DICTIONNAIRE SCIENCES NATURELLES DANS LEQUEL ON TRAITE MÉTHODIQUEMENT DES DIFFÉRENS ÊTRES DE LA NATURE, CONSIDÉRÉS SOIT EN EUX-MÈiMES, d'aFRÈS l'ÉTAT ACTUEL DE NOS C0NN0IS3ANCES , SOIT HELATtVEMEiNT A l'uTILITÉ Qu'eN PEUVENT RETIRER LA MÉDECINE, l'agriculture, LE COMMERCE ET LES ARTS. SUIVI D'UiNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. Plusieurs Professeurs du Jardin du Roi et des principales Ecoles de Paris. TOME 2^11 EN TE' Cl JS O UIÈME. NIL-OJO. F. G. Levkavlt, Editeur, à STRASBOURG, et rue de la Harpe, N.'* 8i, à PARIS. Le Noumakt, rue de Seine, N." 8, à PARIS. 1825. m :-< LIBRARY OF ie85_IQ56 DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES. TOME XXXV. \y NIL-OJO. Le nombre d'exemplaires prescrit par la loi a été dé- posé. Tous les exemplaires sont ret^êtus de la signature de l'éditeur. DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES DANS LEQUEL ON TRAITE METHODIQUEMENT DES DIFFÉRENS ÊTRES DE LA NATURE, CONSIDÉRÉS SOIT EN EUX-MÊMES, d'aPRÈS l'bTAT ACTUEL DE NOS CONNOISSANCES, soit RELATIVEMENT A l'uTILITB Qu'eN PEUVENT RETIRER LA MÉDECINE, l'aGRICULTURE , LE COMMERCE ET LES ARTS. SUIVI D'UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. Ouvrage destiné aux médecins, aux agriculteurs, aux commerçans, aux artistes, aux manufacturiers, et à tous ceux qui ont intérêt à connoîlre les productions de la nature, leurs caractèresgénériques et spéciHques, leur lieu natal, leurs propriétés et leurs usages. PAR Plusieurs Professeurs du Jardin du Roi , et des principales Ecoles de Paris. TOME TRENTE-CINQUIÈME. F. G. Levraxjlt, Editeur, à STRASBOURG, et rue de la Harpe, n." 81, à PARIS. Le Normant, rue de Seine, N." 8 , à PARIS. 1825. Liste des Auteurs par ordre de Matières. Physique générale. M. LACROIX , membre de l'Académie de Sciences et professeur au Collège d, France. (L.) Chimie. M. CIIEVREUL, professeur au Collège royal de Charlemagne. (On.) Minéralogie et Géologie. M. BRONGNIART, membre de l'Académ des Sciences, professeur à la Faculté des Sciences. (B.) M. BROCHANT DE VILLIERS , membre de l'Académie des Sciences. (B. de V. ) M. DE FRANCE, membre de plusieurs Sociétés savantes. (0. F.) Botatiiqiie. M. DESFONTAINES, membre de l'Académie des Sciences. (Desf.) M. DE JUSSIEU, membre de l'Académie des Sciences, professeur au Jardin du Roi. (J.) M. MIRBEL, membre de l'Académie des Sciences , professeur à la Faculté des Sciences. (B. M.) M. HENRI ^CASSmi , membre de la Société philomatique de Paris. (H. Cass.) M. LEMAN, membre de la Société philoma- tique de Paris. (Lem.) M. LOISELEUR DESLONGCHAMPS , Docteur en médecine , membre de plusieurs Sociétés savantes. (L. D.) M. MASSEY. (Miss.) M. POIRET , membre de plusieurs Sociétés savantes et littéraires , continuateur de l'Encyclopédie botanique. (Pom.) M. DE TUSSAC, membre de plusieurs Sociétés savantes, auteur de la Flore des Antilles. (De T.) ie générale , Anatomie et Physiologie. M. G. CUVIER , membre et secrétaire per- pétuel de l'Académie des Sciences, prcf. au Jardin du Roi, etc. (G. C. ou CV. ou C.) M. FLOURENS. (F.) Mammifères. M. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, membre de l'Académie des Sciences, prof, au Jardia du Roi. (G.) Oiseaux. M. DUMONT DE s.i« CROIX , membre de plusieurs Sociétés savantes. (Ch. D.) Reptiles et Poissons. M. DE LACÉPÈDE, membre de l'Académie des Sciences, prof, au Jardin du Roi. (L. L.) M. DUMERIL, membre dé l'Académie des Sciences, prof, à l'Écolede médecine. (C. D.) M. CLOQUET, Docteur en médecine. (H. C.) Insectes. M. DUMERIL , membre de l'Académie des Sciences, professeur à l'École de médecine. (C. D.) Crustacés. M. W. E. LEACH, membre de> Société roy. de Londres, Correspond, du Muséum d'his^ tolre naturelle de France. ( W. E. L. ) M. A. G. DESMAREST, membre Utulairede l'Académie royale de médecine , professeur à l'école royale vétérinaire d'Alfo.l, etc. Mollusques , Vers et Zoophytes. M. DEBLAINVILLE, professeur à la Facnltë des Sciences. (De B.) M. TDRPIN, nalun l'exécutioii des dessins gravure. sle , est chargé de de la direction de MM. DE HUMBOLDT et RAMOND donneront quelques articles sur les objets nouveaux qu'ils ont observés dans leurs voyages, ou sur les sujets dont ils se sont plus particuliè- rement occupés. M. DE CANDOLLE nous a fait la même promesse. M. PRÉVÔT a donné l'article Océan , et M. VALENCIENNE plusieurs articles d'Oi- nllhologle. M. F. CUVIER est chargé de la direction générale de l'ouvrage, et il coopérera aux articles généraux de zoologie et à Tbistoire des mammifires. (F. C.) DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES. NIL il IL. (Bot.) La plante ainsi nommée par les Arabes, est un Viseron, convohulus nil; un autre nil, ou anil , cité par le voyageur Linscot et par Rhéede dans ÏHort. mal., est l'in- digotier, indigofera. (J.) NIL. (Ichthjol.) On a donné parfois ce nom au boltjy , pois- son du genre Chromys. Voyez ce mot. (H. C.) NILA-BARUDENA. {Bot.) Nommalabare de lamelongène , cité par Rhéede. (J.) NILA- CANDI. (Mm.) C'est, dans l'Inde, le nom du co- rindon télésie , jaunâtre , avec l'aspect vitreux, ou de la pierre ïimmmée vulgairement topaze orientale. (B.) NILA-HUMMATA. (Bot.) Voyez Muoela-nila-hummata. (J.) NILA-NAGEL. (Bot.) Le thymus indicus de Burmann est ainsi nommé sur la côte de Coromandel. (J.) NILE [Min.), chez les Cingulais, et NILEM chez les Mala- bares, est le nom du saphir. (Redss, Vocab.) (B.) NIL-GAUT, NIL-GAUX ou NYL-GHAUT, Antilope picta. (Mamm. ) Nom indien, qui signifie bœuf bleu , d'une espèce de ruminant d'assez grande taille, placée dans le genre des Antilopes. Voyez tom. II, pag. 248. (Desm.) NILI-CAMARAM. (Bot.) Voyez Nelli. (J.) NILICA D'INFERNO. (Bof.) Voyez Bengiri etCAREMOxi. (J.) NILIKAI. (Bot.) Nom malais du phyllanthe emblic. (Lem.^ 35. 1 NIL NILION, ISilio. (Entom.) Nom donné par M. Latreille â un genre d'insectes coléoptères hétéroinérés, voisins des hé- lops par les parties de la bouche, et des coccinelles par la foi-me hémisphérique de leur corps. Ce genre ne comprend que quelques espèces de l'Amérique méridionale, du Brésil et de Cayenne. Fabricius les avoit placées avec les coccinelles et les œgithes. (CD.) NILIOS. (Min.) Pierre verdàtre d'un éclat foible et louche, ayant la couleur d'une topase enfumée , ou d'un jaune ti- rant sur la couleur du miel. On la trouve dans le lit des fleuves, dans le Syvenus en Attique et dans le Nil en Ethiopie. 11 est fait mention de tant de pierres vertes ou vcrdcitres dans les anciens, que celle-ci se confond dans la foule de celles qui sont trop peu caractérisées pour qu'on puisse espérer de jamais les connoître. (B.) NILOFAR, NINOFAR. (Bot.) Noms arabes, cités par Da- léchamps, desquels paroît dériver celui de nénuphar, donné au nymphœa, ( J. ) NILOTIQUE. {Ichthfol.) On a donné ce nom à plusieurs espèces de poissons d'Egypte, en particulier au Boltj (voyez Chromis) et au Kéclir (voyez CenxropoiMe). Voyez aussi RaiI et Laiîéon. (h. C.) NILPFERD. (Alamm. ) Nom allemand qui signifie cheval du Nil et qui a été employé par Haller pour désigner Fhippo- potame. (Df.sm.) NIMBO, NIMBOU. (Bot.) Nom de l'azédarach de l'Inde, melia azadirachta, sur la côte malabare. (J. ) NIMELLA-OUELLE. (Ornith.) Nom générique des cor- beaux chez les Koriaques. (Ca. D. ) NIMMERSATT. ( Ornith. ) Nom allemand des ibis dans Meyer. (Ch. D.) NIMSE. (Mamm.) Erxlcben donne ce nom comme étant celui du furet en Barbarie. Nous lui trouvons assez de res- semblance avec celui de nems , dont les Égyptiens modernes font usage en désignant la mangouste , pour présumer qu'ils ont la même origine et que tous deux sont destinés à signaler un animal carnassier voisin des Martes. (Desm. ) NIN-ANGANI. (Bot.) Nom malabare du gomphrena hispida de Linnasus. (J.) NIN 5 NINCOMBAR. (Ornith.) On trouve, dans quelques ou- vrages, ce terme employé pour désigner Fespèce de pigeon des îles de Nicobar dont Linneeus et Latham ont fait leur columha nicoharica, et M. Temminck son colombi-galline à camail. (Ch. D.) NINDAS. (Ornith.) Il est probable que ce nom, qui se trouve au tome 20 du Nouveau Dictionnaire d'histoire natu- relle, se rapporte au Nenday de d'Azara. Voyez ce mot. (Ch.D.) NINGI. (Bot.) Les Nègres de Sierra-Léone nomment ainsi la racine d'une plante qui nous est inconnue et dont ils pré- parent une bière forte. (Lem.) NINGUAS ou NIGAUS. {Entom.) On appelle ainsi , aux Indes occidentales, des insectes parasites, qui pénètrent sous la peau des hommes et des animaux : on croit que c'est la chique ou la Puce pénétrante , dont nous avons donné la figure planche 53 de l'Atlas de ce Dictionnaire, n.°' 4 — 6 ABC. Voyez Puce. (CD.) NINIPATTU. (Bot.) Nom du carambolier , ai'errhoa caram- lola, dans l'île d'Amboine , suivant Rumph. (J.) NINNIKU. (Bot.) Espèce d'ail du Japon, citée par M, Thunberg. (J.) NINOTTE. (Ornith.) Salerne dit, pag. 281, qu'on appeloit ainsi , dans la Guyenne, la linotte commune, fringilla linota, Linn. ( Ch. D. ) NINSI, NINDSIN, NISJI. (Bot.) Plante ombellifère du Japon, citée par Kœmpfer comme un excellent cordial, un remède presque universel. Naturelle dans la Corée et le Nord de la Chine, elle y est vendue, ainsi qu'au Japon, à un prix excessif. On la rapporte au genre de la Berle sous le nom de Sium ninsi. C'est sa racine tubéreuse que l'on emploie particulièrement, et qui jouit à peu près des mêmes vertus que le ginseng originaire du Canada; mais son usage est concentré dans ces contrées de l'Asie, et on n'en apporte en Europe que des échantillons. (J.) NINTIPOLONGA. (Erpét.) Séba, Thés. 11 , tab. 37, fig. 1 , a figuré sous ce nom un serpent des Indes orientales, qui paroîtttre un Boa. Voyez ce mot. ( H. C.) NIN-TOO , SIN-TOO. (Bot,) ]>1 oms jap onois du lonicera j a- ponica de Thunberg. (J. ) 4 NIO NIOPO. (Bol.) La plante de ce nom , rapportée de TA' mérique méridionale par MM. de Humboldt et Bonpland , est Vinga niopo de Willdenow. (J.) NIOTA-NIODEM-VALLI. {Bot.) Llnnaeus cite, d'après Rhéede , ce nom malabare pour son ceropegia candelahrum , genre de la famille des apocinées. Adanson reproduit le même sous le simple nom de niota. Il est fort différent du niota de M. de Lamarck , ou samadera de Gaertner, karin-niota de Rhéede, genre de la famille des simarubées. (J. ) NIOTE. {Bot.) Niota, Lamk. ; Biporeia , Petit -Thouars , Gen. Madag., 14. Genre de plantes dicotylédones, à fleura complètes , polypétalées , de la famille des simarubées , de Voctundrie monogynie de Linnœus , offrant pour caractère essentiel • Un calice à quatre lobes; quatre ou cinq pétales; huit étamines; un ovaire supérieur; un style; une capsule à une loge monosperme. Le liporeia de M. du Petit-Thouars, que cet auteur rap- porte au niota, quoiqu'il en ait changé le nom, mais qu'il avoue, à la fin de sa description , ne pouvoir être conservé, présente quelques caractères différens de ceux énoncés ci- dessus. Il offre les deux divisions extérieures du calice glan- duleuses : les filamens des étamines pourvus d'une écaille à leur base; l'ovaire un peu pédicellé, à quatre lobes pro- fonds; quatre capsules comprimées, en forme de gousses. NiOTE A QUATRE PETALES; Niotu tctrûpetala , Lamk. , III. gen., tab. 29g. Arbre des Indes, dont les rameaux sont gâtais de feuilles alternes, ovales, aiguës, très-entières, glabres, lon- gues de deux pouces et demi, pétiolées ; les fleurs disposées presque en ombelle à Fextrémité d'un long pédoncule pen- dant, axillaire. Le calice fort petit, à quatre divisions pro- fondes, obtuses; quatre pétales ovales, elliptiques; huit éta- mines un peu inégales, de la longueur de la corolle; un ovaire supérieur , turbiné , qui se convertit en un fruit ligneux , de la grosseur et de la forme d'une noix , conte- nant une seule semence ovale, de la grosseur d'une amande. NiOTE A CINQ PÉTALES : Niota pentapelala , Poir. , Encycl., vol. 4, pag. 490; Karin-niota joti , Rhéed. , Horl. Malab., 6, pag. 3i , tab. 18. Quoique les fleurs de cette espèce diff'èrent de la précédente par le nombre de leurs parties, cependant NIP 5 elle se rapporte tellement à ce genre par le caractère de ses fruits, qu'elle ne me paroîtpas devoir en être séparée. C'est d'après Rhéede, un arbre très -fort, haut de trente pieds; ayant le tronc de l'épaisseur d'un homme ordinaire; l'écorce des rameaux noire; le bois blanc, d'une saveur amère. Les feuilles sont glabres, épaisses, ovales, alternes, péliolées, très-entières; et les fleurs axillaires, pendantes à l'extrémité d'un très- long pédoncule, presque en ombelle; elles ont le calice petit, à cinq segmens obtus, arrondis; cinq pétales oblongs, d'un blanc mêlé de jaune d'un côté, d'un rouge de sang de l'autre; cinq étamines; le fruit semblable à celui de l'espèce précédente. Cette plante croît au Malabar, où elle fleurit en Janvier , et donne des fruits mûrs en Mars et Avril ; il conserve son feuillage toute l'année. Ses feuilles et son fruit sont très-amers. On les emploie contre la fièvre, et l'on retire de l'huile de ses fruits. (Pom.) NIOTOUT. (Bot.) Adanson nous apprend qu'au Sénégal ce nom est celui de l'arbre qui fournit le BdelidiM. Voyez ce mot. (Lem. ) . NIOU ou NOU. (Mamm.) Les Hottentots donnent ce nom au ruminant qui est inscrit dans nos ouvrages méthodiques sous le nom d'antilope gnou. (Desm.) NIPA. (Bot.) Dans le Chili on donne ce nom au stercorjlum ruhrum de la Flore du Pérou , espèce dont le genre est reporté près de l'airelle dans la famille des éricinées. Le même nom est donné dans l'Inde à un arbre décrit ci-après, qui a le port d'un palmier et se rapproche du pandanus par ses ca- ractères. (J. ) NIPA. (Bot.) Genre de plantes monocotylédones, à fleurs monoïques, de la famille des Pandanées, delà monoécie mona- delphie, dont le caractère essentiel consiste ; Dans les fleurs mâles; un calice à six folioles ; point de corolle; un fila- ment portant trois anthères réunies en un seul corps terminé par trois pointes: les fleurs femelles dépourvues de calice; un ovaire supérieur, surmonté d'un stigmate sessile à trois divisions, quelquefois complètement soudées. Le fruit est un drupe à trois ou cinq angles, renfermant une amande (quel- quefois deux) sillonnée d'un côté, portant l'embryon à sa partie inférieure. G NIP Thunberg a , le premier, fait connoî(re le nipa, déjà figuré dans Rumph. M. Houton- Labillardière , dans un Mémoire lu à l'Académie des sciences, a donné à ce genre plus de développement, particulièrement sur la fructification, impar- faitement observée par Thunberg. Nipa arbrisseau : Nipafruticans , Thunb. , Act. Holm. , 1782 . pag. 25i, et Not'. gen. plant., pag. gi ; Lamk. , III. gen. , lab. 897 ; Labill. , Mém. du Mus. d'histoire natur, , vol. 5 , p. 5c)5; Nipa, Rumph.. Herb. Amb., 1 , pag. 72 , tab. 16. Le nipa est un arbrisseau de huit à neuf pieds, en y comprenant les feuilles et le régime. Son tronc s'élève à trois ou quatre pieds; quelquefois il surpasse à peine un pied : il supporte à son sommet des feuilles ailées, longues de quatre à six pieds; dont le pétiole , élargi à sa base , embrasse la tige. Les folioles sont lancéolées . linéaires . longues de trois pieds environ , munies, à la partie supérieure de leurs bords, de dente- lures acérées, entièrement dépourvues d'épines. Les fleurs, tant mâles que femelles , sont situées sur le même régime , sortant d'une large spathe. Ce régime est long de cinq pieds, divisé en quatre ou cinq nmeaux prin- cipaux ; d'autres spathes sont situées à la base de chaque ra- meau. Les fleurs mâles sont disposées en chatons cylindri- ques ; les fleurs femelles réunies en tête sur un pédoncule commun. Les fruits forment un drupe de couleur marron, long de trois à quatre pouces , marqué de trois à cinq angles principaux, renfermant une amande ovoïde, dans une enve- loppe fibreuse , dont les interstices sont remplis d'une subs- tance fongueuse de peu de consistance. Cette plante croit à Java et autres contrées des irid-'s orientales, sur le bord des eaux douces ou saumàtres et dans les lieux marécageux. Les jeunes fruits du nipa se mangent crus ou confits au sucre : ils deviennent si durs par /a maturité, qu'il est im- possible alors d'eu tirer aucun parti. Le régime fournit , par sa section , lors du premier développement de la fructifica- tion, une liqueur douceâtre, dont on retire, par la fer- mentation , une liqueur spiritueuse. L'arbre étant peu élevé, on se contente souvent de mettre sur le sol des vases qui re- çoivent la liqueur sucrée; mais, lorsqu'il croît dans les ma- récages saumàtres, cette même liqueur en prend tellement NIR 7 îes mauvaises qualités , qu'on ne peut plus s'en servir. Les feuilles sont employées à divers usages; on en fait des cha- peaux, des nattes, des sacs et divers autres objets d'écono- mie domestique. Cet arbre, croissnnt habituellement sur le bord des eaux , se détache souvent par les inondations pro- venues de l'intérieur des terres, en groupes flottans à la sur- face des eaux : ils sont transportés sur les bords des îles voisines, s'arrêtent souvent sur des bancs de sable et donnent lieu à une nouvelle végétation, en couvrant ces îlots stériles; d'une autre part, les pieds qui croissent sur les bords de la mer , laissent tomber dans les eaux les fruits qui se sont détachés , et qui , transportés à de grandes distances le long des côtes, propagent ainsi la plante dans des lieux fort éloignés de son origine, (Pom. ) NIPHON. (Ichthjol.) Nom spécifique d'un Spare. Voyez ce mot. (H. C.) NIPPON-KIRI, (Bot.) Un des noms japonois du bignonia lomentosa de Thunberg. Son weigela japonica est le nippon utsiigi du même pays. (J. ) NIQUI. (Ichthj'ol.) Rai et Ruysch désignent sous ce nom un poisson du Brésil qui paroît avoir quelque rapport avec les Chironectes ou les Malthées. Voyez ces mots. (H. C.) NIRCACx\. [Ornith.) Le P. Paulin de Saint-Barthelémi , Voyage aux Indes orientales, tom. i.*'', pag. 426, comprend, dans rénumération des oiseaux du Malabar, le nircaca ou corbeau marin , sans entrer dans aucun détail à son sujet. Voy. Corbeau marin , t. X , p. 5g4, de ce Dictionnaire. (Ch. D.) NIR-CARAMBU. (Bot.) Le jussicea repens est ainsi nommé dans le Malabar. (J.) NIR-COTTAM-PALA. (Bot.) Espèce de tithimale de la cdte malabare. (J.) NIRGETA. (Bot.) Nom du glauciet, glaucium, dans le Por- tugal et le Brésil, selon Vandelli. (J. ) NIRI KATSCHAN. {Mamm.) Nom donné par les Tun- gouses au Campagnol gregari , mus gregarius , Pallas. (Desm.) NIRMIDÉS, JSirmidea. (Entom.) M. Leach a proposé ce nom pour désigner une famille d'insectes aptères parasites, qu'il compose du genre Riccin. Voyez Ornythomvzes. (Desm.) NIRMUS. {Entom.) Hennaiin fils a employé ce nom pour e NIR remiilacer celui de Ricinus , que Degéer a donné aux poux des oiseaux. M. Leach l'a adopté. Voyez Ricin. (Desm.) NIR-NOTS.HL. (Bot.) Nom malabare du volhameria inermis. Il est nommé serouni laut dans l'Inde, suivant Burmann. (J.) NIR-PONGELION. {Bot.) Sur la côte malabare on donne ce nom au bignonia spathacea de Linnaeus , reporté maintenant au genre Spathodea dans la même famille; c'est le caju-cuda des Malais, le ligniim equinum de Rumph. (J.) NlR-PULLARl. (Bot.) Une espèce d'indigotier , indigofera slalra, est ainsi nommée sur la côte malabare , suivant Rhéede. (J.) NIR-PULLI. {Bot.) Nom malabare du tradescanlia axillaris de Linnœus, dont Necker a fait un genre distinct sous celui de tonningia, auquel il attribue un calice extérieur à trois divisions profondes et un intérieur tubulé à six petites di- visions. ( J. ) NIR-SCHULLI. {Bot.) Plante herbacée du Malabar, qui paroit appartenir à la famille des acanthacées, et probablement au genre Ruellia. (J.) NIRURI. {Bot.) Arbrisseau du Malabar, qui est une es- pèce de Phyllanthus. Voyez ce mot. (J.) NISA. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones , à fleurs complètes, polypétalées , de la famille des rhamnées, de la ■pentandrie digynie de Linnaeus, offrant pour caractère essen- tiel : Un calice turbiné, à cinq ou six divisions; une co- rolle composée de cinq à six pétales redressés, attachés sur le calice; des glandes alternes avec les pétales; cinq à six étamines opposées aux pétales; un ovaire à demi inférieur; deux ou trois styles. Le fruit n'a point été observé. M. du Petit-Thouars, auteur de ce genre {ISov. gen. Ma- dag., pag. 24, n." 81.), dit en avoir découvert deux espèces à Pile de Madagascar , qu'il n'a point encore fait connoitre. Ce sont des arbrisseaux à feuilles alternes, sinuées et den- tées; les fleurs disposées en épis nus ou renfermées dans de grands involucres colorés et comprimés. (Poik.) NISA, NISEN ou NISER. {Mamm.) C'est le nom norwé- gien du marsouin , espèce du genre Dauphin décrite à l'ar- ticle Cachalot. (Desm.) NISCAG. {Ornith.) Nom de Poutardc, 0 fis tarda, Linn. , NIS 9 chez lesKnisteneaux, selon Mackenzie, tom. i.", pag. 264, de ses Voyages dans TAmérique septentrionale, (Ch. D.) NISI-KTNGI. (Bot.) Nom japonois du celastrus alatus , cité par Thunberg. (J. ) NlSJl. (Bot.) Un des noms japonois de la carotte, men- tionnés par M. Thunberg. Il est aussi donné au sium ninsi. (J.) mSOT.{Conchjl.) Adanson (Sénég., p. i5o, pi. 10) figure et décrit sous ce nom une très-petite espèce de son genre Buccin , mais que je crois appartenir au genre Triton de M. de Lamarck. Voyez ce mot. (De B.) NISPERO. (Bot.) Le sapotillier est ainsi nommé aux envi- rons de Cumana , suivant M. de Humboldt. (J.) NISR. (Ornith.) Ce nom et celui de nisra paroissent em- ployés par les Hébreux , les Chaldéens et les Arabes pour dé- signer l'aigle, et particulièrement le grand aigle, aquila chry- saëtos, Linn.; mais Forskal dit de cet oiseau, Descrip. animal.., pag. 12 , n.° 6, qu'il vit de chair et de cadavres, carne et cadaverilus victitat; et l'on a vu au mot ne$r que l'on regarde, en effet, ce nom comme plus spécialement applicable aux grands vautours. D'une autre part , le nom de nisser, selon Bruce, Voyage aux sources du Nil, trad. franc., tom. 5, pag. 182 , pi. 3i , doit s'appliquer au gypaète ou vautour bar- bu, gfpaëtos alpinus, Baud., et non à un aigle, quoique l'au- teur anglois présente l'aigle d"or comme synonyme. Au reste, l'établissement du genre Gypaète est assez récent , et ces oiseaux de proie n'étoient pas anciennement distingués comme ils le sont à présent. ( Ch. D.) NISSA. (Bot.) Palmier des Célèbes dont les habltans man- gent les feuilles. (Lem.) NISSKAMM. [ConchjL) M. Desmarest (Nouv. Dict. d'his!. nat.), dit que c'est un nom de la bécasse épineuse, murex trihulus, Linn. (De B.) NISSOLA. [Ichthjol.) Voyez Missola. (H. G.) NISSOLE , ISissolia. (Bol.) Genre de plantes dicotylé- dones, à fleurs complètes, papillonacées, de la famille des légumineuses, de lu diadelphie décandrie de Linnaeus, offrant pour caractère essentiel : Un calice à cinq dents; une co- rolle papillonacée ; dix étamines réunies en un seul paquet; un ovaire supérieur , oblong, comprimé; un style iiscendant; NIS le stigmate en tête. Le fruit est une gousse articulée , sur- montée d'une aile membraneuse; une semence dans chaque article. Ce genre avoit, dans Linné, pour principal caractère une gousse terminée par une aile membraneuse; mais, comme ces gousses sont monospermes, indéhiscentes et non articu- lées dans quelques espèces, dans d'autres articulées et po- lyspermes, on en a exclu les premières, pour lesquelles on a établi le genre Machœrium. (Voyez Mach^erie.) NissoLE EN ARBRE : NissoUu arborea , Linn.; Jacq. , Amer., J99, fab. 174, iig. 48. Arbre de l'Amérique méridionale, haut d'environ douze pieds, dont les rameaux sont flexibles, pendans, garnis de feuilles alternes, ailées avec une im- paire, composées de trois ou cinq folioles à peine pédicel- lées, ovales, luisantes, entières, l'impaire plus grande; les fleurs axillaires , disposées en un épi terminal très- serré , longs d'environ quatre pouces. Ces fleurs sont petites, ses- siles , sans odeur : elles se montrent avant la naissance des feuilles. Le fruit est une gousse articulée, pédicellée, ailée, membraneuse, un peu arquée. Cette espèce croit dans les environs de Carthagène, où elle fleurit aux mois de Juillet et d'Août. NissoLE ARBRISSEAU : NissoUû fruHcosa , Linn. ; Jacq., Amer., 198, tab. 179, fig. 44, et Hort. Vind. , tab. 167; Lamk. , IlL gen. , tab. 600, fig. 3; Gsertn. , De fruct. , tab. 145. Ar- brisseau divisé en longs rameaux flexibles, nombreux, qui &"accrochcjit aux ai-bres voisins et s'élèvent à la hauteur de quinze pieds. Les feuilles sont petites, alternes, ailées, com- posées de cinq folioles ovales, entières, presque glabres; les pétales courts, un peu velus. Les fleurs forment une belle panicule , souvent longue d'un pied ; la corolle est jaune, petite, sans odeur. Le fruit est articulé, terminé par une aile large, membraneuse, arrondie. Cette plante croit au milieu des forêts, dans les environs de Carthagène. (POIR.) N1SS0LL\. (BoL) ïournefort et Adanson ont fait sous ce nom un genre particulier du lathjrus Nissolia , espèce de gesse : il n'a pas été adopté. Le nissolia de Jacquin est diffcrcnt. Voyez NisroLE. (Lem.) NIT ai NISSOOU. {Bot,) En Languedoc on donne ce nom à la ferre-noix, bunium lulbocastanum, Linn. (L. D.) NISSOULOUS et SOUILLOUS. {Bot.) Noms que, dans certaines parties de la France, on donne à des espèces de champignons. Ils dérivent du latin suillus, mot par lequel les anciens désignoient aussi une sorte de champignons. Voyez Cèpes, PoLYPORrs et Suillus. (Lem.) NISUS. {Ornith.) Nom latin de l'ép ervier , /aZco nisus , Linn. (Ch. D.) NITÈLE, Nitela. {Entom.) C'est sous ce nom que M. La- Ireille a désigné un genre d'insectes hyménoptères , que M. Jurine nomme Dimorphe, et Fabricius Astate. M. Jurine croit que ce sont des mâles de tiphies. (C. D.) NITÉLION, Nitelium. (Bot.) Ce nouveau genre de plantes ^ que nous proposons, appartient à l'ordre des Synanthérées , et à notre tribu naturelle des Carlinées , dans laquelle nous le plaçons entre les deux genres Stobœa et Dicoma. Voici ses caractères : Calathide incouronnée, équaliflore, submultiflore , régula- riflore, androgynillore. Féricline supérieur aux fleurs, formé de squames régulièrement imbriquées, ovales -lancéolées , très-entières, ayant leur partie inférieure appliquée, coriace, et la supérieure appendiciforme , étalée, subulée, roide , spiniforme ; les squames intérieures subunisériées , plus lon- gues, probablement radiantes, oblongues- lancéolées , très- aiguës, presque spinescentes au sommet, coriaces inférieu- rement, scarieuses et colorées supérieurement. Clinanthe probablement alvéolé. Ovaires courts, obconiques , tout hérissés de poils très- nombreux , dressés, longs, roides , biapiculés ou terminés par deux petites pointes; aigrette composée de squamellules subtrisériées , libres, inégales, paléiformes, roides, scarieuses, blanches : les intermédiaires presque aussi longues que la corolle, oblongucs-Iancéolées , un peu étrécies à la base, subulées au sommet, lisses sur la face interne , hérissées sur la face externe et sur les bords de barbellules spinuliformes ; les extérieures semblables aux intermédiaires, mais moins grandes; les intérieures courtes, larges, ovales, denticulées sur les bords, lisses sur les deux faces. Corolles droites , glabriuscules , à tube court, cylin- 12 jSlT drique, à limbe très-long, divisé presque jusqu'à sa base en cinq lanières linéaires. Etaniines insérées au sommet du tube delà corolle; filets glabres , ayant l'article anthérifère court; anthères très-longues, entregrefFées ; loges longues; appen- dices apicilaires longs, linéaires-lancéolés, entregreffés in- férieurement , libres supérieurement; appendices basilaires très-longs, subulés, barbus à rebours, c'est-à-dire à barbes redressées. Style ayant sa parlie supérieure épaissie, fendue au sommet en deux languettes libres, à peine divergentes, hérissées extérieurement de collecteurs piliformes. Nectaire élevé, subcylindracé, excavé au sommet. Nous ne connoissons qu'une seule espèce de ce genre. NiTÉLiON rougeatre; Nitelium rubesccns , H. Cass. Tige ligneuse ; rameaux cylindriques , tomenteux , garnis de feuilles alternes, oblongues-lancéolées , étrécies à la base en forme de pétiole, aiguës au sommet, très-entières sur les bords, tomenteuses sur les deux faces; calathides solitaires, à l'extrémité des rameaux , dont le sommet est garni de quelques bractées squamiformes , rapprochées, étalées, lan- céolées, glabres, coriaces, subulées et spinescentes au som- met , analogues aux squames extérieures du péricline ; chaque calathide haute d'environ six lignes, et composée d'environ douze fleurs; péricline très -glabre, ayant les squames inté- rieures colorées en rose sur leur partie supérieure ; corolles probablement jaunes. Nous avons décrit cette plante sur un très -petit échan- tillon sec, fort incomplet et en mauvais état, recueilli au cap de Bonne-Espérance, et conservé dans le grand herbier général de la galerie de botanique du Muséum d'histoire natu- relle. La calathide que M. Desfontaines a bien voulu nous permettre d'analyser, avoit le clinanthe et les squames inté- rieures du péricline rongés et détruits presque entièrement par les insectes. Cet échantillon n'étoit point nommé , et nous crûmes d'abord qu'il appartenoit au Xeranlhemum spi- nosLim de Linné , décrit et figuré par Burmann ; mais un examen plus attentif nous a persuadé que les deux plantes dont il s'agit ne sont pas de la même espèce , ni probable- ment du même genre. Quoi qu'il en soit, le Nitelium est certainement un genre NIT i5 nouveau , appartenant à notre tribu naturelle des Carlinées, dans laquelle il faut le placer entre le Slobœa de Thunbcrg et notre Dicoma .- il diffère du Stohœa par son péricline, dont les squames sont très- entières , et non découpées sur les bords en dents épineuses ; il diffère du Dicoma par Taigrette , dont toutes les squamellules sont paléiformes. Notre tribu naturelle des Carlinées se compose maintenant de vingt -deux genres , dont voici la liste alphabétique : Acarna, Willd.; Atrachiis, "Willd.; Bacazia, Ruiz et Pav. ; Barnadesia, Lin. fil.; Cardopatium , Juss. ; Carlina; Carloivizia , Mœnch ; Chardinia, Desf. ; Chuquiraga, Juss.; Dasjph^lliim , Kunth ; Diacantha , Lag. ; Dicoma, H. Cass. ; Gochnatia , Kunth; Lachnospermum , Willd.; Mitina , Adans. ; Nitelium, H. Cass.; Saussurea, Decand. ; Stœhelina, Decand. ; Stohœa, Thunb. ; Theodorea, H. Cass.; Turpinia, Bonpl. ; Xerani/iemum, Gaertn. Le nom de Nitelium est dérivé de niteo , parce que le péricline, l'aigrette et les poils qui couvrent l'ovaire, offrent à l'œil une surface luisante. (H. Cass.) NITIDULE, Nitidula. {Entom.) Genre d'insectes coléop- tères de la famille des clavicornes ou hélocères, c'est-à-dire à cinq articles à tous les tarses, à élytres durs; à antennes terminées par une petite boule ou masse alongée; à articles comme perforés ou perfoliés. Ce genre comprend de très-petites espèces, qui se nour- rissent, sous leurs deux états, c'est-à-dire, de larves et d'in- sectes parfaits, de débris de corps organisés. Nous le caracté- risons comme il suit: Corps aplati, à élytres couvrant le ventre et le relordant ; antennes en masse de deux ou trois articles. Nous avons fait figurer une espèce de ce genre à la planche 6, fig. 3, de l'atlas de ce Dictionnaire. Quoique peu d'espèces soient ornées de couleurs brillantes, comme leurs élytres sont en général nets et polis, on présume qu'elles ont reçu de là leur nom de nitidule, qui dériveroit du mot latin niti- dus; mais cette étymologie est incertaine. Quoi qu'il en soit, ce genre réunit des espèces qui ont entre elles la plus grande analogie et qui diffèrent de celles que l'on rapporte aux autres genres de la même famille : ainsi, par exemple, par leur corps aplati, elles s'éloignent 14 PsIT des sphéridies , qui l'ont hémisphérique ; des scaphidies el des birrhes , dont le corps est ovale; des hydrophiles, des parnes el des dermestes , qui ont le corps bombé et ovale; les nitidules diffèrent ensuite des boucliers et des nécro- phores, dont les élytres sont plus courts que leur abdomen; des élophores, dont les élytres n'ont pas les bords relevés; et enfin, des silphes, dont la masse des anlennes est globu- leuse et non alongée. Geoffroy avoit rangé la plupart des nitidules parmi les dermestes, et Degéer avec les boucliers. Laicharting avoit changé le nom du genre en celui d'Ostoma; M. Latreille, en conservant le nom de nitidules à quelques espèces, a réuni les autres sous des noms de genres, tels que les bytures, les cerques, les micropèples , les colobiques, les thymales , les dacnes , etc. Les larves des nitidules sont en petit semblables à celles des boucliers et des silphes : les anneaux, au nombre de douze, qui forment leur corps, présentent sur leurs bords des lames courtes, tranchantes; elles s'enfoncent dans la terre pour s'y métamorphoser. Les principales espèces de ce genre sont les suivantes. 1. NiTiDULE A DEUX PUSTULES, Nitidula Hpustulata. Dermeste à deux points rouges, de Geoffroy , t. i , p. loo , n.° 5; figuré par Olivier, Coléopt. , t. i, n.° 12, 1 , fig. 2. Car. Noire, un point rouge au milieu de chaque étui. On trouve cette espèce sous les charognes abandonnées dans les terres sèches. 2. NniDULE COLON, N. colon. C'est le dermeste panaché de Geoffroy, n.° i5; figuré par Olivier sur la planche ci-dessus indiquée, n.° 1. Car. Noire, él-ytres tachetés de rouille, corselet échancré. On la trouve dans la sève qui fermente, et surtout dans les liquides qui suintent des ulcères des troncs d'arbres. 5. NrriDULE ferrugineuse, N. ferruginea. C'est l'espèce que nous avons fait figurer à la planche 6 de l'atlas de ce Dictionnaire, sous le n.° 3. Car. D'une teinte brune; élytres à duvet court, striés sur leur longueur, noirs au centre, bordés et tachetés de rouille. C'est un ostome de Laicharting, un strongyle de Herbst. NIT i5 4. NiriDULE A DISQUE, iV. discoidea. Car, Noire, avec le centre des deux éljlres formant une tache commune, brunâtre ou sale. 5. NiTiDDLE CUIVREUSE, JV. œnca. Geoffroy l'a décrite sous le nom de petit scarabé des fleurs, tom. 1 , pag. ,86, n." 5o ; c'est un des plus petits coléoptères qu'il ait observé. On la rencontre communément dans les fleurs de rosacées, surtout dans celle de l'aubépine. Car. Noire, à éljtres bronzés, à reflet métallique cuivreux. Une autre espèce, qui est voisine de celle-ci et qui n'est peut-être qu'une variété, a été décrite sous le nom de zier- dâtre, N. viridescens , elle a les pattes rousses, au lieu de les avoir noires, ainsi que les antennes. (C. D.) NITl-PANNA. {Bot.) Nom malabare d'une variété du Codda-panna, espèce de palmier, corjypha des botanistes. (J.) NITI-ÏODDA-VALLI. {Bot.) Rhéede, dans son Hort. Mal., vol. 9 , t. 20 , cite sous ce nom malabare une plante que Lirinasus nommoit mimosa virgata, et qui est le desmanthvs vir- gatus de Willdenow. On ne la confondra poiut avec le todda- vaddi , t. 19, qui est Voxalis sensitiva , ni avec le malam-todda- vaddi , t. 2 i , qui est Vœscliynomene pumila, (J.) MTR AIRE, Nitraria. {Bot.) Genre de plantes dicotylé- dones, à fleurs complètes, polypétalées , de la famille des ficoïdes , de la, dodécandrie monogjnie de Linnaîus , offrant pour caractère essentiel : Un calice persistant , à cinq dents; une corolle à cinq pétales; environ quinze étamines; un ovaire supérieur; un style; un stigmate simple. Le fruit est une baie monosperme, renfermant un noyau oblong, uniloculaire. NiTRAiRE DE Sibérie: Nitraria sibirica , Lamk. , lit. gen., tab. 4o3 , fig. 1 ; Nitraria Schoberi , Linn. , Act. Petrop. , 7 , tab. 10; Pallas, Fl. ross., 1, pag. 79, tab. 5o ; Osyris , etc., Gmel., Sibir. , 2, tab. 98. Arbrisseau peu élevé, très-ra- meux , dont les rameaux sont étalés sur la terre. Les feuilles sont linéaires, obtuses, oblongues, épaisses, sessiles, très- caduques. Les fleurs sont terminales , disposées en corymbe sur des pétioles rameux , presque dichotomes; elles ont le calice fort petit; la corolle blanche; les pétales oblongs, concaves ; les étamines de la loucucur de la corolle ; les 16 NIT anthères oblongues; l'ovaire conique, terminé par un stig- mate trifîde. Le fruit est une baie ovale , cylindrique , d'un rouge obscur : il renferme un noyau percé vers sa base d'une douzaine de petits trous, s'ouvrant, au sommet, en six parties; il ne contient qu'une seule semence par l'avor- tement de plusieurs autres. Cette plante croît dans la Sibérie et la Russie, le long de la mer Caspienne. NiTRAiRE DU Sénégal ; Nitraria senegalensis , Lamk. , lll, gen. , tab. 4o3, fîg. 2. Cet arbrisseau, à peine distingué du suivant, diffère du précédent par ses feuilles ovales , presque en cœur renversé, rétrécies en pointe à leur base. Ses tiges sont droites; ses rameaux étalés; les fleurs disposées en pe- tits corymbes étalés , presque sessilcs sur un pédoncule un peu rameux; elles ont le calice légèrement velu, ainsi que les pédoncules; ses divisions épaisses, arrondies, obtuses; la corolle petite, blanchâtre ; l'ovaire velu ; le stigmate en tête. Le fruit est pyramidal, triangulaire, long d'environ trois lignes, d'une consistance sèche, contenant un noyau à une seule loge. Cette plante croît au Sénégal. NiTRAiRE TRiDENTÉE ; Nitruriu tiidentata , Desf. , FI, atl. , 1 , pag. 372. Arbrisseau très-rameux, de trois à quatre pieds, divisé en rameaux épineux et recourbés , garnis de feuilles glauques, alternes, entières, charnues, en forme de coin, tronquées et souvent tridentées au sommet; les flears pe- tites, presque en corymbe, ayant le calice petit, persistant, à cinq dents; les pétales linéaires, concaves, obtus; environ quinze étamines plus longues que les pétales; les anthères petites; le style court; l'ovaire alongé. Le fruit est une baie molle, rouge, ovale, pendante, contenant un noyau trian- gulaire, cannelé, réticulé, monosperme. Cette plante croît en Barbarie, dans les campagnes sablonneuses. (Poir.) NITRATES. [Chim.) Combinaisons salines de l'acide nitxi- que avec les bases saliCables. Toutes les généralités suivantes ne sont applicables qu'aux nitrates à base d'oxides. Composition. Il y a des nitrates neutres et des nitrates avec excès de base. NIT 17 Dans les nitrates neutres l'acide contient cinq fois autant d'oxigène que la base. Par conséquent, si l'on regarde 100 p. d'acide nitrique comme contenant 73,83 d'oxigène , ces iGo p. neutraliseront une quantité d'oxide contenant 14,766 d'oxigène. On connoît des sous- nitrates dans lesquels l'oxigène de l'acide est à celui de la base comme 6:2, comme 5:3, comme 5 ; 6, Action de la chaleur. Tous les nitrates sont décomposables par la chaleur avec des phénomènes plus ou moins diSerens , suivant , 1 ." que l'affi- nité de. la base pour l'acide est plus ou moins forte; 2.° que la base est susceptible de s'oxider ou de se désoxigéner, ou bien de n'éprouver aucun changement à la température où le nitrate se décompose; 3." que Je nitrate est anhydre ou hydraté. Action de Veau. Tous les nitrates neutres sont solubles dans l'eau. Action des acides. Les acides sulfurique , phosphorique , arsenique , et en général les acides très-solubles dans l'eau , qui ont plus de fixité que l'acide ilitrique, décomposent les nitrates à froid ou à une température de ic à 100 et quelques degrés; mais, à froid , aucun de ces acide 2 produit d'effervescence avec les nitrates, seulement si l'acide est très-énergique, comme l'est l'acide sulfurique concentré , il se dégage une vapeur blanche, qui est de l'acide nitrique hydraté; il ne se produit pas d'effervescence , parce que l'acide nitrique n'est pas sus- ceptible de se réduire en un fluide élastique permanent, et, d'un autre côté, que la température développée par le con- tact des corps ne suffit pas pour porter l'acide nitrique au degré de son ébullition. Si l'acide hydrochlorique , quoique moins fixe que l'acide nitrique, peut décomposer les nitrates quand il est employé en quantité suffisante et à chaud, cela tient à ce que lacide nitrique est converti en acide nitreux par i'ydrogène d'une portion d'acide hydrochlorique; il doit donc se dégager du chlore et de l'acide nitreux. (Voyez tome XXII p. 124.) 55, a i8 NIT yiclion des bases sal'ifiahles. Les bases saliliables qui ont le plus d'afiinité pour l'acide nitrique à la température ordinaire et quand elles sont dis- soutes ou délayées dans l'eau , sont la potasse , la soude , la ba- ryte ,1a strontiane, la chaux, la magnésie, l'ammoniaque, etc. Toutes les bases saliliables formant des sels neutres solubJes avec r.'icide nitrique, il n'est pas possible de précipiter cet acide d'une dissolution de nitrate par aucun réactif de- même qu'on précipite l'acide sulfurique par la baryte. Action des corps combustibles. Les nitrates contenant beaucoup d'oxigène , et ces sels étant tous décomposables par la chaleur, il en résulte qu'ils tendent à oxigéner les corps combustibles que Ton chauffe avec eux. Ceux qui possèdent cette propriété à un degré remarquable quand on les chauffe avec du charbon, sont les nitrates de potasse, de soude, d'argent et de plomb. Nitrate d'alumine. On le prépare en saturant de l'acide nitrique à '56'^ par de l'alumine en gelée. En faisant concentrer convenablement la liqueur , on obtient le nitrate cristallisé sous la forme d'oc- taèdres aigus. Il a une saveur acide douce et astringente. Il est déliquescent et soluble dans l'alcool. 11 se décompose à une température peu élevée. Quand il est suffisamment humide , on peut n'obtenir que de l'acide nitrique et de l'alumine pure. L'ammoniaque le décompose complètement. Nitrate d'ammoniaque. (Synonymie : ISiitre demi- volatil , nitre injlammahle.) Compositio7i. La composition de ce sel est telle que l'acide contient au- tant d'azote que l'alcali , d'où il résulte que l'oxigène de l'a- cide est dans le rapport convenable pour convertir tout l'a- zote en protoxide et tout l'hydrogène en eau. En effet, que l'on prenne pour unité le volume d'azote de l'acide, le volume de l'oxigène sera 2'/,, et le volume de NIT 19 Sammoniaque , qui neutralisera cet acide, sera 2 volumes, ou j volume d'azote et 3 volumes d'iiydrogène. Or, les 2 volumes d'azote demandent 1 volume d'oxigène pour former 2 volumes de proloxide d'azote , et les 5 volumes d'hydrogène 1 '/, vo- lume d'oxigène pour former 3 volumes de vapeur d'eau. Fourcroy. Kirw. Wenzel. _ Davy. en prismes eo fibres masse coinp. Acide 46.. .57. . .64,5. ..69,5.. .72,5. . .74,5 Ammoniaque.. . .40. . .23. . .32,i . . . i8,4' • • igjS. . . 19,8 Eau 14. ..20... 3,4. . .12,1 .. . 8,2... 5,7 Prépai^adon. On le prépare en neutralisant du sous-carbonate d'ammo- niaque par l'acide nitrique étendu, et en faisant évaporer la liqueur avec les précautions nécessaires pour en obtenir des cristaux. Propriétés. Le nitrate d'ammoniaque cristallisé, mis dans la bouche, produit une sensation de fraîcheur, exhale de l'ammoniaque - quand la salive est alcaline : il a une saveur légèrement acre et amère. Suivant Fourcroy, l'eau froide en dissout la moitié de son poids , et l'eau bouillante le double du sien. M. Davy dit que , si la solution du nitrate d'ammoniaque est concentrée de 21 à 37 ,77, puis refroidie lentement, elle donne des prismes hexaèdres terminés par des pyramides à six faces ; tandis que , si elle est concentrée à 100*^ , elle donne des cristaux formés de fibres plus ou moins longues et légère- ment élastiques. Il ajoute que, si le sel est exposé à une cha- leur de 128*^,77 , il prend la forme d'une masse blanche com- pacte. D'après les analyses que nous avons rapportées, il résulteroit que le nitrate en prismes hexaèdres contiendroit plus d'eau que celui qui est en fibres, et que celui-ci eu contiendroit plus que celui qui est en masse compacte. Suivant M. Davy , voici les phénomènes que le nitrate d'am- moniaque présente quand il est exposé à la chaleur; Le nitrate d'ammoniaque en prismes ou en fibres se li- quéfie au-dessous de 1 48*^,88: de 182,22 à 204 ,44, il bout sans se décomposer. A 202^ il se décompose lentement. !Z0 NIT Le nitrafe compacfe se sublime lentement de i35 à i48"^,88 sans se décomposer et sans se fondre. A 160*^ il se fond, une partie se sublime et l'autre se décompose. Le nitrate d'ammoniaque , exposé subitement à une tem- pérature supérieure à 3i5' , se décompose avec explosion et dégagement de lumière. Il se forme de l'eau et de l'acide ni- treux , de l'azote est mis à nu. Le nitrate d'ammoniaque sert dans les laboratoires de chimie pour préparer le protoxide d'azote. Nitrate ammoniaco-de- cobalt. On peut obtenir ce sel en mettant de l'ammoniaque ea excès dans du nitrate de cobalt; évaporant à siccité, traitant le résidu par l'eau et filtrant; la liqueur filtrée, évaporée len- tement, donne des cristaux cubiques rouges, que M. Thenard a décrits le premier. Nitrate ammoniaco -de- cuivre. Ce sel a été peu étudié. On sait qu'il cristallise en gros polyèdres efïlorescens bleus. On peut l'obtenir en réunissant des solutions de nitrate de cuivre et de nitrate d'ammo- niaque. NrrRATE AMiMONlACO - DE- NICKEL. Ce sel a été obtenu par M. Thenard en versant un excès d'ammoniaque dans du nitrate de nickel. La dissolution est susceptible de cristalliser. Nitrate ammoniaco -magnésien. Pour préparer ce sel , dont nous devons la découverte à Fourcroy , on peut verser de l'ammoniaque dans du nitrate de magnésie , filtrer et faire évaporer lentement la liqueur, ou bien encore réunir deux dissolutions de nitrate d'ammo- niaque et de nitrate de magnésie. D'après Fourcroy, il faudroit environ 1 partie du premier contre 4 du second , ou plus exactement, 0,22 contre 0,78. Il cristallise en prismes fins ou en aiguilles. 11 exige 1 1 parties d'eau froide pour se dissoudre. Il n'est que légèrement déliquescent. Nitrate de protoxide d'antimoine. L'acide nitrique à 5^, mis sur de l'antimoine dans un flacon NIT 21 bouché, donne, suivant M. Proust, un nitrate de protoxide , qui, étant exposé à la chaleur, se réduit en azote, en acide nitreux et en acide antimonique, qui se précipite. Nitrate d'argent. (Synonymie : Nitre lunaire, Pierre infernale.) Composition. Proust. Berzelius. Acide nitrique . . 3o,5 . . 3i,8i. Oxide d'argent . . 69,5 . . 68,1g. Préparation. On fait dissoudre i partie d'argent en grenailles dans 2 parties d'acide nitrique à 32^^. Les vapeurs qui se dégagent lorsqu'on fait boullir la liqueur, entraînent avec elles une quantité sensible de nitrate d'argent. La dissolution cristallise très-bien quand elle a été suffisamment concentrée. Si l'argent employé contenoit du cuivre, celui-ci resteroit dans les eaux- mères; et en faisant cristalliser plusieurs fois le nitrate d'argent , on l'obtiendroit à l'état de pureté. On peut encore séparer le cuivre du nitrate d'argent, en faisant évaporer la dissolution nitrique à siccité, en reprenant le résidu par l'eau. Par l'évaporation on décompose le nitrate de cuivre sans altérer celui d'argent, et au moyen de l'eau on dissout le nitrate d'argent, à l'exclusion de l'oxide de cuivre , qui a perdu son acide. Propriétés. Le nitrate d'argent cristallise en lames rhomboïdales ou hexagonales. 11 a une saveur salée, et astringente. Quant à la sensation nausédlwnde qu'on éprouve lorsqu'on le met dans la bouche, j'ai reconnu qu'elle est due à l'action que le nilrate exerce sur l'organe de l'odorat, et non sur celui du goût, comme on l'a cru. Cela prouve que le nitrate d'argent est volatil; et d'après ce qu'on sait de l'odeur de l'étain , du fer, etc., qui est beaucoup plus forte dans les sels solubles de ces métaux que dans les métaux purs, je pense que l'argent est odorant, s'il est vrai que l'odeur de l'étain et du fer soit due à la vapeur de ces métaux et non à leurs oxidcs. NIT J'ajouterai que plusieurs fois j'ai trouvé au nitrate d'argent une odeur nauséabonde en le mettant simplement sous le nez. J'ai observé aussi que le nitrate d'argent, mis dans la bouche-, abandonne souvent un peu de son acide, qui devient sen- sible à l'odorat. Le nitrate d'argent peut être fondu sans qu'il s'altère. Il ne perd pas 0,01 de son poids. Dans cet état, il est d'un gris léger, c'est la pierre infernale. On le coule ordinairement dans une lingotière. Si le nitrate d'argent employé contenoit du cuivre, la pierre infernale seroit noire et, en supposant que tout le nitrate de cuivre n'eût pas été décomposé, elle seroit déliquescente. Pour rcconnoître le cuivre dans une pierre in- fernale , il suffit de dissoudre celle-ci dans l'ammoniaque. S'il y a du cuivre, la dissolution est bleue. Le nitrate d'argent est soîuble dans l'eau. Suivant Wcnzcl , 1 partie d'eau en dissout 1 de sel. Cette solution est incolore. L'acide nitrique en précipite du nitrate d'argent en petits cristaux. Suivant Hahncmann , une très-petite quantité de nitrate d'argent dissoute dans l'eau , fournit une liqueur remarquable par sa propriété antiseptique. En effet, il suflit d'y faire di- gérer pendant quatorze jours de la viande , pour que celle-ci se sèche ensuite sans répandre aucune mauvaise odeur. Elle se duicit à la longue, et n'est plus susceptible d'être atta- quée par les insectes. Le nitrate d'argent n'est pas déliquescent. "Il ne peut être efïlorescent, parce qu'il ne contient pas d'eau. Il est soluble dans l'alcool. Cas où le nitrate d'argent est altéré. L'acide sulfurique précipite à l'état de sulfate l'oxide d'ar- gent du nitrate. L'acide phosphorique ne le précipite pas. La potasse, la soude, la baryte, la strontiane, la chaux, précipitent l'oxide d'argent du nitrate , en s'emparant de son acide. Le précipité est brun. L'ammoniaque ne le précipite pas. L'hydrogène phosphuré précipite le nitrate d'argent en noir. Le précipité est du phosphuré d'argent. NIT 23 L'acide hydrosulfurîque le précipite en un sulfure divisé ifui est noir. L'acide hydrochlorique le précipite en un chlorure , qui est en gros flocons blancs pesans. Le nitrate d'argent, mêlé avec du phosphore, détone par la percussion. Même phénomène avec le soufre; mais il faut que le marteau qui sert à frapper ce mélange , soit échauffé, autrement il n'y aurolt qu'une simple inflammation. Un bâton de phosphore, plongé dans le nitrate d'argent, se recouvre d'argent et le phosphore s'acidifie. Le nitrate d'argent, mis sur un charbon ardent, se décom- pose , le sel se fond ; une portion de charbon brûle avec acti- vité et l'autre se recouvre d'une pellicule d'argent. Suivant M. " Fulhame, une étoffe de soie imprégnée d'une solution de nitrate d'argent, étant plongée dans le gaz hydro- gène , se recouvre d'une couche d'argent, qui adhère assez fortement à l'étoffe. Le zinc , le cuivre , le fer, etc., plongés dans une solution de nitrate d'argent, en précipitent ce métal. Quand le nitrate est acide il y a toujours un peu d'oxide qui n'est pas ré- duit. Des métaux que nous venons de nommer, le fer est le moins pi^opre à cette précipitation, à cause de la facilité avec laquelle il se sépare de l'acide nitrique à l'état de sous-nitrate au maximum. Le sulfate de protoxide de fer, versé dans le nitrate d'ar- gent à froid, en précipite l'argent à l'état métallique, et se convertit en sulfate et en nitrate de pcroxide de fer. Si l'on fait bouillir ces matières, l'argent se redissout dans l'acide nitrique , parce qu'à une température élevée, il réduit le sulfate de peroxide de fer en sulfate de protoxide, suivant l'observation de M. Proust. Le nitrate d'argent, exposé à la lumière, noircit. Une portion d'acide «e sépare, et une portion d'oxide est réduite en métal. Au feu , le nitrate d'argent se fond , bouillonne. 11 se dégage de l'oxigène , de l'acide nitreux, de l'azote, et il reste de l'argent métallique. Usages. Le nitrate d'argent sert dans les laboratoires pour recon- =4 iNIT iioitre ]a prësence du chlore ou celle de Facide hydrochlorî- que dans des dissolutions aqueuses , soit acides, soit salines. En médecine il est employé comme caustique et antiseptique. Parcequ'il a la propriété de noircir les matières organiques, il est employé pour noircir le bois, la corne, les cheveux, etc. Les parfumeurs le vendent en dissolution dans Teau , sous le nom d'eau de Chine, pour ce dernier usage. Nitrate d'argent au minimum de Proust. Quoique je sois trè-s-disposé à regarder ce sel comme un hyponitrite, d'après les observations que j'ai faites sur les hyponitrites de plomb, cependant je conserverai à ce sel la dénomination sous laquelle M. Proust, qui l'a découvert, l'a fait connoître. En cela je n'agis pas comme M. Thomson , qui l'a décrit sous le nom de nitrite d'argent. Préparation. On fait bouillir une solution de nitrate d'argent sur un excès d'argent en poudre. Il se dégage du gaz nitreux : on continue de faire bouillir pendant une heure, à partir de l'instant où le dégagement du gaz nitreux a cessé, puis on transvase le tout dans un flacon à l'émeri, qui doit être pres- que entièrement rempli de liquide. Quand la poudre d'argent qui n'a pas été dissoute, est déposée, on décante la liqueur avec un siphon à boule et on la renferme de manière à la pré- server du contact de l'air. Suivant M. Proust , l'argent qui se dissout , prend une portion d'oxigène , à Poxide d'argent, et conséquemment Pacide nitrique est uni à un oxide d'argent moins oxitié que Poxide du nitrate ordinaire. Si, comme je le pense, le métal s'oxide aux dépens de Pacide nitrique, ainsi que cela arrive au plomb qu'on fait bouillir avec une solution de nitrate de plomb, le sel de M. Proust doit être un hyponitrite, ayant pour base le même oxide que celui du nitrate. Propriétés du sel de Proust. La solution de ce sel, obtenue par le procédé précédent , est d'un jaune clair. Elle cristallise très-difiicilement, parce ^JX Il a une saveur très-astringente et une odeur métallique nauséabonde des plus désagréables. II est très-soluble dans l'eau. Sa solution est bleue. Il est aussi très-soluble dans l'alcool. Cette solution dépose à la longue du sous- nitrate de cuivre. Le nitrate de cuivre est susceptible de former avec le ni- trate d'ammoniaque un sel double, d'un bleu foncé, cristal- lisable et non déliquescent. Le nitrate de cuivre, distillé, donne de l'eau, de l'acide nitrique, de l'acide nitreux , de l'oxigène et du deutoxide de cuivre noir. C'est un bon moyen d'obtenir cet oxide à l'état de pureté. Usages. Il sert pour préparer le deutoxide de cuivre et les cen- dres bleues. SoUS-NlTRATE DE DEUTOXIDE DE CUIVRE. Composition. Berzelius- Acide nitrique 29,76 Deutoxide de cuivre . . . 65,5 1 Eau 4,94. Il contient trois fois plus de base que le sel neutre. Prépai-aùon. On peut le préparer en ne mettant dans une solution de nitrate de cuivre qu'une quantité d'alcali insuffisante pour neutraliser l'acide et en agitant de temps en temps le préci- pité vert qu'on obtient. Il ne faut filtrer qu'après plusieurs heures. En faisant évaporer le nitrate de cuivre très-étendu, il est possible d'obtenir du sous-nitrate de cuivre, qu'on sépare du nitrate neutre au moyen de l'eau qui dissout le pre- mier. Il faut laver le sous -nitrate à froid. Propriétés. Il est sous la forme d'une poudre d'une assez belle cou- leur verte. Il est insoluble dans l'eau. II estsoluble dans l'acide nitrique, l'acide hydrochloriquf et l'acide sulfurique. NIT r. Nitrate de protoxide d'étain. Cot7ip osition. Bcrzelius Acide nitrique ..... 44j78 Protoxide d'étain .... 55.22. Pj'épaiation. On le prépare en mettant de l'étain en grenaille avec de Facide nitrique à 3 dans un flacon à Témeri , qui doit être rempli en totalité et fermé. La dissolution contient un peu de nitrate d'ammoniaque. Si on vouloit l'obtenir à l'état de pureté, il faudroit employer le protoxide d'étain au lieu du métal. Propriétés. On ne le connoît qu'en dissolution. Il est légèrement jaune. Il absorbe facilement l'oxigène de l'air : dans ce cas il se précipite du peroxide d'étain. Le nitrate de protoxide d'étain, exposé au feu , se trouble, dégage du gaz nitreux et laisse précipiter du peroxide d'étain. Enfin, lorsqu'on garde pendant quelque temps le nitrate de protoxide d'étain dans un vase fermé , il laisse déposer un sous- nitrate de protoxide blanc, gélatineux, qu'il est très-facile de distinguer du peroxide d'étain au moyen de l'hématine : en effet, celle-ci produit avec le peroxide un composé d'un rouge cramoisi, tandis qu'il en produit un de couleur bleue avec la base du nitrate ou du sous-nitrate de protoxide. Usage. Le nitrate de protoxide d'étain m'a servi à pré- parer de beau pourpre de Cassius. Nitrate de protoxide de fer. CoT?iposîtion. Berzclius. Acide nitrique 60,66 Protoxide de fer 39,34 Préparaliofi. On le prépare en dissolvant le fer dans l'aciJe nitrique foible; les matières ne doivent pas être en contact avec i'air: il se produit du nitrate d'ammoniaque en même temps que du 35. 5 H NIT nitrate de fer; la dissolution est verte : quand elle est sufG- eamment concentrée, elle cristallise; mais, pour cela, il ne faut pas qu'elle ait été concentrée par la chaleur. Propinétés. Il est vert; sa saveur est fraîche, astringente et douceâtre: il a une odeur métallique très- forte. Il est assez soluble dans l'eau : la solution absorbe assez ra- pidement l'oxigène atmosphérique; la couleur passe au rouge orange, et il se produit un dépôt jaune , qui est un sous-ni- trate de peroxide. En faisant bouillir la dissolution , il se dégage du gaz ni- treux et il se dépose du sous-nitrate de peroxide. Nitrate de peroxide de fer. Composition. Acide nitrique. ■ 67, 5o Peroxide de fer 32, 5o Préparation. On le prépare en faisant bouillir le nitrate de protoxidc de fer avec un excès d'acide nitrique; ou encore, en expo- sant à l'air du fer et de facide nitrique. Propriétés. Il paroît susceptible de cristalliser , au moins M. Vauque- lin dit avoir obtenu , en laissant pendant plusieurs mois de l'acide nitrique concentré sur de l'oxide noir de fer, des cristaux blancs, ayant la forme de prismes quadrangulaires terminés par des biseaux, déliquescens, et donnant avec l'eau une solution rouge. La solution de nitrate de peroxide de fer se décompose en sous-nitrate avec la plus grande facilité, soit qu'on l'étende de beaucoup d'eau et qu'on l'abandonne ensuite à elle-même, soit qu'on l'expose à l'action de la chaleur. Ce nitrate donne de l'acide nitrique à la distillation. Usage. On a employé le nitrate de peroxide de fer pour donner au coton la couleur du nankin. NIT 55 Sous-nitrate de peroxide de fer. Pli. Grouvelle. Acide 14,06 Oxide 81,26 Eau 4,68 Préparation. On l'obtient : 1.° en exposant à l'air du nitrate de pro- toxide de fer jusqu'à ce qu'il se soit déposé une quantité no- table de précipité jaune : alors on filtre et on lave le précipité; 2." en faisant évaporer à siccité du nitrate de peroxide , et en reprenant le résidu par l'eau. Propriétés, Il est jaune, insoluble dans l'eau ; facile à décomposer par l'action de la chaleur. Nitrate de glucine. Composition. Acide nitrique 67,85 Glucine 32, 1 5 Préparation. On neutralise l'acide nitrique avec le sous -carbonate de glucine : on ne l'a point encore obtenu en cristaux. Propriétés. Il est incolore. Il a une saveur astringente et sucrée. Il est déliquescent. Il perd son acide à une température peu élevée. Nitrate de magnésie. Composition. Bergman. Kirwan. Richter. 'Wenzel. Berzelius. Acide nitrique. . .40 46 . . .69,6. .. .72 ... .72,39 Magnésie 27 22 .. .3o,4. ...28. ...27,61 Eau 3o 52? Préparation. On neutralise l'acide nitrique foible par la magnésie ou le sous- carbonate de cette base; on fait concentrer suifisam- 36 IVIT ment; on verse la liqueur dans un flacon à l'émerî, et quand les cristaux sont formés, on décante l'eau-mère et on ferme le flacon. Propriétés. Il cristallise en prismes rhomboïdaux ou en aiguilles , même en faisceaux. Sa saveur est très- piquante et très-amère. Il est très -déliquescent. Une partie d'eau froide dissout plus d'une partie de nitrate de magnésie : il est encore plus soluble dans l'eau chaude. Il est soluble dans l'alcool , mais moins que dans l'eau. La solution alcoolique cristallise plus aisément que la solution aqueuse. Il est réduit par une petite quantité d'ammoniaque en magnésie , qui se précipite en nitrate ammoniaco-magnésien ; qui reste en dissolution. Il n'a que très-peu d'action sur les combustibles. Au feu il donne de l'eau, de l'acide nitrique, de l'oxi- gène, de l'acide nitreux et de la magnésie. État. Il existe dans la nature ; ordinairement il accompagne les nitrates de chaux et de potasse. Usages. Dans les arts on décompose le nitrate de magnésie natif pour unir son acide à la potasse. Nitrate de protoxide de manganèse. Composition. Berzelius. Acide nitrique ^9,77 , Protoxide de manganèse 40,25 Préparation. On dissout du sous- carbonate de manganèse dans l'acide nitrique : il est très-difficile d'obtenir ce sel en cristaux. Propriétés. Ce nitrate a les propriétés génériques des sels solubles de protoxide de manganèse. NIT 57 II est trés-soluble dans l'eau : sa solution concentrée par la chaleur se décompose facilement ; il se dépose de l'oxide noir de manganèse hydraté. Cette solution, abandonnée à elle-même au contact de l'air, présente le même phénomène. Le nitrate de protoxide de manganèse est soluble dans l'alcool. Distillé, il donne de l'eau, de l'acide nitrique, de l'acide nitreux et du peroxide de manganèse. Nitrate de protoxide de mercure. (Synonymie : Nitrate de mercure au minimum; Eau mercurielle.) Composition. Berzelius. Acide nitrique ^OjA? Protoxide de mercure 795^3 Préparation. On met dans un inatras ou dans un flacon 1 p. de mercure avec 4 p. d'acide nitrique à oo** ; on abandonne les matières à elles-mêmes à la température de i5 à 20*^ : il se dégage du gaz nitreux. 11 peut arriver, en mettant de l'acide nitrique avec du mercure, que la liqueur se colore en vert : cet effet est dû à ce qu'il se produit de l'acide nitreux par la réaction du gaz nitreux et d'une portion d'acide nitrique, qui reste eu dissolution dans la liqueur; mais, pour que ce phénomène ait lieu, il faut que l'acide nitrique, qui n'a point encore réagi sur le mêlai , ait une densité suffisante. Propriétés. Le nitrate de mercure est susceptible de cristalliser en beaux polyèdres ; on en obtient qui ont jusqu'à quatorze fa- cettes. Les plus beaux cristaux sont ceux qui se forment len- tement dans une dissolution de nitrate de mercure. Le nitrate de mercure a une saveur acide, astringente et caustique; il a une odeur métallique très-prononcée. 11 est moyennement soluble dans l'eau; ce liquide ne lui fait éprouver aucune altération. Cette dissolution précipite en noir par la potasse et la soude; le précipité est un mé- 58 jNIT lange de deutoxide et de mercure: elle précipite en gris-blanc par l'ammoniaque; le précipité est un sel double. Il jaunit à l'air, parce qu'il absorbe de Toxigène , qui convertit une portion de sel en sous- nitrate de peroxide. L'acide sulfurique le précipite en sulfate de protoxide. L'acide hydrochlorique et les chlorures solubles non désoxi- génans le précipitent en protochlorure de mercure. L'acide hydrosulfurique y fait un précipité noir de sulfure : les hydrosulfates produisent le même eïïet. Le précipité est du sulfure rouge de mercure mêlé de mercure métallique. Le phosphore et les phosphites le précipitent à l'état mé- tallique. Le nitrate de mercure mêlé au phosphore détone par la percussion. Le nitrate de mercure fait fuser le charbon. Le cuivre précipite le mercure à l'état métallique; il peut se former un amalgame quand le cuivre est en excès. Le protochlorure d'étain réduit la base du nitrate de mer- cure à l'état métallique. Le nitrate de mercure distillé donne de l'eau, de l'acide nitreux, du gaz azote et un résidu de deutoxide, si la tem- pérature n'est pas trop élevée. NiTKATE DE DEUTOXIDE DE MERCURE. Composition. Acide nitrique 33,i5 Deutoxide de mercure 66,85 Préparation. On le prépare en dissolvant le deutoxide de mercure dans l'acide nitrique suffisamment concentré, ou en faisant bouillir le nitrate de protoxide de mercure avec de l'acide nitrique, ou, ce qui revient au même, en dissolvant le mercure à chaud dans un excès d'acide nitrique. Propriétés. Il cristallise en prismes fins, alongés , d'un aspect soyeux, quand la cristallisation a été rapide. Sa saveur est plus forte que celle du nitrate de protoxide. L'eau le convertit en sous-nitrate jaune, qui se précipite, NIT 09 et en une liqueur qui me paroit être du sous-nitrate dis- sous dans de l'acide nitrique foible : cette dissolution préci- pite un hydrate jaune de peroxide par la potasse et par la soude , la baryte , la strontiane et la chaux. Cette solution est précipitée par le sulfate de soude en sulfate de peroxide. L'acide hydrochlorique la réduit en perchlorure , sans la précipiter : lorsqu'on y verse un peu de protochlorure d'étain , on obtient un précipité de protochlorure de mer- cure, et, en ajoutant un excès de précipitant, on obtient du mercure coulant. L'acide hydrosulfurique y fait un précipité jaune, que quelques chimistes considèrent comme un composé de nitrate de protoxide de mercure et de soufre •■ ils admettent que dans l'opération il se produit de l'eau. La chaleur le réduit en oxigène, en acide nitreux et en deutoxide de mercure, ou en mercure, si elle est très-élevée. Usages des nitrates de mercure. On emploie dans les arts des dissolutions de mercure qui contiennent presque toujours les deux nitrates : 1.° pour préparer le deutoxide de mercure; 2.° pour noircir les che- veux, le bois, etc.; 3." pour faciliter le feutrage des poils de lièvre et de lapin, qui servent à la fabrication des cha- peaux; 4.° pour faire la pommade citrine. Sous -NITRATE DE DEUTOXIDE DE MERCURE : Turbith llitrCUX. P. Grouvelle. Acide 11, o3 Oxide 88,97 Il est d'un jaune verdâtre ; on peut l'obtenir cristallisé. Quand on le fait bouillir pendant un temps suffisant dans l'eau, il se réduit à du deutoxide pur. Nitrate de frotoxide de plomb. (Synonymie : Nitrate de plomb, Nitrate de plomb au minimum.) Thompson. Clievreul. Berzeliiis. Acide nitrique. .. 34 .... 33 ... • 32,69 Oxide jaune ... 66 .... 67 ... . 67,31 Préparation. On prend 10 p. de plomb réduit en lames minces; on 4o i\IT les dissout à chaud dans 16 p. d'acide nitrique à 02^, éten- dues dans 40 p. d'eau : au lieu de plomb on peut employer la litharge, le massicot ou le sous- carbonate de plomb. La liqueur abandonnée à elle-même, à l'air libre, donne des cristaux. Propriélés. Le nitrate de plomb cristallise en octaèdres incolores : mais il est rare qu'on obtienne des octaèdres complets. Il est rare que les cristaux soient transparens; presque toujours ils sont plus ou moins opaques. Il a une saveur astringente et douce; 100 p. d'eau en dissolvent 14 de nitrate de plomb. Les alcalis solubles ne décomposent qu'irnparfaitement le nitrate de plomb, quand on n'eu met que la quantité néces- saire pour obtenir un précipité. SI on ajoute un excès d'alcali (potasse ou soude), le précipité est redissous; c'est pour cette raison que, quand on veut précipiter l'oxide de plomb, qui est à l'état de nitrate, il faut employer les sous-carbonates de potasse ou de soude de préférence aux alcalis caustiques. Le nitrate de plomb trituré avec le soufre détone foible- ment. Des morceaux de bois blanc minces trempés dans une solution de nitrate de plomb s'imprègnent de ce sel, et quand ils sont desséchés, ils peuvent servir de baguettes d'artillerie, pour mettre le feu aux canons. En effet, dès que le bout d'une de ces baguettes est embrasé , la combustion continue jus- qu'à ce que tout le bois soit consumé. Le cuivre ne précipite pas le plomb de sa dissolution ; le zinc , au contraire , le précipite bien. Le nitrate de plomb, exposé au feu, décrépite, se fond en dégageant de Foxigène et de l'acide nitreux , qu'on peut recueillir à l'état liquide, lorsqu'on emploie une cornue et un récipient qui ne contiennent que très-peu d'air. Bi-sous-NiTHATU DE PROïOxiDE DE PLOMB : Bi-sousnitrate de plomh. Composition. Chevrcul. Bcfzcliiis. Acide nitrique . . 19,86 — mn . . . 19,64 Oxide jaune . . . 80,14 — 400 . . . 80,46 NIT 41 Il contient donc deux fois autant de base que le nitrate. Préparation. Je l'ai obtenu en faisant bouillir du massicot avec une solution de nitrate de plomb ; par le refroidissement la liqueur a donné des cristaux en aiguilles blanches. M. Ber- zelius l'a obtenu, de son côté, en précipitant le nitrate de plomb par une quantité d'ammoniaque insuffisante pour neutraliser tout l'acide. Propriétés. Il a une saveur sucrée; il est moins soluble que le nitrate: il ne rougit pas le tournesol : il verdit la teinture de violette. Nitrate de potasse. (Synonymie : Nitre, Salpêtre, Salpêtre de îioussage, quand il est effleuri à la surface des murs; Cristal minéral et Sel de prunelle, quand il a été fondu au feu.) Composition. Bergman. Kirwan. Ricliler. "Wenzcl. Laugier. Berard. Berzeli'.is- Acide . 53 . 44 . 46,7 . 52 . 38 . 5i,36 . 53,4.^ Potasse. 49 . 5i,8 . 53,3 . 48 . 62 . 48,64 . 46,55 Eau . . 18 . 4,2 Préparation. On peut le faire en unissant l'acide nitrique au sous-car- bonate de potasse; mais, ce sel existant dans la nature, on ne le prépare jamais en grand par ce moyen : nous décrirons le procédé qui est suivi en France, après que nous aurons examiné les propriétés du nitrate de potasse et les circons- tances où ce sel, ainsi que les nitrates de chaux et de magné- sie se forment dans la nature. Propriétés. Le nitrate de potasse cristallise en prismes hexaèdres, ter- minés par des pyramides à six faces ou par dix- huit facettes. Haiiy assigne à ces cristaux, pour forme primitive, l'octaèdre rectangulaire. Presque toujours les prismes de nitrate de potasse sont réunis en faisceaux. Sa densité est de 2,0g. Il peut être fondu à 42 KIT tion; s'il perd quelque chose, ce n'est que de l'eau interpo- sée, car il ne contient point d'eau de cristallisation. Il a une saveur fraîche, piquante, légèrement amère. Il n'éprouve aucune altération de la part de l'air, si ce n'est qu'il est déliquescent dans une atmosphère saturée d'eau. Il est très-soluble dans l'eau , ainsi qu'on peut le voir dans la table suivante , qui a été dressée par M. Gay-Lussac. Température. Quantité de riitre dis- Température. Quantité déni tredis- sousdans 100p. d'eau. sousdans 1 00p. d'eau. 0,0 i3,32 55,0 97^70 6,0 16,60 60,0 1 10,70 io,o 20,55 65,0 ]24,5i 36,0 25,49 70,0 i57,6o 20,0 3i,75 75,0 1 54,10 25,0 09,85 80,0 170,80 3o,o 45,90 85, 0 187,90 55,0 54,55 90,0 2o5,o5 4o,o 65, 80 95,0 225,60 45,0 75,95 100,0 246,. 5 5o,o 85,00 L'alcool absolu n'en dissout qu'une trace ; l'alcool d'une densité de 0,878 en dissout 0,01. L'acide sulfurique versé sur le nitre ne fait point efferves- cence. Il se dégage des vapeurs blanches acides : si l'on dis- tille dans une cornue 1 6 p. de nitre avec g p. d'acide sulfurique concentré, on obtient de I'Acide nitri(,)UE hydraté (voyez ce mot) dans le récipient , et il reste du bisulfate de potasse dans la cornue. L'acide phosphorique agit d'une manière analogue au pré- cédent. L'acide borique, la silice et même l'alumine, sont suscepti- bles de séparer à chaud l'acide nitrique de la potasse : quand les matières sont sèches, presque tout le produit volatil est de l'acide nitreux et de l'oxigène ; au contraire , quand elles sont humides, on obtient plus d'acide nitrique que d'acide nitreux et d'oxigène. Le nitre, chauffé fortement avec la silice, donne un beau verre blanc. NIT 43 L'acide hydrochlorique décompose le nitrate de potasse, ainsi que nous l'avons expliqué dans les généralités. J'ai observé qu'en faisant bouillir pendant long- temps du plomb très- divisé avec une solution de nitrate de potasse, il y a une petite portion de sel qui se convertit en hypo- nitrite de potasse. Pour découvrir ce sel, il faut d'abord faire cristalliser la plus grande partie de la liqueur par refroi- dissement , ensuite verser dans l'eau-mère de l'acide sulfu- rique : il se dégage des vapeurs nitreuses. 11 n'y a pas ou presque pas de plomb de dissous dans cette opération. Le nitrate de potasse, chauffé doucement, donne de l'oxi- gène et un résidu dhyponitrite de potasse; à une tempéra- ture élevée et sutlisamment prolongée, il se réduit en azote, en oxigène, en acide nitreux et en potasse. Quand on opère dans un vaisseau de verre , la silice du vaisseau facilite l'expul- sion de l'acide par la combinaison qu'elle contracte avec la base du ni ire. Action du nib^ale de potasse sur les matières combustibles. Le nitrate de potasse exerce une action énergique à une température plus ou moins élevée sur la plupart des subs- tances combustibles : premièrement , parce qu'il contient beaucoup d'oxigène , que la chaleur tend à séparer; en second lieu, parce que le produit de la combustion peut avoir une affinité plus ou moins forte pour Talcali du nitre. Nous ne parlerons pas de l'action de foutes les matières com- bustibles sur le nitrate de potasse ; nous nous bornerons à traiter de l'action de celles qui forment avec le nitre des mélanges dont la société retire quelque avantage. Nitrate de potasse et soufre. Lorsqu'on projette peu à peu, dans un creuset rouge de feu, un mélange de 2 à 3 p. de nitrate de potasse et de 1 p. de soufre, il se produit une flamme vive et une détonation qui n'est pas très-forte. Les gaz qui se dégagent sont de l'azote, de l'acide sulfureux et du gaz nitreux ou de l'acide nitreux; le résidu est du sulfate de potasse, qui portoit jadis le nom de sel polychreste de Glaser. Il est présumable 44 NIT que dans celte opération , faite avec le conlact de l'air, c'est l'oxigéne atmosphérique qui , en se combinant à du soufre quel'évaporation a soustrait à l'action de l'oxigéne du nitrc, forme tout ou presque tout le gaz acide sulfureux. Nitrate de potasse et acide arsenieiix. En chauffant graduellement et très-doucement jusqu'au rouge , un mélange de parties égales d'acide arsenieux et de nifrate de potasse, dans une cornue de verre qui com- munique à une alonge et à un ballon tubulé, on obtient de l'acide nitreux , un sublimé d'acide arsenieux et un résidu blanc fondu, qui est du surarseniate de potasse {sel arseni- cal de Macqiier), un peu de nilre ou de l'hyponitrite, et enfin, de l'acide arsenieux. Lorsque, au lieu d'opérer de la manière précédente, on projette peu à peu l'acide arsenieux sur du nitrate de po- tasse porté au rouge dans un creuset, on obtient un résidu très- alcalin. (Voyez Nitre fixé par l'arsenic.) Nitrate de potasse et pliospliore. On dit qu'en percutant fortement sur une enclume un mélange de nitrate de potasse et de phosphore, il se produit une forte détonation .- le phosphore , converti par l'oxigéne en acide phosphorique , s'unit à la potasse. Nitrate de potasse et charbon. Lorsqu'on projette peu à peu sur du nitrate de potasse chauûé au rouge dans un creuset, de la poussière de char- bon , il se produit une détonation et un dégagement de lumière ; en répétant la projection du charbon jusqu'à ce cu"il n'y ait plus de détonation, on obtient du sous-carbo- nate de potasse ou le nitre fixé par le charbon des anciens. Cette matière confient du nitrate ou de l'hyponitrite de potasse en quantité notable si, après l'addition delà dernière dose de charbon, on n'a pas eu la précaution de tenir les matières exposées, pendant une heure ou deux heures, au rouge blanc. Lorsque, au lieu de faire l'opération comme nous Aa'nons de l'indiquer, on projette, pincée par pincée, un mélange de 5 p. de nitre et de i p. de charbon dans une cornue de NIT 45 grès tubulée, dont le fond est rouge de feu et qui commu- nique à deux ou trois grands ballons à deux becs, le nitre se décompose comme dans l'opération précédente ; mais oti obtient en outre dans les ballons un liquide aqueux, insipide, ou (rès-légèrcment acide , que les anciens appeloient cZ>.ssus du niire. L'eau provient des matières et d'une portion d'hy- drogène du charbon qui est brûlé. Lorsqu'on met le feu à un mélange de nitre et de char- bon en excès, qui est exposé à l'air libre, une portion de l'excès de charbon, projeté dans l'air par la force de l'explo- sion échauffée suHisamment pour s'unir à l'oxigène atmosphé- rique, produit une belle gerbe d'étincelles. M. Proust s'étant beaucoup occupé de la détonation des mélanges de nitre et de charbon, relativement à la fabrica- tion de la poudre à canon, nous allons présenter un précis de ses observations. A. Les charlons provenant de diverses matières organiques, peuvent présenter des différences plus ou moins grandes , relativement au temps que dure la combustion de chacun d'eux, quand ils sont hrûlés par une même proportion de nitrate de potasse. Pour opérer la combustion des mélanges nitro -charbon- neux, M. Proust en introduit 72 grains dans un tube de laiton de deux lignes et demi de diamètre intérieur, d'une demi -ligne d'épaisseur et de deux pouces et demi à trois pouces de longueur. Le tube est plongé dans un verre d'eau, et il y flotte au moyen d'une plaque de liège qu'il traverse. Tableau des charbons dont le mélange avec le nitre peut brûler dans le tube. Grains de matière 60 grains de niire Duriîe en restés dans le tube avec seronics. ajjrès la détonation. 12 grains de charbon de sucre 70 . . 48 — — de coack 5o . . 45 — — de grains de maïs . .55 . .43 — — d'alcool (p. l'ac. suif.) 56 . . 44 — — de noyer 29 . . 33 — ■ — de châtaignier ... 26 . . 36 — — de canne de maïs. .25 . . 38 46 NIT Grains de matière 60 grains rie niire Durée en restes Jans le tube avec secondes. aprt:, la détonation. 12 grains de charbon de tige de piment. .25 . . 56 — — de coudrier . . . . sS . . 3o — — de fusain 21 . . 27 — — de bourdaine ... 20 . . 24 — — de pin 17 . . 3o — — detiges depoischich. i5 . . 21 — — de sarment .... 1 1 . . 20 — — de chanvre .... 10 . . 12 — — d'asphodèle .... 10 . . 12 Les mélanges des charbons d'amidon, de blé, de riz, de noix- de galle, de gayac , de bruyère, d'indigo, de gluline, de colle forte, de blanc d'œuf, de snng humain , de cœur de bœuf, ne peuvent brûler dans le tube. M. Proust , après avoir reconnu que les différences que les charbons présentent relativement à leur combustion par le nitre, ne peuvent tenir : 1.° à l'azole que quelques-uns con- tiennent; ■2.° à la chaleur à laquelle ils ont été exposés pendant leur préparation , les attribue à leur densité variable : il pense que , si les proportions différentes d'hydrogène exercent quelque influence, cela ne peut être que mécaniquement, en facilitant la dilatation du carbone auquel cet hydrogène est uni ; car M. Proust admet que dans l'intérieur du tube l'hy- drogène ne peut être brûlé, puisqu'il y a un excès de car- bone et que celui-ci, à une température rouge, décompose la vapeur d'eau. D'après cela, si Ihydrogène brûle, c'est hors du tube, en absorbant l'oxigène de Pair. M. Proust considère le charbon de chenevotle comme le plus propre à fabriquer la poudre ; il se fonde sur les rai- sons suivantes : 1." aucun charbon ne brûle plus rapidement que lui; si celui d'asphodèle est aussi combustible, il est plus volumineux, la plante d'où il provient est moins abondante que le chanvre; 2.° il ne faut point écorcer la chenevotte comme on écorce labourdaine et le saule ; 3." il est assez divisé pour qu'il ne soit pas nécessaire de le pulvériser avant de le mettre dans le mortier où l'on bat le mélange qui constitue la poudre. NIT 47 B. Les proportions suivant lesquelles un même charlon est mêlé au nitrate de potasse , ont une grande influence sur la durée de la combustion, lors même que le volume du gaz produit est le mêmct N 1 T R E , DURÉE MATIÈRE PRODUIT GAZ nÉDLITS par l'eau de chaux en 60 grains en resiée dans en ponces cubes ■+. intiméiDcnt secondes. le tube, poids 2u pouces GAZ GAZ mêlés avec en grains. cubes d'air. insolubles. sol.ibles. S»-- Pouces tub. Pouces cub. Charbon de chanvre 8^^ 5o 40 48-^20 34 34 lOy 2D 02 62-4-20 44 58 12*- 10 12 62-1—20 48 34 i5i 9 10 62—1-20 52 5o 205 7 10 70-1-20 60 5o ooj 7 JO 74-1-20 64 44 Le mélange étoit contenu dans le tube de laiton; celui-ci floltoit au moyen de sa plaque de liège sur l'eau d'une cuve pneumatique. Le mélange étoit embrasé au moyen d'une languette d'amadou , puis on recouvroit le tube d'une cloche munie d'un robinet qui étoit ou- vert : on enfonçoit la cloche perpendiculairement, jusqu'à ce qu'il restât 20 pouces cubes d'air, puis on relevoit la cloche pour la placer sur la tablette de la cuve. Le baromètre étoit à 26 pouces 4 lignes, et le thermomètre à i5 degrés. Les produits de ces détonations sont, suivant M. Proust: 1." De l'acide carbonique. Une portion provient delà com- bustion du carbone; une autre est séparée du charbon par la chalenr à laquelle celui-ci est exposé; enfin, une troisième provient de l'eau du mélange, qui est décomposée par du charbon. 2.° Du gaz oxiie de carbone. Une portion provient de l'ac- tion immédiate de l'oxigène du nitre sur le carbone; une seconde portion est séparée du charbon par l'élévation de la température. 3.° Du gaz liydrogène carburé. Une portion provient de la décomposition de l'eau, opérée par le carbone'; une seconde est séparée du charbon par l'élévation de la température. 1 Jai tout lieu de penser le carbone rouge, l'hydrogèi l'état d'hydrogène carbure. que dans la décomposition de l'eau par le est séparé à l'état de pureté et non à 48 NIT 4.° Du gaz azote. li provient de l'acide nitrique. 5.° Du gaz nitreux. Il provietit de l'acide nitrique. 6.° Du sous -carbonate d'ammoniaque, 7." De Vhjponitrite de potasse; quelquefois du nitrate. 8." Du sous -carbonate de potasse. g." Du cyanure de potassium. Il y a une observation à faire ; c'est qu'en opérant dans l'air, au-dessus de l'eau, comme M. Proust l'a fait, une portion de gaz nitreux passe à l'état d'acide nitreux, et est absorbée par Teau ; il en est de même d'une portion d'acide carbonique; enfin, une portion de charbon, d'oxide, de car- bone, d'hydrogène carburé, est brûlée par l'oxigène de l'air. On voit que les mélanges à '/, % % de charbon ont pro- duit le même volume de gaz, quoique la combustion ait duré :>5 , 10 et 9 secondes. M. Proust a observé que la trituration a une grande in- fluence sur la durée de la combustion; car les mélanges à 'kl '1,1 'kl 'k-> ^^^ triturés, ont mis à brûler 58, 3o , 19 secondes. Suivant M. Proust, quoiqu'il y ait un excès de charbon , on retrouve toujours une portion d'acide à l'état de nitrate ou d'hyponitrite dans les résidus ; et dans le mélange à '/. de charbon , il y a une portion de combustible qui n'est pas brûlée par l'oxigène du uitre. Il résulte encore des expériences du même savant, que, quand l'excès de charbon est considérable, comme il l'est dans les mélanges à '/; et à /( , la combustion s'opère plus rapidement et il se produit plus de gaz insoluble, notamment d'oxide de carbone. M. Proust pense que, dans une ville assiégée, où le soufre manqueroit, on pourroit faire usage d'une poudre sans soufre, formée de i p. de charbon contre 5 ou 4 p. de ni- trate de potasse; mais cette poudre devroit être grenée et employée sur-le-champ, à cause de l'inconvénient qu'elle a d'attirer l'humidité de l'atmosphère. Mélanges de nitrey de soufre et de chavhon. La poudre à canon est un simple mélange de nitre, de soufre et de charbon; mais, avant de l'étudier d'une manière NIT 49 spéciale , il ne sera point inutile de considérer rinfluence que le soufre exerce sur la combustibilité des mélanges de nitre et de charbon, auxquels on l'ajoute en différentes pro- portions. Nous allons citer les principaux résultats que M. Proust a obtenus en brûlant les mélanges dans des tubes par le procédé décrit plus haut. Mélanges à l de ch arhon de chanvre. Durée Po. cu> . Po . cub. Grains en secondes. de gaz. d'atniosph Salpêtre Charbon 60 ]5 9 • • . 62 -4- 20 — avec soufre 4 7 • • . 76 -f- 20 — avec soufre 6 c '/ . . . 76 -f- 20 — avec soufre 8 6 . . . 76 -1- 20 — avec soufre 10 6 . . . 80 ~^- 20 — avec soufre 12 7 • • . 84 -f- 20 — avec soufre 14 7 . • . 84 -f- 20 — avec soufre 16 8 . . . 82 H- 20 Il résulte de ces faits: 1.° Que l'addition du soufre, au mélange de 4 p. de nitre et de 1 p. de charbon, peut accélérer sa combustion de g secondes à 6 secondes, mais que cette accélération ne peut être augmentée; 2." Que le soufre, ajouté au mélange de nitre et de char- bon, augmente le volume du gaz produit par la combustion du charbon. M. Proust dit qu'il faut ajouter au moins 8 pouces cubes au volume des gaz indiqués dans le tableau , par la raison que les 20 pouces d'air, contenus dans la cloche où la combustion a été faite , contenoient 4 pouces cubes d'oxigène, qui ont dû convertir 8 pouces cubes de gaz nitreux en acide soluble dans l'eau ; 3." Que le soufre en excès, à une certaine proportion, ra- lentit la combustion du mélange, parce que vraisemblable- ment il abaisse trop la température en se vaporisant. M. Proust pense que le soufre, quelle que soit sa quantité, n'enlève jamais l'oxigène au nitre dans la combustion de la poudre; tout l'oxigène que le nitre perd, se porte sur le 35. , 4 5o NIT carbone. D'après cela il établit que, lorsqu'on brûle un mé- lange de nitre, de charbon et de soufre dans le vide ou dans une atmosphère dépourvue d'oxigéne , le soufre ne contribue point à la production de la lumière de la poudre enflam- mée , comme cela arrive lorsque la combustion s'opère au tnilieu de l'air : dans ce cas l'oxigènc atmosphérique , en se portant sur une portion du soufre , de l'hydrogène car- buré et de l'oxide de carbone, dont la température est élevée, produit une véritable flamme. 2." T ABLEAU. Mélanges à l de ch arhon avec soufi^e. Durée Po. eu b. Po cubes Grains. en secondes. de gaz. d'atmosph Salpêtre Charbon 12 10 . 62 -h- 20 — avec soufre 4 7 . 66 -H 20 — avec soufre 6 6/. • • 72 -H 20 — avec soufre 8 6 . . 76 -H 20 — avec soufre lO 6 . . 80 -H 20 — avec soufre 12 n ' . 82 -i- 20 — avec soufre 14 7 . 82 -+- 20 — avec soufre i6 7 • . 82 H- 20 — avec soufre i8 8 . . 80 -H 20 3.* Tableau. Mélanges à '/^ de charbon avec soufre. Salpêtre 60 Chîirbon 10 avec soufre 2 avec soufre 4 avec soufre 6 avec soufre 8 avec soufre 10 avec soufre 12 avec soufre 14 avec soufre 16 avec soufre 18 6 6 7 62 68 -1- 20 70 -+- 20 76 -+- 20 76 -+- 20 80 -+- 20 82 -+- 20 NIT 5i Conséquences. î)ans les mélanges à y, et à '/, , il y a un excès de charbon, puisque le mélange à '/^ brûle avec la même vitesse que les premiers. A la vérité, ceux- ci donnent plus de gaz, mais l'excès est trop petit pour qu'on puisse, dans la fabrication de la poudre à canon, le préférer au mélange à '/, par la raison qu'un excès de charbon a l'inconvénient de rendre les mélanges où il entre plus hygrométriques et plus difficiles à être réduits en grains, que le mélange où ce combustible est en moindre quantité, et, pour sentir l'avantage qu'il y a à réduire un mélange en grains, il suffit de comparer la force d'une poudre à canon pulvérisée avec la force de la même poudre grenée. C'est encore d'après ces raisons qu'il est préférable de faire la poudre à canon avec le nitre, le soufre et le charbon, plutôt que de se borner à la préparer avec du nitre et du charbon ; car dans ce dernier cas, comme nous l'avons vu plus haut, il faudroit nécessairement faire usage d'un mélange de nitre à /, ou /, de charbon pour avoir une poudre suffisam- ment forte. On observe que la poudre qui est faite avec du charbon et du soufre, produit un bruit beaucoup plus fort que celle qui est faite avec du nitre et du charbon seulement. Nous allons traiter maintenant de la poudre à canon. Fabrication de la poudre à canon par le procédé ordinaire. 1 .'^ Opération , composition. Le nitrate dépotasse, le soufre, le charbon, qui entfent dans la composition de la poudre, doivent avoir été préala- blement pulvérisés avant qu'on ne les mêle ensemble. Le nitre sort des ateliers où on l'a purifié, suffisamment divisé pour qu'il ne soit pas nécessaire de le soumettre à une nouvelle opération de pulvérisation. Le soufre est broyé au bocard ou sous des meules , puis il est tamisé au blutoir et renfermé dans des tonneaux. Quant au charbon, on ne le pulvérise qu'au moment même où on veut le mêler avec le nitre et le soufre ; par la raison qu'on a observé deux fois à la poudrerie d'Essone, que du char- 52 ]\IT bon pulvérisé s'étoit embrasé spontanément dans le blutoir où on venoit de le tamiser. Le charbon qu'on emploie en France provient du rhum- nus frangula (bourdaine). 11 doit conserver beaucoup d hy- drogène , si l'on veut avoir une poudre forte. Pour faire la poudre, on commence par peser 7'',5o de nitre ; on les verse dans un boisseau; on pèse ensuite i'',25 de soufre et on le verse dans le boisseau qui contient déjà le nitre; on pèse i^,:i5 de charbon, et on le verse dans un second boisseau. Les proportions que nous venons de donner, sont celles de la poudre de guerre; mais elles seroient différentes, si Ton vouloit faire de la poudre de chasse, de la poudre de mine, de la poudre de traite. Voici les proportions de ces diverses poudres. P. dcguerrre. P. démine. P. de traite. P. dédiasse. Nitre . . . 76,0 . . 65 . . . 62 . . 78 Soufre ... 12,5 . . 20 . . . 20 . . 10 Charbon . . 12, 5 . . i5 . . . 18 . . 12 2.*" Opération, hallage. On porte les ingrédiens pesés au moulin à pilon , où ils sont intimement mêlés par le lattage. Le battage s'opère par des pilons qui frappent les ingré- diens dans des mortiers de bois. Les pilons sont formés d'un manche de bois de hêtre et d'une boîte de cuivre allié d'é- tain, qui a la forme d'une poire, et les mortiers ne sont autre chose que des cavités qu'on a creusées dans une poutre de chêne dont une partie est enterrée dans le sol de l'ate- lier. Il y en a ordinairement 10 dans une poutre. La charge de chacun d'eux est de 10 kil. de matière. Un moulin à pilons se compose de vingt mortiers et de vingt pilons, ou de deux batteries. Les pilons sont mis en mouvement par une machine à roue hydraulique. Pour charger les deux batteries, on porte au moulin qua- rante boisseaux, dont vingt contiennent le nitre et le soufre, et vingt le charbon. On commence par verser chaque boisseau de charbon dans chacun des mortiers des batteries; on y ajoute 1 kil. d'eau -, on bat le mélange de vingt minutes à une demi -heure : on NIT 53 cesse de battre ; on verse chaque boisseau qui contient le nitre et le soufre, sur le charbon pulvérisé : on a soin de mé- langer la matière à la main; enfin, on arrose encore la ma- tière de chaque mortier, qui Se compose de lo kil. de ma- tière solide et de i kil. d'eau, avec '/, kil. de ce liquide. On bat le mélange pendant une demi -heure : cette fois les pilons battent de cinquante-cinq à soixante coups par minute , tandis que, dans le battage du charbon, le pilon ne battoit que quarante coups dans le même temps. Quand le battage est fini, on retire la matière du premier mortier avec une curette appelée main ; on la met dans une caisse alongée, qu'on appelle une layette; puis on enlève toute la matière du second mortier pour la placer dans le premier: on continue cette opération jusqu'à ce qu'on ait vidé le der- nier mortier; alors on remet dans telui-ci la matière du pre- mier mortier. Cette opération, nommée rechange, a pour objet de faciliter le mélange des matières. En eifet , par l'ac- tion prolongée du pilon il se forme au fond de chaque mor- tier une masse plus ou moins compacte, qu'on appelle/d«x cul ou culot. Or, outre l'obstacle qu'apporte la formation du culot à l'intimité du mélange, il y auroit encore à craindre , si la dureté du culot étoit portée à un certain point, qu'il ne détonât par le choc. Les matières rechangées sont battues pendant une heure; après quoi on les soumet à un nouveau rechange , et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on en ait fait douze. La durée du der- nier battage est de deux heures , et la durée du battage com- plet est de quatorze heures. Quand les matières ont été battues pendant huit à onze heures, on a l'habitude , après le rechange, d'ajouter à chaque mortier vingt-cinq décagrammes d"eau au plus. 5.* Opération, grenage. Le mélange, après le battage, est pâteux et trop humide pour être grené ; c'est pourquoi, pour qu'il sèche suffisam- ment, on l'abandonne pendant un jour ou deux au milieu du grenoir (c'est le nom de l'atelier oij l'on réduit la poudre en grains); au bout de ce temps on met la poudre dans des caisses appelées majes. ^4 NIT Un ouvrier, placé devant une maye, y prend le mélange par portion et le met ainsi dans un tamis de peau appelé giiillaume, qui est percé de trous ronds. Ce tamis repose sur une barre horizontale qui traverse la maye. Quand il y a suf- fisamment de mélange dans le tamis , l'ouvrier place dessus un tourteau, c'est-à-dire un morceau de bois de gayac ou de cormier de forme lenticulaire; puis il donne un mouve- ment tel au guillaume , que celui-ci glisse sur la barre, et qu'en même tenips le tourteau se meut circulairement sur toute la surface du mélange. Par ce moyen les parties de ce mélange qui seroient trop grossières pour être tamisées, éprouvant une pression de la part du tourteau , se divisent suffisamment pour passer au travers des trous du guillaume. Lorsque tout le mélange a passé au guillaume, l'ouvrier îe reprend dans un second tamis, appelé greno/r, dont les trous ont le diamètre du grain qu'on veut obtenir. Le tourteau est employé dans cette opération comme dans la précédente. Le grain qui a passé dans le grenoir, est ensuite mis dans un troisième tamis, qu'on appelle egalisoir. Les trous de l'égali- soir étant plus petits que ceux du grenoir, il arrive que le poussier et le fm grain passent au travers de ces trous, tandis que le grain ou la poudre grenée reste dans le tamis. La poudre grenée , étant souvent mêlée de grains trop gros , est mise dans un quatrième tamis, dont les trous sont tels qu'ils laissent passer la poudre grenée et qu'ils retiennent les parties gros- sières. On reporte le poussier et le fin grain au moulin à pilons. 4.* Opération, séchage. Une fois la poudre grenée , on la sèche. Cette opération peut se faire en exposant sur des toiles la poudre au so- leil, ou, ce qui est préférable, en l'exposant à des courans d'air d'une température de 5o à 60** : pour cela on l'étend sur des toiles qui sont tendues dans une chambre. Ce procédé, qui est de M. Champy fils , est bien préférable au premier , puisqu'il peut être pratiqué dans toutes les saisons. 5.' Opération , époussciage. La poudre qui a été séchée , est recouverte d'un peu de poussier, qu'on en sépare au moyen d'un tamis très-fin ou NIT 55 au moyen d'un blutoir. C'est la dernière opération que l'on lait subir à la poudre de guerre. Observations sur le dosage , sur la nature du charbon et sur la durée du battage. En 1794 une commission, ayant préparé de la poudre à différens dosages, reconnut que la poudre la plus forte est celle qui est composée de Nitre 76 Soufre 9 Charbon .... i5. Ce dosage fut adopté pendant plusieurs années, mais on finit par revenir à l'ancien, que nous avons donné; par la raison qu'on reconnut que, la poudre qu'il donne ne conte- nant pour loo que i2,5 de charbon, elle est plus facile à conserver, parce qu'elle est moins disposée à attirer l'humi- dité. M. Proust a proposé en France l'usage du charbon de che- nevottes qui est employé en Espagne; ce savant croit qu'au lieu de battre la poudre pendant quatorze heures , il suffit de la battre pendant deux heures. Observations sur la fabrication de la poudre de chasse. La poudre de chasse se fabrique comme la poudre de guerre, avec cette difierence cependant, 1." Que le grain en estplusCn; 2.° Que la poudre, une fois grenée , n'est soumise qu'à un léger dessèchement. En effet, il suffit de l'exposer en hiver sur une toile pendant une heure au soleil, et en été entre deux toiles pendant le même temps ; après cela on la soumet à l'époussetage ; 3.° Qu'on la soumet à l'opération du lissage, qui a pour objet de donner du luisant au grain. Pour lisser la poudre de chasse, on l'introduit dans des tonnes qui tournent sur leur petit axe au moyen d'une ma- chine à eau. Chaque tonne reçoit cent cinquante kilogrammes de poudre, et est munie intérieurement de quatre barres de bois carrées qui vont d'un fond à l'autre, et qui ont pour objet de multiplier les surfaces et par là d'augmenter le frot- temcnt qui est nécessaire pour lisser la poudre. Le lissage dure de huit à douze heures. Le mouvement doit être assez lent. M. Cagnard-Latour a remarqué qu'en opérant le lis- sage à la température de l'eau bouillante , un frottement d'une demi -heure est suffisant. La poudre lissée est passée à W'-galisoir, au séchoir, et, enfin , elle est soumise à Vépoussetage. Observations sur la poudre de mine. La poudre démine, qui ne contient que 65 de nitre , est plusfoible que la poudre précédente, parce que sa combus- tion est plus lente. Au reste, cette infériorité de force, loin d'être un inconvénient, est un avantage; caria poudre démine est destinée à ébranler des masses de rochers ou des pierres liées ensemble par un ciment: dès-lors un effort prolongé est bien plus propre à produire un grand effet pour l'objet qu'on se propose , qu'un effort instantané. Pour concevoir aisément ce que nous disons, il suffit de se rappeler qu'une balle lancée d'un pistolet par l'explosion de la poudre , ne fait qu'un trou égal à son diamètre dans un carreau de verre, tandis qu'elle le réduit en fragmens plus ou moins longs, si elle est simplement jetée avec la main. Le grain de la poudre de mine est plus gros que celui de la poudre de guerre. Ohsei^vation sur la poudre de traite. Avant la révolution le dosage de la poudre de traite étoit le même que celui de la poudre de mine : on l'obtenoit en passant la poudre de traite grenée au grenoir de la poudre de guerre. Le grain fin qui passoit, étoit vendu aux armateurs sous le nom de poudre de traite , toutefois après avoir été lissé. Après la paix d'Amiens , les armateurs ayant refusé de payer la poudre de traite au prix de la poudre de mine , la proportion du salpêtre fut réduite à la proportion de 60 pour ]oo, que nous avons indiquée plus haut. La poudre doit être conservée dans des lieux secs. M. Champy fils a proposé de tapisser les murs des magasins de feuilles de plomb et d'en disposer l'entrée de manière que l'air, qui tend à y pénétrer lorsque son élasticité est supérieure à celle NIT 57 de l'air de l'inférieur , passe sur de la chaux caustique, pour s'y dépouiller de son eau hygrométrique. De la poudre considérée sous ses rapports chimiques. Analyse de la poudre à canon. 1." Procède. (a) On fait sécher la poudre. (b) On en lessive une quantité, exactement pesée, avec de l'eau. On fait évaporer à siccité. Le poids du résidu fondu donne le poids du nitrate de potasse. On l'essaie pour savoir s'il est pur. (c) On prend le résidu lavé k l'eau ; on le fait chauffer dans l'eau de potasse. I,e soufre est dissous à l'exception du char- bon. On filtre, on lave le charbon jusqu'à ce que le lavage ne noircisse plus la solution d'acétate de plomb , et on le fait sécher au degré où la poudre l'a été. (d) On étend le sulfure hydrogéné d'eau ; on y fait passer un excès de chlore, et ensuite on précipite l'acide sulfurique qui s'est produit par le chlorure de barium. I,e sulfate de baryte fait connoître le poids du soufre. On peut, jusqu'à un certain point, se dispenser de faire cette dernière opération : dans ce cas on conclut le poids du schifre en soustrayant les poids du nitre et du charbon du poids de la poudre analysée. 2.*" Procédé, (a) On dessèche la poudre. On la lessive ensuite pour avoir le nitre. On fait évaporer et fondre le résidu. (c) On prend 5 grammes de poudre, 5 grammes de sous- carbonate de potasse exempt d'acide sulfurique; on pulvérise les matières dans un mortier , et on ajoute ensuite 5 grammes de nitre et 20 grammes de chlorure de sodium. Le sous-carbonate qu'on ajoute au mélange, est destiné à fixer le soufre, qui, sans cela, se volatiliseroit à une tem- pérature où il ne pourroit être brûlé par le nitre. Le chlo- rure de sodium est employé pour modérer la combustion. Malgré ces précautions , il y a toujours une petite portion de soufre qui se sublime. On chaufl'e au rouge le mélange dans une capsule de pla- 58 ]\IX tine. Le soufre se combine d'abord à une portion de l'alcali du sous-carbonate, puis à l'oxigène du nitre : il passe donc à l'état de sulfate de potasse. Quand la matière est refroidie, on la dissout dans l'eau ; on ajoute de l'acide nitrique à la liqueur; puis on précipite par le chlorure de barium. M. Gay-Lussac, à qui l'on doit ce procédé , propose de dé- terminer le soufre, non pas en pesant le sulfate de baryte, mais en prenant une dissolution de chlorure de barium , faite suivant une proportion connue, et voj-ant la quantité qui est nécessaire pour précipiter exactement la dissolution qjii contient le sulfate de potasse. La proportion suivante donne la quantité de soufre , 162,44 d^ chlorure de barium cristallisé : 20,116 poids d'une proportion de soufre :: le poids du chlorure de barium cristallisé employé : x. Circonstances où la pondre s' enjlamme. La poudre s'enflamme dans le vide, soit par le choc, soit par une élévation de température suffisante. Elle s'enflamme à l'air par le choc , par l'étincelle électri- que, par une élévation de température. M. Gay-Lussac a constaté que la chaleur qui se développe dans l'extinction de la chaux par l'eau , suffit pour l'enflammer. Pi^odults de la combustion de la poudre. Les produits de la combustion de la poudre varient un peu, suivant que la combustion est successive ou rapide, suivant aussi que les produits de cette détonaiion ont le contact de l'air, surtout lorsque leur température est élevée. Produits de la combustion lente et de la combustion rapide. Les produits delà combustion de la poudre qui brûle suc- cessivement dans un tube, sont, suivant M. Proust, de l'acide nitreux rutilant , de l'hydrogène sulfuré, de l'hydrogène car- buré, de l'oxide de carbone, du gaz nitreux, de l'azote et de l'acide carbonique, du sulfure de potasse ou sulfate de potasse et sulfure de potassium , du sous-carbonate de potasse, du charbon , du cyanure de potassium , du nitrate ou de Thy- ponitrite de potasse. NIT 59 Une exf'érience que je fis dans une de mes leçons, me donna les résultats suivans : la poudre fut brûlée dans un petit tube de cuivre, sous une cloche pleine de mercure, d'après la méthode de Lavoisier. 100 volumes du gaz recueilli étoient formés : Acide carbonique 45,4 1 Gaz azote 37,53 Gaz nitreux 8,10 Gaz hydrogène sulfuré o,5g ? Gaz inflammable formé d'oxigène, de carbone et d'hydrogène 8,37. 100,00. Au moment où les gaz arrivèrent dans la cloche, ils étoient nébuleux et rutila ns. Le nuage étoit occasioné par un- peu d'eau, et, peut-être, par quelque sel ammoniacal, et la couleur par de l'acide nitreux. Le gaz acide hydrosulfurique fut déterminé au moyen de l'acétate de plc Nous allons faire connoître maintenant le procédé de nitri- Ëcation qui a été proposé par le comité consultatif des poudres et salpêtres de France. 68 NIT 1.° Oa choisit une terre légère où le sous- carbonate de chaux domine. Si les localités ne permettent pas de s'en pro- curer, on mêlera à une terre meuble des cendres de toutes espèces, des plâtres, des mortiers de démolitions, etc. 2." (a) Si l'on peut se procurer à peu de frais des fumiers, on les mêlera avec la terre par lits successifs de 5 à 6 poucea d'épaisseur; on les arrosera de temps en temps avec de l'eau de fumier. Quand la matière sera convertie en terreau, on la mettra en couches de 2 pieds et demi à 3 pieds d'épaisseur sur un sol .couvert , où on pourra la remuer aisément. On l'arrosera ensuite avec des eaux de fumier, des urines, de 3iianière à lui donner le degré d'humidité de la terre d'un jardin bien cultivé. Tous les quinze jours on retournera la couche , et on tiendra le hangar fermé pour que l'évaporation ae se fasse pas trop rapidement. Après dix-huit mois on arrosera , non plus avec de l'eau de fumier, mais seulement avec de l'eau pure, afin que pendant les six derniers mois les matières animales aient le temps de se détruire. {b) Si l'on n'emploie pas le fumier on mettra la terre dans une étable , on la recouvrira d'une litière abondante; au bout de quatre mois on enlèvera le fumier, on retournera la terre, on la recouvrira de 8 à 9 pouces de nouvelle terre, puis de litière : au bout de quatre mois on enlèvera le fumier, on remuera la terre et on la recouvrira encore de 8 à 9 pouccs de nouvelle terre; enfin, après quatre mois, on en- lèvera le fumier, et la terre préparée sera transportée sous un hangar pour qu'elle s'y nitrifie. Quand on a des matières animales, il est avantageux de les diviser et de les mêler intimement aux terres que l'on destine à la nitrification. -^ 2. Des nitrières à l'air libre. Elles consistent en un mélange de terre et de fumier, de plantes herbacées, de menues branches, dont on fait des murs de 2 a 5 pieds d'épaisseur sur 6 à 7 de hauteur. Ces murs sont garnis d'un toit de paille. Le comité consultatif conseille, 1.° d'orienter les murs dans la direction du vent dominant de la pluie: 2.° de NIT 69 les arroser souvent, surtout avec des eaux peu riches en matières propres à la nitrification ; 3.° de faire entrer dans la composition des murs de menus branchages de plantes li- gneuses : par ce moyen les murs acquièrent de la solidité et en même temps ils deviennent moins compactes; 4.° de préparer les terres qu'on mêle au fumier, de la même ma- nière que celles qui servent aux nitrières couvertes ; 5." de faire les murs de manière qu'une face soit unie, tandis que la face opposée soit en gradins et en forme de gout- tières : les arrosages se faisant sur cette face seulement , l'eau pénètre toute la masse du mur, et le nitre produit vient s'effleurir sur l'autre face , 011 il est facile de l'enlever. Extraction du nitrate de potasse ; matériaux salpêtres. 1. Nature des matériaux salpêtres. Ils se composent de matières insolubles dans l'eau et de matières qui s'y dissolvent; ces dernières sont: Du nitrate de potasse , — de chaux , — de magnésie ; De l'hydrochlorate de chaux, — — de magnésie; Du chlorure de potassium, • — de sodium ; Du sulfate de chaux , Et des matières organiques. Le nitrate de potasse est d'autant plus abondant, que les sels de potasse étoient plus abondans dans la nitrification , en supposant toujours que la proportion de ces sels n'excédoit pas celle où la nitrification est possible : en général, le nitrate de potasse domine sur le nitrate de chaux dans les terres des étables et des bergeries. Le nitrate de chaux. Presque toujours ce sel domine dans les pierres calcaires salpêtrées. D'après Thouvenel, il se produit avant celui de potasse; mais ensuite il est décomposé par le sous-carbonate de potasse ou quelque auti'esel de cette base: 100 parties de nitrate de chaux, décomposées par 67,08 p. v^ NIT de potasse pure ou 108 p. environ de potasse du commerce, donnent 122, G p. de nitrate de potasse. Nihale de magnésie. Il n'existe communément qu'en très- petite quantité dans les matériaux salpêtres : à Paris, les ma- tériaux salpêtres contiennent 53 de nitrate de chaux, 5 de nitrate de magnésie et 26 de nitrate de potasse; 100 p. de ce sel, décomposées par la potasse, donnent i35,4 de nitrate de potasse. Hydrochlorate de chaux. Il se rencontre ordinairement dans les matériaux où il y a du chlorure de sodium et de la craie, et cela ne doit pas étonner, puisque M. Berthollet a fait voir que ces matières, en réagissant ensemble, donnent lie» à du sous-carbonate de soude qui s'efïïcurit, et à de l'hydro- chlorate de chaux : luo p. de sel, décomposées par 84,4 de potasse, donnent i35,5 de chlorure de potassium. Hj'drochlordte de magnésie. Il est toujours en foible pro- portion dans les matériaux salpêtres : 100 p., décomposées par 98,2 p. de potasse, donnent j55,2 p. de chlorure de potassium. Chlorure de sodium. Il accompagne toujours le nitrate de potasse. Chlorure de potassium. Suivant M. Gay-Lussac il existe rare- ment avant la nitrification dans les matériaux salpêtres; il ne se forme qu'à l'époque où il y a du nitrate de potasse formé : alors celui-ci , en réagissant sur de rh3fdrochlorate de chaux, produit une certaine quantité de chlorure de potassium. 2. Choix des matériaux salpêtres. Les salpêtriers sont dans l'usage de juger de la richesse des matériaux salpêtres, d'après leur saveur amère et piquante plus ou moins grande; mais, comme cette épreuve exige de l'habitude et qu'elle n'est pas toujours sûre, il est préférable de lessiver un poids donné de matériaux salpêtres réduits en poudre, et de juger, par le poids du résidu du lavage éva- poré, la proportion réelle du salpêtre qu'ils contiennent. 3. Lessii'nge des matériaux salpêtres. On écrase les matériaux salpêtres, soit avec des battes, soit avec des moulins; on les passe à la claie , puis on les NIT 71 lessive dans des tonneaux dont l'un des fonds a été enlevé; ils sont garnis, tout près du fond qui reste, d'une chantcpleure en bois. On a ordinairement 36 tonneaux disposés en nombre égal sur trois rangs , qu'on appelle bandes : on commence par mettre un lit de paille au fond des tonneaux, puis on les remplit de matériaux salpêtres de manière qu'ils dépas- sent de quelques pouces l'ouverture du tonneau; on y verse ensuite une quantité d'eau suffisante pour pénétrer égale- ment toute la masse des matériaux salpêtres contenue dans les tonneaux de la première bande A; après dix ou douze heures on ouvre la chantepleure , la liqueur de lavage s'écoule dans un réservoir n." 1. On verse sur les tonneaux de la bande A une quantité d'eau pure égale à celle de l'eau salpêtrée qu'elle a fournie; après trois ou quatre heures, on ouvre la chantepleure, et cette eau s'écoule dans le réservoir n." 1 , où elle se mêle avec le premier lavage. Un tzoisième et un quatrième lavages se font comme le second ; mais leurs eaux sont réunies dans un réservoir n.° 2. Quatre lavages sufTisent généralement pour épuiser une bande : on enlève les matières lavées et on les remplace par des matières neuves. Dans les ateliers on distingue les eaux de lavages par les dénominations, 1.° D'eaux de cuite, quand elles sont bonnes à évaporer: elles doivent marquer de lo*^ à 14*^ à l'aréomètre; 2." D'eaux fortes , quand elles doivent passer encore une fois sur des terres neuves , pour être transformées en eaux de cuite : pour qu'une eau soit réputée eau forte , il faut qu'elle marque au moins 4 ; 3.° De petites eaux, quand elles marquent seulement de i à 2^ La bande A des tonneaux étant épuisée , on passe succes- sivement sur la bande B : 1.° Les eaux fortes du premier et du second lavage : par ce moyen elles deviennent eaux de cuite; 2° La moitié des petites eaux; 3.° L'autre moitié des petites eaux. Par ce moyen les petites eaux deviennent des eaux fortes. 72 NIT 4.° De l'eau pure ; 6.° De l'eau pure. Ces deux derniers lavages donnent de petites eaux. Quant à la bande C, on commencera par y passer les pe/ifcs eaux de la bande A , qui ont été transformées en eaux fortes par leur passage sur la bande B ,. afin qu'elles deviennent eaux de cuite; après quoi on procédera à l'épuisement des matériaux de la bande C, comme on a procédé à celui de la bande B. Nous renvoyons, pour de plus grands détails, à l'instruction sur la fabricalion du nitre, qui a été publiée, en 18:20, par le Comité consultatif des poudres et salpêtres de France. 4. Saturation des eaux salpétrées. On verse dans les eaux de cuite assez de sous -carbonate de potasse en dissolution dans l'eau, pour précipiter toute la chaux et la magnésie qui éloient unies aux acides nitrique et hydrochlorique. Par ce moyen les eaux de cuite ne con- tiennent plus que du nitrate de potasse et des chlorures de sodium et de potassium; plus, une petite quantité de sous- carbonate de chaux et de magnésie , et des matières orga- niques. Au lieu de sous- carbonate de potasse, on peut employer, pour saturer les eaux salpétrées, le sulHtte de potasse, ou, ce qui revient au même, un mélange de chlorure de potas- sium et de sulfate de soude ; mais , avant d'employer ces substances, il faut préalablement décomposer les sels magné- siens par l'eau de chaux. (a) Emploi du sulfate de potasse. On verse la dissolution aqueuse dans les eaux salpétrées ; le sulfate de chaux qui se produit alors, n'est point aussi facile à séparer que le sous- carbonate de chaux qu'on obtient lors- qu'on fait usage de sous -carbonate de potnsse. Lorsqu'on emploie 79,0 de sous- carbonate de potasse, il faut 100 p. de sulfate de potasse. Le suisulfate de potasse ne doit être employé que quand on en a neutralisé l'excès d'acide par la craie ou par une lessive de potasse. NIT 75 (b) Emploi du chlorure de potassium, mêlé au sulfate de soude. Ces sels doivent être mêles dans le rapport de 90 à 8g, et employés en dissolution dans l'eau. • 5. Évaporation ou cuite des eaux salpétrées. L'ëvaporation s'opère dans deux vaisseaux de cuivre : le premier est une chaudière placée sur un fourneau; le second est un bassin tellement disposé, qu'il est chauffé par la cha- leur qui se dégage du foyer où la chaudière est placée, et de plus qu'il porte un robinet, au moyen duquel on peut faire couler le liquide qu'il contient dans le premier vais- seau. La capacité du bassin est la moitié de celle de la chaudière. Quand les deux vaisseaux sont chargés d'eau de cuite, un chauffe le fourneau : on a soin de faire arriver autant de liquide du bassin dans la chaudière qu'il s'en évapore dans celle-ci. Dès que l'ébullition commence , il se forme des écumes, qu'on enlève avec une écumoire et qu'on verse dans un baquet placé au-dessus de la chaudière sur deux traverses de bois : le baquet est garni d'une chantepleure , par laquelle s'écoule le liquide contenu dans les écumes ; quand celles-ci sont égouttées, on les réunit aux matières qu'on veut préparer à la nitritication. En même temps que les écumes se forment, il se dépose des sous- carbonates de chaux et de magnésie, qu'on reçoit dans un chaudron placé au fond de la chaudière: ce chaudron est pendu à une chaîne, et la chaîne est atta- chée à une corde qui passe sur une poulie fixée aufdessus de la chaudière. On retire le chaudron chaque fois qu'on le suppose rempli de dépôt; on cesse de le remettre dans la chaudière, lorsqu'on aperçoit que le dépôt est couvert de chlorure de sodium cristallisé. A mesure que le chlorure de sodium se dépose , on l'enlève avec des écumoires et on le met dans un panier placé au- Jtessus de la chaudière, pour qu'il s'égoutle. Le chlorure de sodium est constamment mêlé de chlorure de potassium. L'eau est concentrée au degré convenable , lorsqu'elle marque 80*^ à l'aréomètre, ou, ce qui revient au même, lorsque, en en laissant refroidir cinq mesures, il reste, après la cristallisation, une mesure d'eau -mère. 74 NIT Avant de décanter la cuite, on la laisse reposer pendant quelques heures, puis, en évitant d'entraîner des chlorures qui se sont précipités au fond, on la transvase dans des bas- sins de fer, de cuivre, ou dans des cuves de bois, qui sont placérs d^ns un lieu frais : par le refroidissement le nitrate de potasse cristallise; on décante feau-mère, on fait égout- ter les cristaux, on les détache du fond des cristallisoirs , on y jette quelques arrosoirs d'eau froide. Pour les laver davantage il suffiroit de les mettre dans une caisse avec '/^ ou '/. de leur poids d'eau. Après vingt-quatre heures on décanteroit le liquide et on laisseroit égoutter le salpêtre, qui alors ne perdroit que 5 à 4 pour 100. Les eaux-mères du salpêtre peuvent être réunies aux eaux de cuite, tant qu'elles ne contiendront pas assez de matières organiques pour s'opposer à la cristallisation du nitre : dans ce cas il faut les jeter sur les terres des nitrières. Comme les chlorures de sodium et de potassium peuvent retenir de o,o5 à 0.20 de nitre, il faut les mettre dans une chaudière avec '/, ou '/, de leur poids d'eau , élever la tempé- rature de /\o a 60*^, puis faire égoutter le résidu. L'eau con- tiendra presque tout le nitre avec environ % de son poids de chlorure : on !a réunira aux eaux de cuite; les chlorures une fois lavés, pour en séparer un peu de sel cuivreux, peuvent être employés pour la nourriture des animaux. On voit que la séparation du nitrate de potasse est prin- cipalement fondée : i." sur ce que le chlorure de potassium est à peu près aussi soluble à chaud qu'à froid, tandis que le nitrate de potasse l'est beaucoup plus à chaud; 2.° sur ce que le nitrate de potasse est beaucoup plus soluble à. chaud que ne l'est le chlorure de potassium. Les salpêtriers ne suivant point encore les procédés que nous venons de décrire, d'après l'instruction publiée par le Gouvernement, nous allons dire quelques mots de l'essai du salpêtre livré à l'État par les salpêtriers, et des moye^ employés pour le purifier en grand. Essai du salpêtre. Nous devons à M. RiflTault un procédé très -simple pour déterminer exactement la proportion du nitrate de potasse NIT 75 pur qu'il confient. Ce procédé consiste essentiellement à traiter un poids donné de salpêtre par une solution de nitrate de potasse pur; celle-ci dissout tous les sels du salpêtre, excepté le nitrate de potasse. 1.° Préparation de la liqueur d'essai. On commence par puri- fier le salpêtre, en le lavant avec de l'eau de pluie. Pour 1 kilogr. de salpêtre pesé avant le lavage, on mettra i'',5 d'eau, dont on élèvera la température de 26 à 3o , avec une suffisante quantité d'eau bouillante ; on agitera les ma- tières et on les laissera refroidir : par ce moyen on aura une liqueur saturée à une certaine température. Celte tempéra- ture devra être constante pendant tout le temps que durera le contact de cette liqueur avec le salpêtre qu'on essaie. 2.° On met dans un bocal 400 gr. de salpêtre ; on verse dessus '/, litre d'eau saturée de nitre ; on agite pendant un quart d'heure ; on laisse réposer. Quand le sel est déposé , on décante la liqueur sur un filtre de papier placé dans un entonnoir de verre. 5.° On verse sur le salpêtre 2 '/!, décilitres d'eau saturée; on agite pendant un quart d'heure, puis on verse le tout sur le filtre. Si l'on avoit quelque raison de croire que l'échantillon cédât à l'eau plus de 240 gr. de sel, il faudroit faire un troisième lavage avec '/^ litre d'eau saturée. 4.° Le salpêtre resté sur le filtre étant bien égoutté , on Ole le filtre de l'entonnoir, on l'étend sur un papier gris, en ajant soin qne le nitre soit également répandu sur sa sur- face; on place le papier gris sur un boisseau qui contient des corps absorbans , tels que de la craie sèche, des cendres, recouverts de rognures de filtre. 5.° Après vingt- quatre heures on enlevée le salpêtre de dessus le filtre, on le met dans le bocal où il a été pesé, on le fait sécher doucement au bain de sable jusqu'à ce qu'il n'adhère plus au verre; puis on le pèse pour savoir combien ii a perdu. A cette perte il faut ajouter 8 gr. (ou 2 pour 100), qui représentent : 1.° le nitre provenant de l'eau satu- rée, qui s'est évaporée; et 2° quelques matières insolubles. 76 ]yiT Purijicalion du salpêtre. Dissolution.. On met 600 kilogr. d'eau dans une chaudière, et 1200 kilogr. de salpêtre qui a été livré par les salpêtriers ; on chauffe doucement pendant douze heures, puis on augmente le feu et on ajoute, à plusieurs reprises, 2/1 00 kilogr. de sal- pêtre ; on agite les matières; on écume le liquide bouillant; on enlève tous les chlorures qui n'ont pas été dissous. On ajoute de l'eau froide, puis 1 kilogr. de colle de Flandre dissoute dans l'eau chaude; on agite, on écume : on ajoute , à diverses reprises, jusqu'à 400 kilogr. d'eau. Cristallisation. Lorsqu'il ne se forme plus d'écumes et que la liqueur est bien claire, on retire le feu, et quand la température est descendue à SS"*, on transvase la liqueur avec des puisoirs et des bassines à main dans le cristallisoir , dont le fond est formé de deux plans inclinés égaux , dont la partie inférieure se trouve au milieu du cristallisoir: puis on agite la liqueur avec des rabots, pour troubler la cristallisation et obtenir du nitre en petits cristaux, que l'on ramène avec des râteaux sur les bords du cristallisoir, où on en fait des tas pour que le nitre puisse s'égoutter; on enlève ensuite le sel égoutté avec des pelles percées en écumoire, et on le verse dans des caisses où il doit être lavé. La cristallisation dure de six à sept heures. Nous reviendrons sur les eaux- mères du nitre. Lai'age. Les caisses où l'on a porté le nitre cristallisé, sont percées de trous à leur fond , et ces trous sont fermés par des broches. On arrose le sel qu'on veut laver : 1.° avec de l'eau saturée de nitre; 2.° avec de l'eau pure : ces liquides restent deux ou trois heures avec le sel, après ce temps on ôte les broches. On cesse de laver lorsque l'eau écoulée en dernier lieu a la densité de l'eau saturée de nifre à la température de cette même eau. En général, le premier lavage et le premier tiers du second sont réunis aux eaux-mères du nitre, pour être évaporés en- semble; le reste des lavages sert à laver de nouveau salpêtre. MT 77 Dessiccation. Le nître lavé est séché dans un bassin sous lequel passe la cheminée du fourneau où la chaudière est placée. On a soin de l'y remuer avec des pelles de bois, pour qu'il se sèche également et qu'il ne je prenne point en masse ; après la dessic- cation on passe le nitre dans un tamis de laiton. 5ooo kilogr. de salpêtre donnent de 1760 à 1800 kil. de salpêtre propre à la préparation de la poudre. On le renferme dans des futailles. Traitement des eaux -mères du nitre réunies aux premières portions des lavages. On les concentre de la même manière que les lavages des matériaux salpêtres : on les écume; on enlève les chlorures à mesure qu'ils se déposent par la concentration ; puis on clarifie avec la colle, on écume, on enlève les chlorures. Quand la liqueur est clarifiée, on ajoute de l'eau froide, on enlève les chlorures qui se sont déposés; on ajoute du sous- carbonate de potasse; ou laisse déposer le précipité, et quand la liqueur est à 85 , on la décante dans le cristallisoir, où l'on en trouble la cristallisation. Quant aux eaux-mères des cris- taux, elles sont encore l'objet d'un nouveau traitement. Lorsque les eaux-mères du nitre, dont nous venons de par- ler, contiennent une grande quantité d'hydrochlorate de chaux , M. Longchamp a proposé, avant de les faire évaporer^ d'en précipiter la chaux par le sulfate de soude. Usages. Le nitrate de potasse est employé pour préparer la poudre à canon , la poudre de mine , pour faire le départ de certains mélaux précieux; il entre dans la composition de quelques verres. On le mêle avec le soufre, lorsqu'on brûle celui-ci dans une chambre de plomb, pour préparer l'acide sulfurique. L'acide nitrique du commerce provient du nitrate de po- tasse, décomposé, soit par l'acide sulfurique, soit par une argile plus ou moins siliceuse : le nitrate de potasse est pres- crit en médecine comme excitant la sécrétion de l'urine , etc. 78 IXIT Nitrate de soude. (Synonymie, ISitre cubique.) Composition. Kirwan. Piichter. "Weniel. Berzelius. Gay-Lussac. Acide. . 55,21 . 57,55 . 62,1 . 62,5 . 54,97 . 53,45 Potasse . 4o,58 . 42,45 . 37,9 . 37,5 . 45, o3 . 46,55 Eau. . . 6,2 1 Prépaiation. On neutralise l'acide nitrique étendu par le sous- carbo- nate de soude; on fait évaporer la liqueur presque à pelli- cule, et on l'abandonne ensuite à elle-même, pour obtenir des cristaux. On peut encore le préparer en décomposant le nitrate de chaux par le sulfate ou le sous- carbonate de soude. Propriétés. Le nitrate de soude cristallise en rhomboïdes, qui, au premier aspect , ont r:.ir de cubes : ils ont ordinairement une belle transparence. Sa saveur est fraîche, piquante et sensiblement plus amère que celle du nitrate de potasse. Il est légèrement déliquescent. A i5 ,55 il demande trois fois son poids d'eau pour se dis- soudre ; l'eau bouillante en dissout plus que son poids. Il se comporte avec les acides de la même manière que le nitrate de potasse. Il est décomposé par la potasse. Son action sur les combustibles a la plus grande analogie avec celle du nitrate de potasse sur les mêmes corps; cepen- dant elle passe pour être moins forte. La flamme qu'il donne en faisant détoner le charbon , est d'un beau jaune : c'est pour- quoi M. Proust a proposé l'usage de ce sel dans la composition des feux d'artifice. Exposé à Faction de la chaleur, il laisse dégager de l'eau, de l'oxigéne, de l'azote, de l'acide nitreux : la base reste à l'élat de pureté. Histoire. Les premiers chimistes qui ont parlé du nitrate de soude . l'avoient préparé en distilUmt l'acide nitrique sur le chlorure NIT 'jcj de sodium , reprenant le résidu par l'eau et le faisant en- suite cristalliser. Margraff en a découvert la nature. Nitrate de strontiane. Composition. Kirwan. Vauqiielin. Richter. Berzelius. Acide nitrique . 3i,o7 . . 48,4 . . 61,4 . . 5i,i3 Strontiane . . . 36,21 . . 47,6 . . 48,6 . . 48,87 Eau . 52,72 . . 4,0 Préparation. On neutralise l'acide nitrique foible par le sous -carbonate de strontiane, ou, ce qui est plus économique, par le sul- fure hydrogéné de strontiane. Dans ce dernier cas il se dégage de l'acide hydrosulfurique et il se dépose du soufre : on fait chauifer et concentrer légèrement, puis on filtre. On pour- roit encore neutraliser l'acide nitrique foible par le sulfure de strontiane , qu'on obtient en décomposant le sulfate de baryte par '/, de son poids de charbon. Dans ce cas il fau- droit, après avoir filtré la liqueur saturée, y verser du sul- fure hydrogéné de strontiane, ou de l'eau de strontiane , pour précipiter del'oxide de fer, de la magnésie, de l'alumine, etc., qui auroient pu se dissoudre dans l'acide nitrique avec la strontiane. Dans tous les cas, lorsqu'on a obtenu une solution de nitrate de strontiane suffisamment concentrée, on l'aban- donne à elle-même pour obtenir des cristaux. Propriétés. Les cristaux de nitrate de strontiane sont des octaèdres plus volumineux , plus transparens , en général, que les octaè- dres de nitrate de baryte. Le nitrate de strontiane a une saveur fraîche, piquante et le goût propre aux sels solubles de strontiane. Il s'effleurit à l'air. Il exige environ cinq fois son poids d'eau à i5',55 pour se dissoudre. Il se comporte avec les acides, les bases et les combustibles, à la manière du nitrate de baryte. Il se décompose par la chaleur en oxigène , en acide ni- treux , en azote et en strontiane pure. 8o IVIT Usages et hisCoire. Il sert à préparer la strontiane caustique et sèche; Hope l'a préparé le premier : Klaproth, Richter et Vauquelin en ont ensuite reconnu les principales propriétés. Nitrate de tellure. On l'obtient en dissolvant le tellure métallique dans l'a- cide nitrique, La liqueur est incolore es susceptible de cris- talliser en prismes alongés. Nitrate de TrrANE. Le peroxide de titane ou l'acide titanique, obtenu du tita- nate de potasse décomposé par l'eau, est dissous par l'acide nitrique. C'est cette dissolution qu'on a appelée nitrate de titane. (Voyez Titane.) Nitrate de peroxide d'urane. Composition. Acide nitrique 37,o() Peroxide d'urane. . . . 62,91. Préparation. On dissout le peroxide d'urane dans l'acide nitrique ; on fait concentrer, puis on abandonne la liqueur à elle-même: elle cristallise. Propj^iétés. Le nitrate de peroxide d'urane cristallise en tables hexa- gonales ou en prismes quadrangulaires à bases rectangles. A 32 degrés il est efflorescent; à une température infé- rieure et dans une atmosphère humide, il est déliquescent. g3 p. d'eau froide dissolvent 200 p. de nitrate d'urane, 1 p. d'alcool en dissout 3 p. de ce sel. La dissolution, ex- posée pendant un temps suffisant à la température de 43' , donne du sous-nitrate de peroxide d'urane. L'éther dissout le nitrate de peroxide d'urane. La solution , exposée à la lumière, p;isse au vert, parce que le degré d'oxidation de l'oxide est abaissé : il se dépose ensuite de l'oxide noir d'urane. Au feu , le nitrate de peroxide d'urane se fond dans son eau de cristallisation; celle-ci se dégage avec de l'acide ni- NIT 81 trique. A une température plus élevée, l'acide nitrique res- tant se volatilise à l'état d'oxigéne et d'acide nitreux. Si la température est très-élevée, le peroxide d'urane se réduit en protoxide. SoUS-NITRATE DE PEROXIDE d'uRANE. On peut obtenir ce sel en faisant chauffer doucement le nitrate neutre et reprenant le résidu par l'eau : ce qui n'est pas dissous, est un sous -nitrate jaune. Nitrate de protoxide d'urane. Ce sel est vert. Il a été à peine étudié. Nitrate d'vttria. Composition. Borzelius. Acide nitrique. . . . 67,40 Yttria 42,60. Préparation. On dissout l'yttria en gelée dans l'acide nitrique. Il est difficile d'obtenir ce sel en cristaux. Propriétés. Il a la saveur astringente et sucrée des sels solubles d'yttria. Il est déliquescent ; par conséquent très-soluble dans l'eau. L'acide sulfurique en précipite la base à l'état de sulfate. Quand on le chauffe, il se ramollit, et si alors on le laisse refroidir , on obtient une masse dure et cassante. A une chaleur suffisante il se réduit en acide nitrique et en yttria. Ce sel a été découvert par Eckberg. Nitrate de zinc. Composition. Acide nitrique . . . 67,07 Oxide de zinc .... 42,63. Préparation. On dissout le zinc dans l'acide nitrique foible; on fait éva- porer la solution à siccité et on reprend le résidu par l'eau. S'il y avoit du fv.'r dans le nitrate de zinc , il resteroit à l'état de sous-nitrate de peroxide de fer insoluble. 35. 6 62 NIT Propinéfés, Il est incolore. Il cristallise en prismes à quatre pans com- primés , striés et terminés par des pyramides à quatre faces. Il est très-soluble dans l'eau. Il est soluble dans l'alcool. Chauffé avec le charbon , il détone. La chaleur le réduit en acide nitrique, en oxigène, en acide nitreux et en oxide. Sors- NITRATE DE ZINC. On l'obtient en faisant évaporer à sec une solution de ni- trate de zinc et en lavant le précipité avec un peu d'eau froide. Suivant P. Grouvelle il est formé de Acide 10,75 Oxide 81,69 Eau 4,56. Nitrate de zircone. Préparation. On fait dissoudre la zircone en gelée dans l'acide nitrique à 32^ Proptnétés. Il a la saveur astringente des sels solubles de zircone. On ne l'a pas obtenu cristallisé. La solution aqueuse de ce sel est très- disposée à laisser précipiter des flocons gélatineux, qui sont ou de la zircone hydratée, ou un sous -nitrate. L'acide sulfurique et l'acide phosphorique précipitent cette solution. Il a été découvert par Klaproth. M. Vauquelin Ta ensuite examiné. (Ch.) NITRE (iMin.) : Nitrate de potassium des chimistes; Potasse nitratée, Haiiy -, vulgairement Salpêtre ou Sel de nitre {natur- .licher Salpeter, W e r n . ) . Ce sel a une saveur fraîche qui devient amère ; il n'est ni effiorescent, ni déliquescent, et sa forme primitive est Poctaèdrc: mais le caractère qui le distingue nettement de tous les autres sels, surtout quand il n'est qu'à l'état d'ai- NIT 85 guilles déliées, c'est qu'il fuse snr les charbons ardens au moment mérne où on l'y projette, c'est-à-dire que, si l'on vient à jeter quelques parcelles de nitre sur le feu , il anime les parties combustibles sur lesquelles il tombe, augmente leur incandescence et fait entendre un bouillement qui dure pendant tout le temps de cette combustion accélérée. Le nitre jouit de cette propriété, qui en forme, pour ainsi dire, le signalement, bien avant d'avoir atteint son dernier degré de pureté, et les terres qui en sont simplement imprégnées partagent déjà cette propriété d'une manière tiès-sejisible. T'ariétés. Le nitre ne se trouve point naturellement en cristaux réguliers et volumineux; il n'existe dans la nature que sous la forme d'aiguilles aciculaires , de filamens capillaires et soyeux droits ou contournés, ou bien en espèce de croûtes, dont l'intérieur est composé de fibres parallèles qui leur donnent une contexture soyeuse. On n'obtient les cristaux réguliers du nitre qu'en faisant dissoudre les variétés précédei:tes et en les faisant cristalliser par refroidissement , et l'on se pro- cure alors les variétés suivantes , qui acquièrent parfois un assez gros volume, 1. Nitre primitif. M P. Un octaèdre rectangulaire. ^ lA ^ . , . 2, JNitre dodécaèdre, j . Deux pyramides a six faces trian- s t gulaires opposées base à base. ]Vf p 'j' 3, Nitre basé. -, , Cristaux plats carrés et entourés d'un biseau, 3 4. Nitre trihexaèdre. ^^ ^ ^ "^. Un prisme à six pans , M ]l si terminé à chaque extrémité par une pyramide à six faces: c'est la même forme que celle du quarz, cristal de roche, mais dont les pyramides sont plus surbaissées. Haiiy décrit trois autres variétés plus compliquées que celle-ci, et dont on se formeroit difficilement l'idée sanj figure. Le nitre, en raison de sa pureté plus ou moins avancée. H NIT est tout-à-fait incolore, blanchâtre ou jaunâtre, et clans ces divers états il est translucide, demi- transparent ou tout-à- fait limpide , surtout dans les cristaux d'un foible diamètre. Giscmens , localités et usages du nitre. Le nitre est très-abondamment répandu dans la nature; mais il se présente toujours à la surface de la terre ou dans rintérieur des cavernes où l'air peut circuler, ou au moins facilement pénétrer. 11 n'y a peut-être pas d'exemple de nitre trouvé dans l'inférieur des bancs d'une rorhe quelconque; cela s'est vu tout au plus dans quelques fissures, qjii avoient probablement communication avec l'air extérieur. Dolomieu a remarqué que les édifices de Malte, qui sont construits en calcaires crayeux tombent en efRorcscence dès qu'ils ont été touchés par l'eau de mer. Le nitre est un des sels muraux par excellence, mais il se trouve aussi dans les lieux inhabités. La nitrière naturelle la plus importante est celle qui fut découverte, en 1785, par l'abbé Fortis à Molfelta, dans la Fouille au nord- ouest de Bari, sur l'Adriatique. Cette nitrière s'est formée dans un enfoncement conique, produit au milieu de bancs cal- caires coquilliers , par suite d'un affaissement ou de tout autre accident. Ce gîte, nommé Poulo , pouvoit fournir, sui- vant l'estimation qui en a été faite lors de sa décou- verte , environ quarante mille quintaux de ce sel , et l'on avoit lieu d'espérer qu'une seconde récolte en produiroit davantage encore , ainsi que toutes celles qui se succéde- roient. Dolomieu parle d'un grand nombre de cavités, dont chacune renferme environ cinquante mille quintaux de nitre, et qui sont situés près hâtera, dans le royaume de Naples. On en cite aussi de plus ou moins abondantes à Gravina, à Alliermusa , Miner^'ino , Massafra , Montrone, Natra, etc. Le fameux souterrain de Syracuse, bâti par Denis le tyran, s'est changé en une grande nitrière , que l'on exploite. Le nitre est extrêmement commun en Asie : il s'efïleurit avec profusion à la surface de la terre au Bengale, en Perse, en Arabie et dans plusieurs cantons de l'Inde et de la Chine, particulièrement à la surface des plaines qui entourent Pékin: ou en transporte jusqu'en Europe , où il est fort estimé. NIT 85 L'Égypfe, les environs du cap de Bonne -Espérance , et plu- sieurs déserts de l'intérieur de l'Afrique, le produisent jour- nellement. L'Amérique, et particulièrement les environs de Lima, le Tucuman et la province de Kentucky, produisent aussi une grande quantité de nitre en efllorescence, et c'est même de cette dernière localité que l'on extrait celui qui sert à la fabrication de la poudre à canon des États-Unis. Le nitre qui se trouve dans la haute Hongrie a cela de particulier, qu'il se présente en dissolution dc';ns les eaux de plusieurs sources, ce qui est assez rare; et l'on assure qu'il y est si abondant, qu'on pourroit en retirer une fois plus que l'Inde n'en fournit à toute l'Europe. Ces sources ni- treuses se chargent probablement de ce sel en traversant le plateau qui règne le long de la rivière de Samos , dans une étendue de soixante -douze lieues, et elles le déposent en- suite dans le sable, d'où ou l'extrait, par lessivalion et éva- poration , dans un grand nombre d'ateliers destinés à cette fabrication. L'Espagne, la France, et enfin presque toutes les contrées du monde , quelles que soient leur latitude et leur température , sont plus ou moins bien pourvues de ce sel , soit dans les parties arides et désertes, soit dans l'intérieur des bàtimens des villes ou des campagnes. Le nitre est un excellent fondant .- l'on s'en sert dans la purification des métaux , dans les essais en petit et dans plusieurs opérations docimastiques. (Brard.) MTRE. iChim.) Un des anciens noms du nitrate de potasse. (Ch.) NITRE ALCALISÉ. {Chim.) Les anciens donnoient ce nom à la matière alcaline , qu'on obtient en exposant à l'action de la chaleur le nitrate de potasse pur ou un mélange de ni- trate de potasse, et d'une matière combustible qui agissoit généralement sur l'oxigène du nitre par le charbon et l'hy- drogène qu'elle contenoit. Plusieurs auteurs ont employé l'expression de nitre alcalisé comme synonyme de Nitre fixé. Voyez ce mot. (Ch.) NITRE AMMONIACAL. (Chim.) Ancien nom du nitrate d'ammoniaque. Voyez ce dernier mot , article Nitrates. (Ch.) NITRE CALCAIRE. {Chim.) Ancien nom du nitrate de chaux. Voyez ce dernier mot, article Nitrates. (Ch.) 3S jYjrjp NITRE CUBIQUE. {Chim.) Ancien nom du nitrate de soude. Voyez ce dernier mot, arlicle Nitrates. (Ch.) NITRE FIXE. [Chim.) Les anciens donnoient ce nom au résidu fixe qu'on obtient en faisant détoner le nitre avec une matière combustible qtielconque. (Ck.) NITRE FIXÉ PAR L'ARSENIC. {Chim.) Les anciens pré- paroitnt ce produit en projetant peu à peu, par cuilLrée, de l'acide arsenieux sur du nitrate de potasse chauffé au rouge dans un creuset. Macquer observe qu'en opéi'ant ainsi, le résidu est toujours alcalin , qu'il ne contient que très- peu d'acide arsenique et qu'il peut aussi retenir un peu d'acide nitrique, tandis qu'en opérant dans des vaisseaux clos, on obtient un alcali compîétemfiit saturé d'acide arsenique. (Ch.) NITRE PIXÉ par' LE CHARBON. (Chim.) Nom que les anciens donnoient au sous-carbonate de potasse, qu'on ob- tient en projetant du charbon par petites portions sur du nitrale de potasse chauffé au rouge dans un creuset. Presque toujours le sous- carbonate est mêlé d'une petite quantité d'h3'ponitrite ou de nitrate. (Ch.) NITRE FIXÉ PAR LUI-MÊME. {Chim.) Les anciens ont donné ce nom au résidu alcalin qu'en obtient en chauffant le nitrate de potasse pur assez fortement pour en décomposer l'acidt. (Ch.) NITRE FIXÉ PAR LES MÉTAUX. (Chim.) Les anciens avoienl bien observé que les métaux, particulièrement le zinc, le fer, décomposent le nitre à la manière du charbon, du tartre, etc. Ils donnoient aux résidus de ces détonations le nom de nitre fixé par tel ou tel métal. (Ch.) NITRE FIXÉ PAR LE SOUFRE. (Chim.) Les anciens don- noient ce nom au sulfate de potasse, qu'on obtient en proje- tant du sou'^re dans du nitrate de potasse chaufféau rouge. (Ch.) NITRE FIXÉ PAR LE TARTRE. (Chim.) Les anciens don- noient ce nom au résidu de la détonation d'un mélange de nitre et de tartre. (Ch.) NITRE INFLAMMABLE. (Chim.) Ancien nom du nitrate d'ammoniaque. Voyez ce mot, article Nitrates. (Ch.) NITREUX [Acide]. (Chim.) Synonymie : Gaz acide nitreux, vapeur acide nitreusc , tapeur niireuse. NIT 87 Composition. en Poids en Volume. Oxigène 227,748 . . . 2 ou oxigène... 1 Azote 100 ... 1 gaz niireux 2 Propi'iétés. L'acide nitreux est liquide jusqu'à 28 , suivant M. Dulong, qui l'a obtenu le premier à cet état, et jusqu'à 26' , suivant M. Gay-Lussac, la pi'ession atmosphérique étant de o"',76o. A 19 sa densité est de i,45i. A 28 ou 26"^ il a une couleur orangée, presque rouge; à i5' il est jaune orangé; a o il est jaune fauve ; à — 10 il n'a presque plus de couleur; enfin, à — 20' il est incolore. L'acide nitreux bouillant à 28 ou 26 , on A^oit qu'aux tempé- ratures orrîinaires sa tension est très-forte; c'est pourquoi, jusqu'à M. Duloog, on a regardé la vapeur nilreuse comme un gaz permanent; et cela tenoit surtout a ce qu'on preuoit pour de Ja vapeur nitreuse pure un mélange de cette vapeur avec un gaz permanent. Cas où l'acide niti^eux nest pas décomposé. Jusqu'ici nous n'avons point la preuve expérimentale de la décomposition de l'acide nitreux par la chaleur; cepen- dant il est probable qu'elle auroit lieu à une haute tempé- rature. L'iode peut être sublimé dans la vapeur d'acide iiitrcux sans que celvii-ci se décoinposc. L'acide nitreux ne se combine qu'a un très-petit nombre de corps sans éprouver de décomposition. Une de ses com- binaisons les plus remarquables, est sans doute celle qu.'on obtient en versant de l'acide suifurique concentré dans de l'acide nitreux. Cette combinaison est susceptible de prendre la forme de prismes quadrilatères alongés, que M. Gay-Lussac, qui les a obtenus le premier, regarde comme étant identi- ques avec ceux que MM. Clément et Desormes ont produits en faisant arriver dans un ballon du gaz nitreux, du gaz oxigène, du gaz sulfureux et de la vapeur d'eau. Nous reviendrors bientôt sur la réaction de ces gaz, dont l'étude a fait découvrir le rôle du nitre dans la combus- 88 ]MT tion du mélange qui est employé pour produire l'acide sul- furique. L'acide nilreux paroît susceptible de se combiner avec le gaz nitreux , ou, comme le soupçonne M. Dulor.g, avec l'acide hyponitreux. Ce composé, qu'on obtient en faisant passer dans un tube refroidi a ao'' un peu plus de 4 volumes de gaz nitreux contre 1 volume d'oxigêne , est d'un vert très-foncé. Sa volatilité est beaucoup plus grande que celle de l'acide nitreux : quand on l'expose à la chaleur avec les précautions convenables, la couleur verte s'évanouit, et il reste de l'a- cide nitreux pur. M. Dulong a obtenu des acides virts , qui contenoient : Oxigène ... 216 .. . 207 Azote 100 .. . 100. Il est vraisemblable qu'on auroit un liquide bleu, si onaug- mentoit la proportion de l'azote dans les liquides verts. Cas où l'acide nitj^eux est décomposé. Action de Veau. Quand on agite l'acide nitreux avec beaucoup d'eau, il se dégage du gaz nitreux en proportion variable , et il se produit de l'acide nitrique. Lorsqu'on verse de l'acide nitreux goutte à goutte dans de l'eau, il ne se dégage pas de gaz; l'acide se précipite au fond de l'eau, coloré en vert très- foncé. M. Dulong pense qu'une portion d'acide nitreux est réduite en acide nitrique, qui se dissout dans l'eau , et en gaz nitreux ou acide hypo- nitreux, que forme le liquide vert en s'unissant avec la por- tion d'acide nitreux qui n'a pas été décomposée. Si à une quantité d'eau déterminée l'on ajoute un certain poids d'acide nitreux divisé en portions égales, les premières portions dégageront du gaz nitreux, mais en proportions dé- croissantes ; enfin, les dernières n'en dégageront plus; elles seront absorbées sans altération. En même temps que ces phénomènes sont produits , l'eau se colore successivement en bleu verdàtre, en vert de plus en plus foncé, et, enfin, en jaune orangé. 11 faut considérer le liquide qu'on obtient en dernier iicu, comme une dissolution d'eau, d'acide ni- trique, d'acide nitrcux-t-de gaz nitreux ou d'acide hyponi- NIT 89 treux et d'acide nitreux. M. Dulong regarde les liqueurs différemment colorées comme identiques avec celles qu'on obtient en faisant pnsser des proportions diverses dt gaz ni- treux dans des acides nitrique a divers degrés de densité. (Voyez Nitrique acide). Il pense que l'acide nitrique n'a pas d'influence sur la couleur de ces liquides. Acide nitreux et baryte. La vapeur d'acide nilreux qu'on fait arriver sur de la ba- ryte caustique anhydre à la température ordinaire, est absorbée lentement: à 200'' environ l'absorption est rapide et ki baryte devient rouge de feu ; il ne se dégage point de gaz , mais l'acide nitreux est réduit en acides nitrique et hyponitreux. M. Dulong, à qui nous devons cette expérience, remarque que la température, développée par l'action mutuelle des corps, est très-supérieure à celle qui est nécessaire pour décomposer le nitrate et l'hyponitrite de baryte. Acide nitreux et eau de potasse. L'acide nitreux est réduit par l'eau de potasse en acide . nitrique, en acide hyponitreux, qui se combinent à l'alcali, et en gaz nitreux, qui se dégage; mais la proportion de ce gaz est moindre que celle qu'on auroit obtenue avec l'eau pure. Acide nitreux et ammoniaque liquide. L'acide nitreux et l'ammoniaque liquide agissent fortement. Il se dégage du gaz nitreux et du gaz azote. M. Dulong pense que ce dernier provient d'une portion d'ammoniaque dé- composée. Acide nitreux et combustibles. A une température élevée, Ihydrogène décompose l'acide nitreux, au moins en partie. L'acide hydrosulfurique , dissous dans l'eau, est décom- posé par l'acide nitreux. Il se produit de l'eau, de l'acide sulfurique, un dépôt de soufre et un dégagement d'azote. Ll^ charbon, aune température rouge, décompose très- bien l'acide nitreux. Le soufre et le phosphore ne s'enflamment dans l'acide nitreux qu'à une température plus élevée que celle qu'ils exigent pour s'enflammer dans le gaz oxigène. 9" NIT A une température rouge la vapeur nitreuse est radicale- ment décomposée par le fer, le cuivre, etc. C'est en em- pio3'ant ces deux métaux, que M. Dniong a fait l'analyse de Tacide nitreux liquide obtenu de la distillation du nitrate de plomb. Gaz nitreux , gaz oxigène , acide sulfureux et eau. Théorie de la formndoji de V acide sulfurique dans les chambres de plomb. Lorsqu'on met en contact dans un ballon de verre le gaz nitreux, le gaz oxigène et le gaz acide sulfureux, secs et en proportions convenables, il se produit seulement de la vapeur nitreuse ; mais si l'on ajoute une petite quantité d'eau, sur- le-champ les parois du ballon se tapissent de cristaux blancs qui se réunissent en étoiles. Ces cristaux , mis avec l'eau , font entendre un léger sifflement et s'y dissolvent , sauf un fluide aériforme qui se dégage. La liqueur est une dis- solution d'acide sulfurique mêlée d'une très-petite quantité d'acide nitrique. MM. Clémeiit'et Desormes, qui ont fait les premiers l'ex- périence que nous venons de rapporter, l'ont exj;liquée de la manière suivante. L'acide nitreux cède la moitié de son oxigène à l'acide sulfureux , et en même temps qu'il se forme du gaz nitreux , de Tacide sulfurique, ces corps se combi- nent avec de la vapeur d'eau pour former des cristaux, qui sont pour MM. Clément et Desormes un sulfate de gaz ni- treux hj'draté. Ces cristaux ont-ils le contact d'une suffisante quantité d'eau , l'acide sulfurique est dissous et le gaz nitreux est mis en liberté. D'après cette hypothèse^ pour une quantité de vapeur ni- treuse formée de 2 volumes d'oxigène et de 1 volume d'azote , il faudroit 2 volumes d'acide sulfureux et une certaine quan- tité d'eau pour produire les cristaux: ceux-ci contiendroient, 1." une quantité d'acide iulfurique représentée par 3 volumes d'oxigène ; 2.° 2 volumes de gaz nitreux, c'est-à-dire 1 volume d'oxigène et 1 volume d'azote. M. H. Davy pense que les cristaux sont composés d'acide nitreux , d' acide sulfureux et d'eau, ou , ce qui revient au même, un nitrite d'acide sulfureux hjydralé , et que ce n'est qu'au mo- NTT 91 ment où ils sont dissous par une suffisante quantité de ce dernier liquide que l'acide sulfureux devient acide sulfu- rique , aux dépens de la moitié de l'oxigènedc l'acide ni treux, qui par là se trouve réduit en gaz nitreux qui se dégage. M. Gay-Lussac. ayant observé que les cristaux produite dans Tcxpérience de MM. Clément et Desormes dégagent, quand on les dissout dans une atmosphère de gaz acide carbonique, ou plus généralement dans une atmosphère qui ne contient pas de gaz oxigènc , non du gjz nitreux, comme le disent MM. Clément et Desormes et M. H. Davy, mais de la vapeur nitreuse, et ayant de plus observé que l'on produit des cris- taux semblables en versant l'acide sulfurique concentré diins l'acide nilreux, a conclu que ces cristaux sont formés d acide nitreux, d'acide sulfurique et d'eau, ou , ce qui ro'ient au même, sont un nitrife d'acide sulfurique hjdratë. Suivant cette Tnanière de voir, lorsqu'ils se dissolvent dans l'eau, l'acide sulfurique est dissous, une portion dacide nitreux se sépare sans altération, tandis qu'une autre portion est réduite en acide nitrique et en gaz nitreux. En admettant la manière de voir de M. Gay-Lussac, il s'en- suit que, pour une quantité d'acide nitreux représentée par 2 volumes d'oxigène et 1 volume d'azote qui se trouve dans les cristaux, il faut non-seulement 2 volumes d'acide sul- fureux , mais encore 1 volume d'oxigène. Au reste, quelle que soit la manière dont on envisage la nature de ces cristaux, MM. Clément et Desornies n'en au- ront pas moins le mérite d'avoir les premiers fait connoitre que c'est sous l'influence de l'acide nitreux humide que l'acide sulfureux se convertit dans les chambres de plomb c". acide sulfurique. Voyez Sulfurique [Acide]. L'acide nitreux est un poison des plus corrosifs ; il désor- ganise la peau et la colore en jaune. D'après cela il n'est pas surprenant que sa vapeur soit si délétère quand elle est respirée , même mélangée aven de l'air. Éiat. On n'a pas encore découvert l'acide nitreux dans la nature. Préparation. Pour obtenir l'acide nitreux, il suffit de distiller dans une 92 NIT petite cornue de verre du nitrate de plomb bien sec, et de recevoir le produit dans un petit ballon refroidi par un mé- lange de glace et de chlorure de sodium. On peut encore, en faisant arriver 2 volumes de gaz ni- treux et 1 volume d'oxigène bien srcs dans un tube de verre courbé, rempli de fragmens de porcelaine et refroidi à — 20 y obtenir cet acide. Histoire. Avant M. Dulong on connoissoit la composition de l'acide nitreux et la disposition qu'il a à céder son oxigène aux combustibles , mais on ignoroit que le produit de la distil- lation du nitrate de plomb est l'acide nitreux; et Ton igno- roit encore le moyen d'obtenir à l'état liquide le produit de la combinaison de 2 volumes de gaz nitreux et de 1 volume d'oxigène. (Ch.) JNITREUX [Acide HYPO-]. {C\iim.^ Synonymie : Acide perni' treux. C'est l'acide qui existe dans les sels qu'on a appelés nitrites. On ignore complètement les propriétés qu'il ma^ifesteroit à l'état libre ; car jusqu'ici il a été impossible de le dégager de ses combinaisons salines sans le dénaturer. Composition. En poids. Volume. Oxigène . . . 62,894 ... a/. Azote 57,106 ... 1. M. Gay-Lussac a déterminé cette composition d'après l'ob- servation qu'il a faite , que 1 volume d'oxigène et 4 volumes de gaz nitreux, absorbés par une solution concentrée de po- tasse dans l'eau, donnent naissance à une combinaison qui a toutes les propriétés qu'on avoit attribuées aux nitrites. J'a- jouterai que cette conclusion s'accorde parfaitement avec une expérience qui se trouve décrite dans mes Recherches sur les combinaisons de l'oxide de plomb jaune avec les acides nitrique et nitreux ; et cet accord est d'autant plus remar- quable, que mon expérience date de 1812, tandis que M. Gay-Lussac n'a établi la composition de l'acide hyponitreux qu'en 1816. J'ai vu que 3o3 p. de nitrate de plomb sec, formées j racide 100 , suivant moi, de) - ^ ,. . f -, , foxide 20D , ont dissous 407,5 de plomb ; roxigéne ayant été pris à l'acide nitrique , le plomb a dû enlever àcetacide 3 i ,58 d'oxigène, conséquemmentlacide qui s'estuni au plomb, est formé de 100 acide nitrique — 3i,38 d'oxigène ou joxigène .... 42,476 .... 61,90 (azote 26,144 .... 38, 10 68,620 100,00. Ce qui est bien rapproché du résultat de M. Gay-Lussac, lorsqu'on fait attention aux détails de mon expérience, et que Ton prend en considération le dégagement d'une petite quantité de gaz nitreux qui a lieu dans l'opération. Je terminerai cet article par exposer les résultats des prin- cipales recherches qui ont eu pour objet de fixer les pro- portions suivant lesquelles le gaz nitreux s'unit à l'oxigène pour constituer des acides. L'action du gaz nitreux sur l'oxigène est si vive , et le pro- duit de l'union de ces gaz est si rapidement absorbé par l'eau, que l'on a cherché, à difierentcs époques , à déterminer la proportion de l'oxigène dans un mélange gazeux au moyen du gaz nitreux et de l'eau. Priestley , Fontana , Tngenhouz, ont plutôt cherché à estimer, au moyen du gaz nitreux , le degré respectif de salubrité de mélanges gazeux contenant de l'oxigène , qu'ils n'ont cherché à déterminer le rapport où le gaz nitrelix et le gaz oxigène s'absorbent; ils se sont presque toujours bornés à in- troduire dans un tube une mesure déterminée du mélange gazeux contenant de l'oxigène , puis des quantités successives de gaz nitreux jusqu'à ce que la diminution du mélange cessât; car ils jugeoient le mélange gazeux d'autant plus salubre, ou, ce qui revient au même, d'autant plus riche en gaz oxi- gène, qu'il avoit éprouvé une plus grande diminution de volume. Cependant on peut conclure des expériences de Priestley et de Ingenhouz , que, pour absorber 1 volume d'oxigène, Priestley estimoit qu'il en falloit 1,97 de gaz ni- treux, et Ingenhouz 4. Lavoisicr a évalué le volume de gaz nitreux, nécessaire pour produire cet effet, de 1,72 à i,85, et M- de Humboldt de 3,9 à 4,a, Plus tard Dalton a pensé que 1 94 NIT volume d'oxigène pouvoit absorber 1,71 de gaz nitreux , et 3,42. En 1809 M. Gay-Lussac avança que 1 volume de gaz oxi- gène peut s'unir à 3 volumes ou à 2 volumes de gaz ni- treux pour produire de Tacirle nitreux ou de l'acide nitrique; que, lorsqu'on veuf produire le premier, il faut mêler sur l'eau 1 volume d'oxigène et 4 volumes de gaz nitreux; qu'alors il reste 1 volume de ce dernier après que l'acide est absorbé, tandis que, pour produire le second , il faut mêler 2 volumes d'oxigène à 2 volumes de gaz nitreux : le résidu est dans ce cas'i volume d'oxigène. D'après ces résultats, M. Gay-Lussac proposa le gaz nitreux comme moyen eudiométrique , en observant toutefois de l'employer en excès. Par exemple , il fit passer dans un vase à large ouverture 100 volumes d'air et 100 volumes de gaz nitreux. Quand la vapeur rouge fut absorbée, il transvasa le résidu dans une clociie graduée, et il vit qu'il étoit égal à 116 volumes; conséquemment 84 volumes avoient été absorbés : or, en divisant 84 par 4, il avoit -21 pour le volume de l'oxigène contenu dans 100 volumes d'air. M. H. Davy prétend que si , en opérant sur l'eau , comme l'a fait M. Gay-Lussac, on obtient une absorption de 1 volume d'oxigène et de 5 volumes de gaz nitreux, c'est qu'il ^ a i volume de gaz nitreux qui disparoit en se dissolvant dans l'eau ou en agissant sur l'oxigène de l'air contenu dans cette eau. M. H. Diivydit, qu'en mêlant dans un récipient vide à robinet de cristal 1 volume d'oxigène et 2 volumes de gaz nitreux, on obtient 1 'j, de gaz acide nitreux, et il assure que, si dans le même appareil on mêle 1 /, volume d'oxigène et 2 volumes de gaz nitreux, qui sont les proportions de l'acide nitrique, on n'obtient que 1 y!, volume d'acide nitreux et '/ volume d'oxigène. Pour qu'il y ait formation d'acide nitrique , la présence de î'eau ou d'une base salifiable est nécessaire. M. Gay-Lussac, ayant repris ce même travail en 181 G, re- connut : i." Que, toutes les fois que l'oxigène et le gaz nitreux sont mêlés sur l'eau, l'absorption varie suivant le diamètre du tube et la rapidité du mélange, suivant que l'un des gaz est in- troduit avant ou après l'autre; que poui' 1 volume d'oxigène NIT $5 il peut y avoir de i.34 à 3,G5 volumes de gaz nitreux ab- sorbés ; qu'en conséquence on ne peut déterminer la forma- lion d'iucune combinaison définie en opérant sur l'eau. 2° Que, si 1 volume d'oxigène et 5 volumes de gaz ni- treux sont mêlés sur le mercure, sous l'influence d'une forte solution de potasse, il reste i volume de gaz nitreux, et qu'il se produit de l'acide hyponitreux, représenté par i volume d'oxigène et 4 volumes de gaz nitreux. 3.° Que, si l'on mêle à l'état sec 1 volume d'oxigène et 2 volumes de gaz nitreux, on obtient l'acide nitreux. M. Gay- Lussa'c dit que, dans ce dernier cas, la condensation est égale à 2 volumes. (Ch.) NITRIQUE [Acide]. (Chim.) Synonymie : Eau forte, Esprit de nilre , Acide de nitre, quand il est uni à de l'eau : jusqu'ici il n'a été séparé des nitrates qu'à l'état d'hydrate. Composition. Davy. Poids. Volume. Oxigène 73,856 .... 2,5 Azote ^S,i44 .... 1,0 Composition de l'hydrate d'une densité de i,5io à 18 degrés. Acide 80 Eau 20 Propriétés. L'acide nitrique hydraté d'une densité de i,5io à i8 degrés est liquide d'une part jusqu'à — 5o degrés , où il se congèle en une masse butireuse , et d'une autre part jusqu'à 86 degrés environ, où il bout sous la pression de o°',76o. Il est incolore; mais il se colore facilement en jaune citrin, probablement parce qu'une portion se réduit en acide nitreux . 11 fume à l'air , parce que la vapeur qu'il exhale, en s'unis- sant avec la vapeur d'eau atmosphérique, forme un liquide dont la tension est moindre que celle de l'acide hydraté d'une densité de i,5i. L'acide nitrique hydraté dégage de la chaleur en s'unis- sant avec l'eau. L'acide suffisamment étendu , uni avec une quantité con» 96 NIT' venable de glace pilée, produit un froid plus ou moins grand , suivant les circonstances du mélange; quand elles sont favo- rables, on peut obtenir un abaissement de température de 26 à 3o degrés. Table du docteur Ure , représentant la quantité d'acide nitrique d^une densité de i,5o, et la quantité d'acide nitrique anhydre contenue dans des acides nitriques de diverses densités. Poids Acide Acide Poids Acide Acide spécifique. d'une dons de i,5o. té sec. spécifique d'une dens de i,5o. té sec. J,5ooo 100 79,700 1,5853 67 55,399 1,4980 99 78,905 1,5793 G6 62,602 1,4960 98 78,106 1,5752 66 5i,8o5 1,4940 97 77,509 i,568i 64 5 1,068 1,4910 96 76,612 i,565o 63 60,21 1 i,4»8o 95 75.716 1,5579 62 49,414 i,485o 94 74,918 i,:)52g 61 48,617 1,^820 95 7/1,121 1,5477 60 47,820 1,4790 92 75,524 '53427 59 47,023 1,4760 91 72,527 1,5576 68 46,226 1,4730 90 71,750 1,5323 57 46,429 1,4700 89 7o,y55 1,3270 66 44,632 1,4670 88 "o,i56 1,5216 55 43,835 1,4640 87 69.559 i,5i63 54 45,o58 1,4600 86 68,542 i,5i 10 55 42,241 1,4670 85 6-,745 i,5o66 62 41,444 1,4630 84 66,948 i,3ooi 5i 40,647 1,4600 85 66,i55 1,2947 5o 39,860 1,4460 82 65,564 1,2887 49 59,063 1,4424 81 64,557 1,2826 48 58,256 1,4385 80 65,760 1,2766 47 07,469 1,4346 79 62,965 1,2706 46 56,662 i,45o6 78 62,166 1,2644 45 56,865 1,4269 77 61,569 1,2583 44 55.068 1,4228 76 60,672 1,2623 45 04,271 1,4189 75 59,775 1,2462 42 55,474 1,4147 74 68,978 1,2402 41 52,677 1,4107 73 68,1 81 1,2341 40 3 1,880 1,4065 72 57,584 1,2277 09 3i,o85 1,4025 71 66,687 1,2212 58 30.286 1,0978 70 55,790 1,2148 37 29.489 1,3945 69 54,995 1,2084 56 28.692 1,3882 68 54,196 1,2019 3S 27,986 NIT 97 Poids Acide Acide Poids Acide Acide spécifique. d'une densité sec. spécifique. dune densité sec. d e i,5o. de i,5o. 1,1968 34 27,098 1,0935 17 13,549 1,1895 33 26,301 1,0878 16 12,762 i,i853 32 26,604 1,0821 i5 11,955 1,1770 3i 24,707 1,0764 14 ii,i58 1,1709 3o 23,900 1,0708 i3 io,36i 1,1648 29 23,ii3 1,0661 12 9,564 1,1687 28 22,3l6 1,0696 1 1 8,767 1,1626 27 21,619 1,0640 10 7?97o 1,1465 26 20,722 1,0486 9 7^175 i,i4o3 25 19,925 1,0400 8 6,376 1,1345 24 19,128 .1,0376 7 6,579 1,1286 23 i8,35i l,o320 6 4,782 1,1227 22 17,554 1,0267 5 5,985 1,1168 21 16,737 1,0212 4 3,188 1,1109 20 16,940 1,0169 3 2,391 i,io5i 19 16,143 1,0106 2 1,694 1,0995 18 14,546 i,oo63 1 0,797 Suivant M Dalton , sous la sression de o'",76o de mercure, l'acide nitrique d'une densité de i,5o bouta 99 — — 1,45 - 116,5 — — 1,42 — 120 — — 1,40 — 119 — — 1,56 — 117 — — i,3o — ii3 — — 1,20 — 108 — — 1,1 5 — ic4 M. Dalton a constaté des résultats avancés déjà par Cor- nette, Lassone et M. Proust, c'est que l'acide nitrique d'une densité de 1,42 passe à la distillation sans éprouver aucune variation dans sa densité. Il en est autrement d'un acide plus ou moins dense que le précédent : s'il est plus dense , le premier produit a plus de densité que le dernier; s'il est moins dense , le premier produit a moins de densité que le dernier. L'acide nitrique est sans action sur l'or. Baume et M. Proust ont remarqué que l'acide nitrique d'une densité de 1,48 est sans action sur l'étain ; Woodhouse, en confirmant ce résultat, l'a observé avec l'argent et le cuivre. 35. 7 î)S NIT Cas où, l'acide nibique est altéré. Action d'une température élevée. Lorsqu'on fait passer de l'acide nitrique hydraté dan^ va tube de porcelaine rouge de feu, aune des extrémités duquel on a adapté un flacon vide et refroidi , qui communique à une cloche pleine d'eau, l'acide se décompose en vapeur d'eau, en acide nitreux et en oxigène; lorsque ces produits arrivent dans le flacon, la vapeur d'eau et l'acide nitreux s'y con- densent , et une petite quantité d'oxigène , se portant sur de l'aride nitreux et de l'eau, reproduit de l'acide nitrique; en dernière analyse les produits qu'on obtient sont du gaz oxigène , de l'acide nitreux et de l'acide nitrique hydraté. On recueilleroit plus d'oxigène, si, au lieu de recevoir immédiatement les produits de la décomposition de l'acide nitrique dans un llacon vide, on les faisoit passer dans un flacon rempli d'acide nitrique concentré, qui dissoudroit l'acide nitreux. Lorsque l'acide nitrique est fortement retenu par une base alcaline, telle que la potasse, il peut se réduire, au moins pour la plus grande partie , en gaz oxigène et en gaz azote. Action de la lumière. L'acide nitrique concentré, exposé à la lumière, jaunît rapidement, parce qu'une portion de l'acide est réduite en acide nifreux , qui reste dans la portion indécomposée, et en gaz oxigène qui se dégage; mais la décomposition de l'acide nitrique est limitée, parce que la portion qui s'est décom- posée ayant cédé son eau à l'autre portion, celle-ci devieni plus stable. Acide nitricjue et acide HyoROCHLORiQUE. Ces deux acides se réduisent en partie, par leur action mutuelle, en acide nitreux, en eau et en chlore. (Voyez Eau récale, tome XIV, page 72.) Acide nitrique et acide hydriodique. Ces deux acides se décomposent; il se produit de l'eau e» un dépôt d'iode. NIT 99 Acide nitrique et oxide d'azote. Si l'azote , le protoxide d'azote , sont sans action sur l'acide nitrique, il en est autrement du gaz nitreux et de l'acide nitreux. Lorsqu'on fait passer du gaz nitreux dans de l'acide ni- trique marquant au moins 40*^, k l'aréomètre de Bannie, il est absorbé, et en d'autant plus grande quantité que l'acide est plus concentré ; celui-ci se colore en rouge orangé. Aujourd'hui on s'accorde généralement pour considérer le liquide rouge orangé comme une dissolution d'eau, d'acide nitrique et d'acide nitreux: on admet donc que le gaz nitreux devient acide nitreux, en désoxigénant une portion d'acide nitrique, qui pusse elle-même à cet état. 11 est évident que, pour produire cet effet sur une quantité d'acide nitrique représentée par 1 v. d'azote et 2'/, v. d'oxigène, il faut 1 v. de gaz nitreux. Il ne seroit pas impossible que , dans cette réaction , il se formât de l'acide hyponitreux. L'acide nitrique saturé d'acide nitreux, est fumant; son odeur est extrêmement forte; sa tension est plus grande que celle de l'acide nitrique hydraté: c'est pourquoi, si on It chauffe doucement, on en chasse Facide nitreux. Son action sur les corps oxigénables est plus énergique que celle de l'acide nitrique. Lorsqu'on le met avec des quantités d'eau croissantes, il passe successivement du rouge orangé au jaune orangé, au vert et au bleu : les premières portions d'eau donnent lieu à une vive effervescence, occasionée par de l'acide nitreux qui se dégage. L'influence qu'exerce l'eau sur l'acide nitrique pour limi- ter la proportion d'acide nitreux, qu'il peut dissoudre, est encore démontrée , lorsqu'on fait passer du gaz nitreux dans des acides nitriques dont la densité est inférieure à celle de l'acide qui marque 40** à l'aréomètre de Baume. En effet, 1.° l'acide nitrique à 32*' en dissout moins qu'un acide plus concentré, et, au lieu de devenir rutilant, comme l'acide à 40 , il devient vert; 2° l'acide nitrique marquant moins de 3o , devient bleuâtre, en dissolvant moins de gaz nitreux que l'acide à 02^; 3." enfin, l'acide nitrique à 20*^ ne dissout qu'une très-foible quantité de gaz nitreux et ne se colore point. ^o NIT ^Priestley rapporte quelque part qu'il est parvenu , en fai- sant passer une suffisante quantité de gaz nitreux dans de l'acide nitrique concentré, à volatiliser celui-ci entière- ment. Ce résultat n'a rien d'étonnant, puisque l'acide ni- treux et l'acide nitrique lui-même sont volatils; mais il est bien probable que dans l'expérience de Priestley tout l'acide nitrique n'a pas été converti en acide nitreux , surtout à la fin de l'opération , où les dernières portions d'acide nitrique dé- voient nécessairement contenir une plus forte proportion d'eau que l'acide nitrique soumis à l'expérience. Acide nitrique et acide sulfurique. Lorsqu'on fait chauffer 4 p. d'acide sulfurique concentré avec 1 p. d'acide nitrique, une portion d'acide nitrique cède son eau à l'acide sulfurique, et se dégage à l'état d'acide ni- treux et de gaz oxigène , suivant l'observation de M. ïhenard ; mais, ainsi que M. Gay-Lussac l'a remarqué, il est possible, en chauffant dans un appareil distillatoire 4 p. d'acide sulfu- rique concentré et 1 p. d'acide nitrique d'une densité de ] ,3o52 à la température de 1 5 , de recueillir un acide dont la densité est de 1,499; ^^ ^" distillant ce dernier acide avec quatre fois son poids d'acide sulfurique, il est possible de porter sa densité à i,5io. Acide nitrique et acides minéraux oxigénables. L'acide nitrique brûle l'hydrogène de l'acide hydrosulfu- rique et même le soufre, quand il est concentré et en excès. Il convertit l'acide sulfureux en acide sulfurique, l'acide ar- senieux en acide arsenique , les acides hypophosphoreux. phosphoreux et phosphalique, en acide phosphoriqUe. Acide nitrique et corps simples. L'acide nitrique a une action plus ou moins marquée sur la plupart des corps simples oxigénables. Lorsqu'on fait passer dans un tube de porcelaine chauffé au rouge de l'hydrogène avec de la vapeur nitrique , il y a production d'eau et dégagement d'azote ; mais alors c'est plutôt l'acide nitreux que l'acide nitrique qui est décomposé. L'acide nitrique convertit le soufre, l'arsenic , le phosphore, NIT loi le bore, le molybdène, l'antimoine, le tellure, l'étain, en acides saturés d'oxigène. Il oxide le palladium, le bismuth, le cuivre, le nickel, le cobalt, l'urane, le fer, le manganèse, le mercure, l'argent, le plomb, le zinc, le barium, le stron- tium, le lithium, le potassium , le sodium. 11 agit à peine sur le chrome, le tungstène, le colombium, le titane, le cérium , l'osmium. L'acide nitrique très-concentré à une douce chaleur, dis^ sout le charbon fortement calciné; il se dégage de la vapeur nitreuse et de l'acide carbonique, et l'on obtient un liquide brun, acide et astringent : il faut employer 8 p. d'acide contre 1 de charbon. (Voyez Substances tannantes ARTiFiciEr.r.ES.) Lorsqu'on verse de l'acide nitrique concentré, surtout un acide chargé d'acide nitreux , sur du charbon très -divisé et chaud, le charbon s'embrase, et il se dégage des vapeurs ni- treuses : je ne sache pas que cette expérience ait été répétée dans le vide. L'ignition du charbon est plus facile à opérer, ou a lieu à une température plus basse, lorsqu'au lieu d'acide nitrique hydraté on opère avec de l'acide nitrique uni avec y, de son poids d'acide sulfurique concentré. Il est probable que dans ce dernier cas l'affinité de l'acide sulfurique pour l'eau de l'acide nitrique, conspire avec l'affinité du combusti- ble pour l'oxigène, à opérer la combustion du charbon : pour réussir à opérer cette combustion , il faut mettre le charbnn réduit en poudre et suffisamment chaud , dans un verre mince, également échauffé, et verser l'acide de manière à humecter seulement la poussière de charbon. Lorsqu'on fait passer la vapeur nitrique sur du charbon chauffé au rouge dans un tube de porcelaine , il est évident que le combustible doit brûler, et qu'il se dégagera de l'acide carbonique , de Toxide de carbone , de l'hydrogène et du gaz azote. Propriétés de l'acide nitrique sur l'économie animale. L'acide nitrique hydgraté a une odeursensible particulière, moins forte que celle de l'acide qui est chargé d'acide nitreux. Il désorganise rapidement la peau et tous les tissus des ani- maux; il commence par les jaunir. C'est un poison corrosif des plus énergiques ; mais quand il est très-étendu d'eau, on peut le prendre à l'inténeur. 102 NIT État. II ne se trouve guère dans la nature qu'à l'état de nitrate dépotasse, de chaux et de magnésie. Préparation. Dans les laboratoires de chimie on prépare l'acide nitrique hydraté en distillant, dans une cornue de verre, lo p. de ni- trate dépotasse préalablement fondu, avec 6 p. d'acide sulfu- rique concentré. On introduit d'abord le nitre dans la cornue , puis on y verse l'acide au moyen d'un entonnoir à longue tige ; on pose la cornue dans un bain de sable , ou sur des petites barres de fer, si on distille à feu nu au fourneau de réverbère. On adapte à la cornue une alonge et un ballon tubulé. On ferme celui-ci avec un bouchon qui est traversé par un tube d'un mètre de long, ouvert aux deux extré- mités : l'ouverture inférieure de ce tube doit toujours être plongée dans l'atmosphère du ballon. On chauffe ensuite peu à peu, jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus de liquide de la cornue. Au commencement de la distillation il se produit une vapeur rutilante, qui disparoît pour la plus grande partie , à mesure que le produit liquide augmente; mais sur la fin de l'opération il s'en produit de nouvelles, dont la couleur est plus intense que celle de la première vapeur. La matière qui reste dans la cornue est du bi-sulfate de potasse; le produit est de l'acide nitrique hydraté d'une den- sité de 1,49 à 1,60, coloré en orangé par de l'acide nitreux. La vapeur rutilante, qui apparoît d'abord, est due à ce que la portion d'acide nitrique qui se sépare d'une portion de nitre , n'ayant pas assez d'afïinité pour enlever l'eau à Tacide sulfurique libre, se dégage à l'état de vapeur nitreuse etd'oxigène; mais, à mesure que la quantité d'acide sulfurique qui se combine à la potasse du nitre, devient plus considé- rable, la tension de l'eau angmenJe, et dès -lors il se dégage une quantité notable d'acide nitrique hydraté, et cet acide absorbe la vapeur nitreuse qui s'étoit formée d'abord ; et peut- être encore arrive-t-il qu'une portion de vapeur nitreuse et d'oxigène repassent à l'état d'acide nitrique. A la finde l'opéra- tion, deux causes peuvent agir pour produire de la vapeur ni- treuse : la première est l'clévation de la température dans lu NIT io3 cornue, qui ne permet pas à l'acide nitrique hydraté concen- tré d'exister; la seconde est qu'il n'y a plus assez d'eau dans les matières qui sont exposées à l'action du feu pour convertir l'acide nitreux et l'oxigène en acide nitrique. C'est surtout à la fin de l'opération que l'acide du récipient se colore, en absorbant de l'acide nitreux ; aussi recueille- t-on du gaz oxigéne à cette époque, si l'on adapte au récipient un tube à gyz , qui va plonger sous une cloche pleine d'eau. Par ce procédé on obtient environ V/j d'acide hydraté quand on a distillé lo p. de nitrate de potasse. En grand, an lieu de faire la distillation d'un mélange de nitre et d'acide sulfurique dans une cornue de verre, on la fait dans des tubes de fonte capables de recevoir 85 kilog. de nitre et 5o kilog. d'acide sulfurique concentré. Ces tubes sont placés horizontalement dans un fourneau : ils sont fermés à leurs deux extrcnutés par des tampons en fonte qui por- tent chacun une tubulure; c'est par l'une d'elles qu'on intro- duit l'acide sulfurique dans les tubes; c'est par l'autre tubu- lure que les vapeurs se dégagent : à celle-ci est adapté un tube de grès , à ce tube est adapté un tube de verre , qui va s'ouvrir dans une grande bouteille ronde à trois tubulures, dans laquelle on a mis un peu d'eau pure , ou d'acide ni- trique très-foible, quand on en a. Cette bouteille commu- nique avec une seconde , et celle-ci avec une troisième : la seconde bouteille contient un peu d'eau ou de l'eau acidulée; la troisième contient toujours de Teau pure. L'acide recueilli dans la première bouteille est le moins pur; celui qui est dans la troisième est trop foible pour être livré ^^ bihoreau, ardea cinerea minor , d'Aldrovande , et ardea njcticorax , Linn. (Ch. D.) NIU-GULA. [Bot.) Espèce de palmier de l'ile de Tongo , mentionnée par le navigateur Cook. Forster croit que c'est un arec a. ( J. ) NIUNGUE. {Bot.) A Caracas, dans l'Amérique , on nomme ainsi la daturafastuosa, suivant les auteurs de la Flore équi- noxiale. ( J. ) NIVAR. ( CodcJi. ) Adanson, Sénég. , p. 141 , fîg. 9, appelle ainsi une coquille commune dans les rochers des lies de Corée et de la Magdcleine, au Sénégal, dont Linné fait une espèce de rocher sous le nom de murex murio , et qui dans M. de Lamarck fait partie du genre Flseau. Voyez ce mot. (DeB.) N1VARL\. {Bol.) Voyez Narcisso-leucoium. (J. ) NIVEAU D'EAU. {Crust.) Voyez Branchiope , tom. V, Suppl., pag. 66, et l'article Malaco8tracés, tom. XXVIII, pag. 41 5. (Desm») NIVEAU DE MER ou SQUALE MARTEAU. (Ichthjol.) Voyez Zygène. (H. C.) NIVENIA, {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs incomplètes, de la famille des protéacées , de la tétrandrie monogjnie , offrant pour caractère essentiel : Une corolle à quatre divisions profondes, égales et caduques; point de ca- i'4 NIV lice ; quatre ëtamines ; un ovaire supérieur ; un style ; un stigmate vertical, en massue; une noix sessiJe , luisante, ventrue, entière à sa base; un involucre a quatre folioles Sur un seul rang (elles se durcissent à la maturité des fruits); quatre fleurs; le réceptacle plan, sans paillettes. NiVENiA INTERMÉDIAIRE : ISii^enia intermedia , Rob. Brown , Trans. linn. , lo, pag. 107 ; Protea spicafa? Andr., Dot. repos., tab. 254. Plante du cap de Bonne-Espérance, dont les tiges soi't hautes de six à huit pieds ; les ranie;iux roides, en om- belles, légèrement tomenteux et cendrés; les feuilles glabres, dressées, longues d'un pouce et demi; les inférieures deux et trois fois ternées ; les supérieures trifides; les découpures latérales presque simples; les pédoncules solitaires, termi- naux, velus, longs d'un pouce; les bractées éparses, lan- céolées, tonienteuses ; les épis lon;;s de trois à cinq ponces, cylindriques; les involucres distintls, rapprochés; leurs fo- lioles ovales, très-aiguës, pubescentes. La corolle est tomen- teuse et barbue, beaucoup plus longue que l'involucre; le style pubescent à sa base; le stigmate grêle, en massue. NiVENiA A FEUILLES MOLLES; Nivciiia rtioilissinui , Rob. Brownj /. c. Arbrisseau tomenteux et blanchâtre, dont les rameaux sont chargés de feuilles très-molles, longues d'un pouce, trois fois ternées ; les pédoncules presque solitaires, plus courts que les feuilles; les épis un peu ovales; les brac- tées tomenteuses, ovales, aiguës, semblables aux folioles de l'involucre; la corolle est purpurine, trois fois plus longue que l'involucre, tomenteux a sa base ; le limbe barbu; le style pubescent à sa moitié inférieure ; le fruit est une noix ovale, couverte d'une pellicule blanche, luisante, un peu pubescente, entourée par les folioles de l'involucre, coriaces, durcies. Cette plante croit sur les montagnes au cap de Bonne -Espérance. NivENiA EN tête; ï^ivenja capitula, Rob. Brown, l. c. Cet arbrisseau a des liges hautes de trois pieds et plus, dont les rameaux sont , disposés en ombelle, les supérieurs tomen- teux. Les feuilles sont deux fois ternées, longues de six lignes, canaliculées ; bs supérieures soyeuses; les fleurs en tête globuleuse, presque sessile, de la grosseur d'une pe- tite cerise , peu garnie ; les folioles de l'involucre ovales , NIV liS lancéolées, aiguës; la corolle est velue ; le style pubescent <à sa partie moyenne; le stigmate ovale, en massue. Cette espèce croît au cap de Bonne-Espérance , sur les montagnes. M. Rob. Brown rapporte encore à ce genre le protea Sceptrum de Thunberg, qui est le protea Sceptrum gustavia- num de Sparrman , Act. Holm. , 1777, pag. 55, tab. i , et Linn., Suppl. D'après cette synonymie, celle du protea gusfa- viana doit être retranchée. 11 faut encore ajouter le protea Lngopw5 de Thunberg, ou retrancher le synonyme d'Andrew, Bot. repos., tab. 243, qui appartient au nivenia crithmifolia de Rob. Brown. (Poir.) NIVÉOLE; Leucoium, Linn. (Bot.) Genre de plan(es mono- cotylédones, de la famille des narcissées , Juss. , et de ïhexan- drie mono gy nie , Linn., qui présente pour principaux ca- ractères : Spathe monophylle, enveloppant les fleurs avant leur épanouissement; corolle campanulée, à six divisions pro- fondes, égales, épaisses à leur sommet; six étamines insérées sur le tube de lu corolle ; un ovaire infère , à style et stig- mate simples ; une capsule à trois valves et à trois loges po- lyspermes. Les nivéoles sont des plantes herbacées, à racine bulbeuse; à feuilles toutes radicales, linéaires; leurs fleurs sont pen- chét s, solitaires ou plusieurs ensemble au sommet d'une hampe. On en coniioit six espèces, dont quatre croissent naturelle- ment en Europe ; les deux suivantes sont souvent cultivées dans les jardins. NivÉOLE d'été: Leucoium œstivum, Linn., Spec, 4^4; Jacq., Flor. Aust., t. 293. Ses feuilles sont ligulées, d'un beau vert; sa hampe est haute de dix à quinze pouces, terminée par quatre à six fleurs blanches, inodores. Cette plante croît naturellement dans les prés humides et ombragés du Midi de la France et de l'Europe ; elle fleurit en Avril et Mai. Son oignon est rustique et n'a besoin d'aucun soin particulier: il réussit très-bien en terre ordinaire et dans un endroit ex- posé au soleil; mais ses fleurs durent plus long-temps quand il est planté à l'ombre. On le multiplie de cayeux , qu'on répare de l'oignon principal quand on relève celui-ci, au mois de Juillet, lorsque les feuillessont sèches : il peut d'ailleurs rester plusieurs années de suite en terre sans aucun inconvénient. n6 ,5IV NivÉOLE DU pRiNTEMPé, Vulgairement Peîice- NEIGE : Leucoiam verniim, lAnn. ,Spec. , 414; Jacq. , FIor.Aust., t. 5 1 a. Ses feuilles sont ligulées, comme dans l'espèce précédente, mais moins longues ; sa hampe , aussi plus courte, n'a quesix à huit pouces de hauteur, et est terminée par une seule fleur blanche. Cette espèce croit dans les prés des bois et des montagnes; elle fleurit en Février, et lorsque l'hiver est doux, dès le mois de Janvier. On la cultive comme la précédente : quoique ses fleurs soient solitaires, elles sont plus jolies que celles de la nivéole d'été, et elles ontsurtout le grand avantage de paroître à ur.e époque où les fleurs sont très-rares; tandis que celles (la la première ne produisent plus que peu d'effet en pa- r-àssant au milieu du printemps , lorque Flore étale toutes ses richesses. ( L. D.) NIVEROLLE. ( Ornith.) Ce nom a été donné au pinson de neige , fringilla myalis , Linn. , que les montagnards appel- lent nivereau dans le département de l'Isère. (Ch. D.) NÎVIARSARSUK. {Ornith.) Nom groènlandois du petit pingouin , a/ca fica, Linn. (Ch. D.) NIVULl. [Bot.) Nom brame dieVela-calUAe Malabar, es- pèce d'euphorbe, euphorhia neriifolia. (J.) NIWA. (Bot.) Plusieurs plantes du Japon, citées par Kaem- pfer et Thunberg, portent ce prénom. Le niwa-gusa est le chenopodium scoparia; le niwami est une berle ; le niwa-sa- hira est le spirœa crenata ; le niwa-toha ou niwa-tonga est un sureau , sambucus nigra; et le niwa-ume est un prunier à fleurs doubles, que l'on cultive dans tout le Japon à cause de l'a- bondfince de ses fleurs blanches disposées en ombelle. (J.) NIX-QUANQUECHOLLA. {Erpét.) Séba a donné {Thés. 2 , tab. 77 . n." 1 ) sous ce nom la figure d'un serpent du Mexique, qu'il ne nous est point possible de classer avec certitude. (H. C.) NJARA. {Bot.) L'arbre qui porte ce nom dans le Malabar, décrit et figuré par Rhéede , paroît être une espèce de myrte. (J. ) NMAME. {Bot.) Voyez Lemam. (J.) NO. {BoK) Ce ferme japonois, qui signifie sauvage, pré- cède souvent plusieurs noms de pays cités par Kfempfer et Thunberg, Nous n'en citerons que quelques-uns : le no-gikl NOC 117 est le chrysanlhemum indicum , qui fait rornenient de nos jar- dins à la fin de l'automne; le no-iendo est l'ers ojdin;iiie, ervum tetraspermum; le no-siso est le salvia japonica de Thun- berg; le no-ibane ou no-ige est le rosa muUiJlora du même; le no-ran est son epidendrum slriatum ; le no-ninsiin est sou cliaro- phyllum scahrum ; le no-ti est son qiiercus glatica ; le no-kaki est un plaqueminicr , dfospjros /.(i/ci; le no-ko-oiii est un houx, i/ex latifolia. (J.) NOBIR. {Bot.) Nom japonois de Yallium odoruw , scion Thunberg. (J.) NOBLE-ÉriIME. (Bo^) On donne vulgairement ce nom au néflier aubépine , et dans quelques cantons a l'épine -vl- nette. ( L. D. ) NOBULA. {Bol.) Adanson nomme a/nsi le phjllis de Lin* naeus, qui éloit le hupkvroides de Boerhaave. (J.) NOCCA ou NOCC^A. {Bot.) Voyez notre article La- GAscÉE , tom. XXV, pag. 102. (H. Cass. ) JN'OCC^A. {Bot.) Sous ce nom l'iberis rotundifolia avoit été détaché de son genre primitif par Mœnch , à cause de sa sili- cule plus alongée et un peu tétragone. Le même nom a été donné par Jacquin au genre Lagasca de Cavanilles et de M. Persoon. Le noccœa de Willdenow étoit auparavant le nocca de Cavanilles, qui paroît devoir être conservé. Voyez La- GASCÉE. (J.) NOCCUS. {Bot.) Nom donné dans la Toscane, suivant Ce- salpin , à une variété du scirpus maritimus. (J.) NOCHE. {-Bot.) Voyez Neglndo. (J.) NOCHIL. {Bot.) Nom donné par les Portugais de la côte malabare au nir-notsjilL, volkanieria inermis. (J. ) NOCHTA , NOCHELIS , NOl^HRIS , NOFHTA , NOTHERA, {Bot.) Noms anciens de la ballote ou marrube noir, suivant Ruellius. (J.) NOCHTOTOTL. {Ornith.) L'oiseau ainsi nommé par Séba, Thés., tom. 1.", pag. 69, n.° 5, est rapporté au souïmanga marron- pourpré , à poitrine rouge, certUia sperata, Linn. (Ch. D.) NOCNY. {Ornilh.) Nom polonois du coracias huppé ou sonneur, corvus eremita, Linn. (Ch. D.) NOCTHORE, A oci/iora. {Mamm.) M. Fréde*ic Cuvier a pro- iï8 NOC posé ce nom pour remplacer celui d'Aotus , genre créé par Illiger pour placer le Douroucouli de M. de Humboldt, singe américain, voisin des sapajous, mais remarquable par quel- ques caractères qui lui donnent des rapports avec les loris de l'ancien continent. Le motif de ce changement de nom est que le mot Aotus, qui signifie sans oreilles, ne peut être appliqué à cet animal, dont les oreilles sont aussi grandes et aussi bien formées que celles des sapajous. (Desm.) NOCTILION, Noctilio. (Mamm.) Genre de mammifères chéiroptères insectivores, formé par Linné dans la dou- zième édition du Sjstema nalurœ , et adopté parMM. Cuvier, GeofiFroy et Illiger. Ce genre de chauve-souris, considéré par Linné comme appartenant à l'ordre des rongeurs ou gUres , étoit ainsi ca- ractéri.é iiar lui : Deux dents incisives à chaque mâchoire; les supérieures aiguës et les inférieures bilobées ; narines proéminentes, cylindriques et rapprochées l'une de l'autre. Ces Ciiractèrts , évidemment inexacts, n'ont pu être obser« vés que sur des individus incomplets, ainsi qu'il sera facile de s'en convaincre par la description que nous allons donner de ces animaux. Les noctilions ont vingt-huit dents en tout; savoir : quatre incisives supérieures , formant ensemble un groupe séparé des canines et dont les deux intermédiaires sont les plus fortes, alongées, pointues et en forme de canines; les laté- rales étant petites, obtuses et en forme de tubercules; deux incisives inférieures placées en avant des canines ; quatre ca- nines, deux à chaque mâchoire, très - robustes ; quatre mo- laires de chaque côté de l.î mâchoire d'en haut, l'une fausse et trois vraies, à couroiine hérissée de pointes aiguës; cinq màchelières inférieures à droite et à gauche : savoir, une fausse molaire normale, une fausse molaire a^ioniale er Jroiù inulaires vraies, semblables à celles de la mâchoire inférieure. Le mu- seau est court, trèsrc; flé , fendu et g:'rni de verrues ou de tubercules charnus; le nez est confondu avec les lèvres, les narines, un peu tubuleuses, sont rapprochées et font nne légère saillie ; le chanfrein est dépourvu de crête ou de feuille membraneuse, et n'a ni sillon ni cavité; les oreilles sont petites, latérales, isolées, et ont un oreillon intérieur; la NOC 115 membrane interfémorale est très-grande et saillante ; la queue est de moyenne longueur, enveloppée en grande partie et libre dans le reste , en dessus de la membrane iuterfémo- rale; les ongles des pieds de derrière sont très- robustes, La lèvre supérieure des noctilions, divisée dans sou mi- lieu par un profond sillon , présente l'un des caractères les plus saillans de ces animaux , et leur a valu le nom de bec- de-lièvres, que plusieurs naturalistes leur ont donné. Les noctilions n'ont encore été trouvés que dans les con- trées chaudes et boisées de l'Amérique méridionale, telles que le Drésil , le Paraguay et le Pérou. Leurs habitudes n'ont pas été observées; mais, d'après Informe des vraies molaires, on peut présumer qu'ils vivent d'insectes et non de fruits, comme Linné le rapporte. On a distingué trois espèces de noctilions ; mais ces chauve- souris se ressemblent tellement par leur taille et tous les dé- tails de leurs formes , qu'on pourroit soupçonner qu'elles ne diffèrent pas spécifiquement entre elles. M. G. Cuvier même ne les a pas séparées, La première est le Noctilion unicolore : Noclilion unicolor , Geoff. ; Vespertilio americanus rufus , Briss. , Règne anim. , p. 227; Vespertilio cato similis americanus, Séba, Thés., tom. 1 , pag. 89, tab. 55, fig. 1 ; Noctilio americanus, Linn. ; Ves- pertilio leporinus , Gmel.; Chauve- souris de la vallée d'Ylo , Feuillée, Observ., tom. i , pag. 620. Elle est de la taille d'un rat de moyenne grandeur; l'envergure de ses ailes est d'en- viron seize pouces ; son pelage est d'un fauve roussàtrc uni- forme, et les membranes de ses ailes paroissent être d'un brun plus clair que celles des autres espèces. La seconde a reçu de M. Geoffroy le nom de Noctilion a DOS RAYÉ , JSoctilio dorsatus. C'est a elle qu'il faut rappor- ter le pteropus leporinus d'Erxleben et vraisemblablement la chauve-souris roug^àtre de d'Azara. Son pelage est d'un fauve jaunâtre, avec une bande blanchâtre, qui règne tout le long du dos. Si la c]iauve-souris de d'Azara, citée plus haut, doit lui être rapportée, cette espèce habiteroit le Paraguay. La troisième espèce, distinguée aussi par M. Geoffroy, est son NocTiLioN a ventre blanc. Celle-ci, d'une couleur roussàtre sur les parties supérieures de son corps, ne diff"é- »2o NOC reroit guère du noctilion unicolore , que par la couleur blanche de son ventre. Enfin, si des caractères pris des différences de couleur dans le pelage, telles que celles que nous avons lait remarquer dans les trois chauve-souris ci-dessus mentionnées, suffisent pour distinguer des espèces, ne se pourroit-t-il pas que le vesperlilio leporinus , var. G> du Pérou, de Pennant, dût être considéré aussi comme une espèce distincte, caractérisée par la couleur brune de sa tête et de son dos, et la teinte cen- drée de son ventre ? (Dbsm.) NOCTILION DOGUE iMamm.) Dans son Catalogue des mamniirères de la collection du Muséum d'histoire naturelle, M. Geoffroy avoit donné ce nom à une chauve-souris , qu'il désigne maintenant par celui de Molosse Mulot - volant. ( Desm. ) NOCTILION LEPTURE. {Mamm.) Dans le même ouvrage M. Geoffroy avoit ainsi appelé le Taphien lepture. (Desm.) NOCTILION LIÈVRE. (Mamm.) C'est le même animal que le Noctilion unicolor. Voyee ci- dessus. (Desm.) NOCTILUQUE, Noctiluca. {Arachnod.) Genre voisin des béroés, établi par M. Suriray, médecin au Havre, pour un très -petit animal gélatineux , transparent, sphéroïdiil, pa- Toissant enveloppé d'une membrane parsemée de nervures très- fines avec une seule ouverture infundibuliforme, d'où sort une espèce d'appendice filiforme. II n'est pas plus gros que la tête d'une petite épingle ; sa forme est sphérique ; mais dans ses contractions il prend quelquefois celle d'un rein : sa diaphanéité est parfaite. L'espèce d'appendice fili- forme qui sort de l'ouverture paroit tubuleux et disparoît quelquefois par les contractions; il esta côté d'une sorte d'œ- sophage en entonnoir. L'intérieur de l'animal contient sou- vent de petits corps ronds, groupés, que M. Suriray regarde comme les corpuscules reproducteurs: son extérieur n'offre que des vaisseaux très-fins, formant par leurs ramifications une espèce de réseau. M. Suriray a observé ce noctiluqueau Havre dans les eaux du port et des bassins , qu'il rend lumineuses par sa phosphorescence, et quelquefois en si grande quantité, qu'il en résulte une croûte assez épaisse à la surface de Peau. M« 13osc pense que ce n'est qu'une espèce de monade; mais. NOC 121 H'aprés ce que j'ai vu moi-même avec M. Suriray , c'est évi- demment un animal de la famille des béroés. Outre cette espèce , que M. Suriray nomme la N. miliaire^ N. miliaris , d'après sa grosseur, M. de Lamarck pense que le gleba , figuré dans l'Enc. niéth., pi. 89, fig. 2,0, pourroit bien être une autre espèce de ce genre, sans appendices. Ce nom de NocTir.uyuE, Noctiluca , a aussi été employé pour désigner une espèce de néréide extrêmement petite, qui se trouve, à ce qu'il paroit, dans toutes les mers et dont la phosphorescence est très-vive. (DeB.) NOCTLT. {Bot.) Voyez Nuchti. (J.) NOCTUA. ( Ornith.) Ce nom latin , que les ornithologistes ont appliqué à différentes espèces de rapaces nocturnes, forme, dans le Système des oiseaux d'Egypte et de Syrie, un genre particulier, auquel M. Savigny a donné pour principaux ca- ractères un bec épais, très-court, brusquement incliné, con- vexe en dessous; la cire très- renflée sur les narines et comme gibbeuse de chaque côté; les narines écartées, très-petites, parfaitement rondes, tournées en devant; la mandibule infé- rieure ayant deux échancrurcs marginales vers le bout ; la langue épaisse, obtuse, pourvue de deux côtes en dessous ,- l'ongle intermédiaire sans crénelures; la tête sans aigrettes. La chevêche, strix passerina , Linn. , est de ce genre. (Ch. D.) NOCTUELLE , Noctua. {Entom.) Genre d'insectes lépidop- tères , à antennes en soie, moins longues que le corps; à ailes non étendues, en toit voûté dans l'état de repos, et que nous avons rangé dans la famille des Chétocères ou Séticornes. Le nom de noctuelle, en latin noctua , a été emprunté par Fabricius à Pline, qui l'emploie pour indiquer un oi- seau de nuit, probablement le chat-huant, dont il décrit les combats avec les petits oiseaux , qui semblent se réunir pour s'en moquer pendant le jour. Linnœus plaçoit les noctuelles avec les phalènes. Devillers et Gmelin , ont adopté la division établie par Fabricius, et quoique la plupart des entomolo- gistes aient subdivisé le genre Noctuelle; il comprend encore la plupart des espèces que Fabricius y a rapportées. Il est, en effet, très - naturel , et réunit beaucoup d'espèces, qui eut entre elles la plus grande analogie, et par leurs larves NOC et par leurs métamorphoses, ainsi que par les habitudes et les mœurs des insectes parfaits. Voici comment les noctuelles diffèrent de la plupart des genres des Lépidoptères de la même famille. D'abord des Phalènes et des Ptérophores , qui portent les ailes étalées pres- que à angle droit sur le tronc dans Tétat de repos; puis des Teignes et des Lithosies, qui les ont alongées et disposées en manière de fourreau sur toute la longueur de l'abdomen; des Cramhes, qui ont leurs ailes formant un triangle plan non voûté, et des Pyrales , chez lesquelles les ailes sont tronquées en arrière, arrondies à la base en manière de chape; enfin des Alucites, qui ont les antennes plus longues que le corps et quelquefois dix fois plus longues. (Voyez l'article Chéio- cÈREs, tom. VIII, pag. 441 et les planches 42 et 43 de l'atlas de ce Dictionnaire.) Le genre des Noctuelles est très-nombreux en espèces, qui, comme nous l'avons dit, ont enfrc elles la plus grande analogie. Leurs chenilles varient cependant par le nombre des pattes; la plupart en ont seize, quelques-unes ont le corps ras; mais beaucoup ont des poils plus ou moins longs, Cet(e différence dans les tégumens ne paroît pas en entraîner d'aulres pour ces insectes sous l'état parfait. Cependant celles qui ont le corps nu , s'enfoncent le plus souvent dans la terre pour y subir leurs métamorphoses dans un cocon moins solide, tandis que les autres se filent un follicule, dans l'épaisseur duquel elles font entrer les poils roides qui recouvroient leur peau, et qui, pour la plupart, deviennent ainsi un moyen de protection. Sous l'état parfait, les noctuelles ont les ailes inférieures plissées en longueur au bord interne, lorsqu'elles sont en re- pos, et l'on voit, comme dans un très-grand nombre de pa- pillons de nuit, à leur bord externe une sorte de crin ou de soie roide, qui s'accroche sur le bord interne de l'aile supé- rieure pour ne faire de ces deux parties, pendant le vol, qu'un seul plan, qui résiste beaucoup mieux à l'air. Les principales espèces de ce genre sont les suivantes : 1. Noctuelle fiancée , Noctua sponsa. C'"est la lichenée rouge de Geoffroy, tom. 2. n.° 82, pag. i5o. Car. Ailes supérieures grises, alignes transversales brunes, NOC 125 ondulées; les inférieures rouges, à deux bandes noires; corps gris cendré. Cette belle noctuelle se trouve vers l'automne appliquée dans le jour contre les murs ou le tronc des arbres; sa cou- leur étant grise, on ne la distingue bien que lorsqu'elle vole: alors le rouge de ses ailes inférieures la fait bientôt remar- quer. Elle vole comme en bondissant, et il est difticile de l'atteindre lorsqu'elle n'est point arrêtée. Elle provient d'une chenille grise, à seize pattes, dont la tête est bleuâtre; le dos verruqueux. Elle se file un cocon lâche, qu'elle recouvre de deux ou trois feuilles encore atta- chées sur leur pétiole. 2. Noctuelle du frêne, N. fraxini. La lichenée bleue de Geoffroy. Car. Grise; à ailes supérieures grises, ondulées de bru- nâtre; les inférieures noires, avec une large bande bleue. 3. Noctuelle des noces, N. pronuba. La phalène hibou de Geoffroy, tom. 2, pag. 146, n.° 76. Car. Ailes supérieures grises, chacune avec deux taches noires; les inférieures d'un jaune doré avec une large bande noire vers le bord libre. 4. Noctuelle dorée, N. clujsitis. Volant doré, Geoffroy, n.° 97. Car. Ailes grises; les supérieures à deux larges bandes transverses, glacées d'or brillant pâle; tête, antennes et de- vant du corselet, jaunâtres. 5. Noctuelle gamma, N. gamma. C'estle lambda de Geoffroy, n." 92. Car. Ailes supérieures d'un gris brun, marquées chacune d'un caractère blanc ou jaune , figurant un y ou un A. 6. Noctuelle méticuleuse , JV. meticulosa, Geoffroy, n." 84. Car. Ailes supérieures rougeâtres, à bord postéi'ieur den- telé; une tache en triangle sur le bord externe. 7. Noctuelle psi, N.psi, Geoffroy, n.° 91, pag. i55 du tom. 2. Car. Ailes d'un gris blanchâtre ; les supérieures marquées de plusieurs lignes noires, ayant la forme du caractère 4- 8. Noctuelle du bouillon blanc, N. verbasci. C'est la striée brune du vérbascum àe Geoffroy, u.° 9-6. 'M NOC Car. Ailes supérieures étroites, d'un gris brun, avec des lignes longitudinales brunes. Sa chenille, qui vit en société sur le verbascum , est rase, d'une teinte jaune, avec des taches et des points noirs ré- guliers. 9. Noctuelle du pied d'alouette, N, de-Iphinii. C'est l'espèce décrite par Geoffroy, n.° 109, sous le nom d'incarnat. Nous l'avons fait figurer dans l'atlas de ce Dictionnaire , sous le n.° 2 de la planche 42. Car, Les ailes supérieures d'une teinte rouge violette , avec deux bandes plus pâles ; les inférieures sont roses. (C. D.) NOCTUÉLITES. (Entom.) M. Latrcille a désigné sous ce nom une tribu d'insectes lépidoptères de ceux qu'il nomme nocturnes, et parmi lesquels il comprend entre autres le genre Noctuelle. (CD.) NOCÏULE. (Mamm.) Nom donné par Daubenton à une espèce de Ves?ertilion des environs de Paris. (Desm.) NOCTUO-BOMBYCE ou FAUX BOMBYX. (Entom.) On trouve ce nom dans le troisième volume du Règne animal , employé par M. Latreille pour désigner une tribu de lépi- doptères nocturnes, qui ressemblent aux bombyccs par le port, et aux noctuelles par la langue; tels sont les bomhjces chrjsorrhea, caja, jacobeœ , que M. Latreille distribue dans ses genres Arctie et CaUimorphe. Voyez Bombyce. (C. D.) NOCTURNES [Fleurs], {Bot.) : qui restent ouvertes pen- dant la nuit et se ferment pendant le jour; telles sont celles de la belle-de-nuit , du géranium triste, du silène noctijlora, du convolvulus purpureus , etc. (Mass.) NOCTURNES. (Entom.) M. Latreille a désigné sous ce nom, dans le troisième volume du Règne animal, par M. Cuvier, l'une des familles des lépidoptères qu'il partage en diurnes, en crépusculaires et en nocturnes. Chacune de ces familles correspond aux trois genres principaux établis par Linnaeus; savoir: les Papillons, les Sphinx et les Phalènes. Voyez dans ce Dictionnaire l'article Lépidoptères, tome XXIII. (C. D.) NOCTURNES. ( Ornith. ) Les oiseaux nocturnes propre- ment dits, ou nyctérins, sont les hibous elles chouettes, strix , NOD 125 qui ne chassent que la nuit, leurs yeux étant offusqués par une lumière trop vive; mais il en est d'autres, comme les en- o^oulevens , qui ne cherchent aussi qu'après la chute du jour les phalènes, les sphynx, dont ils se nourrissent. Lçs divers ordres d'oiseaux offrent des espèces plus ou moins crépusculaires. Tels sont, parmi les échassiers, les cigognes et les grues, qui volent habituellement pendant la nuit; les râles, les courlis, les bécassines, etc., qui se plaisent à chercher alors une nourriture que probablement ils ne trouveroient pas aussi abondamment pendant le jour. Parmi les gallinacés, il en est de même des tétras , des coqs de bruyère , de certains faisans ; et de pareilles habitudes se retrouvent chez divers merles, chez les cincles et d'autres passereaux. On sait aussi que les rossignols font de préférence entendre leurs chants le soir ou le matin. ( Ch. D. ) NODDE-KRIGE. {Omith.) Ce nom et celui de nodde-slcri- ger sont donnés, par les Danois et les Norwégiens , au casse- noix, coryus caryocatacles , Linn. (Ch. D.) NODDI. (Ornith.) Ce nom, qui est écrit nodie et nodUie dans certaines relations, désigne une espèce d'hirondelle de mer ou sterne, sterna stolida , Linn., laquelle est figurée dans les Planches enluminées de Bufïbn , n.° 997 , et paroit , à M. Cuvier et à M. Vieillot, susceptible de former une section particulière, à cause de l'égalité de ses pennes caudales et de la saillie inférieure de son bec droit. (Ch. D.) NODIE. {Omith.) Voyez Noddi. (Desm.) NODOLARA. {Bot.) Imperato figure et nomme ainsi une plante marine du genre des ceramium , difficile à déterminer, ( Lem. ) NODOSAIRE, Nodosaria. {Conchyl.) M. de Lamarck, dans la nouvelle édition de ses Animaux sans vertèbres, tom. 6 , p. SgS , a proposé de séparer de ses Orthocères quelques petits corps organisés en forme de baguettes, que Linné confondoit dans son genre Nautile , et qui se trouvent fort abondamment dans les sables de la mer Adriatique. Quoique je doute un peu de la nature de ces prétendues coquilles, qui pourroient bien n'être que des baguettes d'oursins, comme cela me pa- roit certain pour la Nodosaire baguette, figurée dans les planches des fossiles de ce Dictionnaire, je rapporterai ley 126 NOD caractères que M. de Lamarck donne à son genre Nodosaire : Coquille alongée, droite ou un peu arquée, subconique par le renfleuient des loges, à nodosités globuleuses trés-lisses. Loges formées par des cloisons transverses, perforées soit au centre, soit près du bord. Ainsi ce genre ne différeroit des Orthoccres du même conchyliologiste, que parce que les no- dosités sont lisses. Il ne renferme dans l'ouvrage cité que trois espèces : La N. RADICULE, N. radicula; Naut.radicula, Linn., Gmel. , Enc, pi. a65, fig. 4, a, h, c. Petite coquille de deux lignes de longueur environ, droite, oblongue, atténuée, à nodosités globuleuses très - glabres .; le siphon sublatéral. De la mer Adriatique. La N. DENTALiNE, JV. dentalina, de Lamck. Coquille alongée, subulée , légèrement arquée ; les articulations peu renflées et glabres. Patrie? La N. siPHONCULE, N.siphunculus ; Naut. siphunculus , Linn., Gmel., Gualt. , Test., tab. 19, fig. R, S. Coquille alongée, droite, les articulations cylindriques, distantes. De la Médi- terranée; détroit de Messine. On pense généralement que ce genre est voisin des Ortho- cÈREs. Voyez ce mot. (DeB.) NODOSAIRE. (Foss.) Voici les espèces que nous connois- sons à Fétat fossile et qui ont été trouvées dans les couches de la craie, ou dans celles qui sont plus nouvelles que cette substance. NoDOSAiRE FRAGILE ; Nodosariu fragilis , Def. , Vélins du Mus., n." 48, fig. i3. Coquille alongée et pointue, légère- ment courbée au sommet, et noueuse à cause du renflement des loges qui la composent. La petitesse de cette espèce n'a pas permis d'apercevoir le siphon qui doit traverser les cloisons; mais nous sommes presque certains qu'il existe. On n'en trouve que des débris, dont quelques-uns sont compo- sés de six à sept loges, et qui n'ont que deux lignes de lon- gueur : on voit sur quelques-uns de très-légères cannelures. On la trouve à la montagne de Saint- Pierre de Maëstricht. Nodosaire radicule; ISodosaria radicula, Lamck., Encycl. méthod., pi. 465, fig. 4. On trouve aussi dans la montagne de Saint-Pierre des portions de coquilles qui parroissent se rap- NOD 127 porter à cette espèce , qui a été décrite dans l'ouvrage de M. de l,. 255 , pi. 1 , a, fig. 8) sous le nom de tuyau vermiculaire testacé à quatre pans; et comme ii pense qu'il est cloisonné, il le place dans les polythalames, non loin des bélemnites, avec les carac- tères suivans : Coquille libre, univalve, cloisonnée, droite et à sommet contourné; bouche treflée ou festonnée, hori- zontale; cloisons coniques, festonnées et percées par un si- phon central. Comme nous n'avons vu ni le Nogrobe vermi- cuLÉ , N. vermicularis , de Knorr, ni celui beaucoup plus grand que Denys de Montfort dit provenir d'Amboine , il nous est impossible d'assurer que ces caractères soient exacts. Toutefois, d'après la figure du premier, cela ressemble assez peu à une véritable polythalame. (De B. ) NOGUERUELA. (Bot.) On nomme ainsi un titimale , eu- phorbia chamœsjce , aux environs de Salamanque, suivant Clusius. (J.) NOIR. {Bot.) Les agriculteurs donnent ce nom à une sorte de rouille qui attaque les moissons , que M. De Can- dolle a reconnu être produite par une espèce de champignon épiphyte, puccinia graminis. Voyez Puccimia. (Lem.) NOIR ANIMAL. {Chim.) Dans les arts on donne ce nom au 35. 9 i3o jNOI charbon animal, qu'on obtient en général eu chauflant an rouge blanc des os en vase clos. Voyez Charbon animal, tom. Vin, pag. iSi. (Ch.) NOIR -AURORE. {Ornith.) L'espèce de gobe-mouches d'Amérique, nommée petit noir- aurore, est le muscicapa ru- ticilla, Linn. et Lath. (Ch. D.) NOIR-BLEU. (Ornith.) C'est l'oiseau-mouche Bancroft . frocliiius cyanoruelas , Gmel. (Ch. D.) NOIR-BOUILLARD. (Ornith.) L'oiseau ainsi appelé dans le département de la Somme est le chevalier brun, scolopax fusca, Linn.; pi. enlum. de Buffon, n.° 876 , ou barge brune, totanus fuscus , Vieill. (Ch. D.) NOIR DE FUMÉE. (Chim.) Toutes les fois que des matières organiques , particulièrement des matières résineuses ou grasses, étant réduites en vapeur, éprouvent une combustior\ incomplète, elles déposent une matière noire, qui est appelée noir de fumée. Le noir de fumée est formé de carbone et (i"une très-petite portion de matière huileuse , que l'alcool lui enlève. (C.'i.) NOIR D'IVOIRE. (Chim.) On l'obtient en chauffant au rouge, dans des vaisseaux clos, de l'ivoire, des dents et même des os compactes : le résidu noir, réduit en poudre fine et lavé à l'eau chaude, est le noir d'i^'oire, qui est employé en peinture. Voyez tom. VIII, pag. 181. (Ch. ) NOIR - MANTEAU. (Ornith.) L'espèce de goéland qui porte ce nom, est le larus marinas, Linn.; pi. enlum. de Bufion, n.° 990. (Ch. D. ) NOIR- SOUCI. (Ornith.) Cette espèce de gros -bec est le loxia lonariensis , Lath. (Ch. D.) NOIR VEINÉ. (Bot.) Paulet désigne ainsi le fangus lacerlus de Steerbeck (tab. 20, fig. 6), espèce d'agaricus qui nous est peu connue , bien qu'elle paroisse avoir été mentionnée par les Bauhin, l'Ecluse, etc. ( Lem. ) NOIRA. (Ornith.) Ce nom, qui s'écrit aussi noyra, désigne dans Clusius l'espèce de perroquet vulgairement appelée lori- noira , qui est représentée sur la Planche enluminée de Buf- fon. n.° 216, psittacus garrulus, var. Lath. (Ch. D.) NOIRAUD. (Ichthyol.) Nom spécifique d'un Acanthure. Voyez ce mot. (H. C.) NOI i3i NOIRET. (Bot.) Voyez Oreille de nouret à l'article Oreille. (Lem.) NOIRPRUN. (Bol.) Nom vulgaire du nerprun purgatif. Voyez Nerprun. (L. D.) NOISETIER. {Bot.) Voyez Coudrier, tom. XI. png. 164. (L. D.) NOISETIER DE S. DOMINGUE. {Bot.) C'est I'Omphalier. Voyez ce mot. ( Lem. ) x^ïOISETTE. (Bot.) Fruit du coudrier commun. ( L. D ) NOISETTE. (Bot.) Fruit composé dune cupule et d'une carcérule ; boîte péricarpienne toujours close. Voyez Caly- BioN. (Mass.) ' NOISETTE. (Conchyl.) Nom vulgaire d'une coquille du genre Bulime. (Desm.) NOISETTE D'INDE. (Bot,) Voyez Arec. (Lem.) NOISETTE NOIRE. (Bot.) Petit agaric décrit par Paulet (Trait., 2, p. 226, pi. 106, tig. 1 à 6), et du groupe qu'il nomme les petits chapeaux, de la fcimitle des serpentins soli" taires. Le chapeau de ce champignon est couleur de noisette; les feuillets sont bruns et finissent par devenir entièrement noirs; le stipe , long de deux à quatre pouces et contourné, n'a qu'une à deux lignes de diamètre. Ce champignon n'est point mal-faisant, cependant il n'a rien d'agréable au goût ni à l'odeur. (Lem.) NOISETTE DE TERRE. {Bot.) Voyez Arachide. (Lem.) NOISETTIA. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs irrégulières, delà famille des xiolacées ^ de la pentandrie monogynie de Linnaeus, offrant pour caractère essentiel : Un calice irrégulier, persistant, décurrent sur le pédoncule, à cinq divisions profonles; cinq pétales très-inégaux, persis- tans, le supérieur très- grand, rétréci, presque onguiculé à sa base et prolongé en un long éperon ; cinq étamines al- ternes avec les pétales, persistans ; les anthères libres; les deux supérieures munies à la base de très-longs appendices; l'ovaire supérieur sesslle , uniloculaire , polysperme; un style; une capsule trigone, à une seule loge polysperme, à trois valves; un placenta dans le milieu de chaque valve. Ce genre a été établi par M. Kunth pour séparer des vio- lettes plusieurs espèces, lesquelles, réunies à quelques ^32 NOI autres , découvertes dans l'Amérique méridionale par MM. de Humboldt et Bonpland, forment un petit groupe particulier sous des caractères communs. Ce genre diffère des ionidium par la corolle munie d'un éperon et par deux des étamines appendiculées. Il renferme des arbrisseaux à tige grimpante, à feuilles alternes , munies de stipules. Il est consacré à M. Louis Noisette , aux talens duquel la science est redevable de beaucoup de végétaux exotiques cultivés dans ses riches pépinières. NoisETTiA A FEUILLES DE BOURDAINE; Noiscttia frangulœfoUa , Kunth in Humb. et Bonpl. , JVov. gen. , vol. 5, pag. 384, tab. 49g, a, h. Arbrisseau grimpant, divisé en rameaux cylin- driques et pubescens, garnis de feuilles alternes, pétiolées, longues de deux pouces, entières ou à peine denticulées, légèrement pubescenles , munies de deux stipules subulées , plus courtes que le pétiole ; les fleurs sont un peu pédoncu- lées, axillaires, ramassées par paquets, à peine plus longues que les pétioles, accompagnées de bractées subulées , un peu pubescentes; le calice est glabre, à folioles lancéolées, pres- que égales, appliquées contre la corolle; celle-ci est glabre ; le pétale supérieur en spatule, échancré au sommet, très- grand , canaliculé à sa partie inférieure et prolongé en un éperon obtus ; les pétales latéraux sont ciliés vers leur som- met ; les appendices des étamines renfermés dans l'éperon ; l'ovaire est arrondi, pubescent et soyeux. Cette plante croît dans les Andes, au Pérou. NoisETTiA A LONGUES FEUILLES : Noisettîa longïfoUa , Kunlh , /. c. , tab. 499? ^y fig- 2; Viola longifolia, Poir. , Encycl. , Suppl. , pag. 649. Espèce remarquable par la grandeur et la longueur de ses feuilles , par ses petites fleurs à longs éperons. Ses tiges sont ligneuses, divisées en rameaux droits, roides , tortueux , striés , raboteux , glabres , verdàtres , garnis de feuilles alternes , pétiolées, alongées , lancéolées, glabres, membraneuses, finement dentées en scie, longues de quatre à cinq pouces , larges d'un pouce et demi ; munies de petites stipules presque filiformes. Les fleurs, solitaires, blanchâtres, inclinées, quelquefois réunies plusieurs en- semble dans l'aisselle des feuilles , ont les pédoncules courts; le calice glabre, fort petit; l'éperon subulé, au moins de la NOI i55 longueur des pédoncules. Cette plante a été découverte à Cayenne. NoisETTiA DE l'Orénoque; Noisctlia orinocensis , Kunth, l. c. Cette plante est très -rapprochée du viola hybanthus d'Au- blet. Ses tiges sont grimpantes; ses rameaux ligneux , angu- leux, un peu pubescens; les feuilles alternes, pétiolées , ovales , oblongues , aiguës , obtuses à leur base , membra- neuses, légèrement dentées en scie, glabres en dessus, pu- bescentes en dessous; longues d'environ deux pouces; les fleurs axillaires , solitaires ; les folioles du calice lancéolées ; les pétales blancs, inégaux, dont le supérieur ovale, on- dulé à ses bords , prolongé en un éperon tubulé , en bourse, pendant, plus long que le pétale; les pétales latéraux droits, oblongs ; les anthères presque sessiles, conniventes, termi- nées par une membrane d'un jaune de safran ; l'ovaire est ovale ; le stigmate épais. Cette espèce croit aux lieux humi- des, dans les missions de l'Orénoque. (Poir.) NOISILLIER. {Bot.) L'un des noms du noisetier ou cou- drier. (L. D.) NOITIBO. (Ornith.) Les Portugais nomment ainsi Tibijau ou engoulevent du Brésil, caprimulgus brasilianus , Liun. (Ch. D.) NOIX, l^ux. (Bot.) On donne en botanique ce nom à une coque osseuse recouverte d'un brou. Tel est le fruit du noyer, qui, primitivement, jouissoit seul de ce nom, appliqué en- suite à tous les fruits qui présentent le même caractère. Il avoit aussi été donné vulgairement à des fruits de plantes très - différentes entre elles, comme la noix muscade, mj'- ristica; la noix de ben , moringa; la noix de coco, cocos; la noix vomique, strychnos ; la naix de serpent, thei>etia. Le datura fastaosa a été nommé nux Metella, Le nux mollucana est un jatropha; le nux vesicaria de Flukenet est un hernandia; son nux malabarica et son nux zeylanica sont deux sterculia; le nux medica de Cluytius est le fruit d'un palmier, lodoicea, coco des Maldives. (J.) NOIX. (Bot.) Noyau contenu dans le fruit du noyer. Voyez Noyau. (Mass.) NOIX. (Foss.) Voyez au mot Fruits fossiles. ( D. F.) NOIX D'ACAJOU. {Bot.) Voyez Acajou. (Lem.) '54 NOI NOIX DE BANCOUL. (Bot.) Voyez Bancoulier. (Lem.) NOIX DES BARBADES. (Bol.) Fruit du Médicinier ca- THARTIQUE. ( LeM. ) NOIX DE BÉCINBA. (Bol.) Fruit résineux de Flnde dont l'arbre est inconnu. Il donne une huile employée pour guérir les cancer et certaines maladies. (Lem.) NOIX DU BENGALE. {Bot.) C'est le mirobolan citrir;. (Lem.) NOIX DE CASTOR. (Bot.) Fruit d'un arbre non décrit, qui croît au Sénégal ; il s'emploie contre les contusions. (Lem.) NOIX DE COURBARIL. (Bot.) Voyez Coijrbaril. (Lem.) NOIX DE CYPRES. [Bot.) Fruit du cyprès, qninedififère du strobile ou cône du pin que par sa forme globuleuse. Gaeriner a donné au fruit du cyprès le nom de galbule. ( Mass. ) NOIX D'EAU. [Bol.) C'est le nom du fruit de la màcre flottante. (L. D.) NOIX A Dl AMANS ou BULBEUX A FACETTES DE DI AMANS. {Bot.) Agaric de la famille des bulbeux (voyez Oronge) de Faulet, et qu'il range au nombre des bulbeux mouchetés. Son stipe est bulbeux à la base et plus grand que le chapeau: celui-ci a la forme d'une noix; il est blanc, avec des tubercules roux ou brun fauve; les feuillets sont d'un beau blanc et recouverts d'un voile araneux qui disparoît de bonne heure ; sa chair est tendre, délicate et un peu humide; elle a une saveur aigrelette. Eprouvée sur les ani- maux, elle ne produit sur eux aucun effet sensible. Cette plante, indiquée par Vaillant aux environs de Paris, et figu- rée par Faulet (Champ., a, p. 358, pi. 162), a de l'analogie avec Vagnricus guttatus, SchapflF. , tab. 240. (Lem.) NOIX DU FRÊNE. {Bot.) C'est dans Faulet un champi- gnon noir , dur et orbiculaire , qu'on trouve sur le frêne , (t que Tournefort, Rai, Ruppius et Haller décrivent. Ce champignon paroit être une espèce de bolet. Il est tubé- reux , d'abord mou , puis ligneux et formé de plusieurs couches. (Lem.) NOIX DE GALLE. {Chim.) La noix de galle est particuliè- rement formée d'acide g.'illique , d'une substance jaune, NOl i36 acide, volatile, et d'une substance qu'on a nommée tannin. Voyez Substances astringentes naturelles. (Ch.) NOIX DE GALLE. {Entom.) On nomme ainsi une excrois- sance, produite par un insecte du genre Cynips, sur les pé- doncules d'une espèce de chêne qui croit dans l'Asie mi- neure, et que nous avons fait connoitre au mot Galle, tom. XVIII, pag. 99. Elle est employée principalement en teinture pour colorer en noir, en s'unissant au fer. Bouillie ou ma cérée, elle sert à faire l'encre à écrire. (C. D.) NOIX DE GIROFLE. {Bot.) Voyez Ravenala. (Lem.) NOIX D'INDE. {Bot.) Voyez Cocotier. (Lem.) NOIX ISAGUR. {Bot.) Voyez Fève de S. Ignace. (Lem.) NOIX DE JAUGE. {Bot.) Nom d'une variété à gros fruit de la noix ordinaire. ( L. D.) NOIX DE MADAGASCAR. {Bot.) Voyez Ravenala. (Lem.) NOIX DU MALABAR. {Bot.) Nom du fruit du balanghas. espèce de sterculia ou tong-chu. (Lem.) NOIX DE MARAIS. (BoL) Voyez Anacarde. (Lem.) NOIX DE MÉDECINE ou NOIX DU MÉDICINIER. {Bot.) C'est le fruit du uiédicinier catharctique, dit encore pignon iVInde. (Lem. ) NOIX MÉDICINALE. {Bot.) Voyez Rondier. (Lem.). NOIX DE MER ou NOIX MARINE. {Conchjl.) Les mar- chands de coquilles et les. anciens auteurs de conchyliologie emploient cette dénomination presque comme un nom de genre pour désigner les bulles ; ainsi la Noix de mer ou Grosse NOIX est la bulle ampoule , huila ampulla , Linn. , Gmcl. La Noix de mer alongée n'est qu'une variété de la même espèce; la Noix de mer fasciée n'est qu'une variété de la bulla amplus- tra; enfin la Noix de mer papyracée ou la Noix muscade est la Ijilla phfsis. Voyez Bulle. Il paroît que l'on donne aussi quelquefois le nom de Noix HE MER au pétoncle velu, arca pilosa, Linn., Gmel. (De B.) NOIX DE MÉSANGE. {Bot.) On donne ce nom k une variété de la noix ordinaire dont la coque est mince et très- iragile. (L. D.) NOIX MÉTEL. {Bot.) C'est le fruit du dalura Metel. (L. D.) NOIX DES MOLUQUES. {Bot.) Voyez Noix vomique. (Lem.) ï36 ]VOI NOIX NARCOTIQUE. (Bot.) Fruit de l'Inde, qui donne le délire à ceux qui en uiangent, et qu'on fait entrer dans la composition des emplâtres. L'arbre qui le produit est in- connu aux botanistes. (Lem.) NOIX PACANE. {Bot.) C'est le fruit du noyer pacanier. (L.D.) NOIX DE PISTACHE. {Bot.) On désigne quelquefois sous ce nom le fruit du pistachier. (L. D.) NOIX DE TERRE. {Bot.) C'est un des noms de la terre- noix. (L. D.) NOIX VOMFQUE. {Bot.) Voyez Fève S. Ignace. (Lem.) NOIX VOMIQUES FOSSILES. {Pétrifie.) Fatrin dit que ce nom a été donné par inadvertance à des pierres lenticu- laires ou numismales. (Desm.) NOKTHO, {Ornith.) L'oiseau ainsi appelé parles Siamois est le pélican, pelecanus onocrotalus , Linn. ( Ch. D. ) NOLA-ILY. {Bot.) Espèce de bambou du Malabar, cité par Rhéede. (J.) NOLANE, ISolana. {Bot.) Genre de plantes dicotylé- dones, à fleurs complètes, monopétalées , de la famille des solanées, de la pentandrie mono g j'aie , oflFrant pour caractère essentiel : Un calice persistant , à cinq découpures ; une corolle campanulée , à cinq lobes ; cinq étamines ; cinq ovaires supérieurs , du milieu desquels s'élève un style ter- miné par un stigmate en tête. Le fruit consiste en cinq drupes réunis, ovales, un peu charnus, situés dans le fond du ca- lice , à trois ou cinq loges ( Gaertn. ) ; les semences soli- taires , arrondies, NoLANE ÉTALÉE; ]S olunu prostrata , Linn. fils; Dec, i , tab. 2 ; Lamk., lll, gen., tab. 97; Sabb., Hort. rom, , vol. 1 , tab. 4. Plante herbacée, dont les tiges sont tendres, étalées par terre, lisses, un peu velues vers leur sommet; les feuilles ovales, alternes, presque géminées, pétiolées, tendres, glabres, un peu ciliées; les fleurs bleues, solitaires, axil- laires, portées sur de longs pédoncules uniflores; leur calice est pyramidal , à cinq angles ; à cinq divisions presque en cœur; la corolle plissée, à cinq lobes peu marqués. Cette planle croît au Pérou. On la cultive au Jardin du Roi. NoLANE COURONNÉE; Noluna coronata , Ruiz et Pav., f/or* NOL i37 fer., a, pag. 6, tab. 112, fig. 6. Cette espèce a des racines fusiformes, un peu fibreuses; des tiges couchées, cylindri- ques , très-rameuses , un peu velues ; les feuilles alternes , ovales, en cœur, un peu obliques, luisantes, un peu velues, longues d'environ un pouce et demi; les pétioles plus longs que les feuilles; les fleurs solitaires, axillaires ; les pédon- cules plus longs que les feuilles; le calice a cinq angles; la corolle est trois fois plus grande que le calice , bleuâtre , blanche à sa base ; l'orifice velu ; les drupes sont alongés , en forme de rein , légèrement trigones. Cette espèce croit au Pérou , sur les collines arides et sablonneuses. NoLANE SPATULÉE ; JS olatia spathulata, Flor. Per. , l. c, tab. ii5, fig. a. Cette plante est haute d'un pied, pubescente sur toutes ses parties ; ses racines sont fibreuses ; ses tiges droites; les rameaux anguleux; les feuilles charnues, pétio- lées, géminées, en cœur, obtuses, obliques, un peu sinuées, longues de trois pouces ; les pétioles pileux ; les fleurs pédon- culées, solitaires, axillaires; les calices pentagones, hérissés; les corolles grandes, d'un blanc teint de pourpre, à tube velu en dedans; les anthères bleuâtres; le style est penta- gone. Cette plante croît sur les collines, au Pérou. NoLANE enflée; J<1 ola injlata , Flor. Per., l. c, tab. 112, fig, a. Plante herbacée , dont les tiges sont couchées , lon- gues d'un pied , purpurines , anguleuses , ramifiées ; les feuilles pubescentes, sinuées, ovales; très-entières; les radi- cales ovales, lancéolées, avec un très-long pétiole. Les fleurs présentent , par leur réunion , une panicule terminale et feuillée: les pédoncules sont uniflores , axillaires, plus longs que les feuilles; le calice est ovale, ventru, strié, à cinq découpures ; la corolle d'un blanc violet , trois fois plus longue que le calice; les anthères sont bleues. 11 y a quatre drupes au fond du calice. Cette espèce croît au Pérou , sur les collines sablonneuses. NoLANE ROULéE; N olaua revoluta , Flor. Per,, L c. , tab. ïi3, fig. 6. Plante du Pérou, dont les tiges sont couchées, herbacées, blanchâtres, rameuses, longues de six pouces, anguleuses; les feuilles sessiles, géminées, inégales, un peu épaisses, linéaires, oblongues, obtuses au sommet, aiguës à leur base, longues de six à dix lignes ; les pédoncules courts, ^58 ]\0L solitaires, axillaires, uniflores; le calice est ovale , ventru , il cinq découpures lancéolées : la corolle d'un bleu violet , trois fois plus longue que le calice. (Poir.) NOLI ME TANGERE. (Bot.) Gesner et Columna nom- moient ainsi la balsamine jaune , dont les capsules , au moindre contact, s'éclatent avec élasticité et lancent au loin leurs graines. Linnaeus a adopté ce nom comme spécifique de cette espèce. (J. ) NOUNE, Nolinû. (Bot.) Genre de plantes monocotylé- dones, à fleurs incomplètes, de la famille des alismacées , de Vhexandrie monogjnie de Linnaeus, offrant pour caractère essentiel : Une corolle étalée, à six divisions profondes: point de calice; six étamines ; un ovaire supérieur ; un style très-court; trois stigmates; une capsule trigone , membra- neuse, à trois loges; les semences solitaires, quelquefois deux. Ce genre, établi par Michaux, ne renferme jusqu'à présent que la seule espèce suivante : NoLiNE DE Géorgie; Nolina georgiana, Mich. , Flor. hor. Amer., vol. i , pag. aoy. Plante herbacée, de deux pieds et plus, pourvue d'une bulbe tuniquée , d'où sortent des feuilles dirigées en tout sens, coriaces, très- étroites , linéaires, sèches, gramini formes , striées, longues de cinq à neuf pouces, larges d'une ligne , très-glabres, rudes à leurs bords: les tiges sont droites, rameuses, munies, à leur partie infé- rieure, de quelques feuilles éparses , subulées ; les rameaux lâches, distans, Soutenant des grappes de fleurs agrégées, pédicellées ; la corolle est blanche, petite, à découpures ovales, presque glabres ; les filamens des étamines sont très-courts; les anthères alongées, presque en cœur; les stigmates courts, recourbés, obtus. Le fruit est une capsule arrondie, un peu trigone ; à cloisons bifides : chaque loge renferme une , quel- quefois deux petites semences ovales, creusées en fossette en dessous, convexes en dessus, inégales à leur surface. Cette plante croît dans la Nouvelle -Géorgie. (Poir.) NOM GÉNÉRIQUE. {Bot.) Voyez Théorie fondamentale. ( Mass. ) NOMADE, Nomada. (Entom.) Nom d'un genre d'insectes hyménoptères, à abdomen pédicule; à lèvre inférieure et à mâchoires plus longues que les mandibules, formant une NOM i39 sorte de langue, et, par conséquent, de la famille des Apiaires ou MeJlites. Ce genre, dont le nom a été emprunté du grec No/xaç-Zoç (qui vit au milieu des troupeaux) , a été employé par Fabri- cius pour rapprocher quelques espèces voisines des abeilles et des andrénes ; mais dont le corps est lisse, sans duvet, dont la tête est plus large que le corselet, qui ont le chaperon un peu renflé et un éciisson à points saillans. Nous avons fait figurer une espèce de ce genre à la planche 5o, n.° 7 de Tatlas de ce Dictionnaire. On pourra voir, en comparant cette espèce avec celles de la même famille , repré- sentées sur cette même planche et sur la précédente , comment en effet le genre Nomade diffère de tous les autres compris dans la même tribu. Ainsi les bembèces ont la lèvre supé- rieure tellement développée, qu'elle recouvre, dans l'état de repos, presque toute la bouche; les eucères , les andrénes, les bourdons et les abeilles ont le corps et surtout la tête couverts d'une sorte de duvet ou de poils, tandis qu'elle est lisse et glabre dans les nomades et les hylées ; ces der- nières ayant de plus la tête triangulaire et non arrondie, et le front plat et non renflé. Les mœurs des nomades sont à peu près les mêmes que celles des autres mellifes. Leurs larves sont apodts , alimentées par leurs parens. Sous l'état parfait, l'insecte se nourrit du nectar des fleurs et porte ce suc , ainsi que le pollen, aux larves ou autour des œufs qui doivent les produire. Les no- mades ne se réunissent pas en société. On ne connoit pas de neutres ou de mulets dans ce genre. On croit que quelques espèces déposent leurs œufs dans le nid des autres espèces de la même famille. Les principales espèces de ce genre sont celles que nous allons faire connoître. 1. Nomade cornes-r dusses , Nomada ruficornis. Car. Jaune, tachetée de fouille; à pattes et quatre points surTécusson, de couleur ferrugineuse. 2. Nomade rufipède, N. rufpes. Car. Noire, à écusson jaune, à ventre marqué de chaque côté de deux taches et offrant deux bandes jaunes. 3. Nomade db Roberjot, N. Roberjotiana. ^4o NOM Car. Noire; abdomen à base rousse et à cinq taches blanches. 4- Nomade fardée, N. mîniata. Car. Noire, à pattes, antennes, écusson et quatre bandes ab- dominales jaunes ; premier anneau du ventre de couleur rouge. C'est celle que nous avons fait figurer planche 3o de l'atlas de ce Dictionnaire, sous le n." 7. 5. Nomade jaune, N.Jlava. Car. Noire; à anneaux de l'abdomen jaunes, bordés de noir; antennes et pattes à moitié noires. (CD.) NOMBRIL BLANC. {Bot.) Cet agaric, que Paulet décrit et figure comme espèce nouvelle (Trait, ch. , 2 , i35 , pi. 41 , £g. 1, 2), fait partie de sa famille des jumeaux. Il se ren- contre aux environs de Paris et est aussi bon à manger que le chapeau cannelle , autre espèce de la même famille , dont il diffère par sa couleur blanche et par son chapeau , qui tend à se creuser, en roiservact dans le centre une protu- bérance. On le mange en fricassée de poulet. (Lem.) NOMBRIL MARIN. {Conchyl.) C'est la dénomination sous laquelle les anciens conchyliologues et les marchands d'his- toire naturelle désignent les opercules calcaires épais, spires d'un côté, plus ou moins renflés et tuberculeux de l'autre, qui viennent de différentes espèces de »abols. Quelques espèces de natices portent aussi ce nom. (DeB.) NOMBRIL DE VÉNUS. {Bot.) Nom vulgaire du cotylet ombiliqué. (L. D.) NOMBRILS EN TOUFFE et BAIS GRIS. {Bot.) Espèce d'agaric ombiliqué, qui croît en touffe et qu'on mange en Toscane. C'est un des fungus décrits par Michéli. 11 est d'un roux foncé, avec des feuillets gris de cendre. ( Lem,) NOMENCLATURE CHIMIQUE. {Chim.) Voyez l'article Corps, tom. X, pag. 622. (Ch.) NOMETJES. {Ornith.) L'aigle blanchard de M. Levaillant, falco albescens , Daud» , est ainsi appelé par les Hottentots. (Ch. D.) NOMEUS. {Ichthyol.) Voyez Pasteur. (H. C.) NOMIE , Nomia. M. Latreille a désigné sous ce nom de genre quelques espèces d'andrènes, dont la bouche offre des dimensions de parties différentes, et dont les mâles ont les NON ,4» cuisses et les jambes postérieures courbées, renflées, dilatées; tels sont le lasius difformis de Panzer et le megilla curvipes de Fabricius , insectes de Tranquebar. (C. D.) NOMISMA. {Bot.) Nom d'une des cinq sections établies par M. De Candolle dans le genre Thlaspi. ( J, ) NOMPAREILLE. ( Conchjl. ) Nom sous lequel Geoffroy l'entomologiste a désigné, dans ses Coquilles des environs de Paris, une très-petite espèce de coquille que Linné a appelée turbo perfersus , dontDaudin fait une espèce de clausilie et M. de Lamarck un maillot , genres , il est vrai , très-voisins. (De B.) NONA. {Bot.) Dans un catalogue des plantes de Coroman- del, on trouve sous ce nom une espèce de royoc, morinda, employé pour les teintures jaunes. (J.) NONARIA. {Bot.) Un des noms anciens de l'astragale, cité par Ruellius et Mentzel. (J. ) NONATELIA. (Bot.) Voyez Azier. (Poir.) NONAWA. {Bot.) Le menyanthes njmphoides de Linnaeus, maintenant villarsia de la famille des gentianées, est ainsi nommé au Japon, suivant Kaempfer, qui dit qu'on mange sa racine. (J.) NONBANITOBOU. {Bot.) Nom caraïbe, cité par Surian, du verhesina pinnatifida de Swartz , qui étoit un bidens de Plumier. (J.) NONCA. {Bot.) Ruellius, commentateur de Dioscoride, et Mentzel , citent ce nom ancien de la buglose, anchusœ. (J.) NONDO. {Mamm.) Erxleben cite ce nom tungouse, comme désignant le lynx. (Desm.) NONEA. {Bot.) Voyez Echioïde. (Poir.) NONÉE; Nonea, Mœnch. {Bot.) Genre de plantes dyco- tylédones monopétales, de la famille des borraginées , Juss. , et de la. pentandriemonogynie, Linn., dont les principaux carac- tères sont les suivans : Calice monophylle, à cinq lobes, per- sistant et renflé après la floraison ; corolle monopétale, à tube droit, cylindrique , nu à son orifice , et à limbe partagé en cinq lobes réguliers; cinq étamines cachées dans le tube de la co- rolle et insérées vers son sommet; un ovaire supère, à quatre lobes, du milieu desquels s'élève un style simple; quatre graines ovoïdes , sillonnées sur les bords par des stries parallèles. Les nonées sont des plantes herbacées , à feuilles alternes 142 NON et à fleurs axillaires. Ce genre a été formé aujt dépens des Ljcopsis; on en connoit aujourd'hui une dixaine d'espèces : les deux suivantes croissent naturellement en France. NoNÉE VIOLETTE : ISoncu violacea, Decand, Fl. fr. 3, p. 62^ ; Lycopsis vesicaria, Linn. , Spec. 198. Sa tige est rameuse, couchée à sa base , ensuite redressée , longue d'un pied ou environ, garnie de feuilles oblongu es, éparses, sessiles et demi- embrassantes , écartées les unes des autres, hérissées de poils blancs, roides, peu nombreux; ses fleurs sont le plus sou- vent violettes, quelquefois blanches ou jaunes, brièvement pédonculées et disposées dans les aisselles des feuilles supé- rieures. Les calices , d'abord un peu plus courts que les corolles, prennent de l'accroissement après la floraison, de- viennent, lors de la maturité des graines, environ trois fois plus grands, réfléchis ou penchés, et contiennent quatre graines bossues et noirâtres. Cette espèce est annuelle; elle croît naturellement dans le Midi de la France, de l'Europe, en Barbarie , etc. Cette plante est très -voisine du Grémil des teinturiers (vol. XIX, p. 556), soit par le port général, soit par la forme des graines; mais surtout par l'accroissement que prennent les calices après la floraison , et par la situation réfléchie qu'ils affectent. NoNÉE BLANCHE; IS onca alla, Decand., Fl. fr. 5, p. 420. Les feuilles radicales de cette plante sont oblongues, étalées en une rosette, du milieu de laquelle s'élève une tige divisée dès sa base en plusieurs rameaux droits, alongés , presque simples, hauts d'un pied ou environ. Les feuilles caulinaires sont sessiles, linéaires, pointues, hérissées, ainsi que la tige, de poils épars. Les rameaux se bifurquent dans leur partie supé- rieure et portent six à neuf fleurs unilatérales, de couleur blanche, d'abord serrées et dressées, ensuite écartées et éta- lées lors de la maturation des fruits. Le calice est hérissé, divisé jusqu'à mx)itié en cinq lobes pointus, et il est, après la floraison, beaucoup moins renflé que dans l'espèce précé- dente. Cette plante est annuelle; M. Requien l'a trouvée dans les environs d'Avignon , sur les deux rives du Rhône. ( L. D. ) NONETTE. (Bot.) C'est une variété de froment. (L. D. ) NONFEUILLÉE. {B.ot.) M. de Lamarck , dans l'Encyclo- NON 143 pëdie méthodique, désigne sous ce nom I'Aphyllanthe déjà décrit. Voyez ce mot. (J.) NONIGI. (Bot.) Ce nom japonois est donné, suivant Ka?m- pfer, à deux fumeterres que Thunberg reporte aux fum aria, hulbosa et lutea, qui font maintenant partie du genre Corj' dalis, La fumeterre oflîcinale est nommée karasno-nimsim et singofakf, suivant ce dernier. (J. ) NONIONE, Nonion. (Conchjl,) Genre de coquilles micros- copiques établi par Denys de Montfort (Conchyl. systém. , t. 1 , p. 211) pour le nautilus inorassatus , figuré par Von Fichtel, Test, microsc, p. 38, tab. 4, fig. a, b, c, et que nous avons regardé comme une simple division du genre Len- ticuline de M. de Lamarck , contenant les espèces mamelon- nées, à dos non caréné, à cloisons simples , dont la dernière est ouverte en croissant contre le retour de la spire. L'espèce qui sert de type à ce genre , et que Denys de Montfort nomme le NoNiON souFLK , N. incrassatus , a une demi-ligne de dia- mètre ; elle est blanche et teinte de rose. On la trouve dans les sables sur les bords de la Méditerranée. (De B.) NONNAIN. ( Ornith. ) L'oiseau auquel , suivant Salerne , pag. 4o3 , on donne vulgairement ce nom et celui de nonnain blanche , est le nonn-endtlin des habitans de la Silésie , ou la piette, mergus albellus , Linn. ( Ch. D.) NONNAT. ( Ichthjol. ) Dans plusieurs provinces on dé- signe par ce mot tous les petits poissons d'eau douce qui tombent dans les filets des pêcheurs, et que l'on ne peut em- ployer qu'à faire de la friture et des appâts. Voyez Menli- SAILLE. (H. C.) NONNAT NÈGRE. {Ichthyol.) A Nice on donne ce nom à un stoléphore que M. Risso a dédié à la mémoire de son estimable père. Voyez Stoléphore. (H. C.) NONNETTE. {Ornith.) La mésange cendrée ou des marais, parus palustris, Linn., est l'oiseau que l'on désigne ordinai- rement par cette dénomination, que Belon applique aussi à la bernache , anas erjthropus , Gmel., et le voyageur Gaby, dans sa Relation de la Nigritie, au balbuzard , falco haliœtos, Linn. ( Ch. D. ) NONNO. {Mamm.) Nom tungouse de la marte de Sibérie, ou chorok selon Pallas. (Desm.) M4 NON NONO, NONU. {Bot.) A Ternate, suivant Rumph , on nomme ainsi son folium principissœ , espèce de mussaenda dans la famille des rubiacées. (J.) NONOATELI. {Bot.) Nom galibi, cité par Aublet, de son nonateliaojfficinalis , employé pour le soulagement des asthmati- ques à Cayenne, où il estconnu sous celui d'azier à l'asthme. (J.) NONPAREIL. ( Ornith. ) L'oiseau ainsi appelé est repré- senté, sous k nom de verdier de la Louisiane, sur la i5g.' planche enluminée de Buffon. C est Vemberizaciris de Linnasus et de Latham , dont il est fait mention dans la traduction du Voyage en Amérique de Bartram, tom. 2 , pag. 47 , sous la dénomination de linotte non-pareille, linaria ciris , et la passerine non- pareille, pûsscrin-a ciris, de M. Vieillot. C'est encore le même oiseau que l'on nomme pupe; et M. Descour- tilz, dans ses Voyages d'un naturaliste , tom. 1 , pag. 260, dit aussi qu'on appelle en Amérique non -pareille l'oiseau qu'il désigne lui-même comme une pie-grièche bleue. (Ch. D.) NONPAREILLE. {Bot.) Nom d'une variété de pomme. (L. D.) NOOMENIE. {Bot.) Voyez Melbœjn. (J.) NOPAL. {Bot.) Voyez Cacte. (J.) NOPALÉES. (Bot.) La famille de plantes qui a été présen- tée primitivement sous le nom de cacte* ou cactées, à cause du cactus, son genre principal, a reçu plus récemment celui de nopalées, opuniiacœ, tiré du nopal, opuntia, formant une simple section dans le même genre Cactus. Il auroit peut- être mieux convenu de laisser subsister le premier, plus géné- ral; mais sans rien décider, n'ayant pas donné le caractère de cette famille à l'article Cactées de ce Recueil, nous l'in- sérons ici sous son nouveau titre. Les nopalées font partie de la classe des péripétalées ou di- cotylédones polypétales à étamines portées sur le calice. Ce calice est monosépale, adhérent à l'ovaire, plus ou moins di- visé à son limbe, portant plusieurs pétales en nombre défini ou indéfini. Les étamines, également insérées au calice et en nombre défini ou indéfini, ont les filets libres eut les an- thères droites, ovales, biloculaires. L'ovaire adhérent est simple, uniloculaire , contenant plusieurs ovules insérés sur des placentaires pariétaux : il est surmonté d'un style simple, terminé par un ou plusieurs stigmates, et devient, en mûris- N01> 145 sant, une baie iîsse ou écailleuse, remplie de graines plus ou inoins nombreuses, dont l'embryon est avec ou sans péri- sperme. Les tiges sont ligneuses, élevées en arbres ou arbris- seaux, charnues dans beaucoup d'espèces; sans épines dans les unes, épineuses dans un plus grand nombre; à épines simples ou plus souvent rassemblées en faisceaux. Les feuilles sont tantôt existantes, alternes, et naissant au-dessus des épiiics, tantôt et plus souvent nulles. Les fleurs sont axillaires aux feuilles ou aux épines, solitaires ou en épis. Cette famille a été divisée primitivement en deux sections , que quelques auteurs ont cru suffisamment distinctes pour eu former deux familles. La première, qui ne contient que le genre Groseiller, ribes , et que l'on peut distinguer sous le nom de grossula- riées, est caractérisée par un calice à cinq divisions, autant de pétales et d'étamines, un stigmate bifide, une petite baie garnie intérieurement de deux placentaires pariétaux , oppo- sés et chargés de quelques graines remplies par un périsperme charnu et adhérant chacune par un cordon ombilical, pro- longé de leur hile au placentaire; le périsperme creusé d'une petite cavité opposée au hile et rempli d'un très-petit em- bryon à lobes très-courts et à radicule droite; des tiges en arbrisseaux et toujours feuillées , tantôt sans épines et tantôt épineuses, à épines simples ou divisées. La seconde section , qui renferme les vraies nopalées ou cactées, diffère par un calice à divisions plus nombreuses, quelquefois disposées sur plusieurs rangs, des pétales et des étamines en nombre également supérieur et souvent indé- fini ; un stigmate mnltiiide ; une baie souvent écailleuse, dont les placentaires pariétaux sont plus nombreux ainsi que les graines; un embryon dénué de périsperme, à radicule con- tournée sur les lobes; des tiges ligueuses, ordinairement char- nues et sans feuilles , plus ou moins élevées, de forme très- variée et garnies de faisceaux d'épines ; des fleurs axillaires aux épines. Cette section renferme le genre Cactus de Lin- naeus, formé de la réunion de plusieurs, lesquels ont été se' parés de nouveau par M. Haworth sous les noms de cactus, mammilLaria ,cereu s , opuntia, epiphydlum ^ pereskia et rhipsalis. Ce deniierj établi auparavant par Gœitner, li'a que si:< 35, \o 1^5 . NOP divisions au calice , cinq ou six pétales, douze à seize étamines , une baie semblable aune groseille et contenant peu de graines : il tient le milieu entre les deux sections, mais se rapproche plus de la dernière, à cause de l'absence du périsperme et de ses tiges non feuillées. I.e cactus parasiticus , dont Adanson fait son genre Hariotia, se rapproche encore plus du groseiller par ses divisions du calice, ses pétales et ses étamines, dont le nombre est seu- lement de cinq à huit; son stigmate trifide et sa baie, sem- blable par la forme, la grosseur et la couleur, à une gro- seille blanche ; mais son port , ses tiges sans feuilles et couvertes de faisceaux épars de petites épines, le ramènent encore plus près du cactus, surtout si dans la suite on vé- rifie qu'il manque de périsperme. Le père ski a de Plumier, cactus pereshia de Linnaeus, doit rester 'près du cactus, à cause du nombre indéfini des éta- mines et des divisions des enveloppes florales, ainsi que des écailles qui couvrent ses fruits, mais il tient aussi au gro- seiller par ce même fruit, qui, après la chute des écailles, a la forme et le goût acidulé d'une grosse groseille, qui le fait nommer groseiller dans l'Amérique. De plus, sa tige est ligneuse, non charnue, garnie de feuilles et d'épines seule- ment géminées. De ces observations il résulte qu'il existe une grande affi- nité entre les grossulariées et les nopalées , qu'elles sont liées par des genres tenant aux uns et aux autres par quelques points, et que sans rompre les affinités, elles peuvent égale- ment former deux familles voisines ou deux sections de la même famille. (J. ) NOPALTENCOL. {Gmith.) Fernandez, pag. 44, chap. i5o, et Rai, Appendix , pag. 167, donnent ce nom à un oiseau du Mexique qui est d'un cendré un peu foncé, dont la taille n'excède guère celle de Pétourneau, et dont le bec, alongé , est un peu courbé. (Ch. D.) NOPE. (Ornith.) Un des noms anglois du bouvreuil com- mun, loxia pjrrliula, Linn. (Ch. D.) NOPHRIS, NOPHTA. (Bot.) Voyez Nochta. (J.) NOR. {Orniih.) Nom que porte à Java le lori noira. Voyez NoiRA. (Ch. d.) NOR 147 NORA-MAME. (Bot.) Nom japonols du pois cultivé, cité par Kœmpfer et Thuuberg. (J.) NORANTE, Norantea. (Bot.) Genre de plantes dicotylé- dones, à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des capparidées , de la poljandric monogjnie de Linnœus, offrant pour caractère essentiel : Un calice à cinq divisions pro- fondes, quelquefois plus ; cinq pétales courts ; un grand nombre d'étamines ; un ovaire supérieur; un style très-court; Mn stigmate en tête ; une baie à quatre loges; deux semences dans chaque loge. NoRANTE VIOLETTE :Norafifcai;io/acea, Poir. , Encycl. , Suppl.; Lamk., lU. gen,, tab. 447 ; Norantea guianensis , Aubl., Guian., a , pag. 554, tab. 220; Ascium vioLaceum, Vahl, Egl. , pag. 41. Grand arbre de Cayenne, qui s'élève à la hauteur de quatre-vingts pieds sur un tronc d'un pied et demi de dia- mètre. Ses rameaux sont droits, garnis de feuilles médiocre- ment pétiolées, fermes, alteraes , coriaces, ovales, oblon- gues, glabres, luisantes, longues de six pouces, larges de deux et demi. Les fleurs sont terminales , sessiles , dispo- sées en un épi lâche; chacune d'elles accompagnée d'une bractée longue d'un pouce, rétrécle en un long onglet, termi- née par une poche ovoïde, charnue, d'un rouge de corail. Le calice a cinq, quelquefois six ou sept divisions en forme d'écaillés coriaces, petites, aiguës, bordées de rouge. Les pétales sont violets, courts, aigus; les étamines insérées sur le réceptacle ; les anthères alongées , à deux loges ; le style est très-court; le stigmate en tête. Le fruit est une baie à quatre loges , dans chacune desquelles sont renfermées deux se- mences. ( PoiR.) NORCA. (Bot.) Nom portugais de la bryone, suivant Grisley. (J.) NORD-CAPER , NOREKAPER etNORTH-CAPER. {Marnm.) Une espèce de baleine des mers glaciales a été désignée par ces noms. Voyez l'article Baleine, tom. III, pag.417. (Desm.) NORDWINDS-PIBE. {Oniilh.) Pontoppidan, qui cite cet oiseau dans son Histoire naturelle deNorvvége, tom. 2 , p. 88, dit que sa taille est plus petite que celle d'un étourneau , et présume que ce nom lui a été donné parce qu'on prétend avoir observé que, danslesmomens où le vent dunord soulile, ■' ^8 NOR il fait entendre un bruit qui sembleroit provenir de la sen- sation intérieure que ce vent lui fait éprouver. (Ch. D.) NOREE. (Ornith.) Dans le Vocabulaire de la langue malaie, vulgairement appelée bas-malai, qui se trouve pag. 020 et suivans, du tome i/'in-S.", du Voyage de Parkinson autour du monde, ce mot et celui de loorée désignent un loriot, oriolus. (Ch. D. ) NORFOLK-PLOVER. [Ornith.) L'oiseau ainsi nommé dans la Zoologie britannique est le grand pluvier ou courlis de terre, charadrius adicnemus , Linn. , dont on a formé, depuis, le genre Œdicnemus. (Ch. D. ) jN'ORITE. [Min.) M. Esmark , auteur du Voyage minera- logique en Hongrie, professeur de minéralogie à Christiania, a donné ce nom à une petite formation de roches cristal- lisées, qu'il a cru devoir distinguer des syénites et granités de la Norwége. C'est une dénomination qui est, comme on va le voir , en partie minéralogique , et en partie géolo- gique. Nous allons néanmoins essayer de séparer ces deux considérations. Sous le rapport des caractères minéralogiques, la norite seroit une roche généralement composée de felspath grenu , gris foncé, associé avec de l'amphibole et de la diallage. Elle ne différeroit de la syénite que par la présence de la diallage, et se rapprocheroit de l'euphotide par cette cir- constance. Le felspath y est même quelquefois presque com- pacte et à cassure esquilleuse. La norite a la structure grenue ; elle a été formée par voie chimique ou de cristallisation. Ses grains sont généra- lement petits, très-mêlés , et ses parties assez uniformément répandues. Sa couleur n'est pas uniforme; la couleur domi- nante varie entre le rougeàtre, le noirâtre et le jaunâtre tacheté de noir. Sa texture est peu solide et même friable. Sa structure, souvent fragmentaire, est quelquefois scliis- teuse en grand , et alors la roche devient plus difficile à casser (à Egeroë). Les minéraux disséminés que renferme cette roche, sont le titane ménakanite en petits grains qui paroissent rendre la norite plus friable et plus disposée à la désagrégation.; quel- NOR 149 qtiefois un peu de quarz , quelquefois des paillettes rares de mica, et enfin quelques cristaux de zircon et de grenats (à Ons au-delà du Filefyord ). Tels sont les seuls caractères minéralogiques qu'on puisse extraire de la description de la norite donnée par M. Es- mark, et encore ne doivent-ils pas être pris à la rigueur; car ce minéralogiste, ancien élève d'une célèbre école, suit, dans la détermination des roches, le système de cette école, en les considérant plutôt comme terrains que comme asso- ciations constantes et déterminables de divers minéraux. Aussi l'histoire géognostique de la norite est bien plus étendue et bien plus caractéristique que sa définition miné- ralogique. C'est une roche, dit M. Esmark , qui appartient à la formation du gabbro de M. de Buch. Or, on sait que cette formation renferme les euphotides (granitone des Italiens) , les serpentines et ophiolithes (gabbro des Italiens). Le gabbro de M. de Buch ne seroit qu'un terrain subor- donné dans la grande formation de norite. Ainsi voilà ce nom qui, dans sa considération géognostique, ne s'applique déjà plus à la définition minéralogique que nous avons rap- portée. Il désigne sous cette considération d'abord la norite proprement dite , que l'on regarde bien comme une roche distincte, puisqu'on en donne des échantillons, puis des ser- pentines, des ophiolithes, des euphotides, etc. Lorsque la norite est associée dans le même canton aux ophiolithes (gabbro de M. de Buch), elle se fait reconnoître de loin par un caractère assez remarquable. Toutes les col- lines d'ophiolithes, roche assez dure et compacte, et surtout éminemment magnésienne, sont dépouillées de végétation, absolument nues. Les collines de norites se distinguent au contraire par les végétaux nombreux qui les couvrent. La norite, ou plutôt le terrain de norite, étant du même âge que celui de gabbro de M. de Buch , est placée , ainsi que lui , comme roche indépendante sur les micaschistes , avec de grandes masses d'ophiolithes et de serpentines, comme roches surbordonnées , ce qui établit de grandes relations et de nombreux passages entre ces roches. M. Esmark croit la norite encore plus nouvelle que les ophiolithes et serpentines, même qiie les traumates (Grau- >5o PsOR wache de la nomenclature allemande), et comme appartenant par conséquent à la formation de transition. 'Les lieux de la Norwëge où il cite la norite dans ces diverses circonstances, sont nombreux; nous nous conten- terons d'indiquer les suivans : Sur le continent, à Hitteren : c'est là qu'elle renferme le plus de titane menakanite ; le sable de la baie est rempli de celui qui résulte de la décomjiosition de cette roche. On l'a même voulu traiter comme minerai de fer, mais sans succès. Egeroc appartient entièrement à la formation de norite. La masse principale de la roche est ici un felspath brun, avec une couche mince de diallage brunâtre , passant au jaune , et se rapprochant de la variété nommée bronzit. A Sfavanger la norite finit , le schiste argileux paroît imuiédiafcment ; ensuite et plus à l'est, sur le Lysefiord , la formation de gneiss. A Bergen, les montagnes consistent, comme on le sait, en gneiss; mais quelques îles plus au large sont de norite. A 0ns, au-delà du Filefyord , reparoit la norite avec diallage et grenat; mais elle est tovit à coup remplacée par la chlorithe schistoïde. Cette dernière roche, suivie de schiste argileux et de gneiss, la remplace de même abruptivement à 0ns. A Ringerit , on voit la formation de norite et de serpen- tine isolée enire des montagnes de gneiss et de micaschiste. (B.) NORKA. (Mamm.) Ce nom russe désigne la Marte mink, Muslela liilreola, VaW., Gmel. (Desm.) NORMELLE. {Ornith.) Un des noms vulgaires du merle commun, turdus merula, Linn. (Ch. D.) NORONHIA. (BoL) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, monopétalées, de la famille des jasminées , de la diaudrie monogynie de Linnacus, offrant pour carac- tère essentiel : Un calice fort petit, à quatre divisions; une corolle épaisse, en grelot; deux anthères au fond delà co- rolle, enfoncées dans une cavité; un ovaire supérieur, coni- que, à deux loges, à quatre ovules; point de style; un stigmate; un drupe oblong , renfermant un noyau à deux loges : une seule semence épaisse ; la radicule supérieure ; les cotylédons épais, sans périsperme. NOR i5i Ce genre a été établi par M. Stadman, adopté par M. du Petit-Thouars pour une plante de Madagascar que M. de Lamarck avoit placée parmi les oliviers , sous le nom d'olea. emarginata- mais qui en diffère par ses fleurs et par son fruit. NoRONHiA ÉCHANCRÉE : Noronliia emarginata , Poir. ; Pet. Th., ISov. gen. Madagasc. , pag. 8, n." 24; Olea emarginata, Lamk. , III. gen., tab. 8, lig. 2; vulgairement le Ponei des Indes. Arbre de l'île de Madagascar, de quarante à cin- quante pieds de haut, dont les rameaux sont opposés; les feuilles grandes, opposées, ovoïdes, presque rondes, co- riaces, échancrées à leur sommet, très-entières, à rebords épais , glabres , luisans , à nervures parallèles ; les pétioles très-courts, épais, ligneux. Les fleurs sont disposées en une panicule terminale, peu garnie; le calice est fort petit, à quatre dents aiguës; la corolle assez grande, en forme de grelot, à quatre découpures ovales, un peu aiguës; les fila- mens sont très-courts. Le fruit est un drupe ovale, un peu chagriné, bon à manger, de la grosseur d'une petite noix. (Poir.) NORRIN. (Iclithjol.) Voyez Alvik. (H. C.) NORRKA. ( Min.) Nom indiqué par Cronstedt et par Wal- lerius, comme étant appliqué, en Suède, concurremment avec celui de Murksten au Micachiste granatique , Saxum quarzo , mica et granatis mixtum, Jissile , Wall. Voyez Mica- chiste. (B.) NORRQUINT. (Ornith.) C'est, en suédois, le pinson d'Ar- àennes , fringilla montifringilla, Linn. (Ch. D.) NORTA, (Bot.) Adanson fait sous ce nom un genre du si- symhrium strictissimum, qui a, selon lui, la corolle plus lâche et le disque plus marqué. M. De Candolle en fait le nom d'une de ses sept sections du genre Sisjmhrium , dans la- quelle la même espèce est comprise. (J.) NORTENIA (Bof.); Pet. Th., T^ov. gen. Madagasc, pag; 9, n.° 17. Genre de plantes dicotylédones, h fleurs com- plètes, monopétalées, irrégulières, delà famille des person- nées , de la didjnamie angiospermie de Linnœus, dont le ca- ractère essentiel consiste en un calice d'une seule pièce , presque à deux lèvres, à cinq dents, à cinq angles; une ^52 NOR corolle en masque; la lèvre supérieure bifide; l'inférieure à trois lobes arrondis; quatre étamines didynames; les an- thères à deux loges distinctes; les deux anthères supérieures rapprochées; l'ovaire supérieur, conique; un style courbé à sa base; un siigmate à deux lames; une capsule conique, à deux loges, à deux valves; une cloison parallèle aux valves; les semences petites et nombreuses. D'après M. du Petit-Thouars, ce genre se rapproche des dodartia. Il comprend des herbes de l'île de Madagascar , à tige droite, rameuse; à rameaux alternes, tétragones ; à feuilles opposées, dentées, presque sessiles; à fleurs axil- laires , soutenues par de longs pédoncules. M. du Petit- Thouars en cite deux espèces, sans description, l'une des- quelles a le port du lierre terrestre (glechoma, Linn.), et se rapproche du torenia. (Poir.) NORTHERN PENGUIN. (Ornith.) Nom anglois du grand pingouin, alca impennis^ Linn. (Ch. D.) NORVO. {Bot.) Nom péruvien d'une grenadille , passi/Zora punclata, suivant Cavanilles. (J.) NORWÉGIEN. {Ichthj'ol.) Nom spécifique d'un Holocen- TRE, décrit dans ce Dictionnaire, tom. XXI, pag. 298. (H. C.) NOSCHITA. (Ornith.) Voyez Moschita. (Ch. D.) NOSI. [Bot.) Nom malabare du gatlilier, rjfci , dont il existe plusieurs espèces, distinguées par des prénoms, cara-nosi, hen- nosi , etc. (J.) NOSIAN et NOSIN. (Min.) M. Leonhard a cru rendre hommage aux minéralogistes qui avoient décrit les premiers un minéral comme une espèce nouvelle, en donnant à ces minéraux je nom de ces minéralogistes. 11 a pensé que cet acte de bienveillance l'ibsoudroit du tort, que nous regar- dons comme très-grand, de changer les noms sans nécessité , comme sans droit : sans nécessité, lorsque le minéral est bien déterminé comme espèce , et qu'aucun motif puissant dans la philosophie de la science n'oblige à lui ôter le nom qui lui a été donné; sans droit, lorsque de nouvelles observa- tions propres à mieux faire connoître ce minéral, ne l'ont pas rendu pour ainsi dire la propriété de celui qui, en fai- sant ces nouvelles observations, a réellement fait connoître ce minéral. Nous nous permettons celte plainte dans l'inté- NOS ï53 rét de la science , parce que nous avons reçu un pareil hommage de M. Leonhard , et, si nous lui savons gré de la considération honorable qu'il nous a lémoignée, nous osons l'en blâmer pour avoir contribué à jeter dans la nomencla- ture une profusion de noms qui rendra bientôt la science inabordable. M. Leonhard a donne le nom de Nosin à la subs- tance que M. Nose a décrite sous le nom de spinellane; mais on n'est pas encore sûr que cette substance soit une espèce particulière. Ses caractères géométriques et chimiques sont loin d'être bien connus , et s'il arrive qu'on prouve que ce n'est qu'une variété de néphéline, le nom de Nosin ne peut plus lui rester, et ce nom, recommandable aux minéralogistes, ne pourroit plus désormais être consacré à une véritable espèce, qu'en jetant dans la synonymie une confusion nuisible aux pro- grès de la science. Nous respectons donc le nom donné par M. Nose; et nous croyons que personne n'a le droit de chan- ger le nom de Spinellane, que celui qui aura fait connoître la véritable nature de ce minéral. Voyez Spinellane. (B.) NOSODENDRE, Nosodendron. (Entom.) Ce nom, qui si- gnifie maladie des arbres, a été donné par M. Latrellle à un petit genre d'insectes coléoptères, voisin des dermestes et des nitidules, de la famille des hélocères, de l'ordre des pentamé- rés; telle est la sphéridiefasciculaire. Voyez Sphéridie. (CD.) NOSOROG. (Mamm.) En langue russe les rhinocéros sont ainsi nommés. Ce mot n'est que la traduction du nom de rhinocéros. (Desm.) NOSTOC ou NOSTOCH, Nostochium, Nostocus. (Bot.) Genre de la famille des algues, dont le placement dans la qhaîne des êtres est encore indécis, ayant aussi des rapports avec la classe des animaux infusoires, les polypiers, etc. Ce genre est caractérisé par sa substance ou fronde d'une forme variable, gélatineuse, membraneuse, un peu coriace, vési- culeuse ou aplanie, et contenant une multitude de filamens simples, articulés, semblables à des chapelets mêlés. Les nostocs vivent à terre ou dans les eaux, souvent sans y tenir par aucune radicule. Ils deviennent par la sécheresse cassans, fragiles, et quelque long temps qu'ils soient en cet état, si on les humecte, ils reverdissent, reprennent leur consistance gélatineuse et végètent de nouveau. La même ^M NOS chose a lieu à plusieurs reprises de suite , comme nous l'avons expérimenté sur l'espèce la plus commune, lorsqu'elle n'a pas trop vieillie ; car alors elle finit par pourrir et perdre sa faculté végétative. Cette propriété est cause qu'après les longues sécheresses un peu de pluie suflit pour faire repa- roître les nostocs sur la terre, et faire croire au vulgaire qu'ils sont tombés du ciel. Ce phénomène a paru même si merveilleux autrefois, que l'espèce qui le produit le plus souvent a joui, à cause de cela, d'une célébrité étonnante, qui a fait place depuis à celle que lui a acquise sa nature ambiguë végéto-animale. Les nostocs ont été confondus par Dillenius et Linnaeus, puis par Bulliard, avec les tremella , qui appartiennent à la famille des champignons, avec lesquels ils n'ont de rapports que leur nature gélatineuse; cependant Tournefort, Michéli et d'au- tres auteurs encore, n'avoient point confondu ces plantes. Les nostocs sont vraiment les linkia de Michéli, et nous aurions adopté de préférence ce nom , si les botanistes ne désignoient à présent par linlia un genre de plantes phané- rogames, dédié à M. Link, de Berlin. Le linkia de Michéli rappelle Link, pharmacien de Leipzig, auquel la botanique ne doit rien, tandis que la zoologie lui doit un excellent ouvrage sur les étoiles de mer. Rolh a cependant conservé aux nostocs le nom de linkia : mais il ne faut pas confondre ce linkia avec le linkia de Lyngbye et deBonnemaison , celui- ci étant très-voisin des rivularia, et peut-être doit-il y être réuni. (Voyez Rivularia.) Les nostocs de Vaillant comprennent, outre les nostocs vrais, des tremella et des collema : ces derniers sont des plantes de la famille des lichens, qui ont un tel rapport avec les nostocs, qu'il est difficile de les distinguer à la première vue, surtout lorsque les collema n'ont point de fructification. Dans ces derniers temps plusieurs botanistes ont cherché à prouver que les nostocs n'étoient que des collema. Agardh lui-même , quoiqu'il conserve le genre Nostoc , assure avoir vu son nostoc muscoriim produire des scutelles visibles. Mais d'autres considérations prouvent que ces plantes ne doivent pas être confondues ; et il n'est pas douteux pour nous que le nostoc muscorum d'Agardh ne soit un collema, NOS i55 et le même que le nostoch lichenoides,Va\\ch., Decand. , FI. fr. , qui vit sur les arbres et sur les pierres à la manière des collema. Ant. de Bivona , auquel on doit des observations récentes et comparatives entre les nostocs et les collema, en a conclu que ces deux genres appartiennent au règne animal. Il a vu dans la fronde et les scutelles des collema qu'il a observés, et , après les avoir triturés dans l'eau , des filamens monili- formes , pareils à ceux des nostocs. Dans le collema granulo- sum, ces filamens n'ont que des mouvemens très-lents et fort légers. Enfin, un auteur moderne a cru reconnoitre dans un grand nombre d'espèces de collema , de simples manières d'être du nostoc commun , ce qui doit paroître fort étrange. M. Bory de Saint-Vincent, en classant les nostocs dans ses cahodinées , c'est-à-dire , dans l'une des familles qu'il établit entre le règne animal et le règne végétal (voyez. Psychodiaires), dit positivement que les collema ne sont que des nostocs avec des scutelles : or, comme il est aisé de démontrer l'affinité extrême des collema avec beaucoup d'autres genres de lichens, il en adviendra un jour qu'on sera forcé de rap- porter aussi les lichens à un règne intermédiaire d'êtres am- bigus, véritable chaos quant à présent. Adanson fut le premier qui retira des tremella , Linn. , les nostocs, dont il fit un genre sous ce nom, conservé par Schranck , Vaucher , Girod-Chantrans , De Candolle , Agardh , Lyngbye, etc., appelé nostochium par Link; dénomination qu'il seroit préférable d'adopter à cause de sa tournure latine : Rafinesque propose de mettre nostocus. Les nostocs se couvrent, suivant les observations de Mi- chéli et de Réaumur, de grains petits comme des têtes d'épingles et semblables à de la poussière , qui reproduisent de nouveaux individus , ainsi que Réaumur s'en est convain- cu. Ces grains sont peut-être dus aux globules qui composent les filamens les plus voisins de la surface, et Réaumur, qui le premier a vraiment étudié les nostocs, a observé dans le nostoc commun, que les globules des filamens se séparoient d'eux-mêmes pour former de nouveaux individus , ce que confirment les observations de Girod-Chantrans , de Vaucher et d'Agardh : le premier assure que les filamens se conservent '56 ]S0S immobiles, lorsqu'ils sont renfermés dans leur enveloppe, mais qu'aussitôt qu'ils en sont dehors , les anneaux se dis- joignent en acquérant un mouvement rapide, puisqu'ils se réunissent de nouveau en filamens articulés. Cette dernière circonstance donne du poids à l'opinion des naturalistes qui croient que les globules sont des animalcules : aussi Girod- Chantrans est -il porté à considérer les nostocs comme des polypiers. Le nombre des espèces de ce genre n'est pas très-consi- dérable, sans doute à cause qu'elles ont été peu recherchées. On peut en compter une dixaine : quelques-unes ont été ou sont rapportées aux genres Alcyonidium , Chœtoplwra , Pal- mella, etc. 1. NosTOc COMMUN: N. commune, Vauch., Conf. , tab. 6, fig. I ; Decand. , FI. fr. , i , 3 ; Agardh , Sjn. alg. , pag. i5i ; Tremella Nostoch, Linn., Lamk. , Chantr., Conf., 42, tab. 7, fig. 12; FI. Dan., tab. 885 , fig. 1 ; Engl. Bot., 461 ; Adolph. Hedw. , Comm. de Irem. nost., fig. 1,2; Dill. , Musc, tab. 10, lîg. 14 ; Tremella atro virens , Bull., Champ., pi. 184, et pi. 2, fig. 1; Nostoc, Réaum., Act. acad., 1722, p. 121 j Linkia Nostoc , ^oth. ; Linlcia terres tris , Mich., Gen., tab. 67, fig. 1; Alcj'onidium Nostoc, Lamx. , Thallass., p. 71 ; Nostoc ordinaire, Paul., Tr. champ., 2, p. Sgg , pi. 186, fig. 1,2; vulgairement Nostoc, Crachat de lune, Feuille ou JiUe du ciel OU de la terre, Archée céleste. Perce-terre , Perce-pierre , Beurre magique. Vitriol végétal, Nostoc de Paracelse, Fleur de terre, Écume printanière , Salive de coucou , Crachat de Mai , Tre- melle. Fronde d'abord globuleuse , puis irrégulière , plissée , ondulée, lobée, vésiculeuse ou bulleuse, gélatineuse, trem- blante, d'un vert olivâtre, noircissant par la dessiccation, croissant à terre et n'y tenant par aucune racine. Cette plante paroît, après les pluies et dans les temps humides, dans les champs, les allées des jardins, sur les rochers, dans les prairies, et principalement sur le sable: elle est plus comniune dans le Nord. Elle prend un, deux, trois, et même quatre pouces d'étendue; son épaisseur est d'une à deux lignes. Ce n'est guère que depuis cent vingt ans qu'elle a commencé à être signalée d'une manière à la faire reconnoître. Il est douteux que ce soit vraiment le jXOS 357 nustoc si merveilleusement prôné par Us alchimistes pour opérer la transmutation des métaux en or, ni le nostoc de Paracelse, considéré par lui comme une panacée universelle qu'il portoit toujours dans la pomme de sa canne, précau- tion cependant inutile , puisqu'il n'étoit pas très- âgé lort- qu'il mourut à Strasbourg. Pour composer cette admirablt- panacée , et se procurer par son moyen une vie à jamais durable, les alchimistes donnoient des recettes aussi difficiles à remplir qu'à pratiquer. On peut lire, dans le premier vo- lume des Mémoires de la Société linnéenne de Paris , une dissertation de M. Vallot, qui prouve que le nom de nostoc avoit diverses acceptions, et qu'il désignoit, soit le nostoc commun , soit ces fils que le vulgaire nomme J;7s de la Vierge , qui, en Septembre, voltigent dans l'air et sont produits par de petites araignées, soit d'autres objets. 11 en résulte cependant que tous les noms donnés à ces nostocs sont de- meurés au nostoc commun , et que leur application est justi- fiée par la singulière manière de végéter de cette plante sans racines , et par sa propriété singulière de paroitre avec la pluie et de disparoître parla sécheresse; propriété qui, en lui don- nant une existence surnaturelle, devoit fixer l'attention dans un temps où le merveilleux Temportoit sur l'observation. C'est là une des raisons pour laquelle on a beaucoup vanté le nostoc en médecine, et qu'il est maintenant oublié dans l'art de guérir. On croyoil que son eau , distillée à la simple chaleur du soleil, faisoit croître les cheveux, guérissoit les ulcères, les cancers, les fistules; et que, prise à l'intérieur, elle calmoit les douleurs, etc. Tournefort paroit être le premier auteur qui ait nommé nostoc {nostoc cinijlonum , Tourn.) la plante dont il s'agit, et, depuis lui, elle a attiré Fattention des naturalistes : ceux- ci sont assez embarrassés pour lui assigner une place , soit dans les végétaux, soit dans les animaux. Indépendamment des auteurs que nous avons cités, le nostoc a été encore îe sujet des observations de Ingenhouz, de Fontana, de Corti, de Schreber, de Carradori, qui, fondés sur des observations particulières, sont portés à le chisser dans le règne animal; opinion à laquelle s'est tout-à-fait rangé Antoine de Bivona, de Païenne. Ce savant a observé plusieurs espèces de c î58 NOS genre , et il a reconnu , dans les filamens , des mouvemens spontanés, rapides, plus ou moins irréguliers, décrivant toutes les figures entre la ligne droite et la ligne spirale : dans une espèce, le Nostoc verruqueux (voyez ci -après), tenue sous l'eau pendant huit jours, il a vu un grand nombre d'ani- malcules globuleux, très-agiles, semblables, dit-il, à ceux des infusoires. Plusieurs naturalistes, d'un égal mérite, et dont Topinion peut être une sorte d'autorité, MM.de Lamarck,De Candolle , Agardh , Lyngb3re , Link, etc. , jugent que le nostoc doit rester dans les végétaux ; mais si l'on admet , avec M. Bory de Saint- Vincent , un nouveau règne intermédiaire entre les végétaux et les animaux {psychodiaires , Bory; hydro- néinatées, "VViegm.; nemazoones , Gaill. ), il faudra, comme il l'a fait , y ramener les nostocs. L'analyse que M. Braconnot a faite du nostoc, n'annonce pas une substance animale; il a trouvé sur deux cents parties : Eau 1 8 5 grammes Matière analogue à la gomme de Bassora i5,8 Matière muqueuse ij2 Matière grasse 1 Phosphate et carbonate de chaux [des traces. Muriate et sulfate de potasse. . . ) Tournesol rougi. Le nostoc a une saveur aqueuse, fade, légèrement piquante: ses vertus médicales se réduisent, selon Paulet , à la propriété d'être un peu cosmétique, c'est-à-dire, d'enlever les taches de rousseur et quelques vices de peau , et de déterger les ulcères; pour cet effet on se sert de son eau distillée à une chaleur douce. Nous terminerons ce petit historique sur le nostoc, en rap- portant la singulière opinion de Beckmann concernant cette plante , qu'il croit être produite par des intestins de gre- nouilles mangés et puis rendus par des oies. Lyngbye en a observé une variété solide, d'une couleur de chair passant au vert et au vert de gris. Il l'a recueilli aux iles Féroë sur des basaltes arrosés par l'eau douce. 2. Nostoc a verrues : JV. verrucosum , Vauch. , Conf,, tab. i6, fig. 3 ; Decand., FI. fr. , n." 7 ; Agardh, Sjn. alg., p. i32; Tremella verrucosa^ Linn.; Girod-Chant. ^ Conf. ^ tab. 6, iig. 10, NOS i5y Dill. > Musc, tab. lo , fig. 16 ; Linkia palustris , I.yngb. Fronde d'un vert foncé ou olivâtre, arrondie, tuberculeuse , eu forme de vessie, creuse, plissée et lisse. Cette espèce croit dans les ruisseaux et dans les rivières, fixée après les rochers, par- tout en Europe. Elle a communément un pouce de diamètre, mais elle en a quelquefois plus de deux. Sa peau, en se rompant, laisse sortir une multitude de filamens articulés, dont le dernier anneau est plus grand que les autres, comme dans le nostoc commun. Ces filamens, avant la rupture, sont entrelacés et forment une masse compacte; après leur sortie, la membrane , qui les enveloppoit , devient flottante et prend la forme d'une ulva de la longueur de la main. Cette espèce a servi aux expériences de Bivona , comme nous lavons dit plus haut. 3. NosToc sphérique: N. spliœricum , Vauch., Conf., tab. 16, fig. 2; Agardh , Sjn. alg., p. i53. Sphérique , gros comme un grain de millet ou d'un pois , solitaire ou rap- proché , d'un vert foncé ou d'un vert olivâtre, contenant de petits grains formés par des filamens articulés. On trouve communément cette espèce sur la terre humide, dans l'eau, aux bords des ruisseaux et des rivières. 4. NosTOC EN FORME DE PRUNE : N. pruïiiforme , Agardh , Sjn. alg., p. i34; Lyngb. , Tent. hjdroph. , 201, tab. G8 ; Linkia pruniformis , Roth , Cat. , 3, p. 343; \Jlva pruniformis ^ Linn. ; Weig. , Ohs. bot., tab. 2, fig. 4. Fronde solitaire, sphérique, lisse, olivâtre, coriace, gélatineuse à l'intérieur et remplie de filamens entrelacés. Cette espèce a la grosseur d'une cerise , et se rencontre dans l'eau , attachée aux plantes et aux pierres , sans offrir de racine apparente. Elle croit particulièrement dans le Nord de l'Europe et en Sibérie, selon Pallas. Les habitans de la Sibérie l'appellent leurre d'eau, et l'emploient contre l'enflure des pieds, les gonttemens des yeux et autres maux pareils. Ils appellent heurre de terre, une autre plante, qui croît dans les forêts de sapins humides. Elle est terrestre, d'un brun foncé et a la forme d'un œuf. Le beurre de fourmis , ainsi nommé parce qu'on le trouve quelquefois dans les fourmilières , est une autre espèce analogue , employée, comme le beurre d'eau, contre les douleurs des yeux et toutes les maladies internes. Ces i6o KOT d'eux dernières plantes sont peut-être également des nostocs. On peut voir dans la Flore Françoise, Agardh, 5^m. alg., et Lyngbye, plusieurs autres espèces de ce genre. Paulet réunit sous le nom de nostoc plusieurs plantes cryp- togames de familles et de genres différens , qui se ressemblent par leur forme membraneuse et leur substance molle, hu- mide, tendre et friable. Il les divise en deux familles, les nostocs pellucides et les nostocs opaques. Les Nostocs pellucides sont transparens , yerdàtres et pellucides; il y en a de deux espèces : le nostoc ordinaire,' décrit plus haut, et le nostoc jaune ou trcmeila mesenteri- formis , Jacq. Les Nosrocs opaques ne sont point transparens , et leur substance est plus consistante que celle des précédens: mais leur surface est également lisse et luisante. Paulet n'en dé- crit qu'une espèce, 1'0reille-de-chat (voyez ce nom). Cepen- dant il y rapporte encore son nostoc jaune du genévrier, ou tremella juniperina, Linn.; le nostoc blanc, le nostoc noir et le nostoc de Vaillant, qui sont aussi des espèces du genre Tremella, Linn., de même que les nostocs bruns ou cramoisis de sa Synonymie, Tr, stipitata , W. ; oblonga, W. ; granu- ïala , Linn., etc. (Lem.) NOTACANTHE ou ACANTHONOTE ; Notacanthus , Acan- thonotus. (Ichthjol.) On a donné ce nom à un genre de pois- sons osseux holobranches , reconnoissable aux caractères suivans : Corps et queue Irès-alongés; nuque élevée et arrondie; tèie grosse; nageoire de Vanus très -longue et réunie avec celle de la queue; nageoire dorsale nulle et remplacée par des aiguillons courts ^ gros , forts et dépourvus de membrane. Ce genre ne renferme encore qu'une espèce, c'est le NoTACANTHE NEZ, Notacanthus nasus. Mâchoire supérieure plus avancée que celle d'en bas; ouverture de la bouche située au-dessous du museau, qui est prolongé en avant et un peu arrondi; tête et opercules garnies de petites écailles; dix gros aiguillons sur le dos ; yeux gros ; dents des deux mâ- choires égales , fortes et serrées ; nageoire caudale lancéolée. Ce poisson atteint de grandes dimensions. Une teinte ai- gentine, nuancée de reflets dorés, brille sur tout son corps. INOT i6i qui présente d'ailleurs quinze ou seize bandes brunes, trans- versales , et qui est mis en mouvement par des catopes efc des nageoires de la même couleur. 11 est aussi agile dans ses mouvemens, aussi rapide dans sa natation, qu'il paroîtvorace et hardi. 11 a été figuré par Bloch. Sa manière de vivre est fort peu connue. Voyez Acanthonote dans le supplément du tome I." de ce Dictionnaire. (H. C. ) NOTACANTHES. {Entom.) Sous ce nom M. Latreille dé- signe une famille de diptères, qui comprend les mouches armées ou stratiomyes, dont la plupart ont', en effet, l'écus- son garni de deux ou de quatre épines ; ce qu'indique le nom , tiré du grec, et qui signifie dos à épines. Voyez planche 48 de l'atlas de ce Dictionnaire, figures 5 et 6. (C. D.) NOTARCHE, Notarchus. {Malacoz.) M. G. Cuvier (Règne anim., t. 2 , p. 3gB , pi, 11 , fig. 1 ) a établi sous cette déno- mination un petit genre de mollusques qu'il place auprès des dolabelles. Les animaux qu'il renferme, ont, dit-il, leur man- teau sans coquille et seulement fendu obliquement au-dessus du cou, pour conduire aux branchies, qui ressemblent à celles des aplysies, ainsi que tout le reste de leur organisation. M. de Blain- ville , qui a eu l'occasion d'observer la seule espèce de ce genre, qui provient des mers de l'Isle-de-France, admet que dans le notarche il n'y a pas d'appendices natateurs, comme dans les aplysies, et encore moins de lobe operculiforme pro- tecteur des branchies , qui lui ont paru presque complètement à découvert. Quant à la fente oblique du cou, il lui a semblé que ce n'est autre chose que le sillon de communication des orifices de la génération. (De B.) NOTASPIS. [Entom.) Ce nom , qui signifie dos à bouclier, a été donné par Hermann à Vacarus coleopLralus de Linnœus, dont M. Latreille a fait ensuite le genre Oribate : c'est une sorte de tique. (C. D.) NOTCHETZNOPALLI^ et NOPALNOCHETZLI. (Entom.) Anciens noms mexicains de la cochenille , selon M. Latreille. (Desm.) NOTÉLÉE, Notelœa. (Bot.) Genre de plantes dicotylé- dones, à fleurs complètes, polypétalées , régulières, de la famille des jasminées, de la diandrie monogjnie de Linnseus, offrant pour caractère essentiel : Un calice à quatre dents; 35. li ^6-2 NOT quatre pétales réunis deux à deux à leur base par le moyeu des filamens; deux étamines situées chacune entre deux pétales; les filamens dilatés, portant chacun deux anthères à une loge, adhérentes latéralement aux filamens, s'ouvrant dans leur longueur: un ovaire supérieur, contenant plu- sieurs ovules; point de style; un stigmate bifide; un drupe. NoTÉLÉE A LONGUES FLEURS : Notelœa longifloru , Vent. 5 Choix des pi., pag. et tab. 26 ; Rob. Brown., Nov. HolL , 1 , pag. 5?.3 ; Olea ap étala , Andr. , Bot. repos., tab. 3 16, an Vahl, Enum., 1 , 'pag. 42 ? Arbrisseau toujours vert, des îles de la mer du Sud et de la Nouvelle-Hollande, dont la. tige, droite, très-rameuse, haute d'environ trois pieds, a des ra- meaux opposés, recouverts d'un duvet poudreux ; les feuilles sont pétiolées , opposées en croix , lancéolées , aiguës , entières , un peu ondulées, glabres, coriaces, longues de cinq à six pouces; les pétioles courts; les fleurs disposées en grappes axiilaires, solitaires, simples, très-courtes; les pédicelles op- posés , munis chacun d'une bractée à leur base : ces fleurs sont très-petites, d'un blanc jaunâtre ; le calice est très-court, d'un vert pâle , à quatre dents aiguës , inégales ; les quatrepétale s sont droits, ovales, concaves , aigus , réunisdeux à deux parleur base ; les étamines recouvertes par les pétales ; l'ovaire , glabre , verdâtre, en forme de poire, porte un stigmate de couleurbrune. M. Rob. Brown a enrichi ce genre de plusieurs espèces recueillies à la Nouvelle-Hollande, tels que le notelœa mi- crocarpa, h feuilles linéaires, lancéolées, alongées, presque sessiles, rétrécies à leur base, très-glabres, veinées en dessus, médiocrement ponctuées en dessous; le notelœa punctata , dont les feuilles sont lancéolées , rétrécies à leur base, à peine veinées en dessus, très-glabres en dessous et chargées de points nombreux; le notelœa ovata, à feuilles glabres, ovales, point ponctuées; les découpures du calice égales; le stigmate sessile et entier; le notelœa ligustrina, Vent., l. c, à feuilles pétiolées, étroites, lancéolées, alongées, très -glabres, aiguës, ponctuées en dessous; les veines peu apparentes ; les grappes de la longueur des feuilles. Le rhi' zospe.rmum de Gaertner , fils, Carp. , pag. 232, tab. 224, me paroît se rapprocher beaucoup de ce genre , si toutefois il ne lui appartient pas. (Poir.) NOT i63 NOTENGA , TILO-NAPU. (Bof.) Noms malabares, cités par Rhéede, de la balsamine ordinaire. (J. ) NOTÈRE, Noteras. (Entom.) M. Clairviîle a désigné sous ce nom de genre quelques espèces de dytiques, insectes co- léoptères de la famille des rémipèdes ou nectopodes, qui ont les antennes un peu plus épaisses dans leur partie moyenne; tel est le dytiscus crassicornis, (C. D.) NOÏHERA. (Bot.) Voyez Nochta. (J.) NOTHITE, Nothites. (Bot.) Ce nouveau genre de plantes, que nous proposons, appartient à l'ordre des Synanthérées , à notre tribu naturelle des Eupatoriées , et à la section des Eupatoriées- Agératées, dans laquelle il est immédiatement voisin du genre Stevia. Voici ses caractères. Calathide oblongue, incouronnée, équaliflore, quinquéflore, régulariflore , androgyniflore. Péricline inférieur aux fleurs, cylindracé, formé de cinq squames libres, égales, unisériées, appliquées, se recouvrant par les bords, oblongues- lancéo- lées, aiguës au sommet, foliacées, plurinervées. Clinanthe petit, planiuscule, nu. Fruits oblongs, souvent longs et grêles, plus ou moins hispidules , tantôt pentagones ou subpenta- gones, tantôt subcylindracés , munis de cinq à dix nervures, et d'un petit bourrelet basilaire cartilagineux , annulaire ; aigrette longue, composée de dix à vingt squamellules sub- unisériées, libres, un peu inégales, filiformes, roides, ayant leur partie supérieure plus longue, hérissée de barbellules nombreuses, longues et fortes, et leur partie inférieure plus courte, bordée sur chacun des deux côtés par une petite mem- brane linéaire , plus ou moins étroite. Corolles à tube court; à limbe long, garni de poils en dedans de sa partie indi- vise, et à cinq divisions ovales- oblongues , munies de ner- vures intrà- marginales. Anthères ordinairement incluses, pourvues d'appendices apicilaires scarieux, très -obtus. Style d'eupatoriée. Nous connoissons quatre espèces de ce genre. NoTHlTE A FEUILLES LARGES : N OtllitCS lutifoUa , H. CaSS. ; Eu- patorium melissafoliiiin , Lam. ; Mihania melissœfolia , Willd. Tige herbacée, haute de plus d'un pied (dans l'échantillon incomplet que je décris), épaisse , dressée , rameuse , cylin- drique , striée , pubescente surtout en sa partie supérieure ; i64 NOT feuilles opposées , sessiles ou presque sessiles : les inférieures longues d'environ trois pouces, larges d'enAàron deux pouces, elliptiques, comme triplinervées, à nervures ramifiées, réti- culées ; les bords irrégulièrement dentés en scie , à dents inégales, dissemblables, grandes, obtuses; les deux faces presque entièrement glabres, parsemées d'une multitude de petits points glanduliformcs , jaunes, brillans, transparens , manifestes surtout en dessous ; les feuilles supérieures graduel- lement plus petites ; calathides très-nombreuses, très-rappro- chées , disposées en corymbes terminaux , à ramifications alternes, hérissées de poils courts, capités , probablement glutineux , accompagnées chacune à sa base d'une petite feuille ou bractée; chaque calathide très-courtement pédonculée par les derniers rameaux du corymbe, à pédoncule grêle, accom- pagné à sa base d'une bractée longue, étroite , lancéolée , et portant lui-même une bractée longue, étroite, linéaire; cala- thide longue de près de six lignes et très-étroite ; péricline très- inférieur aux fleurs, un peu pubcscent, formé de squames oblongues-lancéolées, aiguës, trinervées, quiparoissent entre- greffées à la base, et comme articulées sur le pédoncule; fruits longs, grêles, noirs, hispidules, munis d'environ dix nervures; aigrette longue, roussâtre , rougeâtre au sommet, composée de dix à douze squamellules, dont la partie inférieure est un peu laminée, linéaire, et qui semblent entregreffées à la base; corolles probablement purpurines, à tube grêle, à limbe très-peu velu en dedans, à divisions pubescenfes sur la face externe, veloutées sur la face interne; anthères incluses. Nous avons fait cette description sur un échantillon sec, recueilli au Pérou, et conservé dans l'herbier du Muséum. NoTHiTE A FEUILLES ÉTROITES : NothUes angusti/oUa, H. Cass. ; An? Eupatorium salure] œfolium, Lam. Racine fasciculée, pro- duisant plusieurs tiges herbacées, hautes d'environ six pouces, simples inférieurement , ramifiées supérieurement , pubes- centes; feuilles sessiles, étréciesà la base en forme de pétiole, inégales, longues d'environ un pouce, larges d'environ trois lignes, oblongues-lancéolées, entières ou à peine dentées, parsemées de quelques longs poils articulés ; les feuilles infé- rieures opposées, les supérieures alternes; calathides disposées en petits corymbes terminaux , composés chacun de cala- NOT 165 thides peu nombreuses, longues de six lignes, supportées par des pédoncules plus longs que dans l'espèce précédente , hé- rissés de poils courts, capités, probablement glutineux ; pé- ricline pubescent, très-inférieur aux fleurs, formé de squames oblongues-lanccolées, acuminées, plurinervées; fruits longs, grêles, subcylindracés, parsemés de poils et de glandes, et munis d'environ dix nervures; aigrette longue, gris-roussâtre, composée d'environ vingt squamellules ; corolles probable- ment purpurines, à. tube point distinct du limbe; anthères incluses, ayant l'appendice apicilaire oblong, arrondi au som- met, et le pollen jaune. Nous avons décrit cette espèce sur des échantillons de l'herbier du Muséum, recueillis parCommerson près de Mon- tevideo. No^HiTË A FLEURS COURTES; Nothttes hrevijlora, H. Cass. Tige haute de plus d'un pied (dans l'échantillon incomplet que je décris), dressée, droite, presque simple, cylindrique, pu- bescente ; feuilles opposées, très-distantes, longues d'environ un pouce et demi, larges d'environ six lignes, oblongues- lancéolées ou elliptiques-lancéolées, à base étrécie en forme de pétiole large et très- court, triplinervées, parsemées sur les deux faces de poils rares, articulés, à partie supérieure dentée en scie, à partie inférieure entière; calathides longues de trois à quatre lignes, peu nombreuses, disposées en un petit corymbe terminal, à pédoncules grêles, assez longs, hérissés de poils capités; péricline un peu inférieur aux fleurs, pubescent, formé de squames oblongues -lancéolées, acumi- nées, plurinervées; ovaires longs, étroits, à peine hispidules, pentagones, mais offrant quelquefois six ou sept nervures; aigrette composée d'environ dix -sept squamellules , dont la partie inférieure est bordée sur les deux côtés par une mem- brane très-manifeste; corolles à tube grêle et court; anthères un peu exsertes , ayant l'appendice apicilaire elliptique- oblong, comme tronqué au sommet. Nous avons observé , dans Therbicr du Muséum , deux échantillons de cette espèce , recueillis l'un et l'autre au Brésil, et assez différens pour être distingués comme varié- tés : l'un est celui qui vient d'être décrit ; l'autre a la tige plus forte et plus rameuse, les feuilles elliptiques, hérissées i66 ]\0T sur les deux faces de poils nombreux , longs , articulés , et criblées en outre d'une multitude de petits points brillans jaunâtres , les calathides plus nombreuses et longues de quatre à cinq lignes. NoTHiTE rÉTiOLÉE ; Nothites yetiolata, H. Cass. Plante très- rameuse, presque glabre; tige cylindrique, glabriuscule ; feuilles les unes opposées, les autres alternes, inégales; les plus grandes à pétiole bien distinct, long de quatre lignes, linéaire, un peu pubescent, à limbe long de treize lignes, large de sept lignes, ovale, denté en scie, à dents obtuses, excepté près delà base, où les bords sont entiers; trois ner- vures principales nées de la base même du limbe; les deux faces presque glabres ou à peine pubescentes, mais parsemées d'une multitude de points jaunes, brillans, très -manifestes en dessous ; calathides nombreuses , longues d'envirort cinq lignes, disposées en corymbes, à ramifications très-peu pu- bescentes , à pédoncules grêles ; péricline un peu pubes- cent, très-inférieur aux fleurs, formé de squames oblongues- îancéolées , plurinervées ; ovaires oblongs , hispidules, penta- gones, ayant souvent sept ou huit nervures; aigrette composée d'environ douze à quinze squamellulcs , dont la partie infé- rieure est bordée sur les deux côtés d'une petite membrane fort étroite ; l'un des cinq ovaires de la calathide pourvu seulement d'une aigrette stéphanoïde, membraneuse, dentée; corolles probablement blanches, velues en dedans; anthères surmontées d'un appendice apicilaire subcunéiforme, denti- culé au sommet. Cette dernière espèce, trouvée par Dombey dans le Pé- rou, près de Lima, et que nous avons observée, comme les autres, dans l'herbier du Muséum, se distingue facilement par ses feuilles très -manifestement pétiolées, par Taigrette stéphanoïde de l'une des cinq fleurs de la calathide, par son port très-rameux, et par la glabréité apparente de toutes ses parties. L'affinité des deux genres NotliUes et Stevia est surtout évi- demment démontrée par le Nuthites petiolata, dont l'une des cinq aigrettes est presque constamment stéphanoïde. Cepen- dant, le nouveau genre que no»s proposons, étant composé de plusieurs espèces, mérite, ce nous semble, d'être distingué NOT 167 du Stevia, dont il diffère sufilsamment par la structure de son aigrette, composée de dix à vingt squamellules libres, peu inégales, absolument semblables entre elles, longues, fili- formes, et bordées seulement en bas par une petite mem- brane linéaire, étroite, très-peu manifeste. Les apparences de cette aigrette sont telles, que les botanistes qui n'observe- roient pas très- attentivement sa base à l'aide d'une loupe, et qui consulteroient plutôt les caractères techniques que les rapports naturels, n'hésiteroient pas à rapporter les Not'nites au genre Mikania. Le genre ISothites est un peu anomal dans le groupe des Agératées, parce que son fruit imite souvent plus ou moins celui des Liatridées ou des Tagétinées, et que son aigrette diffère très -peu de celle des Eupatoriées-Proto- types : c'est pourquoi nous le plaçons dans notre tableau mé- thodique (tom. XXVI, pag. 227) avant le S/e^ia. Il se trouve ainsi rélégué à l'une des extrémités de la série des Eupato- riées- Agératées, et rapproché du Paleolaria, qui termine la tribu des Adénostylées. Le nom de Nothites, dérivé d'un mot qui signifie bâtard, convient assez bien à ce genre, qui semble, en apparence, être un produit hybride du Sievia et du Mikania, et qui d'ailleurs participe par quelques caractères aux trois différens groupes dont se compose la tribu des Eupatoriées. (H. Cass.) NOTHOL^NA. (Bot.) Genre de plantes de la famille des fougères, établi par R. Brown dans son Prodrome des plantes de la Nouvelle -Hollande. Ce genre est caractérisé par sa fructification disposée en sores ou lignes marginales, con- tinues ou interrompues, privées d'involucre ou indusium , à moins qu'on ne prenne pour tel quelques poils ou écailles, ou une espèce de laine propre à la fronde. Ce genre, très-voisin des acrostichum , dont Gleditsch est réellement l'auteur, puisqu'il l'a établi sous le nom de cin- cinalis, sans en faire connoître les espèces, rassemble des plantes jusque-là disséminées dans les genres Acrostichum , Grammitis, Ceterach , Pleris et Adiantum, et quelques espèces nouvelles. On peut en porter le nombre total à vingt , et il est probable qu'il s'augmentera. Ces espèces habitent l'Amérique septentrionale, la Nouvelle - Hollande , les Indes orientales, à Ténériffe et au cap de Bonne-Espérance. Deux cependant 168 ]VOT eroissent dans le Midi de l'Europe. Les frondes sont simple- ment ailées, ou plusieurs fois divisées. Le NoTHOi.yENA DE Marante : Notli. M arûnlce , Desv. , JoxiTii. bot., i8i3, 1 , p. 92; Acrostichum Marantœ, Linn. ; Willd., Sp. pi. , 5i23; Schkuhr. , Crjpt. , 4, t. 4; Spreng., Anleit., 3, t. 2 , fig. 18; Celerach Marantœ, Dec, FI. fr. ; Lonchitis, Cam., Epit., 666; Lobel, le, t. 816. Ses frondes sont lan- céolées, deux fois ailées, composées chacune de huit à douze frondules, vertes et lisses en dessus, couvertes d'écaillés rousses et serrées: les divisions des frondules sont entières, oblongues , obtuses , dilatées à la base. Cette jolie fougère forme des touffes dans les rochers du Midi de l'Europe. Ses fron- des, portées sur des pétioles noirâtres, ont jusqu'à huit et dix pouces de longueur, mais communément elles n'ont que cinq ou six. Leur stipe est cylindrique, luisant et écailleux. Le NoTOL^^NA VELU : Noth. vellea , Nov. Holl. , 2, Desv. ; Acrostichum velleum, Ait., yVilld. ; Acrostichum lanuginosum, Desf.; Atl. , 2, tab. 256; Schkuhr., p. 8, tab. 1; Filicula, Pluk. , AUn., tab. 281 , fig. 4; Lonchitis, Barr. , Jcon., 867, 858. Ses frondes sont deux fois ailées, à frondules obtuses, avec leurs découpures sessiles , ovales, en cœur, obtuses, velues en dessus et en dessous, ainsi que le rachis et le stipe. Cette espèce, que les auteurs ont souvent confondue avec la pré- cédente, dont elle a le port et les dimensions, se trouve dans les fentes des rochers dans le Midi de la France, en Espagne, en Barbarie , à l'île de Madère , etc. Le notholœna vellea de Rob. Brown est une espèce différente. Le NoTHOL/ENA PYGMÉE ; Noth. pumila, R. Br. , Noi'. Holl. , 3, p. 145. li a sa fronde pennée, glabre : à trois ou sept fron- dules ovales, presque entières, un peu velues sur le bord. Cette espèce, trouvée à la Nouvelle-Hollande, se rapproche des pferis et des cheitanthes. M. Desvaux , auquel nous devons la connoissance de la plus grande partie des espèces de ce genre, y rapporte le grammitis cordata, Sw. (décrit à l'article Grammitis) ; le c?ief- tanlhes vestita, Sw. ; Vacrostichum albidulum , Sw. ; le pteris hirsufa , Poir. ; et avec R. Brown, le pteris trichomanoides , Linn. (I.em.) NOTHRIA. (Bot.) Genre du cap de Bonne -Espérance, NOT 169 fait par Bergius, lequel est le Frankenîa hirsuta de Lînnaeus. Ses filets d'étamines sont, suivant Bergius, réunis par le bas. (J.) NOTHUS. {Entom.) On trouve ce nom dans l'Encyclopédie pour indiquer un genre de Coléoptères, qui comprend quel- ques espèces d'œdémères, dont le dernier article des palpes antérieurs est en rondache. (C. D.) NOTIDANUS. {Ichthj'ol.) Voyez Griset. (H. C.) NOTIJO , CAPAROSA. {Bot.) Le vismea caparosa de la Flore équinoxiale est ainsi nommé à Buéna-Vista en Amérique. (J.) NOTIOPHILE, Notiophilus. {Entom.) Nous avons établi ce genre, dont le nom est emprunté du grec Not/wç , lieu hu- mide, humidité, et de (p/Âoç , qui aime, pour caractériser et réunir un groupe de coléoptères de la famille des carnas- siers ou créophages, qui ont la tête engagée dans un corselet carré; les yeux globuleux et le corps alongé et aplati. Les espèces de ce genre avoient été confondues avec les élaphres, qui ont le corselet plus étroit que la tête, et dont toute l'habitude est différente. Geoffroy a décrit l'une des espèces de ce genre , sous le nom de bupreste à tête cannelée, tome i.'"', page iSj , n.°3i. Lin- nœus l'avoit d'abord placée à tort parmi les buprestes ou ri- chards, puis avec les cicindèles. 1.° Le NoTiopHiLE AQUATIQUE, NotiophUus oquaticus. Nous l'avons fait figurer dans l'atlas de ce Dictionnaire , pi. 2 , n.° 1 . Car. Il est brillant, d'un noir bronzé d'or. 2.° Le N. DEUX TACHES, N. biguttatus. Car. Diffère de la précédente par une tache jaune à Vex- trémité de chaque éljtre. Il y a encore deux ou trois autres espèces dans ce genre. (C. D.) NOTIOS , OLOCHRYSOS. {Bot.) Noms anciens de la grande joubarbe, sempervivum, suivant Ruellius. (J.) NOTITE. {Min.) Nom par lequel Jurine a voulu désigner une roche qu'il regardoit comme une sorte particulière et quïl distinguoit par sa composition. Cette roche, dans la- quelle, selon Jurine, le felspath , le mica et le quarz sont disséminés dans une pâte hétérogène argilo - siliceuse , ne nous a pas paru ni assez distincte des granités porphyroïdes, ni assez généralement répandue pour en faire une espèce à part. (B.) NOT-KRAAKE. (Ornith.) Nom du casse-noix, corvus ca- rjocatactes , Linn. , en Norwége, où l'on appelle not-slrika le geai , corvus glandarius, Linn. ( Ch. D. ) NOTOBASE, Notobasis. (Bot.) Ce genre de plantes^ que nous avons indiqué dans notre article Lamyre ( tom. XXV , pag. 225), appartient à l'ordre des Synanthérées et à notre tribu naturelle des Carduinées. Voici les caractères géné- riques que nous avons observés sur des individus vivans. Calathide incouronnée, équaliflore , pluriflore , obringen- tiflore , androgynitlore intérieurement , raasculiflore exté- rieurement. Péricline ovoïde -subglobuleux , inférieur aux fleurs; formé de squames régulièrement imbriquées, appli- quées, coriaces; les intermédiaires ovales -oblongues, pour- vues d'une glande nerviforme derrière la partie supérieure, et surmontées d'un appendice étalé, arqué en dehors, long, épais, subtriquètre, linéaire, terminé par une épine. Cli- nanthe épais, charnu , planiuscule , garni de fimbrilles nombreuses, libres, inégales, longues, laminées. Fleurs intérieures, hermaphrodites: Ovaire ou fruit très-grand, très- comprimé bilatéralement, obovoïde, à contours arrondis, glabre, lisse, très-gibbeux extérieurement, comme renversé ou couché en arrière sur le clinanthe, auquel il adhère par le dos; aréole basilaire très-longue, très-étroite, vulviforme , elliptique, linéaire, ou en sillon , située sur le côté extérieur de la base rationnelle du fruit; péricarpe épais, devenant, après sa maturité, dur, corné, presque osseux; plateau nul ou presque nul ; aigrette longue , blanche , composée de squamellules nombreuses , plurisériées , un peu inégales , imbriquées, laminées inférieurement , filiformes supérieure- ment, longuement et finement barbées, fixées sur la surface supérieure d'un anneau plat, ou calotte percée, cornée, qui couvre la bordure de l'aréole apicilaire du fruit et s'en détache par désarticulation après sa maturité ; une forte touffe de longues soies, analogues aux barbes des squamel- lules, forme le rang intérieur de l'aigrette. Corolle très- obringente. Étamincs à filets velus. Style de carduinée. Fleurs extérieures . mules : Faux -ovaire grêle, privée d'ovule, NOT 171 et portant une aigrette de squamellnles peu iiombreuses, fili- formes , non barbées, mais seulement barbellulées. Corolle, éfamines, style, comme dans les fleurs intérieures herma- phrodites. NoTOBASE DE Syrie : Notohusis syriaca, H. Cass. ; Cirsium s^'riacum , Gaartn. ; Cardaus sjriacus , Linn. ; Poljacantha major, lanceolato folio ,Jlorepurpureo , VaiU. C'est une plante herbacée , annuelle , qui habite l'Espagne , la Barbarie , rÉgypte, File de Crète, la Syrie-, sa tige, haute de deux à trois pieds, est droite, ordinairement simple , presque gla- bre; ses feuilles sont ovales-oblongues, à bords sinués, angu- leux, épineux, à surface presque glabre, verte, avec des taches blanches; les inférieures, plus larges , sont rétrécies vers la base en une sorte de pétiole ; les supérieures sont un peu amplexicaules; les calathides, composées de fleurs pur- purines ou blanches, sont terminales et latérales, solitaires, sessiles ; la base de leur péricline est accompagnée de plusieurs bractées remarquables par de grosses nervures blanches qui se prolongent en épines. Le Polfacantha minor , lanceolato folio , Jlore purpureo , de Vaillant, doit-il être considéré comme une simple variété du Notobasis sjriaca, ou comme une seconde espèce du même genre ? Ce genre Notobasis, voisin du Lamyra , s'en distingue sur- tout parce que l'aréole basilaire du fruit est très-longue, très-étroite, linéaire, en forme de sillon, et située sur le côté extérieur de la base de ce fruit, qui se trouve ainsi presque renversé ou couché en arrière sur le clinanthe, au- quel il adhère par le dos, en sorte que l'axe du fruit forme un angle avec l'axe de l'aigrette. Le nom de Notobasis, com- posé de deux mots grecs {varoç-, dos; ^âjtç, base), fait allu- sion à ce singulier caractère , que nous n'avons retrouvé chez aucune autre synanthérée. Notre tribu naturelle des Carduinées se compose maintenant de trente-quatre genres ou sous-genres, dont voici la liste alphabétique: Alfredia, H. Cass.; Arctium, Lam. ; Cardun- cellus, Adans.; Carduus; Carlhamus , Gœrtn.; Cestrinus , H- Cass.; Cirsium, H. Cass.; Cynara; Echenais , H. Cass.; Erio- lepis , H. Cass.; Fornicium, H. Cass. Galactites , Mœnch; Ho- 172 NOT henivartha? Vesf ; Jurinea , H. Cass. ; Klasea , H. Cass. ; La- wyra, H. Cass.; Lappa, Tourn.; Leuzea, Decand.; Lophiolepis , H. Cass.; Mastrucium, H. Cass.; Notobasis, H. Cass.; Onopix? Rafin.; Onopordon, Vaill.; Onolrophe, H. Cass.; Orthocentron, H. Cass., Picnomon, Adans.; Platyraphium , H. Cass.; Pternix? Rafin.; Pliloslemon , H. Cass.; Rhaponticum , Decand.; Serra- tula , H. Cass.; Siljbum , Vaill.; Stemmacantha , H. Cass.; Tjrimnus , H. Cass. Les trois genres Hohemvartha , Onopix, Pternix, compris dans cette liste, n'y sont admis qu'avec doute, parce que, ne les ayant point vus, nous ignorons si ce sont de véritables Carduinées. Tous les autres ont été observés par nous, et ap- partiennent bien légitimement à cette tribu : mais la plupart peuvent, si l'on veut, n'être considérés que comme des sous-genres. Nous allons indiquer très-sommairement le ca- ractère essentiel et la composition de quelques-uns. Notre genre Cirsium , caractérisé par les calathides uni- sexuelles et dioïques, se compose de deux espèces, qui sont le Cirsium arvense de Tournefort, Lamarck. , De Candolle, et notre Cirsium prœaltum, décrit dans ce Dictionnaire (tom. XXVII, pag. 190), sous le nom de Cirsium dioicum. Notre genre Eriolepis, composé des Cirsium eriopaorum et lanceolatum de Scopoli et De Candolle, aies calathides androgyniflores ; et il est caractérisé par l'appendice des squames , intermé- diaires du pcricline , lequel est très-étalé , long, étroit, épais, roide , linéaire, subcylindracé, terminé par une épine longue et forte, et plus ou moins pourvu de poils très- longs, très-fins, aranéeux. Notre genre Onotrophe , carac- térisé par les calathides androgyniflores , et par le péri- cline inerme ou non piquant {periclinium innocuum) , com- prend la plupart des espèces attribuées par les botanistes au Cirsium, et il se divise en deux sections: Tune, intitulée Apalocentron , se compose des espèces ayant , comme le Cir- sium oleraceum , Decand., l'appendice des squames intermé- diaires du péricline long, foliacé, plan, non roide, et ter- miné par une épine longue, molle, flexible, non piquante; l'autre, intitulée Microcentron, se compose des espèces ayant, comme les Cirsium palustre , acaule , etc., l'appendice extrê- mement petit ou presque nul , ordinairement réduit à une petite épine molle. NOT 173 iVutre genre Serratida , caractérisé par les calathidcs uni- Sexuelles et dioïques, et par les squames du péricline pour- vues d'un petit appendice inappliqué , subulé , coloré , for- mant une épine molle , ne comprend que la Serratula tinc- toria , Linn. Notre genre Mastrucium , caractérisé par les calathides couronnées, radiées, à disque and rogy ni flore et à couronne féminiflore , et par les squames du péricline entièrement appliquées, absolument privées d'appendice, ne comprend que la Serratula coronata , Linn. Enfin , notre genre Klasea, caractérisé par les calathides androgyniflores et incouronnées, et par les squames du péricline pourvues d'un petit appendice étalé, subulé, scarieux, roide , subspi- nescent , comprend les espèces cultivées au Jardin du Roi sous les noms de Serratula centauroides , quinquefolia , hetero- pliylla, pinnatijida^ Notre genre Platjyraphium, fondé sur le Carduus diacantha de M. Labillardière , que nous avions mal à propos rapporté au Lamjra (tom. XXV, pag. 221), diflfère suffisamment de ce genre par l'appendice des squames du péricline, qui est peu distinct de la squame, foliacé, très- large à sa base, laquelle n'offre aucune protubérance sur la face interne; tandis que , chez les vraies Lamjra , l'appendice est étroit , plus étroit dès sa base que le sommet de la squame, épais, non foliacé , subulé , muni d'une protubérance sur la face interne de sa base. Ajoutons que les corolles du Vlatyraphium sont très-obringentes, et non subrégulières comme celles des Lamjra. Le Carduus afer de Jacquin est peut-être une seconde espèce de Platjraphium. Notre genre Orthocentron , déjà indiqué dans ce Diction- naire (tom. XXVII, pag. 184)^ est fondé sur le Cnicus pun- gens, Willd. L'appendice des squames du péricline est étalé, long, droit, subulé, roide, corné, spinescent; l'ovaire est obovoïde, comprimé bilatéralement , surmonté d'un plateau qui porte la corolle et le nectaire; l'aigrette barbée ou plu- meuse est gris-roussâtre ; la corolle est subrégulière ; les éta- mines ont le filet glabre. Notre genre Ptilostemon, qui a pour type la Serratula clia- tnœpeuce, Linn., si éloignée des autres Carduinées par son jport bien remarquable , se rapproche pourtant des Lamjra. '74 NOT par ses fruits épais, non comprimés, ovoïdes-subglobnleux, glabres, lisses, luisans, colorés, sans côtes ni angles, dé- pourvus de plateau, ayant l'aréole basilaire large, orbicu- laire , non oblique, et portant une aigrette blanche ; mais les appendices du péricline sont très-courts, épais, subcy- lindracés , coniques et spmescens au sommet; les filets des étamines sont élégamment plumeux ; la corolle est obrin- gente. Le Cnicas fruticosus , décrit par M. Desfontaines, dans son Histoire des arbres et arbrisseaux ( tom. i.", pag. 280), est une seconde espèce de Ptiloslemon. (H. Cass. ) NOTOCERAS. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, polypétalées , régulières, delà famille des crucifères, de la tetradynarnie siLiqueuse de Linnseus, offrant pour caractère essentiel : Un calice dressé, égal à sa base, à quatre folioles; quatre pétales linéaires; six étamines tétra- dynames, sans dents; un ovaire supérieur; un style fili- forme, très-court; un stigmate en tête; une silique bivalve , tétragone , à deux loges; les valves presque en carène, ter- minées par une pointe en forme de corne ; les semences ovales, comprimées. ISoTOCERAS DES Canaries : Notoccras canarienne, Rob. Brown , in Ait. , édit. 2, vol. 4, pag. ny; Jacq., fils, Eglog. , tab. 11 1 ; Dec. , Syst. vég. , 2 , pag. 2o3 ; Erjsimum licorne, Willd., Spec, 3, pag. 5i. Plante herbacée, dont la racine est grêle, blanchâtre , à peine fibreuse. Les tiges sont un peu rameuses dés leur base, diffuses, couvertes de poils rudes et couchés, ainsi que sur toutes ses parties ; les feuilles oblongues , lancéo- lées , entières , rétrécies à leur base , un peu obtuses , lon- gues de douze à quinze lignes; les fleurs jaune*, très-petites, disposées en grappes roides , d'abord très-courtes, puis alon- gées; les pédicelles courts, épais; les folioles du calice ovales, obtuses; les pétales un peu plus courts que le calice; les siiiques roides, comprimées, télragones , longues de trois lignes ; les valves planes , terminées chacune par une petite corne subulée , avec le style court, filiforme entre les cornes , de même longueur ; à quatre semences presque orbicu- laires dans chaqueloge. Cette plante croît dansles îles Canaries. NoTOCERAS d'Espagne : Notoceras hispanicum, Dec, Syst. vég., 2 , pag. 204; Diceralium prostratum , Lagas., Hort.Madr., NOT 175 pag. 20. Cette plante est très-voisine de l'espèce précé- dente; elle en diffère par son port, qui a beaucoup moins de roideur ; ses tiges sont couchées; toute la plante est couverte de poils blanchâtres, très- nombreux , roides , bifides; les feuilles sont plus étroites, presque linéaires; la corolle est inégale; les deux pétales extérieurs plus longs que le calice. Cette plante croît aux lieux incultes, dans les royaumes de Mureic'et de Grenade. NoTOCERAs A QUATRE CORNES : Notoceras quadricome , Dec, Syst. vég. , 2, pag. 204 ; Erjsimum quadricorne , W'illd. , Spec, 3, pag. 614. Petite plante couverte d'un duvet blanchâtre, mou et rameux : sa racine est filiforme; sa tige droite, cy- lindrique, à peine rameuse au sommet; les feuilles sont oblon- gués, lancéolées, un peu obtuses, rétrécies à leur base, garnies de chaque côté d'une ou de deux dents courtes; les fleurs très-petites , solitaires, axillaires, réunies en petites grappes courtes, opposées aux feuilles: elles ont le calice pu- bescent; les pétales très-pelifs ou nuls; les siliques velues, li- néaires , un peu cylindriques; chaque valve terminée par deux cornes, avec le style droit, plus court. Cette plante croît dans la Sibérie. (Poir.) NOTOGASTROPUS. {Crust.) Ce nom a été employé par Vosmaër pour désigner un crustacé brachyure du genre Do- HIPPE. (DeSM. ) NOTOGNIDION, Notognidion. {Ichthjol.) M. Ralînesque- Schmaltz a proposé d'établir sous ce nom un nouveau genre de poissons , qui semble tenir le milieu entre les centronotes et les spares; mais qui diffère de ces derniers particulièrement en cela que sa nageoire dorsale est dépourvue de rayons épineux, et munie antérieurement de deux appendices ou protubé- rances déliées et molles. Ce genre ne renferme encore qu'aune espèce , c'est le Notognidion scirenga , Notognidion scirenga. Corps com- primé ; museau très-obtus ; ligne latérale courbe au milieu, flexueuse, nageoire caudale quadribde, nageoires pectorales obtuses; teinte générale d'un rouge de vin uniforme, avec une multitude innombrable de petits points couleur de feu. Ce poisson reste constamment petit et atteint tout au plus la taille de cinq pouces. Il habite les mers de la Sicile, où 176 NOT il est très-rare et où les pêcheurs le nomment Scirenga impc Tialis. (H.C.) NOTONECTE, Notonecta. (Entom.) Linnœus a formé ce nom, tiré de deux mots grecs, dont l'un, Nôùtoç, signifie le dos, et l'autre, Ns)itoç , qui nage, pour indiquer un genre d'insectes hémiptères de la famille des rémitarses ou hydro- corées, dont les espèces, qui sont toutes aquatiques, ont l'habitude de se tenir renversées dans l'eau et de nager ainsi sur le dos. Nous caractérisons comme il suit le genre Notonecte. Car. Corps alongé , convexe du côté du dos ; à écusson long , distinct; tarses à deux articles seulement; les moyens et les postérieurs déprimés , ciliés sur les bords. Ce genre se distingue ainsi de tous ceux de la même fa- mille , qui ont aussi les élytres demi-coriaces ; le bec , parois- sant naître du front, très-court et très-aigu ; les antennes en soie , très-courtes , à peine de la longueur de la tête : d'abord les ranatres et les nèpes ont l'abdomen terminé par une sorte de queue , ou par un canal qui sert à leur respiration , tandis que le ventre des notonectes est comme tronqué ; en- suite les tarses antérieurs des notonectes sont simples , quand au contraire ils sont armés d'un crochet recourbé dans les naucores et d'une sorte de pince ou de serre dans les si- gares ou corises de Geoffroy. Nous avons fait représenter une espèce de ce genre dans l'atlas de ce Dictionnaire, pi. 3? , fig. 4 bis; c'est, 1." La Notonecte glauque, Notonecta glauca de Linnasus. Geoffroy l'a décrite et figurée tome 1.", pi. 9, fig. 6, sous le nom de grande punaise à avirons, pag. 476, n.° 1. Car. Élytres gris, à bord tacheté de brun ; Técusson est noirâtre ; tout le corps est comme huileux et couvert d'une poussière glauque. Cet insecte, qui a les pattes de derrière très-longues, nage avec rapidité ; il pique fortement et fait ressentir une vive douleur lorsqu'il enfonce sa trompe dans ^les doigts qui le saisissent. 2.** Notonecte fourchue, N.furcata. CRr. Elytres bruns , à deux taches jaunâtres à la base ; l'ex- trémité libre est comme fendue. NOT ,77 B.* NoTONECîE TRES -PETITE, N. mînutissiiva. Car. Élytres d'un blanc grisâtre, tronqués; têfe brune. C'est la petite punaise à avirons de Geoffroy. On l'a re- gardée long -temps comme une larve; mais c'est un insecte parfait. (CD.) NOTONECTIDÉES. {Entom.) M. Leach a formé, sous ce nom, une famille d'insectes hémiptères, correspondante eu partie à celle des Hydrocokées de M. Duméril, et renfermant principalement les genres Notonecte et Corise. (Desm. ) NOTOPEDE. {Entom.) Ce nom a été employé pour désigner les insectes du genre des Tatjpins. (Desm.) NOTOPODES. {Crust.) M. Latreille s'est servi de cette dénomination pour désigner une petite tribu de crustacés brachyures, dont les deux pieds de derrière, beaucoup plus petits que les autres, sont relevés sur le dos. Les genres Dorippe , Dromie, Homole et Ranine , composent cette tribu. (Desm. ) NOÏOPTÈRE, Notoplerus. {Ichthfol.) M. de Lacépède a donné ce nom à un genre de poissons osseux holobranclies , apodes, de la famille des péroptères. Long-tei:ips confondu avec celui des gymnonotes, ce cenre a des rapports de ressemblance plus marqués avec celui des harengs, et se reconnoît aux caractères suivans : Une nageoire dorsale petite et molle; des catopes presque im- perceptibles; nageoire anale très-longue; point de nageoire eau- dale; opercules et joues écailleuses ; carène du ventre dentelée; dents maxillaires et palatines très-Jines; langue armée d^autres dents fortes et crochues; corps fortement comprimé. Les notoptères seront donc aisément distingués des Apté- RicHTHEs, qui manquent de toutes les nageoires en général; des Ophisdres , dont le corps est arrondi; des Trichiures, qui n'ont point de nageoire anale; des Gymnonotes, qui sont privés de la dorsale; des Leptocéphales, qui n'ont point de pectorales ; des Régalecs , des Monoptères et des Aptéronotes , qui ont une nageoire caudale. (Voyez ces différens noms de genres et Péroptères.) On ne connoit encore dans ce genre que Le Kapirat, Notopferus kapirat, Lacépède; Gymnotus no- toplerus, Linn.; Tinca marina, Bontius; Clupea sjynura, Schn. 35. i; n8 NOT iVageoire du dos très-courte; museau court et arrondi; une petite ouverture au-dessus des yeux, qui sont grands; gorge et anus très-rapprochés Fun de Tautre; queue très-alongée : taille de huit à dix pouces. Ce poisson fréquente la mer voisine d'Amboine. Il brille de l'éclat de l'or et de l'argent. Et le NoTOPTÈRE KCA1LI.EUX, Notoptcrus squamosus, Lacépède; Gjmnotus aslaticus , Gmeiin. Ni geoire du dos fort longue; un petit barbillon comme tronqué au devant de chaque narine; dents acérées: couleur obscure, avec des bandes transversales brimes. La taille de ce poisson est un peu supérieure à celle de l'espèce précédente. 11 habite aussi les mers de l'Asie. (H. C.) NOTORHIZÉES. {Bot,) M. De Candolle , dans le second volume de son Sjstema naturœ ^ partage les crucifères en cinq sous-ordres, dont le second, nommé par lui notorhizeœ , est caractérisé par les lobes de l'embryon , qui sont plans et appliqués contre un côté de la radicule; ce qu'il exprime par le terme incumbentes. (J.) NOTOSTOMATES , Notosiomata. {Mamm.) M. Leach a nom- mé ainsi une sous- classe d'arachnides, comprenant le seul genre Nyctéribie. M. Latreille , qui a fondé ce genre, Tavoit aussi rangé primitivement dans la classe des arachnides; mais il l'a rapporté depuis à celle des insectes, en le plaçant au voisinage des hippobosques et des mélophages. M. Leach, qui n'avoit d'abord pas tenu compte de ce changement , l'a adopté dans ces derniers temps. (Desm.) NOTOXE, ISotoxus. (Entom.) Nom imaginé par Geoffroy, em- ployé par Schaeffer, adopté ensuite par Fabricius pour dési- gner le même genre d'insectes que Geoffroy avoit appelé cu- cule en francois. Ce sont des coléoptères à cinq articles aux deux paires de pattes antérieures, et à quatre à la paire pos- térieure, par conséquent du sous-ordre des hétéromérés ; à élytres mous et flexibles, par conséquent de la famille des vésicans ou épispastiques. Ce nom , dont l'étymologie , donnée par Geoffroy, esi dos pointu, NôiToç-o^Jç, réunit des insectes qu'on peut ainsi ca- ractériser : antennes grenues; télé arrondie , reçue dans une ca- vité du corselet, q^ui est surmonté d'une corne. NOU i79 Maïs, par un abus d'autocratie que s'éloU arrogée Fabri- ciuSj cet auteur a cru pouvoir changer le nom de notoxus, donné par Geoffroy, et tout en conservant le nom pour quel- ques espèces voisines, mais dont le corselet n'est point sur- monté d'une corne, il a indiqué celles qui sont dans ce cas sous le nom d'anf/iicws. C'est pour éviter la confusion que nous avonsadoptecederniernom.Voyeztom.il, p. 202. (CD.) NOTRÈME, Notrema. (Malacoz.) M. Rafinesque-Schmaltz a proposé sous celte dénomination, dans le Journal de physique ( année 1819 — Août) , un genre de mollusques conchyli- féres, de lu coquille duquel il est assez difficile de se faire une idée. Il dit que l'animal est mutique; se fixant comme les patelles; que sa tête est alongée, tronquée, et que ses yeux sont sessiles. La coquille est formée de trois valves inégales; la première ou la plus grande, est ovale, patelliforme , arron- die, convexe et perforée au sommet; la seconde est petite, latérale, inférieure, et sert de support; enfin, la troisième est operculiforme, et sert à fermer la perforation de la pre- mière. Ce genre ne contient qu'une seule espèce, que M. Rafinesque nomme le N. patelloïde , JV. palelloidea , dont il ne donne pas de description et qui habite sur les rochers de rOhio. D'après le peu que dit l'auteur que nous venons de citer, de ce s.ingulier mollusque, nous avons cru qu'il seroit possible de s'en faire une idée, en supposant une hip- ponyce à support distinct et dont le sommet seroit percé et fermé par une sorte d'opercule analogue peut-être à la pièce qui ferme l'ouverture supérieure des fissurelles. (De B.) NOTSIO. (Bot.) Voyez Nodjen-kadsura. (J.) NOTTOLA, ISOTTOLO. {Mamm.) Ces noms italiens dési- gnent les chauve-souris en général. Daubentonles a appliqués à une espèce de vespertilion des environs de Paris, la noc- tule. (Desm.) NOTTOLA. (Ornith.) Vengouleveat, caprimulgus europœus , Linn., se nomme ainsi en Toscane. (Ch, D.) NOTWACKA. (Ornilh.) Nom suédois, qui s'écrit aussi not- hraka,€t qui désigne le casse-noix, coryus carjocatactes , Linn, (Ch.D.) NOU, NIOU ou GNOU. {Mamm.) Noms divers de I'Ami- toPE GNOU. (Desm.) i8o NOU NOUA-NIROUEA. (Bot.) Nom galibi , cité par Aublet, de son caffeyer pariiculé , cojfea paniculala. C'est le voua- AJrouea des Garipous. (J.) NOUCHALEI. {Bot.) Burmann, dans son FI. ind., cite ce nom indien pour son njmphœa nouchali , qui se trouve sur la côte de Coromandel, et qui est remarquable par ses feuilles ovales et entières et par ses fleurs bleues. ( J.) NOUFAR. {Bot.) Voyez Naufar. (J.) NOULOURHUE. {Bot.) Surian , dans son Catalogue, cite sous ce nom caraïbe une espèce de savonnier, dont il di-t les graines savonneuses et employées aussi pour faire des chapelets. (J.) NOUNA. {Bot.) Dans un herbier de Pondichéry on trouve sous ce nom un mauvais échantillon d'un arbre de la famille des rubiacées, qui paroît être un psjchotaria. (J. ) NOURAIN. {Ichth-yol.) Voyez Norrin. (H. C.) NOURIDOU. ( Mamm. ) Nom sous lequel on désigne les cochons d'un an en Languedoc. (Desm.) NOUZILIO. {Ornith.) Le roitelet est ainsi appelé en Lan- guedoc, selon l'abbé de Sauvages. (Desm.) NOVACULA. {Ichthjol.) Voyez Rason. (H. C.) NOVACULITE {Min.), c'est-à-dire pierre à rasoir. Kir- wan a donné ce nom au ScuibTE coïicule de Wallerius. Voyez ce mot. ( B.) NOVELLA. {Bot.) Nom donné par Rumph , dans son Herb. Amh., à deux arbres très-differens : le novella nigra estlesebes- tier, cordia sebestena ; le novella littorea est le buparite du Ma- labar, hibiscus populneus des botanistes. (J. ) NOYAU, Pjrœna, Nucleus. {Bot.) Sorte d'enveloppe auxi- liaire d'une ou plusieurs graines, formée par la solidification de la paroi interne du péricarpe. Le noyau est globuleux dans la cerise, comprimé dans la prune, sans valve dans l'olive, à deux valves dans la noix, à une loge dans l'amande, h deux loges dans le jujube, à plusieurs loges dans le tectona. Sa consistance, osseuse dans la plupart des drupes, est comme du parchemin dans Yareca, et comme une simple membrane dans la datte. Lorsqu'il y a plusieurs noyaux dans un fruit, ces noyaux prennent le nom de nucules. Ils sont plus ou moins obli- NOY 181 ques et disposés autour de Taxe du fruit : exemple, nèfle, etc. Le noyau est souvent conformé comme un nucule (abri- cot, pèche, cerise, etc.); mais souvent il offre une structure régulière et des loges rayonnantes, de façon qu'il semble être produit par le rapprochement et la soudure de plu- sieurs nucules : tel est le noyau du melia azedarach, (Mass.) NOYAU D'OLIVE. (ConchjL) Les marchands de coquilles nomment encore quelquefois ainsi dans les ventes la volute rustique [volutarustica, Linn. , Gmel.) , type du genre Colo^m- BEM.E de M. de Lamarck. Voyez ce mot. (De B.) NOYER; Juglans, Linn. [Bot.) Genre de plantes dicoty- lédones polypélales, que M. de Jussieu place à la suite des téréhintacées , coYnme ayant de l'affinité avec cette famille et dont M. De Candolle fait le type d'une famille particu- lière, à laquelle il donne le nom de juglandées. Dans le système sexuel le Juglans appartient à la monoécie pol/yandric. Dans ce genre les fleurs sont unisexuelles sur le même indi- vidu, les mâles imbriquées sur des chatons cylindriques; les femelles sessiles, solitaires ou réunies au nombre de deux, trois ou quatre , rarement en plus grand nombre. Dans les fleurs mâles le calice est formé d'une écaille d'une seule pièce, la corolle est à six découpures, et il y a quinze à vingt éta- mines insérées sur un disque glanduleux. Dans les fleurs fe- melles le calice est monophylle, adhérent à l'ovaire; la corolle est monopétale, à quatre lobes ; l'ovaire est adhérent au calice, surmonté de deux styles courts, terminés par des stigmates réfléchis. Le fruit est un drupe contenant une noix monos- perme , à deux valves. Les noyers sont de grands arbres à feuilles alternes, ailées avec impaire, rarement ternées; leurs fleurs femelles sont terminales, solitaires ou réunies plusieurs ensemble ; leurs fleurs mâles sont portées sur des chatons axillaires, alongés, C3 lindriques, simples ou composés. Le nom latin du noyer, juglans, est formé des deux mots jovis glans , gland de Jupiter, et c'est la supériorité de ses fruits sur ceux du chêne qui lui a valu celte dénomination; les anciens appliquant le plus souvent le nom de glàns à la plupart des fruits analogues à ceux-ci. C'est dans le même i8. jsOY sens qu'on trouve quelquefois le noyer désigné en grec, sous le nom de Sioç ^'j.?.'xvcç, gland des dieux. Les botanistes comptent aujourd'hui environ vingt espèces de noyers , mais toutes ne sont pas encore bien connues; nous ne parlerons ici que de celles qui peuvent intéresser par leurs usages et leurs propriétés. M. Michaux, qui sous ce rapport a très-bien fait connoitre les espèces d'Amérique, divise les noyers en deux sections, selon que les fleurs mâles sont dis- posées en chatons simples ou composés; nous suivrons cette division. "" Fleurs mâles disposées en chalons simples. NoYEa ROYAL , vulgairement Noyer commcn, ou seulement le Noyer; Jugions regia , Linn., Spec. 141 5 ; Duham., Nouv. édit. , 4 ; P' 173, t. 47. Le noyer est nn arbre de première grandeur, dont les branches forment une belle tête étalée et touffue. Son tronc est lisse, d'une couleur cendrée dans les jeunes arbres , il devient gercé dans les plus vieux et acquiert avec l'âge huit à douze pieds de circonférence. Ses feuilles sont amples, ailées avec impaire, composées de sept à neuf folioles ovales-oblongiies, glabres, luisantes , d'un beau vert. Les fleurs mâles sont verdàtres , disposées en chatons sim- ples , épais, cylindriques , longs de trois pouces et plus, pen- dans et axillaires; les femelles sont vertes , solitaires à l'extré- mité des jeunes rameaux, ou plus communément deux à trois ensemble, et même, dans une variété, réunies en beaucoup plus grand nombre. Il succède à ces dernier, s des fruits qui sont des drupes ovoïdes ou globuleux, enveloppés d'une sorte de pulpe épaisse, charnue, d'une belle couleur verte, très- lisse, connue sous le nom de brou , formée par le calice per- sistant, et sous laquelle est une noix composée de deux coques ligneuses, ridées, contenant une amande blanche, ferme, divisée en quatre lobes. Le noyer commun est originaire de l'Asie et notamment des bords de la mer Caspienne, où Mi- chaux l'a trouvé en abondance, dans le voyage qu'il fit en l'erse, en 1782; mais il a été transporté depuis un si grand nombre de siècles dans les parties moyennes et méridionales de l'Europe, et il y est maintenant si répandu , qu'on le trouve presque aussi cornniunéincnt que beaucoup de nos NOY ^S5 -rbres indigènes; cependant il se multiplie rarement de lui- mc-me et il°ne forme pas naturellement des forets. Cultivé depuisles temps les plus reculés, le noyer a produit beaucoup de variétés; nous indiquerons seulement les pnnci- pales. . ^T • I NoVEa A TRÈS-GROS FRUIT OU NoiX DE .A.GE ; Nux jugans fructu maxmio, Bauh., Pin., A^?- Ses fruits sont deux a troxs fois plus cros que les noix communes , mais , en se desséchant leur amande diminue de moitié; cela fait quils ne sont bons à manger que frais, et qu'ils ne valent rien pour garder; il n'est d'ailleurs pas rare que l'amande soit entièrement avortée. Les arbres de cette variété s'élèvent plus rapide- ment et plus haut que le noyer commun , et le feuillage est plus large, plus épais ; mais le bois est d'une qualité in- NovER A GROS FRUIT LONG : higluns fructu magno ohlongo. Sa noix a quinze lignes de diamètre sur dix- huit a vingt lignes de longueur ; son amande remplit toujours bien la coque , qui est peu dure. C'est une des meilleures variétés à cultiver pour le produit. Noyer a coque tendre ou Noix de mésange; Nux juglans, fructu tenero etfragiU pu l aminé , Bauh., Pin., 417- L^ coquille de sa noix est si tendre qu'elle se brise facilement entre les doigts, et que les mésanges la percent aisément avec leur bec^'pour se nourrir de Pamande, dont elles sont très-friandes. Cette noix est très- agréable pour manger à table, et son amande , d'un goût plus délicat que celle de Pespèce com- mune, remplit toujours bien la cavité de la coque; elle four- nit d'ailleurs une grande quantité d'huile. Cette variété n'est pas très- répandue. Noyer a coque dure ou Noix anguleuse, Noix angleuse; Nuxjuglans fructu pcrduro , Tournef., ï/xsL, 58i. Cette variété a reçu^son nom de Pépaisseur de sa coque , qui est si dure qu'il faut un marteau pour la casser; elle est d'ailleurs plus ronde et relevée d'angles, qui se réunissent à son sommet pour y former une pointe piquante. Son amande, quoique petite , fournit autant d'huile que de plus grosses et d'une très-bonne qualité. Le bois est plus fort, plus dur et plus agréablement veiné que celui des autres variétés. j34 AOY Noyer tardif, jNcver pe la Saint- Jean; Nux juglans fruclu serotino , Bauh. , Pin., 417. Cette variété ne commence cà pousser ses feuilles qu'en Juin , et ne fleurit que vers la fin de ce mois, environ à la Saint -Jean. Elle a l'avantage dans les contrées sujettes aux gelées tardives d'y être peu ou point exposée; mais elle a un autre inconvénient dans ces mêmes contrées, c'est que son fruit n'y mûrit pas parfaite- ment bien, n'est pas de garde et n'est guère bon qu'à être mangé frais. Noyer a grappe; Nux juglans fructu racemoso erecto, Duh., Arb. 2 , p. 1 , n." 8. Cette variété est rare et n'est pas aussi répandue qu'elle mériteroit de l'être; ses fruits, de la gros- seur des noix ordinaires, sont disposés en grappe et rassem- blés par douze, quinze et jusqu'à vingt. Nous en avons vu , il y a quelques années, un bel individu dans le jardin de M. le Dru , à Fontcnay-aux-Roses. Duhamel en indique deux sous-variétés ; l'une, dont l'écorce ligneuse du fruit est dure, et l'autre, dans laquelle cette écorce est fragile. Noyer bifère ou Noyer qvi donne des fruits deux fois l'an; Nux jugians bifera, Bauh., Pin., 4i7" Cette variété n'est pas connue dans les pépinières de Paris et des environs. Garidel, dans son Histoire des plantes des environs d'Aix , l'indique comme étant assez commune dans le pays; mais il n'explique pas si elle donne deux récoltes de fruits; il dit seulement que c'est l'espèce de noix que les Provençaux appellent Aouslenque, et qu'on pourroit aussi la nommer Nux prœcox. Noyer a petit fruit; Nux juglans fructu minimo , Garid. , Aix, 029. Cette variété est rare, probablement parce qu'elle est peu avantageuse à cultiver , ses fruits étant moitié plus petits que les noix ordinaires; les arbres en portent d'ailleurs une très-grande quantité. On la trouve en Provence. Noyer hétérophylle , Juglans regia hcterophjlla. Cette va- riété est remarquable par la ligure bizarre et singulière de ses feuilles, qui sont toutes de forme et de grandeur diffé- rentes; celles-ci sont composées de onze à treize folioles, et, à l'exception des deux folioles inférieures, qui sont ovales ou ovales- lancéolées, toutes les autres sont deux à trois fois plus longues, et les unes lancéolées, entières ou ondulées en ]NOY i85 leurs bords; les autres irrégulièrement lobées et diversement laciniées ou pinnatifides, même décidément ailées. Outre la physionomie particulière que cet arbre reçoit de son feuil- lage, l'inclinaison de ses branches, presque à la manière du frêne pleureur, lui donne encore un port particulier et sin- gulièrement pittoresque. Ses noix sont arrondies, de la gros- seur des noix communes, et leur coque est si tendre qu'elle se brise facilement pour peu qu'on la presse entre les doigts; l'amande en est d'ailleurs très-bonne. L'arbre ne commence à entrer en végétation et à ûeurir que quinze jours à trois semaines après le noyer commun , ce qui fait qu'il est peu sujet aux gelées tardives du printemps. Nous devons la con- noissance de ce noyer a M. le comte de Montbron , qui le cultive dans ses propriétés près de Chàtelleraut depuis une douzaine d'années , et qui a bien voulu , il y a cinq ans , nous en donner un individu que nous possédons encore et que nous chercherons à multiplier par la greffe quand il sera plus fort. Jusqu'à présent notre arbre n'a point encore donné de cha- tons màlcs ; mais déjà il a rapporté deux fois deux petites noix, que nous avons semées chaque année. La première fois ces noix n'ont pas levé; mais celles de l'année dernière ont produit deux petites plantes dont les feuilles étoient assez semblables les unes aux autres, mais dont presque toutes les folioles étoient dentées. Nous ignorons si cette variété est la même que celle qui est indiquée dans Tournefort (Inst. rci lierb., 58) ), sous le nom de Nux juglansfoUis laciniatis. Elle paroîtroit être celle que M. Bosc ( Dictionnaire raisonné d'agriculture, 1822 , vol. 10, p. 076) a nommé Juglans e.rpansa, dont les feuilles, dit-il, sont très -dentelées, et les branches disposées horizontalement. On ne sait pas positivement l'époque de l'introduction du noyer en Europe. Un auteur moderne (M. Reynier, de Lau- sanne) pense que cet arbre n'étoit pas encore cultivé en Grèce au temps de Théophraste , quoiqu'il Tait été peu de temps après, et que le nom de napvov ne s'appliquoit alors qu'aux noisettes et quelquefois aussi aux amandes et aux châtaignes. Il croit que le nctùvov de l'ile de Thasos, mentionné dans Athénée et dans les Géoponiques, pouvoit être l'amande à coque tendre que Pline et Macrobe nomment Mollusca, et i86 lyOY dont Caton a peut-être voulu parler sous le nom de Nux grœca. Ce qu'on trouve dans Théophraste ne peut guère expliquer la matière. Quant à Pline , son ISux juglans est bien certainement notre noyer, et la bonne description qu'il donne de ses noix met la chose hors de doute : mais il ne fixe aucune époque pour l'introduction de cet arbre en Grèce et en Italie, il dit seulement que les noms grecs qu'on lui donne prouvent qu'il a été transporté en Europe par des Rois. Chez les Romains, les jeunes époux, après la cérémonie du mariage, jetoieut des noix au peuple, sans doute pour annoncer que désormais ils renonçoient aux jeux de leur enfance, pour s'occuper de soins plus sérieux : Mopse , novas inciJe faces , tibi Jucitur uxor ^ Sparge , marite , nuces , tibi deserit Hes]>eius yElajii. VlUGlL., Egl. 8. Cet usage s'est conservé dans plusieurs contrées du Midi, où la jeune épouse, après avoir reçu la bénédiction nuptiale, jette encore , comme autrefois , des noix et des amandes aux spectateurs. Le moyen qu'on emploie ordinairement dans les campagnes pour abattre les noix, a inspiré à un poè'te qui, sans doute, ji'aimoit pas les femmes , et dont le nom ne nous est pas connu, un distique dans lequel on ne peut voir qu'une mau- vaise plaisanterie. JVux, asinus , mulier , simili sunt lege ligata j Ilœc tria nil fructus faciunt si verbera cessant. Les anciens croyoient que le voisinage du noyer étoit nui- sible aux autres végétaux ; c'est d'après cette opinion qu'Ovide, dans son petit poème De ISuce, a fait dire à cet arbre: Me, sala ne lœcluni , c/uoriiam sata lœdere dicor , Imus in extremo margine fundus habet. On trouve aussi dans les anciens auteurs que ses émanations pouvoient produire divers accidens , comme des maux de tête, la fièvre, etc., à ceux qui se reposoient sous son ombrage; et c'est de là que quelques éfymologistes ont fait dériver le mot nux, de nocere , nuire ; mais cela ne peut être ^idmis, puisque les Latins, avant de ccnnoître le uo_yer, eiu- NOY 187 nloyoient déjà le mot nux pour désigner le fruit du noisct- tier, nux avellana , le fruit du pin, nux piiiea, etc. Le noyer est un des arbres qui mérite le plus l'attention des cultivateurs, à cause des avantages qu'il présente sous le double rapport des fruits qu'il donne et du bois qu'il fournit aux arts. Les noix se mangent fraîches et sèches. Un peu avant leur maturité on les nomme cerneaux , après que leur coquille est fendue en deux et que leur jeune amande en est retirée. C'est surtout dans les villes qu'on les prépare de cette manière et qu'on les mange principalement assaisonnées avec du sel et du verjus; à Paris, la consommation qu'on en fait chaque année, de la fin de Juillet au commencement de Septembre, est énorme. A cette dernière époque, leur coquille a acquis toute sa solidité; mais l'amande, encore fraîche, peut facile- ment être dépouillée de la pellicule qui la recouvre, et elle est fort agréable à manger; elle se digère d'ailleurs facilement. L'hiver, les noix se mangent sèches; mais alors elles ne tardent pas à contracter une âcreté qui diminue beaucoup de leur agrément : elles provoquent facilement la toux et elles devien- nent indigestes à cause de l'huile qu'elles contiennent ; on ne peut plus en manger qu'en petite quantité. Cependant, en les mettant tremper quelques jours dans l'eau , l'amande se gonfle, peut se dépouiller de sa peau et elle devient encore assez bonne. Au reste les noix ne peuvent jamais se conserver d'une année sur l'autre, sans contracter une saveur acre et rance insupportable. Avec les noix sèches pelées et du sucre, on fait une espèce de conserve brûlée qui est assez agréable, c'est ce qu'on ap- pelle nouga; mais celui fait avec les amandes douces est beau- coup meilleur. Long-temps avant leur maturité, lorsque le bois de leur coquille est encore herbacé , dès le mois de Juin ou le com- mencement de Juillet , on fait avec les jeunes noix et du sucre , des espèces de confitures ; qui se préparent avec l'enve- loppe ou brou , ou sans le brou ; les premières passent pour être plus stomachiques; les dernières sont plus agréables au goût. A l'époque où l'on confit les noix, on peut aussi en faire nne liqueur de table, en mettant infuser une douzaine de )S8 p^TQY ces jeunes fruits clans une pinte d'eau-de-vie et en ajoutant ensuite suffisante quantité de sucre. « L'usage le plus général qu'on fait des noix sèches , dit Duhamel, est d'en retirer l'huile. Pour cela on ôte la co- quille et les cloisons qui séparent les amandes : on fait un peu sécher celles-ci dans un four qui doit avoir peu de cha- leur; on les broie ensuite sous une meule verticale, sembla- ble à celle que l'on emploie pour les olives; et la pâte que cette opération produit, se renferme dans des sacs de toile forte, que Ton porte sous la presse pour en retirer l'huile. Celle qui coule de cette expression s'appelle huile tirée sans feu , et il y en a qui la préfèrent au beurre et à l'huile d'olives pour faire les fritures. On retire ensuite cette pâte des sacs pour la mettre dans de grandes chaudières, sur un feu lent avec un peu d'eau bouillante; puis on la remet dans des sacs sous la presse, pour en retirer une seconde huile qui a une odeur désagréable , mais qui est bonne pour les lampes , pour faire du savon , et excellente pour les peintres, surtout quand on a soin de l'engraisser, en la faisant cuire avec de la litharge ou quelqjie autre préparation de plomb. Pour avoir l'huile grasse plus belle, on met l'huile dans des vases de plomb de forme aplatie, comme une soucoupe, exposés au grand soleil, où , quand elle a pris la consistance de sirop épais , on la dissout avec de l'essence de térébenthine; on peut alors en faire un vernis gras , qui est assez beau, appliqué sur les ou- vrages de menuiserie ; on peut encore la broyer avec diffé- rentes couleurs, qui alors sèchent très-vîte et deviennent fort brillantes.» Le marc qui reste après l'extraction de l'huile de noix forme une sorte de pain, qu'on donne à la volaille pour lui servir de nourriture. Ce marc, lorsqu'on le brûle, répand une flamme très- claire; les habitans des campagnes en font, dans quelques canton^, un moyen d'éclairage. L'huile de noix et quelques autres parties du noyer sont quelquefois employées en médecine; mais en général on n"en fait que peu d'usage sous ce rapport. On peut, avec les noix nouvelles , faire des émulsions comme avec les amandes douces. En distillant les fleurs et les fruits dans trois états différens , on obtient dans les pharmacies l'eau des trois noix NOY 28CJ qui éioit jadis plus qu'aujourd'hui eniployëe comme stoma- chique, anti- hystérique et hydragogue. Les anciens croyoient les noix alexipharmaquês , et c'est ce qui leur a valu une place dans l'antidote de Mithridate ; mais, à en juger par la com- position de ce fameux remède, ce prince savoit bien mieux combattre les Romains que les poisons. L'huile de noix récente est purgative et vermifuge, on l'a préconisée contre le tœnia; il faut la donner à la dose de quatre à cinq onces tous les jours, jusqu'à l'expulsion du ver. Cette huile est plus parti- culièrement d'usage en lavemens dans le traitement de la colique des peintres. En général, on peut la substituer dans la pharmacie aux autres huiles; mais on ne doit s'en servir que lorsqu'elle est fraîche, et elle a l'inconvénient de rancir promptement. Le brou des noix , qui contient beaucoup de tanin et d'acide gallique , est tonique et astringent ; il a quelquefois produit le vomissement et la purgation; il a aussi été vanté, par les uns comme vermifuge , et par les autres comme sudo- rilique. L'écorce moyenne de noyer, recueillie au printemps, des- séchée et réduite en poudre , a été indiquée comme émé- tique; les chatons mâles possèdent surtout cette propriété. L'écorce des racines, macérée dans le vinaigre, est rubéfiante et pourroit servir à foruier des exutoires. Nous croyons inutile de rapporter ici beaucoup d'autres propriétés attribuées aux diverses parties du noyer; J. Bau- hin , dans son Histoire des plantes, et Buchner , dans sa Dissertation de Nuce juglande, en ont fait une longue énu- mération. On avoit déjà reconnu que la sève de noyer étoit extrê- mement douce; mais M. Banon , pharmacien à Toulon, est le premier qui en ait retiré de véritable sucre. C'est à la fin de l'hiver et pendant tout le printemps qu'on peut se livrer à cette exploitation. Au moyen d'une tarière de fer d'un demi-pouce de diamètre, on fait au tronc du noyer un trou de trois pouces de profondeur, dans lequel on enfonce une canule de roseau ou de bois de sureau dont on a retiré la moelle : bientôt la sève découle abondamment parce conduit; on la recueille dans un vase de terre. L'endroit où il faut NOY perforer l'arbre n'est pas indifférent : la sève est presque în» àipide lorsqu'on la prend près de la terre; elle est de plus en plus sucrée en approchant de la partie supérieure du tronc de l'arbre. Il résulte des expériences faites à ce sujet par M. Canon, qu'il faut faire les trous dans l'arbre le plus haut possible , et jamais au-dessous de seize pouces, à compter du niveau du terrain. La sève coule pendant un mois au moins, si l'on ne fait qu'une ouverture. On doit toujours commencer par le côté exposé au midi, parce que la plus grande quantité de lumière et de chaleur contribue singulièrement à la quantité et à la qualité de la sève. On peut faire deux à trois ouver- tures , mais il faut s'en abstenir autant que possible , de crainte d'épuiser l'arbre par cette quantité de saignées. L,e côté du levant et celui du couchant doivent être percés lorsque celui du midi ne donne plus; le côté du nord doit être réservé pour la dernière saison. On ne peut déterminer exactement la quantité de sève que fournit chaque noyer; elle varie selon une foule de circonstances. La sève est claire et limpide comme de l'eau. On ne peut la conserver plus de vingt -quatre heures; car au bout de ce temps elle passe à la fermentation alcoolique. Pour la convertir en sucre on commence par la passer à travers une toile, afin de la débarrasser des parties ligneuses et autres corps étrangers qui pourroient y être mêlés: ensuite on la fait évaporer dans des chaudières très-évasées. Quoique le sucre de noyer ne contienne pas d'acide libre, puisqu'il ne rougit pas les couleurs bleues végétales, il est cependant à propos d'y ajouter un peu de chaux pour saturer l'acide qui se forme par l'action de la chaleur et dont la présence nuiroit à la cristallisation du sucre. On enlève les écumes avec soin; on clarifie avec des blancs d'œuf ou du sang de bœuf; on filtre , on remet sur le feu , et l'on fait cuire en consistance de sirop. Lorsque celui-ci a acquis le degré de cuisson né- cessaire ; on le verse dans de grands cônes d'argile non ver- nissés et trempés préalablement dans l'eau. Le sucre critallise au bout de quinze jours en grains semblables au sucre brut de canne : on peut l'employer, selon M. Banon , aux mêmes usages et à la même dose sans y trouver de goût étranger. Le sucre brut de noyer paroît même, d'après lui, préférable NOY u)i au sucre de canne , car il contient beaucoup moins de mucoso-sucré ou de mélasse, et l'on peut le faire cristalliser presque jusqu'à la dernière goutte. En général, un quintal de sève donne deux livres et demie de sucre brut, qui peut être ralliné et converti en pains très -blancs et très- sonores par les procédés ordinaires ; mais l'avantage de l'avoir sous cette forme et dans cet état de pureté, est acheté par la perte d'un tiers de sucre. On doit regretter que M. Banon n'ait transmis aucune donnée exacte sur les frais d'exploitation, et qu'il n'ait pas joint à son mémoire (envoyé à la Société médicale d'ému- lation) un échantillon du sucre qu'il a obtenu. Dans quelle proportion, d'ailleurs, la séA^e est- elle fournie par chaque arbre, et n'est-il pas à craindre que la soustraction de cette sève ne soit nuisible à la production des fruits? car si , comme on peut le soupçonner, la quantité des fruits étoit beaucoup diminuée sur les noyers qu'on auroit privés d'une partie de leur sève , il n'y auroit aucun avantage à en extraire du sucre ; et d'ailleurs reste encore à savoir si , dans tous les cas , les frais n'absorberoient pas les bénéfices. Les teinturiers emploient les racines de noyer et le brou des noix pour donner à certaines étoffes une couleur brune, qui est très-solide. Dès le temps de Pline on se servoit de l'enveloppe des noix pour teindre les laines, et on emplovoit aussi à cette époque les petites noix toutes jeunes pour don- ner aux cheveux une couleur blonde. En faisant macérer le brou, on en prépare une couleur avec laquelle on peut donner aux bois blancs une teinte qui imite, en quelque sorte, celle du bois de noyer. Les menuisiers et les ébénistes emploient souvent cette couleur, qu'ils préparent facilement dans le temps que se vendent les cerneaux, et qui se con- serve long-temps. Le bois de noyer est doux , liant et flexible; il se taille bien au ciseau et prend au rabot un beau poli. Dans sa jeunesse il a peu de valeur, parce qu'il est blanchâtre, sujet à être attaqué des vers ; mais il prend en vieillissant une couleur brune et se veine quelquefois d'une manière fort agréable. C'est un des plus beaux bois de l'Europe et celui qu'on em- ploie le plus pour faire des meubles de toute sorte, comme Î92 NOY bois de lit, tables, commodes, secrétaires, chaises, etc. : il offre l'avantage , lorsqu'il est bien sec , de ne pas se tour- menter; c'est ce qui le faisoit employer autrefois par les peintres, lorsqu'il étoit plus d'usage de faire beaucoup de tableaux sur bois plutôt que sur toile. Les tourneurs, les sculpteurs, les carrossiers , les armuriers, en emploient beau- coup, et jusqu'à présent aucun autre bois indigène n'a pu remplacer celui de noyer pour la monture des fusils de guerre, et sous ce rapport il fut même un temps en France, où les manufactures d'armes eurent de la peine à s'en procurer assez pour leurs besoins. Dans certains départemens du Midi et du centre de la France, le principal usage du bois de noyer est pour la fabri- cation des sabots. Dans le seul département de la Haute- Vienne ce genre d'industrie consomme, dit- on, par an quatre mille noyers, et l'on fait de chaque arbre soixante paires de sabots ; aussi le bois de noyer devient de jour en jour plus rare dans ce département, et en général dans la plus grande partie de la France, parce qu'on en détruit pres- que partout plus qu'on n'en plante. N'importe pour quelle espèce d'ouvrage, on préfère pour la solidité et la beauté le bois des noyers qui ont cru sur les coteaux et dans les terrains secs, médiocres ou même mau- A ais. A cette exposition et dans cette nature de sol , les arbres croissent beaucoup plus lentement; mais leur bois est plus veiné et il a le grain plus dur, plus solide. Les noyers venus dans des terrains gras, fertiles, humides, croissent avec bien plus de rapidité; mais leur bois est mou, peu solide et de bien moindre durée. Le tronc et les grosses branches des noyers s'emploient rare- ment pour le chauffage, à cause du produit bien plus consi- dérable qu'on peut en retirer comme bois de travail; le bois du noyer ne donne d'ailleurs qu'un chauffage médiocre , ne fait point un feu ardent et ne produit que peu de charbon. La culture du noyer, si importante pour les arts et l'écono- mie domestique , n'est pas en général suivie avec tout l'intérêt qu'elle mérite. On a abattu un grand nombre de ces arbres à l'époque de notre tourmente révolutionnaire, où les choses n'ont pas été plus à l'abri que les hommes de cet esprit de NOY 193 deslructlon qui avoit tout envahi; et depuis que nous jouis- sons de temps plus tranquilles, on est encore loin d'avoir réparé le mal qui s'est fait alors; peut-être même, sous ce rapport, ne pourra-t-il jamais être réparé; car raccroissement de la population augmente tous les jours les besoins de bois de toutes sortes, et cet accroissement de population faitaussi que tous les jours on est obligé .d'accroître les cultures qui ten- dent directement à la vie de l'homuic, tandis qu'on resserre au contraire les espaces consacrés aux plantations d'arbres qui ne paroissent être que d'un avantage secondaire. Ce qui s'oppose encore aux plantations de noyers, c'est que dans notre siècle on veut des jouissances promptes, et qu'un noyer de vingt ans ne rapporte encore qu'un petit nombre de noix: ce n'est que de quarante à soixante ans et au-delà que ses fruits peuvent offrir chaque année un produit qui récompense le propriétaire , et il faut un siècle et plus pour qu'il pro- duise de beau bois. Rarement plante-t-on dans sa jeunesse, et lorsque, dans l'âge mûr, on fait des plantations de noyer, il faut que ce soit dans l'espoir que nos enfans ou même nos petits- enfans en retireront le profit. Le noyer n'est pas difîicile sur le terrain , puisqu'on le voit réussir dans des terres d'une nature très - différente ; seulement sa croissance est plus rapide dans un bon fond que dans un sol sec et pierreux .- mais dans ce dernier, comme nous l'avons déjà dit , son bois est plus beau et de meilleure qualité. On ne le muliiplie que de semis; la greffe n'est point un moyen de se procurer de nouveaux individus , elle ne peut servir qu'à les modifier et à les changer d'une variété dans une autre. Pour faire des semis de noyer , il est essen- tiel de se procurer de bonnes noix, et pour les avoir telles, il faut les prendre au moment de leur parfaite maturité, lorsqu'elles quittent facilement leur brou. On peut semer à l'automne ou à la fin de l'hiver. Si on a son terrain tout prêt, il vaut mieux faire ses semis à la pre- mière époque, depuis la fin d'Octobre jusqu'en Déceznbre, s'il n'y a pas encore de gelées. On recommande de semer les noix avec leur brou; c'est un moyen, dit-on, de Içs préserver des rats et autres animaux de ce genre, qui quelquefois en font un grand ravage pendant l'hiver. Cependant depuis 35. i3 194 NOY douze ans nous avons semé plusieurs milliers de noix dé- pourllées de leur brou, et elles n'ont jamais été la proie de ces petits animaux. Quoique le noyer puisses'accommoder d'un mauvais terrain, il est préférable, quand on veut en faire des pépinières, de prendre une bonne terre, qui ait du fond et qui soit bien la- bourée , afin que le pivot de l'arbre puisse se former et s'en- foncer plus facilement. Lorsqu'on ne peut pas disposer d'un terrain en automne , il faut garder ses noix à la cave , ou dans un cellier, et stratifiées dans du sable un peu humide jusqu'au mois de Mars. Quelle que soit d'ailleurs l'époque où l'on fasse le semis, on trace sur le sol, convenablement préparé, des lignes à un pied l'une de l'autre, et on enfonce chaque noix à deux pouces de profondeur dans les terres fortes, et à trois pouces dans celles qui sont plus légères, en laissant six pouces d'intervalle de l'une à l'autre. 11 vaut mieux faire de petits sillons de la profondeur indiquée, et y placer les noix au fond , que de se servir d'un plantoir. Avec cet instru- ment on ne sait comment la noix se trouve placée au fond de chaque trou, et il est très -avantageux pour la bonne réus- site du semis, que la noix soit toujours placée sur le côté, de manière que, lors delà germination, la radicule ait le moins de chemin possible à faire pour s'enfoncer perpen- diculairement. C'est ce qui arrive, lorsque la noix est hori- zontale au fond du sillon, avec les sutures de ses valves dis- posées de telle manière que Tune soit inférieure et appuyée sur la terre, et l'autre supérieure, tournée vers le ciel. Les valves étant ainsi disposées, lorsqu'elles s'entr'ouvriront pour laisser passer la radicule et la plumule , celles-ci pourront, sans que rien fasse obstacle à la direction que chacune d'elles doit suivre , l'une s'enfoncer perpendiculairement en terre , l'autre au contraire se diriger vers le ciel. Lorsque, au con- traire, les coquilles de la noix se trouvent placées horizonta- lement, ainsi que leurs sutures, il arrive souvent que d'une part la plumule ou jeune tige est arrêtée par Ja valve supérieure, et ne parvient pas toujours à la repousser de côté ou à la chasser devant elle, et alors cette jeune tige avorte. D'autre part, la radicule, trouvant l'autre valve au-dessous d'elle, se contourne plus ou moins dans son intérieur, avant d'aller NOY 195 gagner la terre; le pivot qu'elle doit former ne prend que peu ou point d'accroissement, et les jeunes pieds qui résultent d'une telle germination , sont rabougris, restent toujours en retard de ceux dont le développement n'a éprouvé aucune gêne, et même jamais ils ne font de beaux arbres. La plupart des agronomes prescrivent de mettre beaucoup plus d'intervalle entre les jeunes noyers de semis; mais cela fait perdre beaucoup trop de terrain. Avec six pouces din- tervalle d'une tige à l'autre , le jeune plant a suffisamment d'espace, d'autant plus que le pivot, qui descend perpendi- culairement, va chercher sa nourriture plutôt profondément que latéralement. Pendant la première année, le semis a be- soin de plusieurs sarclages; il faut en faire faire toutes les fois qu'on le voit embarrassé de mauvaises herbes. 11 est rare qu'il soit nécessaire de lui donner des arrosemens , à moins que le printemps ou l'été ne soient très-secs, ou que le sol dans lequel il est placé ne soit lui-même d'une nature sèche. A l'automne, ou seulement en Février ou Mars, on relève ordinairement tout le semis pour couper le pivot et forcer les jeunes arbres à pousser des racines latérales, qui facilitent la reprise lorsqu'on est pour les planter à deuieure. Au lieu de faire cette opération complètement, on peut n'enlever qu'un rang sur deux , et dans le rang qu'on laisse , deux arbres sur trois, de manière à ce que tous les arbres restans soient à dix-huit pouces les uns des autres dans le sens des ran- gées, et qu'il y ait deux pieds d'intervalle entre chacune de celles-ci. Les arbres déplantés ou le semis entier relevé, si on a pris ce dernier parti, sont .de nouveau remis en pépinière, en observant entre chaque plant la distance que nous venons de donner. Plusieurs cultivateurs veulent même qu'on ne laisse jamais moins de deux pieds en tout sens d'un arbre à l'autre , quelques-uns même vont jusqu'à trois et quatre pieds; mais nous pouvons assurer, d'après notre propre expérience, que de jeunes noyers plantés à dix-huit pouces de distance les uns des autres, et par rangées, entre lesquel'es on h^isse deux pieds d'intervalle, viennent très-bien. Pour les disposer à trois et quatre pieds les uns des autres, il faut avoir beau- coup de terrain disponible; c'est ce qui narrive pas aux pé- 19^ NOY piniérisfes marchands , et même pour les propriétaires il deviezit trop dispendieux d'espacer ainsi les jeunes arbres. Le noyer que l'on transpiaule à un an, n'ayant pour racine qu'un gros et fort pivot , peut facilement être planté dans un terrain bien labouré et convenablement amendé, en se ser- vant du plantoir; cependant les plants placés dans des rigoles de quinze pouces de profondeur sur autant de largeur, font beaucoup mieux. Les arbres qu'on n'aura pas déplantés, s'élèveront bien plus rapidement que ceux qui auront subi la déplantation, et ils seront au moins un an plus tôt en état d'être mis en place; mais alors, comme ils n'ont qu'un long pivot et point du tout de racines latérales, ou qu'elles ne sont que très-foibles, ils reprennent plus difficilement, sont languissans ni.ndant un an ou deux, de sorte qu'on est plus sujet à les perdre. Ils demandent d'ailleurs plus de peine et de temps pour les arracher, parce qu'il faut fouiller la terre très-profondément, afin de ménager leur pivot, qui est descendu à plusieurs pieds en terre, et qu'il est utile de tronquer le moins possible. Pendant que les noyers sont en pépinière, on leur donne chaque année un labour superficiel en automne ou en hiver, et deux binages pendant la belle saison, pour les débarrasser des mauvaises herbes : le premier vers le milieu du prin- temps, et l'autre dans le courant de l'été ; la première année même, lorsqu'il pousse beaucoup de mauvaises herbes, il est utile de rapprocher les binages et d'en faire un de plus. Les années suivantes , comme ils pousseront plus de feuil- lage, les mauvaises herbes auront moins de prises sur eux. La greffe du noyer est encore inconnue dans une grande partie de la France; cependant elle est en usage depuis long- temps dans le Dauphiné et dans plusieurs autres parties du Midi , où l'on a reconnu que le noyer greffé produisoit une bien plus grande quantité de fruits que celui qui ne l'est pas. Les noyers greffés de noix mésange sont principalement fertiles. Une mesure donnée de cette noix contient plus pesant d'amande qu'une égale mesure des au très variétés et rend aussi plus d'huile; on assure d'ailleurs que chaque arbre greffé et en plein rapport, donne, dans les bannes années, dix mesures de noix, tandis que les noyers sauvageons n'en donnent guère qu'une seule. NOY ^^y Le noyer se greffe en flûte ou en écusson ; il peut même se grefïer en fente. C'est au printemps, lorsque les arbres sont en pleine sève, qu'il convient de pratiquer les deux pre- mières sortes de greffe , qui sont celles qui se font le plus com- munément dans les pays où on est dans l'usage de greffer les noyers. On greffe ordinairement dans la pépinière les jeunes noyers âgés de deux à trois ans; mais les gros noyers, même âgés de quarante ans et plus, peuvent aussi être greffés : pour cet effet on rabat toutes les branches de l'arbre à huit ou dix pieds au-dessus du tronc ; le bois étant alors plus dur, les extrémités coupées ne sont pas sujettes à se creuser et à pourrir comme dans la jeunesse. Pendant l'année qui suit , les grosses branches conservées poussent des jets considéra- bles, qu'on greffe tous, ou au moins les plus beaux, au prin- temps de la seconde année. Les noyers élevés en pépinière sont bons à mettre en place lorsqu'ils ont au moins sept à huit pieds de hauteur; jusque- là on taille chaque année le superflu des branches qui pous- sent latéralement, de manière à leur former une tige bien droite, et en ayant toujours soin d'en conserver l'extrémité, à moins qu'elle n'ait été endommagée par suite des gelées ou de quelque autre accident. Dans la transplantation à demeure il faut aussi avoir le soin de conserver le bourgeon terminal de l'arbre sans le retrancher, parce que le bois des noyers étant tendre dans sa jeunesse et ayant beaucoup de moelle, l'eau des pluies, en s'introduisant dans le trou qui ne tarde- roit pas à se former par suite de l'amputation de la tête de l'arbre, endommageroit bientôt cette partie, en y dévelop- pant une pourriture qui , en s'étendant par la suite , pour- roit causer la carie de tout le tronc. Cependant, lorsque par l'efiFet de la gelée ou autrement de jeunes noyers ont perdu leur bourgeon terminal , on répare assez facilement cette perte en coupant bien net , avec une serpette bien tran- chante , la tige morte ou flétrie , le plus près possible du premier bourgeon qui paroît se développer avec vigueur; de cette manière il se forme ordinairement, avant la fin de la belle saison , assez d'écorce pour recouvrir la plaie. Ce sont moins en général les larges plaies qui sont à craindre pour les arbres de toute espèce , que celles qui sont faites ïgs NOY avec des contusions de l'écorce , ou dans lesquelles , comme ce n'est que trop souvent la mauvaise pratique des ouvriers dans les campagnes , on laisse de longs chicots : celles-ci sont toujours plusieurs années à se cicatriser, quelquefois elles ne se ferment jamais complètement, et sont l'origine des caries qui attaquent tant d'arbres et les font périr avant qu'ils soient parvenus à leur entier développement. Il est toujours bon que les trous dans lesquels on doit planter des noyers, soient faits quelque temps à l'avance; ils doivent avoir au moins quatre pieds de largeur, et leur profondeur variera selon la nature du sol. Dans un bon fond et lorsque les arbres ont conservé leur pivot , des trous de trois pieds de pro- fondeur n'ont rien de trop ; mais , lorsque le pivot a été retranché dans la pépinière et que les arbres ont beaucoup de racines latérales, deux pieds de profondeur suflîront ; si même le fond du terrdin est mauvais, on pourra ne faire creuser les trous qu'à dix-huit pouces, et lorsqu'on plantera les arbres, il ne faudra pas enfoncer leurs racines à cette profondeur, mais remplir d'abord les trous de six à huit pouces de bonne terre, placer le pied des arbres sur cette terre meuble, dans laquelle il pourra prendre du chevelu, et recouvrir ensuite les racines avec de la terre ordinaire. Depuis cinq à six ans nous avons planté ainsi plusieurs centaines de noyers dans un sol qui n'a souvent que dix à douze pouces de bonne terre, et quelquefois encore moins; au-dessous est une pierre cal- caire. Ces arbres ont mieux réussi que d'autres que nous avions plantés précédemment dans le même sol et pour les- quels nous avions fait faire des trous de deux pieds et demi à trois pieds de profondeur. Le noyer qu'on n'a pas privé de son pivot, s'enfonce beau- coup dans un bon terrain ; sa croissance est plus belle et plus rapide que relie de celui qui n'est pourvu que de racines latérales et qu'on plante dans un mauvais sol: mais si on a soin de ne pas trop enfoncer le dernier, quoiqu'il végète plus lentement que le premier, ses racines, en s'étendant presque horizontalement h la surface du sol, iront chercher leur nourriture au loin dans les meilleures veines de terrain, 8t avec le temps il pourra faire encore un assez bel arbre. Le noyer venu de semence ne rapporte pas de fruits avant NOY 199 huit ou dix ans : la greiFe hâte l'époque où il fructifie; mais, quelque avantage que présentent les arbres greffes, il ne faut pas espérer d'en retirer une récolte qui mérite la peine d'être recueillie avant dix -huit à vingt ans. Les noix ne se recueillent point à la main, parce que cela occasionneroit beaucoup trop de travail et de dépense ; on les abat en frappant à coups de gaules les extrémités des branches où elles sont placées. Cette méthode a l'inconvé- nient de briser beaucoup de rameaux et de bourgeons, sur- tout lorsqu'on abat les noix pour en faire des cerneaux , parce qu'avant leur maturité elles tiennent bien plus forte- ment aux branches et qu'on ne peut les en détacher qu'à coups redoublés. Cela fait que le plus souvent les arbres ne produisent beaucoup que tous les deux ans, parce que, l'année de la récolte abondante, l'arbre perdant beaucoup de bour- geons à fruit par le gaulage, ne peut être d'un aussi bon rapport l'année suivante; mais alors, comme le petit nom- bre de fruits qu'il porte n'exige pas qu'on le tourmente au- tant, il donnera de nouveau, l'année qui suivra, une bonne récolte, à moins que celle-ci ne soit subitement anéantie, dans le moment qu'elle n'est encore qu'en espérance , par des gelées tardives qui surviennent au moment de la florai- son. Ces accidens ne sont pas rares dans le climat de Paris. Les noyers, dans leurs premières années, sont sensibles au froid , et celui qui descend au-dessous de neuf à dix degrés, leur est souvent fatal. Ainsi , en 1820 , nous avons perdu plus des trois quarts d'un semis de noyer d'un et de deux ans. Enfin, dans les hivers très-rigoureux et très- prolongés, les gros arbres eux-mêmes peuvent être frappés de mort; c'est ce qui arriva en 1709 à un très -grand nombre de forts noyers. On sème rarement le noyer en place; plus rarement en- core le sème-t-on pour en former des bois. Comme on le plante ordinairement sur le bord des champs ou en avenue, on conçoit qu'il seroit trop difficile de le garantir dans sa jeunesse des accidens de toute espèce auxquels il seroit alors très-exposé. Ce n'est que dans un jardin, ou au moins dans un enclos, qu'on peut semer quelques noyers à demeure; et ces arbres s'y élèveront avec bien plus de rapidité et à une aoo NOY hien plus grande hauteur que ceux plantes dans la pépinière, dont on aura retranché le pivot et qui subiront au moins deux transplantations. Ce n'est pas trop avancer que de dire qu'à vingt ans ils seront aussi beaux que les autres à trente. Si on vouloit semer des noix pour en former des bois , nous croyons qu'on pourroit le faire dans des rigoles ivacéa à six pieds les unes des autres, défoncées à douze ou quinze pouces de profondeur, et dans lesquelles on placeroit les noix à deux pieds les unes des autres. Il faudroit, pendant la pre- mière année, avoir le soin de faire sarcler le semis pour le débarrasser des mauvaises herbes , et pendant les trois à quatre années suivantes lui faire donner , pour le même objet , deux binages en temps convenable. Lorsque les noyers auroient quatre à cinq pieds de hauteur , un seul labour par an pour- roit leur suffire; et, enfin, lorsqu'ils en auroient atteint huit à dix, on les abandonneroit à la nature; seulement comme les arbres seroient alors trop pressés , il faudroit en faire couper les deux tiers ou les trois quarts, ou mieux encore, en n'attendant pas qu'ils fussent trop forts, on pourroit les faire arracher pour les replanter ailleurs. Comme des noyers élevés de cetle manière ne produiroient que peu de fruit, et qu'on ne doit les considérer que sous le rapport du produit qu'ils pourront donner un jour par leur bois , il faut, lors du semis , préférer la noix anguleuse à toute autre. Le noyer commun a nécessité, pour faire connoître tout ce qui avoit rapport à ses usages et à sa culture, que nous entrassions dans des détails un peu longs. Les autres espèces exotiques, tout intéressantes qu'elles puissent être, n'exige- ront pas autant de détails, et il sera possible d'en traiter plus brièvement, en n'omettant cependant rien d'essentiel. Noyer NOIR : Juglans nigra, Linn., Spec, 141 5; Mich., Arb. Amer., 1, p. 167, t. 1. Dans son pays natal cet arbre a fré- quemment dix à douze pieds de circonférence, quelquefois plus de vingt, et son élévation est en proportion, puisque celle-ci est de soixante à soixante-dix pieds. Lorsqu'il est isolé, ses branches s'étendent presque horizontalement à une grande distance ; et il forme alors une vaste tête, qui couvre beau- coup d'espace. Ses feuilles soiit composées de quinze à dix- aeuf folioles ovales-lancéolées, dentées en leui-s bords, légè- NOY 201 rement pubescentes, d'un vert assez foncé, opposées par paires les unes aux autres, avec une impaire, et attachées par de courts pétioles. Les fleurs mâles sont disposées en chatons simples, cylindriques, pcndans. Aux fleurs femelles , toujours placées à l'extrémité des branches, succèdent des fruits par- faitement globuleux, de six pouces de tour ou environ , dont le brou est très-épais, un peu inégal à sa surface, et dont la noix est très-dure, un peu comprimée latéralement et sil- lonnée à sa surface. L'amende renfermée dans celle noix est douce et d'un goût assez agréable, quoique inférieur à celle du noyer commun. On la mange dans quelques cantons de l'Amérique septentrionale. Le noyer noir croît naturellement dans les vallons et les forêts de la Louisiane et des Etats- Unis. 11 se plait surtout dans les terres profondes et fertiles ; c'est là qu'il acquiert sa plus grande élévation. D'après M. Michaux , lorsque cet arbre est nouvellement débité, son aubier est très-blanc, tandis que le cœur est violet; mais, bientôt après avoir été exposé à l'air, cette couleur prend plus d'intensité et devieut presque noire; d'où est venu probablement à cet arbre le nom de noyer noir. On estime son bois, parce qu'il résiste long-temps à la pourriture, quoi- que exposé aux alternatives de la chaleur et de l'humidité, pourvu néanmoins qu'il soit privé de son aubier, qui s'al- tère très-promptement ; parce qu'il a beaucoup de force et qu'il tient bien les clous; parce qu'il n'est pas sujet, une fois qu'il est bien sec, à se tourmenter ni à se fendre; parce qu'il a le grain assez ferme et assez fin pour recevoir un beau poli; enfin, parce qu'il a l'avantage de n'être point attaqué par les vers. On s'en sert dans les États-Unis , selon les loca- lités , pour la charpente des maisons et pour certaines parties des constructions navales; mais on en fait surtout un grand usage pour les travaux d'ébénisterie. On en fabrique des meublt's de toute sorte, qui sont souvent très-beaux par les accidens, qui serencontrent principalement dans les morceaux tirés de l'endroit où le tronc se partage en plusieurs branches. On en fait aussi les montures des fusils destinés aux troupes. En Virginie on s'en sert encore fréquemment pour faire les pieux des entourages pratiqués autour des champs, parce 202 ]yOY qu'il peut rester vingt à vingt-cinq ans en terre sans s'altérer. Ailleurs on en fait des moyeux pour les roues des voitures; enfin , on en fait des canots et des pirogues : les plus grandes de ces pirogues, qui sont d'un seul tronc d'arbre, ont qua- rante pieds de longueur sur trois de largeur. Le brou qui enveloppe la noix , donne une couleur assez semblable à celle qu'on retire de notre noyer commun. Dans les campagnes on s'en sert pour teindre les étoffes de laine. Il y a près de deux cents ans que le noyer noir a été in- troduit en Angleterre et en France •- il a très-bien réussi dans ces deux pays, et maintenant il y donne abondamment des fruits qui servent à le multiplier. Il faut semer ses noix aussitôt qu'elles sont mûres; sans cela, à cause de la dureté de leur coquille , elles ne lèvent le plus souvent que la se- conde année. Cet arbre est une des espèces de l'Amérique septentrionale qui mérite le plus d'être plantée en France, à cause des bonnes qualités de son bois, que M. Michaux juge supérieur à notre noyer commun. Selon ce voyageur agro- nome, le bois du noyer noir est plus compact, plus pesant, plus fort, susceptible de prendre un plus beau poli ; enfin , il n'est pas sujet à être attaqué des vers : propriétés qui le rendent non -seulement propre à servir avec avantage aux mêmes usages que notre noyer, mais encore à être employé dans les grandes constructions. M. Michaux pense encore qu'il conviendroit bien pour succéder à l'orme sur les bords des grandes routes. Noyer CEti d rû : Juglans cinerea, Linn. , Spec, 141 5; Juglans cathartica, Mich., Arb. Amer., 2, p. i65, t. 2. Cet arbre s'élève à cinquante pieds sur un tronc qui acquiert, dans sa partie inférieure , huit à dix pieds de circonférence , et qui se divise promptement en branches, qui s'étendent liorizoritale- ment à une grande distance, et lui forment une tête très- vaste et très -touffue. Ses feuilles sont composées de quinze à dix -sept folioles ovales -lancéolées, sessiles, dentées en leurs bords et légèrement velues. Les fleurs mâles sont disposées sur des chatons cylindriques, simples, longs de quatre à cinq pouces. Les fleurs femelles sont terminales, remarquables par leurs stigmates de couleur purpurine. Les fruits sont ovales-oblongs , ordinairement solitaires, sur des NOY 2o3 pédicules longs de deux à trois pouces; ils contiennent une noix très- dure, obtuse à sa base, sillonnée profondément d'une manière très -irrégulière et terminée au sommet par une pointe très-aiguë. L'amande est épaisse, très-oléagineuse; mais elle rancit très-promptement. Ce noyer croît naturel- lement dans les parties septentrionales des État-Unis d'Amé- rique, dans la haute Louisiane et dans le Canada. On est peu dans l'usage dans ces contrées d'en manger les noix à l'état de maturité ; mais, lorsqu'elles n'ont encore acquis que la moitié de leur grosseur, on les confit dans le vinaigre à la manière des cornichons. Le bois du noyer cendré n'a ni la force ni la pesanteur du noyer noir; mais il a, comme lui, l'avantage de résister long-temps à la pourriture et de n'être pas attaqué des vers. Il est d'ailleurs léger et d'une couleur rougeâtre. On ne l'em- ploie pas en Amérique dans les grandes constructions; mai» on en fait des pieux et des barres pour la clôture des champs , des pelles, des vases nommés sébilles, des panneaux de car- rosse et de cabriolet. L'écorce de cet arbre a une propriété purgative, qui a été constatée depuis long-temps par plusieurs médecins des États-Unis, et sous ce rapport elle est souvent employée dans le pays , soit en décoction , soit en extrait. Cette écorce , après qu'on l'a fait macérer pendant quelque temps dans de l'eau tiède, peut servir à faire une espèce d'exutoire. Les habitans des campagnes en font quelquefois usage pour teindre leurs étoffes de laine en brun foncé; mais elle ne donne pas une couleur aussi solide que le noyer noir. Le noyer cendré est cultivé en France depuis long-temps; mais il n'est encore que peu répandu , et il ne paroît pas présenter assez d'avantages pour mériter de l'être beaucoup. Il n'est propre qu'à servir à la décoration des parcs et des jardins paysagers, où il pourra, quand il sera isolé et par- venu à une certaine grosseur, produire un effet assez pitto- resque. "* Chatons composés ou attachés trois à trois au même pédicule. Noyer pacanier : Juglans pecan , "VValt. , Flor. CaroL, p. 2 36 ; 204 NOY Juglans olivœformii , Mich., FI. bor. Amer., 2 , p. 192; Willd^ Spec, 4, p. 457; Mich,, Arb. Amer., 1 , p. 170, t. 5. Cette espèce est un fort bel arbre, dont la tige est eflilée, et qui, lorsqu il croît pressé en corps de forêt, s'élève à soixante et jusqu'à soixante -douze pieds. Ses feuilles sont longues de douze à dix-huit pouces, composées de treize à quinze fo- lioles sessiles, oblongues-lancéolées, acuminées, dentées en scie, inégales à leur base, et un peu courbées en faucille d'un côté. Les noix sont oblongues, presque cylindriques, pointues à leurs deux extrémités, revêtues d'un brou peu épais, relevé de quatre angles saillans ; leur coquille est lisse, mince, quoique assez forte pour n'être pas brisée par la simple pression des doigts; elle renferme une amande bien fournie , qui n'est pas traversée par des cloisons ligneuses , et qui est d'une saveur agréable. Le pacanier se trouve natu- rellement dans la haute Louisiane, où il habite principale- ment les lieux frais et marécageux. On mange la noix pacane dans la Louisiane , et on en ex- porte même une certaine quantité pour les Antilles et les grandes villes des États-Unis. Cette noix, quoiquelle soit en- core sauvage, a, selon M. Michaux, un goût plus délicat que notre noix d'Europe, et on en trouve naturellement des va- riétés dont l'amande est beaucoup plus grosse que celle de nos noyers qui n'ont pas été cultivés. Cela lui fait croire que le pacanier mériteroit , sous le rapport de son fruit, l'attention des Européens, et qu'au moyen d'une culture soi- gnée on parviendroit à l'améliorer. L'arbre a l'inconvénient de croître avec une grande len- teur. Il ne donne pas de fruit avant vingt ans et plus. Il craint d'ailleurs le froid. Les jeunes arbres surtout sont sou- vent maltraités par les gelées dans le climat de Paris. Son bois est pesant, compact; il a beaucoup de force et d'élasti- cité , mais son grain est grossier. Noyer amer ; Juglans amara , Mich. , Arb. Amer. , 2 , p. 177, t. 4. Cette espèce atteint à une très-grande élévation dans les forêts où elle est indigène ; car , lorsqu'elle croît dans un bon sol, on en trouve des arbres qui ont soixante- dix à quatre-vingts pieds de hauteur , sur dix à douze pieds de circonférence. Ses feuilles, qui ont douze à quinze pouces NOY 2o5 de longueur, sont composées de sept à neuf folioles fort gran- des, sessiles, oblongues-lancéolées, dentées en scie, ^labres et d'un vert obscur. Les chatons qui portent les fleurs niàles, sont pendans, longs de deux à trois pouces et disposés trois à trois sur le même pédoncule. Les fruits sont globuleux , assez petits, terminés en pointe. Leur noix est plus large que longue, à- coque blanchâtre, lisse, assez; mince pour être fa- cilement brisée entre les doigts. Elle renferme une amande remarquable par des sinuosités profondes, et dune saveur très-âpre et très-amère. Ce noyer croît naturellement dans la Pensylvanie et dans quelques autres parties du Nord des Etats-Unis; il se plaît sur les bords des rivières et dans les lieux frais et humides. On le cultive en France dans quelques jardins d'agrément. Noyer aquatioue; Juglans aquatica , Mich., Arh. Amer., i , p. 182 , t. 5. Ce noyer s'élève à quarante ou cinquante pieds de hauteur. Ses feuilles sont longues de huit à neuf pouces, composées de neuf à onze folioles lancéolées, dentées, d'un beau vert. Ses noix sont rougeàtres, petites, anguleuses, un peu déprimées sur les cotés, a coquille tendre, et recouvertes d'un brou assez mince , un peu inégal en sa surface. L'amande qu'elles renferment, a une saveur amère et n'est pas man- geable. Cet arbre croît naturellement dans les marais des parties méridionales des États-Unis. M. Michaux en a ap- porté en France des noix qui ont bien réussi , et qui ont pro- duit des arbres qui ont poussé vigoureusement et qui ont bien résisté aux froids de nos hivers; mais leur fruit n'étant bon à rien , ils ne peuvent guère servir qu'à jeter de la diversité dans les grands jardins et dans les parcs. Noyer blanc : Juglans alba , Linn. , Spec, i4i5; Juglans tomentosa, Mich., F/or. bor. Amer., a , p. igq ; Mich. fils, Arb, Amer., 1 , p. 184, t. 6. La plus grande dimension à laquelle parvienne cet arbre dans son pays natal, est soixante pieds d'élévation , sur quatre à cinq pieds de circonférence. Ses bourgeons sont gros, courts, d'un gris blanchâtre; ce qui peut facilement le faire reconnoifre en hiver. Ses feuilles sont longues de vingt pouces, composées de neuf folioles ovales- lancéolées, légèrement dentées en leurs bords, odorantes, assez épaisses, très-velues inférieurement, ainsi que leur pétiole 2o6 NOY commun. Les fleurs màies sont disposées sur des chatons longs de six à huit pouces, pendans, réunis trois à trois sur un pér dicule commun et attachés aux aisselles des premières feuilles des pousses de l'année , qui sont terminées par les fleurs fe- melles peu apparentes et d'un rose pâle. Les fruits sont des drupes arrondis, sessiles ou presque sessiles, ordinairement réunis deux à deux; leur brou, qui est très- épais, devient dur et ligneux vers l'automne: et à cette époque il s'ouvre inégalement en trois ou quatre et jusqu'au deux tiers de sa longueur, pour laisser échapper la noix, dont la coquille est très-épaisse , très-dure , ordinairement anguleuse, légèrement striée, et qui renferme une amande douce, mais petite, difficile à extraire à cause des cloisons très-fortes qui sont interposées entre ses lobes. Cette espèce croît naturellement dans la Virginie, la Caroline, la Géorgie, etc.; sa végéta- tion est très- lente, et elle ne paroît guère propre à être plantée en Europe que comme arbre d'ornement. Noyer écailleux, Juglans squamosa, Mich. , Arb. Amer., i , p. iqo, t. 7. C'est de tous les noyers d'Amérique celui qui parvient à la plus grande hauteur, car il s'élève à quatre- vingts ou quatre-vingt-dix pieds; mais sa grosseur n'est pas proportionnée, son tronc n'acquérant guère plus de six pieds de tour. Ce qu'il présente de remarquable, c'est qu'il est d'une grosseur régulière et presque uniforme jusqu'à la nais- sance des branches, qui, dans les grands arbres, ne com- mencent ordinairement qu'aux trois quarts de la hauteur de la tige, et que l'épiderme de cette tige se divise naturelle- ment en un grand nombre de bandes étroites, longues d'un à trois pieds, recourbées en arrière, et seulement adhérentes parleur partie moyenne. Ses feuilles sont grandes, longues de quinze à vingt pouces, composées de cinq folioles ovales- lancéolées, dentées en leurs bords, lisses et d'un vert gai en dessus, légèrement pubescentes en dessous. Les chatons mâles sont longs de cinq à six pouces , glabres , pendans et réunis trois à trois sur un pédoncule commun, qui est attaché aux aisselles des premières feuilles des pousses de l'année , les- quelles sont terminées par les fleurs femelles , de couleur A-^er- dàtre et peu apparentes. Les fruits, qui succèdent à ces der- nières, sont des drupes arrondis , creusés de quatre sillons, qui NOY 207 indiquent les points où le brou doit s'ouvrir et se partao^er en quatre segmens égaux au moment de la parfaite maturité, pour laisser passage à la noix, qui est assez petite, blanchâtre comprimée sur les côtés, et à quatre angles saillans. L'amande que cette noix renferme, a un goût assez agréable pour qu'où la mange dans le pays et même pour qu'on en exporte une certaine quantité dans les contrées voisines. Cet arbre croît actuellement dans les Etats-Unis d'Amérique, principalement dans les endroits frais. Les Indiens des parties de l'Amérique où ce noyer est com- mun, recueillent ses noix pour l'hiver; ils les pilent dans des mortiers de bois, et, en faisant bouillir dans de l'eau la pâte qu'ils obtiennent , ils en retirent la matière huileuse qui sur- nage, pour s'en servir à assaisonner leurs alimens. Cet arbre est cultivé depuis assez long-temps en France, où on en a déjà quelques individus qui rapportent des fruits qui peuvent servir à le multiplier. NoYEii SILLONNÉ : Jugluns sulcuta , Willd., Spec, 4, p. 467; Juglans laciniosa, Mich. , Arb. Amer., 1, p. 19g, t. 8. Cette espèce a beaucoup de rapports avec la précédente; mais elle en diffère constamment, selon M. Michaux, parce que ses feuilles sont composées de sept à neuf folioles , et par sa noix, qui est une fois plus grosse, plus longue que large, et ter- minée à sa partie supérieure, ainsi qu'à sa base, par une pointe assez forte. La coquille en est aussi plus épaisse , de couleur jaunâtre, tandis qu'elle est toujours blanchâtre dans le noyer écailleux. Cet arbre croît dans la Pensylvanie , la Virginie et la Caroline. NovER A COCHON; Jiiglans porcina, Mich., Arh. Amer., i, p. 207, t. 9. Cet arbre est un des plus grands du genre, car il s'élève de soixante-dix à quatre-vingts pieds, sur dix à douze de circonférence. Ses feuilles sont composées d'un nombre variable de folioles , depuis neuf jusqu'à treize, selon que le terrain est plus frais et plus fertile. Ces folioles sont longues de quatre à cinq pouces, lancéolées, dentées en leurs bords, glabres sur leurs deux faces. Les chatons mâles sont filiformes, longs d'environ deux pouces. Les fleurs femelles sont verdâtres, peu apparentes et situées à l'extrémité des jeunes pousses. Il leur succède des drupes ovales -arrondis, 208 ^QY solitaires ou réunis deux à deux, contenant une petite noix lisse, très-dure , qui renferme une amande douce , mais peu fournie. Le brou qui enveloppe cette noix, est d'un beau vert, assez mince, et a Tépoque de la maturité il se fend jusqu'à moitié pour laisser échapper la noix. Ce noyer croît dans les endroits frais et fertiles de la Géorgie, de la Caro- line, de la Virginie et de la Pensylvanie. Ce n'est que de- puis très-peu de temps qu'il a été introduit en France. Noyer, muscade ; Juglans mjristicœformis , Mich. , Arh.Amer., 1, p. 211, t. lo. Jusqu'à présent cette espèce n'est connue que par ses feuilles et par ses fruits : les premières sont com- posées de sept à neuf folioles ovales-lancéolées ; les noix, ren- fermées dans un brou mince , un peu inégal en sa surface , sont fort petites, lisses, de couleur brune, parsemées de lignes blanchâtres, et leur coquille est tellement épaisse, qu'elle forme plus des deux tiers de la grosseur de la noix , et ne contient qu'une amande très-petite. Cet arbre croît dans les parties méridionales des Etats-Unis. Le bois des noyers pacanier, amer, aquatique, blanc, écallleux, sillonné et à cochon, est, en général, très- pesant; il a beaucoup de force et de ténacité ; cependant il se pourrit promptement lorsqu'il se trouve exposé aux alterna- tives de la chaleur et de l'humidité, et il est en outre très- sujet à être attaqué par les vers : cela fait qu'en Amérique on ne l'emploie pas pour la charpente des maisons et la cons- truction des navires; mais les qualités qu'il possède d'ailleurs le rendent propre à beaucoup d'usages d'une moindre im- portance. Ainsi on s'en sert pour faire des essieux de voi- tures, des manches de coignées et autres outils, des vis, des dents d'engrenage pour les moulins, des fûts de chaises, des manches de fouets, des baguettes de fusils, des dents de râ- teaux, des fléaux à battre les grains, des anses de seaux, certaines pièces de boisselcrie , des manches de balais, des cercles pour tonneaux, des barres de cabestan ; enfin on s'en sert pour le chauffage , et comme ce bois est très-pesant et très-compacte, il donne en brûlant beaucoup de chaleur, fournit un bon charbon, et il existe peu de bois qui puissent lui être comparés sous ce rapport. Le seul inconvénient qu'il ait , c'est de craquer en brûlant et d'enA^oyer au loin des NU 209 éclair elle-même. On donne plus particulière- ment le nom de nymphes aux insectes qui, sous cet état, sont niotiles. On appelle pupes , les nymphes immobiles mais à niembrts distincts, et chrysalides , aurélies ou fèves les nymphes dont les membres sont obtectés ou coarctés. Voyez dans ce Dictionnaire les articles Métamorphose et Chrysalide. (C. D.) NYMPHE. {Erpétol.) Nom spécifique d'un Bongare que nous avoiis décrit à la page 23 du Supplément du tome V de ce Dictionnaire. (H. C.) NYMPHE DE TERNATE. (Ornf//i.) L'oiseau ainsi nommé dans Séba , est le martin-pêcheur à longs brins, alcedo dea, Linn. (Ch. D.) NYMPHÉA, Njymphœa, Linn. {Bot.) Genre de plantes de Id polyandrie monogjnie du Système sexuel, et qui, placé d'a- bord par M. de Jussieu dans l'ordre des hydrocharidées , en a ensuite été retiré pour former le type d'une famille parti- culière, nommée nymphées par M. Salisbury, et nymphéacées par M. De Candollc. Quant à la place que cette nouvelle famille doit occuper dans la méthode naturelle, les botanistes n'en sont pas encore d'accord. M. De Candolle la range parmi les dicotylédones, M. de Jussieu et plusieurs autres dans les monocotylédones. Quoi qu'il en soit, les principaux carac- tères de ce genre sont les suivans : Calice de quatre folioles persistanies, colorées intérieurement ; corolle de quinze pé- tales ou davantage , insérés sur les côtés de l'ovaire et sur plusieurs rangs; étamines nombreuses , insérées, comme les pétales, sur plusieurs rangs; un ovaire ovale, couronné par lin stigmate sessile, marqué de seize à vingt rayons. Le fruit est une capsule charnue, divisée en seize à vingt loges, con- tenant chacune plusieurs graines attachées aux cloisons. Les nymphéas sont des plantes aquatiques, dont la racine NYM 249 est charnue, souvent horizontale au fond des eaux, radicante ; leurs feuilles sont ov.iles ou arrondies, échancrées en cœur, portées sur des pétioles cylindriques, qui s'élèvent iminéflia- tement delà racine jusqu'à la surface des eaux; leurs fleurs, d'un bel aspect, blanches, roses, rouges ou bleues, jamais jaunes, s'élèvent comme les feuilles au-dessus des eaux pour nager à leur surface. Linnœus n'a connu que quatre espèces de nymphœa, et en- core sont comprises par lui dans ce genre deux plantes dont les modernes font aujourd'hui les genres ISelumbium et ÏV«- p}iar. Dans l'ouvrage le plus complet que nous ayons mnin- tenant sur l'ensemble des espèces du règne végétal, le Prodro- inus systematis naturalis, etc., publié, il y a un an, par M. De CandoUe, on trouve vingt espèces mentionnées dans le seul genre ISymphœa. Selon Pline (liv. sS , c. 7), le nymp'hrr'a a pris son nom d'une nymphe, qu'un amour passionné pour Hercule conduisit au tombeau. Après sa mort elle fut métamorphosée en une plante que l'on appela nymphœa, pour consacrer le souvenir de son infortune. C'est pour cela, ajoute Pline, que quelques- uns l'ont nommée heracleon et d'autres rhopœlon, à cause de la ressemblance de sa racine avec une massue. Théophraste, dans son Histoire des plantes (liv. 9, c. i3), ne fait mention que d'une seule espèce de nj'ivpliœa^ tandis que Pline et Dios- coride en reconnoissent deux. Le nymphœa, dit-il, vient dans les étangs et dans les endroits marécageux, par exemple à Orchomènes, à Marathon et dans l'ile de Crête : les Béotiens l'appellent madonia et en mangent le fruit. Les feuilles, à la surface de l'eau, sont très-étendues. Pline (liv. aS^c. 7), et Dioscoride (liv. 3, c. 126), répètent cette description, en ajoutant que la fleur est semblable au lis, et que, lorsqu'elle est tombée, il reste à sa place une tête comme celle du pavot. Les botanistes modernes s'accordent à reconnoître à ces ca- ractèrt's le nymphéa blanc, nymphœa alba. La seconde espèce, au rapport des mêmes naturalistes, se trouve dans la Thessalie, sur les bords du fleuve Pénée. Sa rarine est blanche; sa fleur est d'un jaune pâle et de la gran- deur d'une rose. Cette description convient très-bien au /ym- p'iœalutea, Linn., que plusieurs auteurs modernes rapportent maintenant au genre Nénuphar. 25o ]VYM Outre ces deux espèces, on trouve encore plusieurs plante* mentionnées dans les ouvrages des anciens , plantes qui ne leur étoieiit point connues sous le nom de n^mphœa, mais qui appartenoient bien certainement à ce genre , ou à la famille des nymphéacées : le )ivct/j,oç dtyvTrr tantôt; , ou fève d'-Egypte, est de ce nombre. La fève, au rapport de Théophraste (liv. 4 , c. lo), vient dans les étangs et dans les marais. Sa tige est de la gros- seur d'un doigt, et ne peut s'élever à plus de quatre coudées; la fleur est rose, double de celle du pavot ; le fruit ressemble assez à un rayon de miel circulaire : il est divisé en cclhiles contenant des fèves. La racine se mange crue, cuite ou grillée, Dioscoride (liv. 1 1 , c. 96) ne fait que répéter la même des- cription de cette plante, qui est le nymphœa ISelumbo de Linné et le nelumhium speciosum de Willdenow. C'est dans cette même plante que l'on reconnoît le lotos sacré des Egyptiens, que l'on voit si souvent figuré sur les monumens antiques de ce peuple ; le lotos, qui pare la iêtc d'isis et d'Osiris, qui, non moins célèbre sous le nom de ta- mara dans la mythologie indienne, sert de conque flottante à Vichnou , l'un des principaux dieux des Hindous, lorsqu'un trident à la main , il règne sur l'étendue des ondes. C'est en- core la fleur de lotos qui sert de siège à Brahma, lorsque ce dieu est représenté tenant en main les livres sacrés appelés veda et sortant du nombril de Vichnou; enfin, le lotos étoit jadis la parure des femmes de l'Inde , auxquelles ses larges feuilles servoient d'éventail. Il est encore une autre espèce de njmphœa non moins cé- lèbre chez les anciens, et qui portoit parmi eux le nom de A&TO; : Théophraste , qui nous en a donné la description (liv. 4, c. 10), la compare, pour la forme de la tige et du fruit, au Kvafjboç aiyu7nta.:ioç> Les fleurs en sont blanches et sem- blables à celles du lis. Lorsque le soleil se couche, elles se replient et se cachent sous les eaux ; mais elles reparoissent aussitôt qu'il se lève. Le fruit ressemble à celui du pavot. Les Égyptiens le mettent en tas pour en faire pourrir les té- gumens. Ils en séparent ensuite la semence par des lavages, et en font du pain. La racine, qu'on appelle zo^tyiov, est ronde et delà grosseur d'un coing; elle est blanche sous une en- veloppe brune. NYM 25i Telle est en résumé la description de Théophraste. Celle qu'Hérodote a donnée, est absolument analogue. Du reste, c'est la plante à laquelle Linné a donné le nom de nymphœa lotus. Dioscoride, qui l'appelle lotus œgjpLia (liv. l^ , c. 99) , n'a fait que répéter. la description de ses devanciers. Selon M. Fée , dans son intéressante Dissertation sur les Lolus, qui fait par- tie de sa Flore de Virgile, les Arabes appellent cette plante Baclienin, et sa bulbe (le Corsium des anciens) Baymaroum. Enfin, il est encore un autre lotus, dont parle Athénée dans le i5.' livre de son Banquet des savans. M. Fée pense que c'est l'espèce de vjmphœa qui porte proprement le nom de linoufar , mot arabe, qui s'écrit aussi niloufar , ninoufar , et dont on a fait en françois nénuphar, qui étoit appliqué aux njmphœa en général, avant qu'on eût séparé ce genre en plusieurs : c'est le nymphcca cœrulea. Nous avons dit ci -dessus que les botanistes connoissoient aujourd'hui vingt espèces de nymphéa. La natr.re de cet ou- vrage ne nous permettant pas de les décrire toutes, nous par- lerons seulement ici des plus remarquables. Nymphéa lotos; Nj^mphœa lotus, Linn.,5pec., 729. Ses ra- cines sont oblongues, tubéreuses, grosses comme un œuf de poule, noirâtres extérieurement, jaunes en dedans, d'une saveur douce. Ses feuilles sont ovales en cœur, dentées en leurs bords. Ses fleurs sont grandes, blanches, roses sur les bords, composées de seize à vingt pétales. Cette plante croît en Egypte dans le Nil et dans les ruisseaux où les eaux cou- lent lentement. Les Egyptiens mangent encore aujourd'hui les racines de cette plante, après les avoir fait cuire dans l'eau ou autrement. Prosper Alpin rapporte que ses graines servent aussi à faire une sorte de pain dans quelques cantons. Cet usage existoit déjà du temps d'Hérodote et de Théo- phraste, comme on l'a vu plus haut. Nymphéa bleu : Njmphœa cœrulea , Savigny , Mém. sur l'Egypte, p. io5 , Vent., Hort. Malrn. , tab. 6. La racine de cette espèce est tubéreuse, pyriforme, de la grosseur d'un petit œuf, munie de libres charnues, dont plusieurs se ter- minent par un petit tubercule arrondi , qui , par suite , donne naissance à une nouvelle plante. Cette racine produit plu- sieurs feuilles arrondies, échancrées en cœur à leur base, 25a IVYM luisantes et d'un vert foncé en dessus, rougeâtres en dessous et flottantes à la surface de l'eau. Les fleurs sont d'un bleu clair, larges de trois à quatre pouces, peu ouvertes, d'une odeur douce et agréable, portées sur des pédoncules nom- breux, qui partent immédiatement de la racine, et qui s'é- lèvent au-dessus de la surface de l'eau. Ces fleurs durent cha- cune trois à quatre jours; elles s'ouvrent vers les dix heures du matin, se ferment à deux heures après midi, et elles ne se plongent point dans l'eau pendant la nuit. Leur calice est composé de quatre folioles et la corolle de seize à vingt pé- tales. Cette espèce croit naturellement en Egypte dans le Nil et dans les eaux. On la cultive en France depuis vingt-cinq ans. On la tient toute l'année dans la serre chaude, plantée dans une terrine placée au milieu d'un grand baquet d'eau. Nymphéa blanc, vulgairement Lis d'eau. Lis des étangs, Blanc d'eau, etc. ; Njmphœa alha, Linn., Spec, 729. La racine de cette espèce est cylindrique, un peu comprimée, char- nue, grosse presque comme le bras, horizontale, couchée au fond de l'eau, garnie dans la partie qui est à la surface de la terre, de longues fibres, qui s'y implantent.^ Ses feuilles sont grandes, ovales-arrondies, presque orbiculaires, glabres, luisantes, épaisses , échancrées en cœur à leur base, et atta- chées à des pétioles qui varient de longueur selon la hau- teur de l'eau. Ses fleurs, portées également sur de longs pé- doncules, viennent nager à la surface des eaux, ainsi que les feuilles; elles sont très-belles , d'un blanc éclatant, larges de trois cà quatre pouces : leur calice est de quatre folioles, et leur corolle de quinze à seize pétales, aussi grands ou plus grands que le calice, et disposés sur deux rangs. Cette plante croît en France et dans la plus grande partie de l'Europe , dans les étangs et les eaux tranquilles. Elle fleurit en Mai, Juin et Juillet. La nature a paré de fleurs brillantes les eaux comme la terre. Aux Indes, en Afrique et dans le nouveau monde, de même que dans notre Europe, les nymphéas régnent au milieu des plantes aquatiques. Le nymphéa lotos et le nymphéa bleu, originaires des climats chauds, ne pourroient pas proba- blement vivre dans les pièces d'eau de nos jardins paysagers, qu'autrement ils pourroient embellir de leurs magnifiques NYM 253 fleurs; mai«, à leur défaut, le nymphéa blanc ornera les petits lacs et les bassins de ces jardins de ses belles corolles blanches, et il s'y fera autant remarquer que le lis au milieu des parterres. La racine, les feuilles , les fleurs et les graines de nymphéa blanc ont été autrefois très- employées en médecine. On at- tribuoit à toutes ces parties une propriété calmante, anu- dine, rafraîchissante, et surtout anti -aphrodisiaque. On les conseilloit en décoction ou en infusion dans les maladies in- flammatoires; mais surtout pour remédier aux ardeurs vé- nériennes, et sous ce dernier rapport on en faisoit jadis un grand usage dans les couvens. Mais la vertu sédative des dif- férentes parties du nymphéa blanc n'est rien moins que prou- vée , quoique leur emploi dans ce sens soit consacré depuis une longue suite de siècles. La saveur un peu amère, styp_ tique et même légèrement piquante de la racine , annonce plutôt une qualité tonique, astringente et même stimulante; aussi quelques médecins paroissent l'avoir employée dans ce sens, et on s'en sert en Allemagne en la combinant avec des oxides de fer pour teindre en noir et en gris. La couleur qu'elle donne à ces oxides est moins intense que celle qu'on obtient en les préparant avec la noix de galle. Lorsque le nymphéa étoit plus usité en médecine, il faisoit la base de plusieurs compositions pharmaceutiques. Ainsi on préparoit avec les fleurs une conserve, une eau distillée, ua sirop. Ces diff"érentes choses sont maintenant tombées en dé- suétude. En Suède on recueille les feuilles pour les donner à manger aux chevaux. La racine contient une certaine quantité de fécule : elle pourroit être employée comme alimentaire dans les temps de disette. (L. D.) NYMPHÉACÉES. (Bot.) Cette famille tire son nom du nj'mphœa , dans lequel Linnaeus avoit réuni toutes les plantes qui la composent. Ce genre a été plus récemment divisé en plusieurs, et il devoit l'être, puisque ses diverses espèces diflerent par des caractères importans, tirés de la situa- tion respective des organes sexuels et de la structure du fruit. De cette différence il doit encore résulter des discor- dances dans le caractère général, comme on le verra dans l'énoncé suivant. s54 NYM Le calice des nymphéacées est divisé profondément en plu- sieurs lobes disposés sur deux ou plusieurs rangs, dont les intérieurs, colorés, pris pour des pétales par les botanistes anciens et par quelques modernes, sont évidemment de même nature que les quatre ou cinq extérieurs, et se confondent entièrement avec eux par leur base. Les étamines , en nom- bre défini ou plus souvent indéfini, sont insérées sur les côtés du pistil dans quelques espèces ou genres, ou au support de ce pistil dans d'autres : leurs filets , disposés sur plusieurs rangs, sontlibres, aplatis, et sur l'extrémité de leur surface intérieure sont appliquées des anthères droites, linéaires, à deux loges, qui s'ouvrent dans leur longueur : ces filets sont élargis dans quelques espèces, au point de se confondre par leur forme avec les divisions intérieures du calice, que l'on pourroit assimilera des filets stériles. Le pistil, qui a les éta- mines insérées à son support , est alors absolument libre et dégagé du calice. Celui qui porte les étamines sur ses côtés, comme dans le nymphœa alba, adhère par sa partie inférieure au calice ou seulement à ses divisions intérieures; et il est dit alors demi-infère. Celui qui est dans ce dernier cas , a une forme à peu près sphérique , et son sommet est couronné par plusieurs stigmates, disposés en rayons, comme dans le pavot. Il devient une capsule pareille, séparée en plusieurs loges par des cloisons qui se réunissent au centre, et contenant beaucoup de graines attachées à ses parois ou aux cloisons. Ce fruit est couvert de cicatrices, qui sont les vestiges sub- sistans des étamines et des divisions intérieures du calice, tombées à l'époque de sa maturité. Le pistil, qui n'est pas adhérent, présente deux formes différentes. Celle du nymphœa lutea et de ses congénères, est également sphérique, mais plus rétrécie à son sommet, cou- ronné de même par plusieurs stigmates. La capsule, qui suc- cède, est pareillement multiloculaire polysperme , et sa sur- face est lisse , sans apparence de cicatrice. Dans un autre genre , qui est le ISelumlium, ce pistil, ou plutôt son support, pré- sente la forme d'un cône renversé, charnu dans son intérieur, dont la surface supérieure, tronquée et plane, est creusée de beaucoup d'alvéoles ou fossettes, dans chacune desquelles est enfoncé un ovaire, attaché à son fond et débordant au NYM 255 sommet, quî est surmonté d'un style tei-miné par un stig- mate simple. Ces ovaires deviennent autant de graines nues, sphériques ou ovoïdes, de la grosseur d'une petite noisette, sans enveloppe apparente. On trouve des rapports et des différences remarquables dans la structure des graines des genres cités. Celle du Ne- lumbium (Mirbel, Ann. Mus., vol. 16, t. 19 ; Richard, ibid. , vol. 17, t. 9) présente d'abord un corps extérieur et dur, qui, dans la germination, se partage de bas en haut, presque jusqu'au sommet, en deux calottes ou valves un peu épaisses, concaves à l'intérieur, recouvrant un corps, central, presque cylindrique, adhérant sous le style au point où elles restent réunies , et enveloppé d'une membrane mince, qui se déchire aisément et disparoît bientôt. Ce corps, ainsi découvert , de couleur verte, pousse de son extrémité libres, même avant le développement de la graine, deux petites feuilles inégales, dont l'une, inférieure, est plus grande; l'autre supérieure, plus petite et plus récente , laisse échap- per de son aisselle un très-petit bourgeon, qui doit produire la ti.?e. La partie existante au-dessous de ces deux feuilles, se prolonf^e en les poussant au dehors, et l'on aperçoit alors vers son sommet des petits tubercules, que M. Mirbel et Ri- chard croient être l'origine de racines latérales. Telle est la structure de cette graine, qui ne présente d'ailleurs aucune trace, ni de radicule proprement dite, ni de périsperme. Les graines des deux nymphœa cités plus haut, semblables l'une à l'autre, suivant Gaertner. t. 1 9 , diffèrent en plusieurs points de celles du nelumhutm. MM. Mirbel et Richard ont examiné avec plus de soin (Ann. du Mus., 16 et 17) celle du njwpliœa lutea. Elle est petite, ovoïde, plus aiguè' à son ombilic , recouverte de deux tégumens et remplie presque entièrement par un périsperme farineux , déprimé vers la pointe et formant par cette dépression une fossette, dans la- quelle est enfoncé à moitié un petit embryon caché sous les deux tégumens. Cet embryon présente d'abord la forme d'un petit sac ou utricule , fermé de toute part ; lequel , étant fendu ou déchiré, laisse apercevoir un petit corps blanc, ovoïde, dont la partie inférieure, voisine du périsperme, est plus grosse. C'est par ce point qu'il s'ouvre en deux valves restées a55 ]VYM unies par le haut. On voit alors dans son intérieur un corps central, verdâire, indivis, oblong, adhérant au point de réu- nion des deux valves, libre à l'extrémité inférieure et muni vers son milieu d'unG petite languette latérale, dirigée in- férieurement, l.iquelle a été seulement dessinée par M. Mirbel et de plus mentionnée par Richard. Celui-ci, parlant du sac extérieur, disoit (Anal. fr. , pag. 68) qu'il n'adhéroit pas au corps bivalve, et MM. Mirbel et De Candolle, en décrivant ce même sac, ne font mention d'aucune adliérence; mais plus récemment Richard , ayant probablement examiné de nouveau cet organe , affirme (Ann. du Mus., 1 7 , pag. 200) qu'il adhère à ce corps dans le point de réunion di s deux valves. Si l'on compare la structure de cette graine et celle de la gniine du neluwbium, on voit d'abord que cette dernière n'a ni tégumens extérieurs, ni périsperme , ni sac propre à l'embryon ; mais les deux valves unies par le bas et le corps central destiné à devenir tige, existent également dans les deux graines, avec cette différence que ce corps central j dans le neiumbium, est entouré d'une membrane qui n'a pas été vue dans le njmphœa , et que dans celui-ci on n'a trouvé qu'un corps ind'vis muni d'une languette, tandis que dans le premier il y avoit déjà un commencement de germination. Cela tient probablement à l'époque où l'observation a été faite; car M. Bosc affirme avoir vu dans le nymphcca la ger- mination intérieure avant la déhiscence des tégumens de la graine. On peut donc, malgré les différences indiquées, ad^ mettre une conformité dans la structure des deux embryons. Mais quelles sont les fonctions de ces diverses parties j et quel nom doit-on leur assigner en conséquence de ces fonctions? Selon Richard, le corps divisé profondément en deux valves dans le neiumbium , est le corps radiculaire ou la radicule elle-même, à laquelle ses deux prolongemens valvaires don- nent une forme singulière; et il cite, à l'appui de cette opi- nion, l'exemple des radicules volumineuses et diversement conformées dans les embryons, nommés par lui macropodes. Il prend pour un cotylédon simple, la membrane ou gaine in- térieure entourant la plumule ou jeune tige, et en conclut, avec Adanson et Ga-rtner, que cet embryon est monocoty- lédone. Dans le njmphœa lutea , qu'il reporte à la même classe , NYM 557 ïe cotpS bivalve a été encore primitivement pour lui (Anal. fn, p. 68) une radicule, et le corps central un cotylédon, muni d'une petite denticule latérale, vers laquelle est située intérieurement une gemmule presque imperceptible. Il pa- roît émettre une autre opinion dans un mémoire plus récent, (Ann. du Mus., 17 , p. aSo, t. 5 , fig. 5 1 et 62), dans lequel il nomme cotylédon le sac extérieur, adhérant, selon lui , à l'embryon. La radicule est un point de réunion de ce sac avec le corps bivalve , qu'il regarde comme la gemmule elle-même divisée en deux pièces , entre lesquelles est une troisième pièce sansnom particulier, qui a vers un de ses bords une petite dent. Ainsi, dans cette double explication, le corps bivalve est tan- tôt une radicule, tantôt une plumule ; et, suivant la seconde version , ce corps recouvriroit le cotylédon dans le nelumhium et en seroit recouvert dans le njmphœa. On préférera peut-être la première, qui conserve mieux l'affinité des deux genres. M. Mirbel donne le nom de cotylédons aux deux valves de ces deux genres, dans lesquelles il trouve tous les ca- ractères et l'organisation des cotylédons, et il admet dans le point de leur reunion une radicule cachée , qui, impuissante pour surmonter l'obstacle qu'elles lui opposent par leur trop forte adhérence, n*a pu se produire au dehors. Il partage l'opinion de M. Poiteau, qui prend la membrane intérieure du nelumbium, non comme un cotylédon, mais comme la gaine de la première feuille; laquelle, cependant, n'existe pas dans le nywphœa, dont le tégument extérieur de l'em- bryon n'est pour lui qu'un sac, qui l'enveloppe. Par suite de cette explication, il regarde cet embryon dans les deux genres comme dicotylédone , et cette opinion est entièrement adoptée par M. De Candolle. Entre des opinions contraires, émises par de très-bons ob- servateurs et des botanistes consommés , on hésite de porter un jugement définitif; il faudroit voir de nouveau cesgraines, mais à une différente époque de maturité;, savoir, celle du nelumhium, avant le commencement de sa germination, et celle du i^j'inphœa , lorsque cette germination seroit com- mencée. On conhoîtroit mieux la nature et l'emploi de la languette dessinée sur le côté du corps central du nymphcea par MM. Mirbel et Hichard , et de plus indiquée dans les 35. 17 258 IVYM ilciix descriptions faites par ce dernier. On sauroit si elle n^esl qu'un commencement de Tune des feuilles, comme cela est probable, ou si elle recouvre le point de sortie de la plu- nnile entière, comme dans les potamées, les hydrocharidées et quelques autres. Dans ce dernier cas il faudroit nommer co- tylédon, Textrémité libre du corps central au-delà de la lan-* guette; et radicule, l'extrémité opposée tenant au corps bi- valve. Mais alors que devient ce dernier corps ainsi adhé- rent ? Gaertner, en le nommant vitellus , n'a point tranché la difficulté , ni donné une explication suffisante. Dans cetie Supposition ce corps ne seroit pas la radicule entière, comme le dit Richard ; mais il seroit seulement un prolongement bi- zarrement conformé de la radicule plus intérieure. Si, de plus, on admet l'affinité entre les embryons du njmpliœa et du ne lumbium , le corps central vert de ce dernier, pris pour un commencement de tige, seroit encore la radicule jusqu'au point de la sortie des premières feuilles ; et ce seroit elle qui , prolongée dans la suite hoi's de la graine, pousseroit des ma- melons latéraux, d'où devront sortir de véritables racines* Riais, pour donner quelque valeur à cette explication^ qui rangeroit ces plantes parmi les monocotylédones , il faudroit retrouver dans le nelumbium quelques traces du cotylédon au-dessous des premières feuilles, et l'on n'en aperçoit point; car il est difficile de regarder comme tel la membrane qui entoure le corps vert , puisqu'elle sort de sa base et non de son sommet. Nous sommes donc obligés de suspendre un juge- ment et de désirer de nouvelles observations , qu'une vue très- affoiblie ne nous permet plus de faire. Ceux qui feront ces recherches, liront avec intérêt le mémoire de M. Dutrochet (Mém. du Mus., 8, 275, t. 1, fîg. 5i , 32) sur la graine du n/ym^ phœa lutea, moins détaillé que ceux des auteurs cités, et dans lequel il n'est pas toujours d'accord avec eux. Pour parvenir à porter un jugement plus certain sur cette question indécise , on doit examiner quelques caractères étrangers à la fructification -, lesquels se lient avec ceux que fournit l'embryon. Nous lappellerons ici la distinction très^ naturelle des tiges , formées de couches concentriques , recou- vertes d'une écorce dans les plantes dicotylédones, et des tiges sans écorce propre, qui ne renferment que des faisceaux de NYM 269 fibres dans les Monocotylédones (voyez ce mot, fom. XXXI). On y a observé que l'organisation du centre est plus ancienne et plus serrée dans les premières, plus molle et plus récente dans les secondes, qui, au lieu d'écorce, ont seulement une contexture plus serrée à la circonférence, et dont le dia- mètre reste toujours le même. On a encore reconnu que la radicule de ces dernières, bien différente de celle des autres, ne prend pas un grand accroissement, mais laisse échapper de divers points latéraux des racines secondaires, qui, en- tourées ou coiffées à leur naissance d'une membrane particu" iière nommée coléorhize , la poussent au dehors, la déchi- rent en Sortant, et restent accompagnées de ses débris en forme de bourrelet au point de leur sortie. Après avoir fait précéder ces observations générales, nous terminerons la description des nymphéacées par l'exposition de leurs caractères étrangers à la fructification. Ces plantes, toutes aquatiques, naissent au fond de l'eau. Elles «'ont pas de tige, ou leur tige prend la forme d'une grosse racine traçante, qui pousse de divers côtés d'autres racines plus pe- tites ^ et montre, lorsqu'on la coupe transversalemrnt, un tissu utriculaire abondant, sans mélange de fibres ligneuses dans leur centre. Cependant M. Mirbel indique une disposi- tion circulaire des utricules du nymphœa^ et même il a cru y distinguer plusieurs rangs concentriques. Il ne parle pas de l'existence d'une écorce , ni des processus médullaires, rayonnans du centre à la circonférence dans les dicotylé- dones , et les autres auteurs se taisent sur le même point. S'il faut encore s'en rapporter à M. Dutrochet, cette tige ne grossit point en diamètre , et ses racines latérales sont munies d'une coléorhize, qu'il a vue et figurée ( Mém. du Mus,, 7, t. i5, fig. 10 à i5); ce qui, avec d'autres considérations, lé détermine à conclure que les nymphéacées sont monocotylé- dones. Nous avions déjà manifesté dans le Gênera planlarum l'opi- nion émise ici par M. Dutrochet, sans avoir cependant assez examiné toutes les raisons contradic(oires , et nous restons dans les mêmes sentiniens, en désirant cependant de nou- velles observations pour affermir ou infirmer ce jugement. On sait que les feuilles, rarement sagittées, plus ordinai- =60 NYM rement orbiculaires , ombiliquées ou en cœur, sont alternes et portées sur de longs pétioles, et qu'avant leur développe- ment elles sont involutées, c'est-à-dire roulées en dedans comme dans plusieurs monocotylédones ; ce qui peut encore être pris en considération dans la discussion élevée. Les fleurs sont solitaires, sur de longs pédoncules, partant immédia- tement de la tige; mais on a négligé de savoir si elles sont axillaires et si leurs feuilles ont des gaines ou des stipules à leur base. Cet énoncé des caractères généraux des nymphéacées doit faire reconnoître que les quatre genres et le petit nombre d'espèces qui les composent, peuvent être répartis dans trois sections bien distinctes. La première sera caractérisée par l'insertion des étamines contre les parois de l'ovaire et par un fruit capsulaire fermé et rétréci supérieurement , contenant plusieurs loges po- lyspermes. On y rapportera Yeuryale de M. Salisbury et le nymphœa de Richard et de M. De Candolle , qui comprend les njmphœa alla, n, cœrulea, n. lotus, ou castalia de M. Salis- bury , et quelques autres espèces. Dans la seconde, qui présente le même fruit et des étamines insérées sous l'oA^aire , on laissera le njmphosantlius de Richard ou nitphar de MM. Smith et De Candolle, comprenant peu d'espèces, parmi lesquelles est le nymphœa lutea de Tournefort et Linnaeus. La troisième ne contient que le nelumhium , qui a aussi les étamines hypogynes, mais dont le fruit turbiné, élargi et tronqué supérieurement , est creusé de plusieurs fossettes remplies d'une seule graine , dénuée du périsperme existant dans les genres précédens. Cette différence , remarquable dans les caractères princi- paux des trois sections, peut donner lieu à quelques réflexions. La même famille présente ici la réunion des étamines épigynes et hypogynes, des graines périspermées et de celles qui ne le sont pas, des ovaires simples, multiloculaires, polyspermes, et des ovaires multiples, monospermes. Cette triple anomalie contrarie les lois fondées sur l'observation générale. M. De Candolle essaie de la faire disparoitre en partie, et, pour cela, donne le nom de torus au support du pistil. 11 regarde le NYM *6i fruit lurhfné du nelumlium comme un prolongement de ce torus, lequel, élargi au dehors et renflé à l'intérieur, porte dans des cavités de sa substance autant d'ovaires distincts, tous monostyles et monospermes. Regai'dant ensuite le fruit simple du nymphœa et du nymphosanthus , couronné d'un stig- mate rayonnant, comme la réunion de plusieurs ovaires ou fruits polyspermes soudés ensemble , il prend la peau qui les recouvre tous, comme une continuation du /o;'«5,qui porte les étamines à sa base dans le njmphosanthus , et plus haut dans le nymphœa. Cette explication, qui assimile aiyîsi un seul ovaire à plusieurs, et qui fait disparoilre l'infraction à la loi sur les insertions, est ingénieuse, mais il n'est pas sur qu'elle soit généralement adoptée. Nous serions assez disposés à l'ac- cueillir en partie, en ne regardant pas comme parfaitement épigynes les insertions qui n'auroient pas lieu sur le sommet de l'ovaire; alors les étamines, qui ne sont insérées que sur ses côtés dans le nymphœa , seroient censées hypogynes, surtout si on peut supposer que, nées du support, elles sont col- lées contre les parois de l'ovaire. Nous pourrions par suite placer les nymphéacées près des aroïdes et des potamées, si elles sont reconnues monocolylédones, ou les laisser, avec M. De Candolle , près des papavéracées, si elles sont dicoty- lédones. Dans le cas où l'on reconnoîtroit comme cotylédon le corps bivalve de leur embryon, lequel ne se divise pas jusqu'à sa base, il seroit assimilé en ce point à l'embryon des cycadées, que M. R, Bro^vn {Prodr,, p. 346) nomma pseudo- dicotyledoneus, en plaçant cette famille entre les deux grandes classes comme leur servant de point de transition; mais en même temps il les croit plus voisines des monocotylédones par leurs premières feuilles, qui sont alternes et non oppo- sées , comme dans les dicotylédones, et nous ajouterons qu'elles Icsontau moins autant parla structure intérieurede leurs tiges. Il nous reste encore une difficulté à résoudre ou à proposer. L'absence du périsperme dans le nelumlium fortifie beaucoup la différence observée entre son fruit et celui des deux autres genres; et malgré l'affinité résultante de la conformité dans les habitudes, le port , la configuration extérieure, la struc- ture de l'embryon, il ne paroît pas certain que le nelumlium appartienne entièrement aux nymphéacées. Il peut en rester 202 IV Y M voisin, maïs on lui trouvera aussi des rapports avec les po- tamées et les alismacées , qui n'ont pas de périsperme et dont le pistil est'composé de plusieurs ovaires. Il peut devenir le type d'une famille nouvelle, de laquelle on n'éloignera pas beaucoup le cahomha et Vhjdropeltis , qui probablement ren- treront dans les monocotylédones. (J.) NYMPHEAU. (Bot.) C'est une espèce de villarsie. (L. D.) NYMPJIO. (Bot.) Nom provençal du nénuphar, suivant Garidel. (J. ) ^^YMPHOÏDE. (Bot.) C'est la villarsie faux-nénuphar. (L.D.) NYMPHOIDES. (Bot.) Tournefort nommoit ainsi une plante aquatique, ayant le port du njmpliœa, ses feuilles de même forme et seulement beaucoup plus petites ; mais se distin- guant suffisamment par sa corolle monopétale, ses étamines en nombre défini, et la structure de son fruit. IJiinaeus l'avoit réuni au menjanthes ; mais plus récemment il a été rétabli sous le nom de villarsia. (J. ) NYMPHON, Njrnphon. {Entow.) Genre d'animaux articulés, marins , à peau crustacée , très - voisins des Cyames. Voyez l'article Malacostracés , tome XXVIII, pag. 365 et du genre PycKOGONON. (Voyez ce mot.) On a beaucoup varié sur la place que les nymphons doi- vent occuper dans la série animale. Originairement Fabricius les avoit classés avec ses antliates ou nos diptères; mais, en dernier lieu , il les en avoit séparés. M. Savigny les considère comme faisant le passage des cyames, de la classe des crustacés, aux arachnides; et M. Latreille, après avoir d'abord placé ces animaux dans la classe des insectes, s'est décidé ensuite à les ran- ger dans l'ordre des arachnides trachéennes, avec les pycnogo- nons, les phoxichiles et les holètres, dont il compose une famille particulière sous le nom de PycNOGONiDEs. M. Duméril , soit dans sa Zoologie analytique , soit dans ses Considérations géné- rales sur la classe des insectes , n'en fait aucune mention. Les nymphons sont remarquables, à la première vue, parla forme linéaire et très-étroite de leur corps et par la longueur et la minceur de leurs pattes, qui sont dirigées latéralement. La première partie de l'animal que Ton peut désigner par le nom de tête, est à peu près aussi longue que le tronc pro- prement dit, et sa longueur est divisée en deux portions, dont NYM 2(^5 la première, déforme cylindrique, arrondie et percée au bout, est un suçoir, et dont la seconde, rétrécie dans son milieu, supporte en dessus un petit tubercule, qui est pourvu de qua- tre petits yeux lisses; une mandibule didactyle ou en forme de pince, composée de deux articles principaux et d'un troi- sième faisant fonction de doigt mobile sur le second, prend attache de cliaque côté à la base du suçoir, et au même lieu est inséré, aussi de chaque côté , un palpe grêle et formé de cinq ou six articles ; il n'y a point d'antennes. Le corps ou le tronc est divisé en quatre segmens, sur les côtés desquels sont attachés les pattes ambulatoires, au nombre de huit, dirigées perpendiculairement à l'axe du corps, formées de huit à neuf articles et terminées par trois ongles ou crochets, dont l'un est beaucoup plus grand que les autres, qui sont appliqués de cha- que côté sur sa base. Au-delà des segmens pédigèrcs du corps on voit un dernier article cylindrique , percé d'un petit trou à l'extrémité et qu'on doit considérer comme l'abdomen pro- prement dit. Les organes respiratoires ne sont apercevables, ni sous forme de lames branchiales, ni sous celle de trachées ou de stigmates. Les femelles diffèrent des mâles en ce que chez elles il existe une paire de pattes de plus, qui est insérée en dessous, au ])oint de jonction de la tête avec le tronc. Ces pattes ont plus d'articles que les autres, et leurs articles intermédiaires, qui sont fortalongés, ont cela de remarquable, qu'ils servent à sup- porter les œufs qui forment une masse ovoïde pour chaque patte. On trouve ces animaux parm.i les varecs et les algues, et jamais attachés au corps des cétacés, comme les cyames et les pycnogonons. Du reste , leurs habitudes naturelles sont in- connues. Le genre Ammothea , formé par M. Leach [Zool. miscell. , tab. ig, fig. 1,2), diffère de celui desNymphons par des man- dibules beaucoup plus courtes que le suçoir , tandis que dans ceux-ci elles le dépassent en longueur. Le Nymphon grêle; Nymphon gracile , Latr. , a le corps cen- dré et les cuisses cylindriques. Le NvMPHON FÉMORAL ; Nymphonfemoratiim , Latr. , a le corps youssâtre, avec les cuisses comprimées , généralement plus, larges que celles de l'espèce précédente. 264 NYM Ces deux espèces habitent les côtes de France et d'Angle- terre. M. Latreille regarde le nymphon grêle comme étant très- voisin du njmphon ^rossipes de Fabricius. Il considère le nj/m- piton feinoratum des Nouv. uiéni. de la Soc. d'hist. nat. de Co- penhague , comme différant de Fespèce indiquée plus haut sous ce nom et devant même former un genre nouveau. Enfin il croit pouvoir rapporter à son genre Phoxichile, le Njmphon hirtum de Fabricius, et quelques autres qui ont été décrits par Montagu. (Desm.) NYMPHONIDES , Nfmphonides. (Entom.) Famille formée par M. Leach pour placer les nymphons et les animaux qu'il range dans son genre Ammotliea ; lesquels sont principalement caractérisés par des mandibules didactyles , insérées à la base du suçoir: tantôt plus longues et tantôt plus courtes que celui- ci. Le genre Phoxichile de M. Latreille étant également pourvu de mandibules terminées en serres, devroit être rapporté à cette même famille, si elle étoit adoptée. Le genre Pycno- gonon s'en éloigneroit au contraire par l'absence de ce ca- ractère. ( Desm. ) NYROCA. (Oi^nitli.) Cette espèce de canard est Fanas ny- raca de Gmelin et ïanas njroca de Latham. (Ch. D.) NYROPHYLLA. {Bot.) Necker fait sous ce nom, d'une es- pèce de laurier, un genre particulier, caractérisé d'une ma- nière insuflisante. (J.) NYSSA. [Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs polygames, dioïques, de la famille des éléagnées , de la po- lygamie dioécie de Linnœiis , offrant pour caractère essentiel : Des fleurs polygames dioiques, ayant le calice à cinq divi- sions profondes; point de corolle; dix étamines dans les fleurs mâles, cinq dans les hermaphrodites; un ovaire in fé-^ rieur; vin style; un drupe contenant un noyau osseux, ob- long, anguleux, monosperme. Les nyssa, vulgairement nommés Tupelo , sont des arbres de l'Amérique septentrionale , qu'on pourroit facilement naturaliser en Irance avec les précautions convenables, d'au- tant plus utiles qu'ils garniroient des terrains humides ou piarécageux où peu d'autres arbres réussissent. Il est des es- pèces à bois très-tendre ; mais il en est d'autres dont le bois NYS 265 tst beaucoup plus dur et propre à être employé dans les arts, NyssA aquatique: Nyssa aquatica, Linn. ; Njssa denticu^ lata, Ait, , Hort. Keiv.; Njssa angulisans , Mich., Flor, hor. Amer., 2, pag. 269; Njyssa unijlora, Walt., FL Carol.; Ca- tesb. , Carol. , 1 , tab. 60 ; vulgairement Tupelo. Grand et bel arbre d'environ quatre-vingts pieds et plus , chargé d'un grand nombre de branches. Ses feuilles sont de la grandeur de la main, alternes, pétiolées , ovales, très-larges à leur base, rétrécies à leur sommet, munies de trois ou quatre angles et plus en forme de dents , glabres à leurs deux faces , velues en dessous dans leur jeunesse; les pétioles longs et minces. Les fleurs mâles sont réunies en tête ; les femelles solitaires: le fruit est un drupe de la grosseur du pouce, ren- fermant un noyau irrégulièrement sillonné dans sa longueur. Cet arbre, dit M. Bosc , croît dans les fondrières de la Caroline, delà Géorgie, de la Louisiane, là où il y a plu- sieurs pieds de boue pendant l'été et plusieurs pieds d'eau pendant l'hiver. Son bois est blanc, très-tendre; celui de ses racines encore plus blanc et plus léger. Il est plus propre que le liège pour garnir les boîtes d'insectes , en ce que sa consistance est uniforme ; mais il absorbe trop l'eau pour être employé à boucher les bouteilles, même à faire des allèges aux filets des pêcheurs. Il pourrit en peu de temps j aussi tous les troncs qui ne s'emploient pas à faire des sébilles pour les nègres, sont brûlés ou abandonnés sur place; les ours, les écureuils, les perroquets, les pigeons, la grive émigrante et autres animaux, mangent ses fruits, qui sont violets, de la grosseur du petit doigt, d'une saveur fade. Nyssa des forêts -.Nyssa sjyh'atica , Mich., Hist. des arbr. d'Amérique, 2, pag. 260, tab. 21; JSjssa villosa , Mich., Flor. l or. Amer, , 2 , pag. 268; vulgairement Tcpei.o de mon-> TAGNE. Arbre de quatre-vingt-dix pieds , dont l'écorce est blanchâtre; le bois assez dur, d'une texture très -fine. La base du tronc est pyramidale ; la racine pousse des nodosités analogues à celles du cyprès distique ; les feuilles sont alternes , médiocrement pétiolées, ovales , alongées , entières, longues de cinq à six pouces; les pétioles courts et velus, ainsi que la nervure du milieu et le bord des feuilles ; les pédoncules des fleurs femelles axillaires , souvent chargés de deux fleurs 266 IVYS petites, peu apparentes : il leur succède de petits fruits de la grosseur d'un grain de café, ovales, alongés, d"un bleu noir ; le noyau est légèrement convexe , strié dans sa longueur à ses deux faces. Cet arbre croît dans les montrgnes boisées du Midi de l'Amérique méridionale, aux lieux humides et ombragés, mais non submergés. Son bois, qui se fend diffici- lement, peut être employé à faire des moyeux de roue, des formes de chapeau, des arbres de moulins. Les animaux cités plus haut mangent ses fruits, Nyssa a deux fleurs : Nrssa bijlora, Mich. , FI. bor. Amer.^ 2, pag. 25g; JSjssa aquatica , Andr. Mich., Hist. des arbr. d'Amer., vol. 2, pag. 265, tab. 22; Gœrtn. , fils, Carpol., tab. 216, an Linn. ? Cet arbre est très-rapproché du précé- dent et même assez souvent confondu avec lui ; mais ses feuilles sont beaucoup plus courtes, plus arrondies, plus coriaces; ses fruits plus petits et plus noirs ; son bois est égaler ment dur et peut servir aux mêmes usages. Il croit le long des ruisseaux , mais non dans les lieux marécageux. Nyssa a feuilles BLANCHATRES : Njssa candicons , Mich., FI, lor. Amer., 2, pag. 269; an ISjssa capitata, Andr. Mich., Arbre de l'Amer., vol. 2, pag. 267, tab. 20? vulgairement I'Oyéchée. Cet arbre ne parvient guère qu'à la hauteur' de trente ou quarante pieds. Son tronc se divise en branches nombreuses, horizontales, quelquefois pendantes, garnies de feuilles médiocrement pétiolées, ovales, obtuses, entières ou à peine denticulées , de couleur glauque en dessous, blanchâtres et pubescentes dans leur jeunesse ; les pédoncules, les calices et les bractées sont chargés d'un duvet cendré; les pédoncules rapprochés en fascicule dans les fleurs hermaphro- dites ; les fleurs mâles disposées en tête ; le fruit est pulpeux , alongé , de couleur rouge, de la grosseur du pouce, d'une saveur un peu acide, agréable au goût. Cet arbre croit dans l'Amérique septentrionale, sur les bords du fleuve Oyéchée, d'où lui est venu son nom vulgaire. (Poir.) WYSSAISTHE, Nyssanthes. {Bot.) Genre de plantes dico- tylédones, à fleurs incomplètes, de la famille des amaran- tacées , de la tétrandrie monogynie de Linnaeus , offrant pour caractère essentiel .- Un calice à quatre folioles irrégulières, deux extérieures inégales, épineuses, ainsi que les bractées j NYS 26t deux ou quatre étamines conniventes à leur base , acrom- pagnées de petites écailles; les anthères à deux loges-, un ovaire supérieur; un style; un stigmate en tête. Le fruit est une capsule monosperme. Ce genre, établi par M. Rob. Brown pour des plantes de la Nouvelle-Hollande , renferme trois espèces, qui ne nous sont encore connues que par leur phrase spécifique , telles que, 1 .° le njssanthes erecta , Brow. , Noi>. HolL , i , P- 4i8: la tige est droite; les feuilles sont oblongues, lancéolées, aiguës, un peu mucronées ; le calice est pubescent, à cinq nervures; l'arête inférieure presque de la longueur de la foliole; la fleur a quatre étamines : 2.° le nyssa média, dont le calice est pubescent, à trois nervures; l'arête inférieure plus longue que sa foliole; les feuilles sont ovales, oblongues , un peu obtuses, terminées par une pointe épineuse; les tlenis a deux étamines: 3.° le nyssanthes diffusa; ses tiges sont diffuses; ses feuilles ovales, oblongues, terminées par une pointe épi- neuse ; le calice est glabre , à cinq nervures , à arêtes de la longueur des folioles; la fleur à deux étamines. Dans toutes ces espèces les feuilles sont opposées; les fleurs axillaires , terminales, agglomérées, presque en épi. (Poir.) NYSSÉES. (Bot.) Nous proposons ici sous ce nom une nou- velle famille de plantes, qui présente les caractères suivans: Un calice d'une seule pièce , adhérent à l'ovaire, divisé à son limbe en quatre ou cinq lobes; corolle nulle; quatre ou cinq étamines à filets libres , à anthères arrondies et bilocu- laires , insérées au-dessous des divisions du calice; ovaire adhérent et rempli d'un seul ovule; un stipe ; un stigmate simple ou divisé; un brou recouvrant une noix monosperme; une graine attachée au sommet de la loge; embryon dico- tylédon, à lobes élargis et foliacés, à radicule ascendante, recouvert d'un périsperme charnu. Tige ligneuse; feuilles simples, alternes; fleurs axillaires hermaphrodites ou quel- quefois toutes nulles sur des pieds différens et alors portant un nombre double d'étamines. Nous ne connoissons maintenant que le genre Nyssa qui appartienne véritablement à cette famille. Elle doit être placée dans la classe des péristaminées ou dicotylédones apétales à étamines insérées au calice, près des éléagnées et 26B ^YYS des santalacées. Elle diffère des premières par l'ovaire , ad-, iiéreat au calice, la présence d'un périsperme ou l'attache de lai graine au sommet de la loge et la radicale ascendante de 1 embryon. Elle a plus de rapport avec les santalacées par ces mêmes caractères ; mais son ovaire contenant, au lieu de trois ovules, un seul attaché au sommet de la loge et non à lin placentaire central, un embryon non cylindrique, mais a cotylédons élargis et foliacés. Un nouvel examen sera né- cessaire pour confirmer l'existence de cette famille, que nous proposons pour obtenir de nouveaux renseignemens pris sur les plantes vivantes. (J.) NYSSIMI-MOTSL (Bot.) Ce nom japonois , qui signifie crotte de rat, est donné à un troè'ne, ligustrum japonicum de Thunberg , dont les petites baies ont la forme indiquée par le nom. (J.) NYSSON. {Entom.) M. Latreille a formé sous ce nom un genre particulier de quelques insectes hyménoptères, voisins des crabrons et des mellines, de la famille des anthophiles ou florilèges, dont ils diffèrent seulement par la disposition de quelques parties de la bouche. M. Latreille y rapporte le crabro spinosus de Fabricius et les deux sphex décrits par le même auteur sous les noms de maculala et de guttata. Ces insectes ont été trouvés sur les fleurs des ombellifères, en par- ticulier sur les ombelles de la carotte. ( C. D.) NYSSONIENS. {Entom.) M. Latreille a donné ce nom à une tribu d'insectes hyménoptères, dont le genre Nysson forme le type, et qui est caractérisée ainsi : Un aiguillon; premier segment de tronc très-court; labre petit, caché en- tièrement, ou en grande partie; pieds courts; mandibules sans échancrure au côté interne; abdomen ovoïde conique. Elle se rapporte à la famille des anthophiles ou florilèges de M. Duméril, et comprend aussi divers genres fondés par M. Latreille , tels que ceux qui ont reçu les noms de Nitèle , d'Oxybèle , d'Astate et de Pison. (Desm. ) NYUL. {Mamm.) Nom hongrois du lièvre. (Desm.) NYUSZT ou NIUSST. (Mamm.) Les Hongrois donnent ces noms à la marte zibeline. (Desm.) NZ-FUSI ou NZIME. (Mamm.) La civette est ainsi appelée parles Nègres au Congo. (Dksm.) OBC ^^9 O OANIKAR. (Ichthyol.) Nom que l'on donne, dans le Sé- nécal, au walaptérure électrique. Voyez Malaftérure et Silure. (H.C.) OARIANA. {Ornilh.) Ce nom est donné, dans la province brésilienne de Para , à un gallinacé que M. Temminck range parmi les tinamous, sous le nom de tinamusstrigulosus. (Ch.D.) OBAB. (Bot.) Nom arabe du croton villosum de Forskal, qui est le jatropha glandulosa de Vahl, dont le suc laiteux est ex- trêmement corrosif. (J. ) OBADALI. {Bot.) Nom brame, cité par Rhéede, du cou- rou-mœlli du Malabar, qui est le Jlacurtia sepiaria de Roxburg et de Willdenow. (J.) OBAH. (Mamm.) Nom de Fours chez les Tschuwasches. (F. C.) OBAI , ROBAT. (Bot.) Noms japonois, cités par Kaempfer, du caljcanthus prœcox. (J.) OBAKO , SJODEN. (Bot.) Noms japonois du grand plan- tain , suivant Kœmpfer. (J. ) OBAMMJ. (Bot.) Voyez Fisakaki. (J.) OBANNA. (Bot.) La plante graminée, citée sous ce nom ja- ponois par Kaempfer, est V andropogon poljdactjlon de Linuseus, que Thunberg reporte au genre Saccharum. (J.) OBCONIQUE ( Bot. ) : En cône renversé ; tel est , par exemple, l'involucre (calice commun) de Vaster/ruticosus ^ de V anthémis cla<^ata, etc. (Mass.) OBCORDÏFORME {Bot.)-. Ayant la forme du cœur des cartes à jouer, la pointe en bas; telles sont, par exemple, les folioles de Voxalis acetoseUa , les capsules de la véronique officinale, les silicules du thlaspi bursa pastoris, (Mass.) OBCRÉNELÉ. (Bot.) Le bord d'une feuille, d'un fruit, etc., est crénelé, lorsqu'il est découpé en petites parties ar- rondies, séparées par des angles rentrans. Il est obcrénelé , lorsqu'au contraire les angles sont saillans et les crénelurcs rentrantes. Les feuilles du theophrasta americana, les légumes du hisserula, par exemple , sont obcrénelcs. (Mass.) OBCURRENTES [Clotsons]. {Bot.) M. Mirbel nomme ainsi les cloisons partielles d'un fruit, lorsque, dirigées les 270 OBÉ Unes vers les autres, elles concourent par leur rapproche- ment à le diviser en plusieurs loges. C'est ce qu'on observe, par exemple, dans les lilas , les acanthacées, les convolvu- lacées, les aurautiacées, etc. (Mass.) OBEAU ou OBEL. {Bot.) Anciens noms sous lesquels on dësignoit autrefois le peuplier blanc. (L. D. ) OBÉJACE, Ohœjaca. {Bot.) Ce genre ou sous- genre, que nous avons déjà indiqué (tom. XXIV, pag. ii3), appartient à l'ordre des Synanthérées , et à notre tribu naturelle des Sénccionées, dans laquelle il est intermédiaire entre le vfai Senecio et le Jacohœa. Voici ses caractères. Calathide courtenient radiée: disque multiflore , régula- tiflore , androgyniflore; couronne irrégulière , unisériée , li- gulifiore , féminiflore. Péricline obloug , cylindrique , d'a- bord égal aux fleurs du disque, qui s'élèvent ensuite beau* conp au-dessus de lui ; squames unisériées , égales, contiguës^ libres, appliquées, linéaires, uninervées , aiguës et souvent noirâtres au sommet, ordinairement munies d'iine bordure membraneuse; la base du péricline entourée de squamules surnuméraires. Clinanthe plan, fovéolé, à réseau plus ou moins saillant. Ovaires oblongs , cylindriques, striés, gla- bres ou papilles, s' illongeant beaucoup après la féconda- tion; aigrette blanche, composée de squamellules nombreu- ses, inég.iles, filiformes, capill.-ires , peu barbellulées. Co- rolles de \û. couronne souvent inégales et dissemblables ^ s'ép.'inonissant quelquefois plus tard que celles -du disque; languette plus ou moins courte, variable, ordinairement étroite, oblongue -lancéolée , très- entière, d'abord dressée verticalement, puis courbée en dehors au sommet, enfin l-oulée en spirale, durant le cours de la fleuraison, jamais étalée horizontalement. Corolles du disque à limbe ordi- nairement étroit et plus court que le tube. Obéjace visqlf.use : Obœjaea viscosa, H. Cass. ; Senecio vis- cosus, Linn. C'est une plante herbacée, annuelle, garnie de poils visqueux , qui exhalent une odeur désagréable ; sa tige, ha. te d\ uv ron un pied , est rameuse, étalée , sillon- née, garnie de feuilles; les feuilles sont alternes, sessiles, à I e'ne amplexicauies , pinnatifides, comme rongé, s sur les bords ou un peu dentées ; les calathides , plus grandes que celles du Senecio vulgaris , et composées de fleurs d'im jaune doré, sont portées par des pédoncules simples, terminaux, presque solitaires; leur péricline est visqueux, hérissé de poils, entouré à sa base de quelques squamules surnuméraires, longues, lâches, linéaires, poilues. Cette plante, qui fleurit en Juillet et Août, se trouve aux environs de Paris, dans les bois , sur les terrains pierreux. Obéjace des bots: Ohœjaca sjivallca, H. Cass. ; Senecio syl- mticus, Linn. La tige est dressée, haute d'environ trois pieds, droite, sillonnée, un peu poilue, corymbée au sommet; les feuilles sont nombreuses , éparses , lyrées-pinnatifides, lo- bées, denticulées, un peu poilues, d'une odeur désagréable, mais peu ou point visqueuses; les calatliides , composées de fleurs jaunâtres, sont nombreuses, grêles, de moitié plus petites que dans l'espèce précédente; leur péricline, un peu pubescent, est entouré à sa base de squamules surnumé- raires petites, courtes, appliquées. Cette seconde espèce, annuelle comme la première , se trouve aussi dans les bois sablonneux des enviroîis de Paris, où elle fleurit en été. Notre genre ou sous -genre Ohœjaca correspond à la se- conde section du genre Senecio de Linné, laquelle est carac- térisée par la calathide radiée , à couronne roulée en des- sous. Ce genre est bien distinct du vrai Senecio , dont la ca™ lathide est incouronnée , c'est-à-dire entièrement composée de fleurs égales, uniformes, hermaphrodites, à corolle ré- gulière. Il se distingue aussi du vrai Jacobcea. décrit dans ce Dictionnaire ( tom. XXI V , pag. iio), par des caractères qui nous semblent suflisanis : i.° les corolles de la couronne sont souvent inégales et dissemblables, et il nous a paru qu'elles, s'épanouissoient quelquefois plus tard que les corolles du disque , ce qui a pu faire croire que la couronne man- quoit quelquefois; 2.° la longueur de la languette n'excède pas celle du tube qui la porte; 5." la languette est ordinai- rement étroite, oblongue - lancéolée , très- entière ; 4." elle est d'abord dressée verticalement, puis courbée en dehors au sommet, enfin roulée en spirale, durant le cours de la fleuraison, jamais étalée horizontalement; 5.° les corolles du disque ont le limbe ordinairement é'.roit et plus court que le tubej 6." les ovaires s'alongent beaucoup après la fécon- 272 OBE dation; 7.° le périclîne est égal aux flettrs du disque au commencement de la fleuraison , et beaucoup plus court 97 Acide hydrochlorique .... i,oZj 3,094. M. Proust (Mém. du Mus. , t. 7) pense que l'on peut con- jecturer qu'outre ces substances l'eau de la mer contient encore une très-petite quantité de mercure ; et une cir- constance qui lui paroît très - remarquable , c'est que l'on retireroit le même métal du sel obtenu par l'évaporation de l'eau de la mer et de celui qui provient des mines de sel gemme. Rouelle , en 1 777 , avoit déjà avancé la même opinion ; mais on voit que, malgré ces assertions, M. Alex. Marcel, célèbre chimiste anglois , est d'un avis contraire. Dans un mémoire dont les rédacteurs des Annales de chimie et de physique ont donné l'extrait , t. 23 de ce Journal, ce savant donne pour résultat de ses travaux, 1." qu'il n'existe ni mer- cure ni sels mercuriels dans l'eau de l'Océan ; 2.° que cette eau ne contient pas de nitrate; 3." qu'elle contient du sel am- moniac ; 4.° qu'elle tient en dissolution du carbonatede chaux ; 5." qu'elle ne contient pas de muriate de chaux; 6.° qu'elle contient du sulfate et du muriate doubles de potasse et de magnésie. Salure et pesanteur spécifique. Ces deux propriétés sont la conséquence de la composition de l'eau de l'Océan .- elle doit le goût fortement salé qui la caractérise, à la quantité dominante de muriate de soude ou sd marin proprement dit, 3o4 OCE et probablement une partie de son amertume aux sels à base de magnésie. Quelles que soient les différences qui existent entre les disperses analyses par rapport aux proportions des dif- férens sels, on peut assez exactement conclure de ces mêmes opérations chimiques que la matière saline , prise en masse et résultant de l'évapoi^ation , fait au moins la trois-centième partie et demie de feau de la mer; résultat qui s'accorde avec la moyenne des degrés extrêmes de salure recueillis par M. de Humboldt dans ses vo3fages. Ce savant célèbre établit, d'après les expériences qu'il a entreprises depuis le 60° latitude nord jusqu'au 40° latitude sud , que l'eau la plus salée con- tient 0,0387, et la moins salée o,o322. M. Gay-Lussac (Annales de chim. et de phys. , t. G) a. obtenu, de quinze analyses faites sur de l'eau de fOcéan prise à différentes latitudes et longitudes, o,o565 pour résultat moyen, les extrêmes ayant été 0,0348 et 0,0577. La pesanteur spécifique, variable en raison de la proportion des sels dissous , a paru au même chimiste , d'après les expériences faites sur les mêmes échantillons, être de 1,0286, terme moyen, celle de l'eau étant représentée par 1,0000. On a beaucoup disserté sur les différences de salure et de pesanteur spécifique de l'eau de la mer des diverses latitudes et profondeurs. Guidées par des idées théoriques, un assez grand nombre de personnes admetloient que, par suite de l'évaporation abondante qui se fait sous la zone torride, l'eau de la mer devoit y être plus saturée de sels. M. de Hum- boldt a fait voir que i5 à 20 degrés de chaleur changent à peine la densité de l'eau. Marsigli , Bergmann, Wilke , pen- soient aussi que la salure devoit augmenter dans les profon- deurs ; mais des observations plus directes n'ont pas confirmé cette opinion, et Irwing n'a pas trouvé une différence sen- sible entre l'eau puisée à 1260 mètres et celle prise à la surface. Ce que l'on peut déduire , au sujet de ce qui précède , des ex- périences déjà citées de M. Gay-Lussac, c'est que la salure est à son minimum a la latitude de Calais et à 10° nord ; qu'elle est plus forte aux 35° et 32" également de latitude nord, et qu'elle va en diminuant jusqu'à Téquateur , pour augmenter à partir de ce point, quoique d'une manière ir- régulière, jusqu'aux 17° et 24° sud, où elle est la même qu'au OCE 3o5 55" et 32" nord. ( Voyez le tableau des quinze analyses fuites par M. Gaj-Lussac , Amu de chim. et de phjs. , tom. 6 , pag, /126.) M. de Humboldt {Tableau des régions équatoriales) a pensé également que riiémisphère austral est un peu plus salé que le boréal; mais il croit, comme nofls l'avons dit précédem- ment, que les 'eaux intertropicales ne sont pas sensiblement plus denses que Celles de l'équateur ? Cependant MM. Pages et J. Davy sont d'un avis contraire: ils soutiennent que la pesanteur spécifique , et par conséquent la salure, est plus forte sous les tropiques que sous l'équateur, et un peu plus forte aussi sous le tropique nord que sous le tropique sud. Suivant ce que rapporte M. Van Rensselaer, qui a inséré une histoire naturelle de l'Océan dans le Journal américain du professeur Silliman , les expériences du capitaine Scoresby conlirmeroient l'opinion émise par les docteurs Marcet et Trail , 1." que la pesanteur spécifique de l'eau de l'Océan Atlantique décroit de l'équateur aux pôles, étant à l'équateur 1,0295 et au 66° latitude nord, 1^0269, selon Scoresby; mais seulement 1,0200 suivant le capitaine Ross. On voit, d'après toutes ces contradictions, combien il reste de recherches à faire sur un sujet qui paroîtroit avoir été épuisé, lorsqu'on cite les savans qui s'en sont occupés, et cette remarque peut s'appliquer à presque tous les points de l'histoire physique de l'Océan , qui présentent en général beaucoup plus d'incerti- tudes que de notions arrêtées. Ce qui paroit être d'accord également avec l'observation et le raisonnement, c'est que des circonstances locales exercent une influence très-marquée sur le plus ou moins de densité et de salure des différentes parties de l'Océan. L'une des causes les plus ordinaires, c'est l'abondance des eaux douces qui viennent se jeter dans l'Océan, et qui jusqu'à de grandes distances de l'embouchure des fleuves, modifient la nature de ses eaux : cet effet peut même varier suivant les saisons plus ou moins pluvieuses ; et il est beaucoup plus sensible dans les parties de la mer qui pénètrent dans l'intérieur des terres, parce qu'alors elles reçoivent une quantité relative d'eau d uce beaucoup plus considérable, dont le mélange se fait bien moins rapidement avec la masse générale des eaux. 35. 20 3o6 OCE La mer Noîre et la mer Baltique sont généralement moins salées que le grand Océan. M. Alex. Marcel , qui donne 1,0266 pour la moyenne de densité de l'Océan arctique, ne donne pour la mer Noire que 1,0140, et pour la mer Baltique que 1,0160. La diminution 'de salure et de densité est telle dans quelques localités de cette dernière mer, que, suivant les obserTalions de M. de Freminville , lieutenant de la marine française, l'eau du golfe de Livonie peut nourrir des mollus- ques d'eau douce et qu'on trouve pèle mêle sur le ri- vage les unios , les cjclades, les anodontes , etc., avec les cardiums, tellines, venus. Le golfe de Bothnie est, dit-on, plus salé vers le solstice d'hiver que vers celui d'été; ce qui s'expli- que très-bien par la plus grande quantité d'eau douce qu'il reçoit dans les temps qui précèdent cette dernière époque, à cause de la fonte des glaces et des neiges; on ajoute même qu'il y a dans le même golfe une différence assez appréciable entre le flux et le reflux, pour que les habitans connoissent au goût si le flot monte ou descend : le même fait, qui s'ob- serve, dit-on encore, sur les côtes d'Islande, mais dans un sens inverse , seroit plus difficile à expliquer. Marsigli avoit bien remarqué que l'eau de la mer étoit de y^o, moins chargée de sels à l'embouchure du Rhône qu'au large. La mer Jaune, qui, comme nous l'avons dit précédem- ment, doit sa couleur aux eaux du fleuve Hohan-ho, lui doit aussi une densité moindre, puisque le docteur Marcet donne 1,0229 pour la pesanteur spécifique moyenne de l'eau de cette mer. Plusieurs voyageurs assurent que l'eau de l'Océan est même quelquefois potable à l'embouchure dé la Plata et sur les côtes du Malabar , etc. Dans les régions polaires, la fonte d'une partie des glaces qui , comme on sait, ne sont formées que d'eau presque douce , diminue, pour quelques instans au moins, la salure générale des eaux environnantes, et un effet opposé doit avoir lieu lorsque la congélation vient enlever une partie de l'eau douce à la solution saline , qui se trouve alors plus rapprochée. Aussi dans les salines de Walloé, en Norwége, on a remarqué que l'eau contient /i^ de son poids dans les temps qui précèdent la première fonte des glaces, tandis qu'elle n'en renferme que '4„ après cette fonte. OCE 3o7 Une autre circonsfance locale peut encore faire varier Jes propriétés chimiques de l'Océan , c'est celle de sources d'eau douce qui se trouvent dans la mer elle-même. Spallan- zani (Journal de physique, Juillet 1786) a fait mention d'un jet d'eau douce qui se remarque dans le golfe de la Spezzia, et M. de Humboldt (Tableaux de la nature, t. 1.", p. 235) rapporte qu'à la côte de Cuba, au sud -ouest du port de Batabano , dans la baie de Xagua , à deux ou trois mille nautiques de terre, on voit jaillir avec tant de force , du mi- lieu de l'eau salée, plusieurs sources d'eau douce, que les petites barques n'en approchent pas sans danger ; plus on puise profondément dans ce lieu, et plus l'eau est douce. La salure de la mer rend fortement purgative l'usage de ses eaux , dont la saveur amère et nauséabonde répugne en outre à tout le monde. C'est un grand inconvénient dans les voyages de long cours, de ne pouvoir lui faire remplacer l'eau douce, dont le manque à bord des vaisseaux force à des relâches qui détournent de la route. Aussi a-t-on mul- tiplié les essais pour rendre potable l'eau de la mer. Les difficultés ont paru grandes , soit qu'elles proviennent de l'existence des principes volatils, dont l'eau ne peut être privée parla distillation pure et simple, soit encore parce que les mouvemens auxquels le vaisseau est exposé, rendent celle-ci presque impossible à bord par les procédés ordinaires. Jusqu'à présent on n'est qu'imparfaitement parvenu à remé- dier à tous les inconvéniens. Halles avoit proposé de laisser putréfier l'eau de la mer avant de la soumettre à la distilla- tion. Plusieurs chimistes ont essayé de fixer les principes hui- leux et bitumineux en employant la potasse et la soude, et ce dernier procédé, dont le célèbre Bougainville a fait usage pendant ses voyages, lui a été d'une grande ressource. Dans le dernier voyage autour du monde par le capitaine Frey- cinet , on a fait usage pendant un mois , sur les côtes occi- dentales delà Nouvelle-Hollande, de l'eau de la mer distillée. L'équipage, qui se composoit de cent vingt hommes, n'en a point été incommodé et personne ne s'est plaint. On a bu de cette eau pendant trois mois et demi à la table du com- mandant , qui dit l'avoir préférée à celle prise à terre à Timor. Température. Un grand nombre d'expériences ont été faites 3o8 OCE par les plus habiles observateurs, dans l'intention de con- noître les phénomènes qui sont relatifs à la température propre des eaux de l'Océan , soit à la surface ou aux diverses profondeurs de celui-ci, soit au large ou dans le voisinage des terres, soit, enfin, sous les différentes latitudes; mais Je problème à résoudre se complique par tant de circons- tances particulières et locales, dont il est difficile d'apprécier l'influence; ce genre de recherches exige des soins tellement minutieux et des instrumens si bien combinés pour qu'ils soient à l'abri de toutes les erreurs, qu'il n'est pas étonnant de voir des résultats annoncés comme certains, être en oppo- sition les uns avec les autres et donner lieu à des conséquences également contraires. Marsigli et beaucoup d'autres ont cru pouvoir avancer qu'à une certaine profondeur la mer avait , ainsi que la terre , une température constante de lo à lo'/, degrés de Réaumur. Ce résultat, adopté et expliqué par Buffon, Mairan , Patrin , est cependant contredit formellement par les expériences faites par Forster au pôle austral , par Irwing au pôle bo- réal, et par Péron sous l'équateur. Ces observateurs ont éga- lement vu leur thermomètre s'abaisser à mesure qu'ils le plongeoient dans de plus grandes profondeurs. Péron a même été jusqu'à conclure de ses propres expériences et de celles de ses devanciers, qu'à une certaine distance de la surface la mer devoit être entièrement glacée; conjecture qu'aucun fait direct ne confirme , et qui est même détruite par ce que l'on sait des rapports de la densité de la glace avec celle de l'eau. Ellis , d'après plusieurs observations faites dans les mers d'Afrique, pense bien que la température de la mer dimi- nue , mais il fixe le terme de la diminution à i,->oo mètres de profondeur, au-delà desquels il y a augmentation, et, en effet, il a trouvé 11*^7 à i,83o mètres. Quoique les conclusions adoptées par Péron, à la suite des recherches assidues qu'il a faites pendant Pexpédition du ca- pitaine Baudin , ne soient pas généralement admises, nous croyons utile de rapporter ici les principales de ces conclu- sions, en indiquant quelques-unes des contradictions qu'elles éprouvent de la part d'observateurs qui ne sauroient inspirer moins de confiance que ce célèbre et zélé naturaliste. OCE 309 « A la surface de la mer et loin des rivages, i ." \\ lempé. rature des eaux est en général plus foible à midi que celle de Tatmosphère observée dans l'ombre à la même heure. « 2.° Elle est constamment plus forte à minuit. « 3." Le matin et le soir elles se font le plus ordinairement équilibre. « 4.° Le terme moyen d'un nombre d'observations donné, comparatives entre la température de l'atmosphère et celle de la surface des flots, répétées quatre fois par jour, à six heures du matin, à midi, à six heures du soir, à minuit, et dans les mêmes parages , est constamment plus fort pour les eaux de la mer, par quelque latitude que les observations soient faites (au moins du 49.^ degré nord au 46. '' degré sud). « 5." Le terme moyen de la température des eaux de la mer ù leur surface et loin des continens, est donc plus fort que celui de l'atmosphère avec laquelle ses flotssont en contact. « 6." La température relative des flots augmente par leur agitation , mais leur température absolue diminue (oujo'urs. « A la surface et près des rivages, j.°, la température de la mer augmente à mesure que l'observateur s'approche des continens ou des grandes îles. '^ M. de Humboldt, dont l'exactitude peut être, sans doute, opposée à celle de Pérou, assure positivement, au contraire, que l'eau au-dessus d'un banc est plus froide qu'en pleine mer, et que l'abaissement de la température se fait sentir à rapproche des terres, « A diverses profondeurs et près des rivages , 8.°, toutes choses égales d'ailleurs, la température du fond de la mer le long des côtes et dans le voisinage des grandes terres est plus forte qu'au milieu de l'Océan. « g." Elle paroit augmenter à mesure qu'on se rapproche vantage des continens et des grandes îles. » Nous avons rapporté l'opinion de M. de Humboldt, qui est aussi celle d'un grand nombre de navigateurs, qui savent irès-bien qu'en approchant du banc de Terre -neuve, par exemple , le thermomètre baisse d'une manière très-sensible. « A diverses profondeurs loin des rivages, 10.°, la température des eaux de la mer, à quelque profondeur qu'on l'observe, est en général plus froide que celle de la surface. 3io OCE «11.'* Ce refroidissement paroît être dans un rapport quel- conque avec la profondeur elle-même, puisqu'il se trouve d'autant plus grand que les expériences ont été faites par des profondeurs plus considérables. " Nous rappellerons l'opinion d'EUis, qui croit que, passé un certain terme, la chaleur va en augmentant et les faits déjà constatés par Kirwan , par Forster , et plus récemment par les capitaines Ross et Scoresby, desquels il résulte que dans les mers glaciales, et notamment auprès du Spitzberg-, la température de l'eau est plus élevée au fond qu'à la sur- face ; ce qui tient sans doute à ce que le point de la plus grande densité de l'eau étant à quelques degrés au-dessus du o de glace lorsque la surface de la mer est à ce degré de congélation, les eaux qui conservent plus de calorique, et qui par cela même sont plus pesantes, doivent se trouver dans la profondeur. « 12." Tousles résultats des observations faites jusqu'à ce jour se réunissent pour prouver que les abîmes les plus profonds des mers, de même que les sommets de nos montagnes les plus élevées, sont éternellement glacés même sous l'équa- teur. *^ Telle est la dernière conséquence qui a paru naturelle à Pérou , et qui, par les raisons que nous avons déjà exposées , n'est maintenant admise par aucun naturaliste. Voici, à ce qu'il nous paroît, et en dernière analyse, les insultais qui sont le moins contestés, 1.** La température de l'Océan diminue de l'équateur aux régions polaires. 2." Elle diminue aux environs des îjes et des continens. 5.° Elle diminue dans la pleine mer en raison des profon- deurs, excepté dans les mers du Nord , où le contraire a lieu. 4." Elle s'abaisse au-dessus des bancs de sable. Glaces. Auprès des pôles, l'eau de la mer se solidifie et les deux extrémités de l'axe terrestre sont , pour ainsi dire , revêtues de deux calottes de glace, qui s'étendent inégale- ment autour du pôle boréal et du pôle austral. Vers ce dernier, Jes glaces fixes se rencontrent déjà au 70.*' degré , tandis qu'on ne les trouve généralement qu'au 80." en allant au nord. Les OCE 3ii glacfs fixes forment de vastes plaines unies , que les pêcheurs de ijaleines appellent ^leW-tce. Comme par les changemens de température la glace fond et se brise daiis les régions les moins septentrionales des mers polaires, les fragmens souvent très -volumineux s'accumu- lent les uns contre les autres; ils forment des montagnes très-élevées et flottantes, que les vents entraînent quelquefois jusque dans les mers tempérées. On rencontre aliprès du Spitz- berg de ces montagnes de glace ou ice-berg qui ont jusqu'à 60 et 60 mètres d'élévation et même jusqu'à 200 mètres dans la baie de Baffin, Leur surface n'est pas toujours unie ; elle est le plus souvent hérissée de pics aigus. La couleur que présentent les glaces polaires, varie depuis le blanc jusqu'au vert et au bleu de saphir. Il paroît que les glaces produites par les eaux douces qui descendent des continens, s'accumulent au bas des vallées et tombent en masses plus ou moins grandes dans la mer, sont reconnoissables par leur aspect noirâtre, leur couleur verte et leur transparence, tandis que l'eau de la mer glacée est plus blanche, plus poreuse et plus opaque. On sait qu'en fondant, la glace donne de l'eau douce ou aa moins de l'eau saumàtre. Il ne paroît pas que, sous les champs de glace les plus voi- sins des pôles, la mer soit solide jusqu'à son fond; on a re- marqué, dans les endroits où l'on a pu parvenir, que la couche d'eau gelée a tout au plus «o à 26 pieds d'épaisseur. Mouvement des eaux de l'Océan. Marée. La masse entière de l'Océan est soumise, comme la terre, à l'action attractive combinée du soleil et de la lune ; mais cette action , qui s'exerce d'une manière différen^te sur la mer en raison de son état de liquidité, a pour effet de produire périodiquement une élévation et un abaissement successifs de ses eaux par rapports aux rivages qu elles bai- gnent. Ce grand phénomène de la nature est assujetti à des règles fixes, dont les causes, quelques compliquées qu'elles soient, n'ont pu rester cachées aux recherches des astronomes et aux calculs des géomètres. Il n'entre pas dans notre sujet de remonter à l'explicetion du mouvement général de la mer dont les effets constituent les xMarées. JNous renvoyons à l'ar- 5i2 ' OCE tîcle de ce Dictionnaire où la question a été traitée spécia- lement. Nous nous bornerons ici à rappeler quelques-uns des principaux traits qui caractérisent l'agitation de l'Océan, due à l'attraction sydérique, et qui la distinguent de celle qui est produite parles courans, par les vents, ou par toute autre cause plus ou inoins constante ou passagère. Sur presque tous les points des terres qui sont en con- tact avec rOcéan , on voit le niveau de celui-ci s'élever graduellement pendant l'espace de six heures environ ; alors la marée monte : c'est l'instant du flux ou Jlot; le mouvement d'ascension s'arrête; la mer est pleine , haute ou étale, et pen- dant six autres heures, la mer descend; c'est le reflux: on a basse mer pendant l'état stationnaire qui précède le renou- vellement de l'ascension. L'intervalle qui sépare deux hautes mers n'est pas constam- ment le même ; il est d'environ 12 heures 25 minutes 14 se- condes; donc la durée moyenne de deux marées consécu- tives est, comme celle de la révolution lunaire qui les régit, de 24 heures 5o minutes et 28 secondes, ce qui fait que chaque jour le moment de la pleine ou de la bas;»:; mer retarde d'environ trois quarts d'heures en un lieu donné. Le point d'élévation et d'abaissement des eaux n'est pas toujours le même dans une même localité; plus celles-là s'élèvent , plus elles s'abaissent aussi dans une même marée. Les grandes marées coïncident avec les pleines et les nou- velles lunes ou vers les syzygies; les petites marées, c'est-à-dire celles pendant lesquelles le niveau varie le moins, répondent aux quadratures. L'élévation et l'abaissement relatifs de la mer par rapport aux rivages , varient dans les divers lieux en raison de l'étendue du bassin et de la forme des côtes. Les eaux peuvent s'élever de quarante pieds au mont Saint -Mi- chel, par exemple, et à Saint-Malo , tandis que dans la même marée elles s'élèveront à peine d'un pied ou deux sur un grand nombre de plages. La configuration des rivages peut retarder également plus ou moins la manifestation du phénomène : ainsi , par cette cause , la mer pourra être pleine a Calais à 11 heures 46 minutes; à Dieppe, à 10 heures ?o minutes: au Hftvre , à 9 heures i5 minutes; à Saint-Malo, OCE 3i5 à 6 heures; à Brest, à 3 heures 33 minutes; etc. Toutes ces différences n'infirment cependant en rien l'unité du principe auquel se rattache le mouvement des marées ; ces anomalies locales apparentes s'expliquent, et se calculent si bien qu'elles peuvent être prévues à l'avance d'une manière certaine : mais il est d'autres circonstances particulières qu'il est plus difficile d'apprécier et qui viennent accidentellement dé- ranger l'ordre des mouvemens prévus dans leur ensemble. On voit consigné, par exemple, dans les Mémoires de l'Académie des sciences, 1726, qu'à la côte de Flamenville, dans le Cotentin , par un temps calme et avec un vent foible du sud-sud- ouest, la mer avoit commencé à monter à trois heures après midi. Arrivée à la hauteur de cinq pieds, c'est- à-dire à la moitié de son élévation ordinaire, qui est dç dix pieds dans cet endroit, elle se retira tout à coup, et après une demi - heure elle remonta à i5 pieds; en un demi- quart d'heure, elle rebaissa à 5 pieds, pour recommencer à monter comme à son ordinaire. Ce qui ajoute à la singula- rité de ce fait , c'est que rien de semblable ne se fit remar- quer à Cherbourg, ni à Carteret, ni même au port de Roëzel, qui n'est éloigné que de trois lieues de Flamenville. Il est arrivé quelquefois aussi à Marseille que la mer a abandonné le bas- sin du portbeaucoup plus que de coutume, et que des vaisseaux se sont trouvés à sec (Annales de chim. et de phys. , t. 2 1 ). En 18) 2, notamment le 28 Juin, l'eau de la mer s'abaissa subi- tement dans ce port : elle revint avec une rapidité non moins grande et en telle abondance, que les rues voisines de la plage furent inondées ; elle se retira, puis revint de nouveau, et enfin l'équilibre ne se rétablit qu'après plusieurs mouve- mens oscillatoires analogues. On trouve dans le journal que nous venons de citer , tom. 21 , que dans un port de la Méditerranée, le 22 Juillet 1822, par un temps calme et serein, le flux et le reflux furent observés neuf fois en trois heures trente cinq mi- nutes , et que les eaux se sont abaissées d'un pied quatre pouces au-dessous de leur niveau ordinaire. Ce phénomène, qui a les plus grands rapports par ses effets avec celui qui se fait remarquer quelquefois sur le lac de Genève , où il est connu sous le nom de seiches, pourroit bien avoir la 3i4 OCE même cause ; mais il pourroit aussi être la suite de quelque grande commotion ou irruption lointaine, occasionée par des volcans sous-marins. On rapporte, en effet, qu'en lyôS, au moment où la ville de Lisbonne fut détruite par un tremblement de terre , l'Océan offrit en quelques minutes plusieurs mouvemens irréguliers de flux et de reflux, depuis Gibraltar jusqu'aux îles Shetland, depuis le Tage jusqu'à l-a Jamaïque. En 1761 le tremblement de terre , beaucoup moins fort, qui se fît ressentir également à Lisbonne, donna i;eu à une semblable agitation de la mer, qui fut remarquée à Lisbonne, Madère, Cork, Mount's-Bay, dans le comté de Cornouailles, à Bristol, à Amsterdam et même à la Barbade : à Mount's-Bay la mer s'éleva de six pieds et reprit son ni- veau, cinq fois de suite dans une heure. Patrin rapporte , d'après le jésuite Babin , que dans le dé- troit de la mer de Grèce, qui sépare l'ile d'Eubée de la Béotie , les mouvemens de flux et de reflux , qui y sont très- sensibles, ne sont d'accord avec ceux de l'Océan ou du golfe de Venise que pendant dix-huit ou dix-neuf jours de chaque lune , sans que ces jours se suivent. Ainsi , depuis le vingt-sep- tième jour de la lune jusqu'au huitième de la lune suivante, le mouvement est régulier; du 9 au i3 il ne suit aucune règle; du 14 au 19 il redevient régulier, et enfin du 20 au 26 il est encore variable. Dans les jours où il y a irrégularité, on observe depuis vingt-deux jusqu'à vingt-huit oscillations. (Dict. d'hist. nat.) Les portions de l'Océan qui n'offrent pas une grande éten- due d'eau, telles que les mers méditerranéennes, éprouvent un effet bien moins marqué de l'action du soleil et de la lune; la mer Baltique, la mer Méditerranée ont des marées à peine sensibles, quoique dans quelques localités particu- lières de ces mêmes mers, comme dans le détroit dont nous venons de parler et dans le golfe de Venise, ce phénomène soit comparable à celui qui se voit dans l'Océan. Dans plusieurs fleuves on voit, au moment de la marée montante , une vague plus ou moins élevée , qui , s'avançant avec bruit et impétuosité contre le cours des eaux fluviatiles , les fait refluer jusqu'à des distances souvent très-grandes de l'embouchure. Ce phénomène, connu sous le nom de barre OCE 3i5 à l'embouchure du Gange, du Sénégal, de la Seine, de l'Orne, etc.- sous celui de mascaret dans la Garonne et la Dordogne, est appelé pororoca par les habitans des rives de l'embou- ciiure de l'Amazone, où , suivant ce que rapporte La Conda- mine, les effets du pororoca sont quelquefois aussi terribles qu'ils sont effrayans, surtout à l'époque des plus hautes ma- rées. On voit alors plusieurs lames de douze à quinze pieds de haut se succéder et remonter dans le lit du fleuve avec une rapidité à laquelle rien ne résiste, et en produisant un bruit qui s'entend à la distance de plus de deux lieues. Courans. Outre les mouvemens opposés de flux et de re- flux dont sont agitées les eaux de l'Océan par l'effet général des marées, on observe que certaines parties de la mer se meuvent d'une manière presque constante dans un sens dé- terminé, tandis que d'autres contiguës sont en repos ou bien sont mues dans un sens quelquefois opposé. Cette observa- tion importante a été mise à profit par les navigateurs, qui ont étudié avec le plus grand soin la direction des courans dans les diverses régions des mers, afin de les faire servir à la marche de leurs vaisseaux. Le courant le plus constant et en même temps celui qui parcourt une plus grande éten- due , est celui que l'on a nommé courant équutoriaL, courant équinoxial. II semble être un fleuve immense, qui court avec vitesse au sein des mers ; sa direction générale de l'est à l'ouest est la même que celle des vents alizés, qui paroi^sent avoir la même cause , si ces derniers ne sont pas eux-mêmes la cause du courant équatorial. La direction que naus venons d'in- diquer n'est cependant pas exactement la même dans toutes les parties du coiirant, qui se trouve dévié, soit en partie, soit en totalité, par les obstacles contre lesquels il vient frapper. Lorsque les eaux rencontrent des terres découvertes et des bas-fonds, au lieu d'obéir à la première impulsion qui les portoit d'orient en occident, elles sont forcées de se diriger soit au nord, soit au sud et même d'occident vers l'orient, c'est-à-dire , dans un sens tout-à-fait opposé. Selon l'action combinée qui résulte de la vitesse de leur premier mouvement avec la réaction produite par les obs- tacles rencontrés, cette action, comme on le voit, peut va- rier à l'infini, ainsi que la forme des côtes et celle du fond de 5^6 OCE la mer, et il en rësulte , principalement auprès des terrc«, un grand nombre de courans particuliers (rès-difll'érens entre eux, et qui, cependant, peuvent presque tous être regardés comme des embranchemens du grand courant équatorial. En faisant abstraction de toutes les déviations locales dont nous venons d'indiquer la cause , on reconnoit généralement que sous la zone torride TOcéan porte ses eaux des côtes oc- cidentales de l'Amérique aux cf)tes orientales de l'Afrique, et de celles-ci aux rives opposées de l'Amérique. En traversant l'Australasie et l'Archipel indien, on conçoit combien le cou- rant général doit être modifié par les nombreuses iles qu'il rencontre; mais dans la mer des Indes il reprend sa première direction, qui, au nord de la ligne et près des côtes, est cependant encore changée en un mouvement diamétralement opposé de l'ouest à l'est pendant six mois de Tannée seule- ment. Ce changement local et constant est attribué anx vents appelés moussons, qui de Mai en Octobre soufflent de l'Afrique vers l'Inde. En effet , le changement dans le courant ne s'opère pas subitement avec celui des vents; c'est l'action pro- longée de ceux-ci qui d'abord diminue la vitesse du courant général et insensiblement jusqu'à ce qu'elle le détruise. Les eaux alors obéissent à l'impulsion donnée par les vents, et celle-ci se propage même long-temps encore après qu'ils ont cessé de souffler. Dans l'Océan atlantique, au-dessus de la ligne, on voit le courant équatorial se diriger vers la baie d'Honduras. Ce mouvement constant est très-sensible à la hauteur des Açores, au sud-ouest de ces îles : c'est lui qui rend si facile et si sûre la navigation d'Europe en Amérique, laquelle se fait presque entièrement au moyen des courans, lorsque l'on est parvenu près du tropique nord. De la baie d'Honduras les eaux entrent dans le golfe du Mexique, où elles tournent, en suivant le contour des terres, pour sortir avec une grande vitesse par le canal étroit de Bahama. Cette portion du grand courant a reçu des marins le nom de Gulfslream -. il prend quelquefois, en sortant du canal de Bahama, celui de cou- rant de la Floride; il se dirige alors au nord-est, en parcou- rant près de neuf mille mètres par heure. Après avoir longé les côtes des États-Unis, il perd de sa vitesse lorsqu'il ap- OCE 3i7 proche du grand banc de Terre-neuve, que Volney compare à la barre de l'embouchure du grand fleuve marin, et il change de direction en se portant à l'est vers les Açores; au sud-est et au sud , pour reprendre la direction du golfe du Mexique. M. de Humboldt estime la longueur du trajet que nous venons de tracer, à 3, 800 lieues, et cet habile observa- teur pense que les eaux emploiejît deux ans et dix mois à le parcourir. La vitesse du Gulfstream n'est pas la même partout , et sa largeur augmente lorsque la vitesse diminue. Cette largeur peut être de quinze lieues au canal de Bahama, de quatre-vingts auprès du banc de Terre-neuve, et de cent soixante aux Açores. Les eaux courantes ont une température plus élevée que celles de l'Océan environnant. M. de Humboldt a trouvé près de Terre-neuve 22'/, degrés centigrades, tandis que la mer voisine avoit use chaleur de ly/.^ seulement. M. Scoresby pense qu'un courant particulier arrive de la baie de Baffin et des côtes du Groenland sur le banc de Terre-neuve en même temps que le Gulfstream , et que de leur réunion résul- tent deux embranchemens , dont l'un se porte sur les côtes de Norwége vers le cap Nord, tandis que l'autre descend vers les Açores. Indépendamment du mouvement général des eaux de l'O- céan d'orient en occident, on distingue encore un mouve- ment des pôles vers les régions tempérées et équatoriales avec une vitesse, selon MM. de Humboldt et Scoresby, de trois milles à l'heure. Les eaux de ces courans seroient plus froides que celles environnantes. Dans tous les courans de la mer, comme dans ceux qui sil- lonnent la terre, la vitesse est différente au milieu et sur les bords. Près de ceux-ci elle devient graduellement moindre et quelquefois même il se forme un contre-courant ou remous. C'est ce qui a lieu dans beaucoup de golfes et dans un grand nombre de détroits, où l'on voit sur un bord les eaux couler dans un sens et dans un sens opposé sur l'autre bord : on dis- tingue encore des courans superficiels opposés à des courans inférieurs. Ainsi, beaucoup d'observateurs pensent que , tandis qu'à la surface de l'Océan les eaux se portent des pôles vers l'équateur , il y a un contre-courant inférieur, qui 3i8 OCE porte au contraire les eaux de l'équateur vers les pôles. C'est à ces contre -courans inférieurs que M. Scoresby attribue la plus haute température que les eaux du Spitzberg lui ont paju avoir à une certaine profondeur qu'à la surface de la mer. L'Océan verse ses eaux dans la Méditerranée au détroit de Gibraltar, mais on a observé qu'il y a un courant inférieur opposé , etc. On remarque dans quelques parties de l'Océan des courans qui reviennent sur eux-mêmes en tournoyant; on les appelle des tournans d'eau. Le Malstrœm , sur les côtes de Norwége , est un des plus célèbres : il forme un tourbillon qui attire les vaisseaux de plusieurs lieues de distance; il leur devient souvent funeste, lorsqu'ils ne peuvent parvenir à l'éviter. Ondes, Vagues. Les vents qui agitent la surface des eaux, produisent des ondes ou ondulations lorsque l'action est mo- dérée; mais, si le vent est impétueux et si les eaux remuées par lui rencontrent dans le fond de la mer ou sur ses bords des inégalités résistantes , les vagues s'élèvent alors à une très- grande hauteur. On rapporte que le 21 Janvier 1820, Warberg en Nor- wége , qui est élevé de quatre cents pieds au-dessus du niveau de la mer, étoit inondé par les vagues pendant une tempête: mais cette circonstance fait, pour ainsi dire, exception: car le plus ordinairement la hauteur moyenne des vagues n'ex- cède pas douze pieds, suivant les expériences de Boyle , des- quelles il conclue que le vent n'exerce pas une action di- recte sur les eaux de la mer à une profondeur plus grande que six pieds. Les marins donnent aux vagues le nom de lames : elles sont d'autant plus longues que la mer a plus d'étendue ; ainsi elles ont beaucoup d'étendue dans la mer du Sud, et elles sont courtes et brusques dans la mer INoire, la mer Rouge, etc. IViVeau de l'Océan. D'après les observations pr-écises faites par les savans de l'expédition d'Egypte, la mer Rouge est plus élevée de huit à neuf mètres que la Méditerranée. On assure également que celle-ci est plus basse que la mer Noire ; et M. de Humboldt pense que l'Océan équinoxial est d'environ sept mètres plus haut que l'Océan atlantique. Il faudroit conclure des faits qui précèdent et d'un grand nombre d'au- OCE 3i9 très plus spéciaux , tels que les différences très-grandes entre le point d'abaissement et d'élévation des eaux, de la mer à chaque marée dans des lieux peu éloignés les uns des autres, que la surface de l'Océan ne garde pas partout un même niveau, bien que ce soit une propriété de tous les liquides, de prendre une horizontalité parfaite ; mais les travaux des astronomes qui ont concouru à mesurer la méridienne, ont établi en principe que l'observation générale étoit d'accord avec la théorie. Il faut donc tirer la conséquence que les faits contraires ne sont que des anomalies locales, dont il ne sera point impossible de se rendre compte, lorsqu'on les aura étudiés. On remarque en effet sur plusieurs plages , comme dans quelques ports, que, si le vent souffle constamment de mer ou de terre , les eaux se tiennent au-dessus ou au-dessous de leur niveau habituel pendant le calme ; que, dans le fond des golfes, lèvent et la marée peuvent soutenir les eaux mo- mentanément à une hauteur plus grande que dans le bassin général, et la mer Rouge, qui fournit l'exemple le mieux constaté d'une différence de niveau des eaux de l'Océan , est un véritable golfe; tandis que d'une autre part la Méditer- ranée, qui a servi de point de comparaison, est un bassia presque fermé, qui perd par l'évaporation plus qu'il ne reçoit par les fleuves , puisque l'Océan s'y verse continuellement au détroit de Gibraltar. Il est une autre question relative au niveau de l'Océan , qui a occupé un grand nombre de savans et qui les partage encore, c'est de savoir si ce niveau reste toujours le même, au moins depuis les temps historiques. On rapporte un grand nombre de faits à l'appui de la diminution graduelle et insen- sible des eaux de la mer; maïs, outre que plusieurs de ces faits sont expliqués par les antagonistes de cette opinion, sans qu'il leur soit nécessaire d'avoir recours k l'abaissement des eaux, on cite des faits non moins bien constatés, des- quels il faudroit déduire comme conséquence rigoureuse , que les eaux se sont élevées. Il paroitroit incontestable, d'après les observations faites par Ceisius, Vallerius, Linné, par celles du savant géologue de Buch, que le niveau de la Baltique a baissé, puisque des mar- ques, faites en lySi sur des rochers immuables, ontindiquéun 320 OCE abaissement de niveau de cinq à six pouces après treize années. Ces faits sont , il est vrai , particuliers à une localité de la mer : ils ont trouvé des contradicteurs dans le pays même où ils ont été recueillis; mais il est, malgré tout, aussi difficile de les révoquer en doute, que de les expliquer. Il n'en est pas ainsi de plusieurs observations auxquelles on adonné une grande importance dans la même opinion, telles que l'éloi- gnement des bords de la mer actuelle de certaines villes que l'on sait avoir été des ports. On a vu que presque tous les lieux cités étoieiit à l'embouchure de fleuves qui ont formé des atterrissemens au devant d'eux et ont éloigné le rivage de cette manière, sans que le niveau des eaux ait baissé, et, en effet , tandis qu'un accroissement de la terre se fait sur un point , la mer d'un autre côté dégrade des rives escarpées et elle se rapproche de points dont elle étoit éloignée. Il ne semble pas cependant que l'on doive regarder comme prouvé, d'après ces derniers faits, que la mer a un mouvement pro- gressif de translation dans un sens déterminé ; la forme des côtes abruptes ou en pentes douces, la nature des matériaux dont les rivages sont formés, la direction des courans particu- liers, la position de l'embouchure des fleuves, sont des circons- tances locales qui donnent lieu aux phénomènes de l'ac- croissement ou de la destruction de certains rivages. Chaque jour, sur les côtes de la Manche, les falaises de craie s'écrou- lent dans la mer lorsque les vagues battent leur pied, tandis que la mer s'éloigne du rivage sur quelques autres points de la même côte où les fleuves apportent leurs alluvions. On en voit un exemple remarquable à l'embouchure delà Somme, dont l'atterrissement augmente sans cesse, tandis qu'au bourg d'Ault des vieillards racontent avoir vu plus de quatre cents maisons s'écrouler successivement dans la mer avec la falaise qui les portoit, de telle sorte que la mer s'est avancée dans les terres de plus de cent pieds pendant une génération. On rapporte dans le Journal de physique, Janvier 1823, que, sur la côte orientale de l'Amérique, au cap Mox, où la De- laware tombe dans l'Océan , la mer a gagné cent cinquante- quatre pieds en seize ans ; ce qui a été constaté d'une ma- nière exacte d'année en année. J^es faits relatifs à l'exhaussement du niveau des mers , de- OCE 321 puis les temps historiques certains , sont aussi nombreux que ceux apportés en preuve de l'opinion contraire, et presque tous ont été recueillis dans la Méditerranée. Comme les pre- miers ont été constatés dans les régions septentrionales, quel- ques auteurs ont même cru voir dans cette circonstance une preuve d'un déplacement de la mer du nord vers l'équateur. Les principaux de ces faits sont les suivans : i.° la découverte faite par Fortis dans les environs de Primoria en Dalmatie, d'un rocher battu maintenant par les flots et sur lequel une inscription indique qu'à la même place il existoit une fon- taine dont les eaux arrosoient un territoire maintenant sub- mergé, et que les antiquaires regardent comme ayant été un lieu de délices de l'empereur Licinianus ; 2° d'après M. Breislak , quelques pavés de l'un des palais de Tibère, dans l'île de Caprée , sont couverts par les eaux; 3.° le pavé du temple de Jupiter Serapis, auprès de Pouzzole, est mainte- nant plus bas que la mer à l'époque des hautes marées. Mais, en même temps que les observations précédemment citées, et auxquelles il seroit facile d'en ajouter d'autres, sembleroient indiquer réellement une élévation des eaux de la mer, des observations contradictoires faites dans le même lieu , con- duiroient à tirer une conséquence opposée. Ainsi , par exemple, on trouve dans le même temple de Jupiter Serapis trois colonnes sur pied , qui , jusqu'à la hauteur de seize pieds au-dessus du sol, sont percées par une grande quantité de trous, attribués à des mollusques lithophages , et qui prou- vent que pendant un temps assez long ces colonnes ont été sous l'eau de la mer au moins jusqu'à la hauteur de seize pieds. Il est vrai que le territoire de Pouzzole, sujet à des tremblemens de terre et à l'action des feux souterrains, a pu être bouleversé, élevé et abaissé à plusieurs reprises, comme le pensent des observateurs. MM. Playfair, de Buch , Breislak, pensent même qu'en ad- mettant que la masse des eaux n'a pas changé depuis les temps connus, on peut expliquer par l'exhaussement ou le gonflement partiel des terres les faits qui sont en contradic- tion avec ce principe de la constance du niveau d^r l'Océan. On peut expliquer également l'élévation apparente de celui- ci par l'affaissement partiel du sol solide. Quoi qu'il en soit, 55. 21 322 OCE beaucoup de géologues soutiennent encore que l'eau deâ mers diminue continuellement d'une manière insensible, et ils pensent que la constance de leur niveau en est une preuve évidente , puisque chaque jour le bassin de FOcéan reçoit par les fleuves des sédimens solides qui en élèvent le fond et di- minuent sa capacité. Cet argumenta certainement beaucoup de force . et les partisans de la diminution insensible des eaux s'appuient fortement encore sur la présence de débris, in- contestablement marins, à des élévations considérables au- dessus des eaux actuelles. Nous ne parlons ici que de ceux de ces débris qui offrent des analogies avec les êtres qui vivent encore dans les mers voisines. Les faits de cette nature se pré- sentent sur presque toutes les côtes, dans presque toutes les mers. Pallas, Donati, Fini, Cook , Péron et un grand nombre d'autres ol.servateurs , en rapportent des exemples irrécusables. Nous rappellerons particulièrement l'observation faite par Saussure sur le rivage de la Méditerranée, entre Monaco et Vintitnille, de laquelle cet observateur, après un examen attentif et impartial , conclue que les excavations que présen- tent les rochers dans ce lieu, à plusieurs hauteurs jusqu'à celle de deux cents pieds, ont été formées par Faction suc- cessive des vagues de la mer. Voyez au mot TEaRE (GéoL) , l'exposition des phénomènes de la présence des corps marins dans les couches solides et à diverses élévations au-dessus du niveau actuel des mers. Actio?i de l'Océan actuel sur la partie solide du globe , et changemens qui s'opèrent journellement dans le hassin des mei^s. Nous avons déjà vu que les vagues, en frappant certaines côtes et minant leur pied, causent la chule des couches dont celles-ci sont formées. Les débris, s'ils sont durs, se transfor- ment, par Faction continuelle des eaux et le frottement qu'ils éprouvent, en cailloux roulés ou galets; si ces débris sont tendres et facilement délayables , les eaux les entraînent , pour les déposer, soit dans des bas- fonds , qui alors s'élèvent, soit sur d'autres parties des côtes, où la mer forme avec eux des atterrissemens. Par cette opération la mer s'avance dans cer- tains parages, tandis qu'elle s'éloigne dans d'autres, et elle OCE 325 compose dans son sein , aux dépens des matériaux qu'elle a en- levés à la terre, de nouvelles couches, qui changent la forme de son fond. Les sédimens apportés par les fleuves et tous les cours d'eau qui se versent dans l'Océan, contribuent à former ces mêmes couches, qui quelquefois peuvent acquérir une dureté et un aspect comparables à coux des roches an- ciennes. La pierre qui, à la Guadeloupe, renferme des os- semens humains, paroît être, d'après des observations nou- velles, un produit de FOcéan actuel. On sait qu'auprès de Messine la mer agglutine chaque jour le sable par un ciment tellement dur, que les pierres qui en résultent peuvent servir de meules. On voit également sur les côtes du Calvados, aux roches dites de lyon , des dépôîs récens, qui contiennent des coquilles de la mer voisine, et qui ont cependant la dureté des pierres les plus solidement agrégées. Les matériaux qui sont ainsi déposés dans la mer, dimi- nuent bien la profondeur de quelques localités; mais les cou- rans, qui agissent à une distance variable selon le degré de leur vitesse, empêchent au moins les dépôts de se former dans les parties auxquelles ils coi'respondent. On a remarqué que, dans le courant équatorial , la mer a une profondeur beaucoup plus grande que dans les parties adjacentes. Il doit en être de même sous les autres courans, qui dérivent plus ou moins de ce courant principal, et au lieu de se niveler, le fond de l'Océan conserve entre des collines modernes des vallées proportionnées pour la largeur aux courans auxquels elles servent de lits. Les volcans sous-marins produisent des changemens notables dans le sein de l'Océan , soit en soulevant le sol même au- dessous duquel ils agissent, soit en répandant sur ce sol des laves et autres matières fondues. On sait, à n'en pas douter, que plusieurs iles de l'Archipel grec sont entièrement com- posées de produits volcaniques élevés au-dessus de la surface de la mer. Depuis les temps historiques en i658 et en 1720, on vit deux iles de cette nature paroitre dans l'Archipel des Açores ; l'une auprès- de Saint-Michel, l'autre entre celle-ci et Tercère. Les côtes du Kamtschatka ont été témoins plus récemment encore de phénomènes semblables. Les mollusques doivent laisser dans la mer leur test solide, 324 OCE dont l'accumulation donne lieu à des bancs analogues à ceux que recèlent les couches de la terre que nous habitons. Sous l'équateur les polypes élèvent dans le sein des mers des écueils et des iles qui ne sont que l'accumulation des loges crétacées de myriades de générations qui se sont succé- dées. Ce n'est pas, comme l'a observé M. Quoy , l'un des navi- gateurs de l'expédition du capitaine Freycinet , que les poly» piers aient leur base fixée dans les grandes profondeurs, ainsi qu'on l'a dit avant lui; ils recouvrent des rochers déjà peu distants de la surface de l'eau , qu'ils élèvent de vingt à trente pieds au plus; mais ces êtres, presque microscopiques, sont en un nombre tel que l'accroissement des polypiers qu'ils sécrètent, est sous la zone torride une cause puissante et active d'un changement dans la forme et la dimension du bassin des mers. (Const. Prbv.) OCÉANIE, Oceania. (Conchjl.) Denys de Montfort (Con- chyl. System. , tom. i , pag. 69 ) a établi sous cette dénomi- nation un genre distinct avec le nautile ombiliqué , et jus- tement à cause de la présence d'un large ombilic, seul ca- ractère qui le distingue du nautile flambé. Voyez Nautile. (DeB.) OCEANIE, Oceania. (Aclinoz.) Genre de médusaires éta- bli par MM. Peron et Lesueur dans leur Distribution systéma- tique des animaux de cette famille pour les espèces qui , étant gastriques, monostomes , pédonculées , brachidées et tentaculées, ont en outre quatre ovaires alongés, descendant de la base de l'estomac vers le rebord de l'ombrelle en ad- hérant à sa face inférieure, et quatre bras simples. Les espèces assez nombreuses de ce genre, que M. de Lamarck a réuni au genre Cyanée des mêmes auteurs, sont divisées en trois sections. j.° Espèces simples, c^esl-à-dire sans appendices ni trompe. O. PHOsPHORiQUE ; O, phosphorica, Fer. et Les. Ombrelle sub- hémisphérique, hyaline, pourvue à sa circonférence de trente- deux glandes et d'autant de tentacules; l'estomac très-petit, quadrangulaire à sa base; ovaires pédicellés , très -courts et subclaviformes : un à trois centimètres de diamètre. Côtes de la Manche. OCE 3^5 O. linbolée; O. lineolata, Per. et Les. Ombrelle hémisphé- roïdale, hyaline-rougeâtre, avec un anneau de lignes simples vers le bord et cent vingt tentacules très -fins; ovaires en forme'de larges membranes onduleuses, correspondant à qua- tre échancrures marginales peu profondes: trois à quatre cen- timètres de diamètre. Des côtes de Nice. O. FLAViDULE ; O. Jlaviduld , Per. et Les. Ombrelle subhé- misphérique, hyaline, jaune à l'intérieur; sans échancrures ni lignes à son rebord , mais à tentacules nombreux , très- fins et très-longs; estomac très-court et quadrangulaire ; ovaires comme dans Pespèce précédente : quatre à cinq centimètres. Mer de Nice. O. Lesueur; o. Lesueur, Per. et Les. Ombrelle alongée, sub- conique , pointue , hyaline , à tentacules nombreux , très-longs , aplatis à la base; quatre ovaires; quatre bras très -courts, réunis et presque confondus; l'intérieur de couleur rose et pourprée, cinq centimètres de hauteur. Côtes de Nice. 2° Espèces appendiculées. O. bonnet: o. pileata; Médusa pileata, FoTskal, Faun. arah.y pag. lie, n.°26, et Icon. anim., tab. 33, fig. D. Ombrelle hyaline, d'un roux brunâtre à l'intérieur, semi-ovoïde, sur- montée d'un gros tubercule obtus et mobile , avec des tenta- cules très-longs , très-nombreux, d'un roux brunâtre à la cir- conférence; quatre bandes longitudinales, dentelées sur les bords; quatre gros ovaires; quatre bras très- courts, réunis par une membrane flexueuse: trois à quatre centimètres de diamètre. De la Méditerranée. O. dinème; o. dinema , Per. et Les. Ombrelle rose, sub- sphéroïdale, protubérance très-mobile, très-aiguë; estomac court, cylindroïde , renflé à sa base et de couleur verte; quatre bras très -courts de la même couleur; rebord très- contracté ; trois tentacules ; les quatre ovaires en forme de petites bandelettes prolongées jusqu'au rebord: deux à trois millimètres. Des côtes de la Manche. 3.° Espèces prohoscidées. O. viRiDULE; O. viridula , Per. et Les. Ombrelle subcampa- niforme, d'un vert léger, bordée de soixante à soixante -dix 326 , OCE tentacules très -courts; estomac prolongé en une espèce de trompe rélractile, pyramidale, à quatre faces, et terminée par quatre bras frangés; ovaires très -longs, flexueux et comme articulés ; trois centimètres de diamètre. Des côtes de la Manche. O. bossue; O. gibbosa, Per. et Les. Ombrelle subhémisphé- riquç, hyaline, un peu déprimée à son centre, avec quatre bosselures à son pourtour; ovaires grêles, flexueux, prolon- gés jusqu'au rebord, garni de cent douze à cent vingt ten- tacules très- courts et très -fins; estomac prolongé en une espèce de trompe rétractile, pyramidale, à quatre faces, ter- minée par quatre bras courts et frangés: deux, trois à quatre centimètres de diamètre. Des côtes de INice. MM. Peron et Lesueur rangent encore dans ce genre, mais sous le titre d'Océanies douteuses, les espèces de méduses sui- vantes : O. CYMBALOÏDE : O. eymhaloidea ; Med. cjmbaloldea, Slabber, Phys. Belust. , pag. 53, tab. 12, fig. i à 5. Ombrelle hémi- sphérique agréablement variée de brun, de jaune, de cra- moisi et d'hyalin , et garnie à son rebord de dix-huit à vingt tentacules; estomac très - long , très- volumineux, et dépas- sant de beaucoup le rebord de l'animal ; ovaires pédicellés , très -gros et comme bosselés : sept à huit millimètres. Des côtes de la Hollande. O. TÉTRANÈME : O. tctranema y Fer. et Les.; Carminiolhen Beroë, Slahher, Phjs. Belust., p. 64, tab. 14, fîg. 1. Ombrelle hyaline, subelliptique, déprimée un peu à son sommet; estomac d'un beau rouge carmin, très-court, terminé par quatre petits bras; ovaires grêles et continus avec les quatre tentacules du rebord; ouverture inférieure quadrangulaire. Petite espèce microscopique des côtes de la Hollande. O. Sanguinolente: O. sanguinolenta , Per. et Les. ; Slabber, ibid., tab. i3, fîg. 5. Ombrelle de la grosseur d'un grain de riz, hyaline, subeiliptique, tronquée à sa base, avec dix-huit tentacules courts; estomac court; ovaires prolongés jusqu'au rebord de l'ombrelle. Des côtes de la Hollande. O. hémisphérique: o. hemisphœrica ; Médusa hemisphœrica , Gronov. , ^c/. ?leZ^•., tom. 4 , pag. 38 , tab. 4, fig. 7. Ombrelle hémisphérique, boz'dée de tentacules très- nombreux et très- OCE 3.7 courts; estomac dessiné à sa base par une tache quadrangu- laire; ovaires simples et prolongés jusqu'au rebord : un à deux centimètres de diamètre. Des côtes de la Belgique. O. danoise: O. dànica; Med. hemispliœrica , Mull. , Zool. Dan., pag. 6, tab. 7, fig. 2 à 5. Ombrelle gris -bleuâtre, hé- misphérique, déprimée à son centre, bordée à sa circonfé- rence de trente -deux tentacules très -courts et de trente- deux petites glandes; ovaires pédicellés, claviformes, de cou- leur jaunâtre: un centimètre de diamètre. Des côtes du Da- nemarck. O. paradoxale; o. paradoxalis, Per. et Les. Ombrelle hya- line, subhémisphérique, déprimée, bordée de tentacules très- nombreux, très-fins et très-courts; ovaires simples et li- néaires: deux à trois centimètres de diamètre. Des côtes de Nice. O. siiCROScopiQUE : O. microscopica , Per. et Les.; Glatten Beroë, Slabber, Phvs. Belusl., pag. 46, tab. 11, fig. 1 et 2, Ombrelle hémisphérique, hyaline, bleuâtre; deux tentacules très -longs; quatre ovaires filiformes; un diaphragme au pourtour de l'ouverture. Très-petite espèce des côtes de la Hollande. O. HÉTÉRONÈME; O. lieteroneuia , Per. et Les., d'après le des- sin et les notes de M. Suriray. Ombrelle hyaline, hémisphé- rique, avec douze tentacules, dont dix très- courts, entre- mêlés de dix petites glandes ocelliformes; quatre ovaires fili- formes; un diaphragme au pourtour intérieur de l'ombrelle. Très -petite espèce des côtes du Havre. Les mœurs, les habitudes des Océanles sont tout-à-fait semblables à celles des Méduses en général. Voyez Médu- SAiREs. (De B.) OCÉANIQUE. ( IcUhfol. ) Nom spécifique d'un Holo- CENTRE , décrit dans ce Dictionnaire, tome XXI, page 3o5. (H.C.) OCELLAIRE. (Foss.) Polypier pierreux , aplati en mem- brane, diversement contourné, subinfundibuliforme , à su- perficie arénacée , muni de pores sur les deux faces : pores disposés en quinconce , ayant le centre élevé en un axe solide. (Lamck. , Anim. sans vert., tom. 2, pag. 187.) Ce genre 5 dont on ne connoît jusqu'à présent que deux 32Ô OCE espèces fossiles , a été signalé par M. Ramond , dans son Voyage au Mont-perdu, pag. 128 et 346. OcELLAiRE NUE : Occllaria nuda , Lamck. , loc. cit.; Ramond, idem, pi. 2 , fig. 1 ; Lamx. , Exp. méth. des genres de l'ordre des polypiers, pag. 46, tab. 72, fig. 1 , 2, 3; Bulletin des scienc. , p. 177, n.° 47. Polypier infundibuliforme , diverse- ment évasé et ramifié. On le trouve près le lac du Mont- perdu (Hautes-Pyrénées). Nous ne savons dans quelle couche cette espèce a été trouvée ; mais celle qui suit étant sili- ceuse, nous soupçonnons que ce n'est pas dans une couche antérieure à la craie. OcELLAiRE ENVELOPPEE : Occllaria inclusa , Lamck., loc. cit.; Ramond, idem., pi. 2, fig. 2; Lamx., même planche, fig. 4 et 5; Bulletin des scienc, pag. 177. Polypier conique, ren- fermé dans un étui siliceux , qui s'est moulé sur sa super- ficie. On le trouve dans l'Artois. L'état siliceux de ce polypier feroit soupçonner qu'il dépendroit d'une couche craieuse. M. de Lamarck indique la planche 41 des Mémoires de Guettard, tom. 3, comme représentant des polypiers de cette espèce trouvés à Fains près de Pacy-sur-Eure. Nous voyons bien dans cette planche les figures de polypiers branchus qui ont été saisis par des silex ; mais rien ne nous paroît in- diquer qu'ils dépendent de l'espèce ci -dessus, ni même du genre Ocellaire. (D. F.) OCELOT. (Mamm.) Nom mexicain, dérivé de tlalocelotl par Buffon , et donné à une espèce du genre Chat. Voyez ce mot. (F. C.) OCHAGOU. ( Mamm. ) Nom que les indiens Payaguas ^ au Paraguay, donnent au cabiaï adulte, suivant d'Azara. (F. C.) OCHAR. (Bot.) Nom arabe de Yasclepias procera de Will- deno\v, selon M. Delile. Le fruit est nommé bejd el ochar. C'est Vahouk des Nubiens. (J. ) OCHETA. (Ornith.) On appelle ainsi la petite mouette cen- drée, larus cinerarius , Linn. , à Turin, où le goéland brun est nommé acheta d'mar. (Ch. D.) OCHI. (Bot.) Nom ancien de l'arroche , atriplex , chez les Egyptiens, suivant Ruellius. Il est nommé gataf et raphai par Forskal, qataf par M. Delile. (J.) OCH 3^9 OCHION. (Bot.) Nom égyptien de la graine de coriandre, selon Mentzel. (J. ) OCHNA. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, polypétalées , régulières, de la famille des ochna- cées , de la polyandrie monogynie de Linnseus , offrant pour caractère essentiel : Un calice à cinq folioles ; cinq à dix pétales onguiculés; des étamines nombreuses, conniventes; un ovaire supérieur ordinairement à cinq côtes, surmonté d'un seul style et d'un stigmate ; plusieurs petits drupes distincts, placés sur un réceptacle charnu ; une semence dans chaque drupe. Plusieurs espèces, placées d'abord parmi les ochna , ont été depuis réunies dans un genre particulier sous le nom de GoMPHiA (voyez ce mot) : elles se distinguent principalement par les étamines, en nombre défini. Ochna luisant: Ochna lucida, Encycl. ; Ochna squarrosa, Rottb. , Act. Dan., 2 , pag. 646 , tab. 6. Arbre des Indes orientales, dont les branches , couvertes d'une écorce grisâtre, sont garnies de feuilles alternes, ovales- oblongues, aiguës, coriaces, glabres et luisantes à leurs deux faces, munies à leur contour de petites dents rares , sétacées. Les fleurs nais- sent en grappes latérales sur de petits rameaux particuliers; leur calice est coloré; les pétales, au nombre de sept à dix, manquent quelquefois; les étamines sont nombreuses ; le stig- mate est en tête; le réceptacle gros et charnu, chargé de cinq drupes ovales, jaunâtres. L'OcHNA OBTUSATA, Decaud., Ann. duMus. , 17, pag. 411, tab. 1 , n'est probablement qu'une variété de l'espèce pré- cédente, à feuilles obtuses, en ovale renversé, dentées en scie. Les grappes sont ramifiées ; les pédicelles articulés vers leur milieu; les fleurs jaunes, assez grandes; les calices à cinq divisions ovales, alongées , obtuses; les corolles à huit ou dix pétales, un peu plus longs que le calice; les filamens courts, nombreux, persistans; les anthères tétra- gones, trois fois plus longues que les filamens; le style est plus long que les étamines; le stigmate en tête. Cette plante croît dans les Indes orientales. Le synonyme de Plukenet, Almag., tab. 265 , fig. 1,2, rapporté d'abord à ïochna squar- rasa de Linné, est l'oc/ma atropurpurea , Decand., l. c, dont 33o OCH les fleurs sont d'un pourpre foncé, à cinq pétales, le stigmate simple; les feuilles ovales, obtuses, dentées en scie. OcHNA CILIÉ: Ochnaciliata, Poir. , Encycl. ; Decand., Ann., 17, tab. 14. Arbrisseau de Madagascar, dont l'écorce est noi- râtre, parsemée d'un grand nombre de petits points blancs. Les feuilles sont glabres, ovales, munies à leurs bords de cils, en forme de petites dents; les stipules ressemblent à de petits aiguillons caducs; les fleurs sont rougeàtres; leur calice est coloré, à cinq larges folioles arrondies, plus courtes que la corolle; les pétales sont oblongs , obtus, trés-ouverts ; les éfamines nombreuses. Le fruit est formé de plusieurs petits drupes ovales , jaunâtres. OcHNA DE l'Isle-de-Fkance: Ochna mauritiano, Poir., Encycl., Decand., Ann., 17, tab. i5 et 16; vulgairement Bois de jASMiiN. Très -bel arbre, découvert à l'Isle - de -France par Stadman , remarquable par ses gros bouquets de fleurs jau- nâtres, dont la corolle est très - grande , assez semblable à celle de nos cerisiers. Les feuilles sont coriaces , ovales , luisantes, à peine denticulées; les stipules courtes, presque en aiguillons; les fleurs disposées en corymbes; les divisions du calice jaunes en dedans, de moitié plus courtes que la corolle; les pétales un peu onguiculés, arrondis; les étamines nombreuses ; l'ovaire est toruleux, à cinq ou six lobes, et se change en autant de drupes , de la grosseur d'un pois. Cet arbre est propre à former de belles palissades. OcHNA A PETITES FECILLE3 : Ochna pan^ifoUa , Vahl , Sjmh., 1 , pag. 33 ; Decand., Ann., l. c; Evonymus inermis , Forsk. , FI. yEgj'pf. ,p. 204. Plante de FArabie heureuse, dont les rameaux sont glabres, revêtus d'une écorce cendrée et ponctuée; les feuilles presque sessiles , luisantes, denticulées, entières à leur base , longues d'un demi-pouce ; les pédoncules solitaires, laté- raux, uniflores, plus longs que les feuilles , renflés vers leur sommet, de couleur purpurine; les calices à cinq lobes alon- gés, obtus; les pétales nuls ou très-fugaces ; les filamens nom- breux, persistans; les réceptacles globuleux, un peu aplatis. Des cinq drupes trois avortent souvent. (Pom.) OCHNA. {Bot.) A Surinam on nomme ainsi une espèce de ketmie, hibiscus esculentus , Linn. , plus connue sous le nom de GoMBo. ( Lem. ) OCH 33i OCHNACÉES. (Bot.) Le genre Ochna, qui donne son nom à cette famille nouvelle de plantes, avoit été d'abord placé avec quelques autres genres à la suite des magnoliacées , comme ayant avec elles quelque affinité. Un nouvel examen de ce genre et de deux autres plus récens , qui doivent lui être associés, a prouvé que ces genres ont une orga- nisation particulière, qui les distingue essentiellement, soit des magnoliacées, soit de beaucoup d'autres familles. L'ex- posé du caractère général de celle-ci confirmera cette asser- tion. I,es ochnacées ont un calice monosépale à cinq divisions profondes, alternes avec cinq pétales onguiculés, qui sont insérés au bas du support de l'ovaire, ainsi que les étamines qui sont en nombre indéfini ou en nombre défini et alors double de celui des pétales. Leurs filets sont libres, et les anthères droites, alongées, biloculaires , s'ouvrant au sommet par deux pores; l'ovaire est libre, simple, mais divisé en plusieurs lobes réunis sur un disque glanduleux , élevé, nommé gynobase, du milieu duquel s'élève entre les lobes un seul style terminé par plusieurs stigmates en nombre égal à celui des lobes de l'ovaire: ceux-ci deviennent en mûrissant autant de petites baies peu charnues et monospermes , dont souvent quelques-unes avortent. Le disque, qui les supporte, est or- dinairement augmenté de volume , et sa surface est marquée de plusieurs dépressions dans les points d'attache de ces baies; l'embryon, contenu dans la graine, est dénué de périsperme, droit ou courbé, mais toujours à radicule dirigée inférieure- ment. Les tiges s'élèvent en arbre ou en arbi-isseau ; les feuilles sont alternes, simples et stipulées; les fleurs, portées sur des pédicelles articulés , sont terminales , disposées en épis, ou en panicules, ou en corymbes. On rapporte à cette famille ïoclina de Linnaeus, le gom- phia de Schreber, dont ïouratea d'Aublet et le correa de Van- delli sont congénères, et le walkera de Schreber, établi au- paravant par Gaertner sous le nom de meesia , déjà consacré à un autre genre. M. De Candolle, auteur de cette famille, lui ajoutoit, mais avec doute, son elvasia, dont le fruit n'est pas encore connu, et le caslela de M. Turpin, semblable par le 332 OCH pistil et le fruit , mais difiFérent par le port et l'existence d'un périsperme dans la graine. Cette famille appartient évidemment à la classe des hypo- pétalées ou dicotylédones polypétales , à étamincs insérées sous le pistil. Mais il n'est pas aussi facile d'assigner sa vraie place dans cette série. L'unité d'ovaire et de style implanté immédiatement sur le disque, jointe à la pluralité des fruits et à l'absence du périsperme, l'éloigné des magnoliacées , des dilléniacées et des anonées, qui ont un périsperme et plu- sieurs ovaires munis de leur style propre. Ce qui l'éloigné de ces familles , le rapproche des simarubées de M. De Can- doUe , qui différent cependant par leur port, leurs feuilles composées, et surtout par les anthères ouvertes dans leur lon- gueur, les fruits capsulaires et déhiscens, et la radicule de l'embryon dirigée supérieurement. Nous avions indiqué dans le Gênera plantarum l'affinité de Vochna avec le simaruba et de celui-ci avec le gayac et lesrutacées. M.Auguste Saint-Hilaire paroit adopter ce dernier rapprochement, et M. DeCandolle place les deux familles après les rutacées, mais comme for- mant un groupe isolé. De nouvelles observations sont néces- saires pour décider quelle doit être leur véritable place dans cette classe. (J.) OCHNE. {Bol.) Nom grec du poirier sauvage, cité par C. Bauhin et Mentzel, lequel latinisé, ochna, a été appliqué par Linnaeus à un genre très-différent, qui est le type de la nouvelle famille des ochnacées. (J. ) OCHODONE ou OGOTONE. (Mamm.) Ces noms sont ceux d'une espèce de rongeurs, d'un genre voisin de celui des lièvres, et nommé Pxka. Voyez ce mot. (DesiM.) OCHROCARPOS. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, dont les fleurs sont imparfaitement connues, de la famille des guttifères , delà, poljandrie mono gy nie de Linnxus, offrant pour caractère essentiel : Un calice à deux folioles; une corolle non observée des étamines nombreuses , réunies par leur base en un seul rang; les anthères ovales; Tovaire supérieur alongé ; un style presque nul; le stigmate plan, à quatre, cinq ou six lobes; une baie couverte d'une écorce , divisée en autant de loges qu'il y a de lobes ou stigmates : quelques-unes avortent. Chaque loge renferme une semence charnue , arillée. OCH 333 La tige est arborescente ; les feuilles sont coriaces , ternées ou verticillées, très-entières : les fleurs axillaires, peu nombreuses, réunies sur un pédoncule commun. Les fruits contiennent un suc jaune, très-abondant. Cette plante a été découverte à l'île de Madagascar par M. Du Petif-Thouars, Nov, gen. , Madag., pag. 16, n.° 60. (Poir.) OCHROÏTE. (Min.) Nom que Klaproth avoit donné à la substance terreuse qu'il avoit retirée du cerium cérite , et qu'il a reconnue depuis pour n'être que de l'oxide de fer. (B.) OCHROMA. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des malvacées , de la monadelphie pentandrie de Linnaeus , offrant pour caractère essentiel : Un calice double; l'extérieur à trois folioles; l'in- térieur à cinq divisions; cinq pétales renversés à leur base; cinq étamines monadelphes; l'ovaire supérieur; un style; une capsule à cinq Loges polyspermes ; les semences enveloppées de laine. Ce genre, confondu d'abord avec les fromagers [lomhax ^ Linn.), en a été séparé par Swartz , et distingué particulière- ment par son calice double. M. de Lamarck avoit déjà an- noncé, dans l'Encyclopédie, la nécessité de cette réforme. OcHROMA PIED -DE -LIÈVRE : OcliroTiia lugopus , Swartz. , FL Ind. occid., 2, pag. 1144; Act. Hotm., 1792 , pag. 148, tab. 6; Bomhax pyramidale , Cavan., Diss. , 5, pag. 294, tab. i53. Arbre de vingt à quarante pieds de haut, dont les branches sont étalées et les rameaux lisses, fragiles, bi-trichotomes. L'é- corce est épaisse , parsemée de taches blanches et de rides rou- geàtres ; le bois blanc et léger; les feuilles sont grandes d'un piedetplus, éparses, pétiolées, en cœur, arrondies, lisses en dessus, tomenteuses en dessous , divisées à leur contotir en cinq ou sept angles un peu denticulés. Les fleurs sont nom- breuses , d'un roux pâle , très-grandes ; les pédoncules axil- laires, uniflores, solitaires, très -épais, longs de trois ou quatre pouces ; le calice est double ; les capsules sont pres- que cylindriques, à cinq cannelures, à dix angles, longues d'un pied et plus; les semences enveloppées d'une laine rous- sàtre. Cet arbre croît à la Jamaïque et aux Antilles sur les mon- 354 OCII tagncs, où il est très-commun. Il fleurit en Janvier et Février; ses fruits sont mûrs en Avril ou en Mai. Desportes dit que la beauté des chapeaux castors d'Angleterre est due' au duvet des fruits de cet arbre. Son bois est si léger, que les pêcheurs s'en servent au lieu de liège. (Pom.) OCHROPUS. (Ornith.) L'ochropus magnus de Gesner est rapporté au smirring de Bufï'on , espèce de poule d'eau, tom. 8, p. 180 ; fulica Jlavipes , Gmel. Vochropus médius du même auteur paroit être le bécasseau , tringa ochropus, Linn. ; et son cihropus minor , la perdrix de mer à collier, gZareo/a torquata , Br. , et glareola aiistriaca, Gmel. ( Ch. D.) OCHROS. [Bot.) Il paroit que cette plante mentionnée par Hippocrate et par Théophraste étoit une espèce de pois, soit le pisum arvense, soit le pisum ochrus j Tournefort et Adanson penchoient pour cette dernière plante , dont ils ont fait leur genre Ochrus, distingué de leur Pisum par le calice dont les deux découpures supérieures sont conni- ventes , par l'étendard muni de deux dents latérales, par le style aplati et par les sutures de la gousse garnies d'une membrane. ( Lem. ) OCHROSIE, Ochrosia. {Bot.) Genre de plantes dicotylé- dones, à fleurs complètes, monopétalées, de la famille des apocinées, de la pentandrie monos;jnie de Linnaeus , offrant pour caractère essentiel : Un calice à cinq dents ou à cinq divisions; une corolle tubulée ; le limbe à cinq découpures obliques, étalées; cinq ajilhèrcs placées dans le tube; un ovaire supérieur; un seul style; deux follicules en drupes di- vergens, à deux ou quatre loges; les semences d'une à trois. (Labill.) Ce genre étoit imparfaitement connu, et les doutes qu'il occasionoit l'ont fait passer dans plusieurs autres genres. La découverte d'une espèce , faite par M. Labillardiére dans la Î^ouvelle-Calédonie, et qu'il vient de publier, nous a pro- curé des éclaircissemens sur les caractères de ce genre. OcHROSiE elliptk^ue; Ochrosia elliptica, Labill., Sert. aust. Caled. , pag. 2 5 , tab. 3o. Arbrisseau d'environ cinq à six pieds , dont la tige est droite , divisée en rameaux cylindriques , jaunâtres et cendrés, garnis de feuilles opposées ou ternées à chaque verticille, coriaces, elliptiques, échancrées, rétré- OCH 335 cies à leur base, soutenues par des pétioles courts, sillonnés, munis .à leur base d'une résine en forme de larme ou de ma- melon. Les fleurs sont presque disposées en corymbe , termi- nales ou axillaires; leur calice est partagé en cinq découpures ovales; la corolle tubulée; le limbe divisé en cinq lanières oblongues, obtuses, obliques; les filamens sont très-courts ; les anthères ovales, oblongues -aiguës , placées vers le milieu du tube ; l'ovaire est ovale; le style acuniiné; le stigmate à deux lobes. Le fruit consiste en deux follicules drupacés, oblongs, presque triangulaires , mucronés au sommet, à quatre loges, dont deux, stériles, se séparent des deux autres longitudina- lement. Celles-ci renferment une ou deux semences latérales, oldongues, un peu planes. Cette plante croit dans la Nou- velle-Calédonie. L'espèce d'ochrosm indiquée par M. de Jussieu , décou- verte par Commerson à l'isle- de- France , rapportée comme espèce à Vuphioxylum par Persoon , connue sous le nom vul- gaire de bois jaune de V Isle-de-France , dont le bois est en effet d'un beau jaune, susceptible de poli , seroit-elle la même espèce que la précédente P Voyez -en la description dans l'Encyclopédie, rapportée à tort au rauwolfia sous le nom de ramvoljia siriata. (PoiR.) OCHROXYLUM. (Bot.) [Voyez Clavauer, ZantliOTjlum , Linn.] Ce genre se rapporte au zanthoxylum simplicifutium, Vahl, Eglog., 3, p. 45, tt au zanthoxylum punctatum , Willd., Spec, 4, pag. 764, dont quelques auteurs modernes ont cru pouvoir faire un genre particulier, en lui attribuant pour caractère : Un calice à cinq divisions; cinq pétales, concaves au-dessous du sommet; cinq étamines; un anneau à trois lobes; plusieurs styles courts; les stigmates simples; une, trois ou cinq capsules à une loge, à deux valves; deux se- mences dans chaque loge. Nées et Mart. , Frax. ., pag. 39. (PoiR.) OCHRUS. [Bot.) Cette plante de Lobel , C. Bauhin et Tournefort , a été réunie par Linnaeus au pois , pisum. Voyez OCHROS. (J.) OCHS et OCHSE. (Mamm.) Noms allemands du bœuf. (Desm.) OCHSENHACKER. ( Ornilh. ) Nom allemand , suivant 336 OCH Bluraenbach , du pique -bœuf, hupliaga africana , Linn. (Ch. D.) OCHTERE, Ochtera. (Entom.) M. Latreille a désigné sous ce nom de genre un petit diptère de la famille des mouches ; remarquable par la forme de ses pattes antérieures , dont les cuisses sont renflées et sur lesquelles la jambe se replie comme une pince, ainsi qu'on le voit dans les nèpes. L'insecte qui forme le type de ce genre, est très- probablement un mâle; M. Coquebert l'a figuré dans ses Illustrations des genres , pi. 24, fig. 3. C'étoit d'abord une mouche décrite par Fabri- cius sous le nom de manicata, et qu'il a décrite depuis dans son volume sur les Antliates, pag. 323 , n.° 56 , sous le nom de Tephritis. (CD.) OCHTHÉBIE, Ochthehius. (Entom.) Nom d'un genre d'in- sectes coléoptères pentamérés dont les antennes sont en masse perfoliée; par conséquent de la famille des hélocères ou cla- vicornes. Ce genre, établi par M. le docteur Leach, ne comprend que quelques espèces d'ÉLOPHOREs (voyez ce mot), dont plu- sieurs avoient été réunies par llliger et Kugelann sous le nom d'hydrachnes : telles sont en particulier le pjgmœus et le mi- iiimus de Fabricius. Ce nom, tiré des mots grecs ^/«ç et de o;:(Bo'i, signifie qui vit sur les rivages ou sur les berges des fleuves. (C. D.) OCHTHODIUM. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, polypétalées, régulières, de la famille des crucifères, de la tétradjnamie siliculense, offrant pour carac- tère essentiel : Un calice à quatre folioles étalées : quatre pétales en ovale renversé, rétrécis à la base; six étamines tétradynames, sans dents; une silicule coriace, indéhiscente, à deux loges, un peu globuleuse, terminée par un stigmate sessile , un peu aigu; les valves concaves, à peine distinctes, verruqueuses en dehors, traversées dans leur plus grand dia- mètre par une cloison épaisse ; dans chaque loge une semence ovale , comprimée , attachée latéralement ; les cotylédons ovales-oblongs, un peu obliques. OcHTHODiUM d'Egypte: Ochthodium œgyptiacum , Decand. , Sfst. , 2 , pag. 423 ; Bunias œgypliaca, Linn. , Sjst. nat. ; Gmel. ,. inAct.Petrop., 12- p. 609, tab. 9; Jacq.. Hort. Vind., tab. 145. OCH 537 Myagrum verrucoium , Enô.; Rapistrum œgfptiacum , R.Brownj in Hort. Kew., éd. 2 , vol. 4 , pag. 74. Plante annuelle, dont ia racine est grêle, perpendiculaire, un peu fibreuse; la tige droite, souvent rameuse, presque glabre, cylindrique; les feuilles inférieures sont étalées , divisées en lyre , à lobe ter- minal large et obtuis , et pétiole hispide ; les feuilles supé- rieures rongées, à lobe terminal aigu, presque en pique; les feuilles terminales linéaires, entières; les fleurs jaunes, disposées en grappes terminales; les silicules de la grosseur d'un petit pois, globuleuses, couvertes de tubercules gla- bres, obtus. Cette plante croît en Egypte et dans la Syrie, (PoiR.) OCHTHOSIE, Oclithosia, {Nematop.) Genre de la famille des Balanides > établi par M. Ranzani dans son Mémoire sur les Balanes , inséré dans ses Oposcoli scientifci de Bologne, Deçà, prima , pour une espèce décrite pour la première fois par Stroëm, et qui est figurée dans la Zoologie danoise de Muller, tab. gi, pag. i à 4. M. Ranzani, admettant que cette espèce n'a que trois pièces à sa partie coronale, a ca- ractérisé ainsi son genre Ochthosie : coquille conique, vcrru- queuse; la partie coronaire formée de trois valves seulement, dont les sutures sont visibles à l'intérieur; trois aires dépri- mées, chacune avec une suture au milieu; trois aires sail- lantes, dont une plus petite avec une suture moyenne dans celle-ci ; Jame interne quadripartite, dont trois portions viennent des trois sutures antérieures du tube, et divisant la cavité en trois loges; support membraneux; ouverture trigone , oblongue , fermée par un opercule pyramidal, ar- ticulé, bivalve, c'est-à-dire, dont les deux pièces de chaque côté sont soudées entre elles. Nous avons déjà fait l'observation à notre article Mollus- ques, Système de classiHcation , pag. 377 , que nous doutions tin peu qu'il n'y ait que trois pièces à la partie coronaire de la coquille de cette espèce, et que nous en avions en effet observé quatre sur de petits balanes des mers du Nord, que nous croyons lui appartenir. Nous en avons retrouvé d'autres depuis sur des valves de peigne de la Manche^ Elle est tou- jours fort petite, et d'un aspect bizarre et presque irrégulier; les bords des valves sont dentés en scie; elle est de couleur 35. Èa 538 OCI blanche. M. Ranzani l'a nommée l'O. de Stroëm ; O. Stroèmii, (De B.) OCIDIOPHORA. (Bot.) Necker a fondé sous ce nom un genre qui n'a pas été adopté , et auquel il rapporte des espèces de Fucus. ( Lem.) OCIMUM. (Bot,) Voyez Ocymlm et Basilic. (Lem.) OCNEROS, OXYMYRSINE. {Bot.) Noms grecs anciens du fragon, ruscus, cités par Ruellius. (J.) OCOCOL. (Bot.) Nom que porte dans le Mexique, sui vant Monardez, cité par Clusius, l'arbre d'où découle le li- quidambar, baume très-odorant et parfumant l'air dans les lieux où cet arbre abonde. Hernandez et C. Bauhin le nom- ment ococo/L (J.) OCOCOLIN. (Ornith.) Ce nom, que BufFon a appliqué à la perdrix de montagne du Mexique , a été donné par Fernan- dez, par Séba et par d'autres auteurs à des oiseaux de divers genres, tels que des Pics, des Rolliers, des Cotingas. Mais ces espèces, incomplètement décrites, demanderoieni, une étude particulière, pour ne pas s'exposer à propager des er- reurs préjudiciables à la science. 11 faut ranger dans la même catégorie Voconenetl de Fernandez, chap. 87 et 107, et l'oco- notott de [-a Chesnaye-des-Bois. (Ch. D.) OCONENETL. (Ornith.) Voyez l'article Ococolin, ci-des- sus> (Des M.) OCOPIAZTLÏ. {Bot.) Hernandez a figuré sous ce nom mexi- cain un panicaut, cryngium aquaticum^ dont les feuilles, sim- ples, étroites et alongées, sont épineuses sur les borcis. Il croit dans les lieux humides. Sa racine, employée en niéde- cine , procure de grandes évacuations par les urines et par les sueurs, en quoi elle a du rapport avec notre panicaut ordinaire. (J.) OCOKOME. {Mamm.) Les Moxes du Pérou donnent ce nom, suivant d'Azara , au raton crabier. BuflTon supposoit qu'il ctoit celui du couguar. (F. C.) OCOS. {Ornith.) Parmi les oiseaux de Cayenne que cite le voyageur l'roger, et qui sont indiqués dans le ii.* volume in-4.' de l'Histoire générale des voyages, pag. 67 , se trouve le hocco, cvax, qu'il écrit ocos. (Cii. D.) OCOÏÉE, Ocotea. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, oco 339 à fleurs incomplètes, de la famille des laurinées ^ de Vennéan- drie monogjnie de Linnœus , offrant pour caractère essen- tiel : Des fleurs hermaphrodites; un calice monophylle ; le limbe à six divisions caduques; douze étamines disposées sur un double rang, ordinairement trois intérieures stériles, neuf fertiles, dont trois munies de deux glandes à la base; les an- thères à quatre loges; un ovaire; un style court; un stig- mate presque en tête: un drupe monosperme, entouré par le calice en forme de cupule. OcoTÉE DE LA GuiANE : Ocotca guianensis, Aubl., Guian, , 2 ^ pag. 781 , tab. 3 10; Gaertn., fils, Corp., tab. 222; Nectandra bijuga, Rottb. , PL Surin. , ftag. 10; Porostema, Schreb., Gen.- Laurus Surinamensis , Swartz , Flor, Ind. occid,; Willd., Spec. , 2 , pag. 482. Très-bel arbre, remarquable par son feuillage brillant et soyeux. Son tronc s'élève à trente pieds et plus, sur deux pieds de diamètre, revêtu d'une écorce grisâtre. Le bois est blanc, peu compacte; les rameaux sont nombreux, anguleux; les feuilles étroites, ovales, lancéolées, acuminées, marquées de deux plis. Les fleurs naissent dans Faisselle des feuilles, vers l'extrémité des rameaux, en grappes presque filiformes: les découpures du calice sont inégales et trois ex- térieures arrondies , trois intérieures plus étroites ; il n'y a point de corolle; les filamens, élargis, pétaliformes, sont au nombre de neuf: six extérieurs opposés aux divisions du ca- lice; trois intérieurs munis de deux glandes à leur base; les anthères à quatre loges; le stigmate est concave; le drupe ovale, monosperme, entouré par le tube du calice en forme de cupule. Cet arbre croit dans les forêts de la Guiane. Les Garipons le nomment Ajou-hou-ha. On emploie ses feuilles en cataplasme pour hâter la suppuration des tumeurs et des bubons. OcoTÉE Boso ; Ocotea boso , Kunth , in Humb. et Bonpî . , Nov, gen, , vol. 2 , pag. 161. Grand arbre de quarante à cinquante pieds , dont les rameaux sont glabres , brunâtres ; les feuilles alternes, pétiolées, un peu coriaces, oblongues, acuminées, rétrécies à leur base, très-glabres, luisantes, longues de six à sept pouces; les fleurs disposées en panicules simples, axil- laires; les découpures du calice égales, ovales, aiguës, pu- bescentes; neuf étamines fertiles, trois stériles; les filamens 340 OCO en massue dans les premières, siibulés dans les dernières j l'ovaire est globuleux; le style court, épais; le stigmate presque en tête. Le fruit est un drupe monosperme. Cet arbre croit sur les rives du fleuve des Amazones, dans les régions les plus chaudes. OcoTÉE ombrée; Ocotea umlrosa , Kunth , /. c. Cet arbre croit aux mêmes lieux que le précédent. Ses rameaux sont un peu anguleux, d'un brun cendré; les feuilles oblongues, acuminées, glabres, aiguës à leur base, longues de six à sept pouces; les fleurs disposées en panicules axillaires, beau- coup plus courtes que les feuilles; les pédicelles pubescens; les divisions du calice égales, ovales, oblongues, obtuses, pubescentes en dehors; les neuf étamines fertiles beaucoup plus courtes que le calice; les trois intérieures munies de deux glandes à leur base; l'ovaire est pubescent , un peu glo- buleux; le stigmate dilaté. OcoTÉE FAUX psycothre; Ocolea psychotrioides , Kuïith , l. c. Grand arbre du Mexique, dont les rameaux sont cannelés, hérissés et pubescens; les feuilles lancéolées, acuminées, en- tières, rétrécies à leur base, glabres, luisantes, d'un vert foncé en dessus , hérissées , blanchâtres et pubescentes en des- sous, longues de trois pouces; les panicules simples, axil- laires et terminales , longues d'un pouce et demi ; les rami- fications hérissées, étalées, à deux ou trois fleurs, munies de bractées linéaires, pubescentes, de la longueur des pédi- celles; les découpures du calice oblongues, linéaires, obtuses, pubescentes ; les filamens glabres , en massue ; l'ovaire est glabre, oblong ; le style épais, de la longueur des étamines. OcoTÉE DE TuREACo ; Ocotca turbacensis , Kunth, l. c. Cet arbre s'élève très-haut; ses rameaux sont glabres, striés; les feuilles oblongues , lancéolées , rétrécies à leurs deux extré- mités , coriaces, veinées, réticulées, luisantes, glabres à leurs deux faces, longues de cinq pouces; les fleurs disposées en corymbes axillaires et terminaux; les calices un peu pubes- cens, à découpures ovales, oblongues, obtuses; neuf étamines fertiles, beaucoup plus courtes que le calice ; les filamens ova- les, convexes; trois étamines stériles, ovales, petites,. alternant avec les étamines intérieures ; l'ovaire est glabre et devient un drupe oblong, delà grosseur d'un grain de cassis, entouré OCO 341 h, sa base par le calice en cupule. Cette plante croît dans les forêts aux environs de Turbaco , dans la Nouvelle-Grenade. OcoTÉE bicolore; Ocotcu discolor , Kunth , l. c. Arbre de la Nouvelle- Grenade , dont les rameaux sont anguleux, pu- bescens , ferrugineux ; les feuilles oblongues, acuminées à leurs deux extrémités, glabres, luisantes en dessus, brunes et to- menteuses en dessous, longues de sept à huit pouces; les pa- nicules axillaires , presque de la longueur des feuilles j les ramifications dichotomcs ; les calices tomenteux , ferrugi- neux , à découpures ovales , oblongues , obtuses ; les fila- mens ovales, convexes en dehors, plans en dedans; l'oA^aire est glabre, oblong; le style de la longueur des étamines; le stigmate élargi. OcoïÉE MOLLE; Ocoteu uiolUs , Kunth in Humb. , l. c. Cette espèce a des rameaux anguleux, ferrugineux, hérissés et tomenteux ; les feuilles oblongues , acuminées', rétrécies et un peu en cœur à leur base, molles, pubescentes et soyeuses à leurs deux faces, longues de sept à huit pouces, larges de deux; les panicules axillaires, trois fois plus courtes que les feuilles; le calice tomenteux, ferrugineux; ses dé- coupures ovales, arrondies, un peu aiguè's, presque égales; les filamens ovales , convexes , pubescens ; les anthères à quatre loges; l'ovaire glabre, oblong; le style droit, cylindrique, pubescent ; le stigmate dilaté. Cette plante croit à la Nouvelle- Grenade, dans les Andes de Quindiu. (Pom.) OCOTOCHTLT. [Mamm.) Nom mexicain que Nieremberg rapporte à un chat indéterminé. (F. C.) OCOTOXOCHITL. ( Bot. ) La plante citée et figurée par Hernandez sous ce nom mexicain , est le ligridia , cultivé maintenant à cause de la beauté de ses fleurs tachetées comme la peau d'un tigre ; ce qui l'avoit fait nommer Jlos tigridis par Hernandez. (J.) OCOTZINITZCAN. (Ornith.) Fernandez parle sous ce nom, aux chapitres 86 et 1 56 , de deux oiseaux que , pour la taille , il compare à un pigeon , mais qu'il dit habiter en des lieux différens , puisque l'un recherche les régions froides , et que Vautre vit dans des contrées chaudes sur les bords de la mer australe. Le premier a, d'ailleurs, le bec noir, d'une épais- seur et d'une longueur médiocres; son plumage est d'un bleu 34^ OCO d'azur, mélangé de blanc et de cendré; les jambes, les pieds et les ongles sont noirs ; sa chair est bonne à manger. Le second a un bec noir, d'environ deux doigts de longueur; sa tête, sa poitrine, ses jambes et ses pieds sont rouges; le reste du corps est d'un vert jaunâtre. Sa chair n'est pas bonne à manger et son chant n'est pas agréable. Ces derniers oi- seaux paroissent être des pies, surtout la dernière espèce. Le nom d^ocoLzinitzcan a été appliqué par Séba , tom. i ." , p. 97, au troupiale arc-en -queue , oriolus annulatus , Lath. C'est le troupiale à queue annelée de Brisson , tom. 2 , p. 89 , et le cornix jlava de Klein. (Ch. D.) OCOZOALT. (ErpeY.) Un des noms mexicains du Cro- tale. Voyez ce mot. (H. C. ) OCRE ou OCHRE. {Min.) Les ocres ou les bols de l'an- cienne minéralogie sont des substances argileuses ou sili- ceuses, colorées le plus ordinairement en jaune, quelquefois en rouge, et rarement en brun, par une certaine dose d'oxide de fer. Ces substances terreuses , ternes et friables, n'ont point de principes coniposans fixes ; aussi tantôt elles font pâte avec l'eau, happent fortement à la langue, et se rapprochent ainsi des argiles; d'autres fois la silice s'y trouve en telle abondance que l'on pourroit les considérer comme des jaspes pulvéru- iens ou du moins très- friables'. Enfin, l'oxide de fer, qui ne remplit le plus ordinairement que le simple rôle de prin- cipe colorant, s'y rencontre quelquefois en si forte dose, que ces ocres peuvent être rangées parmi les minerais de fer, dont elles se rapprochent encore par la facilité avec laquelle elles acquièrent le magnétisme à l'aide du grillage. Une telle variation dans les principes constituans des ocres devoit nécessairement jeter de la confusion dans leur classi- ij cation ; cet état d'hésitation existe encore, et ne peut cesser, puisque ces masses terreuses ne sont dues qu'à un dé- pôt entièrement mécanique , dans lequel la silice et l'argile semblent avoir dominé tour à tour. Il en est des ocres comme des marnes : il ne faut point chercher à établir des coupes tranchées parmi de telles substances; on doit se contenter « Voyez Tarticle Jaspe, OCR 345 de dire pour les ocres: ocres argileuses, ocres siliceuses, comme nous disons marne calcaire, argileuse ou siliceuse, suivant que l'un de ces trois principes prédomine dans leur composition. Les ocres sont généralement douces au toucher , quel- quefois même savonneuses , quand elles sont très - argi- leuses. Le frottement de l'ongle leur communique une surface luisante: elles font une sorte de pâte avec l'eau; mais elle est courte, et se brise dès que l'on cherche à l'alonger. Ces substances terreuses et colorées sont assez communes dans la nature , nous commencerons par citer quelques exemples des ocres rouges, qui sont beaucoup plus rares que les jaunes; les plus connues sont : 1." Ocre rouge ou Boi. d'Arménie. Rouge pâle et très-argi- leuse : elle entre, dit-on, dans la composition de la thériaque de Venise. 2," Ocre rodge de Bucaros, dans l'AIentéjo en Portugal. Rouge orangé : sert à fabriquer quelques poteries fines et s'emploie en peinture. 5.° Ocre rouge du pays des Cafres en Afrique. Rouge foncé, contexture schisteuse, se rapprochant beaucoup de la sanguine. Lalande trouva une grande exploitation de cette ocre près de Grootvitz -Rivière. Les naturels du pays s'en servent pour se peindre le corps; ils viennent en faire provi- sion , et se livrent de grands combats sur le lieu même de l'exploitation. Peron et ses compagnons trouvèrent plusieurs fois des naturels des îles océaniques, dont la tête étoit cou- verte d'une calotte de graisse et d'ocre rouge. 4.° Ocre rouge d'Orjiuz ou rouge indien'. Cette belle ocre se trouve à l'île d'Orniuz dans le golfe persique; elle est em- ployée avec succès en peinture. 5." Ocre orangée de Combat,, eu Savoie, ou TbiiRE rouge DE COMBAL. Cette belle ocre, nouvellement introduite dans le com- merce , est d'un beau jaune orangé, d'une finesse extrême, se polit par l'ongle, et s'emploie avec succès dans la pein- ture à Phuile et à la gomme. Je crois être un des premiers qui fit connoitre cette belle couleur, il y a environ dix ans; depuis, tous les peintres genevois en font usage, il en existe 544 OCR même un dépôt à Servez en Savoie et à Genève. Il paroU que la teinte particulière de cette ocre n'est point entière^ ment due au fer.; car M, Laugier, qui en a fait l'analyse, et qui l'a communiquée à la Société philomatique , y a trouvé trois pour cent de plomb et un cinquième de cuivre. On trouve cette belle terre orangée près du pont de Corn-' bal dans l'allée blanche, non loin de Cormayeur, en Savoie; elle forme là une espèce d'amas adossé sur un banc de gypse de transition- Les ocres jaunes de bonne qualité sont assez rares , et les couches en sont peu abondantes, ce qui fait que toutes celles que l'on découvre sont exploitées avec succès; car la pein- ture à la détrempe et la fabrication des papiers de teinture en font une consommation très-considérable« Parmi les ocres jaunes les plus communes, nous citerons les suivantes : a.° Ocre jaune de Vierzon, département du Cher. Tout le monde connoît le jaune d'ocre ; c'est une teinte qui n'appartient qu'à cette substance, et qui sert de terme de comparaison. L'ocre de Vierzon, qui s'exploite à Saint-^ George-le-Prés sur le bord du Cher, est fort estimée; elle se rencontre à vingt mètres au-dessous du sol, immédiatement sous un banc de grès, et suivie d'un sable blanc micacé dont l'épaisseur est inconnue. Cette ocre , analysée par M. Berthier , a donné sur cent jparties : Argile 69,5 Peroxide de fer. .... 23,5 Eau. 07,0 a 00,0 Or, cette argile qui est indiquée ici pour près des sept- dixièmes, est composée elle-même de soixante-dix à soixante- quinze de silice et de vingt -cinq à trente d'alumine; en sorte que, d'après M. Berthier lui-même, la silice entre pour moitié dans la composition de l'ocre de Vierzon , et nous verrons bientôt que M. Davy a fait un travail qui ten- droit à prouver que les ocres sont éminemment siliceuses. 2° Ocre jaune de Pourrain prés d'Auxerre. La plus grande partie de cette ocre est d'un beau jaune, OCR 345 et peut se livrer au commerce après qu'elle a été simple- ment broyée ou plutôt écrasée et blutée; le reste est trop pâle ou tire sur le brun , et est réservé pour être calciné et changé en ocre rouge; préparation qui se fait à Pourrain et à Auxerre. Suivant M. Berthier, qui paroît avoir visité cette ocrière avec soin , on trouveroit l'ocre dans un banc d'argile ferru- gineuse, mêlée de sable, recouverte de marne ou de sable de quinze mètres d'épaisseur, parsemée de plaques de grès ferrugineux , et même de blocs de fer carbonate. Ce qui distingue particulièrement les ocres de Bourgogne , c'est la facilité avec laquelle elles changent leur couleur jaune en une teinte d'un rouge vif; opération fort simple , et qui cependant a été très -longtemps le secret des Hollandois , qui venoient nous acheter nos ocres jaunes, et qui nous les, rapportoient d'un beau rouge et fort augmentées de prix. L'ocre de Pourrain, analysée par M. Berthier, a donné -• Argile 80,0 Peroxide de fer .... 12,0 Eau 07,6 9956 la même, analysée par M. Mérat-Guillot, a donné : Silice 92,2 Alumine 01,9 Chaux o3,2 Fer oxidé 02,6 99^9 La différence de ces deux analyses paroît au premier abord être considérable ; mais il faut remarquer que l'argile de M. Berthier contient au moins soixante-dix pour cent de si- lice, ce qui porteroit à plus de moitié la dose de la silice contenue dans cette ocre , et comme le banc exploité est en contact avec un lit de sable, il suffit d'analyser une partie qui en soit plus ou moins voisine, pour obtenir plus ou moins de silice. 3.° Ocre jaune de Bitry et de Saint-Amand , département de la Nièvre. On ne connoît qu'un seul banc d'ocre aux envi- rons de Saint-Amand et de Bitry; il paroît fort étendu , mais 346 OCR il n'est pas exploitable sur un grand nombre de points, en raison de la mauvaise qualité de l'ocre qu'il fournit. Son épaisseur moyenne est de trois à quatre pieds, et il se ren- contre à une profondeur de huit à dix mètres, recouvert d'un banc degrés solide. Cette ocre, comme celle de Bour- gogne, se prépare sur place et se change aussi en ocre rouge. A»** Ocre jaune ou terre de Sienne. Sa finesse est extrême ; elle se trouve dans le commerce sous la forme de petites masses, qui se polissent bien avec l'ongle. Sa surface est beaucoup plus foncée en couleur que son intérieur. Cette ocre, qui se tire et se prépare aux en- virons de Sienne en Italie, acquiert par le grillage une teinte de rouge toute particulière, et les peintres en bàtimens s'en servent exclusivement pour imiter la nuance et les veines du bois d'acajou: elle porte alors le nom de terre de Sienne brûlée. Nous pourrions citer quelques autres exemples des ocres employées dans le commerce, entre autres celle de Morague , etc.; mais en voilà, je crois, tout autant qu'il en falloit pour faire apprécier le mérite et l'abondance de ces substances terreuses et colorées. Gisement. Les fers hydratés terreux pourroient passer à la rigueur pour des ocres plus ou moins tines , et par consé- quent les gites en seroient assez nombreux et assez variés; mais , comme nous avons réservé cette dénomination pour ces substances colorées homogènes et assez friables pour pou- voir être écrasées avec facilité , leur abondance est assez restreinte ou du moins ne se rapporte qu'à un petit nom- bre de points dont nous avons cité les plus connus. Jusqu'à présent les ocrières ne se sont trouvées qu'au-des- sus du calcaire oolitliique, et sont recouvertes assez cons- tamment par des grès, des sables quarzeux , plus ou moins ferrugineux, et souvent accompagnés par des argiles plasti- ques, grises, blanchâtres ou jaunes. La silice a toujours été présente à la formation des ocres; car les grès, les sables quarzeux les accompagnent toujours; la silice pure même a été nouvellement trouvée dans les ocrières de Vierzon , par M. André fils, sous la forme d'une poudre si ténue qu'on ne j)eut mieux la comparer qu'à de la farine. Il n'est donc point OCR 347 étonnant que M. Davy, en analysant le dépôt jaune et ocreux des bains de Lucca , dans lequel il a trouvé une forte dose de silice, ait été tenté d'en déduire la formation probable des ocres". On trouve dans beaucoup de mines, et surtout dans les, vieux travaux, des dépôts ocreux d'une ténuité ex- trême, qui sont susceptibles de servir aux mêmes usages que les ocres ordinaires, et de changer leur couleur jaune na- turelle en une teinte d'un rouge vif par la calcination. L'ob- servation prouve que les dépôts des eaux thermales sont plus ou moins siliceux, en raison du laps de temps qui s'est écoulé depuis la sortie de la source jusqu'au point où l'on recueille ces substances ; et si les ocres s'étoient véritablement formées par le dépôt de quelques courans d'eaux gazeuses, il ne seroit point étonnant que les unes fussent plus siliceuses que les autres, et que l'on observât ces variations dans le même gi(e , dans le même banc, puisqu'il paroît que les eaux thermales surtout contiennent d'autant plus d'ocre eu dissolution, qu'elles sont plus chaudes et plus chargées de gaz acide carbonique, et qu'elles le déposent par suite de leur refroidissement et de l'évaporatîon du gaz. M. Berthier fait observer' que les dépôts qui se forment dans les bas- sins mêmes des sources, sont composés presque entièrement d'oxide de fer, tandis que ceux que l'eau produit, après qu'elle a parcouru une certaine distance, contiennent souvent une grande quantité de silice sans trace d'oxide de fer, ou sont quelquefois mêlés, comme au Mont-d'or, d'amas tuber- culeux de silice à peu près pure; les dépôts intermédiaires renferment des proportions d'oxide de fer et de silice va- riables à l'infini. Or, que trouve- 1- on dans les ocrières? de la silice pure; des bancs de sables quarzeux plus ou moins blancs, plus ou moins ferrugineux; des ocres plus ou moins siliceuses et plus ou moins ferrugineuses. Quant à savoir si la silice et le peroxide de fer sont combinés dans les eaux thermales, ou si la silice et cet oxide de fer sont simplement mélangés, c'est une question de chimie qui n'est point du ressort de la- minéralogie , et que nous abandonnons à MM. Davy, Berthier et Berzelius. Il seroit peut-être intéressant, 1 Ann. du Ch. ^ toiii. i9,pag. 194. 2 Aiin. des mines, tom. 8, pag. 356. 348 OCR pour compléter cette histoire des ocres et des dépôts des eaux souterraines et thermales, d'examiner si les matières ocreuses qui s'accumulent souvent dans les anciens travaux , contien- nent aussi de la silice; car ce seroit assez extraordinaire, puisqu'ils proviennent très-probablement de la décomposi- tion des pyrites, et que l'on ne voit pas trop d'où cette si- lice sortiroit. Usages. Les principaux usages des ocres jaunes et des ocres rouges sont, d'entrer dans la composition des couleurs à la dé- trempe, à la colle ou à l'huile, de servir à la fabrication des papiers de teinture, combinées avec de la craie lavée ou du blanc d'Espagne, et d'être employées également dans la pré- paration des badigeons ou de ces couleurs grossières que l'on étend à l'extérieur des bàtimens dans le but de les nettoyer et de leur donner un air de nouveauté qui plait à l'œil. Nous avons dit que les ocres rouges sont beaucoup plus rares que les jaunes ; aussi la plupart des ocres rouges sont des produits de l'art, c'est-à-dire, des ocres jaunes grillées. Il existe maintenant en France plusieurs fours à ocres , mais pendant assez long-temps cet art n'a été connu que des Hollandois. Ou fait un grand usage de l'ocre rouge à Paris, pour mettre les carreaux des appartemens en couleur. Les ocres , sous le nom de bols , ont été anciennement employées dans la médecine ; tels étoient surtout ceux que l'on préparoit à Lemnos, sous la forme de grosses pastilles, et que l'on débitoit sous le nom de terre sigillée. On est revenu de tous ces remèdes, et depuis long-temps le cachet des prêtres de Diane et de leurs successeurs a perdu ses A'^ertus médicinales. Ocre brune ou terre d'ombre. La couleur brune bistrée de cette ocre et son gisement particulier m'engagent à la sé- parer des ocres rouges et des ocres jaunes. Au reste , sa texture fine, compacte, mais toujours terne et terreuse, rappelle encore l'aspect des ocres communes. Cette terre d'ombre, qu'il ne faut point confondre avec la terre ë'ombre de Cologne, qui est un lignite, résiste, au contraire, à un feu violent, commence par acquérir une teinte plus foncée, durcit ensuite et se change au feu en un verre brun d'écaillé, mais sans répandre ni odeur ni fumée. Cette ocre entre dans OCT 349 la composition d'un verre felspathique que l'on emploie pour donner à la porcelaine la couleur brune-roussàtre de récaille. L'ocre brune analysée par Klaproth , a donné : Oxide de fer 48 Oxide de manganèse . . 20 Silice i3 Eau 14 95 _ A peine savons-nous d'où le commerce reçoit la terre d'ombre qu'il livre journellement aux artistes, qui en font un grand usage pour la peinture à fresque et les décorations. On assure qu'il s'en trouve dans la province d'Ombrie, dans les états romains ; d'autres prétendent qu'elle se trouve à l'île de Chypre, et la plus estimée se désigne chez les mar- chands de couleur sous le nom de terre fine de Turquie. Viviani a découvert une ocre brune, fort belle, à la Ro^ chetta , sur le mont Néro dans les Appennins de la Ligurie. L'exploitation n'a pas été continuée, faute de débit; mais cette découverte n'a point été perdue pour la science, puisqu'elle a engagé plusieurs savans minéralogistes à visiter ce lieu, qui présente un beau gisement de jaspes , au milieu desquels celte terre d'ombre est engagée à un tel point que l'on serait tenté de la considérer comme un jaspe altéré ou décomposé. (Brard.) OCRÉALE, Ocreaîe, {Chétopod.) M. Oken (Syst. gén. de zoolog. , tom. 1 , pag. 38i) a établi sous cette dénomination une petite coupe générique parmi les Chétopodes à fourreau ou sabelles, pour une espèce dont le tube est coudé à angle droit; il lui assigne pour caractères: tube calcaire, conique, courbé à angle droit à l'extrémité la plus épaisse , où se trouve l'ouverture; une grande quantité de filamens roides au devant de la tête de l'animal, et servant probablement de branchies. M. Oken, outre la Sabella rectangula de Gme- lin , place encore dans ce genre la Serpula ocrea du même auteur. Voyez Sabelle et Serpdle. (De B.) OCSSA. {BoL) Voyez Ichu. (J.) OCTAÉDRITE. {Min.) De Saussure n'avoit pas de prin- cipes de nomenclature minéralogique , coordonnés avec le 35 OCT sysième de la science; d'où résulte qu'il a donné des noms ou impropres ou mal faits à beaucoup d'espèces : le nom d'Octaédrite en est un exemple. Pourquoi appliquer le nom d'une forme si commune parmi les minéraux à une espèce particulière ? C'est le Titane anatase. Voyez ce mot. (B. ) OCTANDRIE. {Bot.) Huitième classe du système sexuel de Linné , dans laquelle sont comprises les plantes dont les fleurs ont huit étamines ; exemple , fuchsia , pol-ygonum , paris, acer ,erica, epilolium , etc.: les fleurs octandres sont en assez grand nombre. ( Mass. ) OCTARILLE, OctariUum. {Bot,) Genre de plantes dicoty- lédones, à fleurs incomplètes, de la famille des éléagnées , de la tétrandrie monogj'nie de Linnœus , offrant pour caractère essentiel : Un calice en soucoupe; le tube court; le limbe à quatre lobes ; çoint de corolle ; un ovaire inférieur ; le style turbiné; le stigmate épais; une baie monosperme; la semence enveloppée d'un arille à huit pans. OcTARiLLE frutescent; Octarillum. fruticosum , Lour. , Flor. Cochin., 1 , pag. 1 13. Arbrisseau à tige droite, élevée, divisée en rameaux lisses, grimpans , garnis de feuilles glabres, al- ternes, lancéolées, très - entières ; de fleurs blanches, axil- laires, solitaires, pédonculées; dont le calice, en forme de soucoupe , est composé d'un tube court , tétragone , d'un limbe à quatre lobes épais, aigus ; il n'y a point de corolle ; les quatre étamines ont les filamens très -courts, insérés à l'orifice du tube du calice; les anthères sont alongées , à deux loges; l'ovaire est alongé; le style plus long que les étamines; le stig- mate épais. Lé fruit est une baie ovale, oblongue, un peu aqueuse, renfermant une semence oblongue, munie d'un arille à huit pans. Cette plante croît dans les forêts, à la Cochinchinc. (Poir.) OCTIDENT. {Bot.) Nom françois imposé parBridel à I'Octo- BLEPHARUM ( voyez cc mot), genre de la famille des mousses. (Lem.) OCTOBLEPHARUM, Octident. {Bot.) Genre de la famille des mousses, voisin du conostowum et compris dans le bryum par Linnaeus : ses caractères génériques consistent dans son péristome simple, à huit dents redressées, distinctes à leur base , et dans sa coiffe longue , conique , inégale à sa base. OCT 35i Ce genre ne renferme que deux espèces étrangères : elles ont des fleurs hermaphrodites ou monoïques ; les mâles discoïdes, axillaires, et les femelles ou capsules, terminales. L'OcTOBLEPHARUM BLANCHATRE {Octoblepharum albidum , Hed., Musc.frond., 5, tab. 6, fig. A; Bryum albidum, Linn.) a le tronc droit, rameux; les feuilles élargies à la base, ligulrcs, linéaires obtuses; les capsules droites, ovales, munies d'un opercule conique et acuminé. Cette mousse a le port d'un hryum; on la rencontre dans tous les pays et les îles d'Afrique et d'Amérique situés sous les tropiques, et même au cap de Bonne - Espérance. L'OcTOBLEPHARUM DENTE { Octoblepliarum serratum , Brid. , Musc.ySuppL, 1 , pag. 86; Hook.,Mu5c. exot., pi. ]36; Splach- num squarrosum , Hook. , Trans. Linn. Lond. , lo , tiab. a6, fig. 2 ; Bryum orthodonCon, Pal. Beauv. , Prod. Mth.; Ortliodon, Bory Saint -Vincent) a la tige droite, simple d'abord, puis ramifiée; les feuilles oblongues, lancéolées, dentées, à dents aiguës ; les capsules alongées , rétrécies à la base , munies chacune d'un opercu-le pyramidal et d'un péristome à huit dents blanchâtres ou jaunâtres , avec une teinte rougeâtre, striées en travers. Cette mousse , dont le tronc paroît velu , à cause de la grande quantité de radicules rousses qui le re- vêtent, croît à l'Ile Bourbon, sur la terre humide, près des troncs d'arbres renversés. Quelques auteurs ont rapporté à ce genre Vhjpnum Smithii, Dicks. , ou lasia Smithii, Bridel, dont les caractères sont si difliciles à établir, qu'on le trouve placé dans les genres Hypnum , Leptodon, ISi cetera, Orthotrichum, Pilolrichum , Poly- trichum , Plerigjnandrum ou Pteregonium. Plusieurs botanistes pensent que Vapodanthus de M. Bachelot de Lapilaye doit être rapporté à ï octoblepharum; mais cet auteur attribue huit dents pyramidales entières au péristome de son apodanthus. Voyez Apodanthus. (Lem.) OCTOCERES , Octocera. (Malacoz.) Dénomination de fa- mille sous laquelle M. de Blainville , Système de malacologie, réunit toutes les espèces de poulpes de M. de Lamarck. Voyez Mollusques. (DeB. ) OCTODICERAS, Octodicère. {Bot.) Bridel donne ce nom à un genre de mousses auquel il rapporte le fssidens semi- 552 OCt completus d'Hedwig, qui diffère des autres espèces de JisSi^ dens par son péristome à huit dents profondément bifides^ au lieu de seize dents, également bifides, comme on l'observe dans le Jîssidensi Cette mousse, que Bridel nomme octodiceras fissidentoidès (MuscoL, SuppL, 1 , 162, et 4, i85, pi. i, fîg. 2), est lefissi- dens senti- completus , Hedw., Musc, frond. , 5, pi. 34, fig. i5 {Hj'pnum semi-completum, Gmel.; Cecal^phum semi-completunti Pal. Beauv. ; Skitophyllum semi-completum, De Lapils , Journi bot., 4, 160, pi. 3g, fîg. 10). Elle a une tige filiforme, rameuse; les feuilles écartées, alternes, ovales -lancéolées ou lancéolées; les supérieures distiques, les pédicelles laté- raux ou terminaux plus longs que les feuilles, munis d'une bractéole entière; les capsules droites, elliptiques, munies d'un péristome à huit dents bifides , striées en travers d'uii rouge vif, arquées et conniventes; Ses tiges sont rougeâ- très, rameuses, grêles; son feuillage lâche, et ses rameaux terminés ordinairement par des touffes de radicules qui ser- voient d'attache à la plante sur des corps solides. Ces carac- tères font penser que cette mousse , dont la patrie est in- connue , vit dans des lieux aquatiques. Presque tous les botanistes, jusqu'à M. Bachelot de Lapilaye , l'ont confondue avec le fontinalis de Dillen , Musc, pi. 55, fig. 4, et il en est résulté des erreurs que cette séparation dissipe. Eu effet, bien que le fontinalis de Dillen ressemble beaucoup k V octodiceras fissidentoidès , il en diffère essentiellement par ses pédicelles nombreux, latéraux, axillaircs, beaucoup plus courts que les feuilles, et par ses feuilles toutes distiques et resserrées. La figure donnée par Dillen du péristome, quoique incomplète, montre qu'il a des dents réfléchies et au nombre de plus de huit. Ainsi cette plante ne seroit pas du même genre, et, d'après son port seulement, elle peut être placée dans le genre Fissidens. L'octodiceras fissidentoïde se rencontre dans nos herbiers et Bridel l'a décrite sur des échantillons qu'il tenoit d'Hedwig. Le fontinalis de Dillen ou skitophyllum Dillenii , Bachelot de Lapilaye , Journ. bot. , 4 , pi. 09 , fig. 1 4 , a été trouvé , par Dillen parmi des mousses recueillies à la terre des Patagons ; elle a été retrouvée aussi dans l'ile de la Providence : elle OCT 355 paroît ëgalement se rencontrer dans les lieux aquatiques. Dilien en figure une touffe longue de plus de trois pouces. Nous pensons que le nombre des dents du péristome distin- gue suffisamment ce genre et qu'il mérite d'être conservé, bien que par son port et ses feuilles fendues il se rapproche beau- coup du Jissidens. (Lem.) OCTOMERIA. (Bot,) Genre de plantes monocotylédones, à fleurs irrégulières, de la famille 'des orchidées, de la gj- nandrie diandrie de Linnaeus , offrant pour caractère essentiel : Une corolle à six pétales irréguliers; cinq très-ouverts, pres- que égaux entre eux ; le pétale inférieur ou la lèvre articulée par un prolongement en onglet , auquel adhérent latéra- lement les pétales antérieurs; les anthères renferment huit paquets de pollen; un ovaire inférieur; un style très-court, qui adhère au pétale inférieur. Le fruit est une capsule aiongée, s'ouvrant en plusieurs valves dans toute sa longueur, contenant des semences nombreuses, très-petites. OcTOJiERiA A FEUILLES DE GRAMiNÉE : Octomerïa gramitiifoUa ^ Ait, edit nov. ; Epidendrum graminifolium , Linn., Spec. ; Den- drobium graminifolium, Willd. , Spec, n° i5 ; Helleborine gra- minea, repens , bi/lora , Hum., Amer., Spec, g, Icon. 176, fig. 1 . Cette plante a de longues souches rampantes , traçantes , fort menues, articulées, garnies à chaque nœud d'une frange de poils noirâtres. Il nait de ces mêmes nœuds, le long des SQuches , des liges grêles, pareillement noueuses et velues, hautes de deux ou trois pouces, et qui portent chacune, vers leur sommet, une feuille étroite, semblable à celle des graminées, glabre, droite, un peu roide, d'un vert brun. De la base de cette feuille sortent deux petites fleurs d'un jaune pâle, soutenues chacune par un pédoncule court, très- délié. Cette plante croît à la Martinique, dans le voisinage des ruisseaux. ( Poir.) OCTOPODES, Octopoda. (Malaùoz,) M. le docteur Leach a employé ce nom pour désigner une famille comprenant les petits genres établis parmi les poulpes de M. de Lamarck. Voyez Poulpe. (De B.) , OCTOPUS. (MalacQz.) Nom latin du genre Pouipk. Voyez ce mot. (De B.) OCTOSPORA. {Bot.) Voyez Peziza. (Le.m.) 35. 03 254 OCU OCULAIRE. (Foss.) Mercatus a donné le nom de lapis ocularis aux nummulites et aux opercules fossiles; on a aussi nommé ces derniers nombril de Vénus. ( D. F.) OCULARIA et OPHTHALMICA. {Bot.) On donnoit autre- fois ces noms à l'euphraise officinale, à cause des propriétés qu'on lui attribuoit pour les maladies des yeux. (L. D.) OCULINE, Oculina. (Poljp.) M. de Laniarck a distingué sous ce nom un certain nombre d'espèces de madrépores de Tallas et de Linné , et que pendant long-temps il avoit laissées parmi ses caryophyllées ; parce que les cellules polypifères ont la même forme stellaire, et que le polypier est aussi ra- meux et branchu ; mais qu'il a cru devoir en séparer, prin- cipalement parce que ces rameaux ne sont pas striés longi- tudinalement, et que le tissu du polypier est plus serré, plus compacte. On peut en exprimer les caractères ainsi : polypes à peu près inconnus; le corps court; la bouche entourée de vingt -quatre tentacules, contenus dans des cellules éparses^ régulières , stelliformes , à vingt-quatre lames, dont douze alternativement plus grandes et plus petites, formant par leur réunion intime un polypier pierreux , solide, serré, le plus souvent fixe, dendroïde, à rameaux lisses, irréguliers et assez courts. Les espèces de ce genre paroissent toutes appartenir aux mers des climats chauds. On en connoît l'espèce prin- cipale sous le nom vulgaire de Corail blanc, à cause de sa densité. M. de Lamarck caractérise neuf espèces d'Oculines., L'O. vikrce: O. virginea , Linn. , Pall. , Zooph.; Soland. et EUis. , tab. 6. Polypier très-rameux , subdichotome , d'un blanc de lait; les rameaux tortueux, coalescens ; étoiles épar- ses, les unes plus saillantes que les autres. De l'Océan des deux Indes et de la Méditerranée. L'O. HiRTELLE : O. hirtclla , Madr. hirtella, Pall., Zooph. ; So- land. et Ellis, tab. Sy. Polypier très-rameux, dichotome , diffus; toutes les étoiles un peu saillantes, un peu hérissées; les lamelles exsertes et entières. Des Indes orientales. L'O. difçuse; o. diffusa, de Lamarck. Polypier très-ra- meux, dichotome, diffus, sans tige d'insertion , presque li- bre; étoiles un peu saillantes, un peu hérissées; les lamelles exsertes el denticulées. De FOcéan américain. L'O. AxiLLAïKE : O. axillari»; Mad, axillaris, Soland. et EU. - OCU 555 tab. i3, fig* 6. Polypier dichotome, à rameaux courts, diva- riqués; étoiles turbinées, terminales et «xillaires. Des Indes orientales. VO. PRoriFèRE ; O. proliféra, Linii. , Pall., Zooph.; Soland. et Ellis , tab. 52, fig. -j. Polypier rameux , subdichotome; étoiles turbinées, prolifères sur les bords. Des mers de Nor- wége. L"0. HÉRisoNNÉE : O. echidnœa , de Lamarck ; M adr. rosea^ Esp., vol. 1 , tab. i5. Polypier finement hispidulé, rameux, à rameaux latéraux très-nombreux, cylindriques, en forme d'épines; étoiles petites , assez rares et immergées. De POcéan. des Indes orientales ? L'O. infundibuufère; O. infundihulifera , de Lamarck. Po- lypier très -rameux , presque en éventail par la coalescence des rameaux, terminé par de très-petits ramuscules en zig- zag; étoiles infundibuliformes , striées intérieurement tt cré- nelées sur les bords. Océan des grandes Indes? L'O. FLABELLiFORME : O. JlalelUformis , de Lamarck; Séba., Mus., tab. iio, fig. îOv Polypier très-rameux, en éventail; les ramuscules terminaux très - petits , très- courts, nom- breux, stellifères; étoiles petites, à peine visibles. Très-grande et belle espèce fort rare de POcéan des Indes orientales. L'O. ROSE: O.rosea; Madi\ rosea, Pall., Zooph., p. 5i2;Esp» Supplém. 1 , tab. 36. Polypier petit, très-fameux, rose; ra- meaux atténués , verruqueux : étoiles éparses inégalement, les unes latérales, d'autres terminales. De l'Océan américain près Saint-Domingue. (De B. ) OCULINE. (Foss.) Je possède des portions de polypier de ce genre à l'état fossile , qui paroissent dépendre de cinq à six tspèces différentes ; mais, quoique je ne connoisse Vliabitab que d'une seule , il y a lieu de croire que toutes ont été trouvées dans des couches plus nouvelles que la craie. OcuLiNE DE Solander; OcuUnu Solanderi , Def. Polypier ra- meux , dichotome ; à étoiles petites, garnies de vingt-cinq à vingt-six lames, et à surface couverte de très-légères stries longitudinales. Diamètre des tiges, une ligne et demie. On le trouve à Chaumont, département de l'Oise, et àGisors, dans le calcaire grossier. 356 OCU OctLiNE d'Euis ; Oculina Ellisii , Def. Ce polypier présente des rameaux qui ont jusqu'à trois lignes de diamètre; ses étoiles ne contiennent que vingt lames dans leur intérieur, et sa surface n'est point striée. J'ignore où il a été trouvé. OcuLiNE RARE-ÉfoiLE ; OcuUna rari&tella, Def. Je possède de cette espèce un seul morceau, qui a un pouce et demi de longueur sur deux lignes et demie de diamètre. Ses étoiles, petites et peu élevées, sont à quatre lignes de distance l'une de l'autre; sa surface est couverte de très-légères stries, qu'on n'aperçoit qu'à la loupe. Localité inconnue. OcuLiiSE OCELLÉE; OcuUnu ocellata , Def. Polypier rameux , à étoiles élevées et garnies d'une sorte d'anneau. Sa surface est couverte de très.- fines stries longitudinales. Le morceau de cette espèce que je possède, et qui a un pouce et demi de longueur, présente quatre rameaux soudés ensemble en éventail. J'ignore dans quel endroit il a été trouvé; mais je ne doute nullement qu'il soit fossile , à l'odeur forte qu'il exhale quand on applique dessus la vapeur pulmonaire. Les morceaux de ce genre ont presque tous une odeur différente, quand on les soumet à la même épreuve. OcuLiNE VIERGE ? OcuUna virginea ? Ce morceau a de grands rapports avec l'oculine vierge; mais il n'est pas assez caractérisé pour qu'on soit assuré de son analogie avec cette espèce. Localité inconnue. Je possède en outre un morceau de ce genre qui a de si grands rapports avec l'oculine prolifère, que je doute qu'il soit fossile ; il diffère pourtant de cette espèce figurée dans l'ouvrage de Soland. et Eli., tab. Sa, fig. 2, en ce que les lames des étoiles sont moins extérieures. (D. F.) OCULUS-MUNDI. (Mm.) Nom donné anciennement à I'Hydrophane. (Lem.) OCYDROME, Ocjdroma. (Entom,) Ce nom, tiré du grec et qui signifie coureur agile, a été donné par M. Clairville à un petit genre de coléoptères créophages voisin des carabes, et que Fabricius avoit appelé Bembidion. Voyez dans le Sup- plément du tome IV de ce Dictionnaire, pag. 70. (C. D.) OCYMASTRUM. {Bot.) Voyez Ocymoïdes. (J.) OCYMOiDES. {Dot.) Ce nom, qui paroît indiquer quel- que rapport avec le basilic , a été cité par Ruelljus pour le oc Y 357 clinopode; mais plus souvent il a été employé par les anciens botanistes pour des plantes de la famille des caryophyllées , pour plusieurs silène, deux lychnis, un saponaria , un cerastiurn. Le nom ocjmas'rum se retrouve aussi associé à des lychnis et à un silène; mais on le voit encore désignant des plantes de familles très-différentes, un tlijmus et un slachjs dans les la- biées, une scrophulaire dans les personées ou scrophularinées, la valériane des jardins dans les valérianées , et même la circée dans les onagraire*. Ces divagations prouvent combien les an- ciens étoient peu avancés dans l'appréciation des vrais carac- tères génériques. (J. ) OCYMOPHYLLUM. (Bot.) Buxbaum donnoif ce nom au genre Isnardia de Linnaeus, (J.) OCYMUM. {Bot.) Voyez Basilic. (Poir.) OCYPÈTES. (Entom.) M. le docteur Leach a décrit sous ce nom un petit genre d'insectes aptères, confondus avec les rhinaptères, dont ils différeroient par la présence des mandi- bules. Voyez Rhinaptères. (C. D.) OCYPODE. (Crust.) Genre de Crustacés décapodes bra- chyures , fondé par Fabricius , et dont nous avons détaillé les caractères dans l'article Malacostracés, tome XXVIII, p. 239. (Desm.) OCYPTÈRE , Ocfptera. (Entom.) Nom d'un genre d'insectes à deux ailes , ainsi appelé par M. Latreille et adopté par Fabricius pour rapprocher les espèces de mouches qui por- tent les ailes écartées du corps et qui les font mouvoir con- tinuellement ; c'est ce qu'indiquent les mots grecs qui com- posent ce nom et qui signifient ailes rapides. Le port de ces mouches est en effet très-remarquable. Elles sont continuel- lement en mouvement. On croit que les larves dont elles proviennent , se développent dans les racines et dans les tiges des plantes. Telle est FOcyptère des brassicaires , Ocjp- tera Irassicaria. Elle est noire , avec le second et le troisième segmens de l'abdomen d'un roux rouge. La larve de cette mouche est le ver qui ronge les gros radis noirs ou raiforts, les navets; telle est encore FOcyptère cylindrique, Ocjptera cjlindrica, qui ressemble à la précédente, mais dont les an- neaux de Fabdomen sont tous de couleur rougeàtre sur les bords. (C. D.) 358 OCY OCYPTERUS. (Ornith.) Ce nom, que M. Savigny, dans son Système des oiseaux d'I^gypte et de Syrie, p. 55, lig. 4, donne, d'après Kiran , comme un synonyme de sparverius y et qu'il applique à l'épervier commun, lequel est son dœda- lion frinsiUarius , a été proposé par M. Cuvier, dans son Règne animal , p. oSg , comme nom générique des langrayens ou pie- griéchcs hirondelles, à cause de leurs ailes pointues et ra- pides. (Ch. D.) OCYROE, Ocyroe. (Actinoz.) Genre de Médusaires établi par MM. Peron et Lesueur dans leur Histoire générale et par- ticulière des Méduses, pag. 43, pour une espèce gastrique, polystome, non pédonculée, brachidée, non tentaculée, qui a quatre bouches, quatre ovaires disposés en croix, et quatre bras simples confondus à leur base. Ils la nomment Ocyroé iiNÉOLÉE , O. lineolata. Son ombrelle est hémisphérique, lé- gèrement festonnée sur son rebord, hyaline-bleuàtre, avec vingt lignes intérieures très-fines, divergentes du centre à la circonférence; elle a cinq centimètres de diamètre, et vient de la terre de Witt dans l'Australasie. ( De B. ) OCYTHOÉ, Ocjthoe. {Malacoz.) M. Rafinesque-Schmalt?, a proposé, dans son Précis de somiologie , imprimé à Palerme en 1810, de former sous ce nom un genre distinct avec une espèce de poulpe des mers de la Sicile, qui a pour caractère d'avoir les huit tentacules non réunis à leur base , les supérieurs ailés intérieurement , et les suçoirs pédoncules. Ce caractère de l'élargissetnent de la paire supérieure des ten- tacules m'a fait supposer que le poulpe vu par M. Rafinesque, pourroit être congénère de celui qu'on trouve dans la co- quille de l'argonaute, idée que ce zoologiste n'avoit nulle- ment eue, que je communiquai à mon ami le docteur Leach, qui l'adopta, ainsi que plusieurs autres zoologistes, sans que cela soit cependant tout- à -fait hors de doute. Dans cette hypothèse ce genre renfernieroit, outre l'ocythoé tubercule de M. Rafinesque, celui qui se trouve dans l'argo- naute de la Méditerranée, et qui n'est pas tubercule, l'espèce que M. le docteur Leach a dédiée à M. Cranch sous le nom d'O. Craiic'iii , et une quatrième, des côtes de l'Amérique septentrionale, décrite par M. Say. Voyez pour plus de dé- tails, et sur la question de savoir si les poulpes qu'on trouve ODE 559 dans les coquilles d'argonaute sont parasites ou non, Tarticle VovirE. (De B.) ODACANTHE, Odacantha. {Entom.) Nom d'un genre d'in- sectes coléoptères delà famille des Créophages, établi par Paykull, et adopté par Fabricius pour rapprocher ainsi quel- ques espèces de carabes qui ont le corselet presque cylin- drique ou ovale tronqué, plus étroit que la tête; les élytres tronqués. Voyez Dkypte , etc. ( C. D.) ODDj^JN. (Bot.) Nom arabe d'un laurose, nerium ohesum de Forskal. ( J. ) ODDER. (Mamm.) Voyez Otter. (F. C.) ODEBOER. (Ornith.) L'oiseau auquel les Bas-Saxons des environs de Rostock donnent ce nom et celui à'adebar, est la cigogne blanche, ardea ciconia , Linn. (Ch. D.) ODECA-ALOEN. (Bot.) Nom brame de I'Otiel-ambel da Malabar. Voyez ce mot. ( J. ) ODEJN. [Bot.) Nom arabe, cité paF Forskal, de son co- tj'lcdon deficiens, qui est nommé vudne dans l'Egypte. Uoued- neJi , cité par M. Delile, est le cotylédon nudicauiis de Lin- nseus. (J. ) ODENSWAI-A. {Ornith.) L'oiseau que les Suédois nom- ment ainsi . est la cigogne noire, ardea nigra , Linn., la même que la cigogne brune , ciconia fusca de Brisson. (Ch. D.) ODEUR. (Cliim.) A proprement parler, c'est la sensation que nous percevons par l'odorat, lorsque certains corps sont en rapport avec cet organe; mais, par une extension de lan- gage assez ordinaire , on rapporte le mot odeur au corps même qui produit la sensation : on dit, par exemple, l'odeur de la rose, du jasmin , pour désigner non-seulement la sen- sation que nous recevons de la fleur du rosier, du jasmin , mais encore pour désigner la substance dans laquelle réside la propriété de déterminer en nous cette sensation. Pour qu'une substance soit odorante, il faut qu'elle soit en contact avec la membrane pituitaire , siège de l'odorat; conséquemment toutes les fois qu'en flairant un corps, nous le trouvons odorant, nous en concluons qu'il est volatil, soit en totalité, comme l'iode; soit en partie seulement, comme la fleur du rosier, du jasmin. Dans Fétude chimique des matières odorantes, particulièrement de celles qui ont 36o ODE appartenu à des êtres organisés, il est bien essentiel de -cons- tater pour la distincfion des espèces des principes immédiats, si l'odeur appartient également à toute la masse de la matière ou à une portion seulement : lorsque ce dernier cas a été reconnu , on peut conclure que la matière qui a été l'objet de l'observation, n'est pas une espèce pure, mais elle peut être une combinaison définie de deux ou de plusieurs espèces. On admet généralement qu'une substance est volatile , lorsqu'on a reconnu, en la flairant , qu'elle est odorante dans toute sa masse. Et, en effet, cette conclusion nous paroît légitime; mais s'ensuit-il, comme quelques personnes l'ont pensé, qu'ï7 ne peut j avoir que des corps volatils qui soient doués de la propriété odorante P C'est ce que je ne pense pas, du moins dans l'hypothèse où l'on admet qu'une subs- tance odorante, avant d'agir sur la membrane pituitaire , se dissout dans le mucus nasal. En effet, la volatilité n'étant pas une conséquence nécessaire de cette dissolution , il s'en- suit qu'aujourd'hui, au moins, il n'y a pas de raison suffisante pour affirmer qu'un corps fixe , susceptible de se dissoudre dans le mucus nasal , ne puisse être odorant. Pour reconnoître si un corps est odorant , j'ai trouvé un moyen qui est beaucoup plus sensible que celui qui consister Jlairer. Ce moyen consiste à introduire le corps qu'on examine dans la bouche, et quand la sensation dont il nous affecte est bien perçue, de se presser les narines l'une contre l'autre : si le corps est odorant, la sensation qu'on a éprouvée en premier lieu sera plus ou moins modifiée , parce qu'alors le corps n'agira plus que sur le tact et le goût de la langue, et la sensation perçue par l'odorat sera reproduite de nou- veau lorsque l'air, qui s'est chargé dans la bouche de parti- cules odorantes, s'écoulera de nouveau par le nez lorsqu'on cessera de se presser les narines. (Voyez, pour l'analyse des sensations que nous percevons, lorsque les corps sont intro- duits dans la bouche , mes Considérations générales sur l'ana- ]yse organique et le mot Saveur.) J'ai dit que ce moyen est beaucoup plus sensible que le Jlair; en effet , les sulfates de protoxide de fer , de deutoxide de cuivre, ont une odeur bien plus forte lorsqu'on les introduit dans la bouche, que quand on les flaire simplement. D'après ODE 3Si cela, et d'après cette autre observation, que les odeurs nau- séabondes du fer, du cuivre, à l'état métallique , sont iden- tiques avec celle de leurs sels , abstraction faite de l'intensité qui est plus forte dans les sels que dans les métaux purs. J'ai conclu que l'argent peuf être odorant, par la raison que les sels de ce métal ont une odeur nauséabonde (voyez, au mot Nitra- tes, Nitrate d'argent) ; au lieu c\e peut être odorant, je dirois doit être odorant, s'il étoit prouvé que l'odeur nauséabonde appar- tient aux métaux et non à leurs oxides. Mais, comme il n'est pas impossible que le fer, le cuivre, ne soient odorans que par l'oxidation que leur vapeur éprouve dans l'air, il ne seroit pas impossible que tel métal dont les oxides sont odo- rans, ne le fût pas à l'état de vapeur, parce que cette vapeur ne seroit pas susceptible de se combiner avec Foxigène de l'air. L'action de l'oxigène atmosphérique, pour rendre certains composés organiques odorans, est très-sensible pour la phoce- nine et la butirine (voyez Phocenine). Ces corps ne sont point acides à l'état de pureté, mais par le contact de l'air ils ex- halent une odeur plus ou moins forte , parce qu'il y a de l'acide phocenique et de l'acide butirique qui se manifestent. Je ne saurois trop engager les personnes qui s'occupent d'analyse organique, de rechercher si beaucoup de composés qui ont appartenu à des végétaux ou à des animaux , ne sont odorans que par une altération plus ou moins profonde qu'ils éprouvent de la part de l'atmosphère. (Ch.) ODEUR DES FLEURS. (Bot.) Les huiles volatiles, éla- borées dans le tissu des corolles , sont la source ordinaire des émanations odorantes que les fleurs répandent dans l'at- mosphère. Ces odeurs varient à l'infini , et leur production résulte de mille causes internes ou externes que nous ne pouvons toutes également apprécier. La température rend les odeurs des fleurs plus ou moins sensibles; si la chaleur est très-forte, les huiles volatiles se dissipent plus promptement qu'elles ne se renouvellent; si la chaleur est très-foible , les huiles volatiles restent concentrées dans les ce'llules où elles se sont élaborées. Dans ces deux cas les fleurs sont à peine odorantes. Mais si la chaleur n'est ni trop forte ni trop foible , les huiles volatiles s'exhalent sans se dissiper et for- 562 ODI ment autour des fleurs une atmosphère parfumée. Voilà pourquoi les fleurs ont en général une odeur plus prononcée le matin et le soir, que durant la nuit et dans le milieu du jour. Cependant il ne faut pas regarder cette loi comme invariable, parce que l'action des organes et la nature des substances odoriférantes, produites par la végétation , diffè- rent selon les espèces et occasionnent des modifications dans les phénomènes. L'humidité de l'air contribue aussi à rendre les végétaux plus odorans ; elle pénètre le tissu délicat des corolles et en expulse les huiles volatiles. La plupart des fleurs répandent leur odeur sans interrup- tion tant qu'elles ne sont pas flétries ; d'autres ne sont odo- rantes que pendant le jour { cestrtim diurnum)- d'autres que pendant la nuit (cestrum nocturnum , neranium triste). Quel- ques-unes, telles que l'arum dracuntium et les stapelia , exha- lent des odeurs d'une fétidité insupportable, et elles attirent les insectes qui se nourrissent d'excrémens et de chair cor- rompue : beaucoup, au contraire, exhalent des odeurs sua- ves : mais, quelle que soit la sensation que ces différentes odeurs font éprouver, il est certain qu'elles agissent sur 1rs nerfs comme stupéfiantes et narcotiques , et qu'il est dange-' reux de les respirer long-temps. Mirbel, Elém. (Mass.) ODINS-HANNEN. (Ornith.) Olafsen et Povelsen , dans leur Voyage en Islande , tom. 2 , p. 277 , citent ce petit oiseau comme étant une espèce de phalarope. (Ch. D.) ODJAS. (Bot.) Voyez Otb. (J.) ODOBENUS. {Mamrn.) Nom latin du morse chez Brisson. (F. C.) ODOE. (Ichthjol.) Nom spécifique d'un poisson des côtes de la Guinée. Ce poisson, qui a été décrit par Bloch . sous la dénomination de characinus odoc , parvient à la faille de trois pieds et a une chair rouge, grasse et très -agréable au goût. Son dos est presque noir: ses côtés sont d'un brun roux.. Voyez Characin et Hydrocin. (H. C.) ODOLLAM. (Bot.) Nom malabare, cité par Rhéede , du cerbera manghas. (J. ) ODONATES ou LIBELLES. (Entom.) Nom donné par Fa- bricius à une division des insectes qu'il nommoit une classe, et qui correspond à une famille de l'ordre des Névroptères. Ce ODO 565 groupe est facile à distinguer des deux autres par la forme de la bouche, dontles partes sont très-déveJoppées, et surtoutpar les mâchoires dentelées, comme l'indique le nom tiré du grec, oSQç, oS'ûVTOç, dents, et de ^-raôcç , mâchoire. En outre toute la bouche dans ces insectes est masquée par les lèvres, qui sont trés-étendues. Dans les agnathes, en effet, comme dans les phryganes, les éphémères, les parties qui forment la bouche sont à peine visibles, et dans les stégoptères, qui, comme leur nom l'indique, portent les ailes en toit, les pièces mobiles qui servent à saisir et à broyer les alimens, sont à nu ou ne sont pas masquées par les lèvres. Enfin, dans l'état de repos, les odonates portent constam- ment les ailes étendues sur le corps, soit en travers ou ho- rizontalement, soit perpendiculairement au corps, ou comme dressées verticalement sur le corselet. Nous avons fait figurer les insectes de cette famille sur la planche 28 de l'atlas de ce Dictionnaire, et déjà à l'article Libellule nous avons fait connoitre les particularités les plus' rciiiarquables de leurs mœurs. Les odonates proviennent de larves qui se développent sous l'eau , où elles nagent tantôt à l'aide de véritables rames , dont leur abdomen est garni à son extrémité libre , tantô-t en expulsant rapidement de leur gros intestin une certaine quantité d'eau, qu'elles y attirent pour la faire servir à leur respiration. r,es nymphes des odonates ne diffèrent des larves que par les rudimens de leurs ailes. Elles sont agiles comme elles, et conservent les mêmes mœurs. Pour subir leur méfamorphose, elles sortent de l'eau , s'accrochent sur les plantes aquatiques ou sur les corps solides qui bordent les rivages, et là elles se dépouillent de leur enveloppe, qu'elles laissent en entier. Sous la forme d'insectes parfaits, les odonates volent avec la plus grande agilité; on les appelle ordinairement demoi- selles. Elles saisissent leur proie au vol. Ce sont des insectes qu'elles dévorent tout vivans. Leur mode de fécondation est très-curieux, d'après la disposition singulière des organes sexuels, qui sont autrement placés chez les mâles que sur les femelles. Celles-ci sont saisies par le cou et elles sont forcées de porter l'extrémité libre de leur abdomen à la base 364 ODO de celui du mâle, pour être ainsi fécondées. (Voyez, l'article Libellule, tome XXVI, pag. 240.) Cette famille ne comprend que deux genres principaux , ce sont les Agrions et les Libelles. Voyez ces mots. (C. D.) ODONECTIS. {Bot.) On trouve dans le Journal de botani- que, vol. 1 , pag. 21 , ce nouveau genre de la famille des or- chidées, proposé par M. Rafinesque-Schmaltz , ayantpour ca- ractère essentiel : Une corolle à six divisions ; les trois exté- rieures lancéolées, aiguës; les deux intérieures et latérales cunéiformes, échancrées; la lèvre en coin, à cinq dents; une capsule alongée , presque cylindrique. L'auteur n'en indique qu'une seule espèce, assez rare, sous le nom de odonectis verticillata, dont les feuilles sont oblongues, lancéolées, verticillées ; une à trois fleurs terminales. Cette plante paroît se rapprocher de Varethu sa verticillata , Muhlenb. iM Willd. Mais, cette plante ne nous étant pas connue, il est difficile de prononcer sur la validité du genre et de son es- pèce. (PoiR.) ODONESTIS. (Entom.) On trouve ce nom indiqué comme celui d'un genre, dans l'ouvrage de M. Germar sur le genre Bombyce, pour rapprocher les espèces qui portent les palpes dirigés en avant comme une sorte de bec et dont les ailes sont dentelées; tels sont les Bombvces, n.°' i3 et 14, du pru- nier, et la buveuse (potatoria). (C. D.) ODONTHALIA. {Bot.} Fronde plane, membraneuse, den- tée, rouge, marquée de côtes le plus souvent peu apparentes; fructification en silique , lancéolée, axillaire. Ce genre, de la famille des algues, répond à Vatomaria de Stackhouse ; il a été établi par Lyngbye {Tent. hydr. Dan., pag. g, tab. 3 , Od. denlata) , qui y rapporte ]e fucus pinnatifidus, FI, Dan., tab. 354 , lequel est aussi Vatomaria dentata , Stackh. ; le sphœ- rococcus dentatus, le rhodomela dentata, Agardh ; et le deles- seria dentata, Lamx. Voyez Delesser ta. (Lem.) ODONTIA. {Bot.) Hill, le premier, a employé ce nom, qui signifie dent en grec , pour désigner un genre de cham- pignons qui depuis est devenu une division du genre Hydnum. Voyez cet article, vol. XXII, pag. 96, et Somnion. ( Lem.) ODONTITES. {Bot.) Genre de plantes établi sur VEuphra-^ sia odontiles, Linn., par Dillen , et adopté par Haller, Gaeri" ODO 365 ner et surtout par Mœnch , qui a cherché à le mieux préci- ser, mais il n'a pas été adopté. Sprengel n'a pas été plus heureux pour son genre Odontites , auquel il a voulu rap- porter quelques espèces de huplevrum. Voy. Odontitis. (Lem.) ODONTITIS. {Bot.) Ce nom avoit été donné par Pline et ensuite par Gesner et Clusius au Ijchnis Jlos cuculi, Dalé- champs l'avoit adopté pour un huplevrum, que Linnœus a nommé pour cette raison buplevrum odonlites. Son euphrasia odontites était ïodontites deTabernamontanus. On trouve aussi dans les œuvres de Camerarius un odonlis , qui est le silène nu' tans. (J.) ODONTOGLOSSE, Oduntoglossum. [Bot.) Genre de plantes monocofylédones, à fleurs i?icomplètes, irréguliéres, de la famille des orchidées, de la gjnandrie digjnie de Linnaeus , offrant pour caractère essentiel : Cinq pélales étalés, presque égaux ; un sixième , ou la lèvre , point éperonné , soudé par son onglet, supportant la colonne sexuelle ailée au sommet; l'anthère terminale, operculée; deux paquets de pollen sur un pédicelle commun. Odontoglosse faux angrec ; Odontoglossum epiden^roides ^ Kuntli in Humb. , iVo»/. gen. et Spec, i ,pag. 35o ,tah.8S ; Poir., lu., Suppl., tab. 992. Cette plante a une bulbe oblongue, ovale, comprimée, recouverte par les gaines des feuilles; celles-ci sont lancéolées, aiguës, un peu coriaces, nerveuses, striées, eu carène à leur base , longues de sept ou huit pouces. Il s'élève du bulbe une hampe droite, simple, cylindrique, longue d'un pied et demi, chargée de plusieurs fleurs terminales, avec des écailles ovales, acuminées; ces fleurs sont inodores, pédicellées, à corolle très-ouverte de cinq pétales lancéolés, acuminés, rétrécis à leur base, ondulés cà leur contour, jaunes, marqués de trois taches; les deux pétales intéfieurs et latéraux beaucoup plus courts que les autres; le sixième en forme de lèvre, rétréci en un onglet épais, linéaiie; le limbe est pendant , oblong , blanc , obtus , un peu crénelé , avec trois tubercules subulés, en crête ; la colonne sexuelle droite, une fois plus courte que la corolle, ailée et membraneuse à ses bords, terminée par deux autres ailes arrondies, tachetées de rouge; l'anthère terminale, à deux loges; le pollen dis- tribué en deux paquets ovales , placés sur un pédicelle li- 566 ODO néaire , Crochu à sa base. Cette plante croît dans la province de Brancamora, entre le fleuve des Amazones et la ville de Juca. (PoiR.) ODONTOGNATHE, Odonlognathus. (Ic}ithjol.)U. le comte de Lacépède a désigné sous ce nom un genre de poissons osseux, holobranches, delà famille des gymnopomes. Ce genre, que M. Schneider a appelé Gnathobolus , se re- connoît aux caractères suivans : Os maxillaires supérieurs prolongés en pointes libres au-delà de la mâchoire inférieure, et tellement mobiles qu'ils peuvent faire presque un demi-cercle , en portant leurs pointes en avant comme deux cornes; une seule nageoire dorsale très-petite, et placée fort en arrière; catcpes nuls; opercules lisses, alépidotes et transpa- rentes postérieurement , un peu écailleuses en avant. On ne connoît encore qu'une seule espèce d'odontognathe^ c'est : L'Odontognathe aiguillonné 5 Odonlognathus mucronatus , Lacép., 11 , pi. 7 , fîg. 2, qui a sur la poitrine huit aiguillons recourbés, et sur le ventre vingt-huit autres aiguillons, dis- posés sur deux rangs longitudinaux , et dont la nageoire anale , très -longue, s'étend presque jusqu'à la base de celle de la queue , qui est fourchue. Le mécanisme des mâchoires de cet animal est des plus re- marquables , et reste sans exemple parmi les autres poissons connus. De ces mâchoires, en effet, l'inférieure, plus longue que la supérieure, est, dans l'état ordinaire, très- relevée contre cette dernière, et s'abaisse, en quelque sorte comme un pont-levis, au moment où la bouche s'ouvre, et de manière à représenter une sorte de petite nacelle écailleuse, très- transparente, sillonnée par-dessous, et finement dente- lée sur ses bords, qui entraîne alors en avant les deux lames de prolongement de la mâchoire supérieure, lesquelles la dé- passent par le bas, tandis que,, quand la bouche est fermée, chacune d'elles se couche contre une des opercules, et paroit n'en être que le bord antérieur armé de dents. L'odontognathe aiguillonné, qui parvient à la taille de onze à douze pouces, a été envoyé de Cayenne à M. de Lacépède par M. Leblond. Il offre par tout son corps à peu près le vif éclat de l'argent, ce qui lui a mérité, dans la colonie qu'il ODO S6y habite, le nom de sardine, et cela avec d'autant plus de raison en apparence, que, de même que cette espèce de clupée , il est bon à manger, et vit dans l'eau salée. (H, C.) ODONTOÏDE. {Foss.) C'est le nom que Gcsncr donne aux glossopètres ou dents de poissons fossiles. (D. F.) ODONTOLITHl, ODONTOPETR^. (Foss.) On a doniié autrefois ces noms aux glossopètres. (D. F.) ODONTOLOGIE. (Zool.) Ce mot, dérivé du grec, signifie proprement discours sur les dents. Nous n'entendons cepen- dant point parler de tous les phénomènes que les dents pré- sentent; nous ne considérerons ces organes que dans leurs rapports anatomiques, physiologiques et zoologiques; et la nature de ce Dictionnaire ne nous permettra même de les envisager ainsi que d'une manière très -générale. On désigne communément par le nom de dents, ces corps durs et d'apparence calcaire, produits par la sécrétion d'un organe spécial, qui garnissent les mâchoires ou les parties antérieures du canal alimentaire , à Faide desquels la plupart des animaux saisissent, retiennent ou divisent les alimens dont ils se nourrissent, et que quelques-uns emploient comme des armes offensives ou défensives. Mais plusieurs physiologistes, s'écartant de ce sens vulgaire, et portant plus loin leurs abstractions, ont réuni à ces corps les fanons des baleines, les becs des oiseaux, les épines de certains poissons et d'autres organes analogues. Enfin ces fanons qui, ainsi que les becs des oiseaux, les écailles des pangolins , ne paroissent être que des poils réunis et aglutinés , et les poils qui sont produits par excrétion et d'une manière analogue à celle des dents, ont conduit, par de nouvelles abstractions, et en ne considérant plus ces der- niers organes que par leur mode de formation et leur situa- tion hors du derme, à fair^ des poils et des dents un seul genre de corps , de sorte qu'en généralisant l'un ou l'autre de ces noms , on a pu dire sans inconséquence, sinon sans abus de langage, que les poils sont des dents ou que les dents sont des poils. Nous n'imiterons point ce mode de raisonnement dans l'exposition que nous avons à faire des notions qui ont été recueilUes sur les dents. D'ailleurs, si, à leur origine, ces 368 ODO différens organes i^aroissenf être identiques, leur développe- ment montre assez que cette apparence n'a rien de réel, et qu'elle ne repose que sur ce que nous ne savons rien distin- , guer, ni dans les uns, ni dans les autres, à cette première époque de leur existence ; car il est bien certain que dès- lors ils portent en eux les facultés différentes qui produiront les êtres différens qu'en effet nous en voyons naître. ' Sans examiner davantage les divers systèmes qu'on s'est faits sur les dents et sur les corps qui peuvent être consi- dérés, avec plus ou moins de fondement, comme étant de même nature qu'elles , nous ne regarderons comme des dents que les organes qui ont été communément désignés ' par ce nom et dont nous venons de donner les caractères.'* C'est dans ces limites que nous restreindrons les détails où nous allons entrer; et, quelque étroites qu'elles puissent pa- roitre, on verra que les faits connus sont encore bien in^ suflisans pour les remplir. Toutes les dents , à leur origine , et la plupart durant toute leur vie, se composent d'un organe excréteur et d'un corps excrété. Le premier de ces corps, l'organe excréteur, est es- sentiellement formé de vaisseaux et de nerfs, et communique immédiatement avec le reste de l'organisation. Le second , le corps excrété, n'est que superposé au premier , il est dépourvu 1 Ce raisonnement nous semble même pouvoir s'appliquer d'une manière démonstrative à des êtres d'un ordre Lien autrement élevé que ne le sont les organes partiels qui nous occupent. C'est certainement parce que nous ne pouvons voir dans les premières traces des fœlus des mammifères qu'une masse homogène, sphériquc, d'apparence gélati- ■neuse, et que les êtres les moins organisés ne nous montrent de même que de semblables masses, qu'on a été conduit à penser que les ani- maux df>s premières classes conimençoieut par n'être que des zoophvics. Mais ces prétendus zoophytes portent en eux les forces, les facultés, les dispositions qui, plus tard, en feront ou des hommes ou des éléphans ; tandis que le zoophyte véritable restera toujours un des êtres les plus simples et les moins organisés*, les plus dépourvus de facultés que nous connoissions. 2 Nous ne parlons point des dents des ornithorhyhques dont le déve- loppement ne nous paraît pas moins anomal que les matières dont elles se composent. Seraient- elles des dents composées de gélatine seulement ? ODO 369 de vaisseaux et de nerfs , et privé de tout rapport immédiat avec les autres organes. Ce dernier corps, d'apparence calcaire, se forme toujours de deux parties : l'une externe , qu'on appelle fust ou cou- ronne, et l'autre , plus ou moins cachée dans les os, les chairs ou le derme, qui est la racine. Le point intermédiaire est le collet. La couronne peut être composée de matières différentes -. dans les dents où elle est la plus compliquée, on en obtient trois par l'analyse mécanique, i.° le cortical, 2.° l'émail, 3." l'ivoire ou matière osseuse '. D'autres couronnes ne se composent que d'ivoire et d'émail, ou même que d'ivoire seulement. Quant à la racine, elle est réelle ou apparente : dans le premier cas, celui qui nous présente les dents de l'homme, des carnassiers, desrumiuans, elle n'est jamais formée que d'ivoire; dans le second, n'étant qu'une continuation de la couronne , elle a tous les caractères qni sont propres à celle- ci. Telles sont les racines des défenses proprement dites , celles des incisives de tous les rongeurs, et celles des molaires de lièvres, de cabiais, etc. L'organe excréteur, que nous désignerons avec plusieurs anatomistes par le nom de capsule dentaire, paroît être une dépendance ou plutôt paroU recevoir tous ses nerfs et tous ses vaisseaux des nerfs et des vaisseaux dentaires. Ses rap- ports avec les gencives ne sont pas, à beaucoup près, aussi immédiats; j'ai même lieu de penser qu'il n'en a aucun es- sentiel avec ces parties , et que son existence dépend exclusi- vement des premières : c'est du moins ce qui est avec certi- tude pour les dents de remplacement. Cet organe doit cor- respondre, par sa structure et ses fonctions, aux substances composantes des dents; de sorte qu'il devroit être plus sim- ple dans les dents qui ne sont que d'ivoire, que dans celles qui se composent d'ivoire et d'émail, et surtout que dans celles qui, à ces deux substances, joignent encore le cortical; et c'est aussi dans sa structure et ses fonctions qu'on doit 1 Cette matière iljffère de celle des os surtout par son mode de for- mation, aussi est-ce improprement que ce nom lui a été donné 35. 24 Syo ODO trouver l'explication des différences nombreuses que présente le développement des racines. Eîi effet, la capsule dentaire la plus compliquée dans la- quelle se forment les dents composées de trois substances, se compose elle-même de trois organes excréteurs bien distincts : l'un, central et très-vasculeux, qui porte le nom de bulbe et qui produit l'ivoire; le second, qui se présente sous forme de membrane blanche, laiteuse ou translucide, qui dépose l'émail, et qu'à cause de cela nous nommerons membrane émaillante, et la troisième, chargée de vaisseaux, qui enve- loppe toutes les autres parties et que nous nous bornerons à désigner par le nom de membrane externe. Ces trois parties composantes d'une capsule dentaire sont intimement unies à la partie inférieure , ou plutôt à la base de cette capsule , au point où les vaisseaux et les nerfs prin- cipaux s'y introduisent, du moins jusqu'au moment où les racines commencent à se distinguer de la couronne. Il pa- roit que c'est de ce point que ces parties naissent d'abord toutes trois, et que là elles se confondent tant que la couronne n'est pas formée ; c'est de celte base du moins que partent tous les vaisseaux essentiels qui les parcourent et les nour- rissent, ainsi que les nerfs qui les animent : dans tout le reste de leur étendue elles sont, dès leur première origine, vé- ritablement in(!épendantcs. La membrane externe s'enlève sans porter la moindre atteinte à remaillante, qui se détache de même sans efforts de la couche d'émail qu'elle a déposée j et le bulbe peut être tiré des cônes d'ivoire qu'il produit, comme une lame peut l'être de son fourreau, ou, si l'on rompt ces cônes , il se trouve libre et découvert sans aucun déchirement apparent. Mais cette capsule n'est pas toute formée avant la sécré- tion des dents , dans celles du moins qui ont des racines; on ne l'aperçoit jamais dans son entier et telle qu'elle se mon- treroit si l'on pouvoit l'envisager à la fois comme elle est à son sommet, lorsque la couronne commence à être produite, et comme elle est à sa base quand les racines se déposent. Elle ne se développe que successivement et à mesure que les différentes parties doivent se former, en commençant par le sommet de la couronne et en unissant par l'extrémité de ODO S71 la racine. Lorsque le moment de se produire est arrivé pour celle-ci, la membrane émaillante , et la membrane ex- terne en tant que produisant le cortical , cessent d'être ac- tives ; la première même s'oblitère entièrement, le bulbe et la membrane externe continuent seuls à croître ; et ce n'est que le bulbe qui produit les racines , lesquelles correspondent ordinairement, par leur nombre et leur position, aux tu- bercules principaux de la couronne et paroissent être d'au- tant plus nombreuses que les vaisseaux dentaires ont envoyé plus de troncs principaux dans le bulbe. En effet, j'ai quel- ques raisons de penser que ces vaisseaux et leurs branches, une fois que la membrane externe, qui ne recevoit que quel- ques-uns de leurs rameaux, et la membrane éinaiilante ne produisent plus, et que le bulbe a fini de déposer la couronne, se développent en bulbes, ou que le bulbe se continue sous leur influence , restreinte aux points qui les environnent immédiatement, et où ils déposent la matière qu'ils doivent sécréter, l'ivoire; de sorte que les racines des dents ne se™ roient que la couronne d'ivoire de ces mêmes dents déformée , et sous ce rapport, réduite à un état rudimentaire ; car on pourroit en concevoir la continuation , si le système vascu- laire ne s'oblitéroit pas lui-même. Par une autre conséquence , les dents sans racines, chez lesquelles la capsule ne cesse point de produire une couronne, ne seroient telles, que parce que la vitalité de leur bulbe , sa force productrice , n'iroit point en s'affoiblissant , et que cet organe se conserveroit toujours actif et fécond, comme il l'étoit à son origine: aussi voit-on que les dents prennent des racines à des époques plus ou moins éloignées de leur naissance. Chez les animaux herbi- vores, et entre autres les chevaux, la vitalité du bulbe se conserve plusieurs années, tandis qu'elle cesse au bout de très- peu de temps chez les carnassiers; et à cet égard les animaux nous offrent une grande variété d'exemples. Plusieurs faits capitaux viennent à Pappui de ces idées. Lorsque la capsule dentaire n'est encore occupée qu'à déposer la couronne, on observe, au point où les membranes qui la composent, se réunissent et se confondent, un cercle uniforme et complet, chargé d'une infinité de vaisseaux, qui se dis- tingue par là de toutes les autres parties. C'est de ce point 372 ODO uniforme que cette capsule continuera à croître jusqu'au mo- ment où elle aura acquis toutes ses dimensions. Alors ce cercle vasculaire change d'aspect; une portion de ses vaisseaux disparoit de la circonférence au centre, et ceux qui restent, forment de petits cercles isolés, plus ou moins nombreux, qui annoncent les points d'où les racines se développeront: alors la membrane externe se trouve détachée du bulbe en dessous, excepté où naîtront les racines. Dès ce moment la couronne se termine par le dépôt d'ivoire qui se fait en dessous d'elle et du bulbe, et entre les racines, précisément aux points in- termédiaires de ces cercles partiels; mais ces petits cercles continuent aussi à diminuer , quelquefois même ils se divisent après un certain accroissement de la racine, ce qui forme des racines bifurquées ; et ils finissent par disparoître gra- duellement, d'où résulte la terminaison en pointe de toutes les racines. Par ce développement la partie supérieure du bulbe reste enfermée dans la couronne, réduite à de petites dimensions, et les racines se trouvent percées dans toute leur longueur par les vaisseaux et les nerfs qui les ont for- mées, et qui tiennent au bulbe d'une part , et de l'autre aux: vaisseaux et aux nerfs dentaires. Le Bulbe, qui sécrète l'ivoire par sa face externe, paroît être entièrement vasculeux. On voit un ou plusieurs troncs artériels le parcourir de bas en haut, en se ramifiant à l'in- fini pour arriver à ses extrémités , où leurs divisions forment quelquefois des houppes ou des franges d'une finesse presque imperceptible. C'est la partie des dents la plus facile à étudier, lorsque ces organes commencent à se former : elle se trouve in- jectée naturellement, n'est point exposée à être atteinte pen- dant la destruction des parties osseuses, au milieu desquelles les dents se trouvent renfermées, et il suffit d'une très-légère macération pour enlever ce bulbe de l'étui d'ivoire qui le con- tient. Il paroit être de nature homogène, et sa forme est toujours celle qu'aura la dent si elle n'est point encore ex- crétée , ou celle qu'elle nous présente si elle est déjà formée. La Membrane émaillante , produisant l'émail par sa face interne, enveloppe entièrement le bulbe et en suit tous les contours, toutes les formes, excepté à la base de la dent où elle aboutit et se termine. Je n'ai jamais pu y voir de vais- ODO 573 seaux; elle est d'un blanc laiteux, presque opaque, molle, mais élastique, d'autant plus épaisse qu'elle a moins produit de matière , et disparoissant tout-à-fait où elle n'a plus de fonctions à remplir, c'est-à-dire quand la membrane externe, déposant le cortical, remplit les siennes. L'extrême finesse de cette membrane, ou son entière oblitération sur les dents en partie formées, et son épaisseur sur celles qui ne le sont point encore, ont sans doute empêché de la reconnoitre; mais elle est très -facile à distinguer et à séparer des parties qui lui sont contiguës, sur les molaires de ruminans, et sur- tout sur les postérieures de l'une et de l'autre mâchoire, au moment de la naissance de ces animaux ; et une fois qu'elle a été observée , on la retrouve facilement sur toutes les dents émaillées. La Membrane externe paroît , comme le bulbe, être de nature essentiellement vasculeuse : elle est homogène , quant à sa structure; mais ses deux faces ne présentent pas les mêmes formes et ne remplissent pas les mêmes fontions. Par sa face interne elle dépose le cortical, suit les contours de la dent, est en saillie, où celle-ci forme des creux, et les par- ties qui garnissent les cavités ne se présentent point comme de simples membranes, du moins quand la matière corticale doit se déposer ; elles ont l'épaisseur que ces cavités deman- dent pour être entièrement remplies, ce qui leur donne toutes les apparences de bulbes: avant cette époque elle est partout assez mince. Sa face externe est plus simple ; elle n'est que protectrice, enveloppe uniformément tout le système où se produit la dentition, et tant qu'elle est entière, sa forme est plus ou moins sphérique. Elle est percée à son sommet dans l'évolution de la dent; mais ses bords restent attachés aux gencives et en font alors la continuation. Le bulbe et la membrane émaillante paroissent déposer simultanément les matières qu'ils sécrètent, et la première molécule d'ivoire reçoit la première molécule d'émail. Ce n'est que plus tard que le cortical se dépose , et pour ainsi dire à l'époque où la couronne de la dent est tout-à-fuit for- mée, et où le bulbe et la membrane émaillante cessent de travailler à cette partie de la dent; car le bulbe doit encore donner naissance aux racines. 374 ODO L'ivoire, recouvrant l'organe qui le sécrète, se dépose de dehors en dedans , et si l'on pouvoit juger de toutes les dents par quelques-unes, il ne le seroit point uniformément et de manière à produire un tout homogène; mais en lames con- centriques, dont les formes varient suivant la figure des dents. Si nous prenons pour exemple une défense d'éléphant, dont la forme est simple, nous voyons d'abord naître un petit cône, dans lequel bientôt s'en dépose un second, dont la base est un peu plus large que celle du premier, parce que le bulbe croit à mesure que le corps de l'animal se développe ; un troi- sième se montre ensuite, puis un quatrième, et ainsi succes- sivement : mais il vient un instant où le diamètre inférieur des cônes n'augmente plus, et cet instant arrive lorsque l'élé- phant a pris toute sa croissance; aussi dès -lors ses défenses conservent-elles le même diamètre. C'est par cette succession de lames, qui se poussent en quelque sorte les unes les au- tres, que la dent croit, sort des mâchoires et s'étend. Dès que le bulbe cesse d'être actif et de produire, l'accroisse- ment de la dent s'arrête , et si cette cessation se fait gra- duellement, il se forme une racine, la dent se termine en pointe. 11 n'est pas commun de reconnoître les couches de l'ivoire, et, comme nous venons de lé dire, ce ne seroit que par in- duction qu'on l'admettroit de la sorte dans toutes les dents. En effet, il n'a encore été divisé que dans les défenses d'élé- phans , et seulement dans les défenses fossiles, qui avoient éprouvé les modifications nécessaires à la séparation de leurs lames (car je ne crois pas que cette séparation ait encore eu lieu artificiellement); et, à en juger par les apparences exté- rieures , il est douteux qu'elle soit possible pour beaucoup de dents. Les bulbes ne produisent pas tous une substance de nature identique ; on sait que les défenses d'éléphans pré- sentent sur leur franche transversale des cercles excentriques qui se coupent, ce qui n'a encore été remarqué sur aucun autre ivoire. D'ailleurs on trouve des ivoires plus ou moins denses , plus ou moins translucides, plus ou moins colorés , etc. Cette partie centrale, la plus considérable et la plus im- portante des dents, qui en fait la base, est principalement formée d'une substance gélatineuse très-compacte. La matière ODO 375 calcaire qui lui donne son apparence extérieure, n'est que déposée entre ses mailles et en fait la plus petite portion. On i'enlève au moyen d'un acide afFoibli, et la gélatine reste pure avec toutes les formes qu'avoit l'ivoire. Cette matière calcaire, la seule véritablement morte de la dent, est un phosphate. L'ÉMAIL se dépose dans un sens contraire à l'ivoire, c'est- à-dire de dedans en dehors, et il le fait par une sorte de cristallisation. Lorsqu'on l'examine sur la tranche d'une dent, on le voit sous forme d'aiguilles brillantes, perpendi- culaires à la surface de l'ivoire. Ces deux substances ne font point corps l'une avec l'autre, quoiqu'elles soient assez in- timement unies. L'émail peut se détacher de l'ivoire sans que celui-ci soit entamé, et réciproqTiement. Mais ce qui dis- tingue fondamentalement ces deux substances, c'est que l'émail n'a point, comme l'ivoire, la gélatine pour base; il se compose uniquement de fluate de chaux : aussi sa nature, toute pierreuse, lui donne-t-elle une dureté extrême et qu'on ne retrouve dans aucune autre partie des dents. Le Cortical paroit aussi se déposer par une sorte de cris- tallisation, à en juger du moins par celui des dents d'élé- phans. Mais cette cristallisation est plus confuse que celle de l'émail, et au lieu de se présenter d'abord sous forme d'une lame unie et continue, il semble se précipiter sous forme de rognons ou par petites masses. Mais les intervalles que ces petites masses laissent entre elles, finissent par être remplis; il vient un moment où cette substance forme une couche lisse et régulière. Son dépôt se fait comme celui de l'émail, de dedans en dehors, mais il ne commence à se former qu'a- prés que l'émail est lui-même entièrement formé. Sa nature est gélatineuse et calcaire, comme celle de l'ivoire; c'est-à- dire que la gélatine en fait la base et que le phosphate cal- caire est contenu entre ses mailles. Nouveau rapport entre la membrane externe des dents et leur bulbe. Ordinairement le cortical ne paroit contenir que les ma- tières dont nous venons de parler; mais dans quelques cas il renferme de plus une matière colorante : c'est ce que nous montrent les dents de plusieurs ruminans et les incisives des castors, despacas, des agoutis, des porc-épics, etc. En effet, 576 ODO la couleur brune de la partie antérieure de ces dernières dents dépend d'une lame très-mince de véritable matière cor- ticale, ainsi que nous nous en sommes assuré par plusieurs expériences spéciales. Les rapports que nous venons de montrer entre les dents composées de trois substances et la structure de l'organe qui les produit, nous ont surtout été présentés par les molaires des ruminans et des chevaux : et ce n'est que par analogie que nous supposons qu'ils seroient présentés de même par toutes les dents composées d'ivoire, d'émail, et de cortical; car nous sommes loin d'avoir pu étudier la capsule dentaire de toutes les dents de cette nature, qui sont fort nombreuses, quoi- qu'elles ne se trouvent, je crois, que chez les mammifères, et principalement chez les rongeurs, les pachydermes et les ru- minans. Cette analyse détaillée des dents les plus compliquées nous permettra de passer rapidement sur celles qui le sont moins. Les dents privées de matière corticale , et qui ne se composent que d'ivoire et d'émail, ne sont pas, pour cela, privées de la membrane externe ; mais cette membrane paroit être , sur ces dents plus simples , toujours extrê- mement mince, au lieu d'être épaisse, comme nous l'avons trouvée sur les dents précédentes , à l'époque où elle doit sécréter le cortical ; elle ne s'enlève qu'avec peine et par lambeaux, et semble n'être destinée qu'à protéger le travail delà dentition, qu'elle enveloppe de toute part. La membrane émaillante se présente avec tous les caractères que nous lui avons précédemment reconnus : elle est blanche , molle , mais élastique , et n'existe que là où l'émail n'est point encore formé , ou ne l'est qu'incomplètement. Le bulbe ne diffère point non plus de ce que nous l'avons vu dans les dents formées de trois substances. Quant aux dents qui ne se composent que d'ivoire, comme les défenses des éléphans, celles des hippopotames, les mo- laires de quelques édentés et des cétacés, la partie posté- rieure des incisives de tous les rongeurs, etc., outre le bulbe, qui ne peut jamais manquer, on remarque à leur sur- face une matière particulière intimement unie à Fivoire , mais beaucoup moins dure que lui, et qui sembleroit être la ODO 377 membrane externe enveloppée, ou plutôt pénétrée , par les molécules calcaires de la première couche déposée par le bulbe. Au reste , ces dents sont celles qui ont été le moins étudiées sous le rapport de leur formation; et ce que nous en rapportons, n'est que le résultat d'un nombre d'observa- tions beaucoup trop foible pour l'importante question qu'il s'agiroit de résoudre. La marche de la nature dans la formation des dents, le mode suivant lequel elles grandissent , fait aisément conce- voir leur apparition : elles ne peuvent pas croître sans rem- plir un plus grand espace , et c'est en dehors qu'elles le doi- vent chercher. On trouve déjà, dit -on, les premières traces de la capsule dentaire dans les premiers jours de la vie du fœtus: en effet, chez presque tous les animaux les dents sont en grande par- tie formées à l'époque de leur naissance; il faut qu'elles puis- sent servir, chez les mammifères, même avant que la lacta- tion soit entièrement terminée, et chez les autres animaux, aussitôt que le moment est venu pour eux de fournir à leurs besoins. Mais les physiologistes ne sont point d'accord sur ce qui se passe dans les parties que les dents traversent pour sortir des gencives. On a supposé un conduit qui commu- niquoit de la capsule hors des mâchoires, et qui ne faisoit que s'agrandir parla pression de la dent et l'élasticité de ces parties. D'autres ont pensé que la dent déchiroit tout ce qui s'opposoit à son passage , et ont même attribué à cet effet une partie des accidens qui accompagnent quelquefois la dentition. La première de ces idées n'expliqueroit point la sortie des dents de seconde dentition, qui, chez plusieurs animaux, se développent immédiatement sous les dents de lait, de sorte qu'elles ne peuvent paroître qu'après la chute de celles-ci. En seroit~il autrement pour les premières dents? Outre que ce conduit ne s'aperçoit point, il est peu vraisemblable que la nature ait employé deux moyens pour l'évolution de ces organes; et l'on est en droit de croire que, si des dents peuvent être soustraites à l'obstacle que leur oppo- sent d'autres dents, placées directement au-dessus d'elles, elles peuvent aussi surmonter la résistance qu'elles éprouve- ront de la part de membranes plus ou moins cartilagineuses, SyS ODO du derme, etc., au moment, où elles doivent sortir des mâchoires pour satisfaire aux nouveaux besoins du jeune animal. Il y a plus, les dents de formes très-compliquées, dont la couronne se termine par plusieurs tubercules, qui laissent entre eux des vides profonds, se présentent hors des gencives par plusieurs points à la fois, par les sommets de leurs tubercules, et dans ce moment les gencives garnissent encore les intervalles qui séparent ces tubercules. Comment ridée d'un conduit s'appliqueroit-elle à la sortie de ces dents? Quant au déchirement, il est encore moins admissible que le canal, dont nous venons de montrer l'invraisemblance : on n'aperçoit pas, dans l'apparition des denfs, la moindre trace d'un tel phénomène , et aucune analogie ne nous paroît jus- tifier cette seconde supposition. La nature nous semble avoir un moyen plus sûr et plus conforme à ses vues de sagesse et de conservation, pour opérer l'effet que ces hypothèses tendent à expliquer ; elle nous le montre dans un grand nombre de circonstances, de sorte que la loi générale qui en résulte, trouve, dans le cas particulier qui nous occupe, une de ses applications les plus exactes. En effet, une des vérités les mieux établies par l'expé- rience, c'est que la nutrition de toute partie organique s'af- foiblit dès que cette partie éprouve l'action mécanique con- tinue d'un corps étranger quelconque ; et elle peut s'arrêter tout-à-fait, si cette action acquiert une certaine intensité. Il .semble que, dans cette circulation perpétuelle qui cons- titue la vie, les molécules inhalantes ne puissent plus rem- placer les molécules exhalées , lorsqu'une telle action com- prime les parties d'où se sont échappées celles-ci. On diroit que la place manque aux premières, ou que la force assimi- latrice qui doit les attirer, a tout-à-fait cessé d'agir; dès- lors cette partie s'oblitère, et les molécules qui l'auroient nourrie, n'arrivent pas jusqu'à elle , se dissipent, ou vont se mettre en équilibre avec les parties voisines. C'est sans doute un phénomène de cette nature qui a lieu dans l'évolution des dents"; tout l'annonce d'ailleurs, quand I C'est, je crois, à la niènie cause ([u'il faut attribuer les faits dont je vais rendre compte. En i8o5, la ménagerie du Roi possédoit un clé- ODO 379 on suit leur développement. Lorsque la couronne d'une dent commence à se former, et à plus forte raison, avant cette époque , toute la partie des gencives qui doit plus tard s'en- Ir'ouvrir, est épaisse, remplie de vaisseaux et de nerfs; à mesure que la dent grandit, cette partie s'amincit, un mo- ment vient où elle ne consiste plus qu'en un derme com- pacte et sec, qui disparoit bientôt lui-même pour lui laisser un libre passage. Mais pourquoi la compression qui résulte de l'accroisse- ment des dents, se fait -elle contre les gencives, plutôt que dans le sens opposé? Quoique la dent ne commence à se former que du côté de sa couronne, il n'y a pas dans cette circonstance de raisons suflisantes pour qu'elle tende à sor- tir exclusivement par ce côté. La réaction d'une dent crois- sant dans la direction de sa racine , est semblable à son action dans la direction de sa couronne; et si la consistance des parties environnantes devoit entrer pour quelque chose dans cette question, au lieu de percer les gencives, la dent descendroit du côté où seront les racines ; car les parties in- phant pourvu de fortes et longues défenses, et la barrière de son parc étoit formée de morceaux de bois verticaux, séparés l'un de l'autre par un espace moins large que la distance qui existoit entre ses défenses. Cet animal, qui avoit Thabitude des friandises que lui donnoit le public, avançoit sa trompe pour les recevoir; mais comme l'interralle qui l'en séparoit étoit assez grand, il étoit obligé de faire effort pour s'en ap- procher, et afin d'avancer davantage sa tète il appuyoit les côtés de ses défenses sur les poteaux de sa barrière. Petit à petit ses défenses, qui éloicnt presque parallèles, se rapprochèrent par leurs pointes, et la trompe, ne trouvant plus de place entre elles, fut placée de côté par l'animal, ce qui contribua encore à augmenter le changicment de direction des défenses, ces dents supportant alors par leur côté externe tout le poids de cette trompe. La cause immédiate et manifeste de ce désordre me suggéra l'idée de m'y opposer, ou même de la détruire, par une action mécanique, contraire à celle des poteaux; en conséquence, je fis placer entre les deux défenses une vis, au moyen de laquelle on pouvoit agir sur ces dents pour les écarter, et en assez peu de temps elles eurent repris, ainsi que la trompe, leur situation naturelle; cependant elles conservèrent toute leur solidité et ne montrèrent jamais le moindre ébran- lement. On sait que les dentistes emploient aussi un moyen purement mécanique pour faire rentrer, et replacer verticalement , les incisives qui se portent obliquement en avant ou en dedans des mâchoires. 38o ODO férieures de sa capsule et de son bulbe ofFriroient bien moins de résistance que la densité des gencives. Seroit-ce à l'im- pulsion que la circulation imprime aux organes dentaires qu'on pourrait attribuer la direction naturelle des dents ? C'est un doute que j'exprime plutôt qu'une solution que je donne. Au reste , les dents ne croissent pas seulement parce qu'elles s'agrandissent par la sécrétion de leur couronne, elles éprouvent un déplacement complet pendant la formation des racines. M. Tenon a montré que les dents entières des chevaux s'élevoient, qu'elles étoient poussées hors des mâ- choires avec leurs racines, et ce phénomène paroit avoir lieu pour toutes les dents à racines distinctes de la couronne : car la capsule dentaire, renfermée entièrement dans les maxil- laires, a sa partie inférieure, qui correspond au collet de la dent (point intermédiaire entre la couronne et la racine), bien au-dessous du bord dentaire de ces os, et quand ces dents sont entièrement formées , ce collet se trouve de ni- veau avec ce même bord. Ce second mouvement pourroit peut - être encore s'expliquer par l'action combinée de la circulation et de la racine penjdant sa formation, qui a lieu lorsque la couronne a paru, et qu'elle a surmonté l'obstacle des gencives. Mais comment rendre raison d'un mouvement tout con- traire aux précédens, qui nous est offert par les incisives ou dents antérieures des rongeurs ? La partie de ces dents qui tient lieu de racines, est beaucoup moins avancée, dans les os qui les contiennent , chez les jeunes animaux que chez les vieux. Ces dents vont en reculant par l'extrémité où est leur bulbe , à mesure que l'animal se développe , et en avançant par l'autre extrémité. C'est ce que j'ai constaté sur des lapins et des cochons d'Inde, sans pouvoir trouver l'ex- plication de ce singulier phénomène. On éprouve moins de difficultés à se rendre compte d'un autre problème que présentent ces dents; c'est leur cour- bure et l'espèce particulière de courbe qu'elles affectent. Pour produire une dent arquée, il suffit que sa capsule le soit ; mais, si la courbe de la capsule restoit toujours la même , ces dents qui, comme on sait, peuvent croître indéfiniment ODO 381 quand aucun obstacle ne les arrête, présenteraient, dans ce cas, dont on a de fréquens exemples, un cercle régulier. Au lieu de cette espèce de courbe , les dents des rongeurs en présentent une qui se rapproche de la spirale, et ce sont les premières portions de la dent , qui sont renfermées dans celles qui les suivent: il faut donc nécessairement que la cap- sule productrice de ces dents change de courbure, et qu'elle se redresse à mesure que ces animaux avancent en âge, jus- qu'à un point, sans doute, où elle ne se modifie plus; et, ce qu'il n'est pas inutile de faire observer, c'est que ces chan- gemens sont absolument les mêmes aux dents des deux mâ- choires; car ces dents, à toute époque de la vie , conservent les mêmes rapports entre elles. Enfin , il est un dernier mouvement des dents , hors des mâchoires, auquel je dois m'arrêter encore ; c'est celui qui est dû au développement osseux des maxillaires. Le travail de l'ossification tend sans cesse à remplir les alvéoles et à en chasser les dents; aussi, lorsqu'une dent, même une dent à racine, n'en a plus d'autres en opposition, elle finit par être entièrement expulsée des mâchoires. Mais ce mouvement, toujours fâcheux dans ce dernier cas pour ceux qui l'éprou- vent, a un grand avantage pour les animaux obligés, par leur nature, à broyer les aliinens dont ils se nourrissent, et forcés par Là à user et à raccourcir leurs dents; car, quoique la détrition des dents chez ces animaux soit souvent très-iné- gale, ces organes n'en restent pas moins au niveau l'un de l'autre, ou plutôt en contact, de telle sorte que le broiement de la nourriture peuts'opérer jusqu'à la plus extrême vieillesse. L'apparition des dents hors des gencives chez les mammifères coïncide ordinairement avec l'époque où le lait commence à ne plus suffire pour la nourriture du jeune animal, mais il est très-rare qu'elles se développent toutes en même temps; il y a à cet égard de très -grandes différences, et la nature, dans beaucoup de cas , ne s'est point bornée à donner à chaque espèce, une fois pour toutes, les dents qui lui sont propres; il est peu d'animaux, il n'en est même peut-être point du tout, où quelques-uns de ces organes ne soient renou- velés : c'est-à-dire , que certaines espèces de dents tombent, et .sont reproduites ou plutôt remplacées, une ou plusieurs 582 ODO fois, par des dents qui se développent successivement des- sous, devant ou derrière elles. Ces premières dents, qui font place à des dents nouvelles, sont désignées par le nom de dents de première dentition ou de dents de lait; et celles qui leur succèdent sont nom- mées dents de remplacement. Mais ces dénominations, géné- ralement tirées de ce qui s'observe dans l'espèce humaine, ne doivent point être prises dans un sens rigoureux, quand elles s'appliquent aux autres mammifères; car chez eux nous verrons des dents de lait tomber avant la naissance , ou long- temps après l'âge adulte, et leur inexactitude est bien plus grande encore pour les reptiles et les poissons, dont le lait ne fait jamais la première nourriture. Afin d'éviter toute mé- prise , nous n'emploîrons que les mots de première, seconde, troisième dentition, etc., nous fondant principalement sur l'époque de l'apparition des dents. Cette succession des dents, l'influence qu'elles exercent les unes sur les autres par leur accroissement, ainsi que sur les os où elles se développent , la coïncidence de leur appari- tion avec celles de plusieurs .outres parties, et de nouveaux Lesoins; les rapports de formes et de nombres entre les dents des diverses dentitions, etc., seroient de riches sources d'observations utiles et curieuses : malheureusement on a commencé à peine à y puiser; encore tout ce qu'on possède d'un peu exact est tiré des mammifères ; les reptiles et les poissons n'ont été, sous ce point de vue, le sujet d'aucune recherche , et nous-mêmes ne pourrons exposer que d'une manière très - sommaire les faits relatifs à ces phénomènes divers. Mais, avant d'entrer en matière, je dois indiquer les par- ties delà bouche où les dents se développent, et les noms par lesquels ces diverses dents sont communément désignées; autrement ce qui nous reste à dire, seroit difficilement in- telligible. Chez les mammifères il n'y a jamais de dents qu'aux inter- maxillaires et aux maxillaires ; mais toutes ne prennent pas naissance dans l'os duquel elles sortent : chez certains ron- geurs, celles qui sortent des intermaxillaires, ont leur ori- gine à la partie postérieure des maxillaires, quelquefois au- ODO 385 delà des arriéres-molaires. Les. dents des intermaxillaires por- tent le nom d'incisives, et celles des maxillaires sont nommées canines, conoïdes , angulaires, petites ou fausses molaires, et grosses molaires ou mâchelières, suivant la forme de leur couronne et ses relations avec l'emploi que l'animal en fait. Les petites molaires et leii grosses molaires ont aussi été dé- signées par les noms de bicuspidées, de tricuspidées , de mul- ticuspidées, en raison du nombre des tubercules de la cou- ronne: mais, outre que ces désignations ne peuvent convenir qu'cà un petit nombre d'animaux , ce sont les noms d'inci- sives, de canines, de fausses molaires et de mâchelières que nous avons employés dans nos descriptions particulières d'ani- maux, et cette raison suffit pour nous obliger à les employer encore ici. Chez les reptiles on peut trouver des dents non-seulement sur les intermaxillaires et les maxillaires, mais encore sur les palatins. Le nombre des parties où se développent les dents se multiplie à mesure qu'on s'éloigne des mammifères, caries poissons nous en montrent dans tous les os où nous venons d'en reconnoitre , et de plus sur le "vomer, les arcs branchiaux, la langue, etc. ' Dans l'espèce humaine la première dentition a générale- ment lieu dans l'intervalle du j.ixième, septième ou huitième mois, à deux ans ou deux a;ns et demi, et elle commence ordinairement par la màchoiice inférieure. C'est la première incisive'* qui se montre d'abord, et bientôt après paroît la i Nous n'avons à peu près riien dit des dents de poissons, parce qu'elles n'ont point été étudiées dans leur nature intime, et que nous r' avons point encore pu nous en occuper suflisaninient pour faire con- noilre et appliquer les phénomènes particuliers qu'elles présentent. 2 Dans les détails où nous allons entrer, et pour éviter des répétitions inutiles^ nous ne parlerons jamais que d'un côté de l'une ou de l'autre des mâchoires, et ce que nous dirons po/ur ce côté sera sous-entendu pour l'autre, qui lui resseuihle entièrement sous tous les rapports; ensuite nous com- mencerons toujours à compter les dents de Textréraité antérieure de toutes les parties qui portent ces org^anes ; ainsi la première incisive, chez les mammifères, est celle qui se trouve la plus voisine de la suture par la- quelle les inlermasillaires s'unissent, etc.; et nous devons faire remar- quer qu^j nous ne powvons nous occuper que de la marche ordinaire 384 ODO seconde , c'est-à-dire que vers la fin de la première année toutes les incisives sont développées. La première dent qui perce les gencives après les incisives, est une molaire màche- lière; ce n'est qu'après celle-ci que la canine, placée au de- vant d'elle, se montre, et enfin, cette première dentition se termine par une seconde molaire mâchelière. On doit re- marquer que ce sont des màcheliéres , et non des fausses mo- laires, qui suivent immédiatement la canine , ce qui est con- traire à ce qui s'observe dans la dentition définitive de l'es- pèce humaine. Mais nous aurons occasion de faire encore remarquer plusieurs fois ce phénomène, qui nous révélera une des lois les plus générales de la nature. Lorsque l'enfant est entre sa sixième et sa huitième année, les phénomènes de la seconde dentition commencent par le développement d'une troisième molaire mâchelière , plus forte que celles dont nous venons de parler, et même que celles qui la suivront. Ensuite, toutes les dents de la pre- mière dentition tombent exactement dans l'ordre où elles ont paru ; les incisives et les canines sont remplacées par des dents de mêmes espèces qu'elles, mais plus fortes et plus larges ; au contraire , les deux premières molaires màcheliéres ne sont remplacées que par des fausses molaires. Tout ce travail se termine vers la douzième année, et bientôt l'avant- dernière mâchelière se montre. Enfin , la dernière de ces dents, qui porte le nom de dent de sagesse, et qui pourrait caractériser une troisième dentition , se fait apercevoir quel- ques années plus tard; on l'a vu même ne paroître que vers la trentième année. Toutes ces dents de seconde dentition sont formées par lea vaisseaux et les nerfs d'un second canal dentaire particu- lier , qui se développe au-dessous du premier et qui le rem- place quand celui-ci s'oblitère à l'époque de la chute des dents qu'il avoit formées, et il est permis de supposer que quelque phénomène analogue a lieu chez les animaux à l'é- poque où ils changent de dents. du développement des dents, et non point des cas extraordinaires, comme de ces dents développées avant la naissance ou dans l'extrême vieil- lesse, etc. ODO 385 Lorsqueîes denb de première dentition tombent, il se trouve que la plupart d'entre elles n'ont plus leurs racines, et que la partie inférieure de leur couronne est teinte en noir, et couverte d'aspérités, qui semblent être l'effet d'une sorte de corrosion; mais nous ne nous arrêterons point , pour le mo- ment, à ce phénomène curieux, afin de ne pas interrompre ce qui nous reste à dire sur les différentes dentitions. Les singes et les sajous présentent à peu près les mêmes ob- servations que l'espèce humaine. Les makis et les insectivores n'ont point été étudiés sous le rapport qui nous occupe; mais il n'en est pas de même de quelques carnivores : les deux dentitions des chiens et des chats ont été reconnues. La première dentition du chat consiste, à la mâchoire su- périeure, en trois incisives, une canine, une fausse molaire rudimentaire, une carnassière et une petite tuberculeuse, et à la mâchoire inférieure, en trois incisives, une canine, une fausse molaire et une carnassière. Dans la seconde dentition les incisives et les canines sont remplacées sans aucun changement important et par des dents semblables à elles. Il en est encore de même d'es deux pre- mières fausses molaires ; mais les carnassières sont remplacées par de secondes fausses molaires, et toutes deux se dévelop- pent immédiatement après celles-ci, de sorte que, de secondes màchelières qu'elles étoient à la première dentition , elles passent au troisième rang à la deuxième, c'est-à-dire qu'à la mâchoire supérieure la carnassière a pris la place de la tu- berculeuse, qui dans cette seconde dentition s'est montrée la quatrième ou la dernière, et que la carnassière de la mâ- choire inférieure s'est développée là où ne se trouvoit aucune dent à la première dentition. Le chien offre des phénomènes tout-à-fait analogues. Dans sa première dentition il a aux maxillaires supérieurs, trois incisives, une canine, une fausse molaire, une carnassière et une grosse molaire tuberculeuse ; et aux maxillaires infé- rieurs, trois incisives, une canine, deux fausses molaires et une carnassière. Comme chez les chats, I^es incisives et les canines se renou- vellent sans changemens, à la seconde dentition, aux deux mâchoires. Vient ensuite immédiatement après la canine , à o5. a5 386 ODO la mâchoire supérieure , une fausse molaire rudimentaire où il n'y avoit point de dent à la première. La fausse mo- laire de cette première dentition est remplacée par une dent semblable à elle; la carnassière, par une troisième fausse mo- laire, et la tuberculeuse, par une carnassière. Enfin, cette tu- berculeuse et une seconde plus petite se développent après la carnassière. A la mâchoire inférieure se montre, comme à la supérieure, une fausse molaire rudimentaire après la canine. Les deux fausses molaires de la première dentition sont rem- placées par des dents qui leur ressemblent, et la carnassière par une fausse molaire. Cette carnassière reparoit ensuite, avec une grosse tuberculeuse et une tuberculeuse rudimen- taire, là où aucune dent ne s'apercevoit à la première den- tition. 11 résulte de là que les chats et les chiens , à la seconde dentition, outre un plus grand nombre de dents, ont leurs carnassières beaucoup plus éloignées des canines qu'à la pre- mière. Cette observation peut s'appliquer à tous les autres carnas- siers ; et le but de la nature, dans cette espèce de transpo- sition des dents les plus importantes à tous les animaux qui se nourrissent de chair, est manifeste : elle a voulu , pour rendre l'action de ces dents toujours puissante, les rapprocher du point d'appui des mâchoires, à mesure que l'accroissement de ces parties de la bouche tendoit à les en éloigner. Les rongeurs, n'ayant point diverses sortes de màchelières, ne présentent point les changemens qui s'observent chez les carnassiers. Excepté chez les cabiais, leurs dents de la seconde dentition se développent immédiatement sous celles de la première, et les unes ressemblent entièrement aux autres. Sur ce point les cabiais ressemblent aux éléphans et aux pha- cochseres. On n'a point encore vu si les incisives tombent et sont rem- placées. Ce qui a été constaté par mon frère , c'est que toutes les espèces de rongeurs qui n'ont que trois molaires , n'ont qu'une seule dentition, et qu'il n'y en a une seconde que pour les espèces qui ont au-delà de ces trois dents, c'est-à-dire pour toutes celles de ces dents qui surpassent ce nombre et qui sont situées antérieurement dans les mâchoires j et un fait ODO 38; Lien remarquable , que mon frère a également constaté, c'est que les dents de la première dentition des cochons d'Inde tombent lorsque ces animaux sont encore dans le sein de leur mère. Chez les espèces du genre Lièvre c'est peu -de jours après la naissance que ces dents tombent; et ce phéno- mène se présente encore pour les incisives rudimentaires , qui , comme on sait, se développent derrière les incisives princi- pales de tous les animaux de ce dernier genre. Nous passons immédiatement aux pachydermes , les édentés ii'ayant jusqu'à ce jour offert aucune observation dont nous puissions faire usage dans le point de vue sous lequel nous considérons actuellement les dents, La première dentition de l'hippopotame consiste en deux incisives et une canine à chaque maxillaire, en trois fausses molaires et trois mâchelières supérieures, et en deux fausses molaires et trois mâchelières inférieures. Les incisives et les canines des deux mâchoires n'éprouvent aucun changement. La première des trois fausses molaires supérieures tombe et n'est point remplacée; les deux suivantes sont remplacées par des dents de même nature qu'elles, et à la première mâ- chelière succède une fausse molaire ; mais à ce moment-là même se développe Une màchelière postérieure, de sorte que, malgré la chute de la première de ces dents, leur nombre reste toujours le même. La première fausse molaire inférieure tombe sans reparoître , les deux qui la suivent sont remplacées par des dents semblables à elles ; et c'est alors que , comme à la mâchoire supérieure , la dernière màchelière se développe. Nous retrouvons donc chez l'hippopotame ce que nous avons observé chez les carnassiers, et par les mêmes raisons, sans doute, la première màchelière de la première dentition est remplacée par une fausse molaire à la seconde. Les phacochaeres présentent un mode de changement nou- veau qui est semblable a celui du cabiaîs ; leur dernière ma- chelière ayant un mouvement d'arrière en avant, il arrive que, lorsqu'elle est entièrement développée, les deux petites dents qui la précédoient ont disparu , et elle occupe seule le maxillaire. Les éléphans ont aussi le mode de dentition des cabiais et 388 ODO desphacochaeres. Leurs niàchelières commencent à se montrer par leur partie antérieure et elles vont en s'avançant d'arrière en avant , d'où il résulte que d'abord ces animaux n'ont qu'une màchelière à chaque maxillaire, puis deux, puis une seule, puis deux encore, etc.; et il paroît que ce mouvement est l'effet du développement successif de huit dents. La première, qui paroît bientôt après la naissance , n'est point encore tombée lorsque la seconde se montre. Vers deux ans celle-ci reste seule; ce qui dure jusqu'à l'apparition de la troisième, qui finit par rester seule à son tour vers la sixième année , et c'est à neuf ans que celle-ci disparoît pour faire place à la quatrième, etc., et il est à remarquer que toutes ces dents se montrent d'abord par leur partie antérieure, qui par là est beaucoup plus tôt usée que la postérieure. En passant aux chevaux, nous retrouvons le mode de rem- placement que nous avons observé d'abord; des dents de seconde dentition, se développant immédiatement sous celles de la première, qui doivent tomber, c'est-à-dire sous les in- cisives , les canines et les trois premières màchelières; et ce que ces dents nous offrent de particulier, c'est que celles de la première dentition sont plus étroites que celles qui leur succèdent. Les dernières màchelières paroissent quand les pre- mières tombent. Les ruminans présentent des phénomènes analogues : toutes les incisives et les canines de la première dentition font place à des dents de même nature qu'elles , et des six màchelières qui se trouvent dans chaque maxillaire , les trois premières tom- bent et sont remplacées par d'autres dents de même espèce, mais moins compliquées. C'est qu'alors aussi les màchelières postérieures, très-compliquées, se développent; ce qui nous rappelle encore ce que nous avons vu chez les carnassiers , etc. Chez tous ces animaux la plupart des dents de la première dentition, au moment de leur chute, présentent la même observation que celles de l'homme. Leurs racines ont disparu , et aux irrégularités de chacune de ces dents, à leur face in- férieure, on diroit qu'elles ont été corrodées, comme le se- roit un mélange de différentes substances, moins accessibles les unes que les autres à l'action du corrosif; et des taches ou une teinte noire se font apercevoir dans toute l'étendue de ODO 389 eetteface, qui présente des traces si manifestes d'une sorte de corrosion. Elles rappellent très-bien la couleur de la carie des dents; ce qui a souvent été remarqué. Plusieurs hypothèses ont été imaginées pour rendre raison de ce singulier phénomène. L'idée d'un dissolvant s'est naturellement présentée ; mais comment auroit-il épargné les parties voisines, et surtout la dent de seconde dentition ? L'action mécanique de la seconde dent sur la première a aussi été supposée, et de toutes les explications c'est assuré- ment la plus malheureuse. Une dent n'auroit pu en user une autre qu'en s'usant elle-même, et la dent de seconde denti- tion est toujours dans le plus grand état d'intégrité lorsque la première tombe. Enfin , on a attribué ce singylier efFet à la force d'absorp- tion, et il paroît qu'aujourd'hui c'est l'opinion le plus géné-^ paiement adoptée, et, je pense, avec raison. Mais, comment n'a-t-on pas été conduit, par des analogies qui me semblent toute- puissantes, à attribuer la carie des dents à la même cause P Beaucoup d'observations m'ont convaincu que cette cruelle maladie, dans un grand nombre de cas du moins, n'a pas d'autre origine : elle est la conséquence d'un état parti- culier du bulbe, qui reste dans la dent; état plus ou moins durable et qu'on parviendroit peut-être à modifier ou à changer entièrement par le secours de remèdes qui lui se- roient appropriés. Ce que nous avons dit jusqu'à présent de la complication des capsules dentaires , de la variété des substances dont beaucoup de dents se composent, des soins qu'a pris la na- ture de pourvoir au remplacement de celles qui sont desti- nées à tomber, des diverses places qu'elles occupent, des noms qu'elles ont reçus, laisse déjà apercevoir l'importance de ces organes et la diversité des fonctions qu'ils doivent rem- plir ; mais on acquiert une idée beaucoup plus étendue de leur destination , quand on les étudie dans leurs formes, dans les relations qu'elles ont entre elles, dans leurs rapports avec le naturel des animaux, etc. : aussi nous reste-t-il a les faire rapidement envisager sous ces divers points de vue. Lorsqu'on rassemble sous ses yeux tqutes les espèces de %" ODO dents, on voit qu'elles se réunissent sous un asse^ petit nombre de formes principales. D'abord chez les unes , comme noiTS l'avons déjà dit, on n'observe aucune différence enti'e la racine, c'est-à-dire la partie renfermée dans les os qui portent les dents ou qui y est adhérente, et la couronne ou la partie qui est hors de ces os. Ces dents n'ont point de rarînes dans l'acception qu'on donne à ce mot; c'est, à pro- prement parler, la couronne qui se continue jusqu'à la cap- sule dentaire, laquelle ne produit jamais que la couronne , tant qu'elle reste libre et active ; circonstance qui a lieu chez quelques animaux durant tout le cours de leur vie, Chez d'autres, au contraire, les racines sont très- distinctes de la couronne : elles sont simples ou complexes, et ne présentent pas en général, dans leurs formes, la constance que l'on rencon»re toujours dans les formes de la couronne; ce qui s'explique naturellement par leur mode de formation. Considérant ensuite les dents par leur couronne seulement^ îioMs voyons que toutes peuvent se réunir sous trois formes principales, lesquelles se modifient presque à l'infini, se transforment les unes dans les autres , de telle manière qu'il est presque impossible de déterminer rigoureusement le passage d'une forme à l'autre ; aussi n'envisageons-nous cette division que comme un moyen purement artificiel de parler de ces formes sans trop d'obscurité et de confusion, en nous restreignant dans les limites où nous devons le faire. Toufes les couronnes des dents seront donc pour nous coniques, tranchantes ou tuberculeuses, Les dents coniques varient depuis le cjlindre plus ou moins comprimé , terminé pnr une pointe plus ou moins obtuse , jus- qu'à l'ovale. Les unes sont droites, d'autres arquées, d'au- tres anguleuses , et ce sont celles qui présentent la forme elliptique qui sont les moins communes : on les observe chez les cachalots. Celles qui sont coniques, sont les plus nom- breuses, Nous considérons comme telles les canines des carr nassiers, les défenses des éléphans, des hippopotames, etc. Enfin , les cylindriques nous sont offertes par les mâchelières des édentés pourvus de dents, etc. Parini ces dents on en trouve de deux modes de compo- sition seuleinent • les unes ne sont qu'osseusçs, telles que les ODO 391 molaires du cachalot; car, quoique la partie extérieure de ces dents soit d'une teinte plus blanche que celle du centre, elle n'est point formée d'émail, comme on a pu le croire; elles ne sont l'une et l'autre que d'ivoire. D'autres sont re- vêtues d'émail, comme les canines des carnassiers, etc. C'est dans cette classe de dents que se rencontre le plus grand nombre de celles qui sont dépourvues de racines et qui , à cause de l'usage qu'en font les animaux, prennent le nom de défenses; et parmi celles dont la racine est distincte de la couronne, il n'en a encore été observé qu'un très-petit nombre à plusieurs racines , comme les canines des taupes, par exemple. Les dents tranchantes se présentent sous une forme simple ou sous une forme composée. Nous comptons au nombre des premières les incisives des rongeurs, qui appartiennent au- tant à la première classe qu'à celle-ci ; celles des quadrumanes, des carnassiers, des ruminans, etc., et au nombre des se- condes, les fausses molaires et les carnassières des animaux carnivores : encore s'en trouve-t-il plusieurs parmi les pre- mières qui se rapprochent autant des dents coniques que des tranchantes. Les dents de cette classe se composent toutes d'ivoire et d'émail , et quelques-unes ont du cortical; ces dernières sont les incisives des rongeurs, qui présentent encore cette sin- gulière anomalie de n'avoir d'émail qu'à leur face antérieure. Elles sont à racines simples ou multiples; et ce sont celles des rongeurs seuls qui, par leurs racines, ont le caractère des défenses , c'est-à-dire qu'elles ne se terminent point en racines proprement dites. Les dents tuberculeuses sont celles qui présentent les formes les plus variées, et toutes sont des mâchelières. Nous considé- rons comme simples, celles des quadrumanes, les arrière- molaires de quelques carnassiers, les mâchelières des écu- reuils, des marmottes, des rats, celles du babiroussa , etc. Les vraies tuberculeuses seront celles des insectivores, ctc. Les composées , celles d'un très- grand nombre de ron- geurs , tels que les castors, les pacas, les agoutis, les lièvres, %2 ODO Les tuberculeuses simples se forment toujours d'ivoire et d'émail, et toutes sont à plusieurs racines. Il en est de même pour les tuberculeuses proprement dites. Parmi les tuberculeuses composées il n'en est peut-être point qui, outre l'ivoire et l'émail, n'aient encore le corti- cal, et parmi e les on en trouve à plusieurs racines, comme celles des castors , des éléphans , des chevaux , des rumi- nans; et sans racines, comme celles des lièvres et des apé- réas, deslagomys, des kérodons, etc. L'usage que font les animaux de ces dents de formes diverses, est très- varié. Four les uns elles sont des armes puissantes , à l'aide desquelles ils attaquent leur proie ou l'ennemi qui les menace, ou bien se défendent quand ils sont attaqués. Pour d'autres elles semblent plus parti- culièrement destinées à retenir la proie qu'ils ont saisie. Celles-ci sont employées à diviser comme des tenailles, celles- là a couper comme des ciseaux. Plus loin c'en sont qui mou- dent comme les meules d'un moulin, qui triturent comme des pilons dentelés contre des mortiers dentelés eux-mêmes , ou qui broient par un choc simple, une simple pression; et toutes ces formes et ces actions diverses ont pour fin les subs- tances très-variées qui peuvent servir à la nourriture des animaux ; nourriture qui est déterminée par la nature même de ces animaux, qui établit leurs rapports avec les autres êtres et l'influence principale qu'ils sont destinés à exercer sur la terre. Aussi rencontre- 1- on ces différentes espèces de dents combinées entre elles de plusieurs manières. Des dents coniques, des dents tranchantes et des dents tu- berculeuses se trouvent réunies chez plusieurs carnassiers. Chez le plus grand nombre des ruminans nous ne voyons que des dents tranchantes et des tuberculeuses. Les éléphans et les hippopotames n'ont que des dents tuberculeuses et des défenses coniques. Les dents coniques sont les seules que nous observions chez les édentés, les cachalots, les croco- diles, etc., et il n'y a que des dents tranchantes et des dents coniques chez le phoque commun , etc. Nous ne fini- rions pas, si nous voulions énumérer toutes les combinaisons des diverses formes de dents; ce que nous venons de dire, où il n'a été question de ces formes, et même incomplète-» ODO 395 ment, que dans le point de vue général sous lequel nous avons été forcé de nous restreindre à les envisager, sutlira pour faire sentir tout ce que nous pourrions ajouter si nous entrions dans des détails; et de là sort une des considérations les plus importantes pour la zoologie , l'emploi des dents , comme un des signes les plus certains de la nature des ani- maux et des rapports qu'ils ont entre eux; signes qui sont un des fondemens de la science, puisqu'ils le sont de sa mé- thode; ou, autrement, de l'ordre des faits et de leurs liaisons, conditions indispensables à l'existence de toute science. En effet, un des premiers besoins des animaux, une des conditions les plus indispensables de leur existence, c'est de réparer par la nourriture les pertes qu'ils ont éprouvées par l'elfet même de l'emploi de leurs organes, de l'exercice de leur vie; et cette nourriture doit nécessairement être appro- priée à leur nature spécifique : car tous les animaux se res- sembleraient, si tous se nourrissoient absolument des mêmes substances; les mêmes substances ne pouvant réparer que les mêmes pertes. Or, nous savons que les animaux ne se res- semblent point, et qu'ils se nourrissent de substances diffé- rentes. Il a donc été nécessaire que chaque espèce fût pourvue de systèmes d'organes propres à agir sur les substances qui sont susceptibles de la nourrir, pour tirer de ces substances ce qu'elles sont destinées à lui fournir, et le premier de ces sys- tèmes est celui qui comprend le canal intestinal ou digestif. Cependant ce canal , si propre à agir puissamment sur les ma- tières alimentaires, a besoin que ces matières lui soient trans- mises , et sous une forme telle que leur action puisse avoir toute son efficacité. C'est en effet à. cette fin que tous les animaux dont nous avons été conduits à parler dans ces recherches, ont encore été pourvus, à l'entrée de leur canal intestinal , d'un appareil particulier d'organes , dont les dents constituent la partie essentielle; de sorte que les dents sont en réalité des intermédiaires entre les substances alimentaires et les or- ganes alimentateurs, et que ces derniers se trouvent seuls placés entre les dents et la nature spécifique des êtres; c'est- à-dire que, de toutes les parties extérieures du corps, les dents sont celles qui ont les rapports les plus directs avec l'essence de l'espèce qui les présente. ^94 ODO Ces raisonnemens seuls auroient pu, sans doute, conduire à employer comme signes naturels des différences de lorga- nisation, les différences que les dents présentent, lorsqu'on les compare l'une à l'autre- ce n'est cependant qu'empiri- quement que j'ai été amené à reconnoître l'importance de ce caractère chez les mammifères ; le raisonnement n'a fait que fortifier ce qu'avoit établi l'observation. Au reste , peu importe par quelle voie la vérité se découvre ; ce qui est essentiel, c'est que l'observation en fasse toujours la base, mais cette observation fidèle, consciencieuse, qu'aucune préoccupation d'esprit n'altère; la seule qui soit utile et que le temps consacre. Telle est, autant que j'ai pu m'en assurer, la substance des connaissan(esanatomiques,physiologiquesetzoologiques qu'on possède aujourd'hui sur les dents. Beaucoup étoient acquises depuis long-temps ; nous en devons d'autres à des recherches pins nouvelles, et j'ai dû m'efforcer de les augmenter, afin de remplir au moins quelques-uns des vides nombreux qui empêchent de les réunir dans un corps de doctrine, en les liant expérimentalement et logiquement l'une à l'autre; et comme la forme de l'exposition que je viens de présenter, ne me permettoit pas de citer, dans le texte, les auteurs ■qui se sont fructueusement occupés lies travaux sur Fana- toraie et la physioloîjie des dents, je vais donner ici les titres des ouvrages spéciaux sur cette matière que j'ai pu consulter. HuNTER : JVatural historj- cf the teeth ^ in-4.^ London , 177 i- Lewis : Essay on the formation of the teeth ^ in-S." London, 1773. Broussonnet: Considéralions sur les dents en général; Académie des sciences , i 787. Tenon : Mémoire sur une méthode particulière d'étudier Tanato- mie; Académie des sciences , an 6. Blare : An essay on the structure and formation of the teeth , etc, Dublin , 1802. FoxE : The natural hi&tory of the human teeth; in-S." London, i8o3. Delaearre : Dissertation sur Tliistoire des dents; in-4° Paris, ï8o6. ODO 395 CuvjER : Surles mâchelièresdes élephans, ctc.^ Annales au Muséum (ri)istoirc naturelle, tome VIII, i8n6. .Serres : Essai STir ranatomie et îa physiologie des dents, etc.; in-S." ; Paris, 1817. Blaikville, Dents; Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle, Paris, 1817. Rousseau : Dissertation sur la première et la seconde dentition; in-4-° Paris, 1820. QunET: Expériences sur l'aceroissement continué et la reproduc- tion des dents chez les lapins; in-8.°; Pnris, iSsS. Geoffroy Saint-Hilai re • Système dentaire chez les mammifères çt les oiseaux, etc. ;in-8.°; Paris, iSa^- Desmoulins : Dents j Dictionnaire classique d'histoire naturelle, Paris, 182/j. (F. C.) ODONTOLOMA. (Bot.) Persoon propose de former sous ce nom , dans le genre Peziza , une division particulière de cinq espèces remarquables par leurs cupules, dont le bord est denté; ces espèces sont : les Peziza Chailletii, Cfathus, Coro- nilln. radiala et suhulata. Voyez Peziza. (Lem.) ODONTOLOMA. {Bot.) Genre de la famille des plantes corj^mbifèrcs , établi par M. Kunth sur un petit arbre de l'A- mérique méridionale. Sa fleur est composée d'un seul fleuron hermaphrodite, dont les anthères , débordant la corolle, sonî surmontées d'un appendice. La graine est couronnée d'un godet membraneux, frangé sur ses bords et caduc. Le récep- tacle ou clinanthe est nv. Le périanthe ou pérîcline , con- tenant le fleuron unique, est cylindrique, composé de quel- qi^es écailles imbriquées , dont les extérieures sont plus petites. Les feuilles sont alternes; les fleurs sont rassemblées en petits paquets , disposées en corymbcs. Ce genre a quelques rapports avec le turpinia, dont il diffère par son aigrette. Il est dans la section des genres à réceptaclç nu, à graines aigreltées , et h fleurs flosculeuses. (J.) ODONTOMAQUE, Odontomachus. (Enlom.) M. Latreille a fondé sous ce nom un genre d'insectes hyménoptères com- prenant quelques /ormjca de Linné et de Fabricius. (Desm. ) ODOXTOMYE, Odontomyc. {Enlom,) M, Latreille a désigné sous ce nom de genre quelques espèces de diptères, décrites sous le nom de sfratiomys ou de Hiouclies armées. (C, D. ) 396 ODO ODONTOPÈTRES. (Foss.) Ce nom a quelquefois été donné aux dents de requin pétrifiées, qu'on appelle plus impropre- prement GtossopÉTREs. (Desm.) ODOMOPHORUS. [Orniih.) Nom latin, donné par M. Vieillot à son genre Tocro , caractérisé par un bec glabre à sa hase, robuste, très- comprimé sur les côtés, bidenté à chaque bord et vers le bout de sa partie inférieure; enfin, par une queue courte, inclinée, et l'abst-nce d'éperons. (Ch.D.) ODONTOPTERA.(jBoL) Gnertner a décrit et figuré (tom. 2, pag. 409, tab. 172) le fruit et l'aigrette d'une plante qu'il noniuie Arctotis sulphurea , et qui doit certainement former un genre distinct. Ce nouveau genre , que nous proposons de nommer Odontnptera , doit être placé , dans notre tableau des Arctotidées-I'rototypes , entre VArctotheca et V Arctotis. Son caractère est d'avoir: 1.° le fruit obpyramidal , subtétra- gone , garni de poils laineux , bordé extérieurement de deux ailes longitudinales, coriaces - cartilagineuses , denticulées , recourbées sur la face extérieure, qu'elles couvrent incomplè- tement; 2° l'aigrette composée de huit squamellules paléi- formes, dont quatre plus grandes, ovales- acuminées, dres- sées, alternant avec les quatre autres, qui sont caduques. Il est évident que les deux ailes dentées du fruit de ÏOdontop- tera représentent les deux loges stériles des vrais .-4rcfo//s , qui sont ici réduites à deux lames, et qui, dans V Arctotheca ^ sont encore plus altérées , étant réduites à l'état de simples filets cylindriques ou de nervures saillantes. Si, comme on doit le croire, Gœrtner a bien exactement décrit et figuré son Arctotis undulata , il faudroit peut-être encore faire de cette plante un genre particulier , qu'on pourroit nommer Stegonotus , qui s'interposeroit entre VOdon- loptcra et VArctotis , et qui nous paroitroit se distinguer suf- fisamment des vrais^rc^of/i par les caractères suivans: squames extérieures du péricline entièrement appendiciformes , éta- lées, linéaires- subulées, foliacées, formant une sorte d'invo- lucre ; clinanthe alvéolé, à cloisons tronquées portant des fimbrilles piliformes ; la face extérieure du fruit pourvue de trois saillies longitudinales, laminées, entières, l'une mé- diaireseptiforme, les deux autres latérales valviformes, toutes les trois immédiatement rapprochées par leurs bords exté- ODO 397 rieurs convergens, de manière à former par leur réunion deux loges vides; aigrette de huit squamellules égales, pa- léiformes , ovales, denticulées sur les bords. Remarquez qu'il n'y a point d'analogie réelle entre les deux loges vides du Stegonotus, formées par la convergence complète des trois saillies, et les deux loges stériles de VArctotis , qui sont re- présentées par les deux saillies latérales du Stegonotus. M. Gaudichaud a rapporté de la Nouvelle- Hollande une Synanthérée qu'il a bien voulu nous permettre d'observer , et qui nous a paru appartenir à la tribu des Arctotidées , quoique toutes les autres plantes connues jusqu'à présent dans ce groupe naturel habitent la région du cap de Bonne- Espérance. Cette Arctotidée doit constituer indubitablement un nouveau genre, qu'on pourroit nommer Oymhonotus , et qu'il faut placer dans notre tableau entre ÏArcfotheca, auquel il ressemble par ses fruits glabres, privés d'aigrette, et VO- dontoptera , auquel il ressemble par la structure de ces fruits. La plante de M. Gaudichaud a les feuilles radicales , pé- tiolées , ovales-lancéolées, tomenteusps et blanches en des- sous, les hampes monocalathides, les corolles jaunes; la ca- lathide est radiée, composée d'un disque multiflore, rpgu'a- riflore, androgyniflore , et d'une couronne unisériée . liguli- flore, féminiflore; le péricline et le clinanthe sont à peu près comme dans VArctotheca; les fruits sont glabres, subglo- buleux, irréguliers, absolument privés d'aigrette, analogues du reste à ceux de VO dont opter a, c'est-à-dire, pourvus de deux ailes latérales, épaisses, dures, coriaces-cornées, denti- culées sur les bords , recourbées sui la face extérieure du fruit. L'afBnité des Arctotidées- Prototypes et des Calendulées se trouve bien confirmée par la structure des fruits des Oion- toptera et Oymbonotus , très-analogues sous beaucoup de rap- ports, aux fruits cymbiformes du ! alendula ojjicinaiis , s'ils étoient retournés sens devant derrière. La section des Arctotidées- PiOtotypes se trouve mainte- nant composée de huit genres disposés ainsi : Heterolepis, Crjptostemma, Arctoth.eca , Cjmbanotus, Odontoplera, Siegono- tus , Arctotis , Dama'ris. Le genre Apuleja de Gasrtner nous semblo pouvoir être Sgs ODO rétabli, en prenant pour type la première espèce, Apuleja rigida, qui a les fruits glabres, et en excluant les deux autres espèces, à fruits velus. Ce genre, ainsi restreint , se distingue- roit du vrai Berkheya : i.° par son péricline régulier, formé de squames nombreuses, plurisériées , imbriquées, longues j eutregretifées, surmontées de très -grands appendices libres, étalés, ovales <- lancéolés ; a." par les cloisons des alvéoles du clinanthe, prolongées supérieurement en fimbrilles libres, se-* tiformes; 3." par les fruits obpyramidaux , tétragones, glabres, portant une aigrette de squamellules bisériécs, égales, li- néaires , obtuses, très- entières; 4." par les fleurs de la cou- ronne pourvues d'un faux-ovaire et privées de fausses-éta- mines. Ce genre Apuleja seroit placé, dans notre tableau des Arctotidées-Gortériées , entre le Cullumia, dont il se rap- proche par ses fruits glabres, et le vrai Berkheja, auquel il ressemble par presque tous ses autres caractères. (H. Cass. ) ODONTOlTERiS. {Bol.) Genre de la famille des fougères, établi par Bernhardi sur Vophioglossum scandens, Linn., et qui n'est autre que le Ramondia , Mii"b. , et THydroglossum , W'illd. Voyez ce dernier mot, (Lem.) ODONTOHAMFHES. {OrnUk.) Ce nom, et celui de den- tirostres, ont été donnés par M. Duméril, dans sa Zoologie analytique, à une famille d'oiseaux de l'ordre des passe- reaux, qui ont un bec fort, dont les mandibules présentent quelques dentitures très -prononcées sur leurs bords; tels que les calaos, les momots, les ph3'totomes, etc. (Desm.) ODONTOKHYNCHjî:. {OmUk,) Mœhring a donné cette dénomination aux oiseaux de sa méthode, qui ont les tarses nus et les mandibules dentelées. (Ch. D.) ODOJNTOSTEMON. (Bot.) Nom donné par M. De Candolle à sa quatrième section du genre Aljssum , renfermant les es- pèces dont les fleurs sont blanches et les iilels des quatre grandes étamines munis d'une dent. 11 n'y rapporte que Fa/^s- sum hyperboreum de Linnasus. (J. ) ODORAT. {AnaL et Phjs.) Voyez Sens. (F.) ODOR ATA. {Bot.) Nom donné par Rivin au scandix odorata , Linn. (L. D.) ODORBRION. {Ornith.) Dans Gesner ce nom est donné au rossignol, motacilla luscinia. (Ch. D.) (3ED 399 ODOSTEMON. (Bot,) Ce genre nouveau de M. Rafinesque est rt'uni par M. De Candoîle à celui qu'il a rapporté sous le nom de mahonia à la famille des berbéridées, et dans lequel se trouve le berberis pinnata de M. Lagasca. (J. ) ODROTOPIS. (Conchyl.) Genre proposé par M. Rafinesque, Journ. de phys. , t. 88 , p. 4^5 , pour les espèces d'hélices qui ont une dent lamelleuse ou carénée sur le spire à l'orifice de l'ouverture; les lèvres ordinairement réfléchies; l'inté- rieur dilatée et couvrant Tombilic. Ce sont probablement des carocolles. (De B.) ODYNÈRE, Odjnerus. (Entom.) Ce nom a été employé par M. Latreille comme propre à indiquer un genre d'insectes hyménoptères de notre famille des ptérodiples, qui comprend quelques espèces de guêpes qui vivent solitaires; telle est la guêpe des murailles, dont Réaumur a décrit les mœurs. Elle dépose dans les trousqu elle pratique , un certain nombre de chenilles, qu'elle a piquées pour les mettre dans l'impos- sibilité de se mouvoir et de résister à la larve apode qui doit en faire sa nourriture avant de se métamorphoser en guêpe. (C. D.) ŒCODOME, Œcodoma. (Entom.) M. Latreille a substitué ce nom à celui de atta , que Fabricius avoit adopté pour désigner un genre d'insectes hyménoptères de la fiimille des myrméges, remarquable par la forme de leur tête, très-grosse et bilobée en arrière, qui supporte de fortes mandibules dentelées et courbées. Ce sont des insectes des pays chauds. Voyez les articles Atte, Fourmi ( tom. XVII, pag. 5i2), Myrméges. La princicipale espèce est la fourmi dq visîte de Degéer , Formica cephalotes. Le mot oiJtohfXot; signifie architecte, constructeur de maison. (C. D. ) ŒCOPHORE , Œcophora. (Entom.) Nom employé par M, Latrezlie pour désigner un genre d'insectes lépidoptères de la famille des séticornes ou à antennes en soie , et de la division des teignes; telle est en particulier celle des grains, tinea granella. Voyez Teigne. (C, D.) OEDANI. (Bot.) Nom du quisquatis glabra dans Vile de Java^ suivant Burmann. (J.) OEDEL. (Ornith.) L'oiseau que les habitans des îles Ferroé nomment ainsi , et qui est le querquedulaferroensis de Bris^on, 4oo OED a, (Tepuis, été reconnu pour un jeune de l'espèce du canard à longue queue de Terre- Neuve , anas glacialis , Linn. , figuré, sous le nom de canard de Miquelon , dans la 1008.* planche enluminée de Buffon. (Ch. D.) ŒDÉMAGÈNES. {Entom.) Ce nom, qui signifie produisant ou engendrant des tumeurs, a été donné aux larves de cer- tains diptères de la famille des astomes ou des Oestres. Voyez ce mot. (C. D.) ŒDÉMÈRE, Œdemera. [Entom.) Olivier a désigné par ce nom, tiré du grec o/J^ss; et de juLipoç , qui signifie qui a les cuisses enflées , un genre d'insectes coléoptères hétéromérés , de la famille des angustipennes ou sténoptères. Ce genre se distingue de ceux des Nécydales, des Rhipi- phores, des Mordelles et des Anaspes, qui sont remarqi iles par la jonction du bord interne de leurs élytres ; tandis que la suture des élytres n'est pas rapprochée ni dans les Œdé- mères ni dans les Sitarides. Les antennes des œdémères ont en longueur près de la moitié de celle du corps , et leur corselet est comme étranglé au milieu. Tous ces caractères distinguent parfaitement les Œdémères des autres genres ci- dessus relatés. Nous avons fait figurer une espèce de ce genre sous le n." 2 de la planche 1 1 de l'atlas dé ce Dic- tionnaire. On ne connoît pas les mœurs des insectes de ce genre; on sait seulement que les mâles seuls ont les cuisses renflées. On trouve ces insectes sur les fleurs dans l'état parfait. Les deux espèces les plus communes aux environs de Paris sont, 1.° L'ŒnÉMÈRE poDAGRAiRE, Œd.podagraria. C'est celle que nous avons fait figurer sur la planche indiquée plus haut. Car. Noire, à élytres fauves; les cuisses, les jambes des quatre pattes antérieures et la base des cuisses postérieures d'un jaune pâle. 2.° L'Œdémère bleue, Œi. cœrulea. Car. Bleue; élytres à trois côtes longitudinales, à antennes noires. ( C. D.) ŒDERA. [Bot.) Crantz a donné ce nom et celui de stœr- clcia au genre Dracuena de Linnaeus, qui avoit nommé Œdera, un genre tout différent. Voyez Œdère. (Lem.) ŒDÈREj Œdera. [Bot.) Ce genre de plantes appartient OED 401 à l'ordre des Syhanthérées , à notre tribu naturelle des Inu- iées , et à la section des Inulées- Gnaphaliées , dans laquelle nous l'avons placé entre les deux genres Disparago et Eljtro^ pappus (voyez notre tableau des Inulées, tom. XXIII, p. 563). Nous attribuons îiVŒdera, d'après nos propres observations ^ jes caractères génériques suivans. Calathide cylindracée , complètement couronnée , semi-ra- dièe: disque décem-duodécimflore, régulariflore , androgy- niflore; couronne entière, unisériée , octo-décemflore, ligu- liflore, féaiiniflore, radiante sur le côté extérieur, non ra- diante sur le côté intérieur. Péricline subcylindracé , infé- rieur aux fleurs du disque; formé de Squames paucisériées j irrégulièrement imbriquées, appliquées j oblongues-lancéo- lées ou largement linéaires, coriaces -scarieuses* Clinanthe petit, plan ou conique, garni de squamelles un peu infé- rieures aux fleurs^ linéaires - lancéolées , membraneuses ou scarieuses. Ovaires oblongs, cylindracés ou anguleux , glabres; aigrette tantôt stéphanoïde , courte, membraneuse, denticu- lée, tantôt composée de squamellules unisériées, courtes, pa- léiformes, laminées , membraneuses. Corolles du disque à tube hispidule , à limbe quinquélobé, à lobes épaissis, papillulés; Corolles de la couronne à languette très -longue, largement linéaire, entière, sur le côté extérieur de la calathide; très- courte, irrégulière, comme tronquée, semi -avortée, sur le côté intérieur. Etamines à lilet greffé à la partie inférieure seulement du tube de la corolle; article anthérifère long et grêle ; anthère pourvue d'un appendice apicilaire tronqué au sommet, mais privée d'appendices basilaires. Styles d'Inu- lée-Gnaphaliée. = Calathides rassemblées en capitules termi- naux , solitaires, involucrés; chaque capitule, imitant une calathide radiée , est composé de sept à dix calathides bien distinctes, mais immédiatement rapprochées, presque ses- siles ou très-courtement pédicellées; les calathides intérieures ordinairement subdiscoïdes, les extérieures radiées sur le côté extérieur, discoïdes sur le côté intérieur; involucre péricli- niforme, composé de bractées foliiformes, imbriquées; ca- lathiphore clinanthiforme , déprimé, plan, tantôt nu , tan- tôt hérissé de longs poils timbrilliformes. Ces caractères génériques ont été obsrveés par nous sur up. S5* a6 402 OED individu vivant, cultivé au Jardin du Roi, et sur un échan- tillon sec de l'herbier de M. Desfonlaines , rapportés Tun et l'autre kl'Œdera proliféra, Linii. Mais les difl'érences que nous avons remarquées entre ces deux plantes, nous per- suadent qu'elles apparfiennent à deux espèces confondues par les botanistes, et que nous essajerons de distinguer comme il suit. 1." Œdera ohtusifolia. L'échantillon de l'herbier de M. Des- fontaines nous a offert des rameaux ligneux, couverts de feuilles rapprochées, comme imbriquées, sessiles , demi-em- hrassantes, courtes, ovales-oblongues , obtuses, subcoriaces, tminervées; les capitules sont grands, solitaires, terminaux, composés chacun d'environ dix calathides semi- radiées, ex- cepté celle du centre , qui est entièrement subdiscoïde , toutes les fleurs femelles de sa couronne ayant leur languette écourtée ; chaque capitule est entouré d'un involucre supé- rieur aux fleurs du disque , presque égal aux fleurs ra- diantes, formé de bractées squamiformes , imbriquées, lan- céolées, subfoliacées, uninervées, ciliées, spinescentes au sommet; le calathiphore est hérissé de longs poils fîmbrilli- formes; chaque calathide offre un disque de dix à douze fleurs, et une couronne d'environ huit fleurs, dont quatre extérieures radiantes, et quatre intérieures non radiantes; le péricline est formé de squames largement linéaires, co- riaces inférieurement , scarieuses supérieurement ; le cli- nanthe est plan , et garni de squamelles linéaires, scarieuses; les ovaires .sont lonj^ , grêles, anguleux, surmontés d'une pe- tite aigretîe de squamellules unisériées, paléiformes , lami- nées, membraneuses; les corolles du disque et de la couronne sont jaunes. 2." Œdera lanceolaLa. L'individu vivant du Jardin du Roi nous a offert des capitules composés chacun d'environ sept calathides senii-radiées , placées sur un calathiphore absolu- ment nu; chaque calathide a le disque composé de dix à douze fleurs, et la couronne composée d'environ dix fleurs, dont les extérieures sont radiantes, et les intérieures non ra- diantes; le péricline est formé de squames oblougues-lancéo- lées , coriaces, scarieuses sur les bords et au som:net; le cli- Tiauihe est conique , et garni de squamelles un peu inférieures CED 40^ aux fleurs, linéaires-lancéolées, presque membraneuses: les ovaires sont ohlongs, cylind racés, glabres, portuTit une ai- grette courte, stéphanoïde , membraneuse, denticulée. Linné avoit d'abord attribué VŒdera proliféra au genre Buphthalmum. Il reconnut ensuite que ce prétendu Buphtlial- mum devoit constituer un genre , qu'il nomma Œdera. Nous lisons, dans sa description générique, que le réceptacle com- mun est paléacé , c'est-à-dire que le calathiphore est garni de bractées squamelliformes. Ce caractère est sans doute inexact, puisque nous avons trouvé le calathiphore nu dans VŒdera lanceolata , et que dans l'autre espèce il étoit seu- lement hérissé de longs poils fimbrilliformes. Linné dit aussi que l'aigrette est composée de paillettes nombreuses, courtes, aiguës; ce qui prouveroit que la plante observée par lui se rapporte à notre Œdera oblusifotia. La description et la figure faites par Gaertner paroissent nussi se rapporter à VŒdera ohtusifolia ; car Ce botaniste dit que les fruits sont comprimés, striés, et qu'ils portent une aigrette courte, composée de plusieurs paillettes ou folioles linéaires- acuminées. Cependant, sur quelques autres points, ses observations ne s'accordent pas exactement avec les nôtres. En effet, selon Gasrtner, le réceptacle commun, c'est-à-dire le calathiphore , seroit pourvu de paillettes linéaires, éparses . le péricline de chaque caiathide seroit formé de squames disposées sur un seul rang, élargies de bas en haut, acilmi- nées au sommet; la couronne des calathides extérieures se- roit dimidiée , unilatérale, composée de deux ou trois fleurs ligulées, radiantes ; les calathides intérieures seroient incou- ronnées et composées seulement de fleurs toutes hermaphro- dites. luŒdera aliéna de Linné fils et de Jacquin est V Arnica inw loides de Vahl : cette plante , qui ne peut appartenir ni au genre Œdera, ni au genre Arnica, puisqu'elle se rapporte à la tribu naturelle des Arctotidées , est devenue le type de notre genre Heterolepis , décrit dans ce Dictionnaire (tom. XXI, pag. 120). VŒdera alienala de Thunberg , confondue avec celle dont nous venons de parler, est une plante fort différente, mais appartenant aussi à la tribu des Arctotidées, et dont nous avons fait notre genre Hirpicium. décrit dans le 404 OÊD même volume (pag. 208). Nous ne connaissons point VŒderA hirta de Thunberg ; et comme les observations de ce bota- niste méritent peu de confiance, nous pouvons dire que^ jusqu'à présent , le vrai genre Œdera n'admet avec certitude que les deux plantes signalées dans cet article , comme es- pèces distinctes, sous les noms d'obtusifolia et de lanceolata , mais qui ne sont peut-être que deux variétés de V Œdera pro- liféra. Les anthères de VŒdera sont privées d'appendices basi- laires, ce qui fait anomalie dans la section des Inulées-Gna- phaliées. Ce genre est voisin des Seriphium , Stœhe, etc.; mais il a aussi quelque afiinité avec le Buphthalwum , et même avec les Anlhémidées. (H. Cass.) ŒDICNÈME. [Ornitli.) Ce nom, qui signifie jambe enflée^ a été donné par Belon, INat. des ois., p. 209, à un oiseau vulgairement connu sous celui de grand pluvier ou courlis de terre, lequel étoit généralement classé parmi les pluviers, charadrius, Linn., Hlig. , et dont Latham a fait une petite outarde, otis. Les naturalistes modernes, ayant observé des caractères particuliers dans l'organisation et les mœurs de cet oiseau, ont adopté la dénomination de Belon, et ont établi le genre Œdicnemus, qui se distingue par le gonflement qu'of- frent les jambes au-dessous du genou, surtout lorsqu'il est jeune, et par le bout du bec renflé en dessus comme en dessous, comprimé à l'extrémité et un peu déprimé à la base. Les fosses nasales, percées de part en part, ne s'étendent que sur la moitié de sa longueur; le bas des jambes est dénué de plumes, ainsi que les tarses; les trois doigts de devant sont réunis par une membrane jusqu'à la deuxième articulation, et le pouce manque, comme aux pluviers. On n'a, pendant long-temps, connu qu'une seule espèce de ce genre, laquelle a été associée, d'après des rapports assez frappans, aux outardes et aux pluviers, entre lesquels elle forme une sorte de passage ; mais elle n'a été appelée courlis de terre qu'a cause de la similitude de son cri lurrlin, turrlin, avec celui de ces oiseaux. Cette espèce est I'Œdicnème d'Europe, V Œdicnemus europceus^ Vieill. , ou l'GiPicNEME criard, Œdicnemus crepitans, de M. Temminck, Man. d'oi'nith. , 2." édit-, p. 52 1. Elle est figurée dans les planches enluminées de OED 4o5 Buffbn , n." 919, et dans le i3.* fascicule de rOrnithologie allemande de Borkhausen. Sa longueur est d'environ seize pouces. La base du bec est d'un jaune clair; le reste est noir. La tête est grosse et couverte , ainsi que les parties supé- rieures du corps , de plumes d'un roux cendré , avec une tache longitudinale noirâtre au centre; le plumage des par- ties inférieures est semblable, mais les teintes en sont plus paies; l'espace entre le bec et l'œil, la gorge , le ventre et les cuisses, sont blancs; les pennes alaires, sur lesquelles on re* marque une bande blanche, sont noires; les pennes caudales extérieures sont rayées transversalement de blanc et de noir, et les intermédiaires le sont de noirâtre; les plumes anales sont rousses; les yeux sont grands, et l'iris est jaune, ainsi que les pieds, qui sont réticulés. Le haut du tarse, qui a, en général, une forme dilatée chez les oiseaux à longues jambes pendant leur première an- née, présente cette particularité d'une manière bien plus remarquable chez les jeunes de cette espèce, dont les cou- leurs ne sont point, d'ailleurs, aussi prononcées que chez les vieux. Ces oiseaux, plus gros que les bécasses, habitent de préférence les terres incultes, sablonneuses, où ils vivent de reptiles, de li- maçons , de sauterelles, de courtilières , de divers autres in- sectes, et même, selon M. Temminck, de petits mammifères. On en trouve en assez grand nombre dans les différentes parties de l'ancien continent, et en France dans lesdéparteuiens formés de la Picardie, de l'Orléanais, de la Beauce, de la Cham- pagne, etc., où ils arrivent avant le printemps et d'où ils partent au mois de Novembre dans les premières pluies d'automne. Solitaires et tranquilles pendant le jour, mais très - timides , ils ne partent que lorsqu'on les fait lever; ils volent alors en rasant la terre, ou s'enfuient d'une course rapide, après quoi ils se blottissent contre terre et restent immobiles. Au coucher du soleil ils se mettent en marche , et ils ne font que crier pendant la plus grande partie de la nuit. Dans la saison des amours ils ne pratiquent pas de nids, et la femelle se borne à déposer dans un creux, sur le sable ou entre des pierres, deux ou trois œufs fort longs, de couleur cendrée et tachetés de brun verdàtre. Le mâle , qui ne la quitte point pendant une incubation denviron trente jours, l'aide à conduire les petits, qui marcJient peu de temps après leur naissance, mais dont, cependant, l'éducation neparoît pas être hâtive; car ils conservent long-temps leur duvet gris et n'acquièrent que fort tard la faculté de voler. Ces petitspassentpour un boa gibier. Le chevalier des Mazy, qui a observé les œdictièmes à JNIalte, a mandé à Buffon qu'ils y faisoient régulièrement deux pontes, l'une au printemps et l'autre au mois d'Août. Le départ de ces oiseaux s'effectue pendant la nuit; ils se réunissent alors en troupes de trois à quatre cents, et ils pa- roissent se mettre sous la conduite d'un seul. 11 existe au Muséum d'histoire naturelle de Paris trois autres espèces d'œdicnèmes ; savoir : 1.° L'CEdicnème du cap de Bonne-Espérance; Œdicnemus ma- culatus , Cuvier , lequel est vraisemblablement le même que l'adicnème tacJiard , tiguré pi. 292 des Oiseaux coloriés de M. Teuiminck. qui n'a pas joint de description a cette planche. Cette espèce, à peu près de la même taille que l'œdicnème d'Europe, en diffère peu par le plumage et la taille. Elle a du blanc derrière l'œil , aux joues, à la gorge, au pli de l'aile; on voit à la tête, au cou, à la poitrine, au dos, des taches noires longitudinales sur un fond légèrement ûiuve ; le ventre elles cuisses sont gr-sâtres et otirent quelques taches pareilles à celles ci-dçssus; les pennes alaires sont noires, avec du blanc au centre, et les plumes anales rousses; les pennes caudales sont, en dessous, rayées alternativement de noir et de cou- leur plombée; les jambes et les tarses, dont la teinte peut varier sur l'oiseau desséché , sont jaunâtres sur la planche. u.° L'Œdxcnème a longs pieds; Œdicnemus longipes, Geoff. Saiut-Hilaire. Cette espèce, de la Nouvelle-Hollande , est la plus grande ce toutes; elle a dix-neuf à vingt pouces de lon- gueur. Son bec est noir, et les pieds sont brunâtres chez l'oi- seau mort; le front, les sourcils, la gorge, la poitrine et le ventre sont blancs et rayés longituniaaiement de noir ; le haut de la tête et le dessus du cou sont d'un gris cendré clair, avi'c ^'e petites raies brunâtres; les grandes pennes alaires sont noires , et la queue , qui est ét.'gée , a les pennes latérales noires et blanches, et les intermédiaires d'un gris clair, avec des bandes transversales et irrégulières d'un gris sombre. ŒD 407 5." L'CFdicnème a cnos bfx ; Qidicncmus magnirostris , Geoff. Saint-HiJaire. Cette espèce, d'environ dix-sept pieds de lon- gueur, a, comme la précédente, le bec noir, mais plus com- primé , plus long et plus gros que celui des autres. Les cfttés de la tête présentent trois raies, dont une blanche et deux noires; une tache noirâtre sVtend en longueur sur les côtés du menton; la gorge, la poitrine et le ventre sont blancs sur l'un des individus qui existent au Muséum , et la poitrine est grise, ainsi que le ventre, sur l'autre; les rémiges sont noires et les grandes couvertures des ailes d'un gris blanchâtre; les petites couvertures sont bordées de blanc; les pennes cau- dales sont grises et non rayées en dessous. Cette esj;èce a été apportée de la Nouvelle-Hollande, comme la précédente, par les naturalistes qui avoient accompagné le capitaine Baudin , et le second individu qu'on voit au Muséum de Paris, l'a été par MM. Quoy et Gaimard , du voyage du capitaine Freycinet. Il est aussi fait mention dans la deuxième édition du Ma- nuel d'ornithologie de M. Temminck, j). 620 , d'un œdicnème du Se;, égal . qu'il dit être un peu différent de celui d'Europe , même pour la longueur des pieds; et cet auteur cite , dans l'analyse de son Système d'ornithologie, Vadicnemus grallarius ; mais il ne se trouve pas d'espèces sous ces dénominations au Muséum de Paris. (Ch. D.) ŒDIPUS. {Mamm.) Nom latin donné par Linnœus au pinche. (F. C.) ŒDMANNIA. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, en- core peu connu, à fleurs papillonacées, de la fumille des lé- gumineuses, de la diadelpliie décandrie de Linna?us , offrant pour caractère essentiel, d'après Thunberg; un calice à deux lèvres; la supérieure bifide; l'inférieure sétacée; dix étamines diadelphcs. Œdmanmia LANCÉOLÉE; Œdmannia lancea , Thunb. , Prodr. , -122, et Act. Hobn., 1800, pag. 281 , tab. 4. Cette plante a des tiges simples , un peu herbacées , glabres, ascendantes, redressées , de couleur brune , longues d"un pied , garnies de feuilles alternes, glabres, lancéolées, longues d'un pouce et demi, très-entières à leurs bords : les pédoncules solitaires, axillaires , uniflores, beaucoup plus courts que les feuilles. Cette plante croit au cap de Bonne-Espérauce. (Poir.) 4oa OED ŒDOGONÏUM. (Bot.) Link , dans sa Classification dw nlgues , imprimée dans les Horœ physicœ berolinenses , propose de placer dans ce genre quelques çspèces de prolifères de Vaucher, examinées par M, Léon Leclerc (voyez Mém. mus., Par., 5, pag. 462); il croit ce genre assez caractérisé pa? les ïîlamens articulés, cloisonnés, dont les articulations se gonflent çà et là et deviennent des conceptacles reproduc- teurs. L'étude des plantes articulées de la famille des algues est encore tellement obscure, malgré les nombreux travaux modernes, qu'il est extrêmement hardi d'adopter sans un exa- men approfondi, la foule de genres nouveaux qu'on propose chaque jour , en bouleversant tout ce qui a été fait jusqu'à présent; le genre Œdogonium est dans ce cas. (Lem.) ŒIL, {Anat. et Phjs.) Organe de la vue ou de la Vision (voyez ce mot), situé au bas du front et à côté de la racine du nez : composé de membranes et d'humeurs qui ont chacunç un effet particulier sur les rayons lumineux ; logé dans une cavité osseuse nommée orbite- mu par des muscles, dont l'ac- tion est aussi variée que le mécanisme industrieusement disr posé ; uni à l'encéphale par un nerf^ qui forme, à sa partie postérieure, comrsie une espèce de pédicule, et qui est le nerf optique- tapissé en avant par une membrane muqueuse , qui est îa conjonctive; etc., etc. Une humeur sécrétée par une glande particulière baigne continuellement le giobe de l'fieil , c'est l'humeur des larmes; deux voiles ou rideaux mobiles le pro- tègent contre l'action des corps c:!vtérieurs , ce sont les pau- pières ; etc. , etc. Voyez aux mots Sens et Vision l'exposition détaillée des di- verses parties qui composent l'œil et celle du rôle que cha- cune de ces parties Joue dans la vision. (F.) QilL, Oculus. (Ornith.) Comme on traitera du mécanisme et des fonctions de cet organe au mot Oiseaux , on ne va s'oc- cuper ici que du globe de l'œil et des particularités qu'il présente sous les rapports de la situation, de la grosseur et de la couleur. Les yeux des oiseaux ne sont point placés en avant comme dans l'homme , mais sur les faces latérales de la ttte. Ils en occupent la partie antérieure et supérieure au- dessus de l'angle de l'ouverture du bec, chez les hérons, le savacou, les paradisiers, etc., et les parties supérieures et ŒI 40a postérieures chez les bécasses; mais ils sont situés sur la partie moyenne et latérale de la tête dans le plus grand nombre. Relativement à leur volume, on remarque que, très-gros chez les aigles, les hiboux, les engoulevens, les pluviers, et dune grandeur proportionnée à celle du corps chez les gal- linacés , ils s'écartent de cette proportion chez les canards , les cygnes, les oies, qui les ont fort petits. La couleur des yeux, c'est-à-dire de l'iris, offre des varia-i lions qui peuvent contribuer à la distinction des espèces. Ils sont bruns dans un grand nombre d'oiseaux; noirs chez la plu-^ part des passereaux : blancs chez le petit tétras, le maguari; blanchâtres dans le choucas; jaunes dans le goéland à manteau gris , le faisan doré , Tcperonnier ; d'un jaune brun dans le cra-. vant ; d'un jaune brillant chez les ducs, les hérons , lecariama, l'huîtrier, le canard garrot; orangés dans le coucou coua et d'autres espèces du même genre; de couleur noisette dans le coucou d'Europe , le casse-noix ; rouges dans le canard huppé de la Louisiane, le coq de Bantam, le jaseur; d'un rouge vif dans le coucou-houhou, le guêpier; d'un rouge de feu dans le courlis brun ; d'un rouge aurore dans les tour-> terellcs blanches, dans certaines variétés de pigeons; d'un rouge pcàle dans le loriot et plusieurs espèces de grèbes; bleus dans le geai ordinaire, etc. La peau ou les membranes dont les jeux sont entourés, offrent aussi des caractères particuliers, qui ne doivent pas être négligés dans les descriptions. Cette peau est nue et rouge chez les perdrix et chez plusieurs faisans; orangée et en forme de lunette dans le secrétaire, dans la macreuse à large bec , le canard marchand ; d'un beau roux dans lV.ie d'Egypte, l'oie armée; verdàtre dans le courlis brun; blei.'Vtre dans la frégate, le couricaca; noire dans lyacou. Les hérons et les bihoreaux ont les yeux garnis en dessous d'une peau nue, verdàtre; le crave , les pigeons polonais, messager, turc, les ont entourés d'un cercle rouge; chez le marail , ce cercle est roux, et dans le merle et le pluvier coiffé il est jaune. Enfin , l'on voit un grand nonibre de papilles émi- nentes, de couleur écarlate , chez le touraco, et les mêmes papilles sont charnues et sanguinolentes dans le vanneau combattant. (Ch. D.) 4^0 (jt:i ŒIL [Humeurs de l' ]. (C/n'm.) Voyez Homei us de l'œil, tom. XXII, pag. 40. (Ch.) ŒIL. (Bot.) Rudiment du bourgeon , synonyme de Bouton. Voyez ce mot. (Mass.) ŒIL. (Bot.) Ce mot, précédant d'autres noms, sert à dé- signer vulgairement plusieurs espèces de plantes très-diffé- rentes. Vail-de-bccuf de nos jardins est Vanthemis tinctorin, ou quelque espèce du genre Buphthalmum. La grande marguerite des prés, chrj'santhemum leucanthemum, est aussi nommée ^fi7- de-boijc. Le grand pois pouilleux, dolichos urens de Linnseus, mucuna des modernes, est l'œil-de -bourrique des Antilles, parce que sa graine, grosse et lenticulaire, a la forme d'un gros œil. VaiL-de-Christ est Vaster amellus; Voculus férus, cité par Pline, est le mouron à fleurs bleues; le cniquier, gui- landina bonduc , est nommé ail-de-chat à Saint-Domingue, suivant Nicolson. Le nom d''œgflops, donne par les anciens à iilusieurs graminées et conservé à un genre de cette famille, est synonyme d'oculus caprœ, œil de chèvre. (J. ) ŒIL-D'AMMON. (Conchjl.) Nom marchand d'une espèce d'hélice, hélix oculus capri de Muller. (DeB. ) ŒIL-BLANC. (Ornilh.) L'oiseau auquel les habilans du cap de Bonne-Espérance ont donné ce nom et celui d'a'il-de- verre, est la fauvette tchéric , sjdv'ia madasascariensis , Lath. (ChD.) ŒIL DE BŒUF. {Ichlhyol.) Nom vulgaire du spams gran- dociilus , poisson dont nous avons parlé à l'article Daurade. (H. C.) ŒIL-DE-BŒUF. [Min.) Les joaillers allemands donnent ce nom à une variété du felspath opalin dont les reflets sont rembrunis . et qui se trouve en Norwége et en Finlande. Voyez Felspath opalin. (Brard.) ŒIL- DE- BŒUF. (Bot.) Nom vulgaire de la camomille des teinturiers (antemis tincloria, Linn.), et du buphthalmum^ On le donne aussi quelquefois au chrysanthemum segetum. { Lem. ) Œ,IL-DE-BŒUF. {Ornith.) En divers endroits on appelle ainsi leroite!et, nwtacilla regulus , Linn. (Ch. D.) ŒIL -DE -BŒUF ou Œ:IL-DE-B0UC. {Conchyl.) Autre dénomination de VheJix oculus capri de Muller. (De B. ) OEI 4u ŒIL- DE-BOUC. (Bot.) Nom vulgaire de la pyréthre et de la reine marguerite des près, deux espèces du genre Cluy- santhemiim. (Lem. ) ŒIL-DE- BOUC. {Conchjl.) Les anciens naturalistes fran- çois désignent souvent sous ce nom les coquilles que , depuis Linné , les conchyliologistes ont appelées Patelles. Les mar- chands nomment encore quelquefois Œil- de-bouc radié, la patelle vulgaire, P. vulgata; Œil- de- rubis radié, la P. gra- nulée , P. granularis. Voyez Patelle. (De B.) ŒJL- DE-BOUC [Faux]. (Conchjl.) Nom marchand de. l'hélice Peson , H. algira. (De B.) ŒIL- DE-CHAT. {Min.) On donne ce nom à une variété de quarz hyalin qui, étant taillée en cabochon , présente des reflets soyeux et satinés qui rappellent les teintes de l'iris de Pœil des chats. Cette pierre est tantôt d'un jaune brunâtre, ou d'un blanc grisâtre; ses chatoiemens sont dus, selon toute apparence, à des lilamens d'asbcste droits, parallèles et d'une Hncsse ex- cessive; telle est au moins l'opinion de plusieurs minéralo- gistes, et en particulier de M. Cordier : d'autres savans sont d'avis qu'il faut faire une espèce distincte de cette subs- tance; qu'elle est chatoyante par elle-même, et non pas à l'aide d'une substance étrangère; enlin , ils basent particu- lièrement leur opinion sur ce que l'œil-de-chat se fond sans addition au chalumeau, avec difliculté, il est vrai, ce qui ne l'éloigné pas moins du quarz hyalin, qui est parfaitement infusible. Mais on répond à cette objection que c'est préci- sément le mélanine de l'asbeste qui cause ce commencement de fusion. M. de Bournon , enfin, frappé de'.raspect ligneux que présente souvent le quarz chatoyant, étoit presque d'avis qu'il devoit cette contexture à une substance ligueuse dont il auroit pris la place. L'œil-de-chat contient quatre-vingt- quinze pour cent de silice. L'œil-de-chat, qui porte aussi dans le commerce le nom vulgaire de chatoyante , se trouve à Ceylan , dans la pres- qu'île de l'Inde, à Sumatra, au Malabar, en Arabie et en Egypte. Le célèbre voyageur Levaiîlant fa rencontré aux environs du cap de Bonne-Espérance. Suivant M. de Bournon, Pœii- de-chat brun avec reflets bleuâtres, qui est le plus 412 OEi estimé, se trouverait, en effet, sur la côte de Malabar, tan- dis que celui que sa teinte verdàtre rapproche du jeu de couleur de la cymophane, se trouverait à Ceylan. Cette pierre ne se rencontre guère que sous un petit vo- lume. Il est rare d'en voir qui surpasse la grosseur d'une ave- line; elle se taille en cabochon, qui est la forme la plus favorable à ses reflets: quelques têtes de singes, gravées dans l'Inde en grand relief sur cette pierre, sont assez recherchées par les amateurs de ces sortes de curiosités. Voyez Quarz HVAUN CHATOYANT. ( BrARD. ) ŒIL-DE- CHAT. (Mm.) Les meuniers et les fabricans de meules de moulin faites avec le silex molaire , donnent ce nom à une qualité particulière de cette pierre. (Brard.) ŒIL -DE- CHAT. {Bot.) Nom du fruit du bonduc , aux Iles. (Lem.) ŒIL- DE- CHEVAL. (Bot.) L'année {imda helenium) est ainsi nommée dans quelques cantons. (Lem.) ŒIL -DE- CHÈVRE. (Bot.) C'est Yapjlops ovata , Linn. ( Lem.) ŒIL' DE- CHIEN. {Bot.) Nom vulgaire du psjllium, espèce de plantain; d'une conyse, conjsa squarrosa, et d'un gna- phale, gnaphalium dioicum , plus connu sous le nom de pied- de-chat. (Lem.) ŒIL- DE- CHRIST. {Bot.) On a ainsi nommé Vaster emel- tus et Vinula oeulus Christi. (Lem.) ŒIL -DE -CORNEILLE. {Bot.) Espèce d'agaric de la fa- mille des peaux douces de Paulet, et décrit par cet auteur (Traité des champ., 2 , pag. 196 , pi. 8g , fig. 4, 5). Ce cham- pignon paroît être le fungus n.° Sg de Vaillant {Bot. Paris.) : il est petit, tout noir, d'un pouce de hauteur sur une largeur égale. On le nomme dans les campagnes ceil ^ de ^ corneille , à cause de sa ressemblance avec l'œil noir de cet oiseau. Cet gaaric , qu'il est difficile de rapporter à un de ceux décrits par Pries ou par Persoon, croît aux environs de Paris et sur- fout de Nevers : il est fort dangereux et a causé des acci- dens fort graves. On l'emploie pour empoisonner les rats. ( Lem. ) ŒIL-DU-DIABLE. {Bot.) Nom vulgaire de l'adonide d'été ^ «îont la fleur est d'un rouge de feu. (L. D.) œi 4,5 CEIL-DE-DRAGON. (Bot.) C'est dans nos colonies orien- tales l'un des noms du fruit du litchi longanier. (Lem. ) ŒIL-DU -JOUR ou PAON-DE- JOUR. (Entom,) Nom vulgaire d'un papillon de jour, que Fabricius a placé dans le genre Vanesse. (Desm.) ŒIL -DE' LOUP. ( Fos5. ) Ce nom a été donné à Certaines pétrifications, qu'on a regardées comme étant des palais de poissons, et qu'on a aussi nommées Crapau dînes et Bufonites» (Desm.) ŒIL- DU -MONDE. (Min.) Les anciens minéralogistes et les amateurs du même temps avoient été si frappés de la propriété dont jouit l'hydrophane , d'acquérir de la transparence dans l'eau , qu'ils l'avoient décorée de Ce surnom emphatique et 1-idicule; aujourd'hui, où l'on ne voit dans ce phénomène qu'une simple application d'une des lois delà physique, l'œil -du -monde trouve sa place entre le silex calcédoine et l'opale. Cette pierre est cependant encore assez recherchée, surtout quand l'augmentation de sa transparence est accom- pagnée des couleurs de l'iris. Les bonnes hydrophanes viennent de Hongrie ; mais il s'en trouve aussi en Islande, en Saxe, en Bohème et aux environs de Turin. On les monte à jour en bagues, et elles sojit assez estimées dans le commerce. Voyez Silex hvdrophaine* (Brarû.) ŒIL-DU-MONDE. (Mm.) Ces petites coques de calcédoine recèlent une goutte d'eau, qui se meut dans leur intérieur' à la manière du liquide d'un niveau à bulle; elles ont encore été nommées œil-du -monde , et tiennent un rang distin"ué dans la série des curiosités minéralogiques, surtout quand la goutte d'eau qu'elles renferment est volumineuse et mo- bile à la fois. On en trouve de fort belles dans les déjections volcaniques du Vicentin, de l'Islande et de Féroë. Voyez Silex calcédoine enhydre. (Bkard.) Œ^IL-DE- L'OLIVIER. (Bot.) Voyez Agaric de l'oliyier , n." 5 , à l'article Fonge. ( Lem. ) ŒIL-D'OR. (IchthjQl.) Nom spécifique d'un poisson du genre Crénilabre, que nous avons décrit dans ce Diction- flaire, tome XI, pag. 390. (H. C.) 414 CEI ŒIL-D'OR. (Ornith.) lin Angleîei're on doîine ce nom, rrolden ej , au canard garrot^ à cause delà couleur d'or de son iris. (Ch. D.) OEIL DE FAON. (IchthjoL) Nom vulgaire d'un chétodon, chœtodon ocellaltis. Voyez Chétodon. (H. C.) ŒIL-PEfNT. [Ornith.) Ce nom, qui se trouve dans le Dic- tionnaire universel des animaux ^e La Chesnaye -des- Bois » désigne l'oiseau du Mexique dont il est parlé dans Fernandez, chap. 71, c'est-à-dire lyrcuicuil ou oculus pictus , lequel est de la taille et à peu près de la couleur du moineau com- mun et vit en cage, où il fait entendre un chant agréable. (Ch. D.) ŒIL- DE- PERDRIX. (Bot.) Un des noms vulgaires de Padonide d'été et d'une espèce de scabieuse, scabiosa coluni' h aria. ( L. D. ) ŒIL-DE-PERDRIX. [Min.) Différentes roches ont reçu le surnom d'a'il-de-perdrix. A Naplcs et à Rome on donne ce nom à une lave grise qui contient un grand nombre d'am- phigcnes blancs, dont le centre est occupé par un fragment de la même lave grise. A Rome, et chez la plupart dçs mar- briers italiens, Vocehio di perdice est une roche antique fort estimée , que l'on ne rencontre qu'en petits blocs dans les ruines de Pancienne Rome -, sa base est un felspath grenu brunâtre , qui contient une multitude de lames de mica bronzé, dont Paspect rappelle assez bien le plumage de la perdrix. Enfin, dans les carrières de meules de moulin des environs de Nevers, on donne le nom d'œil-de-perdrix à une certaine qualité de silex molaire d'un gris argentin, qui est renommé pour ses bonnes qualités. Voyez Silkx molaire. ( Braud. ) ŒIL-DE-POISSON. (Min.) Les lapidaires ont successive- ment appliqué cette dénomination à des quarz laiteux ou chatoyans, à Popale commune, et à certaines calcédoines; aujourd'hui c'est particulièrement au felspath adulaire cha- toyant, qui présente un reflet d'un blanc laiteux légèrement bleuâtre et verdâtre, qu'ils appliquent cette dénomination bizarre. C'est encore à cette même substance qu'ils donnent le nom de pierre de lune. Le Saint-Gothard a été pendant assez long-temps le seul gite de Pœil-de-poisson des joailliersj CEI 41 5 mais M. Leschenaucî de la Tour en a rapporté de beaucoup plus magnifiques de Tile de Ceylan. Voyez Felsvath adulaire NACRÉ. (BhARD.) ŒIL ROUGE. {Ichlh/yol.) Voyez Rotengle. (H. C.) ŒIL-DE-SAINTE-LUCIE. (Conchjl.) On donne ce nom à l'opercule d'un Sabot des Indes, qu'on appelle aussi Nom- bril DE Vénus , Pierre de sainte marcuefjte , Fève marine , etc. (Desm.) CE[L.-DE-SERPENT. (Foss.) On donnoit autrefois cette dé- nomination à certaines dents pétrifiées, et particulièrement à celles de Vanarchicas lupus, suivant M. Desmarest. Ces dents globuleuses, usées et polies , présentent des cercles concentri- ques diversement colorés, qui représentent assez bien la pru- nelle de Foeil de certains animaux. Ces dents pétrifiées, aux- quelles on donnoit aussi le nom de crapaudines, faisoient par- tie des amulettes, et on leur accordoit une infinité de vertus merveilleuses et médicinales. Voyez Glossopètres. (Brard.) ŒIL-DE-S0LE1I-. (Bot.) Un des noms vulgaires de la matricaire à fleurs simples. (Lem.) CEIL-DE- VACHE. (Bot.) Les habitans de la campagne désignent ainsi les anthémis ar\'ensi s et cotula, espèces de Ca- momilles. ( Lem.) ŒIL-DE- VACHE. (Malacoz.) Nom marchand de I'Hélicf, GLAUycE. (Desm.) ŒIL-DE- VERRE. (Ornith.) Ce nom populaire paroît avoir été donné par les Provençaux aux plongeons, en ce qu'ils semblent avoir une lunette d'approche, qui leur facilite les moyens d'apercevoir de loin le chasseur prêt à les tirer. Voyez Œil- BLANC (Ch. D.) ŒILLÉ , OcelLatus. ( Idithjol. ) Nom spécifique de plu- sieurs poissons de genres ditférens. Voyez Argds, Cai.lionyme, Chétodon , Pleuronecte, Squale, Labre. (H. C.) ŒILLERE. {Ichthjol.) Nom spécifique d'un poisson du genre Bodian. C'est le sparus palpebratus de Linnaeus. Voyei: BoDiAN et Spare. (H. C.) ŒILLEhES [Dents]. (Mamm.) Les canines supérieures de rhomme ont reçu ce nom sans doute à cause de leur posi- tion au-dessous des yeux. (Desm.) ŒILLET, DianLhus, Linn. [Bot.) Genre de plantes dicotj- 4i6 OEÎ îédones polypélales, de la famille des caryophjlléès , Juss. j et de la décandrie digjnie , Linn. , dont les principaux carac- tères sont, d'avoir: un calice nionophylle , cylindrique, per^ sistant , à cinq dents j muni à sa base de deux à quatre écailles opposées; une corolle de cinq pénales, à onglets de la longueur du calice et à limbe plan, arrondi; dix étaminesj à filauiens subulés, élargis a leur sommet, terminés par des anthères ovales-oblongues; un ovaire ovale-oblong, surmonté de deux styles plus longs que les étamines; une capsule uni- loculaire , s'ouvrant par le sommet et contenant des graines nombreuses, comprimées, attachées à un réceptacle centrale Les œillets sont des plantes herbacées , vivaces ou an- nuelles, à feuilles opposées, entières, et à Heurs terminales, agrégées ou solitaires. On en connoit aujourd'hui plus de cent espèces, dont cinquante et quelques croissent en Europe ^ une quarantaine habite l'Asie ; sept ont été trouvées eil Afrique; une seule jusqu'à présent a été recueillie en Amé-* i-ique, et la patrie d'une douzaine d'autres n'est pas connues Toutes ces plantes ont de jolies fleurs; aussi plusieurs sont* elles cultivées pour l'ornement des jardins , et une espèce surtout, qui^ naturellement, étoit déjà une des plus belles^ a reçu , des jardiniers et des fleuristes, des soins particuliers j qui l'ont encore embellie^ Le nom latin de l'œillet , dianthus , signifie Heur divine, fleur de Jupiter, Aïoç avQcç. Les anciens , cependant, ne parois- Sent pas l'avoir connu. Tunicusjlos est le premier nom sous lequel il soit mentionné dans un manuscrit (De simplicibus) j composé dans le i5.* siècle, par un certain Mainfroy ; le nom d'ocellus barbaricus, qu'il reçut ensuite, sembleroit indiquer qu'il a été apporté d'Afrique; et si cela est, ce ne peut être que quelque variété déjà embellie par la culture, car l'œillet sauvage croit naturellement dans le Midi de la France. Sort odeur, analogue à celle du girofle, lui a fait donner par Jj Bauhin et Touniefort le nom de caiyophjyllus. ^ Fleurs agrégées* ŒiLLF.T BARBU, Vulgairement Œillet de poète; Dianthus bat- hatus, Linn., Spec, Sii6. S^s racines sont lioreuses , vivaces,; elles donnent naissance à plusieurs tiges , d'abord couchées OEI 417 à leur base, ensuite redressées, hautes d'un pied ou environ, garnies de feuilles nombreuses, lancéolées, amplexicaules , d'un vert foncé, glabres. Ses fleurs sont panachées de rouge et de blanc, disposées en faisceau terminal; les écailles, qui entourent la base de leur calice , sont aussi longues que celui-ci, ovales à leur base, et prolongées en une longue pointe subulée. Cette espèce croit naturellement dans les lieux secs et stériles du Midi de la France, en Italie, en Autriche, etc. On la cultive depuis long - temps dans les jardins , où elle est encore connue sous les noms d'ceillet bouquet, de bouquet parfait , de jalousie. Elle a produit quel- ques variétés doubles ou simples, qui se distinguent particu- lièrement par les nuances dans les couleurs, qui sont d'un beau rouge , roses , blanches ou panachées. Ses fleurs pa- roissent en Juin et Juillet. Cette plante se multiplie de graines, qu'on sème au printemps dans des pots ou dans une plate -bande bien labourée et amendée avec du terreau de vieilles couches. Lorsque le jeune plant est assez fort, on le repique en pépinière et on le met en place au printemps suivant, parce qu'il ne fleurit que la seconde année. On mul- tiplie les variétés doubles en éclatant les racines des vieux pieds ou en en faisant des boutures. L'œillet de poëte est très -propre à garnir les plates-bandes des parterres; il y produit un joli efiet par ses gros bouquets de fleurs, et par le mélange agréable de leurs couleurs. Œillet TRÈS-JOLI ; Dianthus pulcherrimus^ Lois. , Herb. de l'a- znat., n.° 460. Les racines de cet œillet sont fibreuses , vivaces ; elles donnent naissance à une ou plusieurs tiges droites , hautes seulement de trois à quatre pouces, garnies de feuilles très- rapprochées les unes des autres, ovales-cunéiformes, glabres, d'un vert gai , légèrement ciliées en leurs bords et semi-am- plexicaules. Les fleurs sont larges de six à sept lignes, d'un beau rouge cramoisi, avec un cercle blanc dans le centre, rapprochées et serrées en faisceau au sommet des tiges , où elles forment une cime d'un très- joli aspect; elles ont une odeur agréable , assez analogue à celle de l'œillet des jardins , mais plus foible. Le calice est environné à sa base par six à huit écailles foliacées, ovales-oblongues, opposées en croix et se terminant en pointe subulée. Cette espèce n'est connue 35. 27 4)8 OEl que depuis peu de femps; nous l'avons vue dans le jardin dt M. Noisette, qui Fa reçue, il y a trois ans, d'Angleterre, comme originaire de la Chine. On la cultive en pot dans du terreau de bruyère, et on la rentre dans l'orangerie pendant la mauvaise saison. Elle se multiplie de racines éclatées. Ses fleurs paroissent en Juin et Juillet; elles font un joli effet: mais c'est une exagération de la part des fleuristes anglois, d'avoir donné à la plante le nom de dianthus pulcherrimus. Œillet des chartreux ; Dianthus carthusianorum , Lijin. , Spec, 586. Sa tige est droite, grêle, un peu scabre et angu- leuse , haute d'un pied ou environ , garnie de feuilles étroites , subulées, hérissées en leurs bords, formant à leur base une gaine, qui se prolonge un peu au-dessus de chaque nœud. Ses fleurs sont rouges dans la plante sauvage et ordinairement rapprochées cinq ensemble dans chaque faisceau terminal. Le calice est coloré , comme ferrugineux, environné à sa base par des écailles moitié plus courtes que son tube, ovales, élargies, membraneuses en leurs bords, et terminées en pointe jiiguë. Cette espèce croît naturellement dans les terrains secs et découverts eu France, en Allemagne, en Suisse, en Italie, en Sicile, etc. On la cultive dans quelques jardins, où on lui donne, comme à l'œillet barbu, le nom de bouquet parfait. Elle demande les mêmes soins. La culture a fait varier la couleur de ses fleurs du rouge au blanc et dans les nuances intermédiaires. Elle fleurit en Juin et Juillet. Œillet arméria : Dianthus armeria , Linn., Spec, 586; FI. Dan., t. 23o. Sa tige est droite, glabre, articulée, un peu rameuse, haute de dix à douze pouces, garnie de feuilles linéaires, molles, verdâtres , ciliées à leur base. Ses fleurs sont rouges , réunies trois à quatre ensemble en un faisceau terminal ; les calices et les écailles placées à leur base, sont velus. Cette plante est commune en France, dans les bois et les lieux stériles; on la trouve aussi en Suisse, en Italie, en Allemagne, en Angleterre, etc. : elle est annuelle. >:--'r jrigiij^g solitaires. Œillet des Alpes ; DmrafJms alpinus, Linn., Spec, 590. Sa racine est ligneuse, vivace; elle produit plusieurs tiges sim- OEI 419 pies, articulées, hautes de trois à quatre pouces, termi- nées par une seule fleur assez grande , d'un pourpre foncé, quelquefois mtlé de blano , et d'une odeur agréable. Les feuilles sont lancéolées - linéaires , lisses, d'un vert fomé et disposées en gazon au bas de la plante ; les tiges sont garnies de deux ou trois paires de feuilles plus étroites que les ra- dicales. Cette espèce croît naturellement dans les pâturages des montagnes alpines, en France, en Allemagne, en Suisse, en Italie, etc. Œillet de la Chine; DiantJius chinensis, Linn., Spec, 588. Ses tiges sont droites, cylindriques, articulées, rameuses, hautes de huit à douze pouces, garnies de feuilles lancéolées, glabres, d'un beau vert, connées à leur base. Les fleurs sont d'un rouge vif ou panachées de blanc, simples ou doubles, selon les variétés, solitaires à l'extrémité de chaque rameau, mais formant par leur nombre une sorte de paaicule. Les pétales sont crénelés. Cette plante, originaire de la Chine, est cultivée depuis long-temps dans les jardins. On la multiplie de graines qu'on peut semer en pleine terre, à une bonne exposition et dans une plate -bande bien amendée avec du terreau. Lorsque le plant est assez fort, on le repique en place. La plante n'est que bisannuelle : elle fleurit en Juillet, Août et Septembre. Œillet de Montpellier ; Dianthus monspeliacus , Linn. , Spec. , 588.- Sa racine est fibreuse, vivace; elle produit une tige redressée, haute d'un pied ou environ, garnie de feuilles étroites, graminiformes, de couleur verte. Ses fleurs sont purpurines, à pétales ayant leur limbe élargi, divisé en lobes linéaires, disposés comme les doigts de la main et ne péné- trant pas jusqu'au milieu du limbe. Les écailles calicinales sont lancéolées, aiguës et atteignent au moins à la moitié de la longueur du calice. Cette espèce croit dans les bois des Alpes, des Pyrénées et des montagnes d'Auvergne. Œillet mignardise, vulgairement Mignardise; Dianthus plu" marins, Linn., Spec, 689. Sa racine est fibreuse, vivacc^ elle produit plusieurs tiges couchées et étalées à leur base, ensuite redressées, hautes de huit à dix pouces, terminées par deux à trois fleurs d'un rose pâle et qui exhalent une odeur musquée très-agréable. Ses feuilles sont linéaires, d'un 420 CEI vert glauque, les radicales disposées en gazon. Le calice n'est accompagné à sa base que de deux écailles ovales, courtes, terminées en pointe. Les pétales sont légèrement pubescens à la base de leur limbe , et partagés jusqu'au tiers de leur longueur en lobes linéaires. Cette espèce est indiquée comme croissant naturellement dans les pâturages des montagnes du Midi de la France. On la cultive depuis long-temps dans les jardins, où on l'emploie principalement à faire des bordures, qui sont du plus joli effet lorsqu'elles sont en fleurs, et qui joignent à l'avantage de charmer les yeux, celui de répandre un doux parfum. On en a plusieurs variétés simples ou doubles, pTirpurines, roses ou blanches, avec ou sans taches d'un pour- pre foncé et velouté dans le centre. On nomme la variété mar- quée de taches d'un pourpre foncé à la gorge , mignardise cou~ rontiée. La variété à fleurs blanches est délicate. On multiplie ordinairement cette plante en éclatant les vieux pieds; on peut aussi la multiplier de marcottes et de graines. ŒiixET superbe: Dianthus superhus , Linn., Spec, 689; FI. Dan., t. 678. Sa racine est vivace, fibreuse; elle produit or- dinairement plusieurs tiges , hautes de douze à quinze pouces , ramifiées dans leur partie supérieure, portant plusieurs fleurs pédonculées, disposées en corymbe lâche. Ses feuilles sont lan- céolées-linéaires , glabres, d'un vert gai. Ses fleurs sont d'un rose pâle, quelquefois entièrement blanches, larges de deux pouces, remarquables par leurs pétales élégamment laciniés et divisés, au-delà de la moitié de leur largeur, en découpures linéaires. Leur calice est muni à sa base de quatre écailles ovales, courtes et un peu prolongées en une pointe aiguë". Cette espèce croît naturellement dans les bois et les pâtu- rages des montagnes en France et dans une grande partie de l'Europe. Elle fleurit en Juillet et Août. Cet œillet a été long-temps négligé dans les jardins. Cepen- dant c'est une des plus jolies espèces du genre, et ses fleurs joignent à l'élégance des formes , le charme d'un doux par- fum, qui se fait surtout sentir le soir et la nuit. Tragus , qui ne l'avoit vu que dans les lieux où il croît sauvage, avoit été tellement frappé de la beauté et de l'élégance de ses fleurs, qu'il l'avoit désigné sous le nom de superba, dénomi- nation sans doute exagérée, mais qui paroît avoir été la OEI 4^1 cause du nom spécifique qui lui a été imposé par Linné. Cette plante est d'une culture facile ; on sème ses graines, aus- sitôt leur maturité ou au printemps suivant , dans une terre franche un peu légère , bien meuble et qu'on arrose lorsque le temps est sec. Lorsque le plant est assez fort, on le met en place. Les pieds peuvent vivre plusieurs années de suite, mais il vaut mieux les renouveler de graines tous les ans. Œillet sauvage; Dianthus sjlvestris, Jacq., Icon. rar. , t. 82. Sa racine est un peu ligneuse; elle produit une tige droite, glabre, haute de huit à quinze pouces, tantôt simple et uni*- florc , quelquefois divisée en deux à trois rameaux , terminés chacun par une fleur. Les feuilles sont linéaires, aiguës, glauques, nombreuses et ramassées en gazon à la base des tiges; celles des tiges sont élargies à leur base et subulées. Les fleurs sont rougeàtres, crénelées, inodores, munies à leur base de quatre écailles ovales, dont les deux intérieures ob- tuses, et les deux extérieures, un peu plus pointues, placées à trois ou quatre lignes du calice. Cette espèce croît parmi les rochers des Alpes, en France, en Suisse, en Allemagne, etc. Œillet giroflée. Œillet des fleuristes, ou vulgairement r Œillet : Dianthus caryophyllus , Linn., Spec, 58j ; Lois., Herb. de l'amat. , n.° et t. 383 , 384. Sa racine est ligneuse, de la grosseur du petit doigt ; elle produit une ou plusieurs tiges étalées à leur base, ensuite redressées, lisses, cylindri- ques, noueuses d'espace en espace, plus ou moins rameuses à leur partie supérieure, hautes de quinze pouces à deux pieds, d'un vert glauque, ainsi que les feuilles et les calices. Ces tiges sont garnies a chaque nœud de deux feuilles oppo- sées, sessilcs, linéaires-lancéolées, canaliculées , très-aiguës à leur sommet. Ses fleurs sont pédonculées, solitaires à l'extré- mité de chaque rameau, douées d'un parfum délicieux, d'une couleur pourpre ou plus ou moins foncée dans la plante sauvage; mais nuancées ou panachées d'une infinité de ma- nières dans les nombreuses variétés cultivées dans les jardins, qui, d'ailleurs, sont encore remarquables par la multipli- cation plus ou moins considérable des pétales. Les écailles, placées à la base du calice, sont ovales et très-courtes. Cette belle espèce est indigène de la France; on la trouve croissant spontanément dans les fentes des rochers et des vieux murs ^.--^ 0£I de plusieurs de nos départemens du Midi .- elle croît aussi en Espagne . en Italie. Comme la rose , l'œillet réunit à rélégance des formes , à la beauté et à la richesse des couleurs, les charmes d'un doux parfum; aussi, malgré la multitude de plantes exotiques qui depuis un certain nombre d'années sont venues embellir nos jardins, aucune de ces nouvelles venues n'a fait oublier l'œillet ; beaucoup d"an)ateurs lui consacrent encore tous leurs soins; il est chéri des belles : elles aiment à le mêler avec la rose pour parer leurs charmes. Des rois et des princes n'ont pas dédaigné de le cultiver de leurs propres mains. René d'Anjou, qui avoit été roi de Naples , et qui sut se consoler en Provence de la perte de son trône par l'étude des lettres et en s'occupant a faire fleurir l'agriculture, le com- merce et les arts, aimoit beaucoup les fleurs, et particulière- ment les œillets. Ce prince paroît s'être occupé le premier à les cultiver, et on lui est, dit-on, redevable de la connois- sance des procédés convenables à la culture de ces plantes. Le grand Condé , prisonnier à la Bastille pendant les trou- bles de la minorité de Louis XIV, s'y amusoit à cultiver des œillets. Mademoiselle de Scudéri lit à ce sujet les vers suivans : En voyant ces œillets qu'un illustre guerrier Cultive d'une main qui gagna des batailles, Souviens-toi qu'Apollon a Làti des murailles , Et ne t'etonne plus que Mars soit jardinier. Dans l'état de nature, l'œillet n'est pas délicat, puisque dans le Midi de la France et de l'Europe il croît dans les lieux pierreux, sur les collines sèches, arides, et même entre les fentes des rochers et des vieux murs. 11 est vrai que dans cette situation sauvage il n'a pas d'aussi belles fleurs et des couleurs aussi brillantes; mais le parfum qu'elles répandent égale celui des plantes cultivées, peut-être même est-il plus pénétrant. Comme c'est pour avoir les plus belles fleurs pos- sibles que l'on cultive l'œillet dans les jardins , on doit choisir la terre qui lui est la plus avantageuse, et lorsque celle na- turelle au jardin ne lui convient pas, il faut en préparer une particulière. On emploie ordinairement à cette composition la terre franche des potagers, celle d'alluvion, charriée par CEI 4=3 les inondations, le terreau formé dans le creux des vieux saules , celui provenant des vieilles couches faites avec des feuilles, avec des fumiers de cheval ou de vache bien con- sommés; enfin, les terres tirées des marais ou des tourbières, passent pour être les meilleures pour les œillets, et c'est à la nature de ce genre de terrain, commun en Flandre, qu'on attribue la supériorité des œillets flamands sur ceux des autres pays. Quoi qu'il en soit, lorsqu'on compose sa terre pour des œillets avec plusieurs sortes de terres , il faut avoir le soin de les faire bien mêler ensemble et de les laisser mûrir en tas pendant un an à dix-huit mois avant de s'en servir. Les œillets peuvent se multiplier de graines, de marcottes, de boutures et par la greffe. Comme ce n'est qu'en semant qu'on obtient de nouvelles variétés, l'amateur, quia le temps et la patience, peut varier ses jouissances à l'infini. Les meilleures graines sont presque toujours celles qu'on recueille soi-même. Les œillets simples ou semi-doubles sont les seuls qui en donnent; les très-doubles n'en peuvent pro- duire, toutes leurs étamines étant changées en pétales, et si l'on parvient quelquefois à leur en faire porter, ce ne peut être que par une fécondation empruntée à un autre œillet à fleur simple, dont on prendra les étamines pour secouer la poussière des anthères sur les stigmates de la fleur double, lorsque les organes femelles de celle-ci, l'ovaire , les styles et les stigmates ont encore conservé une bonne organisation. Les amateurs croient se procurer de plus belles variétés en tirant leurs graines de Flandre , de Hollande et même d'Italie , pays qui ont la réputation de produire les plus beaux œillets. Les graines doivent être semées clair dans des pots ou des terrines remplies de terre propre à la culture de l'œillet et telle que nous en avons donné la composition plus haut. En semant à diverses époques, les plantes qui proviendront de ces différens semis, donneront aussi leurs fleurs à des épo- ques différentes. Quand on commence à semer dès le mois de Février ou de Mars, il faut que le semis soit fait sur couche chaude et sous châssis; celui qui sera fait un peu plus tard, en Avril, n'aura besoin que du châssis; plus tard encore, en Mai, Juin et Juillet, on peut semer à l'air libre. .424 œi A quelque époque qu'on ait semé , la graine doit être cou- verte d'un demi -pouce tout au plus de terre bien meuble; celle qu'on répand avec un crible, est, sous ce rapport, la meilleure. On arrose ensuite légèrement et de temps en temps, selon la saison, en prenant garde de rendre la terre trop humide. Quand on sème à la fin du printemps et en été, il faut de préférence choisir un temps couvert. Les jeunes plants se mettent en pots et séparément à l'automne, et ils fleuris- sent dans le courant du printemps ou de l'été de l'année sui- vante , plus tôt ou plus tard , selon qu'ils proviennent des pre- miers ou des derniers semis. La graine est le moyen le plus naturel de multiplier l'œillet; mais l'art du cultivateur n'est pas borné à ce seul moyen de multiplication. Par la graine on peut obtenir des variétés nou- velles. Par les boutures, les marcottes et la greffe, on conserve les belles variétés acquises par le premier moyen. On peut faire des boutures d'oeillet depuis le mois d'Avril jusqu'en Juillet; plus tard elles n'auroient pas le temps de bien reprendre avant l'hiver. Les boutures doivent être faites dans des pots remplis de terre convenable, tenus à l'ombre et arrosés souvent pendant le premier et le second mois. On emploie, pour faire les boutures, les rameaux ou rejets qui poussent à la base des anciennes tiges et principalement, sur les vieux pieds, ceux qui se trouvent trop élevés au-dessus du pot pour être facilement marcottés. On enfonce ces bou- tures d'environ deux pouces en terre, et on coupe la partie supérieure de leurs feuilles à environ un demi -pouce du dernier nœud. Quant aux marcottes, elles ne se font que dans une seule saison , au milieu de l'été, ordinairement depuis le i5 Juillet jusqu'à la mi-Août, qui est l'époque où la plupart des œillets qu'on a laissés à eux-mêmes fleurissent naturellement. Pour faire cette opération, on se sert d'un très-petit couteau à lame étroite ou tout simplement d'un canif. On incise sur un nœud des jeunes rameaux placés à la base des tiges qui por- tent ou doivent porter fleur, et le plus près possible du pied ; on coupe ce nœud à peu près à moitié, puis, tournant la lame de l'instrument de manière à ce que le tranchant soit dirigé en haut, on fend le jeune rameau de bas en haut, OEI 425 sans atteindre le nœud suivant; ensuite on incline cette petite branche sur le terre, en tenant la partie fendue écartée en dehors; on la maintient fixée sur la terre avec un petit cro- chet qu'on y erifonce , et on recouvre le tout de terre légère et bien meuble. On procède ainsi tout autour de chaque pied, jusqu'à ce qu'on ait fait de toutes ses branches autant de marcottes, excepté une ou deux, qu'on réserve pour former les tiges de l'année suivante. Après avoir fait les marcottes, on taille leurs feuilles en en retranchant une partie, ainsi que nous l'avons dit pour les boutures. Si les branches à marcotter sont situées trop haut, et si l'on ne veut pas les risquer en boutures, on se sert de petits pots fendus d'un ctité ou d'espèces d'entonnoirs de fer-blanc, de plomb, qu'on remplit de terre, que l'on fixe ensuite à la hauteur convenable, et l'on y fait ses marcottes. Lorsqu'on a fait les marcottes d'un pied d'œillet , il faut avoir soin de porter à l'ombre , pendant cinq à six jours, le pot dans lequel il est planté, et selon que le soleil sera ensuite plus ou moins ardent, ne l'y exposer de nouveau qu'avec précaution, d'abord le soir et le matin seulement. 11 est aussi nécessaire d'arroser les pots modérément tous les deux jours. Toutes ces précautions assurent la reprise des marcottes. Quand on marcotte des pieds d'œillets plantés en pleine terre, il faut choisir de préférence un temps couvert, ou, lorsque le temps est constamment beau , les mettre à l'abri du grand soleil au moyen de paillassons. Du quinze an trente Septembre , selon que les marcottes ont été faites plus tôt ou plus tard , on les sèvrc de leur mère et on les place chacune dans un pot. C'est aussi le moment favorable de mettre en pot les boutures qui ont pris racine et les jeunes plants de semis. Si l'on a un certain nombre de boutures et de marcottes mal enracinées, il faut, lorsque les variétés le méritent, placer les pots dans lesquels on les aura plantées, sur une couche médiocrement chaude, et couvrir chaque pot d'une cloche. Comme les boutures , et surtout les marcottes , offrent deux moyens faciles et certains de multiplier les belles variétés d'œillets que l'on est désireux de cor-server, on emploie ra- rement la greffe; cependant on peut s'en servir pour changer 4^6 CEI des pifds simples et bien vigoureux en variétés plus belles; on peut surtout, en prenant pour sujet des pieds ayant beau- coup de rameaux, s'en servir pour insérer sur un de ces ])ieds plusieurs v;iriétés de couleurs difTérentes et qui tran- chent bien les unes avec les autres. La meilleure espèce de greffe à pratiquer sur les œillets, est la grelTe dite à l'angloise, qui consiste à placer sur le sujet une branche de la même gros- seur que lui , en taillant la tête du sujet en biseau très-pro- longé, et en pratiquant ensuite dans le milieu de la longueur du biseau, et dans toute sa largeur, une fente qui descende de deux à trois lignes. Ces deux opérations se pratiquent de même sur la greffe, mais en sens contraire, et on applique ensuite cette dernière sur le sujet, où elle remplace la por- tion qu'on en a enlevée. On soutient ensuite la grefTe avec une ligature faite de fil de laine ou autre , et on finit par recou- vrir le tout d'un mastic ou d'un emplâtre en forme de pou- pée, comme on fait pour la greffe en fente. Il est bon d'être à l'ombre ou de profiter d'un temps couvert pour Taire cette opération, et de ne pas exposer les pots au soleil jusqu'à ce que les grelîes soient reprises. L'œillet fleurit le plus communément en Juillet et Août; mais, par une culture particulière, il est facile de se pro- curer des fleurs dans toutes les saisons. Il faut d'abord , pour cela , ainsi que nous l'avons dit plus haut , semer à dilTérentes époques; ensuite placer les pieds à des expositions différentes: au midi ceux qu'on désire avancer, les rentrer dans l'oran- gerie, dans la serre tempérée, même dans la serre chaude , et mettre , dès le mois d'Avril , les pots sur des couches chau- des ou sous des châssis. On expose au contraire au nord ceux qu'on veut retarder; on les transplante pour ralentir leur vé- gétation. A la vérité , les pieds qu'on soumet à tous ces moyens extraordinaires, sont toujours plus ou moins fatigués, souvent même ils périssent après avoir porté leurs fleurs, et lorsqu'ils survivent, il faut, pour qu'ils puissent se rétablir, après qu'on les a ainsi tourmentés, les laisser reposer pendant au moins un an , c'est-à-dire ne leur plus donner que des soins ordi- naires et leur laisser suivre le cours ordinaire de la nature. Il ne faut d'ailleurs soumettre à cette culture extraordinaire que les variétés robustes et communes. ŒI 427 1,'œillet aime l'air Jibre ; mais il ne lui faut pas une expo- sition trop chaude; c'est au couchant et surtout au levant qu'il est le mieux placé, parce que, à cette dernière expo- sition , les rayons du soleil sont moins ardens et que leur cha- leur modérée réchauffe graduellement la plante rafraîchie par la fraîcheur de la nuit , les rosées du matin ou les ar- rosemens du soir. Croissant naturellement dans des terrains arides, l'œillet n'a pas besoin de beaucoup de terre et se plaît bien en pot. Les pois ne doivent pas être trop grands, et il est préférable qu'ils soient percés sur les côtés de trois trous étroits et alongés, que d'un seul trou rond dans le fond. Les œillets n'ont besoin que d'arrosemens médiocres ; ils faut les faire de préférence le soir et avec de l'eau qui, pendant le jour, se sera échauffée par les rayons du soleil. L'eau de pluie est aussi préférable à celle des puits. Quand ils sont en fleurs , les amateurs les disposent ordinairement sur des gradins, où ils ont soin de les arranger de la manière la plus avantageuse pour faire ressortir leurs différentes cou- leurs.j^ll est bon que ces gradins soient à l'ombre sous de grands arbres, des berceaux de verdure, etc.; les plantes y restent plus long-temps fleuries, étant d'une part à l'abri des rayons d'un soleil trop ardent, qui les passe promptement, et de l'autre se trouvant moins exposées aux pluies d'orage, qui les gâtent. La tige des œillets est presque toujours trop foible pour se soutenir seule; on emploie communément, pour lui servir d'appui, des baguettes de coudrier, de cornouiller sanguin, d'osier, etc., auxquelles on les fixe avec du jonc. On fait aux vieux pieds d'œillets qui ont beaucoup de tiges, de petits treillages avec les mêmes bois ; quelques amateurs plus cu- rieux se servent de petits brins de chênes ou d'échalas refen- dus minces , qu'ils font peindre en vert. Pour avoir de plus belles fleurs, lorsqu'une tige annonce trop de boutons, on en supprime une partie, et dans ce cas ce sont les plus foibles et les plus pressés. On laisse en gé- néral, selon la vigueur des pieds, quatre à six fleurs sur chaque tige. Les œillets à fleurs très -doubles sont sujets à crever, c'est-à-dire que leur calice se fend d'un côté: cela leur fait perdre beaucoup de leur grâce, parce que cela les 4^8 OEI déforme. Les amateurs remédient à cet inconvénient en pla- çant sous la fleur des cartes arrondies plus courtes que les pétales, et avec de l;i patience ils soutiennent et arrangent les pétales sur ces cartes, de manière à réparer leur désordre. J.cs plus curieux ont des cartes faites exprès , qui sont peintes en vert. Four qu'un œillet soit estimé d'un amateur , il faut qu'il soit bien arrondi, bien plein, non plat, mais un peu bombé en dôme; il faut que ses pétales soient arrondis et non den- telés, bien panachés et sans mouchetures. Le plus recherché est celui qui réunit aux qualités précitées un beau panache bien tranché, s'étendant sur toute la fleur depuis la base du limbe de chaque pétale jusqu'à son extrémité. Les couleurs, en outre , doivent être brillantes et marquées également. Les œillets blancs et les piquetés sont les seules variétés que certains amateurs conservent avec des dentelures, parce qu'il paroît que jusqu'à présent on n'a pu en obtenir d'une autre manière ; mais dans toutes les autres variétés ils regardent les dentelures des pétales comme un défaut , et il y en a qui croiroientse compromettre et craindroient qu'on ne ju- geât mal de leur goût, s'ils en gardoient dans leur jardin. L'tt'illet a produit sous la main des cultivateurs une multi- tude de variétés qui font les délices des fleuristes. On a des œillets de presque toutes les couleurs; on en a de blancs, de gris, de jaunes, de violets, de rouges, depuis le rose pâle jusqu'au cramoisi le plus foncé presque noir, de bruns. Ces couleurs sont seules dans la fleur et offrent diverses nuances, ou elles y sont unies deux à deux, trois à trois, même jus- qu'à quatre et cinq, et réparties par taches, panaches, pi- qucturcs. La moindre différence de nuance dans les couleurs, dans la grandeur, la grosseur de la fleur, suffit aux fleuristes pour leur faire distinguer autant de variétés diff"érentes ; aussi le nombre de ces variétés est-il très -considérable : on en trouve sur les diverses listes publiées par les amateurs , plus de quatre à cinq cents. La nomenclature adoptée pour dési- gner ces noiiîbreuses variétés, n'est assujettie à aucune règle fixe; c'est le caprice de l'inventeur qui décide du nom à im- poser à une variété qu'il croit nouvelle ; quelquefois la forme ou la couleur des fleurs déterminent le nom de la variété: ŒI 429 ainsi on a le blanc de neige, la rose triomphante, Vaurore, V amaranthe , le grand noir, etc. Le plus souvent les dénomina- tions spécifiques sont empruntées aux dieux de la fable, aux rois, aux hommes célèbres; c'est ce qui fait qu'un œillet est le Jupiter, VAjax ou VApollon; d'autres le grand Salomon , le grand Cyrus, le roi Clovis ; enfin d'autres ont des noms pom- peux, comme le nompareil, la France triomphante, le bâton royal, etc. Aux approches de l'hiver on rentre les œillets dans la sewe , où ils ne restent qu'à regret. Avant de les rentrer il faut avoir soin qu'ils ne soient pas trop humides, et on doit, quelques jours auparavant, les préserver des pluies froides en couchant les pots sur le côté. Hors le temps où les œillets sont en fleur ou vont fleurir, cela se fait aussi en été, lorsque les pluies sont trop fréquentes. Dans la serre on ne donne que des ar- rosemens légers, avec le bec de l'arrosoir pour ne pas mouiller les feuilles, et on ne pratique ces arrosemens que de loin à loin, en profitant d'un beau temps et d'un moment où il ne gèle pas. On sort les œillets de la serre à la fin de Mars ou au commencement d'Avril, selon que la saison est plus douce ou plus froide. En pleine terre les œillets supportent des froids très- considérables , surtout lorsque la terre est couverte d'une épaisse couche de neige; ils craignent davan- tage les hivers humides, les verglas, les fontes de neige. On employoit autrefois en médecine les œillets comme to- niques et sudorifiques; on prescrivoit l'infusion de leurs pé- tales; on en préparoit une eau distillée, une conserve, un vinaigre, un sirop : ce dernier est le seul qui soit encore de quelque usage. C'est une variété qui paroit très-voisine du type naturel , celle dont la fleur est d'un rouge cramoisi , dite anllet grenadin, qu'on préfère pour l'usage pharmaceutique; mais, dans les préparations où entrent ces fleurs, elles ne pa- roissent véritablement servir qu'à leur donner une couleur rouge, qui plaît à l'œil. Les confiseurs en font une liqueur de table nommée ratafiat d'œillet, qui passe pour stomachique. Les parfumeurs en fixent l'odeur agréable dans des pom- mades, des essences. ( L. D. ) ŒILLET D'AMOUR. ( Bot. ) Le gypsophjlla saxifraga , Linn. , est vulgairement connu sous ce nom. (L. D.) 43o OEI ŒILLET CHAMPÊTRE. {Bot.) Nom vulgaire de Vholos- teum umbellatum. ( L. D.) ŒILLET- DE -DIEU. (Bot.) Nom vulgaire commun à la lychnide dioïque et à l'agrostème des blés. ( L. D. ) ŒILLET D'ESPAGNE. {Bot.) C'est la poincillade {poin- ciana pulcherrima). ( Lem. ) ŒILLET FRANGÉ, ŒJLLET A PLUME. {Bot.) Noms vul- gaires du dianthiis superbiis. (L. D.) ŒILLET D'INDE. {Bol.) On donne ce nom fort commune- mentaux tagctes, plantes delà famille des synanthérées dont deux espèces, les tagetes erecta et patula , sont très -cultivées pour l'ornement de nos parterres. (Lem.) ŒILLET DE JANSÉNISTE. {Bot.) La lychnide visqueuse a été désignée sous ce nom. (L. D.) ŒILLET MARIN. {Bot.) C'est le statice armeria. (L. D.) ŒILLET-DE-MER. {Actinoz.) On trouve quelquefois dans les voyageurs qui ne sont pas naturalistes, cette expression employée pour désigner certaines espèces d'actinies, dont la forme, et surtout la dispositioh et la couleur des tentacules, ressemblent un peu à un œillet. Il paroît qu'on l'applique aussi quelquefois à certaines espèces de madrépores, aux caryophyllées de M. de Lamarck. (De B.) ŒILLET DE PARIS. {But.) Nom vulgaire d'une espèce de statice. (L. D.) ŒJLLET DE POETE. {Bot.) Nom vulgaire de Pœillet barbu. (L.D.) ŒILLET DES PRÉS. {Bot.) C'est la lychnide fleur de coucou. (L.D.) ŒJLLET DE LA RÉGENCE. {Bot.) C'est l'œillet de la Chine. ( L. D.) ŒILLETTE. {Bot.) Dans les pays où le pavot des jardins est cultivé, on lui donne vulgairement ce nom, ainsi qu'à l'huile qu'on retire de ses graines. ( L. D.) ŒLB. {Ornith.) Les Saxons nomment ainsi le cygne à bec rouge, anas olor , Gmel. , et cygnus olor, Vieill. (Ch. D.) ŒLG. (Afflmm.) C'est le même nom que elk , un des noms de l'élan. (F. C.) ŒNANTHE, Œnanthe , Linn. {Bot.) Genre de plantes di^ OEN 43i cot)'lédones , polypétales , de la famille des omhfdlifères , Jiiss. , et de la pentandrie digjnie du Systèoie sexuel, dont les principaux caraclères sont les suiviins : Une collerette universelle, composée de plusieurs folioles plus courtes que l'ombelle ; une collen tte partielle semblable , mais plus petite; ombelle formée d'un petit nombre de rayons; om- bellules ayant les fleurs du centre souvent sessiles, celles de la circonférence grandes et stériles ; calice de chaque fleur à cinq dents subulces, persistantes; corolle de cinq pétales petits et presque égaux dans les fleurs du centre, irrégiiliers et plus grancis dans celles de la circonférence ; cinq étaniines, un ovaire inférieur surmonté de deux styles persistans; fruit ovale-oblong, couronné par les dents du calice, composé de deux graines planes d'un côté, convexes et striées de l'autre, accoléfs l'une à l'autre. Les œnanthes sont des plantes herbacées, à racines souvent tubéreuses et vivaces , à feuilles alternes, ailées, composées de folioles communément linéaires ; leurs fleurs sont disposées en ombelles, qui manquent souvent de eolbrette, et f'ont les onibellules sont comnintiément globuleuses. On en con- noît aujourd'hui près de trente espèces, dont la majeure partie est exotique; les suivantes croissent naturellement en France. Œnanthe fistuleuse; Œnanthe Jistulosa, Linn. , Spec. , 365. Sa racine estvivace, rampante, un peu tubéreuse à son ori- gine; elle produit une tige cylindrique, striée, fistuleuse, haute de dix à douze pouces. Ses feuilles sont portées sur des pétioles fistuleux ; les inférieures deux fois ailées et les supé- rieures simplement pinnées, à folioles "linéaires. Les fleurs sont blanches et forment une ombelle ordinairement composée de trois rayons, soutenant chacun une omliellule très-serrée, mais plane. La collerette universelle manque souvent, ou n'est formée que d'une seule foliole. Les fruits forment une tête globuleuse et hérissée. Cette plante est communt- dans les marais et dans les fossés aquatiques en France et dans toute l'Europe. Œnamthe GLOBULEUSE; Œnanthe globulosa, Linn., Spec, 365. Sa racine est tubéreuse, napiforme, vivace ; elle pronuit une lige haute de dix à douze pouces, presque cylindrique, 432 Œp^ peu rameuse, garnie inférieuremenl de feuilles deux fois ailées, et supérieurement de feuilles simplement ailées, dont toutes les folioles sont linéaires. Les fleurs forment des ombelles composées de cinq à six rayons; leur collerette universelle est nulle, ou à une seule foliole. Les ombcllules sont serrées et arrondies, garnies d'une collerette partielle formée de huit à dix folioles plus longues que les fleurs. Les fruits sont rap- prochés en tête globuleuse. Cette plante croit dans les étangs en Languedoc, en Espagne, en Portugal, en Barbarie. Œnanthe a feuilles de peucédane; Œnanthe peucedanifolia, Poil., Pal., 1 , p. 289, t. 3. Sa racine est vivace , formée de quatre à huit petits tubercules ovales-oblongs , fascicules: elle produit uïn; tige droite, striée, haute d'un pied et demi à deux pieds, glabre, ainsi que toute la plante. Les feuilles ra- dicales sont deux fois ailées, les autres ne le sont qu'une fois, et elles ont toutes des folioles linéaires, alongées. L'ombelle générale, composée de six à. huit rayons, est dépourvue de collerette , ou n'a pour en tenir lieu qu'une ou deux folioles avortées; les ombellules sont planes, formées de fleurs blan- ches, très-serrées, et elles ont des collerettes partielles com- posées de neuf à dix folioles étroites, un peu scarieuses sur les bords. Cette espèce croît dans les prés humides en France , en Allemagne, en Suisse, en Angleterre, dans le Midi de l'Europe et même dans l'Amérique septentrionale. Œkanthe PiMPRENELLf. ; Œiiunthe piinpinelloides , Linn., Spec, 366; Jacq. , Flor. Aust. , t. 594. Sa racine est vivace, com- posée de plusieurs tubercules alongés , entremêlés de fibres i elle donne naissance à une tige droite, cannelée, glabre; haute de deux pied» ou environ , garnie à sa base de feuilles deux ou trois fois ailées , à folioles un peu cunéiformes , in- cisées; celles de la lige sont distantes , à découpures moins nombreuses, mais plus étroites et plus alongées. Les fleurs sont blanches, disposées sur six à dix ombellules peu serrées , et la collerette est à cinq ou six folioles linéaires. Cette plante. croit dans les prés en France, en Angleterre, en Alle- magne, etc. Œnanïhe rapphochée; Œnantlte approximata, Mérat , Flor, par. , ii5. Cette espèce ditfère de la précédente, parce que les folioles de ses feuilles radicales sont ovales , entières, et lion pas cunéiforines, incisées , et parce que Tombelle est privée de collerette générale. Cette plante se trouve dans les prés aux environs de Paris^ Œnanthk safranée ou Œnanthe a stjc jaune , vulgairement, dans quelques cantons, Pensacre : Œnanthe crocala , Linn., Spec, 365 ; Jacq., Hor/. Fmd. , 3 , t. 55. Sa racioe estvivace, composée de plusieurs tubercules oblongs , fascicules ; elle produit une tige cylindrique , cannelée, fistuleuse , d'un vert roussâtre, rameuse, haute de trois pieds ou environ, garnie de feuilles grandes, deux fois ailées, à folioles sessiles , cu- néiformes, incisées à leur sommet et d'un vert foncé. Les fleurs sont blanchâtres , disposées en ombelles terminales , Composées de dix à quinze rayons ou même davantage. Cette espèce croit dans les lieux marécageux , les fossés aquatiques, et aux bords des étangs, en France, en Angleterre , en Es- pagne , etc. Les tiges, les feuilles et les racines de cette œnanthe con- tiennent un suc lactescent, qui devient jaunâtre ou de cou- leur safranée à l'air; ce suc, pris à l'intérieur, est un poison très- violent. Les racines ont un goût douceâtre qui n'est pas désagréable, ce qui les rend d'autant plus dangereuses, leur saveur et leur odeur ne pouvant mettre eh garde contre le venin délétère qu'elles récèlent. On trouve dans les auteurs les observations d'un grand nombre d'empoisonnemens causés par l'usage inconsidéré de ces racines. Les accidens qui se manifestent après qu'on en a mangé, sont une chaleur brû- lante dans le gosier, des nausées, des vomissemens, de la cardialgie , des vertiges, du diélire, des convulsions violentes, et enfin la mort, lorsque les malades n'ont pas été secourus à temps, ou qu'ils ont pris une trop grande quantité du poison. Les meilleurs moyens à opposer à ces terribles accidens, sont, d'abord, de solliciter des vomissem.ens qui puissent pro- curer l'évacuation de la substance délétère; ensuite on fait prendre des boissons acidulées en abondance. On trouve , dans les Mémoires de la Société royale de Londres, une observation d'après laquelle un malade auroit été guéri de la lèpre en prenant une certaine quantité du suc de cette plante ; mais si celle-ci a pu être une fois utile , c'est bien peu de chose comparativement aux terribles et funestes 35. 28 AH ■ ŒN événemens qu'elle a le plus souvent causés: un seul cas de guérison est d'ailleurs insuffisant pour prouver Tefficacité d'un médicament dans une maladie, il faudrait plusieurs observa- tions semblables. Ce n'est donc que comme poison éminem- ment délétère que l'œnanthe safranée doit être considérée. Au reste il paroîtroit, d'après une note de M. le docteur Mérat, insérée dans le Journal général de médecine, vol. 82, p. 3oo, qu'il existe en France une autre espèce d'œnanthe, très- voisine de Yananthe crocata, qui en diffère seulement parce que ses feuilles sont plus divisées, à folioles plus aiguës; parce qu'elle a cinq folioles à l'involucre, et surtout parce que son suc propre est aqueux, incolore, et non pas jaune- safrané. M. Brotero, dans un ouvrage intitulé: Phjtograpkia Lusitaniœ seUctior, etc., nomme cette dernière espèce ananthe apiifolia. Au surplus» cette nouvelle espèce d'œnanthe a la racine absolument semblable à celle de Vananthe crocata, et est tout aussi vénéneuse qu'elle. Le botaniste poitugais, cité plus haut, dit que les bestiaux n'en veulent pas, et qu'à peine les chèvres en goûtent-elles lorsqu'elle est jeune : il ajoute que les pêcheurs se servent de ses racines pour prendre le poisson, qu'elles jettent dans une sorte de stupeur, qui en favorise la pêche. Les racines de l'œnanthe pimprenelle et de l'œnanthe à feuilles de peucédane, diffèrent essentiellement de celles de l'œnanthe safranée, en ce qu'elles peuvent se manger impuné- ment. Cependant , comme elles n'ont aucune propriété particu- lière, et que c'est le plus souvent en confondant les racines de l'espèce vénéneuse avec les leurs, que les accidens d'em- poisonnement arrivent: il est plus prudent de ne jamais manger des racines d'aucune de ces plantes. ( L. D.) ŒNANTHE. (Bol.) Ce nom, maintenant propre à un genre de plantes ombellifères, a été aussi donné à d'autres ombelli- fères ; par Morison à un sium , par Dalibard à un sison , par Linnœus lui-même à un seseli. On l'a aussi appliqué à des plantes de familles différentes. Le thalictrum tuherosum est un ananthe de C. Bauhin, ainsi que le pedicularis luberosa; et Fuchs employoitle même nom pour désigner la fiiipendule. De plus, C. Bauhin rappelle que le fruit de la vigne sauvage est no.nmé ananthe par Dioscorlde et par Pline. ( J. ) OER - 435 ŒNANTHE. {Omith.) Ce nom a été appliqué par Gesner et Willugby aux oiseaux vulgairement connus en France sous ceux demotteux, tarier, traquet, et M- Vieillot Ta, d'après ces auteurs, employé comme terme générique, pour désigner les diverses espèces de cette famille, divisée par lui en trois sections. Voyez Traquet. (Ch. D.) ŒNARIA. (Bot.) Ancien nom latin de l'alisier. (Lem.) ŒNAS. [Entom.) Genre d'insectes coléoptères, fondé par M. Latreille, aux dépens du genre Cantharide de Linné ou Lytte de Fabricius , et qui renferme des espèces intermédiaires aux cantharides et aux mylabres : leurs antennes sont filiformes, de la longueur de la tête et du corselet ensemble, formées de onze articles, dont le premier est plus long que les autres et forme un coude avec eux; ceux-ci sont courts et arrondis. Le corps est alongé et semblable à celui des cantharides. L'Œnas AFRICAIN, Œnas africana , Latr. , est noir, avec le cor- selet fauve; I'Œnas ruficolle, Œnas ruJicoUis ^ Latr., ou Ljtta crassicornis, Fabr. , est noir, avec le corselet et les élytres fauves. (Desm. ) ŒIS AS. {Ornith.) Aldrovande, Rai, et, d'après eux, Brisson, désignoient sous ce nom et sous celui de vinago , le pigeon sauvage, et Linnasus a fait du mot anas l'épithète de la pre- mière espèce de son genre Columba. Brisson a aussi appliqué la même dénomination aux pigeons sauvages d'Amérique formant les onzième et douzième espèces de sa Méthode. M. Vieillot a, depuis », adopté le même terme pour nom gé- nérique des gangas» (Ch. D.) ŒNONE, Œnone. ÇChétopod.) Genre établi par M. Savi- gny, dans son Système général des Annélidcs, parmi les ]Né- réides, pour une nouvelle espèce, observée sur les côtes de la mer Rouge , et qui paroit avoir beaucoup de rapports avec le lumbricus fragilis de Muller. Voyez Néréide. (De B.) ŒNOPLIA. (Boi.) Ce nom a été cité par Belon et Clusius pour deux jujubiers croissant dans les pays chauds, ziziphus spina Christi et ziziphus anoplia. (J.) ŒNOTHERA. {Bot.) Nom lafiu du genre Onagre. Voyez aussi Onagra. (L. D.) OEPATA. [Bot.) Nom malabare de Vavicennia. (J.) ŒRANGS ŒTANGS. {Mamm.) C'est ainsi que Gauthier Schoutten écrit orang-outang. (F* C. ) 456 œs ŒSOPHAGE. ( Anat. et Phjs. ) Voyez SystLme digestif. (F.) OESTRE, Oestrus. {Entom,) Genre d'insectes à deux ailes j formant une petite famille dans l'ordre des diptères, carac- térisés essentiellement par l'absence presque absolue des parties de la bouche, ce qui nous les a fait désigner sous le nom d'astomes. En effet, sous l'état parfait ces insectes ne prennent pas de nourriture , et les palpes , la trompe ou le suçoir qui caractérise les diptères, se trouvent ici comme de simples rudimtns, dont les vestiges sont indiqués soit par des points saillans, arrondis, soit par de petites cavités qui correspondent à la place de l'insertion ordinaire de ces parties. Linnaeus est le premier auteur systématique qui ait fait usage de ce nom comme celui d'un genre : il l'avoit ainsi distingué des asiles et des -taons, avec lesquels la plupart des anciens écrivains les avoient confondus. (Voyez Ashe et Taon.) Le nom à'oeslre est tout- à-fait grec, olalpoç : il a été employé par les auteurs dans des acceptions différentes, Aristote, en particulier, désigne évidemment ainsi un ento- mostracé, qui s'attache aux branchies du thon et de l'es- padon (Histoire des animaux, liv, 5, chap. 5i , et liv. 8, chap. 19); mais Hesichius, Homère, Callimaque , et ensuite Virgile, Pline, ont employé ce nom comme propre à dési- gner une sorte de mouche qui attaque les bœufs et qui paroît être le taon. Quoi qu'il en soit , depuis Linnaeus tous les auteurs systéma- tiques ont employé le nom d'oestre pour réunir les insectes qui font l'objet de cet article et que nous caractérisons de la manière suivante : Antennes courtes , reçues dans une double cavité du front, à derniers articles en palette, sup- portant un poil isolé; à bouche non distincte; tarses à deux crochets et à deux pelotes. Les oestres proviennent de larves qui se développent dans le corps des animaux, soit dans les cavités tapissées de mem- branes muqueuses, telles que les fosses nasales, la gorge, l'estomac et les intestins , soit dans l'épaisseur de la peau. Ces larves ; dont nous avons fait ligurer une espèce dans l'atlas de ce Dictionnaire, planche 5 1 , Aa, et lu nymphe Ah, sont sans pattes, comme celles de la plupart des diptères. Elles ont les anneaux du corps munis de verticilles , ou de pointes roides, cornées, toutes dirigées dans le même sens et à l'aide desquelles l'insecte s'accroche lorsqu'il veut changer de lieu, dans les cavités de l'animal aux dépens duquel il se nourrit; mais, à l'époque oii il doit subir sa métamorphose, c'est-à-dire lorsque cette larve est parvenue à son état com- plet de développement , elle se retourne et se laisse entraîner au dehors pour tomber sur la terre et s'y enfoncer. Sa peau s'y durcit, et au bout de quelques jours, dont la durée est déterminée par la température atmosphérique , il en sort un insecte parfait, qui s'occupe de propager sa race. M. Clark, médecin vétérinaire, a publié dans les Transac- tions de la société Linnéenne de Londres une Dissertation très-curieuse sur ce genre d'insectes, et depuis, en i8i5, il a reproduit à part ce travail, dont nous nous servirons dans cet article. Les espèces qui vivent sous la peau des animaux ont reçu des noms qui indiquent cette particularité , comme Cutb- EÈBRE, expression empruntée du latin cuds tcrehra, vrille ou perçoir de la peau ; Œdémagène , qui produit des gonfle- mens; Hy?operme, qui vit sous la peau. Celles qui se déve- loppent dans les cavités à membranes muqueuses, sont les Céphaléjiyes , mouches de la tête, tel que l'oestre du nez des moutons; les Gastérophiles , ou plutôt Gasthocœtes , qui habitent ou qui aiment le ventre, c'est-à-dire les infestins. Les cutérèbrcs se développent sous la peau des divers mammifères herbivores sous la forme de larves. I,eurs ailes sont écartées dans l'état de repos, munies en dessous de grands cuillerons , sous lesquels on observe des balanciers. La principale espèce est I'Oestre du bœuf, Oestrus bovis ; il est décrit et figuré par Réaumur, Mémoires, tom. 4, pi. 36 et 38, et par Degéer, tom. 6, pag. 207, n.° 2, pi. i5 , Car. Ses aiks sont incolores; son corps est noir, très-velu ; son corselet roux est noir transversalement ; son abdomen est blanc à la base et fauve à la pointe. La larve de cet insecte se cramponne dans la plaie où ss 438 OES mère l'a placée ; elle s'y nourrit du pus qui provient de cette sorte de furoncle, de manière cependant à pouvoir respirer l'air par deux tuyaux courts. 2. L'Oestre du molton , Oestr. ov/5. Geoffroy l'a décrit et figuré, tome 2 de son Histoire des insectes des environs de Paris, p.'ig. 466, n.° 2 , pi. 17 , fig, 1. C'est une petite espèce grisâtre, à abdomen ondulé de gris soyeux et de noirâtre; à ailes transparentes, ponctuées de brun, La larve de cet insecte se développe dans le nez des mou- tons; nous en avons recueilli, il y a une trentaine d'années, une quantité considérable dans une bergerie où l'on retiroit les moutons des prés salés des dunes du Crotoy , département de la Somme. 3. L'Oestre du cheval, Oestr. equi. Geoffroy l'a fait con- noître sous le n.° 5 , et Degéer l'a figuré tome 6, pi. i5 , fig. .6. Il est facile à distinguer par son abdomen couleur de rouille, et par ses ailes, qui ont une bande et deux points bruns. Sa tête, vue en dessous, représente la figure d'un singe à grandes narines. Sa larve se développe dans l'estomac du cheval. On croit que c'est le cheval lui-même qui, ea se lécitant, avale les œufs que l'insecte femelle a déposés sur ses criiis. Ces larves s'accrochent sur la membrane muqueuse des intestins, et surtout de l'estomac, à l'aide de deux ongles ou crochets courbés et rétractiles. 4. Oestre HÉMORRHOÏD AL, Oeslr.}iemorr]ioidalis. C'est l'espèce indiquée par Geoffroy sors le n.° 1 , et figurée par Réaumur tome 4, pi. 35, fig. 5, 4 et $, Il est noir , très-velu ; l'écusson de son corselet est jau- nâtre; son ventre est fauve à l'extrémité libre, et blanc à la base; ses ailes sont sans taches. ( C. D.) OESTRIDE3, OESTRIDÉES, {Entom.) Noms donnés par M. Liifreille et par M. le docteur Leach à la famille des diptc'>?s qui compT-end les oestres ou les Astomes. (C. D. ) OESLJM. {Bot.) Gaza croit que Va plante nommée ainsi par Théophraste , est le salix amerimna de Pline ; mais C. Bauhin en iloui'<.', parce que Voesum a un fruit, qui manque dans le saule. (J.) ŒU 439 ŒTHRE, ŒtJira. {Crust.) Genre de Crustacés décapodes brachyures', fondé par M. Leach , aux dépens de celui des Calappes, et décrit dans notre article Malacostracés, tome XXVIII, pag. 232. (Desm.) ŒTHYA. {Ornith.) Ce nom étoit, chez les anciens natura- listes, un de ceux par lesquels ils désignoient les plongeons. Selon, Nature des ois.,'?. 179 ' en a fait une application particulière à son plongeon de mer, c'est-à-dire au petit pin- gouin , alca pica, Linn. , que les habitans du rivage de Crète appellent vuttamaria et calicatczu. (Ch. D.) OETI. {Bot.) Nom brame, cité parRhéede, d'une espèce de calaba, calophjdlum inophjllum. (J.) OETUM. {Bot.) Pline parle d'une racine de ce nom dans l'Egypte, qui sert de nourriture aux habitans. Il ajoute qu'elle pousse de petites feuilles , ce qui ne permet pas de croire que ce soit une espèce de rave, comme le pensoit C. Bauhin. Ce ne peut être encore la poirée , beta , la seule racine comes- tible , citée par Forskal, dans l'Egypte, qui y est nommée salk ou salg. (J.) ŒUF. {Conchyl.) Ce nom est encore assez souvent em- ployé en conchyliologie, et surtout parles marchands, pour désigner des coquilles dont la forme et la couleur ont quei- que^chose d'un œuf. Ainsi I'Œuf proprement dit, ou Œuf de POULE, est l'ovule ordinaire ; l'ŒuF papyracé est l'ovule gib- beuse; I'Œuf de vanneau, la bulle ampoule. On le donne aussi quelquefois au têt de certains oursins, dépouillé de ses baguettes, ou même à Toursin comestible, probablement parce qu'on le mange comme un œuf. (DeB.) ŒUF. {Ornitlu) On devra, sous le rapport de la formation des œufs et de l'incubation , consulter le mot Oiseaux. Mais il ne sera peut-être pas inutile d'indiquer ici les princi- paux ouvragées où Ton en trouve les figures et les d-scrip lions, après avoir observé en général que les œufs participent rare- ment de la couleur des oiseaux qui les produisent ; que les mâles n'influent en rien sur leurs couleurs ni sur leurs formes ; que les œufs de couleurs variées se ressemblent rarement en totalité dans la même couvée, et que les maté- riaux et la place des nids peuvent changer suivant les loca- lités et d'après des circonstances particulières. 440 QEU Le comte Ginanni a fait graver, en lySy, à Venise, un certain nombre d'œufs des oiseaux de son pays. Cet ou- vrage italien, en un volume in-4.° , contient vingt- deux planches. On a imprimé en 1766 à Leipsic, sous le titre de J. T. Klein, Os-a avium plurimarum , etc., un ouvrage qui renferme la collection des œufs existans dans le cabinet de ce naturaliste ,, avec une description latine et allemande. Elle renferme vingt-une planches assez bien gravées et coloriées. 11 a été publié à Nuremberg , en 1777 , un ouvrage in-folio de tréd. Chrét. Gunter, dont les planches ont été gravées par Wirsiug. Mais ces planches , qui contiennent des nids et des œufs , sont mal çolpriéçs et encore plus mal des- sinées. Seppa fait paroitre successivement, de 1770 à 1789, à Ams- terdam, aussi dans le format in-folio, avec texte hollandois, la collection des oiseaux du cabinet de Nozeman , avec les nids et les œufs mieux s,oignés. Lewin a, de 1796 à 1801 , fait imprimer à Londres, en huit volumes in-4.°, une Histoire des oiseaux de la Grande- Bretagne , eh anglois et en françois. On y trouve leurs œufs figurés dans des planches séparées. M. Graves, auteur d'une autre Ornithologie britannique, en deux volumes in-8.°, imprimée en 1811 à Londres, en anglois, a publié un O^^anum britannicum du même format et pour y faire suite. Chaque planche contient des œufs de plu- sieurs espèces du même genre,, et toutes sont fort bien exé-» cutées. La première partie a paru en 1816. H. R. Schinz a publié en 1819, ^ Zurich, la première li- vraison d'une description des œufs et des nids les plus remar- quables des oiseaux qui pondent en Suisse , eu Allemagne et dans quelques autres contrées du Nord de l'Europe, avec figures enluminées. Cette livraison est composée desix planches in-4.°. doijt l'exécution n'est pas très-satisfaisante. On ignore si celte entreprise a été coutinuée. Il existe a la bibliothèque du Muséum d'histoire naturelle de Paris, et à la suite d'un manuscrit de l'abbé Manesse, in- titulé Oologie ou Description des nids et des au/s d'un grand nombre d'oiseaux d'Europe, etc., uu recueil de cinquante-trois ŒU 441 planches assez bien dessinées et consacrées seulement aux œufs ; mais il n'est pas probable qu'on imprime jamais cet ouvrage, qui n'est pas au niveau des connoissances ac- tuelles. Sonnini a aussi publié, à la fin du soixantième.volume de son édition de Buffon , des Notes et observations sur la ponte des oiseaux de l'ouest de la France, par M. Lapierre ; mais elles ne sont pas accompagnées de figures. (Ch. D.) ŒUF BLANC ou ŒUF DE COQ. [Ornith.) On nomme ainsi les œufs qui ne contiennent que de l'albumine, et qui n'ont point de jaune. (Desm.) ŒUF DE CHAMOIS. (Mamm,) Ce nom a été quelquefois donné aux Egaçropiles. (Desm.) ŒUF DE COQ. (Ornith.) Ce nom est donné vulgairement à des œufs q^u'on trouve quelquefois dans les fumiers et les meules de foin , où ils ont été déposés par des couleuvres. On appelle aussi œufs de coq des œufs de poule qui n*ont point de jaune. (Ch. D.) ŒUF DU DIABI-E. (Bot.) On donne ce nom au phallus impudicus, Linn., espèce de champignon qui paroît d'abord sous la forme d'un œuf et qui répand une odeur extrêmement fétide. Voyez Phallus, (Lem.) ŒUF DES DRUIDES. {Foss.) On rapporte que ce nom a été donné à des oursins fossiles. (Desm.) ŒUF DU JAPON. (Conchjl.) L'un des noms vulgaires de l'ovule ordinaire. ( Desm, ) ŒUF RJARIN. (Actinoz.) Les oursins de nos côtes sont quelquefois désignés par ce nom. (Desm.) ŒUF DE MOLESME. (Mm.) Des marchands et des ama- teurs désignent sous ce nom populaire des géodes calcaires qu'on trouve aux environs de Molesme près d'Auxerre. (B.) ŒUF PAPYRACÉ. (ConchjL) C'est I'Ovule gibbeuse, (Desm.) ŒUF DE POULE. [ConchyL) L'ovule ordinaire ou ovule œuf a reçu ce nom marchand. (Deûm) ŒUF DE VACHE. {Zool.) On a appelé ainsi les égagro- pyles du bœuf et de la vacke. (Dksm.) 442 ŒU ŒUF DE VANNEAU. {Conch^l.) C'est un des noms vul- gaires de la Bulle ampoule. (Desm.) ŒUFS [dans les insectes]. (Entom.) Tous les insectes proviennent d'individus semblables à eux, dont ils ont été d'abord séparés, enveloppes d'une coque particulière ou sous forme d'œufs , qui comprennent non-seulement le germe, mais une quantité déterminée de nourriture destinée à l'alimentation et au développement de l'embyron qui doit devenir une larve. Nous avons indiqué à l'article Insectes, tom. XXIII, pag. 464 et suivantes, la forme, la consistance , les couleurs, le nombre variable des œufs; les soins parti- culiers qui président à la ponte et au dépôt des œufs pour les protéger, les masquer ou les défendre contre toute atta- que extérieure. Nous renvoyons le lecteur à la page citée , pour ne pas faire de doubles emplois. ( C. D.) ŒUFS [Petits]. {Bot.) Espèce d'agaric dont la forme et la couleur sont celles d'un œuf lavé de brun; ses feuillets sont blancs et sa tige est grise. Ce champignon , aqueux et très-frèle , n'est point malfaisant. Voyez Éteignoirs d'eau ou Hydrophores , et Paulet, Trait, champ., 2, pag. 266, pi. i23, fig. 9-i3. (Lem.) ŒUFS A L'ENCRE ou ENCRIERS SOLITAIRES. {Bot.) Groupe de champignons tous du genre Agaricus, que Piiulet établit dans la Synonymie des champignons. Ils croissent solitaires et se font remarquer par leur forme en œufs et leurs feuillets le plus souvent noirs ; il les distingue en trois groupes : a) En petits, gris et roux, à feuillets noircissans, tel que V Agaricus fnnetarius , Linn. (Voyez Oeufs rayés a l'encre.) b) En forme d'œuf, écailleux , alongés , un peu grands, qui comprend i.°les Agaricus ovatus , cjiindricus et porcella- neus de Schceffer, qui ont les feuillets blancs; 2.° un agaric à feuillet violet, figuré par Cimel dans les Vélins du Muséum d'histoire naturelle de Paris; 5." un agaric couleur de soufre et fétide, figuré par Steerbeck, Theat. , pi. 20, fig. K. c) En forme d'éteignoir couleur de rose , où vient se placer un fungus très-alongé, décrit par Michéli et nommé guglia p ar les Italiens; de môme que les agaricus papillatus et luridus de Batsch , petits champignons gris ou livides. (Lem.) OEU 445 ŒUFS FOSSILES. ( Foss. ) Luid et Klein ont décrit sous le nom d'œufs pétrifiés, des pierres qui paroissent être des échinites de l'espèce qu'ils nommoient spatagoïdes, spatan- goj'des ou brissoides. On a annoncé qu'on avoit trouvé en Espagne (Journal de physique, tom. 53, pag. 70) des œufs d'oiseaux pétrifiés; mais nous avons bien des raisons de penser que ce qu'on a pris pour desœufs, étoit quelque autre corps qui en avoit la forme : car, indépendamment de la difficulté qui auroit dû se ren- contrer pour que des œufs se fussent trouvés dans une cir- constance propre à être saisis par la cristallisation qui a formé les pétrifications, nous n'avons aucun exemple de pé- trification de corps aussi fragiles , autres que des corps ma- rins, qui se sont trouvés remplis par les débris de ce qui les environnoit. (_D. F.) ŒUFS A LA NEIGE ET A L'ENCRE [Petits]. (Bo/.)Paul., Tr., 2, p. 258, pi. 125, fig. 2. Champignon delà famille des encriers farineux de Paulet, d'un tissu frêle, tendre et déli- cat. 11 est d'un blanc de neige, avec les feuillets de couleur noire comme de l'encre ; les séminules ou sporules forment une poussière blanche, répandue sur les feuillets. Ce cham- pignon n'est pas malfaisant : on le trouve dans les jardins, sur le crotin de cheval. (Lem.) ŒUFS D'OISEAUX. {Chim.) Les parties de l'œuf des oi- seaux que les chimistes ont examinées, sont : (a) La coquille. M. Vauquelin a trouvé la coquille formée d'une matière org;inique unie à du soufre, de souscarbonate de chaux et d'une très -petite quantité de souscarbonate de magnésie, de phosphate de chaux et d'oxide de fer. (Voyez Coquilles d'œufs. ) (B) Le blanc à'auf. Il est formé, \.° d'albumine pour la plus grande partie , 2." de mucus, suivant M. Bostock : mais, s'il y en a, les expériences de ce chimiste ne me paroissent pas assez positives pour le démontrer ; 3.° d'une partie solide qui me paroit envelopper le liquide albumineux , comme peut le faire une membrane très-fine : c'est cette substance qui apparoît lorsque le blanc d'œuf se délaie dans l'eau ; la partie liquide est dissoute, et la partie solide devient visible sous la forme de flocons blancs, qui doivent leur opacité à 444 CE II de l'eau ;/|.® d'une matière grasse qui m'a paru formée d'oléine et de stéarine; 5.° de matières inorganiques, telles que de la soude, du chlorure de sodium, etc. (C) Le jaune d'ceuf. On y admet généralement, 1.° De l'albumine ; 2,° Une matière grasse contenant de l'oléine et de la stéa- rine, suivant M. Planche; 5.° Vue partie colorante, qui me paroît formée de deux principes colorans, un de couleur jaune et un autre de cou- leur rouge : le premier semble avoir quelque analogie avec le principe colorant jaune de la bile; 4-" Une partie solide membraneuse; B." Des matières inorganiques » D'après les observations que j'ai faites avec M. Geoffroy Saint-Hilaire , terme moyen, les œufs perdent environ un cinquième de leur poids dans l'incubation. (Ch.) ŒUFS RAYÉS A L'ENCRE. (Bot.) Paul., Tr. , 2, p. 269, pi. 126, iig. 1 , 2. Agaric que Paulet donne pour Vagaricus fimetarius, Linn. (voyez Champignon du fumier); mais qui en paroît différent. Ce champignon, haut de cinq à six pouces, a son chapeau d'un jaune roux ou brun sale, rayé par la saillie des feuillets; ceux-ci sont bruns. Cet agaric a d'abord la forme d'un œuf de poule qu'on auroit coijpé transversale- ment; il croît solitaire ou rapproché au pied des arbres, dans les jardins, etc. : on lui donne, dans quelques endroits, le nom de pisse-cliien. Des essais ont prouvé qu'il n'est pas malfaisant. ( Lem.) OFFICIER. {IchUiyoL) Un des noms vulgaires du lieu ou merlan jaune, gadus pollachius de Linnseus. Voyez Merlan. On appelle aussi quelquefois officier, le capelan , morrhua minuta. Voyez Mortje. (H. C.) OFFON. (Mamm.) Nom de Péléphant dans quelques parties de la Guinée. (F. C.) OFTIA. {Bot.) Adanson nomme ainsi le genre Lantana, X.inn. (Lem.) OGCODES. (Entom..) M. Latreille désigne sous ce nom un genre de diptères qui comprend Vempis acephala de Devillers, le sjrphus gibbus des premiers écrits de Fabricius, le CvRTE bossu ou I'Acrocere de Meigen (vovez ces mots). OGÎ 44S Nous avons fait figurer cet insecte planche 48 , fig. 7 de l'atlas de ce Dictionnaire. (C. D.) OGEGHA. (Bot.) C. Bauhin cite sous ce nom, d'après iPigafetta, un fruit du Congo, de couleur jaune, semblable à une poire, sans autre indication ultérieure^ (J.) OGIÈRE, Ogiera. (Boi.) Ce genre de plantes, que nous avons proposé dans le Bulletin des sciences de Février 1818 (pag. 32), appartient à l'ordre des Synanthérées, à notre tribu naturelle des Hélianthées, et à la section des Hélian- thées-Millériées , dans laquelle il est voisin des genres Mil- leria , Djysodiiini , Siegesbecha , etc., dont il difi'ère surtout par la calathidc incouronnée. Voici les caractères génériques de VOgiera. Calathide incouronnée, équaliflore , pauciflore , régulari- flore, androgyniflore. Péricline égal ou supérieur aux fleurs , composé de cinq squames foliiformes , unisériées, larges, ovales. Clinanthe petit, plan, garni de squamclles inférieures aux fleurs, ovales, acuminées , membraneuses, subscarieuses, uninervées. Ovaire grêle , oblong, bispide surtout au som^ met, devenant un fruit oblong, subcylindracé , obové, obscu- rément tétragone, hérissé de tubercules subglobuleux , étréci au sommet en un col gros et court 1, cylindrique; aigrette absolument nulle. Corolle à cinq lobes frangés. Anthères libres et noires. Style d'Hélianthée. Ogière triplinervée; Ogiera triplineri'is , H. Cass. , Bulletin des se, Févr. 1818, pag. 02. Tige herbacée, rameuse; feuilles opposées, un peu pétiolées , ovales, à peine dentées, tripli-' nervées, hispides, parsemées de glandes en dessous; cala- thides portées sur des pédoncules simples, courls, grêles^ solitaires, situés dans les dichotomies de la tige et des bran- ches; corolles jaunes. Nous avons observé Us caractères génériques et spécifiques de cette plante sur un échantillon sec, innommé, dont nous ignorons l'origine. Dans un recueil de Mémoires, imprimé à Bonn en 1820, et intitulé Horœ phjsicœ Berolinrnses , nous trouvons la des- cription d'un genre présenté comme nouveau par M. Cha- misso , sous le nom d''Euxenia , quoique l'auteur déclare po- sitivement (p.yS) que son Euxenia grata est la même plante 446 OGI qup notre Ogiera tripUnervis décrite dans le Bulletin cî es sciences de Février i8i3, pag. Z2. II ne décrit qu'une seule espèce à''Euxenia; nous n'avions décrit qu'une seule espèce à'Ogiera-. donc, si les deux plantes appartiennent à la même espèce, lEuxcnia ne peut pas être un genre nouveau. M. Chamisso n'allègue aucun prétexte pour s'attribuer l'établissement d'un genre publié, de son aveu, deux ans auparavant, par un autre botaniste, et pour changer le nom qui lui avoit été donné par le premier auteur. Nous supposons qu'ayant re- marqué les différences qui existent entre sa description et la nôtre, M. Chamisso en a conclu que nous avions commis de graves erreurs , que notre travail sur le genre dont il s'agit devoit être considéré comme nul, et qu'en conséquence il pouvoit se permettre de reproduire le même genre comme nouveau, sous un autre nom. Cependant nous pouvons af- firmer avec une entière confiance , que notre description de VOgiera est parfaitement exacte; nous sommes persuadé que la description de VEuxenia , faite par M. Chamisso , est égale- ment bonne , quoiqu'elle diffère beaucoup de celle de YOgieraé Que faut -il en conclure? C'est que VOgiera et VEuxenia sont deux plantes très - différentes , qui n'appartiennent ni à la même espèce, ni au même genres Cela est évident, et nous ne concevons pas comment M, Chamisso a pu le mé- connoître. La calathide de VEuxenia est hémisphérique , et composée d'un grand nombre de fleurs entassées. La calathide de VOgiera est' subcylindracée ou ovoïde, et pauciflore. Le péricline de VEuxenia est comprin)é , rélléchi , formé de dix squames entregreffées inférieurement , libres supé- Heurement, dont huit sont plus courtes et dentées, et les deux autres doubles en longueur et très -entières. Le péri- cline de rOgierfl. non comprimé, ni réfléchi, est formé de cinq squames entièrement libres. Le clinanthe de VEuxenia est hémisphérique, et pourvu de squamelles spathulées, vertes au sommet, aussi longues que les fleurs. Le clinanthe de VOgiera est plan , et pourvu de iqnaniellcs ovales, aciiminées, membraneuses, subscarieuses, plus courtes que les fleurs. L(s anthères de VEuxenia sont brunes; celles de VOgiera Bont noires* OGI 447 Le fnzît de VÊuxenia ne paroit pas être hérissé de tuber- cules subglobuleux , ni terminé au sommet par un gros col très -court, comme le fruit de VOgiera. VEuxenia est un arbrisseau de six et huit pieds de hauteur. VOgiera est une plante herbacée, très- peu élevée. Il est donc indubitable que VEuxenia et VOgiera ne sont ni de la même espèce, ni du même genre; mais nous croyons que ce sont deux genres voisins , et qu'en conséquence VEuxenia doit êlre classé , comme VOgiera , dans la tribu des Hélianthées, et dans la section des Hélianthées- Millériées. En parcourant le Nouveau Dictionnaire d'Histoire natu- relle, appliqué aux arts, par une société de naturalistes, nous trouvons à la page 498 du septième" volume, publié en i8o3, l'article suivant: ^ Eleutheranthera. Nouveau genre de plantes j établi par « Poiteau , dans la Syngénésie et dans la famille des Corym- « bifèrcs. II offre pour caractère : un calice commun de cinq « folioles égales, un réceptacle couvert de paillettes ciliées « au sommet, et portant quatre à neuf fleurons hermaphro- ^< dites, ciliés, cà étaraines distinctes; des graines hérissées de « glandes et couronnées. Ce genre ne renferme qu'une es- (f pèce, rÉleuthéranthère à feuilles ovales, qui est une herbe « étalée, à feuilles ovales, opposées, et à fleurs pédoncules. « et géminées, qu'on trouve à Saint-Domingue. (B.) '^ Il nous paroit infiniment probable que notre Ogiera est le même genre que VEieutha^antliera de M. Poiteau , publié long- temps auparavant. Mais, à l'époque où nous avons publié VOgiera, et lorsque nous avons rédigé nos articles pour la lettre E du Dictionnaire des sciences naturelles, nous ne Connais- sions point V Eleutheranthera. Nous ignorons même encore au- jourd'hui si V Eleutheranthera est décrit ailleurs que dans le Dictionnaire oi'i nous avons copié l'article qu'on vient de lire. La description qu'il contient nous semble imparfaite, et même inexacte sur quelques points, ce qui ne nous empêche pas de reconnoitre que M. Poiteau doit être considéré comme le véritable auteur du genre, surtout si l'on persiste à suivre la règle injuste et déraisonnable admise par la plupart des bo- tanistes , qui ne consultent que les dates, sans avoiç aucun égard à l'exactitude des descriptions. (H. Cass.) OGLIFE, OgUfa. (Bot.) Ce genre ou soUs-genre, qilè hous ^vons proposé dans le Bulletin des sciences de Septembre 181 g (pag. 143), appartient à l'ordre des Synanihérées , à notre tribu naturelle des Inulées , et à la section des Inulées-Pro- lotypes , dans laquelle nous Tavons placé auprès du genre Micropus (toni.XXIll, pagk 564). Voici les caractères gêné-' riques de VOglifa, Calathide ovoïde, discoïde : disque pauciflore , régulariflore^ androgyniflore ; couronne plurisériée, multiflore , tubuliflore , féminiflore. Périoline égal aux fleurs , formé de squames uni- sériées, égales, appliquées, linéaires-lancéolées, plaiiiuscules , foliacées, laineuses extérieurement, coriaces à la base, mu- nies d'une bordure membraneuse; quelques squames surnu-' méraires, irrégulièrement disposées, inégales, analogues aux vraies squames , mais plus courtes , accompagnent extérieu- rement le péricline. Clinanthe plan et nu. Ovaires du disque et de la couronne oblongs , papillulés ; à aigrette composée de squamellules unisériées, égales, longues , filiformes, capil- laires, barbellulées, caduques. Corolles de la couronne tubu-* leuses, longues, grêles, filiformes. Quelques fleurs femelles , à ovaire privé d'aigrette, sont situées entre les squames sur* numéraires et les vraies squames du péricline» Ogufe des champs : Oglifa arvensis , H. Cass. ; Filago arvensis ^ Linn., 5p*p/.j édit. 3, pag. i3i2. C'est une plante herbacée* annuelle, velue, cotonneuse et blanche sur toutes ses par- lies extérieures; la tige, haute d'environ un pied, est dres- sée, paniculée, à rameaux nombreux, courts, dressés; les feuilles sont nombreuses, rapprochées, embrassantes, courtes, étroites , oblongues-lancéolées , très-molles ; les calathides sont agglomérées aux aisselles des feuilles de la tige et aux extré- mités des rameaux, qui, étant appliqués contre la tige, forment ensemble une sorte d'épi lâche; les périclines ne sont point scarieux , mais entièrement cotonneux. Cette plante, qui fleurit en Juillet et Août , se trouve en France , dans les champs stériles et sablonneux, et notamment aux environs de Paris. Smith dit qu'elle n'existe point en Angleterre. VOglifa se rapproche beaucoup des vrais Gnaphaliujn , tels que les G» luteo-alhum , sjdvaiicum et uliginosum ; mais il en difi"ère par le péricline , dont les squames sont unisériées. OCxY 449 égales, nullement scarieuses; et par des fleurs femelles, à ovaire sans aigrette, situées en dehors du péricline, et pro- tégées par des squames surnuméraires. Ces différences suf- fisent, selon nous, pour autoriser l'établissement du genre ou sous-genre que nous avons proposé. Les calathides de VOglifa ne sont point rassemblées en ca- pitule proprement dit. Il faudroit peut-être considérer les squames extérieures plus courtes comme constituant seules le vrai péricline , et les squames intérieures plus longues comme des squamelles appartenant au clinanthe, et interpo- sées entre les fleurs femelles inaigrettées et les fleurs femelles aigrettces. (H. Cass.) OGNON ou OIGNON. (Bot.) C'est une espèce d ail. (L. D.) OGONKUA. (Bot.) Nom japonois de Varnica ciliata de Thunberg. (J.) OGORANIM. {Bot.) Nom brame du piripu du Malabar, delima sarmenlosa de Linnœus. (J.) OGOTON, OGOTONE. [Mamm.) De ogototia, nom latin donné à un lagomys. Voyez Lièvre. (F. C.) OGRODNIGZER {Ornilh.) Nom polonois de l'ortolan, em- leriza hortulana , Linn. (Ch. D.) OGURUMA (Bot.) La plante composée, citée sous ce nom japonois par Kœmpfer , est Vinula japonica de Thunberg. (J. ) OGYGIE. ( Foss.) M. Brongniart a donné le nom d'ogygie (qui est de la plus grande ancienneté) à un genre de Crus- tacés fossiles, dépendant de la famille des triiobites , et qui se rencontrent dans les plus anciennes couches du globe. Ils ont la forme d'une ellipse alongée, terminée en pointes à peu prés égales à ses deux extrémités. Ils sont tous très-dé- primés, et M. Brongniart croit qu'on ne peut guère attribuer cet aplatissement à la compression. La tête et le corselet sont réunis en un bouclier assez étendu : on voit sur la partie antérieure du chaperon un sillon droit longitudinal , qu'on n'aperçoit sur aucun autre trilobite , et sur les côtés , deux sillons arqués. Des protubérances qui semblent indiquer la place des yeux, ne montrent pas la structure réticulaire, ni l'espèce de rebord qui entoure la cornée, comme dans les autres triiobites. Le bouclier se prolonge de chaque côté en une pointe quel- 35. ag 45o OGY quefois trés-alongée , qui est tout-à-fait séparée du corps , et qui s'étend jusqu'à plus de la moitié de la longueur de l'animal. L'abdomen est, ainsi que le post-abdomen, divisé en trois parties par deux sillons longitudinaux et en un grand nombre d'articulations transversales. On remarque à leur surface des stries partant en diver- geant d'un angle des écailles, comme celles qu'on voit sur les écailles des oscabrions ; on y remarque aussi des plis et des échancrures semblables à ceux que montrent les écailles de la queue des crustacés dans les parties qui s'emboîtent. Le post-abdomen est à peu près disposé comme l'abdomen , et composé environ de dix anneaux ou articulations. Ses parties latérales paroissent avoir été plus membraneuses que celles de l'abdomen. M. Brongniart a remarqué dans un individu deux paquets ovoïdes, situés aux côtés de la queue et qu'il compare aux paquets d'œufs de certains entomostratés , tels que les cyclopes et les branchiopodes. Les individus d'une même espèce ont entre eux de grandes différences de taille: on en trouve qui ont trois pouces et demi et d'autres qui ont jusqu'à plus de dix pouces de long. Jusqu'à présent on n'a pu caractériser que les deux espèces ci -après : Ogygie de Guettard; Ogjgia Guettardi , Al. Brong. , Hist. natur. des trilobites , pag. 28 , pi. 3 , fig. 1 , A, B. Corps elliptique , environ trois fois plus long que large , terminé en pointe aux deux extrémités; le bouclier se prolonge de chaque côté en une pointe presque aussi longue que le corps. On trouve cette espèce dans les schistes ardoises des environs d'Angers. Longueur, trois pouces et demi. M. Brongniart croit, et nous croyons avec lui, que les empreintes à trois lobes et à articulations transversales qu'on trouve dans ces schistes n'appartiennent pas toutes à cette espèce; elles sont si différentes les unes des autres par leur dimension, leur épaisseur et leur forme, qu'elles pourroienf appartenir à des espèces différentes , mais qu'on ne peut caractériser, ne les ayant jamais trouvées entières. Ogygie de Desmarest; Ogjgia Desmarestii , Al. Brong., loc. cit., pi. 3, fig. 2. Corps comprimé, ovale, antérieu- rement obtus, et dont le bouclier, arrondi et presque échan- OHI 45i cré antérieurement, se termine par derrière en deux pointes coiirles. Cette espèce, qu'on trouve avec la précédeule, de- voit avoir au moins un pied de longueur sur cinq pouces environ de largeur. ( D. F.) OHIGGINSIE; Higginsia, Ohigginsia , Fers. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, de la famille des rubiacées , de la tétrandrie monoaj'nie de Linnaeus , offrant pour caractère es- sentiel : Un calice à quatre dents; une corolle en forme d'en- tonnoir, le limbe à quatre divisions; quatre étamiues ; un ovaire inférieur ; un style; un stigmate saillant, à deux lèvres; une baie presque tétragone, à deux loges, ou quatre à deux sillons, ouibiliquée , polysperme. Ohigginsie a ki.eurs agrégées; Ohigginsia aggregata ^ Ruit et Pdv., FL Per., 1 , pag. 55, tab. 83, fîg. 6. Plante des grandes forêts du Pérou, dont les tiges sont droites, lij,'neuses, longues de trois pieds, un peu rameuses et tétragones; les feuilles pétiolées, opposées, étalées, lancéolées, très-entières, longues de quatre à cinq pouces, larges de deux et demi, acuuiinées, très-aigué's; les fleurs axillaires , ;:grégées, pres- que verticillées; les pédoncules très-courts, inégaux, uni- flores; les calices petits, à quatre deii(s;lescoiollesd'un pourpre jaunâtre, ayant le tube court; le limbe a quatre découpures lancéolées ; le style filiforme; quatre stigmates aigus. Le fruit est une baie ovale, presque ronde, un peu tétragone, à quatre loges polyspermes, caractères qui le rapprochent du subicea. Ohigginsie a feuilles ovales; Ohigginsia obo\'ala ^ FL Per., l. c, tab. 85, fig. 6. Arbrisseau d'environ quatre pieds, dont les tiges sont droites, peu ramifiées; les feuilles pétiolées, en ovale renversé, glabres à leurs deux faces, veinées, acu- miuées, très-entières, longues d'environ trois pouces, larges de deux; quelques-unes lancéolées; les stipules très-peiites, ovales, caduques; les fleurs disposées en grappes simples, alongées, axilaires , presque verticillées; les pédicelîes courts, unilatéraux; les corolles de couleur incarnate; avec le tube court ;le limbe étalé, à divisions linéaires, obtuses. Le fruit est une baie purpurine, alongée. Cette plante croît au Pérou, dans les lieux ombragés. D'après M. de Jussieu, cette espèce, dont la baie est biloculaiie , doit faire un genre distinct, sous le nom d'Higginsia, formé par Persoon , en retranchant la pre- mière lettre du nom primitif. AS? OHI Ohigginsie verticillée ; Ohigginsia verticillata , FI. Per. , l. c, tab. 85, fig. a. Arbrisseau du Pérou, haut d'environ trois pieds; il a les rameaux peu nombreux, rudes, cylindriques, tomenteijx vers leur sommet ; les feuilles pétiolées , ternées , presque verticillées , lancéolées, entières, luisantes en dessus, un peu pubescentes eu dessous, rabattues, longues de trois pouces; trois stipules fort petites, caduques; les pédoncules axillaires, solitaires, une fois plus courts que les feuilles, chargés souvent de trois à cinq fleurs terminales, pendantes, allernes; le calice de couleur purpurine; la corolle écarlate; son tube tétragone , plus long que le calice ; les baies alon- gées, tétragones, d'un blanc pourpre, à deux loges. Quel- ques auteurs pensent que cette espèce pourroit être réunie au nacibea d'Aublet. (Poir.) OHIHOIN. (Mamm.) Nom que les Hurons, suivant Sadgard Théodat, donnent à Pécureuil suisse. (F. C.) OHNA. (Mamm.) Nom de l'antilope tzeïran chez les Tatarcs Mongous. (F. C. ) OHN-VOGEL. (Ornitli.) Nom autrichien du pélican , pe/e- canus onocrotalus , Linn. (Ch. D.) OHUL. {Ornith.) Nom que porte au Chili le héron blanc de lait, ardea galatea , Lath. (Ch. D.) OHIJWEL. {Bot.) Un des noms de Vatragene zejlanic a dans Tile de Ceilan. (J. ) 01. {Bot.) Nom du GoGAViER, psjdium pjriferum , au Tun- quin. (Lem.) OICEPTOME, Oiceptoma. {Entom.) M. Leach désigne sous ce nom de genre une division de celui des Silphes , famille des hélocères, insectes coléoptères pentamérés. (CD.) OlDES. {Entom.) Nom donné par M. Weber à de petits coléoptères phytophages que Fabricius a décrits sous le nom iVadorium. Voyez Adorie, tom. I.", pag. ^282. (CD.) OÏDIUM, Link; Oideum, Ehrenb. {Bot.) Genre de la fa- mille des champignons de l'ordre des Mucédinées et de la série des Byssoïdées, dans la méthode de Link. II est carac- térisé par SCS tilamens rameux, byssoïdes, floconneux, entre- lacés en louff"e , cloisonnés , et dont les extrémités sont com- posées d'articulations qui, en se détachant, paroissent devenir autant de conceptacles ou de sporidies. OID 455. . Ce genre a des rapports très -marqués avec Vacrosporium et Valysidium; aussi M. Persoori les réunit -il sous le nom gé- nérique d^acrosporium et en présente la description des espèces ainsi qu'il suit. Il auroit mieux valu conserver le nom d'oi- dium à cette réunion. §. 1." jFi/amens distincts^ droits. (AcrosporiuMj Nées^ Syst.) 1. AcRospoRiuM EN FORME DE COLLIER (Acr. moniUo'tdes , Pers. , Mj'col. Eur. , 1 , pag. 20; INées, Syst. champ., 2 , tab. 4, fig. 4g ; Monilia hjalina, Pries, Ohs. mjyc, 1 , pag. 210, tab. 3 fig. 4). Ses petits gazons ou touffes, de couleur blanche ou grise, se réduisent en poussière par le toucher : on les trouve sur le chaume et sur les feuilles des graminées en été. 5' 2. Filainens ou Jlocons agrégés, droits, simples ^ luisans. (Alysidium, Kunze, Myc.) 2. AcROSPORiUM FAUVE [Acr. fulvum , Pers., loc. cit.; Alysi- dium fulvum , Kunze, Mjc, 1 , pag. 1 1 , tab. 1 , fig. 6). Il forme des touffes de couleur fauve dans le creux des troncs de saules : il a été observé dans la haute Lusace. ^. 3. Filamens entrelacés, se divisant en articulations gui se répandent ça et là sur la plante, (Oïdium, Link , Nées y loc. cit. ) 3. AcROSFORiDM DES FRUITS [Acr. fructïgenum , Pers., Myc; Monilia fructigena , Pers., Syn.; Torulafructigena, ejusd., Ohs.. myc.^ tab. 1 , lig. 7 ; Oïdium fructigenum , Kunze, Mycol., 1 , p. 80, tab. 2, fig. 22 ). Il forme des taches ou petits gazons arrondis ou irréguliers, d'une couleur grise ou grisâtre, sur les fruits charnus en putréfaction , et notamment les prunes et les poires. II se développe en été. 4. AcRospORiuM LACHE (Acr. laxum, Pers., loc. cit.; Oidium laxum, Ehrenb., Sylv. mycol., p. 22). Les "filamens sont droits, divergens , d'une couleur cendrée claire , à articulations grandes, luisantes. On le trouve sur les abricots gâtés. 5. AcROSPORiUM DORÉ {Acr. aureum, Pers., loc. cit.; Oidium aureum, Link, Berl. Mag., 5, pag. 18, pi. 1, fig. 28; Nées, Syit., 2, tab. 5, fig 44). 11 est d'un jaune d'or pâle et se 454 OIE trouve sur le bois pourri. Link l'a confondu, mais à tort, avec le trichoderma aureum de Persoon : et il paroît que l'oi- dium. ruhens de Link est aussi une espèce de trichoderma , d'où il résiilteroit que les deux espèces sur lesquelles Liuk a fondé le genre Oidium , n'en doivent point faire partie. Cet oïdium ruhens se trouve sur les vieux fromages; il y forme de larges taches minces, rougeâtres, qui se convertissent en milliers de sporidies sphériques d'une petitesse extrême. (Lem. ) OIE, Anser. (Ornith.) On est obligé de reconnoitre , avec M. Temminck, qu'il seroit fort difficile de séparer en genres bien tranchés, les espèces d'oiseaux qui composent la grande famille des canards, anas , laquelle se trouve, sous ce rapport, dans le même cas que celles des /aucons et desfringilles; mais comme le nombre des espèces, visiblement disparates, est très-considérable, on ne parviendroit pas à les désigner par deux mots seulement, le nom générique et l'épithète, si Ton se bornoit à une division par sections, et c'est un motif dé- terminant pour se contenter de caractères plus foibles, et n'être pas privé de l'avantage le plus propre à faire faire à la science les progrés qu'elle doit attendre d'une nomenclature courte , régulière et précise. Les caractères particuliers des oies ont déjà été exposés aux articles Canard et Cvgne , tomes VI et Xll de ce Dictionnaire. Mais on croit devoir rappeler ici que les plus saillans consistent dans un bec plus court que la têîe, plus haut que large à sa base, renflé et quelquefois tubi-rculeux près du front, rétréci et onguiculé à la pointe, et dont les mandibules sont garnies de dents coniques , poin- tues et formées par les bords des lamelles; à quoi Ton peut ajouter que les jambes sont placées à Téquilibre du corps, tandis qu'elles sont retirées vers l'abdomen chez les canards proprement dits et les cygnes, qui ont, d'ailleurs, le bec plus large qu'épais. Leur cou est de moyenne longueur. Ces oise.iux vivent en général dans les prairies et dans les marais, où ils mangent des plantes aquati(iues et des graines. Ils sont polygfimes ; ils nichent à terre, et leurs petits, qui mar- chent en sortant du nid, se nourrissent eux-mêmes. Les oies nagent peu et ne plongent point. La mue a lieu deux fois l'année, en Juin et en Novembre, chez la plupart des es- pèces, et peut-être n'y a-t-il qu'une seule mue chez les fe- OIE , *55 melles. Le plumage ne change de couleur que chez les mâles , qui, au mois de Novembre, se revêtent de leur habit de noce et le conservent jusqu'à l'époque de la propagation. Les jeunes mâles de l'année ressemblent entièrement aux vieilles femelles jusqu'à leur première mue. Les oies préludent aux actes de l'amour en allant d'abord s'égayer dans l'eau. Elles en sortent pour s'unir, et restent accouplées plus long- temps et plus intimement que la plu- part des autres oiseaux, chez lesquels l'union du mâle et de la femelle n'est qu'une simple compression. Ici l'accouple- ment est bien réel et se fait par intromission. Le mâle est tellement pourvu de l'organe nécessaire à cet acte, que les anciens avoient consacré l'oie au dieu des jardins. Le cri naturel de l'oie , dit Buffon , est une voix très- bruyante , un scn de trompette ou de clairon , clangor, qu'elle fait entendre très- fréquemment et de fort loin; mais elle a de plus d'autres accens brefs, qu'elle répète souvent, et lors- qu'elle est attaquée, elle tend le cou et rend un sifflement semblable à celui de la couleuvre, qui est exprimé en latin par strepit, gratitat , slridet. Le mouvement du vol des oies sauvages ne s'annonce par au- cun bruit, et l'ordre dans lequel il se fait, suppose des combi- naisons et une grande intelligence. C'est l'arrangement le plus commode afin que chacun suive et garde son rang, et la dis- position la plus favorable pour que la troupe entière puisse fendre Tair avec moins de fatigue. Elles se placent en effet sur deux lignes obliques formant un angle, ou sur une seule ligne quand la troupe est peu nombreuse. Celui qui est à la tête de l'angle et fend Tair le premier, va se reposer au der- nier rang quand il est fatigué , et les autres prennent la pre- mière place tour à tour. On a remarqué des points de par- tage où les grandes troupes de ces oiseaux se divisent pour se répandre en diverses contrées, et tels sont le montTaurus, relativement à l'Asie mineure , et le mont Stella , où elles se rendent dans l'arrière -saison et d'où elles semblent partir pour se disperser en Europe. Ces bandes^^secondaires se réu- nissent de nouveau et en forment d'autres qui, au nombre de quatre ou cinq cents, viennent quelquefois en hiver s'abattre dans nos champs où elles pâturent les blés en grattant jusque dessous la neise. ;,56 OIE Les oies sauvages se rendent tous les soirs , après le coucher du soleil , sur les étangs et les rivières, où elles passent la nuit , pour s'y trouver en sûreté ; et leurs habitudes sont bien différentes en cela de celles des canards, qui vont, la nuit, paître dans les champs et ne reviennent à l'eau que quand les oies la quittent; ce qui est une circonstance propre à mo- tiver la séparation des genres Anas et Anser. C'est seulement pendant les hivers peu rudes que les oies restent assez long-temps dans les pays tempérés ; car, lorsque les rivières se glacent, elles s'avancent plus au Midi, d'où elles reviennent vers la lin de Mars pour retourner au Nord et se porter dans les latitudes plus élevées, au Spitzberg, au Groenland , sur les bords de la mer glaciale, à la baie d'Hiid- son, etc., où leur graisse et leur fiente sont une ressource pour les malheureux habitans. Les oies ont la vue bonne. Fouie très-fine, et leur vigi- lance est telle qu'elles ne sont jamais prises en défaut. Pen- dant qu'elles mangent ou qu'elles dorment, il y en a toujours dans la troupe une, qui, le cou tendu, et la tête en l'air, est prête à donner le signal du danger, et si on joint à ces signes d'intelligence et au\- remarques ci-dessus faites relati- vement à leur vol , les preuves d'attachement que les oies pri- vées ont données en plusieurs occasions, on sentira combien peu est exacte l'opinion populairesur leur bêtise, qui ne paroit s'être formée que d'après l'air stupide que présentent en effet leur marche, leur cou tendu, leur bouche béante, et le son de leur voix, lorsqu'elles éprouvent de la frayeur. Comme ces oiseaux volent très-haut et ne s'abaissent que lorsqu'ils sont au-dessus des eaux, on a beaucoup de peine à les tirer, et leur extrême défiance rend presque toujours inu- tiles les stratagèmes qu'emploient les chasseurs. Quand la terre est couverte de neige, ceux-ci se revêtent de chemises blan- ches par-dessus leurs habits; en d'autres temps ils s'envelop- pent de branches et de feuilles, de manière à paroître un buisson ambulant; ils vont même jusqu'à s'atfublerd'une peau de vache et marchent en quadrupèdes, courbés sur leurs fusils; mais, même pendant la nuit, toutes ces ruses ne suffisent pas , et les chasseurs n'ont souvent le temps de tirer les oies que parce qu'elles courent trois ou quatre pas sur la terre et bat- OIE 457 tent les ailes pendant quelques momens avant de pouvoir s'élever dans l'air. Comme le plumage des oies est très-serré et qu'on est tou- jours obligé de les tirer de loin, il faut que le plomb ait le double de grosseur de celui qui est en usage pour la chasse aux lièvres. On se sert aussi de filets, qu'on tend le soir et entre les- quels on place des oies privées pour servir d'appelans. Le chasseur se cache dans une fosse à quelque distance ; les oies arrivent après de longs circuits, et Ton réussit quelquefois à en envelopper plusieurs sous la nappe. On a encore imaginé de conduire aux endroits que les oies ont l'habitude de fréquenter , une nacelle, qui s'attache au milieu de l'eau et qu'on y laisse pendant trois ou quatre jours, afin de les accoutumer à la voir; on se place ensuite dans cette nacelle avant la nuit, et l'on y reste à l'aiTût. En Sibérie, dans les contrées voisines de l'Obi, à l'époque de la fonte des premières glaces, les Ostiaques amoncèlent la neige, construisent des espèces de retranchemens et y font des cabanes avec des branchages; ils placent sur l'eau , près de ces cabanes, des oiseaux empaillés sur lesquels les oies viennent fondre à coups de bec. Ils emploient aussi divers filets à la même chasse. M. Cuvier sépare les oies en deux sections; savoir : les oies proprement dites, et les bernaches dont le bec, plus court, plus menu , ne laisse point paroître au dehors les extrémités des lamelles. M. Vieillot en fait aussi deux sections, mais différemment composées : l'une comprend les espèces dont les doigts sont entièrement palmés, et l'autre celles chez les- quelles il n'existe qu'une demi -palmure. La première de ces sections se sous-divise encore d'après l'existince ou l'ab- sence d'éperons aux ailes. Au reste , il y a lieu de penser que le nombre des espèces d'oies doit être restreint et que celles qu'on n'a pas été à portée d'observer dans les diverses saisons, n'offroient souvent, dans le plumage et la taille, que des dif- férences tenant à l'âge des individus. Sonnini et M. Vieillot pensent même, à cet égard, que l'oie magellanique , l'oie peinte, l'oie des îles malouines, l'oie antarctique, l'oie du plein, pourroient n'être qu'une seule espèce. ( 458 OIE Oie ordinaire ; Amer cinereus, Meycr; Anas anser, Linn. et Lath.,pl. enl. de Buffon , ii.°g85 , et 209 de Le^vin. L'oie cen- drée , qui est le type de nos oies domestiques, a deux pieds huit à dix pouces de longueur. Elle a pris toutes sortes de couleurs dans les basses-cours; mais dans l'état sauvage, elle est sur la tête et le cou d'un cendré clair, qui se rembrunit sur le dos et les ailes, dont les pennes primaires sont termi- nées de noir et blanches sur leurs tiges. La poitrine et le ventre sont d'un cendré blanchâtre ; les parties inférieures et le crou- pion sont d'un blanc pur. Les ailes, pliées , n'atteignent point l'extrémité de la queue. Le bec, fort et gros, est d'un jaune orangé, ainsi que la membrane des yeux; son onglet est blan- châtre. L'iris est d'un brun foncé et les pieds sont jaunâtres. La femelle, d'une taille un peu inférieure à celle du mâle, a' le cou plus mince, le bec plus effilé et le plumage inférieur d'une teinte plus claire. On remarque sur le ventre et la poi- trine des individus des deux sexes quelques plumes d'un brun noirâtre lorsqu'ils sont très-vieux. Les oies habitent les mers, les plages et les marais des con- trées orientales, et elles avancent rarement dans le Nord au- delà du cinquante-troisième degré. On en voit peu en France et en Hollande pendant les passages, mais elles sont plus nom- breuses en Allemagne. Lewin dit que quelques-uns de ces oiseaux restent pendant toute l'année en Angleterre dans les marais, et qu'ils se rassemblent, durant l'automne, par bandes, qui, dans les hivers rigoureux, se grossissent de ceux qui viennent du Nord dès le commencement de cette saison. Ils pondent, sur des émincnces formées de joncs coupés et d'herbes sèches, huit à douze œufs d'un vert sale , dont l'in- cubation dure vingt-huit jours, et qui sont figurés dans le même ouvrage, pi. 53. Les petits, enlevés avant qu'ils aient leurs grosses plumes, se privent aisément. Quoiqu'on puisse tirer parti de plusieurs espèces d'oies, c'est l'oie commune ou domestique qui, jusqu'à présent, est seule susceptible d'être considérée sous le rapport de l'éco- nomie rurale. Sa domesticité est moins complète que celle de la poule, et ce n'est ordinairement qu"au mois de Mars qu'elle commence à pondre ; ce qu'elle ne fait guère que tous les deux jours. Chaque ponte est de huit à dix ou douze œufs. Aussitôt OIE 459 qu'on s'aperçoit que les oies veulent pondre , on les renferme sous leur toit, qu'on a soin fie tenir propre, et qui ne doit pas en contenir plus de huit. Dès qu'on est parvenu à leur faire faire un csuf dans le nid préparé à cet effet avec de la paille , elles continuent de pondre dans le même endroit; et quand on remarque qu'après la ponte l'oie commence à garder le nid plus long-temps que de coutume, on peut en conclure qu'elle ne fardera pas à couver. On met douze à quatorze ceufs dans le nid qu'on a préparé d'une forme circulaire et garni de foin. L'incubation dure un mois, pendant lequel on place à cAté du nid un vase contenant de l'orge détrempée dans de l'eau. On emploie quelquefois les poules d'Inde et même ly?s poules ordinaires à la couvaison, et ce remplacement met l'oie à portée de fournir un plus grand nombre d'reufs. Lorsqu'il fait chaud, on peut laisser sortir les oisons peu de jours après leur naissance; mais on ne doit pas les exposer à la trop grande ardeur du soleil , qui leur seroit aussi préjudiciable que le brouillard, la pluie et le froid. Leur nourriture se prépare avec de l'orge grossièrement moulue et du son détrempés et cuits dans du lait, où l'on a ajouté du mélilot et des feuilles de laitue. Quand les oisons ont atteint deux mois , on les réunit avec le mâle et la femelle, qu'on avoit conservés pour la ponte, et l'on tâche de les faire aller en troupes à la prairie et sur le bord des étangs , en détruisant sur leur route la ciguë et la jiisquiame, qui sont pour eux des poisons. Dans les pays où l'on fait de grandes éducations d'oies , tout le soin qu'on leur donne pendant la belle saison peut se borner à les rappeler ou ramener le soir à la ferme, et à leur offrir des réduits commodes et tranquilles pour faire leur ponte et leur nichée ; ce qui sufiit même pour les y affectionner en hiver. Le mâle de l'oie commune se nomme /ars. Suivant Sonnini, on le flistingue de la femelle en ce qu'il est plus haut monté et qu'il a le cou plus alongé et la voix plus forte. Quoique des auteurs prétenrlent qu'il en faut un pour six femelles, le nombre en peut être bien plus considérable sans qu'on l'ex- pose à se trop fatiguer. La chair de l'oie est pesante, de difficile digestion, et celle 4Co OIE du dindon est préférable; mais le duvet et les plumes de ces oiseaux forment une partie de leur produit. Lorsqu'on a soin, pour les plumer, de faire cette opération avant la mue et de n'ôterque quatre ou cinq plumes chaque fois, elle n'est sui- vie d'aucun inconvénient, mais il faut empêcher les oies d'al- ler à l'eau jusqu'à ce que la peau soit raffermie. Chez les vieil- les, les pennes peuvent être enlevées trois fois chaque année , de sept en sept semaines, mais on ne doit point les arracher aux oisons avant l'âge d'environ quatre mois. Les plumes empor- tent toujours avec elles une graisse qui les feroit gâter, et leur communiqueroit une odeur désagréable , si l'on n'avoit soin de les mettre au four après leur extraction, et de les trans- porter dans un lieu sec et aéré; on les passe ensuite dans les tendres chaudes et dans de l'eau bouillante. A l'égard du duvet, l'époque convenable pour l'enlever est celle où il commence à tomber de lui-même. Les insectes s'y ïnellent quand l'extraction en est faite trop tôt. Le plus estimé est celui des oies maigres, qui en fournissent aussi davantage. On préfère, dans le commerce, les plumes tirées des oies vi- vantes à celles des individus morts, et lorsque ces individus ont été tués auparavant, l'opération doit être faite avant que l'oiseau ne soit refroidi. Le foie des oies, gorgées à cet effet, pèse quelquefois jusqu'à une livre et demie; et c'est un mets fort délicat. La fiente même de ces oiseaux est utile comme engrais, lorsqu'après l'avoir fait sécher, on la réduit à l'état de pou- drette. OiË DES MOISSONS: Anser segetum , Meyer; Anas segelum^ Gmcl. et Lath., pi. 94, fig. -j. de la Zoologie britannique. Cette espèce, dont la femelle est, comme chez la précédente, un peu plus petite que le mâle , a été confondue avec l'oie cendrée ou ordinaire, ce qui a déterminé M. Temminck à lui assigner pour caractère distinctif les ailes pliées dépassant Vextrémité de la queue , le hcc long et déprimé , coloré de noir et d''orangé. Sa lon- gueur est de deux pieds six pouces; elle a le dessus du corps d'un cendré plus ou moins foncé; le croupion d'un brun noi- râtre, les grandes couvertures et les pennes moyennes des ailes terminées de blanc; le cou et la poitrine d'un cendré clair; le ventre et le dessous de la queue blancs; le bec d'un jaune OIE 46*1 orangé dans le milieu, et noir à sa base et à sa pointe; les pieds rougeàtres et l'iris d'un brun foncé. Les jeunes ont de petites taches blanclies au front; la tête et le cou sont d'un roux jaunâtre , et le plumage est, en général, d'un cendré pliis clair. Cette oie habite les régions du cercle arctique , où elle niclie dans les marais et les bruyères; sa ponte est de dix ou douze œufs blancs. On en voit en assez grand nombre, dans son double passage, en Hollande, en Angleterre, en France, en Allemagne, mais surtout aux îles l!. brides, et elle a été re- connue par H?arne à la baie d'Hudson. Son nom lui a été donné à cause des dégâts qu'elle fait dans les blés verts. Oie RiEUSK ou a front blanc : Anser albifrons, D. ; Anas albi- frons. Linn. et Lath. Cette espèce, qu'Edwards a figurée pi. i35 .le ses Glanures, et à laquelle le premier nom aura été donné parce qu'on aura trouvé dans son cri quelque ressem- blance avec un éclat de rire, a environ vingt-six pouces de longueur; sa grosseur est celle de l'oie ordinaire; son front est blanc et entouré d'une bande de brun noirâtre; la tête et le cou sont d'un brun cendré; le dessus du corps et les flancs sont d'un brun terne et les plumes y sont bordées de roussàtre; les pennes alaires sont noires- On voit quelques plumes noires sur la poitrine et le ventre , dont le fond est blanchâtre. M.Tem- minck soupçonne que cette espèce mue deux fois dans l'année , etqu'en été toutle ventre et la poitrine sont d'un noir profond, et au milieu de l'hiver d'un blanc pur. Le bec et les pieds sont orangés. L'espace blanc du front est moins considérable chez la femelle , qui est aussi moins grande et dont le plumage a une teinte plus claire. C'est elle qui paroit être décrite dans \siFauna suecica , comme se trouvant en Helsingie. On en voit en Sibérie, au Kamtschatka , à la baie d'Hudson, et dans leurs passages elles se dispersent en Hollande, en Allemagne , en Suède, en Pologne, en Russie. Oie a cou roux : Anser ruficollis , Pallas ; Anas r^ficoUis, Linn. et Lath. Cette espèce , décrite par Messerschmid dans le Ca- talogue du cabinet de Pétersbourg, pag. 419, n.° 62 , est figurée dans le sixième fascicule des Spicilegia, tab. 4 et pi. i56' des Oiseaux de Frisch. C'est aussi la même que l'oie à poitrine rouge de Lewin, pi. 242, qui, suivant cet auteur, est fort 462 OIE rare en Angleterre. Elle a vingt-deux pouces de longueur et ne pèse que trois livres. Son bec, qui, par sa brièveté, pour- roit la faire ranger avec les bernaches , est d"un orangé sale et a l'onglet noir. Cette dernière couleur est celle du sincipiit et du derrière du cou. 11 y a un espace blanc entre le bec et l'œil, ainsi que derrière les yeux et sur les côtés du cou; le dessous de la gorge est noir; le devant du cou eL la poitrine sont d'un brun rouge et entourés d'un cercle noir et blanc ; le dos et les ailes sont d'un brun noirâtre ; le ventre est noir avec de larges bords blancs aux plumes supérieures près des ailes, dont la longueur égale celle de la queue. Les plumes anales sont blanches et les jambes noires. Cet oiseau, qui vit dans les contrées arctiques de l'Asie et sur les bords de la mer glaciale, est de passage périodique en Russie; on ne le voit que très-accidentellement en Allemagne et jamais en Hollande. Suivant Messerschmid , sa chair est fort savoureuse, et elle n'a point l'odeur de poisson et de ma- récage. Oie kasarka : Anser casarca, Vieill. ; Anas casarca, Linn. et Lath. Cet oiseau , que M. Temminck place avec les canards , et dont on a déjà parlé au tome VI, page Syy , n'excède pas en grosseur celle du canard sauvage; il est plus haut monté que l'oie commune, et a un pied dix pouces de longueur. La couleur dominante de son plumage est un rouge de brique assez vif. La tête est d'un fauve paie et le croupion brun, rayé de fauve. Les couvertures et le dessous des ailes sont de cou- leur blanche; les rémiges et les rectrices sont noires, ainsi que les pieds , le bec et l'iris. Le mâle a un collier noir. Les kasarkas vivent dans les contrées les plus méridionales delà Russie et de la Sibérie, et passent, dit-on, l'hiver en Perse et dans l'Inde. Ils établissent dans les rochers' et les ca- vernes un nid où la femelle pond huit à dix œufs blancs. On ne les rencoutre pas en bandes nombreuses, comme les autres oies, mais par couples. Ils se laissent approcher aisément, inais -i"homme n'a pas d'intérêt à les tuer , leur chair étant assez mauvaise. Oie bernache : Anser leucopsis , Bechst.; Anas erjthropus , Linn. et Lath. , pi. enl. de Buffon , 855 , le vieux màle . et pl. 243 de Lewin. Comme la bernache et le cravant ont assez de OIE 463 rapports entre eux, on les a souvent confondus, mais la pre- , mière est un peu plus grosse et longue de deux pieds et demi environ, tandis que le second en a à peine deux. D'ailleurs la bernache a le front, les côtés de la tête et la gorge d'un Liane pur, le haut et le derrière de la tête , le cou , la poi- trine et les pennes alaires et caudales noires ; le dos , les sca- pulaires et les couvertures des ailes ondes de gris et de noir avec des bordures blanches ; le dessous du corps est d'un blanc pur, à l'exception d'une teinte cendrée sur les flancs; le bec et les pieds sont noirs et l'iris est d'un brun noirâtre. Les fe- melles sont plus petites que les mâles. Les climats les plus froids, les contrées les plus sauvages, le nord du Groenland , de la Sibérie, de la Laponie, sont pour l'ancien continent, et les baies d'Hudson et de Baffin pour le nouveau , les lieux oii elles nichent et se multiplient , tandis que les cravants se tiennent dans des pays plus tempérés. Quand la végétation a tout-à-fait cessé et que les bernaches ne trouvent plus les plantes aquatiques, ni les vers dont elles se nourrissent; elles refluent dans plusieurs parties du JNord de l'Europe et même en France; mais, comme elles n'y font jamais leur nid , on leur a appliqué les fables imaginées pour expliquer la génération des Macreuses, et au sujet desquelles on peut consulter ce mot , tome XXVII, pag. 626. Oie cravant : Anser torquatus , Frisch ; Anas bernicla, Linn. et Lath., pi. enl. de Buffon, n.° 342 ; de Wilson, Amer. orn. , n.° 92 , (ig. 1 ; de Lewin , n.° 244. On a déj.à observé à l'ar- ticle précédent que le cravant et la bernache avoient été long- temps confondus, mais celle-ci a le fond du plumage noir,* tandis que celui du cravant est d'un brun noirâtre ; sa tête est petite; son cou est long et grêle, et ses narines ont une grande ouverture; une bande étroite forme sous la gorge un demi-collier blanc ; le dos , les scapulaires et les couvertures des ailes sont d'un gris très-foncé, terminé par une bande d'un brun clair ; le milieu du ventre est d'un cendré brun , et le bas, ainsi que les plumes anales, sont d'un blanc pur; les pennes alaires et caudales sont noires, ainsi que le bec et les pieds. La femelle ne se distingue que par sa petite taille, mais on reconnoît les jeunes de l'année à l'absence de l'es- pace blanc sur la partie latérale du cou. 464 OIE Ces oiseaux, qui ont un cri sourd, qu'on peut exprimer par ouan, ouan, habitent les marais et les bruyères dans les régions arctiques, oii ils nichent et pondent des œufs blancs. Ils sont très-communs, dans leur passage d'hiver, en Hollande et en Angleterre. On en voit moins en France, où, cepen- dant, il en arrive sur les côtes de l'Océan par les vents du Nord. On en tue même quelquefois sur la Seine près de Paris. Ils peuvent vivre en domesticité , et on les nourrit de graines , de son et de pain détrempé; mais ils sont d'un naturel fort timide et ils fuient devant des oiseaux plus petits qu'eux. Oie d'Egypte: Anservarius, Mey. ; Anas œgjptiaca, Lath. , pi. enl. de Buffon, Syg , 982, 985. Cette espèce, qui se nomme aussi bernache armée, oie du cap de Bonne-Espérance , oie du Nil, et qui , suivant M. Geoffroy Saint-Hilaire, est le chenalopex ou. oie renard, révéré des anciens Egyptiens à cause de son atta- chement pour ses petits , a été placée par M. Cuvier à la suite des bernaches. On la trouve dans le Midi de l'Afrique, en Abyssinie , dans les lieux inondés de l'Egypte. Il en a été tué une, en 1820, sur les bords de la Seine, dans les environs de Saint-Germain-en-Laye. (Journal des débals du 27 Avril 1820.) Elle est plus petite que l'oie sauvage commune. Son bec , pres- que cylindrique, a la base d'un marron clair . le milieu rouge et la pointe noire: elle porte aux ailes un petit éperon. Le haut de la tête est blanc ; le tour des yeux et le dessous du cou sont d'un marron clair; la poitrine et le manteau d'un cendré teint de roussàtre et varié de zigzags bruns ; la gorge et le ventre sont blanchâtres; les grandes couvertures des ailes sont d'un vert à ' reflets bronzés et violets , et les grandes pennes noires. Elle fait dans les prairies, près des eaux, un nid contenant six à huit œufs verdàtres, et Bruce se trompe probablement , lorsqu'il prétend qu'elle niche sur les arbres, oîi elle se tient presque toujours perchée quand elle n'est point dans l'eau. On peut l'élever en domesticité, mais elle conserve toujours du pen- chant à s'enfuir. Oie de Gambie : Amer gambensis , VieilL; Anas gambensis , Linn. Cette oie à laquelle on donne aussi le nom à''oie armée, qui ne convient à aucune espèce du genre, puisque plusieurs le sont également, est figurée dans le tome III, part. 2 du Sjnopsis de Latham, sous le n.° 102 ; mais la planche est dé- OIE 465 fectueuse, surtout en ce qu'on ne voit qu'un éperon au fouet ' de l'aile, où il en existe deux, Buffon a aussi confondu cette oie avec une variété de l'oie d'Egypte, pi. enl. , n." 982. Son plumage est d'un noir pourpré aux parties supérieures du corps; les petites couvertures des ailes sont marquées de noir sur un fond blanc ; le devant et le dessous du corps sont de cette dernière couleur avec de petits zigzags gris ; les jambes, fort hautes, sont rouges ainsi que le bec et la caroncule du dessus du front, qui n'est pas assez saillante dans la figure de Latham. Cet oiseau d'Afrique se trouve plus particulièrement au Sénégal, où on l'appelle hitt. Oie bronzée : Anser melanotos, Vieill. ; Anas melanotos , Gmel. et Lath. Cet oiseau , que M. Cuvier range avec les cygnes et qui est figuré dans lesplanches enluminées de Buffon, n.° 957 , sous le nom d'oie de la côte de Coromandel , est re- marquable par l'excroissance charnue, en forme de crête, qu'il porte au-dessus du bec et par les reflets d'acier bruni, qui brillent sur le fond noir de son manteau. Cette espèce, de la plus grande taille, a la tête et la moitié supérieure du cou mouchetés de noir sur le fond blanc de plumes rebrous- sées et comme bouclées derrière le cou; tout le devant du corps est blanc, avec une nuance grise sur les flancs. On voit au pli de l'aile , chez les deux sexes, un long et fort éperon, et il y a lieu de penser que le rassangue de Rennefort et.de Flacourt est le même oiseau , qui paroit aussi ne pi;s différer de Vipecati-apoa, décrit et figuré par Marcgrave , page 218 de son Histoire naturelle du Brésil. Assez rare sur la côte de Coromandel et au nord du Gange, mais fort commun à Ceilan'^ et à Madagascar, il existeroit ainsi dans les deux continens. On trouve aussi à la côte de Coromandel et dans les mon- tagnes du cap de Bonne-Espérance une oie, nommée par les Hollandois bergenten , et qui est décrite par Sonnerat, tom. II, pag. 2:^0 de son Voyage aux Indes, sous la dénomination d'OiE A TÊTE GRISE DE CoROMANDEL. C'cst Vunas cana de Linné et de Latham, et Y anser canus de M. Vieillot, dont les deux sexes sont représentés pi. 41 et 42 des Illustrations de Zoologie de Brown. Le mâle de cette espèce , qui est un peu mo'ns forte que le cravant, a la tête et le cou d'un gris foncé, les joues blanches; le ventre et le dos d'une couleur dérouille 55. Cio 466 OIE claire avec des marques demi -circulaires plus obscures; les couvertures des ailes blanches, les pennes secondaires vertes et les primaires noires, ainsi que celles de la queue; on voit chez les deux sexes une bande de la même couleur aux plumes anales. Il y a peu de différence dans le plumage de la femelle, qui est moins vif; la taille est la même. Les deux sexes ont, au pli de l'aile, un éperon obtus. Oie de Guinée; Anas cjgnoides , Linn. Cette espèce, figurée dans les planches enluminées de Buffon, n." 847 , a été décrite par Brisson, en double emploi , sous le nom d'oie de Moscovie, Son plumage, gris sur la tête et le cou, est d'un gris brun sur le dos, et fauve sur le devant du cou, la poitrine et les flancs; les ailes et la queue sont brunes ; les pieds sont d'un jaune orangé et les ongles noirâtres. Le mâle porte sous la gorge un petit fanon qui a fait donner à> ces oies le nom de jabotiéres, et la base de son bec est surmontée d'un gros tuber- cule, qui, comme l'iris, est rougeàtre. Cet oiseau, de grande taille, tient la tête haute en marchant, et son air est assez noble. Il fait souven't entendre une voix forte et retentissante , et remplit l'office de gardien des basses-cours , aussi bien que l'oie commune, avec laquelle il s'accouple. Comme il s'est acclimaté en Russie et en Sibérie, quoique originaire de pays chauds, on auroit encore plus de facilité à l'acclimater eu France , où ce seroit une bonne acquisition. Oie a coiffe noire : Anser nielanocephalus , Vieill. ; Anas in- dien , Lath. On voit arriver dans l'Inde , pendant l'hiver, des troupes nombreuses de ces oies, qui causent de grands dé- "gàts dans les champs de blés. Elles en repartent au printemps, et l'on suppose qu'elles viennent du Thibet. Ces oiseaux , dont la chair est excellente , doivent leur nom à deux bandes noires, parallèles, dessinées en croissant, dont les pointes, remontant sur les yeux , forment derrière la tête une sorte de coiffe. Le devant de la tête , la gorge , le cou , le croupion et les plumes anales sont blancs; le dos est gris ; le dessous du corps est cendré; la queue est grise et a l'extrémité blanche; le bec est d'un brun jaunâtre et les pieds sont fauves. Dos espèces d'oies moins connues de l'ancien continent sont celles dont on trouve la description, dans les ouvrages d'or- riithologie, sousles nomsd'OiECuuAUisD, Anser borealii ,VieilU , OIE ',6j eî Anashorealls , LaMi., d*OiE deBkrtng, Amer Beri n gii ^VieiU» etAnas Beringii, Lath. La première est d'une grarideii r moyenne entre l'oie commune et le canard sauvage. Elle est blanche dessous le corps et a la tête d'un vert éclatant. Elle vit dans les lieux humides et couverts de l'Islande, où la femelle pond sept à neuf œufs. On observe avec raison qu'il est plus con- venable de lui maintenir, avec les naturels du pays, le nom de gulaund que de lui donner celui de boréale , qui ne la distingue pas de beaucoup d'autres espèces vivant aussi dans les ré:;ions du nord. La seconde, de la grosseur de l'oie or- dinaire, a la base du bec surmontée d'une caroncule jaune, qu'une rangée de petites plumes d'un noir bleuâtre sépare en deux parties; le plumage est blanc, à l'exception du haut du cou qui est bleuâtre. Au temps de la mue ces oiseaux sont poursuivis dans des canots par les naturels sur les lacs et les étangs de l'île de Bering. En d'aulres saisons on les chasse dans les campagnes aves des chiens et on les fait tdmber dans des fosses recouvertes d'herbes. L'Oie de montagne : Anser montanus, Vieill. , et Anas moiv- lana, Gmcl. , dont parle Roibe, et qui,' depuis, a. au'^si été vue par Barrow au cap de Bonne -Espérance, n'est pas plus connue: elle excède en grosseur l'oie commune et se distingue par le vert éclatant de la tête, du cou et des pennes alaires. Beaucoup d'espèces d'oies se voient plus particulièrement en Amérique, quoique plusieurs se trouvent ajjssi sur les deux continens, et l'on y remarque surtout les suivantes : Oie hyperborée : Anser hyperboreus , VieilL ; Anas hjperhorecPf Gmel. et Lath. Cette espèce, qui est figurée dans V American orni- thology de Wilson, pi. 68, n." 5 , a dans la forme du bec des signes propres, selon M. Vieillot, à la faire distinguer des autres. Ce bec , qui s'élève sur le front, est très-épais a sa base, et s'a-' mincit ensuite jusqu'cà son extrémité, qui est coq. primée sur les côtés ; chaque mandibule présente à sa pointe un onglet arrondi cisaillant ; les bords en sont gibbeux et la gibjjoslté. est garnie de vingt-trois dentelures robustes; la mandibule supérieure a, de plus, sept rangs latéraux en forme de dents dans sa cavité intérieure, et la langue, dont le bord est corné> a sur chaque côté treize dentelures osseuses , arrangées comme celles d'une scie et dirigées en arrière. ,468 OIE Au commencement de Novembre on voit arriver dans la Pensilvanie, en bandes bruyantes et nombreuses, ces oies qui jettent des cris aigus et perçans. Cette espèce, qui reste peu au centre des Etats-Unis, passe la plus grande partie de l'hiver dans les parties méridionales, et elle étend ses courses jusqu'à la rivière Columbia. Elle pâture sur les bords des ri- vières et des marais, et elle broie, comme les cochons, les racines de plantes et de roseaux qu'elle arrache. Revenue en Pensilvanie au mois de Février, elle ne la quitte que pour se porter au nord. On en voit à la baie d'Hudson, au prin- temps et à l'automne, des troupes très-nombreuses, qui s'é- tendent jusqu'au cent trentième degré de longitude orien- tale, et c'est sur les âpres rivages de la mer glaciale qu'elle se livre à la propagation. Les naturels de la baie d'Hudson, du Kamtschatka, etc., les tuent par milliers, les plument, les vident et les entassent dans des trous profonds , où elles ne se corrompent point et leur servent de provisions d'hiver. Cette oie, qui se nomme aussi oie de neige, a deux pieds six pouces de longueur totale, et quatre pieds d'envergure; le bec, long de trois pouces, est d'un rouge pourpré et tout le plumage est d'un blanc de neige, à l'exception de la partie antérieiire de la tête dont le fond est d'une couleur de rouille jaunâtre, de plusieurs des pennes extérieures des ailes qui sont noires, et de leurs couvertures qui sont d'un cendré pâle; la queue, arrondie, est composée de seize pennes. On a mal à propos formé une espèce particulière des jeunes ^ous le nom d'OiE des Esquimaux, Anas cœrulescens , dont le plumage est extrêmement varié. C'est entre la fin d'Avril et le mois de Juin qu'on chasse ces oiseaux, fort maigres en toute autre saison, et pour cet effet on tend un grand tilet sur la rive du fleuve, ou Ton j bâtit une cabane avec des peaux cousues enseinhle. Un chîss- seur, couvert de peaux blanches de rennes, se dirige vers les oies et marche. à leur tête, tandis que deux ou trois autres les excitent, en sifflant, à suivre leur conducteur jusqu'au filet, qui les enveloppe en tombant. Quand c'est une cabane qui a été dressée au lieu de filet, la porte se ferme sur elles et on les asfi,omme. ' Oie a cravate: Anser canadensis , Vieill. et Briss. ; Anas ca- OIE 469 nadensis, Linn. Cefle espèce, tiont la figure se trouve dam Edwards, Hist. of bird- , tom. ITI pi. i5i , et dans C'a esby, torn. I, p. t)2 , a été décrite sous le nom d'oie a cravate par Buffon, qui l'a aussi fait Hgurer dans ses planches enluminées, ji.° 346, sous celui d'oiV sauvage du Canada. Elle est plus grosse que l'oie commune. Le nord de rAniérique est son pia œstiva., Lath.; et le nom à'' oiseau jaune du Bengale est donné par Albin à un loriot. (Ch. D. ) ^ OISEAU [Petit] JAUNE. (Ornith.) M. Vieillot se borne à dire, relativement à Poiseau qu'on nomme ainsi au cap de Bonne-Espérance, qu'il a été retrouvé par Cook à la Nouvelle- Géorgie méridionale. ( Ch. D.) OISEAU DE JONCS. (Ornith.) Cette dénomination paroît être celle de l'ortolan de roseaux , emleriza schœnidus , Linn. (Ch. d.) OISEAU DE JUNON. (Ornith.) C'est le paon , pava. Linn. (Ch. d.) OISEAU DE JUPITER. (Ornith.) C'est l'aîgle , aquila. (Ch. d.) ©ISEAU DU LAC DU MEXIQUE A VOIX RAUQUE. A84 OIS (Ornith.) Cet oiseau, qui est Tarn aquatica raucum sonans de Nierembcrg, est nommé par Fernandez Acacahoactli. Voyez ce mot. (Ch. D.j OISEAU [Petit] DU LAC DE MEXICO. {Ornith.) L'oiseau indiqué sous ce nom dans le Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle , est VatotoU que Fernandez décrit au chapitre 8, p. i5, comme étant de la taille du moineau commun, et ayant un plumage blanc en dessous et varié sur le corps de blanc, de fauve et de noir. Cet oiseau, qui niche dans les )oncs, a beaucoup de rapports avec l'ortolan de roseaux; mais il n'en a aucun avec un autre du même nom, indiqué par Fernandez, chap. 128, p. 41 , lequel est Valcatraz ou pélican du Mexique. (Ch. D.) OISEAU AU LONG BEC. {Ornith.) Suivant M. Guillemeau , dans son Essai sur Vhistoire naturelle des oiseaux du département des Deux-Sèvres , on donne vulgairement ce nom, dans quel- ques parties des marais, à la cigogne, ardea ciconia, Linn. (Ch. D.) OISEAU DE LYBIE. {Ornith.) Les grues étoient ainsi dé- signées par les anciens. (Ch. D. ) OISEAU DE MAI. {Ornith.) L'oiseau auquel le traducteur du Voyage de Bartrara donne ce nom, t. 2 , p. 47 , est désigné dans l'original sous celui de calandra pratensis, et l'on a lieu dépenser que c'est l'alouette calandre, alauda calandra ^ Linn. (Ch. D.) OISEAU MANGEUR DE VERS. {Ornith.) L'oiseau de la Jamaïque, ainsi désigné par Hans Sloane, est, selon Sonnini, le figuier brun, sjlvia fuscescens , que M. Vieillot regarde comme une femelle de la fauvette pipi. ( Ch. D.) OISEAU MARBRÉ. {Ornith.) On appelle ainsi, dans l'Inde , le napaul ou faisan cornu , dont la description se trouve au tom. XVI de ce Dictionnaire, p. i58. (Ch. D.) OISEAU MARCHAND. {Ornith.) Ce nom a été appliqué à l'aura et à V urubu, deux espèces de vautours, dans les colo- nies françaises d'Amérique. (Ch. D.) OISEAU DE MAUVAISE FIGURE. {Ornith.) Il paroît que ce nom a été donné à l'effraie, strix Jlammea , Linn. (Ch. d. OISEAU DE MÉDIE. {Ornith.) Ce nom et celui d'oiseau OIS 485 de Perse désignent le paon, pavo cristatu s ,.Lmn. (Ch. D.)*^ OISEAU DE MEURTE. (Ornith.) Cet oiseau , qu'on appelle aussi oiseau de mjrle ou de nerte, est la grive litorne , turdus pilaris, Linn. (Ch. D.) OISEAU DU MEXIQUE. {Ornith.) Cet oiseau, indiqué par Séba comme étant de la grandeur du moineau commun, est le tangara du Mexique, de Brisson. (Ch. D.) OISEAU A MIROIR. [Ornith.) Ce nom est donné par les oiseleurs du Brandebourg au motacilla suecica^ Linn., ou gorge bleue , à cause de la tache blanche et imitant l'acier poli, que les mâles de cette espèce portent sous le cou. (Ch. d.) OISEAU-MON-PÈRE. ( Ornith. ) Ce nom a été donné par les Nègres de Cayenne au choucas chauve de Buffon, cornus calyus , Gmel. , gymnocéphale de M. Geoifroy et coracine chauve de M. Vieillot. (Ch. D.) OISEAU DE MONTAGNE. (Ornith.) C'est la traduction du nom mexicain tepatototl , donné aux hoccos , qui se trouvent presque toujours dans les forêts élevées. (Ch. D.) OISEAU DE MORT ou DE LA MORT (Ornith.) Un des noms populaires de la chouette effraie ou fresaie , strix Jlammea , Linn., qui se donne aussi au sphinx tête-de-mort, sphinx atropos, Linn. ( Ch. D.) OISEAU-MOUCHE. (Ornith.) L'extrême petitesse, la beauté des couleurs et l'élégance des formes, ont fait connoître et admirer depuis long-temps les oiseaux que l'on désigne sous le nom d'oiseau-mouche. Leur bec droit les distingue des^ Colibris, aussi riches qu'eux en couleur; c'est à ce caractère que M. de Lacépède a voulu faire rendre plus attentif en proposant de les réunir dans un genre distinct de celui des Colibris, sous le nom d' orthorhjnchus ; maisia. limite entre ces deux genres est si difficile à poser, que les méthodistes'pen- sent maintenant que l'on doit suivre l'exemple de Linnœus, et qu'il faut les laisser tous dans le même genre Trochilus , en y faisant deux sections. A l'article Colibri de cet ouvrage, M. Dumont a parlé des espèces qui ont le bec courbe; nous traiterons dans ce- lui-ci des Oiseaux-mouches proprement dits, ou des Trochilus à bec droit. Ils sont tous originaires de l'Amérique ; on n'en 486 OIS connoît aucune espèce de l'ancien monde. Quoique vivant plus spécialement entre les tropiques , ils s'en éloignent beau- coup , et l'on trouve des oiseaux-mouches depuis l'état de Massachussets jusqu'auprès des terres* Magellaniques. Leur langue protractile, comme celle des pics, est composée de deux filets ; ils la plongent dans les corolles des fleurs, où ils sucent le nectar qu'elles produisent, et où ils prennent les petits insectes qui s'y retirent. Ils ont en général dix plumes à la queue; M. Vieillot en indique une espèce qui n'eu a que six. C'est le trochilus minutus, qui fait partie de la belle collection de M. le baron Laugier. Leur vol est extrêmement rapide, et on peut en juger par la brièveté de leur humérus , l'excessif alongement de leurs ailes, et le défaut d'échancrure à leur sternum. Ils construisent leurs nids avec un coton fin et soyeux, et l'en- tourent avec des petits morceaux d'écorces de gommier, îifin de les rendre plus solides. Ce nid est de forme hémisphérique et à peine de la gros- seur de la moitié d'un abricot : la femelle y dépose deux œufs blancs, sans taches, gros comme de forts pois: elle couve treize jours, pendant lesquels le mâle l'aide en par- tageant les fatigues de l'incubation. Ces petits oiseaux défen- dent avec courage leur nid et leur progéniture, qui, au moment de naître, est à peu près de la taille d'une grosse guêpe. Les oiseaux -mouches sont colères et ils se battent entre eux avec acharnement. Jaloux de leur liberté, on les voit, dès qu'ils sont captifs, ouvrir constamment leur bec et frapper l'iiomme qui les a pris; et si on veut les tenir en cage, ils finissent bientôt par se tuer par les efforts qu'ils font pour s'échapper. Buffon a connu et décrit vingt -quatre espèces d'oiseaux- mouches; depuis lui ce nombre s'est élevé à cinquante. Parmi les dernières découvertes zoologiques que MM. Fraie- reiss, Spix et Martius ont faites dans l'intérieur du Brésil, ils ont trouvé une espèce qui est à peu près de la taille de notre rossignol; et dorst M. Temminck donnera bientôt la. figure dans son beau Recueil des planches coloriées. Les principales espèces dont nous parlerons sont: OIS 487 Le PLUS PETIT Oiseau -MOUCHE {Trochilus mlnimus, Lath. ;*^ Audeb., Ois. dor. , pi. 64), qui est à peine long de quinze lignes; le bec en a trois et la queue quatre. Le corps est en dessus vert doré brun , changeant en reflets rougeâtres. Le ventre est blanchâtre. Le bec et les pieds sont noirs. Cette espèce vit au Brésil , à Cayenne et dans les Antilles. L'Oiseau -MOUCHE a ventre gris {Trochilus riiger, Gmel. ; Audeb., 53 ) est un peu plus grand que le précédent. On le trouve à Saint-Domingue. Son dos est vert doré, son ventre est blanc, La femelle l'a gris; c'est la seule différence qu'elle présente avec le mâle. Elle couve douze jours; les petits res- tent dix -sept dans le nid, alors ils suivent leurs p^iienssur- les arbres chargés de fleurs. Dés qu'ils sont assez forts pour se nourrir seuls, ils vont vivre solitaires. L'Oiseau-mouche a bec blanc [Trochilus albirostris, Audeb., 45) est originaire de Cayenne, et se fait reconnoitre à la blancheur de son bec ; la gorge est verte , à reflets très-bril- lans ; le reste du corps est brun, à teintes un peu pour- prées. Les pieds sont jaunâtres. L'Oiseau-mouche rubis {Trochilus coiwtris , Lath. ; Audeb. , Ois. dor., pi. 3i), dont la gorge brille de tout le vif éclat du rubis; la poitrine et le devant du corps sont gris- blan- châtre; le dos est vert doré, changeant en couleur de cuivre rouge. Cette espèce, un peu plus grande que la précédente, s'avance le plus loin vers le Nord. La femelle n'a pas la gorge brillante du mâle, à cela près elle lui ressemble. Elle fait son nid avec le duvet d'un sumac, le mâle lui apporte les matériaux, et c'est elle qui les ar- range. Elle y dépose deux œufs, que le mâle couve avec elle. Le jeune mâle a la gorge grise, et à la seconde mue elle commence à être tachetée par de petites plumes rouges, dont le nombre augmente à mesure qu'il approche de l'épo- que où il aura toutes les belles couleurs qu'il doit conser- ver tout le reste de sa vie. L'Oiseau-mouche rubis-topaze : Trochilus moschitus , Linn. ; Audeb., 2g, 65 et 56. Cet oiseau-mouche est l'un des plus beaux et l'un des plus communs que l'on connoisse. Il se trouve en abondance à Cayenne et aussi au Brésil. Le dessus 488 OIS , ie la tête est éclatant comme un rubis, et la gorge brille du plus beau jaune de topaze. Le corps de ce joli petit oiseau est brun; il a une queue rousse, bordée de noir. Quand il est jeune, le bec est plus court; le dessus delà tête est gris , et la gorge est blanche. Le reste du corps est brun noirâtre. La femelle est grise en dessous; sa tête est verte, et elle n'a aucune des teintes éclatantes de son mâle. Le jeune a le dessus de la tête gris et la gorge blanchâtre. L'OisEAU-MoucHE sAsiN ( TrochUus rufus , Gmel, : Audeb., 61) se rapproche encore du rubis -topaze par la disposition de ses couleurs. Sa tête est olive , à reflets verts dorés très- éclatans; la gorge, couleur de rubis, a des reflets verts dorés; la poitrine est blanche; le dos et l'abdomen sont roux; les ailes sont brunes et la queue est rousse. Cette espèce vient de la baie de Nootka. L'OisEAU-MoucHE AMETHYSTE {TrochUus omethystinus , Lath.) diffère si peu du rubis , que l'on est porté à le regarder comme une variété. Sa taille est la même, ses formes sont sembla- bles, et sa gorge, plus violette, a la couleur d'une amé- thyste. Il vient du Brésil. L'OisEAD - MOUCHE MÉDiASTiN ; TrochUus mcsoleucus , Teoim. j pi. col., 3 17. La bande blanche qui est tracée sur le milieu de l'abdomen fait reconnoître cette espèce dans tous ses àges; le dessus de la tête est vert doré ; le dos et les côtés de l'abdomen sont verts, à reflets bleuâtres; la gorge est cou- verte d'un bel écusson brillant du rouge du rubis ; cet écus- Jon s'étend en deux pointes sur les côtés du cou. Le jeune mâle a la gorge grise , un peu grivelée de rouge, et la femelle l'a toute grise. Cette espèce vient du Brésil. L'Oiseau - mouche saphir ( TrochUus sapliirinus , Gmel. ; Audeb., 35, 67 et 58) a le devant du cou et la poitrine bleu de saphir éclatant, à reflets violets sous certain jour, et devenant presque noir sous un autre; le dos est vert, à reflets dorés; le ventre est noir, avec quelques reflets dorés. Quand il est jeune, le menton est roux, et la gorge est grivelée de gris et de bleu. La iémelle a le menton roux et la gorge bleu de saphir. OIS 489 . On trouve cette espèce à la Guiane el au Brésil. '^ L'OisEAU-MOUCHE saphir-émeraude {TrochUus bicolor, Gmel. ; Audeb. , 36) a le front et la gorge du plus beau bleu de saphir, tandis que le reste de la poitrine brille de l'éclat de l'émeraude. Le dos est vert, à reflets métalliques dorés ; les ailes sont noirâtres, et la queue, très-foncée , a des reflets «n peu violets. On le trouve aux Antilles. L'Oiseau - mouche Maugé : Trocliilus Maugœus , Vieill. ; Audeb., pi. 07. Cette espèce a été découverte à Porto- Ricco. Le dessus du corps est vert doré , le dessous est plus brillant que le dos, et se change en bleu et en violet ; l'abdomen est blanc. La femelle a la gorge et la poitrine blanchâtres. La queue, dans les deux sexes , est un peu fourchue. L'Oiseau- MOUCHE a. gorge verte : TrochUus mellhugus , Gmel.; Aud. , 3g. Tout le corps de cet oiseau est vert, à reflets dorés ; la gorge est verte , à reflets bleus , ce qui la fait toujours remarquer sur la teinte brillante du plumage de cet oiseau. Les ailes sont brunes et la queue a quelques reflets bleus. Les jeunes sont mélangés de brun et de noir; le ventre est brun , et blanc vers le croupion. Cette espèce vit à Porto-Ricco. L'Oiseau - mouche a gorge bleue ( TrochUus cœruleus , Audeb., pi. 40) vu de face, montre toute la partie anté- rieure du cou brillante de la couleur du saphir ; le reste du corps est d'un vert glacé très-brillant. Cette espèce vient de Cayenne. L'Oiseau-mouche tout vert : TrochUus viridissimus, Gmel.; Audeb. ,42. Tout le corps est vert , plus brillant sur le dos que sur le ventre; la queue est verte, les ailes sont brunes, à reflets pourpres. Il se trouve à Cayenne. Quand il est jeune, le ventre est blanc ; et c'est sur ce jeune âge que l'on a établi le trochilus leucogaster. L'Oiseau -MOUCHE azuré [Trochilus cjaneus, Vieill. , Dict. d'hist. nat. ) vient du Brésil. Sa tête, sa gorge et le devant de la poitrine brillent d'un beau bleu d'azur, devenant som- bre, presque noir, sous certains reflets de lumière; le reste du plumage est vert doré; auprès du croupion il y a deux ^90 OIS 'i^ches blanches; les ailes sont violettes foncées; la queue est d'un bleu noirâtre. L'OisEAo-MoucHE A oreilles: TrochUus aui'itus, Linn.; Audeb., pi. 25. On reconnoît cet oiseau à un petit groupe de six à sept plumes vertes, à reflets dorés, qui est suivi d'un même nombre de plumes bleues; un trait noir passe sous l'œil; le dessus du corps est vert doré , et le dessous est blanc; les ailes sont noires ; les treis premières plumes de la queue sont blanches, les autres sont noires, teintées de vert. La femelle n'a pas les petites plumes brillantes qui sont auprès des oreilles du mâle. Elle lui ressemble, d'ailleurs, par l'ensemble et la disposition des autres couleurs. Cet oiseau vient de Cayenne. L0isEAU«M0UCHE pétasophore; Trocliilus petûsopTiorus ,Tem. , pi. col., 2o3, ?>, Ce nom a été donné à cet oiseau par le prince Maximilien de Neuwied, lors de son retour du Brésil. Une large touffe de plumes violettes , couvertes d'un lustre pourpré à reflets métalliques, orne les côtés du cou de ce joli oiseau; la gorge est couverte de plumes vertes, brillantes et veloutées; du vert clair moins brillant colore l'abdomen; la queue est d'un beau vert bronzé. L'OlSEAU-MOlICHE A OREILLES BLANCHES (TrOchUuS IcUCOtis y Vieill. , Dict.) nous a été rapporté du Brésil. Il a le dessus de la tête d'un vert doré un peu sombre; les joues noires; le milieu de l'abdomen blanc, ainsi qu'une touffe de plumes efïilées auprès de chaque oreille ; le reste du plumage est vert ; le^s ailes sont violettes très-foncées, L'OisEATJ-jMoucHE A HUPPE hLEVE {TrochUixs puTiiceus , Gmel.; Audeb., 63) est une petite espèce, qui n'a rien du brillant de ses congénères. Son corps est tout brun; les plumes (Je sa tête se relèvent en une belle huppe bleue. Peut-être n'est- il qu'une variété du suivant. L'OisEAU-MoucHE HUPPÉ ; TrocliUus cr'istatus , Audch. , 47. Une longue huppe d'un vert d'éineraude très-brillant , et changeant en bleu, fait reconnoître ce petit oiseau, qui se trouve à Cayenne et à la Martinique. La gorge est grise; le ventre bleu foncé; le dos vert ; les ailes sont un peu pourprées, et la queue est verte. Il vit autour des habitations, et devient si hardi, quand il a des petits, qu'il ne craint pas d'entrer dans OIS 49» les maisons pour les y retrouver si on les lui a enlevés. Ces? de cette espèce que Labat a parlé sous le nom de colibri. La femelle n'a pas de huppe, et tout le dessous du corps est gris. L'OisEAU-MOucHEHUFF.coL(Troc7ii7us ornatus , Gmel.; Audeb., 49) est un des plus petits de ce genre. Sa tête porte une longue huppe d'une belle couleur rousse; la gorge est verte, à reflets dorés; de chaque côté du cou ily a quatorze plumes longues, que l'oiseau étale comme des panaches. Elles sont rousses , et leur extrémité est verte. Cet oiseau a le dos brua et le ventre présente quelques reflets verts dorés. Sur le crou- pion il y a une bande transversale d'un blanc jaunâtre. Le bec est jaune. La femelle n'a pas de huppe sur la tête , ni sur le cou. Les jeunes n'ont pas les bandes blanches du croupion. Cette petite espèce se trouve à Cayenne. L'OisEAU-MOuCHE MAGNIFIQUE {TrochUus magnificus , Vieill., Dict. ;Tem., pi. col., 299, 2) ressemble beaucoup au précé- dent; mais les couleurs sont cependant assez dififérentcs pour que l'on puisse l'en distinguer. La tête porte une huppe d'un bel orangé foncé; les plumes longues qui sont sur le côté du cou , sont plus larges que celles du huppe-col. Elles sont d'un beau blanc de neige, bordées de vert à l'extrémité; la tête, le dos et la poitrine sont d'un beau vert à reflets dorés. 11 y a une petite tache blanche sur le haut de la poitrine. Le ventre est blanc. On trouve cette jolie espèce au Brésil. ^ L'OisEAU-MoucHE A RAQUETTE (TrochUus longicaudus , Gmel., Audeb. , §2) a les deux plumes externes de la queue plus longues que les autres, et sans barbes sur une partie de leur longueur ; après quoi elles s'en garnissent de nouveau et s'élargissent ainsi en une sorîe de raquette. La gorge est verte, très-bril- lante; la couleur du dos est verte , avec des reflets moins bril- lans que la gorge ; le ventre est presque noirâtre. On le trouve a Cayenne. L'OisEAU-MOUCHE A LONG BEC; TrochUus loiigirostris , Audeb., 69. La Trinité est la patrie de ce joli oiseau , qui se rapproché du rubis par la belle couleur rouge et éclatante dont brille sa gorge ; sa tête est bleue en dessus; un trait noir passe l'œil , 492 OIS è* dessous celui-ci en est un blanc qui encadre le rubis de la gorge; le reste de l'oiseau est vert; une tache blanche esta l'extrémité des pennes delà queue; la longueur du bec de cet oiseau le fait distinguer de tous ses eongénères. L'Oiseau - MOUCHE de Lalande (Trochilus Lalandi, Tem., pi. col., 18 , 1 , 2 ) a été trouvé au Brésil par feu M. de La- lande. Sa tête verte est surmontée d'une huppe formée de plumes grêles , à reflets bleus ; le dos est vert ; la poitrine et le ventre sont bleus ; les côtés du cou sont gris ; une tache blanche est derrière l'œil; la queue est verte, tachetée de blanc en dessus et à l'extrémité des trois plumes externes. La femelle diffère du mâle par l'absence de huppe et par un peu moins de bleu au ventre. L'Oiseau -MOUCHE double huppe ; Trochilus biloplios, Tem., pi. col., 18, 3 , a le dessus de la tête bleu , le dessous de la gorge violet foncé ; la poitrine blanche ; le reste du corps vert. Derrière l'œil il y a un paquet de plumes longues et effilées, brillantes de l'éclat le plus vif de rouge de rubis, à reflets d'or; les ailes sont brunes: la queue est étagée, blanche, et les deux plumes du milieu sont vertes. Cette espèce vient du Brésil. L'OisEAU-MoucHE CHALYBÉE {TrochUus clialybœus , Tem., pi. col., 66, fig. 2) a le dessus du corps vert, à reflets dorés ; la gorge est blanche, flambée de gris, et le ventre est gris; un trait noir va du bec à Foreille ; et au-dessus de lui il y a un faisceau de plumes longues et effilées, qui font une parure analogue à celle du huppe-col. Les plumes sont vertes , ponc- tuées de blanc et bordées d"or; les ailes sont d'une belle cou- leur violette, et la queue est rousse. On le trouve au Brésil. L'OisEAU-MoucHE A LARGES TUYAUX : TrochUus campjlopterus , Linn. ; Audeb., pi. 21. Les trois ou quatre premières pennes de l'aile, dont le tuyau est élargi et courbé en forme de lame dépée, font reconnoître cette espèce, dont le dos est vert doré , le ventre gris ; dont les ailes sont noires et dont la queue est arrondie. Les plumes externes sont noires, et ont leur extrémité blanche; les deux moyennes sont vertes, à reflets dorés. Cette espèce se trouve à Cayenne et au Brésil. L'Oiseau -MOUCHE jacobine : Trochilus melliyorus , Lath.; OIS 495 Audeb., pi. 23. Le front, le dessous de la gorge et la poitriffî^ de cette jolie espèce sont bleus, changeant en cuivre doré; la nuque et le dos sont d'un beau vert, à reflets dorés; un collier blanc entoure le cou auprès du dos ; les ailes sont noires, à reflets pourprés; la queue est blanche, bordée de noir. On trouve cette espèce au Brésil et à Cayenne. Avant la première mue la gofge est grise ; à la seconde elle commence à prendre des plumes bleues; et ce n'est qu'à la troisième qu'elle a sa teinte uniforme brillante. L'Oiseau -MOUCHE écossonné ; Trochilus scutatus, Tem. , pi. Gol., 29g, fig. 3. La gorge, le dessus de la tête, le dos et la queue de cette jolie espèce sont vert d'émeraude; les joues et les côtés du cou sont couverts de plumes touffues , un peu plus longues que les autres, d'un beau bleu de roi; le ventre est de cette couleur ; une bande jaune sépare la fraise du cou des plumes de la poitrine; le croupion est gris. Cette espèce a été trouvée au Brésil par M. Auguste Saint - Hilaire et par M. Natterer. L'Oiseau -MOUCHE A queue fourchue : Trochilus furcatus , Gmel.; Audeb. , 34. La gorge de cette espèce est verte , à reflets dorés, très-éclatans ; le dos et le ventre sont bleus, changeant en vert; le dessus de la tête est brun, avec de légers reflets dorés; les ailes et la queue sont noires; celle-ci est fourchue. Cette espèce vit à Cayenne. L'Oiseau -MOUCHE Lamgsdorff; Trochilus Langsdorjfi , Tem., pi. col. ,66,1. Cette belle espèce a été dédiée à M. Langsdorff", consul général de l'empereur de Russie au Brésil. Ce zélé na- turaliste a fait dans cette riche contrée des collections en tous genres, qui ont beaucoup contribué à nous faire mieux con- noître fhistoire naturelle de ce pays. On ignoroit avant ses recherches l'existence de ce bel oiseau -mouche. Il a le dos vert-noiràtre ; la gorge brille du plus beau vert; la poitrine est bleue, et le ventre blanc; une ceinture rouge dorée sé- pare le bleu de la poitrine du vert de la gorge ; la queue est longue et fourchue; les plumes externes sont blanches; celles du milieu sont vertes. L'Oiseau -mouche a queue singulière [Trochilus enicurus, Vieill.; Temm., pi. col., 66, 3) a aussi la queue longue et four- 494 OÎS v'^ue comme le précédent; mais M. Vieillot dit qu'elle n'est composée que de six plumes. Le dessus du corps est vert, à reflets dorés ; la gorge est violette; la poitrine blanche, bor- dée de jaunâtre; le ventre et le croupion sont verts ; les ailes et la queue sont noirâtres. Cette espèce vient aussi du Brésil. ( Valenc.) OISEAU DE MUE. {Omith.) Suivant le Nouveau Diction- naire d'histoire naturelle, on donne, dans la ville de Salin , ce nom à de petits oiseaux de genres et d'espèces différens, qui sont élevés pour la pipée et d'autres chasses aux gluaux et aux filets, où ils servent d'appelans. On crève, dit-on, les yeux à ces oiseaux pour les rendre plus propres au service qu'on en veut tirer. ( Ch. D.) OISEAU MURMURE. (Omith.) Nom donné aux oiseaux- mouches, trochilus , comme celui de frou frou , à cauSe du bruit sourd qu'ils font en volant et dont se sert particuliè- rement Stedman, Voyages, tom. 5 , p. 6 , pour les désigner. (Ch. D.) OISEAU DE NAUSÉE. (Omith.) C'est le même que I'Oiseau DE DÉGOÛT, c'est-à-dire le Dronte. Voyez ce dernier mot. (Ch. d.) OISEAU DE NAZARE. (Omith.) L'existence de cet oiseau , qu'on nomme aussi oiseau de Nazareth , seroit encore problé- matique quand on regarderoit celle du Dronte (voyez ce mot) comme suflisamment prouvée, car il resteroit à examiner si l'oiseau de Nazare formeroit une espèce particulière. En effet, cet oiseau, de l'ordre des autruches, a, suivant François Câuche, Relation de l'île de Madagascar, etc., page i3i , été trouvé dans l'ile de Nazare, qui paroît n'être qu'à une latitude un peu plus haute que celle de l'île Maurice où Isle- de-France, et ce voyageur indique , pour figure , les naviga- tions desHollandois dans les Indes orientales, où il n'est ques- tion que du dronte. On ne trouve, d'ailleurs, dans la descrip- tion qu'une différence essentielle, qui consisteroit dans le nombre des doigts, que Cauche dit être de trois, tandis que le dronte en a quatre. Dans ces circonstances on croit devoir se borner à renvoyer aux observations sur ces deux oiseaux et sur le solitaire, qui terminent le premier volume in-4.° de l'Histoire des oiseaux de Buffon. (Ch. D.) 1 OIS 495 OISEAU DE NEIGE. {Omith.) Cette dénomlnatîon a é^ appliquée à l'ortolan de neige, à la gelinotte, au pinson d'Ar- dennes. (Ch. D.) OISEAU DE INERTE. (Omith.) Voyez Oiseau de mecrte. (Ch. D.) OISEAU NIAIS. {Ornith.) Ce nom est donné, dans la tra- duction du Voyage au Levant d'Hasselquist, part. 2, p. 34, à ïanas penelope , Linn., qui est le canard sifïleur. (Ch. D.) OISEAU NOIR. {Ornith.) Cet oiseau, des Indes orientales, est de la grandeur de l'étourneau. Son plumage, d'un noir brillant, a quelques reflets bleus sur le dos. C'est le tanagra atrata , Lath. (Ch. D.) OISEAU DU NORD. (Ornith.) II est fait mention au 1." volume des Découvertes de plusieurs savans en Russie, etc., p. io5 , d'une mouette que Palhis regarde comme une simple variété de Voiseau du Nord des Allemands, et qui, au lieu d'aller elle-même à la recherche du poisson, force d'autres espèces à rendre ceux qu'elles ont avalés et qu'elle dévore avec avidité. Voyez aussi Oiseau arctique. ( Ch. D.) OISEAU DE NOTRE-DAME. (Ornith.) Salerne dit, p. i23, que les Italiens ont ainsi appelé le martin- pêcheur, alcedo hispida, Linn., à cause de sa beauté. ( Ch. D.) OISEAU DE LA NOUVELLE CALÉDONIE. ( Ornith. ) Une espèce de corbeau , dont les plumes sont nuancées de bleu, est indiquée sous ce nom dans le second voyage du capitaine Cook. (Ch. D.) OISEAU DE NUMIDIE. (Ornith.) Nom donné par erreur au dindon, en lui supposant une origine africaine, tandis que c'est un oiseau d'Amérique.- (Cu. D.) OISEAU D'ŒUF. (Ornith.) Ce nom, suivant Dampier, a été donné par des aventuriers anglais à un petit oiseau gri- sâtre , dont les œufs sont fort gros relativement au volume de son corps. C'est l'hirondelle de mer ou le sterne à bandeau, sterna vittafa, Gmel. et Lath., qui ne pond qu'un seul œuf, plus gros que ceux de pigeon. (Ch. D.) OISEAU D'OR. (Ornith.) Le mâle du monaul resplendis- sant, monaulus rcfulgens , Dum, , et lophophorus refuigens , Temm. , est ainsi appelé dans l'Inde. Voyez le tom, XXXII de ce Dictionnaire, p. 438. (Ch. D.) 496 OIS OISEAU DE PALAMÈDE. {Ornith.) L'oiseau ainsi appelé par les poètes est la grue commune , ardea grus , Linn. (Ch. D.) OISEAU DE PARADIS. (Orn.U.) Voyez Paradisier. (Ch. D.) OISEAU PÉCHEUR. {Ornith.) Ce nom est donné au balbu- zard. "Voyez aussi Lowa. ( Ch. D.) OISEAU PEIGNÉ. (Ornith.) Voyez Com-rird. (Ch. D.) OISEAU PEINT. [Ornith.) On appelle ainsi la pcintade, numida meleagris, Linn. On donne aussi ce nom au verdier de la Louisiane, dit vulgairement le pape. (Ch. D. ) OISEAU DE PÉNÉLOPE. (Ornith.) Valmont de Bomare renvoie sous ce mot au canard millouin , anasferina, Linn., et non à Vanas penelope. ( Ch. D.) OISEAU DE PENTECOTE. (Ornith.) Salerne, p. i85, cite ce nom, d'après Klein, comme étant donné au loriot d'Europe, oriolus galbula , Linn. ( Ch. D.) OISEAU A PIERRE. (Ornith.) Cette espèce de hocco est le crax pauxi , Linn. (Ch. D.) OISEAU DE PLUIE. (Ornith.) C'étoit chez les anciens le pic- vert, picus ijfrjdis , Linn., qui est censé, dit Salerne, annoncer la pluie lorsqu'il crie plus fort et plus fréquemment que de coutume; mais ce nom est aussi donné à l'engoulevent, ca- primulgus europœus, Linn., et à un coucou, cuculus pluvialis. Voyez le tom. XI de ce Dictionnaire, p. i25. (Ch. D.) OISEAU DE PLUMES. (Ornith.) Sonnini dit que cette dé- nomination est employée par quelques-uns pour désigner l'oiseau ro3^al ou grue couronnée , ardea pavonina , Linn. (Ch. d.) OISEAU POURPRE (Ornith.) Ce nom est donné à la poule sultane ou porphyrion , /«/jca porp/yr/o, Linn. (Ch. D.) OISEAU POURPRÉ A BEC DE GRIMPEREAU. (Ornith.) Séba a parlé le premier de cet oiseau , dont Brisson a fait son grimpereau pourpré de Virginie. Le nom mexicain ato- totl , que Séba lui donne, sembleroit établir des rapports avec le petit oiseau du lac de Mexico , qui porte le même nom dans Fernandez, si leur couleur n'étoit différente. (Ch. D.) OISEAU PRÉDICATEUR. (Ormth.) Ce nom a été donné aux toucans, ramphasios, Linn. , parce que lorsqu'ils sont per- chés, ils portent leur énorme bec à droite et à gauche, et le OIS 497 relèvent elTabaissent comme s'ils gestîculoient en s'adressant à un lîombreux audiloire. (Ch. D.) OISEAU DE PROIE DE TARNASAR. (Ornith.) Sonnini pense qne les oiseaux de proie dont parle Gesner, en les dé- signant ainsi d'après le nom de la ville de l'Inde aux envi- rons de laquelle on lésa .trouvés, sont des gypaètes. (Ch. D.) OISEAU QUAKER. (Ornith.) Les matelots anglois ont ainsi nommé l'albatros gris-brun, diomedea fuliginosa, Lath. (C«. D.) OISEAU A -QUATRE AILES. (Ornith.) Cet oiseau, figuré par lé P. Labat , au tom. 3 , pag. 36o , de sa Relation de l'A- frique, ne vole, dit-on, que la nuit. Il a été tué par Bruè' sur les bords du haut Sénégal, et, suivant cet auteur, d'une véracité reconnue pour d'autres objets, il est de la grosseur d'un dindon ; il aie bec et les ongles crochus et les pattes longues, ce qui lui donne des rapports avec le secrétaire, vul- tur serpentarius, Lath. , et falco serpentarius , GmeL Le bouquet de plumes qu'il est dit avoir sur la tête , s'accorderoit encore assez avec la huppe du secrétaire ou messager; mais il s'en écarteroit spécifiquement par les cinq premières pennes alaires dépoi^pvues de barbes dans les deux tiers de leur longueur, de manière à faire croire que chacune de ses ailes est double. Au reste, avant de considérer l'oiseau dont il s'agit comme une espèce particulière, il faudroit pouvoir s'assurer si la structure des pennes de l'aile ne tenoit pas à un jeu de la nature; et l'inexactitude de la dénomination d'oiseau à quatre ailes, suffit pour qu'on se tienne en garde sur cette singularité, (Ch. d.) # OISEAU RHINOCÉROS. {Omifh.) Voyez Calao. (Ch. D.) OISEAU RIEUR. {Onùlh,) Le quapactototl des Mexicains, dont le nom a été abrégé par Buffbn , qui écrit quapactol, est une espèce de coucou, cuculus ridibundus , Lath., qu'on a ainsi appelé d'après son cri ressemblant à un éclat de rire- M. Vieillot attribue au même oiseau les épithètes de vieil- lard et d'oiseau de pluie , et il fait de cet oiseau, sous le nom de tacco , en latin tiré du grec sauroihera, Un genre parti- culier, qui embrasse les cuculus vetula et cuculus pluvialis de Latham. (Ch. D.) OISEAU DE RIVIERE. (Omith.) Ce nom, par lequel ou .^5- 3a 498 OIS désigne, en général, les palmipèdes qui vivent sur les ri- vières, est particulièrement applique au canard sauvage , anas bosçhas , Linn. (Ch.D.) OISEAU A RIZ. {Ornith.) Voyez Oiseau de niz. (Ch.D.) OISEAU DE RIZ. (Ornith.) C'est ainsi que l'ortolan de riz ou agripenne, eniheriza oryzi^ora , Linn., et passerina oryzivora , Vieill. , est désigné dans Catesby. Le nom d'oiseau de riz est aussi donné au maïa et au gros-bec padda, qui fondent en bandes sur les champs de riz. (Ch. D.) OISEAU ROCHE. {Ornith.) C'est ainsi que Camus, dans sa traduction de l'Histoire des animaux d'Aristote, tom. 2, p. 574 , rend \e mot charadrio s, que ce dernier auteur , liv.g. chap. ] ] , applique à un oiseau qui habite les ravines, les ca- vernes et les rochers, et qui paroit être une espèce de plu- vier. (Ch. D.) OISEAU ROI. (Ornith.) Le traducteur de Bartram appelle ainsi Je tyran de BulFon , lanius Irranmis, Linn. (Ch. D.) OISEAU ROUGE A BEC DE GRIMPEREAU. (Ornith.) Cet oiseau du Mexique est le certhia mexicana, Gmel. , et le cer- thia ooccinea , Lath. ( Ch. D.) OISEAU ROUGE D'ÉTÉ. (Ornith.) L'espèce de ^ngara qu'Edwards désignoit par^ ce nom , se rapporte au tangara du Mississipi , de Buffon, pl. enl., 741, tanagra mississipensis, Linn.^ et probablement aussi au tanagra œstiva , Gmel., auxquels correspond le pyranga rouge de M. Vieillot. (Ch. D.) OISEAU ROUGE DE SURINAM. (Ornith.) L'oiseau ainsi nommé par Edwards paroit être le cotinga ouette, ampclis Carnifex , Linn. (Ch.D.) OISEAU ROUGE A TÊTE NOIRE. (Ornith.) Cet oiseau du Mexique, quia été décrit par Séba, est considéré comme une variété du certhia coccinea, Lath. (Ch. D») OISEAU ROYAL. (Ornith.) Cette dénomination, qui se donne spécialement à la grue couronnée, ardea pa\>onina , Linn. , est aussi appliquée au manucode , paradisea regia, Linn.; et l'on appelle encore oiseau royal le fum-hoam des Chinois, au sujet duquel ceux-ci débitent des choses merveil- leuses. ( Ch. d. ) OISEAU SAINT-MARTIN. (Ornith.) Ce nom est donné par Belou au jean-le-blane ,falco gallicus, Linn., et circaetus galli- OIS 499 eus, Vieill. ; mais M. Cuvier regarde l'oiseau saint -martiw comme n'étant qu'une vieille soubuse , désignée sous les noms de falco cyaneus etfalco alhicans, Linn. (Ch. D.) OISEAU DE S. PIERRE. {Ornilh.) Ce nom paroît avoir été donné aux pétrels par allusion à Saint-Pierre, qui , di^-on , marchoit sur les eaux. (Ch. D.) OISEAU SANS AILESi {Ornith,) On a appliqué cette dé- nominatiori aux manchots et aux pingouins, qui n'ont que des rudimens d'ailes impropres au vol. (Ch. D.) OISEAU DE SAUGE. (Ornirfi.) Albin nomme ainsi, en an- glois, la fauvette des roseaux, motacilla salicaria , Linn. (Ch.D.) OISEAU DE SCYTHIE. (Orn'ith.) Les grues ont été ainsi appelées par les anciens. (Ch. D.) OISEAU SERPENT. (Ornith.) Ce nom est donné par Bar- tram à un anhinga des Florides , à cause de la forme et de la couleur de son cou. (Ch. D.) OISEAU SILENCIEUX. (Ornith.) Voyez, au Supplément du tom. III de ce Dictionnaire , le mot Arremon , pour cet oiseau , qui est le tanagra silens , Lath. (Ch. D.) OISEAU SINISTRE. (Ornith.) Un des noms vulgaires de la chouettte effraie ou fresaie, strix flammea, Linn. (Ch. D.) OISEAU DU SOLEIL. (Ornith.) Ce nom est donné au grèbe- foulque ou héliorne de Surinam, plotus surinamensis , Gmel. , et heliornis surinamensis, Vieill., ainsi qu'au caurale ou paon des roses, ardea helias , Linn. Les oiseaux de paradis ont aussi été nommés oiseaux du soleil. (Ch, D.) OISEAU SORCIER. (Ornith.) Ce nom vulgaire de la fresaie, strix Jlamwea, Linn., est aussi donné au coucou cornu, nommé par les Guaranis, guira-payé, mots qui, suivant d'Azara, n.° 265, ont la même signification. Voyez ce Dictionnaire,, tom. XI , pag. i55. (Ch.D.) OISEAU TACHETÉ. (Ornith.) Aristofe ne désigne que par cette épithète, au livre g, chap. i , Foiseau que Belon, Al- drovande, Jonston, Brisson, etc., supposent être notre char- donneret ; mais l'auteur grec ajoutant que l'oiseau dont il s'agit vit en guerre avec l'alouette, parce qu'ils mangent ré- ciproquemment leurs œufs, il faudroit supposer de l'identité dans la manière de vivre et dans les habitudes. Or, comment l'alouette des champs, qui ne se perche pas, iroit-elle, dans les 5oo OIS tAvissons ou sur les arbres, détruire les œufs du chardonneret î" et comment aftri[)uer cette sorte (fantipathie au chardon-' neret , beaucoup plus petit qu'elle , qui ne fréquente pas les mêuies lieux, ne se nourrit pas des mêmes alimens, et entre lesquels il ne paroît devoir exister aucun rapport P Si la cause de l'inimitié des deux oiseaux n'étoit pas déterminée par Aris- tote, dont les idées sur ce point ne paroissent souvent être que des conjectures , on seroit plutôt tenté de chercher ici à l'expliquer , en jetant les yeux sur une cresserelle on autre petit accipitre , dont le plumage présente des taches ou des mouchetures, et qui attaque les alouettes, non pour manger leurs œufs, mais pour les dévorer elles-mêmes. (Ch. D.) OISEAU DE TEMPÊTE. (Ornitlu) Cette petite espèce de pétrel est le procellaria pelagica , Linn. (Cu. D.) OISEAU DES TERRES-NEUVES. (Omj7Ji.) C'est chez Belon l'aracari vert, rhamphaslos viridis, Lînn. (Ch. D.) OISEAU A TÊTE ROUGE, (Ornith.) C'est dans Albin le nom du sizerin ou petite linotte de vignes , /rtragi//a linaria, Linn. (Ch, D.) OISEAU [Petit] A TÊTE ROUGE. {Ornith.) L'oiseau que désigne ainsi Fernandez au chap. 17, p. 18, ayant un nom particulier, on ne Pauroit pas compris dans la série de ceux qui ne sont, en gé/iéral , connus que par des périphrases, si, comme pour deux des précédens, on n'avoit trouvé dans 1»? Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle cette dénomina- tion , qui auroit , peut-être, été considérée comme une lacune dans celui-ci. Voyez Quauchichil. (Ch. D.) OISEAU TOCAN. (Orni'fh.) Feuilléeaainsinomméle toucan à gorge blanche. (Ch. D.) OISEAU TOUT-BEC (Ornith.) Ce surnom a été donné au.v. toucans, rhampliastos, Linn., à cause de l'énormité de leur bec. (Ch. D.) OISEAU TROMPETTE. (Ornith.) Le son sourd que fait en- tendre l'agami, psophia crepitans , Linn., et qui ne sort point par Panus, comme on l'a cru assez long-temps, a donné lieu à cette dénomination, qui a été étendue au calao brac , buce-- ros africanus, Gmel. , et à la grue couronnée, ardea pavonina f Lion, (Ch. D,) 9 OIS 5g» OISEAU DU TROPIQUE, {Ornith.) Ce nom a été donné a«c paille-en-queue , pJiaèyon., Linn. (Ch. D.) OISEAU DE TURQUIE. (Ornith.) C'est le Casse -noix. (Desm.) OISEAU DE WIDHA on DE JUIDA. (Ornith.) L'oiseau ainsi désigné est la veuve au collier d'or, emberiza paradisea , Linn. (Ch. D.) OISEAUX. {Ornith.) L'oiseau est un vertébré ovipare, en- tièrement organisé pour le vol. C'est ce que nous prouve la légèreté de son corps ; la nature des tégumens qui le recou- vrent; la force des muscles qui meuvent le bi'as , et la con- formation de ce bras garni de longues pennes , pour augmen- ter la surface drstince à choquer l'air et à soutenir l'animal dans un fluide si peu dense. Dans tous les animaux que la nature a appelés à voler, le bras est grand , et mu par des puissans muscles. Ainsi, la Chauve -souris parmi les mammi- fères . les Dacty loptères et les Exocets , parmi les poissons , ont le bras très - développé ; mais il l'est encore plus dans les oiseaux, L'amplitude de leurs poumons contribue beaucoup à rendre leur corps plus léger; et leur squelette l'est plus aussi à proportion que celui des mammifères. .Ce squelette n"a pas un nombre déterminé et invariable de vertèbres. Le cou en a généralement plus que le tronc. Dans le moineau (fringilla domestica) on en compte neuf au cou et autant au dos. Tous les autres oiseaux en ont un plus grand nombre. Il y en a jusqu'à vingt- trois dans le cou du cygne. Excepté dans les palmipèdes, la longueur du cou est proportionnelle à la hauteur des jambes. Par la nature des facettes articulaires des vertèbres, le cou ne peut se plier qu'en S; et en en rapprochant plus ou moins les courbures , il s'alonge ou il se raccourcit. L'atlas a la forme d'un anneau , il s'articule avec la tête par une seule fa- cette. Le cou exécute avec facilité ses mouvcmcns, au moyen de muscles intertransversaires, à peu près disposés comnae ceux des mammifères. Les vertèbres du dos sont réunies en- semble par de forts ligamens, souvent même elles sont sou- dées, de sorte qu'elles ne peuvent jamais faire aucun mou- vement. Cette fixité étoit nécessaire pour résister à la vio- lence de la force musculaire que l'oiseau emploie pour voler.. 502 OIS Aussi dans les oiseaux qui ne volent pas, comme l'autruche et le casoar, nous voyons que les vertèbres ont conservé leur mobilité. Le sternum est une grande plaque carrée, convexe en avant, concave en arrière, qui recouvre le thorax et une grande partie de l'abdomen. Il porte sur le milieu de sa face anté- rieure ou convexe une crête saillante que l'on nomme le hrecliet. La grandeur de cette pièce est proportionnée à la puissance du vol de l'oiseau. L'a^itruche, qui ne vole pas, en est privée. Dans les oiseaux de proie et dans tous les autres bons voiliers, cette partie est très -haute. Le sternum porte de chaque côté des pièces osseuses, nommées côtes sternales , qui le réunissent aux côtes vertébrales , et qui ferment ainsi la cage où sont logés les viscères de la poitrine. Les hanches sont soudées aux vertèbres lombaires : celles-ci sont toutes réunies entre elles. Le nombre des vertèbres de la queue est d'autant plus grand que l'oiseau doit la remuer avec plus de facilité. L'omoplate est assez petit, alongé en arc parabolique et placé parallèlement à l'épine sur les côtes. Son apophyse co- racoïde forme un os long, aplati d'avant en arrière , très-fort, et qui s'appuie de l'omoplate au sternum. Les clavicules sont réunies entre elles auprès du sternum, en avant des apophyses coracoides, et elles forment une pièce unique, qui représente vn V. Cette structure donne à celte pièce une grande force d'élasticité, qui tend à écarter les deux omoplates l'un de l'autre , lorsque l'oiseau fait agir ses énormes pectoraux pour abaisser l'aile pendant le vol. Les insertions de l'apo- physe coracoïde empêchent l'omoplate de s'abaisser, de façon que le choc donné sur l'air ne perd rien de sa force de réaction par la fixité de l'épaule. L'humérus est généralement fort et plus petit que l'avant-bras. Leur rapport de longueur est en raison inverse de la puissance du vol de l'oiseau. C'est le martinet qui nous montre l'humérus le plus court et l'avant- bras le plus long. Dans les oiseaux de proie diurnes , dans les hirondelles de mer, dans les frégates, tous oiseaux bons voiliers, l'avant-bras est encore beaucoup plus long que l'hu- mérus. Dans les gallinacés les deux parties du bras sont pres- que égales, et dans l'autruche l'humérus est plus long que le radius et que le cubitus. 1 OIS 5o5 Tous les oiseaux ont trois muscles pectoraux , dont le pli:#^ grand pèse à lui seul plus que tous les autres nui sel es de l'oi- seau pris ensemble. La direction du tendon du nio_yen pec- toral et son attache à riuimérus eu font un muscle releveur de l'aile, qui empêche l'oiseau de culbuter quand il vole. La main de l'oiseau est composée d'une seule rangée d'os du carpe, d'un seul métacarpe, d'un os styloïde qui repré- sente le pouce, d'un doigt à deux phalanges, et d'un autre os styloïde, plus petit que le premier. C'est au pouce que sont attachées les petites plumes qui forment ce que l'on appelle l'aile bâtarde. Les grandes pennes de l'aile adhérent à la main, et les plumes qui sont placées le long de l'avant -bras, sont nommées pennes secondaires de l'aile. Les grandes pennes ou rectrices sont d'autant plus lon- gues que l'oiseau vole mieux. Dans les gallinacés, dont le vol est très -lourd, les pennes secondaires sont les plus longues. Le fémur est toujours plus court que le tibia ; le péroné est très-grêle, et réduit à simple stylet, qui ne descend jamais aussi bas que le tibia. Un os unique représente le tarse et le métatarse ; sa lon- gueur varie beaucoup , et c'est toujours elle qui détermine la hauteur de l'oiseau sur ses jambes. Elle est très-petite dans le martin-pêcheur, et très-considérable dans tout l'ordre des échassiers. Le nombre des doigts varie de deux à quatre, et le nombre des phalanges va en augmentant de deux à cinq , en allant du pouce au quatrième doigt. Les doigts sont libres ou réunis entre eux en tout ou en partie, et c'est d'après cette disposition que l'on a établi une méthode ornithologique, en combinant ces caractères avec ceux que nous oflFre le bec. Le bec varie beaucoup de forme et de longueur ; souvent il paroît surmonté par des éminences osseuses, qui sont pro- duites par le développement du frontal. Elles sont très- grandes dans les calao, et remplies d'un diploé très-làche, La tête des oiseaux est généralement petite; elle s'articule avec l'atlas par un condyle unique, rond. La nature de cette articulation donne a l'oiseau la facilité de tourner sa face aU'.. .'^04 OIS tJrieure tout- à- fait en arrière; ce que ne peut faire aucun autre vertébré. Les os du crâne se soudent entre eux de très- honne heure. I,a boîte cérébrale est divisée en deux fosses principales, dont l'antérieure est située au-dessus de la posté- rieure. La première contient le cerveau proprement dit: la seconde contient les couches optiques, le cervelet et la moelle alongée. Le cerveau des oiseaux présente six masses visibles à l'ex- térieur : c'est ce qui le distingue surtout du cerveau des mam- mifères. Ces masses ou tubercules sont les deux hémisphères^ les deux couches optiques, le cervelet et la moelle alongée. Les hémisphères et les couches optiques n'ont pas de circonvolu- tions. 11 n'y a point de corps calleux, de voûte, ni deseptum lucidum. La moelle alongée manque des éminences pyrami- dales, des éminences olivaires, et il n'y a pas de pont de va- lole. C'est une large surface lisse entre les deux couches opti- ques. Celles-ci n'ont point d'éminenccs mamillaires. Chaque ventricule antérieur est fermé par une cloison mince et rayon- nante. Cette cloison ne se retrouve dans le cerveau d'aucune autre classe des vertébrés; elle est le caractère essentiel d'un cerveau d'oiseau. Le sens de la vue est celui qui est le plus développé dans les oiseaux. Ils ont la faculté admirable de voir égale- ment bien le même objet quand ils en sont, ou très- éloi- gnés, ou très -rapprochés. On essaie d'expliquer ce phéno- mène, quoique d'une manière peu satisfaisante, par les ohan- gemens qu'ils peuvent apporter à la convexité de leur œil. Cette vue si exquise de l'oiseau , est sans doute ce qui étoit le plus nécessaire à sa manière de vivre. Comment , sans la grande perfection de ce sens, auroit-il pu calculer et me- surer les distances qu'il doit parcourir, et se diriger d'un vol rapide sur l'objet qu'il veut atteindre. Tous les oiseaux, excepté les chouettes, ne voient les ob- jets que par un seul œil à la fois. Le globe en est moins sphérique que celui des mammi- fères. La cornée transparente est très-bombée, quelquefois même hémisphérique. Le rayon de sa sphère est toujours plus court que celui de la sphère à laquelle appartient la cour- bure de la sclérotique. OIS 5o5 La lentille que forme le cristallin , est plus aplatie qS^ celle des mammifères. Voici le rapport de son axe à son diamètre transversal : Axe. Diam. Dans la chouette :: 3 : 4 , le perroquet:: 7 ; 20 , le vautour :: 8 : 11. Le cristallin est d'une consistance assez molle ; il se laisse facilement écraser. Quant au volume relatif des différentes humeurs de l'œil, on a calculé que son volume étant 1 , celui de l'humeur aqueuse en est les "/,, , celui du cristallin les '}(„ , et celui de l'humeur vitrée les y,,. La sclérotique est mince, flexible , et assez élastique dans sa partie postérieure. Sa couleur est bleuâtre et brillante. La partie antérieure reçoit entre les deux lames qui la composent , une vingtaine de pièces osseuses, imbriquées les unes sur les autres et disposées en un cercle dur , qui donne à cette portion de l'œil une forme invariable. Cependant les muscles moteurs de l'œil ne s'attachent pas à cette partie solide de la sclérotique; c'est toujours dans la partie molle que l'on voit se perdre leurs tendons. Les lames ciliaires sont très-peu saillantes, surtout dans les hibous, qui les ont très-fines. L'autruche les a plus lâches et plus grosses. Le fond de l'œil des oiseaux manque de cette partie colorée qui a reçu dans les mammifères le nom de tapis. La couleur de l'iris varie à l'infini; elle est mate et souvent très-brillante, d'un beau jaune, d'un beau rouge, d'un beau bleu, etc. Le nerf optique perce la sclérotique obliquement et en bas, en glissant dans une gaine , dirigée dans le même sens à tra- vers l'épaisseur de cette membrane. Il s'épanouit comme dans les mammifères pour former la rétine, en s'entourant à sa pointe d'une ligne ronde et blanche. Mais ce qui n'existe pas dans les mammifères, c'est la membrane plissée et sus- pendue à toute la longueur de cette ligne blanche, et que les anatomistes ont nommée la bourse conique ou le peigne de l'œil. Ces plis sont très-hauts, perpendiculaires dans l'au- truche et le casoar, où ils ont été découverts. C'est ce qui SI fait donner à cette membrane le nom de bourse. Dans la 5o6 OIS jfÇVipart des autres espèces ils sont arrondis : leur nombre est tres-variable. On en compte seize dans la cigogne ; dix ou douze dans le canard et dans le vautour; quinze dans l'au- truche; sept dans le grand-duc. Il est difficile d'assigner le véritable usage de cette membrane. Petit a pensé qu'elle ser- voit à absorber une partie des rayons lumineux. D'autres ana- tomistes, et de ce nombre est M. Home, ont cru que par ses contractions elle raccourcissoit l'axe de vision de l'oiseau et l'aidoit ainsi à voir les mêmes objets à des distances souvent très-différentes. Mais M. Cuvier fait observer que ses attaches au cristallin sont latérales, et qu'elle ne pourroit faire autre chose que de le tirer de côté. Ainsi nous voyons que toutes ces explications sont peu satisfaisantes. Les oiseaux ont trois paupières; les deux ordinaires, dont la commissure est horizontale; et une troisième, nommée membrane clignotante, qui est verticale, située dans l'angle nasal de l'œil, et qui peut s'étendre au devant de lui comme un rideau. Cette troisième paupière est un peu transparente et sert à diminuer l'action d'une lumière trop vive sur la rétine. C'est elle qui permet à l'aigle de fixer le soleil. La paupière inférieure est la seule qui se meuve dans la plupart des oiseaux , excepté dans les chouettes et les engoulevens, dont la paupière supérieure s'abaisse autant que l'inférieure s'élève. Elle est épaisse et munie dans son intérieur, vers son bord, d'une petite plaque cartilagineSise, parfaitement lisse , sous laquelle passe le muscle orbiculaire de la paupière. Très -peu d'oiseaux ont des cils; et encore ce sont plutôt de véritables plumes, à barbules très -lâches et très- écartées, ainsi qu'on peut le voir facilement dans le calao. La transparence de la troisième paupière ne permettoit pas qu'elle eût dans son épaisseur des fibres charnues. La nature 3' a suppléé par un mécanisme très-singulier. Elle est mise en mouvement par l'action de deux muscles attachés à la partie postérieure du globe de l'œil , dont l'un, nommé le quarré,de la troisième paupière. estcomj;osé de fibres qui descendent obliquement vers le nerf optique. Elles se terminent en un tendon d'une espèce toute particulière , parce qu'il ne s'insère nulle part. Il forme un canal cylindrique, qui se courbe au- OIS 5o7 tour du nerf optique en traversant la direction des fibres dî? muscle. L'autre, nommé le pyramidal, est attaché sur l'œil auprès du nez: il se compose de fibres ramassées en un ten- don mince et arrondi, semblable à une petite corde, qui tra^ verse le canal du muscle précédent , comme sur la gorge d'une ])oulie, et qui se porte par-dessous l'œil dans une gaine cellu- laire de la sclérotique, jusqu'à la partie inférieure du bord libre de la troisième paupière. L'action de ces deux muscles lire la membrane clignotante, qui se retire dans l'angle de l'œil par sa propre élasticité. La glande de Harderus est beau- coup plus grande que la glande lacrymale. Après la vue , l'ouie est le sens le plus fin et le plus déKeat des oiseaux; on ne peut même dire lequel l'est davantage. L'oreille n'a pas de conque proprement dite, car on peut à peine donner ce nom au grand orifice externe du méat au- ditif des chouettes et des hibous. L'entrée du conduit est recouverte de plumes d'une na- ture différente de celles du corps. Elles sont fines et garnies de barbules lâches , élastiques, écartées les unes des autres et laissant facilement passer l'air entr^ elles. Pour augmenter l'étendue des surfaces vibrantes, la caisse communique avec trois grandes cavités, qui se prolongent plus ou moins dans lépaisseur des os du crâne, et qui caractérisent éminemment l'organe de l'ouie des oiseaux. Ces cavités sont formées de lames minces, élastiques, et par conséquent très-sonores. Elles contribuent à renforcer l'action du son sur le labyrinthe , qu'elles enveloppent de toutes paris. C'est dans l'effraie qu'elle^ sont le plus étendues. La première s'ouvre à la partie supé- rieure de la caisse et se réunit à celles du côté opposé par dessous le trou occipital. La seconde ne s'étend qu'entre les canaux semi-circulaires , et la troisième va sous la base du crâne, le long de la trompe d'Eustache, se réunir à sa cor- respondante de l'autre côté sous la glande pituitaire. Les oiseaux nocturnes ont ces cavités plus grandes que les oiseaux diurnes; elles paroisscnt manquer tout-à-f'ait dans les perroquets, qui ont une concavité de la •caisse beaucoup plus grande. La fenêtre ronde et la fenêtre ovale sont toutes deux de forme ovale ; elles sont rapprochées , et c'est le plus sou- vent la fenêtre ronde qui est la plus grande. Les osselets de 5o8 QI§ -*ouie sont réduits à un seul os plié en coude. Une des branches est attachée au tympan même, et tient lieu en quelque sorte du marteau ; l'autre s'enfonce dans la caisse , et a la forme d'une tige grêle, quelquefois divisée en petits filets osseux. Elle se termine en une platine ovale qui ferme le vestibule, comme le fait l'étrier dans les mammifères. Cet osselet est mu par un seul muscle, qui le tire un peu en avant pour tendre plus ou moins la membrane du tympan. De petits cordons tendineux agissent en sens contraire par leur seule force élastique, afin d'éviter la rupture de cette membrane déli- cate par des contractions trop violentes du muscle. L'odorat est en général peu délicat chez les oiseaux, si on excepte les vautours et les corbeaux, qui ont ce sens très- exquis. Je ne crois pas que les autres oiseaux aient donné preuve d'un odorat très-fin. L'ouverture des narines varie beaucoup de forme dans les différens genres ; elles ont été observées avec beaucoup de soin par les naturalistes, et leurs nombreuses différences ont servi aussi à la confection d'une méthode ornithologique. Des trois cornets du nez c'est le moyen qui est le plus grand, surtout dans les oiseaux de ri- vage, 011 il occupe plus des deux tiers de la cavité nasale. Il adhère par son fond à la partie osseuse du septum, et il se replie deux fois et demie sur lui-même. Le cornet in- férieur ne fait qu'un simple tour attaché au septum et à l'aile du nez; le supérieur, en forme de cloche, adhère à l'os du front et à l'os unguis. Ces cornets sont en général car- tilagineux; ils ont paru osseux à M. Cuvier dans le toucan et dans le calao. La membrane pituitaire qui rampe sur eux, est très-mince sur le cornet supérieur, veloutée et plus épaisse sur le moyen. Les vaisseaux sanguins forment à sa surface un très-beau réseau. Le nerf olfactif se divise en une multitude de fibrilles, qui, suivant Scarpa , ne vont pas au- delà de la cloison et des cornets supérieurs. Ce sont les branches de la cinquième paire qui se rendent à la mem- brane pituitaire qui recouvre les cornets moyen et infé- rieur. Celte observation anatomique de Scarpa conduiroit à peu près au même résultat que les expériences nouvelles et curieuses de M. Magendie, qui tendent à prouver que les animaux ne perçoivent la sensation de l'odorat qu'au moyen des branches de la cinquième paire. OIS 509 Le gaût est encore moins développé chez les oiseaux. Lcu*' langue, généralement peu charnue, est couverte de papilles cornées, qui servent plus à retenir les alimens arrivés à Tar- rïére -bouche, qu'elles ne peuvent servir le goût. La forme rie la langue varie dans chaque genre , et on en tire souvent de bons caractères génériques. Le toucher des oiseaux doit être le plus imparfait de tous leurs sens. Leur peau est partout recouverte de plumes in- sensibles ; et ceux qui ont quelques parties nues, comme Tautruche , quelques cigognes, les vautours , ne se servent pas de ces parties pour toucher. La peau du corps est re- couverte d'un épidémie mince, formant des plis qui corres- pondent aux quinconces sur lesquels les plumes sont dis- posées. Le tissu muqueux est peu coloré, il ne prend de couleurs un peu vives que dans certaines parties du corps d'un très- petit nombre d'espèces , et sur les pattes et la cire du bec» Le peaussier est assez développé dans les espèces qui meu- vent à volonté les plumes de leur huppe ou de leur cou. En général, le peaussier du ventre s'attache sur les septième et huitième côtes par des digitations charnues à la manière du grand dentelé: large et aplati, ce muscle se porte oblique* ment vers l'articulation d£ l'épaule , qu'il dépasse avant de se fixer à la peau le long du cou : il y a aussi des petits plai;;! de libres charnues qui font mouvoir les plumes qui le r(« couvrent. Le bec , par la dureté de la corne qui se moule sur les deu.ï mandibules osseuses, remplace les dents chez les oiseaux, ii sert à saisir et à déchirer la proie, mais il ne peut y avoir de véritable mastication. La forme du bec varie non-seule- ment dans chaque genre, mais encore dans chacune des es- pèces qui composent le genre, d'où il résulte, que l'on doit étudier cette forme avec le plus grand soin pour arriver à la connoissance des espèces. La mandibule supérieure s'articule avec le crâne par quatre lames osseuses, minces et très-variables dans chaque genre. Ces lames répondent aux maxillaires et aux intermaxii- iaires des mammifères , et les apophyses ptérigoïdes sont 5io OIS r'^^pi'ésentées par un os qu'Hérissant avoit nommé otnoïde, à cause de sa ressemblance avec un omoplate. Il varie aussi befiucoup dans les différentes espèces. La mandibule inférieure est unie à la supérieure par un os que les premiers anatomistes ont nommé l'os carré. Cet os, que M. Cuvier a déterminé comme l'analogue de la caisse des mammifères, s'appuie sur l'os omoïde. 11 en résulte que l'oiseau ne peut abaisser la mandibule inférieure sans que par un mouvement de bascule, en sens contraire, la mandi- bule supérieure ne s'élève. Ce mouvement est le plus mar- qué dans les canards et dans les perroquets. Les glandes salivaires sont situées sous la langue; elles pa- roîtroicnt répondre aux sublinguales des mammifères, mais leur structure est différente. Ce sont des amas de petits grains ronds, creux, qui déchargent dans la bouche par plusieurs orifices, l'humeur qu'ils sécrètent. Le pharynx des oiseaux n'a pas de muscles propres qui le soulèvent, le dilatent, ou le resserrent. On y remarque à peine quelques fibres longitudinales qui se continuent avec celles de l'œsophage. L'œsophage des oiseaux se dilate en trois poches où sé- journe plus ou moins long- temps leur nourriture. On aper- çoit très-bien en dehors la première de ces poches, quand elle est pleine d'aliment: c'est le jabot. L'œsophage se ré- trécit de nouveau, et forme ensuite, en se dilatant à quel- que distance du gésier, une poche remarquable par les glan- des contenues dans l'épaisseur de ses parois. On la nomme "le ventricule succenturié ou le jabot glanduleux. Enfin, il y a un étranglement ti'ès- court entre le ventricule et le gésier, qui sont tous deux situés dans la cavité abdominale. Le gésier ou le véritable estomac est irrégulièrement ar- rondi et comprimé latéralement. Deux muscles , plus ou moins épais et composés de fibres rayonnantes, forment la seconde tunique de cet estomac. Le pylore, qui n'a pas de valvules, s'ouvre assez près du cordia. Le canal intestinal est généra- lement court dans les oiseaux. Sa longueur varie de deux à cinq fois la longueur du corps. Ils ont généralement deux cœcuais. L'extrémité du rectum des oiseaux aboutit dans une poche 01$ 5ii «ù donnent également les uretères et les organes de la gér^- rafion. Cetle poche se nomme le cloaque, dont les diîTérens muscles varient dans plusieurs espèces. Le foie est généralement plus volumineux que celui des mammifères. 11 est divisé en deux lobes le plus souvent égaux entre eux , remplissant les deux hypocondres et une partie de la cavité thoi'acique proprement dite. Il est ordi- nairement d'un rouge-brun assez foncé. La rate est petite, ovale ou cylindrique; sa figure varie beaucoup. L'existence des vaisseaux lymphatiques a été récemment démontrée par M. Lauth. 11 les a injectés dans le dindon , la poule, le héron, la cigogne* le goéland gris, l'oie sauvage et domestique , le canard. Ils diffèrent des lymphatiques de l'homme par plusieurs points, entre autres, parce qu'ils se terminent par deux canaux thoraciques, un de chaque côté^ qui se versent dans les veines jugulaires, le plus souvent par plusieurs orifices. La lymphe des oiseaux a paru à M. Lauth semblable à celle des mammifères, mais leur chyle est dif^ férent. Il est transparent et incolore. (On peut voir le mé* moire de M. Lauth, Ann. scien. nat., tom. 3, cah. Décembre 1824, page 38 1.) La circulation des oiseaux se fait au moyen d'un cœur à quatre cavités, comme dans les mammifères. Le cœiH" est toujours conique; mais la proportion de sa longueur à sa largeur est très-variable. La distribution des artères ef. des veines ressemble aussi en général à celle des mammi- fères. ^ La respiration est beaucoup plus active dans les oiseaux que dans les mammifères. Cela vient de ce que les cellules de leurs poumons sont plus grandes à proportion, et que les bronches ne se terminent pas en cul-de-sac, mais dans de vastes cellules à air qui s'étendent par tout le corps, même dans l'épaisseur des os. D'où il résulte que l'oiseau fait entrei- dans son corps une bien plus grande masse d'air que ne peut le faire un mammifère. On conçoit qu'avec des poumons ainsi amplifiés la respira- tion doit être tres-actlve chez les oiseaux. Cela devoit avoir lieu afin de donner une force muscu- ''^^ OIS. I^ire plus grande à ces animaux, dont la vie aérienne rend cette action beancoiip plus nécessaire que dans les autrei vertébrés, qui ont à proportion une plus grande masse de muscles que les oiseaux. Il est difficile de concevoir com- ment l'engourdissement léthargique des oiseaux peut se con- cilier avec cette respiration si active. Des ornithologistes très-célèbres, et M. Temminck est de ce nombre, nient posi- tivement l'engourdissement de l'hirondelle de rivage, et traitent ce fait de fable; mais ils ne donnent pas de raison pour le nier. On a attribué à plusieurs oiseaux la faculté d'hiverner* Ce sont les coucous , les hirondelles , les mar- tinets, le chat- huant, l'étourneau, la grive, l'alouette, le merle, les cigognes; excepté le coucou, tous les autres sont fités par Aristote ; et on a pour l'hirondelle le témoignage de Pallas, du père Dutertre; et surtout d'Achard qui raconte positivement qu'en descendant le Rhin , il vit des enfans occupés à tirer, avec des baguettes assez longues, des hiron- delles de rivage qui étoieut au fond de trous percés dans le sable; que ces hirondelles étoient tellement engourdies, qu'elles ne pouvoient voler; qu'en ayant réchaufiFé une, elle reprit assez de force pour s'envoler. Ce fait me paroît raconté d'une manière si détaillée et si précise, que je pense qu'il faut pour le contredire s'appuyer d'observations faites danf le but d'éclairer cette partie de l'histoire physiologique des oiseaux. La trachée -artère varie beaucoup dans les oiseaux, elle pénètre quelquefois dans l'épaisseur du bréchet et augmente ainsi la voix éclatante de quelques grues. La Voix des oiseaux est en général très-forte. Quelle sphère immense remplit une alouette qui se fait entendre du haut des airs. Le rossignol a la voix la plus forte si on la com- pare à la petitesse de son corps. I,a voix chez l'oiseau n'est pas toujours également déve- loppée pendant toute l'année ; reprenant pour ainsi dire à chaque ponte un nouvel état de puberté, sa voix change à chaque printemps. Le mécanisme de la voix ne consiste pas seulement dans le larynx, comme cela a lieu dans les maui- mifères: les oiseaux ont en outre un renflement de la trachée- artère auprès de son entrée dans la poitrine. Cette porhe est OIS BxZ fermée par des membranes qui forment une sorte de caisse sonore dont la figure varie beaucoup dans chaque espèce. La délicatesse de leur oreille les met à même d'apprécier les nombreuses variations du son, qu'ils savent moduler de ma- nière à rendre leur voix si agréable et si mélodieuse. Tous les oiseaux sont, comme on le sait, ovipares. Le plus souvent la différence dans l'éclat et la beauté des couleurs indique la différence des sexes. Le mâle est presque toujours paré de couleurs plus belles que la femelle. Dans quelques genres il a aussi des plumes plus longues , qu'il étale aux yeux de 11 femelle pendant la saison des amours : il n'a point d'organes extérieurs. Les testicules sont placés auprès des reins; ils versent leur liqueur spermatique dans le cloaque. Ces testicules, qui deviennent très -gros pendant le temps de la ponte, se réduisent à un point souvent à peine visible pendant le reste de l'année. La femelle a des ovaires assez gros, placés auprès des reins,- un oviductus reçoit le vitellus , qui s'enveloppe d'une ma- tière albumineuse qu'on nomme le blanc de l'œuf; arrivé dans la partie inférieure de l'oviductus, l'œuf commence à se revêtir d'une matière crétacée dont l'épaisseur augmente dans le cloaque , et d'oîi il est chassé par l'action des mus- cles propres du cloaque. La couleur et la forme de la coque varient dans chaque espèce. Si l'ovule a été fécondé dans l'attouchement des deux cloaques, pendant l'acte de la copulation , alors la chaleur que lui communique l'incuba- tion , développe la vie , dont il a reçu la puissance par^ le stimulus de l'accouplement. Dans la poule , où le dévelop- pement a été suivi avec le plus grand soin , on sait qu'au bout de six heures on voit paroitre un petit point rouge sur le vitellus. 11 devient le pu ne Lu m saliens , qui sera le cœur du poulet; de ce punclum saliens partent de nombreuses ra- diations de vaisseaux qui forment la figure veineuse; une petite ligne grise qui entoure en croissant le petit point rouge, devient la moelle épinière ; elle se renfle en avant pour former le cerveau. Les jambes, puis les bras, et enfin les viscères se développent. L'oiseau dépose ses œufs dans un nid qu'il construit avec wn art et une adresse qui excitent en général l'étonnement 55. - S3 5i4 OIS de l'homme. Qui n'a pas vu et admiré le nid de la mésange, composé avec la bourre soyeuse des chatons du saule ! La penduline, parus pendulinus , le suspend à l'extrémité d'une branche très-flexible, afin d'en rendre l'approche très-diffi- cile aux oiseaux et aux reptiles qui voudroicnt s'emparer de ses petits. La mésange du Cap construit, sur les mimoses à feuilles pennées, un nid à peu près semblable à celui de notre mésange; mais elle y ajoute en dehors une petite cu- pule destinée à recevoir tour à tour le mâle et la femelle pendant qu'ils se partagent les fatigues de l'incubation. Le loriot construit son nid avec des herbes sèches, et, comme la jpenduline , il le suspend à l'extrémité des plus longues branches. Ce même instinct se reproduit dans tous les oiseaux du genre Oriolus de Linné, qui sont les Cassiques, les Carouges et les Troupiales de Buffon; mais on y voit encore plus d'art. Leurs nids, composés de même avec des brins d'herbes, ont une forme ovale , et sont réunis par un tube dans lequel ils ont leur ouverture. Ce tube, fortement attaché par une extré- mité à une branche, flotte librement dans le reste de sa lon- gueur qui a quelquefois, quatre ou six pieds. 11 n'est ouvert que par son extrémité inférieure : c'est par cette ouverture que chaque couple monte dans la galerie pour entrer dans le nid où la femelle a déposé ses œufs. On trouve fréquem- ment plus de cinquante de ces nids sur un même arbre. Cette habitude a fait donner à ces oiseaux le nom de Républi- cains, qu'ils portent dans nos colonies. Le fournler , Merops aru/us , est ainsi nommé par les François établis à Cayenne , à cause de la forme singulière qu'il donne à son nid. 11 le construit avec de la terre mouillée, et il lui donne la forme d'un four. Sur les rives de la Plata cet oiseau est nommé Or- néro , et Commerson raconte qu'il est si peu farouche, qu'un individu vint construire son nid sur un des chariots qui por- toient ses bagages. La fauvette de roseaux, motacitla salicaria, construit, au- tour de trois tiges de roseaux, son nid avec des plantes qui croissent dans les marais. Ces tiges servent à retenir ce nid, qui monte ou descend le long de ces roseaux, suivant que la surface de l'eau sur laquelle il repose, s'élève ou s'abaisse. Une espèce de fauvette africaine, sjh'ia texlrir _. OIS 5.5 place son nid d.ins une feuille large, pliée en cornet, parce que Foiseau prend soin d'en rapprocher les deux bords, en les cousant ensemble au moyen d'un brin d'herbe qui lui sert de fil et qu'il passe dans les trous qu'il a faits d'avance avec son bec. Un des nids les plus célèbres est celui de la salangane, Hirundo escidenta, à cause de la recherche que les Chinois et les Japonois en font pour leur table. Ces hirondelles cons- truisent leurs nids dans les creux des falaises, ou dans les ca- vernes des Moluqucs et de plusieurs autres îles de la mer des Indes. A Java on en fait des provisions considérables, qui se vendent extrêmement cher, lorsqu'ils sont encore tout frais et qu'ils n'ont pas été salis pendant l'incubation. Ces nids sont faits avec des branches d'un fucus, décolorées, et agglutinées ensemble par cette hirondelle. On avoit cru pendant long-temps qu'elle les conslruisoit avec du frai de poissons ou d'autres matières animales qu'elle ramassait à la surface de la mer ; mais nous avons acquis la certitude que c'est avec les brins d'un fucus , par le fait suivant : M. Potros, pharmacien en chef de l'hospice de la Charité, avant reçu , parmi d'autres productions des Moluques, des branches tout-à-fait incolores d'une plante qu'il ne coniioissoit pas, vint les montrer à M. Desfontaines pour en savoir le nom. J'étois alors avec cet illustre botaniste, et je crus reconnoitre la res- semblance de ces brins avec ceux dont se composent les nids de salangane, déposés dans le cabinet du Roi. Il voulut bien faire avec moi cette comparaison, qui prouva la vérité de ma supposition. Ainsi c'est avec des branches décolorées d'un fucuP que M. Lamouroux a déterminé, que la salangane fait son nid. On doit d'autant moins s'en étonner, que l'on sait que plusieurs espèces de varecs de la mer des Indes sont bonnes à manger; qu'une d'elles, Je fucus sacchoriferus , contient une assez grande quantité de sucre. Le célèbre professeur, M. Reinwardt , qui a fait un si long séjour à Java, et que j'ai eu le bonheur de voir souvent pendant que j'étois à Leyde , m'a dit qu'il croyoit que la salangane consolide son nid avec une humeur visqueuse et gluante , qu'elle sécrète par sp.s énormes parotides. Le pro- duit de la vente de ces nids s'élève à des sommes considé- rables. Auprès du Goenong-Goefoe , un des pbis grands vol- 5i6 OIS cans de Java, il y a une caverne d'où le propriétaire tire , selon M. Reinwardt , pour plus de cinquante mille florins de Hollande par an. Je n'ai parlé ici que des formes les plus remarquables des nids : mais il s'en faut de beaucoup que tous les oiseaux mettent le même art à les construire. En général , on peut dire que les oiseaux qui vivent de proie , sont ceux qui les construisent le plus mal. Enfin , il est quelques espèces qui n'en font pas du tout. La petite hirondelle de mer dépose trois œufs blancs entre les galets, sans prendre les plus lé- gères précautions pour les garantir. L'engoulevent fait abso- lument la même chose ; on trouve ses œufs déposés à nu sur des pierres. La ponte n'a lieu le plus souvent qu'une fols par an ; quel- ques espèces en font deux : la domesticité et les soins de l'homme l'ont rendue encore plus fréquente dans les gallinacés qui peuplent nos basse -cours. Le nombre des œufs varie beaucoup suivant les espèces ; en général , il n'est pas pro- portionné à la grosseur de l'oiseau. On sait que la mésange et le roitelet en font de quinze à vingt. On trouve des nids de perdrix où il y a un plus grand nombre encore. Ce sont les gallinacés qui en pondent le plus. La femelle couve ses œufs avec ardeur et jjalience plus ou moins long- temps; et dans les espèces où le mâle partage avec elle l'incubation, elle couve toujours plus long-temps que le mâle. On ne peut citer d'autres exceptions que l'exem- ijj)le bien curieux de l'autruche à trois doigts des pampas de Buent»s-Ayres. Suivant Axara, les femelles, qui ne pondent chacune qu'un œuf, se réunissent afin d'en déposer quinze à vingt dans un même trou creusé dans le sable , et c'est un mâle qui les couve tout le temps nécessaire au développement du petit. Le nombre de jours de l'incubation varie beau- coup dans les espèces. L'oiseau-mouche couve douze jours; nos serins domestiques, quinze à dix-huit jours; les poules, vingt-un; les canards, vingt-cinq ; le cygne, quarante à qua- rante-cinq jours. Lorsque Foiseau vient d"éclore , il est recouvert , excepté sous le ventre, de poils fins et serrés; ils sont implantés par petits paquets de quinze à vingt dans des bulbes qui con- OIS 5i7 tiennent le germe de la plume. Lorsqu'elle se dévelopjJb , elle chasse les polis devant elle, et dans quelques espèces d'oiseaux de proie ces poils adhèrent assez Icng-temps aux plumes, en sorte que ces oiseaux sont tout couverts d'un duvet flottaiif. Les plumes qui paroissent les premières, sont celles des ailes et de la queue ; puis viennent celles du corps , disposées par groupes, de façon que les plumes couvrent tout l'oiseau sans êtrfe épiirses sur tout le corps. Ainsi il n'y a jamais de plumes attachées sur la ligne moyenne de la poitrine et de l'abdomen ; elles sont placées de chaque côté de la poitrine. Les parties latérales et infé- rieures du cou sont aussi nues , et sur le dos il n'y a de plumes implantées que sur le milieu. Les côtés auprès des bras sont nus, de sorte qu'en relevant les plumes , on peut voir la peau ou quelquefois un duvet fia qui la recouvre. Quelques jours après la naissance de l'oiseau on voit paroitre la gaine de la. plume, qui sort comme un petit tube noir. Ce tube est fermé extérieurement, et par l'autre extré- mité il reçoit les vaisseaux nourriciers de manière qu'en arrachant la gaine, on produit une petite hémorrhagie. Quand la gaine a percé la peau, elle se dessèche et se find par une déchirure longitudinale ; d'oîi sort Textré- mité de la plume. A cetie époque, si on coupe le tuyau de la plume dans sa longueur, on voit qu'il est formé de couches nombreuses de matière cornée, qui renferment un cylindre de matière gélatineuse sur lequel rampent de nom- breux vaisseaux sanguins. Le rudiment des barbes de fa plume est dans ce cylindre gélatineux. Son sommet, plus dur que le reste, sort avec lui de la gaine ; il entraîne une couche d'une matière noire, qui l'enveloppe et qui se fend pour former les barbes. La tige de la plume s'alooge et se - tinens appartiennent surtout aux ordres des échassiers et des palmipèdes qui sont répandus sur tout le globe, et dont on peut tenir très-peu compte dans la ressemblance zoologique que l'on voudroit établir entre deux contrées. Quant à l'Afri- que boréale, je n'en connois qu'un très-petit nombre qui lui soit propre; les autres émigrent , soit en Europe, soit vers l'équateur, en sorte qu'elles sont comptées parmi les oiseaux de ces zones. L'Afrique australe nourrit à peu près cinq cents espèces. Vaillant en avoit connu à peu près quatre cent cinquante; et M. Delalande n*a pas augmenté d'une manière sensible le nombre des espèces découvertes par Levaillant. 5. G OIS "Le nombre des oiseaux des régions équaloriales de ce con- tinent ne nous est pas assez connu pour que nous puissions en parler. Mais on peut croire qu'on n'en découvrira pas un aussi grand nombre que l'étendue du pays pourroit le faire penser; car la plupart des oiseaux du Sénégal se trouvent aussi au cap de Bonne-Espérance. Cette partie de l'Afrique n'est peut-être pas la plus abondante en espèces d'oiseaux. Je n'ai jamais vu une collection de ce pays qui renfermât trois cents espèces. On en découvrira probablement un plus grand nombre sur les côtes orientales de l'Afrique. Les régions équinoxiales de l'Amérique nous fournissent une bien plus grande masse d'espèces; car le royaume du Brésil seul, qui est à la vérité le mieux connu, et dont une grande partie est encore sous les tropiques, a, d'après les recherches de MM. Spix , Natterer et Auguste de Saint-Hilaire , environ mille espèces d'oiseaux , c'est-à-dire à lui seul autant que la zone tempérée boréale. Si l'on ajoute ce que Cayenne et la Guiane hollandoise contiennent d'espèces différentes de celles du Brésil, on doit croire que nous connoissons plus de douze cents espèces de l'Amérique entre les tropiques. L'Asie se trouve en grande partie hors des tropiques; et nous ne connoissons que très -peu la zoologie de ces vastes contrées. Les belles collections faites dans l'indostan par Fin- fortuné Alfred Duvaucel, et celles faites à Pondichéry par M. I-eschenault, nous ont fait connoitre quatre cents espèces de la péninsule de l'Inde. ^Si nous revenons sous l'équatcur, nous connoissons les pro- ductions des Molluques et surtout celles de Java, par les soins de MM. Diard et Duvaucel, Kuhl et Van Hasselt, et celle de Sumatra par les travaux de Duvaucel lui seul. Java renferme environ huit cents espèces d'oiseaux. Su- matra en contient quelques-unes qui lui sont propres; mais comme c'est la même chose pour l'île de Java, il en résulte que le nombre des oiseaux de Sumatra est à peu près le même que celui de Java. Les autres îles qui composent cet immense archipel sous l'équateur, ont chacune, mais en petit nombre, des espèces qui leur sont propres, en sorte que de cette zone seule nous connoissons encore à peu prè^ mille espèces. OIS 527 L'intérieur de la Nouvelle-Hollande nous est encore peu connu. Ses côtes nous ont procuré environ trois cents espèces. Les nombres que je viens de donner ne sont que des limites; on sait bien que dans un tel travail on ne peut apporter une exactitude rigoureuse ; mais si les données sont examinées par les naturalistes , et qu'ils les rectifient , je m'estimerai heureux d'avoir contribué à faire faire quelques progrès à cette partie de la science. Examinons maintenant quelles sont les espèces communes à telle ou telle partie du globe, et commençons par celles qui se trouvent sous toutes les latitudes. Parmi les oiseaux de proie diurnes nous avons la cresse- relle,yà/n'en Amérique. Les pics sont répandus sur tout le globe; mais les coucous et les coucals nous paroissent plus propres à l'ancien monde; on n'a pas même trouvé encore une es- pèce de ce dernier genre en Amérique, tandis que les couas, coccjziis ,, sont presque tous originaires de cette contrée. Ce n'est que depuis les recherches de M. Alfred Duvaucel que nous avons acquis la connoissance d'espèces de coccjzus à Sumatra. Les toucans sont aussi tous américains. Quant aux perroquets, on peut dire que la pius grande quantité vit en Amérique; mais comme la Nouvelle- Hollande et les îles de la mer du Sud en nouri'issent ensemble presque autant, il en résulte que le nombre des espèces de ce genre, est à peu OIS 53i près le même dans les diverses contrées de l'autre hémisphère, tandis qu'on n'en trouve qu'un très -petit nombre dans l'hé- misphère boréal. L'Afrique a très-peu de perroquets, et l'Europe n'en nourrit aucun. Les toiiracos, corjthaix , llUg. , sont des petits oiseaux propres à l'Afrique. Quant aux gallinacés, nous pouvons dire que la plus grande masse se trouve dans l'Inde , et que l'Amérique en a beau- coup moins que les autres grands continens. Deux espèces de cailles sont les seuls gallinacés propres à la Nouvelle-Hollande. I>es pigeons sont à peu près également distribués entre les tropiques, et nous ne connoissons qu'une seule espèce de ce genre qui se trouve dans des lieux très-éloignés l'un de l'autre; c'est le petit ^pigeon commun, columla œnas, qui vit en Europe, au Sénégal et au cap de Bonne - Espérance : mais nous croyons que cette espèce est originaire d'Afrique, et que peut - être elle a été naturalisée en Europe. On peut voir par cet aperçu que, sous les tropiques, les genres sont à peu près répartis également sur le globe , et que de tous les pays celui qui en a le plus qui lui soient propres, c'est l'Amérique. Si l'on s'étonne de ne pas trouver une plus grande quantité d'espèces sous les tropiques, on doit attribuer cette circonstance au grand nombre d'individus de la même espèce qui vivent dans les contrées chaudes et boisées des régions équinoxiales. ( Valenc. ) OlSEx^UX. (Foss.) On trouve des ossemens d'oiseaux dans les couches postérieures à la craie; mais les becs et les ongles, qui servent principalement à caractériser les genres et ^es espèces, ne s'étant pas conservés, il est très-difficile de savoir au juste auxquels ils se rapportent. M. Cuvier a cru recon- noître dans ceux qu'il a trouvés dans le gypse de Mont- martre, des débris d'étourneaux, de pélicans, d'alouettes-de- mer et de cailles. Jaeger a cru reconnoître des ossemens de bécasses dans les schistes d'Œningen (Journal de physique, tome 5o, page 556). Blumenbach annonce qu'on a trouvé des squelettes d'oi- seaux de rivage dans les mêmes schistes, ainsi que dans ceux de Pappenheim. (Blum., Manuel d'hist. nat. , tom. 2, p. 408 de la traduction françoise.) 632 OIS On a trouvé des empreintes de plumes dans les carrières de Vestena-Nuova, dans les mêmes pierres qui renferment les poissons fossiles. (Ann. du Mus. d'hist. nat., tom. 5, pag. 20, pi. 1, fig. 1, 2, 3.) On a dit qu'on avoit trouA'é en Espagne des œufs d'oiseaux fossiles; mais nous croyons qu'il a été bien difficile que des corps aussi fragiles aient pu être saisis par une cristallisation, qui les auroit remplis et qui les auroit pétrifiés. Voyez Œufs FOSSILES. Des auteurs anciens ont cru voir des becs d'oiseaux dans les moules intérieurs de certaines térébratules qui ont cette forme. 11 en a été de même de quelques dents de poissons, qui ont été prises pour des langues d'oiseaux fossiles. A l'égard de nids posés sur des branches, d'un coucou et d'une poule couvant ses œufs, que des auteurs anciens an- noncent avoir été trouvés pétrifiés, tout cela paroît fabuleux; à moins qu'on ait pris pour des corps pétrifiés ceux qui avoient séjourné dans des eaux incrustantes. "Voyez Incrus- tations et Ornitholithes. (D. F.) OISEAUX AQUATIQUES. (Ornith.) Cette division de la classe des oiseaux renferme proprement les palmipèdes, c'est- à-dire ceux qui ont les doigts unis par des membranes, et qui nagent et vivent habituellement sur les eaux, en opposition aux oiseaux terrestres ou lissipèdes, qui habitent ordinaire- ment les terrains secs. (Ch. D.) (,plSEAUX CARNASSIERS. {Omilh.) Une des dénominations des oiseaux de proie, autrement appelés oiseaux rapaces ou accipitres. (Ch. D. ) OISEAUX ÉCHASSIERS. {Omith.) Ces oiseaux, qu'on ap- pelle aussi oiseaux de rivage, sont ceux dont les doigts sont ordinairement garnis de quelques palmures, et qui, ayant les tarses élevés et les jambes dénuées de plumes vers le bas, peuvent marcher à gué le long des eaux pour y chercher leur nourriture. (Ch. D.) OISEAUX ERRATIQUES. {Ornilh.) Mauduyt a, le premier, donné ce nom à des oiseaux qui, comme certains échassiers, n'adoptent point de patrie, ne se lixcnt nulle part et conti- nuent d'aller çn avant ou retournent sur leiiirs pas. selon OIS 533 l'abondance des vivres qu'ils rencontrent, ne s'arrétant dans certains endroits que pour y multiplier, et n'y restant que le temps nécessaire pour élever leur famille. Les hérons sont, parmi les échassicrs, des oiseaux erratiques, et les pétrels le sont parmi les oiseaux de mer. Voyez Oiseaux sédentaires. (Ch. D.) OISEAUX IGNOBLES. (Fauconnerie.) On appelle ainsi les oiseaux de bas vol, comme l'épervier, l'autour, qui ne pour- suivent le gibier que prés de la terre et à la surlace des eaux. (Ch. D.) OISEAUX DE LEURRE. Voyez Fauconnerie. (Ch. D.) OISEAUX NOBLES. (Fauc.) Ce sont les oiseaux de haut vol, tels que le faucon, le gerfaut, qui poursuivent les autres oiseaux à quelque hauteur que ce soit. (Ch. D.) OISEAUX DE PASSAGE. (Ornith.) Les changemens de saisons et la nature des besoins étant les causes qui détermi- nent le départ et l'arrivée de ces oiseaux, on les voit et ils disparoissent à des époques marquées. (Ch. D.) OISEAUX DE POING. {Ornith.) Voyez Fauconnerie. (Ch. D.) OISEAUX DE PROIE. {Ornilh.) Ceux qu'on appelle ainsi poursuivent les autres oiseaux et vivent de lambeaux de chair, de rapine et de cadavres. Ils se divisent en diurnes et noc- turnes. (Ch. d.) OISEAUX RAMEURS. (Fauc.) Voyez Oiseaux pe vol. (Ch. D.) OISEAUX DE RAPINE. (Ornith.) Voyez Oiseaux de proie. (Desm.) -^ OISEAUX DE RIVAGE. (Ornilh.) Ce nom désigne les mêmes oiseaux que celui d'ÉcHAssiERS. Voyez ce mot. (Desm.) OISEAUX SÉDENTAIRES. (Ornith.) Ce sont ceux qui ne quittent pas le climat où ils sont nés , ou ne font que de courtes excursions. (Ch. D.) OISEAUX DE TANNA. (Ornith.) Il est fait mention, dans le deuxième Voyage de Cook autour du monde, de petits oiseaux à joli plumage, observés sur cette île, mais dont l'es- pèce n'a pas encore été reconnue. (Ch. D.) OISEAUX TERRESTRES. (Ornith.) Ceux qui vivent sur la terre ferme , par opposition aux oiseaux aquatiques. (Cn.D.y 554 OIS OISEAUX DE VOL. (Fauc.) M. Huber, de Genève , a publié , en 1784, des Observations sur le vol des oiseaux de proie, broch. in-4.", de 5i pages, accompagnée de 6 pi., où, d'après la structure et le mécanisme des ailes, il distingue les oiseaux de proie en rameurs et voiliers. Les premiers sont les oiseaux de haute volerie, et les autres les simples voiliers, qu'il sous- divise en oiseaux de basse volerie et en prétendus ignobles. M. Cuvier donne le nom de grands voiliers aux oiseaux de haute mer, dont le vol est très-étendu, et qu'il appelle aussi longipennes par opposition aux hréi'iperincs , qui, comme les autruches, et vu la brièveté de leurs ailes, ne jouissent pas de la faculté de voler. (Ch. D.) OISELER. (Cliasse.) C'est tendre des filets ou préparer, en général, ce qui est nécessaire pour la chasse des petits oiseaux. On appelle Oiselehr, celui qui se livre à ces opérations ou qui fait les cages, les filets, etc., et Oiselier, celui qui fait le commerce d'oiseaux vivans. (Ch. D.) OISILLONS. (Chasse.) Nom vulgaire des petites espèces d'oiseaux. (Ch. D.) OISON. (Ornith.) C'est le petit de l'oie. (Ch. D.) OITHROS. (Ornith.) Non grec du pouillot ou chantre, motacilla trochilus , Linn. (Ch. D.) OIYO. (Ornith.) Le noddi, sterna stolida, Linn., porte ce nom à l'ile de Taïti. (Ch. D.) OJA DE QUESO. (Bot.) Nom américain du hudleia den- tata de la Flore équinoxiale, aux environs de Cumana. (J.) •^ OJO , TSUGE. {Bot.) Noms japonois du buis, suivant Ka'mpfer. (J.) FIN DU TRENTE-CINQUIEME VOLUME. STRASBOURG, de l'imprimerie de F. G. Levrault, impr. du Rc OV'VRAGES NOUVEAUX ,ye chez les mêmes libraires à Strasbourg et à Paris : TRAITÉ DE PYROTECHNIE MILITAIRE, comprenant tous les ailiîices de guerre en usage eu Auliiche; traduit de Tallemand sur un manuscrit int'dit, avec des notes sur quelques dosages fraricais, anglais, russes, prussiens, clc. par J. RAVICHIO DE PERETSDORF, ancisu colonel d\irtillerie, etc.; i vol. in-8.°, avec 36 planches. TRAirÉ ÉLÉMENTAIRE D'ARTILLERIE, à Tusage des mili- taires de toutes les armes; par E. DECKER. Traduit de l'alle- niand , avec des notes et des additions relatives à Tartillerie fran- çaise, par J. BAVICHIO DE PERETSDORF, ancien colonel d'artillerie, et A. P. F. NANCY, capitaine d'artillerie, etc. Un fort voîume in - 8.'' :SSAI S UR L^HISTOIREDES MURIERS ET DES VERS- A-SOIE, etsijr les moyens de faire cliaque année plusieurs récoltes; par / LOISELEUR-DESLOK G CHAMPS; in-8.° JeSSAI D'UNE CLASSIFICATION NATl RELLE DES CHAM- PIGNONS , ou tableau ratlliodique des treiîres rapportés jus- qu'à présent à cette famille, par ADOLPHE BRONGNIART; ia-8.°, avec 8 planches. :ARLEAU DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES, précédé de remarques sur leur pélriGcation ; par DEFRANCE ; in-8.** |*ÎNTRODUCTION A LA MINÉRALOGIE, ou exposé des prin- cipes de cette science et de certaines propriétés des minéraux, coftsidérés principalement dans les valeurs qu'on peut leur attri- buer comme caractères, par ALEX. JBRONGNIART; ia-8.° avec 2 planches. HÎANUEL DE LA MÉTALLURGIE DU FER, par KARSTEN, directeur des forges royales de la Silé&ie, etc. Traduit de l'al- lemand ^,ar F, CULMANN, capitaine d'artillerie ; avol.in-8.° COUP D'OEIL SUR LES MINES , par L. ÉLIE DE BEAUMONT , ingénieur des mines; i vol. in-8.°, avec a planches, PRUNCIPES GÉNÉRAUX DE MÉTALLURGIE, par A. GUE- NWEAU, ingénieur en chef, professeur à l'école royale des raines de France; i vol, in-8,", avec a planches, RECHERCHES CHIMIQUF:S SUR LES CORPS GRAS D'ORI- GINE ANIMALE, par E, CHEVREUL; i vol, in-ii.% avec une planche. ESSAI SUR LA CONSTITUTION GÉOGNOSTIQUE DES PYRÉNÉES, par J. DE CHARPENTIER, directeur des mines du canton de 'V^aud , ouvrage couronné par l'Institut roy;;! de France; i vol, in-8,'', avec une planche et uue carie gi'-gnos- tique des Pyrénéen. S^ DES DENTS DES MAMMIFÈRES, considérées comme caractères 7.oologique8, par F. CUVIER; i vol. in-8.°, avec loo planches. INSTRUCTION SUR LES PARATONNERRES, adoptée par l'Académie royale des sciences le 23 Juin iS'jtS, et publiée par ordre du IMinistre de l'intérieur; in-8.", avec 2 planch ng^Binriinni |giT»T^inimmmiiniirii|ijjxii.ii,iiHirtpjnTrTT.ir|^