées des chaînes principales suit la direction de ces chaînes de montagnes. Cette unifor- mité de parallélisme des couches (du nord-est au sud-ouest) a été observée dans une grande partie de l'Allemagne sep- tentrionale, au Fichtelgebirge, en Franconle et sur les bords du Rhin; en Belgique; aux Ardennes ; dans les Vosges; dans le Cotentin ; dans la Tarantaise ; dans la majeure partie des Alpes delà Suisse et en Ecosse. Je ne citerai que desgéognostes modernes , très-exercés à ce genre d'observations, et d'autant plus attentifs à la direction et à l'inclinaison des strates, que les assertions que j'avois émises 5ur un parallélisme ou loxo îromisme à de grandes distances avoient excité de vives contestations. « Qu'on vienne, dit M. Boue, examiner en « Ecosse, la boussole àla'main, la position des masses mi- « nérales , et qu'on sache s'arrêter aux faits généraux ; l'on « s'apercevra que la direction des couches est constante et « correspond à celle des chaînes du sud-ouest au nord-est, « mais que l'inclinaison yarie d'après des circonstances lo- « cales.» (Raumer, Geogn. Versuche, p. 41, 44, 48 ; Id. , Fragmente, p. 58, 64. Goldfuss et Bischof, Fichtelg., T. I^ p. 189. Omalius d'Halloy , dans le Journal des mines, 1808, p. 463. Brochant, Obser^. séol. sur les ten^ains de transition , p. 14. Escher, dansVAlpina, T.IV,p.o5j; Gruner, dansl'lsis, i8o5 , Oct., p. 181. BernouUi, Schiveiz. Min. , p. 19 — 24. Ehel,Alpen, io6 IND T. I, p. 220; T. Il, p. 201, 2i5, 357. Boue, Géol. à' Ecosse , p. i3.) Dans les Pyrénées la direction générale des strates est, d'après les belles observations de MM. Palassou , Ra- mond , Charpentier et d'Anbuisson , comme la direction générale de la chaîne, N. 68" O., ou de l'est-sud-est à l'ouest- nord-ouest. (Ramond, Pyrén. , T. I, p. 67, T. II , p. 554; d'Aubuisson, Géologie, T. I, p. 342.) Cette même régularité règne dans le Caucase. Aux États -unis de l'Amé- rique septentrionale, les roches primitives et intermédiaires sont dirigées, d'après M. Maclure , comme la chaîne des Alleghanys, du nord-est au sud-ouest. Les directions du nord au sud ou du nord-nord-est au sud-sud-ouest prédominent en Suède et en Finlande. ( Haussmann , dans les Mémoires de V Académie de Munie, 1808, P. I, p. 147. Buch , Lappland , T. I , p- 277, 298. Hisinger, Min. Geogr. von Scluveden, p. 465. Engelhardt, Felsgebilde Russlands , p. 18.) Dans les Cor- dillères du Mexique on observe un type de direction très- général : les couches qui forment le plateau se dirigent du sud-est au nord -ouest, parallèlement à la direction de la chaîne d'Anahuac , tandis que V axe volcanique (la ligne qui passe, entre les 18° 69' et 19° 12' de latitude, par le Pic d'Orizaba , les deux volcans de la Puebla , le Nevado de Toluca, le Pic de Tancitaro et le volcan de Colima, ligne qui est -en même temps le parallèle des plus grandes élévations) se prolonge de l'est à l'ouest, comme une crevasse qui tra- verse l'isthme mexicain d'une mer à l'autre. [Essai politique, r. If, p. 253.) Comme nous ignorons les causes 'primordiales des phéno- mènes, la philosophie naturelle , dont la géognosie sera un jour une des parties les plus intéressantes, doit s'arrêter à la connoissance des lois; et, dans le phénomène qui nous occupe , ces lois peuvent être soumises à des mesures exactes. Il ne faut point oublier que les lignes de direction des couches (StreichungsUnien) rencontrent les méridiens , lorsqu'à de grandes distances ces couches sont, par exemple, uniformé- ment dirigées N. 45° E., comme les élémens d'une ligne loxo- dromique, sans être parallèles dans l'espace. I.a direction des couches anciennes (primitives et de transition) n'est pas un petit phénomène de localité : c'est au con(raire un phé' IND 107 nomène indépendant de la direction des chaînes secondaires, de leurs embranchemens et de la sinuosité de leurs vallées; un phénomène dont la cause a agi, d'une manière uni- forme, à de prodigieuses distances, par exemple, dans l'an- cien continent, entre les 43° et 67° de latitude, depuis l'ÉcoSse jusqu'aux confins de l'Asie. Quelle est cette influence apparente des hautes chaînes alpines sur des couches qui, quelquefois, en sont éloignées de plus de cent lieues? J'ai de la peine à croire que la même catastrophe ait soulevé les montagnes et incliné les strates dans les plaines, de sorte que la tranche de ces strates, jadis tous horizontaux, au- jourd'hui tous inclinés de 5o" à 60", et formant la surface du globe, se seroit trouvée à de grandes profondeurs. Les chaînes des montagnes alpines ont -elles été soulevées ? Sont -elles sorties (semblables à cette rangée de EÏmes volcaniques dans les plaines de Jorullo , entre la ville de Mexico et les côtes de la mer du Sud), sur des crevasses formées parallèlement à la direction de couches inclinées déjà préexistantes P En traçant le tableau géognostique des formations, j'ai dû m'abstenir de citer à chaque observation la source à laquelle je l'ai puisée. La géognosie positive est une science qui ne date que de la fin du dernier siècle, et il n'est pas facile, je pourrois ajouter, il n'est pas sans danger, de faire l'histoire d'une science si moderne. Quoique dans le cours d'une vie laborieuse j'aie eu le bonheur de voir une plus grande éten- due de montagnes qu'aucun autre géognoste, le peu que j'ai observé se perd dans la grande masse des faits que j'en- treprends d'exposer ici. Ce que ce Traité des formations renferme d'important, est dû aux efforts réunis de mes con- temporains. J'ai voulu présenter aux lecteurs , d'une ma- nière concise, l'enchaînement des découvertes qui ont été faites: j'ai cru pouvoir ajouter ce qui est seulement pro- bable à ce qui me paroi t entièrement constaté. Si j'avois atteint le but que je me suis proposé, les hommes supérieurs qui en Allemagne, en France, en Angleterre, en Suède et en Italie, ont contribué à agrandir l'édifice de la science géognostique, devroient rcconnoitre à chaque page les résul- tats de leurs travaux. J'ai rejeté dans des notes, à la fin du tableau, lescitations desfaits moins généralement connus, et je io8 IND n'ai nommé dans le tableau niéme que Jes savans qui ont Lien voulu me communiquer des observations et des aperçus qu'ils n'ont point encore publiés. Les communications les plus nombreuses et les plus intéressantes de ce genre sont celles que je dois , depuis quinze ans , à M. Léopold de Buch , avec lequel j"ai eu l'avantage de faire mes premières études minéralogiques sous un grand maître, et qui, sur une vaste étendue de terrains (entre les 28° et les 71° de latitude), a recueilli des matériaux précieux pour la géognosie, This- toire de l'atmosphère et la géographie des végétaux. J'ai fait usage, dans le cours de mon travail, de plusieurs notes inédites que ce savant a bien voulu me donner sur le tissu jcristallin des trachytes que j'ai rapportés des Cordillères, et sur l'ordre des formations en Suisse . en Angleterre , en Ecosse, en Toscane et dans les environs de Rome. J'ai aussi eu l'avantage de le consulter, pendant les difiFérens séjours qu'il a faits à Paris, sur ce qui me paroissoit douteux dans le gisement des formations. Toutes les observations relatives à la Hongrie sont tirées du Voyage minéralogique de M. Beu- dant, qui est sur le point de paroître , et dans lequel la plupart des questions de gisement sont traitées avec une grande supériorité. Mon compatriote, M. de Charpentier, directeur des salines de Suisse, a bien voulu me communi- quer son excellente description des Pyrénées, travail le plus complet que l'on possède sur une grande chaîne de mon- tagnes. Plusieurs renseignemens sur les porphyres d'Europe sont tirés d'une notice que j'ai écrite, pour ainsi dire, sous la dictée de M. Werner, lorsque cet homme célèbre est venu, pour quelques jours , de Carlsbad à Vienne (eni8ij), pour s'entretenir avec moi sur la constitution géognostique de la Cordillère des Andes et du Mexique. C'est un devoir bien doux à remplir que de donner un témoignage public de re- connoissance à ceux dont la mémoire nous est chère. Je n'ai pas tiré tout le parti que j'aurois voulu des travaux importans de MM. MacuUoch, Jameson , Weawer, Berger, et d'autres membres .des Sociétés géologique et wernérienne , en Angleterre, parce que j'ai craint de prononcer sur l'identité des forma- tions d'un pays que je ne connois pas, au nord des montagnes du Derbyshire, et qui, dans ce moment, est exploré avec tant de zèle et de succès. IND 109 En indiquant pour chaque formation les noitis de quelques- uns des lieux où elles se trouvent (ce que les botanistes ap- pellent les habitations) , je n'ai eu aucunement la prétention d'étendre le domaine de la géographie minéralogique : je n'ai voulu que présenter des exemples de gisement bien observés. Les exemples ne sont pas toujours choisis parmi des contrées qui, par les descriptions de géognostes célèbres, sont devenues, pour ainsi dJrt, classiques. Il a fallu nommer quelquefois, dans l'autre hémisphère , des lieux qu'on ne trouve sur aucune de nos cartes. Allemont, Dudley , cap de Gates, Manstield et Œningue sont plus connus des minéralogistes que les grandes" provinces métallifères d'Antioquia , des Guamalies et de Za- catecas. Pour faciliter ce genre de recherches , j'ai souvent ajouté, entre deux parenthèses, des renseignemens géogra- phiques, par exemple, Quindiu (Nouvelle-Grenade), Ticsan (Andes de Quito), Tomependa (plaines de l'Amazone). A côté de l'indication des lieux où prédomine telle ou telle formation , j'ai tâché de faire connoitre l'ordre entier de superposition qui a été observé avec quelque certitude sur des points très-éloignés , par exemple , dans les Cordillères des Andes, en Norwége, en Allemagne, en Angleterre, en Hon- grie et au Caucase. Ces descriptions de coupes, qui présentent des matériaux pour la construction , si long-temps désirée, d'un Atlas géognostique , sont, pour ainsi dire, les pièces justificatives d'un tableau général des roches ; car la géo- gnosie , lorsqu'elle s'occupe de la série des formations, est à la géographie minéralogique ce que Vh^drographie com- parée est k la topographie des grands fleuves , tracée isolé- ment. C'est de la connoissance intime des influences qu'exer- cent les inégalités du terrain, la fonte des neiges, les pluies périodiques et les marées, sur la vitesse, sur les sinuosités, sur les étranglemens , sur les bifurcations et sur la forme des embouchures du Danube, du Nil, du Gange, de l'Amazone,, que résulte une théorie générale des fleuves, ou , pour mieux dire, un système de lois empiriques qui embrassent ce que l'on a trouvé de commun et d'analogue dans les phénomènes lo- caux et partiels. (Voyez quelques élémens de cette hydrogra- phie comparée, dans ma Relat. liistor., T. II, p. Siy — -526 et 657 — 664.) La géognosie des formations offre aussi des lois li\D empiriques, qui ont élé abstraites d'un grand nombre de cas particuliers. Fondée sur la géographie niinéralngique , elle en diffère essentiellement, et cette diETérence entre Fabstrac- lion et l'observation individuelle peut devenir, chez des géognostes qui ne connoissent qu'un seul pajs, la cause de quelques jugeniens erronés sur la précision d'un tableau gé- néral des terrains. Les sciences physiques reposent en grande partie sur des inductions; et plus ces inductions deviennent complètes, plus aussi les circonstances locales qui accompagnent chaque phénomène, se trouvent exclues de l'énoncé des lois géné- rales. L'histoire même de la géognosie justifie cette asser- tion. Werner , en créant la science géognostique, a reconnu , avec une perspicacité digne d'admiration , tous les rapports sous lesquels il faut envisager Findépendance des forma- tions primitives, de transition et secondaires. Il a indiqué ce qu'il falloit observer, ce qu'il importoit de savoir : il a pré- paré, pressenti, pour ainsi dire, une partie des découvertes dont la géognosie s'est enrichie après lui, dans des pays qu'il n'a pu visiter. Comme les formations ne suivent pas les va- riations de latitude et de climats, et que des phénomènes, observés peut-être pour la première fois dans l'Himalaya ou dans les Andes, se retrouvent,, et souvent avec l'asso- ciation de circonstances que Fon croiroit entièrement acci- dentelles, en Allemagne, en Ecosse ou dans les Pyrénées; une très-petite portion du^obe, un terrain de quelques lieues carrées dans lequel la nature a réuni beaucoup de for- mations, peut (comme un vrai microcosme des philosophes an- ciens) faire naitre, dans l'esprit d'un excellent observateur, des idées très-précises sur les vérités fondamentales de la géo- gnosie. En effet, la plupart des premiers aperçus deWerner, même ceux que cet homme illustre s' éfoit formés avant l'année J790, étoient d'une justesse qui nous frappe encore aujour- d'hui. Les savans de tous les pays, même ceux qui ne montrent aucune prédilection pour Fécolc de Freiberg , les ont conservés comme bases des classifications géognostiqu es. Cependant, ce que l'on savoit en 1790 des terrains primitifs, de transition et secondaires, se fondoit presque entièrement sur la Thu- ringe, sur les montagnes métallifères de la Saxe et sur celles IND m du Harz, sur une étendue de pays qui n'a pas 76 lieues de lon- gueur. Les mémorables travaux deDolomieu, les descriptions des Alpes de Saussure, furent consultés ; mais ils ne purent exercer une grande influence sur les travaux de Werner. Sans doute, Saussure a' donné des modèles inimitables d'exac- titude dans la topographie de chaque cime, de chaque vallon; mais cet intrépide vo}'ageur, frappé et delà complication que présentent les phénomènes de superposition et du désor- dre apparent qui règne toujours dans l'intérieur des hautes chaines alpines, sembloit peu tenté de se livrer à des idées générales sur la constitution géognostique d'un pays. Dans ce premier âge de la science, le tjpe des formations étoit fondé sur un petit nombre d'observations; il ressembloit trop à la description des lieux où il avoit pris naissance. On prenoit pour des formations indépendantes les masses minéi^ales qui , dans d'autres pays, ne sont que des couches subordonnées ou accidentelles ; on ignoroit l'existence des formations qui jouent un rôle important dans l'Amérique équatoriale, dans le nord et dans l'ouest de l'Europe ; on méconnoissoit l'an- cienneté relative des porphyres, des syénites et des eupho- tides ; on ne complétoit pas l'histoire des couches plus ré- centes par une détermination rigoureuse des corps orga- niques fossiles qu'elles renferment : on observoit avec une grande précision le gisement des basaltes, des phonolithes (phorphyrschiefer) et des dolérites, qu'on avoit long-temps confondus avec les grunstein trappéens; mais on combattoit jusqu'à la possibilité de leur origine ignée, parce que, dans le pays où la géognosie moderne s'est formée, on n'étoit entouré que de quelques lambeaux de terrains volcaniques, et que l'on ne pouvoit examiner les rapports qui existent entre les trachytes ( trapporphyr) , les basaltes, les laves plus modernes, les scories et les ponces. Si le tableau des formations de Werner , malgré les livres qu'il consultoit, malgré la surprenante perspicacité avec laquelle il savoit démêler la vérité dans les récits souvent confus des voya- geurs , étoit resté incomplet , ce savant ne s'afïligeoit pas de voir ses travaux perfectionnés par d'autres mains. Il avoit enseigné le premier l'art de reconnoitre et d'observer des formations. C'est par l'application de cet art que la géognosie IND est devenue une science positive. Reconrïbissant que sa véri- table gloire se fondoit plutôt sur la découverte des principef de la science, sur Tinstrument qu'il falloit employer, que sur les résultats obtenus à telle ou telle époque, Werner ne chérissoit pas moins ceux de ses élèves qui ne parfa^eoient' pas son opinion sur l'âge relatif et sur l'origine de plusieurs terrains. Ce n'est qu'en soumettant cà l'observation une plus grande partie du globe, que le type des formations a pu être à la fois agrandi et simplifié. On l'a rendu plus con- forme à la constitution géognostique des continens consi- dérés sous un point de vue général. Nous connoissons aujourd'hui d'une manière assez exacte le gisement relatif de beaucoup de formations, i .*" Dans l'ancien continent: dans les îles de la Grande-Bretagne, dans le nord delà France, et en Belgique, en Norwége, en Suède et en Finlande, en Allemagne, en Hongrie, en Suisse, dans les Pyrénées, en Lombardie , en Toscane et dans les environs de Rome; en Crimée et au Caucase (lat. 41" — 71° bor. ; long. 40° or. — 12° oc). 2.° Dans le noui^eau continent : aux États-unis de l'Amérique septentrionale , entre la Virginie et le lac Ontario (lat. 36° — 45" bor. ; long. oc. 78° — 86°); au Mexique , entre Veracruz , Acapulco et Guanaxuato ( lat. 16° 5o' — 21 ° 1 ' bor. ; long. oc. 98 " 29' — io5''22'); dans l'île de Cuba (lat. 23" 9' bor.) ; dans les Provinces- unies de Venezuela, entre la côte de Paria, Portocabello, le Haut-Orénoque et San Carlos del Rio Negro ; dans les Andes de la Nouvelle - Grenade , de Popayan , de Pasto , de Quito et du Pérou ; dans la vallée de la Rivière des Amazones et sur les côtes de la mer du Sud (lat. 10" 27' bor. à 12" 2'austr. ; long. oc. 66° i5' — 82" ifi); au Brésil, entre Rio Janeiro et la limite occidentale de la province de Minas Geraes (lat. 18" — 26" austr. ; long. oc. 46" — 49°)« A mesure que l'on s'élève à des idées plus générales, le tableau des formations , tout en devenant plus vaste et (nous osons le croire) plus vrai, satisfait m.oins ceux qui voudroient y trouver fortement prononcés les traits indivi- duels , la physionomie locale de leur canton. Mais ces traits individuels, cette physionomie locale, ne peuvent y être conservés que comme de simples variations d'u« type général, IND 3i3 «omme des modifications particulières des grandes lois de gisement. Quelque incomplète que soit encore la connois- sance de ces lois, c'est déjà un grand pas fait dans ce genre de recherches que d'avoir acquis, par les travaux réunis de nos contemporains, la certitude qu'il en existe de constantes et d'imznuables au milieu du conflit des perturbations locales. Terrains primitifs. Les plus anciennes formations de roches primitives que fon a pu soumettre aux observations, sont, dans quelques régions du globe, le granité (une formation dans laquelle le granité n'alterne avec aucune autre roche); dans d'autres régions, le granité - gneis (une formation granitique dans la- quelle des couches de granité alternent avec des couches de gneis). On auroit de la peine à nommer un granité que les géognostes regardassent unanimement comme antérieur à toutes les autres roches ; mais cette incertitude tient à la nature même des choses, à l'idée que nous nous formons de l'âge relatif et de la superposition des roches. On peut cons- tater par l'observation, que le granité du Saint -Gothard re- pose sur du micaschiste ; que celui de Kielwig , enNorvvége, repose sur du thonschiefer. Mais comment démontrer un fait négatif? comment prouver que, sous un granité que l'eu appelle de première formation , il ne se trouve pas de nou- veau du gneis, ou quelque autre roche primitive ^ En tra- çant le tableau des connoissances que nous avons acquises sur la superposition des roches , nous dcvoiis nous abstenir de prononcer avec assurance sur la première assise de l'édifice géognostique. C'est ainsi (car il en est du temps comme de l'espace) qu'à travers de longues migrations des peuples l'his- toire ne reconnoit pas avec certitude quels ont été les pre- miers habitans d'une coutx'ée. I. Granité primitif. §. 1. Granité qui n'alterne pas avec le gneis. Comme on. ;i récemment élevé d»?s doutes très-fondés sur l'ancienneté .--3. 8 ii4 IND de beaucoup de formations de granité, on ne peut désigner la première des roches primitives que par des caractères négatifs. Il m'a paru que dans les deux hémisphères, surtout dans le nouveau monde, le granité est d'autant plus ancien, qu'il n'est pas stratifié , qu'il est plus riche en quarz et moins abondant en mica. Dansles hautes chaînes des montagnes (dans les Alpes de la Suisse et dans la Cordillère des Andes, entre Loxa et Zaulaca}, le granité, par l'abondance et la direction uniforme des feuillets de mica, tend à devenir lamelleux ; tandis que les granités qui percent la terre végétale dans les plaines, présentent généralement, parleur texture plus uni- formément grenue, un contraste plus marqué avec le gneis. La grosseur du grain, la régularité de la cristallisation des parties constituantes , et la couleur rouge ou blanche du feldspath , sont des phénomènes très- dignes d'attention , si l'on considère de grandes masses d'une roche, et si l'on fait abstraction des bancs subordonnés de granité à petits grains que l'on rencontre au milieu d'un granité à gros grains, et lice versa. Ces phénomènes désignent l'âge relatif d'une formation dans une étendue de terrain plus ou moins circons- crite; mais on ne sauroit en déduire des caractères généraux, applicables à un continent entier. Dans les Cordillères, le granité à petits grains et à feldspath blanc et blanc jaunâtre m'a paru le plus ancien. L'absence, je ne dis pas de la tour- maline et du titane-rutile , mais de l'amphibole disséminé, de la stéatite , des grenats, del'épidote, de l'actinote, de l'élain , du fer oligiste , remplaçant le mica (Gottesgabe dans le Haut- Palatinat) ; le manque de bancs subordonnés hétérogènes (grilnstein, calcaire grenu) et de rognons à très-petits grains et fortement micacés, qui sont de formation contempo- raine et semblent comme enchâssés dans la masse principale ; enfin , le manque de stratification dans les couches inférieu- res, et la structure non porphyroïde , paroissent caractériser les granités de première formation (côtes occidentales de l'Amérique équinoxiale , Cascas , Santa et Guarmay dans le Bas-Pérou ; rives du Cumbeima près Ibagué ; Quilichao et Caloto dans les Andes de la Nouvelle-Grenade). Les granités des cataractes de l'Orénoque et des montagnes de la Parime renferment, comme ceux des Pyrénées et de laPIaute-Égypte, IND ii5 quelques couches dans lesquelles on reconnoît des cristaux iso- lés d'amphibole ; ces roches appartiennent probablement à une époque un peu plus récente que le granité du Bas- Pérou. Quoique les granités les plus anciens n'offrent généralement pas de bancs subordonnés de calcaire primitif, la chaux commence cependant déjà à se montrer, au sein des monta- gnes primitives (je n'ose dire au premier âge du monde) , dans le feldspath et peut-être dans les tourmalines. Plus tard cette quantité de chaux augmente par l'addition de Pamphi- bole dans les couches syénitiques qui caractérisent les gra- nités les plus modernes. Granité et Gneïs primitifs. §. 2. Cette formation, si bien caractérisée par M. de Rau- mer, offre des couches de granité et de gneis très-distinctes, à peu près contemporaines et alternant les unes avec les autres. .Elle repose quelquefois (Riesengebirge ) immédiatement sur la formation précédente; d'autres fois (au sud-est de Rio- bamba, dans le royaume de Quito) elle est la plus ancienne des roches visibles. Ce retour périodique de couches hétéro- gènes se retrouve surtout dans les formations de transition , par exemple, dans celles de porphyre et syénite , de syénite et griinstein. Je pense qu'il faut distinguer de la formation, de granité et gneis , et les granités dont les couches passent souvent et insensiblement au gneis, comme le granité du littoral de Venezuela , et les gneis qui passent au granité (pente méridionale de la Jungfrau et du Titlis). Les bano subordonnés au granité et gneis sont : les micaschistes , qui , à leur tour, renferment du calcaire grenu; les schistes am- phiboliques et chloriteux ; le weisstein. Granité stannifÈre. §. 3. Généralement à parties constituantes très-désagrégées. le feldspath passant au caolin ( Carlsbad , chemin d'Eiben- stock à Johann-Georgenstadt ; et, d'après M. de Bonnard , probablement aussi les granités du département de la Haute- Vienne). On reconnoitra peut-être dans la suite que plusieurs de ces roches stannifères sont d'un âge plus récent encore ; et qu'il faudroit les placer parmi les granités postérieurs au ^'* INEl gneis et antérieurs au micaschiste. Des caractères de nou- veauté semblent se retrouver même dans les granités du, Fichtelgebirge, en Franconie , qui non -seulement sont très- régulièrement stratifiés, mais qui contiennent aussi des bancs d'urgriinstein (diabase primitive, paterlestein). Je ne connois point la formation alpine de granité stannifère dans les Andes : le granité qui constitue les sommets des Cordillères, est presque toujours recouvert de formations de porphyre de transition et de trachyte. Weisstein avec Serfentine. §. 4. Le weisstein (eurite), dans lequel domine le feldspath compacte (partie nord-ouest de l'Erzgebirge) , repose sur le granité ancien. Il est recouvert de gneis, quelquefois de mi- caschiste (Hartha) , ou d'un schiste primitif auquel (Hermsdorf, Dobeln) le weisstein paroît passer insensiblement. Bancs subor- donnés : granité tantôt à grains très-gros (Penig) , tantôt à petits grains , passant souvent au weisstein , et renfermant de la lépi- dolithe et de la parenthine lamelleuse ; serpentine ( Wald- heim). Le weisstein qui enchâsse quelquefois des grenats et de la cyanite , est en Saxe , d'après les observations de MM. Pusch , Raumer etMohs, une formation indépendante, anté- rieure au gneis, et non un banc subordonné; en Silésie (En- gelsberg près Zobten, et Weiseritz près Schweidnitz) , il ne forme que des couches dans le granité et le gneis primitifs. Ce phénomène n'a rien qui puisse étonner le géognoste. Les micaschistes, les gneis et les porphyres se trouvent à la fois comme roches indépendantes et comme bancs subordonnés. La serpentine de Buenavista dans les montagnes de THigue- rote, à l'ouest de Caracas, appartient proprement au gneis talqueux; mais il paroit que, dans le même groupe de mon- tagnes, il y a aussi de la serpentine liée à un weisstein qui est superposé à la formation de granité et gneis. La ser- pentine du "weisstein est la plus ancienne des roches d'eupho- tides à très-petits grains, roches qui passent, pour ainsi dire^ à travers toutes les formations suivantes jusqu'à la limite supérieure des terrains de transition. IND 3'7 II. Gneis primitif. §. 5. Nous distinguons cette formation de gneis (Freiberg, Lyon , plateau entre Autun et la montagne d'Aussi ; Arns- berg dans le Riesengebirge , Lbdingen enNorwëge, Gram- pians en Ecosse), qui renferme des bancs subordonnés de micaschiste, de la formation, également importante, de gneis et micaschiste , dans laquelle des couches de gneis alternent avec des couches de micaschiste. Le gneis est, d'après MM. de Buch et Haussmann , la roche dominante en Scandinavie , où le granité ancien (antérieur au gneis) n'est presque nulle part visible. Les bancs subordonnés du gneis sont très- variés et fréquens; ils le sont cependant beaucoup moins lorsque le gneis ne passe pas au micachiste. Nous ne nomme- rons ici que les bancs les plus remarquables : quarz souvent grenatifère; feldspath plus ou moins décomposé et dépourvu de potasse ; porphyre, généralement rougeâtre, à base pétro- siliceuse, renfermant du feldspath, du quarz et du mica (lager- porphyr de la Halsbruckc, d'Ober-Frauendorf, de Liebstadt); calcaire grenu assez rarement (route du Simplom, mine du Kurprinz près de Freiberg) ; grenat commun , mêlé de calcaire grenu, deblendeetdeferoxidulé(Sch\varzenberg): micaschiste (Bergen en Norwége); syénite (Burkersdorf enSilésie); gra- nité à feldspath décomposé , mais non stannifère ; serpentine (ophyolithe) formant, d'après M. Cordier, une couche d'une étendue immense dans les départemens de la Haute-Viç^nne, du Lot et del'Aveyron ; amphiboliteschistoïde ou hornblend- schiefer; grunstein , mêlé de fer magnétique (Taberg près Jonkoping), de zircon , de zoïsite et de menakan (Priocktec- halt, en Carinthie) ; fer magnétique en couches de 20 à 00 toises d'épaisseur , souvent mêlé de calcaire grenu , d'ichthyo- phtalme , de spodumène , de trémolite , d'amianthe , d'actiaote et de bitume (Danemora, Gellivara et Kinsivara, en Suéde et enLaponie); pegmatite (Loch-Lâggan en Ecosse); gneis renfermant des masses anguleuses de gneis d'une texture différente de celle de la roche principale (Rostenberg, en Norwége). Ce dernier phénomène (effet d'une cristallisation contemporaine?) est beaucoup plus analogue aux granités 3i8 IND du Greiffenstcin en Saxe, et du Pic Quairat dans les Pyré- nées, qu'au gneis de transition renfermant les poudingues de la Valorsine. La grande formation de gneis primitif, très- riche en minerais d'argent et d'or, en Allemagne, dans quel- ques parties de la France, en Grèce et dans l'Asie mineure, a été désignée long-temps comme la roche la plus argentifère du globe. On sait aujourd'hui , d'après des recherches faites dans les deux Amériques et en Hongrie, que la grande masse des métaux précieux qui circulent dans les deux continens , est due à des formations de beaucoup postérieures au gneis et à toutes les autres formations primitives ; qu'elle provient de roches de transition, de porphyres syénitiques et même de trachytes. Le gneis peu métallifère de la partie équi- noxiale du nouveau monde se montre sur une plus grande étendue de terrain dans les montagnes qui courent de l'est à l'ouest (chaîne du littoral de Caracas, cap Codera, et îles du lac de Tacarigua ; Orénoque , Sierra de la l'arime ) et dans les régions basses éloignées de la chaîne des Andes (à l'est des montagnes du Brésil), que dans la crête élevée de cette chaîne même. Je n'ai pas vu le gneis ( à la Silla de Caracas et au passage des Andes de Quindiu ) à plus de i3oo et 1400 toises de hauteur au-dessus du niveau de l'océan. Sur le dos des Cordillères, entre Ibague et Carthago (Nouvelle-Grenade ou Cundinamarca) , comme au Paramo de Chulucanas, en descendant vers l'Amazone , un granité de nouvelle formation recouvre le gneis à 1800 toises de hau- teur. Si dans les montagnes de l'Europe le gneis, le mica- schiste et un granité de seconde formation constituent les plus hautes cimes; dans les Andes, au contraire, les sommets les plus élevés ne présentent que d'énormes accumulations de roches trachy tiques. En suivant une même chaîne, un même alignement de montagnes, on voit les basses régions de granite- gneis et de gneis-micaschiste (provint e d'Oaxaca dans la Nou- velle-Espagne , où le gneis est aurifère; groupes primitifs de Quindiu; Almaguer, Guamote, au sud du Chimborazo; Sara- guru et Loxa, danslesAïides du Pérou) alterner avec les régions élevées (2000 à 55oo toises) de trachytes. Ces derniers ter- rains , produits ou modifiés par ie feu, recouvrent sans «ioule et quelquefois immédiatement, sans que des forma- IND Ï19 tioris porpliyriques de transition soient interposées, le granité et le gneis; cependant, là où j'ai pu voir les trachytes du royaume de Quito (volcan de Tunguragua , ravin du Rio- Puela près de Penipe) reposer sur un schiste micacé ver- dàtre rempli de grenats et recouvrant à son tour un gra- nité un peu syénitique avec quarz et mica (noir!), cette superposition n'a aussi lieu qu'à la hauteur peu considérable de 1240 toises. Il résulte en général de mon nivellement barométrique des Cordillères , que dans toute cette région des tropiques les granités et les gneis anciens, qu'il ne faut pas confondre avec des roches syénitiques et granitiques de transition, ne s'élèvent guère au-dessus de la hauteur qu'at- teignent les sommets des Pyrénées. Tous les massifs super- posés aux roches primitives, qui dépassent la limite des neiges perpétuelles (2000 — 2460 toises), et qui donnent aux Cordillères leur caractère de grandeur et de majesté , ne sont généralement dus ni à des formations primitives ni à des roches calcaires (il n'y a que le calcaire alpin des plateaux de Gualgayoc et de Guancavelica qui se trouve à 2100 et 23oo toises), mais à des porphyres trachytiques , à des dolé- rites et des phonolithes. (Nous ignorons encore de quelles- Toches sont composés les sommets de l'Himalaya, les extré- mités de ces pics récemment mesurés par M. Webb. ) Le gneis des Cordillères abonde bien plus que le micaschiste en couches subordonnées de calcaire grenu (micacé et rempli de pyrites). Aussi , dans l'Amérique équinoxiale , comme à l'extrémité la plus boréale de l'Europe et dans les Pyrénées, le grenat est le plus commun dans le gneis, et cette dernière roche ne cesse généralement de contenir des grenats que lorsqu'elle se rapproche du schiste micacé (montagne d'Avila, près de Caracas ). Un véritable gneis, dépourvu de grenats , se montre cependant à Pouest de Mariquita, entre Rio Quamo et les mines de S. Ana (Nouvelle -Grenade). Au Brésil, d'après l'observation de M. d'Eschwege, Pétain (zinnstein) est dissé- miné, non dans le granité , mais dans le gneis (bords du Rio- Paraopeba près de Villa-Ricca). Entre les deux grandes formations de gneis et de micaschiste primitifs, nous placerons plusieurs formations parallèles: î^e IND Gneis et Micaschiste ; Sy^nite primitive ? Granité postérieur au Gneis Serpentine primitive ? ET ANTÉRIEUR AU Micaschiste; Oalcaire grenu. Deux de ces formations sont peut-être aussi douteuses que l'est le porphyre primitif, considéré comme formation indé- pendante. Gneis et Micaschiste. §. 6. Des couches de gneis alternent avec des couches de micaschiste, de même que le gneis, dans la formation §. 2, alterne avec le granité. Ce ne sont pas des roches qui passent Tune à l'autre, mais des couches alternantes, très-nettement tranchées (Neisbach et Jauersberg en Silésie ; Waltersdorf près Scheibenberg en Saxe). Dans les Cordillères de l'Amé- rique, et peut-être dans la plupart des grandes chaînes de montagnes de l'ancien continent, comme l'illustre Dolo- mieu me l'avoit fait observer en Suisse dès l'année lygô , les formations mixtes ou d'alternance périodique, de gneis et granité, et de gneis et micaschiste, sont beaucoup plus fré- quentes que les formations simples, de granité, de gneis et de micaschiste. La formation indépendante de gneis-micaschiste repose tantôt sur la formation de gneiss ( §. 5), tantôt immé- diatement sur le granité le plus ancien (§. 1). Dans ce der- nier cas elle doit être considérée comme une formation paral- lèle au gneis. Bancs subordonnés : calcaire grenu, schistes amphiboliques, griinstein , serpentine, et thonschiefer avec actinote. Ces bancs subordonnés se répètent plusieurs fois; car, dans toutes les formations d'alternance périodique , soit primi- tives , soit de transition (les granités c( gneis, les gneis et mica- schistes , les syénites et griinstein, les porphyres et syénites, les porphyres et grauwacke , les calcaires noirs et schistes de transition), le retour périodique des masses s'étend jus- qu'aux bancs subordonnés. Cette grande loi géologique se manifeste dans toute la Cordillère des Andes, surtout dans les itiontagnes situées au sud et au sud-est du volcan de Tungu- ragua, au Condorasto , au Cuvillan et au Paramo del Hatillo , où (ce qui est très-rare dans cette région) le gneis-micaschiste s'élève à plus de 2000 toises de hauteur, et renferme des filons d'argent jadis très-célèbres ( weissgultigerz et sprod- IND i2t glaserz, argent blanc et argent vitreux aigre). Ces gneis- micaschistes métallifères du Condorasto et de Pomallacta se cachent vers le sud sous les formations de porphyres trachy- iiques des Andes de l'Assuay ; ils reparoissent (à 1700 toises de hauteur) entre les ruines du palais de l'inca (Ingapilca) et la ferme de Turche, et ils se cachent de nouveau sous les grès de Cuença. Les forêts de Quinquina, à l'ouest de Loxa, couvrent aussi des montagnes de gneis alternant avec du mica- schiste. Dans le passage des Andes de Quindiu , entre les bassins du Rio Cauca et du Rio Magdalena, la formation de gneis-micaschiste repose (au-dessus de la station de la Fal- milla) immédiatement sur le granité ancien. Elle atteint une énorme épaisseur, en s'élevant vers le Paramo de San-Juan. Les couches de micaschistes alternant avec le gneis y sont toujours dépourvues de grenats; elles offrent, au Valle del Moral (à 1 o65 toises de hauteur) , des filons remplis de soufre, exhalant des vapeurs sulfureuses dont la température s'élève à 48° cent., l'air atmosphérique étant à 20°. Ce phénomène est d'autant plus remarquable qu'au sud de l'équateur, dans la célèbre montagne de soufre de Ticsan, j'ai trouvé le soufre dans du quarz,.subordonné comme couche au micaschiste primitif. Les couches de gneis de Quindiu contiennent des grenats disséminés et des bancs de caolin décomposé. Dans la chaîne côtière de Caracas , entre Turiamo et Villa de Cura , les for- mations de granite-gneis et de gneis-micaschiste occupent, dans une direction perpendiculaire à l'axe de la chaîne, un terrain de dix lieues de largeur; le gneis-micaschiste se cache vers les Llanos de Venezuela sous des schistes verts de transition. Près de la Guayra , au cap Blanc, cette formation renferme des bancs subordonnés de chlorite schisteuse (avec grenats et sable magnétique) , de hornblendschiefer et de griinstein mêlé de quarz et de pyrites. Sur les côtes du Brésil, où plu- sieurs chaînes primitives se dirigent parallèlement aux Andes du Pérou et du Chili dans le sens d'un méridien, des couches de granité, de gneis et de micaschiste constituent une seule formation et alternent en séries périodiques ( Ilha Grande, au sud de Rio-Janeiro , près Villa d'Angra dos Reis, selon "M. d'EschAvege). Les trois roches y sont contemporaints , comme les syénites qui alternent périodiquement, soit avec les thonschiefer , soit avec les griinstein de transition. 1" rND Granités postérieurs au Gneis , antérieurs au Micaschiste primitif. §. 7. Je réunis ici plusieurs formations de granité à peu près parallèles, placées entre le gneis et le micaschiste, telles que le granité stannifère (hyalomicte, graisen ) de Zinn- wald et d'Altenberg , en Saxe, qui paroît reposer sur le gneis et qui abonde en tourmalines noires ; la plupart des pegmatites ou granités graphiques (schriftgranite), qui ren- ferment de la lépidolite (Rozena, en Moravie) ; les granités avec épidote; les granités à bancs subordonnés de weisstein ou eurite (Reichenstein en Silésie) ; les granités avec stéatite et chlorite, contenant souvent de l'amphibole disséminée, et prenant l'aspect d'une syénite ou d'un schiste chloriteux (protogynes du Mont-Blanc et de presque toute la chaîne des Alpes entre le Mont-Cenis et le Saint - Gothard ; pro- bablement aussi la roche du Rehberg au Harz); les granités des Pyrénées, si bien étudiés par M. de Charpentier, et renfermant de nombreux bancs de gneis, de micaschiste et de calcaire grenu. Peut-être les granités d'Altenberg appartiennent -ils (c'est l'opinion de M. Rendant ) aux assises inférieures des porphyres de transition; peut-être les granités des Pyrénées, qui enchâssent des amas d'urgriinstein (diabase primitive) sont-ils même postérieurs à la grande formation de micaschiste (§. 11), comme aussi les granités stannifères du Fichtclberg , qui renferment du griinstein (Ochsenkopf, Schnéeberg, en Franconie), et que nous avons indiqués provisoirement au §. 3. Le même doute me reste sur beaucoup de granités qui abondent en filons argentifères, sur tous les granités avec grenats, et sur les granités por- phyroïdes (à très-grands cristaux de feldspath rouge et blanc), qui sont souvent aussi régulièrement stratifiés que l'est le calcaire secondaire. Je n'ai point voulu citer ici les amas d'étain de Geyer et de Schlackenwald , parce que les granités qui les renferment, ne sont que des couches dans le gneis et le micaschiste r ce ne sont pas de véritables roches, des formations indépendantes, comme les granités de Carlsbad et du Fichtelgebirgc. Dans l'Amérique équi- noxiale on peut rapporter avec qjielque vraisemblance à la IND 125 formation de granité postérieure au gneis et antérieure au micaschiste, les granités de la pente occidentale des Cordil- lères du Mexique (plateau du Papagallo et de la Moxonera) , qui sont ou porphyroïdes , ou divisés en boules à couches concentriques. Ils enchâssent des bancs syénitiques liés à des filons de basanite (urgrunstein compacte). Je les ai vus régu- lièrement stratifiés en couches de 7 à 8 pouces d'épaisseur, et afTectant, non une même inclinaison , mais une même direc- tion avec les couches du porphyre de transition et du cal- caire alpin superposées. On ne connoît point, il est vrai , les roches que recouvre cette formation mexicaine de granité : c'est celle sur laquelle toutes les autres roches du Mexique sont placées; mais les caractères de composition et de structure qu'elle offre en grand, et son analogie avec d'autres granités stratifiés des hautes Andes du Pérou , me font croire qu'elle est d'un âge plus récent que la formation §. 1. Au granité antérieur au micaschiste , mais postérieur au gneis , appartient plus positivement celui de la Garifa del Paramo , au pied du volcan éteint de Tolima ( And es de Quindiu ) ; celui de la Silla de Caracas ; les granités très -régulièrement stratifiés (sans passer au gneiss) de Las Trincheras dans la chaîne côtiére de Venezuela; les granités du groupe étendu des montagnes de la Parime, qui sont ou régulièrement stratifiés (détroit du Baraguan, vallée du Bas-Orénoque) , ou passant àlapegmatite (Esmeralda et confluent de l'Ucamu, Haut-Orénoque) , ou amphiboliques (cataractes d'Atures). Dans ce vaste groupe granitifère de la Sierra Parime, qui sépare le bassin du Bas- Orénoque de celui de l'Amazone, se répètent quelques phé- nomènes de la Finlande et de la Norwége : aucune autre masse minérale n'y paroit au jour que la roche granitique. Là où i'ai côtoyé la Sierra Parime au nord, à Pouest et au sud, i'ai observé , à quelques petites masses de grès près , une absence totale de formations secondaires, même de roches postérieures à un granité de nouvelle formation. Ce granité, et le gneis qui le supporte, forment, là où de petites plaines séparent les montagnes entre elles , au milieu des forêt*, et d'une végétation vigoureuse , des bancs de rochers nus , dépourvus de terreau, ayant plus de 260,000 toises carrées, et s'élevant à peine de trois à quatre pouces au-dessus du sol environnant. Dans rhémisphère méridional je peux citer comme granités de nouvelle formation, la roche du Parefon (pente orientale des Andes du Pérou, entre Guancabamba et la rivière des Amazones), où le granité stéaliteux passe à la protogyne ; le granité du Paramo de Pata grande et de Nunaguacu, stratifié et dépourvu d'amphibole; la roche de Yanta, stratifiée comme le granité de l'Ochsenkopf en Fran- conie, se cachant sous le micaschiste de Gualtaquillo et d'Aipata-, et renfermant des cristaux disséminés d'amphibole, sans passer à la vraie syénite ( Cordillères de Gueringa , à l'ouest de Guancabamba). On voit par ces exemples que, dans les Andes comme dans les Alpes, surtout à des hauteurs considérables, une roche granitique couvre le gneis primitif. On se demande si les griinstein primitifs, qui forment des cou- ches dans les formations (§.5,5,6,7, renferment quelque- fois, comme le prétendent plusieurs géognostes, non-seule- ment de l'amphibole mêlé au feldspath compacte, mais aussi du pyroxène. M. de Charpentier a vu cette dernière subs- tance en grandes masses dans le calcaire primitif des Pyrénées. Il y a aussi du pyroxène-coccolithe dans l'urgrilnstein du lac Champlain ; je n'ai vu de véritables pyroxénes identiques avec ceux des trachytes et de quelques porphyres de transition de Quito que dans les griinstein et mandelstein de transition de Parapara (montagnes de Venezuela). SvÉMTE PRIMITIVE ? §. 8. La plupart dessyénites de l'ancien et du nouveau con- tinent, que Ion considéroit autrefois comme des roches indé- pendantes et de formation primitive, sont ou des granités avec amphibole, c'est-à-dire des couches subordonnées aux granités §§. 7 et 1 1 (Syène, non Philae, ou les premières cataractes mêmes delà Haute-Egypte, qui sont dans le gneis ; Aturès ou cataractes de l'Orénoque; vallée de Macara et Gualtaquillo, à la pente orientale des Andes du Pérou), ou des formations de transition (Mont Sinaï, d'après les intéressantes observa- tions de M. Rozière ; vallée de Plauen , piès de Dresde; Guanaxuato, au Mexique), intimement lices aux porphyres, au griinstein et au thonschiefer de transition. Quelques véri- tables syénites ne me paroissent cependant offrir aucune trace IND 12* de cette liaison; elles constituent peut-être des formations primitives indépendantes : telles sont la syénite (beaucoup de leidspath lamellaire rougeàtre, peu d'amphibole, presque pas de quarz, pas de mica, pas de fer titane) du CerroMunchique (Cordillère centrale des Andes du Popayan , à l'est de la métairie duCascabel), superposée au gneis, et en partie (?) recouverte de micaschiste primitif; la syénite du Paranio de Yamoca (pente orientale des Andes du Pérou, près des vil- lages indiens de Colascy et de Chontaly), placée sur le gra- nité de Zaulaca et recouverte par le schiste du lac de Haca- tacumba. Comme ce schiste, à son tour, supporte un porphyre vert de transition , et que ce porphyre supporte un calcaire gris-noiràtre , mais coquillier (San-Felipe, province de Jaen de Bracamoros) , il reste très-douteux si la syénite de Yamoca et le schiste de Hacatacumba ne sont pas aussi des roches de transition, et par conséquent plus neuves que les syénites du Cei-ro Munchique dans les Andes de Popayan. Les syénites composées de feldspath blanc et d'amphibole vert du pied du Mont-Blanc (Cormayeux), et les syénites de Biela, liées à des euphotides, sont -elles primitives? Serpentine primitive ? §. g. Les grandes formations d'euphotide (gabbro ou roches serpentineuses) sont postérieures au thonschiefej- primitif , et appartiennent en partie déjà aux roches de transition. La petite formation que nous désignons ici, est analogue à celle de Zœblitz en Saxe : elle repose sur du gneis et n'est recouverte par aucune autre roche. Dans l'Amérique méridionale la serpentine (sans diallage métalloïde, mais avec grenats) des montagnes de l'Higuerote ( près San-Pédro , entre la ville de Caracas et les vallées d'Aragua) paroit analogue à celle de Saxe. Elle repose sur le gneis talqueux de Buenavista , qui passe , ce qui est assez rare dans ces contrées, à un micaschiste gre- natifère. Cependant, comme on ne voit aucune roche su- perposée à ces serpentines, leur âge reste un peu douteux. Ce qui me paroît prouver l'ancienneté des serpentines de i'Higvierote , c'est qu'avant de paroitre comme formation particulière et indépendante, elles se montrent comme des couches subordonnées au gneis- micaschiste , à peu près comme les serpentines de la vallée d'Aoste. 126 IKD Calcaire primitif. §. lo. Existe-t-il une formation indépendante de calcaire grenu parmi les roches primitives P Ou tous ces calcaires gre- nus, comme on l'a admis assez généralement jusqu'ici, ne sont-ils que des bancs subordonnés au gneis, au micaschiste, aux granités de nouvelle formation, et au thonschiefer? Dans les Pyrénées (vallée de Vicdessos) M. de Charpentier regarde le calcaire grenu , quelquefois noirâtre et mêlé de graphite, et renfermant de grandes masses de pyroxène (Iherzolite, augitfels) et des couches degriiustein, comme une formation étendue et indépendante. Cette autorité est sans doute de beaucoup de poids. Au sud de l'équateur, sur le plateau do Quito (au Cebollar et aux bords du Rio Machangara , près Cuença; Portete, dans le Llano de Tarqui), on trouve placé sur le micaschiste (de Guasunto et du Canar) un calcaire blanc, à gros grain , ressemblant au plus beau marbre de Carare , et alternant avec des couches calcairçs presque compactes, rubanées et tellement translucides qu'on s'en sert dans les couvens et les chapelles en guise de glaces pour le,s fenêtres. J'ai regardé long-temps ce calcaire grenu de Cuença , dépourvu de pétrifications, comme une formation primitive et indépendante ; mais il n'est couvert que de grès rouge de Nabon, et une formation très -analogue (Tolonta près de Chillo), placée avi milieu d'un terrain de trachytes et de porphyres de transition , rend très-douteux l'âge de la for- mation de Cuença. Les bancs de calcaires primitifs, subor- donnés aux roches de granite-gneis , sont beaucoup plus rares dans l'Amérique équinoxiale que dans les Pyrénées et les Alpes. En examinant avec s in les granités -gneis de la Parime, entre les 2.* et 8.^ degrés de latitude boréale, je n'ai pas vu un seul de ces bancs. m. Micaschiste primitif. §.11. Le micaschiste (schiste micacé, glimmerschiefer) repose le plus souvent sur le gneis, d'autres fois immédiate- ment sur le granité (§. 1 ), avec lequel il commence d'abord à alterner (Schnéeberg, en Saxe; Minas Geraes, au Brésil) avant de se montrer comme une formation indépendante. Il se distingue du gneis, lorsque les deux roches sont nette- IND 127 ment tranchées (ce qui est bien plus rare dans la haute chaîne des Alpes et des Cordillères du Pérou que dans ks plaines), par l'agrégation du mica, qui, dans le micaschiste, ofifre une surface continue. De toutes les formations primi- tives c'est celle qui, dans l'Europe centrale, est la plus dé- veloppée , et qiii présente la plus grande variété de bancs subordonnés; l'hétérogénéité des couches augmente à mesure que l'on s'éloigne du granité. Les micaschistes des Pyrénées, que l'on considère comme bien décidément primitifs, ren- ferment souvent de la chiastolithe, et cette substance pénètre quelquefois jusque dans les bancs de thonschiefer et de cal- caire grenu intercalés. Couches subordonnées au micaschiste: schiste chloritique (chloritschiefer avec grenats); mélange entrelacé de micaschiste et de calcaire grenu (Spliigen, entre Claris et Chiavenna ; pic de Midi deT.^rbes, dans les Pyré- nées) ; thonschiefer; calcaire grenu et doloniie avec trémclite (grammatite) , épidote, talc, tourmaline, lépidolithe , am- phibole, fer magnétique et corindon ; calcaire grenu ren- fermant du quarz (Pyrénées); dolomie mêlée de gypse pri- mitif (passage du Spltigen dans les Alpes) ; quarz schistoide et micacé , gestellstein ; griinstein et griinsteinschiefer , dia- base grenue et schisteuse (Montaîïa de Avila, Cabo blanco près Caracas) ; feldspath compacte vert -noirâtre (dichtcr griinstein); pierre ollaire , topfstein (Ursern); schiste tal- queux (talkschiefer) avec grenats, cyanite, tourmaline et actinote; serpentine pure (SiUthal dans le Tyrol) ; serpen- tine mêlée de calcaire grenu , «verde antico (montagnes de Caramanie; Reichenstein, Rôrsdorf et Rothzeche, enSilésie); schiste amphibolique (Saint-Pierre, au sud du grand Saint- Bernard) ; amphibole commune en grandes masses (Schonberg, en Tyrol); syénite (Mittelwald, dans le Tyrol); couches de grenat avec fer oxidulé (Braunsberg près Freiberg, Fraucn- berg près Ehrenfriedrichsdorf , en Saxe ) ; grenat avec py- roxène-omphacite et amphibole ( Gefrees et Schwarzenbach , pays de Bareuth ; Saualpe en Carinthie); grenat actinote et cyanite; fluate de chaux (Meffersdorf) ; bancs de mica- schiste renfermant des masses de gneis, peut-être d'une for- mation contemporaine (TofQe , en JNorwége j ; bancs de plu- sieurs pieds d'épaisseur, composés d'uu mélange intime de 128 IND feldspath compacte, de quarz et de imca (Kiiliislad près Drontheim, en Norwége); micaschiste avec mica noir et carburé (Sneehattan, en Norwége; Huffiner, dans le Va- lais). Je ne cite pas le gypse du Val Canaria près d'Airolo, que nous avons cru , M. Freiesleben et moi , en 1796 , être de formation primitive intercalée au micaschiste, mais que MM. Brochant et Beudant (qui les ont étudiés tous deux sépa- rément avec soin ) ont reconnu pour un gypse de transition su- perposé au micaschiste. Le micaschiste renferme souvent de l'amphibole disséminé dans toute sa masse (Salzbourg; Saint- Gothard ; Oberwiesenthal en Saxe ; Sommerleiten prés Bareulh). Les émeraudes de Sabara, dans la Haute -Egypte, retrouvées par l'intrépide voyageur M. Cailliaud , et celles de Salzbourg, sont enchâssées dans la masse du micaschiste même, comme le sont , dans les deux continens, le grenat, la slaurotide ( Saïnt-Gothard ; Sierra Nevada de Merida) et la cyanite (îles Shetland ; Maniquarez, au nord de Cumana). Les émeraudes de Muzo , dans la Nouvelle-Grenade, m'ont paru former une couche dans un hornblendschiefer qui est subordonné au micaschiste. Si l'on ne considère les forma- tions que sous le rapport de leur volume et de leur masse , on doit admettre que le micaschiste , dans les chaînes des monta- gnes de l'Europe, joue un rôle presque aussi important que le font, au Mexique et dans les Andes de Quito et du Pérou, les porphyres de transition et les trachytes. Les masses continues de micaschiste les plus considérables que j'aie vues dans l'Amé- rique équinoxiale, sont celles de la Cordillère du littoral de Venezuela, où le granite-gneis domine depuis le cap Codera jusqu'à la Punta-Tucacas (à l'ouest de Portocabello) , tandis que la même Cordillère est composée de micaschiste et même d'un micaschiste grenatifère vers l'est, dans les montagnes du Macanao de l'île de la Marguerite et dans toute la péninsule d'Araya. A l'ouest de Chuparipari, cette dernière roche offre de petites couches de quarz avec cyanite et titane rutile. Prés de Caracas le calcaire grenu forme des couches , noa dans le micaschiste, mais dans legneis; au contraire, dans les montagnes du Tuy, c'est un micaschiste passant (comme dans la vallée de Capaya ) au schiste talqueux, qui renferme des bancs de calcaire primitif et de petites couches de IND 129 ^ekhenschlefer ( anipéllte graphique). Au sud de l'Oré- noque, dans le groupe des montagnes de laParime, sur 180 ïieues de longueur, je n'ai pas a'u de véritable micaschiste superposé au granite-gncis. Cette dernière formation semble seule couvrir cette vaste contrée; mais le gneis y passe quel- quefois au micaschiste : il rend rcsplendissans, au lever et au coucher du soleil, les flancs de plusieurs montagnes éle- vées ( pic Calitamini , Cerro Ucucuamo , entre les sources de l'Essequebo et du Rio-Branco) , et a contribué par là au mythe du Dorado et des richesses de la Guyane espagnole. Dans les Cordillères des Andes, la formation indépendante de micaschiste m'a paru moins rare au nord qu'au sud de l'équateur. Au Nevado de Quindiu (Nouvelle- Grenade) elle atteint une épaisseur de plus de 600 toises. En avançant de là par Quito et Loxa vers les Andes du Férau , on voit sortir le micaschiste sous les trachytes et porphyres de transition de Popayan (au sud des volcans de Sotara et de Puracè); plus loin cette roche reste visible sur diïférens points , depuis l'Alto del Roble (arête qui partage les eaux entre l'océan Paci- fique et la mer des Antilles) jusqu'à la vallée de Quilquasè ; elle se cache de nouveau par intervalles sous des porphyres trachytiques , à base de phonolithe, et reparoît plusieurs fois, par exemple, entre Almaguer et le Rio Yacanacatu, entre Voisaco et le volcan de Pasto , entre Gansce et le volcan de Tunguragua, entre Guamote et Ticsan près d'AIausi (où le micaschiste offre une immense couche de quarz renfermant du soufre, et une autre couche (?) de gypse primitif), entre Guasunto etPopallacta ; entre le Canar etBurgay , à la partie méridionale du groupe trachytique de l'Assuay; enfin, entre Loxa et Gon^anama. C'est près de ce dernier lieu que, dans le ravin de Vinayacu , on trouve une couche de graphite la- mellaire dans un micaschiste qui est certainement primitif. En descendant de Loxa par le Paramo de Yanioca, vers i'Amazone , entre les 4° et les 5'/,° de latitude australe, un granité de seconde formation est recouvert de micaschiste dans la vallée dePomahuaca; mais, en général, dans cette partie des Cordillères ce n'est pas le micaschiste, mais la syé- îiite et le thonschiefer primitifs qui ont pris un grand dévc- ioppement , partout où le sol n'est pas couvert de porphyres 23. 5 i3o IND et de trachytes. Dans la Nouvelle -Espagne, le micaschiste abonde (mines d'or de Rio San-Antonio) dans la province d'Oaxaca : mais plus au nord (16 — i8°lat. bor. ), sur la pente orienlale des Cordillères entre Acapulco et Sumpango , le granité n'est pas même recouvert de gneis ; il l'est immédiate- ment de calcaire alpin (Alto del Peregrino) et de porphyres de transition [la Moxonera, Acaguisofla). Cependant un mica- schiste, dépourvu de grenats et passant quelquefois au thon- schiefer, se montre dans les riches mines de Tehuilotepec et de Tasco (entre Chilpansingo et Mexico) sous le calcaire ûlj)in. Des filons d'argent rouge pénètrent de l'une de ces roches dans l'autre, malgré la grande distance qu'on doit admettre entre l'âge de leur formation. Je ne connois dans les Andes aucun exemple d'une couche de porphyre dans le micaschiste, ou d'un passage de cette dernière roche à une ro he porphyroïde ; passage qui, selon l'importante observation de M. de Buch, a lieu dans les Alpes duSpliigen, entre le village de ce nom et la vallée de Schams. Les terrains primitifs dans lesquels abonde le micaschiste , sont ceux qui offrent aux oryctognostes la plus grande variété de substances cristallisées. Ces roches , si abondantes en po- tasse, rivalisent sous ce rapport avec les mandelstein (amyg- daloïdes) de transition et plusieurs roches volcaniques. 11 est très-rare que l'on observe dans la nature un développement à peu près égal des trois formations de gneis, de micaschiste et de ihonschicfer . et lorsque ce développement a eu lieu , c'est plutôt dans des mcmtagnes de peu d'élévation et là oîi elles se perdent vers les plaines, que dans les hautes chaînes des Andes, des Alpes, des Pyrénées et de la Norwége. Nulle part, peut-être, la suppression totale des formations micacées ou schisteuses n'est plus fréquente que dans les Cordillères du Mexique et de l'Amérique méridionale. On y voit la série des roches primitives s'arrêter brusquement, soit au granile- gneis et à uut' syér.ite que je crois primitive, soit au gneis- micaschiste. Ce pliénomère a même lieu là oîi il y a (Cor- dillère de la Paruiie) absence de trachytes et de tout phé- nomène volcanique. IND -.01 Granité POSTÉRIEUR AU Micaschiste, antérieur au Thonschiefer. §. 12. Un granité de nouvelle formation reposant sur le micaschiste, auquel il appartient géognostiquement (Saint- Gothard, dans les Alpes; Reichenstein, en Silésie). Souvent il est stratifié (Hogholm, en Norwége, selon M. de Buch j Maifriedersdorf et Striegau en Silésie, selon M. Schulze)^ renferme des grenats et de rauiphibole , et passe à une roche ^yénitique à très-gros grains. Le quarz y est remarquable par sa grande transparence, le feldspath par la grandeur de ses cristaux. Ce granité est parfois sléatiteux ; il indique le retour des roches schisteuses aux roches grenues et cristal- lisées. Le granité de Mitteiwald , au nord de Brixen ( pas- sage des Alpes du Brenner), repose sur une syénite primi- tive qui alterne plusieurs fois avec le micaschiste. Le granité à topazes du Schneckenstein , en Saxe, que Ton a consi- déré long -temps comme une roche ou terrain particulier (topasfels), n'est probablement qu'un amas transversal dans le micaschiste. Je suppose Texistencc d'une formation de gra- nité analogue à celle du Saint-Gothard (c'est-à-dire postérieure aux micaschistes) dans les Andes du Baraguan, de Quindiu et d'Hervéo , où plusieurs granités modernes viennent au Jour sur la crête des Cordillères, supportant des pics de trachytes^ Est-ce à cette même formation qu'appartiennent le granité de Krieglach enStyrie, dans lequel la lasulithe (blauspath) remplace le feldspath commun , et la roche intéressante du Carnatic, dont nous devons la eonnoissance à M. le comte de Bournon ? Cette dernière est composée d'indianite , de feldspath et de corindon (avec grenats, épidote et fibroiife)» Gneis postérieur au Micaschiste. §.. i3. Une petite formation de gneis grenatifère , observée par M. de Buch. Elle couvre le micaschiste ( Bergen , Clas- sness et Klowen , en Norwége) , et renferme des bancs subor- donnés de calcaire grenu et même de micaschiste. Celte for- mation se retrouve dans les Pyrénées. GrUnstein-Schiefer ? §. 14. La diabase schistoïde (griinstein-schiefer) est placée entre 1^ gneis et le thonschiefer primitif ( SiebejuIeiiJî ^ rj2 IND Rosenthai), ou entre le micaschiste et le thonsc]ilefcr pri- mitif (Gersdorf et Rosswein, en Saxe); elle renferme des filons argentifères très-anciens. On trouve aussi le griinstein- schiefer comme banc subordonné au micaschiste. C'est une formation de feldspath compacte, dont Tindépendance me paroît assez douteuse. IV. Thonschiefer primitif. §. )5. Schiste primitif (schiste argileux, phyllade, urthon- schiefer), moins carburé et généralement à couleurs moins foncées que le thonschiefer de transition. Lorsqu'il passe au micaschiste, le mica est fendu en grandes lames, tandis que le mica, en petites paillettes isolées, caractérise le thonschiefer de transition. Bancs subordonnés : calcaire grenu bleuâtre ; porphyre; chlorite schisteuse aA^ec grenats et spliène dissé- minés; micaschiste ( Klein-Kieivig, en Norvi^ége); griinstein, mais beaucoup plus rare que dans le thonschiefer de transi- tion ; griinstein-schiefer ; quarz avec épidote ; un mélange de diallage et de feldspath. Les bancs subordonnés au thonschiefer primitif sont moins fréquens que ceux du micaschiste, roche dans laquelle l'hétérogénéité des couches , l'abondance et la. variété des substances cristallisées ont atteint leur maximum, en passant du granité primitif aux roches de transition. Lorsqu'on considère en grand la différence des thonschiefer primitifs et des thonschiefer de transition , on peut indi- quer pour les premiers plusieurs caractères négatifs très- importans , tels que l'absence des nœuds ou bancs subor- donnés de calcaire compacte, l'absence de chiastolithe dissé- minée dans la masse, de feuillets de thonschiefer luisans et fortement chargés de carbone ; enfin , l'absence de couches fréquentes de griinstein (en boules), d'ampélite alumineuse et graphique (alaun- und zeichenschiefer) , de pierre ly- dienne et de kieselschiefer : mais il ne faut point oublier que ces caractères généraux souffrent des exceptions par- tielles , dont le géognoste expérimenté est d'autant moins surpris, que le thonschiefer de transition succède souvent immédiatement, selon l'âge relatif des formations, au thon- schiefer primitif. On trouve, dans le dernier, de la chiasto- lithe, aux sommets des Py|énées et près de Kielvig en Nor- IND i33 v/ége. M. de Raumer y a vu , en Silësie (Rohrsdorf, Nieder- Kunzendorf), à la ibis des bancs subordonnés de porphyre à base feldspathique, de gneis-micaschiste, de calcaire grenu, d'ampélite et de pierre lydienne. Dans l'Amérique équinoxiale (chaîne du littoral de Venezuela, isthme d'Araya , Cerro de Chupariparu), j'ai observé, dans un thonschiefer qui passe au micaschiste primitif et cyanilifère sur lequel il repose, à la fois des couches de titane-rutile et d'ampélite luisante, traversées par de petits filons d'alun natif. Il est quelquefois très-diffi- cile d'indiquer avec précision , où cessent les thonschiefer primitifs , où commencent ceux de transition. Les schistes blcu-noiràtre de Piedras Azules (entre Villa de Cura et Pa- rapara), à l'ancien rivage boréal des Llanos ou steppes de Venezuela), ceux de Guanaxuato , au Mexique, dont les strates inférieurs passent au schiste talqueux et chlariteux (talk- et chloritschiefer) , tandis que les strates supérieurs sont chargés de carbone et enchâssent des bancs de syénite serpentineuse, se trouvent sur cette limite de deux ter- rains contigus. Il n'est guères douteux que dans les deux continens la plus grande masse de schistes ne soient des schistes de transition; mais en Amérique , surtout dans la région équi- noxiale, on est moins frappé de cette différence que de la rareté absolue de tous les thonschiefer, en les comparant aux gneis-micaschistes. Le thonschiefer paroît manquer en- tièrement dans la Cordillère de la Parime, à travers laquelle l'Orénoque s'est frayé un chemin : dans les Andes , comme dans les Pyrénées , il n'occupe que des terrains de peu d'étendue. Je l'ai trouvé au nord de l'équateur, suppor- tant les formations secondaires du plateau de Santa -Fé de Bogota , entre Villeta et Mave ; au sud de l'équateur , placé sur les micaschistes du Condorasto, et servant de base aux porphyres de transition de l'Alto de Pilches , entre San-Luis et Pomallacta (Andes de Quito) ; sous la pierre calcaire alpine de Hualgayoc , venant au jour à 2000 toises de hauteur, dans le Paramo de Yanaguanga (crête des j\ndes du Pérou); superposé immédiatement à du granité ancien, entre les villages indiens de San-Diego et de Cascas (pente occidentale des Andes du Pérou). J'ignore si le thonschiefer recouvrant une syénite qui appartient au granité , aux iU IND bords du lac de Haratacumba et au Paramo de Yamoca (pente orientale des Andes du Pérou, province de Jaen de JBracamoros) , est véritablement de formation primitive. Les passages insensibles que l'on observe quelquelois entre les granités, les gneis, les micaschistes et les thonscliiefer, et qui trouvent leurs analogues dans les passages des syénitcs et des serpentines aux griinstein de transition , ont fait croire à plusieurs géognostes que ces quatre formations n'en sont qu'une seule. On voit en efïet de vastes étendues de pays dans lesquelles le gneis oscille perpétuellement entre le granité et le micaschiste, le micaschiste entre le gneis et le thonschiefer ; mais ce phénomène n'est aucunement général, îl faut distinguer dans les deux hémisphères, \.° des terrains où ces passages insensibles , ces oscillations entre des roches voisines, ont lieu fréquemment et d'une manière irrégu- lière; 2." des terrains où des strates distincts de granité et de gneis, de gneis et de micaschiste, alternent et constituent des formations complexes de granité et gneis, de gneis et mi- caschiste; 5." des terrains où les formations simples de gra- nité, gneis, micaschiste et thonschiefer sont superposées sans alternance (avec ou sans passage au point du contact mutuel). Ce dernier cas n'exclut point, dans le gneis, par exemple, les couches de granité qui rappellent les roches de dessous, ni les couches de micaschiste, qui annoncent, pour ainsi dire, d'avance les roches qui se trouveront superposées. Nous ferons suivre au thonschiefer quatre formations pa- rallèles .- Roche de Qdarz, Porphyre PRiMrriF ? Granit e-Gneis postérieur au Euphotide primitive. Thonschiefer. La première de ces formations est très-peu connue en Eu- rope ; la troisième paroit douteuse comme formation indé- pendante. Roche de quarz (avec masses de fer ouciste métalloïde). §. \G, C'est la grande formation qui embrasse l'Itacolumite , ou quarz élastique chloriteux (gelenkquarz, biegsamer sand- etein, chloritquarz ) de M. d'Eschwege, et des couches de fer Ii\D i35 oHgiste micacé et spéculaire. Au sud de l'équateur, dans les montagnes du Brésil et dans les Cordillères des Andes, on trouve des masses de quarz , tantôt entièrement pur , tantôt mêlé de talc et de chlorite , qui , par Ténorme épaisseur de leurs couches et par l'étendue qu'elles occu- pent, méritent l'attention des géognostes. Ces roches de quarz m'ont paru offrir plusieurs formations d'une ancien- neté relative très- différente. Dans l'Amérique méridionale, les unes sont liées à un thonschiefer qui est décidément primitif; les autres, bien plus difficiles à saisir dans leurs rapports de superposition, sont placées entre les porphyres de transition et le calcaire alpin; elles remplacent quelque- fois le grès rouge. Nous ne parlerons ici que des premières, en séparant les formations dont le gisement est exactement connu, de celles qui offrent plus d'incertitude. Sur le pla- teau de Minas- Geraes près de Villa -Rica (selon les belles observations de M. d'Eschwege , directeur général des mines du Brésil), un micaschiste qui renferme des bancs de cal- caire grenu, est recouvert d'un thonschiefer primitif. Sur cette dernière roche repose, en stratification concordante , le quarz chloriteux (chloritquarz) qui constitue la masse du Pic d'itacolumi, à looo toises de hauteur au-dessus du ni- veau de la mer. Cette formation quarzeuse renferme des couches alternantes, i.° de quarz aurifère blanc, ouverdàtre, ou rubané, mêlé de talc-chlorite et offrant des strates de quarz flexible, que l'on a faussem.ent attribuées jusqu'ici à l'hyalo- micte (greisen), ou à des couches de quarz dans le micaschiste; 2.° de chlorite schisteuse; 5.° de quarz aurifère, mêlé de tourmaline (schcirlschiefer de Freiesleben) ; /|.° de fer oligiste métalloïde, mêlé de quarz aurifère (goldhaltiger eisenglim- merschiefer). Les couches de quarz chloriteux ont jusqu'à looo pieds d'épaisseur. Toute cette formation est couverte d'une brèche ferrugineuse extrêmement aurifère. C'est à la destruction des couches que nous venons de nommer, et qui sont liées géognostiquernent les unesauxautres, que M. d'Esch- vvege croit pouvoir attribuer les terrains de lavage qui ren- ferment à la fois l'or, le platine , le palladium et les diamans (Corrcgo das Lagens), l'or et les diamans (Tejuco), le pla- tine et les diamans (Rio Abaete). Le chloritschiefer décom- i5G IND posé , dont on tire les topazes et les eiiclasps du Brésil, appar- tient à cette même formation. Quelquefois , dans les mon- tagnes deMinas-Geraes , la roche de quarz est d'une structure plus simple. Sans être composée de couches alternantes, elle n'offre qu'une seule masse de quarz entrelacé avec du fer spéculaire granulaire ou dense (dichter eisenglanz ; fer oli- giste non lamellaire, non micacé). Cette masse a jusqu'à 1800 pieds d'épaisseur, et ne contient pas d'or disséminé. Elle est placée sur le thonschiefer primitif qui recouvre immédiatement le gneis. On peut dire que c'est cette for- mation peu connue de quarz -Itacolumite qui a fourni, par sa décomposition ( par les terrains meubles auxquels il a donné naissance), dans les années lyôG — 1764, annuelle- ment près de trente millions de francs en or. Elle succède immédiatement au thonschiefer; mais, d'après les observa- tions faites jusqu'ici , il seroit ditîicile de la considérer avec les schistes novaculaires (cos, wezschiefer), qui sont gris-verdâ- tre , gris de fumée , mêlés de beaucoup d'alumine, comme des couches subordonnées au thonschiefer. Le qnarz-ltacolumite^ par une affinité oryctognostique qui existe entre le talc et la chlorite, se rapproche du schiste talqueux (talkschiefer), qui abonde, dans tous les pays, en minéraux bien cristallisés, et qui, parla suppression des lames de talc, n'est quelquefois que du quarz pur : aussi le schiste talqueux forme-t-il, dans les deux continens, des couches subordonnées au thonschiefer et au micaschiste primitifs. J'ai trouvé une formation ana- logue à celle de Minas-Geraes, mais dépourvue de fer spé- culaire, à 1600 toises de hauteur au-dessus du niveau de la mer, dans les savanes de Tiocaxas (au sud du Chimborazo , entre Guamote etSan-Luis) et à l'est du Paramo de Yamoca près de Hacatacumba (Andes de Quito). D'énormes masses de quarz y sont mêlées à quelques feuillets de mica, et su- perposées au thonschiefer primitif. L'indépendance des for- mations quarzeuses primitives, que nous indiquons ici , sera mieux établie lorsqu'on les trouvera immédiatement super- posées, non toujours à la même roche (au thonschiefer), mais à différentes roches plus anciennes , par exemple , au micaschiste, au gneis et au granité. C'est dans cette indé- pendance de gisement que s'observe la roche de quarz de IND i37 Contumaza, que je crois secondaire : elle recouvre d'abord le porphyre, puis (près de Cascas) le même granité qui forme les côtes de la Mer du Sud dans le Bas-Ptrou. Une observation très-imporfante , que M. de Buch a faite dans le nord de la péninsule Scandinave, paroît justifier la place que nous assignons, parmi les roches primitives, a la roche de quarz de rhémisphère austral. Cet infatigable voyageur a reconnu que , dans la région boréale de l'ancien monde , le thonschiefer primitif est remplacé quelquefois par une roche de quarz que colore le fer. Cette roche de quarz et le thon- schiefer sont par conséquent, en Norwége, des roches pai-al- lèles, des équivalens géognostiques. 11 est bien remarquable de voir le soufre , l'or, le mercure etle fer oligiste métalloïde, liés dans l'Amérique méridionale à ces énormes amas de silice. Quel que soit l'intérêt qu'inspirent les métaux précieux, on ne sauroit nier que l'abondance du soufre dans des terrains primitifs est, sous le rapport de l'étude des volcans et des roches à travers lesquelles le fau souterrain s'est frayé son chemin, un phénomène bien plus important que l'abondance de l'or. Un peu au sud des hautes savanes de Tiocaxas et de Guamote (Cordillères de Quito), où nous venons de désigner la formation, peut-être indépendante, de quarz superposé au thonschiefer, j'ai examiné la célèbre montagne de soufre de Ticsan, qui est une couche de quarz (direction N. 1 8° E. ; incli- naison 70 — 80° au NO.; épaisseur de la couche, 200 toises; hauteur au-dessus du niveau de la mer, i25o toises) dans le micaschiste. Au Brésil, la formation de quarz chloriteux (Itaco- lumite), superposée au thonschiefer primitif, renferme non- seulement de l'or, mais aussi du soufre. Des plaques de cette Toche , fortement chauffées , brûlent avec une flamme bleue. Un thonschiefer du même âge que celui sur lequel est super- posé le quarz chloriteux, renferme (Serra do Frio , près de S. Antonio Pereira) un banc de calcaire primitif mêlé de masses de soufre natif. L'or etle soufre se trouvent aussi (Andes de Caxamarca, au Pérou, entre Curimayo et Alto delïual), sur la limite des porphyres de transition et des calcaires al- pins, dans des masses puissantes de quarz qui sont parallèles au grès rouge. C'est à ces mêmes roches de quarz , ou plutôt à des formations plus neuves encore , qu'appartient le grand i38 I]XD dépôt (qiiarzflcUz) ue mercure sulfure de Guancavelica, tan- dis que le iiitrcure de Cueiiça (partie niéj-idionale du royaume de Quito ) , de mtiue que celui du duché de Deux- ponts , appartient au grès rouge. Ces notions sutKscnt pour répandre quelque jour sur les couches puissantes de quarz que nous UAoris obscr\ées, M. d'Eschwege et moi, dans l'hémisphère austral, et qu'on ne peut guère appeler des grès quarzeux. Ces roches semblent passer , comme les for- mations calcaires, à travers les riitférens terrains primitifs , intermédiaires et secondaires. Plusieurs géognostes célèbres ont déjà tenté d'introduire des roches de quarz, comme formations indépendantes , dans le type général des terrains. Le qtiarzgebirge de Werner est primitif et repose sur du gneis (Frauenstein, Oberschônau , en Saxe), dont peut-être il a été jadis recouvert. Des couches qui appartiennent essentiel- lement à une formation , se trouvent quelquefois à la limite supérieure et inférieure de cette formation (exemples: schiste bitumineux sous le zechslein ou calcaire alpin ; gypse au-dessus du zechstein ; kieselschiefer , pierre lydienne ou ampélite, au-dessus du thonschiefer de transition et dans cette roche). Les petites masses de quarz primitif observées sur la crête des montagnes de l'Europe ne peuvent être comparées, pour leur puissance et leur étendue , aux roches de quarz primitives des Andes et du Brésil. Le granular-quarzroch (avec feldspath) des Hébrides de M. Jameson , les roches quarzeuses et chlorileuses antérieures au grauwacke et liées au grès rouge { priwary red sandstone) de M. MacuUoch , offrent quelques traits d'analogie géognostique avec les masses quarzeuses de l'Amérique équinoxiale; mais elles sont beaucoup plus mélangées (moins simples de structure), et pourroient bien , d'après les discussions intéressantes de M. Boue, appartenir à d'anciennes roches de transition. Le trappsandstein ou quarzfels secondaire de quelques géognostes allemands entoure les basaltes, et est, à n'en pas douter, d'un âge beaucoup plus récent que la formation de quarz en masse (extrêmement pur , non mélangé et non agrégé ) qui, placé entre le porphyre de transition et le calcaire alpin, atteint, d'après mes observations à la pente occidentale des Andes du Pérou (Contumaza, Namas), l'énorme épaisseur de 6000 pieds. IND i3s Granité et Gkeis postérieur au Thonschiefer. §. 17. Une formation de granité à petits grains, passant quelquefois à un gneis grenatifère et alternant avec lui. Cette formation intéressante (Kielvig, à l'extrémité septen- trionale delà Norwége , et îles Shetland) repose, selon M. de Buch , sur le thonschiefer primitif. Elle renferme de l'amphibole et du diallage ; elle manifeste par là son affinité avec une des formations suivantes. On pourroit désigner les formations de granité (§§. 4, 7, 12 et 17) par les noms de granité du weisstein , du gneis, du micaschiste et du thon- schiefer ; mais ces dénominations feroient croire que ces petites formations sont nécessairement dans le weisstein , dans le gneis , dans le micaschiste et dans le thonschiefer • elles se trouvent simplement superposées aux roches dont elles paroissent dépendre. La présence de l'étain, du fer magnétique (p), de l'amphibole, de la diallage, du grenat, du talc et de la chlorite remplaçant le mica, comme la ten- dance de passer à la pegmatite (schriftgranit), caractérisent les granités de nouvelle formation. Porphyre primitif P §. 18. Existe-t-il une formation primitive et indépendante de porphyre? Il ne peut être question ici, ni des porphyres qui se trouvent comme des bancs subordonnés dans d'autres roches primitives (§§. 5 et i5 ) , ni de ces gneis et micaschistes des hautes Alpes qui deviennent grenus et prennent, par l'isolement des cristaux de feldspath, un aspect porphyroïde. J'hésite de placer parmi les roches primitives les porphyres de Saxe et de Silésie (duché de Schweidnitz) , quoique les premiers recouvrent immédiatement le gneis (entre Frei- berg et Tharandt ). Ils sont quelquefois traversés par des filons d'étain ( Altenberg) et des minerais d'argent (Grund). Les porphyres de Silésie renferment de famphibole dissé- miné (Friediand ) : on les a crus jusqu'ici plus anciens que le thonschiefer primitif. 11 est certain que les porphyres de Saxe sont en partie des porphyres de transition , en partie des porphyres de grès rouge. Dans les Cordillères des Andes du Pérou, de Quito, de la Nouvelle -Grenade et ï^4o IND du Mexique , parmi cette innombrable variété de roches porphyriques dont les niasses atteignent ^Soo à Sooo toises d'épaisseur, je n'ai pas vu un seul porphyre qui me parût décidément primitif. L,a formation la plus ancienne que j'aie observée , se trouve dans la vallée profonde de la Magdalena (entre Guamhos etTruxillo, au Pérou) : c'est un porphyre à base argileuse, un peu décomposée, avec feldspath commun, non vitreux, sans amphibole, mais aussi sans quarz. Cette formation, qui paroit distincte de tous les porphyres de transition et trachytiques de Quito et de la crête des Andes du Pérou, vient au jour à 600 toises de hauteur au-dessus du niveau de la mer; elle est placée immédiatement sur le granité, et recouverte, à la pente occidentale des Andes , d'une roche de quarz secondaire, à la pente orientale (vrai- semblablement) de grés rouge. V. EUPHOTIDE PRIMITIVE POSTERIEURE AU ThONSCHIEFER. §. 39. Une formation placée à la limite des formations primitives et de transition. C'est le Gabbro de M. de Buch ; l'Euphotide de M. Haiiy; le Schillerfds de M. de Raumer; rOphiolithe de M. Brongniart. Cette roche a été désignée jadis sous les noms de serpentinite, granité serpentineux , granité de diallage, granitone, granito di gabbro, granito dell' împruneta , serpentinartiger urgriinstein. Nous la caractéri- sons ici telle que M. de Buch l'a circonscrite le premier. Elle se trouve superposée (cap Nord de File Mageroe , en'Norwége) à un schiste primitif, qui passe vers le haut a l'euphotide , vers le bas au micaschiste. L'euphotide du Val Sesia recouvre aussi , selon M. Bcudant, immédiatement le micaschiste primitif. On peut dire qu'en général l'euphotide ou gabbro est un mélange de diallage (sinaragdife), de jade (saussurite, feldspath tenace) et defel.ispath lainelleux. Quelquefois (Bergen, enNorwége) le jade manque entièrement; mais dans le verde di Corsica (Stazzona, au nord de Corte et S. Pietro di Rostino dans l'Ile de Corse) l'euphotide n'est qu'un mélange de jade voisin du feldspath compacte, et de diallage verte sans feldspath lamel- leux. Quoique, d'après les intéressantes observations rappor- tées par M. Haiiy dans son Tableau comparatif, les diallages métalloïdes (schillerspath ) vertes, à reflets satinés, et les. IND 141 (Hallages grises passent progressivement (roches du Musinet près de Turin) les unes aux autres, on peut pourtant distin- guer ces substances par les caractères géognostiques qu'elles offrent le plus fréquemment en grand. L'euphotide à diallage grise est beaucoup plus fréquente (un peu plus ancienne ?) que l'euphotide à diallage verte. La serpentine e^-^t presque toujours dans une liaison de gisement intime avec l'eupho- tide, dont elle ne semble être qu'une variélé à très -petits grains, d'apparence homogène. Cette liaison se manifeste aussi en Hongrie (Dobscliau), où M. Beudant a trouvé l'eu- photide grenue et schisteuse immédiatement superposée au micaschiste primitif. La soude, d'après les travaux de Théo- dore de Saussure et de Klaprofh , s'observe parmi les roches primitives dans le feldspath compacte du weisstein et du griinsteinschiefer, dans le jade des euphotides, et dans la la- zulrte (outre-mer) du Baldakschan. Cette dernière substance paroît appartenir à une couche de calcaire primitif intercalée au granité -gneis. Bancs subordonnés à l'euphotide : serpen- tine avec asbeste et diallage métalloïde; serpentine accom- pagnée de chrysoprase, opale et calcédoine ( Kosemitz, eu Silésie ) ; calcaire grisâtre compacte , passant au calcaire à petits grains (Alten , en Norwége). Ce calcaire rapproche l'euphotide de la Scandinavie, qui est le dernier membre des formations primitives, du terrain des roches intermédiaires très-anciennes. Comme l'euphotide n'est souvent pas recou- verte, et que la superposition d'une roche sur une autre très -ancienne ne nous éclaire pas sur l'époque de sa for- mation , il reste des doutes sur l'âge relatif de beaucoup d'euphotides. M. de Buch a vu celle du Haut-Valais (Saas, Mont-More) placée au-dessus du micaschiste; celle deSestri , au nord du golfe delà Spezzia , sous le thonschiefer (de trai;^ sitionp) de l.avagna. M. de Raumer, dans son excellent ou- vrage sur la Silésie inférieure, place le schillerfels du Zofcten- berg parmi les formations primitives; M. Keferstein y rancç l'euphotide du Harz (entre Neustadtet Oderkrug), qui reu- ferme du titane ferrifère ( nigrine ) disséminé. Je pense ausd que les serpentines du Heideberg près de Zell , et celles auc l'on trouve entre Wurlitz etKotzau, où elles renfernient du pyroxène-diopside , sont très-anciennes. Toutes ces serpent'ujç^ î42 IND des montagnes de liareuth m'ont paru intimement liées an schiste amphiboliquc ( hornblendschiefer) et au schiste chlo- riteux (chloritschiefer). Elles offrent des propriétés magné- tiques très-remarquables, que jai fait connoitre en 1796, et qui depuis ont été l'objet des recherches plus exactes de MM. Goldfuss, Bischof et Schneider. En jetant un coup d'œil gé- néral sur les euphotides des deux continens, on ne sauroit se refuser d'admettre plusieurs formations, d'un âge relatif assez distinct. Les euphotides que j'ai observées à l'île de Cuba, àGuanaxuato, au Mexique, et à l'entrée des Llanos de Venezuela , sont liées soit à la syénite soit au calcaire noir , et me semblent bien décidément des euphotides de transition , de même que l'euphotide (serpentine stratifiée en couches assez minces : direct. N. 62° E. ; incl. 70° au NO. ; épais- seur 10 toises) de la cime de la Bochetta de Gênes, que j'ai observée en 1795 et i8o5, et qui est intercalée à un thon- schiefer de transition qui alterne avec du calcaire noir. Les ei'photides de la Spezzia , de Prato et de tout le Siennois, que MM. de Buch et Brocchi considèrent comme de formation primitive ou de formation de transition très-ancienne, pa- roissent à M. Brongniart , qui les a récemment examinées avec beaucoup de soin, appartenir aux formations secon- daires, ou tout au plus aux formations de transition les plus récentes. Les géognostes célèbres que je viens de nommer, sont assez d'accord sur le gisement immédiat de ces eupho- tides de l'Italie , c'est-à-dire sur la détermination oryctognos- lique des roches qui se trouvent au-dessous et au-dessus de l'euphotide ; mais ils diffèrent sur l'âge de formation que l'on doit assigner géognosliquement à ces roches en contact avec l'euphotide. C'est ainsi qu'en géographie on connoît quelquefois avec précision le gisement d'un ilôt , par rapport aux lies voisines; tandis que la longitude absolue de tout l'archipel , sa plus grande proximité de l'ancien ou du nou- veau continent , restent encore incertaines. Terrains de transition. Le terrain de transition réunit, d'après M. Wcruer , des roches qui offrent dans leur composition beaucoup d'analogie IND 145 avec celles des terrains primitifs, mais qui alternent avec des roches fragmentaires ou arcnacées (élastiques, agrégées ; roches de transport). Quelques débris de corps organiques (des em- preintes de roseaux , de palmiers et de fougères arborescentes; des madrépores, pentacrinites, orthocératites, trilobites , hystérolithes, etc.) y paroissent de préférence, je ne dirai pas dans les roches supérieures, ou les moins anciennes de cet ordre, mais en général dans les roches non feldspafhi- ques et dont la masse ne ])résenle pas un aspect très-cristallin. Ce sont surtout les belles observations de MM. de Buch et Bro- chant qui ont étendu les limites des terrains de transition. Ces limites sont plus faciles à fixer vers le haut, où com- mencent les terrains secondaires, que vers le bas, oîi finissent les terrains primitifs. J'ai rappelé ailleurs comment, par les micaschistes anthraciteux et les thonschiefer verts , les roches de transition se lient aux roches primitives; comment, par les porphyres à feldspath vitreux, elles se lient aux terrains volcaniques, et par les grauwackes à petits grains et les por- phyres abondant en cristaux de quarz, an grès rouge et aux porphyres des terrains secondaires. Dans les régions les plus éloignées les unes des autres, des roches analogues, des thon- schiefer talqueux, cà feuillets fortement contournés, chargés de carbone, renfermant de l'ampélile (alaunschiefer) et de la pierre lydienne ; des calcaires noirs alternant avec le thon- schiefer, des grauwackes, des porphyres et des syénites mé- langés de fer titane , se trouvent placés entre des roches primitives, c'est-à-dire entièrement dépourvues de traces d'organisation et de masses arénacées, et la grande formation de houilles; mais la succession des roches homonynes de tran- sition varie même là où elles semblent toutes également dé- veloppées. Le plus grand nombre des formations de ce terrain sont composées de deux ou trois roches alternantes (calcaire noir compacte , griinstein et thonschiefer; grauwacke et por- phyre; calcaire grenu, grauwacke et micaschiste anthraciteux); et comme des membres partiels des groupes ou formations d'une structure si compliquée passent d'un groupe à l'autre, d'excellens observateurs , MM. de Raumer , d'Engelhardt et Bonnard , ont été tellement frappés de ce phénomène de connexité et d'alternance, qu'ils ne reconnoissent dans la ï44 IND classe entière qu'une seule grande famille de roches. Si Tort examine les formations de transition d'après leur structure et leur composition oryctognostique , on y distingue cinq associations très-marquées : les roches schisteuses; les roches porphyritiques (feldspathiques ou syénitiques) ; les roches calcaires grenues et compactes , avec gypse anhydre et sel gemme; les roches d'euphotide , et les roches agrégées (grau- wacke et brèches calcaires). Sur quelques points du globe un seul de ces groupes ou de ces associations de roches cristallisées et non cristallisées a pris un développement si extraordi- naire , que les autres groupes paroissent presque entière- rement supprimés. C'est ainsi que dominent dans les Cor- dillères du Mexique et de Quito , comme en Hongrie et dans plusieurs parties de la Norwége , les porphyres et les syé- nites de transition; dans la Tarantaise, les calcaires grenus et lalqueux ; dans quelques régions des Alpes et de laBochetta, les calcaires noirs presque compactes ou à très-petits grains; enfin, au Harz et sur les bords du Rhin, les grauwackes et thonschiefer de transition : mais cette épaisseur et cette étendue qu'acquièrent les masses minérales , ne doivent pas guider le géognoste lorsqu'il discute l'âge relatif des formations partielles. Une extrême variété de gisement ne s'observe pas seulement dans les petites formations; aussi les grandes for- mations homonymes très-développées ne peuvent guère être envisagées comme contemporaines , c'est-à-dire qu'elles n'of- rent pas le même gisement par rapport aux autres termes de la série des roches intermédiaires. Les porphyres de Guanaxuato , par exemple , sont superposés à un thonschiefer stéatiteux et chargé de carbone ; ceux de la Hongrie , à un micaschiste tal- queux de transition renfermant des bancs de calcaire gris-noi- ràtre. Les porphyres des Andes de Quito (et des îles Britan- niques?) recouvrent immédiatement des roches primitives, et sont par conséquent antérieurs à toute roche calcaire qui renferme des vestiges de corps organisés : au contraire, les porphyres et syénites zirconiennes de Norwége, comme proba- blement aussi les porphyres du Caucase, si bien observés par MM. d'Engelhardt et Parrot, succèdent, selon l'âge de leur formation, au calcaire remplid'orthocératites. Les plus grande» liasses de grauwacke (alternant avec le grauwackenschiefer) IND 145 se sont développées sans doute au milieu des schistes de tranr sition les plus anciens ; mais on trouve aussi des bancs de grauwacke très-puissans, d'une origine beaucoup plus récente. En général, les cinq groupes de roches que nous venons de distinguer d'après des rapports de composition ou des ca- ractères oryctognostiques , ne conservent pas partout la même place dans la série des formations intermédiaires; ils ne se trouvent guère séparés dans la nature comme dans une classification oryctognostique des roches. On observe que les thonschiefer et les calcaires noirs, les thonschiefer et les porphyres, les thonschiefer et les grauwackes, les porphyres et les syénites , les calcaires grenus et les micaschistes an- thraciteux , forment des associations géognostiques dans les contrées les plus éloignées les unes des autres. C'est la cons- tance de ces associations binaires ou ternaires qui caractérise les terrains de transition, bien plus que l'analogie qu'offre dans chaque groupe la succession des roches homonymes. En discutant les terrains primitifs 011 les formations sont plus simples, plus tranchées, sujettes à des alternances moins fréquentes, j'ai pu essayer d'énumérer séparément les gra- nités qui succèdent aux gneis , les gneis qui succèdent aux micaschistes. 11 y a des granités et des gneis primitifs de dif- férens âges , comme dans les terrains de transition il y a des grauwackes ou des calcaires noirs, semblables de composi- tion, mais très-éloignés les uns des autres, selon leur an- cienneté relative. Si dans ces derniers terrains le géognoste ne tente pas de nommer séparément les différentes couches de grauwacke ou de calcaire, c'est parce que ces couches, isolément, n'ont pas de valeur comme termes de la série des roches intermédiaires; elles n'en ont qu'autant qu'elles font partie de certains groupes. Or, ce sont ces groupes mêmes, ces associations constantes de thonschiefer , griinstein et grauwacke, de calcaire stéatiteux et grau^vacke , de por- phyre et grauwacke, etc. , qui sont les véritables termes de la série. 11 en résulte que, d'après les principes que nous suivons dans l'arrangement des formations, on doiténumérer séparément non des masses isolées de calcaire, de grauwacke et de porphyre, qui se mêlent entre elles ou à d'autres roches, mais des groupes entiers et bien caractérisés, ceux, ^3. 10 146 IND par exemple, dans lesquels dominent les grauwackes et les thonschiefer , ou les porphyres et les syénites. Parmi ces der-, niers les uns sont postérieurs , les autres antérieurs à des roches qui renferment des débris d'êtres organisés. Dans les terrains primitifs les termes de la série sont généralement simples; dans les terrains de transition ils sont tous complexes, et c'est de cette complexité même que naît la difliculté d'étu- dier, par assises, un édifice dont on saisit avec peine l'ordonnance au milieu de l'entassement de tant de maté- riaux semblables. Pour justifier l'ordre que j'assigne aux dififérens terrains de transition , je commencerai par présenter dans le tableau suivant la succession des formations ( en com- mençant par les plus anciennes) qui ont été observées dans plusieurs contrées et examinées avec soin. Je n'emploîrai que la description oréographique des géognostes habitués à suivre les mêmes principes dans la dénomination des roches. 1. Andes de Quito et pd Pinof. Porphyres de transition, non mé- tallifères , recouvrant imnnédiate- ment les roches primitives (granité, thonscliiefer). Griinstein en boules ( kugelge- stein ). Calcaire noir, superposé au por- phyre. Je n'y ai pas vu de grauwackc; il est remplacé, dans les Andes de Quito et du Pérou, au sud de réquateur, parla grande formation de porphyre. 3. MONTAGKES DU MEXIQUE. Thonschiefer de transition, char- gé de carbone, renfermant des cou- ches de syénite et de serpentine. Les couches inférieures passent au schiste talqueux et reposent sur des roches primitives. Syénite alternant avec du griin- stein- 2. Montagnes de Venezuela. Schistes verts stéatiteux de tran- sition , couvrant du gneis-niica- schiste primitif. Calcaire noir. Serpentine et griinstein (recou- verts d'amygdaloïde avec pyroxène). C'est la suite de roches que j'ai observée au bord septentrional des LIanos de Calabozo. 4. HOKORIB. Micaschiste de transition avec des bancs de calcaire noir superposé à des roches primitives. Porphyres et syénites de transi- lion. Couches subordonnées : mica- schiste de transition; calcaire grenu blanc avec serpentine ; masses de griinstein. Ces porphyres sont, comme la plupart de ceux des Andes , im- médiatement recouverts par destr»- chytes syénitiques blancs et noirs- (Observations de M. Beudant.) IND 147 Porphyre de transition, métalli- fère, placé imniédiatenient sur le thonschiefer de transition. Les cou- ches supérieures passent à la pho- molithe. Telle est la série de roches de Guanaxuato. Dans le chemin de Mexico à Acapulco j'ai vu les por- phyres de transition reposer immé- diatement sur le granité primitif. Près de Totonilco ces porphyres sont couverts de roches secondaires, tels que le calcaire alpin, le grès et le gypse argileux. Je n'ose prononcer sur les rapports d^àge entre les cal- caires de transition des mines du Doctor et de Zimapan, et les por- phyres de Guanaxuato et de Pachu- ca; mais, d'après MM. Sonneschmidt etValencia, on voit suivre dans les riches mines de Zacatecas , presque comme à Guanaxuato , de bas en ]\aut , syénite et thonschiefer de transition (avec griinstein et pierre lydienne), grauwacke , porphyre non métallifère. 5. Tarahtaise. Une même formation, reposant immédiatement sur le terrain pri- mitif, renferme du calcaire grc»u stéatiteux, du micaschiste avecgneis et du grauwacke anthraciteux. Ces différentes roches alternent plu- sieurs fois et offrent des bancs subor- donnés de serpentine, de griinstein , de quaiz compacte et de gypse de transition. ( Observations de M. Brochant de Yilliers. ) 6. SL'isse. Dans le passage des Alpes , de Chiavenna à Glaris , d'après M. de Buch: Thonschiefer de transition, avec des couches de calcaire gris, repo- sant sur du thonschiefer et du mi- caschiste primitifs. Serpentine avec grenats. Calcaire noir. Grau^vacka. Thonschiefer alternant avec da calcaire noir. Thonschiefer avec empreintes de poissons (presque secondaire). Dans les environs de Bex, d'après M. de Charpentier : Grauvvacke superposé au gneis (primitif ? ). Calcaire noir, renfermant desbé- lemnites, et alternant avec du thon- schiefer de transition. Calcaire argileux de transition, avec ammonites , offrant des couches subordonnées de grauwacke ^ de gypse anhydre et de sel gemme. M. de Buch , d'après des observa- tions géognos tiques faites avant Tan- née 1804, assignoit aux formations de transition de la Suisse occiden- tale, considérées sous un point de vue général, et en passant des ro- ches inférieures aux roches supé- rieures, Tordre suivant: Thonschiefer de transition. — « Calcaire noir. — Muriacite salifère et gypse. — Grauwacke. — Calcaire noir. — Thonschiefer, avec em" preintes de poissons. 148 IND 7. Allemagne. Système de gisement en Saxe, entre Freiberg, Maxen et Meissen , d'après MM. de Raunieret Bonnard : Thonschiefer avec ampélile et pierre lydienne, alternant à la fois avec du grauwacke , du grUnstein , du porphyre et du calcaire. Ce ter- rain repose sur le gneis primitif. Syénite et porphyre. Dans cette formation , qui abonde aussi Thiiringerwald, selon l'excellente description de M. Heim, se trouvent intercales du granité et du gneis de transition. Le Harz et l'Allemagne occiden- tale (entre le Rhin et la Lahn) sont recouverts d'une grande formation de thonschiefer, dans laquelle, comme par développement inté- rieur, se montrent des masses de grau-wacke et grauwackenschiefer , de calcaire (souvent d'une couleur peu foncée), de griinstein, de quarz et de porphyre. Cette dernière roche ■y est cependant plus rare que dans la formation indépendante de syé- nite et porphyre, que supporte dans d'autres contrées le thonschiefer de transition. 11. Caucase. Thonschiefer, peut-être déjà de transition. Calcaire noir avec anipélite. Porphyre de transition, alternant avec le thonschiefer. Ce porphyre , souvent colonnaire , avec feldspath vitreux , peu de quarz et peu de mica , ressemble dans les montagnes du 8. Presqu'île du CotertiK et Bretagne. Thonschiefer vert, luisant, stéa- titeux (de transition), alternant quelquefois avec du grauwaclie,avec du calcaire noir et avec la roche de quarz. Syénite et granité. Thonschiefer de transition , re- juvrant quelquefois de nouveau la syénite. (Observations de MM. Bron- gniartet d'Omalius d'Halloy.) 9. ISLES BrITARKIQUES. Syénite et porphyre de transition reposant sur des roches primitives. (Chaîne du Snowdon, Grampians, Ben-!Vevis.) Thonschiefer de transition , avec trilobites, renfermant dans les cou- ches inférieures un aglomérat de roches primitives , semblable à celui de la Valorsine ( Llandrindod , Kil- larney, cime du Snowdon). Crauwacke (May-hiU et North- Wales ). Calcaire de transition (Longbope, Dudley). Grauwacke , old red sandstone (Mitchel Dean de Herefordshire). Calcaire de transition, mountain- limestone ( Derbyshire), recouvert par la grande formation de houille. (Observations de M. Buckland, qui semble cependant regarder la syé- nite et une partie des porphyres comme primitifs.) 10. NorwÉge. Gisementdes roches prèsde Chris- tiania, d'après les observations de M. de Buch- IND '49 Kasbek (comme font souvent les porphyres des sommets mexicains) à du trachytc poreux. Gneis, syénite elgranile de tran- sition en couches alternantes. Thonschiefer de transition, cou- vert d'un calcaire fétide, qui pa- voît secondaire. (Observations de MM. d'EngcIhardt et Parrot. ) Thonschiefer de transition , al- ternant avec du calcaire noir, rem- pli d'orthocératites et reposant sur du gneis primitif. Grauwacke et kieselschiefer. Porphyre k cristaux de quarz, renfermantune couche degriinslein poreux avec pyroxcnc. Svénite à zircons, et granité de transition, avec couches deporphyre. On reconnoît, dans ces différens types de superposition , recueillis en Europe, en Amérique et en Asie, au nord et au sud del'équateur, que parmi les plus anciennes roches de transition trois grandes formations, celle de calcaire grenu et talqueux, grauwacke avec anthracite et micaschiste, celle de syénite et porphyre (à cristaux d'amphibole et très-peu de quarz), et celle de thonschiefer, grauwacke et calcaire noir, occupent à peu près le même rang sur différens points du globe. Les calcaires micacés et poudingues à fragincns de roches pri- mitives de la Taran taise ; les porphyres et syénites du Pérou ; le thonschiefer de transition avec grauwacke (Harz, Friedrichs- walde en Saxe, Aggerselv en JNorwége, et Guanaxuato au Mexique), sont peut-être d'une origine contemporaine. En rangeant les roches comme termes d'une seule série , il auroit fallu peut-être rappeler leur parallélisme de la manière suivante : II (I ou III). Je distingue, comme termes de la série des roches de transition, six groupes qui me paroissent bien caractérisés par les roches qui y dominent , par leur gisement et par l'étendue de leur masse. Ces groupes ou grandes formations sont : I. Calcaire grenu stéatiteux, mica- schiste de transition et grauwacke à fragmens primitifs. II. Porphyre (non métallifère) antérieur au calcaire à ortho- cératites, au thonschiefer et au micaschiste de transition. III. Thonschiefer renfermant des grauwackes, des calcaires, des porphyres et des griinstein. IV. Porphyres et syénites (métallifères) postérieurs au thonschiefer de transition, an- térieurs à un calcaire qui renferme des débris organiques. V. Porphyres, syénites et granités zirconiens (non métalli- fères), postérieurs au thonschiefer et au calcaire avec ortho-^ j5o IND cératites. VI. Euphotide de transition avec jaspe et serpen- tine. Presque chaque groupe est composé de roches alter- nantes, et plusieurs de ces roches, qu'on peut considérer comme de petites formations partielles , sont communes à tous les groupes. C'est cette communauté, cette alternance, ce retour périodique des mêmes masses, qui constituent l'u- nité apparente de la grande famille des terrains de transi- tion. Cependant chaque groupe a des roches qui prédominent et qui lui donnent un. aspect particulier. Tels sont les cal- caires grenus et talqueux dans le premier groupe: les por- phyres non métallifères, abondant en amphibole et presque dépourvus de quarz, dans le second ; les grauwacke dans le troisième; les roches serpentineuses dans le sixième. Le qua- trième et le cinquième groupes sont caractérisés, l'un par des porphyres et syénites métallifères; l'autre, par des granités zirconiens. Mais ce sont là des caractères en partie oryctognos- tiques ; la véritable base de la division que nous proposons pro- visoirement aux géognosfes, sont la superposition et l'âge rela- tif, observés dans différentes parties du globe. Une partie des porphyres mexicains et péruviens du deuxième et même du quatrième groupe , semble avoir des rapports intimes avec les trachytes, qui sont les plus anciennes parmi les roches volca- niques. Avant de décrire en détail les six grandes formations inter- médiaires, je développerai quelques considérations générales sur le terrain de transition , superposé le plus souvent en gisement concordant au terrain primitif. La magnésie; le fer oxidulé (magnétique), qui offre des rapports géognostiques si frappans avec toutes les substances dans lesquelles domine la magnésie ; le fer titane; le carbone et la chaux carbonatée, pénètrent à travers la plupart des formations de transition. M. Beudant a fait l'observation importante, que les syénites et porphyres de Schemnitz, de Plauen et de Guanaxuato font effervescence avec les acides, tandis que les trachytes (por- phyres trachytiques) de la Hongrie n'offrent pas le même phénomène. Saussure et M. Brochant ont trouvé effervescens des micaschistes de transition (à la Tête-Noire) et des quarz compactes ( dans la Tarantaise ) , là même où ces roches sont très-éloignées de bancs intercalés de calcaire grenu stéatiteux. IND i5i J'ai vu dans les Cordillères du Pérou (Paramo de Yamoca), comme dans leThiiringervvald-Gebirge (çntre Lauenstein et Gràfenthal), un thonschiefer qui offroit d'abord tous les caractères d'une roche primitive , mais qui peu à peu devenoit effervescent , et dont les dernières couches présentoient des nœuds épars de calcaire compacte gris -noirâtre. La chaux carbonatée, d'abord disséminée dans la masse entière, se concentre progressivement pour donner à la roche une struc- ture glanduleuse, pour former des strates minces alternans, des bancs intercalés , et à la fin des roches calcaires grenues ou compactes, qui remplacent le thonschiefer, le micaschiste ou l'euphotide, au sein desquels elles se sont développées. M. Steffens, dans son Traité d'Oryctognosie, a consigné des remarques ingénieuses sur le rôle important que le feldspath et l'amphibole jouent dans les terrains primitifs, dans les ter- rains intermédiaires ou de transition, et dans le grès rouge. Au milieu du second de ces terrains le feldspath se montre jusque dans le calcaire compacte. On peut croire qu'en passant du granité au thonschiefer , par les gneis et les mi- caschistes , cette substance reste cachée dans la pâte qui n'est qu'homogène en apparence ; car nous voyons le thon- schiefer de transition devenir quelquefois du porphyre , comme, par d'autres développemens intérieurs , par des accu-» mulations de silice et de carbone , et par l'agrégation des élé- mens de l'amphibole, il devient du kieselschiefer, de l'an- thracite, du griinstein et de la syénite. Dans les porphyres de transition on distingue souvent deux sortes de feldspath , le commun, et le vitreux à cristaux très-effilés (Andes du Pérou, vallée de Mexico). Ce dernier, qui est moins une espèce minéralogique qu'un état particulier du feldspath commun , appartient à la fois aux terrains de transition et aux véritables trachytes. La présence fréquente de l'amphi- bole et le manque de quarz cristallisé distinguent orycto- gnostiquement beaucoup de porphyres de transition de ceux des terrains primitifs. Ces derniers ne sont peut-être que des couches subordonnées à d'autres roches. L'amphibole, qui est presque restreint aux bancs intercalés dans le terrain primitif, n'est nulle part plus abondant que dans les terrains de transi- tion et dans les terrains trachytiques. Parmi les premiers, les î52 IND grîinstein et les syénites offrent, par des changemens de pro- portions dans les élémens du tissu cristallin, une espèce de lutte entre le feldspath et l'amphibole. Lepyroxène, que l'on croit trop exrlusivcment caractériser les trachytes , les hasaltes et les dolérites, est propre à plusieurs porphyres de transition des Andes et de la Hongrie. On le trouve aussi dans les couches huileuses, noires et basaltiques, de la syénite zirco- nienne de Norwége. J'ai cru avoir reconnu dans quelques porphyres de transition de l'Amérique équinoxiale des traces d'olivine ; mais ce n'étoient sans doute que des variétés moins foncées et verdàtres du pyroxéne , dont on distinguoit à peine les sommets dièdres, et dont je n'ai pu essayer la fusi- bilité au chalumeau. L'olivine appartient proprement aux formations basaltiques, et il est même encore douteux si elle se montre dans les trachytes. La tendance fréquente à la cristallisation, que l'on observe dans les terrains de tran- sition au milieu de roches à sédiment et de roches agrégées, est un phénomène si extraordinaire, que des géognostes cé- lèbres ont été tenté d'admettre que beaucoup de ces roches qui paroissenf agrégées (sous forme de brèches ou poudingues; de roches élastiques et arénacées ; de grès de transition ou d'agglomérats), bien loin de contenir des débris de roches préexistantes, ne sont que l'effet d'une cristallisation confuse, mais contemporaine. Des masses que dans quelques strates on a prises pour des fragmens anguleux et nettement circons- crits, se fondent à peu de distance de là dans la pâte même de la roche; d'autres masses, qui ressemblent à des cailloux roulés, deviennent des nœuds fortement adhérens aux lames contournées d'un schiste, s'alongent et s'évanouissent peu à peu. Lorsque Ton compare certains granités et porphyres , des brèches calcaires, des grauwackes et des grès rouges, on croit reconnoître dans des roches d'âge si différent, à de cer- tains indices de structure , le passage insensible d'une forma- tion contemporaine, d'une cristallisation simultanée, mais troublée par des attractions particulières, à une véritable agré- gation (agglutination) de débris de roches préexistantes. Sous toutes les zones il y a des granités à gros grains , dans lesquels des masses à petits grains très-micacés se trouvent concentrées çà et là j et qui paroissent , au premier coup d'oeil , renfermer IND i53 des fragmens d'un granité plus ancien. Cette apparence est aussi trompeuse que celles de tant de porphyres, d'euphotides et de calcaires de transition, que les antiquaires et les mar- briers désignent sous le nom de brèches ou de roches régé- nérées. Les prétendus fragmens, souvent striés ou rubanés (dans le verde antico et les calcaires les plus recherchés comme ornemens intérieurs des édifices), ne sont vraisem- blablement que des masses qui se sont consolidées les pre- mières dans un fluide fortement agité. L'eau congelée de nos fleuves, et divers mélanges de sels, dans nos laboratoires, présentent des phénomènes analogues. La manière dont les fragmens réunis ou anguleux du grauwacke, ceux des pou- dingues calcaires à pâte grenue et à fragmens compactes, ceux de certains grès rouges , paroissent quelquefois s'évanouir et se fondre dans la masse entière , est bien plus difficile à expliquer dans l'état actuel de nos connoissances. On ne peut révoquer en doute que rallernance fréquente de strates visi- blement agrégés et de strates presque homogènes ou légère- ment noduleux, de même que le passage de ces masses les unes dans les autres, ont été constatés par des observations très-précises ; et M. deBonnard, dalisson Traité des terrains, a eu raison de dire « que ce phénomène est un des plus in- « compréhensibles de tous ceux qui peuvent nous frapper « dans l'étude de la géognosie. ^* Doit-on admettre, lorsque les contours des fragmens enchâsses disparoisseiit presque en entier, qu'il n'y a eu qu'un très- petit intervalle de temps entre la solidification des fragmens et celle de la pâte ? Nous verrons plus tard que , dans le grès rouge , des cristaux de feld- spath naissent dans cette pâte même et la rapprochent du porphyre du grès rouge. (Steffens, Geognostisch-geolog. Au/s., p. i3, 16, 23, 3i. Freiesleben, Kupfersch. , T. IV, p. 11 5.) î. Calcaire grenu talqueux, Micaschiste de transition, ET Grauwacke avec anthracite. §. 20. C'est un même terrain, une même formation, qui em- brasse différentes roches calcaires , schisteuses et fragmen- taires, alternant les unes avec les autres. Cette formation n'est pas composée de trois roches isolées ( comme l'est la formation de porphyre, de syénite et de griinstein), mais iH IND de trois formations partielles, de trois séries ou systèmes de roches. Le type le plus compliqué de cet agroupement de roches presque contemporaines s'est développé au sud-est des Alpes, dans la. vallée de l'Isère , où il a été l'objet des recherches approfondies de M. Brochant. Si presque tous les termes de la série des roches intermédiaires sont complexes, ces termes ou grandes formations n'en varient pas moins , selon le degré de cette complexité, selon le nombre et la nature des masses alternantes. Le terrain de la Tarantaise (c'est le nom sous lequel nous désignerons le terrain §. 20) offre dans sa structure et sa composition ( dans ses calcaires grenus et talqueux, dans ses gneis et ses micaschistes) tel- lement l'apparence d'un terrain primitif, qu'on ne reconnoit son âge relatif que par quelques débris de corps organiques et par l'intercalation fréquente de couches arénacées (pou- dingues, brèches, grauwackes). Aussi, pendant long- temps les géognostes, négligeant l'observation de l'alternance et de l'unité de cette formation complexe , ont placé les poudingues de la Valorsine parmi les roches primitives , et les ont consi- dérées comme un phénomène purement local. Des recherches qui embrassent une plus grande partie du globe, nous ont ré- vélé beaucoup de faits analogues. Ces poudingues à fragmens primitifs sont des grauwackes qui alternent avec des calcaires micacés, ou avec les thonschiefer verts, ou avec des gneis de transition. On les observe dans les Alpes (Trient au Va- lais) , dans la Tarantaise , en Irlande, dans les montagnes de Killarney et Saint-David ; enfin , sur les côtes orientales de l'Egypte, dans la vallée de Cosseir ( Qozir). Les calcaires de la Tarantaise et du petit Saint-Bernard , qui renferment des cristaux de feldspath disséminés , et qui constituent une espèce de roche porphyroïde à base calcaire, se retrouvent dans des formations analogues des Alpes de Carinthie. Ce phénomène d'association de la chaux et du feldspath est d'autant plus remarquable que le feldspath lamelleux et les calcaires grenus et compactes paroissent manifester partout ailleurs, dans leurs rapports géognostiques , une espèce de répulsion beaucoup plus prononcée que celle qu'on remarque dans quelques pays entre l'amphibole et le calcaire. Des mi- caschistes et des gneis de transition ont été regardés long-temps > IND i55 comme exclusivement propres à la région sud -ouest des Alpes: mais ils se retrouvent dans les terrains de thonschiefer et porphyre du Caucase, et dans le terrain de porphyre et syénite de Saxe et de Hongrie. Cependant, en général, la formation qui fait l'objet de cet article , et qui est caractérisée à la fois par Tabsence des porphyres et par la fréquence des calcaires grenus et talqueux , des quarz micacés et des anthra- cites, paroit avoir plus favorisé le développement des mica- schistes et des gneis de transition que les grandes formations de porphyres et syénites , ou de thonschiefer et grauwacke. C'est au contraire dans ces deux dernières que se trouvent plus abondamment les granités de fransition, roches cristal- lines, grenues, non feuilletées, presque dépourvues de mica, et appartenant géognostiquement (lors même qu'elles ne renferment aucune trace d'amphibole) à la syénite , comme les micaschistes et les gneis de transition appartiennent au quarz micacé. Les syénites , soit qu'elles forment de simples couches dans les thonschiefer verts, soit qu'elles constituent avec les porj)hyres une formation indépendante, préludent pour ainsi dire aux granités de transition ; les quai'z com- pactes, schisteux et mélangés de feuillets de mica (quarz du terrain calcaire anthraciteux , quarz du terrain de thon- schiefer et porphyre), préludent aux micaschistes et à ces gneis de transition que Ton a très-justement désignés comme des micaschistes porphyroïdes à cristaux (et nœuds) de feld- spath. Ce sont ces modes divers de développement des gra- nités au sein des roches syénitiques , des gneis et des mica- schistes au sein des roches quarzeuses , qui nous font concevoir pourquoi les gneis et micaschistes se trouvent associés (en- virons de Meissen en Saxe, et pente septentrionale du Cau- case) bien plus rarement au granité des terrains de transi- tion, que des terrains primitifs. On pourroit dire que les granités du premier de ces terrains ne sont que des bancs de syénite avec suppression d'amphibole, et que la plupart des micaschistes de transition ne présentent que des modifi- cations ( de certains états) d'un quarz micacé, dans lequel le mica devient plus abondant. Cependant ces changemens par développement intérieur ne se font pas toujours de la même manière. Quelquefois aussi (vallée de Miiglitz en Saxe) le i56 IND granité de transition naît immédiatement du thonschiefer , et les syénites de Meissen et de Prasitz passent à la fois au granité et au gneis intermédiaires. Voici les séries de roches calcaires, schisteuses et arénacées alternantes, qui constituent la formation que nous plaçons à la tête des terrains de transition. Calcaires grenus talqueux, souvent veinés, schisteux, fétides (comme le marbre grenu et blanc de l'ile de Thasos), mêlés de grains ou nœuds de quarz , et renfermant (Sainte-l'oix) des couches d'une serpentine de transition. Calcaire compacte jaunâtre, quelquefois gris et renfermant des cristaux de feld- spath (Bonhomme, Petit Saint-Bernard et vallée de la Ta- rantaise). Poudingues ou conglomérats calcaires à pâte grenue et à fragmens compactes (brèche tarentaise de Villette). Ces trois roches, qui forment une sous-division du groupe §. 20, alternent entre elles et avec les schistes de la série suivante. Les calcaires compactes de transition ressemblent quelque- fois au calcaire du Jura , d'autres fois ils passent au calcaire à petits grains. Le calcaire saccharoïde talqueux, souvent blanc et veiné, prend l'aspect des beaux marbres primitifs du Pentelique (Cipolino), de THymette et du Caryste dans l'Eubée. Les débris de corps organisés manquent générale- ment dans la série calcaire ; mais, comme nous le verrons bientôt, les roches de cette série alternent avec des schistes remplis d'empreintes de plantes monocotylédones. M. Bro- chant a même découvert une pétrification de nautile ou d'am- monite dans les poudingues calcaires de la Villette, entre Moutiers et Saint-Maurice. Thonschiefer de transition, ou rubanés, et offrant des lames de calcaire interposées, ou onctueux, mélangés de talc fibreux (mine de Pesey) , sans parties calcaires visibles, mais faisant effervescence avec les acides. Ce thonschiefer renferme (Bon- neval) des couches subordonnées de griinstein. Quarz compactes , ou quarzites, sans mélange, ou micacés, et appartenant aussi bien aux calcaires grenus qu'au thonschiefer de transition. C'est de l'accumulation du mica dans ces quarz compactes que naissent les micaschistes de cette formation, et même les gneis; car souvent les quarz renferment un peu de feldspath disséminé dans la masse. Les micaschistes , pas- IND .57 sant à des schistes noirs bitumineux, remplis d'empreintes végétales (Monlagny, Petit Saint - Bernard , Landry), sont associés à des anthracites, et alternent (Moutiers) avec les calcaires stéatiteux et des grauwaches ou poudingues à frag- mens primitifs. La pâte de ces conglomérats , qui enchâssent du quarz, du granité et du gneis, n'est pas toujours de la nature du thonschiefer, comme dans les grauwackes du Harz (delà grande formation §. 22) : le plus souvent elle res- semble au schiste micacé. Lorsque les fragmens deviennent très-rares dans la masse , on confond ces roches avec de vrais micaschistes de transition. Dans ce terrain , composé de tant de couches périodi- quement alternantes , la série schisteuse avec anthracite paroit un peu plus neuve, lorsqu'on a égard aux grandes masses , que la série calcaire. Si , d'un côté , les gypses de la Tarantaise et de l'AUée-blanche , renfermant du muriate de soude, du soufre et de la chaux anhydrosulfatée , re- posent simplement sur les terrains de transition , sans en être bien visiblement recouverts , il n'en paroit pas moins certain, d'après les discussions intéressantes de M. Brochant, que les gypses de Cogne, de Brigg et de Saint -Léonard , en Valais, sont intercalés dans le calcaire de transition même. Les grandes formations §§. 20 et 26 sont les seules des roches intermédiaires dans lesquelles les porphyres et les syénites ne paroissent pas s'être développés .- ce sont celles aussi dans lesquelles abondent le plus les calcaires saccharoïdes blancs et les masses de talc. Le feldspath lamelleux qui pénètre dans les roches calcaires (calciphyres feldspathiques de M. Bron- gniart), semble n'appartenir qu'au terrain §. 20. Les anthra- cites sont communs à ce terrain et à la grande formation de thonschiefer et grauwacke ,§.22; mais ils sont moins fréquens dans cette dernière formation, où le carbone est plutôt dissé- miné dans la masse entière des thonschiefer, des lydiennes et des calcaires, qu'il colore en noir, que concentré dans des couches particulières. L'anthracite, comme l'observe très-bien M. Breithaupt, est d'une formation plus ancienne que la houille, et d'une formation plus récente que le graphite ou fer carburé. Le carbone devient plus hydrogéné à mesure qu'il s'approche des roches secondaires. Ces roches sont dans i58 IND les mêmes rapports géognostiques avec la houille, que le sont l'anthracite avec les roches de transition, et le graphite avec les roches primitives. Je ne connois dans les AndeS aucune formation calcaire qui se rapproche de celles conte- nues dans le groupe §. 20. Seulement à Contreras, au pied oriental de la Cordillère de Quindiù (Nouvelle-Grenade) j'ai vu un calcaire de transition non compacte, mais très-grenu, gris-bleuàtre, mêlé de grains de quarz, et enchâssant des masses siliceuses qui ressemblent au pechstein. Ces masses sont traversées par des filons de calcédoine. Le gisement de ce calcaire de Contreras, au milieu d'un terrain de grès et de gypse secondaires, est difficile à déterminer. II. Porphyres et Syénites de transition recouvrant immédia- tement LES ROCHES PRIMITIVES , CalCAIRE NOIR ET GrUNSTEIN. §. 2 1. C'est la grande formation, dépourvue de grau- wacke, de l'Amérique méridionale. Elle offre des problèmes assez difficiles à résoudre , et embrasse les porphyres de transition des Andes de Popayan et de cette partie du Pérou que j'ai traversée en revenant de la rivière des Amazones aux côtes delà Mer du Sud. Avant de donner la description détaillée de cette formation , je jetterai un coup d'œil géné- ral sur les roches porphyroïdes de l'Amérique équinoxiale, roches qui ont été Pobjet principal de mes recherches géo- gnostiques. Si en Allemagne et dans une grande partie de l'Europe, comme Pobserve très-bien M. Mohs, le grauwacke caractérise de préférence les terrains intermédiaires , on peut, dans la région équinoxiale du nouveau continent, re- garder les porphyres comme le type principal de ces terrains. Aucune autre chaîne de montagnes ne renferme une plus grande masse de porphyres que les Cordillères, qui s'éten- dent presque dans le sens d'un méridien, sur une longueur de 2600 lieues de Pun à l'autre hémisphère. Ces porphyres, en partie riches en minerais d'or et d'argent (§. 23), sont le plus souvent associés aux trachytes qui les surmontent et à travers lesquels agissent encore les forces volcaniques. Cette association de roches métallifères aux roches produites ou altérées par le feu étonneroit moins lesgéognostes d'Europe, si elle ne s'étendoit pas à l'or et à Pargent, mais seulement IND ,59 au fer oligiste, au fer oxidulé, au fer titane et au cuivre muriaté. C'est un des phénomènes les plus frappans et les plus contraires aux opinions qui ont été partagées long-temps par les hommes les plus célèbres. Cependant, et il est néces- saire de bien préciser ce fait, il y a proximité dans le gise- ment, quelquefois analogie dans la composition, et non-identité de formation. La méthode, que nous avons adoptée, de cir- conscrire lesdifFérens terrains d'après leur superposition et la nature des roches qui les recouvrent, servira, je m'en flatte, a jeter quelque lumière sur les rapports qu'on observe entre les porphyres de transition, les trachytes et les porphyres (secondaires) du grès rouge. J'indiquerai en même temps les lieux où l'on n'a point encore découvert dans la nature des limites aussi tranchées que semble l'exiger l'état actuel de nos divisions systématiques. Les porphyres de l'Amérique méridionale peuvent être con- sidérés de deux manières .- selon leur position géographique, et selon la différence que présente l'âge de leur formation. En Europe, nous trouvons les porphyres et syénites de tran- sition (Saxe, Vosges, Norwége), généralement éloignés des trachytes (Siebengebirge près de Bonn , Auvergne); il arrive cependant aussi que les porphyres et les trachytes se trou- vent réunis (Hongrie), et alors les premiers sont quel- quefois métallifères. Dans l'Amérique méridionale les por- phyres et les trachytes sont tous accumulés sur une bande étroite dans la partie la plus occidentale et la plus élevée du continent , au bord de cet immense bassin de l'océan Pacifique, qui est limité, du côté de l'Asie, parles volcans et les roches trachytiques des îles Kuriles, Japonoises, Philip- pines et Moluques. A l'est des Andes, dans toute la partie orientale de l'Amérique du Sud , sur une étendue de terrain de plus de 5oo,ooo lieues carrées, soit dans les plaines, soit dans des groupes de montagnes isolées, on ne connoît encore ni du porphyre de transition, ni du véritable basalte avec olivine, ni du trachyte, ni un volcan actif. Les phé- nomènes du terrain trachytique paroissent restreints à la crête et à la lisière des Andes du Chili, du Pérou, de la Nouvelle-Grenade , de Sainte-Marthe et de Merida. J'énonce ce fait d'une manière absolue , pouf exciter les voyageurs à i6o ijND l'éclaircir davantage ou à le réfuter. Dans cette mênie région , qui s'étend de la pente orientale des Andes vers les côtes de la Guiane et du Brésil, on a trouvé de l'or, du platine, du palla- dium, de l'étain et d'immenses amas de fer spéculaire et ma- gnétique; mais, au milieu de beaucoup d'indices d'argent sul- furé ou muriaté, on n'y a pas découvert un gite de minerais que l'on puisse comparer pour la richesse aux gîtes du Pérou et du Mexique. Je n'ai même pas vu de porphyres de transition ni de porphyres de grès rouge dans la chaîne côtière de Vene- zuela, dans la Sierra de la Parime, ni dans les plaines entre rOrénoque, le Rio Negro et la rivière des Amazones. Je ne connois à l'est des Andes qu'un petit lambeau de terrain trachy- tique, près de Parapara (bord septentrional desLlanosde Ca- racas ) , 011 , dans un lieu infiniment intéressant pour la géogno- sie, de la phonolithe et du mandelstein avec pyroxène sont superposés à des serpentines et des Ihonschiefer de transition : mais ces phonolithcs se trouvent sur la lisière de la Cordillère de Caracas, qui se lie par Nirgua , Tocuyo et le Paramo de Niquitao aux Andes de Merida. M. d'Eschwege a trouvé au Brésil quelques porphyres intercalés par couches dans des formations primitives de granite-gncis; mais il pense que ce vaste pays est également dépourvu de formations indépen- dantes de porphyre de transition, de trachyte , de basalte ou de dolérite. En Amérique, la prodigieuse longueur du cours des fleuves et le nombre de leurs affluens facilitent, par l'examen des pierres roulées, la connoissance des contrées qu'on n'a pu parcourir. Entre Carare et Honda j'ai ramassé, au mi- lieu d'un terrain de grès , des fragmens de trachytes que la rivière de la Magdeleine reçoit des Andes d'Antioquia et de Herveo (Nouvelle-Grenade). Quant à la nature des formations de porphyre accumulées dans la bande occidentale et montagneuse de l'Amérique du Sud et du Mexique, qui n'est qu'une prolongation de cette même bande , nous y ferons connoître deux groupes bien distincts. Le premier ( §. 21 ), non métallifère, repose immédiatement sur des roches primitives ; le second (§. 23), souvent métallifère, repose sur un thonschiefer ou sur des schistes talqueux avec calcaire de transition : l'un et l'autre, par leur gisement et leur composition, se rapprochent quel- IND 161 quefôîs des porphyres trachytiques, comme les porphyres du groupe §• 2ii se rapprochent de ceux du grès rouge. En effet, les porphyres de transition des Andes du Pérou et du Mexique se trouvent souvent recouverts de trachytes, tandis que les porphyres de quelques parties de l'Allemagne sont recou- verts de la formation secondaire du grès rouge, qui renferme à son tour des porphyres et du mandelstein. Dans l'Amérique équinoxiale les limites entre les porphyres de transition et les véritables trachytes, reconnus pour être des roches volcani- ques, ne sont pas faciles à fixer. En s'élevant des porphyres qui renferment les riches mines d'argent de Pachuca, de Real del Monte et de Moran (porphyres dépourvus de quarz, souvent abondans en amphibole et en feldspath commun), vers les tra- chytes blancs avec perlite et obsidienne de l'Oyamel et du Cerro de las Navajas (montagne des Couteaux, à l'est de Mexico); en passant, dans les Andes de Popayan , des porphyres de transi- tion recouverts sur quelques points de calcaire noir à petits grains, aux trachytes ponceux qui entourent le volcan de Puracè , on trouve des roches porphyriques intermédiaires que l'on est tenté de regarder tantôt comme des porphyres de transition, tantôt comme des trachytes. 11 y comme la formation deMasatlan, mais il renferme de grandes Cavernes isolées, comme le calcaire du Peregrino que nous avons décrit plus haut. Il ne m'est resté aucun doute, en voyageant dans ces montagnes, que les roches de la Canada de Sopilote et de l'Alto dcl Peregrino sont iden- tiques avec notre calcaire alpin (zechstein) de l'Europe, avec celui qui succède, selon l'ùge de sa formation, au grés rouge, ou, lorsque celui-ci manque, aux roches de transition. Prés de Mescala, un peu au nord de Sopilote, de riches filons ar- gentifères, analogues aux filons de Tasco et de Tehuilotepec, traversent le calcaire alpin. Dans la vallée de Sopilote, la roche qui recouvre le porphyre du groupe de Zumpango , présente ces mêmes couches sinueuses et contournées que l'on voit à l'Achsenberg , au bord du lac de Lucerne, et dans d'autres montagnes de calcaire alpin en Suisse. J'ai observé que les couches supérieures de la formation de Sopilote et de Mes- cala passent progressivement au gris-blanchâtre, et que, dé- pourvues de filons de spath calcaire, elles offrent une cassure matte, compacte ou conchoide. Elles se divisent, presque comme le calcaire de Pappenheim , en plaques très-minces. On diroit d'un passage du calcaire alpin au calcaire du Jura , deux formations qui se recouvrent immédiatement en Suisse, dans les Apennins et dans plusieurs parties de l'Amérique équinoxiale, mais qui, dans le Sud de l'Allemagne, sont séparées l'une de Pautre par plusieurs formations intercalées ( par le grès de Nebra ou bunte sandstein , par le muschelkalk et le grès blanc ou quadersandstein ). Près du village de Sochipala. le calcaire alpin est couvert de gypse, et entre Estola et Tepecuacuilco , on voit sortir sous le calcaire alpin (dirigé tantôt N. lo" E. avec incl. 40* à Pest, tantôt N. 48° E. avec incl. 5o° au sud-est) un por- phyre vert d'asperge à base de feldspath compacte, divisé en strates très-minces, comme celui d'Achichintla , et presque dépourvu de cristaux disséminés. Cette roche ressemble au porphyre phonolitique ( porphyrschiefer ) du terrain de tra- chyte. Si Pon avance vers les mines de Tehuilotepec et de Ii\D 2U TaSco, on trouve cette même roche recouverte d*un grés cjuarzeux à ciment argilo-calcaire , et analogue au weiss liegende (couche inférieure arénacée du zechstein) de la Thuringe. Ce grès quarzeux annonce de nouveau la proximité du calcaire alpin : aussi, sur ce grés et peut-être immédiate- ment sur le porphyre (comme c'est le cas à Zumpango et à l'Alto de los Caxones), on voit reposer, près du lac salé deTuspa, une masse immense de calcaire alpin souvent ca- verneux , renfermant quelques pétrifications de trochus et d'autres coquilles univalves. Ce calcaire de Tuspa , indubitable- ment postérieur à tous les porphyres que je viens de décrire -, renferme des couches de gypse spéculaire et des strates d'ar- gile schisteuse et carburée qu'il ne faut pas confondre avec du grauwackeschiefer. Il est généralement gris- bleuâtre , compacte, et traversé par des filons de carbonate de chaux. Sur beaucoup de points, loi:' d'être caverneux, il fait pas- sage à une formation blanche, trés-compacte, analogue au calcaire de Pappenheim. J'ai été très-frappé de ces variations de texture, que nous avons observées également, M, deBucK et moi , dans les Ap ennins (entre Fosombrono , Furli et Fuligao), et qui semblent prouver que , là où les membres intermédiaires de la série n'ont pu se développer, les formations de calcaire alpin et de calcaire du Jura sont plus intimement liées qu'on ne l'admet généralement. Les riches filons d'argent de Tasco, qui ont donné jadis 160,000 marcs d'argent par an, traversent à la fois le calcaire et un thonschiefer qui passe au micaschiste ^ car, malgré l'identité des formations calcaires, également argentifères, de Tasco et de Mescala , la première de ce^ formations, partout où elle a été percée dans les travaux des mines (Cerro de S. Ignacio), n'a pas été trouvée superposée au porphyre comme le calcaire de Mescala, mais recouvrant une roche plus ancienne que le porphyre, un micaschiste (dir. N. 50° E. ; incl. 40" — 60", le plus souvent au N. O. , quelquefois au S.E.) dépourvu de grenats et passant au thon- schiefer primitif. J'ai dû entrer dans ces détails sur les ter- rains qui succèdent aux porphyres, parce que ce n'est qu'en faisant connoître la nature des roches superposées qu'on peut mettre les géognostes en état de prononcer sur la place que doivent occuper les poi'phyres mexicains dans Voi'dre des for- mations. L'esquisse d'un tableau géognostiquc n"a de valeur qu'autant qu'on rattache la roche qu'on veut faire connoître, à celles qui lui succèdent immédiatement au-dessus et au- dessous. Les seuls faits oryctognostiques peuvent être pré- sentés isolément : la géognosie positive est une science d'en- chaînemens et de rapports , et l'on ne peut , en décrivant une portion quelconque du globe, borner son horizon et s'arrêter à telle ou telle couche qu'on veut étudier de pré- férence. ^. Plateau central. Vallée de Mexico ; terrain entre Pacliuca , Moran et La Puebla. Une énorme masse de porphyre de tran- sition s'élève à la hauteur moyenne de 1200 à 1400 toises au-dessus du niveau de la mer. Elle est recouverte, dans la vallée de Mexico et au sud vers Cuernavaca etGuchilaque, de mandelstein basaltique et celluleux (en mexicain tetzontU)-, vers l'est et le nord-est (entre Tlascala et Totonilco), de for- mations secondaires. Il est probable que le porphyre, qui se cache d'abord sous le calcaire alpin de Mescala , puis dans les Llanos de San -Gabriel (près du pont d'Istla), sous des conglomérats trachytiques et sous un mandelstein poreux, est identique avec celui quîreparoît, i5 lieu es plus au nord et 800 toises plus haut, sur les bords du lac de Tezcuco. C'est dans la belle vallée de Mexico que la roche porphyrique perce l'amygdaloïde celluleuse dans les collines de Chapoltepec , de Notre-Dame de la Guadeloupe et du Penol de los Baùos. Elle présente plusieurs variétés très-remarquables : i.° gris- rougeàtres , un peu argileuses, sans stratification distincte, renfermant en parties égales des cristaux d'amphibole et de feldspath commun ( galerie creusée dans le rocher de Chapoltepec) ; 2.° noires ou gris- noirâtre (quelquefois fendillées et bulleuses), stratifiées par couches' de 5 — 4 pouces d'épaisseur, à base de feldspath compacte, à cassure matte , unie ou imparfaitement conchoïde (ressemblant plus à la cassure de la lydienne qu'à celle du pechstein), renfer- mant de petits cristaux de feldspath vitreux et de pyroxène vert d'olive , presque dépourvues d'amphibole , souvent re- couvertes à leur surface de superbes masses de hyalithe mamelonné ou verre de Millier (Peïïol de los Banos, dir. N. 60° O., incl. 60° N. E.); 5." rouges, terreuses, avec IND 2i3 beaucoup de grands cristaux de feldspath commun décomposé (salines du lac de Tezcuco , là où d'anciennes sculptures aztèques couvrent le Penol), Le porphyre de la vallée de Mexico offre non-seulement des sources d'eau potable qui sont amenées à la ville par de longs et somptueux aqueducs, mais aussi des eaux thermales acidulées, les unes chaudes et les autres froides. On y trouve , et ce fait est bien remarqua- ble, comme dans le micaschiste primitif des environs d'Araya et de Cumana , du naphte et du pétrole (promontoire du Sanctuaire de Guadeloupe). (^)uoique ce porphyre sorte au- dessous de l'amygdaloïde poreuse, et qu'il se montre au jour (Cerro de las Cruces et Tiangillo , Cuesta de Varientos et Capulalpan , Cerro Ventoso et Rio Frio ) dans tout le pour- four circulaire du bassin de Tenochtitlan, fond d'un ancien lac en partie desséché , ce n'est que vers le nord-nord-est seulement (Pachuca , Real del Monte et Moran ) qu'il a été trouvé argentifère. De riches filons traversent, depuis la mine de San-Pedro à la cime du Cerro Ventoso (1/161 toises) jusqu'au fond de l'an- cien puits de l'Encino ( 1 170 toises) dans le Real de Pachuca, une masse de porphyre qui a plus de 1700 pieds d'épaisseur. Cette roche, que jadis on auroit appelée pétrosiliccuse ou hornsteinporphyr, est généralement gris-verdàtre , quelque- fois vert de prase , à cassure écaillcuse , ofï'rant des fragmens à bords aigus. Sa pâte est probablement un feldspath com- pacte, chargé de silice : elle renferme, non du quarz et du mica , mais des cristaux de feldspath commun et d'amphibole. La dernière substance n'est généralement pas très-abondante, et lorsque le porphyre est argileux ou plutôt terreux, on ne reconnoit l'amphibole que par des taches à surface striée et d'un vert très-foncé. Les couches presque argileuses et plus tendres ( thonporphyr de Moran) paroisscnt inférieures aux couches plus dures et plus tenaces. On trouve intercalés aux unes et aux autres des strates de phonolithe (klingstein) gris de fumée ou vert-poireau , divisés en tables ou feuillets très-sono- res. Ce n'est cependant pas entièrement un porphyrschiefer du terrain trachytique ; car la masse phonoiithique n'offre pas des cristaux effilés de feldspath vitreux, mais des cristaux de feldspath commun blanc grisâtre, constamment acconi'» .i4 l?sD pagnés d'un peu d'amphibole. Tous ces porphyres argenti- fères de Moran et de Real del Monte sont très-régulière^ ment stratifiés (direction générale, comme dans la vallée (](■ Mexico , N. 60" O. , incl. 5o" — 60° au N. E. ) = i's n'offrent des divisions en colonnes informes que dans les Organos de Actopan (Cerro de Mamancliota , sommet 1627 toises) t't les Monjas de Totonilco el Chico . si toutefois la roche des Organos, dont la masse a 3ooo pieds d'épaisseur, en ne comptant que les porphyres visibles au-dessus des plaines voi- sines, est identique avec la roche de Moran. La dernière î-enferme un peu moins de cristaux d'amphibole; Tune et l'autre de ces roches ne sont ni fendillées ni poreuses, et c'est au pied dçs pics grotesques des Monjas que se .trouvent les riches filons de Totonilco el Chico. Jusque-là tous les porphyres argentifères de Pachuca et de Aloran, que je viens de décrire, ne nous ont rien offert qui les éloigne du terrain de transition : ils sont même recouverts, i^ntre les bains de Totonilco el Grande et la caverne de la Madré de Dios ou Roche percée, d'énormes masses de for-^ juations calcaires, de grès et de gypse. La formation calcaire, de 1000 pieds d'épaisseur, est gris-bleuâtre, compacte, non poreuse, renfermant des filons de galène et des couches de •\Tlcaire blanc presque saccharin à gros grains. C'est pour le Woins la formation alpine (alprnkalkstein) , si ce n'est pas un ralcaire de transition, et les rapports de gisement qu'on ob- serve entre cette roche calcaire et les porphyres de Moran et de la Magdalena semblent caractériser ceux-ci comme décidé- .inent non trachytiques. En avançant à quatre ou cinq lieues de distance des mines de Moran, par Omitlan , par les savanes de Tinaxas, et par une vaste forêt de chênes vers le Jacal , dont rOyamel ou la Montagne des Couteaux (Cerro de losNa^ vajas) forme la pente occidentale, on entre dans un pays qui oifre , dans sa composition géognostique, la trace très-récente des feux souterrains. On trouve d'abord au pied de l'OyameJ nn porphyre terreux blanc -grisâtre , renfermant des cristaux de feldspath vitreux, et présentant presque la même direc- tion (le même angle avec le méridien, N. 5o* O.) que les porphyres argentifères, mais une inclinaison (76" au S. O,) ciamétraîcïnent opposée. L'état de la végétation ne IND 3i5 permet pas de fixer les l'apports de g-Isemcnt entre les roches de rOyamel et les porphyres de transition des mines d'ar- gent de Moran. Les premières, qui sont encore dépourvues d'obsidienne, servent de base à une roche blanc-rougeàtre , à éclat émaillé, à cassure unie, quelquefois grenue, renfer- mant un peu de feldspath vitreux , et divisée en une infinité de petites couches parallèles , souvent ondulées. Cette roche est une perlite porphyrique lithoïde, ou plutôt un porphyre trachytique non spongieux, non fendillé, dont la base passe au perlstein. Un tel passage de la pâte pierreuse à une masse composée de globules agglutinés, se manifeste même dans des couches qu'à leur seul aspect on croiroit d'abord composées de feldspath compacte ou d'un kieseischiefer terne et grisâtre. Aux cristaux effilés de feldspath vitreux , disséminés dans la pâte , ne se trouvent mêlés ni le mica noir, ni le quarz, mélange que l'on observe dans la perlite de Tokai et de Schemnitz en Hongrie. L'abondance d'obsidienne que renferment les porphyres de la montagne des Couteaux , et qui les rapproche des perl- stein de Cinapecuaro, ne laisse pas de doute sur leur na- ture volcanique. Ils constituent des montagnes isolées, sou- vent jumelles, à couches perpendiculaires, rappelant, par leur aspect, les collines de basalte et de trachyte des Monts Euganécns. Ces masses volcaniques sont-elles sorties du sein des porphyres de transition de Moran, ou existe-t-il un passage des unes aux autres? Les roches de FOyamel sont-elles seu- lement superposées aux porphyres métallifères, comme le sont les basaltes colonnaires de Régla? On se demande de même si les porphyres noirs, souvent buUeux, de la vallée de Mexico (Feîïol de los Baîios) , recouverts d'amygdaioïde , basaltiques et cellulaires , sont d'une origine différente des porphyres qui se cachent (Totonilco el Grande) sous le calcaire alpin? Dans cette même vallée de Mexico (en avançant du lac de Tezcuco au nord vers Queretaro), on voit sortir, à la Cuesta de Varientos , sous le mandelstein volcanique, un porphyre terreux, rouge - brunâtre , sans amphibole , mais abondant en cristaux eflilés de feldspath vitreux. C'est sur la prolongation des strates de cette roche d'un aspect trachytique que reposent les formations secon- dairês et tertiaires (calcaire du Jura , gypse et marnes aVcC lisscmens d'éléphaiis, à 1 170 toises de hauteur), qui remplis*- senties bassins ne rilaciendu del Salto, de Bâtas et du Puerto de los Reyes. Dix lieues plus loin, â Lira , on trouve des roches porphyriques à base seuii-vitrcuse et vert-olive, re- C()uverles d'iiyalithe manielonnée et dépourvues de pyroxène. Ces roches enchâssent, outre un peu de feldspath , des grainS de quarz : elles offrent en même temps de petites couches d'obsidienne intercalées. C'est, à n'en pas douter, un tra- chvte (roche à laquelle en Hongrie le quarz n'est pas non plus entièrement étranger). Or, comment distinguer les couches de porphyre trachytique des porphyres de transition qui les Mipportent immédiatement, lorsque les uns et les autres, iiu mélange près d'obsidienne et de pcrlitc, ont une compo- eition minéralogique si analogue P Cette difficulté embarrasse encore plus le voyageui* gco- gnoste, lorsqu'il sort de la vallée de Mexico, vers l'est, pour traverser Tarête de montagnes sur laquelle s'élèvent les deux volcans de la Puebla , l'Iztaccihuatl [Femme -blanche, 2466 toises) et le Popocatepetl {Montagne fumante, 2770 toises). Les roches porphyriques qu'on voit au jour près de la Venta de Cordova et de Rio frio, sont intimement liées aux trachytes du Grand-Volcan encore enflamme. Elles sont recouvertes de brèches ponceuses et de perlitcs avec obsi- dienne (entre Ojo del Agua et le fort de Peroîe), et servent de base ( entre San Francisco Ocotlan , la Puebla de los Angeles, Tofomehuacan, Tecali et Cholula ; entre Venta de Soto, El Pizûrro et Portachueîo) à une puissante formation calcaire, tantôt compacte et bleu - grisâtre , tantôt à petits grains et blanclieou à couleur mélangée. Ce calcaire (de transition ou alpin?) n'est certainement pas tertiaire, comme le sont les formations très-récentes de calcaire coquillier, de marnes et de gypse, que dans différentes parties du globe on voit placées, par lambeaux, sur le terrain trachytique. M. Son- iicschmidt a Vu, près de Zimapan , Xaschi et Xacala , un véritable calcaire de transition, gris - noirâtre et fortement carburé, reposer Sur des porphyres entièrement semblables à veux que nous venons de décrire dans le plateau central de ia Nouvelle-Espagne. Quelques strates de ces porphyres de ÏNÏ) ^'1 ■gîmapan, de Xaschi et d'Ismiquilpan , renferment, comme \ îts griinstein porphyriques et les perlites de la Hongrie, et \ fcomme le porphyre superpose au thonschiefer (de transition?) tie la fameuse montagne de Pofosi , des grenats disséminés xiansla masse. Ils sont traverses de liions qui présentent cette magnifique variété d'opale jaune-orangé que nous avons fait tonnoître, M. Sonneschmidt et moi, sous le nom d'opale de feu (feueropal), et qui a été retrouvée par M. lieudant parmi les tracliytes de Telkebânya. J'ai vu enchâssés dans îa pâte porphyrique de Zimapan, des globules rayonnes de perlilc gris - bleuâtre , ressemblant par leur couleur à delà thermantide jaspoïde (porzellan-jaspis). On n'a point encore éclairci les rapports de gisement entre ces porphyres, qu'on crdiroit trachytiques, et ceux qui supportent les grandes for- mations calcaires. II est plus aisé de séparer les porphyres ïuéfallifères des ti^achytes dans nos classifications artiticicUcs qu'à la vue même des montagnes. y. Groupe de porphyres de Guanaxualo, C'est ce groupe qui détermine le plus clairement l'âge relatif, ou, pour m'ex- primer avec plus de précision, le maximum de l'ancienneté des porphyres mexicains , si toutefois ceux dont nous venons d'indiquer les gisemens sont d'une même formation que les porpliyresde Cuanaxuato. La superposition de ces porphyres sur des roches appartenant au terrain intermédiaire est ma- nifeste. Près de la ferme de la Noria et dans la Canada de Querctaro, un porphyre vert d'olive schisteux, rempli de feldspath vitreux en 'cristaux microscopiques, est superposé à un thonschiefer de transition qui renferme de la lydienne. Près de Cuanaxuato, et surtout près de Santa Kosa de la Sierra, cette superposition est également certaine. Les por- phyres de ce district ont en général un gisement concordant ( une direction et une inclinaison parallèles ) avec les strates du thonschiefer. Ils sont éminemment métallifères, et le fameux filon de Cuanaxuato (Veta madré), faisant le même angle avec le méridien que les filons de Zacatecas, de Tasco «t de jMoran (N. 50° O.), a été exploité successivement sur une longueur de 12,000 toises et une largeur (puissance) tle 20 à 26 toises. Il a fourni en 23o ans plus de 180 millions de piastres, et il traverse à la fois le porphyre et le schiste 2)8 l^D ,]3 est dépout-vue de métaux ; mais à Comanja elle est argenti- fère, comme elle l'est aussi en Saxe et en Hongrie. b. Dans l'hémisphère austral. Entre les 5° et 8° de latitude j'ai vu des roches porphyritiques , intimement liées entre elles, rouvrir les pentes orientales et occidentales des Andes du Pérou. Ces roches reposent, Soit sur un thonschiefer (de transition?) traversé par des filons argentifères (Mandor, El Pareton), soit, quand le thonschiefer manque, sur du gra- nité. Les unes sont ou divisées en colonnes gigantesques (Paramo de Chulucanas), ou très- régulièrement stratitiées (Sondorillo). Leur base noire est presque basaltique; elles renferment plus de pyroxène que de feldspath, et alternent ( Qaebrada de Tacorpo ) avec des couches de jaspe et de icldspath compacte. Ce dernier, dépourvu de cristaux dis- séminés, est noir comme de la pierre lydienne, et rappelle, par sa couleur et son homogénéité , certains basanites des ïnonumens anciens. D'autres porphyres (N.'" S.^'^ del Car- îuen, au nord du village indien de San Felipe) ont une apparence moins trachytique ; ils offrent de riches filons ar- gentifères, et sont recouverts tantôt de couches de quarz do trois ou quatre toises de large , tantôt d'un calcaire (alpin?) <"oaipacte, bleu -noirâtre, traversé par de petits filons de spath calcaire et rempli de coquilles pétrifiées ( hystérolithes , anomics, cardium, et fragmens de grandes coquilles polytha- lames, qui sont plutôt des nautilites que des ammonites). En «lescendant (toujours sur la pente orientale des Andes) vers Tomependa, aux bords de la rivière des Amazones, j'ai vu entre Sonanga et Chamaya , le grès ancien ( todtcs liegende) superposé à un porphyre terreux grisâtre , renfermant (comme celui de Pucara) beaucoup d'amphibole et un peu de feld- spath commun. Sur la pente occidentale des Andes, en ap- prochant des côtes de la mer du Sud, on trouve (entre Namas et Magdalena) des porphyres entièrement dépourvus d'amphibole, et supportant cette grande formation de quarz <]ui remplace dans cette région le grès rouge. J'ai indiqué plus haut {§. i8) que ce porphyre, loin d'être primitif, m'a paru le plus ancien des porphyres de transition. Ce résultat n'a pu être énoncé qu'avec doute ; car , entre Ayavaca , Zaulaca, Yamoca (§.8) et Namas (province de Jacn de Bra- IND 22X ramoros et intendance de Truxillo ) , il est bien difficile de déterminer avec certitude l'âge des granités, des syénites et des thonschiefer sur lesquels reposent les porphyres inter- médiaires et les trachytcs porphyriques. Lorsque les rap- ports de superposition ne sont pas entièrement connus, l'on ne doit prononcer qu'avec réserve sur un terrain d'une constitution géognostique si compliquée. B. Groupe de la Hongrie. C'est le terrain de syénite et de griinstein porphyrique qui renferme la principale richesse minérale de la Hongrie et de la Transylvanie (Schemnitz, Kremnitz , Hoch\viesen et Kœnigsberg ; le Bannat , Kapnak et Nagyag). Nous faisons connoitre ce terrain d'après les belles observations, encore inédites, de M. Beudant. La formation de Hongrie est beau- coup moins simple que celle du Mexique, avec laquelle on. lui trouve d'ailleurs de grandes analogies. Les roches qui constituent sa masse principale, sont des roches porphyri- ques à base de feldspath compacte, colorée en vert: elles renferment, comme les porphyres de l'Amérique équinoxialo que j'ai fait connoître plus haut, de l'amphibole, et sont presque dépourvues de quarz. Cette dernière substance ne se montre que dans les couches subordonnées de syénite. de granité, de gneis et de griinstein compacte, auxquelles passe la roche porphyrique. Dans la Nouvelle -Espagne, les porphyres à filons aurifères et argentifères ont une pâte en apparence homogène , le plus souvent foiblement colorée ; en Hongrie, ce ne sont pas les vrais porphyres qui dominent, mais les griinstein porphyriques. D'après de simples considé- rations oryctognostiques, c'est-à-dire de composition, le ter- rain aurifère de Hongrie ressemble bien plus à la formation mexicaine d'Ovexeras , dans laquelle alternent des syénites et des grunstein plus ou moins porphyriques, qu'à ces grandes masses de porphyres que traversent les célèbres filons de Pachuca, Real del Monte, Moran et Guanaxuato (au sud» est de la mine de Belgrade); mais, considérées géognostique- ment, toutes ces roches de porphyre et de syénite , celles du Mexique et de la Hongrie, ne constituent qu'une seule for- mation, tantôt simple, tantôt composée (avec alternance}. 222 I]VD Les roches porphyriques et syénitiques de Hoiigl'ie , ic* plus compactes comme les plus mélangées, renferment du carbonate de chaux, et font effervescence avec les acides. Ce caractère se retrouve dans ies roches d'un gisement ana- logue du Mexique , mais non dans les trachytes qui leur sont superposés. Le feldspath vitreux est beaucoup plus rare dans les porph^-res à base de grunstein de la Hongrie que dans les porphyres mexicains: il ne se rencontre ( Hochwiesen , Bleihiitte) que dans les strates supérieurs et terreux, surtout là où commence le terrain trachytique. Le fer oxidulé abonde lorsque l'amphibole se montre en cristaux très-distincts ; k' grenat (que nous avons déjà indiqué plus haut dans les por- phyres mexicains de Zimapan et dans ceux de Potosi, sur le revers oriental des Andes du Pérou) pénètre jusqu'au milieu des prismes d'amphibole. Quoique dans la grande formation de syénites et de grunstein porphyriques de la Hongrie les diverses variétés de roches passent fréquemment les unes aux autres, on remarque pourtant en général le type suivant d'as- sociation et de superposition : la partie inférieure de tout le système est formée par des syénites à gros et à petits grains , passant à un granité talqueux (Hodi-ltz) et au gneis; la partie moyenne est composée tantôt de grunstein compacte, à pâte noire presque dépourvue de cristaux disséminés, tantôt de roches porphyriques, à base de feldspath pur, ou à base mélangée de feldspath et d'amphibole , enchâssant des cris- taux de feldspath commun (lamelleux), de l'amphibole, un peu de mica et des grenats, très- rarement du quarz ; la partie supérieure offre des griinstein porphyriques terreux et particulièrement aurifères. C'est seulement cette dernière assise qui renferme quelquefois du feldspath vitreux, de la laumonite, du mica et (comme dans PxVmérique équinoxiale) des filons de jaspe rouge. Dans les griinstein terreux qui sont, d'une structure plus simple, parce qu'ils n'alternent pas avei- des syénites, des granités ou gneis de transition, on trouve (vallée de Glashiittc) des masses compactes basaltiformes (di- visées en prismes) et un grunstein porphyrique noir à base de feldspath amphiboleux. Ce gnïnstein enchâsse des aiguilles très-petites d'amphibole, des lamelles nombreuses de mica noir et des druscs de quarz blanc et rouge. IND 223 Les couches subordonnées à la grande formation de syé- nite et griinstein porphyrique de Hongrie sont : des mica- schistes (vallée d'Eisenbach ) ; du quarz compacte, tantôt feuilleté et micacé , tantôt grenu , passant partiellement à un silex terne à cassure unie (bassin occidental de Schem- nitz); du calcaire stéatiteux , jaune de soufre, verdàtre ou rougeâtre, avec grenats disséminés dans la masse, et accom- pagné de serpentine (Hodritz). Tout ce système de roches syénitiques et porphyriques est très- distinctement stratifié en Hongrie comme au Mexique; mais, dans le premier de ces deux pays , la direction et l'inclinaison des strates ne sont uniformes que dans un même groupe de montagnes. La nature du terrain sur lequel reposent les syénites et griin- stein porphyriques de la Hongrie, n'est pas facile à déter- miner avec certitude. M. Beudant les croit d'une formation plus récente que les grauwackes, qui ne se sont pas déve- loppés en Hongrie là où dominent les griinstein porphyri- ques. Des schistes talqueux, alternant avec des calcaires cris- tallins grisâtres, et appartenant probablement au terrain de transition le plus ancien , ont paru à ce savant géognoste , de même qu'à M. Becker, servir de base à la formation syéni- tique et porphyrique. Ce seroit une analogie de plus qu'of- friroit cette formation avec le terrain homonyme du Mexique. En Hongrie, comme dans le nouveau continent, les por- phyres, les syénites et les griinstein sont immédiatement re- couverts de trachytes et de conglomérats trachytiques avec obsidiennes et perlites. En Auvergne (Mont -d'or. Cantal) ; dans les îles de la Grèce (Argentiera, Milo , Santorino), visi- tées par un excellent observateur, M. Hawkins ; à Unalaska , exploré récemment par M. de Chamisso et par l'expédition du capitaine Kotzebue, ces mêmes rapports de gisement s'observent entre les trachytes et les porphyres de transition, A la montagne du Kasbek , dans la chaîne Caucasique , uu porphyre intermédiaire, qui alterne avec de la syénite, du granité, du gneis et du thonschiefer de transition, renferme aussi du feldspath vitreux : il offre même dans quelques strates toutes les apparences d'un trachyte poreux. C'est ainsi que sur les points les plus éloignés du globe , en Amérique, en Europe et en Asie, nous voyons osciller les porphyres 324 JISTD entre des roches de transition et des roclics volcaniques tr*-s- onciennes, C- Groupe de la Saxe. Nous ne parlons point ici du porphyre qui forme avec le griinstcin et le calcaire gris-noiràtre des couches subor- données (Friedrichsualde, Seidwitzgrund) dans le schiste do transition ( §. 22), mais de la grande formation de syénite et porphyre que "VVerner désignoit par le nom de formalion prin- cipale (Haiiplnicderlage). Ce savant illustre dislinguoit quatre terrains de porphyres : le premier formant des couches (ou plutôt des filons?) dans le gneis et le micaschiste primitifs; le second alternant avec la syénite; le troisième appartenant au grès houiller, et renfermant des griinstein, des rétinltes et des amygdfiloïdes agathifères; le quatrième intercalé à des roches tiappéennes (volcaniques). Ces quatre terrains, dont Je premier ne constitue vraisemblablement pas une formation indépendante , sont, comme je l'ai exposé ailleurs ( Vojage aux régions équinpxialcs , T. I,p. i55), les porphyres intercalé^ aux roches primitives, les porph3'res de transition, les por^ phyres secondaires et les trachytes ( trapporphyre). Lu formai lion principale de porphyre et de syénite de Saxe repose su^* des schistes de transition (avec grauwacke), et par consé-^ quent, là où les thonschiefer ne se sont pas développés, sur des roches plus anciennes. La syénite qui alterne avec le por- phyre (Meissen, Lçuben et Prasitz; Suhl) passe au granité et au gneis. Ce granité de transition est généralement à gros crains , composé de feldspath rougeàtre , de quarz gris de fumée, et de mica noir bien cristallisé (Dohna, Posewitz et Wesenstein). Le gneis de transition (Meissen) est plus rare que le granité, et forme des couches dans la syénite, comme en forment aussi le calcaire grenu et blanc (Naundorf) et un griinstein qui passe au basalte ( Wehnitz). La présence de la formation de syénite qui renferme, dans la vallée de Plauen (comme en Ngrwége) , quelques cristaux disséminés dezircon, jie se manifeste souvent que par des bancs de granité; car la substitution, fréquente et locale, du mica à Tamphibole et de l'amphibole au mica, caractérise la formation syénilique, abondante en sphène brun (braunmenakanerz) , qui est un IND 225 silicate de titane et de chaux. Le porphyre non stratifié de Saxe a généralement une base rouge , grisâtre et argileuse (thonporphyr, résultat d'une décomposition du feldspath compacte); d'après M. Boue, quelquefois (vallée de Tharandt) cette base prend l'aspect du klingstein. Ce porphyre ne ren- ferme presque pas d'amphibole, et n'est point dépourvu de quarz comme ceux du Mexique et de la Hongrie. On y trouve du feldspath commun , du quarz cristallisé en doubles pyra- mides hexaèdres , et quelquefois un peu de mica. Le groupe de porphyres et syénites de Saxe est un peu métallifère ; la syénite stratifiée à bancs épais de Scharfenberg offre des filons d'argent, et le porphyre d'Altenberg contient quelquefois de l'étain. C'est dans la vallée de Plan en , près de Dresde, que se trouve la roche à laquelle Werner a donné, le premier, le nom de sjénite , croyant par erreur que les obélisques égyp- tiens conservés à Rome contenoient tous de l'amphibole. M. Wad {Foss. œgjpt. Musei Borgiani , 1794, p. 6 et 48 ; Zoega, de Obeliscis, p. 648) a prouvé que ces obélisques, dont le plus beau , minéralogiquement parlant, est celui de Piazza Navona, sont un véritable granité avec mica noir aggloméré , sans amphibole. En effet, il n'existe point à Syène de formation indépendante de syénite et de porphyre intermédiaires ; mais le granité primitif, peut-être d'une formation pas très- ancienne , y renferme de l'amphibole ( comme à l'Orénoque; au Spitzberg près Krummhiibel en Silésie ; près Wiborg en Finlande) disséminé dans des couches subordonnées, non étendues et d'un prolongement peu régulier. Pour le géognoste classificateur la roche de Syène est un granité qui contient de l'amphibole : ce n'est point de la syénite. Quelques frag- mens de cette roche, que Ton trouve isolés parmi les mo- numens égyptiens, ont trompé Werner par l'analogie oryc- tognostique qu'ils présentent avec la syénite de la vallée de Plauen. Des formations de porphyre et de syénite entièrement semblables à celle de Saxe, et placées sur le schiste de tran- sition et le grauAvacke , sont communes au Thiiringerwald • d'après M. Boue, en Moravie ( entre Blansko, Briinn etZnaim) ; d'après M. Rozière , dans la péninsule du Mont Sinaï. Ces 23. J 5 226 IND dernières méritent une attention particulière. Des roches intermédiaires schisteuses et arénacées couvrent une partie de l'Arabie pétrée. Au milieu de ces roches, qui renferment des conglomérats avec fragmens de granité et de porphyre [brèche universelle d'Égjpte , dans le langage des antiquaires), sortent des sy-^niles, et des porphyres à base de feldspath compacte silicifère, enchâssant des cristaux de feldspath lamelleux, un peu d'amphibole et, d'après M. Burckhardt, du quarz. Les porphyres sont généralement inférieurs à la syénite, et cette dernière , dont se composent probablement les tables de la loi que [^on croit enterrées à Djebel Mousa, est accompagnée de griinstein compacte noirâtre (golfe d'Akaba) et de griin- stein porphyrique. Tout ce terrain de FArabie pétrée, dont j'ai pu examiner de nombreux échantillons, ressemble de la manière la plus frappante au terrain porphyrique etsyénitique d'O vexeras et deGuanaxuato , au Mexique. En substituant avec M. Rozière le mot sinaïte à celui de syénite, on auroit donné à la roche de transition qui est composée d'amphibole et de feldspath , et mêlée quelquefois d'un peu de quarz et de mica , un nom géographique plus exact, un nom qui (comme celui de calcaire du Jura) auroit rappelé non-seulement des rap- ports de composition , mais aussi des rapports de gisement. D. Groupe de la Norwége. §. 24. C'est le terrain décrit par deux géogncstcs célèbres, le professeur Haussmann et M. Léopold de Buch ; c'est celui dans lequel la formation de granité postérieure à des roches calcaires , remplies de débris de corps organisés, s'est le mieux développée, et qui par conséquent a répandu le plus de Jour sur la véritable nature des roches de transition. On n'avoit d'abord regardé cette classe de roches que comme une asso- ciation de grauwacke , de schistes carbures et de calcaires noirs : peu à peu l'on reconnut que la grande masse de por- phyres appelés long -temps porphyres primitifs appartenoit, soit au terrain de transition, soit même au grès rouge. On réunissoitaux porphyres intermédiaires les S)'énitcs deMeisseu; mais, quoique ces dernières perdent l'amphibole et passent insensiblement au .granité de transition (Dohna) , la généra- IND 227 lîté de ce phénomène, l'apparition nouvelle de roches gra- nitoïdes, entièrement analogues aux roches primitives, et recouvrant à la fois des porphyres noirs avec pyroxène et des calcaires à orthocératites, ne commença à bien fixer l'at- tention des géognostes que lorsque les rives du golfe de Chris- tiania furent décrites dans tous leurs merveilleux rapports de superposition. Les zircons , qui ont donné tant de célébrité à la syénite de Holmstrand et de Stromsoë, se retrouvent abondamment dans les syénites du Grocjiland méridional (d'après M. Giesecke. près cap Comfort, à Kittiksut et àHôlsteensberg) : ils sont aussi disséminés en très-petites masses dans les syénites de Meisseii et de la vallée de Plauen. Cette substance, dans d'autres loca- lités, appartient plutôt aux roches primitives (par exemple, au gneis); car, quoique le zircon , le fer titane, le sphène, l'épidote, le feldspath vitreux, le chiasloHthe, la pierre ly- dienne, la diallage , l'amphibole et le pyroxène accompagnent df préférence certaines forn'.ations, il ne faut point considérer ces associations comme des caractères d'une valeur absolue. L'accumulation des zircons dans les syénites deChristiauiafiord est, sous le rapport des questions géogoniques, beaucoup moins remarquable que la multiplicité de vacuoles , la struc- ture caverneuse et gercée de ces mêmes syénites de transition, qui sont liées à des porphyres basaltiques et pyroxéniques. Depuis que , par les analogies fréquentes que l'on a obser- vées entre le terrain de porphyre et de syénite de Christiania et les terrains de transition du Caucase, de la Hongrie, de l'Allemagne , de la France occidentale , du Groenland et du Mexique, les géognostes ne sont plus étonnés de la succes- sion de roches feldspathiques et cristallisées aux grau^vackes et aux calcaires pétris d'entroqucs et d'orthocératites , l'ap- parition de ces mêmes roches cristallines dans le plus ancien membre de la série des roches secondaires commence à fixer leur attention. On a reconnu que, dans les deux mondes, des masses cristallines , composées, de feldspath et d'amphi- bole, ou de feldspath et de pyroxène, oscillent entre le terrain volcanique , le terrain intermédiaire et le grès rouge. Ces oscillations , ces intercalations de roches problématiques , que l'on est tenté de regarder comme les eS^sts d'une péné- tration successive de bas en haut, prouvent la liaison intime qui existe entre les couches les plus récentes du terrain de transition et les plus anciennes couches des terrains secon- daires et volcaniques. Dans la partie méridionale du Tyrol, des masses de granité et de porphyre syénitique semblent même déborder du grès rouge dans le calcaire alpin ; et ces phénomènes curieux d'alternance , liés à tant d'autres plus anciennement connus, semblent condamner à la fois et la séparation du grès houiller des porphyres du terrain in- termédiaire, et la. dénomination historique et trop exclusive de terrains pyrogènes. La grande formation des porphyres, des syénites et des gra- nités de la Norwége , repose sur un terrain de schiste de tran- sition qui renferme des couches alternantes de calcaire noir, de pierre lydienne et peut-être même (car le gisement dans ce point est moi-ns évident) de granité. Le calcaire noir (Agger- selv, Saasen) est pétri d'orthocératitcs de plusieurs pieds de longueur, d'entroques, de madrépores, de pectinites et (quoique très-rarement) d'ammonites. Des filons de por- phyre et de griinstein porphyriques de 2 à i5 toises d'épais- seur traversent le thonschiefer et le calcaire ( Skiallebjerg) et préludent pour ainsi dire aux masses analogues de por- phyres qui reposent, non immédiatement sur le thonschiefer, mais sur une roche arénacée (grauuacke) dont le thonschiefer est recouvert. Entre Stromsoë, Maridal etKrogskovn, legrau- wacke, au lieu de se trouver en couches dans le thonschiefer auquel il appartient (§.22), en forme comme une assise su- péi-ieure, de sorte que l'on y voit suivre de bas en haut : gneis primitif; thonschiefer de transition , alternant avec du calcaire à orthocéraîites ; grauwacke ; porphyre avec des couches subordonnées de griinstein; granité; syénite à zir- cons, alternant avec quelques couches de porphyres. Près de Skeen et de Holmstrand le calcaire à orthocératites a pris un tel développement , que le thonschiefer y manque entière- ment ; le grauwacke y est remplacé par une roche de quarz micacé. On y voit de bas en haut : du gneis primitif; du calcaire de transition ; la roche de quarz; le porphyre dont l'assise inférieure est du niandelstein ; la syénite à zircons. Les porphyres de Christianiaftord . mélangés par infiltration IND 22^ de carbonate de chaux, sont généralement brun-rougeàtre : ils offrent des cristaux quelquefois très- effilés de feldspath lamelleux, et sont presque dépourvus de quarz et d'amphibole. Le quarz cristallisé ne se montre qu'entre Angersklif et Revo. La pâte du porphyre devient parfois noire et boursouflée (Viig, Holmstrand). Dans cet état, la roche ressemble à du basalte, comme la syénite de la péninsule du mont Sinaï, et renferme des cristaux de pyroxène. M. de Buch , auquel j'emprunte tous ces faits importans , observe que les cristaux de feldspath disparoissent à mesure que la masse prend une teinte plus noire, phénomène que m'ont offert aussi plusieurs porphyres de transition du Mexique. Le mandelstein, dont les cavités alongées sont remplies de carbonate de chaux, et qui forme l'assise inférieure des porphyres nor\'^'égiens de Skeen et de Klaveness, rappelle le mandelstein du porphyre de Bolaïïos (province mexicaine de la Nouvelle-Galice), qui est traversé par un des plus riches filons argentifères. Les sj'énites de Christianiafiord , toujours placés au-dessus des porphyres, quoique alternant d'abord avec eux, sont com- posés ( Waringskullen , Hackedalen ) de beaucoup de grands cristaux de feldspath rouge , et de peu d'amphibole en très- petits cristaux. Le mica et le quarz n'y sont qu'accidentels. Quelques vacuoles anguleuses de la syénite offrent des cristaux de zircons et d'épidote. Le titane ferrifère, commun dans les deux mondes aux roches d'euphotide primitive et aux trachytes, se trouve parfois disséminé dans la masse des syénites à zircons, VI. EUPHOTIDE DE TRANSITION- §. 25. 11 faut distinguer, comme parmi les syénites, entre les bancs intercalés et les formations indépendantes. Des cou- ches de serpentine se trouvent intercalées dans le weisstein (§. 4 ) , dans le micaschiste primitif (§. 1 1 ) et dans le thon- schiefer de transition (§.22). Quant aux terrains indépendans d'euphotide (gabbro) , qui souvent sont d'une structure très- compliquée , on peut en compter pour le moins deux , même en rejetant la formation non recouverte et assez douteuse de Zôblitz en Saxe. La première de ces formations indépen- ^oo IND dantes se trouve (§. nj) sur la limite des terrains primitifs et intermédiaires : c'est celle que M. de Buch a fait con- noitre en Norwége (Maggeroe, Alten), et M. Beudant en Hongrie (Dobschau). La seconde formation appartient aux terrains de transition les plus nouveaux ; elle se trouve sur la limite des roches intermédiaires et secondaires. On a re- gardé comme plus récente encore la serpentine liée à la for- mation d'ophite, observée par M. Palassou dans les Pyrénées (vallée de Baigorry , Riemont) et dans le département des Landes. Mais cet ophite est un griinstein , mélange intime de feldspath, d'épidote et d'amphibole, auquel sont intercalés des bancs de serpentine (Pousac)j il passe , par le changement dans la proportion des élémens , tantôt à la syénite, tantôt au granité graphique. M. Boue, qui a récemment examiné cet ophite sur les lieux, le croit une formation de transition, recouverte de grès bigarré, d'argile et de gypse secondaire. Dans l'x\mérique équinoxiale, la grande formation d'eupho- tide de transition (celle qui constitue le dernier membre de la série des roches intermédiaires) semble presque cous- h I. Houille, Grès houge et Porphyre secondaire {a<,'ec amjg- dalùïde, griinstein et calcaires intercalés). §. 2G. Le grès houiller et le porphyre constituent une même formation ( rothes todtes liegende), variable d'aspect, et d'une structure souvent très-compliquée. Des mandelstein celiuleux, du griinstein , des roches grenues feldspathiques et pyroxéniques, des rétinites (pechstein) et quelques calcaires fétides appartiennent à cette formation comme bancs inter- calés. Les minéralogistes anglois nomment noui^eau conglomérat rouge (ncvv red conglomerate d'Exeter etTeignmouth ) notre formation degrés rouge et de porphyre, pour la distinguer de leur grès rouge ancien ( old red sandstone de Mitchel Dean , dans le Herefordshire), qui est une roche aréuacée (grau- wacke) de transition, placée entre deux calcaires de transi- tion, ceux du Derbyshire et de Longhope. Cette nomencla- ture , que le savant professeur d'Oxford, M. Buckland, a récemment éclaircie, a été la cause de beaucoup de méprises géologiques. Il seroit , je crois, très-utile pour les progrès de la science des gisemens, que l'on abandonnât peu à peu ces dénominations vagues de grès anciens , intermédiaires et nou- veaux y de gypses et de grès inférieurs et supérieurs , de cal- caires de première, seconde et troisième formation. Elles n'ont qu'une vérité relative dans tel ou tel lieu ; elles énumèrent ce qui est numériquement variable , selon les alternances et les suppressions des dilTérens termes de la série. Le terrain de transition n'offre pas seulement de l'anthra- cite ; il offre déjà de la véritable houille. On «en trouve de petits dépôts en Angleterre dans l'old red sandstone (Bristol), dont les couches inférieures passent d'un conglomérat tin et marneux à un grauwacke très-compacte, et dans le mouu- tain-limestone (Cumberland), qui est analogue au calcaire de transition de Namur eu Belgique et de Prague en Bohème. Mais le grand dépôt de houille ( coal measures) se trouve, comme nous l'avons dit plus haut, sur la limite des roches intermédiaires et secondaires. A cause de cette posi- tion même, la houille est quelquefois (Angleterre, Hongrie, Autriche au sud du Danube, Belgique) mêlée de couches urénacées liées à de véritables grauwackesj d'autres fois (et c'est là le type le plus généralement reconnu sur le continent depuis les observations de Fuchs et de Lehman , faites vers l'an lySoj, d'autres fois elle appartient à la grande formation de porph\re et de grès rouge. Dans le premier cas (Angle- terre), les dépôts de houille suivent l'inclinaison des roches de transition auxquelles ( comme l'ont judicieusement prouvé MM. Conybeare et Phillips) ils sont plus particulièrement liés; on les trouve tout aussi inclinés que les calcaires noirs et les grauwackes qu'ils surmontent. La série des forma- tions horizontales et secondaires ne paroît alors commencer qu'avec le calcaire magnésien , qui représente le zechstein ou calcaire alpin. Dans le second cas (Allemagne-, est de France), le dépôt houiller accompagne le grès rouge et le porphyre, quels que puissent être les terrains primitifs ou intermédiaires sur lesquels ces deux roches sont immédiate- ment placées. Cette union constante avec des roches super- posées, et cette indifférence pour le terrain inférieur, sont les caractères géognostiques les plus sûrs de la dépendance ou de l'indépendance d'une formation. Souvent le grand dé- pôt de houille n'est ni recouvert de porphyre et de grès rouge, ni mêlé de couches arénacées appartenant au terrain intermédiaire. Souvent il est placé dans des bassins entourés de collines de grès rouge et de porphyre, et n'offre dans son toit que des couches alternantes dargile schisteuse (schiefer- thon), tantôt gris-bleuàtre, tendres et remplies d'empreintes de fougères , tantôt compactes, carburées (brandschiefer) et pyriteuses. De minces strates de grès charbonneux ( kohlen- schiefer ) , de grès quarzeux passant au quarz grenu , de con- glomérats à gros fragmens (steinkohlen-conglomcrat) et de calcaire fétide, se rencontrent au milieu du schieferthon avant qu'on atteigne la houille. Ce sont de petites forma- tions locales que présentent également, et dans des circons- tances entièrement analogues, les dépôts d'argile muriatifère (salzthon), de sel gemme , de fer hydraté et de calamine, qui ne sont pas recouverts immédiatement par la grande for- mation de calcaire alpin. Malgré ces apparences d'isolement et d'indépendance, les houilles et le sel gemme n'en appar- tiennent pas moins, géognostiquement, les unes au grès rouge et l'autre au calcaire alpin ou zechstein. Les empreintes IND 237 de fougères, comme l'ont observé très-bien MM. Voigt et Brongniart, caractérisent l'époque des véritables houilles, tandis que les argiles des lignites en sont dépourvues. Dans la zone tempérée de l'ancien continent la houille des- cend jusque dans les lieux les plus bas du littoral. Près de New- castle-on -Tyne on trouve, au niveau et au-dessous du fond de la mer, cinquante-sept couches d'argile endurcie et de conglomérat, alternant avec vingt -cinq couches de houille. Au contraire, dans la région équinoxiale du nouveau conli- nent , j'ai vu la houille intercalée au grès rouge s'élever , dans le plateau de Santa-Fé de Bogota ( Chipo entre Canoas et le Salto de Tequendania ; montagne de Suba ; Cerro de los Tunjos), à i3iSo toises de hauteur au-dessus du niveau de l'océan. L'hémisphère austral offre aussi des houilles dans les hautes Cordillères de Huarocheri et de Canta : on m'a même assuré que près de Huanuco elles se trouvent (inter- calées au calcaire alpin?) très-près de la limile des neiges perpétuelles, à ajoo toises de hauteur, par conséquent au- dessus de toute végétation phanérogame. Les dépôts de houille ^ abondent hors des tropiques dans le Nouveau-Mexique , au centre des plaines salifères du Moqui et de Nabajoa , et à l'est des montagnes rocheuses, comme aussi vers les sources du Rio Sabina , dans cet immense bassin couvert de forma- tions secondaires que parcourent le Missoury et l'Arkansas. Des masses rhomboïdales fibreuses à éclat soyeux et colorant les doigts se trouvent enchâssées dans la houille compacte des deux continens ; elles forment une espèce de brèche que les mineurs regardent comme renfermant des fragmens de bois charbonné. Quelquefois ces masses lustrées sont presque incombustibles, et deviennent une espèce d'anthracite à tex- ture fibreuse (faserkohle d"Estner; mineralische holzkohle de "Werner). On les trouve, selon les observations de MM. de Buch et Karsten, accumulées (Lagiewnick dans la haute Silésie) en bancs de 4 à 5 pouces d'épaisseur. Ce phénomène mérite une attention particulière ; car les houilles qui enchâssent les fragmens à éclat soyeux, appartiennent au grès rouge le mieux caractérisé , et non aux liguites des argiles placées immédiatement au-dessous ou au-dessus de la craie. Dans la péninsule de la Crimée de vastes terrains présentent desalter- so8 IjVD nances sans nombre de couches d'argile schisteuse dépour- vues de houilles, de conglomérats, de griinstein et de cal- caires compactes. Est-ce là une formation de grès rouge, renfermant des roches amphiboliques et alternant avec le zechstein P Il est difficile d'assigner un type général à l'ordre des différentes assises qui constituent la grande formation §. 26. La houille paroît le plus souvent au-dessous du grès rouge; quelquefois elle est placée évidemment ou dans cette roche ou dans le porphyre. Le porphyre pénètre et déborde de différentes manières dans la formation du grès houiller : on le voit parfois recouvrir immédiatement la houille : plus généralement il surmonte le grès, et s'élève en dômes, en cloches ou en rochers à pentes abruptes. Lorsque les terrains de transition sont immédiatement recouverts de grès rouge (Saxe) , il est souvent assez difficile de décider si les por- phyres que l'on rencontre dans la proximité des houilles sont des porphyres de transition, ou s'ils appartiennent au grès rouge. Il paroît d'ailleurs que les porphyres forment moins sou- vent de véritablescouches, que des amas transversaux et entre- lacés (stehende Stocke et Stock\^'erke) dans le terrain houiller. Ils varient beaucoup de couleur: ils sont violàtres, gris et brun-rougeàtre ou tirant sur le blanc (Petersberg près de Halle, Giebichenstein ,Wettin), infiltrés de chaux fluatée, non stratifiés, divisés quelquefois en tables minces, et accompa- gnés de brèches porphjriqu es. La pâte de ces porphyres, qui enchâssent, outre le feldspath lamelleux , quelquefois stéati- teux, du quarz noirâtre, un peu de mica brun et d'amphi- bole , est généralement formée par du feldspath compacte. Cette pâte passe au kaolin (Morl près Halle) : d'autres fois elle devient noire et presque basaltique (Lobegiin en Saxe. Schulzbcrg en Silésie), bulleuse et comme scorifîée (Pliz- grund près Schmiedsdorf en Silésie), ou passant à la phono- lithe (Zittau en Saxe). Dans les porphyres, les amygda- loïdes,les griinstein et les roches pyroxéniques du grès rouge, on remarque quelquefois (Saxe , Silésie, Palatinat , Ecosse) ces mêmes analogies avec les roches exclusivement appelées volcaniques, qu'on trouve dans les porphyres et syénites du terrain intermédiaire (Hongrie, Norwége , Mexique, Pérou). IND 25ç> M. o'e Buch a vu en Silësie des porphyres du grès rouge abonder en cristaux d"amphiboIe ( Beichmacher près Fried- ]and), ou enchâsser à la fois (Wildenberg près Jauer) du quarz et des cristaux effiles de feldspath vitreux. M. Boue observe que dans le grès rouge d'Ecosse, qui, en général, est assez dépourvu de houille (à l'exception du comté de Dumfries) , les roches trapéennes intercalées ont des vacuoles à enduit lustré, etalongécs. Ces mandelstein huileux du grès rouge prennent toute Tapparence de coulées volcaniques in- tercalées. L'Allemagne offre, à son extrémité septentrionale (lie de Rugen) , de la craie et des terrains tertiaires-, à son extrémité méridionale, dans le Tyrol (vallée de l'Eisack, Collmann , Botzen , Pergine , Neumarkt ) , les porphyres du grès rouge. La composition de ces porphyres du Tyrol est identique avec celle des porphyres du Mansfeld ; ils renferment, outre le feldspath , le mica noir et le quarz brun-de-girofle, un peu d'amphibole. La couleur rouge de leur pâte pénètre quelque- fois jusque dans les cristaux de feldspath qu'ils enchâssent. Dans un voyage géognostique fait en lygS, j'ai trouvé ces porphyres assez régulièrement stratifiés, près de Botzen et de Brandsol (N. 25" O. incl. de 5o° au S. E. ). Ils offrent de petits dépôts de houille sur les bords de l'Adige. entre Saiss et S. Peter. Dans toutes les parties de l'Europe, les porphyres secon- daires offrent l'apparence d'un passage progressif au grès rouge. Quelques géognostes admettent que des cristaux isolés de feldspath se trouvent empâtés dans le ciment de la roche aréftacée , ou qu'ils s'y sont développés: d'autres assurent (et avec plus de raison peut-être) que ces prétendus passages des porphyres aux brèches porphyriques et au grès rouge ne sont que l'effet d'une illusion produite par des porphyres régénérés, c'est-à-dire , par des agglomérats qui se sont formés à une époque où les fragmens empâtés étoient encore dans un état de ramollissement peu propre à conserver leurs contours au milieu du ciment interposé. Une brèche porphyrique (triimmerporphyr ) près de Duchs en Bohème, (ine nous avons décrite , M. Freiesleben et moi , en 1792 , et dans la- quelle des grains informes de quarz sont mêlés à dçs cristaux a4o IND bridés de quarz et de feldspath , peut répandre quelque jour sur un phénomène qui n'est point encore suffisamment éclairci. Il est bien remarquable , et cette observation a été faite depuis long-temps, que les porphyres manquent au nord des Alpes de la Suisse et du Tyrol , tandis qu'ils sont très-com- muns à la pente méridionale des Alpes, entre le lac Mag- giore et la Carinthie. Le grès rouge est généralement composé de fragmens de roches qui tirent leur origine des montagnes les plus voisines. Dans l'Allemagne septentrionale , ces fragmens sont plus sou- vent le quarz, la lydienne, le silex (hornstein), le porphyre, la syénite et le thonschiefer , que le gneis, le granité et le micaschiste. La couleur du grès rouge est très-variable : elle passe du brun -rougeâtre au gris (graue liegende); elle est même quelquefois mélangée par couches très-minces, comme dans le grès bigai'ré. La teinte rouge de cette formation est due, selon l'opinion de plusieurs géologues célèbres, aux parties ferrugineuses des porphyres voisins. Sans vouloir infirmer la justesse de cette observation pour ce qui regarde une partie de l'ancien continent, je dois pourtant énoncer quelques doutes relativement à l'influence des porphyres sur la formation du grès rouge dans les régions équinoxiales du nouveau con- tinent. Le grès des vastes steppes de Venezuela est brun-rou- geàtre, comme le todte liegende de Mansfeld ; il ne renferme pas de fragmens de porphyre , et à plusieurs centaines de lieues de distance on n'y connoît aucune couche de porphyre intermédiaire ou secondaire. Il en est de même des grès rouges de Fiinfkirchen et de 'Vasas en Hongrie, décrits par M. Beudant. Partout où, dans la formation §. 26, des conglomérats gros- siers alternent avec des roches arénacées à petits grains, ces derniers passent au grès houiller schisteux et fortement mi- cacé (sandsteinschiefer). Ces masses alternantes renferment de l'argile schisteuse grise, verdàtre ou brune. Lorsque cette argile est fortement carburée (kohlenschiefcr) et bitumi- neuse, elle contient quelquefois (Suhl, Goldlauter) des mi- nerais argentifères (du cuivre gris, de la galène et des pyrites cuivreuses). Elle offre des empreintes de poissons fossiles, et prend l'aspect du kupferschiefer appartenant au calcaire alpin. IND .41 D'un autre c6té , la désagrégation de roches arénacées à petits grains forme des bancs de sable quarzeux et brunâtre (triebsand) au milieu des grès rouges les plus compactes ( Walkenried et Bieber). Le ciment du grès houilJer est quelquefois calcaire, et les parties de chaux carbonatée deviennent si fréquentes, qu'elles donnent à la roche une apparence de calcaire grenu et arénacé (montagnes houillères sur les limites de la Hon- grie et de la Galicie). Ce sont là les grès calcarifères de M. Beudant, mêlés de grains verts chloriteux. Quant aux frag- mens enchâssés dans les grès rouges , ils sont ou anguleux et fondus dans la masse, ou arrondis et aplatis comme les cailloux roulés de la nagelfluhe la plus récente. La forma- tion de grès rouge qui constitue la majeure partie de l'Ir- « lande, et qui est si commune dans l'Allemagne septentrio- , nale, dans la Forêt- noire et dans les Vosges, manque (de même que la formation des porphyres) presque entièrement dans les hautes Alpes de la Suisse. Le Niesen appartient pro- bablement déjà au grauwacke , et M. de Gruner croit que les environs de Mels, Bregentz et Sonthofen offrent les seuls con- glomérats qui, par leur structure et leur gisement, se rap- prochent du grès rouge. Dans les hautes Alpes, comme dans plusieurs parties de la Silésie (Schweidnitz) et de la Hongrie (Dunajitz), le grès rouge enchâsse pour ainsi dire le cal- caire alpin et alterne avec lui : dans le cercle de Neustadt, en Saxe, le grès rouge manque entièrement. Les couches subordonnées au grès rouge ou alternant avec lui sont les suivantes : calcaires fétides et schistes fortement carbures et bitumineux (kohlenschiefer de Freiesleben) , qui annoncent la liaison intime du grès rouge avec le zechstein et avec les schistes marno-bitumineux (kupferschiefer) : grun- stein, mélange de feldspath et d'amphibole (Noyant et Figeac •en France), quelquefois même pyroxénique (Ecosse) : man- delstein celluleux , quelquefois comme boursouflé, renfer- mant (Ihlefeld au Harz; rives de laNahe, Oberstein etKirnj Exeter, Heavitree) desagathes, de la calcédoine , delà preh- nite et de la chabasie, et pénétrant comme par des crevasses dans la masse du grès rouge (Planitz en Saxe) : houilles alter- nant avec des argiles schisteuses à fougères; anthracites (Schdn. feld entre Altenberg et Zinnwald) appartenant plus particu- 23. 16 242 IND lièrement, d'après M. Beudant, au pQi^phyre intercalé au grès rouge qu'à cette dernière roche : porphyres alternant d'abord avec le grès rouge et puis le surmontant en grandes masses rocheuses : pechstein (quarz résinite ou rétinite). Le vrai gise- me»t du pechstein en Saxe a été reconnu par MM. Jameson, Raumer, Przystanowsky et Schenk. Cette substance forme un porphyre à base semi - vitreuse , renfermant du feldspath sou- vent fendillé, et très-peu de mica, d'amphibole et de quarz cristallisé (vallée deTriebitch). Le pechstein enchâsse des frag- mens de gneis ( Mohorn et Braunsdorf ) ; il est traversé par de petits filons d'anthracite fibreuse (Planiz prèsZwickau), et il alterne avec le porphyre commun du grès rouge. Ces por- iphyres et ces rctinites reposent (Nieder-Garsebach ) sur la syénite de transition. M. Beudant, qui a récemment donné une description détaillée de ce gisement, a reconnu que le pechstein de Herzogswalde est enclavé dans un dépôt aré- nacé à pâte d'argilolithe (thonstein), dépôt qui enchâsse des fragmens anguleux de gneis et de micaschiste , et qui appar- tient au grès rouge. Le pechstein de Grantola au lac Maggiore offre le même gisement : celui d'Ecosse contient du naphte. Au Pérou il y a des pechstein (gris de fumée, presque dé- pourvus de feldspath, renfermant du mica cristallisé), dans le chemin de Couzco à Guamanga. Ils y forment des mon- tagnes entières ; mais ce terrain , d'après les observations de M. de Nordenflycht , est subordonné, comme en Europe, au terrain porphyrique. Toute la formation §. 26, que nous décrivons, est généra- lement caractérisée par l'absence des coquilles fossiles. Si l'on en trouve quelques-unes, elles appartiennent aux couches calcaires et aux schistes carbures (kohlenschiefer) qui sont in- tercalés au grès rouge, et non à la masse de celui-ci , qui n'abonde dans les deux hémisphères (plaines de laThuringe, Kifl'hàuser, Tilleda ; plaines de Venezuela entre Calabozo et Chaguaramas; plateau de Cuença, au sud de Quito) qu'en troncs de bois fossile et autres débris de monocotylédx)nées. M. Brongriiart fils croit cependant que les impressions de vrais palmiers manquent dans les houilles. Dans la région équinoxiale du nouveau continent j'ai eu l'occasion d'observer le terrain de grés rouge au nord et au ÏND . 243 sud de réquatcur sur six points différens ; savoir : dans la Nouvelle-Espagne (de 1100 à i3no toises de hauteur), dans les steppes ou Llanos de Venezuela ( 3o — 5o toises), dans la Nouvelle-Grenade ( 5o — i8oo toises), sur le plateau méri- dional de la province de Quito ( i55o — 1600 toises), dans le hassin de Caxamarca au Pérou (1470 toises), et dans la vallée occidentale de l'Amazone (200 toises). i." Nouvelle- Espagne. Les schistes et les porphyres de transi- tion de Guanaxuato (plateau d'Anahuac), dont nous avons donné plus haut (§§. 22 , 28) une description détaillée, sont cou- verts d'une formation de grès rouge. Cette formation remplit les plaines deCelaya, de Salamanca et deBurras (gootoises)j elle y supporte un calcaire assez analogue à celui du Jura et un gypse feuilleté. Elle remonte par la Canada de Marfil aux montagnes qui entourent la ville de Guanaxuato , et se montre par lambeaux dans la Sierra de Santa Rosa près de Villal- pando ( i33o toises). Ce grès mexicain offre la ressemblance Ja plus frappante avec le rothe todte liegende du Mansfeld en Saxe ; il enchâsse des fragmens constamment anguleux de lydienne, de syénite, de porphyre, de quarz et de silex (splittriger hornstein). Le ciment qui lie ces fragmens, est; argilo - ferrugineux , très-tenace, brun-jaunâtre, souvent (près de la mine de Serena) rouge de brique. Des couches de conglomérat grossier, renfermant des fragmens de deux à trois pouces de diamètre, alternent avec un conglomérat très-fin, quelquefois même ( Cuevas ) avec un grès à grains de quarz uniformément arrondis. Les conglomérats gros- siers abondent plus dans les plaines et dans les ravins que sur les hauteurs. Dans les couches les plus anciennes ( mine de Rayas) j'ai cru voir un passage du grès rouge au grauwacke ^ les morceaux de syénite et de porphvre enchâssés deviennent très-petits; leurs contours sont peu distincts, et ils paroissent comme fondus dans la masse. Il ne faut pas confondre ce conglomérat (frijolillo de Rayas) avec celui de la mine d'Animas, qui est gris- blanchâtre et renferme des fragmens de calcaire compacte. Souvent dans le grès rouge de Gua- naxuato, comme dans celui d'Eisleben en Saxe, le ciment est si abondant (chemin de Guanaxuato à Rayas et à Salgado), que l'on n'y distingue plus de fragmens empâtés. Dçs couches 544 IND argileuses de 5 à 4 loises d'épaisseur alternent alors avec le conglomérat grossier. Généralement, la grande formation de grès rouge, superr^osée au thonsçhiefer mélallilèrc , ne paroit (Belorado, BulTu de Guanaxuato) qu'adossée au porphyre de transition ; mais à Villalpando on la voit clairement re- poser sur cette dernière roche. Je n'ai point trouvé de co- quilles pétrifiées, ni de traces de houille et de bois fossile, dans les grès rouges de Guanaxuato. Ces substances combusti- bles se trouvent fréquemment en d'autres parties de la Nou- velle-Espagne, surtout dans celles qui sont moins élevées au- dessus du niveau de la mer. On connoît la houille dans l'in- térieur du Nouveau-Mexique, non loin des rives du Rio del Norte. D'autres dépôts sont probablement cachés dans les plaines du Nuevo-Sant-Ander et du Texas. Au nord de Natchitoches , près de la houillère de Chicha , une colline isolée fait entendre de temps en temps, peut-être par l'inflammation du gaz hydrogène mêlé à l'air atmosphérique, des détonations souterraines. Le bois fossile est commun dans les grès rouges qui s'étendent vers le nord-est de la ville de Mexico. On le trouve également dans les immenses plaines de l'intendance de San-Luis Potosi, et près de la Villa de Altamira. La houille du Durasno (entre Tierra-Nueva et San-Luis de la Paz) est placée sous une couche d'argile renfermant du bois fossile , et sur une couche de mercure sulfuré qui recouvre le por- phyre. Appartient-elle à des lignites très-récens? ou ne doit-on pas plutôt admettre que ces substances combustibles du Durasno , ces argiles et ces porphyres semi-vitreux (pech- stein-porphyre) , globuleux et couverts d'hyalithe mamelonnée, porphyres qui, dans d'autres parties du Mexique ^San-Juan de la Chica ; Cerro del Fraile près de la Villa de San- Felipe) renferment des dépôts de mercure sulfuré, sont liés à la grande formr.tion du grès rouge P II n'est pas douteux que cette formation ne soit tout aussi riche en mercure dans le nouveau continent, que dans l'Allemagne occidentale; elle l'est même là où manquent les porphyres (Cuença, plateau de Quito); et, si la réunion de filons d'étain à des filons de cinabre, dans les porphyres de San-Felipe , paroit éloigner au premier abord les roches porphyriques qui abondent en mercure, de ceux du grès rouge, il faut se rappeler que les IND M& thonschiefer et porphyres de transition (Hollgrund près Stebeii, Hartenstein) sont aussi en Europe quelquefois slan- nifères. Je place à la suite du grès houiller de Guanaxuato une for- mation un peu problématique, que j'ai déjà décrite , dans mon Essai politique sur la ]S ouvelle-Espagne , sous le nom de lozero ou d'agglomérat fcldspathlque : c'est une roche arénacée , blanc-rougeâtre , quelquefois vert de pomme, qui se divise, semblable au grès à dalles ( Leuhen- ou TJ^'aldplaUcnstein de Suhl), en plaques très-minces {lozas) -. elle renferme des grains de quarz , de petits fragmens de thonschiefer, et beaucoup de cristaux de feldspath en partie brisés, en partie restés in- tacts. Ces diverses substances sont liées ensemble dans le lozero du Mexique, comme dans la roche à aspect porphyrique de Suhl, par un ciment argllo-ferruglneux (Canada de Serena et presque toute la montagne de ce nom). Il est probable que la destruction du porphyre a eu la plus grande influence sur la formation du grès fcldspathlque de Guanaxuato. Le minéra- logiste le plus exercé serolt tenté de le prendre au premier abord pour un porphyre à base argileuse ou pour une brèche porphyrique. Auteur de Valenciana le lozero forme des masses de 200 toises d'épaisseur : elles excèdent en élé- vation les montagnes formées par le porphyre intermédialre. Près de Villalpando, un agglomérat fcldspathlque à très-petits grains alterne par couches d'un a deux pieds d'épaisseur^ vingt -huit fois, avec de l'argile schisteuse brun -noirâtre. Partout j'ai vu reposer cet agglomérat ou lozero sur le grès rouge, et à la pente sud -ouest du Cerro de Serena, en descendant vers la mine de Rayas, il m'a paru même assez évident que le lozero forme une couche dans le conglomérat grossier de Marfil. Je doute par conséquent que cette for- mation remarquable puisse appartenir à des conglomérats Irachjtiques ponccux , comme M. Beudant semble l'admettre d'après l'analogie de quelques roches de Hongrie. Souvent le ciment argileux devient si abondant que les parties en- châssées sont à peine visibles , et que la masse passe à l'ar- gllolithe (thonstein) compacte. Dans cet état le lozero offre la belle pierre de taille de Queretaro ( carrières de Caretas et de Guimilpa), qui est si recherchée pour les construc- M6 IND tions. J'en aï vu des colonnes de quatorze pieds de haut et de deux pieds et demi de diamètre , rouge de chair, de brique ou de fleurs de pécher. Ces belles couleurs, en contact avec l'atmosphère, passent au gris, probablement par raclion de l'atmosphère sur le manganèse dendritiforme que renferme la roche dans ses fissures. La cassure des colonnes de Quere- taro est unie , comme celle de la pierre lithographique du Jura. Ce n'est qu'avec peine que Ton découvre dans ces argilolithes quelques fragmens extrêmement petits de thonschiefer, de quarz, de feldspath et de mica. Je ne déciderai pas si les cristaux non brises du /ozero ou grès feldspathique se sont développés dans la masse même, ou s'ils s'y trouvent acci- dentellement. Je me borne à rappeler ici qu'en Europe le grès rouge et ses porphyres sont aussi quelquefois caractérisés par une suppression locale de cristaux et de fragmens enchâssés. Le lozero me paroît une formation de grès superposée, peut- être même subordonnée au grès rouge ; et si l'ancien conti- nent ne nous offre pas une roche entièrement semblable, nous voyons du moins les premiers germes de ce genre de structure pseudo-porphyrique dans les bancs de grès à cris- taux de feldspath, brisés ou intacts, qu'enchâsse quelquefois la grande formation de grès rouge du Mansfeld et du Thu- xingerwald. ( Freiesleben , Kupf., B. IV, p. 82, 85, 96, 194O 2." Venezuela. Dans l'Amérique méridionale, les immenses plaines de Venezuela (Llanos du Bas-Orénoque) sont en grande partie recouvertes de grès rouge et de terrains cal- caires et gypseux. Le grès rouge y est disposé en gisement eoncavc ( muldenfbrmige Lagerung) entre les montagnes du littoral de Caracas et celles de la Parime ou du Haut-Oré- Boque. Il s'adosse au nord à des schistes de transition ; au sud il repose immédiatement sur le granité primitif. C'est un co'iglomérat à fragmens arrondis de quarz , de pierre ly- dienne et de kieselschiefer , réunis par un ciment argilo-fer- Tugineux, brun -olivâtre et extrêmement tenace. Ce ciment est quelquefois (près de Calabozo ) d'un rouge si vif, que les ^cns du pays l'ont cru mêlé de cinabre. Le conglomérat à gros grains y alterne avec un grès qnarzeux à grains très^fins (Mesa de Paja). L'un tt l'autre enchâssent de petites masses «de fer brun et du bois pétrifié de monocotylédonées. Cette IND 247 formation arénacée est recouverte (Tisnao) par un calcaire compacte gris-blanchàtre, analogue au calcaire du Jura. Au- dessus de ce calcaire on trouve ( Mesa de San-Diego et Ortiz) du gypse lamelleux alternant avec des couches de marne. Je n'ai vu de coquilles fossiles dans aucune de ces couches aréna- cces, calcaires , g)'^pseuses et marneuses. Le ciment du conglo- mérat ne fait nulle part effervescence avec les acides ; et par son gisement et sa composition le grès des steppes de Venezuela m'a paru très-éloigné du nagelfluhe (grès à lignites) du terrain tertiaire, avec lequel il a une certaine analogie d'aspect par la forme arrondie des fragmens enchâssés. Ces formations aré- nacées et calcaires ne s'élèvent pas au-dessus de 3o à 5o toises de hauteur absolue. Dans la partie orientale du Oano de Venezuela (près Curataquiche) on trouve dispersés, àlasur~ face du sot, de beaux morceaux de jaspe rubané ou cailloux d'Egypte. Appartiennent- ils au grès rouge, ou sont-ils dus, comme près de Suez , à un terrain plus moderne ? 3." IS ouvelle- Grenade. Une formation de grés d'une étendue prodigieuse couvre, presque sans interruption, non -seule- ment les plaines septentrionales de la Nouvelle -Grenade , entre Mompox, le canal de Mahates et les montagnes de Tolu et de Maria, mais aussi le bassin du Rio de la Magda- lena (entre TenerifFe et Melgar) et celui du Rio Cauca (entre Carthago et Cali). Quelques fragmens épars de grès schisteux et charbonneux (kohlenschiefer) que j'ai trouvés à l'embouchure du Rio Sinu (à l'est du golfe deDarien), ren- dent probable que cette formation s'étend même vers le Rio Atrato et vers Tisthme de Panama. Elle s'élève à de grandes hauteurs , non sur le rameau intermédiaire ou central de la Cordillère (Nevados de Tolima et de Quindiù), mais sur les rameaux oriental (Paramos de Chingasa et de Suma Paz) et occidental (montagnes entre le bassin du Rio Cauca et le terrain platinifère du Choco ). J'ai pu suivre ce grès de la Nouvelle- Grenade, sans le perdre de vue un seul instant , depuis la vallée du Rio Magdalena ( Honda , Melgar, 1 3o — 188 t.), par Pandi , jusqu'au plateau deSanta-Fé de Bogota (i365 t.), etmême jus- qu'au-dessus du lac de Guatavita et de la chapelle de Notre- Dame de Montserrate. Il s'adosse à la Cordillère orientale (celle qui sépare les afiduens du Rio JVÏagdalena des affluens du Mets '4B IND et de rOrénoque) jusqu'à plus de 1800 toises de hauteur au- dessus du niveau de l'océan. J'insiste sur ces notions de géo- graphie minéralogique, parce qu'elles fournissent de nouvelles preuves de l'énorme épaisseur qu'atteignent les roches dans les régions équinoxiales de l'Amérique. Plusieurs terrains secondaires (grès avec couches de houille, gypse avec sel gemme, calcaire presque dépourvu de pétrifications ) , que dans le plateau de Santa- Fé de Bogota on seroit tenté de prendre pour un groupe de formations locales remplissant un bassin, descendent jusque dans des vallées dont le niveau est de 7000 pieds plus bas que ce plateau. En allant de Honda à Santa -Fé de Bogota, le grès est interrompu, près de Villeta, par des thonschiefer de transition ; mais la position des sources salées de Pinccima et de Pizarà près de Muzo me porte à croire qu'aussi de ce côté-là, sur les rives du Rio Negro (entre les schistes amphiboliques et carbures de Muzo, renfermant des éméraudes, et les schistes de transition avec filons de cuivre de Villeta), le grès houiller et le g}^pse mui^iatifère du pla- teau de Bogota et de Zipaquira se lient aux terrains homo- nymes qui remplissent le J)assin du Rio Magdalena entre Honda et le détroit de Carare. Ce grès de la Nouvelle-Grenade (là où j'ai pu l'examiner entre les 4° et g)(,° de lat. bor.) est composé de couches alternantes de grès quarzeux et schisteux à petits grains, et de conglomérats qui enchâssent des fragmcns anguleux (ayant 2 à 5 pouces de largeur) de pierre lydienne, de thonschiefer, de gneis et de quarz (Honda , Espinal). Le ciment est argileux et ferrugineux, quelquefois siliceux. Les couleurs de la roche varient du gris-jaunàtre au rouge-brunâtre. Cette dernière couleur est due au fer : aussi trouve-t-on partout de la mine de fer brun, très-compacte, enchâssée en nids, en petites couches et en filons irréguliers. Le grès est stra- tifié en bancs plus ou moins horizontaux. Quelquefois ces bancs inclinent par groupes et d'une manière assez constante. Près de Zambrano , sur la rive occidentale du Rio Magdalena , au sud de Teneriffe , la roche prend une structure globuleuse. J'y ai vu des boules de grès à très-petits grains de deux à trois pieds de diamètre : elles se séparent en douze ou quinze couches concentriques. La pierrç lydienne du plus beau noir, rarç-« IND ^49 ment traversée de filets de quarz, est beaucoup plus abon- dante dans les conglomérats grossiers que ne le sont les fragmens de roches primitives. Partout le grès schisteux à petits grains l'emporte , pour sa masse , sur les conglomérats à gros fragmens. Sur les hauteurs (au-dessus de 800 à 1000 toises) les derniers disparoissent presque en entier. Le grès du plateau de Bogota et celui que l'on observe en montant aux deux chapelles placées au-dessus de la ville deSanta-Fé, à i65o et 1687 toises d'élévation , sont uniformément composés de très-petits grains quarzeux. On n'y remarque presque plus de fragmens de lydienne ; les grains de quarz se rapprochent tellement que la roche prend quelquefois l'aspect d'un quarz grenu. C'est ce même grès quarzeux qui forme le pont naturel d'icononzo. Nulle part ces roches arénacées ne font effervescence avec les acides. Outre la mine de fer brun et (ce qui est assez ■curieux) outre quelques nids de graphite très-pur, cette formation renferme aussi, et à toutes les hauteurs, des cou- ches d'argile brune , grasse au toucher et non micacée. Cette argile ( Gachansipa , Chalechc , Montagne de Suba) devient quelquefois fortement carburée et passe au brandschiefer. Le sel purgatif d'Honda (sulfate de magnésie), si célèbre dans ces contrées , se montre en elFlorcscence sur ces couches argileuses (Mesa de Palacios près Honda). Nulle part le grès ne présente différentes couleurs mélangées par zones , ni ces masses d'argile non continues et à forme lenticulaire qui ca» ractérisent le grès bigarré (bunte sandstein) , c'est-à-dire, le grès qui couvre le calcaire alpin ou zechstein. J'ai vu reposer immédiatement la formation de grès que nous venons de décrire , sur un granité rempli de tourmalines ( Penon de Rosa au nord de Banco, vallée de la Magdalena ; cascade de la Perîa près Mariquita), sur le gneis (Rio Lumbi, près des mines abandonnées de Sainte-Anne), sur le thonschiefer de transition ( entre Alto de Gascas et Alto del Roble au nord -ouest de Santa -Fé de Bogota). On ne connoît aucune autre roche secondaire sous le grès de la Nouvelle- Grenade. Il renferme des cavernes (Facatativa, Pandi) et offre des couches puissantes, non de lignite, mais de houille feuilletée et compacte , mêlée de jayet (pechkohle), entre la Palma et Guaduas ( 600 toises) , près de Vêlez et la Villa de Leiva , 25o Ijyj) comme aussi dans le plateau de Bogota (Chipe près Canoas ; Suba; Cerro de los Tunjos), à la grande hauteur de iSyo toises. Les restes de corps organisés du règne animal sont extrêmement rares dans ce grès. Je n'y ai trouvé qu'une seule fois des trochilites ( ? ) presque microscopiques dans une couche d'argile intercalée (Cerro del Portachuelo, au sud d'icononzo). Il se pourroit que ces houilles de Guaduas et de Canoas fus- sent un terrain plus récent, superposé au grès rouge ; mais rien ne m'a paru annoncer cette superposition. La houille piciforme (jayet, pechkohle) appartient sans doute de pré- férence aux lignites du grès tertiaire et des basaltes; mais elle forme aussi incontestablement de petites couches dans la houille schisteuse (schieferkohle) du terrain de porphyre et grès rouge. Les formations qui recouvrent le grès de la Nouvelle- Grenade, et qui le caractérisent , je crois, plus particulière- ment comme grès rouge dans la série des roches secondaires, sont le calcaire fétide (confluent du Caîio Morocoy et du Rio Magdalena), et le gypse feuilleté (bassins du Ri» Cauca près de Cali, et du Rio Bogota près de Santa -Fé). Dans ces deux bassins du Cauca et du Bogota, dont la hauteur diffère de près de 900 toises, on voit se succéder de bas en haut , très-régulièrement, les trois formations de grès houiller, de gypse et de calcaire compacte. Les deux dernières ne sem- blent constituer qu'un même terrain qui représente le calcaire alpin ou zechstein , et qui, généralement dépourvu de pétri- fications, renferme quelques ammonites àTocayma (vallée du Rio Magdalena). Le gypse manque souvent; mais à la grande élévation de 1400 toises (Zîpaquira, Enemocon etSesquiler) il est muriatifère, offrant dans l'argile ( salzthon ) des dépôts de sel gemme qui , depuis des siècles, sont l'objet de grandes exploitations. D'après l'ensemble des observations que je viens de pré- senter sur le gisement du grès de la Nouvelle-Grenade, je n'hésite pas de regarder cette roche , qui a pris un dévelop- pement de cinq ou six mille pieds d'épaisseur, et qui va bientôt être examinée de nouveau par deux voyageurs très- instruits, ]\IM. Boussingault et Rivero , comme un grès rouge (todtes liegende) et non comme un grès bigarré (grès de IND 25i îvcbra). Je n'ignore pas que des couches frt'quentes d'argile et de mine de fer brun appartiennent plus particulièrement au grès bigarré, et que les oolithes manquent souvent aussi dans ce grès. Je n'ignore pas qu en Europe le grès bigarré (placé au-dessus du zechstein) présente quelques traces de houille, de petites couches de grès extrêmement quarzeux (quarz grenu) et du sel gemme, et que cette dernière subs- tance lui appartient même exclusivement en Angleterre. Toutes ces analogies me paroitroient très-importantes , si des couches de conglomérat grossier alternant (dans les basses régions) avec des couches de grès à petits grains , si des fragmens anguleux de pierre lydienne, et même de gneis et de micaschiste , enchâssés dans des conglomérats grossiers, ne caractérisoient pas le grès de la ]Nouvelle -Gre- nade comme parallèle au grès rouge ou grès houiller, c'est- à-dire comme parallèle à celui qui supporte immédiatement le calcaire alpin (zechstein ),' renfermant le gypse et le sel gemme. Lorsque le grès bigarré (nord de l'Angleterre et Wimmelburg en Saxe) présente quelquefois des fragmens de granité et de syénite, ces fragmens sont arrondis et simple- ment enveloppés d'argile; ils ne forment pas un conglomérat compacte et tenace à fragmens angulaires comme le grès rouge. Cette dernière roche abonde, dans le Mansfeld comme dans, la Nouvelle- Grenade, en masses intercalées d'argile ( Cres- feld , Eislebcn, Rothenberg) , et en petites couches de mine de fer brun et rouge (Burgorner, Hettstedt). La structure globuleuse qu'offre le grès de la vallée du Rio Magdalena se retrouve dans le grès houiller de la Hongrie ( Klauscnburg), dans le conglomérat blanchâtre de Saxe (weiss-liegendes de Helbra) qui lie le grès houiller au zechstein, et, selon de& observations que nous avons faites, M. Freiesleben et moi ^ en 1795 , même près de Lausanne, dans la molasse d'Argovie; (grès tertiaire à ligni(es\ C'est l'ensemble des rapports de gisement qui détermine l'âge d'une formation , ce n'est pas, sa composition et sa structure seules. Les géognosles qui connoissent les différens terrains de grès, non d'après des échantillons de cabinet, mais par de fréquentes excursions, dans les montagnes , savent très-bien que , si ( par la sup- pression du calcaire alpin, du muschelkalk, du calcaire du ^52 ijsB Jura et delà craie) le grès rouge, le grès bigarré mêlé d'ar- gile, le quadersandstein qui n'est pas toujours blanc et très- quarzeux , et la molasse alternant avec des poudingues grossiers (nagelfluhe) étoient immédiatement superposés les uns aux autres, on auroit de la peine à prononcer sur les limites de ces quatre terrains arénacés, d'un âge si différent. Le grès rouge de la Nouvelle -Grenade semble plonger, dans la partie septentrionale du bassin du Rio Magdalena (entre Mahates, Turbaco et la côte de la mer des Antilles), sous un calcaire tertiaire rempli de madrépores et de coquilles marines, et constituant, près du port de Carthagène des Indes, le Cerro de la Popa. Mais, lorsqu'on s'élève à la hauteur de a 400 toises , la formation de calcaire et de gypse que supporte Je grès rouge, est couverte ( Campo de Gigantes , à l'ouest de Suacha dans le bassin de Bogo(a) de dépôts d"alluvion dans lesquels j'ai trouvé d'énormes ossemens de mastodontes. D'après la tendance, peut-être trop générale, de la géognosie moderne à étendre le domaine des terrains intermédiaire et tertiaire aux dépens du terrain secondaire , on pourroit être tenté de regarder le grès de Plonda, le gypse avec sel gemme de Zipaquira , et le calcaire de Tocayma et de Bogota, comme des formations postérieures à la craie. Dans cette hy- pothèse, les houilles de Guaduas et de Canoas deviendroicnt des lignites, et le sel gemme de Zipaquira, d'Enemocon , de Scsquiler et de Chamesa, entièrement dépourvu de débris végétaux , seroit une formation parallèle aux dépôts salifères (avec lignites) de la Galicie et de la Hongrie, que M. Beu- dant croit appartenir au terrain tertiaire. Mais l'aspect du pays; le manque presque total de corps organisés fossiles, observe jusqu'à 10,000 pieds de hauteur perpendiculaire ; la puissance de ces couches arénacées et calcaires , uniformé- ment répandues, dépourvues de rognons de silex et d'in- filtrations siliceuses, très- compactes , et nullement mélan- gées de sables et d'autres matières incohérentes, s'opposent à ces idées, j'aurois presque dit, à ces empiètemens du terrain tertiaire sur le terrain secondaire. L'ensemble des phénomènes que j'ai exposés me fait croire que le grès de la Nouvelle- Grenade, enchâssant des fragmens de lydienne et des roches primitives, est le véritable grès rouge de l'an- IND 255 cien continent. On ignore si ce grès, que j'ai vu monter jusqu'à 1700 toises de hauteur à la pente occidentale de la Cordillère de Chingasa (Cordillère qui sépare la ville de Santa- Fé de Bogota des plaines du JNIeta), dépasse le som- met de cette grande chaîne de montagnes , en se prolon- geant vers les plaines de Casanare. On pourroit le soup- çonner; car les dépôts de sel gemme et les sources de muriate de soude se suivent, en traversant la Cordillère orientale de la Nouvelle- Grenade , depuis Pinceima jusqu'aux Llanos du Meta (par Zipaquira, Enemocon , Tausa, Sesquiler, Gachita , Médina, Chita, Chamcsa et El Receptor) , du sud-ouest au nord-est , dans une même direction , sur une distance de plus de cinquante lieues. Dans toutes les régions du globe on ob- serve cette disposition des sources salées par bandes (ou cre- vasses?) plus ou moins prolongées. Lorsque des plaines sali- fères de Casanare on avance vers l'Orénoque , les formations secondaires disparoissent peu à peu, et dans la Sierra Parime le granite-gneisse montre partout à découvert. Seulement sur les bords de l'Orénoque, près des grandes cataractes d'Atures et de Maypures, on retrouve de petits lambeaux de conglo- mérat ancien superposés h la roche primitive. Ce conglomérat enchâsse des grains de quarz et même (Isla del Guachaco) des fragmens de feldspath réunis par un ciment brun-olivâtre argileux et très-compacte. Le ciment, là 011 il abonde, offre une cassure conchoïde et passe au jaspe. Cette roche arénacée, que je crois appartenir au grès rouge des steppes de Vene- zuela, renferme des masses très-aplaties de mine de fer brun. Elle rappelle ces grès qui, dans la Haute-Egypte et en Nubie, reposent aussi immédiatement sur le granité -gneis des cata- ractes du Nil. 4.° P/afeau de QwiVo.Dansl'hémisphère austral, les Cordillères de Quito m'ont offert la formation de grès rouge la plus étendue de celles que j'ai observées jusqu'ici. Cette roche couvre, à i3oo et i5oo toises de hauteur au-dessus du niveau de la mer, sur une longueur de vingt-cinq lieues, tout le plateau de Tarqui et de Cuença, devenu célèbre par les opérations des astronomes françois. Elle s'élève dans le Paramo de Sarar jusqu'à 1900 toises, et l'épaisseur de sa masse entière excède plus de 800 toises. Elle repose au nord 254 IND (Caîïar, peute mëndlonale de l'Assuay) el au sud (Aito ùè PuUa près Loxa) sur du schiste uxicacé primitif. La forma- tion de grès rouge de la proA'ince de Quito est colorée par de la mine de fer brun et jaune, dont elle renferme de nom- breux filons. Le grès est généralement très-argileux, à petits grains de quarz peu arrondis; mais quelquefois aussi il est schisteux, et alterne, comme dans la Thuringe, avec un con- glomérat qui enchâsse des fragmens de porphyre de trois, de cinq et même de neuf pouces de diamètre. On trouve dans cette formation : des couches d'argile, tantôt brune (Tambo de Burgay et rives de Vinayacu), tantôt blanche et stéatiteuse , passant à l'argilolithe (thonstein) des porphyres du grès rouge (Rio Uduchapa et Cerro de Coxitambo) , et se couvrant, au contact avec Tair atmosphérique , de nitrate de potasse (Cumbe) ; des troncs de bois pétrifié de monocotylédones (ravin de Silcayacu, où j'en ai vu des morceaux de 4 pieds de long et de 14 pouces d'épaisseur); du goudron minéral fluide et en- durci en asphalte a cassure conchoïde (Parche et Coxitambo); des silex (splittrigcr hornstein) passant au silex pyromaque ou àragathe( Delay ) ; des filons de mercure sulfuré [Cerri-s de Guazun, et Upar au nord-est du village d'Azogues); des cou- ches de manganèse oxidé noirâtre et pulvérulent (à l'ouest de la ville de Cuença ) ; du calcaire grenu et lamelleux ( Fortete, au bord occidental du Llano de Tarqui). Cette formation calcaire, que dans ce pays on appelle très- improprement jaspe rubané, présente des couches alternantes de calcaire opaque et saccharoï;!e, semblable au marbre deCarare, et de calcaire fibreux et ondulé, en stries laiteuses. La masse entière est diaphane comme le plus bel albâtre oriental (le marbre memphitique ou phengites des anciens). J'aurois été tenté de prendre cette roche de Tarqui , qui est recherchée par les marbriers comme l'albâtre de Florence et le marbre de Tolonta ( entre Chillo et Quito ) , pour une variété de travertin ou for- mation d'eau douce , si au sud de Cuença , au bord du Rio Machangara, elle ne m'avoit paru (d'après l'inclinaison de ses couches) intercalée au grès rouge que je viens de dé- crire. 11 faut toutelois distinguer de ce marbre translucide et rubané de Tarqui , le calcaire grenu et opaque du Ce- bollar, qui vient au jour un peu au nord de Cuença, et IND ^55 qui, recouvert du grès rouge, est vraisemblablement (§. lo) superposé au micaschiste du Canar. Dans les parties volca- niques des Andes, des plateaux ou bassins élevés sont rem- plis, les uns, de formations secondaires, couvrant des por- phyres de transition ; les autres , de formations tertiaires et d'eau douce, superposées à des tuffs trachytiques. Ce n'est que lorsque des géognostes instruits se seront établis dans les grandes villes placées sur le dos des Cordillères , villes qui deviendront les centres de la civilisation américaine, que l'on pourra pi-ononcer avec certitude sur ces lambeaux de terrains calcaires, gypseux et arénacés, que l'on trouve entre J200 et 1600 toises de hauteur. 5.° Pérou. La formation de grès rouge de Cuença, qui est recouverte sur plusieurs points de couches de gypse feuilleté (Muney, Juncay et Chalcay, à l'ouest de Nabon), se trouve répétée dans le Haut-Pérou, à 1460 toises de hauteur, dans le grand plateau de Caxamarca. Ce grès de Caxamarca est également argileux, dépourvu de coquilles et rempli de minerai de fer brun. Il m'a paru appuyé sur des porphyres d'un aspect trachytique (Cerros deAroma et de Cundurcaga). Il supporte le calcaire alpin de Montan et de Micuipampa, qui est célèbre par ses richesses métalliques. Les eaux ther- males hydrosulfureuses qui sortent des grès de Cuçnça (lat. austr. 2° 55') et de Tollacpoma près Caxamarca (lat. austr. 7" 8'), ont presque la même température, 72° et 69° cent. L'analogie qu'offrent les grès rouges de la Nouvelle-Gre- nade , du Pérou et de Quito , avec les grès rouges du pays où Fiichsel {Historia terrœ et maris ex historia Thuringiœ eruta) a donné la première description de la grande formation houillère, doit frapper tous les géognostes expérimentés. Je n'insisterai pas sur les phénomènes si connus de l'alternance des conglomérats grossiers et des grès à grains très -fins; ni sur l'absence de tout fragment calcaire, fragmens dont on ne trouve qu'un exemple très-rare dans des poudingues du grès rouge des Pyrénées (vallée de Barillos) ; ni sur les couches intercalées de houille, d'argile, de fer brun et de calcaire .- je me bornerai à rappeler dans les grès rouges de rAllemagne les mines de mercure (MOrsfeld et Moschellands- berg dans le duché de Deux-ponts, comme Dombraya en 256 IND Hongrie); les bois pétrifiés de plantes monocotylédonées (Siebiglterode, Kelbra et Rothenburg, en Thuringe); les agathes, les silex communs et les silex pyromaques (horn- et feuerstein) passant à la calcédoine ( KiflFhauser , Wie- derstàdt, Goldlauter et Grossreina , en Saxe, dans le con- glomérat grossier du grès rouge ; Oberkirchen et Tholey dans le duché de Deux-ponts ; Netzberg près Ilefeld , au Harz , dans le mandelstein du grés rouge) ; du bitume minéral (Naundorf et Gnolzig dans le comté de Mansfeld). Tous ces phénomènes se retrouvent dans la partie de TAmérique équi- noxiale que j'ai parcourue. 6.° RîVes de l'Amazone. Le grand bassin de la rivière des Amazones offre, du moins dans sa partie occidentale, les mêmes phénomènes que nous avons indiqués en traçant le tableau géognostique des Llanos de Venezuela ou du bassin de rOrénoque. Lorsqu'on descend du sommet des Andes gra- nitiques de Loxa par Guancabamba aux rives du Chamaya , on trouve superposé aux porphyres de transition de Sonanga un grès à ciment argileux, couvert (entre Sonanga et Guanca) d'un calcaire qui renferme du gypse et du sel gemme. Ce grès de Chamaya remplit, à i go et 260 toises de hauteur au-dessus du niveau de l'océan , les plaines de Jaen de Bracamoros. 11 forme des collines à pentes abruptes, ressemblant à des forti- fications en ruines. On y distingue des couches à petits grains arrondis de quarz, et des conglomérats grossiers, composés de galets de porphyre , de pierre lydienne et de quarz, de deux à trois pouces de diamètre. Les conglomérats grossiers sont assez rares -. ils forment cependant le pongo de Rentema, et d'autres digues rocheuses qui traversent le Haut-Maragnon et entravent la navigation du fleuve. Parmi les fragmens en- châssés dans le grès de Chamaya, je n'en ai jamais pu décou- vrir un seul qui fût de roche calcaire. Cette circonstance , la présence des lydiennes empâtées dans la masse , l'alternance du grès à petits grains avec les conglomérats grossiers , partout si rares (Schochwitz en Saxe) dans le grès bigarré, enfin la superposition du zechstein et du gypse avec sel gemme au grès de l'Amazone , me font admettre l'identité de cette formation et de celles de Cuença et de Caxamarca, malgré la différence de hauteur absolue de plus de 1 000 toises. jNous avons déjà vu , IND 25; dans la Nouvelle-Grenade , le grès hoiiiller descendre du grand plateau de Bogota aux plaines du Rio Magdalena. Une parti- cularité bien remarquable, et qui paroit, au premier abord , éloigner le grès de l'Amazone et du Chamaya du grès rouge de l'Europe, est l'intercalation de quelques couches de sable à parties entièrement désagrégées. J'ai vu, entre Chamaya et Toniependa , des bancs de grès quarzeux , de trois à quatre pieds d'épaisseur, alterner avec des bancs de sable siliceux de sept à huit pieds. Le parallélisme de ces couches peu incli- nées se soutient à de grandes distances. Je n'ignore pas que le mélange de sable et de grès solide caractérise plus particu- lièrement le grés bigarré, celui qui recouvre le zechstein ( Wimmelburg et Cresfeld en Saxe) , et le grès tertiaire au- dessus du gypse à ossemens (Fontainebleau près de Paris); mais MM. Voigt et Jordan ont aussi trouvé des bancs de sable (triebsand) dans le grès rouge ou houiller( Rôhrig près de Bieber, et le Kupferbvrg près Walltenried ). On pourroit croire que Faiialogie que nous venons d'indiquer avec les grès et sables marins du terrain tertiaire, se trouve l'ortifiée jusqu'à un certain point par la fréquence des oursins pétri- fiés que nous avons vus épars à la surface du sol, à la fois suu les plages de l'Amazone, à ig5 toises, et près de Micuipampa, à plus de 1 800 toises de hauteur ; mais il se peut que , dans ces régions si peu examinées jusqu'ici, des formations calcaires très -neuves reposant sur le zechstein , et rien ne semble an- noncer que le grès de Chamaya, alternant à la fois avec des bancs de sable et des conglomérats à fragmens de porphyre et de pierre lyd enne, soit un grès tertiaire semblable à celui du terrain parisien. Je devrois peut-être placer immédiatement après le grès houiller ie zechstein ou calcaire alpin , parce que ces deux roches ne constituent quelquefois qu'une seule formation ; mais j'aime mieux décrire d'abord le terrain de quarz deGuan- gamarca (flbzquarz) , parce qu'il est parallèle vu gfès houiller. C'est un équis^alent géognosfiipie propre à l'hémisphère austral. Roche de quarz secondaire. §. 27. Cette formation remarquable et entièrement Incon- nue aux géognostes de l'Europe domine, dans les Andes du a3. 17 a58 IND Pérou, entre les 7° et 8° de latitude australe. Je l'ai vue re- poser indifféremment sur des porphyres de transition ( à la pente orientale des Cordillères, Cerro de N. S. del Carmen près S. Felipe, 982 toises; Paramo de Yanaguanga entre Micui- pampa et Caxamarca, a 900 toises.- à la pente occidentale des Cordillères, Namas et Magdalena , 690 toises), et sur du gra- nité primitif (Chala , près des côtes de l'océan Pacifique ,212 toises). Cette superposition sur des roches d'un âge très-diffé- rent prouve Vindépendance de la formation que nous faisons connoître. Elle est beaucoup moins développée à la pente orien- tale qu'à la pente occidentale des Andes. A la seconde, elle atteint une épaisseur de plusieurs milliers de pieds, comptée perpendiculairement aux fentes de stratification : elle y rem- place le grès rouge, supportant immédiatement (villages in- diens de la Magdalena et de Contumaza) le zechstein ou cal- caire alpin. C'est, ou la plus récente des formations de tran- sition, ou la plus ancienne des formations secondaires: c'est un véritable quarz compacte ou grenu , non carié ou cellu- leux, le plus souvent blanc-grisàlre ou jaunâtre et opaque; il n'est mélangé ni de talc ni de mica. Cette formation est tantôt compacte et à cassure écailleuse, comme Je quarz en bancs (lagerquarz du granite-gneis primitif); tantôt à grains très- fins, semblable au quarz du terrain calcaire de transition de la Tarantaise. Ce n'est par conséquent ni une roche arénacée, ni une variété de ces grès quarzeux à ciment silicifère, dans lesquels le ciment disparoît peu à peu , et qui appartiennent à la fois au grès bigarré (Detmoid), au quadersandstein, au grès vert (green sand), à l'argile plastique ( trappsandstein) et au terrain tertiaire (forêt de Fontainebleau). Les ravins pro- fonds dont la pente des Cordillères est sillonnée , et le nombre immense de blocs arrachés de leur gîte naturel, facilitent l'observation de cette formation de quarz, qui est très-homo- gène et dépourvue de coquilles, comme aussi de couches subor- données. Je l'ai examinée pendant plusieurs jours, croyant trouver dans une roche recouverte de zechstein et remplaçant le grès rouge, des traces de ciment, de grains ou de fragmens aglutinés : toutes mes recherches ont été inutiles; nulle part je n'ai pu me convaincre que ce quarz compacte ou grenu fût une roche arénacée ou fragmentaire. Elle est quelquefois ÏND 259 très-rëgulièrement séparée en bancs de huit pouces à deux pieds d'épaisseur, dirigés ( Aroma , Magdaiena et Cascas 1 N. 53° — 68° O, et inclinés de 70° à 80° au S. E. A la pente orientale des Andes, aux rives du Chamaya, une couche de quarz semblable à celle que je A-iens de décrire, paroît in- tercalée à une formation de calcaire compacte , bleu-grisâtre. Ce calcaire n'est pas une roche de transition (comme on pour- roit le croire à cause de la position du quarz compacte de Pesay et de Tines en Tarantaise , §. 20) ; le nombre et la na- ture de ses coquilles, comme la sinuosité de ses couches , sem- blent le rapprocher au contraire du zechstein ou calcaire alpin. 11 n'est pas extraordinaire de voir une roche siliceuse, qui supporte un calcaire, pénétrer dans celui-ci et y former une couche intercalée. Cette pénélraiion s'observe aussi quelquefois, mais en filons (Ccrro de N. S. del Carmen près San-Felipe), dans la formation sur laquelle repose la roche de quarz. Le calcaire alpin de San-P'elipe recouvre cette roche, et celle-ci est placée sur un porphyre vert de tran- sition, qui est traversé de filons de quarz de trois pieds d'é- paisseur. Il sera utile de rappeler, à la fin de cet article, qu'il ne faut pas confondre neuf formations de quarz et de grcs quar- zeux des terrains primitif, intermédiaire, secondaire et ter- tiaire, dont seulement la seconde et la quatrième sont indé- pendantes, tandis que les autres ne forment que des bancs subordonnés: 1.° quarz (lagerquarz) des granités- gneis , des micaschistes et des thonschicfer primitifs ; 2." quarz chloriteux; ou talqueux de MinasGeraes du Brésil et de Tiocaxas dans les Andes de Quito : formation indépendante primitive, succé- dant au thonschicfer (§.16), ou le remplaçant, comme en Norwége; 5.° quarz compacte de transition, décrit par MM. Brochant, Haussmann et Léopold de Bucli , et subordonné (§. 20) aux roches calcaires et schisteuses de la Tarantaise, de Kemi-Elf en Suéde, et de Skeen en Norwége (§. 20) ; 4." quarz secondaire (§. 27), parallèle au grès rouge, et péné- trant dans le calcaire alpin des Andes de Contumaza et de Huancavelica. A ces formations de quarz pur on peut joindre les masses entièrement qu.irzeuses, 5." du grès bigarré; 6° du quadersandstein ; 7.° du grès vert ou grès secondaire à 86o IND iignifes, placé entre le calcaire jurassique et la craie; 8.° du grès appartenant au grès tertiaire à lignites (argile plastique) au-dessus de la craie; 9.° du grès de Fontainebleau. On dé- termine une roche avec d'autant plus de sûreté, que Ton a sous les yeux le tableau des formations qui sont analogues par leur composition, ruais très-différentes par leur gisement. II. ZeCHSTEIN ou CALCAIRE ALPIN (mAGNESIAN LIMESTONe) ; Gypse hydraté; Sel gemme. §. 28. Le mot de zechstein n'est ordinairement appliqué par les mineurs et les géognostes d'Allemagne qu'à une seule assise de la formation que nous allons décrire : on distingue alors le calcaire compacte (zechstein) du schiste cuivreux qu'il recouvre immédiatement , et des gypses et des calcaires fétides qui lui sont superposés. J'appelle zechstein tout le groupe dont cette roche est le représentant géognostique. C'est une grande formation calcaire qui succède immédiatement au grès rouge ou grès houiller, et qui est quelquefois si intimement liée avec ce grès qu'elle s'y trouve intercalée. La limite supé- rieure du zechstein est plus difficile à fixer : en Allemagne et dans plusieurs parties de la France orientale, cette roche se termine là où commence le grès bigarré ou grès à oolithes (bunte sandstein). En Angleterre, le magnesian limestone, représentant par sa position le zechstein, est recouvert d'une formation marneuse et muriatifère (red mari), qui offre beau- coup d'analogie avec le grès bigarré d'Allemagne ; car dans ce dernier on rencontre aussi plus de couches d'argile et de marne que de véritable grès. Comme, d'un autre côté, le sel gemme d'Angleterre appartient au red mari, tandis que le sel gemme de la majeure partie du continent appartient au zechstein, on peut admettre que, des deux formations, a p-u près parallèles, de red mari et de grès bigarré , renfermant des marnes, des argiles et des oolithes, la première est plus intimement liée au zechstein , tandis que la seconde Test plus au muschelkalk., et, quand celui-ci et le quadersandstein ne se sont pas développés, au calcaire également marneux et oolithique du Jura. C'est peut-être d'après des inductions analogues que, dans son excellent Tableau des formations d'Angleterre, publié en 1816, M. Buckland avoit réuni, dans IND ^Si un même terrain, le magnesian limestone elle red mari ou new red sandstone. Quelque grande que soit l'importance que nous attachons à ces affinités géognostiques , comme aux phénomènes d'alternance et de pénétration observés dans des Toclies qui se succèdent immédiatement, nous ne nous en croyons pas moins en droit de séparer les diverses formations de grès rouge, de zechstein et de grès bigarré, là où, dans les deux hémisphères, nous les avons vues prendre un déve- loppement extraordinaire. Dans le cours de ce travail je me suis souvent servi, à l'exemple de beaucoup degéognostes célèbres, pour désigner le zechstein, du mot plus sonore de calcaire alpin, quoique je sache très-bien que, d'après les belles recherches de MM. de Buch et Escher, la majeure partie des calcaires qui consti- tuent les hautes Alpes de la Suisse , sont des calcaires de transition (§. 22). A une époque où l'on a tant embrouillé la géognosie par la création de dénominations vagues et qui ne sont adoptées que par un très-petit nombre de savans , je n'ai rien voulu changer à la nomenclature reçue , quelque vicieuse ou barbare qu'elle me parût. Les imperfections du langage des géognostes ne sont dangereuses pour la science, que lorsqu'on ne définit pas avec clarté la position de chaque formation et les limites entre lesquelles ces formations se trou- vent circonscrites. Dans la Bavière méridionale , dans le Tyrol, dans la Styrie et le pays de Salzbourg, les hautes Alpes de Benedictbaiern, deChiemsée, de Hall, d'Ischel, de Gmunden et de l'Untersberg, sont très-probablement du zechstein. Au Montperdu , dans la chaîne des Pyrénées, cette roche, mêlée de calcaire fétide, s'élève à plus de 1760 toises de hauteur* Dans les Andes du Pérou , le zechstein, très -distinct du calcaire de transition , renferme des coquilles pétrifiées sur la crête des montagnes entre Guambos et Montan, et près Mi- cuipampa (1400 — 2000 toises) ; entre Yauricocha et Pasco (2100 toises); près de Huancaveliea , Acoria et Acobamba (2100 — 2207 toises). On voit par ces exemples que le zech- stein atteint au nord et au sud de l'équateur de très-grandes élévations. On le trouve bien certainement dans la région alpine des Pyrénées , du Tyrol et des Andes ; mais le mot calcaire a/pjri. n'indique pas plus que toutes les Alpes calcaires '^62 l]SI) dans les deux mondes sont composées de zechstein , que le mot ;^rès houiller n'annonce que les houilles appartiennent uniquement au grès rouge. La question de savoir quelles cimes alpines de la Suisse et du Tyrol sont de zechstein , quelles cimes sont de calcaire de transition, est plutôt une question de géographie minéralogique , qu'un problème de gcognosie générale. La science des formations se borne à décrire une roche placée dans la série des terrains secondaires, entre le grès houiller et le grès bigarre alternant avec des argiles: elle ne prononce pas sur ce grand nombre de roches dont le gisement n'offre aucun caractère diagnostique certain , par exemple, sur des roches Calcaires non recouvertes et placées immédiatement sur du micaschiste ou des grauwackes. Partout où le grès houiller manque, on ne peut juger de l'âge des roches calcaires que d'après des analogies de com- position et de couches intercalées : on les rapproche de tel ou tel groupe, comme le botaniste rapproche préalablement de telle famille ou de tel genre connus, une plante dont il n'a pu examiner le fruit. Ces hésitations et ces doutes, loin de prouver l'incertitude des classifications, parlent plutôt en faveur de la marche méthodique que doit suivre la géognosie positive. Le zechstein , en le considérant dans sa plus grande géné- ralité, est tantôt (dans les montagnes les plus élevées) un terrain d'une grande simplicité, tantôt (dans les plaines ) il est composé de plusieurs petites formations partielles, qui alternent les unes avec les autres (Thuringe; Figeac , Au- tun , Villefranche ). Sa couleur est le plus souvent grisâtre et bleuâtre, quelquefois rougeâtre : il passe, et surtout dans les hautes régions, du compacte au grenu à très- petits, grains, et dans ce cas il est traversé par de petits filons de spath calcaire. Ces caractères de couleur et de cassure ne sont cependant pas d'une grande importance ; car , selon que la matière colorante (carbure d'hydrogène et fer) se trouve diversement répartie , le zechstein et le calcaire de transition prennent quelquefois des teintes semblables ; le premier devient noirâtre, et le second Wanc- grisâtre. C'est ainsi que la couleur noire se trouve (duché d'Anhalt- Dessau ; IIettst?;dtj Osnabrilck) jusque dans le m.uschelkalk, IND 265 M. Freiesleben observe très -bien que le zechstein n'est généralement pas mat, mais un peu brillant (schimmernd) , à cause d'un mélange intime de petites lames de spath cal- caire. Cet éclat, bien moindre sans doute que dans les cal- caires de transition, se remarque non -seulement dans les montagnes très-élevées, mais jusque dans les zechstein des plaines. C'est là aussi que cette roche devient parfois grenue à petits grains (au Deister et prés de Hameln; entre Bol- kenhayn et Waldenbourg , et près de Tarnowiz en Silésie), J'ai trouvé cette même tendance à la structure cristalline dans le zechstein du Mexique et dans celui des LIanos de Venezuela: elle n'est pas causée, comme dans le calcaire du Jura, par un entassement de débris organiques, et ce seroit à tort qu'on attribueroit cette tendance exclusive- ment au calcaire de transition. De petits filets de spath calcaire blanc traversant un calcaire bleuâtre , passant du compacte au grenu , caractérisent sans doute plutôt le ter- rain de transition que le zechstein des plaines ; mais dans les deux continens ces petits filons se retrouvent aussi dans les calcaires des hautes montagnes calcaires que , par leur gisement et par leurs bancs intercalés de sel gemme et d'ar- gile bitumineuse, je crois appartenir au zechstein. D'ailleurs, dans toutesles formations supérieures au grès rouge, on observe que (par une action probablement galvanique) les calcaires gris- noirâtre perdent leur principe colorant dans le voisinage des fentes de stratification. Cette décoloration a lieu dans les roches restées en place. L'accumulation du carbone ne se conserve que dans le centre des couches, et l'on diroit que la pierre ait été exposée au contact de la lumière et de l'oxigène de l'atmosphère. De toutes les formations secondaires le zechstein est celle dont les diverses assises ont été le plus minutieusement étu- diées : c'est aussi celle qui a le plus contribué à faire naître dans le Nord de l'Allemagne , dans cette terre classique de la géognosie, les premières idées précises sur l'âge relatif des ter-. rains et sur la régularité avec laquelle ils se succèdent. Comme les schistes bitumineux et cuivreux du zechstein sont un objet très- important d'exploitation, il a fallu percer cina) ou le minimum (Ischel) de richesse dans les mines ; elle décide si le sel doit être exploité en grandes masses (lapidicinorum modo , dit Pline, cœditur sal nativum) , ou en lessivant la roche par l'introduction des eaux douces dans des chambres souterraines. Lorsque le muriate de soude gris de fumée est disséminé en grains arrondis ou en petites lames, ou d'une manière insensible à Tœil, il n'en forme pas moins des croûtes continues autour des pièces séparées du salzthon. 11 remplit toutes les fentes qui divisent les masses en fragmens polyédriques. 11 en résulte des brèches argileuses (Haselgebirge) cimentées par du sel gemme. Quelquefois de grandes masses d'argile (Hall en Tyrol) sont absolument dé- pourvues de muriate de soude ; on les croit lessivées par l'action des eaux qui circulent dans la terre, et ce phéno- mène curieux semble favoriser l'hypothèse la plus ancienne- ment adoptée sur l'origine des sources salées. Le gypse grenu, blanc- grisâtre, rarement anhydre (mu- riacite), se trouve par couches plus ou moins épaisses dans le salzthon; il y abonde plus que dans le sel gemme; tou- jours son volume est de beaucoup inférieur à celui de l'ar- gile. Quelquefois le gypse est mêlé de calcaire fétide et de cristaux de chaux carbonatée magnésifère (rauten- ou bit- terspath). Lorsque le sel ne forme pas de véritables bancs ou des masses cristallines continues, il se trouve dans l'argile comme amas entrelacé (Stockwerk) , c'est-à-dire, en petits filons qui se croisent, se renflent et se traînent dans tous les sens. Ses fibres sont perpendiculaires au mur et au toit des filons (Berchtolsgaden). D'autres fois le sel est réparti par couches très-minces, parallèles entre elles, variées de cou- leur, sinueuses, généralement verticales (Hallstadt etHallein), rarement inclinées de moins de oo" ( Aussee). Partout où le gypse grenu manque entièrement dans le salzthon, on le trouve remplacé par des cristaux épars de gypse spéculaire. Toute cette formation salifère renferme quelquefois disséminées des pyrites , de la blende brune et de la galène, AZipaquira, IND 269 dans l'Aménque méridionale (mine de Rute) , les pyrites et la chaux carbonatce ferrifère forment des concrétions par- ticulières en sphéroïdes aplatis, de 18 à 20 pouces de dia- mètre : ces sphéroïdes sont empâtés dans le salzthon , et ont au centre des creux de 3 à 4 pouces, remplis de fer spathique cristallisé. Je n'ai point observé ce phénomène singulier dans les mines de sel gemme d'Allemagne, de Pologne et d'Espagne „ que j'ai visitées; mais la fréquence des pyrites dans l'argile muriatifère jette quelque jour sur l'odeur d'hydrogène sul- furé qu'exhalent si souvent les sources salées. La galène ne se montre qu'en parcelles dans le dépôt salifère de Hall en Tyrol ; mais elle s'est développée en grandes masses dans les montagnes de sel gemme (rouge-blanc et gris -noirâtre) à travers lesquelles se sont frayé un chemin, sur une distance de deux lieues, le Rio Guallaga et le Rio Pilluana (province péruvienne de Chachapoyas, sur la pente orientale des Andes). Les dépôts de sel dans les deux continens se trouvent gé- néralement à découvert, comme les formations d'euphotide et de serpentine. Quelquefois ils supportent de petites cou- ches de gypse et de calcaire fétide qui leur appartiennent exclusivement. 11 n'est par conséquent pas facile de pro- noncer sur l'âge relatif des dépôts muriatifères. La formation principale ( Hauptsalzniederlage) me paroît évidemment ap- partenir au zechsti^in ou calcaire alpin; mais cette assertion n'exclut pas la probabilité que d'autres formations partielles se trouvent intercalées aux terrains de transition, peut-être même aux terrains tertiaires. Les houilles, les oolithes et les lignites se sont aussi développés à des époques très-différentes les uns des autres ; et cependant les gites principaux de ces trois substances sont lé grès rouge , le calcaire du Jura et l'argile plastique. Pour traiter cet objet dans sa plus grande généralité, je vais indiquer successivement, d'après 1 état actuel de nos connoissances, les diverses formations de sel gemme dans le calcaire de transition , dans le zechstein et le grès bigarré avec argile. Le gypse anhydre de Bex , qui renferme du sel gemme disséminé et de petites couches subordonnées de grauwaoke ^ appartient, selon les observations de MM. de Buch et Char- pentier , au calcaire de transition , mais probablement aux 270 IND dernières couches des terrains intermédiaires. De ce même âge paroissent être aussi le gypse salifère de Colancolan (à l'est d'Ayavaca, Andes du Pérou), mêlé, comme le calcaire de transition de Drammen (Norwége) , de trémolithe asbestoïde ; les petits dépôts de S. Maurice (Arbonne en Savoie), et, d'après M. Cordier, la montagne desel de Cardona en Espagne. Le gypse anhydre caractérise particulièrement ces dépôts sali- féres du terrain de transition. Dans l'Allemagne méridionale, sur les bords du Necker (Sulz au-dessus de Hcilbronn ; Frie- drichshall , entre Kochendorf et Jaxtfeld ; Wimpfen , au- dessous de Heilbronn) , on a découvert par des sondes de 245 et de 760 pieds de profondeur, du sel gemme dans le zechstein. Les beaux travaux de MM. Glenk et Langsdorf ne laissent pas de doute à ce sujet. A Sulz on a percé successi- vement le muschelkalk , la formation d'argile et de grès bi- garré, un zechstein poreux, mais de très-peu d'épaisseur, et le grès rouge , reposant sur le granité de la Bergstrasse et du Schvvarzvvald. A Friedrichshall et à Wimpfen, d'après les observations judicieuses de M. de Schmitz, les couches supé- rieures au zechstein manquent entièrement , et l'on a trouvé dans celui-ci, qui est gris-bleuàtre et que, par cette raison, on a souvent confondu avec le calcaire de transition, des couches alternantes de sel gemme, d'argile salifère, et de gypse blanc et grisâtre. Dans le grand -duché de Bade, le dépôt salifère paroit recouvert (Heinsheim près Wimpfen, sur le Necker; Stein , Muhlbach et Beyerthal, dans la vallée du Rhin; Kandern, dans le Schwarzwald) des mêmes roches dont on a reconnu la série à la saline de Sulz. Je crois pouvoir citer encore comme une preuve bien évi- dente du gisement de la grande formation de sel gemme dans le zechstein ou calcaire alpin , la partie septentrionale du plateau de Santa-Fé de Bogota, où la mine de Zipaquira (Rute, Chilco etGuasal) se trouve à i58o toises d'élévation au-dessus du niveau de la mer. Ce dépôt salifère, de plus de i3o toises d'épaisseur, est recouvert de grandes masses de gypse grenu, gypse que l'on voit intercalé, sur plusieurs points très-voisins de la mine , au zechstein supporté par le grès rouge ou houiller. 11 n'y a que sept lieues de distance depuis la mine de charbon" de terre de Canoas et la mine IND 271 de sel gemme de Zipaquira. D'autres dépôts de houilles (Suba, Cerro de Tunjos) sont plus rapprochés encore, et l'on voit le grès rouge, qui est très-quarzeux, sortir immé- diatement sous l'argile salifère de Zipaquira. Dans le Salzbourg, en Tyrol et en Styrie , il ne m'est resté jamais aucun doute, depuis les premiers temps que j'ai visité ces contrées , sur la liaison intime du sel gemme avec le zechstein. Beaucoup de géognostes célèbres (MM. de Buch et Buckland) partagent cette opinion : mais il faut convenir que, partout où l'âge du calcaire n'est pas suffisamment ca- ractérisé par la présence du grès houiller, et partout où le recouvrement du dépôt salifère par des couches d'un âge connu n'est pas évident, le résultat des observations ne peut offrir une entière conviction. Dans la mine de Hall près.d'Ins- pruck. , on voit (galerie de Mitterberg) le dépôt de sel gemme immédiatement recouvert par la formation calcaire qui constitue la chaîne septentrionale des Alpes du Tyrol. Ce calcaire passe du blanc grisâtre au gris bleuâtre ; les nuances plus obscures sont souvent fétides. Il est générale- ment compacte, quelquefois un peu grenu à petits grains, et traversé par des veines de spath calcaire blanc. Ces veines sont considérées par quelques géognostes, et peut-être d'une ma- nière trop absolue, comme caractérisant le calcaire de tran- sition. La roche n'alterne nulle part ni avec le thonschicfcr intermédiaire, ni avec le grauwackc : elle forme (Wallersée) des couches sinueuses et arquées, comme le calcaire du lac de Lucerne. M. de Buch y a trouvé fréquemment des pétri- fications de turbinites très-petites. C'est le seul endroit en Europe où j'ai vu une grande formation calcaire recouvrir immédiatement le sel gemme. Je la crois du zechstein , d'après des analogies de position et de structure ; je l'ai vue passer quelquefois (Schlossberg près Séefeld; Scharnitz) à un calcaire compacte ayant la cassure matte, égale ou conchoïde, à cavités très-aplaties , semblable au calcaire lithographique de la for- mation du Jura (lias). Les poissons pétrifiés qu'on rencontre entre Séefeld et Schonitz dans une marne bitumineuse, éloi- gnent encore plus le calcaire de Hall des calcaires de transi- tion; cependant, pour le caractériser indubitablement comme zechstein , il fuudroit le voir reposer sur le grès rouge (todt- 373 IND liegende) , qui , d'après les observations de MM. Uttînger et Keferstein , paroît superposé aux roches intermédiaires entre le Ratenberg et Hering, comme près des anciennes mines de Schwatz. A Hallstadt (Tcirringcr Berg) et à Iscliel, nous avons vu, M. de Buch et moi, le calcaire alpin analogue à celui de Hall, mais avec des teintes plus claires, souvent rougeàtres, et plus abondant en pétrifications , superposé au gypse qui couAre les dépôts de sel gemme. Cette superposi- tion est moins évidente à Hallein (mine du Durrenberg) et à Berchtesgaden : le gypse qui couvre Targile salifère , se cache sous une poudingue calcaire (nagelfluhe) du terrain tertiaire. Les dépôts de Hallein et de Berchtesgaden m'ont paru , comme celui de Wieliczka en Pologne, non intercalés au zechstein , mais superposés à cette formation. Je les crois postérieurs à la grande formation de houille,- mais le grés rouge manque dans kur voisinage, et le calcaire du pays de Salzbourg est immédiatement superposé (vallée de Ramsau) au grauwacke. M. Buckland regarde les calcaires qui cou- vrent l'argile salifère à Hallstadt, et même à Bex, comme appartenant au lias, qui est l'assise inférieure du Jura. Après le sel gemme des gypses anhydres de transition et après celui du zechstein vient, selon l'âge des formations, le sel du grès bigarré, ou, comme on dit plus exactement, du terrain d'argile et de grès bigarré. Ce terrain arénacé, appelé par les géognostes anglois nouveau grès rouge et marne rouge {new red sandstone and red mari), renferme les dépôts de sel (Northwich) de l'Angleterre: il en renferme aussi en Alle- magne, soit près de Tiède (entre Wolfenbiittel et Brunswick), où MM. Haussmann et Schulze ont trouvé de petites masses de sel disséminées dans l'argile rouge du grès bigarré ooli- thique; soit à Sulz (royauiiie de AVurtemberg ), où, avant d'avoir atteint les sources salées dans le zechstein , on a ren- contré immédiatement sous le muschelkalk, à 460 pieds de profondeur, des rognons ou nids de sel dans une argile marneuse (red mari). Cette argile recouvre , dans une épaisseur de 210 pieds, le grès bigarré auquel elle appar- tient. Comme tout près de Sulz ( àFriedrichshall et \\ im- pfen) le sel gemme alterne avec des marnes et du gypse in- tercalés au zechstein, on ne peut douter de l'aflinité géo- IND 275 g'nostique qui existe entre les deux formations du zechstein et du grès bigarré. Les marnes et argiles salifères avec gypse grenu se trouvent placées tantôt entre le zecbstein et le grès, tantôt dans l'une et l'autre de ces formations. C'est aussi au terrain d'argile et de grès bigarrés qu'appartiennent et le sel gemme de Pampelune en Espagne, examiné par M. Dufour, et le riche dépôt découvert, en 1819, en Lorraine près de Vie. Ce terrain d'argile bigarrée de Vie renferme de petites couches de muschelkalk, et est recouvert à son tour de cal- caire jurassique. L'influence qu'une connoissance plus appro- fondie du gisement des roches a eue dans ces derniers temps sur les découvertes du sel en Souabe, en France et en Suisse (Églisau, canton de Zuric), est un phénomène bien digne de remarque. Je doute qu'on ait Jusqu'ici des preuves bien certaines de- là présence du sel gemme dans le muschelkalk; car il ne faut pas, comme nous le verrons bientôt, déduire ce gisement de la seule présence des sources salées. Le muschelkalk, dans ses couches inférieures, alterne avec la formation d\irgile et de grès bigarré : comme il renferme aussi quelquefois (Sulz- bourg près Naumbourg) des marnes avec gypse fibreux, il ne seroit pas bien surprenant que l'on y découvrît quelques dépôts salifères. Des traces de ces dépôts ont été observés , près de Kandern , dans le calcaire jurassique. Existe -t-il des couches de sel dans les terrains tertiaires au-dessus de la craie? Plusieurs phénomènes géognostiques peuvent le faire supposer ; et l'on devroit presque être surpris que les dernières irruptions de l'océan dans les continens n'aient pas produit sinon des couches de sel gemme, du moins de l'argile salifère. Cependant, dans l'état actuel de nos coa- noissances, le problème que nous agitons n'est pas suffisam- ment éclairci. M. Steffens regarde les gypses à boracites de Luiiebourg et de Seegeberg (Holsteiu) comme supérieurs à la craie. Le second de ces gypses contient de petites masses de sel gemme disséminées; le premier donne naissance à des sources salées très- riches et très-abondantes. D'autres géo- gnostes croient la formation gypseuse à boracites beaucoup plus ancienne que le gypse à ossemens du terrain tertiaire , et presque identique avec les gypses du zechstein et du grés ;j3. ' iS 274 IND bigarré. Les immenses dépôts saliféres de Wicliczka et de Bochnia , ceux qui s'étendent depuis la Galicie jusqu'à la Bukowine et en Moldavie, paroissent reposer immédiate- inent sur le grès houiller, renfermant à la fois (et ce fait est assez extraordinaire) du gypse anhydre, des tellines, des coquilles uuivalves cloisonnées, des fruits à l'état charbon- neux , des feuilles et des lignites ; ces dépôts ne sont recou- verts que de sables et de grcs micacés. M. Beudant, dans son important ouvrage sur la Hongrie, semble pencher vers l'opinion que ces sables et ces grès sont analogues à la mo- lasse d'Argovie , et que toutes les formations saliféres avec lignites de la Galicie pourroient bien être contemporaines avec Targile plastique (grès à lignites) du terrain tertiaire, placée entre la craie et le calcaire grossier de Paris (cal- caire à cérites). Ces bois bitumineux de Wieliczka, exha- lant l'odeur de truffes, méritent sans doute beaucoup d'at- tention ; et si Ton veut admettre qu'ils ne se sont mêlés qu'accidentellement au sel gemme et qu'ils sont venus des couches sablonneuses superposées, il faut encore eji con- clure que le sel gemme et les sables sont d'une origine très- rapprochée. Mais la présence des lignites est-elle une preuve bien convaincante de la grande nouveauté d'une couche? J'en doute. Nous savons que des lignites et des empreintes de feuilles dicotylédones se trouvent bien au-dessous de la craie, et dans les couches inférieures du calcaire du Jura (calcaire à gryphées arquées ; Le Vay, Issigny, prcsdeCaen), et dans le quadersandstein , et dans les petites couches charbon- neuses et marneuses ( lettenkohle) du muschelkalk, et dans le giès big.irré de l'Allemagne , auquel appartiennent aussi les schistes argentifères du Frankenberg (Hesse). 11 faut dis- tinguer avec soin les bois siliceux et pétrifiés des vrais lignites ou bois bitumineux (braunkohle); et si l'on ne reconnoit que bien rarement ceux-ci dans les argiles du grès bigarré, on les trouve bien moins encore dans le zechstein , dont les marnes cuivreuses renfermeut seulement des fruits pétrifiés. Dans la Toscane on voit les sources salées du Volterrannois sourdre, d'après M. Brongniart, de couches marneuses qui alternent avec du gypse grenu ( albâtre j et qui sont immé- diatement recouverl«s d'un terrain tertiaire. Quoiqu'il pu- IND 376 roisse presque impossible de prononcer sur l'âge des formations non recouvertes , plusieurs rapports de giseinens que j'ai eu occa- sion d'observer dans le nouveau continent, me rendent pro- bable l'existence des dépôts de sel dans le terrain tertiaire. Je ne citerai pas les montagnes de sel gemme dans les vastes plaines au nord-est du Nouveau -Mexique , que M. Jcfferson a fait connoitre le premier, et qui paroissent liées au grès houillerj mais d'autres dépôts très-problématiques, savoir, les argiles salifères superposées à des conglomérats trachy tiques de la Villa d'Ibarra (plateau de Quito, à 1 1 go toises de hauteur), les énormes masses de sel exploitées à la surface de la terre ( déserts du Bas-Pérou et du Chili ) dans les steppes de Buenos- Ayres et dans les plaines arides de l'Afrique, de la Perse et de la Transoxane. Près de Huaura (entre Lima et Santa , sur les côtes de la mer du Sud) j'ai vu le porphyre trachytique percer les couches du sel gemme le plus pur. L'argile muria- tifére d'Araya (golfe deCariaco), mêlée de gypse lenticulaire , paroit placée enivi;: le calcaire alpin de Cumanacoa , et le calcaire tertiaire du Barigon et de Cumana. Sur tous ces points le sel est accompagné de pétrole et d'asphalte en- durci. En comparant les dépôts de sel gemme d'Angleterre (à 5o toises), de Wieliczka ( 160 t. ), deBex (220 t.) , deBerch- tolsgaden (55ot.), d'Aussce (460 t.), d'ischel (/,g6 t.), de Hallein (620 t.), de Hallstadt (660 t.), d'Arbonne en Savoie (760 t. p) et de Hall en Tyrol (800 t.), M. de Buck a judicieusement observé que la richesse des dépôts diminue en Europe avec la hauteur au-dessus du niveau de l'océan. Dans les Cordillères de la Nouvelle - Grenade , à ZIpaquira, d'immenses couches de sel gemme, non interrompues pai' dePargile, se trouvent jusqu'à 1400 toises d'élévation, il n'y a que la mine de Huaura, sur les côtes du Pérou, qui m'aii paru encore plus riche : j'y ai vu exploiter le sel en dales , comme dans une carrière de marbre. En Thuringe, un des pays dans lesquels on a reconnu, le premier, la succession et l'âge relatif des roches, on a cru long-temps que les sources salées sont plus fréquentes dans le gypse grenu du zcchstein que dans le gypse fibreux et ar- gileux du grès bigarré , et on a regardé le premier comme 27^ IND exclusivement salifère. Les cavernes naturelles du gypse infé- rieur (salzgyps et schlottengyps) ont même été considérées comme des cavités jadis remplies de sel gemme. En hasar- dant ces hypothèses, fondées sur un trop petit nombre d'ob- servations, Ton a oublié que les dépôts de sel sont beaucoup moins caractérisés par le gypse grenu que par une argile (salzthon) très-analogue à l'argile du gypse supérieur ou iibreux. Les sources salées , ou jaillissent réunies par groupes, ou se succèdent par bandes (traînées) sinueuses et diverse- ment alignées. La direction de ces fleuves souterrains paroit indépendante des inégalités de la surface du sol. Telle est la circulation des eaux dans l'intérieur du globe, que les plus salées peuvent souvent être les plus éloignées du lieu oh elles dissolvent le sel gemme. Un haut degré de salure ne prouve pas plus la proximité de cette cause , que la violence des tremblemens de terre ne prouve la proximité du feu volcanique. Les sources s'engoufrent tantôt dans des couches inférieures ; tantôt , par des pressions hydrostati- ques, elles remontent vers les couches supérieures. Ce n'est pas leur position seule qui peut nous éclairer sur le gisement des dépôts salifères. Nous conncissons des sources salées , en Allemagne, dans le grauwacke schisteux du terrain de tran- sition ( VVerdohl en \\'estphalie) ; dans le porphyre du grès rouge ( Creuznach ) : dans le grès rouge même ( Neusalz- brunnen piès Waldenburg) ; dans le gypse du zechstein ( Friedrichshall près Heilbronn ; AVimpfen sur le Necker ; Durrenberg? en Thuringe) ; dans la formation d'argile et de grès bigarré (Dax, en France ; Schônebeck, Stasfurth , Salz der Helfien, en Allemagne) , et dans le muschelkalk (Halle? en Saxe; Siildorf, Harzburg). On peut ajouter à cette énu- mération le calcaire du Jura (Butz, dans le Frickthal), et peut-être la molasse (grès tertiaire à lignites) de Suisse (Eglisau; essais de sonde de M. Glenck). Dans la recherche du sel gemme il ne faut pas confondre de véritables dépôts avec ces petites masses que des sources très-salées peuvent avoir déposées accidentellement, par évaporation , sur les fentes des rochers. Gjp&€ et calcaire fétide. Des formations de gypse postérieur au gypse de transition (§. 20) se montrent dans toutes les for- IND 277 mations calcaires au-dessus du grès rouge, dans le zechstein , dans le grès rouge même , dans le musckelkalk (très-rarement), dans le calcaire du Jura et dans le terrain tertiaire. Le gypse (untcrer gyps , schlottengyps de Werner) qui appartient au zechstein , se trouve moins en couches très-étendues qu'en amas irréguliers; souvent (Thuringe) il est superposé au zechstein et recouvert par le grès bigarré. Il est compacte ou grenu, et alterne avec le calcaire fétide (stinkstein), tandis que le gypse du grès bigarré (obérer gyps, thongyps de Werner) est plutôt fibreux et mêlé d'argile. Ces caractères de structure et de mélange ne sont cependant pas généraux. Nous avons rappelé plus haut que, dans les gypses salifères du zechstein, Tar- gile (salzthon) prend un développement extraordinaire. D'un autre côté, le gypse fibreux et argileux du grès bigarré offre aussi quelquefois des masses grenues (albâtre de Reinbeck, en Saxe), des brèches de calcaire fétide, et des cavités spacieuses (gypsschlotten) : trois phénomènes qui caractéri- sent plus généralement le gypse du zechstein. Tous ces phénomènes prouvent l'intimité des rapports qui lient les deux grandes formations salifères, le calcaire alpin et le grès bigarré avec argile. Sous la zone équinoxiale du nouveau continent j'ai vu de fi'équens exemples de couches de gypse intercalées ou superposées au zechstein : dans les LIanos de Venezuela (Orliz, MesadePaja, Cachipo); dans la province de Quito (plateau de Cuença près Money et entre Chulcay et Nabon ) ; dans le plateau de Bogota (Tunjuellos, Chccua , et à plus de 1600 toises de hauteur au-dessus du niveau de la mer, à Cucunuva) ; dans les plaines de l'Ama- zone (Quebrada turbia près Tomependa) ; au Mexique, entre Chilpansingo et Cuernavaca (près de Sochipala), et dans les montagnes métallifères deTasco et de ïehuilotepec. Les couches de calcaire fétide sont ou subordonnées au gypse et à l'argile muriatifère que renferme le zechstein ^ ou elles se présentent comme le résultat d'une accumula- tion accidentelle de bitume dans la roche du zechstein même. Cette accumulation donne lieu à des sources de goudron minéral , et peut-être aussi à ces feux d'hydrogène qui sor- tent du calcaire alpin, en Europe, dans les Apennins (Pietr^ Mala, Barigazzo) ; en Amérique, dans les montagnes ^78 IjND de Cumanacoa (Cuchivano, lat. lo" C). Le calcaire fétide se trouve aussi, mais beaucotip plus rarement, dans le grès bigarré et dans le muschelkalk (couclies à béicmnitcs de Gœftinguep). La cendre {asclie) et le rauhkalk des mineurs de Thuringe ne sont que des variétés pulvérulentes ou cris- tallines et poreuses du calcaire fétide appartenant au zech- stein. Comme le calcaire fétide est en Europe constamment dépourvu de pétrifications , je rappellerai ici que dans les plaines de la INouvelle- Grenade (vallée du Rio Magdalena, entre Morales et l'embouchure du Cafio Morocojo), M. Bonpland a trouvé, dans une variété de cette même roche, qui étoit noir-grisàtre , un peu brillante à l'extérieur, forte- ment bitumineuse et traversée de veines de spath calcaire blanc, des térébratulites et des pectinites. Calcaire magnésifère. 11 faut distinguer, en géognosie, entre les couches intercalées au ?echstein (gypse, sel gemme, sul- fure de plomb), dont la composition chimique diffère entiè- rement de celle de la roche principale, et les modifications par- tielles de cette même roche. Les modifications qui aifectent la structure (le grain plus ou moins cristallin, la forme oolithique, la porosité) et le mélange (calcaire magnésifère, calcaire ferrifère), sont moins importantes qu'on ne pour- Toit le supposer au premier abord. On en trouve des analo- gies dans des formations d'un âge très-différent : elles carac- térisent certains terrains dans des cantons de peu d'étendue; mais, lorsqu'on compare des réglons très - éloignées , on voit qu'elles ne les caractérisent pas même autant que les couches intercalées qui sont chimiquement hétérogènes. En Angle- terre, la grande masse de calcaire magnésifère (magnesian limestone, red-land-limestone de M. Smith), souvent pétrie de madrépores ( Mendiphills près Bristol) et liée à une brèche calcaire ou à des couches celluîeuses (Yorckshire) sem- blables au rauchvvacke, est sans doute parallèle au ?.ech- stein; elle est placée entre les formations de houille et de sel gemme : cependant, en Angleterre, comme dans quelques parties du continent, d'après les recherches de MM. Buck- Jand , Brongniart, Beudant, Conybeare, Grccnough et Phi- lipps, le mélange de magnésie et de chaux carbonatée , dont Arduin a reconnu l'existence dans le Vicentin dès IND .-^79 Tannée 17(30, se rencontre également dans le grès bigarré avec argile ( red-marl), dans le calcaire oolithique du Jura, dans la craie et dans le calcaire grossier (parisien) du terrain tertiaire. Peut-être même qu'en Hongrie et dans une partie de l'Allemagne les calcaires magnésifères appar- tiennent plutôt au grès bigarré et aux formations oolithi- ques du Jura qu'aux zechstein. Ces roches sont en général jaune de paille (de Sunderland à Nottingham ) ou blanc- rougeàtre, tantôt compactes, tantôt un peu grenues, nacrées et brillantes dans la cassure ; quelquefois on les trouve celluleuses et traversées par des veines de spath calcaire. Elles font une effervescence lente avec les acides, et, comme la véritable dolomie des terrains primitifs, elles ne forment souvent que de minces couches dans un calcaire non magné- sifère. Si, dans le magncsian limestone et dans le red-marl avec sel gemme , deux formations placées entre le dépôt houiller et le dépôt oolithique , on reconnoit en Angle- terre le zechstein et le grès bigarré du continent, il ne faut pas oublier qu'en Allemagne et en Hongrie le zech- stein est lié au grès rouge ou grès houiller, tandis qu'en Angleterre le dépôt de houille se trouve généralement en gisement discordant avec le magnesian limestone, et qu'il y appartient presque encore au terrain de transition. Les trois grands dépôts de houille, de 5e/. et (Voolithes , qui servent, pour ainsi dire, de repaires au géognoste, lorsqu'il essaie de s'orienter dans un pays inconnu, sont partout placés de même ; mais l'enchaînement mutuel des formations et le degré de leur développement varient selon les localités. Lorsqu'en Angleterre, par la suppression du nouveau conglo- mérat rouge ( todtes liegende), le calcaire magnésifère (zech- stein) repose immédiatement sur le dépôt de houilles (Dur- ham, Northumberland) , la houille est regardée comme d'une qualité inférieure. Calcaire ferrif ère , raucnwacle et calcaire à grjpliites. Le cal- caire ferrifère ( eisenkalk , zuchtwand) est une roche bru- nâtre ou jaune -Isabelle , tantôt compacte, tantôt grenue et caverneuse, pénétrée de fer spathique, formant des couches dans l'assise supérieure du zechstein (Cammsdorf, Schmal- italden, Henneberg). EUle est quelquefois traversée par les .80 INt) schistes cuivreux , et prend un tel développement qu'elle rem- place toutes les assises inférieures du zechsfein. Lorsqu'elle devient gris-noirâtre, chargée de hilume et caverneuse , on lui donne en Allemagne le nom de rauclm'acke. Les cavités du rauchwacke sont anguleuses, longues et étroites, tapis- sées de cristaux de carbonate de chaux. Cette petite forma- lion partielle , que M. Karsten , dans sa Classification des Tioches , avoit confondue avec la partie caverneuse et spon- gieuse du calcaire du Jura, est quelquefois magnésifère , imparfaitement oolithique (Cresfeld), et mtlée de quarz grenu. La pierre fétide, le calcaire i'errifère et le rauch- wacke sont intimement liés entre eux. C'est au rauchwacke aussi qu'appartient en grande partie cet amas de gryphites (G. aculeatus) que l'on appelle calcaire à grjpliées épineuses f gryphitenkalk), qui caractérise le zechstein et qui (comme jious le verrons plus bas) forme une couche plus ancienne que le calcaire à pyphées arquées, qui est une des assises infé- rieures du calcaire du Jura. Grès. Partout oîj le zechstein ou calcaire alpin s'est déve- loppé seul en grandes masses, et n'est par conséquent pas Sntercalé au grès rouge , les couches de grés sont très- rares. J'en ai reconnu cependant quelques-unes dans les montagnes de Cumana (Impossible, Tumiriquiri). Ce grès intercalé au y.echstein est extrêmement quarzeux , dépourvu de pétrifica- , lions, et alterne avec des argiles brun -noirâtre. M. de Buch a observé un phénomène entièrement analogue en Suisse, dans le calcaire alpin du Molesson et dans celui du Jaunthal près de Fribourg. Dans les Cordillères du Pérou, près de Huancavelica , à plus de 2000 toises d'élévation au-dessus du niveau de l'océan (mine de Santa-Barbara), une immense couche de grès aussi quarzeux qvie le grès de Fontainebleau , et renfermant un dépôt de mercure, forme une couche dans le calcaire alpin. Môme le zechstein de Thuringe offre quel- quefois de petites couches de grès, extrêmement quarzeuses , qui traversent le schiste cuivreux. Une marne arénacée (weissliegende) se trouve sur les limites du zechstein et du grès rouge. Elle varie beaucoup dans sa composition , et rappelle les bancs de grès du Tumiriquiri dans l'Amérique méridionale. Le weissliegende de Thuringe est généralement IND 281 calcarîfère, et renrerme des grès et des conglomérats siliceux. M. Freiesleben y a trouvé (Helbra) des concrétions globu- leuses semblables à celles que j'ai recueillies dans Targile salilere du zechstein de Zipaquira. Nous rappellerons, à cette occasion, que le calcaire alpin des Pyrénées n'est pas seule- ment mêlé de sable et de mica, mais qu'il renferme aussi des bancs de grès argileux. Plomb sulfuré, fer hydraté, calamine, mercure. Ces quatre petites formations métalliques caractérisent le zechstein dans les deux hémisphères. La galène argentifère commence déjà à se montrer en petites masses dans le schiste cuivreux de la Thuringe: mais, en Silésie et en Pologne, elle forme (Tarno- ^vitz, Bobro\vnik, Sacrau , Olkusz, Slawkow) des couches très-étendues dans le zechstein, par conséquent au-dessus du riche dépôt de houille de Ratibor et de Bcuthen. Dans ces mômes contrées les couches de fer hydraté (Radzionkau) et de calamine (Piekary), parallèles entre elles, sont d'une ori- gine plus récente que la couche de fer sulfuré argentifère de Tarnowitz. Déjà dans le calcaire grenu et dépourvu de coquilles, qui couvre cette dernière couche, on trouve dis- séminé dans des cavités alongées de petites masses de fer brun et de zinc oxidé concrétionné. Près d"llefeld au Harz fout le zechstein est imprégné de celle dernière substance. Quant aux couches de galène et de calamine du Sauer- land, de Brilon , d'Aix- la- chapelle et de Limbourg , elles semblent, d'après les discussions judicieuses de MM. de Rau- mer et Nœggerath , malgré leur analogie apparente avec les formations de la Haute -Silésie, appartenir aux terrains de transition les plus récens. On diroit que dans les deux continens il existe une affinité géognostique (ou de gise- ment) bien remarquable entre les roches calcaires et le plomb sulfuré plus ou moins argentifère : nous voyons ce dernier eh Europe dans le calcaire intermédiaire ( tiions de Schwatz en Tyrol , et du mountain-limestone de Northum- berland , de Yorck et du Derbyshire), et dans le calcaire alpin (couches de la Haute-Silésie et delà Pologne; magnesian limcstone deDurham). Sur le plateau de la NouvePe-Espagne les minerais de plomb du district de Zimapan (Real del Cardo- nal , Lomo del Toro), de même que celles de Liïïarès et du 282 IND Nouveau-Saint-Ander, appartiennent aussi à des calcaires qui sont mêlés de pierre fétide et qui succèdent immédiatement à la formation houillère. La calamine se rencontre dans le calcaire magncsifère de l'Angleterre (Mendiphills) comme dans le zechstein de la Haule-Silésie. Quant aux couches argileuses de fer hydraté . elles onVe.il, dans le calcaire alpin des Andes du Pérou, un caractère particulier; elles sont intimement mêlées d'ar- gent natif filiforme et de muriate d'argent. Ce mélange de fer oxidé et d'argent, que nous avons fait connoitre, M. Klaproth et moi , est connu sous le nom de pacos : il se trouve dans la partie équinoxiale des deux Amériques, remplissant la partie supérieure des filons , et présente dans cette posi- tion une analogie bien remarquable avec les masses terreuses et ochracées (non argentifères) que les mineurs de l'Europe désignent vulgaireuient par le nom de chapeau de fer des filons (eiserne Hut). Le plus riche exemple que je connoisse d'une couche de pacos dans le calcaire alpin, est le dépôt de la montagne de Yauricocha ( Cerro de 13ombon, Cordillère péruvienne de Fasco), situé à plus de 1800 toises de hauteur absolue. Quoique les exploitations de ce gite de fer oxidé, qui abonde en argent, n'aient généralement atteint jusqu'ici que la profondeur de i5 à 20 toises, elles ont fourni, dans les dernières vingt années du dix-huitième siècle, plus de cinq millions de marcs d'îirgent. Aux yP"x f^» géognos(e expéri- menté ce gîte remarquable n'est qu'un développement par- ticulier des couches de fer hydraté que présente le zechstein de la Haute -Silcsic, et qui passent quelquefois (Pilatus et Wallensée en Suisse) au fer lenticulaire. La présence simultanée du mercure dans le grès houiller et dans le calcaire alpin ajoute aux rapports que nous avons indiqués entre ces deux formations. En Carniole (Idria), le minerai de mercure se trouve, d'après MM. Héron de Ville- fosse et Bonnard , dans un schiste marneux semblable aux marnes cuivreuses du Mansfeld. Au Pérou , près de Huan- cavelica , le cinabre est en partie disséminé dans le grès ex- trêmement quarzeux qui forme une couche (Pertinencias del Brocal , de Comedio et de Cochapafa , mine de Santa-Barbara ) dans le calcaire alpin; en partie il remplit des filons (mon- IND =83 tagne de Sillacasa) qui se réunissent en amas et {raversent immédiatement le calcaire alpin. Après avoir nommé cette grande variété de véritables couches que renferme la formation dont nous tâchons de faire connoifre les rapports de gisement, de structure et de com- position, il me reste à indiquer les substances qui s'y trou- A'ent simplement disséminées. Je me bornerai à nommer le silex, le cristal de roche et le soufre. Le silex commun (hornstein), très-rare dans le zechstein des plaines (Thuringe), caractérise ce même terrain dans la région alpine des Pyrénées, de la Suisse (Mont Bovon, la Rossinière) , du Salzbourg et de la Styrie ( au-dessus deHall- stadt ; Potschenberg; Goisernj; il passe souvent au jaspe et au silex pyromaque (feuerstein). En Europe, le silex du calcaire alpin ne se trouve que par rognons ou par nodules souvent disposés sur une même ligne; mais, dans les Cor- dillères du Pérou , au milieu des riches mines d'argent de Chota (près de Micuipampa , lat. austr. 6° 43' 3S"), le silex forme une couche d'une épaisseur prodigieuse. La montagne de Gualgayoc, qui s'élève comme un chàfeau fort sur un plateau de i8oo toises de hauteur, en est entière- ment composée. Le sommet de cette montagne est terminé par une innombrable quantité de petits rochers pointus , ayant chacun de larges ouvertures que le peuple appelle fenêtres (venlanillas). Le silex (panizo) de Gualgayoc est un hornstein écailleux, blanc-grisàtre , à cassure matie, souvent unie, intimement mêlé de fer sulfuré. 11 passe tantôt au quarz, tantôt à la pierre à fusil. Dans le premier cas il est celluleux , à cavités irrégulières, tapissées de cristaux de quarz. De grandes masses de ce panizo, dans lequel des filons d'argent gris et rouge et des filons de fermagnétique forment des amas entrelacés d'une richesse extraordinaire, ressemblent au calcaire siliceux du terrain tertiaire de Paris ; mais on voit clairement, dans plusieurs de ces mines (Choropampa, à l'est du Purgatorio près du ravin de Cliiquera), que ce iiornstein métallifère est une couche de forme irrégulière, inlercalée au zechstein ou calcaire alpin. Il enchâsse de grandis mt-sses calcaires, et alterne quelquefois (Socabon de Espinachl) avec cette même argile brun-noii'àtre et schisteuse que l'on 284 J^D trouve dans le calcaire alpin de Montan . et qui rend les filons entièrement sîériles. Le liornstein est dépourvu des coquilles qui abondent o'ans la roche principale et qui rem- plissent même quelquefois les filons. Une énorme masse de matière siliceuse, qu'on trouve comme fondue au milieu d'un calcaire secondaire, à couches arquées et renfermant des ammonites de 8 — lo pouces de diamètre, est sans doute un phénomène géognostique bien remarquable. Existe-t-il (environs de Florence) des rognons de silex corné dans les calcaires de transition ? De quel âge sont les calcédoines et les jaspes disséminés dans les Monti Madoni de Sicile? Le calcaire alpin de Cumanacoa (Amérique méridionale) renferme, comme celui de Grosbrner (Thuringe), des cristaux de roche disséminés. Ces cristaux ne se trouvent pas dans des cavités, mais enchâssés dans la roche , comme le feldspath Test dans le porphyre , et comme le cristal de roche ou le bo- racite le sont dans des gypses modernes. Le soufre natif, que nous avons déjà vu dans le quarz grenu du terrain primitif et dans le gypse de transition (Sublin près de Bex), reparoît dans le calcaire alpin (Py- rénées , près d'Orthès et près de la forge de Bielsa ; Sicile , Val de Noto et Mazzara), et dans le gypse feuilleté (Nou- velle-Espagne, Pateje près Tecosautla ) qui appartient à cette dernière formation. Cependant la majeure partie du soufre dont abondent les régions équinoxiales de l'Amérique , se rencontre dans les trachytes porphyriques et dans les ar- giles du terrain pyrogène. Les opérations de Bouguer et de La Condaminc ayant été faites dans une portion des Andes où dominent les forma- tions de trachytes, il s'est répandu en Europe, parmi beau- coup de fausses idées sur la structure des Cordillères, celle de l'absence des coquilles et des formations calcaires dans la région équinoxiale. Encore vers la fin du dix- huitième siècle. l'Académie des sciences invita M. de La Peyrouse {Voyage, T. I, p. 169) de rechei'cher, «s'il est vrai que « près de la ligne, ou plus que l'on s'en approche, les mon- « tagnes calcaires s'abaissent jusqu'à n'être plus qu'au niveau « de la mer. ^^ Dans des ouvrages plus récens (Greenough, Crit. examination of Geologj , p. 18b) on révoque en doute IND 285 /'existence des ammonites et des bélemnifes dans l'Amérique du Sud. En faisant connoître la superposition des roches en différentes parties du nouveau continent, j'ai in^liqué à quelle hauteur prodigieuse s'élèvent les couches coquilliéres de zeclistein dans les Cordillères du Pérou et de la Nouvelle- Grenade. 11 ne faut pas croire (]ue les grandes révolutions qui ont enseveli les animaux pélagiques, se soient bornées à tel ou tel climat. Dans les régions les plus éloignées les unes des antres nous trouvons, dans la formation du ztclistein ou calcaire alpin, des gryphitcs (G. aculeata), des entroqucs (formant d'après l'observation curieuse de M. de ii uch , dans beaucoup de parties de l'Allemagne, une couche distincte sur la limite du calcaire alpin et du grès houiller) ; des térébratulites (T. alatus, T. lacunosus , T. higonellus) ; des pentacrinites d'une grande longueur; un trilobite du schiste cuivreux, qui, génériquement , n'est peut-être point encore siiflisam- ment examiné (I". bituminosus ) ; des ammonites (plus rares que dans le muschelkalk et dans les marnes du calcaire du Jura); quelques orthocératites; des poissons qui avoient déjà fixé fattention des anciens ( Aristot. , Mirab. auscultât., éd. Beckmanniana , cj^; Livius , lib. 42, c. 1); des ossemens de monitor, peut-être même (Tocayma et Cumanacoa dans l'Amérique méridionale) de crocodiles; des empreintes de lycopodiacées et de bambusacées; point de vraies fouf'ères mais, ce qui est très-remarquable (marnes bitumineuses de Mansfeld), des feuilles de plantes dicotylédones analogues aux feuilles du saule. On observe que les coquilles du calcaire alpin [Ammonites ammonius , A. amaUheus, A. liircinus, Naulilites ovatus, Pectinites lextorius , Pectinites salinarius , Crjphites c^i^as , G. aculeatus, G. arcuatus , Mjtulites rostratus) sont moins dissé- minées dans la masse entière de la roche, comme c'est le cas dans les deux formations du muschelkalk et du calcaire du Jura , qu'accumulées sur certains points , et souvent à de grandes hauteurs. Sur des étendues de pays très-considéra- bles, le calcaire alpin paroît quelquefois dépourvu de dé- bris organiques. Nous avons indiqué dans les pages précédentes les forma- tions de l'Amérique équinoxiale qui appartiennent au zech- 286 IND stein. Ce sont, dans la chaîne du littoral de Caracas, lej calcaires de Punta Delgrada, de Cumanacoa et du Cocollar, renfermant, non du grauwacke, mais du grès quarzcux et des marnes carburées; dans la Nouvelle-Grenade, le calcaire deTocayma et du plateau de Bogota, supportant le sel gemme de Zipaquira; dans les Andes de Quito et du Pérou, les cal- caires de la province de Jaen de Bracomoros, de Montan et de Micuipampa, placés sur le grès houiller et enchâssant d'énormes masses de silex ; dans la Nouvelle-Espagne , les calcaires du Peregrino, deSopilote etdeTasco, entre Mexico et Acapulco. Plusieurs de ces masses calcaires d'une énorme épaisseur, et supportant des formations de gypse et de grès, sont superposées, non au grès houiller, mais à des porphyres de transition très -métallifères et liés, du moins en appa- rence, sur quelques points, à un terrain décidément tra- chytique. On observe , dans le nouveau continent comme dans l'ancien, que, là où le calcaire alpin a pris un grand développement, le grès houiller manque presque entière- ment, et vice versa. Cet antagonisme dans le développement de deux formations voisines m'a frappé surtout à Guaxanuato (plateau central du Mexique) et à Cuença (plateau central de Quito), où abondent les grès houillers : il m'a frappé dans les Cordillères de Montan (Pérou) et à Tasco (Nouvelle- Espagne) , où abonde le calcaire alpin. Quand le grès houiller, nous le répétons ici, n'est point visible ou qu'il ne s'est pas développé, les limites entre le calcaire alpin et le calcaire de transition sont très-difliciles à tracer. En excluant du ter- rain secondaire tous les calcaires bleu -grisâtre traversés par àes veines de spath calcaire blanc et par des couches d'argile et de marnes, les formations de Cumanacoa, de Tasco et de Montan (Venezuela, Pérou et Mexique), comme celles des Alpes les plus septentrionales du Tyrol et du Salzbourg , de- vieiidroient des formations de transition. J'incline à croire que les formations que nous venons de nommer, de même que celles du Mole, du Haacken et du Pilatus, sont les plus anciennes couches du zechstein, qui se lient au calcaire de transition de la Dent de Midi, de POldenhorn et de l'Ortcler. Beaucoup de roches se succèdent par un développement pro- gressif, et il paroit tout naturel que les dernières assises IND ^87 d'une formation plus ancienne offrent une grande analogie de structure avec les premières assises de la formation su- perposée. On a récemment voulu placer parmi les couches interca- lées au zechstein ou calcaire alpin des griinstein et des do- lérites, que nous connoissons déjà connue subordonnées au grès houiller dans plusieurs parties de l'Europe ; on a même indiqué, comme superposé aux calcaires alpin et jurassique, des syénites, des porphyr(.T> et des r^ratùtei secondaires. Ce sont là les roches de la partie sud-est du Tyrol (vallées de Lavis et de Fassa ; Recoaro ) sur lesquelles le comte Marzari- Pencati a publié de si curieuses observations. Le gisement de ces substances étant encore un point de géologie très- contesté, je dois me borner ici à présenter It^s données du problème et l'état d'une question si digne de l'attention des géognostes. Déjà M. de Buch avoit remarqué, en 1798, qu'entre Per- gine et Trento (Lago di Colombo, Monte-Corno) le porphyre de transition (ou plutôt celui du grès rouge?) alterne avec le calcaire alpin du terrain secondaire. Ce calcaire est rempli d'ammonites et de térébratulites. L'alternance est évidente, et les porphyres, si communs partout ailleurs dans le grès houiller, débordent ici dans le calcaire alpin , de même que sur le revers oriental des Andes du Pérou ( Chamaya) j'ai vu déborder dans cette même formation la roche de quarz compacte qui représente le grès houiller. C'est une pénétration du terrain inférieur dans un terrain superposé: phénomène qui peut d'autant moins nous surprendre, qu'en Silésie, en Hongrie et dans plusieurs parties de l'Amérique équinoxiale le grès rouge ou grès houiller est intimement lié au zechstein. Les porphyres du Tyrol méridional s'élèvent (montagne de Forna) jusqu'à i5oo toises de hauteur. ( Buch, Geogn. Beob, , T. I,p. 3o3, 309, 5i5, 3i6.) M. de Marzari, dont les recher- ches ont commencé en 1806, croit avoir vu se succéder de bas en haut , dans les environs de Recoaro , du micaschiste , de la dolérite (remplissant en même temps les filons qui traversent le micaschiste, et renfermant du pyroxène et du fer titane)} du grès rouge avec houille et marnes bitumineuses; du zech- stein , dont les couches inférieures sont un calcaire à gry- 288 IND phites; une iormation de porphyres syénitiques avec des airijgdaloïdcs intercalées. Dans la vallée de Lavis (Avisio) , M. de iNIarzari indique , toujours de bas en haut, du grauwacke , du porphyre, du grés rouge, du calcaire alpin, du calcaire du Jura, du granité et des masses noires pyroxéjiiques dé- pourvues d'olivines. D'après Tintéressant mémoire publié par M. Breislak, le granité secondaire placé sur le calcaire alpin est entièrement semblable au plus beau granité d'Egypte : il renferme ( Canzacoli délie coste , Pedrazzo ) de grandes massfs de quarz avec tourmaline ■ il rend grenu à son contact (à plusieurs toises de profondeur) le calcaire qui le supporte, et passe tantôt à une roche pjroxénique, tantôt à un porphyre à base feldspathique noire, tantôt à la serpentine. (Marzari , Cenni geologici, 1819, p. 46 j Id. , JSuevo osser^atore Vene- ziano, it)20, n." ii3 et 127 ; Breislak, Sulla giacitura délie rocce porjîritiche e granitose del Tirolo , 1821, p. 22, 25, 52; ]\îarzari , Lettera al signor Cordier , 1822, p. 5; Maraschini , Obs. géogn. sur le Vicentin , 1822, p. 17.) Entre la Piave et l'Adige un mandelstein agathifère , qui rappelle ceux du grès rouge, surmonte le calcaire alpin : c'est, dit-on, une formation parallèle aux couches du granité secojidaire. Un excellent géognoste, M. Brocchi , qui a publié dès Tannée 1811 un mémoire sur la vallée de Passa, n'a pas seulement vu des griinstein en partie pyroxéniques couvrir des calcaires qu'il croit de transition, mais qui passent dans leurs couches supérieures au calcaire alpin avec silex; il a reconnu aussi ces gr.insteiu pyroxéniques comme alternant avec les calcaires (M.iignon, Fedaja ). Récemment M. de Marzari a annoncé avoir vu.fGrigno de la Piave, Cimadasta) le granité et le mandelstein agathifère surmonter le terrain de craie, et sç ranger parmi les roches tertiaires. Je consigne ici des faits de gisement bien extraordinaires, et sur lesquels sans doute M. de Buch , qui a visité récemment la vijilée de passa , va répandre un nouveau jour. Les rapports de gisement de ces contrées paroissent très-compliqués. La roche dans laquelle les griinsfein et les dolérites se trouvent intercalés, est-elle bien certainement du zechstein, ou appar- tient-elle au terrain de transition? Ces griinstein et ces dolé- rites se trouvent-ils en couches ou en filons? Les roches feld- IND 2B9 spàthiques grenues (appelées syénites et granités à trois élé- mens) sont-elles oryctognostiqueinent analogues aux roches homonymes de Christiania , ou sont-elles des trachytcs ? En admettant que la superposition des roches ait été observée avec précision , et que les divers terrains aient été bien nommés , on verroit se répéter ici, dans des formations secondaires, les phé- nomènes que MM. de Buch et Haussmann ont fait connoître les premiers dans la série des formations intermédiaires. L'alter- nance de roches sédimentaires, arénacées et cristallines, continueroit , comme par séries périodiques, jusque vers les terrains les plus modernes. Nous savions déjà, par les belles observations de MM. Mac-Culloch et Boue, qu'en Ecosse et dans plusieurs parties du continent des roches grenues, por- phyriques, syénitiques et pyroxéniques , pénètrent du terrain de transition dans le grès houiller. Le calcaire alpin est im- médiatement superposé à la formation de porphyre et de grès rouge ; il est géognostiquement lié avec cette formation. D'après ces données il ne seroit pas très - surprenant , ce me semble , de voir intercalé au calcaire alpin ces mêmes couches cristallines (amphiboliques et feldspathiques ) que l'on a déjà reconnues dans le grés houiller. La géognosie po- sitive doit offrir un enchaînement de faits bien observés et judicieusement comparés entre eux. Elle n'enseigne pas que la répétition de certains types cristallins s'arrête nécessaire- ment au grès houiller. Les observations de M. de Marzari ne renverseront par conséquent aucune loi géognostique. Si elles sont confirmées par des recherches ultérieures, elles agrandiront plutôt nos vues sur ce phénomène curieux d'a/- tcTnanot dans des formations les plus éloignées les unes des autres. Comme des filons remplis de griinstein , de syénites et de masses pyroxéniques, traversent, dans plusieurs par- ties des deux continens , les granités primitifs, les thonschiefer, les porphyres de transition, les calcaires secondaires et même les formations supérieures à la craie , plusieurs géognostes célèbres ont soupçonné que les roches problématiques des rives de l'Avisio (Lavis) pourroient bien être deé masses volcaniques, des coulées de laves venues d'en- bas (de l'in- térieur de la terre) par des crevasses. Ce soupçon paroît fortifié par l'analogie des roches cristallines , que l'on assure 20. 19 ago IND Être indifféremment superposées à des formations d'un âg€ très- différent f au calcaire alpin , au calcaire du Jura et à la craie): mais les grandes masses de quarz qui entrent dans la composition des roches appelées par MM. de Marzari et Breislak granités secondaires , semblent éloigner ces roches problématiques des productions modernes des volcans. Il faut espérer que des observations souvent répétées sur les lieux vont bientôt lever tous ces doutes. L'incrédulité dé laigneuse est aussi funeste aux sciences qu'une trop grande facilité à adopter des faits incomplètement observés. II faudra surtout distinguer entre des masses ( trachytiquesP ) qui se sont ré- pandues sur des formations secondaires et qui seulement leur sont superposées , et des masses (amphibolique», pyroxéni- ques, syénitiques) qui pourroient leur être intercalées. Cette différence de gisement seule peut être l'objet d'une observa- tion directe ; le problème de l'origine des couches cristal- lines superposées ou intercalées appartient à la géogonie. Beaucoup de roches très- anciennes ne sont peut-être aussi que des nappes de matières fondues; et les questions géogo- niques auxquelles donnent lieu les roches de Passa , peuvent en partie s'appliquer aux porphyres et aux griinstein pyroxé- mques intercalés au grès houiller. Il faut décrire dans chaque formation ce qu'elle renferme et ce qui la caractérise. La géognosie positive s'arrête à la connoissance des gisemens. III. Dépôts arénacés et calcaires (marneux et oolithiques) PLACÉS entre le ZECHSTEIN ET LA CRAIE , ET LIÉS A CES DEUX terrains. En remontant depuis le terrain de transition par les roches secondaires au terrain tertiaire , le phénomène de Y aller' nance entre des couches calcaires et arénacées devient de plus en plus frappant. On voit alterner d'abord des calcaires ' intermédiaires blancs et cristallins 'Tarantaise), ou compactes et carbures, avec des grauwackes ; puis se succèdent le grès rouge, le calcaire alpin ou zechstein, le grès bigarré (red mari), le muschelkalk (calcaire de Gœttingue) , le quader- sandstein ( grès de Konigstein ) , le calcaire du Jura ( formation oolithique), le grès vert ou grès secondaire à lignltes (green sand), la craie , le grès tertiaire à lignites (argile plastique) . IND .9. le calcaire parisien, etc. Je rappelle ici six alternances de douze formations intermédiaires , secondaires et tertiaires (arénacées et calcaires), d'après leur ancienneté relative, comme si, dans un seul point de la terre, ces roches s'étoient toutes simultanément développées. Par la suppression fré- quente de quelques-unes d'elles, surtout du grès bigarré, du muschelkalk et du quadersandstein , le calcaire (oolithique) du Jura repose parfois immédiatement sur le calcaire alpin (Andes du Mexique et du Pérou, Pyrénées, Apennins). Les dépôts que nous réunissons dans cette troisième grande division (§§. 29 — 53), forment à peu près tout le terrain de sédiment moyen de M. Brongniart. J'ai craint d'employer les dénominations qui ont rapport à des limites si différemment tracées par les géognostes modernes. M. Conybeare, dans l'ex- cellent ouvrage qu'il a récemment publié avec M. Philipps sur la Géologie de l'Angleterre, distingue les terrains en sur- moyens, moyens et sousmoyens {supermedial, medial et sub- medial). Tant de divisions systématiques ajoutent peut-être à la difficulté qu'offre déjà la synonymie des roches. Argile et Grès bicarré (Grès a oolithes ; Grès de Nebra ; New RED SANDSTONE ET ReD MARl) AVEC GYPSE ET SEL GEMME. §. 29. Le grès de Nebra ou grès bigarré (Thuiûnge) et le red mari de PAngleterre (depuis les rives du Tees en Dur- ham jusqu'aux côtes méridionales du Devonshire) ne sont pas seulement des formations parallèles, c'est-à-dire, du même âge et occupant la même place dans la série des roches : ce sont des formations identiques. Le premier , assez pauvre en pétrifications [Strombites speciosits , Pectinites fragilis , Mjytu- lites recens, Grjphites spiratus , Schl.), est un terrain composé de trois séries de couches alternantes; savoir : 1.° d'argiles; 2° de grès micacés et schisteux, av«c masses de glaise à formes aplaties et lenticulaires (thongallen) ; 3.° d'oolithcs générale- ment brun-rougeàtres. On trouve dans le grès bigarré du continent, en bancs subordonnés, du gypse (thongyps), quel- quefois lamelleux , le plus souvent fibreux, et dépourvu de calcaire fétide. Nous avons vu plus haut qu'en Allemagne et en France un grand nombre de sources salées coulent sur ces bancs d'argile et de gypse, et qu'ùThiede, entre 'V^'^Qlfen-' 292 IND biittel et Brunswic , comme à Sulz prés Heilbroiiu, de petites masses de sel gemme sont disséminées dans cette formation , qui, à Sulz , a été atteinte par la sonde après le muschelkalk et avant le zechstein. Le red mari (red ground , red rock, red ford), si bien examiné par MM. Winch et Grcenough , dépourvu de pétrifications et de bancs d'oolithes, et coupé par des fissures en masses rhomboïdales, est en Angleterre le véritable gîte du sel gemme : il se compose dans ses assises supérieures d'argiles marneuses, de gypse (albâtre) et de sel (Witton près Northwich ; Droitwich); dans ses assises infé- rieures , soit de conglomérats avec galets de roches primitives et de transition, soit de grès à petits grains (entre Exeter et Exminster). Le sel gemme d'Angleterre, de Lorraine et du Wurtemberg, lie la formation de grés et d'argiles bigarrés, vers le bas, au zechstein et au calcaire alpin ; vers le haut, dans le nord de l'Allemagne , cette formation passe au mu- schelkalk, dont les couches les plus anciennes sont un peu arénacées. On pourroit dire aussi que les oolithes du grès bi- garré (Eisleben, Endeborn , Briindel) et ses marnes préludent à la formation du Jura: mais ces oolithes brun-rougeàfres se perdent insensiblement en une roche arénacée; elles diffè- rent essentiellement des oolithes blanches et blanc- jaunâtres du calcaire du Jura. Sur le continent, le grès bigarré est très- distinct du zechstein , malgré les traces de sel qui le lient à cette dernière formation: en Angleterre, le red mari, le calcaire magnésien et les conglomérats d'Exeter et de ïeign- 7nouth (Devonshire), qui, sous le nom de nouveau conglomérat rouge, représentent le grès houiller du Mansfeld , sont aussi intimement liés entre eux que le sont les dépôts de houille avec les roches de transition (mountain limestone et old red sandstone). En décrivant plus haut le grès rouge de la Nouvelle-Gre- nade, }'ai discuté les nuances de composition et de struc- ture qui distinguent cette formation houillère du grès bi- garré (buntesandstein) , par rapport aux couches intercalées de sables, d'argiles schisteuses et de conglomérats à gros grains. Ces conglomérats, qui caractérisent les assises infé- rieures du red mari, se retrouvent dans la chaîne des Vosges. Les strates supérieurs du grès bigarré sont verts ; on les croit IND 2^93 colorés par le nickel et le chrome. Ils sont quelquefois mêlés de petites lames de baryte sulfatée (Mariaspring près Goet- tingue). Couches subordonnées : i .° Gypse argileux un peu chlo- riteux , avec des aragonites (Bastène près de Dax) , avec des cristaux de roche incolores (Langensalze, "Wimmelburg) , ou rouges (Dax), et avec du soufre, disséminés (entre Gnolbzig et Naundorf ) ; ce gypse a été regardé jadis comme une for- mation particulière placée entre le grès bigarré et le muschel- kalk (Cresfeld et Helbra en Saxe, Dblau en Franconie, Neu- land près Lowenberg en Silésie; Amajaque au Mexique): 2.° calcaires en lits minces, tantôt marneux, tantôt magnésifères: 3." argile imprégnée de goudron minéral (Kleinscheppenstedt près Brunswic ) : 4.° sables (triebsand ) avec de grands chamites et du bois pétrifié (Burgbrner) : 5." grès extrêmement quarzeux, presque sans ciment visible, très-caractéristique tant pour le grès bigarré que pour Targile plastique qui environne les cou- lées de basaltes : G.° mine de fer brune souvent en géodes : 7.° traces de houilles, peut-êîre même de lignites, qu'il ne faut point confondre avec les dépôts analogues du quadersandstein et des grès secondaires et" tertiaires à lignites (au-dessous et au-dessus de la craie). On assure avoir trouvé des branches d'arbre charbonisées dans les argiles avec gypse d'Oberwie- derstedt en Thuringe ; aussi les schistes argentifères de Fran- kenberg (Hesse j, qui ne sont que des phytolithes charbonisés, enduits et pénétrés de métaux, paroissent à plusieurs géo- gnostes appartenir au grès bigarré. M. Boue, dont les obli- geantes communications ont si souvent enrichi mes tra^'aux, observe que le grès bigarré existe par lambeaux dans le sud- ouest de la France : il y est représenté par des marnes et des gypses fibreux ou compactes (Cognac, S. Froult près Rochefort), et quelquefois immédiatement recouvert de calcaire jurassique et de craie grossière. Au pied des Pyrénées, entre S. Giron et Rimont , le grès bigarré a pris un dévelop- pement considérable. Comme dans la partie des Andes que j'ai parcourue, les formations du terrain secondaire, c'est- à-dire, celles qui sont supérieures au calcaire alpin, ne se sont presque pas développées, je ne crois avoir bien reconnu le grès bigarré que dans les points suivans. 294 IND Au Mexique, en descendant des montagnes composées de porphyres intermédiaires et éminemment métallifères ( Real del Monte et de Moran ) vers les bains chauds de Tolonilco el Grande , on trouve une formation puissante de calcaire gris - bleuâtre , presque dépourvue de coquilles, générale^ ment compacte, mais enchâssant des couches très- blanches et grenues à gros grains. Ce calcaire , célèbre par ses cavernes (Danto ou la Montagne percée), et rempli de filons de plomb sulfuré, me paroît un terrain de transition. Il est couvert d'une autre formation , gris-blanchâtre et entière- ment compacte, qui ressemble au zechstein. Sur cette der- nière repose le grès argileux (bunte sandstein), dont les assises supérieures sont (près d'Amajaque) des argiles avec gypse feuilleté. Je pense que le grès enchâssant des masses aplaties d'argile ( thongallen), près de La Veracruz, et renfer- mant (Acazonica) un beau gypse feuilleté, appartient aussi, comme le gypse d'Amajaque, au grès bigarré. Peut-être cette formation de Veracruz fait-elle le tour des côtes orientales, et se lie-t-elle aux dépôts calcaires de Nu evo- Léon, riche en galènes foiblement argentifères. Dans les Llanos ou steppes de Venezuela, les gypses argileux (Cachipo, Ortiz) sont certainement postérieurs au grès houil- ler; mais, si le calcaire qui les sépare (entre Tisnao et Cala- iozo), loin d'être du zechstein, est, comme sa cassure unie et son aspect de calcaire lithographique sembleroient l'indi- quer, de formation jurassique, ces g>pses des Llanos seroient plus modernes encore que ceux du grès bigarré. A Guire (côtes orientales de Cumana) , un gypse blanc et grenu (jurassique?) contient de grandes masses de soufre. Les argiles salifèrcs mêlées de gypses et de pétrole de la péninsule d'Araya , vis-à-vis i'ile de la Marguerite, sont placées entre le zech- stein et un terrain tertiaire. Comme des gypses sont renfer- més dans ce dernier terrain (colline du château S. Antoine, à Cumana ; plaines entre Turbaco et Carthagène des Indes), on pourroit croire que les argiles salifères d'Ara) a sont aussi beaucoup plus récentes que le red mari ou grès bigarré. Mais je n'ose prononcer avec certitude sur l'âge de ces forma- tions, dans l'absence de tant de roches que Ton trouve placées ailleurs entre le zechstein et les terraiiis tertiaires. IND 295 Les gypses que j'ai examinés dans l'intérieur de la ISouvelle- Grenade (plateau de Bogota ; Chaparal, à l'ouest de Contreras) m'ont tous paru de la formation du calcaire alpin. Lorsqu'on examine le terrain §, 29 dans des contrées si éloignées les unes des autres, on trouve la dénomination de grès bigarré tout aussi bizarre que la dénomination de grès rouge. On peut substituer à la dernière celle de grès houiller, en rappelant un des résultats les plus généraux et les plus po- sitifs de la géognosie moderne. 11 seroit à désirer qu'un géo- gnoste d'une grande autorité substituât un nom géographique à celui de grès bigarré ou grès à oolithes brunes. Je continuerai jusque-là à me servir de la dénomination de grès de Nebra. MUSCHELKALK (CalCAIRE COQUILLIER ; CaLCAIRE DE GœTTINGUe). §. 3o. Formation peu variable, et que la dénomination beaucoup trop vague de calcaire coquillier a fait confondre, hors de l'Allemagne, avec les assises inférieures ou supé- rieures du calcaire jurassique (avec le lias ou le forest mar- bre et portlandstone). Elle est bien caractérisée par sa struc- ture plus simple , par la prodigieuse quantité de coquilles en partie brisées qu'elle renferme, et par sa position au-dessus du grès de Nebra ( bunte sandstein ) et au-dessous du qua- dersandstein qui la sépare du calcaire jurassique. Elle remplit une vaste partie de l'Allemagne septentrionale (Hanovre, Heinbergprèsde Gœttingue; Eichsfeld, Cobourg; Westphalie, Pyrmont et Bielfeld ), où elle est plus puissante que le zech- stein ou calcaire alpin. Dans l'Allemagne méridionale elle s'étend sur tout le plateau entre Hanau etStutgard. En France, où , malgré les grands et utiles travaux de M. Omalius d'Halloy, les formations secondaires qui sont inférieures à la craie, ont été si long-temps négligées, MM. de Beaumont et Boue l'ont reconnue tout autour de la chaîne des Vosges. Le muschelkalk a généralement des teintes pâles, blanchâtres, grisâtres ou jaunâtres : sa cassure est compacte et matte ; mais le mélange de petites lames de spath calcaire, provenant peut-être de débris de pétrifications, le rend quelquefois un peu grenu et brillant. Plusieurs couches sont marneuses, arénacées, ou passant à la structure oolithique (Séeberg près de Gotha ; Weper près Gœttingue; Preussisch-Minden; Hildesheim). Des 2^6 IND hornsteîn, passant au silex pyromaque et au jaspe (Dransfeld, Kandern, Saarbriick), sont ou disséminés par nodules dans le muscheikalk, ou y forment de petites couches peu conti- nues. Les assises inférieures de cette formation alternent avec le grès bigarré (entre Bennstedt et Kelme), ou se lient in- sensiblement au grés, en se chargeant de sable, d'argile et même (à l'est de Cobourg) de magnésie (bancs magnésifères du muscheikalk). Couches subordonnées. Les marnes et argiles, si fréquentes dans le calcaire jurassique, le grès bigarré et le zechstein , sont assez rares dans le muscheikalk. En Allemagne, cette roche renferme du fer hydraté, un peu de gypse fibreux (Sulzbourg près Naumbourg), et de la houille (lettenkohle deVoigt; à Mattstedt et Eckardsberg près Weimar) mêlée de schiste alumineux et de fruits (de conifères?) charbonnés. Plus les îiouilles avancent vers le terrain tertiaire , plus elles se rap- prochent, du moins dans quelques-uns de leurs strates, de l'état de lignite et de terre alumineuse. Pétrifications. D'après les recherches de M. de Schlott- heim, et en rejetant les couches qui n'appartiennent pas au muscheikalk: Chamites striatus , Belemnites paxillosus , Ammo- nites amalteus , A. nodosus , A. angulatus , A. papjraceus , Nauli- lites binodatiis , Buccinites s;regariiis , Trochilites lœvis , Turbinites cerithius, Myacites vcntricosus , Pectinites reticulatus , Oslraciles spondyloiies , Terebratulites fragilis , T. vulgaris , Gryphites cymbium , G. suillus , Mjtulites socialis , Pentacrinites vulgaris , Encrinites liliiformis , etc. Quelques couches isolées du calcaire jurassique renferment peut-être plus de pétrifications encore que le muscheikalk; mais dans aucune formation secondaire les débris de corps organisés n'abondent si uniformément que dans celle que nous venons de décrire. Une immense quan- tité de coquilles, en partie brisées, en partie bien conser- vées, mais adhérant fortement à la matière pierreuse (en- troques, turbinites, strombites, mytulites), est accumulée en plusieurs strates de 20 à 26 millimètres d'épaisseur, qui traversent le muscheikalk. Beaucoup d'espèces se trouvent réunies par familles (belemnites, terebratulites, chamites). Entre ces strates éminemment coqu'lliers sont disséminés des ammonites, des turbinites, quelques terebratulites avec IND 297 îeur test nacré, le Gryphœa cymhium , et de superbes pen- tacrinites. Les coraux , les échinites et les pectinites sont rares. L'abondance des entroques dans le muschelkalk a fait donner à cette formation , dans quelques parties de l'Alle- magne , le nom de calcaire à entroques (trochitenkalk). Comme une couche d'entroque caractérise souvent aussi le zechstein et le sépare du grès houiller, cette dénomination peut faire confondre deux formations très -distinctes. La dénomination de calcaire à gryphées (graphytenkalk du zechstein et du calcaire du Jura), et toutes celles qui font allusion à des corps fossiles, sans indication d'espèces, exposent à ce même danger. On assure que le muschelkalk renferme des osse- mens de grands animaux (quadrupèdes ovipares? Freies- leben, T. I, p. 74; T. IV, p. 24, 3o5 ) et d'oiseaux (ornitho- lithes du Heimberg : Blumenbach , ISaturgesch., oteAuJl., p. 665),- mais ces ossemens pourroient bien appartenir , de même que les dents de poisson , à des brèches ou à des marnes superposées au muschelkalk. De célèbres géognostes angîois, MM. Buckland et Con}^- beare, ont cru reconnoitre, dans leur voyage en Allemagne, le muschelkalk de Werner comme identique avec le lias , qui est l'assise inférieure du calcaire jurassique. J'incline à croire, malgré les oolithes gris -bleuâtres observées dans le muschelkalk sur les bords du Weser, qu'il y a plutôt parallé- lisme qu'identité de formation. Le muschelkalk occupe la même place que le lias : il abonde également en ammonites, térébratulites et encrinites; mais les espèces fossiles diffèrent , et sa structure est beaucoup plus simple et plus uniforme. Les strates du muschelkalk ne sont pas séparés par ces argiles bleues qui abondent dans les assises supérieures et inférieures de la formation du lias. Les assises mitoyennes de cette der- nière formation ont une cassure matte et unie , et ressem- blent bien plus aux variétés lithographiquesdu calcaire du Jura qu'au muschelkalk de Gœttingue , de Jena et de l'Eichsfeld. M. d'Aubuisson croit que cette dernière formation est repré- sentée en Angleterre parle portlandstone , le cornbrash et le forestmarble : mais, quelque analogie que puissent oflFrir tous ces lits de calcaire marneux pétris de coquilles en partie brisées (forestmarble) , il faut se rappeler qu'ils alternent avec des 298 IND formations entièrement oolithiques, et qu'ils sont séparés du red mari par le lias, tout comme le calcaire oolilhique du Jura estséi)arépar le muschelkalk du grès bigarré. En France . M. Boue a reconnu le muschelkalk. dans le plateau de Bour- gogne , près de Viteaux et de Coussy- les -Forges, près de Dax dans la commune de S. Pan de Lon , etc. Je ne l'ai point reconnu dans la partie équinoxiale de l'Amérique. Les cou- ches très-arénacées , remplies de madrépores et de coquilles bivalves des côtes de Cumana et de Carthagène des Indes, que j'ai voulu jadis y rapporter, sont probablement des ter- rains tertiaires. QUADERSANDSIEIN (GrKS DE KoMGSTEIn). §.3]. Formation très-distincte (rives de l'Elbe, au-dessus de Dresde entre Pirna, Schandau et K()nigstein; entre Nurem- berg et Weissenburg ; Staffelstein en Franconie ; Heuscheune, Adersbach; Teufelsmauer au pied du Harz ; vallée de la Mo- selle et près de Luxembourg; Vie en Lorraine; Nalzen , dans le pays de Foy , et Navarreins, au pied des Pyrénées), ca- ractérisée par M. Hausmann, et confondue loug'-temps, soit avec les variétés quarzeuses du grès bigarré et du grès de l'argile plastique ( trappsandstein) , soit avec le grès de Fon- tainebleau , supérieur au calcaire grossier de Paris : c'est le grès blanc de M. de Bonnard , le grès de troisième formation de M. d'Aubuisson. Préférant les dénominations géographi- ques, je nomme souvent cette formation grès de Kbnigstein, le grès bigarré grès de Ncbra, le muschelkalk calcaire de Gattingiie. Le quadcrsandstein a une couleur blanchâtre, jaunâtre ou grisâtre, à grains très-fins, agglutinés par un ciment argi- leux ou quarzeux presque invisible. Le mica y est peu abon- dant, toujours argentin et disséminé en paillettes isolées. Il est dépourvu, et de bancs intercalés d'oolithes, et de ces masses aplaties ou lenticulaires d'argile (thongallen) qui ca- ractérisent le grès bigarré. 11 n'est jamais schisteux ; mais divisé en bancs peu inclinés, très-épais, qui sont coupés à angle droit par des fissures, et dont quelques-uns se décomposent très-facilement en un sable très-fin. Il renferme du fer hydraté (Metz) disposé par nodules. Les débris organiques IND 299 disséminés dans cette formation offrent , d'après MM. de Schlottheim , Haussmann et Raumer, un mélange extraor- dinaire de coquilles pélagiques très -analogues à celles liu muschelkalk , et de phytolithes dicotylédones. On y a trouvé des mytulites, des tellinites, des pectinites, des turritelles , des huîtres (pas d'ammonites, mais des cérites ; Habel- schwerd , Alt-Lomnitz en Silésie ) , et en même temps des bois de palmier , des empreintes de feuilles appartenant à la classe des dicotylédones et de petits dépôîs de houille (Deister, Wefersleben près Qucdlinbourg) , très-bien décrits par MM. Rettberg et Schulze, et passant au lignite. Ces débris de bois, d'un aspect bitumineux, ont sans doute de quoi nous surprendre dans une formation si éloignée de la grande for- mation de lignites qui est placée entre la craie et le calcaire grossier parisien ; mais des observations récentes nous mon- trent des traces de véritables lignites jusque dans les calcaires à gryphées arquées au-dessous du lias (Le Vay, côtes de Caen ) et jusque dans le grès bigarré. Les mauvaises houilles du muschelkalk , par conséquent d'une formation plus an- cienne que le quadersandstein , passent aussi au lignite. Déjà M. de Raumer avoit reconnu que le quadersandstein est séparé du grès bigarré par le muschelkalk (calcaire de Gœttingue) ; il est placé entre ce calcaire et le calcaire du Jura , et par conséquent inférieur aux grandes formations oolithiques de l'Angleterre et du continent. Dans cette posi-^ tion nous ne pouvons guères le considérer , avec M. Keferstein (voyez son intéressant Essai fixv la géographie minéralogiquc de TAllemagne , T. I , p. i 2 et 4 8 ) , comme parallèle à la mo- lasse d'Argovie (mergclsandstein) , qui représente l'argile plastique (grès tertiaire à lignites) au-dessus de la craie. La nature des débris végétaux que renferme le quadersandstein , et ses rapports avec le plànerkalk qui appartient aux assises chloritées et arénacées de la craie, le font regarder par plu- sieurs géognostes célèbres comme d'une formation postérieure au calcaire jurassique : c'est ainsi que MM. Buckland, Cony- beare et Philipps le placent entre la craie et les dernières couches oolithiques. Mais, d'après les observations de M. Boue et de plusieurs autres géognostes célèbres d'Allemagne, !e quadersandstein (grès de Konigstein ) , alternant quelque- 3oo IIVD fois avec des couches marneuses et des conglomérats, reposa immédiatement sur le gneis près de Freiberg , sur le grès houiller en Silésie et en Bohème ; sur le grès bigarré (grès de Nebra) , prés de Nuremberg , en Franconie ; sur le mu- schelkalk (calcaire de Gœttingue), entre Hildesheim et Dick- holzen près de Helmstâdt, et près de Schweinfurt sur le Mein. Il est recouvert de calcaire du Jura, et alterne avec les couches marneuses de ce calcaire, en Westphalie, entre Osnabruck, Bielfeld et Biickebourg. Calcaire du Jura (Lias, Marnes et grands dépôts oolithiques). §. 32. Formation très -complexe , composée de couches alternantes de calcaires, marneuses et oolithiques, renfermant du gypse et un peu de grès. Le mode d'alternances par- tielles, très- constant dans chaque localité , varie dans des pays d'une étendue considérable ; cependant sur les points les plus éloignés de l'Europe on reconnoît une analogie frap- pante entre les grandes divisions ou assises principales. Dans la série des formations les plus neuves du terrain secondaire le calcaire du Jura [Jurassus) est placé entre le quadersandstein et la craie. Cette dernière y passe même insensiblement, et peut souvent être regardée, par l'ana- logie de ses fossiles, comme une continuation du calcaire jurassique. La superposition de ce calcaire au quadersajid- stein , si long -temps contestée, se montre en Allemagne, d'après M. de Schmitz , près de Wilsbourg ; d'après M. Boue , près Blumenroth , Stalfelstein, et entre Osnabruck et Bucke- bourg. Lorsque les trois formations de quadersandstein , de muschelkalk et de grès bigarré ne se sont pas dévelop- pées simultanément, le calcaire jurassique, par la suppres- sion des membres intermédiaires de la série géognostique , recouvre immédiatement le zechstein ou calcaire alpin. Dans ce cas (pente septentrionale des Pyrénées; Apennins, entre Fossoinbrono , Furli et Nocera ; Cordillères du Mexique , entre Zumpango et Tepecuacuilco) , on voit ce dernier passer insensiblement à un calcaire blanchâtre , à cassure matte égale (ou conchoïde à cavités très-aplaties) , qu'on ne sauroit dis- tinguer des couches compactes du calcaire du Jura dépour- vues d'oolithes. Ce passage , dont M. de Charpentier a aussi été IND 3oi frappé dans le Midi de la France , mérite un examen très- attentif. Malgré la grande différence qui existe entre les débris fossiles du muschelkalk et du calcaire jiirassique, les dernières formations du terrain secondaire sont étroitement liées entre elles, et il ne faut pas être surpris que dans une série et, /3y7-, cT, s.... le terrain a (zechstein) fasse passage à £ (calcaire du Jura), à cause de la suppression fréquente des termes ^, y et ^ (c'est-à-dire, du grès bigarré, du muschelkalk et du quadersandstein ). Les formations aréna- cées /S et tT alternent avec des argiles et des marnes plus ou moins abondantes, de sorte que, par un grand développe- ment de leurs couches désagrégées , celles-ci réduisent à Tétat de simples bancs intercalés les assises pierreuses, et finissent, comme c'est le cas dans l'Ouest de la France, par remplir tout l'intervalle entre a, et s. Le calcaire jurassique couvre , sans interruption , une grande étendue de pays, depuis la chaîne des Alpes jusque dans le centre de l'Allemagne, depuis Genève jusqu'à Streitberg et Muggendorf, en Franconie. Comme, vers le nord, il ren- ferme des cavernes à ossemens fossiles, cette formation a singulièrement fixé l'attention des géognostes allemands. M. "Werner la croyoit identique avec le muschelkalk : j'ai re- connu , dès l'année 1796 , qu'elle en différoit essentiellement, et j'ai proposé de la désigner par le nom de calcaire du Jura , à cause de l'analogie parfaite que présentent les montagnes occidentales de la Suisse avec celles de la Franconie. Cette dé- nomination est aujourd'hui généralement reçue: mais il a été constaté que le calcaire du Jura , au lieu d'être placé sous le grès bigarré (comme je l'avois cru , par erreur, avec le plus grand nombre des géognostes, en confondant ce grès avec la molasse d'Argovie et le grès de Dondorf et de Misselgau près Bareuth), est plus récent que le grès bigarré, que le muschelkalk (Bindloch) et le quadersandstein (Schwandorf; Phantaisie (?); INuremberg). Cette intercalation entre le quadersandstein et la craie , qui se fonde sur des observations directes, explique très-bien le passage graduel (Montagne de S. Pierre près de Maestricht), de la craie tuffeau à la for- mation jurassique. Le nom de calcaire caverneux (hbhlen- kalk), donné souvent à cette dernière, peut donner lieu à '602 i^jj des rapprochemens erronés. Il faudroit distinguer entre des formations dont la masse entière est spongieuse, caverneuse ou criblée de trous, et des roches à cavernes. Plusieurs, sans être poreuses ou celluleuses , en renferment de très- vastes. Le calcaire de transition (mountain limestone de Derbyshire) mériteroit, en Angleterre et au Harz , presque autant que celui du Jura, le nom de calcaire à cavernes. Au contraire, le rauchkalk et le rauchwacke , qui forment les assises moyennes du zechstein en Thuringe, et que l'on a crus à tort parallèles au calcaire du Jura, sont, comme ce dernier, et dans des étendues de couches très-considérables, remplis de petites cavités de 2 — 10 lignes de diamètre , sans offrir pour cela de véritables grottes. Le phénomène des grottes et celui de la porosité (cavernosité générale) de la masse ne se trouvent pas nécessairement réunis; ce sont des modifications qui, loin de caractériser telle ou telle formation , se rencontrent dans des formations très-différentes. Quoique sur le continent les couches partielles qui com- posent le calcaire du Jura se soient très -inégalement déve- loppées, et que l'ordre de leur succession \'arie souvent, on remarque toujours un certain nombre d'assises distinctes et répandues sur des étendues de terrain très -considérables. Nous les nommerons en commençant par les plus anciennes : calcaire marneux (et marnes calcaires tiès-dures) , hleu-gri- sàtre, analogue (d'après MM. Boue et Buckland, Essai géogn. sur l'Ecosse, pag. 201 , et Slrucl. of the Alps , pag. 17) au lias de lAngleterre, quelquefois traversé par des veines de spath calcaire, rempli de gryphées arquées: oolithes gris- jaunâtres, alternant avec des marnes en partie bitumineuses et avec du gypse; calcaire compacte à cassure unie et niatte, et oolithes blanches; couches remplies de madrépores ana- logues au calcaire à polypier de Normandie et au coral-rag de l'Angleterre; calcaire schisteux avec poissons et crustacés (Pappenheim et Solenhoffen). L'assise inférieure de cette formation si complexe est particulièrement désignée , en France (Bourgogne) et dans l'Allemagne méridionale (Wur- temberg), sous le nom de calcaire à gryphites ; mais quelques géognostes penchent même pour l'idée de séparer cette assise du calcaire du Jura, en la regardant, avec MM. de Buch et ÎND oo3 Brongniart , comme appartenant au zechstein , ou avec M. Keferslein, comme parallèle au muschelkalk. Ici se présente Ja question importante de savoir dans quel rapport de gise- ment et de composition se trouve le calcaire à gryphites du Jura avec celui qui porte le même nom dans le Nord de l'Allemagne , et que M. Voigt a fait connoitre dès Tannée 1792? Une grande amilogie enlre les couches les plus voi- sines de deux formations qui quelquefois se trouvent immé- diatement superposées l'une à l'autre, n'a sans doute rien de bien surprenant : les mêmes espèces de gryphées pour- roient se rencontrer dans des formations très-distinctes et plus éloignées encore entre elles ; mais la liaison géognostique observée entre le calcaire à gryphées arquées, alternant avec les marnes, et les autres couches inférieures du Jura, me fait pencher pour l'opinion que ce calcaire, et le calcaire à gryphées épineuses (gryphitenkalk de Voigt), placé sous le grès bigarré, ne sont pas d'une même formation. M.Mérian, dans son excellente Monographie des environs deBàle, énonce aussi cette opinion, et regarde avec M. Haussmann le grès argileux de Rheinfelden, sur lequel repose le calcaire juras- sique, comme grès bigarré, tandis que M. de Buch (Mérian, Umgeb. von Basel, p. 110) le prend pour le grès houiller, et suppose que, par le non-développement du grès bigarré, les couches oolithiques et lithographiques du Jura reposent, dans cette localité, immédiatement sur les couches à gryphites qui appartiennent au zechstein. J'ai cru de mon devoir d'exposer dans ce travail les opinions des plus célèbres géognostes, lors même qu'elles sont opposées à celles aux- quelles je me suis arrêté. Ce qui est indubitable et ce que nous croyons utile de rap- peler de nouveau, c'est que le calcaire jurassique qui repose près de Laufenbourg sur du granité, au Schwarzwald sur le grès rouge ou houiller , et près de Genève sur le calcaire alpin, est placé, dans le centre et le nord de l'Allemagne , sur le quadersandstein. La superposition d'une roche sur la formation la plus jeui^e détermine sa place comme terme de la série géognostique. En Franconie et dans le Haut-Pala- tinat on ne voit généralement au jour que les assises supé- rieures du calcaire jurassique , qui sont en même t^mps les 5o4 IND plus compactes. Les marnes et les oolithes y sont beaucoup plus rares que dans la Suisse occidentale et en France (Caen, Lons-le-Saulnier). Entre Eichstadt et Ratisbonne on trouve , de bas en haut, d'après M. de Schmitz, du calcaire entière- ment spongieux et bulleux ; des couches grenues renfermant des druses remplies de sable; du calcaire compacte et con- choïde avec des nodules de silex ; du calcaire schisteux et fissile , analogue à celui de Sohlenhofen et aux dales lithographiques du Heuberg près de Kolbingen. Ces assises spongieuses, remplies de vacuoles (vallée du Laber près Bcrodhausen; Pegnitz, Creussen, Tumbach ), que j'ai retrou- vées en Italie (vallée de la Brenta , entre Carpane et Primo- lano), à l'ile de Cuba (entre le Potrero de Jaruco et le port du Batabano), au Mexique (plateau de Chilpansingo) , don- nent à la surface du sol, qui est hérissé de petits rochers pointus, un aspect très- particulier. Dans la France occidentale, une bande non interrompue de calcaire jurassique s'étend, d'après M. Boue, du S. E. au N. O., depuis Narbonne et Montpellier jusqu'à la Rochelle, réparant vers le nord les terrains de transition de la Vendée et le terrain primitif du Limousin. Sur les c6tes de Nor- mandie, les assises marneuses et oolithiques ont pris un dé- veloppement beaucoup plus grand qu'en Allemagne. Nous citerons, d'après les recherches intéressantes de M. Prévost, les couches superposées entre Dieppe et le Cotentin , en commençant, comme toujours, par les couches les plus an- ciennes : 1,° calcaire à gryphées arquées et calcaire lithogra- phique (Le Vay, Issigny), renfermant quelques lignites et superposé au terrain de transition: 2." argiles inférieures et oolithes (argile des Vaches- noires, alternant avec du lias à débris d'ichthyosaures; oolithes grises deDive, ferrugineuses, mêlées d'argile avec lignites et avec pétrifications nombreuses de madrépores, de modioles, de Gryphœa cimhium et d'am- monites; oolithes blanches) : 3." calcaire de Caen; les couches inférieures avec des nodules de silex, avec peu de coquilles (ammonites, bélemnites) , et avec quelques ossemens de crocodiles; les couches supérieures à polypiers (coral-rag) et à trigonies renfermant des cérites entièrement analogues à celles trouvées au-dessus de la craie : 4." argiles supérieures IND ooi Au cap la Hève, de couleur bleuâtre, avec lignites, débris de crocodiles (Honfleur) et bancs calcaires moins développés qu'à Caen. On voit que dans cette partie de l'Europe les lignites percent à travers toutes les couches du calcaire juras- sique, et que cette formation, en faisant abstraction des argiles intercalées, se compose de trois grandes assises, savoir, de calcaire à gryphées arquées, d'oolithcs, et de calcaire à polypiers et à trigonies. En Angleterre , la formation du Jura , se prolongeant sans interruption du Yorckshire au Dorsetshire, remplit tout l'espace entre le red mari (grès bigarré) et la craie ; car on n'y connoît entre le calcaire du Jura et le red mari aucune formation qui soit analogue de composition au muschelkalk et au quadersandstein , deux roches qui souvent manquent également sur le continent. Les géognostes anglois et écossois , qui, dans ces derniers temps, ont étudié la charpente de leur pays avec un zèle infatigable, distinguent les assises du cal- caire jurassique par des dénominations en partie très-carac- téristiques, et dont plusieurs rappellent les subdivisions re- connues sur le continent : i ." Lias , avec peu de silex, couvrant le red mari salifère, analogue au calcaire à gryphées arquées du continent; les deux tiers d'en- haut sont une masse argi- leuse bleue alternant avec des lits calcaires ; vers le bas ces lits augmentent d'épaisseur, deviennent blancs et passent à des couches lithographiques (ossemens d'ichthyosaures, près de vingt espèces d'ammonites, bélemnites ). 2.° Système infé- rieur d'oolitlies , savoir : oolithes mêlées de sable , terre à foulon, grand banc oolithique (great oolithe) avec débris de coquilles , schiste oolithique de Stonesfield , forestmarble , cornbrash et kelloway-rock, calcaires coquilliers et arénacés. 3.** Système moyen d'oolithcs , savoir : argile d'Oxford (clunch- clay de M. Smith), sables et conglomérats calcaires ( calca- reousgrit), coral rag ou calcaire à polypiers, avec madré- pores et échinites. 4.° Système supérieur des oolithes , savoir : argile bleue de Kimmeridge, un peu bitumineuse, analogue aux argiles bleues du cap la Hève en Normandie , qui sont aussi supérieures au calcaire à polypier et aux oolithes ; port' landstone, avec ammonites; purbeckstone, calcaire argileux j)étri de coquilles , alternaot avec des marnes et des gypses. a3. 20 So6 IND J'ai suivi les divisions de MM. Smith, Philipps et Conybeare . qui diffèrent un peu de celles qu'a adoptées M. BncMand. Les trois systèmes d'oolithes d'Angleterre sont sépaiés par des formations argileuses. Quant à la structure oolifhique même, nous avons déjà fait observer plus haut qu'on en trouve des traces dans les formations les plus différentes : il y a quel- ques bancs d'oolithes, d'après MM. de Gruncr et Escher {Alpina, T. IV, p. Sfig) , dans le calcaire de transition de la Suisse , dans le grès houiller ( Freiesleben , Kapfersch. ,B.IV, p. 123), dans le calcaire alpin ou zcchstein (Hartlepool dans le Northuniberland ) , dans le grès bigarré (Thuringe; Vie en Lorraine), et dans le muschelkalk. Couches subordonnées : hornstein (silex) en petits bancs continus ; calcaire magnésifère (Nice) ; calcaire fétide et gypse avec des traces de sel gemme (Kandern ; voyez Mérian , Umgeh. vonBasel, p. 56); grès argileux et micacé, quelquer fois siliceux, intercalé dans les assises à gryphites (Hem- miken, Waldburgstuhl : Lons-le-Saulnier) ; fer oxidé glo- buliforme (bohnenerz), à la fois dans le calcaire du Jura (Neufchâtel; Frickthal; Wartenberg enSouabe), et entre ce calcaire et la molasse ou grès tertiaire à lignite (Arau, Baden) ; houille avec impressions de fougères (?) et mêlée de pyrites (Neue Welt , Bretzweil). Pétrifications : après les formations supérieures à la craie, le calcaire du Jura est celle dont les débris fossiles ont été le mieux déterminés en Angleterre , en France et dans la Suisse occidentale. Elle renferme, de même que des terrains plus anciens encore (le quadersandstein et le zechstein avec schiste cuivreux) , des coquilles pélagiques mêlées à du bois, à des ossemens de grands sauriens d'eau douce, et, si l'on ne s'est pas trompé dans la détermination zoologique , à des ossemens de didelphes (marnes de Stonesfield ). J'ignore si le mélange de coquilles marines et fluviatiles, si évident dans la plupart des formations tertiaires , a été observé avec certitude dans les terrains au-dessous de la craie. Là où la formation jurassique est presque dépourvue de marnes et d'oolithes ( Franconie , Haut-Palatinat ; Carniole , entre S. Sesanne etTriest), des couches très- puissantes sont en- tièrement dépourvues de pétrifications. Les débris de qua- IND 307 rlrupèdes ovipares, de poissons et de tortues, se trouvent presque dans toutes les assises, dans les plus récentes ( pup- beckstone), comme dans les plus anciennes (lias) : cepen- dant les dernières en offrent le plus; et il paroit qu'elles ne renferment que l'iclithyosaurus ( proteosaurus de sir Everard Home) et le plesiosaurus, qui est un animal analogue, et non les véritables crocodiles. Celte différence dans la distri- hution des reptiles a été également observée par M. Prévost sur les côtes occidentales de la France. Les ossemens de l'icli- thyosaurus s'y trouvent (principalement?) dans les couches calcaires (lias) des argiles inférieures aux oolithes , tandis que les crocodiles ne se rencontrent qu'au-dessus des oolithes. En Angleterre on distingue, d'après MM. Smith, Philipps et Conybeare , parmi le nombre prodigieux de coquilles pétri- fiées dont on n'a encore pu reconnoitre que le genre , les espèces suivantes : Ammonites giganteus , A. exca^^atus , A. Duncani, A. Banksii , A. angulatus, A. Grenoiighi , Nau- tilus striatus , N. truncatus , Trochus dimidiatus , T.hicari' nalus, Trignnia costata, T. clavellata , Terebralula intermedia, T. spinosa, T. digona , Ostrea gregaria, O. palmata, Modiola lœi>is, M. depressa, M. minima, Pentacrinites caput Medusœ, P. basaltiformis , etc. Quoique les espèces d'ammonites (au nombre de vingt), de bélemnites et de pentacrinites, dé- crites dans le lias, ne soient pas identiques avec celles du muschelkalk, il me paroît toujours bien remarquable de voir accumuler ces trois familles dans des roches d'un âge si rap- proché, entre Ics dernières assises du zechstein (calcaire alpin) et les premières ou plus anciennes du calcaire juras- sique. MM. Prévost, Lamouroux et Brongniart vont enrichir la géognosie zoologique des recherches profondes qu'ils ont faites sur les coquilles et les zoophytes trouvées sur les côtes de France , entre Dieppe et le Cotentin, en Franche-Comté et en Suisse. Nous nous contenterons, en attendant, de consi- gner ici les corps fossiles qu'offre le calcaire jurassique du continent, depuis Genève jusqu'en Franconie , d'après un tra- vail que j'ai fait sur les catalogues de M. de Schlottheim : Chamites jurensis , Bélemnites giganteus, Ammonites planulatus , A. natrix , A. compriniatus , A. discus , A. Bucklandi, Mj'acites radiatus , Telliniles solenoides , Donacites hemicardius, Psctinilea 3o8 IIVD articulatus, P.œquivalvis, P. lens, Ostracites grj'phœatiis, O.crista- galli , Terebratulites lacunosus, T. radiatus , Grjphites arcuatus, Mjtulites modiolatus, Echinites orificiatus , E. miliaris , Asteri- acites pannulafus, des Turritelles, des Hippurites (le Cornuco- piœ au cap Passaro en Sicile) , Grjpliites arcuatus, etc. Il est bien digne d'attention que cette gryphée arquée que M. Sowçrby nomme Grjphites incurvas, et qui caractérise les assises infé- rieures de la formation jurassique en Suisse et sur les côtes occidentales de la France , est aussi , après V Ammonites Buck- landi et le Plagiostoma gigantea, la coquille qui caractérise le plus le lias en Angleterre. Les couches de calcaire blanc et grenu que l'on trouve fréquemment dans cette formation (Neurchàtel, Monte Baldo), sont dues à des pétrifications de madrépores. Nous avons déjà vu des poissons plus ou moins accumulés, mais appartenant à des genres 1res- distincts , dans le thon- schiefer de transition (Claris) , dans les schistes carbures du grès rouge ( Goldlauter et AUthal près de Kleinschmalkalden) , dans le calcaire alpin et ses marnes cuivreuses, et même dans le muschelkalk (très-rarement, Esperstedt, Obhaussen ) : ces ichthyolithes deviennent plus fréquens dans le calcaire juras- sique , surtout dans ses couches supérieures. De là elles pé- nètrent, au-clessusde la craie, dans le grès tertiaire à lignites (argile plastique), dans le calcaire grossier (Monte Bolca), le gypse à ossemens (Montmartre) et le calcaire d'eau douce (Œningen). J'indique dans l'ordre de leur âge relatif les for- mations qui offrent des phénomènes analogues, pour prévenir les erreurs qui naissent de l'ignorance de ces analogies. Un géognoste justement estimé, M. Buckland , incline à re- garder les calcaires fissiles de Pappenheim et de Sohlenhofen, célèbres par leurs empreintes de poissons et de crustacés, comme superposés au calcaire du Jura, et comme apparte- nant au calcaire grossier du terrain tertiaire : ces calcaires fissiles me paroissent au contraire entièrement analogues au purbeckstone d'Angleterre, qui abonde aussi en pétrifica- tions de poissons , et qui forme , comme le calcaire de Pap- penheim, la couche la plus récente du terrain jurassique. J'ai eu occasion d'examiner, en 1796, les belles carrières de Sohlenhofen, conjointement avec M. Schbpf, et nous avon» IND 309 reconnu, en allant de Muggendorf par Ansbach à Pappen- heim , une liaison intime entre les diverses assises d'une même formation. MM. de Buch, Boue et Beudant partagent cette opinion sur les ichthyolithes de Franconie. Dans le Vicentin le calcaire jurassique et le calcaire grossier parisien existent à la fois. L'un et l'autre y renferment des polypiers; cependant, dans un premier voyage fait en Italie (lygS), j'ai cru que les longues bandes de coraux rameux qui traversent, en formant des filons (entre l'hôtellerie du Monte di Diavolo et le lac Fimon à l'ouest de Lungara), le sommet du Monte di Pietra nera, appartiennent plutôt au calcaire du Jura, peut-être à l'assise appelée en Angleterre coral-rag. Ces bandes de polypiers qui sont restés en place, ont deux pieds de largeur : elles offrent un aspect très-extraor- dinaire , et parcourent des masses calcaires presque dépour- vues de pétrifications, en se dirigeant très-régulièrement N. 80° E., et en s'élevant comme un mur au-dessus de la sur- face du sol. M. Boue a aussi observé ces polypiers en place dans le calcaire jurassique (coral-rag) qui entoure le bassin de Vienne, et dont les assises inférieures renferment des nagelfluhe analogues au calcareous grit de la grande formation oolithique d'Angleterre (Filey dans le Yorkshire). Sous la zone équinoxiale de l'Amérique j'ai cru reconnoître la formation du Jura dans beaucoup de calcaires blanchâtres, en partie lithographiques, qui ont la cassure unie et matte , ou conchoïde à concavités très -aplaties. Ces calcaires sont ceux de la caverne de Caripe (au sud-est de Cumana), du littoral de Nueva Barcelona (Venezuela) , de l'Ile de Cuba (entre la Havane et le Batabano ; entre la Trinidad et la boca del Rio Guaurabo) et des montagnes centrales du Mexique (plaines de Salamanca et défilé de Bâtas). I-e cal- caire blanc de Caripe, qui ressemble entièrement à celui des cavernes de Gailenreuth en Franconie , est superposé au calcaire alpin gris-bleuâtre de Cumanacoa. Le terrain juras- sique du littoral de Nueva Barcelona renferme de petites couches de hornstein passant à un kieselschiefer noir (phé- nomène qui se répète près de Zacatecas au Mexique ) ; il est recouvert ( Aguas calientes del Bergantin) , comme le calcaire alpin au sommet de l'Impossible, d'un grès trés-quarzeux. Oa 3ic. IND pourroit croire que ce grès du Bergantin appartient aux assises quarzeuses du grès vert ou grès secondaire à lignites ; mais, comme il forme également des couches dans le calcaire alpin (Tumiriquiri) , il reste bien douteux si les grès du Bergantin et du Tumiriquiri sont des formations différentes, ou si des couches toutes semblables pénètrent du calcaire alpin dans le terrain jurassique. Ce terrain abonde moins que toute autre formation secondaire en roches arénacées. Nous avons cependant cité plus haut des couches de grès dans les montagnes occidentales de la Suisse, à W aldburgstuhl , Ep- tigen, et Hemmiken près de Bâle. Dans les vastes steppes de Venezuela, près de ïisnao, le grès rouge supporte, à ce qu'il m'a paru, immédiatement (comme au Schwarzwald en Souabe) un calcaire lithographique très -analogue au cal- caire du Jura. Ce gisement se trouve répété au Mexique , dans les plaines de Teniascatio , au sud-ouest de Guanaxuato. A l'extrémité septentrionale de la vallée de Mexico (entre rHacienda del Salfo , Bâtas et Puerto de Reyes), une forma- tion calcaire bleu - grisâtre, à cassure unie, renfermant du gypse et supportant une brèche calcaire , m'a paru appartenir au terrain jurassique , malgré la proximité des marnes ter- tiaires (Desaguede Huehuetoque), dans lesquelles sont en- fouis des ossemens d'éJéphans fossiles. Je pourrois citer aussi le passage que l'on observe du calcaire alpin à un calcaire entièrement semblable à celui d'Arau et de Pappenheim, à la pente occidentale des Cordillères du Mexique, entre So- pilote, Mescala et les riches mines de ïehuilolepic ; mais dans cette région le terrain du Jura est inoins prononcé qu'à l'ile de Cuba, qu'aux îlots du Cayman et dans les montagnes de Caripe près de Cumana. Nulle part , dans la partie du nouveau monde que j'ai parcourue , je n'ai vu le grès bi- garré, le muschelkalk ni le quadersandstein séparer le cal- caire alpin des formations que je viens de décrire. Dépourvues d'oolithes, elles abondent aussi très-peu en pétrifications de coquilles et en couches marneuses. Leur cassure matte et unie leur donne fout l'aspect du calcaire jurassique de l'Allemagne et de la Suisse. Ces formations calcaires de l'Amérique , des Pyrénées et des Apennins, qui paroissent si étroitement liées au calcaire alpin (zechstein), ne sont -elles que les assises IND 3ix les plus récentes de ce dernier, et doit -on les séparer du véritable calcaire jurassique, riche en coquilles, en oolithes et en marnes P Cette question importante ne peut être ré- solue qu'en multipliant les observations de gisement, qui sont bien plus décisives que celles de composition et d'as- pect extérieur. Grks et Sables ferrugineux , et Grès et Sables verts , Grès SECONDAIRE A LIGNITES ( IrON SAND ET GrEEN SANd). §. 53. Ce sont des grès et des sables avec lignitcs, placés au-dessous de la craie ce sont deux formations arénacées, colorées par le fer , séparées par une couche d'argile ( weald- clay ) et superposées au calcaire du Jura ( terrain d'oolithes). Elles atteignent en Angleterre jusqu'à mille pieds d'épais- seur, et se retrouvent dans toute la France occidentale, où MM. Prévost et Boue en ont fait l'objet d'une étude appro- fondie. Les sables ferrugineux brun-jaunàlre alternent avec des grès siliceux et de petits amas de mines de fer souvent exploitées avec avantage .- ils renferment des bois fossiles et des lignites (Bedfordshire, Dorsetshire). Les salles verts, colorés par un protoxide de fer, alternent avec des grés calcaires et siliceux, avec des agglomérats , des marnes jaunâtres à cristaux de gypse, et même avec de petits bancs de calcaire compacte, qui ont été quelquefois confondus avec le portlandstone. On y trouve des nodules de hornstein et de calcédoine (Sarlat dans le Périgord), de petits dépôts de fer hydraté, une résine qui passe au succin ( ile d'Aix près de La Rochelle; Obora et Alstadt en Moravie), et un grand nombre de débris fossiles, dont plusieurs {cidaris, spatangus) ressem- blent à ceux de la craie. Les grès siliceux de cette formation renferment des empreintes de feuilles dicotylédones. Vers le haut le sable vert passe à une marne crayeuse (chalk marie de Surrey). La terre verte ou chloritée , qui caractérise la couche de sable la plus rapprochée de la craie , se retrouve dans des formations d'un âge très-différent, dans le grès houiller de la Hongrie (sur les frontières de la Galicie), dans le grès bi- garré et dans les gypses qui lui appartiennent, dans le qua- dersandsteia et dans les couches inférieures du calcaire gros-. 5i2 IND sier de Paris. D'après les belles recherches de M. Berthier sur les grains verts de la craie et du calcaire grossier, ces grains sont un silicate de fer; mais il est probable que les quantités de magnésie et de potasse varient dans les différens terrains, comme elles varient, d'après les analyses de Klap- roth et de Vauquelin, dans la terre verte de Vérone (talc chlorite zoographique de Haiiy ) et dans la chlorite terreuse. L'analogie qu'offrent quelquefois avec le quadersandstein de l'Allemagne les bancs siliceux du grès vert (ironsand), soit à l'état solide, soit dans un état de désagrégation, a porté plusieurs géognostes à confondre ces deux terrains. M. Boue, qui a exploré avec tant de fruit les gisemens de l'Ecosse, de l'Angleterre et de l'Allemagne, a reconnu le grès vert (tout semblable à celui des environs d'Oxford) en France, le long de la Mayenne et du Loir, depuis la Ferté-Bernard jusqu'au- delà de la Flèche, dans le département de la Charente , dans le Mans, la Saintonge et le Périgord. C'est à cette même formation du §. 33 qu'appartiennent aussi les lignites de Pîle d'Aix, sur lesquels M. Fleuriau de Bellevue a fait de si intéressantes recherches. D'après ce savant géologue, la forêt sous-marine des côtes de La Rochelle consiste en bois de dicotylédones aplatis, en partie pétrifiés, en partie bitumineux ou fragiles, quelquefois à l'état de jaïet. Ces bois sont pénétrés de pyrites , et percés par une multi- tude de tarets et de vers marins. Les trous résultant de cette perforation sont remplis de quarz-agathe et de sulfure de (er. On trouve les troncs ou en couches horizontales, tantôt diri- gées parallèlement, tantôt accumulés en désordre. Les bois qui sont pétrifiés en entier ou seulement en partie, reposent sur un sable verdâtre : ceux qui sont à l'état fibreux et bitumineux, reposent sur des bancs d'argile plastique d'un bleu foncé. Ils sont entourés d'algues marines et de petites branches de lignites. Parmi ces masses d'algues on trouve une résine qui passe au succin ; elle est friable et offre di- verses couleurs. Les troncs d'arbres entassés forment une bande d'une lieue et demie de largeur, depuis l'extrémité nord-ouest de Pile d'Oléron jusqu'à quatorze lieues dans l'in- térieur du continent, sur la rive droite de la Charente. Cette bande a plus de sept pieds d'épaisseur j elle est dirigée IND 3'5 de O. N. O. à E. S. E. , et se trouve à un mètre au-dessus du niveau des basses mers. Là où les lignites sont couverts par l'océan, ils sont incorporés (ainsi que des masses de succin- asphalte et de grands ossemens d'animaux marins) à un grès grossier qui repose sur l'argile plastique. Le gisement de ces dépôts est, de bas en haut (d'après un mémoire inédit de M. Fleuriau de Bellevue) : i.° calcaire compacte (lithographique) à cassure unie (La Rochelle, S. Jean d'Augely) ; 2." couches d'oolithes (pointe de Chatelaillon et Matha); 3.° lumachelle et bancs de polypiers avec empreintes de Gryphœa angustata (ces trois couches constituent la formation jurassique, dont le banc à polypiers représente le coral-rag) : 4.° grande couche de lignite avec tourbes marines , succin-asphalte et argile plas- tique ; 5.° sables ferrugineux et chloriteux; argile schisteuse; couches arénacées et calcaires avec trigonies et cérites; des fragmens de lignites. Au sud-ouest de la Charente, où man- quent les couches n.°' 4 et 5 , des bancs horizontaux d'un cal- caire très-blanc avec débris de coquilles (Saintonge) repo- sent immédiatement sur les oolithes de la formation jurassique, et représentent les assises inférieures de la craie. M. Boue a vu se prolonger les traces des lignites depuis Rochefort par Périgueux jusqu'à Sarlat. Ces sables et argiles avec lignites du grès vert sont liées vers le bas aux argiles bleues avec lignites du cap la Hève (près du Havre); vers le haut ils préludent pour ainsi dire au grand dépôt de lignites du terrain tertiaire, c'est-à-dire aux lignites de l'argile plastique et de la molasse, qui sont supé- rieures à la craie. Comme la craie dans ces assises inférieures (craie chloritée entre Fécamp et Dives) renferme elle-même des lignites, et que, sous de certains rapports, ellepeutêtre regardée comme une continuation de la formation jurassique, les phénomènes que nous venons d'exposer sont bien dignes de l'attention des géognostes. Le pldnerkalk de l'Allemagne , souvent mêlé de mica et de grains de quarz , forme une des assises supérieures du grès vert, représentant à la fois la craie chloritée et une partie de la craie grossière ou craie tuffeau. ia4 Î^D IV. Craie. §. 34. A mesure que nous nous sommes éloi^ës du calcaire alpin, nous avons vu les formations flevenir plus complexes. II est vrai que le muschelkalk et le quadersandstein ont une structure assez simple ; mais le calcaire du Jura et le grès vert, là où ils se sont bien développés, offrent une grande complica- tion de couches et de fréquentes alternances. Cette tendance à une composition variée, à un agroupement de masses hété- rogènes (tendance qui atteint son maximum dans le terrain tertiaire), se ralentit pour ainsi dire au terrain de craie. Placée entre le grès vert et l'argile i)lastique ou grès à lignites tertiaire, la craie, par une plus grande simplicité de struc- ture, contraste avec les formations complexes que nous ve- nons de nommer. Des couches argileuses (dief) , calcaires, et arénacées (fourtia) , qui séparent la formation jurassique (ooli- thique) de celle de la craie, ne doivent pas se confondre avec cette dernière formation, quoique souvent aussi il ne soit pas facile de fixer les limites entre les marnes avec lits d'oolithes du terrain jurassique, les strates du grès vert, et CCS marnes crayeuses ou calcaires jaunâtres, presque com- pactes, qui semblent appartenir aux assises inférieures de la craie. Ce dernier terrain se compose , d'après les recherches de MM. Omalius et Brongniart, de trois assises assez distinctes. L'inférieure est la craie chlaritée ou glauconie crayeuse, friable et parsemée de grains verts; la moyenne est la craie lujj'eau ou craie grossière, grisâtre , sableuse, renfermant des marnes et, au lieu de silex pyromaques, des silex cornés, d'une couleur peu foncée. L'assise supérieure est la craie blanche. Quelquefois les assises les plus anciennes prennent des cou- leurs gris -noirâtre, et devienncut ou très-compactes (envi- rons de Rochefort), ou grenues et friables (montagne de Saint- Pierre près de Macstricht). La craie chlôritée passe souvent insensiblement au sable vert (green sand ). La craie blanche est la plus pure des couches calcaires de différens âges : elle ne contient que quelques centièmes de magnésie ;. mais elle est mêlée d'une quantité de sable plus ou moins grande. La liaison du terrain de craie de Paris avec les autres, IND 3i5 (errains secondaires (entre Gueret et Hirson) a été indiquée dans une coupe par M. Omalius (Bull, phil., 1814). Dans un nivellement barométrique, fait en i8o5, de Paris à Naples , nous avons vu, M. Gay-Lussac et moi, sortir au jour, succes- sivement sous la craie, le calcaire du Jura , le calcaire alpin , le grès rouge , le gncis et le granité ( entre Lucy-le-Bois , Aval- Ion, Autun et montagne d'Aussy). La formation de craie, trop long-temps négligée, est beaucoup plus répandue qu'on ne le pense généralement. On l'a reconnue dans plusieurs parties de l'Allemagne, par exemple, dans le Holstein , en Westphalie (d'Unna à Paderborn), dans le pays d'Hanovre, au pied du Harz près Goslar, dans le Brandebourg près Prentzlow, et à l'île de Rugen. Souvent elle n'est reconnois- sable que par les corps fossiles que présentent les lambeaux de terrains marneux et arénacés. Elle ne renferme que peu de couches hétérogènes, par exemple, des lits d'argile (Isle deWight; Anzin); des silex, soit en plaques ou en rognons bien alignés , soit en petits filons ( Isle de Thanet; Brighton ) , et caractérisant les assises supérieures de la craie. On y ren- contre aussi des pyrites globuleuses et de !a strontiane sulfa- tée (Meudon). Pétrifications. Dans le bassin de la Seine on trouve, d'après les observations de MM. Défiance et Brongniart , dans les couches supérieures de la craie : beaucoup de bélemnites (Belemnites mucronatus) et d'oursins [Ananchites ovata, A. pus- lulosa, Galerites vulgaris , Spatangus cor anguintim , S. bufo)j des huîtres [Ostrea vesicularis , O. serrata) ; des térébratules (Terebratula Defrancii, T. plicatilis , T. alata) ; des peignes {Pecten cretosus , P. quinque- costatus) ; le Catillus Cuvieri, des Alcjonium, des astéries, des millepores, etc. La craie tuffeau et glauconeuse renferme ( environs du Havre , de Rouen et de Honfleur; Perte du Rhône près Bcllegarde) : Grjpheacolumba, G. auricularis , G. aquila , Podopsis truncata, P. striala, Tere- hraLula semiglobosa, T.galLina, Pecten intexlus , P. asper , Ostrea carinata , O. pectinata, Cerithium excavatum , des trigonies , des crassatelles , des encrinites et des pentacrinites (Angle- terre), et, ce qui est très-remarquable, des nautilites et plu- sieurs ammonites (Nautilus simplex , Ammonites varians , A. Beudanti , A. Coupei, A. injlatus, A. Gentoni , A^ rhotomagensis) , SiG IIVD tandis que les couches supérieures de la craie , près de Paris, ne renferment (à l'exception du Trochus Basleroti) pas une seule coquille univalve à spire simple et régulière. D'après les recherches de MM. Buckland , Webster, Greenough, Phi- lipps ctMantell, comparées à celles de M. Brongniart , il existe la plus grande analogie entre les débris organiques trouvés , en France et eu Angleterre, dans les assises de la craie du même âge. Ce sont partout les assises les plus anciennes qui renferment des ossemens de grands sauriens (monitor) et de tortues de mer, des dents et des vertèbres de poissons (squales). Malgré les analogies que présentent les grès à lignites (sables verts et argiles plastiques ) au-dessous et au-dessus de la craie , cette formation pourtant appartient plutôt au terrain secon- daire qu'au terrain tertiaire , auquel plusieurs géognostes célèbres le rapportent. Aussi, selon M. Brongniart, les co- quilles de la formation crayeuse se rapprochent beaucoup plus de celles de la formation jurassique que des coquilles du calcaire grossier, dont la craie est séparée géognostiquement de la manière la plus tranchée. Terrains tertiaires. Les considérations que j'ai exposées plus haut sur la liaison intime entre les dernières assises du terrain de transition et les premières du terrain secondaire , peuvent s'appliquer en grande partie à la liaison que Ton observe entre les terrains secondaires et tertiaires. Les roches de transition sont ce- pendant plus étroitement liées au terrain houiller que ne Pest la craie aux formations qui lui succèdent. Ce qu'il y a de plus important en géognosie, c'est de bien distinguer les forma- tions partielles; c'est de ne pas confondre ce que la nature a nettement limité; c'est d'assigner à chaque terme de la série géognostique sa véritable position relative. Quant aux ten- tatives qui ont été faites récemment pour réunir plusieurs de ces formations par groupes et par sections, elles ont eu le sort de toutes les généralisations diversement graduées. Les opinions des géognostes sont restées plus partagées à Pégard des grandes que tles petites divisions. Presque partout les mêmes formations ont été admises ; mais on varie dans la IND 3i7 nomenclature des groupa qui doivent les réunir. C'est ainsi que les botanistes s'accordent plus facilement sur la fixation des genres que sur la répartition de ces mêmes genres entre des familles voisines. J'ai préféré de conserver dans le tableau des formations les anciennes classifications les plus générale- ment reçues. Dans cette longue série de roches, dans cet assemblage de monumens de diverses époques, on distingue surtout trois phénomènes bien marquans : la première lueur de la vie organique sur le globe, l'apparition de roches frag- mentaires, et la débâcle qui a enseveli l'ancienne végétation monocotylédone. Ces phénomènes marquent l'époque des roches intermédiaires et celle du grès houiller , premier chaînon des roChes secondaires. Malgré l'importance des phé- nomènes que nous venons de signaler, les roches d'une époque ont toujours quelque profot3'pe dans les roches de l'époque précédente, et tout annonce l'effet d'un développement continu. Comme les noms, terrains de sédiment moj^en, calcaire alpin nouveau, etc., sont employés dans beaucoup d'ouvrages géo- gnostiques modernes, sans que l'on désigne chaque fois indi- viduellement les roches que renferment ces terrains, il sera utile de rappeler ici la synonymie de cette nomenclature des gisemens. M. Brongniart, distinguant entre pr/mif// et prnnor- dial, comprend avec M. Omalius d'Halloy, sous la dénomina- tion de terrains primordiaux , toutes les roches primitives et in- termédiaires cristallines de l'école de Freiberg : il divise les terrains secondaires ( Flotzgebirge) en trois classes. Dans la première, celle de sédiment inférieur [Descr. géol. des environs de Paris, p. 8 ; Sur le gisement des ophiolithes , p. 36), sont compris le mountain-limestone ou calcaire de transition, le grès rouge ou houiller, le calcaire alpin ou zechstein et le lias; dans la seconde, celle de sédiment moyen, le calcaire du Jura et la craie ; dans la troisième, celle de sédiment supérieur, toutes les couches qui sont plus neuves que la craie. Le terrain de sédiment supérieur remplace par conséquent le terrain tertiaire , dénomination tout aussi impropre pour désigner un quatrième terrain , succédant aux terrains primitif , intermédiaire et secondaire, que l'étoient les anciens noms de terrains à couches (roches secondaires) et de terrains à /lions « (roches primitives et de transition). M. de Bonnard , dans son intéressant Aperçu géognostique des formations , exclut des terrains primordiaux les porphyres, les syénites de transition et toutes les roches cristallines postérieures à celles qui ren- ferment quelques débris de corps organisés; il regarde, et nous préférons sa manière de voir, le mot primordial comme synonyme de primitif. Les terrains secondaires supérieurs de M. de Bonnard diifèrent beaucoup du terrain de sédiment supérieur de M. Brongniart : ce sont plutôt ceux q\ie ce savant esti- mable appelle terrain de sédiment moj en. Toutes les formations , depuis la craie jusqu'au grès rouge, à l'exception des houilles, sont comprises dans l'ordj-e surmojen de M. Conjbeare. tandis que Id liaison intime que l'on observe en Angleterre entre les dépôts de houilles et les roches qui les supportent, ont engagé M. Buckland {Structure of the Alps , 18-21 , p. 8 et 17 ) à étendre les formations secondaires depuis la craie jusqu'au mountain limestone et à la grauwacke (old red sandstone). Jl nomme notre zechstein avec dépôts salifères, calcaire alpin ancien ( elder alpine limestone); le lias, lesoolithes. le sable vert et la craie , calcaire alpin nouveau (j^ounger alpine lime- stone). Ces indications suffiront, jepense, pourl'intelligence de la synonymie des grandes divisions géognostiques. Le mélange fréquent de couches pierreuses et de terrains meubles ou masses désagrégées a fait confondre long-temps les formations tertiaires, c'est-à-dire , celles qui sont postérieures à la craie, avec les terrains d'aï lu ^-ion et de transport . que Guet- lard ( 1746) avoit appelés la zone des sables. On a faussement considéré les formations tertiaires comme peu importantes, comme irrégulières dans leur stratification et restreintes à de petites étendues de pays. L'école de Freiberg ne plaçoit d'abord (i8o5) au-dessus du muschelkalk et de la craie que quatre formations, savoir : les sables et argiles avec li- gnites, déjà reconnues par Hollmann en 1760 {Phil. Trans., vol. LI , p. 5o5); le nagelfluhe calcaire, le travertin, et le tufF d'eau douce (Reuss, Geogn., T. II, p. 470, 63o, 644). Bruguières avoit déjà observé que les meulières de Mont- morency ne renfermoient que des coquilles d'eau douce. Le gypse à ossemens de Montmartre, que Karsten croyoit encore analogue au gypse salifère du zechstein, avoit été IND 3iy considéré par Lamanon et par M. Voigt (1799) comme un dépAt d'eau douce. Werner le regarda (1806) comme en- tièrement différent des formations de gypse d'Allemagne, et comnie d'une époque beaucoup plus récente ( Freiesleben, Kttpfersch., T. I, p. 174). Les observations recueillies par la Socié'é géologique de Londres et la Société l^Vemérienne à Edimbourg , les utiles voyages de M. Omalius d'Halloy (1808) et de quelques géogiiostes italiens, avoient fourni une masse assez considérable de matériaux pour l'étude des terrains tertiaires ; mais la connoissance plus approfondie des différentes formations qui constituent ce terrain et qui offrent les mêmes caractères dans les pays les plus éloignés, ne date que de l'époque où a paru la Description géologique des environs de Paris, par MM. Brongniart et Cuvier ( 1.'^*' édit. , tBio; 2.' édition, 1822). C'est dans le bassin qui entoure cette capitale, que toutes les formations tertiaires (à l'ex- ception peut-être du grès à lignites, qui ne s'y montre que comme argile plastique) se trouvent le plus développées. Toutes celles qui manquent dans d'autres parties de l'Eu- rope , ou qui ne s'y rencontrent que par lambeaux, sont réunies sur les bords de la Seine. En caractérisant succinctement les termes de la série ter' tiaire, je profiterai à la fois du grand ouvrage de M. Brongniart, de celui que MM. Conybeare et Philipps viennent de faire pa- roitre sur le sol de l'Angleterre, du Voyage géologique de M. Beudant enHongrie, et desobservations récentes deMM. Boue et Prévost, qui, en remplissant la lacune entre les formations tertiaires et oolithiques, ont rendu de grands services à la géognosie positive. C'est par la comparaison de terrains très- éloignéslesunsdes autres, qu'on peut éviter, jusqu'à un certain point, de confondre le tableau général des gisemens avec la description géographique d'un bassin isolé. Il est assez remar- quable de voir que la dernière assise du grand édifice géognos- tique , celle dont l'époque de formation est le plus rapprochée de nos temps, ait été examinée si tard. Comme les couches meubles du terrain tertiaire renferment des coquilles fossiles dans un haut degré de conservation , c'est ce terrain aussi qui a donné lieu au perfectionnement de la conchyliologie souterraine. La prédilection que dans divers pays on a donnée 32b IND à cette science, deviendra également utile à l'étude des fof-' mations secondaires et intermédiaires , si on ne néglige pas de combiner les caractères zoologiques avec ceux qu'offrent le gisement et Tàge relatif des roches. J"ai exposé plus haut les motifs pour lesquels j'ai cru devoir éviter les dénominations de premier, de deuxième et de troi- sième terrain marin, ou d'eau douce. J'ai substitué le plus sou- vent des noms géographiques à ces dénominations numéri- ques, très-susceptibles de faire naître des idées erronées. Les formations les plus récentes sont celles dont les gisemens paroissent avoir été le plus modifiés par des circonstances locales. Une alternance périodique des matières calcaires et siliceuses (l'argile même renferme près de 70 pour cent de silice) se manifeste jusque dans les strates qui appartiennent à une même formation. Les couches hétérogènes et les subdi- visions des terrains calcaires ou gypseux prennent , dans quel- ques pays, un accroissement si considérable qu'on les prend pour des terrains particuliers ou indépendans. Il en résulte que la succession et le parallélisme des roches tertiaires, si ré- centes et d'une structure si complexe , peut différer quelque- fois du type que nous leur assignons dans le tableau des formations. Argiles et Grès tertiaire a lignites (Argile plastique, Molasse et Nagelfluhe d'Argovie). §. 35. A l'entrée du terrain tertiaire , comme aussi au- dessous de la craie, entre cette roche et le calcaire juras- sique, nous trouvons des dépôts de lignites : c'est ainsi que sur la limite des terrains intermédiaires et secondaires nous avons vu placé un grand dépôt de houilles (coal- mesures). Les deux terrains secondaire et tertiaire commencent par des amas de végétaux enfouis. A mesure que 1 on avance du grès houiller vers les formations plus récentes, on voit les plantes monocotylédones peu à peu remplacées par des plantes dicotylédones ; il y en a encore des premières ( endogénites de M.Adolphe Brongniart , mais non des fougères) au-dessus de la craie jusque dans le gypse à ossemens : cependant, en général, les dicotylédones ( exogénites) dominent dans les dépôts de lignites. Je suis moins surpris de ce mélange que de • IND 521 funiformilé de la végétation monocotylédone de l'ancieil inonde, dont nous voyons les débris dans les terrains intermé- diaires et dans le grès houiller. Au milieu des forêts de l'Oré- noque, qui sont extrêmement riches en moaocotylédones, la proportion de celles-ci aux dicotylédones est , quant à la masse, c'est-à-dire au nombre des individus, comme i à 40. La proportion que présentent les terrains houilliers n'est donc pas tropicale. Auroit-elle été modifiée parla résistance inégale qu'opposent à la destruction les nïonocotylédones et les dico*- tylédones P Nous réunirons dans le grès à lignites supérieur à la craie, les formations parallèles d'argiles plastiques, de marnes et sables avec lignites, de molasse et de nagelfluhe. Dans les environs de Londres et de Paris il n'y a qu'un lambeau de ce terrain , que l'on trouve beaucoup plus déve- loppé dans la France méridionale, en Suisse et en Hongrie* La eraie, en France et en Angleterre, est recouverte d'une couche à'' argile plastique, sans coquilles et sans débris organi- ques, entièrement dépourvue de chaux, renfermant quelques silex et de la sélénite. Une couche de sable sépare l'argile plastique des fausses glaises, qui sont plus siliceuses et noirâ- tres. Ces dernières renferment du lignite ou bois fossile bitu- mineux, provenant de plantes monocotylédones et dicotylé- dones ; du vrai succin (d'après la découverte de M. Bequerel) ; du bitume , et (Soissonnois, Montrouge , Bagneux) un mé- lange de coquilles pélagiques et fluviatiles ( cyrènes , cérites d'eau douce ou potamides, mélanies , limnées , paludines). Ce mélange ne s'observe ordinairement qu'à la limite supé- rieure de l'argile plastique et des lignites. Les coquilles ma- rines ressemblent , d'après M. Prévost, à celles du calcaire grossier. Couches intercalées : sables et grès avec coquilles, masses de calcaire coucrétionné avec cristaux de strontiane sulfaté. Fossiles, d'après MM. d'Audebard de Férussac et Brorigniart : Planorbis rotundatus , Paludina virgula, P. unico- lor, Melanopsis buccinoidea, Nerita globulosa, Melania triticea, — Ceritiumfunaium, Ampullaria depressa , Ostrea bellovaca , etc. En Angleterre, l'argile plastique, qu'il ne faut pas con- fondre avec le London claj ( représentant le calcaire grossier de Paris ) ni avec VOxford ou Clunch elay ( de la formation 23. ai ^22 IND jurassique), abonde plus en saWes qu'en argile: elle ren- ferme des lignitcs ( Isle de Wight, Newhaven ) , et, ce qui est remarquable à cause de l'analogie de cette formation avec les molasses d'Argovie et de Hongrie, un grès friable (Stut- land en Dorsetshire). On y a trouvé, d"après MM. Webster et Bucklaud, des impressions de feuilles, des fruits de pal- mier, des cyclades {Cyclas cuneiformis , C. deperdita) , des turritelles, des cérites {Cerilium melanoides , C. inlermedium) et des huitres ( Ostrea pulchra , O. tennis). Le terrain à succin de laPoméranie et de la Prusse , vraisem- blablement superposé à la craie , est composé d'argile, de li- gnites et de nodules de succin. Les corps organisés qu'il ren- ferme , ont été récemment examinés par M. Schweigger. Par son gisement, comme Fobserve judicieusement M. Brongniart, il appartient à la formation §. 35. Les grès à lignites (molasse etmaolgno) sont répandus dans les plaines de la Hongrie , comme dans le grand bassin de la Suisse, entre les Alpes et le Jura, ou plutôt entre le lac d'Annecy et celui de Constance. La formation de Hongrie, que M. Beudant a fait connoître, est géognostiquement la plus importante , parce qu'on la voit superposée au calcaire jurassique (Sari Sap aux environs de Gran, et bords du lac Balaton ). Elle est Immédiatement recouverte (près de Bude) de calcaires coquiUiers analogues au calcaire grossier de Paris. Elle est composée de poudingues (nagellluhc) et de brèches calcaires qui alternent avec des grès micacés, friables, schis- teux, à petits grains anguleux de quarz, avec dessables et avec des lits d'argile. Elle renferme de grands dépôts de lignites (Csolnok, au sud de Gran , Wandorf près de Œdenbourg ), des sources de bitume, des minerais granuleux de fer ])ydraté, des coquilles d'eau douce et, au contact avec le calcaire gros- sier superposé, des coquilles marines. Le terrain arénacé de la Suisse, qui comprend la molasse et le nageltluhe, se compose, d'après les nouvelles recherches de MM. de Charpentier et Lardy (en commençant par les couches inférieures), i." de calcaires sableux, un peu ferrugineux, passant souvent à un véritable grès à ciment calcaire ; 2.° de poudingue ( nageljluhe) enchâssant des fragmens calcaires et siliceux, toujours arron- dis et agglutinés par un ciment calcaire: 3." de ?no/asse ou grès IND 323 àpetifs grains de tjuarzet à ciment argileux ou marneux. Des filons de spath calcaire traversent souventle nagelfluhe, et la molasse (grès fin et friable) alterne avec des lits de marnes-. Le nagelfluhe qui empâte à la fois des galets de porphyre et de calcaire compacte ( Rigi , Fi'ibourg, Entlibuch) , n'est pas toujours recouvert par la molasse ; et M. de Buch a remarqué depuis long -temps qu'entre Habkern et le petit Emmethal la molasse alterne plusieurs fois avec le nagelfluhe. Tout ce ter- rain , dont la surface est généralement à nu , git immédiate- ment, vers le nord (Arau, Porentruy, Boudry j , sur le cal-* caire jurassique; vers le sud, sur le calcaire alpin (environs de Genève et Teufenbachtobel, au sud-ouest du Rigi). D'après l'inclinaison des couches quelques géognostes célèbres ont re- gardé long-temps le nagelfluhe comme antérieur au calcaire alpin. M. Keferstein crf/.^ encore la molasse (mergelsandstein) inférieure à la craie, et même au calcaire jurassique. Un cal- caire fétide et bitumineux, un gypse fibreux et argileux, al- ternant avec des marnes qui renferment des ammonites , un calcaire compacte briin-jaunàtre , et deslignites, forment des couches subordonnées à la molasse de la Suisse. Le dépôt de lignites qu'on exploite près de S. Saphorin, entre Vevay et Lausanne, est recouvert de nagelfluhe; celui de Paudex est intercalé à la molasse. Tout ce terrain renferme, en Suisse, à la fois-d es coquilles marines (ammonites, cythérées, donax), des coquilles d'eau douce (lymnées, planorbes) , des palma-» cites à feuilles flabelliformes (Montrepos), et des ossemens de quadrupèdes ( Aarberg, Estavayer, Kœpfnach sur les bords du lac de Zuric), ossemens qui, selon les recherches de M. Meisaer, appartiennent à VAnaplotherium , au Mastodon an- gustidens et au Castor. Dans la molasse de Creniin et Combre- mont une brèche coquillière marine repose sur un calcaire brun, rempli de planorbes. M. Brongniart, dès l'année 1817, a insisté sur l'analogie qu'offre l'argile plastique de Paris avec une partie de la formation de nagelfluhe et de molasse de Suisse, si long-tempS confondue avec le grès bigarré d'Alle- magne. Ce savant pense aussi que les molasses qui renferment des ossemens de mastodontes et A^anthracoterium (Cadibona prés de Savone) sont plus récentes encore que l'argile plas- tique; qu'elles sont peut-être ou liées au calcaire grossier quî 3M IND est souvent arénacé , ou parallèles au gypse de Montmartre. Les ossemens fl'aiiimaux vertébrés, trouvés rarement dans l'argile plastique de Taris et de Londres (prèsd'Auteuil etdeMargate), n'ont point encore été dét«;rininés zoologiquement , et jus- qu'ici i\l. Cuvier , dans la suite de ses importantes recherches sur le gisement des fossiles, n'a reconnu des débris de mam- mipres terrestres que dans les terrains postérieurs au calcaire grossier. Il se pourroit, d'après ces considérations, que les molasses ou grès à lignites de Hongrie fussent antérieurs <à ceux de la Suisse; mais, comme dans ce dernier pays les formations de calcaire grossier (parisien) et de gypse à osse- mens ne se sont presque pas développées, et qu'en général ralternance fréquente des roches tertiaires rend leur paraZ- lélisme un peu incertain, il se pourroit aussi que la longue époque de la formation de molasse et de nagelfluhe en Suisse (celle des couches inférieures et supérieures, aréna- cées, marneuses, calcaires et gypseuses ) eût été contempo- raiue aux trois formations d'argile plastique, de calcaire grossier et de gypse des environs de Paris. Le terrain qui nous occupe est , selon les observations ré- centes de M. Boue, extrêmement développé dans le sud- ouest de la France , de Libourne à Agen , surtout au nord de la Dordogne et de la Gironde, où il repose sur la craie. Il y est composé (en commençant par les couches supérieures) de grès calcaires remplis de débris de coquilles et d'ossemens d'animaux vertébrés, de petites couches de fer globulaire, de marnes grises et verdàtres, de calcaires jaunâtres avec cérites. Des dépôts de lignites y ont été reconnus par M. Bi'ongniart {Descr. géoL, art. II, §. i ) ; mais ils n"y sont pas nombreux, et la position de cette formation arénacée entre la craie et le calcaire grossier de Bordeaux la caractérise suffisamment comme molasse. Le grès à lignites peut locale- ment être dépourvu de lignites, de même que le grès rouge ou houiller est souvent dépourvu de houilles. Comme presque foutes les formations secondaires ont leurs grès et leurs con- glomérats , il ne faut pas regarder comme appartenant à la même formation §. 35 tous les nagelfluhe de l'Europe (pou- dingues polygéniques de la classification de M. Brongniart) : il y en a qui ne paroissent que des formations locales et peu IND 3^5 étendues; d'autres (Salzbourg et S. Gall?), selon l'observa- tion judicieuse de M. Boue, sont peut-être plus anciens que la craie et le calcaire du Jura. D'ailleurs l'analogie qu'offrent certaines couches placées entre le quadersandstein et la craie avec celles qui sont placées entre la craie et le gypse à os- semens , est un phénomène bien digne de l'attention des géo- gnostes. D'immenses dépôts de sables , d'argile et de lignites avec mellite (Artern) et avec succin ( bernstein de Muskau et bernerde deZittau), couvrent une partie de rAllemagne. On y trouve des lits de grès extrêmement quarzeux (Carlsbad, Habichtswald , Meissner, Wilhelmshohe près Cassel , Wolfs- " eck), surtout là où des coulées de basaltes sont superposées à l'argile avec lignites. A cause de cette proximité on a donné anciennement à ces grès , qu'on pourroit minéralo- giquement confondre avec les grès également quarzeux du grès bigarré et avec ceux de Fontainebleau , la déuomînation impropre de grès trappéens {trapp-sandstein)^ Les sables à grenats (granatensand ) , c'est-à-dire les argiles et marnes de Meronitz et de Podsedlitz en Bohème , qui renferment des pyropes disséminés, appartiennent- ils à cette même forma- tion §. 55, ou, comme plusieurs phénomènes observés dans la Cordillère du Mexique et à File de la Graciosa {archipel des Canaries) mêle feroient supposer, appartiennent-ils k des argiles basaltiques du terrain igné ? Calcaire de Paris (Calcaire grossier ou Calcaire a cérites), FORMATION PARALLliLE A l'ArGILE DE Lo>'DRES EX AU CaLCAIRE ARÉNACÉ DE BoGNOR, §.36. Cette formation très-compliquée, retrouvée en Hon- grie , en Italie et dans le nouveau continent, a été entièrement méconnue avant la publication de la Géographie minéralogique des environs de Paris. Le calcaire grossier, séparé par une couche de sable de l'argile plastique, consiste, d'après M. Brongniart, dans le bassin de la Seine , de bancs minces et très -régulièrement alternans , de calcaires plus ou moins durs, et de marnes argileuses ou calcaires. Sur des étendues de terrains très-considérables, les coquilles fossiles sont géné- ralement les mêmes dans les couches correspondantes, et 32S IND présentent, d'un système de couches à un autre système, des difTérences d'espèces assez notables. Ce phénomène d'unifor- mité dans la distribution des animaux caractérise surtout le teri'ain tertiaire ; on commence déjà à le reconnoitre' dans les différens bancs qui composent, en Suisse et en Angle- terre , la formation jurassique. Les couches inférieures du calcaire grossier de Paris sont chloriteuses (glauconeuses ), arénacées, remplies de madrépores et de nummulites. Dans les couches moyennes on trouve beaucoup d'empreintes de feuilles et de tiges de végétaux {Endogenites échinât us , Fla- iellites parisiensis , Pinus Defrancii , d'après le travail de M. Adolphe Brongniart sur la Végétation fossile), des millio- litcs, des ovulites, des cythérées, mais presque point de cé- rithes. Les couches supérieures offrent des lucines, des am- pullaires, des corbulcs striées, et une grande variété (près de soixante espèces) de cérithes ; mais, en général, cette dernière assise est moins abondante en corps fossiles que les assises moyenne et inférieure, dans lesquelles MM. Defrance et Brongniart ont recueilli près de 600 espèces de coquilles. Le fameux banc coquillier de Grignon et les fossiles du Falun de Tourraine appartiennent principalement aux assises moyennes. Dans celles-ci et dans le système des couches su- périeures les bancs calcaires sont quelquefois entièrement remplacés par des grès ou des masses de silex corné (horn- stein). Ce sont ces grès qui ont offert (entre Pierreîaie et Franconville près Beaachamp ) , à MM. Gillet de Laumont et Beudant, un mélange de coquilles marines avec des coquilles d'eau douce (limnées et paludines). Les fossiles du calcaire parisien, parmi lesquels on ne trouve jamais de bélemnites, d'orthocératifes , de baculites oif d'ammonites, diffèrent en- tièrement de ceux de la craie. Les dépôts coquilliers qui représentent dans les diEFérentes parties de l'Europe la formation que nous décrivons, sont les uns identiques de composition et d'aspect (plaines de Vienne décrites par M. Prévost ; collines de Pest et de Teteny tn Hongrie», décrites par M. Beudant), tantôt seulement .''nalogues par leur position géognoslique et par les débris fossiles qu'ils renferment (Angleterre). Les calcaires gros- ^çrs de \i\ Hongrie , pétris de cérithes , de turritelles , d'ampuL IND 327 iaires, de venus et de crassatclles, peureconnoissables, parce qu'il n'en est resté que le moule, offrent jusqu'aux caractères en]p3'riques les plus minutieux auxquels on rcconnoit le cal- caire parisien. Ils sont liés à des sables coquilliers (Czerhat, Raab), qui sont en partie mêles de grains verts et qui ont beaucoup d'analogie avec les dépôts coquilliers des plaines de la Lombardie. Les calcaires grossiers de la Dordogne et de la Gironde, géographiquement plus rapprochés du bassin de la Seine, ne montrent pas toujours cette ressemblance de composition que nous venons de signaler dans ceux de la Hongrie. Ils sont, d'après, les observations récentes de M. Boue, composés de deux assises bien distinctes. L'inférieure est peu coquillière ou à corps fossiles brisés; elle renferme du calcaire com- pacte blanc -jaunâtre, quelquefois tachant comme la craie, des marnes et des bancs de galets quarzeux. L'assise supé- rieure est un calcaire sableux, extrêmement coquillier, et ressemblant presque quelquefois à une molasse brunâtre. En Angleterre , d"après les recherches de MM. Buckland , "VVebster et Sowerby , ïargile de Londres ( London clay ) est non-seulement, par sa superposition à l'argile plastique, une formation parallèle au calcaire de Paris ; elle renferme aussi presque toutes les espèces de coquilles qui semblent appar- tenir plus particulièrement aux couches inférieure* de ce calcaire. Dans le bassin de la Tamise , la formation que les géognostes anglois désignent communément sous le nom de London claj; n'est qu'un dépôt d'argile et de marnes brunâ- tres, renfermant du fer sulfuré et quelques lames de sélénite ; mais, sur d'autres points de l'Angleterre, cette couche se lapproche beaucoup plus, par sa composition minéralogique, du calcaire grossier. Elle présente , d'après MM. Conybeare et Philipps, sur les côtes de Sussex, à Bognor et près de Har- ■wich (Essex), des lits de calcaire compacte et sableux. On y a trouvé , outre les corps fossiles propres à la formation qui lui est analogue dans le bassin de Paris, des empreintes de poissons, des ossemens de tortues et de crocodiles (Islington), une espèce d'ammonites (Ammonites acutus, à Minstercliff) et des lignites. Le Cerithium giganleum , assez commun dans l'argile de Londres^ n'appartient en. France qu'à l'assise in- 528 IND férieure du calcaire grossier, qui est d'ailleurs dépourvue de toute autre espèce de cérithes. Le London claj, dans le- quel on assure avoir trouvé du succin (Holderness dans le yorckshire), paroît avoir des rapports plus intimes avec l'argile plastique (grès tertiaire à lignitcs) que le calcaire grossier de Paris. M. Brongniart rapporte à cette formation (§. 36) la ma- jeure partie des terrains calcaréo-trappéens du Vicentin (Val Ronca, Montecchio maggiore . Monte Bolca ) , la colline de la Supergue de Turin, le cap S. Hospice près de Nice, la Grande -Terre de la Guadeloupe, etc. Les célèbres impres- sions de poissons de Monte Bolca, sur lesquelles M. de Blain- ville a entrepris un travail intéressant, ne se trouvent, d'a- près les recherches de M. Maraschini, pas proprement dans le calcaire grossier, mais (comme on le reconnoît surtout à Novale et à Lugo près de Salceo) dans un calcaire fétide et schisteux , séparé du calcaire grossier par une couche d'argile avec lignites. Cette position me semble lier les marnes bitumineuses (de Monte Bolca) avec empreintes de poissons et de feuilles aux marnes du gypse à ossemens de Montmartre, Dans l'Amérique équinoxiale, où je n'ai point reconnu les formations de craie et de grès à lignites , les collines qui bordent sur quelques points la Cordillère de Venezuela, du côté de la mer (Castillo de San Antonio de Cumana, Cerro del Barigon dans la péninsule d'Araya , Vigia de la Popa près du port de Carthagène des Indes), me paroissent ap- partenir au calcaire grossier. Ces collines sont composées, 3.° d'un calcaire compacte et arénacé gris -blanchâtre, dont les couchas, tantôt horizontales, tantôt irrégulièrement incli- nées, ont cinq k six pouces d'épaisseur (quelques bancs sont presque dépourvus de pétrifications, d'autres sont pétris de madrépores, de cardites , d'ostracites et de turbinites, et mêlés de gros grains de quarz) ; 2.° d'un s,rès calcaire, dans lequel les grains de sable sont plus fréquens que les coquilles (plusieurs bancs de ce grès enchâssent, non des paillettes de mica , mais des rognons de mine de fer brun , et deviennent si siliceux qu'ils ne font presque plus d'effervescence avec les acides, et que les corps fossiles y disparoissent entière- ment) ; 3.° de hancs d'argile endurcie avec séJénite. L'assise IND 329 calcaire , dont j'ai déposé de grands échantillons dans le ca- binet d'histoire naturelle de Madrid, offre 1 entrePunta Gorda et ies ruines du chàti-au de Santiago d'Araya) une innom- brable quantité de solens, d'ampullaires, d'huitres et de po- lypiers lithophytes, en partie disposés par familles. Cette for- mation tertiaire, composée de calcaires coquilliers , avec grains de quarz , de marnes argileuses et degrés calcaire, se trouve géographiquement liée aux terrains tertiaires des îles opposées aux côtes de Cumana, par exemple, de celles de la Guadeloupe et de la Martinique. Elle repose tantôt immé- diatement sur le calcaire alpin (Punta Delgada), tantôt sur les argiles salifères d'Araya, dont j'ai parlé plus haut (§. 28, p. 275). Calcaire siliceux et Gypse a ossemens , alternant avec des MARNES ( Gypse de Montmartre). §. 07. D'après les principes de classification que j'ai suivis dans ce travail , j'aurois pu séparer le calcaire siliceux (Champigny) du gypse alternant avec des marnes appelées marines et d'eau douce ; mais, n'ayant pu, dans le cours de mes voyages, faire des terrains supérieurs à la craie un objet particulier de mes études, je n'ai rien voulu changer aux coupes générales indiquées dans l'ouvrage de MM. Brongniart et Cuvier. Le calcaire siliceux du bassin de Paris, qui est tantôt tendre et blanc, tantôt grisâtre, à grains très-fins et caverneux, est comme pénétré dans toute sa masse de silex ou matière quar- zeuse. 11 est intimement lié , \ers le haut , au gypse, par les marnes argileuses et gypseuses qui alternent également avec le calcaire siliceux et le gypse à ossemens ( butte de la Briffe de S. Denys; Crecy; Coulommiers) ; vers le bas, au calcaire grossier , dont les dernières couches offrent aussi quelquefois des infiltrations siliceuses : mais les silex cornés du calcaire grossier renferment des coquilles marines, tandis que les calcaires siliceux du terrain gypseux qui servent de meu- lières, présentent dans leurs bancs supérieurs des coquilles lluviatiles. J'ai déjà fait observer plus haut (§. 28, p. 283) que sur le dos des Cordillères du Pérou, à 1800 toises de hauteur, une formation calcaire très -ancienne (le calcaire r alpin) oflTre ce même phénomène curieux dinfiUrations sili- ceuses. Des modifications analogues dans la composition des roches et dans le mélange chimique des matières ont eu lieu à des époques très-différentes. Les marnes calcaires qui al- ternent avec le calcaire siliceux de Paris, renferment une magnésite remarquable, que MM. Brongniarl et Berthier ont fait connoitre, et qui est un silicate de unignésie hydraté presque pur. Les infiltrations siliceuses de cette formation passent quelquefois à une calcédoine divisée par plaques, et à un hornstein mamelonné coloré en rouge, en violet et en brun. Le terrain gypseux est composé, dans le bassin de Paris, de couches alternantes de marnes schisteuses et de gypse saccharoïdc compacte ou feuilleté. Il renferme au centre et dans sa plus grande masse des productions terrestres et d'eau douce , mais vers ses limites supérieures et irtférieures, tant dans le gypse que dans les marnes, il offre des productions marines. L'assise inférieure de la formation gypseuse est carac- térisée par des silex ménilites et de gros cristaux de sélénite lenticulaires et jaunâtres. Les bancs de marnes deviennent plus rares vers le milieu , où Ton trouve plus particulière- ment la strontiane sulfatée et des squelettes de poissons. L'assise supérieure est caractérisée par la multitude d'osse- mens de mammifères terrestres qui sont aujourd'hui inconnus sur le globe (Palœotheriuni crassum , P. médium, P. magnum^ P. lalum , P. curtum , Anaplotheriiim commune, A. secundarium , A. marinum , le Chaeropotame et VAdapis de M. Cuvier) : par des os d'oiseaux, de crocodiles, de tryonix, de poissons d'eaxi douce: elle est recouverte de bancs de marnes calcaires et argileuses, renfermant, les uns du bois de palmier, des planorbes, des limnées et des cythérées (Cjtherea elegans) ; les autres, des cérites {Ceritliinm plicatum , C. cinctum), des venus et de grandes huîtres très-épaisses (Ostreahippopus , O. pseudocliama, O. longirostris , O. cjatula). Une couche de marne verte sépare, vers la limite supérieure de la formation gypseuse, les coquilles d'eau douce des coquilles pélagiques. Vers le bas le gypse même (n.° 26 de la troisième masse de Montmartre) offre des fossiles marins. Quelquefois cette for- mation ne s'est pas développée en entier j les gypses man- IND 33i quent, et l'on ne reconnoît sa place que par des marnes vertes accompagnées de strontianc. Comme le gypse à ossemens n'a encore été étudié qu'en très-peu d'endroits (bassin de Paris, Puy-en-Vélay, Aix en Provence), les caractères que nous attribuons à cette formation si importante pour la géogonie ou pour l'histoire des anciennes révolutions de notre planète, ne sont vraisemblablement pas assez généraux. Grès et Sables supérieurs au gypse a assEjiENS ( Grès de Fontainebleau). §. 58. Ce terrain est formé de deux assises : l'une, infé- rieure, sans coquilles; l'autre, supérieure, renfermant des coquillt's marines. Des sables siliceux et des grès formertt des bancs très-épais, très- étendus, mais dont les surfaces ne sont pas parallèles. Dans l'assise dépourvue de coquilles en place (celles de Villers-Cotterets et de Thury paroissent à M. ï3rongniart usées, comme si elles avoient été roulées), on trouve sur quelques points beaucoup de paillettes de mica, des rognons de fer brun disposés par lits, un peu de gypse, beaucoup de marnes argileuses et des infiltrations de chaux carbonatée (forêt de Fontainebleau). Les assises supérieures, qui renferment des coquilles marines {Olua mitreola, Ceri- thium cristatum , C. lamellosum , Corbula rugusa, Ostrea Jlahel- lula) , passent quelquefois à un calcaire arénacé (Romain- ville, Montmartre). L'immense terrain tertiaire de l'Italie . celui des collines subapennines , avec ossemens de cétacés et Ostrea hippopus, qui s'étend depuis Asti en Piémont jusqu'à Monteleone en Calabre , et que M. Brocchi a si bien décrit, appartient en grande partie , d'après les discussions de MM. Prévost et Brongniart, aux grès et sables qui reposent sur le gypse de Montmartre. Terrain lacustre avec Meulières poreuses , supérieur au Grès de Fontainebleau (Calcaire a lymnbes). §. 3g. C'est le grand terrain d'eau douce supérieur, com- posé sur quelques points de sables argilo - ferrugineux , de marnes et de meulières siliceuses, criblées de cavités (avec coquilles, plateau de Montmorency j sans coquilles^ LaFerté- 532 ITVD Bous-Jouarre); sur d'autres, de silex, de marnes et de calcaires compactes (Chàteau-Landon). Ces calcaires renferment des potauiides , des lymnées, des planorbes , des bulimes, des hélix, et beaucoup d'empreintes de végétaux [Culmiles ano- malus, Lycopodites sqitammatiis , Chara medicaginula , Nj'mphœa Aretiiusœ de M. Brongniart fils). Nous renvoyons pour l'his- toire du grand terrain lacustre , qui a déjà été retrouvé dans presque toutes les parties de l'Europe, à la 2/ édition de la Description géologique des environs de Paris [art. VIII), Une contrée du globe où la plupart des formations ter- tiaires ont acquis un grand développement, et où, pour cette même cause, ces formations sont restées assez distinctes, nous a servi de type dans le tableau géognostique des forma- tions tertiaires ; mais il ne faut point oublier que dans d'autres contrées ce développement s'arrête à l'argile plastique ou au calcaire grossier : alors le gypse de Montmartre et le grés de Fontainebleau ne paroissent indiqués que par les places qu'occupent les marnes et les sables. Le terrain tertiaire réunit des formations qui se confondent partout où elles n'ont pas pris un égal accroissement, et où la fréquente alter- nance des marnes tend à masquer les limites des différentes assises. Il me resteroit à parler des dépôts d'allusion , qui pré- sentent d'importans problèmes sur l'origine des sables dans les déserts et les steppes (provenant du grès rouge, du grès bigarré , du quadersandstein, du terrain tertiaire?); mais ces dépôts si variés dans leur alternance, ne peuvent être l'objet d'un travail sur la superposition des roches. Terrains volcaniques. J'ai fait succéder, par des motifs que j'ai exposés plus haut, au terrain intermédiaire (Uebergangsgebirge) , comme par mode de bisection , les formations secondaires et volca- niques. Cet an-angement ofl're l'avantage de rapprocher les porphyres et les syénites de transition, avec leurs couches hui- leuses et pyroxéniques intercalées ( §§. -20 et 24, Holmstrand en Norwége ; Andes de Popayan ; Cordillères du Mexique), des porphyres , des amygdaloïdes et des dolérites du grès rouge (§. 26 , Noyant et Figeac en France j Ecosse) , des tra- IND 533 chytes , des phonolitlies et des basaltes du terrain exclusive- ment pjrrogène. Dans un tableau de gisement , c'est déjà gagner beaucoup que de ne pas séparer ce qui se trouve lié dans la nature par des affinités vraiment géognostiques. On peut considérer le groupe de roches que l'on réunit généralement dans le terrain volcanique , sous un double point de vue, ou d'après une certaine conformité observée dans leur gisement et leur superposition, ou d'après les rap- ports de leur composition et de leur origine communes. Dans le premier cas, sans opposer le mode de formation des trachytes et des basaltes a celui des terrains primitifs et in- termédiaires, on examine la place que doivent occuper, comme termes de la série géognostique , les grands systèmes de roches composées de feldspath, de pyroxène, d'amphi- bole, d'olivine et de fer titane , que l'on trouve, au nord et au sud de l'équateur, non recouvertes et comme surajoutées à d'autres terrains plus anciens, dans des circonstances en- tièrement analogues. Cette manière d'envisager et déclasser les roches volcaniques est la plus conforme aux besoins de la géognosie positive. On réunit les roches trachytiques et basaltiques , non d'après leur composition minéralogique et la conformité apparente de leur origine , mais d'après leur agroupement et leur position ; on les distribue parmi les autres roches d'après leur âge relatif, comme on a fait , dans les terrains primitifs et intermédiaires , avec les diflTé- rentes formations de calcaires grenus (§§. loetao), d'eupho* tides (§§. 19 et 26 ) et de porphyres ( §§. 18 , 22 , 23 et 26 ). Dans le second cas, on isole, sous la dénomination de terrain volcanique, tout ce que l'on croit être incontestablement d'une origine ignée; on oppose les termes de la série pyro- gène à d'autres séries de roches que l'on dit être d'une origine aqueuse. Par là on sépare d'une manière absolue ee qui otfrç dans la nature des passages graduels; au lieu d'explorer le gisement , ou de placer les roches dans l'ordre de leur succes- sion , on s'attache de préférence aux questions historiques sur le mode de leur formation. J'avoue, et Ion ne sauroit se prononcer avec assez de fran- chise sur les premiers fondemens d'une science; j'avoue que ces classitications , d'après les diverses hypothèses que Von 354 IND se forme sur l'origine des choses , ne me paroîssent pas seu- lement vagues et arbitraires, mais aussi très- nuisibles au s progrès de la géognosie de gisement; elles préjugent, d'une manière arbitraire et surtout trop absolue , ce qui est pour le moins encore extrêmement douteux. En divisant, d"après un usage suranné, les formations en primitives , inte-médiaires, secondaires ) tertiaires et volcaniques , onadmet, pour ainsi dire, un double principe de division, celui de l'âge relatif ou de la succession des formations, et celui de leur origine. Si l'on distingue entre des nappes de laves et des roches, ou bien entre des roches volcaniques , des roches d'une origine neptu- nienne, et des matières formées par une prétendue liquéfac- tion aquoso-ignée, on attribue tacitement aux granités, aux porphyres et aux syénites intermédiaires, aux dolérites et aux amygdaloïdes du grès rouge, un mode de formation diamé- tralement opposé à celui d'une fusion ignée. D'après cette manière de procéder, qui appartient plutôt k la géogonie qu'à la géognosie positive , on considère tout ce qui n'est pas compris dans le terrain, ro/cajifg^ue, dans les roches de trachyte et de basalte qui surmontent les autres terrains , comme formé par la voie humide, ou comme précipité d'une solution aqueuse. 11 est presque inutile, dans l'état actuel des sciences physiques, de rappeler combien l'hypothèse d'une solution aqueuse est peu applicable aux granités et aux gneis, aux porphyres et aux syénites, aux euphotidcs et aux jaspés. Je ne hasarderai pas de prononcer ici sur les circonstances qui peu- vent avoir accompagné la première formation de la croûte oxidée de notre planète ; mais je n'hésite pas à me ranger du côté des géognostes qui conçoivent plutôt la formation des roches cristallines siliceuses par le feu que par une solution aqueuse, à la manière des travertins et d'autres calcaires la- custres. Les mots laves et roches volcaniques sont d'ailleurs aussi vagues que l'est le mot volcan, qui désigne tantôt une mon- tagne terminée par une bouche ignivome, tantôt la cause souterraine de tout phénomène volcanique. Les trachyfes qui surmontent le dos des Cordillères, appartiennent indubitable- ment aux roches pyrogènes, et cependant le mode de leur formation n'est pas celui des courans de laves postérieurs au creusement des vallées. L'action du feu volcanique par un • IND 535 cône isolé, par le cratère d'un volcan moderne, diffère né- cessairement de Faction de ce feu à travers l'ancienne croûte crevassée de notre planète. En considérant les phénomènes volcaniques dans leur plus grande généralité , en réunissant ce qui a été observé dans les différentes parties du globe , on voit différer ces phénomènes entre eux, même de nos jours, de la manière la plus frap- pante. Ce ne sont pas les volcans de la Méditerranée, les seuls que l'on a étudiés avec soin , qui peuvent servir de type au géognoste et lui présenter la solution des grands problèmes géogoniques. L'élévation absolue des bouches ignivomes , variant depuis cent à deux mille neuf cent cinquante toises (Stromboli et Cotopaxi), influe non-seulement sur la fré- quence des éruptions, elle modifie aussi la nature des masses rejetées. Quelques volcans n'agissent plus que par leurs flancs, quoiqu'ils offrent encore un cratère à leur sommet (Pic de Ténériffe); d'autres ont des éruptions latérales (j'en ai trouvé à Anlisana dans les Andes de Quito, à 2140 toises de hauteur) , sans que leur cime ait jamais été percée; d'autres encore, également creux dans le-.ir intérieur, comme l'indiquent beaucoup de phénomènes (dôme trachytiqne du Chimborazo, 35 5c) toises), n'offrent aucune ouverture per- manente au sommet et sur leur flanc (le Yana-Urcu , petit cône d'éruption , est placé dans le plateau de Calpi même), et n'agissent pour ainsi dire que dynamiquement, en ébranlant les terrains d'alentour, en fracturant les cou- ches et en changeant la surface du sol. Ruru-Pichincha (2490 toises), qui a été l'objet particulier de mes recherches, n'a jamais jeté un courant de laves postérieur au creusement des vallées actuelles, pas plus que Capac-Urcu (près Rio- bamba nuevo), qui, avant l'écrouleinent de sa cime, a été plus élevé que le Chimborazo. Le grand volcan mexicain de Popocatepetl (2771 toises), au contraire, a eu des épaiiche- mens de laves sous la forme de bandes étroites, tout comme les petits volcans de l'Auvergne et de Pltalie méridionale. Les îles qui sortent ( dans quelques parages presque périodi- quement) du fond des mers, ne sont pas, connue on le dit souvent par erreur, des amas de scories semblables au Monte novo de Pouzzolc ; ce sont des masses rocheuses soulevées, (,i, 356 IND dans lesquelles le cratère ne s'ouvre que postérieurement à leur soulèvement. {Relat. histor. de mon Voyage aux régions équin., T. I , p. 171 , et Essai politique, T. I , p. 254.) Au Mexique, dans Tlntérieur des terres, sur un plateau trachy- tique à plus de trente - six lieues de distance de la mer, et loin de tout volcan brûlant, des montagnes de 1600 pieds de hauteur sont sorties (2g Septembre 1769) sur une cre- vasse, et ont jeté des laves qui enchâssent des fragmens gra- nitiques. Tout à Tentour, un terrain de quatre milles carrés s'est soulevé en forme de vessie, et des milliers de petits cônes (hornitos de Jorullo), composés d'argile et de boules de basaltes à couches concentriques, ont hérissé celte sur- face bombée. Tous les volcans brûlans et toutes les citnes de la Nouvelle -Espagne qui s'élèvent au-dessus de la limite des neiges perpétuelles, se trouvent sur une zone étroite {Paral- lèle des grandes hauteurs, entre les 18° 69' et 19° 12' de lati- tude), qui est perpendiculaire à la grande chaîne des mon- tagnes. C'est comme une crevasse de 107 lieues de long, qui s'étend depuis les côtes de l'océan Atlantique jusqu'à celles de la Mer du Sud, et qui semble se prolonger encore 120 lieues plus loin, vers l'archipel de Revillagigedo , couvert de tuffs ponceux. Ces alignemens des volcans, ces soulèvemens à travers des fentes continues, ces bruits souterrains {braniidos j true- nos subteraneos de Guanaxuato , en 3784) qui se sont fait en- tendre au milieu d'un terrain de schistes et de porphyres de transition, rappellent, dans les forces encore actives du nouveau monde, les forces qui, dans les temps les plus re- culés, ont soulevé les chaînes de montagnes, crevassé le sol, et fait jaillir des sources de terres liquéfiées (laves, roches volcaniques fluides) au milieu de strates plus ancien- nement consolidés. Même de nos jours ces terres liquéfiées ne sortent pas constamment des mêmes ouvertures de l'ori- lice d'une montagne (cratère au sommet d'un volcan) ou de son flanc déchiré ; quelquefois (Islande , plateau de Quito ) la terre s'ouvre dans les plaines, et l'on en voit sortir ou des nappes de laves qui s'entrecroisent, se refoulent et se sur- montent, ou de petits cônes d'une matière boueuse {moja de Pelileo et de Riobamba viejo , 4 Février 1797) qui semble • IND 337 avoir été un trachyte ponceux, et qui, combustible et tachant les doigts en noir, est mêlé de carbure d'hydrogène. ( Hiunb., Essai politique sur la Nou^'. Espagne, T. I, p. l^j , 254. Id., Relut, historique, T. l , p. 12g, 140, i54, 3i5; T. II , p. iS , 20, 25. Klaproth, Chem. Unterr. der Min., T. IV, p. 28g.) Les roches que l'on a l'habitude de réunir sous le nom de substances du terrain (exclusivement) volcanique, ont été envisagées jusqu'ici beaucoup plus d'après les rapports orycto- gnostiques et chimiques de leur composition, ou d'après ceux de leur origine, que d'après les rapports gcognos- tiques de leur gisement et de leur âge relatif. Le feu des volcans a agi à toutes les époques, lors de la première oxi- dation de la croûte du globe , à travers les roches de tran- sition, les terrains secondaires et tertiaires. A l'exception de quelques roches lacustres ou d'eau douce , les roches vol- caniques sont les seules dont la formation continue , pour ainsi dire, sous nos yeux. Si les laves des mêmes volcans (sources intermittentes de terres liquéfiées) varient à diverses époques de leurs éruptions, on conçoit combien des matières volcaniques qui, pendant des milliers d'années, se sont pro- gressivement élevées vers la surface de notre planète, dans des circonstances de mélange, de pression, de refroidisse- ment, si différentes, doivent offrir à la fois de contrastes et d'analogies. Il y a des trachytes, des phonolithes, des ba- saltes, des obsidiennes et des perlites de diffcrens à<^es comme il y a différentes formations de granités, de «rneis de micaschistes, de calcaires, de grauwacke, de syénites et de porphyres. Plus on approche des temps modernes, plus les formations volcaniques paroissent isolées , surajoutées étrangères au sol sur lequel elles se sont répandues. Une longue intermittence de la source semble produire, même dans les volcans actuels, une grande variété dans les produits, et s'opposer à l'agroupement de matières analogues. Dans les formations de transition (Andes de la Nouvelle -Grenade et du Pérou ; Cordillères du Mexique ) les différens termes de la série géognostique se lient les uns aux autres; ils se mon- trent dans cette dépendance mutuelle que l'on observe entre les porphyres et les syénites, entre les thonschiefer, les grunstein et les calcaires de transition , entre les serpentines, 23. 23 338 IND les jaspes et les euphotides. Dans ce dédale de formations volcaniques de différens âges on n'a reconnu jusqu'à présent que quelques lois de gisement qui paroissent, sinon géné- rales, du moins en harmonie avec des phénomènes observés dans les deux continens sur une grande étendue de terrain. Ce sont ces rapports de gisement seuls qui peuvent être dis- cutés ici ; tout ce qui regarde la composition des roches vol- cauiques, l'analyse mécanique de leur tissu et leurs classifi- cations oryctognostiques , objets importans traités dans deux mémoires célèbres de M. Fleurian de Bellevue et de M. Cor- dier {Journ. de physique , T.LI, LX et LXXXIll), n'est pas du domaine de la géognosie des formations. On peut sans doute indiquer certains caractères par lesquels des roches ressemblent dune manière plus évidente aux productions des volcans modernes : mais la couleur noire; la porosité à cellules aiongées, couvertes d'un enduit lustré; la propriété de faire des gelées avec les acides; l'absence du quarz , du feldspalji commun et des filons métalliques (aurifères et ar- gentifères) ; la présence du pyroxène , du fer titane, du feldspalli vitreux et fendillé, et des alcalis, ne peuvent plus, dans l'état actuel de nos connoissances . être considérées comme des caractères généraux des roches volcaniques. (Voyez plus haut, §§. 2 1, 25 , 26.) Les masses volcaniques, ou regardées comme telles (roches empjrodoxes de M. Mohs, Charaktc?- der Classen, 1821 , p. 177), se trouvent ou par filons ( dykes , dans toutes les formations, depuis le granité j)rimitif jusqu'à la craie et les formations tertiaires; Ecosse, Allemagne, Italie), ou en couches inter- calées (calcaires et porphyres de transition; grès rouge), ou superposées, surajoutées à des terrains d'âges très-diHé- rens. Le contraste entre les roches volcaniques ou empyro- doxes intercalées , et les roches qui les renferment , est d'autant plus frappant que les dernières sont indubitablement non volcaniques, calcaires (Derbyshire) ou fragmentaires (grauwacke, grès houiller). Lorsque des masses empyro- doxes se trouvent, ou comme couches subordonnées, entre les strates de roches interiuédiaires cristallines ( porphyres et syénites) , ou comme filons traversant les strates de roches primitives (granite-gneis) , ces roches primitives et intermé- IND 339 diaires feldspathiques peuvent avoir, selon l'opinion de quel- ques géognostes, la même origine ignée que la masse des couches intercalées ou des filons ( niandelstein, dolérites, basaltes) , sans que les époques de formation et les circons- tances dans lesquelles les forces volcaniques ont agi, aient été identiques. Les limites entre les filons et les bancs inter- calés trappéens, pyroxcniques ou porphyriques , ne sont pas toujours si tranchées qu'on pourroit le croire d'après les dé- jSnitions que l'on a coutume de donner des gites parf!culiers des minerais. Plusieurs de ces bancs ne soiit que des amas entrelacés et formés par la réunion d'un grand nombre de filons. Lorsque ceux-ci suivent dans une grande épaisseur (voyez mes coupes du célèbre filon de Guanaxuato ) la direc- tion et l'inclinaison des strates de la roche , ils prennent tout l'aspect d'une couche. Nous insistons sur ces remarques, parce que la nouvelle géogonie a une tendance à faire monter, de bas en haut, des masses liquéfiées à travers des crevasses, tandis que l'ancienne géogonie expl'quoit fout par des pré- cipitations, par des mouvemens dans un sens opposé. On peut croire que ces directions doivent avoir été différentes selon la nature des matières qui se sont consolidées, seloa qu'elles étoient cristallines et siliceuses, calcaires ou frag- mentaires. La géognosie positive a profité de ces discussions sur l'origine ignée ou neptunienne des roches .- mais elle rend les classifications indépendantes des résultats géogoniques ; elle ne sépare pas les masses intercalées des terrains dans lesquels on les trouve, et elle ne laisse réunies, dans la divi- sion des roches dont nous nous occupons ici sous le nom de terrain volcanique , que des formations superposées, sur- ajoutées à des formations primitives, intermédiaires, secon- daires et tertiaires. La place que doit occuper une roche cT^ dans la série géo' gnostique, est déterminée par la roche la plus récente, y, qu'elle recouvre, et par la roche la plus ancienne, s, dont elle est recouverte. Si cT est superposé à ê, il est tout naturel qu'on le trouve aussi placé sur les roches plus anciennes a, ^S, y, qui sont les termes précédens de la série. L'application de ce principe très- simple de la géognosie de gisement exige beaucoup de circonspection, lorsqu'il s'agit de roches tra- S40 IND chyfiques, basaltiques et phonolithiques. Un même courant de laves, une même nappe de niasses pyroxéniques répandues à la fois sur du granile, sur du micaschiste et sur un terrain d'eau douce, oflrent sans doute des preuves incontestables d'une origine postérieure aux formations tertiaires les plus modernes : mais l'âge dune formation volcanique est plus diOicile à déterminer quand il n'y a pas continuité de masse. et quand on confond, sous une dénomination générale, des matières qui se sont épanchées latéralement, avec d'autres qui ont percé de bas en haut, par soulèvement, à travers des roches préexistantes. Là oii des trachytes et des basaltes se trouvent réunis, la formation la plus récente sur laquelle sont appuyés les basaltes , ne fixe pas nécessairement l'âge des trachytes: l'une et l'autre de ces roches ont, sans doute, été produites d'une manière différente et non simultanée. Il se pourroit même que, dans une région de peu d'étendue, di- verses masses trachytiques isolées , mais d'une composition analogue, ne fussent pas d'une même forôiation, les unes sor- tant d'une syénite de transition, les autres de roches primi- tives. Le plus souvent l'accumulation des conglomérats trachy- tiques masque à tel point le gisement des trachytes, que l'on ne peut deviner leur superposition. C'est ainsi que Ion croit les trachytes du Siebengebirge, près de Bonn, sortis du grau- Avacke , et ceux d'Auvergne sortis d'un plateau de granité qui pourroit bien déjà appartenir au terrain intermédiaire. De même qu'il faut distinguer entre les véritables coulées basalti- ques avec olivine et les masses pyroxéniques noires, huileuses, intercalées aux trachytes et à quelques porphyres de transi- tion , de même aussi il ne faut pas confondre les véritables trachytes (Drachenfels , Chiniborazo , Antisana) avec des laves feldspathiques( leucostiniques) qui ont coulé par bandes étroites (ancien cratère de la Solfatare près Naples) et qui peuvent se répandre sur des conglomérats tuffacés. (Dolomieu, dans le Jotirn. des mines, n."* 41 , 42 et 69; Nose, IS'iederrh. Reise, T. II, p. 428; Spallanzani, Voy. dans les deux Siciles , T. IIT , p. 196 ; Ramond , JSii'ell. géogn. de l'Auvergne, p. 1 1 , 91 ; Buch , Geogn. 'Beoh. , T. II , p. 178, 2o5 ; Id. , dans les Menu del'Acad. deBerlin, 181a, p. 129 — 164; Beudant, Vo)'. en Hongrie, T. III, p. 5o8 — 5i3, 621 — 627 et 53o — 644.) IND 341 En Hongrie , le terrain trachytique paroit s'être formé entre l'époque des terrains secondaires et celle des terrains tertiaires. M. Bendant, qui a donné sur les roches de tra- chyte le traité le plus complet que nous possédions, les a vues reposer sur des griinstein (Krenniilz, Dregely, Matra) et sur des calcaires de transition (Glashiitte, INeusohl). Les con- glomérats trachytiques recoururent aussi en Hongrie desgrau- wackes schisteux , et même un calcaire magnésifère , qui pa- roit appartenir à la formation du Jura. Dans cette partie orientale de l'Europe, le grès à lignites, le calcaire grossier et d'autres roches tertiaires sont superposés à leur tour à ces conglomérats. Des superpositions semblables de grès, de gypse et de calcaires d'une origine très-récente, ont été observées par M. de Buch et par moi aux iles Canaries et dans les Cordillères des Andes. D'après un excellent observateur, M. Breislak (Atlas géol.,pL Sg), les trachytes dei iMontsEuga- néens reposent (Schivanoja, près de Castelnuovo) sur le cal- caire du Jura ; mais dans la région du monde la plus abon- dante en roches trachytiques, dans la partie occidentale du nouveau continent, tant au nord qu'au sud de l'équateur, je n'ai vu nulle part les trachytes se faire jour à travers des formations si modernes. Les résultats de gisement les plus imporlans qu'ont offerts mes voyages dans la zone volcanique des Andes (1801 — 1804), se réduisent aux faits suivans. Toutes les cimes les plus élevées des Cordillères sont des trachytes. Les volcans actuels agissent tous par des ouvertures formées dans le terrain tra- chytique. Ce terrain embrasse par zones une grande partie des Cordillères; mais il s'étend rarement vers les plaines, et les volcans encore enflammés, loin d'être solitaires ou associés par groupes de forme irrégulière plus ou moins circulaire, comme en Europe (Ramond , IV jV., p. 45 ; Humb. , Rel. hist, , T. Il, p. 16), se suivent, à la manière des volcans éteints de l'Auvergne et des cratères brûlans de l'île de Java, par files, tantôt dans une série , tantôt sur deux lignes parallèles. Ces lignes sont dirigées généralement (montagnes de Guatimala, de Fopayan , de los Pastos , de Quito, du Pérou et du Chili) dans le sens de l'axe des Cordillères, quelquefois (Mexique) elles font avec cet axe un apgle de 70°. Là 34^ IND même où les trachytes, par leur accumulation, ne couvrent pas le sol entier, ils se trouvent comme éparpillés en pe- tites masses sur le dos et la crête des Andes, s'élevant en forme de rochers pointus au sein des roches primitives et de transition. Les trachytes et les basaltes se montrent rare- ment réunis, et ces deux systèmes de roches semblent se repousser mutuellement. De véritables basaltes avec olivine ne forment pas des couches intercalées dans le trachyte ; mais lorsqu'ils se trouvent rapprochés des trachytes ( entre Quito et la Villa de Ibarra; Julumito à Touest de Popayan ; vallée de Santiago dans la Nouvelle-Espagne; Cerros de las Cucvas et de Canoas près du volcan de JoruUo) , ce sont les basaltes et les mandelstein qui recouvrent ces derniers. Les roches trachytiques ont leur siège principal dans le terrain de tran- sition , dans les grandes formations de syénites et de por- phyres (§§. 2 1 et 25), antérieures et postérieures aux grau- Avackes et aux thonschiefer , surtout dans la première de ces formations, qui recouvre immédiatement les roches primi- tives. Lorsque, dans les Andes , les trachytes paroissent cou- vrir des granités avec amphibole, ou des gneis et des mica- schistes verls et stéatiteux , il reste douteux si ces dernières rcchcs, loin d'être primitives, n'appartiennent pas plutôt au terrain de transition. On peuf regarder comme également problématique, si ces apparences de recoinrewens, ces super- positions des roches trachytiques sur des formations préexis- tantes ne sont pas plutôt de simples appositions , et si le tra- chyte ( Exlentam tumefecit humum , ceu spirilus oris Tendere vesi- cam solet, aut direpta bicornis Terga capri ; tuivor ille loci per- mansit , et alli Collis habet speciem , longoque induruit œvo , dit Ovide, Metamorph. , lib. IX, du cône soulevé de Trécène dans l'Argolide), si le trachyte, dis -je, en soulevant et en brisant l'ancienne croûte du globe, n'est pas sorti perpendi- culairement sous la forme de cloches (Chimborazo) , ou bien sous celle de châteaux forts en ruines (sommet des Cordil- lères du Pérou, entre Loxa et Caxamarca). Les trachytes des Andes et du Mexique, qui renferment du perlite et de l'obsidienne , ne sont généralement recouverts que par d'autres roches volcaniques ( phonolithes , basalles, mandel- stein, conglomérats et tuffs ponceux). Quelquefois de pe- IND 343 tites formations locales, calcaires et gypseuses, que Ton peut appeler tertiaires, parce qu'elles sont certainement posté-» rieures à la craie, surmontent les trachytes ; mais vers le bas ces mêmes trachytes des Cordillères, surtout lorsqu'ils ne sont pas recoui>erts , sont géognostiquement liés de la manière la plus intime avec les porphyres poreux et fendilles du terrain de transition : porphyres dépourvus de quarz et ren- fermant du pyroèiie et du feldspath vitreux, quelquefois riches en filons argentifères et supportant sur d'auires points des formations secondaires, même du calcaire de transition, noir et carburé ( voyez plus haut, p. 161, i58 — i8i, 2o5 — 2i3). Cette liaison pourra motiver un- jour , dans nos mé- thodes, la suppression du terrain volcanique, en tant qu on le considère comme opposé, par le mode de sa formation et de son origine, aux roches de tous les autres terrains. Il y a des roches volcaniques dans le terrain de transition et dans le grès rouge, comme il y a des roches fragmentaires, agglo- mérées, remaniées par les eaux, dans le terrain volcanique. Ce dernier mot, pour lui donner un sens précis, seroil le mieux appliqué aux seules productions des volcans qui ont agi postérieurement à l'existence de nos vallées. Quoique , d'après ks observations faites dans les deux continens, les trachytes et d'autres roches analogues qui paroissent dus à la même action des forces volcaniques , et dans lesquels le feldspath compacte ou vitreux domine sur l'amphibole et le pyrcxènc , se trouvent principalement dans le terrain de transition et sur les limites de ce terrain et des roches secondaires les plus anciennes, on ne peut étendre cette conclusion aux basaltes, qui sont souvent enclavés dans le granité primitif (Schneekoppe enSilésie; Roche rouge, près de Serassac dans le Vélay), et qui sont peut-être antérieurs à certaines formations de trachytes? Dans une contrée très-cir- eonscrite , dans un même agroupemcnt de roches volcaniques , les trachytes grenus ou porphyres trachytiques , qu'il ne faut pas confondre avec des roches fragmentaires ou des conglo- mérats de trachytes beaucoup plus modernes, sont générale- ment d'une formation plus ancienne que les basaltes qui les recouvrent en coulées ou en larges nappes. Au contraire, les basaltes, postérieurs aux conglomérats trachytiques et pon- 344 IND ceux, sont le plus souvent antérieurs aux conglon^érats et tiiffs basaltiques; mais, nous le répétons, dès que nous devons com- parer ries lambeaux épars d'un terrain de trachytes , de phonolithes ou de basaltes, lambeatix non recouverts et gisant dans des formations granitiques, intermédiaires ou secondaires, ces roches ^e trachytes, de basaltes et de pho- nolithes ne peuvent plus être rangées comme termes d'une même série géognostique. Ce qui sort du granité le plus ancien , peut être postérieur à une roche analogue qui s'est fait jour à la fois à travers des roches de transition. L'oryc- tognosie ou minéralogie descriptive, qui analyse le tissu des substances volcaniques , parviendra à les classer d'après les principes que M. Cordier a si bien établis dans son mé- moire sur la composition des roches pyrogènes de tous les àgeSf mais la géognosic, qui ne considère que l'âge relatif et les gisemens, sera forcée de compter un grand nombre de roches incertœ sedis , même lorsqu'une plus vaste partie de la terre aura été examinée avec soin. Cette incertitude ne tient pas à l'imperfection des méthodes, mais à l'impossibilité de com- parer, sous le rapport de leur succession ou de l'époque de leur origine , des masses rocheuses éparses et non recouvertes. L'historien de la nature, comme celui des révolutions du genre humain, recueille, compare et discute tous les faits; mais il ne peut coordonner parsériçs ceux qui ne présentent aucun caractère chronologique. Dans cet état des choses, loin de mêler des considérations oryctognostiques aux classifications delà géognosie positive, il meparoit convenable de ranger les roches volcaniques d'après le type de aisément que l'on observe le plus généralement dans les deux hémisphères, là où le plus grand nombre de ces roches se trouve agroupé. La grande masse des substances dans les- quelles le feldspath prédomine (trachytes, leucostines), sera suivie, comme dans les tableaux oryctognostiques, de la grande masse des substances dans lesquelles prédomine le pyroxène (basaltes, dolérites); mais cette harmonie apparente entre des méthodes fondées sur deux principes dilférens, celui de la composition et celui de l'ordre des gisemens , disparoit dès ({ue l'on examine les formations partielles ou intercalées. Le géugnoste distingue alors entre les phonolithes des trachjytes IND 345 et les phonolith es des basaltes ; il place desleucostines compactes dans le terrain pyroxénique , comme il indique une forma- tion de doléritcs (mélange de feldspath et depyroxène, dans lequel la dernière substance est la plus fréquente ) au uiilieu desleucostines ou trachytes. C'est d'après ces principes que j'ai esquissé la distribution des roches volcaniques, dont le ta- bleau a été placé à la tin des terrains de transition (p. 232). Cette distribution se fonde sur les observations vraiment géo- gnosriques publiées par MM. Léopold deBuch, Breislak, Boue et Beudant, et sur celles que j'ai eu occasion de faire moi- même en Italie, au Pic deTénériffe, dans les Cordillères de la Nouvelle -Grenade, de Quito et du Mexique. J'ajouterai à la nomenclature des terrains l'indication succincte des gisemens les plus intéressans de l'Amérique ^quinoxiale. J. Formations trachytiques , comprenant les trachytes grenus (granitoïdes et syénitiques) ; les trachytes porplijriques ou porphyres tracliytiques, en partie pyroxéniques , en partie celluleux , avec nids siliceux ( meulières trachytiques ou porphyres molaires de M. Beudant); les trachytes semi-vitreux; les perlites avec obsidienne , et les phonolithes des trachytes. On peut ajouter à cette série les conglomérats trachytiques et pon- ceux , avec alunite, soufre, opale et bois opalisé ; car chaque terrain volcanique , comme chaque roche intermédiaire et secondaire, a ses conglomérats, c'est-à-dire, ses roches frag- mentaires, dont elle a fourni les premiers élémens. Les tra- chytes (granités chauffés en place des anciens minéralogistes, porphyres trappéens, beaucoup de laves pétrosiliceuses de Dolomieu , domites de MM. de Buch et Ramond , nécroli- thes de M. Brocchi , leucostine granulaire de M. Cordier) n'offrent généralement, dans l'ancien continent, que peu de traces de stratitication ; mais dans les Cordillères des Andes ils sont souvent très -régulièrement stratifiés (ChimborazOj N. 60° E. ; Assuay, N. i5° E. ), mais variant par groupe et de direction et d'inclinaison , comme font les phonolithes du terrain basaltique ( Mittelgebirge en Bohème). La structure en colonnes (prismes de 4 à 7 pans) est très-commune dans les trachytes porphyriques des Cordillères, non -seulement dans les roches noires à base de rétinite (pechstein) avec 346 Il\-D feldspath vitreux et pyroxèue ( Passuchoa, près de la ville de Quito, au sud des collines de Poingasi ; Faldas de Pichincha; Paranios de Chulucanas , Aroina et Cunturcaga , dans les Andes du Pérou, entre Loxa cl Caxamarca); mais aussi dans les trachytes gris-verdàtre du Chinriborazo (prismes minces de 5o pieds de long ; hauieur du plateau, 2180 toises), comme dans les tracliytes granitoïdes de Pisojè , au pied du volcan de Puracé. Ces derniers sont gris-verdàtre, renferment du mica noir, du feldspath commun et un peu d'anipiiibole, et leur ressemblance avec les graniU colonnari des Monts Euganéens les éloigne beaucoup (p. 169) des porphyres du terrain de transition. La structure globulaire (en sphéroïdes à couches concentriques ) paroît plutôt appartenir aux for- mations basaltiques qu'aux véritables trachytes. I,es teintes pâles dominent dans les trachytes des Cordillères, et les masses noires de cette roche m'on.t paru en général postérieures aux masses blanches , grises et rouges. La même différence de gisement paroit avoir lieu en Hongrie. Les trachytes noirs prennent quelquefois ( P^ucu- Pichincha près de Quito, sur- tout à l'arête de Tablahuma. 2556 toises) tout l'aspect du basalte; mais Folivine y manque toujours, et Ton n'y recon- noit que de petits cristaux de pyroxène qui pénètrent jusque dans l'intérieur des cristaux du feldspath vitreux. Dans les Andes, comme dans l'ancien continent, chaque cône ou dôme trachytique (les premiers ne paroissent que des dômes ou cloches percées à leur sommet et couvertes sur leurs flancs d'éjections ponceuses et scoriliées) présente des roches entièrement différentes dans leur composition , selon que Pun des élémens prédomine dans le tissu cristallin. Le mica noir est le plus commun dans les trachytes du Cotopaxi (entre le Nevado de Quelendana et le ravin deSuniguaicu , 2265 t.), volcan qui abonde en même temps en masses vitreuses et en obsidiennes : l'amphibole domine dans les trachytes souvent noirs de Pichincha et d'Antisana: le pyroxène dans la région inférieure et moyenne du Chimbora?o , dont les trachytes renferment quelquefois des pyrites , du quarz , et deux va- riétés de feldspath , le vitreux et le commun. L'ancien volcan de Yana-Urcu, adossé au Chimborazo (du côté du village de Calpi) , est dépourvu de pyroxène et contient de grands IND 547 cristaux d'amphibole. Dans les trachytes du Nevado de To- luca (Mexique) et d'Antisana on observe somment, comme dans les trachytes du Puy-de-Dôme, des parties huileuses et scorifiées à cellules lustrées, enchâssées dans des masses com- pactes et terreuses. Les phonolithes des trachytes sont plus caractérisés dans le volcan de Pichincha (Pic des Ladrillos et Guagua-Pichincha), de même qu'à la pente orientale du Clùm- borazo, prés de Yanacoche (hauteur, aSoo t.). A Antisana (Machay de San-Simon ) et au nord de la Villa de Ibarra ( Azufralde Cuesaca , plateau de Quito) les trachytes à base de feldspath compacte , mêlé d'amphibole , renferment du soufre natif, comme le trachyte du Puy-de-Dôme et des bortls de la Dordogne (Ramond, Niv. géogn., p. -jS , 86). Il ne faut pas confondre cette formation de soufre natif avec celles des solfatares ou cratères éteints, des mandeîstein celluleux (entre Pâte et Tecosautia au Mexique) et des argiles du ter- rain basaltique (province de los Pastes). L'épaisseur des cou- ches de trachytes est telle que sur le plateau de Quito elle atteint indubitablement et en masses continues (Chimborazo, Picliincha) 14,000 à 18,000 pieds. Comme très-peu de vol- cans des Andes ont donné de véritables coulées de laves lithoïdes, les trachytes y sont presque partout à découvert. Il n'y a que les conglomérats trachytiques, et des formations problématiques argileuses (tepetate), dont nous parlerons bientôt, qui les cachent quelquefois à l'examen des géo- gnostes. J'ai trouvé du feldspath commun et laiteux dans les tra- chytes poreux, légei's et blancs, du Cerro de Santa Polonia ( i552 toises, près deCaxamarca, Andes du Pérou) ; à la cime du Cofre de Perote au Mexique (le Peua del Nauhcampale- petl, 2098 toises), dans un trachyte gris-rougecàfre, abondant en cristaux aciculaircs d'amphibole et très-régulièrement stra- tifié (N. 28° E. avec 3o° au N. O.) ; au volcan encore actif de Tunguragua , au sud de Quito (Cuchilla de Guandisava , i658 t.), dans des trachytes rouge -de- brique et celluleux ; enfin , à la base du Chimborazo, près du petit volcan éteint de Yana-Urcu ( 1700 t.) , dans des trachytes noirs et vitreux. M. de Buch, qui a examiné avec soin ces dernières roches, y a même reconnu à la fois des cristaux de feldspath vitreux 348 iiST) . et de feldspath commun, phénomène que j'ai trouvé répété dans plusieurs porphj^res de transition du Mexique. Les petits cristaux acirulaires d'amphibole sont quelquefois placés comme par files sur plusieurs lignes parallèles, etalfec- tent tous la même direction (vallée du Cer au Cantal; tra- chytes gris -blanchâtre de Rioliamba viejo, avec rhombcs de feldspath décomposé en une terre jaunâtre). Le mica est beaucoup plus rare dans les tracbytes du Mexique et des Andes que dans ceux du Siebengebirge , des Gleichen en Styrie , près de Radkersburg, et de Hongrie : j'en ai trouvé cependant de belles tables noires hexagones, tant à la base du volcan de Pichincha (près deJavirac ou du Panecillo de Quito, 1600 t.), que dans les trachytes semi- vitreux gris -bleuâtre de Cotopaxi , et dans les trachytes rouges et poreux du Nevado de Toluca (sommet du Fraile , 20J2 toises). Le titane ferrifère ne manque pas dans les trachytes de Quito et du Mexique ; mais les lames de fer oligiste spécu- iaire , également communs dans les trachytes et les laves de l'Italie et de la France, sont assez rares dans les roches vol- caniques fendillées de l'Amérique équinoxiaie. En considérant les trachytes des Cordillères sous un point de vue général, il n'y a pas de doute qu'on ne les trouve caractérisés par une absence de quarz en cristaux et en grains. Ce caractère , comme nous l'avons vu plus haut, s'étend même sur la plupart des porphyres métallifères de l'Amérique équi- noxiaie (§§. 20 et 24), qui semblent liés aux tracliytes; mais l'une et l'autre de ces roches offrent des exceptions frappantes à une loi que l'on auroit pu croire générale. Ces exceptions prouvent de nouveau que le géognoste ne doit pas attacher une grande importance à la présence ou à l'absence de cer- taines substances disséminées dans les roches. La plus grande masse du Chimborazo est formée par un trachyte semi-vitreux, vert-brunâtre (à base cireuse, comme de résinite), dépourvu d'amphibole , abondant en pyroxène, très-compacte, tabu- laire , ou divisé en colonnes minces , irrégulières et tétraèdres. Ce trachyte renferme , comme couche intercalée , un banc rouge pourpré, celluleux, à cristaux de feldspath à peine visibles, et parsemé de nodules alongés de quarz blanc. Plus IND 349 haut (à 3o]6 toises de hauteur, où nous vjmes descendre le mercure dans le baromètre à i3 pouces 1 1 /,„ lignes), le quarz disparoit, et Taréte de rocher sur laquelle nous mar- châmes étoit couverte d'une traînée de masses rouges, hui- leuses, dcsagrëgces et assez seuiblables aux amygdaloides de la vallée de Mexico. Ces masses, les plus élevées de celles qu'on a recueillies jusqu'ici à la surface de la terre, étoient rangées en file, et pourroient fiaire croire à l'exisfence d'une petite bouche près du sommet du Chimborazo, bouche qui s'est vraisemblablement refermée , comme celles de l'Epomeo, à l'ile d'Ischia , et de Guambalo et d'Igualata, entre Mocha et Penipe (province de Quito). Sur le plateau central du Mexique les trachytes de Lira enchâssent à la fois du quarz laiteux, de l'obsidienne et de l'hyalithe. M. Beudant a aussi reconnu récemment des cristaux de quarz dans les trachytes porphyriques (à globules vitro-lithoïdes), dans les trachytes meulières et les perlites de Hongrie ( Voj. en Hongrie, T. III, p. 346, 565, 5ig, 575). Le même phénomène se trouve ré- pété dans quelques trachytes de l'Auvergne ( Puy Baladou ; Cantal, Col de Caboe), des Dardanelles et du Kamtschatka. Lorsqu'on se rappelle qu'il y a, d'après l'analyse deM.Vau- quelin, 92 pour cent de silice dans les trachytes duSarcouy, que tous les basaltes et les laves en abondent, il faut plutôt être surpris que cette substance disséminée dans des silicates de fer et d'alumine n'ait pu se réunir plus souvent sans mé- lange en cristaux ou grains de quarz pur. Ce n'est que la difficulté opposée à la concentration de la silice autour d'un noyau qui caractérise une grande partie des roches volcani- ques. (Voyez plus haut, p. 164.) Le pyroxène a été regardé jusqu'ici comme extrêmement rare dans les trachytes d'Europe. La couche de pyroxène queM. Weissa découverte entre Muret etThiezac (au-dessus d'Aurillac en Auvergne; Buch, iiber Trapp-Porphyr, p. i55), semble plutôt appartenir à une formation basaltique super- posée au trachyte. Mais en Hongrie (Beudant^ T. 111, p. 5i-j, 619), comme dans la Cordillère des Andes, le pyroxène se trouve assez souvent dans les trachytes porphyroïdes : il y remplace l'amphibole (Chimborazo, ïunguragua, base du volcan de Pasto, région moyenne du volcan de Puracè , près 35o ' IND de Popayan). L'espèce de répulsion qu'on croit observe? entre le pyroxène et ramjihibole , est d'autant plus frappante que dans le terrain basaltique res deux substances se trouvent assez souvent réunies (Rhonegebirge en Allemagne). Les tra- cli3rtes du Mexique m'ont paru assez généralement dépourvus de pyroxène. Le grenat, que nous avons déjà vu dans les porphyres de transition du Potosi et d'Izmiquilpan , reparoit, quoique très-rarement, dans les trachytes des Andes: j'en ai trouvé dans le volcan de Yana-Urcu (trachyte noir) ; M. Beudant en a recueilli dans les perlites iithoïdes d'Hongrie. Je doute aujourd'hui de l'existence de l'olivine dans le terrain trachytique des Cordillères : ce que j'avois pris pour cette substance, étoient des grains de pyroxène d'une teinte très-peu foncée. L'olivine appartient peut-être exclusivement aux terrains basaltiques et à quelques laves lithoïdes. M. de Buch l'a reconnue parmi les éjections du volcan de Jorullo, qui forment un tissu à petit grain d'olivine, de feldspath vitreux et de mica jaune. Il n'y a aucune trace d'amphibole ni de pyroxène, quoique ce volcan se soit fait jour à travers un terrain de trachyte. M. Beudant doute aussi de la pré- sence de l'olivine dans les trachytes de Hongrie, même dans ceux du groupe de Vihorlet. Lorsque des chimistes se seront occupés plus spécialement des trachytes des Cordillères, qui offrent une si grande variété de roches, on y découvrira pro- bablement aussi de l'ijcide muriatique (comme au Sarcouy en Auvergne) et du mica commun mélangé de tifaue oxidé , comme au Vésuve. (Soret, Sur les axes de double réfraction , 1821 , p. 69.) Les observations que l'on peut faire sur le gisement des ro.ches volcaniques, offrent plus d'intérêt encore que Fétude de leur composition. Les trachytes du volcan éteint de Tolima (§• 7 ) semblent sortir d'un granité postérieur au gneis primitif. J'ai vu paroitre (Alto de! Roble) le micaschiste (p. 129) sous les trachytes des volcans encore brûlans de Popayan. Les granités à travers lesquels les dômes trachyti- ques du Baraguan et de Herveo (Ervè) se sont fait jour, sont peut-être d'un âge plus récent que le micaschiste. L'obser- vation de gisement la plus importante que j'aie faite dans • IND , 35i l'immense plateau entièrement trachytique de Quito (espèce de volcan polystouie ) , a rapport aux trachytes de Tungu- ragua. Après avoir cherché en vain , pendant plus de six mois, quelque trace de roches vulgairement appelées d'ori- gine neptunienne, j'ai trouvé, près du pont de cordage de Penipe (Rio Puela, 1240 toises), sous les trachytes noirs semi- vitreux, souvent colonnaires, du cône encore enflammé de Tunguragua , un micaschiste verdàtre , à surlace striée et soyeuse , renfermant des grenats et ressemblant aux mica- schistes du terrain primitif (voyez plus haut, p. 119). Cette roche repose sur un granité syénitique, composé de beau- coup de feldspath verdàtre lamelleux et à gros grains, de peu dequarz blanc, de tables hexagones de mica noir, et de quelques cristaux effilés d'amphibole. La cassure du granité offre un aspect stcatitcux , et prend, au souffle, une teinte vert-d'asperge. Ces syénites et ces micaschistes avec grenats rappellent ceux que MM. de Buch et Escolar ont découverts dans l'archipel des Canaries, en blocs, au milieu des ter- rains trachytiques de Fortavenfura et de Palma. (Humboldt, Rel. Jiist. , T. I , p. 640.) Il est très-certain que les roches de Penipe , qui n'appartiennent peut-être qu'au terrain de tran- sition, sont en place; qu'elles viennent au jour sous un véri- table trachyte grenu, et non sous une roche fragmentaire, sous un conglomérat trachytique , comme c'est le cas à Vie, à Aurillac et à S. Sigismond (Buch, Trapp-Porphyr, p. 141) : mais, sans percer une galerie dans le flanc de Tunguragua , il est impossible de décider s'il y a superposition , si le trachyte recouvre le micaschiste sur une grande étendue, comme la craie recouvre le calcaire du Jura, ou si le trachyte, en brisant les roches plus anciennes et en s'élevant perpendi- culairement, s'est simplement incliné vers les bords sur le micaschiste adjacent. Autour du cône trachytique de Cayambe on trouve aussi du micaschiste avecépidote, et un granité qui abonde en mica brun et jaune. Plus au nord, dans les Cor- dillères du Popayan , en montant au village de Piiracè, j'ai vu, sous le grand volcan de ce nom, près de Santa-Barbara , le trachyte semi-vitreux appuyé sur une syénite porphyrique (avec feldspath commun) : cette syénite est bien visible- ment superposée sur un granité de transition abondant ea 352 . IND mica (p. 167). Au pied des volcans mexicains encore actifs- (le Popocatepetl et le Jorullo), nous n'avons pas été assez heureux, M. Bonpland et moi, de découvrir des roches de granité, de micaschiste ou de syénite en place; mais nous avons vu enchâssées, au milieu des laves lithoïdes noires et basaltiques de Jorullo, des fragmens anguleux blancs ou blanc-verdàtre de syénite, composés de peu d'amphibole et de beaucoup de feldspath lamelleux. Là où ces masses ont été crevassées par la chaleur , le feldspath est devenu filan- dreux, de sorte que les bords de la fente sont réunis dans quelques endroits par les fibres alongées de la masse. Dans l'Amérique du Sud, entre Almaguer et Popayan , au pied du Cerro Broncaso , j'ai trouvé de véritables fragmens de gneis compactes dans un trachyte abondant en pyroxène (p. 171). Ces phénomènes, auxquels je pourrois en ajouter beaucoup d'autres, prouvent que les formations trachytiques sont sorties au-dessous de la croûte granitique du globe. Les obsidiennes dont nous avons rapporté, M. Sonncsclunidt et moi, de si curieuses variétés en Europe, m'ont paru ap- partenir, dans les Cordillères , à deux sections bien distinctes du terrain trachytique, aux véritables trachytes noirs (Cerro del Quinche, au nord de Quito) et blancs (Cerro de las Novajas cuOyamel, au nord-est de Mexico), et à la perlite (Cinapecuaro , entre Mexico et Valladolid). 11 faut distin- guer de ces deux formations les obsidiennes des courans de laves modernes (Pic de Ténériffe), formant la partie supé- rieure de ces courans. Les fragmens de roches vomis par le cratère deCotopaxi, et remplis de rognons d'obsidienne, pa- roissent arrachés aux parois du cratère ; mais les morceaux d'obsidiennelancéspar le volcan de Sotara, près de Popayan, à des distances de plusieurs lieues, méritent plus d'attention. Les champs de los Serillos , des Uvales et de Palace, en sont couverts. On les trouve disséminés comme des fragmens de silex; ils reposent sur des roches basaltiques, auxquelles ce- pendant ils sont entièrement étrangers. Ces obsidiennes de Popayan ont souvent la forme de larmes ou même de boules à surface tuberculeuse : elles offrent, ce que je n'ai vu nulle part ailleurs, toutes les nuances de couleurs, depuis le noir foncé, jusqu'à celle d'un verre artificiel entièrement iuco- • IND • 353 lore. Elles sont quelquefois mêlées de fragmens d'émaux lancés par le même volcan de Sotara , et que l'on seroit tenté de prendre pour de la porcelaine de Réaumur. La pâte des trachytes semi -vitreux gris- bleuâtre et à cassure con- choïde (volcan de Puracè , près Popayan , dans la plaine du Cascajal, à 2274 toises de hauteur), passe sans doute quelquefois à l'obsidienne; mais les grandes masses de véri- tables obsidiennes, disposées par couches ou par rognons à contours bien prononcés, se trouvent dans d'autres variétés de trachytes. Nous avons déjà décrit plus haut les roches du Cerro de las Navajas (§.23), où se trouvent les obsidiennes chatoyantes, striées et argentées (plateadas) , généralement disséminées par fragmens, mais formant quelquefois aussi des couches dans un trachyte blanc. Des couches analogues , mais d'une épaisseur de 14 à 16 pouces, sont intercalées aux tra- chytes noirs pyroxéniques du Cerro del Quinchè (plateau de Quito). Elles offrent des obsidiennes noir-verdàtre et vei- nées de bandes rouge-de-brique. Près de l'Hacienda de Lira, au nord de Queretaro (plateau du Mexique, gyS toises), j'ai trouvé dans des trachytes vert-d'olive et à base de réti- nite (trachytes qui renferment à la fois du feldspath vitreux et des grains de quarz disséminés) , des couches d'obsidienne noire de trois pouces d'épaisseur. Sur d'autres points du plateau de la Nouvelle -Espagne , à Cinapecuaro, au pied du Cerro Ucareo (dans le chemin de Valladolid de Mechoa- can à Toluca , hauteur 968 toises), et entre Ojo del agua et El Pinal (dans le chemin de la Puebla de los Angeles à Perote, hauteur 1180 toises), les obsidiennes se trouvent par rognons dans un perlite (perlstein) à éclat émaillé, composé de petits globules semi-vitreux blanc-grisàtrc. Je n'y ai pas vu de mica, mais des infiltrations d'hyalithe et quelques petits cristaux de feldspath filandreux, presque ponceux. A Cina- pecuaro, le perlite forme de petites collines coniques, en- tourées de pics de basaltes et de dômes trachytiques. La roche est très- régulièrement stratifiée (N. 22" E., incl.de 8tf° au Nord-ouest) : on la prendroit de loin pour un grès schisteux. L'obsidienne noire, vert-noiràtre et vert-grisàtre, s'y trouve par nids ou rognons de deux à cinq pouces d'é- paisseur, de softe que, par la juxtaposition de ces rognons, 23. ■ 23 354 ' IND le perlite paroît quelquefois enchâssé dans une véritable roche d'obsidienne. Dans les plaines orientales du Mexique, entre Acaxete, Ojo del agua et El Final, l'obsidienne est moins abondante, mais souvent rubanée comme du jaspe. Le periite y renferme beaucoup de tables hexagones de mica noir ; il est souvent fibreux et passe à ce que M. Beudant appelle (ï. III, p. 364, 5 89 ) perZ/^e po;iceu.r. En général , les obsidiennes du Mexique et des Andes de Quito offrent, et souvent sur une plus grande échelle, les mêmes phénomènes de composition que l'on observe dans ceux de Lipari et de Volcano , et que quelques géognostes ont attribués jadis à une dévitrijication (glaslinisalion). On y trouve enchâssés de petits cristaux de feldspath vitreux ; des masses polyèdres de perlstein remplissant entièrement les vacuoles dans lesquelles on les suppose formés; des agrégations de grains cendrés, d'un aspect terreux et distribués par zones parallèles souvent interrompues; enfin, des fragmens de tra- chyte brun-rougeâtre, à demi- fondus, placés tous d'un même côté, à l'extrémité de A^acuoles très - alongées et parallèles entre elles. M. de Buch , qui a fait un examen particulier des substances volcaniques recueillies dans la région équi- noxiale du nouveau monde, observe que les masses de per- lites, tantôt sphéroïdales, tantôt octogones dans leur coupe, ont constamment au centre un cristal très-petit de feldspath vitreux ou d'amphibole, et que la position de ce cristal a déterminé la forme de tout le système. (Buch , dans les Sc/!r//fera. Nàtiirf. Freunde, 1809, p. 3oi. Humboldt, Rel. hist., T. I, p. 161.) M. Beiidant a trouvé des grenats rouges dans les perlitesrétinitiques de Hongrie (Vissegrad), qui ressemblent au pechstein-porphjyr du terrain de transition : j'en ai vu d'également rouges au sommet du volcan de Puracè , dans un trachyte bleuâtre, semi- vitreux, à cassure conchoïde, dé- pourvu de mica et d'amphibole, mais enchâssant, outre le pyroxène et le feldspath vitreux, des points cendrés sembla- bles à ceux que l'on remarque dans les obsidiennes de Lipari et du Cerro de las Navajas. La présence des grenats dans des roches généralement mêlées d'amphibole reçoit quelque im- portance par les observations ingénieuses de M. Berzelins {Nouy. Sjsième de minéralogie;, p. 001) sur les aniultés chi- IND 355 iniques du grenat et de l'amphibole renfermant des silicates d'alumine et d'oxidule de fer. C'est dans les obsidiennes que j'ai rapportées de la Nouvelle-Espagne, que M. Collet-Des- cotils a trouvé le premier exemple de la présence simultanée de deux alcalis dans une même substance minérale. Ce phénomène a été observé depuis dans quelques variétés de feldspath, de Avernerite , desodalite, de chabasie et d'éléo- lithe (pierre grasse de Hauy). J'ai observé que beaucoup d'obsidiennes noires et rouges du Quinchè et du Cerro de las Navajas ont des pôles magnétiques, fout comme les por- phyres (de transition P , p. lyS), de Voisaco et comme un beau groupe de trachytes colonnaires du Chimborazo (hau- teur 2 1 GO toises). Ces trachytes étoient gris-verdàtre et en- chàssoient quelques cristaux de feldspath lamelleux et laiteux. La dernière assise du terrain trachytique est formée par des conglomérats ou débris agglutinés et remaniés par les eaux. Ces conglomérats couvrent d'immenses surfaces, non au pied des Cordillères, maissur leurs flancs et sur des plateaux de 1 200 à 1 6oo toises de hauteur. Dans une région où presque tous les volcans actifs s'élèvent au-dessus de la limite des neiges perpétuelles, et oii les eaux, lentement infiltrées dans des cavernes, et les neiges qui se fondent au moment de l'érup- tion , causent d'affreux ravages, l'étendue et l'épaisseur des terrains de transport et des roches fragmentaires régénérées doit nécessairement être en rapport avec les forces qui amènent encore de nos jours ces masses désagrégées. Les conglomérats sont tantôt friables et tuffacés (base de Coto- paxi et de l'AItar), tantôt compactes et endurcies comme le grès (base de Pichincha). Les ponces en masses pulvé- rulentes et en blocs de 26 à 3o pieds de longueur forment la partie la plus intéressante de ces conglomérats du terrain trachytique. Nous ferons observer , à cette occasion , que le mot pierre-ponce est très-vague en minéralogie : il ne désigne pas un fossile simple, comme le font les dénominations de cal- céioine ou de pyroxène; il indique plutôt un certain état ^ une forme capillaire ou filandreuse sous laquelle se présen- tent des substances diverses, rejetées par les volcans. La nature de ces substances est aussi différente que l'épaisseur, la ténacité , la flexibilité et le parallélisme ou la direction 556 IND de leurs fibres (Huniboldt, Relat. hist. , T. I, p. 162). II exisfe des ponces noires d'une contexture J)ulleuse, à fibres croisées; on y reconnoît beaucoup de pyroxène, et elles paroissent dues à des laves basaltiques scorifiées (plaine qui entoure le cratère de Rucu-Pichincha ; tuff du Pausilippe près de Najjles). Quelques volcans rrjettent des trachytes blancs, con?posé5 de feldspath compacte, de beaucoup d'am- phibole, de très-peu de mica, et dont une partie est devenue fibreuse (Rucu-Pichincha et Cotopaxi , sur le plateau de Quito; volcan de Cumbal près Chilanquer , dans le plateau de los Pastos; Sotara près dcPopajan; Popocatepetl à l'est de Mexico). Souvent, dans des trachytes assez compactes et d'un tissu non fibreux, les fragmens rhomboidaux du feld- spath deviennent creux et conmie filandreux (plateau de Quito et du Mexique). Quelques variétés de perlstein offrent une texture fibreuse (plaine de la Nouvelle-Espagne , entre la Venta del Ojo del agua et la Venta de Soto ; vallée de Gran et de Glashiitte, en Hongrie). Enfin, des obsidiennes noir- verdàtre ou gris de fumée alterneiit avec des couchts de pierre ponce à fibres asbestoïdes blanc -verdàtre , rarement parallèles entre elles, quelquefois cependant perpendicu- laires aux couches de Pobsidienne et semblables à une écume filamenteuse de Acrre ( Plaine des Genêts, au Pic deTénériffe). Ces dernières variétés ont fait naître chez quelques géologues l'idée que toutes les ponces étoient dues à la fusion et au gonflement des laves vitreuses; on confondoit les obsidiennes ponceuses (asclérines de M. Cordier) avec les véritables ponces à libres parallèles (pumites légères de M. Cordier), caractérisées par de grandes tables hexagones de mica, et probablement dues à un mode d'action particulier que le feu des volcans exerce sur les trachytes blancs (granités des Isles Ponces de Dolomieu). Un savant qui a profondément étudié les rocliCS trachytiques de l'Europe, a conliruié ces aperçus. «La j)once, dit M. Beudant, dans Fétat actuel de « la science , ne peut pas même être regardée comme une « espèce distincte de roche : c'est un état celluleux et fila- « nienteux, sous lequel plusieurs roches des terrains trachy- « tiques et volcaniques sont susceptibles de se présenter. * {Voyage minéral., T. III , p. ob^.) IND . 357 Les immenses carrières souterraines de pierre -ponce ex- ploitées au pied du Cotopaxi, entre la ville de Tacunga ( Llactacunga) et le village indien de San-Felipe (plateau de Çuito , hauteur 1482 toises), uront paru les plus instructives pour décider la question du gisement de cette substance dans ■un terrain de rapport. Elles avoient déjà Tait naître chez Bouguer (Figure de la terre, p. LXVIII), dans un temps où la géognosie n'existoit presque pas, plusieurs questions inté- ressantes sur l'origine des ponces. Les petites collines de Guapulo et de Zumbalica, qui s'élèvent jusqu'à 80 toises de hauteur, paroissent au premier abord entièrement formées d'une roche blanclie fibreuse, à couches horizontales et à fibres perpendiculaires : on pourroit en tirer des blocs dé- pourvus de fentes de plus de 60 pieds de longueur. En examinant ces prétendues couches de plus près, on voit que ce sont des masses de quatre pouces à trois pieds d'épais- seur , enchâssées dans une terre blanche argileuse. Elles ne forment pas, à proprement parler, un conglomérat; les blocs ne sont que déposés dans l'argile , et recouverts de fragmens menus de ponces (de 8 à g toises d'épaisseur) qui sont divisés en bancs horizontaux. Ces blocs de ponces blanches, quelquefois bleuâtres, sont arrondis vers les bords; ils renferment du mica jaune et noir, des cristaux effilés d'amphibole (non de pyroxène) et un peu de feldspath vi- treux. J'incline à croire que les collines de Zumbalica, qui ressemblent beaucoup à celles de Sirok en Hongrie ( Beudant, Vojy. ruiner., T. H , p. 22) , ne sont pas les parois intérieures d'un ancien volcan écroulé: les grands blocs, qui ressemblent à des couches fracturées, sont gécgnostiquement liés aux petits fragmens des assises supérieures; les uns et les autres ont sans doute été déposés par les eaux, quoique dans des cir- constances bien diflerentes de celles qui accompagnent les éruptions actuelles de Cotopaxi. L'aspect de tout le pays d'alentour nous prouve l'ancienne sphère d'activité de ce volcan, qui a une hauteur de 2962 toises et un volume énorme. A l'ouest du volcan , depuis l'Alto de Chisinche jusqu'à Tacunga, sur plus de quarante lieues carrées, tout le sol est couvert de pierre -ponce et de trachytes scoritiés. Il est bien remarquable que le mode d'action volcanique 558 , IND propre à produire des ponces soit restreint, pour ainsi dire, à un certain noiiibre de montagnes iguivomes. L'Altar ou Capac-Urcu . anciennement plus élevé que leChimborazo, est placé dans la plaine de Tapia , vis-à-\is du volcan encore actif de 1 nnguragua. Le premier a vomi une immense quan- tité de ponces, le second n'en produit pas du tout. Cette même différence existe entre les deux volcans voisins de la ville dePopayan, le Puracè et le Sotarà. Celui-ci a rejeté à la fois des obsidiennes et des ponces, tout comme le volcan de Cotopaxi. A Rucu-Pichincha , où je suis parvenu jusqu'à une des tours trachytiques (hauteur 2491 toises) qui dominent l'immense cratère du volcan, j'ai trouvé beau- coup de ponces , et pas d'obsidiennes : aussi les ponces de Sotarà et de Cotopaxi, qui renferment, outre le feldspath vitreux et un peu d'amphibole, de grandes tables hexagones de mica , ne sont certainement pas dues à l'obsidienne ; elles diffèrent entièrenjent de ces ponces vitreuses et capillaires que j'ai vues couvrir la pente du Pic de Ténériffe. Les superbes opales de Zimapan, au Mexique, ne parois- sent pas appartenir, comme celles de Hongrie, aux conglo- mérats trachytiques, mais à des trachytes porphyriques qui renferment des globules rayonnes de perlite gris -bleuâtre. (§.23.) II. Formations basaltiques, comprenant les basaltes avec divine, pyroxène et un peu d'amphibole; \es phonolithes du "basalte, les dolériles , Vamygdaloïde celliileuse , les argiles avec grenat s -pyr opes , et les roches fragmentaires basaltiques (con- glomérats et scories). Le terrain basaltique se lie d'un côté aux trachytes , dans lesquels le pyroxène devient progressi- vement plus abondant que le feldspath (Cordier, sur les masses des Roches volcaniques , p. 26) , en partie et, je crois, d'une manière plus intime, aux laves des volcans qui ont coulé sous forme de courans. Les phonolithes appartiennent à la fois au terrain trachytique et au terrain basaltique. Je doute qu'un véritable basalte avec olivine se trouve in- tercalé comme couche subordonnée au trachyte. La phono- lithe, qui forme de ces couches dans les trachytes des Cor- dillères et de l'Auvergne, n'est que superposée aux basaltes. IND •> 359 Lorsqu'elle ne s'élève pas en pics isolés dans les plaines, elle couronne généralement les collines basaltiques. L'amphibole et le pyroxène se trouvent disséminés dans les trachytes et les basaltes ; la première de ces substances appartient peut- être même plus particulièrement aux formations trachytiques. L'olivine caractérise les formations basaltiques, les laves très- anciennes de l'Europe et les laves très-modernes (courant de 175g) du volcan de Jorullo au Mexique. Lorsqu'on ne considère que sous le rapport du volume les groupes de roches trachytiques et basaltiques répandues dans les deux continens, on observe que les grandes masses de ces groupes se trouvent très-éloignées les unes des autres. Les pays qui abondent le plus en basaltes (la Bohème, la Hesse) n'ont pas de trachytes, et les Cordillères des Andes, trachytiques sur d'immenses étendues, sontsouvent entièrementdépourvues de basaltes. Ni le Chimborazo, ni le Cotopaxi , ni l'Antisana, ni le Pichincha, n'offrent de véritables roches basaltiques; tandis que ces roches , caractérisées par l'olivine , séparées en belles colonnes de trois pieds d'épaisseur, se rencontrent sur le même plateau de Quito , mais loin de ces volcans à l'est de Guallabamba , dans la vallée dii Rio Pisque. Près de Popayan les basaltes ne recouvrent pas les dômes trachytiques de Sotarà et de Furacè ; ils se trouvent isolés sur la rive oc- cidentale du Cauca , dans les plaines de Julumito. Au Mexi- que , Je grand terrain basaltique du Valle de Santiago (entre Valladolid et Cuanaxuato), est très-éloigné des volcans tra- chitiques du Popocatepetl et de FOrizava. Tous ces basaltes que nous venons de nommer (Guallabamba, Julumito et Santiago) reposent probablement aussi, à de grandes pro- fondeurs, sur un sol trachytique; mais nous ne considérons ici que l'isolement, la séparation des montagnes de basaltes et de trachytes. En général, dans les Cordillères du Mexique, de la Nou- velle-Grenade, de Quito et du Pérou , les formations trachy- tiques remportent, pour la masse, de beaucoup sur les for- mations basaltiques; ces dernières peuvent même être consi- dérées comme très-rares, en les comparant à celles qui tra- versent FAllemagne de l'est à l'ouest, entre les parallèles de 5o° et de 5i°. Cette même prépondérance du terrain trachy- 56o * IND tique sur le terrain basaltique s'observe en Hongrie. «Partout, « dif M. Beuflant avec beaucoup de justesse, partout où les « masses de tracbyte se sont développées sur une grande « échelle, on ne trouve que des lau)beaux peu considérables « de basalte, et réciproquement , dans les lieux où le ter- « rain basaltique est extrêmement développé, il n'existe que « peu ou même point du tout de Iriichyte. • {Voyage miner, en Hongrie, t. III , p. 600, 687 — 589.) On diroit que ces deux terrains se repoussent ; et comme les cratères des vol- cans encore actifs se sont constamment ouverts dans les tra- chytes, il ne faut pas être surpris que ces volcans et leurs laves restent aussi éloignés des basaltes anciens. (Humboldt, Rel. histor. , t. J, p. 1 64. ) Malgré cet antagonisme, ou plutôt cette inégalité de dé- veloppement , que nous avons déjà remarqué dans les gra- nités et les gneis- micaschistes , dans les calcaires et les schis- tes de transition, dans le grès rouge et le zechsfein ou cal- caire alpin, les trachytes et les basaltes offrent sur d'autres poinîs du globe les aflinités géognostiques les plus intimes. Si les grandes masses basaltiques (Hesse; Forez, Vélay et Vi- varais; Ecosse; Veszprim et lac Balaton) restent géographi- quement éloignées des grandes masses de trachytes (Sieben- gebirge ; Auvergne ; montagnes de Matra , Vihorlet et To- tay ; Cordillère occidentale des Andes de Quito), des lam- beaux du terrain basaltique ;ie s'en trouvent pas moins pour cela superposés à ces mêmes trachytes. (Buch , Briefe aus Au- vergne, p. 28y; Id. , Trapp-Porphjr , p. 107 — 141. Ramond . JViV. géologique , p. iS, 60 — 73.) Les Monts Euganéens (ba- saltes du Monte Venda près des cônes trachytiques de Monte Pradio, Monte Ortone et Monte Rosso) , les penchans des montagnes qui constituent le groupe du Mont Dore, les environs de Guchilaque au Mexique (Cerro del Marques, lS3j toises) et de Xalapa (Cerro de Macultepec , 788 toises), présentent des exemples frappans de cette réunion des deux terrains feldspathiques et pyroxéniques. Tantôt ce sont des buttes de basalte prismatique qui sortent du terrain de tra- chyle ; tantôt ce sont de larges coulées de basaltes, souvent interrompues et formant des gradins et des plateaux, qui sillonnent et recouvrent ce terrain. IND 36i Il résuKe de ces oliservations, que les plus grandes masses de basaltes gisent immédiatement dans les formations pri- mitives intermédiaires et secondaires , tandis que d'autres masses beaucoup moins considérables, d'un tissu entièrement identique, et présentant le plus souvent l'apparence d'an- ciennes coulées de laves lithoïdes, sont superposées au ter- rain trachytique. Les uns et les autres enveloppent quelque- fois des fragmens de granile, de gneis ou d'une syénite très- abondante en feldspath. Ce même phénomène, comme nous l'avons vu tantôt, s'observe (volcan de Jorullo) dans des laves récentes et d'une époque connue; mais ces indices in- contestables d'une fhiidité ignée ne nous autorisent pas à ad- mettre que les montagnes coniques de basaltes, dispersées dans des plaines ou couronnant la crête des montagnes pri- mitives, se soient tontes formées comme les nappes de ba- salte qui couvrent les trachytes, ou comme les laves lithoïdes basaltiques (avec olivine) de quelques volcans très-modernes. Le mélange des matières qui constituent les roches volcani- ques se fait dans l'intérieur du globe, et probablement à d'immenses profondeurs. Des matières analogues et compo- sées des mêmes élémens peuvent venir an jour (paroître à la surface du globe) par des voies très-différentes, tantôt par soulèvement (en cloches, en dômes ou en buttes coni- ques), tantôt par des crevasses longitudinales, formées dans la croûte du globe , tantôt par des ouvertures circulaires au sommet d'une montagne. La géognosie des volcans distingue ces modes de formations, et si elle s'oppose à confondre sous le nom de laves toutes les roches des terrains trachytiques et basaltiques, c'est parce qu'elle se refuse à admettre que les dômes du Puy de Cliersou, du grand Sarcouy et du Chim- borazo , de même que toutes les montagnes coniques de ba- saltes, soient des portions de courans de laves. Des volcans, en partie très-modernes, ont jeté des laves feldspathiques (Ischia, Solfatare de Pouzzole) et pyroxéniqnes avec olivine (Jorullo), qui ressemblent aux trachytes et aux basaltes les plus anciens. Souvent des masses volcaniques (laves feldspa- thiques et pyroxéniques ; trachytes ; basaltes en cônes isolés), considérées minéralogiquement , sont les mêmes; on peut supposer que les circonstances dans lesquelles elles ont été 062 ITXD produites dans l'intérieur du glol)e , différoient très- peu ; mais, ce qui les éloigne géognostiquement les unes des autres, c'est la différence marquante dans le mode de leur apparition à la surface du sol. Parmi le grand nombre d'observations curieuses que pré- sentent les environs du nouveau vokvin de Jorullo au Mexique, aucune ne me paroit plus importante et plus inattendue que celles qui concernent la double origine des masses basalti- ques. On y voit à la fois de petits cônes de basaltes, composés de boules à couches concentriques, et un promontoire de laves basaltiques, lithoïdes et compactes dans l'intérieur, spongieuses à la surface. Ce courant de laves est une masse noire à très-petits grains, renfermant, non de l'amphibole ou du pyroxène, mais indubitablement de l'olivine (péri- dote granuliforme de Haii)^) et de petits cristaux de feldspath vitreux. M. de Buch a reconnu , dans des fragmens que j'ai rapportés, outre l'olivine disséminée (vert d'olive clair, con- choide et à pièces séparées grenues), quelques tables hexa- gones de mica jaune de laiton. C'est dans ces laves que sont empâtés les fragmens anguleux et crevassés de syénite grani- tique dont j"ai parlé plusieurs fois; elles tirent probablement leur origine d'un terrain de transition placé sous le trachyte. Des morceaux extrêmement petits de trachyte grisâtre, avec feldspath vitreux et cristaux effilés d'amphibole , que nous avons été assez heureux de trouver sur le bord du cratère au milieu des scories, prouvent même que l'éruption a agi à la fois à travers la syénite et le trachyte superposé. Les laves s'élèvent jusqu'à 678 pieds d'épaisseur; et comme elles se sont épanchées non latéralement , mais du cratère du volcan actuel, c'est en suivant leur courant vers le S. S. E. que nous avons pu , M. Bonpiand et moi, pénétrer, non sans quelque danger . dans l'intérieur du cratère encore brûlant pour y recueillir de l'air. Il ne faut pas confondre avec ce courant de laves lithoïdes basaltiques, qui ne sont pas des scories entassées comme au Monte Novo de Pouzzole , les basaltes en boules (Kugelbasalt) qui composent les petits cônes appelés par les indigènes /ours (hornitos), à cause de leur forme, et parce qu'ils dégagent par des crevasses des filets de vapeurs aqueuses , mêlées d'acides sulfureux. 11 IND 363 ne peut rester aucun doute, même à l'observateur le moins accoutumé à l'aspect de terrains bouleversés par le feu des volcans, que tout le sol du Mal-pais, qni a pour le moins 1,800.000 toises carrées, n'ait été soulevé. Là où ce terrain soulevé est contigu à la plaine des Playas de JoruUo , qui n'a éprouvé aucun changement et dont il a fait partie jadis, il y a (à l'est de San-Isidoro) un saut brusque de vingt- cinq à trente pieds de hauteur perpendiculaire. Les couches noirâtres et argileuses de Mal-pais y paroisseiit comme frac- turées, et offrent, dans une coupe dirigée du N. E. au S. O. , des fentes de stratification horizontales et ondulées. Après avoir passé ce saut ou gradin, on s'élève, sur un terrain bombé en forme de vessie , vers la crevasse sur la- quelle sont sortis les grands volcans, dont un seul , celui du milieu {EL volcan grande de Jorullo) , est encore enflammé. La convexité de ce terrain est, dans quelques endroits, de 78, en d'autres de go toises; c'est-à-dire que le pied du grand volcan , ou plutôt la portion centrale de la plaine du Mal- pais, où s'élève brusquement (près de l'ancienne Hacienda de San-Pedro de Jorullo) le Grand Volcan, est à peu près de 5 10 pieds plus élevé que le bord du Mal-pais près du premier saut ou gradin. Toute cette pente du sol bombé est si douce , qu'elle peut échapper à l'attention de ceux qui ne sont pas pourvus d'instrumens propres à la mesurer. C'est, comme disent très-bien les indigènes, un terrain creux, une tierra hueca. Cette opinion est confirmée par le bruit que fait un cheval en marchant , par la fréquence des crevasses , par des affaissemens partiels , et par l'engouffrement des rivières de Cuitimba et de San-Pedro , qui se perdent à Test du volcan et reparoissent au jour, comme des eaux thermales de 62° cent., au bord occidental du Mal-pais. Ce sont les bancs d'argile noire ou brun-jaunâtre qui ont été soulevés eux-mêmes : la surface du sol n'est couverte que de quel- ques cendres volcaniques, et aucun entassement de scories ou de déjections sorties d'un cratère n'a causé la convexilé du Mal-pais. Sur ce terrain soulevé (Sept. lySg) sont sortis plusieurs milliers de petits cônes ou buttes basaltiques à sommets très-convexes {les fours ou hornitos). Ils sont tous isolés et disséminés , de manière que , pour s'approcher Q.u 364 IND pied du grand volcan , on passe par des ruelles torfueiises (los callciones del Mal-pais). f,enr élévation est de 6 à 9 pieds. La fuiiipe sort généraleuienf un peu au-dessous de la pointe du c6i'e. et resle visible jusqu'à ?o pieds de hauteur. D'au- tres filets de fumée sortent des larges crevasses qui traversent les ruelles; ils sont dus au sol même de la plaine soulevée. En i7"o, la chaleur des hornilos étoit encore si grande qu'on pouvoit allumer un cigarre en l'attachant à une perche et en le plongeant à deux ou trois pouces de pro- fondeur dans une des ouvertures latérales. Les cônes [hor- nilos ) sont uniformément composés de sphéroïdes de basaltes, souvent aplatis de huit pouces à trois pieds de diamètre, et enchâssés dans une masse d'argile à couches diversement contournées. L'aspect de ces cônes est absolument le même que celui des buttes coniques de basalte globuleux {Kugel- hasalt-Kuppen) que l'on voit si fréquemment en Saxe, sur les frontières du Haut-Palatinat et de la Franconie , et sur- tout dans le Mittelgebirg de la Boîième : la différence ne consiste que dans les dimensions des buttes. Cependant en Bohème nous en avons aussi trouvé, M. Frtiesleben et moi, qui étoient parfaitement isolées et n'avoient que i5 à 20 pieds de hauteur. Le noyau des boules est dans les hornitos, comme dans les basaltes globulaires aiiciens, un peu plus frais et plus compacte que les couches concentriques qui enveloppent le noyau, et dont j'ai pu compter souvent 25 à 28. La masse entière de ces basaltes, constamment tra- versée par des vapeurs acidulés et chaudes, est extrêmement décomposée. Elles n'oflf'rent souvent qu'une argile noire et ferrugineuse, à taches jaunes et peut-ê(re trop grandes pour être attribuées à la décomposition de l'olivine. En approchant l'oreille d'un de ces cônes, on entend un bruit sourd qui paroît celui d'une cascade souterraine; il est peut-être causé par les eaux du Rio Cuitamba qui s'engouffrent dans le Mal-pais. Voilà donc bien certainement des sphéroïdes aplatis de basalte, agglomérés en buttes coniques, qui ont été soulevés de terre de mémoire d'hommes, et qui ne sont par conséquenfni des lambeaux d'anciens courans de laves, ni le résultat d'une décomposition de prismes basaltiques articulés, ni celui d'un entassejnent fortuit de déjections d'un IND ' 365 cratère éloigné. Il est probable que c'est la force élastique des vapeurs qui a couvert de ces honiitos , en forme d'ampoules, la plaine bombée du Mal-pais, tout cousme la surface d'un fluide visqueux se couvre de l)ulles par l'action des gaz qui tendent à se dégager. La croûte qui forme les petits dômes des hornitos est si peu solide, qu'elle s'enfonce sous les pieds de devant d'un mulet que l'on force d'y monter. Les faits que je viens d'exposer me paroissent d'autant plus importans pour la géognosie , qu'il existe dans les ter- rains basaltiques les plus anciens une grande analogie entre les buttes isolées de basaltes globuleux et les buttes de basaltes colonnaires. Depuis long- temps des géologues célèbres ont combattu l'hypothèse qui considère tant de montagnes ba- saltiques, d'une forme si régulière et d'un agroupement symé- trique , comme des restes d'un courant, d'une coulée de laves, qui a avancé progressivement sur un terrain incliné. Il faut distinguer, dans les plaines de Jorullo , trois grands phénomènes : le soulèvement général du Mal-pais, hérissé de plusieurs milliers de petits cônes basaltiques; l'entassement des scories et d'autres matières incohérentes dans les collines les plus éloignées du grand volcan , et les laves lithoides que ce volcan a vomies sous la forme ordinaire d'un courant. L'intérieur du cratère du Vésuve otïroit, au mois d'Août i8o5, époque où je l'ai visité plusieurs fois, conjointement avec MM. de Buch et Gay-Lussac , cette même différence entre le fond du cratère soulevé, c'est-à-dire plus ou moins bombé, selon que l'on s'approchoit de l'époque de la grande érup- tion, et les cônes de scox'ies désagrégées qui se forment autour de plusieurs soupiraux entlammés. Ce sont ces accumula- tions de matières incohérentes seules qui ressemblent au Monte Novo de Pouzzole. La croûte de laves qui constitue le fond des cratères, s'élève ou s'abaisse comme un plancher mobile. (Buch, geogn. Beob., T. II , p. 124.) Au Vésuve, ce fond étoit tellement bouihé (en i8o5), que sa partie centrale dépassoit le niveau du bord méridional du volcan. Vintuines- cence que l'on observe périodiquement dans les cratères acces- sibles des volcans enflammés, au fond de la vallée circulaire ou alongée qui termine leurs sommets, présente une analogie frappante avec le terrain souleyé du Mal-pais de Jorullo : il en 366 ' IND présente vraisemblablement aussi avec ces ilôts volcaniques qui paroissent comme des roches noires au-dessus de la sur- face de rOcéan, avant de se crevasser et de lancer des flam- mes. Il paroit que M. d'Aubuisson n"a pas eu occasion de consulter les coupes que j'ai publiées du volcan de JoruUo (Humboldt, Essai politique, T. I, p. 253. Id., Nivellement barom. des Andes, n° 070 — 374. Id., Vues des Cordillères , p. 242 , pi. 43. Id. , Atlas géographique et physique du Voyage aux rég. équin.,pl. 28 et 29), lorsque, dans son intéressant Traité de géognosie , T. I , p. ^64, il suppose que j'ai confondu un terrain soulevé avec un entassement de déjections dont l'é- paisseur augmente à mesure qu'on approche de la bouche volcanique. La composition du basalte, ou plutôt la fréquence plus ou moins grande de certaines substances cristallisées, disséminées dans les basaltes, varie dans les différentes parties de l'Amé- rique équinoxiale, comme dans celles de l'Europe. L'olivine, si commune dans les basaltes d'Allemagne , de France et d'Italie, est très-rare, d'après MM. Macculloch et Boue, dans l'ouest de TÉcosse et le nord de l'Irlande. L'amphibole abonde en grands cristaux, en Saxe (Obervviesenthal et Carlsfeld ) , en Bohème, dans le pays de Fulde et en Hongrie (Medue), tandis qu'elle manque le plus souvent dans les basaltes d'Au- vergne et des Canaries. Le feldspath vitreux et l'olivine se trouvent presque constamment associés dans le terrain basal- tique du Mexique et de la Nouvelle-Grenade ; souvent (Valle de Santiago, Alberca de Palangeo ) l'amphibole et le py- roxène manquent : d'autres fois (Cerro del Marques, au-dessus de San -Augustin de lasCuevas; Chichimequillo près Silao) le basalte renferme à la fois de l'olivine, du feldspath vitreux, de l'amphibole et du pyroxène. Dans la belle vallée de San- tiago (Nouvelle-Espagne) l'hyalite est si commune que, par une prédilection bien difficile à expliquer, les fourmis eu recueillent partout où le basalte se décompose, et la trans- portent dans leurs nirls. Je n'ai jamais vu de très- grandes masses d'olivine dans la Cordillère des Andes: celles de l'Eu- rope appartiennent plus particulièrement aux brèches basal- tiques ( Weissenstein près de Cassel ; Kapfenstein en Styrie). Les formations d'argiles et de marnes que nous avons indi- • IND • 3C7 quées dans le tableau précédent comme appartenant au ter- rain volcanique, méritent beaucoup d'attention dans la Cor- dillère des Andes, dans l'archipel des îles Canaries et dans le Mittelgebirge de la Bohème (Trzeblitz, Hruvka). Dans ces trois régions, que j'ai visitées successivement, l'argile ne m'a point paru accidentellement englobée dans la masse liquide, comme c'est le cas quelquefois dans l'argile plastique (grès à lignites, §. 55) au-dessus de la craie, ou dans les calcaires secondaire et tertiaire (calcaire du Jura et calcaire grossier) duVicentin, que j'ai trouvés enchâssés par fragmens anguleux dans le basalte, et qui pénètrent tellement dans les basaltes que ces derniers même font elfervcscence avec les acides. Les marnes argileuses des Cordillères (Cascade de Régla et chemin de Régla àTolomilco el grande; Guchilaque, au nord de Cuernavaca ; Cubilcte près Guanaxuato ) et celles de Tîle de la Graciosa ( près Lancerote) alternent avec les couches de basaltes, et sont peut-être d'une formation contemporaine, comme les argiles schisteuses qui alternent avec le calcaire alpin (Humboldt, Relat. hist., T. I, p. 88). Leur position même semble prouver qu'ils ne sont pas dus à la décomposi- tion des basaltes. On y trouve souvent des cristaux de pvro- xène et des grenats-pyropes. Je ne déciderai pas si les masses d'argile qui entourent, dans les Andes de la Nouvelle-Grenade Centre Topayan, Quilichao et Almaguer), ces immenses amas de boules de dolérites et de grilnstein à feldspath vitreux et fendillé, appartiennent aux formations de basaltes, ou aux syénites et porphyres du terrain de transition; mais, ce qui est indubitable, c'est que les bancs d'argile (trpetate), qui rendent stérile une partie de la belle province de Quito , sont sortis du flanc des volcans, non mêlés à des matières en fusion, mais suspendus dans l'eau. Les inondations qui accompagnent toujours les éruptions du Cotopaxi , de Tunguragua et d'au- tres volcans encore enflammés des Andes, ne sont pas dues, comme au Vésuve [Mémoires de l'Académie , ijS/^, p. 18), aux torrens d'eaux pluviales que répandent les nuages qui se forment pendant l'éruption ( par le dégagement de la vapeur d"eau dans le cratère) : elles sont principalement le résultat de la fonte des neiges et des lentes intil (rations qui ont lieu sur la pente des volcans, dont la hauteur dépasse 2460 toises 368 IPsB (celle de la limite des neiges perpétuelles). Les secousses de violens fremblemens de terre, qui ne sont pas toujours suivies d'érupfions de flammes, ouvrent des cavernes remplies d'eau, et ces eaux entraînent des trachytes broyés, des argiles, des ponces et d'autres matières incohérentes. C'est là peut-être ce que Ion pourroit appeler des éruptions boueuses, si cette dénomination ne rapprochoit pas trop un phénomène d'inon- dation des phénomènes essentiellement volcaniques. Lor que (le 19 Juin 1698) le Pic du Carguairazo s'aHaissa, plus de quatre lieues carrées d'alentour furent couvertes de boues ar p« 200 229. VI.Euphoïide de transition, §. 25, p. 229. J72 IND Terrains secondaires. Vues générales, p. 254. I. Grand dépôt de Houille , Grès rouge et Porphyre secon- daire (avec Amygdaloïde , Griinstein et Calcaires inter- calés), §. 26, p. 235 — 267. Roche de Quarz secondaire, §. 27, p. 267 — 260. [Cette dernière formation est parallèle au grès honiller] II. Zechstein ou Calcaire alpin (Magnesian limestone) ; Gypse hydraté; Sel gemme, §. 28, p. 260 — 290. Les cinq formations suivantes , trts-iné- galement développées , peuvent être comprises sous le nom général de m. Dépôts arénacbs ET calcaires (marneux et oolithiques) , pla- cés entre le zechstein et la craie, et liés à ces deux ter- rains , p. 290. Argile et Grès bigarré (Grès à oolithes; Grès de Nebra-, New red sandstone et red mari) avec Gypse et sel gemme, §. 29, p. 291—295. Muschelkalk (Calcaire coquil- lier ; Calcaire de Gœttingue), §. 3o , p. 295 — 298. Qdadersandstein (Grès de Kœ- nigstein), §. 5i,p. 298 — 3oo. Calcaire du Jura (Lias, Marnes et grands dépôts oolithiques, §. 02 , p. 3oo — 3ji. Terrains (exclusivement) VOLCANIQUES. Vues générales, p. 552 — 545, I. Formations TRACHYTiQUEs , p. 545 — 558. Trachytes granitoïdes et syé- NITIQUE3. Trachytes porphyriques (feld- spathiques et pyroxéniques). Phonolithes des Trachytes. Trachytes semi-vitreux. Perlites avec obsidienne. Trachytes meulières, ceîlu- leiises avec nids siliceux. ( Conglomérats trachyti- ques etponceux, avec alu- nites , soufre , opale et bois opalisé). II. Formations basaltiques , p. 358 — 568. Basaltes avec olîvine , pv- ROXÈNE ET UN PEU d'aMPHIBOLE. Phonolithes des basaltes. Dolérites. Makdelstein celluleux. Argile avec grenats-pyropes. (Cette petite formation semble liée à Pargile avec lignites du terrain tertiai- re sur lequel se sont sou- vent répandues des cou- lées de basalte.) Grès et Sables ferrugineux , et Grès et Sables verts , Grès se- condaire A LiGNiTEs (Ironsand et Greensand), §. 55 , p.3n — 5 i3. IV. Craie, §. 04, p. 014 — 016. Terrains tertiaires. Vues générales, p. 5i6 — 020. I. Argiles et Grès tertiaire a LiGNiTEs ( Argile plastique , Mo- lasse, etNagelfluhe d'Argovie), §. 55 , p. 320 — 525. II. Calcaire DE Paris (Calcaire grossier ou Calcaire à cérites, formation parallèle à l'argile de Londres et au Calcaire aré- nacé de Bognor) , §.36, p. 525 — 32g. III. Calcaire siliceux , Gypse a OSSEMENS, alternant AVEC DES marnes (Gypse de Montmar- tre), §. 37, p. 329 — 331. IV. Grès et sables supérieurs au gypse a OSSEMENS ( Grès de Fontainebleau) ,§. 38 , p. 33 1. V. Terrain lacustre avec meu- lières poreuses, supérieur au GRÈS DE Fontainebleau ( Cal- caire àlymnées), §. 59, p.33i. IND 375 Conglomérats et scories ba- III. Laves sorties d'un cratère volcanique (Laves ancien- nes , larges nappes, généra- lement abondantes en feld- spath. Laves modernes à courans distincts et de peu de largeur. Obsidiennes des laves et Ponces des obsidien- nes) , p. 36g. IV. Tufs des volcans avec coquilles, p. 36g. (Dépôts de calcaire com- pacte, de marne, d'argi- les avec lignites, de gyp- se et d'oolithes , superpo- sés aux tufs volcaniques les plus modernes. Ces pe- tites formations locales appartiennent peut-être aux terrains tertiaires. Plateau de Riobamba; îles de Fortaventura et Lancerote). Pour s'élever à des idées plus générales, et pour mieux comprendre les rapports de superposition indiqués dans le ta- bleau des roches, on peut se servir d'une méthode pasigra- phique, dont il sera utile de rappeler ici les principes fon- damentaux. Cette méthode est double : elle est ou figurative 574 ' IND (graphique, imitative), représentant les couches superpo- sées par des parallélogrammes placés les uns sur les autres ; ou algoritliinique, indiquant la superposition des roches et l'âge de leur formation , comme des termes d'une série. La première méthode est celle que j'ai suivie dans les Tables de pasigrafia geognostica, que je traçai, en 1804, pour l'usage de l'école des mines de Mexico ; c'est celle que l'on désigne assez généralement sous le nom de coupes des terrains. Elle offre l'avantage de parler plus vivement aux yeux, et d'exprimer simultanément dans l'espace deux séries ou systèmes de roches qui couvrent une même formation. Elle offre des moyens faciles pour indiquer les équwalens géognostiqiies ou roches parallèles , de même que le cas oîi , par la suppression locale de la formation [è, la formation a supporte immédiatement y. Deux roches parallèles , par exemple, le thonschiefer et la roche de quarz (page 107), superposées toutes les deux à du micaschiste primitif, sont représentées dans la méthode figurative par deux parallélo- grammes de même hauteur placés sur un troisième. Les noms des roches sont inscrits dans les parallélogrammes, ou, comme on le verra plus bas, on caractérise ceux-ci, en les couvrant de hachures ou d'une espèce de réseau différemment modifié, selon que les roches représentées graphiquement pas- sent ou ne passent pas les unes aux autres. Par la suppres- sion locale du grès de Nebra (grès bigai-ré) et du calcaire deGœttingue (muschelkalk) , le calcaire du Jura peut reposer d'une part immédiatement (pages 3oo et 3io) sur le calcaire alpin (zechstein), taudis que d'un autre côté on voit suivre, de bas en haut, le calcaire alpin, le muschelkalk, le grès tigarré et le calcaire du Jura. Ces rapports de gisement se- ront exprimés dans une coupe idéale, en retranchant de la partie inférieure du parallélogramme qui représente le cal- caire jurassique, d'un seul côté , un quadrilatère représentant les deux formations du muschelkalk et du grès bigarré. La seconde méthode , qui procède par séries et qu'on pourroit appeler algorithmique, indique les roches, non d'une manière imitative , non par Véienduc fgurée, mais par une notation spéciale. Toute la géognosie de giscmens ptant un problème de séries ou de succession, simple ou pé- IND 375 rîodique, de certains ternies, les diverses formations superpo- sées peuvent être exprimées par des caractères généraux, par exemple, par les lettres de l'alphabet. Ces notations, appliquées à différentes parties de la physique générale • dans lesquelles on examine la juxlaposilion des choses, ne sont pas des jeux de l'esprit. Dans la géognosie positive, elles ont le grand avantage de fixer l'attention sur les rap- porls les plus généraux de position relative, d'alternance et de suppression de certains termes de la série. Plus ou fera abs- traction de la valeur des signes (de la composition et de la structure des roches), mieux on saisira, parla concision d'un langage pour ainsi dire algébrique, les rapports les plus com- pliqués du gisement et du retour périodique des formations. Les signes a, /S, y, ne seront plus pour nous du granité, du gneis et du micaschiste; du grès rouge, du zechstein et du grès bigarré: de la craie, du grès tertiaire à lignites, et du calcaire parisien .- ce ne seront que des termes d'une série, de simples abstractions de l'entendement. Nous sommes loin de prétendre que le géognoste ne doive pas étudier, jusque dans ses rapports les plus intimes, la composition minéralogique et chimique des roches, la nature de leur tissu cristallin ou de leurs masses; nous voulons seulement qu'on fasse abstraction de ces phénomènes lorsqu'il ne s'agit que de la succession et de Vàge relatif. Si les lettres de l'alphabet représentent ces roches super- posées, des deux séries, «, /2,o^,cr la première indique la succession des formations simples et indépendantes : granité, gneis, micaschiste, thonschiefer I Avant la grande découverte de la pile de Volta, j'avois, dans mon ouvrage sur V Irritation de la fibre nerveuse, indiqué par une notation particulière quels étoient les cas où, dans une chaîne de métaux liété- rogèues et de parties humides interposées, l'excitation musculaire avoit lieu, quels éloient les cas où le courant galvanique étoit arrêté. La simple inspection des séries et de la position respective des termes (élémens de la pile) pouvoit faire juger du résultat de l'expérience. ( Ilumboldt, Fersiiche iiber die gereizte Muskel- und Nervenfaser, T. 1, p. a36.) 376 IND ou muschelkalk, grès de Konigsstein (quadersandstein ), cal- caire juriissique et grès vert à lignites (sous la craie). La seconde indique l'alternance de formations simples avec des formations complexes : granité, granité -gneis, gneis, gneis- micaschiste , micaschiste, tlionschiefer (pag. iiS, ii5); ou, pour donner un exemple tiré de terrains de transition (p. i 20 et 145), calcaire à orthocératites, calcaire alternant avec du schiste, schiste de transition seul, schiste et grauwacke, grauwacke seul, porphyre de transition Dans les forma- tions complexes, c'est-à-dire, dans celles qui ofiVent l'alter- nance périodique de plusieurs couches, on distingue quel- quefois trois roches différentes, qui ne passent pas les unes Q ux autres dans le même groupe , ou a,/2, aBy, > . . . , a^-y, afiS", ^as . . , . . , selon que dans le terrain de transition des couches alter- nantes de granité, de gneis et de micaschiste; dans le terrain de transition, des couches alternantes de grauwacke, de schiste et de calcaire, ou de grauwacke, de schiste et de por- phyre, ou de schiste, de grauwacke et de griinstein, consti- tuent une même formation. Dans le terrain de transition, comme nous l'avons exposé plus haut, le thonschiefer ou le grauwacke seuls ne sont pas les termes de la série. Ces termes sont tous complexes; ce sont des groupes, et le grau- wacke appartient à la fois à plusieurs de ces groupes. Il en résulte, que le terme /brniafio/i de grauwacke n'a rapport qu'à la prédominance de cette roche dans son association avec d'autres roches. Tous les terrains offrent l'exemple de formations indépen- dantes qui préludent comme couches subordonnés. Si a^y, ou a/2, /èy indiquent des formations complexes de granité, gneis et micaschistes, ou de granité et gneis, de thonschiefer et porphyre, de porphyre et syénite, de marnes et de gypse, c'est-à-dire, des formations dans lesquelles des couches de deux et même de trois roches alternent indéfiniment; a-l-^, jS-f-^, indiqueront que le gneis fait simplement une couche dans le granité, le porphyre dans le schiste, etc. Alors a , a-+-/2 , ^ , ^-h-y , y . . . . çxprime le phénomène curieux de formations qui préludent^ IND 577 qui s'annoncent d'avance comme des bancs subordonnés. Ces bancs rappellent tantôt des termes qui précèdent {ro- ches de dessous), tantôt les termes qui suivent {roches de dessus). Ainsi nous aurons : a, ^,12-hct, ,/2, /2H-0,, y . . . . Les porphyres et syénites grenues du terrain de transition pénètrent dans le grès rouge et y forment des couches subor- données. Si le gisement des formations de la vallée de Passa est tel qu'on Fa récemment annoncé (pag. 288), un terme précédent (la syénitc) déborde jusque dans le calcaire alpin ou zechstein ; c'est le cas dans la série : et, pi-\—ct , y-\-Ai «T . . . . Lorsqu'on veut appliquer la notation pasigraphique jus- qu'aux élémcns des roches composées, cette notation peut indiquer aussi comment, par l'augmentation progressive d'un des élémens de la masse, surtout par l'isolement des cris- taux, il se forme des couches par une espèce de développe- ment intérieur : abc, abc', abc^ .... abc— hb. Nous avons préféré, dans ce cas particulier (bancs de feld- spath dans le granité , bancs de quarz dans le micaschiste ou dans le gneis, bancs d'amphibole dans la syénite , bancs de pyroxène dans une dolérite de transition), les lettres de l'al- phabet romain à celles de l'alphabet grec, pour ne pas con- fondre les élémens d'une roche (feldspath, quarz, mica, amphibole, pyroxène) avec les roches qui entrent dans la composition des formations complexes. Jusqu'ici nous avons montré comment, en faisant entière- ment abstraction de la composition et des propriétés physi- ques des roches, la notation pasigraphique peut réduire à une grande simplicité les problèmes de gisement les plus compli- qués. Cette notation indique comment les mêmes couches subordonnées (le sel gemme dans le zechstein et dans le red mari, §§. a 8 et 29; les houilles dans le grès rouge, le zech- stein et le muschelkalk) passent à travers plusieurs forma- tions superposées les unes aux autres : ct-^jW, P>-\-jUL, y-, S'-h-fJi .... Elle rappelle aussi le retour des formations feldspathiques et fristallines dans les terrains de transition et de grès rouge 378 IND (Nonvége, Ecosse); retour qui est analogue à celui du gra- nité après le gneis et après le micaschiste primitif: ^5 /3, ac, y, S" ?:, À, a, yS. . . Les premiers termes de la série reparoissent, même après un long intervalle , après le grauwackc et le calcaire à or- thocéralilcs, c'est-à-dire , après les roches fragmentaires et coqiiillières. En terminant cet ouvrage, je vais montrer que, si l'on donne moins de généralité à la notation et si on la modifie d'après quelques considérations physiques (de structure et de composition), on peut, par le moyen de douze signes géognostiques, présenter les phénomènes de gisemens les plus importans des terrains primitifs, intermédiaires, secondaires et tertiaires. Ces douze signes embrassent sept séries de ro- ches, savoir : les micaschistes (et leurs modifications d'un côté en granité et gneis, de l'autre en thonschiefer) , les euphotides, les amphiboliques (griinstcin , syénites), lespor- phyres, les calcaires et les roches fragmentaires. On y a ajouté des caractères pour les grands dépôts de houilles et de sel gemme, qui servent à orienter les géognostes, leur position indiquant celle du grès rouge et du calcaire alpin. Tableau et valeur des signes. et, Granité. .S , Gneis. y, Micaschiste. cT, Thonschiefer. On a employé les quatre premières lettres de l'alphabet pour désigner les quatre formations primitives les plus anciennes. Comme ces formations passent graduel- lement les unes aux autres, on a choisi des lettres qui se succèdent immédiatement dans l'ordre alphabétique. Le gra- jiite passe au gneis, le gneis au micaschiste, celui-ci au thonschiefer. D'autres formations (porphyre, grunstein, eu- photide) paroissent pour ainsi dire isolées, souvent comme surajoutées aux terrains plus anciens; aussi les a-t-on repré- sentées par des lettres qui ne se succèdent pas immédiate- ment entre elles, et qui ne font pas suite aux lettres a, /3, y-, (T. C'est par ce moyen que les formations qui se lient moins aux autres que quelquefois (euphotide et griinslein) IND 379 elles se lient entre elles, se distinguent dans récriture pasi- graphique d'une manière aussi tranchée que dans la nature. 0, Ophiolithes, euphotide , gabbro et serpentine; eu géné- ral toutes les formations abondantes en diallage. ç, syénite, griinstein; en général toutes les formations abon- dantes en amphibole. vr, Porphyre. On voit quelquefois t passer à ç, et ç passer à 0. T, Formations calcaires et gypseuses (T/Tavoç).Si l'on veuf individualiser davantage les formations calcaires, on peut distinguer les primitives (t) , et celles qui renferment des débris organiques (t'); on peut même, par des exposans, indiquer séparément le calcaire de transition (t'), le calcaire alpin ou zechstein (t°) , le calcaire de Gœttingue ou muschel- kalk (t"), le calcaire du Jura ou la grande formation ooli- Ihique (t"), la craye (t"), le calcaire grossier parisien (tP) etc. ;£, Roches fragmentaires, arénacées, agrégées, conglomérats, grauwacke , grès, brèches, roches élastiques de M. Bron- gniart (xAstç/zct). L'accentuation {■/) indique comme dans t, que le grès est coquillier. On peut distinguer les grauvvackes ou roches frag- mentaires de transition (jt^); le grès rouge (k"), renfermant le grand dépôt de houille (anthrax); le grès bigarré ou grès de Nebra (^"); le grès de Konigstein ou quadersand- stein {yJ^); le grès vert ou grès tertiaire à lignites sous la craie («'); le grès plus abondant en lignites au-dessus de la craie (;t'') ; le grès de Fontainebleau ( )t), etc. Une bonne notation doit avoir l'avantage de pouvoir modifier la valeur des signes selon que l'on s'arrête à des divisions diverse- ment graduées. Les exposans font allusion aux noms des roches. ^, Houille, dont le plus grand dépôt se trouve à l'entrée du terrain secondaire : le même signe accentué (^') indique les lignites, dont le grand dépôt est placé à l'entrée du ter- rain tertiaire et qui sont quelquefois des houilles coquil- lières. {^vXov). ■3; Sel gemme , dont la formation principale se trouve tantôt dans le calcaire alpin, tantôt dans le red mari ou 38o I^TD grés bigarré. Ne pouvant employer la première lettre dn mot grec ciM ( elle indique déjà le granité), j'ai fait allusion à '3'ctXctççct. Il, La division des formations, anciennement reçue, en ter- rain primitif, intermédiaire, secondaire, etc., est indiquée par deux barres perpendiculaires. Lorsque les séries géognosti- ques ont des termes très-nombreux, ce signe offre comme des points de repos. Le géognoste expérimenté sait d'avance où est placée la première roche de transition , le grès houiller, ou la craie. L'accentuation d'un caractère ((T', t' , k) rap- pelle en général qu'une roche renferme des débris de co- quilles, qu'elle n'est pas primitive. Voici quelques exemples de l'emploi de ces douze signes pasigraphiques des roches : ût, y~+-7r, cTt', x', tt, (T, a. Le terrain de transition commence après y-i-Tr (le mica- schiste avec des bancs de porphyre primitif). C'est presque la suite des formations de Norwége (page 148). On voit suivre une formation complexe de thonschiefer et de cal- caire (noir) avec débris de coquilles, du grauvvacke , un porphyre , de la syénite et du granité. Les termes Sr et k', qui précèdent TT, ç, et, caractérisent ces trois roches comme des roches de transition. En Angleterre, oîi le terrain inter- médiaire offre deux formations calcaires bien distinctes (celle de Dudley et du Derbyshire), on voit se succéder.- ^ , a-TT-, cT', K^, t', ;t', t', ^ , ;i", t", k"-{-^, t°, k . t"-, tt^ . , , , Le terrain de transition commence avec la formation de syé- nite et porphyre (Snowdon) placée sur un gneis qu'on croit primitif; puis se suivent : un thonschiefer avec trilobites, le grauwacke de May-Hill , le calcaire de transition de Long- hopc, le old red sandstone de Mitchel Dean, le mountain limestone du Derbyshire, la grande formation de houille, le new red conglomerate qui représente le grès rouge, le calcaire magnésifère, le red mari avec sel gemme, le cal- caire oolithique , le grès secondaire à lignites (greensand), la craie, le grès tertiaire à lignites ou argile plastique, etc. Sur le continent, les formations secondaires, si elles s'étoient toutes développées , se succédcroient de la manière suivante : t', ;t« Il TTK'-^^.T-^d'y K, t", k\ T% k\ t' \\ iCK . . . IND 381 En comparant ce type avec celui de V Angleterre , ^ , k", t°, ;t"-f— S-, T°, il , t" on voit qu'entre les oolithes (t") et le rcd mari ou grès de Nebra (^") il y a, en Angleterre, deux formations suppri- mées, savoir, le muschelkalk et le quadersandstein ; les houilles (^), le sel gemme (^) et les oolilhcs (î<") servent de termes de comparaison, d'horizon géognostique. Mais, sur le con- tinent, ^ et ^ sont liés au grès rouge et au calcaire alpin, tandis qu'en Angleterre ces dépôts sont plutôt liés aux ro- ches de transition et au red mari. Quelquefois t* est subor- donné (pag. 269), intercalé à k" : ces deux termes de la série (le calcaire alpin et le grès rouge) n'en forment alors qu'un seul. L'incertitude de savoir si un calcaire est alpin (zech- stein) ou de transition, naît généralement de la suppression du grès rouge et du dépôt de houille que renferme ée grès. Des deux séries, T , kH-^ , T . . . , T , K, T . . . , la première seule offre la certitude que le dernier t est du calcaire alpin. Dans la seconde série, les deux calcaires et la roche fragmentaire qui les sépare pourroient être de transition. La liaison intime de la craie avec le calcaire du Jura est évidente, d'après l'alternance des couches (t°, x}, t', «*\), et d'après l'analogie des grès à lignites au-dessous et au-dessus de la ci\iie. Pour réunir les principaux phénomènes de gisement des roches dans les terrains primitifs, intermédiaires , secondaires et tertiaires , j'offre la série suivante : a, tt;S, /3-i-7r, ^y, y-\-r, st, 7^, J", «t, /2, «T, 0 || y.", t, cTt', . 'j2. Huuil)oldt, Rel. hist. , I, 556 , II, i3g. §.7. Goldfuss, Fichtelgeb. , I, 172 — 174. Bonnard, Terrains, p. 34 , 40, 83,66; Id. Roches , p. 34. Humboldt, Rel. hist., I, 610; II, 142, 233, 491, 569, 715. §.8. Burckhardt, Travels in Sj'ria , p. 142. D'Aubuisson, Géogn. , II, .9. §.9. Stcffens Orjktognosie, 1, 270. Bouc, Ecosse, p. 55. Humboldt, Rel. hist., II, 40. §. 10. Beudant, Hongrie, II, 21 3. Bonnard, Terrains , p. 79. §. 11. Buch, Geogn. Beob.,I, 45, 5i, 124,257; Id. , Norwegen ,1, 191, 209, 219; Id., dans JVat. lUag. , 1809, p. ii5 Cordier, dans Journ. des mines , XVI, 264. Bonnard, Terrains , p. 46. D'Aubuisson, Géogn., II, 78 — g3 ; Id. dans Journal de physique , 1807, p. 402. Eschwege, Journal von Brasilien , II, 14. Freiesleben , Geogn, Beytrag zur Kennt- niss des Kiipfersch. , V, 257. Goldfuss, Fichtelg. , p. 9. §. 12. Buch, Norwegen , I, 272, 41 3. J. i3. Buch, Geogn. Beobacht., I, 3o ; Id. , Norwegen, II, 27, 3i. Ilaumer, Geogn. f'ersuche , p. 5o. S. 14. Freiesleben, Ilarz, II, 66. ^onnar A , Erzgeh. , p. 109 — i33. §. i5. Beudant, Hongrie, II, 84, III, 3o, 40. Buch, Norwegen, II, 03, 87; Id. , dans Mag. naturf. Fr., 1810, p. 147. Boue, Ecosse ,^.3^6. §. i6. Eschwege, Journ. von Brasilien, 1, aS, 34, 36 , 38. §. 17. Eschwege, Bras., II, 241. S. 18. Bonnard, Terrains, p. 56. §. 19. Buch, dans Mag. nat. Fr. , i3io, p. 137; Id. Geogn. Beoh. , 1,68,71: Id., A'orwci^eH, I, 479 , II, 29, 84, 87, i35. Esniark , dans Pfaff, Nord. Arch., III, 199. Saussure, Voyages dans les Alpes , §. i362. Journ. de phys., XXXV, 298. Targieni Tozzetti, Viaggi ,11. 433. Brocchi, Bibl. ital., ix, 76, 356. Beudant, Hongrie, III, 49. §. 20. Brochant, Observ. géol. sur les terrains de transition de la Taranlaise , p. 16, 19, 3i, 33, 37, 39, 44, 5o , 53; Id., Mémoire sur les gypses anciens, p. 12 — 46. Buch, dans Mag. nat. Fr., 1809, p. 181; Id. dans Leonhard's Taschenb. , 1811, p. 335. Kaunier, Fra."- mente, p. 10, 24. D'Aubuisson, Journ. des mines , n.° 128, p. 161. ,S- 21. Beudant, Hongrie, III, 96, i33, 199. Raumcr, Nieder-Schle- sien, p. 72. 584 , IND §. 22. Cliarpenlier , Description ^éogn. des Pyrénées ( manuscrit )' §§.35, 66, 89, 100, io5, 141 — 1G7; Id. , Mém. sur le gisement des gypses de Bex , dans Naturw. Anzeiger dcr Schweiz. Gesellsch., 1819, n.°9,p. 65. K^inmer , Fragmente , ■ç. 10 , J2, 74; Id- , Fersuche , f. 41. Buch , Korwegen ,U , 281 ; Id. dans .Vag. nat. Fr. , 1809, p. lyS. Mei- necke et Kcferstein , Taschenh. , p. 63. Haussraann, Nord. Beytr., II, 77 , IV, 653 ; Id., Reise durch Scandinavien , 11, 239. Engelhardt, Fels- gehaude Russlavds, I, 37. Referstein, Teutschland geognostisch darge- stellt , I, i36. Eschwege , Brasil. , Il , 253. Maclure , Géol. des Etats- Unis, p. 24. Brongniart , iV^o//ce sur l'histoire géogn. du Cotentin, p. i 7 ; Id. Crustacés fossiles, p. 46 — 63. Beudant, Hongrie, III, 76, 578. Saussure, Alpes, §. 5oi. 'V^'^ahlenberg , dans Acta Soc. L'psal , YIII , p. 19. Link, Urwelt , p. 2. Caslelazo , de la ri/jueza de la f^eta Biscaina (Mexico, 1820), p. q. Humboldt, Essai polit, sur la Nouvelle -Espagne , II, 534, 537, 519—526. §§. 23 et 24. Del Rio dans la Gaseta de Rlexico, XI, 416. Humboldt, Essai polit., 11,494, 52i, 58i, 583. Beudant, Hongrie, II, 157, III, 67 — 124, 1h8. Boue, Ecosse, p. 147. Burckhardt , Travels in Syria, 1823, p. 493, 567. Raumer, Fragm. , -p. 24. — 26,37,48. Haussuiann , dans Moll's Neuein Jahrb., I, 34. Bticli, Norw., I, 96 — 144. §. 25. Boue, Ecosse , p. 94, 353. Palassou, Supplément aux Mémoires pour seri'ir à l'Jiist. nat. des Pyrénées, p. iSg — i53. Brougniart, sue les Ophiolitkes , p. 26, 46, 56, Sg , 61. §. 26. Beudant, Hongrie, U, 5j5 — 58o, 584 — ^94, III], 171, 184, 194, 204. Geol. Trans., IV, p. 9. Annales des mines, III, p. 45 et 568. Steffens, Geogn. Aufsiiize , p. 11. Buch , Beoh. , I, p. 104, 157. Heini , Geogn. Beytr. zur Kennin. des Thiiring. 7'Valdes , II, 5te Abth., 236. Conjbeaie and PLilipps Geol. ofEngland , 1 , 2g8, 3i2 , 324 — ^"jo. §. 27. Humboldt, Géogr. des plantes, p. 128; Id., Essai politif/ue, II, 589. §. 28. Esclier, dans Leonb. Taschenh. , 1804, p. 347 ; Id. dans Keue Ziircher Zeiiung, 1821, n." 60, p. 237. Utlinger, dans Leonh. Ti/JcAeni. , 1819, p. 42. Keferstein , Teutschland, III, 239, 263, 273, 340, 372. 390,407. Mohs, dans MoU's Ephem. , 1807, p. 161. Lupin, ih. , 1809, p. 359. Ramond, f'oy- au sommet du Mont-perdu, p. J 5 , 26. Traill, dans Geol. Trans., III, 108. Bill. unii\,\lX, 38. Buckland, On the struc- ture of the Alps , t^. g. "ijucXi , Geog. Beob., I,i53 — 171, 194,216,256. Freiesleben, A'u/>/èr5c7j., IV, 284. Tondi.dans Lucas, Tahl. méth. des esp. min., 11,243. Haussmaun, Nord. Beytr., IV, 88. Jenaer litter. Zeit. , i8i3, p. 100. Steffens Geogn. Aufs., p. 49. Beudant, Hongiie , III, 23i — 237. Conybeare and Philipps, £nj§r/and, I, 3oi. Marzari Pencati, Cenni geologici , p. 21. Breislak, Sulla giacilura di alcune rocce porji- ritiche e granitose , p. 25 — 35. §. 29. Conybeare and Pbilipps, Engl. , I, 61, 269. Freiesleben , Kupfersch., I, 90— 188, IV, 276 — 284. §. 3o. Freiesleben, Kupfersch., I, 65, 89, IV, 295 — 317. Raumer/ Versuche , p. 112— 11 5. §. 3i. Haussmann, Nord. Beytr., i3o6,St. \, p. 73,98. Freiesleben, Kupfersch., I, 102 — 107 , IV, 283 , 293. Conjbeare and Philipps , £ng^/., I, 122. 'Bt-AVivacr , Nieder-Schlesien , p. 121, 123, i53. • IND ^ 385 S. 32. Humboldt, ûler die unteri.d. Gasarlen, p. Sg. Karsten, Min. Tab. p. f).l — 65. Bucli, Landek.. p. 7; Id., d.Tiis Helvet. yllm. , 1818, p. 42. Gilb. Jnnalen , 1806, St. 5 , p. ?>b. Kschrr, IS'aturw. yinzeiger der Schweis. Ges. , Jtihi g. IV p. 29. Cliarbaut, Mém. sur la géolngie des environs de Lons-le-Saunier, p. 7,9, 24, 7.7. Mérian^ Beschuffenheit der Geiirgshild. von Basel, p. 2J , 36, 46, 88. §. Si Coujbtarc and Pliilipps, Engl., I, 127— 164. §.34. Broiigiiia-l ctCuvier , Descr. géol. des environs de Paris , 1821, p. 10— 17, 68 — 101. Steirens, Geogn. Aufs. , p. 121. Raumer, fers., p. 85, 116 Conjbearc and Pbilipps, Engl.,\,Ç:0 — 126. §. 35. Bonnaid, Tf/rninf , p. 226. Brongiiiart , De^cr. g'e'o/. , p. 17 — aS, 102 — 122. Conyl)('aie and Philipps , Engl., 1,2"] — 57. Raunier , f-^ers. , p. 120 — 122. Bciidant, Hongrie, III, 242 ■— 264. Lardj, dans la fJihl. univ., Mars i8:!2, p. i?>o , iii>. KeiVrslein , Teutschland , I, ..6. Fn ies- lebfn , Kupfersch. , V, 255. Adolphe Brongniart, Classijic. des vcgctaux fossiles , p. .5^. §.36. Beudant, Hongrie, III, 264 — 282. Brongniart, Descr. géoL, p. 29 — 38, i:'^ — ïo3. §. 37. Raunier, Vers., p. i23 — 125. Biongniait^ Descr. gêcl., p. 38 — 5o , 2o3 — J.63. §. 33. Raunier, Vers., p. 125. D'Aubuisson , Géognosie , 11,414, 417. Lrongniart, Descr. géol. , p. 5o — 56, 264 — 274. Bonnard , Ter- rains , p. 2 1 7. §. 39. Brongniart, Descr, géol., p. 57 — Oo, 275 — 320. Beudant, Hongrie, III, 282 —288. §.40. Bucli, Geogn. Beob, , II, 172 — 190. Id. , dans Mag. nat. Fr. , 1809. p. ^99 — 3o3 ; Id., dans Mém. de Berlin, 1812, p. 129 — i54. Fleiniau de Bellcvue, Journ. de jihjs. , LI et LX. Cordier, Mém. sur les substances minérales , dites en masse , qiti entrent dans la composi- tion des roches volcaniques , p. 17 — 69. Bustamente sobre las Imas del Padregul de San Augustin de la Cuevas , dans le Seman. de Mexico. 1820, p. 80. Leonhard , Proprsdeulik , p. 168 — ijS. Ramond, JVivelle- ment barométt ique et géognostique de l' Auvergne , p. 32- — 45. Breislak, Introd. Il la géologie , \, 234, 261, 3i6. Heini, Thûringer-JVald, p, 229. Singer, dans Karsttn's Archiv fiir Bergbaukunde , ill , 88. Robi- quet, dans Annales de physique et de chimie , XI, 206. Nose, Kieder- rheinische Reise , II, p 428. Boue, Ecosse, p. 219 — 287. Beudant, Hongrie, 111,298 — ^\4- numhoidt. Essai sur la géographie des plantes , et tableau phjsique des régions équinoxiales , p. 129; Id. , Essai polit. , I, 249 — 254; là., Nivellem. géogn. des Cordillères , dans le Recueil d'obs. asfron., I, 309 — 3ii, 327. 332; Id. , Recueil d'ohs. de zool. et d'anat. comparée, 1, 21; Id., Relat. kist. , l , 91, >i6, 1.9^ i33, i36, 148, i5. , i53 — i55 , 171 , 176, 180, 3o8, 3 12, 394, 640; II, 4, 14, i6, 20, 25, 27, 39, 452, 5i5,5b5, 719. INDI, MAHA-INDI {Bot.) -. noms donnés, dans l'île de Ceilan, au palmier dattier, pl:œni.T. (J. ) INDIAMAS. [Bot.) Le grand Recueil des voyages, publié par Théodore Debry , fait mention de plusieurs espèces dç 30. 386 ^ IL\D fruits que l'on poi'ie clans les marchés de la Guinée , et nom- mément des bananes, des bachoves et des indianias; mais il n'ajoute rien qui puisse faire connoitre la plante qui produit ces derniers. ( J. ) INDIANISK STOR {Ichthjol.) , nom suédois du guacari, h^'postomus guacari. Voyez Hypostome. (H. C.) JNDJx\NITE. (Min.) C'est une des substances minérales qui accompagnent assez ordinairement le corindon adamantin de Carnate, et qui, comme on le dit, lui sert de gangue. Quoique ce minéral ne se soit pas encore présenté cristallisé, et par conséquent doué de toutes les propriétés qui lui sont particulières, M. le comte de Bournon, n'ayant pu le rapporter à aucune espèce minérale connue , a cru devoir le distinguer par la dénomination spécifique d'indianite et par les carac- tères suivans. On n'a encore vu ce minéral que sous forme de masse granuleuse à grains assez gros , ce qui lui donne l'aspect d'un grès; ils sont généralement très-adhérens. Chaque grain a une structure laminaire; les lames semblent , par leur incidence, indiquer un rhomboïde obtus. L'indianite pure est incolore ou un peu grisâtre, et trans- lucide. Lorsqu'elle est verte ou rougeàtre , elle doit ces cou- leurs soit à l'épidote, soit au grenat. Sa pesanteur spécifique est, suivant M. de Bournon , de 12,742 , et jiar coiiséquent un peu plus l'orte que celle du felspath. Ce minéral raie le verre, mais il est rayé par le felspath. 11 ne paroît pas électrique par frottement. Il ne fait pas effervescence avec l'acide nitrique , mais ses parties perdent dans cet acide leur adhérence et y font même quelquefois gelée. Il est absolument infusible au chalumeau. M. Chenevix, qui l'a analysé , y a trouvé : Silice 42,5 Alumine 37,5 Chaux j5 Fer 5 Manganèse , une trace. IND • 387 L'indianite, outre le corindon qu'elle enveloppe, est sou- vent associée avec l'amphibole noir, l'épidote , le grenat, du quarz, du talc. Elle est très -susceptible de s'altérer par les météores at- mosphériques. (B.) INDICATEUR. {Ornith.) M. Vieillot a établi sous ce nom, en latin indicator, un genre qui , dans ce Dictionnaire ( tom. XI, pag. 147), ne forme que la cinquième section des coucous. (Ch. D.) INDICOLITHE. {Min.) M. Dandrada a regardé ce minéral d'Uton , en Suède , d'une couleur bleu-foncé d'indigo , comme une espèce particulière; mais on le recounoît généralement pour une Tourmaline. Voyez ce mot. ( B. ) INDICUM. (Bot.) Rumph nomme ainsi l'indigo, indigofera tinctoria. (J.) INDIEN (Iclithjol.) , nom spécifique d'un calliomore de M. de Lacépède. (Voyez Calliomore.) C'est le callionymus indus de Liunaeus. (H. C. ) INDIGÈNES [Plantes], (Bot.) , naturelles au sol sur lequel elles croissent , n'y ayant pas été apportées d'un autre pays. Le chêne- rouvre , par exemple, est indigène en Europe. La canne à sucre est indigène en Asie. Le baobab est indi- gène en Afrique. Le mais est indigène en Amérique. La plupart des metrosideros et des melaleuca sont indigènes dans les Terres australes. (Mass.) INDIGO. (Chim.) Substance colorante, provenant des végé- taux ; considérée par la plupart des chimistes comme un composé d'oxigène , d'azote , de carbone et d'hydrogène. Suivant M. Dœbereiner, le carbone est à l'azote dans le rap- port des élémens du charbon animal. Propriétés physiques. L'indigo, à l'état de pureté où je l'ai obtenu, le premier, en 1807, est sous forme d'aiguilles pourpres avec des reflets dorés , ou en poussière d'un violet pourpre. Il est plus dense que l'eaii. Il est susceptible de se volatiliser. Sa vapeur est d'un violet pourpre semidable à celle de l'iode. Pour ob- server cette propriété, il sutlit de le projeter sur un fer 388 ' IND presque rouge de feu , ou de présenter au-dessus d'un charboji ardent un papier sur lequel on a mis l'indigo. Il est insipide et inodore. Propriétés chùnitjues. a) Cas ou rindigo néprom^e pas ^altération connue. Il est sans action sur les réactifs colorés. Il est insoluble dans l'eau, dans l'éther hydratique . dans l'alcool froid; dans t;»us les acides oxigénés, étendus d"eau ; dans l'acide hydrochlorique, dans tous les liquides alcalins. Il est très-légèrement soluble dans l'alcool bouillant, qu'il colore en bleu. Lorsqu'on jette de l'indigo dans l'acide sulfurique con- centré, il se développe d'abord une couleur jaune , qui passe bientôt au vert, puis au bleu. Il n'est pas douteux que la couleur verte est produite par le mélange du jaune et du bleu. La liqueur bleue est considérée comme une dissolution d'in- digo dans l'acide sulfurique , abstraction faite de l'altération que peut avoir subie une portion de la substance. Plusieurs personnes l'ont désignée par l'expression de sulfate d'indigo. Lorsqu'on sature l'acide sulfurique par une base saiiliable , on obtient un léger précipité bien , soluble dans un très- grand nombre de liquides qui sont sans action sur l'indigo pur. Ce précipité, jeté sur un fer chaud, ne produit plus la vapeur d'un violet pourpre que répand l'indigo qui n'a pas été dissous. Nous ignorons tout-à-fait le changement que peut subir l'indigo par son union avec l'acide sulfurique. La liqueur bleue qui porte le nom de bleu de Saxe, de hleu en liqueur , dans le commerce et les ateliers de teinture, se prépare avec l'indigo du commerce. Bergman a prescrit le procédé suivant. On mêle intimen)ent i partie d'indigo réduit en poudre subtile avec 7 à 8 parties d'acide sulfu- rique à 66 . On fait digérer les matières pendant vingt- qv.atre heures à une température de 20 à 40 degrés; après cela on les étend de 91 parties d'eau, et on emploie cette liqueur pour teindre la laine et la soie. 11 y a des ateliers où l'on fait le hleu de Saxe avec 1 partie d'indigo, 6 d'acide et 4 de potasse. Fœrner et Bancroft assurent que 4 parties IND . 389 d'acide sulfurîque , au lieu des 7 à 8 parties prescrites par Bergman , sont suffisantes pour cette préparation. b) Cas où rîndigo se décompose complètement. L"indigo , soumis à l'action de la chaleur dans une petite cornue, donne de l'eau tenant du sous- carbonate d'ammo- niaque, de l'hydrocyanate et de l'acétate; une huile épaisse ammoniacale , de l'indigo sublimé en aiguilles , du gaz acide carbonique, un gaz inflammable; enfin, un charbon azoté abondant. L'acide nitrique très-concentré agit avec une telle force sur l'indigo qu'il peut y avoir inflammation, ainsi que M. Sage Ta observé. S'il est étendu d'eau , il convertit l'indigo en produits extrêmement remarquables, que nous avons étudiés avec beaucoup de soin. Voici comment on peut opérer pour se les procurer. On met dans une cornue tubutée 4 parties d'acide nitrique à 02'' ar. de liaumé , étendu de 4 parties d'eau. On place le vaisseau, auquel on a adapté une alonge et un récipient, sur un bain de sable légèrement chaud; puis on jette peu à peu dans l'acide 2 parties d'indigo. Le mélange s'échauffe; il se dégage beaucoup de vapeur nitreuse, de l'acide carbonique, etc. : alors il faut retirer la cornue du bain de sable et aban- donner les matières à la température de l'atmosphère pen- dant vingt- quatre heures. Pendant ce temps on recueille dans le récipient, de l'eau tenant de l'acide nitrique, de l'acide hydrocyanique, et un peu de matière jaune amère. On distingue dans la cornue trois substances différentes; 1° une matière concrète rougeàtre résinoïde; 2.° une matière concrète d'un jaune orangé; 3." un liquide d'un jaune rou- geàtre. Les deux premières se trouvent principalement dans, la partie supérieure du liquide. On sépare les substances solides de la substance liquide; on les fait égoutter , on les lave avec un peu d'eau froide : on réunit le lavage avec le liquide jaune. En faisant bouillir les deux matières concrètes dans l'eau, la seconde se dissout , tandis que la matière résinoïde se fond à la surface de l'eau; par le refroidissement, celle-ci se fige, et l'autre se dépose pour la plus grande partie sous h. oc)0 r IND forme de cristaux. On enlève la matière résinoïde et on la purifie en la lavant avec de Teau , la dissolvant dans l'alcool chaud, et précipitant la solution par l'eau. La matière oran- gée est un composé d'un corps que nous avons appelé amer au minimum d'acide nitrique, et d'un peu de ma'ière résinoïde. L'eau d'où elle s'est séparée par le refroidissement, doit être ajoutée au liquide n.° 3. Celui-ci, étant un peu concentré, I.isse déposer par le refroidissement des cristaux d'amer au ïninimum, retenant encore de la matière résinoïde, et des cristaux d'amer de TVelther , que nous nommerons aiissi amer au maximum d'acide nitrique. Comme celui-ci est plus soluble que le premier . il est facile de les séparer par la cristallisa- tion. L'eau -mère des dewx amers, concentrée, donne une matière qui a l'apparence d'une huile rouge. Enfin , le li- quide , séparé de celle-ci et évaporé à siccité, laisse un résidu qui est formé des mêmes principes que celte huile , avec la diflTérence des proportions : il contient en outre de l'acide oxalique. Cette huile est formée des deux amers de résine et peut-être d'acide nitrique. JNous renverrons l'examen de ces produits au mot Substances tannantes artificielles. Nous nous résumerons, en disant que l'acide niti'ique change l'in- digo en quatre substances concrètes .- i.° en matière résinoïde ; 2.° en amer au minimum d'acide nitrique ; 5." en amer au maxi- mum diacide nitrique; /(.° en acide oxalique. c) Cas oii l indigo perd sa couleur bleue sans s^altérer essentiellement , vuisauil est susceptible de reprendre sa couleur bleue par le contact de l'oxigène. L'indigo , mis en contact avec les alcalis les plus énergiques , n'en éprouve aucune action sensible , ainsi que nous l'avons dit plus haut. Le résultat est le même avec tous les combusti- bles simples et presque tous les combustibles composés qui ne sont pas alcalins. Mais les phénomènes sont absolument diflérens si l'on met, dans de l'eau privée d'air, de l'indigo en poudre avec un alcali énergique , tel que la potasse ou la soude, et un corps combustible, tel que des protoxides de fer, d'étain , du sulfure d'arsenic, du sulfure d'antimoine. Au bout d'un certain temps on trouve que la matière com- bustible s'est oxigénée ; et , en second lieu , que lindigo a perdu IND • 091 sa couleur bleue, et qu'il a formé avec la potasse ou la soude un composé soluble dans l'eau. On observe en outre, 1° qu'en neutralisant l'alcali par un acide, on obtient un pre'-- cipité dindigo d'un blanc jaunâtre ; 2.° qu'en mettant le précipité en contact avec l'oxigéne de l'air, il repasse sur-le- champ à l'état d'indigo bleu. 11 n'est pas nécessaire, pour que cet efFet soit produit, de saturer l'alcali par un acide. Ces faits sont susceptibles d'être expliqués de deux ma- nières : 1 ." En admettant que l'indigo décoloré est de l'indigo désoxigéné. Dans cette hypothèse, on dit que l'indigo bleu , qui est en contact avec la potasse et le protoxide de fer, par exemple, cède son oxigène mi protoxide, et qu'ainsi désoxi- géné , il s'unit à l'alcali, qu'il sature à la manière d'un acide. On ajoute que, quand cette solution alcaline a le contact de l'air , l'oxigéne est absorbé ; l'indigo reparoit avec sa cou- leur bleue, et perd en même temps son affinité pour la po- tasse. 2." En admettant que l'indigo décoloré est de Vindigo uni à de l'hydrogène , ce qui revient à considérer l'indigo déco- loré comme un hjdracide dont le comburent est l'indigo bleu. Dans cette hypothèse on dit que, quand l'indigo bleu est en contact avec l'eau, la potasse et le protoxide de fer. il y a une portion d'eau qui est décomposée ; pendant que son oxigène se porte sur le protoxide, son hydrogène s'unit à l'indigo, et donne naissance à un hydracide qui sature la po- tasse. La première explication a été généralement admise jusqu'à la théorie du chlore; mais depuis cette époque elle a perdu beaucoup de ses partisans. Ainsi, en Allemagne, M. Dœ- bereiner la rejetée pour adopter la seconde : il a nommé l'indigo décoloré acide isatinique. M. Berthoîlet a eu le grand mérite devoir, plusieurs années avant la théorie du chlore, que tous les phénomènes attribues à la désoxigçnation de l'indigo pouvoient s'expliquer en admettant la combinaison de ce corps avec l'hydrogène. 11 a fait, pour la théorie de l'indigo qui est aujourd'hui la plus vraisemblable, ce que MM. Gay-Lussac et Thenard avoicnt fait pour l'acide muria- tique oxigéné avant le travail de M. H. Davy. J'ai reconnu, il y a long-temps, que l'indigo hydrogéné étoit précipité, à l'éiat d'une matière floconneuse d'un blanc r jaunâtre, de ses solutions alcalines, lorsqu'on neutralisoit celles-ci par un acide. En outre j'ai observé l'indigo hydro- géné cristallisé en 1807. Voici les circonstances où je fis cette observation. Après avoir épuisé le pastel du commerce de tout ce qu'il contient de soluble dans l'eau bouillante, je l'avois traité à plusieurs reprises par l'alcool bouillant. Les seconds lavages que j'obtins, ayant été concentrés dans une cornue, déposèrent de l'indigo en petites paillettes pourpres. La liqueur filtrée, concentrée de nouveau dans une cornue, puis refroidie lentement, avoit déposé, an bout de huit heures, de petits grains qui paroissoient blancs, et qui, ayant été exposés à l'air , acquirent le pourpre métallique de l'indigo sublimé. Le deutoxide de cuivre, mis en contact avec l'indigo hy- drogéné, en sépare sur-le-champ l'hydrogène. J'ignore si le cuivre est complètement désoxidé , où s'il est seulement ramené à l'état de protoxide. L'indigo, dissous dans l'acide sulfurique, est décoloré, sui- vant l'observation de M. Vauquelin , quand on sature sa dissolution, étendue d'eau, d'acide hydro-sulfurique; il suffit d'exposer la liqueur à l'oxigène pour faire reparoitre la cou- leur bleue. Elat de l'indigo dans les ve'ge'taux ; extraction et purijication de l'indigo du commerce. D'après des expériences que j'ai faites en 1807 et en 1811, je me suis assuré que l'indigo existoit tout formé dans les végétaux, et qu'il n'étoit pas, comme on l'avoit généralement pensé jusqu'alors , le produit d'une fermentation de la plante. Je retirai l'indigo de Visatis tinctoria et de Vindigofera anil, cultivés à Paris, sans que ces plantes eussent éprouvé la plus légère fermentation. Voici l'expérience qu'on peut faire pour s'assurer que l'indigo est à l'état incolore dans les feuilles de pastel. On remplit un ballon d'eau; on fait bouillir celle- ci pendant quelque temps; ensuite on renverse le vase qui la contient sur le mercure, et on la fait passer dans une cloche pleine de ce métal. Quand la température de l'eau est à 35''centig. , on introduit dans la cloche des feuilles de pastel déchirées. On maintient la température du liquide à IND " 395 35° pendant deux ou trois heures: l'eau devient jaune rou- geàlre; elie dissout de Tindigo , des principes colorans jaune et rouge , etc. On la fait passer dans une cloche remplie de mercure ; on y mêle de l'eau de chaux qui a bouilli , et qu'on a laissée refroidir sur le mercure : la couleur devient orangée; il se dépose peu à peu des flocons blancs qui tirent très-légèrement au verdàtre '. On agite la liqueur, on en fait passer la moitié dans une cloche contenant, du gaz oxigène , et aussitôt il se manifeste une couleur bleue foncée, qui finit par se déposer en flocons, tandis que la liqueur qui n'a pas eu le contact de l'oxigène, ne se colore pas. 11 ne faut que peu d'oxigène pour rendre l'in'digo bleu ; car, si l'on verse de l'eau de chaux non bouillie dans la liqueur jaune , on obtient un précipité qui parolt vert tant qu'il est suspendu dans la liqueur jaune où il s'est formé , mais qui est bleu quand il est déposé : il est certain que dans ce cas c'est l'oxigène atmosphérique contenu dans l'eau de chaux qui fait passer l'indigo au bleu. S'il en étoit autre- ment, pourquoi l'eau qui a digéré sur les feuilles de pastel, ne seroit-elle pas bleue ouverte, et pourquoi l'indigo qu'elle contient se décomposeroit-il avec tant de rapidité? car on ne retrouve plus d'indigo dans cette liqueur abandonnée à elle-même pendant vingt-quatre heures. On peut voir, tome XVI, page 88 , le résultat de l'analyse que j'ai faite, en 1811 , des feuilles de pastel. J'exposerai maintenant celui de l'analyse de plusieurs indigos du com- merce. Analyse d'un indigo de commerce. Exlrait aqueux. 1. De l'indigo réduit en poudre fine a été traité par l'eau distillée à une température de 60 à 80 degrés centigrades j 1 Ce précipité est principalement formé de matières terreuses : lorsqu'on a opéré sur une infusion riche eu indigo, et lorsqu'on n'y a versé que très-peu d'eau de chaux, il peut contenir de l'indigo hydro- géné; mais, dans le cas où la chaux a été employée en excès, il n'en contient pas ou presque pas; la totalité ou la presque- totalité de ce principe reste eu dissolution. ^94 ' IND lorsque l'eau ne s'est plus colorée, on a fait concentrer les lavages qui contenoient de Tindigo en suspension, et on les a filtrés dans un papier double. L'eau filtrée étoit d'un jaune rougeàtre : le produit qu'elle a donné à la distillation étoit trcs-ammoniacal et aromatique; il ne paroissoit pas contenir de soufre , car il étoit sans action sur les papiers imprégnés de dissolutions métalliques. La liqueur concentrée par la distillation a déposé , lorsqu'on l'a fait évaporer dans une capsule, de l'indigo d'un beau bleu et des flocons verts, qui éloient formés d'une combinaison de matière animale, de principe colorant jaune et d'indigo. On a séparé ces flocons par le filtre ; on a fait concentrer la liqueur , puis on l'a mêlée à l'alcool ; on a renouvelé celui-ci jusqu'à ce quil ait cessé d"avoir de l'action sur le résidu. A. Résidu insoluble dans l'alcool. 2. Il étoit jaunâtre, mais en se desséchant il est devenu brun; on l'a traité par l'eau : tout a été dissous , à l'excep- tion de quelques flocons bruns, qui ont pris une couleur grise rougeàtre par la dessiccation. Ces flocons contenoient un peu de la combinaison de matière animale et de principe colo- rant jaune , beaucoup ôe phosphate de chaux et de pliosphate de magnésie , et un peu cVoxidt de fer. Ils ont donné du car- bonate d'ammoniaque à la distillation , et un charbon très- abondant, dont la cendre ne faisoit qu'une très-légère effer- vescence avec l'acide hydrochlorique. 3. L'eau qui avoit été en contact avec le résidu insoluble dans l'alcool (2), a été concentrée; elle étoit d'un jaune-brun rougeàtre. Elle contenoit, ].° une combinaison de principe co- lorant jaune de matière animale et d'un acide végétal dont je n'ai pu déterminer précisément la nature ; cette combinaison donnoit à la distillation de l'acétate d'ammoniaque très-acide: 2." du sulfate de potasse : 3." du phosphate de magnésie : 4." du phosphate de chaux. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que l'ammoniaque versée dans la liqueur n'en précipitoit que du phosphate ammoniaco - magnésien ; le phosphate de chaux restoit en dissolution, et pour le découvrir il falloit faire évaporer la liqueur et en incinérer le résidu. IND '^ 395 B. Matières solullcs dans l'alcool de V extrait aqueux (1). 4. La solution alcoolique (i) a été évaporée; quand tout l'alcool a été chassé , il s'est fait un dépôt de matière d'un rouge brun; celle-ci a été traitée par l'alcool, et le lavage a été réuni au liquide d'où elle s'étoit séparée: après ce traite- ment , elle s"est comportée comme une combinaison de ma- tière animale de principes colorans jaune et rouge, et d'un acide végétal. Elle a donné à la distillation du carbonate d'ammo- niaque et un produit dont l'odeur approchoit de l'indigo qui brûle. 5. La partie soluble dans l'alcool (4) a été évaporée jusqu'à siccité ; le résidu, mêlé à l'alcool, a laissé déposer une com- binaison analogue à la précédente, si ce n'est qu'elle conte- noit moins de matière animale. Lorsqu'elle eut perdu l'al- cool qui la pénétroit, elle ressembloit à une résine; mais elle en différoit par sa solubilité dans l'eau. 6. La solution alcoolique (5), concentrée et mêlée à l'eau, a précipité une matière qui étoit redissoute quand on chauf- foit le liquide, et qui ne différoit de celle du n.° 5 que parce qu'elle contenoit plus de principes colorans : la liqueur fil- trée précipitoit la gélatine à la manière d'un tannin ; les acides y faisoient des précipités de combinaison de matière animale, de principe colorant et d'acide; l'acide sulfurique en dégageoit en même temps de l'acide acétique. Outre ces matières, la liqueur contenoit encore de la potasse et de l'ammoniaque unies à de l'acide acétique , du chlorure de po- tassium , des atonies de phosphate de magnésie et de sulfate de potasse. 6lis. L'alcool avoit donc enlevé à l'extrait aqueux, outre un peu de chlorure de potassium , de sulfate, d'' acétate dépotasse, d'aoétaie d'ammoniaque et de phosphate de magnésie, une com- binaison de matière animale , de principes colorans et d'un acide végétal, laquelle, traitée successivement par l'eau et l'alcool, s'est réduite en deux combinaisons, dont l'une étoit avec excès de matière animale , et l'autre avec excès de principes colorans et d'acide : celle-ci avoit la propriété astringente. 39S » I^D Extrait alcooIi(jfiie. 7. On a fait digérer de l'alcool sur rindigo qui avoit été traité par Teau ; on a réuni les sept premiers lavages et on les a distillés : l'alcool qui a passé d'abord , ne contenoit pas de quantité notable de principes étrangers ; mais celui qui a passé ensuite, avoit une odeur un peu sulfurée. Ce- pendant, l'ayant mêlé à du chlore et à du chlorure de ba- rium , il n'a point donné de sulfate de baryte. Le résidu de la distillation , qui étoit encore très-alcoolique, a été mêlé à de l'eau , puis chauffé : quand tout l'alcool a été évaporé, on a filtré ; une matière rouge, qu'on a appelée résine, est restée sur le papier. La liqueur filtrée étoit d'un jaune rou- geàtre; elle a donné à la distillation un produit très-odorant, qui tenoit de Tammoniaque en dissolution et un peu de ma- tière colorée en suspension. 8. Le produit odorant a donné à la distillation un liquide limpide et incolore qui avoit l'odeur de l'indigo, c'est-à-dire, celle dont sont imprégnées les étoffes qui ont été teintes en bleu de cuve et qui n'ont pas été suffisamment lavées. Le résidu de la distillation étoit odorant: il ne contenoit pas sensiblement de matière huileuse; car, l'ayant fait évaporer doucement et ayant repris le résidu par l'alcool, celui-ci ne s'est pas troublé lorsqu'on l'a mêlé à l'eau : cependant l'alcool contenoit une quantité sensible de principe odorant. Quoi qu'il en soit, cette expérience ne prouve pas absolu- ment que le principe odorant ne soit pas d'une nature hui- leuse , parce qu'il est possible que la petite quantité de matière mise en expérience n'ait pas permis d'apercevoir le trouble qui auroit pu avoir lieu avec une solution plus chargée. 9. Le liquide jaune , qui avoit donné du principe odorant (8), a été évaporé dans une capsule, et a déposé une matière à demi fondue, un peu rougeàtre , et des flocons d'un jaune brun ; il est resté une liqueur d'un beau rouge orangé. 10. Matière demi-fondue. Elle étoit formée de matière ani- male, colorée par du principe jaune et un peu de principe rouge. Elle rougissoit le papier de tournesol. Les flocons d'un jaune brun n'en différoient que par la proportion de ees principes. • IND . 597 11. Liqueur d'un leau rouge orangé. Elle avoît une saveur assez amère et un peu astringente; cependant elle ne préci- piloitpas par la gélatine : elle déposoit, après avoir été con- centrée , une matière jaunâtre qui devenoit rouge en se desséchant, et qui ressembloit alors à un extrait. Cette ma- tière étoit acide ; elle donnoit à la distillation beaucoup de carbonate d'ammoniaque et d'huile : elle contenoit donc de la matière animale. Le produit avoit l'odeur qu"exhale l'in- digo du commerce qu'on projette sur un charbon , de sorte que je ne doute pas que la matière jaunâtre ne contribue à lui donner cette propriété. La matière jaunâtre étoit ana- logue à la matière demi-fondue (10); elle paroissoit seule- ment contenir une moindre quantité de matière animale. La liqueur d'où elle s'étoit déposée, étoit d'un rouge jaunâtre; elle devoit cette couleur à un mélange de principe colorant jaune, et de pi'incipe colorant rouge, que je crois analogue à la résine. Lorsque cette liqueur a été étendue d'eau , puis évaporée, elle a déposé une poudre d'un très-beau rouge, qui étoit peu soluble dans l'alcool et insoluble dans l'eau. La liqueur, mêlée à l'acide sulfurique, laissoit précipiter un dépôt semblable à la matière jaune qui étoit formée de matière animale, d'acide et de principes colorans : il se dé- gageoit en même temps de l'acide acétique. La liqueur, d'un beau rouge orangé, étoit donc principalement formée de matière animale, de principes colorans et d'acide acétique. On y reconnut de plus des acétates de chaux et de magnésie. Examen de la résine rouge (7). 12. On l'a purifiée par l'eau bouillante : ce liquide a dis- sous du principe colorant jaune, de la matière animale, du principe odorant , et, ce qu'il y a de remarquable, un peu de résine : ce résultat peut faire croire que la liqueur rou- geâtre du premier lavage aqueux de Tindigo peut être due, au moins en partie, à cette résine. La résine a été dissoute par l'alcool , puis précipitée par l'eau; enfin, traitée parce liquide bouillant, jusqu'à ce qu'elle ne lui ait plus rien cédé. La résine, lavée et séchée, a été mise en digestion avec différentes quantités d'alcool, à la température de jo degics: le premier alcool avoit une couleur rouge, mêlée d'un peu 598 , INI) de jaune ; les autres lavages tiroient de plus en plus sur le violet, parce qu'ils avoient dissous avec la résine une cer- taine quantité d'indigo; enfin, le résidu étoit formé dïn- digo retenant un peu de matière animale et de résine rouge. La meilleure manière de séparer la résine de l'indigo qui s'est dissous avec elle, est de faire évaporer la solution à siccité, et de traiter le résidu par l'éther hydratique froid. L'indigo est séparé, et, en faisant évaporer l'éther, on obtient une résine rouge qui n'exhale pas de vapeur pourpre quand on l'expose à l'action de la chaleur. i3. La résine rouge est insoluble dans l'eau; elle est plus soluble dans l'éther que dans l'alcool. Ces dissolutions sont d'un très-beau rouge tirant très-légèrement sur Je pourpre; quand elles ont une teinte écarlate , elles contiennent un principe colorant jaune. La solution alcoolique est troublée par l'eau; plusieurs acides en précipitent des flocons rouges. La résine ne paroît pas se dissoudre dans les alcalis ; ces corps n'en changent pas la couleur. 14. L'indigo qui avoit subi sept lavages alcooliques, fut traité par l'alcool bouillant jusqu'à ce qu'il colorât ce liquide en bleu. Ces lavages contenoient proportionnellement plus de résine et d'indigo que les premiers, et cela devoit être, d'après les faits qui sont exposés (n.° 12). Indigo et acide hydrochlorique. i5. L'indigo a été soumis à l'action de l'acide hydrochlo- rique. Celui-ci a dissous de Voxiàe de fer , de Valuminc, des phosphates de chaux, de magnésie, et des carbonates de ces hases. 16. Enfin, on a achevé de purifier l'indigo en le traitant par l'alcool bouillant, jusqu'à ce que le liquide se teignit d'un bleu franc. Tous les indigos du commerce ne se comportent pas abso- lument de la même manière que celui dont nous venons de parler. Par exemple , les indigos de Java , de Guatimala et de Chine donnent à l'eau une matière que j'ai appelée verte , et qui a quelques propriétés remarquables : on l'obtient en traitant par l'alcool froid et concentré l'extrait des lavages aqueux. La solution alcoolique est d'un beau rouge; elle est • IND • 399 iégèrement acide; elle ne se trouble pas quand ou la mêle avec l'eau. La solution aqueuse de cette matière devient verte par les acides : si ces corps sont concentrés, ils forment des flocons verts qui sont une combinaison dacidc et de principe colo- rant. La combinaison d'acide sulfurique et de principe co- lorant se dissout dans l'alcool. La solution, vue en masse, est rouge , tandis que la surface est verte. Quand on la mêle à feau , elle ne précipite pas, mais elle devient verte. Il paroit que , dans le cas où la combinaison est dissoute par l'alcool , ce liquide affoiblit l'action de Facii'e sur la couleur, et que , quand o'i ajoute de l'eau , celle-ci diminue i'aflinité de l'alcool, et permet à l'acide de réagir avec sa première énergie sur le principe colorant. Quelques indigos m'ont présenté dans leurs lavages alcoo- liques une matière bleue qui n'étoit pas de findigo , et qui m'a paru susceptible de passer au rouge dans plusieurs cir- constances. Les indigos du commerce perdent dans la purification de 55 à 65 pour cent de matières étrangères à l'indigo. L'indigo est une des substances organiques les plus pré- cieuses pour la teinture. Il n'en est aucune qui lui soit com- parable sous le rapport de la solidité, lorsque l'indigo a été appliqué sur les étoffes à l'état d'indigo hydrogéné; car les étoffes teintes avec la dissolution sulfurique en bleu dit de Saxe, sont loin d'avoir une couleur aussi solide que celles qui l'ont été avec l'indigo hydrogéné. Nous allons indiquer très -brièvement les procédés au moyen desquels on applique l'indigo sur les étoffes de laine, de soie, de coton et de lil. Etoj^es de laine. On fait usage , i." de la cuve de pastel; 2." de la cuve d'Inde; 5.° de la cuve à V urine. Cuve de pastel. On la prépare en jetant sur du pastel que l'on a disposé au fond d'une cuve de bois, une décoction de gaude , de ga- rance et de son (la partie indissoute de la garance et du son 4oo , ÎND se trouvent en suspension dans la décoction). On couvre la cuve; on la laisse en repos pendant six heures: ensuite on la pallie ])endant une demi-heure. On l'abandonne pendant trois heures; on la pallie ensuite, et cela jusqu'à ce qu'il se manifeste à la surface du liquide des veines bleues : alors on y introduit de la chaux vive et de l'indigo moulu avec de l'eau. La cuve est en état de teindre , lorsqu'elle est recouverte d'une belle pellicule cuivrée. Je vais exposer quelques propriétés que j'ai reconnues , en 1814, à une cuve de pastel qu'un des teinturiers de Reims les plus distingués, M. Oudin , me permit d'examiner dans ses ateliers. La liqueur de cette cuve étoit d'un beau jaune : elle exha- loit une odeur d'ammoniaque et d'hydrosulfale de cette base; exposée au contact de l'air, elle se couvroit d'une pellicule bleue-violette. Un courant de gaz acide carbonique qu'on y fit passer, en précipita de la chaux à l'état de carbonate et de l'indigo ; il se maidfesta une odeur de bouillon, que j'attribue à un principe volatil que j'ai rencontré dans les feuilles de pastel , et que j'ai comparé à l'osmazome ; enfin il se dégagea de l'acide hydrosulfurique. La liqueur donna à la distillation, 1." de l'ammoniaque pure (l'acide hydrosulfurique fut retenu par la chaux); ■j."\eprin- cipe aromatique de l'indigo. Enfin, la liqueur distillée avec l'acide sulfurique donna del'ûciiie hydrosulfurique et àeVacide acétique en quantité notable. Je suis porté à croire que dans cette cuve l'indigo étoit dissous et par la chaux et par l'ammoniaque, et que celle-ci s'y trouvoit à l'état caustique : l'excès d'eau de chaux s'op- posoit à ce qu'il y eût de l'acide carbonique dans la liqueur. Cuve d'Inde. On la prépare en faisant bouillir du son et de la garance dans une lessive de cendres gravelées , puis ajoutant à ces matières de l'indigo broyé à Feau. Celte cuve ne présente pas autant de diflicultés dans sod usage que la cuve de pastel; elle est plus riche en couleur, • IND . 401 maïs elle est moins économique. Les draps qu'on y passe sont plus doux que ceux qui sont teints dans l'autre cuve. Cuve à Vurine. On la prépare avec de Turine, de l'indigo, de la garance et une substance acide qui est ou du vinaigre ou un mélange de tartre et d'alun. Dans cette cuve l'indigo hydrogéné est uni à l'ammoniaque. Eloffes de soie. On les teint dans la cuve d'Inde ; mais celle-ci doit con- tenir une proportion d'indigo plus forte que celle qu'on emploie pour les étoffes de laine. La soie a moins de tendance que la laine à prendre l'in- digo : c'est pour cette raison que, dans la préparation des bleus foncés, tels que le lieu de roi et surtout le hleu turc , on plonge la soie dans un bain d'orseille , avant de la plonger dans le bain d'indigo. Etapes de coton et de lin. On les teint dans des cuves où l'indigo hydrogéné est uni à la potasse ou à la chaux. Dans ce cas on ajoute à la matière alcaline du sulfate de protoxide de fer : il se produit alors du sulfate de potasse ou de chaux. Le protoxide qui est mis à nu, se combine avec l'oxigéne de l'eau , tandis que l'hy- drogène de ce même liquide forme avec l'indigo et l'alcali libre un composé soluble. On peut encore teindre le coton et le fil dans une cuve où l'indigo, dissous par la potasse, s'est uni à l'hydrogène par l'intermède de l'orpiment ou sulfure d'arsenic. Le hleu d'application, dont on fait un si grand usage pour les toiles peintes, ne difiere de la cuve précédente que par une proportion plus forte d'orpiment et d'indigo. Bleu de Saxe. Le lieu de Saxe ne peut servir à la teinture du fil et des étoffes de coton. Appliqué sur la soie , il la teint en bleu : la couleur résiste à l'eau ; mais elle est enlevée par l'eau de savon. La laine , préparée avec l'alun et le tartre , se teint mieux que la soie, surtout si on ajoute au bleu de Saxe une 23. «6 4o2 , IND petite quantité rie potasse ; mais cette teinture n'est jamais très-solide : l'eau de savon Taltère sensiblement: elle en affoiblit la nuance, en même temps qu'elle la fait tourner au Jaune. (Ch.) INDIGO BATARD DE CAYENNE. (Bot.) C'est, suivant M. Richard , le cassia occidentalis. On donne aussi le même nom et celui de faux indigo à Vamorplia. ( J.) INDIGO DE LA GUADELOUPE. {Bot.) Dans les colonies on désigne par ce nom le crotolaria incana. Voyez Crotolaire blanchâtre , à l'arlicle Crotolaire. (Lem.) INDIGOLITHE. (Mm.) Voyez Indicolithe. (Lem.) INDIGOTIER, Indigofera. {Bot.) Genre de plantes à fleurs complètes, papillonacées , de la famille des légumineuses, de la diadelphie décandrie àe Linnaeus; offrant pour caractère essentiel : Un calice à cinq dents; une corolle papillonacée; la carène munie de chaque côté d'un éperon subulé, étalé; un ovaire supérieur, surmonté d'un style court, ascendant, et d'un stigmate obtus. Le fruit est une gousse oblongue , linéaire, un peu cylindrique, droite ou courbée, renfer- mant plusieurs semences. Ce genre est intéressant par les espèces qu'il renferme en très-grand nombre, parmi lesquelles plusieurs fournissent ce bel indigo si répandu dans le commerce. 11 se rapproche beau- coup des galégas, distingué par ses gousses menues, rarement comprimées. U comprend des herbes ou arbustes à feuilles ternées, rarement simples, plus souvent ailées avec une im- paire; quelquefois les folioles sont articulées et comme aris- tées à leur base; les fleurs petites, ordinairement disposées en grappes axillaires. '* Indigotiers a feuilles ailées. Indigotier franc : Indigofera anil , Linn. ; Lamk. , III. gen,, lab. 626, fig. 2; Rumph., Amb. , 5, tab. 80. Cette espèce, une des plus intéressantes de ce genre, est un petit arbuste de deux ou trois pieds de haut, dont la tige est droite , cy- lindrique, rameuse, blanchâtre, chargée de poils courts et couchés. Les feuilles sont alternes, pétiol'^es , ailées avec une impaire, composét^s de neuf à onze f(dioles ovales -obtuses, entières, un peu blanchâtres en -dessous, à peine longues • IND • 4o3 d'un pouce; des stipules petites, subulêes. Les fleurs sont petites, d'un vert rougeàtre ou pourpré, disposées en grappes fort courtes, simples, coniques, moins longues que les feuil- les ; les calices couverts de petits poils couchés et blanchâtres; les bractées sétacécs. Les fruits sont des gousses grêles , longues de huit à dix lignes , courbées en faucille , presque glabres, bordées par la saillie latérale de leurs sutures, ren- fermant cinq à six semences quadrangulaires. Cette p'ante croit dans les Indes orientales. On la cultive dans les Antilles et dans plusieurs autres contrées de l'Amérique méridionale, pour eu obtenir cette belle couleur bleue connue sous le nom d'indigo. L'indigo est une fécule précipitée, desséchée et réduite en masses solides , légères, cassantes , d'un bleu dazur très-foncé. Les teinturiers l'emploient, avec le pastel, pour teindre en bleu les étoffes de soie et de laine; les peintres s'en servent, en le mêlant avec d'autres couleurs , dans la peinture en détrempe; les blanchisseuses l'emploient pour donner une teinte bleuâtre à leur linge. L'indigo est d'un usage si répandu, d'un prix si excessif lorsque les relations commerciales sont interrompues, qu'on s'est proposé , il y a quelques années, d'en essayer la culture en France, surtout dans les départemens méridionaux : on a trouvé peu de localités qui lui soient favorables, excepté quelques endroits aux environs de Toulon, deNarbonne, etc. Mais, la valeur territoriale de ces terrains étant fort élevée, on n'auroit pu mettre l'indigo qu'ils auroient produit en concurrence pour le prix avec celui des colonies; ce qui a déterminé à se rejeter sur le pastel, et à en perfectionner la culture, pour en obtenir une couleur bleue d'une belle qua- lité. Dans les colonies américaines, la culture de l'indigo riva- lise presque avec celle du sucre et du café , quoiqu'elle soit moins productive; mais aussi elle n'exige pas d'aussi grandes avances, et les résultats en sont plus prompts. Les terrains nouvellement défrichés sont ceux où l'indigo réussit le mieux, parce qu'ils conservent la portion d'humidité nécessaire à sa croissance. Des abris naturels ou artificiels contre les grands vents sont très-avantageux pour sa végétation : on doit en 404 , IND conséquence préférer de le semer sur le bord des bois, dans les vallons, et, lorsqu'on ne le peut pas, l'entourer d'une lisière de roseau ou autres grandes plantes d'une rapide crois- sance. Quoique l'indigo soit un arbuste , on est dans l'usage de le semer tous les ans, parce qu'on a remarqué que les jeunes pieds fournissent des feuilles plus grandes et plus nombreuses. On le sème à Saint-Domingue depuis Novembre jusqu'en Mai , immédiatement après les pluies; dans la parue septentrionale, on choisit Novembre ou Décembre, époque où il tombe des pluies amenées du nord; dans la partie sud, il faut attendre les pluies d'orage en Mars et Avril. Lorsqu'on peut faire des irrigations , on doit toujours semer de bonne heure. Quoique les graines de deux ou trois ans lèvent assez bien, il faut toujours préférer les plus nouvelles; elles lèvent au bout de trois ou quatre jours : il faut peu après faire un sarclage, le répéter tous les quinze jours , jusqu'à ce que les pieds d'indigo soient assez forts pour empêcher les mauvaises herbes de repousser. Cette plante craint la sécheresse , les vents brûlans et impétueux , les pluies trop fortes ou trop prolongées, les chenilles et quelques autres insectes. On s'op- pose à la sécheresse par des irrigations , aux vents par des abris; difficilement aux longues pluies, qui font prospérer la plante , mais empêchent la fécule de se former. Le moment où l'indigo doit être coupé, est celui où commencent à pa- roitre ses premières fleurs, ce qui a lieu dans le cours du troisième mois après les semailles. La première coupe de l'indigo est suivie d'une seconde, six ou sept semaines après ; d'une troisième et plus , selon la nature du terrain. En Egypte, la culture de l'indigo est moins sujette aux accidens qu'à Saint-Domingue, et semble mieux entendue. On choisit pour la faire des terrains élevés, et l'on a soin de les en- tourer d'une chaussée, pour empêcher l'inondation du Nil d'y pénétrer, parce qu'on ne renouvelle la plante que tous les trois ou quatre ans. Chaque année on fait quatre coupes, deux avant et deux après la crue du Nil. Il y a quelques variétés dans les procédés employés pour retirer des feuilles et des tiges la fécule de l'indigo. A Saint- Domingue, un établissement destiné à la fabrication de l'indigo IND • 4o5 est composé de trois cuves d'une moyenne capacité, et d'un petit vase : elles sont , au moyen d'une bâtisse en pierres , élevées les unes au-dessus des autres, de manière que l'eau contenue dans la plus haute, qu'on nomme le trempiir , puisse se vider dans la seconde, qui s'appelle la batterie, et celle-ci dans la troisième , qu'on désigne sous le nom de reposnir. Le petit vase, nommé le bassinot ou le diablotin, est placé entre la seconde et la troisième cuve : il est destiné à recevoir la fécule qui en sort, et est terminé en cul-de-lampe, pour fa- ciliter l'enlèvement de cette fécule. Quatre poteaux soné fixés aux coins du trempoir, et servent à maintenir les plan- ches qu'on place sur l'indigo , pour l'empêcher d'être rejeté dehors par l'effet delà fermentation. On emploie, pour battre l'indigo , un instrument que l'on nomme baquet , qu'un nègre fait mouvoir en tout sens, afin d'introduire dans l'eau la plus grande quantité d'air possible. On emploie aussi, pour battre l'indigo, des machines mues par des hommes, par des che- vaux ou par un courant d'eau : le mouvement est excité par des patelles fixées à un arbre horizontal. Toutes les eaux ne sont pas indifférentes à la préparation de l'indigo : celles qui sont crues, qui tiennent en dissolution de la craie ou de la sélénite , comme celles de la plupart des puits , ne valent rien. On place dans le trempoir les tiges et les feuilles de l'in- digo de manière à ce qu'elles ne soient ni trop ni trop peu pressées; on les recouvre de trois ou quatre pouces d'eau, et on fixe les planches qui doivent les empêcher de déborder. La fermentation s'établit dans la masse plus ou moins rapi- dement, selon la chaleur de l'atmosphère. On juge qu'il est temps de l'arrêter, en mettant un peu d'eau prise dans la cuve à diverses profondeurs , dans une tasse d'argent : si la fermentation est parvenue au degré convenable à la prépa- ration de la fécule , celle-ci se précipite au fond de la tasse en grains bien caractérisés. Alors on fait écouler toute l'eau du trempoir dans la batterie, et on l'agite en tout sens avec les baquets. Il suffit de deux ou trois heures à une cuve convenablement battue pour que toute la fécule qu'elle con- tient soit précipitée; alors l'eau est très-claire , d'une belle couleur ambrée. On ouvre d'abord le premier robinet, afin 4o6 . IND de faire écouler, sans troubler le fond de la cuve , l'eau qui lui est supérieure: ensuite on en fait autant au second; le troisième est drsfiné à faire écouler dans le diablotin l'indigo, qui resseuible alors à une vase noire liquide. La fécule retirée du diablotin est d'abord mise dans des sacs suspendus, afin de faire écouler l'eau surabondante; en- suite dans des caisses plates, qu'on expose en plein air sous des hangars, oii elle prend encore plus de consistance : enfin, on divise la fécule en petits parallélogrammes, qu'on expose au soleil jusqu'à ce qu'ils soient secs , du moins en apparence ; placé ensuite en cet état dans une barrique., il y éprouve une nouvelle fermentation , s'échauffe , rend de grosses gout- tes d'eau , exhale une odeur désagréable , et se couvre d'une poussière fine et blanchâtre. Au bout d'un mois, on l'ôte de cette barrique, et on le fait sécher de nouveau; ce qui ne deu)ande pas plus de cinq à six jours. En cet état il peut entrer dans le commerce , quoiqu'il faille encore six mois avant qu'il soit arrivé à son dernier point de perfection : alors il n'est plus dans le cas de subir de déchet ni d'altération, s'il est tenu dans un lieu bien sec. On distingue dans le commerce plusieurs sortes d'indigo , qui offrent des caractères fort différens, et qui paroisscnt ce- pendant provenir tous de la même plante. Celui de Guatimala passe pour le meilleur, ensuite celui de Saint-Domingue. Dans plusieurs contrées de l'Inde on sépare les feuilles des tiges, et l'on ne met dans le trempoir que les premières. On prétend que par cette méthode on obtient une plus belle fécule : mais elle occasionne une grande perte de temps et de main-d'œuvre ; elle fait perdre une grande portion de fécule, étant certain que Técorce des tiges en contient comme les feuilles. Les Chinois font entrer de la chaux dans le trem- poir, comme nos teinturiers dans leur cuve ; mais il est tou- jours possible de s'en dispenser, lorsqu'on sait conduire con- venablement la fermentation et l'arrêter à propos. Sur la côte occidentale d'Afrique , on fabrique l'indigo comme nous fabriquons le pastel en France : on pile les feuilles et les tiges, et on en form(^ des boules, qu'on fait dessécher à l'ombre. En Egypte on emploie pour la fabrication de l'indigo une IND • /,o7 méthode peu connue, qui n'en est pas moins la plus simple, la plus sûre et la plus économique , à laquelle les (;himisles françois ont donné leur approbation , en proposant de l'ap- pliquer au pastel. Les Égyptiens ne coupent de chaque tige d'indigo que ce que peuvent en employer quatre ou cinq hommes. On jette ces tiges avec les feuilles dans de grandes chaudières remplies d'eau, qu'on fait bouillir pendant trois heures; après quoi, l'eau chargée de fécule est conduite dans d'autres vaisseaux , où on la bat avec de larges pelles , jus- qu'à ce que la fécule se soit précipitée; puis on décante l'eau, et on fait sécher la pâte. L'ébullition fait ici en peu d'heures le même effet que la fermentation, c'est-à-dire qu'elle désor- ganise le parenchyme des feuilles et de l'écorce , et facilite la séparation de la fécule. Par ce moyen , on ne perd jamais le produit de la récolte, comme il arrive assez souvent en Amérique, quand l'opération delà fermentation estm.anquée, qu'elle n'est point conduite au point convenable. IiNDiGOTiER DES It^DEs : Indigofcra indica, La.mk. ; IncUsofera tincloria, Linn. ; Moris. , §. 2, tab. 22 ; Pluken., tab. i65, fig. 5. Cette plante, très-rapprochée de la précédente , en diffère par ses fruits, qui ne sont point courbés en faucille , qui sont plus cylindriques, et ont leurs sutures moins saillantes : sa tige est glabre dans toute sa longueur; les folioles ovales- cunéiformes, verdàtres à leurs deux faces, chargées, dans leur jeunesse , de poils rares et couchés; les gousses glabres, menues, d'un rouge brun , pendantes, longues de quinze à dix-huit lignes, mucronécs obliquement. Cette plante croît dans les Indes, à l'Isle-de-France , à Madagascar. Elle est, ainsi que la précédente, employée , dans les Indes et en Amé- rique, à faire de l'indigo; cependant, comme ses tiges sont plus ligneuses et ses feuilles moins succulentes , on lui préfère la première. Indigotier glauque : Indigofera glauca , Lamk. , Encycl. ; Zanon., Hist., tab. 12; Indigofera argentea, Linn., l'Hérit. , Slirp. nov,, tab. 79; Indigofera articulata , Goum. , lll, , 4g; Indigofera tinctoria , Forsk. , Agypl., pag. i58. Cette espèce est très-remarquable par sa belle (ouleur glauque, argentée. Ses tiges sont herbacées, couvertes d'un duvet court, très- blanc ; les feuilles inférieures souvent tern-ées , les supérieures 4o8 ♦ IND ailées, à cinq ou sept folioles ovales- obtuses , chargées en leurs deux faces d'un duvet très -court; les fleurs petites , purpurines, disposées en grappes lâches et courtes; le calice cotonneux. Cette espèce croît en Egypte, dans l'Arabie, en Barbarie : on la cultive dans les environs de Tunis pour la fabrication de l'indigo. Indigotier velu : Indigofera liirsuta jhinn. ; Lamk. , III. gen. ^ tab. 626 , fig. 3 ; Beauv. , FI. d'Oware , tab. 1 1 9 ; Kattu-tagera , Rheed. , Malab. , 9, tab. 3o ; Burm. , Zeyl. , tab. 14. Cette plante est velue sur presque toutes ses parties. Ses tiges sont herbacées, anguleuses, velues; les feuilles ailées, composées de cinq à sept folioles et plus, ovales - obtuses , velues à leurs deux faces; les stipules sétacées ; les fleurs roussàtres , très- velues, disposées en épis axillaires ; les divisions du calice sétacées, très - barbues; la corolle pourprée, à peine plus longue que le calice; les gousses droites, tétragones, lai- neuses, toutes pendantes, longues d'environ neuf lignes. Cette plante croit aux lieux sablonneux , dans les Indes orien- tales et sur la côte du Malabar. Indigotier a onze folioles : Indigofera endecaphylla , "Willd.; Jacq. , Jcon. rar. , 5 , tab. 669 ; Beauv. , FI. d'Oware, tab. 84. Cette espèce a des racines fusiformes , épaisses et charnues; des tiges couchées, herbacées, longues d'environ deux pieds. Ses feuilles sont ailées , composées d'environ onze folioles presque sessiles, glabres, oblongues , obtuses, très-entières, un peu rétrécies à leur base; les fleurs presque sessiles, d'un beau rouge , disposées en grappes axillaires, plus courtes que les feuilles; les gousses tétragones, brunes, réfléchies, un peu velues, longues d'un pouce, légèrement mucronées à leur sommet. Cette plante croît en Guinée et dans les royau- mes d'Oware et de Bénin. M. de Beauvois pense que les nègres se servent de la partie colorante de cette plante pour teindre en bleu le coton avec lequel ils font leurs pagnes. Indigotier a feuilles menues : Indigofera tenuifolia , Lamk. , Encyclop. Espèce très-remarquable par la ténuité de ses fo- lioles, par les longs pédoncules de ses épis. Ses tiges sont grêles, longues de six à sept pouces, un peu rameuses; ses feuilles ailées, composées de onze à treize folioles très-étroi- tes , presque filiformes; les pédoncules axillaires, beaucoup IND • 409 plus longs que les feuilles, soutenant un épi de douze à quinze petites fleurs rougeàtres, un peu pédicellées; les ca- lices noirâtres , à cinq dents aiguës , chargés de poils cou- chés et blanchâtres. Cette plante croît au cap de Bonne- Espérance. ** Indigotiers à feuilles digitées ^ ou ternées ^ ou géminées. Indigotier épineux ; Indigofera spinosa , Forsk. , ^gjpt- , pag. iSy. Arbrisseau à tige ligneuse, diffuse, garnie d'épines de la grosseur d'un fil. Les feuilles sont ternées; les stipules droites, petites ; les fleurs rouges; leur calice ouvert; les gousses scabres , cylindriques , géminées , situées dans les aisselles des feuilles. Cette plante a été déeouverte par Forskal dans l'Arabie. Indigotier couché ; Indigofera procumbens , Linn. , Manf, Plante à tige couchée, herbacée, longue d'un pied , un peu anguleuse, à peine pileuse, garnie de feuilles ternées, à folioles ovoïdes, égales, un peu mucronées à leur sommet, légèrement pubescentcs en -dessus, pileuses en-dessous; les stipules subulées ; les fleurs d'un pourpre noirâtre , dépour- vues de bractées, réunies en un épi latéral, axillaire , pé- doncule : le pédoncule plus long que les feuilles. Cette plante croît sur les montagnes, au cap de Bonne-Espérance. Indigotier psoraloïde : Indigofera psoraloides , Linn.; Pluk. , tab. 320, fig. 3; Rîvini, Tetr., 71, fig. i55; Indigofera racemosa, Linn. , Aman. , 6 , pag. 55. Ses tiges sont grisâtres, un peu ligneuses, anguleuses; les feuilles ternées; les folioles linéaires-lancéolées, pileuses à leurs deux faces; les stipules linéaires-subulées; les pédoncules anguleux, plus longs que les feuilles, portant à leur sommet une vingtaine de fleurs petites, rougeàtres, disposées en épis; les calices pileux, leurs dents subulées. Cette plante croit au cap de Bonne- Espérance. Indigotier digité : Indigofera digitata , Linn. fils, Sup., 535. Sa tige est grêle , cylindrique et rameuse , velue vers son sommet; les feuilles assez semblables à celles du lotus dorjch- nium , presque sessiles, digitées , composées de cinq folioles oblongues, presque linéaires, chargées de petits poils cou- 4>o ' Ï]SJ} chés et blanchâtres; les pédoncules plus longs que les feuilles, filiformes , chargés de petites fleurs en épi: les calices blan- châtres et velus, à cinq dents sétacées. Cette espèce croit au cap de Bonne-Espérance. Indigotier a deux folioi.es; Indigofera diphylla, Venten., Choix de pi., tab. 3o. Cette plante a des tiges cylindriques, pubesccntes, renversées, rameuses, d'un blanc cendré; les feuilles alternes, pétiolées , à deux folioles, une latérale, l'autre terminale , disj)osition qui feroit soupçonner Tavor- tenient d"unc troisième foliole : elles sont ovales, pileuses, d'un vert cendré; la terminale longue d'environ un pouce, l'inférieure deux fois plus pelile , pédicelléc : les stipules lan- céolées , pubescentes, roussàtres, aiguës, persistantes; les grappes touffues, axillaires, de la longueur des feuilles; les ileurs petites, couleur de rose; les gousses ovales, arquées, comprimées, velues, renfermant deux ou trois semences brunes. Cette plante croit au Sénégal. * •'•' * Indigotiers a feuilles simples. Indigotier a feuilles simples; Indigofera simplicifoUa, Lamk., Encycl. Ses tiges sont grêles, simples, un peu ligneuses ; ses feuilles alternes, très-simples, étroites, linéaires, presque sessiles , longues d'un pouce et demi, sur à peine deux lignes de largeur; les pédoncules axillaires, beaucoup plus courts que les feuilles , chargés de trois ou quatre petites fleurs alternes, légèrement pédicellées ; les gousses linéaires, cy- lindriques, droites , mucronées, presque glabres, longues d'environ un pouce. Cette plante croit en Afrique, dans les environs de Sierra-Léone. Indigotier a longues feuilles : Indigofera oblongifolia , Forsk., jEgypt. , pag. 157; Vahl, Symb. , 1 , pag. 55. Plante de l'A- rabie heureuse, dont les tiges sont ligneuses, divisées en ra- meaux tomenteux et soyeux, garais de feuilles simples, presque sessiles, alternes, distantes, alongées , couvertes d'un duvet soyeux, longues de deux lignes; les stipules petites, sétacées : les grappes axillaires , beaucoup plus longues que les feuilles; les fleurs nombreuses; le calice soyeux et pu- bescent; l'étendard delà corolle médiocrement velu. UIndigofera sumatrana, Lamk., Ut. gen. , tab. 626, fig. 1 , IND • 4M n'est connu que par ses fruits, figures par Gasrtner, fab. iZ|8. Ce sont des gousses pendantes, pédicellées , légèrement té- tragones, un peu courbées en faucille , renfermant une dou- zaine de semences réniformes. (Pom.) IjNDIOT [Ornith.) , nom catalan du dindon, meleagris gallo- pavo , Linn., qu'on appelle en Pologne indijlc. (Ch. D.) INDIVIA. {Bot.) Nom latin de l'endive, espèce de chi- corée. (Lem.) INDIVIDU. {Bot.) Une giroflée, un abricotier, un chên-e, une mousse, qui sont provenus de graine, ou de bouture, ou de marcotte , et dont l'existence est indépendante de celle des végétaux qui les ont engendrés, sont autant d'in- dividus du règne végétal. Voyez Théorie élémentaire. (Mass.) INDIYCK (Ornith.), v. Indiot. (Ch. D.) INDOU. {Bot.) Dans un herbier de Coromandel on trouve sous ce nom V acacia pennata. (J.) IJNDRI. {Matnm.) Nom d'une espèce de quadrumane. Voyez Maki. (F. C. ) INDURU. {Bot.) A Ceilan on nomme ainsi l'o/âx, suivant Gacrtner. (J.) INDUSIE. {Bol.) Dans la plupart des fougères la fructifi- cation est placée sur la face inférieure des feuilles, sous la forme de taches (sores) plus ou moins grandes, dont la dis- tribution, la forme et la couleur varient suivant les espèces. Ces taches sont de petites masses de conccptacles dans les- quels sont contenus les corps réproducteurs. Elles commen- cent à se développer sous l'épiderme , qu'elles soulèvent et déchirent en grossissant. La partie de l'épiderme qui re- couvre chaque groupe de conccptacles , est ce qu'on nomme indusie. (Mass.) INDUSIE. {Foss.) On trouve auprès de Clermont en Au- vergne, au sommet du Puy-de-Jussat , et dans d'autres en- droits aux environs , un dépôt calcaire considérable qui n'offre aucune trace de corps marins : il est formé d'une très-grande quantité de tubes d'environ un pouce de longueur sur quatre à cinq lignes de diamètre. Ceux de ces tubes que nous avons pu voir, sont composés de petites paludines réunies par une incrustation calcaire ; mais il paroît qu'on en trouve aussi qui sont composés de petits grains de sable de diverse nature. 412 • IPyD Ils sont ouverts à l'un des bouts, et l'autre est terminé par une calotte hémisphérique. Ils sont souvent agglutinés paral- lèlement les uns aux autres : quelqjiefois ils se croisent dans tous hs sens; d'autres fois ils sont divergens, et forment des espèces de bassins circulaires d'un pied et demi à deux pieds de diamètre. M. Bosc, qui a le premier fait connoître ce singulier fos- sile, Ta trouvé à Saint-Gérar.l-le-Puy , près de Moulins. Il croit que ces tubes ont servi d'enveloppe à des animaux , tels que des larves de friganes, et il l'a nommé indusia tubulata. M. Ramond admet aussi cette origine , et il en a fait mention dans une Notice sur la constitution minéralogique des prin- cipaux peints de l'Auvergne. Dans un Mémoire sur les terrains qui paroissent avoir été formés sous leau douce , inséré dans le lô." vol. des Ann. du Mus. d'hist. nat. , et dont nous empruntons une partie des renseignemens sur ce fossile , M. Brongniart croit qu'une infiltration calcaire, postérieure à la formation de ces tubes, les a réunis dans beaucoup d'endroits plus solidement qu'ils ne l'eussent été sans cette circonstance , et a tapissé leurs parois , tant extérieures qu'intérieures , de manière à les défor- mer. Quelques personnes, au nombre desquelles nous nous sommes trouvés, avoicnt pensé que ces tubes n'avoient pu avoir été des demeures d'insectes, et ont cru qu'une con- crétion calcaire dans laquelle se trouvoient de petites palu- dines, auroit enveloppé une multitude de brins de végétaux détruits par lasuiie. Mais le savant auteur du Mémoire n'ad- met point cette conjecture, et trouve qu'il y a une très- grande ressemblance entre certains de ces tubes et ceux que forment les larves de quelques espèces de friganes. Le peu de longueur de ces tubes, l'uniformité de cette longueur et de leur diamètre, et surtout celle de leur ex- trémité qui se trouve bouchée, nous empêchent de croire que des roseaux auroient servi de moule à ces tubes, comme on le voit souvent dans des incrustations de ces derniers; mais il est difficile d'expliquer leur véritable origine. (D. F.) INDUVIE. (But.) On donne ce nom aux parties de la fleur qui persistent et recouvrent le fruit à sa maturité. Dans la baselle, le salsola Iragus, etc., par exemple, c'est le përian- • INE • 4i5 the simple de la fleur qui forme l'induvie ; dans la rose, lea labiées, le frifoliuw. repens ^ etc., c'est le calice; dans Je riz, ce sont les gluu>ellt'S : de là fruit induvié, calice induvial, etc. ( Mass. ) INEKOU. {Bot.) Nom carinbe, cité par Barrère, d'un, hignonia grimpant, de la Guiane, que l'on ne peut rap- porter, d'après son indication incomplète, à aucune espèce ■ connue. Barrère ajoute seulement que la ràpure de son bois, mêlée dans Teau , enivre le poisson. Un autre inecou, cité dans l'herbier de Vaillant, est le bois d'acouma, homalium racemosuin. (J.) INEMBKYONNÉS. (^of.) Ce nom convient bien aux plantes cryptogames, puisque leur mode de germination nous est inconnu, et qu'elles ne nous montrent pas de véritable em- tryon. Cette expression a été créée par M. Richard, que les sciences viennent de perdre. (Lem.) INEPTf. {Ornitli.) llliger applique ce nom à une famille d'oiseaux qui paroit avoir été entièrement détruite, et qui ne renferuioit que le dronte , didtis ineptus , Linn. Voyez Lmertes. (Ch. D.) INÉQUITELES. {Entom.) M. Latreille a désigné sous ce nom les araignées tilandières ou fileuses. (C. D.) INERME. {Bot.) Lorsque les végétaux sont munis de pi- quans , tels qu'épines , aiguillons , etc. , on dit qu'ils sont armés; par opposition on les dit inermes (sans armes), lors- qu'ils sont dépourvus de piquans. (Mass.) INERTES. {Ornith.) M. Temminck. , dans l'Analyse du sys- tème général d'ornithologie qui précède la 2.'" édition de son Manuel , substitue ce terme à celui d'inepli , et donne pour caractère à son 16.* ordre un bec de forme diverse; le corps probablement trapu, couvert de duvet et de plumes à barbes distinctes; les pieds retirés dans l'abdomen ; le tarse court; trois doigts dirigés en avant, entièrement divisés jus- qu'à la base; le doigt postérieur court, articulé intérieure- ment; les ongles gros et acérés; les ailes impropres au vol. Le naturaliste hoUandois dit que , sans égard à leurs doigts divisés, il n'a pas trouvé à placer plus convenablement que dans cet ordre, voisin des sphénisques et des apténodytes, les genres Dronte et Apterix : il faut avouer, toutefois, que 4i4 • INF c'est là un assez grand écart aux règles ordinaires. Quoi qu'il en soit, Shavv a établi, sur un individu qui seul existe dans les collections et qu'il nomme apterix australis , les caractères du dernier de ces genres, qui sont d'avoir un bec très-long, droit, subulé , mou, sillonné dans toute sa longueur, fléchi et renflé à la pointe; la mandibule inférieure droite, évasée latéralement, subulée à l'extrémité; de très- longues soies à la base du bec, jusqu'au bout duquel la fosse nasale est pro- longée ; des narines paroissant s'ouvrir à la pointe de la mandibule en deux petits trous, dont les tubes sont cachés dans la masse du bec: des pieds courts, emplumés jusqu'aux genoux; les trois doigts de devant entièrement divisés ; celui du milieu de la longueur du tarse, et le postérieur court et garni d'un ongle gros et droit ; les ailes impropres au vol et terminées par une sorte d'ongle courbé; la queue nulle. A l'égard du dronte, dont les caractères génériques ont déjà été exposés dans ce Dictionnaire, tom. i5, pag. 522, ses principales différences consistent dans les sillons transversaux de la mandibule supérieure , le redressement de l'inférieure à sa pointe , et le placement des narines au milieu du bec. (Ch. D.) INFACTI ( Bot. ) , nom arabe du sureau , selon Daléchamps. (J.) ^ INFÈRE [Ovaire]. (Bot.) On nomme ainsi l'ovaire, lors- qu'il est adhérent au tube du calice et couronné par son limbe, de manière qu'il paroît inférieur à toutes les autres parties de la fleur : tel il est, par exemple, dans le poirier. (Mass.) INFÉROBRANCHES, Inferohranchia. (Malacoz.) Dénomi- nation employée pour la première fois par M. G. Cuvier , pour désigner une famille de mollusques gastéropodes, dont les branchies sont situées au-dessous du rebord libre du man- teau : il y rangeoit d'abord les phyllidies , les patelles et les genres qu'on a démembrés du genre Patella de Linnœus , ainsi que les oscabrions. Dans notre système de classification des mollusques, nous avions déjà retiré de ce groupe des inférobranches , dont nous formons un ordre, les différens genres démembrés des patelles de Linneeus, et dont les branchies sont sous le cou • INF, % 4i5 et véritablement pectiiiées, et surtout les oscabrions, quoi- que leurs branchies soient un peu comme dans les phyllidies , parce que nous les regardons comme des animaux subarticulés. Dans son Ilégne animal, M.Cuvier ne conserve non plus dans ses inféi'obranches que les phyllidies et un nouveau genre qu'il nomme Diphyllidie. JNous y avons aussi établi un genre nouveau sous le nom de Linguelle. Voyez ce mot et Mala- cozoAiREs. (De B. ) INFLAMMATION. (Chim.) Voyez Ignition. (Ch.) INFLAMMATION DES HUILES. {Cliim.} Voyez Huiles VÉGKTALES FIXES. tOUlC XXI , p. 5 1 8. (Ch. ) INFLAMMATION SPONTANÉE. [Chim.) C'est l'inflamma- tion que présentent des substances qui ont été abandonnées à elles-mêmes à la température ordinaire : par ex., le foin humide entassé dans un grenier ; le coton filé , imprégné d'huile siccative. (Ch.) INFLÉCHI. (Bot.) Fléchi ou courbé en dedans. On appli- que cette épithète aux aiguillons, par exemple, lorsqu'étant courbés ils dirigent leur pointe vers la partie supérieure de la tige ou de la branche (rosa muscosa, etc.); aux feuilles dans le bouton, lorsqu'elles sont pliées de haut en bas [cj- clamen , aconit, tulipier, etc.); à la lèvre supérieure d'une corolle, lorsqu'elle se renverse sur la lèvre inférieure (bru- nelle, etc.), et à la lèvre inférieure, lorsqu'elle se recourbe vers l'orifice du tube (chelone barhata , etc.); aux pétales, aux étamines, au style, lorsqu'ils se courbent vers le centre de la fleur : tels sont les pétales de Vastrantia major, les éta- mines de la fraxinelle , le style de ^e^^'U)n tetraspcrmum. (Mass.) INFLORESCENCE. (Bot.) La manière dont les fleurs sont disposées sur le végétal, est ce qu'on appelle inflorescence. Les fleurs sont pl.icées , ou sur la racine (colchique , pissenlit, etc.), ou sur la ti<^e (carica papaya , cactus peruvianus), ou sur les rameaux (poirier, etc.), ou sur les feuilles (xjlo- phjlla falcata , etc.), ou sur les pétioles (hibiscus moschatus, etc.); dans l'aisselle des feuilles (pervenche), ou hors des ais- selles des feuilles (s.Aanum nigrum , vigne, etc.). Elles nais- sent une à une (azaruni, etc.), ou deux à deux [linnœa borealis , vicia saliva, etc.) , ou trois à trois (teucrium chamce- A^G , INF dris, etc.), ou en plus grand nombre ; et alors elles sont réu* nies en groupes, qui ont chacun un nom particulier : tels sont le Chaton, TÉpi , la Grapie, la Panicule , le Thyrse, le CoRYMBÈ , la Cime, le Faisceau, I'Ombelle , le Verticille, le Capitule, la Calathide. Voyez ces mots. (Mass.) INFUNDIBULIFORME [Corolle]. (Bot.) On nomme ainsi celle dont le limbe , plan comme une soucoupe très-évasée , est terminé inférieurement par un tube droit. On en a des exemples dans la pulmonaire, le laurier-rose, etc. Le style du hura crepitans , le stigmate du kœmpferia longa , sont aussi infundibuliformes. ( Mass. ) INFUNDIBULUM (Conaiiyl.) , nom latin du genre Enton- noir, établi par M. Dcnys de Montfort. (De B.) INFUSION. (Chim.) Opération par laquelle on met une substance organique, composée de plusieurs principes immé- diats, dans un liquide que l'on expose ensuite à une chaleur insuflisante pour le faire bouillir. Cette opération a pour objet de séparer les principes qui sont solubles , de ceux qui ne le sont pas. On peut faire Finfusion avec de l'eau , de l'alcool, des huiles, etc. Le mot infusion s'applique aussi au résultat de Fopération. (Ch.) INFUSOIRES, Infusoria. (Zoolog.). C'est à Otton-Fréderir. Muller que la zoologie doit l'introduction de cette dénomi- nation, pour désigner une classe d'animaux qui se développent dans les infusions végétales ou animales , et qu"à cause de leur extrême petitesse on a quelquefois aussi nommés ani- maux microscopiques, parce qu'on ne peut que rarement les apercevoir sans microscope. Tous les auteurs systémati- ques , depuis Gmelin , qui l'a fait le premier , ont adopté cette coupe classique et ce nom, quoique quelques-uns, et entre autres M.dc Lamarck , en aient un peu restreint l'application, ou ne l'aient admise qu'en faisant l'observation qu'elle étoit fort mal circonscrite. Le fait est que Muller n'a été guidé dans l'établissement de cette classe par aucun principe, et que par conséquent il est probable qu'elle contient un as- semblage informe d'animaux de degrés d'organisation ou de types très-différens, à des degrés de développement sans doute également différens, qui n'ontpour caractères communs, • INF • 417 51 l'on peut appeler cela des caractères, que d'être d'une petitesse et d'une transparence extrêmes, et par conséquent de n'être appréciables qu'au microscope; de vivre toujours et forcément dans un fluide, ce qui est une suite de leur peti- tesse, et de ne se développer pour la plupart que dans des infusions de plantes ou d'animaux, ce qui est encore assez douteux. Lelir forme générale et particulière , la seule chose qu'il soit permis à l'observateur de saisir, confirme les diffé- rences d'organisation : en effet, il y en a qui ont une forme bien paire, bien symétrique, non-seulement dans leur corps, mais aussi dans les appendices plus ou moins nom- breux qui s'y joignent, et qui en outre sont revêtus d'une vé- ritable enveloppe cornée, comme les brachions; quelques- uns ont le corps alongé, vermiforme ou déprimé, symétrique, sans trace d'appendices, comme les vibrions, les paramé- cies, etc.; d'autres ont, au contraire, une forme évidem- ment radiaire, avec une bouche ou cavité apparente, comme la plupart des vorticelles ; enfin , il en est dont le corps est amorphe ou sans forme déterminée susceptible de défini- tion , sans ouverture buccale et sans trace d'appendice, comme les protées, les volvoces et les monades. Que ceux de la première sorte soient de véritables animaux et même fort élevés dans l'échelle , cela est évident , puisqu'on leur trouve des appendices locomoteurs , bien distincts , qu'on a désignés sous le nom de roues , de filamens , etc. ; une queue composée de plusieurs articles, et terminée sou- vent par des appendices variables en forme et en nombre; un véritable bouclier céphalothoracique, recouvrant un tronc plus ou moins distinct : on y a même remarqué un cœur, des yeux, des ovaires, et par conséquent on ne peut douter que ces animaux ne soient pourvus d'un canal intestinal com- plet, et n'aient beaucoup de rapports avec plusieurs des ani- maux que Muller lui-même a nouimés des enlomostracés. Il se pourroit même que quelques-uns des infusoires de cette première section ne fussent que des degrés de développe- ment d'espèces d'entomostracés bien connues à l'état adulte, ces animaux étant susceptibles de métamorphoses très -dis- tinctes, comme M. de Jurinel'a fait voir pour lesnauplies et les amynomes. Quant à la seconde forme que l'on trouve parmi 23. uj 4i8 e INF les infusoires, celle qui se voit clans les vibrions, on peut concevoir qu'elle doit appartenir à des animaux de la classe des apodes, puisque le corps est alongc, symétrique, sans articulations visibles et certainement sans appendices; mais c'est ce qu'il seroit trop hardi d'assurer, puisque les obser- vateurs ne parlent pas de canal intestinal, ni par conséquent de bouche et d'anus. Cependant les mouvemens nombreux de ces corps organisés, et cela dans des sens que l'on regarde comme déterminés, ne permettent guères de douter de leur animalité. Il en est de même de la troisième forme que l'on trouve dans les animaux infusoires, c'est-à-dire, des vérita- bles vorticelles : quoiqu'on n'ait pu y apercevoir qu'une sorte de cavité buccale, entourée de cils ou de tentacules courts à son entrée, il est encore indubitable que ce sont de véri- tables animaux ayant beaucoup d'analogie avec les hydres ou les polypes. Il reste donc les protées , les volvoces, que nous ne pouvons rapporter à aucun type connu; et, en effet, ce sont des corps organisés, sans forme déterminée, sans aucun organe, et qui ne sont autre chose qu'une petite masse de tissu cellulaire, dans les mailles duquel sont conte- nus des fluides , et qui est à peine condensé à la circonfé- rence , pour former une enveloppe, en sorte que toutes les fonctions sont réduites dans ces corps à l'absorption immédiate de molécules toutes préparées d'avance et contenues dans le fluide ambiant, et à l'exhalation. C'est, pour ainsi dire, le terme ou la fin d'un animal très -élevé, le point où l'on ne peut plus distinguer dans le tissu de ses parties d'autres or- ganes que du tissu cellulaire, ou les premiers momens de son origine. Aussi ne trouve-t-on plus dans ces êtres d'autres fonc- tions que celles qui existent à ce terme. Mais sont- ce réel- lement des animaux, c'est-à-dire, une certaine combinaison d'organes affectant une forme déterminée et agissant d'une manière également déterminée sur les corps extérieurs P C'est ce qui me paroît plus douteux. En effet, ils n'offrent aucune des trois conditions qui me semblent devoir entrer dans la définition d'un animal : on ne peut pas dire qu'ils soient une combinaison d'organes , ni à priori , ni à posteriori, s'ils n'ont pas de forme déterminée ; et ils sont tellement dé- pendans des circonstances extérieures , qu'il paroit qu'ils ne • INF • 4-.9 peuvent absolument en modifier aucune. D'après cela, ne pourroif-on pas les considérer comnie des molécules élémen- taires des animaux, et peut-être même des végétaux? Quoi qu'il en soit, car ce n'est pas le lieu de développer et de soutenir cette idée, il résulle de ce que je viens de dire dans cet article, que la classe des infiisoires ne peut être en aucune manière admise , parce qu'elle contient des animaux de types très-différeiis : ce que l'on ne pouvoit, il est vrai, reconnoitre avant l'établissement du principe, que la forme générale du corps emporte un degré déterminé d'organisation ; car, dans de si petits animaux, ce n'est guère que la forme que l'on peut apercevoir. Aussi pensons-nous que les genres Brachion , Urcéolaire, Cercaire, Furculaii-e, Kérone, Trichocerque et Himantope appartiennent au type des entomozoaires ou aux animaux articulés, et spéciale- ment à la classe des hétéropodes, ordre des entomostracés. Plusieurs espèces de Vibrions me paroissent pouvoir être regardées comme des apodes, ainsi que les genres Paramé- cie, Kolpode; le reste des Vibrions , les Cyclidcs, et peut- être les r.eucophes, doivent être très-probablement rangés près des planaires. Dans ce genre même il y a une espèce qui me paroit n'être autre chose qu'une ascidie. Les véri- tables Vorticelles sont des polypiaires. Enfin , les genres Go- nium, Protée, Volvoce et Monade, si on peut les regarder bien certainement comme des animaux, me semblent devoir former un t3^pc distinct, que j'ai désigné sous les dénomi- nations d'amorphes et d'agastraires, tirées de ce qu'ils n'ont pas de forme déterminée , et que l'enveloppe extérieure ne rentre pas pour former un estomac, comme il y en a dans tous les véritables animaux. Les auteurs qui se sont le plus occupés des animaux dits infusoires, sont Leuwenhocck , Hill, Baker, Joblot, Leder- muller, Pallas, R;vsel , et surtout Spallanzani ei O. F. Muller, et, en général, les personnes qui ont fait des observations microscopiques. L'ouvrage de Muller a été presque entière- nient traduit et ses figures ont été copiées dans l'Encyclopédie méthodique. Ce seroit une chose importante que ce travail fut repris avec des idées plus justes, et dans le but de s'ass(M\r si la plupart de ces animaux sont véritablement adultes et ( /,2o ' ma s'ils jouissent réellement des singulières facultés qu'on leur attribue. On trouveroit sans doute beaucoup de choses à rectifier, et cela seroit non -seulement important pour la zoologie proprement dite, car je ne doute pas qu'il n'y ait beaucoup d'innovations à faire, mais encore pour la physio- logie générale: en effet, beaucoup d'auteurs, admettant d'une manière trop étendue que ces animaux naissent pour ainsi dire dans les infusions végétales ou animales , se sont servis de cette observation pour soutenir la génération spontanée , et beaucoup d'autres idées plus ou moins erronées ; mais le fait est que ce ne peut être pour tous les animaux rangés parmi les infusoires que cela peut se supposer, mais seule- ment pour ceux que nous plaçons parmi les amorphes, et alors il s'agiroit auparavant de déterminer si ce sont de vé- ritables animaux, ce qui n'est pas aussi aisé qu'il le paroît au premier coup d'œil. C'est aussi d'après ce qu'on a cru remarquer sur les dernières espèces d'infusoires , qu'on a admis une génération par scissure spontanée intérieure, ou par déchirement de la mère, dans le corps de laquelle se se- roieiit formées des espèces de gemmules. Quoique l'on puisse réellement concevoir la chose à priori jusqu'à un certain point, ilseroit cependant important de voir si elle a certaine- ment lieu. C'est au contraire l'étude d'une des espèces les plus élevées qui a fait constater qu'un animal étoit pour ainsi dire une sorte de combinaison définie, au moins pijur l'eau , en sorte qu'en lui rendant l'eau qui lui avoit été re- tirée par la dessiccation , l'animal , qui sembloit mort , reprend ses mouvemens habituels : c'est ce qui a été constaté pour le rotifère de Spallanzani [vorticella convallaria de Muller). Mais , dans la série d'observations qui restent à faire sur ces animaux, il faudroit surtout avoir le plus grand soin d'éviter les erreurs provenant de l'instrument qu'on est forcé d'employer; ce qui paroît être diflicile , à moins que l'obser- vateur ne réunit la connoissance des principes de la science des animaux à celle du microscope , ce qui , jusqu'ici , ne s'est peut-être pas encore rencontré. (Dk B.) INGA. [Bot.) Ce nom brésilien, cité primitivement par Marcgrave pour un arbrisseau de la famille des légumi- neuses, avoit été adopté par Plumier pour ce même végétal, • * ma ^ 431 , dont il faisoit un genre, réuni ensuite au mimosa par Lin- naeus. Willdenow a rétabli le genre Inga, en lui réunissant plusieurs espèces. Aublet cite pour son genre Gnlipea le même nom donné par les sauvages de la Guiane. (J.) INGA. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs incomplètes, polygames, de la famille des légumineust^s, de la polygamie monoécie de Linnaeus , offrant pour caractère essentiel : Dans les fleurs hermaphrodites, un calice à cinq dents; une corolle tubuleuse , à cinq dents; des étamines nombreuses, monadelphes; un ovaire supérieur; un style. Le fruit est une gousse à une seule loge ; les semences en- tourées de pulpe ou d'un arille. Le pistil manque dans les fleurs mâles. Ce genre a d'abord fait partie des mimosa de Linnaeus. Le très-grand nombre d'espèces qu'il renfermoit, et qui aujour- d'hui monte à plus de deux cents; la différence qui, d'ail- leurs, existoit entre les fleurs de beaucoup d'espèces, dans la forme de leur corolle, dans le nombre des étamines, dans la caractère des fruits et des semences, ont fourni le moyen de séparer en plusieurs autres genres celui des Mimosa: genre remarquable par ses formes élégantes et variées, très- curieux par les phénomènes singuliers qu'il présente et par les résines et les gommes que fournissent au commerce plu- sieurs de ses espèces ; par les bois de construction qu'elles produisent en abondance (voy. Acacie, tom. i.*', et Supplé- ment , idem) ; enfin , par la pulpe succulente , sucrée et mus- quée , contenue dans les gousses de beaucoup d'inga. * Feuilles deux fois géminées. Inga a bois rouge : ïnga higemina, Willd.; Mimosa hige- mina, Linn., Spec; Katou-conna, Rheed. , Malah., 6, tab. 12. Grand et bel arbre des Indes orientales, dont le tronc est d'une telle grosseur qu'à peine deux hommes peuvent l'em- brasser. Son bois est rouge, d'une odeur assez agréable; ses feuilles sont composées de deux paires de folioles ovales-lan- céolées, acuniinées, un peu rudes, d'un vertbrun, luisantes en-dessus. Les fleurs sont blanches , réunies par bouquets sur un pédoncule commun, ramifié en panicule; les gousses sont h^-'^ , ING contournées en spirale, médiocremenf comprimëes , renflées aux endroits 'les semences, et se oispent eu s'ouvrant. Inga lancéolé ; IngcL lanccolala , ^A'illrl. , Spec. Grand arbre de l'Amérique méridionale, qui s'élève à la hau- teur de quarante à cinquante pieds, et dont les rameaux sont glabres, flexueux , cylindriques, bruns, piquetés de blanc . armés d'épines droites, subulées, stipulaircs , très- fortes; les feuilles deux fois géminées, coriaces, luisantes; les folioles lancéolées, obtuses, longues d'un pouce et demi, calleuses et glanduleuses à leur base ; les pétioles munis d'une glande dans leur bifurcation ; les fleurs alternes, terminales, réunies en grappes paniculées ; les gousses contournées en spirale. Inga a PETILLES DE TROENE; Juga ligustrîna , Willd. , Spec; Jacq. , Fragm. , tab. 02 , fig. 5. Arbrisseau d'environ quinze pieds, dont les rameaux sont cylindriques; les plus vieux armés de deux é|»ines courtes, subulées; les feuilles deux fois géminées ; les folioles glabres, oblongues, obtuses à leurs deux extrémités, longues de deux pouces et plus; les pétioles pubescens , glanduleux à leur base; les fleurs disposées en grappes axillciires , alternes, simples ou composées; les gousses oblongues, noueuses; les seuiences noirâtres, à moitié recou- vertes par une pulpe fongueuse. Cette plante croît dans l'A- mérique méridionale, aux lieux sablonneux. ** Feuilles trois fois géminées. Inga trigÉiMINé : Inga tergemina , "\'\ illd. , Spec. ; Jacq. , Amer., tab*. 1 77, fig. 81 ; Acacia purpurea , Lamk., Encyc. Arbris- seau dont l'écorce est de couleur grisâtre. Les feuilles sont alternes; les pétioles divisés a leur sommet en deux branches soutenant chacune six folioles, glabres, ovales- oblongues , obtuses, longues d'environ un pouce ; les fleurs rouges , dis- posées en bouquets courts sur des pédoncules longs d'environ un pouce : elles produisent des gousses longues de cinq à six poucLS , étroites , comprimées, uu peu courbées en sabre vers leur sommet. Cette plante croit dans l'Amérique méridionale. Inga des Caripes ; Inga caripensis , W'illd., Spec. , /^ . P^g- 1009. Arbrisseau de la Nouvelle-Andalousie, qui a de grands rapports avec l'espèce précédente, mais dont les folioles sonl • ^ ING « 423 plus grandes, aiguës à leurs deux extrëmités, veinées, réti- culées; les rameaux cendrés, ponctués, verruqueux; les pé- doncules solitaires, axillaires, supportant un paqu'et de dix à douze fleurs sessiles ; les pétioles , dépourvus de glandes, de la longueur des feuilles. Inga a feuilles coriaces : Inga coriacea , 'VN'illd., Spec, l. c. Ses tiges se divisent en rameaux bruns, cylindriques, garnis de feuilles alternes, trois fois géminées, dépourvues de glan- des à leur pétiole ; à folioles roides, oblongues, lancéolées, coriaces ; deux ou (rois pédoncules réunis dans l'aisselle des feuilles, soutenant environ douze fleurs sessiles, fasciculées , auxquelles succèdent des gousses planes, droites, linéaires, longues de trois pouces. Celte espèce croit dans l'Amérique méridionale. *** Feuilles ailées; pétiole commun membraneux ou nu. A. Pétiole ailé ou membraneux. Inga a fruits sucrés : Inga vera , AVilld. : Mimosa inga, Linn. ; Sloane , Jam. hist. , i , tab. i83, fig. i. Grand arbre assez commun dans l'Amérique méridionale, dont le bois est dur et blanc, et Técorce grisâtre. Ses feuilles sont simplement ailées, composées de trois fà cinq paires de folioles fort grandes, qui ont quelquefois plus de six pouces de long, sur trois de large, lisses, ovales-lancéolées, un peu velues en-dessous, à pétiole commun , ailé et articulé ; les fleurs sont grandes , blan- châtres, disposées en bouquets, munies d'un calice pileux, tubulé, et d'une corolle velue, tubulée , a. cinq dents; les gousses, pubescentes, renferment une matière spongieuse, blanchâtre et sucrée, d"un goût assez agréable, d'où vient que les créoles ont donné à ces fruits le nom de pois sucrins. Les semences sont noires , de forme irrégulière, au nombre de dix à quinze, placées dans autant de loges. Inga fastueux: Ingafastuosa, "VN'iUd.; Jacq., Fragm. bot., tab. jo. Ses tiges se divisent en branches très-étalées; les ra- meaux sont velus, couleur de rouille ; les feuilles ailées, com- posées de quatre ou cinq paires de folioles ovales-oblongues, luisantes en-dessus , chargées , principalement sur les nervu- res, de poils épars, couchés, hérissés eu -dessous de poils 424 r ING nombreux, couleur de rouille ; le pétiole est ailé, quelquefois muni de deux glandes pédicellées entre les folioles; les fleurs sont disposées en épis axiilaires, portées sur un pédoncule velu, à la corolle velue succède une gousse linéaire, élargie, comprimée , tortueuse. Cette plante croît dans les environs de Caracas, dans l'Amérique méridionale. Inga a feuilles de hêtre : Inga fagifolia , Willd., Spec. , l. c. ; Mimosa fagifolia , Linn. , Spec; Pluk. , Almag.^ tab. 141 , fig. 2 ; vulgairement le Pois doux d'Amérique. Arbre d'un port agréable, qui s'élève à la hauteur de trente pieds, et supporte une cime ample, assez régulière; son écorce est blanchâtre et unie ; ses feuilles , simplement ailées , sont munies de deux ou trois paires de folioles ovales , glabres , entières ; le pétiole commun est légèrement ailé; les fleurs sont petites, blanchâ- tres , disposées en épis linéaires, un peu moins longs que les feuilles; les gousses oblongues, d'un blanc jaunâtre, coriaces, légèrement comprimées, renfermant une pulpe douce, que les habitans du pays où se trouvent ces arbres aiment à sucer. Cette espèce croît aux Antilles et à Cayenne. B. Pétiole nu. Inga noueux: Inga nodosa , Willd., Spec, L c. ; Mimosa nodosa , Linn., Spec; Pluk., tab. 211 , lig. 5. Arbre de File de Cayenne , dont les feuilles sont ailées, composées de deux paires de folioles au sommet d'un pétiole nu , très-menu ; les folioles inférieures munies, dans leur aisselle, d'une petite glande. Le fruit est une gousse longue de trois ou quatre pouces, un peu contournée et aplatie, d'un brun rougeàtre, noueuse aux endroits des semences. Cette plante croît éga- lement dans les deux Indes. Inga élégant : Inga spectahilis ,yVilld. ; Mimosa spectabilis, "Vahl , Act. soc hist. nal. Hafn. , 2, tab. 10. Plante des con- trées méridionales de l'Amérique , cultivée à l'île Sainte- Marthe, Ses rameaux sont glabres , légèrement flexueux , rendus anguleux par trois lignes saillantes partant de la base des pétioles, revêtus d'une écorce grisâtre , ferrugineuse et ponctuée. Les feuilles sont distantes, composées de deux paires de folioles opposées, presque sessiles, ovales - élargies , membraneuses, glabres, luisantes; les supérieures longues • ING •> 425 de sept pouces ; les inférieures une fois plus petites ; les fleurs disposées en épis terminaux; les corolles velues. Inga a baguettes : Inga virgultosa , Poir. , Encycl. , Suppl. ; Mimosa virguUosa , Vahl , Egl. dec. , 2, tab. 20. Ses rameaux sont grêles, cylindriques, alongés , pubescens , divisés en d'autres très-courts, sans épines, garnis de feuilles composées de trois à cinq paires de folioles glabres , sessiies , coriaces , luisantes, ovales, longues de cinq à six lignes; les pétioles sont articulés, presque nus; les fleurs disposées en ombelle simple, à peine plus longues que les feuilles; les pédoncules filiformes; les calices petits, à cinq dents à peine sensibles; les corolles tubulées, à cinq dents droites, aiguës; lesfilamens nombreux, réunis en un tube grêle, saillant, terminé par une troupe de filets capillaires. Celle plante croît à Tile de Cayenne. * * * * Feuilles conjuguées - a ilées, Inga a larges feuilles : Tiiga lalifolia, Willd. ; Mimosa la- tifolia , Linn. , Spcc; Flum. , Icon. , tab. 9. Ses rameaux sont sans épines, garnis de feuilles en aile conjuguée; les pinnules partielles composées de cinq folioles glabres, ovales, lui- santes, pédicellées , longues d'environ deux pouces et demi , alternes; les deux terminales opposées; les fleurs purpurines, latérales, placées sur les vieux bois, presque sessiies , réunies par peiiis paquets presque en ombelle. Cette espèce croît dan' l'Amérique méridionale. Inga a fleurs purpurines: Inga purpurea, "Willd.; Mimosa purpurea y Linn.; Plum., Icon., tab. 10, fig. i. Arbrisseau non épineux, dont l'écorce est grisâtre, garni de feuilles dont les pétioles se divisent en deux à leur sommet, et portent sur chaque bifurcation trois à quatre folioles glabres, ovales- oblongues, obtuses, longues d'environ un pouce : les deux dernières opposées et plus grandes. Les fleurs sont rouges, dis- posées en bouquets pédoncules. Les gousses étroites, compri- mées, longues d'un demi- pied , un peu courbées vers leur sommet. Cette plante croît dans l'Amérique méridionale. **••'** Feuilles deux fois ailées. Inga saman : Inga saman , Willd.; Mimosa saman, Jacq. , Fragm, bot. , 5 , tab. g. Grand arbre des environs de Caracas 426 , IIS-G ' dans l'Amérique méridionale. Son tronc est épais et très-fort; ses feuilles sont deux fois ailées, composées de six paires de pinnulcs i les supérieures composées de sept à huit paires de folioles; les inférieures de deux ou trois : toutes les folioles glabres, ovales-obiongues , obtuses; les supérieures longues de trois pouces; les inférieures d'un demi-pouce : une glande comprimée en godet est entre toutes les folioles : les Heurs, réunies quatre à six en une petite tête globuleuse , pédon- culée , produisent une gousse plane , linéaire, longue de sept à huit pouces, canaliculée sur ses deux sutures, Inga a fruits ronds : Inga cjclucarpa, Willd. ; Mimosa cyclocarpa, Jacq. , Fragm.bot., 3o , tab. 34, fig. i. Grand arbre de l'Amérique méridionale , des environs de Caracas. Son tronc est revêtu d'une écorce crevassée; les branches et les rameaux sont très-étalés: les feuilles deux fois ailées, for- mées de quatre à neuf paires de pinnules, composées chacune de vingt à trente paires de folioles tronquées à leur base , acu- minées à leur sommet; les Heurs disposées en épis axillaires, pédoncules, rapprochés en tèie ; les corolles blanches; les gousses planes, orbiculaircs, noueuses et sinuées cà leur bord extérieur. Les semences sont enveloppées d'une pulpe grasse, visqueuse , savonneuse. Les naturels du pays s'en servent comme de savon. (Poir.) INGHURU {Bot.), nom du gingembre , à Ceilan, suivant Hermann. ( J. ) INGNAMOS. {Bot.) Voyez Inhame. (J.) INGRAIN {Bot.), nom de Tépeautre dans quelques par- ties de la France. ( Lem. ) INGUINALIS {Bot.), ancien nom du buphthalmum spino- sum , cité dans la table d'Adanson. (H. Cass.) Dioscoride donne ce nom à Vaster atticus , qu'il dit à fleurs rougrs ou jaunes. Celui qui les a rouges parott être Vaster omellus. Les fleurs jaunes semblent désigner un buphthalmum ou un inula. ( J. ) INGUINARIA. {Bot.) Pline donne ce nom, au rapport de C. Bauhin , et celui d'alysson, suivant Césalpin , à la croi- sette velue, valantia cruciata. (J.) INHAME. {Bot.) Nom donné en divers lieux à plusieurs espèces de dioscorea, au nombre desquelles est l'igname cul- • * INO • 427 tivë, qui donne son nom au genre, et dont on mange la ra- cine sous la forme d'un pain nommé cassave , après lui avoir fitil subir diverses préparations, Barrère, dans sa France équiiioxiale , la nomme inhyama. Ailleurs ou la retrouve sous les dénoiiiinations de iniamos . ingnamos, ignamus. (J.) INHAMKHAVELLA. {Bot.) Voyez Hamehavella. (J.) IlSHAZARAS. (Mamm.) Nom que Purchass donne a une espèce de fourmilier de la côte de Zanguebar , qu'il ne décrit qu'iuiparfaiîement , et qu'il n'est pas possible de re- connoitre a ce qu'il en rapporte. (F. C. ) INHYAMA. 5o^j Vovez Inhame. (J.) INÎA^!OS. (Bot.) Voyez I^HAME. (J.) INIMA. (iV/n.) Valmont de Bomare a introduit ce mot dans son Diciionnaire, et c'est le seul motif qui nous engage à en parler d'après lui. C'est, dit-on, le nom persan d'une ocre roi;ge. Voyez Imma. (B.) INIMHIA {Bot.), nom brésilien du bonduc, guilandina honduc, cité par Pison : Marcgrave le nomme inimboy. (J.) INIPH.AGALAN. {Ornith.) Nom koriaque d'un oiseau de mer, qui est le stariki des Russes, alca cristateUa , Gmel. et Lath. (Ch. D.) INIQUIMI, TOULICHITl {Bot.)-, noms caraïbes, cités dans l'herbier de Surian , pour une plante que Plumier prenoit pour un haricot, et qui paroit être le gljcine phaseoloides de Suartz. ( J.) INLANKEN. {Ichthjol.) Voyez Illanken. (H. C.) INNIL. (Bot.) Nom péruvien d'une espèce d'onagre , dé- crite et citée par l'euillée, mais non nientionnée par les auteurs niodernes. Elle a de l'affinité avec ïunothera pro' strata de la Flore du Pérou. J.) INNUMMA {Bot.}, uoui sous lequel le coton est connu à Sierra-Leone en Afrique, suivant l'auteur du Recueil des voyages. (J.) INNUUS {Mamm.) , nom latin donné par Linnœus au magot. ( F. C. ) INO {Entom.), nom d'un papillon. (CD.) INOCARPE, Inocarpus. (Bot.) Genre de plantes dicotylé- dones, à fleurs coniplètes, monopétalées, de la fauiille des sapotées, delà décandrie monogjnie de Linnaeusj oflTrant pour 428 , ITyo • f caractère essentiel : Un calice bifide ; une corolle infundi- bulifornie, à cinq découpures linéaires; dix étamines non saillantes, insérées sur le tube de la corolle en deux rangées; les filamens très-courts ; un ovaire supérieur, dépourvu de style; un stigmate concave. Le fruit consiste en un drupe renfermant un noyau réticulé monosperme. Inocarpe comestible : Inocarpus edulis , Forsf . , A'oi' gen. , tab. 55 : Lamk., lll. gen., tab. 562 ; Gœrtn., F. CaipoL, tab. 199 et 200. Arbre découvert par Forster , dans les iles de la mer du Sud , aux nouvelles Hébrides, à l'île d'Otahiti. Ses rameaux sont garnis de feuilles alternes, oblongues , un peu en cœur, très-entières, glabres et veinées, longues d'environ neuf pouces , portées sur des pétioles très -courts. Les fleurs sont petites, alternes, accompagnées de petites bractées, disposées en épis solitaires, petits, velus, axillaires. Leur calice est petit, partagé en deux découpures égales, oblon- gues, obtuses; le tube de la corolle cylindrique plus long que le calice; le limbe divisé en cinq découpures linéaires, plus longues que le tube ; les étamines ont leurs filamens très-courts , disposés en deux rangées sur le tube de la corolle , soutenant des anthères ovales. L'ovaire est oblong , velu , déjiOurvu de style, à stigmate concave. Le fruit est un drupe grand, ovale, comprimé, un peu courbé au sommet, ren- fermant un noyau fibreux, réticulé et monosperme. Il pa- roît qu'il est bon à manger. (Poir.) INOCERAMUS. (Foss. ) On trouve dans les couches de craie , tant en France qu'en Angleterre , des débris de grandes coquilles bivalves dont la contexture , analogue à celle des pinnes marines , avoit fait croire à quelques naturalistes qu'elles dépendoient de ce genre ; mais, ces débris ayant été mieux observés, il a été reconnu que, comme beaucoup de coquilles bivalves très- épaisses, elles n'avoient d'autres rap- ports avec les pinnes que leur contexture. On trouve des morceaux cylindriques des charnières de ces coquilles qui sont de la grosseur et de la longueur du pouce. Ils portent un profond sillon garni au fond de cré- nelures serrées et diminuant de grandeur par l'un des bouts de ces morceaux. Quelques-uns, qui sont plats et qui ont plus de six lignes d'épaisseur , portent dans leur intérieur des • INO • 429 traces d'une très-grande impression musculaire. Les coquilles dont ils dépendent ont été brisées avant ou pendant le dépôt de la craie , car ils sont presque tous isolés et ils s'en trou- vent entourés. Des personnes dignes de foi assurent qu'elles ont vu dans les falaises crayeuses de Dieppe de ces coquilles brisées qui pouvoient avoir quatre à cinq pieds de longueur. M. Sowerby a rangé ces coquilles dans un genre auquel il a donné le nom d'Inoceramus ; mais M. Brongniart (Géogr. min. des env. de Paris), n'ayant pas trouvé qu'elles eussent assez de rapports avec les autres coquilles de ce genre, en a formé pour elles un particulier auquel il a donné le nom de Calillus. Les caractères de ces deux genres ne sont pas encore publiés , ou au moins ne nous sont point encore connus au moment où nous écrivons cet article , et quoique nous ayons une assez grande quantité de ces débris sous les ytux , nous ne pouvons saisir la véritable forme de ces grandes co(}uilles ; mais leur charnière linéaire, marginale et crénelée, paroît devoir les rapprocher des pernes et sur- tout des crénatules. Des débris de ces grandes coquilles, portant des stries circulaires régulières, prouveroient qu'elles présentoient des variétés ou des espèces particulières. Je possède des coquilles de plusieurs espèces, trouvées dans des marnes crayeuses à Folkstone et àHamscy en Angleterre, qui paroissent dépendre du genre Inoceramus; elles ont deux à trois pouces de longueur, et sont couvertes de fines stries circulaires : l'une d'elles porte sous les crochets une char- nière linéaire et crénelée; mais du reste son mauvais état de conservation ne permet pas d'en saisir tous les caractères. On trouve dans le mont Salève près de Genève, et dans les couches du calcaire compacte des environs de Caen et de Ca- rentan, des débris de coquilles bivalves qui ont quelquefois plus d'un pouce d'épaisseur, et dont la contexture ressemble à celle des inoceramus et des pinnes marines. Jusqu'à présent nous n'avons pu nous procurer des portions assez considéra- bles de ces coquilles powr en connoître tous les caractères; mais nous en avons vu assez pour croire qu'elles ne dépen- dent pas de ces deux genres. (D. F.) INODERMA. (Bot.) Sous-genre établi dans le genre Ver- rucaria par Acharius. Il comprend des lichens à expansion r 43o ' INO ' arachnoïde et mince, ou presque spongieuse et molle comme de l'étoupe. Voyez Verricaria. (Lem.) INO-KADSITZ ou INO-KUSITZ, ou GOOSITZ (But.): noms japonois du celosia argentea , suivant M. Thunberg. Vino-matla est une espèce de lichen, cladonia subulala de Hoffmann, hœomyces 5uiu/a/a d'Acharius. (J. ) INOLITHE. {Min.) Ferber dit que les Italiens nomment ainsi le gypse strié. Gallitzin applique ce nom à une variété de chaux carbonatée, concrétionnée , à structure fibreuse. '^B.) INONDE. (Ornith.) L'oiseau dont Sonnini a traduit le nom parl'inon,de, estV anegadizos de M.d'Azara, Apuntamientos, etc., tom. 2, n." 233. espèce du genre des Queues - aiguës , qui a six pouces de longueur , dont les parties supérieures sont roussàtres, la gorge d'un jaune clair, et le dessous blancliàlre. Cet oiseau est remarquable par la circonstance qu'aux six intérieures des douze pennes caudales les barbes finissent tout à coup, comme si on les avoit coupées à deux lignes du bout; que les deux du milieu ont dix-huit lignes de plus que l'extérieure, laquelle en a six de moins que la suivante : les autres sont étagées. Leur habitude est de sautiller sur les buissons et les plantes aquatiques, où ils se tiennent toujours cachés. (Ch. D.) INOPHYLLUM. (BoL) Burmann avoit donné ce nom à une espèce de calaba , calophyllum. (J.) INOPSIS. {Bot.) Genre de plantes monocot^lédones , à fleurs incomplètes, de la famille des orchidées, de la gynan- drie monogynie de LinnEeus; offrant pour caractère csseritiel : Une corolle à six pétales, dont cinq presque égaux, étalés; les deux extérieurs latéraux soudés à leur base , ayant la forme d'un éperon; le sixième pétale plan, très-grand , libre, non éperonné, tubercule à sa base; la colonne des organes sexuels ailée à son sommet; une anthère operculée, termi- nale; le pollen réuni en deux paquets. Ce genre se rapproche beaucoup des oncidium ; il en diffère pi'incipalement par la forme des deux pétales extérieurs la- téraux, soudés à leur base, ayant la forme d'un é])eron. Son nom est composé de deux mots grecs, qui annoncent que ses fleurs ressemblent à celles de la violette par leur forme et leur couleur, tcv {viola), cÇicriç {faciès). • INS • 43i Inopsis élégante; Inopsis pitlchella , Kunth in Huinb. et Bonpl., Nov. gen., i , png. 5/|8 , lab. 83. Plante parasite de la Nouvelle-Grenade , qui croît sur le tronc du psidium po- miferum et du crescenlia cujetes. Ses racines sont blanches , filiformes; ses feuilles planes, glabres, linéaires-lancéolées, longues de deux ou trois pouces; les hampes droites, cylin- driques, simples, quelquefois munies d'un ou de deux ra- meaux, terminées par un épi de fleurs pédicellées, accompa- gnées de petites bractées linéaires. La corolle est violette; les trois pétales extérieurs lancéolés, les latéraux plus étroits que le supérieur; les deux intérieurs une fois plus grands que les extérieurs ; la lèvre ou le sixième pétale grand, à trois lobes; le lobe du milieu plus grand , échancré en cœur; les latéraux très-petits; la colonne terminée par un bec court; l'oviiire glabre. (Poir.) INOTA-INODIEN (Bot.), espèce de coqueret ou alke- kenge du Malabar, plijsalis pubescens. (J.) INOUART, INQUARTATION. {Chim.) Opération par la- quelle on ajoute à de For allié de cuivre, qu'on veut passer à la coupelle, une quantité d'argent, qui doit être environ trois fois plus grande que la quantité d'or pur contenue dans l'alliage. V^oyez tome XV, p. 56o et 36 1. (Ch.) INSALA. (Bot.) Burmann, dans son Thés. Zejl., cite sous ce nom une plante de Ceilan , qui est la même que le kurha desMalabares : c'est une cataire existant aussi à Madagascar, et que M. de Lamarck nomme nepeta madagascariensis. (J.) INSCHl (Bot.), nom du gingembre chez les Malabares, suivant Rhéede. (J.) INSECTA VAGINI PENNIA. {Foss.) Bromel a désigné ainsi les trilobites, auxquels on a donné depuis le nom de calymènes. Voyez Trilobites. (D. F.) INSECTES, Insecta. [Enfom.) Ce nom exprime la confor- mation la plus générale des animaux auxquels on l'applique; car leur corps est composé de petites portions distinctes, qui forment autant d'anneaux ou de segmens, articulés les uns sur les autres de manière à présenter autant d'intersections. Il est évident que le mot insecte, en latin insectum , vient d'intersectum , entrecoupé, nom qui lui-même est la traduc- tion littérale du mot grec «vto/xoj', exprimant la même idée. 432 < ms Dans l'état actuel des connoissances acquises en histoire naturelle, voici la définition la plus exacte que Ion puisse donner d'un insccfeparfait, c'est-à-dire soussa dernière forme. Animal sans ver'.èhres; à tronc , ou partie moyenne du corps, articulé en dehors; muni de membres articulés; el respirant par des stigmates , qui sont les orifices des tracliées intérieures. Tous ces caractères, comme nous allons i'indi((uer, distin- guent la classe des insectes de celles auxquelles on doit rap- porter les autres espèces d'animaux. Le défaut d'os intérieurs ou de vertèbres est un caractère essentiel, qui se joint cependant à un très-grand nombre d'autres qu'on pourroit également nommer négatifs, parce qu'on ne les retrouve pas dans les insectes : tels sont l'absence d'un cœur et de vaisseaux propres à la circulation; d'organes distincts, isolés, pour la respiration, comme les poumons et les branchies, etc.; et ces caractères sulîiscnt pour faire dis- tinguer cette classe delà zoologie d'avec les quatre premières classes, auxquelles on rapporte les Mammifères, les Oiseaux, les Reptiles et les Poissons. Les articulations qu'offre la partie moyenne du corps ou le tronc, éloignent les insectes des Mollusques et de la plu- part des ZooFHVTEs. Les membres articulés, situés sur les parties latérales et le plus ordinairement au nombre de six, peuvent servir à les faire distinguer des Vers ou des Anne- lires, comme la présence des stigmates, qui sont les orifices des trachées, les fait reconnoître d'avec les Crustacés, qui respirent par des branchies, et qui ont par conséquent des vaisseaux, tandis que les insectes en sont constamment privés. (Voyez l'article Entomologie, où nous avons cru devoir in- sister sur ces caractères et sur le rang que les insectes pa- roissent devoir occuper dans l'échelle des êtres. ) Nous nous proposons, dans cet article, de présenter d'a- bord des idées générales sur la structure des insctes . de faire ensuite connoître les fonctions pr-ncipales et l'organi- sation de ces animaux; après quoi nous exposerons la classi- fication ou la méthode que nous avons employée pour con- duire facilement à la connoissance des insectes; enfin, nous présenterons une histoire abrégée des auteurs qui ont traité des insectes en général , en indiquant principalement les systèmes, ou les méthodes, qu'ils ont successivement proposés. ♦ • INS • 453 §. i." Idées générales sur la conformation et sur la structure des insectes. La plupart des insectes ont six pattes et sont dits , pour cela même, hexapodes. Beaucoup ont des ailes. Leur corps est le plus souvent formé de seize pièces ou articulations distinctes, que l'on considère comme formant trois régions principales: la tète, le corselet ou thorax^ et Vabdomen ou le ventre.^ La tête s'articule constamment avec le corselet ou thorax; mais ce mode d'articulation varie suivant les ordres, les fa- milles et les genres. 11 n'y a que les araignées, les scorpions, les faucheurs et les autres insectes sans ailes de la famille des acères, dont la tête n'est pas articulée et mobile sur le tronc et ne porte pas d'antennes. On distingue dans la tête des insectes la houche , dont les parties diffèrent beaucoup, non -seulement dans tous les ordres, mais même par de petites modifications dans tous les genres et très -probablement aussi dans toutes les espèces. Ces modifications des parties de la bouche ont été étudiées avec beaucoup de détails i)ar quelques entomologistes, qui ont établi, d'après cette considération, non-seulement des ordres qu'ils ont appelés à tort des classes parmi les insectes, mais qui même en ont tiré tous les caractères des genres. Nous ne nous étendrons pas beaucoup ici sur ce sujet, l'ayant exposé à l'article Bouche. Il suffira cle rappeler que, sous ce point de vue, tous les insectes peuvent être rap- portés à deux grandes divisions : les espèces à mandibules et à mâchoires libres, disposées par paires mobiles isolément; ce sont les insectes màcheurs ou broyeurs: tels sont les quatre premiers ordres, les coléoptères, orthoptères, névroptères et hyménoptères , et la plupart des familles des insectes parmi les aptères. j\Tais, déjà dans l'ordre des insérâtes hyménoptères, et en particulier dans les familles des melliles, des ptérodiples et des chrysides, les mâchoires s'alongent, s'aplatissent et 1 Pour éviter les répétitions, nous prévenons le lecteur qu'il trouvera dans ce Dictionnaire , et dans l'ordre alphabétique , des détails beaucoup plus circonstanciés sur chacune de ces parties dont les noms sont ipi- priuiés en caractères italiques. 23. 38 454 ' INS < forment, à l'aide de la lèvre inférieure, une sorte de tube et de langue qui donne à ces insectes la double faculté de broyer les alimens et de les pomper par une sorte de succion. Dans les insectes suceurs proprement dits, les alimens ne peuvent être avalés qu'autant qu'ils sont liquides ; mais les organes qui serA^ent à produire cette succion , sont très- diversifiés dans les différens ordres. Ainsi chez les hémiptères c'est un hec articulé, sorte de tube composé de plusieurs pièces qui vont, en diminuant de grosseur, de la base à la pointe , et dans l'intérieur desquelles sont contenues des soies fines et aiguës, espèces de lancettes, ordinairement au nom- bre de trois. Chez d'autres, comme dans les lépidoptères, la bouche consiste en un instrument particulier, roulé ordinairement en spirale sur lui-même, auquel on donne le nom de langue. Cette langue forme un canal composé de deux demi-gaines qui correspondent aux mâchoires des autres insectes, mais excessivem.ent alongées, à la base desquelles on retrouve les palpes souvent très -velus, et tous les rudimens des autres parties de la bouche. Enfin, dans les diptères, la bouche forme tantôt une trompe charnue , terminée par deux lèvres qui font f office d'une ventouse , au centre de laquelle se trouve l'orifice du canal de la digestion ; et les genres dans lesquels on observe cette sorte d'instrument, sont forcés de prendre leur nourriture telle qu'elle se trouve à la surface des corps, ou de la dis- soudre en la liquéfiant, afin de pouvoir ensuite l'avaler. Dans d'autres il y a ce que les entomologistes sont convenus d'appeler un suçoir: c'est une sorte de trompe non évasée à son extrémité libre et dans laquelle se retrouvent des soies, instrumens vulnérans dont l'insecte se sert pour percer la peau des êtres organisés, des humeurs desquels il doit se nourrir. Après la bouche, les parties les plus constantes de la tète sont les antennes , sortes de cornes de formes très- variables , ar- ticulées , et au nombre de deux dans tous les Insectes , excepté dans la famille des araignées. On ignore encore complètement l'i'sage des antennes, et il est probable qu'elles sont destinées à faire percevoir divers modes de sensation. Il est évident 0 INS • 435 en particulier que beaucoup d'espèces s'en servent comme de tentacules pour explorer les circonstances dans lesquelles ils se trouvent ; mais il est notoire aussi que leur existence ef en même temps leur excessive brièveté dans quelques espèces, en particulier dans la plupart des diptères et dans quelques hémiptères et névroptères, ne peut pas s'accorder avec cet usage. Au reste , nous reviendrons par la suite à l'étude des modes de sensation dans les insectes. Les ^eux sont encore des organes dont la présence est constante à la tête des insectes. Ils sont aussi le plus souvent au nombre de deux, situés sur les parties latérales. Ils ne sont pas couverts par des paupières; leur surfiice est taillée à facettes, dont le nombre varie excessivement. On les dis- tingue très-bien sur les yeux des demoiselles, des papillons, de certaines mouches. Leur couleur varie. Dans les diptères, les mâles se distinguent souvent par la grosseur des yeux, qui occupent toute la tête. Outre ces yeux à facettes ou composés , qui sont constans dans tous les insectes sous l'état parfait, on en observe dans plusieurs ordres d'autres, petits, le plus souvent au nombre de trois, situés non sur les côtés de la tête, mais dans la ligne moyenne du front, au-dessus de la bouche et entre les an- tennes. Ces petits jeux ne sont pas taillés à facettes : aussi, les nomme- 1- on lisses, ou en un seul mot, qui convient, mieux, les stemmates. On ignore leur usage. On croit cepen- dant qu'ils servent également à la vision , parce que les yeux des araignées ont à peu près la même forme , et que ces der- niers insectes n'en ont pas d'autres. Il est vrai que la plupart en ont huit , de la forme de ceux qu'on"nomme stemmates. On distingue encore sur la tète des insectes diverses ré- gions, dont le développement, les couleurs ou les enfonce- mens, et d'autres particularités ont offert quelques caractères que nous croyons en conséquence devoir faire connoître. Tel est Vocciput, qui sert à l'articulation avec le corselet, tantôt par un seul condjle, tantôt par deux. Il est quelque- fois tronqué, arrondi, aplati, déprimé, prolongé en une sorte de col, etc.; le vertex ou le sommet de la tête; le front, le chaperon, qui supportent immédiatement la bouche ou la lèvre supérijeure: les joues, entre les yeux et la bouche; la 436 ' INS ' ganache ou le menton, sur lequel s'articule la lèvre inférieure. Telles sont les diverses régions de la tête des insectes. Le corselet ou le thorax est la partie du tronc qui est pla- cée entre la tète et le ventre ou l'abdomen : elle supporte constamment les membres , tels que les pattes et les ailes. Voilà la définition la plus générale que l'on puisse donner de cette région du corps; car elle se compose de plusieurs autres parties, que quelques auteurs avoient déjà distinguées, mais sur lesquelles M. Audouin vient de présenter (Mai 1820) un Mémoire très-curieux, dont nous allons extraire les faits qui suivent , d'après le rapport que M. Cuvier en a fait à l'Institut. M. Audouin distingue dans le thorax trois anneaux ou segmens du corps, dont chacun porte une paire de pattes, et que, d'après leur position de la tête à l'anus, l'auteur nomme prothorax , mésothorax et métathorax. Chacun de ces trois segmens présente quatre faces : une supérieure, que nous décrirons par la suite, et qui correspond au dos, en latin tergum; deux latérales et une inférieure, constituant, à elles trois, la région de la poitrine. La portion ou face infé- rieure forme le sternum , et les latérales portent le nom géné- ral de flancs. On y distingue trois pièces principales: la plus voisine de la ligne moyenne ou inférieure , et qui s'appelle épi- sternum ; l'autre, placée plus en arrière, quireçoit la première articulation de la patte, se nomme épimcre; et la troisième, enfin, porte le nom d'hjpoptère. C'est par cette troisième pièce du flanc que les ailes sont supportées dans les segmens appelés moyen et postérieur, ou méso- etméta-thorax : de plus, il y a quelquefois une petite pièce autour du stigmate, que l'on nomme péritrènie. Le dos ou le tergum se compose de quatre régions dans chaque segment; l'auteur les nomme de devant en arrière.- prœscutum^ scutum , scutellum et postscutellum. Les deux ex- trêmes sont souvent cachées dans l'intérieur. D'après cette étude extérieure du thorax, on conçoit qu'il doit y avoir de très- grandes différences pour la forme et rétendue de ces diverses parties dans les différens ordres. Ainsi le mé-othorax est peu développé dans les coléoptères et les orthoptères , qui ont des élytres de peu d'usage «Jans l'action de voler. Dans les cigales 5 c'est l'épimère qui se pro- o INS • 437 longe sous le premier anneau de l'abdomen , pour former la grande plaque concave qui recouvre l'instrument du chant chez ces insectes. Les quatre régions du dos sont plus sensi- bles et mieux divisées sur le mésothorax, dans les ordres des lépidoptères, des hyménoptères et des diptères. Dans leslibeK Iules ou demoiselles, c'est lépislernum qui a pris le plus grand, développement. Dans les coléoptères, c'est le métathorax qui offre la même augmentation d'étendue, en raison de l'usage auquel il est destiné , puisqu'il reçoit les véritables organes du mouvement , les ailes membraneuses. Vabdomen ou le ventre est la troisième région du tronc dans les insectes; il ne porte pas de pattes articulées. (Nous l'avons fait connoitre avec détails, tome ï", page 6.) Le nombre des anneaux qui composent cette région, varie d'un à quatorze ou quinze. La plupart portent un trou ou un pore qui se nomme stigmate , et qui est l'orifice d'une trachée. L'abdomen est articulé avec le métathorax dans la région postérieure , tantôt par une large surface ; il est alors dit sessile , comme dans les coléoptères, les orthoplères, etc.: tantôt, au contraire, l'articulation offre un rétrécissement marqué, qu'on nomme pétiole ou pédicule, comme dans le» guêpes, les sphéges. L'extrémité libre de l'abdomen est le plus souvent percée jtar Vanus. Le dernier anneau varie beaucoup pour la forme.- car souvent il est disposé de manière à favoriser le rappro- chement des sexes, ou à faciliter la ponte ou l'introduction des œufs dans les matières qui doivent les recevoir; souvent encore il est organisé de manière à devenir une arme d'of- fense ou de défense. Les crochets, les tarières, les aiguil- lons, les pinces, les lames, les scies, les queues, les filières et les autres instrumens font souvent partie de cette région du tronc. On distingue également dans chacun des anneaux du ventre les régions inférieure, supérieure et latérales, pour en in- diquer la forme, la structure, les taches, les mouvemens, qui fournissent de très-bons caractères , non-seulement pour les genres, mais même pour les espèces et les différences de sexe. (Voyez Abdome>'.) Les ailes sont de véritables membres, à l'aide desquels les ^^58 . INS ^ insectes s'appuient sur l'air et se transportent dans l'atmos- phère (voyez Vol). Elles consistent en pièces articulées sur le méso- et sur le méta-thorax , dans l'intérieur desquels sont placés des muscles très-puissans, qui les meuvent, les étendent, les plissent et les déplissent, les élèvent, les abaissent alter- nativement, et les portent en dehors et en dedans; enfin, ce sont de véritables rames légères, mais solides, constituées par des membranes, soutenues par des rayons ou touches, diversement disposés pour leur donner la souplesse, la résis- tance et la mobilité dont elles ont besoin. Aucun insecte ne naît véritablement ailé, et quelques- uns, qu'on dit Aptères, ne prennent jamais d'ailes; tantôt les insectes n'en ont que deux , on les nomme alors Diptères, ou ils en ont quatre, et on les dits alors Tétraptères. Quand il y a quatre ailes, on nomme supérieures celles qui sont insérées plus près de la tête ou sur le mésothorax ; on ap- pelle inférieures, celles que supporte le métathorax. Dans les insectes à quatre ailes , lorsque les supérieures sont plus épaisses , lorsqu'elles ont une autre consistance que les inférieures et qu'elles servent comme de gaines ou d'é- tuis aux véritables ailes membraneuses , on les nomme des élytres ou des demi-éljytres : tels sont les Coléoptères, les Or- liHOPTEREs en général et les Hémiptères. Chez les autres insectes , qui ont quatre ailes à peu près d'égale consistance et qui servent également à l'action du vol , on distingue celles qui sont comme couvertes d'une poussière écailleuse, et celles qui sont à peu près nues. Les premières sont celles des Lépidoptères, et les autres s'obser- vent dans les Gymnoptères. Ces dernières se distinguent en ailes à nervures disposées principalement dans la longueur, comme chez les Hyménoptères, et en celles dont les nervures transversales sont nombreuses, comme en réseau : telles sont celles des Névroptères. C'est d'après la présence, le nombre et la forme des ailes, qu'où a classé ou plutôt formé les huit ordres dans la classe des insectes, comme on le voit par le tableau que nous présenterons dans la suite de cet article. 11 y a en outre beaucoup de modifications dans la forme des ailes, dans leur structure, et même dans quelques appendices, qui tantôt '> * INS •> 439 lient les ailes entre elles, comme les anneaux, les boucles, les crochets, les ardillons, les balanciers, les caillerons ou ailerons, etc. Tous ces détails seront présentés à l'article Vol dans les insectes, où ils peuvent être beaucoup mieux exposés. Les pattes ou les pieds des insectes sont , comme nous l'avons déjà dit, le plus souvent au nombre de six dans les véritables insectes .- elles sont disposées par paires , reçues chacune dans une des pièces du thontx. On distingue en général dans les pattes des insectes quatre régions, savoir, la hanche, la cuisse , la jambe et le tarse. La hanche [coxa) est une pièce courte, le plus souvent en- châssée , mais mobile, dans le prothorax pour la première paire de pattes, dans le mésothorax pour la paire moyenne, et dans le métathorax pour la paire postérieure. La forme de cette hanche et son mode d'articulation varient le plus souvent; il est le même pour les postérieures, mais tout-à- fait différent pour la paire de pattes qui se porte en avant, tandis que les deux autres sont dirigées en arrière. Tantôt cette pièce de la hanche est globuleuse et ressemble à une sphère reçue dans une cavité arrondie, comme le genou des mécaniciens ; tantôt elle est aplatie , ovale , alongée , linéaire , et tellement engagée dans la pièce correspondante du tronc qu'elle semble en faire partie et s'y confondre ; voilà pour- quoi la plupart des auteurs n'en font pas mention. Cependant on l'a observée dans quelques dytiques, où elle forme une sorte d'oreille, ce qui leur a fait donner le nom de cnémi- dotes. On l'a aussi remarquée dans les blattes, les forbicines. La ouiise ou le fémur est la seconde articulation de la patte; sa forme varie beaucoup , ainsi que ses proportions. Quel- quefois elle porte à sa base une sorte d'appendice mobile qu'on nomme trochantei , et dont on ignore encore l'usage : il a été observé en particulier dans les coléoptères créophages. Cette cuisse est remarquable , tantôt par sa grosseur, comme dans les alurnes, les altises, les donacies, les œdémères, quel- ques syrphes , les hirtées ; tantôt par sa longueur, comme dans les sauterelles, les criquets, les truxales, les puces, les chalcides : on y observe aussi les pointes, les épines, les membranes, les rainures , les arêtes et plusieurs autres par- ticularités. 44o f LNS *^ ' La jambe ou le lihia est la troisième portion ou articula- tion de la patte , placée entre le tarse et la cuisse. Elle pré- sente autant de variétés que le fémur par sa conformation: elle en a ordinairement la longueur. Sa forme varie suivant les usages : son bord est dentelé et sa surface aplatie dans les insectes fouisseurs. Ce tibia est cilié dans les insectes nageurs; garni de brosses ou de poils roides dans quelques abeilles, comme celle dite à manchettes; garni d"épines mobiles dans beaucoup de lépidoptères, dans les hydrophiles, etc. Le tarse ou le doigt est ordinairement composé de plusieurs articulations ou phalanges qui terminent la patte. Ces articles varient, pour le nombre, depuis un jusqu'à dix ou douze, selon les ordres. Il est à peu près constant dans certains prdres ; quelques aptères en ont seuls plr.s de cinq. Ce nombre est le plus considérable qui ait été observé dans les autres ordres. Ordinairement les pattes moyennes ont le même nombre d'articles aux tarses que les antérieures ; mais celles qu'on nomme postérieures ont souvent moins d'ar- ticles que les autres. On a étudié avec soin , depuis Geolîroy , ce nombre des articles aux tarses; il a même fourni de bons caractères pour établir des sous-ordres parmi les coléoptères. Ainsi , on a nommé dimérés , ceux qui n'ont que deux articles aux tarses; triméres , ceux qui en ont trois; létramérés , ceux qui en ont quatre; pentan.érés, ceux qui en ont cinq; enfin, on a désigné sous le nom de coléoptères hétéromérés , les es- pèces qui n'ont que quatre articles aux pattes de derrière, tandis qu'on leur en compte cinq aux deux autres paires. L'avanl-dernier article des tarses, ou le pénultième, présente quelques variétés pour la conformation et les usages auxquels il est destiné dans les insectes. 11 en est de même du dernier, qui supporte un, deux, trois ou qiiatre crochets ou ongles, dont la forme présente également beaucoup de modifications; quelijuefois il est tellement réduit qu'il semble manquer tout-à-fait. Dans quelques espèces il n'offre qu'une seule pièce, et les màles ont souvent les tarses antérieurs disposés de manière à pouvoir adhérer sur le corps des femelles, qui sont, à cet égard, autrement conformées : tels sont quel- ques hydrophiles , quelques dytiques, quelques crabrons , quelques asiles. Chez d'autres , cette dilatation des tarses a « INS '' 4/.1 des usages diffërens, comme dans les abeilles. Chez quelques- uns tous les articles des tarses sont velus en-dessous, comme dans quelques donacies, dans quelques charansons ; parfois, quelques articles seulement, comme le pénultième ou le der- nier, offrent cette conformation, ou une sorte de pelote, de houppe, de ventouse, de disque ou de demi-disque épaté, comme dans les capricornes, les asiles, les mouches. Les crochets ou les ongles sont aussi différemment orga- nisés ; car ils forment la pince, la griffe, la serre, le tire- bourre. (Voyez Tarses dans les insectes.) Telles sont à peu près les formes extérieures des insectes. Notre intention ne peut être d'exposer toute l'organisation de ces animaux, ce qui exigeroit des détails qui ne sont i;as de la nature de cet ouvrage. Nous croyons cependant devoir indiquer avec plus de détails les modifications que les fonctions principales paroissent avoir éprouvées, dans les insectes, sous le rapport des mouvemens , des sensations, de la nutrition et de la reproduction. §. 2. Fonctions des insectes. Nous avons déjà insisté, à l'article Entomologie, sur le rang élevé que paroit devoir occuper la classe des insectes dans l'échelle des êtres : qu'il nous suffise de rappeler ici que, sous le rapport de l'animalité, ou pour ce qui constitue essentiellement l'être vivant et animé, les insectes viennent immédiatement après les animaux vertébrés, puisqu'ils ont un tronc articulé, supporté par des mem.bres articulés, et qu'ils jouissent de toutes les espèces de mouvement; que, rela- tivement à leur masse, ils le manifestent à un degré tel que plusieurs se transportent sur la terre, dans l'air, dans l'eau et à sa surface, avec la plus grande rapidité; qu'ils sont doués également de la faculté de percevoir vivement et à distance , au moyen des organes des sens, la plupart des qualités des corps, et peut-être plus et mieux que nous ne pouvons les apprécier nous-mêmes ; que , chez eux , les organes de la res- piration , répandus par tout le corps , sont mis en contact avec les humeurs, pour les rendre propres à l'excitation de la vie, ce qui compense et peut-être dépasse en énergie le défaut de la circulation : de sorte que les organes de la nutrition et 442 ' IIVS ' leur complément, ceux de La génëralion , ne sont pas moins énergiques ni moins parfaits que ceux des crustacés, des annelides, des mollusques et des zoophytes. Les Movp^EMENs dans les insectes, quoique très-A'ariés, ont exigé peu de complication : comme les parties de leur corps sont, en général, très-symétriques, on retrouve à gauche ce qui s'observe de l'autre côté , de sorte que , sous ce rapport, l'étude de la moitié de leur corps donne l'idée de la partie correspondante. Ensuite, quant au tronc, la tête et ses an- nexes, comme les parties de la bouche et les antennes, sont seules très- mobiles. Les trois régions du thorax sont mues en totalité par les membres, et elles servent plutôt de point d'appui qu'elles ne déterminent le transport. Enfin , les an- neaux de l'abdomen sont en général articulés les uns sur les autres de la même manière , de sorte que les muscles de l'un des segmens se retrouvent à peu près les mêmes sur les seg- mens qui précèdent et sur ceux qui les suivent. La plupart des articulations s'opérant en ginglyme ou en charnière, deux muscles ont suffi pour les produire : un ex- tenseur, en général plus petit, et un fléchisseur ou adducteur, beaucoup plus volumineux. Ces muscles sont toujours placés à l'intérieur ou dans la cavité des articulations, de sorte que les pièces cornées des membres, par exemple, sont des étuis pour les muscles : absolument comme on le voit dans les pinces des homards et des écrcvisses, qui sont très-propres à servir de démonstration dans ce cas. Les muscles des insectes offrent cette difficulté dans leur étude, qu'ils ne sont réellement circonscrits et distincts que par leur insertion ou par la terminaison de leurs fibres sur un tendon solide ou prolongement articulé de la pièce qu'elles doivent mouvoir. Comme il n'y a point de vaisseaux ni de tissu tonienteux cellulaire dans les insectes, ces fibres ne sont pas liées entre elles , et quand elles sont séparées de leur insertion ou de leur attache fixe , elles restent flottantes comme des houppes, ce qui rend leur étude fort difiicile. Dans les insectes mous, comme dans les orthoptères, tels que les sauterelles; dans les diptères, mais surtout dans les larves et les chenilles, cette étude est beaucoup plus facile. Lyonnet, dans son beau Traité sur l'anatomie de la chenille '• INS * 445 du cossus, a donné d'excellentes figures de ces organes du mouvement; on retrouve également des descriptions et des dessins exacts des muscles , dans la Bible de la nature de Swammerdam. Nous-mêmes nous nous sommes livrés à cette étude, et nous avons consigné, dans le premier volume de TAnatomie comparée de M. Cuvier, les recherches que nous avons jointes à celles de ce savant, lorsqu'il a bien voulu nous associer à ses travaux et à la publication de cet ouvrage, au- quel nous croyons devoir renvoyer le lecteur pour de plus amples détails. Sensibilité. Les insectessont évidemment doués d'un système nerveux, et ce système est absolument le même que celui qu'on retrouve dans les crustacés et les annelides. Il consiste dans une moelle nerveuse assez homogène, composée le plus souvent de douze ganglions ou renflemens successifs , placés à la file les uns des autres, dans toute la longueur du corps, depuis la tête jusqu'à l'extrémité opposée du tronc. De ces renflemens partent constamment deux nerfs qui vont se joindre au renflement suivant, et de plus d'autres nerfs, en nombre variable , qui partent en irradiant pour se rendre dans tous les organes circonvoisins , et qui sont d'autant plus gros ou plus alongés que ces organes sont eux-mêmes plus développés ou plus éloignés du ganglion. Ces renflemens principaux sont généralement disposés ainsi : le premier, qui a été regardé comme un cerveau, est situé dans la tète, au-dessus de la bouche et de l'origine du conduit des alimens ; outre les filets qu'il fournit aux diverses parties de la bouche , qu'il est inutile d'examiner ici , il en envoie de plus gros aux yeux , aux antennes , et deux en arrière , qui lient le premier ganglion au suivant. Ces deux filets embrassent consiamment l'œsophage , et lui forment ainsi une sorte de collier que les alimens doivent traverser. La série des autres ganglions reste alors sous les intestins et dans la partie inférieure du corps, îl y en a trois dans la poitrine : un pour le prothorax, qui donne les nerfs des pattes de devant ; un pour le mésothorax, qui fournit les nerfs des ailes supérieures ou des élyfres, et ceux des pattes moyennes; enfin, dans le métathorax , le ganglion correspondant, qui est le quatrième de la série, fournit les nerfs des ailgs inférieures et des pattes postérieures. 444 ' INS ' Chacun (Feux donne les deux filets qui établissent la série des renflcmens : arrivés dans l'ahdoinen , cette série offre autant de rentlemens qu'il y a d'anneaux, et ces ganglions fournissent les nerfs des muscles, ceux qui accompagnent les vaisseaux à air, les viscères génitaux, digestifs et sécréteurs. On conçoit que les larves ont les nerfs autrement disposés; cependant ce sont absolument les mêmes que ceux qui se manifesteront dans l'insecte parfait, avec cette différence, par exemple , que les renflemens ou les ganglions s'éloignent les uns des autres ou se rapprochent, suivant que la larve, de courte qu'elle étoit, comme celle du fourmilion, donne un insecte alongé. ou bien que d'une larve alongée , comme de celle du scarabée ou du hanneton, il en provient un insecte beau- coup plus court. Il n'y a pas le moindre doute que les parties dont nous venons de parler, ne soient les instrumens par lesquels l'in- secte perçoit ses sensations, et que ces filets nerveux ne transmettent dans les organes la sensibilité dont ils sont doués, en liant entre elles toutes les parties du corps. Des expériences positives l'auroient démontré, lors même que l'analogie n'eût pas été évidente. Mais il s'agit d'examiner maintenant comment les insectes perçoivent les sensations : nous allons successivement exposer les notions acquises sur les organes des sens dans les insectes. Vue. Les yeux existent évidemment dans tous les insectes parfaits, et même dans les larves qui sont obligées d'aller cher- cher elles-mêmes leur nourriture. Quant à celles qui se déve- loppent au milieu de leurs alimens , si elles y ont été dépo- sées par leur mère, et quant aux espèces qui sont condam- nées à vivre dans une obscurité profonde où l'on ne peut supposer que la lumière arrive jamais, on n'observe pas chez elles les instrumens de la vision. Nous avons déjà dit que beaucoup d'insectes avoient deux sortes d'yeux : i.° ceux qu'on nomme lisses ou stemmates, dont le nombre varie et dont les usages réels ne sont pas encore bien connus, quoique, par analogie , on les croie propres à la vision, puisque les araignées, les scorpions, les faucheurs n'en ont pas d'autres; 2.° les véritables yeux, dont la surface est à facettes ou à réseau, ce qui leur donne une a- INS . 445 organisation très-compliquée. Quand on examine, en effet, la superficie de ces yeux à la loupe, et quelquefois à la vue simple, comme dans les papillons, les demoiselles, les mou- ches, les taons, on voit qu'ils sont taillés de manière à pré- senter beaucoup de petits tubercules ou de plans diversement combinés, qui paroissent former autant de cornées ou de petits o])jectifs, c'est-à-dire, de premières lames, que doivent traverser les rayons lumineux émanés de la surface des objets. Chacun de ces petits plans est distingué de ceux qui l'avoi- sinent par des lignes ou des sillons , sur lesquels ii n'est pas rare d'observer des poils. Quand on enlève ainsi l'ensemble de cette cornée géné- rale, et qu'on l'applique à l'objectif d'un microscope, après l'avoir nettoyé ou débarrassé de la matière colorante qui semble foriiier autant d'iris et de trous pupillaires qu'il y a de plans divers, les objets vus à travers se répètent autant de fois qu'il y a de facettes. On présume que les apparences des corps se peignent ainsi dans les yeux des insectes, qui sont toujours immobiles ou adhérens à la partie solide de la tête. On voit se rendre de très-gros nerfs optiques dans ces yeux. Leur teinte varie beaucoup : car il en est de noirs, de blancs, de jaunes, de verts, de bleus, de rouges; enfin, de toutes les teintes et de toutes les nuances, souvent même avec l'éclat métallique de l'argent , de l'or et du cuivre. Cette matière colorante est une sorte de membrane cho- roïde, dans laquelle on distingue autant de cellules qu'il y a de facettes, et dans chacune de ces cellules, ainsi que Swammerdam l'a décrit dans sa Bible de la nature et représenté à la planche XX de cet immortel ouvi-age, on voit parvenir un filet nerveux de la masse optique. Il est évident, d'après les expériences de Delahire , insérées dans les Mémoires de l'Académie des sciences de Paris, tome X, page 609 et suiv. , et d'après les recherches de Stancari, de Bologne , que les yeux sont, chez les insectes, organisés de ma- nière à leur faire percevoir l'image des corps; car, quand les yeux sont couverts d'un enduit opaque, quand leur surface est altérée par quelque caustique ou par un instrument tran- chant , et lors même qu'elle n'est couverte que d'une poussière très-fine , l'insecte est aveuglé et va se heurter contre tous 446 r I]VS f les corps, sïl ne s'élève pas verticalement dans l'atmosphère , comme cela arrive aux oiseaux sur lesquels on fait la cruelle expérience de les aveugler ou de leur obscurcir les yeux subitement. Leuwenhœck. a reconnu 3,i8i facettes dans l'œil d'un scarabée, 8000 sur celui d'une mouche. Dupuget , dans ses Observations sur la structure des yeux des divers in- sectes, imprimées à Lyon en 1706, a compté sur l'œil d'un papillon 17,025 facettes. Ouie. Tous les naturalistes sont persuadés que les insectes sont doués de la faculté de percevoir les sons ou les ébranlemens de l'air, puisque plusieurs en produisent dans les circons- tances de la vie où il leur devient important de se manifester réciproquement leur existence. Le chant de la cigale , le bruissement des sauterelles et la stridulation des criquets, le grognement des courtilières , le bourdonnement des abeilles, le tintement des cousins, le piaulement des syrphes, le tic et tac des psoques, le tapotement des vrillettes, et tous ces bruits, ces strideurs, ces frémissemens , ces oscillations, ces murmures des criocères, desleptures, des capricornes, des donacies, des ateuches, des blaps, des sphinx, sont certai- nement destinés à être perçus par un organe spécial; mais on en ignore le siège dans les insectes : c'est peut-être parce qu'on a voulu par analogie en rechercher l'existence vers la tête. Jusqu'ici on n'a établi que des conjectures a cet égard. Il faut avouer que tout porte à croire que les insectes per- çoivent les sons; mais on ne sait pas encore où réside chez eux l'organe destiné à en transuiettre l'idée ou l'image. Odorat. Quant à l'organe de l'odorat, quand on réfléchit à la nature même de cette perception , on est étonné que les physiologistes aient voulu, par une analogie peu réfléchie, trouver vers la tête des insectes l'instrument destiné à arrêter les odeurs et à en apprécier les qualités. Que les mammifères, les oiseaux, les reptiles soient organisés comme l'homme, sous le rapport de l'olfaction, cela devoit être, puisque tous respirent par des poumons, et que l'air qui pénètre dans leur corps pour cet usage n'y peut parvenir que par une seule route , qui est la double entrée des narines : c'est sur ce passage forcé, et à l'orifice même, que l'essai de la nature de cet air doit être fait, pour que l'animal soit averti du danger de l'admettre ou de la nécessité de le repousser. i> " INS • 447 Les odeurs ont en effet la plus grande analogie avec les saveurs. Elles consistent matériellement dans les particules des corps tenus en suspension , les unes dans les gaz , les autres dans les liquides. Les fluides élastiques dissolvent continuel- lement les corps à leur surface ; ils se chargent par cela même de quelques atomes de leurs parties constituantes, et ils les retiennent ainsi suspendues dans une sorte de dissolu- tion, disposés à les abandonner lorsqu'elles auront plus de tendance à s'unir à d'autres substances. Dans quelques cir- constances les corps très-volatiles, et souvent par cela même trés-odorans , prennent momentanément la forme de vapeurs ou de gaz non permanens, qui jouissent de la plupart des propriétés de l'air ou des fluides élastiques avec lesquels ils se mêlent. C'est donc sous ce point de vue, et comme des corpuscules gazéifiés ou des fluides aériformes, que Ton doit étudier la manière d'agir des oder.rs. Transmises nécessairement par l'air, qui est leur seul véhi- cule, les odeurs tendent à pénétrer avec lui dans le corps de l'animal ; arrêtées , sur leur passage , dans une sorte de bureau de douane où elles doivent être promptement visitées et analysées, elles sont mises là en contact avec une surface humide , avec laquelle elles ont quelque aflînifé : elles s'y combinent aussitôt; mais en même temps elles touchent et avertissent de leur présence des nerfs distribués sur ces mêmes parties, qui reportent au cerveau, dont ils sont le prolongement, l'action chimique ou physique, en un mot, la sorte de sensation qu'ils dénotent ou que peut-être ils ont éprouvée. Les odeurs sont donc , comme toutes les autres sensations physiques, une sorte de toucher, dans lequel le corps, quelle que soit sa nature, vient au-devant de l'organe et se trans- porte sur la seule partie de l'animal où son action puisse manifester toutes ses propriétés. En dernière analyse, toutes nos sensations se réduisent ainsi, ou à une taction passive, c'est-à-dire à l'action d'être touché ; ou à un tact actif, qui nous donne la faculté de porter notre corps , ou quelques parties de notre corps, sur la surface des objets, pour en apprécier quelques qualités. Par cette admirable disposition nous éprouvons l'action de 448 . l]yS la plupart des corps. C'est ainsi que la lumière, fluide impon- dérable, qui se modifie si diversement à la surface des objets , en transmet l'image dans l'œil , en s'appliquant exactement sur le nerf de la rétine; que la matière de la chaleur ou le calorique se met en équilibre avec notre corps, s'y applique ou s'en échappe, en manifestant ainsi sa présence ou son dé- faut ; que les vibrations communiquées aux corps se trans- mettent, soit directement par le contact, soit par l'intermède de l'air ou des gaz, à une petite quantité d'air renfermée dans l'un de nos organes, avec laquelle elles se mettent en harmonie parfaite, pour faire apprécier les sons et produire Taudition; que les matières, enfin , qui sont susceptibles de se dissoudre dans les liquides , viennent manifester leurs qualités sur la région de l'animal oii elles avoient le plus grand besoin d'être appréciées avant de parvenir dans l'intérieur de son économie, puisque la saveur est une des qualités de l'ali- ment. En dernière analyse , tous les organes des sens sont constitués par des appareils chimiques ou physiques, véritables éprou- vettes où des nerfs aboutissent, pour faire naître à l'instant même l'idée complète de la perception et de la sensation réelle. Nous avions besoin d'entrer dans ces détails physiologiques pour exposer nettement comment on conçoit que se fait dans les insectes ia sensation des odeurs. Il est bon de rapporter d'abord des faits qui prouvent que les insectes jouissent de cette sensation. II semble que la nature , en douant de l'existence cette innombrable quantité d'êtres destructeurs, ait eu pour but de les employer à faire disparoîtie les tristes restes des êtres organisés privés de la vie, afin de rendre plus tôt à la masse générale les élémens qui les composent, pour en former promptement de nouveaux par un cercle continu de créa- tions et de destructions. Pour parvenir à ce but, elle a, pour ainsi dire, intéressé à ses travaux tous les êtres qu'elle destinoit à cet emploi im- portant, en leur donnant des goûts et une manière de vivre analogues aux fonctions qu'ils étoient appelés à remplir; et, afin de porter ici, comme dans toutes ses œuvres, la perfec- c, • INS • 449 tion à son plus haut degré, elle a doué ces animaux d'une sensation toute particulière et propre à leur genre de vie. C'est par le milieu même dans lequel ils habitent, que les insectes sont avertis de la présence des corps qui peuvent servir à leur nourriture : l'air, en se chargeant des émana- tions odorantes qui s'en dégagent continuellement, va porter dans l'organe respiratoire toutes les molécules qu'il tient en suspension ; il devient ainsi le guide invisible de l'animal qui cherche à subvenir à ses besoins. Les premiers observateurs de la nature n'avoient point suivi avec l'attention convenable le mode de décompositioa des êtres organisés. Voyant paroître presque subitement des insectes destructeurs, des larves, ou, comme ils le disoient, des vers, dans les cadavres, ils les regardoient comme le produit de la corruption. Il n'y a pas deux siècles que Rédi prouva , par des expériences concluantes , que les vers y étoient déposés par des mouches et d'autres insectes ailés, et que ceux-ci avoient été attirés par ce qu'on nommoit Vins- tinct sur les corps qui se décomposoient : c'est ce qu'on observe maintenant tous les jours. C'est ainsi qu'on voit arriver de toutes parts des insectes sur le résidu des alimens qui ont été soumis à l'action diges- tive. Tels sont particulièrement les bousiers, les sphéridies , les escarbots , les stpphylins, les mouches, qui soulèvent ces matières, les perforent, leur font présenter plus de sur- face à l'humidité, au dessèchement, à la dissolution, en les dispersant ou en les étendant sur un plus grand espace. Tels sont encore les nécrophores, les boucliers, les dermestes, les anthrènes , les ptines, qui paroissent principalement attaquer et appelés à détruire les matières organiques ani- males privées de la vie. On refusoit à ces insectes l'organe de l'odorat; mais on les supposoit doués d'une vue si perçante qu'elle suppléoit à ce défaut. Quelques expériences cependant peuvent combattre cette opinion et en faire adopter une tout-à-fait opposée. Certaines fleurs prennent une odeur fétide et cadavéreuse tellement prononcée , qu'on y voit arriver, lors de leur plus grand épanouissement, un très-grand nombre d'insectes qui vivent ordinairement dans les matières animales soumises à 23. 25 45o , IJXS ' la décomposition putride. C'est ainsi que les spathes de la ser- pentaire [arum dracunculiis) , les corolles de la stapelia variée, se trouvent souvent couvertes ou remplies de sylphes, d'escar- bofs, delà mouche delà viande et autres insectes, qui vien- nent non-seulement dans l'espoir d'y trouver leur nourriture, mais même pour y déposer leur prog^éniture. Peut-on se re- fuser ici à l'évidence , et ne pas reconnoître , d'abord , que ces insectes ont été trompés par leurs organes de la vision; qu'en- suite ceux de Todoration ont produit non-seulement le mou- vement volontaire ou le transport de l'insecte vers le lieu où se volatilisoient les molécules odorantes, mais que, de plus, trompé par cette sensation illusoire, l'insecte a été jusqu'à déposer ses œufs sur une matière que son odorat seul lui avoit indiquée comme propre à recevoir ces dépôts pré- cieux ? Ne voit -on pas les abeilles, les guêpes, les sphinx, les papillons et tous les insectes qui se nourrissent du suc des végétaux ou du nectar des fleurs, arriver en grand nombre vers la plante qui le produit, aussitôt qu'il en découle ou que les pétales sont ouverts? C'est encore en vain qu'on chercheroit à expliquer ici cette attraction , ce mouvement, par la sensation visuelle de l'in- secte : car, malgré le soin des fleuristes, qui enveloppent leurs tulipes dans des châssis de toile; malgré ceux de l'épicier, dont le miel est caché par les douves du baril qui le ren- ferme, l'insecte arrive, averti par l'odeur, et fait toutes les tentatives possibles pour parvenir vers le lieu d'où elle émane directement. Les insectes jouissent donc du sens de l'odorat. Mais dans quelle partie de leur corps réside l'organe propre à cette perception P II est probable que cette sensation s'opère chez eux , comme dans tous les autres animaux , par l'organe res- piratoire. Mais, dans les insectes, comme nous allons bientôt l'exposer, la respiration a lieu par des orifices nombreux qui correspondent à la plupart des anneaux du corps, excepté à la tête. On nomme stigmates, ces ouvertures, qui toutes aboutissent aux trachées ou aux vaisseaux à parois élastiques, toujours remplis de l'air ambiant, qui y arrive sans doute chargé de tous les corpuscules odorans, comme chez les autres INS • ^s^ animaux. Maïs ce gaz pénètre-t-il ainsi dans le lacis des vais- seaux aériens ? ou bien dépose-t-il ces molécules à l'entrée même des stigmates ? C'esl^^ce qu'il est difficile de décider, quand on n'éprouve pas soi-même cette sorte de sensation ; car certainement nous n'aurions aucune idée de la fonction admirable de la membrane pituitaire des animaux, si nous n'éprouvions pas évidemment la sensation des odeurs, et si, dans certaines circonstances appréciables, nous n'étions pas privés de l'olfaction^' Goût. On conçoit aisément que les insectes ont la faculté de distinguer les saveurs. On a cru long-temps qu'elle rési- doit dans les palpes , parce que ces parties de la bouche sont continuellement en mouvement et appliquées sur tous les points de l'aliment, à mesure qu'il est divisé et broyé par les mandibules et les mâchoires. On étoit porté à cette idée, parce que, dans un très-grand nombre d'espèces, l'extrémité des palpes se renfle , se ramollit et devient comme vésicu- leuse; c'est encore à cause de cette particularité que quel" ques physiologistes ont émis l'opinion que l'organe de l'odo- ration pouvoit siéger dans cette partie. Cependant les palpes n'existent pas dans un très-grand nombre d'insectes, ou bien ils sont très-courts et ne peuvent en aucune manière servir à cet usage. Il vaut mieux présumer que les saveurs se mani- festent chez les insectes, comme dans la plupart des animaux, dans l'intérieur même du canal digestif, et principalement à son origine ou dans la bouche. Chez tous, en effet, les ali- mens pénètrent, ou sous la forme liquide, comme dans les insectes suceurs, les diptères, les hémiptères, les lépidop- tères, beaucoup d'hyménoptères, ou ils sont liquéfiés par la salive que l'animal unit aux particules qu'il détache et qu'il broie avec les mâchoires pour les porter sur le prolongement de la lèvre inférieure , qui porte à l'intérieur le nom de langue ou de languette [ligula] , parce qu'elle en remplit les fonc- tions. Il se rend, en eff'et , vers cette partie, des rerfs très- distincts. Lyonnet les a représentés parfaitement dans son i Nous avons extrait ces détails, relatifs à l'organe de l'odorat, duti Mémoire que nous avons publié sur cet objet en l'an V (1796)^ Magasi» «ncjclopéUi'jue, tome II, p. ^35 et suiv. 452 * INS Histoire analomique de la chenille des cossus. Ainsi, c'est dans la bouche que Ton doit supposer le siège de l'organe du goût, dont les insectes sont certeinement doués, puisqu'ils recherchent ou abandonnent certaines sortes d'alimens après en avoir opéré la dégustation. Le toucher, dans les insectes, paroît être l'un des sens les moins développés. Ce n'est pas que ces animaux soient privés de parties propres à être mises en contact avec les différens points de la surface des corps; mais ces parties sont générale- ment couvertes d'une peau dure, souvent cornée, et qui se refuse par conséquent à une application immédiate, comme l'exige l'appréciation des qualités tangibles descorps. D'ailleurs, l'idée de la température plus ou moins élevée , de la mollesse ou de la solidité, delà masse ou de l'étendue en longueur, largeur et épaisseur, ne peut pas être facilement acquise par l'insecte au moyen du toucher. Les organes que l'on suppose destinés à cet usage dans les insectes, sont d'abord les antennes. Il est vrai que ces sortes de cornes , surtout lorsqu'elles sont alon- gées et formées d'un grand nombre d'articulations, semblent être des sortes de tentacules que l'insecte met continuelle- ment en mouvement pour explorer sa route et pour con- noître les obstacles : c'est ce que l'on voit dans les sphèges, les ichneumons , les chrysides, qui ont les antennes, comme on le dit, très-vibratiles ; c'est ce qu'on observe encore dans les capricornes et la plupart des xyiophages, dans les créo- phages , comme les carabes, les cicindèles : mais dans d'au- tres insectes les antennes sont formées par un simple poil ou par quelques anneaux très-courts. A quoi servii'oient ces antennes dans les mouches , les cigales, les demoiselles? Se- condement, on a cru pouvoir attribuer aux palpes cette même faculté du toucher ; mais ces palpes , à la vérité très- mobiles dans les insectes màcheurs, sont à peine en rudiment ou tout-à-fait nuls dans les insectes suceurs , comme les hé- miptères, et leur forme est tout-à-fait changée. Enfin, les tarses sont certainement les parties les plus pro- pres à donner à l'insecte l'idée de la nature des corps sur lesquels ils s'appliquent. Ils offrent, en effet, chez la plupart une assez large surface spongieuse qui, dans les mouches, les chrysomèies ; les capricornes, peut facilement s'adapter INS • 455 à la superficie du corps. Chez d'autres, comme dans les hé- miptères, les hyménoptères , ces tarses sont en général alon- gés , composés d'articulations très-mobiles. Enfin, dans les araignées, les faucheurs et beaucoup d'autres aptères, ces tarses sont évidemment des instrumens qu'ils emploient pour explorer la solidité et la nature des corps sur lesquels ils vont se transporter, KuTRiTioN. Tels sont les organes des sensations dans les in- sectes : étudions maintenant, chez ces animaux, la fonction nutritive. Nous avons déjà vu que quelques insectes se nourrissent de matières liquides, et qu'ils sont dits suceurs; tandis que d'autres, attaquant les substances solides, sont obligés de les diviser, de les humecter, de les broyer, et qu'à cet effet ces insectes sont munis de mandibules et de mâchoires à l'aide desquelles ils écrasent et réduisent en pulpe leurs ali- mens , et qu'on les nomme , dans ce cas , mâcheurs. Les insectes, comme tous les êtres animés, tirent les élémens de leur nutrition des corps organisés ou des matières qui ont été déjà empruntées par d'autres êtres vivans à la nature brute ou inorganique ; mais les modes de l'alimentation sont extrêmement variés, comme nous allons brièvement l'expo- ser ici , nous proposant de développer ce sujet, avec tous les détails qu'il eomporte , à Tarticle Nutrition dans les insectes. Il faut d'abord savoir que très-souvent le genre de nourri- ture varie extrêmement, dans une seule et même espèce d'in- secte, aux diverses époques de sa vie. Telle espèce est car- nassière ou se nourrit du suc des animaux, dans son premier âge, qui devient ensuite herbivore; telle autre, au con- traire , est forcée de se nourrir d'abord de débris de végé- taux, qui, par la suite, ne pourra se sustenter qu'avec les humeurs ou les parties solides des animaux. Quelques-uns également pourront, pendant un temps de leur existence, absorber ou sucer leur nourriture sous forme liquide, et, par conséquent, sans la mâcher; tandis que, dans d'autres cir- constances, les parties de la bouche ayant changé de forme, ils n'attaqueront que les solides. Il seroit nécessaire d'apporter ici un si grand nombre d'exemples de ces modifications, que nous nous contacterons d'en citer quelques-uns des plus re- marquables. 4^4 r INS ' L,es hydrophiles, qui dans leur premier âge sont ce qu'on appelle des vers assassins , qui attaquent et sucent les têtards des reptiles, les petits poissons, les mollusques, les insectes mous, et qui, sous leur dernière forme, ne recherchent plus que les plantes aquatiques et les feuilles à demi décom- posées des A'égétaux qui tombent dans leau , nous présentent un cas évident d'un zoophage qui devient phytophage : il en est de même des anthrènes , des téléphores, etc. Dun autre côté, les larves des fourmilions sucent leur proie sans la mâ- cher , et l'insecte parfait a la bouche parfaitement organisée pour broyer les alimens. En sens inverse, ne voyons -nous pas les chenilles des lépidoptères, comme le ver à soie , ronger et mâcher les feuilles; tandis que les papillons, les bombyces ne peuvent que sucer le nectar des fleurs avec leur langue ou trompe , qui se roule en spirale? Ces différences de mœurs et de conformation dans les parties de la bouche sont tou- jours liées avec d'importantes modifications dans les autres organes digestifs. Tous les insectes sont doués d'une sorte d'instinct qui les porte à déposer leurs œufs , ou les germes de leur progéni- ture, dans le lieu qui leur présentera une nourriture plus facile , ou bien les parens pourvoient d'avance aux besoins de la famille qui doit leur succéder. Quelques-uns, comme les abeilles, les fourmis, les termites, travaillent en commun à la nourriture des petits, et leur préparent une pâtée dont les molécules ont été soumises à une sorte de préparation digestive, comme le font les oiseaux et surtout les pigeons. Toutes les familles des plantes, et leurs parties diverses, de- viennent l'aliment de certaines espèces d'insectes, qui sucent ou dévorent les racines, les tiges, les feuilles, les fleurs, les différentes parties des fruits; d'autres recherchent les ani- maux, vivent à leur surface, dans leur intérieur : chaque espèce semble être attachée à telle ou telle race , ou attaquer quelques animaux pendant leur vie ou après leur mort. Ci- tons, par exemple, les œstres, les hippobosques, les mélo- bosques, les tiques, les puces, les poux , les ricins, les cou- sins, les taons, les stomoxes , les asiles, les araignées, les demoiselles, les carabes, les cicindèles, les staphylins , les téléphores, les coccinelles, les mantes, les gpunaises , les ré- INS •> 455 duves, les notonectes , les naucores, etc. , qui sucent ou ron- gent les animaux pendant qu'ils vivent encore ; tandis que d'autres les détruisent après leur mort, ou s'attachent a leurs dépouilles dans toutes les circonstances possibles, dans l'eau, dans la terre ou dans l'air : tels sont, entre autres, les der- mestes, les boucliers, les nécrophores , les nitidules, les an- thrénes, les ptines , les nécrobies , les blattes, les teignes, etc. Quelques-uns se développent dans l'intérieur même des animaux vivans, comme les larves d'œstres , d'échinomyes , de mouches, de conops , d'ichneumons, de chalcides, de sphèges, etc. Quant aux organes de la nutrition, ils varient non-seule- ment dans les dilFérens ordres, mais même sous les formes diverses que les insectes prennent lorsqu'ils subissent leurs métamorphoses. On distingue parmi les organes digestifs, la bouche , l'œso- phage ou le conduit qui s'étend de la bouche à l'estomac , l'estomac même, le tube digestif ou canal intestinal et ses annexes, tels que les canaux salivaircs, pancréatiques, biliai- res, qui ne forment pas chez les insectes de véritables glandes sécrétoires. Nous avons déjà étudié les parties de la bouche, d'abord au commencement de cet article Insectes et à celui de Bouche. Nous ne reviendrons pas sur ce sujet, la conforma- tion des organes destinés à saisir et à absorber les alimens , ou , comme on l'a dit, la disposition des instrumens cibaires variant excessivement et ayant fourni non-seulement les ca- ractères des ordres, mais même ceux des genres. L'œsophage vient immédiatement après l'arrière-bouche. C'est un canal plus ou moins alongé et étroit, suivant que l'insecte a le corselet, ou les trois pièces qui forment cette région du corps, plus étendu de devant en arrière. 11 est constamment embrassé à son origine par deux cordons ner- veux, qui proviennent du premier renflement de la moelle épinière contenue dans le crâne, et que l'on regarde comme le cerveau. C'est au-dessous de lui , et ensuite dans toute sa longueur, que l'on distingue les trois ganglions suivans de la série des nerfs noueux, qui se trouvent ainsi au-dessous des intestins, tandis que, dans tous les animaux à vertèbres, la '456 f INS moelle de l'épîne est située au-dessus ou en arrière dans la cavité vertébrale : l'œsophage est musculeux, et les fibres con- tractiles qu'on y observe , sont principalement disposées en longueur. 11 est vrai qu'étant sujet à se dilater partiellement , pour laisser passer le bol alimentaire, pour ainsi dire calibré par la cavité du pharynx , il doit offrir des rides quand il n'est pas rempli. Au surplus, d'après la remarque de M. Marcel de Serres, qui a donné un très-bon Mémoire sur le tube intestinal dans les insectes (mémoire qui a été imprimé dans les Annales du Muséum en i8i3), les fibres circulaires de l'œsophage sont beaucoup moins visibles que dans cette partie du canal qu'on regarde comme le duodénum. I.'estomac, dans les insectes, varie beaucoup, et par sa forme, et surtout parle nombre des poches ou des renflemens qu'il présente. Ainsi, il y a un véritable gésier ou une poche musculaire et fibreuse dans les insectes qui avalent goulûment : leurs alimens sont pour ainsi dire broyés à l'intérieur, après avoir été ramollis soit par la bouche , soit par leur séjour dans l'œsophage, qui constitue alors une sorte de jabot. Quelquefois ce gésier est garni à l'intérieur d'écaillés ou de lames de corne tranchantes ou dentelées, et on l'observe ainsi dans les espèces carnassières , comme dans les herbi- vores ; cependant ce gésier n'existe que chez les insectes mâcheurs. L'estomac est tantôt simple, ou n'offre qu'une légère dila- tation de l'œsophage, dont il est à peine distinct; chez d'au- tres insectes il est membraneux et très -dilaté : tels sont en particulier ceux qui, sous leur dernier état, ne font que pomper le nectar des fleurs , comme les abeilles , les papillons. Chez d'autres suceurs , mais qui ne pompent que les humeurs animales, comme les zoadelges parmi les hémiptères, on trouve un estomac simple encore, mais à parois musculeuses. Le tube intestinal est d'autant plus étendu , et surtout plus long , que l'insecte dans lequel on l'observe est moins carnassier. C'est une observation qui est commune au sur- plus à tous les animaux. Les espèces qui se nourrissent de matières végétales , sont obligées d'en ingérer une grande quantité pour en obtenir une alimentation égale; car, sur tin poids donné, il y a infiniment plus de matière alibile ou INS '^ /.57 nourrissante clans une substance animale, que dans celles que contiennent les plantes : aussi les lapins, les ruminans, tels que la vache, le mouton, par exemple, ont-ils le ventre plus volumineux et les intestins plus longs que le loup , les be- lettes, les lions, etc. Au reste, ce cas général est démontré par quelques circonstances propres à la vie des insectes : ainsi les larves du grand hydrophile noir sont carnassières, et leur tube intestinal n'a guères que la longueur totale du corps. L'insecte parfait est herbivore : ses intestins, roulés en spirale, offrent plus de quatre fois la longueur de la larve. Les têtards des grenouilles nous offrent un exemple, en sens inverse, d'un animal herbivore qui devient zoophage. On distingue dans les intestins la portion qui vient immé- diatement après l'estomac, ou les estomacs (car souvent il se compose de plusieurs poches), et la portion qui avoisine l'anus. La première est regardée comme un duodénum, et l'autre comme le rectum. Quelquefois, près de l'origine du duodénum , il y a des sortes d'appendices ou de prolongemens, en forme de cul -de-sac, qu'on nomme alors des cœcums, dans lesquels on trouve souvent une humeur qu'on a regardée comme une sorte de bile ou de suc pancréatique, parce qu'il y aboutit en effet des filamens qui paroissent appelés à opérer une sécrétion d'une humeur propre à la digestion. La bile proprement dite paroît être fournie par un appa- reil de filamens beaucoup plus longs et plus grêles, qui cons- tituent une sorte de houppe, qui aboutissent quelquefois à un canal cholédoque commun , ou qui se rendent chacun isolé- ment au canal digestif, qu'ils perforent en s'y terminant. Le rectum, ou la dernière portion du tube intestinal, aboutit à l'anus, ou plutôt à l'orifice commun , qu'on peut appeler le cloaque : on y remarque des fibres circulaires qui y forment une sorte de sphincter. On y observe en outre des lignes saillantes, qui y forment des côtes variables qui probablement déterminent la forme que prennent les ma- tières excrémentitielles lorsqu'elles sortent du corps de l'in- secte. Cette diversité de forme est surtout notable dans cer- taines larves ou chenilles, comme dans celles des sphinx, des bombyces, qui dénotent ainsi leur présence sous les branches des arbres ou des arbrisseaux qu'elles dévorent. 458 ' IT^S Consultez principalement sur cet objet le Mémoire de M. Marcel de Serres, déjà cité, et qui a été publié dans le ving- tième volume des Annales du Muséum, et l'article 111 de l'Anatomie comparée de M. Cuvier, tome IV, pages 1 1 2 et suivantes. Quant à la nutrition en elle-même, il n'y a pas le moindre doute qu'elle ne s'opère au moyen des alimens qui doivent fournir aux organes non-seulement les moyens de se réparer, mais surtout de s'accroître et de remplir leurs fonctions. Mais comment s'opère cette absorption ? C'est une question qui n'est pas encore complètement résolue. M. Cuvier a ex- posé les raisons qui font croire que cetle absorption, dans les insectes, s'opère par une sorte d"imbibition , parce qu'ils sont privés d'organes circulatoires, ou de vaisseaux lympha- tiques , artériels et veineux. Il est vrai qu'il arrive à cette opinion par des indications négatives, mais il y est tellement conduit par l'analogie , que ses raisonnemens deviennent une sorte de preuve concluante. Nous allons présenter ici un extrait de son travail à ce sujet, tel qu'il est consigné dans les Mémoires de la société d'histoire naturelle de Paris, tome I.*"^, page 5/j. Il est de fait qu'on n'observe aucun vaisseau sanguin dans les insectes: on n'en connoit qu'un, qui est une sorte de canal régnant le long de la partie moyenne du dos dans toutes les régions. On le voit très -bien dans les chenilles, surtout chez celles qui ont le corps ras, comme le ver à soie , le cossus : on y dislingue une sorte de mouvement alternatif de systole et de diastole, ou de dilatation et de contraction, qui semble passer de la tcte à la queue; mais on n'a jamais pu y observer des branches ou des racines qui y apportent un fluide liquide ou qui en sortent. D'un autre côté, quand on sait de quelle manière s'opère, dans les insectes, la respiration , on ne voit pas une aussi grande nécessité, que chez les autres animaux, delà présence d'un agent central de la circulation, ni de canaux propres à porter les humeurs vers le lieu où l'air vient se mettre spécialement en contact avec les humeurs nutritives. C'est ce que nous chercherons à développer par la suite. Enfin , par cela même qu"il y a dans les animaux doués de la cir- " INS " 459 culatîon , des vaisseaux artériels et veineux, ou qui viennent du cœur et qui s'y rendent, on conçoit qu'il existe chez eux des glandes conglomérées, destinées à opérer les sécrétions: ainsi le foie, le pancréas; les glandes parotides, salivaires ; les testicules, etc. Mais cela devoit être autremwif dans les espèces privées de la circulation; aussi n'y a-t-il pas de glandes destinées à ces fonctions. Ces organes sécréteurs sont formés de filamens nombreux et distincts, qui plongent au milieu même du fluide nourricier dont ils doivent emprunter les matériaux , pour les travailler chacun suivant son mode et opérer ainsi les sécrétions. Voilà comment il faut, dans l'état actuel de la science anatomique et physiologique, croire que la nutrition s'opère chez les insectes. C'est par la porosité du tube intestinal que les matériaux les plus propres à l'alimentation se séparent delà masse ingérée; leur division est telle, qu'ils forment alors une sorte de vapeur dont les molécules, peut-être en- core plus fluides que les liquides, sont absorbées vraisembla- blement sous la forme de gaz, que conliendroient alors les nombreuses trachées dont le tube intestinal est couvert. Cependant d'autres sécrétions s'opèrent encore dans les insectes; mais le mode de cette séparation des humeurs nous est à peu près inconnu. Nous savons, par exemple, que l'acide produit par les fourmis , et qui est analogue à celui du vinaigre, est dégorgé par l'insecte; que plusieurs autres ani- maux de la même classe vomissent ainsi à volonté ou dégor- gent quelques matières, soit fétides, soit nuisibles, au mo- ment 011 elles se croient en danger. C'est ainsi que les bou- cliers, les carabes, les larves et les chenilles, rendent, par la bouche, une humeur dégoûtante ; que d'autres , comme les cétoines, les blaps, laissent sortir du cloaque quelque liqueur fétide; que les méloës, les chrysomèles font suinter de leurs articulations une sorte d'huile d'une odeur désa- gréable ; que les coccinelles font exhaler, du bord de leur corselet, une humeur jaunâtre d'une grande volatilité et dune saveur amère; que plusieurs larves, comme celles de la chrysomèle du peuplier, les chenilles des papillons po- dalire et machaon , celle du bombyce vinule ou queue-four- chue font sortir des tubercules, des tentacules, de la surface 46o ' I]y§ • desquels s'exhale une humeur particulière ; que les staphylîns font également saillir de l'anus deux vésicules qui transsudent une liqueur acide et très -odorante ; que chez les brachins qu'on nomme fumant et fêtard , il s'échappe de l'anus , à la volonté de l'animal, un gaz acide, produit par une liqueur contenue dans deux vésicules; que d'autres portent des odeurs plus ou moins fortes : ainsi l'hémérobe aux yeux d'or , au moment du danger, exhale une odeur d'excrémens humains; lespentatomcsetles punaises, des émanations toutes désagréa- bles; tandis que les capricornes, lescicindèles , les fourmilions et plusieurs autres insectes des sables, portent une sorte d'o- deur suave d'ambre ou de rose. C'est^S ( et surtout l'extrémité de rabdomeu ou résident les organes sexuels et les instrumens destinés à placer les œufs dans les circonstances les plus favorables à leur développement, offrent souvent de notables différences. Ainsi les màlcs des fourmis , des cochenilles , des puce- rons , de (juelques coléoptères herbivores , sont excessivement petits de taille, si on les compare avec leurs femelles. Les antennes des bombyces, celles des rhipiphores, des taupins, sont beaucoup plus développées dans les mâles; les ailes du bombyce disparate, du tau, de l'étoilée, n'ont presque pas de rapports avec celles des femelles; quelques-unes des fe- melles sont même tout-à-fait sans ailes , comme dans notre espèce de lampyre dite à cause de cela ver luisant. Chez la plupart des insectes les organes sexuels sont y)lacés à l'extrémité de l'abdomen; elles font le plus souvent saillie au dehors dans les mâles, quebjuefois aussi chez les femelles. Dans quelques espèces, cependant, comme dans les demoi- selles et les araignées , les parties sexuelles femelles sont autrement disposées que celles des mâles. Nous avons fait connoitre , à l'article Accouplement, toutes les particularités les plus remarquables que développent les insectes à l'époque où les deux sexes sentent la nécessité de se manifester réciproquement, ou de se faire connoître le besoin impérieux de la reproduction et de la conservation de l'espèce , en s'adressant h tous les sens : les uns en produi- sant des bruits particuliers ; d'autres, en développant des effets de lumière pendant l'obscurité des nuits; plusieurs en exhalant des odeurs qui manifestent au loin leur présence , et qui at- tirent ainsi les deux sexes l'un vers l'autre par une sorte de véhicule ou de guide invisible. L'acte de la reproduction s'opère dans les insectes par le rapprochement des sexes et par le contact plus ou moins prolongé des organes , qui se pénètrent de Uianière que la liqueur prolifique ou séminale peut aller vivifier les œufs, dont les rudimens préexistent dans les ovaires; le plus sou- vent ce sont des organes mâles, solides et cornés, qui sont introduits dans le cloaque de la femelle. Ces organes mâles consistent ordinairement dans des pièces qui se présentent d'abord avec peu de volume, mais quij s'écartant bientôt, • INS • 467 permettent aux parties molles de se porter plus avant, et qui, en outre, se renversent ou s'accrochent de manière que la séparation des deux individus ainsi accouplés ne peut plus s'opérer, à moins que les parties ne soient restituées dans leur situation primitive, ce qui n'arrive que lorsque la fé- condation est complète. La configuration des organes mâles et femelles varie trop , non-seulement dans les ordres, mais même dans les genres et les espèces, pour que nous essayions d'en présentrr une idée générale. Nous dirons seulement que chez les mâles on. trouve des vaisseaux spermatiques très- nombreux et fort gonflés avant l'accouplement; que ces vaisseaux, qui ont douze ou quinze fois la longueur du corps , sont plies et repliés sur eux-mêmes, de manière à occuper une grande partie de la cavité de l'abdomen : ils aboutissent quelquefois, à un réservoir commun , à des vésicules séminales qu'on a comparées à des prostates, à des épidydimes , à des canaux déférens, qui se rendent plus ou moins médiatement à une sorte de pénis ayant pour fourreau les écailles cornées qui font l'office de gorgeret dilatateur. Dans les femelles, outre l'orifice destiné à recevoir les organes du mâle , il existe souvent des instrumens qui faci- litent la ponte, ou la manière diverse dont les œufs doivent être déposés. La vulve s'ouvre dans le cloaque; c'est là qu'a- boutissent les oviductes : ce sont des canaux très-prolongés , comme les vaisseaux spermatiques, mais beaucoup plus gros. On y distingue les œufs , qui sont d'autant plus développés, qu'ils sont plus près du canal commun qui les mène dans le cloaque : c'est le plus souvent dans ce canal commun qu'ils reçoivent la glu ou l'humeur visqueuse qui sert à les fixer ou à les suspendre par des pédicules quelquefois très-alongés, comme on l'observe dans les œMifs des hémérobes. Il est des insecies qui pondent tous les œufs à la fois, comme deux grappes, c'est ce qui arrive aux éphémères; mais le plus souvent ces œufs passent successivement , un à un , par l'orifice du cloaque. Les pondoirs ont tantùt la forme de couteaux, de sabres , de scies, de gouches , de vrilles, de perçoirs, desondes : c'est ce qu'on observe dans les saute- relles, les grillons, les mouches à scie, les ichneumons , les 468 ' IJSS chalcides, les évanies, les leucopsides, les nèpes , les panor- pes, quelques trichies, lespriones, hes cossus, etc. Le mode même du rapprochement des sexes est déterminé par la configuration générale du corps, ou par la position des organes sexuels. Le mâle est ordinairement placé au- dessus de la femelle, qui est plus grosse. La puce, les éphé- mères, dit-on, et quelques autres, font seuls exception. Quel- quefois les mâles ont les pattes de devant plus alongées , comme on l'observe dans les clytres , quelques scarabées : ou leurs tarses sont très- dilatés en devant, et garnis de houp- pes, de lames ou d'écaillés pour adhérer sur le corps de la femelle, qui est trop lisse , comme on l'observe dans les mâles des hydrophiles, des dytiques, des crabrons ; et c'est alors aussi qu'on remarque quelquefois une différence notable dans les élytresdes femelles, qui sont sillonnés en long ou en travers, tandis que ceux du mâle ne le sont pas. La position des organes sexuels a aussi déterminé de singuliers modes d'accouplement. Dans les libellules, par exemple, le mâle saisit la femelle par le cou , ou dans l'intervalle de la poi- trine avec la tête, au moyen de deux crochets qui font l'office de tenailles et qui sont placés à l'extrémité de sa queue : il s'envole ainsi avec elle, et la force de venir appli- quer son ventre contre sa poitrine , ou à la base de son abdomen , qui loge là les organes sexuels. Dans les araignées le mode de fécondation est encore plus singulier, les organes du mâle étant situés dans les palpes, et ceux de la femelle à la base de l'abdomen, au-dessous des pattes. Dans l'acte de l'accouplement le plus souvent les insectes restent tran- quilles et immobiles; d'autres continuent de marcher ou de voler : quelques-uns, comme les hannetons, prennent une position singulière , le mâle restant presque renversé sur le dos : dans les bombyces, comme dans les vers à soie, les têtes du mâle et de la femelle sont en sens opposés, et ce rappro- chement dure plus ou moins de temps; il exige des journées entières, ou il s'accomplit en moins d'une seconde. Nous croyons même que les éphémères n'ont pas de véritable accou- plement, mais que les mâles fécondent les œufs dans l'eau, après la ponte. L'histoire des changemens qui surviennent chez les ijisec- INS • 4^9 tes, depuis l'instant où ils sortent de l'œuf jusqu'à celui où ils sont aptes à reproduire leur espèce ou à propager leur race , doit trouver ici sa place. Chez la plupart des insectes ces changemens sont de trois sortes ; on les nomme , dans leur ensemble, la transmutation ou la métamorphose. Le pre- mier état de l'insecte , lorsqu'il sort de l'œuf, est celui de lari'e ou de chenille ; le second est celui de chrysalide , de nymphe, de pupe ou d'aurélie; enfin, sous le dernier état, l'insecte est accompli : il est, comme on le dit, parfait ou déclaré; c'est ce qu'on a nommé aussi Vimage, ou l'insecte reproduit (imago revelata). Les métamorphoses des insectes ont été connues imparfai- tement par les anciens. On voit dans beaucoup de passages d'Aristote, qu'il savoit que plusieurs insectes, et il nomme Cn particulier les papillons, les abeilles, provenoient de chenilles , de vers ; mais ce n'est guères que depuis les re- cherches de Swammerdam , de Kédi et de Goedaert, que ces transformations ont été bien connues, et que la reproduction des insectes a été expliquée comme elle devoit l'être. Outre les mutations notables dans la forme que subissent les insectes dans les trois états qui suivent leur sortie de l'œuf, ils changent souvent de peau ou d'épiderme, et souvent cet épiderme est d'une tout autre apparence que celui qui lui succède, ce qui donne encore à l'insecte un autre aspect; c'est ce qui arrive à la chenille du mûrier, dite ver à soie: lorsqu'elle sort de l'œuf, cette chenille est velue-, dans les mues suivantes, elle a le corps ras ou sans poils j mais sa teinte varie beaucoup. Il en est de même dans un grand nombre d'autres larves. Fabricius , dans sa Philosophie entomologique , a consacré une section entière à l'exposition des modifications de la métamorphose dans les insectes. Depuis cet auteur la science a fait de grands progrès, et M. Latreille en particulier a publié sur ce sujet des observations très- judicieuses , dont nous donnerons une analyse après avoir présenté celle du travail de Fabricius, qui met parfaitement sur la voie. Ainsilalarve, qu'on nomme quelquefois chenille ou ver, est l'enfance de l'insecte dès le moment où il sort de l'œuf. Cette larve , toujours stérile, est molle , très-vorace ; elle se dépouille ■47e • INS à mesure que sa peau ne peut plus suivre le développe- ment de SCS organes. A sa dernière mue, la larve prend le nom de pupe , de nymphe, de chrysalide ou d'aurélie ; c'est, dit Fabricius. l'adolescence de Tiiisecte : il ne croit plus; il se durcit; quelquefois, ou dans quelques cas, cette nymphe est immobile, et, pendant ce repos, elle acquiert plus de consistance. Fabricius distingue cinq ordres de métamorpJioses, d'après les modifications de formes et de mouvemens de la larve et de la nymphe. Dai's ta première métamorphose, qu'il nomme complète, à laquelle il rapporte les araignées, les scorpions, les pinces, les cirons, etc., il n'y a pas de différence entre les larves, les nymphes et les insectes parfaits. Il rapporte au second ordre de métamorphose , qu'il nomme demi-complète , les demoiselles, les punaises, dont les larves ont six pattes et sont agiles, ainsi que les nymphes, qui ont de plus des rudimens d'ailes. Au troisième ordre , qu'il appelle métamorphose incom- plète, il rapporte les coléoptères, les hyménoptères, qui pro- viennent de larves motiles, et qui produisent une chrysalide à pattes distinctes , mais repliées et immobiles. Les lépidoptères , qui ont des larves ou chenilles avec des pattes, et agiles, dont la chrysalide est couverte d'une enveloppe commune qui prive les pattes du mouvement, mais sur laquelle on distingue cejiendant la forme de la tête, du corselet et du ventre, sont rapportés au quatrième ordre de métamorphose, qu'il nomme ohtectée. Entin, les diptères forment un cinquième ordre de trans- mutation, qu'il appelle coarctee, parce que la larve apode, annelée et mobile , se change en une nymphe qui paroît apode et qui est toujours immobile , et parce qu'il se forme en dehors ane enveloppe qui ne permet de distinguer aucune partie du corps. M. Latreille distingue trois sortes de métamorphoses : 1.° celle qu'il nomme ébauchée, 2.° la demi-métamorphose, et 3.° la métamorphose complète. Dans les deux premiers modes, l'insecte n'éprouve de transmutation que dans les organes du mouvement, dans les INS • 47i ailes Ou les pattes ; la larve , la nymphe , sont toujours actives , et l'insecte parfait conserve les mêmes habitudes. C'est le troisième mode de métamorphose qui offre le plus d'intérêt; car Finsecte parfait et sa larve n'ont réellement aucun rapport de formes : la nymphe ne se nourrit plus et reste immobile, soit qu'elle ait les membres libres et dis- tincts, soit qu'elle reste, comme on le dit, emmaillottée ; et cette sorte de maillot prend la forme d'une momie , lors- qu'on aperçoit les linéamens des pattes, des antennes, des yeux , etc. ; ou bien elle est en forme d'œufs , et alors on ne voit qu'une sorte de peau ou de coque arrondie. Ce sont ces formes qu'il est curieux de connoître : nous les indiquerons avec plus de détails à l'article Thansforma- TioN ou Métamorphose. §. 3. De la méthode employée dans cet ouvrage pour conduire a la connoissance des insectes et a leur classijîcation. Quoique la classe des insectes comprenne à elle seule un plus grand nombre d'espèces bien connues que les autres sections du règne animal , et même que toutes celles aux- quelles on rapporte les animaux sans vertèbres , considérés dans leur totalité , nous pouvons assurer qu'aucune n'est plus facile à étudier. Nous avons déjà exposé, au commencement de cet article et dans celui qui est inséré sous le titre d'ENxo- MOLOGiE, que les insectes diffèrent de tous les autres animaux par le défaut de vertèbres . par la disposition des organes du mouvement , qui offrent des articulations nombreuses dans la partie moyenne du corps et dans les appendices articulés qui constituent leurs membres; en même temps que tous respirent par des trous ou des orifices extérieurs nombreux , nommés stigmates, qui correspondent à des canaux aériens élastiques ou à des frachées. Les insectes ont été divisés en huit ordres, qui ont tiré leur dénomination des modifications des organes du vol ou des ailes, suivant qu'on en aperçoit, ce qui arrive au plus grand nombre, ou qu'il n'en existe pas. Ce défaut des ailes réunit, comme nous le verrons, des insectes fort différens les uns des autres ; cependant c'est un moyen comaiode et r 47^ ' INS artificiel de distinguer certains groupes ou familles , qu'on a réunis sous un nom commun , qui indique principale- ment cette absence constante des ailes à toutes les époques de la vie dans certaines espèces, qui forment ainsi Tordre des Aptères, ou le huitième de la classe. Tous les autres insectes ont des ailes, mais leur nombre varie : un ordre réunit les espèces qui n'en ont que deux ; c'est le septième de la classe , celui des Diptères, chez lesquels on trouve beaucoup d'autres caractères bien plus importans que ce nombre des ailes. On observe quatre ailes chez tous les autres insectes, qu'on pourroit appeler , à cause de cela, les tétraptères; mais ce grand ordre se subdivise en six autres bien distincts : d'abord par la nature des alimens que ces animaux sont forcés de rechercher, les uns ne pouvant se nourrir que de liquides, de sucs ou d'humeurs qu'ils pompent ou absorbent à la sur- face ou dans l'intérieur des corps organisés; ceux-ci forment deux ordres. Dans les uns, la bouche consiste en un bec articulé, formé de pièces coudées ou courbées , qui peuvent rentrer les unes dans les autres, et on observe, le plus souvent, dans leurs ailes, une différence notable entre les supérieures, qui sont à demi coriaces, ou qui ressemblent à des demi-étuis, ce qui les a fait nommer Hémiptères. Chez les autres insectes à quatre ailes et sans mâchoires , la bouche consiste en une sorte de langue ou de trompe roulée en spirale sur elle-même, ce qui a fait donner à l'ordre auquel on les rapporte, le nom de Gi.ossates ; mais, comme en général , dans ces insectes , les quatres ailes sou- tiennent de petites écailles ou lamelles colorées diversement et placées souvent les unes au-dessus des autres à la manière des écailles des poissons , on les a désignés sous le nom de LépinoPïÈREs, ou à ailes écailleuses. Tous les autres insectes à quatre ailes ont la bouche com- posée de mâchoires et de mandibules propres à diviser les matières solides dont ils font leur nourriture. Ils ont été rapportés à quatre ordres, dont les noms sont tirés de la forme, de la consistance et de la disposition des ailes. Ainsi , les uns ont les ailes supérieures plus épaisses que les • ÏNS • ^73 inférieures, auxquelles elles servent comme de gaîne ou de fourreau , et alors les inférieures sont membraneuses, et tantôt pliées en travers seulement ; c'est ce qui arrive dans les Coléoptères, qui composent le premier ordre : ou bien les ailes inférieures membraneuses sont surtout plissées dans leur longueur, et le plus souvent non pliées sous des élytres ou sous les gaines que leur forment les ailes supérieures, qu'elles dépassent ; tels sont les Orthoptères. Chez les autres insectes à quatre ailes ou tétraptères , et chez lesquels les supérieures et les inférieures sont à peu près de semblable consistance , on distingue la structure de ces ailes, pour en faire le caractère des deux ordres qui ont emprunté leur nom de cette disposition : ainsi, chez les Névroptèhes , les ailes sont comme formées de mailles par de» nervures en réseau , tandis que dans les Hyménoptères on distingue principalement des lignes ou côtes saillantes sur les ailes, qui sont en général plus étroites et plus consistantes. Le tableau suivant donne une idée synoptique de cette classification des insectes, d'après les ailes et les parties de la bouche. Tableau analytique de la classification des insectes en huit ordres, d'après les ailes. Ideconsistance in- f travers... i. Coléoptères. égale : les infé- 1 , _ ,.,....... Heures pliées en ('«"g .. Okthopx.k.s. ailes Isemblables, à ner- 1 réticulées. 3. Névroptères. [ vures (veinées... 4. Hvméwoptères. sans mâchoires, 1 un bec non roulé. . 5. Hémiptères. formant j une langue roulée. 6. Lépidoptères. deux : jamais de mâchoires 7. Diptères. ^nulles 8- Aptères. Cet arrangement systématique des insectes, qui est à peu près celui qui a été proposé par Linnaeus , se trouve cependant établi ici d'après d'autres caractères que ceux tirés uniquement des ailes, comme les noms des ordres sembleroient l'indiquer. Il faut avouer, comme nous l'avons déjà fait connoitre au mot Aptère, qu'un assez grand nombre d'insectes, même sous l'état parfait, se soustrait à cette classification par les ailes, c 474 ^ INS ' puisqu'on retrouve dans presque tous les ordres quelques individus , soit des deux sexes, soit de l'un des sexes en particulier, qui, quoique analogues par la conformation générale, par les moeurs, les habitudes, et surtout par la manière de vivre forcée ou déterminée d'après la structure des parties de la bouche, devroient être rapportés à l'ordre des aptères, si l'on ne considéroit que la seule privation des ailes. Nous ferons connoître ces espèces qui restent toujours pri- vées d'ailes , dans chacun des articles qui seront consacrés soit aux ordres, soit aux genres; niais nous croyons devoir indi- quer ici un moyen accessoire de les distinguer d'abord. La structure des parties de la bouche devient très-utile à étudier pour celte classification des insectes qui, quoique privés d'ailes, n'appartiennent pas à l'ordre des aptères. Ainsi le défaut des mâchoires , ce qui est très-rare dans les aptères, excepté dans les pous, les tiques et les puces, distingue très-bien quelques hémiptères, comme les punaises des lits, quelques réduves, cochenilles, pucerons, etc., qui ont tous un bec articulé; quelques diptères, comme des hippobosques, mélobosques, qui ont un suçoir corné; enfin, quelques lépidoptères qui, comme les femelles de quelques bombyces , de quelques teignes, ont une langue roulée en spirale. Tous les autres insectes faussement ou seulement en appa- rence privés d'ailes, ont des mâchoires, et ont alors leur ventre immédiatement accolé au corselet, et ils n'ont que six pattes; ce qui les distingue des vrais aptères, qui ont le ventre réuni au tronc : tels sont, parmi les coléoptères, les femelles du lampyre ver-luisant, et beaucoup d'espèces qui ont des élytres soudés , ou sous lesquels il n'y a pas d'ailes membraneuses. Tels sont encore parmi les orthop- tères quelques sauterelles, gryllons, blattes, mantes; mais ces derniers ont tous les mâchoires garnies d'un appendice particulier propre à cet ordre. Enfin , parmi les faux ap- tères à ventre pédicule et qui n'ont que six pattes, et non huit comme les acères, on distingue assez facilement les four- mis, lesmutilles, les ichneumons et les autres hyménoptères, par la forme de leur bouche et les cinq articles de leurs • INS " 47? tarses; tandis q'ue quelques névroptères, comme les psoques, les termites, n'ont que deux ou trois articles aux tarses. Nous avons indiqué, sous les noms de chacun des ordres, l'histoire générale des insectes qu'ils comprennent; de même que dans les articles consacrés à l'examen de chaque famille, nous avons fait connoitre les détails relatifs aux genres ef aux mœurs des espèces qu'on y rapporte. Nous ne présente- rons donc ici qu'une sorte de résumé propre à donner l'idée de l'ensemble de la classe des insectes. I. L'ordre des COLÉOPTÈRES comprend les insectes à quatre ailes, dont les supérieures forment des étuis ou des gaines pour les inférieures , qui sont membraneuses et le plus ordinairement pliées en travers. Ces dernières portent seules le nom d'ailes , parce qu'elles servent au vol; les autres sont appelées des élytres ; de là le nom d'élytroptères qu'on a proposé de donner à cet ordre. Quand on commençoit à étudier les insectes, on désignoit ceux dont nous parlons sous le nom très-vague de scarabées. Ils forment en effet un ordre très-naturel, et qui comprend des insectes qui ont entre eux la plus grande analogie sous le rapport des métamorphoses et de la structure. Les coléoptères naissent tous sous la forme d'un œuf qui donne une larve à six pattes , le plus souvent fort agile, à tête mobile, distincte , garnie de mâchoires , et qui garde cette forme plus ou moins de temps, en changeant de peau cinq ou six fois. Ces larves, lorsqu'elles ont acquis tout leur dé- veloppement, subissent une métamorphose complète, c'est- à-dire qu'elles se changent en nymphes , dont toutes les parties sont distinctes et semblables à celles de l'insecte parfait ; mais elles sont immobiles et elles ne prennent plus alors de nourriture. Les coléoptères, sous l'état parfait, ont la bouche munie de mandibules et de mâchoires ; ils peuvent se nourrir de matières solides, animales et végétales. Leurs sexes sont dis- tincts ; il n'y a pas chez eux de mulets. En général, les fe- melles sont plus grosses que les mâles : ceux-ci ont les cou- leurs plus vives et les antennes plus développées. L'ordre des coléoptères est le plus nombreux de la classe ; il comprend à lui seul près de deux cents genres d'insectes : A76 ' INS • aussi a-t-on été forcé de le subdiviser en sous-ordres ou sec- tions. Geoffroy , l'historien des insectes des enA'irons de Paris , a trouvé une méthode facile, et qui paroît très-propre à rapprocher entre elles les espèces qui semblent avoir le plus d'analogie dans la structure et les habitudes : c'est le nombre des articulations que présentent leurs tarses. Ces articles des tarses sont analogues, jusqu'à un certain point, aux pha- langes qui composent chacun de nos doigts. Ils se terminent par des grappins de forme variable , qui servent à l'insecte pour s'accrocher sur les corps. On a lait la remarque que les pattes intermédiaires , dans tous les coléoptères, ont toujours le même nombre d'articles aux tarses que les antérieures, de sorte qu'on n'a recours à l'examen de ce nombre qu'autant que les tarses antérieurs auroient été mutilés dans les individus chez lesquels on étudie les pattes. Pour déterminer le nombre des articles aux tarses dans un coléoptère, le naturaliste commence à constater celui des pattes postérieures ; car, s'il en observe cinq ou trois, il peut être assuré, d'après l'état actuel de la science, que ce même nombre de cinq ou de trois se retrouvera aux pattes moyennes ou antérieures. Mais, s'il y a quatre articles aux tarses de derrière , il faut absolument observer ceux des deux autres paires, car les uns en ont cinq et les autres quatre également. On distingue ainsi quatre sous-ordres et même cinq parmi les coléoptères, et le nombre des articles aux tarses a fourni les dénominations sous lesquelles on les désigne , comme il suit : I.*"^ Sous-ordre : Coi.éoptères pentamérés ou à cinq articles à tous les tarses , ce qui souvent se dénote comme il suit : 6, 5, 5. IL* Sous-ordre , Coléoptères hétéromérés ou à cinq articles aux pattes antérieures et moyennes, et quatre seulement aux tarses postérieurs; ou 5, 5, 4. III. '^ Sous- ordre, Coléoptères tétramérés, c'est-à-dire, à quatre articles à tous les tarses; ou 4, 4, 4. IV.*" Sous-ordre , Coléoptères trimérés , ou ceux qui n'ont que trois articles à tous les tarses ; ou 5 , 3 , 3. • INS . 477 V.' Sous-ordre, Coléoptères dimér^s, ou ceux quin'auroient que deux articles seulement aux tarses ; ou 2 , 2 , 2. Le premier sons-ordre des coléoptères, celui des penta- mérés, comprend des insectes nombreux , et qui présentent de très-grandes différences dans les mœurs et dans les habi- tudes. On a trouvé des moyens commodes de les distribuer en familles ou petits groupes naturels, d'après la considéra- tion de quelques parties extérieures, comme la longueur ou la brièveté des élytres, leur plus ou moins grande consis- tance, la forme des antennes ou des autres régions du corps. Dix familles ont été rapportées à ce premier sous-ordre des coléoptères pentamérés. Nous allons présenter ici, d'abord sous forme d'un tableau analytique, les indications princi- pales , que nous exposerons ensuite avec plus de détails. ' très- courts , ne couvrant pas le ventre; an- tennes grenues S.Brachéljtres. , . (nondenléesjfsimples. . . i. Créophases. ensoie aplati;) l '^ _ ^ » M ( tarses {natatoires.. 2. Nectopodes. nii en fil lanlennesl , , ^ uuciiui,( (dentées; sternum pointu. 8. Sternoxes. ■i \^ I corps arrondi, alongé, convexe 9. Térédjle ■W J \ _^\ .feuilletée. .1 ^'"" *^"' *="'^--- * ' ^- P'^ochr^^- en j (à rextrémité 4. Pétaloceres. masse j non ( ronde, solide 7. Stéréoceres. \ laniellce . ( longue, perfoliée. . 6. Héloceres. mous; corselet plat; antennes filiformes variables. . 10. ^fjulytres. Les coléoptères Créophages ou carnassiers composent une famille très-nombreuse du sous-ordre des coléoptères penta- mérés. En général , leurs élytres sont durs et recouvrent le ventre, et quelquefois il n'}'^ a pas en-dessous d'ailes mem- braneuses; leurs pattes sont très- propres à marcher, n'étant pas comprimées et présentant des crochets bien distincts; leurs antennes sont en général en fil ou en soie. Les uns ont le corselet plus étroit que la tête : tels sont les cicindèles , les élaphres, les manticores. Les autres, comme les carabes, les cychres, les scariles , etc., ont géné- ralement la tête plus étroite que les élytres. Les Nectopodes ou rémitarses, comme les tourniquets, les '■n'^ ♦ INS • • ilytiqucs , ne diffèrent des coléoptères de la famille qui précède, que par la forme générale de leur corps et par la forme des tarses, qui sont aplatis en manière de nageoires; par leurs mœurs et le mode du développement des larves. Les Brachélytres ou brévipennes , ainsi nommés à cause de la forme et de la brièveté de leurs élytres comparés à l'alongement extraordinaire de l'abdomen, ont les antennes composées de petites articulations grenues , arrondies en forme de grains de chapelet, lisse nourrissent encore, comme les précédens, de matière animale; mais la plupart ne re- cherchent que les cadavres. Quelques auteurs en ont fait un ordre particulier, sous le nom de microptères : c'est à cette famille qu'on rapporte les staphylins, les pœdères, les oxypores. Les Pétalocères ou lamellicornes correspondent au genre Scarabée de Linnœus ; leurs antennes en masse feuilletée à l'extrémité, et le nombre des articles aux tarses, les caracté- risent suffisamment. D'ailleurs tous les genres rapportés à cette famille ont les mêmes mœurs. Ils ne se nourrissent, sous l'état parfait, que de végétaux , de leurs débris, après même qu'ils ont passé dans le corps des animaux. La plupart ne volent que le soir ; leurs larves se développent à l'abri de la lumière. La plupart sont étiolées , courbées en arc , ce qui gêne beaucoup leurs mouvemens. Les hannetons, les cétoines, les bousiers, les scarabées, ont été rangés dans cette famille. Les PRiociiREs ou serricornes ont aussi les antennes feuille- tées, mais d'un seul côté, ce qui leur donne souvent la forme d'une scie dentée. La plupart vivent dans l'intérieur du bois, et ils ont avec les genres de la famille qui précède une grande analogie dans les mœurs et dans la structure. Les mâles diffèrent souvent beaucoup des femelles pour la taille et le développement de certaines parties. I,es cerfs- volans ou lucanes, les passales et les synodendres, sont des coléop- tères priocères. La famille des Hélocères ou des clavicornes est aussi carac- térisée, comme leur nom l'indique, par la forme des an- tennes constituant une masse alongée, composée de feuil- lets ou de lames qui semblent perforées, perfoliées ou trans- percées par la tige centrale. La plupart recherchent les ma- . » INS • 479 tiéres animales ou végétales qui commencent à se décom- poser : tels sont les hydrophiles, les dermestes, les boucliers, les nécrophores, les nitidules, etc. Les Stkréocères ou solidicornes composent une très-petite famille de coléoptères à élytres durs, dont les antennes for- ment une masse arrondie, qui paroît solide, tant les articu- lations qui la composent sont rapprochées les unts des autres : les escarbots, les anthrènes, les lèthres appartiennent à ce groupe. C'est dans le bois, et quelquefois dans le tronc même des arbres vivans, que se développent les insectes de la famille des Sternoxes ou thoraciques. Leur corps est alongé, étroit, quelquefois aplati; leurs antennes en fil , souvent dentelées; leur corselet se termine suit en pointe en arrière , soit en- dessous sous la forme d'un sternum pointu , qui souvent même fait l'office d'un ressort : tels sont les buprestes, les taupins, les cébrions , etc. Les Tbbédyles ou perce-bois ont les mêmes mœurs et à peu près les mêmes formes que les sternoxes ; mais leur corselet n'est point prolongé en pointe ; au contraire, il se trouve arrondi en cylindre, et les élytres sont à peu près conformés de même : tels sont les vrillettes, les panaches, les ruinebois ou lymexylons, les mélasis, les ptines, etc. Enfin, la dernière famille des coléoptères pentamérés est celle des Apalytres ou mollipennes, dont le nom a été em- prunté de la mollesse des élytres; ils ont en outre le curselet aplati elles antennes en fil. La plupnrtsont carnassiers dans leur dernier état. Le mode de leur développement est encore peu connu. Tels sont les téléphores, les malachies, les oma- lises, les vers luisans ou lampyres, les driles , leslyques, etc. Il n'y a que six familles dans le sous-ordre des coléoptères dont les tarses postérieurs n'ont pas le même nombre d'ar- ticles que ceux de devant ou du milieu. En général ce sont des insectes nocturnes ; au moins le plus grand nombre fuient la lumière trop vive , et recherchent les lieux obscurs. La plupart préfèrent pour leur nourriture les matières végé- tales. Voici le tableau des familles qui forment le groupe des Hétéromérks. A élytres c j durs; ! antennes 480 , INS fmous, flexibles; à antennes très-variables, w. Epispastiquei. filiformes, souvent (larges.... i3. Ornéphiles. dentées; élj'tres (rétrécis... 12. Sténoptères. ( "°" '""'^^^ ' ) longue. . 14. LrgopMles. grenupsjl anlenues en! ^ élytres) masse ) ronde... 16. Mfcéiobies. (soudés, pas d'ailes i5. Photophyges. Les Epispastiques ou vésicans ont tiré leur nom de la pro- priété qu'a le corps du plus grand nombre, lorsqu'il est mis en contact prolongé avec la peau , d"y produire une sorte de cloche, de vessie ou de brûlure. C'est à cette famille qu'on rapporte les cantharides, les mylabres, les méloës ou pro- scarabées, les lagries, les notoxes , etc. Leurs caractères sont très-distincts. Dans les Sténoptères ou angustipennes , comme les nécy- dales, lesœdéméres, les mordelles, les anaspes, etc., le ré- trécissement bizarre et presque monstrueux des élytres à leur extrémité libre les fait distinguer au premier aperçu. Quoique cette famille soit assez naturelle , il paroît que les mœurs sont très - différentes selon les genres, si l'on en juge du moins d'après celles des sitarides , qui semblent vivre en parasites dans les nids des abeilles maçonnes , tandis que les mordelles se développent dans le bois. Les Ornéphiles ou sylvicoles vivent aussi, à ce qu'il paroît, aux dépens de la partie ligneuse des végétaux ; leurs élytres durs, larges, leurs antennes filiformes, les distinguent au reste de tous les autres coléoptères hétéromérés. Tels sont les cistèles, les pyrochres, les serropalpes, les hélops , les calopes, etc. Quant aux Lygophiles ou ténébricoles , leurs antennes gre- nues en masse alongée , leurs élytres durs , non soudés , et les ailes membraneuses qu'ils recouvrent , ainsi que leurs habitudes exprimées par le nom qui sert à les désigner , tout porte à les considérer comme formant une famille fort na- turelle ; et c'est là qu'on range les ténébrions, les opatres, les pédines, les sarrotries, qui mènent insensiblement à la famille suivante. C'est celle des Photophyges ou lucifuges , qui fuient la lumière, qui ne peuvent voler, parce qu'ils n'ont pas d'ailes, ^ » INS • 481 ■et que leurs élytres durs sont soudés par la suture et ne sont aptes qu'à protéger l'abdomen qu'ils ret'ouvrent. Tels sont les blaps , les pimélies , les eurychores, les sépidies , les érodies , lesscaures, etc.: famille nombreuse d'insectes , la plupart des pays chauds et arides. Les foiigivoresou Mycétobies constituent la dernière famille du sous-ordre des coléojjtères hétéroiuérés. Ils se nourrissent^, comme leur nom l'indique, de moisissures, de ch.Tuipignons: leurs élytres sont durs, non soudés; leurs antennes grenues, en masse arrondie. C'est à cette famille qu'on rapporte les bolétophases, les diapères , les tétratomes, les agafhidies , les hypophlées, les cossyphes , etc. Le troisième groupe ou sous-ordre des coléoptères, celui des Tétr-Amérks, qui réunit tontes les espèces dont les tarses de devant et ceux de derrière n'ont que quatre articles, com- prend seulement des insectes dont les matières végétales font la nourriture principale. Ils correspondent en majeure par- tie aux trois grands genres que Linnœus désiguoit sous les noms de Chrysomèle , Charanson et Capricorne, dont les premiers s'alimentent principalement avec les feuilles, les seconds avec les semences, et les troisièmes avec les matières ligneuses. Quelques genres anomaux viennent se place? ici d'après le nombre des articles aux tarses, quoique sous cer- tains rapports ils semblent se rapprocher d'autres familles. Voici l'indication des familles de ce sous-ordre. portées sur un bec ou prolongement du front. 17. Hhinocer es. masse : corps j arrondi.. 18. Cjllndroïcles. [ap!r.ti... ig. Onialoïdes. Antennes / """ ""'' ) , soie 30. Xrlophagcs. 1 un bec, •. non en l , ^ < c? „, 1 ) [aplati Genre Spontlyle et I masse, ,' l ' r j ''' j rond: \.xxToniyi. . 2\. Phjthophages. \ corps (plat .... Genre Cucuje. La famille desRniNOCÈi\ES ou roslricornes correspond, comme nous venons de le dire , au genre Charanson ou Curculio de Linnaeus : leur tête se prolonge eu une sorte de bec ou de trompe qui supporte les antennes. C'est un groupe très- nombreux , qui a été subdivisé en beaucoup de genres. Ils proviennent d'une larve molle qui vit à l'abri, soit dans l'in- 23. 01 482 , INS térieur des tiges, soit dans les fruits et les semences les plus dures. Quelques-uns, sous l'état parfait, se nourrissent de feuilles. Les uns ont les antennes en masse droites ou brisées, c'est-à-dire, coudées dans le milieu. Les attélabes, les anthri- bes, les oxystomes, les brachycères, appartiennent au pre- mier groupe; les charansons , les rhynchénes, les ramphes sont rangés dans le second. Parmi les rhinocères dont les antennes ne forment pas une masse on place les brentes, les bruches et les becmares. LesCvuNDROÏDEs ou cylindriformes, ainsi rapprochés par la forme de leur corps qui est arrondi , ont en outre les antennes en masse, non portées sur un prolongement de leur front; ils ressemblent beaucoup aux térédyles , dont ils s'éloignent par le nombre des articles de leurs tarses. Tels sont les apates , les bostryches, les scolytes , les corynètes et les clairons. C^s deux derniers genres ne sont placés ici que par l'arran- gement du système que nous adoptons, leurs mœurs étant tout-à-fait différentes. C'est encore par la conformation de leur corps que les insectes coléoptères, désignés sous le nom d'OMALOïnEs ou planiformes , sont ainsi rapprochés. Leur corps est très-dé- priujé; leurs antennes sont en masse; leur tête n'est pas pro- longée en une sorte de trompe ou de bec : ils se nourrissent de matières végétales. Tels sont les ips, hétérocères, mycé- tophages, cucujes ou uléiotes, trogosites ou ronge-blés, lyctes, colydies , etc. Les Xylophages ou lignivores composent une famille des plus naturelles. Ils correspondent au grand genre des ceram- hyxAe Linnœus : tous, et sans exception, sous l'état de larves, ils se développent dans le tronc des arbres; ils ont les mêmes mœurs sous l'état parfait, et une ressemblance frappante dans le port et dans la forme des membres. La plupart sont ornés de couleurs vives et brillantes; ils ont de longues antenne* en soie, quelquefois plus étendues que le corps; leurs arti- culations sont nombreuses, et ils peuvent les diriger en arrière. Les femelles sont plus grosses et moins vives que les mâles : les larves sont des espèces de vers ou de chenilles molles , plus ou moins étiolées, alongées, aplaties ou quadrangulaires , à six pattes courtes, garnies de mamelons ou de tubercules, , • INS • 485 ijfui servent à leur progression dans les galeries qu'elles se creusent au milieu du bois, quelquefois en pleine \égéta- tion. C'est à la famille des xylophagcs qu'il faut rapporter les genres Rhagie , Lepture , Molorque, Callidie , Saperde , Capricorne, Lamie , Prione et un grand nombre d'autres subdivisions. La dernière famille des coléoptères tétramérés, qui com- prend les herbivores ou Phytophages, est dans le même cas que la précédente. Linnaeus avoit rangé toutes les espèces qui composent aujourd'hui ce groupe, dans le grand genre Chrjsornela. Ils ont, en effet, les mêmes mœurs et beaucoup d'analogie dans l'organisation et dans quelques parties du corps, en particulier dans les antennes, quoique leur forme générale présente de grandes modifications, qui ont principa- lement servi à les distribuer en genres naturels. Tous pro- viennent de larves qui vivent ordinairement en sociétés sur les feuilles des plantes. Leur corps est souvesit coloré, trapu, ridé en travers. Quelques-unes laissent exsuder de leur sur- face ou de leurs articulations des humeurs colorées ou odo- rantes ; leurs pattes sont alongées , et elles marchent avec facilité. Toutes ont des moyens de se soustraire à leurs nom- breux ennemis, qui sont les oiseaux. Sous l'état parfait, les coléoptères phytophages ont généralement le corps bombé, les antennes en forme de fil à articles arrondis, et l'avant- dernière pièce de leurs tarses est comme partagée en deux lobes : ils adhèrent , par ce moyen , avec beaucoup de force^ aux surfaces des feuilles même les plus lisses. Les uns ont les antennes à peu près de même grosseur dans toute leur étendue, comme les lupères, les altises , les galé- ruques; d'autres ont le corselet très-convexe, comme les clytres, les gribouris : les hispes, les criocères, les donacies , les alurnes n'ont pas le corselet rebordé ; les chryscmèles^ les hélodes , les cassides offrent un léger renflement à l'ex- trémité libre de leurs antennes, qui est encore plus sensible et aplati dans les érotyles. Les coléoptères, qui n'ont que trois articles aux tarses, ne composent qu'une seule famille, qui est la vingt-deuxième, et qui a été nommée celle des Trimékés ou tridactyles ; elle forme en même temps le quatrième sous-ordre. .Réunis par ce 484 < INS ' r caractère artificiel, les genres qu'on y rapporte n'offrent pas entre eux une très- grande analogie. Jusqu'ici on n'a pas encore observé beaucoup d'insectes ainsi conformes, excepté le genre des coccinelles, qui est fort nombreux eu espèces, et qui constitue, à lui seul, une sorte de famille naturelle, comprenant des insectes carnassiers sous les deux états de larve et d'insecte parfait. Les scymnes ne diffèrent guèrcs des coccinelles que par la disposition du corselet relative- ment aux élytres ; les genres Eumorphe , Endomyque et Dasycère soi^t plus voisins des Mycélobies. Quant au cinquième sous-ordre des coléoptères, celui des DiJiÉr.És, qui seroit une vingt-troisième famille, à laquelle on auroit rapporté les psélaphes , les chennies et les clavi- gères, lUiger et Reichenbach ont reconnu que cette division n'éloit qu'apparente dans ces insectes, d'ailleurs très-petits, l'article près du tibia ou de la jambe étant très- grêle, de sorte que ce sous-ordre ne peut encore être établi, et que nous ne l'indiquons ici que pour mémoire. Le second ordre de la classe des insectes , celui des ORTHOPTÈRES, que Degéer nommoit dermaptères, et Fa- bricius ulonates , comprend bien moins d'espèces que la plupart des autres ordres, quoique le nom indique par son étymologie la disposition particulière des ailes inférieures, qui sont plissées en longueur et non en travers, le seul genre des perce-oreilles ou forficules excepté : ce n"est pas ce qui a autorisé la formation de cet ordre, qui est fort naturel; mais bien le mode de transformation ou l'analogie dans les métamorphoses. En elfet, les larves des orthoptères sont agiles, les nymphes le sont également, et sous les trois états le genre de nourriture reste le même. En général leurs ély- tres sont flexibles et non réunis par une suture moyenne. La plupart ont des stemniates entre les antennes, et ils offrent, à leur mâchoire, un appendice particulier qu'on a appelé une galète. Quatre familles seulement composent cet ordre, et deux de ces familles ne comprennent encore qu'un seul genre. Voici l'indication de ces familles : i.° d'après l'obser- vation de la longueur respective des pattes postérieures; 2." d'après le nombre des articles aux tarses; 3.'\ enfin . d'après la forme du corselet. INS 485 ^ Leaucoup plus grosses, plus longurs, propres au ^luit 27. Gryîloîdes. !l plus Ions que laiec-. . zQt. ^nomides. cinq ■■, y , , ^ ' ^ ( très - larce , couvrant corselet] , " ( la tête v.5. BluUes. trois : alidomcn toriiune en pince ?:f. Lahidourcs. Les Laeidoures ou forficules appartiennent réellement à une famille distincte , dont les mœurs et l'organisation sont fort remarquables ; les perce -oreilles forment ce groupe, différent de tous les autres par les élytres , qui sont semblables à ceux des staphylins, puisqu'ils ont une véritable suture moyenne; les ailes, quoique plissées sur leur longueur, n'en sont pas moins pliécs trois fois en travers, et peuvent, par un mécanisme admirable , se ployer et se déployer comme par ressort. Les Blattes forment également un genre anomal ou une véritable famille bien distincte. Ce sont des insectes très- plats, à antennes très-longues, en soie; à pattes grêles, très- aplaties et semblables cà celles des forbiciues, avec lesquelles elles ont les plus grands rapports. Leur corselet, large, en bouclier, couvre la tèie et les élytres. Leur abdomen se ter- mine, comme dans plusieurs genres de grylloïdes, par deux organes coniques, qui servent à une sécrétion de matière fétide dans quelques espèces. Beaucoup restent aptères. Les Ano.mides ou orthoptères difformes ont reçu cette dé- nomination à cause du mode singulier de l'articulation et de la foi'me du corselet , susceptible de faire un angle avec le ventre. Leur tête est dégagée; leurs pattes de derrière ne servent pas au saut : les uns , comme les phasmes ou les spectres, ressemblent à des bâtons alongés ; d'autres, comme les phyllies, à des feuilles vertes réunies en paquet trois à trois; enfin, les mantes ont les pattes de devant armées d'un crochet mobile , dont elles se servent comme de mains , qu'elles portent à la bouche. Leurs antennes varient beaucoup. La quatrième et dernière famille de l'ordre des orthop- tères , celle des Grylloïdes ou grylliformes , comprend beau- coup de genres qui ont entre eux la plus grande analogie ; leur corps est alongé; leur tête le plus souvent dans une ^86 ' INS position verticale, à mandibules saillantes ; leurs ailes infé- rieures dépassent le plus souA'ent les élytres ; leurs cuisses postérieures sont renflées, très-musculeuses ; les jambes sont aussi longues que les cuisses, ce qui donne à ces insectes la faculté de s'élancer dans l'air pour s'envoler. Les antennes varient beaucoup , ce qui a permis d'en former plusieurs genres : ainsi, elles sont en prisme ou en fuseau aplati dans les truxales ; en fil ou légèrement renflées, dans les sau- terelles , les criquets, les tridact}les; enfin, en soie ou beau- coup plus grêles à l'extrémité libre, dans les locustes, les courtiliéres et les gryllons. Les NE\'ROPTERES ou les insectes à mâchoires, à quatre ailes nues, de semblable consistance entre elles, et à nervures en réseau ou anastomosées, forment le troisième ordre de la classe et composent trois familles bien distinctes , comme nous allons d'abord l'indiquer. !, . ., , (couverte par les lèvre';.... 3o. Odonates. ' j nue 28. Stégopi'eres. à peine distincte, les palpes exceptés. . . 29. ^gnathes. Cet ordre , quoique fondé sur la forme des ailes et sur l'existence des parties de la bouche disposées de manière à couper les matières solides, n'est cependant pas très-naturel, parce que les mœurs et les métamorphoses offrent souvent , dans une même famille , de fort grandes dissemblances. hes Stkgoftères ou tectipennes , par exemple, dont la bouche est toujours formée de parties très-distinctes , et qui portent les ailes en toit, comme leur nom l'indique, pro- viennent pour la plupart de larves carnassières qui souvent tendent des pièges aux insectes dont elles se nourrissent, ou qui attaquent ceux qui vivent en familles et dont la marche est lente : elles se filent un cocon , et leur nymphe est immo- bile comme celle des coléoptères. D'autres larves se déve- loppent sous les écorces et dans le bois; quelques-unes vivent en grandes familles, et on observe dans ces sortes de sociétés gynocratiques, comme chez les abeilles, un grand nombre de femelles neutres, une seule femelle féconde, et un grand nombre de mâles, qui ne viAcnt que le temps nécessaire à leur développement et à la fécondation. Enfin, il en est • • INS • 487 quelques-unes qui paroissent se développer sous Tcau. La plupart, sous l'état parfait, ne vivent que quelques jours-, tels sont les fourmilions , qui ont les antennes en fuseau ; les ascalaphes, qui les ont terminées par une petite masse, comme les papillons; les hémérobes, qui les ont en soie, et les pa- norpes et les semblides , qui les ont en forme de fil. Tous ces genres ont cinq articles aux tarses, tandis qu'il n'y en a que quatre dans les rapliidies, deux dans les psoques, et trois dans les perles et les termites. Les Agnathes ou buccellés, c'est-à-dire, abouche très- petite, distincte seulement par les palpes, n'ayant pas d'or- ganes propres à saisir la nourriture solide ni à sucer les liquides, ne vivent que très-peu de temps sous l'état parfait : leurs larves se développent dans l'eau ; elles ont des branchies qui servent à la respiration aquatique; leurs nymphes, quoi- que immobiles au moment où elles viennent de prendre cette forme, en quittant celle de larves, acquièrent ensuite plus de solidité et deviennent agiles. Telles sont les éphéirières , qui ont les antennes plus courtes que la tête; dont les ailes supérieures , dans l'état de repos , se relèvent verticalement sur le dos , et dont les inférieures sont généralement très- peu développées; leur ventre est terminé par deux ou trois soies très-longues. Les phryganes , ainsi nommées de l'habi- tude qu'ont leurs larves de couvrir de petits morceaux de bois, ou de substances étrangères , les fourreaux qu'elles se filent à la manière des teignes, ont les antennes très-longues. Tous ces agnathes ne volent guères que le soir : ils ne vivent que quelques momens , et tous les individus d'une même espèce éclosent à la fois dans le même pays. La troisième famille des névroptères, celle des Odonates ou libelles, se distingue par la forme de la bouche, qui est très - développée , mais recouverte par la lèvre inférieure. C'est un groupe des plus naturels : toutes proviennent de larves aquatiques, qui nagent, en introduisant dans leurs intestins une certaine quantité d'eau, qu'elles expulsent tout à coup comme avec une seringue; l'eau environnante résiste à ce jet et éloigne l'insecte dans le sens opposé. Leur nymphe est agile , et ne diffère de la larve que par des moignons d'ailes. Les organes de la génération présentent une dispo- 488 • l^S ' sition des plus bizarres, qui influe sur leur mode d'accou- plement. Les libellules et les agrions composent cette famille. Le quatrième ordre de la classe des insectes est, comme nous l'avons dit, celui des HYMENOPTERES : il comprend encore des insectes màchcurs, ou dont la bouche est confor- mée de manière à diviser les matières solides, mais cepen- dant à pomper en même temps les liquides. Leurs quatre ailes sont nues, membraneuses, avec des nervures principales .sur la longueur ; les inférieures, plus minces et plus étroites , s'accrochent, par leur bord externe , au bord interne des su- périeures, au moyen de petites pointes courbées, pour ne former avec elles qu'un seul plan, lorsqu'elles sont écartées du corps. La plupart ont cinq articles aux tarses. Les femelles ont le plus souvent une tarière ou un aiguillon. Neuf familles composent cet ordre des hyménoptères. Voici le tableau analytique qui les indique : 'sessile : nne tar'ère d?as les femelles; à antennes non brisées 30. Vropristes. (plus longue que les man-'ibiiles : ventre ;i pédicule liés-couit. 'il M.llites. concave en-diessous , se roulant en boule, corps métallique 33. Chijsides. (doublées sur la longueur: antennes brisées. 3z. Pterodiples, fbrisées ou filiformes; ventre .,■-■( conique 36. Mjrmeses à ailes su- non d— ' périeures / blées , i i . i ■ o .. , , -, y I "■!" '(..., lau plus; nique... 34. AiUhophiles . anleunes )ni brisées ,1 '.^'1 ' ^„ ,. , en fil;( ^^^"-^ (compriiiié. 38. ISeottociyptes. [icles: i ,^1^, ji^. à 17. 3?. Oryclères. Ide treize. 1 1-7 à 3o. 35. Emoinotilles. La seule famille indiquée sous le n." Sg comprend des insectes dont la larve ressemble tout- à -fait à une chenille munie de pattes, et qui se nourrit comme toutes les che- nilles; tandis que les larves de toutes les autres familles ont la forme de vers mous sans pattes, près desquelles les pa- rcns déposent une certaine quantité d'alimens , ou qu'ils se chargent de nourrir. Les Apîaires ou mellites , dont le ventre est attaché au métaïhorax par un petit pédicule court , et dont la lèvre inférieure est pins longue que les mandibules, ont toutes des antennes brisées ou coudées. Sous l'état parfait, ces in- sectes sucent le nectar des fleurs, et ils nourrissent leurs larves du pollen àes, végétaux. Il j a souvent, parmi les es- pédiculé : à lèvre ' inférieure 1 • INS • ^«9 pèces qui Aivent en société, des femelles condamnées dès l'enfance à une stérilité absolue, mais que le sentiment de l'amour maternel porte à se charger de l'éducation des petits qui proviennent d'une ou de plusieurs femelles fécondes. C'est à cette famille qu'il faut rapporter les abeilles , les xylocopes, les bourdons, ainsi que les andrènes, les bylées, les nomades : enfin, le genre des bembèces, dont la lèvre supérieure forme une sorte de bec qui couvre les parties de la bouche. Les Ptérodivles ou duplicipennes, comme les guêpes et les masares , forment la famille suivante, dont les mœurs sont analogues à celles des abeilles, mais dont les mâchoires sont moins alongées, et qui sont surtout remarquables par le pli longitudinal qui se forme dans les ailes supérieures lorsque l'insecte est dans le repos , ce qui les rétrécit beaucoup. Leurs antennes sont aussi brisées; mais elles forment une masse ou un fuseau vers les articles libres. Les Chrysides et les parnopès, qui composent à elles seules' une petite famille , sont surtout remarquables par la forme des anneaux de l'abdomen, qui sont concaves en-dessous et qui peuvent se rouler en boule comme les armadilles. Les Anthophiles ou florilèges se trouvent sur les fleurs dans l'état parfait : ils se nourrissent du pollen, mais ils ne le recueillent pas comme les apiaires. Ils nourrissent , au contraire, leurs larves avec d'autres insectes, qu'ils saisissent et qu'ils paralysent en les piquant de leur aiguillon, ou qu'ils mutilent, afin qu'ils n'off'rent aucune résistance à ces sortes de vers qui , le plus ordinairement , sont déposés dans des nids construits avec artifice. Les uns ont les antennes ren- flées, comme les philanthes et les scolies; d'autres les ont à peu près de même grosseur dans toute leur étendue : tels sont les mellines et les crabrons. La famille des Entomotilies ou insectirodes, c'est-à-dire rongeurs dinsectes, provient de larves qui, pour la plupart, se développent dans 1 intérieur du corps des autres insectes, dont elles absorbent fous les sucs, en ménageant les organes de kl digestion jusqu'à l'époque où elles sont prêtes à se mé- tamorphoser. Ce sont des insectes parasites, dont les mœurs sont extrêmement curieuses à étudier. On rapporte à ce 490 ' INS ^ ' groupe les genres Ichneumon ', Ophion , Banche , Foene , Evanie. Les Myrmiîges ou formicaires, c'est-à-dire A^oisins des four- mis , comprennent en effet ce genre et ceux des niulilles et des dor^'les. II y a parmi eux des individus condamnés , comme chez les abeilles, à une stérilité complète. La plupart vivent en sociétés nombreuses. Les neutres seuls travaillent. Les inàles périssent peu de temps après qu'ils ont rempli leurs fonctions, ou queTépoque de la fécondation est passée. Leurs mœurs présentent aussi le plus grand intérêt. Les insectes parfaits sucent les pucerons , semblent les élever en domes- ticité; ils se livrent des. guerres , font de leurs prisonniers des sortes d'esclaves qu'ils chargent des soins domestiques in- térieurs. (Voyez en particulier l'article Fourmi.) Les Oryctères ou fouisseurs ont des mœurs analogues à celles des anthophiles, quoique leurs caractères, ou la disposition de leurs parties extérieures, soient fort différens : tels sont les pompilcs, les larres, les sphèges et les tiphies. La famille des abditolarves ou Néottocrvptf.s , noms qui indiquent que les larves de ces insectes sont soigneusement cachées, comprend des espèces qui ont beaucoup de rapports de ma'urs avec les enfomotilles; mais leurs formes sont aussi très -différentes. La plupart déposent leurs œufs sous l'épi- derme ou dans le tissu même des végétaux; les plaies qu'ils produisent, appellent en cet endroit les sucs qui s'extravasent, produisent des tumeurs ou des gales, dans l'intérieur des- quelles les larves se développent et se nourrissent parfaite- ment à Fabri : telles sont les mœurs des diplolèpes, des cynips, des eulophes, des diapries. D'autres, comme les leucopsides, les chalcides, se nourrissent dans le corps des insectes, à peu près comme les ichneumons. Enfin , la dernière famille des hyménoptères réunit des insectes tellement différens des autres, sous le rapport des métamorphoses, qu'on seroit tenté d'en former un ordre particulier. C'est celle des Urofristes ou serricaudes, ainsi nommée à cause de la tarière en scie que les femelles por- tent à l'extrémité du ventre , et qui sert à faire des entailles aux écorces des plantes sous lesquelles l'insecte veut déposer ses œufs. Dans toutes les espèces mâles et femelles l'abdomen • INS 491 est absolument scssile ou appliqué immédiatement au corse- let : foutes proviennent de chenilles à tête écailleuse , qui se nourrissent de matières solides végétales, feuilles et écorces. Elles ont plus de dix-huit pattes, et quelquefois, quoique rarement, au-delà de vingt-deux. A l'époque de leur trans- mutation, elles se filent un double cocon, quelquefois très- solide , où la nymphe reste immobile , quoique ses parties soient distinctes, enveloppées cependant dans un épiderme qui reste dans la coque, que l'insecte déchire ou coupe très- régulièrement en travers , lorsqu'il prend sa dernière forme et qu'il sort, comme ressuscité, de cette sorte de tombeau. Deux groupes partagent cette famille : dans l'un, auquel on rapporte les cimbèces et les sirèces, les antennes ne sont ni en fil ni en soie, comme dans les tenthrèdes ou mouches à scie, les urocères et les orysses. Cette famille des uropristes est un chaînon qui lie l'ordre des hyménoptères à celui des lépidoptères par la forme et les moeurs des larves. Les HEMIPTERES forment le cinquième ordre de la classe. Ce nom, qui signifie moitié d'ailes ou demi-ailes, et auquel on a proposé de substituer ceux d'hémélytres et d'hémimé- roptères, ne convient pas à toutes les espèces. Quoique ces insectes aient le plus souvent quatre ailes, dont la base ou la moitié de la longueur qui y correspond reste plus opaque; il en est quelques-uns, comme les cigales et les pucerons, par exemple , dont les ailes supérieures sont semblables aux inférieures. Leur véritable caractère consiste dans la forme de leur bouche , qui a déterminé la nature de leurs alimens , et par conséquent leurs mœurs. Ainsi , quoique le nom donné à cet ordre soit mauvais , les in- sectes qu'il réunit n'en ont pas moins les plus grands rap- ports par la métamorphose, qui est incomplète, c'est-à-dire que l'insecte, sous les trois états, est semblable à lui-même, les ailes ou les rudimens d'ailes exceptés , comme chez les orthoptères, et surtout par la présence d'un lec , ou d'une bouche consistant en une sorte de tube formé de plusieurs pièces qui contiennent des soies fines et aiguës. L'animal se sert de cet instrument pour piquer les corps organisés dont il suce ou pompe les humeurs pour se nourrir. coriaces, \ anleinies roisées f 492 ' I.NS ' Six familles fort nahirelles composent cet orJrc : voici le tableau analytique qui les indique, d'après l'examen des par- ties extérieures. ' I .„ . ( longiiP?, 1'°'^ ^'- '^'^"'^'"'«Ç'"- ^.'"^ "^ I ea (fil ou en masse. 40. Fihinostomes. lrès-court:s , en soie . . . 42. Iljdrocorées. très-étroites , linéaires : tarses vé- siculcux ; . 45. Physafwdes. non croisées; (trois 43. yiuchénorinques. des tarses (deux au plus. 44. Pk^tadelges. Les insectes de la famille des hémiptères Rhinostomes ou frontirostrcs a, comme leur nom l'indique , un bec qui paroît naître du front; leurs antennes ne sont pas en soie, e( leurs tarses ne sont pas propres à nager , mais bien à s'accrocher sur les corps solides. Ils paroissent tous sucer de préférence les vé- gétaux , dont ils absorbent la sève sous les trois états de larves, de nymphes agiles et d'insectes parfaits. Les uns ont les an- tennes en masse , ce sont les podicères et les corées; d'autres les ont en fil ; mais parmi ceux-là il en est qui ont cinq articles aux tarses, comme les pentatomes et les scutellaires , tandis que d'autres n'en ont que trois, comme les acanthies, les gerres et les lygées. Les Z0ADELGE3 ou sanguisuges sucent les humeurs des ani- maux ; leur bec paroît aussi être un prolongement arqué du front , mais leurs antennes longues se terminent par un article trèï-grêle ou en soie : tels sont les punaises des lits, les mi- rides, les réduves, les ployères et les hydrom.ètrcs. Les HvDRocoKÉEs, ou les punaises qui vivent dans l'eau , qu'on peut encore appeler rémitarses, parce que leurs pattes postérieures sont propres à nager, à raison de l'aplatisse- meiit de leurs tarses qui souvent sont ciliés sur la tranche et composés de deux articles, sont surtout remarquables par l'extrême brièveté de leurs antennes, qui ressemblent à un petit poil ou à une soie. C'est dans cette famille qu'on range les genres dent les espèces portent des tilets au ventre, comme les scorpions aquatiques ou les nèpes et les ranatres; ainsi que celles qui n'ont pas ces sortes de filets, comme les sigares, les naucores et les notonectes. Les cigales et les autres genres voisins, dont le bec, dans , • INS • 493 rëtat (le repos, reste couché sous le ventre entre les pattes , et dont la base paroit naître du cou , portent , à raison de cette conformation , le nom de coUirostres ou d'AucHÉNORiN- (^)i'K.s. Leurs ailes supérieures, qui ne sont pas croisées, sont cà peu près de sen.blable consistance dans touie leur lon- gueur ; ils n'ont pour la plupart que trois articles aux tarses. On rapporte à cette famille, comme nous venons de le dire, les cigales, cicadellcs, membraccs , cercopes , fiâtes, ful- gorcs , etc. Les Phytadelges ou plantisuges ont aussi les ailes non croisées et semblables entre elles, souvent étendues et trans- parentes; leur bec paroit encore prendre son origine à la base de la tête en-dessous, au devant du corselet, ou vers le cou. Leurs tarses sont en général très-mal organisés pour la mar- che; ils n'ont que deux articles. Aussi la plupart des espèces sont-elles très-lentes et restent-elles fixées sur les végétaux, au lieu même où leurs mères ont déposé leurs œufs. Il en est beaucoup qui n'ont pas d'ailes, et dont les pattes, très courtes, ne peuvent servir qu'à retenir ces insectes sur les feuilles ou les écorces: tels sont les gallin-fctes, les cochenilles femelles, les chermès , les psylles. D'autres, comme les pucerons, les aleyrodes, peuvent se transporter d'un lieu à un autre à l'aide des ailes. Le mode de génération de ces insectes est des plus curieux à connoitre. ( Voyez les articles Phytadelges et Pu- cerons.) Enfin, le seul genre anomal des thrips constitue la famille des Thysapodes ou vésitarses , noms qui indiquent la confor- mation singulière des tarses, lesquels sont garnis de petites vessies qui font, à ce qu'il paroit , l'oflice de petites ventouses pour faire adhérer l'inseeie sur les surfaces les plus lisses. Ce sont de très-petites espèces, dont le bec est, l'ar consé- quent, très-court. Ils ont à peu près le port des staphylins; mais leurs tr:.nsrorniations sont bien celles des hémiptères, puisqu'on a observé leurs larves et leurs nymphes. Cependant ils diffèrent réellement de tous les insectes de cet ordre. Les plus grandes espèces atteignent a peine une ligne de longueur. Après les insectes à quatre ailes qui ont un bec, viennent ceux qui ne p«uvent aussi se nourrir que de liquides , mais 494 • INS * à l'aide d'une langue roulée en spirale. Ils forment le sixième ordre, celui des LEPIDOPTERES. Leur corps est toujours velu et leurs ailes couvertes de petites écailles colorées, pla- cées en recouvrement les unes sur les autres, ce qui leur a valu le nom qui les désigne d'une manière générale. Jamais Ils n'ont de stemmates ou d'yeux lisses, et leurs antennes sont toujours alongées. Les lépidoptères proviennent de larves agiles, alongées, qui ont d'abord , du côté de la tête , six pattes articulées , et ensuite plusieurs autres fausses -pattes, disposées par paires sur les anneaux du corps, dont le nombre n'excède pas seize. On les nomme chenilles; leur tête est formée d'une sorte de grande écaille qui la recouvre entièrement, et dont les formes varient; leur bouche est munie de mâchoires. Elles se nourrissent de feuilles, de fruits, d'écorccs , de bois; quelques-unes de substances animales; la plupart peuvent filer. Outre les mues ou les changemens de peau qui sou- vent changent l'aspect de ces chenilles, elles subissent, quand elles ont acquis tout leur développement, une véritable mé- tamorphose complète. Elles se changent en une chrysalide immobile, plus grosse du côté de la tête, et sur laquelle on distingue des traits qui dessinent la position de toutes les parties de Pinsecte parfait qu'elles renferment. Plusieurs s'accrochent par la queue, et subissent leur transformation à l'air libre; d'autres, qui se sont construit un étui ou un fourreau ouvert du côté de la tête, le ferment à cette époque. Enfin , le plus grand nombre se tissent, avec une soie plus ou moins grossière, un follicule ou un cocon, dans lequel elles restent long-temps , souvent six mois, dans une sorte de som- meil léthargique et sans prendre de nourriture. La forme des antennes a permis de diviser cet ordre en quatre familles, comme il suit : i , ( bout 46. Ronaloceres. en masse, ou renflées au S „_ (milieu ^T.Closteroceres. ] non renflées, et en.. . j ^^ "" «"^ peigne.. 48. Nématoccres. [ I soie /,9. Chétoches. Les RoPALocÈREs ou globulicornes correspondent au genre Papillon dé Linnasus. Ils ne se filent pas de coque. La plu- part s'accrochent par la queue : les uns restent suspendus ^ » INS • 495 verticalement; d'autres, avant de se changer en chrysalide , ont eu la précaution de passer quelques fils qui les entourent en dehors, comme une sorte de sangle transversale, pour se maintenir rapprochés des corps sur lesquels ils se sont fixés. Toutes les espèces volent pendant le jour, et non le soir ; tek sont les papillons, les hespéries , les hétéropfères. Les Clostérocères ou fusicornes ont les antennes en fuseau ou en prisme , plus gros au milieu. Leur corselet est en général plus gros que dans les papillons .- leurs ailes inférieures s'accrochent aux supérieures par un poil roide, qui est reçu dans une sorte d'anneau du bord interne près de la base. Ces ailes ne peuvent pas s'éiever verticalement. La plupart ne volent qu'au crépuscule, principalement le soir. On rapporte à cette famille les sphinx, les sésie*, les Z3'gènes. Les Nématoceres ou filicornes offrent, comme leur nom l'indique, des antennes à peu près en fil, dentelées, ou en peigne .- leurs ailes sont en toit, le plus souvent arrondies; elles sont aussi accrochées par un fil roicie. La plupart des chenilles se filent un cocon. Les bombyces, les cossus, les hépiales composent cette famille. Enfin, la dernière famille, celle des Chétocères ou fili~ cornes, comprend tousles lépidoptères dont les antennes sont plus grêles à leur extrémité libre ou en forme de soie. C'est le groupe le plus nombreux. Il comprend des espèces qui n'ont entre elles d'autre analogie que dans la forme des an- tennes; car, sous l'état parfait, elles ont un port très-varié, principalement par la forme des ailes : ensuite les chenilles diffèrent beaucoup encore pour la conformation, les mœurs et les habitudes. Parmi les espèces de cette famille , les unes, comme celles des genres Phalène et Ptérophore , ont les ailes étendues, même dans l'état de repos ou d'inac- tion ; les autres , lorsque l'insecte ne vole pas , ont des ailes dis- posées de manière à former une sorte de fourreau ou de gaine au corps, comme les lithosies et les teignes; enfin, chez, un plus grand nombre, comme dans les pyrales , les alucites, les cranibes et les noctuelles , les ailes i'orment , dans l'état de repos, une sorte de toit sur le corps. Le septième ordre de la clause comprend tous les insectes qui, sous leur dernier état, n'ont que deux ailes meœbra.-. 496 < INS « neuscs , et qui sont privés de mâchoires distinctes : ce sont les DIPTÈRES. Ces insectes ont , pour bouche, un instrument propre à la succion des liquides , qui offre trois principales modifications dans sa structure. Quelquefois c'est une avance cornée, qui fait toujours saillie au dehors, et qui sert de gaine à des soies roides, mobiles les unes sur les autres. C'est une sorte de pipette ou de chalumeau garni de petites lan- cettes ; c'est un suçoir qu'on nomme en latin haustellum. Quelquefois ce tuyau est charnu , protractile, rétractile , pou- vant être alongé et rentrer dans une cavité particulière de la tête . terminé le plus ordinairement par une partie plus large, divisée en deux lèvres, et au centre de laquelle est un pore absorbant, forrnant ainsi une sorte de petite ventouse; c'est ce qu'on nomme une trompe , en latin proboscis. Enfin , cette bouche offre une troisième modification : elle représente une sorte de museau aplati, garni d'une trompe très-courte, et peut-être d'un petit suçoir, avec des palpes ou des barbil- lons articulés fort distincts. Les métamorphoses varient un peu dans les difflérentes fa- milles , et même dans quelques genres : la plupart pon- dent des œufs. Les larves qui en proviennent, quoique de formes et de mœurs très-variées , sont le plus souvent privées de pattes et d'yeux, et celles-là se développent au milieu de leur nourriture ou dans l'eau. Elles se meuvent souvent à la manière des sangsues , c'est-à-dire , en s'accrochant avec la bouche. La plupart des nymphes, à l'exception de celles des cousins et de quelques tipules, sont toujours immobiles, el leurs parties sont tantôt recouvertes par la peau de la larve qui se dessèche, tantôt par une sorte de coque membraneuse, arrondie, lisse, à la surface de laquelle on ne distingue au- cune partie de l'insecte , comme dans les œufs des oiseaux. Cette coque s'ouvre le plus souvent en travers, sans que les deux parties de l'enveloppe se séparent entièrement, en lais- sant un pont qui fait Toffice d'une charnière élastique. Les deux ailes membraneuses des diptères offrent le plus souvent en-dessous deux rudimens d'ailes inférieures recour- bées sur elles-mêmes, en forme d'écaillés doubles ou simples, qu'on nomme des cuillerons ; et en-dessous se voit presque toujours un petit appendice plus ou moins alongé, et terminé • ' INS • 497 à son extrémité libre par un petit bouton renflé : c'est ce qu'on nomme les balanciers. Leur usage est encore ignoré. Ils n'existent pas dans les cousins. L'ordre des diptères ne comprend pas, comme le nom pourroit porter à le croire , tous les insectes qui n'ont que deux ailes ; il en réunit plusieurs qui , par leur organisa- tion, leurs mœurs et leur analogie avec quelques espèces du même ordre , doivent y être rapportés , quoiqu'ils n'aient pas d'ailes du tout : tels sont les mélobosques et peut-être quelques espèces du genre de la puce. Les insectes à deux ailes seulement et qui ne sont cependant pas des diptères, sont quelques coléoptères à élytres sans ailes membraneuses ; et d'autres chez lesquels les élytres sont tellement courts par rapport aux ailes toujours étendues, que les ailes supé- rieures semblent leur manquer : tel est le molorque; tels sont aussi quelques ripiphores. Plusieurs éphémères n'ont aussi que deux ailes , quoique la plupart en aient quatre réticulées. Quelques pucerons, les mâles des psylles, des kermès, des cochenilles , qui sont , par la structure de leur bec , de vérita- bles hémiptères, n'ont cependant réellement que deux ailes. Nous avons donné, à l'article Diptères, de plus grands dé- tails sur cet ordre; nous croyons devoir y renvoyer le lec- teur, en lui présentant seulement ici l'analyse qui mène à la distinction des cinq familles qui le composent. ! cornée, saillante j suçoir rond. . 5o. Sclérostomes. en (museau plat. 54. Hydromjes. charnue,enfon- J à poil latéral. 52. Chéioloxes. cée ; antennes j sans poil isolé. 5 1. Aplochres. luUe, remplacée par trois pores 53. Astomes. A bouche La famille des ScLÉaosTOMEs ou haustellés est caractérisée par la présence du suçoir saillant, souvent coudé, qui est évi- dent, même dans l'état de repos. Les espèces réunies par ce caractère sucent presque toutes les animaux , sous l'état parfait; mais leurs larves ont des manières de vivre lout-a-fait diffé- rentes, et par conséquent ces larves et souvent leurs nym- phes n'ont aucune analogie avec les insectes qu'ils produisent. Les cousins, par exemple, ressemblent aux tipules de la famille des hydromyes par leur forme générale et par celle des 23. 32 498 I INS antennes ; mais ils diffèrent de tous les autres diptères par la forme et par la mobilité dont est douée leur nymphe , qui a , sous ce rapport , plus d'analogie avec celle des phry- ganes parmi les névroptères. Les stomoxes , qui ont les habitudes des cousins , ressem- blent beaucoup plus a des mouches. Les mœurs des larves varient beaucoup. On en trouve dans le sable, où elles dressent des embûches aux autres insectes; dans la terre, dans le fumier, dans l'eau ; dans l'intérieur des animaux, des végétaux. Les moyens que Ton emploie pour diviser en genres les in- sectes à deux ailes, sont tout-à-fait systématiques. 11 faut avouer qu'on connoît encore très-peu ces insectes, et que leurs méta- morphoses sont à peu près ignorées. Les uns, comme les hip- pobosques, lesmélobosques, lesornithomyzes, ont les antennes terminées par un poil isolé; leur tête est à peine distincte du corselet; les crochets de leurs tarses sont souvent contournés en tire-bourre, pour adhérer sur la peau des animaux. Leurs larves, à ce qu'il paroît, se développent et subissent leurs mé- tamorphoses dans le corps de lumière; d'autres, comme les myopes , les rhingics , les stomoxes , portent sur l'un des côtés de l'antenne qn poil roide isolé, qu'on ne retrouve pas dans les autres genres, qui tantôt, comme les conops , ont les an- tennes en fuseau, et tantôt en fer d'alêne, comme les bom- byles, les taons, les chrysopsides , les empis. La famille des Aplocères ou simplicicornes, c'est-à-dire celle qui renferme les espèces à trompe charnue, rétractile, et dont les antennes n'ont pas, comme celles du groupe sui- vant, un poil isolé latéral , renferme des genres dont l'histoire est encore peu connue. Elle réunit ceux que nous allons énu- mérer , en renvoyant pour d'autres détails aux articles qui les concernent, et principalement au mot Aplocères. Ce sont, parmi ceux qui offrent un poil terminal aux antennes, les rhagions, les bibions, les anthrax, les cyrtes et les hypoléous ; et parmi les autres les stratyomes ou mouches armées, les siques , les némotèles , qui ont l'abdomen ovale, aplati, et les mydas et les céries, qui l'ont arrondi et alongé. Les Chetoloxes oh latéralisètes , dont les mouches com- munes pourroient être considérées comme les prototypes. • • INS • 499 ont, comme le nom de la famille l'indique, un poil isolé sur les antennes; ce poil est tantôt simple, tantôt comme plu- meux ou barbu : les genres Cénogastre et Mouche sont dans ce dernier cas. Les échinomyes et les tétanoccres ont l'article intermédiaire des antennes plus long que les autres. Viennent ensuite se ranger dans le même groupe les ceyx , qui ont les pattes très - longues , le corps linéaire, la tête comme portée sur un cou ; les dolychopes et les cosijiies , qui ont le ventre courbé en-dessous; les mulions, qui ont les antennes en fuseau , tandis qu'elles se terminent par une sorte de palette dans les syrphes , les thérèves et les sarges. La petite famille des Astomes ne comprend que le genre des oestres, chez lesquels la bouche paroît être remplacée par trois tubercules. L'insecte ne prend cette forme ailée que j)our vaquer à l'œuvre de la génération, ou pour trans- mettre sa race dans les lieux singuliers que la nature a des- tinés à son développement, tels que les sinus frontaux des ruminans , les intestins , les furoncles ou les ulcères sous- cutanés que leurs larves déterminent dans les animaux. Enfin, sous le nom d'HyoROMYEs ou de bec-mouches sont réunies toutes les espèces dont le front se prolonge en une sorte de bec ou de museau , sur lequel on distingue seulement des bai'billons ou des palpes articulés. Leurs antennes, sou- vent très-longues et en peigne , ont toujours un grand nombre d'articles. La plupart proviennent de larves de formes parti- culières, bien différentes de celles des autres diptères; car les nymphes surtout laissent apercevoir au dehors les mem- bres de l'insecte parfait, comme dans les lépidoptères : telles sont les tipules, les cératoplates , les hirtées, et quelques autres , comme les psychodes et les scathopses. Cette famille semble former un ordre distinct parmi les insectes; mais on n'en connoit encore les mœurs que très-imparfaitement. Le huitième et dernier ordre de la classe des insectes a, comme nous l'avons déjà annoncé , bien moins de caractères positifs que ceux que nous avons étudiés jusqu'ici. C'est une division tout -à- fait arbitraire et systématique, comprenant plusieurs groupes d'insectes qui n'ont entre eux aucun rapport d'organisation ni de mœurs; ils sont privés d'ailes, et cependant, sous cette forme, ils peuvent repro- 6oo ' INS ' ' duire leur race. Voilà le seul caractère, qui est, comme on pourroit le dire, négatif, puisqu'il consiste en un défaut ou une privation de parties : on les désigne sous le nom d' AP- TÈRES. Dans le second volume de ce Dictionnaire nous avons fait connoître quels sont les insectes des différens ordres qui, quoique privés d'ailes, ne sont pas rangés parmi les aptères : il a fallu, pour cela, comparer ces insectes, et em- ployer ce qu'on peut appeler la méthode d'exclusion, n'ayant pas d'autres moyens d'exprimer les caractères des ordres. Nous renvoyons à cet article, qu'il faudroit reproduire ici en entier. Nous en empruntons cependant le tableau suivant, qui indique les six familles naturelles de cet ordre. i,. . , j tous les anneaux. . 5q. Myriapodes. peu distinct : pattes a < /. „ , , ( quelques anneaux. 60. Polygnathes. ,. . ( nulles: 8 pattes 58. Aceres. très -distinct;» ,. . , ., { distinctes; Ipoilu 57. I\ematouies. antennes , 'T . / . \ a anus [sans poils.... .>d. hicins. Pas de niâclioircs: un bec ou un suçoir 55. Rhinapleres. Parmi les Rhinaptères ou parasites on range les aptères qui n'ont pas de mâchoires, mais un suçoir; leur tête est mobile ou distincte du reste du corps: tels sont les poux, les cirons et les puces. La petite famille suivante comprend seulement les ricins ou les poux des oiseaux , qui ont de petites mandibules pour s'accrocher aux plumes : on les a appelés Avislges ou Orni- THOMYZONS. Les Nématoures ou séticaudes comprennent trois petits genres qui ont beaucoup d'analogie avec les blattes, insectes orthoptères, et avec quelques névroptères , par la forme des antennes, de la bouche, des pattes et par les tuyaux qui souvent terminent l'abdomen : tels sont les genres Forbicine, Lépisme et Podure , qui sont nocturnes et se nourrissent de débris de végétaux. Les Aranéides ou les acères sont tellement différens des autres insectes, que quelques auteurs, dans ces derniers temps, en ont fait une classe à part. Ils diffèrent, en effet, des insectes , d'abord , parce qu'ils n'ont pas de tête distincte et surtout pas d'antennes , parce que le corselet et la tête sont réunis , parce que la plupart ont huit pattes ; ils n'ont pas • INS • Soi d'yeux à réseaux simples , mais comme huit yeux lisses ou stemmates : il y aune sorte de sac pulmonaire distinct, avec très- peu de stigmates ou d'orifices extérieurs. Ils pondent plusieurs fois pendant leur vie. Tous se nourrissent d'ani- maux qu'ils blessent h mort et qu'ils sucent ou dévorent ensuite. C'est une famille très- nombreuse , q»ii se subdivise en genres et sous -genres, d'abord d'après la forme des mandibules , qui se terminent tantôt par un simple crochet acéré , mobile , comme les araignées , les mygales , les trom- bidies; ensuite, en espèces dont les mandibules forment la pince, et dont l'abdomen est accolé au corselet sans pédicule distinct: tels sont les scorpions, caractérisés en outre par les anneaux postérieurs de l'abdomen , qui sont articulés en forme de queue terminée par un aiguillon ou crochet venimeux ; tels sont encore les phrynes, les galéodes et les faucheurs. Les Myriapodes ou millepieds ont des paires de pattes à presque tous les anneaux : ils ont quelques analogies d'une part avec les crustacés, et de l'autre avec les annelides; ils n'ont pas de corselet distinct, et leur tête ne porte que deux antennes. Les scolopendres et les scutigères n'ont qu'une seule paire de pattes à chaque segment de leur tronc , tandis que les jules, les polyxènes , les glomérides et les polydesraes en ont deux à chaque anneau. Enfin, les Polygnathes ou quadricornes , comme les clo- portes, les armadilles et les physodes, qui ont quatre an- tennes, semblent faire le passage évident à la classe des crustacés; car la plupart portent les œufs sous les derniers anneaux du corps : ces œufs y éclosent, et les petits y restent quelque temps vivans. Ils respirent par des trachées. Voilà en quoi ils diffèrent de certains crustacés, comme les crevettes. Nous venons d'exposer la méthode de classification que nous avons adoptée pour ce Dictionnaire. Nous croyons de- voir répéter que nous n'avons pu qu'énoncer les faits, qu'on trouvera développés avec beaucoup plus de détails sous cha- cun des noms principaux. Nous allons seulement ajouter ici la liste des familles dans l'ordre que nous avons suivi, afin d'en présenter l'ensemble , et pour qu'elle puisse servir de guide dans l'arrangement méihodique des planches qui repré- sentent tous les genres d'insectes dans l'Atlas. Nous indique- 6o2 INS rons aussi celles des livraisons qui ont paru jusques et com- pris la vingt-troisième. Par la suite, quand nous aurons oc- casion de citer une planche , nous l'indiquerons sous le numéro qui sera gravé au bas. I." Ordre. COLÉOPTÈRES. Premier Sous-ordre. PENTAMÉR ES. i.''^ Famille. Créophages ; 3.* livraison, deux planches, n."' 12 et i3. 2.^ — Nectopodes ; 4.* livraison, n." 11. 3." — Brachélytres ; idem, id. 4.* — Pétalocères ; 4." livraison , n.° 10. 5.* — Priocères; 8." livraison, n.°' 9 et 10, 6.* — Hblocéres ; idem , idem. 7.® — Stéréockres; iG.*" livraison, n." 10. 8." — Sternoxes; 1 1 .*" livraison , n.° 10. g.^ — Térédyles; idem, id. 10.* — Apalytres; 1 .'"livraison , n," 9. Second Sous-ordre. HÉTÉROMÉRÉS. 11.* Famille. Épispastiques ; 8.*^ livraison, n.° 12. 12." — Sténoftères ; 1 5.^ livraison , n.° i3. i3.* — Ornéphiles ; idem, i).° 11. 14.^ — Lygophiles, idem, n." 10. i5.* — PhoïOphyges, idem, n.° 12. 16." — Mycétobies; 18.* livraison, n." 11. Troisième Sous- ordre. TÉTRAMÉR ES. 17.* Famille. Rhinocères; 16.* livraison, n.° 9. 18.* — Cylindroïdes ; 1 1 ."^ livraison , n.° 9. 19." — Omaloïdes; 16.* livraison, n.° 10. 20.* — Xylophages ; 8." livraison , n.° 11. 21.* — Phytophages; 17.*^ livraison , n.°' 9 et 10. Les genres anomaux Spondyle et Cucuje, 11.^ livraison, n.° 9. Quatrième Sous-ordre. TRIMÉRÉS. 22.' et 23." Familles. Tridactyles et Dxmbrés. INS • 5o5 IL* Ordre. O RTHOPTÈRES. 24/ Famille. Labidoures ; 1." livraison, n." 12. 25." — Blattes ; idem , id. 26/ — AnOiMIPES ; idem , id. 27.^ — Grylloïdes ; i3.* livraison, n."' i3 et 14. III." Ordre. NÉVROPTÈRES. 28.* Famille. Stégoftères ; i5." livraison, n." 12 , et 14.' livraison , n." 11. 29.^ — Odonates ; iJ^ livraison, n." 11. 00. ° — Agnathes; idem, id. IV." Ordre. HYMÉNOPTÈRES. 3 1 ." Famille. Mellites. 32." — Ptérodiples ; 1.'" livraison, n." 10. 53." — Chrysides ; idem, id. 34.* — Anthophiles; idem, id. 35." — Entomotilles ; 9." livraison , n." 9. 36." — Myrméges; idem, id. 37." — Oryctères. 38." — Néottocryptes. 39." — Uropristes. V." Ordre. HÉMIPTÈRES. 40." Famille. Rhinostomes ; 1 1." livraison, n.° 1 1. 41." — Zoadelges ; 11." livraison , n.° 12. 42." — Hydrocorées; • idem, id. 43." — AucHÉNORiNQUEs ; 1 .'" livpaison , n.° 9. 44." — Phytadelges. 45." ■ — Physapodes ; 1 1." livraison , n." 1 1. VI." Ordre. LÉPIDOPTÈRES. 46." Famille. Ropalocères; 9." livraison, n.° 10. 47." — Clostérocères ; 8." livraison , n.° i 3. 48." — Nbmatocères; 6." livraison , n.°* 10 et 11. 49." — Chétocères ; 8." livraison, n.° i3, el 9." li- vraison, n.° 1 1. INS VII." Ordre. DIPTÈRES. 50." Famille. SCLÉROSTOMES. .51." — Aploceres; 2." livraison, n.° 8. 52.'- — CnÉToroxEs. 55.' — ASTOMES. 54.-= — Hydromyes. VIII.*= ET DERNIER OrDRE. APTÈRES. 55." Famille. Rhinaptères ; 18." livraison, n.° 10. 56." — Ornithomyzons. 67." — Nématoures. 58." — Aceres; 2." livraison, n.°' 10 et 11. 69." — Myriapodes; 22." livraison, n.°' 9 et 60." — Polygnathes ; idem, n.° 10. Après avoir fait connoître successivement, dans les pages qui précèdent, 1.° la conformation des insectes, en donnant une description générale des parties dont leur corps se com- pose ; 2.° l'organisation intérieure, ou l'exposé des fonctions que ces animaux remplissent; 5.° l'arrangement méthodique ou la classification particulière que nous avons employée pour les faire connoître, il nous reste à traiter, comme nous l'avons indiqué au commencement de cet article, de l'his- toire de la science eutomologique , en indiquant les auteurs principaux qui ont écrit sur les insectes ; mais, en donnant les titres de leurs ouvrages, nous en présenterons une courte analyse. Ce sujet a été l'objet de plusieurs traités particuliers, dont nous profiterons. Cependant il sera facile de voir que nous sommes loin de les avoir copiés. Les principaux sont Brunnich (1764); Fabricius, dans le premier livre de sa Philosophie eutomologique (1778), intitulé Bibliothèque; les auteurs de l'Encyclopédie méthodique (1789); une dissertation inau- gurale de M. Gravenhorst (]8oi ) , publiée en latin, à Helm- sta^dt, dans laquelle l'auteur a voulu donner principalement un abrégé des systèmes d'entomologie ; enfin, un opuscule de M, Charles Nodier, qui a pour titre Bibliographie euto- mologique , ou Catalogue raisonné des ouvrages relatifs aux insectes (an IX). • INS • 5o5 Voici d'abord la liste chronologique de cinquante -six des auteurs principaux : c'est dans cet ordre que nous allons successivement les faire connoître. 1. Gesner , i54i. 2. Aldrovande , 160; 3. Hoefnagel, i65o. 4. Mouffet, 1654. 5. Rédi, 1646. 6. Goedaert, 1662. 7. Malpighi , 1669. 8. Swammerdani , g. làster, 1678. 10. Mérian, 167g. 11. Leuvvenhœck, 1675. 695. 1700. 12. Vallisnieri i5. Rai, 1708. 14. Albin , 1751. i5. Réaumur, 1734. 16. Seba, 1754. xj. Linnaeus, i735. 18. Frisch, 1758. ig. Edwards, 1743. 20. Rœsel , 1744. Bonnet, 1745. L'Admirai, 1746. Degéer, 1752. Clerk, 1767. Lyonnet, 1760. 26. Scopoli , 1763. 27. Geoffroy, 1762. 28. Schaeffer, 1764. 2g. Bruniiich , 1764. 3o. Pallas, 17G6. 3i. Schluga , 1767, 32. Drury , 1768. 33. Ernst , 176g. 34. Cramer, 1775. 35. Fabricius, 1775. 36. Esper, 1777. 37. Stoll, 1780. 38. Schrank, 1781. 3g. Laicharting, 1781. 40. Thunberg, 1784* 41. Olivier, 178g. 42. Latreille, i7g6. 43. Panzer, 1796. 44. Clairville, i7g8. 45. Cuvier, 1798. 46. Herbst , i7g9. 47. llliger, 1801. 48. Duméril, 1801. 4g. Faykull , 1800 et 1811. 50. Meigen , 1804. 51. Kirby, 1802. 52. Jurine , 1807. 53. Huber, 1808. 64. Schœnherr, 1806, 1808 et 1817. 55. Gyllenthal, 1808, 1810 et i8i3. 56. Duftschmid, i8o5, 1812. Voici une autre liste des auteurs, que nous avons disposée de manière à donner une idée générale de la nature de leurs ouvrages. Ceux qu'il est utile d'étudier comme observateurs des mœurs et de l'histoire des insectes en général , sont les suivans : Sw^ammerdam , Goedaert, Réaumur, Rœsel, Degéer, Bonnet, Huber. 6o6 ' INS ' Parmi les anafomisies , nous citerons Leuwenhœck , Swam- mcrdam, Vallisnicri, Lyonnet, Cuvier, Marcel de Serres. Les auteurs que nous considérerons comme systématiques et descripteurs, sont: Linnœus, Degéer, Fabricius, Latreille. Puis ceux qui n'ont décrit que les insectes d'un pays, ou topographes : comme Geoffroy, Fourcroy et Walckenaer , ceux des enviro de Paris. Frisch et Panzer, ceux de rAUemagne. Thunberg, Paykull et Gyllenthal , ceux de la Suéde. llliger et Kugelan , ceux de la Prusse. Schranck, ceux des environs de Vienne en Autriche. Scopoli , ceux de la Carniole. Laicharting, ceux du Tyrol. Rossi , ceux de l'Etrurie. Spinola, ceux de la Ligurie. Cyrillo, ceux de Naples. Voët, ceux de la Belgique. Nous citerons ensuite ceux des auteurs qui ont décrit, soit les insectes d'un ordre entier, soit seulement les espèces d'un seul genre , ou les mono graphes. Ainsi, pour les coléoptères-. Olivier, llliger, Herbst. Pour les escarbots , Paykull ; les charansons , Clairville ; les niéloës, Leach ; les staphylins, Gravenhorst. Pour les orthoptères, Stoll. Pour les hémiptères: Fallen , Schellenberg ; Stol , pour les cigales ; Wolff , pour les punaises. Pour les hyménoptères, Jurine ; pour les abeilles , Kirby ; pour les guêpes, Réaumur ; pour les uropristes , Klug ; pour les fourmis , Huber, Latreille. Pour les névroptères , Swammerdam ; Degéer, sur les éphémères; Smeathan, sur les termites. Pour les lépidoptères ; Esper , Cramer, Hubner , Ernst , Sepp , Hoefnagel. Pour les diptères : Meigen, Schellenberg, Fallen. Pour les aptères : Clerck , Walckenaër. • INS • 5o7 1. CoKRAB Cesser , Jont les ouvrages nombreux sont consacres à l'histoire générale des animaux , navoit pas publié lui-même ses obser- valious, ni surtout ses recherches historiques sur les insectes , puisqu'il est mort en i558, et que le livre 5 , où il est question :ugemens, et par conséquent ils ont offert des améliorations et des perfeutiounouens successifs. Ainsi, dans les premières éditions du Systema naturœ , dont Lyonnet a fait une critique judicieuse dans les notes qu'il a ajoutées 1 la Théologie des insectes de Lesser ( livre i.^"^, chapitre 3), on voit que Linnœus divisoit les insectes en sept classes générales: 1.° les espèces à élytres ou ailes couvertes, comme les scarabées ; 2." celles qui ont les ailes découvertes, comme les papillons, les demoiselles, les guêpes, les mouches; 3.° celles qu'il nommoit demi -ailées, qui n'ont pas toutes des ailes, ou qui les portent sans étuis, comme les saute- , • INS • 5ii relies^ les fourmis, les punaises, le scorpion aquatique} 4." les non- ailées, comme le cloporte, les millepieds, le pou, la puce, etc. Les trois .iutres classes couiprenoient tous les autres animaux sans vertèbres, que Fauteur regardait alors comme des insectes; savoir: la 5/, les vers de terre lombrics, les tœiiias , les sangsues ; la 6.", les animaux mollusques à coquilles terres'res et aquatiques; la 7.", enfn, les zoo- phytes , corn i.e les oursins, les astéries, orties de mer ou méduses, etc. Mais par la suite , et surtout dans la t 2.' édition , qu'il publia lui- même, en 17S8, il réfiirma ce -premier arrangement, et nous retrou- vons sa classidcation en sept ordres, d'après les ailes, et sous les déno- minations que niius employons encore , en y intercalant un second ordre, celui des orthoptères. Charles de Villers a publié à Lyon, ea 4 volumes in-Ô." et en latin, une entomologie d'Europe, d'après la mé- thode Lintiéeiine. 18. Jeam - LÉONARD Frisch a publié, de 1730 a 1766, une descriptioa des insectes d'Alltniagne, qui forme treize cahiers iii-4.", avec trente- huit planches, souvent citée-^ par les auteurs. Le texte est allemand : Beschreihung von allerlej Insekten in Deutschland. 19. George Edwards, peintre anglois , a donné de très-bonnes figures en couleur de beaucoup d insectes étrangers et européens, dans les sept volumes in--,." qu'il a j-ubliés, soit avec ses Oiseaux rares, soit dans ses Glanures d histoire naturelle. 20. AuGtJsTE - Jean Roesel de Rosenhof, observateur exact et peintre habile, de Nuremberg, qui, outre son admirable ouvrage sur les rep- tiles baraciens, en a publié un en quatre volumes in-4.'', dont le texte est allemand (Die monatlich herausgegebene Insecten - Delitstigung) : Auiusemens sur les insectes, de 17.^6 à i7r>i. Les planches sont au nombre de plus de cent dans chaque volume, parfaitement exécutées et coloriées. L'auteur entre dans beaucoup de détails sur les métamorphoses, les mœurs, la structure. Cet ouvrage a été continué par Klecnian , gendre de Rœsel. On ne connoi't pas encore complètement en France les faits que les planches indiquent, parce que ce livre n'a pas étu traduit. 21. Chaules Bowsit, Genevois. A vingt ans, en 17.-10, il piil)lia son beau Mémoire sur les pucerons, et beaucoup d'autres observations sur les insectes, qui sont en grande partie réunies dans son Traité d'insec- tologie ; Paris, 2 vol. in-12, avec 3 planches. Toutes ses recherches sont en outre consignées dans ses Œuvres, 9 vol. in-4.", avec lig.,1779. C'est un des meilleurs observateurs. 22. Jacob L'Admiral a publié, en 1740, un ouvrage, en hollandois , sur les papillons, sous format in-folio. Il y a vingt-cinq planches co- loriées qui sont fort estimées. 2^. Le Baron Charles De Géer, Suédois, peut être considéré comme l'un des principaux entomologistes. Ses ouvrages sont en même temps très - méthodiques et reiuilis d'observations. Quoique imprimés à Stockholm, ils sont écrits en françois et forment huit volumes in-4.°, avec 226 planches. Ils portent le titre de Mémoires pour servir à. i'htStoire des insectes. Ils ont paru de 17^2 à 1778. Le second volume n'a été publié qu'en 1771 : c'est une particularité remarquable par le fait que voici. L'auteur, n'ayant pas placé , comme il l'espéroit , le premier volume^ prit le parti U eavoyer eu présent tous les volumes 5i2 ' ,INS suivans à ceux qui avoienl fait acheter le premier, et il ne fit tirer les sept derniers volumes qu'à un très -petit nombre d'exemplaires. Les mémoires de De},«éer ont beaucoup d analogie avec ceux de Rcau- mur; mais ils sont rédigés avec beaucoup plus de méthode, surtout les cinq derniers volumes. On trouve dans le premier seize mémoires sur les chenilles, et un dix -septième sur les ennemis des chenilles et en particulier sur les ichneumons , dont il présente une très-bonne di ision. Le second volume, divisé en deux parties, est consacré d'abord à l'histoire des insectes à quatre ailes nues : il est précédé de plusieurs discours généraux sur la demeure, la nourriture, la i;éncration , la transformation des insectes; la classe des iiisectes à ailes farineuses ; celle des insectes à ailes membraneuses , à bouche sans dents ni trompe, qu'il distingue de ceux qui, ayant aussi des ailes membraneuses, ont des dents avec ou sans aiguillon ou tarière. Dans le tome III se trouvent l'histoire et la description des insectes à quatre ailes, tantôt tout-à-fait membraneuses, tantôt à demi coriacées, et à bec ou à suçoir; enfin, celle des insectes qui correspondent aux orthoptères. Les tomes IV et V comprennent l'histoire des coléoptères rangés suivant le nombre des articles aux tarses. 11 faut reconnoitre ici que ces volumes ont paru en 1774 et 1 775 , c'est-à-dire , douze ans après l'ouvrage de Geoffroy, auquel on doit l'observation de l'excellent caractère tiré du nombre des articles aux tarses. Le tome Vl est consacré à l'histoire des diptères et des kermès, qui forment la 9.' et la 10.^ classe. Enfin, dans le VU." volume se trouve l'histoire des aptères. Degéer a donné les meilleures bases de la classification des insectes. Il les a prises dans toutes les parties apparentes des insectes. Nous allons en présenter ici un court aperçu, que nous emprunterons à l'extrait qu'en a donné Retzius en un petit volume in-8.", Leipsic, 1783, sous le titre de Gênera et species insectorum. Degéer a rapporté les 1446 insectes qu'il connoissoit, à 100 genres, qui correspondent à quatorze sous-ordres et à deux sous -classes princi- pales , les insectes ailés et les aptères. Les insectes ailés ont ou quatre ailes nues ( Gymkoptera) , ou deux ailes sous des étuis (Vaginat* ) , ou deux ailes seulement ( Diptera). Les Gymkoptères forment cinq sous-ordres: Les lépidoptères , qui ont quatre ailes farineuses et une langue en spirale; ce sont les genres Papillon, Sphinx , Adscite, Plérophore, 1 haléne. hesaglosses {elmguia), qui ont quatre ailes nues, ni bec, ni dents; telles que les pl.rvganes, les éphémères. Les névropteres , qui ont quatre ailes nues, égales entre elles, en réseau, la bouche dentée : comme les libelles, hémérobes, fourmilions, perles, panorpes , raphidies. Les hyménoptères qui ont quatre ailes nues, inégales, avec des nervures longitudinales, la bouche dentée ; l'anus le plus souvent aiguillonné : comme les abeilles, les no- mades,'guêpes , sphèges , chrysides, sirèces, ichneumons, cynips, ten- thrèdes et fourmis. Enfin les siphonés, qui ont quatre ailes membra- neuses et un bec plié sous le corselet, comme les thrips, les pucerons, les cochenilles , les cigales. Les insectes à étuis, Vaginés, se rapportent à trois sous-ordres, les hémiptères, les dermaptères et les coléoptères. Les hémiptères ont deux gaines ou étuis à demi coriaces ou denn- membraneux, croisés; deux ailes membraneuses et un bec sous la poitrine: tels sont les punaises, les nêpes. Les dermaptères portent deux gaines coriaces en forme d'ailes; deux ^ • INS , 5,3 ailes membraneuses , et leur bouche est garnie de mâchoires : on y rapporte les mantes ^ sauterelles, criquets, gryllons, blattes, perce- oreilles. Les coléoptères ont deux étuis durs , couvrant doux ailes membra- neuses , et la bouclie dentée. C'est la division la plus nombreuse. Presque tous les genres de GeoCfroy s'y trouvent rangés aussi par le nombre des articles aux tarses : il en a trente-trois, qu'il est inutile de répéter ici. Les insectes \ deux ailes constituent deux sous-ordres : 1.° Ceux qui ont des balanciers, hallerates; la bouche sans dents, niais avec une trompe : tels sont les genres Mouche, Stratyonie, Némo- tèle. Taon, Asile, Eiupis , Conops , Bombyle , Ilippobosque , OEstre, Cousin , Tipule. ■2. Les proboscidés diffèrent suivant les sexes : les mâles ont deux ailes sans balancier, sans dents, ni trompe j les femelles n'ont pas d'ailes, mais une trompe sous le corselet. La seconde sous -classe des insectes, celle des Aptères, se divise en deux grandes sections : l'une qui comprend la puce uniquement, qui subit des mélanjorphoscs , sauteurs et suceurs; l'autre comprend les aptères, marcheurs (gressoria) , et se subdivise en trois ordres ; savoir: 1.° Ceux qui ont un cou ( auchenates) , qui ont la tête distincte du corselet, et six pattes au plus; tels que les forbicines , podures, ter- mites, pous , ricins. 2.° Ceux qui n'ont pas de cou (alrachélies) , qui ont la tête con- fondue avec le corselet, et six pattes au plus. Ils forment huit genres: Mitte, Faucheur, Araignée , Scorpion , Chélifcre, Écrevisse, Crabe et Monocle. 3." Enfin, les crustacés , qui ont quatorze pattes ou plus, et la tète distincte du corselet, comme les squilles, cloportes, scolopendres et iules. 24. Charles Clerck a publié en suédois et en latin, à Stockholm, en 1757, un petit volume sur les araignées de la Suède, avec sis plan- ches coloriées, et un autre ouvrage qui représente beaucoup d'insectes rares. L'ouvrage sur les araignées est estimé. L'auteur a bien observé et bien décrit les mœurs de ces animaux. 25. Pierre Lyonket avoit donné, dès 1742 , la traduction de laThéo- logie des insectes de Lesser, et il y avoit joint des notes très-savantes, en même temps que des dessins originaux. 11 avoit réuni à cette époque les insectes des environs de la Haye, et il se proposoit de les décrire et de. les représenter ; mais il ne publia son admirable Traité de la, chenille tjui ronge le bois de saule qu'en 1760. C'est un ouvrage in-4.'*, de 6i5 pages, avec iK planches en cuivre, gravées par l'auteur même. Ce chef-d'œuvre d'eyécution , de patience et d'adresse, a placé Lyonnet à la tête dos graveurs 1 des anatomistes. C'étoit un génie rare. 11 parloit neuf langues, et possédoit beaucoup d'arts d'agrément. 11 fut secrétaire des Etats de Hollande. On rCj^rette que la seconde partie de l'Aiiatomie du cossus, qui avoit été décrite, dessinée et gravée par lui, n'ait pas été publiée : c'est une grande perte pour la science. 26. jEiPi -AisToiNE Scopon, professeur à Pavie, critique de Linnaeus , avoit publié, en 17^3, son Eiuomoloj'ie de la Carniole en latin. Il paroit quH avoit fait graver une quarantaime de planches pour y être 23. 53 5i4 ' INS * jointes; mais elles sont très -rares , et la plupart des exemplaires qui nous sont tnniLcs entre les mains, en sont privés. C'est dans l'ouvrage intitule . Introdiictio adhistoriarn iiaf liraient , Piagœ , i 777, que se trouve exposé le système dr l'auteur. En voici l'abrégé. Il rapporte les insectes à cinq des tribus dans lesquelles il range les animaux. La 4.% les Li'Ci- ri;.;E'! deS\.animerdaiM,qu il divise en deux na lions (^'f-n/e.?): lescrusfarés, parmi lesquels r.n vrit les araignées, les scolojiendres, les cloportes, les forbicines ; les pi'diculiiires , comme les cirons, les pous , les puces. La .'"«.^ tribu est celle des Gymnoi-i kies de Geoffroy, qu'il divise en dj.. tores et en tétraptères, qu'il subdivise en aiguillonnés, et ceux qui ont une queue et une chrysalide agile. La 6.' tribu comprend les Li.MooPTÈiifcs de Rœsel . elle comprend trois nations: les sphinx, les phalènes, les papillons. Lu 7.*" tribu, les PaoBosciDÉs de Réaumur, correspond aux hémiptères, et comprend deux nations, les terrestres et les aquati jius. Enfin, la 8." et dernière tribu des insectes comprend les Coi.F-OPTtHEs de Frisrh (à la page 372) ou de Falricius (peut-être par erreur typographique, à la page 438), divisés d'abord en aqua- tiques et en terrestres , ceux-ci d'après la forme des antennes. Quoique la méthode ou plutôt l'arrangement de Scopoli soit très- mauvais, surtout pour Tépoque oii il a été proposé, on ne peut dis- convenir que les genres sont assez bien rapprochés entre eux, et que plusieurs ne soient établis sur Je très-bons caractères: aussi ont-ils été conservés, ou proposés et adoptés depuis, sous d'autres noms. 27. Geoffroy, médecin de Paris, a publié, en 1762, un ouvrage en deux volumes in-4.'', sous le titre d'Histoire abrégée des insectes des environs de Paris, avec 22 planches en cuivre représentant les prin- cipaux genres. C'est un ouvrage très- méthodique et très -commode. Malheureusement l'auteur n'y a décrit que les espèces qui se rencon- trent aux environs de la capitale. Les divisions sont à peu près celles de Linnœus, d'après les ailes. Cejiendant les tétraptères à ailes nues, hyménoptères et névroptères, sont compris dans un même ordre. Les orthoptères forment une section seulement dans l'ordre des coléoptères. Le nombre des articles aux tarse.î, la forme des antennes et celle de toutes les autres parties du corps, ont été employés comme caractères dans l'établissement des genres, qui ont tous été adoptés, au moin-; quant à la réunion des espèces ; car les noms en ont été changés quel- quefois. L'ouvrage que nous faisons connoître ici, est indispensable pour l'étude des insectes. Fourcroy, en 1785, en a publié un petit abrégé en latin, en deux volumes in-i8 ou petit in-12 , sous le titre d'Entomu- logia parisiensis , siçe calalogus inscctoruni , etc. , et il y a intercalé quelques espèces. Il a paru aussi une seconde édition de l'ouvrage in-4.°, qui n'en est qu'une réimpression, avec les courtes additions de Fourcroy. 28. Jeak- Christian ScayTiFrER est auteur de plusieurs ouvrages sur les insectes. Ijc premier, écrit en latin, n'est qu'un Catalogue des figures des insectes qui se trouvent aux environs de P.atisbonne. Il se conipos.e de 280 planches, qui îr.rment trois volumes, publiés en 1769. La mé- thode employée, ou plutôt la dénomination, est celle de Linna.nis. Les planches sont belles et exactes : elles ^ilirent surtout des développemeni de caractères qui sniit d'une grande utilité. Il a aussi publié à part, sous format in-.,.', des Elémens d entomologie , en latin et en allemand, avec i3r> planches, et un Supplément de texte et de cinq planches, qui ont paru en 1777. Quoique les noms des classes soie»t changés , elle* sout à peu près les mêmes que celles de Geoll'roy. * INS , • 5i5 2p. Martin- Thrane Brunnich n'a publié qu'un très-petit ouvrage sur .les iiisccles, en danois et en latin; il a pour titre : Eiitomotngia , sislens inseclorum tabulas sj st email cas , Hafniœ , 1764, avec une planche en cuivre qui représente, au simple trait, les parties caractéristiques des insectes. Dans une courte introduction l'auteur fait connaître la conforination et l'organisation des insectes. 11 présente aussi une clas- sification des entomologistes, iwjeci/if te , qu'il divise ainsi: I. Entomologues. A. Collecteurs : 1.° anciens (jjatres), comme Aris- tote, Pline, Dioscoride; 2." commentateui s , les mêmes; 3.° ich- niographes ou (iguristes, tels que Goedaert, Hoefuagel , Mérian, Valisnieri , Albin , Frisch ; 4.° niétamorpliosistes , Svvammerdam 5 5.° descripteurs , Rai, Linnœus ; 6." nionograplics. Lister, SclisefTer Clerck ; 7." curieux, Catesb y,Mérian , Strom, Poritoppidan; 8.° niu- séograpbes, Linnaeus , Poda ; 9.° topographes, Mérian, Albin, Frisch; io.° voyageurs, Marcgrave, Bumphius, Sloane , Hassel- quist. Osbeck. — B. Les Méthodistes, qu'il divise, i." en philo- sophes, Swaninierdam , Réaumur, Degéer, Linnaîus; 2." systéma- tiques, les mêmes ; 3.° nomenclateurs. IL Entomophiles : 1.° anatomistes, Malpighi , Swammerdam , Leu- wenhreck , Lyonnet, etc.; 2.° médecins, Dioscoride, Galien, Al- drovandi, l>Talhioli, Glauber, Dale, etc.; 3.° mélangistes {mis- cellanei) , Bochart, Lesser , Derhan, etc. Tiennent ensuite les tables systématiques et analytiques, qui mènent à la détermination des genres et sous-genres par la considération suc- cessive et comparée des diverses parties du corps des insectes. 3o. PiERRE-SiMOW Pallas. Nous nc citons ce célèbre naturaliste que pour le petit ouvrage in-4.° publié à Erlangen, en 1781 , sous ce titre : Icônes inseclorum, prœsertim llossia Sibiriœcjue pcculiarium. 3i. Jean -Baptiste Schluga a donné des Élémen's d'entomologie, à. Vienne, en 1766. C'est un petit volume en latin, où l'on remarque beaucoup d'ordre et de précision. Il y a deux planches en cuivre pour représenter les caractères. L'auteur a proposé quelques dénomi- nations qui ont été approuvées par Fabricius ; telles sont en particu- lier les synonymes latins des noms de classes de Linnseus : vnginantia, semi-vaginantia , furinacea, reticulata , venosa, lialata, nuda. 3?.. Dru Drury a publié, avec un te^te anglois et françois formant trois volumes in-4.", ornés de 168 planches en couleur, un très-bel ouvrage qui a pour titre : Illustrations of natural history , wherin are exhihiled Jigures of exotic insects. La plupart de ces insectes sont des papillons et des coléoptères. 33. Erkst et Engramelle. Le père Engramelle, moine augustin, a décrit, et Ernst a peint d'après nature, un bel ouvrage qui a paru à Paris, sous format in-4.'', d<^ '779 ^ '790/ sous le titre d* Papillons d'Europe, en sept volumes, avec environ 000 planches. En général les planches représentent l'insecte sous les trois états. Le texte est peu estimé. 04. Pierre Cramer, d'Amsterdam _, a publié en hollr.ndois et en, françois 400 planches de papillons exotiques des trois parties du monde. C'est un ouvrage magnifique pour la netteté et l'élégance des figures. 11 est très-r^gheich(^ des aiwaieurs d'hist9ire naturçUe. 5ic ' INS • 35. Jeak-Chbisttah Fabricils, professeur à Kiel, en Danemarck, morf en 1807, à 1 âge de 65 ans, a publié un très-grand nombre d'ouvrages sur ks insectes. A l'exception de quelques dissertations , ses écrits sont on latin. Il a surtout excellé dans l'art de décrire. IMalbeureuse- inenl il n'a point dessiné ni donné de figures des espèces qu'il décrivoit pour la première fois, de sorte qu'il s'est glissé beaucoup d'erreurs et de doubles emplois dans le nombre de celles qu'il a fait connoître. Ses genres ont été établis d'après un sjstènic particulier, qui s'est perfec- tionné successivement, il est vrai, mais qui est devenu beaucoup plus minutieux et dilncilc, à mesure qu'il s'appliquoit à un plus grand nombre d'espèces. Les seules parties de la bouche lui ont présente , dans les moditJcations, non- seulement les caractères des ordres, mais même ceux des genres. La difficulté qu'il y avoit à distinguer les espèces par leur seul secours, a fait que l'auteur lui-même s'en est tenu le plus souvent à la description d'une seule espèce, qu'il a regardée comme le prototype d'un groupe qu'il a eu l'art, nous dirions presque l'ins- tinct admirable, de former par une réunion très- naturelle. Voulant faire adopter son système ingénieux, l'auteur a employé la foible ressource d'exprimer ou de peindre des formes analogues jet mènje semblables par des termes diilérens, et d'éloigner, autant que possible, le; genres les plus voisins, afin de faire trancher en appa- rence les caractères, comme nous l'avons prouvé par des exemples dans la préface de notre Zoologie analytique. Au reste, Fabricius, disciple célèbre de Linnseus, n'a adopté la classification arliiicielle des insectes que parce qu'il a voulu appliquer à l'entomologie le principe de son maître, de tirer les caractères d'une seule et même paitie, comme la botanique l'avoit permis pour le système sexuel, fondé uniquement sur la considération des Heurs. Fabricius ne concevoit pas qu''il put être fondé un autre système meilleur; aussi dit-il : Çuafe tjua:so SYsteina , si inox a radice , vtox a. caiile aut a foliis , inox a Jlorihiis caractères desumerenttir ? La méthode naturelle, presque généralement adoptée aujourd'hui , répond d'une manière pércmptoire à cette question. Les ouvrages de Fabricius n'en ont pas moins rendu le plus grand service à la science. Nous allons indiquer les principaux. Son Système d'après ses parties de la bouche, ou les instruinens ci- taires , comme il les appelle, a paru, en 1775, sous ce litre : Sjstema cntomologiœ , shtens insectorum classes, ovdines , gênera, species , en un gros volume de 832 pages. IS'ous n'en présenterons pas ici l'analyse, parce qu'il a été beaucoup motlilié par l'auteur dans ses publications subséquentes. En i77t>, Fabricius publia un volume de Sic pages, tout-à-fait systé- iiiaii que, sous le titre de Gênera insectormn. En 177^*, il donna un très-petit volume de 178 pages, qui est un de ses plus beaux titres dans la science, quoiqu'il soit à peu près calqué sur le plan d'un semblable ouvrage de Linnaeus relatif à la bola- îiique : c'est sa Philosophia entotno/ogica. M. Saint - Ajuand , d'Agen, en a donné une sorte de traduction françoise, ce qui nous a empêché de pubii.r celle que nous en avions faiie nous -même, il y a plus de trente ans, et pour laquelle iM. Fabricius avoit eu la complaisance de nous remettre un grand nombre de notes et de corrections , que nous conservons préci(>usoment. En 1781 parut le Species insectorum, en 2 vol. in-8.", qui renferme la descrjptioa des espèces; l'auteur, en 1787, y a ajouté deux autre* • INS • 5i7 volumes, sons le titre de Mantissa insecloriim, sistens eonim species nuper détectas. Ces quatre volumes forment ensenihle 1800 pages. De 1792 à i79*> i' publia le même ouvrage, refondu sous ce titre: Entomologia sfstematica et aucta , 4 vol. in-8."; plus, en 179a, un autre >oluin»' de Supplément. De 1801 jusqu'en 1806 il publia successivement ce qu'il a appelé ses systèmes : Eleutheratorum , 1 vol.; Hhjngotoriim , 1 vol.; Piezato- rum , i vol. ; yintllatoruni , \ vol. Il n'a paru qu un premier volume des Glossatorum , et il est encore rare en France. Voici en abrégé la disposition ■îj'stémalique des insectes , d'après Fabricius. Les uns ont d.-s mâchoires : les autres n en ont pas. Ces derniers sont les glossates , comme l>s lépidoptères, qui ontune langue en spirale; l-s rhjngotes , coinnie les hémiptères, qui ont un liée arti- culé; les antliiites , comme les diptères, qui ont une trompe ou un suçoir. Les insectis qui ont des mâchoires, ou n'en ont que deux, ou en ont 1111 plus grand uombr- ; ils forment deux grandes sections. A la première sont rapportés : 1." La éleuthèrates , qui ont les mâchoires nues, composées, pal- pigèri-s ; tels sont les coléoptères. 2." Les ulonates , qui ont les mâchoires simples, découvertes , palpi- gères, surmontées d'une galète ; ce sont les dermaptères ou orthoptères. 3." Les synista/es , qui ont, comme les eleuthérates , les mâchoires découvertes, juais réunies, à la base, à une lèvre palpigère : ce sont la plupart des névroptèrcs. 4.° Les odonates , qui ont les mâchoires cachées, simples; les lèvres sans palpes : telles sent L s libelles. 5."^ Les piézates, dont les mâchoires, comprimées, alongées, engai- nent une lèvre palpigère : ce sonl les hyménoptères. 6.° Les mitosates , qui ontdeux mandibules composées, deuxmàchoires et deux palpes distinctes , ou soudées et réunies avec la lèvre : ce sont les myriapodes ou millepieds. 7.° Les unogates , qui ont deux mandibules en pinces sans lèvre sxipéricure : tels sont les aranéides ou acèrts. Trois ordres offrent l'existence de plusieurs mâchoires : ce sont les poljgnathes , les exochnntes et les kleislagnathes. Le premier seul com- prend les cloportes et autres genres voisins. 11 réunit aussi les mono- cles, qui sont de véritables crustacés, ainsi que les crabes et les écre- visses, que Fabricius a décrits comme des insectes. 36. Eugène- Jean- Christophe Esper a publié, de 1777 à 1786, à Er- langen, quatre volumes iu-4.° sur les lépidoptères d'Europe, Èuropuische S'chmetCerlinge. C'est un ouvrage très-estiiué et fort recherché pour les ligures coloriées, qui sont très-exactes et parfaitement exécutées. 37. C.4SPARD Stoli, , d'origine hollandoise, a donné la description en cette langue et eu françois , en même tensps que les figures, des lépi- doptères, des orthoptères et surtout des hémiptères. Les deux derniers ouvrages sont très-précieux comme monographie, ou plutôt comme une collection de très-bonnes figures; car il y a peu d'observations, et surtout un défaut de synonymie qui ne peut être rétabli que par des entomologistes déjà instiuits. 38. François-de- Paule SchPvAkck a publié, sous le titre modeste de Catalogue des insectes d'Autriche, Enumeiatio insectorum .Justriœ indi' 5iS ^ ITVS genarum , vienne , 1781 , în-S.", un très-fort volume avec quatre plancTiej en cuivre «ni représenteni , pour la plupart, des insectes il-? la famille des cirons et des ricins. L'auleur a suivi à peu près la classification Lin- néenne , en omettant exprès l'ordre des lépidoptères, dont son compa- triote SchiffermiiUer venoit de faire l'histoire. Cet ouvrage est princi- palement estimé à cause des soins que l'auteur a mis à la synonymie et à la description exacte des espèces, dont, à l'exemple de CeofirO)^ il a conslaninient indiqué les dimensions d'après une échelle qui se trouve à la fin de l'ouvrage. 39. Jeak-NÉpomucène de LàiciiARTiKG a décrit en allemand les in- sectes du T\rol, en :> vol. in-8.", imprimés à Zurich. 11 paroit qu il n'a publié que les coléoptères 11 est souvent cité par les auteurs alle- mands. Heiibst a continué ce travail en 10 volumes in-S.", avec un atlas de planches coloriées. 40. Charles-Pi ERBE Thukberc, professeur à Upsal , après avoir vojagé au Cap et au Japon, a fait puijlier, dans des dissertations soutenues par de ieunes docteurs à l'Académie d'Upsal , la description de beau- coup d insectes de Suède. 11 y en a une, entre autres, qui a pour titre: Ca^ acteres generum insectorum , qui fait partie du 7." volume des Actes de l'Académie, et qui a été réimprimée à Ga'tlingue, en 1791, avec des annotations de Meyer. On y trouve de fès-bons caractères tirés de la conformation générale, et l'établissement de plusieurs genres nouveaux, entre autres de ceux de la manticore, du coUiure, etc. 4r. Aktoiive-Cuii.laume Olivier a publié deux ouvrages principaux : l'un est la partie des insectes dans l'Encyclopédie méthodique , 4 vol. în-4." ; l'autre est son Histoire naturelle des coléoptères , sous le titre ^'Entomologie , en 4 gros vol. gr. in-4.", avec des planches enluminées, publiée d'abord en 1790 et années suivantes, interrompue ensuite, et continuée en 1808, époque à laquelle a paru le quatrième volume, par- tage en deux parties. Ce dernier ouvrage est parfaitement exécuté. Toutes les espèces de coléoptères connues sont décrites et figurées, surtout dans les trois premiers volumes. Dans le quatrième, le nombre de celles qui ont été rapportées aux genres étant devenu trop considérable, l'auteur n'a pu suivre son premier plan, en particulier pour la famille des chrvsomèles et celle des charansons. Quoi qu'il en soit, l'Entomo- logie d'Olivier est le principal ouvrage sur l'ordre des coléoptères. Les planch>'s sont disposées de manière que chacune d'elles correspond à tin genre dont elle porte le numéro, et il y a autant de planches sous le même numéro que le nombre des espèces l'a exigé. L'auteur avoit eu en vue d'ajouter par la suite des planches à l'ouvrage , quand il auroit réuni assez d espèces pour les remplir. Dans l'Encyclopédie Olivier a suivi la classification de Linnœus , par les ailes, en adop- tant cependant l'ordre des dermaptères de Degéer , qu'il a désigné sous le nom d'orthoptères , adopté depuis par les François. On sait que la disposition de l'ouvrage est dans l'ordre alphabétique. Plusieurs auteurs ont contribué à la rédaction des derniers volumes : MM. Al. Brongniart, Latreille, Desniarets , Godard, etc. 42. Pierre -André Latreille a publié un grand nombre d'ouvrageà sur l'entomologie , et il les a successivement perfectionnés par l'occasion très-heureuse qu'il a eue d'observer la belle et nombreuse collection du Musée royal de Paris, qui a été confiée à ses soins éclairés. Les titres de ces ouvrages sont: • * INS • 519 î." Précis des caractères génériques des insectes disposés dans un ordre naturel; in-8.°, 201 pages; Brive, an V ( i ygrt ). 2." Histoire générale et particulière des crustacés et des insectes, faisant suite à l'édition de BulTon , par Sonninj; 14 vol. in-8.''j avec ligures; Piiris, an X ( 1 802 — iSo'i). 3.° Gênera cruslaceorum et insectorum ; 4 vol. in-8."; Pariç^ 1806 et 1807. 4." Considérations générales sur l'ordre naturel des animaux compo- sant les classes des crustacés, des arachnides et des insectes, avec un tableau méthodique de leurs genres distribués en familles ; in-8.°, 1810, Paris, 1 vol. 5.° Le troisième volume de l'ouvrage de M. Cuvier, intitulé le Règne animal; 1817. En outre, la plupart des articles d'entomologie dans la i.''" et la 2." édition du Dictionnaire d'histoii'e naturelle de Déterville ; plusieurs mémoires imprimés à part, ou publiés dans les Annales du Muséum : l'Histoire des Jourmis ; sur la Géographie des insectes, ou les climats qu'ils habitent; Sur les insectes vivant en société, rtc. L'auteur a, le premier, eu l'idée de ranger les insectes par familles, auxquelles il n'avoit pas donné de noms , et qu'il avoit presque toutes formées de la réunion des genres correspondant à celui de Linnseus, dont ils étoient un démembrement; puis il donna à ces familles des noms analogues à leur origine : acaridies, acrydiens, andrénètes, aphi- diens, arachnides, asellotes, asiliques, bembicites, bomhyliers , bombj- cines, bostrichines, etc , etC;, l'auteur voulant, dit-il, s'assurer par ces dénominations la propriété exclusive de l'établissement des principales familles. M. Latreille ayant successivement corrigé ses ouvrages, voici l'extrait de son dernier travail, inséré, en 1819, à l'article Entomologie , dans le Dictionnaire de Déterville. Il partage en trois classes les animaux articulés et pourvus de pieds articulés, qu'il nomme ENTOMES j ce sont: 1.° les Crustacés; 2° les Arachhides; 3.° les Iksectzs. Nous ne parlerons ici que des deux der- nières classes. Les AnAciiPfiDES se divisent en deux ordres: i." Les pulmonaires , qui forment trois familles: les aranéides, les pédipalpes et les scorpionides. z.° Les trachéennes, qui composent également trois familles, savoir: les faux - scorpions , les pygnogonidcs et les holètres. La classe des insectes forme douze ordres , dont voici les noms : myriapodes, thysanoures , parasites, suceurs, coléoptères, orthoptères, hémiptères, névroptères , hyménoptères, lépidoptères, rhipiptères et diptères. Les quatre premiers ordres ne comprennent qu'un très-petit nombre de familles et de genres. Ordre I. Les myriapodes se partagent en deux familles, les chilo- gnathes et les chilopodes. II. Les thysanoures , en deux familles également, les lépismènes et les podurelles. III. Les parasites, de même , en mandibules et en édentulés. IV. Los suceurs ne comprennent que la puce. "V. Les coléoptères forment quatre sections, d'après le nombre des articles aux tarses , et M. Latreille adopte nos noms autrement accentués. 520 * INS ' §. 1. Pentamères ; six familles : carnassiers , bracTiclytres^ serricorncSj clavicoriics, lalpicornes, lamellicornes , qii, cliaci ne , se subilivisent en tribns, puis en sections ; ainsi les lamellicornes forment deux tribus, les scarab 'iiles et les lucanides ; et en sii. .".eciions naturelles, que l'au- teur nomme les c< prophiiges, les j^éotrupins, les xjlophiles, les pbjl- lopluigfs, les antliobies , les mélitopbiles §. 2. Hétéromèics; quatre familles: mélasomes, taxicornes , sténc- lytres, trachélides. § 3. Tétramtres ; six familles : rbincopbores , x^lopbages, platjso- mes, longi- ornes, eupodes , cycliques, clavipalpes. §. 4. Tiimèresj deux lamilles : aphidipbages , fongicoles. Vî. Les orthoptères comprennent deux familles : les coureurs et les sauteurs. Yll. Les liémiptéres sont partagés en deux sections. §. 1. Héicroplères; deux familles : géocorises , h^drocorises. §. 2. Homopteres ; trois familles ; cicadaires , h^ménélytres, gallin- sectes. VIII. Les névroptèresj en trois familles : les subulicornes , les planl- pennes , les plicipennes. IX. Les hyménoptères composent deux sections. §. 1. Térébraus • deux familles : porte-scies, pupivores. §. 2. Porte- iiiguillon ; quatre familles: hétérogynes, fouisseurs, di- ploptères et mcUifères. X. Les léj idoptères; troie de vingt-quatre insectes décrits et figurés, ont paru en 1793; ils ont cominué de paroître jusqu'en 1814 : il y en avoit alors cent douze, ce qui porte le nombre total des insectes figurés à 2688. L'ou- vrage a pour tiire Deittsrhlands Insekten , ou Faunte insectorum germa- nicœ initia. La svnonymie en est soignée, et les planches très-exactes. C'est un livre très - précieux pour la science. Les autres ouvrages de Panzcr ont paru plus tard et sont moins importaus. L'un concerne les coléoptcies d'Allemagne; c'est un vol. in-12 de Syo pages , avec douze planciies. Un autre concerne les hyménoptères. En général, l'auteur ne s'est attaché qu'aux descriptions, et non à l'observation des mœurs et de l'organisation. 44- Ci.iiKViLLE, Anglois, mais habitant la Suisse, est auteur, avec le peintre et graveur ScHELLEKBERG, de deux minces volumes gr. in-8.°, avec ligures, qui ont pour titre, en allemand et en françois, ffntomo- INS 5.1 logie hehitîejue. Ils ont paru en 1798 et 1806. L'auteur n'y décrit que quelques gcures. Le preniin- voluine en particulier ne comprend que les insectes coléoptères de la famille des rhinocères ou charansons. Il y a seize planches, qui repiésentcnt onze genres seulement. C'est un travail minutieux, parfaitement exécuté, imprimé avec beaucoup de luxe et en morne temps avec grand nombre de fautes typographiques. L'au'eur a présenté, à la page 44, un tableau analytique que nous allons copier ici , pour donner une idée des noms qu'il a proposé de substituer aux ordres de Linuteus, et qui pour la plupart ne sont pas heureusement choisis. Sections. [ . ÉlylToplèies : ailes crustacées. Pférophores ; à ailes : Insectes. mandibules ; avec mâchoires. haustellés ; avec suçoir. ;:. Déiatoptères 3. Diclyoptères 4. Pblébopteres 5. Haltéri|)tères lanciers. 6. Lépidoptères lentes. ailes coriacées. ailes réticulées, ailes veinées, ailes avec ba- ailes pulvéru- Aptères ; Hémiméroptères : ailes mixtes. i haustellés 8. Ropliotères : suceurs en pi- quant, mandibules 9. Pododtinères : coureurs. 45. GEOBGE-LÉOPOLU-CHRISTlAN-FRÉDERiC-DAGOnERT CuVIER a donué en France la plus grande impulsion à la méthode naturelle. Il a, le premier, indiqué un grand nombre de familles, en considérant les genres de Linnœus comme types primitifs, et eu ayant le plus grand égard aux métamorphoses, d'après Swammerdaui, et aux organes delà mastication ou de la déglutition, d'après Fabricius. Dans son premier ouvrage, publié en l'an VI (1798), les crustacés sont encore placés avec les insectes dans le premier ordre des insectes pourvus de mâchoires et sans ailes. Les familles naturelles qu'il in- dique, sont: 1.° les Crustacés, les monocles, les écrevisses , les clo- portes; 2.° les MiLLEpiEDs, tels que les Jules, les scolopendres ; 3." les Aracnéides, comme les scorpions, les araignées, les faucheurs, les hydrachués; 4.° les Phtyréides, auxquels sont rapportés les podures, les forhicines, les ricins. Le second ordre est celui des névroptcres, partagé en trois familles: 1." les Libelles; 2° les Perles, comme les termites, les hémérobes , les panorpes, les raphidies ; 3.° les Agnathes , tels que les friganes , les éphémères. Les hyménoptères forment le troisième ordre. M. Cuvier le divisé en genres: les abeilles, les guêpes, les sphex, les chrysides, les mouches à scie, les ichneumons , les urocères, les cynips, les fourmis, les mutilles. Chacun de ces grands genres est ensuite subdivisé en sous -genres, la plupart iiidiijués par Fabricius. Vient ensuite le quatrième ordre, c< lui des coléoptères, subdivisés par la forme des antennes et le nombre des articles aux tarses, en trente-un grands genres : les lucanes, les scarabées, les charansons, les bruches, les coccinelles, les silphes, les hydrophiles, les sphéridies , les escarbots , les birrhes, les dermestes, les bostriches, les ptines, les taupins , les richards, les lampyres, les c;intharides, les meloés , 522 I]^^rg les ténébrions, les morclellcs, !es cas^idcs, les cKrre, qui, en conservant quelques-unes des divisions premières, a introduit presque dans tous les ordres ses divisions, subdivisions, et sa nomencla- ture, à peu près telle que nous en avons ci-dessus donné l'analyse. 46. Jean -FfiÉDERTC- Guillaume Herbst , de Berlin, a donné plusieurs ouvrages au public : la plupart sont ornés de planches enluminées très- exactes ; mais ils sont écrits en allemand. Il y a des monographies des genres Araignée, Faucheur, Scorpion , Papillon, et un grand ou- vrage sur les coléoptères, de format in -4.°, et sur les lépidoptères (avec Jablonski), dans lequel il y après de trois cents planches. 47. Jea^-Charles-Guillaume Illtger a publié d'abord , en 1798 .sous son nom et celui de Tviigellan, en tin volume in-8.", en allemand un ouvrage important, sous le titre modeste de Catalogue ( f^erzeich niss), contenant la description des coléoptères de la Prusse. Les deS' criptions y sont faites avec le plus grand soin, et la synon^mie très scrupuleusement vérifiée. Il a publié en outre plusieurs ouvrages, un sur les lépidoptères des environs de Vienne, en 1801, et un dernier sous ce titre Magazin fur Insekteukunde , 7 vol. in-8.° 48. André -Makie - CoTiSTAPiT Diiméril. J'ai inséré dans le premier volume de l'Anatoniie comparée de M. Cuvier, en 1798, les premières tentatives que j'ai faites de la classification , par familles naturelles, des genres d'insectes. Dans les deux années suivantes, j'ai continue ce travail, que jai présenté, le 3 Brumaire an IX, à la Société philoma- tique. J'en ai publié un extrait la même année, dans le Journal de physique et dans le Magasin encyclopédique, an VI, tome I, p. 289. On me pardonnera ces petits détails, parce qu'il=: constatent les époques principales de mes études. En i8o-f parut la première édition de mon Traité élémeiUaire d'histoire naturelle , dans lequel j'ai exposé avec plus d'étendue le plan que je suivois depuis près de quatre aas dans • INS • 525 mes cours d'histoire naturelle aux écoles centrales. Cependant ce n'est réellement qu'en l'année lôofi que mon travail sur les insectes parut en entier dans la. Zoologie analytique, eu soixante -douze tableaux sy- noptiques, avec des détails explicatifs. C'est d'après cfittc mJtliode que les insectes ont été exposés dans la 2.* édition du Traité élémentaire qui a paru en 1807, et dans les divers volumes de ce Dictionnaire, d'après le plan adopté et annoncé en 1804, que j'ai constamment suivi et exposé avec détails dans la section précédente de cet article Irsectes. (Voyez pages 471 et suivantes.) 49. Gustave de PAYKrM, a mis au jour, en 1800, à Upsal , troi* volumes in-S." sur les insectes de Suède , Fauna Suecica. Il n'y a décrit que les coléoptères; mais ce travail est complet. Les descriptions sont faites d'après nature, et très-soignées : c'est un modèle dans ce genre. Le même auteur a donné d'excellentes monographies de plusieurs genres: en 1789, celle des carabes et celle des staphjlins; en 1792, celle des charansons, et en 1811 celle des escarbots. • 50. Jeapî- Guillaume Meigek s'est principalement occupé de l'ordre des diptères. Avant qu'il ait, en 1804, publié son ouvrage in -4.°, avec figures, en allemand, sous le titre de Classification et description des insectes diptères de l'Europe v Beschieibung der Europœischen zweyfiii- gcligen Insrkten), M. haumhauer avoit donné à Paris, en Tan VIII ( i8ooJ, un evtrait de ce travail en François. Quoique les caractères ne soient pas tirés spécialement de la disposition et du nombre des ner- vures des ailes, l'auteur s'en est cependant beaucoup occupé, et il avoue que cette considération lui a fourni la base de sou travail. 5i. William Kirby , auteur anglois , a publié en anglois , avec des descriptions en latin, la monographie dus abeilles d'Angleterre, 2 vol. in-8.°, 1802: c'est un très-bon ouvrage. Il a aussi donné, avec le docteur Sphvce, des Elémens d'entomologie , dont le premier volume a paru à Londres, en i8i5. 52. Louis Jurine, très-habile professeur de chirurgie à Genève, s'est beaucoup occupé de l'histoire naturelle des oiseaux, des crustacés et surtout des insectes de ce pajs. Il a publié, en 1807, en un volume in-4.°, un très-bel ouvrage , orné de gravures en couleurs, qui représen- tent une espèce de chacun des genres de l'ordre des hyménoptères, sous le titre de Nouvelle méthode de classer ces insectes. L'auteur a pris pour base de sa méthode la disposition des nervures des ailes. 53. Frakçois et Pierre Huher , père et fils, de Genève. Le premier a publié d'excellentes Observations sur les abeilles, et le second sur les Mœurs des fourmis indigènes. Nous en avons fait des analyses détail- lées dans les articles qui concernent ces insectes, et là aussi nous en avons fait un éloge bien mérité. 54. Charles- Jean Schoenherr a donné en trois volumes in -8.°, nu- bliés à Stockholm , en 1806 — i8o8 et 1817, une synonymie complète et très-soignée des insectes coléoptères, d'après l'ordre du S/stema eleutheratorum de Fabricius, jusqucs et compris le 147." genre , Molor- chus : il porte pour titre Sy'nony?nia insectorum. Il a fallu une patience infinie pour exécuter un travail aussi pénible, mais qui devient indis- pensable à tout entomologiste descripteur par les grandes recherches qu'il peijt éviter pour remonter aux sources. 524 INS • 55. LÉoSTARD Gyixïkthai. a aussi décrit, en trois volumes, les coléop- tères, en se bornant à ceux de la Suède, à peu près d'après le système de iNT. r.atreille : il manque rncore à ce travail les genres voisins de.s ceranihfx et ceux du gfnre Coccinelle , dont Fauteur s'occupe actuel- lement. I.es descriptions ont l'inconvénient d'être trop longues, et de répéter des détails communs à toutes les espèces du genre. Les volumes écrits en latin ont paru en 1808 - 1810 et i8i.3. 56. Gaspard Duftsch>ud a publié, en langue allemande, en 180.^ — l3i2, la description d'un grand nombre de coléoptères par familles naturelles, les scarabées, les clavicornes, les créophages, les rénii- tarses, etc. L'ouvrage, qui a pour titre Fauna Austriœ, ne se com- pose que de deux volumes. Ils sont très - estimés. Il paroît que l'au- teur a cessé de s'occuper de la science. ( C. D.) INSECTES* (Fo55.) Les insectes fossiles auxquels on a donné le nom d'entomolithes , se présentent dans le succin ou dans des pierres fissiles. Les premiers sont parfaitement conservés dans toutes leurs parties , et on pourroit même reconnoître les espèces. On a trouvé dans cette substance des mouches, des tipules , des ichneumons , des fourmis, etc. J'en possède un morceau aplati et de la grosseur du pouce, dans lequel on voit distinctement dix-huit insectes, tels que des fourmis, des tipules, de petits coléoptères, et un cha- rançon , que M. le baron Dejean , qui a rassemblé une si grande collection de coléoptères , n"a point reconnu pour être un insecte vivant actuellement en Europe. Après les tempêtes on trouve le succin et les insectes qu'il renferme sur les côtes de la mer Baltique , principalement sur celles de la Poméranie et de la Prusse , sur quelques-unes de la Méditerranée , telles que celles de la Marche d'Ancône , de Gênes et de la Sicile. On découvre aussi cette résine fossile dans l'intérieur de la terre, en Lithuanie , en Pologne , en Italie et en Provence près de Sisteron. Elle est ordinairement dans des sables noirâ- tres , parmi des bois fossiles, pyriteux ou bitumineux. Les insectes que l'on rencontre dans les pierres , y sont dans un état de conservation bien moins parfait que dans le succin; on aperçoit pourtant distinctement la tête, le corselet, et le corps souvent divisé par anneaux : mais il est ditiicile d'être assuré si ce sont des insectes parfaits ou seulement des larves ou des chrysalides de ntvroptères qui vivent dans les eaux douces jusqu'à leur entier développement. • •"* INS • 525 Quelques-uns de ces fossiles se trouvent accompagnés de débris de petites coquilles , et il y a lieu de croire que la catastrophe qui les a saisis s'est opérée dans des eaux qui avoient été tranquilles , et où pouvoient vivre ces larves ou ces chrysalides. On voit des figures de ces insectes fossiles dans l'ouvrage de Knorr sur les Pétrifications, part, i/*, tab. XXXITI, fig. 2-6, et dans celui de Scheuchzer, Herb. diluv., tab. V, fig. 1 et 2. Ce dernier auteur a annoncé qu'on avoit trouvé une libellule avec s<^s ailes au mont Bolca dans le Véronnois, un grand scarabée dans une pierre d'Œningen et une scolo- pendre dans une pierre grise de Lubeck. Aldrovande cite un insecte de ce dernier genre et des pucerons pétrifiés sur une pierre noire du canton de Glaris. Vallerius dit que, dans les pierres d'Œningen, on a trouvé des insectes volans , tels que les scarabées, auxquels on a donné le nom de cerf-volant, des mouches, des libellules et des papillons. Bromel annonce qu'on trouve des vestiges d'insectes , des ailes de papillons et de scarabées sur des ardoises alumineuses des carrières d'Andrn-Rumen dans la province de Scanie eu Suède [Acta litt. Sueciœ , tom. 3, pag. 446). Il cite aussi des ailes de mouches dans des pierres de Frankenberg, et de gros insectes avec des pyrites brillantes dans celles de VVurtzburg. On a trouvé dans les carrières de Vestena nova, avec des squelettes de poissons, un insecte marin qu'on a rapporté au genre Pygnogonum de Fabricius. On voit une figure de cet insecte dans les Annales du Musée, tom. 3, pi. I.'*, fig. 3. Différens auteurs, tels que Buttner, Richter, Vogel, Lan- gius , Lippi et Bruckmann, ont annoncé que dans les schistes d'Œningen on a trouvé des mouches ichneumones , des hé- mérobes , des insectes diptères , des enveloppes de larves d'in- sectes , des nymphes, et qu'en Ethiopie on a vu à l'état fos- sile des cellules d'abeilles et des œufs d"insecfes. Une observation peu approfondie a pu faire voira certains auteurs autre chose que ce qui étoit. Il est difficile de croire, par exemple , que des pucerons aient pu passer à l'état fossile , et il est extrêmement probable qu'on a pris des oolites pour des œufs d'insectes. On s'est trompé en prenant pour des 526 '^ IIVS • ruches crabeilles des astrces fossiles, dont les lames qui rem- plissoient chaque cellule ont été détruites , comme cela arrive souvent. L'on peut croire que des scarabées soient devenus fossiles ; mais il y a lieu de penser que souvent l'on a pu prendre pour eux des paradoxites pjriteux et de leurs débris, comme j'en possède, et qui se trouvent dans des roches ani- phiboliques noires. On voit sur des schistes de Solenhofen , de Pappenheim et d'Eichstaedt , des empreintes que Ion a prises pour des vers de terre , et auxquelles on a donné le nom d'helmintolithes ; mais, d'après les figures qu^on en trouve dans l'ouvrage de Knorr ci-dessus cité , part, i .'*, tab. XII , fig. 2-10, il est pro- bable que ces pétrifications ont une tout autre origine, au moins pour quelques-unes, qui paroissent avoir quatre à cinq fois plus de longueur que n'en ont les vers de terre que nous connoissons aujourd'hui à l'état vivant. Le corps représenté fig. i."^" de la même planche, se rap- porteroit assez à un ou à plusieurs dragonneaux de sources qui auroient été saisis par la pétrification. Je possède une pierre de Solenhofen qui contient de pe- tites astéries, et sur laquelle on voit une sorte de tube que l'on pourroit prendre pour une portion de ver fossile, mais auquel paroissent être attachées à plusieurs places des co- quilles bivalves avec leurs deux valves striées circulairement et ouvertes. Tout porte a croire que ce corps, ainsi que la plupart de ceux dont il est question ci-dessus, ne sont point des restes de vers de terre. (D. F.) INSECTES HONTEUX. [Mamm.) Le Père Tachard nomme ainsi, dans son Voyage àSiam, une espèce de pangolins, sans doute à cause de la faculté qu'ont ces animaux de se rouler en boule, lorsqu'ils éprouvent quelque crainte. (F. C.) INSECTIRODES ou ENTOMOTILLES. (Ertfom.) Noms sous lesquels est désignée une famille naturelle d'insectes hymé- noptères, dont les larves se développent dans l'intérieur des autres insectes, qu'elles rongent ; c'est de cette particularité qu'est emprunté le nom tiré des deux mots litins , insecta rodo : tels sont les ichneumons , les fanes, les ophions , les hanches, les évanies , etc. Voyez Entomotilles. (C. D.) INSECTIVORES. {Omith.) On appelle ainsi les oiseaux ou . ^ INS ' 527 autres animaux qui se nourrissent principalement d'insectes. (Ch. D.) INSENS. {Bol. ) C'est un des noms vulgaires de l'absinthe , artemisia'-absintliium. (H. Cass.) INSERTION DES ÉTAMINES. (Bot.) C'est leur position dans la fleur, leur point d'attache dans les fleurs hermaphro- dites. L'insertion des étamines a lieu, tantôt au niveau de la base du pistil (blé, saururus , kalreute.ria) ; tantôt au-dessous de la base du pistil [cleome pcntapliylla, helicteres , sterculia); tantôt sur le pistil, au sommet de l'ovaire (ombellifères), ou à la base du style (balisier), ou au sommet du style (limcdo- rum, serapias),, ou sous le stigmate (aristoloche); tantôt sur le périauthe simple (aletris), sur le calice (rose), sur la corolle . labiées). Ou nomme insertion absolue , celle où on ne considère que le point où elle a lieu, abstraction faite du pistil, et inser- tion relative celle où Ton considère le point où elle a lieu par rapport au pistil. L'insertion relative est dite hypogyne, lorsqu'elle a lieu au- dessous de la base du pistil, ou au niveau de la base du pistil (graminées, renoncules): elle estpérigyne, lorsqu'elle a lieu autour du pistil . sur la paroi du calice ou du périanthe simple ( thymelées, rosacées) ; épigyne, lorsqu'elle a lieu sur le pistil même (orchidées, ombellifères). L'insertion est immédiate ou médiate. Elle est immédiate lorsque les étamines sont attachées, sans intermédiaire, sous le pistil, sur le calice ou sur le pistil. Elle est médiate , lors- qu'elles sont attachées à la corolle. Dans ce cas, l'insertion se fait par l'intermédiaire de cette enveloppe florale, qui, comme les étamines, se trouvant attachée sous le pistil, sur le calice ou sur le pistil , prend , comme elles , sui- vant ces positions, la dénomination de corolle h3^pogyne , corolle périgyne et corolle épigyne. Les étamines et la co- rolle sont censées avoir la même insertion. En général, l'in- sertion est semblable dans les plantes d'une même famille et dans les plantes de familles voisines. (Mass.) INSERTIONS MÉDULLAIRES. (Bot.) Voyez Ratons mé- dullaires. (Mass.) INSIDIATOK. {Ichlhj'ol.) Les auteurs ont désigné par ce 528 . INS i nom latin le poisson que d'autres ont appelé imposteur en françois. '^''oyez Filou. (H. C.) IISSIRE. [Mamm.) Nom que l'on trouve employé au Congo , comme étant celui d'un animal carnassier qui a quelque rapport avec les martes. (F. C.) INSOLATION. {Cliim.) C'est l'exposition aux rayons du soleil de matières quelconques. On fait cette opération, i.° quand on veut séparer d'une substance fixe un liquide qu'elle contient et qui est susceptible de s'évaporer; 2° pour sou- mettre à l'action de la lumière des corps qui en éprouvent quelque changement, soit dans leur composition, soit sim- plement dans l'état d'agrégation de leurs particules. (Ch.) INSOLUBILITÉ. [Chim.) Propriété qu'a un solide de ne pas se dissoudre dans un liquide ; un liquide, v'j ne pas se dissoudre dans un autre liquide; un gaz, de ne pas se dis- soudre dans un liquide. (Ch.) INSTINCT. L'idée qu'on a généralement de l'instinct, est celle d'une force, d'une faculté particulière, cause immé- diate des actions' auxquelles les animaux sont aveuglément et nécessairement portés.* Ce n'est cependant point une de ces idées claires que l'on peut circonscrire d'une manière précise : en effet, on a beaucoup varié et on est loin d'être d'accord sur les actions instinctives. Les uns en ont étendu le nombre, et les autres l'ont restreint, suivant qu'il convenoit à leurs systèmes de refuser ou d'accorder de l'intelligence aux animaux , de faire dépendre ces actions d'une influence mécanique des organes ou d'une détermination plus ou moins libre de l'esprit. Pour 1 Par une action, un acte, j'entends simplement un fait, un phe'- nomène, sans y ajouter nécessairement l'idée d'activité. 2 Quelques auteurs ont mis au nombre des instincts les penchans , les dispositions, et même les appétits, les besoins naturels. Ces ptiéno- mènes nous paroissent être d'un tout autre ortlre ; nous n'en parlerons pas. En effet, les dispositions et les besoins ne conduisent pas néces- sairement à des actions aveugles : les premières sont au contraire des aptitudes à être frappées de telles ou telles modifications, plutôt que de telle ou telle autre, ce qui suppose l'expérience; et si les seconds poussent irrésistiblement à certaines actions, ils doivent plutôt être considérés comme occasion , que comme causes de ces actions. • ' INS 629 assurer h cette idée toute la netteté dont elle a besoin, il auroit fallu , comme dans toutes les sciences d'observation , où l'on ne peut remonter aux causes que par les faits , il auroit fallu, dis-je, établir d'abord ceux-ci, c'est-à-dire, distinguer, par des caractères fixes, les actions aveugles eÉ nécessaires, de celles qui sont électives et contingentes, de celles qui , en un mot , sont le résultat de l'expérience ; et c'est ce qu'on est loin d'avoir fait : il n'est pas même possible d'ar- river sur ce sujet à toute la précision que l'on doit désirer, parce que la science de l'intelligence des brutes n'est encore qu'à son enfance, et que les principes dont pourroit s'aider celui qui voudroit s'y livrer, n'existent point. Si je m'en occupe ici, c'est donc bien moins dans l'intention de donner la solution de ce problème , que pour faire envisager les faits qui s'y rapportent sous le point de vue que je crois le plus propre à conduire à ce but important : aussi ne traiterai-je cette question que d'une manière sommaire, et en me bor- nant à citer les faits qui me paroîtront indispensables. Mais, avant que d'entrer en matière, il est nécessaire que je fasse remarquer que nous ne pouvons étudier le principe des actions des animaux que dans nos propres actions , et que les bornes de notre intelligence sont pour nous les bornes du monde intellectuel. Nous ne devons qu'aux lumières que nous puisons en nous-mêmes le pouvoir d'éclairer les actions des brutes, pour en distinguer les différens caractères et en ap- précier la nature. La comparaison de nos actions avec les leurs est ici notre unique guide ; et ce que nous reconnoitrons être la cause des unes, sera la cause des autres. Si la toute-puis- sance eût créé, pour les actions des animaux, une faculté diffé- rente de celle qui détermine les nôtres, ce seroit en vain que nous nous efforcerions de la découvrir; elle résisteroità toutes nos tentatives, et resteroit éternellement cachée à nos yeux. Lorsque nous considérons d'une manière générale les ac- tions des animaux', nous remarquons qu'elles sont simples » loute aclion consiste dans un ou plusieurs actes intellectuels, qui sont causes, et dans un ou plusieurs actes corporels, qui sont effets^ C'est là le sens que, dans cer article, nous donnons aux mots acte et action, sans rien préjuger sur les actions instinctives, dont nous no sommes point encore censés connoître les élémen'î. 23,, 54 55o ' INS ou complexes, c'est-à-dire que les unes ne paroîssent ûc^ mander ou ne demanderoient de notre part, pour être pro- duites, qu'un très-petit nombre de laits, d'actes intellectuels, comme une perception , un jugement, parexemple, tandis que les autres semblent nécessiter le concours d'un nombre plus grand de ces actes, et même rendre indispensables des com- binaisons de l'ordre le plus élevé-, nous voyons en outre que les plus simples, comme les plus compliquées, se manifestent, ou avant qu'aucune expérience ait pu avoir lieu , ou après l'emploi et par coi>iséquent le développement des facultés qui, dans l'état ordinaire des choses, doivent agir pour qu'une action contingente se produise. Il n'y a jamais eu de contestation fondée sur les actions antérieures à toute expérience: simples ou complexes, elles Ont toujours été considérées par les naturalistes comme ins- tinctives ; et, en effet, il faut bien qu'une force aveugle et nécessaire les ait fait naître, puisqu'aucune expérience n'avoit encore pu mettre en jeu les facultés de l'être qui les luani- festoit. Les cris de l'enfant qui souffre et qui a besoin de secours; la recherche de la mamelle par le petit qui vient de naître, et l'action de téter; la fuite, déterminée parla crainte, d'un Jeune animal qui n'a point encore appris à connoitre le danger; la défense qu'il oppose à qui veut le saisir; l'obéis- sance du nouveau -né accourant à la voix de sa mère, etc.. sont des actions de cette nature. Celles qui se sont produites après que des influences exté- rieures ont pu agir sur l'intelligence, ont seules inspiré des doutes, quant aux principes sur lesquels elles reposent y faute de moyens pour distinguer les contingentes des néces- saires, ainsi que nous l'avons dit plus haut. En effet, d'une part elles avoient été mal observées , et de l'autre on man- quoit de règles pour les juger et pour déterminer leurs vé- ritables caractères : deux conditions qui se lient si inti- mement dans toutes les sciences d'observation , qii'on peut affirmer que l'observation de tout phénomène est incomplète, si Ton ne peut pas en même tempsTattacher ce phénomène, par des vues générales, à ceux qui sont du même ordre que lui. INS 53i I,a première marque, le premier signe d'une action élec- tive, c'est de pouvoir être modifiée par l'expérience , de la même manière qu'elle a été produite, et, l'expérience ne pouvant agir que sur Tesprit, c'est dire, en d'autres termes, que le premiersigne d'une faculté contingente est de dépendre de rintclligence et de toujours pouvoii' agir conformément aux circonstances variables dont elle est de nature à éprouver l'influence. Ainsi, ce que par la suite nous dirons d'une action , nous entendrons le dire d'une faculté, et récipro- quement. Les exemples de ce genre d'action sont communs : le chien qui obéit , au lieu de fuir, à la vue d'un fouet dès qu'il le voit en main ; qui va chercher l'objet qu'on lui désigne , au lieu de rester indifférent à l'ordre qu'il reçoit; qui s'agite et déchire les barreaux de sa cage, s'ils sont de bois, et qui se résigne à son esclavage, si ces barreaux sont de fer, fait donc des actions contingentes ; et la faculté qui en est le principe , est une faculté modifiable, puisqu'elle reçoit l'influence des diffé- rentes circonstances pourlesquelles ces actions se produisent. Ce sont encore des actions du même genre que celles que nous voyons faire au cheval qui, ayant à choisir entre deux chemins dont un lui est connu , prend constamment ce der- nier, quelque éloigné que soit le temps où il l'a pris pour la dernière fois : lorsque le chien court au devant de son maître et le couvre de ses caresses, s'il le voit se disposer à sortir et qu'il ait envie de l'accompagner ; lorsqu'il con- tient le troupeau dont la garde lui est confiée, dans les li- mites précises que son maître lui a tracées : lorsque le loup attaque sa proie à force ouverte dans la solitude des bois, ou s'en empare par surprise dans le voisinage des habita- tions, etc. Ces actions , comme les précédentes, n'ont rien de nécessaire et pouvoient ne point avoir lieu. La moindre circonstance suffisoit pour déterminer le cheval" à prendre le chemin qu'il n'avoit point encore parcouru: si le chien, par sa propre désobéissance, avoit mécontenté son maître, bien loin d'accourir à lui avec joie, il ne s'en seroit approché qu'en tremblant, et l'on sait que cet animal n'acquiert que par l'éducation le talent admirable que nous lui connoissons pourla earde des troupeaux, etc. 532 INS Par-contre le caractère des actions instinctives sera d'être lixes et de se reproduire constamment les mêmes dans toutes les situations. En conséquence nous rangeons parmi ces actions celles que nous présentent le chien , lorsqu'il va en- fouir dans la terre les restes de son repas : le cheval et le renne , lorsqu'ils enlèvent la neige qui recouvre la terre, pour dé- couvrir la nourriture dont ils ont besoin; les vaches, lorsque, menacées par la présence d'un loup , elles placent leurs petits au milieu d'un cercle dont leurs tttes et leurs cornes forment la circonférence; les castors, lorsqu'ils élèvent leurs huttes et leurs digues, lorsqu'ils Aont couper le bois néces- saire à leurs constructions, lorsqu'ils réparent les ravages que leurs ennemis ou le temps peuvent avoir faits à leur habitation ; le lapin, lorsqu'il se creuse un terrier; l'oiseau, lorsqu'il se construit un nid, etc. En effet, toutes ces actions se présentent constamment à nous comme invariables dans ce qu'elles ont d'essentiel. Le chien cache ses alimens super- flus, quand même il n"a jamais eu besoin d'y avoir recours; le cheval qui enlève avec ses pieds la neige sous laquelle l'herbe ou la mousse sont cachées, le fait même quand il voit la neige pour la première fois, et quand il est repu , comme quand il a faim. Le castor construit dans toutes les situations, dans Tesclavage le plus étroit , comme au sein de la plus grande liberté; quand les abris lui sont les plus inutiles, comme lorsqu'ils lui sont le plus nécessaires. Ces vaches, si ingénieuses pour défendre leurs petits quand elles sont en troupe, ne changeroient rien à leurs moyens de défense, quand elles seroient réduites au plus petit nombre , et que ces moyens deviendroient insuffisans ; ce lapin, si soigneux à se creuser une retraite , ne sait ni la cacher ni la construire suivant les lieux , la nature de ses ennemis ou celle des saisons, etc.; et les dernières classes du règne animal nous offriroi^nt des exemples encore plus frappans , plus extraordinaires. Cette distinction étant bien établie empiriquement entre les actions contingentes et les actions instinctives, si nous nous arrêtons à considérer ces dernières , nous trouvons qu'elles sont de nature très- différente , qu'elles s'exercent constam- ment ou ne se manifestent qu'à certaines époques ; qu'elles sont toujours en petit nombre,: mais qu'elles vont en gugmen- mS , • 533 tant et de nombre et d'importance, à mesure que les ani- maux, sous le rapport de l'organisation, s'éloignent davantage de l'espèce humaine. Pour établir ces propositions , il nous suffira de quelques exemples : les animaux dont nous A'^enons de parler, nous les fourniront eux-mêmes. IN'y a-t-ilpas, en effet, une différence immense entre les actions involontaires et toujours très- simples qui sont occasionées par la peur, la colère, l'amour, la faim , etc. , et celles que nous venons de citer, toutes re- marquables par leur complication? Les unes semblent pure- ment organiques, tandis que pour les autres Tintelligence paroit indispensable. De plus, ce n'est qu'à certaines époques et durant un temps limité que beaucoup d'animaux vont à la recherche de leurs femelles, qu'ils se préparent des gîtes, qu'ils construisent leurs nids. Enfin le chien, le cheval, le bœuf, nous présentent peu d'actions que Ton puisse attri- buer à l'instinct; et cependant leur vie est assez active, c'est- à-dire que leurs actions contingentes la remplissent presque tout entière et suffisent à la plupart des situations assez nombreuses dans lesquelles ils sont à portée de se trouver. Ils nous présentent de même cette espèce de dégradation de l'intelligence qui se manifeste par la diminution des actions électives, comparativement aux actions instinctives et né- cessaires. Le chien nous fait voir un très-grand nombre des premières, et un très-petit nombre des secondes; le bœuf, au contraire, passe sa vie active dans d'assez étroites limites, et si ses actions instinctives ne sont pas très- nombreuses, elles le deviennent par comparaison avec le nombre de ses actions contingentes. Mais ces vérités acquerroient beaucoup plus d'évidence, si nous parcourions le règne animal dans son entier : nous verrions que les quadrumanes et les carnassiers, qui se trou- vent placés au haut de l'éclielle des êtres intelligeiis, sont en quelque sorte des animaux libres, en comparaison des insectes, par exemple, dont toute l'existence semble dominée par une force uniforme et constante , qu'on pourroit comparer à celles qui mettent en mouvement les machines que nous construisons , si nous étions fondés à trouver une véritable analogie entre les puissances de l'intelligence et celles du 534 ' IN$ monde matériel. Enfin, l'action instinctive du chien la pins compliquée, celle qui exigeroit de notre part le concours du plus grand nombre d'actes intellectuels , n'est absolument rien en comparaison des actions de cette nature que nous ob- servons chez les animaux invertébrés, et principalement chez les insectes. Quelques actes isolés de prévoyance sont en effet ce qu'en ce genre le chien et les mammifères voisins Tious offrent de plus remarquable : chez les insectes, au con- traire, toute l'existence, quelque variée qu'elle paroisse, ne semble se composer que d'une seule action nécessaire , mais compliquée à l'infini , de laquelle rien d'extérieur ne peut les détourner et vers laquelle ils tendent invincible- ment. Pour ne citer qu'une des espèces les plus connues , l'abeille, qu'y a-t-il dans les actions d'aucun mammifère qui approche de la sagacité, de la prévoyance, de la force de combinaison que fait supposer l'industrie de cet animal ? Rien , après l'intelligence de l'homme , ne paroît plus propre à exciter notre étonnement et notre admiration que cette puissance qui porte invariablement un vtre k suivre nn plan compliqué d'actions qui se lient intimement en une seule, dont la durée peut être de plusieurs jours, de plu- sieurs mois, at qui n'ont toiitcs qu'tin même but. C'est que ce ne sont point les actions qui paroissent naître de combi- naisons profondes, de calculs compliqués, de vues ingé- nieuses qui distinguent véritablement l'homme des autres êtres intelligens: nous trouvons, comme nous venons de le voir, des preuves de l'existence de ces actions chez les animaux les plus imparfaits, et à un degré que nous ne pouvons peut-être pas dépasser de beaucoup ■ c'est la liberté seule, la faculté de connoître , qui fait la véritable supé- riorité de l'intelligence humaine. Le caractère de variabilité qui est donné aux actions con- tingentes, et celui d'invariabilité qui est attribué aux actions nécessaires, ne doivent cependant pas être pris dans un sens tout-à-fait absolu. L'animal conserve toujours l'exercice de ses sens et le degré d'intelligence qui lui est propre, et il les emploie l'un et l'autre de la manière la plus favorable a l'action nécessaire à laquelle il est porté. L'exercice de ces facultés est même toujours proportionné au degré de né- INS 535' ccssité des actions; plus le besoin, le sentiment qui entraî- nent l'animal à agir, sont impérieux, plus aussi ses facultés sont captives : c'est pourquoi l'instinct nous paroit beau- coup plus fort chez les uns que chez les autres. 11 n'y a aucune comparaison à faire à cet égard entre le hamster qui se forme des magasins pour Thiver et le chien qui cache sa nourriture surabondante : rien ne peut détourner le premier de son action, et, au contraire, la moindre circonstance peut distraire le second de la sienne. Mais il y a plus : de nombreuses observations font penser qu'une longue habitude transforme en quelque sorte les actions contingentes en ac- tions nécessaires, et que celles-ci ne sont pas soustraites sans réserve à une action long-temps continuée des circonstances extérieures et accidentelles, et qu'elles prennent quelque ehose des actions électives. Plusieurs animaux, en effet, nous en donnent la preuve : les chiens de chasse proprement dits n'ont besoin d'aucune éducation pour se livrer à cet exercice et poursuivre les bêtes fauves, tandis que les barbets, les dogues, par exemple, n'y sont point naturellement portés. D'un autre côté, on assure que les lapins, tenus pendant plusieurs géné- rations dans des lieux oîi ils ne peuvent fouir, donnent nais- sance à des races qui ne sont plus portées à se creuser des terriers; et Leroi dit positivement que les jeunes renards qui se trouvent près des lieux habités, montrent par leurs actions, même avant d'avoir quitté le nid, beaucoup plus de prudence et de ruse que ceux qui vivent dans les con- trées sauvages où ils ont peu d'ennemis à craindre et à fuir. C'est qu'il n'est pas plus ici qu'ailleurs de lois absolues. La na- ture est un ensemble harmonieux dont toutes les parties sont liées, où toutes les transitions sont adoucies, et qui présente avec d'autant plus de force ce caractère d'unité qu'elle a dû recevoir de son auteur, que l'intelligence qui la contemple a su se placer dans un point plus élevé et enibrasser une plus grande étendue de phénomènes; mais cet ordre suppose des rapports différens , permet des rapprochemens et des distinc- tions, et ce sont eux que nous avons dû d'abord chercher à faire connoître. Après avoir considéré les actions des animaux en elles- «itmes, et avoir essayé de distinguer, par leurs propres ca- 556 INS ractéres, celles qui sont électives et contingentes de celles qui paroissent nécessaires, nous devrions montrer à quels actes intellectuels ou plutôt à quelle cause les unes et les autres sont dues; par là nous établirions le point de sépara- lion présumable entre l'intelligence de l'espèce humaine et rintelligcnce des animaux, séparation qui doit être le but principal de toutes les recherches de la nature de celles qui font l'objet de cet article. Malheureusement l'entière solution de ce problème ne nous paroît point encore possible. Pour le résoudre, il faudroit que l'on possédât, ce qu'on n'a pu encore obtenir, une clas- sitication méthodique et complète des modifications que notre esprit peut éprouver , c'est-à-dire, des opérations dont il est susceptible ou des idées qu'il peut acquérir. En effet, comme nous l'avons dit, nous ne pouvons avoir que la con- science de nos propres actes intellectuels; ceux des animaux seront éternellement cachés à notre perception. Nous ne parvenons à les concevoir que par induction , qu'au travers de leurs actions, qu'au milieu des mouvemens de leurs or- ganes ; et l'on sait combien de causes différentes peuvent produire des mouvemens semblables. Nous voyons cependant que les animaux , ceux des pre- mières classes surtout, sont susceptibles d'attention; qu'ils reçoivent par leurs sens des impressions analogues à celles que nous recevons par les nôtres ; que ces impressions lais- sent des traces qui se conservent et qui les rappellent ; qu'elles forment les unes avec les autres des associations nombreuses et variées; qu'il s'en déduit plusieurs jugemens, plusieurs rapports, etc. C'est là que se bornent les facultés dont nous pouvons apercevoir en eux des traces avec une certaine apparence de fondement ; mais les modes, les formes, aux quels leurs perceptions sont soumises, nous les ignorons; et nous ne pouvons établir quelles sont les espèces de rapports qu'ils ne saisissent pas, et qui formeroient conséquemment l'apanage exclusif de l'homme. Au reste, si nous ne trou- vons pas réunies dans une seule espèce d'animal toutes les facultés de cette nature que nous rencontrons en nous, il çeroit possible qu'un examen attentif en fît reconnoître un grand nombre dans l'ensemble des espèces qui constituent • ms 557 îe règne animal, ef de telle sorte que ces facultés pussent elles-mêmes, comme les qualités physiques, servir à faire distinguer ces espèces l'une de l'autre. Mais, ce qui nous paroit hors de doute , c'est que tous les animaux sans excep- tion sont dépourvus du sens intime de la perception du moi et de la faculté de réfléchir; c'est-à-dire, de considérer intel- lectuellement, par un retour sur eux-mêmes, leurs propres modifications : ils ignorent qu'ils reçoivent l'impression des corps extérieurs, qu'ils pensent, qu'ils agissent ; les actes de leur esprit, comme les mouvemens de leur corps, n'ont que des causes extérieures. Dépourvus ainsi de toute connois- sance, ils le sont de toute liberté; car c'est par l'acte seyl qui nous apprend à nous counoitre , que nous apprenons à vouloir librement. C'est principalement à la privation du sens intime de cette qualité précieuse qu'il faut attribuer l'infériorité des animaux à l'égard de l'homme; car, leur accordàt-on toutes les autres facultés que nous reconnoissons en nous, ils seroient encore loin de nous égaler. Tout chez eux, dans ce cas -là même, n'auroit lieu que fortuitement; les phénomènes ne se présen- teroient encore à eux qu'au hasard : ils ne pourroient ni en faire un choix, ni les réunir, ni les accumuler, ni les classer de manière que leurs facultés pussent en tirer ces rapports nombreux et variés que nous parvenons à en obtenir ; et il résulteroit encore de là cet autre caractère, propre à distinguer les actions instinctives de toutes les autres, que toutes celles qui supposeroient la réflexion seroient des actions de ce genre. Je sais que plusieurs auteurs, et principalement Condillac, ont pensé que les animairx réfléchissent ; mais ils n'ont pu faire reposer cette opinion que sur leurs actions invariables, que nous avons dû regarder comme instinctives. Et comment la faculté la plus indépendante , celle d'où toute liberté découle , seroit-elle exclusivement enchaînée dans des actions néces- saires? 11 seroit contradictoire de l'admettre. Si les provi- sions que nous voyons faire au chien étoient l'effet d'une véritable connoissance , c'est-à-dire, si la réflexion lui avoit appris tout ce qu'il auroit fallu qu'il sût , et ce qu'il ne pou- voit e"Videmment savoir sans elle , pour prévoir et pour agir en 538 IIS^S conséquence , îl ne se serolt pas borné à faire des provisions de bouche, il en auroit fait pour s'abriter, pour se coucher, en un mot, pour tous ses besoins; et nous pouvons appliquer ce raisonnement à tous les animaux pourvus d'instinct, et formés de manière à produire ces actions isolées dont l'exis- tence ne peut être conçue par nous qu'autant que nous con- sidérons la perception du moi et la réflexion comme en étant les causes. D'autres psychologlstes , ayant remarqué que la force de réflexion étoit ordinairement proportionnée à l'intensité des idées, et que celles-ci avoient d'autant plus d'empire, sur l'esprit que nous avons plus de disposition à les acquérir, en avoient conclu que cette faculté étoit constamment dépen- dante de chaque dispositioh , de chaque penchant, et que, si les animaux ne la manifestent que dans quelques cas seule- ment, c'est que leurs penchans sont en petit nombre. Mais cette explication ne concorde pas plus que la précédente avec les faits, et surtout avec ce caractère de liberté qui distingue le sens intime de toutes nos autres facultés. En effet, son pre- mier acte nous apprend notre puissance sur nous-mêmes, et c'est dans cette puissance seule que nous trouvons un témoi- gnage de notre liberté. Lorsque nous avons besoin d'une image, d'un souvenir, d'un jugement, ils se présentent, ou non, sui- vant la disposition de nos organes, et s'ils naissent, c'est, comme on sait, toujours spontanément et d'eux-mêmes, dans le cas où nous les appelons' avec le plus d'ardeur, comme dans celui où ils se présentent sans que nous les sollicitions. La réflexion . au contraire, lorsqu'elle s'est une fois manifestée, qu'elle nous a une fois révélés à nous-mêmes, reparoit dès que nous réclamons son secours, dès que nous voulons qu'elle de- vienne active ; nous ne pouvons pas nous séparer de notre moi, et vouloir la réflexion, c'est réfléchir. Il suit de là que les ani- maux exerceroient cette faculté, s'ils la possédoient, dans leurs penchans les plus foibîes , comme dans leurs besoins les plus pressans, dès qu'elle pourroit les servir; et les faits nous prouvent qu'ils n'en agissent point ainsi. Il est bien certain i Je n'emploie pas le mot de volonté, parce qu'il est inséparable de l'idée de liberté pour la plupart des esprits. . » INS • 55o que, pour fous les animaux iiidistincfcir.enf , le besoin de nourriture est le plus puissant sur les individus, et qu'il est bien plus important pour leur existence, pour leur moi, de le satisfaire, que de satisfaire le besoin de s'abriter; et nous voyons cependant beaucoup d'animaux se creuser des ter- riers, c'est-à-dire, paroître prévoir la nécessité d'un abri, et ne pas prévoir, lorsqu'elle devra se faire le plus vivement sentir, la nécessité d'une provision d'alimens. Toutes les autres tentatives qui ont eu pour objet d'expli- quer d'une manière générale, et sans admettre de faculté particulière, les actions des animaux, n'ont pas été plus heureuses; et on pourroit en dire autant des explications qui ont été données des actions instinctives en particulier. Pour éviter les contradictions que nous venons de faire remarquer, des philosophes ont pensé que les actions de ce dernier genre dcpendoient d'une forme particulière du cer- veau, et n'étoient en quelque sorte qne des actions méca- niques. Renfern;f!c dans ces simples termes , cette théorie scroit plus difficile à admettre encore que les précédentes, et ne tireroit d'un embarras que pour plonger dans un autre: car qr'est-ce que cette forme, et sur quelle analogie porte- t-clle ? Elle suppose un genre de preuves qu'on n'a point encore données. Sans doute on trouvera dans la struc- ture du cerveau des animaux des formes qui se lieront avec leurs facultés intellectuelles ; mais, si cette idée repose sur des vraisemblances très-fortes, aucune expérience ne la dé- montre encore ; et l'extrême difficulté d"un tel travail le rendra peut-être long-temps encore impossible. Si quelques- unes de nos idées qui paroissent ùtre complexes n'ont point encore été analysées , si on n'en a point encore démontré l'origine et séparé les élémens, on n'a pas démontré non plus l'impossibilité de cette analyse ; et on ne peut faire reposer une théorie de la nature de celle qui nous occupe, sur des analogies négatives, sur des suppositions que, d'un moment à l'autre, on peut voir détruire. Il est un ordre de phénomènes différens des précédens, dans lequel on pourroit, avec plus de fondement et en s'appuyant sur des analogies plus sûres, trouver une expli- cation aux actions instinctives : ce sont les phénomènes de 540 IiyS l'habitude. Nous en avons dit un mot au commencement de cet article , et auparavant nous en avions parlé d'une manière plus spéciale dans le tome XI des Annales du Muséum d'histoire naturelle, en donnant la description du chien des habitans de la Nouvelle-Hollande. L'habitude d'une action consiste en ce que l'acte corporel se reproduit sans qu'il y ait effort et qu'on ait conscience de l'acte intellectuel qui en a été la cause primitive. Il semble qu'il s'établisse alors entre les or- ganes et les besoins naturels, les appétits, lespenchans, les idées, etc. (qui, dans l'origine, avoient mis l'intelligence en mouvement pour qu'à son tour elle fit agir les membres), une dépendance immédiate telle que l'intermédiaire de l'esprit n'est plus nécessaire pour que les actions se pro- duisent. Dans ce cas ces actions ne paroissent plus se com- poser d'actes intellectuels et d'actes corporels, mais seule- ment de ces derniers, et des différentes modifications de nous-mêmes qui sont de nature à mettre en activité notre intelligence ' et par suite nos organes. Px'esque toutes nos actions peuvent prendre ce caractère de l'habitude , et le plus simple examen de nous-mêmes suffit poumons en donner une foule de preuves. Or, si cette espèce de dépendance pouvoit exister naturellement entre les besoins et les organes, les phénomènes de l'instinct trouvcroient une explication facile : la nature auroit primitivement établi cette relation entre eux; et, en effet, nous la découvrons en nous-mêmes, pour les actions compliquées comme pour les actions simples. Nous n'avons pas plus besoin du secours de la pensée que les animaux pour nous arrêter, reculer ou fuir à la vue d'un objet nouveau qui nous effraie. I,e sentiment de la peur suspend dans ce cas le mouvement des muscles ou les excite, sans que l'intelligence paroisse y prendre la moindre part. Et tout ne semble-t-il pas être organique dans l'exercice de la lecture, dans celui des armes, dans le mouvement des doigts sur un instrument de musique ? Nous reconnoissons les caractères et articulons les sons qu'ils représentent , 1 Je n'ai pas besoin de faire remarquer que je n'envisage ici que la succession naturelle des faits, et que je ne m'occupe ni de leur cause ni du principe général de l'activité. * INS 541 quoique notre esprit soit entièrement préoccupé par le sens de ce que nous lisons : le maître d'armes suit de son fleuret le fleuret de son adversaire , sans qu'aucune pensée vienne contribuer à ses rapides mouvemens : le pianiste parcourt des deux mains son clavier dans tous les sens et suivant toutes les combinaisons que les dix doigts peuvent former, malgré l'attention exclusive qu'il donne aux notes placées sous ses yeux et qu'il fait rendre à son instrument. Tous ces exercices, comme toutes les pratiques de l'industrie, sont même d'autant plus parfaits que la pensée leur est devenue plus étrangère ; tant qu'elle leur est encore né- cessaire , on les possède mal , et en ce point c'est vérita- Llement en se rapprochant des animaux qu'on se perfec- tionne. Il n'y a rien d'absolument diff'érent dans ce que pro- duit l'instinct, et la comparaison du tisserand et de l'araignée est bien plus exacte et plus juste qu'on ne l'a pu penser. Ces deux ordres de phénomènes pourroient même tellement se confondre, qu'on feroit en quelque sorte de l'instinct avec de l'habitude, si ce n'est de l'habitude avec de l'instinct: une personne qui seroit exercée , dès son enfance, à ramasser et à cacher tout ce qui lui reste de ses repas, finiroit par le faire aussi machinalement et aussi inutilement que le chien domestique. Les principes de psychologie qui sont professés dans nos écoles, ne sont point contraires aux idées que nous venons d'exposer. On a toujours distingué en philosophie deux or- dres de phénomènes , ceux de l'intelligence et ceux de l'ac- tivité; d'où l'on admettoit implicitement deux systèmes d'or- ganes, sièges de ces phénomènes. L'intelligence, c'est-à-dire, les perceptions et les idées de toute nature, agissant d'une manière quelconque sur l'activité , déterminoient la volonté, et les actions se produisoient. Malheureusement on a obscurci cette idée, d'ailJeurs très- claire, en séparant des puissances propres à agir à la manière des pensées, pour les réunir au système de l'activité: puissances d'un ordre très- particu- lier, il est vrai , mais qui ne sont pas moins que les premières des causes d'actions. Je veux parler des sentimens, des be- soins, des passions, dont le siège doit être aussi distinct de celui j^es pensées que ce dernier l'est du siège de la volonté. 542 INS " D'après ce que nous avons dit, ce seroit sinon dans îe prin- cipe, du moins dans les organes de l'activité, que résideroient les facultés instinctives; et les phénomènes de Ihabitude, considérés sous ce point de vue, s'expliquant très-naturelie- ment, présenteroient un nouveau genre de preuves aux idées que nous avons émises dans cet article. En effet, on conçoit que l'impression fréquente de l'intelligence ou de toute autre cause sur l'activité, ou plutôt sur l'organe qui en est le siège , doit s'approfondir par l'influence répétée de Tune et par l'exercice de l'autre, et finir par devenir ainsi une forme nécessaire d'action, comme les actions instinctives sont le résultat d'une forme nécessaire, mais d'une forme qui, au lieu d'être acquise, est primitive et essentielle à la nature des êtres qui présentent ces actions. En rapportant un exemple à l'appui de cette explication, nous la rendrons encore plus sensible. Lorsqu'un homme , après avoir bien conçu et bien gravé dans sa mémoire les principes de l'équitation, essaie pour la première fois d'exercer cet art, aucun de ses mou- vemens, arcjnc de ses attitudes, malgré sa science, ne sont ce qu'ils doivent être -. son corps se porte en avant ou en arrière, tandis qu'il devroit rester dans une situation verti- cale ; ses jambes se remuent quand elles devroient être im- mobiles ; les mcuvemens de sa main ne sont point en accord avec ceux de ses pieds ; en un mot, aucune harmonie n'existe entre lui et son cheval. D'abord , ce n'est que par une grande contention d'esprit qu'il parvient à faire un des mouvemens prescrits dans un cas donné , puis un autî"e qui soit en accord avec le premier, et enfin à exécuter tous ceux que l'art commande ; et ce que je dis pour ce cas particulier, ]e pourrois le dire pour tous les autres. Petit à petit le même effort d'esprit devient de moins en moins nécessaire ; les mouvemens qui se fuisoient avec le plus de difficultés et le plus lentement, se font avec aisance et promptitude, et cela dès que l'esprit le juge nécessaire; enfin, après un exercice plus ou moins long, l'intelligence ne prend plus aucune part à la pratique de cet art : tout ce qu'il exige, se fait en quelque sorte de soi-même. Si le cheval fait un mouvement contraire à celui dont on lui avoit donné le signe, c'est ce xaouveiiient seul . ou plutôt celui qu'il communique à sof« • • INS • 543 cavalier , qui appelle de la part de celui-ci le mouvement qui le redressera, et cela instantanément, avec la prompti- tude de la paupière qui se ferme pour garantir l'œil , ou de la tète qui se détourne pour éviter un coup : dès-lors tous ces principes raisonnes par lesquels nous avons vu commencer l'exemple que nous venons de détailler, sont transformés en desimpies associations de mouvemeus, en un pur mécanisme. Presque toutes nos actions peuvent prendre ce caractère; aussi rencontrons-nous tous les degrés par lesquels l'hommepeut passer en ce genre de moditicalion , lorsque nous parcourons les différentes classes dont se compose une nation et l'ensemble ou la succession des divers peuples, comme nous trouvons tous les degrés de l'instinct , lorsque nous parcourons l'ensemble des animaux. Il n''y auroit même rien de trop fort à supposer des hommes réduits à un tel état d'abrutissement, qu'ils fussent incapables d'exercer aucune des facultés libres de leur intelligence; et je ne serois point étonné qu'on en eût trouvé de semblables autrefois chez les Egyptiens, et qu'aujourd'hui il ne s'en rencontrât encore de tels chez les Chinois et chez les Indiens. Cependant la différence entre ces hommes dégradés et les animaux seroit encore immense. Ceux-ci sont condaznnés à rester éternellement soumis à l'influence fortuite des cir- constances; nous, au contraire, qui sommes susceptibles d'ap- précier et de connoitre ces circonstances, nous pouvons exer- cer sur elles une autorité puissante : d'où il suit que l'homiue seul est susceptible d'une éducation véritable. L'exercice peut développer les facultés des animaux; en. peut leur faire contracter des habitudes profondes, et, par le secours de l'homme, renforcer ou affoiblir les penchant qui lui seroient utiles ou nuisibles. L'espèce humaine, exclusivement à toute autre, a la fa- cullé d'être éclairée , d'acquérir des idées pures , de s'en faire le type du juste , du beau , du vrai , et de travailler à son perfectionnement : c'est là son véritable apanage , et c'est à la faculté de se connoître et à la réflexion qu'elle en est redevable. C'est donc cette faculté qui doit faire le principal objet de nos soins e! le but de nos efforts dans la culture de I0U3 les autres. C'est par la réilexion, en effet, que celles-ci se fortifient , s'élèvent , s'agrandissent , quoiqu'elles scient le 544 ' INT '' partage des animaux, comme le nôtre. Ainsi, l'instrument le plus méprisable s'ennoblit suivant la main qui le dirige, et la fin pour laquelle on l'emploie. (F. C. ) INTELLIGENCE. Voyez Instinct. INTERMÈDE. [Chim.) Un intermède étoit , pour les an- ciens chimistes, i." un corps au moyen duquel on pouvoit séparer un autre corps d'un troisième auquel il étoit uni; tel étoit l'acide sulfurique , au moyen duquel on sépare l'acide nitrique du nitrate de potasse ; 2.° un corps qui ser- voit à opérer la combinaison d'un second corps avec un troisième, auquel ce second corps, à l'état de liberté , ne se seroit pas uni. Ainsi la potasse étoit un intermède par le- quel l'huile, qui, à l'état de pureté, est insoluble dans l'eau, devient susceptible de s'y dissoudre lorsqu'elle est unie à cet alcali. ( Ch.) INTERMÉDIAIRES [Stipules], {Bot.)-, naissant sur la tige entre des feuilles opposées. On en a des exemples dans le café, le gardénia, etc. Ces stipules, dans les rubiacées, for- ment verticille avec les feuilles, et semblent n'être que des feuilles avortées. (Mass.) INTERNE [Bouton, Gemma]. {Bot.) Au lieu de faire saillie à l'extérieur dès qu'il commence à se former, il reste caché sous Técorce jusqu'à l'époque du bourgeonnement : tels sont ceux de l'acacia, du sumac, etc. (Mass.) INTERPOSITIVES [Cloisons]. {Bot.) M. Mirbel nomme ainsi les cloisons placentériennes qui , partant, en divergeant, de l'axe central d'un péricarpe multivalve, vont chacune s'unir à Tune des sutures, en sorte qu'elles alternent avec les valves : on en a des exemples dans le convoL'ulus , le do- donœa, etc. Au contraire, les cloisons placentéi-iennes sont dites oppositives (î^aZv/s contraria) , lorsqu'elles rencontrent, par leur bord , le milieu des valves .- on en a un exemple dans le paullinia pinnata. (Mass.) INTERPRÈTE. {Omith.) L'oiseau auquel Linnseus a donné cette épithète , est le tourne-pierre ou coulon chaud , tringa interpres. (Ch. D.) INTERROMPU [Épi], {Bot.), composé de ileurs disposées sur Taxe en groupes qui ne se touchent point : tel est l'épi de la lavande, du bananier, etc. (Mass.) » • INT • 64S INTERRUPTÉ- PENNÉE [Feuille], (Bot,)-, pennée avec interruption, c'est-à-dire, pennée avec des folioles alterna- tivement grandes et petites ; telles sont les feuilles de là pomme de terre, de l'aigremoine, de la reine des prés, etc. (Mass.) INTESTINAUX. (Entomoz.) Dénomination que l'on em- ploie quelquefois seule pour désigner les animaux qui vivent dans l'intérieur des autres, que M. Rudolphi a appelés erz-fo- zoaires, et dont nous donnerons l'histoire générale à l'article Vers intestinaux. Voyez ce mot. (De B. ) INTESTINS. (Anat.) Voyez Tube intestinal- (F. C.) INTORSION. {Bot.) Beaucoup de plantes grimpantes n'ont ni vrilles , ni griffes; mais elles roulent leurs tiges flexibles autour des végétaux voisins , et s'élèvent en les serrant étroi- tement. Linnaeus a donné à ce phénomène le nom d'intor- sion. Dans certaines espèces ( haricot , liseron), les circonvo- lutions de la tige vont toujours de droite à gauche : dans d'autres (houblon, chèvre -feuille), elles vont toujours de gauche à droite. Si on roule ces plantes dans la directioa qui ne leur est pas naturelle, elles languissent comme des animaux contrariés dans leurs habitudes; aussitôt qu'on leur rend la liberté, elles rebroussent chemin pour reprendre la direction qui leur est propre. (Mass.) INTOUM. (Bot.) Plante corymbifère des Antilles, rangée avec doute par Jacquin dans le genre Bellis, et nommée avec raison par Linnaeus edrpta punctata. Jacquin ditqu'on peuten extraire un suc vert qui noircit à l'air, et qu'on pourroit, en fixant cette couleur par quelque moyen, remployer pour les teintures noires et pour faire de l'encre. II ajoute qu'un esclave , originaire de la Guinée , lui avoit assuré que , dans son pays, où cette plante étoit nommée intoum , on l'em- ployoit à Fextérieur pour augmenter la couleur noire de la peau. (J.) INTRAFOLIÉE [Hampe]. {Bot.) Il y a des hampes qui nais- sent d'un autre point que les feuilles {convallavia majaUs , etc.); mais ordinairement elles naissent entre les feuilles radicales ( pissenlit , bellis perennis , etc. ). ( Mass. ) INTRANSMUTABLES. {Entom.) Ce nom, qui est tiré du latin , signifie qui ne subissent pa$ de transformation ou de mé- ili • 35 546 ' îNt tamorpliose, et il a été donné par John Rai aux insectes qui ne changent pas de formes, comme les araignées, les pous, les cloportes, par opposition à la plupart des insectes ailés, qui étoient appelés transmûtables. ( C. D.) INTRICARIE. (Foss.) M. de Gerville , auquel on doit déjà la connoissance d'une très -grande quantité de corps organisés fossiles des départemens de la Manche et du Calvados, a trouvé à Saint-lloxcl près de Bayeux un polypier fragile, dégagé de toute gangue et d'un genre nouveau. Ce corps j dont la grandeur est inconnue, étoit déposé à quatre pieds au^ dessous de la surface du sol, dans une cavité qui contenoit tine sorte d'ocre ferrugineuse en poussière. Les couches des environs étant du calcaire à oolites, et celles qui se trouvent à quelques pieds au-dessous du lieli oii étoit ce polypier étant une argile ancienne , grise et dure , dans laquelle oii trouve de grandes coquilles bivalves, auxquelles M. Sowerby a donné le nom de plagiostoma gigantea, il y a tout lieu de croire que ce polypier dépend d'une couche plus ancienne que la craie : tous les corps que l'on trouve fossiles aux en- virons étant entourés de gangue dure, il est très- étonnant que ce polypier se soit trouvé libre et dégagé de toute pétrification. Je propose d'en former, sous le nom d'Intricarie , un genre! nouveau dont voici les caractères : Polypier pierreux, solide intérieurement, à expansions composées de rameaux cylindriques aimstomosés en filets; cellules des polypes hexagones, alongéesi à bords relevés et couvrant toute la surface des rameaux. Les débris de la seule espèce que je connoisse , à laquelle! J'ai donné le nom d'intricaire de Bayeux , mfrfcarm bajocensiSf ont plus d'un pouce de longueur, sur neuf lignes de diamè- tre , et sont composés de rameaux anastomosés en dillérens sens et imitant des mailles irrégulières d'un filet qui ont d'une à cinq lignes d'ouverture. Ces rameaux ont environ une demi -ligne de diaujétre et sont couverts de cellules qui sont moitié plus longues que larges. Leurs bords relevés forment une sorte d'écorce raboteuse qui les recouvre. On voit la figure de ce polypier dans l'atlas de ce Diction- naire. (D. F.) IISTRIT. {Min.) M. Pinkerton a donné ce nom aux roches mr * 547, mélangées dans lesquelles une espèce minérale est cimentée avec d'autres par une pâte. (B,) INTSI. ( Bot. ) Genre indiqué par M. du Petit -ThouarSr {Geti. noi'. Madag., pag, 22 ) pour une plante de l'ile de Madagascar , de la famille des légumineuses , die Vennéandrie monogjnie de Linnœus , qui se rapproche des guilandina par son fruit; des amorpha, par sa corolle; des tamarindus, par ses étamines. C'est un grand arbre, dont les feuilles sont ailées , com- posées de cinq folioles; les fleurs disposées en corymbe. Leur calice est campanule à sa base, partagé en quatre lobes à son limbe; la corolle composée d'un seul pétale onguiculé, opposé à l'ovaire; les étamines au nombre de neuf; les fila- mens inégaux, dont trois sont seuls fertiles, inclinés et pluâ longs; l'ovaire supérieur, surmonté d'un style et d'un stigmate- Le fruit consiste en une gousse oblongue, comprimée, renfer- mant trois à quatre semences aloagées, dont l'intervalle est rempli de moelle. Cette plante se rapproche beaucoup du cain heàsi, seu me- trosideros amboinensis, Rumph , Amh., 3, pag. 21 , tab. 10, (PoiR.) INTSIA. {Bot.) Nom malabare, cité par Rhéede, d'ua acacie, acacia intsîa, rangé dans la section des espèces épi- neuses à feuilles bipennées. Il ne faut pas le confondre avec Vintsi de Madagascar, genre nouveau de légumineuses , établt par M. du Petit-Thouars sous le même nom intsia. Voyez ci- dessus. (J.) INTSJIN [Bot.), nom japonoîs, cité par Kœmpfcr, d'une aurone, qui est Yartemisia capiUaris de M. Thunberg. (J.) IN-ïSTA. {Bot.) Kœmpfer cite ce nom japonois pour une plante laiteuse, rampante, à feuilles de nummulaire, tapis'^ sant les rochers; et qu'il prend pour un lierre. M. Thunberg croit que c'est plutôt un figuier , ce qui est probable, si elle a des stipules, comme il le dit ; et alors on peut la rapprocher Au ficus scandens de M. de Lamarck, qui est vivant au jardin du Roi. (J.) IînTURIS {Bot.), nom substitué par Gaza au nom grec capparis, suivant C. Bauhin, pour désigner le câprier. (J.) INTYÇELLIE, IntjbeUia. {Bot.) [Chicoracées , /uss. ~ Sjn^ 54S ' INT ' ^énésie polygamie égale , Linn.] Ce genre de phintes, que nous avons proposé dans le Bulletin des sciences de 1821, p. 124, appartient à l'ordre des synanthérécs , et à la tribu naturelle des laclucées, dans laquelle nous le plaçons immédiatement auprès de notre genre Pterotheca. Voici ses caractères. Calathide incouronnée, radiatiforme, multiflore, fissiflore, androgyniflore. Péricline subcampanulé , très- inférieur aux Heurs extérieures; iformé de squames égales, unisériées , ap- pliquées, oblongues, coriaces -foliacées , membraneuses sur les bords, accompagnées à la base de squamules surnuméraires nombreuses, très - inégales , irrégulièrement imbriquées, ap- pliquées. Clinanthe plan, garni de fimbrilles très-longues, inégales, laminées inférieurement, filiformes supérieurement. ÎFruits oblongs, cylindracés, striés, glabres; aigrette blanche, composée de squamellules nombreuses, inégales, filiformes, capillaires, à peine barbellulées. Corolles pourvues de poils longs, fins, flexueux , comme frisés, occupant la partie su- périeure du tube et la partie inférieure du limbe. Intybeluerose; latyhellia rosea, H. Cass., Bull, des se. 1821 , p. 124* C'est une plante herbacée, dont les tiges sont scapi- Formes ^ hautes d'environ un pied et demi , dressées oblique- ment ou inclinées, cylindriques, àpeine pubescentes, un peu ramifiées , pourvues d'une feuille courte à la base du rameau ïe plus inférieur, et d'une bractée squamiforme à la base de chacun des autres rameaux. Les feuilles radicales sont nom- breuses, étalées, longues de six pouces, larges d'un pouce et demi, un peu charnues, d'un vert glauque ou cendré, cou-' "vertes dans leur jeunesse d'un duvet blanchâtre de poils frisés, glabriuscules dans l'âge adulte ; leur partie inférieure est pétio- liforme; la supérieure est oblongue, comme lyrée , divisée profondément sur les deux côtés en lobes, dont les supérieurs surtout sont divariqués, ondulés, sinués, inégalement et irré- gulièrement découpés en dents aiguës. Les calathides, larges d'environ un pouce et composées de fleurs roses, sont soli- taires au sommet de la lige et de ses rameaux nus et pédon- culiformes • leur péricline est pubescent. Nous avons observé les caractères génériques et spécifiques qu'ion Aàent de lire, sur quelques individus vivans, cultivés au Jardin du Roi , oii ils ileurissoient au mois d'Août. JNoii« àguorons leur originct mu • 549 On pourroit décrire assez exactement cette plante , en di-. sant qu'elle a la tige du leonlodon autumnale , les feuilles de Vhjoseris radiata, le péricline, le fruit et l'aigrette des crépis, le clinanthe des andrjala, les corolles du barkhausia ruhra. Mais ses rapports naturels et essentiels la rapprochent da- vantage des crépis, et surtout du crépis nemausensis de Gouan, dont nous avons fait, en 1816, un genre distinct, sous le nom de pterotlieca. Le genre Inijbellia diffère du genre Pterotlieca , en ce que tous les fruits de la calathide sont uniformes, aigrettes, non ailés et incollifères. Dans le pLerotheca , les fruits marginaux sont inaigrettés et munis sur leur face intérieure de trois à cinq ailes longitudinales très- saillantes , tandis que les au- tres fruits sont cylindriques et un peu amincis supérieure-? ment en un col court, portant une aigrette. Vintjbellia n'a point d'affinité naturelle avec les andrjala, dont elle diffère beaucoup par le port; elle en diffère aussi par plusieurs caractères du péricline, du fruit, de l'aigrette et de la corolle. En eS'et, dans les andrjala, le péricline est très-simple, le fruit est muni de dix grosses côtes formant au sommet de petites cornes saillantes ; l'aigrette est trè?- barbellulée ; la corolle est pourvue de longs poils charnus, (H. Cass.) INTYBUM, INTYBUS [Bot,) ■ anciens noms des cichorium endivia et intjbus, et de Yliieraciurn prœmorsum. Voyez Endivia. (H. Cass.) INU. {Bot.) Prénom adjectif, dans la langue japonoise, signifiant que le nom auquel il est joint n'est pas celui de l'espèce préférée. Ainsi Yinu-mald ou mahi-spuria, selon K^œmpfer, est une espèce d'if à petites feuilles, dilTércnle de l'if à grandes feuilles, qui est le fon-mald ou ma/et /egi- tima. Vinu-itabu est un figuier sauvage , ^îcus pumj/a , suivant M. Thunberg. L'inu-tade est une persicaire , variété du poly-- gonum barbattim. Vinn-fugi est Vhedjysaruni tomentosum de Ivl.' Thunberg. Uinu-ganeb est Vhedj/saruni microphj'llum du même. Il nomme viiis heterophjlla , une vigne sauvage qui çst Vinu-, ganabtt , différent du ganabu ou vitis labrusca. lJinu-\impoga ou inu-tegaras est le géranium palustre de Linnœus, Le draba, muralis et le turritis hirsuta sont également nommés inu-nas^. 65ft < INU * ( suna, Uinii-sansjo est un fagaricr , fagara piperita. TJinu-seri est le pigamon des prés, thalictrum Jlavum. (J.) INULE, Initia. (Bot.) [Corymbifcres , Juss. = Sjngénésie j)olrgamie superflue, Linn»] Ce genre de plantes appartient à Tordre des synanthérées , à notre tribu naturelle desinulées, et à la section des inulées-prototypes , dans laquelle nous le plaçons immédiatement auprès du genre Conjza. Voici les caractères génériques, tels qu'ils résultent de nos observa- tions faites comparativement sur des individus vivans de neuf espèces véritables d'inula, et sur beaucoup d'autres espèces faussement attribuées à ce genre. Calathlde radiée : disque muUiflorc, régulariflore , andro- gyniflore ; couronne subunisériée , multiflore, liguliflore , fé- miniflore. Péricline égal ou supérieur aux fleurs du disque, formé de squames imbriquées, pxtradilatées , appliquées: les extérieures plus larges , coriaces, surmontées d'un appen- dice étalé, foliacé; les intérieures étroites, linéaires, inap pendiculées, submembraneuses. Clinanthe plan , ou convexe inappendiculé. Ovaires oblongs, cylindracés; aigrette simple formée de squamellules subunisériées, inégales, filiformes iarbellulées , souvent entregreffées à la base. Anthères mu jîies de longs appendices basilaires plumeux. Corolles de la couronne à languette ordinairement longue, étroite, linéaire, tridentée au sommet. Jncle hélénion : Inula lielenium , Linn.: Corvisartia helenium , IVIérat. C'est une plante herbacée , à racine vivace , produi- sant des tiges hautes d'environ quatre pieds, dressées, rameuses, cylindriques , épaisses , pubescentes. Les feuilles radicales sont longues de deux pieds et demi, y compris le pétiole, qui est long, presque cylindrique, bordé supérieurement parla dé- currence du limbe: celui-ci, large de six à sept pouces, est feruie , lancéolé , aigu aux deux bouts , à bords inégalement dentés , à face supérieure scabre , à face inférieure subtomen- teuse , blanchâtre, munie de nervures réticulées , Irès-saiilan- tes. Les feuilles çaulinaires sont alternes, graduellement plus courtes de la base au sommet de la tige; les inférieures ob- longues-lancéolées, à base élargie, subcordiforme, amplexi- caule , à partie inférieure étrécie , subpétioliforme ; les supé- » mu . 55i lécs, un peu cordiformes à la base. Les calaûiides, larges de trois pouces et composées de fleurs jaunes, sont solitaires au sommet dés tiges et des rameaux. Leur péricline est su- périeur aux fleurs du disque, formé de squames imbriquées,, appliquées, dont les extérieures sont larges, coriaces, sur- montées d"un appendice étalé , foliacé , élargi à sa base , ovale- lancéolé, et les intérieures étroites, linéaires, coriaces-mem- braneuses , inappendiculées; le clinanthe est large, plan, fovéolé, à réseau finement papillulé ; les ovaires sont striés, glabres; leur aigrette est composée de squameilules nombreu- ses, entregreffées à la base; les anthères sont pourvues de longs appendices basilaires plumeux. L'inule hcicnion, plus connue sous les noms d'aulnée ou à'enula canipana , se trouve aux environs de Paris, dans les prés et les bois humides; elle fleurit en Juillet et Août : sa racine, amère et aromati- que, est employée en médecine. Inule britannique: Inulahritaiiica , Decand. , FI. fr. , tom.45 p. 149; Inula britannica, Linn. , Mérat. Sa racine est vivace; ses tiges, hautes de trois pieds, sont dressées, rameuses su- périeurement, cylindriques, hérissées de longs poils mous; les feuilles sont alternes, çessiles, étalées, semi-amplexi- caules, oblongues-lancéolées, cordiformes à la base, entières ^ ou légèrement denticulées sur les bords de leur partie infé- rieure, garnies sur les deux faces de longs poils mous; leg feuilles inférieures longues de six pouces, larges de quinze lignes, les supérieures plus petites. Les calathides, larges d'un pouce et demi, et composées de fleurs jaunes, sont dis- posées en panicule corymbiforme au sommet des tiges. Leur péricline , supérieur aux fleurs du disque , est formé de squames irrégulièrement imbriquées, linéaires, à partie in- férieure coriace, appliquée, la supérieure appendiciforiue, étalée , foliacée , quelquefois élargie et foliiforme sur les squames extérieures, qui se trouvent alors très-manifeste- ment appendiculées, comme dans les autres espèces du genre ; les ovaires sont hispides, et ne nous ont jamais offert le ca- ractère essentiel des pi/ i/c aria, que M. Mérat prétend cepen- dant y trouver, et qu'il décrit, dans la seconde édition de sa Flore parisienne (tom. 2 , pag. 260), comme un très-petit appendice terminal denticulé. Cette plante est commune S5a .- INU aux environs de Paris, sur les bords de la Seine et de la Marne , où elle fleurit en Juillet et Août. M. De Candolle remarque qu'elle ne croît point dans les îles britanniques , et que les anciens l'ont nommée hritanica , et non point hri- tannica. Inui.e a feuilles de sai le ; Jnula salicina , Linn. , Mérat. Racine A ivace; tiges hautes de deux pieds, dressées, cylin- driques, glabres, simples inférieurement , rameuses supé- rieurenîcnt; garnies de feuilles alternes, sessiles, demi-am- plexicaules, étalées, longues d'environ deux pouces , larges d'environ sept lignes, oblongues, arrondies à la base, aiguës au sommet, glabres, garnies sur les bords de poils roides imitant des dentelures en scie; calathides solitaires au som- met de la lige et des rameaux, larges de quinze lignes, et composées de fleurs jaunes. Le péricline campaniforme, égal aux fleurs du disque, est formé de squames imbriquées, ap-, pliquées, glabres; les extérieures plus larges, coriaces, mu- nies d'une petite bordure noirâtre, scarieuse , ciliée, et d'un appendice terminal étalé, foliacé, lancéolé, cilié; les inté- ïieures très - étroites , linéaires , inappendiculées , appliquées , presque entièrement coriaces-scarieuses. Les ovaires sont glabriusculcs. Cette espèce habite plusieurs parties de la France , et se trouve aux environs de Paris, dans les prairies îiumides : elle fleurit en Juin et Juillet. ÏNULE EN glaive ; Inula ensifolia, Linn. Racine vivace ; tiges hautes d'un pied et demi, dressées, simples inférieurement, rameuses supérieurement, cylindriques, parsemées de longs poils blancs, mous, fugaces; garnies de feuilles alternes, ses- siles, semi-amplexicaules, étalées, longues de deux pouces et demi, larges de quatre lignes, étroites- lancéolées, roides, lin peu glauques, ponctuées sur les deux faces, bordées de longs poils blancs et mous, dont la base est roide et cartilagi- neuse ; calathides solitaires au sommet de la tige et des ra- meaux, qui forment ensemble une sorte de corymbe ; cha- cune d'elles large d'un pouce et demi , et composée de fleurs jaunes. Le péricline subcampanulé, égal aux fleurs du disque et hérissé de longs poils blancs, est formé de squames nom- breuses, régulièrement imbriquées , appliquées; les extérieu- ïes plus larges, coriiices, surmontées d'un long appendice INU 553 tUaîé, recourbé, foliacé, lancéolé; les inférieures étroites, linéaires, inappendiculées, comme scarieuses au sommet. Les ovaires sont glabriuscules. Cette espèce habite l'Alle- magne et ritalie. Inule puante : Iniila graveolens , Desf. , Tabl. de l'éc. de bot. , 2." édit. , pag. 121 ; Solidago graveolens, Lam. , Decand. , Mé- rat ; Erigeron graveolens , Linn., Pers. , Loisel. Plante herba- cée , annuelle, pubescente , un peu visqueuse , douée d'une odeur forte et désagréable. Sa tige, haute de deux à trois pieds, est dressée, cylindrique, très-rameuse, garnie de feuilles alternes : les inférieures longues de trois à quatre pouces, larges d'environ dix lignes, oblongues-lancéolées, à peine dentées, ayant leur partie inférieure étrécie, pétio- liforme; les supérieures graduellement plus petites, sessiles, très -entières. Les calathides , hautes et larges de trois lignes, et composées de fleurs jaunes, sont très -nombreuses , pédon- culées, dressées, disposées eu panicules pyramidales autour de la tige et de ses branches. Elles sont très-courtement ra- diées ; leur disque est multiflore ; leur couronne est unisériée ; le péricline, supérieur aux fleurs du disque, est formé de squa- mes imbriquées, oblongues-lancéolées ; les extérieures ont leur partie inférieure appliquée , et la supérieure étalée , foliacée, appendiciforme ; les intérieures sont entièrement appliquées, et membraneuses sur les bords; le clinanthe est plan, profondément alvéolé, à cloisons charnues, dentées; les fruits sont oblongs, presque obovoïdes, un peu compri- més, hérissés de longs poils, pourvus d'un bourrelet basilaire glabre, annulaire, et d'un col épais, très-court, glabre, mais entouré de poils capités, implantés sur le sommet du fruit; l'aigrette est simple , formée de squamellulcs nombreu- ses , inégales, unisériées, filiformes, très-barbellulées , entre- greffées à la base et formant par leur réunion une sorte de cupule ; les anthères sont munies de longs appendices basi- laires ; les corolles de la couronne ont leur languette tridentée au sommet ; les styles sont conformes à ceux des inulées-pro- totypes. Cette plante , qui fleurit en Août et Septembre, habite les départemens méridionaux de la France , et même les environs àe Paris, où on la trouve dans les champs. Les botanistes ont 554 ^ INU • commis une grave erreur en attribuant cette espèce aux genres Erigcron ou Solidago , qui ne sont pas de la même tribu naturelle. M. Desfontaines est le seul qui Tait rapportée à son véritable genre. Cependant ses caractères génériques offrent quelques particularités qu'on aura sans doute remar- quées en lisant la description ci-dessus ; et nous étions tenté de fonder là- dessus un genre distinct, lorsque nous avons été arrêté par la crainte de nous exposer trop souvent au reproche de multiplier les genres sans nécessité. En effet , malgré les différences dont il s'agit, la plante en question peut très -bien rester dans le genre Inula. Inule blanche : Inula candida , H. Cass. j Conyza candida , Linn. Cette espèce remarquable, qui habite l'ile de Candie , a une souche ligneuse , rameuse, épaisse , raboteuse, divisée au sommet en plusieurs branches courtes, terminées chacune par un asseniblage de feuilles rapprochées en rosette, tomen-: teuses , blanchâtres , épaisses ; leur pétiole est long d'un pouce et demi , semi-amplexicaule , demi-cylindrique; leur limbe est lonp; de deux pouces et demi, large de quinze lignes, elliptique, à peine crénelé sur les bords, à nervures réticu- lées, saillantes en-dessous. Les tiges naissant de l'aisselle des feuilles susdites, sont herbacées, étalées, flexueuses, foibles, grêles, simples, cylindriques, tomenleuses , blanches, gar- nies de feuilks alternes, petites, courtement pétiolées, lan- céolées. Les calathides sont jaunes, radiées, larges de sept à huit lignes, et au nombre de trois environ, l'une terminale, les deux autres presque sessiles dans l'aisselle des feuilles su- périeures, près du sommet de la tige. La calathide est cour- tement radiée : composée d'un disque multîflore , régulari- flore , androgyniflore ; et d'une couronne unisériée , multi- flore,liguliflore, féminiflore. Lepéricline, tomenteux, blanc, campanule, à peu près égal aux fleurs du disque, est formé de squames nombreuses, imbriquées, appliquées; les exté- rieures courtes, larges, oblongues, ou ovales, coriaces, sur- montées d'un appendice variable, étalé, foliacé, oblong , ou subspatulé, d'autant plus long que la squame dont il dépend est plus extérieure ; les squames intérieures sont longues , étroites, linéaires-subulées , presque mçmbraneuses , inap- pendiculées. Le clinanthe est large, un peu convexe, nu. i • INU • 655 ppnctué. Les ovaires sont longs, grêles, cylindriques, striés, hispides ; leur aigrette est composée de trois à dix squamellulcs longues, un peu inégales , unisériées , distancées, filiformes, peu barbellulées. Les anthères sont pourvues d'appendices ^asilaires longs , linéaires , barbus ou pîuineux. Les corolles de la couronne ont le tube long et la languette courte, li- néaire , tridentée au sommet, plus ou moins chargée de glandes en-dessous. Les fleurs du disque et de la couronne sont jaunes. Nous avons observé des calathides dont les lan- guettes étoient très-courtes , et des calathides dont les lan- gufttes étoient Irès-loiigues. Les six descriptions spécifiques qu'on vient de lire ont élé faites par nous sur des individus vivans , cultivés au Jardin du Roi. Tournefort confondoit les inula dans le genre Aster , et cette grave erreur de classification a été reproduite avec beaucoup de confiance par quelques botanistes modernes , tels que Haller, Allioni, Mœnch. Vaillant est le premier auteur du genre Inula , qu'il nommoit lielenium : mais il le caractérisa fort mal ; car il ne le distingua du genre Aster que par la cour leur des Heurs, et du genre Solidago , par la disposition des calathides. Linné, en adoptant le genre de Vaillant, substitua mal à propos le nom d'muZa à celui dUielenium : mais il le caractérisa parfaitement bien , et il insista surtout avec rai- son sur le caractère fourni par les appendices basilaires d.e& anthères. Cependant , depuis Linné, Gaertner et d'autres bo- tanistes ont rejeté ce caractère aussi constant qu'important, et ils ont fondé, comme Vaillant, la distinction générique des aster et des inula seulement sur la couleur des Heurs. Adanson a voulu rétablir l'ancien nom d^helenium , et il a séparé de ce genre l'inula crithmoides , qui en diffère par la structure du péricline. Nous adoptons ce genr;^ d'Adanson, nommé Liinbarda. Gaertner a séparé des inula quelques espèces qu'on y avoit confondues , et qui en diflerent esscatiellenienf; par la structure de l'aigrette. Nous adoptons ce geiire de Gaertner, nommé pi//icaria , et qui est peut-être le même que le doria , proposé plus anciennement par Adanson : mais Gœrtner a mal à propos attribué à son palicaria Vasfer an- nuui , Linn. , qui n'est pas de la même tribu naturelle , et 556 INU qui appartient à notre genre Diplopappus. Necker nomme enula le genre Inula , et il propose, sous le nom de lioydia, un nouveau genre , comprenant , suivant lui , quelque espèce rapportée par Linné à Vinula, et qui en diffère par le péri- cline formé de dix squames unisériées et par l'aigrette pres- que plumeuse. Nous avons fait de vains efforts pour deviner l'espèce que Necker attribue à son lioydia , et les affinités naturelles de ce genre, que l'auteur dit être voisin des tiissilago et pétasites : c'est un problème qui nous paroît insoluble, et nous osons à peine soupçonner que le liojdia pourroit être xine mutisiée. M. Mérat , dans la première édition de sa Flore parisienne (page 528), a cru pouvoir séparer Tnit/Za. heleniiim des autres espèces d'inula, pour en faire un genre nommé Corvisarlia , qu'il distingue par le péricline, dont les squames extérieures sont larges, ovales- trapézoïdes , velues, et les intérieures linéaires, nombreuses, colorées, glabres. L'auteur attribue en outre à son corvisartia des anthères dé- pourvues d'appendices basilaires , et un stigmate entier dans les fleurs femelles delà couronne. Enfin, il déclare que cette plante , encore peu étudiée, étoit confondue dans un genre dont elle est aussi distincte par ses caractères botaniques que par son port. Nous observons, i." que Linné, Adanson , Jussieu , Smith et presque tous les botanistes ont mentionné ce qu'il y a d'es- sentiel et de vrai dans la structure décrite par M. Mérat, et qui se réduit à ce que les squames extérieures du péricline sont étalées et plus larges que les intérieures; 2." que le stig- mate n'est jamais entier, c'est-à-dire indivis, dans Vinula he- lenium, non plus que dans les autres inula; o." que Vinula he- leniuma, comme les autres inula, les anthères pourvues de longs appendices basilaires plumeux ; 4.° que les caractères essentiels du péricline sont absolument les mêmes dans Vinula lielenium et dans les autres véritables espèces d^inula, notam- ment dans Vinula salicina, laissée par M. Mérat dans le genre Inula ■■ c'est ce dont on peut se convaincre en lisant les six descriptions spécifiques que nous avons présentées; ô.^que, si Vinula lielenium différoit génériquement des autres espèces, il faudroit encore, dans cette fausse hypothèse, conserver pour cette espèce primitive et principale l'ancien nom ^ • INU • 557 à:inuia , et donner le nouveau nom générique aux espèces qui en seroient séparées. Dans notre article Corvisartia (torn. X, pag. 672), nous avions déj<à remarqué que toutes les espè- ces (Vlnula qui ont les squames extérieures du péricline ter- minées par un appendice étalé, foliacé, étoient congénères de l'inula lieleniuin; c'est pourquoi nous avions niodilié et rec- tifié, d'après nos propres observations, les caractères attri- bués par M. Mérat à son genre. Mais, en adoptant le nom générique de corvisartia , nous ne songions pas que presque tous les inula deviendroient des corvisartia , et que le genre Inula se trouveroit réduit au limh arda d^Adanson, ce qui n'est pas admissible. Il résulte des remarques précédentes, que le genre Inula de Linné doit être divisé en (rois genres, nommés Inula, Lim- larda , Pulicaria. Vinula est caractérisé par l'aigrette simple , et par le péricline dont les squames extérieures sont surmon- tées d'un appendice étalé, foliacé. Le liniharda est caractérisé par l'aigrette simple , et par le péricline formé de squames absolument inappendiculées et par conséquent entièrement appliquées. Le pulicaria est caractérisé par l'aigrette double, et par le péricline appendiculé. Nous ne répéterons point ici ce que nous avons déjà dit, dans notre article Eurybie (tom. XVI, pag. 4G), sur la valeur du caractère résultant de l'appendiculation des squames du péricline; et nous ne pen- sons pas que l'importance du caractère résultant delà dupli- cité de l'aigrette ait besoin d'être Justifiée. Indépendamment des espèces appartenant au limharda et au pulicaria, quelques autres synanthérées, mal à propos at- tribuées à Vinula, passent dans d'autres genres. Vinula gossy^ pina de Michaux est un diplopappus , que nous avons décrit dans ce Dictionnaire (tom. Xlll , pag. 3og) sous le nom de diplopappus lanatus. Vinula saxalilis de Lamarck , ou erigeron glutinosum de Linné, appartient à notre genre Mjyriadenus, Vinula subaxillaris de Lamarck est notre lieterotheca, Vinula crispa de Persoon est notre duchesnia, Vinula serrata de Per- soon est le grindelia. Vinula glutinosa de Persoon fait partie de notre genre Aurélia. Quoique nous n'ayons point vu Vinula cœruleade Linné, que Vaillant attribuoit à son genre ^5iero- ^terus j caractérisé par l'aigrette plumeuse , nous sommes très- 553 * ÎIXU f convaincu que cette espèce ne peut pas appartenir au genre Inula. Seroit-ce le liqydia de Necker? Si l'on adopte les caractères proposés dans cet article pour le genre Inula , et ceux que nous avons assignés au genre Comza ( tom. X, pag. 3o5), on reconnoîtra , en comparant nos deux descriptions génériques, que les genres Inula et Conjza se touchent immédiatement dans la série naturelle , qu'ils diflrèrent très -peu , et même qu'ils peuvent se confon- dre en certains cas. En effet, le seul caractère qui les dis- tingue consiste en ce que la couronne de la calathide est liguliflore et radiante dans Vinula, tandis qu'elle est tubuli- flore et non radiante dans le conjza; et ce caractère distinctif , qui résulte uniquement de l'alongement ou de raccourcisse- ment du limbe des fleurs femelles, peut disparoitre acciden- tellement. C'est ce qui a lieu dans Vinula candida, qui appar- tient tantôt au genre Inula et tantôt au genre Conjza^ selon que le limbe des fleurs femelles est alongé ou accourci. Il en est de même de beaucoup de genres de synanthérées, qui ne diffèrent que par la radiation de la calathide, et qui se confondent entièrement par l'effet de la variation acciden- telle dont il s'agit. Faut- il en conclure que les espèces qui ne diffèrent que par la radiation ou la non-radiation de leurs calalhides, doivent être réunies dans le même genre P Nous ne le pensons pas. S'il falloit exclure des caractères généri- ques tous ceux qui sont susceptibles de varier, il en resteroit bien peu, et la science retoml)erolt dans une grande confu- sion, produite par le mélange de presque tous les genres; Nous avons souvent observé àes synanthérées dont le rlinan- the, habituellement nu, portoit acci>1entelîeuient des squa- melles très-manifestes. D'autres synanthérées, à ovaires habi- tuellement aigrettes , offrent accidentellement des ovaires nus par avortement de l'aigrette; et réciproquement, des ovaires habituellement nus sont accidentelkment aigrettes. Conservons tous ces caractères génériques, en faisaîit remar- quer qu'aucun d'eux n'est infaillible ; et, dans les cas douteux , ayons recours à l'état le plus habituel des parties variables et à l'observalion des autres parties. Ainsi, pour décider si Vinula candida doit être attribuée au genre Jnw/a. plutôt qu'au genre Conjza , il faut observer si sa calathide est plus habi- , • ÎNU • 55ç, tueilement radiée que discoïde, et si les aufres caractères de cette plante la rapprochent davantage des inula que des conj'za. U n'est peut-être pas inutile d'avertir que l'afllnité établie par nous entre les genres Inula et Conjza, suppose nécessai- rement que ces deux genres sont restreints dans les limites que nous leur avons assignées. Le genre Conjza des autres botanistes est un chaos sur lequel il est impossible de fonder aucun rapport naturel. M. Robert Brown est jusqu'à présent le seul qui s'accorde avec nous sur la limitation du genre Confza et sur ses rapports avec V Inula' : mais, en énonçant son opinion sur ce point, il auroit peut-être dû nous citer comme ayant établi long- temps avant lui les véritables fon- demens de cette opinion , en démontrant que les vraies c»njza font partie de la tribu des inulées, tandis que les bac- charis appartiennent à celle des astérées. (H. Cass. ) INULÉES, Inuleœ. {Bot.) C'est la douzième des vingt tribus naturelles dont se compose l'ordre des synanthérées, suivant notre méthode de classification. La tribu des inulées est in- termédiaire entre celle des anthémidées, qui la précède, et celle des astérées qui la suit. Elle comprend un plus grand nombre de genres qu'aucune autre tribu, si l'on excepte celle des hélianthées , qui est encore plus nombreuse. Nous avons établi la tribu des inulées^, dans notre pre- mier Mémoire sur les synanthérées , lu à la première classe de l'Institut, le 6 Avril 1812, publié par extrait dans le Bulletin des sciences de Décembre 1812 , en totalité dans le Journal de physique de Février, Mars, Avril 181 3, et en abrégé dans le Journal de botanique d'Avril i8i5. Les carac- tères de cette tribu , qui se trouvoient disséminés dans nos premier, deuxième, troisième et quatrième Mémoires, ont 1 Observations on the iiatural familj of plants called compositœ; hy Robert Brown, pag. 114. Journal de physique, de Juillet 1818, pag. 10 et 25. 2 Le lecteur voudra bien me pardonner les détails que je suis trop souvent forcé de rappeler pour soutenir mes droits, depuis que cer* tains botanistes ont élevé des prétentions tendant à m'enlever. I& fruit iie douze années de travaux. (Voyez le Journal de physique de M^% j8i8 et de Juillet i8ig.) 56o . INU été réunis et présentés, sous la forme d'une description conï* plète , dans le sixième Mémoire publié dans le Journal de physique de Février et Mars 181 g; et cette description est reproduite dans le Dictionnaire, tom. XX, pag. 574. Nous avons indiqué la division de la tribu des inulées en trois sections naturelles dans plusieurs de nos Mémoires et de nos articles, notamment dans Tarlicle Gnaphaliées , tom. XIX, pag. 122. La désignation des genres composant la tribu dont il s'agit se trouve déjcà en très-grande partie , soit dans nos articles de ce Dictionnaire , soit dans nos Mémoires publiés dans le Journal de phjsique ou dans le Bulletin des sciences. Mais il est nécessaire d'exposer méthodiquement la série de tous ces genres : c'est l'objet du présent article. XII.'TaiBU. Les INULÉES {Inukœ). (Voyez les caractères de cette tribu , tome XX, pag. r,74.) PREMIÈRE SECTION. Inulées- Gnaphaliées { Inuleœ- Gnaphalieœ). Caractères ordinaires. Péricline scarieux. Stigmatophores tron- qués au sommet. Article anthérifère long; appendice api- cilaire de l'anthère, obtus; appendices basilaires longs, non polUnifères. I. Aigrette stéphanoïde, paléacée , ou mixte. 1.* Relhania. = ?? Bellidiastrum. Y aili. (1720). — Atliana- éiœ , Leyserœ, Zoegeœ sp. Lin. — Lin. fil. — Relhania; sp. L'Hér. ( 1788). — Lejsera et Eclopes. Gœrtn. (1791). — Michauxia. Neck. (1791). — Relhania. Pers. 2. t ?? RosENiA. = Rosenia. Thunb. ( 1800). 3. t?? Lapeirousia. = Osmitis sp. Lin. fil. — Rethaniœ sp. L'Hér. — Lapeirousia. Thunb. (i8oo)< 4.* Leysera. = Asteris sp. Tourn. — Asteropterus. Vaill. ( 1720). — Adans. — Gaertn. ( 1791 ). — Lejyserœ sp. Lin. — * Callicornia. Burm. — Leysera. Neck. { 1791). 6. * Leptofhytus. = Gnaphalium lejseroides. Desf. — Lepto- phytus. H. Cass. Bull. janv. 1817. p; 11. 6.t hQ^(ic:^.\^\^,:=ihongchavn2iO'% TV^Jd. JVIag. der nat. fjr. (1811). , • INU • 56i IL Corolles très-grêles. 7.* Chevreulia. ^= Chaptaliœ s^. Pers. — ■ Xeranthemi sp, Petit-Th. — Cheyreulia. H. Cass. Bull, mai 1817. p. 69. Dict. V. 8. p. 5i6. 8.* Lu ciLi A. = Serratula acutifolia, Poir. — Lucilia. H. Cass. Bull. févr. 1817. p. 52. g. '•' Facelis. =: Gnaphalium retusum. Lam. — Facelis. H. Cass. Bull, juin 1819. p. 94. Dicf. v. 16. p. 104. ïo.'^ FoDOTHECA. = Podosperma. Labill. (1806). — Podotheca» H. Cass. Dict. m. Péricline à peine scarieux. 11.'''! SyKCAVxVii\. = Stœhelinœ sp. Lin. — ? Roccardia. Neck. (1791). — Lejserœsp. Thunb. — WiHd. — Serratulœ sp. Poir. — Sjncarpha. Decand. (1 8 1 o). 12.^' Faustula. — Chrj'socoma reliculata. Labill. — Faustula, H. Cass. Bull. sept. 1818. p. 140. Dict. v. 16. p. 2S1. IV. Péricline peu coloré. iS.^*"! Phagnalon. = Elichrysi sp. ïourn. — Conyzce et Gna- phalii sp. Lin. — Conjzce sp. Lag. — Phagnalon. H. Cass. Bull, nov. 1819. p. 173. Dict. V. 19. p. 118. 11g. 14.''' Gnaphaliom. = Elichrysi sp. Tourn. — Adans. — Heli- clirjsi sp. Vaill. — Gnaphalii sp. {Fiiaginoidea) Lin. — Filaginis sp. Gaertn. — Archyrocomœ sp. Pers. — Gnaphalium. R. Br. Obs. comp. p. 122 (1817). Journ. de phys. v. 87. p, i5. — H. Cass. Dict. v. 19. p. 1 15. — P Gjnemœ sp. Rafin. — H. Cass. Dict. V. 20. p, 167. iS.''' Lasiopogon. = Gnaphalium muscoides. Desf. — Lasio- pogon. H. Cass. Bull, mai 1818. p. 76. V. Clinanthe squamellifère. 16.* Ifloga. = Gnaphalium caulijlorum. Desf. — Ijloga. H. Cass. Bull. sept. 1819. p. 142. Dict. 17. t PiPTOCARPHA. = Piptocarpha. R. Br. Obs. comp. p. 121 (1817). Journ. de phys. v. 87. p. 22. 18.*! Cassinia. = Caleœ sp. Labill. — H. Cass. Dict. v. 6. suppl. p. 32. — Cassinia. R. Br. Observ. compos. p. 126. (1817). Journ. de phys. v. 87. p. 17. (Non Cassinia. Hort, kew.) 23, 56 5G2 ' INU "^ f icj.'^' IxoDiA.= Irodia. R. Br. Hort. kew. éd. 2. v. 4. p. 5 17. (1812) — Sinis. Bot. mag. — H. Cass. Dict. VI. Péricline pétaloïdc. 20.'"'^ Lepkcline. =^ Gnaphalium cymosum. Lin. — Lepiscline. H. Cass. Bull. févr. 1818. p. 3). 2i.t Anaxeton. = Gnaphalii sp. Berg. — Aniixelon. Gairtn. (1791) — ? Arg^yranfhiis. Neck. (lygi). 2J.''' Edmondia. = Eiiclnysi sp. Tourn. — Xeranthemum sesamoides. làn. — ? Argjranthi sp. Neck. — Edmondia. H. Cass. Bull, mai 1818. p. 75. Dict. v. 14. p. 262. 23. '•■ ArsGYRocoME. = EUclirjsi sp. Tourn. — Helichrjsi sp. Vaill. — Xeranlhemoides. Dill. — Xeranthenii et Gnaphalii sp. Lin. ■ — Argyrocome. Gasrtn. ( 1791 ). — Xeranlhenniin. Neck. (1791). — Helichrysum. Pers. (1807). 24.''' Helichryshm. = Elichrj'si sp. Tourn. — Adans. — Helichrjsi sp. Vaill. — Gnaphalii sp. Lin. — Juss. — Willd. — Pers. — Elichrysum. Gsertn. (1791). — Trichandrum. Neck. (1791). — Helichrysum. H. Cass. Dict. v. 20. p. 449. 26. ''^ PoDOLEPis. == Podolepis. Labill. (1806). 26. * Antennaria. = Elichrjsi sp. Tourn. — Gnaphalii sp. Lin. — Anlennariœ sp. Gœrtn. ( 1791 ). — Antennaria. R. Br. (1817). Obs. comp. p. 122. Journ. de phys. v. 87. p. i5. 23. — Disj'nanthus. Rafin. 27.1 OzoTHAMNUs. = Caleœ sp. Forst. — Willd. — Ozo- thamni sp. R. Br. Obs. comp. p. 126. (1817). Journ. de phys. V. 87. p. 14." — Ozothamnus. H. Cass. Journ. de phys. v. 87. p. 29. 28.'"^ Petalolepis. = Eupatorii sp, Labill. — Qzolhamni sp. R. Br. (1817). — Petalolepis. H. Cass. Bull. sept. 1817. p. i38. Journ. de phys. v. 87. p. 29. 29. ^'^ Metalasia. = Gnaphalii sp. Lin. — Antennarlœ sp. Gaertn. — Metalasia. R. Br. Obs. comp. p. 124 (1817). Journ. de phys. v. 87. p. iG. , VII. Calathides rassemblées en capitule. §. Tige ligneuse. 3o.* Endoleuca. — Gnaphalii muricati var. Lin. — Gnapha- lium capilatum. Lam. — ? Anlennariœ sp. Ga?rtn. — pMetalasiœ 5p. R. Br. — Endoleuca. Il, Cass. Bull, mars 2819. p. 47. Dict. V. 14. p. 474. » • INU • 563 5] . t ? Shawia. ~ Shawia. Forst. (1776). — Scopol. — Juss. ■ — Schreb. 0:2. ^' Perotriche. = Seriphii sp. Lin. — Juss. — Perotriche. H. Cass. Bull, mai 1818. p. 76. 33. ''' Seriphivm. = Ahsinthii sp. Tourn. — Helichrjsoidis sp. Vaill. (171g). — Seriphium. Lin. — Juss. — Gœrtn. — Filaginis sp. Adans. — Seriphii sp. Pers. 34.* StvEBe. := Ahsinthii sp. Tourn. — Helichrysoidis sp. Vain. (1719"). — Stcebes sp. Lin. — Juss. — Stœbe. Gaertn. — Keck. — Filaginis sp. Adans. — Seriphii sp. Pers. 55.t DisFARAGo. = Stœbes sp. Berg. — Lin. — Disparago. Gaertn. (1791). — IVigandia. Neck. (1791). 36.*! Œdeka. — Biiphthalmi sp. Lin. (1764). — Œdera, Lin. (1771 ). — Gaertn. ~ H. Cass. BuU. févr. 1820. p. 26. — Œderœ sp. Lin. fih — Thunb. — Jacq. — Willd. — Pers. 37.''' Elytropappus. ■=? Gnaphalium hispidum, Wilid. — Eljtropappus. H. Cass, BulL déc. 1816. p. jqg. Dict. v. 14. p. 376. §§. Tige herbacée. 38.''' SiLoxERUs. = Siloxerus. LabilL (1S06). 39."'' HiRNELLiA. = Hirnellia. H. Cass. BulL avr. 1820. p. 67. Dict. V. 21. p. 199. 40.''' Gnephosis. — Gnepliosis. H. Cass. Bull, mars 1820. p. 43. Dict. V. 19. p. 1 27. 41.1 Angianthus. = Angianthus. WendL ColL pL v. 2. p. 32. t. 48. (1809). — R. Br. Obs. comp. p. io3. Journ. de phys. V. 86. p. 406. — ■ Cassinia. R. Br. (i8i3). Hort. kew. éd. 2. V. 5. (Non Cassinia. Obs. comp.) 42. t Calocephalus. = Calocephalus. R. Br. Obs. comp. p. 106 (1817). Journ. de phys. v. 86. p. 409. 43.* Leucophyta. = Leucophj'ta. R. Br. Obs. comp. p. 106 (1817). Journ. de phys. v. 86. p. 409. 44.''' RiCHEA. = Cartodium. Soland. ined. — Slœhelinœ sp. Forst. ined. — Craspedia. Forst. (1786. malè.). — H. Cass. Dict. V. 11. p. 355. — Rie fica. LabilL (1800). 45. *"■ Leontonyx. = Gnaphalium squarrosum. Lin. — Leon- tonyx. H. Cass. Dict. 46.* Leontopodium. = Fi/agmis sp. Tourn. — Lin. — Juss. — ■ Gnaphalii sp. Lam. — V/iHd. — Jacq. — Decand. — Anten- 564 IfSU ' narice sp. Gsertn. — Leontopodium. Pers. (1807). — R. Br. Obs. comp. p. 123. (1817). Journ. de phys. v. 87. p. i5. — H. Cass. Bull. sept. 1819. p. 144. SECONDE SECTION. Inulées- PROTOTYPES ( Inuleœ - Arche^jpœ) . Caractères ordinaires. Péricline non scaricux. Stigmatophores arrondis au sommet. Article anthérifère long; appendice apicilaire de l'anthère, obtus ; appendices basildires longs, non pollinifères. I. Cliuanlhe ordinairement nu sur une partie et squamellé sur Pautre. 47.''' FiLAGO. = Filaginis sp. Tourn. — Lin. — Gnaphalium. Vaill. (1719). — Gnaphulii sp. Lam. — E^'ax. Gaertn.(] 791). — Micropi sp. Desf. — Decand. — Filago. Willd. — H. Cass. Bull. sept. 1819. p. 141. Dict. v. 17. p. 2. 48. 'î' GiFOLA. = Filaginis sp. Tourn. — Vaill. — Lin. — Adans. — Juss. — Gaertn. — Gnaplialii sp. Lam. — "\Villd. — Smith. — Decand. — Gifola. H. Cass. Bull. sept. 1819. p. 342. Dict. V. 18. p. 53i. 49.* LoGKiA. = Filaginis sp. Tourn. — Vaill. — Lin. — Adans. — Juss. — Ga*rtn. — Gnaplialii sp. Lam. — Willd. — Smith. — Decand. — Log^î^. H. Cass. Bull. sept. 1819. p. 140. 5o. * MiCROPUs. = Gnaphalodrs. Tourn. — Adans. — Fila- ginis sp. Vaill. — Micropus. Lin. — Gasrtn. — Micropi sp. Desf. — Decand. 61.* Oglifa. = Filaginis sp. Tourn. — Vaill. — Lin. — Gnaphalii sp. Lam. — Decand. — Oglifa. H. Cass. Bull. sept. 181g. p. 143. II. Clinanthe nu. 62. 'î' CoNVZA. = Conj'zœ sp. Tourn. — Vaill. — Lin. — (3œteri omnesbotanici , excepto R. Brown. Obs. comp. p. 114. Journ. de phys. v. 87. p. 10. 2 5. 26. — Conjza. H. Cass. Dict. V. 10. p. oo5 (1818). 53.''' Inula. = Asteris sp. Tourn. — Haller. — Alli. — Mœnch. — Helenii sp. Vaill. (1720). — Inulœ sp. Lin. — He- leniinn. Adans. (1763). — Inula. Gaertn. — H. Cass. Dict. — Enula. JSeck. — Corvisartia et inulœ sp. Mérat. — Coryisarlia. H. Cass. Dict. V. 10. p. 572. , • INU • 565 54.* LiMBARDA. = Asterîs sp. Tourn. — Inula crithmoides. Lin. — Limbarda. Adans. (1763). 65.* DucHESNiA. = Aster crispus. Forsk. — Inulœ sp. Vent. — Pers. — Desf. — Duchesnia. H. Cass. Bull. oct. 1817. p. i53. Dict. V. i3. p. 545. 56.^' PtJLicARiA. = ^sfen's 5p. Tourn. — Alli. — Helenii sp. Vaill. — Inulœ sp. Lin. — ???Doria. Adans. — Pulicariœ sp. Gaertn. (1791). 67.* TuBiLiUM. =: Erigeron inuloides ^ Poir. — Tubilium. H. Cass. Bull. oct. 1817. p. i55. 58.''' Jasonia. = Erigeron tuberosum. Lin. — Inula tuherosa. Lam. — Jasonia. H. Cass. Bull. oct. i8i5. p. 176. Journ. de phys. V. 82. p. 144. 145. Dict. 6g. * Myriadenl's. = Erigeron glutinosum. Lin. — Inula saxa- lilis. Lam. — Mjriadenus. H. Cass. Bull. sept. 1817. p. i38. 60.* Carpesium. = Conjzuides. Tourn. (1706). — Balsamitas sp. Vaill. — Carpesium. Lin. (1741). — Adans. 6].t? Denekia. = Denekia. Thunb. (1800). 62. t ? Columellea. = Columellea. Jacq. (1798). 63. * Pentanema. = Pentanema. H. Cass. Bull, mai 1 8 1 8. p. 74. 64.* Î¥Hioî^A. = Chrjsocomœ sp. Forsk. — Conyza pungens. Lam. — StœlieHnœ sp. Vahl. — Iphiona. H. Cass. Bull. oct. 1817. p. i53. Dict. III. Clinanthe squamellé. 65. ''■ Rhanterium. = Rhanterium. Desf. (1799). 66. *! Cylindrocline. =?? Conyza hirsuta. Lin. — Cylin- drocline. H. Cass. Bull. janv. 1817. p. 11. Dict. v. 12. p. 3 18. 67.* MoLPADiA. = BupJitlialmum cordifolium. "Waldst. — Molpadia. H. Cass. Bull. nov. :8i8. p. j66. 68. '•■ ! ? ? Neurol.ena. = Conjzœ sp. Lin. — Caleœ sp. Swartz. — Gaertn. — "Willd. — JSeurolœna. K. Br. Obs. comp. p. 120 (1817). Journ. de phys. v. 87. p. 14. TROISIÈME SECTION. Inulbes-Buphïhalmées ( Inulece - Buphthalmeœ). Caractères ordinaires. Péricline non scarieux. Stigmalophores arrondis au sommet. Article anthérifère court; appendice apicilaire de l'anlhère , aigu; appendices basilaires courts, poUinifères. - » ' 566 / INU ♦ , I. Clinanthe squamelHfére. 69.* BiJPHTHALMUM. = Astcvoidis sp. Toum. — Biiphlhalwi sp. Lin. — Gaertn. — Mœnch. — Bustia. Adans. (i763). — ? Buphthalmum.'ÎStck.-'- Buphthalinum. H. Cass. Bull. r.ov. J&i8é P- 166. 70. ''' Paixe^jis. = Asterisci sp. Tourn. — Vaill. — Buphthal- mi sp. Lin. — Obeliscolhecœ sp. Adans. — ? ? Athalmum. Neck- (1791). — Pallenis. H. Cass. Bull. nov. 1818. p. 1G6. 71.* Nauplius. = Asterisci sp. Tourn. — Vaill. — Buph- thalmi sp. Lin. — Gœrtn. — ISauplius. H. Cass. Bull. nov. î8i8. p. 166. 72.* Ceruana. = Ceruana. Forsk. (1775). — Juss. — H. Cass. Dict. V. 8. p. 12. ■ — Buphilialmi 5p. Vahl. IL Clinanthe inappendiculé. yS. * Egletes. = Malricaria prostrala. Swarlz. — Pyrethri sp. Willd. — Chrjsanthemi sp. Pers. — Egletes. H. Cass. Bull, oct. 1817. p. i53. Dict. V. 14. p. 265. V. 19. p. 006. 74.* Changea. = Artemisiœ sp. Lin. — Grangea. Adans. (1760). — H. Cass. Dict. v. ig. p. 5o4. — Grangeœ sp. Juss. — Desf. — Lam. — Poir. — Cotulœ sp. "WiHd. — Centipedce Sp. Pers. 76.''' Centipeda. = Artemisiœ sp. Lin. — Sphœranthi sp. Burm. — Grangeœ sp. Juss. — Desf, — Lam. — Poir. — Centipeda. Leur. (1790). — H. Cass. Dict. v. 19. p. 3o5. — Cotulœ sp. Willd. — Ccntipcdœ sp. Pers. IIL Calathides rassemblées en capitule. ']G.'^' ? ? Sph.eranthus. ^^ Sphœranthos. Vaill. (1719). — Sphœranthiis. Ijn. — Polj'cephalos. Forsk. — Scop. — (Non Sphœranthus. Scop. Intr. ad hist. nat. ) 77.* P ? ? GvMNARRHENA. = Gj miiarrh en a . Desf. Mém. du mus. d'hist. nat. v. 4. {1818). — H. Cass. Dict. v. 20. p. 111. Remaj^ques sur le tableau précédent. I. L'astérisque placé à la suite du numéro d'ordre indi- que qu'une ou plusieurs espèces du genre ont été soigneu- sement et complètement étudiées par nous- même sur des individus vivans ou secs. La croix indique , au contraire , que nous n'avons pu , jusqu'à présent, étudier le genre dont • • INU • 567 il s'agit que sur les descriptions ou les figures publiées par d'autres botanistes. Le point d'exclamation simple , double ou triple , placé à la suite de Tastérisque ou de la croix , signifie que le genre offre une ou plusieurs anomalies graves, c'est-à-dire, des caractères insolites remarquables et qui font une exception notable au signalement du groupe général ou partiel dans lequel ce genre est placé. Le point d'interro- gation simple, double ou triple, placé immédiatement avant le titre du genre , signifie que nous avons plus ou moins de doute sur la classification de ce genre. Le même signe, placé immédiatement avant un synonyme, témoigne nos doutes sur cette partie de la synonymie. Les chifTres compris entre deux parenthèses à la suite du nom d'un auteur ou de la citation de son ouvrage , ont pour objet de faire connoître la date précise de rétablissement du genre, et de fixer ainsi le droit légitime de l'inventeur. Cette indication , omise jusqu'à pré- sent dans toutes les synonymies , auroit incontestablement plusieurs avantages notables ; et elle n'est qu'imparfaitement suppléée par l'ordre suivant lequel on dispose les synonymes. Il seroit encore à désirer, pour perfectionner la synonymie et augmenter son utilité, que l'on indiquât par les adverbes henè et malè , ou par quelques signes équivalens, le mérite de la chose que l'on cite. Nous n'avons point osé exécuter une innovation aussi délicate ; mais nous la recommandons aux botanistes qui ont plus de crédit et d'autorité que nous. Au moyen des deux perfectionncmens que nous proposons , et qui out pour objet l'indication des dates et l'appréciation des choses , la synonymie devicndroit ce qu'elle doit être , c'est-à-dire, un tableau historique, très-abrégé , mais instruc- tif, des travaux des botanistes sur chaque classe , chaque ordre, chaque genre et chaque espèce, en sorte que toute l'histoire de la botanique descriptive se trouveroit dans les synonymies. Rédigée suivant ce système, la synonymie pour- roit n'être pas trop prolixe, parce qu'on eu exclueroit sévè- rement toute citation d'auteurs qui n'ont fait que copier leurs devanciers. Il faudroit bien pourtant citer ceux dont tout le travail se réduit à un changement de nom ; mais l'ad- verbe yr«s/rà, un zéro ou quelque autre signe de même valeur, feroit aussitôt apprécier le mérite de la chose citée avec cette indication. 668 ' INU r Dans la crainte de donner trop d'étendue à notre tableau , nous MOUS sommes borné à indiquer les noms des auteurs, sans citer leurs ouvrages. Nous avons dû toutefois faire excep- tion à cette règle en faveur des genres les moins connus, tels que sont tous ceux dont nous sommes Tauteur, et qui se trouvent disséminés soit dans ce Dictionnaire , soit dans le Bulletin des sciences. Dans le tableau ci-dessus, Bull, dé-» signe le Bulle'indes sciences par la société phiîomatiqtte de Paris, et Dict. désigne le Dictionnaire des sciences naturelles. Lorsque notre nom se trouve cité dans la synonymie d'un genre qui ne nous appartient pas, c'est que nous avons réformé, d"a près nos propre* observations, les caractères du genre ou sa composition. II. Pour mériter d'être considéré comme le véritable au- teur d'un genre, il ne suOit pas, suivant nous, d'avoir le premier donné à ce genre un nom rendu public par la voie de l'impression : il faut encore l'avoir décrit, caractérisé ou désigné avec une exactitude au moins suffisante pour qu'il puisse être reconnu par les botanistes. La loi contraire, quoique généralement admise , nous paroit aussi déraisonnable qu'injuste, et nous n'hésitons pas à l'enfreindre. C'est pour- quoi, malgré l'autorité imposante de M. R. Brown , nous avons rejeté le nom générique de craspedia , jadis inventé par Forster , et nqus avons donné la préférence au nom de ric/iea, beaucoup plus nouvellement attribué au même genre par M. Labillardière. Notre règle s'applique à la plupart des genres de Neckcr, à beaucoup de genres d'Adanson , et à ceux de quelques autres botanistes. Les genres de Necker, surtout, sont des espèces d'énigmes fort difficiles à deviner, et nous avons eu beaucoup de peine à établir leur synonymie, qui le plus souvent est restée douteuse , malgré nos efforts pour l'éclaircir. Cependant nous avons reconnu, parmi les genres de ce botaniste, un grand nombre de ceux qui ont été pro- posés après lui comme nouveaux : mais nous ne pensons pas que les noms génériques de Necker méritent la préférence , parce qu'ils sont plus anciens; ils doivent perdre ce privi- lège par l'inexactitude des descriptions, et par le défaut d'indication des espèces. Le genre Podospermum de M. De, Candolle et le genre • * INU • 569 / Podosperma de M. Labillardiére sont très- différens l'un de l'autre, et doivent subsister tous les deux : mais, comme ils se confondoient par leurs noms , nous avons dû nécessaire- ment changer le nom de podosperma, qui est le moins an- cien; car le podospernmm a été publié en i8o5 , et le podo- sperma en f8o6. III. Les deux genres Liovdia de Necker et Lachnospermum de Willdcnow ne sont point compris dans notre tableau , quoiqu'ils appartiennent peut-être a la tribu des inulées. Il nous paroit impossible de déterminer avec certitude la plante que Necker a voulu désigner par le nom de liojdia. C'est, suivant lui, une espèce linnéenne cVinula, qui diffère des vraies inula par l'aigrette presque plumeuse , et le péri- clinede dix squames unisériées, enfregreffces inférieurement. Nous serions très-disposé à croire que c'est Vinula cœriilea de Linnœus, dont le péricline auroit été fort mal décrit par Necker ; mais cette conjecture ne s'accorde guères avec une remarque de ce botaniste, qui dit que les genres Tussitago et Petasites ont de l'affinité avec son liojdia. Au reste, Vinula cœrulea ou cernua nous semble, d'après la description de Ber- gius, devoir être rapporté à la tribu des aslérées plutôt qu'à celle des inulées. Le lachnosperm.um de Willdenow appartient sans doute à la tribu des inulées ou à celle des carlinées. Ces deux tribus ont beaucoup d'aflinité ; mais elles diffèrent essentiellement par la structure du style , que Willdenow a malheureusement négligé de décrire. Cependant, comme ce botaniste attribue au lachnospermum un clinanthe garni de très -longues fim- brilles , s'il n'a pas pris pour des fimbrilles les poils dont les fruits sont hérissés, il est infiniment probable que ce genre est une carlinée. Dans le cas contraire, ce seroit vine inulée- gnaphaliée, qu'il faudroit placer entre les deux genres Sjn- carpha et Faustula. IV. Le tableau desinulées comprend soixante-dix-septgenres, dont trente-un ont été fabriqués par nous. On ne manquera pas de se récrier contre une telle multiplicité de genres, car ces sortes de critiques sont très à la mode aujourd'hui. Il nous sera facile de démontrer que ce dont on se plaint comme d'un abus intolérable, e;t une suite nécessaire du perfection- 570 ♦ mv < nement de ]a science. Quel est le but de la botanique des- criptive, et quels sont ses moyens? Son but est de connoître les véi^étaux par leurs ressenibliinces et leurs différences : ses moyens sont de réunir ceux qui se ressemblent et de séparer ceux qui diffèrent. Plus les observations deviendront exactes, plus on découvrira de resseniblances et de différences entre les êtres que Ton comparera. Si, pour exprimer ces ressem- blances et ces différences, on se bornoit , comme le veulent nos adversaires, à les exposer par des descriptions, on peut assurer que l'esprit saisiroit mal les rapports et que la mé- moire ne les retiendroit point. L'expérience prouve que le seul moyen de fixer l'attention et d'aider la mémoire, c'est d'attacher un nom propre aux choses que l'on décrit. Pour nous faire mieux comprendre , examinons en quoi consiste le travail d'un botaniste qui divise un ancien genre en plu- sieurs genres nouveaux, et tâchons de juger, sans partialité, ce qu'il peut y avoir, dans cette opération, d'utile ou de nuisible aux progrès de la science. L'opération dont il s'agit suppose nécessairement que l'on a découvert ou remarqué, entre les espèces de l'ancien genre , de nouveaux rapports résultant de ressemblances et de différences inaperçues ou négligées précédemment. En effet, chacun des nouveaux groupes doit être distinct des autres par quelques différences, et il doit comprendre des espèces qui se ressemblent plus entre elles qu'elles ne res- semblent aux espèces des autres groupes. Jusque-là il est incontestable que le botaniste novateur a fait un travail utile, et qu'il ne peut mériter aucun blâme. Mais il ne se borne pas à diviser l'ancien genre en plusieurs groupes, et à les caractériser ; il veut encore désigner chacun d'eux par un nom propre, et c'est là ce qui lui attire les reproches de nos adversaires. Nous leur répondons d'abord qu'ils peuvent d'un trait do plume effacer ces noms génériques qui leur déplai- sent tant , et que l'utilité du travail n'en subsiste pas moins. Mais nous allons plus loin, et nous soutenons que ces noms eux-mêmes sont très-utiles et presque indispensables, surtout lorsque les caractères des groupes sont compliqués; car, ainsi que nous l'avons dit , il n'y a que les noms propres qui puis- sent fixer l'attention et aider la môipnoWe. ^ * INU • 571 La seule objection sérieuse qu'on pourroit nous faire est précisément celle à laquelle on ne songe pas. La voici dans toute sa force. L'histoire naturelle n'est pas seulement la science des différences qui existent entre les êtres; elle est aussi celle de leui^s ressemblances. En divisant un grand genre en plusieurs petits genres, on perfectionne en effet la science des différences ; mais il semble qu'on détériore en même proportion Ja science des ressemblances. Oui, sans doute, si l'on néglige de subordonner les groupes selon leurs divers degrés d'importance. Mais, si l'on a soin d'établir convena- blement cette subordination , on perfectionne tout à la fois la science des ressemblances et celle des différences. Citons un exciiiple. Les cinq genres Fi7ago , Gifola, Logjia , Micro- pus , OgUfa, peuvent être considérés comme ne formant qu'un seul genre aux yeux de ceux qui n"aiment point la multi- plicité de ces sortes de groupes. En les distinguant, nous croyons avoir perfectionné la connoissance des différences qiii existent entre ces plantes. Mais, en les réunissant en un groupe d'ordre supérieur, dans notre tableau des inulées- prototypes, dont ce groupe fait partie, nous avens conservé et peut-être même perfectionné la connoissance de leurs ressemblances. Au lieu de nous borner à caractériser ce groupe, nous aurions pu et peut-être dû lui donner un nom, tel que celui de Filago , si nous voulions le considérer comme un genre primaire ou proprement dit, comprenant cinq genres secondaires ou sous -genres; ou bien celui de Filu- ginées ou de Gnaphaloïdées , si nous voulions le considérer comme une petite section naturelle comprenant cinq genres proprement dits. Ainsi , pour perfectionner tout à la fois la science des différences et celle des ressemblances , il faut multiplier beau- coup les divisions, et ne point les ranger sur la même ligne, mais établir entre elles une subordination proportionnée à leurs différens degrés d'importance. C'est pourquoi nous pen- sons que désormais les progrés de la botanique descriptive exigent absolument la distinction des genres primaires et des genres secondaires, et celle des espèces primaires et des es- pèces secondaires. Chaque genre primaire ou secondaire doit porter un nom substantM' : chaque espèce primaire ou secon- 672 ' lîSU • c daire doit être distinguée par un adjectif. Plusieurs botanistes admettent, comme nous, les deux sortes de genres, et les subordonnent convenablement: mais il nous semble qu'ils ré- duisent à peu de chose l'utilité des genres secondaires ou sous- genre/., en attachant les noms spécifiques au nom du genre primsiire, au lieu de les attacher au nom du genre secon- daire. Ceti'e méthode est évidemment contraire à l'ordre naturel des idées. Pour achever l'apologie de la multiplicité des genres, nous devons encore faire observer que les caractères d'un genre sont d'autant plus instructifs qu'ils sont plus nombreux, parce qu'alors ils donnent une connoissance plus complète de la structure propre au genre qu'ils caractérisent. Or, il est certain que des caractères génériques nombreux ne peu- vent presque jamais convenir tous exactement à beaucoup d'espèces différentes. Pour restreindre le nombre des genres, il faut donc nécessairement de deux choses l'une : ou leur attribuer des caractères fautifs et trompeurs, qui ne s'appli- quent exactement qu'à une ou quelques-unes des espèces de chaque genre; ou bien réduire les caractères génériques à un signalement très-vague et très-succinct, qui ne fait pres- que point connoîlre le genre ainsi caractérisé. Cependant le but de la science est de parvenir, autant qu'il est possible, à la connoissance la plus exacte et la plus complète des choses qu'elle étudie. Au reste, nous sommes loin de prétendre que la multipli- cité des genres soit exempte d'inconvéniens, et nous avouons qu'elle peut dégénérer en abus ; mais nous soutenons que l'abus du S3stènie inverse est beaucoup plus contraire aux progrès de la science, que ce système a bien plus d'incon- véniens que l'autre, et que la confusion des genres mal à propos distingués est une opération beaucoup plus facile que la distinction des genres mal à propos confondus. Disons aussi un mot sur les noms génériques. Dans le but de rendre ces noms significatifs et caractéristiques, on a cou- tume de les composer de l'assemblage de plusieurs mots grecs. Cette méthode produit le plus souvent des noms prolixes, des noms désagréables à l'oreille , des noms qui se ressemblent en partie et peuvent facilement se confondre. Loin d'aider » INU * 575 notre mémoire et de guider notre esprit, ces noms ne sont bons qu'à nous égarer, parce que le caractère exprimé par chacun d'eux est tantôt commun à beaucoup de genres diffé- rens, et tantôt particulier à une seule espèce du genre. Con- vaincu qu'un nom générique est d'autant meilleur qu'il est plus insignifiant et moins désagréable à l'oreille , nous avons donné à la plupart de nos genres des noms tout-à-fait con- traires aux lois arbitrairement établies, ce qui procurera sans doute à quelques botanistes le moyen facile de s'appro- prier nos genres en changeant leurs noms. Il est digne de remarque que les deux ordres de plantes qui renferment le plus de genres, c'est-à-dire, l'ordre des synanthérées et celui des graminées, sont précisément ceux où la fleur proprement dite offre le moins de variations dans sa structure, en sorte que chacun de ces deux ordres pour- roit être considéré, par un botaniste systématique, comme ne formant qu'un seul genre, puisque, dans les autres ordres de végétaux , les genres sont fondés sur les différences qui existent dans la structure des fleurs. Les synanthérées et les graminées ont encore ceci de commun, que les fleurs sont petites, d'une structure très-simple, presque toujours grou- pées plusieurs ensemble , et toujours accompagnées de bractées qui leur servent d'enveloppe. Les modifications de l'inflores- cence et les parties accessoires étrangères à la fleur propre- ment dite acquièrent , dans ces deux ordres , une prépon- dérance qu'ils n'ont point ailleurs, et deviennent la source féconde et presque unique où les botanistes puisent la plu- part des différences génériques. Cette remarque est une nou- velle preuve d'un principe sur lequel nous allons bientôt insister : ce principe, reconnu par quelques botanistes , mais dont en général on n'apprécie pas assez l'importcince , est que les mêmes parties ou les mêmes caractères n'ont pas la même valeur dans les différens groupes de végétaux. Nous croyons avoir indiqué la vraie cause de cette variation de valeur dans notre premier Mémoire sur la Graminoîogie : voyez le Journal de -phjsique de Décembre 1820, pag. z,58. V. En divisant naturellement l'ordre des synanthérées en tribus, les tribus en sections, et les sections en sous-sections composées de plusieurs Q^uves , nous avons dû nous efforcer 574 INU € de caractériser tous ces groupes ; car, en nous bornant à les désigner par des noms, comme a faitM.Kunth, nous eussions rendu notre travail très-facile sans doute, mais aussi complè- tement inutile. Les résultats de nos recherches ont été peu satisfaisans ; et cependant nous avons persévéré dans notre entreprise, parce que nous pensons que Timpossibilité d'at- teindre la perfection, el même d'en approcher, ne doit jamais empêcher de se diriger vers elle jusqu'au point où il est per- mis de parvenir. Nous avons reconnu qu'aucune partie de l'organisation des synanthérées ne pouvoit être employée seule pour caractériser un groupe naturel, et à plus forte raison pour caractériser tous les groupes de même importance. Les caractères de cha- que groupe doivent donc être fournis par le concours de plusieurs parties : d'où il suit que l'exposition de ces carac- tères esi nécessairement très-longue, très-compliquée et très- minutieuse. Remarquez que la même partie n'a pas la même valeur dans les diflférens groupes de même importance. Par exemple, la structure du style, qui caractérise en général assez bien la plupart des tribus , caractérise mal celle des inulées ; et les étamines obtiennent, dans la tribu des inulées, une prééminence qu'elles n'ont point dans la plupart des autres tribus. De même, la corolle caractérise fort bien quel- ques tribus et fort mal plusieurs autres, et l'on peut en dire autant de toutes les parties dés synanthérées. Les cai'aclères d'un groupe naturel de synanthérées sont tous, ou presque tous, sujets à des modifications ou varia- tions qui les rendent très-souvent inexacts; mais, comme ils sont nombreux et fournis par diverses parties , ils se suppléent mutuellement, cest-à-dire que, l'un ou quelques-uns d'eux se trouvant en défaut, les autres suffisent presque toujours pour déterminer la classification avec assez de certitude. Ces considérations, et plusieurs autres que nous avons ex- posées ailleurs , prouvent qu'il est impossible de faire pour les synanthérées une méthode de classification naturelle, et qui soit en même temps simple, claire, facile, commode, exacte, infaillible, régulièie et symétrique. Ceux qui ne croient pas ces divers genres de perfection incompatibles, et qui nous reprochent de n'avoir pasïu les concilier dans notre . ' INU • 575 méthode, n'ont sans doute étudié que bien superficiellement l'orclre des synanthérées. Noire tableau de la tribu des iuulées oOre trois sections très-naturelles, mais distinguées par des caractères assez com- pliqués, minutieux , équivoques, qui se réduisent à des nuan- ces souvent fort légères, et sont sujets à beaucoup d'exceo- tions. La première section, celle des gnaphaliées , est la plus nombreuse. Nous avons d"abord essayé de la diviser en plu- sieurs groupes caractérisés par la structure de l'aigrelte; puis nous avons tenté d'établir cette division sur la composition de lacalathide; un troisième essai a été fait sur leclinanthe, et un quatrième sur le péricline. Il n'est pas inutile de pré- senter ici ces quatre essais, en omettant, pour abréger, la liste des genres. Distribution des gnaphaliées, fondée sur Vaigrette. 1." Ai- grette nulle. 2.° Aigrette stéphanoide. 5." Aigrette mixte : en partie sféphanoïde, laminée ou paléiforme ; en partie filiforme, péniciUée ou plumeuse. 4.° Aigrette de squamel- lules filiformes, non manifestement plumeuses , mais souvent épaissies supérieurement. 5.° Aigrette manifestement plu- meuse. Distribution des gnaphaliées , fondée sur la composition delà calathide. 1." Ca.athide radiée. 2." Calathide semi-radiéc. 5.^ Calathide discoïde. 4.° Calathide incouronnée , pluriflore. 5." Calathide incouronnée, souvent uniflore ou biflore. Distribution des gnaphaliées, fondée sur le clinanlhe, 1.» Clmanthe nu. 2." Clinanthe pourvu d'appendices irréguliers. .'.° Clinanthe pourvu de vraies squamelles. Distribution des gnaphaliées, fondée sur le péricline. 1.° Squames inappendiculées, entièrement appliquées. 2." Squa- mes pourvues d'un appendice inappliqué, mais non pétaloïde, 3.° Squames pourvues d'un appendice pétaloïde , c'est-à-dire, étalé, radiant et d'une couleur éclatante. 4.° Squames pour- vues d'un appendice rélléchi , coriace, roide , de coule"ur brune. Aucune de ces tentatives n'ayant produit une distribution naturelle des genres, nous avons dû abandonner cette mé- thode artificielle et systématique , et recourir a la combi- 576 . INU naison des affinités. Cette combinaison a eu pour résultat la di\ision des gna;)haliées en sept groupes, dont le dernier, plus nombreux, est subdivisé en deux parties. Tous ces groupes sont plus ou moins naturels, et plusieurs pourroient être considérés comme des genres composés de sous-geiires. Leurs caractères distinctifs, fournis tantAt par telle partie de la structure, tantôt par telle autre, n'offrent point la symétrie, la corrélation , l'opposition , que l'on admire dans les classifi- cations artificielles , et ils ne sont pas toujours d'une rigou- reuse exactitude. S'ils paroissent être plus simples que ceux des sections et des tribus, c'est que, pour abréger, nous avons omis, peut-être à tort, d'exposer l'ensemble des caractères de ces petits groupes, pour nous borner à présenter le signa- lement qui nous a paru le plus notable. La plupart de ces remarques sont également applicables aux groupes formés dans les deux autres sections. En général, et sauf exceptions, on peut observer que ces petits groupes sont d'autant plus difficiles à caractériser exactement qu'ils sont plus naturels. C'est ainsi que, dans la section des inu- lées- prototypes, le premier groupe, qui est le plus naturel, ne pourroit être bien caractérisé que par une assez longue description. Les difficultés que nous avons éprouvées pour établir, dans l'ordre des synanthérées, des tribus, des sections et dessous- sections, résultent principalement d'une chose que les bota- nistes semblent méconnoitre, et que nous ne saurions trop répéter: c'est que la valeur d'un même organe ou d'un même caractère n'est pas égale dans les différeus groupes de même importance. L'évaluation ou la subordination régulière et graduelle des organes vu des caractères est donc impossible à établir d'une manière générale , et il faut chercher péni- blement celle qui est propre à chaque groupe, à chaque genre, sans quoi l'on retombe aussitôt dans l'arbitraire, et Ion n'obtient qu'une classification très-peu concordante avec l'ensemble des affinités. VL Nous avons éprouvé aussi de très- grandes difficultés pour coordonner convenabkment les soixante-dix-sept genres de la tribu des inulées suivant une série linéaire, simple et droite. En effet , cette disposition exprime seulement les , • INU ' 677 affinités de chaque genre avec celui qui le précède et avec celui qui le suit; mais elle ne peut indiquer ses affinités avec plusieurs autres genres du même groupe. Rebuté d'abord par ces difficultés, et séduit par des apparences trompeuses, nous avons essayé de disposer les genres suivant un autre mode, prôné depuis long-temps par quelques botanistes spécu- latifs, comme le vrai moyen d'élever la classification natu- relle au plus haut degré de perfection. Cette métiiode con- siste à disposer les genres sur un plan , à peu près comme les différentes parties d'une région de. la terre sont disposées sur une carte géographique représentant cette région* Nous avons multiplié nos tentatives avec beaucoup de persévé- rance, en les combinant et les variant de toutes sortes de manières, et le dernier résultat de ce travail pénible a été de nous convaincre 1." que l'exécution parfaite de cette méthode est absolument impossible; 2.° que son exécution imparfaite et praticable produit une disposition beaucoup moins bonne que la série linéaire, simple et droite; 3." que cette méthode est contraire à la nature de notre entende- ment; 4." que la série linéaire, simple et droite, est et sera toujours, malgré ses imperfections, la meilleure de toutes les dispositions et la plus naturelle , ou , pour mieux dire la seule bonne et la seule naturelle; 5.° qu'il y a des moyens fort simples pour remédier aux défauts de la série linéaire. Le but de la njéthode géographique, appliquée à la dispo- sition des genres, est d'exprimer 1.° toutes les affinités de ces genres; 2.° les différens degrés de leurs affinités; 3." les différentes sortes d'affinités. JNous avons appris par notre propre expérience que , môme en se bornant à un groupe de genres peu nombreux, une simple surface ne suffi't pas pour la disposition convenable des signes qui doivent indi- quer, qualifier et mesurer toutes les affinités. 11 faudroit, pour approcher du but qu'on se propose, construire Un ré- seau dont une partie s'étendroit sur cette surface, tandis qu'une autre s'éieveroit au-dessus, et qu'une autre encore s'abaisseroit au-dessous d'elle. Remarquez bien qu'en suppo- sant possible la construction de ce réseau à trois dimensions,' on n'atteindroit pas encore au but; car, pour offrir le tableau complet des affinités d'un genre avec les autres genres dii 23.» 37 57» ' INU même groupe, il faut placer au centre ïe genre dontîl s'agît^ et disposer autour de lui tous les autres genres , à des dis- tances plus ou moins grandes selon les degrés d'à flfini tés. Mais, comme il est impossible que tous les genres se trouvent en même temps au centre et à la circonférence , il est clair qu'on ne peut pas exprimer, par un seul et même réseau, les alB- nités respectives de tous les genres d'im groupe. La représentation exacte et complète des divers degrés d'affinités est tout aussi impraticable que la simple indication de ces affinités. Telle plante ressemble beaucoup à telle autre par une partie de sa structure, et en diffère beaucoup par une antre partie. La méthode seroit très-imparfaite et man- queroitson but, si elle n'exprimoit pas ces divers rapports; et cependant il est impossible d'établir une disposition telle que deux plantes se trouvent à la fois rapprochées et éloignées Tune de l'autre. Les obstacles que nous avons signalés, et plusieurs autres également insurmontables, prouvent qu'il faut renoncer pour toujours à l'exécution parfaite de la méthode géographique ou réticulaire. Mais nous convenons qu'il est possible et même très-facile de tracer, sur une feuille de papier, un tableau représentant, non pas toutes, mais quelques-unes des affini- tés; non pas les mesures exactes de ces affinités, mais des mesures très-peu approximatives; non pas., enfin, les diffé- rentes sortes, mais une seule sorte d'affinité. -De petits cercles, contenant chacun un nom générique, indiqueront les genres; des lignes droites rayonnant de chaque cercle vers plusieurs autres exprimeront les affinités des genres Joints parées lignes; les différetiles longueurs de ces rayons mesureront les affi- nités, et des noms d'organes écrits parallèlement aux lignes de ce réseau feront connoîfre quelle sorte d'afïïnité se trouve indiquée et mesurée. Maintenant il faut juger si un tableau aussi incomplet et aussi imparfait seroit préférable à une série linéaire bien ordonnée. Nous n'hésitons pas à préférer la série linéaire, pour deux principaux motifs. i.° Elle n'est point trompeuse : chacun sait qu'elle n'exprime que les affi- nités de chaque genre avec celui qui le précède et ct'lui qui le suit, tandis que le réseau annonce la prétention illusoire et mensongère d'exprimer toutesjles affinités. 2.° La série « ' INU • 579 iînéaire est infiniment moins arbitraire que le réseau, parce que celui qui dispose une série est lirtiité dans ses choix d'affinités par des bornes trés-étroites, tandis que le cons- tructeur du réseau, beaucoup moins restreint dans ses choix, se perd dans le vague des combinaisons et ne sait à quoi se fixer. On peut affirmer que plusieurs botanistes d'égale force , travaillant séparément sur un même groupe de genres, se trouveront à peu près d'accord dans la disposition d'une série linéaire , tandis que les différens réseaux tracés par eux n'auront entre eux aucune ressemblance. L'idée d'une disposition géographique ou réticulaire, qui semble, au premier aperçu, très-philosophique, est repous- sée par la vraie philosophie. li'erreur capitale des partisans de cette méthode est de ne considérer dans la science que les choses quelle étudie : ils oublient tout -à -fait que nous ne pouvons étudier ces choses qu'à l'aide de nos facultés in- tellectuelles, et qu'ainsi la science doit nécessairement se conformer à la nature de notre entendement et se propor- tionner à sa foiblesse. La nature de notre entendement est telle que nous ne pouvons comparer que deux objets à la fois : d'où il suit que les vrais rapports des choses, quoique réellement simultanés , ne peuvent être envisagés par nous que dans un ordre successif. C'est pour cela que le langage, qui est une image fidèle des opérations de notre entende- ment , se présente sous la forme d'une série linéaire , simple et droite. Vainement on nous objectera l'exemple des cartes géographiques. Une mappemonde est un portrait de la terre en miniature, mais n'est point une géographie; de même que la figure dune plante n'est point sa description ni son his- toire. Le géographe, qui fait un traité sur la science dont il s'occupe, est obligé de décrire successivement les différentes régions , et de les présenter ainsi a ses lecteurs dans un ordre linéaire. L'historien n'a-t-il pas aussi à retracer des événe- mens multipliés qui ont eu lieu simultanément P Cependant il faut bien qu'il les dispose dans un ordre linéaire et successif. Le philosophe lui-même aperçoit plusieurs rapports qui se pressent tous à la fois autour du point qu'il discute , et il ne peut les développer que l'un après l'autre. Il n'y a rien de plus f^x que la comparaison qu'on veut 58o INU établir entre une carte géographique et un réseau expri- mant les affinités des êtres. Nous le répétons, la carte géo- graphique n'est rien autre chose qu'un portrait parfaitement ressenjblant : le réseau est une analyse , une combinaison d'abstmctions, une conception plus ou moins ingénieuse de notre esprit, et dont le type ne se trouve nulle part dans la nature. Il est vrai que l'exécution complète et parfaite de la méthode réticulairc, si elle étoit possible, produiroit aussi une sorte de portrait fait avec des signes de pure convention , ou plutôt une description écrite en caractères hiéroglyphi- ques; mais, dans ce cas, le réseau seroit si compliqué qu'il seroit inintelligible, et les rapports indiqués seroient si mul- tipliés qu'on n'en remarqueroit aucun. D'ailleurs, présenter l'image ou le portrait d'un objet matériel, c'est le faire con- noître à nos yeux, mais non point à notre entendement. L'analyse opérée par le langage est le meilleur moyen de' convertir cette connoissance empirique ou visuelle en une connoissance intellectuelle et scientifique. Le réseau est aussi, comme le langage, une méthode d'analyse; mais une mauvaise méthode, parce qu'elle n'est point en harmonie avec l'ordre de nos idées et les formes de notre intelligence. Un aiitre défaut de cette méthode d'analyse, c'est qu'elle a besoin elle- même d'être analysée; ce qui la rend à peu près inutile. En effet , le réseau sera d'autant plus compliqué qu'il sera plus parfait , c'est-à-dire qu'il exprimera un plus grand nombre de rapports; mais, pour comprendre ce réseau si compliqué et se rendre propres les notions qu'il exprime , il faudra l'expliquer, le développer, l'analyser, le décomposer, par un discours, ou tout au moins par une suite d'opérations mentales : et ne voyez-vous pas que cette nouvelle analyse indispensable n'est autre chose que la substitution de la mé- thode linéaire à la méthode réticulaire ? Enfin, et sous un autre rapport bien évident, le réseau le plus parfait ne pour- roit jamais dispenser de recourir à la série linéaire ; car, pour écrire dans un livre l'histoire ou la description des êtres, il faut bien nécessairement les présenter dans un ordre successif. Ainsi, la disposition réticulaire ne peut se passer du secours de Id disposition linéaire , tandis que la disposition linéaire peut se passer du secours de la disprîsition réticulaire , comme nous allons bientôt le démontrer. » » mu • ss, i\ous pourrions approfondir davantage ce sujet important; car les argumens se présentent en foule pour réfuter le sys- tème dont il s'agit, et nous ne sommes embai'rassé que du choix; mais nous en avons assez et peut-être trop dit pour établir que la série linéaire , simple et droite , est la meilleure et la plus naturelle de toutes les dispositions imaginables. Nous disons la plus naturelle , parce que , si elle n'est pas entièrement conforme à la nature des objets extérieurs que nous étudions, elle est au moins parfaitement conforme à la nature de notre propre entendement qui ks éîudic. Pour terminer cette discussion , démontrons que les défauts de la série linéaire peuvent être corrigés ou atténués par deux moyens, qu'il faut employer concurremment. Le pre- mier consiste à faire un choix judicieux entre les affinités des genres dont on combine la disposition. Chaque genre a de l'affinité avec plusieurs autres ; mais ces affinités sont presque toujours inégales , et il est bien rare qu'on n'en trouve pas deux assez prépondérantes pour fixer la place du genre dont il s'agit entre celui qui doit le précéder et celui qui doit le suivre. Il est vrai que ces combinaisons partielles, faites d'abord séparément pour chaque genre, sont souvent inconciliables avec la disposition générale à laquelle il faut définitivement parvenir : c'est alors que le classificateur doit faire preuve de talent et de connoissances , en opérant, avec ménagement et sagacité , des concessions réciproques entre les combinaisons partielles et la combinaison géné- rale, de manière à sacrifier le moins possible les premières à la seconde, et la seconde aux premières. Le second moyen est plus facile : il remédie à l'imperfection du premier, et il procure tout ce qu'on pourroit obtenir par la disposition réticulaire la plus parfaite. Ce moyen est d'énoncer, sous le titre de chaque genre, avant ou après sa description, toutes les affinités qui n'ont pas pu être exprimées par la position de ce genre dans la série, ainsi que les degrés de ces affinités, et la nature particulière de chacune d'elles. VII. On jugera sans doute que toutes les considérations théoriques que nous venons d'exposer, sont déplacées dans un article de Dictionnaire destiné à offrir la liste nominale des genres de la tribu de|.inulées. Les considérations dont il. 58o ' lîVV * f s'agit sont extraites d'un discours servant d'introduction à notre tableau général, inédit, de la classification naturelle des gienres de l'ordre des synanthcrées. Ce tableau, très-étendu , doit trouver place dans le Dictionnaire; mais quelques mo- tifs nous engagent à le diviser en plusieurs articles, sous diflérens titres. Kos considérations préiiuiinaires dévoient être admises de préférence dans le premier de ces articles. (H. Cass.) INVERSE [Anthère]. [Bot.) En général, l'anthère est atta- chée de manière que la suture de ses valves regarde le cen- tre de la fleur : on la dit adverse. Mais quelquefois la suture des valves est tournée vers la circonférence de la fleur (iri-. dées , cucumis, etc.) : alors l'anthère est inverse. La radicule est inverse, lorsqu'au lieu de se tourner du côté du hyle, elle se dirige du côté diamétralement opposé; on en a un exemple dans l'acanthe. Les stigmates sont inverses, lorsqu'étant plusieurs dans une fleur, chacun d'eux regarde le centre de la fleur, au lieu d'être tourné du côté des étamines ( renonculacées , saxi- frages, etc.). (Mass.) INVISIBLE [Radicule]. {Bot.) Dans certaines espèces, dans la fève, par exemple , la radicule, la plumule et même la tigelle , sont visibles avant la germination de la graine ; dans d'autres (oignon , pin, commeline, etc.), elles sont invi- sibles avant la germination. (Mass.) INVOLUCRE, INVOLUCELLE. {Bot.) Dans une ombelle composée , les bractées qui forment une collerette à la base de l'ombelle générale, portent le nom d'involucre, et celles qui se trouvent à la base des ombelles partielles ou ombel- lules . portent le nom d'involucelles : l'ombelle de la carotte , par exemple, a un involucre et des involucelles. (Mass.) INVOLUTÉE [Feuille]. (Bot.) La feuille , considérée dans le bouton , est dite involutée , lorsque ses deux bords sont roulés en dedans: on en a des exemples dans le chèvre-feuille, la violette, le poirier, le peuplier, etc. (Mass.) lO. [Entom.) C'est le nom latin du papillon appelé le paon de jour. ( C. D. ) JODATES. {Chim.) Combinaisons salines de l'acide iodique atcc les bases salifiubles. .^ ^ » lOD • 585 Composition. loo parties d'acide iodique , conlenant 24,1201 parties d'oxigéne, neutralisent une quantité d'oxide métallique qui contient /|,84 parties d'oxigéne. Donc roxigène de l'acide est à celui de la base :: 5 : 1. Propriétés génériques. L'eau dissout les iodates de potasse, de soude et d'ammo- niaque , et l'iodate de zinc en très-petite quantité. Les iodates sont insolubles dans l'alcool d'une densité de 0,82. Le chlore ne les altère pas. Les acides sulfurique , nitrique et phospliorique , n'ont d'action sur eux qu'autant qu'ils s'emparent d'une portion de leur base. A la chaleur d'un rouge obscur tous les iodates sont dé- composés. Le plus grand nombre des iodates métalliques donnent de l'oxide et de l'iode : quelques-uns^ de l'oxigène et un iodure. Plusieurs iodates fusent sur les charbons ardens ; celui d'ammoniaque est fulminant. Ils sont décomposés par l'acide hydrochlorique, et il y a dégagement de chlore, formation d'eau et d'acide chlorio- dique ioduré. L'acide sulfureux , en s'emparant de l'oxigène de l'acide iodique , met l'iode à nu. L'acide hydrosulfurique en sépare l'iode. Préparation, On prépare l'iodate d'ammoniaque directement en neu- tralisant l'acide iodique par l'ammoniaque. Les iodates de potasse, de soude, de baryte, de stron- tiane et de chaux, s'obtiennent par le procédé décrit au mot Hydriodates. Nous ajouterons ici que M. Gay-Lussac pense que les sels se forment au moment même où l'iode est dis- sous par ces alcalis. Il fonde son opinion sur ce qu'un excès de potasse, mis avec une solution mixte d'iodate et d'hydrio- date de potasse neutres, produit une liqueur semblable à celle qu'on obtient en mettant de l'iode dans l'eau de potasse. Les autres iodates s'obtiennent en mêlant la solution des 584 f lOD « ( iodates de potasse , de soude ou d'ammoniaque , avec la solu- tion d'un sel contenant la base que l'on veut unir à l'acide iodiquc. C'est à M. Gay-Lussac que nous devons tout ce que l'on sait sur ce genre de sels. i." Section. Iodates solubles. lodate d'ammoniaque. Il cristallise en petits grains. Il détone par la chaleur, en répandant une foible lumière violette. Lorsqu'on le décompose par la chaleur, on obtient de l'eau, et des volumes égaux d'oxigène et d'azote; ce qui doit être, puisqu'il est formé, . j ( acide , loo en poids.. . l [ ammoniaque 10j94 Ioxigène ....... 2,5 iode 1 ( azote 1 ammoniaque... 2...^ l hydrogène 5 lodate de potasse. Il est en petits cristaux qui se groupent sous la forme cubique. H est inaltérable à l'air. loo parties d'eau , à 14/- degrés, dissolvent 7,45 parties d'iodate de potasse. Projcié sur les charbons ardens , il fuse. Il détone légèrement par la percussion , quand il est mêlé au soufre. A une chaleur rouge il se réduit en oxigène , et en un iodure de potassium qui, avec l'eau, donne une dissolution d'hydriodate de potasse neutre. Il est formé, suivant M. Gay Acide 7757H • ♦ Potasse 22,1^46 .. 100 partiçs d'iodate de potasse chauffées donnent donc ' iode , 58,907 ^7,410 iodure de potassium. Lussac, de . . . . 100 .... 28,6] [potassium 18,473 12,59 oxigène, dont. lOD • 585 ( 18,817 proviennent de l'acide, ( 3,775 proviennent de la potasse. Une conséquence de cette composition de l'iodate de po- tasse , c'est que , quand on dissout l'iode dans la potasse , il se forme, pour 100 parties d"iodate, 407,381 d'hydriodate, qui contiennent 086,067 d'iodure de potassium, cest-à-dire , cinq fois plus que n'en donnent les 100 parties d'iodate dis- tillées. L'iodate de potasse ne pourroit pas remplacer avec avan- tage le nitre dans la fabrication de la poudre à canon , car la quantité de gaz qu'il donne est à celle du nitre :: 1 : 2,5. L'iodate de potasse est susceptible de former un sous- iodate cristallisable. On sait que l'acide iodique décompose l'acide hydriodique. Lorsque ces deux acides sont unis à la potasse, ils ne se dé- composent plus , parce que l'affinité de la base pour les acides surmonte celle de l'oxigène pour l'hydrogène ; mais elle ne les surmonte que foiblement : car, en faisant passer un courant d'acide carbonique dans la solution mixte de l'hydriodate et de liodate de potasse, on obtient un préci- pité d'iode , parce que l'affinité des acides est assez affoiblie pour qu'ils se décomposent mutuellement; et cependant, lorsque les sels sont isolés , l'acide carbonique ne les altère pas. lodate de soude. 11 cristallise en petits grains qui paroissent cubiques, ou en petits prismes qui sont ordinairement réunis en houppe. II fuse sur les charbons comme le nitre. 100 parties d'eau , à 14'/. degrés, en dissolvent 7,3. ]1 ne contient pas d'eau de cristallisation. Le mélange de ce sel et de soufre détone légèrement par la percussion. 11 contient, Oxigène 24,432 lodure de sodium 73,568. A la distillation il laisse dégager avec son oxigène une petite quantité d'iode : c'est pourquoi le résidu forme avec l'eau un hydriodate légèrement alcalin. Il existe un sous-ioda^ de soude qui cristallise en petites 586 r jQj) e ^ aiguilles soyeuses réunies en houppe , lorsqu'on le prépare avec de riodate neutre et de la soude. 2.* Section. lodales insolubles ou peu soluhlcs. lodale de harjle. II est pulvérulent, incolore et pesant, loo parties d'eau en ont dissous o,iG à loo'^ — — — — o,oo à 18. II ne fuse pas sur les charbons ardens, ce qui tient à deux causes : 1.° à ce qu'il ne donne pas autant d'oxigène par la chaleur que l'iodate de potasse; 2.° et surtout à ce que, le sel ne se fondant pas, le contact du charbon avec l'oxigène qui se dégaj^e est très-limité. Lors même qu'il a été séché a 100 , il donne de l'eau a la distillation, ce qui prouve qu'il contient de l'eau de cris- tallisation; après ce produit on obtient de l'oxigène, de l'iode et de la baryte sensiblement pure ou simplement hydratée. Acide 100 Baryte 46,34. ( Gay-Lussac.) Jodate de strontiane. 11 paroit cristalliser en octaèdres. 11 laisse dégager de l'eau de cristallisation avant de se décomposer par le feu. II se comporte d'ailleurs comme le précédent, 100 parties d'eau en dissolvent 0,70 à 100 — — — —r 0,34 à l5. lodate de chaux. 11 est pulvérulent ; il cristallise en prismes quadrangulaires, en se déposant d'une solution d'hydriodate ou d'hydrochlo- rate de chaux. 100 parties d'eau en dissolvent 0,98 à 100 Il paroît contenir o,o3 d'eau de cristallisation; il se com-j porte au feu comme les deux derniers. lodate de zinc. Il est très -peu soluble dans l'eau; il fuse légèrement sur les charbons. loddte d'argent. Il est blanc, insoluble dans l'eai^, très-soluble dans l'am- , » lOD • 587 moniaque; en quoi il diffère de Thydriodate, qui ne s'y dis- sout pas. L'acide sulfureux , versé dans la solution ammoniacale, en précipite de l'iodure d'argent. lodatcs de plomb , de protoxide de mercure , de pcroxide de fer , de bismuth, de deu'oxide ds cuivre. Ils sont Lianes, et solubles dans les acides. L'iodate de potasse ne précipite ni les sels de peroxide de mercure, ni ceux de manganèse. Il n'existe pas d'iodates iodurés. (Cii.) IODE. {Chim.) Nom donné par M. Gay-Lussac à un corps simple, qui est éleclro-négatif dans la plupart de ses combi- naisons, et qui se réduit en une vapeur d'une belle couleur violette. C'est cette propriété qui lui a fait donner le nom d'iode; iode dérive de luS^nç -, violet. Prop/'ic/es physiques. L'iode, à la température ordinaire, est solide, d'un gris noir ; à 17 degrés sa densité est de 4,348. 11 se liquéfie à 107 degrés, et entre en ébullition de 176 à 180. Sa vapeur est violette, ainsi que nous l'avons dit; la densité de cette vapeur, calculée, est de 8,6t)5. L'iode , mis sur la peau , y fait une tache Jaune-brune très- foncée, qui finit par se dissiper à l'air. 11 a une saveur très- àcre , et une odeur qui a beaucoup d'analogie avec celle du chlore étendu d'eau. 11 ne paroît pas conducteur de l'électricité; car, M. Gay- Lussac en ayant mis un très- petit morceau dans une chaîne galvanique, la décomposition de l'eau, qui se faisoit aupara- vant, cessa tout à coup. 11 se présente sous des formes variées : tantôt il est en masses lamelleuses, ayant un aspect gras dans les parties qu'on vient de mettre à découvert ; tantôt il est en paillettes micacées; enfin, il cristallise en lames rhomboidales, très- brillantes et très-larges, puis en octaèdres alongcs. Propriétés chimiques. Iode et corps simple. Il n'éprouve aucune^action de la part de l'oxigène avec 588 ^ lOD ' f lequel on le met en contact, soit qu'on le chauffe, soit qu'on ne le chauffe pas; mais, s'il rencontre l'oxigène, au inonienl oii celui-ci cesse de faire partie de quelques com- binaisons, il pourra s'y unir en une proportion définie, et donner naissance à Vacide iodique (voyez Iodkjif. . aeide). Le chlore s'unit à l'iode avec une grande facilité : il pro- duit Vacide chloriodique , qui peut, en se combinant avec de l'iode, former l'acide chloriodique ioduré (voyez tom. IX , p. 5o). L'iode ne s'unit pas à l'azote libre ; mais il est susceptible de s'y combiner, quand celui-ci est à l'état naissant. L'iode peut se dissoudre dyns le phosphore en un grand nombre de proportions : pendant que la combinaison s'o- père, il se dégage delà chaleur qui n'est point accompagnée de lumière. L'iode s'unit au soufre directement. Il ne se combine ni au bore ni au carbone. Il s'unit à l'hydrogène, lorsque les deux corps sont exposés à une chaleur rouge: il en résulte l'acide hydriodiquc (voyez HvDRioDiQUE (acide). L'iode que l'on fait passer sur le potassium chauffé dans un tube de verre, s'y combine, en dégageant une lumière qui paroît violette au travers de la vapeur de l'iode qui n'est pas absorbé par le métal. L'iode se combine également au sodium. Il se combine, aune température peu élevée, avec le zinc, le fer, l'étain, l'antimoine, le cuivre, le plomb, le bismuth, le mercure, l'argent, etc. ; avec le mercure il forme deux combinaisons définies. Les combinaisons de l'iode avec les métaux se font, en gé- néral, facilement à une température peu élevée : il se dé- gage de la chaleur et très-rarement de la lumière. .action de lioJe sur les corps oxigénés , Veau exceptée. L'iode n'a pas d'action sur les acides nitrique, sulfurique, phosphorique, carbonique, borique, ni sur la silice; il n'en a pas sur les acides sulfureux, nitreux secs. Au rouge obscur il décompose les oxides de potassium, de sodium , de plomb et de bismuth. L'oxigène se dégage,, et l'iode se combine au métal réduitr ^ • lOD • 589 A cette température l'iode décompose les sous-carbonates de potasse et de soude ; il se dégage i volume d'oxigèiie con(re 2 d'acide carbonique , et le métal complètement ré- duit forme un iodure. L'iode exerce une action moins forte sur les protoxides d'étain et de cuivre. Quand ces corps sont en contact à chaud , il ne se dégage pas d'oxigène , par la raison que celui-ci se concentre sur la moitié du métal pour former un peroxide, tandis que l'autre moitié forme un iodure. L'iode que Ton fait passer sur de la chaux, de la stron- tiane et de la baryte , s'y combine sans dégager d'oxigéne. Il forme avec ces bases des sous-iodures d'oxides. Ces iodures d'oxides sont les seuls qui puissent subsister à une tempéra- ture rouge. action de Viode sur les corps hjdrogénés non organiques. L'eau dissout 0,007 ^^ ^O" poids d'iode ; la solution est jaune. Si on la chauffe jusqu'à la faire bouillir, elle se dé- colore ; on trouve alors dans Teau des acides hydriodique et iodique: la présence du premier est indiquée par le pré- cipité d'iode , qui se fait lorsqu'on y mêle du chlore; la pré- sence du second , par le précipité d'iode qu'on obtient lors- que, après l'avoir neutralisé par l'ammoniaque et l'avoir con- centré , on y mêle de l'acide sulfureux. M. Gay-Lussac pense qu'il est probable que l'iode ne se dissout daiîs l'eau que par l'intermède de l'acide hydrio- dique, qui se forme en même temps que la dissolution a lieu , et que, si l'on peut décolorer cette dissolution, en en chassant l'iode qui n'est pas acidifié, soit en l'exposant à la lumière du soleil , soit en l'exposant à la chaleur, tandis qu'on ne peut pas décolorer Tacide hydriodique iodure , cela tient à ce que, dans le premier liquide , l'aftinité de l'acide hydrio- dique pour l'iode est diminuée par la présence de l'acide iodique qui s'est formé en même temps que le premier acide. La décomposition de l'eau par l'iode doit toujours être peu considérable, eu égard au poids du liquide, parla raison que , quand les acides hydriodique et iodique sont concentrés, ils se réduisent en eau et en iode. L'iode paroit susceptible de s'unir avec l'hydrogène per- 590 ' lOD carburé, lorsqu'on fait passer Téther hytiriodique dans un tube de verre rouge de feu. (^'oyez tome XV, p. 470.) M. Thomson prétend que l'iode décompose Thydrogène perphosphuré , en s'emparant de son phosphore , et en met- tant l'hydrogène en liberté. L'iode décompose le gaz hydrosulfurique : il se produit de l'acide hydriodique. La décomposition a lieu lorsque l'acide hydrosulfurique est dissous dans l'eau. L'iode absorbe le gax ammoniaque: il en résulte un liquide d'abord visqueux, très-éclatant et d'un brun noir, qui perd ensuite de son éclat et de sa viscosité en absorbant de nou- veaux gaz. 11 ne se dégage rien pendant la formation de ce composé, qui est un véritable iodure d'ammoniaque. Lors- qu'on le met dans l'eau, une portion d'ammoniaque est décomposée : ses élément s'unissent à l'iode ; ils forment de l'acide hydriodique qui reste dans la liqueur combiné à l'ammoniaque indécomposée, et de l'iodure d'azote qui se dépose sous la forme d'une poudre noire. (Voyez tome III, Suppl., p. iSli') Si nous admettons qu'il y ait 1 volume d'ammoniaque décomposé, on aura 1 '/, volume d'hydrogène qui, en s'unis- sant à 1 y, volume d'iode, produiront 3 volumes de gaz hy- driodique, qui satureront 3 volumes de gaz ammoniaque; en second lieu , '/j, volume d'azote qui s'unira à 1 'l. d'iode : d'où il suit que, sur la quantité d'ammoniaque qui prend part à l'action de l'iode, il y en a '/^ qui est décomposé. action de Viode sur les corps oxigénës humides. A une température basse , l'iode mis dans de l'eau con- tenant de l'acide sulfureux détermine une décomposition d'eau : il en résulte de l'acide sulfurique et de l'acide hydrio- dique. Si l'on exposoit les corps à l'action de la chaleur, il arriveroit un moment où l'acide sulfurique réduiroit l'acide hydriodique en eau et en iode, en cédant le tiers de son oxigènc. L'acide arsénieux , l'hydrochlorate de protoxide d'élain, les sulfites, les hyposulfites, mis en contact avec de l'eau et de l'iode, s'oxigènent aux dépens de l'eau, tandis que l'iode passe à l'état d'acide hydriodi«?ue. y • lOD • 591 Lorsqu'on verse de l'eau de potasse concentrée sur l'iode, c^-lui-ci est dissous avec rapidité. La liqueur dépose une matière blanche, grenue, qui est de Fiodate de potasse, et retient de Thydriodate de potasse ou de l'iodure de potassium, suivant qu'on admet que Toxigénation de l'iode s'est faite aux dépens de l'eau , ou bien aux dépens d'une portion de la po- tasse. Nous adopterons la première opinion. Suivant que c'est l'alcali qui domine ou l'iode , la couleur de la liqueur est le jaune-orangé ou le rouge-brun très-foncé. Dans ce dernier cas c'est l'hydriodate qui tient de liode en dissolution, et malgré cela il y a un excès sensible d'alcali. 11 paroit' que, quand la liqueur est saturée d'iode, et qu'elle est assez éten- due pour ve pas laisser précipiter d'iodate , elle contient une quantité d'iode à l'état de dissolution égale à celle qui a été acidifiée par les deux élémens de l'eau. L'eau de soude se conduit comme celle de potasse. Il en est de u.ême des eaux de chaux, de strontiane et de baryte. La seule différ. iice qu'on observe, c'est que leurs iodates, éta.it très-peu soiubles , se précipitent : c'est pour- quoi on peut obtenir par ce moyen les iodates de ces bases à l'état de pureté. Lorsque la magnésie est mise avec de l'eau et de l'iode, il y a pareillement formation d'un hydriodate et d'un iodate. Les oxides qui, comme ceux de zinc et de fer, tiennent beaucoup à l'oxigène , sans posséder une aussi grande alca- linité que les bases précédentes, ne déterminent pas la dé- composition de l'eau par l'iode. Les oxides qui tiennent peu à l'oxigène , tels que les peroxides de mercure et d'or, ne déterminent pas la décom- position de l'eau , mais sont eux-mêmes en partie décomposés par l'iode. Aussi , en exposant le peroxide de mercure , comme l'a fait M. Colin , à une température de 60 à i 00 de- grés , dans de l'eau où il y a de l'iode, une portion d'oxide cède son oxigène à une portion d'iode : il en résulte du suriodate de mercure qui reste en dissolution , et du sous- iodate insoluble; en même temps le mercure réduit forme un iodure rouge avec la portion d'iode qui ne s'est pas aci- difiée. L'oxide d'or produit, dans les mêmes circonstances, du suriodate d'or solutj^e; mais l'or qui a été réduit ne forme pas d'foîlure. 59-^ lOD Aclioji de Viode sur les matières organiaues en général. MM. Colin et H. Gaultier de Claubry sont les seuls chimistes qui aient examiné d'une manière générale l'action de l'iode sur les matières végétales et animales. Ils sont arrivés aux résultats suivans. y." Iode, et substances organiques formées de carbone, d'h^'dro- gène et d'une portion d'oxigène plus grande que celle nécessaire pour coni>ertir l'iiydrogène en eau, A froid il n'y a pas d'action. A une température suffisante pour décomposer la matière organique, il se produit de l'a- cide hydriodique. Si l'on fait bouillir le mélange des corps dans l'eau, il se dégage de la vapeur d'iode, et si la matière organique est soluble, elle est dissoute sans éprouver d'altération. 2.° Iode, et suJistances organiques formées de carbone, d'oxigène et d'une quantité d'hjdrogène plus grande que celle nécessaire pour convertir l'oxigène en eau. A la température ordinaire, ainsi qu'à loo degrés, il se forme de l'acide hydriodique, qu'on sépare au moyen de l'eau. Tel est le résultat qu'on obtient en traitant par l'iode le camphre , les huiles fixes et volatiles, l'alcool, l'éthcr et les graisses animales. 3." Iode, et substances végétales formées de carbone , plus d'oxigène et d'iiydrogcne dans la proportion qui constitue l'eau. A froid , il y a formation de composés plus ou moins colorés, dont l'eau bouillante ne dégage pas d'iode ou n'en dégage qu'une portion; à loo degrés il ne se produit pas d'acide hydriodique , mais il se forme à la température où la subs- tance organique peut se décomposer. L'iode s'unit à l'amidon en deux proportions. La combi- naison neutre est bleue; celle avec excès d'amidon est blanche: on peut la considérer comme un sous-iodure. Nous allons exposer ses propriétés, par la raison que nous ne l'avons pas fait en traitant de l'amidon. On obtient Viodure d'amidon en triturant de l'amidon sec » lOD 5,j1 provenant du blé avec un excès d'iode également sec. Lé mélange devient noir : on le dissout dans la potasse ; on sa- ture l'alcali par un acide végétal : l'iodure se précipite. Le salep , l'empois, le mucilage de racine de guimauve , l'ami- don de pommes de terre , se comportent comme l'amidon du blé. L'iodure d'amidon est soluble dans l'eau froide : la disso- lution est violette ; elle passe au bleu quand on y met de l'iode. Si on la fait bouillir, tout l'iode qui est en excès à la composition du sous-iodure se dégage : il reste du sous- iodure blanc dans la liqueur. Si on fait évaporer cette der- nière, on obtient un résidu un peu jaunâtre, qui devient bleu par l'addition de l'iode. L'acide nitrique étendu , l'acide sulfurique très-concentré, l'acide hydrochlorique , le chlore, versés dans la solution de sous-iodure d'amidon, font passer la couleur du liquide au bleu, parce qu'ils mettent à nu de l'iodure neutre, en se combinant avec l'excès d'amidon, ou bien en l'altérant. L'acide nitrique concentré décompose l'iodure d'amidon en altérant ce dernier. L'acide sulfureux liquide ea précipite l'amidon, et il y a en même temps de l'eau décomposée ; son oxigène convertit l'acide sulfureux en acide sulfurique , et son hydrogène con- vertit l'iode en acide hydriodique. L'acide hydrosulfurique le décompose ; l'amidon et le soufre sont précipités, tandis que l'hydi^ogène de l'acide s'unit à l'iode. La potasse, la soude dissolvent l'iodure d'amidon. MM. Colin et Gaultier considèrent cette dissolution comme un composé de sous-iodure d'amidon , d'iode et de potasse. A froid , l'alcool convertit l'iodure en sous-iodure. A quel- ques degrés au-dessous de celui oîi il entre en ébuUition, il sépare tout l'iode de l'amidon, en le convertissant en acide hydriodique. Un corps huileux ajouté à Talcool accélère la décomposition du sous-iodure. A ces faits nous ajouterons que l'iode agit sur les réactifs colorés, humides, de nature végétale , à la manière du chlore; il en détruit la couleur, parce que sans doute il y a une décomposition d'eai» ; l'oxigène de celle-ci se porte sur 1# 2*. 58 594 ' lOD ^ carbone et l'hydrogène de la matière organique . tandis que- son hydrogène s'unit à l'iode. Etat naturel de l'iode. Ce corps existe dans un grand nombre de fucus. Suivant M. Gaultier de Claubry, il y est à l'état d'acide hydrio- dique, uni à la potasse et à la soude. M. Fife l'a trouvé dans les éponges. Préparation. Après avoir incinr'ré des espèces ào. fucus qui contiennent Je l'iode, on lessive la cendre; en fait concentrer le lavage, et, en l'abandonnant à lui-même, on l'épuisé de tout ce qu'il contient de matières cristallisables : Feau-mère ainsi obtenue renferme des hydriodates de potasse et de soude. On la met dans une cornue tubulée à laquelle on a adapté une alonge et un récipient tubulés. On verse peu à peu dans la cornue de l'acide sulfurique concenti'é et en excès: une portion de cet acide s'unit à la potasse et à la soude, tandis que celle qui ne s'y combine point, passe en partie à Fétat d'acide sulfureux., parce qu'elle cède de l'oxigène à Fhydrogène de Facide hydriodique. De cette réaction résulte de Fiode qui passe dans le récipient avec de la vapeur d'eau, lorsqu'on vient à porter à Fébullition le liquide contenu dans la coiv nue. Il se volatilise, outre l'iode" et Fcau , de Facide sulfu- reux et de Facide hydrochlorique : ce dernier provient des chlorures qui n'ont pas été séparés par les cristallisations aux- quelles on a soumis les lavages des cendres de fucus. On lave l'iode, puis on le distille avec de Feau de potasse foible. Par ce moyen on l'obtient sous la forme de lames brillantes comme le carbure de fer. 11 ne s'agit plus que de le sécher; on y parvient en le pressant entre des papiers Joseph , jusqu'à ce qu'il cesse de les mouiller.- on l'introduit ensuite dans une cloche de verre fermée par un bout, où on le foule avec un tube de verre, puis on le chauffe jusqu'à ce qu'il soifc fondu. M. Wollaston a proposé d'ajouter du peroxide de manga- nèse, après qu'on a saturé les bases des hydriodates par Fa- cide sulfurique, L'oxid^-, en cédant une portion de son oxigène à l'acide hydriodique devenu libre , ^^orme de Feau. et met » lOD SgS ainsi l'iode à nu. ^cxiJe de manganèse, qui a perdu de l'oxi- gène , s'unit à l'acide sulfurique qui est en excès. Les eaux-mères des lessives de cendres de fucus que l'on trouve à Paris, dans le commerce, sous le nom d^eaux-mères de soude de vareck , contiennent ordinairement du nitrate de potasse et une quantité très-notable de chlorures. C'est pour cette raison que, quand on y verse de l'acide sulfurique con- centré, il y a une vive effervescence, occasionée surtout par du chlore et de l'acide nitreux. Histoire. C'est en France que l'iode a été trouvé dans Xdi^soude ds vareck. M. Courtois, auteur de cette découverte, après l'avoir tenue secrète pendant plusieurs années, la commu- niqua, au commencement de 1812, à MM. Clément et Désormes, qui l'annoncèrent publiquement à l'Institut, le :2g Novembre i8i5, dans une note composée de leurs pro- pres observations et de celles de M. Courtois. Dans la séance du 6 Décembre, M. Gay-Lussac, qui avoit reçu quelques jours auparavant de M. Clément une certaine quantité d'iode, avec l'invitation de l'examiner d'une manière spé- ciale , lut un mémoire dans lequel il établissoit les rap- ports qu'il avoit avec le chlore , et proposoit de lui donner le nom qu'il porte depuis cette époque. Les rapprochemens que M. Gay-Lussac avoit faits, furent pleinement confirmés par M. H. Davy, qui se trouvoit alors à Paris, et qui con- signa ses observations dans une lettre datée du 1 1 Décembre, qui fut lue à l'Institut le i5 du même mois. Enfin, dans le mois d'Août 1814, M. Gay-Lussac lut un mémoire à l'Insti- tut, où il assigna définitivement le rang que l'iode doit occuper dans le système chimique des corps simples. Il fit voir que ses propriétés le rangeoient entre le chlore et le soufre; que l'azote devoit être placé à la suite de ce dernier, à cause de la ressemblance qui existe entre l'acide nitrique et les acides iodique et chlorique , soit par la facilité avec la- quelle ces trois acides cèdent leur oxigène , soit par leur composition, qui est telle que, pour 1 volume de chlore. d'iode et d'azote, il y a 2 '/^ volumes d'oxigène. 11 fit voir en- core que, si quelques iodQîes se rapprochent entièrement des 59^ lOD chlorates , la plupart ont plus d'analogie avec les sulfates, et que les sulfures , les iodures et les chlorures se compor- tent de la même manière avec l'eau ; enfin, que l'action du soufre et du chlore sur les ox/dcs, avec ou sans le concours de l'eau, est semblable à celle que l'iode exerce sur les mêmes composés. C'est du travail de M. Gay-Lussac que nous avons em- prunté presque toute la matière de cet article. (Ch.) lO-DIEB. {Ornith.) L'oiseau que David Crantz désigne sous ce nom dans son histoire du Groenland, publiée en.alle- mand , et qui est nommé io-fugl par Pontoppidan, tom. 2, pag. ii3 , est le labbe à longue queue, larus stercorarius , Linn. (Ch. D.) lODIQUE. [Cliim.) Combinaison acide de l'iode avec l'oxigène. Composition. Poids. Volume. O'^^S^"^ ^''9^7 ^l j Gay-Lussac. Iode 100 1 ) La quantité d'oxigène est le multiple par 5 de la première quantité qui peut s'unir à l'iode. Propinélés. Il est solide quand il est anhydre, incolore et demi -trans- parent. Sa densité est supérieure à celle de l'acide sulfurique hydraté. Il est inodore ; sa saveur est très-aigre et astringente. Il rougit la teinture de tournesol, et finit par la détruire. Il est légèrement déliquescent dans un air humide. Sa so- lution dans l'eau est susceptible d'être concentrée en sirop, et dans cet état elle peut être réduite en une matière pâteuse , qui paroît être un hydrate : cette matière, chauffée davan- tage, perd la totalité de son eau, sans que l'acide soit altéré. U forme des sels dont la plupart sont insolubles à l'état neutre. L'acide iodique précipite les nitrates, de plomb et de mercure. Les acides sulfurique, phosphorique, nitrique, forment avec lui des composés cristallisabies. Si, dans une, solution » lOD ^ 597 d'acide iodique concentrée et chaude, on verse goutte à goutte de l'acide sulfurique , les deux acides s'unissent, et leur combinaison se précipite. Ce précipité, fondu avec précaution, est susceptible de cristalliser, par le refroidis- sement, en cristaux rhomboïdaux d'une couleur jaune-pàle, qui peuvent être volatilisés sans altération, lorsqu'on ne les chauffe pas brusquement. Dans le cas où la chaleur est trop forte, une partie se^ sublime , et une autre est réduite en acide sulfurique , en iode et en oxigène. L'acide iodique forme avec l'acide phosphorique hydraté un composé solide, jaune, incristallisable. On peut encore obtenir un composé, en mettant l'acide iodique dans l'acide phosphoreux, et faisant chauffer : alors une portion du pre- mier acide cède son oxigène à l'acide phosphoreux, et le convertit en acide phosphorique ; l'iode désoxigéné se vola- tilise, et la partie d'acide iodique non décomposée s'unit à l'acide phosphoriqtie. L'acide iodique et l'acide nitrique forment un composé qui cristallise en rhomboïdes aplatis. Ces rhomboïdes secs , exposés à une chaleur de beaucoup inférieure à celle qui volatilise le composé sulfurique , se réduisent en deux por- tions : l'une se décompose en oxigène, en iode et en acide nitrique ; l'autre se sublime sans altération. L'acide iodique , exposé à une température inférieure de quelques degrés à celle qu'il faut pour porter l'huile d'olive à l'ébullition , se fond et se réduit en iode et en oxigène. Cette action explique comment il forme, avec le soufre, le charbon, le sucre, les résines, les métaux combustibles divisés , des mélanges qui détonent quand on en élève la température. La solution d'acide iodique corrode presque tous les mé- taux, même l'or et le platine (l'or surtout). L'acide iodique et l'acide hydriodique liquide qui n'est pas très-étendu d'eau, se décomposeot mutuellement en eau et en iode. L'acide iodique et l'acide bydrochlorique liquide se ré- duisent en eau et en acide chloriodique ; L'acide iodique et l'acide hydrosuif urique liquide se rédui- sent en eau , en soufre et en iode. o 598 , lOD < , L'acide sulfureux liquide, en lui enlevant son oxigène , se transforme en acide sulfurique, et met Tiode en liberté. Histoire et préparation. Nous sommes redevables à M. Gay-Lussac de la décou- verte de Tacide iodique. 11 en détermina la composition et les propriétés principales dans le mémoire qu'il présenta à l'Institut en Août 1814. Il le retira de l'iodatc de baryte au moyen de l'acide sulfurique; mais l'acide iodique, pré- paré par ce procédé, est en dissolution dans l'eau , et il retient toujours une petite quantité de l'acide qui a servi à son extraction. En 181 5, M. H. Davy obtint l'acide iodique parfaitement pur, en faisant réagir, à la température ordi- naire, l'oxide de chlore sur l'iode. Voici son procédé: On introduit dans un tube fermé par un bout 2'/, parties de chlorate de potasse et lo d"acide hydrochlorique , d'une densité de i,io5: après avoir placé le tube verticalement, on y adapte un tube horizontal rempli de chlorure de calcium ; ce tube, au moyen d'un tube coudé, plus étroit , communique avec un récipient de verre mince à long col, dans lequel on a mis j partie d'iode. On chauflTe avec précaution l'extré- mité du tube de verre où est le mélange de chlorate et d'acide, a6n d'éviter l'explosion que détermineroit infail- liblement une chaleur trop forte. Il se dégage de l'oxide de chlore, qui arrive à l'état sec dans le récipient : là l'iode se combine aux deux élémens de l'oxide gazeux; il en résulte de l'acide chloriodique ioduré et de l'acide iodique. Quand l'opération est terminée, on chauRTe doucement le récipient; l'acide chloriodique ioduré se volatilise, et l'acide iodique reste à l'état solide. C'est M. H. Davy qui a fait connoître la combinaison de l'acide iodique avec les acides qui ne sont pas susceptibles de le décomposer. (Cpk) lODURES. (Chim.) Combinaisons non acides, que l'iode forme avec les bases salifiables , et avec les corps simples qui sont électro-positifs par rapport à lui. aj Les iodiires de corps simples non métalliques sont ceux de phosphore, de soufre et d'azote. h) Les iodures de corps simples métalliaues , connus, sont ceux » ' lOL ♦ 5og ^c potassium, de sodium, de fer, de zinc, d'étaîn, d'anti- moine, de cuivre, de plomb, de bismuth, de mercure (il y en a deux), d'argent et d'or. Tous les iodures métalliques sont décomposés par les acides nitrique et sulfurique concentrés: le métal est oxidé, et l'iode est mis en liberté. A l'exception des iodures de potassium, de sodium, de plomb et de bismuth, tous les autres sont décomposés, lors- qu'après les avoir portés au rouge dans un tube on y fait passer un courant d'oxigènc. J.e chlore les décompose tous. Enfin les iodures de potassium, de sodium, de fer, de zinc, sont dissous par l'eau, vraisemblablement en donnant lieu à des hydriodates. Les iodures d'étain et d'antimoine sont réduits par l'eau en acide hydriodique et en oxides, qui se déposent pour la plus grande partie lorsqu'il y a assez d'eau. Les iodures de cuivre, de plomb, de bismuth, de mer- cure et d'argent, sont insolubles dans l'eau. La composition des iodures métalliques est facile à déter- miner, d'après celle de l'iodure de zinc, par la raison que les quantités d'iode qui se combinent à un métal sont pro- portionnelles à la quantité d'oxigène que celui-ci absorbe. Ainsi loo d'iode se combinent à 26,226 de zinc, qui absor- ])ent 6,402 d'oxigène. Qu'on cherche maintenant la quantité d'un métal quelconque à laquelle cette quantité d'oxigène peut s'unir, et l'on aura la quantité de ce métal qui s'unit à 300 d'iode, en supposant toutefois que le métal en question soit susceptible de former un iodure. # c) Iodures de bases salifiables. On ne connoît guère parmi les bases salifiables que l'am- moniaque qui soit susceptible de former un iodure. Voyez Iode. ( Ch. ) lOLITHE. {Min.) Nom donné par les, minéralogistes de l'école de Freyberg à l'espèce minérale que M. Cordier a décrite sous celui de DichroÏte. Voyez ce mot. (Bb.) lOLITHUS ou JOLITHUS.(Bo^), c'est-à-dire , pierre t^io- ktte, en grec. Schvvc^ckfeld , dans son. Catalogue des végé- Cc.o , 10 L « , taux ef des fossiles de la Silésie , nomme iolilhus ou lapis violaceus , une pierre qui répand l'odeur de la violette. ÎVIicheli pense qu'il s'agit d'une petite plante, et ne balance pas à la donner pour Yherbula muscosa , d'Agricola , qui ex- hale l'odeur de violette, et pour la pierre d'Aldenberg, à odeur de violette, de Besler {Mus. rar. , tab. 29); enfin, pour son bjssus germanica {Nov. gen. , tab. 89, fig. 3), que Linnasus rapporte à son Ijssus ioliihus , qui , s'il n'a pas toujours l'odeur de la violette , en a au moins souvent la couleur. Cette odeur se fait sentir surfout lorsque ce byssus , après avoir été desséché, vient à être humecté. Il forme sur les pierresde grandes plaques pourpres, ouviolcftes, ou oran- gées. Agardh et Lyngbye le considèreiif comme une espèce de conferve terrestre , formée de petits filamens droit* , excessive- ment courts, dichotomes , articulés , et à articulations une fois et demie plus longues que larges. 11 y a aussi des pierres qui sentent la violette , mais qui doivent leur odeur à une autre cause, comme nous l'avons dit ailleurs. (Lem.) lOLO-SUCHIL. (Bot.) Ce nom indien , signifiant /Zeur cordiale, est donné, au rapport d'Acosta , cité par C. Bauhin, à une fleur qui a la forme et le volume d'un cœur. Elle est mentionnée dans l'article où il est question des oeillets d'Inde, tagetes. (J. ) JON (Bot.), nom grec de la violette. (J.) lOJSESIE, lonesia. {Bol.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, monopétaîées , de la famille des légumi- neuses , appartenant à ïheptandrie monogynie de Linnseus, offrant pour caractère essentiel : Un calice à deux folioles ; une corolle infitndibuliforme ; le tube charnu et fermé; le limbe à quatre lobes; un appendice en forme d'anneau, in- séré à l'orifice du tube de la corolle , supportant sept éta- mines ; un ovaire pédicellé , auquel succède une gousse en forme de sabre, contenant quatre à huit semences. Ce genre, établi par Roxburg pour un arbre des Indes orientales, paroît avoir des rapports avec les palovea et les lauhinia, et devoir être rangé parmi les légumineuses. Il ne renferme qu'une seule espèce. loNÉsiE AILÉE : lonesia pinnala ^ Roxb^, Asiat. researcli. , 4 , , ♦ ION • Soi pag. 355 ; Willd., Spec, 2 , pag. 287 ; Asjogâm , Rh€eà.,Hort. Malab. , 5, pag. 117, tab. 5g. Arbre des Indes orientales, d'une médiocre grandeur, dont les rameaux sont garnis de feuilles alternes, pétiolées , ailées avec une impaire, compo- sées de quatre à six paires de foiioles glabres, fermes, ob- longucs , lancéolées, luisantes les fleurs sont disposées en cime, médiocrement pédonculées, terminales et axillaires : la corolle en forme d'entonnoir, d'un jaune orangé; les gousses courbées en sabre. ( Poir. ) lONlA ( Bot. ) , nom athénien de l'yvetf e , chamœpjtis , sui- vant Ruellius. (J. ) lONIDIUM. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, polypétalées, irrégulières, de la famille des vio- lacées, de la pentandrie monogjnie de Linnagus, offrant pour caractère essentiel : Un calice à cinq folioles, sans prolon- gement à sa base ; une coiollc irrégulière , à cinq pétales , sans éperon, presque à deux lèvres : la supérieure à deux pétales; trois pétales à l'inférieure; celui du milieu plus large et plus long: cinq étamines, les anthères non réunies; un ovaire su- périeur, surmonté d'un seul style et d'un stigmate. Le fruit est une capsule entourée par le calice, à une seule loge, à trois valves ; graines attachées au milieu des valves. Ce genre renferme des espèces herbacées ou des sous-ar- hrisseaux, que Linnacus avoit d'abord réunis aux violettes, que Ventenat en a exclus pour en former un genre particu- lier sous le nom d^ionidium. On n'en cultive aucune espèce en Europe, une ou deux exceptées, l'ionidium polj'galœfoliuni et Vionidium suherosum. Elles exigent une bonne terre, l'oran- gerie en hiver et de la chaleur en été : on les multiplie de boutures. loNiDiUM iTOtBou : lonidium itouhoa ^ Vent.; Viola itouhoa , Aubl. , Guian., tab. 3 1 8 ; Viola calceolaria, Linn. Ses racines sont blanches, rameuses, cylindriques et traçantes; ses tiges droites, rameuses, herbacées, tomenteuses; les feuilles pétio- lées, ovales, dentées en scie, tomenteuses à leurs deux faces; les fleurs blanches, très-grandes, axillaires; leur calice velu, à cinq folioles inégales; quatre pétales onguiculés, roulés à leurs bords, un cinquième beaucoup plus grand; l'ovaire yelu ; le stigmate urcéolé ; la capsule arrondie , à trois faces. Co2 * ION • f s'ouvrant en trois valves ; les semences ovales , petites e( blanches. Celte plante croit à Tile de Cayenne et dans les contrées méridionales de l'Amérique. Ses racines, d'après Aublet, ont les propriétés de l'ipécacuanha blanc, prises en petite dose; en poudre, elles sont purgatives : elles devien- nent émétiques, lorsqu'on augmente la dose, qui est ordinai- rement d'un gros. loNiDiUM ÉMKTiQUE : lonidium ïpecacuanlia , Vent., /. c; Viola ipecacuanlia, Linn. ; Pomhalia ipecacuanha, Vandell. , Fasc, pag. 7, tab. i. Cette plante a des racines blanches, fibreuses et ramifiées; elles produisent des tiges droites, rameuses, hautes de deux pieds : les feuilles sont ovales, elliptiques, vertes, glabres ou un peu pileuses en-dessous, dentées en scie; les pétioles courts; les fleurs blanches, solitaires, axil- laires, inclinées sur leur pédoncule, accompagnées de deux bractées très-courtes, pileuses au sommet; les pétales ongui- culés , deux plus longs, rabattus; trois inférieurs, dont un très-grand , pubescent en-dessous. Cette espèce croît au Brésil. On soupçonne fortement que ce sont ses racines qui four- nissent l'ipécacuanha blanc ; au reste, il est reconnu aujour- d'hui que cet émétique provient de plusieurs plantes diffé- rentes, non-seulement parmi les violettes, mais d'espèces qui appartiennent à d'autres genres. (Voyez Ipecacuanha.) loNiDiUM Hi^,TÉROPHVLLE : Jonidium heteroplijllum ,Vent. , /. c; T'iolaheterophjdla , Poir. , Encycl. ; Viola surrecta, etc., Pluken., tab. 120, fig. 8. Espèce remarquable par ses feuilles de deux sortes. Ses racines sont grêles, longues, tortueuses et blan- châtres; les tiges dures; les rameaux glabres, presque fili- formes: les feuilles presque sessiles; les inférieures petites, ovales; les supérieures linéaires-lancéolées: les fleurs petites, axillaires; les pédoncules capillaires, plus courts que les feuilles. Cette plante croit à la Chine. loNiDiUM A PETITES KLEURS : lonidiuni parvijlorum , Vent. , /. c; Viola parviflora, Linn. fils, Sup.; Cavan. , Icon. rar. , var. C, pag. 21. Plante herbacée de l'Amérique méridionale, qui a le port du veronica serpiUifolia , et dont les tiges filiformes, presque grimpantes, sont garnies de feuilles nombreuses, pétiolécs , glabres, ovales, munies de cinq dents à chaque bord. Les fleurs sont droites, axillates, fort petites ; la co- , > ION * Co5 roîie ù'un blanc de lait; les quatre pc'lales supérieurs à peine plus lor,"S que le calice : le cinquième pendant, une fois plus long; le stigmate en entonnoir; la capsule petite, à trois loges. loNiDiUM GLUTiNEux : Jonidium glutinosum , Vent., Malm., ]iag. 27. Ses tiges sont herbacées, un peu pileuses vers leur sommet : les feuilles alternes, ovales-elliptiques, glabres , den- tées; les pédoncules pileux, filiformes; les fleurs blanches, petites ; leur calice pubcscent. Commerson a découvert cette plante à Buenos -Ayres. Dans l'ionidium Unifolium (Poir. , Encycl. , suh viola), autre espèce recueillie par Commerson à Madagascar, les feuilles sont éparses , fort petites, étroites, linéaires; les fleurs solitaires, petites, blanchiUrcs; les cap- sules glabres. lONIDIUM A FEUILLES DE POLYGALA : Jonidium polygcdcrfoUuin y Vent. , Le, tab. 27 ; Viola verticillata , Ort. , Dec. 4 , pag. 5o ; Cavan., Lee. lot., 2, pag. 075. Espèce originaire de la Nou- velle-Espagne, dont les tiges sont dures, touffues, presque ligneuses, à peine rameuses; les feuilles opposées, presque sessiles, lancéolées, rudes à leurs bords; les fleurs d'un vert jaunâtre, petites, inclinées, puis redressées. Dans Vionidiiim linartœfolium (Poir., Encycl., suh viola), les feuilles sont linéaires, très -étroites; les stipules sétacés ; les fleurs bleuâ- tres, petites; la corolle à peine de la longueur du calice. Dans l'ionidium strictum, Vent., l. c. , les tiges sont ligneuses, élancées; les feuilles opposées, lancéolées, très- entières , glabres, longues d'un pouce; les stipules très-courtes, subu- lées; les fleurs petites; la corolle blanchâtre; les capsules courtes, à trois petites valves concaves, renfermant des se- mences blanchâtres. Cette espèce a été découverte à l'île de Saint-Thomas par M. Ledru , et à Saint-Domingue par M. Poiteau. loNiDiuM giumpant: lonîdiii'm hjhantlius, Vent,: Viola hj'han- tlius, Linn. ; Aubl. , Guian.,'2, tab. Si^; Bjhanthus , Jacq. , y1/?ier.,lab. 176, fig. 24, 26. Arbrisseau de Caycnne, que les Galipons nomment pira-aia. Ses liges se divisent en rameaux grêles, roulés les uns sur les autres ou autour des arbres qui les avoisinent ; garnis de feuilles alternes, lisses, ovales, longues d'environ six pc^îces. Les fleurs sont ou solitaires ou ^o4 f ION * réunies plusieurs ensemble sur un pëtioncule commun , axil- laires, soutenues par des pédicelles courts, articulés; la co- rolle fort grande, jaunâtre; le pétale supérieur concave, éperonné à sa base; les deux latéraux arrondis, onguiculés; les deux inférieurs fort petits ; les étamines appliquées contre l'ovaire, surmontées d'un corps membraneux, portant à sa face intérieure une anthère qui s'ouvre en deux valves. loNiDiUM A LONGUES FEUILLES : lonidium longifoUum , Poir. , Encycl. , sub viola. Plante découverte à Cayenne , remarqua- ble par la grandeur et la longueur de ses feuilles, par ses petites fleurs à longs éperons, par ses tiges ligneuses, garnies de rameaux roides, tortueux. Les feuilles sont alternes, pé- tiolées , oblongues-lancéolées , longues de quatre à cinq pouces ; les fleurs solitaires, ou réunies sur un pédoncule simple, pres- que capillaire; le calice fort petit; la corolle blanchâtre; l'éperon étroit, subulé. loNiDiUM A FEUILLES DE THESiVM : lonidlum tliesUfoUum , To'ir. , Encycl., sub viola. Adanson a découvert, au Sénégal, cette plante à tige herbacée, presque simple, glabre, striée, garnie de feuilles alternes, sessiles, très-étroites, longues de deux ou trois pouces, glabres, très-entières; les stipules su- bulées; les fleurs fort petites, solitaires, axillaires, presque sessiles ; les folioles du calice étroites , aiguës ; la corolle blanche, à peine plus longue que le calice; la capsule ovale, obtuse, un peu arrondie. Parmi les autres espèces de ce genre placées d'abord parmi les violettes, on peut distinguer le riola buxifolia , (Poir., Encycl.), à feuilles alternes, en ovale renversé, en- tières, roulées à leurs bords, de l'île de Madagascar: le viola capensis , Thunb. , dont les tiges sont droites, ligneuses; les feuilles en ovale renversé , dentées en scie : le viola cnneasperma , Linn.; nelam-parenda , Rheed. , Hort. Malab., 9, tab. 60; très- rameuse dès la base de la tige , à feuilles alternes , linéaires- lancéolées, distantes, entières, dépourvues de stipules; elle croît dans les Indes orientales. (Poir.) lONISCUS. {Ichthjol,) Au rapport d'Athénée, les anciens Ephésiens nommoient luvivitoç, la daurade , aurata vulgaris. Voyez Daurade. (H. C) lONITES. (Bot.) Ruellius cite ce nom comme un de ceux donnés anciennement au câprier. (J.) l » IPE 6o5 lONTITIS (Bof.), nom grec, suivant Mentzel , de l'aris- toloche clématite. (J.) lONUS. {Ichthyol.) On trouve désigné, sous le nom grec à'idivoç, par Hesychius et Varinus, un poisson qui nous est totalement inconnu. (H. C) lONYGRON. (Bot.) Nom grec de la grassette , pmguicw/a, qui étoit un sanicula montana de C. Bauhin , la viola hurnida de quelques autres, et le dodecatheon de Pline. (J. ) lOPS. {Ichthj'ol.) Par le nom d'jW?ç, les anciens Athé- niens paroissent avoir désigné l'anchois. Voyez Engraule. (H. C.) IOTA. (Entom.) Nom d'une noctuelle qui porte sur les ailes supérieures deux traits longitudinaux de couleur noire, que l'on a compares à la lettre majuscule grecque, I. La che- nille se nourrit des feuilles de plusieurs espèces d'armoise , telles que l'absinthe, l'aurone , la citronelle , la santoline, etc. (CD.) lOUAITOBOU. {Bot.) Nom caraïbe, suivant Surian , d'une plante caryophyllée des Antilles, qui étoit un alsine de Plu- mier, et que Swartz nomme plia rnaceum spatulalum. (J. ) lOUANTAN. {Bot.) Aublet dit que les Noiragues, habi- fans d'une partie de la Guiane , nomment ainsi son genre Vantanea, que l'on n'a pas encore rapporté à une famille connue. (J. ) lOUTAY. {Bot.) Les Garipons de la Guiane nomment ainsi Voutea d'Aublet, genre de plante légumineuse. (J.) lOUÏZIOU. {Ichthjrol.) Voyez Jousion. (H. C.) lOWAIOU. {Ornith.) Nom koriaque d'une espèce de ga- gari, colymhus maximus , Stell. , et colymbus immer , Linn. (Ch. D.) IPATKA. {Ornith.) L'oiseau qui porte ce nom au Kamts- chatka , est Vanas arctica de Clusius , de Willughby, etc., Valea arctica de Linnaeus , le puffin de la zoologie arctique dePennant, le macareux de BufFon, pi. enl. 275. (Ch.D.) IPÉCACUANHA. {Bot.) La plante connue au Brésil sous ce nom, décrite et figurée par Marcgrave et Pison , est le véritable ipécacuanha du commerce. Les auteurs qui se sont succédé, ont émis diverses opinions sur l'origine de cette ra- cine.employée en méJècine , qu'ils attribuoient à différentes 6o€ « IPE ' , plantes. On avoît cru que c'étoit un paris ou une pjTola , ou un chèvrefeuille ou un euphorbe. Vandclli croyoit que (•"étoit son pombalia, genre voisin de la violette , réuni'pos- térieureinent à Vionidium de \^entenat , dans la même l'a- mille. Cette racine ressembloit encore à celle d'une violette du Pérou, existante dans nos herbiers et reportée aussi a Vionidium- mais Técorce de celle-ci est beaucoup moins épaisse , ce qui aide à la distinguer facilement. M. Mutis, célèbre botaniste, résidant àSanta-Fé, en Amérique, a, le premier, fait connoitre un psjchotria, appartenant à la fa- mille des rubiacées, que Linnœus fils a nommé psjchotria emetica, en le regardant comme le véritable ipécacuanha , et citant comme synonyme la figure de Marcgrave , sans faire attention que dans celle-ci la disposition des fleurs en tête est bien diiférente. Postérieurement, M. Brotero , bota- niste portugais, a mieux connu la plante du Brésil, dont il a donné une bonne figure et une description exacte, qui prouvent que cette plante, quoique également rubiacée, appartient à un genre différent, qu'il nomme callicocca, en ajoutant le nom spécifique ipécacuanha. Ce genre doit se confondre avec celui du cephaelis , publié auparavant par Swartz. Comme on distingue dans les pharmacies deux ipécacuanha, à raison de la couleur grise ou- brune de leurs racines, quel- ques auteurs, les regardant comme différens, ont cru que Fipécacuanha gris étoit fourni parle callicocca ou cephaelis, et le brun par le psjchotria. Cette erreur a subsisté tant qu'on n'a pas possédé ici les deux plantes en herbier avec leurs racines. M. Richard , fils , ayant eu occasion de les observer dans Pherbler de son père, en a fait Fobjet d'un mémoire présenté à la société de médecine, et consigné dans le n." 4 des Bulletins de cette société, année 1818. Il a ob- servé que la racine de cephaelis, absolument semblable à celle du commerce , variant du gris au brun , avoit la partie li- gneuse amincie comme un fil, et l'écorce épaisse, raboteuse à l'extérieur, marquée de plusieurs fentes circulaires très- rapprochées, et présentant ainsi la forme d'anneaux très- courts. Au contraire, la racine du psjchotria , plus volumi- neuse, a une écorce lisse, plus miucecjue la partie 3igue;ise^ IPE * 607 offrant à l'extérieur des espèces d'éiranglemens ou sillons circulaires, assez éloignés les uns des autres. Il propose en conséquence, pour les bien distinguer, de nommer ipéca- cuanhu annelé la racine du eephaelis, et ipécacuanha non annelé celle du psjcliolria. Cette dernière est plus rare dans les pharmacies et dans les collections de matière médicale. La première, au contraire, est très-usitée, et l'on emploie indifféremment les deux variétés, grise ou brune. Cette identité, indiquée par M. Richard, est combattue par M. Virey, qui a publié récemment l'extrait d'une dissertation plus an- cienne de M. Gomez , botaniste américain , tendant à prouver que l'ipéoacuanha gris, le même qiie Vipécacuanha blanc de Pison , diffère du brun , et provient d'un richardia , autre rubiacée , qu'il nomme richardia brasiliensis , et dont il a communiqué des échantillons à M. Virey. Sa racine, de même forme que celle du brun , est également annelée , à anneaux un peu moins courts, à écorce pareillement épaisse, blanchâtre , un peu plus molle, entourant une partie ligneuse filiforme, et ayant la même saveur acre, ainsi que l'odeur nauséeuse. L'auteur détaille ensuite les autres caractères qui rattachent cette plante au genre Richardia, dédié ancienne- ment par Linnœus k Richardson, botaniste anglois. Cette indication d'un observateur qui a vu et décrit les plantes vivantes, semble prouver que les ipécacuanha bruns et gris proviennent de deux plantes différentes. La propriété soit antidyssentérique , soit émétique, est à peu près la même dans ces deux racines; elle est moindre dans celles du psychotria et des deux ionidium cités plus haut. On supprime ici les détails relatifs à leur emploi , qui sont du ressort de la matière médicale et de la médecine ^ nous rappellerons seulement que l'ipéeacuanha a été connu , vers 1649, par l'éloge que faisoit Pison de son utilité dans la dyssenterie. Sa réputation s'établit lentement. Un médecin nommé Legros en avoit apporté, en 1672, une provision, qui fut mise en vente dans une pharmacie célèbre de Paris j- mais y resta presque dans Poubli. Un marchand plus adroit, nommé Grenier, qui en avoit apporté i5o livres en ]68S, associa à sa vente et mit dans son secret le médecin Helvetius le père. Celui-ci obtint^e Louis XIV qu'on en feroit Teisai « 6o8 ' ÎPE ' dans les hôpitaux, et en cas de succès il devoit avoir, avec une récompense, le privilège exclusif de la vente. L'un et l'autre furent accordés àHelvetius. Le marchajid, qui voulut entrer en partage, lui intenta un procès; mais Helvetius fut maintenu dans la jouissance du privilège, à la charge de l'indemniser. Grenier, mécontent, vendit de l'ipécacuanha à beaucoup de personnes, et le secret fut bientôt divulgué. Ce remède ne tarda pas à trouver des preneurs très-zélés. D'abord on ne connoissoit que sa propriété antidyssentérique; ensuite on a découvert son action émétique, qui Ta fait placer au premier rang parmi les médicamens végétaux de cette classe. Dans les environs de Rio-Janéiro, suivant M. Gomez, le nom de poaia est donné en général aux divers ipécacuanha. Le cephaelis est nommé poaia do malo ou cipo ; le richardia est le poaia do campo ou des champs ; et M. Gomez parle aussi d'un poaia grossa, qu'il ne put examiner que superH- ciellement, et dont les rugosités transversales lui parurent jjIus écartées que dans les espèces ordinaires. Chomel, dans ses Plantes usuelles, dit aussi que les Portugais donnent à l'ipécacuanha les noms de hexuquillo , cagosanga, et beloculo. Plusieurs plantes employées en divers pays comme émcti- ques y portent, pour cette raison, le nom d'ipécacuanhd. Telles sont d'abord, à Cayenne et à Saint-Domingue, quel- ques violettes autres que celles citées précédemment. Le cjnanchum vomitorium, de la famille des apocinées, est l'ipé- cacuanha blanc de l'île de France. Ç)uelques autres apoci- nées sont employées dans l'Inde sous le même nom comme émétiques. Le hoerhaavia diandra est nommé de même à Cayenne. On trouve dans quelques livres le trientalis sous le nom de ipécacuanha europœa. Un rueltia de Saint-Domingue, nommé coccis , est cité comme ipécacuanha faux par Nicolson. Voyez Emétiine. (J.) IPECA-GUACU. {Ornith.) L'oiseau que Pison , Hist. nat. , pag. 85, désigne sous ce nom, est le canard musqué, anas moschata, Linn. (Ch. D.) IPECATI-APOA. (Ornith.) Cet oiseau, dont Marcgrave a donné la description et la figure, pag. 218 de son Histoire naturelle du Brésil, et auquel cff'TCspond Vopeca oiwa Cic , ' IPH * Ço^ Eai 5 Synops. 148, est rapporté à l'oie bronzée, anas mêla-- notos, Gmel. et Lath. (Ch. D.) IPECU. {Ornith.) L'oiseau que les Brésiliens nomment ainsi, et qui est figuré dans Marcgrave , pag, 207, est l'ouantou ou pic noir huppé de Cayenne , picus linealus , Lirin. (Cu. D.) IPECUTIRI. {Ornith.) he canard auquel on dohne ce nom au Paraguay, à causé de Son cri tiri ou cutiri, et qui est dé- crit par M. d'Azara sous le n.° 437 , a le front d'un brun rous- sâtré, les cètés de la tête, la gorge et le devant du cou blan- châtres, le derrière de la tête et la nuque noirs; le dessous du corps d'un brun roussàtre , avec quelques taches noires sur les flancs; les parties supérieures du corps d'un noir chan- geant, le bec d'un rouge obscur. (Cit. D.) IPÉRUCUIBA (IchthjoL), nom brésilien du rémora. Voyez: ECHÉNÉÏDE. (H. C. ) IPHIONE, Iphiona. (Bot.) [Corfmhiferes, Juss. = Sfngéné- sie poij'gamie égale, Linn.] Ce genre de plantes, que nous avons proposé dans le Bulletin des sciences d'Octobre 1817, appartient à Tordre des synanthérées , à notre tribu natu- relle des iniJlées, et à la section des inulées-prototypes, dans laquelle nous l'avons placé entre les deux genres Pentanema et Rhanterium. Il présente les caractères suivâns : Calathide incouronnée, équaliflore , pluriflore, régulari- flore, androgyniflore. Péricline formé de squ'ammes imbri- quées. Clinanthe inappendiculé , planiuscule. Fruits cylin- dracés, hispides ; aigrette composée de squammellules inégales, filiformes , barbéllulées. Anthères munies d'appendices basi- Jaires. Iphione ponctuée; Iphiona punctata, H. CasS. , Bulletin des sciences d'Octobre 1817. C'est une plante herbacée, dont la tige est simple, grêle, cylindrique, striée, à peine pubes- cénte; ses feuilles sont alternes, sessiles , oblongùes, sagittées à la base, dentées en scie, ou presque entières, glabrius- culès, parsemées en-dessous de points glanduleux; les cala- thides , composées de fleurs jaunes, sont tantôt disposées ea panicule corymbée, tantôt peu nombreuses et disposées en un petit corymbe terminal. Elles sont multiflores ; leur péri- cline est égal aux fleurs, subcylindracé , formé de squammei irrégulièrement imbrio^uées , foliacées , linéaires , aiguès , 6io , IPH ùninervëes, parsemées de glandes; le cHnanthe est planius- cule ; les fruits sont cylindriques, hispides , munis d'un bour- relet basilaire ; leur aigrette est composée de squammellulcs peu nombreuses, unisériées, inégales, filiformes, barbellulées j les anthères sont pourvues d'appendices basilaires sétiformes; les corolles ont leurs divisions garnies de glandes. Nous avons bbscrvé cette plante dans un herbier de M. de Jussieu j qui a été fait à Galam en Afrique. IpHior^E A FEUILLES DE GENÉVRIER : Ipliiona juniperlfoUa , H. Cass., Dictionnaire; Iphioria diihia , H. Cass. , Bulletin des sciences d'Octobre 1817 ; Conj'za pungens , Lamk. ; Chrjsocoma mucronata, Forsk. ; Stœlielina spinosa, Vahl. Cette plante her- bacée , ou peut-être ligneuse , est entièrement glabre , et haute de six pouces dans l'échantillon incomplet que nous décri- vons ; sa tige est dure, roide, cannelée, anguleuse, très-ra- meuse, à rameaux paniculés, divariqués, roides et droits; les feuilles sont peu nombreuses, éparses, alternes, sessiles, longues de cinq lignes, subulées , roides, épaisses, coriaces, spinescEntes au sommet, portant, sur chacun des deux côtés de leur partie basilaire , une lanière courte, subulée , roide, spinescente ; les calathides , hautes de quatre lignes et com- posées de fleurs jaunes, sont solitaires au sommet de la tige et des rameaux. Elles sont pluriflores ; leur péricline , infé- rieur aux fleurs, est formé de squammes imbriquées, appli- quées, ovales, glabres, coriaces, membraneuses sur les bords; le fclinanthe est petit. Les fruits sont cylindracés , profondé- ment cannelés , hispidesj leur aigrette , égale à la corolle , est composée de squammellulcs filiformes , épaisses, très-barbellu- lëes , nombreuses , plurisériées , et d'autant plus petites qu'elles sont plus extérieures; les anthères ont l'appendice apicilaire long, et les appendices basilaires courts; les corolles sont cy- lindriques, à tube nul, ou presque nul, ou confondu avec le limbe; les styles sont conformes à ceux des inulécs. Cette plante a été découverte par Lippi , en Egypte , aux environs du Caire, sur les montagnes. Nous avons étudié ses caractères génériques et spécifiques sur un échantillon de l'herbier de M. Desfontaines , qui ne nous a point offert une particu- larité décrite par M. de Lamarck en ces termes : « A la base « de la plupart des feuilles, on trouve , entre lesdeux piquans , » IPO • Gii « latéraux, deux très-petites oreillettes qui se courbent poui* ^< eihbrasser la tige.» Les deux espèces cViphionâ diffèrent beaucoup l'une dû l'autre, non-seulement par le port, mais aussi par quelques caractères génériques , ainsi qu'on peut le remarquer en comparant leurs descriptions : cependant, pour ne pas trop multiplier les genres, nous avons dû associer ces deux plantesi La première a beaucoup d'affinité avec notre genre Penta-^ nema, et la seconde avec le genre Rhanterium; mais les carac-^ tères des trois genres sont bien distincts. Viphiona janiperi- folia avoit été attribuée par M. de Lamarck au genre Confza^ par Forskal au genre Chrysocoma , et par Vahl au genre Stœhelina : mais la calathide des coriyza çst pourvue d'une cou- ronne féminiflore ; les chrysocoma sont de la tribu des asté* rées; les stœhelina sont des carlinées, et elles diffèrent d'ail- leurs des iphiona par le clinanthe fimbrillifère et l'aigrette raïneusci (H. Cass.) IPHISE. {Erpétol.) Feu Daudin a donné ce nom à une espèce de couleuvre, coluber iphisa, qtii est encore fort peu connue. Décrite d'abord parMerrem, qui l'a reçue de l'Inde, cette espèce a été nommée par lui Hjgiem natter. Seba pa- roît l'avoir figurée aussi sous la dénomination de serpens sia-' mensis {Thés. Il, tab. 04, fig. Ô). (H. C.) IPHYON. {Bot.) Anguillara, cité pai» Ci Bauhin j, croit que ce nom est donné par Théophraste 4 l'asphodèle jaune. (J.) IPICAY. {Bot.) La plante du Brésil citée sous ce nom pat* Mentzel, est le Jupicai, Voyez ce mot. (J.) IPO. {Bot.) Voyez Antiare et Hvpo. (J.) IPOMEA, Ipomœa^ {Bot.) Genre de plantes dicotylédones^ à fleurs complètes, monopétalées, régulières, très-voisin des liserons, de la famille des convolvulacées, de la pentandrie monogjnie de Linnœus ; offrant pour caractère essentiel : Un. calice à cinq découpures; une corolle infundibuliforme ou en cloche; cinq étamines attachées à la base de la corolle,- un ovaire supérieur ; un stigmate en tête ; une capsule à trois loges polyspermes. Ce genre n'est que médiocrement séparé des liserons. Les caractères qui l'en distinguent, ne se trouventpas toujours réu- nis dans les nombreuse^espèces qui le composent; mais il ca Cid ' ÏPO ^ . existe au moins un ou deux sufiisans pour les fcnîr' séparées des liserons. Le plus saillant scroit la forme de la corolle^ ^i elle ctoit constamment en entonnoir, c'est-à-dire, à tube alongé et rétréci , comme dans le quamoclit ; mais souvent elle est presque campanulée : il faut alors avoir recours au Stigmate en tête ou à deux lobes très-courfs, tandis qu'il est bifide dans les liserons. Le nombre des loges et des semences n'est pas non plus constant : d'où il résulte qu'il y a , parmi les auteurs, peu d'uniformité dans les espèces, placées tantôt dans l'uo , tantôt dans l'autre de ces deux genres. Les ipbméa se composent d'une suite nombreuse de très- belles espèces, dont plusieurs sont cultivées dans nos jardins comme pbintes d'ornement , propres , par leur tige grimpante , à couvrir les berceaux ou à palissader les murs. On sème leurs graines sur couche , dès que les gelées ne sont plus à craindre , dans des pots de terre de bruyère mêlée avec moitié de terre franche : on repique ensuite les jeunes plantes, seule à seule, dans des pots qu'on enterre au pied d'un mur exposé au midi. Les espèces les plus remarquables de ce genre sont: Ipoméa quamoclit : Ipomœa quamoclit, Linn. ; Lamk. , III, getu, tab. 104, fig. 1 ; F/05 cardinalis, Rumph., Amb,, 5, tab. i55, fig. 2; Tsiuria-cranti, Rheed., Malab. ii , tab. Go. La délicatesse de son feuillage et l'éclat de ses fleurs rendent fcetté belle espèce très-remarquable. Ses tiges sont grêles et s'élèvent, en grimpant, à la hauteur de sept à huit pieds ; les feuilles d'un bea* vert, pectinées, élégamment pinnati- fides; les pinnules linéaires, presque filiformes. Les fleurs sont axillaires, solitaires, quelquefois deux sur un très-long pédoncule; la corolle en entonnoir, de couleur écarlate très- Vive, longue de plus d'un pouce. Cette plante est originaire des Indes orientales. Rhéede dit que son suc est sternu- tatoire et employé comme tel avec succès dans quelques înaux de tête. Ifoméa tObéredx : Ipomœa tulerosa , Linn.; Sloan., Juin, hist., 1, tab. 96, fig. 2; Pluken., Almag. , tab. 276, fig, 6; vulgairement Ltane a tonnelles. Cette espèce est , par ses longs rameaux plians, la plus propre à couvrir les berceaux les plus étendus , à les décorer par ses belles fleurs odorantes j d'un jaune clair ou blanchâtre; maicril lui faut, pour proa» , » IPO • Bi'é jiérer en pleine terre, un climat tempéré, tel que celui des contrées méridionales de l'Europe. Ses feuilles sont vertes, un peu pubescentes en-dessous , divisées en sept digitations inégales, très-profondes ; ses fleurs grandes, latérales, axil- Liires, un peu purpurines à leur base, en forme d'enton- noir, réunies deux ou trois sur un pédoncule commun. Elle croît dans les îles et les contrées méridionales de l'Amérique. IroMÉA PIED-DE-TIGRE : Ipomcpa pes tigridis, Linn.; Herm. , Lugdb., tab. 187 ; Pulli-Schonadi , Rheed., Malal., 11 , tab. ôg. Ses tiges sont rudes, grimpantes; ses feuilles palmées, divi- sées en cinq ou sept digitations, couvertes à leurs deux faces de poils fins et couchés. Leç pédoncules sont ::xillaires, ter- minés par une tête de fleurs serrées, touffues, très-velues; la corolle infundibuliforme^ les capsules à trois loges; les se- mences un peu velues. Cette plante croit dansles Indes et à Java. Vipomœa papirii , Flor. Per. , 2 , tab. 120 , fig. ^ , a de grosses racines tubéreuses , employées en infusion par les Péruviens dans les diarrhées et les djssenteries. Les feuilles sont pal- mées, en cœur, à cinq digitations; les fleurs axillaires , soli- taires, amples, purpurines, en entonnoir. Ipoméa purgatif : Ipomœa cailiartica , Poir., Encycî. ,Suppl,; Convolvtilus africanus, Niçois., Hist. de Saint-Domingue , pag. 260; vulgairement Lïane purgative, P-ue purgative, Liane A Bauduit, Arepéea. Plante recueillije à l'ile de Saint-Do- mingue par M. Poiteau. Ses tiges sont glabres, herbacées, grimpantes; ses feuilles en cœur, glabres, à trois lobes acu- minés , inégaux ; les pédoncules axillaires , uniflores ; les fleurs grandes; la corolle d'un rouge vif, infundibuliforme; le tube renflé, long d'un pouce; le limbe ample, à cinq lobes, mar- qué en-dessous d'une étoile 4 cinq rayons. Au rapport de I^icolson, on en tirp un suc résineux qui se coagule et dont on se sert pour purger. Un habitant de Saint-Domingue, nommé Bauduit, en faisqit un sirop purgatif qui porte son liom. Quoiqu'il soit fort en usage parmi les habitans du pays, il ne laisse pas d'être dangereux, en ce qu'il occasionne quel- quefois des superpurgations. Ipoméa écarlate : Ipomœa coccinea , Linn. ; Commel. , Rar. , t^ib. 21; Plum., Amer., 8g, tab. io3 ; Curtis , Bot. Magaz.^ .t;ab. 221. Cettp espèce est cultivée dans les jardins comme 6i4 ' IPO ^ f plante d'ornement : elle y produit un cfiFet très-agreable par ses belles fleurs, d'un rouge écarlate, ou d'un jaune orangé- Ses feuilles sont simples, en cœur; un pédoncule commun et axillaire supporte, vers son sommet, cinq à six fleurs pédicrllées; les divisions du calice se terminent par un filet sétacé ,• les capsules sont globuleuses. Cette plante croît à l'île de Saint-Dominguf, Vipomœa angulata, Lamk. , ILL, i , pag. 464, diffère de l'espèce précédente par ses feuilles angu- leuses, presque à trois lobes, par ses pédoncules beaucoup plus longs que les feuilles. La corolle est d'un rouge écarlate. Gommerson a découvert cettp plante à TIsle-de-France. Ifoméa épineux : Ipomœa bona nox , Linn. ; Curtis , Bot. Magaz., tab, 762 ; Jacq. , Hort. Schanbr. , 1 , tab. 56 et 96. Plante originaire de la Floride et de la Jamaïque, cultivée au Jardin du Roi , facile à reconnoitre par sa belle et très- grande corolle blanchâtre, verte à sa base, marquée égale- ment de zones verdàtres à son limbe : le tube est très-long, cylindrique ; les feuilles simples, avales, en cœur à leur base , quelquefois un peu sinuées à leur bord; les supérieures plus étroites, lancéolées, auriculées. Ipomiîa BicotORE : Ifomœa bicolor , Lamk. , JIL, 1 , pag. ^65 ; ConvoLyulus Nil, Linn.; Dillen., EUh. , tab. 80, fig. yo, 92. Espèce des Antilles, dont la corolle est grande, très-belle, çampanulée , blanche vers sa base , d'un bleu céleste à sou ]imbe. Ses tiges sont rudes, grimpantes; les feuilles ovales, en cœur, acuminées, un peu velues, les unes entières, d'autres à trois lobes aigus; les pédoncules courts, à une ou deux fleurs; les découpures du calice très-longues, linéaires. On cultive cette plante au Jardin du Roi. Vipomœa hederacea, Jacq., Icon. rar. , 1 , tab. 3G , est très-rapproclié de l'espèce précédente : mais ses tiges sont couvertes de poils fins et mous ; ses feuilles trilobées, velues à leurs deux faces ; les décou- pureç du calice courbées en corne, garnies à leur base d'une touffe de poils longs et très-fins ; la corolle grande , campa- aulée , puj'purine. Ipo.méa a stipules palmées : Ipomœa stipulaccea , Jacq. , Hort. Schanbr.y 2, tab. 199; Corn'olvulus tuberculosus , Linn. Plante originaire de l'Isle-de-France , cultivée au Jardin du Roi. Ses xiges s'élèvent, en grimpant, à la haut,^ur de douze pieds et • • IPO • 6i5 plus, garnies de feuilles à cinq lobes glabres, lancéolés, aigus; accompagnées de deux stipules palmées, à trois ou cinq lobes courts , étroits : la corolle est purpurine, campa- nulée , longue de trois pouces, à dix crénelures ; les pédon- cules de la longueur des pétioles, soutenant trois fleurs pédi- cellées. Dans VIpomœa mauritiana , Jacq. , Hort. Sclianhr. , 2, tab. 200 , les feuilles sont découpées en sept lobes; les pédon- cules soutiennent un corymbe de grandes et belles fleurs d'un pourpre clair, campanulées. Ipoméa pourpre : Ipom/ra purpurea , Lamk. , III. , 1 , pag. 466 ; Convolvulus purpureus , Linn. ; DiUe n. , Elth. , tab. 82 , fig. 945 Cavan. , Icon. , 2, tab. 107. Cette belle espèce est une des plus généralement cultivées : elle fait l'ornement de tous les jardins, parmi les plantes grimpantes, propres à décorer les berceaux, les treillages, etc. Ses tiges sont herbacées, un peu velues; ses feuilles simples, molles, ovales en cœur, presque glabres ; les pédoncules axillaires , de la longueur: des feuilles , chargées die plusieurs fleurs purpurines ou d'un beau violet, grandes, blanches à leur base, quelquefois cou- pées de bandes blanches, assez semblables à celles du grand liseron: le calice est hispide. Cette plante est originaire dç l'Amérique piéridionalc. Ipojiéa sAGiTTÉ : Ipomœu sagittata, Poir,, Voyage en Barb., 2 , pag. 122 ; Desf. , FI. atl., 1 , pag. 177 ; Lamk., ILL, tab. 104, fig. 1; Convolvulus IVheleri, Vahl, Sjmb., 2, pag. 36. Cette jolie plante, que M. Desfontaines et moi avons décou- verte sur les côtes de Barbarie, que depuis Cavanilles a éga- lement trouvée en Espagne, seroit propre à figurer avec la précédente par ses grandes corolles campanulées d'un rose pourpre; ses tiges sont glabres, grimpantes; ses feuilles lan- céolées, sagittées à leur base par deux oreillettes aiguës j les pédoncules axillaires, à une ou deux fleurs, les filamens velus à leur base. (Poir.) IPOMOPSIS. {Bol.) Spus ce nom générique, Michaux, dans sa Flore de l'Amérique septentrionale, désigne VIpomœa rubra de Linnaeus, que nous avions antérieurement réuni au çantua, dans les polémoniacées , et qui paroît n'en devoir pas être séparé. Voyez Cantu. (J. ) IPpTARAGUAPIN»(Bof.) Arbrisseau de l'Amérique me'ri- f^i6 ^ IPO ^ f dionale, cité par I.œfling , qui n'eu a pas vu la fleui*, et qui £n décrit seulement Je fruit, lequel est un brou un peu alongé, recouvrant une noix ^e même forme, à deux loges monq- spcrmes, dpnt une est plus centrale. Cet arbrisseau a des feuilles opposées, des épines également opposées et axillaires , des stipules intermédiairjes et planes ; les fruits sont, portés également sur des pédoncules axillaires. Cette description, quoique incomplète, peift faire supposer que cet arbrisseau est une rubiacée qui se rapproclie du canthium, (J.) Il'OTlS. (Bot.) Voyez Hippotis. (Poiiy.) IPPOCAMPOS. (Ichthj'ol.) Les Grecs ont désigné le cheval marin par le nom de i7r7roKa.fJL7roç. Voyez Hippocampe. (H. C.) IPPOKA. (Bot.) Barrère, dans sa France équinoxiale, cite ce nom dp pays pour le cassia bijlora. (J.) IPPOUROS. {Ichtlij'ol.) Aristote a désigné la dorade par le nom grec d'iTTTrov^oç. Voyez Coryfhène. (H. C.) iPRÉAU. {Bot.) Nom vulgaire d'une espèce de peuplier. (L. D.) IP3. (Ëiitom.) Nom sous lequel on désigne un genre d'ir^- pecles coléoptères tétramérés ou à quatre articles à tous les tarses, à antennes en masse non portées sur un bec ou pro- longement du front , et à corps déprimé, de la famille des pmaloïdes, c'est-à-dire, planiformes. Ce nom d'ips est tout-à-fait grec; on le trouve dans Théq- phraste et dans l'Odyssée d'Homère : /4 est dérivé lui-même de i-^a , noceo , jp nuis; /-v)., Irroi; , vermis cornu corrodens , ver qui j-onge la corne. 11 est probable qu'Ald^ovande, et par suite Degéer, en epiployant ce nom pour l'appliquer à quelques espèces de dermestes , avoient beaucoup plus de raison que Fabricius, qui s'en est servi pour indiquer des insectes très- petits, plats, linéaires, vivant sous les écorces et dans l'in- férieur du bois, qu'ils ropgent sous les deux états de larve et d'insecte parfait. Aucun genre de coléoptères ne présente plus de variations et de difficultés pour la nomenclature. Nous venons déjà de dire que Degéer avoit donné ce noni d'ips à des espèces de dermestes de Linn^us, que Geoffroy avoit en effet cru devoif en séparer sous le nom de scolytes. Lorsque Fabricius publia ses jPI-emiers ouvrages descriptifs, il comprit, sous le nom d'/ps.. , ' IPS ^ 617 (des nitidules, des tritomes , des mycétophages. Olivier, dans son grand ouvrage sur les coléoptères, réunit dans ce genre fps , sous le n." 18, vingt-quatre espèces d'insectes fort diffé- rens les uns des autres, dont on a fait depuis un très-grand jiomhre de genres. Nous nous contenterons d'indiquer ici les noms des principaux : colydie , boros , méline , triplace , hyture , cerque, colobfque, tliymale, catérètes , micropèple, dacne , engis, cryptophage , sphérite. Nous étions d'abord dans l'intention de «Jonner un précis des considérations d'après lesquelles ces divers genres avoient été établis; mais, en voyant les varia- tions nombreuses des parties d'après lesquelles les genres avoient été formés, nous avons reconnu que c'étoit un dé- dale dont il nous seyoit fort difficile de tirer le lecteur: car tantôt les genres ont été établis d'après la disposition des tarses, tantôt d'après la forme du corselet; ici d'après la dis- position des mandibules, là d'après le nombre des articles et la forme de la masse des antennes, M. Latreille , qui est beaucoup plus versé dans ces sorte? de détails, n'a pu lui-même trouver le fil de ce labyrinthe, comme on peut le voir dans l'article Nitidule du Règne animal, 5/ volume j page 260, et dans le Nouveau Diction- naire de Déterville. Nous nous contenterons, comme lui , de décrire une espèce du genre Jps; c'est celle dont nous avons donné la figure dans l'atlas de ce Dictionnaire, planches XVI et XIX de la livr. n.° 6 des Omaloïdes. (Voyez ce mot.) C'est rips CELLpHiEPi ou DES CELfiERs , Ips ccllaris , figuré aussi sous ce nom par Olivier, planche 1 , fig. 5, a, b. C'est un dermeste deScopoli, et de Fuesly, qui l'a également fait con- noître dans ses Archives : il est ovale, noirâtre; les bords du corselet sont crénelés légèrement; les éiytres et le corselet sont finement pointillés et pubcscens. Il est commun à Paris ; mais on ne connoît ni sa larve ni ses mœurs. ( C. D.) IPSIDES. [Eiitom.) M. Latreille a nommé ainsi la petite famille qu'il a établie pour y ranger les genres Dacné et Ips. C'est une division des clavicornes. (CD.) IPSUS (Bot.), un des noms grecs du liège, suivant Mev,- W- (J.) , 5iS ^ IQU" IQUETAYA. (Bot.) Plante dont l'espèce n'est pas encore déterminée par les botanistes, et qu'au Brésil on mélange à égale dose avec le séné pour lui enlever son goût désagréable et sans nuire à ses qualités. (Lem.) IR. {Bot.) Les Nègres du Sénégal nomment ainsi un arbre dont le bois, étant sec, leur sert à faire du feu, en tour- nant avec force un morceau pointu dans le creux d'un autre morceau préparé à cet effet. ( Lem.) IR. (Ornith.) Nom polonois du (riquet , fringilla montana, Linn. (Ch. D.) IRA. [Bot.) Nom malabare , cité par Rhéede , d'une espèce de souchet , cyperus ligularis , selon Rottboll. Willdenow a retranché ce synonyme à cette espèce sans l'appliquer à une autre. On ne confondra pas Vira avec l'iRrA. Voyez ce mot. (J.) IRABUBO. [Mamm.) Un des noms américains du cabiaï ; il est rapporté par Gumila. (F. C) IRAGNO. (Entom.) Nom patois des araignées dans le Midi. (C. D.) IRAIBA. (Bot.) Pison parle d'un palmier de ce nom, au Brésil, qui contient, dit-il, à l'extrémité de sa tige, une moelle très-blanche , que l'on mange crue ou cuite avec de l'huile, et qui est un bon aliment. La partie plus ferme, également blanche et semblable à de la farine, sert à faire de la bouillie ou une espèce de pain. On mange aussi le fruit, qui a une saveur désagréable. (J. ) IRAITUCH et AIAWE. [Bot.) Clusius, dans ses Exotica , dit qu'un suc ainsi nommé est envoyé de l'Amérique, enve- loppé dans des feuilles de bananier. (J.) IRAMBÈRE. [Bot.) Dans un herbier ancien de Coroman- del, on trouve sous ce nom le ferreola buxifolia de Roxburg, qui paroit devoir être réuni au maba de Forster dans les ébénacées. (J. ) IRAMUSU. (Bot,) On donne, suivant Hermann , ce nom, dans l'ile de Ceilan, à une plante dont la racine, nommée par les Portugais ras de amor , racine d'amour, est employée pour rétablir les forces et pour combattre les affections goutteuses et les douleurs d'entrailles. Linnaeus ne la rap- porte à aucun genre connu. (J. ) IRANDJA. {Bot.) On donne ce ^.om , aux environs de , ^ IRE • 619 Montpellier, à deux exciellentes espèces de champignons: ïune est l'oronge vraie, et l'autre l'agaric engainë de Bulliard , qui appartiennent tous deux aux mêmes genres, I'Ammanitp ( voyez ce mot) et Oronge. (|-.em.) IRANE. {Bot.) Chez les anciens Grecs, irane étoit syno- nyme de hallaris et de hryon thalassion, qui répondent au muscus mariniis des Latins, et à mousse de mer. 11 pi^roit que plusieurs espèces furent confondues sous ces dénominations; ce qui le prouve, c'est la grande différence qui existe entre Ja description de la mousse de mer donnée par Pline , et celle de Dioscoride. Il se peut que ce dernier naturaliste ait voulu désigner la coralline officinale, comme le croient la plupart de ses commentateurs. Ce polypier a été, en effet, connu des anciens; il doit son nom de coralli^ie, qui depuis est devenu celui du genre dont il fait partie, à sa petite taille , à sa consistance solide et à sa manière de vivre fré- quemment aux pieds du corail. Il n'est guère probable que V irane soit une espèce de conferve , comme le pense Adan- son ; mais il est impossible de dire si c'est un animal plutôt qu'un végétal. (Lem.) IRASSE. {Bot.) Nom d'un palmier, probablement du genre Martinezia, qui croît dans l'Amérique méridionale. (Lem.) IRE. (Bot.) Ce nom est cité, dans la table d'Adanson , comme synonyme du gnaphalium de ïournefort , qui est le (liotis de M. Desfontaines. (H. Cass.) IREMEMINAY. {Bot.) Nom donné sur la côte de Coror mandel , suivant un herbier de ce pays , au premna serrati- folia, genre de la famille des verbenacées. ( J. ) IREON. {Bot.) Nom sous lequel P. Browne désigne le genre Sauvagesia, dans son Histoire de la Jamaïque. Bur- mann, fils, dans son Flora Capensis , a fait un autre ireon, qui est, selon lui, le roridula dentata de Linnaeus , et, selon Scopoli, le lobelia parvijlora de Bergius : ce genre de Bur- mann et de Scopoli n'a pas été adopté. (J.) IRÉOS. {Bot.) L'iris de Florence, iris florentina, a reçu ce nom anciennement, comme le témoignent les écrits de Dodonée et de Mentzel. (Lem. ) IRÉSINE, Iresine. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, k fleurs dioiques , de la ^mille des amaranthacés^ , de la dioécie 6:^0 . IRE • , pentandrie de Linnœus , dont le caractère essentiel consiste dans des fleurs dioïques , offrant un calice à cinq petites folioles, accompagné à sa base de deux petites écailles exté- rieures : dans les fleurs mâles, cinq étamines libres, séparées par cinq écailles internes; dans les fleurs femelles, un ovaire supérieur, dépourvu de style, surmonté de deux stigmates. Le fruit consiste dans une capsule uniloculaire , renfermant plusieurs semences enveloppées d'un duvet très-fin, lanugi- neux. Parmi les espèces qui composent ce genre, et qui ont peu d'éclat, une seule est cultivée dans les jardins de botanique. C'est une plante peu délicate sur la nature du terrain: cepen- dant elle exige au moins la serre tempérée dans la mauvaise saison , et des arrosemens fréquens en été. Comme ses graines ne parviennent jamais à maturité , on la multiplie de boutures faites au printemps par déchirement des vieux pieds. Irbsine faux-celosia : Iresine celosioides , Linn. ; Pluk. , Almag., tab. 261 , fig, 1 ? Sloan., Hist. , 1 , tab. 90, fig. 2. Cette plante s'élève à la hauteur de deux ou trois pieds, sur une tige glabre, cannelée, rameuse, un peu renflée à ses nœuds, garnie de feuilles ovales - lancéolées , un peu rudes et jjonctuées en-dessus; les inférieures oblongues, acuminées. Les fleurs sont très-petites, disposées en une panicule rameuse et serrée. Cette plante croit dans la Floride et la Virginie. VIresine diffusa, "VViUd. , diffère peu de cette espèce; elle en a le port, l'inflorescence : mais ses feuilles sont parfaite- ment glabres, cuspidées ; la panicule plus étalée. Elle croît dans l'Amérique méridionale. Irésine a fleurs velues : Ires/rtc eriauf?;o5, Poir. , Encycl., Suppl. ; Lamk. , IlL, tab. 2i3, fig. 1. Espèce découverte au Brésil par Commerson, dont les tiges sont glabres, presque ligneuses, un peu striées, rameuses; les feuilles opposées, pétiolées , glabres, ovales - lancéolées ; la panicule ample, étalée ; les ramifications inférieures géminées , toutes oppo- sées, roides, velues; les fleurs petites, lanugineuses et blan- châtres. Irésine a grappes : Iresine mcemosa, Poir. , Encycl., Suppl. ; Lamk., ///., tab. 2i3, fig. 2. Cette plante est remarquiible par la dispositiqn de ses fleurs en grappes alternes, très- % • IRI • c.i simples , formant par leur ensemble une longue panicule terminale; les pédicelles accompagnés chacun d'une petite bractée. Les rameaux sont glabres, Cylindriques; les feuilles alternes, pétiolées, glabres, étroites, lancéolées, très-entières^ Cette espèce croit à la Martinique. Dans VIresine paniculata , Poir. , Encycl. , les ramifications de la panicule sont rameuse^ et non en grappes simples; les feuilles presque opposées, à peine pétiolées , étroites, lancéolées, aiguës; les tiges glabres, cylindriques et rameuses. Elle croît dans l'Amérique méri- dionale. MM. Humboldt et Bonpland ont découvert, dans l'Amé- rique méridionale, plusieurs autres espèces d'irésine, décrite* par M. Kunth dans le Nova gênera, etc. : telles que Viresine parvifolia, à petites feuilles ovales- aiguës , pubescentes en- dessous et à leurs bords; la panicule simple, étalée, composée d'épis oblongs, sessiles , cylindriques. Viresine Hamnensis en est très- voisine : mais ses tiges sont rampantes; ses feuilles glabres, ciliées; la panicule rameuse. Dans Viresine Mutisii , les tiges ont leurs rameaux tétragones; les feuilles glabres, ovales-oblongues; la panicule très-rameuse, etc. (Poir.) IRGENDIR. {Mamm.) C'est le nom que les Tunguses don- nent, dit-on, à la loutre commune. (F. C.) IRI. [Bot.) Racine que les naturels du Brésil emploient à fabriquer des arcs : la plante qui la fournit nous est in- connue. (Lem.) IRIA ou BALARI. ( Bot. ) Noms malabarCs d'un souchef de l'Inde, nommé pour cette raison cjperus iria par Linnœus. MM. Richard et Persoon nomment aussi iria le cjperus mono" stachjos , dont la spicule est solitaire, terminale, et les fleurs munies seulement de trois étamines : ce genre peut être réuni à Vahilgardia. (J.) IRIARTEA. {Bot.) Voyez Ceroxylon. (Poir.) IRIBIN. (Ornith.) M. Vieillot a donné pour caractères à ce genre d'oiseaux de la famille des vautours, daptrius , la mandibule inférieure du bec anguleuse en-dessous , échancrée vers le bout, obtuse; le jabot et la gorge glabres chez les adultes; la cire velue; les tarses grêles. Le même auteur a fait du rancanca un genre particulier sous le nom d^Ibycter, en le caractérisant p%r sa mandibule inférieure entière et 622 » IRI • , un peu pointue, la cïre et les joues nues. Son genre Csl^ racara, polyhorus, a le bec rétréci en -dessous, la cire large et velue, le jabot laineux, avec l'ongle postérieur le plus fort de tous. On a dit, dans ce Dictionnaire , toin. 7 , pag. 10, qu'il y avoit au Muséum d'histoire naturelle trois oiseaux de plus petite taille que le caracara proprement dit et sous la même dénomination générique , en ajoutant que le premier indi- vidu , le caracara noir, y portoit^ pour synonymie, le nom de dtiptrius ater; le second, c'est-à-dire le caracara à queue rayée , celui de daptrius striatus , Vieil. ; et que le troisième, dont M. Vieillot a fait son genre Rancatica, Ihjcter , y étoit nommé caracara rancanca. M. Vieillot, qui ne reconnoît dans les deux îribins du Muséum que des variétés d*àge ou de sexe de son daptrius ater, se plaint, p. 187 du i6.* vol. de la 2." édition du Dictionnaire dont il est un des collaborateurs les plus distingués, de ce qu'on a donné dans celui des Sciences naturelles la dénomination fautive de daptrius striatus, Vieil., au second individu; mais il auroit pu remarquer que Fauteur de l'article Caracara s'est borné à exposer que l'étiquette de l'individu dont il s'agit présentoit cette synonymie. (Ch* D.) IRIBU. {Ornith.) Ce nom est employé d'une manière gé- nérique, au Paraguay, pour désigner les vautours, dont M. d'Azara décrit trois espèces. La première , n.° 1 j est Viribu rubicha, chef ou roi des iribus, qui se rapporte au roi des vautours, vultur papa, Linn. et Lath., zopilote, gfpagus, de M. Vieillot. Le second estl'iribu proprement dit des Guarinis, n," 2 , et le troisième est Viribu-acabiray , n." 5 , ou simplement Yacabiray , mot qui signifie tête chauve. Sonnini rapporte celui-là à l'urubu de BuflFon, et celui-ci à l'aura 5 mais l'aura et l'urubu ont été confondus, tant par le naturaliste françois que par Gmetin et Latham , sous le nom de vultur aura, et c'est M. Vieillot qui, en établissant le genre Gallinaze, Catha- rista, a désigné avec précision les deux espèces sOus les noms de catharista aura et catharista urubu* Ces espèces, dont la couleur est à peu près la même, se distinguent en ce que la première a la peau de la tête et du cou ridée et la queue arrondie , et que chez la seconde la tête et le cou sont garnis jde mamelons, et les pennes caudales çgales. (Ch. D«) , IRI • 625 JRIDAPS. ( Bol. ) Coramerson nommoit ainsi le rima ou aï"bre du fruit à pain, artocarpus. (J.) IRIDEA. (Bot.) Stackhouse pense qu'on peut établir sous ce nom un genre dans la famille des algues , auquel il rapporte son fucus Jluitans , qui se fait remarquer par sa fronde carti- lagineuse , cylindrique, très - rameuse , à rameaux opposés, plusieurs fois découpés et à divisions capillaires. Sa fructifi- cation est inconnue. Ce fucus est figuré planche 17 de la deuxième édition de la Néréide britannique. Viridea est placé par Stackhouse entre ses genres Hippurina et Herbacea, qui représentent le Delesseria de Lamouroux. (Lem.) IRIDÉES. (Bot.) Famille de plantes de la classe des mono- périgynes ou monocotylédones, apétales, à étamines insérées au calice. Elles ont un calice toujours supére, c'est-à-dire, adhérent inférieurement à l'ovaire , qu'il ne déborde que par son limbe divisé , plus ou moins profondément , en six lobes égaux ou inégaux ; d'où résultent des fleurs régulières ou irrégulières. Les étamines, au nombre de trois, sont in- sérées au bas des trois divisions plus intérieures du calice. Leurs anthères sont alongées et appliquées contre la surface extérieure de l'extrémité supérieure des filets, qui sont tan- tôt distincts, tantôt réunis en un tube traversé par le style. L'ovaire, toujours infère, faisant corps avec le calice, est surmonté d'un style plus ou moins long, terminé par trois stigmates. Il devient une capsule à trois loges polyspermes , s'ouvrant dans sa longueur en trois valves, dont chacune, en s'écartant à l'époque de la maturité, emporte avec elle une cloison qui lui adhère et la partage dans son milieu. Les graines, attachées à l'angle intérieur des loges, au point de leur réunion , sont souvent disposées sur deux rangs. Elles sont remplies par un périsperme de substance solide et comme cornée, creusé, vers le hile ou point d'attache, d'une petite cavité dans laquelle est niché un embryon mo- nocotylédone très-petit. Les tiges de ces plantes sont herba- cées, ou quelquefois ligneuses, ou rarement presque nulles. Les feuilles, toujours alternes, sont engainées à leur base, souvent distiques et conformées en lames aplaties d'épée. 624 ' IRI Les fleurs sont terminales, accompagnées de spathes uni- ou multiflores, qui sont ordinairement bivalves. On peut établir dans cette famille deux sections carac- lérisées par la réunion ou la séparation des filets d'étauiines. Dans crlle des lilets réunis sont rapportés les genres Ga- laxia, Sisjrinchium, Tigridia, Ferraria , Vieusseiiria et Pater- sonia de M. Brown , dont on regarde le genosiris de M. La- Lillardière comme congénère. Là section plus nonibreuse des filets non réunis renferme d'abord les genres anciens, Iris, Mcrœa , dont le Bobarlia dé Linnaeus et le Diplarrena de M. Labillardlère sont congénères; Ixia, auquel on rapporte le Tapeinia, Cipura , Walsonia, Gladiolus, Antholyza, IVilsenia, Crocus: ensuite les genres plusrécéns, Parianthus , Bahiana, Sparaxis, Hesperantha , Geis- iorhiza, Tritonià , Anomatheca , Triclionema de M. Gawlèr j Aristea de M. Aiton , Diasia de M. De Candolle : les uns et les autres disposés ensemble suivant un ordre qui n'est j)as définitivement arrêté. Les Dilalris , le J'Vachendorfia et le Xipliidium , laissés aupa- ravant à la suite des iridé^es , comme ayant avec elles de l'affinité , devront former la nouvelle famille des dilatridées. Elle sera caractérisée principalement par une capsule à trois loges et trois valves libres, munie d'un réceptacle central triangulaire , portant sur ses trois faces une ou plusieurs <'raines, et Sur les angles duquel s'insèrent les bords des valves, formant ainsi chacune leur loge entière, comme dans les convolvulacées. Le Conostj'lis paroît appartenir à cette série, et le port y ramène aussi les genres v^rgo/asja, Anigo- santJios, Lophiola, Heritiera de Michaux , Hœmodorum ; mais il faudroit vérifier s"ils ont ce réceptacle central qui doit distinguer les dilatridées de toutes les autres familles mono- périgynes, ou si, ayant le fruit des iridéeâ, ils doÏLvent for- mer une famille distincte. ( J. ) IRIDIUM. [Chim.) Corps simple appartenant à la 5." sec- tion des métaux. (Voyez Corps.) Il est solide, d'un blanc d'argent. D'après l'observation de M. Vauqueïin , il jouiroit d'une légère ductilité. Il est infusible au feu de nos fovT-neaux ; cependant M. • • IRI • 6^5 Children est parvenu à le fondre en globule au moyen de son appareil voltaïque. La densité de ce globule étuit de 18.68; mais, comme il étoit poreux, cette densité est trop foible. L'iridium nous paroît être essentiellement électro-négatif , parce que les combinaisons qu'il forme avec Toxigène et avec le chlore sont évidemment plutôt électro-négativ- ou acides, qu'électro - positives ou alcalines, et en outre ces combinaisons ne se font que dans très-peu de circonstances. Action de Voxigène et des corps cjui peui-'cnt agir par leur o xi gène. L'iridium, exposé à l'air et même à l'oxigéne pur, à toutes les* températures connues, n'éprouve aucune alté- ration. Tous les acides oxigénés sont sans action sur lui ; car Peau régale, le seul liquide acide qui puisse l'attaquer, ne le fait, suivant nous, que par le chlore, et non par l'oxi- géne. On doit attribuer ce manque d'action autant au peu d'affinité du métal pour Foxigène , qu'cà la foible affinité de l'oxide d'iridium pour les acides : ce qui le prouve, c'est, qu'en le faisant rougir dans un creuset d'argent avec la po- tasse, ou, ce qui revient au même, avec le nitrate de cette base, on l'oxide très-bien, parce qu'alors l'oxide s'unit à l'alcali. Action des hjdracides ^ du chlore et de ses composés. Aucun hydracide pur n'attaque l'iridium. Il en est de même du chlore. Mais, quand on met l'iridium dans de l'eau régale très- concentrée , le chlore à l'état nais- sant, qui vient de céder son hydrogène à une portion de l'acide nitrique qui se trouve convertie en acide nitreux, se porte sur le métal, et une petite quantité de ce dernier est dissoute : la dissolution est rouge. Action des corps simples. Le soufre est susceptible de s'unir à l'iridium, quand il le rencontre dans un degré extrême de division. Au rouge blanc l'iridium se combine à l'étain, au cuivre, au plomb et à l'argen^ ^5. 40 620 IRl Exiraclioii et hisluirt: Nous ne parlerons de l'extraction de l'iridium qu'au mot Platine. lia été découvert par Descotils, en i8o3, et examiné peu de temps après par M. Vauquclin et par Tcnnant. Des coinh maisons de l'iridium. Alliage cVune parlie d'iridium et de 4 parties d'étain. Il est d'un blanc mat, dur et malléable. ( Vauquelin.) Alliage d'une parlie d'iridium et de 4 parties de cuivre. Rouge pâle ; il paroit blanc quand il a été limé. Il est ductile et beaucoup plus dur que le cuivre. ( ^^^uquelin. ) Alliage d'une parlie d'iridium et de 8 parties de plomi. Blanc et dur (Vauquelin). Tennant dit que , par la coupellation , on en sépare le plomb : l'iridium reste dans la coupelle. Une partie d'iridium et 2 parties d'argent étant exposées au feu, il se produit un alliage; mais il y a une portion d'iri- dium qui ne se combine pas (\^auquelin). L'alliage est ductile- suivant Tennant. Iridium et or. Suivant Tennant, l'iridium s'allie à l'or sans en changer la couleur. Cet alliage est malléable. II ne peut être décomposé par la coupellation, lors même qu'on y a ajouté de l'argent. L'eau régale foible sépare bien l'or de l'iridium, mais ne le dissout pas. Sulfure d''iridutm. M. "Vauquelin l'a obtenu en exposant au feu , dans un creuset fermé, un mélange de 100 parties de soufre et de îoo parties de sel animoniaco - d'iridium , qui représentent 45 parties de métal. Le sulfure produit pcsoit 60 parties : d'où il suit que 100 parties d'iridium avoient absorbé 53,54 parties de soufre. Ce sulfure ne se fond pas au fourneau de réverbère : quand il est calciné à l'air, le soufre se réduit en acide sul- fureux, et le métal reste à l'état de pureté. Oxides et sels d'iridium. Jusqu'ici on n'a point obtenu les oxides d'iridium à l'état de pureté. On croit qu'il y en a au moins deux. L'oxide, qui passe pour être au minimum, a «-ne couleur bleue. Le • IRI G.; composé d'iridium, qu'on a regardé comme Toxide au maxi- mum, est d'un rouge jaunâtre. Quand on lient au rouge, dans un creuset d'argent^ pendant une heure environ, un mélange d'iridium et de potasse pure ou de nilre , le métal s'oxide et s'unit ù l'alcali. L'eau, appliquée au résidu, le sépare en deux composés; l'un soluble, avec excès d'alcali ; l'autre insoluble, avec excèsi d'oxide d'iridium. Composé soluble. Il est bleu. Composé insoluble. Il paroit noir ; mais , si on le traite par l'acide hydrochlorique , il s'y dissout au moins en partie ; la dissolution est bleue. Propriétés de la dissohilioii hjdrochloricjue lieue, diaprés M. Faucjuelin. Celle dissolution, qu'on a appelée muriate ou hjdroclilorate dé protoxide d'iridium, ne précipite par aucun alcali. Si elle con- tenoit du fer ou du titane, on auroit un précipité vert : si elle contenoit de la silice ou de l'alumine , le précipité seroit bleu. M. Vauquelin, d'après la forte affinité de l'oxide d'iri- dium pour l'alumine, et la couleur de cette combinaison, pense que l'iridium pourroit bien être le principe colorant du saphir. Les corps désoxigénans, comme l'acide hydrosulfurique , le fer, son sulfate de protoxide, le zinc et l'étain, décolorent celle dissolution; et ce qui est remarquable , c'est que l'addi- lion du chlore rétablit la couleur bleue , et que , si on en met un excès, la couleur passe au pourpre; mais il paroit que dans ce dernier cas l'oxidation n'est pas changée, parce qu'en exposant la liqueur à l'air elle repasse au bleu. Lorsqu'on la fait bouillir avec le contact de l'air, elle passe au vert, au violet, au pourpre et au rouge jaunâtre. Y a-t-il absorption d'oxigèné ? Cela est probable. Propriétés de la dissolution d'' iridium dans Veau régale y anand on en a chassé Vexcès diacide. Cette dissolution, qu'on a appelée muriate ou hjdrochlorafe. de peroxide d'iridium, est rouge. Elle a une saveur acide et irès-a^ringente: elle précipite la gélatine, 02 8 IRf Elle est décolorée par le sulfate de piotoxide de fer, et re qu'il y a de très-remarquable, c'est que, si l'on verse du chlore dans la liqueur décolorée , la couleur passe immédia- lement au rouge , et ne change pas lorsque l'excès de chlore qu'on peut y avoir mis est dissipé : c'est le contraire de ce qui arrive à la dissolution bleue précédente , qui a été décolorée d'abord , et qu'on a fait passer ensuite au pourpre avec un excès de chlore. La dissolution rouge d'iridium ne passe au bleu dans aucune circonstance. Lorsqu'elle est concentrée , si on y aj oute de l'ammoniaque , on obtient un composé qu'on a appelé muriate ammoniaco- d'iridium. Il est d'une couleur pourpre si foncée qu'il paroit noir comme du charbon. Lorsqu'il est sec , il donne , à la dis- tillation , de l'azote, de l'acide hydrochlorique, de Thydro- chlorate d'ammoniaque, et 45 pour loo d'iridium métal- lique. Ce composé exige 20 parties d'eau froide pour se dis- soudre : la liqueur est rouge-orangé; 1 partie de ce composé colore 40000 parties d'eau. L'ammoniaque, l'acide hydro- sulfurique, le fer, le zinc et l'étain, décolorent la liqueur : le chlore fait reparoître la couleur. "La dissolution rouge d'iridium, mêlée au chlorure de potassium , forme un composé qu'on a appelé muriate de potasse et d'iridium. En masse ce composé est noir; mais, divisé, il est pourpre: a 00 parties cristallisées, chauffées fortement, se réduisent à i)o parties, dont 07 sont de l'iridium et i5 du chlorure de potassium. (Ch.) IRIDORKIS. (Bot.) Genre de la famille des orchidées , éta- bli par M. Aubert du Petit-Thouars, pour placer Vangrœcuw, distichnm, Lamk. , caractéi'isé par sa fleur renversée, dont le labelle est plan , élargi et denté au sommet. Il n'a pas été admis par les botanistes. (Lem.) IRIDROGALVIA. {Bot.) Voyez Narthèce. (Poir.) IRIGENIUM. {Bot.) Synonyme de Hierobotane (voyez ce mot) chez les anciens. (Lem.) IRINGIO. {Bot.) Voyez Irungus. (J.) IRIO, IRION. {Bot.) Les Latins, suivant Dioscoride et son commentateur Ruellius, nommoient ainsi le velar, erj- simon des Grecs. Fuchs appliquoit tte nom à la sanve ou ^ • IRI • 629 moularde sauvage, sinapis aiwensis ; Daléchamps et Columna , à deux sisymbres, sisymbrium irio et polyceration ; plus récem- raeut Burmann le donnoit au rori^ula. (J.) IRIPA. [Bot.) Nom malabare , suivant Rhéede, d'un arbre de l'Inde, qui est le cjnomorium sylvestre de Rumph, le cy~ noinetra ramijlora de Linnacus. (J.) IRIS; Jm , Lin n. (Bot.) Genre de plantes monocotylé- dones, type de la famille naturelle des iridées , et de la trian- drie monogynie du système sexuel, dont les principaux carac- tères sont les suivans : Spathe de plusieurs folioles membra- neuses, enveloppant une ou plusieurs fleurs; calice nul ; co- rolle monopétale , irrégulière , tubulée inférieurement, ayant son limbe partagé très-profondément en six découpures on- guiculées , inégales, alternativement redressées et étalées, ou réfléchies en dehors ; trois étamines à filamens plus courts que les divisions de la corolle, insérés dans le haut du tube devant les découpures réfléchies, et portant à leur extrémité des anthères oblongues; un ovaire inférieur, ovoïde ou ob- long, surmonté d'un style court, adhérent avec le tube de la corolle, et terminé par trois grands stigmates pétaloïdes, bifid'es à leur extrémité, recouvrant les étamines ; capsule oblongue , à trois valves et à trois loges , contenant chacune plusieurs graines assez grosses et communément arrondies. Les iris sont des plantes herbacées, à racines tubéreuses ou bulbeuses : leurs feuilles sont ordinairement alongées , planes, aiguës, tranchantes sur les bords, ayant la forme d'une lame d'épée ou de sabre , et s'engainant par leur côté interne et inférieur; dans quelques espèces, les feuilles sont linéaires, canaliculécs ou anguleuses : leurs fleurs sont en général grandes, belles, A'ariéçs de différentes couleurs, iijiifant en quelque sorte celles de l'arc-en-ciel , et c'est de là que ces plantes ont reçu le nom qu'elles portent, l'arc- en-cicl étant, selon les poètes anciens, rcmblème d'Iris, mes- sagère des dieux et principalement de Junon. On connoît aujourd'hui au-delà de quatre-vingts espèces d'iris, dont un assez grand nombre croît naturellement en Europe; les autres se trouvent dans l'Orient et en Asie, au cap de Bonne-Espérance , quelques-unes en Amérique. Si nous voulions considérer ces plantes sous le rapport de 53a IRI la beauté de leurs fletirs , presque toutes mêrileroient de Kous occuper; mais, comme cela donneroit trop d'étendue à cet article, nous nous bqrnerons à parler ici des espèces les plus remarquables sous le rapport de leurs proprié(és , ou de celles qu'on emploie le plus communément à la décora- tion des jardins. * Dàisions extcrieurcs de la corolle chargées d'une raie barbue i feuilles ensiformes. Iris de Suse ; vulgairement Iris deuil, Iris tigrée : Jr'is Su- siana, Linn. , Spec. , 55; Redout. , Lil., i , t. 18. Sa racine est tubéreuse, horizontale; elle produit une tige cylindrique, haute d'un pied et demi à deux pieds, terminée par une ou deux fleurs plus grandes que dans aucune autre espèce , d'une couleur brunâtre claire , panachée de veines et de lignes d'un violet pourpre. Les trois divisions réfléchies de la corolle sont plus larges que les autres, d'une couleur brune plus foncée, avec une tache noirâtre. Les feuilles sont ensiformes, droites, glabres, d'un vert glauque, plus courtes que la tige. Cette belle espèce croit naturellement aux environs de Suse dans le Levant, et, selon Linnœus , elle a été envoyée, en 3570, de Constantinople dans les Pays-Bas, d'o-ù elle s'est répandue en Europe dans les jardins de botanique et des ama- teurs. L'iris de Suse demande plus de précautions pour être cul- tivée avec succès que la plupart des espèces dont nous par- lerons ci-après : elle craint la gelée, et il faut l'en garantir en la plantant dans un pot un peu grand, ou mieux en la plaçant en pleine terre au pied d'un mur, oîi elle fleurit plus sûrement; dans ce dernier cas, il faut avoir soin de la jiiettre à l'abri des grands froids, en la couvrant avec delà litière ou de la paille toutes les fois que la rigueur de la saison l'exige. Il lui faut une terre légère , sèche et l'expo- sition au soleil. Ses fleurs paroissent en Mai dans les jardins du Nord , et en Avril dans ceux du Midi. Elle perd ses feuilles tous les ans, après avoir fleuri, et les nouvelles commencent à pousser en automne. Le moment favorable pour la trans- planter est celui où sa végétation est suspendue , depuis la dessiccation des anciennes feuilles jusqu'à ce que les nouvelles comîTiencent à paroifre. • • ÎRI • 65i Tris de Florence : Irisflorencina, Linn. , .Sjiec. 55 ; Redouté, Liliac. , 1, tab. 23. Sa racine est tubéreuse, noueuse, odo- rante; elle produit une tige haute d'un pied ou environ, mu- nie de quelques feuilles à sa base, et chargée dans sa partie supérieure de deux à trois fleurs blanches, grandes, d'une odeur douce et agréable; leur tube est toujours plus long que l'ovaire. Les feuilles sont plus courtes que la tige, droites, planes, en forme de lame d'épce , glabres et d'un vert glauque. Cette iris croît naturellement dans les parties méri- dionales de l'Europe ; on la trouve en Provence , et elle fleurit à la fin d'Avril ou au commencement de Mai. Sa racine récente est émétique et purgative ; on peut en donner le suc à la dose d'une à deux onces dans quatre fois autant de vin blanc : ce remède convient principalement dans les hydropisies. Mais aujourd'hui cette racine n'est guère em- ployée qu'à son état de dessiccation et en poudre. De cette dernière manière les pharmaciens l'emploient comme ac- cessoire pour rouler des pilules ou leur donner de la con- sistance. Autrefois cette poudre entroit dans la composition de plusieurs préparations pharmaceutiques maintenant tom- bées en désuétude. Mais un usage auquel cette racine sert communément aujourd'hui, c'est à faire, lorsqu'elle est en morceaux parfaitement desséchés, ces petites boules nom- mées po/s d'iris , et qu'on emploie pour entretenir la suppu- ration des cautères. Les parfumeurs se servent aussi de la racine d'iris de Florence, à cause deson odeur, qui ressemble à celle de la violette. Iris germanioue : Iris germanica , Linn. , Spcc, 55; Bull., Herb., t. 141. Sa racine est tubéreuse, charnue, noueuse, horizontale, et elle donne naissance à une tige haute d'un pied et demi à deux pieds , un peu rameuse. Ses feuilles sont planes, en forme de lame d'épée ou de sabre, distiques, moins longues que la tige. Les fleurs, d'un bleu violet foncé, sont disposées, au nombre de trois à quatre, dans la partie supérieure de la tige ; le tube de leur corolle est à peine aussi long que l'ovaire. Cette plante croît en France, en Ita- lie, en Allemagne, en Suisse, etc. , dans les lieux secs et arides, sur les vieux murs. On la plante dans les grands par- terres; ses fleurs, aya%t beaucoup d'éclat, sont très-propres à les orner au printemps. 632 . II\I ' , Le suc exprimé de la racine récente de Tiris germanique, plus vulgairement flambe, est fortement émétique et même purgatif. On le conseille dans l'hydropisie, à la dose de quatre gros à deux onces : mais, comme il a beaucoup d'àcreté, il doit être mêlé à quelque véhicule qui tempère et diminue son action irritante; car, employé seul, il peut exciter une sensation brûlante dans la gorge et par suite de cruelles tran- chées. On peut aussi donner Tinfusion vineuse de cette ra- cine coupée en morceaux. Quand elle est sèche, elle perd aine grande partie de ses propriétés : on peut alors, après l'avoir réduite en poudre, la substituer dans quelques usages pharmaceutiques a celle de l'iris de Florence, On prépare, en faisant macérer avec de la chaux les co- rolles de riris germanique, une couleur d'un beau vert, connue sous le nom de vert d'iris , dont les peintres font usage, principalement pour la miniature. En faisant infuser ces fleurs dans du vitriol de Mars , on en retire une couleur noire. Iris a fleors pales; Iris pallida , Lamk., Dict. encyclop., îom. 3, pag. 294- Cette espèce diffère de la précédente par sa tige plus élevée, par ses feuiUes plus larges, plus glauques, par ses fleurs d'un bleu pâle , et surtout par ses spathes mem- braneuses, très-blanches, même avant l'épanouissement des fleurs; tandis que dans liris germanique elles sont d"abord •vertes, ensuite teintes de pourpre ou de violet sur les bords, et qu'elles prennent, en se desséchant, une couleur sale, •un peu roussâtre. M. de Lamarck croit cette plante origi- naire du Levant : on la cultive en pleine terre dans les jar- dins; elle fleurit en Mai. Iris a odeur de sureau : Iris samhucina, Linn., Spec. , 55 ; Bot.Magaz,, n." et t. 187; Iris major lalifolia, Vlll , Glus., Hist. , 1, pag. 219. Cette espèce ressemble beaucoup à l'iris germanique; mais ses feuilles sont beaucoup plus vertes, ses fleurs plus pâles, et les divisions redressées de la corolle sont échancrées. Elle croit dans le Midi de l'Europe; on la cultive au Jardin du Roi. Iris jaune-sale : Iris squalens , Linn.,5p;c. , 56; Jacq., FI, Aust., 1 , p. 7, t. 5. Sa racine est tubéreuse et horizontale, comme dans les espèces précédentes; elle produit une tige cylindrique, une fois plus longue qu^ les feuilles et hautç ^ • IRI • 63? d'environ deux pieds, portant, dans sa partie supérieure, trois à quatre fleurs assez grandes, dont l'inférieure est pé- donculée et placée dans l'aisselle d'une feuille. Les feuilles sont ensiformes, glabres, vertes, un peu rougeàtres à leur base. Les corolles , enveloppées a^ant leur épanouissement dans des spathcs vertes, ont leurs trois pétales réfléchis d'un pourpre livide , et veinés vers leur base qui est jaunâtre ; les trois pétales , redressés, sont échancrés à leur sommet et d'un jaune sale. Cette espèce croît dans le Midi de l'Eu- rope , et on la cultive dans les jardins du Nord , où elle fleurit en Mai. Iris panachée : Iris variegala , Liqn., Spec, 56; Jacq. , FI. Aust., t. 5. Sa racine est de même forme que celle des espèces précédentes. Ses feuilles, d'une forme aussi à peu près sem- blable, sont longues d'environ un pied et un peu plus courtes que la tige, qui porte dans sa partie supérieure trois à cinq fleurs jaunes, mais dont les trois divisions rélléchies de la co- rolle sont élégamment veinées ou rayées de pourpre brun. Cette plante croît naturellement en Autriche; on la cultive dans les jardins : elle fleurit à Paris à la fin de Mai ou au commencement de Juin. Iris naine : Iris pumila, Linn. , Spec, 56; Jacq., FI. Aust., t. 1. Sa tige n'est haute que de deux à trois pouces et de la longueur des feuilles, qui sont ensiformes. La fleur est soli- taire, terminale, à tube grêle, saillant hors de la spathe, et au moiiîs de la longueur des divisions de la corolle; sa couleur est le plus souvent violette, quelquefois purpurine, bleuâtre ou même blanchâtre. Cette espèce croit naturelle- ment dans les lieux secs et pierreux; on la trouve fréquem- ment sur les murs et les toits rustiques : elle fleurit de bonne heure, à la lin de Mars ou au commencement d'Avril. Ses fleurs, qui sont grandes comparativement à l'élévation de la plante, font un joli effet et sont très-propres à la décoration des grottes et djgs rocailles que l'on place dans les jardins paysagers. Iris jaunatiu'. ; Iris lufescens , Lamk. , Dict. encycl. , tom. 5, pag. 297. Cette espèce difl'ère de la précédente parla, couleur de sa fleur, qui est constamment jaune; par ses feuilles moins longues que la^ige, et par le tube de sa corolle plus 634 ' IRI ' , court, renfermé dans la spathe. Elle croit dans les lieux pierreux et montagneux en France, en Allemagne, etc. : elle fleurit en Avril et Mai. Iris frangée; Iris fimhriata , Vent.. Horl. Ccls., pag. et tab. g. Sa racine est tubéreuse ; ses feuilles sont alongées , larges d'un pouce, très -aiguës, planes, un peu recourbées en fornie de sabre; ses tiges sont droites, comprimées, à peine plus longues que les feuilles, hautes de six à dix pouces, un peu rameuses dans leur partie supérieure , qui porte deux à trois fleurs d'un bleu pâle , à divisions ondulées et créne- lées en leurs bords : les trois extérieures presque cunéiformes, parsemées de taches jaunâtres; les intérieures plus étroites, sans aucune tache : les stigmates sont déchiquetés et frangés en leurs bords. Cette plante est originaire de la Chine ; on la cultive au Jardin du Roi à Paris, et on la rentre dans l'orangerie pendant l'hiver. ** Divisions extérieures de la corolle sans raie barbue ; feuilles planes et ensif ormes. Iris des marais, vulgairement Glaveul des marais : Iris pseudo-acorus . Linn. , Spec, 56; Bull., Herh., tab. iSy. Sa racine est tubéreuse, oblonguc , horizontale; elle produit une tige droite, haute de deux à trois pieds, un peu moins élevée que les feuilles, qui sont ensiformes , droites, d'un vert gai. Les fleurs sont jaunes, au nombre de trois à quatre : les unes axillaires , longuement pédonculées; les autres ter- minales : leurs pétales intérieurs sont plus courts et plus étroits que les stigmates. Cette espèce est commune en Europe , dans les marais, sur les bords des rivières et des étangs.- elle fleurit en Juin et Juillet. La racine de l'iris des marais n'a point d'odeur : elle a beaucoup d'àcreté lorsqu'elle est fraîche , et en cet état elle est fortement purgative; mais les médecins n'en font guère usage : les gens de la campagne l'emploient empiriquement dans les hydropisies. Sèche et réduite en poudre , elle pro- voque la sécrétion muqueuse du nez, quand on la met en contact avec cette partie, et la salivation, si c'est dans la bouche qu'on la place. Quelques auteurs ont prétendu que , parla dessiccation, cette racine dev(.noit astringente, et^ , • IRl » 655 comme telle , ils Vont conseillée dans la diarrhée et dans la dyssenterie; mais l'irritation qu'elle produit quand on l'ap- plique à l'intérieur du nez, prouve assez qu'elle ne doit [as avoir perdu toutes les propriétés qu'elle avoit étant récente. En Ecosse, les habilans des montagnes se servent de la décoction de cette racine mêlée à des préparations de fer , pour en faire de l'encre ; et dans quelques parties de ce même pays on l'emploie pour teindre les p'eiiiiif;^^; linéaires^ canaliculées ou jonv if ormes, Ifiià GRAMiNÉE : Iris gramïnea; Linn., Spec. 58; Jacq., Flor. » IRI 637 Auslr., tab. 2. Ses racines sont fibreuses, et elles produisent des tiges et des feuilles réunies en touffe. Ces dernières sont linéaires, étroites, presque semblables à celles des graminées, une fois plus longues que les tiges, qui sont comprimées, Jiautesde troisàsix pouces, terminées par une ou deux fleurs, don*t l'ovaire est à six angles, et la spathe de deux pièces lorsqu'il n'y a qu'une fleur, de trois lorsqu'il y en a deux. Ces fleurs sont d'un pourpre violet, avec des lignes plus fon- cées : elles paroissent en Juin et Juillet. Cette espèce croît naturellement sur les collines et au bord des bois, en Alsace, dans les Vosges, en Autriche , en Hongrie. Iris œil-de-faon ; Iris pavonia , Thunb., Diss. de ir. , n."35, tab. 3 1 . Sa racine est bulbeuse ; elle produit une tige simple , cylindrique, haute d'un pied, velue, garnie inférieurement de quelques feuilles linéaires , striées, velues, de la longueur de la tige elle-même, qui porte à son sommet une ou deux fleurs d'une belle couleur orangée , dont les trois divisions extérieures sont plus grandes que les autres , ovales , entières , marquées de points noirs à leur base, avec une tache bleue, en cœur, noire et veloutée en sa partie inférieure, et dont les trois divisions intérieures sont une fois plus courtes, plus étroites, et presque lancéolées. Ces fleurs ne durent qu'un jour. La plante est originaire du cap de Bonne-Espérance ; on la plante en pot et on la rentre dans l'orangerie ou la serre tempérée. Iris BULBEUSE : Iris xiphium , Linn., Spec. 58; Lois., Herh. amat.,v.°et tab. 1 10. Sa racine est une bulbe ovale, pointue; elle produit une tige'droite, haute d'un pied et demi ou environ, garnie à sa base de feuilles linéaires-subulécs , creusées en gouttière, striées, glabres, un peu moins longues que la tige. Ses fleurs sont terminales , agréablement odorantes , or- dinairement au nombre de deux, dans des spathes vertes et pointues; leur couleur est communément bleue, avec une tache jaune à la base des divisions étalées , qui ne sont pas plus larges que les stigmates : mais il y a plusieurs variétés dans lesquelles les différentes divisions de la corolle sont ou blanches, ou Jaunes, bleues foncées ou claires , et ménie ver- dàtres, comme bronzées. Cette espèce croît naturellement en Esgagne et en rorti%al ; on la cultive pour l'ornement des 658 IRI jardins. Ses difTérentes variétés, plantées en mélange dans une plate-bande, y forment, quand elles sont en fleurs, à la fin de Mai ou au commencement de Juin, un charmant coup d'oeil, mais qui ne dure que quatre à cinq jours : on peut prolonger sa jouissance le double de ce temps, en garan- tissant les fleurs du soleil au moyen d'une grande toile étendue au-dessus. Les oignons peuvent être retirés de (erre tous les ans , après que les tiges et les feuilles sont sèches, et on les replante au mois d'Octobre ou au commencement de No- vembre. Ils ne craignent que les très-fortes gelées, et surtout lorsque la terre n'est pas couverte de neige, comme cela arriva en Janvier 1820. Lorsqu'on laisse les oignons plusieurs années de suite sans les remuer, ils fournissent une grande quantité de caïeux. Une terre franche, légère, est celle qui leur convient le mieux. Iris xirnioÏDE : Iris xipliioides , Willd., Spec, 1 , pag. 201 : Red., Lil. , t. •212; Lois., Herb. amat., n." et tab. 166- Cette espèce a beaucoup de rapports avec la précédente; mais elle en diffère par ses feuilles plus larges, plus longues que la tige , et par les divisions étalées de sa corolle , qui sont beau- coup plus larges que les stigmates. Ses fleurs sont inodores, larges de trois à quatre pouces, d'un beau bleu clair dans l'état sauvage; blanches, pourpres ou violettes, dans les va- riétés cultivées. Cette plante croît naturellement dans les montagnes en Espagne et dans les Pyrénées. Nous l'avons vue très -commune dans les prairies un peu élevées de ces der- nières montagnes, à Luz , àCauterets, au Tourmalet , etc.; elle y fleurit en Juin et Juillet. Dans les jardins de Paris elle est en fleur dès le mois de Mai. Quoiqu'elle se trouve très- fréquemment dans les Pyrénées, comme nous venons de le dire , les botanistes ont long- temps ignoré qu'elle fiU indigène en France, et M. de Lamarck n'en avoit point fait mention dans la première édition de sa Flore françoise. Depuis, M. de Lapeyrouse et M. Ramond ont revendiqué l'honneur de lavoir découverte en France ; mais il paroît que Tourncfort l'avoit vue dans les Pyrénées avant eux ; et , en effet , il seroit difficile d'herboriser pendant quelques jours dans ces mon- tagnes, à Fépoque où elle fleurit, sans la rencontrer, et iî j/cst paç possihlr que la beauté de seV fleurs, dans ces lieux ^ • IRI ' 639 agrestes, ne frappe non -seulement un botamistc, mais la première personne à la vue de laKjuelle elles s'offrent. Quoi qu'il en soit, il y a long- temps que les HoUandois ont tiré cette plante de l'Espagne et l'ont cultivée chez eux, où ils en ont obtenu un grand nombre de variétés, dont par suite les jardins françois se sont enrichis. La culture de l'iris xiphioide est la même que celle de l'espèce précédente. Ses bulbes sont, dit-on, fortement éméîiques, quand elles sont fraîches. Iris de Perse: Iris persica , Linn. , Spec, 5g; Herb.de l'amat. , n." et tab. 48. Sa racine est une bulbe alongée . pyramidale, de la grosseur du pouce; elle pousse cinq à six feuilles linéai- res-subulées, canaliculées, d'un vert un peu glauque , longues d'environ trois pouces, du milieu desquelles s'élève, à la hau- teur de trois à quatre pouces, une fleur assez grande, d'une odeur suave, enveloppée avant son épanouissement dans une spathe bivalve. La corolle de cette fleur, à laquelle une seconde succède quelquefois, est partagée profondément en six divisions, dont les trois intérieures sont très-petites, étroites, horizontales ou un peu pendantes, tout-à-fait blan- ches; les trois extérieures sont grandes, redressées ou demi- ouvertes, blanches, marquées d'une raie jaune dans leur milieu et à leur sommet d'une large tache veloutée et vio- lette. Les trois stigmates sont grands, pétaliformes , blancs, avec uae raie d'un bleu pâle dans leur milieu. Cette plante est originaire de la Perse; on la cultive en Europe depuis près de deux cents ans. Elle craint la gelée et l'humidité. Quand on la plante en pleine terre , il faut la placer à une exposition chaude et avoir soin de la couvrir de litière pen- dant les froids. On en jouit davantage en la plantant dans des pots remplis d'une terre légère et sablonneuse , et en pla- çant ces pots dans les appartemens , lorsque la plante est en fleur; ce qui arrive dès le mois de Février pour les oignons qui ont été tenus à une douce chaleur pendant tout l'hiver : en pleine terre ils ne fleurissent qu'à la fin de Mars. On peut aussi mettre les oignons dans des carafes remplies d'eau, comme on fait pour les narcisses et les jacinthes. Iris sisvrinchion , vulgairement Iris double- bulbe : Iris sisjrincliium , Linn. , Sfec. , 6g; Si^yrincliium mai us et minus ^ 640 IRI Clus. , Hist., 216. La tige de cette espèce est haute de trois à six pouces, et elle porte une à trois fleurs. Ses feuilles sont subulées, canaliculées , plus longues que la tige. Ses fleurs sont bleues, marquées de taches jaunes à leur base; elles paroissent en Avril et Mai. Cette plante croit naturellement en Espagne , en Portugal , sur les côtes de Barbarie , et en Provence, dans les environs de Toulon. Clusius dit qu'en Portugal les enfans mangent ses bulbes comme des noisettes. La bulbe de cette espèce n"est point double, mais simple. Ce qui en a imposé à ceux qui ont cru voir la racine formée de deux bulbes , c'est que chaque année il se forme une nouvelle bulbe, non latéralement, comme dans les orchis, les tulipes, les aux, etc.; mais naissant immédiatement au- dessus de l'ancienne, comme dani les safrans et les glaïeuls. Dans ces derniers et dans l'espèce dont il est ici question, l'ancienne bulbe est desséchée et ne forme qu'une sorte de plateau au-dessous de la jeune bulbe, lorsqu'on n'arrache la plante qu'au terme de la végétation ; mais, si on la retire de terre pendant la floraison, on trouve deux bulbes, l'une qui n'a pas encore acquis toute la grosseur à laquelle elle doit parvenir, et l'autre n'ayant pas encore perdu sa forme. Iris tubéreuse , vulgairement Faux-hermodacte; Ii-is tuberosa, Linn. , Spec, 58; Dod.. Pempt., 249 ; Herb. de l'amat. , n." et lab. 53. La racine de cette iris est formée d'un à quatre tu- bercules alongés, à peu près de la grosseur du petit doigt; elle produit une tige de six pouces à un pied , terminée par une seule fleur, d'un vert brun , avec une teinte d'un violet obscur. Les feuilles sont linéaires, étroites, quadrangulai.res , plus longues que les tiges. Cette plante croît dans le Midi de l'Europe ; elle a été trouvée depuis quelques années en Provence , en Languedoc et dans le Poitou. Dans les pays méridionaux elle fleurit en lévrier, et à Paris à la fin de Mars ou au commencement d'Avril. Elle vient bien en pleine terre. Linnaeus, dans sa Matière médicale, regarde les racines de celte iris comme fournissant les hermodattes, dont l'usage étoit autrefois beaucoup plus répandu en médecine qu'il ne lest aujourd'hui ; car il est presque entièrement tombé en dé- suétude: mais Linnasus paroît avoirrété dans Terreur; c'est , » IRI • 641 à une autre plante que sont dues les Hermodattes, et l'opi- nion la plus probable à cet égard est celle de Miller, de Forskal et de Spielman , qui pensent qu'elles sont formées avec les bulbes d'une liliacée figurée dans Matthiole, p. 1108, sous le nom de colchicum orientale, mais qui appartient réel- lement à une espèce de fritillaire. (L. D.) IRIS. (Enlom.) C'est ainsi qu'on désigne en latin le papillon qu'on appelle en France le grand Mars changeant. (C. D.) IRIS. {Ichthjol.) M. de Lacépède a donné ce nom à un poisson des eaux douces de la Caroline , où il a été décou- vert par M. Bosc. qui l'avoit appelé perça iridea. M. de La- cépède en a fait le labrus irideus. Voyez Labre. (H. C.) IRIS. (Min.) Pline, liv. XXXVII, chap. g, dit que l'iris est un vrai cristal ayant six angles comme lui, et que, placé au soleil dans une chambre , il renvoie sur les murailles , d'une manière admirable, les couleurs de l'arc-en-ciel ; que ces couleurs ne lui sont pas propres, etc. Derosnel (Merc. ind. , part. 2, pag. 26) donne ce nom à une pierre qui est d'un gris de lin tirant sur le rougeàtre, réfléchissant un peu les couleurs de l'arc-en-ciel; mais qui, étant laiteuse et n'ayant pas la vivacité de l'opale, est peu estimée. Cette description convient assez bien à la variété grisâtre du quarz chatoyant, qu'on nomme vulgairement icil de chat. La circonstance des six angles attribués par Pline à l'iris, a fait présumer à M. Hauy que ce nom pouvoit également s'appliquer «aux cristaux de quarz limpides, durs, polis, « assez égaux pour que deux de leurs plans inclinés entre « eux fassent l'oQlce de l'angle réfringeant du prisme trian- « gulaire, en sorte qu'étant exposés au soleil, ils projettent « l'image colorée de cet astre sur une muraille située à une « distance convenable.^ Wallerius, tom. 1, pag. 227, dit à peu près la même chose en parlant de cette variété de quarz. Une troisième sorte de phénomène, résultant de l'action du quarz sur la lumière , a fait donner aussi le nom d'iris aux variétés qui le présentent : ce sont des quarz hyalins par- faitement limpides , renfermant dans leur intérieur des fissures extrêmement minces, ^ui ont la propriété de donner les 2». 41 643 IRI • , couleurs de Tiris ou de l'arc-en-ciel avec la plus grande viva- cité. Ces quarz sont fendillés ainsi naturellement, et alors leurs fissures moins nombreuses et leur limpidité plus com- plète rendent ces couleurs plus belles et plus durables, ou ils le- sont artificiellement, soit par la percussion, soit par leur immersion dans l'eau en état d'incandescence. Ainsi il y auroit trois sortes d'iris : 1." Le gris de lin de Derosnel, qui seroit un quarz cha- toyant ; 2." Le cristallisé ou le quarz poli sous un certain angle, qui est probablement l'iris connu des physiciens modernes , et peut-être aussi celui de Pline ; 3.° Le quarz hyalin, limpide, fendillé, qui, étant cristal- lisé , peut fort bien convenir à l'iris indiqué par Pline comme hexagonal. Cette dernière pierre d'iris est la plus connue , la plus recherchée, et les plus belles viennent du Mexique et du Brésil. (B.) IRIS. {Ornith.) On appelle ainsi le prolongement de la membrane choroïde autour de la pupille ; sa couleur varie suivant les difierentes espèces d'oiseaux. L'iris est blanc dans la grue couronnée ou oiseau royal , dans la cigogne maguari , dans le petit tétras à queue fourchue; blanchâtre dans le choucas; noir dans beaucoup de passereaux; d"un noir bleuâtre dans la fresaie ; bleu dans le geai; brun dans un grand nombre d'oiseaux ; d'un jaune brun dans le cravant; jaune dans le faisan doré, l'éperonnier, le goéland à man- teau gris; d'un jaune brillant dans le héron commun, le bu- tor, le grand et le moyen ducs, le cariama, le garrot, i'hui- trier; orangé dans plusieurs coucous; rouge dans le jaseur de Bohème, le coq de Bantam , le canard huppé de la Loui- siane, le geai blanc , le pinson noir; d'un rouge vif dans le guêpier; d'un rouge de feu dans le courlis brun ; d'un rouge aurore dans les tourterelles blanches, dans quelques variétés de pigeons, dans les coqs, les poules; de couleur noisette dans le casse -noix, le coucou ordinaire, etc. La connoissance de ces variations, très-utile pour le choix des yeux d'émail dans là préparation des oiseaux empaillés, fournit aussi quelquefois des caractères pour la désignation des espèces. Wolf observe , dans sop Histoire naturelle des , » IRR ^ 645 oiseaux de Franconie, que l'iris change de couleur avec l'âge; mais il est probable que ce changement ne devient sensible que chez des individus très- vieux. (Ch. D.) IRIS MARINA. (Ichthjol.) Quelques anciens naturalistes, Aldrovandi entre autres, ont ainsi appelé une espèce de ruban ou de flamme de mer, qui me paroît être la cépole serpentiforme en particulier. Voyez Cépole. (H. C.) IRISCH. (Ornith.) On appelle ainsi, en Norwége, la li- notte, fringilla linaria, Linn. (Ch. D.) IRIWYA (Bot.), nom donné, suivant Hermann , à une espèce de haricot non déterminée. (J. ) IRLIN (Ornith.), un des noms allemands , suivantSchwenck- feld , de la bergeronnette du printemps, motacïila Jlava, Linn. (Ch. D.) IRON ( Bot. ) , nom vulgaire de l'absinthe dans la Hongrie , «uivant Clusius. (J.) IROUCANA. {Bot.) Ce genre de plante, observé dans la Guiane par Aublet, nommé moellaria par Scopoli et Necker, athenœa par Schreber , a été supprimé par nous et réuni au genre ^n.at'fn.go. d'Adanson et deLamarck, que quelques au- teurs préfèrent de nommer Casearia, avec Jacquin. (J. ) IROUDA (OrniUi.) , nom vulgaire de Thirondelle en Lan- guedoc, où le petit s'appelle iroundou. (Ch. D.) IRRÉGULIER (Bot.), dont les parties correspondantes diffèrent entre elles, soit par la forme, soit par la grandeur. On a des exemples de calice irrégulier, de corolle irrégu- lière, etc., dans la sauge, le pied-d'alouette, la capucine, le robinia pseudo- acacia , etc. L'irrégularité du calice et de la corolle est ordinairement indiquée par la déviation des étamines vers un même côté de la fleur. Les parties peuvent ne pas être toutes semblables et former cependant un tout régulier, si la dissemblance suit un ordre symétrique : tel est, par exemple, le calice de la potentille, du fraisier, etc. (Mass.) IRRITABILITÉ et CONTRACTILITÉ. Voyez Moelle éfi- NiÈRE pour le premier, et Motilité, Muscles, pour le second. (F.) IRRITABLE {Bot.) , se contractant et exécutant divers mouvemens par suit^de l'acte même de la végétation , ou G44 1RS par le contact de certains stimulans. Ces effets se manifestent d'une manière plus ou moins sensible dans diverses parties des plantes, principalement dans les feuilles, les étamines , les vaisseaux du tissu interne. Ils sont très-marqués dans les feuilles de la sensitive, du sainfoin du ganp;e (voyez au mot Feuilles), ainsi que dans les étamines des berberis , du ruLa graveolens , du parnassia , etc. M. Desfontaines a fait voir que presque toutes les étamines exécutent spontanément des mou- vemens particuliers au mnment de la fécondation. Les expé- riences de MM. Brugmann . Coulon , Th. de Saussure, démon- trent que les vaisseaux des plantes sont susceptibles de con- traction , et qu'on peut anéantir leur irritabilité par plusieurs des agens physiques ou chimiques qui anéantissent lïrrita- hilité chez les animaux. I.a force par laquelle les fruits de la balsamine éclatent , ou les étamines de la pariétaire, du kalmia , etc., se déban- dent, n'est pas l'irritabilité. Ces phénomènes sont dus à l'é- lasticité; ils ne se répètent point. Ceux qui sont l'effet de l'irritabilité peuvent se répéter. (Mass.) IRSIOLA. {Bot.) Les plantes de la famille des vinifères, que P. Browne nommoit ainsi dans son Histoire de la Jamaïque , sont le cissus sycioides et le cissus acida de Linneeus. (J. ) IRSKER. (Ornith.) Eggède se borne à désigner cet oiseau du Groenland comme un petit moineau chanteur. (Ch. D. ) IRUNGUS. {Bot.) Dodoens dit que dans les pharmacies on nommoit ainsi le panicaut, qui est Viringio des Italiens, Verjngium des Latins et des botanistes. (J. ) IRUPERO. {Ornith.) On applique, au Paraguay, le nom de pepoaza , qui signifie aile traversée, aux oiseaux dont les ailes sont traversées par une bande d'une autre couleur que le fond. M. d'Azara en a formé une petite famille, qui a de l'a- nalogie avec les moucherolles et les tyrans, et dont une espèce, par lui décrite sous le n." 204, porte dans le pays la dénomination particulière d'iri/pero. Cet oiseau, long de sept pouces et demi, est tout blanc , à l'exception du bout de la queue , des couvertures supérieures des ailes , de ses quatre premières pennes, de l'extrémité des quatre suivantes, de l'iris, du bec et du tarse, qui sont noirs. (Ch. D.) IRUS. {Conchyl.) C'est le nom sors lequel M. Ocken a ^ • IRY ' 6/.5 formé une petite coupe générique avec les espèces de coquilles bivalves dont M. de Lamarck a fait ses genres Pandore, Petricole, Rupellaire et Saxicave. Le caractère qu'il assigne à ce genre , est d'avoir le manteau terminé par deux tubes courts, et d'avoir le pied également très-court. Il y range la tellina inœquivalvis , Linn. , Gmel. , le type du genre Pan- dore de M. de Lamarck; le mjtilus rugosus deL. , Gmelin , et le Donax Irus du genre Pétricole de M. de Lamarck. Ce genre Irus de M. Ocken correspond à celui que Poli avoit nommé depuis long-temps Hjpogœa. (De B.) IRUSCULE. (Bot.) Dans les Pyrénées orientales on donne ce nom cà Veuphorhia characias, Linn. (L. D.) IRYA , IRYAGHAS (Bot.) : noms d'une noix muscade de Ceilan, qui est petite, inodore et conséquemment négligée. (J.) IRYAGHEDHI. {Bot.) Noix muscade sauvage de Ceilan, suivant Hermann. La plante est citée et figurée dans le Thés. Zeyl. de Biirmann , t. yq. C'est un arbre à feuilles opposées, différant en ce point des autres muscadiers. Comme on ne connoît point sa fructification, il est difficile de déterminer son vrai genre. ( J. ) FIN nu VINGT-TROISIÈME VOLUME. 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