m I DICTIONNAIRE 1 DES SCIENCES NATURELLES, DANS LEQUEL ON TRAITE MiTHODIQUEMENT DES DIFFÉnENS ÊTRES DE LA NATURE, CONSIDÉKés SOlï EN EUX-JlêMES, d'aPRÈS l'kTAT ACTXÎEL DE NOS C0NN0ISSANCE3 , SOJT REL.\TIVEMENT A l'ut1UT6 Qîj'eN PEUVENT RETIRER LA MâOECINE , l'aGRICOLTURE , LE COMMERCE ET LES ARTS. SUm D'UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. PAR Plusieurs Professeurs du Jardin du Roi et des principales Écolos de Paris. TOME CINQUANTE-DEUXIÈME. SYST.^M-TEL. ^ m F. G. Levraxjlt, Éditeur, à STRASBOURG, et rue de la Harpe, N.** 81 , à PARIS. Le Nooumt, rue de Seine, N." 8, à PARIS. 1828. LIBRARY OF 1885- IQ56 DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES. TOME LIL SYST.^-M = TEL. Le nombre d'exemplaires prescrit par la loi a été dé- posé. Tous les exemplaires sont reifélus de la signature de l'éditeur. DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES DANS LEQUEL ON TRAITE MÉTHODIQUEMENT DES DIFFÉRENS ÊTRES DE LA NATURE, CONSIDÉRÉS SOIT EN EUX-MÊMES, d'aPRÈs l'bTAT ACTUEL DE NOS C0NN0ISSANCE3, SOIT RELATIVEMENT A l'cTILITÉ Qu'en PEUVENT RETIRER LA MÉDECINE, l'aGRICULTURE , LE COMMERCE ET LES ARTS. SUIVI D'UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. OuTrage destiné aux médecins, aux agriculteurs, aux commercans, aux artistes, aux manufacturiers, et à tous ceux qui ont intérêt à connoîtrelesproductionsdela nature, leurs caractèresgénériques et spécifiques , leur lieu natal, leurs propriétés et leurs usages. PAR Plusieurs Professeurs du Jardin du Roi , et des principales Ecoles de Paris. TOME CINQUANTE-DEUXIÈME. F. G. LfiVRAULT, Editeur, à STRASBOURG, et rue de la Harpe, N.° 81, à PARIS. Le Norjiant, rue de Seine, N.° 8 , à PARIS. 1828. Liste des Auteurs par ordre de Matières. Physique générale. M. LACROIX , membre de l'Académie des Sciences et professeur au Collège de Frasce. (L.) Chimie. M. CIIEVREUL, membre de l'Aoïdëmie des sciences, professeur au Collège royal de Charlemagne. (Cb.) Minéralogie et Géologie. M. Alexand. BRONGNIART, membre d l'Académie royale des Sciences , professeur de Minéralogie au Jardin du Roi, (B.) M. BROCHANT DE VILLIERS, m««bi de l'Académie des Sciences. (B. niV. ) M. DEFRANCE, membre de plusieurs Sociétés savanles. (D. F.) M. DESFONTAINES, membre de l'Académie des Sciences. (Desf.) M. DE JUSSIEU, membre de l'Académie des Science», professeur au Jardin du Roi. (J.) M. MIRBEL, membre de l'Académie de Sciences , professeur à la Faculté des Sciences. (B M.J M. HENRI CASSINI , associé libre de l'Aca- démie des sciences, membre étranger de la Société Linnéenne de Londres. (H. Ciss.) M. LEMAN, membre de la Société philoma- lique de Paris. (Lem.) M. LOISEI.EUR DESLONGCHAMPS, Docteur en médecine , membre de plusieurs s. (L. D.) Sociétés M. MASSEY. (Mass.) M. POIRET, membre de plusieurs Sociétés savantes et littéraires , continuateur de FEncycIopédie botanique. (Poir.) M. DE TUS SAC, membre de pi Sociétés savantes , auteur de la Flore des Antilles. (De T.J MM. DE HUMBOLDT et RAMOND donneront quelques qu'ils ont observés dans leurs voyages, ou sur les sujets d Zoologie générale , Anatomie et Physiologie. M. G. CUVIER , membre et secrétaire per- pétuel de l'Académie des Sciences, prof, au Jardin du Roi , etc. (G. G. ou CV. ou C.) M. FLOURENS. (F.) Mammifères. M. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, membre de l'Académie des ScieniTes , prof, au Jardin du Roi. (G.) Oiseaux. M. DUMONT DE S.i« CROIX , membre de plusieurs Sociétés savantes. (Ce. D.) Reptiles et Poissons. M. DE LACÉPEDE, membre de l'Académie des Sciences, prof, au Jardin du Roi (L. L.) M. DUMÉRIL, membre de l'Académie des Sciences, professeur au jardin du Roi et à l'École de médecine. (Ci. D.) M. CLOQUET, Docteur en médecine. (H. C.) Insectes. M. DUMÉRIL, membre de l'Académie des Sciences, professeur au jardin du Roi et à l'Ecole de médecine. (C. D.) Crustacés. M, W. E. LEACH, membre de la Société roy. de Londres, Correspond, du Muséum d'his- toire naturelle de France. (W. E. L. ) M. A. G. DESMAREST, membre titulaire de l'Académie royale de médecine , profes- seur à l'école royale vétérinaire d'Alfort , membre correspondant de l'académie des Sciences, etc. Mollusques , Vers et Zoophytes. M. DE BLAINVILLE , membre de l'Académie des Sciences, professeur à la Faculté des Sciences. (Db B.) M, TURPIN, naturaliste, est cbargé de l'exécution des dessins et de la direction de la gravure. des sur les objets nouveaux ils se sont plus particuliè- rement occupés. M. DE CANDOLLE nous a fait la même promesse. M PREVOT a donné l'article Océan; M. VALENCIENNES plusieurs articles d'Ornî- tbologie ; M. DESPORTES l'article Pigeon domestique , et M. LESSON l'article Pluvier. M. F. CUVIER, membre de l'académie des Sciences, est cbargé de la direction géné- rale de l'ouvrage, et il coopérera aus articles généraux de zoologie et à l'histoire des (F. C.) DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES. SYST-M Système du monde. (Astr.) On entend par cette ex- pression l'arrangement et la marche des astres, le mot Sys- tème étant pris ici dans l'acception d'ordre et non pas dans celle dlijpothèse , qu'on lui donne souvent. Au reste, ces deux sens ont cela de commun, qu'une hypothèse établit aussi un ordre dans la dérivation ou l'enchaînement des faits. Conforme au premier sens, le but de cet article est d'exposer l'ensemble des phénomènes que présentent, soit dans leurs mouvemens, soit dans leurs figures, tous les corps célestes, en y compre- nant la terre , qui est au nombre des planètes. Premières notions sur le mouvement des planètes. On a indiqué au mot Astre les premiers traits du spectacle qu'offre le ciel, la division des astres en Étoiles, Planètes, Comètes ( voyez Étoiles ) , le mouvement diurne qui leur est commun à tous, et qui fait reconnoître les Pôles, le Méridien, I'Équateur (voyez ces divers mots, ainsi que Ho- rizon) : nous passerons donc tout de suite à l'exposition des mouvemens particuliers qui distinguent les planètes (ou astres errans) des étoiles. On sent bien qu'un sujet si important et si fécond, auquel les géomètres les plus habiles ont successivement appliqué 5.. 1* S^ST-M tout ce que leur science a de plus élevé, ne peut éti-é traile ici qu'historiquement. Je suivrai donc, mais en l'abrégeanl beaucoup , la marche qu'ont dû tenir les premiers astronomes; je serai même obligé plus d'une fois de suppléer au silence de l'histoire; car celle des sciences a de grandes lacunes, aussi bien que celle des États. Je supprimerai les figures et les cal- culs, qui n'entrent point dans le plan de ce Dictionnaire; mais j'inviterai mes lecteurs à jeter quelques regards attentifs sur le ciel, pour y voir eux-mêmes ce que les figures tracées sur un plan ne peuvent jamais bien représenter ; car je pense que, sans une première vue de ce grand spectacle, on ne peut en prendre qu'une idée fausse, ou au moins bien incom- plète, par le seul secours des sphères et autres machines de ce genre. La lune est l'astre dont le mouvement propre est le plus apparent. Lorsqu'on la compare plusieurs jours de suite aux diverses étoiles près desquelles elle passe, ou qu'elle atteint successivement et devance ensuite, non-seulement on recon- noît queson mouvement propre s'exécute d'occident en orient; mais, de plus, on voit qu'il a lieu dans une direction inclinée à celle des cercles sur lesquels s'effectue le mouvement diurne , et de là résulte que la lune, en même temps qu'elle s'avance vers l'orient, s'approche et s'éloigne alternativement de notre pôle. J'insiste sur cette observation, parce qu'il me semble qu'elle a dû mener promptement à l'explication du double mouvement dont le soleil paroît animé, lorsque, s'appro- chant sans cesse des étoiles plus orientales , dont le cou- cher suit le sien , et les effaçant successivement par sa lu- mière , il s'avance en même temps vers notre pôle et s'en éloigne ensuite (voyez Solstices). Les mêmes circonstances qui, dans le mouvement de la lune, paroissent bien la suite de l'inclinaison de son orbite, par rapport à l'équateur, prouvent que les deux mouvemens qu'on seroit tenté d'at- tribuer au soleil, sont le résultat d'un seul, exécuté dans une orbite inclinée à l'équateur, et de là l'obliquité de Véclip- tique qui est cette orbite (voyez Éct.iptique). La lumière du soleil ne permettant d'apercevoir les étoiles qu'après son coucher ou avant son lever, il n'est pas aussi facile de le comparer à ces astres, pour tracer . par leur secours, la route SYST-M 3 qu'il suit dans le ciel; cependant on en approche en remar- quant les étoiles qui disparoissent peu après lui dans la partie de l'horizon où il s'est plongé : ce sont relies qu'il doit at- teindre les jours suivans. Il a dépassé celles qui se lèvent un peu avant lui dans la partie de l'horizon où il apparoît. (Voyez Lever. ) La simple remarque du point où se couche le soleil, faite -avec assiduité dans un même lieu, pendant un nombre assez peu considérable de révolutions de ctt astre, suffit pour faire connoitre leur durée avec une exactitude qui ne se montre que très-tard dans l'histoire de Tasfronomie. Ce n'est guère que dans l'école d'Alexandrie, quelques siècles au plus avant notre ère, que l'année est évaluée à 565'/, jours. Néan- moins ce quart de jour devient sensible après quatre ans d'observations , pourvu qu'elles soient faites vers les Équi- KoxEs (voyez ce mot), ce qu'il semble bien facile de con- jecturer, puisque c'est alors que le point où le soleil at- teint l'horizon, varie le plus d'un jour à l'autre. Si l'on a'.- tendoit seulement quarante ans, on trouveroit une distance égale à plus de sept fois le diamètre du soleil , entre le point actuel de son coucher et celui où il a disparu quarante fois 365 jours (ou 1460 jours) auparavant, et il faudroit encore 9 à 10 jours pour le voir arriver à ce même pcinl. Dans cette circonstance, comme dans beaucoup d'autres, l'esprit humain n'a pas d'abord aperçu le chemin le plus court. On ne conçoit pas non plus comment la mesure de la longueur des ombres, dont on a fait usage de bonne heure , a pu laisser • long-temps autant d'incertitude sur la durée de l'année; car la longueur de l'ombre que jette à midi un corps un peu élevé, variant beaucoup aux environs des équinoxes, ne permet pas de se tromper d'un jour après un petit nombre d'années. Quant à la lune, son retour à la même étoile, assez facile à observer, fait connoitre presque tout de suite que sa ré- volution emploie 27 jours et 7 heures environ. Son retour dans la même position, à l'égard du soleil, n'est pas aussi aisé à saisir; on trouve seulement qu'il est plus long d'environ 2 jours , et on en voit tout de suite la raison: le soleil s'cîant avancé aussi lui-même vers l'orient, tandis que l'étoile est de- k SYST-M meurée à la même place , la lune a ce chemin de plus à faire pour atteindre le soleil. Voilà deux sortes de révolutions : celle qui est rapportée à l'étoile et qui ne comprend que le tour entier du ciel, se nomme révolution sydérale; celle qui se rapporte au soleil et qui comprend le cercle entier, plus le chemin parcouru en même temps par le soleil, est la révolution synodique : on l'ap- pelle aussi le mois lunaire , parce qu'il embrasse tous les chan- ge>nens de forme, ou phases que présente la lune, et dont je parlerai bientôt. L'apparition des étoiles . du moins dans nos climats, n'ayant lieu qu'après le coucher du soleil, on ne peut s'empêcher de remarquer, par celte raison , l'astre brillant qui se montre à certaines époques, a l'orient du soleil, avant que celui-ci ait atteint l'horizon, et qui jette ensuite un très-grand éclat. Il ne s'écarte du soleil que de 46 à 48 degrés (un peu plus que la huitième pariie du cercle), puis il s'en rapproche et se trouve effacé par sa lumière; mais, quelques jours après, on voit un astre aussi brillant se lever un peu avant le so- leil, et s"en <-loigner à peu près de la même quantité vers l'occident. Long-temps ces deux apparitions ont été regardées comme appartenant à deux astres differens : celui du matin et celui du soir {Phosphorus ou Lucifer, Hesperus ou Vesper); le premier a été aussi nommé ïétoile du berger , comme précédant le jour et donnant le signal du départ du trou- peau pour les champs. On a enfin reconnu que ces deux astres n'en faisoient qu'un seul : c'est la planète Vénus qui accompagne le soleil , dans son mouvement autour de la terre. Dans les contrées méridionales, la courte durée du Crépus- cule (voyez ce mot) et la pureté de l'atmosphère laissent apercevoir une autre planète, plus petite que Vénus, et dont le cours est semblable , mais qui sécarte encore moins de chaque côté du soleil (de 28 degrés au plus): c'est Mercure qu'on l'appelle. Les anciens ont encore remarqué trois autres planètes, dont la marche diffère de celle d(s précédentes, en ce que, comme la lune, elles prennent toutes les positions possibles par rapport au soleil, c'est-à-dire, qu'elles s'en éloignent jus- SYST-M 5 qu'à la situation opposée , et viennent ensuite se replonger dans sa lumière. Ces planètes sont : Mars, qui accomplit sa révolution en 2 ans; Jupiter, en 12 ans; Saturne, en 3o ans environ. C'est leur mouvement propre qui les distingue particu- lièrement des étoiles fixes; mais on peut encore les recon- noitre à leur lumière, qui est moins scintillante que celle des étoiles. Il est bon de savoir que Mars est d'une couleur rougeâtre, que Jupiter est, dans nos climats, l'astre le plus éclatant après Vénus , et que Saturne a une lumière plus foible et très -blanche. Les orbites que décrivent la lune et les cinq planètes dont je viens de parler, sont toutes inclinées à l'équateur, mais ne coïncident pas ; elles s'écartent plus ou moins de l'écliptique, et c'est ce qui a donné lieu de concevoir de chaque côté du cercle parcouru par le soleil, une bande ou zone, com- prenant l'espace dans lequel étoient constamment renfermées toutes les planètes connues alors. Ces deux bandes réunies occupent dans le ciel une largeur de 16 degrés environ et forment le zodiaque, ainsi nommé à cause des figures d'ani- maux auxquelles on rapporte les constellations qu'il contient. (Voyez Signes.) Des éclipses du soleil, de celles de la lune, et de ses phases. Ce fut et ce dut être un grand sujet de terreur que la dis- parition imprévue du soleil, ou l'obscurcissement du disque de la lune , lorsqu'elle étoit dans son plus grand éclat. On ne pouvoit manquer de voir dans de tels événemens l'annonce de la destruction de ces astres ou d'une crise dans laquelle l'univers étoit exposé à de grands dangers. C'est ainsi qu'en- core aujourd'hui quelques peuples croient que, lorsqu'il ar- rive une éclipse du soleil ou de la lune, l'astre est attaqué par un immense dragon , qui tente de le dévorer; et ils font alors un grand bruit pour tâcher d'effrayer l'animal et de le forcer à lâcher sa proie. Cependant, lorsqu'on eut pu se convaincre que , l'éclipsé terminée , le soleil et la lune reprenoient leur éclat ordinaire, et que leur marche n'étoit 6 SYST-M point troublée, il ne falloit, du moins on en juge ainsi aujourd'hui, que faire attention aux circonstances dans les- quelles ces phénomènes arrivent, pour en découvrir la vé- ritable cause. En effet , le premier n'avoit jamais lieu qu'aux époques où la lune, s'étant approchée de plus en plus du soleil, avoit dis- paru ef que bientôt elle reparoissoit de l'autre côté. Mais , néan- moins, ce fut un trait de génie d'imaginer que dans l'inter- valle elle avoit pu passer devant le soleil; qu'étant opaque, elle l'iivnit dérobé à la vue, et que, ne se montrant alors que comme une tache noire plus ou moins grande, elle étoit dé- pouiviîc de lumière propre. 11 suivoit aussi de là que la lune étoit moins éloignée de nous que le soleil. Du moment où l'on avoit lieu de croire qu'elle n'étoit point limineuse par elle-même, et qu'on avoit bien remarqué qu'elle ne s'ci:]ipsoit jamais que lorsqu'elle étoit dans une si- tuation opposée au soleil , on devoit en conclure qu'elle pouvoit rencontrer l'ombre que la terre jetoit de ce côté, et perdre alors son éclat , dû seulement à la réflexion de la lumière qu'elle recevoit du soleil. Quoiqu'il se soit probablement passé beaucoup de siècles avant qu'on ait vu clairement la liaison de ces phénomènes avec les changemens de forme (ou phases) de la lune , il n'est pas possible delà révoquer en doute dès qu'elle est énoncée, et de ne pas reconnoitre que , ne faisant que nous renvoyer la lumière qu'elle reçoit du soleil, la lune doit varier de forme et d'éclat, suivant sa situation, relativement à cet as- tre et à la terre. Lortiqu'elle est entre le soleil et la terre, c'est la face tournée vers le soleil qui reçoit seule toute la lumière , tandis que celle qui est tournée vers la terre, demeure dans l'obscurité et ne peut être aperçue. Mais, à mesure que la lune s'éloigne du soleil , elle nous découvre une portion de plus en plus considérable de son hémisphère éclairé , jusqu'à ce qu'étant arrivée en opposition avec le soleil, nous apercevions cet hémisphère tout entier, quand la lune se trouve au-des- sus ou au-dessous de l'ombre de la terre. Autrement il y auroit éclipse de lune; mais ce cas n'arrive pas ordinairement, parce l'orbite de la lune , étant inclinée par rapport à l'écliptique , a SYST-M 7 l'une de SCS moitiés au-dessus de ce cercle, et l'autre au-dessous. Les deux orbites ne paroissent coïncider que dans deux points, qui sont diamétralement opposés. Ces points se nomment nauds. Celui où se fait le passage de la partie inférieure de l'orbite de la lune à la partie supérieure, est le nceud ascendant; l'autre, le naud descendant. Ce n'est que lorsque la lune se trouve auprès de l'un de ces points qu'il peut y avoir éclipse. ' Parmi toutes les situations que la lune peut prt-ndre par rapport au soleil, on en distingue généralement quatre : d'a- bord la conjonction, qui a lieu lorsque la lune est directement entre le soleil et la terre; et prenant pour point de départ cette situation, où elle est invisible, on dit alors que la lune est nouvelle: vient ensuite V opposition ^ qui a lieu environ quinze jours après, et où la lune nous présente entièrement sa face éclairée: c'est la pleine lune; l'opposition et la conjonc- tion se nomment collectivement les sjzjgies-. enfin, les deux: quadratures , qui ont lieu lorsque la distance apparente, ou an- gulaire, de la lune au soleil est le quart de la circonférence du ciel. (Voyez Quadratures.) On reconnoit, par la direc- tion des cornes ou pointes du croissant, si la lune n'a pas en- core atteint l'opposition, ou si elle l'a passée. Dans le premier cas ces pointes sont tournées vers l'orient, et dans le second vers l'occident. La partie arrondie de la lune est toujours du côté qui est le plus prés du soleil. L'on n'aperçoit la lune que dans le troisième jour après sa 1 Cette circonstance est ce qu'il y a de plus difficile à saisi* pour les personnes qui, n'ayant aucune notion de géométrie, ne conçoivent pas ce que l'on doit entendre par un plan, et comment deux plans se rencontrent, suivant une droite. Pour s'en faire une idée, il suffit d'é- carter deux feuillets consécutifs d'un livre; on a ainsi deux plans, dont l'intersection est dans le dos du livre: si l'on conçoit ensuite que ces feuillets soient prolongés du côté opposé, ils représenteront bien alors les plans de deux orbites inclinées l'une à l'autre. L'intersection sera la ligne des nœuds; car il faut remarquer que la rencontre des orbites n'est qu'apparente. Lorsque l'on observe les astres d'un seul point de la terre, rien ne fait connoître leur distance: on ne peut déterminer que la direction da rajon visuel sur lequel ils se montrent; et lors- que deux astres sont sur le même rayon, ils paroissent se confondre oii se couvrir, quoiqu'il y ait un grand intervalle entre eux. « SYST-M conjonction. Dans les jours suivans , après le coucher du so- leil, lorsque l'air est bien pur et que le croissant est encore assez étroit, on voit sa partie intérieure éclairée par une lumière cendrée , sous la forme d'un cercle entier , que la vivacité de celle du croissant fait paroître plus petit que le disque de la lune. Cette lumière vient de celle que la terre reçoit du soleil et renvoie sur la lune; et c'est parce qu'elle suhit une double réflexion, qu'elle est si foible : elle est entièrement effacée quand la partie éclairée de la lune, devenant plus grande, a plus d'éclat. 11 faut observer que la lune passe au méridien en même temps que le soleil (voyez Méridien) , lorsqu'elle est en con- jonction, six heures après dans le premier quartier, douze ïieures après dans l'opposition , et dix-huit heures après dans le dernier quartier, ce qui revient à six heures avant le midi du jour suivant. En général, le passage de la lune au méri- dien retarde d'environ trois quarts d'heure par jour. Ces époques sont remarquables , parce que l'heure des marées en dépend. (Voyez Marées.) Une circonstance très- importante , offerte par les éclipses de lune , c'est la forme arrondie de l'ombre de la terre. La convexité de la surface terrestre étoit indiquée, à la vérité, par la manière dont semblent monter sur l'horizon sensible les vaisseaux qui viennent du large , ou les terres dont on s'approche et dont on n'aperçoit encore, du haut des mâts, que les points les plus élevés; mais ces apparences n'embras- sent jamais qu'une très-petite partie du contour de la terre, tandis que son ombre en représente une portion bien plus consi- dérable. On eut donc alors une forte raison de croire que nous liabitons un corps sphérique, au moins à très-peu près. Ce seroit là qu'auroit dû s'arrêter la conclusion; car toute ligure qui paroil ronde à l'œil, peut néanmoins n'être pas ri- goureusement un cercle ; mais on n'hésita pas d'affirmer que cela devoit être, puisque la forme ronde, passant alors pour la plus parfaite, l'univers devoit être rond, et les corps cé- lestes ne pouvoient se mouvoir que dans des cercles. On n'eut plus alors de difficulté à concevoir ce que devien- nent les astres quand, par le mouvement qui leur est com- mun à tous, ils passent au-dessous de l'horizon : on sentit SYST-M 0 qu'ils achevoient le cercle qu'ils avoient commencé dans la partie supérieure. Quant au mouvement propre du soleil et de la lune, ou s'en rendit raison, en supposant qu'ils décri- voient d'occident en orient des cercles dont la terre occu- poit le centre. L'inclinaison de I'Écliptique , par rapport à I'Equatedu (voyez ces mots), expliquoit bien l'alternative des saisons par le passage du soleil d'un hémisphère dans l'autre. Quand il s'approchoit du pôle nord , par exemple , sa hauteur méridienne augmentant chaque jour, il décrivoit, parallèle- ment à l'équateur, un cercle dont la portion supérieure à l'horizon surpassoit de plus en plus la portion inférieure. Son lever avançoit, son coucher retardoit , et la durée du jour augmentoit jusqu'à ce qu'il eut atteint le tropique (voyez Solstice). Cette durée varioit non -seulement d'un jour à l'autre, mais encore suivant la distance des lieux à l'équa- teur, ou la latitude (voyez Latitude). En effet , plus l'on s'avance vers le pôle , plus l'horizon rationnel s'approche de l'équateur (voyez Horizon). Au pôle ils se confondent; ainsi pour ce point, le soleil reste sur l'horizon tout le temps qu'il est au-dessus de l'équateur, c'est-à-dire, dans l'hémisphère de ce pôle. Pour le pôle nord , le soleil ne se couche donc point depuis l'équinoxe de Mars jusqu'à celui de Septembre. Pendant ces six mois il paroît chaque jour faire le tour en- tier du ciel , comme dans nos contrées le font les étoiles voisines de ce pôle. Aux latitudes moins élevées, l'équateur s'abaisse au-dessous de l'horizon; mais il y a encore des pa- rallèles qui sont entièrement au-dessus : tel est le tropique du cancer, par rapport à l'horizon des points situés sur le cercle polaire arctique, c'est-à-dire, à 66 degrés et demi de latitude nord. Dans ces lieux le soleil reste sur l'horizon un jour entier au solstice d'été (voyez Solstices). Il est aisé de concevoir que l'inverse a lieu pour l'hémisphère opposé à celui où se trouve le soleil. Les nuits y surpassent les jours. Le soleil est six mois au-dessoiis de l'horizon de ce pôle, qui compte ainsi une nuit de six mois, et elle est de 24 heures pour les points du cercle polaire de cet hémisphère. Si le cercle étoit regardé comme la figure la plus parfaite, le mouvement uniforme , celui dont la vitesse est constante SYST-M ( voyez Mouvement), paroissant le plus régulier, sembloit le seul qu'il fût permis d'attribuer aux astres. Dans cette hypo- thèse la prédiction des phénomènes célestes est bien facile , dès que l'on tonnoit la position des astres pour un moment donné et le temps qu'ils emploient à faire leurs révolutions. Mais comme on a surtout été frappé des situations relatives du soleil et de la lune , on a cherché d'abord les périodes qui ramènent ces situations. L'année, embrassant 565 jours et un quart environ , ne se compose point d'un nombre exact de révolutions synodiques de la lune, qui sont de 29 jours et demi à peu près; si la lune a été nouvelle le premier jour de l'année, elle aura 11 jours à la fin et ne sera nouvelle que le 18.* jour de l'année suivante. En trois ans cette différence produit plus d'un mois lu- naire, et les jours des phases sont ainsi dérangés de plus en plus, jusqu'à ce qu'il se soit écoulé un intervalle de temps contenant un nombre exact de révolutions lunaires et de ré- volutions solaires ; alors tout recommence dans le même ordre. La première période de ce genre qui paroît avoir été fixée avec certitude, est celle de ig ans, qui ramène aux mêmes jours les phases de la lune, et qui fut découverte, ou au moins communiquée aux Grecs par Méton , 400 ans avant l'ère vulgaire. Elle parut si importante à des peuples qui régloient leur calendrier sur la combinaison des mouvemens du soleil et de la lune, qu'on la grava, dit-on, en lettres d'or, d'où elle a été appelée ensuite le nombre d'or. Cette remarque pouvoit être le fruit de l'observation im- médiate des phases de la lune pendant dix- neuf ans, ou le résultat d'une détermination exacte des temps employés res- pectivement par le soleil et la lune à faire leur révolution. C'est de cette manière que l'on procéderoit aujourd'hui; on chercheroit combien il faut de révolutions synodiques de la lune ou de mois lunaires, pour faire, sinon exactement, du moins à très-peu près, un nombre entier d'années, et l'on trouveroit bientôt que 255 de ces mois ne diffèrent de 19 années que de quelques heures. Pline {HisL nat., lib. II, cap, i5) parle d'une période de 18 ans et 10 jours, ou 223 mois lunaires, qui ramène au même jour les éclipses de soleil et de lune. Sa découverte, SYST-M 1» que qiielques modernes ont attribuée aux Chaldéens, paroî- troit ainsi remonter plus haut que celle du nombre d'or; mais l'on ne sait rien de positif à cet égard, puisque Méton , qui fit connoître cette dernière en Grèce, pouvoit l'avoir apprise lui-même des Orientaux. La période des éclipses est d'ailleurs moins exacte que celle du nombre d'or : elles ne reviennent pas absolument les mêmes; elles diminuent, et bientôt n'ont plus lieu aux époques attendues. Cette période ne dépend pas seulement des mouvemens propres du soleil et de la lune, puisqu'il ne peut y avoir d'éclipsé à moins que la lune ne se trouve dans le plan de l'écliptique, ou n'en soit peu éloignée , c'est-à-dire qu'elle se trouve près de ses nœuds, qui changent de place d'une ré- volution à l'autre. Ce changement peut être facilement aperçu, quand on connoit des étoiles situées sur l'écliptique. De ce nombre est la belle étoile nommée le cœur du lion ou Régulas. Lorsqu'elle est éclipsée par la lune , celle-ci se trouve alors dans l'un des deux points où son orbite rencontre l'écliptique ; mais le phénomène n'a plus lieu dans les révolutions sui- vantes, et la lune, passant au-dessus ou au-dessous de l'é- toile, s'en écarte jusqu'à un certain terme. Ce n'est qu'a- près 18 ans et 7 mois environ qu'elle l'éclipsé de nouveau; dans l'intervalle le nœud de l'orbite lunaire a passé suc- cessivement par tous les points de l'écliptique, mais en sens contraire du mouvement du soleil. Voilà ce qu'il faut entendre par le mouvement rétrograde des nœuds de la lune. Toutes ces périodes ne sont jamais que des approximations, parce qu'on y néglige toujours , soit à cause de leur peti- tesse, soit parce qu'on ne les connoît pas, des fractions qui, s'accumulant sans cesse, produisent avec le temps des diffé- rences considérables. De plus, en déterminant avec soin la position journalière du soleil et de la lune, soit par rapport à l'équateur ou sur l'écliptique, on dut s'apercevoir bien- tôt, surtout pour la lune, que les mouvemens de ces astres n'étoient pas uniformes; et si l'on avoit eu des moyens précis pour mesurer l'angle qu'ils comprennent dans l'œil (voyez Lumière, tome XXVII, page 29 1), c'est-à-dire, leur diamètre apparent, on auroit reconnu qu'ils ne sont pas toujours à la 19 SYST-M même disfanee de la terre, puisqu'ils paroissent tantôt plus grands et tantôt plus petits. Des circonstances , à la vérité très-rares dans les éclipses de soleil, aisroient du conduire à la même conclusion. Il arrive de loin en loin que ces éclipses sont totales, c'est-à- dire que le soleil est entièrement caclié par la lune, et mêa)e parfois il s'écoule un temps appréciable, comme plu- sieurs minutes, avant que le bord du disque du soleil rede- vienne visible. Il suit de là que le diamètre de la iune est vu sous un plus grand angle que celui du soleil. D'autres fois Té- clipse est annulaire , c'est-à-dire que, lorsque la partie cachée du soleil est la plus grande, il reste encore tout autour un anneau lumineux, qui prouve que la lune ne paroît pas alors sous un angle assez ouvert pour couvrir en entier le soleil. Comme on n'a pas de raisons de supposer des changemens dans la grandeur absolue de ces corps, on a dû conclure de là que, se trouvant alors sur la même ligne que la terre, leur distance à cette planète n'étoit pas toujours la même. Enfin des variations très-sensibles dans l'éclat de la lumière des planètes Vénus et Mars autorisoient à croire qu'elles n'é- toient pas toujours à la même distance de notre globe. De l'arrangement des corps célestes. Il ne suffisoit donc pas, pour rendre raison de toutes les circonstances du mouvement des astres, de leur faire dé- crire autour de la terre, avec une vitesse constante, des cer- cles d'un rayon d'autant plus grand que leur révolution étoit plus longue; mais, tenant toujours à la forme circulaire, on imagina de faire mouvoir l'astre sur la circonférence d'un petit cercle , dont le centre décriroit un autre cercle autour de la terre. Le petit cercle se nommoit épicycle. On satisfaisoit de cette manière au changement de distance , puisqu'une partie de l'épicycle, étant en dehors du cercle concentrique à la terre, s'en trouvoit plus éloignée que celle qui étoit en dedans de ce dernier. On mit ensuite plusieurs épicycles les uns sur les autres, et la complication de ces mouvemens, dont on n'apercevoit d'ailleurs aucune cause, fut poussée très-loin , par la dilliculté qu'on épr^uvoit à représenter les bizarreries qu'offre le cours apparent des planètes , qui , au lieu de suivre , SYST-M i3 comme le soleil et la lune, «ne marche toujours progressive, paroissent quelquefois s'arrêter et même rélrograder dans leurs orbites. Tel étoit l'arrangement ou sjstème sur lequel Ptolémée , astronome d'Alexandrie , qui vivoit au second siècle de l'ère vulgaire, avoit établi sa théorie des mouve- znens célestes. On auroit bientôt reconnu lioutile complication de ce système, si l'on avoit mieux étudié les apparences produitei par les mouvemens composés et relatifs. ( Vo^ez l'article Mou- vement, lome XXXIII, page 242.) Par exemple , lorsqu'on regarde à quelque distance un cheval troffer circulairement autour de l'écuyer qui le tient par une longe, et que l'on compare à des objets un peu éloi- gnés toutes les positions que prend ce cheval, sa course ne paroit que des allées et venues à droite et à gauche du centre du cercle qu'il décrit réellement, et sur lequel il se meut toujours dans le même sens. Si l'on conçoit ensuite que l'es- pace où le cheval manège, tourne en même temps autour du spectateur, on aura la peinture exacte du mouvement de Vénus et de Mercure ; le centre du manège représentera le soleil, et le point autour duquel le manège tourne, dési- gnera la terre. On croit que les Égyptiens avoient expliqué ainsi les mou- vemens de Vénus et de Mercure, en faisant tourner ces deux planètes autour du soleil, tandis que celui-ci tournoit au- tour de la terre ; du moins on n'a aucun renseignement assez positif pour en conclure qu'ils mettoient la terre en mouvement autour du soleil, et l'on ignore absolument ce qu'ils faisoient par rapport aux planètes Mars , Jupiter et Saturne, que la lenteur de leurs révolutions plaçoit au- delà du soleil par rapport à la terre. Mais le mouvement de ces trois planètes, présentant aussi des stations et des rétrogradations, on auroit dû en conclure qu'il ne s'effec- tuoit pas non plus autour de la terre. En lui donnant pour centre le soleil , on auroit vu naître de la combinaison du mou- vement de cet astre avec celui de la planète, les stations et le rétrogradations observées; puisque, suivant les positions res pectives des diverses parties de leurs orbites, le soleil en- trainoit quelquefois la planète dans vn sens opposé à celui î4 SYST-M dans lequel elle s'avançoit sur son orbite , ce qui la rcndoit stationnaire, ou rétrograde, suivant le rapport des vitesses des deux corps. Pour continuer à me servir de la comparai- son du manège, le spectateur se seroit alors trouvé en un point fixe placé dans Tintéricur du cercle que le cheval trot- tant à la longe décrit autour de Fécuyer, et le manège en- tier, y compris ce cercle, auroit tourné autour du point oc- cupé par le spectateur. D'après ce qui précède, la terre, placée au centre du monde, voit tourner autour d'elle le soleil, emportant avec lui les cinq planètes. Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Sa- turne , que j'ai rangées dans l'ordre de leurs distances au soleil , c'est-à-dire des rayons des cercles qu'elles décrivent autour de cet astre, les deux premiers rayons étant moindres que celui de l'orbite du soleil, et les trois derniers plus grands. Quant à la lune, elle se meut immédiatement autour de la terre. Voilà tout ce que l'on peut inférer lorsqu'on s'en tient stric- tement aux observations indiquées jusqu'ici. La terre, dont nous voyons les détails, tandis que l'on ne connoissoit encore les planètes que comme des points lumineux, paroissoit une masse inerte, peu propre au mouvement; et il devoit en coûter pour la tirer du repos et la lancer dans l'espace autour du soleil, qui seroit demeuré fixe. Cependant il y a lien de croire que ces idées se sont pré- sentées à quelques astronomes et philosophes de l'antiquité; du moins ils ont été frappés de la simplification que l'attri- bution à la terre d'un mouvement de rotation autour d'un axe apporteroit dans le système du monde , en dispensant le soleil, la lune, les planètes et Joutes les étoiles, de leur mou- vement diurne, qui devoit être en sens contraire de leur mou- vement propre. D'un autre côté, comme on voit fréquemment des corps tourner sur eux-mêmes pendant qu'ils décrivent des courbes dans l'espace (telle est la toupie dont s'amusent les enfans), il devoit être aisé, à ce qu'il semble aujourd'hui, de concevoir que la terre avoit ces deux mouvemens a la fois. Par le premier, celui de rotation , les différens points delà terre, emportés d'occident en orient autour de soaaxe, voient tous les astres se mouvoir en sens contraire, cest-à-dire d'o- rient en occident, et décrire des cercles plus ou moins grands. SYST-M r'^ suivant leur position par rapport au prolongement de cet axe. L'horizon sensible (voyez Horizon) n'étant autre chose que le plan formé par les r;iyons visuels de l'ub^ervaleur, qui touchent le globe terrestre, tourne avec cet obî^ervateur; et quand son bord oriental atteint un astre, celui-ci paroît se lever; il passe au méridien quand le plan mené par les pôles et le point où est l'observateur, plan qui est le méri- dien de cet observateur, arrive dans la direction de l'astre; enfin le même astre semble se coucher lorsqu'il est atteint par le bord occidental de l'horizon sensible. Le mouvement attribué au centre de la terre rend pareil- lement raison de celui que paroit effectuer le soleil en un an : la (erre, passant par tous les points de i'écliptiqtie , verra le soleil, qui en occupe le centre, passer successive- ment par tous les points opposés. Pour satisfaire ensuite aux vicissitudes des saisons, on a d'abord cru qu'il falloit recourir à un troisième mouvement, particulier à l'axe de la terre, en vertu duquel il demeure toujours parallèle à lui-même, de sorte que, par l'effet de son inclinaison sur l'écliptique , ses pôles s'approchent et s'éloignent alterna- tivement du soleil , le pôle nord en étant le plus près au solstice d'été et le plus éloigné au solstice d'hiver de nos ré- gions. Les équinoxes ont lieu lorsque l'axe ne penche pas vers le soleil, qui, dans ces points, paroft à égale distance des deux pôles de la terre. Quant aux planètes, leur mouve- ment, vu de la terre, étant la combinaison de leur mou- vement réel et de celui de la terre, elles semblent avancer, ou s'arrêter, ou rétrograder, selon que, par les positions res- pectives des parties de leurs orbites , leurs vitesses absolues s'ajoutent ou se retranchent (voyez tom. XXXIII, pag. 246}. Tel est le système que, d'après quelques passages des anciens, et surtout d'après ses propres méditations , Copernic proposa , vers le milieu du iC* siècle. Depuis il n'a reçu que des con- firmations de plus en plus importantes et décisives. Dès le commencement du 17/ siècle, la découverte des lu- nettes ayant fait apercevoir les phases de Vénus, il a été prouvé par là que cette planète recevoitsa lumière du soleil et tour- noit autour de cet astre. Les taches de la lune, que l'on a vues en détail, et celles que le soleil présente très- souvent, ont iS SYST-M fait reconnoitre que ces astres tournoient sur eux-mêmes. Des idées plus exactes sur le mouvement de rotation ont rendu ànutile celui que Copernic avoitcru devoir attribuer à Taxe de la terre , pour qu'il conservât son parallélisme ; enfin , ou vit les quatre petits astres accompagnant Jupiter dans sa course autour du soleil, nommés par cette raison satellites de la planète, et présentant les mêmes phénomènes que la lune. De si grandes analogies n"ont point permis à Galilée, qui les avoit presque toutes découvertes, de révoquer en doute le système de Copernic ; mais , quelque fondée que fût son ap- probation, elle lui valut d'être persécuté par le saint- office; et quoique de nouvelles preuves vinssent s'ajouter chaque jour à toutes les précédentes, les astrononies habitant les pays soumis à l'inquisition furent encore obligés de déclarer qu'ils ne regardoient le mouvement de la terre que comme une hypothèse , qu'ils se permettoient seulement pour l'ex- plication physique des phénomènes. " Les plus spécieuses des objections que l'on faisoit contre le mouvement de la terre, étoient les suivantes : on insistoit d'abord sur ce que nous ne le sentons pas immédiatement; mais on avoit répondu depuis long-temps à cette objection, en remarquant avec quelle facilité nous transportons aux corps qui nous environnent, les mouvemens par lesquels nous sommes emportés sans secousse (voyez tom. XXXIII, p. 242). On disoit ensuite que, si la terre tournoit d'occident en orient, le corps qu'on laisseroit tomber du haut d'une tour, ne devroit pas arriver au pied de cette tour, mais rester en arrière, et rencontrer la surface de la terre dans un point plus occidental. Cependant on savoit par ce qui se passe jour- nellement à bord des vaisseaux, que le mouvement des corps i C'est ce qu'ont fait les pères Jacquier et Lesueur au commencement ilu tome 3 de leur traduclion des Principes de la philosophie de New- ton, 2/ édition, 1770. On en étoit encore au même point au 19.' siècle (voyez la Revue encyclopédique , tom. 6, pag. 221}. Si Copernic n éprouva point ces misérables tracassiries, c'est qu'il mourut au moment de la publication de son livre, qu'il avoit même dédié au pape, et que les théologiens n'avoii-nt pas encore eu le temps de s'ameuter contre les vérités démontrées dans ce bel ouvrage. SYST-M 17 qu'ils renferment, s'y effectue comme à terre, quand ]a mer est calme, et que le vaisseau glisse pour ainsi dire sur sa sur- face : alors un corps qui tombe du haut d'un mât arrive au pied , du moins sensiblement. J'ajoute ce mot, parce que depuis que le mouvement de la terre a été généralement adopté, les conséquenrcs en ont été mieux étudiées, et l'on a reconnu que les corps placés en des lieux élevés, sur une tour par exemple , décrivent par la rotation de la terre un cercle plus grand que celui qui est parcouru au pied de la tour; qu'ils ont par con- séquent une plus grande vitesse d'occident en orient, la- quelle, se composant avec celle que leur imprime la pesan- teur, doit les porter plus à l'orient que le pied de la tour, quand ils tombent librement de son sommet. Mais à l'équa- teur, où cette déviation est la plus grande, elle s'élève à peine à :2 2 millimètres (environ 9 lignes et demie) pour 100 mètres de chute (près de 3o8 pieds) : elle est donc très- difficile à sai- sir, à cause des agitations de l'atmosphère. Tout ce qu'on a pu conclure des expériences qui de nos jours ont été faites en Italie et en Allemagne, c'est que le résultat le plus constant a été favorable au inouvement de la terre. On verra plus loin d'autres conséquences de ce mouvement aussi importantes que bien constatées. Une troisième objection étoit l'énormité de l'éloignement qu'il faut supposer aux étoiles pour que le déplacement de la terre, par sa révolution annuelle, n'occasionne aucun changement dans leur situation apparente, et que l'axe de la terre semble toujours dirigé vers la même étoile (voyez Étoiles); mais rien ne limite pour nous l'étendue de l'uni- vers; et si cet cloignement est constaté par les faits, il faut bien l'admettre. D'ailleurs il vient à l'appui du système qui fait tourner la terre sur elle-même, puisqu'on évite par là d'attribuer aux autres corps célestes des vitesses d'autant plus grandes qu'ils sont plus éloignés; et ce n'étoit pas seulement les étoiles qu'il falloit ainsi reculer dans les profondeurs du ciel, il en étoit de même de tous les astres, a mesure que les instrumens et les observations se perfectionnoient. La détermination des distances du soleil et de la lune à Ig terre avoit occupé de bonne heure les astronomes, et cepen-. i8 SYST-M darit tout ce qu'on pouvoit conclure de leufs recherches pour le soleil, c'est que cet astre étoit beaucoup plus (''loigné qu'on ne l'avoit ci'u d'abord: Aristarquc de Samos, qui l'estiuioit le plus loin, ne portoit sa distance qu'à dix-huit fois celle de la lune à la terre : on étoit encore moins avancé par rapport aux planètes. Mais lorsqu'on eut constaté qu'elles tournoient autour du soleil, les conséquences de leur mouvement fournirent de nouveaux moyens de- connoitre les rapports de leurs dis- tances à cet ast.e; et ces moyens, étant les mêmes que ceux dont on fait usage sur le terrain pour mesurer les dislances comprises entre des points inaccessibles, ont, par rapport à leurs principes, toute la certitude mathématique: ce n'est que par Tiniperfection des instrumens, eu égard à la peti- tesse des quantités à mesurer, que les applications sont sus- ceptibles d'erreurs , dont on sait d'ailleurs apprécier les lijjiites. INe pouvant entrer ici dans le détail de ces opérations, je vais indiquer un moyen très-facile de s'en faire une idée assez juste : c'est de prendre garde à ce qui se passe lorsqu'on suit une route droite, des points de laquelle on aperçoit un clocher fort éloigné. Si à l'un de ces points on mesure l'angle compris entre la route et le rayon visuel sur lequel paroît le clocher, puis que quelques pas plus loin on recommence l'opération, on ne trouvera point de différence appréciable, du moins avec un instrument ordinaire '. Mais quand on sera parvenu, sur la même route, à une distance assez considé- rable du premier point, on verra que la position apparente du clocher a changé par rapport à la route .; car on trouvera une différence bien sensible entre l'angle mesuré à ce point, et celui qui l'a été au premier. C'est cette différence que l'on nomme para/Zaxe. On A'oit que, toutes choses égales d'ailleurs, elle dépend du rapport de la distance des deux points où l'on a pris l'angle avec celle de l'objet observe. La première est appelée hase; et, comme on vient de le dire, il faut qu'elle 1 Par rapport aux arbres de la route, le clocher semble inarclier comme l'observateur, ainsi fjue le font, dans la même circonstance, les astres; parce que le changement de piace de robservateur est presque nul par rapport à leur éloignemeiit. SYST-M 19 »e soit pas très-petite par rapport à la distance cherchée. Lorsque l'on supposoit la terre fixe, on n'avoit pour base que la distance de deux points de sa surface, distance qui, ne pouvant pas être plus grande que le diamètre du globe, devient trop petite à l'égard des astres dont l'éloignement surpasse un très- grand nombre de fois ce diamètre; aussi n'est-ce guère que pour la lune que l'emploi d'une base terrestre a donné un résultat sensiblement exact. En prenant le rayon de notre globe , la parallaxe de la lune s'est trouvée d'environ un degré, et sa distance égale à soixante fois ce rayon. Mais, puisque la terre décrit une orbite autour du soleil, le diamètre de cette orbite, bien plus grand que celui de la terre , oflre une base qui donne lieu a des parallaxes très -sensibles pour des corps placés beaucoup plus loin de nous que la lune. Conduit par l'analogie des faits , j'ai devancé ici l'ordre chronologique dans lequel se sont succédés les grands astro- nomes. Après Copernic, il auroit fallu nommer Tycho-Brahé, si recommandablepar son zèle pour les progrès de la science, ainsi que par ses nombreuses observations , beaucoup plus pré- cises que celles de ses devanciers, et marquant une grande époque dans les fastes de l'astronomie. Il est fâcheux d'avoir à dire que, dominé par les idées superstitieuses de son siècle, il n'adopta point le système de Copernic. Il fit mouvoir autour de la terre le soleil avec le cortège de toutes les planètes, et la science parut rétrograder; mais les matériaux amassés par cet astronome , et mis en œuvre par son disciple Kepler, ne permirent pas à l'erreur de se maintenir, et fortifièrent par des résultats aussi remarquables que féconds, la connois- sance enfin acquise du vrai système du monde. Quelque grand que fût le pas fait par Copernic , il ne put bannir entièrement les épicycles, ni coordonner le mouve- ment des planètes autour d'un point unique. Quoique rame- nés à l'état réel par le nouveau système, les mouvemens cé- lestes ne s'exécutent point encore avec des vitesses uniformes, c'est-à-dire que chaque corps ne parcourt pas sur son orbite des espaces proportionnels au temps : il s'avance tantAt plus rapidement, tantôt plus lentement; et en s'accumulant , ces accélérations, ces retards, écartent beaucoup l'astre de là po- 20 SYST-M sition qu'on lui assigneroit, si l'on n'avoit égard qu'à la durée de sa révolution. A la vérité, la plupart de ces irrégularités ou inégalités, comme on les appelle, s'effacent, soit d'une ré- volution à l'autre, soit après un certain nombre de révolu- tions qui ramènent des positions semblables dans les orbites; mais il restoit encore à déterminer, soit les périodes de ces inégalités, soit la marche de leurs grandeurs successives, et à perfectionner les tables servant à corriger le mouvement supposé uniforme, pour en déduire le mouvement vrai. ILois de Kepler. Tenant toujours à cette idée d'uniformité, comme aussi aux idées de régularité numérique, Kepler s'engagea dans une route qui paroît aujourd'hui bien bizarre, et qui le con- duisit néanmoins à ces fameuses lois dont Newton a fait la base de son admirable Théorie des mouvemens célestes. Les observations de Tycho -Brahé , bien supérieures aux précé- dentes par leur exactitude, permettant de calculer avec assez de précision les rapports des distances des planètes au soleil, Kepler voulut d'abord trouver entre ces distances des relations qui tcnoient aux idées platoniques, sur la formation de l'uni- vers, chimères dont ce n'est pas ici le lieu de parler. Mais il passa de cette vaine recherche à des travaux plus solides, par lesquels il découvrit la loi du mouvement des planètes dans leur orbite et la forme de cette orbite. Pour expliquer le changement de distance d'une planète au soleil , et cepen- dant la faire mouvoir dans un cercle, il avoit fallu supposer le soleil non pas au centre, mais en un point qui en fût plus ou moins éloigné, selon que les distances de la planète au soleil varioient plus ou moins. Alors les angles formés au soleil par deux positions consé- cutives de cette planète, étoient inégaux, quoiqu'elle eût parcouru sur son cercle des arcs égaux : elle paroissoit donc aller plus lentement ou jdus vite, selon qu'elle étoit plus loin ou plus près du soleil, mais cela ne suffisoit pas encore pour répondre aux différences observées. Kepler, par des raisonnemens un peu Argues, et, ce qui vaut mieux, par des calculs multipliés, trouva que la vitesse de la planète étoit telle que l'espace compris entre l'arc qu'elle avoit dé- SYST-M 21 crit et les deux lignes menées du soleil aux extrémités de cet arc, ëtoit toujours proportionnel au temps employé à le décrire. Ce beau résultat, qui dispensoit de recourir au mou- vement idéal dans Tépicycle ( pag. 12), pour représenter la principale inégalité du cours des planètes, est la première des lois de Kepler, et s'énonce ainsi : Dans les orbites que décrivent les planètes, les aires formées autour du soleil , sont proportionnelles au temps. Dans cette première recherche, Kepler considéroit en- core comme un cercle, la courbe décrite par la planète; mais c'étoit une hypothèse qui avoit besoin de vérification , et quoiqu'il s'aventurât aisément dans des spéculations har- dies, il ne pouvoit néanmoins y prendre confiance, tant qu'elles n'étoient pas confirmées par les observations : il s'at- tacha donc à la planète Mars, dont les distances au soleil varient beaucoup. En ayant déterminé plusieurs, à difFérens points de l'orbite, et connoissant les angles compris entre ces distances, il s'assura qu'elles ne convenoient point à un cer- cle. Il se trompa d'abord, puisque, suivant la remarque faite par Delambre {Histoire de l'astronomie moderne, tome 1.", page 455), il trouva, en premier lieu, que la courbe cher- chée étoit un ovale plus large à l'un de ses bouts qu'à l'au- tre ; mais, en revenant sur ce sujet avec plus d'attention, il vit que c' étoit la courbe connue des géomètres sous le nom d''ellipse, espèce dovale dont les deux extrémités sont pareilles, et que le soleil devoit occuper le point appelé le fojer', qui est d'autant plus éloigné du centre que la courbe est plus alongée. En généralisant ces remarques, on énonce ainsi la deuxième loi de Kepler : Les planètes décrivent des ellipses dont le soleil occupe un foyer. Revenant à ses idées platoniciennes, il s'obstina à chercher, entre les distances moyennes des planètes au soleil, quelque relation analogue aux propriétés mystérieuses des nombres, qui, depuis Pythagore, occupent tant de place chez les an- ciens. Apres beaucoup de tentatives infructueuses, il trouva que les carrés des nombres qui expriment la durée des révolu- tions, sont entre eux comme les cubes des distances moyennes au 1 Yoyez l'article Lumière, toni. XXVII, pag. 297,300. « SYST-M soleil'. Il fut ïii charmé de sa découverte , qu'il en marqua l'année et le jour (ce fut le 8 Mars 1G18). Pour faire en- tendre, par un exemple très-simple, Ténoneé de cette troi- sième loi de Kepler , nous supposerons qu'il existe deux planètes telles que la révolution de l'une soit précisément 8 fois plus longue que celle de l'autre. Prenant ensuite l'unité pour représenter la durée de la révolution de cette autre, les carrés des révolutions seront 1 fois 1 , et 8 fois 8, c'est-à-dire î et 64: ainsi les cubes des distances seront dans le rapport de 1 à 64. Mais on voit que 64 est le cube de 4, puisqu'il résulte de 4 par 4, ce qui donne 16, puis de 4 fois 16; 1 est pareillement le cube de 1 : le rapport des distances des deux planètes sera donc celui de 1 à 4, c'est-à-dire que la seconde planète sera 4 fois plus éloignée du soleil que la première. On voit parla qu'il suffit de connoître, en mesures terres- Ires, la distance de l'une des planètes au soleil, pour calcu- ler celles de toutes les autres planètes (y compris la terre). Kepler ne fut pas heureux dans cette dernière recherche, et il ne poil voit l'être; ses instrumens étoient encore trop impar- faits pour mesurer des angles aussi petits que les parallaxes du soleil ou des planètes, par rapport au rayon de notre globe. Ce ne fut que dar.s le siècle dernier qu'on eut un moyen assez précis pour bien déterminer celle du soleil, par les circons- tances de deux passages de Vénus devant cet astre , observées en divers lieux où elles dévoient différer beaucoup à cause que la planète étoit alors fort près de la terre. On put en»- suite calculer la distance du soleil à la terre, distance qu^ sert d'unité pour celle de tous les corps célestes. Théorie du mouvement des corps célestes. Des philosophes anciens avoient essayé d'expliquer les mou-, vemcns des astres autour de certains centres, en attribuant à ces centres une force attractive , ou aux astres une tendance, une sorte à'amour , qui les ramenoit toujours vers ces points. Mais des conjectures énoncées en termes vagues , n'offrant, point de prise au calcul, ne pou voient être vérifiées par au-, cune application spéciale. Cependant le système de Copernic, i C'est-à-dire les demi-grands axes des ellipses décrites par les planètes. SYST-M 23 et surtout après que Kepler Teut perfectionné, ne pouvoit manquer de faire regarder le soleil comme le régulateur du cours des planètes, et exerçant sur elles une force qui les eontraignoit à tourner autour de lui. Kepler en revint donc £iux anciennes idées; mais il voulut les préciser en assignant une mesure aux effets de la force qu'il attribuoit au soleil ; il entrevit la véritable, et la rejeta. Bouillaud , astronome françois, l'en reprit, mais ne put aller plus loin. Il falloit pour cela une science nouvelle, celle du mouvement, dont Galilée, que j'ai déjà cité pour des découvertes astronomiques, ne fai- soit alors que de jeter les fondemens. Il avoit découvert les lois de la chute des corps pesans (voyez Pesanteur); et sa déter- mination de la courbe que décriroit, abstraction faite de la résistance de l'aîr , un corps lancé dans une direction autre que la verticale, étoit le premier exemple d'un mouvement en. ligne courbe rigoureusement calculé dans toutes ses cir- constances. Dès qu'on eut bien conçu comment la combinaison d'une vitesse imprimée en premier lieu, avec une force agissant sans cesse, fait décrire une courbe (voyez tome XXXIII, pag. ^2/^6), on eut à résoudre ces deux questions inverses l'une de l'autre : Trouver la force qui fait décrire une courbe donnée f ou la courbe qui est décrite en vertu d'une force don- née. A ne considérer que les dates de publication , c'est à Huygens, qui appliqua le pendule aux horloges, qu'on se- roit redevable du principe fondamental de ces recherches, car il parut pour la première fois dans VHorologium oscil- lalorium, publié en 167 3 ; mais Newton le possédoit déjà depuis long-temps, et en avoit déduit un grand nombre de propositions sur le mouvement des corps dans les lignes courbes en général. Avec ces propositions , qui ont toute la certitude des vérités mathématiques, les lois de Kepler étoient des données précises et sufîisantes pour remonter aux forces qui régissent les mouvemens des planètes et de leurs satellites. ' I L'ordre, dans lequel j'expose ici cette belle tliéorie, conforme à celui qu'on suit dans les ouvrages les plus récen';, diffère un peu de celui qu'avoit adopté Newton, et sur lequel on trouve des réflexions 24 SYST-M En effet, la première de ces lois, par laquelle les aire» décrites autour du soleil sont proportionnelles au temps, montre que la direction de la force qui retient les planètes dans leur orbite passe constamment par le soleil, comme si elle émanoit de cet astre. En vertu de la seconde loi, d'après laquelle l'orbite d'une planète est une ellipse dont le soleil occupe un foyer, la force qui maintient la planète sur cetle courbe doit être en rai- son inverse du carré de la dislance: c'est-à-dire qu'à une dislance double cette force est réduite au quart, à une dis- tance triple, au neuvième, et ainsi de stiite. Enfin la troisième loi, celle qui établit que les carrés des temps des révolutions sont proportionnels aux cubes des dis- tances, donnant le même rapport pour toutes les planètes, montre que la force qui régit leur mouvement est la même, et n'éprouve de Tune à l'autre que la modification due à la distance. Les planètes secondaires, savoir: la lune, qui tourne autour de la terre, les quatre satellites de Jupiter, et les cinq de Sa- turne découverts successivement jusqu'à la fin du dix-septième siècle, observant dans leur cours les lois de Kepler, éprouvent donc de la planète principale qui les régit une action sem- blable à celle que le soleil exerce sur toutes les planètes. Enfin, nous voyons à la surface de notre globe un phé- nomène qui ressemble beaucoup à cette action : c'est la ten- dance des corps vers la terre, tendance à laquelle ils obéis- sent en décrivant des courbes de plus en plus étendues, lorsqu'ils sont lancés avec une force de plus en plus grande, dans une direction autre que la verticale. Quehjue effort que l'on fasse avec les moyens dont nous pouvons disposer, la résistance de l'air, qui augmente avec la rapidité du mou- vement, l'arrête bientôt, et le corps retombe toujours sur Jrèi-jvi.Iic'eu'scs dans Vflisloii e de ''astronomie au dix-hiiilieme sièclej par Delaiiibr;^, pag. 12. On sera peut-t*tre surpris de ce que Descaries n'a pas pIc nommé ci- «essus; pour explit[ue;- ce silence, nous renverrons nos lecteurs à l'exa- men sévère, mais juste, que Delanibre a fait des œuvres du géomètre IVançois, dans l'Histoire de l'astronomie moderne , tome ■> , page 186. SYST-M 25 la terre. Mais qu'arriveroit-il si l'air ne résistoît pas, et si l'impulsion primitive étoit assez considérable pour porter le mobile au-delà de la surface terrestre ? Les considérations mathématiques répondent à cette question, en montrant que le corps circuleroit continuellement autour de la terre, comme le fait la lune : il étoit donc naturel de se demander si la force qui retient la lune n'étoit pas la pesanteur terrestre, seulement diminuée par la dislance. Quand ou s'éloigne très-peu de la surface du globe, l'in- tensité de la pesanteur, en supposant même qu'elle décroisse en raison inverse du carré de la distance, ne change pas sen- siblement, à cause de la petitesse des hauteurs auxquelles on parvient, eu égard au rayon du globe-, mais, dans la région de la lune, cette pesanteur doit être réduite dans le rapport inverse du carré du rayon de la terre au carré de la distance de la terre à la lune. L'effet de cette force étant de maintenir la lune dans la ligne courbe qu'elle décrit au- tour de la terre, se mesure par la quantité dont la lune se détourne de la tangente de son orbite pour se rappro- cher de la terre, dont cette tangente Féloigneroit de plus en plus. Si l'on détermine la quantité de ce rapprochement pour une seconde de temps, on aura l'effet comparable à l'espace que parcourt , dans la première seconde de sa chute, un corps placé k la surface de la terre (voyez Pesan- teur). Pour faire cette comparaison, il falloit avoir la me- sure absolue du rayon de la terre, afin d'en déduire celui de l'orbite de la lune ; et lorsque Newton tenta le calcul , pour la première fois, ne connoissant encore qu'une mesure très-dé- fectueuse des dimensions de la terre , il ne réussit pas. Au Heu de passer par-dessus la différence qu'il avoit trouvée, il aban- donna ses idées sur ce sujet; mais, ayant eu communication de l'opération effectuée par Picard, et dont il sera parlé ci- après, il recommença son calcul; et il vit avec une grande satisfaction se vérifier le rapport qu'il avoit pressenti. Il étoit donc prouvé rigoureusement que la pesanteur terrestre s'c- tendoit jusqu'à la lune, et régloit le mouvement de celle-ci autour de notre globe. Les faits précédens, bien constatés et bien circonscrits, cffrent de noîiibreuses conséquences. D'abord, puisque les ^6 SYST-M planètes exercent sur leurs satellites une action semblable à celle que le soleil exerce sur elles, la force attractive n'est donc pas particulière à cet astre; et si les planètes en sont aussi douées, elles peuvent agir les unes sur les autres. Cela . étoit devenu d'autant plus probable, que les tables fondées sur les lois découvertes par Kepler ne rcprésentoient pas toujours le mouvement des corp^ célestes avec une exacti- tude correspondante à celle des observations, et laissoient encore inexplicables quelques phénomènes importans. Tel est ce mouvement des nœuds, indiqué pour l'orbite de la lune (pag. II ), où il est le plus considérable, et qui a lieu aussi dans les orbites des plancfes. De plus, toutes ces ellipses éprouvent encore un autre déplacement , que l'observation avoit déjà fait connoître : c'est celui de leur grand axe, et en vertu duquel les points de la plus petite et de la plus grande distance de la planète au soleil , points que Ton nomme périhélie et aphélie, ne répondent pas toujours aux mêmes points du ciel. Il en arrive autant à l'orbite de la lune : son périgée et son apogée, c'est-à-dire le point de sa plus courte distance à la terre et celui de son plus grand éloignement , font une révolution entière en neuf ans à peu près. Déjà on voit que, par suite de ces déplaeemens, les planètes ne repassent pas, à chaque révolution, par les mêmes points de l'espace. La force attractive, émanant d'un seul centre, en raison inverse du carré de la distance, telle que la don- nent les lois de Kepler, ne sauroit produire de semblables déplaeemens; mais ils ont nécessairement lieu dès qu'on ad- met que cette tendance est réciproque entre tous les corps célestes. On trouve que l'action mutuelle des planètes altère l'orbite que chacune décrit autour du soleil, et que cet as- tre, bien plus considérable que les planètes, dérange beau- coup plus la lune dans son mouvement autour de la terre. Ce ne sont pas ici de simples aperçus: non -seulement la théorie a satisfait aux observations nouvelles, mais elle les a quelquefois devancées, parce qu'elle a pu appuyer ses cal- culs sur des forces susceptibles d'être mesurées avec précision par leurs effets. On a déjà vu (pag. 25) comment Newton avoit comparé l'intensité de la pesanteur sur la surface terrestre, et celle SYST-M 27 de cette même force sur l'orbite de la lune; il a été facile de comparer de même les intensités des forces de tous les corps qui en font tourner d'autres autour d'eux, c'est-à-dire du soleil et des planètes qui ont des satellites. On détermine d'abord la quantité dont la terre se détourne de la tangente à son orbite dans une seconde de temps; c'est reffet immé- diat et simple de l'action du soleil sur la terre; mais comme l'attraction varie avec la distance des corps entre lesquels elle s'exerce, il faut, pour comparer deux forces de ce genre, les ramener par le calcul à ce qu'elles seroient si les distances étoient les mêmes. On a trouvé de cette manière que la force du soleil égaloit 554 790 fois celle de la terre. Ce même pro- cédé, appliqué à Jupiter et à Saturne, au moyen de leurs satellites, a donné, pour le premier, une force attractive éc;ale à 552 fois celle de la terre, et pour le second, à 100 fois seulement. D'un autre côté, connoissant la distance de ces corps à la terre, leur diamètre apparent, c'est-à-dire l'an- gle sous lequel ils se montrent, on en a déduit leur diamètre réel, puis leur surface, et enfin leur volume, en les consi- dérant comme des sphères. Il est résulté de là que le soleil est 1 ogSooo fois plus gros que la terre; Jupiter, 1280 fois; Saturne, 994 fois. Ces derniers nombres n'étant point dans le rapport des forces attractives, on a été conduit à penser que celles-ci dépendoient, non du volume, mais de la quantité de matière contenue sous ce volume, parce qu'elles éfoient les résultantes de l'action de chacune des molécules^ dont le corps attirant est composé. Sous ce point de vue, la force attractive est proportionnelle à la masse ; deux forces de ce genre donnent la mesure du rapport des masses qui les exercent, et le rappoi't de la masse au volume faifc connoître la densité de chaque corps (voyez à l'article Pe- SANTEra, tome XXXIX, page 181). Ainsi la densité du so- leil n'est qu'environ le quart de celle de la terre ; celle de Jupiter , un peu plus que ce quart ; et celle de Sa-, turne, le dixième seulement. On n'a pu déterminer celles de Mercure et de Vénus que d'une manière indirecte, beau- coup moins exacte que la précédente; et, d'après les résul- tats obtenus, la densité de Mercure seroit plus que double 4ç celle de la ferre, et plus forte que celle de tous les au-? «8 SYST-M très corps de notre système planétaire. Pour comparer ces densités avec celle de l'eau, il suffit de se rappeler que la densité moyenne de la terre u été trouvée environ cinq fois plus grande que cette dernière (voyez, dans le Supplément, au tom. m, pag. 84, l'article Attraction des montagnes), ce e , et l'autre seulement 5 joiirs de plus; mais les orbites sont situées différemment. L'inclinaison de la seconde surpasse beaucoup celles des orbites de toutes les autres pla- nètes : elle s'élève à plus de 04 degrés; il faudroit donc por- ter la largeur du zodiaque à près de 70 degrés, plus de la sixième partie d'un grand cercle, pour y comprendre la route de cette planète, ce quiseroit d'ailleurs fort inutile; car il ne contiendroit pas encore celles des comètes, qui , sous le rap- port de leur mouvement, diffèrent peu des planètes. On ne sauroitplus prendre pour caractère distinctif la longueur des SYST-M 35 dévolutions 5 puisque celle de la planète Herschel l'emporte sur celle de la comète de 1769, et que les comètes de 1819 et de 1825 en ont encore de bien plus courtes ; et quant à la forme des orbites , elle varie beaucoup aussi pour les planètes , dont une des petites récemment découvertes décrit une el- lipse déjà considérablement excentrique. Il est seulement à remarquer que les planètes connues se meuvent toutes d'oc- cident en orient, ce qui n'a pas lieu pour les comètes, qui parcourent l'espace dans tous les sens. Il resteroit à parler des chevelures et des queues dont celles-ci ont été souvent ac- compagnées, ainsi que des singulières conjectures qu'on a for- mées sur les quatre petites planètes; mais, comme le sujet se lie ta des idées générales sur le système du monde , nous le renvoyons à la lin de cet article. Il sembloit assez naturel et très-juste de laisser aux planètes nouvellement découvertes le nom des astronomes qui les ont vues les premiers ; et quel inconvénient, y auroit-il à dire Olbers première ,Olhers seconde, pour distinguer celles dont nous devons la connoLssance à cet astronome? Il paroît cependant qu'il n'en sera pas ainsi : soit pour conserver une sorte d'uni- formité, soit par une prédilection pour la Mythologie, les cinq planètes dont nous venons de parler, sont nommées presque partout, Uranus , Cérès, P allas , Junon, Vesta. En récapitulant tout ce qui précède, on verra que nous connoissons maintenant \\ planètes tournant autour du soleil, que 4 de ces planètes ont des satellites, savoir .• la terre, dont la lune est le satellite ; Jupiter, qui en a 4 ; Saturne, 7 , parce qu'Herschel en a découvert 2 que l'on n'avoit pas en- core vus ; enfin, Uranus, 6, découverts par le même astro- nome : en tout 18 satellites. Quant aux comètes, le nombre en augmente chaque année ; car il est rare qu'on n'en dé- couvre pas au moins une et quelquefois plusieurs dans cet in- tervalle. De la Ji g lire des planètes. Avant la découverte des lunettes, on ne connoissoit, et seulement à peu près, que les figures du soleil et de la lune, ces seuls astres ayant un disque sensible à la vue. On avoit établi la rondeur de la terre sur la forme de son ombre dans 36 SYST-M les éclipses de lune. Par ce moyen on avoit expliqué les chan- gemens que le passage d'un lieu à un autre produit dans la situation apparente des astres, et de là s'ensuivoit un moyen de trouver la grandeur de la terre, en mesurant celle d'une partie de sa circonférence, dont le rapport avec cette circon- férence fut connu. Posidonius observa, dit-on, que la belle étoile nommée Canopus ne faisoit queparoîlre surPhorizon de Rhodes, et qu'elle s'élevoit de la 48.' partie de la circonfé- rence du cercle, lors de son passage au méridien d'Alexan- jjrie. 11 en conclut que l'intervalle de ces deux villes, me- suré dans le sens du méridien, étoit aussi la 48."" partie du cercle; or leur distance, dans ce même sens, étoit de 5ooo stades: la circonférence de la terre étoit donc égale à 48 fois 5ooo stades , ce qui faisoit 2/|0 000 stades. Quand on connoît la circonférence d'un grand cercle de la sphère , on en déduit toutes les dimensions de ce corps; mais, pour que l'opération indiquée ci-dessus n'eût rien laissé à désirer, il auroit fallu que les mesures eussent été prises avec préci- sion, ce qu'on ne sauroit conclure de la tradition qui nous l'a conservée depuis 1900 ans; et, de plus, il faudroit con- ijoilre exactement la valeur du stade qu'on y a employé; car c'est une mesure qui a beaucoup varié selon le temps et les lieux. Outre cette détermination , l'antiquité en offre encore quel- ques autres, mais à peu près aussi vagues, et nous passerons immédiatement à Popération exécutée entre Paris et Amiens, par Picard , à la fin du dix-septième siècle. On avoit alors appliqué les lunettes aux instrumens propres à mesurer les angles, et on apportoit , dans les observations, des so'ns mi- nutieux qui en augmentoient beaucoup Pexactitude. Le rap- port de Parc du méridien compris entre Paris et Amiens, avec la circonférence entière, fut déterminé en observant les hau- teurs méridiennes d'une mt-uie étoile dans ces deux villes, et leur distance itinéraire fut déduite d'une suite de triangles, par Papplication du procédé qui sert à lever les plans , perfec- tionné au moyen de tout ce que la théorie et la pratique avoient pu suggérer de précautions. Picard trouva ainsi quele degré, qui eslla 56o. "partie du méridien , occupoit sur la terre un espace de 67060 toises. En prenant la 25.^ partie de ce nombre pour SYST-M 57 la lieue commune, elle est de 2282 foîses, et la circonfé- rence delà terre contient gooo de ces lieues. Ce nombre peut être commode, parce qu'il est simple; mais celui de 26, qui exprime le degré, n'ayant pas un rapport exact avec la di- vision du degré en 60 minutes, ne fut point adopté par les marins. Ils choisirent une lieue de 20 au degré, qu'ils divi- sèrent en trois, ce qui produisoit la minute ou mille marin; et, d'après la mesure de Picard, la lieue marine est de 2853 toises, et le mille marin de 961. Dans cette opération on a continué de supposer que la terre éloit rigoureusement sphérique, ce dont on n'avoit pas de démonstration complète (voyez plus haut, pag. 8); mais les longues navigations des modernes , dans lesquelles on appliquoit cette hypothèse , ont bien montré qu'elle étoit fort approchée. On négligeoit aussi les inégalités de la surface ; car la montagne la plus élevée que l'on connoisse, le pic indiqué sous le n." 14, dans la chaîne de l'Hymalaya, au nord de l'Inde, n'a que 7821 mètres (4oi3 toises) de hauteur, ce qui est moins que gvi du rayon terrestre ; et pour que sa re- présentation sur un globe ait 1 millimètre (une demi-ligne environ), il faudroit que le diamètre de ce globe surpassât 16 décimètres (près de 5 pieds). Quoique satisfaisant aux phénomènes d'une manière suffi- sante dans le plus grand nombre des applications, la sphéri- cité de la terre n'étoit encore qu'une hypothèse plausible ; et ce furent des considérations de mécanique qui vinrent éclai- rer sur ce point, Richer, astronome françois , envoyé à Cayenne, en 1672 , trouva que son horloge à pendule retar- doit constamment de 2 minutes par jour, quoiqu'elle eût été bien réglée à Paris. 11 falloit donc, dans le premier de ces lieux , raccourcir la verge du pendule pour que l'horloge don- nât la mesure exacte du temps ; et il s'ensuivoit que la pesan- teur étoit moindre à Cayenne qu'à Paris. Lorsque ce fait fut connu d'Huygens et de Newton, ils en trouvèrent bientôt l'ex- plication telle qu'elle a été indiquée à l'article PESANTEua ( tom. XXXIX , pag. 171). J'ajouterai cà ce qu'on trouve dans cet article , que l'effet de la force centrifuge est rendu sensible par une expérience bien simple. Un anneau flexible étant enfilé librement par SS" SYST-M deux points de sa circonférence, dans un axe autour duquel on le fait tourner avec rapidité, perd alors sa forme ronde; il s'aplatit dans les parties voisines de l'axe et s'alonge dans le sens perpendiculaire. Si la ténacité de la matière ne re- tenoit pas les molécules de l'anneau , elles seroient lancées dans l'espace comme la pierre qu'on a mise dans une fronde , où la force centrifuge est marquée par la tension qu'éprouve la corde pendant que la pierre tourne. Si l'on transporte ces faits au mouvement de rotation de la terre , on voit que tous les points de sa masse sont animés d'une force cen- trifuge proportionnelle au rayon du cercle qu'ils décrivent autour de l'iixe, décroissante par conséquent de l'équateur au pôle, et dont la direction, opposée sur l'équateur à celle de la gravité, lui devient de plus en plus oblique. Alors la di- rection, suivant laqiiclle tombent les corps pesans, étant in- termédiaire entre celles de ces deux forces, ne passant donc plus par le centre de la terre, ne seroit p'us perpendiculaire à sa surface, si cette surface étoit sphérique; et les eaux des lacs et des mers ne pourroient plus être en équilibre, comme elles y .««ont, abstraction faite des agitations passagères, oc- casionées par les vents (voyez Fluide, tom. XVII, p. i65). Il faut d.ïTic que la surface terrestre, qui est en grande partie recouverte par la mer, ne soit pas sphérique, mais qu'elle ait la forriie qui convient à l'équilibre des fluides, c'est-à-dire telle que la résultante de l'attraction de la masse et de la force centrifuge soit partout perpendiculaire à cette surface, ce qui exige qu'elle soit relevée vers l'équateur et aplatie vers les pôles. Pour trouver la différence entre le diamètre de l'équateur et l'axe qui passe par les pôles, ou la mesure de l'aplatissement, Hu)'^gens, qui ne regardoitla pesanteur que comme une force tendante au centre de la terre, compara la hauteur que de- vroient avoir pour se faire équilibre deux colonnes de fluide, l'une située dans l'axe, où il n'y auroit point de force centri- fuge, et l'autre dans le plan de. l'équateur, où cette force a tout son effet pour diminuer la pesanteur. Il ne parvint ainsi qu'à un résultat beaucoup trop foible; tandis que New- ton, considérant la pesanteur comme la résultante des attrac- tions de toutes les molécules, approcha bien plus delà vérité. SYST-M 39 Suivant Huygens, le diamètre de l'équateur ne surpassoit l'axe passant parles pôles que d'un 578/: tandis que Newton trou- voit un 23o/ L'ensemble des observations du pendule, faites depuis, dans un grand nombre de points de la surface ter- restre, pour y déterminer l'intensité de la pesanteur, donne une fraction plus petite que tj-^ '■ on paroît adopter ^-, , comme un milieu entre beaucoup de résultats dont les diffé- rences semblent dues à des circonstances locales. Si ce milieu s'écarte de la valeur trouvée par Newton , c'est que le géomètre anglois avoit supposé la terre homogène, ce qui n'est point, puisque sa densité moyenne est beaucoup plus grande que celle des corps placés à sa surface, d'où il faut conclure que cette densité doit augmenter en allant de la surface au centre : mais suivant quelle loi? c'est ce qu'on ignore entiè- rement. Il supposoit encore que la surface qui convenoit à l'équilibre d'une masse fluide homogène ayant un mouve- ment de rotation, pouvoit être celle qu'engendre une ellipse en tournant autour de son petit axe, proposition qui ne fut démontrée que plus de quarante ans après par Maclaurin. Un autre moyen s'offrit bientôt aux astronomes pour cons- tater l'aplatissement de la terre, ce fut de mesurer les degrés des méridiens près des pôles et près de l'équateur. Au lieu d'être égaux , comme sur une sphère , ils dévoient être plus grands dans les lieux oîi la surface terrestre étoit aplatie , et plus petits dans ceux où elle étoit renflée: c'est en effet ce qui arriva. Pour ne pas nous arrêter à des détails que cet ouvrage ne comporte point, nous nous bornerons à dire que des aca- démiciens françois, envoyés au Pérou, y ont trouvé, sous l'é- quateur, le degré de latitude égal à 66760 toises, et que d'au- tres, qui étoient allés sous le cercle polaire arctique, ont ob- tenu 67 422 toises, résultats dont la différence surpasse beau- coup celle qu'on pourroit attribuer aux erreurs des observa- tions : le dernier cependant étoit un peu trop fort. On a recommencé cette mesure, avec plus de soins et de meil- leurs instrumens, en 1801, et, on a trouvé 67 177 toises seule- ment : beaucoup d'autres mesures ont été effectuées dans di- verses contrées; une grande opération a été exécutée pour la détermination de l'unité des mesures ( voyez à l'article Pe- santeur , tom. XXXIX, p. 171), par Delambre et Méchain^ 4e SYST-M depuis Dunkerque jusqu'à Barcelonne , prolongée, par MM. Biot et Arrago, jusqu'à Fermentera, l'une des iles Baléares; enfin, des astronomes et des ingénieurs François et étrangers se sont concertés, pour mesurer la longueur du parallèle entre Bordeaux et Fiume , qui occupe à peu près le milieu de la dis- tance du pôle à l'équateur ; et si les résultats ne présentent pas un accord désirable, s'ils semblent même parfois indiquer des irrégularités dans la forme de la surface terrestre, il est da moins bien constaté que cette surface présente vers ses pôles, un aplatissement dont la quantité est très- petite. ' Mais quelle est sa figure exacte? est-elle de révolution, c'est-à dire, l'équateur et ses parallèles sont -ils des cercles, et les méridiens sont -ils tous égaux; les deux hémisphères sont -ils semblables? Ce sont autant de questions auxquelles on ne peut répondre positivement. Quoi qu'il en soit, il faut bien remarquer qu'en déduisant des observations mêmes, la diminution de la pesanteur, de l'équateur aux pôles, et l'aplatissement de la terre, on obte- noit pour la première fois une preuve directe et très- forte de son mouvement de rotation. Le même phénomène et les mêmes conséquences furent bientôt aperçus, avec le secours des lunettes, dans Jupiter; les taches de sa surface firent re- 1 Cette coiiséquenee est évidente pour tous ceux qui connoissent la géométrie élémentaire, et ne pourroit être niée que par des personnes qui ne sauroient pas ce qu'on doit entendre par un degré, d'après la manière dont il se mesure. Sans doute, si les lignes par lesquelles on détermine les degrés du méridien, étoient des rayons menés par son centre, on trouveroit que dans une ellipse les degrés doivent être moin- dres vers le petit axe que vers le grand axe, et tous moindres que ceux de la circonférence du cercle décrit du centre de l'ellipse , avec un raj'on égal à son demi-grand axe; mais les choses ne se passent pas ainsi dans l'observation. Les instrumens, étant munis àe Jils à plomb ou de niveaux, donnent la mesure des angles compris, non pas entre des lignes menées au centre de l'ellipse, mais entre des lignes perpendi- culaires à sa circonférence (voyez Flcides, tom. XVII, p. i65). Celles- ci vont Lien au centre quand il s'agit d'un cercle, mais dans l'ellipse elles se coupent tantôt plus près, tantôt plus loin de sa circonférence, selon que la courbure y est plus grande ou plus petite. Dans le pre- mier cas un angle d'un degré intercepte un plus petit arc que daus le second. ÎSOMS DES PLANÈTES. Le Soleil . Mercure ......... Vékds La Terre. Maks ............ Vesta JUNON Cérès Pallas Jupiter Saturne. . Uranus. La LuME, satellite de la terre REVOLUTION sydérale. 87,96926 224,70082 365,25638 686,97962 i325, 74310 1592,66080 i68i, 40000 1686,53880 4332,59638 10758,96984 30688,71269 27,02166 Révolution syno- dirjue , ou mois lu- naire, 29,53059 la moyenne. 0,38710 0,72333 1,00000 1,52369 2,36179 2,66901 2,767^ 2,77289 5,20279 9,53877 i9,i833o 5i 8 3 37 34 18 29 46 SATELLITES DE JUPITER. Pie vol. syd. J. 1,76914 3,55ii8 7,15455 16,68877 Distances à Jupiler. 6,o4853 9,62437 i5,35o24 26,99835 )arce que p SATELLITES DE ht égales à Jeur distar t moyennes Révol. syd. t la plus j '■•""° celles J. 0,94271 1,37024 1,88780 2,73948 4,5.749 1 5,94530 79,32960 MERCI 5 9i(j 10 63g i5 ,6^ Observations. Les distances des satellites à leur planète* '^ colon unité le dcnii-dianiètrc do la planète , donné par son rap dique l'inl nie le acnii-aianieirc uo la planète, donne par son rap "'que ii Le diamètre extérieur de l'ajineau de Saturne est 2,33, -'o'ie au de la te; SYST-M 41 connoître qu'il tournoit sur lui-même en g heures 56 mi- nutes, c'est-à-dire presque trois fois aussi vite que la terre. Son aplatissement, devenu visible, put être mesuré : on le trouva égal au 14.'' de l'axe de rotation, ce qui est beau- coup plus considérable que l'aplatissement de la terre. On a découvert successivement les rotations des autres planètes ; on en trouvera la durée dans le tableau placé ci -contre, et dans lequel seront consignés les derniers ré- sultats des déterminations astronomiques; mais la rotation de la lune demande une explication particulière. On voit d'abord qu'elle nous présente toujours la même face ou à peu près, puisque ses taches demeurent dans la même po- sition sur son disque apparent; mais on ne saisit pas tout de suite que cette circonstance indique dans notre satellite un mouvement de rotation dont la durée est la même que celle de sa révolution autour de la terre, c'est-à-dire 27 jours 7 heures, il n'est cependant pas difficile de reconnoitre que , si, lorsqu'elle change de place dans son orbite, les points du disque qu'elle nous montre, ne se détournoient pas, ils ne se trouveroient plus vis-à-vis de nous, et que nous aurions vu passer sa surface tout entière sous nos yeux, quand elle auroit achevé le cercle autour de la terre. Cependant, lors- qu'on observe avec attention la lune, dans les différens points de son orbite , on aperçoit alternativement , d'un côté et de l'autre de son disque, des taches qu'on ne voyoit pas, ou bien on en voit disparoître quelques-unes situées vers les bords, comme si elle se balançoit ou oscilloit sur elle-même. Ce phénomène, qu'on nomme la libration de la lune , n'est, dans ce qu'on en peut observer, qu'une apparence produite par les inégalités du mouvement de la lune autour de la terre, en vertu duquel elle ne parcourt pas toujours dans son orbite un arc proportionnel à celui que les points de sa surface dé- crivent autour de son axe de rotation ; à cela se joignent aussi la petite inclinaison de cet axe sur le plan de l'orbite, et celle de cette orbite sur le plan de l'écliptique dans le- quel se meut toujours la terre , qui se trouve ainsi tantôt élevée et tantôt abaissée par rapport à la lune; enfin, le dia- mètre de la terre est assez grand relativement à sa distance 42 SYST-M à la lune, pour que l'aspect de cette dernière change un peu, suivant la position de l'observateur. Outre les faits précédens , dont la connoissance n'a pu être acquise qu'avec le secours des lunettes, on leur doit encore le spectacle le plus singulier que présente notre système pla- nétaire : c'est celui de Saturne entouré d'un anneau qui l'en- veloppe de toute part à une certaine distance. La tranche de cet anneau est très-mince par rapport à sa largeur; il est assez incliné sur l'écliptique, et de là vient qu'il disparoît dans trois circonstances; savoir, lorsque sa tranche est dirigée vers nous ou vers le soleil, ou lorsque son plan, prolongé, passe entre le soleil et nous. Dans le premier cas la tranche , n'é- tant point éclairée de notre côté, se projette comme une ombre sur le disque de Saturne; mais elle est si étroite, qu'elle n'a pu être vue qu'avec les puissans télescopes d'Her- schel. La même raison empêche aussi que la partie éclai- rée soit aperçue ; c'est pourquoi l'anneau disparoît encore dans le second cas. Entin , dans le troisième, c'est la face obscure qui est tournée vers nous. Dans les situations inter- médiaires, Saturne et son anneau présentent des formes qui ont paru très- bizarres , avant qu'Huygens les eût ramenées aux diverses apparences d'un anneau changeant de position relativement au soleil et à la terre; explication que toutes les observations subséquentes ont confirmée. On a vu depuis que cet anneau étoit divisé en deux dans le sens de sa largeur, celle de l'extérieur étant plus grande que celle de l'intérieur : on lui a reconnu un mou- vement de rotation autour d'un axe perpendiculaire à son plan et passant par le centre de Saturne. La durée de cette rotation est d'environ dix heures et demie ; la planète a aussi un semblable mouvement, qui s'exécute en dix heures un quart à peu près; on a trouvé son aplatissement de tt, et que le plus court de ses diamètres, autour duquel elle tourne, est perpendiculaire au plan de Fanneau. De l'injluence de la Jîgure d»s planètes sur leurs forces atlractwes. Ce n'est, ainsi qu'on l'a vu plus haut (p. 28), que les corps exactement sphériques et homogènes, que Ton peut, SYST-M 45 dans le calcul de l'attraction qu'ils exercent ou de celle qu'ils éprouvent, supposer réduits à leur centre doué d'une force proportionnelle à leur masse, et considérer ensuite comme des points. Cependant, lorsque les distances sont assez grandes, les différences dues à l'aplatissement de la figure, qui d'ail- leurs est fort petit, peuvent être négligées; mais il n'en est pas ainsi pour la terre et la lune. D'abord l'ellipticité de la première fait que la résultante de toutes les attractions que le soleil et la lune exercent sur chacune de ses molécules, ne passe plus constamment par son centre de gravité. C'est par cette circonstance que Newton a expliqué d'une manière aussi nouvelle qu'ingénieuse, la Précession des éqoi- NoxEs (voyez ce mot), et rattaché par là au grand phéno- mène de l'attraction , ce mouvement apparent de toutes les étoiles , qui a lieu parallèlement à l'écliptique. Kepler l'avoit bien attribué au déplacement delà ligne dans laquelle le plan de l'équateur terrestre rencontre celui de l'écliptique, ce qui fait reculer par rapport aux étoiles les points équi- noxiaux, et répond à un mouvement que l'axe de rotation de la terre exécute autour de celui de l'écliptique, en conser- vant la même inclinaison sur ce dernier plan ; mais ce n'étoit qu'un fait isolé, jusqu'à ce que Newton en eût trouvé la cause dans l'action du soleil et de la lune sur le renflement du sphéroïde terrestre aux environs de son équateur. La force attractive du soleil, agissant obliquement sur cette partie, à cause de son inclinaison par rapport à l'écliptique, tend à la ramener dans ce plan , et l'effet auroit lieu , si la terre ne tournoit pas sur elle-même; mais cette circonstance maintient l'axe dans son inclinaison et lui donne seulement le mouvement imaginé par Kepler. C'est en l'assimilant, par une sorte de tact ou d'induction très-fine, à la rétrogradation des nœuds des orbites (p. 29), que Newton avoit calculé la précession des équinoxes. D'A- lembert attaqua directement ce problème, le plus difficile qu'on put se proposer alors sur la dynamique, et sa solution est le résultat le plus remarquable des recherches mathéma- tiques faites dans le dix -huitième siècle : c'est aussi celui dont il est le moins possible de donner une explication in- telligible , sans le secours de considérations géométriques 44 SYST-M assez compliquées. On doit donc savoir gré à M. Bohnen- berger, qui a imaginé une petite machine produisant un efiFet plus simple, mais très-analogue à la précession des équi- iioxes. Cette machine prendra, sans doute, place dans tous les cabinets de physique : en attendant, pour avoir un exemple d'un corps qui , par suite d'un mouvement de ro- tation, se soutient dans une situation inclinée, il suffit de jeter les yeux sur la toupie, que le poids de sa partie eupé- rieure ne fait tomber que lorsqu'elle ne tourne plus assez rapidement; et si l'on imagine une verticale, passant par son centre de gravité, on verra, avec un peu d'attention, que le fer qui la traverse, c'est-à-dire , son axe, en «'inclinant de tous les côtés, tourne autour de cette verticale: c'est ainsi que l'axe de la terre se meut autour de celui de l'éclip- tique. Ce n'est encore là que la partie principale du phénomène : le changement de position de l'orbite de la lune, dont les nœuds font une révolution en 18 ans ( pag. 11 ), cause, dans ses attractions sur les parties du sphéroïde terrestre , des variations qui embrassent la même période. Il en résulte que Taxe de la terre tourne autour de la position moyenne qu'il auroit occupée si les nœuds eussent été fixes. En vertu de ce mouvement, la ligne des équinoxes, intersection du plan de l'équateur terrestre avec celui de l'écliptique, avance et re- cule alternativement, par rapport à sa position moyenne^ tandis que l'axe lui-même sélève et s'abaisse; ce qui aug- mente , puis diminue l'obliquité de l'écliptique sur l'équa- teur. C'est ce balancement qu'on appelle la natation. La partie de cette inégalité qui s'ajoute à la précession des équinoxes pendant 9 ans et qui s'en retranche pendant 9 autres années, ne Ta qu'à 17 secondes environ, en sorte que la précession des équinoxes, dont la grandeur moyenne est de 5o secondes (voyez Étoiles), s'élève jusqu'à 67 se- condes , et décroit jusqu'à 53. Les variations correspon- dantes de l'obliquité de l'écliptique ne sont que de 9 se- condes. Des quantités aussi petites n'oat pu être décou- vertes qu'avec des instrumens très - perfectionnés ; mais dès que l'astronome Bradley les eut déterminées, la théorie, inter- rogée à son tour, rendit une réponse parfaitement conforme. SYST-M 45 On doit rapprocher de ces phénomènes, celui des marées, produit également par le concours des actions du soleil et de la lune sur les molécules de la mer, ainsi qu'on l'a indiqué à l'article Marées. Ces forces combinées font prendre à la partie du sphéroïde terrestre recouverte par la mer, une forme alongée, dans une direction moyenne , qui seroit toujours la même si les deux astres répondoient constamment au même point de sa surface, mais qui change avec leurs positions. On a vu dans l'article cité, que les circonstances locales avoient, sur la grandeur absolue des marées, une influence qu'on ne pouvoit pas soumettre au calcul; mais leurs varia- tions, suivant les époques astronomiques, ont offert, avec les lois générales des forces attractives , assez de conformités pour qu'on pût en déduire le rapport de l'action de la lune avec celle du soleil, et déterminer ainsi la masse de la lune que la quantité de la nutation avoit aussi fait connoître. Le fluide atmosphérique doit avoir de même un flux et un reflux; mais comme sa densité est bien moindre que celle de l'eau, ses oscillations peuvent à peine occasioner un mil- limètre (une demi -ligne) de variation dans la hauteur du ba- romètre. La terre a pu influer à son tour sur la figure de la lune, qui lui présente toujours le même hémisphère. En raison- nant ici comme pour les marées , il est aisé de voir que celui de ses diamètres qui est constamment dirigé vers la terre, doit être plus grand que tous les autres, et qu'ainsi le sphéroïde lunaire, peu aplati vers ses pôles à cause de la lenteur de sa rotation , doit être alongé, dans le sens perpendiculaire à la surface de notre planète. Enfin, plusieurs années avant qu'Herchel eût observé la rotation de l'anneau de Saturne, Laplace avoit prouvé par le calcul, que cet anneau ne pouvoit se soutenir autour de Saturne, à moins qu'il ne tournât sur lui-même, pour que la force centrifuge de ce mouvement contrebalançât l'attrac- tion de la planète. Les sphéroïdes n'attirant pas et n'étant pas attirés comme les sphères, on tient compte de cette différence, dans le cal- cul de leurs actions réciproques : il en résulte dans le mou- vement de la lune des inégalités que les observations ont con- 45 SYST-M _ firmées , en faisant connoître , avec une précision qu'on n'au- roit pas attendue d'un moyen qui semble si indirect , la quantité de l'aplatissement de la terre, tant il y a de liaison dans toutes les parties de l'édifice élevé par Newton. De la réfraction et de V aberration. Pour ne pas rompre l'enchaînement des diverses parties de ce bel édifice , j'ai supposé, dans ce qui précède, que les ob- servations donnoient toujours, pour le lieu où elles étoient faites, la véritable position du rayon visuel sur lequel les astres étoient situés. Deux causes dérangent ce rayon : la prin- cipale est la réfraction que souffre la lumière quand elle tra- verse des milieux dont la densité n'est pas la même. (Voyez à l'article Lumière, tom. XXVII , pag. 3o2.) Les couches de notre atmosphère, augmentant de densité à mesure qu'elles sont plus voisines de la surface de la terre (voyez Atmosphèiie), le rayon lumineux qui les traverse se rapproche de plus en plus de la perpendiculaire à chacune de ces couches. Au lieu de rester droit, il devient courbe,- et l'astre dont il est émané paroît sur le prolongement de la tangente à cette courbe au point où elle rencontre l'œil; et comme elle est concave vers la terre, l'astre semble plus élevé sur l'horizon qu'il ne l'est réellement. L'effet de la réfraction est d'autant plus grand que le rayon traverse plus oblique- ment les couches de l'atmosphère; s'il tomboit du zénith, il les rencontrerait toutes perpendiculairement et n'éprouve- roit aucune déviation. Du temps de Ptolémée le phénomène de la réfraction était connu, et pourtant il n'en a pas tenu compte: Tycho est le premier astronome qui tâcha de la déterminer pour dégager ses observations de cette source constante d'erreurs. A l'ho- rizon, où la réfraction est la plus forte, elle fait paraître le soleil entièrement au-dessus de ce cercle, lorsqu'il est réelle- ment encore au-dessous: elle avance ainsi son lever, et, par la même raison, retarde son coucher d'jine quantité qui dépend de la latitude du lieu et de la déclinaison de l'astre. A Paris , au temps des solstices , cette quantité est de 4 minutes , et le jour est augmenté de 8. Quand le soleil est encore peu élevé, son bord supérieur étant sensiblement moins affecté SYST-M 47 de la réfraction que son bord inférieur , il se trouve r«^tréci dans le sens vertical, et paroit elliptique. 11 en résulte aussi que les astres ne décrivent pas exactement des cercles dans le mouvement diurne, parce que la réfraction les relève plus dans les parties inférieures de leur cours qu'au méridien, où ils sont parvenus à leur plus grande hauteur. La réfraction décroît assez rapidement a mesure que les hau- teurs .lugmentent; mais elle dépend aussi de l'état de l'air , et varie très-sensiblement, surtout dans les petites hauteurs, lorsquelatempératt:reet la densité de l'air viennent à changer. C'est pour cela qu'on évite autant qu'on le peut d'observer trop près de l'horizon; et de plus on fait subir aux réfrac- tions, dont on a des tables calculées d'avance, une correc- tion déduite de la hauteur du baromètre et de celle du ther- momètre. C'était déjà beaucoup d'avoir éloigné cette cause d'illusion , mais il en restoit une autre bien didicile à deviner, et dont la mesure demandoit une grande perfection dans les instru- mensetune éminente sagacité dans l'observateur. C'est après avoir suivi avec constance les petits déplacemens manifes- tés par quelques étoiles dans le cours d'une année, que Brad- ley en trouva l'explication que voici: on a vu (tom. XXVIl, pag. 295) que la lumière emploie un peu plus de 8 minutes à parcourir la distance du soleil à la terre; mais, quoique beaucoup moins grande, la vitesse de la terre, dans son or- bite , ne peut pas être regardée comme nulle par rapport à celle de la lumière ; elle en est à peu près la 10000.*" partie , car la lumière parcourt ?)oooo myriamètres (77000 lieues de 2000 toises) par seconde, et la terre 3oooo mètres (i5-')Oo toises)'. Or, l'observateur qui se meut avec cette dernière vitesse dans la direction de la tangente de l'orbite de la terre, et qui reçoit le rayon de lumière émané d'un astre dans une autre direction, doit rapporter à leur résultante l'impression qu'il éprouve, c'est-à-dire à la diagonale du pa- rallélogramme construit sur les lignes que parcourent dans le i C'est par erreur qu'à la page 296 ilu tome XXVIl, on a mis seu- lement i5 kilomètres (7900 toises) pour la vitesse de la terre dans soa , orbite. '48 SYST-M même temps la terre et le rayon parti de Tastre (t. XXXIII, pag. 246). E.orsque ces directions sont perpendiculaires entre elles , ce qui est le cas d e la plus grande déviation , on trouve , d'après le rapport indiqué plus haut, que la diagonale fait un angle de 20 secondes avec le rayon, et produit un pareil déplacement dans l'astre. Cette quantité et les changemens qu elle subit d'après les positions respectives des deux corps, se sont trouvés exactement conformes aux observations. Si la connoissance de ce nouveau phénomène a beaucoup contri- bué à perfectionner l'astronomie pratique, il est aussi très- remarquable comme donnant une preuve immédiate du mouvement annuel de la terre, puisqu'il n'aurait pas lieu si elle ne changeoit point de place. On peut donc dire, d'après tout ce qui précède, qu'aucun fait n'est mieux constaté main- tenant que les mouvemens de la terre, soit sur elle-même, soit autour du soleil. Des conjectures qu'on a formées sur la nature des corps célestes et sur l'origine de leurs mouvemens. Tout ce qui a été exposé ci-dessus est le résultat des ob- servations et d'une théorie qu'elles ont toujours confirmée. Les méthodes qu'on en a déduites pour calculer à l'avance la position des astres, réussiront d'autant mieux que les ob- servations deviendront plus nombreuses et plus exactes; en sorte que le temps seul ne peut manquer de perfectionner la partie de l'astronomie vraiment utile à la société, dont les besoins à cet égard sont ceux de la géographie et de la na- vigation. En effet, pour trouver dans toutes les circonstances les Latitudes et les Longitudes (voyez ces mots), soit sur terre, soit à la mer, on ne peut employer que le soleil, la lune, les étoiles les plus brillantes , les planètes qui ont le plus d'éclat et les éclipses multipliées que souffrent les satellites de Jupi- ter en passant dans l'ombre de cette planète. Dclanibre a souvent répété que cela suflisoit aux astronomes, el que les phénomènes qui ne pouvoient être vus que rarement et au moyen d'instrumens embarrassans et dispendieux, ne dévoient être regardés que comme un luxe de science à peu près inutile. S'il pensoit ainsi sur des faits d'observation , il atta- chqit encore moin^ d'importance aux conjectures hasardées SYST-M 49 iN-i souvent sur la nature des astres et sur l'origine de leurs mouvemens. Partageant tout-à-fait, sur le dernier point, l'o- pinion de ce grand astronome, je ne m'arrêterai que fort peu sur ces hypothèses, après que j'aurai indiqué les acciden» que les télescopes d'Herschel ont montrés dans les surfaces des corps célestes. La proximité de la lune a rendu sensible, presque dès l'in- vention des lunettes, les inégalités de sa surface qui forment ces taches où l'on avoit cru apercevoir une face humaine. On en a fait depuis des descriptions très- circonstanciées ; oa Jeur a donné des noms, on les a qualifiées d'après le jeu de la lumière -• de grands espaces , plus sombres que lès autres, ont été appelés mers, sans qu'on puisse cependant répondre qu'ils soient en effet recouverts d'un liquide ; mais ce qu'on a bien constaté, c'est que la surface que notre satellite nous présente est sillonnée d'élévations et d'enfoncemens considé- rables. Lorsqu'on parcourt des pays de montagnes on remarque souvent que les sommets sont éclairés long -temps avant les vallées; c'est précisément ce qui a lieu d'une manière frappante sur les bords du croissant : on aperçoit dans la par- tie qui est encore obscure des points lumineux isolés; et il est évident que plus ils sont éloignés de la limite de la partie éclairée, plus ils doivent avoir d'élévation. Quant aux cavités ou cratères, on en reconnoît l'existence et la profondeur par l'étendue des ombres qu'y jettent leurs crêtes. Hévélius, dans le dix-septième siècle, avoit déjà vu sur le disque de la lune des montagnes très -élevées; et de nos jours, M. Schro- ter, en se servant de télescopes semblables à ceux d'Her- schel , a mesuré avec le plus grand soin Its hauteurs et les enfoncemens des points remarquables de la surface lunaire. Il y a trouvé un assez grand nombre de sommets passant 2900 mètres (i5oo toises) de hauteur, et deux élevés de yboo mètres (4000 toists). La plus grande profondeur est indiquée 4900 mètres (^Soc toises); et il faut remarquer que, le dia- mètre de la lune n'étant qu'environ le quart de celui de la terre , les dimensions rapportées ici sont bien plus considé- rables relativement à notre satellite, que celles des inégalités de la terre par rapport à sa grandeur. Enfin Herschel, qui Sa. 4 5o SYST-M a suivi avec toute son attention, dans ses grands télescopes, les divers aspects de la lune , a cru y voir des points qui lan- çoient une lumière vive semblable à une éruption volcani- que; mais M. Schroter n'a rien aperçu de cela. Le même astronome a vu , dans Vénus et dans Mercure , des montagnes d'une élévation bien plus considérable. Sur la pre- mière de ces planètes, à peu près aussi grosse que la terre, il a trouvé une montagne dont la hauteur est de 42900 mètres (22000 toises ou 11 petites lieues). Mercure, dont le diamètre n'est pas la moitié de celui de la terre, lui a offert une montagne haute de i56oo mètres (8000 toises ou 4 petites lieues). Ces nombres sont tirés de l'explication des Tableaux dans lesquels M. de Mechel, en 1806, a représenté compara- tivement les montagnes de la lune, de Vénus, de Mercure et de la terre. Le disque de Mars a présenté à Herschel des phénomènes et des changemens très-remarquables; les pôles de cette pla- nète sont entourés de zones blanches , à l'une desquelles il a cru trouver l'apparence de glace. Sur Jupiter on voit des bandes, dont le nombre varie de deux à huit. Herschel a le premier aperçu les taches de Saturne et ses bandes , au nombre de cinq. On sent que les apparences des disques planétaires doivent varier beaucoup , s'ils sont recouverts par des atmosphères ayant quelque densité , et dont la transparence puisse être trou- blée accidentellement. C'est ce qui paroît arriver sur Jupiter et Saturne : on a observé sur Vénus, Mercure et la lune des crépuscules qui indiquent une atmosphère; celle de la lune a été long-temps révoquée en doute, parce qu'elle est peu dense, peu étendue et surtout parce qu'elle n'éprouve au- cune variation dans sa transparence. Les taches du soleil, vues dès le commencement du dix- septième siècle , ont donné lieu à des conjectures très-oppo- sées : on a cru d'abord que ce pouvoient être des vapeurs qui s'élevoienl sur la surface lumineuse, comme la fumée d'un foyer; on les a encore expliquées par des corps opaques circulant autour du soleil , à une distance trop petite pour être aperçus hors de son disque. Le fort grossissement des télescope^ d'Herschel lui a montré les taches du soleil non SYST-M 5i pas en saillie , mais en creux , et lui a fait naître l'idée que cet astre étoit enveloppé d'une atmosphère lumineuse , où de temps à autres il paroissoit des ouvertures semblables à celles qu'on remarque entre les nuages, et à travers des- quelles on apercevoit le corps du soleil, formant le fond de la t^che. La teinte noire de cette tache étoit affoiblie vers ses bords par la lumière émanée des parois latérales. La première condition à laquelle doit satisfaire toute ex- plication des taches du soleil, c'est de montrer qu'elles nç sont point permanentes comme celles que produisent sur la lune et sur les planètes , les inégalités de leur surface ; car la plus longue durée qu'on ait observée dans les taches du «oleil n'étant encore que de 70 jours, ne va pas à trois révolu- lions de cet astre, qui met environ 26 jours à tourner sur lui- même. Quant à la grandeur de ces taches , on en a vu dont le diamètre égaloit à peu près quatre fois celui de la terre, et qui présentoient, par conséquent, 16 fois autant de sur- face que l'un de ses hémisphères. En concevant qu'au lieu de se séparer, les nuages lumi- neux s'accumuleut les uns sur les autres, on en verra naître ces points nommés /acu/es , qui paroissent plus brillans que le reste du disque. Herschel a encore tiré de son hypothèse d'autres conséquences, sur lesquelles ce n'est pas ici le lieu d'insister. (Voyez les Transactions philosophiques , années 1785, Ce qu'on vient de dire ne concerne que la partie de l'at- mosphère du soleil qui repose immédiatement sur sa surface; mais il en paroît une autre partie, sous la forme d'une lueur blanche, appelée lumière zodiacale, du nom de la région cé- leste où elle se montre. On la voit au printemps après le crépuscule du soir, et avant celui du matin en automne. Sa forme est assez semblable à celle d'un fuseau. Son étendue paroît être considérable et varier beaucoup; on croit qu'elle atteint et dépasse quelquefois l'orbite de la terre; mais le phénomène n'est pas encore complètement expliqué. (Voyez Atmosphère, tom. 111, pag. 278.) Lorsqu'on eut reconnu sur les planètes, et particulière- ment sur la lune, des circonstances pareilles aux accidens de la surface terrestre , on revint à l'opinion des anciens philoso- 52 SYST-M phes qui supposoient que ces corps étoient habités. En effet, dès qu'on examine la question, on trouve assez d'analogie» pour la résoudre affirmativement, ou du moins on ne voit pas. pourquoi la vie ne se trouveroit que sur notre globe ? Mtiis après cette première conclusion , le sujet est épuisé dans, l'état actuel de nos connoissances, et peut-être pour tou- jours. La seule A'ariété des conditions météorologiques propres à chaque planète en particulier, ne permet aucune conjecture raisonnable sur la nature et la forme des êtres qui pourroient exister sur ces corps. Que l'on compare, par exemple, les effets qui doivent résulter de la différence des positions des planètes Mercure et Uranus; l'une, environ trois fois moins éloignée du soleil que la terre, l'autre, dix -neuf fois plus. Sur Mercure, le soleil montre un diamètre presque trois fois pl¥S grand que sur la terre, et un disque ayant sept fois plus de superficie. La chaleur, augmentée par cette circonstance, doit rendre liquides ou aériformes plusieurs des substances qui sont solides ou liquides sur la terre. Dans Uranus, au con- traire , le diamètre apparent du soleil est dix-neuf fois plus petit que sur notre globe, et sa superficie près de quatre cents fois. Ici tout doit être bien différent de ce qui se passe sur Mercure : les substances aériformes et liquides sur ce der- nier, seroient liquides ou solides sur l'autre. L'intensité de la lumière du soleil, étant réduite à la quatre-centième par- tie de ce qu'elle est sur la terre, ne doit produire dans Ura- nus qu'un effet environ trois mille fgis moindre que dans Mercure. A la vérité, comme Uranus a six satellites ou lunes, ses nuits pourroient être assez claires, si cependant ces lunes, bien plus éloignées du soleil que la nôtre, ne dévoient pas en conséquence jeter une lumière beaucoup plus foible. De plus, les différences que nous pouvons connoitre, et dont je viens d'indiquer quelques-unes, ne sont encore que celles qui tiennent à la situation; il peut y en avoir beaucoup d'autres sous divers rapports, dont nous ne sau- rions nous former aucune idée. On est donc bien fâché quand on voit un homme aussi justement célèbre qu'Huygens, avan- cer sérieusement, dans son CosmotUeoros , que les habitant SYST-M 55 des planètes doivent avoir des mains et pas plus de cinq sens. On aime mieux que Voltaire en ait donné 72 à l'habi- bitant du Syrius, dans son Micromégas. Une plaisanterie in- génieuse l'emporte beaucoup sur des conjectures dépourvues de fondement. Le même sujet, traité par Fontenelle avec moins d'appareil scientifique, seroit très -amusant s'il étoit un peu réduit, en le dégageant de tout le cartésianisme qui s'y trouve. Les changemens qu'on éprouveroit , par rapport à la tem- pérature et à la lumière, en passant d'iine planète dans une autre, s'opèrent sur la même comète, lorsqu'elle descend de son aphélie, si éloigné du soleil, à son périhélie, qui en est très-rapproché. La comète de lyiig, dont on a parlé plus haut (pag. 02), est, à son aphélie, 35 fois plus éloignée du soleil que la terre, et au périhélie, elle n'en est plus qu'à une dis- tance égale aux f de celle de la terre , en sorte qu'elle est 58 fois moins éloignée du soleil dans le second point que dans le premier. ' Cet état de choses est bien différent encore de ce qui se passe sur Mercure et sur Uranus ; mais il y a plus : on a observé, en 1680, une comète qui s'est approchée du centre du soleil jusqu'à une distance moindre que la 166.* partie de celle de la terre à cet astre , et si de la première de ces distances on ôte celle de la surface du soleil à son centre, on trouve moins de ëiô pour la distance de cette comète à la surface du soleil. Pour donner une idée de cette singulière position, il suffira de dire que le soleil, y paroissant sous un angle de plus de 97 degrés, c'est-à-dire 180 fois plus grand que celui sous lequel nous le voyons , auroit un de ses bords au-delà du zénith, lorsque l'autre seroit à l'horizon. Newton a trouvé, suivant les lois de la progression de la chaleur, observées sur la terre, que la comète a dû éprou- ver dans son périhélie, une chaleur 2000 fois plus grande que celle d'un fer rouge. Maintenant, pour apprécier le re- 1 Pour faire sentir la différence entre l'orbite de cette comète et un cercle, j'en l-apporterai les dimensions. Sa longueur étant représentée par 3r>|, sa largeur est seulement de 9}, et le soleil est à 17T du vçentre de la courbe. 54 SYST-M froidissement , il faudroit connoître la dislance de Taphélie de la comète; mais les divers calculateurs qui ont volu dé- duire cette distance de la seule apparition observée, ne s'é- tant point accordés dans leurs résultats, je m'en tiendrai à la conjecture de Halley, fondée sur des apparitions de co- mètes analogues par leur éclat et la grandeur de leur queue: car cette comète fut très-remarquable. Il lui suppose une ré- volution de 575 ans; sa distance aphélie seroit, en consé- quence, égale à plus de i38 fois celle de la terre au soleil, et i35oo fois plus grande que sa distance périhélie; ainsi au premier de ces points la surface apparente du soleil seroit 3 9000 fois moindre que sur la terre. Ce sont les queues et les chevelures des comètes qui atti- rent sur ces astres l'attention du vulgaire. Dans les lunettes on aperçoit un noyau plus dense, entouré d'une lumière dif- fuse, qui se prolonge plus ou moins du côté opposé à celui où se trouve le soleil; et c'est de là que les comètes tirent leur nom, dont l'étymologie indique qu'elles sont chevelues. En ne «'arrêtant qu'aux récits les moins suspects d'exagéra- tion, la plus longue queue qui ait été observée, avoit, suivant Kepler, 70 degrés, et 104, ou plus que le 5 de la circon- férence d'un cercle, suivant Longomontanus. Ces deux esti- mations, quoique faites par des astronomes célèbres, diffèrent beaucoup, parce qu'il est bien difficile de fixer le terme de la traînée de lumière foible et incertaine dont est formée la queue d'une comète. Celles des comètes de 1807 et de 3811, les plus belles qui aient paru de nos jours, ne pré- sentoient rien qui répondit aux descriptions pompeuses et effrayantes que les historiens nous ont faites à l'envi : ce n'étoient point des feux étincelans, une lumière sanglante, présages des plus grands malheurs. Peut-être y a-t-il autant à rabattre sur ce sujet que sur beaucoup d'autres, où les écrivains se sont joues de la crédulité et de la foiblesse du lecteur. Il est du moins bien remarquable que, «depuis que '< ce sont des astronomes qui nous donnent l'histoire des co- «: mètes, on n'en voit plus qui soient aussi grandes, aussi « brillantes.... » {Leçons d'astronomie, par Delambre , p. 661.) Les queues des comètes, paroissant plus longues après le passage de l'astre par le périhélie, ont été attribuées à l'ex- SYST-M 55 pension des matières susceptibles d'être vaporisées par la grande chaleur qu'il éprouve dans la partie inférieure de son orbite. Dans cet état elles ont une densité si foible , qu'on aper- çoit les étoiles au travers. On suppose que c'est l'impulsion des rayons solaires qui repousse la vapeur du côté de la co- mète opposé au soleil, et fait prendre à sa queue une cour- bure dont Newton a essayé de donner une explication; mais comme il s'ensuivroit que, lorsque cette queue est compo- sée de plusieurs branches, ce qui a lieu quelquefois, elles devroient dévier de la ligne droite dans le même sens , et que le contraire est arrivé, l'explication du phénomène n'est donc pas complète. Quelques astronomes ont cru que les comètes ne faisoienf , comme les planètes, que réfléchir la lumière du soleil. On a vu la comète de 1682 sous la forme d'un croissant, de même que Vénus et la lune; mais c'est la seule observation de ce genre qui soit connue, et la nébulosité qui entoure le noyau des comètes ne permet guère de saisir la forme de leur dis- que. Tout ce que l'on peut dire, c'est que leur lumière, quelle qu'en soit l'origine, est très-foible; car elles disparois- sent pour les meilleures lunettes à des distances où des pla- nètes qui semblent plus petites sont encore visibles. C'est ce qui est arrivé pour la comète de lySg, qui s'éloigne moins du soleil qu'Uranus, et pour la comète de 381g, qui n'atteint pas la distance où se trouvent les petites planètes. Le premier effet des lunettes sur les étoiles a été de les dépouiller de leur scintillation ' et de les faire paroître d'au- tant plus petites que ces lunettes étoient meilleures. Avec de très-forts grossissemens elles ont rendu sensibles les distances de plusieurs étoiles qui paroissoient confondues et qu'on a nom- mées, à cause de cela, étoiles doubles, ou triples, ou multiples. En déterminant à des époques éloignées la distance appa- rente des étoiles du même groupe et la direction de la ligne tirée de l'une à l'autre, on s" est aperçu que leur position relative changeoit. MM. Herschel fils et South , dans un beau travail que l'Académie des sciences a couronné en 18 25, et 1 Elles la perdent naturellement aussi dans les contrées où l'atmos» phère est pure et sèclie. 56 SYST-M dont M. Arago a donné un extrait dans la Connoîssance de3 temps pour 182g (p. 297), ont rassenniblé les résultats de l'ob- servation de 080 étoiles multiples. De ce grand nombre, qui présente des circonstances variées , je citerai seulement l'étoile double marquée h dans la constellation de Cassiopée. A la vue simple, cette étoile paroît unique et de quatrième grandeur. Dans la lunette elle est composée de deux étoiles inégales, et dont la plus petite tourne autour de la plus grande avec une vitesse qui sembleroit indiquer une ré- volution de 700 années; et pendant ce temps le groupe est emporté dans l'espace par un mouvement annuel commun de deux secondes : ce qui répond à une révolution de près de 65oooo ans. En rapportant à la plus grande étoile le mouvement de la plus petite , on ne veut pas dire que celle-ci tourne exactement autour de l'autre ; il ne s'agit que d'un mouvement relatif, qui peut différer beaucoup du mou- vement absolu. Il est plus probable que les étoiles d'un même groupe, soumises à des attractions réciproques, ainsi que les corps de notre système planétaire , se meuvent réellement -autour de leur centre commun de gravité : c'est ce que le temps et des observations assidues, continuées pendant des siècles, pourront seuls éclaircir. Une autre singularité qu'offrent les étoiles multiples , c'est la différence de couleurs des étoiles simples qui les forment. Elle est notée avec soin dans le Mémoire de MM. Herschel et South. M. Arago dit , « qu'en général, quand les intensités « sont très- différentes, la plus petite étoile a une teinte « bleuâtre ou verdâtre prononcée. ^ On a remarqué d'ailleurs depuis long -temps des étoiles colorées: dans la constellation du taureau , la plus éclatante , nommée aldebaran , paroit rougeâtre. Enfin l'énorme distance des étoiles au soleil n'ayant pas per- mis de croire qu'elles dussent à cet astre la lumière qu'elles nous envoient, on a pensé qu'elles brilloient de leur propre éclat, et que c'étoient autant de soleils entourés de systèmes planétaires. Cette idée a fait tenter ensuite des expériences pour connoître si leur lumière étoit identique avec celle du .soleil. On a trouvé quelque différence dans la lumière de Sy- yius, l'une des plus belles étoiles, tandis que celle de la pla- SYST-M 57 nète Vénus n'en prësentoit point. (Voyez à l'article Lumière, tome XXVII, page 3o8.) Newton , qui a toujours eu la sagesse de se refuser à loufe hypothèse sur la nature de l'attraction , en n'employant ce nom que pour désigner un effet et non pas une cai se , n'a point été si réservé sur la destination des comètes. Il a oit que, lorsqu'elles s'approchoient beaucoup du soleil, elles pouvoient éprouver dans son atmosphère une résistance qui, diminuant de plus en plus leur vitesse tangcntielle, les feroit à la fin tomber dans cet astre, et que de telles chutes pou- voient servir à réparer les pertes que le soleil et les étoiles faisoient en rayons (de lumière) et en vapeurs. Buffon faisoit jouer un autre rôle aux comètes. Le choc de l'un de ces astres avoit détaché du soleil un torrent de ma- tière dont les parties, en se séparant, s'étoient arrondies et avoient formé les planètes et leurs satellites. Il suivoit bien de là que les planètes dévoient tourner dans le même sens autour du soleil; mais, sorties d'une région de sa surface, elles auroient dû y revenir à chacune de leurs révolutions; ce qui n'est pas. On pouvoit encore opposer d'autres objec- tions à cette hypothèse, et en outre demander ce qu'on y gagnoit, quelle cause avoit mis la comète en mouvement, et pourquoi il y avoit des soleils et des comètes avant qu'il y eût des planètes? Antérieurement à Buffon , Jean Bernoulli avoit tiré un parti plus avantageux de l'idée de communiquer par une impulsion primitive le mouvement au soleil et aux planètes. Considérant que toiite impulsion dont la direction ne passe pas par le centre de gravité d'un corps , lui imprime en même temps deux mouvemens, l'un de rotation, et l'autre de translation (voyez t. XXXIII, p. 261), il détermina, pour les planètes dont la rotation étoit connue , à quelle distance de leur centre de gravité avoit dû passer l'impulsion qui les avoit lancées dans l'espace. Relativement à la terre , supposée sphérique et ho- mogène, on trouve cette distance égale à la 164.* partie du rayon ; elle auroit été plus grande , si la rotation eût été plus rapide. Ainsi, pour Jupiter, qui tourne sur lui-même en dix heures environ, la même distance est de -^ du rayon de la pla- nète. Quoique ces résultats soient assez curieux et qu'ils sem» 58 SYST-M tient offrir quelque chose de positif, il ne faut pourtant pas y attacher trop d'importance ; car le mouvement qu'ils expli-. quent ne peut- il être produit que de cette manière? c'est ce qu'il seroit téméraire d'affirmer ; et d'ailleurs il rcstoit encore à savoir pourquoi les planètes et leurs satellites tour- nent dars le même sens sur leurs orbites et sur eux-mêmes; pourquoi ces orbites n'occupent dans le ciel qu'une zone très- étroite (on ne connoissoit pas alors Pallas)? On est porté à croire qu'un état de choses aussi particu- lier ne peut être fortuit. Il avoit frappé Newton. Les géo- mètres y appliquèrent ensuite le calcul des probabilités , en comparant avec cette combinaison unique , toutes celles qu'au- roient pu produire le nombre des corps, la variété des direc- tions et l'étendue de l'espace ; ils trouvèrent qu'il y avoit une très-grande probabilité que l'arrangement actuel de notre système planétaire n'étoit point l'effet du hasard , mais le ré- sultat d'une cause spéciale. En reconnoissant que ces recherches sont très-ingénieuses, on ne peut se dissimuler que la découverte des nouvelles pla- nètes, parmi lesquelles il y en a dont les orbites s'écartent beaucoup , tant pour la forme que pour la situation , de celles des planètes anciennement connues (voyez page 34), ne jette quelque doute sur ce sujet; et qui sait si d'autres planètes, encore ignorées, mais que le temps et la perfection des instrumens feront apercevoir, se rapprochant davantage des comètes, ne prouveront pas qu'on s'étoit trop hâté en s'appuyant sur une énumération incomplète? Laplace, qui s'est occupé spécialement de cet objet, mais d'abord sans risquer aucune explication , a fini , dans les der- nières éditions de son Exposition du système du monde, par proposer une hypothèse embrassant la constitution de l'univers tout entier. Il l'a élayée des observations d'Herschel sur les nébuleuses (voyez Etoiles), qui, offrant un noyau lumineux et dense, enveloppé d'une matière rare et diffuse, semblent des corps parvenus à différens degrés de formation , ainsi qu'on voit dans une forêt des arbres de toute grandeur et de tout âge. Il conçoit que les planètes et leurs satellites se sont formés par la condensation successive des couches de l'atmo- sphère du soleil, beaucoup plus étendue alors à cause delà SYST-M h forfe chaleur dont elle étoit douée, et qu'elle perdoît peu à peu. II pense que ces portions ainsi condensées ont dû, par suite du mouvement de rotation que l'atmosphère entière exécutoit autour du soleil , continuer à tourner autour de cet astre, et encore sur elles-mêmes, lorsqu'elles ont été iso- lées du reste de la masse; et de là il conclut que les orbites des planètes doivent être peu aplaties et dans des plans fort rapprochés. Quant à l'anneau de Saturne, c'est une portion de matière qui s'est rassemblée dans des conditions propres à lui faire conserver la forme qu'elle a maintenant. Enfin , pour rendre raison de la grande variété que présentent les orbites des comètes, Laplace regarde ces astres comme de petites nébuleuses errant de système en système solaire. Je ne le suivrai point dans le détail de toutes ses hypothèses ; je pas- serai à des considérations d'un genre tout opposé. Si, d'après les observations d'Herschel et les conjectures de Laplace. il peut se former continuellement de nouveaux corps célestes, pourquoi ne s'en déferoit-il pas? C'est l'idée que la découverte des petites planètes a suggérée à M. Olbers, et que Lagrange a soumise au calcul (voyez la Connoissance des temps pour 1814, pag. 211). La position des nœuds de leurs orbites , leur proximité, semblent indiquer qu'elles ont pu faire partie d'un corps plus considérable , qui se sera divisé et dont les débris auroient été lancés dans diverses directions. L'excessive petitesse de ces planètes vient encore à l'appui de la conjecture. On n'a pu, jusqu'à présent, dans les meilleurs télescopes, déterminer avec quelque précision le diamètre de ces petits astres. Celui de Vesta a été trouvé à peine égal à la 2g.* partie de celui de la terre, ce qui donne pour la première une surface 841 fois moindre que celle de la se- conde; et sur ce pied l'étendue totale de Vesta diffère peu de celle de la France. C'est à présent le plus petit des corps célestes connus. Les physiciens qui font venir les aérolites des régions su- périeures à notre atmosphère , les regardent ou comme des agglomérations fortuites de matières qui circulent autour de la terre, ou comme des morceaux détachés de corps plus considérables, dont la résistance de l'air détermine la chute, quand ils l'ont atteint (voyez Mi^.tj-^opiths}. S'il en est ainsi, ^0 SYST-M nous pouvons être entourés, sans nous en douter, des débris arrachés à quelques-uns des corps de notre système plané- laire , et en recevoir des autres systèmes ; car les corps qui s'éloignent beaucoup de celui qui les régit, peuvent atteindre la limite où son action cesse de l'emporter sur celle d'un autre, dans la sphère d'activité duquel ils entrent alors. La scène changeroit donc continuellement dans le ciel comme sur la terre. Ajoutez à cela que si, dans les mouvemens des corps cé- lestes, on n'a pas encore découvert d'altération qui soit certai- nement due à la résistance des fluides répandus dans l'espace (la lumière, par exemple), et que ces corps traversent sans cesse, cela ne veut pas dire qu'il n'y ait point de semblable résistance, puisque les observations suffisamment exactes ne datent guère que d'un siècle, et que l'on ignore ce que les suivans pourront manifester. Déjà même M. Encke a cru re- marquer que l'orbite de la comète dont il a découvert la pé- riode (p. 53) éprouvoit une altération qui ne pouvoit être que leffet de la résistance d'un fluide [Correspondance astronomique, par M. de Zach , t. g, p. 189). Cette circonstance peut d'ail- leurs se manifester sur les comètes plutôt que sur les planètes, parce que les premières sont beaucoup moins denses que le» secondes (pag. 33). Enfin, si notre système planét.^ire tout entier se déplace, comme semble l'indiquer un mouvement général, observé dans les étoiles (voyez Étoiles), qui sait ce qu'il peut ren- contrer sur la route, les corps qu'il peut acquérir, ceux qu'il peut perdre, et les perturbations que lui feront éprouver les systèmes dont il s'approchera successivement? Laplace , en n'ayant égard qu'à la disposition actuelle de corps que nous connoissons dans notre système, a trouvé des relations qui assurent la permanence de ce système; mais il semble, d'après ce qui précède, que ces formules, ne pouvant être établies que sur une très -petite partie des conditions que le sujet présente, n'ont point de réalité par rapport aux phénomènes, et ne sont dans le fond qu'un beau résultat d'analyse mathé- matique, faisant beaucoup d'honneur au géomètre qui l'a obtenu. ; Newton avoif bien entrevu que le monde astronomique SYST-M «Ji devoit, ainsi que le inonde sublunaire, être sujet par la suite des temps à de grands changemens; et il croyoit en consé- quence que les systèmes planétaires avoient besoin d'être ré- formés de temps à autres {Optique de Newion, trad. par Coste, édit. de 1722 , p. 689); mais, en cela, il paroit s'être écarté, au moins dans son expression, des saines notions que nous donne l'ensemble des faits connus. Chaque état observé, dans quelque branche que ce soit de la philosophie naturelle, ea prenant ce mot suivant sa plus grande extension (voyez Phi- losophie naturelle), s'est toujours trouvé le résultat immé- diat d'un état précédent : nous n'avons pas encore vu changer les lois de la nature; et comme nous ne pouvons conclure l'avenir que de la connoissance du passé, nous ne devons pas dire que le monde sera réparé, mais que des phé- nomènes, conséquences nécessaires les unes des autres , se dé- velopperont successivement dans l'espace par l'accomplissement des lois primordiales qui régissent l'univers, phénomènes que nous sommes bien loin d'être en état de caractériser et de prévoir, parce que nous ne saurions juger d'une machine sans bornes par la très-petite partie que nous pouvons aper- cevoir, et d'un temps sans limites, par la très-courte durée qui nous est départie, en sorte que notre devise doit être ici celle de Montaigne : Que sais -je? Mais, quoique forcés de nous renfermer dans un cercle très-étroit, nous pouvons retirer un fruit précieux de l'étude de l'astronomie. C'est une réponse péremptoire à ces décla- mations sur l'incertitude du témoignage des sens et la foi- blesse du jugement, que nous répètent sans cesse une foule de sophistes intéresses à décrier les facultés qui sont contraires à leurs desseins. Quelle plus grande preuve de la puissance de l'esprit humain , que d'avoir su démêler les mouvemens réels des astres au milieu de toutes les illusions qui les com- pliquent? et comment ces illusions ont -elles été dissipées? est-ce parce qu'on a corrigé les sensP l'œil n'a-t-il pas con- tinué à remplir les fonctions qui lui sont imposées par son or- ganisation ? II n'a toujours montré des objets, que ce qu'il devoit montrer : la dernière impression du rayon de lumière. Mais on a appris à ne pas juger du lieu réel de l'astre par cette impression ; on a reconnu qu'il falloit étudier l'en- 62 SYST-M semble des impressions, les comparer, les cooi'donner , et ne pas s'arrêter au résultat de chacune en particulier; qu'au- trement on n'en tireroit que des conséquences prématurées. JiJ'est-ce pas là une imitation très-relevée des procédés simples par lesquels l'éducation que nous donne la nature, nous apprend à combiner les témoignages divers de nos sens pour en déduire des jugemens exacts? Enfin, l'immensité de l'espace que l'as- tronomie ouvre à nos regards , en agrandissant nos idées et réduisant nos prétentions à leur juste valeur, peut, plus que toute autre, nous mettre sur la voie de la sagesse. (L. C.) SYSTÈME MUSCULAIRE. {Phjsiol. génér.) Ce qui con- cerne ce système , sous le rapport de ses fonctions et des propriétés chimiques des muscles, a été exposé aux articles Muscles de MM. Flourens et Chevreul, tom. XXXIII, p. 467 et suivantes. Nous ne pouvons mieux faire que d'y renvoyer le lecteur. (H. C.) SYSTÈME NERVEUX ENCÉPHALIQUE ou CÉRÉBRO- SPINAL. {?hy$iol. génér.) Voyez Nerfs. (H. C.) SYSTÈME NERVEUX GANGLIONAIRE. {Phjsiol. génér.) Voyez Animal, Mollusques, Trisplakchnique , Zoologie et ZOOPHYTES. (H. C.) SYSTÈME OSSEUX. {Phjsiol. génér.) Voyez Squelette. (H.C.) SYSTÈME PILEUX. {Phys. génér.) Voyez Tégumens. ( H. C. ) SYSTÈME RESPIRATOIRE. {Physiol. génér.) Voyez Res- piration. (H. C.) SYSTÈME SANGUIN. {Phjsiol. génér.) Voyez Sang et Srs- xème circulatoire, (h. C.) SYSTÈME DES SÉCRÉTIONS. {Physiol. génér.) D'après le verbe latin secernere, séparer, les physiologistes ont appelé sécrétion , une fonction par laquelle les glandes prennent dans le sang les martériaux d'un liquide de nouvelle forma- tion, tel que le lait, la bile, l'urine , la salive, les larmes, etc. Les matériaux des exhalations et le principe de la cha- Jieur animale, sont également fournis par le sang. Leur histoire se rattache donc essentiellement à celle des sécrétions, et comme il ne lui a point été consacré d'article spécial dans ce Dictionnaire, nous allons en dire ici quel- ques mots. SYST-S 63 On appelle chaleur animale ou vitale, calor vital is , cette température propre aux animaux qui, toujours semblable à elle-même , ne se met point en équilibre avec la tempéra- ture commune, et est souvent supérieure à celle du fluide dans lequel vivent les animaux. C'est parce que cette chaleur n'existe point au même degré dans tous les êtres animés , que les zoologistes ont trouvé un moyen fort naturel de classer ceux-ci, en les distinguant en animaux à sang chaud et en animaux à sang froid ; différences de température qui correspondent à des modifications im- portantes dans l'organisation. La température des animaux à sang chaud varie suivant les espèces où on l'examine. Les oiseaux, par exemple , sont, sous ce rapport, au-dessus de l'homme, dont la chaleur fait habituellement monter le thermomètre centigrade à 36°; celui de Deluc à 52°-t-o, et celui de Réaumur à 29^-1-0, et est la même constamment, et au milieu des glaces du pôle et sous les feux de l'équateur, pourvu, cependant, que les fonctions de la vie se maintiennent dans leur état d'in- tégrité. Gmelin, en effet, a observé en Sibérie la même chaleur chez les individus soumis à un froid de 58° — o, que celle qu'a notée Adauson chez les habitans du Sénégal par une tempé- rature de /\i°-+-o. Delisle à vu à Kirenga, en Sibérie, éga- lement l'homme et quelques animaux supporter un froid de 70" — o en l'année 17 38, et des faits multipliés prouvent que l'on peut momentanément résister à une chaleur artificielle aussi développée que le froid dont nous parlons. En Angle- terre, Banks et Solander ont, dans une étuve, supporté, durant dix minutes, une température de 75°-f-o. Fordyce et Blagden, dans des expériences entreprises exprès et à l'exemple de Banks et Solander, ont résisté à une chaleur de 78°H-o. Enfin , Duhamel a conservé l'histoire d'une femme attachée au service d'un four, et qui pouvoit y demeurer plus de dix minutes sans être incommodée, à une température encore plus élevée, celle de 8o"*-f-o. Dans tous ces cas la température individuelle ne monte, ni ne s'abaisse , soit que cela tienne uniquement à une force spéciale, comme le veulent quelques physiologistes, soit que 64 SYST-S dans les cas de grande élévation de la chaleur extérieure , révaporation de la transpiration pulmonaire et de la trans- piration cutanée, produise un degré de refroidissement pro- portionnel , ainsi que le pensent François Delaroche et Berger, qui ont prouvé, contradictoirement aux assertions de Blagden et de Fordyce, qu'en exposant des animaux à une forte chaleur sèche, leur température se trouve réelle- ment augmentée, sans néanmoins devenir égale à celle du milieu où on les a plongés. Ici l'évaporation des liquides est le moyen que la Nature emploie pour obvier aux incon- véniens qui résultent de cet excès de chaleur. C'est ainsi que, la température atmosphérique étant à 4° au-dessus de la température animale, Franklin a pu observer sur lui-même que sa peau se conservoit plus fraîche que l'air ambiant, au moyen de la transpiration continuelle dont elle étoit le siège. C'est ainsi que les moissonneurs de la Pensylvanie, exposé» à un soleil ardent, succombent sous l'excès de la chaleur lorsqu'ils ne suent plus. D'après cela, celte manière d'être, propre à l'homme comme aux autres êtres organisés vivans, indépendante de Id différence des milieux, restant toujours au même point, n'est pas seulement la faculté de développer du calorique. Elle n'est cependant pas non plus une propriété, une force spéciale de la vie, ainsi que cela est écrit dans quelques ouvrages estimables, ou comme lèvent M. Chaussier, qui la nomme caloricilé. Il faut la regarder comme une véritable dépendance des forces vitales elles-mêmes, comme un phé- nomène secondaire dû à leur exercice, comme une fonction analogue à toutes les autres fonctions, et spécialement à la nutrition, qui appartient à tous les tissus et n'a point d'or- ganes particuliers. Elle semble le résultat de la foule de changemens divers qui ont lieu continuellement dans la com- position intime de nos parties; elle est dans la dépendance des autres fonctions. La chaleur animale ne part pas d'un point fixe, d'un foyer unique, d'où elle seroit transmise à toutes les autres parties du corps; elle se produit à la fois sur tous les points de l'organisme. Aussi est-il impossible de calculer la quantité réelle de calorique qui se dégage des animaux; on suit seulement que ceux à sang chaud sont des SYST-S 65 foyers intarissables de clialeur, tant qu'ils sont plongés dans une atmosphère plus froide qu'eux. Quel est le meilleur moyen d'apprécier la température d'un animal ? Quelques piiysiologistes , en introduisant la boule d'un thermomètre dans la bouche , l'oreille ou le rec- tum, ont-ils adopté un procédé bien exact P Nous ne le pen- sons point: il ne peut réellement «ju'indiquer la température des parties. Dans la bouche, par exemple, le passage con- tinuel de l'air dans les mouvemens de la respiration, l'éva- poration qui en est la conséquence inévitable, doivent em- pêcher de saisir le A'éritable degré de la température. C'est ainsi que M. Prunelle a reconnu, en faisant des expériences sur les phénomènes de Ihivernation chez quelques mammi- fères , que, placé dans la bouche des hérissons, le ther- momètre marquolt 2°, 5 de moins que la température réelle de l'individu. D'autres physiologistes ont appliqué la boule du thermo- mètre à différentes parties de l'extérieur du corps , ce qui paroit encore moins exact; car plusieurs causes peuvent ren- dre la circulation moins active à la périphérie , concentrer les forces vitales à l'intérieur et changer très-rapidement la température de la surface du corps. C'est donc dans les grandes cavités sans aucune commu- nication avec l'extérieur, comme celle du péritoine, qu'il faut introduire l'instrument , sans pourtant choisir exprès pour cela les réservoirs du système vasculaire à sang rouge , que Ton a regardé comme le centre, le principe de la cha- leur animale. En effet, on ne sauroit croire, avec Bichat et beaucoup d'autres auteurs, que les fluides animaux jouissent d'un mode spécial de chaleur, car l'observation ne nous apprend rien de positif à cet égard , quoiqu'on entende répéter de tous côtés que le sang artériel est d'un ou deux degrés plus chaud que le sang veineux. Les expériences de M. Deyeux prouvent incontestablement que l'on se trompe en cela. Plus un phénomène offre d'obscurité dans la manifestation de ses causes, et plus, en général^ il présente d'explications: c'est ce que démontre évidemment l'histoire de la théorie de la chaleur animale. Le problème important de sa forma- 62. 5 ^5 SYST-S tion a déjà été résolu de bien des manières différentes, et l'on a vu successivement en elle le résultat d'un phénomène physico-chimique d'une fonction de l'organisme, d'une fa- culté purement vitale. Boerhaave et ses sectateurs, les médecins mécaniciens du dix-huitième siècle, ont pensé, par exemple, que la chaleur animale étoit le produit nécessaire des frottemens continuels exercés contre les parois des vaisseaux par les fluides qui les parcourent. Mais cette explication est tombée bientôt d'elle- même ; elle est trop contraire à toutes les lois de l'hydrod)^- namique: jamais, en effet, le frottement des liquides contre les parois des canaux qui les renferment, ne peut donner lieu à un dégagement de calorique. D'autres prétendirent, sans plus de raison, que le phéno- mène dont il s'agit étoit la suite du frottement des molécules humorales les unes contre les autres et du mouvement intestin qui les met sans cesse en agitation. Il en est, et parmi eux il faut compter Fabre , qui l'ont attribuée aux frottemens qui ont lieu entre les molécules des solides vivans ; mais il n'existe dans toute l'économie aucune fibre qui ne soit baignée dans une humeur, aucune qui soit assez sèche pour s'échauffer par le frottement, quelle que soit la vitesse et la durée du mouvement qu'on lui attribue. Douglass et Lavirotte , modifiant la théorie mécanique dont il vient d'être question, mirent le siège des frottemens pro- pres à déterminer la chaleur dans le système capillaire cu- tané, et crurent que le phénomène dépendoit de la con- densation et du relâchement alternatifs de ce système vascu- laire sous l'inQuence de la température atmosphérique. Lavoisier , en 1777, annonça que la chaleur animale dé- pendoit très-probablement de la décomposition de l'air vital dans l;s poumons , de la combinaison de l'oxigène atmo- sphérique avec le carbone et l'hydrogène du sang. Ce système fut généralement admis, et l'on regarde souvent encore au- jourd'hui la iixation des gaz atmosphériques dans les matiè'res animales liquides et solides comme donnant lieu à un dégage- ment de calorique , qui est aussitôt absorbé par le sang arté- riel, pendant l'acte de l'hématose, pour être ensuite distri- bué à toutes les parties du corps. ( Voyez Respiration.) SYST-S 67 Le marquis de la Place a soutenu avec éclat cette brillante opinion, qu'éclairoit encore récemment ( Décembre 1822), par des expériences aussi ingénieuses que délicates, M. Du- long , un de nos plus habiles chimistes. Cependant cette théorie, en apparence si séduisante, des pneumatistes, n'est point à l'abri d'une foule d'objections so- lides ; car, dit- on, si le poumon est la source de la chaleur vitale, le foyei^ d"où elle se propage dans tout le corps , pour- quoi sa température n'est-ellc pas plus élevée que celle du reste de l'économie P pourquoi le degré de chaleur varie-t- il dans des parties isolées du corps suivant une foule de cir- constances ? pourquoi augmente-t-elle dans le doigt qui est le siège d'un panaris? pourquoi diminue-t-elle, au contraire , dans un membre paralysé et où la circulation n'est nulle- ment altérée ? On n'évite pas même l'effet de ces puissantes objections en supposant que la combustion de Toxigène ne s'opère point seulement dans le poumon et qu'elle continue à se faire dans la totalité du système vasculaire sanguin. Crawford a adopté toutes les bases de la théorie de Lavoi- sier j mais, lui faisant subir une modification notable, il a voulu trouver la cause de la calorifîcation vitale dans la dif- férente capacité qu'ont pour le calorique le sang artériel et le sang veineux. D'autres physiologistes , appliquant aux fonctions nutri- tives les lois de la condensation , ont supposé que le calori- que, introduit avec les alimens dans l'estomac, circule avec le chyle dans les vaisseaux absorbans et artériels, et ne se trouve dégagé que dans le système capillaire par la solidifi- cation des fluides nourriciers. Cette théorie, qui est celle de jM. Josse , suppose que l'estomac est, comme Téloit le pou- mon dans la théorie précédente, le foyer primitif de la cha- leur vitale. Elle est par conséquent susceptible d'être com- battue par les mêmes objections, outre celles qu'on peut lui opposer spécialement. Ces diverses théories, toutes fondées sur des explications physiques ou chimiques, ne pouvoient être adoptées par le» physiologistes qui voyoient dans un agent impondérable et inappréciable à nos sens la source de tous les phénomènes de l'organisme animé. C8 SYST-S Bichat , en particulier , l'un de ceux qui a repoussé avec le plus de force les applications de la physique et de la chi- mie à la science de la vie , n'admeltoit, pour la chaleur animale, aucun centre, aucun foyer pfincipal , aucun or- gane producteur, aucun système générateur : il vouloit qu'elle se manifestât dans toute l'économie d'après des lois uniformes , qu'elle fût une conséquence de l'expérience même de la vie, un phénomène purement local et appartetiaitt en propre à chaque point du corps. Mais il n'a point cherché à pénétrer le mécanisme intime de cette fonction , admettant cependant que le calorique est introduit dans le corps avec tous les élé~ mens réparateurs que celui-ci a le pouvoir de s'approprier; qu'il circule combiné avec le sang , et qu'il ne devient libre que dans le système capillaire ^ où il se dégage comme pai* exhalation , et sous l'influence des forces vitales de la partie, en sorte que chaque organe a son mode spécial de calorifica- tion , comme son mode spécial de nutrition, de sensibilité, etc. Les nerfs Ont, d'ailleurs, une action incontestable dans la production de la chaleur animale , puisque la section des troncs nerveux qui vont se distribuer à un membre, est presque constamment suivie de la perte de la chaleur danâ celui-ci. Cette action, qui n'avoit point échappé au génie de Bichat, est devenue l'objet de recherches importantes de la part de M. Brodie, qui en 1811 a publié un mémoire pour prouver que la production de la chaleur est sous la dépendance im- médiate du cerveau et des nerfs; théorie dont les conclusions ont éfé combattues par Legallois et soutenues avec force par MM. Chossat et Prévost. Les expériences de ces derniers , d'accord avec tous les faits de la physiologie et de la pathologie, tendent à confirmer, au reste, l'opinion de Bichat, celle qui est le plus générale- ment reçue aujourd'hui ; celle enfin qui place le siège de la chaleur, non dans les poumons, mais bien dans le système capillaire. (Voyez Système circulatoihe. ) Quoi qu'il en soit du siège et de la nature intime de la chaleur animale, on peut dire, en résumé et en faisant abs- traction de toute explication hypothétique, 1." qu'elle est SYST 69 UTî phénomène mixte, physique dans son mécanisme et vital dans son principe; 2." que le corps des animaux n'a aucune propiiété spécifique pour résister soit au froid , soit à la chaleur . tend sans cesse à s'échauffer ou à se refroidir , pomme fous les autres corps de la nature, et ne se maintient à un degré de chaleur constant qu'à l'aide de phénomènes purement physiques ; 5." que ce corps possède en lui-même des moyens de produire , suivant le besoin , et du froid et du chaud. L'hivStoire de chacune des sécrétions biliaire, pancréatique , salivaire, spermatique, etc., a été faite avec celle des animaux chez lesquels elle présente des particularités. Voyez en outre Bile, Lait, Sauve, Sperme. (H. C.) SYSTÈME SPERMATIQUE. { Physiologie générale,) Voyez Sperme et Testicule. (H. C ) SYSTÈME VEINEUX. {Phfsiol. générale.) Voyez Système CIKCULATOIRE. (H. C.) SYSTOLUS. (Enfom. ) M. Mégerle avoit ainsi nommé un genre de charanson qu'il a désigné depuis sous le nom de Comasinus. (CD.) SYSTOTREMA. (Bot.) Voyez Sistotrema. (Lem.) SYSTROGASTRES ou CHRYSIDES. {Entom.) ?ar ce nom, tiré du grec et qui signifie ventre roulé, crvc-rpoç, entouré par. Tcto-rnû, le ventre, nous avons indiqué le principal caractère d'une famille d'insectes hyménoptères, dont l'abdomen, formé d'anneaux concaves en dessous et convexes en dessus, sont très-mobiles les uns sur les autres, et peuvent ainsi se rouler de manière à envelopper la tête, comme dans les cloportes, dits armadilles ou glomérides. Trois petits genres composent cette famille , qui a fait le sujet d'une excellente monographie publiée par M. Lepelle- tier de Saint-Fargeau. Les mœurs paroissent être absolument les mêmes que celles des Chrysides (voyez ce mot) , dont nous avons fait connoître les habitudes. La forme des anneaux de l'abdomen dislingue ces trois genres , qui ont les an- tennes brisées et très-mobiles; le corselet présentant en dessus, ce qui est rare dans les hyménoptères , des port ons mobiles sur le dos. Voici les caractères distinrlift des genres de cette famille : \ 7c SYST f (court, rond i. Chrysibk l courtes; ventre < , Mâchoires et 1 (alonge 2. Omalok. lèvres | trcs-alongées ; dernier anneau du ventre ( très-long 3. Parkopès. Voyez chacun de ces mots et la planche 5i de l'atlas de ce Dictionnaire, n.°' 5 , 6 et 7. (CD.) SYSTROPHE. (Entom.) IlHger a désigné sous ce nom, parmi les insectes hyménoptères , un genre de la famille des mel- lites , pour y placer Vhjlœus spiralis de Fabricius , ainsi nommé . parce que dans le mâle les antennes sont contournées. (C. D.j SYSTYLE. {Min.) Ce minéral, décrit à deux reprises dif- férentes par M. Zimmermann, dans le Taschenbuch fur Mine- rai., etc., de M. Leonhard, tom. 3, p. 585, et tom. 4, p. 569, n'en est pas moins resté inconnu , parce que cette descrip- tion, quelque détaillée et bien faite qu'elle soit, n'est carac- térisée par aucune propriété physique, géométrique ou chi- mique, fondamentale. Le minéral nommé systyle , de son aspect prismatique , est d'une couleur bleuâtre matte à l'extérieur, quelquefois bril- lante à l'intérieur. Il est facile à casser : sa cassure est plus ou moins conchoïde, passant à l'unie. Il se divise en morceaux prismatiques qui ont de trois à cinq pajns. Il est quelquefois assez dur pour étinceler sous le choc du briquet. Sa pesanteur spécifique est de 2,41. Le S3'style a été trouvé dans une carrière de basalte de la (entrée de Detmold en Hesse. 11 a, suivant M. Leonhard , l'apparence d'un silex corné (Homstem) basaltique; et MM. Freieslehen et Breithaupt le nomment jaspe basaltique {Ba~ saltjaspis.) ( B. ) SYSTYLIUM [PoRTE-coDVERCLE].(Bof,) Genre de la famille des mousses voisin du Splachnum , qui se distingue par les ca- ractères suivans : Péristome simple , à trente- deux dents courtes ( il y en a seize dans le Splachnum) , rapprochées par paires et réunies f; la base ; opercule soudé à la columelle ; coiffe campanulée et pointue, déchirée sur son bord; capsule régulière, munie d'une apophyse et privée d'anneau. Ce genre diffère peu du Splachnmn. Le nombre des dents SYZ n du péristome et l'opercule adhérant à la columelle , l'en dis- tinguent. Il ne comprend qu'une espèce. Le SvsTYLiuM spLACHîioioE : Systjlium splachnoides , Hornsch. , Comm. , p. uj , pi. Il i Bot. Zeit.v.Regensb. y i8:s/riées longitudinalement , entourées d'une pulpe aqueuse, ('ette plante croit à File de Madagascar, dans les Indes orien- tales, à Otaïti , où SCS racines sont employées- par les habitans ( omme alimentaires. Tacca a feuilles entières ; Tacca integrifolia , Bot. Magaz. , t.'ib. 1488. De ses racines sortent des feuilles toutes radicales, assez grandes, pétiolées , glabres, d'un vert foncé, ovales- lancéolées, très -entières; la nervure du milieu comprimée, les autres distantes, simples, obliques, parallèles: la hampe, courte, radicale, soutient plusieurs grandes fleurs d'un blanc verdâtre, striées, presque en ombelle, à six divisions égales, ovales, obtuses; l'involucre est foliacé, entremêlé de longs lilets sétacés, qu'on soupçonne être des pédoncules stériles. Cette plante croît dans les Indes orientales. (PoiR. ) TACCADA. (Bot.) Voyez Tacorotha. (J.) TACCO. (Ornith.) Cette espèce de coucou, que l'on nomme autsi vieillard , est le citculusvetula et plu^'ialis ,La.ih.. M. Vieillot en a fait un genre particulier sous le nom de Saurothera. (Ch. D.) TACCOLA. (Ornilh.) Ce nom italien, qui s'écrit aussi ta- tiila, est donné, dans les environs de Bologne, au crave ou toracias, corviis graculiis , Linn. (Ch. D.) TACHARD. {Ornith.) Voyez au tome V, pag. 458, de ce Dictionnaire , la description de cette espèce de buse. (Ch.D.) TACHAS. {Ichthjol.) L'animal, dont il est question sous ce nom dans l'Exode, au verset 5 du chap. 26, n'est point un poisson, comme l'ont prétendu plusieurs commentateurs: c'est le Lamantin. (H. C. ) TACHE. {Bot.) Près de Carthagène, en Amérique, ce nom est donné au myroxjlum peruiferum de M. Lambert , suivant M. Kunth , qui le nomme mjro.rylum pubescens. (J. ) TACHE- KOIRE. {Ichthjol.) Nom spécifique d'un chéto- don , décrit dans ce Dictionnaire , tome VIII , page 444. (H. C.) ^ TACHÉ, Maculatus. {Bot.) Marqué de taches (espaces de 92 TAC couleur différente du fond) en nombre déterminé; exemple i fleur du glycine bimaculata , etc. Tacheté, maculosus, marqué de taches en nombre indéterminé; exemple : tige du plilox maculata; feuilles du pulmonaria ojficinalis , de Vaucuba , etc. (M.vss.) ^TACHE. {ïchûiyol.) Un des noms de l'ophisurus ophis. Voyez Ophisure. (h. C.) TACHET. {Ornith.) Cet oiseau , décrit par Levaillant au tome 3 de son Oi'nithologie d'Afrique, pag. 3i4, est le ba- tara tachct de M. Vieillot. (Ch. D.) TACHETE. (Ornith.) Sonnini a donné ce nom spécifique à l'oiseau que ti'Azara a décrit , sous le n." 2 38 , dans son Or- nithologie du Paraguay. Voyez Queues aiguës, dans ce Dic- tionnaire, tom. XLIV, pag. 293. (Ch. D.) TACHETE. {IchthjoL) Nom spécifique d'un diodon et d'un baliste, halistes maculatus, Bloch , qui est probablement le même que le capriscus. (Voyez Bauste et Dioron.) C'est aussi le nom d'un Labre, décrit dans ce Dictionnaire, iome XXV, page 21. ( H. C. ) TACHETEE. (Erpét.) Nom spécifique d'une! couleuvre, décrite dans ce Dictionnaire, tome XI, page 214. (H. C. ) TACHETEE. (Ichtliyol.) Nom spécifique d'une murène d'Arabie, qui doit être rapprochée de la myre, et par con- séquent des Congres. Voyez ce dernier mot. (H. C.) TACHl , Tachia. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, monopétalées, delà famille des genlianées, de la tétrandrie monogynie de Linnœus , offrant pour carac- tère essentiel : Un calice tubulé, persistant, à cinq dents; une corolle monopétale , un peu dilatée à son orifice ; le limbe à cinq lobes rabattus en dehors; quatre étamines; un ovaire supérieur, entouré cà sa base de cinq petites glandes; un style; un stigmate à deux lames ; une capsule oblongue , à deux loges, à deux valves, recouverte par le calice; les semences visqueuses, petites, nombreuses, adhérentes à la cloison. Tachi DELA Guiane : Tacliia guianetisis , Aubl. , Guian., 1, lab. 29 ; Lamk., lll. gen. , tab. 80; Mjrmecia scandens, Willd., Spec. Arbrisseau grimpant, à tige triangulaire, longue de cinq à six pieds, fîstuleuse , un peu jaunâtre; les rameaux opposés, noueux, lisses, tétragones, sarmenleux, garnis de TAC 95 reuiUcs opposées , pétiolécs , ovales , presque lancéolées , molles, vertes, entières, acuminées , un peu rétrécies à leur base, longues de trois ou quatre pouces, larges d'environ deux pouces et plus; les pétioles épais et courts. Les fleurs sont solitaires, axillaires, opposées , à peine pédonculées; le calice cylindrique, au moins long d'un pouce, un peu renflé à sa base, à cinq dents un peu lancéolées, aiguës, réfléchies; la corolle tubulée , un peu plus longue que le calice, de cou- leur jaune ; le tube dilaté à sa partie supérieure; le limbe court, à cinq lobes ovales, aigus, réfléchis; les lilamens un peu plus longs que le tube; les anthères alongées et saillantes; l'ovaire placé sur un disque un peu charnu , muni de cinq petites glandes. La capsule est presque cylindrique , enve- loppée presque dans toute sa longueur par le calice, qui per- siste avec elle. Les semences sont attachées à la cloison qui sépare les deux valves; elles sont petites, jaunâtres, nom- breuses, enduites d'une matière visqueuse. Cette plante croît dans les grandes forêts de la Gulane , sur le bord des ruis- seaux. De nombreuses fourmis logent ordinairement dans le creux des tiges et des branches de cet arbrisseau. ( Poir. ) TACHIA. ( Bot. ) M. Persoon resserre ainsi le nom du Tacliigalia û'Auhlet, genre de la famille des légumineuses, oubliant qu'Aublet lui-même a fait dans les gentianées un autre genre Tachia, dont le nom subsiste, quoique Schreber, sans raison, lui ait substitué celui de Myrmecia,y comme il avoit changé celui de Tachigalia pour en faire son Cubea. Voyez Tachx et Tachicale. (J.) TACHIBOTE, Tachibota. (Bot.) Genre de plantes dicoty- lédones, à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des cistées , de la, pentandrie trigynie de Linné, offrant pour ca- ractère essentiel : Un calice persistant, à cinq divisions; cinq pétales à peine plus longs que le calice, autant d'éta- mines; un ovaire supérieur; point de style; trois stigmates divergens ; une capsule entourée par le calice, à trois valves, à trois loges polyspermes. Tachibote de la Guiane: Tachibota guianensis, Aubl., Guian., 1, tab. 112; Lamk., lit. gen. , tab. 208; Gsertn. fils, Carp., tab. 224; Salmasia racemosa, Willd., Spec. Arbrisseau chargé de rameaux alternes, épais, velus, cylindriques, roussàtres. 94 TAC Les feuilles sont presque sessiles, alternes , ovales-oblongues , glabres, entières, acuniinées, un peu rétrécies en pétiole à leur hase, longues de deux ou trois pouces, larges d'un pouce et demi; deux petites stipules très-étroites, courtes, linéaires, velues, très-raduques. Les fleurs sont axillaires, disposées en grappes simples, peu garnies, latérales et terminales; les pé- dicelles velus, à peine de la longueur des fleurs, «^arnis à leur base de bractées assez semblables aux stipules. Le calice est petit, presque gbibre , à cinq divisions profondes, lan- céolées, presque obtuses-, la corolle blanche, petite, à peine plus longue que le calice, à cinq pétales étroits, lancéolés, aigus; trois stigmates courts et sessiles ; une capsule globu- leuse, à trois angles, à trois valves, à trois loges, renfer- mant des semences fort petites et anguleuses. Cette plante croît dans les grandes forêts de la Guiane. (Poir.) TACHIBOUACA. (Bol.) Nom caraïbe d'une espèce de smilax, cité par Surian. Le smilax China est nommé iahourou- rnihi. ( J. ) TACHIGALE, Tachigali. {Bot.) Genre de plantes dicoty- lédones, à fleurs complètes, polypétalées , de la famille des légumineuses , de la décandrie monogynie de Linné, off"rantpour caractère essentiel : Un calice turbiné, persistant, cà cinq lobes presqvie égaux; cinq pétales inégaux, onguiculés; dix étamines libres; les lilamens un peu velus; les trois supé- rieurs plus courts; les anthères petites, globuleuses; un ovaire supérieur; un style; une longue gousse comprimée, velue, indéhiscente, renfermant six à sept grosses semences. Tachigale l'ANicuLÉE : Tachigalia paniculata, Aubl., Guian., tab. 143, 6g. 1 ; Lamk., III. gen., tab. 33t); Cubœa paniculata , "VVilld., Spec; Tachia paniculata , Fers., Sjnops. Grand arbre dont le tronc supporte une vaste cime toufl'ue, très-rameuse; les rameaux divisés en d'autres plus petits, glabres, garnis de feuilles alternes, pétiolées , ailées, sans impaire, compo- sées ordinairement de six paires de folioles pédicellées, op- posées, ovales, entières, ou un peu sinuées à leur contour, acuminées ; ks folioles inférieures plus petites. Les fleurs sont disposées en épis simples, droits, situés à l'extrémité des jeunes rameaux , rapprochés, presque en panicule; chaque fleur médiocrement pédicellée, munie d'une petite bractée TAC gâ très-courte, persistante, [.e calice est glabre, à lobes arron- dis, presque égaux; la corolle un peu plus grande que le calice; les ttamines sont beaucoup plus longues que les pé- tales. Les gousses, longues, épaisses, coriaces, velues, offrent des semences de la grosseur et de la forme d'une fève. Cette plante croît dans les grandes forêts de la Guiane. Tachigale TRiGONE : TacJiigala trigona , Auhl. , Guian., fab. 340. lig. 1 ; Ciibœa trigona, Willd. , Spec; Tachia trigona, Pers. , Sfnops. Cette plante a de tels rapports avec Tespèce précédente, qu'elle n'en est peut-être qu'une variété. La prin- cipale différence consiste dans les folioles plus grandes, al- ternes et non opposées, comme dans la précédente espèce. Les ranieaux sont trigones dans les deux. Les fleurs ont la même disposition et le même caractère. Cette plante croît dans les grandes forêfs delà Guiane. (Poir.) TACHIMA. {Bot.) Dans le voisinage de Quito, en Amé- rique, on donne ce nom, suivant M. Kunth, au cacalia te- relifolia. (J. ) TACHIN, TacJiirius. {Entom.) M. Gravcnhorst, dans sa Mo- nographie des staphyiins ou microptères , a désigné ainsi un genre d'insectes coléoptères pentamérés brachélytres, voisin des oxipores. Telles sont les espèces que Fabricius a rangées dans ce dernier genre, sous les noms de lunule et de pjgmée. Ce nom a été emprunté du mot grec t«;:^ooç, qui signifie •vif, prompt. Ces insectes peuvent être ainsi caractérisés: Tête plus étroite que le corselet , qui est sessile sur les éiyfres , lesquels couvrent pUre de la moitié de l'abdomen; toutes les jambes épineuses. Nous avons fait figurer une espèce, plan- che 5 de l'atlas de ce Dictionnaire, n."5, sous le nom de fon- gii'ore lunule , parce que nous avions en effet, dans notre ar- ticle Brachélytres, dont la publication a eu lieu il y a près de vingt-deux ans , indiqué ce genre Fongi^ore , que nous avons dû supprimer comme nom, tout en en conservant la division. Le Tachin lunule, Tachinus lunulalus. * C'est Pespéce que nous avons fait figurer sur la planche citée. Car. Fauve , avec la tête , la poitrine et l'extrémité du ventre , noirs; élytres à base fauve et à extrémité libre jaunâtre. 96 TAC Le Tachin pycMÉE, Tachinus pjygmœus. Car. Noir, avec la base des antennes, les pattes, le bord du corselet et des élytres, roussâtres. (CD.) TACHINE, Tachina. {Entom.) M. Fabrlcius a désigné sous ce nom de genre, dans son Système des antliates, le genre 66, qui comprend des insectes diptères sarcostomes de la fa- mille des chéloloxes, et que nous avions, les premiers , dé- signé sous le nom d'échinomje. (CD.) TACHIRO. {Ornith.) Oiseau de proie décrit et figuré par Levaillant, Ornithologie d'Afr., tom. i, pag. 66, et pi. 24. (Ch.D.) TACHIROU. (Ornith.) Cette espèce de coucou est décrite au tome 5.* de l'Ornithologie d'Afrique de Levaillant, qui l'a figurée sous le n,° 2 1 C. ( Ch. D. ) TACHITES. (Bot.) Ce genre, fait par Solander, est, selon Gœrtner, le même que le Melicjtus de Forster, non rapporté à une famille connue. ( J. ) TACHS ou DACHS. [Mamw.) Noms allemands du blaireau d Europe. Les chiens qui servent à la chasse de cet animal, ont des noms , dans la même langue , qui rappellent leur genre d'emploi. Ce sont les bassets à jambes torses , Taclis- hiind, Dachshund ou Tcichset. (Desm.) TACHURI. [Ornith.) D'Azara a décrit sous ce nom, aux n."" 161 et suivans de ses Oiseaux du Paraguay, plusieurs es- pèces considérées dans ce Dictionnaire comme des Fauvettes* Voyez au tome XVI, pag. 478. (Ch.D.) TACHYDROMUS. (Ornith.) Nom générique donné par II- liger au coure-vite, cursorius , Linn. et Lath. ( Ch. D.) TACHYDROMYE. (Entom.) M. Meigenet, par suite, Fabri- cius, ont employé ce nom, tiré de trois mois grecs, mouche qui marche vite, pour désigner un genre d'insectes diptères , dans le but d'y réunir plusieurs espèces d'empis. (CD.) TACHYERGES. (Entom.) Ce nom, tout-à-fait grec, de Tct^uipyriç -, qui est prompt à faire, a été donné par M. Schœn- hetr à un sous-genre de charanson , dans le n.° 148, qu'il nomme orchestes , d'après Illiger. Voyez ce mot à la lin de l'article Rhinocères. (CD.) TACHYGLOSSUS. (Mamm.) Illiger a proposé ce nom pour remplacer celui d'echidna, donné par MM^ Cuvier et Geoffroy TAC ^j7 à un quadrupède de la Nouvelle-Hollande de la famille des marsupiaux. Voyez l'article Ornithobhynque , tome XXXVI, page 443, de ce Dictionnaire. (Desm.) TACHYLITE. {Min.) Ce minéral me paroît être une de ces espèces qu'on établit avec trop de précipitation ; car où sont les caractères dislinctifs d'un minéral dont on ne connoit ni la forme ni la composition, et qui, se présentant toujours avec une texture compacte, n'offre pas même, au moyen d'un clivage à incidences déterminables et particulières, les moyens de présumer qu'il peut être une espèce différente de celles qui sont connues? Nous ne pouvons donc rien dire autre chose sur ce mi- néral, qu'eu transcrivant la description qu'en a donné M. Breithaupt. Le tachylite est d'un noir tirant sur le noir de velours et sur le noir de corbeau ; il est compacte et se présente aussi sous forme de plaques à cassure à petites. écailles, rarement raboteuse; il est opaque; il a l'éclat vitreux approchant quel- quefois de l'éclat gras ; il est plus dur que le felspath et moins dur que le quarz : sa pesanteur spécifique varie de 2,5o à 2,54. Au chalumeau il se boursoufïle tout à coup en une scorie pleine de soufflures; de là son nom de tachylite. On le trouve dans le basalte et dans la wacke , à Sâse- biihl, entre Dransfeld et Gbttingue. Ce minéral a été pris d'abord pour un pyroxène augite, à cassure écailleuse et paroit avoir la plus grande ressemblance avec l'obsidienne; il en a aussi, par l'éclat, la couleur et la cassure, avec la gadolinite. (B.) TACHYPE, Tachjpe. [Entom.) Nom proposé par M. Weber, dans ses Observations entomologiques , pour désigner le genre principal de la famille des créophages , insectes coléoptères pentamérés, à antennes en soie et à élytres durs couvrant le ventre. Ce nom , emprunté du grec Tct.^vç , qui signifie celer , prompt à la course, et ttSç , patte, n'a pas' été adopté par tous les auteurs. La plupart lui ont laissé le nom de carabe. Nous avons indiqué à l'article Créophages les différens genres que renferme cette famille. C'est d'après la nomen- clature que nous y avons adoptée que le genre Tachype se Sa. 7 y 8 TAC trouve décrit ici; car nous aurions préféré la dénomination de carabe, qui lui avoit été donnée par Linnseus. Nous avons fait connoitre à l'article Carabe toute la difiîculté de cette synonymie. Il suffira de rappeler ici que les tachypes réunis- sent les plus grosses espèces de carabes ou de buprestes de Geoffroy, et que ce genre peut être ainsi caractérisé essen- tiellement : Corps large , convexe; corselet aussi large que les éhytres , iné- gal et rétréci; à tête dégagée; point d'^ailes membraneuses ; pattes de devant non échancrées. Comme nous avons fait figurer une espèce de ce genre sous le n." 3 de la planche i/" de l'atlas de ce Dictionnaire , il sera facile de suivre par l'analyse la réalité de ces caractères. En effet, tous les insectes voisins des cicindèles ont le cor- selet plus étroit que les élytrcs. Tels sont, outre les espèces de ce genre, les colliures , les dryptes, les bembidions, les élaphres , les mantichorcs. Viennent ensuite Tes genres dont les espèces ont la tête engagée dans le corselet, qui est à peu près de la largeur des élytres, comme les scnrites , les di- vines, lesomophrons et les notiophiles. Nous trouvons encore parmi les espèces qui ont la tête non engagée dans le thorax, les carabes, dont le corselet est carré, plat, égal et accolé aux élytres ; puis les cychres et les calosomes, dont le corselet est arrondi, presque orbiculaire. Viennent enfin les espèces qui ont le corselet rétréci en arrière; mais les unes ont des ailes membraneuses protégées par des élytres courts : ce sont les bra- chyns; parmi les autres espèces qui n'ont pas d'ailes membra- neuses, et chez lesquelles les élytres sont souvent soudés, on a rangé les anthies , qui ont les jambes de devant échancrées, en quoi ils diff'èrent des tachypes, qui les ont entières. D'ailleurs les moeurs des tachypes sont absolument celles de tous les Créophages , comme nous les avons fait connoître dans cet article. Nous allons décrire ici les principales es- pèces du genre Tachype qui se trouvent aux environs de Paris. 1. Le Tachype doré, Tachjpus auratus. C'est celui que nous avons fait figurer sur la planche i/*" de l'atlas de ce Dictionnaire. Geoffroy en a aussi donné une bonne figure de grandeur naturelle et une autre très-grossie , TAC 99 tom. 1 , pi. 1 1 , fig. 5 p et q , sous le nom de bupreste doré et sillonné à larges landes. Car. Ovale alongé , d'un a ert doré ou cuivré en dessus 5 élytres à trois côtes élevées et à sillons lisses ; à base des an- tennes et pattes le plus ordinairement rousses. Cette espèce est très-commune dans les jardins; elle court rapidement sur la terre pour y chercher les vers de terre, les larves, les chenilles et les autres insectes, qu'elle dévore vivans. On la nomme vulgairement sergent , vinaigrier, j ardinier. 2. Le Tachype brillant d'or , Tach. auronitens. Car. Ovale alongé; corselet en cœur, d'un vert cuivreux; élytres convexes , verts, à trois côtes noires, à sillons cha- grinés dorés; le dessous du corps noir. C'est une très-jolie espèce , rare aux environs de Paris ; mais on l'y envoie des départemens. On la trouve dans les forêts. 5. Le Tachype brillant, Tach. nitens. Car. Ovale , d'un rouge cuivreux en dessus ; élytres verts , bordés d'or, à trois lignes, élevées, noires, à sillons grésilles d'or; antennes et pattes noires. On a trouvé cette belle espèce sur les dunes du Marquen- terre et des environs de Dunkerque. 4. Le Tachype jaseroné , Tach. catenulatus. C'est la seconde variété du bupreste azuré de Geoffroy, tome 1 , pag. 144. Car. Noir-bleu en dessus; bords du corselet et des élytres d'un rouge violet ; élytres crénelés , striés, à sillons inter- rompus par des points enfoncés ou élevés, disposés sur trois rangs. On le trouve dans les bois, sous les mousses, au pied des arbres. Il n'est pas rare aux environs de Paris , ni dans les bois de haute futaie. 5. Le Tachype ENCHAÎNÉ, Tach. catenatus. Car. Noir-bleu en dessus; bords du corselet et des élytres teintés de violet rougeâtre; élytres à côtes interrompues; sil- lons à trois rangs de points élevés. Cette espèce est généralement plus grosse que la précé- dente. Elle n'en est peut-être qu'une vUriété, comme le pen- soit Geoffroyr 100 TAC 6. Le Tachype collier , Tach. monilis. Geoffroy l'a décrit comme le bupreste galonné , n.° 5. Car. Noir, vert cuivreux ou violet; élytres à côtes égales ou successivement inégales, à sillons ornés de points enfon- cés ou saillans, disposés sur trois lignes. Cette espèce n'est pas rare aux environs de Paris. y. Le Tachype des champs , Tach. arvensis. Car. De couleur variable ; élytres striés , à lignes presque effacées à trois rangs de points élevés. 8. Le Tachype jardinier, Tach. hortensis. Car. D'un vert cuivreux en dessus ; bords du corselet et des élytres d'un violet bronzé; élytres rugueux, à trois rangs de points imprimés. g. Le Tachype CORIACE, Tach. coriaceus. C'est le bupreste noir chagriné de Geoffroy. Car. Noir, à élytres rendus rugueux par des points en- foncés irréguliers. C'est une des plus grandes espèces des environs de Paris ; on la trouve sous les plantes qui se pourrissent et qui ne sont pas trop humides. M. Bonnelli Fa décrite comme type du genre Procus.tes, ainsi que l'espèce nommée rugosus. (CD.) TACHYPETES. ( Ornith. ) Nom générique donné par M. Vieillot à la frégate, dont la seule espèce regardée comme authentique, est le pelecanus aquilus , Linn. (Ch. D.) TACHYPHONE. {Ornith.) Ce nom a été donné par M. Vieillot à des oiseaux sylvains de la famille des péricalles , dont la pluparf étaient placés avec les tangaras , et auxquels il a assigné des caractères particuliers, dont voici les princi- paux: Bec droit, en cône alongé , convexe en dessus, un peu comprimé sur les côtés: mandibule supérieure échancrée vers la pointe, droite ou légèrement inclinée à son extrémité; rinférieure entière ; langue pointue et fendue à son bout ; doigts extérieurs réunis à leur base. Les tachyphones, sur les mœurs desquels on n'a pas de dé- tails, sont tous de l'Amérique méridionale. M. Vieillot en a décrit neuf espèces, parmi lesquelles il s'en trouve que M. Desmarest avait désignées , dans son grand ouvrage sur les Tangaras, comme appartenant positivement aux tangaras, ce qui pourra exposer à des confusions, jusqu'à ce que les natu- TAC loi ralistes soient bien d'accord sur ces déplacemens ; et déjà même il paroit que M. Swainson , qui a voyagé au Brésil, adoptant en général la séparation opérée par M. Vieillot , a introduit dans son genre des caractères nouveaux, qui ne sont qu'annoncés dans le Bulletin des sciences naturelles ( 2.* section , tom. 1 1 , pag. 1 1 1 ) , et dont Timportance et la justesse ne peuvent en conséquence être encore appréciées. On donnera cependant une notice des espèces par lui indi- quées, après avoir décrit celles de M. Vieillot. Tachythone archevêque, Tachyphonus archiepiscopus , de M. Desmarest, qui en a figuré les deux sexes. Sans pouvoir se dissimuler les rapports de cet oiseau avec le tangara évêque, M. Vieillot a remarqué dans le bec de ces oiseaux des diffé- rences qui l'ont déterminé à transporter le premier dans le genre Tachyphone. Le mâle, dont la longueur totale est d'en- viron sept pouces , a la tête , le cou et la poitrine d'un violet ardoisé ; le dos olivâtre ; les grandes pennes alaires et caudales d'un brun noir et bordées de vert-jauuàtre; les petites cou- vertures supérieures des ailes d'un jaune doré ; le bec et les pieds noirs. La femelle , un peu plus petite , est d'un gris brun en dessus et d'un gris teint de violet en dessous; les pennes alaires et caudales sont d'un brun noir, bordé de vert jaunâtre; les couvertures supérieures des ailes sont d'un jaune moins vif que chez le mâle. Cet oiseau , qui se trouve au Pérou, a un chant court, mais fort et assez agréable. Tachyphone houpette : Tachyphonus cristatus, Vieill. ; Tana- gra cristata, Gmel. etLath., pi. enl. de Buffon, n.° 7, fig. 2, et n.° 3oi , fig. 2 , sous les noms de tangara huppé , de Cayenne et de la Guiane. Cet oiseau, long d'environ six pouces, a le corps, les ailes et la queue d'un beau noir; les plumes de la tête, plus longues que les autres, sont d'une foible cou- leur orangée ; il y a sur le sommet de la tête une tâche jaune , qui est partagée par une ligne noire partant de la base du bec ; le bas du dos est d'un jaune de paille ; on voit une tache blanche sur le haut de l'épaule, et une bande étroite de la même couleur sur les petites couvertures supérieures des ailes; les couvertures inférieures sont blanches , et le bec, ainsi que les pieds, sont noirs. L'oiseau figuré sur la planche 102 TAC Soi diffère de celui de la planche 7 en ce que la tache jaune du dessus de la tC-te n'est point partagée par une ligne noire, et en ce qu'il a sur la gorge une tache d'un jaune clair. Outre les deux planches de l'Histoire destangaras, qui sont consacrées aux deux oiseaux qu'on vient de décrire, il y en a dans le même ouvrage une troisième destinée à représenter l'oiseau danr, son jeune âge. Ce tachyphone. qui habite les terres défrichées et les lieux découverts de la Cuiane, se nourrit de petits fruits, et son cri ressemble beaucoup à celui du pinson. Tachyphone noir et fauve ; Tachyphonus cirrhomelas fVieiU. Cet oiseau de la Guiane, comme les précédens , est figuré sous le nom de houpette noire dans l'Histoire des tangaras ; mais quoique M. Desmarest le présente comme une variété, M. Vieillot le regarde comme une espèce réelle, et il se fonde sur ce qu'il est plus grand, qu'il n'a point de huppe, et que la tête, le dos, le ventre, les ailes et le dessus de la queue, sont d'un noir uniforme très-foncc. Outre cela, les six pennes les plus extérieures de la queue et le dessous de toutes les autres sont fauves ; une bande de la même couleur va du dessous de l'aile à la base des cuisses, et une ligne égale- ment fauve se rend de l'oeil à la base de l'aile; la mandi- bule inférieure, jaune à sa base, est noire à l'extrémité, et la mandibule supérieure est , ainsi que les pieds , de cette dernière couleur. Tachyphone i.eucohtère ou a épaulettes blanches ; l'achj- plionus Jeucop'.eriis , Vieill. : Tanagra nigerrima , Gmel. , et Oriolus leucopterus , Gmel. et Lath. , pi. enl. de BufT. , n.° 179, fig. 2 , le mâle ; et les deux sexes sous le nom de tangara noir dans l'Histoire dos tangaras. Le mâle de cette espèce .qui ap- partient aux tangaras loriots de M. Cuvier , est un peu pins petit que la femelle; il a environ six pouces de longueur; les plumes qui recouvrent sa tête et son corps sont d'un noir brillant; les pennes alaires et caudales sont dun noir brun et mat, et les petites couvertures de ses ailes sont blanches; les pieds et le bec sont noirs. Le plumage de la femelle est d'un roux châtain , et les grandes pennes alaires sont d'un roux brun en dessous. Ces oiseaux, communs à la Guiane dans les lieux décou- TAC ïo5 verts, mangent de petits fruits et des insectes, et ils ne vont jamais en troupe; iis ne chantent point ; leur cri est aigu; et M. Desmarest pense qu'ils scroient mieux placés avec les ca- rouges qu'avec les tangaras. Tachvphone TANGAVio : Tachyplioiius honnriensis , Vieill. ; Tanagra bonariensis , Gmel. et Lath., pi. enlum. de Buffon. n.° 710. Le nom de tangavio est tiré par contraction de tan- gara violet. Coramerson a trouvé à Buenos-Ayres cet oiseau , qui est long de huit pouces , et dont le mâle a le plumage d'un noir violet, avec des reflets verts sur les ailes et la queue, et une petite tache blanche sous le pli de Faile-, le bec et les pieds sont noirs. La tête de la femelle est d'un noir luisant comme l'acier poli, et le reste de son plumage est brun , avec quelques teintes de noir luisant sur le dessus du corps. Tachyphone rouge ; Tachjphonus ruher, Vieille Cet oiseau , long de cinq à six pouces, a les plumes du sommet de la tête effilées et susceptibles de redressement en forme de huppe, dont le centre est d'un rouge ponceau, ainsi que le menton et la gorge ; tout le dessus du corps d'un rouge plus sombre , et le dessous d'une teinte rosée qui s'éclaircit sur les plumes anales ; le bec et les pieds sont d'un brun rou- gcàtre. Tachyphone QUADracoLORE; Tachjphonus quadricolor , Vieill. Cette espèce, du Brésil, est de la taille de la précédente ; elle a le front, les côtés de la tête, les ailes et la queue , noirs ; les longues plumes du sommet de la tête jaunes et jouissant delà faculté de se redresser; cette couleur est plus pâle sur les parties inférieures; le bec et les pieds sont bruns* Tachyphone vert et jaune; Tachjphonus chlorictcrus , Vieill. Cet oiseau, rapporté du Brésil par M. Delalande fils, est de la même taille que le tachyphone leucoptère; il est vert sur les parties supérieures du corps, et d'un jaune foncé en dest sous et sur le bord externe des pennes de l'aile et de la queue. Son bec est brun et ses pieds sont rougeâtres. Les espèces indiquées dans le tome 11 du Bulletin des sciences, d'après M. Swainson , sont au nombre de neuf, savoir: Tach-yphonus nigerrimus , oli^^aceus, Vigorsi , ruhescens , fringilloides , Suchii . crutatus . De$maresti\ tenuirostris; et les 104 TAC oiseaux qui , dans ce nombre , paroissent surtout différer de ceux que M. Vieillot a prëcédemment placés dans le genre Tachyphone, sont , \.° le tachjphonus Vigorsi , qui habite les provinces méridionales du Brésil , et qui a une huppe rouge, les scapulaires et les couvertures inférieures blanches, et le reste du plumage d'un noir tirant sur le violet; 2." le tachy- phonus fringilloides , qui est si rare, que M. Swainson n'en a rencontré que deux individus, dont la huppe, de couleur écarlate , étoit entourée d'une bordure noire , et dont le corps, cendré en dessus, étoit blanc en dessous; 3.° le tachjphonus Suchii, qui a été découvert par M. Langsdorff dans les parties méridionales du Brésil, et dont le corps est olivâtre en des- sus et d'un jaune pâle en dessous , avec des ailes noires et une huppe jaune: 4." le tachyphonus tenuirostris , d'un noir violet , dont les scapulaires sont blanches et les couvertures inférieures âe la queue rousses. Cet oiseau a été trouvé à Buenos-Ayres. (Ch. D.) TACHYPORE, Tachyporus. (Entom.) M. Gravenhorst nomme ainsi un genre d'insectes coléoptères pentamérés, delà fa- mille des brachélytres ou des staphylins , d'après diverses considérations tirées de la forme des antennes et de leurs articles. Ces insectes ont , de plus , les jambes épineuses et le corselet lisse, et ne diffèrent des tachins que par la forme des palpes. Tels sont les oxipores, que Fabricius a nommés chrjsomelinus Jijpnorum , bipustulatus, etc. (CD.) TACHYS. (Entom.) M. Ziegler a désigné sous ce nBm un. genre d'insectes créophages parmi les coléoptères pentamérés. Il comprend plusieurs espèces du genre Bembidion. (CD.) TACHYSURE , Tachjsurus. ( Ichthjol. ) D'après les mots grecs Tct;^i/ç, rapide, et ovpvi-, queue, feu de Lacépède a ainsi nommé un genre de poissons osseux holobranchcs, rapporté par M. Duméril à la famille des oplophores, et pouvant être ainsi caractérisé : Catopes abdominaux • corps conique; premier rayon de la na- geoire pectorale épineux; deux nageoires dorsales; bouche au bout du museau; des barbillons aux mâchoires; corps et queue très - alongés ; peau visqueuse. Ce genre ne renferme encore qu'une espèce, c'est le Ta- CHYsijRE CHINOIS , Tachysurus sinensis , lequel vit dans les TAC ^°5 eaux douces de la Chine, et a une queue longue et déliée d'une extrême agilité. Il offre deux barbillons à la mâchoire supi-rieure et quatre à celle d'en bas. (H, C.) TACKAH ou ÏAGAH. {Mamm.) Erxleben rapporte ces noms tartares dans la synonymie du bélier. (Desm.) TACKOO. {Ornith. ) Nom d'une grande et belle espèce de barbu de Singapore et de Sumatra, décrite par sir Raffles sous le nom de bucco versicolor. (Lesson.) TACLOVO. {Conchjl.) Selon M. Bosc , c'est le nom des coquilles bivalves du genre Tridacne aux Philippines. (Desm.) TACOMAREE, VUB^. {Bot.) Noms brésiliens de la canne à sucre, cités par Marcgrave. (J.) TACON. {Ichthyol.) Dans certaines de nos provinces on appelle ainsi le saumoneau. (H. C.) TACORI. {Bot.) Clusius, cité par C. Bauhin , fait mention d'un végétal de ce nom, croissant dans l'Amérique, ayant beaucoup de rapport avec le sang-dragon. On fait macérer ses feuilles dans l'eau et on en tire des fils , avec lesquels on fait des cordes, employées sur les lieux. ( J. ) TACOROTHA. {Bot.) Nom brame du Bela-modagam (voyez ce mot) du Malabar, espèce de scœvola , nommé aussi taccada à Ceilan, suivant Gœrtner, qui en fait son lobelia laceada, tab. 25, fîg. 5. (J.) TACO-TACO. {Bot.) Voyez Tancasson. (J.) TACOT-MANUCIA , INDIAPARA. {Bot.) Noms de Voxalis sensitiva à Java, suivant Burmann. (J.) TACOUROS. {Entom.) Selon M. Bosc, ce nom désigne au Paraguay les nids de fourmis , et probablement ceux des termes. (Desm.) TACSO , PURUPURU. {Bot.) Noms péruviens de quelques espèces de grenadilles ou passiflores, distinguées des autres par le tube très-long de leur calice, entouré à sa base d'un calicule en godet , faisant l'oflice d'involucre et par des glandes qui remplacent la couronne existante dans les autres. Ces caractères ont paru sufRsans pour en faire un genre sous le nom de Tacsonia. (J.) TACSONE, Tacsonia. {Bot.) Ce genre, qui faisoit partie des Grenadilles { passijlora , Linn.) en a été vséparé par M. de Jiissieii ■ il en diffère par an calice très-grand, long, tu- ïo6 TAC hulé le limbe coloré, à dix divisions ; les alternes extérieures murronées au sommet , les intérieures obtuses ; un petit calice extérieur, en forme d'involucre urcéolé, à trois divisions; point de couronne inférieure, remplacée par plusieurs glandes sessiles , à l'orifice du tube, et deux rides profondes, inté- rieures et circulaires, sous la série des glandes; le pédicellc qui soutient l'ovaire très-alongé, égal au calice. Les autres caractères sont les mêmes que dans les passijlora. (Voyez Grf- >'ADtLI.E.) On voit ici que ce que tous les botanistes ont pris pour corolle dans les passi/lora, est présenté comme calice. Voici les raisons qu'en donne M. de Jussieu : « L'examen des enve- rs loppes de la fleur, dit ce célèbre professeur, m'a toujours « prouvé que les divisions prises pour des pétales (dans les « passi/lora) , sont véritablement calicinales, confondues par « leur base avec le calice , se desséchant à sa manière et ne « tombant qu'avec lui. La même observation a lieu pour les '< cucurbitacées, dont l'enveloppe florale colorée, considérée « par la plupart des botanistes comme corolle monopétale, « mais faisant corps par sa base avec l'ovaire, unie intimé- « ment avec les divisions extérieures reconnues générale- ;< ment comme parties du calice , et ne se séparant pas d'elles f. a l'époqne de sa dessiccation, doit être regardée comme un ': calice, dont ces divisions ne sont que des appendices. ^> K On se convaincra encore plus de cette vérité, si l'on se « rappelle qu'une vraie corolle, soit monopétale, soit poly- « pétale, n'est qu'un appendice des étamines ou de leurs « iilets, qu'elle est organisée de même, et qu'elle a toujours « avec ces filets une origine commune. Or, dans les cucur- « bitacées les étamines n'ont point d'adhérence avec l'enve- « loppe florale ; elles en ont encore moins dans la grena- « dille, puisqu'elles sont portées sur un pivot élevé, loin des « parties que l'on nommoit pétales , et qui même n'existent « pas dans quelques espèces L'opinion de Cavanilles « sur la corolle des passijlora contrarie la règle générale . qui « veut quune corolle monopétale ne se Jlétrisse pas sur place, '< qu'elle soit toujours accompagnée d'un calice, et que ce calice " soit monophylle. >> Tacsone A LONGUE Fr.EUR : Tacsonia longijlora, Juss, . Ann. TAC ^°7 cJii Mus., 2, pag. 390; Passiflora, longiflora, Lamk., Encycl., n." 28. Espèce remarquable par le long tube que forme la base de son calice. Ses tiges sont grimpantes, assez épaisses, glabres, anguleuses, munies de stipules embrassantes, en deml-Iune, dentées. Les feuilles sont assez grandes, divisées en trois lobes ovales, aigus, dentés en scie, et dont les laté- raux sont quelquefois bilobés; vertes et glabres en dessus, blanchâtres et finement cotonneuses en dessous, avec des veines réticulées entre les nervures : les pétioles portent , près de leur sommet, quelques tubercules oblongs , en forme de glandes. Les vrilles sont grandes, simples; les pédoncules axillaires, un peu courts, terminés chacun par une grande fleur d'un pourpre clair, qui a jusqu'à cinq à six pouces de longueur. L'involucre tubulé , long d'un pouce et demi , à trois divisions ovales, aiguës. Le calice tubulé intérieurement, long de quatre à cinq pouces, à dix découpures verdàtres en dehors, rouges en dedans; les alternes rouges de deux côtés, ovales, oilongues , mucronées; une couronne frangée, cré- nelée, très-courte. Cette plante croit au Pérou , où elle a été découverte par M. Joseph de Jussieu. Tacsone adultérine: Tacsonia adulterina , Juss. , Zoc. cit.; Passiflora adulterina, Linn. lîls, Suppl. Cette plante a une tige cylindrique, garnie de vrilles cylindriques. Les feuilles sont ovales-oblongues, entières, à peine denticulées , glabres en dessus, cotonneuses en dessous. L'involucre est à trois folioles ovales-lancéolées, glabres, beaucoup plus courtes que le tube; le calice en entonnoir; le tube de la longueur et de la lar- geur du doigt, terminé par un limbe à dix divisions ; l'orifice du tube bordé de cils fort courts. Le fruit est une baie ovale, tachetée. Cette plante croît à la Nouvelle-Grenade. Tacsonf. tomentf.use : Tacsonia lomeniosa , Juss. , Zoc. ciï. ; Passiflora lomentosa, Lamk., Etirycl., n.° 29. Les tiges, les pétioles, le dessous des feuilles et même le dessus, dans leur jeunesse, sont couverts d'un duvet cotonneux; les tiges sont à peine anguleuses, garnies de vrilles et de stipules veloutés. Les feuilles se divisent en trois lobes ovales, aigus , dentés en scie, point réticulées en dessous; les pétioles sont garnis de glandes sessiles ; l'involucre cotonneux , d'une seule pièce, a frois divisions: le calice est glabre. Cette plante croît au Pérou. io8 TAC Tacsone a trois nervures ; Tacsoiiia trinervia , Juss. , loc. cit. , lab. 58. Celte plante a des tiges anguleuses, revêtues à leur sommet , ainsi que les rameaux , d'un duvet soyeux. Les feuilles sont ovales, longues de trois pouces, larges de deux, lisses en dessus, tomenteuses en dessous, terminées p.ir trois dents ; les deux latérales plus courtes; les pétioles dépourvus de glandes; les stipules petites et sétacées ; une longue vrille, et deux pédoncules grêles , longs de quatre ou six pouces , sortant de l'aisselle des feuilles supérieures; deux petites écailles sétacées vers le milieu du pédoncule ; point d'invo- lucre. Les fleurs sont rouges et pendantes ; le tube du calice très-étroit, long de cinq pouces; les divisions courtes, étroites, en languette. Le fruit est de la grosseur d'un petit œuf. Cette plante croît dans l'Amérique méridionale, découverte, ainsi que la suivante, par MM. de Humboldt et Bonpland. Tacsone laineuse; Tacsonia lanata, Juss., loc, cit., tab. 5c) , £^. J. Cette espèce a ses tiges, ses pétioles et le dessous des feuilles, ainsi que les involucres, couverts d'un duvet laineux, épais et comme cardé. Les feuilles sont en cœur^ alongées , aiguës, ridées et très-vertes en dessus, entières, un peu rou- lées à leurs bords; les pétioles courts; les stipules alongées , étroites, cachées dans le duvet; les vrilles courtes. Les fleurs sont solitaires, axillaires ; les pédoncules courts; les folioles de l'involucre ovales, alongées; le tube du calice est long de trois pouces, très-lisse; les cinq découpures sont aiguës. On observe un petit rebord membraneux , sans apparence de couronne. Cette plante croît dans l'Amérique méridionale. ÏACSONE A FLEURS RÉFLÉCHIES : Tucsonia re/lexijloru , Juss., loc. cit.; Passijlora rejlexijlora , Cavan. , le. rar., 5, tab. 4^5. Les tiges, dans cette espèce, sont garnies de feuilles pétiolées, alternes, presque peltées,^ trois lobes obtus, arrondis, très- enliers, pourvus de six glandes dans leurs sinuosités, et d'un pareil nombre au sommet des pétioles. Les fleurs sont axil- laires, solitaires ; l'involucre composé de trois folioles en- tières, aiguës; le tube du calice court, garni à son orifice de petits tubercules bleus , disposés sur deux rangs circu- laires; les divisions du calice réfléchies en dehors. Cette plante croît àristhme de Panama. Tacjone A 5IANCHETTF.S; Tucsonia manicata , Juss. y loc. cit., TAC »09 t. 59,£g. 2. Les tiges sont anguleuses , chargées, vers leur som- met, d'un léger duvet ; les feuilles longues de deux pouces, à trois lobes presque égaux et dentés, lisses en dessus, légèrement tomenteuses en dessous; les pétioles longs d'un demi-pouce, garnis à leur sommet de quelques glandes scssiles ; les stipules arrondies et dentelées d'un côté en crête de coq , formant autour de la tige une espèce de manchette. Les pédoncules sont solitaires, axillaires , avec une vrille plus alongée ; les trois folioles de l'involucre ovales , aiguës, un peu tomen- teuses, finement dentées ; le tube du calice long d'un pouce, renflé à sa base, à cinq découpures acuminées, de la lon- gueur du tube; un appendice membraneux, circulaire, avec deux rangs de languettes courtes ; les fruits lisses et globu- leux. Cette plante croit dans l'Amérique, aux environs de Loxa. Tacsone GLABRE; Tacsojiia glaherrima, Juss. , loc.cit. Cette espèce est très-lisse sur toutes ses parties; sa tige anguleuse; ses feuilles sont coriaces, dentées, anguleuses, longues d'un pouce et demi, à lobes ovales, lancéolés, presque égaux; les dentelures fermes, presque épineuses ; les pétioles longs d'un pouce, munis de deux glandes pédicellées; les stipules ar- rondies, dentées d'un côté en crête de coq. De l'aisselle des feuilles supérieures sort un pédoncule grêle, de la longueur du pétiole, accompagné d'une vrille beaucoup plus longue. Le tube du calice est long d'un pouce et plus, muni à sa base d'un involucre plus court de moitié; le limbe a cinq découpures terminées par une très- petite pointe. On remar- que un anneau tubercule, sans rebords membraneux et sans glandes. Cette plante croit en Amérique, dans les bois et les lieux ombragés de Loxa et de Guamani. Tacsone a trois divisions; Tacsonia tripartita , Juss., loc.cit., tab. 60. Ses tiges sont cylindriques; ses rameaux pubescens; ses feuilles lisses en dessus, un peu tomenteuses en dessous, longues de trois à quatre pouces, divisées profondément en trois lobes étroits , lancéolés, aigus, dentelés , presque égaux; les pétioles parsemés de glandes; les stipules arrondies et dentées en crête de coq, prolongées d'un côté en une lon- gue pointe étroite ; les pédoncules solitaires , uniflores, longs d'un pouce, accompagnés d'une vrille plus longue. L'invo- iio TAC lucre e^st eu forme de godet cylindrique, égal au pédoncule, le tube du calice trois fois plus long, garni de tubercules à son orifice, et d'un appendice membraneux; le limbe cou- leur de rose, à cinq divisions acuminées. Le fruit est une haiealongée, jaune, assez grande , d'une odeur agréable, bonne à manger. Cette plante croit dans l'Amérique méri- dionale. Tacsone élégante ; Tacsonia speciosa , Kunth in Humb. et Bonpl., A'oi'. gen. , 2, pag. 140. Ses tiges sont ascendantes; les rameaux glabres, cylindriques, striés; les feuilles alter- nes, pétiolées, en cœur, longues de quatre pouces, larges de sept, à trois lobes profonds, ovales, oblongs , un peu acuminés; les latéraux divergens et plus courts; les pétioles pubescens, munis de six ou huit glandes pédicellées ; les sti- pules presque orbiculaires , glabres , denticulées , à demi embrassantes. Les fleurs sont solitaires, axillaires, presque longues de cinq pouces; les pédoncules pubescens; un invo- lucre à trois découpures ovales, oblongues, tomenteuses; le calice couleur de rose , pubescent et verdàtre en dehors; le tube long de trois pouces; le limbe à dix découpures oblon- gues , obtuses; les extérieures un peu plus grandes, plus épaisses. Cette plante croit dans rAuiérique , près de Santa- Fé de Bogota. (Poir.) TACT, ou mieux, TACTION. [Phjsiol. génér.) Voyez Té- GUMENs et Système nerveux. (H. C.) TACUACUE. {Bot.) Nom mexicain, cité par Hernandez , du mechoacan, espèce de liseron. ( J. ) TACUARA. [Entom.) M. Auguste de Saint- Hilaire , dans son Voyage au Brésil, nomme hicho de lacuara un A^cr qui se trouve dans les tiges de bambous, et qui est pour les Indiens un mets délicieux. Ce tacuara jouit aussi aux yeux des co- lons brésiliens de plusieurs propriétés surnaturelles : il pa- roît être la chenille d'une espèce de cossus ou d'hépiale. (Lesson. ) TACUMAN. (Erpét.) Séba parle sous cette dénomination d'un serpent du Paraguay. ( H. C. ) TACYA - MACHO. (Bot.) Nom péruvien du molina obo- vata de la Flore du Pérou, qui doit être réuni au gemr Baccharis. (J.) TiEN ''' TADE, (Bot.) Nom japonois du pofygonum harlatum , cité par Kaempfer. (J.) TADERI. { Ornilh.) On appelle ainsi le proyer, emheriza miliaria, dans plusieurs cantons du département delà Somme. (Ch. D.) TADIN. ( Conclijl. ) Nom vulgaire , donné par Adanson (Sénégal, p. 188 , tab. i3) à une espèce de nérite , N. tessel- lata de Linn., Gmcl. ; N. icev-igafa, Brug. Voyez Nérite. (De B.) TADORNE. {Ornith.) Cette espèce de canard est Vanas tadorna, I.inn. (Ch. D. ) TADSI-BANNA. {Bot.) Nom japonois du bladhia japonica de Thunberg. (J.) T^iEHAN. ( Erpétol. ) Nom arabe du coluber guttatus de Forskal, Fauna, page viii. ( Lesson. ) TAECRFAT. (Conchjl.) Dénomination suédoise des co- quilles du genre Patelle. (Desm.) T^DA. {Bot.) Nom particulier à un pin, pinus tœda, qui est originaire de Virginie , et se distingue par les trois feuilles qu'il pousse de la même gaîne. Ce nom est aussi cité par Gérard et d'autres anciens pour un pin, dont Linnœus fait une variété du pinus sjlvestris, et C. Bauhin, qui en fait mention, indique encore, d'après Daléchamps, un teda, qui paroît être le pinus cembro. (J.) TAELPI. {Mamm.) Sonnini rapporte à la zibeline, espèce de marte, ce nom, qui, selon les récits de quelques voya- geurs, appartiendroit à un petit quadrupède carnassier des régions septentrionales de l'Asie. (Desm.) TAELTING. {Ornith.) Nom du moineau domestique, /rin- gilla domestica, Linn., en Suède. (Ch. D.) T^NIA. {Entomoz.) Voyez Ténia. (DeB.) T^NIA. {IchthjoL) Nom d'une Céi-ole et d'un Cobite. Voyez ces mots. (H. C.) T^NIANOTE, Tœnianotus. { îchlhjol.) De Lacépède a ainsi appelé un genre de poissons voisin des scorpènes, et qui rentre avec elles dans la famille des céphalotes parmi les osseux holobranches thoraciques. Les T^NiANOTEs ne diffèrent des Scorpènes que parce que leur corps est très-comprimé verticalement, et que la partie épineuse et la partie molle de leur nageoire dorsale , non. 112 TJEIS distinguées l'une tle l'autre, forment un large ruban vertical étendu tout le long du dos, commençant très -en avant et presque entre les yeux. (Voyez Céphalotes et Scorpène.) Parmi les espèces de ce genre nous signalerons : Le Tjcnianote large- raie; Tœnianotus latovittatus , Lacép. Mâchoires armées de petites dents; langue et palais lisses; écailles petites, rudes, dentelées; un aiguillon à chaque oper- cule; ventre argenté; nageoires dorsale et pectorale variées de brun et de bleu ; catopes et nageoire anale blanchâtres; dos bleu; une raie longitudinale large et noire sur chaque côté du corps et de la queue; une tache blanche et grande sur le lobe inférieur de la nageoire de celle-ci. Ce poisson, long de quinze à dix-huit pouces et d'une sa- veur peu agréable, a été observé par Commerson dans le marché de l'Isle-de-France. Le TjEnianoïe triacanthe ; Tœnianotus triacanthus , Lacép. Nageoire caudale arrondie ; trois aiguillons à la première pièce de chaque opercule; mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. Observé par de Lacépède parmi les poissons qui faisoient partie de la collection cédée à la France par la Hollande. Le Scorpœna spinosa de Gmelin , et le Blcnnius tondus de Gronow, doivent aussi être des taenianotes. (H. C.) TjENIOÏDE, Tœnioides. {Iclitliyol.) De Lacépède a donné ce nom à un genre de poissons reconnoissable à ses nageoires pectorales en forme de disque, à l'alongement de son corps et de sa queue, comprimés en forme de lame ; à la petitesse de ses écailles et de ses yeux ; à l'absence d'une nageoire caudale, et à la présence d'une nageoire anale. Ce genre ne renferme encore qu'une espèce; c'est : LeT^NioÏDE HERMANNIEN ; Tœnloides Hermannii , Lacép. Trois ou quatre barbillons auprès de l'ouverture de la bouche; des raies blanchâtres sur la tête; des points noirs sur les nageoires pectorale et anale. M. G. Cuvier a aussi donné le nom de lœnioïdes a. la pre- mière famille de ses poissons acanthoptérygiens. Cette famille se distingue par un corps extrêmement alongé et aplati; par l'étendue de sa nageoire dorsale qui règne tout le long du dos. Elle renferme les genres Ceinture, Cépole, Gymnètre, Jar- retière, LoPHOTE, Régalec , Sabre, Styléphore , Vogmare. Voyez ces mots. (H. C. ) T^NITIS. {Bot.) Genre delà famille des fougères, établi par Swartz et adopté par les botanistes. \Yilldenovv le carac- térise ainsi : Fructifications en paquets ou sores linéaires, con- tinus, quelquefois interrompus, placés en lignes longitudi- nales entre la côte de la fronde et son bord externe. Indu- sium nul. Ce genre est placé par Willdenow entre l'i/emionifis et le ceterach. Il se compose de deux espèces de fougères, que Swartz a retiré du genre Pteris, où elles ont été placées. Rob. Brown a depuis reconnu qu'une grande partie des ptéris à frondes simples devoit rentrer dans ce genre. On doit à MM. Desvaux et Kaulfussla connoissance de quelques espèces nouvelles. Ce genre comprend neuf espèces, d'après Curt Sprengel : toutes sont exotiques et propres aux Indes orien- tales et aux Antilles, et remarquables par leurs frondes sim- ples, rarement découpées et plus rarenjent ailées. L'absence d'indusium les distingue parfaitement du genre Pteris, de même que leurs sores linéaires les séparent de tons les autres genres de fougères, à fructifications hypophylles privées d'in- dusiums, et le place près du gramwitis et du nolholœna. 1. Le T^ENHis LINÉAIRE: Tœnitis linearis , Kaulf. , Spreng. ^ Syst., 4 , p. 43. Ses frondes sont linéaires, alongées, un peu obtuses, filiformes à leur base; la fructification en lignes continues à droite et à gauche de la côte. Cette espèce croit à la Guadeloupe. 2. LeT^NiTis LANCÉOLÉ : Tœu. lanceolata, R. Brown , Kaulf.; Pteris lanceolata, Linn. ,' Willd. Frondes simples , lancéolées, atténuées à la base et au sommet, presque entières, fructi- fères à leur extrémité supérieure, ponctuées en dessous; sores presque marginaux. Cette fougère croît à la Jamaïque , à Saint-Domingue. Elle est figurée dans Plumier, Amer., 28, pi. 40, et F«7,,pl. i32; dans Petiver, Fil., pi. 6, fig. 5. 3. Le T.ENiTis FOURCHU : Tœn.furcata, Willd.; Plum.,Fj7., 122, pi. 141 ; Petiv. , Fil., pi. 6 , fig. 6; Pteris furcata , Swartz. Frondes sessiles, linéaires -lancéolées, sinueuses, découpées, à découpures dichotomes. Ces frondes, quoique découpées, sont simples; elles ont leur surface inférieure garnie d'écaillés. 52. 8 114 T^N La fructification est à l'extrémité des frondes en sores pres- que marginaux. Cette fougère se trouve à Saint-Domingue. 4. Le T^NiTis BLECHNOJDE : Tœn. blechnoides , i>w. ; Schk., Crypt., pL 6; Spreng. , Anleit., 3, p. 674 , pi. jo, fig. 106; Pteris blechnoides, Willd. , Phjt., i3, pL 9, fig. 3. Frondes ailées, à frondules linéaires , lancéolées, atténuées, entières, pointues, glabres, la terminale sessile ; sores en ligne, pla- cées près la côte et assez loin du bord de la fronde. Cette fougère est propre aux Indes orientiiles. 5. Le T.fLNiTis DE Chine; Tœn. cliimnsis , Desv., Spreng. Fronde ailée , et les frondules ovales, lancéolées, pointues, entières, glabres; la froudule terminale est pétiolée. On trouve cette plante en Chine et à Manille. (Lem.) TiENNAlM. {Bof.) Forskal cite ce nom arabe de son ca- daha glandutosa , auquel on a substitué sans besoin celui de stromia glandulosa. (J.) TAER A. ( Ornith. ) Les Ismaélites appeloient ainsi le pigeon domestique , columba domeslica, hïnn. (Ch. D.) TAERN. [Ornith.) Les hirondelles de mer ou sternes por- tent en général ce nom, qui s'écrit aussi terns, dans les langues du INord. (Ch. D.) TAEKNA. (Ornith.) Nom suédois de la grande hirondelle de mer, sterna hirundo, Linn. (Cii. D.) TAESCHEMMEL. [Ornith.) Un des noms allemands du ca- nard souchet . anus clypeafa , Linn. (Ch. D. ) T^VAN.(6of.) Nom donné dans l'ile de Leycimor, suivant Rumph , à un arbre qui est pour lui un metrosideros spuria; mais qui, d'après son fruit figuré, appartient k un ochna ou à un gomphia, dans la famille des ochnacées. (J.) TAFALLA. [Bot.) Prodr. FL Per. , tab. 29. Genre de plantes dicotylédones, à fleurs dioiques, qui comprend quelques ar- bres et arbrisseaux du Pérou jusqu'alors très-peu connus , dont le caractère consiste dans des fleurs dioïques; les mâles dis- posées en un rhaton alongé, presque cylindrique, chargé d'anthères sessiles , tétragones, sans calice, ni corolle. Les fleurs femelles forment un chaton ovale, charnu, à quatre ou cinq divisions presque imbriquées, muni de deux à quatre fleurs. Le calice est fort petit, tridenté , supérieur, persis- tant; point de corolle; un ovaire trigone enfoncé dans lécha- TAF uô ton; point de style; un stigmate trigone , alongé. Le friiit est un cône ovale, charnu, succulent, à quatre ou cinq divi- sions, renfermant deux ou quatre semences trigones. (Poir.) TAFELSPATH. {Min.) L'espèce que les minéralogistes de l'école de Freiberg ont nommée ainsi, a été désignée pen- dant long-temps par ce nom allemand, ces minéralogistes étant les seuls qui, d'après ses caractères extérieurs, aient osé l'ériger en espèce. Haiiy, n'ayant pas pu l'étudier avant la seconde édition de sa Minéralogie d'une manière assez com- plète pour s'assurer que le tafelspalh des Allemands étoifc réellement une espèce, n'a pas cru devoir le placer dans la méthode, ni lui donner un autre nom que le nom allemand, traduit en François par celui de spath-en-tables. Enfin , ce minéral, ayant été reconnu pour un silicate de chaux et ca- ractérisé comme espèce d'une manière complète par sa forme et par sa composition, M. Léman a proposé de le désigner par le nom de WoUastonite , nom qui a été généralement adopté. Voyez Wollastonite. (B.) TAFEL-VISCH. (IchthjoL) Nom hollandois de Vhéniochus grande -écaille. Voyez Héniochus. (H. C.) TAFFALA. (Bot.) Ce genre, de la Flore du Pérou, est rapporté par M. Kunth à ÏHedyosmum de Swartz. (J.) TAFFETAS. (ConclyL) Nom marchand, encore quelquefois employé pour désigner le cône géographe , C. geographus. Voyez CÔNE. (De B. ) TAFFU. (Mamm.) Ce nom désigne une des espèces de ta- tous, selon Duret, dans son Voyage aux Indes occidentales. ( Desm.) TAFGA. (Bot.) Tilly, dans son Hort. Pisan. , cite ce nom de pays du cinara acaulis. (J.) TAFI, TMFL [Bot.) Noms arabes du borassus Jlahellifcr, genre de Palmier, cité par Forskal. 11 indique le même pour le corjpha umbraculifera , autre palmier. (J.) TAFIFI - HIEIE. ( Bot. ) Les habitans d'Otaïti donnent ce nom à une espèce de fougère [Ijgodium semi-bipinnatum) , dont ils aiment à se couronner la tête. Cette fougère a des tiges sarmenteuses , garnies de frondes très-élégantes. (Lem. ) TAFON. {Conchyl.) Nom vulgaire, donné par Adanson, Sénég. , page i33 , pi. 9, fig. 26 , à une espèce de pourpre, ii6 TAF qui me paroît bien voisine de notre P. des teinturiers, dont Gmelin fait son murex sulcatus. (De B. ) TAFOUMOUNA. (Bot.) L'arbre de Madagascar, cité sous ce nom par Rochon , est un laurier de la section de ceux dont le calice a la forme d'une cupule de gland. L'amande de son fruit est aromatique et a un peu l'odeur de térében- thine. (J.) TAFTAF. (Bot.) Nom arabe, suivant Lippi et M. Caillaud, de la corinde 5 cordiospermum , plante rampante ou grim- pante , qui croît à Dongolah , sur les bords du Nil et que les chameaux mangent. On la cultive dans les jardins du Caire pour en former des guirlandes. Sa graine noire est remar- quable par une tache blanche et représentant un cœur, d'où lui vient son nom latin. (J.) TAGAC. {Ornith.) Nom sous lequel le cygne, anas crgnus , Linn. , est connu aux îles Philippines, et spécialement à l'île Luçon. (Ch. D.) TAGADL (Bot.) Nom malabare, cité par Rhéede, de Visclicemum mulicum, plante graminée. (J. ) TAGAH. (Mamm.) Voyez Tackah. (Desm.) TAGAL. {Concliyl.) Adanson (Sénég. , tom. i, pi. 19, fig. 1) décrit sous ce nom une espèce de solen , dont Gmelin fait une variété du S. strigillatus , et que Bruguière lui rapporte directement tout -à -fait à tort. M. de Lamarck en fait avec plus de raison une espèce voisine de son S. caribœus ; peut- être même n'en diffère -t- elle pas du tout. Voyez SoleiN. (De B.) TAGARAS. {Bot.) Voyez Dobusesi. (J.) TAGAROT. {Ornith.) Nom catalan du hobereau, falco suh- luteo , Linn. (Ch. D.) TAGÉNIE, Tagenia. {Enlom.) M. Latreille a désigné sous ce nom, dont l'étymologie ne nous est pas connue, un genre d'insectes coléoptères hétéromérés, voisin des pimélies, que M. Herbst avoit nommé Stenosis. Ce genre appartient à la fa mille des lucifuges ou photophyges. Il est caractérisé par la forme alongée de son corps, qui est lisse, et dont la tête et le corselet sont plus étroits que les élytres. Nous l'avons fait figurer dans l'atlas de ce Dictionnaire, pi. 14, fig. 9. C'est TAG 1^7 La Tagénie filiforme : Tagenia filiformis ; Alcis, Fabricius ; le Rhinomacer brentoides de Rossi, dans sa Faune d'Étrurie ; la Stenosis angustata, figurée parHerbst, Coléopt. , pi. 127. Car. Noire , alongée ; élytres à lignes ponctuées. On ne connoit pas les mœurs cje cet insecte , qui se trouve dans le. midi de la France , en Italie et en Barbarie. (CD.) TAGERA. {Bot.) Nom malabare d'une casse, que Linnaeus a nommé cassia tagera. Son cassia tora est le laggarei de l'Inde. (J.) TAGE-SCHLyEFER. ( Omith. ) C'est , en allemand, Fen- goulevent d'Europe, caprimulgus europceus , Linn. (Ch. D.) TAGÈTE, Tageies. (Bot.) Genre de plantes dycotylédones, à fleurs composées, de l'ordre des radiées, de la syngénésie polygamie superflue de Linné , offrant pour caractère essen- tiel : Un calice tubulé , d'une seule pièce, anguleux, denté au saramet; des fleurs radiées i les fleurons hermaphrodites ; les demi -fleurons femelles, peu nombreux; cinq étamines syngénèses; les ovaires oblongs; les semences oblongues, sur- montées de filets droits, roides , inégaux, subulés; le récep-- tacle plan ou un peu convexe , glabre, ponctué. Tagète DROITE: Tageles erccfa , Linn., Matth., Comin., 469, iîg. 1 ; Lob., le, 714, fîg. 1 ; Lamk., III. gen., tab. 684. Cette plante est une acquisition que Ton doit au Mexique; on la cultive depuis long -temps dans les jardins, sous le nom d\eillets d'Inde. Ses tiges sont presque simples ou à peine ra- meuses, glabres, striées, fistuleuses, garnies de feuilles al- ternes, pétiolées, ailées; les folioles nombreuses, la plupart alternes, très-étroites, linéaires-lancéolées, sessiles, glabres, un peu épaisses , dentées en scie et un peu ciliées à leurs bords. Les fleurs sont solitaires, terminales; les pédoncules droits, fistuleux, renflés et ventrus vers leur sommet. Les calices sont glabres, très-simples, à plusieurs côtes anguleu- ses, terminées par autant de dents aiguës. La corolle est d'un jaune plus ou moins foncé, selon les variétés, à demi -fleu- rons très-larges, un peu recourbés , légèrement sinués au som- met; les semences sont linéaires, oblongues, glabres, un peu comprimées, noirâtres, anguleuses, marquées d'une pointe blanchâtre à leur base , surmontées de trois filets roides , subulés, inégaux; le réceptacle est un peu convexe. ii8 TAG 11 y a long-temps que cette plante et la suivante font l'or- Tiement de nos parterres, où elles produisent des variétés à Jleurs doubles, kjleurs orangées , rayées de jaune , a Jleurs jaunes , à Jleursjïstuleuses, etc. La même culture leur convient. Pour en obtenir de beaux individus, il leur faut une exposition chaude, des arrosemens fréquens. On sème leurs graines en Avril , sur une couche nue; et lorsque le plant est parvenu à six pouces de hauteur , on les repique en place avec la motte , en entourant leurs racines de terreau. Leurs fleurs , d'un grand éclat, surtout lorsque le soleil brille, se succèdent pendant tout l'été et l'automne : il s'exhale de toutes leurs parties , surtout lorsqu'on les frotte , une odeur forte assez désagréable. Tagète touffue: Tagetes patala,LinT\.; Fuchs , Hist., p. 47; Moris., §. 6, tab. 5 , fig. 12 ; Lob., Icon., jiù, fig. j. Cette espèce , très-rapprochée de la précédente , s'en distingue par ses calices à côtes renflées et non anguleuses, par ses tiges di- visées en rameaux nombreux, touff'us, étalés, garnis defeuilles alternes, pétiolées, ailées, assez nombreuses; les folioles dis- tantes, alternes, glabres à leurs deux faces, étroites, linéaires- lancéolées , denticulées ; les dentelures distantes , très-courtes. Les fleurs sont terminales, solitaires, portées sur un pédon- cule droit , fistuleux un peu renflé vers son sommet. Leur calice est ample, très-glabre, d'un vert jaunâtre, à grosses côtes arrondies, terminées chacune par u«e dent courte, large , aiguë'. Cette plante croît au Mexique. Tagrte a fleurs menues: Tagetes minuta, Willd., Spec. ^ Dill. , Hort. Eltham. , pag. 374, tab. 280, fig. 362. Cette es- pèce a des tiges très- droites , simples, glabres, striées, cylindriques, fort hautes, un peu rameuses vers leur som- met ; les feuilles alternes , ailées , composées de folioles lancéolées, très-étroites, glabres à leurs deux faces, dentées en scie; la foliole terminale un peu courante sur le pétiole, toutes perforées par des points transparens. Les fleurs sont blanchâtres, petites, nombreuses, réunies par paquets très- serrés à l'extrémité des petits rameaux et des tiges, soutenues par des pédoncules courts, inégaux, ramifiés, chargés de petites bractées en forme d'écaillés. Le calice est tubulé, d'une seule pièce , denté au sommet. La corolle n'a qu'un très- TAG 1^9 petit nombre de demi-fleurons. Cette plante croit au Chili « on la cultive au Jardin du Roi. Tagète alongée; Tagetes elongata, Willd., Spec. , vol. 3 , pag. 2127. Cette plante a des tiges hautes de six ou huit pou- ces, droites, glabres, simples ou munies à leur partie infé- rieure d'un ou de deux rameaux au plus; les feuilles ailées; les supérieures composées de folioles linéaires , légèrement dentées vers le sommet; les folioles des feuilles inférieures ovales, lancéolées, rétrécics en coin à leur base, glabres, dentées en scie à leur partie supérieure; les dentelures ter- minées par une petite pointe un peu roide. Les fleurs sont solitaires, terminales; les pédoncules simples, presque de la longueur des tiges, glabres, striés, un peu renflés vers le sommet; le calice est d'une seule pièce, denté à ses bords; la corolle radiée, d'un jaune foncé, semblable à celle du tagetes patula. Cette plante croît dans les contrées méridionales de l'Amérique. Tagète de Zvpaquira ; Tagetes zjpaquirensis , Humb. et Bonpl., PL œquin., 2, pag. 18 , tab. yS. Plante fort élégante, dont les tiges sont hautes d'un ou trois pieds, très-rameuses ; les rameaux opposés, quelquefois alternes, cylindriques, parsemés de petits poils blancs. Les feuilles sont opposées, longues de deux pouces et plus, ciliées avec une impaire, composées de neuf à treize folioles oblongues, cunéiformes, glabres , finement dentées en scie, d'un beau vert en dessus, pubescentes en dessous, glanduleuses, marquées de nervures transversales et parallèles ; les pétioles munis de petites dents filiformes. Les fleurs sont radiées , terminales , d'un beau jaune; les pédoncules uniflores, garnis d'une ou de plusieurs bractées linéaires , pinnatifides. Le calice est ovale , campa- nule, de couleur glauque, parsemé de points glanduleux , di- visé à son limbe en plusieurs dents égales; les fleurons du cen- tre sont hermaphrodites, ciliés à leurs bords; les six ou neuf demi-fleurons femelles à la circonférence, plus longs que le calice, à trois dents obtuses; les semences noires, linéaires, à quatre ou cinq angles, couronnées par des paillettes mem- braneuses, d'inégale longueur. Cette plante croît dans la Fouvelle-Grenade, aux environs de Zypaquira. Tagète A fetites feuilles ; Tagetes lemiifolia , Cavan. , Je. rar., 120 ' TAG 2 , tab. 169. Cette plante répand une odeur fétide. Ses tiges sont dures, hautes d'un ou deux pieds, presque dichotomes; les rameaux glabres , presque fastigiés , cannelés , angu- leux; les feuilles caulinaires opposées, ailées; celles des ra- meaux alternes, presque sessiles , glabres, longues de trois pouces; les folioles à plusieurs découpures, alternes, étroites, lancéolées, dentées en scie. Les fleurs sont solitaires à l'ex- trémité des rameaux, rapprochées presque en corymbe, assez nombreuses; les pédoncules alongés, munis de folioles ou de bractées sétacées. Le calice est simple, oblong, tubulé, à cinq faces, à cinq dents; la corolle d'un jaune foncé; les fleurons ont cinq découpures aiguës, réfléchies, velues; les cinq demi- fleurons de la circonférence sont échancrés au sommet ; les semences linéaires, comprimées, un peu plus courtes que le calice, surmontées de cinq filets roides, jaunâtres, aigus, quelquefois connivens. Cette plante croît au Pérou. Tagète multiflore; Tagetes muUiflora, Kunth, m Humb. et Bonpl., Noi'. gen. , 4, pag. 197. Sa tige est droite, rameuse , cylindrique, très-glabre, à rameaux alternes; les feuilles sont glabres, alternes, ailées avec une impaire, longues de deux pouces et demi; les folioles, au nombre d'environ quatre paires, alternes ou opposées, presque sessiles , lancéolées , aiguës , dentées en scie , couvertes de points glanduleux , lon- gues de sept à huit lignes. Les fleurs sont réunies en fasci- cules, en forme de corymbe, portées par de longs pédoncules. Le calice est tubuleux , ventru à sa base , glabre , à cinq dents , de couleur purpurine, chargé de glandes linéaires , oblon- gues, transparentes; ses dents sont courtes, droites, ovales, ai- guës; le réceptacle est nu ; le tube des fleurs filiforme, pileux; les semences sont planes, un peu scabres, d'un brun noir, cou- ronnées d'une double aigrette; l'extérieure composée de cinq écailles blanchâtres, linéaires, acuminées, presque égales, frangées, comme dentées, de la longueur du tube de la co- rclle; l'aigrette intérieure est composée de cinq écailles fort petites, linéaires, un peu obtuses. Cette plante croît dans les environs de Quito, au pied du mont Pichincha. Tagète a petites fleurs: Tagetes micrantha, Willd., Spec; Cavan., Je. rar., 4, tab. 352. Jolie petite espèce, qui a Je port d'un pectis. Ses tiges sont dures, cylindriques, hautes TAG '^ï ^'environ un pied, trés-rameuses. Les rameaux glabres, op- posés, très -étalés; les feuilles ont une odeur d'anis ; elles sont opposées, ailées; les folioles longues, entières, très- étroites, glabres à leurs deux faces, presque filiformes, subulées, aiguës au sommet. T-es lleurs sont solitaires, fort petites, situées à l'extrémité des rameaux, dans leur bifur- cation, dans l'aisselle des feuilles supérieures; les pédoncules grêles, simples, alongés, uniflores, un peu renflés vers leur sommet. Le calice est glabre, étroit, tubuleux, cylindrique, terminé par cinq petites dents aiguës; la corolle composée ordinairement de cinq fleurons dans le centre; leur limbe à quatre divisions aiguës; un ou deux demi- fleurons sont à la circonférence, petits, un peu ovales, échancrés au sommet; les semences grêles, striées , surmontées de deux filets roides, subulés. Cette plante croît au Mexique. ( Poir. ) TAGGAREI. (Bot.) Voyez Tagera. (J.) TAGINARI. ( Ornith. ) Suivant Gesner, ce terme et celui de fagenarios, sont des noms corrompus d'attagen , attagas , (pterocles^ Temm.) (Ch. D.) TAGNICATI. {Mamm.) Nom du pécari au Paraguay, selon d'Azara. (Desm.) TAGOLINA. (Bot.) Ce nom est cité par Pétiver pour une plante composée de Manille, qui est le cacalia sonchifolia de Linnœus, selon Burmann. (J.) TAGOMAN. {Bot.) Canelli a figuré sous ce nom un indigo ou un galega des Philippines à feuilles quadrijuguérs. (J.) TAGSCHL^GER. {Ornith.) Nom allemand du rossignol, motacilla luscinia. ( Ch. D.) TAGUA O CABEZA DE NEGRO. {Bot.) Sur les rives de la Magdeleine et dans le royaume de la Nouvelle-Grenade en Amérique , on nomme ainsi l'elepliantusia macrocarpa de M. Persoon. Le nom tagua est encore donné dans les environs de Bogota au loranthus tagua de M. Kunth. (J.) TAGUAN. {Mamm.) Nom spécifique d'un écureuil volant ou PoTALoucHE. Voycz cc dernier mot. (Desm.) TAGUATO. {Ornith.) Les habitans du Paraguay compren- nent sous cette dénomination générale tous ïes oiseaux de proie diurnes , et le mot taguatoj paroît être réservé aux plus petites espèces. Chez eux le mot taguato-hohi daigne. ï2= TAG suivant Sonnîni, l'aigle couronné, et celui de taguatopara, la buse mixte à longues taches. (Ch. D.) TAGUC. {Bol.) Voyez Camandag. (J.) TAGYARIOS. (Ornith.) L'attagas est désigné par ce terme dans Suidas. (Ch. D.) TAHA. (Ornith.) Ce nom allemand du coracias ou rollier commun, coracias garrula, Linn. , désigne le choncas, corvus rnonedula, Linn., lorsqu'il est écrit tahé ou talhé. (Ch. D.) TAHALEB, THALEB. {Bot.) JNoms arabes de la lentille d'eau , cités par Daléchamps. ( J. ) TAHEN. (Ornith.) Nom du choquard, corvus pjrrlwcorax, Linn., chez les Grisons. (Ch, D.) TAHL4. {Ornith.) Flaccourt, page i65 de son Histoire de Madagascar, indique cet oiseau comme une espèce de sirire, c'est-à-dire une sarcelle, dont le bec , les pieds et les ailes, sont noirs, et dont le nom est tiré de son cri. Buffon et d'autres naturalistes écrivent par erreur tahie. ( Ch. D.) TAHISCH et aussi NEBASCH {Mamm.), sont les noms arabes, d'après Forskal, d'un animal fabuleux, que les Orien- taux décrivent ainsi : 11 a la taille de l'homme et son corps est revêtu de poils blancs très-mous; il pousse pendant la nuit des sons bruyans , imitant le rire; son souffle peut au loin tuer les êtres vivans et retirer les cadavres du cercueil ; il a quatre natures, qui tiennent du diable, des vents, etc. ( Lesson. ) TAHMEL. (Ichtliyol.) Nom arabe du labre grisâtre. Voyez Labre. (H. C.) TAHON. (Entom.) Voyez Taon. (Desm.) TAHUA. {Ornith.) D'après le Nouveau Dictionnaire d'his- toire naturelle, ce mot paroît être synonyme de tavoua, es- pèce de papegay, psittacusfestivus, Lalh. (Ch. D.) TAHUE TAHUE. {Bot.) Dans le Pérou on nomme ainsi le Sohralia, genre d'Orchidée, cité dans la Flore de ce pays. (J.) TAI. {Mamm.) Nom tartare des poulains. Ce nom est aussi donné au blaireau en Languedoc ; il n'est qu'un diminutif du vieux mot françois taisson. On em- ploie aussi le nom de râlas, pour désigner le même animal, (Desm.) TAI ^23 TAIAÇU. (Mamm.) Pison écrit ainsi le nom brésilien dont nous avons fait tajassu , et qui appartient aux pécaris , dico- tjles. (Lesson.) TAIBASCHTA. {Mamm.) Les Samoièdes des monts Saja- niens appellent ainsi le lagomys pika, au rapport de Pallas. (Desm.) TAÏBO. (Mamm.) Nom de l'akouchi à la Guiane. Voyez l'article Chloromys. (Desm.) TAIBOA. (JcJi^/t/o/.) Nom spécifique d'un Gobiomore. Voyez ce mot. (H. C.) TAIE. {Ichthjol.) Voyez Épinéphèle. (H. C.) TAIHOANG, TAI-HOAM, TAY-HUAM. (Bot.) Noms chinois de la rhubarbe , cités par Boyra, jésuite-missionnaire, et par Mentzel. ( J. ) TAIIBI. ( Mamm, ) Ce nom est rapporté par Marcgrave , comme désignant au Brésil une grande espèce de sarigue, que BnfFon croit être son sarigue à longs poils ; mais qui nous paroît plutôt appartenir à l'espèce nouvellement dis- tinguée par M. Temminck, et décrite par ce naturaliste sous le nom de quica. D'Azara écrit ce nom tiaibi, et il signifie, selon lui, pisser comme s'il pleuvait. (Desm.) TAU -JE. {Iclithjol.) Nom chinois du goUe pectinirostre de feu de Lacépède. Voyez Gobie. (H. C.) TAILLE-MER. [Ornitli.) Ce nom et celui de taille -vent sont donnés parles marins, selon Fleurieu , au goëland brun, larusfuscus , Linn. (Ch. D.) TAILLE- PIE. (Entom.) Nom vulgaire de la courtillière ou taupe -grillon. (Desm.) TAILLEUR ou TAILLEUSE - COUTURIÈRE. ( Entom. ) Goëdart dit que les enfans nomment ainsi la tipule, dont il a présenté Phistoire et la figure dans sa quatrième expé- rience. C'est la tipiila oleracea, insecte diptère de la famille des hy- dromyes. ( C. D. ) TAILLEUR. {Ornith.) Ce nom est employé parle traduc- teur du Manuel d'histoire naturelle de Blumcnbach, pour désigner en françois deux oiseaux bien différens ; savoir: i.* le motacilla sutoria , en anglois tajlor-bird; 2.° la frégate, pelecanus aquilus. ( Ch. D. ) Î24 TAI TAÏMEN , TAÏMINI. (Ichthjol.) Noms livon?ens de la traite saumonée. Voyez Truite. (H. C.) TAIOIA. (Bot.) Marcgrave figure sous ce nom un échan- tillon sans fleur et sans fruit, d'une herbe du Brésil, â tige grimpante ou rampante, à feuilles alternes, trilobées, mu- nies d'une vrille axillaire, qui est une cucurbitacée ou une passiflorée. (J. ) TAIOS. (Bot.) Nom donné dans le Chili , suivant Feuillée , à une amaranthe, dont les fleurs, à cinq étamines, sont dis- posées en un épi terminal paniculé. (J. ) TAIPOA. [Ichthjol.) Les naturels de Taïti donnent ce nom au gohiomore taihoa. Voyez Gobiomore. (H. C. ) TAÏRA ou TAYRA. [Mamm.) Espèce de mammifère amé- ricain du genre Glouton. Voyez ce mot. (Desm.) TAIRI. (Ornith.) Ce nom est donné, dans l'île de Cayenne, à un pe(it fourmilier. (Ch. D.) TAISSON. (Mamm.) Ancien nom françois qui désigne le blaireau. Dans les provinces du Midi, on l'écrit et on le pro- nonce taisoun. La demeure ou tanière de cet animal y est nommée taissonière ou taisouneiro. (Desji.) TAÏT. (Entom.) L'un des noms vulgairement employés pour désigner la courtillière ou taupe- grillon. (Desm.) ÏAIT-SOU. (Ornith.) Cette espèce de coucou est le cou- licou tait-sou de M. Vieillot, coccizus cœruleus. (Ch. D.) TAJAÇU. (Mamm.) C'est le nom du pécari à la Guiane. (Desm.) TAJASSOU ou TAJOUSSOU. (Mamm.) Autres dénomina- tion du pécari. (Desm.) TAJEHAN. (Icluhjol.) Nom arabe de l'anguille du Nil. (H. C.) TAJERA. (Ichthyol.) Les Arabes nomment ainsi une espèce de raie. (H. C.) TAJOBA. (Bot.) Nom brésilien , cité par Pison , de quel- ques espèces de gouet, arum, dont la racine tubéreuse est employée comme nourriture, à l'exception de celle du tajo- haraon ou tajoba sauvage , qui est très-caustique et employée comme telle à l'extérieur. Marcgrave mentionne les mêmes plantes sous le nom de tajaoha, et leur racine sous celui de taja. ( J. ) TAL 125 TAJOVA. {Mamm.) Nom javan du pangolin à grosse queue, (Desm.) TAKA. {Bot.) On donne ce nom dans l'ile d'Oualan à la racine de l'arum esculentum. Uarum macrorhizon est nommé monaka. ( Lesson. ) TAKx\-NA. {Bot.) Nom japonois, suivant Thunberg, de son sinapis cernua, espèce de moutarde. (J.) ÏAKA-TADE. {Bot.) Voyez Kara-tade. (J.) TAKAH. {Mamm.) C'est l'un des noms tartares du mou- ton. (Desm. ) TAKARANGAI. {Conchyl.) La porcelaine Cauris est ainsi nommée au Japon. (Desm.) TAKASI-VALLT. {Bot.) Nom brame du hallel du Malabar, ipomœa aquatica de M. de Lamarck. (J. ) TAKAYE. {Erpét.) Un des noms de pays du gecho glandu- leux. "Voyez Gecko. (H. C.) TAKE , TSIKU. {Bot.) Noms japonois du bambou , cités par Kaempfer et Thunberg. (J. ) TAKERGOAGLE. {Bot.) Dans l'herbier de Surian on trouve sous ce nom une plante des Antilles qui a l'aspect d'une fou- gère sans fructification , et qui est plutôt un Marcgravia très- jeune. ( J. ) ÏAKI, Tx\N. {Bot.) Noms japonois, donnés , suivant Kaempfer, aux champignons en général et particulièrement au cham- pignon comestible, qui estporté dans tpusles marchés. Kasmpfer en a cité diverses espèces ou variétés, nommées sitaki , sot- taki, mustaki, Icurayi et kistahi. (J.) TAKJA. {Mamm.) Nom d'un ruminant qu'on a rapporté à l'espèce du bouquetin chez les Tartares Mongoux. (Desm.) TAKO. {Actinoz.) Les étoiles de mer sont ainsi nommées au Japon. (Desm.) TAKYDROME. {Erpétol.) Voyez Tachydrome. (H. C.) TALA. {Bot.) G. Bauhin cite, d'après Turner , ce nom donné par quelques anciens an figuier d'Inde, cactus : k Ceilan , suivant Hermann , le même nom est donné au cassia tora. (J. ) TALAB. {Bot.) Voyez Chada. (J.) TALABONG. (Ornith,.) Selon François Camel, les habitans des Philippines nomment ainsi une espèce de héron. (Çh. D.) ia6 TAL TALABRENO. (Erpétol.) Un des noms languedociens de la. salamandre terrestre. Voyez Salamandre. (H. C. ) TALAGHAS , TALLIPOT. {Bot.) A Java, suivant Hermann , on nomme ainsi le Corjpha , genre de Palmier. Il est aussi nommé à Ceilan Talagas et Talagajia suivant Rhéede Talghala, suivant Hermann. (J. ) TALAH. (Ornith.) Le grand oiseau auquel, suivant Chardin, on donne ce nom en Perse, paroît être un tantale, tantalus ibis, Linn, (Ch. D.) TALAK. {Bot.) Nom arabe, cité par Forskal, de son ficus •vasta, qui est, selon Vahl , le même que le ficus benghalensis. Forskal dit avoir trouvé dans son fruit, qui est deux fois plus gros qu'une aveline, des cynips dépourvus d'ailes, diffé- rens de ceux qui attaquent le fruit du figuier sycomore. (J.) TALANA. {Bot.) Nom brame de Panavinga du Malabar, anavingaovatadeM.de Lamarck ; casearia ovata de Willdenow. (J.) TALA-NELI. {Bot.) Nom malabare d'un liseron, convol- vulus médium , cité par Burmann et par Linnaeus. M. de La- marck croit que c'est plutôt son convolvulus hastatus. ( J.) TALAO. {Ornith.) Cet oiseau, que Séba dit avoir un plu- mage mélangé de noir, de vert, de jaune et de blanc, et que plusieurs naturalistes ont rapporté au seplicolor^ n'ap- partient pas, suivant BuETon , à cette espèce, et il s'agit plutôt ici d'un calao. (Ch.D.) TALAPIOT. ( Ornith. ) Voyez Picocule pour cet oiseau , qui est Voriolus picus de Gmelin et de Latham, et le gracula pi- coides de Shaw, pi. enl., 606. ( Ch. D. ) TALAPOIN. {Mamm.) Espèce de singe de l'Inde et du genre des Guenons. Voyez ce mot. (Desm.) TALARIDE. {Ornith.) L'oiseau qu'on nomme ainsi à Malte, est Pœdicnème ordinaire, charadrius œdicnemus, Linn. (Ch.D.) TALASSA. {Bot.) Dans le grand Recueil des voyages d'Orient par Théodore de Bry, on cite à Java sous ce nom une plante que C. Bauhin regarde comme étant le colocasia de Gesner et autres anciens, arum colocasia de Linnaeus. (J.) TALASSI. {Bot.) Nom bramé du Naiai-tirtava du Malabar. Voyç^ ce mot. (J.) TAL la? TALATAMADO. {Bot.) Nom brame du Borassusjlahelliformis de Linnœus, genre de Palmier. (J. ) TALAUMA. [Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, polypétalées, régulières, de la famille des magno- liacées ,(\e la polyandrie polysynie de Linnaeus, dont le caractère essentiel consiste dans un calice à trois folioles en forme de pétales; une corolle composée de neuf ou douze pétales; ua très -grand nombre d'étamines insérées sur un réceptacle épais, en massue, couvert de beaucoup d'ovaires, d'autant de styles, et de stigmates pubescens dans leur longueur. Le fruit est ovale ou arrondi, en forme de cône, composé à l'ex- térieur d'écaillés épaisses , granulées , subéreuses , persis- tantes; l'intérieur d'une substance dure, ligneuse, percée dans son contour de plusieurs cavités en forme de loges, dans chacune desquelles se trouve une semence. Taz-auma de Plumier: Talauma Plumieri ^ Decand., Syst. vég. , 1 , pag. 460 ; Plum. , Amer. , mss. , vol. C , tab. 90 ; Ma- gnolia Plumieri, Swartz , F/or. Ind. occid., 2, 997; Anoha dode- capetala, Lamk. , Dict., 2, p. 127. Grand arbre, qui s'élève à la hauteur de soixante ou de quatre-vingts pieds, dont les rameaux et les pédoncules sont chargés de cicatrices circu- laires, provenant des restes des feuilles et des bractées après leur chute. Les feuilles sont amples, coriaces, alternes, pé- tiolées, persistantes, ovales, un peu arrondies, veinées, ré- ticulées, rétrécies en coin à leur base, beaucoup plus lon- gues que les pétioles, glabres à leurs deux faces. Les pédon- cules sont courts, solitaires , placés à l'extrémité des rameaux; les fleurs blanches, très-grandes, exhalant une odeur suave. Le calice est composé de trois folioles, en forme de pétales, ovales, concaves, coriaces, caduques; les pétales nombreux, souvent de neuf à douze, épais, oblongs, obtus; les élamines en très -grand nombre, placées sur un réceptacle épais, ob- long, en massue; les filamens très -courts; plusieurs ovaires supérieurs, soudés entre eux; les stigmates pubescens. Le fruit est bleuâtre, composé d'un grand nombre de capsules for- mant un seul corps ovale ou arrondi, semblable à une pomme de pin, offrant à l'extérieur des écailles épaisses, rhomboï- dales , ligneuses, striées à leur base, s'ouvrant à leur matu- rité en quatre ou six parties ou valves irrégulières, entourant 128 TAL un corps percé de cavités, renfermant chacune une ou deux semences attachées à l'angle supérieur, lisses, luisantes, d'un rouge foncé; l'une des deux avorte bien souvent. Cette plante croît à la Guadeloupe, à la Martinique, à l'ile de Sainte- Lucie, sur le bord des torrens. (Poir.) TALBIN. (Ornith.) Nom suédois du gros-bec commun, loxia coccothraustes , Linn. (Ch. D.) TALC. (Min.) Le mot de talc, comme celui de spath, s'em- ployoit dans l'ancienne minéralogie pour désigner une certaine structure commune à des substances d'une nature différente. On appeloit de ce nom tous les minéraux qui se divisent avec facilité en lames minces et brillantes. C'est dans ce sens qu'on disoit talc de Moscovie, pour dénommer cette variété de mica en grandes lames transparentes, que l'on trouve en Si- bérie, et que les Russes font servir à quelques usages; talc de Kenise, pour distinguer une autre substance laminaire, d'un blanc verdâtre et Irès-douce au toucher, que l'on transporte dans cette ville de plusieurs points du Tyrol. Depuis que les minéralogistes considèrent la composition chimique comme la base fondamentale de leurs classifications, le mot de talc ert devenu spécifique, suivant les uns, et générique, selon d'au- tres: il ne sert plus qu'à désigner un certain groupe de subs- tances tellement rapprochées par leur composition et par leurs caractères extérieurs, qu'on les confond presque tou- jours entre elles. Les différences qu'elles présentent sont en effet si peu tranchées, que l'on conçoit sans peine que les minéralogistes aient été long-temps partagés sur la question de savoir si on doit les considérer comme les variétés d'une seule espèce, ou bien comme autant d'espèces distinctes, mais très-voisines les unes des autres. Les substances dont nous parlons ici sont ces pierres magnésiennes, très-onctueuses au toucher, que l'on distingue communément par les noms de talc proprement dit , de cklorite, de sléatite et de serpentine. Les résultats des analyses modernes tendent à faire croire qu'il existe entre elles des différences essentielles de compo- sition , et qu'ainsi l'on doit leur conserver ces dénominations spécifiques. Toutefois, comme il est assez difficile de séparer leur histoire, et qu'il y a beaucoup d'avantage à les étudier comparativement , nous continuerons à les réunir ici sous TAL "9 leur ancien nom de Talc , et nous traiterons successivement de chacune des substances désignées , en exceptant seule- ment la Chlorite, qui a eu son article à part dans ce Dic- tionnaire. 1. Le Talc proprement dit'. — Trisilicate de magnésie. Subs- tance douce et grasse au toucher, tendre, se laissant facile- ment rayer par l'ongle ou racler avec le couteau , et s'offrant sous des formes qui se ramènent à un prisme droit rhom- boïdal. Le talc a fréquemment la structure laminaire. Il est divi- sible en feuillets minces , flexibles , mais non élastiques , comme ceux du mica. Sa forme primitive est, suivant Haiiy, un prisme droit rhomboïdal de 120 et 60°, dont les dimen- sions sont encore inconnues. C'est l'un des minéraux les plus tendres. Les arêtes et les angles de ses cristaux s'émoussent avec la plus grande facilité. Passé avec frottement sur une étoffe , il y laisse des tâches blanchâtres. Sa pesanteur spécifique est de 2,7. Sa poussière est douce et savonneuse. Son éclat est vitreux, passant quelquefois à l'éclat soyeux ou à 'un éclat gras ada- mantin, 11 possède deux axes de réfraction, et acquiert par le frottement l'électricité résineuse. Chauffé seul dans le matras, il ne dégage point d'eau, et ne perd pas sa transparence. A un feu vif , il s'exfolie et blanchit sans se fondre, ou s'arrondit vers les bords en une masse huileuse. Dans le borax , il se dissout avec efferves- cence en un verre transparent. Composition. = MSi*. Du S.-Gothard. . 62,00 3o. e. Oxide de fer. Potasse. ,5o 2,75 Klaprotii. Variétés de formes. Talc hexagonal. En prisme hexaèdre régulier, produit par Gemeiner Talk, Werk. — Prismatischer Glimmer-Talk , Mohs. 52. ^ «30 TAL la troncature des arêtes longitudinales aiguës, delà forme primitive. Cristaux verts du lac de Viana en Piémont. On peut rapporter à cette variété des cristaux en prisme droit triangulaire , qui n'en sont probablement qu'une mo- dification accidentelle, due à l'oblitération de trois des pans du prisme hexagonal, ou , si l'on veut , à l'accroissement dé- mesuré des trois autres. Variétés de structurée. Talc laminaire, En feuillets minces, droits ou contournés, d'un vert foncé, d'un blanc verdâtre ou d'un gris jaunâtre. Se trouve au Saint-Gothard , associé à des cristaux rhomboï- daux de dolomie ; au Tyrol, dans le Zillerthal ; au Taberg en Suède. Talr lamellaire. En petites lamelles ordinairement flexueu- ses , blanches . jaunâtres ou rosàtres. A Snarum , près Mo- diim en Norwége ; à Guanaxuato au Mexique ; à Easton aux États-Unis d'Amérique. Talc écailleux , appelé fort improprement craie de Briançon. En masses qui se divisent par écailles et sans offrir de joints continus. A Prasles en Piémont. Talc fbreux. Blanc, vert, ou gris -jaunâtre, composé de fibres droites ou de fibres rayonnées. Talc endurci. En masses fibreuses ou subcompactes, qui ont pris plus de dureté. Talc pulvérulent. En masse terreuse ou argiloïde d'un gris blanchâtre. A Boutbois , au nord d'Héric , près de Nantes ; au Brésil , à Cantagallo et à Minas Geraës. Gisement et localités. Le talc appartient aux terrains primor- diaux, où on le rencontre en lits ou couches subordonnés au milieu des micaschistes , des calcaires, des dolomies , des ser- pentines et des phyllades. 11 est la base des sléaschistes , et entre dans la composition de plusieurs autres roches de la même époque , telles que les ophiolites et les ophicalces. Quant aux variétés minéralogiques de talc pur, on les trouve assez communément dans les terrains où abondent les roches magnésiennes et amphiboliques. Le talc laminaire ne se ren- contre qu'en petites masses et superficiellement ; il ne forme à lui seul ni fiions, ni lits, ni couches ; il s'associe fréquem- TAL i3i ment au quarz , au felspath , au grenat , à la dolomie. Le talc écaillenx et le talc endurci se rencontrent au contraire en couches assez puissantes: le dernier abonde dans tous les endroits où l'on observe la stéatite et la serpentine. Nous ci- terons particulièrement , parmi les localités principales du laïc : En France, les environs de Nantes. En Suisse, le Saint-Gothard ; Lanzada, dans la Valteline. Dans le Piémont, les environs du lac Viana, dans la vallée de Vien. En Allemagne, leTyrol, dans le Zillerthal et dans l'Ober- •ivald. — Le Salzbourg. — L'Erzgebirge de la Saxe et de la Bohème, à Ehrenfriedersdorf et à Zoeblitz. — La Bavière , à Bodenmais, à Erbendorf , à Schwarzenreit. En Angleterre, l'Ecosse, entre Cullen et Portsoy; les en- virons de Moulineam et de Dunkeld ; l'isle d'Arran. En Scandinavie, la Suède , au mont Taberg. — La Norwége , les environs de Snarum, près Modum. Au Groënlanu , l'isle de Sermesut. Dans I'Amérique septentrionale , le Mexique , à Guanaxuato. — Les États-Unis, à Easton, et dans une multitude de loca- lités du Massachusets, du Connecticut et du Maryland. Usages, Le talc est employé à différens usages. La variété laminaire d'un blanc nacré, légèrement verdàtre, que l'on recueille au Zillerthal et dans l'Oberwald en Tyrol , est trans- portée à Venise , où elle est connue dans le commerce sous le nom de talc de Venise. Quand elle est pulvérisée, broyée et réduite en pâte fine, on en compose des crayons colorés que l'on nomme pastels. La propriété dont jouit sa poussière, de rendre la peau lisse et luisante et de lui donner une ap- parente fraîcheur, la fait employer comme cosmétique: elle est la base du fard dont se servent les femmes, et dont le principe colorant est le rouge de carthame. On fabrique éga- lement ce cosmétique avec le talc blanc écailleux, dit craie de Briançon , que les Briançonnois tirent de la montagne Rousse, près de Fenestrelles ; du hameau de Brailly , dans la vallée de Saint-Martin; et de Prasles en Piémont. Ce même talc écailleux , dans son état naturel , est employé par les tailleurs, eu guise de craie , pour tracer leurs coupes sur les j32 TAL étoffes. Enfin on se sert du talc pulvérulent pour dégraisser les soies, pour diminuer le frottement des machines, etc. 2. La Stéatite'. — Silicate de magnésie h-ydraté ; talc stéa- lite, Haiiy. Substance à structure non lamelleuse , très-onc- tueuse au toucher, et donnant de l'eau par la calcination. Elle diffère du talc proprement dit en ce qu'elle n'offre au- cune trace de structure cristalline, et que les formes régu- lières sous lesquelles on la rencontre quelquefois, sont em- pruntées à d'autres minéraux. Elle a la cassure inégale , matte , souvent écailleuse. Elle est tendre , se laisse rayer facilement par l'ongle et couper au couteau comme du savon. Sa raclure est blanche, quelle que soit la couleur de l'échantillon. Elle est susceptible de poli. Sa pesanteur spécifique est de 2.6 à 2,8. Au chalumeau elle blanchit et fond difficilement en émail, ou se réduit en une pàfe blanche. Sa couleur la plus ordinaire est le blanc; elle passe à des teintes différentes de gris , de jaune, de vert, de rose et de rouge. Composition = M^Si^ -f- xAq ? ï)e Baireuth De Cornouaillcs. . . De Monte Ramazzo. ù T3 .,00 0,00 i8,oo 5 0,^0 7 8,83 0, 1 5 2,59 1,10 i5,oo 64,0 22,00 3,00 5,00 0,00 5,00 Klaprotli. Idem. Dewey. Yauquelin. On distingue parmi les variétés de stéatite: La Stéatite fibreuse) Stéatite asbestiforme de Saussure. Elle ressemble à de l'asbeste dur, mais ses fibres sont grossières et jnégalrs : elles sont beaucoup plus tendres, disposées paral- lèlement entre elles, ou en faisceaux divergens. Au Saint-Go- Speckstein i'Wt&Ts.. — Soapstone, Jam. et Phiil- TAL i«5 thard , dans la vallée d'Ala en Piémont; en Norwége, dans la serpentine; en Sibérie, près d'Ekaterinebourg. La Stéalite granulaire. Grisâtre ou gris-bleuâtre ; à structure grenue ou oolitique. La Stéatite compacte ou endurcie. Plus dure que les précé- dentes ; à structure parfaitement compacte; à cassure lui- sante ou terne, inégale ou cireuse. Blanche, verte, rosâtre et souvent marbrée. En Corse , en Saxe et en Bohème ; en Sibérie , etc. La Stéalite terreuse, vulgairement nommée craie d'Espagne. A cassure écailleuse , très-friable. Elle accompagne la stéatite endurcie. Au cap Lizard, en Cornouailles; dans les montagnes de l'Aragon. La Stéatite dendritique. Compacte, blanche, avec dendrites noirâtres, dues à des particules de fer ou de manganèse, ou, comme le pense le docteur Schneider, à des particules de graphite. A Wunsiedel et à Gopfersgriin , près de Thiersheim , dans la principauté de Baireuth. La Stéatite pseudomorphique ou polyédrique. Se montrant sous des formes régulières qui appartiennent à d'autres espèces, telles que le quarz hyalin, le calcaire spathique, le calcaire brunissant, etc., et dont la stéatite s'est bornée à copier la figure extérieure, sans conserver aucune trace de leur struc- ture interne. On ne peut douter que les corps réguliers dont il s'agit ne soient de véritables pseudomorphoses, c'est-à-dire que la stéalite n'offre ici des formes d'emprunt dont les types préexistèrent dans d'autres cristaux qui lui ont cédé leur place. Mais comment s'est opéré le remplacement de la subs- tance de ces cristaux par la matière stéatiteuse ? C'est ce qu'on n'a pu jusqu'<à présent expliquer d'une manière sa- tisfaisante. Il est seulement probable que cette substitution a eu lieu graduellement par des causes chimiques, qui agis- soient à la fois pour détruire ou dissoudre les particules de la première substance , et pour déposer celles du nouveau corps en leur place. On ne peut admettre en effet que ces formes empruntées aient été produites, comme après coup, par une sorte de moulage dans des cavités régulières , qui seroient restées libres après la destruction des premiers cris- taux ; car ici la matière de la pseudomorphose et celle de la i54 TAL gangue environnante ne diffèrent aucunement par leur na- ture, et elles ont été par conséquent de formation contem- poraine. On distingue dans la stéatite polyédrique les sous- variétés suivantes : 1 . La Stéatite quarziforme. En quarz hyalin prisme. A Gop- fersgrun et a Wunsiedel, dans le pays de Baireuth, et à Al- tenberg en Saxe. — En quarz émarginé, dans la vallée de Biel, près du glacier du Mont- Rose, au milieu de la serpentine. Ces petits corps réguliers sont implantés dans une stéatite amorphe de même nature, avec laquelle ils se confondent. Ils n'offrent aucune différence dans la mesure de leurs angles avec les cristaux de quarz auxquels nous les rapportons, et plusieurs ont, comme ceux-ci, des stries qui sillonnent trans- versalement les pans de leurs prismes. On trouve souvent dans la même stéatite ou dans le voisinage de véritables cris- taux de quarz qui sont restés intacts. 2. La Stéatite calcariforme. En calcaire spathique, rhomboï- dal, primitif ou équiaxe; en calcaire métastatique ; en rhom- boïdes contournés, comme ceux du calcaire brunissant. Dans la stéatite de Baireuth. 3. I,a Stéatite felspathiforme. En felspath quadrihexagonal, à Carlsbad en Bohème, dans un granité; à Niederschona près de Frciberg. Cette dernière pseudomorphose présente cela de remarquable, que Taltération a commencé par le centre du cristal, et qu-e la partie extérieure a souvent conservé la dureté et le tissu lamelleux du felspath. (De Bonnard.) On a rapporté à la stéatite une substance qui a beaucoup de rapports avec elle par ses caractères extérieurs, et que l'on trouve à la Chine, d'où elle nous est apportée sous la forme de petites ligures grotesques, appelées magots. Il est possible que la matière de quelques-uns de ces petits bustes ait été fournie par la véritable stéatite; mais , dans le plus grand nombre de cas, la substance qui les compose est sensiblement plus dure, quoiqu'elle se laisse encore rayer par l'ongle; elle est infusible et se distingue surtout de la stéatite par l'absence de la magnésie , et par la présence de l'alumine et d'une quan- tité notable de matière alcaline. Hauy l'a décrite sous le nom de talc glaphique; mais les minéralogistes modernes s'ac- cordent à la considérer comme formant une espèce distincte TAL 335 du talc ef de la stéatite , qu'ils placent à la suite des silicates alumineux. Elle a reçu un grand nombre de dénominations différentes, on l'a nommée agalmatolite, koréite, lardite, pierre de lard, pierre à magots, Pagodite. (Voyez ce dernier mot.) M. Leonhard regarde la pimélite de Kosemiitz et de Baum- garten, en Silésie, comme n'étant qu'une simple variété de stéatite, colorée par l'oxide de nickel. Mais cette substance terreuse d'un vert-pomme pourroit bien constituer encore une espèce à part, si l'on en juge d'après une analyse de Rlap- roth , qui ne l'a trouvée composée que de silice, d'oxide de nickel et d'eau. Enfin , il est encore une substance qu'on pourroit être tenté de rapporter à la stéatite et qui n'en difTère que par une pe- tite quantité d'alumine. C'est le minéral connu sous le nonf de pierre de savon (Seifenstein) , que Ton trouve en veine dans la serpentine du cap Lizard, en Cornouailles. Il est gri- sâtre ou bleuâtre, et souvent bariolé ou tacheté : sa surface est très -onctueuse. Son analyse par Klaproth a donné le ré- sultat suivant : silice, 46; alumine, 9,25; magnésie, 24,75; oxide de fer, 1 ; eau, 18. Gisement et localités. La stéatite appartient aux terrains pri- mordiaux de sédimens et aux terrains de sédimens inférieurs; elle accompagne presque toujours la serpentine, au milieu de laquelle elle forme des veines dans toutes sortes de directions, et plus rarement des amas irréguliers ou des lits. Elle est commune dans les serpentines de la Corse, des Pyrénées, d'Espagne; dans celles de la vallée d'Aoste et de la montagne Rousse, en Piémont; du cap Lizard, et de Saint- Cleer en Cornouailles; de Portsoy , des îles de Sky et d'Arran , en Ecosse ; de l'île d'Anglesea ; de Zœblitz et d'Ehrenfrieders- dorf, enSaxe; deKatzenberg et d'Erbendorf, en Bavière. On la rencontre quelquefois dans les filons métallifères (en Suède, en Hongrie), et dans les roches trappéennes (aux iles Féroè', dans le basalte; dans la mine de Weierhecke, près de Trin- genstein ). A Wunsiedel et à Gopfersgriin , près de Thiersheim , dans la principauté de Baireuth , en Franconie, les stéatites com- pactes, dendriliques et pseudomorphiques sont en forme de nodules ou de nids dans un lit d'argile, situé à quelques i3& TAL pieds au-dessous de la surface du sol, ei qui confient en même temps des blocs en fragmens isolés de serpentine. Ce lit d'argile repose sur le calcaire primitif. Usages. Les usages de la stéatite sont peu nombreux. On emploie la variété écailleuse dite craie d'Espagne, à la fabri- cation du rouge pour les femmes , et les tailleurs s'en servent également pour tracer leurs coupes sur le drap. Les Arabes s'en frottent au bain pour s'adoucir la peau, parce qu'elle est douce et savonneuse au toucher. La propriété qu'elle a d'être facile à travailler, lorsqu'elle est dans son état naturel, et de durcir au feu sans se défor- mer, a suggéré à M. Vilcot , célèbre graveur allemand, de Luttich (probablement Liège) , l'idée de l'employer pour la gravure en camées. Les pierres travaillées par cet artiste sont durcies au feu , colorées et ensuite polies. Elles pren- nent alors la dureté et l'aspect de l'agate onyx.. Enfin , la stéatite fait partie des substances terreuses em- ployées comme alimens par certaines peuplades sauvages. Ces substances sont en général des terres magnésiennes, à toucher gras et onctueux. Les Nègres de la Guinée , ceux qui habitent Los-Idolos, îles situées à l'embouchure du Sénégal; les Otto- maques, des bords de l'Orénoque, les habitans de la Nou- velle-Calédonie, dans l'Océanique, sont très-avides de ces matières terreuses, qu'ils mangent par plaisir ou pour calmer leur faim. 3. La Serpentine, Ophite de Leonhard. Combinaison de bisilicate avec un hydrate de magnésie. La serpentine est une pierre magnésienne, d'un vert obs- cur, à texture ordinairement compacte, assez tendre et douce au toucher, mais beaucoup moins que la stéatite, plus te- nace que celle-ci, et ayant la cassure terne ou céroïde. Pendant long-temps on a varié d'opinion sur la véritable nature de cette substance , et l'on hésitoit à la regarder comme formant une espèce. Les uns, comme Haiiy , ne voyoient en elle qu'une variété de stéatite plus ou moins pénétrée de fer; d'autres, qu'une simple variété de diallage à l'état compacte; quelques-uns, enfin, la considéroient comme un mélange de talc et de diallage. Mais, depuis qu'on a examiné et comparé avec soin les serpentines provenant d'un grand nombre de TÀL »37 localités diffërentes, on a été frappé de la constance de leurs caractères essentiels, et quelques indices de cristallisation, observés dans certaines variétés , s'accordent avec les résultats des analyses, pour établir la séparation de ce minéral et sa distinction d'avec les autres espèces de pierres magnésiennes. La serpentine a rarement une structure lamelleuse. Cepen- dant quelques échantillons sont susceptibles de clivage, pa- rallèlement aux pans d'un prisme droit, rhomboïdal, de 82°27 . La cassure est inégale, écailleuse ou largement conchoïde. L'éclat est foiblement gras ou résineux : la couleur de la masse est le vert foncé, passant par nuances au gris jaunâtre. Celle de la poussière est blanchâtre. Les degrés de transpa- rence varient depuis la translucidité jusqu'à l'opacité parfaite. La dureté de la serpentine est supérieure à celle du gypse, et presque comparable à celle du calcaire spathique; elle augmente par le mélange de la substance avec des matières étrangères à sa nature. Sa pesanteur spécifique est de 2,56. Elle donne de l'eau par la calcination ; elle est infusible au chalumeau ; mais elle blanchit et se durcit par l'action d'un feu prolongé. Composition. =M^g]^^,_^^^^^,^ De SliyUgrube, près Fahlun Idem De Scegrube De Sala De Massachusets . . De Hoboken De Gulisjô, en Wer- meland . . . Magné- Oxide Silice. sie. de fer. Eau. 43,7- 40,37 i.>7 — 41,95 40,64 2,22 11,68 42, 5o 38,63 i,5o l5,2o 4. ,58 42,4. 2,17 11,29 42,16 42,26 >,98 .2,33 43,20 40,09 5,24 11,42 41,67 41,25 1,64 i3,8o 42,34 44,20 0,18 12,33 Hîsinger. Lycbnell. ' John. Lychnell. Idem. Idem. Idem. Mosander. Une portion de magnésie est souvent remplacée par une quantité équivalente d'oxidule de fer , qui devient alors prin- cipe colorant. i Voyez Chemische Vntersuchung einiger Serpentine , dans les Ar- chives de Kastner, tom. 11, 1." cah. , pag. 104» i58 TAL J-'arlétés principales, 1. Serpentine cristallisée. a. Prismatique. En prismes droits, rhomboïdaux, modifiés par de petites facettes sur les arêtes longitudinales, et sur celles des bases. Les dernières modifications conduiroient , par leur prolongement, à un octaèdre rhomboïdal, dont les angles seroient de iZcf 34', 106° 26' et SS^sG'. (Mohs et Haidinger.) Ces formes régulières ont été observées sur un échantillon de serpentine d'un gris noirâtre, dont la localité est in- connue. On a cité des cristaux de serpentine dans le Tyrol. Il en existe aussi dont la forme prismatique est oblitérée , dans l'curite de Penig en Saxe. b. Lamellaire, Marmolite de Nuttal. Structure imparfai- tement lamelleuse. Couleur d'un vert jaunâtre. Se trouve à Hoboken, dans le New- Jersey en Amérique, et à Bare- Hills. M. Vanuxem , ayant analysé comparativement la mar- molite d'Hoboken, celle de Bare-Hills , et la serpentine noble de New-Buryport , dans le Massachusets , a trouvé que leur composition chimique étoit exactement la même, et que ces substances s'accordoient encore dans les caractères tirés de la densité et de l'infusibilité. 2. Serpentine noble ou compacte translucide. D'un vert de poireau ou d'un vert pis(ache , quelquefois d'un vert d'émeraude. Sa couleur est uniforme; sa dureté supérieure à celle des serpentines communes; sa cassure est écailleuse ou conchoïde. Cette variété est beaucoup moins répandue que la serpentine commune , qu'elle accompagne ordinairement. On la trouve en Corse ; aux environs de Gênes et de Flo- rence ; dans Je Tyrol; en Saxe, à Reichenstein ; à Zœblitz en Bohème ; dans le Baireuth en Franconie ; à Skyttgrufvan, près de Fahlun en Suède , ou elle se présente en veines d'un vert luisant et à éclat résinoïde ; à Putman , dans l'état de New-York en Amérique, et à New-Buryport, dans le Mas- sachusets ; à Zamma, près Santa-Fé de Bogota, dans la Nou- velle-Grenade (variété d'un vert d'émeraude). La serpentine noble s'associe à différentes substances métalliques, dont les plus ordinaires sont le fer oxidulé, le fer mispickel , le fer TAL ^59 pyriteux magnëtique et la galène. Celle de Baireuth , «ne des plus belles que l'on connoisse , est d'un gris verdâtre sombre, et elle est parsemée de taches d'un rouge foncé, dues a des grenats qui y sont disséminés d'une manière uniforme. On travaille cette serpentine pour en faire des plaques d'orne- ment, des tabatières, des vases de différentes formes. 3. Serpentine commune. Compacte et opaque. Couleurs variées et ordinairement mélangées. Surface tachetée ou vei- née de vert, de jaunâtre ou de rougeàtre. On a comparé ces taches ou ces veines à celles qu'offre ordinairement la peau des serpens, d'où est venu à ia pierre elle-même le nom de serpentine. Sous le rapport des caractères empruntés des couleurs, on distingue les sous -variétés suivantes : La Serpentine commune tachetée. — Au cap Corse , enlîalie; à Pralo , en Toscane , où elle est connue sous le nom de verde di Prato. La Serpentine commune veinée ou marlrée. C'est l'une des plus communes : on la trouve en une multitude de lieux différens. On peut encore distin^er dans la serpentine commune un grand nombre de sous- variétés , d'après les diverses subs- tances qu'on y trouve accidentellement disséminées ' ; telles sont les suivantes : La Serpentine diallagique. — Renfermant des lames de diallage chatoyante , qui semblent se fondre insensiblement avec la pâte environnante. — A la Baste , près de Harzbourg , au Harz. — Dans le pays de Baireuth. — En Corse. — A Queyras, dans le département des Hautes -Alpes. La Serpentine granalifère. — Renfermant des grenats gros- sulaires (à Dobschau, en Hongrie), ou des grenats pyropes (à Zœblitz , en Saxe). La Serpentine augitique. — Renfermant des cristaux ou grains de pyroxène. — Dans les Pyrénées. 1 Lorsque ces substances y sont en grande quantité et répandues également, elles font placer les niasses minérales qui présentent ce» mélanges consta-ns dans la classe des roclies mélangées. C'est en les considérant ainsi, qu'on les a décrits sous le nom d'OpiiiOLiTi:. (Voyez ce mot.) J4o TAL La Serpentine calcarifère. — Renfermant des taches oiï veines de calcaires, et passant à l'ophicalce, qui appartient à la division des roches mélangées. — Environs de Turin ; côte de Gênes. La Serpentine clirowifère. — Renfermant des masses in- formes et des grains de fer chromaté, à Bastide la Carrade, en Provence, dans la presqu'île de Cavalaire. — AKrieglach, en Styrie. — Au Silberberg, en Silésie. — Sur les bords du "Wiasga, dans les monts Ourals. — A Baltimore, en Mary- land, aux États-Unis d'Amérique. La Serpentine /ern/ère. — Contenant des grains de fer ma- gnétique. — Au val Sesia , en Piémont. — A Sala , en Suède. Beaucoup de serpentines sont tellement pénétrées de fer, qu'elles agissent fortement sur l'aiguille aimantée. M. de Humboldt en a observé une d'un vert brunâtre, qui présente ce phénomène avec des circonstances très-remarquables ; non- seulement les fragmens détachés de cette serpentine jouissent du magnétisme polaire; mais la montagne elle-même , formée de cette serpentine, peut être considérée comme un vaste aimant, car l'un de ses flancs attire le pôle nord de l'aiguille, et l'autre le repousse, et cela à la distance de plusieurs pieds. Cette montagne fait partie de la chaîne qui sépare le mar- graviat de Baireuth du Haut-Palatinat. La Serpentine amphibolique. — Renfermant de l'amphibole grammatite. — Environs de Nantes. La Serpentine épidotifère. — A Queyras , dans le départe- ment des Hautes -Alpes. Indépendamment des substances que nous venons de citer et qui sont toujours disséminées dans la serpentine, il en est d'autres qui s'y montrent plus particulièrement sous la forme de veines , de nodules ou d'amas ; telles sont : le silex résinite, la chrysoprase, le mica magnésien, la giobertite, la dolomie , l'asbeste, la stéatite, le fer oxidulé et le cuivre pyriteux. L'asbeste, qu'on y rencontre assez fréquemment, y est en filameos courts et serrés, d'un jaune soyeux, compo- sant des veines ou petits fiions, dont la direction est per- pendiculaire à celle des fibres. Cette sorte d'amiante paroît n'être qu'une variété filamenteuse de diallage. M. Hausmann a décrit, dans les Éphémérides de Moll , TAL 141 sous le nom de picrolite , une substance verte, à structure fibreuse et à cassure écailleuse , qui forme des veines irré- gulières au milieu du fer oxiduléau Taberg et àNordmarken, en Suède. Cette substance, analysée d'abord par W. Alm- roth , et tout récemment par le docteur Lychnell , n'est probablement qu'une variété de serpentine, mélangée d'un peu de calcaire magnésien , si l'on en juge par les résultais de ces analyses : Comp osition. Du Taberg IVià ce a i ierii. (Ch. D.) TALETEC. {Erpétol.) Voyez Tamacolin de la Nouvelle-Es- pagne. (H. C.) TA LEVE ; Po7'ph_yrio , Briss. (Ornith.) Comme les carac- tères de ce genre n'étoient pas encore fixés avec toute la 144 TAL précision désirable , il en est résulté que les espèces appar- tenant réellement aux talèves, n'ont pas été bien distinguée» des poules d'eau proprement dites ou gallinules, et que les auteurs ne sont pas d'accord sur les oiseaux auxquels ils donnent l'un ou l'autre de ces noms. Ainsi M. Vieillot pré- sente environ quinze espèces de poules sultanes, porphy- rions ou talèves," tandis que M. Temminck , qui ajoute de nouvelles espèces aux talèves proprement dites, en réduit le nombre total à six. L'auteur de cet article a déjà exposé au mot HyDKOGALLiNE , tom. XXII, pag. 179, des considéra- tions générales pour empêcher de confondre les râles, les poules d'eau , les porphyrions et les foulques; et M. Tem- minck, en établissant plus récemment le genre Talève, a fait une observation qui mérite une attention particulière; c'est que leur formidable bec, qui, suivant la remarque d'Aris- tote , est très - fortement implanté dans le front , n'offre presque point de fosse nasale, et que leurs narines, placées latéralement , près de l'arête , dans la masse cornée , sont arrondies et ouvertes de part en part , tandis que d'autres auteurs les disent situées dans une rainure au milieu du bec, et couvertes d'une membrane gonflée. Les autres caractères consistent dans un bec dur, épais, presque aussi haut que long, plus court que la ièie , dont la mandibule supérieure se dilate très-avant dans le crâne; des pieds forts et très-longs dans quelques espèces, dont les doigts antérieurs sont entièrement divisés, et qui tous sont garnis latéralement de membranes si étroites, qu'elles sont à peine sensibles. Quoique les talèves habitent en général les eaux douces, sur lesquelles ils se promènent avec légèreté, comme les poules d'eau, ils préfèrent les substances céréales, et surtout le riz, aux plantes aquatiques, et la dureté de leur bec leur fournit les moyens de casser l'enveloppe des graines et de rompre les tiges que leurs jambes hautes et leurs doigts longs et rétractiles leur donnent la faculté de saisir aisément. Ils se tiennent sur un pied en portant de l'autre les alimens au bec. Ces oiseaux sont aussi pulvérateurs et courent avec vi- tesse et légèreté sur la terre , comme sur les plantes qui étalent leurs larges feuilles à la surface des eaux. L'espèce com- TAL U5 mrine habite en Europe , dans les rizières et les marais du Midi, et l'on en trouve en Afrique, en Asie, en Amérique, et dans l'Océanie. Le nom de talève, taleva , sous lequel est désignée une es- pèce de Madagascar, a été substitué au nom de porphyrion , qui étoit donné par les anciens et qui appartient à l'espèce d'Europe, qu'on croit mal à propos avoir été transportée d'A- frique. Il paroît que, si ces oiseaux sont moins connus par- mi nous qu'ils ne l'étoient chez les Grecs et les Romains, qui en élevoient dans les temples et en faisoient un cas extraor- dinaire, c'est parce que la véritable race européenne, étant devenue plus rare , on l'a confondue avec les espèces étran- gères. Au reste, c'est partout un oiseau qui, comme le dit Buffon , est doux, innocent , timide, ami delà solitude, et préférant les graines, les fruits et les racines, cà toute autre nourriture. La première des espèces, à laquelle M. Temminck a donné le nom de Talève porphyrion , Porpliyrio hjacinthinus , est le porphjrio alter d'Aldrovande , que Latham indique, p. 768 de l'Index ornithologicus , comme une variété de son gallinula porphjrio, n.°6, et qui, représenté par Edwards, H/sf. , pi. 87, est reproduit, dans Seligmann , pi. 96 , sous le nom de poule sultane ou bluet. Cet oiseau , qui est de la grosseur d'une poule médiocre, a, du bout du bec à l'extrémité de la queue, dix- huit pouces de longueur et environ seize pouces de hauteur; son plumage est en entier d'un bleu lustré, embelli de reflets brillans, cà l'exception des plumes anales, qui sont blanches; la base du bec et la plaque du sommet de la tête sont d'un rouge vif; les pieds et les doigts de couleur de chair, et M. Temminck donne comme phrase caractéristique l'arête de la mandibule supérieure formant continuité avec le crâne; le doigt du milieu plus long que le tarse et sans ongle; la plaque frontale s'étendant au-delà des yeux. Ce talève, qui habite les grands lacs et les bords maréca- geux des fleuves, est, dit-on, assez commun en Sicile, dans la Calabre, dans les îles Ioniennes, et en moins grand nombre dans la Dalmatie et en Sardaigne : sa nourriture paroît consister en plantes céréales, en graines et racines de plantes aquatiques, en fruits et en poisson, dont il est très-friandj 62. 10 146 TAL il niche dans les marais couverts de hautes herbes et y cons- truit, avec des bnchetles ou des débris de plantes, un nid où la femelle pond trois ou quatre œufs blancs et presque ronds. Talhve a manteau vert ; Porphjrio smaragnotus , Temm. Cette espèce, qui habite l'Afrique méridionale, ainsi que Madagascar, et qui a probablement été transportée à Tlsle- de-Fiance et en Amérique, a environ quatorze pouces six lignes de hauteur et de longueur. Les joues, la gorge et le haut du cou sont verts ; la tête , le cou , la poitrine , le ventre , les petites couvertures des ailes et les rémiges sont d'un bleu à rcllets; les grandes couvertures, le dos et les scapulaires d'un vert foncé; le croupion et la queue d'un noir ver- dàtre; les plumes anales blanches; le bec, la plaque et les pieds rouges. Suivant l'auteur déjà cité, les signes caractéris- tiques sont d'avoir l'arête de la mandibule supérieure moins élevée que le crâne et subitement fléchie, la plaque frontale ne dépassant pas le bord postérieur de l'œil ; le doigt posté- rieur sans ongle, à peu près de la longueur du tarse. Talkve a manteau NOIR: Porphyrio melanotus , Temm. Cette espèce, trouvée à la Nouvelle- Hollande et longue d'environ seize pouces , a les parties supérieures du corps d'un noir plus ou moins lustré, les parties inférieures bleues; les plumes anales blanches j le bec, la plaque, les pieds et les doigts rouges: les jeunes sont d'une teinte noire bleuâtre, et dan» le premier âge leur duvet est tout-à-fait noir. La phrase ca- ractéristique consiste dans l'arête de la mandibule supérieure d'une venue avec la plaque frontale, qui dépasse de beau- coup le bord postérieur de Tœil ; doigt du milieu sans ongle, comme aux précédons, et plus court que le tarse. Latham paroît confondre cette espèce avec le talève à manteau vert. Talève blanc ; Porphyrio albus, Vieill. ; Gallinula alba, Lath. Le capitaine Phillip , qui a figuré cet oiseau dans l'édition an- glaise de son voyage à Botany-Bay, le décrit comme étant de la même taille que le talève d'Europe et ayant dix -huit à vingt pouces de longueur depuis l'extrémité du bec jusqu'à celle des pieds : son plumage est d'un beau blanc , dont l'éclat est encore relevé par le rouge du bec , de la plaque frontale, «lu tour des yeux , de l'iris et des pieds. Suivant Lathara ce TAL m taléve a un éperon aux ailes; plusieurs individus, considérés comme des mâles , avoient du bleu sur les épaules et sur le dos, et d'autres, regardés comme des jeunes, avoient le plu- mage brun avec des reflets verts et bleus. Cette espèce est assez commune à Botany-Bay , à l'ile de Norfolk, à celle du lord Hovve, et dans d'autres îles des mers Australes. Talève meunier; Porphyr/o pulverulentus, Temm. L'adulte de cette espèce, long de quatorze pouces et demi delà pointe du bec au bout de la queue, a été figuré dans les Planches coloriées de M. Temminck , sous le n." 406. Il est à peu près de la même taille que le talève à dos noir , mais d'un quart moindre que celle du talève à dos vert. Le nom de meunier lui a été donné parce que son plumage , d'un ton bleu et d'un vert-olive tirant au brun, semble être saupoudré d'une pous- sière grisâtre. Les nuances, plus foibles sur la tête et le cou, deviennent plus foncées sur les cuisses et l'abdomen , qui sont d'un bleu pur; le dos et la queue sont d'un brun olivâtre; les plumes anales sont blanches; le bec, la plaque cornée , l'iris et les pieds sont rouges. Ce talève habite les bords des rivières dont la partie méridionale de l'Afrique est arrosée. Talève émeraudin; Porphyrio smaragdinus , Temm., PI. col., n." 42 1 . Cet oiseau , long de quatorze à quinze pouces , est la plus petite des six espèces de ce groupe. M. Horsfîeld l'a dé- crit dans le Catalogue des oiseaux de Java , Transact. linn., tom. 3, p. 194, sous le nom de porpliyrio indicus. La plaque, qui est en générnl d'une forme arrondie, est coupée abrup- tement en ligne horizontale vers l'occiput, et chez les vieux mâles les parois latérales de cette membrane, élevées en pe- tites protubérances, couronnent l'orbite des yeux!. On trouve à l'os de l'aile bâtarde de cette espèce un petit appendice épineux , pareil à celui que Latham avoit déjà observé sur le talève blanc. Les joues et l'occiput sont noirs chez l'adulte, qui a le derrière du cou, le ventre et les flancs d'un bleu vif. Le devant du cou , la poitrine et le poignet de l'aile de couleur d'émeraude; le dos, les ailes et la queue d'un bleu noirâtre , un peu nuancé de vert; l'abdomen noir et les plumes anales blanches. Le bec, la plaque et les pieds sont rouges, comme aux diverses espèces. La plupart des autres oiseaux qui ont été rangés par di- 148 TAL vers auteurs avec les porphyrions ou talèves, n'appartiennent pas à ce genre. Il en est même , comme les fulica macu- la ta , Jla^'ipes et fisnilans, qui ne reposent que sur de mau- vaises figures données par Gesner, ainsi qu'on l'a remarqué au mot Hydrogalline; et, en appliquant à des espèces réelles et reconnues, telles que les /l/Zica martinicensis, Linn. (petite poule sultane, quatrième espèce de Buffon), et fulica Jlavi- rostris, Linn. (ou favorite, cinquième espèce de Buffon), que I^I. Cuvier, dans son Règne animal, tom. i . p. 602 , regarde comme de vrais talèves, les caractères génériques tirés sur- tout des narines, on est forte de reconnoitre que ce sont de simples poules d'eau. (Ch. D. ) TALGHALA. {Bol.) Voyez Talaghas. ( J. ) TALGOI. {Mamm.) Dans le Voyage de Robert Percival à Ceilan,il est fait mention sous ce nom d'un quadrupède qui vivroit de fourmis à la manière des fourmiliers; en saisissant ces insectes dans leurs habitations au moyen d'une langue longue, protractile et visqueuse. Nous ne connoissons dans l'ancien continent que Toryctérope du cap de Bonne -Espé- rance , le phatagin d'Afrique et le pangolin des Indes qui pré- sentent ces caractères, et jusqu'à présent lile de Ccilan n'a offert aucune espèce qui pût se rapporter aux genres dans lesquels ces mammifères édenlés ont été compris. (Desm.) TAI.GORE. {Ornith.) Ce nom, qui s'écrit aussi talg-oxe, désigne, en suédois, la mésange charbonnière , parus major, Linn. (Ch. D.) TALHE. {Ornith.) Ce nom est un de ceux que le choucas reçoit en Allemagne. (Desm.) TALl. {Bot.) Sous ce nom brame Adanson fait un genre du perim-couringi du Malabar, Connarus pinnatus de M. de Lauiarck et de Cavanilles , dont les pétales ont deux soies à leur base. M. De Candolle l'a réuni à ÏOmphalobium distinct du Connarus par l'insertion de la graine non au fond de sa loge, mais le long de sa sjiture latérale. (J. ) TALIAROS. {Poljp.) ISom barbare sous lequel Valentin , Ind. , 3 , tab. 62 , fig. B B , figure un singulier corps organisé , dont Gmelin a fait son antipatlies spiralis. (De B.) TALIFOUC. {Bot.) Nom du nénuphar à fleurs jaunes à Madagascar, suivant Flaccourf. (J.) TAL ^h^ TALIGALE , Taligalca. {Bol:.) Genre de plantes dicotylé- dones, à tleurs complètes, monopétalées, tabulées, de la fa- mille des verbénacées , de la didynamie angiospermie de Linné, offrant pour caractère essentiel : Un calice campanule, per- sistant, à cinq divisions; une corolle tabulée, le tube dilaté vers son orifice; le limbe à cinq lobes un peu inégaux , ré- fléchis; quatre étamines didynames; les anthères sagittées ; un ovaire supérieur globuleux; le style de la longueur des deux plus longues étamines ; le stigmate à deux divisions diver- gentes. Le fruit est une baie presque globuleuse , sèche , enve- loppée à sa base par le calice persistant, à une seule loge, renfermant deux osselets monospermes. Ce genre est composé d'herbes ou d'arbustes à feuilles al- ternes; les fleurs sont disposées en épis terminaux, munis de bractées. Il a été découvert et établi par Aublet. On a re- connu que le genre Amasonia de Linné fils étoit le même que celui-ci. Taugale champêtre: Taligalea campestris , Aubl. , Guian., 2 , tab. 252 ; Lamk., Ill, gen., tab.543; Amasonia erecta,Liun. fils, Suppl. ,294; Vahl, Ed., 2 , pag. 5i. Plante herbacée, dont les tiges sont simples, droites, cylindriques, garnies de feuilles alternes, pétiolées , assez grandes, ovales-lancéolées, rudes au toucher, dentées en scie à leur contour, rétrécies en coiu à leur base , longues d'environ trois pouces sur environ deux pouces de large. Les fleurs sont disposées en une grappe droite , terminale, très -simple; les pédoncules courts, pu- bescens, chargés d'une à trois fleurs pédicellées; les bractées ovales, entières, plus longues que les fleurs. Le calice est presque glabre, à cinq découpures droites, ovales, aiguës; la corolle jaune , tubulée ; le limbe plane , plus long que le tube, à cinq lobes aigus , réfléchis au sommet. Le fruit est une baie sèche, ovale, arrondie, très-glabre, de la grosseur d'une noisette. Cette plante croît dans la Guiane et à Su- rinam. Taligale POURPRÉE: Taligolea punicea, Poir. , EncycL; Ama- sonia punicea, Vahl, Ed. 2 , pag. 5i. Arbrisseau qui s'élève à la hauteur de deux ou trois pieds sur une tige rameuse; les rameaux dressés, longs d'un pied, simples, un peu pubes- cens , garnis de feuilles éparses, pétiolées, elliptiques, lan- i5o TAL céolées , longues de deux ou trois pouces ; les inférieures ovales, rélrécies à leur base, aiguës au sommet, dentées en scie , glabres dans leur vieillesse , un peu velues à leurs bords. Les fleurs sont disposées en une grappe terminale, longue de deux ou trois pouces et plus : ces fleurs sont alternes , unila- térales ; les inférieures réunies au nombre de trois sur le niêmepédicelle ; les supérieures solitaires; les bractées ovales, pédicellées, mucronées, dentées en scie, velues en dessous, ainsi que les pédoncules. Le calice est pubescent, à cinq dé- coupures ovales, acuminées , ciliées au sommet; la corolle d'un rouge écarlate ; le tube un peu comprimé, ayant les lobes du limbe ovales, le supérieur un peu plus étroit; les étamines sont plus longues que la corolle ; les anthères oblon- gues; l'ovaire est globuleux; le style filiforme ; le stigmate simple, aigu. Le fruit est une baie oblongue, \jlb peu plus grosse qu'un pois , renfermant quatre semences. Cet arbris- seau croit dans l'Amérique , à l'ilc de la Trinité. (PoiR. ) TALIN, Talinum. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des portulacées , de la dodécandrie monogjniede Linné, offrant pour caractère essentiel: Un calice à deux folioles caduques, quelquefois plus; cinq pétales presque égaux ; des étamines nombreuses, insérées sur le réceptacle; un ovaire supérieur, uniloculaire ; un style court; trois ou quatre stigmates. Le fruit est une capsule uniloculaire, à trois valves, renfermant des semen- ces nombreuses , fort petites. Ce genre avoit été confondu avec les pourpiers, auxquels il ressemble par le port et autres caractères: il en rlifïere en ce que les pourpiers sont des plantes herbacées, la plupart annuelles , tandis que les talins sont des arbrisseaux ou des arbustes i mais le caractère qui les distingue particulièrement des pourpiers, consiste dans une capsule à une seule loge, partagée en trois valves qui s'ouvrent dans leur longueur, tandis que celle des pourpiers est uniloculaire, d'une seule pièce, s'ouvrant transversalement comme une boite à savon- nette. Au moyen de cette réforme, les limites de ces deux genres sont très-bien marquées, et ne laissent aucun embar- ras pour les espèces à placer dans l'un ou l'autre genre. Les talins jouissent des mêmes propriétés que les pourpiers; leurs TAL '5i feuilles , grasses, épaisses, sont un peu acres, et passent pour diurétiques, antiscorbutiques : elles peuvent être employées comme assaisonnement; mangées cuites, elles rafraîchissent. Talin triangulaire: Talinum Iriangulare , WiHd., Spec. Portulaca racemosa , Linn. , Spec; Portulaca Iriangularis , Jacq, , Amer, et Obs., i , tab. 23. Cette plante a des tiges glabres, ligneuses, épaisses, couchées ou renversées. Les feuilles sont alternes ou éparscs, épaisses , charnues, presque ovales, cu- néiformes à leur base, élargies à leur partie supérieure, échancrées et mucronées au sommet , glabres à leurs deux faces. Les fleurs sont terminales , réunies en une grappe simple et droite; les pédoncules triangulaires, soutenant plu- sieurs fleurs pédicellées. Le calice est lisse et verdàtre , à deux folioles un peu planes , presque obtuses. La corolle est blanche ou jaunâtre, à cinq pétales ouverts, un peu oblongs ; les éla- niines inégales, plus courtes que la corolle; l'ovaire glabre, un peu globuleux. Le fruit est une capsule à une seule loge, divisée en trois valves concaA'^es; les semences sont planes, fort petites, attachées à un placenta central. Cette plante croit en Amérique, sur les côtes maritimes. Talin a feuilles épaisses: Talinum crassi/olium , "Willd. , Spec; Portulaca crassifolia , Jacq., Hort. , 3, tab. 62. Cette espèce se distingue de la précédente par ses feuilles plusalon- gées, point échancrées, par ses fleurs en corymbes et non en grappes. Les tiges sont droites , glabres, ligneuses; les ft uilles alternes, épaisses, succulentes, en ovale renversé, larges, entières, rétrécies à leur base. Les fleurs sont disposées en corymbes terminaux , peu garnis , composés de pédoncules grêles, triangulaires, chargés de quelques fleurs pédicellées; le calice est divisé en deux folioles courtes; la corolle rouge, plus longue que le calice; la capsule à une seule loge, «'ou- vrant en deux valves. Son lieu natal n'est pas connu. Talin a feuilles d'orpin: Talinum anacaivpseros , Willd., Spec; Rulingia anacampseros , Ehrli. , Beitr. , 5, pag. i55; Dill., Hort. Eltk. , tab. 281 , fig. 363 ; Commel. , Hort. , % , tab. 89 j Burm. , Afr., tab. 3o , Gg. 2. Cette espèce a des tiges épaisses, hautes d'environ quatre ou cinq pieds, garnies, prin- cipalement à leur partie inférieure, de feuilles trés-succu- ientes, glabres, ovales, un peu arrondies, presque globu- ï52 TAL leuses , garnies, dans leur aisselle, de petifes touffes de poils. Les fleurs sont disposées en une grappe simple , alongée, peu garnie. Les pédoncules sont glabres, cylindriques, soutenant plusieurs fleurs; les deux folioles du calice concaves aif^ues; la corolle est rougeàtre, ouverle, à pétales assez grands, en cœur renversé, obtus au sommet. Cette plante croît au cap de Bonne-Espérance. Talin ligneux: Talinum fruticosum , "VVilld. , Spec. • Portu- lacafruticosa, Linn., Syst. veg.- Porlulaca panictilala, Linn. , Spec; Commeh, H ort., i , tab. 4. Arbrisseau glabre sur toutes ses parties. Sa tige est garnie à sa partie inférieure de feuilles grasses, molles, épaisses, larges, planes, en ovale renversé, obtuses, entières, échancrées au sommet, rétrécies presque en pétiole à leur base. Les fleurs sont terminales, disposées en une panicule étalée , dont les rameaux sont autant de grappes partielles. Les folioles du calice sont courtes, ovales, lancéolées; la corolle est blanche, à pétales plus longs que le calice. Le fruit est une capsule fort petite, sphérique, uni- loculaire , à trois valves, s'ouvrant de la base au sommet, renfermant des semences arrondies, lenticulaires, glabres, luisantes et noirâtres. Cette plante croit dans ry\.mérique , le long des côtes maritimes. Talin étalé : Talinum païens, Willd., Spec; Porlulaca pa- ïens, Jacq., Hort. , i5i ; Andr. , Bot. repos., tab. 2 53. Ses tiges sont droites, ilexibles, hautes d'environ un pied, garnies de rameaux lisses, alternes , tétragones; les inférieurs plus alon- gés; les feuilles alternes, médiocrement pétiolées, un peu succulentes, ovales-lancéolées, relevées en carène, rétrécies à leur base, glabres à leurs deux faces. Les fleurs sont réu- nies en une panicule terminale, ample, étalée, alongée; les ramifications filiformes, dichotomes ; les pédicelles courts , inégaux. Le calice est glabre, rougeàtre, à deux folioles; la corolle rouge, à pétales ovales, obtus, plus longs que le ca- lice ; les filamens sont plus courts que les pétales ; le style a tfois divisions; la capsule, globuleuse, uniloculaire , à trois valves, renferme des semences noirâtres. Cette plante croit dans l'Amérique méridionale. Talin réfléchi : Talinum rejlexum , Cavan. , Je rar., 1 , tab- 1 ; Bot. Magaz., tab. iS^ô. Cette plante a des tiges droites, gla- TAL ^53 bres , médiocrement ligneuses , garnies de feuilles presque sessiles, opposées, ovales-lancéolées, épaisses, entières, gla- bres, rétrécies en pétiole, longues d'environ deux pouces, tendres et cassantes. Les fleurs sont terminales , réunies en une ample panicule ; les divisions opposées; les ramifications presque filiformes. Le/ calice est glabre , à deux folioles courtes, ovales, un peu obtuses; la corolle jaune, à pétales au moins une fois plus longs que le calice, ovales, un peu arron- dis , obtus, rétrécis à leur base; les filamens sont plus courts que la corolle ; les anthères fort petites; le stigmate a trois divisions subulées, inégales. La capsule est glabre , ovale, el- liptique, à trois valves; les semences sont fort petites, pédi- cellées, insérées sur un placenta filiforme et central. Cette plante croit dans l'Amérique méridionale. Talin cunéiforme: Talinum cuneifolium , "WiHd., Spec.;Por- tulaca cuneifolia, Vahl , Sjymh., i , pag. 55; Oijgia porlulaci- folia , Forsk. , jEgjpL, io5. Arbrisseau dont les tiges sont droites, hautes d'environ trois pitds, garnies de feuilles al- ternes, sessiles, épaisses, planes, cunéiformes, longues d'un pouce, entières à leurs bords, glabres, obtuses. Les fleurs sont disposées en une panicule terminale , étalée. Les rameaux inférieurs supportent une petite grappe de trois fleurs; les supérieurs sont presque en ombelle. Le calice est glabre, à deux folioles caduques, inégales, ovales, obtuses; la corolle, d'un violet rougeàtre , a ses pétales un peu arrondis, plus longs que le calice; les filamens sont verdàtres; les anthères jaunes, oblongues, inclinées, h. deux loges. L'ovaire est globuleux; le style filiforme, surmonté de trois stigmates divergens; la capsule globuleuse , à une seule loge, à trois valves; les se- mences glabres, noirâtres, petites, comprimées. Cette plante croit dans l'Arabie heureuse. Talin tombakt: Talinum decumhens ,1\ W\à. , Spec. ;Portulaca decunibens,\ ahl, Sjmh., i , pag. 35; Orjgiadecumhcns^VoTsk.^ jEgjpt. ^ io5. Quoique cette plante s'écarte en partie de ce genre, peut-être eût-il mieux valu la conserver dans le genre Orj'gia établi par Forskal. Ses tiges sont inclinées ou tom- bantes, ligneuses, garnies de feuilles planes , ovales, entières, bleuâtres, un peu farineuses, aiguës, rétrécies à leur base. Les fleurs sont disposées en grappes axiilaires; leur calice est iH TAL diA-^isé en cinq folioles vertes, ovales, aiguës; la corolle d'uH rouge violet, à pétales presque au nombre de vingt, lancéo- lés; les cinq styles sont filiformes, terminés par des stigmates violets; la capsule globuleuse, environnée à sa partie infé- rieure par le calice persistant, à cinq loges, à cinq valves, renferme un grand nombre de semences fort petites. Cette plante croit dans l'Arabie heureuse. (Poir.) TALING. ( Ornith. ) Nom hollandois de la petite sarcelle , anas vrecca , Linn. ( Ch. D.) TALI-PARIT!. (Bot.) Voyez Pariti. (J.) TALI-PULLU. {Bot.) Nom malabare du commelina nudi- f-ora, suivant Burmann ; du tradescanliamalabarica, selon Lin- naeus et Willdenow. (J.) TALÎO-CEBO. (Entom.) Ce nom est employé dans quel- qiies parties du Languedoc pour désigner le taupe-grillon ou courtilliére. (Desm.) TALISFAR, TALISAFAR. (Bot.) Daléchamps et Mentzel citent, d'après Avicenne, ces noms arabes du Macer. des anciens. Voyez ce mot. (J.) TALISIER, Talisia. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs polygames, polypétalées , de la famille des sapindées, de la po'jgamie décandrie de Linné, offrant pour caractère essentiel: Des fleurs polygames; un calice à cinq divisions; cinq pétales alternes avec les divisions du calice, munis cha- cun à leur onglet d'une petite écaille ; huit étamines courtes ; un ovaire supérieur à quatre loges; un style très-court; un stigmate presque à deux lobes; une capsule à cinq angles, à quatre ou cinq loges. Talisier A GRAPPES; TaUsiu hexaphjlla , Vahl, Ed. Amer., fasc. 2, pag. 29. Arbre dont les rameaux sont cylindriques, glabres, revêtus d'une écorce cendrée, couverts de points saillans, très-nombreux , divisés en d'autres rameaux alternes, irès-étalés , garnis de feuilles pétiolées, alternes, ailées, com- posées de quatre ou six paires de folioles opposées ou alter- nes, pédicellées, oblongues ou lancéolées, acuminées, gla- bres, entières, luisantes, longues de quatre ou six pouces; le pétiole arrondi. Les fleurs sont disposées en grappes axil- laires, très-simples, longues de deux ou trois pouces. Le ca- Uce est campanule, à cinq divisions lancéolées, un peu ob- TAL ^5J tuses et pubescentes; les pétales sont onguiculés, linéaires, une fois plus longs que le calice, munis en dedans, vers leur onglet, d'écaillés presque de la longueur des pétales, rous- sàtres, velues inférieurement; les étamines appliquées contre l'ovaire; les anthères droites, petites, obloiigues; l'ovaire est ovale, velu , blanchâtre; le style un peu plus court que la corolle; le stigmate légèrement échancrë. Les fleurs mâles offrent les mêmes caractères, mais elles n'ont point d'ovaire. Cette plante croit dans l'Amérique méridionale. Talisier rose: Talisia rosea, Vahl, loc. cit., pag. 5o; Tali- sia guianensis, Aubl., Guian. , pag. 349, tab. 106; Lamk., lll. gen., tab. 5 10. Cette espèce a ses tiges divisées en rameaux anguleux, d'un brun pourpre, garnis de feuilles alternes, pétiolées, longues d'un pied, ailées, composées au moins de six paires de folioles pédicellées; les inférieures alternes, les supérieures opposées, elliptiques , glabres, entières, un pou luisantes, acuminées, veinées et réticulées, longues de cinq ou six pouces ; le pétiole commun est cylindrique, d'un pourpre foncé. Les fleurs sont réunies en une panicule ter- minale, étalée , longue d'un demi-pied, à ramifications angu- leuses, garnies de bractées subulées; les inférieures longues d'un pouce , dentées en scie ; les dentelures tomenteuses. Le calice est à cinq découpures oblongues,un peu pubes- centes, obtuses, trois fois plus courtes que la corolle; les pé- tales sont linéaires, glabres, oblongs; à leur base sont situées des écailles lancéolées, de même longueur que les pétales, couvertes intérieurement de poils roussàtres : entre les éta- mines et la corolle on distingue un bourrelet charnu et sail- lant. Le fruit est une capsule à cinq angles. Cette plante croit dans la Guiane. (Poin.) TALISSl. [Bot.) Rumph cite ce nom macassar du badamier, terminalia catappa , qui est le talyo-batu de l'île de Banda. (J.) TALITRE. {Crust.) Nom d'un genre de crustacés de l'ordre des amphipodes, dont nous avons fait connoître les caractères et décrit une espèce de nos côtes, dans l'article Malacostracé$ de ce Dictionnaire, tome XXVlll, pag. 349. Voyez ce mot, (Desm.) TALITRON. (Bot.) Nom vulgaire , donné au sjsimbrium sc- ]phia, qui étoit ua thalictrum de Dodoens. (J.) i56 TAL TALLA. (Ornith.) Nom que porte, aux environs de Bom- bay, un sterne, regardé par Latham comme une variété du tshegrava. ( Cii. D.) TALLARET. (Ornith.) On a donné ce nom vulgaire, d'après son cri , à la petite mouette cendrée, larus cinerarius. (Ch. D.) TALLBIT. (Ornith.) Nom suédois du gros -bec, loxia coc~ cothraiis'es, Linn. (Ch. D.) TALLE. (Bot.) On donne ce nom, dans quelques cantons, au châtaignier. ( L. D.) TALLEH. (Bot.) M. Caillaud cite sous ce nom arabe un arbre du désert de l'Egypte, nommé par Forskal mimosa giimmifera, et par Delile , acacia gummifera. ( J. ) TALLETROST. (Ornith.) Ce nom est donné, suivant Olafscn et Povelscn, à une espèce de grive, dont ils parlent au tome S."^, page 5i5, de leur Voyage en Islande. (Ch. D. ) TALLING. (Ichthyol.) Aux îles Maldives on appelle ainsi le Thon. Voyez ce mot. (H. C.) TALLIPOT. (Bot.) Voyez Talaghas. (J.) TALLO,TARRO.(Boh)Dansla Nouvelle-Zélande on nomme ainsi, suivant Forster, Varum esculentum, qui y est cultivé avec soin. Sa racine tubéreuse, cuite sous la cendre, perd ainsi un principe acre qu'elle possède quand elle est crue; ainsi préparée, elle sert d'aliment. On la trouve dans toutes les îles du grand Océan : c'est le tallas des Javanois. (J. ) TALLOW -TREE. (Bot.) Nom donné par les Anglois, sui- vant Willdenow, à son tomex sebifera, réuni maintenant au genre Litsea. (J.) TALLY-KAFFA. (Bot.) Voyez Kakajar. (J.) TALON. (Conchjl.) Terme technique, employé en con- chyliologie pour désigner le sommet de la valve concave de quelqiies coquilles bivalves, et, entre autres, des huîtres, et surlout des spondyles, qui s'avance souvent bien au-delà de la charnière. Voyez Conchyliologie. (DeB.) TALONA. (Bot.) Suivant Rhcedc , les Portugais du Malabar nomment ainsi Vophioxjlum serpentinum. ( J. ) TALOR. (Ornith.) Ce mot, suivant Labillardière, désigne un œuf en malais. ( Ch. D.) TALPA. (Ornith.) Suivant le jésuite Acosta , les poules existoient au Pérou ayant l'arrivée des Espagnols, et elles TAL i57 portoient le nom de talpa dans la langue du pays, où leurs œufs s'appeloient portio. (Ch. D.) TALPA. {Mamm.) Nom latin de la Taupe. Voyez ce mot. ( Desm. ) TALPA MARINA. (Polj-p.) Séba et quelques autres auteurs anciens ont quelquefois désigné sous cette dénomination la- tine une espèce de madrépore dePallas, M.pileus deGmelin, du genre Fongie de M. de Lamarck, à cause de sa forme alongée et déprimée. (Voyez Fongie.) C'est aussi le nom spécifique d'une espèce de porcelaine, C. talpa. Voyez Porcelaine. (De B.) TALPA-SOREX. (Mamm.) Nom proposé par M. Lesson pour désigner un mammifère insectivore , que nous décri- rons à l'article Tupaya. (Desm.) TALPACOTI. ( Ornith. ) Nom sous lequel M. Temmïnck parle, au tome i.", in-8,°, de ses Gallinacés, page 421 , d'un colombi-galline de l'Amérique méridionale, qui est le pigeon rougeâtre de d'Azara , columba talpacoti, Temm. (Ch. D.) TALPAT. {Mamm.) La taupe est ainsi désignée dans plu- sieurs provinces méridionales de France. (Desm.) TALPIENS. (Mamm.) Nom donné anciennement par nous à une petite famille de mammifères insectivores et que nous ne composions que du seul genre Taupe. (Desm.) TALPINETTE. (Mamm.) Dans le Système anatomique des animaux de Vicq-d'Azyr, une petite musaraigne est désignée sous ce nom. (Desm.) TALPIER. (Entom.) L'un des noms de la chique ou de la puce pénétrante , ainsi appelée parce qu'elle pénètre sous la chair , comme les taupes; on la nomme aussi ninqua ou niqua. Voyez Puce PÉNÉTRANTE. (CD.) TALPOÏDE. [Mamm.) Nom donné par M. de Lacépède à un genre de rongeurs fouisseurs, à la manière des taupes et qui , à cause de cette habitude , ont aussi reçu le nom de Rat-taupes ou Aspalax. Ce genre renfermoit de plus la taupe du Cap , qui sert de type au genre qu'llliger a établi sous le nom de Bathyergus. (Desm.) TALUCCA. {Bot.) Le rocou , hixa , est ainsi nommé à Am- boine , suivant Rumph. (J.) TALU-DAMA. {Bot.) Ce nom malabare, cité par Rhéede, i58 TAL appartient au Soerhaavia erccto, suivant Burmann et Linnacus-. (J.) TALYO-BATU. (Bot.) Voyez Talissi. ( J, ) TAM-AND. (Ornith.) Un des noms norwégiens du ca- nard sauvage, anas boschas, Linn. (Ch. D.) TAMACH. {Mamm.) Ambroise Paré a parlé sous ce nom d'un singe dont on ne sauroit reconnoître l'espèce, mais que Sonnini regardoit comme analogue aux babouins ou papions. (Desm.) TAMACH. [Erpét.) Bontius a figuré sous ce nom, pi. 82, de son Hisl. nat. et méd. des Indes, un animal qui n'est autre que la tortue caret, testudo squammata, et sur les propriétés médicales de laquelle il donne des détails superstitieux. Les Chinois la nomment Larj. (Lesson.) TAMACOLIN DE LA NOUVELLE- ESPAGNE. {ErpétoL) Daudin a décrit sous ce nom le lézard des souches, que l'on trouve aux environs de Paris. Voyez Lézaro. (H. C.) TAMACUILLA HUILLA. (ErpétoL) Un des noms parlés- quels, en Amérique, on désigne le boa aboma. Voyez Boa. (H. C.) TAMACT. (Bot.) Nom ancien de la matricaire, parthenium de Dioscoride, sur les côtes d'Afrique, suivant Mentzel. Rueliius l'écrit thumatli. (J. ) TAMAGAS. (Ornith.) M. Desmarest, qui a inséré ce nom avec celui de margasso , dans la seconde édition du Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle , dit , d'après leDictionnaire languedocien , qu'il désigne un genre d'oiseaux dont la tête est plate, et la mandibule supérieure un peu crochue et échancrée des deux côtés. Ce naturaliste pense que le pre- mier terme s'applique aux pie-grièches et qu'il a pu donner lieu au nom de tangara. (Ch. D. ) TAMAJAC. (Ornith.) Espèce de tamatia, décrite sous ce nom par Levaillant dans le Supplément à l'histoire des pro- merops, des barbus, etc., et figuré pi. F. (Ch. D. ) TAMAKA. (Bot.) Au Sénégal oa nomme ainsi le tabac , suivant Adanson. (J. ) TAMALAK. (Bot.) Le cleome pentaphylla, espèce de mo- zambé , est ainsi nommé, suivant M. Caillaud , par les Arabes de Dongulah , qui le mangent. (J, ) TAM 359 TAMALAPATR^, ZIMMETROSTEIN. (Bot.) Rauwolf, dans son Voyage du Levant, ou plutôt Gronovins, éditeur de son Flora orientalis , cite sous ces noms le laurier cannel- lier, laurus cinnamomum. M. de Lamarck croit que c'est plutôt le laurus malabatrum. Voyez Cadeji-indi. (J.) TAMALASSE. {Bot.) Voyez Bawang. (J.) TAMANAK. (Ornith.) Voyez Phibalure. (Ch. D.) TAMANDOUA ou TAMANDUA. {Mamm.) Espèce de mam- mifère de l'ordre des édentés et du genre Fourmilier. Dans la langue des Galibis ce nom est générique; lamandua- guacu ou grand tamandua, désigne le fourmilier tamanoir; taman- dua-i est le tamandua ordinaire ou fourmilier lamandua , et lamandua-miri est le petit fourmilier ou fourmilier didactyle. Voyez l'article Fourmilier , lom. XVII , pag. 322 et suivantes. (Desm.) TAMANDUA BANDEÏRA. {Mamm.) Ainsi est désigné en langue brésilienne le mjrmecophaga jubata ou tamanoir, que les Créoles nomment cavallo. Cet animal vit de nids de ter- mites et se loge dans leur partie inférieure. (Lesson. ) TAMANOIR. {Mamm.) Espèce de quadrupède édenté du genre Fourmilier. Voyez ce mot. (Desm.) TAMAQUARINA. {Bol.) La plante nommée ainsi par les Garipous de la Guiane, est le ccmeraria /amaq^uarma d'Aublet, cameraria lutea de M. de Lamarck et de Willdenow. ( J. ) TAMAR. {Bot.) Voyez Vaniech. (J.) TAMAR-HENDI. {Bot.) Nom arabe du tamarin , tamarindus signifiant fruit de l'Inde. On le trouve aussi dans l'Egypte, suivant Forskal et M. Delile. Il a été trouvé très-abondam- ment, par M. Caillaud , dans la province de Zamamyl, où il est nommé ardeb par les Arabes, et mayleh dans la langue des Fayens. Il cite sous le nom de tamar-iiendi et-abjd, un autre arbre du Djebel-Monyl , dont le fruit est un drupe, couvert de papilles, renfermant quatre noyaux enveloppés d'une pulpe acidulé sucrée. M. Delile le rapporte au genre Grewia et le nomme grewia echinulata. ( J. ) TAMARA. {Bol.) Nom malabare du nelumbo , nelumbium, genre bien différent du Nénuphar, ISjmphœa, auquel Linnaeus Favoit réuni. Le bentamara paroît être la même plante ; le ta- ratti de Rumph est encore la même, suivant Buriiianr?. Il est »Co TAM écrit /urnï//i par M. Blumc. à Java, et celui-ci ajoute que le cnfîaHa strllnhi de la miuie famille est le tjrr,illi-hiru. (J.) TAMARA-TONGA. CARAMBOLAS. (Bot.) iXonis mala- baros, cités par Rhéede. d"un carambolier, ûwerr/ioles. Les feuilles radicales sont deux fois ailées, nombreuses. a82 TAN longues de deux ou trois pouces; celles des tiges rares, al- ternes, pétiolées, simplement ailées ou pinnatifides, ou seu- lement divisées en dents très- profondes. Les fleurs sont so- litaires, situées à Textrémité des tiges, portées sur un pédon- cule simple et oblong. Le calice est alongé, composé d'écaillés imbriquées, serrées, pubcscentes; les corolles sont peîites- de couleur jaune; les semences nues; le réceptacle sans pail- lettes. Cette plante croit dans le Levant. (Poir.) TANAOMBÉ. (Omith.) Nom d'un merle à Madagascar, turdus tanaombe, Lath. (Ch. D.) TANAOS. {Entom.) Nom donné par M. Schœnher-r au 20.* genre de charansons, qui ne comprend qu'une espèce des Indes orientales. C'étoit Vapion sanguineum de Thunberg. Le mot grec raj/stoç signifie alongé. (C. D. ) TANA-POCALA. {Bot.) Nom brame du scirpus articulatus, suivant RJiéede. (J.) TANA-POVEL-PAATSIA-MARAWARA. (Bot.) C'est le nom qu'on donne au Malabar, selon Rhéede, à une plante qu'il figure dans son Hortus malabaricus , vol. j 2 , pi. 14. La figure qu'il donne représente le lycopodium plegmaria , plante qui se rencontre encore dans d'autres parties de l'Asie , etc. Voyez PLEGMAaiA et Lycopodium. f Lem.) f ANAMAÇAME ou TEMEMAÇAME. (Mamm.) Voyez l'ar- ticle Mazame. (Desm.) TANARIDO. (Entom.) Ce nom est employé en Languedoc, selon l'abbé de Sauvages, pour désigner également la cantha- ride vésicatcire et la plante connue en françois sous celui de tanaisie. (Desm.) TANARIUS. {Bot.) Sous ce nom Rumph a décrit un ricin de l'Inde, qui est le ricinus tanarius de Linnœus, reporté par M. Adrien de Jussieu à son nouveau genre Mappa, dans sa Monographie des euphorbiacées. (J.) TANAS. ( Oniith. ) Les Nègres du Sénégal nomment ainsi un faucon huppé. (Ch. D. ) TANAY. (J5of .) Nom persan, cité par Rumph, de son Soccus major, 1 , . t. 00 ; espèce de jaquier, artocarpus integrifolia de M. de Lamarck, qui est le nanca des Malais, le taiwel de l'ile de Baly. (J.) XANCASSON. (Bot.) Rochon cite sous ce nom une vigne TAN i85 sauvage du Madagascar, qui s'élève, en grimpant, jusqu'au sommet des plus grands arbres. Son fruit est acre et peu agréable; cependant les insulaires en font quelque cas. Nous possédons en herbier cette plante cueillie à Madagascar par Poivre, sous le nom de voua-tancasson. Ses feuilles ressem- blent à celles du peuplier et nous l'avons nommée cissus po- puiifolia; une autre espèce de cissus ou de vitis est nommée taco-taco dans la même ile : sa feuille ressemble à celle du tancasson. (J.) Tx\NCHAGEN. {Bot.) Nom portugais du plantago major, cité par Vandelli. (J.) TANCHE, Tinca. {Ichthj'ol.) On appelle ainsi un genre de poissons osseux holobranches, de la famille des gymno- pomes, dans le sous -ordre des abdominaux, formé par suite du démembrement du grand genre des Cyprins d'Artédi, de Linnicus et de feu de Lacépède, et reconnoissabie aux ca- ractères suivans : Opercules des branchies lisses, sans écailles; ventre arrondi; nageoire du dos unique , courte, et à rayons osseux; dents maxil" laires nulles; lèvres protractiles ; des barbillons. A l'aide de ces notes, on distinguera facilement les Tanches des BuRO , des Mènes, des Xystères , des Dorsuaires, des Serpes, des Clupées , des Clupanodons, des Engraules et des MvsTEs , qui ont le ventre caréné; des Goujons, dont les écailles sont de grandeur ordinaire; des Ables et des Brèmes, qui n'ont point de barbillons; des Hydrargyres, qui ont des dents; des Athérines , qui ont deux nageoires dorsales; des Carpes et des Labbons , chez lesquels cette même nageoire est longue. (Voyez ces divers noms de genres et Gymnopomes.) La Tanche commune: Tinca vulgaris , N. ; Cyprinus tinca, lÂnn. ; Merula Jluviatilis , Schonev. Tête grosse, front large ; œil petit; lèvres épaisses; dos un peu arqué; corps court, volumineux , aplati , enduit d'une humeur visqueuse et couvert d'écaillés si menues, que Richter en porte le nombre à trente mille; nageoire caudale ronde et tronquée; yeux petits; peau épaisse. La couleur générale de ce poisson varie suivant le plus ou le moins de pureté des eaux qu'il fréquente. Il est presque tout noir dans les mar^ fangeux, et d'uu jaune doré très- 384 TAN éclatant dans les rivières dont le fond est sablonneux et le cours rapide. Communément il est d'un vert foncé sur le dos, jaunâtre sur les côtés et blanchâtre sous le ventre. Ses nageoires sont violettes et ses joues d'un jaune vert. N'ou- blions pas non plus que toutes ces teintes offrent encore beaucoup de variétés de nuances dépendantes de l'âge, du sexe , du genre de nourriture de l'individu observé et du climat qu'il habite. Les couleurs des mâles sont moins obscures que celles des femelles. Leurs catopes sont aussi plus grands et leurs os plus forts. On trouve des tanches presque par toute la terre, dans les eaux douces, mais spécialement dans les lacs et dans les marais ; car ce sont les eaux stagnantes et vaseuses qu'elles recherchent principalement. La plupart de celles que l'on prend en France ont moins d'un pied de longueur; mais on en pêche quelquefois de beaucoup plus grandes et qui pèsent cinq à six livres, ou même, comme le prétend Salviani, jusqu'à vingt livres. Elles ne craignent point les rigueurs de l'hiver, et beau- coup de naturalistes sont portés à penser qu'elles passent les mois de la saison du froid enfoncées, peut-être même en- gourdies, dans le limon submergé. Elles se nourrissent des mêmes alimens que les carpes , croissent rapidement et multiplient beaucoup. Leurs œufs sont verdàtres , petits , et si nombreux que Bloch en a compté deux cent quatre-vingt-dix-sept-mille dans une fe- melle du poids d'environ quatre livres. Lorsque l'été ap- proche , elles cherchent, pour y déposer ces œufs , des places couvertes d'herbes aquatiques, auxquelles ils s'attachent. On les voit souvent sauter hors de l'eau pour saisir les in- sectes au vol. Elles ont, du reste, la vie très -dure. On les prend au lilet ou avec des lignes amorcées de vers, et on peut facilement peupler avec elles des mares, des vi- viers, des fossés boueux et des étangs. Cependant, lorsqu'on en met dans des étangs à carpes, il faut en limiter le nombre, parce que leur voracité fait qu'elles affament celles-ci et les empêchent de croître. La chair de la tanche est blanche, mais elle est lardée d'arêtes, molle, fade, difficile à digérer et imprégnée fré- quemment d'une odeur de limon et de boue; ce qui fait qu'elle est généralement repoussée des tables délicatement servies, et ce qui n'empêche pourtant point qu'elle n'ait joui anciennement d'une certaine réputation en thérapeutique. On a, en cfTet, recommandé comme un remède héroïque contre la peste, le typhus et les fièvres ataxiques, l'applica- tion aux pieds de tanches coupées par morceaux; contre la céphalalgie, celle d'une tanche vivante sur le front; contre le chémosis et l'ophthalmie, celle du même poisson et dans le même état sur la nuque ; contre l'ictère, son contact avec le ventre, etc. On a préconisé aussi son fiel comme anthelminthique et ses osselets auditifs comme détersifs, diurétiques. Toutes ces propriétés merveilleuses se sont évanouies de- vant la lumière répandue dans ces derniers temps par le flambeau de l'expérience. (H. C. ) TANCHE DORÉE. {Ichthyol.) Voyez Tanchoe. (H. C.) TANCHE DE MER. {Ichthjol.) Nom d'un Labre décrit dans ce Dictionnaire , tome XXV , page 27. ( H. C. ) TANCHOR.(rc/3iJijoi.) Nom spécifique d'une tanche. (H. C.) TANCO-PEIRO. {IcUhjol.) Nom provençal de la Motelle. Voyez ce mot. (H. C.) TANCOÏDE. {IcMiyol.) Voyez Tanche de mer. (H. C.) TANDA TANDA. (ichthjol.) Voyez Sonnerat. (H. C.) TANDALE-COTTI. {Bot.) Rhéede, dans son Hortus malcv- laricus, vol. g , pi. 26 et 26, figure sous le nom de tandale- cotti deux plantes légumineuses, donnéespar Willdenow pour les crotaliaria juncca et retusa, Linn. (LeiM.) TANDALO. [Bot.) Nom brame du sckei^u-hala à\x Malabar, cerua lanata. ( J. ) TANDJONE-KANKL {Bot.) Nom javanois, cité par Bur- mann , du calaba, calophjllum calaha. (J.) TANDŒ KŒNING. {Ichthyol.) Nom que les colons hollan- dois des Indes donnent au Taureau de mer. Voyez ce mot et Coffre. (H. C.) TANDTHOYE. {Mamm.) Nom danois du dauphin orque ou gramfus des Anglois. (Desm. ) 186 TAN TANG. (Tchthyol.) Nom spécifique d'un muge. (H. C.) TANG-BROSME. {Ichthyol.) Voyez Steen-brosme. (H. C.) TANGAf.UNG. {Mamm.) Les Malais donnent ce nom, que sir Raffles mentionne dans son Catalogue, au viverra zihetha , Linn. Les Sumatranois recherchent cet animal à cause de son parfum bien connu, qu'ils nomment zibet ou dedes : ils reconnoissent une variété de cette espèce, beaucoup plus petite de taille et qu'ils nomment tangalung padi. (Lesson.) TANGARA; Tanagra , Linn. (Oriiith.) Les oiseaux aux- quels on a donné, au Brésil, le nom de iangara, ont originai- rement été regardés comme des espèces de moineaux , avec lesquels ils ont, en effet, des rapports parleur conformation, par leur marche sautillante, leur vol court et peu élevé, par une voix peu agréable ; en général , par leur éloignement pour les lieux marécageux et leur fréquentation des habitations rurales, quoique les bois et les plantations soient leur séjour de préférence. Les insectes qu'ils saisissent sur les branches et plusieurs baies, sont toutefois leur nourriture ordinaire, mais ils mangent aussi de menus grains ; et foutes ces circons- tances étoicnt d'autant plus propres à donner lieu aux rap- prochemens des deux familles, que le bec, gros et fort chez la plupart, ne laissoit pas apercevoir aux yeux peu exercés des premiers voyageurs, le caractère essentiel de la double echancrure de la mandibule supérieure. L'Amérique, et particulièrement les contrées équinoxiales, paroissent être exclusivement la patrie des tangaras, quoi- qu'on ait donné à quelques espèces des noms qui semble- roient indiquer qu'on en auroit rapporté des Indes. Comme ce sont, au reste, des oiseaux dont beaucoup d'espèces se font remarquer par leurs belles couleurs, Mauduyt, regret- tant qu'on ne puisse les apporter vivans avec la même faci- lité que d'autres oiseaux purement granivores, dit qu'on y parviendroit vraisemblablement en substituant aux fruits la mie de pain humectée, et aux insectes la viande crue et hachée très-menue , seule ou mêlée de pain de pavot. Il pense même qu'on pourroit ainsi parvenir à les acclimater et peut-être à les faire multiplier en domesticité. Quoique les tangaras aient pour principaux caractères un bec conique , pointu, presque tiùangulaire à sa basej la man- TAN i8r dibule supérieure plus ou moins convexe et lëgèrement échancrée vers les bords; la mandibule inférieure droite et un peu renflée vers le milieu ; les narines latérales et arron- dies ; les deux doigts externes réunis seulement jusqu'à la première phalange, les espèces offrent de telles variations, que la plupart des auteurs en ont formé différens groupes. Leurs couleurs n'offrent pas de reflets métalliques, mais elles sont brillantes, vives et tranchées, chez les mâles, tandis qu'elles sont plus ou moins ternes chez les femelles. M. Desmarest, qui en i8o5 a publié sur ces oiseaux un grand ouvrage , orné des belles planches de M. " de Cour- celles , a écarté un certain nombre d'espèces admises par Graelin et Latham; mais il n'a pas cru pouvoir se dispenser de diviser en sections celles qu'il a conservées. Il a donné aux oiseaux composant la première section, dont les pieds sont plus courts que la queue, le nom de tangaras proprement dits, et y a placé le septicolor, tanagra tatao ; le tricolor, T. tricolor; le diable enrhumé, T. mexicana; le passe-vert, T. cajana; le rouge-cap , T. gularis ; l'évêque , T. episcopus ; le rouverdin, T. gjrola; l'archevêque, T. aràdepiseopus ; le syacou , T. punctata. La seconde section , dont les pieds sont de la longueur de la queue, et que l'auteur a appelée tangaras euphones , com- prend l'organiste, T. musica ; le téité, T. violacea; le chloro- tique, T. chlorotica; le nègre, T. cayennensis. Ces quatre espèces dévoient même, suivant lui, former un genre par- ticulier. La troisième section , les ramphocèles , dont les pieds sont plus courts que la queue, et dont la mandibule inférieure est prolongée sous les yeux, se compose des tangaras du Missis- sipi et du Canada , tanagra mississipensis et œstiva, lesquels paroissent êlre la même espèce. La quatrième section est formée des tangaras colluriens , dont le bec ne diffère de celui des pie-grièches qu'en ce qu'il est plus conique, plus gros à su base et moins crochu à l'ex- trémité : elle comprend le camail, T. atra ; le mordoré, T, afncapj7/a; le verderoux , 2'. gujanensis ; VoUvet, T. olivacea^ le tangara à coiffe noire , T. atra ; Toiseau silencieux , T. silens. ï88 TAN Et la cinquième section, qui, par la forme du bec et la disposition des couleurs, se rapproche des loriots, n'est com- posée que du taugara noir, T. nigerrima , et de lahoupette, T. cristata. Quoique les tnngaras proprement dits soient monogames . lorsqu'ils s'occupent de la propagation, ils se réunissent par f.nuiiles pour nicher sur les mêmes arbres, et les femelles se livrentseulesà la construction des nids, composés d'herbes sèches et de feuilles, et dans lesquels elles pondent deux ou trois œufs de forme alongée et blancs, avec des taches aux àcux bouts. Depuis la publication de l'ouvrage de M. Desmarest ont paru ceux de MM. Cuvier et Vieillot. Le premier a distribué les tangaras en six divisions, dont la première comprend , sous le nom de Tangaras euphnnes ou Bouvreuils , les tanagra violacea (Enl., 112 — i et 2) ; T. cajen- nensis (Enl., 3 ) , et pipra musica (Enl., 809 — 1). =La se- conde, les Tangaras gros-becs; savoir: I'. magna (Enl., ao5); T. aira( Enl., yi-j — 2) , etcoracias cayennensis {Knl. , 616). = La troisième, les Tangaras proprement dits : T. tafao (En!., 127 —2); T. tricolor (Enl., 35); T. mexicana (Enl., 290 — 2 et i55 — O; T. gjrola (Enl., i33 — 2): T. cayanaCEnl., 201 — 2 et 290 — 1 j ; pipra perui^mna ( Enl. , 178); T. episcopus, archiepiscnpus , varia, Desm, ; motacilla velia ^ Linn. (Enl. ,669); T. punctuta et sj-aca ( Enl. , i53). Nota. Les T. gularis (Enl. , i55 — 2 ) et pileaia (Enl. , 720) ap- prochent des becs-fins par leur bec plus grêle. I/a quatrième , les Tangaras loriots : T. cristata ( Enl. , 7 et 3oi — 2); T. nigerrima (Enl., 179 — 2 et 711); T. oli- vacea, T. griseeicollis (Enl. 720). Ce dernier est un vrai bec- fin, un figuier à bec un peu gros. La cinquième , les Tangaras cardinals : T. mississipensis (Enl., 7/42); T.ruhra (EnL 166). La sixième, les Tangaras ramphocèles ; T. j'acapa ( Enl. , 128); T. brasilia (Enl., 127 — 1). Aola. Les T. nlricapilla {Enl. , 809 — 2) et T. giijanensis soat des picïgrièclieï. M. Vieillot ne s'est pas borné à faire des sections; il a forme des genres particuliers pour un grand nombre d'es- TAN ï% pèccs, et il en a intercalé plusieurs dans des genres précédem- ment établis. M. Temminck , dans son Système d'ornithologie, n'a pas divisé les tangaras en genres particuliers, et il s'est borné, comme M. Cuvier , cà proposer de les séparer en sections. Les seules espèces qu'il indique dans la seconde édition de son Manuel, comme appartenant au genre Tan gara , sont les suivantes : Lanius picatus, Lalli., et leverianus , Gmel. , oiseau placé jusqu'à présent avec les pie-grièches, qui est de la grosseur d'une grive, et dont le plumage est noir et blanc. ^= Tanagra atricapilla, Lath. , ou tangara mordoré, Buff. — T. ruhra, présenté comme identique avec loxia rnexicana. • — T. mississi- pensis , le même que T. œstiva et variegala. =T.jacapa. — (T. Irasiliœ , mâle, T. rudis, femelle). = T. magna, ou tangara desi grands bois de Cayenne, pi. enl. , io5. — T. melanopis, camail ou cravatte, pi. enl., 714 , fig. 2. — T. ornata, Lath., le mcuie que T. archiepiscopus, Desm. = T. cristata ou houpette, p!. enl., 7, fig. 2. — T. martialis, pi. enl., 5oi, fig. 2 , laquelle pa- roit être regardée par M. Temminck comme représentant une autre espèce que celle qui est figurée pi. 7. — T. gularis ou rouge -cap , pi. enl. , i55 , fig. 2 , sous le nom de tangara brun d'Amérique. = Pipra musica ou l'organiste de BuHon , pi. enl., 809 , fig. 1, qui est présenté comme identique avec le T. Jlavifrons. = T. pileata ou tangara à coifie noire de Buffon, pi. 720, fig. 2. — Sj^lvia velia , pi. de Bulï". , 669, fig. 3, sous le nom de pipit bleu de Surinam. Dans cet état de choses, et pour ne pas s'exposer à de doubles emplois, on croit devoir, en attendant que les oi- seaux connus assez généralement sous le nom de tangaras aient été distribués d'une manière plus uniforme, devoir se borner à parler ici des espèces auxquelles ce nom se trouve restreint par les nouveaux genres de M. Vieillot , et dont il n'a pas été question sous les mots Arrémon , Esclave, Habia, Jacapa , Lanion, Némosie, Pie-grièche, Pyranga , Tachv- PHo^E, ViRÉON, en y ajoutant les espèces nouvelles que M. Temminck a décrites dans ses oiseaux coloriés. Tangara septicolor ; Tanagra tatao , Linn. et Lath. Cette espèce, une des plus remarquables du genre, est représentée '90 TAN dans les planches enluminées de BufFon, sous les n.^'y, fig. 3, et 127, fig. 2 ; mais ces figures sont défectueuses, et l'on en trouve une meilleure dans l'histoire des tangaras de M. Desmarest. Le septicolor, qui est long d'environ six pouces est de la grosseur du serin. La queue est un peu fourchue -, la. fête est recouverte de plumes écailleuses, d'un vert jaune; un noir velouté règne sur le dos, le derrière du cou et les pennes des ailes et de la queue ; le bas du dos est d'une cou- leur de feu; le croupion d'un jaune orangé; la poitrine d'un Lieu violet; le ventre et les couvertures supérieures des aile* de couleur d'aiguë -marine; le dessous des pennes caudales d'un gris foncé : le bec et les pieds sont noirs. La femelle a les couleurs moins vives que le mâle et les jeunes, et elle n'acquiert, en aucun temps, la belle couleur de feu du dos des mâles adultes. Ces oiseaux, qui se réunissent en troupes, arrivent dans l'intérieur des terres de la Guiane à l'époque de la maturité de certains fruits; mais ils n'y nichent pas. Leur cri est aigu et ils n'ont point de ramage. Tangara trigolor ; Tanagra Lricolor , Gmel. et Lath. , pi. enl. de Buffon , n." 35, fig. 1 et 2. M."*^ de Courcelles a donné deux figures de cet oiseau, représentant les deux sexes, qui ne paroissent guère différer que par la couleur de la tête, verte chez fun et Lieue chez l'autre; mais M. Vieillot qui, dans la première édition du Dictionnaire d'histoire naturelle, étoit aussi d'opinion que ces deux oiseaux, de même gran- deur, c'est-à-dire d'environ cinq pouces, et qui se trouvent dans les mêmes contrées , ne formoient pas des espèces; différentes, en a émis une autre dans la seconde édition de cet ouvrage, et, n'appliquant qu'à la figure première de la planche de Buffon la dénomination de tanagra tricolor , il appelle t.mgara varié à tète Lieue, tanagra cjyanocephala , l'oiseau de la seconde figure. Cet auteur , qui avoue que la femelle et le jeune ne sont pas connus, paroit s'être un peu pressé de déclarer que les différences par lui signalées appartiennent à deux mâles étrangers plutôt qu'aux deux sexes d'une même espèce. En attendant que la question ait pu être mieux examinée par la comparaison d'un plus grand nombre d'individus, on se contentera d'exposer ici que les trois cou- leurs dominantes du plumage sont le rouge, le vert et le bleu. TAN »9* TANGAttA VARIÉ : Molacilla veliu , Linn.; Sylvia relia, Latli., et Tanagravelia, Desm., Vieil)., pi. enl. deBufToii, 6Cg, fig. 5. Cet oiseau , que l'on trouve à Surinam et à Cayenne , a envi- ron cinq pouces de longueur. M."' de Courcelks Ta tiguré: il a le dv'ssus de la tête, le derrière du cou, le dessus de la queue et les grandes pennes alaires, d'un noir foncé: le bas du dos d'une couleur jaunâtre , avec des nuances vertes, rous- sâtres et bleues; les joues et le dessous du cou veris: le front de couleur d'aiguë -marine ; le toupet d'un bleu noirâtre: la gorge nîiire; la poitrine d'un bleu violet; l'abdomen et les plumes anales fauves ; le bec et les pieds bruns. Tangara diable enrhumé : Tanagra mexicana, Linn. et Lath., etfaviventrls, Vieill., planch.de BufiTon, 290, fig. 2. Cette espèce, figurée dans l'ouvrage de M. Desmaresl, a cinq pouces trois ou quatre lignes de longueur ; elle est d'un bleu violet sur le front; le tour des yeux, les joues, la gorge, la poitrine et le bas du dos, le derrière de la tète, le dessus du cou et la partie antérieure du dos, sont d'un noir foncé ; les grandes pennes alaires et caudales sont d'un noir brun ; le ventre et les parties inférieures d'un jaune clair; le bec et les pieds sont noirs. Les Créoles de Cayenne lui ont donné le nom de diable enrhumé; mais ce n'est pas la seule ile où ce tangara se trouve : il habite aussi au Brésil , au Pérou , aux Barbades. L'oiseau figuré dans BufiTon, pi. i55 , n.° 2 , sous le nom de tangara hleu , appartient à cette espèce; mais il est douteux qu'on puisse en dire autant du teoaulitototL de Fernandez, et que ce tangara se trouve au Mexique. Tangara rouverdin; Tanagra gyrola , Linn. et Lath. , pL enl., i35, fig. 2. Les deux sexes sont figurés dans l'ouvrage de M. Desmarest. Celui qui est présenté comme la femelle est presque entièrement vert; l'autre a le dessus de la tête d'un roux brillant; il y a quelques plumes noires près de l'ouverture des narines et entre l'œil et la base du bec; le roux du dessous de la tête est bordé en arrière par une ligne très-étroite, d'un jaune fauve et formant une espèce de demi- collier; la poitrine offre une teinte bleue assez éclatante; le poignet de l'aile est jaune; les pennes alaires et caudales sont d'un gris brun. Ces oiseaux j qui se trouvent à Cayenne, •92 TAN à Surinam , au Brésil et au Pérou , arrivent dans les foréfs de la Guiane à différentes époques pour manger les petits fruits d'un grand arbre sur lequel ils se perchent en troupes. Tangara syacou : Tanagra punctata , Linn. , et Tanacrra sajaca , Lath. ; pi. 262 d'Edw., Glanures , et pi. enluin. de Buffon, i53, fig. 1. On trouve dans M. Desmarest deux planches, représentant cet oiseau sous les dénominations d'adulte et de jeune âge. Les plumes du premier sont , en général, noires dans le milieu et entourées de diverses bor- dures, ce qui leur donne une apparence écailleuse ; mais les taches qui existent partout à la base des plumes ne pa- Toissent pas toujours extérieurement; le sommet de la télé est d'un vert bleuâtre, qui devient plus pur sur d'autres parties du corps. Les pennes alaires et caudales sont presque en entier noires, mais ne laissent .tpercevoir que leurs bor- dures d'un vert jaunâtre; les pieds sont bruns. L'individu présenté comme jeune âge et dont la taille est plus petite , a des taches plus rares sur un fond blanc. Le syacou de Marcgrave ne paroît pas différer du tangara évêque. Tangara passe-vert; Tanagra cayana, Linn. et Lath., PI. enl. , 200, fig. 1. Cette planche n'est pas la seule qui ait été consacrée, dans l'Histoire naturelle de Buffon, à l'oiseau donf il s'agit, lequel est encore figuré, par erreur, n." 291 — 2, sous le nom de moineau à Irte rousse de Cajenne; et une fa- talité du même genre semble s'être renouvelée pour les planches destinées, dans l'ouvrage de M. Desmarest, à repré- senter le tangara pas»e-vert et le tangara péruvien, dont ceÉ auteur a cru devoir former une espèce particulière, quoiqu'ils aient entre eux beaucoup de traits de ressemblance. Celle de ces figures qui est intitulée tangara passe-vert mâle, repré- sente , en effet, l'oiseau désigné par cet auteur comme un tangara péruvien; mais celle qui a pour titre tangara passe- vert femelle , appartient seule au passe-vert, et paroît en êtrte la femelle, d'après le peu de vivacité de ses couleurs. Quoi qu'il en soit, le tangara passe-vert mâle est donné par Buffon comme ayant la partie supérieure de la Xète rousse, le dessous du cou, le bas du dos et le croupion , d'un jaune pâle, mais brillant comme de la soiej les côtés de la tête TAN ^9^ noirs.; le dos, les plumes scapulaîres, les petites couvertures des ailes et celles de la queue verls j la gorge d'un gris bleu; les parties inférieures mélangées de jaune, de roux et de gris-bleu, avec des reflets; les pennes alaires et caudales brunes et bordées de vert doré. Le roux du sommet de la tête descend plus sur le dos ou la poitrine dans certains in- dividus, et la femelle difTère du mâle en ce qu'elle a le des- sus du corps vert et le dessous d'un jaune obscur, avec des reflets verdàtres. Le nom de dauphinois est donné à cet oiseau par les Créoles de Cayenne, où il est fort commun et fréquente les lieux dé- couverts et voisins des habitations. Il se nourrit de fruits, pique les bananes et les goyaves, et dévaste les champs de riz dans les temps de la maturité. Quoiqu'il soit quelquefois en grand nombre dans les rizières, il ne vole pas en troupes. Il n'a point de chant ni de ramage, et ne fait entendre qu'un cri bref. Linné a décrit, dans la Collection académique, tom. 2, partie étrangère, un passe-vert à tête bleue; le devant du cou, la poitrine et le ventre, d'un jaune doré; le dos d'un jaune verdàtre, et les ailes vertes, ainsi que la queue. Le Tangara pi^RuviEN dont on vient déparier, Tanagra pe- ruviana , Desm. , figuré par cet auteur sous le nom de passe- vert mâle , ne paroît pas se trouver à Cayenne , mais au Pérou , d'où il a été rapporté par Dombey. Sa taille , dit cet auteur, est plus forte que celle du précédent; ses couleurs sont au- trement disposées , et sa queue est comparativement plus longue; le dessus de la. tête et du cou est d'un roux fauve; la gorge, la poitrine et les côtés du corps, sont d'un vert clair; les plumes interscapulaires noirâtres; les petites cou- vertures supérieures des ailes d'un jaune pâle, avec des re- flets d'un vert doré; les pennes alaires et caudales brunes et bordées de bleu-verdàtre ; le bec et les pieds bruns. Le Tangara évêque; Tanagra episcopus , Linn. et Lath. Le mâle et la femelle ont été ligures par Butfon , PI. enl. , lyS y n.°' 1 et 2 , et dans l'ouvrage de M. Desmarest. Cet oiseau , qui se nomme aussi biuet à Cayenne, est le même que le ta- nagra sjaca de Linné et de Latham , et il se rapporte ausssi au gracula glauca de Sparrman , tab. 64. lia sept ponces cn- 52. i3 'J94 TAN viron fie longueur. Le mâle est d'un bleu cendré trèi-pàle suï* la tête et sur la poitrine, et plus foncé sur le dos et sur les flancs ; le pli de l'aile est d'un bleu mêlé de violet. Les lanictera , Lath. , qui a sept pouces de long et dont la taille est celle du bruant ; mais ce dernier se trouve au Cau-r case. T4.KGARA BLEU d'Amboine ; Tanigru amboinensis , Lath, Cet 002 TAN oiseau, n'habifant pas en Amérique, Buffon l'exclut du genre Tangara. Tangara BtEU DU Mf.xiQUE. Séba donne cet oiseau comme étant de la taille du moineau et comme ayant un plumage bleu, pourpre et noir. Cet oiseau n'est -il pas un double em- ploi avec le tangara bleu ou oiseau des herbes ^ xiuhlototl, de Fernandez, tanagra canora, Lath.P Tangara bleu a tête blanche; Tanagra leucocephala, Vieill. Cet oiseau , long de sept pouces un quart, est celui que M. d'Azara décrit, n." gS , sous le nom de Uado bleu à tête blanche. Le dessus de la tête est d'un blanc légèrement teinté de bleu ; le front est d'un noir velouté, et les pennes alaires et cau- dales sont également noires. Tangara a capuchon. noir ; Tanagra capitalis , Lath. Cet oiseau, de cinq pouces de longueur et dont le pays est in- connu , a été décrit par Latham sur un dessin : il offre un mélange des couleurs verte, jaune, noire et orangée. Tangara a front jaune; Tanagra Jlavifrons , Lath. Sinci- put et occiput bleus; front jaune; pennes d'un noir sombre, et reste du plumage d'un vert jaunâtre. On ignore le pays de cet oiseau, figuré dans Sparrman , pi. 92. Tangara a front et cou noirs; Tanagra nigricolUs , Vieill. Le noir, le bleu et le jaune sont les seules couleurs qui se remarquent sur le plumage de cet oiseau du Brésil, long de quatre pouces et demi , la première sur le front et le dessus du corps, la seconde sur la tête et le dessus du cou , et la troisième sur la poitrine et les parties inférieures. M. Vieillot le rapproche du lindo bleu et doré à tête bleu de ciel de M. d'Azara , n." 98. Tangara olivet; Tanagra olu'acea , Lath, C'est la couleur dominante du plumage de cet oiseau qui l'a fait ainsi nom- mer. Après avoir été balotté par divers auteurs en différens genres, M. Vieillot en a fait son Ictérie. Tangara rustique; Tanagra rudis , Lath. Voilà encore un de ces prétendus tangaras trouvés sur la côte de Coromandel, et figuré par Sparrman. Cet oiseau est décrit par Séba comme n étant long que de quatre pouces et ayant le sinciput blanc , le dessus du corps d'un brun noirâtre, la gorge d'un rouge clair, la poitrine pourpre, les couvertures et les pennes des ailes d'un rouge foncé. TAN ="3 Tangara a tête cendrée; Tanagra tephrocephala , Vieil!. Cet oiseau, long de trois pouces et demi, qui se trouve à l'île de la Trinité, a le dessus de la tête et du cou cendré ; le dos . les ailes, la queue, la poitrine et le ventre olivâtres. Tangara a ventre roux; Tanagra rufiventris , Vieill. La cou- leur dominante de son plumage est un noir bleu, à l'excep- tion des côtés de la poilrine , qui sont jaunes. Au reste, comme une étiquette du Muséum porte que cet oiseau a été rapporté par Sonnerai, c'est un motif de douter qu'il s'agisse réelleaient ici d'un tangara. Tangara vert et pleu ; Tanagra ohlorocjana , Vieill. Cet oiseau, qui vient de l'Amérique septentrionale, et se trouve au Muséum d'histoire naturelle, a la taille du tangara trico- lor. I.e milieu de toutes les parties intérieures est d'un bleu très- clair. Concordance synonymique des tangaras aiec les genres auxquels différentes espèces ont été renvoyées. Tangara archevêque (voyez Tachyphone archevêque). = Tan- gara bleu et Tangara tacheté de Cayenne (voyez Tangara diable enrhumé). = Tangara bleu de la Caroline (voyez Passerine bleue). = Tangara Irun d'Amérique de Buffon (voyez Némosif. rouge-cap). = Tangara du Canada (voyez Pyranga rouge et noir). = Tangara cendré du Brésil, femelle du tangara à coiffe noire (voyez ISémosie a coiffe noire). = Tangara à cravate noire (voyez Habia a cravate noire). =^Tangara à gorge noire (voyez Némosie a gorge noire). = Tangara des grands bois ou Grand tangara (voyez Habia vert- olive). = Tangara de la, Guiane (voyez Arrémon ). = Tangara huppé de Cayenne et Tan- gara à huppe rousse (voyez Tachyphone houppette). = Tangara jacarini (voyez Passerine jacarini). = Tangara jaune du Brésil (voyez GuiRA cantara). = Tangara jaune à tète noire (voyez Lanion mordoré). = Tangara du Mexique (voyez Jacafa scar- xate). = Tangara du Mississipi (voyez Pyranga rouge). = Tangara noir ( voyez Tachyphone leucoptère ou a ailes blanches ). = Tangara noir du Brésil (voyez Passerine jaca- rini ). = Tangara olive (voyez Némosie a gorge noire). = Tan- gara olive de la Louisiane (voyez Viréon a front jaune). =; Tangara pourpré (voyez J AC A? A bec d'argent). = Tangara rouge- =04 TAN cap (voyez Némosie rouge-cap). = Tangara roux ou Tangarou (voyez Tachyphone leucoptère ). = Tangara de Saint-Do- mingue (voyez Esclave). = Tangara verderoux, voyez à Tar- ticle PlE-GRiÈCHE. (Ch. D.) TANGARACA. (Bot.) Dans l'article où Pison traite des plantes de ce nom au Brésil, il les dénonce comme très-dan- gereuses, étant prises à l'intérieur, occasionant l'enflure du corps, Tobscurcissement de la vue, le trouble de l'esprit et des défaillances suivies de la mort, si on n'apporte un prompt remède. L'ipécacuanha est indiqué comme un des principaux; et Pison ajoute que la racine du tangaraca lui-même passe pour un bon antidote. La mauvaise figure qu'il donne de quelques-unes de ces plantes, ne peut en donner une idée exacte. Le nom générique de tangaraca . substitué par Adan- son à celui de VHamdia de Jacquin et Linnaeus , genre de rubiacées , ne prouve pas suffisamment l'identité de ces plantes, (J.) TANGAROU. (0^;2(/f^.) Espèce de tachyphone deCayenne, (Desm.) TANGAVIO. (Ornilh.) Voyez Tachyphone tangavio. (Ch.D.) TANGEDOR. (Erpétol.) Un des noms espagnols du serpent h sonnettes. Voyez Crotale. (H. C.) TANGEELUNG ou TANGILING {Mamm.), est le nom ma- lais , suivant Marsden , des animaux édentés , désignés en fran- çois sous le nom de pancrolins. (Lesson. ) TANGHAS, TONGOl, TUNGUL. {Bol.) Noms donnés dans les Philippines, suivant Camelli, à un arbre qu'il compare à un manglier, dont les feuilles sont opposées, épaisses, co- riaces et arrondies. L'écorce du tronc , que l'on nomme baroc , favorise la fermentation d'une liqueur dans laquelle on la mêle et empêche qu'elle ne tourne à Pac'de, Camelli n'en fait point connoîlre les fleurs, ni les fruits. (J. ) TANGHINIE, Tanghinia. {Dot.) Genre de "plantes dicoty- lédones, à fleurs complètes, monopétalées, de la famille des apocinées, de la pentandrie monogynic de Linné, qui ne ren- ferme qu'une seule espèce, dont M. du Petit-Thouars nous a tracé le caractère essentiel, et qu'il a nommée Tanghime VKNÉXELSEj Tanghinia venenifera, Pet. Th., Nov. g;en. Madag., pag. lo. Arbre élégant, dont les rameaux sent TAN 2o5 redressés; les feuilles touffues, rapprochées; les fleurs termi- nales, disposées en panicule. Leur calice est étalé, à cinq découpures, la corolle en entonnoir, plus longue que le ca- lice, dilatée à son orifice; le limbe plan, contourné, à cinq lobes; cinq étamines; les anthères sessiies, en cœur, insérées sous l'orifice du tube; des tubercules sous chaque anthères un ovaire supérieur double; un seul style; un stigmate eu tête, à deux tubercules, placé entre les anthères; iiu , plu3 ordinairement deux drupes pyriformes, acuminés; un noyau ligneux, filamenteux; point de périsperme; l'embryon ren- versé; les cotylédons amples, épais et concaves. (Poir.) Cet arbre , découvert à Madagascar par M. du Petit-Thouars, paroît devoir être réuni à Vochrosia, que AVilldenow con- fond avec le genre Cerbera. C'est le même que Rochon dé- signe sous le nom de tanguen, dont le bois est dur et veiné, propre aux ouvrages de menuiserie et de marqueterie, et dont le fruit est un véritable poison malheureusement connu et employé par les Malgaches. (J.) TANGLAKE. ilchthjol.) Nom suédois du llennius vi^iparus de Linnaeus. (Voyez Zoarcès.) Il paroit être aussi celui de la loche de rivière , cohitis tx- nia. Voyez Cobite. (H. C. ) TANGUECOLLI. (Bot.) Nom générique donné par Adan-. son au belutta-pola-taly du Malabar, Crinum asiaticum de Lin- nseus , genre de narcissées. (J.) ÏANGUEN. {Bot.) Voyez Tanghinie. (J.) TANGUIQUY. {IclUhjol.) Aux Philippines on appelle ainsi un excellent poisson d'eau douce, dont Pespèce et même le genre nous sont totalement inconnus. (H. C.) TANHEITAMBE. (Bot.) Flaccourt cite sous ce nom une herbe de Madagascar, très-astriogente et employée avec succès pour les hémorrhagies. (J. ) TANI. ( Bot. ) Ce nom malabare du mirobolan , cité par Rhéede, a été adopté par Adanson comme nom générique du mjrololanus de Gaertner , type de la famille des myrobo- lanées. (J, ) TANIBOUCA. (Bot.) M. Kunlh et d'autres reportent ce genre d'Aublet au ternnnalia. (J.) TANIBOUCIER, Tanibouca. {Bot.) Genre de plantes di- ac6 T A N cofylédones, à fleurs incomplètes, de la famille des mirolo- lanées, de la décandrie monogjnie de Linné, offrant pour caractère essentiel : Un calice adhérent, urcéolé, à cinq di- visions, accompagné d'une bractée; point de corolle; dix étamines libres; un ovaire inférieur; un style; un stigmate; une capsule comprimée, orbiculaire , environnée d'une aile membraneuse. Tamuoucier deGuiane; Tanilouca guianensis , Auhl., Guian., 1, tab. 178. Arbre qui s'élève à la hauteur d'environ vingt pieds et plus sur au moins deux pieds de diamètre. Son bois est blanc, cassant, peu compacte ; son écorce cendrée : il porte à son sommet des branches droites, d'autres horizontales, qui se répandent en tout sens , chargées de rameaux tortueux , garnis versleursommet de feuilles alternes, pétiolées, fermes, lisses, ovales, très- entières, aiguës; les plus grandes longues de sept pouces sur trois de largeur. Les fleurs sont axillaires, disposées en épis ou en petites grappes simples. Leur odeur approche de celle du bois de Sainte-Lucie. Le pédoncule est grêle, plus court que les feuilles : il soutient des fleurs pres- que sessiles, alternes, fort petites. Leur calice est velu, ver- dàtre, adhérent avec l'ovaire , évasé à son limbe en cinq dé- coupures égales, élargies à leur base, aiguës, blanchâtres et couvertes en dedans de poils très-fins. Il n'y a point de co- rolle ; mais à la base de chaque fleur est placée une petite bractée ovale, un peu velue. Les étamines sont au nombre de dix, presque aussi longues que les découpures du calice. Les filamens sont courts; les anthères jaunes. Le fruit est une capsule monosperme, assez grande, orbiculaire et comprimée, entourée d'une aile membraneuse. Cet arbre croît dans une île de la Crique des Galibis, en Guiane, et entre Gourou et Sinémari, dans les lieux marécageux, à quelque distance des bords de la mer: il perd ses feuilles tous les ans et fleurit dans le courant du mois de Mai. (Poir.) TANIS-MORL (Bol.) Voyez Tsjem-tam. (J.) TANJONG. {Bot.) Nom malais du tanjorus de Rumph , qui paroît être une espèce de mimusops. (J.) TANKRAWA. (Mamm.) C'est le nom malais d'un animal nommé sciurtis inaximus par sir Raffles. Les Sumatranois le désignent parfois par celui de tupai jinjang. (Lesson.) TAN 207 TANLI. (Mamm.) Nom hottenlot du chacal de Bonne-Es- pérance, selon d'anciens voyageurs. (Desm.) TANMANAK. {Orniih.) Voyez Phibalure, tom. XXXIX , pag. 472. (Ch. D.) TANNAIM. (Bot.) Nom arabe, cité par Forskal, de son cadaba glandulosa , auquel Vahl a substitué le nom de stromia. (J.) TANNE, TANNA -WATTASI. {Bot.) Thunberg cite ces noms japonois de son ligustrum japonicum. Vabies picea est aussi nommé tanne dans la Norwége , suivant Gunner. (J.) TANNÉE et FLEUR DU TAN. {Bot.) Noms d'une moisis- sure qui croit sur le tan; elle est décrite à l'article Reticu- i.ARiA. C'est le mucov septicus, Linn. ; le fuligo vaporaria, Fers. , V œthalium Jlavuni , Link, etc.(LEin.) TANNEN-MEISE. {Omith.) Un des noms allemands, sui- vant Frisch, de la mésange à tête noire ou petite charbon- nière, parus ater , Linn. (Ch. D.) TANNHIRSCH, TANNEBOCK. {Mamm.) Noms allemands du daim. Sa femelle porte, dans la même langue, ceux de Tannwildprett et Tanngeise. (Desm.) TANNIÈRE. {Mamm.) On donne ce nom aux cavités na- turelles des rochers, ou aux souterrains que se creusent di- vers animaux sauvages, et qui leur servent de retraite habi- tuelle. (Desm.) TANNIN. ( Chim. ) Nom qu'on a donné à un principe immé- diat qui n'a jamais été obtenu à Fétat de pureté, et auquel on a attribué la propriété de former, avec la gélatine et la peau, des composés insolubles dans Feau et imputrescibles. Voyez Substances tannantes ou astringentes. (Ch.) TANNINI. {Bot) Voyez Pag de chanco, tom. XXXVII , pag. 35 1. (J.) TANOS. {Min.) Le tanos de.Théophraste et de Pline étoit une de ces pierres vertes auxquelles on appliquoit le nom gé- néral de smaragdos; celle-ci , dit Pline , étoit d'un vert désagréa- ble et sale dans son intérieur ; on la trouve en Perse. Beaucoup de personnes pensent que ces pierres vertes si volumineuses étoient du fluate de chaux. La géographie minéralogique con- firmera celte opinion , si elle nous apprend qu'on trouve en Perse et dans les autres pays où Fon cite le tanos et ces grandes a.o8 TA?( pierres vertes, de la chaux fluatée ou seulement des lerrainâ qui peuvent renfermer cette pierre. (B.) TANOW. (Ornith.) Tanoiv et pialling sont, d'après sir RafHes, les noms malais du psittacus malaccensis de Lathara. (Lesson. ) TANKEC. (Mamm:) Voyez Tenrec. (Desm.) TANROUGE. [Bol.) Voyez Wkînmanma. (Poir.) TANROUJOU. {Bot.) Le fruit de Madagiscar donné sous ce nom par Poivre et cité par Rochon , appartient au genre Cjnometra. de la famille des légumineuses, et paroît êti-e le cynometra ramiflora , ligure sous le nom de cynomorium syl- vestre par Rumph, i , t. 63. (J.) TANTALE; Tantalus, Linn. [Ornith.) Tous les tantales de Gmelln et de Latham, à l'exception des tantalus loculator , ibis et leucocephaliis, sont pour M. Cuvier des ibis; et le genre Tantale, ainsi restreint, a pour caractères, d'après ce natu- raliste et MM. Tetnminck et Vieillot: Un bec très-long, sans fosse nasale, aussi large que la tête à sa base; la mandibule supérieure légèrement fléchie à la pointe et un peu échancrée de chaque côté, à bords tranchans; des narines longitudinales, situées près du front et fendues dans la substance cornée qui les recouvre ; langue très-courte , enfoncée dans la gorge , sous la- quelle est une poche membraneuse ; une partie de la tête, et quel([uefois le cou , dénués de plumes et couverts d'une peau roide et verruqueuse ; quatre doigts très-longs, dont les trois antérieurs sont réunis à leur base par une membrane , et dont le postérieur pose à terre sur toute son étendue: des ongles un peu aplatis et presque obtus; les deux premières rémiges presque égales et les plus longues de toutes. Ces oiseaux, qui se trouvent en Asie, en Afrique, en Amé- rique et dans l'Australasie, se plaisent dans les lieux inondés, où ils se nourrissent de poissons et de reptiles. Lorsqu'ils sont rassasiés, ils se retirent sur des arbres élevés et s'y tiennent dans une attitude droite, reposant leur bec sur la poitrine. Ce sont des oiseaux peu rusés, dont la démarche est Itnle et qu'on peut tirer à son aise. Ils font sur les arbres un nid, dans lequel la femelle pond deux ou trois œufs, et que les petits ne quittent que lorsqu'ils sont en état de voler. Tantale d'Amérique ; Tantalus loculator, Klein . PI, eul. , 868. TAN 209 Cette espèce, qui est aussi appelée curicaca, couricaca , noms auxquels Gmelin donne pour synonymes tac ah , mise persis, et masarino, se trouve à la Guiane, au Brésil, et passe, cha- que année, dans la saison des pluies, de l'une à l'autre Amé- rique, où elle fréquente les eaux vaseuses et recherche sur- tout les anguilles. Ce tantale est aussi grand que la cigogne, mais il a le corps plus mince, plus élancé, et il n'atteint à cette hauteur que par la longueur de son cou et de ses jambes; le bec, arrondi, lisse et sans rainures, a six à sept pouces de tour sur près de huit de longueur, et sa substance est très- dure. L'envergure de cet oiseau est de trois pieds onze pouces; la partie antérieure de la tête , depuis l'origine du bec jusqu'au- delà des yeux , est déga,rnie de plumes et couverte seulement d'une peau d'un noir bleuâtre; la partie postérieure de la tête et le cou sont couverts de plumes grises; la gorge, tout aussi dénuée de plumes que le devant de la tête, est revêtue d'une peau susceptible de s'enfler; les pennes alaires et cau- dales sont noires, avec quelques reflets bleuâtres et rougeà- tres; le reste du corps est blanc. Tantale d'Afrique; Tantalus ibis, PL enl. de Buffon , n." 089. Cet oiseau , qui se trouve en Egypte, et surtout au Sé- négal, porte, dans ces contrées . le nom de solleïhek. Il a été long-temps regardé comme l'ibis si révéré des anciens Egyp- tiens ; mais on s'est assuré depuis que le véritable ibis est de bien plus petite taille , et que c'est Vabou-hannès de Bruce. Le tantale dont il s'agit ici a envii'on trois pieds et demi de hauteur; la face et le front sont dénués de plumes et couverts d'une peau rouge; les pieds sont de la même couleur et le bec est jaune; les pennes alaires et caudales sont noires; le reste du plumage est d'un blanc rosé. M. Temminck a fait figurer, sous le n.° 352 de ses Oiseaux coloriés , un tantale qu'il nomme lacté, tantalus lacteus. Il reproche à MM. Ruhl et Van Hasselt d'avoir confondu cette espèce avec le tantalus ibis, figuré par Bufifon , tandis que le tantale lacté est plus petit que son congénère, qu'il a le bec plus court et moins fort, que les narines sont ovoïdes, et non pas linéaires, comme dans le premier ; mais, outre que ces considérations ne sont pas suflisantes pour faire séparer deux oiseaux qui ont d'ailleurs de si grands rapports et qui 52. 14 aïo TAN habitent les mêmes contrées, M. Temminck n'a pas fait assez d'attention à une circonstance frappante que fournit la pein- ture faite sous ses yeux. Au lieu d'une peau d"un beau rouge autour du front, le tantale lacté n'en présente qu'une fort terne et mélangée de bleu , ce qui annonce que l'animal n'é- toit point encore parvenu tout-a-fait à l'âge adulte , et ex- plique en même temps comment le bec pouvoit être un peu plus court et les narines un peu plus lâches. Au reste, l'au- teur nous apprend que les jeunes ont un plumage d'un brun clair, les pen;ies des ailes et de la queue d'un noir mat , et les pieds d'un gris noirâtre. Ce tantale a été trouvé dans les marais et sur les bords des rivières de l'ile de Java. Tantale JAUNGHILL; Tantalus leucocephalus , Lalh. Le mâle de cette espèce , nommée jaungh. m aux environs du Gange, où elle est fort commune, est figuré sur la planche lo de la Zoologie indienne de Forster. C'est le plus grand des tantales et celui qui a le bec le plus gros. Ce bec et la peau de la face sont jaunes; le plumage est blanc , avec une ceinture sur la poitrine , et les pennes alaires et caudales sont noires ; il a aussi sur le croupion de longues plumes rosées, qu'il perd pendant la saison des pluies. Les pieds, très-longs, sont de couleur de chair. Chez les femelles les couvertures des ailes et la bande delà poitrine sont mélangées de brun. ( Ch. D. ) TANTALE. ( Min.) Ce métal , dont la découverte est rlue à M. Ekeberg, et dont le nom fait allusion à la propriété qui le distingue, d'être insoluble dans les acides, est la base d'un genre minéralogique composé de deux espèces: \a Tantalite et VYttro-Tantalite. La détermination de ces espères laisse encore beaucoup à désirer, à raison de la rareté des échan- tillons que l'on en connoît, et de l'imperfection de leurs formes cristallines; elles sont liées par un caractère commun , celui de donner avec le borax un verre plus ou moins coloré par le fer et susceptible de prendre au Jlamber l'aspect d'un émail. i/* Espèce: la Tantalite'; Tantalate de fer et de manganèse, nommée aussi Co'ombile et Tantale oxidé ferrn-manganésifère. C'est une substance d'un brun noirâtre, opaque, à pous- i Prismatisches Tant aie rz ) Mohs. TAN sière d'un noir brunâtre , et quelquefois d'un brun rougeâtre, pesante, ayant un éclat ibiblement métalloïde. Ses cristaux, qui sont fort rares, dérivent d'un prisme droit, rectangulaire , dont les arêtes sont entre elles comme les nombres o y^3 ; 4 : V^55 (Léonhard), ou, ce qui revient au même , d'un octaèdre rhomboidal, dont les faces s'in- clinent deux à deux soiis les angles de ]/i5" 8'; 99° 8', et 91" 12' (MoHs). Cette détermination ne se rapporte toutefois qu'aux cristaux de tanlalite trouvés en Bavière; ceux de Finlande, dont les formes sont moins nettes, poun'oient bien avoir pour type un prisme à base oblique , et formeront peut-être un jour une espèce distincte. La tantalite est susceptible de clivage parallèlement aux faces du prisme rectangulaire. Le clivage parallèle à l'un des pans est assez net; celui qui est dans le sens de la base est If moins distinct; les faces verticales, situées dans la di- rection du principal clivage, sont fortement striées parallè- lement à l'axe. Sa cassure est généralement inégale ou conchoïde ; sa dureté est supérieure à celle de Fapatile et inférieure à celle du quarz; sa pesanteur spécifique varie depuis 6 jus- qu'à 7,9. Traitée seule au chalumeau, elle n'éprouve aucune alté- ration; avec le borax ou le sel de phosphore, elle se fond en un verre qui offre la couleur indicative du fer; avec la soude, elle donne une fritte verte, ce qui est l'indice de la présence du manganèse. Composition. De Bodenmai: Ibid. De Broddbo. , De Finbo De Kimito. . . ^ ^• i tS « ^ .^r "â c - "9 c; 6 5,00 5 «j " a < -a 4) 0 75,00 , 7,0 f. 0,00 1,00 0,00 74,00 20,00 „6o 0,00 o,<+o 0,00 .17,58 7-5'' 0,90 8,fiQ 8,76 i.5o '''^,99 7/'7 7,98 0,00 .6,75 2,40 a.J,2 0 7,20 7540 0,00 0,(30 trace Vogel. Dunin Boi'kowskj. Berzelius. Idem. Idem. ai2 TAN Les analyses précédentes ne s'accordent point entre elles, et il e.st diflicile d'assigner la véritable composition de la lan- lalite; elles semblent même indiquer au moins deux espèces; savoir: la tantalite de Kimito, en Finlande, qui seroit, d'après M. Berzelius, un tantalate simple de fer et de manganèse, représenté par la formule Mn Ta -h Fe fa; et la tantalite de Bodenmaïs , en Bavière, qui seroit un sous-tantalate de la formule: Mn.» fa -h 3 Fe* Ta. La tantalite de Brocidbo, en Suède, ne diffère de celle de Kimito, que parce qu'elle est mélangée avec quelques centièmes de tantalate de chaux et de fer, et de tungstate de fer et de manganèse; celle de Finbo s'en distingue par une proportion d'oxide d'étain assez considérable , mais qui paroît variable. On connoît encore une tantalite de Haddam en Connecticut, qui renferme de l'acide tungstique; et se rapproche ainsi de celle de Broddbo. Enfin M. Ekebeig a décrit anciennement une variété de tan- talite trouvée à Kimilo, dont la pesanteur spécifique et les propriétés extérieures diffèrent de celles de la tantalite or- dinaire. Il l'en avoit distinguée par le nom de Tantalite à poudre couleur de cannelle; ce n'est, suivant M. Berzelius, qu'un mélange de tantalite ordinaire avec une grande quantité de tantalure de fer; sa pesanteur spécifique augmente avec la proportion de tantalure, et peut aller jusqu'à 7,94. f^'ariéiés. Tantalite cristallisée. Les formes de la tantalite de Boden- maïs représentent le prisme rectangulaire, soit pur, soit modifié légèrement sur ses arêtes et sur ses angles. Les mo- difications ont lieu sur les arêtes latérales et par une face inclinée sur les pans de ii5' 26', et iSG" 35'; sur les arêtes les plus longues de la base, par une face inclinée à celle-ci de 118° 20', et sur les angles solides, par une face qui fait, avec la base, un angle de i53° 5o', et avec les pans des angles de 129° 56', et 106° 3o'. (Leonhard et Hessel. ) Tantalite massive, en petits nodules ou nids engagés dans des roches granitiques. Gisement et Lieux. La tantalite appartient aux terrains pri- mordiaux cristallisés; elle se rencontre disséminée acciden- tellement, et toujours en petite quantité, dans le granit TAN =i3 graphique ou la pegmalite , et dans le micaschiste ; on la trouve en Finlande, à Skogbœhie , sur la paroisse de Ki- mito, et dans le district de Haliko, dans une pegmatite à felspath rougeàtre; à Broddbo et Finbo , prés de Fahlun, en Suède, avec l'albite, la topaze pyrophysalite, le felspath et le quarz; dans l'Amérique du Nord, à Haddam et à New- London , en Connecticut , avec l'albite au milieu d'une pegmatite; à Bodenmaïs, en Bavière, dans un micaschiste, avec le béryl aiguë -marine, la cordiérite , et l'urane phos- phaté. 2.* Espèce: VYttro-tantalite ; Tantalate d'yttria, nommée aussi Tantale oxidé jttrifère , Haiiy; Yttro-columbile, Phillips; YUro - tantale. Sous ce nom on a réuni des substances amorphes, dont la composition est encore mal connue, mais qui toutes ren- ferment de l'yttria combinée avec de l'oxide de tantale; elles sont noires, jaunes, ou d'un brun sombre, et la couleur de leur poussière est le gris-cendré verdàtre ; leur cassure est inégale; leur dureté est supérieure à celle de l'apatite ; elles sont susceptibles d'être raclées avec le couteau ; soumises à l'action de la chaleur, elles changent de couleur, sans se fondre; avec le borax, elles se dissolvent en un verre in- colore, qui peut devenir opaque au Jlamber. Composition. Variété noire d'Ytterby . Variété jaune Var. d'un brun sombre. . .1 ■ • 1> "m ^ u ^ ~ >H o - ^1 -S i T3 < ^ 0 2 0,2ri 57,00 6,2 5 o,5o 8,2 r. s5o •^Q,73 fîo,l 2 o,5o 6,rt2 1,04 .,i5 i8,5i 5. ,8. 3,26 j.i 1 2,59 0,55 Berzelius. Idem. Idem. Les variétés noires et jaunes paroissent être des mélanges d'une tantalate d'yttria , exprimée par la formule : Y'' T , avec des tantalates analogues de chaux et d'urane, et la variété d'un brun sombre résulte du mélange avec les mêmes subs- tances d'une autre tantalate d'yttria, dont la formule est: Y^Ta (Berzelius). ^14 TAN Variétés de couleurs. 1. Yttro - tantalite noire. Elle présente quelques indices de cristallisation; elle est opaque et a un éclat demi- mé- tallique; sa pesanteur spécifique est de 6,395 (Berzclius): on la trouve disséminée en petits grains dans les roches gra- nitiques. 2. Yttro- tantalite jaune. Sans aucune trace de cristallisa- tion; éclat résineux à la surface, et vitreux dans la cassure; pesanteur spécifique, 5,88 (Ekeberg); elle se rencontre en petites lames ou en grains au milieu d'un felspath. 3. Yttro- tantalite noir-hrunâtre. Translucide sur les bords, se présentant, comme la précédente et avec elle, en la- melles ou en grains ; ayant un éclat intermédiaire entre le vitreux et le résineux. Ces trois variétés d'yttro-tantalite se trouvent disséminées dans des lits de felspath et au milieu de la pegmatite à Ytterby, et dans les environs de Finbo et de Korarfsberg, en Suède. La même substance existe aussi au Groenland , où elle a pour gangue un felspath d'un rouge incarnat. (Dei.afosse. ) TANTALE. {Chim.) C'est le métal que nous avons décrit sous le nom de colombium. (Ch.) TANTALITIS. (Bot.) Un des noms grecs anciens du gremil, lithospermum , cité par Buellius et Mentzel. (J.) TANTALUS. {Ornith.) Nom latin du genre Ibis ou Tantale. Voyez ce dernier mot. (Desm.) TANTAMOKEE. ( Bot.) Nom d'un nénuphar de Madagascar à fleurs violettes, cité par Flaccourt. Les habitans mangent ses racines cuites. (J.) TANTAN. {Bol.) Dans les environs de Quito, suivant M. Kunth, on nomme ainsi Vhjdrolea crispa de la Flore du Pé- rou, qu'il reporte à son genre PVigandia. (J.) TANTAREVEL. {Bot.) Nom du houblon dans les environs de Montpellier, selon Gouan. (J.) TANTÈLE. {Ichthyol.) Nom danois du thon. (H. C.) TANUDO. {Ichtlij/ol.) A Nice on appelle ainsi le Canthère. Voyez ce mot. (H. C.) TANYGLOSSE. {Entom.) Ce nom, tout-à-fait grec , de TAO ^i5 TetvvyXufftroç , qui a une langue prolongée, a été donné par M. Meigen cà un genre d'insectes diptères de la famille des sclé- rostomes, pour y ranger les deux espèces de laons nomraées tabanus prohoscideus et haustellafus, que M. Latreille, et par suite Fabricius, ont décrits sous le nom générique de pangonie. Voyez Taon. ( C. D.) TANYMECUS. (Entow.) Genre établi par M. Germar parmi les charansons à corps alongé. M. Schœnhcrr l'a adopté sous le n.° 62 (voyez à la fin de Farticle Rhinocères). m7ikoç peut être traduit ^pav longueur , etTcivûa par je prolonge , j'étends. Tels sont les curcuiiones palliatus et griseus , de Fabricius. (CD.) TANYPE , Tanipus. (Entom.) Nom donné par M. Meigen à un genre d'insecles de la famille des tipules ou des hydro- myes, pour y réunir les espèces que Geoffroy et Degéer ap- peloicnt tipules cuUciformes. Voyez Tiplu.e. (CD.) TANYPUS. ( Ornith. ) Voyez , pour ce nom spécifique , donné par M. Oppel , dans les Mémoires de l'académie de Bavière , années 1811 et 1 8 1 2 , le mot Fourmilier , tom. XVII de ce Dictionnaire , pag. 5i5. (Ch. D.) TANYRHYNCHIDES , TANYRHYNCHUS. { Entom.) M. Schœnherr désigne sous ces noms, comme tribu et comme genre, des espèces de charanson qui ont le bec très-prolongé. Voyez, à la fin de l'article Rhinocères, l'extrait de la Mo- nographie , sous le n.° 118. (CD.) TANYSPHYRUS. ( Entom. ) MM. Germar et Dejean ont fait connoitre sous ce nom un genre de charanson qui comprend en particulier le rhjnchœna lemnœ de Fabricius. Ce nom, sui- vant M. Schœnherr, est tiré de la forme particulière des jambes, qui sont garnies en dedans d'un fort crochet: (t^v^cv indiquant la malléole, etTotvva, je prolonge. (CD.) TANYSTOMES. {Entom.) M. Latreille désigne sous ce nom de famille cette réunion d'insectes diptères que nous avions appelée les scLérostomes ou hauslellés; ce nom désignant une bouche de corne ou un suçoir saillant, alongé , sortant de la tête, même dans l'état de repos. M. Latreille subdivise la famille de tanystomes en onze tribus: 1. les taoniens; 2. les sicaires ; 5. les mydasiens; 4. les leptides,- 5. les dolîchopodes; 6. les asiliques; 7. les hypobotins; 8. les empides; 9. les an- thraciensj 10. les bombyliers; 11. les vésiculeux. (CD.) 2i6 TAO TAO. (Ornith.) Le tinamou que M. Temmînck nommé ainsi, tinamus tao , paroît être de la même espèce que Yjnamhu mocoicogoé d'Azara, n." 332. (Ch. D.) TAON, TON ou TAHON , Tahanus. (Entom.) Genre d'in- sectes à deux ailes de la famille des sclérostomes ou hydro- myes , c'est-à-dire ayant un suçoir corné alongé, sortant de la fête dans l'état de repos, cariictérisé par des antennes à dernier article denté en croissant, terminé par cinq anneaux en fer d'alêne; à tête large, transversale, sessile , munie de très-gros yeux réticulés, briilans, et de trois stemmates ; ab- domen sessile , de même largeur que le corselet ; ailes por- tées horizontalement, écartées derrière , réunies en devant, formant un triangle dans le repos ; tarses à trois pelotfes. Ce genre , dont nous avons fait figurer une espèce dans l'atlas de ce Dictionnaire , pi. 47 , fig. 9 , a été nommé ainsi par Pline , par Varron , De re rustica , lib. 11 , cap. 5. Mais c'est Linné qui l'a introduit le premier en entomologie comme genre. Depuis, les auteurs, comme on peut le voir au mot Taoniens , l'ont subdivisé en un grand nombre d'autres. Tel que nous le décrivons ici , le genre Tahanus se dis- tingue de tous les autres de la même famille par les carac- tères essentiels que nous allons énoncer. i.^Des Stomoxes , Rhingies, Myopes, Hippobosques , qui ont un poil isolé aux antennes; 2° des Conops, qui ont les antennes en fuseau, et des Cousins et des Asiles, qui les ont en fil ; 3.° des Bom- byles, qui ont le suçoir horizontal; 4." des Empis , qui ont la tête plus étroite que le corselet ; 5.° enfin des Chrysop- sides, qui ont les antennes arrondies , au lieu de les avoir dentées en croissant. Les mœurs des taons , sous l'état de larves , ne sont pas très-bien connues. Degéer a cependant observé une espèce qu'il a décrite dans ses Mémoires, tom. C , pag. 219, et figurée planche 12 du même volume. Il paroît qu'elle vit et se dé- veloppe sous la terre , qu'elle creuse à l'aide de deux cro- chets écailleux. La nymphe est légèrement mobile à l'aide de pointes dures qui terminent son corps; elle se rapproche ainsi de la surface de la terre, où elle sort de sa coque ou de sa peau coriace, non par une scissure transversale, mais par une fentç qui s'opère sur le dos et sur la tèie. TAO 2^7 Ces insectes commencent à paroîfre au mois de Juin sous l'état parfait. On les observe particulièrement dans les lieux humides, dans les bois et les prairies. Ces animaux, an moins les femelles, piquent les quadrupèdes , principalement les solipèdes et les ruminans. Ils leur font de véritables plaies , d'où le sang s'écoule , et c'est de cette humeur que la plu- part se nourrissent : aussi a-t-on nommé une des divisions de ce genre hématopole , quoique ce nom convienne à toutes les espèces. Les mâles ont, à ce qu'il paroît, moins besoin d'une nourriture substantielle , car on les trouve rarement arrêtés sur les animaux; on les prend au contraire sur les Heurs , lorsqu'ils sont occupés à en sucer le nectaire. Le vol des uns et des autres est extrêmement rapide et direct, le plus or- dinairement bruyant à tel point, que le son qu'ils produisent détermine souvent chez les chevaux une sorte de crainte et de fureur qui les empêche d"obéir aux hommes qui les con- duisent. Les principales espèces de ce genre sont: j. Le Taon des bœufs , Tabanus hovinus. C'est la première espèce décrite par Geoffroy sous un nom descriptif : le taon à ventre jaunâtre et taclies triangulaires Manches. Car. Gris; abdomen à bandes jaunes, avec une série de taches dorsales triangulaires blanches; pattes à cuisses noires et jambes pâles. 2. Le Taon pattes blanches, Tah. albipes. Car. Noir; corselet et base de l'abdomen à poils gris; pattes blanches. C'est le taon brun à jambes blanchâtres de Geoifroy , pag. 460 , n.° 3. 3. Le Taon d'automne, Tah. autumnalis. C'est le taon gris à taches triangulaires sur le ventre de Geoffroy, n." 2. Car. Corselet à lignes cendrées ; abdomen blanchâtre à quatre rangées de taches noires obliques. C'est une des espèces les plus communes des environs de Paris. Pendant la vie de Pinsecte les yeux sont très-brillans, Linnœus a observé qu'on leur redonne cet éclat à reflet mé- tallique, en les mouillant avec de Peau tiède. ai8 TAO 4. Le Taon noir , Tal. morio. C'est le taon noir à antennes fourchues de Geoffroy , n.°4. Car. Noir; corselet gris ; anus blanc , velu; ailes obscures; antennes comme fourchues, noires. Toutes ces espèces se trouvent aux environs de Paris. Nous avons décrit sous le nom de Chrysopside les espèces de tabanus appelées pluvialis , bimaculatus , caculiens , lugubris, sepulcliralis. ( C. D. ) TAONABO. ( Bot. ) Ce nom galibi , auquel nous avions substitué celui de Tonahea , avoit été adopté par Aublet pour un de ses genres de la Guiane , auquel nous trouvions une grande affinité avec le ternstromia de Mutis. Elle a été recon- nue depuis, et le tonabea a été supprimé. (J.) TAONIENS, Tabanii. {Entom.) M. Latreille désigne ainsi la 1.'^ tribu de sa famille des insectes diptères, qu'il nomme tanystomes , et dont il présente ainsi les caractères dans ses familles du Règne animal, pag. 487: Antennes de quatre à huit divisions transverses, sans style ni soie à l'extrémité; trompe très-longue, entièrement extérieure; ailes toujours écartées. Les genres se distinguent ainsi : Les pangonies ont seules les derniers articles des antennes divisés en huit an- neaux, et Ja trompe finit en pointe à l'extrémité. Dans tous les autres genres le dernier article des antennes n'offre que quatre ou cinq anneaux; la trompe est plus courte, dilatée à l'extrémité. Les uns n'ont point d'ocelles ou d'yeux lisses, dits stemmates: tels sont les genres Taon , Hématopote, Hep- latome. Les autres ont des yeux lisses: tels les genres que M. Latreille nomme Rhinomyze , Silvius , Acanthomère , Chrysops , Raphiorhynque. (C. D.) TAOS. {Min.) Le taos, dont les couleurs ressembloient à celles du plumage d'un paon, étoit certainement une pierre chatoyante et irisée. Comme il y a un grand nombre de miné- raux qui offrent cette couleur, depuis la houille jusqu'au fer oligiste , etc. , il seroit assez difficile de déterminer à quelle es- pèce rapporter cette dénomination; mais Pline disant que c'étoitune pierre, cela réduit beaucoup le champ des recher- ches, et, comme l'observe très-bien de Launay, il seroit très- possible que le naturaliste romain ait voulu désigner un fels- path chatoyant, semblable à celui des côtes du Labrador. (B.) TAP 219 TAOS. (Ornith.) Nom grec du paon , pai^o, Linn. (Ch. D.) TAOS AGRIOS. {OrniLh.) C'est le nom du vanneau en grec. ( Ch. D. ) TAOUIA. (Bot.) I.'arbre qui porte ce nom à Saint-Do- mingue, suivant Desportes et Nicolson , est Je même que ïalacoal.ia ou bois de chandelle, dont le genre n'est pas bien déterminé: son bois, suivant Desportes, est dur et a une odeur de citron; son fruit est une baie monosperme. Il pa- roît avoir quelque rapport avec ïamyris, ( J.) TAPACULO. (Bot.) Sur les rives de l'Orénoque, près de Maypury , on donne ce nom à un arbre que M. Kunth croit être un comocladia. [3.) Tx\!ACUOU. {Bol.) Nom languedocien du rosa canina, cité par Gouan. (J.) ÏAPADA. [Conc-jL) Ce nom est indiqué par M. Bosc, dans le Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle , comme désignant une espèce d'hélice. (Desm.) TAPAJU. (OrniLh.) On nomme ainsi, en Sardaigne , le busard des miiTais, falco œruginosiis , Lalh. ( Ch. D.) TAPAK. (Bot.) Dans un herbier de Madagascar , donné par Poivre a Bernard '^e Jussieu, on trouve sous ce nom un laurier à calice cupulaire, nommé laurus madagascariensis , mais non publié. (J. ) TAPANAVA. [Bot.) Nom malais du pothos scandens , cité par Rumph et adopté par Adanson. (J. ) TAPANHUACANGA. {Bot.) Le genre fait sous ce nom par Vandelli, sur une plante du Brésil , paroît congénère ou très- voisin du diodia dans la famille des rubiacées. (J.) TAPARARA. {Ornitk.) Ce nom d'un martin-pêcheur , en langue garipone, est également celui du couticou piaje chez les Galibis, peuplade de la Guianc. ( Ch. D.) TAPAYAXIN. {Erpétol.) Voyez Tafaye. (H. C. ) TAPAYE. {Ichthjol.) Nom spécifique d'un Agame, que nous avons décrit a la page j3 du Supplément du tome I.^' de ce Dictionnaire. (H. C.) TAPE-BOIS. {Ornitli.) Un des noms vulgaires de l'épeiche, picus major, et de la sittelle, sitta europœus , Linn. (Ch. D.) TAPECON. (Ichthjol.) Voyez Rasfecon. (H. C.) TAPEINIA. (Bot.) Voyez Witsenia. (Poir.) 220 TAP TAPÈNE SIAKA. (Bot. ) C'est le nom qu'on donne à l'opé- ration de broyer les feuilles du poivrier enivrant à Oualan, pour en faire de Vava , boisson spiritueuse que tous les na- turels aiment beaucoup. Ce poivrier se nomme seha ou scliika, et par une singulière analogie, les Péruviens et les Araucans nomment schika , la boisson qu'ils retirent du maïs. Les habitans d'Oualan sont de race mongole, et les Améri- cains descendent de la même race, d'après beaucoup de na- turalistes exempts de tout esprit de système. (Lesson.) TAPERA. (Bot.) Nom languedocien du câprier ordinaire, cité par Gouan. (J. ) TAPERE. (Ornitli.) Cette espèce d'hirondelle est nommée tapera au Brésil. ( Ch. D. ) TAPESIA. ( Bot.) Division du genre Peziza, selon Persoon , qui y place les champignons de ce genre, dont le péridium a la forme d'une cupule, et se trouve fixé à une base velue, membraneuse ou sur un support, quelquefois imitant une racine. Il y ramène dix-sept espèces sous deux coupes : Tune comprend celles à capsules velues, l'autre celles à capsules glabres. Parmi la première se trouve le peziza cœsia , que nous avons donné à l'article Peziza comme un exemple des espèces (|ui composent cette division. (Lem.) TAPÉTI. {Mamm.) Voyez Tapiti. (Desm.) TAPHIEN , Taphozoïis. (Mamm.) Genre de mammifères car- nassiers, de la famille des chéiroptères, fondé par M. Geoffroy. Les taphiens sont de la division des chéiroptères insecti- vores, c'est-à-dire de ceux qui ont leurs molaires couronnées par des tubercules aigus. M. Frédéric Cuvier leur attribue vingt-huit dents en totalité, savoir : à la mâchoire supérieure point d'incisives, une canine, deux fausses molaires et trois molaires de chaque côté, et à la mâchoire inférieure quatre incisives accompagnées d'une canine, de deux fausses molaires et de trois molaires proprement dites, à droite et à gauche. La taille de ces chauve-souris est à peu près la même que celle des vespertilions de notre pays; leur chanfrein est mar- qué d'un sillon longitudinal analogue à celui qui existe dans les nyctères et dans les rhinopomes, mais leurs narines ne sont point operculées; leur lèvre supérieure est très- mince; les oreilles, de moyenne élévation, mais très-larges, sont pla- TAP ^21 cées aux côtés de la tête et non jointes entre elles par leur base ; leur oreillon est intérieur. La membrane interfémorale est grande; la queue est libre vers sa pointe au -dessus de celle-ci. Ce genre est considéré comme intermédiaire à ceux des myoptéres et des noctilions par M. Geofl'roy, et M. F. Cu- vier , dans son travail sur les dents des mammifères , le range entre celui des nyctinomes et celui des nyctères. Dans l'origine il se composoit de quatre espèces; mais il a été augmenté dernièrement de deux autres, dont l'une, de l'Inde, a été décrite par M. Hardwicke, et l'autre, de l'Amé- rique du Nord , indiquée par M. Warden , lui a été rapportée par M. Lesson. Le Taphien perforé ( Taphozous perforatus , Geoffr., Descr. de l'Egypte , pi. 3 , n.° i ; Desm. , Mamm. , esp. 197) a le corps et la tête, mesurés ensemble, longs de trois pouces, sur quoi la tête prend neuf lignes; les oreilles ont six lignes de hauteur et les ailes neuf pouces d'envergure. Son museau est assez obtus; la queue, composée de six vertèbres, est plus longue que l'os de la cuisse; les oreilles sont oblongues et leur oreillon est en forme de fer de hache , terminé par un bord arrondi; la lèvre supérieure déborde la mâchoire inférieure ; les narines sont fort étroites et de forme circu- laire, en partie bouchées par un petit onglet; le chanfrein est creusé en gouttière, comme celui des rhinopomes; le pe- lage est d'un gris roux en dessus et cendré en dessous, où la pointe des poils seule est de ces couleurs, la base en étant blanche ; le premier doigt des ailes est formé seule- ment par un os métacarpien et les trois doigts suivans ont deux phalanges de plus ; les osselets qui supportent la mem- brane interfémorale près de son bord libre sont plus grands que les pieds auxquels ils se rattachent. Cette espèce a été trouvée dans les tombeaux égyptiens d'Ombos et de Thèbes , en Egypte. Le Taphien lérot-volant {Taphozous senegalensis , Geoffr., Desm., Mamm., esp. igS), auquel se rapporte l'espèce du Lérot-volant de Daubenton, pourroit peut-être ne pas diffé- rer du précédent , et cela d'autant plus vraisemblablement, qu'on sait qu'un grand nombre de mammifères et d'oiseaux 222 TAP du Sénégal et de l'Egypte sont identiques. Toutefois il paroît plus petit, puisque son corps et sa tête n'ont en totalité que deux pouces neuf lignes; son pelage est plus brun en dessus et d'un brun cendré en dessous, et ses oreilles, de grandeur méiliocre, ont leur tragus ou oreillon très-court, fort large et de forme arrondie. Son museau est large et alongé. Il a été rapporté du Sénégal par Adanson. Le Taphien de l'Isle -de- France ; Taphozous mauritianus , Geoffr., Desm. , Mamm. , esp. 196. Celui-ci, plus grand que les deux précédens, a trois pouces six lignes de longueur, sur quoi sa tête prend à peu près un pouce ; ses oreilles sont longues de six lignes; sa queue n'a que six lignes et demie; l'envergure de ses ailes mesure neuf pouces trois lignes. lia le museau plus aigu que le taphien perforé; la queue plus courte, puisqu'elle a moins de longueur que l'os de, la cuisse; ses oreillons sont accompagnés d'un lobule à leur base, et ïeur bord est sinueux au lieu d'être arrondi ; les oreilles sont courtes et rondes; les osselets qui soutiennent la membrane interfémorale ont une longueur égale à celle du pied; le pelage est marron en dessus et roussâtre en dessous. Il habite l'île Maurice. Le Tahpien lepture : Taphozous lepturus , Geoffr., Desm., Mamm., esp. 198; Vespertilio lepturus, Schreb., Erxl. , Gmel.; Vespertilio marsupialis , Mull. , ]S aturf. ; Saccopteiyx lepturus, Illig. Celui-ci, qui est indiqué comme habitant la Guiane hollandoise, n'appartient peut-être pas à ce pays, ainsi que le présume M. Geoffroy, mais bien aux grandes Indes. La longueur totale de son corps et de sa tête est d'un pouce et demi. Il a le museau assez large et garni de soies très-fines; les narines tubuleuses et rapprochées l'une de l'autre; les oreilles grandes, obtuses, arrondies avec Toreillon très-court et obtus; les quatre incisives inférieures lobées; les canines longues; la membrane des ailes repliée vers le coude de façon à représenter une sorte de sac ou de poche (d'où vient le nom de genre Saccopteryx , formé pour elle par Iliiger); le pelage gris en dessus, plus pale en dessous; les oreilles et les membranes alaires et interfémorale d'un brun obscur. A ces espèces on peut joindre sans diffîciilté le Taphien aux lOiNGUEs MAINS, Taphozous longimanus , découvert par M. Hard- TAP ^23 wicke, près de Calcutta dans l'Inde, où il se nourrit d'in- sectes qu'il attrape la nuit au vol, comme nos chauve-souris: il a quinze pouces d'envergure; ses oreilles sont ovalaires , plissées en travers; le poil qui recouvre son corps est épais et de couleur brune de suie; enfin, ses ailes sont noires. Il n'en sera pas de même de la dernière espèce , qui a été rapportée à ce genre sous le nom de Taphien roux, Ta- pJiozous Titfus ; la patrie qu'elle habite et le peu de détails que nous possédons sur ses caractères, nous fournissent les motifs de notre doute à son égard. L'envergure de ses ailes est d'un pied , et sa queue est presque aussi longue que son corps; ses oreilles ont dix -huit lignes de long; elle a sfx in- cisives inférieures, point de crête sur le nez, et sa couleur géné- rale est d'un rouge gris. En effet, le nombre de six des in- cisives inférieures est un caractère qui n'appartient pas au genre Taphien, et il n'est point fait mention de la conforma- tion du chanfrein, du manque d'incisives supérieures et de la disposition de la queue relativement à la membrane inter- féuiorale, toutes données nécessaires pour rattacher cet ani- mal à ce groupe de chéiroptères. Nous avons néanmoins jugé convenable de rapporter ici le peu qu'on sait sur son compte, ne sachant où nous pourrions le placer ailleurs, dans les ar- ticles qui nous restent à publier. Il est figuré par "Wilson dans Y American Ornithologj, tom. 6, pi. 5o, n.° 4 ? sous le nom de chauve- souris rouge de Pensjhanie. On le trouve en effet très-abondamment dans ce pays, aux environs de Car- liste, où on le voit suspendu aux branches d'arbres des forêts. Il a pour ennemi redoutable l'effraie, espèce de chouette, strix flammpa , Linn. (Desm.) TAPHOZOUS. (Mamm.) Voyez Taphien. (Desm.) Tx^PHRIA. (Bot.) Ce genre de la famille des champignons, établi par Pries, qui a changé de nouveau son nom en celui de taphrina , n'est qu'un démembrement du genre Erineum , duquel les botanistes pensent qu'il ne doit pas être séparé. Selon Pries ( Ohs. mjc. , 2 ) il est caractérisé par son thallus composé de très-petits filamens ou flocons ovales, ventrus, point cloisonnés, contenus et réunis en une couche ou strate presque rond, enfoncé dans les feuilles en manière de cu- pule. Depuis, dans son Système, Pries a présenté ainsi le ca- 224 TAP ractére gënérîque: Pseudo-fibres arrondies, enflées, continues et renfermées ou réunies en une tache soyeuse. Le Taphria populinea (Pries, Obs. rnjyc. , i, p. 217, et Obs. 2.% pi. 8, fig. 3 ) est une plante cryptogame, qui forme sur les feuilles des taches rondes , bombées, orangées, jaunâ- tres, avec despointillures noires qui sontles fibres. Elle végète à la surface des feuilles des peupliers, du tremble, etc. Pries fait observer que son taphria populina est le même que l'eri- neum a«re«m d'Achard , Persoon , Albertini et Schweinitz, et de Schumacher, figuré très-bien par Greville , dans son Mé- inoiresur VErineum , inséré dans le Journ. philos. d'Edimbourg, n.° 11, pi. 3 , fig. 5. Ce genre, que Schmidt avoit admis et augmenté des Taphria quercina et alnea , n'a pas été adopté, différant peu de Verineum, et lui a été réuni par Kuntz, Per- soon et Greville. Link considère le Taphria de Pries comme très-distincte de VErineum (Link in Willd. , Sp. pi. , 6 , part. 1 , pag. 162). M. Persoon réserve seulement ce nom de Ta- phria à la division des erineum qui comprend les espèces à filamens fort courts, à peine distincts et réunis en forme de croûte. Voyez Erineum et Phyllerium. (Lem.) TAPHRIE, Tapliria. (Entom.) M. Bonelli a décrit sous ce nom un genre de coléoptères pentamérés de la famille des créophages , qu'il a séparé des carabes. M. Gyllenhal l'avoit désigné sous le nom de Sjnuchus, qu'avoit adopté le général Dejean dans son Catalogue. (CD.) TAPHRINA. (Bot.) Voyez Taphria. (Lem.) TAPHRODERES. (Entom.) Ce nom, qui signifie cou dans une fosse, a été donné par M. Schœnherr à son genre 28 des rhinocères , pour y ranger une espèce de Brente, que nous avons décrite sous ce dernier nom, n.° 2. (C. D. ) TAPIA. (Bot.) Ce nom brésilien avoit été adopté par Plu- mier pour désigner un genre des Antilles auquel Linnaeus donne celui de crateva. Adanson a voulu lui conserver son premier nom; mais celui de Linnaeus a prévalu. Pison , qui cite le tapia, lui attribue de grandes vertus, et dit surtout que l'application de ses feuilles sur l'anus fait cesser la ma- ladie dite bicho , provenant du grand relâchement du sphinc- ter. (J.) TAPIAL (Entom.) M. Latreille rapporte que ce nom est TAP 225 donné à une espèce de fourmi , dans l'Amérique méridio- nale. (Desm.) TAPIER, Cratei'a.{Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, polypétalées , régulières, de la famille des capparidées, de la. polyandrie wonogynie de Linnaeus , of- frant pour caractère essentiel : Un calice caduc, à quatre divisions inégales; quatre pétales, tous inclinés du même cAté; seize étamines et plus, insérées sur le réceptacle, inclinées du côté opposé aux pétales; un ovaire supérieur, pédicellé; point de style ; un stigmate en tête ; une grosse baie char- nue, à une seule loge, renfermant des semences éparses dans une substance pulpeuse. Tapier commun: Crateva tapia , Linn, , Spec; Commel. , Hort., 1 , tab. 67; Plum., Gen. ^mer. , tab. 21 ; Pluk., Alw., tab. 107 , fîg. 7. Arbre qui s'élève à la hauteur de trente à trente- six pieds sur un tronc très- gros , revêtu d'une écorce verte, divisé vers son sommet en plusieurs branches qui for- ment une cime étalée et touffue. Les rameaux sont nombreux, garnis de feuilles alternes, pétiolées, teruées, composées de trois folioles ovales, glabres, inégales, vertes, entières, acumi- nées; les deux latérales plus petites, étroites; la terminale est beaucoup plus grande, ovale-oblongue, longue de cinq ponces et plus , large d'environ deux pouces. Les fleurs sont termi- nales, portées sur de longs pédoncules glabres, alternes, cy- lindriques; elles forment parleur ensemble une sorte de pani- cule lâche, étalée. Le calice est d*une seule pièce à sa base, partagé en quatre découpures ovales, un peu aiguës, beaucoup plus courtes que la corolle ; les pétales sont ovales, un peu ar- rondis, ouverts, obtus, réfléchis du même côté; les étamines plus longues que la corolle, attachées sur le pédicellé de l'o- vaire; les anthères oblongues, de couleur purpurine; l'ovaire est globuleux , à long pédicellé , couronné par un stigmate ses- sile, en tête : il lui succède un fruit globuleux, au moins de la grosseur d'une orange, revêtu d'une écorce brune, dure, renfermant une pulpe farineuse, un peu ferme, rdp^plîe d'un grand nombre de semences en rein. Cette plante croît au Brésil, à la Jamaïque, etc. Tapier a feuilles ovales : Crateva ohovata,'^'û\à. , Spec; Vahl, Syml., 3 , pag. G 1. Il y a de grands rapports entre cet 5-2. i5 ^26 TAP arbre et le prëcëdent : il en diffère par la forme de ses fo-» lioles , de ses pétales, par les découpures de son calice, et par les filamens beaucoup plus longs. Ses rameaux sont gla- bres, nombreux, cylindriques, garnis de feuilles alternes, pétiolées, ternées; les folioles inégales, en ovale renversé, glabres, très- entières, un peu rétrécies à leur base, portées sur un long pétiole. Les fleurs sont situées à l'extrémité des rameaux, soutenues par des pédoncules simples, longs, al- ternes, étalés en panicule. Leur calice est partagé en quatre divisions oblongues; les pétales sont au nombre de quatre, alongés, en ovale renversé, munis de longs onglets; l'ovaire est oblong, pédicellé. Le fruit ressemble à celui de l'espèce précédente. Celte plante croît à l'île de Madagascar. Ta?ieii gynandrique : Crateva gjnandra, Linn. , Spec; Pluk., Plijté, tab. 147, fig. 6. Cette espèce tient presque le milieu entre les deux précédentes. Le caractère spécifiqtie employé pour la distinguer, disparoît, puisqu'il lui est commun avec les autres espèces, qui ont également les étamines gynandri- ques, c'est-à-dire insérées sur le pédicellé de l'ovaire. Cette plante se distingue d'ailleurs par ses feuilles minces , mem- braneuses , point épaisses , par ses pétales lancéolés , non ovales. C'est un arbre dont les rameaux sont glabres, nom- breux, garnis de feuilles pétiolées, alternes, à trois folioles ovales, très-entières, glabres à leurs deux faces. Les fleurs sont disposées, vers l'extrémité des rameaux, en grappes pa- niculées ; les pédicelles épars, uniflores; les anthères purpu- rines; le pédicellé de l'ovaire a la longueur du calice. Le fruit est une baie brune, sphérique , qui répand une odeur d'ail. Cette plante croît à la Jamaïque, parmi les buissons, dans les terrains arides. TAFiEa religieux: Cratei'a rellgiosa, Forst. , Prodr. , 2o3 ; "VVilld., Spec; Vahl , Sjmh., 5, pag. 62; Lamk. , III. gen. , tab. 5g5; Niiri>ala , Rhéede, Hort. Malah.^ 3, tab. 42. Ses tiges sont chargées de rameaux glabres , alternes , cylindri- ques; les feuilles alternes, ternées; les pétioles très-longs ; les folioles presque égales , un peu pédicellées, ovales, entières, lancéolées, en pointe à leur base, glabres, acuminées, lon- gues d'un pouce et plus. Les fleurs forment , par leur en- semble, à l'extrémité des rameaux, une sorte de panicule TAP 227 lâche, soutenue par des pédoncules longs, glabres, simples, uniflores. Les calices sont courts , à quatre petites folioles ovales, caduques; la base persiste sur le pédicelle du fruit. Les pétales sont étroits, lancéolés, aigus, beaucoup plus longs que le calice ; les étamines au moins une fois aussi longues que la corolle; les anthères épaisses, oblongues; l'ovaire est ovale; son pédicelle plus long que les étamines; le stigmate sessile, en tête. Le fruit est une baie de la grosseur d'une pe- tite prune, pulpeuse; l'enveloppe coriace; les semences sont éparses, oblongues, en rein. Cette plante croît dans les Indes orientales, et dans les îles de la Société. Tapier FAUx-CAPRiEa: Crateya capparoides , Ait., Hort. Keiv., edit. nov., 3 , pag. 146 ; Andr., Bot. repos. , tab. 176 ; Bot. Ma- gaz. , 596. Cette plante a des rameaux glabres, cylindriques, garnis de feuilles alternes, péliolées , ternées ; les folioles presque sessiles , glabres, ovales, elliptiques, entières, ai- guës, longues de trois pouces et plus, larges de deux. Les fleurs sont disposées en un corymbe terminal; les pédoncules simples, alternes, alongés , uniflores; les folioles du calice ovales, étalées, aiguës; la corolle, d'un blanc verdâtre, a ses pétales très-longs, étroits, rétrécis à leur base, crépus, acu- minés au sommet. Cette plante croît à Sierra-Leone. ( PofR.) TAPIIRÉTÉ. (Mamm.) On trouve dans la Relation du prince Maximilien de Neuwied , que ce nom brésilien est celui du tapiras americanus des auteurs. (Lesson. ) TAPINOTUS. (Entom.) C'est sous ce nom que M. Schœn- herr a décrit un genre de rhinocères sous le n.° 170 , pour y ranger une espèce de charanson de sa division desgonatocéres cryptorhynchides. Ce nom signifie dos plat , peu élevé , de TClTrilVOÇ VCOTÛÇ. ( C. D. ) TAPIR, Tapirus. {Mamm.) Genre de l'ordre des mammi- fères pachydermes et de la tribu des pachydermes propre- ment dits. Ce genre se compose maintenant de deux espèces dis- tinctes, dont l'une, connue depuis long-temps, appartient à l'Amérique du sud, et la seconde, trouvée seulement de- puis cinq ou six années à Sumatra et à Malacca , ainsi que dans la Chine méridionale. Linné, après avoir d'abord réuni le tapir américain au genre des Hippopotames , l'en sépara en- 238 TAP suite pour en former le genre Tapirus, adopté par tous les naturalistes subséquens, même par Uliger, qui, quoique ce nom fut pris dans un idiome indien, n'a pas jugé à propos de le reformer, comme il l'a fait à l'égard de ceux de tant d'autres genres, afin d'y substituer des noms grecs de sa façon, et de paroître ainsi s'attribuer le mérite de la créa- tion de ces genres. Les tapirs sont des animaux qui,' par leur aspect général et leur taille, ont de l'analogie avec nos cochons: néanmoins ils sont un peu plus élevés sur jambes , et leur nez est très-prolongé en forme d'une petite trompe fort mobile , percée par les na- rines, mais qui n'est pas terminée par un doigt, ainsi que celle de l'éléphant, et qui ne sert point d'organe de préhen- sion., comme cette trompe. Leurs extrémités antérieures sont terminées par quatre doigts armés de petits sabots courts et arrondis, et les postérieures le sont seulement par trois doigts et trois sabots pareils. Ils ont les yeux petits, latéraux; le' chanfrein long et busqué ; l'occiput relevé en crête : les oreilles longues, pointues et mobiles; leur peau paroît de la nature de celle des cochons, et elle fait aussi peu de plis que celle de ces animaux sur le corps, qui est entouré d'une graisse assee abondante ; les poils sont soyeux et peu abondans ; la queue est courte et peu velue. Il n'y a que deux mamelles , ingui- Dales dans les femelles, etprépuciales chez les mâles. Les jeunes individus sont couverts d'une livrée symétrique de couleurs plus vives et plus brillantes que celles qu'on remarque dans les adultes. On voit que, par la composition de leurs extrémités, les tapirs sont intermédiaires aux deux divisions que M. George Cuvier a établies parmi les pachydermes, c'est-à-dire , i ." ceux à doigts en nombre pair à tous les pieds, tels que les hippo- potames et les cochons, et 2° ceux à doigts en nombre im- pair aux quatre extrémités, tels que les éléphans, les rhino- céros et les chevaux. Les tapirs sont de la première division par leurs pieds de devant, et de la seconde par les pieds de derrière. Ce seroit à tort qu'on voudroit les comparer aux pécaris, qui, comme eux, ont quatre doigts aux pieds de devant et trois seulement à ceux de derrière : dans ces ani- maux les quatre pieds sont conformés comme ceux des cochons, TAP 229 sauf seulement que le petit doigt interne des pieds posté- rieurs manque, d'où résulte un défaut de symétrie dans ces pieds : chez les tapirs, au contraire, il n'y a qu'un gros doigt au milieu . et les deux latéraux sont égaux et symétriques. Par leurs caractères ostéologiques généraux, et surtout par leur système dentaire , les tapirs ont particulièrement de la ressemblance avec les animaux fossiles dont M. George Cu- vier a ré\ élé Tantique existence dans les lieux où sont main- tenant des amas de gypses tertiaires, et qu'il a désignés sous le nom de palœotherium et de lophiodon. Seulement ces animaux perdus n'avoient que trois doigts aux pieds de devant , au lieu de quatre, comme en ont les tapirs. Le système dentaire des tapirs a de l'analogie à celui des chevaux : il y a néanmoins une molaire de plus de chaque côté aux deux mâchoires dans le tapir américain, et deux supérieures aussi de plus dans le tapir d'Asie, selon ce qu'en dit M. F. Cuvier. En effet, on compte quarante- quatre dents en totalité dans le tapir d'Amérique; savoir : six incisives supérieures rangées sur une même ligne, dont les quatre internes, en forme de coins, et les deux extérieures, beaucoup plus fortes et de forme pointue; deux canines médiocres, coni- ques, s'entrecroisant avec les inférieures, rapprochées des incisives, mais séparées des canines par une barre assez longue: la première molaire est une dent un peu conoïde, formée de deux tubercules principaux, et les six autres, de forme carrée, ont leur couronne marquée de deux collines trans- versales, séparées entre elles par un sillon. A la mâchoire in- férieure on trouve aussi six incisives, mais la plus latérale de celles-ci, à droite et à gauche, est la plus petite de toutes; deux canines plus fortes que les supérieures , et sept dents molaires aussi semblables à celles d'en haut, si ce n'est que la première est plus alongée et plus étroite que sa correspon- dante. Le tapir de l'Inde ne diffère de celui-ci que par l'ab- sence delà dernière molaire inférieure de chaque côté. Selon M. George Cuvier ces molaires croissent comme celles des éléphans, c'est-à-dire que leurs germes sont contenus dans la partie postérieure des os maxillaires , et qu'en se trans- formant en dents , ils sont successivement poussés d'arrière 23o TAP en avant, pour venir occuper leurs places respectives dans les bords alvéolaires. Le Tapir p'Amérique {Tapiras americanus , Linn.) est la première espèce dont nous nous occuperons. Cet animal est désigné par Thevet sous le nom de tapihires , par Laët sous celui de béori animal, par Nieremberg sous celui de danta. C'est Vantes de Menh , le tapiirété Brasiliensibus de Marcgrave; la vache montagnarde du voyageur Dampier; Vélan de Laconda- mine; le sus aquaticus multisulcus, tapir ou majpouri de la Guiane , de Barrère ; le tapir ou manipouris de Brisson. Linné lui avoit d'abord imposé le nom àliippopotamus terrestres , et plus tard, donné celui de tapiras americanus. Erxleben et Boddaè'rt l'appeloient hydrochœrus tapir. D'Azara le décrit sous le nom guarani de mhorébi. On trouve sa description et ses figures dans l'Histoire naturelle de Buffon , tome 1 1 , pi. 43 ; ainsi que dans l'Histoire naturelle des mammifères de M. Fréd. Cuvier. Enfin, dans plusieurs relations il est désigné sous les dénominations de cheval marin, d'âne-vache, de vache sauvage, de mulet ou mule sauvage, de buffle, d'élan, de cerf, etc. Cet animal peut avoir six pieds de longueur totale, mesurée depuis le bout de la trompe jusqu'à l'origine de la queue, et la longueur de celle-ci n'est guère que de quatre pouces ; sa hauteur au garrot est de trois pieds quatre pouces et demi et à la croupe de trois pieds dix pouces. Son corps est très-gros et fort arqué postérieurement, assez étroit aux épaules; la tête est assez grosse , comprimée sur les côtés, avec l'occiput fort relevé, et le chanfrein très -busqué; ce- lui-ci se termine en une trompe grosse, ridée en travers, recourbée en dessous, longue seulement de trois pouces dans le repos, mais susceptible de se contracter de moitié et de s'alonger du double; ayant les narines longues de quinze lignes , percées horizontalement à son extrémité : celte trompe, qui est formée par les muscles des naseaux, n'a pas de doigt mobile et opposable comme celle de l'éléphant. Les yeux sont petits et placés à peu près à égale distance de l'oreille et de l'angle de la bouche; les oreilles sont longues et pointues; le cou est assez gros; la queue en forme de tronçon ; les jambes, quoiqu'assez hautes, sont fortes; les an- térieures sont terminées par quatre doigts, armés de petits TAP a3i sabots noirs , arrondis et un peu aplatis, dont les deux moyens et l'interne, à peu près égaux entre eux, sont plus forts que l'externe, qui est placé un peu plus haut ; les postérieurs ont seulement trois doigts et trois sabots à peu prés égaux en grosseur entre eux, La peau est assez dure et épaisse, comme celle du cochon. Elle est recouverte d'un poil court, serré et lisse, d'un brun plus ou moins foncé, si ce n'est sous la tête, la gorge et au bout des oreilles, où il est blanchâtre. Le mâle a une sorte de petite crinière sur le cou , qui manque à la femelle, laquelle est généralement d'une couleur moins foncée que la sienne et d'une taille plus forte. Le jeune tapir, lorsqu'il est de la taille d'un cochon de lait , a le fond de son pelage d'un brun plus ou moins fauve 5 le dessus de la tête de cette couleur, ainsi que les oreilles ; de petites piquetures blanchâtres en grand nombre sur les joues; le dessus des yeux et le bout du museau aussi blan- châtres; le corps marqué de six ou huit bandes blanches principales, étroites et bien tranchées, parallèles entre elles, se rendant des épaules et du cou jusqu'à l'extrémité de la croupe ; des séries de points blancs également espacés entre CCS différentes lignes; quelques autres petites bandes courtes, alternant aussi avec d'autres séries de points blancs, sur les épaules, le haut des jambes de devant et la face externe des cuisses; le dessous du cou, la poitrine, le ventre et la face interne des membres blancs; les extrémités des pieds brunes ou fauves, comme le fond du pelage, et très-légèrement mar- quées de petites taches plus claires. L'espèce du tapir américain est généralement répandue dans l'Amérique méridionale , depuis l'isthme de Panama jusque dans les terres du détroit de Magellan ; mais sa vé- ritable patrie se compose des Guianes, du Brésil et du Pa- raguay. Le tapir habite l'intérieur des grandes forêts , et vit soli- taire. 11 recherche de préférence les contrées ombragées et humides, éloignées des habitations de l'homme; mais il éta- blit son domicile dans un lieu un peu élevé et sec: parcou- rant toujours les mêmes chemins autour de sa demeure, il finit par tracer des routes bien battues et très-marquées , qu'on seroit tenté de regarder d'abord comme résultant du passage 23.i TAP des hommes. 11 ne sort que pendant la nuit ou dans les jours pluvieux, pour se rendre dans les marécages, où il se vautre, ainsi que le font la plupart des autres pachydermes et prin- cipalement les cochons. 11 nage facilement et marche avec assez de vitesse; son allure ordinaire est une sorte de trot; mais quelquefois il galoppe assez gauchement et la tête basse. II voit et entend très-bien. A l'état sauvage, sa nourriture se compose de fruits sauvages et de jeunes rejetons de plantes ou d'arbustes , et en domesticité tous les alimens lui con- viennent, même la chair et le poisson, crus ou cuits. D'Azara rapporte que les tapirs du Paraguay recherchent une terre nitrée, qui dans ce pays, est appelée barrero. Cet animal est robuste ; mais il ne fait usage de sa force que pour se défendre des nombreuses attaques qu'il a à re- douter de la part des animaux sauvages, tels que les jaguars et les cougouars, ou même des chiens domestiques. Il n'atta- que jamais, et il se retire du chemin de l'homme, lorsqu'il le rencontre sur son passage. Au temps du rut seulement on rencontre ensemble les animaux des deux sexes de cette es- pèce. Alors les mâles se livrent entre eux des combats pour se disputer la possession des femelles. Celles-ci ne font qu'un seul petit par portée et par an, vers le mois de Décembre, et l'on présume que la durée de la gestation est de dix ou onze mois. Elles le déposent dans un lieu sec , et en ont le plus grand soin pendant les premiers temps. Ce petit n'aban- donne sa mère qu'à l'époque où elle se livre de nouveau aux approches du mâle. Le tapir est doué d'un caractère doux et timide, et il seroît très-facile de l'apprivoiser: aussi Sonnini propose-t-il de l'em- ployer comme bête de somme. Sa chair est sèche et d'un goût désagréable; et c'est peut-être à cause de cette mauvaise qua- lité qu'on n'a pas cherché à réduire en domesticité cette espèce, qui, d'ailleurs, quand elle offriroit une nourriture saine et savoureuse , ne pourroit, à cause de son peu de fé- condité, être d'un avantage comparable à celui que présente l'espèce du cochon , qui produit un grand nombre de petits chaque année. Le cuir du tapir est très-fort, très -résistant, et pourroit être employé utilement. TAP 235 La chasse du tapir, qui se fait à l'affût ou avec des chiens courans, a principalement lieu, à la Guiane, dans la saison des pluies, parce qu'à cette époque cet animal est beaucoup moins sédentaire que dans les autres temps de l'année. Le Tapir de l'Inde: Tapiras indicus, G. Cuvier ; Mai'ba , Fréd. Cuvier, Hist. nat. des Mamra. Cet animal , dont la découverte dans les forêts de Sumatra et de la presqu'île de Malacca est due à MM. Duvaucel et Diard , paroît avoir été grossièrement figuré, mais avec des griffes de lion, dans quelques ouvrages chinois, ce qui feroit présumer qu'il ha- bite aussi dans les provinces méridionales de la Chine. Il a le corps gros et trapu, très -semblable par ses formes géné- rales à celui du tapir d'Amérique. La trompe est longue de sept à huit pouces dans les individus adultes ; la tête a en- viron un pied de longueur, depuis l'extrémité de la mâ- choire inférieure jusqu'à la racine de l'oreille; la distance de cette même extrémité dje mâchoire et le bout de la queue • est de trois pieds trois pouces ; le plus grand diamètre de la tête est de dix pouces , et celui du corps d'un pied neuf pouces; la hauteur depuis la terre jusqu'aux épaules est de deux pieds huit pouces; la longueur de la queue est de deux pouces; celle des oreilles de cinq pouces; et l'é- tendue du ventre entre les jambes a un pied six pouces. Le poil est court et ras; la tête, le cou, les épaules, les jambes de devant, les jambes de derrière et la queue, sont d'une couleur noire foncée ; le dos, la croupe, le ventre, les flancs et l'extrémité des oreilles, sont blancs. Le jeune est tacheté de blanc et de brun. Les terrains meubles de plusieurs points de la France ont offert des débris fossiles qui ont dû appartenir à des ani- maux très-voisins des tapirs, mais d'une taille au moins égale à celle des plus grands éléphans. Les dents de ces animaux avoient , en particulier, des formes très -analogues à celles des dents de tapirs ; mais leurs collines transverses étoient droites et non saillantes à leurs extrémités , et de nom- breuses crénelures se remarquoient sur l'arête de ces col- lines, dans les germes de ces dents. L'une de ces pièces fossiles, consistant en deux séries de dents, a été trouvée près de Beinc en Comminges ; et des dents isolées ont été 254 TAP rencontrées, à des époques différentes, auprès de Vienne et de Grenoble en Daupliiné; à Saint-Lary en Couserans; à Ar- beichan , entre Auch et Mirande; près d'Orléans; à Avaray, etc. Enfin M. Harlan , dans le Journal de l'Académie des sciences naturelles de Philadelphie, a annoncé la découverte d'une es- pèce de tapir fossile dans l'Amérique du Nord. (Desm.) TAPIRAINARA. (Bot.) Nom caraïbe de ÏHamelia, genre de rubiacées, cité dans l'herbier de Surian, n." 71. (J.) TAPIRÉ. (Bot.) Voyez Bois tapirb. (J.) TAPIRE. (Ornith.) Les perroquets qu'on nomme tapiréssont des individus auxquels les sauvages ont arraché des plumes dans leur jeunesse, et dont ils sont parvenus à changer les teintes en frottant la partie dépouillée avec le sang d'une raine bleue à raies longitudinales jaunes, qui est fort com- mune à la Guiane. (Ch. D.) TAPIRIER, Tapiria. (Bot.) Genre déplantes dicotylédones , à fleurs complètes, polypélalées, régulières, de la famille des térébinthacées , de la décandrie pentagj'nie, qui offre pour ca- ractère essentiel: Un calice à cinq divisions profondes; cinq pétales insérés sur le disque de l'ovaire; dix éfamines, avec la même insertion; un ovaire supérieur, à cinq côtes; point de style; cinq stigmates épais, obtus; une capsule à cinq côtes, à cinq valves; une semence arillée dans chaque loge. Tapirier de Guiane: Tapiria guianensis, Aubl., Guian., 1 , lab. 188 ; Lamk. , III. gen. , tab. 586; Jonquetia paniculata, Willd., Spec, 2, pag. 760. Arbre très-élevé, dont le tronc, fort épais, parvient à la hauteur de cinquante ou soixante pieds, et porte une cime touffue, composée de fortes bran- ches étalées , divisées en rameaux glabres , épars , nom- breux. Les feuilles sont éparses , alternes , pétiolées , ai- lées avec une impaire, composées de trois à cinq paires de folioles ovales, lancéolées, longues de trois à quatre pouces et plus, glabres, opposées, pétiolées, entières, acuminées ; la foliole terminale plus grande, pédicellée. Les fleurs sont petites, disposées en panicules axillaires et terminales, plus longues que les feuilles, dressées, étalées; les pédicelles courts, sétacés. Le calice est glabre, à cinq découpures pro- fondes, obtuses; la corolle blanche, petite, à peine plus longue que le calice, composée de cinq pétales ovales, obtus. TAP 235 insérés , ainsi que les étaniines , sur un disque relevé en bourrelet , qui sert de réceptacle à l'ovaire : celui-ci est ovale , à cinq côtes, couronné par cinq stigmates sessiles, épais. Le fruit est une capsule de la grosseur d'une petite noix , ovale, presque globuleuse , très-glabre, obtuse, à cinq grosses côtes, autant de sillons, divisée en cinq valves, renfermant cha- cune une semence ovale, obtuse, munies d'une arille. Cette plante croît dans les grandes forêts de la Guiane. Elle fleurit dans le mois de Novembre. (Pom.) TAPIROTHERIUM. ( Mamm. ) Nom proposé par M. de Blainville pour désigner plusieurs palaeothériums fossiles, qui ont des caractères particuliers, et qu'en effet M. George Cu- vier a séparés dernièrement, comme formant un genre par- ticulier sous le nom de Lofhiodon. (Desm.) ÏAPIROUSSOU. (Mamm.) Voyez Tapir. (Desm.) TAPIRS FOSSILES. {Mamm.) Voyez Tapir. (Desm.) TAPIRUS. {Mamm.) Voyez Tapir. (Df.sm.) TAPIS, Tapes. {ConchjL) Genre de coquilles établi par M. Schumacher, dans son Système de conchyliologie, pour les espèces de venus qui se rapprochent de la venus treillissée, V. decussata. Voyez Vénus. (De B. ) TAPIS DE PERSE. {Conchjl.) Nom marchand, autrefois employé pour désigner le murex trapezinus-, qui appartient au genre Fasciolaire de M. de Lamarck. (De B. ) TAPISSIÈRES [Abeilles]. {Entomologie.) Réaumur a ainsi nommé des espèces qui coupent des pétales de Heurs pour en tapisser leur nid; telle est FAbeille du pavot, que nous avons décrite tome I." , pag. 34, n.° 3o. ( C. D.) TAPITÈLES , Araneœ vestiariœ. { Entomol. ) Nom que M. Walckenaër a donné à la 6.* espèce de la famille des Arai- gnées. Voyez cet article, tome II de ce Dictionnaire, pag. 335. (CD.) TAPITI ou TAPÉTI. {Mamm.) Nom spécifique d'une pe- tite espèce de lièvre qui" habite FAmérique méridionale, et principalement le Paraguay. (Desm.) TAPOA-TAFA. {Mamm.) Nom donné par les naturels de la Nouvelle -Gûlles du sud à une espèce du genre Dasyure, Dasjurus Ta/a. (Desm.) TAPOCOUN. {icluhjol.) Voyez Tapecon. (H. C.) 236 TAP TAPOGOME, Tapogomea. {Bot.) Genre de plantes dicoty- lédones, à fleurs complètes, monopétalées, régulières, de la famille des rubiacées , de la pentandi^ie monogynie de Linné , dont le caractère essentiel consiste dans des fleurs réunies en tête dans un involucre commun; un calice adhérent; le limbe libre, urcéolé, à cinq dents ; une corolle infundibuli- forme; le limbe à cinq lobes réguliers; cinq étamines ; un ovaire inférieur; un style; un stigmate bifide; une baie (ou drupe) fort petite, renfermant deux semences osseuses; le réceptacle commun garni de petites paillettes ou bractées. Tapogome a feuilles de pnuNiER : Tapogomea prunifolia , Poir. ; Cephœlis prunifolia, Kunth , in Humb, etBonpl., Nov. gen., 3, p. 377. Arbrisseau de deux ou trois pieds, dont les rameaux sont dichotomes, hérissés et pubescens ; les feuilles opposées, pétiolées, oblongues , aiguës à leurs deux extré- mités, ondulées, crénelées et ciliées à leurs bords, glabres , longues d'environ deux pouces, larges d'un pouce; les sti- pules conniventes, tronquées, bidenlées. Les fleurs sont réu- nies en une tête terminale, solitaire et sessile ; leur involucre a quatre folioles spatulées, aiguës au sommet; la corolle est longue de huit lignes, glabre, bleuâtre; le tube alongé, hérissé en dedans à son orifice ; le limbe à cinq lobes ; les anthères sont linéaires, à deux loges; l'ovaire est glabre, cannelé, à deux loges monospermes; le style hérissé à sa partie supérieure; le stigmate à deux découpures étalées, pubescentes. Le nombre des étamines et des lobes de la corolle varie de quatre à cinq. Cette plante croit sur les bords ombragés de TOrénoque , près de la cataracte de Maypoure. Tapogome violette: Tapogomea vîolacea , Aubl. , Guian. , 1, lab. 60; Lamk. , III. gen., tab. iSa, fig. 1 ; Cephcelis violacea , "Willd., Spec, 1, pag. 977. Ses tiges sont ligneuses; ses ra- meaux glabres, un peu flexueux ; les feuilles opposées, pé- tiolées, glabres, oblongues, lancéolées, entières, aiguës, lon- gues de trois ou cinq pouces, larges d'un pouce et demi , cou- rantes sur un pétiole très-court, munies de stipules vaginales , larges , ovales , acuminées et ciliées. Les fleurs sont réunies en une tête globuleuse, solitaire à l'extrémité d'un long pé- doncule. L'involucre est à cinq folioles purpurines , ovales , roncaves; le réceptacle garni de petites bractées ovales , co- TAP «57 lorées. Le calice est fort petit, à cinq dents courtes; la co- rolle violette , fort petite , à peine tubulée ; le limbe divisé en cinq lobes obtus; les anthères sont ovales, oblongues, presque sessiles: une petite baie ovale, glanduleuse au sommet, ren- fermant deux semences. Cette plante croit dans l'Amérique méridionale. Tapogome tomenteuse : Tapogomca tomentosa , Aubl. , i , lab. 60 ; Lamk. , ///. gen. , tab. 1 62 , fig. 2 ; Cephœlis tomentosa, Vahl, Ed., 1, pag. ig. Arbrisseau dont les tiges sont lon- gues de trois ou quatre pieds ; les rameaux pubescens ; les feuilles opposées, pétiolées, oblongues, lancéolées , entières, aiguës et velues , rétrécies sur le pétiole à leur base , longues de quatre ou huit pouces, larges de quatre ; les stipuleslan- céolées , acuminées, de la longueur des pétioles. Les fleurs sontaxillaires, terminales ou latérales, soutenues par un long pédoncule simple, velu; l'involucre commun est composé de deux grandes folioles d'un pourpre violet; les bractées sont ovales - lancéolées , velues à leur base; les calices courts, à cinq découpures ovales; la corolle est purpurine, tubuleuse; le tube plus long que le calice; le limbe à cinq dents aiguës; les étamines sont presque sessiles ; le style est saillant. Le fruit est une baie ovale, rétrécie en pointe à sa base, tron- quée au sommet. Cette plante croît dans les grandes forêts de la Guiane et dans l'ile de la Trinité. Tapogome écarlate : Tapogomea punicea, Voir, , Encycl. ; Cephœlis punicea , Yahl , Ed., 1 , pag. 19. Ses rameaux sont glabres, d'un pourpre pâle; les feuilles opposées, pétiolées, elliptiques, lancéolées, longues de trois ou cinq pouces, lui- santes, très-entières, rétrécies à leurs deux extrémités, tra- versées par une côte jaunâtre; les pétioles longs d'un pouce, munis à la base de quelques poils crépus et caducs; les stipules courtes, tubulées. Les fleurs sont réunies en une tête delà grosseur d'une noix, à l'extrémité d'un long pédoncule situé entre deux rameaux, long de quatre pouces, anguleux, de couleur purpurine, et muni d'un involucre à deux grandes folioles ovales, en cœur, de couleur écarlate; la corolle est violette ; les baies sont petites, ovales, aiguës; le réceptacle est garni de paillettes oblongues , dont les extérieures sont les plus grandes. Cette plante croît dans les forêts de la Jamaïque. 238 TAP Tafogome a fleurs axillaires: Tapogomea axillaris , Poîr. , Encycl. ; Cephœlis axillaris, Swartz , Flor. Ind. occid. , 441. Cet arbrisseau a des tiges divisées en rameaux glabres, un peu cylindriques, garnis de feuilles opposées, oblongues , pétiolées, glabres, entières, vertes en dessus, plus pâles en dessous, nerveuses, acuminces à leurs deux extrémités; les pétioles glabres, alongés, munis de stipules opposées, ovales, membraneuses. Les fleurs sont réunies dans l'aisselle des feuilles en petites têtes sessiles, entourées d'un involucre à quatre ou six folioles ovales, membraneuses; les intérieures de la longueur des fleurs. Le calice est court, à cinq dents; la corolle petite et tubuleuse. Cette plante croît en Amérique , à l'île Saint-Christophe. Tafogome éLANcéE : Tapogomea data, Poir. , Encycl.; Ce- phœlis elata, Swartz, loc. cit. Arbrisseau de dix ou douze pieds, dont les branches se divisent en rameaux glabres, té- tragones, fragiles. Les feuilles sont opposées, oblongues, pé- tiolées, glabres, entières, luisantes, acuminées , longues de six pouces et plus; les pétioles courts; les stipules glabres, convexes, obtuses, bidenfées. Les fleurs sont réunies en une tête terminalesur un pédoncule droit, long d'un demi-pouce. L'involucreest composé de deux grandes folioles en cœur, un peu arrondies, entières, membraneuses, conniventcs et con- caves à leur base, d'un rouge pourpre, et plusieurs autres petites, roides , ovales , colorées , placées comme des paillettes entre les fleurs. Le calice est terminé par cinq petites dents droites; le tube de la corolle un peu rétréci à sa base; le limbe à cinq lobes ovales ; l'orifice du tube velu; l'ovaire oblong, anguleux; le stigmate pubcscent; la baie oblongue, renfermant deux semences striées , planes, convexes. Cet ar- brisseau croit sur les hautes montagnes, dans les contrées méridionales de la Jamaïque. Tafogome glabre: Tapogomea glabra, Aubl., Guian. , 1, (ab. 63 ; Cephœlis g'ahra, Willd. , Spec. Sa tige est velue, li- gneuse, haute de deux ou trois pieds , rameuse, garnie de feuilles opposées, pétiolées, oblongues, lancéolées, entières, glabres, aiguës, longues de cinq pouces et plus sur deux pouces et demi de large ; les pétioles sont courts ; les stipules vaginales, bifides, étroites, aiguës. Les fleurs sont réunies TAP 259 en tète terminale sur un pédoncule long d'un pouce, hérissé de poils roussàtres, privé d'involucre extérieur; mais chaque fleur est séparée par des écailles étroites : le calice est à cinq dents courtes , aiguës ; la corolle bleuâtre ; le tube alongé, renflé; le limbe à cinq lobes courts. L'ovaire se convertit en une baie bleuâtre, oblongue , striée, renfer- mant deux semences osseuses, appliquées l'une contre l'autre. Cette plante croit dans les grandes forêts, aux lieux un peu découverts. Tapogome a fleurs blanches ; Tapogomea alla , Aubl. , Guian. , i, tab. 62, fig. 4. Ses tiges et ses rameaux sont rampans, noueux, un peu velus, poussant à chaque nœud des racines capillaires, ainsi que des feuilles pétiolées, op- posées, ovales, entières, un peu rougeâtres à leur partie supérieure, glabres en dessus, cendrées et pubescentes en dessous; le pétiole court; les stipules lancéolées, aiguës. Les fleurs forment une tête entourée d'un involucre à cinq fo- lioles roussàtres et frangées; chaque fleur séparée par une écaille longue, étroite. Le calice est à cinq dents courtes; la corolle blanche ou rougeâtre ; le tube court ; le limbe à cinq lobes aigus; l'ovaire oblong, couronné par deux petits corps glanduleux; une baie rouge, visqueuse en dedans, à deux semences. Cette plante croît dans les grandes forêts de la Guiane. (Poir. ) TAPOMANA. {Bot.) C'est sous ce nom qu'Adanson désigne le rhus zejlanicus trifoliatus , figuré par Burmann père, Thés. ZeyL, t. 89 , nommé connarus monocarpos par Linnaeus , re- porté par Willdenow au connarus asiaticus , et qui, selon M. De Candolle , est le même que Vomphalubium indicum de Gsertner. (J.) TAPON. {Ornith.) C'est un des noms vulgaires du bou- vreuil, loxia pyhrrula, Linn. ( Ch. D.) TAPORO. (Bot.) Les Otaïtiens donnent ce nom au fruit d'un citronnier, très-commun dans leur île et petit, tandis qu'ils nomment une variété à gros fruits, demêné. On sait que le citronnier et l'oranger ont été transportés dans cette île par le capitaine anglois Bligt du Beunty. Les premiers pieds existent encore aujourd'hui dans le district de Pari, et le nom qu'ils portent dans la langue des naturels atteste leur 34o TAP origine : c'est celui de ourou prpaa ou fruits à pain élrae- gers. ( Lesson. ) TAPOU. (Bot.) C'est le nom qu'on donne à OtaïtI à la gomme qui suinte du tronc du spondias dulcis, et qui étoit employée par les naturels à enduire les joints de leurs piro- gues. (Lesson. ) TAPSIE. (BoL) Voyez Thapsie. (L. D.) TAPUCODO. (Bot.) Nom brame, cité par Rhéede, du sida populi/olia de M. de Lamarck. (J.) TAPUN. {Ornith.) Voyez Daic. (Ch. D.) TAPURE, Tapura. {Bol.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, monopétalées , irrégulières, de la. didjna- mie angiospermie de Linné, offrant pour caractère essentiel: Un calice campanule, à six divisions , trois bractées à sa base j une corolle monopélale, à deux lèvres; la supérieure à trois divisions, plus longue, dressée et concave; l'inférieure plus courte , plus large , à deux lobes ; cinq étamines , dont quatre didynames placées sous la lèvre supérieure; une cinquième, très-longue, partant delà base de la lèvre inférieure ; l'ovaire supérieur trigone; un style long; un stigmate à trois lobes. Le fruit n'a pas été observé. Tafdre de Guiane : Tapura guianensis , Aubl., Guian. , i , lab. 48; vulgairement Bois de golette. Arbrisseau d'environ douze pieds de haut, dont la tige se divise en rameaux très- nombreux, flexibles, diff'us, garnis de feuilles alternes, très- simples, pétiolées, glabres, entières, oblongues , acuminées, munies à leur base de deux stipules caduques. Les pédon- cules sont axillaires, insérés sur le pétiole, solitaires, chargés vers le sommet de plusieurs fleurs velues, très-petites, au nombre de quatre ou six , disposées en petites grappes très- courtes. Le calice est velu, un peu campanule, à six petites découpures, accompagné à sa base de trois bractées courtes et velues. La corolle est jaune, un peu plus longue que le calice, monopétale, divisée en deux lèvres; la supérieure droite, concave, oblongue , à trois découpures profondes; l'inférieure plus large , plus courte , à deux lobes obtus ; les quatre étamines didynames sont insérées sur la corolle et renfermées dans la lèvre supérieure; une cinquième éfa- miue est beaucoup plus longue, insÔJ'ée à la base de la TAR 24t lèvre inférieure; l'ovaire est supérieur, triangulaire ; le style beaucoup plus long que la corolle, surmonté d'un stigmate à trois lobes. Le fruit est inconnu. Cette plante croît dans les grandes forêts de la Guiane. Les Créoles la nomment lois dé. golette .- c'est le nom qu'ils donnent ordinairement aux bois dont ils se servent pour clisser les murs et les cloisons de leurs maisons : elle fleurit dans le mois d'Août. (POIR.) TAPYRACOANA. ( Bot. ) Nom brésilien de la casse des boutiques, cassia fistula, cité par Pison. (J.) TAPYRACOAYNAVA. (Bot.) Nom caraïbe, cité dans l'herbier de Surian, du Citharexjlum cinereum, genre de la famille des verbénacées. (J.) TAPYRAPECU. {Bot.) Pison cite sous ce nom une herbe du Brésil, nommée aussi lingua-di-vacca , qui a une tige sim- ple, des feuilles molles, oblongues, étroites, et des fleurs blanches ; elle passe pour apéritive , réfrigérante , désobstruc- tive et surtout très-vulnéraire en application extérieure. (J.) TAQUARI. {Bot.) Les Galibis de la Guiane nomment ainsi le mabea laquari d'Aublet, appartenant aux euphorbiacées. (J.) TAQUATZIN. {Mamm.) Selon Herrera , ce nom seroit ce- lui que portoit le sarigue à la Nouvelle -Espagne, lors de la découverte de ce pays. (Desm. ) TARA. {Bot.) Une poincillade est ainsi nommée au Chili, suivant Feuillée. (J. ) TARAB. {Bot.) Nom arabe du vinetier, herieris , suivant Forskal. ( J.) TARABÉ. {Ornith.) Ce nom est donné, au Brésil, à uu perroquet de la division des amazones. (Ch. D.) TARABUSO. {Ornith.) L'oiseau ainsi nommé en Sardaigne, suivant Cetti, pag. 274, est le héron butor, ardea stellaris , Linn. ( Ch. D.) TARA-CANDELO.(5oL) Nom brame du Kada-kandel du Malabar. Voyez ce mot. (J.) TARAGNON. {Entom.) M. Desmarest dit que Ton désigne sous ce nom la vrillette de l'olivier, petit coléoptère penta- méré de la famille des térédyles. (C. D.) TARAGUICO AGGURABA. {Erpétol.) Nom brésilien d'un 62. 1.6 242 TAR lupinambis, rappoi'fé par Daudiii au Lupinambis élui'-' d'Afrique, Voyez Tl'pinambis. (H. C. ) TARAGUIRA. (Erpétol.) Nom de pays donné par Séba au lézard à tête bleue de Daudin , qui doit être rapporté à la section des améivas parmi les Sauve-gardes. Voyez ce dernier mot. (H. C.) TARA-IRI, TARA-HEIRIRI. (Bo^) Ces noms sont donnés, dans les iles de la Société, suivant Forster , à son terminalia glabrata , grande espèce de badamier , dont on mange les amandes et dont le bois est employé pour la fabrication de divers meubles. (J. ) TARAKAN. {Entom.) Nom russe de la blatte orientale, llatta orientalis, Fab., très-commune et très-incommode dans ce pays. (Desm.) TARALE. {Ornith,) Nom péruvien d'un perroquet à tètt- rouge. ( Ch. D. ) TARALÉE, Taralea. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, polypétalées , irrégulières, de la famille des légumineuses, de la diadelphie décandrie de Linné, offrant pour caractère essentiel : Un calice à cinq découpures iné- gales; une corolle à cinq pétales irréguliers, inégaux, pres- que papilionacés ; les deux inférieurs connivens , les trois supérieurs relevés; les deux latéraux plus étroits; dix éta- mines monadelphes; un ovaire supérieur, pédicellé; le style courbé; le stigmate obtus; une gousse presque ronde, co- riace, comprimée, bivalve, monosperme. Taralée a feuilles opposées : Taralea opposilifolia , Aubl. , Guian. , 2, tab. '2C)8 ; Dipterix oppositifolia , Willd., Spec, 5, pag. 9J0. Très -grand arbre, qui s'élève à la hauteur de plus de soixante pieds sur un tronc de deux pieds et demi de dia- mètre. Le bois est blanc, dur, compacte; l'écorce blanche, qui se détache naturellement par parties plus ou moins larges. Les branches sont fortes, très -longues, étalées; les rameaux glabres, cylindriques; les feuilles pétiolées , opposées, ailées, sans impaire , composées de quatre ou cinq paires de folioles pédicellées , presque opposées, fermes, oblongues, lancéo- lées, entières, glabres, acuminées, longues de six ou huit pouces sur deux pouces et demi de large. Les fleurs sont dis- posées en panicules, les unes terminales, d'autres axillaires. TAR 243 rameuses; la plupart des ramifications opposées; chaque fleur est médiocrement pédicellée. Le calice est glabre, turbiné, à cinq découpures aiguës, inégales, dont deux inférieures vertes, plus grandes , concaves , distinctes , et les trois inférieures écar- tées, fort petites, celle du milieu un peu plus longue; la corolle, violette, assez semblable à une fleur papilionacée , a cinq pé- tales inégaux; un supérieur large, relevé, échancré; deux latéraux oblongs , étroits; les deux inférieurs connivens, cour- bés en faucille , tous onguiculés ; les étamines sont réunies à la base des filamens en un seul paquet. Le fruit est une gousse pédicellée, glabre, vcrdàtre , coriace, comprimée, à deux valves, renfermant une semence oblongue , un peu arrondie. Cette plante croit à Cayenne, dans les grandes forêts. Will- denow a réuni à ce genre le Coumarouna odorata d'Aublet, sous le nom de dipterix odorata. Voyez Coumarou, connu vul- gairement sous le nom de/eVe de Lanka. (Poir.) TARALIKISAK et AGLERNAK. {Ichthyol.) Noms groën- landois de la raie chardon. Voyez Raie. (H. C. ) TARANDUS. (Mamm.) Nom latin du renne. Voyez l'article Cerf. (Desîm.) TARANGOLO. (Ornith.) Ce nom italien et celui de tara- niolo, désignent le corlieu, phceopus, Cuv. ( Ch. D.) TARANGOULE. {Ornilh.) Voyez Ganga et Grandoule. (Ch. D.) TARANIOLE. {Omith.) Ce nom est donné, à Venise, à une espèce de courlis. (Ch. D.) TARANTAN. {Bot.) Près de Cumana , dans l'Amérique méridionule, on nomme ainsi une casse, qui est le cassia la- rantan de M. Kunth. ( J.) TARANTE. [Mamm.) Traduction défigurée du nom taran- dus, qui appartient au renne , espèce de cerf. (Desm.) TAR ANTOLA. {Ichthjol.) Un 'des noms du saure en italien. (H. C.) TARAO. {Ichthyol.) On donne ce nom à Borabora , près Otaïti, à un labre. (Lesson.) TARAPHITHA. {Omith.) Nom sous lequel le milan royal étoit connu chez les Chaldéens. (Ch. D. ) TARAQUIRA. {Erpétol.) Voyez Taraguira. (H. C.) TARAS. {Foss.) M. Risso a trouvé à l'état fossile, aux en- 244 TAR virons de la Trinité, près de Nice, des coquilles bivalve» auxquelles il a donné le nom générique de taras et dont voici les caractères : Coquille arrondie, convexe; croclels réfléchis, ai (TUS , profondément canaliculés , intérieurement sous les crochets , et supérieurement avant le crochet pour recevoir le ligament gjn- glimoïde ; charnière munie sur la valve gauche d'une dent entière , et sur la droite d'une dent obtuse bifide^ avec une lamelle latérale près des crochets. ( Hist. nat. des princip. prod. de l'Europe méridionale.) Taras ANTIQUE ; Taras antiqualus , Risso , loc. cit., tom. 4» pag. 344. Coquille opaque, lisse, verdcàtre, sculptée de stries concentriques, inégales. Longueur, huit lignes. Il paroit que M. Risso ne connoit que cette espèce de ce genre. (D. F.) TARASPIC. (Bot.) Nom corrompu de thlaspi, et que les jardiniers emploient pour désigner plusieurs espèces du genre Ibéride , que les anciens botanistes confondoient avec le thlaspi ou tabouret. (L. D.) TARATTI. {Bot.) Voyez Tamara. (J.) TARAUN. {Ichthyol.) Nom russe de la vimbe. Voyez Brème dans le Supplément du tomeV, page 72, de ce Dictionnaire. (H. C.) TARAX ou TETRAX NEMESIANI. {Ornith.) I/oiseau ainsi nommé dans Gesner est la grande outarde, otis larda, Linn. (Ch. d.) TARAXACONASTRUM. ( Bol. ) Ce nom d'un genre de Vaillant, faisant aup-iravant partie du dens leonis de Tourne- fcrt, a été changé par Linnaeus en celui de hjoseris dans la famille des chicoracées. (J. ) TARAXACONOÏDES. (Bot.) Vaillant avolt fait sous ce nom un genre du Leontodon hastile de I.innseus , qui a le ré- ceptacle ou clinanthe alvéolé, et le périanthe ou péricline simple et caliculé , différant ainsi a peine du vrai leontodon. Cette plante est un virea d'Adanson. (J.) TARBOTH. (Ichthjol.) Nom hollandois du Turbot. Voyei ce mot. (H. C.) TARCHE. (Ichthjol.) Voyez Targeur. (H. C.) TARCHON. (bot.) Avicenne donnoit ce nom à l'estragoa , artemisia dracunculus , suivant Gesner, qui appliquoit encore TAR 2^5 le même nom à la ptarmîque, achitlea ptarmîca. L'estragon étoit encore nommé targon, suivant Daléchamps et Olivitr de Serres. (J. ) TARCHONANTHE, Tarchonanthus. (Bot.) Ce genre de plantes appartient à l'ordre des Synanthérées, et à notre tribu naturelle des Vernoniées, dans laquelle il est voisin des genres Oligocarpha, ArrJienacJine , etc. Voici les caractères que nous attribuons au genre Tarcho- nanihus , d'après nos propres observations combinées avec celles de Gaertner. Dioique. Calathide mâle équaliflore, multiflore, subrégu- lariflore. Péricline inférieur aux fleurs, subcampanulé , ir- rcgulier, plécolépide; formé de cinq à dix squames subuni- sériées, à peu près égales, plus ou moins entregrett'ées in- férieurement, libres supérieurement, appliquées, ovales, foliacées, tomenteuses en dehors, glabres en dedans. Cli- nanthe petit, plan, garni de fimbrilles nombreuses, très- longues, piliformes. Faux- ovaire nul. Corolle laineuse en dehors, glabre en dedans, à tube large, cylindrique, à limbe point distinct du tube, campaniforme, très-profondé- ment divisé, par des incisions inégales, en cinq lanières oblongues, très-arquées en dehors. Ltamines à filets glabres, greffés à la partie inférieure seulement du tube de la co- rolle ; anthères entièrement saillantes au-dessus de la corolle, entregreffées par les bords, munies d'appendice* apicilaires courts, demi -lancéolés, aigus, et d'appendices basilaircs très-longs , filiformes , entregreffes par couples. Nectaire très-grand, en forme de gobelet. Style masculin, simple, échancré ou bilobé au sommet , glabre inférieurement , couvert supérieurement de collecteurs papilliformes, très- saillant au-dessus des anthères, très-arqué en dehors. Ca- lathide femelle équaliÛore , multiflore, ambiguïflore. Péricline et clinanthe comme dans la calathide mâle. Ovaire ou frui-t petit, obovoïde-oblong, tout couvert de longs poils laineux, mais privé d'une véritable aigrette. Corolle ambiguë, régu- lariforme, imitant parfaitement une corolle masculine et régulière, glabre en dedans, hérissée en dehors de longs poils laineux, absolument continue par sa base avec le som- met de l'ovaire et persistant sur le fruit, auquel elle sert 246 TAR d'aigretfe. Fausses- ëtamines entièrement incluses dans la partie indivise de la corolle. Nectaire nul. Style féminin, saillant au-dessus de la corolle, divisé au sommet en deux st'gni.ifophores courts, divergens, arqués en dehors. JVpus avons décrit la calathide mâle sur un individu vivant de 'I archonanthus camphoratus , cultivé au Jardin du Roi, et la calathide femelle d'après la description et la figure qui se Irouverit dans l'ouvrage de Gaertner (vol. 2, pag. 692, tab. 166, fig. 12 ). Les calathides mâles, que nous avons observées, conte- noient chacune environ vingt- cinq fleurs. Leur péricline étoit quelquefois formé de cinq squames disposées sur un seul rang circulaire, entregreffées inférieurement , libres supérieurement, sans aucune squame extérieure libre; d'au- tres fois il y avait sept, huit, dix squames, dont une ou deux extérieures et libres ou presque libres. Les corolles sont blanches', névramphipétales, c'est-à-dire à cinq nervures bifur- quées et marginales , comme dans toutes les Synanthérées; leur préfloraison est aussi , comme dans tout cet ordre de plantes , marginale, c'est-à-dire que les divisions de la jeune corolle non épanouie sont immédiatement rapprochées par les bords, sans se recouvrir aucunement; elles sont munies de quelques glandes derrière le sommet. Les filets des étamines, larges, laminés, linéaires, glabres, alternent avec les divisions de la corolle, comme dans les autres Synanthérées, et corres- pondent à ses cinq nervures, qui sont ici très-fines et peu apparentes; l'article anthérifère est bien distinct, très-court, un peu épaissi; l'anthère a un conneclif large, deux loges étroites et pleines de pollen, un appendice apicilaire court, large, semi-ovale, aigu, absolument libre, deux appendices basilaires longs, linéaires , non pollinifères, entièrement déta- chés l'un de l'autre, mais greffés avec les appendices basi- laires des anthères voisines. Le nectaire est très-grand, cy- lindracé, tubulé supérieurement, à bords sinués; il occupe le fond de la corolle, et reçoit la base du style qui y est 1 Les corolles étoient blancTics sur l'individu vivant et cultivé, ob- servé par nous; elles sont d'une couleur pourpre violette^ suivant les. descriptions des botanistes. TAR 247 enchâssée. Le style masculin est long, fîïiforme, simple, obtus et quelquefois échancré ou légèrement bilobé au som- met; sa partie supérieure, probablement composée de deux laux stigmatophores entregreflés, est absolument dépourvue de stigmate, mais Jiérissée de collecteurs papilliformes , courts, cylindriques; et elle surmonte le tube des anthères. Le faux-ovaire est nul, ou presque nul et confondu avec la base delà corolle. Les longues soies, que nous considérons comme des fimbrilles du clinanthe, seraient-elles des poils appartenant aux faux-ovaires rudimentaires et invisibles, dans la calathide mâle , ou appartenant à la base des vrais ovaires, dans la calathide femelle? Cette question' nous semble devoir être résolue négativement. L'appareil ingé- nieux par lequel la nature supplée, dans la fleur femelle, au défaut d'une véritable aigrette , et facilite la disséminatiou , mérite l'attention de ceux qui, comme nous , ne dédaignent pas la contemplation des causes finales. On rapporte au genre Tarchonanthus cinq espèces, toutes du cap de Bonne-Espérance. Celle qui est le plus ancien- nement connue et qui est le type du genre, la seule qui ait été sérieusement étudiée par les botanistes et que nous ayons pu observer nous-même, parce qu'elle se trouve dans la plupart desherbiers et qu'on la cultive dansles jardins debotanique, la seule enfin dont nous nous occupons dans cet article , est leTarchonanthe camphré {Tarchonanthus camphoratus , Linn.). C'est un arbrisseau d'environ quinze pieds, à tige droite, roide et rameuse; ses jeunes rameaux sont couverts d'un coton court et blanc; les feuilles sont alternes, persistantes, analogues à celles de la Sauge officinale, lancéolées-oblongues, planes, très - entières , épaisses, dures, vertes en dessus, blanches et cotonneuses en dessous; elles exhalent, quand on les froisse, une odeur de camphre; les calathides sont disposées en épis ou en paaicid^ à l'extréaiité des rameaux; leurpéricline est cotonneux et blanc; les corolles sont rouges ou blanches. Tournefort plaçoit le Tarchonanthus et ^7^'a dans le genre Conyza. Vaillant les en retira; mais il les réunit mal à pro- pos en un seul genre, nommé Tarchonanlhos. Linné, qui avait d'abord placé Vlya dans le genre Parthenium, en fit en- 248 TAR suite un genre particulier, qui auroit dû conserverie nom de Tarchonanthus , parce que c'était la première espèce du Tarclionanthos de Vaillant, et parce que ce nom, qui signifie Jleur d'estragon, s'applique beaucoup mieux à cette première espèce qu'à la seconde. Cependant la seconde espèce, ayant été laissée seule par Linné dans le genre Tarchonanthus, est devenue, sous le nom de Tarchonanthus camphoratus , le type du genre dont il s'agit. Linné, dans son Gênera plantarum, attribue à ce genre Tarchonanthus des fleurs vraiment hermaphrodites , des éta- mines à filets très-courts , à anthères longues comme la co- rolle et munies de queues à la base, l'ovaire supérieur (ou supère), oblong , le style deux fois plus long que la fleur et portant deux stigmates divergens, le fruit oblong, muni d'une aigrette pileuse, qui, au lieu de le couronner, le re- vêt de toute part. Il est probable que Linné a observé l'in- dividu femelle, puisqu'il décrit des étamines courtes, deux stigmates divergens, le fruit oblong et couvert de poils: cependant il n'a pu trouver l'ovaire supérieur, qu'en prenant, dans la fleur mâle, le nectaire pour l'ovaire. Dans le Sjstema vegetahilium, Linné dit Vaigretle plumeuse, ce qui est une nouvelle erreur. L'erreur bien plus grave sur la situation relative de l'ovaire et de la corolle, est professée par Bergius, dans ses Descriptiones plantarum ex capite Bonœ spei (pag. 206). Il est assez remarquable que ce botaniste, qui probablement a considéré le nectaire du Tarchonanthus comme étant un ovaire supère, a considéré dans le même ouvrage (pag. 006) le nectaire du Lidheckia comme étant l'article inférieur du style. (Voyez notre article Lidbeckie, tom. XXVI, pag. 285; et nos Opuscules phjtologiques , tom. 2, pag. 261.) M. de Jussieu, dans son Gênera plantarum (p. i85), dit que l'ovaire du Tarchonanthus est très-petit et inférieur (ou infère), et que le fruit est nu, ou plutôt, peut-être, cou- ronné par les poils qui couvrent la corolle '; il annonce 1 M. de Jussieu, quelques lignes plus haut, attribue positiveiiienl tiuo aigrette au Tarchonanthus , en disant (p. i85, 1. 7 ) : Tarchonantho ^ Caleœ et ^thanasiie pappus brevis. TAR 849 avoir observé ces caractères sur un échantillon sec, mais en ajoutant qu'ils auroient besoin d'être vérifiés sur un individu vivant. Ayant soigneusement visité toutes les Synanthérées de l'herbier de M. d^.fussieu, nous nous sommes assuré que ce botaniste ne possède que des échantillons mâles, sur lesquels il a probablement fait ses observations. Ces échan- tillons ne portent ni fruits ni ovaires , et les faux-ovaires y sont nuls, ou presque nuls et confondus avec la base de la corolle. Gsertner, dans son Traité sur les fruits et les graines, aver- tit ses lecteurs de ne point croire Bergius, qui dit l'ovaire supérieur, ni Linné, qui dit l'aigrette plumewse. Selon lui, le genre Tarchonanthus offre les caractères suivans : « Calice « monophylle , à peu près septemfide, tomenteux en de- « hors , glabre et noir en dedans ; fleurons tous andro- « gyns et fertiles; corolles laineuses, continues avec le tégu- « ment externe de la graine, réceptacle velu, graines lai- « neuses, mais sans véritable aigrette. » Quelques détails sur le fruit et la graine, ajoutés à la suite de cette description caractéristique, et surtout les figures qui l'accompagnent, prouvent évidemment que Gœrtner a observé Tindividu femelle. M. De Candolle, dans son premier mémoire sur les Com- posées, publié en 1810, dans le tome 16 des Annales du Muséum, a exposé (pag. i^y) son opinion sur le Tarchonan- thus de la manière suivante : « Déjà, dit-il, le Tarchonan- « thus semble devoir être rapporté à une autre famille que « celle des Composées. Bergius et Linné, qui probablement « l'avaient vu vivant, en ont laissé une bonne description. « Gaertner, qui paroît l'avoir décrit sur le sec, les a blâmés « mal à propos , selon moi , et m'a paru s'être écarté en ce point « de son exactitude ordinaire. En disséquant avec soin les « fleurs du Tarchonanthus camphoratus, épanouies pendant l'hi- « ver dans l'orangerie du Muséum , j'y ai reconnu un involucre « en cloche d'une seule pièce à cinq ou sept lobes, ren- « fermant plusieurs fleurs placées sur un réceptacle laineux, « Dans chaque fleur est 1.° un périgone libre en forme d'en- « tonnoir, garni en dehors d'une laine visqueuse, blanc et ^ lisse en dedans, à cinq lobes obtus; 2." cinq étamines inr 25o TAR « sérëes au bas du tube, autant que je l'ai pu juger devant « chaque lobe , et supportant cinq anthères soudées , sail- « lantes, et dont la base se prolonge en deux petites pointes; « 3." un ovaire libre, pentagone, jq^nâtre , glabre, con- Il est indubitable que M. De Candolle a observé, comme nous, un individu mâle, et peut-être le même individu que nous avons étudié quelques années après lui. L'organe qu'il a considéré comme un ovaire libre, c'est-à-dire supé- rieur ou supére, n'est autre chose que le nectaire; ce qu'il a nommé périgone est la véritable corolle; enfin, s'il a cru que les étamines étoient insérées devant les lobes de cette enveloppe, au lieu d'alterner avec eux, c'est probablement parce qu'il a remarqué qu'elles correspondoient aux nervures, et que, ne connoissant pas la nervation propre à la corolle des Synanthérées, il aura supposé que ces nervures occu- poient le milieu des lobes. Dans l'Histoire des arbres et arbrisseaux par M. Desfon- taines, nous lisons ( tom. J.^% P^g. 297) la note suivante sur le Tarchonanthus : « Ce genre, ayant l'ovaire supère et des « étamines opposées ' aux divisions de la corolle, doit être « exclu de la famille des Composées : M. De Candolle l'a réuni « auxThymélées. » Cette note de M. Desfontaines, écrite en Ï809, est fondée sans doute sur le Mémoire de M. De Candolle, qui n'a été publié qu'en 1810, mais qui avoit été présenté à l'Institut en 1808, et que M. Desfontaines » 11 y a dans le texte alternes avec les divisions; mais c'est cvideiTî- pient une inadvertance, un lapsus calami. TAR 5s avoit été chargé d'examiner. Nous pouvons en induire que, dans la première rédaction de son Mémoire, M. De Candolle attribuoit le Tarchonanlbus à l'ordre des Thymélées , mais que des doutes s'éfant élevés plus tard dans son esprit, il a effacé cette attribution, et peut-être ajouté la dernière phrase dubitative sur l'ovaire, avant de livrer son Mémoire à l'impression. Dans le Catalogue des plantes du Jardin médical de Paris, publié en i8oî, nous voyons que, plusieurs années avant M. De Candolle, L. C. Richard avoit mieux apprécié que lui les affinités naturelles du Tarchonanthus, puisqu'il l'avoit placé (pag. 89) auprès du Vernonia. Remarquons toutefois qu'il les range, l'un et l'autre, avec le Liatris , dans sa section des Liatridées , à laquelle il assigne pour caractère la nudité du clinanthe ; et pourtant le Tarchonanthus a le clinanthe hérissé de soies. Toutes ces controverses sur le Tarchonanthus nous avoient inspiré depuis long-temps un vif désir d'observer cette plante, lorsqu'en 1816 il nous fut permis de satisfaire pour la pre- mière fois notre curiosité, en analysant quelques cala(hldes d'un échantillon sec de l'herbier de M. de Jussieu. Les ré- sultats de nos observations sur ces calathides sèches furent lus à la Société philomatique, le i3 Juillet 1816, publiés par extrait dans le Bulletin des Sciences d'Août 1816 (pag. 127), et en totalité dans le Journal de physique de Mars* 1817. Depuis cette époque , nous avons analysé des calathides vi- vantes, et confirmé ainsi nos premières observations- Dans le Mémoire qui vient d'être cité, nous avons d'abord établi que le Tarchonanthus camphoratus est dioïque ; et l'individu femelle nous étant inconnu, nous avons exposé seulement la structure de la calathide mâle , en faisant re- marquer que, chez les Synanthérées, l'observation des fleurs mâles donne en général plus de lumières sur les affinités que l'observation des fleurs femelles. Ensuite nous avons assigné la place de ce genre dans la classification naturelle, en le rangeant dans notre tribu des Vernoniées, auprès du Tessaria. Enfin , nous avons signalé les erreurs bien singu- lières dans lesquelles les botanistes étoient tombés en décri- vant les caractères génériques du Tarchonanthus, qui soaè 252 TAR pourtant faciles à observer, même sur le sec ; et après avoir réfuté ces erreurs, nous $vons fait remarquer qu'ayant été commises par d'excellens botanistes, elles prouvent l'impor- tance des observations les plus minutieuses, qu'on est dis- posé à dédaigner; car, si ces botanistes eussent connu, par exemple, le caractère si chétif en apparence qui résulte de la disposition marginale des nervures de la corolle, ou celui de l'articulation des filets d'étamines, ils n'auroient jamais songé à expulser le Tarchonanthus de l'ordre des Synanthé- Jées ; l'observation des nervures les auroit aussi préservés de la supposition que les étamines sont opposées aux lobes de la corolle; et s'ils avoient remarqué que toutes les Synan- thérées ont un nectaire épigyne plus ou moins développé, ils ne se seroient pas avisés de nous donner cet organe pour un ovaire supérieur. Lorsque nous rédigeâmes notre Mémoire sur ïe Tarclio- nanthus, nous n'avions point encore vu, dans l'ordre desSy- nanthérées, des fleurs femelles pourvues de fausses étamines peu altérées ( t d'une corolle semblable ou presque semblable à celle des fleurs mâles ou hermaphrodites: c'est pourquoi nous ne pensâmes pas alors que la plante observée par Gaert- ner étoit probablement l'individu femelle de l'espèce dont nous observions l'individu mâle; et nous supposâmes que ce botaniste avoit commis des erreurs, ou que peut-être sa plante étoit d'une espèce différente de la nôtre. Mais, l'an- née suivante , ayant observé les fleurs femelles de VOligo- carplia , nous fûmes frappé de leur analogie avec les fleurs de Tarchonanthus figurées dans l'ouvrage de Gaertner, et dès-lors il devint manifeste à nos yeux que la plante de Gaertner étoit l'individu femelle du Tarchonanthus campho- ratus. C'est ce que nous avons déclaré dans le Journal de physique de Juillet 1818, pag. 29. L. C. Richard, bien convaincu que nous sommes incapable de faire une observation exacte et neuve , avoit été sans doute fort mécontent de notre Mémoire sur le Tarchonanthus, comme de tous nos autres écrits, « On ne sauroit, dit-il (Mémoire « sur les Calycérées , pag, 41), attribuer aux botanistes « en masse une erreur particulière à Bergius, et propagée « par Linné et ses copistes. M, de Jussieu a dit, et Gaertner TAR ^53 ^ a prouvé, depuis trente ans. que l'ovaire du Tarchonan- « thus étoït infère. » Si M. RIcIuTrd avoit bien voulu pren- dre la peine de lire noire mémoire avec quelque at- tention, et surtout sans préventions, il auroit vu que nous n'imputions l'erreur dont il s'agit qu'à ceux qui l'ont réelle- ment commise, et que cette erreur méritoit une sérieuse réfutation, puisque, malgré l'autorité respectable de Jussicu et fie Gœrtner, elle avoit été reproduite depuis avec con- fiance par M. De Candolle, qui prétendoit la justifier par de nouvelles observations; que M. Desl'ontaines l'avoit adop- tée; et que ces deux habiles botanistes attribuoient en con- séquence le Tarchonanthus à la famille des Thymélées. M. Richard auroit pu remarquer en même temps que ce Mé- moire, qui lui avoit d'abord paru si méprisable, contenoit pourtant quelques observations neuves et intéressantes; que la disposition des nervures de la corolle et la vraie situation des étamines , ainsi que l'articulation de leurs lilets, mé- connues par M. De Candolle, s'y trouvoient rétablies; que personne avant nous ne s'étoit aperçu que le Tarclionanfhus fût dioïque, en sorte que ceux qui n'avoient observé que l'individu mâle, avoient été induits à prendre le nectaire pour un ovaire, par la persuasion que la fleur, étant herma- phrodite, devoit nécessairement avoir l'organe le plus essen- tiel du sexe femelle. M. Richard devoit aussi remarquer que ceux même qui attribuoient avec raison au Tarchonanthus un ovaire infère, n'avoient pas su rt connoitre que le prétendu ovaire supère n'éloit qu'un nectaire. Enfin , il auroit peut- être avoué que cet arbrisseau n'étoit pas, comme il le croyoit, voisin des Liatris , et que i>ous avions connu mieux que lui ses véritables affinités. Nous ajoutons ici la description d'un nouveau genre, voi- sin du Tarchonanthus , cette description ne pouvant pas être insérée aussi convenablement dans auciyi de nos articles ul- térieurs. Arrhexachne, h. Cass. Dioïque. Calatlùde femelle équali- flore, multiflore, tubuliflore. Péricline subhémisphérique, inférieur aux fleurs, formé de squames plurisériées , régu- lièrement imbriquées, appliquées, ovales, coriaces-foliacées, à bordure scarieuse, colorée, finement denticulée. Clinanthe ï54 TAR planiuscule , nu, fovéolé, à cloisons charnues, dentées. OvaînT oblong, cylindracé, glabre, muni d'un bourrelet basilaire; ai- grette longue, blanche, composée de squamellules nombreu- ses, inégales, filiformes, presque nues ou n'ayant que des rudimens de barbellules. Corolle plus courte que l'aigrette, étroite, tubuleuse, cylindrique, dentée au sommet. Style féminin, glabre, beaucoup plus long que la corolle, portant deux stigmatophores courts, filiformes, glabres. Calathidc mâle équaliflore, multiflore, régulariflore. Péricline semblable à celui de la calathide femelle. Clinanthe convexe , nu. Faux-ovaire très-court, presque entièrement avorté; aigrette longue, blanche, composée de squamellules à peu près égales en longueur, inégales en largeur, unisériées, plus ou moins entregreffées à la base, laminées, linéaires, mem- braneuses, arquées au sommet, quelquefois bifides ou bi- fiirquées. Corolle glabre, à tube large, cylindrique, à limbe subcampanulé, à cinq divisions oblongues - lancéolées. Eta- mines à filets glabres, libérés au sommet du tube de la corolle; anthères presque incluses, munies d'appendices api- cilaires ovales-oblongs , obtus, et privées d'appendices basi- laires. Style masculin, presque inclus, ayant sa partie supé- rieure épaissie, hérissée de collecteurs, et divisée «presque jusqu'à la base en deux faux stigmatophores rapprochés, non divergens. Arrhenacline juncea, H. Cass. Plante herbacée, parfaite- ment glabre sur toutes ses parties, un peu glauque sur les parties jeunes; tige dressée, droite, assez épaisse, pleine de moelle (comme une tige de jonc), cylindrique, striée, verte, simple inférieurement , divisée supérieurement en rameaux dressés; feuilles alternes, distantes, sessiles, longues d'envi- ron un pouce, très-étroites, linéaires-lancéolées, uninervées, la plupart un peu dentées en scie, à dents très-petites et très-distantes; caiatjiides subglobuleuses ou presque hémi- sphériques, larges d'environ cinq lignes, solitaires à l'extré- mité de la tige et des rameaux, comme pédonculées, un peu paniculées; péricline plus ou moins coloré, rougeâtrc ; corolles blanches. Nous avons fait cette description spécifique, et celle des caractères génériques, sur des échantillons secs de l'herbier TAR =^55 <îe M. Desfontaines, provenant d'individus cultivés dans les serres du Jardin du Roi, et qu'on croit originaires du Sénégal. Cette plante a la plus grande affinité avec notre Pingnca angustifolia, et elle sera convenablement rapportée à ce genre Pingrœa par les botanistes qui n'aiment pas la multiplicité des genres. Quant à nous, qui pensons tout autrement, il nous semble que, malgré les rapports très-intimes qui rapprochent immédiatement notre plante du Pingrœa , elle ne peut pas être régulièrement attribuée à ce genre, dont elle difière essen- tiellement par ses aigrettes nues, et qui en outre sont paléa- cées et entregreffées à la base dans la calafhide mâle. Au contraire, dans la calathide mâle du Pingrœa, l'aigrette est composée de squamelluies filiformes, libres, très-barbeilulées supérieurement, à barbcllules nombreuses, longues, très- étalées. (Voyez notre article Pingrke, tom. XLI, pag. 67.) Notre plante peut donc former, dans la tribu des Vernoniées, un nouveau genre, voisin des Pingrœa, Ptuchea, Tarchonan- thus , etc. Le nom d' Arrhenachne , composé de deux mots grecs (uppyiv, masculus; a^i^vti , palea) , fait allusion aux aigrettes de la calathide mâle, qui sont paléacées. (H. Cass.) TAKCHONANTHOS. ( Bot. ) Vaillant confondoit sous ce nom deux genres de plantes coniç)osées, dont l'un étoit déjà nommé de même par Rai. Ils avoient été également réunis par Van Royen. Linnaeus n'a conservé le nom qu'à celui de Rai, et a donné au second celui d'j'va. (J.) TARCON. (Boh) Suivant Rauwolf, Rhasès donnoit ce nom au coziriam des Syriens, qui est la passerage ordinaire. Il nomm.oit aussi tarehon l'estragon , artemisia dracunculus (voyez TarchonI. Mentzel cite aussi le nom tarcon pour la pyrèthre. (J.) TARDA. (Ornith.) L'oiseau auquel on donne ce nom latin et celui d'avis tarda, est l'outarde. (Ch. D.) TARDx\RAS. {Ornith.) Ce nom a été donné au sacre et au gerfaut. (Ch. D.) TARDAVEL. (Bot,) Nom malabare du sperwacoce hispida de Linnaeus, suivant Burmann. Adanson l'emploie comme nom générique du spermacoce de Linnaeus. C est encore le coyalia de JNecker. (J.) ^56 TAR TARDIFÈRE. (Entomoz.) Même animal microscopique que le tardigrade. Voyez ci -après. (Desm.) TARDIGRADE, Tardigradus (Entomoz.) C'est le nom souS lequel Spallanzani , dans son Mémoire sur les animaux qui peuvent résusciter, a décrit incomplètement et assez mal figuré un animal microscopique , qu'il a observé dans la poussière des toits avec son fameux rotifère. M. de Blainville , ayant eu roccasion de l'observer lui-même, s'est assuré que c'est une larve d'un insecte hexapode et probablement même d'un coléoptère. Sa tête est forte, écailleuse , pourvue, à ce qu'il pense, de mandibules; son thorax, divisé en trois anneaux à peu près égaux et fort grands proportionnelle- ment, est pourvu de trois paires de pattes courtes, coni- ques, composées de trois articulations, outre le crochet qui les termine; l'abdomen est fort court, arrondi en arrière, composé d'un petit nombre d'anneaux et armé de deux paires d'espèces de crochets, qui servent à l'animal pour se cram- ponner. Sa couleur est jaunâtre et sa peau paroît granuleuse. Voilà tout ce qu'il est permis de voir de l'organisation du tardigrade. Spallanzani dit, cependant, avoir observé au mi- lieu du corps environ une petite tache oblongue, qu'il regarde comme Testomac. Les mouvemens de cet animal lui ont valu son nom. Il marche, en effet, fort lentement; mais pas tant, ce me semble, que le dit Spallanzani. Cet auteur s'est assuré (\ u'il jouit de la faculté de revivre plusieurs fois après avoir été desséché, à peu près avec les mêmes particularités que le ro- tifère. Jamais il n'a pu le voir se reproduire comme celui-ci: ce qui prouve encore que ce n'est pas un animal parfait. (De B.) TARDIGRADES. {Mamm.) Ce nom a été donné par M. G. Cuvier à la première tribu de l'ordre des mammifères de la famille des édentés. Elle renferme en effet des animaux sans incisives, mais qui ont pour caractères particuliers: D'ê(re pourvus, tantôt de canines et de molaires aux deux mâchoires, et tantôt de molaires seulement; d'avoir la ttte ])elite, ronde et à museau court; et d'avoir les extrémités très-grêles, les antérieures^ beaucoup plus longues que les postérieures, et toutes pourvues d'un petit nombre de doigts, comme soudés entre eux et armés d'ongles très-longs, arqués- et eu gouttière en dessous. TAR ^57 Tous les tardigrades dont les espèces sont en petit nombre, habitent l'Amérique méridionale. Ils vivent de feuilles d'ar- bres^ et se font remarquer par une excessive lenteur dans leurs mouvemens. Cette tribu, qui répond au genre Bradypus de Linné, se compose maintenant de deux genres : le premier comprend l'unau ou paresseux didactyle, qu'llliger avoit d'abord ap- pelé du nom générique de Cholapus, et auquel M. Frédéric Cuvier a réservé la dénomination de Bradypus; il est caracté- risé par des dents canines triangulaires, très- saillantes ; les bras médiocrement plus longs que les jambes; le nombre des vertèbres cervicales, qui est de sept, comme dans la généra- lité des mammifères; deux doigts aux extrémités antérieures et trois aux postérieures. Le second , nommé Achœus par M. F. Cuvier, contient l'ai et peut-être quelques espèces voisines; ses caractères . suivant ce naturaliste, consistent dans Fabsencede canines, et dans une molaire de plus que dans le bradjpus à cha- que côté des mâchoires ; dans le nombre des vertèbres du cou , qui est de neuf, dans la disproportion extrême des membres antérieurs comparés aux postérieurs, et dans le nombre des doigts et des grands ongles, qui est de trois à ch.Tque pied. Un grand quadrupède fossile , l'animal du Paraguay, paroît, sous certains rapports, avoir appartenu à la famille des tar- digrades, et sous d'autres, à celle des tatous, et il en est de même sans doute du mégalonyx de JefiFerson , découvert dans l'AmériqU'C septentrionale. Pendant long-temps on a réuni aux paresseux ou bradypes un ours de Flnde, qui avoit en effet quelques rapports fort éloignés avec eux, mais qui a été depuis reconnu comme formant une espèce bien distincte dans le genre Ours, et nommée ursus labiatus. lUiger en avoit fait le type d'un genre particulier de la famille des tardigrades sous le nom de Pro- cliilus. (Desm.) TARDILINGUA. (Ornith.) Ce nom est employé, dans les poètes, pour désigner le rossignol. ( Ch. D.) TARDINEAU. {Ichthjol.) Dans certaines provinces on donne ce nom à la plie. (H. C.) TARDONNE. (Ornith.) Lachesnaye-des-Bois donne ce nom comme le même que tadorne, (Ch. D.) 62. ij 258 TAR TARE-FRANCHE. (Ichthjol.) Voyez Tare-franke. (H. C.) TARE-FRANKE. {Ichthjol.) Dans certaines provinces on a donné ce nom à l'aigle de mer. Voyez Myliobate. (H. C) TAREFRANKE ou TAREFRANCHE. {Ornith.) Ces noms, ditl'auteurdu Dictionnaire universel des animaux, se donnent à Bordeaux à l'aigle de mer. (Ch. D. ) TAREIRA. (Ichthjol.) Du temps de Marcgrave de Lieb- staedt, les Brésiliens donnoient ce nom à deux poissons qui ont été figurés dans son ouvrage, et dont l'un semble être une sorte d'ésoce marin, à deux nageoires dorsales, tandis que l'autre, qui habite les rivières, appartient au genre Cy- prin. (H. C) TARENNA (Bol.), Gaertn. , Defruct., i , pag. 109, tab.28, fig. 5. Cette plante n'est encore connue que par ses fruits, d'a- près lesquels Gasrtner en a fait un genre particulier. Ces fruits sont disposés en une sorte de panicule, dont les ramifications sont un peu flexueuses. Le calice est adhérent; son limbe per- siste sur le fruit, qu'il couronne : il se divise en quatre dé- coupures linéaires, oblongues, aiguës, réfléchies. Ce fruit est une baie sphérique, ridée, noirâtre, luisante, à huit ou dix stries, partagée en deux loges; elle contient une substance charnue, fongueuse, adhérente ayx deux côtés de la cloison, environnant les semences : celles-ci sont au nombre de quatre ou six dans chaque loge, placées horizontalement, épaisses, bombées à une de leurs faces , noirâtres et ridées, en forme de croissant : elles contiennent deux cotylédons foliacés, pres- que orbiculaires. La radicule est cylindrique, une fois plus longue que les cotylédons, recourbée, éloignée du centre et dirigée vers la circonférence de la cloison. La position des radicules dans ce fruit est très- remarquable , dit Gaertner, en ce que celle de la première semence se dirige à droite, celle de la seconde à gauche, celle de la troisième à droite, et ainsi de suite ulternalivement : de plus les semences sont attachées au centre, et non aux parois du fruit. Ce fruit appartient à une plante qui croit à l'île de Ceilan. (Poir.) TARENTE. (Erpétol.) En Provence on appelle ainsi le gecko des murailles. Voyez Gecko. (H. C.) TAREÎSTOLE. {Ichthjol.) Un des noms du saure ordinaire. Voyez Saijre. (H. C.) TAR a59 TARENTULE. {Erpétol.) Voyez Tarente. (H. C.) TARENTULE. {Entom.) Espèce d'araignée que nous avons fait connoître sous le n.° 141. M. Latreille l'a rangée dans le genre Lycose. (CD.) TARERIAYA. [Bot.) La plante du Brésil, figurée et décrite sous ce nom par Marcgrave, paroît être une espèce de mo- zambé , cleome, à feuilles digitées. (J. ) TARERONDE. (7c/i%o/.) Auprès de Bordeaux on appelle ainsi la Pastenague. Voyez ce mot. (H. C.) TAREROQUI. (Bot.) Marcgrave cite sous ce nom une plante légumineuse du Brésil que Rai reporte au genre Orohus. Il dit que ses feuilles pennées se ferment le soir et s'épanouis- sent le matin. On trouve la même indication dans le petit Recueil des voyages, où la plante est aussi nommée tjroqui. (J.) TARET, Teredo. (Malacoz.) Genre de malacozoaires acé- phales, lamellibranches, de la famille des adesmacés de M. de Blainville, établi depuis long-temps par Linné et adopté par tous les zoologistes pour des animaux fort singuliers , en ce qu'ils ressemblent à de longs vers inarticulés, qu'ils se logent constamment dans des tuyaux, d'où vient la dénomina- tion de vers à tuyaux qu'ils ont quelquefois reçue, et que ces tuyaux calcaires, plus ou moins minces, servent à tapisserie trou que le taret s'est creusé dans les bois immergés par un procédé que nous allons faire connoître. La caractéristique de ce genre peut être exprimée ainsi, pour le distinguer principalement des fistulanes et même des térédines, avec lesquelles il a les plus grands rapports -. Corps très-alongé, vermiforme, enveloppé dansun manteau fort mince, tubuleux , ouvert seulement à sa partie antérieure et inférieure pour la sortie d'un pied, en forme de mamelon, et pourvu en arrière de deux tubes distincts très-courts, dont l'inférieur ou incré- mentitiel est un peu plus grand que le supérieur ou excré- mentitiel et pourvu de cirrhes à son orifice; bouche petite; appendices labiaux courts et striés; anus à l'extrémité d'un petit tube flottant et ouvert dans la cavité palléale assez avant l'origine des tubes; branchies fort longues, très-étroites, ru- bannées, réunies dans toute leur longueur et librement pro- longées dans toute l'étendue de la cavité tubuleuse du man- 26o TAR teau; un seul gros muscle adducteur entre les valves delà coquille ; un anneau musculaire au point de jonction des tubes avec le manteau , et dans lequel est implanté une paire d'appendices cornée - calcaires , pédiculées , operculaircs. Coquille épaisse, solide, très -courte ou annulaire, ouverte en avant comme en arrière; valves égales, équilatérales, an- guleuses et tranchantes dans leur bord antérieur , ne se touchant que par les bords dorsal et ventral, extrêmement courts; charnière et ligament nuls; un cuilleron interne con- sidérable; une seule impression musculaire fort peu sensible ; tube plus ou moins distinct, cylindrique, droit ou flexueux, fermé avec l'âge à l'extrémité buccale, de manière à enve- lopper tout l'animal et sa coquille, toujours ouvert à l'ex- trémité anale et divisé intérieurement en deux siphons par une cloison médiane. D'après cette caractéristique il est évident que les tarets, comme l'a très-bien montré le premier, Adanson , dans un mémoire inséré parmi ceux de l'Académie des sciences pour l'année 1769, ont les plus grands rapports avec les autres bivalves et surtout avec les pholades, qui, comme eux, vi- vent constamment enfermées dans une substance plus ou moins solide, plongés sous les eaux de la mer ; aussi le corps, quelque vermiforme qu'il paroisse , n'offre aucune trace d'articulation. Plus renflé en avant, il s'atténue peu à peu en arrière : il est enveloppé dans un manteau fermé de toutes parts, si ce n'est en avant et en dessous, où il est ouvert pour le passage d'un pied très- court et en forme de ma- melon. La cavité palléale est terminée en arrière par un an- neau circulaire, sur lequel sont attachés deux tubes courts, mais distincts; la bouche, située comme dans tous les lamel- libranches, est tout- à -fait antérieure et pourvue de deux paires d'appendices labiaux; l'anus est à -l'extrémité d'un petit tube flottant dans la cavité du manteau , et les branchies, fort longues et fort étroites, en forme de long ruban, sont réunies, celles d'un côté à celles de l'autre, dans toute l'étendue du tube, formé par le manteau. Leur siructure n'offre du reste rien de particulier. L'appareil digestif et circulatoire m'ont paru être, à peu de chose près, comme dans les pholades, avec la différence déterminée par le grand alongement de TAR a6« tout le corps. Je ne connois rien sur la disposition et sur la terminaison des organes de la génération ; mais il est pro- bable que les différences ne sont pas grandes avec ce qui existe dans les pholades. Ce qui distingue le plus les tarets de ce genre et de tous les autres lamellibranches, c'est la petitesse proportionnelle de la coquille , ainsi que sa forme particulière, l'existence de pièces operculaires, fort singu- lières à l'origine des canaux, et, enfin, celle d'un long tube calcaire qui enveloppe le tout , l'animal et sa véritable co- quille, et qui tapisse complètement le trou que le taret s'est creusé dans la pièce de bois qu'il habite. Revenons sur cha- cune de ces particularités. La coquille du taret n'occupe peut-être pas la trentième partie delà longueur totale de son corps. Elle est cependant placée comme dans tous les lamellibranches à coquille équi- valve; une valve de chaque côté, touchant à l'autre dans les lignes dorsale et ventrale : elle est extrêmement épaisse et d'un tissu fort dense, quoique très-cassant, surtout dans les grandes espèces, en sorte qu'il semble qu'elle ait été trempée comme de l'acier. Nous avons déjà dit qu'elle est annulaire, c'est-à-dire, qu'elle est extrêmement courte et entièrement ouverte en avant comme en arrière, chaque valve formant une espèce de demi-anneau qui touche à l'autre par chacune de ses extrémités. Celles-ci sont terminées par un petit bou- ton ou renflement articulaire, sur lesquels se fait le mouve- ment des valves dans leur action térébrante. Le supérieur, oblique, un peu plus large que l'inférieur, donne insertion à une membrane ligamenteuse, épidermique, qui passe d'une valve à l'autre et leur sert de moyen d'union. Des deux ex- trémités de la valve d'un taret, la postérieure n'offre rien de remarquable qu'un prolongement plus ou moins considérable qui en festonne le bord ; mais il n'en est pas de même de l'antérieure : elle est évidemment disposée comme une tarière propre à percer le bois. Premièrement son bord est aminci et véritablement aiguisé par la disposition des lignes d'accrois- sement de la coquille, et ensuite chacune de ces lignes est finement striée perpendiculairement à sa direction, en sorte que le tranchant est denticulé et que la totalité de la surface striée est cancellée ou disposée comme une lime très- fine; 26a TAR ajoutez à cela que ce côté antérieur est fortement échancré arjguleusement, de manière à augmenter considérablement l'étendue du bord tranchant, et à faire que son extrémité supérieure forme un angle assez aigu. Chacune de ces val- ves est en outre pourvue à l'intérieur, comme il a été dit plus haut, d'un cuilleron considérable, qui sert pour ainsi dire de manche à cette tarière. En effet , c'est par ses rapports avec le grand muscle adducteur que chaque valve est mise en mouvement, absolument comme dans les pho- lades. Les pièces operculaires que nous avons dit occuper l'ex- trémité postérieure du corps du taret sont peut-être moins importantes que la singulière modification de la coquille de cet animal ; mais elles offrent quelque chose d'insolite dans le type des malacozoaires, et qui semble indiquer un passage vers les entomozoaires ou animaux articulés. Voyons d'abord ce que sont ces parties, auxquelles on a donné le nom de palettes ou de palmules ; nous chercherons ensuite leurs usages et leur analogie. De forme variable dans chaque espèce, elles sont toujours parfaitement semblables et symétriquement placées, une de chaque côté de l'extrémité du manteau, à l'origine de ses tubes, ou mieux, dans l'espace qui les sé- pare. Dans les tarefs ordinaires chaque palette est composée par une pièce calcaire au milieu d'une partie membraneuse, qui, prolongée en pointe à son attache aux tubes, s'élargit et souvent se bifurque à l'extrémité libre élargie. Les deux palettes se regardent par leur face interne et peuvent, en s'appliquant l'une contre l'autre , fermer Torifice du trou qu'habite l'animal , après gu'il a retiré les tubes de son man- teau. Analogues , jusqu'à un certain point , avec les pièces operculaires des balanes , elles servent donc d'espèces d'o- percules. Il n'y a aucune comparaison à faire entre ces palettes et les plaques calcaires différentes de forme et de nombre que recouvrent les lobes débordés sur les crochets du manteau d'es pholades. La différence est encore bien plus grande avec les palettes^ des tarets de la division du taret bip;amulé de M. de Lamarck. En effet, autant que j'en ai pu juger sur des individus desséchés, ces parties ne peuvent mieux être comparées qu'aux antennes de certains insectes TAR ^65 mâles. Elles sont en effet composées d'un nombre asser con- sidérable d'articles calcaires, décroissans de la base au som- met, et dont le premier forme un pédoncule plus ou moins alongé- M. de Lamarck, qui paroit n'avoir connu que l'es- pèce de Pondichéry, figurée par Adanson, espèce dans la- quelle chaque articulation a une sorte de barbe de chaque côté, a pensé que ce pourroit être un appareii de respira- tion, une sorte de branchic ; ce qui paroit extrêmement peu probable. Il a également cru que ces palmules existoient à la fois avec des palettes; mais nous croyons pouvoir positivement assurer le contraire. En effet, dans une espèce particulière que nous avons observée dans un morceau de bois entière- ment rongé, nous n'avons trouvé dans chaqiie tube calcaire avec les deux valves de la coquille, que deux palmules sans palettes, dont ils sont, suivant nous, les analogues. Il est donc probable qu'elles servent également d'espèces d'oper- cule ; mais qu'en outre, par leur mouvement à l'entrée du trou où se trouve le taret, elles servent à y faire pénétrer avec plus de facilité le fluide ambiant. La troisième parti- cularité que nous devons signaler dans les tarets, est le tube calcaire qui tapisse le trou qu'il s'est creusé dans le bois. Ce seroit à tort qu'il seroit regardé comme une coquille: ce n'est véritablement qu'une excrétion irrégulière, tout -à-fait extérieure, de matière calcaire, toute blanche, formée de couches, collée contre les parois du trou, mais sans adhé- rence avec aucune partie du corps de l'animal; aussi est-elle toujours plus ou moins irréguliere , et son épaisseur est- elle proportionnelle cà la grosseur du taret et surtout à son âge. Elle est, en effet, constamment plus épaisse à sa petite ex- trémité, par où elle a commencé, et d'autant plus mince qu'on s'approche davantage de l'extrémité orale. Adanson a même fait l'observation que pendant long -temps le tube calcaire est ouvert aux deux extrémités; mais qu'enfin, sans doute quand l'animal a pris toute la croissance dont il est susceptible, quand il ne s'enfonce plus dans le bois, le tube se ferme peu à peu à son extrémité élargie ; alors ii n'y a réellement plus de différence entre les tarets et les fistulanes, si ce n'est que dans celles-ci, le tube extérieur, toujours beaucoup plus épais, n'est jamais enfermé : ce qui a au con- 264 TAR traire constamment lieu pour les tarets, chez lesquels on ne peut que très-difficilement l'extraire en entier. Quant à l'ex- trémité postérieure, la plus petite et la plus épaisse, il ar- rive aussi avec l'âge que sa cavité et son orilice sont divisés en deux par une cloison produite par les tubes de l'animal; mais cela n'a pas lieu dans le jeune âge, et la formation de cette cloison se fait comme tout le reste du tube. Les mœurs et les habitudes des tarets ont été étudiées avec assez de soin, surtout par les habitans des bords de la mer, où l'on a été obligé de construire des digues pour empêcher ses envahissemens. On sait, en effet, qu'ils vivent constam- ment enfoncés, à peu près toujours verticalement , la bouche en bas, l'anus en haut, dans des pièces de bois constam- ment immergées, le plus souvent dans l'eau salée, mais aussi quelquefois dans l'eau saumâtre et même dans l'eau douce, d'après les observations d'Adanson. Le point le plus haut où ils commencent à s'enfoncer , est toujours quelques pieds au dessous des plus basses eaux, de manière à être cons- tamment immergés. Dans cette position ils sont, comme la plupart des lamellibranches pyloridés, c'est-à-dire, qu'à l'aide de l'un des tubes de leur manteau ils font entrer jusqu'à la bouche, en traversant la longue cavité branchiale, le fluide qui doit servir à la fois à leur nutrition et à leur res- piration, pendant que par l'autre ils font sortir les excré- mens et le produit de la génération. Ce double mouvement est probablement aidé par l'action des palettes ou des pal- mules, qui, comme il a été dit plus haut, peuvent en outre servir d'opercule et fermer l'orifice du trou qu'habite l'ani- mal à la moindre apparence de danger; car il ne peut sans doute y enfoncer autre chose que ses tubes , qui sont fort courts, au contraire de ce qui a lieu pour les pholades. Le trou , habité par le taret , commence par un orifice extréme- înent petit, qu'il est même souvent fort difficile d'apercevoir ; mais toujours à peu près horizontal ou peu oblique; au-delà il se courbe et devient à peu près vertical et plus ou moins droit. La nature du bois a une grande influence sur la régu- larité et sur les flexions du canal creusé dans son intérieur. Le voisinage d'autres tarets en exerce encore une plus mani- feste. Eu effet , il semble qu'ils cherchent à s'éviter : ce qui TAR 265 produit quelquefois des flexions assez considérables. La pro- fondeur des trous est nécessairement proportionnelle à la grandeur du taret et à la durée de sa vie, qui paroît être assez courte et rapide , du moins d'après ce que dit Massuet. Mais par quel procédé cet animal, qui , très- probablement, est ovovivipare, et rejette le produit de la génération déjà pourvu de sa coquille , creuse-t-il ainsi les bois les plus durs et d'une manière tout-à-fait prompte ? Ici la forme térébrante et limante de la coquille, sa solidité; la nature du corps li- gneux; l'état parfaitement lisse du trou qui y est creusé, ne permettent pas de douter que ce ne soit pas une action mé- canique, aidée cependant encore par la macération du bois. Il me semble que le gros muscle adducteur qui passe d'une valve à l'autre, en s'appuyant sur les cuillerons, est réelle- ment la puissance qui met en jeu la coquille, l'appuie au fond du trou et la fait tourner dans le bois comme une vé- ritable tarière. On ne peut plus ici avoir recours à la pré- sence déjà si douteuse pour les autres coquillages térébrantes, d'un acide dissolvant. Le rapport de cause et d'effet est trop évident. A mesure que le petit animal croît , il creuse son trou , qu'il tapisse aussi à mesure par l'exhalaison crétacée des parties de son corps non couvertes par la coquille, et s'y enfonce jusqu'à ce qu'il soit parvenu à sa grandeur nor- male. D'après les singulières habitudes des tarets , il est évident que ce sont des animaux véritablement redoutables pour l'espèce humaine , puisqu'en effet ils hâtent considérable- ment la ruine de toutes les constructions en bois qu'elle a pu établir à la mer, comme les pilotis, les digues, les jetées, les barricades et même les vaisseaux. Les pilotis sont, en gé- néral, parfaitement intacts dans toute la hauteur où ils peu- vent se découvrir à la mer la plus basse ; mais à prendre d'un certain endroit constamment immergé, jusqu'à une assez grande profondeur, les trous des tarets sont si nombreux que les pilotis les plus gros cèdent aux moindres efforts. La Hollande est le pays où cela pouvoit avoir les résultats les plus fâ- cheux, et l'on a vu des vaisseaux qui ont coulé à la suite des voies d'eau déterminées par des trous de tarets. On a donc dû chercher des moyens de s'opposer à ces graves ac- 366 TAR cidens, soit par le choix du bois , soit en le garantissant des attaques de ces animaux. Aucun bois de notre Europe n'est certainement à l'abri de l'action térébrante des tarets. Il me semble avoir lu quelque part qu'il y en a quelques-uns en Amérique qu'ils n'attaquent pas, soit "à cause de leur du- reté, soit à cause de quelque résine qu'ils contiendroient; mais je ne puis l'assurer positivement et encore moins dire lesquels. On dit que la carbonisation préalable des pilotis à quelques lignes d'épaisseur, suffit pour les garantir com- plètement; mais le meilleur moyen est sans contredit ce- lui que l'on emploie pour les vaisseaux, le doublage en cuivre. Si les tarets nous portent de grands préjudices, il paroit qu'ils peuvent en compenser du moins une petite partie; car j'ai entendu dire à des habitans des côtes de l'Océan où l'on mange en général beaucoup de coquillages, que c'étoit un manger fort délicat et d'un goût plus agréable que les huîtres. D'après Séba, qui observoit en Hollande, les tarets ont pour ennemis certaines espèces de néréides maxillées , qui pénètrent dans leur tube et les dévorent : c'est sans doute ce qui aura induit en erreur Deslandes, dans ses Observations sur les tarets , puisqu'il décrit comme tels de véritables né- réides, auxquelles, cependant, il réunit les valves de la co- quille de ceux-là; il aura formé ainsi un taret de l'animal car- nassier et des restes de sa voracité. Les espèces de tarets ont été jusqu'ici encore fort peu étudiées. Il paroît qu'il en existe dans toutes les parties du monde, et la facilité avec lesquelles elles nous sont impor- tées, a fait croire qu'il n'en existoit pas en Europe, il y a quelques siècles; mais je crois que c'est une erreur, car j'ai vu dans la collection de M. Defrance des palmules de tarets fossiles, et il y a long- temps que Bertin en a figuré dans son Oryctographie des environs de Bruxelles. Je partage les espèces de tarets en deux sections , suivant la forme des pièces operculaires. La première constitue les Tarets proprement dits, et la seconde le genre que j'ai trouvé indiqué, dans la collection du Muséum britannique, par le docteur Leach sous le nom de Xjlotjra. TAR 267 A. Espèces dont la pièce operculaire est simple. Le Taret commun : T. namlis , Linn., Gmel. , page 5747, îi." 1 ; Enc. méth. , pi. 1 67 , fig. 1 . Coquille fort petite , mince , fragile, ovale, plus longue que haute, subrostrée en arrière; l'extrémité abdominale courte et arrondie ; palette simple, en grande partie membraneuse, bicornée et souvent souteilue par une pièce calcaire lozangique. C'est cette espèce que Ton trouve communément dans toutes les mers en Europe, et dont Massuet, Sellius , etc., ont donné l'histoire. C'est elle qui attaque les digues de la Hol- lande depuis deux ou trois cents ans. A La Rochelle, ou mieux à Esnandes, les pieux qui servent à l'établissement des bouchots à moules, en sont entièrement taraudés à une certaine hauteur. C'est un grand sujet de dépense pour les industrieux et infatigables boucholeurs. Le Taret du Sénégal: T. senegalensis , Adanson , Sénég. , p. 264, pi. 19-, et Mém. de l'Acad. des sciences, ann., 1759. Coquille un peu plus grosse, plus évidemment rhomboïdale , ou à quatre côtés obliques. Le bord tranchant strié de vingt- cinq stries denticulées. Palettes en spatule tronquée et non bicornée. Cette espèce, qui est indubitablement distincte du taret commun, quoiqu'il soit assez difficile de la caractériser com- plètement, à cause du peu de détails dans lesquels Adanson est entré à son sujet, est fort commune dans les racines des mangliers qui bordent les fleuves INiger et de Gambie. Elle les perce verticalement , quelquefois à deux ou trois pieds; mais ordinairement à six pouces au-dessus de terre. Le Taret noir : Teredo nigra, Quartelj Keview, tom...., pi. i.'", fig. 23, a, h, c. Coquille assez grande, de quatre à cinq lignes de haut sur autant de long, épaisse, solide, en- tièrement couverte d'un épiderme noir; côté postérieur ou tranchant fortement anguleux et slrié au moins de soixante stries très-serrées, surtout sur la partie verticale; palettes ovales, alongées, non tronquées. Cette grande espèce de taret, dont je possède un individu envoyé par M.'^* Warn à M. Defrance , a été trouvée sur les 268 TAR côtes d'Angleterre, dans la carcasse d'un navire venant de l'Inde et échoué depuis long- temps à quelque distance du rivage. Elle est parfaitement distincte par sa taille, sa cou- leur, et par le nombre considérable de ses stries. B. Espèces dont la pièce operculaire est articulée. Le Taret des Indes : T. palmulata, Adanson , Acad. des scienc, 1769, pi. 9, fig. 11 et 12. Coquille médiocre, à côté inférieur fort grand, peu profondément anguleux, à stries très-nombreuses, soixante-dix au moins, presque également serrées sur les deux côtés de l'angle; palettes fort grandes, composées de vingt articulations, prolongées en pointe de chaque côté, de manière à paroitre ciliées dans toute leur longueur. On ne connoît cette espèce de taret, qu'on avoit envoyée de Pondichéry dans le cabinet de M. de Réaumur , que d'après la figure d'une des valves et d'une palmule données par Adanson dans son Mémoire. Je ne conçois pas comment M. de Lamarck a pu croire que ce pourroit n'être qu'une variété plus développée du taret commun. Le Taret TRÈS-PETIT, T. minima {non fig.). Coquille extrême- ment petite, d'une à deux lignes de haut sur autant de long; partie striée beaucoup plus grande que l'autre; stries très- nombreuses, presque également serrées et espacées sur les deux côtés de l'angle du côté tranchant ; palmules portées sur un très-long pédicule et formées de douze articulations en godets non épineux sur les côtés. J'ai trouvé cette jolie espèce dans un morceau de bois qui en étoit entièrement perforé, chez un marchand d'objets d'histoire naturelle. Le T. DE Stutchbury ; T. Stutchhurji , Leach. Coquille de six lignes de hauteur au plus, sensiblement moins longue que large; valves fort minces avec une auricule postérieure assez prononcée, et une échancrure antérieure anguleuse et à côtés fort inégaux; cannelures extérieures assez profondes ; stries très-fines et très-nombreuses ; palettes médiocres , composées d'articulations infundibuliforraes, à bords prolongés, décrois- santes rapidement de la première à la dernière. TAR 2% Cette espèce, qui vient de Sumatra, et que j'ai observée dans le Muséum britannique, diffère du taret des Indes prin- cipalement par la forme de ses palmules. Le T. CARÉNÉ; T. carinala, Leach, mss. Coquille un peu plus grande que dans l'espèce précédente , un peu plus haute que longue, comme carénée par la suture saillante qui sépare les deux aires de stries en dehors comme en dedans, pour- vue d'une callosité élargie, dépassant le bord antérieur de la coquille, et prenant son origine en arrière du crochet; palmules semblables à celles du T. Stutchbury. De Sumatra, comme la précédente, dont elle est fort rap- prochée. Le Taret pennatifère : T. pennatifera , T. palmulata , Leach , Brit. Mus. Coquille assez petite et mince, échancrée très-an- guleusement en avant , finement multistriée ; palmules ex- trêmement considérables, huit ou dix fois plus longues que les valves, composées d'un grand nombre d'articulations, pourvues de chaque côté d'un long cil, et postées sur un long pédicule , ce qui les fait ressembler à une pennatule. Cette jolie espèce, qui existe , comme les deux précédentes, dans la collection du Muséum britannique, vient des mers de l'Inde. Ses palmules pourroient être aisément prises, au premier aspect, pour des pennatules fort élégantes; elles dif- fèrent beaucoup par leur grandeur et par leur forme de celles du taret des Indes de M. de Lamarck. (De B.) TARET. {Foss.) On trouve beaucoup de bois fossiles qui sont percés par des tarets; mais leur mauvaise conservation ne permet pas d'en déterminer facilement les espèces. M. So- werby annonce pourtant que dans des bois fossiles découverts à Highgate , près de Londres, il a trouvé le teredo navalii [Min.conch., tom. i, pag. 262, tab. 102). M. Risso annonce aussi qu'on rencontre cette espèce à l'état fossile à la Trinité, près de Nice. (Hist. nat. des princip. product. de l'Europe mérid., tom. 4, pag. 377.) Dansla Conchyliologie subappennine, M. Brocchi dit(p. 269) qu'on trouve aussi cette espèce à l'état fossile à Sanèse et à Saint- Geminiano en Italie. Taret P a manchettes; Teredo ? fimbriata , Def. On trouve près de Bruxelles , dans un sable blanc qua^rzeux , de petits 270 TAR tubes qui n'ont pas une ligne de diamètre sur six à sept lignes de longueur, et qui sont presque tous changés en silex. Ces petits tubes sont cylindriques et arrondis par le bout le plus gros, qui est fermé; l'autre bout est ouvert, et quand ils ne sont pas remplis de silex , ils contiennent quelquefois jusqu'à trois petits corps formés en entonnoir et qui entrent l'un dans l'autre. Ces petits tubes sont agglomérés dans le lieu où on les trouve : il est très-probable qu'ils sont contenus dans du bois fossile et qu'ils dépendent du genre Taret; mais nous n'avons pu nous en assurer. Un groupe de ces tubes existe dans la collection de M. Brongniart. On trouve des bois fossiles percés par des tq^ets à Dax , dans la montagne de Saint-Pierre de Maestricht et dans beau- coup d'autres endroits. On en voit des figures dans l'ouvrage de Faujas sur l'histoire naturelle de cette montagne , pi. 33, et dans celui de Knorr , sur les pétrifications, pi. 187. J'ai remarqué que les bois fossiles qu'on rencontre aux en- virons de Paris, dans les couches ou sur les couches de grès marin supérieur, ne sont jamais attaqués par les tarets. On trouve avec eux des graines qui sont représentées dans la Description géolog. des envir. de Paris, par M. Brongniart, pi. 11 , fig. 4, et que Fortis, ainsi que Fabricius, ont regardé comme des insectes fossiles. M. Ad. Brongniart a donné à ces graines le nom de carpolithes tlialictroides , var. parisiensis. L'a- mande de ces graines ressemble assez à certaines larves; mais il est aisé de voir qu'elle sort des enveloppes qui ont été sai- sies par la pétrification et sont restées attachées à la pierre. (D. F.) TARE-TORSK. {Ichth_yoL) Un des noms norwégiens du 'dorsh. Voyez Morue. (H. C. ) TARFA. ( Bot. ) Nom arabe du tamarin , cité par Dalé- chamfls. (J. ) TARFEH. (Bot.) Le tamaris, tamarix gallica, est ainsi nom- mé en Egypte, suivant M. Dclile. On lui donne aussi le nom hatab-ahmar, qui signifie bois rouge. L'espèce nommée de même aux Oasis, où M. Caillaud Pa recueillie, est, selon M. Delile, le tamarix africana de M. Desfontaines. (J. ) ÏARGER. (Ichih.) Un des noms vulgaires de la plie. (H. C.) TAR 271 TARGEUR. {IchUvyol.) Nom spéciGque d'un pleuronecte, qui doit être rangé parmi les turbots. (H. C. ) TARGIONIA. {Bot.) Genre de plantes de la famille des hépatiques, a été établi par Michéii et adopté par les bota- nistes. Il est CHracférisé par sa fructiiication, composée rl'une espèce de réceptacle bivalve, siti;é presque à l'extrémité de la fronde , et contenant une capsule globuleuse dans la- quelle sont des séminules fixées à des élatères ou filamens élastiques. Le Targionia hypophvlle : Targionia hfpophjlla , Linn.; Lamk. , Illustr., pi. 877 ; Curt. Spreng. in Bull., Soc. philom. Par., 1811, n.° 5j , p. 27, pi. 2 , fig. 2 ; Mich., Gen., p. 3, pi. 5 ; Dill., Musc, pi. 78, fig. 8. Cette plante a le port des marchav- tia; elle se compose de frondes ou de feuilles oblongues, élar- gies en spatule vers le sommet, vertes en dessus, avec des tu- bercules épars de couleur pâle. Ces frondes sont d'un brun foncé en dessous et adhérentes au sol par des fibrilles noires. Elles forment ainsi des plaques d'un à trois pouces d'é- tendue. C'est à l'extrémité de chaque fronde et en dessous que se développe la fructification. Cette partie s'enfle, puis laisse voir dans son intérieur une capsule bivalve fermée de tout côté dans la fronde. Cette capsule çsi d'abord recouverte d'une simple membrane réticulaire, transparente, parsemée de corpuscules ou glandes ; il se développe ensuite une autre membrane, externe et purpurine. La capsule est surmontée d'un prolongement styliforme , caduc , entouré de cinq à six styles avortés, selon Sprengel, ou plutôt de paraphyses ou d'organes génitaux , comme dans les mousses. La mem- brane interne ofire à sa base une callosité purpurine, que Schreber donne pour l'organe mâle, ce qui est contredit par Sprengel. Celui-ci donne pour tel les corpuscules ou glandes qui sont sur cette même membrane et qui se flétrissent après la maturité du fruit. Cette plante se rencontre dans les lieux couverts et humides. Elle est, dit -on, répandue par toute la terre; mais c'est particulièrement en Europe qu'elle est plus commune. Elle se rencontre dans beaucoup d'endroits en France. Le Sphœrocarpus Lerreslris de Michéii avoit été réuni à ce 272 TAR genre; mais actuellement il en est séparé. (Voyez Sph^ero- CARPUS.) M. Schweinitz avoit donné pour une seconde espèce de targionia une plante de la Caroline, dont il a fait depuis un genre sous le nom de Carpobolus, intermédiaire entre les tar» gionia et Vanthoceros , et infiniment plus rapproché de ce dernier. Le carpobolus offre une capsule oblongue, presque sphé- rique, comprimée, ayant un sillon à son sommet, par où elle s'ouvre sans doute , remplie de sporidies ou séminales libres , très-petites , globuleuses , point fixées à un axe central , comme dans Tanthocéros, et point accompagnées de filets ou élatères. Cette capsule est contenue dans un calice ou ré- ceptacle bifide droit ou incliné, d'où elle est poussée au dehors avant sa déhiscence. Le Carpobolus orbiculaire ( Schweinitz, Journ. acad. se. pliiL, 2, pag. 36 1 , fig. 2) est formé de frondes oblongues ou orbiculaires, diversement lobées et plissées dans leur contour, rapprochées, mais ne se recouvrant pas, comme cela a lieu souvent dans le targionia. Les plis de la fronde se dirigent sur un centre commun; leur bord est élevé et crénelé. (Lem.) TARGON. {Bot.) Voyez Tarchon. (J.) TAR1,TARIF1LI0N. (Bot.) Noms arabes, cités parMentzel, du carthame ou safran bâtard. (J.) TARIER. ( Ornith.) Voyez Becs- fins, Motteux, Traquet. (Ch.D.) TARIER. (Malacoz.) Nom sous lequel Guettard , Mém., tome 3, page 119, a parfaitement défini, en considérant l'animal et la coquille, le genre Taret. Il parle, outre la coquille, les palettes et le tube, d^un opercule latéral, posé sur le côté et surmonté d'une lame circulaire, dure, que je n'ai jamais vu et dont aucun autre auteur, à ma connoissance, ne parle. Du reste il signale trois espèces de ce genre, .le T. ordinaire, celui du Sénégal et celui de Pondichéry. (De B.) TARIÈRE. {Conchjd. et Enlom.) Voyez Tarrière. (Desm.) TARILLA. {Bot.) Les Portugais du Malabar nomment ainsi le jujubier, ziziphus jujuba , suivant Rhéede. (J.) TARIN. (Ornith.) Voyez tome XXVI, pag. 544. ( Ch. D.) TARIN. {Ornith.) Ce nom est aussi donné, suivant M. TAR 273 Risso, dans les environs de Nice , aux carduelis linaria , rufes- cens et montium. (Lesson. ) TARINGRING. (Ornith.) Espèce de mouette de Tile de Luçon. (Ch. D.) TARIRI. (Bot.) Barrère et Aublet , dans leurs ouvrages sur les plantes de la Guiane, pa-rlent d'un arbrisseau ou petit arbre, ainsi nommé par les Galibis, à feuilles alternes, pen- nées avec foliole impaire, d'abord vertes et ensuite de cou- leur pourpre violette lorsqu'elles commencent à se dessécher. C'est ainsi qu'on les trouve dans les herbiers. Ces auteurs n'ont vu ni sa fleur ni son fruit, et c'est d'après quelque similitude dans le feuillage que M. de Lamarck le rapportoit au Pseudo-hrasilium de Plumier, ou Comocladia de P. Browne et de Linnapus , genres de la famille des térébintacées. Les Galibis se servent des feuilles pour teindre le coton en violet. (J.) TARLINO. (Ornith.) Nom donné en Fouille au courlis commun , scolopax arcuata, Linn. (Ch. D. ) TARNEGUL. (Ornith.) C'est le nom du coq en chaldéen , langue dans laquelle la poule s'appelle larnegula, (Ch. D.) TARO. (Bot.) Mentzel cite ce nom arabe du lentisque , d'après Avicenne. (J.) TARO. (Bot.) Ce nom de taro est généralement répandu parmi tous les peuples de la mer du Sud, quelle que soit la distance qui les sépare les uns des autres , et signifie ou équivaut au mot pain de notre langue. Cependant tous les Océaniens des tropiques l'appliquent plus particulièrement à la racine nutritive qu'ils retirent du chou caraïbe, Varum esculenlum des botanistes anciens, et qui est un caladium pour les modernes. Cet aroïde est cultivé dans les lieux humides ou près des cabanes, et elle croit partout à l'état sauvage. La fécule que les Otaitiens en retirent est très-pure, et sert à gommer ou empeser leurs étoffes. Varum macrorhizon con- tient une fécule qu'on ne peut débarrasser du suc acre et caustique qui la baigne, que par des lavages répétés. Les insulaires estiment peu cette espèce et la nomment apeoa. Ils reconnoissent plusieurs variétés du vrai taro : celui des montagnes, qui a de grosses racines, est le jappi, et ils en distinguent le mapoura et le diwi. Les ignames, autre res- 52. 18 274 TAR source alimentaire, précieuse pour les naturels, sont ahon- dantes sur les lies Océaniennes, et sont nommées eoui. On y trouve aussi des patates douces, qu'ils appellent oumara. Par cette courte indication ou peut déjà se faire une idée de la quantité de matières nutritives que la nature jette au milieu de ces peuples, et quelle influence cela doit avoir sur leurs mœurs. Aussi les Nouveaux-Zélandois , placés sous un ciel moins prodigue et descendant de la même race, ont con- servé le nom de ^aro; mais ils l'ont transporté au pain. gros- sier qu'ils font en broyant sur des pierres les racines fibreuses de l'acrosticlium furcatum , et cet aliment est loin de réparer avantageusement les pertes qu'éprouvent leurs forces : c'est, sans doute , cette cause physique qui a fait s'étendre et se pro- pager l'anthropophagie, qu'ils pratiquent comme une cou- tume sacrée et d'une manière générale. (Lesson.) TAROOM. {Bot.) Nom de l'indigo ordinaire a Sumatra, selon Marsden, qui indique la manière dont les habitans en tirent et en emploient la partie colorante. (J.) TAROUGOUA , TAROUGOiNAGI , TAROGOUNA. {Entom.) M. Lachesnaye-des-Bois dit que l'on nomme ainsi au Brésil quelques espèces de fourmis. (C. D.) TARPA. [Entom.) Nom donné par Fabricius à un genre d'insectes hyménoptères uropristes, pour y ranger quelques espèces de tenthrèdes ou mouches à scie , tels que le cepha- lotes ou plagiocephala. (C. D. ) TARPAN. ( Mamm. ) Les chevaux sauvages de Mongolie sont ainsi appelés par les habitans de ce pays. (Desm.) TARQUIN. (Bot.) Nom d'une variété de poire. ( L. D.) TARRA WARNANG. (Ornitli.) Nom que les habitans de la Nouvelle-Galles du Sud donnent au cassican Auteur, cora- cias tibicen, Lath. (Ch. D.) TARRIÈRE ou TARIÈRE. {Entom.. ) On nomme ainsi dans les insectes certaines parties qui sortent de l'abdomen , et qui le plus ordinairement sont destinées à la ponte, ou qui font l'effet d'une scie, d'une vrille, pour entamer les végé- taux , sous l'épiderme desquels plusieurs espèces déposent leurs œufs. D'autres se servent du même instrument, en latin terehra, pour piquer le corps des animaux et y placer égale- ment leur progéniture. Les ichneumons , les mouches à scie , TAR 275 les urocéres , les cynips, les diplolèpes , les sauterelles, les cigales et beaucoup d'autres femelles sont dans ce cas. On nomme scarabée à tarrière , la trichie hémiptère. (C. D.) TARKIÈKE, Terehellum. ( Conch_yl.) Genre de coquilles, établi d'abord par Klein {Ostracolog. , page 38) et depuis par M. de Lamarck, pour une espèce que Linné rangeoit dans son genre Bulla, et qui n'en offroit presque aucun des ca- ractères, pas plus qu'un grand nombre d'autres espèces qui en ont été successivement retirées par les conchyliologistes modernes, pour former des genres particuliers. Malheureu- sement on ne connoit encore absolument rien sur l'animal du luUa terehellum , en sorte que le genre Tarrière n'a pu être caractérisé que sur la coquille, de la manière suivante : Co- quille mince, luisante, subcylindrique, involvée, pointue en arrière, comme tronquée en avant ; ouverture longitudinale fort étroite, triangulaire, à bords entiers et droits; columelle lisse, tronquée et dépassant l'ouverture, de manière à la rendre un peu échancrée. D'après cela, il est aisé de voir que les tarrières ont quelque chose d'intermédiaire aux ancillaires, aux olives et à certaines espèces de cônes. On ne connoît encore que trois espèces de ce genre , une vivante et deux fossiles. Encore ces deux dernières ont-elles pu aisément être établies en un genre particulier, sous le nom de Séraphe , par Denys de Montfort, parce que l'en- roulement se fait de manière à ne laisser paroitre aucunement la spire, et à ce que l'ouverture est aussi longue que la co- quille. I-a Tarrière subulée : T. subulatum , de Lamk. , Anim. sans vert. , tome 7 , p. 410 , n.° 1 ; Bulla terehellum, Linn., Gmel. , page 0428, n." 22; Atlas du Dict. , pi. 27, fig. 1. Coquille d'un à deux pouces de long, cylindracée, subulée, à spire distincte, avec une callosité labiale sur la columelle. Couleur variable, quelquefois nuée de roussàtre, avec quatre ban- des décurrentes plus foncées; d'autres fois peinte de lignes flexueuses, également décurrentes, roussâtres, et quelquefois simplement pointillée de roux ou toute blanche; ce qui cons- titue quatre variétés pour M. de Lamarck. Des mers de l'Inde. (De B.) TARRIERE, ( Foss. ) Les espèces peu nombreuses de ce ayG TAR genre n'ont été trouvées jusqu'à présent que dans le calcaire grossier. Tarrière en oublie : Terehellum convolutum , Lamk. , Ann. du Mus., vol. 1."^, pag. 583 , et vol. 6, pi. 44, fig, 3; ejusd., Anim. sans vert., lom. 7 , p. 41 1 , n.° 2 ; Bulla sopita^ Brand., Foss. , tab. 1 , fig. 29; ejusd., Bulla volutata , tab. 6, lig. 76; Seraphs convolutus , Den. de Montf., Conch. syst., pag. 574; Encycl., pi. .^60, fig. 2. Coquille mince, fragile, roulée en cornet, cylindracée, un peu obtuse , à ouverture aussi longue que la coquille et qui n'offre point de véritable spire. Lon- gueur, quelquefois plus de deux pouces. Fossile de Grignon, département de Seine -et- Oise ; dans le calcaire grossier et dans les couches analogues des environs de Paris. On trouve aussi cette espèce à Barton-Cliff en Angleterre. (Voyez au mot Séraphe. ) Tarrière fusiforme : Terehellum fusiforme , Lamk'. , Ann. , toc. cit.; ejusd., Anim. sans vert., n.° 3. Coquille cylindracée, fusiforme , alongée , à spire un peu obtuse et laissant voir cinq tours de spire. Longueur, plus de deux pouces. Fossile de Mouchy-le-Chatel, département de l'Oise. Cette espèce est très- fragile. On trouve à Hauteville, département de la Manche, des moules intérieurs et pétrifiés qui paroissent appartenir à cette espèce. (D. F. ) TARRIKE. (Ichthjol.) Voyez Stibung. (H. C.) TARRO. {Bot.) Voyez Tallo. (J.) TARROCK.. {Ornith.) Ce nom et celui de kutgeghef pa- roissent être donnés, dans son jeune Tige, à la mouette tri- dactyle, larus tridactylus , Lalh. (Ch. D.) TÂRSCH. {Erpétol.) Nom arabe de la tortue du Nil. Voyez Trionyx. (H. C.) TARSE , Tarsus. (Entom.) C'est dans les insectes la partie qui termine les pattes et qui supporte ordinairement les on- gles. La forme du tarse influe beaucoup sur les habitudes et sur les mœurs des insectes , ou plutôt ces parties sont cons- tamment en rapport avec la manière de vivre de ces ani- maux. Quelquefois la forme du tarse est toute autre dans les mâles que dans les femelles, et cette circonstance dépend du mode de l'accouplement. Nous avons donné à l'article In- sectes, dans ce Dictionnaire, tom. XXIII, page 440, beau- TAR ^77 coup de détails à ce sujet. On pourroit encore les généra- liser davantage , car ils présentent beaucoup d'intérêt sous le l'apport du niouvement ; mais ce n'est pas dans un ouvrage comme celui-ci que ces particularités doivent être exposées. (CD.) TARSE, Tarsus. {Hist. nat. et pliysiol. génér.) Les anthro- potomistes appellent tarse, la partie du squelette qui succède immédiatement à la jambe et qui forme la région postérieure du pied, celle du talon, celle sur laquelle vient se distribuer la pesanteur de tout le corps pendant la station. Le tarse, chez l'homme, est constitué par un assemblage de sept os : le calcanéum , l'astragale , les trois os cunéiformes, le scaphoide et le cuboïde; lesquels, très -intimement rap- prochés les uns des autres, unis entre eux par une multitude de facettes, forment un tout solide, dont l'axe coupe, presque à angle droit, la ligne de direction de la longueur totale du corps. Plus long que large, plus prolongé en avant qu'ea arrière , plus étroit dans ce dernier sens , il forme une espèce de voûte, dont la concavité est plus étendue du côté interne. La tête de l'astragale est dirigée en devant; l'extrémité an- térieure du calcanéum est tournée un peu en dehors; le cu- boïde, le scaphoide et les trois os cunéiformes sont situés transversalement. Quoique le pied et la main se ressemblent sous beaucoup de rapports, quoique, comme on l'a dit, le premier soit une autre main , pes altéra manus , il faut pourtant avouer que le tarse est bien différent du carpe, pour le nombre, le vo- lume , la forme et la coordination de ses os. 11 s'articule surtout avec l'extrémité inférieure du tibia; tandis que le carpe s'unit principalement au radius , dont l'analogue est le péroné. Le tarse est d'ailleurs la partie la plus longue du pied ; à la main , le carpe occupe fort peu d'espace : tout ce que le premier a gagné sous le rapport du volume et de la solidité, il paroît l'avoir perdu sous celui de la mobilité. On retrouve un tarse dans les animaux vertébrés pourvus de membres abdominaux, c'est-à-dire, dans les oiseaux et dans la plupart des mammifères et des reptiles. Dans les mammifères digités, il offre à peu près la même disposition que dans l'homme. 278 TAR Dans les singes cependant le pied appuie plutôt sur son bord externe qu'il ne repose sur la plante, en raison de ce que la facette par laquelle le péroné s'articule avec l'astra- gale est verticale, tandis que la facette par laquelle la mal- léole du tibia se joint à ce dernier os, est oblique. Chez les mêmes animaux le talon manque entièrement : le pongo de Batavia fait seul exception en cela ; son calca- néum est même recourbé vers le haut. Chez eux encore, les muscles qui vont se rendre au pouce du membre abdominal, glissent dans une gouttière spéciale du premier cunéiforme. Dans le sarigue, ce dernier soutient un petit os supplé- mentaire. Les carnivores offrent dans l'articulation du tarse avec le tibia un ginglyme plus parfaitement angulaire que celui qui existe au même lieu chez l'homme, et ont un talon très- prolongé, droit chez les digitigrades et tuberculeux dans les plantigrades. Dans les chauve - souris l'alongemcnt du calcanéum est extrême : il représente u-ne sorte de stylet osseux, caché dans l'épaisseur de l'aile, qu'il soutient. Chez les roussettes la lu- bérosité se porte en dessous du pied. Le tarse de la taupe est articulé uniquement avec le tibia, et celui des rongeurs est remarquable par un tubercule que forme le scaphoïde à sa face plantaire, tubercule qui est fort alongé dans la gerboise en particulier. La même partie, dans le paresseux à trois doigts, ne ren- ferme que quatre os, un astragale, un calcanéum et deux cunéiformes, et reçoit le péroné dans une fossette conique, en même temps qu'il est emboîté aA'ec le tibia. Voilà pour- quoi chez cet animal le pied ne peut ni s'élever ni s'abaisser, et pourquoi il ne peut exécuter que des mouvemens d'ab- duction et d'adduction. Le tarse de Téléphant n'offre à noter que sa brièveté. Celui des ruminans présente une soudure complète du scaphoïde et du cuboïde , et un os particulier, qui s'articule avec le calcanéum et semble remplacer la tête du péroné. Cet osselet manque dans les solipédes. Un seul os représente le tarse et le métatarse dans le sque- TAR 279 lelte des oiseaux. Sa tête, qui offre une saillie moyenne et deux enfoncemens latéraux , est articulée par le ginglyme avec la jambe, et son extrémité inférieure est surmontée de trois apophyses trochléaires pour les trois doigts antérieurs. Les manchots ont le tarse et le métatarse formés de trois os réunis par les extrémités, et séparés au milieu. Le tarse est court chez les perroquets et les oiseaux grim- peurs en général, ainsi que dans les rapaces. 11 est d'une lon- gueur singulière, au contraire, dans les échassiers. Dans les chéloniens , parmi les reptiles, cette même partie du squelette est aplatie comme le carpe, et manque de talon. Dans le caméléon, le tarse offre un os central, autour du- quel sont groupés les autres. Dans les salamandres, il est composé de sept os aplatis et rangés en pavé. Chez le protée , le tarse est cartilagineux. On appelle tarse dans les insectes, la troisième ou la der- nière partie des pattes. Voyez Insectes et Tarse [Entom.]. (H. C.) TARSE. (Min.) C'est, suivant Targioni , le nom que les carriers et les sculpteurs florentins donnent aux enduits et veines de calcaire spathique, qui recouvrent les parois des fissures du calcaire compacte fin des environs de Florence. Le tarse ou tarso de Néri , qui entre dans la composition du verre, est très- différent du premier : ce n'est, suivant Targioni, autre chose que du quarz. (B.) TARSIER , Tarsius. ( Mamm. ) Genre de mammifères de l'ordre des quadrumanes et de la famille des lémuriens ou makis. L'animal qui fait le type de ce genre a été nommé Tarsier par Buffon et Daubent.^n, à cause de l'alongement extrême du tarse de ses extrémités postérieures. Storr lui a assigné le nom latin de Tarsius, qui a été adopté par MM. Cuvier, Geoffroy et Illiger. Le même motif a fait donner à ce genre, par M. de Lacépède, la dénomination de Macrotarsus. Pallas confondoit le tarsier avec les lemur , et Boddaert le réunis- soit à ses prosimia, qui ne sont que les lemur de Linné. Linné et Gmelin le considéroient comme un didelphis, et Pennant le rangeoit avec les gerboises ou jerboa. ■^Bo TAR Le tarsier est pourvu d'attributs qui appartiennent à la famille des makis, et qui consistent principalement dans des narines placées à l'extrémité du museau et sinueuses , et dans un nombre inégal d'incisives aux deux mâchoires; mais il diffère des makis proprement dits par le nombre et la figure de ses incisives et la forme ronde de sa tête ; des loris et des nycticèbes, qui sont dépourvus de queue, par le nombre et la forme des incisives , et des indris par un caractère analo- gue et par la conformation générale de la tête, qu'il a ronde , au lieu d'être alongée et triangulaire comme celle de ces derniers animaux. Les galagos sont les quadrumanes qui leur ressemblent le plus par l'alongement de leurs tarses, la gran- deur de leur queue et le volume de leurs yeux , organisés pour voir pendant la nuit ; mais le système dentaire de ces animaux offre des différences, et il y en a aussi de notables dans les formes et les proportions des différentes parties de leur corps. Le nombre total des dents des tarsiers est de trente-quatre; savoir: quatre incisives, deux canines et douze mâchelières à la mâchoire supérieure; deux incisives-, deux canines et douze mâchelières à l'inférieure. Selon M. Fréd. Cuvier, ce système de dentition rapproche beaucoup plus ces animaux des ga- léopithèques, et même des chauve-souris, que des quadru- manes. Les deux incisives supérieures intermédiaires sont très-longues, très -fortes, arrondies en dehors, aplaties en dedans et pointues; les externes sont au contraire très-petites et pointues; la canine de chaque côté, plus petite que les incisives intermédiaires, mais plus grande que les latérales, est à peu près droite, arrondie à sa face externe, anguleuse à sa face interne et terminée en pointe; la première fausse molaire est semblable à la canine , mais de moitié plus pe- tite; la deuxième, un peu plusgz'and.- , en diffère parce qu'à sa hase interne est le rudiment d'une petite pointe; la troi- sième, plus grande que la précédente, en a toutes les formes, mais plus marquées ; les trois vraies molaires se ressem- blent et présentent chacune deux tubercules pointus à leur bord externe et un très -gros à leur bord interne, et l'on y aperçoit deux petites pointes entre les deux tubercules extérieurs et l'interne. A la mâchoire inférieure les deux seules incisives sont très -petites et pointues; lu dent sui- TAR 281 vante a toute la forme d'une véritable canine, arrondie en avant et anguleuse en arrière ; les deux fausses molaires , qui viennent ensuite de chaque côté, sont petites, à une seule pointe et se ressemblent entièrement; la suivante est seulement plus grande d'un tiers; les trois vraies molaires sont de même grandeur: on y dislingue deux parties, l'une antérieure, composée de trois pointes disposées en triangle et plus petite que la postérieure , qui présente deux pointes, l'une à son bord externe et l'autre à son bord interne, sépa- rées par un creux profond. La tête de ces animaux est ronde, presque sphéroïdale et terminée par un museau très - court ; les yeux, dirigés en avant, presque contigus , ont une grande dimension; les oreilles, très grandes, arrondies et membraneuses, sont pres- que nues. Les bras ou extrémités antérieures sont de grandeur médiocre et assez grêles; les deux os du bras sont distincts et mobiles l'un sur l'autre, le radius étant plus fort que le cu- bitus; les extrémités postérieures, très-grandes, doivent leur étendue h l'alongement du tarse, qui est trois fois plus long que le métatarse; les deux os de la jambe sont soudés entre eux d'une manière fixe , et le tibia est plus long que le fé- mur; les doigts sont bien séparés, les pouces opposables, et les ongles du second et du troisième doigt' du pied de der- rière sont étroits, pointus et arqués, tandis que tous les au- tres sont généralement assez larges et aplatis; la queue est très-longue; le corps est partout revêtu d'un poil médiocre- ment long et fort doux. Ces petits quadrumanes n'ont encore été trouvés que dans l'archipel Indien et à Madagascar; leurs habitudes naturelles sont inconnues. Le Tarsier proprement dit, Tarsier deDaobenton ou Tar- sier AUX MAINS R0USSE3 ( TuTsius spectrum , Geoffr. , Desm. , Mamm., esp. i3o) estleplus anciennement connu. C'est le Tar- sier de Buffon, tom. i3 , pi. 9; le Lemur spectrum, Palhis , et le Tarsius Daubenlonii, Geoff. , Mag. encycl. 11 peut avoir six pouces et demi de longueur; ses jambes postérieures seules 1 Parmi les lémuriens, les tarsiers sont les seuls qui j^aient l'ongle Ue ce troisième doigt pointu et arqué. 282 TAR sont plus longues que le corps, le cou et la tête pris ensem- ble. Sa tête est ronde, son front large; ses yeux sont grands à l'excès; ses oreilles nues , transparentes comme celles des rats, de moitié moins longues que la tête, droites et pres- que nues; son pelage et composé d'une espèce de laine longue de six à sept lignes, très-douce au toucher, d'un fauve foncé sur le dos, la croupe et le ventre, et plus clair sur les au- tres parties; la tête est cendrée; les mains sont rousses. L'in- dividu mâle qui existe dans la collection du Muséum, avoit les organes extéi'ieurs de la génération d'un volume remar- quable. Celui que Pallas a décrit, présentoit une anomalie notable au système dentaire que nous avons décrit plus haut d'après M. F. Cuvier; c'est que les deux incisives supérieures intermédiaires n'étoient pas plus longues que les latérales, et que toutes étoient obtuses; différence qui, pendant un temps, avoit fait considérer, par M. Geoffroy, cet animal comme appartenant à une espèce distincte sous le nom de Tarsier DE Pallas. Le tarsier se trouve à Amboine , où il est appelé podje par les habitans, et on le rencontre aussi dans quelques autres îles de l'océan Indien. Le Tarsier de Fischer, ou Tarsier aux mains brunes: Tar- sius fuscomanus , Fisch., Anat. des makis, pi. 5 et 4; Desm., Mamm. , esp.ioi; Tarsius Fischerii, Desm., Nouv. Dictionn. d'hist. natur, , i.'^'^ édit. Celui-ci est un peu plus grand que le précédent et a la tête plus grosse et le museau plus épais; ses yeux sont moins rapprochés et moins volumineux que ceux de cet animal ; ses oreilles ont plus de grandeur pro- portionnellement, puisque leur longueur équivaut aux deux tiers de celle de la tête ; elles sont recouvertes extérieurement d'un poil très-fin : le pelage du corps est d'un brun clair sur les parties supérieures, et d'un gris blanc sur les inférieures; les quatre mains sont d'un brun foncé; la queue , plus longue que le corps, est partout revêtue de poils fort courts, à l'exception de l'extrémité , où il y en a de plus grands. Cet animal a été trouvé dans l'île de Madagascar. Le Tarsier de Banca ( Tarsius bancanus ) a été décrit et figuré récemment par M. Horsfield dans ses Zoological resear- c/tes in Java, fasc. 2. C'est une espèce que nous considérons TAR 283 encore comme douteuse, parce que les caractères qu'offre son système dentaire ne s'accordent nullement avec ceux que nous avons exposés ci-dessus comme propres au genre Tar- sier : en effet , il n'y auroit point du tout d'incisives supé- rieures (fait qui dépendroit peut-être du grand âge de l'indi- vidu observé). Ses oreilles sont arrondies, horizontales, beau- coup plus courtes que la tête ; sa queue est très-grêle ; son pelage est brun. Il a été découvert dans l'ile de Banca , l'une des Moluques. (Desm.) TARTAGO. (Bot.) Nom espagnol de l'épurge , euphorlia lathjris , cité par Mentzel. (J. ) TARTANO ou TARTANAS. {Ornitli.) Nom languedocien, indiqué par l'abbé de Sauvages , comme désignant le milan ou la buse. (Desm.) TARTAOU. (OmiY/i.) Nom que les habifansde Nice emploient pour désigner, suivant M. Risso, la buse commune, huleo com- munis, la buse pattue, buteo lagopus , et l'harpaye, buteo rufus. Ce nom de lartaou est encore donné à la soubuse et au busard des marais. (Lesson.) TARTAR. {Bot.) Burmann désigne sous ce nom indien le croton bacciferum de Linnaeus. (J.) TARTARA. {Bot.) Voyez Pinol. (J.) TARTARASKY. {Bot.) Dans la Lithuanie, suivant Clnsius, on nomme ainsi Vacorus, qui croit dans les étangs de cette région. (J.) TARTAR ASS A. {Omith.) M. Risso dit que ce nom est celui que les habitans de Nice appliquent au caprimulgus europœus et au C. riifitorquatits , oiseaux de passage dans cette partie de l'Italie. ( Lesson.) TARTAREGGIO. ( OrnUh. ) Nom provençal du proyer , embcriza miliaria , Linn. ( Ch. D.) TARTARET. {Ornith.) Voyez Ta taret. (Ch. D.) TARTARl. {Ornith.) On connoit sous ce nom, en Italie, les hirondelles de fenêtre et de rivage, hirundo urhica et ri- paria. (Ch. d. ) TARTARICHI. {Bot.) Un des noms arabes de la dent de chien, erjthroniiim , cité par Daléchamps. (J.) TARTARIE, {Bot.} M. Desvaux cite ce nom vulgaire du 284 TAR pedicularîs palustris dans l'Anjou. Le rhinanthus crista galli est la tartarie bâtarde. ( J. ) TARTARIEU. {Ornith.) Ce nom est donné au martin-pê- cheur, alcedo ispida, Linn,, d'après son chant. (Ch. D.) TARTARIN. {Mamm.) Nom spécifique d'une espèce de singe du genre des Cynocéphales. Voyez ce mot. (Desm.) TARTARIN. (Ornith.) Ce nom du martin-pêcheur , dans Belon , est donné, à Rouen, dit M. Vieillot, au sizerin bo- réal. (Ch. D.) TARTARUCA. (Erpétol.) On a parfois donné ce nom à une chélonée marine, qui paroit être la tortue franche des naviga- teurs. Voyez Chélonée. (H. C. ) TARTIFLE. (Bot.) Le taupinambour, helianthus tuherosus , est ainsi nommé aux environs de Montpellier, selon Gouan. (J.) TARTIR. (Bot.) Nom arabe d'une soude d'Egypte, salsola articulata de Forskal. On le donne aussi dans l'Inde , suivant Burmann, au crotun tancifolium de Linnasus. M.Delile nomme tartyr un Suœda, genre voisin du Salsola, auquel peut-être il doit être réuni. Voyez Mui.l^ah. (J.) TARTOFLE, TARTOFFOL, TARTUFOL. (Bot.) Noms ita- liens de la pomme de terre, solanum luberosum, desquels est dérivé le nom de tartujf'a , qu'a porté la même plante, et probablement aussi celui de truffe, sous lequel elle est con- nue dans le Midi de la France. (J.) TARTONRAIRE. ( Bot. ) Nom vulgaire d'une thymelée , daphne tartonraira , dans la Provence. (J. ) TARTRATES ou TARTARATES. ( Chim. ) Combinaisons salines de l'acide tartrique avec les bases salifiables. Composition et nature. Dans les tartrates neutres l'oxigène de l'acide t%i à celui de la base, suivant Berzelius, :: 5 : i. L'acide tartrique a une grande tendance à former avec les alcalis solubles des sursels, qui paroissent en général contenir deux fois plus d'acide que les sels neutres. U est remarquable que les surtartrates à base de potasse, de soude et d'ammo- niaque, sont moins solubles dans l'eau que les tartrates neu- tres des mêmes bases. TAR 2.85 Un autre résultat non moins remarquable , c'est que le bi- tartrate de potasse a une grande tendance à former des sels doubles, lorsqu'on neutralise son excès d'acide par une base salifiable. Il n'est qu'un petit nombre de cas où la base sali- fiable que l'on présente au bitartrate se précipite, en entraî- nant l'acide en excès et en laissant dans l'eau du tartrate de potasse neutre , ainsi qu'on le remarque lorsqu'on fait digé- rer du sous- carbonate de chaux dans la solution du bitar- trate de potasse. D'après la composition du bitartrate de potasse il est évi- dent que dans les sels doubles qu'il forme avec la plupart des bases salifiables, l'acide tartrique est partagé également entre les bases. Cette tendance du bitartrate de potasse à former des sels doubles est telle que plusieurs chimistes ont considéré le bi- tartrate de potasse comme un acide particulier dont la po- tasse est un des principes immédiats. Il est vraisemblable qu'il existe d'autres bitartrates que celui de potasse, qui se comporteroient comme lui avec les bases salifiables. Tartrate d'alumine. L'alumine gélatineusese dissout dansl'acide tartrique. Cette dissolution a une saveur astringente et sucrée; évaporée, elle ne cristallise pas : le résidu de l'évaporation est soluble dans l'eau. Tartrate d'ammoniaque. On le prépare en neutralisant l'acide tartrique par l'ammo- niaque. Ce sel a une saveur fraîche et amére. Il cristallise en aiguilles et, dit-on, en polyèdres analogues à ceux du tartrate de soude. Il est eflflorescent , et assez soluble dans l'eau , surtout quand elle est chaude ; par le refroidissement la dissolution cristallise. Surtartrate d'ammoniaque. Retzius a prouvé qu'il existe un surtartrate d'ammoniaque qui est moins soluble que le précédent et inaltérable à l'air. 286 , TAR Tartrate d'antimoine. L'acide tartrique n'a pas d'action sur l'antimoine. L'acide tartrique, bouilli avec le protoxide , en dissout une petite quantilé. Cette dissolution ne cristallise pas; quand on la fait concentrer, elle se prend en gelée. Tartrate d'argent. L'acide tartrique ne précipite pas le nitrate d'argent. En faisant bouillir del'oxide d'argent dans une solution de cet acide, une portion est dissoute; la dissolution, filtrée et éva- porée , laisse un sel qui noircit par le contact de la lumière. Tartrate de baryte. En versant de l'eau de baryte dans l'acide tartrique, on obtient un précipité soluble dans un excès d'acide. Ce sel, desséché et neutre, est peu soluble dans l'eau. L'acide sulfurique et l'acide oxalique le décomposent. Tartrate de bismuth. Il est blanc et insoluble. On l'obtient en versant de l'acide tartrique dans du ni- trate de bismuth. Tartrate de chaux. Composition. Cay-Luss. etThénard. Bcrzelius. Acide .... 77,&77 .... 70,09 .... 60,87 Chaux .... 22,420 .... 29,91 .... 21,71 Eau 27,42. • Propjnétés. Ce sel est ordinairement cristallisé en petites aiguilles. Il est un peu soluble dans l'eau bouillante. Il est décomposé par l'acide sulfurique. Il l'est par les carbonates alcalins. 11 ne l'est pas par la po- tasse et la soude. On peut distinguer l'acide tartrique de Tacide citrique au moyen de la chaux. La solution du premier, neutralisée par cette base, est troublée; celle de l'acide citrique ne l'est pas. TAR ^37 Préparation. On peut préparer ce sel à l'état de pureté en précipitant le tartrate de potasse par la solution d'un sel calcaire. Tartrate de cobalt. L'oxide de cobalt se dissout dans l'acide tartrique; cette solution évaporée donne des cristaux roses. Tartrate pe deutoxide de cuivre. L'acide tartrique n'attaque pas le cuivre : il dissout le deutoxide de ce métal. Cette dissolution donne des cristaux d'un vert bleuâtre obscur. La dissolution de tartrate de cuivre précipite par un excès d'acide tartareux ; il se forme alors un surtartrate peu so- luble. Ce sel se dissout dans la potasse et le sous -carbonate de cette base. L'acide tartrique précipite le sulfate , le nitrate et l'hydro- chlorate de deutoxide de cuivre. Tartrate de frotoxide d'étain. L'acide tartrique n'a pas d'action sur l'étain. Il dissout , dit- on 5 le protoxide. Tartrate de fer. L'acide tartrique attaque le fer; l'eau est décomposée, il y a dégagement de gaz hydrogène. En faisant bouillir, on ob- tient un tartrate blanc, qui se précipite et qui est peu so- luble dans l'eau. L'oxide rouge de fer se dissout dans Tacide tartrique. Ea faisant évaporer , on obtient une gelée rouge qui ne cristallise point. Tartrate de glucine. Ce sel cristallise : il est soluble dans l'eau. Tartrate de mercure. Lacide tartrique n'attaque pas le mercure : il dissout l'oxide au minimum. Cette dissolution, évaporée, donne des écailles minces brillantes, qui sont presque insolubles. s88 TAR L'acide (artrîque précipite le nitrate au minimum d'oxi- dation en tartrafe. Ce sel est décomposé par la potasse. La poudre de Constantin , à laquelle on attribuoit la pro- priété de dorer la surface de l'argent et du plomb, exposés à sa vapeur, n'est que du tartrate de mercure. Tartrate de magnésie. Composition. Bucholz. Berzelius. Acide ... 79 . . 76,56 . . 69,24 Base .... 21 . . 23,64 . . 21,43 Eau 9,53. Ce sel est insoluble ou très-peu soluble dans l'eau, quand il ne contient pas un excès d'acide. La solution acide donne, suivant Bergman , des cristaux en prismes hexaèdres tronqués. Tartrate de plomb. Composition. Thénard. Bucholz. Berzelius, Acide 34 . . 07 . . 37,44 Protoxide de plomb. 66 . . 65 . . 62,66. L'acide tartrique n'agit pas sur le plomb métallique , mais il se combine bien à lalitharge. On peut obtenir ce sel en précipitant le nitrate de plomb par l'acide tartrique. Il est décomposé par l'acide sulfurique, et dissous par Ta- cide nitrique. Tartrate de potasse. (Sef végétal, tartre soluble, tartre tartarisé.) Composition. Berzelius. Acide 58,69 Potasse 4ï?4i Eau X. Propriétés. Ce sel cristallise en prismes rectangulaires très-aplatis , ter- minés par des sommets dièdres. TAR 289 îl a une saveur amère désagréable. Quand on le chauffe , il se fond, se boursoufle et se dé- compose. Il reste du sous-carbonate de potasse. Le tartrate de potasse est très-soluble dans l'eau. Il se dis- sout dans 2j parties de ce liquide à la température de 10 , et dans une moindre proportion d'eau bouillante. Il est un peu déliquescent. La solution, étendue et exposée au contact de l'air, se dé- compose spontanément. 11 se forme de l'acide carbonique , de l'eau, de l'acide acétique, aux dépens des éléuiens de l'a- cide tartrique. Il se dépose en même temps une matière vé- gétale brune qui n'a pas encore été examinée. Il paroît que l'afïinité de la potasse pour les acides carbonique et acétique hâtent la décomposition de l'acide tartrique. car le tartrate de potasse se décompose plus facilement que l'acide tartrique pur. Tous les acides qui ont quelque énergie , réduisent le taf- trate de potasse en bitartrate, qui se précipite , parce qu'il est beaucoup moins soluble que le tartrate neutre. Il en est de même quand on verse de l'acide tartrique dans du tartrate de potasse. Préparation. Lorsqu'on extrait l'acide tartrique du bitartrate de potasse, au moyen du sous-carbonate de chaux , il n'y a que l'excès d'acide tartrique qui se combine à la chaux ; de manière qu'il reste dans la liqueur une combinaison d'acide tartrique saturé de potasse. En faisant concentrer la liqueur , on obtient des cristaux de tartrate de potasse. On peut encore préparer le tartrate de potasse en saturant le bitartrate par le sous-carbonate de potasse. Il se précipite du tartrate de chaux qui étoit contenu dans le tartre , et il se forme du tartrate de potasse neutre. Bitartrate de potasse ( Surtartrate de potasse ; Crème de tartre; Cristaux de tartre). Composition. fiergmaii. Thénard. Beraelius. Acide . . 77 . . . 57 . . 73,88 . . 70,33 Potasse. . 23 . . . 53 . . 26,12 . . 24,88 Eau 7 4»74. 52. 19 8^9 TAR Propriétés. Le bifartrate de potasse cristallise, suivant Monnet, en prismes à 6 pans un peu aplatis. M. WoUasfon pense que sa forme primitive est un prisme dont la section est un rectangle ayant ses côtés à peu près :: 8 : 1 1, terminé à chaque extrémité par des sommets dièdres placés transversalement, de manière que les côtés d'un som- met se rencontrent dans une diagonale , et les côtés du sommet opposé dans l'autre, à angles de 79', 5. C'est à cette forme que peuvent se rapporter toutes les formes secondaires. Si l'on conçoit que les côtés de ce prisme soient raccourcis jusqu'à ce qu'ils soient réduits à rien, les sommets formeront un té- traèdre scalène, dont les faces sont quatre triangles sembla- bles inclinés l'un à l'autre sous les angles de ']Cj^,i à 55"^, 5. Si ce tétraèdre se meut dans la direction de sa diagofnale la plus courte , il décrit le premier prisme , et les sections de ce prisme sont des plans décrits par tous les bords du tétraèdre. Il a une saveur aigre désagréable. Quand il est soumis à la distillation , on obtient de l'eau, une huile jaune, une huile brune épaisse , de l'acide pyro- tartrique , de l'acide acétique et des gaz hydrogène carburé et acide carbonique. Il reste du sous-carbonate de potasse mêlé de sous -carbonate de chaux. Ce dernier provient du tartrate de chaux qui existoit dans la crème de tartre. Le sublimé cristallin qui se forme quelquefois dans la distillation de la crème de tartre est de l'acide pyrotartrique, et non du sous- carbonate d'ammoniaque, comme quelques auteurs l'ont pré- tendu. Suivant Wenzel, il faut 60 p. d'eau froide et 14,3 p. d'eau bouillante pour dissoudre i p. de bitartrate. Bergmann a fait voir le premier qu'une dissolution de bi- tartrate se convertit spontanément en sous-carbonate de po- tasse, en huile et en matière mucilagineuse. Rouelle a prouvé le premier que l'on peut enlever la po- tasse à la crème de tartre sans détruire l'acide par le feu ; qu'il suffit pour cela de faire bouillir ce sel avec les acides sulfurique , nitrique et hydrochlorique. Il a obtenu du sul- fate, du nitrate de potasse et du chlorure de potassium, d'où TAR 29' il a conclu que la potasse est toute formée dans les végétaux et n'est pas un produit de leur combustion. Le sous-carbonate de chaux ne décompose le bitartrate de potasse qu'en partie. La chaux vive , délayée dans l'eau , le dé- compose en totalité; mais pour que cette décomposition s'o- père, il faut un excès de chaux. Dans ce cas , il reste dans la Isolasse une assez grande quantité de tartrate de chaux en dissolution. Lorsqu'on veut évaporer cette liqueur, elle se prend en gelée. Préparation. Ce sel s'obtient en purifiant le tartre qui se dépose du \în renfermé dans des tonneaux. Le tartre contient de la matière colorante qui est jaune ou rouge , du tartrate de chaux, et souvent du sulfate de chaux et une matière azotée. A Montpellier on purifie le tartre de la manière sui- vante : 1.° On fait dissoudre le tartre dans l'eau bouillante , on laisse déposer, et on décante le liquid e de dessus le dépôt dans des terrines peu profondes. Il se forme sur les parois de ces vases des cristaux de tartre qui sont encore colorés. 2.° On met ces cristaux dans l'eau, avec 4 à 6 centièmes d'argile, qui ne doit pas contenir de chaux. On fait bouillir jusqu'à ce qu'il se forme à la surface du liquide une forte pellicule. Par le refroidissement il se dépose des cristaux blancs de bitartrate , que l'on expose sur des toiles pendant plusieurs jours aux rayons du soleil. 3." L'eau-mère qu'on a séparée des cristaux de bitartrate, et qui n'est pas claire, est mise dans des vases convenables, où on la laisse déposer sa partie colorante, etc.; ensuite on dé- cante le liquide éclairci, et on filtre celui qui est trouble* Ces deux liquides servent à traiter le tartre brut. Cette purification est fondée sur l'affinité de l'argile pour la matière colorante , et surtout sur la force de cohésion du bitartrate de potasse. On appelle crèmt de tartre, les cristaux de bitartrate qui stî forment à la surface de la liqueur pendant son évaporation, et cristaux de tartre ^ ceux qui se forment dan» la liqueur com* centrée. aga TAR On découvre la présence du tartrate de chaux dans la crème de tartre au moyen de l'oxalate d'ammoniaque. Usages. Le tartre et la crème de lartre sont employés à préparer un sous-carbonate de potasse très-pur. Pour cela, on enve- loppe ces sels dans des cornets de papier; on humecte d'eau et on chauffe au milieu des charbons incandescens. C'est avec le tartre que Ton fait le flux noir. On projette dans une chaudière de fer, dont le fond est à peine rouge, 2 p. de tartre et i p. de nitre ; la quantité d'oxigène de ce dernier n'est pas suffisante pour brûler tout le carbone de l'acide tartarique, c'est pourquoi le sous- carbonate que l'on obtient par ce procédé, est mêlé avec beaucoup de charbon. Lejlux blanc se prépare en faisant détoner parties égales de nitre et de tartre. Dans cette proportion il y a assez de nitre pour brûler tout le carbone. Si l'on préparoit le flux noir en projetant par portions le mélange de 2 p. de tartre et 1 p. de nitre dans un creuset rouge de feu , et en élevant la température lorsque tout le mélange auroit été introduit dans le creuset , le sous-carbo- nate de potasse seroit mêlé de cyanure de potasse ; tandis qu'en opérant comme il est dit , le sous-carbonate ne con- tient ni cyanure ni hyponitrite , suivant l'observation de M. Guibourt. M. Serullas propose d'employer la crème de tartre pour former des alliages de potassium. En effet, il suffit de chauffer dans un creuset des mélanges de crème de tartre charbonnée et de métaux, tels que l'antimoine , le bismuth, l'étain , le plomb, ou leurs oxides , pour que la potasse cède son oxi- gène au carbone et que le potassium s'allie avec les métaux qu'on a mélangés à la crème de tartre charbonnée. On obtient, en chauffant dans un creuset de terre revêtu intérieurement d'une couche de charbon, 100 g. d'antimoine , 76 g. de crème de tartre charbonnée et 12 g. de noir de fumée , un charbon qui fulmine dès qu'on le met en contact avec l'eau , et qui peut servir à enflammer la poudre sous l'eau. Le même charbon fulminant s'obtient en chauffant 100 g. TAR 293 d'émëtique , 5 gr. de noir de fumée ou de poussière de charbon. Tartrate de potasse et d'ammoniaque. On prépare ce sel en neutralisant la crème de tartre par l'ammoniaque. Macquer dit qu'il cristallise en prismes 34, 5 ou 6 pans. Les académiciens de Dijon l'ont obtenu en parallélipipèdes à deux biseaux alternes. H est efîlorescent et assez soluble dans l'eau. Tartrate de potasse et d'alumine. Le bitartrate de potasse saturé d'alumine forme un sel ressemblant au tartrate d'alumine simple. La potasse et les sous-carbonates de potasse et de soude ne le précipitent pas, suivant M. Thénard. Tartrate de potasse et d'antimoine. [Tarlrite anlimonié de potasse; Èméfique.) Composition. Thénard. Acide «f ^4 1 Protoxide d'antimwne 581 | Tartrate de potasse . 04 Potasse i6> ou Tartrate d'antimoine 64 Eau si (Eau 8. Perte 4) M. Thénard a fait cette analyse de la manière suivante : Il a déterminé la proportion de l'eau de cristallisation en exposant avec précaution Témétique à la chaleur. 11 a dis- sous ensuite le résidu dans l'eau et a fait passer du gaz acide hydrosulfurique dans la dissolution. Il a précipité ainsi tout l'antimoine. Il a précipité par l'acétate de plomb l'acide tartrique de la liqueur passée à l'acide hydrosulfurique, et dont l'excès de ce dernier avoit été chassé par la chaleur. Il a enfin déterminé la proportion delà potasse en traitant l'émétique calciné par l'acide nitrique, qui n'a dissous que la potasse. «94 TAR Propriétés. L'ëmëtîque cristallise en tétraèdres et en octaèdres, qui ont souvent leurs sommets tronqués; on a alors des décaèdres. Il est toujours acide au tournesol ; il a une saveur âpre et un goût métallique dus à l'antimoine. Distillé, il donne son eau de cristallisation, de l'acide car- bonique, de l'hydrogène carburé, de l'huile, de l'eau formée aux dépens de l'acide tartrique , de l'acide acétique, un ré- sidu fixe composé de charbon , d'oxide d'antimoine et de po- tasse. Quand on a fortement chauffé, l'antimoine est à l'état métallique. Lorsque l'émëtique contient du soufre, la lessive de son charbon précipite du soufre doré, quand on y verse de l'a- cide hydrochlorique. L'émëtique se dissout dans ]/,,5 p. d'eau froide et 2 p. d'eau bouillante. Cette dissolution, concentrée, ne s'altère que difficilement ; mais si elle contient beaucoup d'eau , il s'y forme des flocons qui sont d'abord blancs, et qui devien- nent ensuite jaunâtres, et enfin bruns en passant à l'état bi- tumineux. Il se produit de l'eau, de l'acide carbonique et de î'acide acétique. Ces deux acides se combinent à la potasse. Lorsqu'on verse de l'acide sulfuriqi^e , nitrique , hydro- chlorique, etc., dans l'émëtique, on forme un sel antimo- ïiial et du bitartratre de potasse, qui se précipite, si la dis- solution est concentrée : c'est pour cette raison qu'en méde- cine on ne doit pas prescrire l'émëtique dans des liqueurs acides susceptibles de le décomposer. La potasse précipite de l'oxide d'antimoine, de l'ëmétique ; mais il en reste constamment dans la liqueur. Les sulfates de soude et de chaux ne décomposent pas l'é- mëtique. L'hydrochlorate de chaux et celui de magnésie, et le sous- earbonate de chaux , le décomposent. L'acide hydrosulfurique le précipite en jaune. Le kinkina et un grand nombre d'astringens végétaux le décomposent en s'unissant à l'oxide d'antimoine. C'est pour cela qu'on peut employer ces astringens dans les cas d'em- poisonnemens ausës par rémétique. TAR 295 Préparation» On fait bouillir pendant un quart d'heure parties égales de yerre d'antimoine réduit en poudre fine et de bitartratc de potasse, dans 12 p. d'eau distillée. On reconnoit que l'émé- tique est fait, lorsqu'une goutte de liqueur ne donne pas de bitartrate en se refroidissant. On filtre : il reste sur le pa- pier des flocons colorés en jaune, qui sont de l'hydrosulfate d'antimoine , mêlés souvent de silice gélatineuse. La liqueur filtrée donne par le refroidissement des cris- taux d'émétique mêlés de tartrate de chaux en petites aiguilles blanches. Il peut arriver que ces cristaux soient jaunis par un peu de soufre. Si l'on épuise l'eau-mère de cristaux, on obtient en der- nier lieu un émétique coloré en jaune, et qui contient du tartrate de chaux. Quoique l'émétique rougisse le tournesol, l'eau-mère est alcaline. L'eau-mére alcaline de l'émétique est souvent colorée en vert; elle contient alors, i." du tartrate de potasse et d'anti- moine alcalin; 2° des lartrales de fer et de potasse ; 3." de la silice; /\.° du sulfure hjdrogéné de potasse. La couleur verte de cette eau-mère est due aux tartrates de potasse et de fer, et peut-être à un peu d'hydrosulfate de fer dissous dans la potasse, suivant M. Vauquelln. Quand on y verse de l'acide hydrochlorique, il se dépose du soufre doré provenant de la décomposition du sulfure hydrogéné et du tartrate d'antimoine. Ce précipité est sou- vent mêlé de silice. Eu faisant évaporer à siccité et repre- nant par l'eau acidulée , on sépare la silice qui étoit dissoute par l'acide hydrochlorique, et on obtient une dissolution de bitartrate de potasse, de chlorure de potassium et dlijydrochlorate de fer. Lorsqu'on fait bouillir la crème de tartre avec le verre d'antimoine pour faire l'émétique , l'oxide d'antimoine se combine au bitartrate de potasse. Il y a aussi une portion d'acide tartrique qui réagit snr le sulfure d'antimoine; l'eau est décomposée, il se forme de l'acide hydrosulfurique. C'est lui qui donne naissance à l'hydrosulfate d'aritiuioine qui se précipite, lorsqu'on retire la liqueur du feu. Comme la silice 296 TAR n'est pas trés-soluble dans l'acide tartrique, une partie se sé- pare en même temps. La liqueur filtrée dépose de l'émétique et le tartrate de chaux qui se trouvoit dans la crème de tartre. Quant au fer de l'eau-mère, il provient du verre. Pour obtenir l'émétique par ce procédé à l'état de pureté, il faut le faire cristalliser plusieurs fois. Tartrate de potasse et d'argent. Le bitartrate de potasse, versé dans le nitrate d'argent , forme un sel double qui a été décrit par M. Thénard. Ce sel est décomposé par les chlorures et les sulfates solubles , ainsi que par la potasse , la soude et leurs carbonates. Tartrate de potasse et de baryte. Ce sel , suivant M. Thénard , peut être obtenu en neu- tralisant l'excès d'acide du bitartrate de potasse par l'eau de baryte. Tartrate de potasse et de chaux. Si l'on ne verse dans la crème de tartre qu'une quantité de chaux insuffisante pour former un précipité, on obtient par l'évaporation de la liqueur des cristaux d'un sel double découvert par M. Thénard. Tartrate de potasse et de cobalt. 11 paroît qu'il existe un tartrate double de potasse et de cobalt cristallisable en larges rhomboèdres. Tartrate de potasse et de cuivre. On peut préparer le tartrate de potasse et de cuivre en fai- sant bouillir du deutoxide de métal dans du bitartrate de potasse. Tartrati: de potasse et d'étain. M. Thénard a formé un tartrate double très-soluble, et non précipitable par les alcalis elles carbonates, en faisant bouillir de l'oxide d'étain avec unp solution de bitartrate de potasse. Tartrate de potasse et de fer. Le tartrate de potasse et de fer a été appelé tartre chalyhé. En faisant bouillir 4 p. de lioiaille de fer et 16 p. de bitar- TAR ^97 trate dans l'eau , on obtient une liqueur qui , étant évaporée, après avoir été filtrée, donne des cristaux verts de sel double inaltérables à l'air. La préparation qu'on nomme en pharmacie teinture de mars lartarisée, est essentiellement formée d'un tartrate double de potasse et de fer. On peut la préparer en faisant évaporer en consistance de miel un mélange de 4 onces de sulfate de fer, de 18 onces de tartre et de 16 onces d'eau; en introduisant la masse dans un matras où on la fait digérer quelques jours dans 2 p. d'alcool, le tartrate de potasse et de fer se dissout. On fait encore cette préparation par le procédé qui est in- diqué au mot Teinture de mars tartarisée. Les boules martiales ou les boules de Nancy sont principale- ment formées d'un tartrate double ferrugineux. Pour les pré- parer, on met dans une chaudière de fer 2 p. de tartre brut, 1 p. de limaille de fer très- fine; on ajoute de l'eau pour faire une bouillie claire. On laisse digérer les matières pen- dant long-temps et on les remue souvent. Quand elles sont sèches , on y ajoute de l'eau jusqu'à ce que le tout soit con- verti en une masse tenace, qu'on malaxe afin d'en former des boules. Tartrate de potasse et de magnésie. Les académiciens de Dijon l'ont obtenu en faisant bouillir du sous-carbonate de magnésie avec de la crème de tartre,- ils ont dit qu'il cristallise en aiguilles. M. Thénard prétend au contraire qu'il ne cristallise pas et qu'il est déliquescent. Tartrate de potasse et de plomb. En faisant bouillir le bitartrate de potasse avec la lilharge, on obtient un sel double insoluble dans l'eau , soluble en totalité dans la potasse, et qui n'est pas décomposé par les sulfates. Tartrate de potasse et de mercure. Monnet obtint le tartrate de potasse et de mercure en fai- sant bouillir 6 p. de bitartrate de potasse avec 1 p. d'oxide de mercure. La liqueur évaporée donne de petits cristaux de sel double. «9» TAR Le même sel s'obtient, suivant M. Thénard , en mêlant du bitartrafe de potasse avec du nitrate de mercure. Les alcalis et les hydrosulfates décomposent ce sel. Tartrate de potasse et de strontiane. II existe un sel triple de tartrate de strontiane et de po- tasse. On le fait comme celui de baryte. (Thénard.) Tartrate de potasse et de soude {Sel de La Rochelle; Sel de Sei guette). Vauquelln. Tartrate de potasse. ... 64 Tartrate de soude .... 46. La forme des cristaux de ce sel est un prisme 4 6 pans , dont les extrémités sont tronquées, à angles droits. Rarement les cristaux sont entiers: presque toujours il n'en existe qu'une moitié, qui présente un prisme à quatre faces, dont deux inégales : celle qui reposoit sur le vase où les cristaux se sont formés, est la plus large: elle est divisée en 4 triangles par 2 lignes diagonales. Sa solubilité est presque la même que celle du tartrate de potasse. Il est efflorescent quand l'air est sec. Il est réduit en bitartrate de potasse et de soude par pres- que tous les acides. Mais comme il y a une grande différence de solubilité entre le bitartrate de potasse et celui de soude, le premier de ces sels se précipite, tandis que l'autre reste en dissolution. Préparation. Pour faire ce sel , qui portoit autrefois le nom de sel de Seignette, parce que Seignette, apothicaire à La Rochelle, le prépara le premier, il faut mettre une partie de tartre dans 6 p. d'eau bouillante , verser du sous-carbonate de soude dans la liqueur jusqu'à ce qu'il ne se fasse plus d'effervescence, la filtrer et la concentrer en sirop. La liqueur, portée dans un lieu frais, donne des cristaux de tartrate de potasse et de soude. TAR 299 Histoire. Ce furent Boulduc et Geoffroy qui découvrirent, en lySi , la nature de ce sel, qui avoit été mis dans le commerce en 1672 par Seignette. Tartrate de potasse et de zinc. La limaille de zinc, bouillie dans la solution du bitartrate de potasse, forme un sel double très-soluble , qui cristallise difficilement. Les alcalis et les carbonates alcalins ne le pré- cipitent pas. Tartrate de soude. Composition. Bucliolz. Ber/.elius. Acide 66,2 . . . 62,38 . . . 68,10 Soude 26,8 . . . 29,22 . . . 31.90. Eau 7 . . . 8,40. Ce sel cristallise en aiguilles ou en prismes quadrangu- laires assez gros. Il se comporte au feu à la manière du tartrate de potasse. Il se dissout dans 5 p. d'eau , et dans moins que son poids d'eau bouillante , car une partie de cette dernière peut con- tenir 24 p. de tartrate de soude sans cesser d'être liquide. Comme il fournit un carbonate de soude très-pur, Bucholz a conseillé de préparer ce dernier sel en faisant bouillir, pen- dant une heure, 6 parties de tartrate de chaux, 4 de sous- carbonate de soude impur et 40 d'eau. En faisant cristalliser le tartrate de soude, et le calcinant ensuite, on obtient un sous-carbonate de soude très-pur. On forme le tartrate de soude en neutralisant l'acide tar- trique par la soude, ou bien par le procédé de Bucholz que nous venons de décrire. Bitartrate de soude. Composition. Bucholz. Berz.eliu^. Acide tartrique . . . 79, 3o . . . 76,83 . . . 81, pa Soude i7j5o . . . 18,00 . . . 18, 98. Eau 3,i'o . . . 5,17. Soo TAR En ajoutant de l'acide tartrique au lartrate de soude, oa obtient le bitartrate , qui est moins soluble que le tartrate neutre. Ce sel se cristallise en prismes à 6 faces. Il a une saveur très -acide et un peu amère. Il se dissout dans g p. d'eau froide : il est insoluble dans l'alcool. Tartrate de stronïiane. Composition. Berzeliirs. Acide 56,32 Strontiane 43,68. On peut le faire avec la strontiane et l'acide tartrique, ou bien avec le lartrate de potasse et le nitrate de strontiane. Ce sel est Snluble dans 320 p. d'eau. II cristallise en petites tables triangulaires régulières, dont les bords et les angles sont aigus. Tartrate d'yttria. Suivant Klaproth, le tartrate de potasse forme, avec l'hy- drochlorate d'yttria, un précipité qui se dissout dans un excès d'eau. Tartrate de zinc. Ce sel n'est pas connu ; on sait seulement que l'acide tar- trique dissout le zinc avec effervescence, et qu'il se préci- pite un tartrate peu soluble. (Ch. ) TARTRE. (Chim.) Dépôt qui se forme dans les tonneaux qui contiennent du vin. Le tartre est formé de bitartrate de .potasse et d'une petite quantité de tartrate de chaux , d'une ma- tière azotée et d'une matière colorante rouge ou jaunâtre, suivant qu'il s'est déposé d'un vin rouge ou d'un vin blanc. (Ch.) TARTRE BLANC. (Chim.) C'est le tartre qui s'est déposé d'un vin blanc et qui n'est pas ou presque pas coloré. (Ch.) TARTRE DES DENTS. (Chim.) C'est le dépôt d'un blanc gris ou jaunâtre, qui se forme sur l'émail des dents. Il est formé, suivant M. Berzelius , Phosphate de chaux et de magnésie 79,0 Mucus non décomposé » • 1,0 Matière particulière à la salive 3,o Matière animale soluble dans l'acide hy- drochlorique 7,5. (Ch.) TAR Soi TARTRE ÉMÉTIQUE. (Chim.) C'est le lartrate de potasse et de protoxide d'antimoine, ou l'éinétique. (Ch.) TARTRE MARTIAL SOLUBLE. ( Chim. ) Préparation de fer qui consiste à dissoudre le fer dans du tartre et de l'eau. On ajoute ordinairement de l'alcool à la solution concentrée, afin de la conserver. (Ch.) TARTRE MERCURIEL. {Chim.) Avant la nouvelle nomen- clature chimique, on confondoit sous ce nom plusieurs pré- parations que l'on faisoit en présentant du bitartrate de po- tasse, ou du tartrate de potasse, à de l'oxide de mercure et à du nitrate de ce métal. (Ch.) TARTRE RÉGÉNÉRÉ. [Chim.) Ce nom désignoit impro- prement, avant la nouvelle nomenclature chimique, Vacé- late de potasse. ( Ch. ) TARTRE ROUGE. (Chim.) Tartre coloré par la matière colorante du vin rouge d'où il s'est séparé. (Ch.) TARTRE STIBIÉ. {Bot.) C'est le tartrate d'antimoine et de potasse , ou i'émétique. (Ch.) TARTRE TARTARISÉ. {Chim.) Ancien nom du tartrate de potasse , qu'on appeloit aussi sel végétal. (Ch.) TARTRE VITRIOLÉ. {Chim.) C'est le sulfate de potasse. (Ch.) TARTRES SOLUBLES. {Chim.) Avant la nouvelle nomen- clature on appliquoit cette dénomination à tous les tartrates simples ou doubles solubles dans l'eau. (Ch.) TARTRIQUE ou TARTARIQUE [Acide]. {Chim.) Acide organique qui a été retiré du tartre. Composition. Vauquelin. G.Luss. etThén. Oxigène. . . 70,5 . . 69,321 . . Carbone . . 19,0 . . 24,060 . . Hydrogène . 10, 5 . . 6,629 . . Berzelius. 6o,2i3 , 35,980 , . 3,807 . Volume. . . 5 ■ ■ 4 , . 6. La différence de l'analyse de MM. Gay-Lussac et Thénard d'avec celle de M. Berzelius, tient à ce que les premiers ont brûlé le tartrate de chaux qui retient de l'eau , et que M. Ber- zelius a brûlé le tartrate de plomb , qui n'en contient pas. Soî TAR Suivant M. Berzelius , l'acide tartrique cnstallisé est formé de Acide anhydre. 88,76 ) 100 (oxigène. . 11,2 „ „c } contenant . , . ' Eau 11,25 ) 12,7 (hydrogène i,5. L'oxigène de l'eau est | de celui de l'acide et égal à celui contenu dans les oxides qui neutralisent l'acide tartrique. Propriétés physiques. L'acide tartrique a une saveur agréable , très-acide. Il cris- tallise ordinairement en lames divergentes, qui sont assez irrégulières ; quelquefois ses cristaux sont en aiguilles, a) Cas où l'acide tartrique ne s'altère pas. Cet acide ne s'altère pas quand il est à l'état solide, et même quand il est dissous dans une petite quantité d'eau. Il est très-soluble dans ce liquide. Il est soluble dans l'alcool. Suivant Vogel , il ne forme pas avec l'acide boriqtie un com- posé très-soluble dans l'eau. Il s'unit à toutes les bases salifiables. Il précipite les eaux de chaux, de baryte, de strontiane 5 ces précipités sont solubles dans un excès d'acide. Lorsqu'il est chauffé avec quelques oxides , notamment avec le protoxide de plomb , il laisse dégager son eau d'hy- dratation. Il précipite l'acétate de plomb. Versé en excès dans des solutions concentrées de potasse, de soude et d'ammoniaque, il forme des précipités cristal* lins qui sont des bitartrates. h) Cas où l'acide tartrique s'altère. La dissolution aqueuse de l'acide tartrique étendu et en contact avec l'air, se décompose spontanément; il paroît qu'il se forme de l'eau, de l'acide carbonique et une matière vé- gétale floconneuse, qui est d'abord blanche et qui finit en- suite par devenir noire, "Westrumb prétend que, quand on expose à une douce chaleur 1 p. d'acide tartrique, dissoute dans 8 p. d'eau et 4 d'alcool, on obtient de l'acide acétique. TAR 3o5 L'acide tartrique, distillé avec de l'acide sulfurique con- concentré , donne de l'acide acétique et de l'acide sulfu- reux. Suivant Hermbstaedt, l'acide nitrique convertit l'acide tar- trique en acide oxalique. Lorsqu'on le soumet à la distillation, on obtient de l'huile jaune, de l'huile brune, du vinaigre et un acide particulier appelé pyrotcirtrique (voyez Pyrotartrique [Acide]), des gaz acide carbonique et hydrogène carburé: il reste du charbon. État. L'acide tartrique se trouve dans le suc de raisin; c'est lui qui forme, avec la potasse et la chaux, le dépôt connu sous le nom de tartre. 11 se trouve dans la pulpe des tamarins , sui- vant Vauquelin ; et dans les baies de sumac , suivant Troms- dorff. Préparation. On obtient cet acide en décomposant la crème de tartre, qui est un bitartrate de potasse, par le sous-carbonate de chaux. La chaux ne s'unit qu'à l'excès d'acide du sel végé- tal, en sorte que les produits de l'opération sont d'une part du tartrate de chaux, de l'autre du tartrate de potasse. On opère de la manière suivante. On fait bouillir de la crème de tartre dans l'eau ; quand la solution est faite , on y jette de la craie par petites portions, jusqu'à ce qu'il ne se produise plus d'effervescence. Lorsque l'acide est neutra- lisé, on laisse refroidir, et ensuite on filtre-, le tartrate de chaux reste sur le filtre, tandis que celui de potasse est dis- sous. On lave le tartrate de chaux et on le fait sécher : on en prend loo p., on les met dans une cucurbite , on verse dessus 75 p. d'acide à Ç)(:i^ , que l'on a étendues dans 800 p. d'eau. On fait bouillir pendant 8 minutes; ensuite on laisse digérer pendant 24 heures ; on filtre : le sulfate de chaux reste sur le papier. On fait concentrer la liqueur : il arrive souvent qu'il se dépose un peu de sulfate de chaux ; quand cela a lieu, on laisse reposer la liqueur concentrée; on dé- cante et on met Tacide à cristalliser dans un lieu frais. 3o4 TAR Histoire. Duhamel, MargrafF et Rouelle le jeune, ont démontré l'exis- tence d'un acide organique dans le tartre; mais avant Schéele on ne lavoit étudié qu'à l'état de bitartrate de potasse. Le célèbre chimiste suédois donna le moyen de l'obtenir à l'état d'hydrate. (Ch.) TARTUFFE. {Bot.) Voyez Tartofle. ( J.) TARTUFFITE ou PIERRE A ODEUR DE TRUFFE. {Min.) Quelques naturalistes italiens , Fortis, MM.Catullo et Pollini, mais notamment Maraschini, ont les premiers fait remarquer «ne substance pierreuse, indiquant quelquefois une structure fibreuse, qui répandoit, sans le secours, ni de la chaleur, ni du frottement, cette odeur remarquable qui est propre aux truffes. Ils donnèrent à cette pierre le nom de tartufiite, en présumant que ce ne pouvoit être un minéral réel, mais plutôt un débris organique, devenu en partie fossile; ils le prirent, en raison de sa structure fibreuse, tantôt pour un calcaire bacillaire, tantôt pour un madrépore. Cette der- nière opinion a été long-temps dominante. Il paroît cependant qu'elle étoit mal fondée : or, cette première erreur conduisoit à deux résultats, également er- ronés ; l'un étoit un rapprochement zoologique faux , et l'autre une position géologique, comme isolée et sans intérêt, qui, au lieu de lier ce fait à des généralités géologiques assez cu- rieuses, sembloit, ou en détourner tout-à-fait, ou présenter une exception à ces généralités. M. Jules Desnoyers a fait voir que le tartuffite n'étoit pas un madrépore, mais bien un bois fossile, un débris de tige végétale , non changé en silex , comme c'est le cas de la plus grande partie des bois, mais remplacé par du calcaire qui contenoit des parties organiques non entièrement dé- composées et ayant conservé une odeur qui résulte souvent de l'altération de certaines substances végétales et animales. Ces tiges végétales, souvent creuses, converties en calcaire presque spafhique et aciculaire, sont imprégnées d'une ma- tière bitumineuse, qui répand l'odeur que nous venons de si- gnaler, et rentre tout naturellement dans la catégorie des bois fossiles plus ou moins calcaires et bitumineux. TAR 3o5 Le second point déterminé est relatif au gisement du tar- tuffite. Ce corps organique fossile semble faire partie de deux terrains différens : les uns appartenant au terrain de sédiment supérieur (dans le Vicentin ) ; les autres, et ce sont les plus nombreux , au terrain de sédiment moyen. En effet, il s'est trouvé, dans tous les lieux où M. J. Desnoyers l'a observé en Normandie, au-dessous du calcaire jurassique et dans les couches qui avoisinent et qui font partie du lias : terrain qui renferme souvent des ligni'es jayets , etc., et qui fait partie de la grande série de couches entre le calcaire jurassique et le calcaire conchidien (Muschelkalk), série qui renferme les sourres salées et le selmarin. Or, on doit se rappeler que dans l'intérieur de la masse de selmarin rupestre de "Wieliczka, M. Beudant a été frappé de l'odeur des mollusques marins et des truffes altérées qui s'en émane, et que les échantillons de ce sel, imprégnés de bitume, qu'il a rapportés, ont répandu et conservé long- temps cette odeur particulière. On voit maintenant la liaison qui se trouve entre les trois circonstances de l'histoire du tartufiile, i." que c'est un bois fossile; 2." que ce bois est dans la partie du terrain de sédi- ment supérieur qui renferme des argiles , des pyrites et des lignites, et dans celle du terrain dé sédiment inférieur qui renferme le lias et le selmarin, et 5.° enfin, que ce sel et l'odeur du tartuffite se présentent réunis en Pologne. Or, si ces trois circonstances ne se rencontrent pas, soit séparément, soit ensemble, avec la même évidence dans tous les lieux où l'on a reconnu ce fossile , rien au moins n'infirme les règles de gisement que M. Desnoyers a remar- quées et que nous venons de rappeler en les généralisant. Le tartuffite s'est d'abord fait remarquer dans les terrains calcaires du Vicentin : à Monle-Viale, Castel- Gomberto , Bolca, etc.; il est ici dans le terrain de sédiment supérieur. M. J. Desnoyers soupçonne qu'il pourroit être originaire du terrain inférieur, et avoir été transporté dans le supérieur; mais il me semble qu'il n'est pas nécessaire de recourir à cette supposition. L'odeur de truffe est une particularité mi- néraîogique qu'on peut rencontrer dans tous les lignites qui ont été enfouis avec des mollusques marins. 52. 20 3o6 TET auteurs l'ont adoptée , mais non comme adjectif (voyez les articles Pentambrés et Hétéromérés), aussi l'ont-ils autrement accentuée. Nous ne croyons pas devoir répéter ici les motifs qui nous font rejeter cette altération du mot. Nous allons indiquer les familles naturelles des insectes coléoptères qui ont quatre articles à tous les tarses : elles sont au nombre de cinq, et ce sous- ordre renferme de plus deux genres anomaux. Quoiqu'il n'y ait pas de rapports bien évidens entre le nombre des articles aux tarses chez les insectes avec leurs mœurs, il est cependant ici di^ne de remarque que la plupart des coléoptères tétramérés se nourrissent de matières végé- tales. Les groupes ou familles, quoique très -nombreux en genres et en espèces, paroissent avoir été reconnus déjà par Linnaeus, qui les avoit distribués dans les grands genres Cha- ranson , Chrysomèle et Capricorne. Le premier se nourrit de préférence des liges et des semences des pl.mtes herbacées; le second, de leurs feuilles, et le troisième du tissu ligneux des arb^e:- «ijorts ou vivans. Les deux autres familles ne renferment encore que quelques espèces qui ne sont même réunies , il faut l'avouer, que parce que les caractères assignés aux trois principales , ne pouvoient leur convenir. Leurs noms sont empruntés de la forme générale de It^ur corps, et les genres qu'elles renferment offrent cette particularité, que leurs an- tennes sont en forme de masse, non supportées par un pro- longement du front. Voici le tableau synoptique des familles de ce troisième sous-ordre parmi les coléoptères qui ont quatre articles à tous les tarses. S ( portées sur un bec ou prolongement du front Rhinocères. Cl [ (rond... Cylikdroides. pointue, recouverte d'écaillés disposées en anneaux près de son origine, et en lignes spirales croisées ou en quin- conce dans le reste. Les pieds sont remarquables par leur conformation ; le doigt externe de ceux de devant est ex- trêmement court et foible et très-remonté; l'ongle du second doigt est long de deux pouces, large d'un pouce, et en forme de couteau ; le troisième est long de quatre pouces et large d'un pouce et demi à sa base; l'ongle du doigt indica- teur est long de quatorze lignes, et celui du doigt interne assez petit. Les doigts des pieds de derrière sont courts et munis d'ongles moins robustes que ceux des pieds de devant. La cotileur générale du têt est noirâtre dans toutes les parties où l'épiderme a été conservé. Cet animal habite les parties boisées les plus septentrio- nales du Paraguay. Il recherche les cadavres , et même les déterre, en fouissant avec une grande rapidité; aussi, dans ces contrées, a-t-on le soin d'entourer les corps morts de planches et d'épines, pour les préserver de ses attaques. §.4. Chlamyphore ; Chlamyphorus , Harlan, Ce nouveau genre a été décrit et figuré avec détails par le docteur Harlan, dans les Annales du Lycée d'histoire natu- relle de JSew-York, pour Février 1825. Il se compose d'une M TAT seule espèce et est caractérisé par une cuirasse formée d'un grand nombre de plaques , disposées par rangées transversales, toutes éi^alemenl mobiles les unes à l'égard des autres, et ne formant pas de boucliers sur les épaules ni sur la croupe ; par le nombr,- des molaires (sans canines), qui est de huit à chaque côié des mâ'hoires; par celui des doigts, qui est de cinq à chaque pied, et par la forme de la queue, qui est mince et appliquée contre le corps. Le Chlamyphore tronqlé ; Chlamjphorus truncatits , Harlan {^loc. cit.. avec 2 pi.), est le plus petit de tous les animaux édentés et cuirassés. Sa longueur totale est de cinq pouces lin quart, sur quoi la tête prend un pouce et demi; sa queue, dans sa partie libre, a un pouce un quart La tête est conique, un peu aplatie en dessus, couverte de plaques seulement sur cette face, et généralement de forme carrée. La partie antérieure offre néanmoins une disposition <;e plaques moins régulières, et en avant des yeux 'on Pli voit une rangée de cinq , qui sont plus grandes que les autres, et dont les doux evternes sont fortement attachées à Vos frontal. L'oreille externe consiste en une ouverture circulaire, pi .cée immédiatement en arrière de l'œil et en- tourée d'un rebord circulaire de la peau; l'œil est petit, noir, et, comme Toreille, presque caché par de grands poils soyeux ; la bouche a son ouverture petite. Il n'y a point d'incisives, et l'on compte huit molaires sur chacun des côtés des deux mâchoires ; ces molaires sont fort rapprochées ; la couronne des deux premières est pointue ; les six autres sont presque aplaties; leur structure est simple, et consiste en un cylindre d'émail, qui entoure un pilier osseux; il n'y a point de collet apparent à ces dents, et la moitié inférieure est creusée d'une cavité en forme de cône alongé; les dents de la mâchoire d'en bas sont dirigées en avant et eu haut, et celles de la mâchoire d'en haut le sont en avant et en bas, de telle sorte qu'elles se rencontrent obliquement. Le nez est pourvu d'un cartilage analogue au boutoir du cochon, et les narines sont ouvertes en dessous ou à son bord inférieur. Le têt est assez épais et composé de nombreuses plaques carrées , rhomboïdales ou même cubiques, selon les endroits où elles sont réparties. Elles sont disposées par rangées trans- TAT 325 versales, sans distinction de bouclier antérieur et postérieur, comme dans les autres tatous, et entre les rangées on aper- çoit la peau molle et flexible, qui fait saillie. Chaque rangée est composée de quinze à vingt-deux plaques. Le tôt, en gé- néral, est plus large à sa partie postérieure qu'à Tantérieure, et il descend à peu près sur chaque flanc jusqu'à !a moitié de sa hauteur; il est mobile sur le corps , et semble seultmcnf fixé sur la tête et le long de l'épine : on compte vingt-quatre de ces rangées sur le plan horizontal du dos, et a compter de la vingt -quatrième , le têt se courbe brusquemeut en en- bas, pour terminer le corps postérieurement. Cette surface, verticale et tronquée, est composée de plaques presque sem- blables à celles du dos et disposées sur cinq rangées à peu près demi-circulaires et concentriques. Son bord inférieur, qui est presque elliptique, présente dans son milieu une échancrure étroite, linéaire et profonde, dans laquelle se trouve placée la portion libre de la queue, qui, au-delà de l'échancrure, se recourbe sous le ventre, parallèlement à l'axe du corps. La portion libre de la queue a quatorze vertèbres, entourées de plaques semblables à celles du corps. Cette queue, d'abord étroite, linéaire et comprimée, s'élargit vers son bout et devient déprimée , ce qui la fait ressembler à une sorte de rame ou de pagaye. Tous les bords latéraux et postérieurs du têt, ainsi que celui de la surface tronquée qui le termine en arrière, sont garnis de soies fines et assez longues, qui y forment comme une espèce de frange. Toute la surface inférieure du corps est couverte de poils plus longs et plus fins que ceux de la taupe, mais moins serrés. Les extrémités antérieures sont beaucoup plus fortes que les postérieures, et la poitrine est très-ample; la longueur totale de la main est d'un pouce quatre ligues; les ongles en sont d'une grande force et se dépassent successivement depuis l'extérieur, qui est le plus court, jusqu'au quatrième en dedans, qui est le plus long; l'interne est beaucoup moins long et moins robuste que celui-ci; le poil se prolonge jus- qu'à la paume des mains. Les jambes de derrière sont courtes et assez foibles; les pieds en sont étroits et longs d'un pouce trois lignes ; la plante a de la ressemblance avec celle de 326 TAT riiomme, parce que le talon est bien dessine et pose sur la terre; les doigts sont séparés et armés d'ongles médiocres et aplatis horizontalement. La tête, osseuse, a généralement la forme de celle des ta- tous à museau peu prolongé; la cavité du crâne est spa- cieuse ; les os frontaux sont remarquables par l'apophyse assez forte que chacun d'eux porte, laquelle se dirige en haut et obliquement en dehors, et sert de point d'attache à la peau qui porte le têt. Ces apophyses sont creuses, et leur cavité communique avec celle des sinus frontaux. La partie antérieure de la face, en avant de ces saillies osseuses, est rapidement atténuée et déprimée; les os propres du nez sont larges, forts, légèrement arqués transversalement, et s'éten- dent en avant au-delà des os incisifs; les arcades zygomati- ques sont arquées et ont une petite apophyse pointue, des- cendant près de l'os molaire, à peu près comme celle qu'on voit chez les paresseux ou bradypes ; les fosses temporales sont grandes. Au tympan est attaché un cylindre osseux et creux qui se prolonge en haut derrière l'apophyse zygomali- que du temporal, autour de laquelle il décrit une courbe subite pour se diriger en avant et en haut, et pour se terminer parle méat auditif; la mâchoire inférieure est pointue en avant, comme celle del' éléphant ; son bord inférieur est mar- qué de huit protubérances qui correspondent aux bases des huit dents ; l'apophyse condyloïde est plus longue que la co- ronoïde; l'articulation de la cavité glénoïde est telle qu'elle donne la plus grande liberté possible aux mouvemens de la mâchoire. Du reste, on ne possède aucun détail sur le squelette et sur les viscères de ce petit animal , qui , dans plusieurs parties de sa tête osseuse, nous paroît avoir quelques rap- ports avec le grand animal fossile du Paraguay, auquel M, G. Cuvier a donné le nom de mégathérium : animal qui, selon les observations de Don Damasio de Laranhaia , devoit avoir un têt comme les tatous et une queue mince, comme celle de l'animal nouvellement décrit par M. Harlan. On ne connoît encore qu'un seul individu de l'espèce du chlamyphore tronqué, qui existe dans le Musée d'histoire na- turelle de Philadelphie. Une note indique qu'il provient de TAT 327 Medo«a au Chili (à l'est de la chaîne des Cordillères, par le 35/ degré 26 minutes latitude sud et par le 67/ degré 47 minutes de longitude , dans la province de Cuyo) , et sur cette note il est aussi rapporté qu'il vit sous terre la plus grande partie du temps, et que ses habitudes ont beaucoup de res- semblance avec celles de la taupe ; qu'il porte ses petits sous le manteau écailleux dont il est rcA 'êtu , et que sa queue n'a point ou n'a que très- peu de mouvement. Synonymie des tatous. Tatou apar et Tatou apara , voyez ci- dessus Tatusie apar, — Tatou belette ou Tatou à tête de be- lette, de Grevv. , voyez Tatou Encoubert. — Tatou cabassou, voyez Tatusie tatouay. — Tatou cabassou (second), voyez Priodonte géant. — Tatou cachicame, voyez Tatusie péba. — Tatou à cinq bandes, voyez Taiusfemu/e^ — Tatou cirquinçon, de BufiFon , voyez Tatou Encoubert. — Tatou été , Tatu été , voyez Tatusie péba Tatou à dix-huit bandes, voyez Tatou Encou- bert. — Tatou ( Grand) , voyez Priodonte géant. — Tatou hou, voyez Tatusie péba. — Tatou à huit bandes , voyez Tatusie péba. — Tatou kabassou , voyez Tatusie tatouay. — Tatou aux mains jaunes , voyez Tatou Encoubert. — Tatou mataco , voyez Tatusie apar. — Tatou miri , voyez Tatusie péba. — Tatou noir, voyez Tatusie péba. — Tatou ouassou , voyez Tatusie tatouay. — Tatou ouinchum , voyez Tatusie péba. — Tatou parra ou Ta- tou tacheté , dénomination quelquefois appliquée à la Tatusie apar. — Tatou peb et Tatou péba, voyez Tatusie péba. — Ta- tou poyou, voyez Tatou Encoubert. — Tatou à quatre bandes, Dasypus quadricinctus , Molina , Gmel. , ou Cheloniscus de Co- lumna; Cataphractus scutis duabus, cingulis quatuor, Briss. , espèce douteuse , qui paroit même devoir être rapportée à celle de la tatusie apar Tatou à six bandes; ce nom peut également s'appliquer au tatou Encoubert et aux tatusies pichiy, velue et mulet. — Tatou tatouay, voyez Tatusie ta- touay. (Desm.) TATOULA. (Bof.> Nom donné chez les Turcs, suivant Belon, à une plante dont ils prennent la graine à l'intérieur pour se procurer le sommeil : c'est sûrement une espèce de stramoine , datura, et , peut-être , le datura tatula de Linnaeus. (J.) TATOURAH. {Bot.) Voyez Sekaran. (J.) 3o8 TAT TATS-BANNA. (Bot.) Un des noms japonois , cités par Kaempfer, du cilrus japonica de Thunberg. (J.) TATSI-BJAKUSI. {Bot.) Kaempfer cile ce nom japonois du genévrier commun. (J. ) TATTARAK. {Omith.) Ce nom et ceux de tattarecet , tatla- ret,sont donnés, au Groenland , suivant Fabricius, à la mouette cendrée, larus tridactylus , Linn. : c'est la même espèce que Muller désigne par le nom de lattarok. (Ch. D.) TATTIA. (Bot.) Nom générique , substitué sans besoin à. celui de Napimoga d'Aublet , genre de la nouvelle famille des houialinées. ( J. ) TATTULA. (Omith, ) Nom italien du choucas, corvus mo- nedula , Linn. ( Ch. D.) TATU ÉTÉ, TATU PÉBA ou TATOU NOIR. (Mamm.) Voyez Tatusie péba, à l'article Tatod. (Desm. ) TATU VERDADEIRO. (Mamm.) Le prince de Neuwied, dans son Voyage au Brésil , tome i , page 240 , dit que ce nom , usité au Brésil, est celui du tatou noir de d'Azara, qu'on nomme aussi tatou péba, et dont la chair, rôtie , est délicieuse à man- ger. (Lesson.) TATU LA. (Bot.) Voyez Tatoula. (J.) TATUSIA. (Mamm.) Nom d'un tatou au Brésil. M. Fréd. Cuvier en a tiré le nom Tatusie, qu'il donne à l'un des genres qu'il établit en démembrant celui des Tatous. (Desm.) TAU. (Ichthjol.) Nom spécifique d'un Batrachoïde. Voyez ce mot. (H. C. ) TAU ou HACHETTE. (Entom.) C'est le nom d'une grande espèce de phalène ou plutôt de Bomevce , que nous avons décrite sous le n.° 3. Son nom est tiré de la lettre T, mar- quée en blanc sur une tache œillée d'un noir violàtre. (CD.) TAU TOKKE. ( Mamm. ) Nom kirguis d'un bouquetin. (Desm.) TAUBE. (Ornith.) Nom générique «du pigeon, columha, en allemand. (Ch. D, ) TAUCCA-TAUCCA. (Bot.) Ce nom est donné dans le Pérou à des espèces d'Abatia, genre cité dans la Flore du Pérou et dont on n'a pas encore déterminé la famille. Une des espèces, abatia rugosa, est encore nommée dans quelques TAU 329 lieux de la même région , yoriturp ^ galgarefama, retana, ci- marrona. Les feuilles de ces arbrisseaux teignent en noir. (J.) TAUCHER. (Ornith.) Nom générique des plongeons, co- Ijmhus , en allemand. ( Ch. D.) TAUCHEHLEIN. [Ornith.) Nom allemand delà foulque, fulica atra, aterrima , œthiops , Gmel. (Ch. D.) TAUDIHAU. (BoL) Suivant Forster , ce nom est donné par les Otahitiens au turbith , convolvulus turpethum. (J.) TAUHA. (Ornith.) Les habitans de lu Guiane nomment ainsi un perroquet de cette ile. (Ch. D. ) TAUMALIN. (Crust.) M. Bosc rapporte ce nom comme l'un de ceux qui désignent le crabe de nos côtes, plus vul- gairement connu sous celui de poupart, cancer pagurus , L. (Dks.m.) TAUMATHIN. (Bot.) Ce nom étoit donné par les Péruviens, suiva-nt Menlzel, à la belle -de- nuit , vjctago, qui étoit le solan.um mexicanum de Bauhin. On ne la confondra point avec la taumatte, fruit du lycopersicoa , que Linnaeus réunissait au solanum. (J.) TAUMATTE. (Bot.) On connoit sous ce nom à Saint-Do- mingue le fruit du lycopersicon , réuni par Liniiœus au sola- num et séparé plus récemment. Ce fruit, nommé aussi pomme d'amour, a une saveur acide agréable, et on le mêle dans différens alimens. On cultive la plante dans les jardins pota- gers, Desporles et Nicolson la citent avec éloge dans leurs ouvrages sur les plantes de cette île. On l'écrit aussi tomate. (J.) TAUPE, TaJpa. (Mamm.) Genre de mammifères de l'ordre des carnassiers et de la famille des insectivores. Les petits animaux placés dans ce genre habitent sous la terre, qu'ils fouissent avec la plus grande facilité, et vivent plutôt d'insectes, de larves et de vers, que de matières vé- gétales; aussi leur conformation toute entière est-elle appro- priée à ce mode d'habitation et à ce genre de nourriture. De petite taille, ayant le corps trapu et comme cylindrique, les taupes ont la tête large en dessus et terminée en pointe par une espèce de boutoir dans lequel sont percées les na- rines j les conques auditives manquent complètement, et les 35o TAU yeux, ihfiniment petits, ne peuvent guère être d'un usage quelconque, surtout si l'on considère que leurs paupières, extrêmement étroites, sont situées au-dessous d'un poil très- touffu , qu'il faut écarter avec quelque difficulté pour les apercevoir; la bouche, très-fendue , est munie d'un nombre considérable de dents, dont les formes, visibles même à l'ex- térieur, indiquent qu'elles sont destinées à broyer les enve- loppes plus ou moins solides qui entourent le corps des ani- maux dont les taupes font leur proie habituelle. Le cou est court et extrêmement musculcux , surtout à sa face supé- rieure. Les membres sont très-courts, et les antérieurs sont aussi épais et robustes que les postérieurs sont débiles ; les mus- cles pectoraux ou moteurs des bras sont si puissans , qu'en poids ils équivalent presque à tous les autres muscles du corps; le système osseux de ces extrémités antérieures est très-épais et modifié de façon à faciliter les mouvemens les plus violens. Les mains, qui, à cause de la brièveté des bras et de l'avant- bras, semblent sortir du corps, sont extrêmement larges, ont la paume toujours tournée en dehors ou en arriére; leur bord interne est tranchant, et les cinq doigts qui les termi- nent sont réunis jusqu'à la racine des ongles, qui sont peu arqués, longs, linéaires, arrondis et tranchans au bout. Les pieds de derrière, au çpntraire, ont les systèmes osseux et musculaire peu développés, et leurs cinq doigts sont grêles, foibles et munis d'ongles de force médiocre. La queue est courte, presque nue, et son épiderme est plissé en petites lignes circulaires, analogues à celles qu'on remarque sur la queue des rats proprement dits. Le corps est partout revêtu d'un poil très-fin et doux au toucher, fort dense, soyeux et perpendiculaire au plan de la peau. Le système dentaire des taupes se compose de quarante- quatre dents en totalité; savoir : à la mâchoire supérieure , six petites incisives bien rangées et très- semblables à celles des carnassiers ordinaires; une canine de chaque côté, mince, crochue, terminée en pointe et tranchante à son bord posté- rieur, ayant pour une dent de cette sorte le caractère anomal d'être attachée au maxillaire par deux racines, au lieu d'une seule; trois petites fausses molaires en rudiment viennent en- suite de chaque côté, puis une quatrième, triquètreàsa base TAU 33i et à couronne formée d'une seule pointe, qui est beaucoup plus forte; enfin, des trois vraies molaires qui sont placées au fond des mâchoires , la première a sa couronne pourvue d'un bord tranchant avec deux pointes; la seconde, ou la plus grosse de toutes , est semblable à la précédente , et la troisième et dernière est triangulaire, à sommet en dehors, et dirigée transversalement. A la mâchoire inférieure on compte huit incisives, larges, tranchantes, un peu déclives et disposées en arc; après, et de chaque côté, est une dent que, d'après sa forme triangulaire et sa grandeur, on peut considérer comme une canine , bien qu'elle ait deux racines, ce qui la fait reg^tr- der par M. F. Cuvier comme la première et la plus grande des fausses molaires; viennent ensuite deux petites fausses molaires, dont la seconde est la plus forte et qui ont la même forme que la dent canine ;*puis une troisième fausse molaire, plus grande que les deux précédentes, tranchante, pointue, triangulaire, avec un petit talon en arrière : des trois vraies molaires qui complètent , tant à droite qu'à gauche, le système dentaire, la moyenne est un peu plus grande que les deux autres, qui sont d'égale dimension; toutes sont composées d'un bord externe tranchant, divisé en trois tubercules aigus ou pointes, et d'un double talon intérieur. Les taupes présentent diverses particularités anatomiques très-remarquables : d'abord, leur crâne trés-alongé, aplati en dessus et fortement pourvu de muscles releveurs , ce qui le transforme en un véritable levier, dont ces animaux font un facile usage pour repousser la terre au-dessus d'eux et former ces amas qu'on voit au milieu des prairies et qui sont désignés sous le nom de taupinières : les divers os qui composent leurs extrémités antérieures oifrent une disposi- tion et des firmes très-appropriées à l'usage de ces membres; ils sont très-épais et remarquablement courts; leurs apophyses sont si marquées , qu'elles les rendent anguleux ; le mode d'articulation delà main et des os de l'avant- bras, qui sont soudés, ne permet point le mouvement de supination; le sternum donne une base très- large à l'attache d'énormes mus- cles pectoraux; les clavicules sont très- robustes. D'un autre côté le bassin, au contraire, est très-foible, et son détroit a fort peu de largeur ; aussi , selon l'observation de M. Breton , S3ft TAU de Grenoble, la nature a-t-elle remédié à ce défaut par la non- réunion des pubis, entre lesquels reste une sorte de gouttière ou de fente ouverte, par où la vulve s'engage, pour venir se placer au-devant du bassin au moment du part , ce qui évite aux petits de s'engager dans un passage aussi étroit; les mamelles sont au nombre de six, et placées sur l'abdomen ; l'estomac est membraneux et simple , sa forme est alongée ; le canal intestinal n'a point de cœcum ; le foie, qui est pourvu d'une vésicule du liel de forme ronde, est divisé en trois lobes principaux^ Dans ces derniers temps on s'est beaucoup occupé de la recherche du nerf optique des taupes. Selon M. Serres ce nerf n'existe pas, et l'œil ne reçoit qu'un seul rameau du nerf trifascial, sans qu'il soit possible de s'assurer s'il rem- plit les fonctions du nerf optique ; selon M. le docteur Bailly , au contraire, ce nerf existe, e,t cet avis est partagé par M. de Blainville. Quoi qu'il en soit, nous nous sommes assuré que les taupes voient, quoiqu'on ait dit le contraire, et nous avons remarqué que leurs paupières peuvent jouer à droite et à gauche, de façon à ne plus se trouver en face de l'œil, dans certains momens; alors l'œil est toul-à-fait placé sous la peau , et il y a lieu de croire qu'il ne peut plus servir à la vision, si ce n'est pour reconnoître un degré de lumière très-intense, tel par exemple que celui d'un rayon de soleil ou de la déflagration subite de la poudre à canon. L'oreille interne des taupes est très - développée , aussi ces animaux entendent-ils fort bien. Le genre Talpa de Linné, ou plutôt deGmelin, étoit formé de quatre espèces, qui ont été partagées en trois genres par les zoologistes modernes. Les Talpa asiatica et rubra appar- tiennent à celui qu'ils ont appelé Chrysochlore (voyez ce mot). Le Talpa longicaudata, réuni au Sorex cristatus, a donné lieu à la formation d,e celui qu'Illiger a nommé Condylurus et que nous décrirons ci-après ; enfin, le lalpa europœa seul est resté dans le genre Taupe. La Taupe d'Europe ( Talpa europœa , Linn. , Erxl. ; la Taupe , Buff. , Hist. nat., tom, 8, pi. 12) a cinq pouces de longueur totale , mesurée depuis le bout du nez jusqu'à l'anus ; la tête , depuis le boutoir jusqu'au centre des orcùUes, un pouce et TAU 333 demi; la main neuf lignes et demie; le pied neuf lignes; la queue un pouce deux lignes. Le pelage est doux, luisant et d'un noir cendré, qui prend différentes teintes lorsqu'on le voit sous divers aspects (cendré-clair, quand on regarde l'animal depuis la tête jusqu'à la queue et que les poils sont couchés en arrière; noir, sans luisant, lorsqu'on le voit au contraire par derrière depuis la queue jusqu'à la tête; noirâtre seulement sur la poitrine et le ventre). Le menton et la poitrine sont d'un gris très-légèrement glacé de fauve. Nous ne reviendrons pas sur les formes et sur l'organisa- tion de cet animal, que nous avons suffisamment fait con- noître au commencement de cet article. Nous ajouterons seulement que le pelage que nous venons de décrire et qui appartient à la généralité des individus, offre cependant des variétés qui ont été mentionnées par les auteurs. Ainsi Bris- son , Klein et Séba en ont décrit une de l'Ostfrise sous les noms de T. variegata et de T. maculata, dont le pelage est marbré de taches blanches et de taches d'un noir foncé : une seconde est la taupe blanche, T. alba, Séba, qu'on trouve, quoique rarement, dans tous les pays, mais qui est plus com- mune en Pologne et dans le canton de Kouschwa, non loii^ des monts Ourals : une troisième est la taupe jaune, T.Jlava, Penn., dont le pelage est d'un gris jaunâtre ou couleur de paille plus ou moins nuancé de noirâtre et symétriquement dans diverses parties de son corps, et qui se trouve en Aunis et au bois de Vincennes , près Paris; enfin, une quatrième est d'un cendré clair uniforme, et on la dit de Bohème. Il y a quelques années, M. le professeur Savi de Pise , ayant observé avec soin les taupes de l'Apennin , d'ailleurs frès-sem- blables aux nôtres, a remarqué qu'elles étoient totalement aveugles, et il en a formé une espèce particulière sous le nom de Talpa cœca. Ce professeur pense que cette taupe est l'as- ■palax de Pline, bien que M. Olivier paroisse avoir démontré péremptoirement que cet aspalax doit se rapporter à notre rat-taupe ou zemni. L'espèce de la taupe est répandue dans toutes les contrées fertiles de l'Europe, mais on n'en trouve point en Irlande, et l'on en voit peu en Grèce. Cet animal est généralement considéré comme nuisible, et 334 . TAU on lui fait une guerre active à cause des dommages auxquels il donne lieu; mais une opinion inexacte est qu"il mange les racines clés plantes , tandis que sa nourriture consisie presque entièrement cri insectes et en vers de terre, qu'il découvre en perçant ses galeries et auxquels il joint, assure-t- on . quelques bulbes du colchique d'automne. Le véritable tort qu'il cause, résulte de la destruction des plantes de prai- ries ou des céréales qu'il trouve sur son chemin, et des ir- régularités que ses nombreuses taupinières établissent sur le sol, ce qui empêche de faucher aussi près de terre qu'on peut le faire lorsque la surface en est unie. Les taupes vivent isolément chacune dans son système de galeries particulières, et elles ne viennent guères au jour que lorsqu'elles veulent changer de canton pour trouver un ter- rain plus riche en nourriture, ou à l'époque de l'araour^pour le rapprochement des sexes. Les mâles, plus robustes et plus gros que les femelles , creusent des souterrains moins tortueux , et leurs taupinières sont plus nombreuses et plus rapprochées les unes des autres que celles qui appartiennent aux travaux des femelles. Les jeunes individus ne pratiquent que des boyaux tortueux et offrant à de grandes distances des taupinières d'un petit volume. Selon les saisons, les galeries des taupes sont plus ou moins profondes, parce que la température qui résulte de ces saisons a une influence sur les insectes et les vers, en les faisant s'enfoncer plus ou moins ; les taupes les suivent. Selon la nature du sol elles sont aussi plus ou moins super- ficielles: ainsi, quand le terrain est sablonneux, les racines sont peu profondes et les insectes s'enfoncent peu ; les gale- ries des taupes rasent pour ainsi dire la surface du terrain et font elles-mêmes une saillie en dessus; au contraire , quand le terrain est à la fois gras et léger, ces travaux sont profonds et poussés avec une activité telle qu'ils occupent un dévelop- pement quadruple au moins des premiers. Une taupe creuse horizontalement a partir d'un point de centre, et elle ouvre plusieurs galeriesdans des directions dif- férentes, lesquelles se rejoignent entre elles par des boyaux de communication. Les taupinières qu'elle forme de distance en distance ont pour objet de rejeter en dehors la terre fouillée et qui obstrueroit le passage : c'est à l'aide de sa tête qu'elle TAU 555 soulève cette terre pour former le soupirail par lequel elle rejette ensuite tous les autres déblais dont elle veut se débar- rasser. Pour établir son domicile, elle choisit ordinairement un terrain meuble et fertile , et s'éloigne également des endroits pierreux ou rocailleux et des lieux marécageux ou seule- ment très-humides. Dans sa demeure le point où elle se tient le plus souvent, est toujours le plus élevé et le plus sec. Jamais ses galeries ne sont en communication directe avec l'air ex- térieur. Elle se livre à ses travaux de mineur principale- ment vers le lever et le coucher du soleil et aussi vers midi. En hiver elle est moins active qu'en été, mais elle ne tombe point dans un état de torpeur comme les loirs, les lérots et les marmottes. Les taupes entrent en amour au premier printemps et en- suite au mois de Juillet. Les mâles alors recherchent les fe- melles. Celles-ci mettent bas deux fois l'an , et on les trouve accompagnées de petits depuis le mois de Mars jusqu'en Août. Ces petits naissent tout nus et tout rouges, après une gesta- tion de peu de durée, et l'on en compte quatre à cinq par portée. La mère les soigne avec beaucoup de tendresse et les dépose sur un lit de feuilles et d'herbes qui tapisse le sol d'une sorte de chambre assez spacieuse, dont la voûte est supportée par des piliers de terre et qui est située dans la partie la plus élevée et la plus sèche du terrier, de façon à être à l'abri des inondations. On fait une chasse active aux taupes, soit en les poursui- vant avec la bêche ou la houe, et en les enlevant avec ces instrumens une fois qu'on a reconnu le lieu où elles travail- lent, soit en plaçant des pièges dans leurs galeries, qu'on a interrompues. Le piège le plus usité et le plus anciennement imaginé est la taupière de Delafaille. 11 consiste en un cylindre de bois creux, long de huit pouces, dont le diamètre intérieur est égal à celui des galeries ordinaires des taupes (i p. 6 1.). A chaque bout de ce cylindre est placée en dedans une petite fourche en bois, suspendue supérieurement et d'une manière mobile, par l'angle de réunion de ses branches, de façon que celles- ci touchent obliquement à la paroi inférieure du conduit : ces fourches sont situées en sens opposé et leurspoiates se regardent. m TAU Ce pîége étant placé dans une coupure que l'on fait à la galerie la plus nouvtllement faite par la taupe que l'on veut atteindre, sa cavité inférieure est comme la continuation de cette galerie. Or, si la taupe veut la travcrst-r, elle rencon- tre d'abord une des fourches , dont elle soulève facilement les branches; mais lorsqu'elle a passé, celles-ci retombent et em- pêchent son retour : de même elle ne peut passer au-delà de la seconde fourche, qui s'oppose de la même manière que la première à sa sortie, une fois qu'elle est entre deux. Une petite tige mobile et terminée par un peu de papier fait con- noîlre par son mouvement que l'animal est pris, et alors on va relever le piège. On reconuoît encore la marche souterraine des taupes au moyen de pareilles tiges mobiles ou étendards qu'on plante sur le trajet de leurs galeries, de manière à ce qu'elles leur impriment un mouvement extérieur, en les parcourant. Lors- qu'on sait oîi elles sont, il devient plus facile de les enlever avec la bêche ou la houe. Un autre piège, qui a été imaginé par M. Lecourt, con- siste en deux branches carrées et croisées, réunies par une tête à ressort, à la manière des pincettes ordinaires : la tête est en acier aplati; les branches sont en fer; leur extrémité est armée de deux crochets plies en contre -bas et à angle droit, de vingt lignes : sa longueur totale est de sept pouces et demi. Ce piège est tendu, les branches ouvertes, dans le sens des galeries, et une détente empêche le rapprochement des branches; mais si la taupe touche à cette détente , elle se trouve immédiatement saisie par les deux branches, qui se rapprochent par l'effet du ressort. Mais la meilleure manière de prendre un grand nombre de taupes consiste à les guetter dans leurs travaux du matin , et quand on en voit une pousser la terre, on courte vivement avec une bêche le boyau dans lequel elle se trouve, et der- rière elle : alors on est sûr de la saisir dans la taupinière qu'elle forme. Lorsque l'on a reconnu la position d'un nid de taupe, à l'époque du part, plusieurs hommes armés de houes ou de bêches se placent autour de ce gîte, et à un signal donné coupent toutes les galeries qui sont en communication avec TAU - 337 la chambre où se tient cet animal. Ensuite on attaque cette chambre et l'on détruit la taupe et ses petits. La chair de la taupe a une mauvaise odeur et elle se cor- rompt promptement. Le pelage de cet animal, doux et fin, a été employé comme fourrure, mais rarement, parce qu'il est diflicile de trouver un nombre considérable de peaux qui offrent exactement les mêmes teintes. Sous le règne de Louis XV, quelques femmes du bon ton, non contentes de couvrir leur visage de blanc , de rouge et de mouches de taffetas noir, remplaçoient encore leurs sourcils par de pe- tites bandelettes de peau de taupe. Il nous reste à traiter d'un genre qui n'a pas été décrit à sa place dans l'ordre alphabétique et qui a de grands rapports avec celui des taupes ; c'est le genre Condylure d'IUiger. CoNDYLURE; CotidjluTus , Illig. Ce gcurc , qui a été réuni avec le genre Talpa par M. Cuvier, mais qui doit en être distingué, renferme un sorex et un talpa de Linné, aux- quels on a joint deux autres espèces découvertes dans ces derniers temps. Les condylures ont tout-à-fait le port et l'aspect des taupes, et leurs membres ont la même conformation que ceux de ces animaux. Leur tête a les mêmes proportions , mais le museau est terminé par des appendices charnus, qui forment comme une espèce de couronne autour des narines; leur queue est plus longue que celle des taupes, mais elle est égale- ment revêtue par une peau ridée transversalement, sur la- quelle les poils sont rares. Le nom générique qu'Illiger leur a assigné, semble indiquer que cette queue a des nodosités re- marquables, ce qui n'est cependant vrai que dans les indivi- dus desséchés, mais non dans ceux qui sont vivans ou con- servés dans la liqueur; aussi le réformateur de la nomencla- ture zoologique auroit-il mieux fait de choisir une autre désignation grecque, qui n'indiquât pas un caractère faux. Les yeux sont très-petits et cachés, et il n'y a pas plus que dans les taupes de conques ou d'oreilles externes. Le système dentaire du condylure étoile se compose de quarante dents en totalité , lesquelles sont généralement de forme anomale. A la mâchoire supérieure on compte six dents implantées dans l'os intermaxillaire et que par consé- S>2,, 22 338 TAU quent on doit considérer comme des incisives; les deux in- termédiaires sont très-larges, contiguès, garnissant tout le bord antérieur de la mâchoire, creusées en cuiller, à tran- chant un peu oblique, ayant l'angle par lequel elles se tou- chent plus saillant que l'angle extérieur; de chaque côté de ces dents en est une autre, qui est conique et ressemble à une canine très-longue , un peu triangulaire à sa base , où l'on remarque deux petits tubercules, l'un en avant et l'autre en arrière; enfin, les deux incisives externes sont petites, co- niques , un peu comprimées , légèrement recourbées en ar- rière à la pointe et un peu écartées des autres. Au-delà des incisives et de chaque côté , sur les barres interdentaires , sont trois fausses molaires ou petites dents fort éloignées les unes des autres, coniques, assez larges et pourvues chacune d'un petit lobe pointu à sa base et d'un autre en arrière. Enfin , il y a de chaque côté quatre vraies molaires plus grosses que les dents précédentes, dont la première est com- primée et triangulaire avec une petite pointe en avant, et les trois autres composées chacune de deux replis d'émail formant deux tubercules aigus du côté intérieur, et creusés obliquement en gouttières du côté externe; à la base de ces mêmes dents on remarque un talon évidé en cupule. A la mâchoire inférieure il y a quatre incisives aplaties , obliques en avant, en forme de cuiller ou de cure-oreille, les latérales en partie couchées horizontalement sur les in- termédiaires et se relevant un peu par leur bord externe. Ensuite viennent à droite et à gauche cinq dents ou fausses molaires, à distance les unes des autres; la première ou la plus grande est comprimée, à trois lobes, dont le principal est l'intermédiaire, l'antérieur très -effacé, et le postérieur un peu saillant; la seconde presque semblable, mais plus courte et plus comprimée avec le lobe postérieur plus appa- rent que dans la précédente ; la troisième à quatre lobes , dont un petit antérieur , le second le plus grand de tous, et les deux postérieurs très- petits; la quatrième presque sem- blable à la troisième, mais ayant son premier lobe postérieur plus interne , ce qui donne par conséquent plus d'épaisseur à cette dent; la cinquième ne différant de la quatrième que par sa largeur plus considérable et presque égale à celle de TAU 35s la première vraie molaire. Les vraies molaires, au nombre de trois, sont composées, comme les supérieures, de deux replis d'émail faisant pointe, mais dont la disposition est in- verse : ici les pointes, au lieu d'être internes, se trouvent extérieures, et la face interne de la dent, au lieu de pré' senter un talon en cupule, offre une sorte de muraille per- pendiculaire et deux fois échancrée à son sommet, chaque échancrure correspondant à la gouttière qui descend de l'une des deux pointes. Telle est la description minutieuse que nous avons pu faire et que nous avons accompagnée d'une figure (Journ. phys. . Sept. 1819) du système dentaire d'un condylure qui nous a été envoyé des États-Unis par notre ami, M. Lesueur. Les animaux de ce genre n'ont encore été observés que dans l'Amérique septentrionale , où ils vivent absolument à la manière des taupes. Maintenant on en distingue jusqu'à quatre espèces, mais vraisemblablement une de celles-ci au moins devra être rapportée à celle que nous décrirons d'abord, qui est le mieux connue et qui l'est depuis le plus de teiijps. Le CoNDVLURE A MUSEAU ÉTOILE ( Concijlura cristata , Desm., Mamm. , esp. 248 ; Taupe du Canada , de Delafaille, Essai sur l'hist. nat. de la taupe; Buff. , Hist. nat. , tom. 6, pi. 07; Sorex cristatus, Linn., Gmel. , Erxl.) a quatre pouces de lon- gueur totale , et sa queue un pouce huit lignes : sa main , me- surée depuis le poignet jusqu'au bout des ongles, a six lignes de longueur, et son pied , depuis le talon également jusqu'au bout des ongles, en a dix. Ses formes, ainsi que la nature et la couleur de son poil , donnent à cet animal la plus grande ressemblance avec la taupe d'Europe; mais il en est éminem- ment distingué par l'appareil singulier qui entoure les ouver- tures de ses narines. Cet appareil, formé par un développe- ment de la peau du museau, consiste en un entourage ou couronne de pointes rayonnantes et aplaties, de couleur de rose, à surface granulée et au nombre de vingt, dont les deux intermédiaires supérieures et les quatre intermé- diaires inférieures sont réunies à leur base et placées sur un plan un peii plus avancé que les dix-huit autres : ce dis- que frangé a cinq lignes de diamètre. Dans cette espèce , les pieds postérieurs sont proportionnellement plus long< 340 TAU que dans les taupes; la queue, assez mince, a ses seize ver- tèbres assez saillantes dans les individus de cette espèce con- servés desséchés dans les collections; mais dans l'animal vi- vant elle est cylindrique , et sa peau , divisée en replis transversaux médiocrement serrés et écailleux , porte des poils plus rares et plus roides que ceux des autres parties du corps. Nous ne possédons aucun renseignement sur les habitudes naturelles de cet animal, qui est très-commun au Canada et qui se trouve aussi dans plusieurs contrées des États-Unis, no- tamment en Pensylvanie. Le CoNDYLURE A LONGUE QUEUE : Condjlura longicaudala, Illig. ; Talpa longieaudata, Penn. , Erxl. , Gmel. Cette espèce est celle que nous regardons comme très-douteuse. On ne la connoit que par ce qu'en dit Pennant, qui lui donne un pe- lage d'un brun ferrugineux , une queue aussi longue que la moitié du corps, et qui ne fait pas mention de la crête na- sale. M. G. Cuvier la rejette du genre Taupe, qui renferme le condylure à museau étoile, en disant qu'elle appartient probablement à la première division des carnassiers insecti- vores, mais il ne fait pas connoître les motifs sur lesquels il fonde cette opinion. M. Godman assure qu'elle n'existe pas aux États- Unis , et pense qu'elle est seulement fondée sur l'étude d'une peau de condylure mal préparée. Le CoNDVLURE MACKOURE ( Condjlura macroura , Harlan , Faun. amer., p. Sg) ressemble au C. museau étoile par la crête de pointes radiées qui couronne son museau ; mais sa queue, presque aussi longue que le corps, en quoi elle diffère de celle de cet animal, est particulièrement caractérisée en ce qu'elle est étranglée à sa base, qu'elle grossit ensuite subi- tement et qu'elle est enfin légèrement comprimée et effilée dans sa longueur. Son corps et sa tête ensemble ont cinq pouces quatre lignes ; ses mains sept lignes; ses pieds un pouce. \\ y a, selon M. Harlan , deux incisives de moins et deux canines de plus à la mâchoire supérieure que dans le condylure à museau étoile, ce qui fait que le nombre total des dents est égal dans les deux espèces. La couleur générale du pelage est le gris noirâtre, mais le museau a du fauve , qui devient plus foocé sur les deux côtés. TAU 341 Cet animal habite dans tous les États-Unis, mais il est plus commun dans le New-Jersey qu'ailleurs. Le CoNDYLURE A POIL VERT : Condjlura prasinola , Harris , Boston Joitrn. of phil. and arts, Août 1825. Ce condylure nou- veau fut trouvé en Mars 1823, près de Machias, dans le dis- trict du Maine, aux Etats-Unis. Il a toutes les formes du con- dylure à museau étoile, mais il est recouvert d'une fourrure à longs poils très-lins, de couleur verte, avec quelques poils gris seulement à l'extrémité de la queue. Son nez est nu, et la crête étoilée , qui le termine, a vingt-deux pointes de couleur brunâtre. La queue a les trois quarts de la longueur du corps; elle est très-mince et étranglée à son origine, en- suite élargie, et amincie graduellement vers son extrémité; sa surface n'a ni rides, ni sillons transversaux, et les poils qu'elle porte ne sont point rangés en verticilles. L'individu décrit étoit un mâle; il avoit quatre pouces de longueur to- tale, mesuré depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de Ja queue, et la queue avoit trois pouces. (Desm.) TAUPE. (Conchjl.) Nom vulgaire d'une coquille du genre des Porcelaines, Cyprœa talpa, Linn. (Desm.) TAUPE D'AFRIQUE [Grande] ou GRANDE TAUPE DU CAP DE BONNE- ESPÉRANCE. {Mamm.) Voyez l'article Oryctère. (Desm.) TAUPE ASIATIQUE. {Mamm.) La Chrysochlore (voyez ce mot) a été désignée par Pallas sous le nom de taupe asia- lique , talpa asialica, quoiqu'elle ne soit pas propre à PAsie, et qu'elle habite le cap de Bonne- Espérance. (Desm.) TAUPE BRUNE, Talpa fusca. (Mamm.) Ce nom a été donné à la scalope de Virginie. (Desm.) TAUPE DU CANADA. (Mamm.) La taupe du Canada de Delafaille et de Buffon , est le condylure à museau étoile. Voyez Particle Taupe. (Desm.) TAUPE DU CAP DE BONNE- ESPÉRANCE. (Mamm.) Ce nom se rapporte à. Pespèce du bathyergue cricet (voyez Par- ticle OaYCTÈaE). La grande taupe du Cap , ou blesmoll , est un véritable Oryctère. Voyez ce mot. (Desm.) Tx\UPE CUIVRÉE, Talpa cupreata. (Mamm.) Mammifère américain, indiqué plutôt que décrit par M. Rafinesque, qui n'en fait pas connoître les formes. Il a le pelage brun 34^ TAU luisant argenté, à retlels cuivrés et pourprés, avec la gorge légèrement roussâtre ; le museau et les pieds nus et couleur de chair, et la queue égale en longueur au septième de celle du corps. (Desm.) TAUPE DORÉE. (Mamm.) C'est la chrysochlore du Cap. (Desm.) TAUPE DES DUNES. (Mamm.) C'est I'Oryctère blesmoll. Voyez son article. ( Desm. ) TAUPE-GRILLON, TAUPE-VOLANTE, TAUPETTE. {En- tomologie. ) C'est le nom de la courtillière ou jardinière , genre d'insectes orthoptères de la famille des grilloïdes. Voyez Courtillière. (C. D.) TAUPE HIPPOPOTAME. (Mamm.) Les Hottentotsdésignenl i'oryctère blesmoll , ou des dunes, par les mots kauw Jiowha, qui signifient taupe hippopotame. (Desm.) TAUPE DE MER. {Ichthjol.) Le requin a été quelquefois désigné par ce nom. Voyez Carcharias. (H. C. ) TAUPE DE MER. {Chétopod. et Polj-p.) On trouve, celte dénomination employée par quelques auteurs anciens, et peut-être encore sur nos côtes et chez les marchands, pour désigner l'aphrodite épineuse, A. aculeata , et un po- lypier, dont M. de Lamarck. a fait une espèce de son genre Fongie , F. talpa, et peut-être aussi la Fongie limacée, Madre- pora pileus , qui en est très- voisine. (De B.) TAUPE MUSCARDINE. (A^amm.) Dénomination employée par Spallanzani pour désiguei- le muscardin , petit rongeur du genre Loir^ ( Desm. ) TAUPE DE PENSYLVANIE. (Mamm.) Ce nom est rapporté à un animal que Kalm assure se trouver en Pensylvanie, qu'il ne décrit pas, et auquel il attribue les mêmes habitudes que celles de la taupe, si ce n'est qu'en fouissant la terre par galeries , il ne forme point de taupinières extérieures. (Desm.) TAUPE POURPRÉE; Talpa purpurascens , Shaw. (Mamm.) Shaw admet cette espèce d'après Séba , qui la nomme talpa virginianus niger , et qui lui attribue toutes les formes qui ap- partiennent à la taupe d'Europe : elle n'en différeroit que par son pelage noir à reflets pourprés brillans, et par sa queue de couleur blanche. Nous n'avons jamais vu cet animal, et TAU 543 les naturalistes américains qui ont écrit le plus récemment, ne l'admettent point au nombre des espèces de lent pays, {Desm.) TAUPE ROUGE. {Mamm.) Le nom de talpa rubra ameri- cana a été donné par Séba , et celui de talpa rufa l'a été par Shaw, à la chrysochlore du Cap. Le tucan de Fernandez a aussi été nommé taupe rouge. (Desm.) TAUPE ROUSSE. {Mamm.) La taupe rousse, talpa rufa de Shaw, est la chrysochlore du Cap. (Desm.) TAUPE DES SABLES. (Mamm.) L'un des noms attribués au bathyergue cricet. Voyez l'article Oryctère. (Desm.) TAUPE DE SIBÉRIE. (Mamm.) Ce nom et celui de taupe asiatique ont été faussement donnés à la chrysochlore du cap de Bonne- Espérance. (Desm.) TAUPE TACHETÉE ou BLESMOLL DES HOLLANDOIS. ( Mamm. ) C'est le nom de pays de l'oryctère du Cap ou grande taupe des dunes de Buffon. (Desm.) TAUPE DE VIRGINIE. ( Mamm. ) Voyez l'article Scalope, (Desm.) TAUPE VOLANTE. (Entom.) C'est une des dénominations par lesquelles la courtillière ou taupe-grillon a été désignée. (Desm.) TAUPETTE. (Entom.) Voyez Taupe -grillon. (Desm.) TAUPIÈRE. {Bot.) Nom d'une espèce de champignons du genre Agaricus, qui est la touffe argentine de Paulet. Voyez Touffe. (Lem.) TAUPIN, Elater. { Èntom.) Nom d'un genre d'insectes co- léoptères pentamérés , à élytres durs couvrant le ventre ; ûyant le corps alongé, aplati ; les antennes en fil , souvent den^ tées en scie; le corselet à pointes et le sternum saillant, et par conséquent delà famille des thoraciques ou sternoxes. Ce genre, établi sous le nom latin par Linnœus, est éga- lement grec, EAatTHp , et signifie qui frappe , qui repousse; d'où vient le mot élastique , parce qu'en effet ces insectes , comme nous le ferons connoître plus bas avec détail, ont la faculté de se débander comme un ressort par un mouvement brusque qu'ils impriment à leur corps , ce qui leur a valu le nom vulgaire de scarabées à ressort; et à cause de la manière dont ils frappent la place qui les supporte à coups redoublés , 344 TAU lorsqu'on les empêche de s'élancer , on les a nommés mare' chaux. Quant au nom de taupin , nous en ignorons l'étymo- logie. Quelques anciens naturalistes, faisant allusion à la ma- nière dont peut sauter l'insecte, lorsqu'il est placé sur le dos, pour se relever comme s'il avoit des pattes sur cette région du corps, l'ont nommé notopède, noAopoda, de n«ç et de NiStoç, comme si l'on disoit pieds sur le dos. Les caractères de ce genre peuvent être ainsi exprimés : Antennes dentelées; corps étroit, alongé , aplati; corselet terminé en arrière par deux pointes; sternum pointu , courbé, entrant dans une cavité de la poitrine et servant au saut. A l'aide de ces caractères et en examinant les six premières figures des insectes représentés sur la planche 8 de l'atlas de l'entomologie joint à ce Dictionnaire , on pourra facilement distinguer les Taupins des autres genres de la même famille. Ainsi les Cébrions et les Atopes ont les antennes en fil , non dentées. Chez les Buprestes et les Trachides , qui ont aussi les antennes pectinées, le corselet ne se prolonge pas en arrière par deux pointes. Enfin les Trosques ont l'avant- dernier article des tarses à deux lobes , tandis qu'il est simple dans les Taupins. Le genre Taupin est des plus naturels. On reconnoît les espèces à leur corps alongé , légèrement déprimé , dont le corselet est à peu près de la largeur des élytres , envelop- pant la tête, qui est ainsi cachée à son origine ; leurs an- tennes sont dentelées plus ou moins profondément, de sorte que dans l'un des sexes , qui est la femelle , le plus souvent elles sont en scie, et que chez les mâles elles sont quelque- fois en peigne ou même en éventail. Une autre particularité fort remarquable de leur conformation, c'est que leurs pattes sont courtes , à peine de la longueur du travers total de leur corps , de sorte que l'insecte peut difficilement s'en servir pour se relever lorsqu'il est tombé sur le dos, ce qui lui ar- rive souvent : il ne paroît pas craindre cette sorte de chute , car , au moindre danger, il quitte la place qui le supporte pour se laisser choir et rester immobile pendant quelques instans, jusqu'à ce qu'il croie utile ou convenable de mettre en usage le mécanisme particulier de sa structure , qui le doue d'une très-grande force pour rebondir, qu'il soit tombé TAU 545 sur le dos ou sur le ventre, car il peut alors s'élever à plus de trente fois sa hauteur, et répéter successivement plus de vingt fois ce même rebondissement. Nous avons indiqué parmi les caractères du genre Taupin la disposition du corselet , qui se termine en arrière par deux pointes arc - boutant sur les élytres et empêchant ainsi le corselet de se redresser trop en arrière. En dessous, la par- tie moyenne de la poitrine se prolonge en une pointe solide, cornée , élastique probablement et un peu flexible dans sa por- tion libre, qui se prolonge en arrière sous la poitrine, où elle entre dans une fosse ou cavité creusée entre les quatre han- ches qui supportent les pattes moyennes et postérieures ; mais cette pointe n'en peut sortir que par un violent effort qui la courbe un peu et lui donne ainsi une sorte d'action élastique. En effet, lorsque le taupin vevt sauter, on le voit fléohir fortement le corselet en dessous, sous la poitrine, lors- qu'il est sur le dos, et en débandant rapidement cette sorte de ressort, tendu à l'aide des muscles qui sont propres à redresser le corselet sur les élytres du côté du dos, il appuie vivement sur le sol avec la tête et l'extrémité libre des ély- tres , qui trouvent là une résistance laquelle réagit bientôt sur la masse totale de l'insecte , qu'elle soulève verticalement en l'air. Il paroît que l'insecte peut opérer le même manège lorsqu'il est placé sur les pattes , en courbant vivement et promptement la tête et le corselet , qui semblent ne faire qu'un seul levier, sur la partie inférieure de la poitrine, en ap- puyant alors le front et la pointe de l'abdomen sur le sol. Quelques espèces, en même temps qu'elles produisent ce mouvement , présentent une autre circonstance remarquable, comme il est ficile de l'observer lorsque l'on tient l'insecte entre le pouce et l'index de manière que le ventre ou la partie opposée aux élytres touche la pulpe du pouce et que la tête de l'insecte vienne au niveau de l'ongle; car à chaque mc.ivement de ressort que produit l'insecte , on voit sortir de sa bouche une humeur plus ou moins colorée en vert noirâtre, qui est une sorte de salive que l'insecte lance par jets; de là le nom de cracheur , sputaleur, que Ton a donné à quelques espèces. Les larves des taupinsparoissent vivre dans le bois, comme 546 TAU celles des buprestes ou richards. Quelques espèces se trouvent cependant dans la terre : telle est celle que Degéer a décrite et figurée. Quelques espèces de taupins d'Amérique ont , comme les lampyres ou vers-luisans, la faculté de briller pendant la nuit d'une lumière phosphorique , et ces sortes de feux noctur- nes ont leur siège sous des taches transparentes de forme va- riable , placées sous la portion cornée du corselet, du côté du dos. L'une de ces espèces s'est développée à Paris et a été recueillie au faubourg Saint-Antoine. M. Fougeroux de Bondaroy l'a décrite dans les Mémoires de l'Académie des sciences pour l'année 1766. On présume que cet insecte avoit été transporté à Paris sous la forme de larve dans les bois des Isles qui servent à l'ébénisterie. Les principales espèces de ce genre , dans lequel on en a inscrit plus de cent cinquante, sont les suivantes, parmi celles qui se trouvent aux environs de Paris. 1. Le Taupin ferrugineux, Elater ferrugineus. C'est le taupin rouge de Geoffroy, figuré tome 1 , pi. 2 , fig. 4. Car. Il est couleur de rouille en dessus-, le dessous du corps et les bords postérieurs du corselet sont noirs. Nous l'avons trouvé à Fontainebleau et sur les saules qui bordent la rivière de Bièvre à Gentilly , près Paris. Il a près d'un pouce de longueur. 2. Le Taupin pectinicorne, Elater pectinicornis. Car. D'un bronzé cuivré ; antennes noires, très-pectinées , surtout dans les mâles. 3. Le Taupin nébuleux: E. nelulosus; Murinus, Linnœi , Fa^ hrieii. C'est le taupin brun nébuleux de Geoffroy. Car. Brun, piqueté de cendré; deux tubercules sur le cor- selet ; antennes et pattes rougeâtres. 4» Le Taupin marqueté, E. tesselatus. C'est le taupin à plaques velues de Geoffroy , n." g. Car. D'un noir cuivreux ; à taches d'un gris roussâtre sur le corselet et les élytres , qui sont striés ; ongles rougeâtres. 5. Le Taupin soyeux, E. holosericeus. C'est le taupin gris de souris de Geoffroy, n.° 10. TAU 347 Car. Brun; élytres et corselet recouverts d'un duvet gri- sâtre satiné. 6. Le Taupin noir , E. niger. C'est Je taupin en deuil de Geoffroy, n.° i3. Car. Entièrement noir; sans taches; corselet lisse; élytres striés. 7. Le Taupin cracheur, E. sputator. Car. Corselet d'un noir luisant; élytres d'un brun marron; pattes fauves. 8. Le Taupin porte-croix, E. cruciatus. Nous l'avons fait figurer dans l'atlas de ce Dictionnaire , pi. 8, n.° 4. Geoffroy l'a décrit sous le même nom, n." 6. Car. Noir ; à bords du corselet rouges ; élytres jaunâtres ou pâles, arec une croix noire. 9. Le Taupin bordé, E. marginatus. C'est le taupin bedeau de Geoffroy, n." 11. Car. Noir ; élytres pâles ou testacés , entièrement bordés de noir. 10. Le Taupin lokg-col , E. longicollis. Car. Testacé ; corselet fauve , très-alongé ; élytres velus , striés. 11. Le Taupin marron, E. aastaneus. C'est le taupin à corselet velouté de Geoffroy, n." 4. Car. Noir ; corselet à duvet roussàtre ; élytres striés , jau- nes, à extrémité noire. 12. Le Taupin HÉMATODE , E. hœmatodes. Car. Noir; Corselet à duvet fauve ; élytres rougeâtres , striés; écusson noir. i3. Le Taupin sanguin , JE. sangumeus. C'est le taupin à étuis rouges de Geoffroy, n.° 2. Car. Noir luisant; élytres d'un rouge de sang , striés; écus- son noir. 14. Le Taupin selle, E. ephippium. Car. Semblable au précédent, dont il a été regardé comme une variété ; mais une tache communément noire sur le milieu des élytres. i5. Le Taupin THORACIQUE, E. thoracicus. C'est le taupin noir à corselet rouge de Geoffroy, n.° 5. Car. Noir lisse; corselet rouge; élytres noirs, à neuf stries. 348 TAU 16. Le Taupin peux-pustules, E. bipustulalus. C'est le taupin noir à taches rouges de Geoffroy, n." i5. Car. Noir; une tache rouge à la base des élytres , qui sont striés. (CD.) TAUPIN. (Conchjl.) Nom vulgaire d'une coquille du genre Cône. (Desm.) TAUPINAMBOUR. (Bot.) Nom vulgaire de Vheliantlius tu- lerosus, cultivé à cause de sa racine tubéreuse, bonne à manger. (J.) TAURA. {Bot.) Gesner , cité par Mentzel, désigne sous ce noui le Bofrychium lunaria, espèce de fougère. (J.) TAURACO. (Ornith.) Voyez Touraco. (Ch. D.) TAUREAU. {Mamm.) Nom du mâle entier dans l'espèce du bœuf domestique. (Desm.) TAUREAU D'ABYSSINIE. (Mamm.) Les auteurs ont dé- signé sous ce nom une race de buAPle ou de bœuf, dont les cornes sont pendantes, parce qu'elles sont attachées seule- ment à la peau du crâne et qu'elles ne sont point soutenues par une cheville osseuse du frontal. (Desm.) TAUREAU BISON ou TAUREAU A BOSSE. (Mamm.) Voyez l'histoire du hison à l'article Bœuf. (Desm.) TAUREAU BLEU. (Mamm.) Traduction du mot nil-gaul, nom que Ton donne aux Indes à un antilope , et que les na- turalistes ont conservé à cet animal. (Desm.) TAUREAU- CERF ou BOS ELAPHOS. {Mamm.) Ce nom, employé par les anciens , paroît devoir être rapporté à l'es^ pèce de l'antilope gnou. Il Ta été aussi pour désigner Panti- lope bubale. (Desm.) TAUREAU- CERF DES INDES. ( Mamm. ) C'est l'antilope nil-gaut. (Desm.) TAUREAU -ÉLÉPHANT. {Mamm.) Sonnini rapporte que plusieurs voyageurs ont donné cette dénomination à l'anti- lope bubale. (Desm.) TAUREAU D'ÉTANG. {Ornith.) L'oiseau auquel ce nom vulgaire a été donné, est le héron butor, ardea stellaris , Linn. C'est le même oiseau qui est désigné par Willughby, etc., sous le nom de taurus Plinii , et par d'autres auteurs, sous le nom de taurus ayis , a cause de la force du mugissement qu'il fait entendre en plongeant son bec dans la vase. (Ch. D.) TAU . 549 TAUREAU HUMBLE. (Mamm.) On a donné ce nom à la petite race de bœuf qui est particulière à l'Ecosse. (Desm.) TAUREAU DES ILLINOIS. {Mamm.) Voyez l'histoire diî lisori à Tarticle Bceuf. (Desm.) TAUREAU DES INDES ou BOS INDICUS. (Mamm.) Voyez l'histoire du zébu à l'article Bœuf. (Desm.) TAUREAU DE MADAGASCAR , Bos madagascariensis. (Mamm.) Mammifère sur lequel on n'a que des renseigne- mens très -vagues. On dit qu'il est blanc, aussi haut qu'un chameau, et que ses oreilles sont pendantes. Il habiteroit l'île de Madagascar et le royaume d'Adel en Afrique, (Desm.) TAUREAU MARIN. ( Ichthjol. ) Voyez Taureau de mer. (H.C.) TAUREAU DE MER. (Ichtlijol.) Nom spécifique d'un coffre, que les Hollandois appellent zeekatzge , comme le coffre à quatre piquans. Voyez Coffre. (H. C.) TAUREAU DU MEXIQUE. {Mamm.) Nom donné par Hernandez au bison d'Amérique. Voyez l'article Bœuf. (Desm.) TAUREAU DE P^ONIE et TAUREAU SAUVAGE DE PyEONIE. {Mamm.) Voyez l'article del'AuROCHs au mot Bœuf. (Desm.) TAUREAU [Petit]. {Mamm.) Ce nom est celui que Selon donne au zébu. (Voyez l'article du Bœuf domestique.) Ce même animal a aussi été nommé petit taureau à bosse. (Desm.) TAUREAU SAUVAGE D'AMÉRIQUE et TAUREAU SAU- VAGE DU CANADA. {Mamm.) Ces noms ont été donnés au bison d'Amérique. Voyez l'article Bœuf. (Desm.) TAUREAU DE TINIAN. {Mamm.) Selon Sonnini ce nom est celui d'une race de bœufs blancs, à oreilles noires, qui existe dans l'île de Tinian. (Desm.) TAUREAU VOLANT. {Entom.) C'est le nom d'un scarabée. (C. D.) TAURELEPHANTES. {Mamm.) Nom donné par Ludolf à l'antilope bubale. ( Desm. ) TAURION. {Bot) Nom grec, tiré par Ruellius et Mentzel de Vagrostemma coronaria. (J. ) TAUROCEROS. {Bot.) Un des noms grecs anciens de la màcre, trapa^ cités pajr Ruellius, d'après Dioscoride. (J.) 35o TAU TAURUS. (Mamm.) Nom latin du taureau. (Desm.) TAUSCHÉRIE, Tauscheria. {Bot.) Genre de plantes dico- iylédones, à fleurs complètes, polypétalées , régulières, de la famille des crucifères , de la tétradjnamie siliculeuse de Linné, offrant pour caratère essentiel: Un calice à quatre folioles égales à leur base; quatre pétales oblongs, cunéifor- mes; six étamines tétradynames, dépourvues de dents; un ovaire supérieur; un style; une silicule convexe d'un côté, plane de l'autre, bordée d'une aile membraneuse, ridée, plissée , relevée en carène; une seule loge indéhiscente, con- tenant une semence oblongue, pendante; les cotylédons li- néaires, oblongs, tombans presque obliquement. Tauschérie a fruits velus; Tauscheria laslocarpa, Dec, Sysf. vég. , 2, pag. 565. Cette plante est herbacée, glabre sur toutes ses parties , le fruit excepté : elle a le port d'un isatis (pabtel). Sa racine est simple, grêle, perpendiculaire; elle produit une tige cylindrique , rameuse vers son sommet, longue de trois pouces, légèrement purpurine. Les feuillets sont peu nombreuses , sessiles , en cœur, sagittées , amplexi- caules , ovales-lancéolées, acuminées, très-entières, longues de neuf ou douze lignes, larges de trois; les oreillettes ai- guës, non divergentes. Les fleurs sont fort petites, disposées en grappes latérales, opposées aux feuilles ou terminales sur les jeunes rameaux, droites, de quinze à vingt fleurs sur chaque grappe. Les pédicelles sont dépourvus de bractées, un peu redressés, étant en fleurs, puis étalés, puis pendans. Les folioles du calice sont dressées, oblongues, peu conni- ventes; les pétales oblongs, cunéiformes, presque tronqués, dressés , plus longs que le calice, d'un blanc un peu lavé de rouge ; les étamines de la longueur du calice , privées de dents. La silique est petite, longue de trois lignes, conique et en pointe au sommet, convexe et hérissée de poils blancs très-serrés , marquée à sa partie supérieure, sur ses bords, d'un sillon profond , entouré d'une aile plissée et ridée ; la semence roussâtre. Cette, plante a été découverte dans les dé- serts de l'Asie par M. Tauscher, sur les bords du lac In- derskoe. M. De Candolle en a mentionné une seconde espèce, à fruits glabres , tauscheria gjmnocarpa, trés-rapprochée de la TAV 351 précédente; elle en diffère par ses feuilles plus petites, par ses oreillettes plus courtes, plus obtuses; les silicules entiè- rement glabres, noires à leur maturité. Cette plante croît aux mêmes lieux. (Poir.) TAUSSIN. (Bot.) Nom sous lequel un chêne , quercus cerris^ est connu dans quelques lieux. (J. ) TAUVAR. (Mamm.) L'un des noms du narwhal au Groè'n- land, selon Erxleben. (Desm.) TAUVIN. (IchÛiyol.) Nom spécifique d'un Holocentre, décrit dans ce Dictionnaire, tome XXI, page agS. (H. C.) TAUVINA. {Ichthyol.) Nom arabe du tauvin. Voyez Holo- centre. (H. C.) TAUVINE. ( Ichthj'ol. ) Voyez Tauvin. ( H. C. ) TAVA. (Enlom.) Voyez Taon. (Desm.) TA VA. {Ornith.) Nom donné par les Kamfschadales au râle de terre. (Ch. D.) TAVALLA. (Bol.) Genre de plantes établi par les auteurs de la Flore du Pérou, à fleurs dioïques , de la famille des conifères , qui comprend des arbres ou arbustes résineux , odoriférans , dont le caractère essentiel est d'avoir des fleurs mâles réunies en un chaton presque cylindrique; des anthères nombreuses, à quatre faces; dans les fleurs femelles un cône ovale, charnu, à trois ou cinq découpures; un calice supérieur, à trois dents; les semences solitaires. Nous n'avons sur les espèces de ce genre que les principaux caractères spécifiques, sans autres détails. Dans le tavalla scabra, Ruiz et Pav. , Sjst. veg.; FI. per. , pag. 270, les feuilles sont scabres, oblongues, lancéolées, dentées en sciej les chatons et les cônes réunis au nombre de trois. Cette plante croît au Pérou. Dans le tavalla glauca ces mêmes feuilles sont glauques, oblongues, acuminées, très-aî- guës , dentées en scie ; les pédoncules supportent des fleurs en grappes. Le tavalla racemosa a les pédoncules des fleurs femelles géminés , disposés en grappes. Les feuilles sont oblongues, dentées en scie, médiocrement acuminées. De cet arbre découle une résine blanche et transparente. Dans le tavalla anguslifolia les feuilles sont étroites, médiocrement lancéolées, dentées en scie, acuminées au sommet; les arti- culations distantes : les chatons et les cônes réunis au nom- 352 TAV bre de deux ou trois. Le tavalla laciniata a les feuilles obîon- gues, acuminées , dentées en scie; les chatons et les cônes réunis deux ou trois. Toutes ces plantes croissent également au Pérou. (Poir.) TAVALLA. (Bot,) M. Persoon a voulu substituer ce nom à celui de tafalla, un des genres de la Flore du Pérou , qui est VAj tacupi du Chili. Le Taff'ala a été réuni par quelques auteurs à VHedyosmum de Swartz. (J.) TA VAS. ( Ornithol. ) Nom arabe du paon , pavo , Linn. (Ch. D.) TAVEBOTREEH. (Bot.) Plante de Madagascar, citée par Flaccourt, laquelle paroît être un calac, carissa. Il dit sa dé- coction bonne dans les affections de la poitrine. ( J.) TAVERIAYA. (Bot.) Nom brésilien, cité par Marcgrave, d'un mozambé, cleome frulescens , d'Aublet. (J.) TAVERNON. (Bot.) Voyez Bois arada. (J.) TAVIL, FELFEL. [Bot.) Noms égyptiens du poivre, sui- vant Prosper Alpin. (J.) TAVON. (Ornith.) On a donné sous le mot Mégapode, tome XXIX de ce Dictionnaire, la description de trois de ces oiseaux, en faisant remarquer que ce genre paroissoit être le même que le tavon. Depuis cette époque un nou- veau voyage autour du monde a eu lieu sur la corvette de S. M. la Coquille, commandée par le capitaine Duperrey, et les zoologistes de celte expédition ont rapporté une qua- trième espèce, qu'ils ont dédiée à ce marin. Cet oiseau est gravé dans la Relation du voyage sous le nom de mégapode Duperrey, megapodius Duperreji , et sous le n.° 36. Il diffère surtout des autres espèces en ce qu'il porte une huppe. Le cou et les parties inférieures sont ardoisés; la huppe, les ailes et la queue, sont d'un roux brun; le bec et les pieds sont blanchâtres. (Ch. D.) TAVOUA. (Ornith.) C'est le papegai tavoua. ( Ch. D.) TAVOULOU. (Bot.) La plante qui porte ce nom à Mada- gascar, est congénère du Taçca de Rumph et de Forster, genre voisin des narcissées. ( J.) TAVOUTALA. (Bot.) Rochon cite ce nom d'une plante orchidée de Madagascar, à racine tubéreuse et à fleur de couleur gris de lin. (J.) TAX 353 TAWA. (Ornith.) Nom hotlentot du souï-manga mala- chite de M. Vieillot. (Desm.j TAWNY-OVVL. (Ornith.) C'est le chàt-huant, strix aluco et stridula, dans la Zoologie britannique. (Ch. D.) TAXA. {Bot.) Rauwolf parle d'une gomme ou résine de ce nom, apportée de Perse, semblable à l'encens ou à la gomme ammoniaque, laquelle est produite par un cyprès. (J. ) ÏAX\NTHÈME, Taxanthemum, (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, a fleurs complètes, polypétalées , régulières, de la famille des phmbaginées. Ce genre, établi par M. Rob. Brown , comprend la plupart des espèces de stalice de Linné qui répondent aux limonium de Tournefort. Ceux qui ne l'ad- mettront pas, réuniront au statice l'espèce suivante. Taxantheme AUSTRALE ; Taxanthemum australe, Rob. Brown, IVo^'. Ho/L, 1, p;ig. /126. Plante de la Nouvelle-Hollande, dont les fleurs sont disposées en épis latéraux, munis de deux ou trois bractées. Leur calice est en forme d'entonnoir ; son limbe scarieux , à cinq plis, à cinq dents; la corolle com- posée de cinq pétales, ou un seul à divisions très-profondes; cinq étamincs insérées sur les onglets des pétales; cinq , plus rarement trois styles distincts; une capsule membraneuse, univaive , indéhiscente, ne renfermant qu'une seule semence. (POIR.) TAXANTHEMUM. (Bot.) Voyez Limonion. (J.) TAXICORNES. {Entom.) M. Latrellle nomme ainsi une famille de coléoptères hétéromérés , dont les antennes , en masse, sont le plus souvent perfoliées; tels sont les diapères, les hypophlées, les cnodalons , les tétratomes , etc. Cette fa- mille correspond à celle que nous avions nommée les Mycé- TOBiEs ou FoNGivoREs. Vovcz CCS mots. ( C. D.) TAXIDERMIE. La taxidermie est l'art de préparer et de conserver, pour les collections, les objets d'histoire naturelle. Ce mot est formé de deux racines grecques, qui sont ra^/ç , arrangement, ordre, etS^o/Act, peau: ce qui sappliqueroit seu- lement à la préparation des peaux , mais que par extension on a étendu à la conservation de toutes les productions zoolo- giques. Cet art est tout moderne , ainsi que son nom; car il n'y a rien d'analogue sans doute à ces peaux grossièrement dessé- 5a. 23 554 TAX chées et remplies de paille, d'où est venu le mot trivial d'em- pailler, seul employé encore par le vulgaire, et ces animaux conservés aujourd'hui dans nos musées, qui rivalisent, par Télégance de leurs formes et la justesse de leurs proportions, avec les êtres vivans dont ils ne sont que les débris. Long- temps, en effet, nos collections ne furent qu'un charnier où des animaux desséchés, des fragmens de peaux, étoient épars, muets pour l'observateur , et ne lui donnoient aucune idée de la nature. Ce n'est que lorsque la taxidermie ou du moins ses principaux procédés furent créés , qu'une nouvelle source de jouissances vint s'offrir aux amateurs , que les natura- listes purent compter sur la représentation matérielle et du- rable de l'objet de leurs études , et que des moyens de com- paraison irrécusables vinrent servir la science. Le célèbre de Réaumur, dont le cabinet étoit cité, avoit tous ses oiseaux écorchés et pendus par le bec avec un fil. On conçoit aisé- ment le peu d'attrait que dévoient avoir ces volatiles , quel que fût l'éclat de leur plumage. La taxidermie, telle qu'elle est. aujourd'hui, est donc d'origine toute Françoise; car c'est de nous que les Hollandois en reçurent les principes , et naguères encore les Anglois en ignoroient complètement les préceptes. Cependant les Allemands avoient créé un procédé fort remar- quable pour conserver les oiseaux. Son plus grand avantage, il est vrai, consistoit à flatter les yeux; car il dénaturoit trop les objets pour qu'il fût possible de lui accorder la moindfe confiance pour l'étude. Ils formoient avec les plumes collées sous des verres des sortes de dessins d'oiseaux artistement ar- rangés , trés-agréables à la vue, mais beaucoup moins utiles pour l'étude que des dessins. Nous ne suivrons pas les progrès de cet art ', afin de ne pas trop grossir cet article et de ne 1 Liste des ouvrages de taxidermie publiés en France : Mémoire instructif sur la manière de rassembler et de préparer lex diverses curiosités d'histoire naturelle , i vol. in-3.° Lyon, 1758. On y a joint le Mémoire de M. Duhamel, intitulé : y^ vis pour le transport par mer des arbres ^ des plantes vivaces , des semences et de diverses autres curiosités d'histoire naturelle. Manière de conserver les animaux desséchés , Journal de physique, tome 2 et tome 4. Lettre contenant un procédé pour préparer des oiseaux , des petits TAX 355 pas lui donner une étendue disproportionnée avec le reste de l'ouvrage. Il nous suffira , avant d'entrer directement en matière, de signaler les importans services que M. Dufresne , chef du laboratoire du Muséum , lui a rendus pendant plus de trente années, et par son expérience, et par l'excellent article qu'il a publié à ce sujet. Aujourd'hui de nombreux préparateurs excellent, à Paris, à monter les animaux , et parmi eux nous citerons surtout M. Florent Prévost , qui y joint une connoissance étendue de ces êtres. Objets nécessaires pour conserver les dépouilles des animaux et pour les tnonter. Plusieurs des objets que nous allons indiquer, ne sont pas in- dispensablement née, ssaires ; mais, en facilitant le tr;.vail, ils tendent à son perfectionnement. Ils consistent en pli«ieurs scal- pels; deux paires de ciseaux; deux pinces à disséquer; deux ou trois vrilles; un petit marteau ; une ou deux limes, pour limer (ju'adrupedes et autres animaux par le moyen de l'éther, par J. A. Chap» tal, .lournal de physique, tome 27. Traité sur la manièrr d'empailler et de conserver les animaux et les pelleteries , par i'alibé Maiiessr, 1 vol iii-12. Paris, i'j^''J- Mémoire sur la manière de préparer les oiseaux morts , etc. , par Mautluyt, Encjclop. niéthod. (liist. des oiseaux), tome i.'"', 2/ part., page /,35. Mémoire sur les moyens de préparer et de conserver les quadrupèdes et les oiseaux destinés it former des collections , etc., par P. Pinel, Joiirn. de physique, tome 3g. Mémoire , etc., par Girardin, à la fin de son Traité d'ornithologie. L'art d'empailler les oiseaux, par Hénon, 1 vol. in-8.° 1802. Méthode de conserver et de préparer les animaux de toutes les classes , par Nicolas, 1 vol. in 8.° Paris, 1802. ^rt d'empailler les oiseaux, par Mouton - Fontenille et Hénon, à la suite du Traité élém. d'ornithologie, 1 vol. in-3.° Paris, 1811. Taxidermie, par Dufresne, Nouv. Dict. d'hist. natur. de Délerville, 1." édit , tome 21 , et 2.' édit. , tome 32 , page 622. Manuel de taxidermie à l'usage des marins, par Lesson ; six articles, insérés dans les Annales maritimes et coloniales. Paris, 2." partie, i8ig. Manuel de taxidermie, par Boitard , i vol. în-18. Paris, i825. Tiaité de taxidermie, par Dupont, naturaliste - préparateur, t vol., 1826. 556 TAX les fils de fer; un poinçon très-fin, pour perforer les tarses; un petit étau de serrurier , pour redresser la charpente métal- lique ; deux becs à corbin , l'un rond et l'autre plat, pour faire les boucles, etc.; une tenaille incisive, pour couper le fil de fer excédant ; une tige en bois ou en fil de fer, pour mieux ranger les corps spongieux dans la dépouille des ani- maux ; un petit croc tenu par une corde, pour suspendre les oiseaux dans le dépouillement , quand ils sont volumineux et qu'on est privé d'aide; du fil , des aiguilles; une curette, pour enlever le cerveau par le trou occipital; une collection de fil de fer ou de laiton; du savon arsenical , tan , alun , etc. ( voyez Préservatifs ) ; de la gomme arabique , de l'essence de térébenthine, du vernis, etc. ; du chanvre, lin, coton, char- pie, mousse, crin, etc.; sable, son, etc. (pour remplir le corps des animaux : il ne faut jamais se servir de plantes marines, fucus, ulves , etc. , qui sont hygrométriques: la caragate , nommée crin végétal , barbe espagnole [ tillandsia vsneoides ] , qui sert, aux Antilles, à l'emballage des objets précieux qu'on envoie en Europe, peut, par son élasticité et son analogie avec le crin animal, remplacer avec succès notre chanvre pour le remplissage des animaux tin peu volumi- neux); des juchoirs de différentes dimensions, pour suppor- ter les oiseaux ; des planchettes (épaisseur, largeur propor- tionnées aux animaux qu'elles doivent porter ) ; un tablier ; des chiffons, pour essuyer le sang, les malpropretés , etc. ; du papier commun , pour tailler des bandes qui doivent sou- tenir les ailes, la queue, et ser^àr à divers usages; des épin- gles; une collection d'yeux d'émail ( on trouvera ici la ma- nière de faire les yeux d'émail, d'après l'abbé Manesse); et enfin des pinceaux (ils sont destinés par leur grosseur assortie à induire l'intérieur des peaux de préservatifs, etc.). Préseri'afifs. Parmi les objets d'une nécessité première se rangent les substances ou les compositions qui servent à préserver les animaux dune destruction inévitable. Beaucoup ont été pré- conisées ; une seule paroit remplir toutes les conditions vou- lues: c'est le savon de Bécœur , dont nous parlerons en dernier lieu. TAX 357 Les compositions employées par leurs divers auteurs, dans îintention de préserver les peaux de la putréfaction ou de la voracité de certains insectes ' , vont être successivement indiquées. 1." Alun de roche. Employé par l'abbé Manesse sur les peaux fraichement dépouillées, sts propriétés acres et caustiques lixoient , suivant lui, la graisse , et, se combinant avec le ferment destructeur avant son entier développement , pou- voient en neutraliser l'action. Lorsque les peaux sont sèches , le même auteur recom- mande l'usage de l'alcali fixe de soude. 2.° Sublimé corrosif. Certaines personnes ont cru retirer quelques avantages en saupoudrant de sublimé l'intérieur des peaux, après avoir étendu une couche de vernis pour le maintenir. On lui adjoignoit généralement du nitre, du sou- fi'e , du tabac ou du musc, réduits en poudre. 3.° La chaux d'arsenic, Vorpiment , le réalgar , le vert-de-gric, employés, d'après quelques ouvrages, soit en poudre, soit dissous dans l'eau , doivent être expressément rejetés dans la préparation des peaux. 4.° Le tan en poudre, joint à l'alun ou au camphre, sert à dégraisser les peaux d'animaux un peu volumineux, et doit toujours, dans ce cas, précéder l'emploi du savon arsenical. S.° Vessence de térébenthine est appliquée à l'extérieur des animaux , en remplacement du savon arsenical, qui n'est placé que dans l'intérieur des peaux. 6.° Il en est de même de Vhuile de pétrole. 7.° Le soufre ou les vapeurs qui résultent de sa combus- tion , ont pendant long-temps été employées comme le moyen par excellence de détruire ou chasser les insectes développés 1 Les insectes qui dévorent les collections d'histoire naturelle sont: Les dermestes à deux points blancs et ceux du lard, dont le déve- loppement et celui de leurs larves ne sont bien complets que de Mars à Octobre. Les anthrenes à broderie, les amourettes , qui font leur plus grand ravage en Mai , Juin et Juillet. Les bruches à bandes , redoutables en automne et en hiver, peu dans le printemps et jamais dans l'été. Plusieurs teignes, qui se développent de Mai à Septembre, 55& TAX dans les collections. Mais on a remarqué que , sans remplir constymment le but désiré , les vapeurs de soTjfre avoient l'in- convénient de ternir certaines couleurs et d'en changer tota- lement d'autres, surtout chez les oiseaux. Cependant, dans le cas 011 l'on voudroit >'en servir, voici le procédé mis en usage par Mauduyt , à qui on en est redevable. « Le mieux et le plus c^miuode, dit cet auteur, est de se « servir de fleur de soufre. On la verse dans un vase de terre « et l'on y met le feu en deux ou trois endroits avec un pa- « pier allumé; on T)lace la terrine sur le fond de la boîte « qui contient les oiseaux; on referme la coulisse de cette oin de laisser une longueur égale à celle du cou de l'oiseau aux deux bouts de ce û^-, 37a TAX qui est destiné à aider le retour de la tête après le dépouilU- ment. Le bec bien fermé, on tient l'oiseau dans la main gauche, en se servant de la droite pour lisser les plumes froissées ou écartées : on le place alors sur une feuille de papier étendue sur la table ' . les ailes un peu écartées , la tête tournée à gau- che, le préparateur vis-à-vis, ayant à sa droite son arsenal. On écarte les plumes du ventre, on arrache le duvet qui pourroit nuire; et, en suivant de l'œil la pointe de son scal- pel ou 'le tout autre i/istrument convenable, on fait une inci- sion depuis l'extrémité inférieure de l'os de la poitrine [ster- num) jusqu'aux deux tiers inférieurs du ventre; on isole la peau de dessus les muscles qui recouvrent le ventre, jusqu'au point où les cuisses viennent se présenter sous l'instrument; on doit aussitôt les séparer du corps de l'oiseau, ep les sec- tionnant à leur articulation avec le tronc, se réservant d'en- lever plus tard les chairs qui sont restées autour de l'os de la cuisse.» On continue ensuite la dissection des parois inférieures; on coupe l'intestin rectum (après y avoir placé une liga- ture chez les gros oiseaux), et l'on débarrasse la peau des deux saillies osseuses qui la retiennent, et qui sont les branches antérieures du puhis. Ras la queue, à l'aide de ciseaux introduits entre la peau et la colonne épinière, on coupera cette dernière, ayant le soin de ne pas léser la peau. Les doigts ou un scal- pel peu aiguisé suffiront pour rompre l'adhérence sur le crou- pion. Un crochet en fil de fer très -petit, enfoncé dans le sacrum et attaché par une corde à la hauteur des bras, ser- vira avec succès pour opérer le dépouillement. Les ailes se présentent; on les isole du tronc d'un seul coup de ciseaux. On continue à opérer des tractions ou dis- 1 Cette feuille de papier s'^rt aux personnes peu habituées à pré- parer, à prendre la mesure exacte de l'oiseau, et conserver le type des proportions à lui donner en dernier résultat. 2 Je dis os de la cuisse, quoique ce soit, aux yeux des naturalistes , la jambe proprement dite. Je coDsfFTC ce nom impropre pour mieux être aatendu. TAX 575 sections ménagées jusqu'à la base de la iéte ( en observant toutefois les niénagemens indiqués ci-dessous); on parvient enfin à la base du crâne, et on la sépare du cou et du corps de l'oiseau. Alors les parois osseuses de la tête se trouvent demeurer à la peau , et exigent les soins ci- après énu- mérés. On ôte les couennes qui sont adhérentes à la surface de la peau écorchée. Les oiseaux de mer ou de rivage offrent surtout cette disposition. Une fois enlevées, on saupoudre la place qu'elles occupoient, et même tout l'intérieur des peaux, de tan bien réduit en poudre et capable d'absorber l'huile qui ruisselle des aréoles du tissu cellulaire. Cette matière huileuse tache, d'une manière indélébile, les plumes ordi- nairement blanches du ventre, ou accélère les progrès de la corruption. Les trous faits par le plomb ou par des déchirures acci- dentelles de la peau, seront cousus avec soin, en faisant tra- verser une aiguille d'un bord à l'autre de l'ouverture, et re- poussant avec les doigts les plumes rebroussées qui tendent à s'y introduire. 11 reste ensuite à vider la cavité crânienne du cerveau qui y est renfermé. A cet effet on se sert d'une plume taillée en curette, que l'on introduit par le trou occipital, et avec laquelle on en- lève par parcelles la substance du cerveau : on met ensuite du savon arsenical dans l'intérieur du crâne, et on le rem- plit de charpie ou de chanvre coupé. On doit extraire les yeux de l'oiseau à l'aide d'une pince à dissection , à moins qu'on ne préfère attendre qu'il soit totalement monté, pour les arracher par les paupières. Avant de retourner la peau, on la couvrira d'une disso- lution un peu épaisse de savon arsenical, surtout dans l'in- térieur du cou : pour la retirer, et placer les plumes en de- hors, comme dans l'état j;iaturel, on prendra les précautions suivantes. Saisir les bouts de fil qui tiennent à celui passé dans les narines pour fermer le bec; presser avec l'indicateur et le médius de la main gauche , la tête , qui doit franchir le cou; ménager les tractions; éviter en même temps que les plumes 374 TAX ne touchent les surfaces où il existe du préservatif, qui les lacheroit. Si la ttte est trop grosse pour passer par le cou , suivez les données indiquées pins bas pour y remédier. L'iiconvénient de l'aghitinement des plumes aux surfaces enduiies de pommade arsenicale, fait préférer de ne mettre cette drogue qu'après avoir rcK/iré la peau. Un pinceau à manche un peu long remplit parfaitement ce but. Procédés différens de celui qui est indiqué dans l'article précédent. On prolonge quelquefois l'incision longitudinale du ventre depuis l'extrémité inférieure du sternum jusqu'à l'anus, afin d'avoir plus de facilité pour la section de la colonne ver- tébrale rus la queue ; mais ce mode, vicieux en lui-même, ne permet pas que la charpie , le chanvre , ou le colon , puissent y être aussi régulièrement contenus que dans le cul- de-sac formé par le rebord de l'incision terminée au milieu de l'abdomen. Le ventre, en effet, reste aplati, et n'est guère susceptible de recevoir la forme qui lui est propre , ce qui est défectueux et enlève une partie des grâces prodiguées sur d'autres points à l'objet préparé. Un deuxième mode, moins fréquemment mis en usage, con- siste à faire une incision sous l'une des ailes, par laquelle on dépouille loiseau, en suivant à peu près la même marche que par l'ouverture du ventre. Mais les difficultés qui doivent s'offrir pour le placement des fils de fer, l'habitude exigée dans ce c.is pour le reste de l'opération, rendent préférable le procédé indiqué en premier. Si la crainte de faire paroître les points de la couture a pu faire rechercher l'incision sous l'aile, on pourra l'abandonner sans crainte,' en pensant que les plumes qui couvrent cette partie, abondamment fournies et s'adaptant parfaitement, cacheront d'une manière exacte toutes les coutures qu'on pourroit y pratiquer. Parlerai -je de la section du cou au niveau des ailes, aussi- tôt la première incision pratiquée ? Dans ce cas on dépouille alors du haut en bas, et l'on finit par couper la colonne épi- nière à l'attache de la queue , en ménageant le point de naissance des plumes qui composent celle-ci; puis on re- TAX 575 tourne au cou , que l'on dépouille et sépare de la tête, comme précédemment. Des oiseaux dont la tète est trop grosse pour fran- chir le cou dans le dépouillement; moyen d'y re- médier. Dans les cas ordinaires du dépouillement, on a vu la itit de l'oiseau traverser facilement le cou, qui se distend assez pour permettre ce passage; mais il en est beaucoup chez qui cette partie trop étroite ne peut permettre le passage de la tête sans se déchirer. On doit alors, dans le lieu où est la ré- sistance, couper le cou en travers. Dans ce cas on pratique, sur la partie postérieure de la peau du cou , une incision longue d'un ponce à peu près et suivant la force de l'oiseau, à travers laquelle on peut achever la dissection de ce qui reste du cou, et vider le crâne du cerveau qu'il récèle, en y introduisant une curette. On doit, en dernier résultat, frotter de savon arsenical les parties voisines et dépouillées, l'intérieur du crâne, etc., puis fermer cette ouverture par une couture bien faite , et surtout sans froisser les plumes qui en entourent les bords. Si cette couture étoit mal soignée, il en résulteroit que la tête perdroit son plus beau charme et tout ce qui peut donner de l'expression à l'oiseau. Quelques oiseaux parmi ceux qu'on appelle himantopèdes, palmipèdes, nocturnes ci gallinacés , offrent plus particulièrement cet obstacle. On ne sauroit trop recommander à certaines personnes d'éviter les tractions trop fortes, lorsqu'on arrive vers la tête, qui, par son volume, pourroit faire rompre la peau du cou. Il faut aussi porter des soins attentifs aux ai- grettes du paon, à la huppe du vanneau , du héron , etc. , que l'on peut soutenir sur l'occiput par des tours de bandes de toile très-fine, et que l'on peut réunir momentanément en un faisceau, pour les étaler ensuite sur la tête, quand l'oiseau sera totalement monté. Les os de la tête sont quelquefois brisés par le coup de feu, de manière que la charpente en fil de fer n'a plus de point fixe pour y être maintenue: dans ce cas on formera la tête en entier avec de la cire , dans laquelle traversera et sera consolidée la lige métallique. 576 TAX Préceptes pour apporter les peaux d'oiseaux exo- tiques et les monter comme dans V état frais. Privés souvent des matériaux et du temps nécessaire pour préparer entièrement les oiseaux , les voyageurs trouveront plus commode d'en apporter simplement les dépouilles, qu'ils pourront ensuite monter à loisir. Je dis même plus, c'est qu'il est bien préférable de les rapporter sans être achevées, parce qu'elles tiennent peu de place, surtout à bord des vaisseaux, où il convient d'en être économe , et sont moins susceptibles d'être froissées, etc. On se bornera donc à les dépouiller, comme nous l'avons déjà indiqué , en apportant cependant plus de soin pour enlever les chairs des cuisses et des ailes. On frot- tera l'intérieur de la peau avec du savon arsenical; on en- tourera de coton les os des ailes et des jambes; on remplira ensuite le cou et le corps de la même substance; les yeux seront enlevés ; l'orbite , frotté de préservatifs , ainsi que l'intérieur des paupières, sera rempli par du coton , sur le- quel les voiles mobiles seront étendus de manière à ne pas offrir de vides, et pouvoir, une fois ramollis, s'étendre avec facilité sur les globes d'émail qui doivent remplacer les yeux. Un point de couture fermera l'incision faite au ventre, qui sera distendu, non pas outre mesure, mais le plus pos- sible; car la plupart des dépouilles séchées d'oiseaux offrent cette cavité singulièrement rétrécie , et le ramollissement ne peut pas toujours la faire revenir d'une manière avanta- geuse. Les peaux dépouillées seront isolées dans du papier fin, et mises dans cette enveloppe de manière que les plumes soient retenues dans leur position, afin d'éviter qu'elles ne soient rebroussées, froissées, etc. Pour monter en définitif une peau ainsi desséchée, on procédera ainsi qu'il suit : 1.° Pour ramollir la peau et l'amener à cet état de sou- plesse désiré, il faut remplir le ventre, sans mouiller les plumes , avec des morceaux de linge imbibés d'eau com- mune , dans laquelle même il est utile d'ajouter un peu d'al- cool. L'humidité ne doit pas être trop prolongée, car elle apporteroit une décomposition rapide; mais, au contraire, elle sera graduée et lente. TAX 377 2." On place la peau dans un lieu frais; on la couvre en entier d'un morceau de linge un peu mouillé, capable de retenir seulement l'humidité, qui a son foyer dans l'intérieur de la peau. On entoure également les jambes avec des mor- ceaux de linge humectés et exprimés; on les appuie sur un morceau de carton, pour ne pas mouiller les plumes cau- dales : on examine de temps en temps les progrès du ramol- lissement ; vingt- quatre heures à peu près suffisent pour les peaux un peu dures, et la moitié de ce temps pour celles d'un foible volume. 3.° On emploie aussi , pour faire ramollir les peaux sèches, les vapeurs de l'eau bouillante; mais ce moyen, plus expé- ditif, a pour désavantage d'altérer certaines couleurs. Par exemple , les reflets dorés de quelques colibris se changent en une teinte de cuivre rouge, qui a bien son mérite pour l'agrément particulier, mais qui dénature l'extérieur du même oiseau aux regards du naturaliste. Voici, au reste, comment on pourra opérer .• on versera de l'eau bouillante dans un vase ; on couvrira l'ouverture avec un morceau de gaze, sus- ceptible de se laisser traverser par les vapeurs; puis on y ex- posera la dépouille séchée, en la présentant sur toutes ses faces, pour la rendre perméable en quelque sorte au ramol- lissement qu'il est nécessaire qu'elle prenne. 4,° Enfin , la peau , susceptible d'être montée , le sera comme dans l'état frais. Nous en parlerons ci -après : Un dernier mode de coijservation consiste à renfermer les oiseaux qu'on veut apporter des contrées éloignées, dans des vases remplis d'une liqueur spiritueuse. Lorsqu'on veut les monter comme à l'ordinaire, on éprouve beaucoup de diffi- cultés pour les dépouiller , surtout par l'adhérence et le ra- cornissement que l'alcool ou le rhum a fait éprouver aux tissus. Les oiseaux ainsi conservés ne peuvent être mis en parallèle avec d'autres, montés dans leur état de fraîcheur, quel que soit le talent qui ait pu présider à leur préparation. Des oiseaux importans pour l'étude ou difficiles à se procurer, doivent seuls être mis dans l'alcool, surtout si des circons- tances particulières ne permettent point de les préserver d'une autre manière. 578 TAX Corps artificiel ou charpente en Jil de fer. Deux modes de fabrication se présentent pour former celte charpente; on pourra choisir celui qui semblera le plus fa- cile et le plus expéditif. Pour le premier mode on a deux morceaux de fil de fer ' , de la grosseur jugée suffisante par rapport au volume de l'oiseau. Ils sont recuits, et l'un d'eux sera assez long pour dépaser de deux pouces la longueur totale du corps de l'oi- seau ; l'autre n'aura simplement que la moitié de cette même longueur. On croise, au tiers à peu près de la tige première- ment indiquée , la plus petite , afin qu'en les tordant ensemble, les contournant par suite, les réunissant de nouveau, on puisse obtenir un ovale, qui doit supporter les fils de fer des pieds, et remplacer, en quelque sorte, le plus grand diamèlre du corps de l'oiseau. Les deux bouts restant après la formation de l'ovale, sont coupés à une égale distance, puis redressés de manière à pouvoir s'engager dans le bulbe delà queue et soutenir cette dernière, La portion supérieure du fil de fer simple, partant du point de réunion pour former l'ovale ou le corps, est destinée, élant aiguisée à son extré- mité, à traverser l'épaisseur des os du crâne; et nous dirons plus loin comment le corps spongieux, destiné à reiuplir le cou, doit l'entourer ou la précéder. (Procédé de Levaillant.) Le deuxième mode pour la fabrication de la charpente en fil de fer paroît plus simple en lui-même; mais il est désa- vantageux dans bien des cas. Pour le pratiquer, une seule tige de fil de fer suffit (toujours proportionnée à la force et à la pesanteur relatives de la masse de l'oiseau ), A son som- met on fait une boucle , en tordant l'extrémité avec le bec à corbin ; on en fait encore une vers l'endroit où sortent les os des ailes, et après avoir laissé sur la tige la longueur me- surée depuis la tête jusqu'à ce même point de naissance des humérus. Enfin, on termine par une troisième boucle, avant la naissance de la queue, destinée à recevoir les deux 1 Le fil de laiion rrcuit est préftraMe au fil de fer en plusieurs cas; mais il devient indispensable dans les colonies , où le fil de fer s'oxide, et par suite se rompt au moindre naouvement. C'est un fait d'observation. TAX 379 fijs de fer des pieds, et qui, concourant à leur entrecroise- ment, permette une solidité égale et relative entre chaque support des parties de Foiseau. La première boucle est destinée à être logée dans le crâne, en passant par le trou occipital. Elle y est maintenue par des flocons de chanvre ou de coton, que Ton bourre dans cette cavité, jusqu'à ce qu'elle soit exactement remplie, et ne puisse permettre à la tige centrale aucun vacillement. La deuxième, calculée d'après la longueur du cou, se trouvera vis-à-vis les os des ailes; lesquelles , dans ce procédé , doivent y être attachées par des fils, tandis que, dans le pre- mier mode, elles sont seulement réunies entre elles, et ne tiennent point à la charpente métallique. Enfin, la troisième reçoit, comme nous l'avons déjà dit, les deux tiges des pieds, dont l'extrémité est tordue dans cette boucle, entourée de tours de ficelle, pour plus de solidité, chez les gros oiseaux, et qui doivent s'identifier en quelque sorte avec le reste de la tige centrale. La manière de former la tige principale , sur laquelle on mo- dèlera le corps de l'objet à préparer, nous paroissant suffisam- ment décrite, nous allons indiquer actuellement comment on doit entourer de chanvre la tige destinée à traverser le cou dans le premier mode. Depuis l'ovale jusqu'au point où doit se terminer la longueur vraie du cou , on établit s> (Dufresne.) Des Mollusques. Les mollusques nus exigent seulement , pour leur conser- vation , d'être placés dans des liquides spiritueux, avec les précautions exigées à cet efifet {^ voyez Préparations humides). II sera nécessaire deles faire dessaler à l'eau douce avant de les placer dans les vases , et d'essuyer les mucosités inhérentes TAX 4i5 à plusieurs espèces, comme on peut s'en convaincre par les limaces, les doris, qui troublent la transparence de la li- queur, qu'elles affoiblissent , ce qui oblige souvent à visiter les flacons pour y ajouter d'autre liquide spiritueux. Quel- ques autres groupes, comme ceux des poulpes, des calmars, des aplisies surtout, laissent suinter des humeurs opaques, qui teignent les liquides de ces mêmes vases de diverses couleurs- Les mollusques testacés, au contraire, doivent être soumis à une légère ébullition, qui puisse permettre, avec un poin- çon efiîlé , d'enlever la coquille de l'animal qui y est logé. Le mollusque dessalé est alors plongé dans des liqueurs spi- ritueuses, et porte sur son vase un numéro correspondant à celui de sa coquille, qui sera renfermée à part ou préparée d'après les procédés que nous allons signaler. Il est bon d'observer qu'on doit conserver aux coquilles destinées à entrer dans des collections faites pour l'étude , l'en- veloppe qui leur est propre, le drap marin; qu'elles ne doi- vent être débarrassées que des matières hétérogènes qui y se- roient attachées. Pour nettoyer les coquilles marines au gré des amateurs, il faut avoir le soin de les mettre tremper dans de l'eau d'a- bord simple , puis légèrement chargée d'acide nitrique ou muriatique afToibli. On en frotte la surface avec une brosse un peu rude , et on continue les frottemens autant qu'ils sont nécessaires. Le premier lavage suffit pour enlever le drap marin ou le limon attaché à leurs parois, et les frottemens font disparoitre les matières plus tenaces qui pourroient y adhérer. Les coquilles devenues nettes, on cesse les frottemens avec la brosse pour se servir de pierre-ponce, afin de leur donner de l'éclat , et Ton termine par passer sur leur surface du tri- poli, réduit en poudre très-fine et étendu avec une brosse molle. Quelques personnes frottent la surface des porcelaines, des harpes, avec de l'huile d'olive ou de ben. Afin de flatter les regards, on voit des curieux se servir d'une lime très-fine pour enlever les couches extérieures des coquilles jusqu'à la portion nacrée. Cette opération , qui défigure le test, ne doit être pratiquée que sur des échantillons en plusieurs doubles, -qui ne doivent plus être admis dans un cabinet de natura- 4i6 TAX liste. Il faut une grande patience , une minutieuse attention , pour ne pas briser les fragiles lames de nacre que l'on veut conserver. Enfin on emploie , dans le même but , un vernis qu'on étend sur leur surface, ou bien une dissolution très-claire et peu épaisse de gomme arabique. Les vernis employés sont le vernis blanc et celui formé avec la gomme copale et l'éther, ou celui que compose seulement un blanc d'œuf bien battu. L'emballage des coquilles exige des soins attentifs. 11 est nécessaire de se procurer des boîtes en bois mince, divisées par compartimens susceptibles de recevoir des couches de coton, sur lesquelles on pose chaque coquille, entourée de la même matière; il est nécessaire aussi d'en placer dans l'in- térieur et de faire en sorte qu'il ne puisse exister de vide sous le couvercle de la boite. On sentira davantage le besoin, de surveiller cette opération , d'après la fragilité extrême de quelques parties des coquilles, telles que les nauliles, les huî- tres épineuses , les murex, etc., dont le frottement briseroit les parties ténues et les portions saillantes , arrondiroit les Angles et ôteroit de la valeur aux individus ainsi mutilés. Des Crustacés. Les animaux compris sous ce titre ont pour caractère, sui- vant les naturalistes, un corps et des pieds articulés, à double circulation , respirant par des branchies; à pieds jamais au nombre de moins de cinq paires; à antennes presque cons- tamment au nombre de quatre; au moins six mâchoires, mais privées presque constamment d'une lèvre inférieure. En général il est indispensable, pour apporter des crustacés dans les longs voyages , de se procurer des boîtes dans les- quelles on puisse placer ces animaux de manière que leurs antennes fragiles, leurs pattes articulées, ne puissent être brisées. On prodiguera le coton autour de toutes leurs par- ties; on les fixera même au fond des boîtes par des bandes de papier collé ou par tous les moyens suggérés pour obvier à leur vacillement et fournir des résultats satisfaisans. Tous les crustacés marins doivent être dessalés à l'eau douce ^vant d'être desséchés, puis placés à l'air libre, après toute- TAX 417 fois avoir enlevé les chairs, comme on le pratique pour cer- tains groupes énumérés plus bas. Une autre précaution consiste à envelopper les crustacés de papier de soie , pour que les parties qui viendroient à se hriser, ne puissent s'égarer , et soient susceptibles au retour d'être remises dans leur position respective. ] .° Dans les crustacés décapodes brachyures , le grand genre Crabe s'offre le premier. Un des côtés de son enveloppe cal- caire se détache avec facilité. On enlève les branchies et les chairs: on place du préservatif, puis on remplit de coton l'intérieur de la croûte calcaire , que l'on rajuste ensuite en en collant les bords. Il est facile ensuite d'enlever la substance contenue dans les pattes, en détachant la petite pince. On arrache par l'ouver- ture qui en résulte les chairs contenues; puis on recolle cette pince détachée avec un peu de colle forte. 2.° Dans la classe des décapodes macroures, les écrevisses n'exigent que la dessiccation. L'action du feu , de l'alcool ou des acides, rougit leur enveloppe et leur donne cette cou- leur vive et peu naturelle qu'on remarque à plusieurs dans di- verses collections. Le Bernard-l'ermite {cancer Bernhardus , L.) est enlevé de la coquille de mollusque qu'il s'approprie pour se loger. On vide , par une petite incision faite sous la queue , le corps de ses chairs intérieures; on introduit à la place du coton, puis on le laisse sécher: on fixe ce crustacé dans la coquille dont il lui a plu de s'emparer, en le collant avec de la gomme arabique. Les langoustes demandent assez de pré- cautions lorsqu'on vide leur corps , pour ne pas briser leurs antennes, très-longues et très-fragiles. Une fois que tous ces crustacés sont parfaitement secs et lavés sur leur surface des malpropretés qui peuvent y être attachées, on peut sans in- convénient passer un vernis, qui, en redonnant leur fraîcheur première, aide puissamment à leur conservation. On doit aussi chercher à soustraire ces animaux à l'influence de l'hu- midité, qui leur est singulièrement défavorable , et qu'ils at- tirent surtout quand ils sont mal purgés du sel marin. Les salicoques en général n'exigent que la dessiccation à l'air libre , ou l'immersion dans une eau fortement chargée de sel, d'alun ou d'eau-de-vie. 52. sty 418 tAX Quant aux homards proprement dits , M. Nicolas indique leur préparation de cette manière , et l'on pourra l'utiliser pour les espèces qui appartiennent à la même division natu- relle. « Les homards peuvent être séparés en deux parties , « en détachant la queue de son insertion avec le corps. On <£ vide ces deux parties à l'aide d'un crochet de fil de fer « ou d'un long cure-oreille; on introduit ensuite du préser- « vatif dans l'intérieur, et après les avoir remplies de coton, « on rejoint, au moyen d'un peu de colle forte , les deux « parties séparées; on remet les jambes en place et on laisse « sécher l'animal. ^^ Des Zoophytes ou animaux rayonnes. Cette famille, dont l'organisation est si singulière, manifes- tement plus simple que celle des autres êtres du règne ani- mal , a eu pendant long-temps des individus revendiqués par les règnes végétal et minéral , avec lesquels , au reste , par des chaînons qui se lient insensiblement , elle a les plus grands rapports. Les moyens conservateurs, en général très-bornés, se ré- duisent à peu près à ceux que nous énumérons ici. Pour les vers , les immersions alcooliques suffisent. Pour les étoiles de mer , on se borne à la dessiccation. Quant aux oursins, ils exigent de la patience et de l'adresse pour re- monter leurs tentacules, et, enfin, les saxigènes n'ont besoin que d'être emballés avec les précautions sur lesquelles nous avons déjà donné assez de détails; mais sur lesquelles nous allons revenir, car nous ne saurions trop les répéter. Il y a des madrépores fragiles que Ton doit envelopper avec soin et ficeler dans des enveloppes de papier Joseph , puis environner de corps spongieux et mous, comme le crin, la mousse , le sable , la laine , le coton , tout ce qui pourra enfin remplir les vides avec exactitude ; éviter de ranger dans une seule caisse plusieurs de ces objets plus pesans, qui peuvent se briser en s'entre-choquant. On conseille d'envelopper quel- ques madrépores fragiles avec du papier mouillé, qui, en se desséchant, solidifie et soutient leurs parties délicates. Les morceaux de corail ou ceux qui sont couverts d'efïlorescences fugaces et colorées, seront fixés dans le fond des caisses par TAX 419 de la cîre d'Espagne ou un mélange de cire, rendue gluante par de la térébenthine ou par des ficelles passées dans des trous faits au fond de ces mêmes boites. 1.° La famille des Helminthes ou Vers intestinaux, qui se compose des vers aplatis, comme les douves, les tœnias , les iinguatules et les ligules, et des vers arrondis, comme les as-, carides , les strongles , les crlnons , les flaires, les dragoneaux ^ les hjdafides, etc., réclame uniquement l'emploi de liqueurs spiritueuses et leur suspension dans des vases appropriés. 2." Les astéries ou étoiles de mer, abondantes sur les côtes maritimes, où la mer, en baissant, les laisse sur le sable, veulent être dessalées dans de l'eau douce, puis adaptées sur de petites planches avec des épingles enfoncées sur le bord de leurs rayons. Leur dessiccation s'opère lentement et d'une manière durable, et, une fois terminée, permet leur arran- gement dans des couches de coton, pour leur faire atteindre des distances éloignées. La tête de Méduse et quelques autres ophiures exigent peut-être des soins de dessiccation plus suivis et mieux dirigés. 3.° Les oursins ou hérissons de mer (radiaires). Les oursins, animaux marins, arrondis, ont pour enve- loppe extérieure une croûte calcaire solide, hérissée d'épines ou de lames mobiles, formée de pièces régulières, comme articulée , percée de trous nommés ambulacres , disposés par lignes qui partent d'un centre et qui laissent sortir des ap- pendices ou tentacules , appelés improprement des pieds , au nombre quelquefois de quinze cents. Ces tentacules fra- giles réclament les plus grandes précautions, surtout celles de l'espèce dite oursin à baguettes. Tous les oursins sont vidés par l'anus, dessalés dans l'eau douce, puis l'intérieur est rempli de coton. Une fois secs, on les isole dans des boîtes particulières, enveloppés de co- ton, de mousse, etc., et s'ils sont petits, on en met plu- sieurs ensemble. Résumons ce qu'a dit M. Dufresne relativement à l'oursia à baguettes. L'oursin étant vidé et rempli de coton, on doit, par tous les moyens possibles , essayer de faire dessécher chaque ten- 420 TAX tacule dans sa place respective, et pour y parvenir, il faut placer du coton entre tous les espaces qui isolent ces ba- guettes. Les mêmes précautions sont réclamées pour son pla- cement dans des boîtes. Suivons le même auteur dans la manière de remonter les baguettes qui se seroient détachées entièrement ou partiel- lement, pourvu qu'on ait eu le soin de les conserver. «Toutes les places des baguettes, dit M. Dufresne, sont in- « diquées sur la coquille de l'oursin par autant de tubercules ^^ qu'il faut de baguettes. On se procurera un instrument, « connu sous le nom de tour à archet. Cette machine est « ordinairement accompagnée d'une douzaine de petits fo- « rets. Avec l'un des plus petits , on percera un trou à chaque ^ baguette ( par le bout qui doit être fixé à la coquille) de « trois à quatre lignes de profondeur. Lorsque les ouver- « tures seront pratiquées, on introduira une aiguille dans le « trou. Pour que l'aiguille tienne bien, on y mettra un peu « de gomme arabique ou de colle de poisson chaude. Les « baguettes ainsi préparées , on remplira la coquille de « l'oursin avec de la cire à frotter fondue ; on aura soin de c< boucher toutes les ouvertures de l'oursin pour empêcher f< que la cire chaude, au moment ou vous vous en servez, ^s. ne s'échappe. Lorsqu'elle sera bien figée , vous ferez un « trou au milieu de chaque tubercule ; ensuite vous disposerez « en rond toutes les baguettes sur une table , et déterminerez « la place que chacune doit occuper sur la coquille , par « rang de taille ; prenant ensuite une des baguettes supé- « rieures, vous faites chauffer à la chandelle le bout de it l'aiguiîle qui dépasse la baguette , et vous l'introduisez « toute chaude encore dans le trou du tubercule auquel « elle appartient. La cire qui est dans l'intérieur de la co- « quille et qui s'étoit fondue par l'intromission de l'aiguille « chaude , se fige bientôt après , et maintient la baguette dans « la position qu'elle doit avoir et conserver; vous ferez de « même pour toutes les autres baguettes , et l'oursin re- « prendra ses formes naturelles. » 4.° Les méduses, béroés, porpites, anémones de mer ou actiuies ( malacodermes). Ces animaux, flottans sur les eaux de la mer ou adhérens TAX 421 aux rochers et aux plantes marines , se présentent sous l'as- pect de corps mollasses, garnis de tentacules frangés et co- lorés comme les pétales des fleurs chez quelques espèces , ressemblant à des champignons chez d'autres. Ils ont tous un axe cartilagineux, et leurs chairs contiennent des particules très- friables. Tous réclament l'emploi de liqueurs très-affoiblies, ou se conservent assez bien dans un mélange d'eau et de a i- naigre. Les placer dans l'eau douce pendant deux ou trois heures; tenir les rameaux ouverts pendant leur dessiccation , sont les moyens simples , mais imparfaits, que demande la conser- vation d'un petit nombre d'espèces. 5.° Les madrépores, miilépores, etc. (saxigènes ou poly- piers pierreux ). Les animaux ainsi désignés ne sont guère connus que par leur demeure, qui simule pour l'ordinaire des plantes pétrifiées, des agglomérations pierreuses, etc. Les attentions d'un emballage soigné et celles de propreté, sont les seules que Ton doive avoir pour ces objets, parmi lesquels il y en a de très -fragiles. Les madrépores , qui présentent à leur base une ouverture, permettront qu'on puisse les maintenir solidement au fond des caisses, où on les fixera après les avoir enveloppés de mousse, de son, de rognures de papier, d'ouatte, d'apocy- nées, pour remplir tous les vides. 6° Lesvérétilles, ombellules, pennatules ou plumes de mer, coraux, corallines , alcyons, éponges, etc. ( cératophytes). Cet ordre, le dernier du règne animal (à part les infu- soires), se lie évidemment aux règnes végétal et minéral. Dessaler à l'eau douce ces objets, que l'on fera sécher et qu'on enveloppera avec les précautions suflisamment indiquées. Les éponges, bien lavées et débarrassées des matières cal- caires qui souvent les entourent , sont blanchies à l'aide de l'acide muriatique étendu d'eau. De la conservation des objets d'histoire naturelle par des liquides spiritueux , salins , acides , etc. Cet article sera tout entier emprunté au naturaliste Péron. 422 TAX II renferme tout ce qu'il convient de faire pour préserver, dans les contrées équatoriales , les collections des atteintes et des vicissitudes d'une atmosphère éminemment destructrice. Seulement nous y avons intercalé quelques faits que nous croyons propres à offrir des résultats également avantageux. (Voyez Voyage aux Terres australes, t. 2, page oyS.) « Un animal d'une espèce quelconque étant donné, le « conserver le plus sûrement, le plus parfaitement possible. « avec la plus petite quantité d'une liqueur alcoolique la « moins forte possible. ^^ Pérou. §. 1." Des ligueurs les plus propres à la conservation des animaux. Un mouvement intérieur, nommé putréfaction, tendant à séparer et à rendre à leur unité primilive les élémens qui composent les corps , s'empare des substances animales et végétales immédiatement après la cessation de l'acte appelé la vie, et anéantit ainsi les formes, les caractères des indi- vidus sur lesquels la science veut porter son analyse en s'éclairant de nouvelles observations. On a dû chercher alors à préserver de cet acte destructeur (vrai but de la nature, qui détruit pour créer ) les corps qu'il importoit de con- noître, et l'on y est parvenu en les plongeant dans des li- quides qui empêchent la réaction de ces mêmes élémens constituans : ce sont ces liquides que nous devons indiquer ici. j.° Les liqueurs aqueuses dissolvent les diverses parties des corps; n'empêchent point la putréfaction; mais, au con- traire , l'accélèrent et ne peuvent servir qu'à dessaler les animaux marins ou laver ceux qui sont recouverts de mal- propretés. L'eau chargée d'alun dissous , resserre bien un peu la fibre animale, mais d'une manière si foible, qu'on ne peut guère compter sur des résultats bien constans. Quant à l'eau surchargée de sel marin , on borne son usage aux fruits, qu'elle peut préserver quelque temps, 2.° L'essence de térébenthine , usitée par quelques prépa- rateurs, dénature les tissus, et, de plus, a l'inconvénient de devenir épaisse et visqueuse : on doit en rejeter l'emploi. 3.° Les huiles peuvent servir à préserver quelques ani- maux mous, comme certains poissons. TAX 425 4." Le sel marin (muriate de soude) ' ne permet pas de compter sur de bien grands avantages. On lui reproche d'al- térer les formes , les couleurs même des objets qu'on lui soumet. Quelques poissons, munis d'une peau épaisse et dure, paroissent mieux réclamer la salure; dans ce cas, on doit fréquemment épuiser la saumure en l'évacuant et en ajou- tant de nouveau sel dans le baril qui les contient. Des salaisons faites avec quelques soins doivent être em- ployées pour les peaux volumineuses d'animaux qui conr sommeroient plus de savon arsenical qu'on ne doit en em- porter dans un voyage ordinaire. On trouve cependant dans le Journal médical and phjsical, 1818 , rindication de substituer à l'alcool pour la conservation des pièces anatomiques, et, par suite, de celles d'histoire naturelle, l'emploi de l'eau saturée de sel. solide'. Ce pro- cédé, indiqué parle chirurgien W. Cooke, lui a fourni, dit- il, des résultats, en apparence avantageux : je dis, en appa- rence, parce que les pièces conservées par ce moyen n'ont pas une date assez prononcée pour qu'on puisse l'adopter entièrement. 5." Le sublimé corrosif, proscrit par le naturaliste Pérou, qui énumère les dangers que l'emploi de cette substance, éminemment vénéneuse, peut entraîner, offre cependant aux anatomistes un moyen énergique et actif, qu'on doit employer dans une foule de cas, en prenant, au reste, les précautions nécessaires pour se soustraire à son action. Ce sel , dont les propriétés momifiantes ont été signalées par le savant professeur Cliaussier, opère une dessiccation durable 1 Le sel marin entre cependant dans une composition employée pour préserver les peaux, mais qui est tombée en défaveur, et à bien juste titre. Elle consistoit ù pren<3re deux livres de sel commun, quatre onces de vitriol romain , buit onces d'alun , qu'on faisoit fondre dans trois pintes d'eau bouillante : on y plongeoit la peau après l'avoir dépouillée de la graisse; on l'agitoit pendant une demi-heure; on la laissoit dans la même eau pendant vingt-quatre heures; on renouveloit l'eau. Deux jours après, on retiroit la peau, qu'on faisoit sécher sans l'exposer ai| soleil, et à l'air libre seulement. 2 On appelle en Angleterre sel solide j du muriate de soude plus puy que celui du commerce. 424 TAX et rapide, réagit puissamment sur le composé animal, mo- difie sa natitre d'une manière particulière, et rend inalté- raJ)les les pièces qui en ont été suffisamment pénétrées; il facilite leur dessèchement à l'air libre, de telle sorte, que jamais, par la suite, elles n'éprouvent le moindre mouve- ment de décomposition. Le sublimé semble se combiner tout entier, et la liqueur, qui ne peut contenir qu'une foible proportion de ce sel peu soluble, est bientôt épuisée si l'on n'a le soin d'y suspendre des nouets remplis dune nouvelle dose de sublimé, qui s'y dissout peu à peu et entretient la saturation de l'eau, sans foimation de muriate doux. Enfin il arrive un point ue saturation où la liqueur cesse de perdre, et, par suite, d'en dissoudre. On peut alors retirer la pièce et la laisser sécher. Cependant on conçoit que ce moyen de conservation ne pourroit nullement convenir à la majeure partie des objets d'histoire naturelle qu'il est important de conserver, mais non de dessécher au point porté par le sublimé. Dans ce dernier cas on se sert d'eau rendue active par du vinaigre, dans laquelle on ajoute de foibles doses de sublimé corrosif, d'une manière tellement graduée, que les tissus des animaux qu on y soumet ne contractent ni raccornissement ni rigi- dité ; ce qui seroit une suite immédiate d'une eau chargée de ce sel à saturation complète. 6." Les acides, antiputridi-s reconnus , apportent dans les tissus des changemens notables. Ils concrètent l'albumine et dissolvent la géialine. Les acides minéraux désorganisent ces mêmes tissus; on ne doit compter que sur l'acide acétique (vinaigre commun), qui, saturé de sel commun et dans le- quel a digéré une forte quantité de poivre ou de piment sec très- fort, peut servir avec quelque apparence de succès à la conservation des objets d'histoire naturelle. 7." Le vin rouge, sur lequel on a versé de la dissolution nilreuse de mercure , doit encore être employé par les navi- gateurs qui n'auroient pas d'autres moyens pour apporter les collections. Les coffres de chirurgie sont habituellement munis de ce dernier objet. Dans ce mélange, le vin filtré pour l'usage a perdu sa couleur naturelle. 8.° Nous devons seulement indiquer ici que certaines fon- TAX 425 taines tiennent en dissolution de la chaux carbonalée , et qu'en y baignant pendant plus ou moins de temps des végé- taux, de petits animaux même, on les retire recouverts d'une couche épaisse de ce sel, qui leur fait conserver leur forme primitive. 9." J'ignore encore toute l'utilité que l'histoire naturelle doit retirer de l'immersion de ses produits dans l'acide pyro- li- gneux ; mais si les espérances annoncées ne sont point falla- cieuses, il est permis de compter sur des résultats importans. 10.° Liqueurs alcooliques. Le seul moyen conservateur sur lequel on puisse raisonnablement compter, et dont les résul- tats sont les plus constans et les plus utiles, réside dans l'em- ploi des liqueurs spiritueuses, et plus spécialement dans l'u- sage de l'eau-de-vie ou de l'alcool obtenu par la distillation du vin. Le rak , l'arak , le tafia , le rhum , l'esprit de grain , l'eau-de- vie de genièvre, etc. , que les navigateurs pourront se procu- rer avec facilité dans les pays qui produisent ces liquides , quoi- que jouissant en apparence des mêmes propriétés que l'alcool rectifié ou aqueux , produits de la distillation vineuse , sont cependant bien inférieurs dans l'emploi qu'on en fait pour les collections zoologiques. Il est inutile d'indiquer sans doute que ces liqueurs, qu'on peut se procurer avec plus de faci- lité dans les contrées qui les produisent, doivent être pré- férées dans ce cas, tant à cause de l'abondance, que de la Dîodicité de leur prix. Au reste, on les choisira le plus privés possible des prin- cipes inhérens aux substances qui les fournissent. Cependant les liqueurs alcooliques ont un désavantage, celui de raccornir les tissus et de les dénaturer. On est parvenu à annihiler un peu cette propriété, en graduant la force intrinsèque du liquide spiritueux avec le volume de l'objet qu'il doit pé- nétrer; en résumé , on doit s'aider des données suivantes pour choisir le liquide le plus capable d'aller au but qu'on veut atteindre. Plus la transparence des liqueurs spiritueuses est grande, plus leur bonté pour les collections est reconnue. Plus elles sont concentrées, plus elles allèrent les cou- leurs. 4!^6 TAX On doit les prendre dans les degrës les plus foibles, s'il est possible, sans être obligé de les affoiblir soi-même. L'alcool pur déhuit les couleurs animales. Très-concentré, il désorganise les tissus. Dans ce cas, uni aux acides, Talcool a fourni d'excellens résultats. AfiToiblies par Teau et ramenées, par conséquent, à un degré moins fort, ces liqueurs paroissent jouir d'une action plus défavorable que les spiritueux qui égalent naturelle- ment la force factice qu'on leur a donnée. On se rappellera pour les bocaux placés à demeure, que l'alcool devient lai- teux quand on s'est servi d'eau commune au lieu d'eau dis- tillée. En général , il suffit d'employer une liqueur alcoolique de seize à vingt-deux degrés de l'aréomètre de Baume, en gra- duant la liqueur sur la force et la pénétrabilité de l'objet à conserver. Pour les gros animaux on emploira la liqueur la plus concentrée. Si l'on étoit privé d'esprit de vin , on pourroit ajouter à la force ordinaire des liqueurs qui en tiendroient lieu, par du camphre dissous, qui, sans ajouter à leur force aréométrique, leur donne un degré d'énergie suffisant pour la conservation des animaux. On n'a pas à craindre, comme par l'alcool déflegmé, l'altération des couleurs. Une combinaison dans les proportions suivantes paroît êtrp tres-convenable pour les animaux mous : eau pure , deux parties; alcool, une; sulfate d'alumine, deux onces, par litre de liquide. La liqueur de Guyot , ayant joui d'une réputation assez étendue, doit être indiquée ici pour les personnes qui, dans les colonies, désireroient en faire usage. Prenez vingt pintes de la meilleure eau -de-vie de Cognac, dont on retire par la distillation cinq pintes d'esprit ; on ajoute ensuite à ce qui reste , parties égales d'eau de puits et une livre de fleurs ou de feuilles de lavande verte; on distille de nou- veau jusqu'à siccité ; cela fait, on prend onze parties de l'esprit de vin qui a passé dans la première distillation ; on les mêle avec soixante -neuf parties d'eau de puits et on ajoute à ce mélange parties égales de la liqueur fournie par la distillation. On obtient ainsi la liqueur conservatrice dp TA.X 427 Guyot, qui est de la plus grande limpidité, dont la saveur est un peu amère, dont l'odeur est légèrement aromatique, qui ne contient guère qu'une partie d'alcool sur treize d'eau. L'anatomiste Monro ajoutoit, à petites doses, de l'acide nitrique ou de l'acide muriatique aux liqueurs dont il se servoit. Le célèbre Ruysch faisoit usage d'esprit de vin dis- tillé avec le poivre noir, le cardamome et le camphre. §. 2. Méthode pour disposer les animaux dans les vases. Avant de plonger des objets quelconques d'histoire natu- relle , on doit, pour premier soin , les nettoyer, les laver ou les faire dégorger dans plusieurs bains d'eau simple, à une douce température; mais on doit surtout faire dessaler les animaux marins, notamment les crustacés, qui se gàte- roient irrémédiablement sans cette attention. On doit enfin surveiller sans cesse les objets immergés, changer ou ajouter des liqueurs quand celles des vases s'affbiblissent, et porter tous ses soins à adapter avec justesse et solidité les disques des flacons. Dans les voyages sur mer on doit préférer aux vases ronds des vases en verre noir et fort, régulièrement carrés , qu'on peut mieux ranger dans des caisses également quadrilatères. Les inconvéniens qui résultent de l'abandon à leur propre poids des animaux qu'on veut conserver dans les liquides , sont : Que le mucus, les alimens, les excrémens, qui ne peu- vent se détacher, hâtent la corruption de l'animal. Que les reptiles, les poissons, etc., tendant à se préci- piter au fond du vase, ont alors quelques-unes de leurs par- ties soustraites à l'action de l'alcool ou ensevelies sous une couche épaisse de mucus, et qu'ainsi la corruption doit s'étendre rapidement et de proche en proche. M. Dufresne , auquel on est redevable du meilleur traité de taxidermie que nous ayons, indiquoit, avant feu Péron , un procédé que ce dernier a signalé comme singulièrement défectueux, mais que nous pensons cependant être plus à la portée des personnes pour qui nous écrivons. On va le lire textuellement 4=8 TAX « Les liqueurs spiritueuses , dit-il, sont encore préférables « à tous les moyens de préparations.... Nous recommandons « aux voyageurs de mettre dans la liqueur le plus de pois- « sons qu'ils pourront. Nous allons indiquer les précautions « à prendre pour leur transport. t< Dans les voyages de long cours, on se munira de petits « tonneaux, de trente à soixante pintes, cerclés en fer: on « fera pratiquer à l'un des fonds une espèce de soupape, « taillée en biseau, à peu près de six sur quatre pouces « d'ouverture; on remplira une de ces petites barriques, aux « deux tiers seulement, de liqueur spiritueuse. Lorsque l'on « aura un poisson à conserver, on prendra des notes sur cet « individu, sur l'endroit où il aura été péché, s'il est mâle « ou femelle, s'il est bon ou mauvais à manger, si on le sale « dans le pays; enfin on prendra des pêcheurs tous les ren- « seignemens qu'ils pourront en donner; cela fait, on enve- « loppe le poisson dans un morceau de linge et on le coud ; « ensuite on lui attache une petite plaque de bois, sur la- « quelle on aura gravé avec la pointe d'un couteau un nu- « méro en chilïre romain , correspondant à celui de la note « qu on aura prise ; ensuite on déposera le poisson ainsi ar- « rangé dans le petit tonneau par la soupape, que l'on re- « fermera bien hermétiquement, pour que la liqueur qu'il « contient ne s'évapore pas. « S il arrive que quelques-uns des poissons qu'on voudra « conserver aient le ventre très -gonflé par les ovaires, on « fera une incision à l'anus et on le plongera vers la partie « antérieure du ventre, afin d'en extraire les œufs, qui, « s'ils n'étoient ôtés , atfoibliroient promptement la. li- « queur. « A mesure que l'on aura déposé dans la barrique à peu « près un lit de poissons, on y mettra un lit de coton ou de 52. ' a« ■ 434 TAX les derniers mois d'une campagne reste-t-il la force de sous- traire aux nombreuses causes de destruction des climats équa- toriaux les récoltes, qui, indépendamment delà peine qu'elles ont nécessitées, des dangers et des fatigues qu'il a fallu bra- ver, exigent encore une surveillance journalière et des soins de tous les instans. L'illustre Commerson a consacré pour les na- turalistes voyageurs une grande vérité, présentée sous une lo- cution triviale: ainsi s'exprime-t-il dans ses manuscrits inédits: « Je suis tenté de comparer un navire à une souricière. Cha- « cun de ceux qui passent la planche entrevoient sans doute « un petit morceau de lard. Une fois les voiles déployées, « c'est la trappe qui tombe, la souris est prise, il n'y a pas « à s'en dédire , et il ne reste plus que les barreaux à ronger. * Ceux qui se consacrent à ce genre de recherches ne doivent donc ambitionner pour leurs fatigues que leur propre estime, ne point envier celle des autres, rester indifférens à l'oubli, et ne conserver le souvenir que des personnes dont la voix généreuse s'est élevée en faveur de leurs travaux. Nous au- rions beaucoup à dire sur ce sujet, mais ce n'est ici ni le temps, ni le lieu. Nous pensons donc qu'avant de s'embarquer pour une cam- pagne de découvertes, dont la durée présumée est au moins de trois années, on se munira de tous les objets indispensa- bles pour assurer la réussite de l'entreprise. Dans le voyage autour du monde de la corvette la Coquille, nous avons eu suffisamment des objets désignés ci -après et dans les quan- tités suivantes, et cependant nos collections ont été aussi nombreuses que variées, et aussi bien conservées qu'il est humainement possible de le faire. Esprit de vin incolore, trois cents litres. Pour le conserver sans perte ni évaporation , il est nécessaire de le renfermer dans des vases en cuivre, de forme carrée, nommés en Pro- vence estagnons , ayant un goulot étroit, fermant par un bou- chon en métal et à vis. Cet esprit de vin sera plus ou moins étendu d'eau , suivant les objets à conserver et d'après les règles indiquées aux préparations humides. Bocaux en verre fort et blanc , trois cents : leurs dimensions varieront; cependant nous conseillons de les avoir tous de forme quadrilatère , de même hauteur , pour remplir dea TAX 43f caisses qui seront faites d'avance , et où jls seroient même emballés, de manière que, remplis de liquide et d'animaux , ils puissent ne rien craindre du roulis et du tangage. Les caisses seront assujetties par des taquets, dans le lieu que l'officier chargé du détail aura désigné pour cet objet. Les bocaux de quinze litres seront en petit nombre; mais ceux d'un à trois litres sont les plus avantageux et doivent être en grand nombre. Le col des flacons sera rond. On se munira de cinq cents bouchons de liège, taillés par un homme habi- tué à ce genre d'ouvrage sur l'ouverture des vases. Mastic ou lithocoLle de Péron , vingt-cinq kilogrammes. Nous devons observer que le brai sec du bord est tout aussi bon , et que, quant au lithocolle de Péron, il est juste de dire que c'est bien à tort qu'on lui en attribue la composition. Elle étoit connue de temps immémorial par les maîtres calfats des ports, qui s'en servent pour fermer les vases et autres objets envoyés dans les colonies. Sublimé corrosif, renfermé dans un vase en verre, bouché à l'éuieri et toujours serré dans le coff're à médicamens, cinq cents grammes. Les autres objets indispensables sont: 1.° Plomb laminé, de l'épaisseur d'une feuille de carton mince, pour faire des étiquettes, trois pieds carrés. 2." Un emporte-pièce, de la grandeur d'un sou, avec une série de dix petits numéros en poinçons. Les numéros, ainsi gravés sur le plomb, servent à désigner chaque bocal, et ce numéro est répété sur une liste où sont inscrites toutes les notes relatives à Pobjet qui y est renfermé. 3." Trois fusils de chasse avec leurs fournimens; quatre cents livres de plomb de chasse de toutes grosseurs, et sur- tout du fin, et cent livres de poudre iine. Le navire suffit aux besoins non prévus par de la poudre à canon. 4." Deux boites en fer-blanc un peu aplaties pour la chasse et pour la botanique. 5.° Savon arsenical, vingt - cinq kilogrammes, renfermé dans un petit baril. 6." Douze boitrs doublées de liège et s'emboîtant les unes dans les autres, pour insectes. 7.° Quinze rames de papier pour plantes, et einquante 436 TAX kilogrammes de vieux papier pour envelopper les minéraux, Tflles sont les quantités des principaux objets que nous croyons convenable d'emporter pour une longue campagne, et ils nous paroissent bien suffisans, d'autant plus qu'on doit éviter avec soin toute espèce d'encombrement. Les instru- mens n'y sont point compris, ainsi que plusieurs autres choses dont on sentira la nécessité par la lecture des articles précé- dens. Quant aux soins à prendre à bord des collections , ils doivent varier suivant le local qui est affecté à leur conser- vation, aussi il seroit fort inutile d'entrer dans des détails qui alongeroient singulièrement cet article sans grande uti- lité. (R. P. Lesson.) TAXODIUM. [Bot.) Voyez Schubertia. (Poir.) TAXUS. (Bot.) Voyez If. ( L. D. ) TAXUS. (hUinim.) L'un des noms latins qui désignent l'es- pèce du blaireau. Notre vieux nom François laisson, qui se rapporte au même animal, en dérive évidemment. Jonston attribue au porc la dénomination de tarus porci- nius, et Erxleben rapporte à Pespèce du coati celle de taxus suillus, d'après une mauvaise figure d'Aldrovande. (Desm.) TAYANAN. (Mamm.) Nom employé, dit -on , à Pile For- mose pour désigner le pangolin. (Desm.) TAYARABBO. {Ornith.) Nom que porte, dans les îles voi- sines d'Otaiti, Pespèce de coucou nommée par Latham cucu- lus otaitensis , coucou arevareva. ( Ch. D.) TAYA-TAYA. {Omitli.) Nom que porte à la Guiane le bec- en-ciseaux , rlijnchops nigra , Linn. ( Ch. D.) TAYAZOU ou TAYASSOU. {Mamm.) Ce nom brésilien, ainsi que ceux de tajassu et de tajassou, désignent le pécari. (Desm.) TAYAZU-GUIRA. [Ornith.) Ce nom, qui signifie oisrau- cochon, est donné par les naturels de la Guiane à un biho- reau qui imite le grognement de cet animal. D'Azara donne la description de cet oiseau , tome 4 , sous le n.° 357. (Ch. D. ) TAYE. [Jchthjol.) Voyez Taie. (H. C.) TAY-HUAM. (Bot.) Voyez Taihoang. (J.) TAYLORIA. (Bot.) Hooker donne ce nom au genre de mousse que Schwœgrichen lui avoit dédié sous le nom de TCH 437 Hoolcenaj et que les naturalistes se sont empressés d'adopter. Il existoit un autre genre Hookeria qui n'a pas été admis (voyez HooKERiA ). Le Tajloria, dont l'espèce est le Hookeria splach- noides, Schwaegrich. , SuppL, 1 , lib. 2 , p. 340, pi. C; Brid. , Bryol. univers., 1, pag. 26S (le Tajloria splac^noides , Hook. , AIusc. exot. , 2, pi. 175), a été dédié par Hooker à son ami M. Taylor, conjointement avec lequel il a publié une excel- lente muséologie de l'Angleterre. Bridel préfère conserver avec raison le nom de Hookeria, comme le plus ancien , et l'appelle en François Trémuline. Avant son établissement par Schwaegrichen , il s'éloit proposé de faire connoître ce genre sous la dénomination de Phryssotrichia. (Lem.) TAYRA ou TAYRE. (Mamm.) Mammifère américain , dont nous avons décrit l'espèce à l'.irticle Glolton. (DesiM.) TAVTETOU. {Mamm.) Véritable nom brésilien, suivant le prince Maximilien deNeuwied, du pécari à collier, dicotjies torquatus , F. Cuv. , que les colons portugais appellent porco à quechada hranca. Le djcotiles labiatus est le caytetù des Bré- siliens. ( Lesson.) TAYWEL. {Bot.) Voyez Tanay. ( J. ) TAZARD. {IchlhyoL) Voyez Thazard. (H. C.) TAZETTA. {Bot.) Nom spécilique donné par Linnaeus à un narcisse à fleur jaune. (J. ) TAZO. ( Ichthjol.) Voyez Thazard. (H. C.) TCHACHERT. {Ornith.) Cet oiseau de Madagascar est le langraien tchachert, lanius viridis , Lath. , et artamus viridis , Vieill. (Ch. D.) TCHA-CHERT-BÉ. {Ornith.) Ce nom est donné, parles naturels de Madagascar, à une pie-grièche, lanius leucocepha- lus, PI. enl. de BulTon , n." Sy/,. (Ch. D.) TCHAGRA. {Ornith.) Cet oiseau, figuré pi. 70 de l'Orni- thologie d'Afrique de Levaillant , tire son nom du cri tcha, tcha, tcha, gra, que prononce cette pie-grièche et qui s'en- tend de fort loin. (Ch. D.) TCHAÏKI. {Ornith.) Les Kamtschadales nomment ainsi le cormoran, pelecanus carho , Linn., et le même nom est donné aux mouettes à Ounalaschka. (Ch. D.) TCHARTCHIR. ( Ornith. ) Nom d'une espèce de canard chez les Kourils. (Ch. D.) 438 TCH TCHAMBOUGAI-PON, TCHAPAK. (Bot.) Le coccolola punctata est ainsi nommé sur la côte de Coromandel, suivant Co.ssigny. (J.) TCHAMOULT. (Bot.) On cite soiïs ce nom, dans un herbier de Madagascar, le harleria prionitis. ( J.) TCHAMPAK. {Bot.) Voyez Tchambougai- pon. (J.) TCHAMPALOU. {Bot.) Nom du palmier-dattier sur la côte de Coromandel. (J. ) TCHANAY. (Bot.) Nom du panicum miliaeeum sut la côte de Coromandel, cité dans un herbier. (J. ) TCHANAY-POUNDON. (Bot.) Espèce d'acacia de la côte de Coromandel. (J.) TCHANDA-PILLOU. (Bot.) Nom du saccharum spicatum sur la côte de Coromandel, suivant Commerson. (J.) TCHANGRA. [Mamm.) Selon M. Bosc, ce nom est donné dans le Népaul à la chèvre qui fournit le duvet avec lequel on fabrique les tissus dits de cachemire. (Desm.) TCHAOUTCHAWA-WALOU- QUELLE. {Ornith.) Selon Krascheninnikow ce nom est celui des corneilles chez les Ko- riaques, ( Ch. D. ) TCHAR-SINGHAS. {Mamm.) D'après le même naturaliste les béliers à quatre cornes seroient ainsi désignés dans le Thibet. (Desm.) TCHA-TCHA. (Ornith.) Un des noms vulgaires donnés à la grive-draine , turdus viscivorus , et tiré de son cri. (Gh. D.) ïCHAVETOU-CORN^i:. (Bot.) Une espèce de souchet porte ce nom à Pondichéry. (J. ) TCHAVITCHA. (Ichthjyol.) Nom d'une fort grosse truite ou d'un saumon qu'on pèche dans les rivières du Kamtschatka. (H. C.) TCHEBAK. {Ichtliyol.) Dans la Sibérie orientale on appelle ainsi l'able. (H. C.) TCHE-COU. (Ornith.) Ce nom est celui d'une perdrix en Chine. ( Ch. D.) TCHELAALAT. (Ornith.) Nom de l'alouette, alauda, chez les Kamtschadales. (Ch. D.) TCHELUK. ( Ornith. ) L'oiseau ainsi nommé dans l'Asie mineure, est la bécasse, scolopax rusticola. (Ch. D.) TCHEPON-NERENGl. (Bot.) Dans un herbier de Coro^ TCH 439 mandel on trouve sous ce nom Vindigofera enneaphjlla. (J.) TCHEPTCHINOU. {Ornith.) Nom kamtschadale d'une es- pèce de canard que Krascheninnikow dit être appelé pluto- nisi en russe , mais dont il ne donne pas de description» (Ch. D. ) TCHÉRIC. {Ornith.) Nom d'un petit figuier de Madagas- car, qui paroît se trouver aussi à Tile de Bourbon et au cap de Bonne-Espérance, où les Hottentots le nomment glas-oog et wit-oog , œil de verre ou oeil blanc; les deux sexes ont été figurés par Levaillant, Voyage en Afrique, t. 3, pJ. i32. (Ch. D.) TCHERNETI. {Ornith.) Espèce de canard du Kamtschatka. (Ch.D.) TCHETCHETCHl. {Ornith.) Krascheninnikow, après avoir cité, pag. 5o2 de sa Description du Kamtschatka, faisant le tome 2 du Voyage en Sibérie de l'abbé Chappe d'Autroche, les coucous, les coqs de bois, les perdrix, comme étawt des oiseaux communs au Kamtschatka , indique aussi les tchet- chetchi , les polnichi , les klesti , les schoari et des hoche- queue blancs, dont les Kamtschadales attendent avec impa- tience l'arrivée au printemps, parce que c'est alors que leur année commence. (Ch. D. ) TCHETERA -MOULU. {Bot.) Une dentelaîre de l'Inde, plumbago , est ainsi nommée à Pondichéry. (J. ) TCHEVENARAI. {Bot.) Cette plante, de Coromandel, dont la racine est indiquée comme un poison, est, selon Commerson, le methonica des Malabares. (J.) TCHIA , TSJA , TSJAA , TCHA. {Bot.) Noms japonois du thé. (J.) TCHIAON. {Ornith.) Nom de la huppe, upupa epops, chez les Turcs. (Ch. D.) TCHIGITAI. {Mamm.) Ce nom équivaut à ceux de czîg- thai ou de dziggtai , qui désignent une espèce particulière de Cheval. Voyez ce mot. (Desm. ) ÏCHIKONIBISCH. {Ornith.) Nom que porte chez les Knis- teneaux la poule d'eau, qui, chez les Algonquins, est appe- lée tchi-koui-bis. (Ch. D.) TCHIL. {Ornith.) L'oiseau ainsi nommé en indous, et en tamoul kerouden , est l'aigle des grandes Indes , de Pondi- 440 ^ TCH chëry, des Malabares , falco ponticerianus , Gmel. et Lath. (Ch. D.) TCHILIL. (Ornith.) Nom kamfschadale d'un oiseau qui est appelé zouilki chez les Russes, tcheieia chez les Koriaques, et petotoi chez les Kourils, mais qu'on ne peut désigner d'une ■ manière plus précise, parce que le nom latin donné par Krascheninnikow présente une faute d'impression et laisse une incertitude. Au lieu de liœmatopus, huitrier, ou himan- topiis, échasse, on lit liœmantopus. (Ch. D.) TCHIN-CHIAN-KIAPP. (Mamm.) Ce nom chinois est, dit-on, celui du pangolin à queue courte. (Desm.) TCHINDELI-CODI. (Bot.) Nom d'un menispermi/m, men- tionné dans un herbier de la côte de Coromandel. ( J.) TCHINGHIT. {Bot.) Rochon cite sous ce nom une plante de Madagascar, qu'il compare à un baguenaudier. (J.) TCHI-PERDRIX. {Ornith) Ce nom , qui , dans certains au- teurs, est écrit tchi-pardriz, désigne le proyer, emberiza mi- liarid, Linn. ( Ch. D.) TCHIR. {Ichthjot.) Nom d'un saumon de Sibérie. Voyez Truite, (H. C) TCHIRKA. {Ornith.) C'est le nom de la sarcelle en Russie. (Ch. D.) TÇHIRKT. {Ornith.) C'est le nom d'un canard au Kamt- schatka. (Ch. D.) TCHIRNABO, ( Ornith.) Ce nom est donné, dans les Alpes, à la mésange charbonnière, parus major, Linn. (Ch, D. ) TCHIROK. ( Ornith. ) Nom des sarcelles à Ounalaschka , saivaut Billings, tom. a de son Voyage dans le pord de la Russie asiatique. (Ch. D.) TCHITREC. {Ornith.) Levaillant a donné sous ce nom, tom. 3 , pag. 126, de l'Ornithologie d'Afrique , la figure des deux sexes et du nid d'un beau gobe-mouches huppé du cap de Bonne-Espérance, et page i3o il a de même fait peindre les deux sexes du thilrec-hé, (Ch. D.) TCHITRU. {Ornith.) C'est le platyrhinque tchitrec, miisci- capa cristata, Lath. (Ch. D.) TCHOLESNOI NOGA. {Ichthjol.) Nom d'un poisson dont Je genre n'est point encore déterminé et qui habite les ri- vières delà Sibérie. (H. C. ) TEC 44» . TCHORNA. (Mamm.) C'est le nom que porte, dans Tem- pire du Bornou , dans l'Afrique centrale , suivant Denham, l'ichneumon , viverra ichneumon , Linn. (Lesson.) TCHORZ. ( Mamm. ) En Pologne ce nom est donné au pu- tois, espèce de Marte. Voyez ce mot. (Desm.) TCHOUET. (Ornith.) Nom vulgaire, en Guienne , du fri- quet , fringilla montana , Linn. (Ch. D.) TCHOUG. (Ornith.) L'oiseau de proie auquel on donne ce nom au Bengale est un busard , yàico melanoleucos , Lath. (Ch. D.) TCHOUKOUTCHAN. (Ickthyol.) Nom d'un poisson , voi- sin des lamproies , qui vit dans les rivières de la Sibérie. (H. C.) TCHOUTI-MAROU. (Bot.) Nom cité par Rochon d'une plante de Madagascar, qui paroit être un indigotier. (J. ) TCHUVI-OVL (Bot.) Plante apocinée de Madagascar, employée comme l'ipécacuanha, suivant Rochon. (J.) ^ TCTCHOUK. {îchthjol.) Nom sibérien du brochet. Voyez Ésoce. (h. C.) TEAL. (Ornith.) C'est le nom anglois de la sarcelle. (Ch. D.) TEASIL, TEAZIL. (Bot.) Nom anglois du chardon à bon- netier ou cardère, dipsacus. (J. ) TEBBE. (Mamm.) Dapper parle sous ce nom d'un mammi- fère de Nigritie , qui est de la taille d'un mouton et de cou- leur brune, et qu'on prend au filet. (Desm.) TEBSCHA, ZEST, DJAR. (Bot.) Noms arabes du ricin or- dinaire, suivant Forskal. Delile le nomme khareua. (J.) TEBU, TUBU. (Bot.) Noms malais et javanois de la canne à sucre, cités par Rumph. (J. ) TECHICHl. (Mamm.) Nom mexicain servant à désigner le raton crabier, procjon cancrivorus , Geoff. (Lesson.) TECHIETLE. (Ornith.) Hernandez dit, au chap. iio,que ce petit oiseau du Mexique, qui vit dans les roseaux, a le bec court, pointu, les pieds rouges, le dos d'un brun vert, et le ventre blanc. (Ch. D.) TECK, Theka. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, monopétalées, régulières, de la famille des verbénacées , de la pentandrie monogynie de Linné, offrant pour caractère essentiel: Un calice campanule, persistant, à cinq 443 TEC ou six lobes; une corolle monopétale; le tube court; le limbe à cinq ou six découpures; cinq ou six étamines; un ovaire supérieur; un style; un stigmate à deux ou trois divisions ; un l'rupe sec, globuleux; le calice renflé en vessie, renfer- mant un noyau à trois ou quatre loges. Teck des Indes: Teka grandis, Lamk. , III. gen. , tab. i56; Tectona grandis, Linn. fils, Suppl. , i5i; Roxb. , Corom. , tab. 6i Jati/s, Rumph. , Amb., 3, tab. 18; Theka, Tehha, Rhéed , Malab. , 4 , tab. 27. Cet arbre est un des plus grands arbres connus, l'un des plus intéressans par son emploi dans les arts. Son tronc est droit , très-gros; son bois dur, serré; son écorce rude , épaisse, grisâtre; ses branches étalées, divi- sées en rameaux quadrangulaires, articulés, un peu pubes- cens à leur partie supérieure; d'un gris cendré. Les feuilles sont opposées, médiocrement pétiolées, amples, ouvertes, un peu pendantes, presque ovales , rétrécics à leur base, cou- rantes sur le pétiole, entières, aiguës, d'un vert foncé, par- semées de points blanchâtres, veloutées en dessous, traversées par des nervures latérales, parallèles, presque simples, un peu saillantes, dont l'intervalle est coupé par de fortes veines, point réticulées. Les fleurs sont disposées en une ample et belle panicule terminale, très-étalée; toutes les ramifications constamment opposées, d'un gris cendré, chargées de poils très-fins, glan- duleux au sommet, qui ne sont visibles qu'à la loupe; des bractées opposées, sessiles, lancéolées, aiguës, situées à la base de chaque division ; chaque fleur pédicellée ; le calice tomenteux, d'un blanc cendré, campanule, à cinq, quelque- fois six découpures ovales. La corolle est blanche , odorante, à peine plus longue que le calice, pubescente en dehors, parsemée de points noirâtres. L'ovaire est velu, blanchâtre, entouré d'un rebord glanduleux d'un rouge orangé. Le fruit est un drupe de la grosseur d'une noisette , renfermé dans le calice renflé et persistant : il contient un noyau presque ar- rondi, surmonté d'un tubercule globuleux, divisé en quatre loges ; une semence dans chaque loge. Cet arbre croît dans les Indes orientales, au Malabar, au Coromandel , dans les grandes forêts, aux iles de Ceilan et de Java, etc. Le bois de teck est employé avec un très- TEC 443 grand avantage dans la construction des navires ; il est dur et se conserve long-temps. Les Indiens en font également usage pour les charpentes de leurs maisons et de leurs temples. Les feuilles fournissent une liqueur qui sert à teindre les cotons et la soie en pourpre. On fabrique encore avec ces mêmes feuilles un sirop propre pour le? aphtes. Les fleurs bouillies avec du miel, passent pour un bon remède dans les réten- tions d'urine et l'hydropysie. « Le teck, dit André Thouin, est un des plus grands et « des plus beaux arbres de l'Inde , le plus utile et le plus f{ intéressant pour nous, s'il pouvoit croître en pleine terre « en France. Son bois a une propriété qui le fait rechercher « pour la construction des plus gros navires: il est solide et « léger, et n'est attaqué ni par les vers, ni par les autres in- c< sectes qui détruisent en peu d'années les vaisseaux euro- « péens les mieux conditionnés. Des bàtimens construits avec « le bois de cet arbre durent trois fois plus long-temps que « ceux qui l'ont été avec toute autre espèce de bois connu ; « mais cet arbre croit dans l'intérieur de l'Inde, sur les bords « du Gange, en Cochinchine , oii il paroît circonscrit; « et la nature de ces pays, leur climat, semblent devoir « faire perdre l'espérance de pouvoir le naturaliser en France. « Cependant, s'il est reconnu que les gemmes ou boutons de « cet arbre soient couverts d'écaillés ou d'enveloppes par- « ticulières, ce sera un indice qu'il a été pourvu par la na- « ture des moyens de défendre ses jeunes bourgeons d'une « température plus froide que celle des pays où il croît. « A ce premier indice il s'en joint un autre, qui est encore « plus important : c'est la faculté qu'a le teck, de dormir « chaque année, à la manière de nos arbres indigènes, pen- « dant un certain espace de temps , c'est-à-dire de perdre « ses feuilles, comme les nôtres, et de rester dans une inac- « tion, au moins apparente, pendant plusieurs mois; ce « qui semble indiquer que ses fluides descendent vers les ra- « cines ou se condensent pendant ce temps; alors il y auroit <{ beaucoup moins à craindre , puisqu'il paroît prouvé que « les gelées n'ont d'action sur les végétaux qu'autant que « leurs vaisseaux séveux sont remplis de fluide. « Il est donc présuœable , d'après le caractère de son or» 444 TEC « ganisation , que le teck pourra se naturaliser dans l'Europe « méridionale, et particulièrement dans les pays où se cul- «c tivent, en plein air, les dattiers, les orangers, les citron- st souvent bifurqué,, et sa base, constamment blanche et diaphane, paroît plus molle que le reste, et même tout- à-fait fluide au point de contact avec la papille. Sa superficie est, dit -on, garnie d'aspérités microscopiques, imbriquées de la base au som- met, et son intérieur est rempli d'une substance spongieuse, analogue à celle que l'on trouve dans la tige des plumes. On n'est point encore d'accord sur la manière dont est formée cette partie du poil : suivant les uns elle n'est qu'un filament corné, homogène; d'autres veulent quelle résulte 4^0 TE G de l'assemblage de plusieurs de ces filatnens. Mascagni a prétendu qu'elle n'étoit qu'un tissu de vaisseaux absorbans ; mais, il faut l'avouer, on n'y trouve aucune trace de vais- seaux, pas plus que dans l'épidernie et la corne. La couleur des poils est généralement en rapport avec la teinte de la peau et des yeux. Leur force de résistance est grande : ils supportent , sans se rompre, des poids assez considérables. Ils se fendent ou se déchirent très -facilement en long. Fort hygroscopiques, l'humidité les gonfle et les alonge; la sécheresse les raccourcit, et l'hygromèlre de Saussure en donne journellement la preuve. Ils sont idio-électriques. L'ébullition prolongée leur enlève un peu de gélatine et les laisse à l'état d'albumine coagulée. Ils ne sont ni irritables ni sensibles, et ils acquièrent leur accroissement au moyen d'une force de végétation très-ac- tive , continuelle et analogue à celle qui produit l'épiderme et les ongles. Le liquide qui les remplit à l'intérieur semble mis en mouvement, non pas par une véritable circulation, mais par une sorte d'imbibition , qui se manifeste avec lenteur de la racine vers l'extrémité libre. Les mouvemens qu'ils peuvent éprouver, leur sont com- muniqués par les muscles peauciers ou par la contraction de la peau elle-même. Ils sont, suivant les régions qu'ils occupent, assez différens les uns des autres pour avoir reçu diverses dénominations, même dans le langage vulgaire. Au crâne, où ils sont plus nombreux, plus longs, plus rapprochés les uns des autres et plus forts qu'ailleurs, on les appelle cheveux. Les éminences qui surmontent les yeux sont garnies de poils et se nomment, dans cet état, sourcils. Les bords libres des paupières, les orifices du nez et de l'oreille sont aussi garnis de poils. Ceux des premiers ont reçu le nom de cils, et ceux des narines étoient appelés vihrissœ par les Latins. Aux joues, aux environs de la bouche, au menton, les poils se nomment collectivement barbe. On réserve le nom TEG 46i de moustaches aux poils qui ombragent la lèvre supérieure. Les aisselles, lepubis, le scrotum . les lèvres de la vnlve, le pourtour de l'anus, sont aussi garnis de poils fort déve- loppés. Dans la femme, les cheveux sont plus nombreux et surtout plus longs que dans Vliumme. La barbe et les poils de la marge de l'anus manquent ordinairement. Dans les individus de la race caucasienne , la coloration des cheveux, en général longs et fins, varie du blanc au noir. , Chez ceux de la race mongole ils sont droits , noirs et courts, en même temps que la barbe est rare et manque même quelquefois tout- à -fait. Ceux des Nègres sont noirs, crépus et accompagnés d'une barbe noire ou nulle. La barbe est dans le même cas chez les Américains, qui ont d'ailleurs les cheveux noirs, droits et fins. Les Malaies ont ceux-ci épais et frisés. Les variétés individuelles des cheveux sont on ne peut plus multipliées, tant sous le rapport de la couleur, que soua ceux de la grosseur, de la longueur, de l'abondance, etc., et le patient Withoff, par exemple, a compté sur une por- tion de peau d'un quart de pouce carré, 147 cheveux noirs, 162 châtains et 182 blonds. Les poils sont en outre sujets à des ehangemens périodi- ques très-notables. Vers le milieu de la vie utérine, ils cou- vrent le corps entier sous l'apparence d'un duvet cotonneux, qui tombe vers l'époque de la naissance, époque oîi les che- veux sont déjà longs et forts. A une autre époque, plus ou moins éloignée du terme de la vie, les poils blanchissent et tombent par degrés. §. 2. Tégumens dans les Tflammifères autres que r Homme. Les tégumens des Mammifères offrent, comme ceux de l'homme, un derme, un corps muqueux réticulaire, un épiderme et des organes dépendant de celui-ci. Chez plusieurs d'entre eux la peau n'enveloppe pas seule- ment la masse du corps ; elle forme des prolongemens plus ou moins manifestes, comme le fanon, qui peud sous le cou //r^ TEG des bœufs; comme le scrotum, qui enveloppe les testicules; comme la bourse abdominale des marsupiaux; comme les plis qui existent aux régions scapulaires et lombaires du rhino- céros; comme les expansions a! iformes des polatouches , des chauve-souris, des roussettes, des écureuils; comme les membranes natatoires des phoques, des loutres, des castors. Le derme, toujours blanc , est d'autant plus dense et plus épais chez eux qu'il se rapproche davantage de la ligne mé- diane et que les parties sont plus exposées au contact des corps extérieurs. On remarque cette disposition , par exemple, sur le dos et à la face extérieure des membres chez les qua- drupèdes en général; sur le ventre du blaireau, qui a cou- tume de se défendre en se renversant, et sur celui de la taupe, qui traîne si habituellement à terre; dans les abajoues des hamsters, destinées à conserver des graines dures; aux mains et aux pieds , où il forme des callosités de figure et de sjtuation déterminées dans chaque famille. La plupart des Kongeurs, qui ont l'habitude de s'abriter, ont le derme mince. Les Pachydermes, au contraire, qui vivent exposés à toutes les ijitempéries de l'air, l'ont d'une excessive épaisseur. Il est plus tendre, plus souple, plus lâche dans les jeunes mammifères que dans les adultes : il est aussi d'une texture moins serrée chez les femelles que chez les mâles. On remarque aus.si qu'il a plus d'épaisseur et de consistance dans les animaux qui sont prfsque nus ou que couvrent seulement quelques poils rares, comme l'éléphant, le rhino- céros, Thippopotame , etc. Les Carnassiers elles Rougeurs qui, au contraire, ont un© fourrure très-louiTue, ont le derme très -mince. Dans les tatous , le derme est osseux , enrroiîté de sels calcaires et fort épais. Il est, sur le dos, sur la tête, sur la queue, sur la région externe des membres, partagé en poly- gones solides, de forme très -variable, disposés par bandes ou en larges boucliers. Le derme des fausses ailes de la chauve- souris est d'une excessive finesse, et contient dans son tissu des filamens Jaunes d'une grande élasticité. Celui du petit rhinocéros des îles de la Sonde est surmonté TE G 465 de saillies semblables à des têtes de clous, et de chacune des- quelles sort un poil. Celui de la queue du castor, couché sur un tissu lardacé, auquel il est très-adhérent, présente à sa superficie des sail- lies séparées par des sillons réguliers , qui les font ressem- bler à des écailles. On observe une disposition presque analogue à la queue des rats, des marmottes, des sarigues, etc., laquelle offre quelque ressemblance avec le corps d'un orvet. Le derme de celle des loirs est, au moyen de sillons circu- laires, comme divisé en anneaux. La coloration du corps muqueux réticulaire A-arie extrê- mement dans les mammifères, et cela non-seulement suivant les espèces, mais encore selon l'âge et diverses circonstances extérieures. Il est peu coloré et même blanc dans les mammifères très- jeunes ou très-vieux , dans ceux qui sont malades ou exposés à des influences débilitantes, etc.; tandis qu'il est richement teint chez les mâles et chez les adultes vigoureux et soumis à l'action de causes excitantes. Le réseau coloré est communément plus évident et plus épais chez les espèces dont le corps n'est revêtu que de peu de poils; il est au contraire presque blanc ou à peine rosé chez celles qui ont une fourrure bien garnie. Il en est de même de celui des parties habituellementglabres et nues, comme les paupières, le pourtour des narines, celui des organes de la génération , etc. Au nombre des nuances que peut offrir cette couche des tégumens, on trouve d'abord le blanc légèrement rosé, qui appartient à toutes les espèces qui ont beaucoup de poils; le bleu vif, qui brille sur la face du mandrill et autour des organes de la génération de plusieurs quadrumanes: le rouge écarlate qui se voit dans les mêmes parties chez les mêmes animaux, et qui anime les oreilles du mico et le nez du rat sablé; le noir ou le brun foncé qui distingue la peau du buffle, de l'éléphant, du tapir, du rhinocéros, de la plu- part des cochons et des cétacés. Chez les mammifères , l'épiderme est toujours plus épais dans les parties exposées au contact des corps extérieurs, et 464 TE G surtout dans les endroits destinés à soutenir le corps pendant la station ou lors des grands mouvemens de locomotion. Sous les pattes antérieures de beaucoup de carnassiers il devient très-épais et se divise par plaques ou callosités, dont une appartient au pouce ou au poignet, une autre à la paume de la main, et dont les dernières occupent, aux doigts, le point correspondant à l'articulation de la seconde phalange avec la troisième. Il en est ainsi sous les pattes postérieures des mêmes ani- maux, où Ton reconnoit également une callosité tarsienne, une callosité plantaire et des callosités digitales. Les rongeurs sont à peu près dans le même cas. Dans l'éléphant, le rhinocéros, les chameaux et autres mammifères qui ne marchent ni sur les doigts ni sur les sabots, l'épiderme ne forme plus sous les pieds qu'une seule callosité soléaire. Dans le cheval la callosité digitale est représentée par ce que les hippotomistes ont appelé la fourchette. L'épiderme forme également des callosités aux parties autres que les pieds sur lesquelles telle ou telle espèce d'ani- mal a coutume de se reposer. On en observe sur les tubéro- sités sciatiques de beaucoup de singes de l'ancien continent, au poignet, au coude, au genou et surtout à la poitrine des chameaux. La couche des tégumens dont il est ici question, est, au contraire , fort mince dans toutes les régions soustraites au contact des corps extérieurs, comme aux lèvres, aux doigts, aux ailes des chauve-souris , et qui deviennent ainsi le siège d'une taction plus ou moins délicate. Les quadrumanes, les carnassiers et les petites espèces de rongeurs, ont un épiderme plus mince encore que celui de l'homme; tandis que dans les ruminans, les solipèdes, et surtout les pachydermes, il est d'une épaisseur dispropor- tionnée. C'est aussi à l'épiderme qu'il faut rapporter certaines pro- ductions cornées que l'on remarque dans les mammifères, comme les châtaignes, que l'on observe à la partie interne des membres, au-dessus du carpe et au-dessous du tarse dans le cheval. TEG 4S5 Les mammifères ont les cryptes foUiculcuses de la peau beaucoup moins distinctes et beaucoup moins multipliées que l'homme. On en trouve néanmoins d'assez volumineuses rassemblées sur les parties latérales de la base de la queue, chez les des- mans ou les musaraignes musquées, et sur les flancs des mu- saraignes ordinaires. Une sorte de chauve-souris, vesperti'io soricinus,. offre en ce genre un petit sinus cutané au-dessous de l'œil. La marmotte souslik présente au-dessous de l'œil aussi une petite glande sous-cutanée, de figure semi -lunaire. Le larmier de la plupart des cerfs et de plusieurs antilopes n'est aussi qu'un amas de cryptes cutanées dans une sorte de poche qui se trouve au-dessous de l'angle interne de l'œil. ( Voyez Cerf. ) Le sanglier du Cap offre aussi une sorte de sillon la- crymal. Plusieurs antilopes ont une poche inguinale, où des cryptes versent un fluide onctueux. 11 existe de petites poches analogues dans l'écartement des doigts du chamois et à la racine de ceux du renne. A la partie postérieure du dos du pécari est une masse ovale, déprimée et composée de petits corps glanduleux, agglomérés et versant leur fluide dans une poche cutanée , ouverte à l'ex- térieur au moyen d'une petite fente que cachent les poils. La glande temporale de l'éléphant paroit de la même nature. On en peut dire autant des follicules postauriculaires du chameau. Qnant aux poils des mammifères, les différences qu'ils of- frent sont innombrables. Nous nous contenterons de signaler les particularités sui^ vantes, qui ont rapport à leur structure, à leur longueur et à leur grosseur, à leur forme, à leur mode d'implanta- tion, à leur direction, à leur quantité, à la place qu'ils occupent, à leur couleur , à leur disposition générale, enfin. Les cerfs, les antilopes, ont des poils secs et cassans. Le hérisson, l'échimys, l'échidné, l'urson et le coendoU, ont des piquans plus durs, plus résistans que les poils; mais 52» 3o 466 TE G moins solides , moins résistans que ceux que l'on observt dans le porc -épie. Celui-ci est en effet couvert de piquans gros, roides . longs, coniques, striés à l'extérieur, celluleux a l'intérieur, implantés profondément sous le derme dans la pannicule charnue, mais par une base conique; ce qui permet de les détacher facilement. Les piquans du hérisson , beaucoup plus courts et moins forts, sont pareillement striés à l'extérieur et celluleux à l'intérieur. Ils sont implantés profondément dans la panni- cule charnue par une extrémité renflée en forme de tête de clou ; ce qui fait qu'ils ne peuvent tomber que par suite du déchirement de la peau. L'échidiié a aussi des piquans; mais dans ceuxTci l'écorce est extrêmement épaisse, lisse, très-dure, et la matière mé- dullaire est disposée par rondelles. Leur extrémité paroît fendue. Le bord des lèvres des lamantins est également garni de piquans particuliers. Quelques mammifères sont couverts de soies ou de crins, c'est-à-dire, de poils assez longs et assez roides, mais longs et flexibles. Le pécari est hérissé desoies creuses à l'intérieur, tandis que nos sangliers et nos cochons ont des soies pleines et bi- furquées à l'extrémité. La queue du cheval, celle du rhinocéros, est garnie de crins. D'autres fois les poils sont longs, très -fins et contournés en tous sens : on leur donne alors le nom de laine. Les moutons sont revêtus de laine. En outre , les poils des mammifères varient prodigieuse- ment pour la forme. Il y en a de coniques, de fusif ormes , de luhuleux , comme à la queue des porcs-épics; de Jlexueux, comme dans les cerfs; de gaufrés, comme dans le porte-musc ; d'aplatis, comme dans les rats et les échimys; d''herbiformes , comme dans le paresseux didactyle; de moniliformes , tels que ceux qui cons- tituent les moustaches de certains phoques, etc. Leur adhérence varie beaucoup aussi. Dans le hamster. TEG 467 ils sont fortement fixés à la peau ; dans les écureuils, ils y tiennent peu. Le plus ordinairement les poils sont implantés en quin- conce d'une manière plus ou moins régulière; mais dans le porc -épie les piquans se réunissent par groupes de cinq à cinq ou de sept à sept sur une même ligne. Quelquefois les poils sont rudes ou hérissés, c'est-à-dire, presque perpendiculaires à la surface de la peau. Ils sont, au contraire, couchés et lisses quand ils devien- nent parallèles à celle-ci. On les appelle rebroussés, s'ils marchent en sens inverse de la direction du tronc ou des membres; c'est ce qu'on voit à la crinière de plusieurs ruminans et sur l'avant- bras de quelques quadrumanes. Ils sont disposés en épis sur la tête de plusieurs singes et en différens endroits du corp^ des chevaux et de plusieurs ruminans. Ils sont dits épais ou rares, suivant leur nombre dans un espace déterminé. Us sont en général plus épais chez les mâles que chez les femelles ,- chez les animaux des contrées septentrionales que dans ceux qui habitent le voisinage de l'équateur. Le sourcil, qui est si manifeste dans l'espèce humaine, est remplacé dans la plupart des mammifères par un petit bou" quel de quelques longs poils , placé au côté interne du re- bord de l'orbite. Les lamantins n'ont aucune trace des cils qui bordent les paupières de l'homme et des autres mammifères pour la plu- part. Ce qu'on appelle barbe dans les mammifères, est un petit Louquet de soies noires, qui existe au niveau du menton. Les moustaches des mêmes animaux consistent en un ou plusieurs pinceaux de poils très-gros , fort longs , peu flexibles, implantés dans la pannicule charnue , qui peut les mettre en mouvement d'une manière marquée. Le bulbe de chacun de ces poils reçoit un nerf considérable, surtout dans le phoque, où il a été récemment observé par M. Andral fils. Beaucoup de mammifères ont une crinière, c'est-à-dire. un assemblage de poils alongés , qui garnissent une partie 468 TEG plus ou moins considérable de la ligne dorsale , comme dans les chevaux, les sangliers, les buffles, ou toute la région antérieure du corps, comme chez le lion. Les marmottes ont un pinceau de soies implanté sur un tubercule à la face interne et postérieure de l'avant -bras. La couleur des poils des mammifères est exposée à trop de variétés pour que nous tentions de les énumérer ici; car ils offrent toutes les nuances possibles, de blanc, de noir, de brun, de fauve, de rouge, de bleu, de jaune, etc., soit dans toute l'étendue du corps, soit à des places déterminées, soit par taches, par piquetures , par mouchetures, soit par ondulations vagues. Rappelons encore ici que les cornes creuses de certains mammifères ruminans sont également une dépendance des tégumens généraux du corps, et que l'ergot perforé du tarse de l'ornithorhynque est dans le même cas. Quelques animaux de la classe que nous examinons , comme les pangolins, ont, au lieu de poils, le corps recouvert d'é- cailles, qui croissent avec Tàge , qui ne tombent jamais et qu'il ne faut pas confondre avec celles des poissons. Les quadrumanes ont des ongles comme l'homme. Les carnassiers et les rongeurs, les chats et les écureuils surtout offrent des grijf'es à l'extrémité de leurs doigts, c'est- à-dire, des ongles qui occupent non -seulement la face dor- sale de la phalangette, mais encore une plus ou moins grande étendue de ses côtés aplatis, et qui constituent une lame de corne plus ou moins recourbée, plus ou moins tranchante et terminée par une pince en crochet. Les solipèdes , les ruminans et les pachydermes ont les doigts enveloppés dans des sabots cornés, espèce d'ongle qui emboîte la phalange et sur lequel l'animal appuie en mar- chant. §. 3. Des Tégumens dans les Oiseaux. L'épiderrae du corps des oiseaux est très-mince, et forme des plis qui correspondent aux espèces de quinconces sur lesquels les plumes sont disposées. Comme chez les mammi- fères, il se détache par petites écailles pellucides, qui ren- dent la surface de la peau comme farineuse. TE G 469 L'épiderme des pattes est lisse, brillant et comme formé d'écaillés cornées. Il s'enlève à certaines époques de l'année, principalement dans le temps de la mue. Les ailes des manchots sont recouvertes de semblables écailles. Dans quelques échassiers les bords des doig(s sont garnis de membranes écailleuses. Le tissu muqueux est peu distinct dans les oiseaux, et pres- que toujours blanchâtre dans les régions que recouvrent les plumes; mais sa couleur sur les pattes, les cires du bec et les caroncules de la tête, est très-sujette à varier. Sur les tarses et les doigts elle est souvent noire, comme chez le corbeau, le dindon, le cygne, quelques canards , etc.; grise, comme dans les poules et les paons; bleue, comme dans certaines mésanges ; verte comme dans la poule d'eau , partictilarifé qu'indique même le nom spécifique de chlo- ropus dans la nomenclature linnéenne ; jaune, comme dans l'aigle; orangée, comme dans la cigogne; rouge, comme dans le chevalier et la perdrix rouge, etc. Le corps muqueux est noir dans la caroncule du cygne; gris , dans la cire du bec de beaucoup de perroquets ; blanc, sur les joues de l'ara bleu ; vert, dans la cire du bec de l'épervier; jaune, dans celle de la plupart des oiseaux de proie diurnes; rouge, sur les joues et le cou du roi des vau- tours, etc. En général, le corps muqueux est très-adhérent aux autres couches de 1.1 peau, et s'enlève même difficilement par la macération. La dessiccation le décolore complètement. Un phénomène bien remarquable au sujet de cette partie de lapeau, c'est qu'on peut, dans quelques circonstances, en faire varier la couleur, pour ainsi dire, à volonté. En l'imprégnant chez quelques perroquets du sang d'une rainette {hyla tinctoria), certaines peuplades sauvages de l'Amérique font repousser des plumes rouges ou jaunes à la place de celles qui avoient été arrachées, et produisenX sur l'oiseau cette panachure qu'où appelle tapiré. Dans les oiseaux, le derme est beaucoup moins épais qu^ dans les mammifères. Il a pourtant une grande consistance 470 TEG dans certaines familles, dans celles des oiseaux de proie et des palmipèdes, par exemple. Mais il est excessivement mince . même proportionnément , dans les mésanges et la plu- part des bec- fins. Dans les animaux qui nous occupent en ce moment, les follicules sébacés de la peau sont, en général, peu visibles et situés profondément. Mais on observe sur le croupion une glande d'une structure particulière, dont ils expriment une huile avec laquelle ils imbibent leurs plumes. Les oiseaux n'ont de papilles cutanées distinctes que sous la plante des pieds et sous les doigts. Elles forment des mamelons très-rapprochés et disposés par lignes parallèles, qu'on voit très-bien sur la membrane qui réunit les doigts chez les palmipèdes. Le corps des oiseaux est couvert de plumes, comme celui des mammifères de poils, et celui des poissons et de la plu- part des reptiles rVécailles. Les plumes sont composées d'une tige, garnie de barbes, portant elles-mêmes des barbules, et d'un tuyau. Ce dernier est implanté dans un étui formé par une dé- pression plus ou moins profonde de la peau de l'oiseau. Au fond de cette dépression existe un petit bulbe, qui est logé dans une ouverture que le tuyau présente à sa pointe. Quelques anatomisles, M. Dutrochet, entre autres, ont con- sidéré ce bulbe comme une véritable papille de la peau. Tels sont les caractères communs à toutes les plumes ; mais le tissu, les couleurs, l'éclat, la force, la forme générale de ces organes, varient à l'infini. Dans certaines espèces même le plumage d'hiver diffère de celui d'été. Dans le plus grand nombre la femelle se dislingue du mâle par des couleurs moins vives, et alors les petits des deux sexes ressemblent à la femelle. Lorsque les adultes, mâle et femelle, sont de même couleur, les petits ont une livrée qui leur est propre. Dans une plume qui a pris tout son accroissement, le lujau qui en forme la base, est un tube solide, corné, qui joint la force et l'élasticité à la légèreté spécifique. Souvent ses parois sont transparentes dans les pennes principales des ailes et de la queue, comme on peut s'en convaincre sur l'oie, sur le cygne, le dindon, le corbeau, etc. TEG' 471 L'intérieur de ce tuyau est rempli par des cônes membra- neux, enfilés les uns dans les autres, secs, comme vésiculeux kOU hypocratériformes, d'autant plus alongés qu'ils s'appro- chent davantage de la tige , et devenant enfin semblables à de petits entonnoirs qui se reçoivent réciproquement- Le der- nier de ces godets se partage en deux : l'un qui passe au dehors de la tige dans un sillon longitudinal qu'on y remar- que; l'autre qui s'enfonce dans l'intérieur même de cette tige. C'est à l'assemblage de tous ces cônes membraneux, à cette sorte de corps caverneux, qu'on donne vulgairement le nom d'ame de la plume. Ils ne sont autre chose que le résidu ou la trace d'un gro3 canal charnu, qui existoit dans cette partie à un âge moins BA'ancé. A l'extrémité par laquelle le tuyau de la plume s'implante dans la peau , on remarque un petit trou par lequel des vais- seaux sanguins pénétrent dans l'intérieur du tube. Aussi, lorsqu'on arrache celui-ci, on détermine une légère hémor- rhagie. La tige de la plume fait la continuité du tube. Elle est conique, plus ou moins alongée, convexe sur une face, plate et canaliculée sur l'autre; les barbes s'attachent sur ses parties latérales. Toute la superficie de cette tige est recouverte par une matière cornée, qui semble provenir du tube. Son intérieur est rempli par une substance spongieuse, blanche, très-légère, d'une nature particulière et assez sem- blable à celle qu'on trouve dans les piquans du porc-épic. Quant aux barbes, ce sont de petites lames de substance cornée, qui sont implantées sur les côtés de la tige. Elles sont , comme les feuillets d'un livre , appliquées , dans toute leur longueur , les unes contre les autres, tantôt d'une manière très -serrée, comme dans l'oie et le cygne, tantôt d'une manière lâche, comme au croupion du paon. Ces barbes paroissent être elles-mêmes des espèces de pe- tites tiges, sur les bords desquelles sont implantées une infi- nité de barbules , tantôt lâches et isolées les unes des autres , tantôt composées et subdivisées elles-mêmes, mais le plus 472 TEG souvent si fines et si serrées , qu'on ne peut les distinguer qu'à l'aide de la loupe. C'est à l'aide des barbules que les barbes de la plume s'at- tachent les unes aux; autres assez intimement pour mettre obstacle au passage de l'air pendant le vol. Entrons maintenant dans quelques détails sur les diverses espèces de plumes et sur les variétés qu'elles présentent dans les différens oiseaux. Il a déjà été dit que l'on avoit donné divers noms aux plumes, suivant les régions qu'elles occupent. (Voyez l'article PtUMES. ) Plifsieurs oiseaux ont des plumes jusque sur les doigts: telles sont les chouettes et certaines variétés de poules et de pigeons. D autres , au contraire, en sont privés sur certaines parties de leur corps. La tête des vautours et celle des dindons sont nues. Les jambes de l'autruche et des échassiers, et les ailes des manchots, sont dans le même cas. Les petites plumes du corps sont disposées en quinconce ; il n'y en a jamais sur les lignes latérales du cou et de la poitrine, non plus que sur la région de l'ombilic. Dans les oiseaux dont le vol est élevé, le plumage est plus dense que chez ceux qui rasent la terre dans leurs mouve- mens. On avoit noté ce fait dès le temps de J. Ray, et effectivement cette couverture épaisse les garantit du froid des hautes régions de l'atmosphère. Cela est prouvé par une expérience consignée dans les œuvres de Butfon, «Lorsqu'on >t veut, dit ce grand naturaliste, empêcher un aigle de « s'élever trop haut et de se perdre à nos yeux, il ne faut « que lui dégainir le ventre. '^ Quoique l'action des climats soit en général beaucoup moins puissante sur les oiseaux que sur les mammifères, elle se fait sentir cependant encore d'une manière très-marquée sur le plumage des premiers. De la même manière, en efifet, que la Nature a donné aux quadrupèdes qui fiéquentent les eaux ou qui habitent les pays froids, une double fourrure et des poils plus épais et plus serrés; de même aussi tous les oiseaux aquatiques et ceux des terres du Nord sont pourvus d'une grande quantité de plumes et d'un duvet trè§-fin, TEG 473 Les oiseaux presque nus, au contraire, tels que l'autruche et le casoar, ne se trouvent que dans les pays chauds. Une autre observation , digne de remarque également, c'est que presque tous les oiseaux des régions tropicales, que l'éclat du soleil éclaire perpétuellement , ont les couleurs de leurs plumes bien plus vives et bien plus belles que celles de ceux qui peuplent les froides et obscures contrées des pôles. Les perroquets, les oiseaux de paradis, les colibris, les mana- kins, les pics, les martins-pêcheurs, habitent, dans les deux mondes, ces plages méridionales qui produisent les pierres précieuses et les aromates. Les corneilles, les alouettes , les grives, les oies, aux teintes pâles et rembrunies, se trou- vent dans les zones tempérées ou dans les régions boréales. Bien plus, le défaut d'une exposition habituelle aux rayons du soleil, et le froid , rendent non -seulement les couleurs du plumage moins vives, comme on le voit pour le serin des Canaries qui reste blafard en cage , et dont les teintes sont très-foncées dans son pays natal, mais encore ils les amènent vers un état de pâleur fade et même de blancheur complète. Les gelinottes, les lagopèdes, les faucons, les corneilles, les perdrix des pays septentrionaux nous en offrent des exemples. La saison des amours contribue aussi à embellir le plumage des oiseaux. Par les brillantes couleurs qui viennent alors les animer, les mâles semblent chercher à captiver les re- gards des femelles ; c'est alors que le paon revêt toute l'opu- lence de ses atours ; que le combattant s'arme d'une colle- rette ou plutôt d'une crinière épaisse de plumes diversement colorées; que beaucoup de canards se décorent des plus bril- lantes peintures. Abstraction faite des variétés de couleur, qui sont innom- brables, les plumes présentent des différences de conforma- tion très -multipliées. Dans le casoar à casque toutes les plumes sont dépourvues de barbules. Les pennes des ailes, au nombre de cinq seule- ment, sont semblables à des piquans de porc-épic ; les autres plumes du corps ont deux tiges dans un même tuyau , et leurs barbes, analogues à des crins, sont longues et espacées. Dans celui de la Nouvelle -Hollande, le plumage est plus fourni et les plumes sont plus barbues. 474 TEG Les plumes de la queue de l'autruche sont flottantes et ont des barbes pourvues fie barbules , mais qui ne s'accrochent point et demeurent flexibles. Les oiseaux de la famille des nyctériens , parmi les ra- paces, ont les plumes si douces et les barbes couvertes d'un duvet si long et si soyeux, qu'à peine les entend-on voler. Dans le dindon mâle il existe à la base du cou un bouquet de poils qu'on pourroit regarder comme des plumes sans barbes. Les plumes qui forment l'aigrette du paon n'ont point de barbules dans leur partie inférieure. Ctlles de l'aigrette de l'oiseau royal sont tordues en spirale sur elles-mêmes, et leurs barbes ne sont que des poils déliés. 11 en est de même de celles qui composent l'aigrette de Yardea garzetta de Linnaeus. Quelques oiseaux ont les plumes du corps soyeuses et garnies de barbes fines, serrées et luisantes. Le bouvreuil, le piau- hau, le pélican, nous en offrent des exemples. Les plumes de la tête du manakin érythrocéphale et du momot sont dans le même cas. D'autres oiseaux , au contraire, ont le corps couvert de plumes lâches, dont les barbules, quoique très-visibles et souvent fort longues, sont trop espacées pour pouvoir s'ac- crocher les unes aux autres. Les toucans en présentent de cette espèce. On en remarque de pareilles sur les hypochondres de l'oi- seau de paradis, sur le croupion du paon mâle, au pour- tour des oreilles de la chouette, sur les cuisses du jabiru et de l'oiseau royal. Les plumes du croupion dans le merle doré, celles de la queue dans la pie, et celles du cou dans le canard commun, sont comme satinées, garnies de barbes serrées, k barbules longues, fines comme de la soie et couchées sur leur surface. D'autres plumes portent des barbes larges , lisses et bril- lant des couleurs métalliques les plus éclatantes ; plusieurs colibris, le jacaraar, le couroucou, le paon mâle, le sifîlet, en off'rent de ce genre sur diverses parties de leur corps. Il est des plumes d'un éclat encore supérieur et qui imite TEC 4?!^ celui des pierres précieuses. Cette particularité est due à l'extrême densité de leurs barbes et au poli de leurs surfaces. Ces plumes soi>t toujours petites et les barbes en terminent la tige par des demi-cercles imbriqués les uns sur les autres, à la manière des écailles dies poissons. On voit briller de ces plumes sur la tête, la gorge ou le ventre de quelques coli- bris. Les chimistes qui se sont occupés de l'analyse des plumes, nous ont appris qu'elles ont, sous le rapport de leur compo- sition , la plus grande analogie avec les poils. On en obtient les mêmes produits par les mêmes moyens : elles contiennent cependant moins de mucus. Enfin, les recherches des physiologistes, en nous mettant à même de connoître le mode de développement des plumes , nous ont donné une idée plus nette de leur structure, que celle qui peut naître d'une simple inspection. Il résulte de ces recherches qu'en sortant de l'œuf et pendant les premiers jours qui suivent sa naissance, le petit oiseau est recouvert de poils plus ou moins serrés , excepté sur la région du ventre. Ces poils, qui varient en couleur et en épaisseur, sortent de la peau par faisceaux de dix ou douze. Ils sont implantés sur un bulbe ou follicule qui paroît contenir le rudiment de la plume, laquelle, au bout de quelques jours, se manifeste au dehors sous l'apparence d'un tuyau noirâtre, ayant le faisceau commun des poils adhérens à son sommet. A mesure que la plume croît et se développe, le poil tombe. Dans quelques familles , dans celle des rapaces en particu- lier , le poil reste pourtant long-temps adhérent à son extré- mité sous la forme d'une espèce de duvet. Ce n'est, au reste, qu'à cette seule époque de leur vie que les oiseaux ont des poils. La gaine noirâtre qui donne naissance à la plume est un tube fermé de toutes parts, excepté à son extrémité implantée dans la peau, où l'on remarque un petit trou, qui laissé? entrer des vaisseaux sanguins dans son intérieur. Quand cette gaine s'est échappée delà peau, elle se fend par l'action desséchante de l'air et par la force d'expansion des parties qu'elle contient. Il s'y fait une déchirure longitu- A?^ TEG dinale , et l'on en voit sortir les barbes terminales et ensuite l'extrémité de la tige de la plume. Plus celle-ci croit, plus la gaine se déchire, et ses tuniques desséchées se détachent et tombent sous la forme d'écaillés légères et pellucides. Si dans le moment d'accroissement on ouvre le tuyau dans le sens de sa longueur, on reconnoit qu'il est formé de couches nombreuses et cylindriques d'une matière cornée et transparente, et qu'il renferme un cylindre d'une substance gélatineuse, dans laquelle serpentent des vaisseaux sanguins. Le sommet de ce cylindre gélatineux est conique et plus dur que le reste; il est enveloppé d'une couche de matière noire , qui est le premier rudiment des barbes de la plume. L'accroissement du cylindre gélatineux se fait en longueur. Son sommet conique sort de la gaîne, en chassant devant lui cette couche de matière noire qui se fend en se desséchant, et forme les premières barbes. La tige de la plume s'alonge et se durcit en même temps. Mais à peine le premier cône a-t-il franchi la gaine, qu'il s'en forme un second, qui s'é- chappe à son tour, en développant de nouvelles barbes, et ainsi de suite. Enfin, lorsque la tige et toutes les barbes sont sorties de la gaîne , l'intérieur de celle-ci se dessèche , et l'on n'y trouve plus que la série des godets membraneux nom- mée ame de la plume, et qui est la trace du gros canal charnu dont il vient d'être question. Quand une plume a pris tout son développement, son tuyau ou sa partie lubuleuse se solidifie et fait continuité avec la tige dont elle contenoit auparavant le germe. Les plumes tombent et se renouvellent alternativement chez les oiseaux. C'est à leur chute qu'on donne le nom de mue. Quelques espèces d'oiseaux ont les ailes terminées par de véritables ongles. M. de Blainville a reconnu que l'autruche a ses deux premiers doigts armés de deux véritables ongles très-développés et crochus; il en a également signalé un très- prononcé au premier doigt dans les martinets et dans plu- sieurs autres petits oiseaux de l'ordre des passereaux. On sait aussi communément que les ailes de quelques es- pèces des genres Kamichi, Vanneau, Pluvier et Jacana por- tent des appendices en forme d'ongles. TE G -477 Les pieds de tous les oiseaux ont leurs doigts munis d'on- gles véritables. Ces ongles sont forts et semblables à ceux des mammifères carnassiers , dans les rapaces. Ils sont plats dans les palmipèdes. Dans les alouettes et les jacanas, celui du doigt postérieur est grêle, pointu et très-alongé. Dans les engonlevens et les hérons il est dentelé sur un de ses côtés. Dans le plus grand nombre des gallinacés il y a sur le tarse un ongle surnuméraire à cheville osseuse et en forme de corne. C'est lui qu'on appelle vulgairement ergot ou éperon. Cet ergot devient fort long dans le coq. Dans le paon de la Chine il y a deux éperons à chaque tarse. Les oiseaux manquent de véritables cornes , qui nous sont offertes par beaucoup de mammifères. Cependant on voit quelques protubérances qui semblent les représenter sur la tête des calaos , de la peintade, du casoar à casque. Ce sont des lames de substance cornée qui revêtent des sinus prati- qués dans l'intérieur des os. Dans les calaos en particulier ces proéminences sont sou-» vent aussi grandes que le bec lui-même. §. 4. Des Tégumens dans les Reptiles. Dans les chéloniens l'épiderme n'est bien distinct que sur la peau du cou et des membres; là il est analogue à celui que l'on observe dans les ophidiens et les sauriens. Sur les écailles de la carapace et du plastron , il est excessivement mince et s'enlève par plaques pellucides de la même figure que les lames cornées qu'elles recouvrent. Cet épiderme ressemble beaucoup à un parchemin lisse et transparent dans la testudo centrata, découverte par M. le pro- fesseur Bosc dans les États-Unis d'Amérique. Dans les sauriens et les ophidiens l'épiderme recouvre et enveloppe entièrement les écailles, étant, chez les derniers et a. une certaine époque de l'année, susceptible de se dé- tacher en une seule pièce et sous la figure d'un fourreau , 47» TE G dans lequel il est facile de reconnoître jusqu'à la lame pluf. ou moins hémisphérique qui recouvroit le globe de l'œil. Constamment la dépouille dont il est ici question et que les serpens ont quittée, est tournée à l'envers d'un bout k l'autre , et offre en dehors le côté qui étoit l'intérieur lors- qu'elle faisoit partie de l'animal. Le reptile doit donc , comme le dit de Lacépède, commencer à s'en débarrasser par la tête, n'ayant pas d'autre ouverture que la gueule par où il ait pu s'échapper de cette sorte d'étui. Les salamandres, les grenouilles, les crapauds, les rainettes, les tritons , les protées , les sirènes et les amphiuma , ainsi que les pipas, ont tout le corps recouvert d'un épithelium muqueux et souvent humide, lequel tombe par lambeaux à plusieurs époques de l'année. Tous les reptiles ont , dans l'épaisseur de leurs tégumens , une couche qui représente le corps muqueux réticulaire. C'est à sa présence que sont dues les couleurs variées dont brillent ces animaux pour la plupart. Non -seulement elle colore diversement la peau qui revêt le cou et les pattes des tortues; mais encore elle produit les taches symétriques que l'on remarque sur les plaques écail- leuses de leur carapace et de leur plastron. A l'aide de son scalpel, l'anatomiste exercé peut toujours se convaincre de la vérité de ce point d'organisation. Effectivement, la peau qui revêt le reste du corps s'amincit beaucoup en s'approchant du plastron et de la carapace, et passe par- dessous les écailles qui les recouvrent et qui sont elles-mêmes recouvertes par l'épiderme. Le tissu muqueux, dont les teintes sont très-variées, constitue évidemment les taches qu'on aperçoit au travers de leur transparence, et qui sont différemment disposées dans chaque espèce. Chez la chélonée franche encore dans l'eau elles se déta- chent en jaune clair sur un fond brun , comme l'a remarqué de Lacépède d'après Fougeroux deBondaroy ; tandis que dans la caouane elles sont noires sur un fond jaune, et que dans l'émyde ronde elles paroissent rousses et fort petites sur un fond clair. La tortue jaune de l'Amérique est agréablement peinte d'un vert d'herbe un peu foncé et d'un jaune doré. Ces cou- TE G 479 leurs régnent non-seulement sur sa carapace, mais encore sur sa fête, ses pattes et sa queue. Le plastron de la tortue mollje d'Amérique se distingue par sa leinle d'un beau blanc. Dans la torfue grecque, chélonien terrestre, les écailles de la carapace sont tachetées de jaune et de noir par grandes marbrures. La tortue géométrique a chacune des écailles de sa cara- pace noire, régulièrement ornée de lignes jaunes en rayons partant d'un di>que de même couleur. Nous aurions encore beaucoup d'autres particularités spé- cifiques à signaler ici par rapport aux chéloniens , mais elliS se trouvent naturellement indiquées aux articles spéciaux consacrés à ces animaux, et nous prions le lecteur curieux de les connoître, de recourir aux mots Chélonée, Chélyde, Emydk, Tortue et ïrionyx. Dans les salamandres et les grenouilles le tissu muqueux offre encore une plus grande variété de teintes, et se trouve coloré tantôt en noir, en blanc, en gris, en brun, tantôt en vert, en jaune, en aurore, en carmin, etc. On retrouve en lui presque toutes les nuances connues ; la nacre , l'or, l'argent, l'azur, se marient agréablement dans son tissu aux reflets de l'acier poli, à l'éclat de l'émeraude et du saphir, au scintillement des télésies. C'est ainsi que la couleur de la salamandre terrestre, d'un brun noir foncé sur le dos, devient bleuâtre sous le ventre, et est coupée par des taches jaunes, assez grandes, irrégu- lières, quelquefois parsemées de petits points noirs; que le triton crête mâle porte sous la queue une membrane tae* nioïde d'une blancheur éclatante ; que le triton palmipède a le dessus de la tête vermiculé de brun et de noirâtre ; que l'axolotl du lac de Mexico est gris tacheté de noir ; que le protée des eaux souterraines de la Carniole est blanchâtre et comme étiolé ; que le sarroubi de Madagascar est jaune tigré de vert ; que la sirène des rizières de la Caroline est d'un noirâtre uniforme. C'est encore ainsi que, lorsque nous visitons les rives so- litaires des ruisseaux qui arrosent nos campagnes, nous les trouvons embellis par l'assortiment élégant des vives cou- A8o TEG leurs qui brillent sur la robe de ces grenouilles innocentes dont la rapide et légère natation anime leurs eaux et dont le dos, d'un vert plus ou moins pur, est marqué de trois raies jaunes, tandis que le ventre est blanc et tacheté de noir. Une rainette d'Amérique, Vlijla lactea de Laurenti, est d'un blanc de neige éclatant. Une autre espèce du même genre , et qui vit à Surinam, Yhjla aurantiaca de Laurenti, est, au contraire, d'une cou- leur orangée très-intense. Nous pourrions encore citer ici une foule de batraciens remarquables par l'éclat de leurs couleurs; on en trouvera la description dans les articles de ce Dictionnaire qui leur sont consacrés. (Voyez Crapaud, Grenouille, Rainette, Sa- lAMANDRE, ÏRITON.) Mais le peuple élégant des sauriens, les légions brilLintes des ophidiens réclament notre attention. Leurs teintes si belles, si agréables, si vives , si admirablement contrastées, distribuées avec tant de symétrie, surpassent tout ce que l'imagination peut enfanter de riche en ce genre, et en font des êtres vraiment privilégiés pax-mi les animaux vertébrés. Peu d'entre ceux-ci, en effet, ont reçu une parure et plus élégante, et plus variée, et plus somptueuse. Que peut-on comparer, par exemple, à l'admirable spectacle que donnent, en ce genre, les lézards, les vipères, les tortrix, les iguanes, les anolis, les dragons, les couleuvres, les platures, lesagames, les pythons, les pélamides , les bongares , les boas, les hydro- phis, les naja , quand leur robe réfléchit , à travers le feuillage touffu des forêts de la zone torride, les rayons du soleil des tropiques; quand ils se jouent, en sautant, en voltigeant de branche en branche, en courant sur le tronc colossal d'arbres aussi vieux que le monde, en rampant dans l'herbe sèche et élevée qui garnit sa base; quand ils se livrent au repos sur un sol où l'astre du jour verse la lumière par torrens , et où ils participent à la magnificence générale de la nature? Plusieurs reptiles ont la propriété de changer de couleur , selon les saisons et les climats où ils vivent , ou selon les passions qui ks affr-ctenl. A quoi lient cette particularité? jusqu'à quel point est- TE G 481 elle liée à la nature du corps muqueuxP C'est ce que nous allons tacher d'apprécier avec d'autant plus de soin , que de- puis les temps les plus reculés certains êtres rioivent à cet ordre de phénomènes une extraordinaire célébrité. Le caniéléon. le marbré, le changeant, sont surtout remar- quables sous ce rapport. L'iguane vert, l'agame, le lézard vert, l'iguane rouge-gorge de Catesby, la raine commune, beaucoup de salamandres, leur ressemblent plus ou moins à cet égard. Aucun animal n'a peut-être été plus célèbre que le camé- léon chez les Anciens , et sa réputation , il la doit entière- ment à la faculté dont nous nous occupons en ce moment. Non content d'en avoir fait le symbole de la Crainte et de l'Hypocrisie , l'emblème de l'Inconstance , l'image de ces reptiles de cour, qui pensent toujours comme le maître; de lui avoir donné le pouvoir de changer de forme à vo- lonté et de prendre la couleur des objets pour ne point être aperçu ' ; d'avoir, dans leur poésie, assigné une place distin- guée à un être bizarre, embelli par l'erreur ; d'avoir, dans leur vive imagination, donné la teinte de la vérité à un ani» mal fantastique, surchargé d'attributs chimériques; d'avoir assuré qu'il vivoit d'air, sans boire ni manger en aucune façon; ils ont encore écrit que sa langue, qui jouissoit déjà à leurs yeux de la faculté assez remarquable d'assurer le gain du procès au plaideur qui la tenoit dans sa poche , portée en amulette, pouvoit rétablir la mémoire perdue et faciliter l'accouchement; que son œil droit, infusé dans du lait de chèvre, enlevoit les taies des yeux; et ils ont raconté à son sujet une foule d'autres puérilités semblables, que Pline, lui-même, a honte de signaler : Pudet referre, dit-il, en effet, malgré sa crédulité habituelle. Du temps de cet auteur déjà, la longue énumération de« prétendues merveilles du caméléon , faite par un certain 1 Id quoque , qtiod venlis animal nutritur et auris ^ Protinits assimilât tactu quoscumijue colores. 53. Si 482 TEG Dëmocrite , dans un ouvrage ex professa ' , ne servoit qu'à di- vertir les gens sensés aux dépens de la vanité des Grecs, qui les portoit à imaginer une foule de contes aussi absurdes que ridicules, mais toujours favorablement accueillis et ra- pidement mis en circulation par l'ignorance et la supersti- tion. Que seroit-ce aujourd'hui, si nous consignions ici toutes les fables adoptées à cet égard par Matthioli , par Aldro- vandi , par C. Gesner, par Albert Groot, dit Le Grand. Contentons-nous donc du petit nombre de détails qui vont suivre sur la singulière propriété dont jouit ce saurien' re- marquable. N'offrant, pour plaire à la vue, ni proportions agréables ni mouvemens rapides, foible , timide, d'une figure grotes- que et bizarre dans sa démarche, le caméléon est, comme l'a justement noté le peintre Corneille Lebruyn , le plus sou- vent d'un gris plus ou moins foncé et un peu livide. Perrault a observé, sur un individu vivant, que si cet animal reste à l'ombre et en repos pendant quelque temps, les petits grains de sa peau sont d'un rouge pâle; mais que si on l'expose aux rayons du soleil, sa couleur change en un gris plus brun dans l'endroit le plus éclairé et offre des nuances plus éclatantes et des taches qui paroissent isabelle par le mélange du rouge pâle des petites éminences et du jaune clair que présente le fond de la peau. D'autres fois le caméléon est d'un beau vert tacheté de jaune, et lorsqu'on le touche, il paroit se couvrir subitement d'un grand nombre de taches noirâtres, assez larges et mêlées d'un peu de vert. Enveloppé dans un linge ou dans une étoffe d'une nuance quelconque, il pâlit; mais les observations les plus minu- tieuses ont clairement démontré que jamais il ne prend la teinte des objets qui l'environnent. Tout le merveilleux tient ici a une disposition spéciale de l'appareil de la respiration. I Diogène Laërce ne parle point de ce livre dans le Catalogue qu'il a donné des ouvrages de Démocrite d'Abdère. Il est probable qu'il est de quelque autre auteur du niênie nom que ce philosophe. II est au- jourd'hui perdu- TEG 485 Le poumon de cet animal est, en effet, si vaste, que, quand il est gonflé, le corps entier paroît transparent : c'est là ce qui a fait croire anciennement que le caméléon se nourrissoit d'air ; c'est au grand développement du viscère dont il s'agit , qu'il doit la faculté de varier en couleur, non point, comme on l'a pensé, selon les corps sur lesquels il se trouve, non point parce que la colère lui donne la jau- nisse , ainsi que l'a dit Hasselquist, mais bien selon ses pas- sions ou ses besoins, comme Olaiis Worms, le premier, et ensuite Fouché d'Obsonville , ont cherché à le démontrer à l'aide d'une explication que favorise encore la disposition spéciale des côtes, disposition qui n'a point échappé à M. Cuvier, et qu'on retrouve dans les Marbrés, les Anolis et les Changeans. Le corps de ces sauriens, en effet, doit varier en couleur, suivant que le poumon contraint plus ou moins le sang à refluer vers la peau et colore plus ou moins vive- ment ce fluide, en se vidant ou en se remplissant d'air. En conséquence , à la moindre passion qu'éprouve un. animal ainsi conformé, le sang reflue en plus ou moins grande abondance vers la surface du corps sous l'épiderme, et alors il doit paroître teint de bleu, de vert, de violet, de gris et de jaune. Souvent, et Daudin a pu s'en assurer, on voit la grenouille ordinaire changer de couleur et se rembrunir lorsqu'elle est effrayée, lorsque, par exemple, une couleuvre la menace. L'Iguane vert, l'Agame, le Lézard ocellé, ont dans la sai- son des amours des teintes plus vives, plus brillantes, qu'à toute autre époque de l'année. Les Grenouilles rousse et verte sont dans le même cas, et le ventre de plusieurs Tri- tons, ordinairement jaunâtre, paroît dans ce moment d'un bel orangé vif. Dans les Reptiles dont le corps n'est point ou n'est qu'en partie couvert d'écaillés, le derme du cuir est très-serré et très-dense et résistant. On peut s'en assurer sur les Tortues, les Chélonées , les Tritons, les Salamandres , les Rainettes, les Crapauds et les Grenouilles. Dans les animaux de ces trois derniers genres le derme est, en particulier, très-remarquable en ce qu'il n'adhère point au corps dans tous ses points , comme chez les autres 484 TEG animaux vertébrés, où il s'unit intimement au tbsu cellulaire. Il ne se fixe ici qu'au pourtour de la bouche, le long du trajet de la ligne médiane du corps, aux aisselles et aux aines. Partout ailleurs les organes sousjacens sont libres et semblent plongés dans une sorte de sac. Après avoir fait une incision au ventre d'une grosse gre- nouille, depuis le pubis jusqu'au milieu du sternum, Méry, qui paroît le premier s'être occupé de recherches à ce sujet , trouva que les tégumens n'étoient unis ni aux muscles du ventre ni à ceux du thorax. Entre eux et ces muscles exis- toit une cavité de figure ovale , et les adhérences aux aisselles et aux plis des aînés n'avoient lieu qu'au moyen de filamens membraneux très- déliés et transparens. De pareils filamens capillaires attachoient la peau aux muscles latéraux du ventre et permettoient cependant à une sorte de poche vide d'occuper tout l'espace compris entre la cuisse et l'oreille. La peau du dos n'éloit aussi unie aux chairs que postérieurement et par des fibres qui sembloient naître du rachis. Il conclut de là avec raison que toute la peau de la grenouille est comme partagée en quatre sacs, séparés les uns des autres par des cloisons membraneuses, incomplètes et occupant le dessus, le dessous et les deux côtés du corps. Sur le même batracien, la peau de la cuisse n'étoit atta- chée au corps charnu qu'au niveau des articulations, et for- moit deux sacs , l'un en devant , l'autre en arriére du membre. La disposition se trouva la même à la peau de la jambe et à celle des pieds. Entre le sternum et l'extrémité de la mâchoire inférieure étoient pratiquées deux autres cavités, l'une qui descendoit du sternum dans le bras, l'autre qui s'étendoit sous la mâ- choire. Dans les Chéloniens, le derme est toujours plus épais dans les endroits où il n'est point immédiatement appliqué sur le système osseux. Il l'est, par conséquent, moins sur la tète^ la carapace et le plastron; mais alors il est complètement et très -fortement adhérent. Il l'est également moins à la partie inférieure du corps et au cèté interne des membres. ^ TEG 485 Plus les espèces de cet ordre sont aquatiques, ou moins elles sortent de l'eau, plus le derme est distinct des tissus sousjacens. C'est ce dont on peut se convaincre en compa- rant les Chélonées et les Émydes entre elles et avec les Tor- tues terrestres. Dans les Crocodiles , le derme est complètement adhé- rent, spécialement sur le crâne, où il semble incorporé avec les os. Il est épais et d'un tissu ferme et serré sur le dos. Sous le ventre, sur les flancs et surtout aux aisselles, aux aînés , au niveau des grandes articulations et dans les expan- sions interdigitales, il est manifestement plus mince. Dans les Sauriens et les Ophidiens, le derme, de même que dans les Poissons, placé au-dessous des écailles, est fort tenace et 1res- adhérent aux muscles. Dans les Geckos, le derme est, en général, plus mou et moins adhérent que dans les autres sauriens. Médiocrement épais , il se relève, cher eux, en petites saillies déprimées, qui, assez semblables à des écailles, ten- dent à s'imbriquer d'une manière tout-à-fait régulière. Chez les Caméléons, il est très-mince, surtout aux endroits où il n'est point renflé en petits tubercules. Dans les Iguanes et les Tupinambis , il est fort épais , prin- cipalement à la queue. Son tissu est serré, et il est partagé en petits renflemens squamiformes , régulièrement disposés, mais qui ne s'imbriquent point. Dans les Scinques, où le derme est fort mince , il est presque entièrement recouvert par de petites utriculcs plates, formées par le corps muqueux et le réseau vascu- laire tout à la fois. Dans chacune de ces utricules se trouve une écaille de consistance osseuse , cassante et composée d'un nombre fixe de petites pièces parallélogrammiques , disposées sur deux rangs et d'une manière tout-à-fait régu- lière. Chez les Orvets , les écailles sont également dermiques et fort adhérentes. Dans les Ophidiens, le derme, peu épais généralement, est d'un tissu lâche et peu dense, surtout au cou, où, ainsi que Ta remarqué justement M. de Blainville , il est même nota- blement élastique, comme dans les Boas, les Couleuvres, 486 TEG les Vipères et les Serpens à sonnettes. Le Naja m'a offert cette dernière disposition à un degré éminent. Cette couche de la peau est, chez ces reptiles, très-rare- ment lisse à sa surface extérieure , où elle présente habituel- lement des saillies de figure variable, carrées, rhomboïdales, triangulaires ou myrtiformes, qui contribuent à la forma- tion des écailles. Dans les Prolées, le derme est assez épais et criblé d'une foule de porosités. II paroît tapissé dans toute son étendue par une couche musculaire fort mince. 11 n'existe point de Reptiles écailleux,si l'on en excepte pourtant les Geckos, les Hémidactyles, les Ptyodactyles, les Thécadactyles, dans lesquels on puisse voir un système cryp- teux généralement répandu à la surface de la peau. Dans les Reptiles non écailleux, dans les Batraciens, tant Anoures qu'Urodèles , les cryptes de la peau sont, au con- traire, excessivement nombreuses, et le derme est criblé de porosités, à la manière des feuilles du mille -pertuis. Aussi la surface du corps esl-elle, chez eux, constamment enduite d'une viscosité gélatineuse, lubrifiée d'un fluide onctueux, qui, insolubles dans l'eau froide, semblent un supplément à l'existence des écailles et défendent les tégumens contre l'in- fluence d'une humidité prolongée. C'est ce qu'on observe surtout dans les Grenouilles et les Salamandres, qui peuvent même augmenter à volonté l'ex- crétion de cette mucosité et la faire suinter comme une ro- sée de tous leurs pores.' (Voyez Salamandre.) Dans les Crapauds, la peau est molle et souvent renflée par des amas de tubercules plus ou moins considérables et formés par des cryptes qui paroissent distiller une humeur particulière, acre et vénéneuse même pour certains ani- maux foibles, ce qui fait qu'en Sardaigne on regarde le con- tact seul de ces animaux comme dangereux. II paroît certain, au moins, que ceux qui avalent un peu de ce fluide sont en proie à de violentes nausées et à des accidens gastriques va- i C est à ce phénouiène que l'on doit rapportei- l'origine du préjugé qui veut que les salamandres rivent dans le feu. TEG 487 ries , et M. le professeur Bosc assure que si , durant les chaleurs de l'été, après avoir manié le crapaud, on porte sa main au nez, on est tourmenté par les mêmes symptômes pénibles. Gunth. Christ. Schelhammer nous a conservé en ce genre l'histoire d'un enfant qui éprouva une éruption pustuleuse grave, parce que, pendant quelques instans , un autre enfant lui avoit tenu un crapaud devant la bouche. Ernest-Gotthold Struve a vu aussi une suppression d'urine suivre l'ingestion d'un reptile de ce genre , et l'on trouve des faits analogues à ceux-ci dans les Œuvres d'Ambroisç Paré, dans l'Histoire des Poissons de Rondelet, dans l'Ency- clopédie de Diderot, dans les Traités de Rédi et de Turner, cités par les Continuateurs de la Matière médicale de Geof-. froy ; mais Boissier de Sauvages et Bernard de Jussieu ont fait, dans le dix -huitième siècle, des expériences dont les résultats sont tout-à-fait en contradiction avec ceux obtenus par Schelhammer et les anciens observateurs, en sorte que le crapaud passe aujourd'hui, sous ce rapport, pour un être innocent et dont on n'a rien, ou du moins presque rien à redouter. Dans un Mémoire lu à la société médicale d'émulation de Paris, notre collègue M. Pelletier, professeur à l'école de pharmacie, a néanmoins donné une analyse chimique de l'humeur cutanée des crapauds, d'après laquelle il semble- roit bien qu'on est en droit d'attribuer des qualités nuisibles, à ce fluide, d'ailleurs jaunâtre et de consistance huileuse, puisqu'il est acre , extrêmement amer , caustique même, et qu'il renferme un acide particulier et en grande partie à Fétat libre. Aussi, quoique cette matière puisse sembler des- tinée, avec le mucus qui enduit le corps des crapauds, à défendre ceux-ci de la sécheresse de l'air et de l'ardeur du soleil, et à les maintenir, par l'évaporation à laquelle elle donne lieu , dans une température convenable ' , il n'en- faut pas moins croire qu'elle est un véritable poison pour certains animaux, et penser avec feu de Lacépèdeque, dans i Adanson nous apprend qu'en traversant les sables brûlans du Sd- négal, les Nègres, afin de se rafraîchir, s'appliquent sur le front des crapauds tout vivans, 488 TEG telle ou telle circonstance, la trace de ces reptiles a dû être aussi funeste que leur aspect est dégoûtant. C'est surtout en arriére de chaque œil que les cryptes mu- cipares de la peau des crapauds sont évidentes. Elles forment dans cet endroit une double masse de forme irrégulièrement ovoïde, recouverte de tégumens percés de porosités fort vi- sibles, que Linnaeus a désignés sous le nom de coussin-, mais que, depuis Laurenti et Schneider, on appelle plus généra- lement parotide ou glande parotide. Les Grenouilles, qui ont la peau beaucoup plus lisse que les crapauds, manquent de ces parotides. Chez les Pipas, où, au contraire, elle est plus sèche, elle paroît couverte d'une multitude de granulations crétacées. Dans les Rainettes, encore plus lisses que les grenouilles, on n'observe point non plus de parotides ; mais l'extrémité de chacun des doigts porte en dessous une petite pelote transversale, une sorte de coussinet, dont le derme paroît très-pulpeux, et au-dessous duquel est un tissu vasculaire et comme caverneux, propre, sans doute, à la sécrétion d'une humeur visqueuse , mais où l'on n'aperçoit ni cryptes ni follicules. Dans les Salamandres terrestres, on retrouve des parotides comme dans les Crapauds. Les Tritons, lesProtées, les Sirènes et les Amphiuma ^ en sont dépourvus. Les crypte* nombreuses de la peau des unes et des autres versent abondamment un liquide blanchâtre. Elles sont disposées sur plusieurs rangs, et forment des ver- rues, groupées les unes à côté des autres sur le dos et les flancs. Dans les Protées , le derme , assez épais , comme gélati- neux, est perforé par un grand nombre de vacuoles, dans chacune desquelles est logé un follicule mucipare. Les cryptes cutanées des Chéloniens ne sont point encore connues. Les Crocodiles ont, à droite et à gauche, entre les deuA branches de la mâchoire inférieure, un amas de ces cryptes, qui forment, au-dessous du derme, une glande ovoïde , com- primée , ouverte à l'extérieur dans une fente longitudinal^ TEG 489 cachée au milieu des plis des tégumens du cou, et produi- sent une matière sébacée à odeur de musc. En outre, chez eux encore, chacune des plaques squa- meuses du corps offre une porosité au milieu de son bord postérieur. On en remarque aussi quelques-unes sur la peau qui revêt la mâchoire inférieure. Parmi les Sauriens, les Geckos, pour la plupart, portent sous les doigts un appareil particulier, et qui paroît propre à la formation d'une humeur lubrifiante. Ce sont de petites pelotes dues à un élargissement considérable de la peau, qui dépasse de beaucoup la largeur des phalanges et cons- titue ainsi un disque, dont la surface inférieure est striée transversalement par des saillies squamiformes, imbriquées, séparées par des sillons et quelquefois partagées en deux par une rainure longitudinale. Le bord libre de ces saillies est armé dans toute sa largeur par une sorte d'ongle , divisé en un très -grand nombre de dents très-fines et un peu cour- bées à l'extrémité. L'étendue de ce disque poreux, la division ou l'intégrité des lames qui le composent, le nombre même de celles-ci, offrent des différences propres à caractériser les espèces dans ce genre de reptiles. Au reste , ce n'est ni par sa morsure , ni par sa salive , ni par son urine que le Gecko est nuisible. Il paroît que c'est uniquement par l'appareil crypteux dont il vient d'être ques- tion. Hasselquist, dont les observations ont été confirmées par les savans de l'expédition Françoise en Egypte , a remar- qué que le venin qui le fait généralement redouter, est ex- halé par les lobules des doigts. En 1760, cet auteur a vu au Caire deux femmes et une fille, qui furent sur le point de mourir pour avoir mangé du fromage sur lequel un gecko avoit marché. Une autre fois il vit la main d'un homme, qui avoit voulu saisir un reptile de cette espèce , se couvrir à l'instant de pustules rouges , enflammées et accompagnées d'une démangeaison pareille à celle que cause la piqûre de l'ortie. Les Cordyles, les Fouette-queues, les Basilics, les Iguanes, les Marbrés, les Anolis, plusieurs Geckos, les Améivas, les 49° TEG Lézards, portent sous les cuisses une rangée de petites utri- cules ou cryptes, dont le nombre est déterminé pour chaque espèce, et qui versent le produit de leur sécrétion par un pore distinct et ouvert au milieu de chaque écaille. La pré- sence ou l'absence de ces porosités sous- crurales offre de bonnes notes caractéristiques aux erpétologistes. Les Ophidiens, quoiqu'exhalant souvent une odeur des plus pénétrantes et des plus fétides, ne présentent point de système folliculaire appréciable au-dessous de leur peau. Les Amphisbènes offrent, par places, des pores analogues à ceux que nous venons de signaler sur les cuisses de plu- sieurs sauriens. Ils sont plus marqués qu'ailleurs sous les écailles qui bordent en avant l'orifice de l'anus, et leur réunion forme en ce lieu une ligne courbée en fer à cheval. Quelques reptiles offrent, de plus, des particularités, des difTérences spéciales dans l'enveloppe générale de leur corps. Dans la Matamata la peau forme , au cou et sous la mâ- choire inférieure , des prolongemens appendiculaires , des sortes de caroncules. Chez les Emydes et les Trionyx elle s'étend entre les doigts sous la figure d'une membrane molle et flexible. Chez les Crocodiles il existe de même des expansions inter- digitales. Dans plusieurs Agames et dans les Iguanes, parmi les Sau- riens, on trouve sous la gorge une expansion cutanée plus ou moins considérable et susceptible de se dilater par suite de l'entrée de l'air dans une poche membraneuse qji'elle re- vêt, ce que facilitent l'amincissement et la plus grande élas- ticité de la couche dermique en ce lieu. C'est là ce qu'on appelle un goitre ou un fanon, en erpé- tologie. Les Anolis en possèdent un qui, dans le grand anolis à crête, en particulier, s'étend jusque sous le ventre, et qui, dans le Roquet {Lacerta buUaris , Linn. ) des Antilles s'enfle dans la colère et rougit comme une cerise. D;ins les Iguanes proprement dits le goitre, comprimé et pendant, est soutenu à son bord par une production cartila- gineuse de l'appareil hyoïdien. Dans ceux-ci aussi une expansion des tégumens forme, TEG 491 sur le dos et la queue, une crête, qu'on retrouve également dans la Dragonne. Chez les Dragons les tégumens forment, à droite et à gauche du tronc , de larges ailes, analogues jusqu'à un certain point aux expansions membraneuses des Chauve-souris, des Rous- settes et des Polatouches, avec cette différence pourtant que, au lieu d'être soutenues par les os des membres, elles le sont par un prolongement extrême des premières fausses côtes. Elles soutiennent l'animal qui les porte comme un para- chute , lorsqu'il saute de branche en branche ; mais elles n'ont point assez de force pour que le choc qu'elles impriment a l'air fasse élever le dragon comme un oiseau. Les Reptiles, sous le rapport des papilles de la peau, sont dans le même cas que les oiseaux. On ne voit guère de pa- pilles chez eux que sous les pattes ; elles sont très -grosses et mamelonnées dans plusieurs Sauriens, et spécialement dans le Caméléon. Dans les Chélonées, dont les pattes prennent la forme de nageoire, on n'en aperçoit aucunement. Elles manquent également dans les Ophidiens. Aucun reptile ne présente de poils dans aucune partie du corps; ainsi aucun d'eux ne nous offre ni cils, ni sour- cils, ni moustaches, ni barbe, ni fourrure, etc. Nul d'entre eux également n'est recouvert de plumes. Les organes protecteurs ne leur manquent cependant point. Nous allons tâcher de les apprécier. Le corps du plus grand nombre des Reptiles, parmi les Chbloniens , les Sauriens et les Ophidiens, est recouvert en totalité ou en partie de lames ou de petites plaques cornées ou osseuses, ayant avec les poils, les ongles , les cornes et les plumes les plus grands rapports par la manière dont elles se développent, par les fonctions qu'elles sont appelées à rem- plir et par leurs propriétés chimiques; mais aucun animal de cette classe n'offre de poils véritables, ni de plumes. Et ce- pendant, suivant la remarque de M. Cuvier , ces plaques pourroient être considérées comme des cornes excessivement plates, tout comme les poils des mammifères pourroient être appelées des cornes excessi^'ement grêles. 402 TEG C'est à ces plaques qu'on donne généralement le nom d'Écaillés (squamce). Lfs écrjilies des Reptiles diffèrent beaucoup de celles des Poissons, et des -pganes qu'on a désigné parla même déno- mination chez les 1. figolins et les Phatagins parmi les mam- mifères. Elles paroissent n'être que le résultat d'une sorte de pin;'ement ou de saillie d'une portion du derme et de ses couches superposées, et leur solidité n'est due qu'à un grand développement de la cuticule extérieure. Les écailles des animaux qui nous occupent présentent entre ellf s de nombreuses différences, suivant les genres que l'en exajiiine. suivajit les parties du corps où on les observe. L" étude de leur grandeur proportionnelle, de leur forme, de leur consistance, de la nature de leur surface, de leur mode d'implantation, de leur disposition par rapport les unes aux autres, fournit au zoologiste d'excellens caractères. Dans es Chéloniens le plastron et la carapace sont recou- verts f'e grandes plaques écailleuses plus ou ou moins épaisses, de mêmf (laturc a peu près que la corne, qui varient par leurs dimensions, parleur figure et par leur nombre, non- seiilemenl suivant Its espèces, mais encore suivant les indi- vidus , mais qui pourtant, le plus souvent, sous le rapport de ces deux dernières conditions, correspondent exactement aux pièces osseuses du squelette qu'elles cachent. Quelques-unes de ces plaques, bien symétriques, consti- tuent une série le long de la ligne médiane de la carapace. Elles sont impaires, et comme elles sont couchées sur les vertèbres, on les désigne par le nom de plaques rachidiennes. Leur nombre s'élève le plus communément à cinq. De chaque côté de cette série moyenne, et composant avec elle le disque de la carapace , on trouve quatre autres lames de même nature et qu'on appelle plaques costales, en raison de leur position. Celles-ci sont paires. Enfin, toute la circonférence de la carapace est bordée par une ceinture de vingt-deux à vingt-cinq plaques margi- nales, plus petites et également paires. Le nombre des plaques sternales , c'est-à-dire de celles qui protègent le plastron , varie de douze à quatorze dans les Emydes et les Tortues proprement dites, où elles sont dispo- TEG 495 •ées sur deux rangs, et de vingt à vîngt»quatre dans les Chë- lonées, où elles sont couchées sur quatre lignes, le long d'une surface plate ou à peine bombée. Les plaques écailleusesde la couverture des chéloniens tom- bent quelquefois par l'effet d'une grande dessiccation. Pliantes et élastiques, elles sont à demi transparentes et présentent, dans certaines espèces, telles que le Caret, des couleurs assez belles pour être recherchées et servir à la fabrication d'objets de luxe et à différens autres usages , ce à quoi elles sont d'au- tant plus propres, qu'elles se ramollissent et se fondent à un feu assez doux, de manière à être réunies, moulées, et à prendre toutes sortes de figures. Habituellement les grandes plaques écailleuses de ces rep- tiles sont placées les unes à côté des autres et se touchent par des bords contigus, ainsi qu'on peut le voir dans la Chélonée franche , dans l'Émyde bourbeuse, dans la Tortue grecque, etc. Quelquefois elles sont complètement imbriquées comme les tuiles d'un toit : le Caret peut être ici cité pour exemple. Dans la Tortue géométrique, la Tortue grecque et la plu- part des Tortues terrestres, les plaques dont il s'agit, plus ou moins bombées et entourées de plusieurs cannelures con- centriques, forment des compartimens de figures diverses, au milieu desquels sont des points rugueux, saillans ou mousses. Celles qui forment le milieu de la carapace de l'Emyde tricarénée , sont relevées par des arêtes longitudinales, ce que l'on observe aussi pour la caouane {chelonia caouana). Dans tous ces chéloniens les écailles de la carapace sont très-denses et très-dures , mais il en est où elles sont molles et flexibles, et de ce nombre est la Matamata de la Guiane. Quelquefois elles manquent entièrement; il suffit, pour s'en convaincre , de jeter les yeux sur le luth (testudo coria- cea, Linn.) et sur les divers trionyx, qu'une peau très-mincé recouvre seule et que, pour ce motif, on a nommés tortues à cuir. Les lames écailleuses du plastron des Chéloniens sont , en général , beaucoup plus minces que celles de la carapace, et ont la souplesse du parchemin, dont elles offrent aussi très- souvent l'aspect. 494 TE G Ce n'est point seulement, au reste, le plastron et la cara* pace, qui, dans les chélonicns sont tapissés par des écailles; mais la tête , la queue et les membres de ces animaux en sont recouverts, et ces écailles, qui sont larges , épaisses et très- dures, ont une ligure et un nombre déterminés dans chaque espèce, ce qui est d'un grand secours dans les classifications erpétologiques. Celles qui recouvrent la tête se nomment céphaliques , et, suivant la place qu'elles occupent, se divisent en nasales, sourcilières , antorbitaires,postorhitaires , interorbitaires , labiales, pariétales et occipitales. Chez les Tortues terrestres, quelques-unes d'entre elles sont renflées en tubercules plus ou moins gros à la face externe des membres. Ces tubercules offrent moins de saillie dans les Emydes. Ils sont nuls dans les Chélonées et les Trionyx. Les Sauriens et les Ophidiens ont aussi le corps revêtu d'écaillés ou de plaques cornées ou osseuses. Ainsi la surface du corps des Crocodiles est, pour ainsi dire, au moins sous le ventre et sur le dos, et sur toute la queue , carrelée d'écaillés osseuses , rangées par bandes comme dans les Tatous, et qui, dans la jeunesse de ces animaux, ne sont que de simples lames ovales, lisses et disposées par zones transversales ; ensuite augmentant en largeur et en épaisseur; enfin, dans un âge plus avancé, perdant insensi- blement leur figure ovale et devenant des carrés parfaits, rangés comme des carreaux , surtout sur le dos et sur l'ori- gine de lu queue, où, pour la plupart, elles sont relevées d'arêtes longitudinales plus ou moins saillantes. Les flancs seuls , chez ces animaux , sont garnis de petites écailles rondes. Dans les Crocodiles proprement dits , les écailles qui re- vêtent les pieds de derrière font au bord externe de ceux-ci une crête dentelée , q ui manque dans les Caïmans , mais qu'on retrouve dans les Gavials. Dans le Caïman à museau de brochet {Crocodilus lucius, Cuvier) la nuque est armée de quatre plaques principales, relevées chacune d'une arête, et de deux plus petites tant en avant qu'en arrière. Le dos porte dix-huit rangées transver- TEG 495 aales de plaques, relevées chacune aussi d'une arête, et dis- posées de manière que la première rangée est composée de deux plaques, que les deux suivantes en renferment cha- cune quatre; tandis que les trois qui viennent après en offrent six et sont suivies de six nouvelles rangées à huit plaques et de deux à six. Les autres en renferment quatre chacune. Toutes ces plaques sont à peu près égales; mais il n'en est pas de même à la queue, où les arêtes latérales do- minent, comme dans tous les crocodiles, jusqu'au moment où elles se réunissent en une crête médiane. Dans le Caïman à lunettes {Crocodilus sclerops, Schneid.) on observe derrière l'occiput une rangée assez régulière de quelques écailles, puis, sur la nuque, quatre bandes trans- versales qui se touchent et vont se joindre à la série des bandes dorsales, les deux premières ayant chacune quatre écailles et quatre arêtes; les deux autres n'en offrant que deux. Les arêtes dorsales sont peu élevées et à peu près égales entre elles. Dans le Caïman à paupières osseuses {Crocodilus palpehro- sas, Cuv.) il en est à peu près de même. Le Crocodile vulgaire présente , immédiatement derrière le crâne et sur une ligne transverse, quatre petites écailles à arêtes isolées; puis la grande plaque de la nuque, formée de six écailles à arêtes, suivie elle-même de deux écailles écartées et des bandes transversales du dos, presque tou- jours au nombre de quinze ou de seize, les douze premières ayant chacune six écailles et six arêtes. Du reste , l'égalité des écailles, des arêtes et de leur nom- bre dans chaque bande , et leur position sur six lignes lon- gitudinales, font que cette espèce a l'air d'avoir le dos ré- gulièrement pavé de carreaux à quatre angles. Les écailles du ventre ont ici un pore plus ou moins mar- qué vers leur bord postérieur. Dans le Crocodile de Saint-Domingue les plaques écail- ieuses de la nuque ressemblent à celles du crocodile vulgaire : mais celles du dos ne forment que quatre lignes longitudi- nales d'arêtes, dont les mitoyennes sont peu élevées et les externes fort saillantes. Dans le Crocodile à nuque cuirassée ( Crocodilus cataphrac- 49« TEG tus, Cuv.) la nuque est armée de cinq bandes ëcailleuses, con- tinues entre elles et avec les écailles du dos, et formées cha- cune de deux grandes écailles. Les Gavials ont la nuque armée, derrière le crâne, de deux paires d'écussons ovales , ensuite de quatre rangées transversales, la première de deux grandes écailles, les deux suivantes de deux grandes et de deux petites , la quatrième de deux grandes; et les bandes du dos, au nombre de dix-huit, sont la continuation de celles-là : elles ont toutes quatre grandes écailles carrées et deux fort étroites sur le côté. Toutes ces écailles ont des arêtes égales et peu élevées. Quoique les Crocodiles, les Caïmans et les Gavials n'aient point de muscle peaucier à proprement parler, on voit néanmoins se détacher, des muscles superficiels de la co- lonne rachidienne, une double série de petits muscles qui se portent les uns d'avant en arrière , et les autres d'arrière en avant, pour se terminer par des tendons distincts à chaque rangée des tubercules écailleux du dos et de la queue. 11 en résulte que chaque tubercule a deux de ces muscles, et qu'il y en a quatre séries au dos et deux seulement à la queue. Dans les Agames, des écailles relevées en pointe hérissent diverses parties du corps, et surtout les environs de l'oreille, d'épines tantôt groupées, tantôt isolées. On en voit quelque- fois sur la nuque, mais elles n'y forment point une crête pa- îéacée qu'on voit dans les Galéotes. Ceux-ci sont régulièrement couverts d'écaillés imbriquées, libres et tranchantes par leurs bords , souvent carénées et terminées en pointe, tant sur le corps que sur les membres et la queue : celles du milieu du dos sont comprimées et relevées en épines, et forment une crête plus ou moins étendue. Dans le changeant d'Egypte {Trapelus, Cuv.) les écailles sont toutes très-petites , lisses et sans épines. Les Monitors proprement dits, comme le Monitor élégant de l'archipel des Indes, ont la tête, le ventre, le dos, les membres et la queue recouverts d'écaillés petites et nom- breuses. Dans les Dragonnes , les écailles éparses sur le dos sont grandes, relevées d'arêtes comme dans les crocodiles, et for- TEG 497 ment des crêtes sur la queue : celles qui recouvrent la tête, forment des plaques anguleuses, tandis que des lames rectan- gulaires garnissent le dessous du ventre et le pourtour de la queue. Il en est de même des Sauve -gardes; mais les écailles du dos sont , chez eux, petites et sans carène, et celles du ventre paroissent plus longues que larges. Les Ameiva ne diffèrent de ceux-ci, sous le rapport qui nous occupe, que parce que leur queue ronde et leur ventre sont recouverts de rangées transversales d'écaillés carrées, et qui paroissent, sous le ventre , plus larges que longues. Dans beaucoup d'autres sauriens , les Lézards en particu- lier, les écailles, petites, sont carrées, pentagonales ou hexa- gonales , plates ou carénées. Chez les Lézards on voit, sous le cou, un collier formé par une rangée transversale de larges écailles séparées de celles du ventre par un espace oii il n'y en a que de petites, comme sous la gorge. Dans les Takydromes on voit des rangées d'écaillés carrées même sur le dos. Celles de la queue des Cordyles sont grandes, prolongées en une sorte de pointe épineuse et rangées annulairement autour de la partie. Sur la tête elles forment, comme chez les lézards, d'ailleurs, de grandes plaques. De petits groupes d'écaillés épineuses entourent les oreilles des Stellions. Les écailles caudales du Fouette-queue sont encore plus grandes et plus épineuses que dans les Cordyles. Dans les Lophyres une crête écailleuse, semblable à celle des Galéotes, existe sur le dos et se prolonge sur la queue, ce qui rend celle-ci comprimée. Les écailles des dragons sont petites et imbriquées; celles de la queue et des membres sont carénées. Dans les Iguanes le corps et la queue sont couverts de pe^* tites écailles imbriquées, et tout le long du dos une rangée d'écaillés redressées, comprimées et pointues, forme une sorte de crête dentelée ou pectinée , qui a quelquefois plus d'un pouce de hauteur et qui manque aux Marbrés ou Po- lychrus, lesquels constituent un genre voisin. 62. 3a 498 TEG Toute la peau du Caméléon est simplement chagrinée par de petits grains écailleux , assez semblables à des têtes de clous. Les Scinques, les Bipèdes, les Seps, les Chalcides, les Bi- manes , les Orvets et les Ophisaures , ont de véritables écailles imbriquées à la manière de celles des poissons, tt en parti- culier des Carpes et des Clupées. Elles ressemblent à de petits ongles pJats. Quant aux écailles des Ophidiens, elles varient beaucoup et pour leur forme et pour leur disposition. On trouve chez eux des plaques écailleuses , c'est-cà-dire des renileniens du derme et de l'épiderme , très-peu saillans, quelquefois petits et égaux , et quelquefois encore d'une étendue proportionnelle très -variable , mais constamment circonscrits par une ligne régulièrement droite ou courbe, sans sinuosités, et touchant sans les recouvrir les bords des plaques voisines. Telles sont les plaques de la tête des Couleuvres, des Boas, des Vipères, des Bongares, etc. Ils présentent aussi d'autres plaques transversales, étroites, dont le bord postérieur est libre dans une étendue plus ou moins considérable et s'imbrique sur la plaque voisine, et qui sont tantôt entières, tantôt formées de deux parties en- grenées alternativement l'une dans l'autre. C'est ce qu'on observe sous le ventre des Boas, des Cou- leuvres, des Crotales, des Trigonocéphales , etc. Mais le plus souvent ce sont de petites écailles imbriquées hexagonales, lisses, striées ou carénées. C'est ainsi que se présentent celles du dos des Couleuvres, des Vipères et de la plupart des ophidiens hétérodermes, où elles sont rangées les unes à côté des autres , comme sur un réseau. Les Amphisbènes ont tout le corps entouré d'anneaux étroits et composés de petites écailles carrées. Les Acrochordes semblent, au lieu d'écaillés, avoir la peau semée de petits tubercules miliaires, durs et résistans, qui paroissent isolés quand ces animaux sont mal empaillés, niais qui ne sont autre chose que de fort petites écailles relevées chacune de trois arêtes. Ces écailles, d'ailleurs, TEG 499 sont r^patidues tiniformément sous le ventre et sur le dos. Les Batraciens n'ont ni plastron, ni carapace, ni écailles. Une peau nue revêt constamment leur corps , et M. Schnei- der a constaté que la Grenouille écailleusede y\'^albaum n'avoit paru telle que par accident , quelques écailles de lézards gar- dés dans le même bocal s'étant attachées à son dos. La Cécilie, qu'on classe communément parmi les Ophi- diens, mais qui, très-probablement, appartient à l'ordre des Batraciens, a aussi la peau nue. Remarquons, en terminant l'histoire des écailles chez les reptiles, que le nombre des lames et des écailles dans les Ché- Ioniens, les Sauriens et les Ophidiens, quoique pouvant ser- vir à distinguer les espèces, ne fournit cependant qu'un ca- ractère fort infidèle, puisqu'il n'est pas constant dans touS; les individus et dépend souvent de l'âge, d'une dififormité ou d'une circonstance locale. Il ne faut point oublier non plus que , parmi les reptiles, un certain nombre d'espèces présentent, dans plusieurs parties, des tubercules écailleux , ainsi que nous l'avons indiqué déjà pour plusieurs Agames , et comme nous le dirons bientôt au sujet de rÉrix, du Céraste, de l'Iguane cornu de Saint-Domin- gue, etc. C'est encore à l'histoire des écailles qu'il faut rapporter ce qui concerne ces grelots sonores qui terminent la queue des serpens à sonnette. Chez ces ophidiens, en effet, la queue, courte , cylindrique, lin peu grosse, est terminée par des clochettes pergamenta- cées, dont le nombre augmente avec l'âge, puisqu'il s'en forme une à chaque mue, c'est-à-dire annuellement. Ces clochettes, ou plutôt ces grelots, sont des pyramides quadrangulaires, tronquées, plus larges dans un sens que dans l'autre, et reçues les unes dans les autres de manière qu'oij ne voit que le tiers de chacune d'elles. Cette espèce d'emboîtement a lieu par le moyen de trois bourrelets circulaires, dont deux répondent à des cavités de la pyramide qui précède ; de sorte que la première pyra- mide, qui tient à la chair, n'a que deux cavités, et que la dernière , celle qui est à l'extrémité , n'en a point du tout. C'est à l'aide de ces bourrelets, inégaux eu diamètre, quf 6oo TEG les grelots se tiennent sans être liés ensemble, et qu'ils peu- vent se mouvoir avec bruit dès que l'animal agite sa queue. Ces diverses pièces, ne tenant point au corps, ne peuvent recevoir de nourriture; aussi ne croissent- elles pas. La der- nière, c'est-à-dire la première formée, est constamment fer- mée et plus petite. Lorsque chacune de ces pièces, dit avec raison le comte de Lacépède, a pris son accroissement, elle tenoit à la peau delà queue, et elles ont toutes été premières. Dès qu'une est complètement formée, il s'en produit une autre en des- sous, qui fait effort contre elle et la repousse, en laissant, entre son bord et la peau de la queue, un intervalle occupé par son premier bourrelet, et elle enveloppe toujours le second et le troisième des bourrelets de cette; nouvelle pièce. On trouve le plus souvent des ongles à l'extrémité des doigts, chez les reptiles écailleux qui ont des membres; mais ni leur structure ni leur forme ne présentent rien de bien caractéristique. Dans les chéloniens le développement et la figure de ces organes sont constamment en rapport avec le séjour de l'in- dividu examiné, ou mieux avec la nature du sol qu'il est destiné à fouler. C'est ainsi que les tortues proprement dites, les tortues terrestres, ont des ongles gros et obtus; que ceux des trionyx et des émydes sont longs et pointus. En outre, chez les chéloniens encore, tous les doigts, dans chaque genre, dans chaque espèce, ne sont point également armés d'ongles. Dans les trionyx trois doigts seulement en sont pourvus. Dans les chélonées on n'en compte qu'un ou deux à cha- cun des membres, tant antérieurs que postérieurs. La tortue luth en est totalement privée. Dans les crocodiles les ongles sont peu considérables et n'arment point les oeux doigts externes en particulier. Dans les geckos les ongles, fort pttifs, sont d'une exces- sive acuité. S'ils paroissent manquer au pouce et même à quelques autres doigts chez certaines espèces, cela tient plu- tôt à l'extrême ténuité qu'à leur absence totale. En effet, TEG Soi M. de Blainville a trouvé un ongle même au pouce rudimen- taire d'un petit gecko de l'isle- de -France, qui semble, au premier aspect, n'avoir que quatre doigts. Dans les agames et genres voisins de la famille des sau- riens, les ongles sont assez forts et en même nombre que les doigts. Dans les iguanes ils sont très -forts, comprimés, arqués et aigus. Ils ont moins de volume et moins de force dans les lé- zards. Dans les scinques, et surtout dans les chalcides et les seps, ils tendent à disparoître graduellement. Aucune espèce d'ophidiens, de même que les orvets et les ophisaures parmi les sauriens, ne présente d'ongles; la raison en est facile à saisir. Mais la queue des acanlhophis est terminée par une sorte de cornet écailleux, très-pointu, presque épineux et analogue à un ongle. Plusieurs trigonocéphales sont dans le même cas. Remarquons aussi que le boa devin, l'aboma , le bojobî, le boa élégant, le boa broderie, l'ular sawa des îles de la Sonde, et quelques autres serpens, ont, de chaque côté de l'anus, un crochet que revêt un cône corné de la même na- ture absolument. Dans les batraciens on n'observe aucune trace d'ongles. L'os frontal des reptiles ne porte jamais ni cornes ni che- villes de cornes. Le céraste d'Egypte , cependant, a au-dessus des yeux deux éminences pointues que l'on a comparées aux cornes des mam- mifères et qui sont implantées sur chaque paupière. Cornua prœtendens immania fronte cérastes , Dum torcjuet spinarn sibilat ecce vagus. N. Reusner. Verticales, dures, un peu courbées, mobiles, marquées de quatre cannelures longitudinales, revêtues d'un épiderme écailleux , ayant par conséquent quelque ressemblance , selon Belon , avec un grain d'orge , ces prétendues cornes , fort bien connues des anciens et offrant presque la structure des cornes creuses des ruminans, ont donné lieu à la fable racontée par 6o2 TEG Pline et par Solinus , qui disent que les cérastes, cachant en terre ou sous les feuilles tout le reste de leur corps, mettent en mouvement ces appendices pour attirer les oiseaux qu'ils veulent dévorer dans ces v:istes déserts des contrées les plus chaudes de l'Afrique septentrionale, dont ils partagent la do- mination avec les redoutables aspics. La vipère amniodyte ou vipère de Charas porte aussi un appendice cératoïde à l'extrémité du museau. L'orvet à long nez et le langaha sont dans le même cas. Le crapaud cornu et le crapaud perlé, parmi les batra- ciens, ont aussi une sorte de corne au-dessus de chaque œil. ^. 5. Des Tégumens dans les Poissons. Sous le rapport de l'enveloppe tégumentaire qui protège leur corps, les poissons offrent les uns avec les autres peu de ressemblances. Cependant, en général, chez eux le derme, non mobile, est fort adhérent aux tissus subjacens , paroit plutôt muqueux ou gélatineux que fibreux , et oBre une texture peu serrée. Le plus communément la couche colorée du corps réti- culaire a la teinte de la nacre , de l'argent ou de l'or. Elle peut aussi présenter tous les autres systèmes de coloration. L'épiderme est d'une grande ténuité. La surface du derme est souvent recouverte d'un appareil protecteur, que l'on désigne sous le nom d'EcAiLLEs (voyez ce mot), et dont nous avons déjà eu occasion de parler; mais dans aucun poisson elle n'est surmontée de véritables poils, quoique chez beaucoup elle présente des appendices trichoïdes ou phylloïdes, comme dans le sjngnathus foliatus de Shaw, que produit la Nouvelle -Hollande; des piquans, eomrae dans les diodous et les tétrodons ; des sortes de cornes, tomme dans quelques ostracions ; des lames tranchantes, comme dans les acanthures, quelques balistes , etc. Les organes mucipares sont fort développés en général dans les tégumens des poissons, et existent, en particulier, sous la iorme de canaux et de pores, autour de la tête et le long ce la ligne latérale , oii ils sont rangés d'une manière symé- trique. TE G 5o5 Si l'on entre dans les spécialités, oti ne tarde point à re- connoitre que certains paissons, les lamproies, les ammo- cœtes, les eptatrémes, les myxines, les cycloptères, les bau- droies, entre autres, ont une peau nue et visqueuse; que d'autres, comme les anguilles, les silures, les inurénophis, les blennies, n'ont que des écailles presque imperceptibles, ce qui rend leur peau presque nue, ainsi que celle qui ta- pisse le ventre des maquereaux, des thons, des chimères^ des xiphias, des trichiures, des gastérostées ou épinoches, des styléphores, des échénéides ; mais, dans ces derniers, l'épiderme est lisse et le derme mince, tandis que chez les autres les écailles paroissent par l'effet de la dessiccation, en même temps que le derme est épais et fort résistant. Dans le plus grand nombre des poissons osseux la peau est squameuse , et c'est ce que l'on observe spécialement dvins les barbeaux, les tanches, les carpes, les goujons, les bro- chets, les labres, les ginelles, les scares, les spares , les ha- rengs, les clupanodons, les truites, les corégones, les per- ches, les sciènes, les pomacentres, les centropomes, les en- graules, etc. Quelques-uns ont des écailles moins distinctes et vérita- blement osseuses. Les lépisostées et plusieurs espèces de tri- gles, de cottes, de cataphraites et de gastérostées, sont dans ce cas. On en peut dire autant à peu près de la plupart des Balistes , des Ostracioxs , des Syngnathes , des Hippo- campes, et même des Esturgeons. (Voyez ces mots.) Parfois encore la peau des poissons est rude, et renferme dans son tissu des tubercules plus ou moins osseux, acicu- laires , étoiles ou squamiformes , mais toujours profondément implantés et fort adhérens. Les tétrodons et les dindons nous offrent des exemples de cette disposition. Les Aiguillats, les Cestracions, les Grisets, les HcJMANTiNs, les Pastenagues, les Requins, les Roussettes, etc. (voyez ces mots) , demandent à être rangés dans la même catégorie, de même que le cycloplère. Dans le squale bouclé les piquans de la peau se rassem- blent en petites plaques. Dans la raie bouclée, ce que l'on nomme les boucles, n'est autre chose que des tubercules du même genre, à base très- 5o4 TEG large, en partie ocreuse, de nature crétacée, et portant un crochet corné et pointu. On peut rapprocher de ces boucles le piquant de la queue des pastenagues et des raies aigles. La peau des poissons offre toutes les nuances, tous les mé- langes possibles de coloration. Nous terminons ici ce que nous avions à dire d'une ma- nière générale sur les tégumens des animaux ; les lecteurs curieux de détails plus circonstanciés, liront avec fruit les articles Animal , Coquille, Crustacés, Insectes, Malacos- TRACÉs , Mollusques, Oiseaux, Vers, Zoologie, Zoophytes. (H. C.) TÉGUMENS FLORAUX. ( Bof. ) Voyez Enveloppes florales. ( Mass. ) ÏEH. (Bol.) Voyez Ta. (J. ) TEHEN. (Mamm.) En Hongrie, c'est le nom par lequel on désigne la vache. (Desm.) TEICHFORELLE. {Ichthyol.) Un des noms allemands de la truite. (H. C.) TEICHMEYERA. (Bot.) Le japarandiba du Brésil, cité par Marcgrave, a été érigé sous ce nom par Scopoli en un genre qui paroît devoir être réuni au pirigara d'Aublet. (J. ) TEIGNE. (Bot.) Ce nom vulgaire est donné dans l'Anjou à la cuscute, discuta europœa, suivant M. Desvaux. (J.) TEIGNE, Tinea. (Enlom.) Genre d'insectes tétraptères, à ailes écailleuses, à trompe roulée en spirale et par consé- quent de l'ordre des lépidoptères, rangés dans la famille des séticornes ou chétocères, parce que leurs antennes sont en soie, non dentelées. Ce genre, établi par Linnaeus, a été adopté depuis par la plupart des entomologistes, qui en ont cependant retiré suc- cessivement un grand nombre d'espèces, qu'ils ont distribuées, daprès des caractères particuliers , en six ou sept autres genres, dont ils ont fait une famille ou une tribu sous le nom de TiNÉiTEs. Ce nom de tinea est très-ancien ; on le trouve employé avec la même signification dans Horace et chez Pline. C'est ainsi que le poète, dans sa vingtième épitre du livre i.''"', adressée à son manuscrit, fait allusion à cette double idée, ou que, TEI 5o5 ftHiilleté souvent, il pourra être sali par les mains du vul- gaire ; ou que, laissé sans être ouvert, il sera rongé par les teignes paresseuses : Contractatus ubi manibus sordcscere vulgi Ccepei is , aut tineas pasces taciturnus inertes. Et Pline, dans son Histoire naturelle , livre 5i , chap. 3, en parlant des galleries, insectes qui mangent la cire en s'in- troduisant dans les ruches, désigne nominativement les tei- gnes : JVà/n et ceras erodunt, et stercore suo vermes progenerant y quos alveorum tineas appellamus. Il est évident que le nom (rançois' teigne vient du mot latin tineœ au génitif. Nous avons fait représenter sur la planche 44? "•" ^ ■> ^^ l'atlas de ce Dictionnaire, une espèce de ce genre; malheu- reusement nous n'avons pas pensé à faire figurer ces insectes dans l'état de repos , car le port de leurs ailes devient un moyen facile et rapide de distinguer entre eux les genres de cette famille. Voici les différences les plus remarquables, à l'aide des- quelles on distingue les teignes de tous les autres lépidop- tères chétocères. Les ptérophores et les phalènes ont les ailes étendues et étalées dans l'état de repos. Les noctuelles, les crambes, les pyrales et les alucites, les portent plus ou moins inclinées sur le dos ; enfin , les lithosies les ont disposées en une sorte de fourreau cylindrique qui enveloppe l'abdomen, comme chez les teignes; mais chez celles-ci le fourreau ne dépasse guère le ventre; il est arrondi de toutes parts, tandis que dans les lithosies les ailes sont beaucoup plus longues que l'abdomen, et, quoiqu'en fourreau, elles sont aplaties sur le dos. Les teignes, auxquelles cet article est consacré et que nous allons faire connoître , proviennent de larves qui, pour la plupart , se filent un fourreau ou un étui qu'elles recou- vrent, soit de corps étrangers, soit des matières qui pro- viennent du résidu de leurs alimens. La plupart attaquent des substances organiques privées de la vie : elles deviennent de véritables fléaux pour toutes les matières composées de laine, de poils, de crins, de carne, d'écaillés, de peaux, de plumes, et pour les collections où l'on conserve des crustacés, des in- 5o6 TEI sectes et toutes les préparations anatomiques à sec. En gé- néral, elles aiment l'obscurité et le repos, de sorte que le meilleur procédé pour s'opposer à leurs ravages , est de battre , de secouer souvent et d'exposer à une vive lumière, à des températures dont les degrés varient brusquement, toutes les substances que l'on veut préserver ou débarrasser de cette vermine. Il est souvent fort difficile de reconnoître la présence de ces animaux, même en examinant attentivement les étoffes qu'ils attaquent; car tantôt l'insecte s'y creuse une galerie couverte, en laissant les poils du drap au dehors; tantôt le fourreau même dans lequel la larve se relire est recou- vert en dehors des débris colorés de ces mêmes étoffes, dont il ne diffère aucunement à la première inspection. Réaumur a fait connoitre avec beaucoup de détails inté- ressans, dans ses Mémoires , tome 5 , les observations qu'il a faites sur un grand nombre d'espèces de teignes. La plupart passent Fhiver dans une sorte de léthargie ou de sommeil, pendant lequel elles fixent leur fourreau dans les places les plus élevées et les plus retirées des pièces de nos habitations ou se trouvent déposées les substances propres à leur pâture. Mais c'est en été que s'exercent leurs ravages; car, sous la forme d'insectes ailés, les teignes ne vivent que le temps nécessaire pour que le rapprochement des sexes ait lieu, et c'est principalement pendant la nuit. La femelle fécondée va pondre ou déposer ses œufs isolément sur les matières qu'elle suppose convenir à la larve; car elle-même, sous cette der- nière forme de papillon, prend rarement de la nourriture. Les chenilles qui habitent les fourreaux sont ordinairement rases ; leur corps est blanc , parce qu'il est étiolé , mais leur tête et leurs six pattes antérieures varient pour la teinte du jaune au rouge, au brun et au noir. Souvent elles n'ont en outre qu'une fausse paire de pattes placée à l'autre extré- mité du corps, à l'aide de laquelle l'insecte s'accroche à son étui, et dont il se sert pour en sortir et pour y rentrer. Linnaeus avoit donné à toutes les espèces du genre Tinea un nom terminé en ella; mais depuis, les auteurs ayant sé- paré du genre plusieurs espères qu'ils gnt replacées dans d'au- tres genres , ils n'ont pas cru devoir s'astreindre à cette sorte TEI 5o7 de loi, que Fabricius paroît avoir violée l'un des premiers. Linnseus avoit inscrit dans ses dernières éditions du Systema naturœ plus de trois cents espèces dans le genre Tinea. Nous ne plaçons ici dans le véritable genre Teigne que les espèces qui se filent un fourreau , qui vivent ai"nsi isolées et dont le caractère principal est indiqué par ce que Geoffroy- nommé un toupet, c'est-à-dire un prolongement au-devant de la tête, tantôt simple, tantôt fourchu, formé par les palpes, qui sont ainsi dirigés en avant et beaucoup plus longs que la tête. Nous décrirons sous le nom d'YpoNOMEUTE les espèces de teignes dont les ailes sont prolongées au-delà de l'abdomen et dont les chenilles se filent en commun une sorte de tente dans laquelle elles vivent en société. Telles sont les teignes du fusain, du cerisier, de la vipérine, etc. Nous allons faire connoître quelques espèces du véritable genre Teigne. 1. Teigne pelletière, Tinea peJlionella. C'est la teigne commune de Geoffroy, n° 6. Car. Ailes d'un gris plombé brillant, avec quelques points noirs dans le milieu. Cette espèce attaque les pelleteries et les plumes, qu'elle coupe et détruit. 2. Teigne tapissière, Tinea tapizella. C'est la teigne bedeaude à tête blanche de Geoffroy, n.* i3. Car. Ailes brunes à la base et le reste d'un blanc jaune ; corps brun et tête blanche. Sa larve se creuse des galeries dans l'épaisseur des étoffes de laine, qu'elle ronge. On a remarqué qu'elle fend son four- reau sur la longueur, lorsque son corps grossit, et qu'elle y fixe une pièce de rapport souvent distincte par la cou- leur de la laine dont elle s'est servie pour construire ce fourreau. 3. Teigne a harpon, Tinea harpella. Car. Ailes brunes; les supérieures à bord interne jaune, fourchu vers l'extrémité libre , qui est recourbée en cro- chet. C'est l'espèce que nous avons fait figurer sur la planche 4? de ce Dictionnaire, n.° 6 : la tête et le corselet sont jaunes. 4. Teigne des grains ou du blé ^ Tinea graneUa. So8 TEI Car. Ailes d'un blanc gris, à taches et lignes noires ; les inférieures noirâtres, sans taches. Leuwenhœck en a donné le premier l'histoire en 1692, dans sa 71/ Lettre. Réaumur l'a beaucoup mieux fait con- noitre dans son 8.* mémoire du tome 3. Voici ce qu'il en dit, page 272 : « C'est aux grains de nos greniers qu'en veut cette « chenille, et surtout au froment et au seigle; elle lie plu- « sieurs grains ensemble avec des fils de soie , qu'elle attache « contre les grains assujétis; dans l'espace qui est entre ces « grains elle se file un tuyau de soie blanche ; logée dans ce « tuyau , elle en sort en partie pour ronger les grains qui « sont autour d'elle. I-a précaution qu'elle a eue d'en lier « plusieurs ensemble, fait qu'elle n'a pas à craindre que le « grain que ses dents attaquent, s'échappe, qu'il glisse, « qu'il tombe , qu'il roule; s'il se fait quelques mouvemens « dans le tas du blé, si beaucoup de grains roulent, elle « roule avec ceux dont elle a besoin ; eile s'en trouve tou- « jours également à portée : c'est en Mai et en Juin que « ces teignes sortent de leurs chrysalides. ■>> (C. D. ) TEIGNES. {Entom.) Sous ce nom beaucoup d auteurs fran- çoîs et modernes ont décrit un grand nombre d'insectes dont les larves attaquent les substances animalts et végétales, en les rongeant et s'étendant du centre à la circonférence, à la manière de quelques maladies de la peau, telles que les dar- tres, dont certaines espèces ont été nommées teignes, lors- qu'elles attaquent la face ou le crâne. Les naturalistes ont distingué les Teignes en deux grandes coupes : les teignes vraies ou proprement dites , qui sont les lépidoptères que nous avons fait connoitre dans l'article qui précède ; et les fausses teignes, que nous allons indiquer par leur ordre alphabétique. (CD.) TEIGNES AQUATIQUES. (Entom.) Ce sont les larves des friganes. ( C. D. ) TEIGNES DES CHARDONS. (Entom.) Ce sont des larves de cassides qui portent sur le corps une masse du résidu de leurs alimens, placée sur une fourche par laquelle l'abdomen se termine. Cette fourche peut se redresser à la volonté de l'ani- mal pour masquer le corps de l'insecte et le soustraire à la vue de ses ennemis. Voyez tome XIII de ce Dictionnaire, ar- TEI 5o9 licle Moyens de défense, pag. 17, les deux derniers alinéas. (CD.) TEIGNES DU CHOCOLAT. (Entom.) Le chocolat fabriqué est sujet à être attaqué par les larves d'une teigne dont l'in- secte parfait n'est pas connu , quoique Réaumur l'ait décrit toine 3, page 280, et figuré pi. 19, fig. 19 et 20. (Desm.) TEIGNES DE LA CIRE. (Entom.) Voyez Gallerie , tome XVIII, page loo. (CD.) TEIGNES DU COTON. (Entom.) Réaumur appelle ainsi, tom. 3, mémoire 4, pag. i3i , une larve d'insectes diptères, qui fait entrer au dehors du fourreau qui le protège, les filamens et aigrettes cotonneuses des graines de diverses es- pèces de saule. (C D.) TEIGNES DES CUIRS. (Entom.) Ce sont des larves de lé- pidoptères du genre Crambe, n.° 1 , nommé crambe de la graisse ou crambus pinguinalis. ( C D. ) TEIGNES A FALBALAS. (Entom.) Réaumur nomme ainsi certains fourreaux que construisent les chenilles de teignes, lorsqu'ils sont formés de replis flottans comme festonnés, dis- posés successivement les uns sur les autres à des distances égales.' (C D.) TEIGNES DES FAUCONS. (Entom.) Nom vulgaire des ri- cins qui attaquent les oiseaux de proie et qui vivent sur leurs plumes. (CD.) TEIGNES DU LIS. (Entom.) Ce sont les larves du criocère du lis. (CD.) TEIGNES DES MURAILLES. (Entom.) Ce sont les four- reaux que se construisent les chenilles du bombyce dit vestu. (CD.) TEIGNES DE L'ORGE ET DE L'AVOINE. (Entom.) M. La- treille suppose que ces noms ont été donnés par Réaumur à des larves de criocéres qui vivent sur ces plantes. (Desm.) TEIL, TILLAU. (Bot.) Noms vulgaires du tilleul sauvage, lilia microphjlla de Ventenat, dans l'Anjou, suivant M. Des- vaux. ( J. ) TEIN-DOUX. (Bot.) C'est une variété de pêche. ( L. D. ) TEINTURE ALCALINE. (Chim.) La teinture alcaline se 1 Gorame les volaas ou garnitures des robes de nos dames. 5io TEI prépare en fondant du sous -carbonate de potasse prove- nant de la décomposition du tartre, le pulvérisant dans un mortier de fer chauffé et le mettant ensuite tout chaud dans un niafras, où l'on verse promptement assez d'alcool rec- tifié pour recouvrir la matière de deux pouces environ. Enfin , en faisant digérer le tout jusqu'à ce que l'alcool ait pris une couleur rougeàtre. Quelques auteurs ont remarqué avec raison qu'au lieu d'opérer comme nous venons de le dire, il est préférable de mettre dans l'alcool de la potasse rendue caustique par la chaux. (Ch.) TEINTURE D'ANTIMOINE. (Chim.) Pour la préparer, on fond 1 partie de sulfure d'antimoine avec 2 parties de sous- carbonate de potasse provenant du tartre. On coule la ma- tière fondue; on la pulvérise; on la met toute chaude dans un matras et on verse par-dessus 2 pouces environ d'alcool. On fait digérer le tout pendant quelques jours; l'alcool dis- sout du sulfure de potassium et très-probablement du pro- toxide d'antimoine. (Ch.) TEINTURE DE MARS DE LUDOVIC. {Chim.) On fait bouil- lir dans 1- livre d'eau un mélange de 4 onces de bitartrate de potasse et de 4 onces de sulfate de protoxide de fer cal- ciné en blancheur. On concentre la liqueur en consistance de miel. On introduit le tout dans un matras ; on verse dessus 5 pouces d'alcool et on fait digérer les matières; quand l'alcool est coloré, on le décante. On le remplace par du nouvel al- cool, qu'on fait digérer comme le premier, et ainsi de suite: toutes les liqueurs réunies sont la teinture de Ludovic. Il est bien probable que dans celte opération il se forme du tar- trate de potasse et de fer. (Ch. ) TEINTURE DE MARS DE MYNSICHT. {Chim.) On la pré- pare en mettant en digestion dans de l'alcool des Jleurs de sel ammoniac martial^ c' est-a-dire du sel ammoniac sublimé . con- tenant de l'hydrochlorate de peroxide de fer. Il n'est pas dou- teux que l'alcool ne se charge de ces deux composés. (Ch.) TEINTURE DE MARS ALCALINE DE STAHL. {Chim.) On donne ce nom a une préparation que l'on fait de la ma- nière suivante : on verse peu à peu la solution d'un sel de peroxide de fer dans de l'eau de sous -carbonate de potasse, TEI 5iï en ayant le soin d'agiter ces liqueurs, afin que le précipité qui s'est formé d'abord se redissolve ; quand on a saturé de cette manière le sel alcalin de tout l'oxide de fer qu'il peut dissoudre, on le filtre. La liqueur filtrée est la teinture de Mars alcaline de Stahl. ( Ch. ) TEINTURE DE MARS TARTARTSÉE. (Chim.) On mêle 6 onces de limaille de fer et i livre de tartre blanc en poudre. On en fait avec de l'eau une sorte de pâte, qu'on abandonne à elle-même dans un chaudron de fonte. Au bout de 24 heures on verse 6 parties d'eau sur la matière; on fait bouillir pen- dant deux heures, en remuant de temps en temps et rem- plaçant le liquide qui s'évapore par de l'eau chaude. On laisse reposer la liqueur, on la filtre, on la fait concentrer en con- sistance de sirop clair, et on y ajoute 1 once d'alcool pour empêcher qu'elle ne se moisisse. (Ch.) TEINTURE DES MÉTAUX; Lilium de Paracelse. {Chim.) On fait un alliage de 2 parties d'antimoine réduit par le fer, de 1 partie d'étain et de 1 partie de Cuivre .• on le pulvérise; on le mêle avec le triple de son poids de nitre. On projette le mélange dans un creuset rouge de feu, et on chauffe de manière que les métaux soient complètement oxidés. On pul- vérise la matière calcinée; on la met encore chaude dans un mortier, et on verse dessus trois pouces d'alcool. D'après les observations de Baron et de Baum^, on peut croire que ce qui constitue principalement cette préparation, est une solution alcoolique de potasse; cependant il n'est pas impossible que la potasse détermine la dissolution de quel- ques atomes d'oxides métalliques , particulièrement de per- oxide d'antimoine. (Ch.) TEINTURE D'OR. {Chim.) Liqueur alcoolique ou éthérée qui tient en dissolution de l'or ou plutôt du chlorure de ce métal. ( Ch. ) TEINTURE PURPURINE DE TYR. {Mollusq.) Pline a dé- crit deux sortes de coquilles au livre 9 de son Histoire na- turelle , comme fournissant la pourpre si célèbre qui tei- gnoit la toge des grands de Rome. L'une est nommée par lui luccinum et l'autre murex. On a beaucoup disputé pour savoir quel étoit ce buccinum, inconnu aujourd'hui, et, comme à. l'ordinaire , on n'a point voulu examiner les produe-tions d« 5i2 TEI la Méditerranée. Écoutons ce que dit Pline : « Au printemps c les buccins s'assemblent; ils font sortir de leur bouche une « cire gluante; leur précieuse liqueur est dans une veine « blanche, et sa couleur est un rose obscur, verdissant quel- « quefois et difficile à fixer. Ce n'est que dans l'état de vie « que les pourpres donnent leur couleur; on les écrase dans « leur conque même : on les nomme parfois conchylies. La « langue des poissons à pourpre est longue d'un doigt et dure suivant Hermann. (J.) TELJEVALA. {Bot.) Nom d'une espèce de ketmie à Ceilan, suivant Hermann. (J.) TEL 5i5 TÉLAGON ou TÉLAGU. (Mamm.) Nom que porte à Su- matra et à Java un animal carnassier, voisin des moufettes, et dont M. Frédéric Cuvier a formé un genre particulier,, sous le nom de Mydaus. Voyez ce mot. (Desm.) TELAMANDU. (Bot.) Nom du dolichos scarabœoides à Ceilan , suivant Linnœus. ( J. ) TELAMANDUKOLA. {Bot.) Le cassia ahsus est ainsi nommé à Ceilan , suivant Linnœus. (J.) TELAMON. {Ornith.) Les Espagnols donnent ce nom et celui de calamon , suivant Aldrovande et Gesner, à la poule sultane ordinaire, /u/ica porp^iyrio , Linn. (Ch. D.) TÉLÉBOÏTE. {Foss.) Dans la Conchyliologie systématique, Denys de Montfort a donné ce nom à un genre dont voici les caractères : Coquille libre, univahe , cloisonnée, criblée à chaque camération, droite et conique; bouche ronde, horizon- tale; siphon central; cloisons coniques et unies. Cet auteur a donné la figure et la description dune es- pèce de ce genre, qu'il a nommée téléboïte annelé , telebois annulatus, et l'a rapportée à celles qui se trouvent figurées dans l'ouvrage de Knorr, sur les Pétrifications, fig. 109 et 110. Nous ne connoissons rien qui puisse se rapporter à la figure donnée par Denys de Montfort ; mais à l'égard de celles de l'ouvrage de Knorr, qu'il a citées, rien n'est plus évi- dent qu'elles représentent des tiges d'encrinites. Dans le Ta- bleau méthodique de la classe des céphalopodes (page 79), M. d'Orbigny annonce, ainsi que nous le faisons, que le té- léboïte de Montfort n'est qu'une colonne d'encrine usée sur ses angles. Si ce dernier étoit exact , il nous embarrasseroit quand il dit que cette coquille a été trouvée dans la mon- tagne de Sainte- Catherine de Rouen; car on ne trouve pas d'encrines dans cette montagne crayeuse : mais il est très- probable que Denys de Montfort s'est trompé sur la localité. Il dit que l'île de Gothlande est , pour ainsi dire, entièrement lardée de téléboites , dont quelques-uns ont plus de trois pieds de long sur dix pouces de diamètre , et qu'on en ren- contre en Angleterre qui sont pyriteux et noirs. On sait que l'île de Gothlande est la patrie des lituites et des ortho- cératites; et si Denys de Montfort n'avoit pas rattaché son téléboïte aux figures de Knorr , qu'il a citées, nous croi- 5i6 TEL rions qu'il pcurroit se rapporter au dernier de ces genres. (D. F.) TELEGGO. ( Mainm. ) Marsden écrit ainsi le nom d'un car- nassier de Sumalra qui exhale une odeur très-fétide, et qui est le même que le Télagon. Voyez ce mot. (Lesson. ) TELEKIA. (Bot.) Dans le troisième volume de VEnume- ratio stirpium Transsilvaniœ de M. Baumgarten , publié à Vienne vers la fin de l'année 1816, nous trouvons (p. 149) un genre de Synanthérées proposé par ce botaniste sous le nom de Telelia, et caractérisé par lui de la manière sui- vante : « Anthodion imbriqué; foliacé, disposé sur deux rangs; « à écailles extérieures plus longues, presque égales, velues, « crénelées; les intérieures plus courtes, ovales, réfléchies « au sommet. Style exsert. Fleurons radiés ligules. Deux « stigmates oblongs, réfléchis; ceux (fleurons) du centre « hermaphrodites. Stigmates bifides. Réceptacle séteux {se- « tosum) , à soies subulées, roides. Aigrette sessile, plu- « meuse. ^^ Nous avons traduit littéralement cette description carac- téristique , qui peut paroître bizarre sous quelques rap- ports. M. Baumgarten a fondé le genre dont il s'agit sur une seule espèce, qu'il nomme Telekia speciosa, et qui, suivant lui, est le Buphthalmum cordifolium de Waldstein et Kitaibel, et de Marschall , et le Buphlhalmum speciosum de Schreber. L'auteur nous apprend que cette plante, très- commune en Transylvanie, y est confondue par les habilans avec Vînula helenium, qui, dit-il, en diffère infiniment {toto calo) par le caractère générique, par le port, et par l'odeur. Il ajoute que son nouveau genre Telekia s'éloigne du genre Inula, qui a le réceptacle nu, et l'aigrette capillaire pres- que double [suhduplicem) ; et qu'il se rapproche immédiate- ment du genre Buphlhalmum, mais que pourtant il s'en dis- tingue très-bien parle réceptacle et par l'aigrette. Remarquez que M. Baumgarten attribue ( pag. 148) au genre Buphthal- mum une couronne neutritlore {jlosculiradiati ligulati stériles), ce qui est une erreur : mais il garde le silence sur ce point à l'égard du Telekia, TEL 5i7 Lorsque nous avons proposé, dans le Bulletin des sciences de Novembre 1818 (pag. 166), notre genre Molpadia, fondé sur le Buphlhalmum cordifolium, Waldst. , nous ne connoissions point le Telekia de M. Baiimgarten , publié deux ans aupara- vant, et dont nous n'avons eu cormoissance que très-récem- ment. Mais si nous eussions connu en 1818 le Telekia, cela ne nous auroit peut-être pas empêché de proposer le genre Molpadia; car il est à peine croyable que le Telekia et le Molpadia soient deux genres identiques, et fondés l'un et l'autre sur une seule et même espèce de plante. En eflet, les squames du péricline de notre Molpadia ne sont point disposées sur deux rangs; son clinanthe n'est point fimbrillé (setosum) , mais garni de véritables squamelles ; et surtout l'aigrette de ses fruits, loin d'être plumeuse, est stéphanoide , ti"ès-courte , irrégulière, subcartilagineuse, offrant quelquefois une longue squamellule filiforme à peine barbellulée, c'est-à-dire à peine dentée, presque nue. Ajou- tons que notre Molpadia suaveolens , très-rapprochée deVInula helenium par ses rapports naturels, en diffère spécifiquement et génériquement, mais ne s'en éloigne pas toto calo, comme dit M. Baumgarten ; en sorte que les paysans de la Transyl- vanie auroient mieux apprécié que ce botaniste les vraies affinités de la plante en question. Enfin, si le Molpadia dif- fère génériquement, comme nous le pensons, des vrais Bup?i- thalmum, il faut chercher les différences génériques ailleurs que dans le réceptacle et dans l'aigrette, puisque le Molpadia offre , comme les vrais Buphthalmum, le réceptacle paléacé et l'aigrette stéphanoide. Cependant la description spécifique de la Telekia speciosa, tracée par M. Baumgarten , ne permet guère de douter que cette plante ne soit la même que notre Molpadia suaveolens. Faut-il en conclure que les caractères génériques du Telekia ou Molpadia sont sujets à des variations bien extraordinaires? ou doit-on penser que l'auteur du 'Telekia^ ou celui du Mol- padia, a commis de bien lourdes erreurs? Nous trouvons, dans le Sjstema vegetahilium de M. Sprengel , une remarque qui nous semble résoudre la question: Ex authentico specimine eompertum habeo ne ullum quidem pappum adesse. Il est donc infiniment probable que M. Baumgarten s'est gravement 5i8 TEL trompé en décrivant l'aigrette. Son erreur sur la nature des appendices du clinanthe, moins choquante en apparence, est tout aussi grave en réalité. En effet, le réceptacle séteux (setosum) est attribué par ce botaniste au Telekia , comme au Carduus; et en conséquence il range ce genre Teleha dans une autre division que celle où il admet le genre Buphthalmum, auquel il accorde le réceptacle paléacé ; c'est-à-dire que, suivant lui, les appendices du clinanthe du Telekia sont ana- logues à ceux du Carduus, et non à ceux du Buphthalmum- ce qui est évidemment insoutenable. Il est vrai que ces ap- pendices sont très-étroits ; mais chacun d'eux est une squa- melle , c'est-à-dire une véritable bractée, qui est solitaire, et qui accompagne immédiatement et extérieurement une fleur du disque, en sorte que le nombre de ces appendices n'excède point celui des fleurs qu'ils accompagnent. Au reste, il n'est pas facile de deviner comment M. Baumgarten comprend la distinction du réceptacle séteux et du récep- tacle paléacé, à laquelle il accorde pourtant beaucoup d'im- portance , puisqu'il fonde sur elle plusieurs de ses sections. Ainsi, par exemple, il range dans une section caractérisée par le réceptacle paléacé, les Lappa, Serratula, Saussurea, et dans une autre section , caractérisée par le réceptacle sé- teux, les Carduus, Cnicus , Carlina, etc. Nous aurions bien d'autres remarques du même genre à faire sur ce livre, s'il nous étoit permis de nous écarter de notre sujet. M. Baumgarten a inscrit, sur le verso du frontispice de son livre, cette épigraphe: Démontrer une erreur, c'est plus que découvrir une vérité. D'après cela, nous sommes persuadé que nos remarques critiques sur le Telekia seront favorable- ment accueillies par ce savant ; et qu'il rétractera ce qu'il a dit dans la dédicace de son troisième volume au Comte Téléki , où il affirme (pag. vu) que la plante en question, quoique très-commune dans sa patrie, n'étoit pas exacte- ment connue avant lui {nec tamen hactenus juste cognitam). Il nous semble que Tournefort et d'autres botanistes, qui avoicnt rapporté cette plante au genre Buphthalmum, la connoissoient mieux que celui qui ne l'a séparée de ce genre que parce qu'il a cru y voir un réceptacle séteux comme dans les chardons, et des aigrettes plumeuses. TEL 5i9 Les botanistes qui prétendent qu'on ne doit jamais con- sulter que les dates, sur toutes les questions relatives à l'invention des genres, et qui en conséquence préfèrent le nom de Tridax à celui de Balhisia, le nom de Craspedia à celui de Richea ; ceux-là, disons- nous, préféreront aussi le nom de Telekia à celui de Molpadia, malgré le pappus plu- mosus et le receptaculum setosum de M. Baumgarten. Ceux qui pensent, au contraire, que le vrai fondateur d'un genre est celui qui le premier l'a l>ien connu et l'a bien fait connoître, pourront, après avoir lu noire article Mol- PADiE ( tom. XXXII, pag. 400), préférer peut-être le nom de Molpadia à celui de Telelàa, malgré l'antériorité de deux ans acquise au Telekia. (H. Cass.) TÉLÉOBRANCHES. (IchthjoL) D'après les mots grecs, Tg'Xe/oç, complet, et ^ùctyyia-, branchies, M. Duméril a dé- signé sous le nom de téléobranches , le quatrième et der- nier ordre de ses poissons cartilagineux, lequel renferme ceux dont les organes respiratoires sont le plus compliqués, c'est-à-dire, dont les branchies ont une membrane et une opercule. L'ordre des téléobranches semble lier la classe des chon- droptérygiens à la grande série des poissons osseux. Il renferme trois familles naturelles , dont le tableau sui- vant fera connoître les caractères. Ordre des téléobranches. Familles. i distincts et J sous les pectorales. • Plécoptère». Catopes I insères [derrière les pectorales âphiostomes. I nuls OSTÉODERMES. Voyez ces trois mots et Cartilagineux. (H. C.) TÉLÉOPODES. (Ornith.) M. Vieillot désigne par cette dé- nomination la première tribu de ses Oiseaux nageurs, qui est composée de ceux dont le pouce est ou dirigé en devant et engagé avec les autres doigts dans la même membrane , ou tourné en arrière et libre. (Ch.D.) TELEOSAURUS. ( Foss. ) Voyez au mot Reptiles fossiles. (D. F.) TELEOZOMA. {Bol.) Genre de la famille des fougères, établi par Rob. Brown (Franck , Itin.), qui est le même; 52C TEL selon M. Bory de Saint-Vincent , que le Ceratopteris , établi par M. A. Brongniart, dont nous adoptons le nom. Le Ceratopteris est caractérisé par ses capsules globuleuses, sessiles, entourées par un anneau incomplet, semi-circulaire, s'ouvrant p'ar une fente transversale , disposées en une seule rangée de chaque côté de la nervure moyenne de la fronde, et recouvertes par les bords de cette fronde repliés jusqu'au milieu des pinnules. Ce genre, qu'on ne peut confondre avec le Pteris , dont il a fait partie, a plus de rapport avec les genres Gleichenia , Mertensia et Platizoma , et doit être compris dans la même tribu, celle des gleichéniées. Il comprend trois espèces principales. 1. Le Ceratopteris thalictroides , Brong., Bull, des sc.philom. , 1821, p. 186, pi. 1, fig. 1 et 2. Ses frondes sont longues d'un pied, ailées, à frondules bipinnatifides, avec les lobes, dans la plante fertile, linéaires, à bords roulés en dessous, et dans la fronde stérile, ovales -lancéolés. Cette fougère croît dans les eaux d'un cours tranquille, peu profondes ou stagnantes, à Ceilan, à Java, à Macassar et au Coromandel. A Amboine on mange ses frondes cuites dans l'eau à la manière de nos épinards. M. Brongniart en distingue deux variétés. Dans la première les lobes des frondules des frondes fertiles sont très- longs, linéaires: ils ont été comparés à des siliques par Lin- nasus. Cette variété est le pteris thalictroides , Swartz, Willd. , et Vacrostichum siliquosum , Linn. La seconde variété a les frondules fertiles, très-courtes et sétacées ; c'est Vacrostichum thalictroides, Linn., Biirm. 2. Le Ceratopteris Gaudichaudii , Brongn. , loc. cit. , a des frondes de la grandeur de la main, ailées, à frondules des frondes fertiles, pinnaîifides, à lobes linéaires, et k frondules stériles, presque deux fois ailées , à lobes sétacés. Cette es- pèce, qui offre des sortes de bulbilles axillaires , a été dé- couverte dans les marais, aux îles Marianes , par M. Gau- dichaud. 3. Le Ceratopteris Richardii , A. Brong. , Dict. class. , et Cryptogenis ferulucea , Rich., inéd., a deux ou trois pieds de hauteur; son slipe , ou sa tige , est strié profondément ; ses froûdes sont découpées quatre fois de suite et pinnatifides ; TEL 521 les dernières divisions des frondes stériles ont une forme lan- céolée , aiguë; mais dans les frondes fertiles elles sont linéaires et très-longues. Cette plante a beaucoup de rapport avec le ceratopteris thalictroides , et n'en est peut-être qu'une variété; elle en diffère par sa taille, par les lobes de la fronde stérile plus aigus et par sa patrie. Elle croit dans les lieux humides à la Guiane, où elle a été découverte par I-. C. Richard, qui en avoit fait son genre Cryptogenis, resté inédit. (Lem. ) TÉLÈPHE; Telephium, Linn. {Bot.) Genre de plantes di- cotylédones polypétales, de la famille des portulacées , Juss., et de là pentandrie trigjnie , dont les principaux caractères sont les suivans : Calice de cinq folioles persistantes ; cinq pétales de la longueur du calice et insérés au réceptacle ; cinq étamines plus courtes que la corolle; un ovaire supère, surmonté de trois stigmates sessiles; une capsule triangulaire, à trois valves, à une seule loge contenant plusieurs graines attachées sur un réceptacle central. Les télèphes sont des plantes herbacées , à feuilles entières, alternes ou opposées, et à fleurs disposées en corymbes ter- minaux. On n'en connoît que deux espèces, dont une est in- digène et l'autre exotique. TÉLÈPHE d'Impérati; Telephium Imperati, Linn., Spcc, 388. Sa racine est vivace; elle produit plusieurs tiges foibles, cou- chées, simples ou peu rameuses, garnies, dans toute leur longueur, de feuilles ovales, glauques, alternes, rétrécies à leur base en un pétiole très-court. Ses fleurs sont blanches, portées sur des pédicelles très-courts, et rapprochées au som- met des tiges en plusieurs corymbes serrés. Cette plante croît dans les lieux secs et pierreux du midi de la France et de l'Eu- rope : on la trouve aussi dans le nord de l'Afrique. (L. D.) TELEPHIASTRUM. {Bot.) Le genre fait sous ce nom par Dillen, réuni par Linnœus au Portulaca , en a été séparé avec raison par Adanson sous le nom de Talinum , maintenant adopté. (J.) TELEPHIOIDES. {Bot.) A ce nom, donné par Tournefort à un de ses genres appartenant aux euphorbiacées , Linnaeus a substitué celui d^Andrachne. (J.) TELEPHIUM. {Bot.) Ce nom latin a été donné à des plantes différentes; par C. Bauhin , à l'orpin , sedum telephium; par 522 TEL Plukenet , à un cotylédon; par Morison , au rhodiola; par Rai, à un crassula; par Buxbaum , à Varenaria peploides; par GuiJandinus, à Vornithopus scorpioides , dont C. Bauhin faisoit aussi un telephium , et Cratevas un telephjllon. Ce nom est resté au telephium d'Imperati., adopté par Tournefort et Linnasus, et placé avec doute dtins l.i famille des portulacées. (J.) TELEPHORA. (Bot.) Voyez Thelephora. (Lem.) TÉLÉPHORE, Telephorus. (Entom.) Genre d'insectes co- léoptères pentamérés, à élytres mous, à corselet aplati et à antennes en fil, par conséquent de la famille des Molli- pennes ou Apalytres. Ce genre a été reconnu comme distinct par la plupart des auteurs, qui, malheureusement, ne se sont pas accordés sur le nom par lequel ils l'ont désigné. Rai et Linnaeus l'avoicnt nommé cantharus ou cantharis; mais, comme nous l'avons dit au mot Cantharide, ce nom grec de Kacôap/ç avoit été donné par Aristote à la plupart des insectes coléoptères ou à étuis, comme l'on dit vulgaire- ment en France de ces mêmes insectes, que ce sont des sca- rabées. Geoffroy , voyant qu'on désignoit sous le nom de can- tharide les coléoptères qui sont employés en pharmacie pour produire des vésicatoires, voulut conserver à ceux-ci le nom sous lequel on les désigne, et dans cette intention il créa le mot nouveau de Cicindela pourle genre correspondant à celui de CantLaris de Linné. II faut avouer qu'il fut doublement malheureux dans ce choix; car lescicindèles des Latins étoient des insectes brillant tantôt d'une lumière phosphorisque , tels que les vers luisans, désignés sous le nom de cicindèles par Mouffet, tantôt des espèces tout-à fait différentes, mais dont le corps brille de reflets métalliques, comme la cétoine dorée, la cantharide des boutiques et certaines espèces de carabes et de bupresfes; (ensuite le nom de cicindèle avoit déjà été employé par Linnseiis comme celui d'un genre, et il ne l'ignoroit pas, car il cite le nom de cicindela de Linné dans plusieurs synonymies de ses buprestes, et particulièrement pour celui qu'il nomme velours vert à douze points blancs ^ qui est la cicindèle chauapêtre. Fabricius n'adopta pas la nomenclature de Geoffroy; conservant celle de Linnœus TEL 523 son maître , il rangea sous le nom de cantharis la plus grande partie des insectes qui font l'objet de cet article, et il dis- tribua les autres dans un genre auquel il donna le nom de Malachie. Degéer , Schaeffer , et par suite Olivier, voulant faire cesser cette sorte d'arbitraire, désignèrent ce genre sous le nom de téléphore , et cette dénomination, tirée du grec, tient à une observation fort curieuse, que nous ferons con- noitre avec plus de détails par la suite. En effet, on trouva sur la neige, en Suède, un grand nombre de larves, qui y avoient été transportées par les vents , et ces larves étoient celles des téléphores , dont l'étymologie rappelle cette parti- cularité. Les mots xxAê , signifiant de loin , et (popoç , ap- porté. Les téléphores, dont nous avons fait figurer une espèce sous le n.° 8 , de la planche 9 , de l'atlas de ce Dictionnaire, peuvent être ainsi caractérisés : Corselet carré; antennes sim- ples, très-longues, écartées entre elles à la base; abdomen plissé latéralement en papilles; en outre ils diffèrent de tous les genres voisins et de la même famille par les particularités qui suivent. D'abord des lampyres ou vers luisans, qui ont leur corselet demi-circulaire cachant la tête; puis des omalises, des ly- ques, des driles, des mélyres et des malachies, qui tous ont les antennes complètement ou à demi dentelées; enfin des cyphons, qui, ayant les antennes simples, n'ont pas les bords de leur abdomen plissés et formés de papilles, qui se recouvrent comme des plaques triangulaires. Ces insectes, qui sont fort communs en été, ont le corps alongé, aplati et mou : ils sont très-carnassiers ; on les trouve souvent occupés à ronger des insectes qu'ils ont saisis vivans. Degéer a vu même une femelle qui, comme chez la plupart des insectes, est plus grosse et plus forte que le mâle, saisir celui-ci et le dévorer. Ces coléoptères ont le vol lourd ; on les trouve souvent dans les prairies et sur les blés et autres graminées. Les larves vivent et se développent sous la terre humide. D'après les observations de Degéer, elles se nour- rissent de larves, de lombrics. Olivier croit qu'elles attaquent aussi les racines. «24 TEL Nous allons décrire quelques espèces de ce genre parmi celles qui se rencontrent le plus communément aux envi- rons de Paris. 1. Le TÉcéPHORE BRUN, Telephoriis fuscus. C'est le téléphore ardoisé d'Olivier ; ia cicindèle noire , à corselet maculé, de Geoffroy, qui l'a figurée pi. 2, fig. 1 , tome 1." Car. Noirâtre, à bords et pointe de l'abdomen roux; cor- selet rouge , avec une tache noire. 2. Le Téléphore livide, T. liyidus. C'est la cicindèle à corselet rouge de Geoffroy, tom. 1.^, page 171 . n.° 2. Car. Testacé livide ; corselet rougeàtre sans taches; genoux noirs. 3. Le Téléphore queue noire , T. melanurus. Cicindèle à étuis tachetés de noir, Geaffr., n." 5. Car. D'un jaune fauve ; antennes et extrémités des élytres noires. 4. Le Téléphore thoracique , T. thoracicus. C'est la cicindèle noire de Geoffroy, n." 5. Car. Noir; corselet, abdomen et pattes rougeâtres. 5. Le Téléphore testacé, T. testaceus. Cicindèle noire, à étuis jaunes, Geoffr. , n." 6. Car. Noir; corselet bordé de jaune; élytres et pattes tes- tacés. 6. Le Téléphore deux gouttes , T. higuUatus. C'est la nécydale à points jaunes de Geoffroy, tome i.'"'', page 372 , n.° 1. Car. Testa<é; corselet noir, bordé de jaune; élytres bruns, à extrémités jiune- pâles. (C. D.) TÉLESCOPE. {Ichthjol.) Nom spécifique d'un Pomatome. Voyez ce mot. (H. C.) TÉLESCOPE, Telescopium. { Conchjl. ) Genre établi par Denys de Montfort ( Conchyl. systém. , tome 2 , page 408 ) avec une grande coquille de l'Inde, connue en effet dans les collections sous le nom de télescope, et sur la place de la- quelle les auteurs ne sont pas d'accoi'd ; les uns, comme Linné et Cmelin, en faisant une espèce de Lrochus , T. teles- copiiira} les autres, une espèce de cérithe, comme Bruguière TEL 525 et MM. de Lamarck, de Roissy, etc., sous le nom de C. te- lescopium. Dans mon Manuel de conchyliologie j'ai cru devoir adopter la manière de voir de Linné, y ayant été conduit par le rapprochement de cette coquille avec le troque obé- lisque, dont elle offre, à ce qu'il me semble, tous les ca- ractères et aucun des cérithes. Voyez Troque. (De B.) TÉLÉSIE. (Min.) C'est le nom que Haiiy a donné à la série de pierres gemmes très -dures , et qu'on désignoit généra- lement sous le nom de pierres fines ou pierres précieuses orien- tales; et qu'il avoit d'abord nommées gemmes orientales; mais, ayant reconnu, avec de Bournon , que le minéral vulgaire- ment nommé spath adamantin et ensuite corindon, étoit de la même espèce que la félésie , il a réuni toutes ces variétés sous le nom de corindon. Par conséquent, il faut voir à l'ar- ticle Corindon l'histoire de la télésie et de toutes les pierres précieuses qu'on a désignées sous le nom d^ orientales , et dont l'histoire devoit être faite au mot Télésie, telles qu'améthiste orientale , etc. Néanmoins nous n'avons pas rejeté entièrement le nom de télésie; nous l'avons appliqué à la série des variétés de co- rindons qui se font remarquer par leur transparence , leur cli- vage prismatique , etc. , et nous avons donné l'épithète d'ada- manlin à la série des variétés qui présentent un ensemble de caractères et de propriétés en opposition avec les premières. Voyez Corindon. ( B. ) TELESTO. {Polyp.) Genre proposé par Lamouroux dans un mémoire lu à l'Institut en 1810, dont un extrait fut pu- blié dans le Bulletin par la Société philomatique en 1812, et établi définitivement dans son ouvrage sur les polypiers flexibles, page -ili , pour un petit nombre de corps organisés que M. de Lamarck a réunis aux synoïques de Phipps, mais avec doute. Les caractères que Lamouroux a assignés à ce genre, sont les suivans : Polypier phytoide , rameux, fistu- leux, crétacé, membraneux, opaque, strié longitudinalement, en sorte qu'il le place à la fin de son ordre des tubulariées, comme faisant le passage entre lui et celui des corallines ; ce qui nous paroît fort hasardé; car il est plus probable que c'est auprès des alcyons que ce genre doit être placé, du moins à en juger d'après le T. orangé, que j'ai pu étu- 526 TEL dier. Quoiqu'il en soit, Lamouroux définit trois espèces de Telesto. Le Telesto orangé; T. aurantiaca , Lamouroux, Polyp, flex., pL 7, fig. 6. Polypier peu rameux, de couleur orangée et formé de tiges cylindriques, à huit plis longitudinaux, portant, d'espace en espace, des rameaux simples de même forme ; orifices terminaux à huit plis. Rapporté des mers de la Nouvelle -Hollande par MM. Pérou et Lesueur. J'ai examiné une partie de ce corps organisé après l'avoir mis tremper dans une certaine quantité d'eau. Son enveloppe générale est épaisse, membraneuse et subcrétacée ; elle est di- visée extérieurement, dans toute la longueur delà tige prin- cipale et de ses branches courtes et non rameuses, en huit cordons longitudinaux, rugueux, par autant de sillons assez profonds. A l'intérieur, cette enveloppe est fistuleuse ; elle contient un sac alimentaire qui en suit toute la longueur, et qui commence par autant de plis à l'extrémité de chaque branche composante où est l'orifice buccal. Je n'ai pu aper- cevoir de tentacules ou de cirrhes ; mais il est fort probable qu'il y en a et qu'ils sont au nombre de huit. Le T. jaune; T.lutea,Lamx., ibid., n.° ï , à rameaux lâches et diffus, peu striés et d'une belle couleur d'or, ne me paroit être qu'une simple variété de l'espèce précédente, avec la- quelle il a en effet été rapportée. Le T. pélagique: T. pelagicum ; Alcyonim. pelagicum , Bosc, Vers, 3, page i3i , pi. 3o, fig. 6 et 7. Polypier formé de tiges très - rameuses , cylindriques, substriées, de couleur verdâtre. De l'océan Atlantique. (De B.) TELETZ. ( Mamm. ) Nom slave du bœuf. La génisse porte ceux de telitza et de teluschka. ( Desm. ) TELINE. (J5o/.) Nom grec du cytise, donné par Dioscoride, et cité par Mentzel et Adanson. (J.) TÉLIPOGON. (Bot.) Genre de plantes jnonocotylédones, à fleurs incomplètes, de la famille des orchidées, de la gynan- drie diandrie de Linné, dont le caractère essentiel consiste dans une corolle à six pétales presque réguliers; l'inférieur un peu plus large ; la colonne sexuelle courte , velue , creusée TEL 527 à sa partie supérieure, terminée par un appendice subulé, soutenant une anthère pédicellée , terminale , à deux valves; Tovaire oblong, inférieur; une capsule alongée ; les semences nombreuses. Ce genre a été établi sur le tradescantia nervosa de Linné, qui ne l'avoit ainsi placé que d'après son port. Sa fructifica- tion ayant été mieux observée, il a été reconnu qu'elle ap- partenoit aux orchidées. Le nom de ce genre est composé de deux mots grecs, telos (extrémité); pogon (barbe), à cause de l'appendice subulé, en forme d'arête ou de barbe, qui termine la colonne des organes sexuels. Télipogon a feuilles étroites : Telipogon angustifolius , Kunth, in Humb. et Bonpl., I>lov. gen. , i, pag. 336, tab. 76; Poir. , III. gen., suppL , tab. 989 , fig. i. Cette plante a des ra- cines simples, un peu charnues, glabres et blanchâtres. Ses tiges sont glabres, cylindriques, feuillées à leur partie infé- rieure, longues de sept à huit pouces; les feuilles très-rap- prochées, disposées sur deux rangs, glabres, linéaires, lan- céolées, acuminées, coriaces, en gaine à leur base, à peine longues d'un pouce. La tige supporte à son extrémité deux ou quatre fleurs pédicellées, presque en épi, de la grandeur de celles du tradescantia virginica , accompagnées chacune d'une bractée glabre, ovale, aiguë', membraneuse, de la longueur du pédicelle. 11 n'y a point de calice. La corolle est glabre, jaunâtre, étalée, à six pétales, dont les trois extérieurs égaux, plans, oblongs , lancéolés, longs d'un demi-pouce; les deux intérieurs latéraux, plans, ovales, aigus, plus longs que les extérieurs, à nervures violettes; le sixième pétale ou la lèvre plane , large, ovale, aiguë, une fois plus large que les latéraux , à nervures nombreuses et violettes ; la colonne sexuelle est redressée , longue de deux lignes, couverte de poils violets, concave à sa partie supérieure, terminée par un appendice glabre, subulé, droit avant la fructification, puis en crochet à son sommet; une anthère en cœur, glabre, bivalve, uniloculaire , soutenue par un pédicelle trois fois plus long, crochu à sa base, percé au-dessus du crochet d'une ouverture latérale, recevant l'appendice qui termine la colonne. L'anthère, placée d'abord, avant la fécondation, dans la cavité de cette colonne, se redresse, et le sommeJ 5.8 TEL subulé de l'appendice se courbe. Le pollen est distribué en quatre paquets sessiles ; l'ovaire est glabre; le stigmate cou- vert de poils violets; la capsule glabre, alongée , à côtes saillantes, couronnée parla corolle desséchée; les semences nombreuses. Cette plante croît sur les arbres dans la partie tempérée de la Nouvelle -Grenade, proche Sainte -Anne et Mariquita. TÉLiPOGON A LARGES FEUILLES; Telipogou latifoUus , Kunth . loc. cit. Cette espèce est très- rapprochée de la précédente. Elle en diffère par le pétale inférieur ou la lèvre barbue; elle est d'ailleurs plus grande dans toutes ses parties. Ses ra- cines sont simples, épaisses, blanchâtres; ses tiges droites, presque à deux angles , longues de huit à neuf pouces, mu- nies à leur base de feuilles planes, lancéolées, oblongues. très-glabres, charnues, longues de deux ou trois pouces, larges d'un demi-pouce. La tige se termine par trois ou quatre fleurs presque en épi, larges de deux pouces, accompagnées d'une bractée ovale, aiguë, longue de six lignes; la lèvre de la corolle recouverte de poils violets; les autres parties comme dans l'espèce précédente. Cette plante croît dans les contrées les plus chaudes de la province de Jaen de Braca- moros , entre les bourgs de Choros et de Tomependa , proche Je confluent du fleuve des Amazones et Chincipes. (Poir. ) TELIS. (Bot.) Voyez Carphos. (J.) TELJA. (Mamm.) Nom du veau en langue russe. (Desm.) TELLERTR^GER. {Ichthfol.) Nom allemand de ïasprède cotyléphore. Y oyez Asprède. (H. C.) TELLINE, Tellina. (Conchjl.) Genre de coquilles bivalves, établi depuis long-temps par Linné dans des limites assez ri- goureuses pour que les conchyliologistes modernes n'aient eu que très-peu de rectifications à y faire ; il n'étoit cependant presque caractérisé que par un pli plus ou moins marqué à l'extrémité postérieure, sans cela il rentroit complètement parmi les donaces, par le système d'engrenage et par la posi- tion du ligament qui est à peu près constamment sur le côté court. Il n'y a donc rien d'étonnant que l'animal de ces deux genres de coquilles soit si semblable que Poli les a réunis dans un seul, auquel il a donné le nom Peronœa. La caractéristique de ce genre, dans l'état actuel de la science, peut être ainsi TEL 529 établie: Animal fort comprimé; manteau ouvert dans une grande partie de son étendue et pourvu sur ses bords d'un rang de cirrhes tentaculaires , plus longs en arrière ; deux longs tubes distincts à l'extrémité postérieure; pied en forme de langue ou de soc de charrue. Coquille de forme un peu va- riable, en général mince, striée dans sa longueur, très-com- primée, équivalve; plus ou moins inéquilatérale ; le côté an- térieur presque toujours plus long et plus arrondi que le pos- térieur, offrant constamment un pli flexueux, au moins à son bord inférieur, à l'endroit du corselet; sommets fort peu marqués; charnière similaire en général peu marquée; une ou deux dents cardinales; deux dents latérales écartées, avec une fossette à la base ; ligament postérieur bombé , assez grand , outre un praeapicial fort petit ? impressions musculaires arrondies; ligule palléale fort étroite , très-profondément ren- trée en arrière. Les tellines sont, comme les donaces, des animaux qui vivent enfoncés dans le sable sur les bords de la mer, mais toujours à une petite profondeur ; ils peuvent cependant changer de place au moyen du pied en soc de charme, dont ils sont pourvus. La grande longueur et la séparation cons- tante de leurs tubes leur permet aussi d'aller chercher l'eau nécessaire à leur nutrition et à leur respiration au-dessus de la couche qui repose immédiatement sur le sable et qui, par conséquent, en contient toujours un peu de délayé. On connoît des tellines dans toutes les mers. Les nôtres en nourrissent même un assez bon nombre d'espèces; mais presque toutes sont petites. Les plus grosses et les plus colo- rées viennent des mers des pays chauds. Les espèces dans ce genre sont souvent assez difficiles à distinguer les unes des autres. Elles offrent, en effet, des variations assez nombreuses, non-seulement dans le mode de coloration , mais même un peu dans la configuration générale de la coquille. Il y en a qui se rapprochent beaucoup des do- naces; d'autres ont véritablement quelque ressemblance avec les lucines, qui sont, en général, orbiculaires; enfin, plusieurs espèces rappellent la forme générale de certaines espèces de sanguinolaires et surtout des psammobies. Jamais elles n'ont de stries radiées du sommet à la circonférence. Quand il y 52. 34 53o TEL a des sillons, ce sont toujours des plis dans la direction des stries d'accroissement. Quant à leur mode de coloration, c'est presque toujours la disposition rayonnée qu'on trouve sur les tellines. et la couleur est le plus ordinairement rouge ou p'ourpre. Nous diviserons les espèces nombreuses de ce genre en trois sections, d'après la forme générale de la coquille, et nous les rangerons, autant qu'il nous sera possible, dans l'ordre des plus semblaijles aux donaces , aux plus rapprochés des lu- cines. A. Espèces ob longues, ou bien plus longues que hautes. La Telline donacine : T. donacina , Linn. , Gmel., p. 3234, n." 26; Faune franc, pi. 9 . fig- 6. Tellina variegata, Poli, Test., 1 . tab. i5, fig. io. Petite coquille très-inéquilatérale, subtriquétre, tronquée en ariière, arrondie en avant, sub- coniprimée, striée finement dans sa longueur, agréablement colorée par des rayons violets interrompus, sur un fond blanc et jaunâtre vers les nalèces ; l'intérieur très-luisant et jaune. Dans cette espèce , q'ii se trouve dans toutes les mers d'Eu- rope , le pli postérieur est presque aussi régulier que la ligne du corselet des donaces. La T. vabiable; T. variabilis , Faune franc, pi. 9 , fig. 7» Petite coquille plus ovale, plus alongée et plus équilatérale que la précédente, striée très-finement dans sa longueur. Les deux extrémités presque également arrondies. Couleur blanchâtre, teintée de rose vers les crochets et ornée de rayons peu marqués, de la même couleur vers les bords j intérieur d'un blanc violacé. Des côtes de France dans la Manche. La T. SOLEIL- LEVANT : T. Tudiata, Linn., Gmel., page 5232, n.° 21 ; Enc méth., pi. 289, fig. 2. Coquille oblongue, sub- triangulaire, lisse, et cependant très- finement striée dans sa longueur, de couleur blanche, avec des rayons rouges en dehors, souvent jaune en dedans. Cette espèce, remarquable souvent par la vivacité de ses couleurs et commune dans les collections, vient des mers de TEL ô5i^ rAmérique. Gmeiin et M. de Lamarck la disent aussi de la Méditerranée, ce qui me paroît plus douteux, à moins qu'on ne regarde comme de la même espèce la T. gentille. La Telline (jnimaculée: T. unimaculata , de Lamk. , p. 621 , n.** 2; Enc. méth., pi. 089, fig. 3. Coquille de même forme que la précédente; de couleur blanche, sans rayons, avec les natèces pourpres en dehors et jaunes en dedans, ou même entièrement blanches. De l'océan d'Amérique, comme la précédente, dont elle n'est peut-être qu'une simple variété. Trois individus de la collection du duc de Rivoli ont absolument les mêmes ca- ractères. La T. sEMizoNALE; T. semizonalis , id. , ibid. , n." 8. Petite coquille oblongue, étroite, ovale, très- finement striée ver- ticalement, d'un blanc violacé, subzoné en dehors, pourpre en dedans, avec deux rayons blanchâtres, très- obliques au côté postérieur. Patrie inconnue. La T. VERGETÉE : T. virgata , Linn. , Gmel., page 3229, n." 5; Enc. méth., pi. -^88, fig. 2 — 4. Assez grande coquille, haute et arrondie en avant, fortement atténuée et angu- leuse en arrière , striée longitudinalemcnt, de couleur blanche ou jaunâtre, radiée de rouge. Cette espèce, commune dans les collections, qu'elle con- tribue à orner par les variétés nombreuses qu'elle présente» et qui habite l'océan Indien, est le type du genre Angulus de Mégerle. La T. GENTILLE : T. pulchellu , de Lamk. , loc, cit. , n.' 23 5 T. rostrala, de Born , Mus., tab. 2 , fig. 10, et Poli, Test., 1 , tab. i5, fig. 8. Petite coquille ovale - oblongue, étroite, comprimée, subrostrée et anguleuse en arrière , luisante, et cependant très-finement sillonnée dans sa longueur, de cou- leur blanche, rayonnée de rouge. De la mer Méditerranée , dans le golfe de Tarente , sur le» côtes de la Corse ; dans la mer Adriatique , suivant M. Re- nieri. La T. MACULÉE : T. maculosu, de Lamk., loc. cit., n." 4; Enc. méth., pi. 288, fig, 7; vulgairement la Pince de chi- ntjRGiBN. Coquille oblongue, haute et arrondie en avant, 532 TEL atténuée et subrostrée en arrière , sillonnée dans sa longueur; ordinairement blanche, marquée de très-petites taches ferru- gineuses, mais quelquefois sans taches ou radiée de blanc, en dehors; jaune en dedans. Cette coquille, qui paroit bien voisine de la précédente, quoiqu'elle soit en général plus étroite, plus rostrée , habite très- probablement les mûmes mers. La Telline staurelle : T. staurella, id, , ibid., n.° 6; Enc. méth. , pi. 288, fig. 6 ? Coquille ovale, peu alongée , plus haute et plus arrondie eh avant qu'en arrière, où elle est un peu anguleuse et assez forlement plissée, striée longitudi- nalement, d'un blanc Jaunâtre en dehors, radiée plus ou moins évidemment de rouge, souvent avec une croix pourpre au sommet. Cette espèce, qui offre un assez grand nombre de variétés dans sa coloration, puisqu'elle peut offrir à la fois les rayons et la croix pourpres, ou la croix seulement, ou des rayons seulement, vient des mers de la Nouvelle - Hollande , d'où elle a été rapportée par MM. Péron et Lesueur. La figure de l'Encyclopédie que je cite me paroît repré- senter la troisième variété. La T. roaTE-CROix; T. crucigera, id. , ibid., n° 7. Coquille ovale-oblongue, subrostrée en arrière, très- finement striée dans sa longueur, de couleur blanche, sans rayons, mais avec une croix pourpre sur les sommets. Des mêmes lieux que la précédente, dont elle ne diffère que fort peu. La T. ROSTRÉE : T. rostrata, Linn. , Gmel., page 5235, n.'22: Encycl. méth., pi. 289, fig. 1. Coquille mince, lui- sante et striée sensiblement du sommet à la marge, étroite, oblongne, arrondie et élargie en avant, atténuée fortement et roslrée en arrière, avec un sinus marginal bien marqué a l'origine du rostre. Couleur pourprée, plus foncée sur les sommets ; mais , à ce qu'il paroit , quelquefois radiée de rouge sur un fond blanc ou jaunâtre. De l'océan Indien. M. de Lamarck. doute que sa T. rostrée soit exactement celle de Gmelin : mais il cite presque les mêmes figures que lui. Cependant il faut remarquer que dans la caractéristique TEL 533 de Linné il y a angulis subdentatis , probablement à cause de la grosseur des rides. La Telline latirostre ; T. latirosha , de Lamk. , i. c, n.° lo. Coquille oblongue , un peu anguleuse et sinueuse à l'extré- milé rostrée. Le rostre assez large et un peu recourbé à droite. Couleur pourprée, subradiée. De la même mer que la précédente, dont on pourroit croire que ce n'est qu'une variété; mais elle est réellement plus large et surtout beaucoup moins rostrée. La T. DE Spengler : T. Spengleri, Linn. , Gmel., p. 3234, n.''3o; Enc. méth., pi. 287, fig. 5, a, h. Coquille étroite, alongée, sensiblement inéquivalve, striée dans sa longueur, anguleuse sur le dos , en avant comme en arrière des som- mets. Chaque angle fortement denticulé. Couleur blanche, un peu rosée vers les sommets. Cette singulière coquille, dédiée à Spengler, qui, le pre- mier, l'a décrite (Besclireib. berl. ISaturf., 1, p. 087 , tab. 9, fig. 1 — 3 ) , vient des îles Nicobar : elle a deux à trois pouces de long sur un pouce de hauteur environ. La T. langue-d'or : T. foliacea, Linn., Gmel., p. 3232, n." 18; Enc. méth., pi. 287, fig. 4. Coquille assez grande, extrêmement mince, pellucide, très -comprimée , ovale, ar- rondie en avant, tronquée anguleusement en arrière; corselet scabre dans toute son étendue ; les bords de l'écusson den- ticulés. Couleur fauve dorée. Cette coquille, fort rare dans les collections, vient de l'océan Indien. Elle otfre un caractère particulier dans le rapprochement des dents latérales ; quelquefois les bords de l'écusson ne sont que rugueux et non denticulés. La T. DENTELÉE; T. gurgadia, Linn., Gmel., page 3228, n.° 1 ; Enc. méth., pi. 287, fig. 2. Coquille ovale - arrondie , comprimée, un peu rugueuse vers les bords et en arrière sur le corselet; les bords de l'écusson dentelés. Couleur blan- che en dehors, jaunâtre au sommet et en dedans. C'est une coquille très-rare de l'océan Indien , type du genre Quadrans de Klein. La T. SCIE : T.pristis, de Lamk., ihid. , n.° 41 ; Enc. méth., pi. 287, fig. 1, a, b. Coquille ovale -arrondie, striée très- élégamment dans sa longueur, équilatérale; écusson lancéolé, 554 TEL profond, armé sur ses bords de 1res- petites dents. Couleur toute blanche. Cette espèce, qui vient probablement de l'océan Indien, comme la précédente, en est au moins bien voisine. La Telline chloroleuque ; T. chloroleuca , id. , ibid., n." i 5. Assez grande coquille mince, transparente, ovale, arrondie et plus large à l'extrémité antérieure, très- finement striée du sommet à la base, sensiblement fléchie à droite à l'extré- mité postérieure; de couleur blanche, quelquefois avec quel- ques rayons ro.iges peu prononcés en dehors, d'un jaune loible ou verdàtre en dedans. Patrie inconnue. La T. ELLIPTIQUE : T. elliptica, id.^ ibid., n.° 16; Gualt. , Test,, tab. 89, fig. G. Coquille assez grande, mince, très- Jînement striée , oblongue , elliptique, de couleur blanche, avec les natèces pourprées en dehors, orangées en dedans. Cette espèce, dont on ignore la patrie, est au moins bien voisine de la précédente. La T. SULFURÉE : r. sulfurea , id. , ibid., n.° 11 ; de Born , Mus., fab, 2, fig, 1 et 2. Coquille médiocre, plate, ovale-oblongue , beaucoup plus haute en avant qu'en arrière, où elle estsub- rostrée et sinuée à son bord inférieur, finement striée ver- ticalement ; couleur blanchâtre ou d'un blanc jaunâtre en dehors , jaune serin aux sommets, et d'un jaune de soufre en dedans. De l'océan Indien et de l'Amérique méridionale, dans la baie de Tous-les-Saints, La T. ALBiNELLE; T, albinella , id., ibid., n." 17. Coquille mé- diocre, fort aplatie, mince, pellucide, ovale-oblongue, at- ténuée et subangulaire en arrière, de couleur toute blanche, avec les sommets subcornés. Rapportée des mers de la Nouvelle-Hollande par MM. Péron et Lesueur. La T, PERLE; T. margaritina , id., ibid. Coquille fort petite, mince , pellucide , luisante , nacrée , atténuée à son extré- mité postérieure. Des mers de la Nouvelle-Hollande. LaT.zoNELLE: T. strigosa, Linn. , Gmel. , p. 0239 , n.° 64 ; Vagal, Adanson, Sénég., tom. 17, fig. 19. Coquille ovalç' TEL "5 oblongue, assez grande, arrondie en avant, un peu atténuée et anguleuse en arrière, rugueuse sur les bords, de couleur blanche en dehors comme en dedans, quelquefois avec des bandes jaunâtres dans le jeune âge. Cette coquille, qui habite sur la côte occidentale de l'A- frique, ofiVe deux dents cardinales sur une valve et trois sur l'autre. La Telline aplatie: T. cowplanala , Gmel. , p. SaSg, n.° 60; Gualt., Test., tab. 89 , fig. G, Coquille grande, trés-aplatie, ovale, subéquilatérale , substriée dans sa longueur , de cou- leur blanche en dehors, avec les sommets d'un rouge jau- nâtre , d'un rose pâle en dedans. De la mer Méditerranée , et surtout dans les golfes de l'ilc de Corse. La T. tovk?rée: T. punicea, Linn. , Gmel. , p. SaSg, n.°59; de Born, Mus. , tab. 2, fig. 8 , et Faune franc., pL 10 , fig. 3^ T. lœta, Pulteney, Dorsetshire Catalog , p. 2g, tab. 7, fig. 5, et Montagu, Test. Brit. ; T. inœquistriata , Donovan, British Shell, tab. 123. Coquille ovale, sublriangulaire , subéqrui- Jatérale, fort comprimée, finement et régulièrement striée dans sa longueur; de couleur pourpre ou d'un blanc pour- pré, quelquefois avec des zones longitudinales plus foncées. De la mer Méditerranée , et de la Manche, sur les côte* d'Angleterre. La T. PALEscENTE: T. deprcssa , Linn. , Gmel., p.SaSB , n.°55 ; Faune franc., pi. lo, fig, 2. Coquille ovale, un peu alongée , inéquilalérale , très-comprimée , très-finement striée dans sa longueur; couleur d'un rouge pâle, plus foncé sur les som- mets, et souvent avec deux rayons blancs postérieurs. De toutes les parties de la mer Méditerranée, où elle est très-abondante ; de la Manche , sur les cotes de France et d'Angleterre. La T. féverolle: T. fabula, Linn., Gmel., p. 3239,n.°6i ; Faun. franc., pi. 10, fig. i. T. discors , Pulteney, Dorset. Catal., p. 54, tab. j2 , fig. 3. Petite coquille comprimée, ovale, sub- rostrée en arrière, lisse sur la valve gauche et striée obli- quement sur la valve droite: couleur blanche, souvent avec une tache d'un jaune couleur de chair sur les natèces. Cette jolie coquille, si facile à distinguer des précédentes, 536 TEL avec lesquelles elle a beaucoup de rapports de forme, n'a encore été trouvée jusqu'ici que dans la Manche , sur les côtes d'Angleterre et sur les nôtres. Gmelin dit cependant qu'elle existe aussi dans la Méditerranée. La Telline mince: T.tenuis, Mat. et Rak. , Act. soc. linn. , 8, p. 52, n.° 8; Faune franc. , pi. 9, Cg. i" ; T.planata, Pennant, Brit. ZooL, 4, tab. 48, fig. 29; T.polita, Pulteney , Dorsetsh. Catal. , p. 29 , tab. 5 , fig. 3. Petite coquille très-comprimée, presque plate, surtout du côté gauche, fort mince, ovale, subtrigone, subanguleuse en arriére, très-finement striée lon- giludinalement, et cependant assez luisante : couleur blanche ou jauncître , quelquefois colorée en rouge sur les natèces , et le plus souvent avec des zones longitudinales de cette cou- leur , ou même toute rouge. Une seule dent latérale antérieure, très-rapprochée sur la valve droite. Très-commune sur les côtes d'Angleterre et de France, dans la Manche. Ne seroit-ce pas la T. halthica de Gmelin ? La T. délicate; T. exilis,de Lamk. , loc. cit., n.° 26. Pe- tite coquille extrêmement mince, translucide , avec des stries longitudinales très-fines et des sillons obliques qui les croi- sent d'avant en arrière, comprimée, ovale, trigone ; le côté postérieur fort court, oblique et obtusément anguleux: cou- leur purpurescenfe. Patrie inconnue. La T. onyx: t. nitida. Poli , Test, des deux Sic, 1 , tab. i5, fig. 2 — 4. Petife coquille oblongue, ovale, trigone, compri- mée, subéquilatérale, élégamment striée longitudinalement : couleur générale d'un jaune pâle , avec des zones blanches en dehors, orangée en dedans; le pli du corselet peu marqué. De la Méliterr mée , aux environs de Naples, et dans le golfe Saint-Florentin en Corse , d'après M. Payraudeau. La T. Lantivy; T. Lanij»^i, Payraudeau , Catalog. des moll. et annelid. de Corse, p.40, pi. 1 , fig. i3 , 14 et i5. Coquille comprimée, ovale, trigone, très-inéquilatérale , tronquée et anguleuse en arrière , arrondie en avant , lisse , luisante , pellncide , de couleur blanche. Des côtes de la Corse , où elle est rare. Elle a beaucoup de rapports avec la T. donacée. TEL 637 La Telline d'Oudard ; T. Oudardii, id. , ih., pi. i, Cg. 16, 17 et 18. Petite coquille d'un pouce de long, luisante, pellucide, comprimée, ovale, inéquilatérale , comme tronquée et an- guleuse en arrière, obliquement cancellée , et ornée d'une multitude de petites raies d'un blanc argenté, croisées par des lignes longitudinales très-fines, d'un rouge plus foncé que la teinte générale, qui est également rouge en dehors comme en dedans. Des côtes de la Corse, à Figari , Santa-Gulia et Favone. La T. SCALAIRE; T. scalaris , de Lamk., loc. cit.^ n.'sg. Co- quille un peu comprimée, ovale, inéquilatérale, le côté pos- térieur subanguleux et plus court; élégamment striée longî- tudinalement : couleur d'un blanc jaunâtre. Du voyage de Pérou. La T. psammotelle; T, psammotella, id., ib., n." 3o. Coquille très-finement striée dans sa longueur, de forme ovale, iné- quilatérale; le côté antérieur court, sinueux et anguleux: couleur blanche, teintée de rose sur les natèces en dehors, radiée d'aurore, de rose ou de pourpre en dedans. Cette espèce, dont la patrie est inconnue, paroît, suivant M. de Lamarck , se rapprocher de la T. angulatade Gmelin. B. Espèces suborèiculaires. La T. PÉTONCULAIRE : T. remies, Linn., Gmel. , pag. SaSg , n.° 66 ; Encycl.méth., pi. 290, tig. 2. Grande coquille de trois pouces et demi de long sur trois de haut, épaisse, suborbi- culaire , comprimée , avec des stries très- fines , longitudi- nales, croisées par des sillons verticaux interrompus: couleur blanche. Des mers de Plnde et d'Amérique. La T. sillonnée: T. sulcata , de Lamk., loc. cit., n.° 32 ; Encycl. méth. , pi. 290, fig. 3. Coquille suborbiculaire, assez convexe , rugueuse et garnie de sillons assez profonds longi- tudinalement, si ce n'est sur les natèces, qui sont lisses: cou- leur blanche, quelquefois avec des bandes rousses peu mar- quées. Système d'engrenage tout semblable à celui de la T; crassa de la M;inche, dont elle diffère principalement par la grandeur de ses sillons. De la mer des Indes et de celle de la Nouvelle-Hollande. 558 TEL La Telline STRIATULE : T. striatulay id.^ibid., n.°53; Lister, Conch., tab.267 , fig. ]o3. Coquille mince, suborbiculaire , un peu anguleuse en arrière , très-finement striée longitudinale- ment, avec des stries A^erticales encore plus fines; deux dents cardinales rapprochées sur chaque valve ; couleur blanche. De l'océan d'Europe P J'ai observé dans la collection du duc de Rivoli la coquille que M. de Lamarck a nommée T. striatula, et il ne me paroit pas probable que ce soit la même que la T.fausta des auteurs anglois : elle est en effet moins orbiculaire , moins lenticulaire et plus finement sillonnée. Je n'ai pas vu qu'il n'y eût qu'une seule dent cardinale sur une valve, comme le dit M. de La- marck. La T. heureuse; T.fausta, Maton et Rakett,^cf. soc. linn. , 8, pag. 5i , tab. 1 , fig. 8. Coquille un peu épaisse, subdia- phane, lisse, et cependant striée très-finement dans sa lon- gueur, presque orbiculaire, arrondie aux deux extrémités ; la principale dent cardinale bifide ; la dent latérale de la valve droite plus écartée et plus solide: couleur d'un blanc de lait. Des mers d'Angleterre , sur la côte du comté de Dorset, à "Weimouth. Les auteurs anglois donnent comme synonyme de cette es- pèce la coquille représentée par de Born. , Catal. , t. 2 , fig. 1 1 , et parChemn., Conch., 6, t. 12, fig. 112, que Gmelin rap- porte à sa T. remies. La T. RAPE: T. scohinata, Linn., Gmel. , p. 5240, n.° 68 ; Encycl. méth. , pi. 291, fig. /^ a, h , c , d. Coquille médiocre , de forme lenticulaire , rendue scabre par de petites écailles semi-lunaires, disposées en quinconce : couleur blanche, à taches ferrugineuses quelquefois disposées par rayons. De l'océan Indien et de la mer du Sud, d'après un indi- vidu rapporté d'Otahiti par M. Lesson. La T. RAYONNANTE : T. crussa , Pennant, Zool. hrit., 4, pag. 73 , tab. 48 , fig. 28, et Faune franc., pi. lo, fig. 7 ; Venus crassa, Linn., Gmel., p. 0288, n.° 90 ; Tellina rigida , Pulte- ney, Dorsetsh. Cal., p. 3o , tab. 7 , fig. 4 , et Donovan, British Shell. ,iah. io3. Coquille épaisse, solide , suborbiculaire , assez profondément sillonnée dans sa longueur : couleur blanche , TEL 539 radiée de rose ou de ferrugineux en dehors; une tache san- guinolente autour d'une lunule fort étroite. De toutes les mers d'Europe. La Telline doigt d'aukore : T. lœvigata, Linn. , Gmel. , p. 0252 , n.° 20 ; Chemn. , Conch. , 6 , tab. 1 2 , fig. 111. Coquille plus grande que la précédente, ovalc-orbiculaire , lisse sur le disque et fortement sillonnée vers les bords; les nymphes infléchies en dedans: couleur blanche, radiée d'orangé en de- hors, blanche, avecune teinte citrine de chaque côté, en dedans. De l'océan Indien et, à ce qu'on dit, des mers d'Europe. Je ne la vois cependant citée dans aucun auteur anglois ni françois , ni même italien ; ainsi on peut douter de cette der- nière habitation. La T. langue-de-chat: T. linguafelis , Linn., Gmel., pag. 5229 , n." 2 ; Eocycl. méth., pi. 289 , fig. 6. Coquille ovale- arrondie, très-obtuse en arrière, couverte d'un grand nom- bre de petites épines un peu recourbées, disposées en quin- conce, de couleur blanche, radiée de rose pâle. Coquille rare et fort jolie de l'océan Indien. La T. rugueuse: T.rugosa, Linn., Gmel., p. 523o, n." 7; Born, Mu5. , tab. 2 , fig. 5 et 4 ; Encycl. méth., pi. 290, fig. i. Coquille ovale-arrondie , couverte de rugosités longitudinales , un peu ondulées et flexueuses : couleur blanche , avec les natéces jaunâtres en dehors, jaune en dedans; dents latérales bien marquées; deux dents cardinales, dont l'antérieur de la valve gauche est bifide. Des mers de l'Inde et de la Nouvelle-Hollande. C. Espèces subtrigones. La T. SOLIDULE : T. solidula, de Lamk. , Le, p. 555, n." 5i : Faune franc., pi. lo, n.° 5. Petite coquille orbiculo-trigone , très-convexe , assez épaisse, très-arrondie en avant, anguleuse en arrière, blanche ou rougeâtre , avec des zones concen- triques blanches. Des côtes de la Manche, où elle est très -commune. La T. treillissée; T. decussata, de Lamk., lac. cit., n," 45. Coquille trigone, orbiculaire, subéquilatërale, treillissée par des stries verticales coupant des stries transverses : couleur Jjlanche; les nartéces lisses et jaunâtres. £40 TEL De la Nouvelle-Hollande, au port du roi George. La Telmne nn Brésil; T. brasiliana , id., ib., n.°46. Coquille frigone, obovale , mince, nacrée, de couleur blanche, avec une bande pourpre se portant obliquement en dehors comme en dedans des sommets au bord antérieur. De l'océan du Brésil. La T. OBLiQDE : T. obliqua, id., ibid., n." 47; List., Conch., t, 586, fig. 233. Coquille trigone, ovale, subcomprimée, très- finement striée longitudinalement , arrondie sur le cAté an- térieur qui est très-court, et obliquement atténuée sur le pos- térieur, plus long et à peine flexueux à son bord ; la dent la- térale antérieure très- rapprochée des cardinales: couleur d'un blanc grisâtre. Des côtes de Madagascar. M. de Lamarck, en caractérisant cette espèce , doute que ce soit bien la T. madagascariensis , Linn., Gmel., p. 3257, n." 44 ; mais il me semble que ce rapprochement est exact, puisque Gmelin cite la même figure de Lister que M. de Lamarck. La T. OMBONELLE; T. umbonella , id. , ibid. , n." 48. Coquille ovale, subtrigone, très-convexe , striée très-finement, surtout vers les bords, lisse sur les sommets, qui sont hyalins : cou- leur blanche. Des mers de la Nouvelle-Hollande , à l'île King. La T. DELTOÏDALE; T. dcltoidalis , id., ibid., n." 49. Coquille trigone, orbiculaire, comprimée, à stries d'accroissement un peu marquées ; côté postérieur atténué , obliquement infléchi ; une des valves sillonnée : couleur blanche. Des mers delà Nouvelle -Hollande , à l'ile Saint-Pierre et Saint-François. La T. BiMACULÉE : T. bimaculata , Linn., Gmel., p. 3240 , n." 71 ; Encycl. méth. , pi. 290, fig. 9; Faune franc., pi. 9, lig. 8. Petite coquille triangulaire, subarrondie, lisse, de couleur blanche, avec deux taches sanguinolentes en dedans. De Pocéan d'Europe et d'Amérique. LaT. SIX rayons: T. sej-radiaffl, deLamk., l. c, n.°55;Enc. méth., pi. 290, fig. 10. Petite coquille trigone, arrondie , iné- quilatérale, de couleur blanche, avec six rayons d'un brun bleuâtre, subinterrompus, plus marqués intérieurement. TEL 541 De l'océan d'Europe. La TEr.LiNE ostracée : T. ostracea, id. , ilid., n.° 54; Encycl. méth, , pi. 290 , fig. 1 5. Petite coquille ovale , arrondie , com- primée, mince, avec des stries longitudinales élevées, surtout vers les bords ; le côté postérieur tronqué obliquement et à deux plis: couleur grisâtre. Des mers de l'Inde. D. espèces sans dents latérales écartées. ( G. PSAMOTELLE. ) La T. BICOLORE : T. operculata, Linn. , Gmel. , page 32 3.'», n." 32; Chemn., Conch., 6, tab. 11, fig. 97^ Coquille ovale- oblongue , subrostrée et biangnlaire à son extrémité posté- rieure, striée obliquement vers le bord inférieur; l'une des valves plus convexe que l'autre, plate et suboperculiforme ; une dent cardinale d'un côté et deux de l'autre; deux callo- sités blanches intérieures auprès du bord : couleur pourpre, fasciée de blanc ou zonée de pourpre violet sur un fond rose. De l'océan des Antilles, suivant M. de Lamarck , et de l'Inde, mais avec doute, suivant Gmelin. La T. coNTOURNl^E : T. lacunosa , Chemn., Conch., 6, t. 9 , fig. 78; Encycl. méth. , pi. 290, fig. 14; T. papjracea, Linn., Gmel. , pag. 325i , n." 10. Coquille ovale-arrondie , ventrue, mince, déprimée à sa partie inférieure, contournée et lacu- neuse , striée dans sa longueur; valve droite plus plate que ]a gauche, qui est très-bombée: couleur d'un blanc subtrans- parent. Cette coquille, d'un pouce et demi de long, piiroît être fort rare; elle vient de la côte de Guinée. La T. MULTANGLE : T. multangula , Linn., Gmel., p, 323o , n." 9 ; Chemn. , Conch. , 6 , t. 9 , fig. 77. Coquille assez grande , large, inéquivalve , trigone, snbventrue , striée lungitudina- lenient et subtreillissée vers le bord ; le côté postérieur un peu plus court que l'antérieur, sinueux et subanguleux; une dent cardinale fendue sur une valve et deux sur l'autre; couleur d'un blanc grisâtre; les sommets jaunâtres, ainsi que l'intérieur; deux très-petites dents cardinales, dont une bi- fide sur la valve gauche. Des côtes de Tranquebar. 542 TEL La Telline polygone : T. polygona, Linn. , Gmel. , p. 3244 , n." 91 ; Chemn., Conch., 10, tab. 170, fig. i65i — i653. Co- quille ventrue, trigone, tourmentée ; suborbiculaire, striée longitudinalement, avec une forte sinuosité au bord inférieur: couleur blanche , teintée d'orangé pâle aux sommets et à l'intérieur. Des mers de la Nouvelle-Hollande et de l'océan Indien , comme la précédente , dont M. de Lamarck présume qu'elle n'est qu'une variété. La T. nvmphale; T. nymphalis , de Lamk. , loc. cit. ^ n.° 5o. Coquille ovale-arrondie , striée longitudinalemeni àson bord inférieur, atténuée obliquement, sillonnée et anguleuse à son extrémité postérieure , élargie et arrondie en avant : nymphes internes, élargies: couleur blanchâtre. Patrie inconnue. La T. zonée: t. zonata , Linn. , Gmel., p. 5238 , n.° 52 ; T. solidula, Maton et Rakett, Linn. , Trans., 8 , p. 58 ; de Lamarck , n.° 5'. ; Faun. franc. Coquille assez petite, subtri- gone , orbiculaire , très-convexe en avant, assez solide, sub- anguleuse en arriére, de couleur assez variable , quelquefois rougeàtre ou jaunâtre , avec des bandes blanches longitudi- nales concentriques; deux dents cardinales très- petites sur chaque valve. Cette espèce, que Linné paroit avoir confondue avec la T. carnaria , qui est une lucine, est extrêmement commune sur toutes les cAtes d'Angleterre et sur les nôtres, du moins dans la Manche. On la trouve, par exemple, par milliers à l'embouchure de la Somme. C'est très-probablement aussi la T. sinuosa, Gmel., pag. 0243, n.° 84, d'après Gualtieri , Test., t. 77, fig. D, E. On trouve dans le Catalogue de Gmelin plusieurs espèces de tellines dont M. de Lamarck n'a pas parlé. Sans doutç quelques-unes n'appartiennent réellement pas à ce genre, comme les T. pusilla, pisiformis, cornea, lac us tris , ainnica, Jlumiaalis , Jluminacea , fJuyiatiiis , siberica , adriatica , virgi- nica, qui sont certainement des cyclades ou descyrènes; les T. àivaricata , digitaria, incequilafera et carnaria , qui sont des lueinesjles T. incarnata, triincata, vinacea, et peut-être niêmc la r. Irilatera, qui sont des donaccs ; la T. lactea, type du TEL 545 genre Loripede de Poli ; la T. inœquivalvis du genre Pandore de M. de Lamarck, et enfin la T. alata, qui est une espèce d'anodonte, et les T.feroensis et Gari, qui se rapportent au genre Psammobie. La T. gibbosa est probablement une espèce de saxicave ; la Tellina rufescens me paroit la Venus decussata, La ï'. Bornii, Gmel. , T. angulata, Born. , n'est que la psam- mohia feroensis : mais il en reste encore un bien plus grand nombre, qui doivent être définies ici. Telles sont les espèces suivantes, que je rangerai dans le même ordre que celles de M. de Lamarck, sans garantir qu'elles en soient constamment distinctes, et qu'elles appartiennent certainement à ce genre. a. Espèces ovales-oblongiies , avec dents latérales écai^tées. La Telline de Knorr : T. Knorrii, Linn., Gmel.;^ pag. 323 1, n." i3; Knorr, Vergn. , 5, t. 21 , fig. 5. Coquille de plus de deux pouces de long sur un pouce un quart de haut, d'un rouge magnifique, avec le bord violet. Patrie inconnue. La T. TRKS-BLANCHE : T. caiididissima , id. , ibid. , n.° 14» Knorr, Vergn., 6 , t. 38, fig. i^, Angulus lanceolatus , Mégerle. Coquille de deux pouces un quart de long , sur un pouce de haut , entièrement blanche. Patrie inconnue. La T. OBLONGtJE : T. oblonga, id. , ibid., n.° 2C) ; lingulus oblongus, Mégerle, Chemn., Conch. , 6 , t. 10, fig. 87. Coquille médiocre, oblongue, fragile, arrondie à une extrémité, jau- nâtre; une dent cardinale unique dans une valve et double sur l'autre. De l'océan d'Europe. La T. ÉTROITE : T. angusta, id. , pag. 3236, n.° 42; Lister, Conch., t. 383, fig. 26. Coquille médiocre, deux fois plus longue que haute, un peu aplatie , arrondie à une extrémité, atténuée à l'autre; de couleur rouge, radiée de blanc. Patrie inconnue. La T. VARIÉE: T.variegala, id. , p. 3207, n.°43 ; List., Conch.., t. 584, fig. 27, t. 385 , lig. 232 ; t. 389 , fig, 228. Coquille ovale, arrondie aux deux extrémités, blanche, radiée ou tachée de 544 TEL pourpre , ou variée avec un rayon blanc vers le sommet. Patrie inconnue. La Telltne blanchâtre : T. alhicans , id. , p. 3238 ; Gualt. , Test., tab. 77, fig. H? et fig. M? Angulus lanceolatus, Mégerle. Coquille blanche, quelquefois avec le sommet pourpré en de- hors; jaune, avec une bande blanche, en dedans. Cette espèce, établie par Gmelin sur une figure et sur une phrase indicative de Gualtiéri , pourroit bien n'être autre chose qu'une donace , du moins par la fig. H; quant à la fig. M, c'est très-probablement la T. tenuis. La T. fasciée: T. fasciata, id. , ib. , n.° 56 ; Gualt., Test., tab. 89, fig. B. Coquille de plus d'un pouce et demi de long sur un pouce environ de haut, ovale, tronquée en anicre, striée assez finement suivant sa longueur, fasciée de blanc et de blanchâtre. La T. STRIÉE : T. striata, id., ibid. , n." 67 ; Gualt., Test., tab. 8g, fig. C. Coquille ovale , triangulaire, arrondie en avant, subanguleuse en arrière, pellucide, d'un rose pâle. Cette coquille, très-voisine de la précédente , n'est connue également que d'après la figure et la phrase de Gualtiéri. La T. pourprée; T. purpurata, id., pag. 0243 ; Gualt. , Test., tab. 77, fig. L. Coquille ovale, subtriangulaire, d'un pouce et demi de long sur un pouce de haut, lisse, et entière- ment d'un pourpre très-éclatanf. Patrie inconnue. h. Espèces rondes ou ovales , T?iais courtes, avec dejils latérales écartées. La T. ENFLÉE: T. inflaia, id., p. 525i ; Chemn., Conch. , G, t. 9, fig. 76. Coquille arrondie, épaisse, gibbeuse, avec des stries verticales très-fines, entièrement d'un blanc déneige. Patrie inconnue. La T. TRiFAsciÉE : T . trifatciata , id., pag. 5233; Chemn., Conch., 6, t. 12, fig. 114, a, b. Coquille ovale, de la gran- deur de l'ongle, lisse, blanche ou d'un blanc sale , avec trois et quelquefois six rayons rouges ou violets. De l'océan d'Europe. Ne seroit-ce pas une donace? La T. OPALINE: T. opalina, id., pag. 3236, n." 36; Chemn., Conch., 6, t. 12, fig. 107. Coquille ovale, pellucide, de TEL «4t eouîeiir opalisànte par la réflexion et la réfraction de la lu- mière, avec une côte blanche du sommet à la base. Du golfe de Nicobar. La Telline écarlate; T. coccinea , id, , (Jid. Coquille ovale, pellucide , trés-linement striée longitudinalement , avec une callosité près la charnière, comme dans les solens : couleur écarlate. De la mer Méditerranée. La T. calcaire: T. calcarea , idi , ihid. , n.° 38 ; Chetnn. , Conch.^ 6, tab. i3, fîg. i36. Coquille ovale, mince, de cou- leur blanche; une dent cardinale d'une valve bifide et en-' trant dans une fossette de l'autre* Cette coquille , très -commune dans les mers d'Islande, n'appartient probablement pas à ce genre* La T. PECTINÉE: T. pectinatu , id. , ihid., n.° 41 ; List., Conch., t. 3oo,fig. 137. Coquille arrondie, plane, mince, striée dans sa longueur, et d'un brun peu foncé. Patrie inconnue. La T. ROSE : T. rosea , idi , ihid. ; Knorr j Vergn. ^ 5 , t. 9 , fig. 3. Coquille d'un pouce et demi de long sur un pouce de haut, garnie de côtes minces,, décurrentes du sommet vers le bord : couleur rose* Cette espèce, dont la patrie est inconnue , n'appartient probablement pas à ce genre. La T. BALAUSTiNE; T. baluusfina , id. , pag. 323g, n.° 65. Co- quille très-petite, de la grandeur d'une graine de lupin blanc, Orbiculaire, dilatée , avec des dents Litérales seulement sur une valve : couleur blanche j avec des rayons roux peu marqués. De la mer Méditerranée. Ne serait-ce pas une lucine? La T. RÉTICULÉE : T. reticulafa, id. , pag. 3240 ; Chemn., Conch., 6, tab. 1 2 , fig. 118; T. profcua, Pulteiiey, Hulch., Dorsetsli. , p. 29 , tab. S , fig. 4. Coquille de deux pouces de long sur Un pouce un quart de haut, lentiforme, compri- mée, hérissée de stries longitudinales, crépues, croisées par d'autres verticales, très-fines; lunule très-courte et enfoncée; deux dents cardinales très-petites; une seule iat rate de cha- que côté: coquille blanche en dehors, jaunâtre en dedaus, 52. 35 546 TEL Cette coquille , qui vient de l'Inde , d'après Gmelin , et pour laquelle il ne cite pas de figure, pourroit bien encore appartenir au genre Lucine. Le docteur Pulteney, et depuis plusieurs conchyliologistes anglois , la figurent et la décrivent comme se trouvant aussi sur les côtes d'Angleterre. c. Espèces triangulaires , avec dents latérales écartées. La Telune a trois côtés : T. trilatera, id., p. 3234 ; Chemn. , Conch., 6, tab. lo, fig. 85. Coquille triangulaire, inéquila- lérale, plane, tronquée en arrière, de deux pouces deux lignes de long sur un pouce sept lignes de haut; une seule dent cardinale et une seule dent latérale: couleur jaune; le sommet blanc. Patrie inconnue. La T. TRIANGULAIRE : T. triaugularis , id., pag. 3207, n.*'47; List., Conch., t. 401, fig. 244 et 246. Coquille assez petite, triangulaire , subcunéiforme , épaisse , striée longitudinale- ment ou presque lisse ; de couleur blanche. Patrie inconnue. d. Espèces sans dents latérales écartées. La T. ANGULEUSE : T. antidata, id. , pag. 3229; Chemn., Conch., 6, t. o, fig. 74 et 76. Coquille de deux pouces de long sur plus d'un pouce et demi de haut; subovale, angu- leuse, et un peu fléchie à sa partie postérieure, marquée de sli'ies longitudinales recourbées : couleur toute blanche. De l'océan Indien. La T. fragile: T.fragilis , id. , pag. 3200; Chemn., Conch., 6, t. g , fig. 84. Coquille de la grandeur de l'extrémité du pouce, assez mince, ovale, gibbeuse, avec des stries longi- tudinales , croisées par d'autres vcrficales ; une seule dent cardinale bifide sur une valve, et deux sur l'autre: couleur blanche, jaunâtre sur les crochets. De l'océan d'Europe et de la mer Caspienne. Là T. HYALINE : T. liyalina, id. , pag. 5235 ; Chemn., Conch., 6, t. 11 , fig. gg ; T. excavata Spent>leri , Schroët. , Einl. in Conch. , 3 , p. 6 , n." 14. Coquille de deux pouces neuf liynes de long sur un pouce et demi de iiaut, ovale, plane, pellu- çide , iuéquivalve , treillissée très-finement ; une seule dent TEL 841 cardinale sur une valve, deux sur l'autre: couleur d'un blan« de neige. Des côtes de la Guinée et de l'Inde, La Telline vitrée; T.vitrea, Chemn., Conclu, 6,t.ii,fig. loi. Coquille Irès-mince , trés-fragile , arrondie en avant, rostrée en arrière, striée longitudinalement ; une seule dent cardi- nale sur une valve et deux très-petites sur l'autre; couleur jaunâtre» Des mers du Nord et Baltique. Il est peut-être encore plus diflicile de se faire une idée des espèces suivantes ; savoir : La T. BLANCHE : T. alba, id. , p. 323 1 , n.° 17; Linn. , Mus. Lud. Ulr, , 479, n," 2 3. Coquille de la grosseur d'un œuf, ovale, lisse ou à peine striée dans sa longueur; trois dents dans chaque valve, avec les nymphes proéminentes ; couleur d'un blanc rougeâtre , avec quelques stries rouges en dehors, toute blanche en dedans. De l'océan d'Europe. La T. RUDE; r. aspera, id. , pag. 3237, n.° 46. Coquille de trois pouces de long sur un pouce trois quarts de haut, atténuée aux deux extrémités, rude, à cause des stries longitudinales : couleur rayonnée en dehors , jaunâtre en dedans. Patrie inconnue. La T. LARGE : T. lala, id., ibid. , n.° 48; List., Conch, , t. 407 , fig. 253. Coquille d'un pouce trois quarts de long, sur un pouce un quart de haut, inéquilatérale , subatténuée à Vextrémité postérieure. De l'océan de Norwége. La T. DE LA Jamaïque : T. jamaïcensis, id. , ibid. , n." 49; List., Conch. , t. 408 , fig. 254. Coquille d'un pouce et demi de long sur un pouce de haut, épaisse, rostrée et pourprée en dehors. Des mers de la Jamaïque. La T. d'Adanson : T. Adansonii, id. , p. 0239 ; le Poron , Adans., Sénég. , p. 227, pi. 17, fig. 9. Très-petite coquille subcirculaire , blanchâtre et violette , au moins vers la char- nière. Commune dans les sinuosités remplies de sable des rochers 548 TEL du cap Manuel, sur la côte occidentale d'Afrique : c'est peut- être une jeune lucine. La Telline CANCELLÉE : T. cancellata, id.. ib.;le Pirel, Adans., Sénég. , p. 227 , pi. 17 , fig. 10. Coquille suborbiculaire , fort mince, fragile, opaque, avec des stries verticales nombreuses, très-fines , traversées par quelques stries d'accroissement : cou- leur d'un blanc sale. Des sables de l'île de Corée an Sénégal. Le T. rliomboidis, id., p. 3^57, n.° 11 , du moins d'après la figure et la description de Lister, Anini. Angl. , pag. 171 , tab. 40, fig. 20. 11 me semble que c'est la renus decussata. Quant au T. gallica^ pag. 0244, n.° 88; d'après d'Argen- ville, Conch., pi. 27 , fig. 11. 11 me paroït extrêmement pro- bable que c'est un cardium ou un peigne roulé, ce que sup- pose aussi le conchyliologiste françois. Mais ce qu'il y a de plus remarquable, c'est que Cmelin dit que cette coquille est commune dans la Marne, tandis que d'Argenville assure positivement qu'il n'y en a trouvé qu'un individu Les auteurs anciens confondoient encore un bien plus grand nombre de coquilles bivalves sous la dénomination de tel- lines; mais la plupart, depuis les travaux de Linné, de Bru- guière, et surtout oe M. de Lamarck, ont passé dans d'au- tres genres ou sont restées assez mal définies pour qu'il soit presque impossible de dire ce que c'est. Des auteurs assez modernes ont aussi désigné sous la déno- mination de tellines, des coquilles qu'il est bien difficile de rapporter d'une manière certaine à ce genre. Olivi, dans sa Zoologie adiiatique, en nomme trois. La T. GiBBEUsE; T. giliba, Cinan., Adriat., tom. 2, tab. 20, fig. \'id. Petite coquille de couleur blanche, mince el trans- parente, qui se trouve très- communément à l'embouchure de l'Adige, dans des fonds sablonneux. I-a T. STRiATULE; T. striutula, Olivi , Zool. adriat. , p. 101, tab. 4, fig. 2. Coquille ovale - oblon;.'ue , assez épaisse, fra- gile, ayant les valves bâillantes en arrière, avec des sillons verticaux, croisés par des stries longitudinales, et qui ha- bite les fonds arénoso-fangeux des bords du rivage des envi- rons de Venise. LaT. cgsPiDÉE; T.cuspidata, id., ibid., fig. 3. Petite coquille TEL 549 subcordiforme , globuleuse ou renflée à l'extrémifé antérieure, rétrécie et rostrée à la postérieure, toute blanche sous un épiderme subrugueux. Mais, sans pouvoir encore dire ce que sont ces trois co- quilles , on peut assurer que ce ne sont pas de véritables tel- lin es ; la dernière pourroit même hien être une corbule; la seconde me paroit être une psammobie , du moins d'après une coquille bivalve rapportée de l'Adriatique par M. Bertrand Geslin , avec le nom de T. slrialula d'Olivi , donné par MM, Renieri et Narzari. Maton et Rakett, dans leur excellent Catalogue descriptif des testacés de la Grande-Bretagne , ont suivi rigoureuse- ment le système de Linné, et par conséquent ont confondu avec lui, sous le nom de tcllines, plusieuï's coquilles qui n'ap- partiennent pas à ce genre. Celles qui ne me paroissent pas avoir été reprises par M. de Lamarck. dans aucun de ses genres, et qui ont été découvertes depuis la dernière édition du Sjslenta naturœ de Gmelin , sont: La ÏELLiNE RADULE : T. rudula, Montagu , Test. brit. , p. 68 , tab. 2 , fig. 1 , 2 ; et Favan., Conch. , tab. 48, fig. 3. Coquille lentiforme, peu convexe, orbiculaire , d'un pouce et demi de diamètre, à stries concentriques régulières et bien mar- qiiées; sommet médian, aigu, sensiblement recourbé en avant; le bord du ligament presque droit; un pli onduleux en ar- rière : couleur blanche en dehors, testacée en dedans. Cette coquille, qui se rapproche assez de la T. crassa ,me paroit être très-voisine des lucines. Elle se trouve sur les côtes d'Angleterre; M. de Gerville m'en a envoyé un indi- vidu des côtes de la Manche. La T. ARRONDIE : T. rotundata, Montagu, Test, brit., p. 71, t. 2 , fig. 3 ; T. undata, Pulteney , Hutch. , Dorsetsh., p. 3o. t. 5, fig. 8. Coquille d'un pouce de diamètre environ , orbiculaire , subconvexe, à peine striée verticalement, blanche, subdia- phane ; sommets recourbés et un peu saillans ; deux dents cardinales seulement à la charnière : l'une bifide, sur une valve, et la seconde divergente, sur l'autre. Cette espèce, qui, suivant Maton et Rakett, a beaucoup de ressemblance avec la venus undata, se trouve sur les côtes d'Angleterre. Ce n'est probablement pas une véritable telKne, 65o TEL La Tblline flexueuse : T. flexuosa , Montagu , l. c, p. 72 j V. sinuosa , Donov. , Brit. Schells , t. 42, fig. 2. Très -petite coquille, d'un demi-pouce au plus dans son plus grand dia- mètre , fragile, subglobuleuse, avec un pli flexueux à son côté postérieur; charnière édentule : couleur toute blanche. Cette petite coquille, qui paroît commune sur la côte de Cornouailles en Angleterre, n'appartient certainement pas à ce genre ; ce seroit plutôt , à ce qu'il me semble , une lucine. Miss Warn en a envoyé plusieurs individus à M. Defrance , qui a bien voulu m'en faire part. Nous avons cité plus haut les nouvelles espèces de tel- lines trouvées par M. Payraudeau sur les côtes de la Corse : elles ne sont qu'au nombre de deux. M. Risso paroît avoir été plus heureux; car sous la caractéristique du genre Tel- line de M, de Lamarck, il en définit quatre espèces nou- velles, que malheureusement il ne figure pas : en sorte qu'il est impossible d'assurer si réellement elles appartiennent à ce genre et même si elles ne font pas double emploi. Ce sont: La T. DisTORTE : T. distorla, Risso, Hist. nat. de TEur. mér., tom. 4, p, 3a6, n.° gSS ; Poli, Test, des deux Sicil., p. 69, lab. i5 , fig, 11. Petite coquille d'un pouce de long, luisante, ovale, un peu convexe, striée concentriquement , arrondie en avant, un peu atténuée en arrière ; une des valves un peu plus plane que l'autre, avec un pli élevé, distinct-, épi- derme rougeàtre, La T. POLIE : T. polita , id., ibid., n.° 909; Poli, p. 44, tab. 21 , fig. 14. Petite coquille d'un pouce de long, ovale-oblon- gue, ventrue, lisse, très- luisante, prolongée et arrondie à une extrémité, atténuée à l'autre : couleur blanche, avec un large rayon jaunâtre en dehors ; l'intérieur violacé. La T. PETITE :■ T. exigua, id., ibid., n° 940 ; Poli , pag. 35 , tab. i5, fig. i5. Coquille très-petite, d'environ quatre lignes de long, ovale , déprimée, très- mince, un peu atténuée en arrière: couleur d'un jaune de safran, avec des rayons cou- leur de chair, La. T. LiNÉOLÉE; T. Uneolata, id., p. 347, n.° 942. Coquille de neuf à dix lignes de long , subtrigone , arrondie d'un côté, tronquée en dessus de l'autre, avec des stries concentrique» TEL *S» irrégulières, élevées, subréfléchies et ondulées: couleur tes- tacée. Je trouve encore un grand nombre de coquilles bivalves rangées sous le nom de teliines dans les auteurs qui ont re- cueilli les coquilles de l'Adriatique, comme dans les catalo- gues de MM. Renieri et Narzari ; mais il m'est assez difficile de dire si celles qui sont indiquées sous de nouveaux noms sont réellement nouvelles, et si celles qui sont sous les noms de Gmelin, en ont reçu l'application d'une manière conve- nable. La Tellina planata me paroît n'être que la J. palescens de M. de Lamarck ; La T. COR de M. Narzari, la T. tenais. La r. cowplanatn du même est la T. lœvigata d'Olivi , comme il en convient lui-même, et la T. madagascariensis de Gme- lin me paroît différer sensiblement de la T. aplatie de M. de Lamarck par sa grandeur et par sa forme- (De B.) TELLINE. (Foss. ) Les espèces assez nombreuses de ce genre ne se trouvent à l'état fossile que dans les couches plus nouvelles que la craie. Telline PAXELLAiRE : TclUna patellaris , Lamk. , Ann. du Mus. , tome 7 , page 382 , et tome 12 , pi. 41 , fîg. 9 ; ejusd.., Anim. sans vert. , tome 5, page 534, n." 1 ; Desh. , Descript. des coq. fossiles des environs de Paris, vol. i.*'', page 77 , pi. 1 1 , fig. 5 , 6 , 1 3 et 1 4. Coquille peu bombée , elliptique , chargée de fines stries, qui disparoissent vers les crochets; ces derniers sont pointus, peu courbés; la lunule et le cor- selet sont profonds. Longueur, vingt lignes; largeur, plus de deux pouces. Fossile de Grignon, département de Seine-et- Oise; de Mouchy-le-Chàtel, Parues et Liancourt , départe- ment de l'Oise, dans le calcaire grossier. Cette espèce a de très-grands rapports avec la tellina remies, qui vit dans l'Inde et dans les mers d'Amérique. Telline scalaroïde : Tellina scalaroides, Lamk., Ann. du Mus. , tome 7 , page 2 33 , n.° 2 , et tome 12 , pi. 41 , fig. 7 ; ejusd., Anim. sans vert., tome 5, page 534, n.° 2; Desh., loc. cit., pi. 12, fîg. 9 et 10. Coquille ovale- elliptique , peu bombée, un peu anguleuse postérieurement, couverte de slries transverses, un peu élevées, minces, parallèles, régu- «5t TEL liéres, un peu distanlcs les unes des autres et présentant l'aspect de marches étroifes d'un escalier ; le plis sinueuK est peu profond : la charnière présente deux dents cardinales, dont la médiane est profondément bifide. Cette espèce est un peu moins grande que la précédente. Fossile de Grignon et de Parnes , dans le calcaire grossier. On la trouve aussi à Senlis dans le grès marin supérieur; mais les individus sont proportionnellement plus longs. Tellinë érycinoïde : Tellina erycinoides, Desh., loe.cit., page 78 , pi. ii.fig. 11 et 12. Coquille ovale , subtrigone , assez mince, luisante, couverte de sillons concentriques, ré- guliers; un pli foiblement marqué se trouve à son bord an- térieur; la charnière offre deux dents cardinales sur la valve droite et une seule sur la valve gauche. Ses dents latérales sont très-prononcées. Longueur, seize lignes; largeur, vingts- deux lignes. Fossile de Parues, de Mouchy et de Chaumont, département de l'Oise. Telmne élégante : Tellina elegans , Desh., loc. cit., pi. 11 , fig. 7 et 8; de Bast. , Méin. géol. sur les env. de Bordeaux, page 85, pi. 5 , fig. 8. Cette espèce est plus petite que l^ T. erycinoides ; mais elle a les plus grands rapports avec elle, dont elle n'est, peut-être, qu'une variété. On la trouve à Grignon, à Hauteville , départeuieut de la Manthe et à Mouchy, En général , les trois dernières espèces décrites ci- dessus ont heauroup de rapports les unes avec les autres, M. de Basterot annonce qu'on trouve cette espèce à Saucats, dans les bancs supérieurs au calcaire d'eau douce. TELriNE cArinui.ée; Tellina carinulala, Lamk. , Ann. du Mus., tome 7, page 33a , n." 3, Coquille orbiculaire-elFpti- que, arrondie des deux bouts, couverte de lamelles concen- triques très- minces. Cette espèce a des rapports avec la tel- lina scalaroides ; mais elle est plus épaisse et moins grande. Sa forme est plus arrondie ; son pli sinueux est à peine marqué; les dents cardinales sont an nombre de deux; une petite simple et une grande canaliculée en dessus. Fossile de Grignon et delà ferme de FOrine, commune de Beynes , près de Parues : elle a beaucoup de.rapports avec la telline rayonnante, qui vit dans nos mers; mais celle-ci est plu» épaisse. TEL «55 Telline sinuée : Tellina sinuata , Lamk. , Ann. du Mus. , tome 7 , page 253 , n.° 4 , et tome 12, pi; 41 , fig. 8 ; Desh. , loc. cit., page 79. n." 4 , pi. 1 i , fig. i5 et 16. Coquille ovale- elliptique, mince, à cô!é postérieur fort court, obtus ; ayant sur son disque une dépression qui le rend sinueux : elle est couverte de très-fines stries concentriques.^ La charnière offre deux dents cardinales et deux dents latérales écartées. Lon- gueur, un pouce; largeur, quatorze lignes. Fossile de Gri- gnou e( de Mouchy. Cette espèce a de très-grands rapports avec la tellina lacunosa, qui vit sur les côtes de Guinée. Telline donaciale : Tellina donacialis , Lamk., Ann. du Mus., tome 7, page 233, n.° 5; Desh., loe. cit., page 83, pi. 12, fig. 7,8, 11 et 12. Coquille ovale- oblique , lisse à l'extérieur. Ses stries transverses étant si fines qu'on ne les aperçoit presque pas : elle a un peu l'aspect d'une donace; son côté postérieur étant fort court , obtus , et dont l'inflexion est à peine visible. Longueur, dix lignes; largeur, un pouce. Fossile de Parues, de Grignon, de Mouchy, dans le calcaire grossier, et de Lachapelle , près de Senlis, dans le grès marin supérieur. Elle a beaucoup de rapports avec la tellina ele- guns, et certains individus, sur lesquels les stries transverscs sont marquées, semblent conduire les deux espèces l'une vers l'autre. On en trouve une variété plus grande àNoailles, département de l'Oise. Telline rostrale : Tellina rostralis , Lamk., Ann. du Mus., tome 7 , page 234 , n.° 6 , et tome 12, pi. 41 , fig. 1 o ; Desh. , loc. cit., pi. 11, fig. 1 et 2. Coquille oblongue - transverse , pointue, transversalement striée, portant un bec à son bord postérieur : elle a des rapports avec la tellina rostrata et avec la tellina Spengleri; mais elle en est très-distincte. Lon-J gueur, dix lignes; largeur, vingt -deux lignes. Fossile de Grignon, Parnes, Chaumont, Liancourt, Mouchy, dans le calcaire grossier, et d'Acy, dans le grès marin supérieur. Tel;.ine carnéole ; Tellina carneola, Lamk., Ann. du Mus., tome 7, page 2^4, n.° 7. Coquille ovale, un peu transpa- rente et d'une couleur à peu près semblable à celle de la corne. Son côté antérieur est un peu anguleux et se termine en un bec court et émoussé : elle est couverte de stries transverses très-fines, qui disparoissent vers les crochets. 554 TEL Cette espèce paroît avoir beaucoup de rapports avec la tellina donacilis. Longueur, six à sept lignes; largeur, dix à onze lignes. Fossile de Grignon et de Maulle , département de Seine-et-Oise. Une variété qu'on trouve à Bracheux porte des stries plus marquées. Celle qu'on trouve à Maulle porte des stries à peine visibles. Telline fluette : Tellina pusilla, Lamk. , Vélins du Mus., n.° 3 1 , fig. 3 ; Ann. du Mus. , tome 7 , et tome 12, pi. 4a , fig. 2. C'est la plus petite des tellines connues : elle est ovale, lisse , transparente, fragile; son côté postérieur est muni d'une inflexion qui le rend un peu anguleux ; elle porte une dent cardinale sur une valve et deux sur l'autre, et une petite fossette en gouttière auprès de ces dents. Lon- gueur, trois lignes ; largeur, cinq lignes. Fossile de Grignon. Telline crossièhe : Tellina rudis, Lamk., Vélins du Mus., n.° 46 />fs, fig. 5 ; Ann. du Mus., tom. 7, ettom. 12 , pi. 42 , fig. 1. Coquille ovale-oblongue, transversale, presque lisse à l'ex- térieur, couverte de stries transverses , inégales , fort obtuses , peu apparentes ; qui ne paroissent être que des stries d'accrois- sement. Son côté postérieur offre un angle obtus, assez émi- nent. Longueur, dix lignes; îijrgeur, un pouce et demi. Fos- sile de Betz, département d .''Oise. Il n'a été trouvé qu'uaie valve de cette e-^pèce. Il s'y trouve une dent cardinale, bi- fide en dessus, et l'emplacement pour recevoir les deux dents cardinales de l'autre valve. Telline zonaire : Tellina zonaria, Lamk., Anim. sans vert. ^ tome 5 , page 535 , n.° 4; Telline a bandes, Tellina zonaria, de Bast., loc. cit., page 85, tab. 5, fig. 5. Coquille ovale, aplatie, couverte de bandes rousses ou vineuses, d'inégale grandeur ; à bord postérieur anguleux et pointu. M. de Basterot dit que la valve droite est couverte de fines stries transverses, et que la gauche est lisse; mais je possède une de ces coquilles bien entière et dont les deux valves sont striées. Longueur, dix-huit lignes; largeur, deux pouces et demi. On trouve cette espèce à Dax , à Saucats , à Léognan et à Mérignac, près de Bordeaux, où elle est commune : elle diffère de toutes les tellines connues à l'état vivant. Telline a stries fourchues; Tellina bipai'ita, de Bast., loc. çif., page 85, pi. 5, fig. 2. Coquille obiongue, couverte de TEL 55< stries transverses, qui se bifurquent au milieu ou au tiers de la valve, en sorte qu'elles sont deux fois plus nombreuses dans la partie antérieure que dans la postérieure. Longueur, neuf lignes: largeur dix-neuf lignes. Fossile de Saucats. Il paroît que cette espèce a quelques rapports avec la tellina uniradiala de Brocchi. Telune BiANGULAiRE ; Tellina hiangularis , Desh. , loc. cit., page 82, pi. 12, fig. 1 et 2. Coquille elliptique-ovale, cou- verte rie très-fines stries transverses, sublamelleuses, portant à sa partie postérieure deux plis, entre lesquels les stries sont élevées et lamelleuses. Elle porte sur une valve deux dents cardinales, dont l'une est bifide, et une seule sur l'autre. Longueur, dix -huit lignes; largeur, vingt- deux lignes. M. Deshayes dit qu'elle n'est peut- être qu'une variété de la T. scalaroides. M. de Basterot annonce {loc. cit.) qu'aux environs de Dax on trouve une variété de cette espèce qui a des stries très-fines et qui n'a point de dents latérales. Telline lunui.ée : Tellina lunulata , Desh., loc. cit., p. 79, pi. 11, fig. 3 et 4 ; Donax lunulata, Lamk. Nous avons donné la description de cette espèce, que nous avons regardée comme unedonace, page 426 du tome XIII de ce Dictionnaire; mais M. Deshayes l'a regardée comme une telline, à cause d'un pli qu'elle porte à sa partie postérieure. Cette espèce, qui paroît tenir du genre des tellines et de celui des donaces, pourroit, peut-être, servir d'intermédiaire pour passer in- sensiblement d'un genre à l'autre. Telune a fines stries : Tellina tenuistriata , Desh., loc, cit. ^ page 80 , pi. 11, fig. 9 et 1 G , et pi. a 2 , fig. 6 et 6. Coquille ovale-transverse , couverte destries transverses, fines, apla- ties et régulières, à crochets proéminens : elle n'a qu'une seule dent cardinale, bifide jusqu'à la base, et une seule dent latérale, placée au-dessus de la lunule. Longueur, quatorze lignes ; largeur, vingt-deux lignes. Fossile de Chau- mont et de Parnes. On a rapporté de la Nouvelle- Hollande une espèce de telline, qui paroitroit ne différer de la tellina tenuistriata que par ses stries, qui sont plus grosses. Cette espèce est subfossile. Telune obronde ; Tellina subrotunda, Desh. , l. c. , pag. 81 , pi, 12, fig, \6 et 17. Coquille suborbiculaire, concave, épaisse, 556 TEL finement striëe, un peu plisséeaubord postérieur, portant deux dents cardinales sur une valve et une seule sur l'autre, et n'ayant qu'une dent latérale. Cette espèce paroît avoir de très- grands rapports avec la T. carinulata. Fossile d'Acy , dans k' grès marin supérieur, de Houdan et de Valmondois, département de Seine-et-Oise. Telline PETIT-BEC ; TclUna rostralitia , Desh., loc. cit., -p. 82, pi. 12, fig. i3, 14 eti5. Coquille ovale -alongée, couverte de stries tines , rostrée , dont le bord postérieur est couvert de stries lamelleuses , n'ayant qu'une seule dent cardinale sur chaque valve. Longueur, quatre lignes; largeur, cinq lignes. Telline lucinale ; Tellina Iitcinalis, Desh. , loc. cit., page 85, pi. i3, fig. 7 et 8. Coquille ronde, subgibbeuse, lisse, équilatérale , n'ayant presque point le pli des tellines, qu'une dent latérale et deux dents cardinales simples. Lon- gueur, sept lignes; largeur, huit lignes. Fossile de Valmon- dois. Telline ampoule; Tellina pustula, Desh., loc. cit., même pi., fig. 9, 10 et 11. Coquille ovale-arrondie, gonflée, ayant a son bord postérieur un pli très-peu sensible , couverte de stries concentriques, très-mince, fragile et subéquilatérale ; deux dents cardinales sur une valve et une seule sur l'autre. Longueur, cinq lignes ; largeur, sept lignes. Fossile de Mouchy- le-Chatel, dans le calcaire grossier. Tellina obliqua, Sow. , Min. concli. , tome 2, page iSy, tab. 161, fig. 1. Coquille suborbiculaire, convexe, oblique, lisse , portant au bord postérieur un pli léger. Longueur, neuf lignes; largeur, dix -neuf lignes. Fossile de Norfolk et de Sutfolk, diins le crag en Angleterre. Tellina ovala, Sow., toc. cit., même pi., fig. 2. Coquille ovale-convexe, lisse, équilatérale, portant un petit pli au bord postérieur. Fossile de Holiwel , de Framlingham et de Suffolk. Nous regardons cette coquille comme une variété de la T. obliqua. Tellina obtusa, Sow., loc. cit., tome 2, page 175, pi. 179, fig. 4. Coquille ovale, épaisse, transverse, convexe, cou- verte de stries concentriques, u bords très-inégaux. Longueur, dix-sept lignes; largeur, dix-neuf lignes, i^ossile de Bramer- TEL 557 ton, où on le trouve en abondance. Celte espèce paroît avoir beaucoup de rapports avec la T. erjycinoides. Tellina Branderi , Sow. , loc. cit., tom. 4? P« i43, pi. 4o2 , fig. I ; Tellina himaculata , Brand., fig. 102. Coquille obovale, déprimée, lisse, avec un léger sinus au bord postérieur et à bec proéminent. Longueur, six lignes; largeur, sept lignes. Fossile de Barton en Angleterre. Tellina fûosa , Sow., loc. cit., même planche, fig. 2. Co- quille obovale, aplatie, couverte de stries concentriques, portant un pli au bord postérieur, à bord antérieur ar- rondi. Longueur, neuf lignes; largeur, un pouce. Fossile de Barton. Tellina amhigua, Sow., loc. cit., tom. 4? pl* 4o3. Coquille ovale- alongée, convexe, couverte de stries irrégulières et peu marquées, épaisse, ayant une seule dent cardinale sur chaque valve. Longueur, quatre lignes; largeur, sept lignes. Fossile de l'île de Wight. Tellina striatula , Sow., loc. cit., tom. 5 , p. 79 , tab. 466, fig. 1. Coquille transverse, convexe, lisse, à bord postérieur court, longitudinalement strié. Longueur, six lignes; largeur, treize lignes. Fossile de Blackdown , dans le sable vert. Tellina inœqualis , Sow., loc. cit., même planche, fig. 2. Coquille ovale, convexe, à bord antérieur large et arrondi, à bord postérieur obtus, couvert de fines stries près du som- met. Longueur, sept lignes; largeur, onze lignes. Fossile de Blackdown, dans le sable vert. Tellina serrala, Brocc. , Conch. foss. subapp., pag. 5io, pi. 12, fig. 1. Coquille ovale, aplatie, couverte de strie» transverses, à bord postérieur tronqué obliquement; l'écus- son est canaliculé, et ses bords sont couverts de lames ru-. gueuses, qui sont plus saillanles sur la valve gauche que sur la droite. Longueur, un pouce; largeur, un pouce et demi. Fossile de la vallée d'Andone et du Plaisantin. Renieri dit que cette espèce vit dans la mer Adriatique, ainsi que celle qui suit immédiatement. Tellina muricata, Brocc. , loc. cit., même planche, fig. 2. Coquille oblongue , déprimée , couverte de fines stries trans- verses , tronquée au bord postérieur, sur lequel il se trouve des stries longitudinales. Longueur, cinq lignes; largeur, huit 558 TEL lignes. Fossile de la vallée d'Andone et des environs de Nice. (Risso.) Tellina uniradiata, Brocc. , loc. cit., même planche, fig. 4, Coquille oblongue , déprimée, couverte de très- fines stries, tronquées au bord postérieur, où il se trouve deux plis. Lon- gueur, quatre lignes. Largeur, sept lignes. Fossile de la val- lée d'Andone. Tellina suhcarinata, Brocc. , loc. cit., même planche, fig. 5. Coquille ovale-oblongue, couverte de stries très-fines, arron- die aux deux bouts et portant un pli très-léger au bord pos- térieur. Longueur, quatre lignes; largeur, huit lignes. Fos- sile de la vallée d'Andone et des environs de Nice. (Risso.) Tellina elliptica , Brocc, loc, cit., même planchç, fig. 7. Coquille ovale, un peu convexe, arrondie aux deux bouts, couverte de stries transverses à peine visibles, un peu épaisse et tronquée au bord postérieur. Longueur, sept lignes; lar- geur, onze lignes. Fossile du même lieu et des environs de Nice. (Risso.) Tellina turrida, Brocc, loc. cit., même planche, fig. 10. Coquille gonflée, mince, subéquilatérale, à bord postérieur anguleux, un peu concave au milieu, ayant trois dents car- dinales et une seule latérale. Longueur, dix- huit lignes; lar- geur, deux pouces. Fossile d'Italie. On trouve à Dax une espèce qui a beaucoup de rapports avec celle-ci, mais son bord postérieur est sinueux. Tellina compressa, Brocc, loc. cit., même planche, fig. 9. Coquille ovale, déprimée, couverte de très-fines stries trans- verses, à bord postérieur portant intérieurement une côte oblique. Longueur, cinq lignes; largeur, huit lignes. Fossile de la vallée d'Andone et des environs de Nice. (Risso.) M. Brocchi dit (loc. cit.) qu'on trouve à l'état fossile, dans la vallée d'Andone, la tellina complanata , Linn. , qui vit à Madagascar; la tellina nitida , qui habite la Méditerranée; la tellina Jeroensii , Linn. , qui vit dans l'Océan septentrional et dans l'Adriatique. M. Brongniart a trouvé en Scanie, dans un état subfos- sile, une espèce de telline qui a les plus grands rapports avec la tellina solidula. Dans l'Hist. uatur. des princip. product. de l'Eur. mérid. , TEL 55g M. Risso annonce qu'on trouve aux environs de Nice à l'état subfossile, la T. donacina et la T. radiata , et à l'état fossile la T. nitida. (D. F.) TELLINIDE, TelUnides. { Conchjl.) Genre de coquilles, établi par M. de Lamarck. (Syst. des anim. sans vert., tom. 5, page 557) pour une coquille qui diffère principalement des tellines parce qu'elle n'a pas de pli flexueux en arrière, mais qui, du reste , a deux dents latérales écartées, dont l'anté- rieure fort rapprochée des cardinales; ce qui semble en former trois dans la valve gauche. Cette coquille, qui vient des ri- vages de Timor, et qu'à cause de cela M. de Lamarck a nommée la T. de Timor, T. limorensis , est ovale , elliptique, un peu subtriangulaire, subéquilatérale et un peu bâillante aux extrémités , comme dans les psammobies. Ses sommets sont fort peu saillans ; son bord inférieur est un peu onde; elle est assez mince : ses stries d'accroissement forment des sillons longitudinaux, et elle est toute blanche. Nous n'en avons fait qu'une division des tellines dans notre Malacologie, et nous l'avons fait représenter pi. 72, fig. 2. (De B. ) TELLINITE. (Foss.) C'est le nom qu'on a quelquefois donné à la coquille fossile que nous avons décrite sous le nom de Mya ? litterata, tome XXXIV, page 5 , de ce Dictionnaire. (D.F.) TELLURE. {Min.) Cette substance métallique a été décou- verte en 1782 par MuUer de Reichenstein dans le minerai d'or de Transylvanie, nommé vulgairement ot blanc. Kirwan s'empressa de l'admettre dans sa Méthode, sous le nom de sjylvanite, tiré de celui du pays où elle avoit été trouvée; mais Klaproth ayant confirmé les expériences de Muller et renou- velé en quelque sorte sa découverte, en retrouvant le même métal dans l'or de Nagyak , lui donna le nom de tellure , adopté depuis par tous les chimistrs. Le tellure n'existe à l'état natif, c'est-à-dire à l'état libre ou dégagé de toute combinaison , que dans le minerai où il a été découvert pour la première fois; encore ne l'a-t-on ja- mais trouvé parfaitement pur, et il est toujours mélangé de quelques parties de 1er et d'or. Ce dernier métal lui est as- socié dans presque tous ses minerais. Les autres substances piétalliques avec lesquelles le tellure forme différens alliages , 56o TEL sont le plomb, l'argent et le bismuth* Tons les minerais âe tellure ont pour caractères coannuiis d'avoir l'éclat métalli- que, de se fondre au chalumeau, et de hriilersurle charl)ort avec flamme et fumée, en y laissant une auréole bordée de rouge ou d'orangé. Si l'on dirige sur cette trace le feu de réduction, elle disparoît, et en même temps la flamme se colore en vert foncé* En outre, ces minerais sont solubJes dans l'acide nitrique, et la solution précipite eu noir, lors- qu'on y plonge un barreau de zinc. Les alcalis forment dans la même solution un précipité blanc, floconneux, qu'ils re- dissolvent bientôt , lorsqu'ils sont en excès. On connoît aujourd'hui quatre espèces de minerais de tel- lure, qui paroissent distinctes les unes des autres, tant par leurs formes cristallines, que parleur composition chimique* Ces quatre espèces sont le tellure natif ferrifère , le tellure feuiU leté , le tellure graphique et le tellure bismuthique. 1. Tellure natif auro-ferrifère' , aussi nommé Tellure blanc, Or hlanc , Or problématique. Substance d'un blanc d"étain ou d'un gris jaunâtre , tendre et fragile, ayant une structure la- minaire ou granuleuse , à grain d'acier. Ses cristaux , qui sont très-rares , paroissent dériver d'un rhomboïde. Ce sont des prismes hexaèdres réguliers, ayant les arêtes des bases remplacées par des facettes disposées en anneau. Sa dureté est supérieure à celle du gypse et inférieure à celle du calcaire spathique. Sa pesanteur spécifique est de 6,1 ]5 (Klaproth). Passée avec frottement sur le papier, elle y laisse une trace légèrement noirâtre. Au chalumeau, elle décrépite, fond aisément sur le char- bon, brûle avec une flamme verdàtre et se volatilise. L'odeuf de raves qu'elle répand quelquefois, n'est pas due au tellure, mais au sélénium , dont elle est mélangée. Composition. De Fazebay... Tellure. Fer. Or. 92,55 7,20 0,25 Klaprothj Gediegen Sjlvan, Werk. et Uon.; A'ative tellurium, UuJB-et P«l»» TEL 56i Tellure natif cristallisé. En prisme régulier, à six pans , dont les arêtes horizontales sont tronquées. Les facettes des tran- catures sont inclinées à la base d'environ 116". Tellure natif lamelliforme. En petites lames groupées confu- sément et d'un éclat assez vif. C'est principalement à cette variété que l'on a donné le nom d'or blanc. Elle ressemble assez par son aspect à l'antimoine natif en petites lames. Tellure natif à grains d'acier. En petites masses grenues, à grain fin, d'un blanc jaunâtre. Cette teinte jaune paroit due à quelques parties de fer pyriteux, dont cette variété est ac- cidentellement mélangée. Le tellure natif auro-ferrifère ne se rencontre qu'en petite quantité dans la nature. Il appartient aux terrains primor- diaux de sédiment ou terrains semi-cristallisés, et se trouve toujours disséminé, ou sous la forme de veinules, au milieu des grauwackes et des calcaires compactes de la Transylvanie. Les substances qui l'accompagnent le plus ordinairement, sont le quarz , le fer pyriteux , l'or natif, la blende et la galène. C'est à Fazebay, près de Zalathna , qu'on l'a observé pour la première fois, dans les mines de Maria -Hiilfe , de Maria- Loretto et de Sigismundi ; on l'a retrouvé depuis, en Amé- rique, à Huntington, dans le district de New-Stratford , en Connecticut. On l'exploite comme mine d'or, en Transyl- vanie. La quantité d'or qu'il renferme est très-variable , et quelquefois elle est nulle; c'est pour cela qu'on lui a donné les noms (Vaurum problematicum, aurum paradoxum. 2. Tellure feuilleté ou plombifère '. — Tellure natif auro' plombifère, Hauy; vulgairement Or de Nagjac. Tellurure de plomb, mêlé de tellurure d'or et souvent de sulfure d'argent et de sulfure de plomb. Substance d'un gris de plomb , à structure lamelleuse, tendre, et flexible sans élasticité. Ses cristaux dérivent d'un prisme droit, rectangulaire, cli- vable avec beaucoup de netteté, parallèlement à la base. Suivant M. de Bournon , ce prisme seroit à bases carrées. i A'agjagererz ,WtnT<. — Blàtlererz , Revss et Kakst. — Blàtlertel- lur , Leohh. — Prismatischer Tellurglanz , Mobs. — - Black tellurium-, Phillips. 52. 36 56: TEL Sa dureté est supérieure à celle du talc et inférieure à celle du gypse laminaire. Sa pesanteur spécifique est de 8,91g (Muller). Sa teinte la plus ordinaire est le gris de plornb , passant au noir de fer. Elle tache légèrement le papier en noir. Sur le charbon, elle fond aisément, en répandant une fu- mée blanche , et finit par se transformer en un grain métal- lique et malléable. Composition. De Nagyag, Tellure. Plomb. Or. Argent. Cuivre. Soufre. 32,2 54,0 9,0 0,5 1,3 3,0 Klaproth. Variétés. Tellure feuilleté laminiforme. En lames rectangulaires, à bords biselés, dont les grandes faces sont éclatantes et un peu raboteuses. Les facettes obliques, placées sur les bords, s'inclinent sur la base sous un angle de 110° environ. D'au- tres facettes, placées sur les angles, font avec cette même base un angle de 122" 5o'. (Phillips.) Tellure feuilleté lamellaire. En petites lamelles disséminées dans un manganèse lithoïde. Tellure feuilleté compacte. Il est une variété de tellure plombifère d'un blanc jaunâ- tre, dont la composition paroît s'éloigner beaucoup de celle des autres variétés ; car elle contient , d'après une analyse de Klaproth, sur 100 parties .- Tellure. Or. Plomb. Argent. Soufre. 44,75 26,75 19,60 8,60 o,5o Aussi la plupart des minéralogistes allemands et anglois la considèrenl-ils comme une espèce particulière. Klaproth lui a donné le nom de Gelberz; M. Leonhard l'a décrite sous celui de Weiss-telluT , et M, Phillips ,• sous celui à'Yellow tellurium. Mais, suivant M. Brooke, sa cristallisation est analogue à celle de la variété ordinaire , et la différence des analyses peut s'ex- TEL 565 pliquer par les quantités variables de sulfure de plomb et d'argent dont le tellure plombifère est toujours mélangé. Le tellure feuilleté est, comme l'espèce précédente, une substance accidentelle des filons métallifères. Son principal gisement est dans les mines de Nagyag, en Transylvanie , où il a souvent pour gangue immédiate le manganèse lithoïde , d'un rouge de rose. Les substances qui l'accompagnent ordi- nairement, sont la blende, la galène, le cuivre gris, l'ar- senic natif, le fer pyriteux et l'or natif. On l'a observé aussi avec le tellure graphique , à Offenbanya , dans la même contrée. 3. Tellure graphique; vulgairement Or graphique; Tellure natif auro-argentifire , Haiiy '; Tellurure d'or et d'argent, Beu- dant. C'est une substance d'un gris d'acier clair , à cassure inégale et grenue; tendre et fragile. Ses formes cristallines dérivent d'un prisme droit , rectan- gulaire, ou , suivant M. Beudant, d'un prisme rhomboïdal de 106° à 107°. Les cristaux se clivent avec assez de netteté, parallèlement à l'un des pans du prisme rectangulaire ; ils sont en général striés longitudinalement sur l'autre pan. Sa dureté est supérieure à celle du talc , et inférieure à celle du calcaire spathique. Sa pesanteur spécifique est de 5,723 (Muller). Il fond aisément sur le charbon en un globule métallique d'un gris sombre , et couvre le charbon d'une fumée blanche, qui disparoît au feu de réduction. En continuant le feu, on obtient un grain métallique d'un jaune clair, qui, après le refroidissement , est très-brillant et ductile. Composition = AgTe' -+- oAuTe*'. Berz. Tellure. 60 Or. Argent. D'Offenbanya 3o 10 Klaproth. Variétés. Tellure graphique cristallisé. En petits prismes octogones , i Schrifterz et Schrifttellur , "Werw. et Leokh. — Prismatîscher j4n- timonglanz , Mohs. 664 TEL modifiés par une seule facette sur les bords, qui correspon- dent aux grandes arêtes des bases de la forme primitive , et par plusieurs rangées de facettes sur les angles. En octaèdres rectangulaires, modifiés sur les angles et sur les arêtes. Tellure graphique dendritique. En cristaux aciculaires , grou- pés régulièrement sur un même plan, sous des angles de 60 et 120 degrés, et quelquefois sous un angle droit. Plusieurs de ces doubles cristaux , en se rangeant à la file , imitent grossièrement des caractères orientaux; de là le nom d'or graphique , donné à cette variété. Le tellure graphique appartient, comme l'espèce précé- dente, aux filons métallifères du porphyre syénitique de la Transylvanie. On ne Ta trouvé jusqu'à présent que dans la mine dite Franzishus , à Offenbanya , et dans celle de Nagyag. Il est quelquefois accompagné par le tellure plombifère. Les substances qui lui sont associées ordinairement, sont le quarz hyalin, la blende, le cuivre gris et l'or natif. Le tellure gra- phique est recherché par les mineurs et exploité avec avan- tage, à raison de la grande quantité d'or qu'il contient. 4. Tellure BisMrTHiytiE , aussi nommé Argent moljbdique. ' D'après une ancienne analyse de Klaproth , cette substance avoit été regardée comme un sulfure de bismuth, conte- nant seulement 5 pour 100 de soufre. Mais l'essai chimique auquel M. Berzelius l'a soumise , a montré que c'étoit un vé- ritable alliage de bismuth et de tellure, dont les propor- tions sont encore inconnues. Cette substance se présente en lamelles plus ou moins éten- dues, disséminées dans une roche porphyrique; ces lamelles paroissent être des prismes hexagonaux réguliers. Sa couleur est le gris d'acier. Elle est tendre , fragile , flexible et opaque. Sa pesanteur spécifique est de 7,8. Elle est soluble dans l'acide nitrique, et la solution préci- pite abondamment par l'eau. Chauffée dans un tube ouvert, elle brunit, fond aisément en un globule, en répandant une odeur de sélénium; puis elle dégage une fumée blanche qui s'attache au verre et se résout en gouttelettes transparentes. i Molj-bdânsilLer, Leonii. — • frasserbletsitber ^ de TEL 5«S Ce qui reste de la masse est un globule de bismuth , qui, par l'action d'un feu prolongé, se couvre d'oxide brun de bis^ muth en fusion. Cette substance a été trouvée dans un porphyre altéré à Deutsch-Pilsen et Borsony , en Hongrie. Elle y est accompa- gnée de calcaire brunissant et de fer pyrifeux. La substance découverte par M. Esmark en 1814 , à Telle- marken en Norwége, et prise par lui pour du tellure natif, n'est encore qu'un alliage de tellure, de bismuth et de sé- lénium, d'après les essais de M. Berzelius. Celte substance, que Haiiy a classée, dans sa Méthode , sous le nom de tellure sélénié bismuthifère , est sous la forme de petites lames , comme le tellure bismuthique de Hongrie. Elle est associée au cui- vre pyriteux , au cuivre malachite et à du mica verdàtre par transparence. (Delafosse.) TELLURE. {Chim.) Corps simple, compris dans la 4.* sec- tion des métaux. (Voyez Corps, tom. X, pag. 5 11.) Propriétés physiques. Le tellure est solide , d'un blanc bleuâtre, d'une pesant leur spécifique de 6,11 5. II est très- cassant; sa cassure présente des lames trés-écla- tantes. Il est liquide à une température un peu supérieure à celle où le plomb se liquéfie, et un peu inférieure à celle où l'anti- moine se fond. A une température plus élevée, il se volatilise et peut être distillé, comme le mercure, dans Tine cornue de verre. Après le mercure et l'arsenic, il est le plus volatil des métaux. Lorsqu'il a été fondu, il est susceptible de cristalliser par un refroidissement lent. L'oxigène et l'air n'ont pas d'action à froid sur le tellure; mais, à une température rouge, par exemple, en exposant le tellure sur un charbon à la flamme du chalumeau , le mé- tal brûle avec une flamme vive bleuâtre, dont les bords sont verts; il se produit une fumée blanche d'oxide de tellure. Klaproth avoit assigné à ce métal la propriété caractéristique de répandre une odeur de raifort dans sa combustion, mais M. Berzelius, ayant ensuite examiné quelques échantillons de tellure comparativement avec le sélénium, qui jouit de cette B66 TEL propriété au plus haut degré, a cru pouvoir conclure que les échanlillons de tellure qui répandent l'odeur de raifort par la combustion, contiennent du sélénium. On compte généralement deux oxides de tellure. L'oxide au maximum joue le rôle d'un acide dans la plupart de ses combinaisons avec les bases salifiables. Le tellure se combine au chlore à la température ordi- naire, en dégageant de la chaleur et de la lumière, suivant H. Davy. L'iode s'y combine très- aisément. Le soufre s'y combine également bien à l'aide de la chaleur. Le tellure est susceptible de s'unir à l'hydrogène, et pro- bablement à la plupart des métaux; mais plusieurs de ces combinaisons n'ont point été opérées, et celles qu'on a obte- nues n'ont point encore été étudiées. L'acide nitrique dissout facilement le tellure ; il se dégage du gaz nitreux, et le métal s'oxide au maximum. L'eau régale le dissout; le métal s'oxide au maximum. C'est le moyen qu'on emploie pour avoir l'hydrochlorate de ce peroxide. loo parties d'acide sulfurique, mises avec i partie de tel- lure dans un flacon bouché, donnent une dissolution de cou- leur cramoisie, qui parait être un sulfate très-acide de pro- loxide de tellure. PnOTOXIDE DE TELLURE. Nous avons vu comment on obtient un sulfate très-acide de protoxide de tellure de couleur cramoisie. Celte solution , mêlée à l'eau , se décolore , laisse précipiter des flocons noirs qu'on regarde comme devant Être le protoxide; mais il faut convenir que l'existence de ce composé n'est pas encore dé- montrée. Lorsqu'on fait bouillir la dissolution cramoisie, elle se dé- colore et laisse précipiter une poudre blanche , qui est du peroxide. DeDTOXIDE de TELLURE. Composition. Klaprotlî. Berzclius. Oxigène 20 19587 Tellure 100 8o,i5. TEL 5^7 Préparation. Voyez plus bas Extraction du tellure. Propriétés. Cet oxide est fixe au feu. Il est fusible , et par le refroidissement il se fige en une masse de couleur jaune -paille , d'un tissu radié. Le peroxide de tellure est soluble dans l'acide nitrique ; la dissolution est incolore; l'eau ne la précipite pas, et quand on l'évaporé convenablement , elle donne des aiguilles dis- posées en dendrites. La solution de peroxide de tellure , qu'on obtient en dissol- vant le métal dans l'eau régale , est incolore. Quand elle a été concentrée; elle est troublée par l'eau , mais le trouble dis- paroît dans un excès de ce liquide. Le zinc, le fer, l'anti- moine et le phosphore , précipitent le tellure à l'état métal- lique ; les hydrosulfafes en précipitent un sulfure brun. La potasse, la soude, en précipitent du peroxide, qu'un excès d'alcali redissout. L'hydrocyanoferrate de potasse ne préci- pite pas plus le tellure que l'antimoine. La noix de galle y forme un précipité de couleur isabelle. Le peroxide de tellure, chauffé avec le soufre, donne du gaz sulfureux et un sulfure. Le peioxide, chauffé avec 7^ de charbon ou bien avec un peu d'huile, est réduit rapidement avec une sorte de déto- nation. On peut opérer dans une cornue. Chlorure de telluke. H. Davy. Chlore 91,5 Tellure 1 00. M. H. Davy dit que ce composé est incolore, demi-trans- parent; qu'il est volatil et susceptible de cristalliser par le refroidissement. L'eau le décompose: il en résulte de l'acide hydrochlorique et de i'oxide, qui se dépose en partie. Sulfure de tellure. Berzelius. Soufre.. 33,28 Tellure 66,72. 568 TEL II est d'un gris de plomb. Sa cassure présente une texture rayonnée. loDURE DE TELLURE. Ce composé est soluble dans l'eau ; la solution est d'un rouge pourpre foncé. Hydrure de tellure. Le tellure s'unit à l'hydrogène en deux proportions : la combinaison, qui est avec excès d'hydrogène, est gazeuse et acide ; nous l'avons décrite à l'article Hydrotellurique [Acide] , tom. XXII , pag. 295. La combinaison au minimum d'hydrogène est en flocons bruns. On l'obtient sous l'influence électrique , lorsque le tellure est rendu électro- négatif par l'électricité voltaique et qu'il a en même temps le contact de l'eau. Extraction du tellure. On fait digérer la mine, qui est formée d'or, de fer et de tellure, dans 6 parties d'acide hydrochlorique à 12°, et 2 par- ties d'acide nitrique à 3o". On ajoute une quantité d'eau telle à la dissolution, que celle-ci ne se trouble pas. On filtre; on met dans la liqueur filtrée un grand excès de potasse : par ce moyen l'or, le cuivre, sont précipités, et l'oxide de tel- lure reste en dissolution. On sature l'excès d'alcali par l'acide hydrochlorique; l'oxide se précipite ; on le lave avec un mé- lange de parties égales d'alcool et d'eau. On mêle l'oxide à de l'huile d'olive; on introduit le mé- lange dans une cornue de verre , et on l'y chauffe. L'oxide se réduit : le métal distille et se condense dans le col de la cornue. Histoire. Muller, en 1782, soupçonna la présence d'un métal nou- veau dans une mine que l'on avoit appelée ot hlanc et or problématique , parce que plusieurs minéralogistes prétendoient que l'or qui existoit dans cette mine étoit accompagné par l'antimoine , tandis que d'autres prétendoient , au contraire , qu'il l'étoit par le bismuth. Bergmann prouva que ce n'étoit pas l'antimoine ; enfin Klaproth , en 1798, et Gmelin , en 1799 , découvrirent dans cette mine ua nouveau métal. (Ch.) TEL 569 TÉLONGUE. (Bot.) Un des noms vulgaires, cités dans le Dictionnaire économique, de la chélidoine ordinaire. (J. ) TÉLOPÉA, relopea.{Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs incomplètes, de la famille des protéacées , de la tétran- drie monogynie de Linné, offrant pour caractère essentiel : Une corolle longue, tubuleuse , ventrue a son sommet, à quatre découpures linéaires ; point de calice ; quatre étamincs atta- chées dans la cavité des divisions de la corolle ; un ovaire supérieur, entouré à sa base par une seule glande presque entièrement circulaire ; un style; un follicule oblong, pédi- celîé; les semences comprimées, munies à leur sommet d'une aile membraneuse. Ce genre faisoit d'abord partie de celui des embothrium , dont il est très-peu distingué. Il a été établi par M. R. Brown sous le nom de tclopea, nom déjà employé par Solander pour une plante très - différente , qui paroit appartenir aux aleu- rltes, et dont Gaertner a fait un genre sous le nom de Curni- rlum de Rumph. TÉLOPÉA ÉLÉGANT : Telopca speciosissima , Rob. Brown , Nov. HolL, 1, page 588, et Transact. linn. , lo, page 198; Embothrium speciosissimiim, Willd., Spec; Smith, Nov. HolL, 1 , page 1 9 , tab. 7 ; Iljlogjne speciosa , Knight et Salisb. , Prot. , 126 ; Embothrium spathulatum , Cavan., Icon.rar., 4> P^g* ^^ > Embothrium myricoid.es, Gaertn. fils, Carp., tab. 218. Cette plante a des tiges hautes de dix pieds et plus, glabres, ra- meuses. Les feuilles sont alternes, en spatule ou en ovale renversé, longues de trois à quatre pouces, obtuses, en- tières depuis leur base jusque vers leur sommet, puis inéga- lement dentées ou incisées, veinées et tronquées, très-glabres. Les fleurs sont réunies en une grosse tête à l'extrémité des rameaux. Elles sont rouges; elles produisent des follicules longs de trois pouces, larges d'un demi -pouce , surmontés du style recourbé, contenant seize ou dix-huit semences. Ce télopéa est une plante d'ornement. Il croit à la Nouvelle- Hollande. TÉLOPÉA TRONQUÉ : Tclopca Ivuncala , Rob. Brown, No^. HolL, 389; Trans. linn., 10, page 198 ; Embothrium truncatum> Labill. , J^ov. HolL, i , page 32, tab. 44 ; Hjlogjne australis, Knight et Salisb., Pmt,, 127. Arbrisseau de trois ou quatre 570 TEL pieds, dont les rameaux sont dressés, garnis de feuilles ob- longues, insensiblement rétrécies à leur base , coriaces, pres- que sessiles, un peu pileuses à leur face inférieure, veinées, très-entières ; les unes simplement dentées, d'autres sinuées et dentées. Le fruit est un follicule oblong, ligneux , courbé, rétréci à ses deux extrémités, terminé par le style ; le stig- mate latéral , presque en massue , environné à sa base d'une glande foliacée ; les ailes des semences sont oblongues et tron- quées au sommet; une petite lame fauve et friable est entre les semences ; l'embryon dépourvu de périsperme ; la radi- cule inférieure. Cette plante croit au cap Van-Diémen, où elle a été découverte par M. de Labillardière. (Poia.) TELPHIS. (Bot.) Voyez Stemphis , Thephis. (J.) TELPHISSE, Telphissa. {Poljp.?) M. Bosc dit, dans le Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle , que c'est un genre de polypiers établi par Lamouroux pour placer les tubulaires d'eau douce; mais il faut que ce soit dans son travail présenté en manuscrit à l'académie, que ce nom soit employé; car, dans l'ouvrage publié sous le titre d'Histoire des polypiers co- ralligiens flexibles, c'est sous la dénomination de Naïs que le genre des Tubulaires d'eau douce est établi. Voyez ce mot et Tubulaires. (De B.) TELYPTERIS d'Adanson. (,Bof.) Voyez Thelyfteris.CLem.) FIN DU CINQUANTE- DEUXIEME VOLUME. STRASBOURG, de l'imprimerie de F. G. Levrabli, impr. du Roi. ms^^^m^ÊsBÊ m SOUSCRi:pTION. Chez les mêmes libraires à Strashourg et à Paris. HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS, Ouvrage contenant plus de cinq mille espèces de ces animaux, décrites d'après ngiturc et distribuées con- formément à leiii-S rapports d'organisation j avec des observations sur leur anatomio et des recherches critiques sur leur nomciu^afure a^icicnne et moderne • PAR M. LE E/^N cXTVIEa, Secrétaire perpétuel de IM^ demie 'h$ Soinces, ci.:,, ET PAR M. VALENCIEIVNES, Aide -Naturaliste au Muséum rojal d'histoire naturelle; 15 a 20 volumes in-8." ou 8 à 10 volumes in-4."', surpa;p:f^T rarré s 'perfm satiné et cavalier vélin. La publication se fera par livraisons d'au volume de texie, avec un cahier de ï5 à 20 plancbey, excepté Y^a première livraison, qv) : era de deux volumes: elle araîtra au commcncemtn' Je iC_&j ri J^s .-iuivaat'^s e trois mois en trois moi. . Le prix de chaque livraison d'ur. vohiric iu-S." avec gg| un cahier de i5 à 20 planches, sur papic- carre sbrer- ■■^ fin satiné , sera de j 3 fr. &o cent. ^^ et sur papier cavalier vélin .de 18 francs. ^ La livraison in-4.'' <\'\ni ucmi-volumc , représentant le volume in-B.", avçc le tneme noml^re de planches, tirées in-4.', sur carré supcrfin satiné 18 francs. Toutes les planches seront imprimées sur papier velin ; il en sera fait des exemplaires coloriés , pour lesquels le prix sera de 10 fr. de plus par livraison. m